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(Dix heures dix minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements se réunit afin de
procéder à une interpellation sur la question soulevée par
le député de Joliette au ministre des Transports: La
négligence du gouvernement libéral face au développement
régional, notamment dans le secteur de la voirie.
M. le secrétaire, y a-t-ii des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Blais
(Terrebonne) sera remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest); Mme Harel
(Maisonneuve) sera remplacée par Mme Juneau (Johnson) et M. Rochefort
(Gouin) sera remplacé par M. Chevrette (Joliette). C'est tout,
madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. Je vais vous
rappeler les règles de l'interpellation. Le député qui a
donné l'avis d'interpellation intervient le premier pendant dix minutes
pour ensuite avoir la réplique du ministre interpellé pendant dix
minutes. Ensuite, il y aura alternance: cinq minutes pour le
député ministériel et cinq minutes pour le
député de l'Opposition. M. le député de
Joliette.
Exposé du sujet
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je vous remercie, Mme la Présidente. Je
voudrais remercier mes collègues de s'être joints à moi
pour cette interpellation et le ministre également parce que, ie
vendredi matin, se retrouver à l'Assemblée nationale pour
discuter de problèmes, je sais, pour avoir été ministre
moi-même, qu'on aime mieux être dans nos bureaux à essayer
de régler les problèmes. Mais je pense que la discussion qu'on va
avoir avec lui ce matin peut sans doute contribuer à régler une
bonne partie des problèmes au ministère des Transports.
Le plaisir est d'autant plus grand, Mme la Présidente, que le
ministre a une réputation d'homme fort dans le cabinet Bourassa. II a
été organisateur en chef et il est responsable de la grande
région de Québec et de l'Est du Québec. On va d'abord
essayer d'évaluer son poids politique, mais également de regarder
ensemble les engagements du Parti libéral quant au ministère des
Transports et au réseau routier, plus particulièrement. On va
aussi regarder - mes collègues sont ici pour cela - ce que le
gouvernement fait dans certaines régions du Québec, mais plus
précisément ce que fait le ministère des Transports en
région.
Vous me permettrez de faire un petit retour en arrière et de
rappeler au ministre des Transports que, durant la campagne électorale,
en particulier avec le député de Richmond, accompagné de
plusieurs de ses collègues, les promesses allaient bon train. Le
ministre se rappellera que je lui avais récité une lonque litanie
d'engagements électoraux quant au réseau routier totalisant,
croyez-le ou non, Mme la Présidente, 2 000 000 000 $ de promesses
électorales uniquement en construction de routes. Ce ne sont pas des
"pinottes", ça, 2 000 000 000 $ d'engagements électoraux
uniquement en ce qui concerne la construction de routes.
Il est bien évident que je me suis alors réjoui du fait
qu'on aurait de l'arqent au ministère des Transports, que l'arqent
arriverait par dizaines et dizaines de millions dans chacune de nos
circonscriptions électorales, qu'on pourrait à la fois construire
des routes, en refaire et commencer des travaux neufs, des travaux
nouveaux.
C'est un peu ce que les citoyens pensaient, que la formation politique
de l'honorable Robert Bourassa et son équipe mettraient en oeuvre au
ministère des Transports. Mais je me suis permis, à ce
moment-là, de regarder un peu les budgets en ce qui concerne la
construction de routes, puisqu'un engagement de 2 000 000 000 $ en pleine
campagne électorale, 2 000 000 000 $ additionnels, il faut le faire; il
faut commencer tout de suite si on veut un tant soit peu réaliser ses
engagements électoraux. Donc, j'ai pris le programme 3 et j'ai
regardé quel montant figurait au chapitre de la construction du
réseau routier en 1985-1986, la dernière année du
méchant gouvernement péquiste, comme le disaient si bien les gens
dans l'Opposition.
Là, on trouve qu'il y avait 392 000 000 $, Mme la
Présidente, pour la construction du réseau routier. En 1986-1987,
après l'arrivée du bon gouvernement libéral, qui avait
promis 2 000 000 000 $ de
construction, on passe de 392 000 000 $ à 333 134 000 $, une
baisse, croyez-le ou non, de 61 000 000 $ au chapitre de la construction la
première année.
Mais je me suis dit: Cela n'a pas d'allure. Le ministre a dû faire
des sacrifices, lui qui est très fort dans l'équipe. Il va se
reprendre l'an prochain dans le domaine de la construction. Donc, dans le
budget de 1987-1988, le ministre va nous arriver avec un bond magistral pour
rattraper ces 2 000 000 000 $ qu'il a promis en campagne électorale ou
que ses collègues ont promis en campagne électorale.
Il avait donc connu une baisse de 61 000 000 $ en 1986-1987, le premier
budget de l'équipe libérale. Au deuxième budget, en
matière de construction, on se serait attendu à une hausse.
Encore une baisse de 1 000 000 $. Là, il en est rendu à 332 000
000 $, une baisse plus précisément de quelque 900 000 $,
Donc, en matière de construction du réseau routier, Mme la
Présidente, il est évident que c'est un recul depuis deux ans,
alors qu'il y a eu des engagements électoraux, exclusivement à ce
chapitre, de 2 000 000 000 $.
Je me suis dit: Cela ne doit pas être la même chose dans les
autres programmes. Je suis donc allé voir les autres programmes.
Là, en matière de conservation du réseau routier, le
ministre a promis mer et monde; pas le ministre comme ses collègues. Je
ne sais pas où ses collègues prenaient l'argent, mais il sortait
durant la campagne électorale. En 1985-1986, dernière
année de notre gouvernement, on était à 453 000 000 $. La
première année du gouvernement du Parti libéral, en
1986-1987, une chute de 453 000 000 $ à 439 000 000 $; donc, une baisse
de 14 000 000 $ sur le plan de la conservation du réseau routier. C'est
nous qui avions les pires routes du Québec, au temps où le Parti
libéral était dans l'Opposition. Il y avait des trous à
peu près partout, les routes étaient en mauvais état,
c'était épouvantable, il fallait y consacrer 80 000 000 $ par
année. Au premier budget du Parti libéral, c'est une baisse de 14
000 000 $.
En 1987-1988, après le rapport Middlemiss, après une
série de constatations selon lesquelles les routes étaient
meurtrières au Québec, on était en droit de s'attendre
à quelque chose de mirobolant: 2 000 000 000 $ pour la construction et,
dans le rapport Middlemiss, 80 000 000 $ par année pour la
réfection ou la conservation. On arrive à 506 000 000 $, une
hausse de 60 000 000 S. Ce sont les 60 000 000 $ qu'on retrouve dans le budget,
mais c'est loin du rapport Middlemiss qui dramatisait l'état des routes
au point que c'était pratiquement la cause première de
mortalité au Québec.
Donc, encore là, c'est un manque à gagner. Je me suis dit:
Sans doute que l'aide à l'amélioration du réseau municipal
va augmenter, dans ce cas. On était en droit de s'attendre à
cela, il fallait bien trouver des hausses quelque part pour faire croire que le
budget total du ministère des Transports devait équivaloir,
à un moment donné, à 5,2 % du budget total du
Québec. 28 879 100 $ en 1985-1986. Cela, c'est la dernière
année du gouvernement du Parti québécois. La
première année du Parti libéral, croyez-le ou non, c'est
une baisse de tout près de 7 000 000 $ en 1986-1987. De 28 879 000 $, on
passe à 22 178 000 $. C'est donc une baisse importante sur le plan du
soutien au réseau municipal.
En 1987-1988, l'argent n'est plus un problème pour le
qouvernement: le plus qros budget de dépenses de l'État jamais
déposé en cette Chambre. On a dit: Ils vont au moins venir
rejoindre le dernier budqet du Parti québécois. En 1987-1988 par
rapport à 1985-1986, on a encore un manque à gagner de 3 500 000
$. On retrouve cette année au soutien municipal 25 363 200 $,
comparativement au dernier budget du qouvernement du Parti
québécois, il y a deux ans, au montant de 28 879 000 $.
Donc, pour ces trois programmes, c'est un net recul et, malgré
l'effort qu'a fait le ministre des Finances d'injecter 60 000 000 $ par rapport
aux 6 000 000 $ déposés aux crédits, pour un total de 66
000 000 $, on se retrouve, croyez-le ou non, encore en arrière de 85 000
000 $ dans ces trois programmes par rapport au dernier budqet du gouvernement
du Parti québécois de 1985-1986. Si le ministre des Transports
voulait réaliser les mêmes travaux qu'on pouvait réaliser
en 1985-1986, il faudrait que le ministre des Finances se lève de son
siège, fasse sa déclaration ministérielle et ajoute 85 000
000 $ et ce, exclusivement pour donner au ministre des Transports les
mêmes montants qu'on avait en 1985-1986. Où sont les 2 000 000 000
$ pour la construction? Comment ajouter 80 000 000 $ par année de plus
pour l'amélioration? Le ministre devrait avoir un minimum, dans son
budget, de 150 000 000 $ environ pour dire qu'il commence à
réaliser l'ombre de ses engagements électoraux.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Voilà donc la situation. Le ministre des
Transports, avec tout le poids qu'on lui connaît, ne semble pas faire le
poids devant le Trésor et les Finances.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette.
M. le ministre des Transports.
Réponse du ministre M, Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Mme la Présidente, je
suis également très heureux de rne retrouver ici, ce matin, en
compagnie de mes collègues de la majorité ministérielle et
de l'Opposition pour discuter des problèmes des routes au Québec.
Dieu sait qu'il y en a et que ce n'est pas demain que tous ces problèmes
seront réglés! Historiquement, il y a toujours eu des
problèmes dans le réseau routier et cela demande effectivement
des sommes impressionnantes.
J'écoutais attentivement le député de Joliette pour
savoir s'il y avait du neuf par rapport aux crédits de l'an dernier, par
rapport à ce que le député d'Abitibi-Ouest nous a dit il
n'y a pas si longtemps. Je ne le crois pas. En habile politicien, le
député d'Abitibi-Ouest, il n'y a pas tellement longtemps, nous
avait prévenus que cela prendrait au moins 150 000 000 $ pour être
sur un pied d'égalité avec l'année 1985-1986. Je ne
m'attendais pas à autre chose ce matin que: les 150 000 000 $ moins les
65 000 000 $ actuels, ça fait une différence d'environ 80 000 000
$. Je pense qu'ils sont logiques avec eux-mêmes dans leur argumentation
et, comme ministre, je suis prêt à vivre avec cela.
Avec votre permission, Mme la Présidente, il y aurait
peut-être quelques corrections de chiffres, quelque chose de très
léger pour très bien préciser où iront tes 65 000
000 $, sachant déjà fort bien qu'il y a 5 000 000 $ additionnels
qui iront à l'aide aux réseaux municipaux. Quant au reste, les 60
000 000 $ n'iront pas en totalité, comme je l'avais dit, à
l'entretien. Une partie de ces sommes iront au volet 3 puisqu'il y a une
parenté très proche entre le programme 3, quant à certains
éléments de sécurité routière et de retaper
une certaine partie du réseau routier, et le programme 3 aussi.
Les chiffres sont assez clairs et on pourrait les reprendre pour le
programme 3. Effectivement, pour 1985-1986, le budget était de 392 900
000 $. L'an dernier, il a été, bien sûr, ramené
à 332 700 000 $ et on ne l'avait pas caché l'an passé
compte tenu que nous nous étions dit qu'il y avait des priorités
ailleurs au gouvernement, dans les domaines de l'éducation et de la
santé, que le gouvernement avait fait ses choix et qu'il nous fallait,
au ministère des Transports, apporter notre contribution à ces
objectifs gouvernementaux.
Cette année, pour 1987-1988, après le budget
réajusté, le budget global passe à 354 200 000 $ pour le
programme 3 alors que pour le programme 4, pour 1985-1986, il y avait
effectivement un budget de 453 500 000 $ qui est passé l'an dernier
à 439 900 000 $ et qui sera, cette année, de 481 400 000 $, Cela
fait que le total des chiffres évoqués par le
député de Joiiette tout à l'heure est vrai,
véridique. Je pense que c'est une répartition peut-être un
peu plus près de la vérité ou, du moins, de ce que nous
établirons.
On peut toujours jouer avec les chiffres mais, si on se compare à
1985-1986 ou à 1981-1982, il y a des variantes en termes
d'interprétation. Mais, si on se compare à 1986-1987, il y a pour
la construction du réseau routier... Et j'admets volontiers que
1986-1987, ce n'est pas l'année miracle au ministère des
Transports quant au budqet. Le budget passe donc de 332 700 000 $ à 354
200 000 $, pour une augmentation de 21 500 000 $. C'est donc une augmentation
réelle de 6 400 000 $, alors qu'en ce qui concerne la conservation du
réseau routier, au programme 4, il passe de 439 900 000 $ à 481
400 000 $, pour une augmentation de 41 500 000 $; donc, une augmentation de 9
400 000 $.
Évidemment, on aurait pu carrément revendiquer comme
gouvernement ou j'aurais pu, comme ministre des Transports, revendiquer
auprès du ministre des Finances davantage d'argent et davantage d'argent
pour la construction. Le choix que j'ai fait, bien sûr, c'était
à la lumière du rapport Middlemiss qui faisait suite à
celui de Trip/Canada où l'on parlait d'une déficience du
réseau en termes de conservation, mentionnant qu'il y avait un certain
rattrapaqe à faire à ce niveau et qu'on devait en tout premier
lieu accorder nos priorités au retapage et à l'entretien de notre
réseau routier. C'est donc sous cet angle que les efforts ont
été faits, cette année, sur le plan budgétaire pour
faire en sorte que les montants additionnels qu'on a réussi à
obtenir du gouvernement puissent véritablement aller au plus pressant,
soit à l'entretien du réseau routier.
