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(Quatorze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Je déclare la séance de la commission de
l'aménagement et des équipements ouverte. Le mandat est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Environnement pour l'année financière
1987-19B8.
Je demande au secrétaire de nous annoncer s'il y a des
remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Bélanger (Mégantic-Compton) sera remplacée par M.
Gobé (Lafontaine); M. Paradis (Matapédia) sera remplacé
par M. Beaudin (Gaspé); M. Saint-Roch (Drummond) sera remplacé
par M. Kehoe (Chapleau) et Mme Trépanier (Dorion) sera remplacée
par M. Després (Limoilou). C'est tout, M. le Président,
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le secrétaire.
Nous allons procéder suivant l'ordre ordinaire. Je demande au ministre
de faire les interventions ou les remarques préliminaires, s'il en a. M.
le ministre.
Remarques préliminaires M. Clifford
Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, au sujet de la défense
des crédits du ministère de l'Environnement, j'aurais voulu,
cette année, faire un tour d'horizon de ce qui s'est passé l'an
dernier et aussi de ce que l'on projette pour les années à venir
dans l'environnement. En fait, une des choses que j'ai constatées en
arrivant au ministère, c'est qu'il était temps, pour le
ministère qui avait plusieurs années de rodage, si on peut dire,
d'existence, de se doter d'une politique pour bien situer ses grands objectifs
et les objectifs de travail qu'il devrait se donner.
En arrivant au ministère j'ai demandé tant aux membres de
mon cabinet qu'à tous les fonctionnaires du ministère agissant au
sein du comité de coordination, c'est-à-dire les dirigeants du
ministère, les chefs de direction, etc., de se rencontrer afin que
chacun du côté du cabinet, d'une part, et du côté du
ministère de l'autre, situe les grands paramètres d'action que le
ministère devrait se donner.
Nous avons une politique maintenant acceptée, qui est en train
d'être vulgarisée pour être rendue publique. C'est une
politique qui va favoriser la conservation et sur laquelle le ministère
met surtout le cap. Trop lonqtemps au Québec comme ailleurs, nous avons
traité l'environnement comme un sujet synonyme de dépollution, de
restauration du milieu qui a été endommagé au cours des
années, de réparation. Si on ne change pas de cap, de
mentalité, d'attitudes de conservation, nous allons restaurer,
réparer et fixer à jamais. Donc, l'ensemble de la politique du
ministère sera axé à l'avenir sur la conservation, la
prévention, la préservation et le réemploi des ressources.
Tous nos efforts seront dirigés en ce sens. Cette politique qui, comme
je le dis, est maintenant arrêtée est en train d'être
vulgarisée et j'espère que, dans un avenir prévisible au
cours de l'été, nous pourrons la publier dans un langage simple
que le public en qénéral pourra comprendre afin de travailler
avec le ministère dans le sens de ses objectifs et de ses
priorités.
Cette année-ci est bien importante parce que nous
débordons la deuxième année de notre mandat. Il
était important d'établir, après une année de
coupures budgétaires qu'ont subies tous les ministères, que le
ministère de l'Environnement était une grande priorité
pour le gouvernement du Québec. Vous avez dû remarquer qu'en ce
sens tous les services du ministère, toutes les directions du
ministère se sont vu octroyer des budgets qui démontrent une
augmentation significative et importante par rapport aux budgets des
années précédentes.
La Direction de la planification et de l'évaluation a reçu
une augmentation de ses budgets de l'ordre de 18,1 %. Pour ce qui est de la
gestion du milieu aquatique, qui inclut l'assainissement des eaux, cette
augmentation est de 23 %. Ce qui est compréhensible, en ce sens que
naturellement le budqet de cette direction qui est très important cette
année-ci sera porté à 262 000 000 $ et inclut le service
de la dette sur le paiement du programme de l'assainissement des eaux.
Pour ce qui est de la troisième direction du ministère, la
gestion des milieux atmosphériques et terrestres, celle-ci se voit
octroyer une augmentation de ses budgets de l'ordre de 14 %. Pour ce qui est de
ta gestion interne et du soutien de l'appareil administratif du
ministère, ce sont des augmentations rie l'ordre de 11,1 %. Donc,
toutes les directions du ministère ont obtenu des augmentations.
Pour ce qui est des organismes conseils, soit les deux conseils consultatifs et
le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le budget reste
pratiquement le même, 1 500 000 $, qui est le budget, en fait,
demandé par ces organismes selon le besoin.
Il faut aussi souligner que, dans le courant de cette année
budgétaire, il y aura fusion des deux organismes-conseils du
ministère, soit le Conseil consultatif de l'environnement et le Conseil
consultatif sur les réserves écologiques.
Pour donner suite è toute l'orientation du ministère vers
la conservation plutôt que la restauration et la réparation, je
voudrais citer trois mesures principales qui font l'objet aujourd'hui de
grandes préoccupations de la part des ministères, d'abord du
ministère.
D'abord, la politique de la protection des rives, du littoral et des
plaines inondables qui fait maintenant l'objet d'amendement législatif
que Le Devoir a qualifié, par rapport à la Loi sur la
qualité de l'environnement, de plus substantiel qui ait
été apporté à la Loi sur la qualité de
l'environnement depuis son adoption en 1972.
Cette politique consacre la responsabilité du ministère de
l'Environnement et fait du ministre le grand responsable de la politique de la
protection des rives, du littoral et des plaines inondables.
En ce sens et pour compléter ce travail, il y a un amendement ou
des amendements qui sont introduits en même temps que celui de la Loi sur
la qualité de l'environnement consacrant la responsabilité du
ministre pour la politique de la protection des rives, du littoral et des
plaines inondables. Il y a un amendement ou des amendements conjoints qui sont
apportés à la loi 125 de l'aménagement du territoire.
Ces amendements vont consacrer des pouvoirs très importants de
surveillance et d'intervention du ministre de l'Environnement, afin d'assurer
l'élaboration et le contrôle de la politique de la protection des
rives, du littoral et des plaines inondables.
Donc, au fil de cette politique, nous aurons, au Québec, à
partir de cette année, je l'espère - puisque nous avons toujours
è adopter le projet de loi, mais nous espérons adopter d'ici
à l'été ces amendements et ces deux projets de loi - nous
aurons une politique de la protection des rives, du littoral et des plaines
inondables qui va protéger nos rives, tant dans le domaine agricole pour
un minimum de trois mètres, que dans le domaine urbain et de
villégiature jusqu'à dix et quinze mètres et dans le
domaine des forêts selon les paramètres de la loi 150 pour des
protections qui iront jusqu'à 40 mètres.
Cette année-ci aussi, nous allons donner une place bien
spéciale à toute la politique de réserves
écologiques pour démontrer justement cette orientation vers la
conservation. Jusqu'ici, au Québec, nous avions treize réserves
écologiques. DiIci à la fin de notre mandat, nous en aurons une
cinquantaine.
Nous avons commencé un programme qui va instaurer 38
réserves écologiques additionnelles dans les trois prochaines
années dont douze vont être incorporées cette
année-ci. Nous avons, en ce sens, pris des mesures bien importantes,
premièrement, avec le ministère des Forêts, par entente
avec le ministère de l'Environnement, pour établir une carte
écologioue du Québec.
Deuxièmement, il y a eu une entente avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources, afin que le balisage des réserves
écologiques, qui était un sujet très épineux dans
le passé, parce qu'il demandait des sommes astronomiques pour
l'arpentage, ce qui provoquait beaucoup de délais et
d'empêchements à établir des réserves
écologiques, soit maintenant fait de façon beaucoup moins
dispendieuse, afin que des réserves écologiques puissent
être établies avec beaucoup plus de rapidité, ce qui nous
permettra, comme je le disais, dans les trois prochaines années, de
porter le nombre de réserves écologiques dans le territoire du
Québec à au moins 50. En fait, nous espérons arriver au
total de 60. Cette année-ci, nous allons créer au moins douze
réserves écologiques.
Un troisième élément de ce proqramme axé sur
la conservation et la prévention, c'est certainement le recyclaqe.
L'année dernière, nous avons créé le fonds 3R, un
fonds d'éducation au recyclage et à la récupération
dans toutes les écoles de la Commission des écoles catholiques de
Québec. Avec le concours de la CUQ, des Caisses populaires Desjardins et
de certains intervenants du milieu privé, ce fonds 3R va permettre aux
jeunes d'être sensibilisés de plus en plus à la
récupération et au recyclage.
Nous avons aidé le programme d'industrialisation du centre de
recyclaqe d'Arthabaska. Nous avons participé au projet pilote de la
ville de La Salle qui est maintenant une grande réussite et qui
permettra aux autres villes de la grande réqion de Montréal de se
lancer dans le mouvement de la récupération et du recyclage.
On a participé à un projet pilote pour le recyclaqe des
pneus dans la réqion de Saint-Amable, qui sera instauré cet
été et qui permettra sans doute une nouvelle approche dans le
recyclage des pneus au Québec, qui était devenu un
problème de grande envergure. Le ministère travaille aussi
à une politique sur les pneus usaqés dans laquelle on
considère la possibilité d'une
consigne sur les pneus, de la même façon que dans le
système des bouteilles et des cannettes d'aluminium.
Le fonds de récupération du Québec qui
contrôle le recyclage et la récupération des bouteilles et
des cannettes d'aluminium voit son entente expirer au mois de juillet prochain.
Nous sommes en train de travailler avec tous les intervenants afin de
renouveler cette entente. Jusqu'à présent, les
négociations vont bon train et nous espérons que, d'ici la fin de
l'entente, elle pourra être renouvelée avec des conditions qui
vont satisfaire tous les intervenants.
Il est sûr que dans le domaine du recyclage, dans le domaine des
déchets, il faut à tout prix, là aussi, avoir des
objectifs précis, une gestion intégrée des déchets.
C'est pourquoi nous avons commencé à faire une évaluation
des technologies nouvelles dans le domaine de la transformation des
déchets. Nous avons complété une étude de
marché pour les produits recyclés, étude qui sera rendue
publique incessamment et qui est déjà terminée.
Nous allons procéder au lancement d'une politique de gestion
intégrée des déchets au Québec qui sera rendue
publique d'ici les mois d'été pour aller en consultation publique
durant les mois d'automne. Elle deviendra la politique officielle de gestion
intégrée des déchets au Québec d'ici l'an prochain,
1988.
Pour ce qui est des programmes existants et des autres programmes du
ministère, naturellement, le programme central qui commande les plus
grandes dépenses du ministère, c'est celui de l'assainissement
des eaux. À la suite du groupe de travail Oagenais et de ses 40
recommandations, un grand nombre de celles-ci ont été mises en
vigueur, la principale étant la réorganisation du cadre de
gestion du programme d'assainissement des eaux qui recevra l'assentiment du
Conseil du trésor d'ici une dizaine de jours et, ensuite, du Conseil des
ministres.
Ce nouveau cadre de gestion permettra le lancement de 42 nouveaux
programmes d'assainissement des eaux dans le cadre du travail de cette
année, en plus d'environ 17 programmes dans la région autochtone
du Nord du Québec.
Nous travaillons aussi avec le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, avec l'UPA, dans le domaine de
l'assainissement agricole pour trouver des formules d'aide aux agriculteurs
pour ce qui est de la question épineuse des fosses septiques. (14 h'
30)
Pour ce qui est de l'assainissement industriel, une politique sera
déposée par le sous-ministre à l'assainissement des eaux
cet été. L'assainissement industriel va maintenant commander une
place des plus importantes.
En plus des accords que nous avons siqnés l'année
dernière avec Tioxyde NL Chem et quelque chose comme 70 autres
industries, nous allons bientôt annoncer des accords très
significatifs dans deux domaines industriels, en plus d'autres accords avec des
firmes moins qrandes qui vont continuer à affermir la politique du
ministère d'assainir l'industrie du Québec en rencontrant les
industries de façon systématique pour les convaincre que, sans un
programme soutenu de dépollution industrielle, nous allons avoir
à intervenir de la façon la plus riqoureuse possible.
Il y a des budgets significatifs qui vont être mis dans le domaine
de l'eau potable. Pour ce qui est de l'eau potable, nous allons continuer notre
programme d'étude chez les micropolluants, qui s'étend
aujourd'hui à 18 villes. On va étendre ce programme à
plusieurs autres villes. Tout à l'heure, on pourra vous donner les
détails, le nombre de villes additionnelles qui sera impliqué. Je
pense que ce nombre va être augmenté à 30 villes et nous
allons graduellement incorporer d'autres micropolluants, incluant les
pesticides dans les tests que nous allons entreprendre sur l'eau potable au
Québec.
Je pourrais citer pour l'année écoulée
naturellement la mise en vigueur de la loi des non-fumeurs où nous
faisons actuellement une évaluation dans tous les ministères
impliqués, Santé, Affaires municipales, Éducation et
naturellement le nôtre, de la suite de cette politique quant à
tous les établissements qui sont touchés. Cette
évaluation, lorsqu'elle sera complétée sera
communiquée afin que le public sache comment cette loi est
appliquée.
Pour ce qui est des pluies acides, nous avons signé une entente
avec le Canada, une entente Québec-Canada dans le domaine des ententes
provinciales-fédérales sur les pluies acides, par lesquelles nous
nous sommes engagés à réduire nos émissions
d'anhydride sulfureux d'ici à 1994, de 45 %. Mais nous parviendrons
à cette réduction de 1 085 000 tonnes à 600 000 tonnes
environ, d'ici à 1990, parce que nous avons signé une autre
entente avec Noranda qui commence la construction d'une usine d'acide
sulfurique, par laquelle Noranda - qui était la plus grande polluante,
la plus grande émettrice de pluies acides et d'émissions
d'anhydride sulfureux au Québec - va réduire ses émissions
de 50 % d'ici à 1990.
Pour ce qui est des déchets toxiques, un grand sujet, s'il en
est, l'équipe du GERLED va continuer ses travaux pour la
décontamination des sites danqereux au Québec. Ils se penchent
aussi sur une politique des sols contaminés, surtout en milieu urbain,
et de recyclage. Une révision du règlement sur les déchets
danqereux est en voie. Cette révision va faire l'objet d'une
consultation. Une politique sur les déchets biomédicaux est aussi
à l'étude pour devenir
une politique qui débouchera ou sur un règlement ou sur
une directive du ministère de l'Environnement. Une politique sur les BPC
a déjà été émise, selon laquelle d'ici
è deux ans, nous aurons un site d'élimination de déchets,
commençant par les BPC, qui s'acheminera vers un site
d'élimination de déchets organiques d'ici è cinq ans et
qui prévoira aussi une élimination complète de tous les
BPC qui restent sur le territoire québécois d'ici è 10
ans. Pour ce est des pesticides, nous avons déposé le projet de
loi final qui est maintenant devant l'Assemblée nationale et qui est en
cours de débat en deuxième lecture.
Toutes ces choses n'arriveront à rien si le domaine de la
recherche ne reçoit notre plus grande attention. C'est pourquoi cette
année...
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, vos 20 minutes
sont maintenant terminées. Avec le consentement, vous pourrez
continuer.
M. Lincoln: Non. Je pourrai reprendre après. Il n'y a pas
de problème.
Le Président (M. Kehoe): Y a-t-il consentement?
M. Lincoln: C'est une affaire de deux minutes. Je vais terminer.
Toute cette politique serait annéantie si nous n'avions pss un proqramme
de recherche établi dans tous les domaines. C'est pourquoi cette
année nous allons y mettre un accent tout à fait spécial.
Nous avons augmenté les budgets de recherche de façon très
significative. Les détails vous seront donnés ensuite. Nous avons
travaillé dans la recherche avec les autres milieux afin de pouvoir
accroître notre efficacité et l'application sommaire des
coûts que le ministère peut assumer du point de vue du budget.
Donc, il y a eu une approche collective avec les municipalités du
Québec, avec l'entreprise privée, avec le domaine
académique, avec le CRIQ afin d'accroître l'efficacité de
notre implication budgétaire autant que celle de nos ressources
humaines. C'est ainsi que, tout à l'heure, je pourrai vous donner des
détails sur trois ou quatre grands projets de recherche qui sont en
aboutissement ou qui ont abouti et qui auront des implications vraiment
significatives sur le travail du ministère comme sur les projets
d'exploitation future.
Pour terminer, je pourrais souligner brièvement que nous avons
signé un accord avec l'État de New York. On a étendu
l'accord sur les pluies acides qui existait déjà, en faisant un
accord environnemental complet. Nous allons aussi nous diriger vers la
signature d'un accord, nous l'espérons, s'il est ratifié par les
autorités du gouvernement du Québec, avec l'Ontario et les
États des
Grands Lacs, pour la détoxification des Grands Lacs et du
Saint-Laurent.
Je remercie le député de l'Opposition de son
amabilité. Je vais terminer mes remarques ainsi. Je serai très
heureux de donner tous les détails qui me seront demandés.
Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je demande
maintenant au porte-parole de l'Opposition, le député de
Terrebonne, de faire sa déclaration d'ouverture, s'il le veut.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je tiens
d'abord à m'excuser pour les ouïes des gens qui vont
m'écouter. J'ai une gorge très enflammée et je ne serai
pas agréable à écouter. Ce que je dirai sera certainement
très agréable à entendre, mais la façon dont mon
orifice laisse sortir le son est un peu déplaisante pour l'orifice
oriculaire. Sur ces excuses, je tiendrais à vous dire que, malgré
que j'aie la gorge pleine de feu, j'aurai beaucoup de difficulté
à m'enflammer. Je ne crois pas avoir besoin du consentement pour
dépasser les 20 minutes et c'est d'autant mieux pour vous, M. le
ministre.
Je ne sais pas si, encore, je vais vous appeler M. le ministre
d'après le discours que vous venez de nous faire là. Cela me
tente de vous appeler le dieu libéral, le créateur, parce que
vous semblez, dans ce discours, vouloir faire tellement de choses. Et je
l'apprécie tout en sachant que l'encre de la parole sèche et que
seuls les actes restent. Je tiens à vous dire que faire autant et
vouloir faire autant avec le budget que vous avez en main relève de la
création pure et simple, sinon ce sont des paroles pour des paroles.
La politique de l'environnement. Vous dites que votre gouvernement
accorde une grande priorité à l'environnement. Vous dites que
vous allez doter le ministère d'une nouvelle politique et que la base,
le cap sera mis sur la conservation. J'en suis, sur la conservation, mais
est-ce que cela laisserait sous-tendre que la réparation tomberait? La
conservation pourrait porter de façon indirecte un volet
réparateur, mais j'entretiens des doutes là-dessus. Cela me peine
un peu que vous n'ayez pas insisté sur ce côté
réparateur.
Le câté préventif autant dans l'air, au sol et dans
l'eau: c'est bien sûr que la politique va sortir bientôt, je suis
habitué à cette phrase, elle viendra probablement à
l'automne. Là, on l'examinera de fond en comble pour voir si elle rend
justice à la qualité de la vie, si elle répare les erreurs
que nous avons faites dans le passé et si elle prévient des
erreurs semblables dans l'avenir.
Je ne m'attarderai pas à tous les points que vous avez
mentionnés. Je vais le faire au fur et à mesure que les
crédits vont se dérouler, car je ne peux pas croire, sauf
à un discours de créateur, malgré qu'il y ait de
très bonnes choses qui frappent et qui claquent è l'oeil et qui
plaisent à la gent journalistique et à la population en soi, mais
qui sont en réalité des coups d'éclat, qui sont
nécessaires, mais qui ne sous-tendent aucune politique soutenue. Les
berges du lac Saint-Jean, les pneus, la signature avec des industriels
pollueurs, cela va. Mais pour ne pas être un créateur dans le sens
primaire de créer avec rien, il faut d'abord qu'un ministre ait des
crédits à sa disposition. Ce n'est certainement pas votre
volonté qui manque, car vous avez assez de largesse d'esprit et de
compréhension du système pour être capable
d'élaborer une politique qui viendra et de l'appliquer. Mais il faut
regarder votre source, pour que vos actes soient posés.
Quelle source un ministre a-t-il en main pour réaliser, pour que
ses paroles ne soient pas que des choses qui sèchent avec l'encre, mais
qu'il y ait des choses sur le terrain? Le budget du ministère de
l'Environnement décroît depuis 1985. Il a décru l'an
passé et il décroît encore cette année d'une
façon intrinsèque.
Nous avons un plan d'assainissement des eaux et nous supportons le
service de la dette pour les municipalités. C'est-à-dire que ce
plan pourrait aussi bien être aux municipalités elles-mêmes
ou au ministère des Affaires municipales, mais nous le comptabilisons
dans le budget du ministère de l'Environnement. Si nous regardons
1985-1986, le service de la dette, pour l'assainissement des eaux, était
de 86 000 000 $, l'an passé, en 1986-1987, de 179 000 000 $ et, pour
l'année 1987-1988, de 234 500 000 $. Ce plan qui est en soi
extraordinaire, nécessaire et déjà en retard, je ne le
blâme pas et, si nous nous servons de ce plan pour gonfler
artificiellement le budget du ministère et pour dire qu'au total le
ministère de l'Environnement reçoit du cabinet du premier
ministre, en soutenant une politique de protection de qualité de la vie,
plus d'argent pour que le beau discours que nous avons entendu tantôt se
réalise, hé bien là, cela ne prend pas un grand analyste
pour se rendre compte que c'est faux.
Le budget total du ministère en 1985-1986 était de 173 926
000 $. Il y avait 86 000 000 $ pour le service de la dette de l'assainissement
des eaux. Il reste au ministère de l'Environnement pur, de façon
intrinsèque, pour des oeuvres, pour protéger la qualité de
la vie en dehors du programme d'assainissement des eaux, 87 826 500 $, en
1985-1986, selon notre dernier budget. À votre premier budget, vous avez
hérité des signatures que nous avions faites au plan de
l'assainissement des eaux, et c'est normal. Dans les prochains, il y en aura
d'autres. Le budqet total du ministère était de 249 326 000 $; le
service de la dette de 179 377 000 $, ce qui laisse de façon
intrinsèque 69 000 000 $, disons 70 000 000 $, au ministère de
l'Environnement pour s'occuper de la qualité de la vie. Donc, de 87 000
000 $, disons 88 000 000 $, pour arrondir les chiffres, qu'il nous restait en
1985-1986, nous tombons à 70 000 000 $ durant la dernière
année. Il y a donc là 18 000 000 $ de moins au ministère
lui-même, tout en gardant le même personnel, 1076. C'est donc dire
que la proportion du personnel, des salariés prend de plus en plus un
qros pourcentage des dépenses de l'environnement de façon
intrinsèque. (14 h 45)
Vous arrivez à cette année et il nous reste 73 000 000 $.
Ce sont 3 700 000 $ de plus que l'an passé. Les 73 710 900 $ exactement
qui restent pour la qualité de la vie et pour faire tous les beaux plans
que vous nous dites, sont encore, comparativement à ce qui restait au
dernier budget que nous avons fait, près de 15 000 000 $ plus bas. 15
000 000 $ de moins pour tous ces beaux agirs qui, pour moi, ne seront que des
dires parce que pour ce faire, il faut avoir de l'argent.
Vous dites que la grande priorité de votre gouvernement est la
qualité de la vie. Je vois tous les gens derrière vous, ils le
savent et vous le savez aussi que vous avez de moins en moins d'argent pour
protéqer l'environnement et la qualité de la vie, mais que
voulez-vous, on ne vous laisse que cela. Avec cela, vous voulez faire tout ce
que vous nous avez dit tantôt. Nous allons reprendre les points un
à un durant l'étude de huit heures que nous avons à faire
ensemble et peut-être être assez sévères, mais comme
d'habitude très polis.
Cela dénote de votre gouvernement, de façon
générale, quels que soient les énoncés qui nous
arrivent, quelles que soient les publications que vous fassiez, quelles que
soient les déclarations qui sortent de ce gouvernement, qu'il attache
moins d'importance à la qualité de la vie des
Québécois qu'en 1985-1986 avec le dernier budget que nous avons
préparé. Nous sommes encore 15 000 000 $ plus bas sans compter
l'inflation. Nous devrions être, en réalité, comptons 10
000 000 $ pour les frais, on arriverait à environ 95 000 000 $. Nous
devrions être à 95 000 000 $. Vous devriez avoir, je sais que vous
vous battez pour l'avoir, mais votre gouvernement n'a pas l'esprit du respect
de la qualité de la vie. Il vous laisse vous débattre avec un
maigre 73 000 000 $, c'est donc une coupure en argent indexé de 22 000
000 $ sur le dernier budget 1985-1986 qui va directement à
l'environnement.
Je vais vous traiter peut-être un peu d'idéaliste de
vouloir quand même appliquer les grands principes que vous nous avez
énoncés, mais c'est strictement et rigoureusement impossible.
Aussi, en vous dotant de votre nouvelle politique, je n'ai pas vu que
vous faisiez allusion - ce qui n'est pas le fort du ministère de
l'Environnement de ce temps-ci - à la consultation. J'espère que
tout cela va être fait en consultation parce que la consultation et
l'information sont excessivement négligées pour ne pas dire
brimées depuis un an et demi au ministère.
Une autre chose, le principe de pollueur payeur. J'aimerais beaucoup que
vous nous donniez votre idée sur cela. Certaines personnes
élaborent des politiques là-dessus. Pollueur payeur pour les
choses a venir. Une aide du gouvernement pour la réparation des choses
passées, mais pour les choses à venir le pollueur devra payer.
Une aide gouvernementale pour la pollution passée, car nous en sommes
responsables comme gouvernement. On subit ce qui est arrivé avant. De ce
principe j'aimerais que vous nous en parliez.
En réalité, je tiens à dire que j'aime mieux
regarder dossier par dossier que de continuer ces paroles préliminaires
parce que commenter le discours qui a été fait, je le redis, cela
relève de l'homme Dieu libéral, du créateur qui veut faire
avec 25 000 000 $ de moins que le budget de 1985, ce que nous n'avons pas pu
faire à l'époque.
Je crois que votre ministère aussi, devant l'ensemble de la
politique élaborée par votre parti, manque de fermeté. Les
dossiers législatifs, du côté environnemental, sont
très faibles, excessivement faibles. On jurerait que le ministère
a comme politique de faire attention de ne pas faire peur. J'ai l'impression,
j'espère en tout cas, que ce sont les derniers gestes d'un ministre de
l'Environnement qui a peur de faire mal. Si on a peur de faire mal, plus tard,
on aura le mal et la peur. J'ai terminé mes remarques
préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Terrebonne. Y a-t-il d'autres interventions des députés? Nous
allons d'abord procéder è l'étude des crédits. Si
je comprends bien, tel que convenu, nous allons procéder par programme;
il y a cinq programmes. Je vais appeler le premier programme et nous allons
procéder à l'étude de ce programme, l'adopter et, ensuite,
passer à l'autre programme. Tel que le ministre l'a demandé,
parce que plusieurs personnes de son personnel sont impliquées dans
chacun de ces programmes, à mesure qu'on aura terminé un
programme, son personnel pourra être libéré.
M. Blais: On va procéder, M. le Président, si c'est
d'accord, a peu près par programme. Cependant, le programme
d'assainissement des eaux, le 2, je crois -oui le 2 - le volet, on le fera
demain, si vous le permettez.
Le Président (M. Kehoe): Pbs de problème.
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: Et on n'a jamais eu beaucoup de difficulté
à s'entendre. On peut revenir et...
M. Lincoln: II n'y a pas de problème du tout. C'est
seulement pour libérer les gens, c'est tout.
M. Blais: D'accord,
Planification et évaluation
Le Président (M. Kehoe): J'appelle le programme 1, le
programme de planification et évaluation...
M. Lincoln: M. le Président, je veux vous demander par
rapport aux chiffres, parce que je sais qu'il y a des journalistes, et je n'ai
pas envie que... Par rapport aux chiffres globaux du ministère, avant de
passer à un programme, le député a fait allusion è
des chiffres et j'aurais voulu rectifier des faits. Je pense que laisser
l'impression, par exemple, surtout qu'il y a des journalistes qui parlent aux
recherchistes de l'Opposition... J'aurais voulu dire un mot là-dessus
parce que ce n'est pas exact ce que le député a dit.
M. Blais: M. le Président... M. Lincoln: Et
j'aurais voulu...
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous terminé,
monsieur?
M. Blais: Non, je... Vous pouvez y aller, monsieur, parce qu'il
est difficile de contredire ce que vous avez écrit vous-même.
M. Lincoln: Sur le budget total du ministère entre
1985-1986 et 1987-1988, je veux souligner au député, à la
page 3 du cahier des crédits, qui s'appelle Le cahier explicatif des
crédits 1987-1988, qu'on parle de trois postes: traitement,
fonctionnement et capital. Ce sont les deux premiers postes seulement qui ont
trait au fonctionnement du ministère: le traitement et le
fonctionnement. On ne peut pas prendre le capital qui incluait, en 1985-1986,
16 000 000 $ pour deux barrages. Le gros de cette somme - je pourrais sortir
les chiffres pour le député,
mais je pense qu'on en s discuté l'année dernière,
c'était environ 12 000 000 $ pour le barrage des Mille Îles qui
est maintenant terminé et pour le barrage Allard qui est aussi
terminé. On ne peut dire que c'est une partie du budget du
ministère de construire deux barrages qui sont terminés. Une fois
qu'ils sont terminés, on ne fait plus ces barrages. Alors, si on prend
le traitement du ministère et le fonctionnement, le total est de 60 000
000 $ en 1985-1986; 56 000 000 $, c'est vrai que cela a été
réduit en 1986-1987, c'est 65 000 000 $ aujourd'hui. Le
député a dit que l'effectif du ministère avait
été réduit. C'était 1078 en 1985-1986, 1076 en
1986-1967 et avec le nouveau personnel qu'on va engager pour les pesticides,
c'est 1085 aujourd'hui. Alors, il n'y a aucune réduction de l'effectif.
Il y a certainement une augmentation dans le traitement et le fonctionnement du
ministère et il est bien important de souligner qu'on ne refera pas le
barrage Allard et celui des Mille Iles tous les ans. Quand c'est
terminé, c'est terminé.
M. Blais Oui.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, vous avez parfaitement raison. Quand on
a terminé un barrage, on ne le refait pas. Mais cependant, c'est dans un
plan qu'on appelle le plan de prévention des inondations et nous avions
des crédits pour prévenir les inondations dans ie temps et vous
n'en avez pas aujourd'hui. Cela ne veut pas dire qu'on referait le barrage
Allard si on était là, mais les gens de Sherbrooke qui vous
entendent ou les gens de la Beauce qui vous entendent disent: Cela va prendre
du temps avant que ce ministre vienne nous défendre pour avoir de la
capitalisation pour faire des barrages pnur prévenir les inondations,
entre autres; parce que vous vous êtes servi de barrage. Je ne veux pas
faire un barrage â votre raisonnement. Cela demeure que ça
déverse très mal.
Dans le plan d'immobilisations, de prévention, de protection des
rives, de protection des riverains, d'empêchement d'inondations, il y
avait des programmes qui devaient être élaborés et
continués. Alors, on dit aux gens de la Beauce et on dit aux gens qui
ont des inondations le printemps: Faites-en votre deuil, parce que ce n'est pas
compté comme un service de gestion à rendre à la
population pour leur qualité de vie. C'est bien.
Il y a d'autres choses aussi qu'on a faites en 1985 ou 1984 qu'on ne
refera plus. Vous auriez pu prendre d'autres exemples. C'est bien sûr, si
on a imprimé le rapport de l'année 1985 en 1985, vous dites: On
ne peut pas compter l'argent du ministère, parce qu'on ne
réimprimera pas en 1985. Bien sûr. Mais si on a une
continuité dans notre raisonnement, on va faire le rapport de 1986.
C'est la même chose pour les investissements, les immobilisations,
les grands travaux de protection des rivest des riverains et de
protection contre les inondations et, de façon intrinsèque, qu'on
le défende par A ou par Z ou qu'on passe par le mont Tibet pour arriver
à Paris, on voit qu'on a un plan d'assainissement des eaux qui, chaque
année, va être de plus en plus gros. Imaginons l'immense budget
que vous aurez dans trois ans. Vous avez près de 2 000 000 000 $
à investir d'ici à trois ans et 200 000 000 $ ou 300 000 000 $
d'intérêts qui va entrer. Quel superbe budget pourrez-vous montrer
aux gens! Mais de cette façon-là, on ne peut pas.
C'est le seul ministère qui garde à l'intérieur une
immobilisation qui normalement devrait être passée à la
SQAE, par exemple, comme on passe les immobilisations des commissions scolaires
aux commissions scolaires et toutes les immobilisations en hôpitaux qu'on
fait aux hôpitaux. C'est une gestion à part qui prend la
capitalisation et è qui ont remet des subventions et qui s'arrange avec
leur budget pour que les immobilisations soient payées et les services
de la dette à l'intérieur de leur budget, tandis que le plan de
l'assainissement des eaux que nous avons est exceptionnel. C'est le
ministère de l'Environnement qui l'a sous sa juridiction. Cela pourrait
être aussi bien le ministère des Affaires municipales, c'est
sûr.
Cela pourrait être aussi quelque chose d'indépendant comme
la SQAE ou une compagnie quelconque à côté, comme une
commission scolaire le fait pour des immobilisations sur son territoire. Mais,
ici, on a décidé de le garder. Peut-être que le
vérificateur vous demandera de faire ' comme les autres, de le donner,
de le passer.
Mais on ne peut pas se servir d'un plan comme... Imaginez-vous doncl Mme
la ministre de la Santé et des Services sociaux, mettons, investirait
300 000 000 $ en immobilisations et le service de la dette contractée
pour 300 000 000 $ viendrait jouter cela à son budget pour dire que son
budget augmente, c'est un peu frimer la vérité et être un
peu plus créateur, encore une fois avec rien. D'ailleurs, ce n'est
pas...
