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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Affaires
municipales, programmes 1 à 8, pour l'année financière
1987-1988. Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires? M. le
ministre.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez, en
premier lieu, de présenter, pour le bénéfice de
l'Opposition, les gens qui m'accompagnent, puisqu'il est fort possible qu'au
cours des heures de séance de cette commission certains de ces hauts
fonctionnaires soient requis de venir s'assoir près de moi pour me
prêter assistance si les questions de l'Opposition étaient trop
complexes et requéraient que je m'enquière auprès
d'eux.
J'aimerais vous présenter, à ma droite, le sous-ministre,
M. Jacques O'Bready; derrière moi, le président de la Commission
municipale, M. le juge Beaulieu, M. Christian Beaudoin, président
adjoint du Bureau de révision de l'évaluation foncière,
Yvon Verrette, directeur de la gestion, Mme Raymonde Fiset, directrice du
budget, M. Paul Rolland, mon directeur de cabinet; à ma gauche, Mme
Marie-Claire Ouellet, mon attachée de presse, Mme Aline Saint-Amand,
conseiller spécial auprès du ministre.
Nous abordons aujourd'hui l'étude des crédits 1987-1988 du
ministère des Affaires municipales. Au-delà de 400 000 000 $
seront dévolus, au cours du présent exercice financier, au
soutien du dynamisme de la vie municipale québécoise à
travers différents programmes. Cet effort budgétaire est, somme
toute, marginal si on le compare à l'ensemble des budgets des
municipalités, mais représente, dans bien des cas, une marge de
manoeuvre essentielle pour bon nombre de municipalités. Je pense,
notamment, au montant de 250 000 000 $ versé en guise de compensation
tenant lieu de taxe sur les immeubles du gouvernement et des réseaux des
affaires sociales et de l'éducation.
Cependant, le rôle du ministère déborde largement
celui de pourvoyeur de fonds puisqu'il a d'abord pour mission de fournir un
cadre législatif et des outils aux municipalités pour les aider
à mieux servir les citoyens de leur territoire.
Notre examen, en commission parlementaire, des différents postes
budgétaires me fournit l'opportunité de vous informer sur les
différentes mesures par lesquelles nous cherchons à combler les
attentes ou à faire face aux préoccupations du monde
municipal.
Tous les parlementaires sont, sans doute, à même de
constater qu'il y a actuellement une grande effervescence dans leurs
collectivités locales. Les élus municipaux endossent leurs
responsabilités en étant de plus en plus conscients de
l'importance de leurs interventions non seulement en regard de la
qualité des services qu'ils sont appelés à fournir
à leur population, mais aussi comme partenaires majeurs pour stimuler le
progrès économique, culturel et social par lequel leurs
concitoyens souhaitent accroître leur qualité de vie.
Fortes de leur autonomie, d'une planification plus
éclairée et d'une gestion plus efficace, les municipalités
sont è l'oeuvre sur plusieurs fronts.
Il s'agit moins pour le gouvernement de remettre en question les grandes
réformes, telles la réforme sur la fiscalité municipale ou
celle sur l'aménagement du territoire, que de les ajuster et de les
compléter, tout en modernisant le cadre législatif et
réglementaire régissant leurs activités. Nous le faisons
à la lumière de l'expérience des dernières
années et en collaboration avec les élus municipaux
eux-mêmes. D'ailleurs, un des nouveaux traits marquant les rapports entre
le gouvernement et le monde municipal et ceux des municipalités entre
elles réside dans le respect mutuel et cette volonté de
concertation qui contribuent à l'émergence de solutions et de
terrains d'entente, même dans les questions complexes et là
où les intérêts sont, de prime abord, divergents.
Vous conviendrez avec moi que dans cet univers où la concurrence
se fait plus serrée et où la réadaptation de notre
économie devient un enjeu de taille, le Québec est
privilégié de pouvoir compter sur un palier d'intervention aussi
décentralisé et en mesure de coordonner les efforts au plan
régional.