On sait que c'est attendu depuis déjà fort longtemps.
À ce niveau, je pense qu'on a une première étape qui est
extrêmement importante. Cela ne réglera pas tous les
problèmes du réseau routier au Québec. Peu importent les
sommes que le gouvernement pourra obtenir ou que le ministère des
Transports pourra obtenir, on ne réussira jamais à régler
tous les problèmes de transport.
C'est donc un choix qui a été fait: entretien du
réseau routier par rapport à construction du réseau
routier. Maintenant que ce programme est très bien établi pour
les trois prochaines années, en termes de rattrapage, pour des ajouts
d'environ 200 000 000 $ au budqet actuel pour l'entretien du réseau
routier, je pense que nos efforts, quant à nous au ministère,
devront porter effectivement sur la construction du réseau routier, en
revendiquant des sommes additionnelles pour
cela.
C'est dans ce sens, Mme la Présidente, que nous avons
travaillé depuis le début en voulant régler en tout
premier lieu les priorités, étant en cela fort bien
conseillés par mon collègue de Pontiac, Robert Middlemiss, et
ayant pu obtenir pour l'année 1987-1988 effectivement 65 000 000 $
additionnels. Bien sûr qu'on peut prendre chacun des volets, des
sous-volets, les disséquer et dire: Chez nous, j'en ai moins que je n'en
avais à telle période, chacun prenant bien soin de choisir la
période la plus glorieuse pour la comparer peut-être à la
moins glorieuse.
Dans ce sens, il y a effectivement un certain nombre d'engagements que
le gouvernement doit respecter en ce qui regarde les ententes et qui
grèvent des budgets assez impressionnants dans l'ensemble du budget du
ministère. Bien sûr qu'on peut prendre le programme 3 du
ministère, on peut prendre le programme 4, on peut prendre les autres
programmes du ministère et, à vouloir isoler construction, on
fait en sorte qu'on néglige le reste. Mais il y a d'autres engagements
dans d'autres programmes du ministère qui sont aussi extrêmement
importants, soit le transport terrestre des personnes, la construction des
aéroports nordiques qui a été décidée dans
une entente fédérale-provinciale, dans laquelle nous nous sommes
engagés à construire deux aéroports par année que
nous devons payer. Nous sommes au moment le plus important. Au cours de
l'année commenceront les travaux de la route 138, selon une entente
fédérale-provinciale, et dans ce sens, effectivement, il y a un
certain nombre de constats que l'on peut faire.
J'imagine qu'au cours des discussions et des échanges de propos
on pourra fouiller encore davantage certaines questions plus spécifiques
à la volonté de l'Opposition et de mes collègues de la
partie ministérielle. C'est avec plaisir qu'on va aborder cet
aspect.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Abitibi-Ouest.
Argumentation M. François Gendron
M. Gendron: Ouï. M. le ministre, chers collègues,
c'est sûr que dans les cinq minutes allouées, c'est difficile,
mais j'aimerais quand même que le ministre... Il a l'habitude
d'être assez attentif, en tout cas; ce n'est pas évident dans le
résultat qu'on peut observer, mais au moins en apparence je pense qu'il
nous écoute. C'est un peu la preuve que je veux faire. L'écart
grandit constamment entre le discours de ces gens et la réalité,
indépendamment des colonnes. J'entendais le ministre dires On peut bien
prendre la période la plus glorieuse et la comparer à ta moins
glorieuse. Quant a moi, j'ai beau regarder n'importe quelle période, ce
qui m'arrive dans le comté d'Abitibi-Ouest, je n'ai jamais vu cela.
C'est sur une base de onze ans. Ce n'est pas une question de période
plus glorieuse versus une moins glorieuse, c'est qu'on n'est pas capable de
faire une adéquation entre ce que ces gens, comme gouvernement, ont pris
comme engagements et la réalité observable des chiffres
factuels.
Un point, M. le ministre. Vous venez de confirmer qu'il nous manque
véritablement 85 000 000 $. Là-dessus, on vous doit
l'honnêteté d'affirmer: Oui, il y a un écart pour avoir le
même niveau de crédits entre ce que mon collègue de
Joliette a allégué et ce que vous avez? il demeurera toujours,
même si on peut faire une autre répartition au niveau des trois
programmes importants du réseau routier, qu'il y a un écart de 85
000 000 $. (10 h 30)
Quant à moi, la petite preuve que je voudrais faire, c'est la
suivante. On ne peut pas accepter que le ministre vienne dans les
régions du Québec, et c'est ce que mes collègues vont dire
partout... Il est venu en Abitibi - on l'a reçu avec plaisir parce qu'on
sait recevoir les gens - le 21 octobre 1986, lors de la discussion du plan
quinquennal, et on a titré: Les pires routes du Québec.
Là, il ne parle pas des routes de son comté, ni de celles de
Montréal. II dit: En Abitibi... Je vais revenir sur les budqets;
même avec les pires routes, on avait quand même presque le double
des budgets et, là, on a la moitié moins, mais ce sont encore les
pires routes. Alors, je cite le ministre: De l'avis du ministre des Transports
- pas de François Gendron, là - le réseau régional
est en voie de tomber en désuétude.
L'Abitibi-Témiscamingue est la région qui a le plus besoin de
rattrapage. Les phrases exactes, c'est qu'elle a besoin du plus fort
rattrapage. Je cite le ministre: Si on n'entretient pas nos routes, on va les
perdre. Il disait: Là, on a un problème. Qu'est-ce que vous
voulez? l'an passé, on a dû mettre nos priorités ailleurs:
santé et éducation. Il vient de le reconfirmer ce matin, ce qui
est correct, mais il dit: Ça, ça va changer. La première
année, c'étaient des urqences mais, après cela, on va y
aller pour le réseau routier.
Autre grosse nouvelle, il dit: Avant, c'était l'appareil
gouvernemental qui décidait; maintenant, les députés
seront plus impliqués dans le processus de décision pour la
construction ou la réparation des routes. C'est la bonne nouvelle de la
rencontre du ministre, le 21 octobre, en Abitibi pour discuter le plan
quinquennal.
Or, Mme la Présidente, je reçois, comme tous mes
collègues, le 8 avril 1987...
Là, on n'est plus en octobre 1986. En avril 1987, le ministre
m'envoie une lettre officielle, comme il en envoie à tous les
collègues, disant: Voici, M. Gendron, ce que vous allez avoir pour
1987-1988, donc, pour l'exercice budgétaire en cours. Voici les travaux
retenus dans ce qu'on appelle la programmation des travaux régionaux et
interrégionaux. J'ai eu beau tourner, mais tourner les pages, cela ne
marche pas.
Une voix: II faut tourner longtemps!
M. Gendron: Cela ne marche pas du tout. Là, j'ai
même demandé à mes deux collègues - de temps en
temps, on se parle dans les avions quand ils volent - les députés
d'Abitibi-Est et de Rouyn-Noranda Témiscamingue: Est-ce que vous
avez reçu votre lettre? Ils m'ont dit oui. Puis, par rapport aux autres
années? Ils ont dit: II y a quelque chose qui ne marche pas. Ne t'en
fais pas, ce n'est pas grave, cela va se corriger, le budget va sortir. Il y a
sûrement une erreur dans cette lettre. Qu'est-ce que tu veux? On va le
rencontrer. Laisse-mot m'arranger avec cela. D'ailleurs, avec le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones, M. Savoie,
c'est toujours comme cela. Il dit: Viens me voir et me parler de cela. On va
lui en parler et on va regarder cela.
Moi, je ne veux plus regarder cela, je veux avoir un engagement, Mme la
Présidente. Soyons sérieux. Il connaît très bien ces
formulaires, je ne donnerai pas le numéro, mais il y en un qui s'appelle
"parachèvement". Du parachèvement, ce n'est pas une nouvelle; ce
n'est pas une nouvelle de me dire qu'en parachèvement il va y avoir
cela, on le sait depuis plusieurs années. Or, comme par hasard, le gros
programme dans les parachèvements, c'est la route 695, 2e Rue est
à La Sarre. Je ne veux pas engager le provincial dans mes affaires, mais
la 695, c'est un protocole que j'ai moi-même signé quand on
était au pouvoir; cela va se faire et, après un an de retard sur
deux ans, il va y avoir des travaux.
Mais, pour les nouvelles initiatives -pour aller très vite parce
qu'on me fait signe que je n'ai déjà plus de temps - dans le
comté d'Abitibî-Ouest, 800 000 $. Avez-vous compris? C'est 800 000
$. Or, ici, j'ai relevé, à partir de 1982-1983 - pas uniquement
les bonnes périodes - 6 000 000 $, 10 000 000 $ en 1983-1984, 8 000 000
$ en 1984-1985 et, en 1985-1986, 6 000 000 $. La moyenne des cinq
dernières années dans le comté est de 7 000 000 $, pour
les deux mêmes points: parachèvement et nouvelles initiatives.
L'an dernier, on a eu 3 000 000 $ et, cette année, 2 010 000 $; du
jamais vu, Mme la Présidente!
Je ne peux pas être d'accord. Je veux bien que le ministre dise:
On ne réglera pas tous les problèmes du réseau routier. Ce
n'est pas cela que je lui demande. Je lui dis que, par rapport à la
masse, il est impensable qu'il nous arrive des écarts aussi
prononcés.
La Présidente (Mme Bélanger):
Conclusion.
M. Gendron: Oui, ma conclusion. S'il y a des écarts si
prononcés avec à peu près tous les collègues avec
qui j'ai jasé, où est le frigo? Â quelle place est
l'argent, Mme la Présidente? C'est ce que je voudrais que le ministre
nous dise. On reparlera un peu plus de ce qu'il peut faire en
Abitibi-Témiscaminque pour tenir compte de ce qu'il est venu
déclarer. Pour l'instant, ma conclusion, c'est cela.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente. J'ai effectivement fraîche à la mémoire
notre rencontre régionale de l'Abitibi du 21 octobre 1986, au moment
où on faisait le tour, comme à l'habitude, de l'ensemble du
Québec afin de tenter de voir véritablement l'état du
réseau. Le meilleur moyen, c'était de se déplacer.
Je n'enlève aucune phrase ou aucun mot à ce que j'ai
déclaré à l'époque, c'était la
démonstration de la réunion que nous avions eue auparavant, de
concert avec les chefs de district, le responsable régional et les
autorités du ministère, compte tenu de l'importance du
réseau. Si j'ai bien saisi, lorsque le député
d'Abitibi-Ouest a parlé de rattrapage, c'était dans le cas de
l'entretien; si j'ai bien saisi, il me semble que c'était à peu
près cela. Lorsque l'on parle du réseau qui était
désuet, on parle d'un réseau qui a besoin d'être
retapé sur le plan de l'entretien; on ne parle pas d'un nouveau
réseau de construction. Il y a une distinction très nette que le
député d'Abitibi-Ouest fait très largement entre les
deux.
Il y a un phénomène assez spécial dans l'Abitibi
qu'on a pu constater et travailler ensemble lors du sommet d'Abitibi, où
il y a une poussée phénoménale d'ouverture de nouvelles
mines qui demandent des accès routiers et qui, dans ce cas, vont drainer
un certain nombre de sommes dans la mesure où il y a cette
volonté.
Le député d'Abitibi-Ouest a reçu, comme tout le
monde, la ventilation des sommes. Je fus très heureux qu'il dise: J'ai
parlé à tous mes collègues et â d'autres, et c'est
à peu près tout le monde sur le même pied. Si jamais il
pensait trouver dans la caqnotte quelqu'un qui est plus favorisé que
d'autres, ce n'est pas ce que les chiffres
nous disent. Je n'ai pas du tout d'objection à ce qu'on puisse se
voir et regarder les chiffres très officiellement. Ce n'est pas le
principe; le principe que nous avions établi, c'était de faire le
tour du Québec, de déterminer des priorités pour chacun
des députés et, dans ce cadre-là, d'en arriver à
privilégier les priorités retenues par les députés
dans la mesure où, sur le plan technique, elles étaient
réalisables. Ce langage-là aujourd'hui est exactement le
même que l'on a tenu lorsqu'on s'est rencontré. À partir du
moment où il y a des sommes disponibles, ces répartitions seront
faites dans chacun des comtés d'une manière aussi
équitable que possible et, à la lumière de cela, le budget
est sorti.
Lorsqu'on parle spécifiquement du cas d'Abitibi et qu'on revient
à l'entretien du réseau routier, c'est une autre paire de
manches. Actuellement, nous sommes à travailler sur la
répartition des 60 000 000 $ additionnels qui, elle, tiendra compte
effectivement de ce rattrapage plus important dans certaines régions que
dans d'autres. C'est à cet effet que les 60 000 000 $, eux, viendront
compenser un certain nombre de carences dans le réseau, et ce n'est pas
une carence d'hier. Si on est obligé de faire tant pour maintenir le
réseau routier aujourd'hui, c'est peut-être parce qu'il y a eu des
carences aussi dans le passé de la part d'un gouvernement qui, lui
aussi, a eu à faire face à des problèmes, sur le plan
financier, de la même manière que nous. Dans ce sens-là,
sur l'entretien du réseau routier, il me paraît très clair
que la répartition des 60 000 000 $ devrait, au minimum, régler
un certain nombre de problèmes au Québec et tenir compte
effectivement de certaines régions qui ont un rattrapage plus important
à faire. Je me souviens encore des discussions très importantes
que nous avons eues lors du sommet sur des parties du réseau qui avaient
besoin d'être rattrapées très rapidement parce qu'il y
allait de l'essor de la région. Dans ce sens-là, si vous cherchez
des comtés qui ont été beaucoup plus favorisés que
d'autres dans cette répartition, vous n'en trouverez pas. Cela a
été une répartition faite à la lumière de
nos tournées et des priorités que chacun des
députés avait.