M. Lincoln: En tout cas, M. le Président, on fera la
discussion sur les fameux barrages. Je vais poser quelques questions au
député et lui demander de me montrer le programme du Parti
québécois sur les barrages pendant qu'ils étaient
là pendant neuf ans. S'ils peuvent me montrer qu'il y avait une
programmation systématique sur les
barrages, à ce moment-là, j'accepterai sa thèse -
moi, je sais que ce n'est pas le cas - et alors, on pourra voir quelle
était leur programme - puisqu'ils allaient en élection en 1985,
avec certainement l'espoir d'être réélus - pour les
barrages pour ces années-ci. Je serais bien content de voir leur
programme. Le député a parlé de Sherbrooke et de la
Beauce. J'aurais été bien content qu'il me le montre. Je pourrai
lui donner tous les experts du ministère aussi pour l'appuyer dans ce
sens.
S'il peut me prouver qu'il y avait un programme comme l'assainissement
des eaux dans le domaine des barrages et s'il peut dire qu'il y avait de ta
capitalisation qui allait jusqu'à 18 000 000 $ chaque année
pendant des années, j'accepterai sa thèse. Mais moi, je connais
la vérité. C'est tout à fait le contraire.
C'étaient des programmes ad hoc qui se faisaient d'année en
année selon les besoins systématiques, spécifiques et
ponctuels de certains milieux par rapport à des urgences dans le
programme des barrages. On ne peut certainement pas les comparer è celui
de l'assainissement des eaux,
M. Blais: Supposons, M. le ministre, que j'ai complètement
tort, que nous ayons tout fait pendant que nous étions là, qu'il
n'y a plus d'inondation au Québec, qu'il n'y a plus aucun barrage qui
doit être fait, aucune régularisation pour les riverains, ce qui
est très faux, il ne faut tout de même pas exagérer. Si je
vous présente une programmation, mon raisonnement est bon. Cela veut
dire que vous avez moins d'argent.
Si je ne vous présente pas une seule programmation, mon
raisonnement est faux. Cela tient à pas qrand-chose. Mais ce n'est pas
ce que je veux dire. Est-ce que le ministre de l'Environnement peut me dire
qu'au Québec, aujourd'hui, il n'existe plus aucun lieu où il y a
des investissements, des immobilisations à faire pour protéger
des rives, des riverains ou pour prévenir des inondations qui sont
très coûteuses de façon générale, tous les
printemps, au Québec, comme le canal de dérivation de
Louiseville, par exemple? (15 heures)
M. Lincoln: Vous serez étonné de ma réponse.
Le sous-ministre me dit que, jusqu'à présent, jamais, au
ministère de l'Environnement, il n'y a eu de programme de gestion
systématique des barrages au Québec. On les fait à la
pièce.
M. Blais: Oui, mais est-ce qu'il en reste.»
M. Lincoln: Attendez une minutel Vous m'avez posé la
question. Le sous-ministre me dit que, pour la première fois, on est en
train de se pencher, au ministère - en fait, on a eu une rencontre
l'autre jour è ce sujet...
M. Blais: I! va être à plein ventre.
M. Lincoln: ...on est en train de se pencher sur un programme de
gestion systématique des barrages qui va tenir compte des
priorités. Cela ne s'est jamais fait jusqu'à présent. On
tirait des chiffres et on faisait des travaux ponctuels parce qu'on est
submergé dans ce travail. Alors, pour la première fois, on est en
train de faire un programme de gestion des barraqes qui étalera un peu
les priorités, afin de prévoir, sur une base annuelle, les sommes
d'argent nécessaires dans ce domaine. Mais cela ne s'est jamais fait
comme cela. En 1985-1986, il y a eu deux grands barrages alors qu'on avait des
capitalisations importantes, mais si vous regardez les années
précédentes, ce n'était pas comme cela. C'est ce que je
veux vous dire. Vous ne pouvez pas comparer. Vous comparez des pommes et des
oranges. Si vous comparez les traitements et le fonctionnement qui font
travailler le ministère... Ce n'est pas le barrage Allard qui fait
travailler le ministère. Ce n'est pas le barrage Allard qui paie les
fonctionnaires du ministère et qui fait fonctionner les programmes
centraux du ministère. C'est ce que je veux vous dire. Ce n'est pas une
comparaison normale si vous l'incluez. C'est tout.
M. Blais: M. le ministre, supposons que vous avez parfaitement
raison, ce que je ne crois pas, parce qu'il y a des travaux ad hoc et qu'il
devrait y en avoir au moins toujours un peu. Peut-être que vous allez me
dire que la dernière année, 16 000 000 $, c'était
énorme. Il est censé y en avoir toujours au moins un peu. Il va y
en avoir et vous allez me dire: J'en ai 1 276 433,16 $, d'accord, mais ce n'est
pas ce que je veux dire. Enlevez complètement de 1985 les 16 000 000 $,
il vous reste quand même 72 000 000 $. Enlevons-en seize.
M. Lincoln: ...72 000 000 $.
M. Blais: Un, six. Si on les indexe. Indexons-les à 10 %.
Cela donne 62 000 000 $, disons. Indexons-les maintenant pour deux ans jusqu'en
1987-1988. Est-ce que vous avez de l'argent dans les barrages cette
année ou dans ce domaine d'immobilisations, dans vos crédits?
M. Lincoln: Oui. Vous n'avez qu'à regarder...
M. Blais: Vous en avez combien''
M. Lincoln: ...la page 3 du cahier des crédits.
M. Blais; Non, mais par coeur, est-ce que vous le savez?
M. Lincoln: 2 263 000 $.
M. Blais D'accord. Il y a 2 000 000 $. On va vous enlever 2 000 000 $,
vous aussi.
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: On va vous mettre à 71 710 000 $.
M. Lincoln: Je ne sais pas d'où vous prenez vos
chiffres.
M. Blais: Si vous voulez que j'enlève les miens, vous
allez enlever les vôtres.
M. Lincoln: Mais oui, on enlève tout. J'ai les chiffres
devant moi. Vous n'avez qu'à regarder à la page 3...
M. Blais: Encore là, en l'enlevant complètement,
vous arrivez à peine.
M. Lincoln: Vous arrivez à 60 000 000 $, en 1985-1986,
à 65 000 000 $...
M. Blais: 62 000 000 $.
M. Lincoln: Comment faites-vous pour 62 000 000 $? Je ne sais pas
où vous trouvez les chiffres.
M. Blais: 62 000 000 $ et vous arrivez à 71 000 000 $ en
1987-1988, ce qui fait une différence...
M. Lincoln: Ah bon! Vous prenez le capital avec.
M. Blais: Monsieur, si vous voulez m'enlever les miens comme
arguments, je vais vous enlever les vôtres.
M. Lincoln: Bon! À ce moment-là, vous sautez de 62
000 000 $...
M. Blais: À 71 000 000 $. Mettez l'indexation à 10
%, cela fait à peu près 68 000 000 $. Vous avez 3 000 000 $ de
moins, en l'enlevant. Je n'accepte pas votre raisonnement. Il n'y a pas de
miracle à faire avec cela. Vous n'avez pas un gros budget. Je vous
plains. Je ne dis pas cela pour...
M. Lincoln: Je veux vous dire que si vous faites abstraction du
capital qui est une affaire de barrages, si vous prenez les traitements et le
fonctionnement du ministère, ce qui fait fonctionner le ministère
dans ses programmes normalisés, réguliers - les barrages ne sont
pas un programme régulier, c'est un programme ad hoc - si vous prenez 41
000 000 $ plus 18 000 000 $ en 1985-1986 et si vous prenez 43 000 000 $ et 21
000 000 $ en 1987-1988, vous verrez qu'il y a presque 10 %, 9 % environ
d'augmentation. C'est ce que je veux vous dire.
M. Blais: M. le ministre, c'est entendu que vous ne me gagnerez
pas à votre cause. Vous ne deviendrez jamais péquiste demain, et,
moi, je ne deviendrai jamais libérai demain. À moins que vous ne
soyez souverainiste, cela me ferait plaisir.
M. Lincoln: Non, cela va.
M. Blais: Alors, on va rester chacun sur nos arguments.
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: Je tiens à dire que je considère toujours
que j'ai un dieu créateur devant moi.
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: Alors, allons-yl Un homme qui fait quelque chose avec
rien, point zéro un, zéro un.
Le Président (M. Kehoe): Le programme 1, planification...
Je m'excuse. M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le ministre, on voit d'après le rapport
1985-1986 qu'on a construit un barrage à Richmond pour 3 650 000 $, un
ensuite à Mille-Îles pour 3 800 000 $ et un autre au lac
Saint-François pour 4 500 000 $. Est-ce que dans le passé, il y a
eu des années qui ressemblaient à 1985-1986 au point de vue des
investissements dans la construction de barrages ou le contrôle des
inondations?
M. Lincoln: C'est bien simple. La construction des barrages
dépend des subventions fédérales spécifiques
à un barrage. Pour ce qui est de Richmond, par exemple, on demande de
l'argent au fédéral pour bâtir un barrage. On va au
fédéral. Le fédérai accepte ou n'accepte pas. Si le
fédéral accepte, on a 50 %, au moins, du fédéral,
parfois plus. Â ce moment-là, on bâtit le barrage. Si le
fédéral n'accepte pas, comme cela a été le cas - il
y eu une demande faite en 1985 pour un barrage additionnel à Richmond
que le fédéral a refusé -Je barrage ne se bâtit pas.
Tant qu'on n'a pas 50 % du fédéral, il ne se bâtit pas. .
C'est pourquoi je voulais expliquer au député qu'une année
il y a eu 16 000 000 $ pour des barrages parce qu'il y a eu des aboutissements
d'argent du fédéral une année où ils voulaient
mettre de l'argent pré-
électoral au Québec pour des barrages. À ce
moment-là, on a eu de grosses sommes en capital. Mais ce n'est pas un
programme régulier du ministère. Aujourd'hui, par exemple, pour
le programme de Richmond, les barrages ont été cessés par
le fédéral. On ne peut pas avoir l'argent. On n'aura qu'à
demander au député de Richmond, il se bat tout le temps, depuis
des années avec le second barrage qu'on ne peut pas avoir. Le barrage ne
se fait pas. Donc, il n'y a pas de capital inscrit pour cela. C'est exactement
ce que je voulais expliquer.
Gestion des neiges usées
M. Blais: M. le ministre, je vais essayer de passer, on a
beaucoup de choses. Mon recherchiste m'a fait un travail de titan dans ces
crédits. Je voudrais lui faire honneur en vous posant le plus de
questions possible parce qu'il y en a toute une série, et de bon aloi,
j'espère.
D'abord à l'élément 1, la gestion des neiges
usées - c'est malheureux de parler de cela au printemps, mieux vaut tard
que jamais. À son arrivée à la barre du ministère,
le ministre avait déjà en main une stratégie
complète d'interventions sur les neiges usées
élaborée par les fonctionnaires du ministre. En début
d'année, le ministère élaborait un nouveau projet de
politique et le soumettait pour consultation à certaines
municipalités. Selon ce projet, 1° les précipitations
récentes et sur les artères à faible circulation
pourraient être déversées dans les cours d'eau; 2° les
précipitations de quelques jours ou provenant d'artères à
circulation moyenne seraient versées dans des dépotoirs
terrestres; 3° les précipitations au sol depuis longtemps et
émanant du secteur à forte pollution seraient traitées
dans des usines d'épuration. Il semblerait que ce serait les trois
volets de la proposition.
Ma question serait la suivante, et j'en ai quelques-unes: Quelles sont
les variantes de cette politique par rapport à la stratégie de
décembre 1985 que vous aviez en arrivant au ministère? Quels ont
été les résultats des consultations menées
auprès des municipalités? Le ministre entend-il mener d'autres
consultations et tenir des audiences publiques sur ce sujet? Je peux en poser
d'autres.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avez-vous entendu
la question?
M. Lincoln: Pour ce qui est de la politique sur les neiges
usées, si par exemple vous dites qu'il n'y a pas de consultation qui se
fait au ministère, voici un exemple frappant d'un domaine où on a
fait des consultations intensives avec les municipalités du
Québec. En fait, si cette politique a retardé - nous avions un
projet de politique que nous avons soumis aux municipalités, basé
sur certains axes prioritaires dont vous en avez cité plusieurs, c'est
que justement nous attendons les réponses des municipalités. Nous
attendons une réponse, entre autres, de la région de
Québec.
M. Blais ...
M. Lincoln: Pardon?
M. Blais: ...du Lac-Saint-Jean.
M. Lincoln: Du Lac-Saint-Jean aussi, je pense. Ce qui arrive,
c'est qu'il y a des tests scientifiques en cours a la Communauté urbaine
de Montréal. La Communauté urbaine de Montréal projette de
traiter ses neiqes usées dans son usine d'épuration qui va ouvrir
è l'automne. Il y a un débat qui se fait à ce sujet. Le
directeur qénéral de l'environnement de la communauté
urbaine, M. Perreault personnellement, m'a assuré à plusieurs
occasions qu'ils étaient déterminés à utiliser
l'usine d'épuration pour acheminer les neiges usées et les
traiter, mais il y a un débat là-dessus. Maintenant, ils veulent
faire des tests. La Communauté urbaine de Québec ne s'est pas
encore prononcée. Les consultations vont se poursuivre avec les
municipalités, car il nous est impossible d'émettre une politique
définitive sans l'assentiment et le consensus des municipalités.
Bien sûr, depuis 1985, il y a eu une évolution des connaissances
en ce domaine et, actuellement, les traitements prévus pour 1985 ont
été modifiés d'après les connaissances que nous
avons maintenant. Par exemple, le dépôt de neiqes qu'on faisait
avant au bord des routes a été changé et nous continuons
ces consultations. Si vous voulez me donner une seconde.
Le sous-ministre responsable de cette direction me dit que, d'ici
à la fin de juin, on devrait avoir analysé l'étude de la
ville de Montréal et avoir reçu les commentaires
définitifs de la ville de Québec et qu'on pourrait, d'ici juin,
établir une politique sur les neiges usées.
M. Blais: M, le ministre, j'espère que cette politique
sera quand même assez sévère - on a vu trois volets - mais
peut-être encore plus sévère que cela. Cela serait mieux.
C'est très polluant pour nos cours d'eau et j'espère qu'en juin,
c'est-à-dire dans un mois, au maximum...
M. Lincoln: Vers la fin de juin, dans environ un mois, oui. Le
sous-ministre me dit que la politique inclura une demande spécifique
d'autorisation de chaque site de dépôt de neige,
c'est-à-dire que chaque municipalité, avant d'accréditer
un dépôt de neige, devra obtenir un certificat d'autorisation du
ministère.
La ligne Radisson-Nicolet-des Cantons
M. Blais: Merci, M. le ministre. Juste pour nous changer un peu
de la neige, nous allons parler de la sixième ligne du rapport du BAPE.
Je pense que le ministre de l'Environnement n'a plus aujourd'hui aucun
prétexte l'autorisant a hésiter à donner son feu vert
à la sixième ligne. Le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement rendait public, le 10 avril dernier, son rapport sur la ligne
de transport électrique Radisson-Nicolet-des Cantons et concluait de
façon formelle en faveur d'une traversée sous-fluviale, en
excluant toute traversée aérienne, fût-elle temporaire. La
haute expertise en ingénierie et en électricité que peut
revendiquer Hydro-Québec autoriserait ce défi sans remettre en
cause l'assurance des livraisons électriques aux Américains en
1990.
Dans son rapport, le BAPE affirme de plus que la décision que
devra prendre le gouvernement relativement à ce dossier revêt,
au-delà de l'aspect technique, un caractère social et
environnemental majeur. Il n'y a rien de nouveau dans ce que je viens de dire
là. Ce sont des choses connues. C'est pour le bien de la question que je
devais faire un petit résumé. Sachant qu'Hydro-Québec dit
qu'on ne peut passer par-dessus et que le BAPE qui est le grand conseiller du
ministre dit qu'on ne peut passer... c'est-à-dire qu'Hydro-Québec
dit qu'on ne peut pas passer par-dessous et que le BAPE dit qu'on ne peut
passer par-dessus, il va falloir que le ministre passe par-dessus quelqu'un.
Alors je me demande lequel des deux il écrasera.
M. Lincoln: M. le député, je ne suis pas un
écraseur par tempérament. Ce n'est pas ma façon de
travailler, mais en tout cas, je puis vous dire que je vais prendre toutes les
responsabilités qui m'incombent. Je ne reculerai devant aucune
responsabilité. (15 h 15)
Comme vous le savez, la loi est claire. Le ministre de l'Environnement
doit recevoir une évaluation du sous-ministre et il prépare une
recommandation qui est ensuite transmise au Conseil des ministres. Tout ce que
je puis vous dire, sans préjuger de la question - vous comprendrez bien
que ce n'est pas ici que je vais dévoiler ce que sera ma recommandation
avant que le Conseil des ministres ne l'accepte - mais je peux vous dire que le
dossier sera acheminé de façon très normale et le plus
vite possible. Je considère que d'ici à la réunion du
Conseil des ministres, pas ce mercredi-ci, mais d'ici à trois semaines,
vers le 15 juin, je pense, au plus tard, j'aurai fait une recommandation
formelle au Conseil des ministres.
M. Blais: D'accord. Je reviendrai sur le BAPE plus tard quand on
arrivera à l'élé- ment particulier qui concerne le BAPE.
J'ai un dossier assez élaboré sur le BAPE. Je crois qu'il est
maltraité par le ministère. Peut-être que je vois cela avec
les yeux de l'Opposition, mais je crois que la population le croit aussi.
J'ai une très jolie question, M. le ministre: Hydro-Québec
et un nouveau mécanisme de consultation. Le ministre de l'Énergie
et des Ressources, pour le bien de ceux qui nous écoutent, s'est
substitué au ministre de l'Environnement en proposant le 4 mars dernier
à la commission parlementaire qui étudiait le plan de
développement d'Hydro-Québec d'instituer, en faisant fi du RAPE,
un nouveau mécanisme de consultation pour la construction de lignes de
transport électrique. Comment, comme ministre de l'Environnement,
réagissez-vous à une telle volonté du ministre de
l'Énergie et des Ressources**
M. Lincoln: II n'y a aucun conflit entre la position du ministre
de l'Énergie et la mienne. Je ne peux pas faire des commentaires sur une
commission parlementaire où je n'étais pas, mais ce que je peux
vous dire, c'est que cette question-là est certainement une question
importante qui a été discutée entre nous. Je suis
certainement pour toute méthode de consultation sur la politique
d'énergie hydroélectrique au Québec, tout en étant
tout à fait catégorique que toutes les prérogatives du
BAPE et son autonomie complète selon la Loi sur la qualité de
l'environnement seront saines et sauves et préservées.
Je ne vois rien de contradictoire par exemple dans une grande
consultation publique où Hydro-Québec, le gouvernement du
Québec ou un appareil autorisé par le gouvernement du
Québec ou par Hydro-Québec qui, après tout, a ses droits,
elle aussi, comme toute autre corporation, feraient une consultation publique
sur ses politiques énergétiques du futur, pourvu que toute
consultation que pourraient faire HydroQuébec, le gouvernement du
Québec, le ministère de l'Énergie et des Ressources ou qui
que ce soit respecte intégralement toutes les prérogatives du
BAPE selon la loi, c'est-à-dire le droit du BAPE et le droit du ministre
de s'assurer qu'il y a des études d'impact selon la loi et des audiences
publiques les plus ouvertes selon la loi. Si toutes ces considérations
et toutes les exigences de la loi sont observées de façon
rigoureuse, pour nous s'il y a sur une grande échelle une consultation
sur les politiques hydroélectriques du Québec, par exemple pour
les dix, ou les quinze, ou les vingt prochaines années, nous nous en
réjouissons.
Je peux vous dire que j'en ai discuté aussi avec les
représentants du BAPE qui ne voient pas de contradiction, pourvu que
cette consultation respecte les prérogatives du
BARE.
M. Blais: On parlera du BAPE un peu plus tantôt, mais quand
même vous ouvrez une porte. Pour la Baie James 2 tant qu'à y
être, le BAPE n'a aucune autorité passé le 55°
parallèle, le BAPE n'est pas consulté selon l'article 6.3. Pour
que le BAPE ait une nouvelle prérogative, est-ce que vous permettriez au
BAPE d'enquêter sur la future Baie James 2 et de tenir des audiences
publiques?
M. Lincoln: La loi est bien claire. Le domaine d'intervention du
BAPE est très clairement situé dans la loi: c'est le Sud du
Québec. Pour tout le territoire conventionné, il y a des
dispositions spéciales qui sont inscrites dans la Loi sur la
qualité de l'environnement. Ces dispositions doivent être
observées. Un système juridique maintenant institué
s'applique. Nous, nous allons travailler dans ce système. Tant qu'un
avis de projet n'est pas déposé par Hydro-Québec, selon la
loi, le BAPE ne peut pas intervenir. Il faut qu'il y ait un avis de projet de
construction d'une centrale hydroélectrique ou d'une construction d'une
ligne hydroélectrique pour que le ministère s'implique. S'il n'y
s pas d'avis de projet et si le promoteur veut faire une consultation publique,
il n'y a rien qui le lui défende. Je vous donne en exemple le projet de
Norsk-Hydro ou le projet d'Alcan à Laterrière. Si Alcan, en
attendant l'avis de projet, veut faire une consultation publique avec les qens
du Lec-Saint-Jean sur son projet, je n'y vois aucune objection. Tant et aussi
longtemps qu'il n'est pas prêt è déposer son avis de
projet, il doit se soumettre complètement à toutes les rigueurs
de la loi sur l'environnement. C'est comme cela que je le perçois, Je ne
vois aucune contradiction là-dedans tant que la consultation, que
mène Hydro ou n'importe qui ne vient se substituer à aucune des
prérogatives du BAPE que je compte défendre avec la plus grande
fermeté.
M. Blais: On va revenir au BAPE tantôt, je vous le dis
encore, mais restons dans l'énergie et le ministre de l'Énergie
et des Ressources avec vous. À Ottawa il semblerait que M. McMillan et
M. Masse veuillent faire une sorte de fusion sur la question
énergétique de façon à intégrer à peu
près les responsables des deux ministères pour que les deux
ministères ne s'entrechoquent pas comme on le voit pour la ligne 6, par
exemple, comme on le voit sur d'autres territoires, pour l'arrosage, entre
autres.
Est-ce que le ministre voit quelque chose de constructif dans cette
avenue avec son ministère et celui de M. le ministre de l'Énergie
et des Ressources du Québec?
M. Lincoln: Ce que je sais, c'est d'après les annonces que
M. Masse a faites. C'est un comité" interministériel de
coordination sur les politiques énergétiques. Créer un
comité de coordination avec des politiques énergétiques
fédérales et provinciales, si mon collègue responsable de
l'Énergie est d'avis que c'est bénéfique pour les
intérêts du Québec, je ne vois pas que cela
interfère avec mon rôle en tant que ministre de l'Environnement
tant et aussi longtemps, comme je le répète, que toutes les
prérogatives que j'ai dans les lois du Québec pour la
défense de l'environnement sont sauvegardées.
La qualité de l'eau potable
M. Blais: À l'élément 2, à la
commission parlementaire sur les pesticides, certains intervenants nous ont
fait remarquer, d'une façon très imagée et très
percutante, que l'analyse bactériologique de l'eau potable au
Québec ne permet de détecter que les conformes. Quant à
elle, l'analyse physico-chimique permet de détecter les micropolluants
chimiques: le fer, la nitrate, l'HP A, les nitrites, etc.
L'expérience pilote menée dans 18 municipalités au
Québec en 1985, dont Montréal, a permis de relever la
présence dans l'eau potable de plusieurs composés chimiques
réputés cancérigènes. Nos municipalités ne
sont pas équipées pour faire ces analyses. Il y a donc dans l'eau
potable un danger potentiel et un danger peut-être réel que
beaucoup de nos citoyens et citoyennes du Québec ingurgitent de l'eau
cancérigène. Étant donné l'importance des
résultats des 18 municipalités cibles, qu'est-ce que le ministre
entend faire dans ce dossier?
M. Lincoln: Nous avons commencé un programme.
L'année dernière, les premiers rapports du programme ont
été déposés pour une analyse extensible des
micropolluants dans l'eau potable. Ce programme a été
prolongé. Il couvre 18 municipalités types qui
représentent presque la moitié de la population du Québec.
Le programme va être étendu de façon à couvrir
graduellement jusqu'à 85 % de la population du Québec. Lorsque
les gens de l'assainissement des eaux vont revenir demain, je pourrai vous
donner le nombre de municipalités impliquées, mais je pense que
c'est environ 30 des principales municipalités des centres de
population. Ce programme va avoir un nombre de paramètres d'étude
de 42. Actuellement, c'est 42; à la fin de 1987-1988, il y aura 22
nouveaux paramètres inscrits. Le nombre sera augmenté
jusqu'à 64 paramètres. Jusqu'ici, la population desservie a
été de 2 340 000 personnes, soit à peu près 50 % de
la population approvisionnée en eau de surface.
Ce qui veut dire 40 % de la population totale, parce que 80 % de la
population s'approvisionne en eau de surface et 20 % en eau souterraine.
Nous avons aussi, dans les divers laboratoires du ministère, mis
en place des équipements qui nous permettent aujourd'hui de faire les
analyses de ces nouveaux paramètres de micropolluants. Donc, nous avons
le personnel qualifié à la division de l'eau potable de la
Direction de l'assainissement des eaux et aussi les équipements de
laboratoire qui nous permettent maintenant de couvrir les analyses de tous ces
paramètres. Donc, les derniers rapports qui sont sortis en 1986
démontraient que l'eau potable au Québec était
généralement de bonne qualité. Il y a certainement des
inquiétudes dans la population. On a vu par les sondages aujourd'hui
qu'une grande partie de la population s'approvisionne d'eau
embouteillée. Je pense que le total est de 28 %. En même temps,
les derniers rapports ont démontré que l'eau potable était
de bonne qualité et là on parle de micropolluants à des
densités relativement très faibles dans le total des analyses.
Mais i! faut faire l'effort, nous allons continuer celui-ci, étendre les
paramètres, étendre le projet pilote à un plus grand
nombre de municipalités et nous allons publier des rapports comme on l'a
fait en 1986 durant l'année en cours.
M. Blais: M. le ministre, pour une chose que je crois aussi
importante que l'eau de tous les jours, je trouve que vous n'êtes pas
très nerveux. Cela peut être excessivement dangereux pour
l'ensemble de la population. Il devrait y avoir un programme beaucoup plus
intensif, sinon je ne crois pas que la Fédération canadienne de
la nature vous attribue une lettre A dans ce domaine l'année prochaine.
Dans un tel cas, je trouve cela presque urgent. Écoutez, 18
municipalités cibles et on a trouvé la présence
d'éléments cancérigènes pour la population. On est
rendu loin alors. Je pense que c'est plus urgent que cela.
M. Lincoln: M. le député, je ne suis pas du tout d'accord
avec vous sur le fait qu'on ne prenne pas cela au sérieux. En fait, si
on ne prenait pas cela au sérieux, on n'aurait pas l'étude que la
division de l'eau potable fait actuellement, et qui, comme je vous l'ai dit,
tient compte de 42 paramètres, et qui tiendra compte, cette
année, de 64 paramètres. Tous les rapports d'étude
officiels, qui ont été publiés et analysés d'une
façon extensive l'année dernière par M. Francoeur du
Devoir, démontrent que, pour tous ces micropolluants, les 42
paramètres étudiés étaient en deçà
des normes. L'eau potable du Québec était en deçà
des normes de beaucoup. Il y avait un seul paramètre égal
à la norme mondiale. On ne peut pas dire qu'on ne se préoccupe
pas de la question. Bien au contraire, il y a 20 personnes au ministère
qui ne font rien d'autre, 20 spécialistes qui s'occupent de l'eau
potable. En fait, la division de l'eau potable au Québec est
considérée - et c'est sans exagération, je le dis parce
qu'elle a débuté en 1984, ce n'est pas une affaire pour laquelle
je me pète les bretelles comme député libéral -
aujourd'hui comme une des divisions les plus scientifiques et les plus
professionnelles au Canada. Je crois qu'il n'y en a qu'une seule comparable, en
Ontario. L'Ontario ne fait que des évaluations sporadiques. C'est la
seule division de l'eau potable au Canada qui fait des évaluations
systématiques de l'eau potable et qui a fait une étude
systématique des micropolluants dans l'eau potable. En fait, elle sert
un peu de modèle à l'Ontario et aux autres provinces du Canada.
Je puis vous assurer qu'on prend cela bien au sérieux. (15 h 30)
M. Blais: M. le ministre...
M. Lincoln: Je devrais souliqner qu'on est la seule province
ayant un rèqlement sur l'eau potable, c'est-à-dire que les
municipalités sont responsables des tests sur l'eau potable et nous, du
suivi. Mais, à cause du règlement, on force les
municipalités à faire des tests et on en impose la
surveillance.
M. Blais: Vous savez, quand on n'a pas d'Inspecteur pour les
faire surveiller ni de budget pour les payer, les règlements passent
comme l'eau dans la rivière.
Vous disiez au début que vous vouliez mettre en
élaboration quatre grandes forces de recherche. Vu qu'on est à
l'élément 2, quels seraient les quatre points, au tout
début?
M. Lincoln: Comme vous le voyez, on a augmenté
significativement le programme de recherche, cette année. Un des
éléments principaux, c'est que nous avons décidé,
plutôt que de faire de la recherche avec les fonds du ministère
qui ne seront jamais assez substantiels pour nous permettre de faire
nous-mêmes de la recherche, d'essayer de nous associer le plus possible
à des intervenants du milieu afin que les deniers du ministère et
l'efficacité des programmes soient multipliés. C'est pourquoi
nous travaillons de plus en plus avec d'autres intervenants, le monde de
l'éducation, le monde professionnel, l'entreprise privée et les
municipalités, oour faire des programmes de recherche collectifs.
Je vous ai cité plusieurs programmes et je voudrais vous parler
par exemple de certains. On est en train, dans l'usine régionale de la
Communauté régionale de
l'Outaouais, de faire une étude de la valorisation des boues
septiques à des fins agricoles. Cette recherche se fait conjointement
avec la CRO, les intervenants du milieu privé et le ministère de
l'Environnement. Une recherche conjointe est maintenant complétée
avec le CRIQ, les municipalités, la municipalité de Laval et
l'entreprise privée pour un programme de pressoir rotatif dans les
usines d'épuration. Cette invention a été brevetée.
Ses applications nous permettront bientôt de réduire la
capitalisation des usines d'épuration jusqu'à 30 % et les boues
d'épuration qui sont devenues un problème presque gigantesque
maintenant seront réduites jusqu'à 60 %.
Un autre programme de recherche est en cours, de concert avec l'IREQ et
certains autres intervenants pour le recyclage des métaux lourds dans
l'industrie. Les métaux lourds produisent 41 % de tous les toxiques dans
l'industrie. Le programme Thermorics est un projet pilote qui se fait
aujourd'hui sur la rive sud. S'il réussit, il sera mis par l'IREQ sur
une échelle industrielle nord-américaine et, par la suite,
mondiale. Là, une implication à l'échelle de
l'assainissement industriel serait extraordinaire, car elle permettrait de
recycler 41 % des métaux lourds. Je pourrais vous citer, par exemple,
comme programme conjoint, un programme de recherche qui a valu une nouvelle
technologie à Agropur, à Oka, et ainsi de suite. C'est pourquoi
je vous disais que la recherche collective deviendra essentielle pour le
ministère.
Dans le domaine des pesticides, comme je vous l'ai dit l'autre jour, on
va mettre de côté 500 000 $ pour une recherche sur les
bioherbicides dans le domaine forestier et urbain, pour ajouter à une
recherche dans le domaine agricole. Là aussi, cette recherche sera faite
de concert avec les autres intervenants du milieu.
M. Blaiss Oui. M. le ministre, je vais vous rappeler que vous avez
certainement déjà vu au ministère - les sous-ministres et
les autres s'en souviendront - le rapport Valoriser le futur. Vous devez
vous souvenir de ça. Le 7 mai 1985, le ministre de l'Environnement de
l'époque, Adrien Ouellette et son collègue de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, Yves
Bérubé, rendaient public un rapport de conjoncture en
matière de recherche et développement au ministère de
l'Environnement du Québec: Valoriser le futur.
Là, il y avait des points très précis de recherche,
valoriser le futur, dans l'environnement, la recherche appliquée, etc.
Vous avez pris certainement connaissance de ça.
M. Lincoln: Certainement.
M. Blais: Est-ce que ceci va vous a servi ou si vous avez
complètement rejeté cette valorisation du futur, vous
maîtrisez le présent ou vous essayez d'assurer notre avenir?
M. Lincoln: Bien au contraire! M. le député. Il y a
eu 40 mémoires qui ont abouti par rapport à la consultation
suivant Valoriser le futur.. Il y a eu des consultations
interministérielles continues sur la question de la recherche. Nous
allons bientôt acheminer un mémoire au Conseil des ministres qui
va privilégier les grands axes d'orientation du ministère de
l'Environnement en recherche et développement. Cela va favoriser les
axes suivants: connaissance des écosystèmes, dissémination
des toxiques, technologie propre et valorisation des déchets,
assainissement des eaux et eau de consommation. C'est pourquoi je veux vous
citer, par exemple, dans ces qrands axes, des projets symptomatiques que nous
avons mis en marche avec d'autres intervenants du milieu dans les grands
domaines que je viens de citer.
M. Blais: Et dans Valoriser le futur, M. le ministre, il
était question de la création d'un fonds de recherche
environnementale. Est-ce que cette idée tient toujours? Ce serait
malheureux qu'elle ne tienne pas. Peut-être un petit peu des 16 000 000 $
des barrages pourraient aller là?
M. Lincoln: Non, nous avons choisi, plutôt de favoriser un
programme interministériel et conjoint avec tous les intervenants, afin
de multiplier l'argent disponible. Par exemple, on travaille beaucoup avec les
autres ministères, Aqri-culture, Énergie et Ressources, Industrie
et Commerce, le CRIQ, afin de faire un genre de "pool" de ressources
budgétaires et d'effectif, de ressources humaines, afin de maximiser le
programme de recherche.
Je pourrais vous dire, en passant, que le programme de recherche du
ministère passe en 1986-1987 de 347 000 $ à 447 000 $. On va
mettre 28 % de plus dans la recherche cette année-ci.