L'étape de la préparation des schémas
d'aménagement est en voie d'être complétée.
Nous progressons maintenant dans la recherche d'un consensus autour du mandat
et de l'éventuel mode de fonctionnement des MRC. Nous souhaitons, pour
le moins, les maintenir dans leur fonction d'aménagement, afin que la
mise en oeuvre de leur schéma respectif et l'évolution qu'il est
appelé à connaître continuent d'être fondées
sur le principe d'une coexistence axée sur la recherche d'une plus
grande efficacité. Nous souhaitons ainsi favoriser l'avènement
d'autres terrains d'entente dans divers domaines.
En dépit des difficultés particulières que le
respect de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme impose aux
différents ministères du gouvernement, j'estime qu'il demeure
fondamental que les actions des ministères respectent les choix
municipaux concrétisés dans les schémas. Il est de mon
devoir de veiller à la meilleure cohérence possible entre la
planification des initiatives gouvernementales et le cadre de
référence que se sont donné les municipalités.
Actuellement, nous recherchons, notamment, à concilier les
impératifs de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme avec ceux
de l'environnement et de la protection du territoire agricole afin que les
municipalités conservent une maîtrise optimale de leur
territoire.
Les discussions sont également très avancées
à la table Québec-municipalités quant è la
redéfinition du mode de représentation, au processus de
décision des MRC et à la préparation d'une formule de
financement a long terme.
Plus largement, le gouvernement verra à corriger certains
éléments de la fiscalité municipale qui risquent
d'affecter très sérieusement certaines catégories de
contribuables. Comme vous le savez, certaines villes sont aux prises avec des
mouvements spéculatifs conjoncturels et j'ai déjà
annoncé notre intention d'introduire des mesures législatives
correctrices pour en temporiser l'effet sur le secteur résidentiel.
Pareillement, nous avons l'intention de modifier à nouveau les
dispositions relatives au champ d'application de la taxe d'affaires qui demeure
inéquitable pour certains organismes à but non lucratif. Nous
examinerons également, à la demande des municipalités,
toute la question de la fiscalité des entreprises afin d'évaluer
l'opportunité de remplacer l'actuelle taxe d'affaires par un impôt
foncier particulier sur les immeubles non résidentiels. Il serait,
d'ailleurs, intéressant d'entendre le point de vue des
représentants de l'Opposition sur toutes ces questions.
Parmi les autres dossiers actifs sur lesquels nous aurons l'occasion de
revenir, je voudrais mentionner que la refonte des lois municipales se
poursuivra au cours de la présente session. Après l'adoption du
volet sur les élections et les référendums, nous
aborderons celui de l'organisation territoriale des municipalités. C'est
notre intention de déposer, d'ici la fin de nos travaux ce printemps, un
avant-projet de loi à cet effet.
Nous attendons, par ailleurs, le rapport de la firme d'actuaires qui
s'est vu confier le mandat d'examiner la possibilité d'obvier è
la hausse vertigineuse des primes d'assurance-responsabilité des
municipalités.
Un comité d'étude se penche également, sous la
présidence de M. Roch Bolduc, sur la question de la
rémunération des élus municipaux et nous devrions avoir en
main ses conclusions d'ici l'automne.
Nous avons en main le rapport de la commission d'étude sur la
ville de Québec et nous devrions donner suite à un bon nombre de
ses recommandations, notamment celle relative à son statut de capitale.
À cet égard, les consultations se poursuivent pour
préciser les détails des mesures à adopter.
Je mentionne, enfin, que nous avons étendu les délais
fixés pour l'exécution de certains travaux en marge du programme
ReviCentre et que nous avons récupéré des sommes
importantes pour l'implantation de garderies en milieu municipal.
Je vous rappelle, en terminant ces brèves remarques
préliminaires, que nous avons institué, en collaboration avec
l'Union des municipalités du Québec et l'Union des
municipalités régionales de comté, la Semaine de la
municipalité. Elle se déroulera du 8 au 14 juin. Elle se veut une
occasion de sensibiliser la population au rôle majeur que remplissent les
administrations locales et au soutien dont elles ont besoin pour
accroître leur rayonnement dans le milieu.