Dans ce sens-là, sur le budget d'entretien, ce que nous voulons
considérer, c'est davantage l'étendue d'un comté, le
nombre de municipalités d'un comté. Je l'ai toujours dit! je
regarde un comté comme Mégantic-Compton avec 49
municipalités, 3 MRC, sur un territoire très étendu avec
une déficience très marquée dans le réseau routier;
il y aura effectivement des priorités d'établies à ce
sujet. Il y en aura aussi en Abitibi, c'est très clair.
Je termine là-dessus, Mme la Présidente. Je ne retire pas
un iota pour l'entretien du réseau de ce que j'ai dit le 21 octobre, de
ce que nous avons reconstaté lors du sommet, pas un seul iota! La
répartition des 60 000 000 $ tiendra compte de ce
phénomène-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): Merci, Mme la Présidente.
J'aimerais faire porter mon intervention sur un champ beaucoup plus large, tel
que le stipule l'interpellation de ce matin, où l'on parle de la
négligence du gouvernement face au développement régional,
notamment au chapitre de la voirie.
J'aimerais dire, Mme la Présidente, que c'est la première
fois qu'un gouvernement reconnaît les régions
périphériques comme entités. Oui! Je vois les gens de
l'Opposition rire, mais j'aimerais dire au député d'Abitibi-Ouest
que lorsqu'il était ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional, entre autres,
il n'a jamais reconnu les régions périphériques ou fait
une distinction entre les régions. Il a établi, dans son fameux
livre Le choix des régions, les régions égales, toutes sur
le même pied, sans tenir compte des régions
périphériques, des régions intermédiaires et des
régions centrales. C'est une distinction importante et, à cet
égard, le ministre des Transports, qui est aussi responsable du
Développement régional, a reconnu ces distinctions, et même
les ministères sectoriels aussi les ont reconnues.
Un changement a été important aussi: c'est la
décision du Conseil des ministres du 23 juillet dernier dans laquelle on
a institutionnalisé les sommets économiques. À cet
égard, cette institutionnalisation des sommets économiques fait
que, dorénavant, chaque région du Québec pourra tenir et
développer ses priorités pour essayer finalement de
négocier avec le gouvernement une entente-cadre de développement
par laquelle on pourra articuler véritablement un processus de
développement économique et social dans chacune des
régions du Québec.
Il faudrait peut-être aussi demander au député
d'Abitibi-Ouest comment il se fait que son gouvernement a fait des sommets
économiques dans des régions comme l'Estrie et qu'il n'en a pas
fait en Abitibi ni dans l'Est du Québec, alors que c'est prioritairement
ces régions-là qui sont les plus déficientes aux niveaux
économique et social.
Pour corriger ce laxisme de l'ancien gouvernement, le ministre a
engagé, évidemment... On a fait le sommet d'Abitibi; on a
enclenché le sommet de la Côte-Nord, le sommet de la
Gaspésie et, bientôt, ce sera celui du Bas-Saint-Laurent.
J'aimerais terminer mon intervention,
Mme la Présidente, en disant que c'est non seulement le ministre
responsable du développement qui a fait cette reconnaissance des
régions du Québec par blocs, mais chacun des ministères
sectoriels, je pense, s'est appliqué à développer un
certain nombre de mesures pour essayer de faire cette reconnaissance.
On n'a qu'à penser à la réduction de la taxe sur
l'essence. Cela a été le premier engagement que te ministre des
Finances a mis sur la table lors du budget du 18 décembre 1985. De plus,
le ministre de l'Éducation a augmenté les prêts et bourses
pour les étudiants venant des régions. La loi 75 sur les
effectifs médicaux dans les régions, c'est un problème
auquel on est continuellement confronté, mais il y a des choses qui sont
en train de s'articuler pour permettre aux régions de se mettre au
même diapason que toutes les autres régions du Québec.
Il y a eu une augmentation de 15 000 $ à la prime
d'établissement en agriculture. Cela aussi, c'est une mesure
concrète, parce que l'agriculture, évidemment, se retrouve aussi,
en grande partie, dans les régions du Québec. Le ministre des
Finances aussi, tout dernièrement, vient d'annoncer que la Caisse de
dépôt et placement va être beaucoup plus présente
dans les régions du Québec. C'est un élément
important qui va permettre à certaines régions du Québec,
surtout tes régions dites périphériques, d'enclencher
véritablement leur développement économique.
En terminant, Mme la Présidente, j'aimerais rappeler que certains
engagements, effectivement, des députés libéraux, se sont
faits pendant la dernière campagne électorale. Mais il y a une
certaine incohérence peut-être en ce qui concerne les
députés de l'Opposition. Il faut se rappeler -il y a mon
collègue de Rimouski qui réclame à grands cris et
peut-être avec raison son autoroute 20 - qu'à l'époque les
députés péquistes s'y opposaient. Ils disaient: On va
faire tel ou tel tracé. Mais, finalement, ils n'ont rien
enclenché. Tout dernièrement, le chef de l'Opposition
lui-même venait à Rimouski et disait: Pour faire du
développement économique, ça prend absolument l'autoroute
20.
Alors, il contredit même ses propres députés qui,
à l'époque, étaient contre ça, tout simplement pour
jouer son rôle de chef de l'Opposition, pour s'opposer de façon
systématique au gouvernement. C'est son rôle et il essaie de le
jouer du mieux qu'il peut, de temps en temps avec succès mais, parfois,
avec moins de succès. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Matapédia. M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, Mme la Présidente. Moi aussi, je dois
reconnaître, au départ, l'honnêteté du ministre qui
admet qu'il manque, cette année, 85 000 000 $ pour atteindre le
même budget des travaux routiers qu'en 1985-1986, soit la dernière
année du gouvernement du Parti québécois.
Quand les budgets diminuent globalement, forcément, ça va
de soi, ça se répercute dans les régions et dans les
districts. C'est évidemment ce qui se produit dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean et dans mon district, en particulier, le district
de Métabetchouan. J'ai un peu les mêmes problèmes que mon
collègue d'Abitibi-Ouest et que d'autres députés, sans
aucun doute.
Jamais, sur le plan budgétaire, la situation n'a
été aussi grave en matière de travaux routiers. Au
chapitre de l'entretien, par exemple, ça se maintient pas mal. L'an
passé, dans la région, il y avait 3 461 000 $ de prévus
pour l'entretien dans les divers districts de la région. Cette
année, c'est 3 426 000 $. C'est un petit peu moins mais, en tout cas,
ça se maintient. Mais, compte tenu des priorités
ministérielles, les priorités énoncées par le
ministre et par son collègue, M. Middlemiss, dans son rapport, il
fallait mettre l'accent sur la conservation du réseau routier, donc, sur
l'entretien. Je constate qu'il n'y a pas de progrès à ce
chapitre. Je signale en passant que, dans le rapport Middlemiss, on
recommandait des budqets additionnels en matière d'entretien, en
matière de préservation du réseau routier et que, pour la
seule région du SaguenayLac-SaintLJean, on
prévoyait, par année, une addition budgétaire de 4 200 000
$. Cela ferait plus que doubler le budget prévu actuellement. On est
loin du compte au chapitre de l'entretien. (10 h 45)
Au chapitre de la construction, cela se dégrade davantage. En
1986-1987, il y a eu pour 11 423 000 $ de travaux de construction. Cette
année, le budget 3987-1988 se situe à 9 821 000 $, soit une
diminution de 14 %, ce qui est pas mal élevé, je dois le dire.
Comme le budget additionnel prévu par le ministre des Finances sera
consacré à l'entretien, cela veut donc dire qu'au niveau de la
construction, cela va demeurer tel quel, cela ne devrait pas changer.
Dans mon district, évidemment, c'est la même chose. Dans le
district de Métabetchouan, pour l'information de mes collègues,
je ne parlerai pas du dernier budget du gouvernement du Parti
québécois, c'était pas mal plus élevé que
les autres -en construction, 4 176 000 $ en 1985-1986 -
mais prenons les deux années du gouvernement libéral. En
1986-1987, dans le domaine de la construction, pour mon district seulement, il
y avait 2 641 000 $. Cette année, cela baisse brutalement à 1 229
000 $, soit une réduction dramatique et brutale de 53 % au chapitre de
la construction dans le district de Métabetchouan. C'est à peu
près semblable dans les autres districts de la région. Si on
enlève les 300 000 $ prévus pour les glissières de
sécurité, cela tombe sous les 1 000 000 $ au chapitre de la
construction. Quant à moi, je considère la situation comme
dramatique en matière d'entretien du réseau routier et en
matière de construction routière dans la région. On
comprendra que cela m'intéresse davantage dans mon district de
Métabetchouan.
Je félicite le ministre. C'est vrai que quand il rencontre les
députés - c'est ce qu'il a fait l'automne dernier et je dois le
reconnaître, lui rendre hommage sur ce point - il les écoute. Il
tient compte de nos priorités, il assume nos priorités.
Très bien, M. le député, vous pensez que c'est ce projet
qui devrait être réalisé le premier, parfait, il le sera en
premier. Vous pensez que ce projet devrait être en cinquième, il
sera en cinquième. Le problème, c'est que les budgets ne suivent
pas et qu'on se retrouve avec des priorités qui demeurent à
l'état de projet. Finalement, cet exercice intéressant, parce que
le ministre a le sens de l'écoute, demeure futile et n'a pas beaucoup de
signification concrète parce que cela ne se traduit pas par des budgets
substantiels et des budgets intéressants.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion.
M. Brassard: En conclusion, j'aurais voulu parler de l'autoroute
Alma-La Baie, mais mon collègue de Jonquière en parlera
particulièrement. Je sais que le ministre a fait des confidences
à M. Bertrand Tremblay cette semaine. Cela fera sans aucun doute l'objet
de l'intervention de mon collègue de Jonquière. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Mme la Présidente,
j'écoute le député de Lac-Saint-Jean dire: Je reconnais
que le ministre est au moins honnête de dire que quand il manque 85 000
000 $, c'est compte tenu des chiffres. Il semble bien que vous sachiez mieux
calculer maintenant que vous êtes dans l'Opposition que lorsque vous
étiez au pouvoir. Vos calculs sont un peu plus exacts. Vous avez pris le
budget de 1985, vous l'avez indexé et vous avez dit: C'est cela que cela
prend, maintenant, pour être au même niveau. Alors, les
reconnaissances de crédits...
Écoutez, si on avait 150 000 000 $ ou 200 000 000 $ additionnels
à vous donner demain matin, c'est bien clair qu'il y a des besoins
à combler et qu'on pourrait les combler. Moi aussi, je dois
reconnaître les aveux du député de Lac-Saint-Jean qui dit
qu'au niveau de l'entretien, c'est comparable. C'est comparable avant
même qu'on redistribue les 60 000 000 $ additionnels pour l'entretien. Ce
sera donc, en fin de compte, supérieur à ce que cela a
été durant la première année de pouvoir du
gouvernement du Parti québécois. Dans ce sens, pour l'entretien -
cela a toujours été très clair, je ne l'ai pas
caché, ce n'est donc pas une surprise cette année - dès
l'an passé nous voulions effectivement donner un coup concernant
l'entretien du réseau routier. Sur le plan des statistiques, puisque
vous semblez en raffoler ce matin, jamais depuis que vous avez pris le pouvoir
le pourcentage du budget du ministère des Transports consacré
à l'entretien du réseau routier n'a été aussi
élevé. C'est très clair et les chiffres sont là
pour le prouver. Cela aussi, ce sont des vérités qu'il faut se
dire. Vous arrivez tout de go en disant: Écoutez, lorsque je regarde le
volet construction par rapport à l'an dernier, il manque 1 200 000 $
pour la région. Cela semble dramatique au possible, la pire des
catastrophes; probablement que vous n'avez pas vécu cela depuis la crise
de 1929, j'imagine, ou à peu près. Si on vous écoutait, si
on prenait vos paroles au pied de la lettre, ce serait absolument
catastrophique.
Une voix: La grande dépression.
M. Côté (Charlesbourg): La grande dépression,
effectivement. Pour avoir été du côté de
l'Opposition, effectivement, on devient dépressif plus facilement et je
vous comprends d'être dépressif de ce temps-là, compte tenu
des périodes que vous avez à passer.
L'an passé, j'ai fait le tour pour dire aux
députés, peu importe qu'ils soient de la majorité ou de
l'Opposition, de faire des choix quant aux priorités pour tenter de dire
à la machine: C'est sur ces projets en particulier que nous allons
travailler, préparez des plans et devis. De manière consciente,
à la fois des députés de la majorité et de
l'Opposition ont choisi de mettre comme priorité numéro un des
projets dont ils savaient fort bien qu'ils ne pourraient être
réalisés avant deux ou trois ans, mais c'était pour forcer
la machine à faire des préparations sur le plan technique. C'est
le jeu qu'on a joué. Lorsque le député de Lac-Saint-Jean -
je comprends le rôle qu'il a joué - dit que cela n'a servi
à
absolument rien, moi, je vous dis non. Cela a servi à faire le
ménage dans un certain nombre de dossiers et de faire en sorte qu'on
puisse effectivement envisager d'en régler un certain nombre cette
année, davantage l'an prochain et les années subséquentes.