M. Blais: M. le ministre, cela peut finir le programme 1, quant
à moi.
Le Président (M. Kehoe): Le programme 1 est
adopté?
M. Blais: De mon côté, à moins que, de
l'autre côté, il n'y ait quelque chose.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Une voix:
Le programme ou l'élément?
Le Président (M. Kehoe): Le programme
1 est adopté.
M. Lincoln: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Nous allons suspendre les travaux
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 35)
(Reprise à 15 h 47)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! La séance recommence. Le programme 2, la gestion du milieu
aquatique, et nous sommes à l'élément 1: Ressources
hydriques. M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Oui.
M. Lincoln: Le député avait suggéré
que la gestion du milieu aquatique soit traitée demain soir.
M. Blais: Non, l'assainissement des eaux.
M. Lincoln: L'assainissement des eaux?
M. Blais: Oui, mais avez-vous une objection à
l'élément 1? Non, je ne peux pas.
Une voix: On peut faire revenir les gens qui s'occupent du milieu
hydrique et non pas du programme d'assainissement des eaux.
M. Blais: On va le laisser tomber pour tout de suite,
d'accord?
M. Lincoln: ...
M. Blais: On le fera demain.
M. Lincoln: Mais si vous n'avez pas assez de temps demain,
peut-être qu'on pourrait le faire plus tard. On peut les faire venir, ce
serait une bonne affaire.
M. Blais: Je m'excuse humblement. J'avais voulu être gentil
et j'avais dit: l'assainissement des eaux seulement. On voulait faire
l'élément 1, mais on le fera demain ensemble.
Le Président (M. Richard): Ne vous arrangez pas pour que
l'on n'ait rien à faire cet après-midi. Vous allez trouver
quelque chose.
M. Lincoln: Je m'excuse, j'ai mal entendu. Je voulais dire que
les gens du ministère sont ici ce soir; alors, si vous voulez toucher
l'élément 1 ce soir, cela me fera plaisir.
M. Blais: On étudiera l'élément 1, ce soir,
en entrant pour les libérer vite. Cela va?
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: Vous êtes gentil et moi aussi.
Gestion des milieux atmosphérique et
terrestre
Le Président (M. Richard): Après vos meilleurs
voeux, j'appelle donc le programme 3.
Le programme 3, l'élément 1: Milieu terrestre.
M. Blais: M. le ministre, nous avons là devant nous un
dossier fumant: les déchets. Nous avons beaucoup de problèmes
dans tout le Québec depuis plusieurs années avec les
déchets, autant les déchets domestiques que les déchets
industriels, les déchets agricoles et tous les déchets de notre
société.
Beaucoup de choses ont été faites dans le passé,
vous l'avez vous-même reconnu, mais vous êtes pris avec d'autres
problèmes qu'à notre tour nous vous demandons de
régler.
Le Québec s'est doté le 15 octobre 1985 d'un
règlement sur les déchets dangereux visant à assurer un
contrôle sévère du transport des déchets, à
resserrer les normes d'entreposage et à rendre les producteurs
responsables de la gestion de leurs déchets jusqu'à leur prise en
charge par un éliminateur, un recycleur ou un entrepreneur.
À défaut du respect dudit règlement, les
déchets dangereux risquent de se retrouver sur un terrain vaque, dans
les éqouts, dans un cours d'eau ou encore dans un incinérateur.
Là, les combustions provoqueraient des émanations de particules
et des gaz de dioxine ou de furanne et quoi d'autre?
Le ministre entend-il faire certaines modifications à ce
règlement comme il l'a dit en juin 1986 en annonçant que ses
fonctionnaires dresseraient un bilan les premiers mois d'application du
règlement?
M. Lincoln: La réponse est oui. Lorsque le
règlement a été émis, l'idée était,
puisqu'il s'agissait d'un nouveau règlement qui a été
précédé d'une grande consultation, de faire le suivi du
règlement de façon continue et systématique, afin
d'évaluer toutes les composantes du règlement et de le modifier
là où il y a lieu, où il n'est pas assez
sévère ou très difficile d'application pratique, par
exemple, dans certaines des fiches, des applications et des formulaires qui
sont demandés aux industries.
Donc, nous allons travailler sur certaines problématiques et
élargir le champ
de tout ce qui s trait aux matières recyclables et aux
déchets dangereux, la question des huiles usées et le traitement
des BPC. Nous aurons à l'amender par rapport à la question des
assurances et des garanties des assurances afin de refléter les
circonstances présentes ici dans le milieu de l'assurance et afin
d'harmoniser nos politiques avec les dispositions réglementaires
fédérales sur le transport des matières dangereuses. Il y
a aussi un nouveau concept de politique pour tous les déchets toxiques
sur le territoire, étudié par le sous-comité des
déchets dangereux du Conseil canadien des ministres et des ressources de
l'Environnement, qui a pour but de privilégier un objectif et une
politique de contrôle de tous les produits et déchets chimiques,
de leur origine, jusqu'à la fin de leur cycle, un cycle
intégré. Alors, il y aura un nouveau concept de gestion
intégrée des déchets dangereux. Toutes ces questions sont
à l'étude maintenant.
Nous allons proposer des modifications au règlement sur les
déchets dangereux pour refléter ces différents
éléments. Cette politique sera rendue publique et fera l'objet
d'une consultation extensive. En fait, la consultation a déjà
commencé. Elle a déjà été faite avec les
différentes industries impliquées. Nous allons
éventuellement étudier des changements que nous allons proposer
dans un avenir prochain.
M. Blais: C'est bien, M. le ministre, mais toutes ces choses
demandent certainement un nombre plus sensible d'inspecteurs pour
vérifier si les règlements sont suivis. On se fait jouer des
tours dans le cas des ateliers de nettoyage où il n'y a pas assez
d'inspecteurs. Avez-vous fait des représentations auprès du
Conseil du trésor pour augmenter votre budget afin d'avoir le nombre
d'inspecteurs requis pour faire respecter ces règlements? Est-ce que le
tout sera complété par l'informatique qui donnera le tableau des
choses en place sur le territoire québécois?
M. Lincoln: Nous avons ajouté 400 000 $
supplémentaires pour la question de l'inspection et du contrôle.
Nous avons mis en place une équipe de trois inspecteurs experts dont le
rôle est de former tous les inspecteurs que nous avons dans les
régions, dans les directions régionales et les opérations,
afin d'avoir une équipe d'inspecteurs qui pourra s'assurer du suivi du
règlement. Comme je vous le disais, on y a mis 400 000 $
supplémentaires, cette année.
M. Blais En deux mots, quelles sont les modifications
précises au règlement?
M. Lincoln: Je vous disais que nous allons élargir toutes
les dispositions du règle- ment afin de couvrir les matières
recyclables qui sont considérées aujourd'hui comme déchets
dangereux, celles qui peuvent être recyclées. Nous aurons à
faire des dispositions pour définir les matières recyclables.
Nous allons avoir de nouvelles dispositions pour le traitement des huiles
usées qui contiennent des BPC. Nous allons modifier le règlement
pour permettre des dispositions différentes quant aux assurances et aux
garanties d'assurance. Aussi, nous allons harmoniser notre rèqlement
avec les dispositions fédérales sur le transport des
matières dangereuses.
M. Blais: II y a aussi un programme national de gestion des
déchets dangereux. En mars 1987, le ministre québécois de
l'Environnement, soit vous-même, et le président du Conseil
canadien des ministres des ressources et de l'environnement, CCMRE,
annonçaient l'adoption d'un plan intergouvernemental de gestion des
déchets dangereux au Canada. Que contient ce plan? En quoi et comment
s'harmonise-t-il avec les programmes de notre province et des autres, mais
surtout de la nôtre? Nécessitera-t-il des modifications au
rèqlement québécois actuel pour qu'il s'harmonise avec les
autres? La contribution du Québec à la mise en place de ce plan
dit canadien se fera-t-elle et de quelle façon sera-t-il
financé?
M. Lincoln: Chaque province va être responsable de
l'élaboration de ses politiques au sein du programme canadien.
L'idée du programme canadien, c'est d'harmoniser toutes les politiques
au Canada, de faire une complémentarité avec la nouvelle loi des
contaminants qui va être déposée par le
fédéral, afin qu'au Canada, toutes les juridictions aient une
politique coordonnée qui poursuit les mêmes objectifs, qui est
axée sur les mêmes normes afin qu'il n'y ait pas d'intervenants,
par exemple, dans le transport ou dans le traitement des déchets
dangereux, qui viennent se réfugier dans un centre ou dans un autre
parce que des directives, des normes ou des réglementations sont
différentes ou moindres d'une juridiction à l'autre.
Nous allons avoir un plan de gestion des déchets dangereux qui va
définir ce que sont les déchets danqereux, qui va prévoir
le transport intraprovincial et sur notre territoire, et qui va prévoir
des préavis de transport pour le transport d'une province à
l'autre. L'idée de cette politique pour le Conseil canadien des
ministres des ressources et de l'environnement, c'est justement d'harmoniser
toutes ces politiques.
Alors, ceci va se refléter dans les changements que nous allons
apporter au règlement sur les déchets dangereux, qui va
être basé aussi sur un concept de centres de gestion, ces centres
ayant pour principales
activités le recyclage, le traitement ou la disposition des
déchets. Ces centres seront soumis aux mêmes obligations que les
centres de transfert en ce qui a trait aux autorisations à obtenir, a la
gestion et à l'entreposage des déchets dangereux.
Nous avons été, au sein du Conseil canadien des ministres
des ressources et de l'environnement, la première province à
avoir émis une politique des BPC au Canada après consultation
avec les intervenants du milieu. C'était l'une des recommandations du
conseil qui avait demandé à chaque province d'élaborer une
politique pour l'élimination des BPC sur son territoire. Le
Québec a été la première province à produire
cette politique axée, non pas sur des interventions gouvernementales,
mais sur l'implication de l'entreprise privée, sur l'ouverture à
la promotion des centres de transfert et des centres d'élimination et
à la compétition des entreprises expertes dans le domaine afin
que nous puissions arriver le plus tôt possible à la mise en
marche d'un centre de transfert sécuritaire au Québec pour les
BPC d'ici à un an, d'un centre d'élimination pour les BPC d'ici
à deux ans et à l'élimination éventuelle. (16
heures)
M. Blais: Nous avons aussi, malheureusement étant province
et non pas encore pays, affaire avec beaucoup d'autorités, et il y a
aussi les accords canado-américains sur le transport. Nous avons, comme
province, à négocier avec le Canada des choses interprovinciales
et comme partie distincte d'un pays - nouveau langage - nous faisons aussi
affaire avec les États-Unis. Le 5 novembre 1986, le ministre
fédéral de l'Environnement annonçait la signature d'un
accord pour faciliter le contrôle du transport des déchets
dangereux entre le Canada et les États-Unis. Accord entré en
vigueur trois jours plus tard. Le volume annuel des déchets dangereux
qui traverse les frontières canado-américaines est
évalué à 100 000 tonnes. Le ministre de l'Environnement du
Québec a-t-il participé à la négociation couvrant
cet accord, en connaît-il le contenu puisqu'il est partie prenante?
Sinon, comment se fait-il qu'il n'y ait eu aucune consultation à ce
sujet, et si oui, quelles ont été les demandes du Québec
pour nous protéger dans cet accord?
M. Lincoln: Nous connaissons le contenu de toutes les
dispositions pour le transport américain et canadien. Aujourd'hui,
l'idée justement, c'est d'harmoniser nos dispositions avec celles des
autorités fédérales afin qu'il y ait une protection pour
le Québec. Pour ce qui est du Québec lui-même, un registre
va être exigé des centres de transfert, des centres de gestion qui
reçoivent des matières. Nous allons exiger des registres des
transporteurs qui font la collecte même de petites quantités de
déchets dangereux. Nous continuons à exiger un document
d'expédition pour le transport des matières dangereuses. En fait,
je vais vérifier cela, mais je crois que nous sommes la seule province
à exiqer un manifeste a priori et après le transport. Nous sommes
la seule province qui va aussi loin que d'exiger un manifeste avant que le
transport ne se fasse et après le transport, tandis que dans les
États américains, dans les autres provinces, c'est un manifeste a
posteriori, qui, je crois, a une échéance de sept jours. Je vais
vérifier.
M. Blais: C'est contrôlé de quelle façon, ces
manifestes? L'envoie qui bon lui semble? Est-ce que quelqu'un les
contrôle à tous les postes des frontières?
M. Lincoln: Le transporteur, qu'il soit un transporteur
québécois qui transporte des matières dangereuses au
Québec ou ailleurs qu'au Québec, ou un transporteur qui vient de
l'extérieur du Québec, avant de traverser la frontière,
doit être muni d'un numéro de circulation. Il est obligé de
nous aviser au préalable pour obtenir une autorisation
numérotée par manifeste avant de pouvoir transporter des
déchets dangereux.
M. Blais: II demande cela à qui? Au ministère de
l'Environnement du Québec ou du Canada?
M. Lincoln: Oui, au ministère de l'Environnement du
Québec.
M. Blais: Vous avez des hommes à chaque frontière?
À tous les postes des frontières?
M. Lincoln: Non, il demande cela à chaque direction
régionale.
M. Blais: Quel contrôle avez-vous sur ces manifestes. Je
veux bien croire que sur papier, c'est beau. Je suis complètement
d'accord. Mais si c'est un règlement comme cela que vous avez mis.
Encore là, pas d'inspecteur pour vérifier?
M. Lincoln: Non. C'est un règlement, c'est selon la loi du
Québec.
M. Blais: Mais de quelle façon c'est
contrôlé?
M. Lincoln: C'est contrôlé par la police n'importe
où. C'est contrôlé par la Sûreté du
Québec, c'est contrôlé par tous les mécanismes,
comme vous le savez. Maintenant, c'est harmonisé avec la loi du
ministère des Transports qui aujourd'hui prévoit qu'un
transporteur de déchets dangereux est obligé d'être
identifié avec un sigle spécial sur son camion. Donc, c'est
vérifié aux stations de pesée des transporteurs. Il
peut être arrêté à n'importe que! moment. Si, par
exemple, un transporteur de déchets dangereux est en route sans
manifeste numéroté, autorisé par le ministère de
l'Environnement du Québec, il est en infraction directe au
règlement. C'est sûr qu'on ne peut pas avoir 20 000 inspecteurs
qui vont traverser tout le territoire et bloquer toutes les frontières.
En ce qui concerne le transport au Québec, nous avons l'appui des
services policiers. Les matières devront être identifiées,
tant par le manifeste que par un sigle du ministère des Transports,
selon la nouvelle loi sur la sécurité routière. Alors,
nous prenons autant de précautions que n'importe où ailleurs. En
fait, on prend plus de précaution qu'ailleurs. J'ai
vérifié avec les États avoisinants et les provinces
avoisinantes. J'en ai parlé, par exemple, aux commissaires de
l'environnement de l'État de New York. Ils ne demandent qu'une
autorisation, un manifeste ou une notification a posteriori. C'est pourquoi ils
ont des problèmes avec cela. Nous sommes les seuls à le demander
à l'avance.
M. Blais: En fait...
M. Lincoln: Excusez-moi, M. le député. Je voulais
souligner aussi qu'on a un autre contrôle en ce qui concerne le
destinataire. Le destinataire, lui aussi, est obligé d'avoir un
numéro de circulation avant de pouvoir accepter le produit. Donc, il y a
un contrôle du destinataire, il y a un contrôle par le manifeste et
il y a un contrôle par le préavis. Alors, sans tous ces documents,
il est certain que le camionneur serait en infraction, qu'il pourrait perdre
son permis et qu'il pourrait être arrêté par la police. Il
est obligé de les avoir, comme un permis de conduire ou n'importe
quoi.
M. Blais; Je suis d'accord, aux pesées, etc., mais c'est un
contrôle sans inspecteur. Je comprends pourquoi nous sommes la seule
province qui ait ce contrôle. C'est un contrôle qui est
incontrôlable. Quand on établit un contrôle qui semble
incontrôlable, malgré la manifestation, malgré qu'au
printemps, les camions sont obligés de passer aux postes de
pesée, etc. Mais en temps normal, voyons donc! C'est un contrôle
sans contrôle qui ne contrôle rien parce qu'on n'a pas de
contrôleur.
M. Lincoln: II y a de 15 à 20 inspecteurs dans les
régions qui s'occupent principalement et presque intégralement de
la question des déchets dangereux. C'est bien beau de demander toutes
sortes de nouveaux inspecteurs... Vous auriez peut-être pu les demander
pendant les neuf années passées; on n'en avait pas autant. Il ne
faut pas chercher des miracles.
M. Blais: On n'a pas tout fait, M. le ministre.
M. Lincoln: Je le sais. Mais, nous non plus, on ne peut pas tout
faire.
M. Blais: On étouffait... M. Lincoln: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: ...dans le temps. On était en pleine crise, ces
dernières années.
M. Lincoln: Au moins on peut dire qu'on a le mécanisme de
suivi et de contrôle le plus élaboré qui soit. Le total de
l'effectif du ministère, dans le secteur des déchets dangereux,
est de 37 personnes spécialisées dans les déchets
dangereux, avec un budget total de 3 128 000 $. Le transport est
peut-être l'élément le plus important de tous.
Le GERLED
M. Blais: Merci. M. le ministre, en octobre 1983, le
ministère québécois de l'Environnement créait le
GERLED, - vous le connaissez très bien maintenant - Groupe
d'étude et de restauration des lieux d'élimination des
déchets dangereux - pour les profanes - dont l'inventaire comptait, en
juin 1986, 322 inscriptions. De ce nombre, 26 % sont jugés actuellement
dangereux pour la santé et l'environnement; 31 % le seraient
potentiellement; et 43 % risquent de le devenir. Aucune région du
Québec n'est épargnée et près du tiers de ces lieux
d'élimination - c'est-à-dire 108 - est dénombré
à Montréal et dans la périphérie
montréalaise - Montréal métropolitain. Véritable
poudrière, cette intoxication du territoire est constituée de
tonnes de résidus industriels et toxiques tels des acides, des huiles,
des solvants, des cyanures, des BPC ou de l'arsenic enfouis au cours des ans.
Déjà, 31 lieux ont fait l'objet de mesures, de corrections et de
décontamination. Dans la programmation 1986-1987 de votre
ministère, seulement 17 de ces emplacements s'inscrivaient à
cette étape.
Le ministre est-il conscient qu'il a la responsabilité
d'accélérer ce processus, à défaut de quoi il
manque à sa responsabilité d'assurer la santé publique et
la qualité de l'environnement? Le ministre a-t-il respecté
intégralement sa programmation l'an dernier? En fait, l'an dernier, sur
les 31 qui étaient là, je crois - un instant - combien ont
été restaurés et quels en ont été les
coûts?
M. Lincoln: M. le député, j'aurais voulu vous
donner les chiffres officiels et publics afin qu'on s'entende. De tous les
sites qui
ont été identifiés par le GERLED, 322 ont
été retenus comme sites de catégories I, II et III. Il est
clair que les sites de la catégorie I étaient les plus dangereux.
66 sites étaient classés catégorie I, 96 sites
catégorie II et 160 sites catégorie III.
Des 66 sites classés catégorie I, en 1986-1987, 62
dossiers ont été traités. Je puis vous donner les
détails.
M. Blais: M. le ministre, sans les nommer, car ce serait
fastidieux, est-ce qu'on pourrait s'entendre? Les sites qui ont
été traités l'an passé et leur coût,
serait-il possible d'en recevoir la documentation?
M. Lincoln: Ah oui! Je peux vous donner cela.
M. Blais: Oui? Plutôt que de les énumérer, ce
qui serait très fastidieux.
M. Lincoln: Non, mais je voulais vous dire, sans
énumérer les sites - ce n'est pas ce que je voulais faire -
comment ces 62 cas ont été traités. Il y a
différents stades. Il y a la caractérisation préliminaire
qui implique 16 sites. La caractérisation exhaustive implique 54
différents sites. Certains subissent les deux; c'est une
évolution. Il y a les choix de mesures correctrices qui impliquent 14
sites. La réalisation des mesures correctrices impliquera 31 sites. Le
contrôle de l'évaluation des mesures correctrices impliquera 11
sites et 8 sites subissent actuellement un suivi. Pour le...
M. Blais: M. le ministre...
M. Lincoln: Je vais vous envoyer cela.
M. Blais: D'accord.
M. Lincoln: Avec plaisir.
M. Blais: On pourrait peut-être en faire faire une copie
qu'on prendrait tout de suite. Cela me ferait plaisir.
Cela veut dire, M. le ministre, que, si 62 sites sur 66 ont
été traités, il n'en resterait que 4 du type I?
M. Lincoln: Non, non. Ils ne sont pas tous de catégorie
I.
M. Blais: Ah bon!
M. Lincoln: Il y en a de différentes
catégories.
M. Blais: Est-ce que, dans les catégories
déjà inventoriées, M. le ministre, il y en a qui ont
changé de catégorie après un inventaire plus
fouillé?
M. Lincoln: Par exemple, il y a eu un cas typique, le cas de
Rivière-des-Prairies qui n'avait pas été retenu par le
GERLED et qui a été traitée par la suite.
M. Blais: C'est un nouveau.
M. Lincoln: Voilà un cas nouveau. Pour 1987-1988, 43 sites
seront traités, dont 7 sont nouveaux. Il faut vous dire que...
M, Blais: Est-ce qu'il y en a beaucoup qui ont été
ajoutés depuis un an, M. le ministre, à l'inventaire du
GERLED?
M. Lincoln: Non, il n'y en a eu que quelques-uns seulement. Il y
a eu...
M. Blais: Dans la liste que - je m'excuse de vous interrompre, ce
n'est pas parce que cela me tente de parler, j'ai tellement mal à la
gorge...
M. Lincoln: Non, cela va.
M. Blais: Dans la liste que vous allez m'envoyer, les nouveaux
sites seront inclus en même temps?
M. Lincoln: Oui, on pourra les inclure. Il n'y a pas de
problème.
M. Blais: Vous seriez d'une extrême gentillesse.
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: Y a-t-il quelqu'un ici qui peut aller faire faire une
photocopie? On les aurait tout de suite. Ce serait gentil.
M. Lincoln: Oui. Mais je ne sais pas si je dois vous envoyer la
liste des sites. Je n'ai pas la liste des sites ici, mais je vous l'enverrai le
plus tôt possible.
Je voulais vous souligner ceci. La politique que nous avons prise, c'est
justement celle de payeur-pollueur. Nous ne voulons pas, excepté dans
des cas d'extrême urgence ou de nécessité où le
ministère ne peut identifier les propriétaires des sites, car des
quantités de sites ont été laissés dans le paysage
sans qu'on puisse les identifier. Là, naturellement, on est
obligés d'intervenir. Il y a le site de la ville de LaSalle, comme vous
le savez, où c'était très difficile, parce qu'il n'y avait
pas de réglementation, de savoir qui avait déposé des
déchets. Le ministère a dû mettre de l'argent
là-dedans. Mais, dans toutes les circonstances où nous pouvons
identifier les sites, presque sans exception, nous obtenons que le
propriétaire fasse lui-même la dépollution. On lui accorde
le soutien technique. C'est-à-dire que 80 % de l'argent investi
là-dedans est l'argent des propriétaires eux-mêmes.
(16 h 15)
Pour ajouter à ceci, nous avons commencé... En fait, je
dois dire que je n'ai pas la paternité de cela. C'est M. Francoeur qui
m'a suggéré un jour d'écrire... J'ai trouvé que
c'était une très bonne idée. II m'en a fait la suggestion
dans une conférence de presse et j'ai trouvé que c'était
une très bonne idée. Par exemple, à cause des
déchets des compagnies pétrolières, à la suite, par
exempte, de la découverte à Rivière-des-Prairies, nous
avons écrit à chaque compagnie pétrolière pour leur
demander d'identifier tous les sites qu'elles ont laissés dans le
passé. Les compagnies pétrolières ont laissé des
sites, et maintenant comme cela a été le cas pour Esso à
Rivière-des-Prairies, elles commencent à se préoccuper de
leur bonne image par rapport à ces sites. Nous leur avons demandé
de coopérer avec nous. J'ai rencontré l'Association des
pétrolières canadiennes, section Québec, qui m'a promis de
coopérer le plus possible là-dessus. On est en train d'identifier
ce site, et l'industrie pétrolière elle-même - en fait, on
a un cas de Shell, on a un cas de Esso - fait le travail et assume les frais de
la décontamination elle-même, le GERLED agissant comme catalyseur
et comme soutien technique. C'est ce qu'on a essayé de faire de plus en
plus.
M. Blais: Vous parliez de la ville de LaSalle, aussi. Le maire de
la ville de LaSalle a laissé entendre - je ne sais pas s'il y a du vrai
- que la phase II, les 125 000 mètres cubes qui sont recouverts par une
toile étanche, doit être réalisée ce printemps, et
il a dit qu'il était possible que ce soit reporté d'un an. Est-ce
qu'il y a un peu de véracité à accorder à cette
déclaration qu'il a faite?
M. Lincoln: Voici la position. La position du ministère
reste inchangée. Le décret du Conseil des ministres est clair: Il
faut que la deuxième phase se fasse cette année. Nous insistons
là-dessus parce que c'est le décret du Conseil des ministres.
Jusqu'à ce qu'il soit changé, c'est le décret. Je vous
dirai ce qui en est, Le maire de la ville de LaSalle nous a demandé
d'apporter un amendement à la loi 190 qui avait été
parrainée par le député de LaSalle pour permettre à
la ville d'émettre des obligations d'un certain nombre de millions de
dollars -je ne sais pas combien - une somme assez importante. Il faudrait un
amendement spécial à la loi 190 qui permettrait à la ville
de LaSalle de faire une négociation quelconque avec la compagnie
Wescliff qui possède maintenant le terrain, selon laquelle il y aurait
un projet d'entente entre elles où la ville de LaSalle se porterait
propriétaire du site, le décontaminerait, le vendrait, le
développerait ou je ne sais pas trop quoi.
Le maire de la ville de LaSalle a demandé au ministère des
Affaires municipales de modifier la loi. On s'est occupé de voir que les
amendements à la loi soient acheminés. Tout cela a
été fait. Je pense que les amendements au projet de loi seront
déposés incessamment. Il reste à la ville de LaSalle,
comme maître-d'oeuvre, de faire le travail; nous, on apporte le soutien
technique du ministère. J'ai communiqué avec le maire de la ville
de LaSalle par lettre pour lui dire que les dispositions du décret
s'appliquent, que le projet doit s'acheminer cette année.
M. Blais: D'accord. Vous faisiez remarquer aussi que vous avez
demandé aux différentes raffineries de la région
montréalaise de vous indiquer... Je pense que c'est de bon aloi. C'est
M. Francoeur qui vous l'a suggéré. C'est une bonne suggestion.
Vous parliez de Rivière-des-Prairies, du lieu qui a été
découvert. Une entente a été signée entre le
ministère et les propriétaires, selon laquelle si la nappe
phréatique était touchée, le ministre pourrait intervenir
financièrement. Le ministère n'intervenait pas
financièrement. C'étaient les anciens propriétaires et la
ville de Montréal, mais si la nappe phréatique était
touchée, le ministère pourrait intervenir. C'est l'entente qui a
été signée; je ne me souviens pas exactement, mais je
crois que c'est l'entente qui a été signée.
La phase I - appelons-la comme cela -semble avoir été
faite. Est-ce que le ministère a surveillé la compagnie Esso,
l'ancien propriétaire du terrain, pour dire qu'elle a bien fait son
boulot, pour vraiment vérifier si la nappe phréatique n'a pas
été touchée. Si elle n'a pas été
touchée, cela va; mais si elle a été touchée, dans
quelles circonstances - les analyses l'ont prouvé -quelle a
été l'estimation des coûts, la participation de votre
ministère et de la ville de Montréal pour dégager tous les
produits toxiques, disons, entre guillemets, dans la nappe
phréatique?
M. Lincoln: Toutes les ententes restent valables. Il reste 1 000
000 $ dans le "pool". C'est une entente pour un total de 1 500 000 $ et il
reste 1 000 000 $ qui ne sont pas touchés. Il y a eu des
caractérisations qui ont été faites. Il y a eu des
analyses. Toutes les analyses démontrent jusqu'à présent
que la nappe phréatique n'est nullement touchée. Des tests ont
été faits dans les puits alentour. Des sondages dans la nappe
phréatique démontrent que la nappe phréatique n'est
nullement touchée. Pourquoi la phase II ne s'est-elle pas faite
jusqu'à présent, c'est-à-dire la décontamination du
trou, du grand puits qui était là? C'est qu'il y a des arguments
entre Esso et les autres intervenants et Monenco, qui fait la gestion
du projet, sur les coûts que cela doit entraîner. Mais, de
toute façon, cela va se faire. Il y a un gros "pool" d'argent qui est
là. La nappe phréatique n'est nullement touchée et nous ne
croyons pas qu'il soit nécessaire de toucher à l'argent. S'il le
fallait, il faudrait le prendre dans ce million de dollars. Le ministère
ne s'impliquera pas. Les chances que le ministère s'implique sont
presque nulles. M. Flamand, notre directeur régional, qui est ici, a les
dernières données de ce site. Si vous le permettez, il pourra
vous donner une explication additionnelle.
Une voix: M. Flamand.
M. Flamand (Antonio): Le ministre a bien résumé la
situation...
M. Blais: Mais, en gros, les travaux ne sont pas assez
avancés. On ne sait pas encore si la nappe phréatique a vraiment
été touchée.
M. Flamand: Ah oui! oui. Elle n'a pas été
touchée. C'est certain. De façon certaine, la nappe
phréatique n'a pas été touchée et il reste
suffisamment d'argent pour procéder au nettoyage de la carrière.
Il s'agit de s'entendre sur la méthode à employer et sur la
façon dont cela va se faire. Mais il n'y a aucun doute là-dessus.
Il reste suffisamment d'argent pour nettoyer l'intérieur de la
carrière.
M. Blais: J'ai peine è comprendre. Je ne suis pas
allé sur les lieux depuis que les travaux ont été
commencés, si travaux il y a.
M. Flamand: C'est-à-dire que tout ce qui fut sorti de la
carrière a été récupéré, a
été ramassé. Il reste la phase I. Il reste maintenant
à vider l'intérieur de la carrière, à enlever la
terre de remblai qui a été mise par-dessus et la sortir. C'est
exactement comme prévu.
M. Blais: D'accord. C'est très clair. Une voix:
Cela va?
M. Blais: Merci beaucoup. Excusez ma voix fatigante, mais ce
n'est pas ma faute. C'est plus fatigant pour mot de parler, je vous le
jure.
Une voix: Pas sûr.
Sites d'entreposage de déchets
dangereux
M. Blais: À qui au juste cela fait mal? Je pense que c'est
à celui qui parle.
M. le ministre, quels sont les objectifs et la programmation de votre
ministère à l'égard de l'émission de certificats et
de permis de sites d'entreposage de déchets dangereux? Le ministre des
Affaires municipales, M. Bourbeau, a exigé, le 4 mars dernier, de la MRC
Mirabel, de prévoir, à l'intérieur de son schéma
d'aménagement, des sites pour l'entreposage de produits dangereux
è défaut de quoi l'application du schéma pourrait
être retardée. Est-ce que votre ministère,
Hydro-Québec ou les deux ont fait des pressions auprès du
ministre des Affaires municipales pour obtenir un tel zonage ou est-ce que
d'autres MRC se sont vu imposer de telles conditions avant que leur plan
d'aménagement ne soit approuvé? C'est presque du "chantage";
c'est un gros mot, je le mets entre guillemets. Si vous ne trouvez pas des
sites d'enfouissement, dit le ministre des Affaires municipales, vous n'aurez
pas l'approbation de votre programme d'aménagement de votre MRC. Cela
fait curieux, d'autant plus que l'autorité doit être, à
votre ministère, là-dessus. Je présume, par ricochet, que
le ministère a demandé à M. Bourbeau de poser ce geste,
sinon j'y perds vraiment mon latin.
M. Lincoln: Écoutez! Sur la question de l'implication des
municipalités, tout d'abord je veux préciser très
clairement ici que ce n'est nullement l'intention du ministère de
l'Environnement d'imposer quoi que ce soit aux municipalités. Nous
n'avons pas les prérogatives, les pouvoirs dans la loi. Nous n'avons
rien demandé en ce sens aux Affaires municipales ni à quelqu'un
d'autre.
Ce qui est arrivé dans la question de la MRC de Mirabel, cela a
été un malentendu où les demandes que nous avions faites
par rapport au schéma d'aménagement au ministère des
Affaires municipales ont été interprétées comme si
nous demandions que le schéma soit révisé
complètement. Tout ce qu'on a demandé à la MRC, c'est de
prévoir des sites, si c'était possible, sans imposer quoi que ce
soit. Il arrive aujourd'hui que nous avons dans la Loi sur les cités et
villes et le Code municipal une disposition nouvelle qui permet aux
municipalités d'établir des réglementations en ce qui a
trait aux déchets toxiques incluant les pesticides, par exemple. Donc,
les municipalités peuvent se doter d'une réglementation qui
couvre tout le domaine des déchets toxiques. Cette
réglementation, dans la formulation de l'article par les Affaires
municipales, est sujette à l'approbation du ministère de
l'Environnement. La raison est tout à fait évidente. Si, demain
matin, toutes les municipalités du Québec adoptaient des
réglementations interdisant sur leur territoire des sites de recyclage
ou des sites de déchets quelconques ou même des opérations
où des substances toxiques peuvent être utilisées, on
pourrait se retrouver dans la situation où, dans tout le Québec,
on ne puisse plus avoir
un centre de transfert, par exemple. ll faut prévoir des
dispositions selon lesquelles, sans l'imposer aux municipalités, un
promoteur pourrait demander un centre de transfert à une
municipalité.