J'invite les députés ici présents à s'y
associer et je suis persuadé que la qualité de nos travaux
à l'occasion de cette étude des crédits sera
inspirée par cette volonté de bonifier l'action des
municipalités du Québec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Saïnt-Roch): Merci, M. le ministre.
M. le député de Jonquière pour des remarques
préliminaires.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Au début de
l'étude des crédits 1987-1988 du ministère des Affaires
municipales, il me fait plaisir de saluer les hauts fonctionnaires qui
accompagnent Je ministre, plus particulièrement ceux que j'ai le plaisir
de connaître un peu plus, le sous-ministre, M. Jacques O'Bready, M. le
juge, Richard Beaulieu, et les autres qui l'accompagnent que je connais un peu
moins.
D'entrée de jeu, l'an dernier, le ministre des Affaires
municipales indiquait au monde municipal qu'il désirait gérer
son
ministère sans faire de bruit. Le 7 mai dernier, devant les 1200
maires et conseillers de l'Union des municipalités réunis en
congrès, il a réitéré son objectif de gérer
ses dossiers sans faire de vagues.
Après 18 mois, le monde municipal est unanime: Nous avons un
ministre terne qui connaît manifestement mal ses dossiers; un
improvisateur qui défend mal les municipalités. En un mot, le
monde municipal se sent orphelin.
Les municipalités régionales de comté l'ont dit
à plusieurs reprises: Elles se trouvent bien mal défendues par le
ministre des Affaires municipales. Celui-ci ne fait pas le poids lorsqu'il
s'agit de plaider la cause des MRC contre les visées de nombreux autres
ministres.
Le ministre des Affaires municipales se fait tasser par le ministre de
l'Agriculture, par le ministre de l'Environnement, par le ministre de
l'Énergie et des Ressources, par le ministre
délégué aux Mines et par le ministre
délégué aux Forêts qui sont très bien
armés, qui disposent de ressources humaines très habiles et qui
ont réussi à bloquer l'adoption de nombreux schémas
d'aménagement présentés par les MRC.
Du côté du financement des MRC, le ministre se contente de
jouer au pompier. Après avoir mis 2 000 000 $ en catastrophe en novembre
dernier pour sauver la face, le ministre ne prévoit rien cette
année, au-delà du 30 juin prochain, pour le fonctionnement des
MRC et rien pour financer la phase d'application et de mise à jour des
schémas d'aménagement.
Ainsi, concrètement, pour la surveillance des normes
gouvernementales dans le domaine de la protection de l'environnement et des
cours d'eau, le gouvernement se dégage de ses responsabilités et
passe la facture aux municipalités.
Quant à l'avenir des MRC, des municipalités et de la
région de la capitale nationale, le ministre cherche à
éviter la discussion publique des recommandations des rapports Lemieux
(Union des municipalités régionales de comté), Parizeau
(Union des municipalités du Québec) et Lapointe (ville de
Québec). Il a confié leur étude à des
comités. L'an dernier, il s'engageait è tenir une
conférence Québec-municipalités pour ce printemps. Depuis,
il l'a repoussée successivement de l'automne prochain au printemps de
1988. Encore un peu et pour ne pas faire de vagues à l'approche d'une
élection générale, on se retrouve en 1990.
Quant aux commentaires du rapport Lapointe, le ministre des Affaires
municipales n'est plus de la discussion et c'est le ministre parrain de la
région et député de Charlesbourg qui joue au grand
manitou.
Je l'ai dit à plusieurs reprises et je le répète,
car j'en ai la certitude: Le ministre des Affaires municipales ne connaît
pas nécessairement ses dossiers. Il se contente de réagir quand
des gens crient fort, souvent au gré d'appels
téléphoniques du bureau du premier ministre.