Des débats comme celui de ce matin permettent aussi de corriger un
certain nombre de choses. Votre collègue, le député de
Roberval, au lendemain du discours sur le budget, a écrit à tous
les maires de son comté. Les maires ont envoyé des
résolutions. J'ai eu le plaisir de les rencontrer en compagnie du
député de Roberval il y a à peu près dix jours et
on a rétabli un certain nombre de choses. Je me suis rendu compte que le
député de Roberval était un peu mal à l'aise compte
tenu de ce qu'il avait écrit et compte tenu de la vérité.
Dans les considérants de la lettre du député de Roberval,
on disait: "Considérant que le ministre des Transports a
décidé de couper le budget provincial des travaux routiers de 150
000 000 $..." Les conseils municipaux ont adopté des résolutions
et ont dit au ministre: Cela n'a pas de bon sens, 150 000 000 $; il faut
revenir à ce que c'était. C'était de la fausse
représentation, cette lettre... Oui, comme lettre.
L'ex-député de Rousseau peut bien hocher la tête à
côté. Je comprends son impatience de ne pouvoir parler. Vous vous
essaierez encore le prochain coup; on verra ce que cela va donner. En ce sens,
c'est clair que c'était de la fausse représentation et, à
ce sujet, je pense que la vérité a ses droits. Les maires l'ont
su directement de la bouche du ministre en présence du
député de Roberval.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, Mme la Présidente. Pour avoir
participé à plusieurs interpellations, je pense que c'est l'une
des moins performantes du côté de l'Opposition. Habituellement, on
apporte certains points qui sont relativement valables, mais ce matin je pense
que c'est juste un tas de chiffres et rien d'autre. C'est un état de la
situation qu'on dit lamentable. Pourtant, moi, j'ai vécu à
Saint-Hyacinthe et certains chiffres témoignent effectivement que ce
n'est pas aussi dramatique. Concernant Saint-Hyacinthe - Mme la
députée de Johnson va pouvoir en témoigner tout à
l'heure - j'ai téléphoné à mon chef de district qui
m'a dit que l'an passé il y a eu un montant de 13 000 000 $ dans le
secteur de la construction pour l'ensemble du district: Saint-Hyacinthe, 628
000 $; l'entretien, 3 600 000 $. Il est évident qu'il y a eu des
représentations à l'époque et qu'on a pu résorber
certains problèmes comme celui du quatrième rang à
Saint-Simon. Il y a eu aussi la réparation du pont sur la
Transcanadienne, 100 000 $, la route 137, qui est un chantier ouvert,
Saint-Damase, Saint-Hyacinthe et Saint-Thomas qui ont
bénéficié de larges subventions du ministère des
Transports.
Cela fait en sorte que je n'ai pas honte de dire qu'il y a des
réductions de budget au ministère des Transports, qu'on a
tendance à priviléger certains autres domaines - on l'a vu
à l'annonce du budget - qu'on a la capacité de résorber te
problème des urgences dans les hôpitaux. Je n'ai pas honte de dire
qu'on donne de l'argent à d'autres secteurs d'activité qui ont
des problèmes plus précis, plus concrets; ça ne me
déranqe oas de dire qu'il y a un transfert de budget. N'empêche
que le réseau routier à Saint-Hyacinthe a besoin effectivement de
réparations, de construction, d'entretien et j'ai pleine confiance au
ministre des Transports pour résorber ces problèmes-là
D'un autre point de vue - et on va le voir - l'esprit de concertation
qui s'est fait lors du forum et lors du sommet économique, il y a une
concertation suprarégionale en Montérégie qui fait que les
principaux intervenants, les députés, les maires, les
représentants socio-économiques ont demandé au ministre
des Transports - et on attend sa réponse par rapport à ça
- de faire le développement. On a vu dans l'axe de développement
que l'autoroute 30 est une priorité suprarégionale. J'ose
espérer et je pense que le ministre pourra acquiescer à certaines
demandes de relier le développement économique au
développement routier. On sait que dans l'axe de développement il
avait été démontré que l'amorce de construction de
l'autoroute 30 reliant les États-Unis et aussi une partie de l'Ontario
pour continuer jusqu'à Sorel, où on pourra prendre l'autoroute 20
et l'autoroute des Cantons de l'Est, je pense qu'il peut y avoir une
concertation, un essor considérable dans le développement
économique. Il faut laisser la place au coureur. C'est évident
que chaque député fait ses représentations au ministre. Il
est très conscient et je crois que les demandes sont
considérées. Le rôle d'un gouvernement... Pour ma part,
depuis qu'on est au pouvoir, c'est vraiment quelque chose d'équitable et
aussi dans une perspective d'efficacité. Je pense que le ministre n'a
pas démenti cet adage. Il y a une répartition et les
députés de l'Opposition et les députés
ministériels sont placés sur un pied d'égalité. Je
pense que c'est tout à l'honneur du ministre des Transports.
C'est évident que j'ai fait des représentations et que
j'attends certaines réponses. Pour ma part, je reçois des
représentations des maires. Je pense que les autres
députés en ont autant, mais je n'ai pas honte de dire que si on
n'a pas les sommes tout de suite on les aura peut-être
plus tard. J'aime mieux concentrer mes efforts dans le domaine de la
santé où la situation est plus dramatique, où le manque de
spécialistes est flagrant. Si on est capable de résorber ces
problèmes-là, pour en venir au ministère des Transports
par la suite, je n'ai aucun problème par rapport à ça. Je
vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député.
Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, Mme la Présidente. Je remarque que les
députés de l'Estrie sont rares en cette Chambre, mise à
part vous, chère madame, que je salue bien sincèrement parce que
vous venez de l'Estrie, vous venez d'un grand comté d'ailleurs, mais,
à cause de votre poste à la présidence, vous devez
être neutre dans l'interpellation de ce matin, Je me retrouve donc la
seule députée de l'Opposition, la seule pour l'interpellation.
Est-ce à dire que les autres députés de l'Estrie sont
satisfaits de ce qu'ils ont reçu en termes d'amélioration de leur
réseau routier ou est-ce à dire qu'ils n'ont fait que des
promesses ou pris des engagements avec les gens de l'Estrie et n'ont pas tenu
leurs engagements? Je me pose de sérieuses questions.
Je me souviens très bien que, lors de la campagne
électorale - vous comprendrez que chacun essaie de son mieux de se faire
valoir et de gagner le coeur de ses électeurs pour être capable de
les représenter, ici, à l'Assemblée nationale - les huit
candidats et candidates de l'Estrie avaient pris une série
d'engagements. Je peux vous en énumérer plusieurs qui ne sont pas
encore réalisés, même après 17 mois de pouvoir de ce
parti-là.
Je vois, Mme la Présidente, que vous vous rassoyez sur votre
chaise et je vous comprends très bien. Vous avez un grand comté
et il y a beaucoup de choses qui n'ont pas été faites dans votre
comté comme dans le mien, mais beaucoup de choses ont été
faites aussi.
Si je reprenais les uns après les autres les engagements des
candidats et candidates du Parti libéral lors de la dernière
campagne électorale, on a dit: donner la priorité au
réseau routier intermunicipal, compléter la voie de contournement
de la 410 de la ville de 5herbrooke - c'est en attente parachever l'autoroute
55 entre Richmond et Saint-Célestin. Je vais vous en parler tout
à l'heure parce que te ministre, lors de l'étude de ses
crédits l'an dernier, a dit certaines choses là-dessus et je vais
reprendre ça. Je vais juste les énumérer et j'y reviendrai
après. (11 heures)
Construire une nouvelle voie de raccordement à partir de
l'autoroute 55 jusqu'à la route 143 pour mieux desservir le comté
de Mégantic-Compton, votre comté, Mme la Présidente, le
comté d'Orford et le comté de Saint-François.
C'étaient les engagements des huit candidats et candidates lors de la
campagne électorale et ils ont donné ces engagements le 7
novembre 1985 au journal La Tribune que nous, de la région de
l'Estrie, connaissons bien puisque c'est notre quotidien.
Par contre, le candidat Vallières, lui, mon collègue du
comté de Richmond, dit: Reconstruction de la 116. Sacrificel Comme on en
a entendu parler de sa 116 pendant qu'il était dans l'Opposition'. On
l'appelait M. la 116. Il parlait de sa 116. Reconstruction de la 116 entre
Kinqsey-Falls et l'autoroute 55. Je vais vous en reparler tout à
l'heure. Il dénonce le gouvernement de ne pas poursuivre la construction
de l'autouroute 55 qui devait passer près d'Asbestos. Je ne sais pas
s'il va dénoncer son propre parti mais, pour le moment, ce n'est pas
fait. C'était dans La Tribune du 1er novembre 1985.
Après cela, M. Bourassa lui-même est venu dans le
comté de la présidente de ce matin pour dire qu'ils devaient
paver la route 263 entre Lac-Mégantic et Piopolis, pavaqe de la voie
d'accès au village de Val-Racine. Tous ces engagements ont
été pris en campagne électorale, mais les gens de la
région de l'Estrie attendent. Ils attendent parce qu'ils ont cru
à l'époque des élections que ce que les candidats et les
candidates de l'Estrie disaient pouvait se concrétiser si,
éventuellement, on leur faisait confiance. On leur a fait confiance et,
aujourd'hui, on attend de voir le résultat.
Est-ce à dire qu'il n'y aura pas d'argent nouveau mis pour
éventuellement réaliser ces engagements ou est-ce à dire
que, vraiment, c'était simplement un leurre pour obtenir la cote d'amour
de la population pour être enfin élus? Je trouve que, quand on
prend des engagements, il faut être sincère avec la population. II
faut donner ce qu'on dit qu'on va donner pour qu'enfin on puisse regagner la
confiance mais, au moment où l'on se parle, je doute. Je vais attendre
un peu parce que, dans une autre intervention, je parlerai plus
précisément des routes de campagne, des routes de comtés
ruraux tout à l'heure. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Oui, madame, qui avez un
rôle neutre mais qui entendez tout comme moi la députée de
Johnson, digne représentante de l'Estrie pour l'Opposi-
tion. Dans un premier temps, on n'est pas habitué de la part de
Mme la députée de Johnson à des remarques sur l'absence de
collègues dans l'Estrie. Les règles de ce débat du
vendredi matin font en sorte que ce n'est pas ici que vous allez régler
vos problèmes de voirie. Vous en savez quelque chose. Vous avez
commencé à les régler hier soir. Ce n'était pas
dans le cadre d'un débat du vendredi matin.
À ce niveau, il est très clair que les
députés de l'Estrie font ce qu'ils ont à faire en termes
de revendications et Dieu sait que, s'il y en a un dans l'Estrie qui s'occupe
de son comté et que vous avez tenté par tous les moyens de battre
en 1981 - vous n'avez pas réussi - c'est le député de
Richmond. Effectivement, vous pouvez l'appeler M. 116. S'il y en a un qui a
été martyrisé par vous-autres sur le plan des budgets de
voirie quand vous étiez au pouvoir, c'est bien le député
de Richmond. Et à voir se succéder à la tête du
ministère des Transports des hommes aussi draconiens que Jacques
Léonard - je pense que cela évoque beaucoup de choses - et
même Le May, aujourd'hui je m'étonne beaucoup que vous ayez le
moindre doute quant à la répartition équitable des budgets
du ministère des Transports, compte tenu de ce qui s'est fait dans le
passé.
Si vous voulez parler de cela, on pourra s'en parler très
longuement avec des chiffres sur la table. Ceux qui auront à rougir
seront probablement ceux qui sont en face de nous. Dans ce sens, je trouve
très déplacée la remarque vis-à-vis de mes
collègues de l'Estrie qui font leur travail et qui, effectivement, ont
beaucoup de rattrapage à faire. Dans le cas du comté de
Mégantic-Compton, effectivement, beaucoup de rattrapage, oui. Beaucoup
de rattrapage parce que en 1976, c'était un député de
l'Union Nationale, donc, pas un de votre gang; en 1980, à la partielle,
ç'a été un député libéral; en 1981
aussi. Tout ce rattrapage est à faire maintenant. Là-dessus, je
demanderais à Mme la députée de Johnson d'être
extrêmement prudente.
Quant à sa deuxième intervention, l'essence, elle parlait
d'un leurre. Est-ce que les citoyens du Québec se sont fait leurrer? II
n'y a pas plus habile dans les leurres sur le plan électoral que vous du
Parti québécois. Sur l'option fondamentale de votre parti, vous
avez tenté de leurrer tout le Québec en 1976, en 1981, au
référendum et, encore actuellement, vous tentez de le faire par
toutes sortes de moyens, de techniques et, finalement, regardez où vous
êtes rendus. Vous allez voir où les gens portent leur
crédibilité, à qui ils l'accordent sur le plan de
l'opinion publique. Cela me paraît extrêmement clair. Dans ce sens,
il est clair que, lorsqu'on parle de leurre, chacun des députés
au meilleur de sa connaissance fait le travail qu'il a à faire sur le
plan des revendications, que ce soit au niveau du réseau routier, que ce
soit au niveau du réseau scolaire, du réseau de la santé,
des collègues ministres. Ils font le travail qu'ils ont à
faire.