M. Blais: Je ne sais pas si j'entends bien, mais on dit: Si le
ministère des Affaires municipales n'impose pas aux villes de
prévoir des sites, on se retrouverait sans endroit pour mettre nos
choses. D'un autre côté, vous terminez en disant: On ne peut pas
imposer des choses è des villes. C'est le ministère de
l'Environnement qui donnera un permis, un certificat - appelons-le comme on le
voudra - pour que ce site soit opérationnel.
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: Bon! Comment se fait-il que vous dites que vous
n'étiez pas au courant que c'est le ministre des Affaires municipales
qui, de façon indirecte, impose un permis que vous donneriez plus tard,
qui n'est pas encore demandé, à une municipalité quand on
fait son aménagement? II y a quelque chose pour le moins loufoque. Une
sorte de loups noirs qui ont la queue blanche.
M. Lincoln: Ah non! Excusez. Je veux vous expliquer au
départ que le ministère des Affaires municipales a mal
interprété une lettre que nous lui avons envoyée par
rapport à ce schéma d'aménagement et qu'il vient de
corriger son interprétation de la chose. Il n'a nullement
été question, ni pour nous ni même pour le ministère
des Affaires municipales, d'imposer è une municipalité ou
à une MRC quelque site d'entreposage des déchets dangereux que ce
soit. Ce n'est pas le cas. Je vous ai dit que le ministère des Affaires
municipales a corrigé son interprétation de la lettre qui lui a
été envoyée au sujet du schéma d'aménagement
et la MRC est tout à fait satisfaite aujourd'hui de la situation. On
pourra vous déposer la lettre des Affaires municipales demain. Il n'y a
pas de problème..
M. Blais: Je vous sais gré de cette gentillesse.
Passons quelques minutes sur les Ciments Lafarge, si vous le voulez
bien. Je vous lis toujours un petit bout de texte que j'ai écrit pour
situer les gens qui nous liraient. On ne sait jamais. Vous savez qu'en l'an
2087, si jamais on étudie le centenaire de ce qu'on a fait aujourd'hui,
peut-être que nos paroles seront relues. Il faut essayer de camper les
gens dans la bonne situation. La compagnie Ciments Lafarge a demandé
à votre ministère tout récemment l'émission de deux
permis: 1- pour l'entreposage de déchets toxiques, solvants usés,
etc., récupérés dans tout le Québec: 2- Pour
brûler ses déchets è des fins énergétiques.
Le ministre entend-il soumettre cette demande à la procédure
d'évaluation et d'étude d'impact sur l'environnement ou accorder
ces permis sans autre forme d'intention? (16 h 30)
M. Lincoln: L'entreposage n'est pas soumis aux études
d'impact, c'est très clair dans la loi. Ils vont avoir besoin d'une
demande d'autorisation. L'entreposaqe devra suivre toutes les normes du
ministère qui sont, comme vous le savez, très strictes. Si
l'entreposage remplit toutes les conditions que le ministère a
fixées, naturellement l'entreposage sera accepté, moyennant une
autorisation municipale parce qu'il n'y a pas d'entreposage qui puisse
être accepté s'il n'y a pas une autorisation formelle par
résolution du conseil municipal et de la MRC qui est aussi une
condition, en plus de toutes les normes du ministère. L'entreposage
n'est pas soumis aux études d'impact.
Pour ce qui est du brûlaqe des déchets, nous avons
reçu une demande du procureur de Ciments Lafarge, Me Yergeau. Me Yergeau
a fait la demande en alléquant que le ministère pourrait
autoriser ce brûlage des déchets sans étude d'impact. Nous
avons soumis la chose a notre contentieux qui l'étudie en ce moment.
C'est là notre position. Aussi longtemps que notre contentieux ne se
sera pas prononcé, nous ne bougerons pas sur ce dossier.
M. Blais: M. le ministre, je crois qu'il y a un
précédent dans les cimenteries Saint-Laurent à Beauport et
à Joliette. Les huiles contaminées au BPC sont déjà
des combustibles. Est-ce que devant ce fait, si je ne me trompe pas, Lafarge
peut réclamer la même chose? Mais là, cela ouvre la porte
à tout ce qui peut exister en BPC et qui peut être utilisé
dans le four des cimenteries au Québec. Alors, où s'en
va-t-on?
M. Lincoln: II faut faire une qrande distinction entre la
requête de Lafarge et la requête des autres cimenteries. Lorsque
les autres demandes ont été faites, c'était pour le
brûlage d'huiles usées ne contenant pas plus de 50 ppm de BPC.
Il faut bien faire attention de ne pas se tromper là-dessus. Dans
la définition fédérale de ce qu'est un BPC, tout ce qui
est 50 ppm et moins n'est pas un BPC, c'est une huile usée. Ce n'est
qu'au Québec que nous avons une définition de trois parties par
million et qu'on dit que c'est un BPC. En Ontario, ils commencent à 50
ppm et se servent de la norme fédérale. Les usines de ciment
peuvent brûler des huiles usées sans même une
permission.
La permission que nous avons donnée aux autres cimenteries
était pour le brûlage
d'huiles usées jusqu'à 50 ppm. Le cas de Ciments Lafarge
est différent. Ils veulent brûler des huiles usées et
d'autres matières qui iraient à plus de 50 ppm et qui seraient,
par le fait même de la définition, des déchets dangereux
selon notre règlement. C'est 0,3 ppm au Québec.
M. Blais: M. le ministre, Sanivan avait aussi demandé
cela, je crois. Est-ce que c'est la même chose?
M. Lincoln: Je ne peux pas vous dire cela. Ah bon! Vous parlez du
projet régulier, le projet Sanivan, qui suit le centre de transfert.
Non, cela est une demande régulière pour un centre
d'élimination des BPC qui deviendra éventuellement
peut-être un centre d'élimination des déchets organiques.
Il est clair que cette demande-là est soumise à des études
d'impact et si on demande l'audience, cela va en audience.
M. Blais: Une étude d'impact. D'accord.
M. Lincoln: Dans le cas de Lafarge, il y a une discussion entre
les avocats et M. Yergeau dit que, selon son interprétation de la Loi
sur la qualité de l'environnement, ce n'est pas sujet aux études
d'impact. Nous avons notre service juridique qui enquête
là-dessus.
M. Blais: Je ne suis pas expert ni avocat. Dieu m'en garde! Il
semblerait que M. Yergeau a raison. Mais, si M. Yergeau avait raison, vous
savez qu'on pourrait avoir beaucoup de plaisir si le règlement n'est pas
au moins changé, modifié ou s'il n'a pas un peu plus de dents
autour. Je pourrais, entre guillemets, "faire semblant" que j'ai une
cimenterie, faire quelques tonnes de ciment par année et m'en servir
comme incinérateur et cela éliminerait... Sanivan n'a qu'à
dire: Je me fais une cimenterie. D'abord, ils sont cimenteurs.
Des voix: Ah! Ah!
M. Blais: À ce moment-là... C-i-m-e-n-t-e-u-r. Et
n'en faire que quelques tonnes par année et le tour est joué. Ils
viennent de déjouer les règlements, les études d'impact et
les audiences publiques. Ce n'est pas une mince affaire. C'est qu'on pourrait
se faire jouer un tour. Le fait que ce soit au contentieux, je trouve cela un
peu inutile. Ce n'est pas là. Si le règlement ou les lois portent
à litige ou à demande au contentieux, le législateur doit
les éclairer ou les rendre plus faciles d'interprétation. Au cas
où, on y va. C'est là-dessus que j'en suis. Ce n'est pas assez
serré. J'ai l'impression qu'on devrait plutôt serrer la loi et les
règlements.
M. Lincoln: M. le député, vous avez bien raison.
Sur la deuxième partie de votre intervention, je suis d'accord avec
vous. Dans le changement que nous préconisons pour le règlement
des déchets dangereux, on va clarifier cette question d'une façon
tout à fait non équivoque. En attendant, nous avons une demande
qui est devant nous. Moi, je ne vais pas trancher si Me Yergeau a raison ou n'a
pas raison, notre service juridique étudie cela de façon
sérieuse aujourd'hui. Je vais attendre leur avis. Je suis d'accord avec
vous que cette question devrait être clarifiée et elle le sera par
les amendements que nous allons faire aux déchets dangereux.
M. Blais: Je vous remercie pour cette question. Mais je reviens
à la charge, juste pour conclure. Quand on est obligé, avec un
règlement ou une loi, sur une chose aussi importante que cela... on
pourrait se faire déjouer par certains industriels qui, en fait, ne
veulent qu'éviter la réglementation environnementale. Je ne veux
pas les accuser, mais cela présuppose un esprit qui ne veut pas. Pour
ces gens qui sont très peu nombreux, je l'espère du moins, pour
les cimenteries et ces choses-là, il faudrait que notre loi soit un peu
plus ferme pour qu'on ne se fasse pas déjouer. Je sais que ce n'est pas
l'intention du ministre de se faire déjouer. Je disais tantôt! Les
cimenteries sont des cimenteurs. C'était juste un jeu de mots. Ce
n'était pas parce que je veux accuser l'ensemble des cimenteries de ne
pas dire la vérité.
M. Lincoln: Je comprends très bien. Je crois que c'est une
question bien importante, si vous me le permettez. Quant à moi, je ne
crois pas du tout que la question est réglée aussi simplement que
cela. Il est possible que notre service juridique nous dise qu'ils ne sont pas
d'accord avec M. Yergeau. Enfin, on va attendre qu'ils nous donnent leur avis.
En tout cas, voici ce qu'on va faire dans les modifications du règlement
afin que cette clarification soit réglée de façon
très nette. Dans le règlement relatif à
l'évaluation et à l'examen des impacts sur l'environnement, nous
allons inclure les procédés suivants: La destruction thermique
d'un déchet dangereux; la solidification d'un déchet dangereux;
l'enfouissement d'un déchet rendu non dangereux à la suite de sa
solidification; l'enfouissement d'un déchet dangereux; l'épandage
d'un déchet dangereux pour disposition finale, etc. Alors, c'est
sûr que la destruction thermique d'un déchet dangereux va
être incluse comme une disposition pour la future étude d'impact
environnemental.
M. Blais: Les déchets dangereux de Stablex, qui est dans
ma région: Vous saviez avant votre arrivée que Stablex
était sensé être dans mon comté. Je ne sais pas si
vous
avez entendu parler de la petite histoire de Stablex. C'était
censé être à Mascouche, dans mon comté. Les gens se
sont révoltés en signant des pétitions et en disant que
c'était dangereux pour l'environnement. En fin de compte, ça
s'est établi pas trop loin quand même, mais en dehors de mon
comté. Les gens disaient que cette entreprise ne serait pas rentable,
d'abord. Ensuite, ce n'est pas très plaisant d'avoir ça dans son
environnement. Je ne sais pas s'ils avaient complètement tort. Pas parce
que je suis contre le produit fini Stablex lui-même. J'ai bien
l'impression que les modifications que le gouvernement a apportées au
contrat initial de Stablex - je vais poser quelques questions là-dessus
- prouvent que ce n'était peut-être pas aussi rentable que le
faisaient valoir la compagnie et nous-mêmes è l'époque.
Pour les besoins de l'histoire, les diverses difficultés qu'a
connues le Centre d'élimination de déchets inorganiques
dangereux, Stablex, ont incité ses administrateurs au printemps 1985
à demander à votre ministère une révision du
certificat d'exploitation. Après évaluation des demandes de
Stablex, le ministre entend-il signer, quand et pourquoi modifier ce certificat
en baissant peut-être certaines normes, permettre à Stablex
d'éliminer aussi des déchets organiques, plutôt que
seulement inorganiques, permettre le traitement de résidus
contaminés au BPC ou quelque chose d'autre? Est-ce que la fonction
même de Stablex... Je crois que c'est impossible, mais je le demande pour
être certain que cela ne se fasse pas.
M. Lincoln: On a amendé le certificat d'autorisation de
Stablex pour permettre certaines dispositions. Je pourrais vous donner des
détails. Mais c'est purement dans le sens administratif des garanties
qu'on a imposées à Stablex... Par exemple, il y avait une
garantie, si je me souviens - vous pourrez voir les détails - de cinq
ans de demandée, ce qui était impossible à obtenir sur le
marché; on a changé cela, mais cela n'a rien à faire avec
les activités elles-mêmes. Les activités de Stablex
concernent purement les déchets dangereux inorganiques. Si Stablex
voulait agrandir son usine ou se servir de quelque autre procédé
qui impliquerait les déchets dangereux organiques, elle aurait à
subir une étude d'impact comme s'il s'agissait d'un nouveau projet.
M. Blais: II y a une chose, M. le ministre. C'est qu'ils avaient
un bon de garantie - je ne sais pas si on appelle cela comme cela, je pense que
oui dans le cas de 1 000 000 $ - au gouvernement, qui a été
descendu après discussion à 350 000 $; est-ce cela? Alors,
à ce moment-là, il faut absolument que la compagnie ait
donné au ministère des raisons très valables de
difficultés de rentabilité pour justifier le bon de garantie.
À ce moment-là - c'est curieux que cela ait
été fait presque en catimini - je vous demande quelles ont
été les raisons -probablement qu'elles étaient valables -
ceci pour l'information des qens. J'aimerais connaître les raisons.
M. Lincoln: La raison était qu'on voulait avoir une
meilleure assurance, parce que les bons de garantie, il faut toujours aller les
chercher à une compagnie d'assurances. On voulait laisser un bon de
garantie de 350 000 $, qui assurait une base...
M. Blais: Ils avaient 1 000 000 $ avant, M. le ministre.
M. Lincoln: Ils avaient 1 000 000 $, oui, oui, je le sais.
M. Blais: II a été baissé à 350 000
$.
M. Lincoln: Oui, il a été baissé a 350 000
$...
M. Blais: Pourquoi?
M. Lincoln: ...mais ajoutez a cela une disposition beaucoup plus
sûre où, pour chaque tonne de déchets traités, on va
retirer 0,50 $...
Une voix: 0,25 $.
M. Lincoln: ...excusez-moi, 0,25 $ - je croyais que
c'était 0,50 $ - que Stablex - je vous remercie, vous connaissez bien
votre dossier - met dans un fonds afin que, si jamais il arrivait quoi que ce
soit à Stablex, il y aurait un fonds de décontamination, de
suivi, de restauration du site après le départ de Stablex, si
jamais Stablex avait à quitter ce site ou... Alors, on a accepté
cette formule qui, avec le temps, va nous permettre d'obtenir des sommes
d'argent qui vont être là à jamais, en ne tenant pas compte
du marché de l'assurance et de ce qui pourrait arriver aux compagnies
d'assurances qui, un jour, peuvent donner des garanties de 1 000 000 $ et un
autre jour les retirer, etc. Là, on aura un fonds qui sera
contrôlé, un fonds fiduciaire, qui va servir spécialement
à cette fin.
M. Blais: Ce 0,25 $ seront là tant que la compagnie... J'ai ici
la Gazette officielle, bien sûr. On ne prend pas cela dans
Écho-Vedettes. On y dit que: "Le 0,25 $ par tonne métrique
de déchets traités pendant la période de la vie active de
la compagnie selon un mode de paiement annuel va être
déposé là." Est-ce que le ministère de
l'Environnement en a l'usufruit? Qu'est-ce qu'on va faire dans 96
ans?
M. Lincoln: C'est mis dans un fonds fiduciaire qui se bâtit
lui-même, qui attire ses intérêts. Le ministère de
l'Environnement, naturellement, ne jouit pas de ce fonds. C'est un fonds
fiduciaire qui est créé selon toutes les dispositions
légales. Donc, il est obligé d'être là. C'est un
fonds fiduciaire qui, comme tous les fonds de réserve,
créé d'après une entente ou d'après des
dispositions spéciales. Alors, il est créé. C'est un fonds
fiduciaire; il bâtit l'argent, il acquiert des intérêts;
éventuellement, ce fonds grandira. La disposition essentielle du fonds,
son objectif, c'est de servir à la restauration du site au cas où
il arrive quoi que ce soit à Stablex. (16 h 45)
M. Blais: Laissons tomber Stablex et, de fil en fil, tombons
à Tricil. Le ministre de l'Environnement annonçait le 3 avril
avoir autorisé la compagnie Tricil à réaliser des travaux
d'amélioration de son incinérateur de déchets organiques
de Mercier au coût de 4 500 000 $ et consistant en l'installation d'un
séchoir et d'un électrofiltre. Ces travaux de modernisation
permettraient, selon votre ministère, de réduire en moyenne les
émissions de matières particulaires de 40 fois. C'est
énorme. Ces travaux permettront-ils à Tricil d'augmenter le
volume des déchets traités ou est-ce que cet investissement n'est
fait que pour réduire les émissions particulaires?
M. Lincoln: Excusez. Pourriez-vous répéter la fin
de la question?
M. Blais: Oui, elle est toute courte. Est-ce que l'investissement
au coût de 4 500 000 $ permettra seulement de réduire de 40 fois
les émissions de matières particulaires dans l'air, ou, en
même temps, permettra-t-il à la compagnie de traiter plus de
déchets?
M. Lincoln: Non, la capacité reste exactement la
même. C'est purement pour la bonification du système. Je puis vous
dire que la construction est déjà commencée. Avec cette
nouvelle installation, Tricil se conformera à toutes les normes du
ministère; en fait, elle sera bien en-deçè des normes.
M. Blais: Devant ce perfectionnement de la filtration de la
sortie de matières particulaires, le ministre a-t-il permis è la
compagnie de recevoir d'autres sortes de déchets ou s'en tient-elle
à sa forme?
M. Lincoln: C'est exactement la même autorisation,
excepté que Tricil a enfreint les normes au cours des années.
Elle a toujours été un problème "social", entre
guillemets, dans la communauté, è cause des émissions,
surtout que nous avons, dans la même région, une entreprise
alimentaire et une grosse région agricole. Alors, Tricil a toujours
été un élément de contestation. Nous avons obtenu
de Tricil qu'elle modernise tout à fait ses équipements en
installant de nouvelles technologies qui lui permettent dès maintenant
de se conformer à toutes les normes du ministère. Mais sa
capacité va demeurer la même.
M. Blais: Merci pour ce document. Je lisais comme tout le monde
qu'il y a un moratoire...
M. Lincoln: Excusez-moi! Cela va inclure le respect des nouvelles
normes du nouveau règlement sur les déchets dangeureux de
1985.
M. Blais: Bon! Je lisais, comme tout le monde - je viens juste de
le lire - que, pour Decom, un moratoire est levé. Quelles sont, en bref,
les raisons qui ont motivé le ministre?
M. Lincoln: En fait, ce qui est arrivé, c'est que Decom a
installé une usine à Hull. Je pourrais vérifier les
chiffres, mais je pense que l'usine s'est implantée là en 1985.
En 1986, on a eu pas mal de problèmes avec Decom, en ce sens que
beaucoup de normes du ministère ont été enfreintes. Nous
avons établi un protocole d'entente avec Decom à Hull qui
prévoyait quelque chose comme neuf différentes dispositions
contraignant Decom à s'assurer d'un contrôle beaucoup plus strict.
Nous avons aussi donné à Decom l'exigence de revaloriser la
technique, car un des trois brûleurs fonctionnait très mal et
causait toutes sortes de problèmes. Comme Decom a demandé un
nouveau certificat pour une nouvelle usine à Iberville, nous avons
pensé, puisque nous étudions maintenant la possibilité
d'une réglementation sur les déchets biomédicaux,
conjointement avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux - c'est toute une grosse question au Québec - surtout compte
tenu du fait que l'usine de Decom à Hull peut s'occuper facilement de
tous les déchets biomédicaux du Québec par
elle-même, car elle prend les déchets biomédicaux du
Québec et les déchets d'ailleurs, qu'il n'y avait pas d'urgence
à établir une nouvelle usine à Iberville. Nous
préférons donc attendre la nouvelle réglementation sur les
déchets biomédicaux et aussi être sûrs à 100 %
que l'usine de Hull fonctionne tout à fait selon nos exigences avant de
donner une autre autorisation pour Iberville.
M. Blais: En fait, vous attendez de voir si l'étude sur
les déchets biomédicaux va les
considérer comme des déchets dangereux ou non.
M. Lincoln: C'est possible qu'on les incorpore dans les
déchets dangereux ou qu'on ait un règlement séparé
sur les déchets biomédicaux.
M. Blais: D'accord.
M. Lincoln: En passant, j'ai des chiffres. Actuellement, à
Decom, il y a trois fours dont l'un doit être abandonné parce
qu'il est incompatible avec le travail qu'il doit accomplir - c'est le
problème dont je vous parlais. Le deuxième four doit être
muni d'épurateurs à voie humide et le troisième
d'épurateurs à voie sèche en septembre 1987. Decom va
faire des investissements de 600 000 $. Comme nous avons eu certains
problèmes avec cette firme, nous préférons que tout cela
soit terminé et prendre une décision pour une
réglementation avant d'autoriser autre chose.
M. Blais: Personne ne veut poser de questions sur Decom. Le
député de Gatineau?
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, est-ce que la
compagnie Decom satisfait à toutes les exigences de votre
ministère actuellement?
M. Lincoln: La compagnie Decom a signé un protocole avec
nous dans votre région et ce protocole est observé. Nous avons eu
des problèmes avec les appareils eux-mêmes. Il y a un
incinérateur qui a trois fours. Deux de ces fours demandent des
exigences additionnelles et ils ne performent pas aussi bien qu'ils le
devraient. Nous avons demandé à Decom de rectifier ce
problème. Ils ont fait un investissement de 600 000 $. Ils sont en train
de faire la rectification. Le travail devrait être terminé en
septembre 1987. Un four a été complètement fermé.
Un autre est perfectionné présentement. Jusqu'à septembre
1987, ce n'est pas complété, bien sûr. Mais, une fois que
ce sera complété, Decom va satisfaire è toutes les
normes.
Les exigences, que nous avons demandées dans le protocole
d'entente, ont trait au transport, au traitement des déchets
aussitôt qu'ils arrivent à l'usine. Auparavant, on pouvait laisser
des déchets biomédicaux dans les camions. On a même
trouvé une quantité de camions cachés dans un endroit
-comme vous le savez - à côté de Bristol, je pense. Ces
camions avaient été laissés là pas mal de temps.
Maintenant, nous avons un protocole d'entente qui prévoit des
contrôles pour le transport, la disposition des déchets
biomédicaux aussitôt que les camions sont arrivés, le
nettoyage des camions et le suivi de toute l'opération des
déchets biomédicaux. Il y a neuf différents
paramètres dans le protocole d'entente. Tout cela est observé par
Decom. C'est purement la technologie de l'usine qui demande è être
perfectionnée et qui est en voie de perfectionnement en ce moment.
Le Président (M. Kehoe): Croyez-vous que les travaux
seront exécutés et terminés cet été ou si
cela va prendre... Est-ce que c'est un projet à long terme?
M. Lincoln: Cela va finir en septembre 1987.
Le Président (M. Kehoe): Ce sera en marche et toutes les
situations seront normalisées après le mois de septembre
1987?
M. Lincoln: La situation sera complètement
normalisée d'ici à septembre 1987.
M. Blais: C'est tout de même un élément de
programme qui a beaucoup de petits dossiers. Cela va?
Une voix: Oui, cela va.
M. Blais: M. le ministre, j'aimerais vous poser une question sur
les assurances, utilisateurs et transporteurs de produits dangereux, section
assurances. L'Association des entrepreneurs en services sanitaires du
Québec déclarait en mars dernier que cinq ou six des 80
compagnies qui transportent les produits toxiques sur les routes du
Québec étaient, en ce moment, assurées contre les
dégâts qu'elles peuvent causer à l'environnement. Cinq ou
six des 80 compagnies de transport seulement étaient assurées.
C'est l'Association des entrepreneurs en transport qui le dit. Le
règlement sur les déchets dangereux stipule, à l'article
57, qu'un permis de transport de déchets dangereux est
délivré à la condition que le demandeur ait une
assurance-responsabilité de 1 000 000 $ couvrant, entre autres, tout
dommage è l'environnement relié au transport de ces
déchets dangereux. Le ministre déclarait, le 25 février
dernier, lors de la consultation particulière concernant la Loi sur les
pesticides: "Je vais rencontrer la semaine prochaine - c'était le 25
février 1987, et il disait "la semaine prochaine" - des
représentants du domaine des assurances pour régler ce
dossier."
Je voudrais d'abord savoir si la semaine prochaine a eu lieu, où
en est le dossier et quelle solution a-t-il discutée avec les
associations d'entrepreneurs ou les assureurs pour qu'on passe de 5 ou 6
à 80, parce qu'il y a 75 ou 80 compagnies qui transportent et qui sont
dans l'illégalité.
M. Lincoln: M. le député, la question est plus
complexe que cela. Ce n'est pas
tout à fait comme vous l'expliquez, mais je conçois qu'il
y a un problème très sérieux dans le domaine des
assurances pour les déchets dangereux. Ce qui arrive, c'est ceci. Pour
ce qui est de l'assurance automobile, l'assurance des véhicules
eux-mêmes, l'assurance sur les routes, l'assurance est en place. Il n'y a
aucun problème pour l'obtenir, l'assurance est là. C'est
l'assurance-responsabilité civile, c'est-à-dire les
problèmes qui découlent des opérations de ces
transporteurs autres que le transport routier. Là, le problème
que nous avons eu, c'est que les dispositions du règlement sur les
déchets dangereux sont très claires: On demande 1 000 000 $ en
assurances qui n'étaient pas disponibles sur le marché pour
personne. Cela n'existait pas.
Il y avait le problème auquel faisait face le ministère:
Est-ce que, demain matin, lorsqu'une assurance sera renouvelable et que
l'assureur ne voudra pas renouveler l'assurance, vous arrêterez le
transport de déchets pour ce transporteur? Il est sûr que, selon
la loi, selon le règlement, selon les dispositions, il faut le stopper.
Mais stopper le transport des déchets dangereux au Québec dans
les circonstances où les assurances de responsabilité civile ne
sont pas conformes à 100 % voudrait dire un problème presque
extraordinaire pour nous. Il y aurait une accumulation des déchets
dangereux sur le territoire du Québec. Nous avons donc émis des
permis spécifiques dans les circonstances où les gens n'avaient
pas d'assurances tout à fait conformes pour la responsabilité
civile. Nous avons émis des permis temporaires pour voyage.
Voici ce que nous avons fait aussi, dès le début de
l'année 1986, quand cette situation a commencé à se
manifester: Nous avons négocié avec le groupe des assureurs, avec
les compagnies concernées, les entrepreneurs concernés afin
d'avoir un "pool" d'assurances comparable au "pool" institué en Ontario
pour 1 000 000 $ d'assurances, un "pool" spécial des compagnies
d'assurances. J'ai eu la promesse de la part du groupe des assureurs,
mené à ce moment-là par les Caisses populaires Desjardins,
que cette assurance serait en place pour 1 000 000 $ le 25 mars 1986. Sur les
entrefaites, le président du "pool" est mort - c'était le
président de la compagnie d'assurances Desjardins - c'est passé
à une autre personne. De fil en aiguille...
M. Blais: Comment va-t-il, lui? (17 heures)
M. Lincoln: J'espère qu'il va bien. De fil en aiguille, ce
dossier a traîné de mois en mois. Nous avons eu je ne sais combien
d'interventions auprès du groupe des assureurs, des
télégrammes, des réunions continuelles. En fin de compte,
au début de cette année, le "pool" a été
constitué, mais avec seulement 500 000 $ d'assurances. Pour cette
année, la première année, c'est 500 000 $ d'assurances. Le
"pool" est entré en vigueur le 1er mai. C'est pour 500 000 $
d'assurance-responsabilité civile. Il sera augmenté
l'année prochaine à 1 000 000 $. C'est pourquoi je vous disais
tout à l'heure que, lorsque nous allons changer les règlements
concernant les déchets danqereux, nous allons les ajuster afin que nous
puissions refléter ces choses-là, parce que il est impossible
pour nous de demander à des entrepreneurs de fournir des assurances qui
ne sont pas disponibles sur le marché. En même temps, nous sommes
en train de nous organiser avec les entrepreneurs de déchets dangereux
et les entrepreneurs sanitaires pour voir la possibilité qu'ils mettent
en vigueur un fonds complémentaire à la base d'assurance que nous
avons obtenue du groupe assureur. C'est purement temporaire parce que, d'ici
à l'an prochain, nous aurons 1 000 000 $ de garanties des compagnies
d'assurances.
M. Blais Merci, M. le ministre. En fait, vous donnez la certitude qu'il
n'y a aucun transporteur qui transporte des déchets dangereux sans
être muni d'un permis de votre ministère et sans
assurance-responsabilité. Là, c'est 500 000 $, dites-vous. Tous
les transporteurs au Québec ont présentement une assurance d'au
moins 500 000 $. C'est ce que j'ai compris de votre déclaration.
M. Lincoln: Oui, ils auront tous une
assurance-responsabilité parce que, maintenant que le "pool" est
disponible, nous n'allons pas délivrer des permis sans une preuve
d'assurance-responsabilité. Pour les compagnies d'assurances, le seul
changement sera celui-ci: dans le règlement concernant les
déchets dangereux, la définition de
l'assurance-responsabilité est une assurance qui est, en pratique, tous
risques, c'est-à-dire n'importe quel déversement. Dans le "pool"
formé par les compagnies d'assurances, il est clair que les conditions
définissent expressément que cela doit résulter d'un
déversement soudain et accidentel. Il faut que ce soit un accident. Dans
ces circonstances, dans ces conditions, le "pool" sera disponible à tous
les entrepreneurs de déchets dangereux. S'ils ne peuvent l'obtenir, cela
voudra dire que ces entrepreneurs ne peuvent pas répondre aux
critères des compagnies d'assurances, auquel cas nous ne donnerons pas
de permis.
M. Blais: On pourrait en discuter longtemps, mais je tiens
à vous dire que, dans ce dossier, j'ai l'impression que vous avez fait
votre possible pour que les citoyens soient protégés. Juste une
petite fuite, mais je ne "m'accidenterai pas", je ne la ferai
pas.
Bon! C'est rare qu'on félicite un ministre de même en
pleine étude des crédits. C'est parce que j'ai un peu de
fièvre aujourd'hui.
Le prochain dossier est un peu moins le "fun". On parlait des BPC
à Tracy. Encore pour les historiens qui nous écoutent, le 27
février dernier, M. Lincoln, vous-même annonciez en
conférence de presse que le ministère venait d'accorder un
certificat de conformité è la firme Sanexen International pour
ériger, è Tracy, un centre d'entreposaqe de BPC, étape
préalable à la construction au même endroit d'un
incinérateur destiné à détruire ce produit
dangereux. Une semaine plus tard, le maire de Tracy, M. Aurèle Racine,
accuse le ministre d'avoir causé la peur, l'émoi, l'effroi et la
panique parmi la population en rendant public le projet avant même que la
ville et la compagnie eurent procédé à une campagne
d'information sur ce sujet. Le conseil municipal adopte à
l'unanimité une résolution confirmant le retrait de Tracy du
projet.
À l'Assemblée nationale, le 11 mars, je vous ai
posé une question à ce sujet. Il y a eu une sous-question de M.
le député de Richelieu, M. Khafka, à laquelle vous
répondiez en parlant de l'attitude... M. Khalfa ou Khafka, je ne sais
pas.
Une voix: Khelfa.
M. Blais: Khelfa. Je ne le savais pas. Excusez-moi. Le
député de Richelieu, Khelfa? C'est son nom? Excusez-moi. Je ne le
savais pas, je ne le connaissais pas assez intimement.
À une sous-question qu'il avait posée à une de mes
questions, vous répondiez: Si un maire aujourd'hui n'a pas bien fait son
travail et vient nous blâmer, qu'il aille refaire son travail. On s'est
un peu opposé à ça. Pourquoi le ministre a-t-il ainsi agi,
avec tant de précipitation, en annonçant avant terme un projet
éventuel et pour nuire après, en fait, c'est ce que nous pensons,
à l'établissement d'un incinérateur pour traiter ces
produits, soit à Tracy, soit éventuellement dans d'autres villes
parce qu'il y en a d'autres qui ont manifesté le désir
après?
M. Lincoln: M. le député, je suis bien content de
cette question, Je vais tirer ça au clair afin qu'il n'y ait aucun
malentendu. D'abord, ce projet n'est pas arrivé sur la scène par
miracle ou par l'opération du saint Esprit. La municipalité et le
promoteur ont eu des négociations qui ont duré longtemps. En
fait, le ministère de l'Environnement n'est pas impliqué ni par
le promoteur ni par la municipalité dans toutes les négociations
municipales avec le promoteur. Avant d'étudier un projet pareil, la
première chose que nous demandons au promoteur, c'est de nous donner la
certitude que la municipalité et la MRC ont autorisé le projet.
Je n'ai pas les documents ici, mais je serai très content de les
déposer. Le document municipal date du 9 décembre, je pense. Le
document de la MRC date aussi de décembre. II y a eu trois mois entre
l'autorisation de la municipalité au promoteur, la résolution
officielle de la municipalité et notre annonce le 27 ou le 28
février. Quant à M. Racine qui dit qu'on a effrayé la
population en annonçant la chose, je trouve ça extraordinaire.
Toutes ces négociations s'étaient faites entre le promoteur et la
municipalité et la MRC pendant trois mois. Nous avons
étudié le projet. Le maire était tout à fait au
courant qu'on étudiait le projet. Le jour de l'annonce, c'est un petit
peu paradoxal que le maire était là avec le député
Khelfa dont vous citez le nom et le député fédéral,
qui avait poussé le projet. Le maire était là le jour de
l'annonce avec le député fédéral et avec le
député provincial. Il a même fait une grande
déclaration - j'ai la citation quelque part - à savoir que
c'était un grand jour pour Tracy. Après ça, les
journalistes ont fait des reportages è la télévision pour
apeurer les gens. Le maire, pour se disculper, a dit: C'est la faute du
ministère de l'Environnement. C'est réellement extraordinaire
parce que, après trois mois de négociations avec le promoteur,
soudainement il découvre toutes ces choses-là.
Ce n'est pas â nous à aller faire la sensibilisation des
citoyens de Tracy. On ne s'ingère pas dans un projet municipal. Ce n'est
pas du tout notre tactique, je peux vous dire que nous avons reçu des
demandes du promoteur pour plusieurs municipalités du Québec.
Dans tous les cas, nous avons insisté auprès des maires
impliqués pour leur dire que ce n'est pas à nous d'aller faire
des consultations sur le territoire au sujet d'un projet municipal qu'ils
peuvent accepter ou refuser. Mais une fois qu'ils donnent l'autorisation
municipale, notre travail c'est de vérifier le projet par rapport aux
normes de l'environnement, de l'accepter par rapport aux normes techniques. Et
le maire Racine se retourne maintenant parce que des gens ont parlé de
Tchernobyl et de la fin du monde et soudainement il perd la face... Pour ne pas
perdre la face, il a voulu que je perde la face. Je veux bien perdre la face
quand c'est ma faute, mais je ne veux pas perdre la face ou accepter quelque
chose qui n'a rien à faire avec moi. Si M. le maire ne voulait pas de la
chose, c'est bien simple, il n'avait qu'à dire non au début et
è faire une consultation plus complète comme les autres villes
Pont fait. Senneterre s'intéresse aux BPC, Bécancour s'y est
intéressée à un moment donné et le
député de Nicolet pourra dire toutes les tractations qu'il y a eu
entre le maire et le promoteur. À un moment donné, le maire a
dit: J'ai envie de
certaines conditions. C'est à lui à décider. La
ville de Tring-Jonction dans la Beauce s'intéresse à cela. On ne
s'ingère pas dans la chose municipale, nous. Je trouve que c'est
très mal placé pour le maire d'avoir dit qu'on n'aurait pas
dû l'annoncer. C'est la politique normale de l'annoncer.
M. Blais: M. le ministre, c'était tout simplement des
éclaircissements sur ce sujet. Le député de la
région, M. Khelfa, va essayer de rehausser et dire que tout est correct.
On va finir sur quel sol. On l'a vu hier è la télé dans
l'environnement. Il n'y a pas de problème.
Bon! un autre élément. Les BPC et PPM Canada...
M. Lincoln: Excusez, avant de quitter ce sujet, j'aurais voulu
dire ceci: Lorsqu'une municipalité, de son propre chef, demande au
ministère de l'Environnement de venir chez elle pour expliquer le
projet, comme Bécancour l'a fait, par exemple. Lorsque Bécancour
nous l'a demandé, nous répondons à l'invitation de la
municipalité avec tous les professionnels du ministère, avec les
techniciens. Mais, dans le cas de Tracy, jamais la municipalité,
à aucun moment, ne nous a demandé de venir. Si la
municipalité ne le demande pas, si elle est satisfaite, si elle a fait
son travail elle-même avec le promoteur, on ne vb pas s'ingérer
là-dedans. C'est à elle de décider.
M. Blais: D'accord. Encore des BPC et PPM Canada Inc. à
Montréal-Est. Vous voyez certainement venir cette question parce que
vous connaissez certainement les dossiers aussi bien que moi.
PPM Canada entend ériger sur le site des raffineries Texaco aux
limites d'Anjou, noble ville de notre chef, honorable chef de l'Opposition en
Chambre, qui ces temps-ci est plutôt sur le bord du lac Meech. J'ouvre
une petite parenthèse sur le lac Meech. On dit: Chez les anglophones, on
l'appelle le lac "Meat" et chez les francophones, le lac "Bleach".
Alors, PPM Canada entend ériger sur le site des raffineries
Texaco aux limites d'Anjou une usine de traitement des BPC par
procédé chimique, par mélange de sodium et de soufre
permettant d'extraire les atomes de chlore contenu dans les huiles
contaminées par les BPC pour les transformer en sel de table. Y a-t-il
quelque chose de plus beau au monde que de prendre quelque chose
d'archinuisible et d'en faire quelque chose de moins nuisible, de moins nocif,
le sel de table?
Question. J'ai écrit sur ma feuille: question. Alors, je dis:
question. Bien que ce procédé ne soit pas assujetti au
règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur
l'environnement, pourquoi votre ministère ne soumet-il pas ce projet aux
audiences publiques puisqu'il y a risque, au niveau du transport, du stockage,
de la manutention, d'erreurs humaines'' Souvent les transporteurs ont une
très faible assurance, comme on le disait tantôt, ou ne sont pas
assurés dans tous les cas, juste en cas d'accident. Donc, s'il y a un
incident qui se produit et que des produits fuient, ils ne seraient même
pas assurés. Si la compagnie est petite, les conséquences
devraient être corrigées par la collectivité,
c'est-à-dire le ministère de l'Environnement, etc. Cette usine
est située dans un milieu fortement peuplé, donc très
dangereux, et le transport est à surveiller. Ma parenthèse
était assez lonque qu'il faut quasiment que je dise point
d'interrogation. Point d'interrogation.
M. Lincoln: D'accord. D'abord lorsqu'on parle de BPC, c'est une
grosse question. Malheureusement aujourd'hui, on se sert du terme BPC comme je
le faisais avant que M. Gauthier, M. Perrier et les autres m'expliquent
exactement la différence entre les différents types de BPC, En
qros, on peut parler de BPC pour les huiles usées, comme je l'ai
expliqué avant, qui peuvent avoir 30 ppm et qui sont réellement
des huiles usées. Ici, ce sont des BPC; en Ontario, ce sont des huiles
usées. On peut parler aussi d'askarelles qui sont beaucoup plus
dangereuses. Là, on ne parle pas de choses pareilles. On parle
réellement d'huiles usées avec de très faibles proportions
de BPC qui vont être recyclées par le promoteur sans aucune
émission et sans un impact sur l'environnement. Il est clair que dans
notre loi, il y a des paramètres qui sont définis pour des
raisons comme celle-ci: Si vous avez un impact environnemental, s'il y a des
émissions, des émanations de procédés, comme, par
exemple, dans un brûlage où il y a des émanations, à
ce moment-là, il faut s'assurer que le brûlage est
sécuritaire par rapport aux dioxines, etc. C'est là purement un
projet de recyclage d'huiles usées contenant une faible proportion de
BPC que le promoteur va faire, et qui est utilisé dans d'autres
juridictions où ce procédé a été
testé. Il va être soumis à des normes, il va être
soumis à des directives. Excusez un instant, je vous reviens. (17 h
15)
Cette même compagnie a traité des huiles usées au
Québec, a une expérience dans ce domaine, a été
soumise à toutes les normes du ministère dans ce genre de projet,
les a respectées ou va les respecter dans son projet. Il n'y a aucune
raison pour nous de les soumettre aux audiences publiques.
M. Blais: En fait, tout cela repose sur l'information, la
confiance. C'est là qu'on voit. Vous nous dites: Je ne savais pas que
d'une province à l'autre - c'est une chose
que je ne sais si je l'ai vue - BPC n'a pas la même
définition. C'est malheureux, à ce moment-là.
M. Lincoln: C'est malheureux.
M. Blais: J'espère que ce n'est pas la même chose
pour les sociétés distinctes. Mais il demeure...
M. Lincoln: On va tâcher de régler cela dans notre
amendement au règlement. Justement, cela cause toutes sortes de
problèmes. C'est sûr qu'il faudrait la même
définition d'une province à l'autre.
M. Blais: On parlait tantôt des ententes et des rencontres.
Y en aura-t-il bientôt des rencontres à différents paliers
des différentes provinces pour le programme de transport, etc. que vous
avez?
M. Lincoln: II y a des rencontres de comités de
déchets dangereux de façon régulière. Les
rencontres se font à environ tous les deux ou trois mois.
M. Blais: C'est un beau mandat à donner qu'il ait la
même définition partout pour qu'on sache à quoi s'en
tenir.
M. Lincoln: Oui, c'est ça.
M. Blais: Ensuite, là tombe sur les épaules du
ministère, cette espèce de manque... On manque d'information. Il
y aurait un programme pour informer les Québécois, les
résidents de ce que c'est. Si vous appelez cela "huiles usées"
parce qu'il y a une entente là-dessus, à condition qu'on ne soit
pas trop large dans l'interprétation des huiles usées, au moins
ce serait moins apeurant pour la population. Dans ce cas, je dois me fier sur
votre parole, que je ne mets jamais en doute, que les huiles usées c'est
en Ontario et non des BPC. C'est la même chose pour la
société distincte. En Ontario, la société distincte
passe pour un BPC et ici c'est une huile très normale.
M. Lincoln: Je ne voudrais pas laisser passer un malentendu,
à propos de tout ce qui va être traité par ces gens en
Ontario. En fait, ils ont eu des audiences publiques sur un projet semblable.
Pour l'Ontario, c'est clair. Ce que je vous disais, concernant l'Ontario,
c'était que les huiles usées jusqu'à 50 ppm ne sont que
des huiles usées, elles ne sont pas des BPC. Au Québec, à
partir de 0,3 ppm, ce sont des BPC. Alors, c'est ce qui crée toutes
sortes de malentendus par rapport au brûlage dans les cimenteries.
M. Blais: M. le ministre, tombons donc un peu dans les
déchets... Oui. Allez.
M. Lincoln: On me donne ces chiffres ici qui seraient
intéressants, par exemple, la compagnie PPM dont il est question
là. Elle traiterait les huiles usées avec jusqu'à 1000 ppm
un peu plus ou un peu moins. Disons, 1000 ppm. Des askarelles sont des huiles
jusqu'à 600 000 ppm. Là, on parle de choses bien
différentes.
Déchets domestiques
M. Blais: Maintenant, allons aux déchets solidest
Politique de gestion des déchets domestiques. Il y a quelques cas
particuliers qui vont suivre aussi. Vous voyez que sur cet
élément, on est allé de façon un peu plus
poussée, un peu plus en détail aussi. Je pense que dans le
contexte actuel, c'est ce côté qui est important. Les
déchets sont un problème réel. Je ne voudrais pas
paraître fastidieux aux yeux de ceux qui nous entendent, mais on a
consacré beaucoup de temps, ainsi que les recherchistes, sur ce dossier.
J'ai encore quelques points. Je ne voudrais pas paraître fastidieux, mais
c'est par sens du devoir que je le fais...
M. Lincoln: C'est important, je suis d'accord.
M. Blais: ...et je suis ici pour ce faire. M. Lincoln:
D'accord.
M. Blais: On sait qu'en fait, à votre arrivée au
ministère, en 1978, c'est-à-dire lorsque le ministère a
été créé, contrairement à ce qui a
été dit hier à l'émission par M. Bourassa, à
savoir que le ministère a été créé en 1972,
c'est le Parti québécois qui a créé le
ministère de l'Environnement - ce n'est pas grave, mais c'est cela
pareil, la vérité a ses droits... On a inventé le GERLED,
on en a parlé tantôt. Il y a aussi d'autres inventaires qui ont
été faits au Québec pour trouver d'autres sites
d'enfouissement de déchets domestiques.
À l'occasion du premier colloque sur l'enfouissement sanitaire et
la valorisation des déchets, à Sherbrooke, les 7 et 8 avril 1987,
M. Lincoln a annoncé qu'il allait entreprendre, dès maintenant,
l'élaboration d'une politique de gestion des déchets domestiques
échelonnée sur quatorze mois, comprenant essentiellement trois
étapes: premièrement, établir la problématique en
dressant un tableau de la situation; deuxièmement, établir
certains modèles étrangers; troisièmement,
préparation de recommandations et programmes en application.
C'est bien sûr que le premièrement, établir la
problématique en dressant un tableau de la situation... On sait qu'il y
avait, avant, 1500 dépotoirs à ciel ouvert et, à votre
arrivée, il n'en restait que 7 %.
Donc, la problématique doit être assez facile à
voir. Peut-être qu'elle a changé depuis. Pourquoi pourrait-elle
avoir changé depuis? Parce que, bien entendu, lorsque cette politique a
commencé à être établie, il devait suivre
immédiatement - c'est ce qu'on semble vouloir faire et c'est de bon aloi
-quelque chose qui remplacerait ces sites d'enfouissement, qui remplacent les
dépotoirs à ciel ouvert, lesquels sites ne sont là que
provisoirement et non temporairement. C'est une situation provisoire. Vaut
mieux enfouir de façon provisoire que de laisser de façon
permanente des déchets à ciel ouvert.
Alors, 93 % des choses étaient faites à votre
arrivée. On n'avait pas tout fait, mais il y avait certaines choses
qu'on avait faites. Il en restait 7 %. Dans cette balance, où en est
l'inventaire?
Deuxièmement, cette situation provisoire, était-ce un mot
politique pour dire que c'est temporaire? Temporaire, combien de temps est-ce
que cela va durer? On nous parle d'une politique de quatorze mois. Est-ce que
dans cette politique de quatorze mois, on va trouver des remplacements à
ces enfouissements provisoires. D'abord, je vais commencer par ces
questions.
M. Lincoln: Si 96 % des problèmes ont été
réglés, à ce moment-là, vous et moi irons chez
nous. Tout le problème est encore là. Je conçois qu'il y a
eu un grand pas en avant de fait. Je suis prêt à le
reconnaître, je ne veux pas faire toutes sortes de façons
là-dedans; cela a sûrement été une étape
majeure que d'avoir adopté la politique des présents sites
d'enfouissement sanitaire, laquelle a changé tout à fait la
perspective. Je suis prêt à l'admettre. Mais il reste tout de
même... En passant, je voudrais situer votre référence. Je
pense que ce que M. Bourassa disait hier... J'en pariais la semaine
dernière, M. Goldbloom me parlait du ministère qu'il menait
depuis 1972. À ce moment-là, c'était un ministère
délégué, mais cela ne veut pas dire que toutes les
structures n'étaient pas en place. Ce que vous avez fait, c'est
consacrer la chose dans une loi par un ministère séparé.
Cela a été la seule différence. En 1972, il y avait toutes
ces équipes. Il y a même des gens du ministère, de toutes
les directions, qui étaient là en 1972. Le programme
d'assainissement des eaux sur l'île de Montréal, cela n'a pas
commencé par magie.
Mais, en tout cas, pour en revenir à la question de la gestion
des déchets domestiques, notre problématique, c'est qu'on ne
pourra jamais dire qu'on pourra se débarrasser totalement des sites
d'enfouissement sanitaire. Il restera toujours des résidus de
déchets, même si nous pratiquions une politique de recyclage
réussie qui irait chercher des taux comparables aux taux
européens, dans les 50 % ou 60 %. Malgré tout, même si on
se servait des politiques de renouvellement des ressources les plus
perfectionnées possible, même si on utilisait aussi les
méthodes technologiques les plus avancées de transformation des
déchets, il restera toujours des choses qu'on ne pourra pas
réduire ou renouveler et qu'il faudra mettre dans un site
d'enfouissement sanitaire, mais il va sans dire qu'au lieu de sites
d'enfouissement sanitaire immenses comme on est obligé d'avoir
maintenant comme des Meloche, des Miron et ailleurs, des carrières
Bristol comme on cherche, on pourra se servir de sites d'enfouissement
sanitaire bien moindres de capacité, en avoir moins dans le
décor. Tout cela sera le résultat d'une politique de gestion
intégrée qui mettra de pair, en complémentarité,
les trois grandes méthodes de transformation de déchets par
technologie: le recyclage, la récupération et, en fin de compte,
l'enfouissement des résidus qui pourraient rester.
Cette méthode de gestion intégrée doit aussi
inclure tous les grands intervenants. Cela ne peut se faire par le
ministère seul. Il est évident que cela impliquera naturellement
le concours des municipalités, des entreprises privées, des
promoteurs et des citoyens pour le recyclage. C'est une politique totale.
Alors, nous allons mettre tous les paramètres de cette politique de
gestion intégrée dans un document de travail, une politique qui
sortira durant l'été. Nous irons en consultation. Nous
préparerons pour novembre une grande consultation sur la gestion
intégrée des déchets qui aboutira en une politique finale,
pour le Québec, pour les années à venir.
On ne peut pas commencer à songer à une politique de
gestion intéqrée sans avoir les outils de travail. Le
ministère a commencé par faire d'abord une évaluation, une
analyse de toutes les technologies maintenant disponibles au Québec, car
des quantités nous sont soumises d'une façon presque hebdomadaire
ou mensuelle, des projets nous arrivent continuellement pour évaluation;
à un moment donné, c'est à qui veut mousser son projet. Il
faudrait que nous ayons un appareil d'analyse et d'évaluation, pour que
les promoteurs et les municipalités sachent quels sont les projets que
nous considérons les plus valables avec l'expertise de tout le
milieu.
Deuxièmement, nous avons fait une étude de marché
pour le recyclage. Nous travaillons sur des expériences pilotes et nous
voulons regrouper tous ces éléments ensemble dans une politique
de gestion intégrée, c'est-à-dire collecte
sélective, valorisation des déchets et enfouissement sanitaire du
résidu éventuel. À ce moment-là, nous rendrons
publique cette politique et
nous essaierons de l'établir, le plus tôt possible,
après consultation des milieux impliqués. Nous avons tenu des
colloques. On en a avisé les gens. Ils sont très prêts
à nous aider dans cette problématique.
M. Blais: D'accord. Une sous-question à la même. Je
reprenais ce que vous annonciez à Sherbrooke, premièrement,
établir la problématique en dressant un tableau de la situation.
Premièrement, je vous demandais... Il y en avait 1500 quand on est sorti
du pouvoir, il y en avait 93 %. De fait, il restait 7 % de dépotoirs
à ciel ouvert qui devaient être mis dans des sites d'enfouissement
provisoires.
M. Lincoln: ...ce que vous dites. Ah oui1. Je
vois.
M. Blais: Bon, maintenant, la sous-question à cela
était: est-ce que, depuis que vous êtes là, les sites
provisoires ont été inventoriés? Certains de ces 1500
sites provisoires seront permanents, d'autres restent vraiment provisoires pour
être remplacés par autre chose. (17 h 30)
M. Lincoln: Je comprends très bien ce que vous dites.
Excusez-moi. Les 7 % qui restent sont les situations problématiques de
grande envergure. Nous avons des régions qui sont
particulièrement touchées: la Gaspésîe, les
Îles-de-la-Madeleine, l'Abitlbi. Par exemple, les
Îles-de-la-Madeleine. Pour avoir travaillé sur ce cas avec le
ministre des Affaires municipales, le député de l'endroit et
différents intervenants, les gens des municipalités des
îles, c'est un problème qui défie réellement
l'imagination. On a commencé à travailler là-dessus. Cela
demande des millions. Cela demande toute une implication. Nous avons fait des
suggestions. La question de la Gaspésie, par exemple, où, encore
une fois, j'ai été impliqué avec les
députés. Vu la grandeur des municipalités, le coût
du transport et le coût pour les résidents, nous avons
été obligés, jusqu'à présent, de
tolérer des méthodes en tranchée, des méthodes qui
ne sont pas conformes aux sites d'enfouissement sanitaire réguliers. Il
y a des cas qui restent à régler. Je ne peux pas vous dire le
pourcentage. D'ici demain, je pourrai vous donner le pourcentage de ce qui
reste. Il y a des endroits où le problème demeure, c'est
certain.
M. Blais: Le deuxième volet, M. le ministre, je vais le
poser seul. Ces sites même d'enfouissement qui sont en place actuellement
au Québec ont toujours été qualifiés par le
ministère non pas de temporaires, ni de permanents, mais de provisoires.
Est-ce que dans l'élaboration "établir la problématique en
dressant un tableau de la situation", depuis que vous êtes là, ces
sites provisoires ont été reclassés pour devenir
permanents et être laissés là tout le temps? Est-ce que
d'autres parmi ceux-là sont encore appelés des sites provisoires?
Cela veut dire qu'ils devraient être remplacés par autre chose. Je
n'ai pas dit temporaires. Par le mot "provisoire", on veut dire un site
d'enfouissement qui doit être remplacé par un autre, enlevé
et mis ailleurs, faire autre chose avec parce que, automatiquement, cela embue
la nature. Est-ce qu'il y en a qui ont été reclassés de
provisoires à permanents ou de provisoires à rester provisoires
pour être intégrés dans un autre système? C'est cela
qui me fascine. Vous pouvez permettre au sous-ministre de répondre, si
vous le voulez.
M. Lincoln: Tout d'abord, je voudrais dire que, d'après
les chiffres qu'on me donne, 98 % des déchets produits sont
gérés selon la réglementation. Il y en a à peu
près 2 % qui sont non conformes, dans des réqions comme les
Îles-de-la-Madeleine et la Gaspésie. Pour toute la question de
provisoire et permanent, on considère un site d'enfouissement sanitaire
comme provisoire parce que dans le sens technologique du mot c'est une
méthode provisoire, mais cela ne veut pas dire qu'un site
autorisé par le ministère est provisoire. Lorsqu'un site est
autorisé par le ministère, il l'est pour un certain nombre
d'années, jusqu'à ce qu'il soit complété. Une fois
qu'il est complété, il est terminé. La méthode
elle-même est provisoire, en ce sens que maintenant c'est une
méthode technologique acceptable. Mais il n'est pas dit que dans deux,
trois ou quatre ans, lorsqu'on aura trouvé des méthodes plus
acceptables... Mais le site lui-même est autorisé pour un certain
nombre d'années ou jusqu'à sa fin. À ce moment-là,
il le reste jusqu'à ce qu'il soit terminé.
M. Blais: D'accord. Sur le général, M. le ministre,
il va falloir qu'on laisse malgré que... Allez-y si vous avez...
M. Lincoln: Non. Cela va.
M. Blais: Disons que sur le général, il va falloir
qu'on passe, malgré que je pense que c'est intéressant... C'est
pour prévoir la politique des quatorze mois que je
m'intéressais... J'avais d'autres volets, mais je vais laisser tomber
parce que le temps fuit. Nous n'avons que huit heures à passer ensemble.
Je sais que c'est à votre désespoir, vous auriez aimé une
centaine d'heures, mais c'est au mien aussi.
Question d'honorer sa parole, ici à Saint-Honoré
justement, relativement au dossier de la gestion des déchets sur le
territoire de la MCR du fjord du Saguenay, la fermeture imminente du site
d'enfouisse-
ment sanitaire de Laterrière a incité la MRC à
choisir Saint-Honoré comme ville hôtesse du prochain site
d'enfouissement. Le tollé est tel et les rebondissements si nombreux que
les intervenants sont è couteaux tirés un peu partout sur
l'affaire de Saint-Honoré. Vous connaissez certainement très bien
le dossier. Il y a des questions qui vous ont été posées
en Chambre. En gros, où en est le dossier pour le moment?
M. Lincoln: Le dossier est ainsi: En septembre 1986, je pense,
j'ai rencontré le préfet de la MRC parce que nous avions une date
terminale du site d'enfouissement de Laterrière pour juin 1986. Au cours
d'une rencontre, c'était à la convention des entreprises
sanitaires, il m'a dit que tout allait bon train. J'ai eu d'autres rencontres
avec la direction régionale et i! semblait que la MRC avait pris le
dossier en main. En fin de compte aujourd'hui, nous arrivons à une
situation où la MRC voudrait se servir d'un site que la
municipalité de Saint-Honoré n'accepte pas. Le
député de Dubuc m'a pressenti à ce sujet. J'en ai
parlé à mon collègue des Affaires municipales. Nous avons
accepté de rencontrer tant le préfet que le maire ou n'importe
quel intervenant incluant même le comité des citoyens.
Une voix: ...
M. Lincoln: Non, non, on a accepté de les rencontrer. La
date est en train d'être fixée. Cela devrait être
incessamment. Il s'agit de trouver des dates disponibles pour tout le monde.
C'est ce qui va arriver. On va essayer de trouver une solution ensemble
peut-être.
M. Blais: . D'accord. Un autre cas particulier où je vais
passer très vite. C'est à Saint-Tite-des-Caps. Pour le besoin de
la cause, une vaste coalition regroupant les citoyens de Saint-Tite-des-Caps et
de Saint-Joachim, les municipalités de Saint-Tite, de
Saint-Ferréol-les-Neiges et de Beaupré, les organismes de
villégiature et de loisir, la chambre de commerce, la côte de
Beaupré, la Société des établissements de plein air
du Québec, la SEPAQ, s'oppose à l'agrandissement, à
Saint-Tite-des-Caps, du terrain d'enfouissement sanitaire qu'exploite Services
sanitaires Leclerc. À l'appui de leur cause, ces groupes font
état de la qualité de vie des citoyens, du potentiel
récréatif, etc. C'est près du mont Sainte-Anne. En 1986,
plus de 100 000 tonnes de déchets ont été enfouis dont 80
% provenaient de l'incinérateur régional de la CUO. Le ministre
entend-il procéder à une consultation et è des audiences
publiques, tel que réclamé par la coalition, et tenter de
favoriser l'implantation d'un centre de tri régional favorisant
l'allégement des charges polluantes de ce site. Autrement dit, avant de
permettre l'agrandissement de ce site qui n'est pas bienvenu - c'est le moins
qu'on puisse dire - qu'est-ce que le ministre entend faire pour essayer de
contenter les citoyens, parce que c'est sa responsabilité de
protéqer l'environnement et de contenter les citoyens?
M. Lincoln: Notre politique dans la question des sites
d'enfouissement est qu'à partir du point de départ, nous
n'imposons rien à une municipalité. Si la municipalité ne
veut pas de l'extension d'un site et dit non, c'est non. Si la
municipalité accepte et si, par exemple...
Une voix: ...
M. Lincoln: Pardon? Si la municipalité accepte et si les
normes environnementales sont respectées, à ce moment-là,
nous donnons notre autorisation. Mais la municipalité est maître
de sa décision. C'est un peu le dilemme. Aujourd'hui, on se trouve dans
la situation où, partout sur le territoire du Québec, il y a des
municipalités qui ne veulent plus de site d'enfouissement. Il y a des
sites d'enfouissement qui arrivent à la limite aujourd'hui. On ne sait
plus comment se retourner parce que dans des régions -par exemple, la
région du député de Pontiac est une région typique
- les sites d'enfouissement sanitaire sont dépassés ou sont
presque complétés. Il n'y a pas de solution de rechange. La
municipalité a le droit d'accepter ou de refuser.
Mon collègue des Affaires municipales et moi sommes en train de
considérer une disposition possible dans la loi pour régir les
dispositions municipales sur les sites de déchets. Peut-être, il y
aura une disposition qui dira que, si un site est sur le territoire d'une MRC
quelconque, cette MRC pourra restreindre l'accès au site aux
résidents de cette MRC. Aujourd'hui, une municipalité est
très rébarbative è accepter un site de déchets
parce qu'aussitôt qu'elle l'accepte, il y a des gens qui viennent des
milles à la ronde pour y déposer des déchets. J'ai eu un
cas, par exemple, dans la MRC de Mirabel, où il y avait ce genre de
problème, et c'est partout la même chose au Québec.
La municipalité dit: Pourquoi j'accepterais un site de
déchets qui va devenir un dépotoir pour tout le monde à
des milles autour? Au lieu d'avoir un site de déchets valable pour dix
ans, comme je l'ai prévu, au bout de trois ans, il est... Et je
reçois les déchets des autres sans aucune compensation
financière. Il y a des maires qui nous ont suggéré une
compensation financière, c'est ce que l'on fait en Colombie britannique.
Il y a un incitatif à la municipalité d'avoir un site de
déchets chez elle. Mon collègue des Affaires municipales m'a
suggéré qu'on pourrait avoir une disposi-
tion réservant le site à une MRC et à ses
résidents. Ce sont des solutions qu'il faudra certainement
envisager.
M. Blais: D'accord, un autre point, très
brièvement. Cela va certainement faire sursauter les gens de l'autre
côté. Cela me fera plaisir. L'enfouissement sanitaire, site
d'enfouissement dans Pontiac. Le ministre de l'Environnement du Québec a
donné, le 25 février dernier, son accord de principe au projet
d'aménagement par Sanitec-Lamarche, une filiale de Lavalin, d'un centre
d'enfouissement sanitaire sur le site de l'ancienne mine Hilton de Bristol,
dans le comté de Pontiac. Cet accord de principe ne constitue nullement
une autorisation de débuter les travaux, j'en conviens. Au contraire, il
demande au promoteur de lui fournir divers rapports, une étude
technique, soit de présenter une requête de certificat
d'autorisation ou de permis d'exploitation. Préalablement à cette
requête, Sanitec-Lamarche doit aussi obtenir l'approbation du conseil
municipal de Bristol ou de la MRC de Pontiac.
Déjà, Bristol a rejeté à l'unanimité,
à la mi-janvier, un changement de zonage -pour l'intérêt du
député - proposé par le promoteur qui lui permettait
d'aménaqer l'ancienne mine en un centre d'enfouissement qui
recueillerait les ordures de l'Outaouais et des municipalités
régionales d'Ottawa-Carleton, etc. Que pense le ministre? Est-ce qu'il a
l'intention de demander, ou de laisser le ministre des Affaires municipales
imposer, dans le schéma d'aménagement de la Gatineau de cette
MRC, un site d'enfouissement, après quoi le ministre délivrerait
à la compagnie filiale de Lavalin Sanitec-Lamarche, tout simplement
parce qu'un site a été imposé avant que le schéma
d'aménagement soit approuvé.
M. Lincoln: Aucunement, M. le député. Je
répète l'engagement formel que j'ai donné aux citoyens de
l'endroit et aux maires de la ville qui sont venus me voir avec le
député de Pontiac, aux dirigeants du comité de citoyens
qui sont venus me voir seulement la semaine dernière. Je
répéterai l'engagement formel que j'ai pris, à savoir que
toute la décision leur revient, que c'est à eux, citoyens, de
décider s'ils le veulent ou s'ils ne le veulent pas. Je n'imposerai
aucunement, ni directement, ni indirectement par le ministère des
Affaires municipales, la moindre mesure que ce soit. C'est au conseil
municipal, aux citoyens de décider démocratiquement. S'ils ne
veulent pas de ce site, tout ce qu'ils ont à faire, c'est de dire non.
Il n'y a rien au Québec qui pourra forcer Sanitec, Lavalin ou qui que ce
soit è leur imposer la chose. Je l'ai répété au
comité de citoyens et c'est ma ferme conviction. Des gens - je pense que
l'un d'eux était conseiller municipal - m'ont dit que le conseil
municipal était presque unanime là-dessus. Tant qu'ils suivent
cette voie, c'est leur décision.
M. Blais: Il y a quand même quelque chose de contradictoire
là-dessus. C'est de bon aloi d'accorder ou non un permis quand il y a
unanimité. Ce sont les citoyens et le conseil municipal. Dans le cas
dont on a parlé il y a quelques minutes, Saint-Tite-des-Caps, par
exemple, les citoyens ne sont pas d'accord, et le conseil municipal veut. C'est
là que le problème se pose. (17 h 45)
M. Lincoln: Je suis entièrement d'accord, M. le
député. Dans les lois, la gestion des déchets est une
juridiction clairement municipale. Notre juridiction, c'est d'appliquer les
normes environnementales, c'est-à-dire que nous, on regarde la question
technologique, la question environnementale, mais la décision est de
juridiction clairement municipale dans les lois du Québec. Alors, tant
que les lois ne seront pas changées... Moi, je crois que cela ne
changera jamais, surtout que les municipalités veulent conserver cette
gestion. Je pense que ce sera toujours comme cela. Si une municipalité
ne veut pas, cela finit là; si elle le veut, c'est elle qui
représente les citoyens. Les citoyens doivent faire une pression,
à ce moment-là, sur la municipalité elle-même.
M. Blais: Une juridiction vraiment municipale
déléguée par nos rèqlements et nos lois du
Québec. C'est très clair. Mais, pour nous, au Québec,
notre juridiction dans le domaine de l'environnement, c'est malheureux qu'elle
ne soit pas aussi claire. J'ai l'impression que cela n'est pas très
clair.
M. Lincoln: Dans cette question, il est très...
M. Blais: Non, mais en général dans
l'environnement, ce n'est pas très clair, hein?
M. Lincoln: Excepté dans certains sujets comme
celui-là, c'est tout à fait clair. Par exemple, dans le domaine
de l'eau potable, c'est la même chose. Il y a une correspondance entre le
domaine de l'eau potable et les déchets domestiques qui est très
claire. La responsabilité de l'eau potable, la responsabilité des
déchets dans l'eau est une juridiction municipale. Nous, on a une
juridiction de suivi, de soutien technique ou de normes. Mais la
décision elle-même ou la responsabilité juridictionnelle,
c'est une responsabilité municipale. La municipalité a te plein
pouvoir d'accepter ou non un site chez elle. Nous, on peut toujours
refuser le site s'il n'est pas conforme, Par exemple, dans le cas de
Bristol, on a ajouté, dans notre permis de principe, différentes
conditions que le promoteur doit observer. S'il obtenait une permission de la
municipalité et qu'il ne pouvait pas respecter les exigences, on aurait
tous les droits de refuser. Mais s'il respecte les exigences et que la
municipalité dit oui, à ce moment-là, on est obligé
de l'accepter.
M. Blais: Oui, mais... Je suis d'accord. Je disais que la
situation des juridictions entre le provincial et le municipal, c'est
très délimité, parce que c'est nous, le provincial, qui
leur donnons l'autorité et la juridiction qu'on veut bien leur
donner.
M. Lincoln: Je suis d'accord avec vous.
M. Blais: Mais j'ai dit qu'entre Québec et Ottawa, c'est
là que les zones sont très grises. On ne sait pas quelle est
vraiment notre juridiction dans l'environnement et Ottawa ne sait pas, non
plus, quelle est sa juridiction. Vu que vous établirez bientôt une
loi de l'environnement total et qu'Ottawa a aussi annoncé qu'il
arriverait comme un mastodonte là-dessus bientôt, j'ai
l'impression qu'il va falloir être drôlement aguerris et
drôlement sur nos gardes, surtout si on est une société
distincte - on n'est plus un peuple; je ne parle plus au nom du peuple ici,
moi, je parle au nom d'une société. Vu que je ne
représente plus le peuple en cette Assemblée, je ne sais pas si
on va l'appeler "nationale", on va l'appeler probablement "l'Assemblée
sociale". Eh bien! cette "Assemblée sociale", maintenant que je parle
pour la société - on dit "distincte", moi, je suis très
distinct, c'est facile à prouver, mais on n'a pas tous des signes aussi
caractéristiques pour se distinguer lorsqu'on est quelque part, sauf la
gorge qui me fait mal. Mais, alors, juridiction entre les deux, je ne sais pas
de quelle façon vous allez vous y prendre pour voir où commence
notre juridiction, où elle finit, où Ottawa commence et où
Ottawa finit dans la...