Après cela, il y a une répartition qui est faite par les
ministres. Je mets au défi qui que ce soit de l'Opposition de venir
faire la démonstration que des membres de l'Opposition ont
été moins privilégiés, ont été
victimes d'une décision arbitraire d'un ministre qui en voudrait
à des députés de l'Opposition. Je l'ai toujours dit. Je
travaillerai d'arrache-pied pour faire élire tous les
députés de l'Assemblée nationale. Dans ce sens, le
réseau routier est un élément important et, à ce
niveau, je n'ai pas de problème à vivre avec cela. Effectivement,
nous travaillons. Nous avons décidé -c'est un choix - de faire en
sorte qu'on s'attaque davantage à l'entretien du réseau routier.
C'est ce que nous faisons avec le budget de cette année en termes
d'efforts majeurs reconnus par le député de Lac-Saint-Jean,
reconnus aussi par le député d'Abitibi-Ouest où il y a un
effort substantiel cette année.
L'an prochain, ce sera bien sûr une défense des
crédits auprès de mes collègues qui ont ces
responsabilités, tant du Trésor que des Finances, pour tenter
d'obtenir des sommes additionnelles au niveau des budgets de construction. Dans
ce sens, chaque époque, chaque étape viendra en son temps. Je
serai très heureux d'aborder tout à l'heure des programmes
spécifiques ou des projets spécifiques du comté de
Johnson, puisque je suis déjà au fait de certains.
La Présidente (Mme Bélanqer): Merci, M. le
ministre. M. le député de...
M. Gauvin: Montmagny...
La Présidente (Mme Bélanger):
...Montmagny-L'Islet.
M. Réal Gauvin
M. Gauvin: Merci. Ce que je retiens de ce qu'on vient d'entendre
dans cette Chambre, je pense que c'est l'importance de planifier
l'amélioration du réseau routier en milieu rural, les routes
numérotées aussi bien que les chemins secondaires, une
planification faite en consultation avec le milieu. Les points importants
à retenir, c'est la formule de négocier des protocoles d'entente
avec les municipalités pour accélérer l'exécution
de certains travaux, dans bien des cas, et entraîner souvent une
économie quant aux coûts. Les municipalités sont
très ouvertes à l'approche de leur implication quant à
l'entretien avec l'apport d'une aide financière appropriée.
Dans un premier temps, l'accent doit être mis sur la
récupération et l'entretien du réseau routier, comme l'a
mentionné ici ce matin M. le ministre. Ce que je trouve
intéressant, c'est la grande ouverture du ministre qui permet aux
députés, en collaboration avec les responsables en région,
soit le divisionnaire, les municipalités, tes MRC, de suivre
l'évolution des besoins et des priorités pour mieux
répondre aux besoins les plus évidents, surtout avec le principe
d'en faire le plus possible avec le même argent. Cela a réussi
dans la plupart des cas et, surtout, dans notre région. Je vous
apporterai comme exemple qu'en 1986, avec la collaboration du ministre, il y
avait des petits surplus budgétaires dans différentes enveloppes,
soit à la maintenance ou dans différents autres travaux de
construction, ce qui nous a permis de faire presque autant de construction de
chemins en milieu municipal qu'il ne s'en était fait dans les trois
dernières années. Je pense qu'avec une formule comme celle-ci,
cela a permis à ma région, sur le plan des chemins municipaux, de
récupérer et de faire la rénovation de certains chemins
où il était évident que cela aurait dû être
fait depuis plusieurs années.
Je pense que ce qui dérange les députés de
l'Opposition, Mme la Présidente, c'est peut-être que leurs
régions ont eu une très grande part du budget de construction
dans le passé et que l'actuel ministre en fait une meilleure
répartition en tenant compte des besoins.
En conclusion, te ministre tente de tirer le meilleur profit de son
enveloppe budgétaire pour que le plus de travaux possible se fassent
dans les régions où il y a une évidence de besoins. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Je pense bien que
ceux qui nous écoutent ce matin voient vraiment comment le ministre des
Transports réagit par rapport aux objections et aux arguments qui sont
avancés.
D'abord, comme première conclusion, il admet qu'il y a eu baisse
des montants consacrés à la voirie. Tout cela, c'est parce qu'il
fait preuve d'honnêteté, bien sûr, honnêteté
intellectuelle et honnêteté tout court. Mais, effectivement, il y
a moins d'argent qu'il n'y en avait. Durant la campagne électorale, il a
promis qu'il y aurait plus d'argent à la disposition des régions
de l'ensemble du Québec pour améliorer le réseau routier
du Québec. Dans les faits, il y a moins d'argent. Donc, on ne peut pas
lui pardonner nécessairement d'avoir moins d'argent. On dit que,
vis-à-vis de ses décisions, il a obtenu moins, et, ensemble, ils
ont décidé que l'argent allait ailleurs. Ce n'est pas tout
à fait de même que les problèmes nous ont été
présentés.
Depuis le début, on a parlé d'un montant d'argent
disponible pour de la réparation et de l'entretien. Mais il y a un
problème qui dure depuis de nombreuses années dans la
région du SaguenayLac-Saint-Jean, c'est l'autoroute Alma-La Baie
qui a fait l'objet d'une entente Canada-Québec en 1985. Il y a un
montant de 25 000 000 $ de prévu pour cette autoroute. Malheureusement,
il n'y a pas beaucoup de points positifs qui se sont développés
depuis le temps. C'est une des rares réqions où il y a une
très petite autoroute, mais qui n'est pas terminée ou qui va
à peu près nulle part. Donc, il y a des pressions continues de la
part des citoyens qui disent: Quand va-ton dépenser ces 25 000 000
$?
Au caucus des députés, l'an dernier, on a eu l'occasion de
rencontrer le ministre; il nous a promis que les 25 000 000 $
réservés pour la construction de l'autoroute Alma-La Baie
seraient dépensés dans la région. Il le
répète à satiété depuis le temps, mais il
faut dire aussi que, depuis le mois de décembre, on l'a talonné
pratiquement chaque semaine pour lui demander quand il prendrait des
décisions et comment il pourrait arriver à régler ce
problème. Malheureusement, les réunions sont remises d'une
semaine à l'autre. On se rend compte qu'actuellement il est à peu
près minuit et quart pour cette année, en ce qui concerne les
dépenses de construction de l'autoroute. Même si le journal
d'hier, en région, annonce une dépense de 2 000 000 $, cela veut
dire qu'il ne restera que deux ans pour dépenser les derniers 22 000 000
$ ou 23 000 000 $. Comment arrivera-t-il à faire ce tour de force quand,
dans trois ans, on n'en aura dépensé que 2 000 000 $? II y a un
problème majeur qui se soulève. Je comprends qu'il n'a pas
suffisamment d'argent pour l'ensemble de l'autoroute, mais c'est de noyer le
poisson. Je pense que, dans la région qui n'a pas encore eu son
autoroute potable, on peut accepter que cela prenne un peu de temps pour
l'achever. Faisons ce qu'on a à faire et, après, on verra. Je
pense que cela est une bonne attitude.
L'ensemble des intervenants dans la région, que ce soient les
maires, les MRC, les citoyens, les municipalités, l'ensemble des
députés, on est tous d'accord sur la façon dont
l'autoroute doit être faite et sur les interventions qui doivent
être ponctuelles et faites sur cette autoroute. Donc, pour les 25 000 000
$, il n'y a pas de problème, car, pour une fois, il y a un ensemble
unanime dans notre région qui donne le feu vert en disant:
Dépensons ces 25 000 000 $, mais ne les gaspillons pas, faisons les bons
investisse-
merits, (11 h 15)
J'ai défendu le ministre dans certaines circonstances en disant:
Le ministre nous a dit qu'il fonctionnerait... Je pense que j'ai
été naif. C'est pour cela que je comprends que, quelquefois, les
gens se font prendre au jeu des promesses électorales. J'ai dit: Le
ministre nous a donné sa parole; cela va marcher. En campagne
électorale, on peut comprendre que le ministre ait certaines
difficultés à réaliser ses interventions mais, pour moi,
un ministre a une parole, et c'est sacré; cela ne va pas assez vite
à mon goût. Je me suis fait accuser d'être le
défenseur ou le chantre du ministre, ce que je ne voulais pas être
du tout. Ils m'ont dit que j'étais le défenseur du ministre parce
que j'avais dit que j'avais confiance que le ministre nous livre la
marchandise. Depuis un an, regardons les dates, si on veut aller en
soumissions, etc., les 25 000 000 $ ne seront pas dépensés dans
les cinq ans et la région sera encore malheureusement laissée
pour compte dans ce dossier, dossier que l'ensemble des intervenants a à
coeur et, je le répète, qui a fait l'unanimité de
{'ensemble de la population du Saguenay Lac-Saint-Jean, y compris de
celui qui vous parle, qui a eu à défendre ce dossier, à
corps défendant, dans sa propre municipalité. Ceci s'inscrit dans
la démarche de l'ensemble de la région qui veut que l'autoroute
Aima-La Baie, selon les intentions exprimées par l'ensemble de la
population, soit réalisée dans les plus courts délais. Je
souhaite que le ministre agisse et ce, très rapidement pour que tout cet
argent soit dépensé au bon endroit.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Caté
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, Mme la
Présidente, je vais évoquer brièvement ce que mon
collègue de Montmagny-L'Islet disait de la signature de protocole avec
les municipalités qui, dans certains cas, effectivement, nous permet de
faire beaucoup plus de travaux qu'on n'en aurait fait normalement.
Effectivement, il y avait cette tendance qui, dans le passé, faisait en
sorte que les municipalités n'avaient qu'à demander des murs
antibruit pour que le gouvernement les paie à 100 %; on fait une
certaine rationalisation et on signe maintenant des protocoles d'entente avec
les municipalités afin qu'ils soient payés 50-50, ce qui fait
qu'on peut généralement en faire deux fois plus qu'on n'en
faisait auparavant. Certaines techniques comme celle-là nous permettent
effectivement, avec le même argent, sur le plan gouvernemental d'en faire
davantage compte tenu que nous avons des partenaires dans ce domaine.
Revenant à l'intervention du député de
Jonquière, c'est toujours avec... Je connais la bonhommie du
député de Jonquière et je suis très heureux qu'il
soit mon défenseur dans la région du
SaguenayLac-Saint-Jean. Je veux lui dire qu'il pourra facilement dire
à ses collègues que le député de Charlesbourg,
ministre des Transports, est suffisamment grand pour être capable de se
défendre tout seul. Je ne voudrais pas que le député de
Jonquière se mette dans de mauvais draps pour le ministre des
Transports.
Tout ceci étant dit, j'ai eu l'occasion de parcourir un
relevé de presse assez exceptionnel sur l'autoroute Alma-La Paie. Ce
n'est pas d'aujourd'hui que ça se parle. J'imagine qu'après
toutes les heures passées par le député de
Jonquière, ex-maire de Jonquière, sur le dossier de l'autoroute
Alma-La Baie, il y a des bons et des mauvais bouts. Je vais seulement en citer
un petit, mais on pourrait en citer plusieurs, mais juste pour me payer un peu
la tête du député de Jonquière avec le plus qrand
plaisir - c'est fait de manière très amicale -je vais lire un
article de décembre 1984: Réalisation de l'autoroute. Trois
maires blâment Québec: "Nous n'accepterons jamais que l'autoroute
70 devienne une voie d'évitement de Jonquière", etc. On passe...
On en arrive à nouveau à citer le député de
Jonquière qui disait: "Si le gouvernement du Québec avait
vraiment l'argent pour la construire, il l'aurait fait, peu importent les
objections que nous aurions pu y apporter. Actuellement, il se sert de nous
pour justifier les retards et nous en faire porter le blâme." C'est le 20
décembre 1984.
On peut bien aujourd'hui pérorer et parler longtemps des retards
sur le plan gouvernemental quant à la réalisation; la question de
l'autoroute Alma-La Baie, ce n'est pas une situation qui date d'aujourd'hui ou
de notre arrivée au pouvoir. J'ai récupéré un
dossier; j'ai effectivement discuté lors de ma tournée, l'an
passé, au SaguenayLac-Saint-Jean de manière très
ouverte et très amicale avec les députés du
SaguenayLac-Saint-Jean, compte tenu de l'importance de cette autoroute
pour eux, et je l'ai dit: Les 25 000 000 $ réservés à
l'entente... Il y avait une crainte dans tout le Saguenay Lac-Saint-Jean,
en voyant arriver les libéraux au pouvoir, que ces méchants
libéraux récupèrent les 25 000 000 $ de l'entente et
l'envoient dans d'autres régions pour punir les gens du
Saquenay~Lac-Saint-Jean qui n'avaient pas compris le messaqe libéral.
J'ai dit: Rassurez-vous! Les 25 000 000 $ serviront assurément au
SaguenayLac-Saint-Jean.
Effectivement, ils vont servir, et davantage. Si la clairvoyance de ceux
qui nous ont précédés avait fait en sorte qu'on
prévoie l'argent qu'il fallait pour construire
l'autoroute Alma-La Baie, nous serions peut-être dans une
situation moins difficile aujourd'hui.
Qu'on dise ou qu'on continue d'en parler... Effectivement, j'ai dit que
je me rendrais au Saguenay-Lac-Saint-Jean pour exposer la situation de long en
large sur chacune des facettes de l'autoroute Alma-La Baie. C'est ce que j'ai
dit et c'est ce que je répète, et ça se fera d'ici
à quinze jours.