M. Lincoln: Moi, je peux vous dire que, de notre point de vue, M.
le député, nous pensons que la juridiction du Québec en
matière d'environnement est très, très claire, que les
provinces ont la juridiction des ressources et que l'environnement est
rattaché intimement et intégralement aux ressources. Nous pensons
que les activités environnementales sur notre territoire appartiennent
totalement à notre juridiction. C'est pourquoi dans le cas du projet de
loi fédéral - je suppose que vous référez au projet
de loi sur les contaminants - nous avons fait des représentations de la
part du Québec pour situer cette question bien clairement, à
savoir que si Ottawa veut faire des réglementations
complémentaires aux nôtres, par exemple dans les domaines
complémentaires qui sont sous juridiction fédérale, les
transports interprovinciaux, etc., nous sommes d'accord, mais autrement, par
exemple, les déchets dangereux, l'homologation des produits, etc., nous
sommes d'accord, dans le cas des Pêches et Océans, par exemple.
Mais, à part cela, toutes les juridictions sont provinciales et doivent
rester provinciales et je pense que ces vues sont partaqées par les
autres provinces, l'Ontario, l'Alberta.
M. Blais: On n'a rien dans notre constitution, de quelque
façon que ce soit, qui peut dire où s'arrête la juridiction
de l'un ou de l'autre et les deux travaillent dans une zone grise ne sachant
pas où ils vont ni l'un, ni l'autre. Je suis bien content quand vous
dites qu'on va se doter d'une politique. On va aller jusqu'où avec cela
et jusqu'où a-t-on le droit d'aller pendant qu'à Ottawa on dit:
On va arriver avec quelque chose. Ce sont deux gouvernements en place dans une
juridiction qui s'appelle l'environnement et ni l'un ni l'autre des deux ne
sait et la Cour suprême leur a dit qu'elle ne le savait pas...
M. Lincoln: Dans le domaine de l'environnement il est clair et
accepté par le ministère de l'Environnement fédéral
lui-même et, je pense, par le gouvernement fédéral que
l'environnement est tellement relié à la qestion des ressources
que nous contrôlons qu'il n'y a aucune équivoque dans le fait que
les opérations environnementales et tout le processus environnemental
sont surveillés, contrôlés et gérés par les
provinces aujourd'hui de façon presque complète et le resteront
pour toujours. En fait, c'est clair, vous n'avez qu'à voir la
constitution même du ministère de l'Environnement
fédéral qui s'implique purement dans des domaines de
compétence fédérale. Dans le domaine des contaminants,
nous devons certainement nous poser des questions. Nous nous sommes posé
des questions, nous avons fait remarquer au gouvernement fédéral
que, tant que cela a trait à des domaines complémentaires sous sa
juridiction, on ne peut rien dire, mais quant à notre juridiction de
gestion environnementale de base, il n'est pas question qu'on cède un
pouce.
M. Blais: Je vais quand même essayer de finir ce
chapitre-là avant. J'avais une sous-question. M. le ministre Masse hier,
à l'émission où vous étiez invité
vous-même -soit dit en passant, vous êtes assez
télégénique, c'était le "fun" - a dit que
l'environnement était un dossier à frais partaqés. Et
c'est faux. Si j'avais été ministre de l'Environnement, je
l'aurais dé-
menti ce matin dans les journaux, mais comme vous ne l'avez pas fait et
que vous me tendiez le cabaret pour en parler d'une façon très
aimable, c'est pour cela que je vous ai posé quelques questions à
ce sujet-là. L'environnement, ce n'est pas comme l'agriculture et on le
sait. Ce n'est pas une juridiction à frais partagés.
M. Lincoln: S'il parle de frais partagés, s'il est
prêt à nous donner de l'argent, c'est différent. N'importe
quandl
M. Blais: On partage tout dans ce temps-là, même
votre compte de banque...
M. Lincoln: Je comprends.
M. Blais: ...si vous me l'ouvrez, je vais le partager, c'est
sûr. Dans ce sens-là il n'y a pas de problème.
Je vais essayer pour le bien de finir le 3.
Le Président (M. Kehoe): II reste six minutes.
Récupération des canettes
M. Blais: Allons-y! La récupération des contenants,
des canettes. On sait qu'il va y avoir, avec les différents intervenants
- vous connaissez très bien le dossier pour savoir à quoi je veux
en venir - un autre protocole à signer. Il y a des revendications qui
ont été faites par les différents intervenants: il y en a
qui ne veulent pas les voir, d'autres qui veulent peut-être les avoir,
d'autres qui n'en veulent pas du tout, d'autres qui n'en ont jamais voulu. Il
faudra que quelque chose arrive, il faudra qu'on mette quelque chose. "You can
what you can." Il faudra qu'on le fasse parce que ces "can" là, il faut
qu'elles aillent quelque part.
Comment le ministre va-t-il se débrouiller avec l'Association des
détaillants et les autres intervenants la-dedans? Est-ce que les
gobeuses, les déchiqueteuses, les écraseuses, les tasseuses,
peuvent être une solution? Est-ce que c'est envisagé? C'est
bientôt, je pense que ce sera le 1er juillet avec certains intervenants
et un peu plus tard avec d'autres.
M. Lincoln: Le fonds de récupération, c'est
justement une très bonne question parce que l'entente, comme vous le
dites, échoit le 15 juillet. Les brasseurs qui sont une grosse
composante du fonds aujourd'hui ont le droit, selon les dispositions de
l'entente, de la dénoncer et ils l'ont fait officiellement il y a
peut-être deux mois.
Nous avons eu plusieurs rencontres avec M. Deniger qui représente
les grandes brasseries, l'Association des brasseurs au Québec. Tous les
autres intervenants dans l'entente sont prêts à reconduire
l'entente. Je peux vous dire que j'ai rencontré le représentant
des brasseurs la semaine dernière et je pense que les
négociations vont bon train, que les brasseurs sont disposés en
principe, maintenant, à réintégrer l'entente et que nous
aurons une entente renouvelée. Il reste quelques petites ficelles
à attacher. Il y a un groupe indépendant qui s'appelle
"Collabore" et qui représente certains grossistes indépendants
qui, eux, voudraient intégrer l'entente et il y a eu des
problèmes de juridiction entre les différents intervenants, mais
cela reste le seul intervenant - aujourd'hui, il est dans l'entente sans avoir
participé à l'entente - avec qui il reste à
négocier. Mais, à part cela, tous les autres vont bien et je
pense que l'entente va être renouvelée sans aucun
problème.
M. Blais: Une autre question rapide, M. le ministre. Si la loi
161 est actuellement... Bien, pas aujourd'hui parce qu'il y a à peu
près juste nous qui sommes assez solides pour venir travailler à
Québec un lundi. Je vous félicite de vous être rendus. J'ai
eu peine à me rendre à cause de ma grippe.
La commission de l'économie et du travail étudie
actuellement, c'est-à-dire dans les semaines qui ont
précédé et celles qui vont venir, article par article un
projet de loi sur les mines - 161. Ce projet de loi prévoit entre autres
des conditions d'émission pour les différents baux et permis que
peut accorder le ministre délégué aux Mines. On n'y
retrouve toutefois aucune obligation, pour le titulaire ou le requérant
de droits miniers, de respecter la Loi sur la qualité de
l'environnement.
J'ai vu hier l'émission, les Mines Doyon. Le monsieur disait
qu'il respectait la Loi sur la qualité de l'environnement. Cela, c'est
généralisé. Or, dans la loi 161 sur les mines, aucune
obligation pour le requérant des droits miniers de respecter
l'environnement, il n'y a rien. Aussi, à l'article 288 de ce projet de
loi, le projet de loi accorde, sur 32 alinéas, des pouvoirs
réglementaires au ministre délégué aux Mines, mais
rien ne se rapporte aux normes de protection de l'environnement ou, encore,
à une autorisation que devrait émettre le ministre de
l'Environnement avant que soient accordés des baux ou permis
d'exploitation.
Qui plus est, l'article 230 permet de drainer un lac ou un cours d'eau.
Et qui plus est, l'article 230 et, qui plus est encore, l'article 231 nous
permettent de détourner un cours d'eau ou le rendre navigable et ce,
sans être soumis aux dispositions de la Lpi sur la qualité de
l'environnement. Je pense que c'est là une lacune qu'il est
peut-être temps de corriger parce que le projet n'est pas encore
adopté.
M. Lincoln: M. le Président, la réponse,
c'est ceci. D'abord, pour le cas des mines en général, il
y a une directive au ministère, la directive 019, qui régit tout
le territoire minier, où les compagnies minières sont soumises
à des exigences des plus sévères. Si elles n'observent pas
les exigences de la directive, à ce moment-là elles enfreignent
l'article 20 et spécialement du rejet de contaminant dans
l'atmosphère de la Loi sur la qualité de l'environnement. Donc,
elles sont passibles tout de suite d'avoir enfreint la Loi sur qualité
de l'environnement.
Pour ce qui est de la Loi sur les mines, comme toutes les lois du
Québec, on n'a pas besoin d'y inscrire d'une façon
spéciale que cette loi est sujette à la Loi sur la qualité
de l'environnement. La Loi sur la qualité de l'environnement s'applique
dans toutes ses directives, dans toutes ses dispositions. S'il y a une
disposition dans la Loi sur les mines qui permet de déverser un cours
d'eau, il est sûr que cela ne peut pas se faire sans étude
d'impact, sans autorisation du ministère de l'Environnement selon sa
loi. Et cela s'applique de toute façon à toutes les lois du
Québec. On n'écrit pas dans toutes les lois du Québec que
celles-ci sont sujettes à la Loi sur la qualité de
l'environnement, mais la Loi sur la qualité de l'environnement
s'applique.
Par exemple, vous prenez le Code municipal ou n'importe quelle loi du
Québec. On n'y dit pas spécifiquement que notre loi s'applique,
comme toutes les autres lois s'appliquent aussi.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je dois
souligner qu'il est 18 heures, mais à la demande de tout le monde, on a
convenu que nous allons suspendre jusqu'à 19 heures et que nous allons
recommencer à 19 heures pour continuer jusqu'à 21 heures, si
c'est le consentement de tout le monde.
M. Blais: M. le Président, j'aurai un seul
élément, après, sur les réserves
écologiques. Je me permettrai de revenir pour terminer ce dossier parce
que je n'ai pas eu le temps malheureusement de le passer.
Le Président (M. Kehoe): Nous suspendons nos travaux
jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 6)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous reprenons la séance. Je vous rappelle le mandat de la
commission, au cas où on l'aurait oublié, qui est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Environnement pour l'année financière
1987-1988.
Nous en étions au programme 3, à l'élément
1, et M. le député de Terrebonne avait mentionné qu'il
avait une dernière question qu'il n'avait pu poser avant l'heure du
souper. Si vous êtes d'accord, M. le député de Terrebonne,
s'il vous plaît.
M. Blais: On ne peut pas dire que vous ne suiviez pas bien les
travaux. C'est exactement ce qui s'est dit. Malqré notre voix rauque et
le fait qu'étudier des chiffres est toujours un peu fastidieux, on voit
que les membres de la commission, M. le ministre, nous suivent avec une grande
attention.
Réserves écologiques
La dernière et non la moindre concerne les réserves
écologiques. Il y a un petit côté sombre; la lettre F
décernée au Québec dépendait un peu des
performances de la dernière année sur les réserves
écologiques. Pour nous placer dans le contexte, la présidente du
Conseil consultatif sur les réserves écologiques, Mme
Marie-Andrée Tremblay, a vivement dénoncé dans un
communiqué, le 24 avril dernier. Au cours du dernier exercice financier,
le ministre de l'Environnement n'a sollicité d'ailleurs aucun avis de ce
conseil et il n'a créé aussi aucune réserve
écologique nouvelle. Dans son rapport annuel de 1985-1986, le conseil
consultatif évaluait à une centaine, le nombre de réserves
dont le Québec devrait se doter. L'Ontario en a créé 100
l'an passé. Le ministre a dit durant quelque temps qu'il voulait tripler
le nombre de réserves, et je cite: M. Lincoln annonce - le 30 avril 1987
-qu'il veut tripler le nombre de réserves au Québec dans un
proche avenir.
Ma première question. Il nous apparaît tout de même
un peu curieux que le comité consultatif dise dans son rapport que le
ministre ne fait appel d'aucune façon au conseil consultatif.
Deuxièmement, les réserves écologiques se créent
très peu - on ne le dit pas, mais il s'en crée très peu -
et on se demande, depuis la fin de 1985, ce que sont devenues les
réserves suivantes. On en énumérait juste quelques-unes:
aux Îles-de-la-Madeieine, île Brion, Lionel-Cinq-Mars de
Lotbinière, mont Saint-Magloire dans Bellechasse, Louis-Babel à
l'île de Manicouagan, mont Mégantic en Estrie, lac Litton en
Outaouais, île René-Levasseur de la Côte-Nord. Ce n'est pas
que je veuille des réponses sur toutes celles-là, mais ces choses
semblaient en marche et elles tardent à aboutir. Aussi, le projet de lac
des Trente, lac des Trente-et-un-milles dans la fabuleuse région de la
Gatineau. Marcel-Raymond, rive sud de Montréal, rivière
Haut-du-Lac, la MRC Maria-Chapdeleine, Matamac, etc.
Quels sont les objectifs du ministre en 1987-1988 du côté
de la création des réserves écologiques? Soutient-il,
selon sa déclaration du 30 avril dernier, et je n'en doute pas, qu'il
voudra tripler les réserves écologiques -je ne sais pas quel sera
son cheminement critique pour instituer ces nouvelles réserves - et
d'ici quand?
M. Lincoln: Tout d'abord, comme vous avez touché à
la question de la lettre de la présidente du Conseil consultatif sur les
réserves écologiques, je serai très heureux de
déposer, moi aussi, ma réponse à la présidente de
la commission que j'ai trouvée un peu étonnante, pour dire le
moins. Je trouve un peu étrange qu'elle ait décidé de
procéder par voie de communiqué de presse sans même avoir
eu la courtoisie élémentaire de me demander de me rencontrer en
premier lieu. J'ai toujours été ouvert à n'importe quelle
rencontre. J'ai rencontré, lorsqu'il y a eu un projet de fusion des deux
conseils, le Conseil consultatif sur les réserves écologiques en
premier. Le président était alors M. Bouchard. Il y a même
dans le procès-verbal un remerciement à l'effet qu'on ait
consulté le conseil à ce sujet.
Lorsque la fusion a été annoncée, j'ai
rencontré encore une fois les deux dames qui ont écrit la lettre
ou fait le communiqué. On a eu l'occasion d'échanger des propos.
M. Gaudreau de la Direction du patrimoine écologique au
ministère, qui s'occupe de réserves écologiques, a
été en communications continuelles avec le conseil. Le
secrétaire du conseil, M. Daigneault, a eu je ne sais combien de
rencontres avec notre cabinet, avec Mme Trépanier, qui s'occupe des
réserves écologiques. On a trouvé un peu étonnant
qu'on fasse une polémique, que Mme Tremblay décide de faire une
polémique dans le journal sans même avoir eu, il me semble,
l'élémentaire courtoisie du moins, si elle avait des
revendications, de m'en parler.
Pour ce qui est des avis, en fait, on a demandé un avis au
conseil sur la fusion même du Conseil consultatif sur les réserves
écologiques. Le cas a été rendu public. Dire qu'on n'a pas
demandé d'avis est un peu étrange. Par rapport à la
constitution des réserves écologiques, je voudrais vous souligner
que la loi qui régit les réserves écologiques ou la
constitution des réserves écologiques, remonte à 1974.
Cela fait donc treize ans, de 1974 à 1987. Cela veut dire que, si on
prend toutes les années, c'est une réserve écologique en
moyenne par an. II y a plusieurs années qu'on parle de réserves
écologiques. Je pourrais vous donner les années. D'ici demain
j'aurai mes documents avec moi. Je ne les ai pas aujourd'hui. Il y a eu
plusieurs années où il n'y a pas eu de création de
réserves écologiques. Il n'y a rien de spécial
là-dedans.
Le fait est que notre système de création de
réserves écologiques était beaucoup trop complexe au
Québec. Il faut le changer. C'est une question qui me préoccupe
au plus haut degré. L'Ontario, par exemple, a plus de 100
réserves écologiques. La Colombie britannique en a quelque chose
comme 128. Que nous ayons seulement 13 réserves écologiques
depuis 13 ans, cela ne tient pas debout. Je ne veux pas blâmer personne,
un gouvernement ou l'autre. Je pense qu'on est tous une partie d'un
système beaucoup trop compliqué. Je vais vous en donner quelques
exemples.
D'abord, on n'a aucune cartographie écoloqique du Québec.
Il faut à tout prix remédier à cela, en premier lieu. La
responsabilité de la cartographie écologique dépend du
ministère des Forêts au sein de l'Énergie et des
Ressources. Je suis en train de préparer une entente avec le
ministère des Forêts afin que cette carte soit faite par nos
services du ministère de l'Environnement qui ont la capacité et
les professionnels pour le faire. Qu'on fasse une carte écologique
ensemble.
Une deuxième chose nous a empêchés de faire des
réserves écologiques au Québec: Chaque fois qu'on
choisissait un site, il fallait faire un arpentage du site, qui coûtait
des fortunes parce que ces sites ont des dimensions assez significatives. Cela
coûtait tellement cher de faire de l'arpentage qu'en fait c'était
presque impossible de créer un nombre assez important de réserves
écoloqiques représentatives de notre écologie au
Québec. Alors, j'ai pris entente avec le ministre de l'Énergie et
des Ressources. Au lieu de faire des arpentages formels, nous allons
établir des balises de réserves, de la façon la plus
précise possible, compte tenu de la cartographie existante, etc. On
pourra s'entendre sur des cessions de terrains pour des sites
écologiques' et des réserves écologiques, ce qui va nous
permettre, en commençant aujourd'hui, de créer 38 réserves
écologiques d'ici les trois prochaines années. Pour cette
année, nous avons douze dossiers qui devraient être soumis au
gouvernement. Il s'agit de Marcel-Raymond, vous l'avez cité, Louis-Babel
è l'île Manicouagan, Samuel-Brisson qui est au mont
Mégantic en Estrie, la réserve Claude-Mélançon dans
Bellechasse, Lionel-Cinq-Mars dans Lotbinière, lac Shawinigan dans la
Mauricle et l'île Brîon aux Îles-de-la-Madeleine.
Pour ce qui est de l'île Brion, nous avons conclu l'achat de
l'île et il y a eu expropriation; nous avons obtenu de Habitat Canada
qu'il donne une somme d'arqent assez considérable. On a obtenu ] 50 000
$ d'eux, car le dossier, après expropriation, se chiffrait à
presque 500 000 $. L'argent a été promis, je ne sais pas s'il a
été versé au gouvernement du Québec. En tout cas,
il est disponible, ce qui va nous permettre de prendre en charge l'île
Brion. Ce qui est
intéressant pour le cas de l'île Brion, c'est que nous
allons la céder, pas légalement, mais en ce qui a trait à
sa gérance comme réserve écologique, à un
groupement environnemental composé de volontaires qui vont s'occuper de
l'entretien de la réserve, ainsi que de son contrôle.
De plus en plus, je pense que nous allons faire cela. Ce qui arrive,
c'est que si on pense attendre d'avoir un contrôle complètement
étanche de réserves écologiques quant à la
surveillance, on ne pourra jamais en créer assez. Cela va nous
permettre, avec différents critères, d'arriver, dans les trois
prochaines années, à un total d'une cinquantaine de
réserves écologiques au moins. On va préparer un
règlement de gestion des réserves écologiques. Cette
année, il y a un ajout de 250 000 $ au budget des réserves
écologiques. Donc, c'est un ajout substantiel. Le total qu'on consacrera
aux réserves écologiques, cette année, est de 967 000 $,
ce qui veut dire quatorze postes permanents qui seront rattachés aux
réserves écologiques.
Parmi les projets de réserve, nous sommes en consultation avec
les communautés autochtones pour la création de certaines
réserves en territoires autochtones.
M. Blais: Donc, en gros, c'est une centaine de réserves
qui seront implantées dans les trois prochaines années, un plan
triennal.
M. Lincoln: Un plan triennal. Nous avons créé 38
réserves qui s'ajouteront aux 13 que nous avons actuellement. Cela en
fera une cinquantaine. Mais, éventuellement, nous voulons, de plus en
plus, ouvrir le champ à une façon plus flexible de créer
des réserves écologiques. On peut dire qu'on en aura 51, en fait,
d'ici à trois ans.
M. Blais: Vous dites que la société voisine,
c'est-à-dire le Canada, nous a aidés dans le cas où...
M. Lincoln: Ce qui est arrivé à l'île
Brion...
M. Blais Est-ce que la Fondation de la faune
québécoise du MLCP...
M. Lincoln: La fondation du MLCP n'a pas encore été
créée, il y a un projet de loi qui s'en vient pour créer
la fondation. Je ne sais pas si...
M. Blais: Nécessiter de l'aide?
M. Lincoln: ...lorsqu'ils auront créé la fondation,
s'il y aura des fonds à mettre dans la réserve écologique
maintenant, parce que, comme vous le savez, ils ont toute l'administration des
ZEC, etc. Mais en tout cas, je peux vous assurer qu'on va essayer d'aller
chercher tous les fonds possibles.
M. Blais: Vous me dites qu'il y a environ 1 000 000 $ à
cette fin?
M. Lincoln: II y a 1 967 000 $ qui seront mis dans les
réserves écologiques pour cette année.
M. Blais: En gros, disons 2 000 000 $. C'est 1 900 000 $?
M. Lincoln: C'est 1 967 000 $.
M. Blais: Cela veut dire 2 000 000 $?
M. Lincoln: Non, 1 000 000 $. C'est 967 000 $, excusez.
M. Blais: Ah! Ah! Ah! C'est 967 000 $, c'est-à-dire 1 000
000 $ et non pas 1 967 000 $?
M. Lincoln: Ah! non, non. C'est 967 000 $.
M. Blais: Je vous sentais jubiler. Alors, je...
M. Lincoln: Cela veut dire 250 000 $ de plus qu'on n'a jamais mis
dans les réserves écologiques. C'est le plus gros budget qu'on
n'a jamais eu pour les réserves écologiques.
M. Blais: On va surveiller cela de très près.
Espérons que lorsqu'on se reverra ici -s'il n'y a pas d'élections
avant, vous serez encore là - on reparlera de la chose, sinon, on
intervertira les rôles.
Maintenant...
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le programme 3,
l'élément 1...
M. Blais: On va suspendre quelques minutes ce programme pour
prendre l'élément 2.1. Est-ce que vos gens sont là?
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Blais: C'est les ressources hydriques ou si vous voulez
attendre à demain.
M. Lincoln: Non, cela va. Est-ce qu'on adopte cette partie ou si
on laisse cela en suspens?
M. Blais: Adopté quant à moi. Il n'y a pas de
problème. Il reste l'élément 2.
M. Lincoln: L'élément 3, 3.02? M. Blais:
Oui.
Le Président (M. Kehoe): Tout le programme est suspendu.
On va revenir au numéro 2.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Kehoe): Programme 2.
Des voix: Ha! Ha!. Ha!
Le Président (M. Kehoe): J'appelle le programme 2,
élément 1. M. le député de Terrebonne.
Ressources hydriques
M. Blais: Vous n'avez pas été trop chanceux avec ce
petit programme, ressources hydriques, depuis quatroze ou quinze mois. Juste le
mot doit certainement vous faire sursauter sur votre chaise parce que d'abord,
il y a là-dedans les immobilisations de barrages qui ne semblent pas
très très nombreux cette année et aussi le fait qu'on a eu
une petite discussion au tout début qui fait un litige entre nous sur la
question budgétaire. Il y a aussi le souvenir un petit peu plus fumant
des eaux de baignades qui a été une très mauvaise
expérience. Il y a les Berges Neuves dont le programme a
été malgré la politique actuelle de protection des rives.
Mais Berges Neuves a été aboli et 33 ou 34 municipalités
en ont subi les dommages. C'est un peu ombrageux dans ce petit plan, dans ce
petit programme. Ensuite, il y eu les remblayages de la marina à
l'Île-Sainte-Hélène, etc. La ville de Montréal a agi
dans ce dossier comme si elle était le gouvernement
fédéral. Elle a agi seule et n'a pas cru bon consulter la
société distincte qui était à Québec. C'est
donc que ce petit élément de programme, je suis persuadé
qu'il vous fait un peu frémir. Cependant, tout en ne laissant pas au
hasard le frémissement, on va quand même l'aborder.
La politique des rives. Tout d'abord, pour le bien toujours de ceux qui
nous liraient ou nous écouteraient, je vais faire un petit
résumé. Le 9 avril dernier, le ministre de l'Environnement
rendait publique sa nouvelle politique de protection des rives. Neuf mois
après un premier dépôt en juin 1986 dont le résultat
fut alors, on s'en souvient, une guerre de juridiction entre votre
ministère et les autres, votre ministère est sorti de là
un peu amoché.
La nouvelle politique accorde encore une très large latitude au
ministère de l'Énergie et des Ressources et au ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, alors qu'en milieu
urbain et de villégiature, votre ministère sera responsable de
l'application de la politique.
Premièrement, en milieu urbain et en villégiature, les MRC
devront appliquer les normes minimales de protection de dix à quinze
mètres. La Loi sur l'aménagement et la Loi sur la qualité
de l'environnement seront amendées pour permettre à votre
ministère d'imposer la politique aux MRC récalcitrantes.
Deuxièmement, en milieu agricole, le territoire défini par
la Loi sur la protection du territoire agricole, le ministère de
l'Agriculture sera responsable de la définition et de l'application des
normes et le ministère de l'Environnement ne pourra pas poursuivre les
récalcitrants. Les normes du ministère de l'Agriculture ne
s'appliqueront qu'au fleuve et ses principaux tributaires. Pour leurs affluents
et les cours d'eau municipaux, c'est-è-dire tous les petits cours d'eau
intermédiaires, la politique ne s'appliquera que là où il
y aura entente entre les municipalités, les MRC et les agriculteurs
concernés. Pour les canaux et fosses en milieu agricole, il n'y a rien
actuellement. Là où elles seraient applicables, les normes
varieront de trois à quinze mètres.
Troisièmement, en milieu forestier -j'achève, juste pour
résumer un peu - selon mon recherchiste et moi, cette politique des
rives, le ministère de l'Énergie et des Ressources étant
responsable de la définition et de l'application des normes en milieu
forestier, le ministère de l'Environnement ne pourra poursuivre les
récalcitrants, comme en milieu agricole. Grande lacune d'après
nous. En forêts publiques, s'appliquera le Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier public. En forêts privées,
le ministère de l'Énergie devra élaborer avec votre
ministère et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche un guide de modalités d'intervention applicables à
ces lieux.
Ma question, vous savez bien de quoi elle va retourner: Pourquoi le
ministère de l'Environnement décentre-t-il par cette politique de
protection des rives ses responsabilités primaires au profit des
ministres à vocation économique? Abandon des prérogatives
sur l'ensemble du territoire dont nous aimerions que le ministre soit un peu
plus jaloux.
Seconde question: Pourquoi le MEO se prive-t-il de tous ses recours en
milieu forestier agricole? Est-ce le prix pour obtenir un appui, une entente de
tout le cabinet? On sait, c'est de notoriété publique que, dans
ces matières, quand les ministères s'entrecroisent, il faut
presque faire un marchandage. Voilà.
M. Lincoln: M. le Président, il est assez étonnant
que le député me dise que le ministère de l'Environnement
cède des prérogatives, alors que celui-ci vient d'obtenir ou va
obtenir d'ici juin dans sa loi, pour la première fois au Québec,
quelque chose qui n'a jamais été obtenu jusqu'à
présent, soit la claire responsabilité légale
d'être le seul responsable de toute la politique
québécoise, pas seulement dans les domaines urbain ou de
villégiature, mais aussi agricole et forestier sur tout le territoire,
le seul responsable de la politique du Québec en matière de
rives, de littoral et de plaines inondables.
Je voudrais souligner au député que jamais dans cette loi
cette question n'a été clarifiée. Il n'y a rien dedans et
tous les autres ministères... Quiconque examinait la loi pouvait le
dire: II n'y avait aucune responsabilité très claire au sein du
gouvernement du Québec, à savoir qui était responsable de
la politique des rives, du littoral et des plaines inondables. En fait, je
citais tout à l'heure le dernier article de M. Louis-Gilles Francoeur
dans Le Devoir. Lui qui n'est certainement pas un journaliste enclin
à lancer des fleurs à n'importe qui a dit l'autre jour que son
analyse de la chose démontre que, selon lui, c'est l'amendement le plus
substantiel, le pas le plus substantiel qui a été franchi depuis
la création de la Loi sur la qualité de l'environnement; lui qui
a tendance à être très critique par rapport à toutes
les politiques qui se rapportent à l'environnement. Moi, je pense aussi
que c'est un grand pas en avant. (19 h 30)
Deuxièmement, il faudrait que, du côté de
l'Opposition, les députés se branchent. L'autre jour, en Chambre,
le voisin du député de Terrebonne, le député de
Jonquière posait une question è mon collègue, le ministre
des Affaires municipales. Il lut disait: Vous avez cédé une
juridiction au ministre de l'Environnement qui obtient des pouvoirs
significatifs dans votre loi. Aujourd'hui, le député de
Terrebonne dit que c'est moi qui ai cédé cette juridiction. Il
faudrait que les députés de l'Opposition aient le même
langage. Ou bien c'est moi qui ai cédé ou bien c'est lui qui a
cédé. Tout ce que je sais, c'est qu'il n'y a pas eu de cession
la-dedans. Il y a eu la reconnaissance très formelle par le gouvernement
que le ministère de l'Environnement est responsable de la politique du
nettoyage des rives et des plaines inondables. Pour que cette politique aille
de l'avant et qu'il y ait un contrôle et une surveillance, on me donne
des pouvoirs très étendus, des pouvoirs de surveillance du
règlement, des pouvoirs de faire des règlements, par exemple, si
une municipalité, après un préavis, n'accepte pas la
politique du gouvernement. J'ai donc des pouvoirs très étendus
par la loi 125. Là aussi, quiconque dira que ce ne sont pas des pouvoirs
réels, que ce ne sont pas des pouvoirs significatifs, n'aura qu'à
lire le projet de loi de M. Bourbeau pour s'en rendre compte.
Quelle est notre position face au nettoyage des rives et des cours
d'eau? II y a eu cette petite perception lancée dans le public: Ah oui!
le ministère de l'Environnement cède toutes ses juridictions.
J'aurais voulu demander ce qui se passait avant. On avait une situation
où les marais de Kamouraska ont été remblayés par
le ministère de l'Agriculture parce que le ministre de l'Environnement
ne défendait pas les rives, le littoral et les plaines inondables. Il y
a eu un litige à propos du lac Saint-Pierre, alors que le ministre de
l'Agriculture trônait toujours dans le gouvernement du Parti
québécois. Rien ne se passait. Il n'y avait pas de politique sur
les pesticides, il n'y avait pas de politique sur les rives parce que monsieur
ne voulait rien savoir. Est-ce que c'est là la situation qu'on voudrait
perpétuer'' Je voudrais demander au député quelle
politique on avait avant. Quelle politique? II n'y en avait pas du tout.
Maintenant, nous avons une politique remplie de bon sens parce que, dans notre
comité interministériel, le COMPADR, on se consulte, on se parle.
II est illusoire de penser qu'au Québec, aujourd'hui, dans le domaine de
l'agriculture, le ministre de l'Environnement puisse exercer la maîtrise
d'oeuvre, non pas la responsabilité, mais la maîtrise d'oeuvre
d'un programme en zone agricole, qui soit aussi efficace, sans le concours du
ministre de l'Agriculture et de ses clientèles.
Je soulignerai au député que, dans la politique des rives
qui était en gestation au ministère de l'Environnement, le
règlement type qui avait été émis pendant deux,
trois ou quatre années - il avait même été
imprimé - ne couvrait purement que les zones urbaine et de
villégiature. Cela ne couvrait nullement l'agriculture. Pour aller en
zone agricole, il faut avoir le concours des agriculteurs. Il faut avoir le
concours de tout l'appareil agricole. Et comment aller surveiller tout cela? En
donnant la maîtrise d'oeuvre au ministère de l'Agriculture qui va
y insérer tout l'appareil du programme Sol-Plus. Il va mettre dans ce
programme plusieurs millions de dollars. Il ne commence pas certainement par
couvrir tous les cours d'eau. Mais, au moins, il va en couvrir quelques-uns
graduellement. Et, éventuellement, dans un, deux ou trois ans, il va
couvrir tous les cours d'eau en agriculture. Même, ce qu'il couvre
maintenant, c'est plus que ce qu'on avait avant. C'est le moins qu'on puisse
dire, c'est un grand pas en avant. Je pense qu'il va mettre dans le programme
Sol-Plus 16 000 000 $, pour la protection des rives. Il faut bien racheter
cette terre. Il faut bien, à un moment donné, protéger
cette terre. On ne peut pas commencer à faire quelque chose partout,
dans tout le Québec, dans les zones agricoles. On commence par un pas en
avant.
Dans le domaine forestier, il y a déjà la loi 150. Cette
loi prévoit déjà des bandes de protection qui vont bien
au-delà de ce qui
était prévu dans le règlement type du
ministère pour la zone urbaine et de villégiature. Les
protections vont bien au-delà de cela. Qu'est-ce qu'il y a de mauvais
pour les ministres contrôlant les ressources de s'occuper de la mise en
oeuvre de ce programme dans leurs zones de ressources? II n'y a rien de
compliqué là-dedans. Ce n'est pas uniquement une juridiction du
ministère de l'Environnement qui garde cela dans sa loi de façon
très claire. Je pense que cette politique est logique, intelligente et,
pour dire ce que le parti d'Opposition disait tellement, quand il était
au gouvernement, que c'était devenu presque une espèce de parole
magique: Une concertation - c'est justement cela - entre les ministères
qui travaillent ensemble pour la première fois au Québec qu'on
aura une politique intégrée de couverture et de protection des
rives du littoral et des plaines inondables. En fait, je crois qu'on a fait un
pas très significatif avec cette loi.