Dans ce sens, ça ne retarde en rien des décisions qui
pouvaient être prises et qui permettaient de dépenser de l'argent
dès l'année budgétaire 1987-1988. Et nous irons, au cours
des prochains mois, en appel d'offres public sur un premier tronçon qui,
lui, ne crée aucun problème. Nous irons en appel d'offres pour un
tronçon de 6 000 000 $ ou $5 900 000 $ pour les dépenser.
Ce que je répète au député de
Jonquière et à ceux du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui veulent
l'autoroute Alma-La Baie, c'est qu'effectivement, selon les prévisions
du ministère, compte tenu des décisions prises et de celles
à venir lors de la rencontre, nous aurons la possibilité de
dépenser les 25 000 000 $, et même davantage, dans le cadre de
l'entente et dans les limites fixées par le délai de
l'entente.
Dans ce sens-là, il sera davantage minuit moins quart que minuit
et quart. Je me dis qu'en ce qui concerne le quart passé minuit,
peut-être que le député de Jonquière pourrait
s'interroger sur le rôle du maire de Jonquière de l'époque
quant au quart d'heure qui dépasse minuit.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Mme la Présidente, évidemment, ça
me fait plaisir de prendre la parole ce matin dans le cadre de cette
interpellation. C'est avec un certain étonne-ment, tout à
l'heure, que j'ai appris que le député d'Abitibi-Ouest se
plaignait de ses 7 000 000 $ des années passées, qu'il n'y en
avait pas suffisamment actuellement.
Je dois vous dire que, lorsque je regarde le retard que le comté
de Lotbinière a connu tout au fil de ces années, la moyenne au
cours des dernières années sous la gouverne du Parti
québécois a été de près de 4 000 000 $ par
an, moyenne qui est relativement faible, comme je le constate en fonction
d'autres comtés où il y a un effort de rattrapage très
important à faire.
Mme la Présidente, je dois vous souligner qu'il y a encore
quelque trente kilomètres de routes numérotées dont la
forme n'est pas encore exécutée dans Lotbinière. Je pense
qu'il y a eu un laisser-aller fort important au cours de ces dernières
années. Il y a eu, pour ainsi dire, une quasi-absence de
préoccupation à l'amélioration du réseau routier
qui a, par le fait même, une incidence très importante sur le
développement régional, sur le développement du
comté de Lotbinière, faisant en sorte que des entreprises aient
une incitation plus ou moins grande à se développer à
cause des difficultés à transporter les matériaux
transformés en produits finis.
C'est avec un certain étonnement que j'entendais, tout à
l'heure, que les libéraux avaient tout promis durant la campagne. Je
dois vous dire qu'à la suite de la campagne j'ai rencontré
l'ensemble des 46 maires des municipalités avec leurs élus, les
conseillers municipaux. Chaque fois que j'avais une rencontre qui durait de une
heure à une heure et trente, on me rappelait qu'on leur avait promis un
rang, deux rangs, ça allait même jusqu'à trois rangs dans
le cadre de l'année 1986. Mais quand on fouillait un peu dans les
documents, on se rendait compte d'une chose, c'est qu'ils n'étaient
même pas incrits dans la programmation. Là, c'était
d'autant plus étonnant. On était loin de la coupe aux
lèvres, puisque les plans n'étaient pas préparés,
les contrats n'étaient pas signés. Pourtant, on laissait croire
aux gens qu'on allait exécuter les travaux en 1986, à la suite de
la campagne électorale. Il fallait les voir, évidemment, quand on
leur rappelait comment ça se passe, comment le processus est
établi, se rendre compte qu'ils avaient été dupes de
promesses.
Mme la Présidente, c'est en établissant, en concertation
avec eux, les priorités qu'on a pu faire établir, en
collaboration avec le ministre également, ces priorités de chacun
de ces élus municipaux qui représentent leur milieu. C'est
également avec une excellente collaboration du ministre qu'on a pu
procéder, l'an passé, à un nombre de kilomètres
fort important d'amélioration de routes dans Lotbinière, aux
endroits où on ne pourra leur donner immédiatement un
réseau, où la forme ou le pavage doit être refait à
tout le moins, de façon à leur permettre d'avoir une route plus
carrossable avec l'épandage de gravier dans des rangs où cela
fait déjà 20 ou 25 ans qu'il n'y a pas eu une nouvelle couche de
gravier.
Quand on regarde les données du rapport du comité
Vallières, on apprend des choses très importantes. Nos
régions n'ont pas toujours eu le soutien politique nécessaire
pour faire avancer et cheminer les dossiers. On se rend compte que d'autres
régions sont parties avec le morceau, à notre détriment.
On constate également que notre région est au troisième
rang de celles qui sont moins bien dotées quant aux routes locales. Je
dois vous dire qu'il faut avoir rencontré les gens du ministère
des Transports pour constater qu'ils ont beaucoup de dynamisme, qu'ils sont
fort bien disposés
à faire des travaux, mais voua savez qu'il faut un soutien
politique pour le faire.
Je pense qu'avec l'actuel ministre des Transports on peut compter que
l'effort de rattrapage se fera puisqu'il s'est engagé dans son discours,
à la suite du dépôt du discours sur le budget, à
faire en sorte que les comtés ayant un nombre très important de
municipalités fassent l'objet d'une considération
particulière, J'ai manifestement fort confiance en ce ministre qui est
à l'écoute des députés, à l'écoute
des régions et des maires des localités pour faire en sorte qu'on
ait notre part et qu'on passe au même rang que l'ensemble des citoyens du
Québec. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lotbinière. Mme la députée de
Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, Mme la Présidente. Dans ma
première intervention de cinq minutes, je n'ai pas eu le temps de donner
la réponse à une certaine dénonciation du
député de Richmond et j'ai mentionné que j'allais y
revenir. Lors de l'étude des crédits du 24 avril 1986, mon
collègue, le député de Joliette, avait bel et bien
demandé au ministre s'il pourrait nous dire si l'autoroute 55 axe
Saint-Célestin-Ricbmond sera construite incessamment. Cela corrobore ce
que le député de Richmond avait annoncé. La réponse
du ministre: Non, Saint-Célestin jusqu'à la 20, mais plus que
cela, c'est non. Vous pouvez déjà mettre cela dans les promesses
qui ne seront pas remplies. C'est juste pour terminer ce que j'avais promis de
dire tout à l'heure.
Je reviendrai strictement sur les routes de mon comté et les
routes de la région de l'Estrie. Le premier ministre, en tournée
préélectorale, justement dans le comté de la
présidente, trouvait presque aberrant qu'on ait encore
réparé des routes en 1985. Il ne doit pas venir souvent dans les
comtés ruraux parce que ce n'est pas drôle dans nos comtés,
dans les rangs. Nos pauvres producteurs agricoles pataugent dans la boue, je ne
dirai pas jusqu'où ils disent, eux, mais je dirai jusqu'aux chevilles,
au moins. Â certains moments, surtout au printemps, il se passe des
choses inacceptables.
J'ai eu pratiquement une procession dans mon bureau, au printemps. Dans
les rangs de mon comté comme, j'en suis sûre, dans les rangs des
comtés ruraux de toute ta province de Québec - je vais parler de
ceux de l'Estrie - quand les camions de lait calent jusqu'aux essieux et quand
les autobus scolaires refusent de venir dans les rangs chercher nos enfants
parce qu'ils calent jusqu'aux essieux et qu'ils restent pris, je trouve cela
inacceptable. Je ne le prends pas et je défendrai jusqu'au bout les gens
et les rangs de mon comté, du comté de Johnson et de la
région de l'Estrie. Tous les comtés ruraux vivent des
problèmes importants.
Je pourrais vous en énumérer. Chemin impraticable, le rang
2 du canton de Brompton, le rang 6, calé jusqu'aux genoux. Partout. Je
parle de mon comté, parce que je le connais plus. C'est inacceptable.
Les parents sont en colère. Ils sont allés au bureau de district
régional des Transports et ils ont dit: C'est inacceptable, on ne peut
pas, tous les jours, aller reconduire les enfants à l'école,
ça n'a pas de bon sens. Le ministre avait promis de faire des choses
extrêmement importantes en vue d'améliorer le système.
Si le premier ministre ne comprend pas qu'en 1985 il y a encore des
rangs de campagne qui ne sont pas asphaltés, je l'inviterai à
faire le tour de mon comté et je vous assure qu'il changera
d'idée. J'ai l'impression qu'après ce temps il ne pourra plus
jamais dire une telle chose et qu'il donnera ordre à son ministre des
Transports d'obtenir un peu d'argent pour nous aider à voir le bout du
tunnel pour ce qui est de nos chemins. (11 h 30)
Je sais que le ministre a fait une ouverture, je dois l'admettre. Le
ministre a dit: Bon, tu as de gros problèmes. Crime! il voyait bien que
cela n'avait pas de bon sensl Tu as de qros problèmes, les autobus
scolaires arrêtent de fonctionner, les camions de lait sont jusqu'aux
essieux, les camions qui font le transport du gravier - chez nous, on appelle
cela de la "garnotte" pour les rangs - restent pris. Le ministre dit: Bon, je
vais t'aider. Même, hier soir, à l'Assemblée nationale, il
m'a dît: Qu'est-ce qui presse le plus chez vous? Je lui ai montré,
une image vaut mille mots. Crime! Il a dit: C'est correct, je vais t'aider,
fais-moi une liste de ce dont tu as besoin et je vais t'aider. J'admets qu'il
me l'a demandé et j'ai produit une liste. Mais, la, j'ai hâte de
voir si, après avoir produit cette liste... Il ne m'a pas donné
son O.K. tout de suite. Il m'a dit: Je vais regarder cela et si tes demandes
ont de l'allure, si on est capable de le faire, on va essayer de te donner un
peu d'argent, parce qu'il se rend bien compte que ce qu'il m'a donné
cette année, cela n'a pas de bon sens.
Il y a 35 municipalités dans mon comté et il m'a
donné 765 000 $. Les maires sont en colère. Comprenez-vous? Je
les ai arrêtés de venir vous voir, parce que j'ai dit: Cela n'a
pas de bon sens, laissez-mai une chance de lui parler personnellement.
Peut-être qu'il va comprendre le bon sens. Ils ont dit: Si tu ne fais pas
une bonne affaire, s'il n'est pas capable de faire une ouverture par rapport
à nos besoins, on montera à Québec en
délégation et on ira le rencontrer pour faire
nos demandes. J'espère que le ministre va comprendre avant que
tous les maires du comté de Johnson, les maires du comté de
Mégantic qui ne doit pas en avoir eu... Le ministre dit qu'il travaille
pour les députés élus; j'imagine que les comtés des
députés au pouvoir sont dans la même situation que les
comtés des députés de l'Opposition si je veux bien croire
les paroles du ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, Mme la
députée.
Mme Juneau: De toute façon, je me suis habillée en
rouge aujourd'hui. J'espère que vous allez me confondre avec les gens de
votre côté et que je vais avoir ce qui revient pour le bien de mon
comté.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson.
M. le ministre des Transports.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Mme la Présidente,
c'est effectivement une présentation très imagée,
très colorée que nous a faite Mme la députée de
Johnson sur l'état de certaines routes de son comté. Elle a
évoqué deux éléments extrêmement importants.
D'abord, une déclaration du premier ministre, M. Bourassa, qui n'en
croyait pas ses yeux que des routes numérotées ne soient pas
pavées. Il faut faire attention; il y a une distinction très
nette; il ne faut pas prendre les gens... Mais c'étaient des routes
numérotées. Effectivement, je m'attendais bien ce matin qu'on
fasse un tour de tout le Québec, compte tenu du tour de piste ou du
rosaire que m'avait fait subir le député de Joliette l'an
dernier; je suis un peu habitué.
Premier élément extrêmement important: remettre dans
sa perspective. Si vous vous sentez malheureuse chez vous, je dois vous dire
qu'il y a 1072 kilomètres de routes dans le comté de
Mégantic-Compton qui sont non pavées. Alors, vous n'êtes
pas la seule à subir des préjudices. Cela, c'est le premier
élément.
Le deuxième élément de son intervention très
imagée, comme un député de l'Opposition sait le faire -
j'ai été de ce côté, moi aussi, à l'occasion
- c'est de me parier de rangs où l'on voit des camions enfoncés
aux essieux, des autobus scolaires incapables de franchir le rang. Oui, c'est
clair, les photos étaient là. C'est une situation qu'on a
vécue. C'est pour cela que j'ai dit à Mme la
députée: Je vais regarder ce que je peux faire dans la mesure
où l'on peut intervenir rapidement. Mais posons-nous la question: Est-ce
que c'est du jour au lendemain, crime de crime, que les routes
défoncent?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que c'est du jour au
lendemain que des autobus scolaires ou des camions de lait vont défoncer
les routes ou si ce n'est pas dû à une négligence quant
à l'entretien du réseau routier au cours des années
antérieures. Crime de crime! c'est cela, la raison*. Lorsqu'on parle
d'entretien du réseau routier et de la nécessité
d'intervenir de manière plus massive dans le réseau routier, oui,
je vais intervenir sur certaines de vos artères qui aujourd'hui en ont
besoin, mais à partir du budqet supplémentaire pour l'entretien
du réseau routier pour faire en sorte que ces routes soient un peu plus
carrossables.
Je voyais Mme la députée me supplier, hier, d'avoir
quelques voyages de gravier additionnels de façon que les camions ne
s'enfoncent pas. On va trouver une solution qui, elle, est beaucoup plus
permanente. On ne fera pas du tape-à-l'oeil au du "patchage". C'est pour
cela que j'ai demandé une semaine pour avoir le relevé fait par
le chef de district de l'évaluation de ces routes qu'elle m'a
mentionnées hier. Nous allons voir ce que nous pouvons faire dans cette
situation. Mais il est très clair que nous sommes déficients dans
l'entretien du réseau routier tant dans Ies chargements de gravier qu'au
niveau des structures et du béton bitumineux sur des routes qui
traversent les comtés. On est effectivement très conscient de
ça.
Je vous référerais au tableau 2 du rapport Middlemiss qui
est très clair. C'est une analyse de ce qui s'est passé dans les
années antérieures. Quand on parle de couche d'usure
régionale, !a moyenne d'intervention au cours des dernières
années est une fois sur quinze ans. On dit: cela devrait être une
fois sur 15 ans alors qu'elle est actuellement sur 46 ans. Ce n'est pas parce
que les libéraux sont arrivés au pouvoir que c'est sur 46 ans,
c'est un phénomène historique et passons à travers votre
gouvernement, le gouvernement libéral antérieur où on a
davantage construit des routes qu'eux des préoccupations d'entretien du
réseau routier.
En matière de construction de routes, ça commande aussi au
niveau de l'entretien. Il y a une logique dans tout ça. Nous en sommes
maintenant à la période où il nous faut effectivement
faire beaucoup de rattrapage et la situation a été très
bien illustrée par vous sur certaines artères de communication,
que ce soit pour le transport scolaire ou dans les rangs, pour sortir la
production laitière. Dans ce sens-là, c'est clair, que nous
allons régler un certain nombre de problèmes mais, je l'ai dit
tantôt, nous ne réglerons pas tous les problèmes. Une chose
dont vous ne pourrez jamais accuser le ministre des Transports... Je vous
trouvais très bonne tantôt de citer
l'autoroute 55. Il y avait eu effectivement un engagement de mon
collègue. Est-ce que la réponse a été assez claire?
C'était: Non, elle ne se fera pas! C'était clair, ça.
Pouvez-vous avoir quelque chose de plus clair que ça? Même pour un
de mes collègues, et, si ça arrivait dans votre cas, ce serait la
même réponse aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, juste un petit mot sur ma
position comme maire concernant l'autoroute 70. Effectivement, j'ai dit des
choses, j'ai défendu des principes, mais ces principes ont
été valables jusqu'à ce que le gouvernement du
Québec ait signé une entente avec le fédéral et
qu'il ait accepté une bonne partie des revendications que je faisais
comme maire. Donc, indépendamment du gouvernement - et c'est là
que je pense qu'on peut trouver l'essentiel de mon intervention - quand
j'étais maire, j'agissais comme maire et, comme député, je
vais faire ma "job". Le député-ministre de Charlesbourg pourra me
tirer la pipe quand il voudra, ça ne me dérange pas. Pour moi,
c'est ma marque de commerce, je suis élu pour un mandat et je vais le
faire à 100 %, indépendamment des partis qui sont en place parce
qu'il me semble que la logique veut qu'on défende ceux qui nous ont
élus. Je ne pense pas avoir travaillé contre la
réalisation de l'autoroute à partir du moment où il y a eu
une entente qui a donné satisfaction aux uns et aux autres.
Je vais aller justement à un deuxième dossier qui devrait
tenir à coeur au ministre des Transports, puisque je vais aller dans la
belle région du Bas-du-FIeuve qu'il connaît très bien,
où il a été député du comté de
Matane. Donc, il connaît très bien l'endroit où je vais
aller, c'est l'autoroute 20. On sait que cette autoroute a fait l'objet de
beaucoup de tapage durant la campagne électorale de 1985. Il y a un
candidat de Rimouski précisément qui s'est engagé à
réaliser cette autoroute dans les plus courts délais,
malgré les montants. J'ai des arguments du ministre qui disent: C'est un
missionnaire. Il y a eu un échange très intéressant, que
je n'aurai malheureusement pas le temps de citer, entre mon collègue de
Joliette et le ministre des Transports. On a parlé de missionnaire, de
martyr, d'un peu toutes sortes de choses concernant cette route. Le ministre a
continué de prétendre que ça pourrait être une bonne
route à réaliser, que ça devrait faire quelque chose.
Cette promesse de réalisation de route, si je me fie aux journaux
de l'époque, a probablement coûté le siège d'un de
nos collègues qui a performé de façon très
intéressante non seulement pour son comté, mais pour l'ensemble
du Québec. Je veux rendre hommage à l'ex-ministre Alain Marcoux,
qui a été ministre des Affaires municipales et
député de Rimouski, qui a été pri3 dans cette
tornade de promesses libérales de 2 000 000 000 $ concernant le
réseau routier et on ne voit toujours pas venir le jour où cet
argent arrivera. On a eu le déluge dans le temps de Noé et,
là, on a le déluge monétaire mais, encore là, rien
ne vient. Donc, il n'y a pas de danqer qu'on s'embarque sur la route pour aller
à peu près n'importe où. Non, il n'y a rien de
décidé encore dans la région de Rimouski pour l'autoroute
20 qui a fait l'objet de promesses électorales du député
actuel de Rimouski, qui a fait l'objet d'interventions du premier ministre, en
tout cas du premier ministre en devenir parce qu'il ne l'était pas dans
ce temps-là. Donc, toutes ces discussions ont fait que rien ne s'est
produit dans la région. Encore actuellement, on laisse aller le
débat parce qu'il n'y a rien qui permette de croire qu'on va continuer
ou qu'on va réaliser cette autoroute.
Je pense que le ministre est pris avec un problème sinon
intéressant, au moins de taille, parce qu'il a marqué une
période importante. Il a pu avoir coûté un siège
à un député. À mes yeux, cela ne serait pas
correct. Je pense qu'on a le droit de faire des promesses. On a le droit
peut-être d'aller un peu plus loin. Mais quand on le répète
à satiété et que le premier ministre en devenir vient dire
dans nos régions "vous savez, on va peut-être se rendre jusque
là", bien, regardons ce que les gens font. À ce moment-là,
ils se penchent là-dessus et disent: Aïe! C'est quelque chose,
hein?
C'est suffisant pour faire changer des votes. On sait bien que c'est
important, une autoroute. Bien oui, c'est le coeur du développement.
C'est clair que des autoroutes amènent des développements et,
partout où il y en a, il y a eu des investissements différents
qui se concilient avec les autoroutes et qui sont aussi dans le coeur des
développements principaux et des développements
économiques.
Donc, l'autoroute de Gros Cacouna vers Mont-Joli aurait
été une solution intéressante. Ce n'est pas la promesse du
Parti québécois. C'est la promesse du Parti libéral. Le
ministre est bien en selle. Il y en a même un qui savait tellement que le
ministre serait bien en selle qu'il avait dit -et c'est le député
Michel Tremblay - qu'il allait enfourcher cela comme son principal cheval de
bataille.
Donc, vous êtes deux sur la même selle, M. le ministre. Je
fais appel à votre jugement pour dire que c'est vous qui êtes le
ministre et vous allez aider votre député de Rimouski à
remplir une partie de ses
promesses...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière...
M. Dufour:...qui est importante, mais qui serait de nature
à rendre service à ces gens même s'ils sont très
fortement représentés, libéralement parlant...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: On va encore être obligé d'aller prendre
leur défense. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, vous avez un droit de
réplique de dix minutes qui sera suivi du droit de réplique du
député de Joliette de dix minutes.
Conclusions M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Mme la Présidente, je
comprends le député de Jonquière de faire appel à
ce passé si glorieux du temps où M. Alain Marcoux était
député de Rimouski et qu'il le voie davantage comme aide plus
précieux comme député de l'Opposition que comme directeur
général de son parti.
Il est clair que, quant à lui, mon collègue de Rimouski -
et je l'ai fort bien dit - était extrêmement bon missionnaire pour
défendre l'histoire de l'autoroute 20. Je ne vous rappellerai qu'une
seule chose, M. le député de Jonquière. Levez-vous et
dites-moi les travaux préparatoires que vous avez fait effectuer par le
ministère des Transports quant à ce lien indispensable à
être refait, que ce soit une voie rapide, que ce soit l'autoroute 20, de
Gros Cacouna à Trois-Pistoles, élément essentiel et
indispensable à la poursuite d'une voie rapide s'en allant vers le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.
Dites-moi un geste que vous avez posé pour
accélérer les études et les travaux à ce sujet. Si
jamais il y a eu des gestes posés, bien, il m'apparaît très
évident que vous êtes partis avec les dossiers, qu'il n'en est pas
resté au ministère. (11 h 45)
Par contre, il faut bien le dire, vous avez fait un certain nombre de
travaux préparatoires dans le contournement de Rimouski, ce qui fait que
vous avez construit un pont sur la route de Rimouski pour la voie de
contournement. C'est uniquement et tout ce que vous avez fait. Il est clair que
dans le tronçon le plus important à la continuité de cette
route 20 qui devait aller vers Rimouski, entre Gros Cacouna et Trois-Pistoles
vou3 n'avez strictement rien fait.
Évidemment, comme je n'ai pas beaucoup de temps, en conclusion,
quel est le débat aujourd'hui qui nous préoccupe? Bien sûr,
je n'en tiens pas rigueur à l'Opposition. Si aujourd'hui on admet que
les budgets d'entretien ont été améliorés par
rapport au passé de manière substantielle, on en parle peu, mais
on parle davantage de construction, bien sûr, faisant te jeu de la
politique et des engagements sur le plan électoral pour ce qui est de la
construction, mais ce sont des engagements pour un mandat et on verra à
l'occasion ce que cela donnera.
Je les comprends de passer sous silence le rapport Trip/Canada qui a
été fait à partir de leurs propres données et qui
dans le premier paragraphe - il est très clair - ne tient compte que du
réseau numéroté. Je ne vous lirai que le premier
paragraphe qui est très accablant et qui a été rendu
public en 1984. Il disait ceci: "À quelque 13,5 % de sa totalité,
le réseau routier québécois ne répond pas aux
normes de qualité de surface telles qu'imposées par le
ministère des Transports de cette province. Les routes impliquées
ont une chaussée inégale et sont remplies d'ornières.
Elles ont donc besoin d'être repavées ou renforcées". Et
ça, 13,5 %, c'était un jugement presque complice d'une situation
qui était encore plus difficile sur le plan de l'évaluation.
Donc, à la lumière de ces événements, j'ai
décidé comme ministre des Transports de vendre à mon
gouvernement l'obligation d'intervenir de manière beaucoup plus massive
dans l'entretien du réseau routier et c'est ce que nous ferons à
partir de cette année et au cours des prochaines années.
Il m'apparaît très évident que des statistiques
comme celles qui sont révélées dans le rapport Middlemiss
- qui n'ont été contestées par personne, mais par personne
-en termes de situation actuelle et de situation idéale, sur un certain
nombre d'interventions sur le réseau, sont très claires. Et, bien
sûr, il faut parler de nos deux ans de pouvoir, de nos dix-sept mois. Il
faut aussi parler de vos dix ans de pouvoir. La conséquence est un
certain nombre de gestes que nous devons poser aujourd'hui.
Pour les couches d'usure des autoroutes, alors que la situation
idéale devrait être de 8 ans, nos interventions sont de 17 ans.
Pour les couches d'usure sur route provinciale, l'intervention idéale
devrait être de 12 ans, elle est de 31 ans. Pour les couches d'usure
régionale, l'intervention idéale devrait être de 15 ans,
elle est de 46 ans. Alors que le rapiéçage mécanisé
à l'enrobé bitumineux est idéalement de 5 ans, il est de
13 ans actuellement. Pour le traitement de surface, l'idéal est de 6
ans, c'est 40 ans maintenant. Rechargement des chaussées en
matériaux granulaires, 13 ans contre 58 ans actuellement. Rechargement
d'accotement en
matériaux granulaires, 15 ans contre 34 ans. Je pourrais
continuer ainsi de suite un constat tout à fait accablant concernant
notre réseau. Ce qui fait en sorte qu'on se retrouve dans des situations
comme celle que mentionnaient, à juste titre, Mme la
députée de Johnson tout à l'heure et d'autres
députés au sujet de leurs réseaux et qu'il faut intervenir
de manière beaucoup plus massive dans l'entretien pour conserver ce que
l'on a avant d'entreprendre la construction d'autres réseaux.
C'est cette obligation que nous avons aujourd'hui. Personnellement, j'ai
fait le choix de l'entretien au lieu de la construction. Quant au volet
construction lui-même, cette baisse que l'on a connue l'an dernier de 60
000 000 $ dans le budget de construction est claire. Cela a toujours
été très clair. Quelqu'un qui ne voudrait pas l'admettre
aujourd'hui, forcément, pourrait passer pour un menteur ou pour
quelqu'un qui tente de cacher la vérité. À cet
égard, c'est très clair. Il y a eu 60 000 000 $; il y a un
rattrapage, compte tenu du rééquilibrage qu'on a fait cette
année, de 20 000 000 $, alors que les autres 40 000 000 $ vont à
l'entretien du réseau routier.