M. Blais: J'aimerais bien vous croire sur parole. Je sais que
vous êtes sincère, mais sur le terrain et durant l'année
qui vient, je sais qu'il y aura des frictions. Que vous cherchiez ou que vous
recherchiez le consensus, la concertation, la conscience sociale - tout le
monde est pour la vertu; quand nous étions là, nous
prêchions les mêmes choses - et je tiens à dire que vous
commencez à y croire un peu aujourd'hui; nous le demandions, au mois de
mai 1980 surtout, si on avait été en conscience sociale, on ne
serait pas là - c'est la première fois au Québec qu'on
fait ci; le ministre de l'Agriculture va faire du Sol-Plus; cela fait longtemps
qu'il se fait du Sol-Plus et on a investi beaucoup d'argent
là-dedans.
En tout cas, je peux vous croire et je veux vous croire. On va vous
regarder aller. Je ne juge jamais et je n'accuse jamais avant de mettre le
doigt à la bonne place, jamais. Cependant, quand on fait une politique
sur les rives tout en abolissant un programme qui s'appelait Berges neuves, qui
était très, très fort et très productif, cela peut
laisser un peu à désirer. Mais, donnons au coureur la chance de
courir et espérons, comme je le disais au tout début, qu'avec le
peu d'argent qu'il a à sa disposition tout pourra s'enclencher durant
l'année qui vient.
Je vous souhaite bonne chance avec les MRC aussi, car si les MRC
décident de regimber, cela sera assez difficile. Cela pi-end une
autorité plus farte à ce moment-là.
Flottage du bois
Pour changer et afin que les billes ne soient pas toujours dans les
mêmes eaux, nous allons parler du flottage du bois. Selon un rapport du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche en date d'avril
1983 -c'est quand même assez loin - le flottage du bois au Québec
génère quelque 275 000 tonnes de matières solides en
suspension dans les cours d'eau et constitue donc une menace à la vie
aquatique, è la qualité des sédiments, à la
qualité de l'eau, à l'intégrité des rives et aux
pratiques récréatives: pêche, canot et baignade. Le
flottage endommage aussi les rives et, dans une politique de protection des
rives, le flottage y est pour quelque chose. C'est certainement un
complément très indirect à la protection des rives.
Voilà un volet de l'assainissement des eaux souvent
méconnu, dit Le Nouvelliste. Le ministre nous a parlé de
comité spécial, de politique globale émise dans quelques
mots. Dans le même article, le ministre nous avertit d'une chose: II faut
prendre garde aux impacts économiques des décisions à
caractère environnemental. Quand je vois une telle phrase entre les
mains des protecteurs de l'environnement, cela me fait toujours frémir.
Je vous le dis chaque fois, et je ne veux pas passer pour un type qui est
toujours accusateur, car je suis loin de penser que la personne qui tient le
rôle de ministre n'est pas sincère, mais j'aimerais beaucoup qu'il
laisse tomber cette espèce de coup de chapeau qu'il lance de temps
à autre aux 26 autres ministres qui t'accompagnent; ces ministres
défendent tous l'économie et vous, vous défendez
l'environnement et la qualité de la vie des Québécois.
Vous êtes presque contre les autres. Il faut qu'ils vous comprennent,
mais ils ont tendance à négliger l'environnement parce que c'est
de la production, de la productivité, du profit.
Sachant pertinemment que, dans la Gattneau, autant sur la Lièvre
que sur la Gatineau, il se fait encore du flottaqe - je ne sait pas comment on
l'appelle de façon technique - à-la-tout-venant et que dans la
Mauricie aussi, on pratique le flottage à-la-tout-venant, on pourrait au
moins faire, on appelait cela des "booms". Je ne sais pas comment on dit cela.
Je ne me rappelle plus le mot français. Non, c'est en anglais. C'est en
bois, vous allez me dire, mais c'est en anglais, "boom". Comment dit-on cela en
français?
Une voix: Boom.
M. Blais: Ça, les "booms", pour..»
Des voix: Estacade.
M. Blais: Estacade. Vous avez parfaitement raison. C'est mol qui
ai traduit cela à Hydro-Québec en 1963 et je ne m'en souvenais
plus. C'était un 8 mai, en 1963, M. Jos Bourbeau, qui était
président d'Hydro-Québec, m'a demandé de traduire le
livre
des réquisitions de travail d'Hydro. C'était un volume
épais comme cela. Entre autres, Je mot "boom" venait souvent
là-dedans. Je me souviens l'avoir traduit. C'est bien une estacade.
C'est donc dire que mon école de traduction s'est rendue jusqu'ici.
C'était pour vérifier si mon travail du 8 mai 1963 avait
porté fruit. Eh bien! les estacades, au moins s'il y avait une
réglementation pour que cela se fasse par touages, avec des estacades,
pour contrôler l'éparpillernent des billes - les pitounes, comme
on dit en termes québécois - l'éparpillement des pitounes.
Si une pitoune reste à l'eau trop longtemps, elle cale et la pauvre, on
la perd. C'est une perte pour la compagnie. C'est une pollution lente pour le
lit. Une pitoune qui tombe dans un lit...
Des voix: Ha' Haï
M. Blais: ...vous savez bien, M. le ministre, que cela peut faire
des dommages pour passablement d'années parce que les résidus
sont déjà dommageables pour la qualité de l'eau.
Lorsqu'une bille - on appelle cela une pitoune - est trop longtemps en
flottaison, elle s'imbibe et elle cale. Cela fait des dommages au lit de
façon remarquable et remarquée.
Pourquoi au moins, en attendant une éventualité,
malgré toutes les études qui ont été faites
antérieurement, dans sa politique de protection des rives ou par un
autre moyen, le ministre n'obligerait-il pas les compagnies à permettre
encore pour un certain laps de temps - nous espérons qu'il sera
très limité - le transport par touage, avec estacades qui sont
gardiennes de l'éparpillement des billes qui sont porteuses, en
elles-mêmes, de pollution, à la longue, de notre eau et de nos
rives?
M. Lincoln: M. le député, vous devrez admettre que
si c'était tellement facile d'établir une politique
définitive sur le flottage du bois sans considérer la question
économique, je suis sûr que vous l'auriez fait. Après tout,
le problème n'a pas surgi hier. Comme vous le savez, l'étude qui
a été terminée en février 1987 date de 1984. La
demande d'une étude là-dessus date de 1984. Donc, en 1984, on
réalisait que ce n'était pas une question facile à
solutionner. Le fait est que, si, demain matin, on retirait tous les bois qui
flottent sur la rivière Saint-Maurice - c'est admis même par les
intervenants qui sont les plus réalistes dans les milieux tant
environnementaux que dans d'autres - il faudrait remplacer cette forme de
transport par les camions, il faudrait réaménager nos routes. On
ne peut pas dire que, du jour au lendemain, cela peut se faire. C'est
impossible.
Une étude a été terminée et
déposée au début de l'année. Elle est en train
d'être analysée tant par notre ministère que par le
ministère de l'Énergie et des Ressources. L'autre jour, le
ministre délégué aux Forêts et moi-même avons
rencontré les intervenants du milieu des forêts. On leur a dit
qu'on analysait l'étude, qu'on allait faire des recommandations et que
l'étude serait rendue publique le plus tôt possible,
aussitôt que l'évaluation aura été faite. Il est
sûr qu'on ne peut pas prendre des décisions qui, demain matin,
vont régler la question. On peut avoir comme objectif de réduire
graduellement, le plus tôt possible graduellement, cela veut dire autant
que les conditions le permettent - le flottage du bois afin que l'objectif
final soit qu'à un moment donné on se débarrasse du
flottage du bois. Mais on ne peut dire, aujourd'hui, que même avec
n'importe quelle politique du gouvernement on pourrait le faire tout de suite.
On peut arriver à des solutions qui tiennent compte des
réalités dans lesquelles vivent les gens visés par cela.
J'admets avec beaucoup d'empressement que c'est une question environnementale
majeure qu'il faudra résoudre en trouvant des méthodes
alternatives. On va déposer nos conclusions là-dessus. (19 h
45)
II y a aussi la question économique, bien sûr, mais aussi
la question de savoir ce qu'on peut faire de façon immédiate.
Lorsque M. Côté et moi avons rencontré les qens
représentant l'industrie forestière, nous avons commencé
à établir un système. Une des composantes les plus
polluantes du système de flottage, c'est les écorces: c'est
reconnu. Maintenant, ils ont les décortiqueuses dans les forêts
qui font en sorte que le bois flotte sans écorce; c'est
déjà un pas en avant. On commence comme cela. Ce n'est
certainement pas une solution acceptable, mais c'est au moins le début
d'une solution à court terme.
L'étude dont vous parlez a trait à la Saint-Maurice
seulement. C'est là où le plus gros problème se pose, en
plus de l'Outaouais, je suis d'accord. Mais cette étude est une
étude symptomatique parce que c'est une étude pilote qui regarde
le principe de la chose. Elle devrait être déposée dans
trois ou quatre semaines, et nous la rendrons publique. J'espère qu'il y
aura une consultation, que les différents mouvements qui s'y opposent
pourront réagir. Il faudra trouver une solution. Je pense qu'elle se
trouve dans une espèce d'application de réduction graduelle.
C'est de cette façon que je crois qu'on va arriver à...
M. Blais: Cette étude, vous l'avez en main?
M. Lincoln: Je ne l'ai pas en main, pas ici.
M. Blais: Non, mais vous l'avez à votre
ministère.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Blais: Bon, je sais que vous ne l'avez pas entre les
mains.
M. Lincoln: Ah bon! excusez.
M. Blais: Vous l'avez à votre ministère. D'abord,
est-ce que c'est possible d'en obtenir une copie, au nom de l'Opposition?
J'aimerais beaucoup qu'on m'en envoie une copte. C'est une étude
payée par les fonds publics. Est-ce qu'on peut en avoir une copie? Cela
semble compliqué.
M. Lincoln: Je ne voudrais pas m'engager. C'est une étude
qui concerne le ministère de l'Énergie et des Ressources, qui
sera rendue publique en même temps que le nom des intervenants
impliqués dans l'industrie forestière, dans environ deux
semaines.
M. Blais: D'accord.
M. Lincoln: Vous l'aurez le plus tôt possible.
Aussitôt qu'on l'aura rendue publique...
M. Blais: D'accord, pas de problème. Ce n'est pas une
question... Je pensais, des fois...
M. Lincoln: Deux ou trois semaines.
M. Blais: Cela va. Dans cette étude, vous l'avez
certainement regardée, on dit certainement que, de façon
économique - je prétends è vol d'oiseau, sans être
un expert sur la flottaison des billes et les moyens compensatoires - refaire
de nouvelles routes le long des rivières pour transporter ce bois
comporte un certain coût, bien sûr. Quand on parle de la
région de la Mauricie, par exemple, c'est une région qui pourrait
être tellement touristique et qui, à cause de cela, perd
énormément de charme, et c'est très différent. On
voit dans les journaux "Venez en Mauricie sur la Saint-Maurice, vous promener";
ce n'est pas ce qu'on dit: Tenez-vous loin, vous vous ferez accrocher par des
estacades, des bateaux ou des billes.
La compensation de l'attrait touristique de la région, autant la
Mauricie que les régions non libérées de l'Outaoutais, les
deux y gagneraient du côté touristique. Est-ce que pour les deux,
en y gagnant du côté touristique, les coûts engendrés
pour ce faire - donner les moyens de communication ou autres, est-ce que, dans
cette étude, on parle d'une comparaison entre les bienfaits d'enlever
ces billes sur la rivière qui seraient compensés par un attrait
touristique?
M. Lincoln: Je peux vous dire que l'étude dont je vous
parle ne touche pas assez la question de l'impact environnemental. C'est
pourquoi nous l'étudions maintenant avec tellement de soin. Elle s'axe
surtout sur le volet de l'impact économique que causerait
l'enlèvement des bois de flottage. C'est pourquoi on met beaucoup
d'attention à examiner tout l'impact environnemental avec la plus grande
préoccupation.
M. Blais: Elle a été faite au ministère de
l'Énergie et des Ressources, qui regarde le côté...
M. Lincoln: Non, c'était une étude conjointe.
M. Blais: Avec le ministère de l'Environnement?
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: Comment se fait-il - vous allez me trouver accusateur -
que le ministre de l'Énergie et des Ressources ait encore gagné
dans ce rapport-là? Qu'il n'y ait pas grand-chose de
l'Environnement?
M, Lincoln: Des consultants ont fait cette étude. Naturellement,
on connaît l'impact environnemental au ministère. Ce que je veux
vous dire, c'est quantitativement. Ce volet-là demanderait en plus toute
une autre étude. On peut dire au départ que, si demain matin vous
preniez le bois en flottage dans la rivière Saint-Maurice, ce serait
quelque chose comme un camion de bois en moyenne toutes les trois minutes.
Certaines des routes ne vont pas jusqu'au point du flottage. Il faudrait
étendre les routes pour arriver au point du flottage. Il y a des
problèmes économiques de nature substantielle et sérieuse.
On ne peut pas faire quelque chose de précipité parce qu'il y a
des impacts économiques et pratiques qui dépassent aujourd'hui
les possibilités de prendre une décision définitive d'un
jour à l'autre. Il faudra que ce soit fait graduellement. S'il y avait
demain matin un camion toutes les trois minutes sur les routes du Québec
pendant la période qui est aujourd'hui la période de flottage du
bois - c'est ce que l'étude démontre - je ne sais pas ce qu'on
ferait sur les routes du Québec. À ce moment-là, on aurait
un problème social encore plus grand, le problème de la pollution
par les camions, le problème de la densité du trafic, etc. Il
faut à tout prix prendre des mesures réalistes qui s'adressent au
problème environnemental tout en le réduisant, par des
méthodes alternatives, les meilleures routes, la prolongation des routes
jusqu'au point de flottage, etc. C'est ce qu'on est en train d'examiner
maintenant.
M. Blais: D'accord. Je n'ai pas d'autre
question sur cet élément.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, j'aimerais juste
poser une courte question. Mon collègue s'en va pour quelques minutes...
En ce qui concerne le flottage du bois, vous parlez de l'étude que vous
avez devant vous. Ailleurs dans d'autres juridictions, soit au Canada, aux
États-Unis ou dans d'autres pays, est-ce qu'ils sont rendus plus loin
que l'étude, est-ce qu'ils ont déjà mis en marche une
méthode quelconque pour tenter de régler le problème?
Est-ce qu'il y a un espoir pour le Canada, particulièrement dans la
région de la Gatineau où c'est un problème majeur et cela
l'a toujours été d'ailleurs et où il n'y a pas eu de
changement dans les dernières années. La CIP est là depuis
au moins 30 à 50 ans et cela a toujours été le même
problème. Vous avez mentionné qu'une étude est faite
présentement, mais y a-t-il d'autres endroits où c'est plus
poussé que ça, où il y a vraiment des solutions
apportées ou des possibilités de solution?
M. Lincoln: Je crois qu'il y a plus de flottage ici qu'ailleurs.
C'est une espèce de méthode traditionnelle qu'on acceptait au
cours des années. Maintenant, c'est devenu une pratique presque
malheureusement acceptée. Pour les compagnies de bois qui s'en servent
à longueur d'année, c'est l'extrême contraire. Elles ne
voudraient pas que ça cesse. Et vous avez l'autre extrême, la
population, tout le volet social, le volet environnemental qui dit qu'il faut
que ça cesse. C'est fait sur une échelle tellement grande
maintenant que ça demande des méthodes alternatives comme la
question des routes, la question du trafic, de la réfection des routes,
etc., pour faire un changement assez pratique. Cela va en diminuant tout le
temps. Je crois que l'industrie de la forêt réalise que ce n'est
pas quelque chose qui peut durer. En même temps, il faudra composer pour
une période quelconque, je ne sais pas ce que cela va être, afin
qu'on puisse graduellement prendre des mesures pour réduire le flottage
de plus en plus. Mais cela ne va pas se faire du jour au lendemain, n'est-ce
pas? Je ne pense pas que ce soit possible. C'est un problème immense.
C'est sûr que vous avez le problème chez vous dans l'Outaouais
comme dans la Mauricie. C'est tellement vaste. J'ai les chiffres pour
démontrer combien on fait de flottage. Alors, quand vous avez des
niveaux ae flottage, comment c'est arrivé, je voyais des chiffres tout
à l'heure qui étaient...
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, voici ce à
quoi je veux en venir plus particulièrement: Est-ce qu'il y a des
endroits où le bois est coupé dans le bois, coupé en
petits morceaux, "chips" dans le bois, et lancé après cela dans
des pipelines soit par la pression de l'eau ou soit par l'air, je ne sais pas
de quelle manière? Je suis presque sûr que j'ai lu qu'à un
endroit il y a eu des expériences à cet effet. Est-ce que c'est
en usage ou est-ce qu'on a fait des "faisability studies"?
M. Lincoln: Cela commence à se faire ici au Québec.
Maintenant, de plus en plus, c'est la méthode que les compagnies
forestières vont appliquer éventuellement sur le territoire. Ils
ont commencé à certains endroits, je pourrais vous dire lesquels,
où ils coupent sur place, ils font des billots beaucoup plus petits,
qu'ils acheminent aux usines plus petites comme des "wood chips".
Le Président (M. Kehoe): C'est une solution plus pratique
que le transport par camion à long terme. J'imagine que c'est beaucoup
moins dispendieux que d'installer un pipeline.
M. Lincoln: C'est toujours par camion. Ils font le coupage en
"chips", mais c'est toujours par camion. Vous dites à un moment
donné qu'il faudrait un système de pipeline. Mais je ne pense pas
que cela existe encore au Québec. C'est une affaire de coût. Vous
voyez le coût de la distance, compte tenu de la grandeur du territoire.
C'est sûr que c'est une solution. Lorsque vous avez un territoire plus
petit, c'est naturellement beaucoup plus facile, mais aujourd'hui cela
prendrait des fortunes pour installer ces pipelines dans tout le Québec
compte tenu de la dimension de nos forêts.
En tout cas, toutes ces solutions sont en train d'être
étudiées maintenant. L'industrie forestière est tout
à fait consciente du fait qu'elle est obligée de diminuer
graduellement et le plus vite possible le flottage.
Milieu atmosphérique
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je
comprends que nous allons ajourner, pas ajourner, suspendre le programme
numéro 2 et procéder au programme numéro 3,
élément numéro 2. M. le ministre ou M. le
député de Terrebonne.
Les pluies acides
M. Blais: Merci beaucoup. Beaucoup de technique pour nous laisser
aller, n'est-ce pas, M. le ministre?
Élément numéro 2, les pluies acides. Ce n'est pas
nécessaire de faire ici un grand discours sur le côté
néfaste des pluies acides. Autant de votre côté que du
mien, nous partageons les mêmes idées là-dessus, à
savoir qu'il faut absolument les enrayer le plus possible.
Quand vous êtes arrivé au ministère, il y avait
entre la mine Noranda entre autres et le gouvernement du Québec des
négociations qui ont été complétées et
menées à bon port. Le gouvernement fédéral, le
gouvernement du Québec et la mine Noranda, selon l'entente qui vient
d'être conclue, paieront chacun un tiers des 125 000 000 $. En entrant
à votre ministère, il y avait un petit paragraphe qui disait,
dans le cahier que vous avez reçu des hautes autorités, que le
mine Noranda devrait payer au moins 50 % des coûts. C'est bien sûr
que c'était pendant les discussions. (20 heures)
II fut un temps où ils ne voulaient même pas payer du tout.
Vous allez dire: J'ai bien réglé: un tiers, un tiers, un tiers.
Disons que même si on avait voulu que l'entreprise privée paie
plus, vous auriez pu répondre de votre côté que ce n'est
pas si mal. Sauf que le principe du pollueur-payeur là, pour les choses
à venir, que c'est pour corriger une pollution à venir, je trouve
qu'on crée un précédent. Si c'était pour
réparer des choses du passé alors qu'on aurait une aide forte des
gouvernements, j'ai l'impression que ce serait plus facile à comprendre.
En créant le précédent du tiers, vous êtes capables
de défendre votre position là-dessus, mais le principe
pollueur-payeur là-dedans, on le jette par-dessus bord. C'est ce que je
vous ai demandé. Il fallait jeter le principe par votre ministère
par-dessus bord.
Quelles sont les démarches et les raisons qui vous ont
motivés à franchir ce pas, è jeter par-dessus bord pour
l'avenir le principe du pollueur-payeur?
M. Lincoln: En fait, M. le Président, c'est un peu le
contraire qui s'est produit. Lorsqu'on a parlé de subventions allant
jusqu'à 50 %, on parlait justement comme l'a souligné
lui-même le député, de subventions, mais nous sommes
arrivés à une négociation beaucoup plus avantageuse pour
ies gouvernements, en ce sens que nous avons établi avec Noranda, vu
qu'il y avait des déficits prévus au long des années et
que c'était un projet déficitaire, que nous serions prêts
à considérer des prêts à long terme. Ce n'est pas
une subvention. Ce sont des prêts à long terme comme on ferait
à n'importe quelle entreprise au Québec.
Excepté que dans ce cas-ci c'est un programme spécial pour
les pluies acides. Il y avait un fonds spécial où le gouvernement
fédéral mettait l'équivalent complet de la part du
Québec. Donc, nous avons commencé à négocier sur
une base de subventions. En fin de compte, nous avons obtenu de Noranda qu'elle
accepte le principe d'un prêt avec intérêts remboursable sur
plusieurs années. Donc, c'est le principe qui fait que le pollueur a
payé en fin de compte.
M. Blais: Le principe du pollueur-payeur, selon cette entente,
vous trouvez qu'il est sauvegardé?
M. Lincoln: Tout à fait sauvegardé. On peut nommer
toutes sortes d'usines qui ont obtenu des prêts. Vous prenez l'industrie
des pâtes et papiers, par exemple, où il y a un programme de
technologie et de modernisation technologique d'un procédé qui a
pour objectif parmi d'autres d'assainir les émissions tant aquatiques
qu'aériennes. Dans ce programme créé par le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec, il y a eu des
prêts substantiels qui ont été faits aux usines de
pâtes et papiers. Là aussi c'étaient de gros pollueurs
avant que le programme commence. Mais le fait a été
sauvegardé que ce sont des prêts à l'entreprise avec des
conditions formelles et c'est ce qui est arrivé dans le cas de
Noranda.
M. Blais: Les gens de l'Abitibi disaient que réduire
à 50 % ce n'était pas suffisant. Je ne veux pas entrer dans ces
détails parce que c'est extrêmement technique. Je qarde pour
d'autres circonstances le soin de revenir sur cette question. Maintenant
l'ensemble. Comment le ministre entend-il assurer l'application du
rèqlement du 6 février 1985 à l'égard des autres
sources de pollution, comme la Fonderie de métaux non ferreux de
Murdochville, les alumineries, etc?
M. Lincoln: Murdochville est arrivé à 58 %. Toutes
les sources de pollution, excepté Noranda, ont respecté les
échéanciers. Noranda est la seule source qui ne respecte pas les
échéanciers. En fait, qui est encore à zéro et qui
devra la respecter d'ici à la fin de 1989. Mais toutes les autres
sources respectent l'échéancier. Je peux vous dire de
façon tout â fait certaine que d'ici à 1990 le
Québec va avoir atteint son échéancier de réduire
de 45 % les émissions totales. On va passer de 1 085 000 tonnes qui
étaient notre taux de 1980 à 600 000 tonnes qui seront le taux de
1994 que nous atteindrons quatre ans avant parce que toutes les autres
industries ont atteint leur échéancier.
M. Blais: Je ne voudrais pas qu'on dise et je ne vous prête
pas cette intention: On réduit les émissions de 50 %,
Murdochville a réduit de 58 %, on les laisse tranquilles, etc. Le
chiffre 50 semble venir dans la tête des gens et, inconsciemment, on
sème cette idée que réduire à 50 %, ce n'est pas
grave, on vivra deux fois plus longtemps ou on mourra deux fois moins vite.
Cela peut être le raisonnement. En fait, il faut tendre à les
éliminer totalement, mais il ne faudrait pas que le chiffre 50 paraisse
aux yeux de la population, de la façon dont les choses vont,
comme une espèce de modèle. Ah! c'est 50, cela va. On peut
dire à quelqu'un: Je vais te tuer. On ne tue pas à 50 %, on tue
ou on ne tue pas. Si c'est mortel, il va falloir qu'on les élimine d'une
façon complète.
Je sais pertinemment aussi que Mines Noranda, de façon
particulière, c'est à peu près 50 % de notre pollution du
côté atmosphérique. C'est bon! II fallait qu'on s'y
attaque. Félicitations que ce soit déjà fait, qu'il y ait
eu une entente des trois partiesl J'aime beaucoup le Grand Nord du
Québec, je suis originaire de Rouyn, c'est la ville où j'ai
grandi. Je sais que, de façon générale, les vents
soufflent toujours sud-ouest, sud-est. Atendez un peu! Sud-est, à 99,9 %
du temps, à moins d'une petite dépression qui nous vienne du
nord. Les cheminées de Mines Noranda, de grands tuyaux de 435 et de 535
pieds, qui m'ont empoisonné toute ma jeunesse, du côté
nasal j'entends, jettent leur pollution vers le nord et non vers le sud. J'aime
beaucoup le nord et le Québec est très grand. C'est sûr que
le chiffre de 50 % concerne un territoire non occupé, mais il faut le
protéger du côté du loisir, de la chasse et de la
pêche à cause des Amérindiens, etc. Parfaitl
Je peux dire que j'ai réglé 50 % des problèmes.
C'est faux. C'est 50 % de la pollution qui est réglée, mais on
n'a pas touché à 50 % des problèmes. Les problèmes
réels sont beaucoup plus vers le sud des cheminées de Mines
Noranda. C'est pour cela que mon recherchiste m'a obligé et convaincu -
et il avait raison - de vous demander: Comment le ministre entend-il faire
appliquer le règlement du 6 février dans les autres domaines,
chez les autres, par exemple, les alumineries, les fabriques de pâtes et
papiers? C'est bien sûr qu'une grosse partie de notre pollution nous
vient des États-Unis, tout le monde le sait, ainsi que d'une partie de
l'Ontario. On s'autopollue nous-mêmes.
Mais, les érables, par exemple! qu'on ait réduit ou qu'on
réduise, demain matin, de façon effective 50 % des
émissions atmosphériques polluantes, il n'y a pas un
érable qui va être soulagé au Québec. Cela ne veut
pas dire qu'il ne faut pas le faire et que le geste n'est pas honorable, mais,
pour la partie la plus sudiste de la chose, j'ai l'impression qu'il faudrait
remettre du mordant. Qu'est-ce que vous planifiez de mordant là-dedans?
En sous-question: Pourquoi, comme l'ont écrit certains journaux, le
ministre ne s'est-il pas rendu à le Chambre des communes lorsqu'on y
discutait des pluies acides, alors qu'au moins cinq ou six de ses
confrères des autres provinces s'y sont rendus, pour que vous n'ayez pas
l'air soumis, ce n'est pas votre genre et ce n'est surtout pas le mien devant
Ottawa, mais en partenaires égaux? Pourquoi le ministre ne s'y est-il
pas rendu?
M. Lincoln: D'accord. Tout d'abord, M. le Président, je
suis tout à fait prêt à accepter et je partage l'opinion
qu'on devrait être bien loin d'être satisfaits de 50 % comme
objectif. Je ne pense pas que 50 % soit un chiffre magique et qu'il faille
dire: Puisqu'on a atteint 50 %, on va tous se flatter et être bien
contents de la chose. Ce n'est pas du tout le cas. L'objectif de 50 % a
été fixé après consultation extensive entre les
provinces canadiennes et le gouvernement fédéral, sous l'ancien
gouvernement. C'était un objectif, les 50 % étaient relatifs. Les
50 % voulaient dire que si, nous, au Canada, nous atteignons notre objectif de
50 % et si nous pouvons persuader les autres qui nous polluent de faire la
même chose, nous allons réduire le taux de déposition de
sulfate sur les sols à 20 kilogrammes au maximum. Aujourd'hui, le taux
de déposition de sulfate sur les sols excède de beaucoup 20
kilogrammes. Dans certaines régions du Québec, il atteint environ
35 ou 36 kilos, ce qui est tragique pour nos cultures, pour nos lacs.
L'idée d'arriver à 50 %, c'était le minimum qu'il nous
fallait pour arriver à réduire le taux de déposition de
sulfate à 20 kilogrammes et moins par hectare par an. Alors, il y a une
relativité. On dit que les sols peuvent soutenir, non pas que ce soit
bon, mais au moins ils peuvent soutenir une déposition allant
jusqu'à 20 kilogrammes par hectare par an. L'idée d'aller plus
loin que 50 % - c'est là naturellement qu'il faut essayer d'aller -
c'est pour que le taux de déposition de sulfate sur les sols soit
moindre. On pourrait descendre jusqu'au taux idéal de 11 kilogrammes,
mais il faut commencer quelque part et je suis d'accord avec le
député que nous seuls, en réglant notre problème,
on ne va pas arriver à régler quoi que ce soit, tant que les
Américains qui nous polluent pour au moins 50 %, si ce n'est plus, ne
régleront pas leur affaire. L'idée, c'est de faire des pressions
communes sur les Américains. C'est pourquoi, maintenant que nous avons
nettoyé, que nous avons respecté nous-mêmes nos
échéanciers, nous pouvons faire des pressions plus fermes, avec
les États américains qui sont pollués eux aussi, sur le
qouvernement fédéral américain pour le persuader de
réduire... Si les Américains ne le font pas, je suis
entièrement d'accord, le problème ne sera jamais
réglé. Il est essentiel que cela se fasse.
Pourquoi ne suis-je pas allé à Ottawa devant le
comité sur les pluies acides? C'est qu'il y a une tradition au
Québec qui dépasse le gouvernement libéral actuel, qui
remonte â fort longtemps, selon laquelle le gouvernement du Québec
ne parle pas devant un comité officiel de la Chambre des communes comme
un gouvernement. Pourtant, j'ai parlé au président du
comité, M. Darling, j'ai parlé à certains membres du
comité dont les
représentants du Québec au comité, le
député fédéral de Rouyn, entre autres, un autre
député dont je ne connais pas le comté et ils sont
très au courant de la position du Québec là-dessus. J'ai
parlé à M. Darling qui comprend la position historique du
Québec. On a offert de rencontrer le comité de la Chambre des
communes à la Délégation du Québec à Ottawa
et, en fait, cela a été accepté. Je ne sais pas si la
rencontre va se faire ou si le comité a terminé son travail, mais
en tout cas ils étaient très réceptifs à cette
idée et j'espère qu'un de ces jours, on va les rencontrer.
Autres cas de pollution
M. Blais: Toujours dans le domaine des émissions, on sait
que l'essence avec plomb pour les voitures est plus nocive pour la santé
que l'essence sans plomb, bien sûr. Dans le dernier budget, je pense que
l'Environnement s'est fait "passer un Québec" par le ministre des
Finances en disant que l'égalisation des taxes de l'essence
régulière avec plomb et de l'essence régulière sans
plomb, c'est-à-dire appliquer le même montant de taxes, qui donne
une essence avec une différence d'à peu près 0,03 $ quand
même, la différence entre les deux pour que, dit le ministre des
Finances, la qualité de l'environnement soit protégée...
Est-ce que vous croyez réellement que ce n'est pas là une
façon indirecte d'aller chercher 10 000 000 $ de taxes
supplémentaires et que les gens, à cause de la différence
marquée qui reste encore entre les deux sortes d'essence, continueront
quand même à prendre de l'essence avec plomb? (20 h 15)
M. Lincoln: Tout ce que je peux dire, M. le Président,
c'est que je suis totalement d'accord avec le député. La
réponse, c'est que j'espère - à la longue, c'est ce qu'on
va faire - que cela va aller beaucoup plus loin dans le prochain budget. Je
suis sûr que la seule façon d'inciter les gens à n'acheter
que l'essence sans plomb, c'est de rendre le coût de l'essence avec plomb
beaucoup plus cher que l'essence sans plomb. Cela a été
essayé en Hollande. Cela fonctionne très bien de cette
façon-là. Maintenant, les Hollandais achètent presque
uniquement de l'essence sans plomb parce que l'essence sans plomb coûte
bien moins cher que l'essence avec plomb. Là-dessus, je suis d'accord
avec vous.
M. Blais: D'accord, et cela fait un petit 10 000 000 $ de plus
peut-être pour des barrages, des inondations ou que sais-je encore?
M. Lincoln: Tout de même, c'est un pas dans la bonne
direction.
M. Blais: L'usine Alcan. Vous avez certainement vu comme moi dans
les journaux, au mois de février, avec des belles photos,
l'espèce de petite réserve - ils appellent cela une
réserve de HPA - è l'Alcan. Pour situer les gens afin que la
question soit plus facile, je vais résumer la situation. Le
ministère de l'Environnement réalise è titre
expérimental depuis décembre dernier une série
d'échantillonnages de l'air ambiant à proximité des
installations de l'Alcan, à Jonquière, dans le but d'y mesurer
les quantités d'hydrocarbures polycycliques aromatiques,
c'est-à-dire HPA, dont certaines composantes sont hautement
cancérigènes. Les travailleurs des usines de l'Alcan et la
population de la région subiront, pour un certain temps du moins, les
émanations de HPA, la compagnie n'ayant pas l'intention d'investir dans
le procédé des épurateurs à voie sèche qui
permet de capter ce contaminant. L'Alcan invoque les coûts astronomiques
de la conversion de ces épurateurs à voie humide et l'incertitude
quant à la fiabilité de l'efficacité du nouveau
procédé. Là-dessus, techniquement, je ne tiendrai pas la
conversation longtemps. Ce sont principalement les salles de cuve de type
Soderberg qui revendiquent la responsabilité des émanations HPA
au nombre de onze, etc. Le problème, ce n'est pas cela. Derrière,
indépendamment de cela, il y a cette espèce de lagune, je ne sais
pas si on peut appeler cela une lagune en français. Une lagune, c'est
censé être un beau petit lac très pur, mais disons une
lagune polluée pleine de ces réserves qui dégagent aussi
des HPA. Même si l'usine changeait et même s'il n'y avait plus ces
onze fours, dans l'usine qui sera construite dans son nouveau local, qui sont
polluants pour l'atmosphère, il resterait toujours ce lac, cette
réserve remplie de ces polluants.