Il y a, bien sûr, toutes sortes de statistiques que l'on peut
employer dans nos calculs. Tantôt, on a dit: Je tiens pour acquis que les
chiffres de l'Opposition sont bons, comparez des budgets de 1985-1986,
indexés, avec la coupure... Cela faisait globalement 150 000 000 $ en
termes de besoins. On en a 65 000 000 $ de plus maintenant. Il resterait un
manque à gagner de 85 000 000 $. Personne ne demanderait mieux que le
ministre des Transports que de dire sur le plan égoïste, s'il en
était un: Oui, il faut que le gouvernement me donne 150 000 000 $ ou 200
000 000 $ additionnels. J'ai, comme ministre des Transports, une
responsabilité au plan gouvernemental, dans les choix qui doivent
être faits. Je suis extrêmement heureux que, cette année, le
gouvernement ait consenti un effort très important en ce qui a trait au
rattrapage de l'entretien routier dont on a hérité des
gouvernements précédents, de tous les gouvernements
précédents, si on veut être honnête. C'est une
situation qui dure depuis des décennies, qui était la
responsabilité de ceux qui ont gouverné auparavant - j'englobe
tout le monde: l'Union Nationale, les libéraux et les péquistes -
et nous ne pouvons pas la laisser aller. Il faut continuer d'entretenir ce que
nous avons à entretenir.
J'espère - ce sera la bataille de l'an prochain - que nous
réussirons à l'intérieur de l'enveloppe globale
affectée au ministère des Transports, dans un premier temps,
à l'améliorer et, dans un deuxième temps, à faire
en sorte qu'à l'intérieur de cette enveloppe la partie
dévolue à la construction du réseau routier soit beaucoup
plus importante pour, effectivement, faire face à certains
problèmes de construction de routes un peu partout au Québec. Il
y a un lien entre une route de qualité et le développement de
certains équipements, ne serait-ce que dans le domaine minier en Abitibi
où c'est très évident - on l'a constaté lors du
sommet de l'Abitibi-Témiscamingue - ou dans la grande région de
Québec - pour ne prendre que cet exemple - où 340 000 $ du
ministère des Transports ont été investis pour la route de
l'Éperon au Lac-Beauport, ce qui débauchera sur un investissement
de 80 000 000 $ au niveau de l'offre touristique.
C'est vrai partout et c'est vrai ailleurs aussi, dans toutes les
régions de la province de Québec. C'est clair que nous faisons ce
que nous pouvons avec l'argent que nous avons. Il s'aqit pour nous de bien
l'administrer et de faire en sorte qu'il y ait un certain équilibre dans
les différents comtés de la province, compte tenu d'un certain
nombre de critères, du nombre de municipalités à desservir
et de la longueur en kilomètres à entretenir ou à
reconstruire. Cela me paraît essentiel en termes de justice ou
d'équilibre.
C'est à cela que s'attardent les équipes du
ministère des Transports qui n'ont pas eu et n'auront jamais d'ordre de
celui qui a la responsabilité aujourd'hui de discriminer selon les
couleurs politiques. Le réseau routier doit servir à l'ensemble
de la collectivité. Dans ce sens-là, il m'apparaît
très clair que c'est ce qui doit se faire partout. Si l'Opposition avait
de ces pointes ou de ces jugements en dents de scie de manière
systématique, j'imagine que déjà bien des chiffres sur le
plan public auraient été évoqués et, possiblement,
démontrés à la face même du ministre des Transports,
ce qui n'est pas le cas.
Alors, Mme la Présidente, je souhaite que ce soit un débat
qui ait des suites et, effectivement, nous aurons l'occasion d'en rediscuter
lors de l'étude des crédits, au début du mois de juin.
Nous referons, j'imagine, essentiellement le même débat,
peut-être un peu plus détaillé. J'ose espérer que le
gouvernement pourra améliorer cette situation budgétaire l'an
prochain, mais compte tenu de la responsabilité globale du gouvernement
et d'autres priorités qu'il aura à combler aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, Mme la Présidente, je voudrais partir
des propos du ministre lui-même qui affirme avec beaucoup d'emphase que
sa priorité, son choix, ses décisions sont en fonction de la
conservation du réseau routier. Je veux bien le croire, mais des
chiffres... Deux et deux, cela fait quatre, cela ne fait pas dix. On
laisse croire à la population présentement que le ministre
performe épouvantablement dans le domaine de la conservation du
réseau routier. Je vais rappeler des chiffres, Mme la
Présidente.
En 1985-1986, c'était 453 539 200 $ qu'il y avait pour la
conservation du réseau routier. L'indexation pure et simple en 1986 et
1987 aurait donné 491 000 000 $; c'est l'indexation sans augmentation
d'aucune nature, seulement l'indexation que le gouvernement accorde à
presque tous les ministères, 4,1 % en 1985-1986 aurait donné 491
000 000 $ et, après le dernier budget et selon tes chiffres que vous
nous avez donnés ce matin - parce que vous en avez mis sur la
construction en matière de sécurité et sur la conservation
- on arrive à 481 400 000 $, avec les correctifs que vous avez
donnés vous-même. C'est 10 000 000 $ de moins que le budget
1985-1986 et vous dites que vous faites des efforts dans la conservation du
réseau routier. Je veux bien croire que vous allez peut-être
réussir à convaincre des naïfs ou des gens qui n'ont pas eu
la chance d'étudier les chiffres, mais vous avez 10 000 000 $ de moins
que si vous aviez obtenu seulement l'indexation de la dernière
année du budget du précédent gouvernement, Mme la
Présidente. C'est grave.
La même chose dans la construction...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne veux pas retarder
indûment les débats, mais je veux seulement rappeler au
député de Joliette que nous nous sommes rendus à la
demande de l'association des constructeurs de routes et grands travaux du
Québec qui, elle-même, avait évalué et...
M. Chevrette: Ah! Oui, je les ai rencontrés
personnellement, les gens de l'association des contructeurs de routes et grands
travaux du Québec, et ce qu'ils demandaient, c'est à peu
près 75 000 000 $ par année pour eux. Ce n'est pas cela que je
veux débattre avec le ministre. Ce que je veux débattre avec le
ministre, c'est qu'il a mis un comité sur pied pour la rénovation
du réseau routier et il dit: Notre gouvernement... Vous l'avez
abandonné... Vous dites qu'en 1984 il y avait déjà un
manque à gagner de 13,5 %. Ce sont vos propres chiffres en 1984 et vous
venez de dire que vous allez dans ce sens-là alors que vous êtes
à 10 000 000 $ de moins que la dernière année du budget du
gouvernement du Parti québécois. Il ne faut tout de même
pas faire croire à la population que le ministre a obtenu mer et monde,
il ne s'est même pas rendu, avec ses propres chiffres corrigés -
je suis content que ce soit lui qui l'ait fait - avec ses propres chiffres
qu'il a produits au dernier budget du gouvernement du Parti
québécois, simplement indexés... Ce ne sont pas des
farces. Cela, c'est la priorité des priorités, avec 10 000 000 $
en arrière, Mme la Présidente. Et la construction, bien, c'est
pire! Cela accentue purement et simplement la situation.
Le ministre a dit: Les couches d'usure, cela en prendrait aux quinze ans
aux lieu d'au trente ans. Je suis bien d'accord avec lui. Mais imaginez-vous
avec plus d'argent que lui, en 1985, on en faisait à son insatisfaction.
Il trouvait que ce n'était pas assez, ce qu'on faisait. Il a moins
d'argent que nous en 1985 et l'asphalte a augmenté. Vous te savez. On
n'a qu'à regarder les prix de 1980 à 1987, la montée du
coût de l'asphalte dans les couches d'usure.
Il essaie de faire croire à la population - ce n'est pas des
farces - qu'avec moins d'argent il va en corriger plus. Voyons, Mme la
Présidente! L'asphalte a même augmenté. Il va en faire
moins. Sauf que, dans les discours, ça paraît bien. Mais ce n'est
pas crédible. Il a moins d'argent que nous n'en avions. Il s'imagine
qu'il va en faire plus avec un coût d'asphalte plus cher. Voyons,
ça n'a pas d'allurel Cela ne tient pas debout.
C'est la même chose en construction. Les coûts de
construction ont augmenté. Il y a moins d'argent qu'on n'en avait en
1985. Comment peut-il faire croire à la population qu'il va
améliorer la situation? Cela n'a pas d'allure; cela ne tient pas debout;
cela ne résiste pas à l'analyse, je vous l'avoue bien
honnêtement.
J'ai beau me casser la tête et je prendrais n'importe quel de mes
maires, moi aussi. Je dirais: Ton budget de voirie était de combien en
1984? La municipalité de Saint-Ambroise. Ils vont me dire: Mon budqet
était de 200 000 $. À combien est-il maintenant en 1987? Ah! il
est encore à 200 000 $! Combien faisais-tu de kilomètres de route
en 1984 avec 200 000 $? J'en faisais 20 ou 25. Combien peux-tu en faire avec
200 000 $ en 1987? II va dire: Je vais en faire 15, peut-être 13.
Le ministre essaie de nous faire croire par son budget qu'avec une
diminution nette d'au moins 10 000 000 $ sur la conservation il va en faire
plus. Cela n'a pas d'allure! Les prix ont augmenté, ils ont
ehanqé. Je comprends qu'il peut peut-être faire croire ça
à certaines personnes qui ne sont pas habituées à ces
chiffres, à ces budgets, mais le ministre lui-même le sait
bien.
Quand il dit: Oui, mais je me rends à la demande de l'association
des grands travaux routiers. Bien oui. Eux autres, ils disent: Donnez-nous au
moins 75 000 000 $ pour conserver à peu près notre chiffre
d'affaires d'avant. C'est bien sûr qu'eux autres vont vous dire
ça. Mais on n'argumentera pas sur les grands travaux routiers. On va
argumenter sur le nombre de kilomètres refaits ou
améliorés.
C'est là-dessus que je dis que cela ne
résistera pas à l'analyse. Pour utiliser une de ses
expressions, je dirais: Crime de crime, si le passé était si
mauvais, comment le ministre fera-t-il, avec moins d'argent, pour
réaliser ce qu'il a promis? Il a promis mer et monde. Pas lui! II y eu a
de son groupe, il y en a quelques-uns qui se sont "lâchés lousses"
dans le décor, comme on dit. Pendant la campagne électorale, les
milliards nous passaient de chaque côté des oreilles; 2 000 000
000 $ pour les routes. Il y a une diminution sur le plan de la construction, il
y a une diminution sur le plan de la réfection et le ministre s'imagine
qu'on va faire croire à la population que, là, on est dans le
trèfle jusqu'aux genoux au ministère des Transports.
Le ministre des Transports devrait - je pèse mes mots quand je le
dis - avoir obtenu, à ce moment-ci, le budget 1985-1986 avec
l'indexation normale des deux années. Là, il serait gras-dur. Je
vous avoue que, quand il change ses priorités de construction par
rapport à la conservation, tout en gardant la même enveloppe
globale au ministère pour les trois programmes, le ministre pourrait
avoir de l'argent additionnel. Je le comprendrais et je trouverais que
ç'a du bon sens parce que j'ai toujours été un de ceux qui
disaient: Des autoroutes, il faut en faire, mais il faut commencer par
être capable de voyager d'une paroisse à l'autre sans embourber
son auto. Si tu ne te rends pas à l'autoroute, ce sont peut-être
les garages qui vont faire de l'argent. Cela, je le comprends.
Le pauvre ministre a moins d'argent que le ministre des Transports n'en
avait en 1985-1986 pour la construction, pour l'entretien du réseau
routier et il a moins d'argent, au moment où l'on se parle, que le
ministre des Transports n'en avait en 1985-1986 pour le réseau
municipal. Donc, de beaux discours! J'écoutais le député
de Lotbinière - c'était sans doute par naïveté -qui
disait: Cela va-t-il être beau! Le ministre ne pourra faire croire...
Même s'il va refaire dans Lotbinière, ça va crier dans
Mégantic, ça va crier dans Johnson, ça va crier dans
Berthier, ça va crier dans Rousseau, ça va crier dans les
Laurentides. Parce qu'avec moins d'argent, c'est impossible de faire plus de
travaux. Cela, c'est clair.
Je considère que le gouvernement devrait, à tout le moins,
assurer au ministre des Transports - la voirie, c'est générateur
d'emplois, autant pour l'entretien que pour la construction -
l'équivalent tout au moins de la dernière année du
gouvernement du Parti québécois. Ce serait un minimum à
lui donner comme enveloppe globale. Plus que cela, on devrait, au moins,
l'indexer pour qu'il puisse au moins réaliser l'équivalent en
travaux qu'on réalisait au cours des dernières années
où on était au gouvernement. Sinon,
i pour le réseau routier, on aura beau mettre sur pied des
comités, convoquer des conférences de presse, faire lire des
communiqués de presse à M. Middlemiss, député de
Pontiac, si cela prend 80 000 000 $ par année en réfection et
qu'il y en a 40 000 000 $, si ces 40 000 000 $ s'ajoutent non pas à une
situation qui était claire auparavant, à une situation
dépréciée due à la première année
budgétaire de votre gouvernement, il est bien évident que ce sont
des mots en l'air, des promesses qui ne seront jamais tenues.
Dans le domaine de la construction, c'est clair, cela a
été des engagements farfelus, utopiques; c'est clair dans
certains cas. Cela ne sera jamais réalisé. Plus que cela, le
réseau routier, quand on changera de côté à la
Chambre, au lieu d'être tous les 31 ans, si le ministre garde ce rythme
de croissance ou de croisière de son budget, cela ne sera pas une couche
d'usure par 31 ans, ce sera une couche d'usure par 60 ans, parce qu'il
régresse au lieu de progresser au niveau budgétaire. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette.
La commission de l'aménagement et des équipements, ayant
rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 3)