Que pense actuellement le ministre de l'attitude de l'Alcan qui refuse
d'abord de changer ses épurateurs pour des épurateurs à
voie sèche? Est-ce que le ministre considère cette réserve
polluée comme un site dangereux à désintoxiquer ou
à décancérigénéiser?
M. Lincoln: D'abord, on va parler du problème des HPA
émis par l'usine. C'est certainement un problème environnemental
de première grandeur qui, certainement, a un impact sur la
qualité de vie de la population. C'est indéniable. Comme vous le
savez, le ministère a installé des postes d'analyse
expérimentaux. On a déjà fait une analyse. Ce sont des
analyses très coûteuses. Il y en a une autre qui viendra à
l'été. Alcan est en train de faire des études pour voir
s'il est possible de trouver des solutions de correction moins coûteuses
que celles étudiées jusqu'à présent. On parle de
dépenses de l'ordre de 300 000 000 $. Il y a l'autre question qui s'en
vient. Une nouvelle
usine a été annoncée à Laterrière,
qui va remplacer cette usine désuète. Nous n'avons pas
d'information, à moins que vous ne puissiez me dire comment vous savez
que les étangs contiennent des HPA. J'aurais voulu savoir un peu... Les
spécialistes du ministère me disent qu'à leur
connaissance, ces étangs ne contiennent pas de HPA en quantité
significative, que c'est très minime.
M. Blais: M. le ministre, je tiens ce renseignement de SVP. Je
n'ai pas fait l'analyse moi-même, bien sûr. Il faut qu'on se fie
à ceux qui surveillent la qualité de la vie sur le territoire. Le
co-président de la Société pour vaincre la pollution, M.
Daniel Guay, a indiqué à CKRS - c'est un reportage du 13
août 1986 - et au journal Le Quotidien que, dans ses statistiques, Alcan
ne tient nullement compte des HPA en provenance du site des déchets
industriels qui peuvent se rendre par le sol ou par une nappe d'eau dans la
rivière Saguenay.
M. Lincoln: Ce n'est pas la même chose. Vous parlez des
égouts industriels, vous parlez des étangs de boue rouge.
M. Blais: Juste une secandel J'ai interprété, selon
les articles que j'ai, la photo et le rapport de SVP, qu'il y avait, dans le
terrain derrière où il y a des lagunes, des réserves
polluantes, des débris ou des déchets très "mollustiques",
des HPA, qui pouvaient, dans la nappe phréatique, prendre des cours
d'eau et revenir. C'est dans cette idée que je vous posais la
question.
M. Lincoln: II y a deux problèmes. Il y a les
étangs de boue rouge, comme on les appelle. Selon nos informations - en
tout cas, sous réserve de vous le confirmer demain -et selon les
spécialistes qui sont ici, il n'y a pas du tout de taux significatif de
HPA dans les étangs de boue rouge, mais peut-être dans les
affluents industriels. En tout cas, la question des HPA, à l'usine de
l'Alcan, c'est peut-être le problème majeur. C'est sans doute le
problème majeur. Tant qu'on n'aura pas une usine de rechange à
cet endroit, on aura toujours des problèmes de HPA, presque impossibles
à régler sans des investissements énormes. Je pense que la
solution sera la construction d'une nouvelle usine. Heureusement qu'elle a
été annoncée,
M. Blais: D'accord. Il y a la fameuse lui 84 que j'adore. Je me
souviens, à l'époque, j'avais arrêté de fumer pour
être sincère pour sa défense - j'ai arrêté
pendant dix mois, M. le ministre. Cependant, lors de l'étude de cette
loi, nous avions insisté sur le fait que les municipalités
prenaient la responsabilité du ministère et, selon nous,
pouvaient, chacune, respectivement, faire des règlements selon leur bon
vouloir, selon la loi. I! y a aussi le fait que tous les établissements
publics sous 18 juridiction d'un ministère ou de l'autre, devaient,
selon la loi, appliquer la loi eux-mêmes dans leurs édifices. I!
semble - et je suis persuadé que vous en avez entendu parler - que la
loi soit très difficile d'application, principalement dans les
hôpitaux. Deuxièmement, plusieurs municipalités tardent
è faire des lois à ce sujet et les lois ne sont pas
nécessairement semblables d'une ville à l'autre. Ces deux
questions vont venir se heurter ou concorder avec la nouvelle loi
fédérale qui a été déposée sur le
tabac.
M. Lincoln: D'accord. Tout d'abord, la question de l'application
par les municipalités. Comme vous le savez, ici, on a un système.
Tout è l'heure, vous parliez de consultation, peut-être qu'on n'en
fait pas assez, mais dans ce cas, on a consulté l'Union des
municipalités du Québec et les MRC qui nous ont dit, au moment
où la loi était à l'étude, que les
municipalités préféraient que nous ne fassions pas de loi
qui couvrirait le territoire municipal.
En fait, des municipalités s'étaient même
opposées è ce que nous appuyions dans le projet de loi les
édifices municipaux eux-mêmes. Au départ, ils ne voulaient
même pas qu'on fasse cela. À la fin, ils ont accepté que
nous appuyions les édifices municipaux eux-mêmes. Pour ce qui est
des emplacements et des établissements privés sur le territoire,
les municipalités préféraient avoir cette juridiction
elles-mêmes. C'est pourquoi, dans la loi, avec l'accord de l'Union des
municipalités du Québec, qu'on a consultée, et avec
l'accord des MRC, nous avons donné des pouvoirs habilitant les
municipalités à faire des règlements si elles le jugent
bon pour elles-mêmes.
Pour ce qui est de l'harmonisation des réglementations, nous
avons travaillé sur un règlement type que nous avons soumis au
ministère des Affaires municipales. Nous attendons que le
ministère des Affaires municipales nous donne son aval. Il sera
envoyé à toutes les municipalités du Québec afin
que toutes celles qui veulent s'en prévaloir s'en servent comme un
règlement type pour éviter qu'il y ait des règlements
disparates d'une municipalité à l'autre.
De toute façon, même si c'était le cas, s'il y avait
des réglementations disparates, complémentaires à notre
loi, je ne pense pas que cela pose de très graves problèmes.
Aujourd'hui, plusieurs municipalités ont des règlements. Je peux
citer, par exemple, la ville de Aylmer, les villes de Westmount, de
Côte-Saint-Luc, de Mont-Royal. Que je sache, à la ville de
Québec, cela ne pose pas de grave problème complémentaire
à notre loi. La ville de Montréal est en train de préparer
un projet de règlement. Au
contraire, je trouve bénéfique que notre loi existante ait
servi d'incitatif aux municipalités qui, maintenant, se penchent de plus
en plus sur le problème.
Pour ce qui est des hôpitaux, il est clair que ce n'est pas facile
de faire des lois qui, d'un jour à l'autre, changent les habitudes. Je
peux vous dire qu'à part certaines régions, dans la plupart des
établissements de santé, la loi est respectée. Il y a
certaines exceptions, et elles se trouvent surtout dans les hôpitaux
où le directeur général ou la personne en charge
n'applique pas sérieusement la loi elle-même, si elle est une
fumeuse, et si elle ne pense pas que c'est important. Mais nous travaillons de
plus en plus avec le ministère concerné. Pour l'application de la
loi dans le secteur de la santé, nous travaillons avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux, avec le
ministère de l'Éducation, le ministère des Affaires
municipales, pour ne citer que les principaux. Nous travaillons avec eux afin
que la vérification de l'application de la loi se fasse par le
ministère concerné.
Le ministère coopère de très près avec nous.
Cela va très bien dans les écoles. Dans le milieu de la
santé, vu la dimension des hôpitaux, la dimension des services,
etc., c'est sûrement plus difficile là qu'ailleurs, mais en
général nous pouvons dire que la loi a pris racine assez bien, en
fait, bien mieux que nous le pensions. Un nouveau dépliant a
été produit récemment par le ministère des Affaires
municipales et nous-mêmes conjointement. Nous en avons fait 240 000 en
français et 60 000 en anglais. C'est une production du ministère
de la Santé et des Services sociaux et du ministère de
l'Environnement. C'est la deuxième publication. Il y a eu une grande
demande pour le premier, et cela démontre que la loi est en train
d'être appliquée. (20 h 30)
M. Blais: D'accord. Je parlerai pendant quelques secondes de la
zone tampon qui empêche la terre d'être rôtie comme poulet
sur broche par le soleil, pour être très très vite. La
Canada limitera les émissions de CFC. Il y aura, je crois, en septembre
prochain, une rencontre à Montréal où une trentaine de
pays viendront signer un accord là-dessus, une entente internationale.
En bref, quelle contribution le Québec entend-ll apporter à ce
programme canadien de réduction de CFC responsables de
l'épuisement de la couche d'ozone? Le ministre sera-t-il du nombre lors
de cette consultation ou à cette signature mondiale patronée par
l'ONU sur la protection de cette couche d'ozone que les humains doivent faire
dans les plus brefs délais?
M. Lincoln: Tout d'abord, je dois vous dire que le Conseil
canadien des ministres des Ressources et de l'Environnement, dont, incidemment,
le Québec a la présidence cette année, se penche de
très, très près sur cette question. Justement, la
rencontre internationale qui aura lieu à Montréal en septembre va
certainement impliquer le ministère de l'Environnement à un
degré très direct du fait que c'est sur notre territoire, du fait
qu'on est partie prenante et qu'on a la présidence du CCRO cette
année. De plus, nous avons été cette année les
hôtes au Québec de la première conférence du
symposium nord-américain sur les oxydants qui avait pour objectif de
traiter toute la question de l'ozone. Il y a eu environ 150 hommes de science
de toutes les parties des États-Unis et du Canada qui se sont
rencontrés ici à Québec, qui ont eu des séances
d'étude et qui vont déposer des rapports de recommandations sur
l'attaque à la couche d'ozone. Il est sûr que notre
ministère a suivi cela de très près. Il va harmoniser ses
mesures de lutte contre ce problème avec celle des autres provinces
canadiennes et des États américains.
M. Blais: Une dernière question dans cet
élément de programme. Je ne peux pas toujours être
délicat et éviter les confrontations. Je sais que ce dossier que
j'apporte vous répugne au plus haut point, mais mon devoir prime avant
tout ma bonhomie, ma politesse.
Alex Couture.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Si dossier connu il y a, en voici un. II y a un impair,
je crois, qui peut avoir été commis par le ministre de
l'Environnement du Québec - certaines personnes le considère
ainsi et moi de même - qui pourrait faire dire que le ministre de
l'Environnement déroge parfois lui-même à sa propre loi de
l'environnement, mais qu'il encouraqe un tiers, c'est-à-dire le
gouvernement fédéral, au non-respect des lois et
règlements que lui-même a le devoir de... On ne vous
dérange pas trop, M. Gobé?
M. Gobé: Excusez-moi?
M. Blais: On ne vous dérange pas trop?
M. Gobé: M. le Président, je pense que les membres
de cette commission doivent s'adresser au président et non aux membres
directement. Est-ce que c'est possible?
Le Président (M. Kehoe): ...pas à son
député.
M. Gobé: Est-ce qu'il est possible de faire respecter le
règlement par le député? , .
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Kehoe): D'accord.
M. Blais: M. le Président, je vous prie de faire respecter
le règlement. Je n'entends plus le ministre sourire.
Je recommence. C'est très difficile à dire, mais je vais
me faire violence. On dit dans certains milieux que le ministre de
l'Environnement a, à certains moments, pris l'habitude de déroger
lui-même à ses propres règlements, mais dans le cas d'Alex
Couture, encourager un tiers, c'est-à-dire le gouvernement
fédéral, au non-respect des lois et règlements que sa
propre responsabilité interne lui commande de respecter dépasse,
selon certaines personnes dont je suis, tout entendement.
Dans un télégramme en date du 19 novembre dernier
signé par le ministre de l'Environnement du Québec, celui-ci
incite les autorités fédérales à passer outre
è la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec.
Ainsi, bien qu'une entente ait été signée le 23 mai 1984
entre la firme d'équarrissage Alex Couture de Charny et le gouvernement
fédéral en vue d'octroyer à la compagnie une subvention de
782 000 $ conditionnelle à l'obtention d'un certificat de
conformité aux normes environnementales québécoises, le
ministre du Québec est intervenu personnellement auprès du
ministre fédérai Michel Côté afin qu'il accorde la
subvention en passant outre à sa propre loi qui accompagnait cette
entente signée le 23 mai 1984. La question est très simple:
Comment le ministre peut-il demander à un tiers dans le gouvernement
fédéral de ne pas respecter la Loi sur la qualité de
l'environnement du Québec?
M. Lincoln: M. le Président, je n'ai jamais demandé
au ministre fédéral de ne pas respecter la Loi sur la
qualité de l'environnement du Québec. Le télégramme
public que j'ai déposé à l'Assemblée nationale
n'est pas un grand secret. C'est un télégramme officiel
envoyé au ministre fédérai du Développement
régional. Ce n'est pas un télégramme qui a
été caché, ce n'est pas une intervention personnelle de ma
part, c'est une intervention tout à fait officielle du ministre de
l'Environnement.
La raison pour laquelle je suis intervenu est celle-ci: Nous nous
retrouvons avec Alex Couture dans une espèce de cercle vicieux. Ce que
j'ai souligné au député de Terrebonne, comme je l'ai
souligné à l'Assemblée nationale lorsqu'il m'a posé
la question, c'est qu'il faudrait voir le dossier d'Alex Couture lorsque son
gouvernement l'avait et pendant que nous l'avions. En fait, la première
intervention que j'ai faite a été de répondre à une
lettre du Protecteur du citoyen. De fait, les réparations qui devaient
être faites au biofiltre ont été faites. J'ai
été personnellement à l'usine d'Alex Couture et j'ai
constaté les senteurs de l'usine. Je suis allé voir sur place. Je
ne veux valoriser d'aucune façon la position d'Alex Couture par rapport
aux citoyens. J'ai rencontré les représentants de la ville de
Charny, mais en même temps on arrive à une position où le
biofiltre qui est installé est réparé et satisfait aux
normes du ministère par rapport aux odeurs. Il respecte les normes du
ministère, mais nous demandons à Alex Couture de faire des
travaux additionnels afin que l'article 20 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui est un article très général qui parle
de la qualité de la vie, soit respecté. C'est un article beaucoup
plus difficile d'interprétation.
Nous arrivons à une espèce de blocus avec Alex Couture
parce qu'il dit: Tant qu'on n'aura pas l'argent du fédéral on ne
fera pas les améliorations additionnelles que le ministère a
demandées. En aucun temps je n'ai donné un certificat de
compétence et de respect de la qualité de l'environnement
à Alex Couture.
Deuxièmement, lorsque j'ai envoyé ce
télégramme à M. Côté, j'ai bien
indiqué qu'Alex Couture ne rencontrait pas toutes les conditions de la
Loi sur la qualité de l'environnement. À ce moment-là, je
pensais que, si le fédéral avait donné les 800 000 $
à Alex Couture, on aurait beaucoup plus de poids pour intervenir et les
forcer à terminer les autres travaux.
Ce qui m'étonne dans toute cette controverse, c'est que le
ministre fédéral du Développement régional,
à part un très bref accusé réception, n'a
même pas répondu au télégramme. Six mois
après, il joue à la vierge offensée dans les journaux en
disanti Ce n'est pas moi qui vais enfreindre l'environnement au Québec.
Comme s'il disait que nous avons enfreint l'environnement. Si quelqu'un a fait
quelque chose pour régler le cas d'Alex Couture, c'est bien nous.
C'était certainement le gouvernement fédéral ou les
députés fédéraux de l'endroit qui faisaient de
grandes déclarations prétendant être les grands protecteurs
de l'environnement.
En fait, si le ministre fédéral tenait beaucoup à
l'environnement, il se serait peut-être battu avec son collègue,
M. MacMillan, pour nous trouver les sommes qu'ils nous doivent pour la
dépollution du Saint-Laurent. J'ai trouvé sa déclaration
complètement farfelue. Il aurait dû au moins avoir la courtoisie
de répondre à mon télégramme avant de faire des
déclarations publiques qui ne tenaient pas debout dans les journaux.
J'ai envie de vous demander où j'ai enfreint la Loi sur la
qualité de l'environnement, où j'ai fait des compromis avec Alex
Couture ou n'importe qui. Je ne vois pas du tout où on va faire des
compromis avec Alex Couture. En fait, cette saison-ci, cet été,
des consultants indépendants vont aller
prendre des échantillonnages qui vont coûter 2500 $
pièce. On va faire dix échantillonnages au cours de
l'été afin d'avoir des preuves à l'appui. C'est
très difficile, par exemple, d'apporter des preuves sur l'article 20 de
la Loi sur la qualité de l'environnement.
Je ne voulais pas parler de cela ici, parce que c'est un peu laisser le
chat sortir du sac, mais vous nous le demandez et je vais, moi aussi, me
défendre. Je n'accepte pas ce genre d'accusation qu'on ne respecte pas
la loi. Une firme de consultation indépendante va faire dix
échantillonnages pendant l'été qui vont coûter 2500
$ chacun et si à ce moment l'usine ne respecte pas les normes
très larges de l'article 20t on pourra prendre les
procédures qui s'imposent. Ce n'est pas mot qui vais hésiter une
minute à prendre les procédures ou à faire quoi que ce
soit selon la Loi sur la qualité de l'environnement.
En même temps, j'ai pensé, et de toute bonne foi, lorsque
j'ai envoyé ce télégramme, que si le fédéral
avait envoyé les 800 000 $, peut-être qu'on aurait eu les
améliorations qui n'ont pas été faites par la compagnie en
question.
M. Blais M. le ministre, je veux bien croire à votre bonne foi,
mais j'ai un peu de difficulté à suivre le raisonnement et je
vais m'expliquer. Je veux que vous prétendiez que je suis de bonne
foi.
Vous avez quelqu'un qui, depuis mai 1984, peut être
bénéficiaire - pour arrondir les chiffres comme vous disiez - de
800 000 $ d'un autre gouvernement. Dans l'entente signée, on dit
à cette compagnie qui est Alex Couture dans ce cas, pour ne pas la
nommer, que cette somme lui sera versée s'il consent à
s'organiser pour recevoir un certificat respectant l'environnement du
Québec. Comment peut-on baser un raisonnement et dire d'un
côté que le monsieur va avoir ses 800 000 $ s'il fait certains
travaux et, je me mets de l'autre côté, comment peut-on baser un
raisonnement et dire: Je vais lui donner l'argent et il va être plus
incité à faire les travaux? C'est le raisonnement que vous tenez.
C'est impossible. Après que la pomme est mangée, on ne l'offre
plus à personne.
Et ce n'est pas directement... ïl me reste une demi-minute,
j'achève. Ce que nous trouvons grave et je trouve cela grave, je
comprend mal, cela m1 arrive. Je ne suis pas seul à
comprendre mal parfois. J'espère qu'à vous aussi cela peut
arriver. Dans ce cas-là, je ne sais pas lequel des deux comprend mal.
C'est impossible qu'un ministre en titre, pour moi, qui a devant lui un contrat
d'une compagnie à qui l'on dit vous aurez 800 000 $ si vous respectez
les normes de l'environnement et que vous avez un certificat du Québec
et le monsieur qui donne le certificat dit à la troisième
personne donnez-lui dont l'argent! C'est à cela que cela revient. Qu'on
le veuille ou non, c'est à cela que cela revient.
C'est impossible pour moi de comprendre une chose comme cela et je ne
suis pas seul. Si ce ne sont pas les lois sur l'environnement que le ministre
de l'Environnement ne fait pas respecter de façon effective, c'est vrai.
Ce ne sont pas les lois sur l'environnement. Mais c'est pour faire respecter sa
propre loi qu'il y avait cette espèce de condition sine qua non à
la réception de cette somme. Le ministre lui-même, qui devrait
être favorisé par Ottawa parce qu'il dit on ne versera pas s'il ne
répond pas aux normes du ministre de l'Environnement du Québec,
demande: verse-le-lui donc pareil, c'est un bon gars, il est bien fin. S'il y
avait cette condition c'est parce qu'il avait certainement certaines
réticences à se plier à certaines choses. Depuis des
années, il y a toujours eu des problèmes avec Alex Couture et il
a essayé, c'est une compagnie qui a fait des grands progrès et
c'est une très bonne compagnie en réalité. On ne peut pas
faire une omelette sans casser des oeufs. Il s'est plié à
beaucoup de choses, etc. Votre attitude est le contenant, le contenu et
l'esprit du télégramme que je ne suis pas seul è ne pas
comprendre. (20 h 45)
M. Lincoln: Vous avez essayé de faire toute une qrande
affaire du télégramme. Après votre question en Chambre, le
journaliste a voulu faire toute une grande affaire d'Alex Couture. Le fait est
que cela n'a pas été bien loin, parce que si on veut faire des
grands secrets de l'affaire, le télégramme est officiel. Les gens
jugeront pour eux-mêmes. Ce qui est arrivé, c'est que Couture a
fait tes travaux pour lesquels l'argent devait être octroyé. On
arrive à une position depuis que je suis en poste. Ces gens me demandent
de donner un certificat pour l'octroi par le gouvernement fédéral
de 800 000 $, ce que j'ai refusé de faire systématiquement depuis
que je suis là. Arrivé à un point durant
l'été où le biofiltre rencontre les normes, où on
demande des choses additionnelles.
Eux-mêmes me soulignent qu'ils n'ont pas affaire aux travaux qui
sont homologués par le fédéral pour l'octroi de 600 000 $.
J'ai pensé qu'en envoyant ce télégramme tout en soulignant
au ministre fédéral qu'Alex Couture ne respectait pas toutes les
normes de l'environnement, mais que par rapport aux travaux qui étaient
subventionnés, que ces travaux avaient été faits, que le
biofiltre, lui, respectait les normes, que par rapport à l'article 20...
Je peux vous dire, moi, que les chances qu'Alex Couture dans l'avenir, respecte
l'article 20, sont presque de 1 sur 1 000 000. Comment
voulez-vous que, demain matin, vous ayez disons une usine de pâtes
et papiers qui soit dans un milieu résidentiel?
Doit-on dire, à un moment donné, par l'article 20, que
l'odeur est acceptable? Qu'est-ce qui est acceptable? Quand est-ce que c'est
acceptable? À ce moment-là, on a un jugement à faire. La
question fondamentale qui se pose, c'est ou bien on n'aurait jamais dû
avoir cette usine dans ce quartier ou bien on n'aurait pas dû avoir de
résidences là. Le fait est que cela existe comme cela que
jusqu'à l'en 2000, je peux vous garantir moi que vous ne pourrez jamais
signer en toute conscience un certificat qui dira: Alex Couture remplit toutes
les conditions, parce que jamais il ne respectera l'article 20. Que chaque
citoyen va arriver là et dire: Écoutez, il y a des
problèmes d'odeur qui sont inacceptables pour moi.
J'oublie le texte exact de la loi. C'est quelque chose comme enfreindre
la qualité de vie de la personne. Comment voulez-vous qu'une entreprise
pareille, dans un milieu résidentiel, où il y a des maisons
autour respecte jamais cette exigence? Cela ne va jamais être le cas.
À un moment donné, il fallait débloquer un dossier. Je
l'ai fait en toute conscience. J'ai fait ce télégramme. Je n'ai
pas essayé de le cacher. Il est officiel. Je l'ai déposé
à l'Assemblée nationale. Si les gens trouvent à redire,
"just too bad". C'est comme cela que cela a été fait. Quant
à moi, je suis prêt à expliquer cela si les gens
n'acceptent pas toujours cela que j'ai enfreint la Loi sur la qualité de
l'environnement. Écoutez, ils font des jugements.
Je vous dis ce que je pense. Je ne vais pas céder devant Alex
Couture. Arrivé à cet été-ci, nous allons prendre
des tests. Si après cela, nous pouvons établir de façon
tout à fait définitive, parce que ce sont des questions
très subjectives qu'un groupe impartial de consultants, il faudrait en
avoir douze, qu'on appelle des "nez" qui vont sentir à certaines
positions, qui font des tests qui coûtent 2500 $. Si à la fin de
l'été, ces douze consultants experts peuvent nous dire que des
odeurs né sont pas acceptables pour la population, à ce
moment-là on se servira de tous les rouages de la loi. Ce n'est pas Alex
Couture ou n'importe qui d'autre que je vais traiter différemment de
quelqu'un d'autre. C'est tout ce que je peux vous dire.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: D'accord, je n'ai plus d'autres questions à cet
élément.
Le Président {M. Kehoe): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
M. Blais: Yes.
Le Président (M. Kehoe): Nous procédons maintenant
au programme 4.
M. Blais: Si cela ne vous fait rien, M. le ministre, nous allons
prendre, à cause de l'heure, 4.2.
Le Président (M. Kehoe): Programme 4.2.
M. Blais: Attendez un peu. Non, 1. On a le temps de faire 1.
C'est parce que la première question est drue et j'aime cela être
délicat au début. Je me sens tout mal.
M. Lincoln: ...M. le Président?
Direction et administration centrale
Le Président (M. Kehoe): Programme 4,
élément 1, Direction et administration centrale.
M. Blais: M. le ministre, vous savez, quand cela va bien dans le
ménage on n'en parle pas. C'est assez rare qu'on a vu dans les journaux
il y a au Québec 1 293 000 ménages qui n'ont aucun
problème. On voit plutôt il y a deux femmes qui se sont fait tuer
par leur mari en fin de semaine et une autre qui a mangé la
volée. Ces trois-là, on en parle. Il y a plein de choses quand on
est dans la vie politique.
Les rapprochements entre les ministères, on a vu un peu de
frottement tantôt du côté énergétique. Eh
bien, ici, on voit un peu de frottement avec le ministre des Affaires
municipales au sujet des inspecteurs municipaux de l'environnement. Lors du
dernier conqrès des inspecteurs municipaux de l'environnement, le
ministre déclarait, le 3 avril, qu'il ferait tout ce qui est en son
pouvoir pour qu'ils obtiennent reconnaissance juridique de leur statut par le
Code municipal. M. Bourbeau se faisait un peu éteignoir, pour ne pas
dire ombrageux, ténébreux ou caverneux, en disant, de
façon sombre... Je lis ici Le Soleil du 6 décembre 1986
pour l'édification de la foule; je vais vous le rebraquer parce que vous
l'avez certainement déjà vu, C'est un article de M. Raymond
Gagnés "Les inspecteurs municipaux de l'environnement n'obtiennent
aucune garantie du ministre des Affaires municipales que ce statut leur sera
octroyé, qu'un droit d'appel leur sera consenti." II semblerait que,
dans le cabinet, encore là on se frotte. M. Lincoln donne un appui; M.
Bourbeau la déchire, la déchante.
Eu égard à l'importance des fonctions de ces inspecteurs
et à la nécessité de la reconnaissance de leur statut,
quelles ont été les démarches du ministre de
l'Environnement à l'endroit de son collègue des Affaires
municipales, d'abord pour calmer un peu le feu qui veut, encore une fois,
s'allumer sous
l'être, et faire en sorte que ces gens qui sont, en fait, le bots
qui alimentent ce feu ne tournent pas leurs espoirs en cendres?
M. Lincoln: M. le Président, je regrette de
décevoir le député. Il n'y a pas le feu. Je n'ai senti
aucun feu. Je n'ai vu aucun feu. En fait, le ministre des Affaires municipales
et moi-même avons échangé des lettres. Après une
conversation avec lui, je lui ai écrit officiellement au sujet du statut
des inspecteurs municipaux de l'environnement. Il m'a répondu de
façon officielle, formelle, pour me dire qu'il acceptait ma
recommandation que les inspecteurs municipaux de l'environnement obtiennent un
statut. Il est d'accord là-dessus. J'ai une lettre de lui me confirmant
qu'il est d'accord sur le principe de donner, dans le Code municipal, un statut
officiel aux inspecteurs municipaux de l'environnement et qu'il le fera
à la prochaine refonte du Code municipal.
M. Blais: II est prévu pour quelle année, M. le
ministre?
M. Lincoln: Écoutez! Le ministre des Affaires municipales
m'a dit qu'il le ferait à la prochaine refonte du Code municipal. Je
considère que cela va se faire dans un avenir assez prévisible.
C'est sûr qu'il ne va pas le faire purement pour une mesure. Lorsqu'il
fera une refonte du Code municipal, il va l'inclure.
M. Blais: Je tiens à dire à mes collègues
ministériels de prendre bonne note que le ministre de l'Environnement a
reçu une lettre du ministre des Affaires municipales disant qu'il
verrait à ce que, parce que chacun d'entre vous, dans son comté,
compte des villes dont vous vous occupez normalement, comme moi, et il y a,
dans chacune de ces villes, des inspecteurs qui sont aux abois. Je ne voudrais
pas que vous mettiez une muselière là-dessus et que vous y alliez
tout de go pour surveiller afin que cela se réalise.
M. le ministre, au ministère de l'Environnement - comment
appelle-t-on cela? - è cet élément, j'aurais aimé
parler des chiffres, mais vu qu'il reste seulement cinq minutes, je voudrais en
parler. Ministère de l'Environnement, employés permanents, 1076
personnes. Il y avait 1076 personnes en 1986-1987 et il y en a 1076 en
1987-1988. Il y en a deux qui sont morts. En 1985-1986, il y en avait 1078.
Bon. Malgré ces mortalités...
M. Lincoln: II y en a 1085 maintenant, parce qu'on a
ajouté des personnes pour les pesticides au début. Et
alors...
M. Blais: Oui, mais, ce qu'on a ici...
M. Lincoln: Ouï, je sais. D'accord. Oui, oui.
M. Blais: Bon. Nous regardons l'augmentation des traitements. Les
transferts, c'est bien sûr que c'est toujours très haut, c'est
toujours transféré; immobilisations en capital, 1 %,
fonctionnement, une augmentation du budget de 7 %. Augmentation des traitements
de 14 % avec le même nombre d'employés, 1076. Est-ce que vous
croyez que les différents syndicats qui se sont fait arracher une
augmentation de 3,5 % avec quelques petits avantages sous le cierge, s'ils
voient que le traitement est de 14 %... Où va cette augmentation aussi
énorme? À tous les cadres qui auraient eu 30 % ou 40 %
d'augmentation et les autres fonctionnaires, 3,5 %? II semble qu'une
explication serait absolument nécessaire pour ces 14 %, en tout cas.
M. Lincoln: Dans beaucoup de programmes que nous faisons
aujourd'hui, au lieu de prendre des cadres permanents, nous prenons des
occasionnels pour des mesures spécifiques. Par exemple, dans certains
programmes où nous avons besoin d'employés additionnels, nous
pourrons prendre des occasionnels pour une période donnée. Je
donne l'exemple des jeunes qui vont travailler sur les plages où il y a
19 employés. Pour une période donnée, le budget des
occasionnels de l'année dernière était de 4 000 000 $;
cette année, il sera de 6 000 000 $. Alors, une partie de cette
augmentation de 14 % est reflétée par la différence entre
les occasionnels de l'année dernière et ceux de cette
année.
M. Blais: N'avions-nous pas la bonne habitude de noter les
employés temporaires et les employés...
M. Lincoln: Excusez-moi. Une autre chose que je voulais vous
expliquer, c'est que c'est une ventilation des sommes; ce n'est pas une
augmentation de 14 %. Si vous prenez 308 comme 100 % et que vous ajoutez 78 %
qui sont le transfert et le capital de fonctionnement, etc., tout cela devient
100 %. Les 14 % sont une partie de 100 %; ce n'est pas une augmentation par
rapport à 1985-1986.
M. Blais: Mais savez-vous, M. le ministre, que cela nous a pris
du temps â nous en rendre compte? On a parlé tous les deux pendant
cinq minutes, mais vous avez parfaitement raison.
M. Lincoln: Je veux vous dire aussi que les occasionnels...
M. Blais: C'est une portion du 308. Bon. Oui, vous avez raison.
Excusez-moi, ma
question était mal posée, M. le ministre. Très
humblement, excusez-moi. Sur ce, nous allons nous donner rendez-vous... Pour
moi, 501, accepté. Si vous voulez marcher comme cela.
Le Président (M. Kehoe): Je comprends que le programme 4,
élément 2 est adopté.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Kehoe): Un ou deux ou juste un?
M. Lincoln: Les deux qui ont été passés
aujourd'hui.
Le Président (M. Kehoe): Oui. Ils sont adoptés.
M. Blais: C'est plus facile que d'adopter des enfants au
Nicaragua.
Le Président (M. Kehoe): Étant donné qu'il
est 21 heures, nos travaux sont ajournés à demain matin, 10
heures.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce qu'on a vu trois
programmes ce soir ou seulement deux? Je croyais que c'était 1, 3 et
4.
M. Blais: II vous reste... Peut-être que, si on
procède par l'inverse, il nous reste le programme d'assainissement des
eaux; il nous reste les programmes 5,2 et 5,1; c'est tout ce qui nous reste
pour demain soir.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord.
M. Blais: D'accord? Une voix: Parfaitl
M. Blais: Je ne sais pas si cela vous oblige à voir des
gens à cause du BAPE qu'on n'a pas pu passer en supplémentaire.
Excusez-moi.
Le Président (M. Kehoe): La commission de
l'aménagement et des équipements est ajournée à
demain matin, 10 heures, à la salle 101. Merci.
(Fin de la séance è 21 heures)