Un bel exemple parmi tant d'autres: alors que la région de
Montréal est aux prises avec un sérieux problème de hausse
de taxes due è des variations annuelles de 15 %, 20 % et même 50 %
dans la valeur des propriétés, le 19 mars dernier, le ministre
est allé faire la leçon aux maires de la Communauté
urbaine de Montréal. La Presse du 20 mars 1987 titre: "Bourbeau
invite les municipalités à se serrer la ceinture. Le fardeau
fiscal des contribuables ne s'allégera que par la compression des
dépenses municipales".
Voilà, le ministre a parlé. Il avoue son impuissance
devant la flambée des comptes de taxes. En somme, que les
propriétaires vivent avec les lois du marché et que les
municipalités se serrent la ceinture, le ministre n'y peut rien! Dans le
fond, y a pas de problème.
Mais, dans le milieu municipal, la pression monte: Saint-Léonard
s'agite, la Communauté urbaine de Montréal demande une solution,
le maire de Montréal presse le ministre d'agir. Ainsi, deux semaines
plus tard, sûrement à la suite d'un appel
téléphonique du bureau du premier ministre, le ministre des
Affaires municipales annonce qu'il vient de confier à un comité
technique sur la fiscalité municipale le mandat d'étudier toute
la question de la taxe foncière dans les municipalités du
Québec. Quand aurons-nous une proposition? Pour l'automne? La Loi sur la
fiscalité municipale devra être amendée au plus tard
l'automne prochain, pour permettre de soulager les comptes de taxes de 1988.
À moins que le ministre n'attende que les pressions du monde municipal
et des citoyens diminuent.
Toujours dans le domaine de l'évaluation foncière, deux
autres dossiers attendent une solution de la part du ministre, soit ceux de
l'évaluation industrielle et de l'évaluation des HLM. L'an
dernier, le ministre des Affaires municipales s'est engagé à
résoudre le problème de l'interprétation de la disposition
touchant l'évaluation des immeubles industriels, soit l'article 65.1 de
la Loi sur la fiscalité municipale. Le projet de loi 16,
déposé il y a deux semaines par le ministre, ne dit rien à
ce sujet.
Or, comme l'évaluation des immeubles industriels et commerciaux
est de l'ordre de 35 000 000 000 $, soit environ le tiers de
l'évaluation totale, le problème soulevé par
l'imprécision actuelle de la loi prend des proportions
inquiétantes pour plusieurs municipalités. Par conséquent,
une structure fiscale largement dépendante d'une industrie
représente un risque fiscal majeur pour une
municipalité confrontée à une contestation
d'évaluation comme c'est présentement le cas à
Thetford-Mines où, à la suite d'une entente entre la
société LAB Chrysotile et la municipalité, les
contribuables verront très possiblement augmenter leur compte de taxes
en 1988 à cause de la baisse de l'évaluation foncière des
propriétés et terrains miniers de la compagnie
minière.
Effectivement, ces mêmes problèmes existent dans d'autres
municipalités. Actuellement, il y a plusieurs solutions avancées
où on laisse trop à la négociation, à mes yeux, la
décision de trancher dans les évaluations industrielles. Cela
fait que les ententes se font en dehors des décideurs qui sont les
contribuables en général. D'ailleurs, on y reviendra durant la
discussion lors de l'étude de ces crédits.
Si le milieu municipal et le milieu industriel ne trouvent pas de
terrain d'entente sur la frontière séparant les immeubles servant
ou non à la production industrielle, le Conseil des ministres devra
trancher la question dans les plus brefs délais. Il s'agit de se
reporter au dernier congrès de l'Union des municipalités du
Québec pour se rendre compte que ce sujet fait consensus dans l'ensemble
des municipalités du Québec. (10 h 30)
Un autre dossier qui a des conséquences fâcheuses sur les
revenus des municipalités, c'est la contestation de l'évaluation
de la valeur des HLM par la Société d'habitation du Québec
dont le ministre des Affaires municipales est le ministre de tutelle. La
Société d'habitation du Québec possède plus de 50
000 unités de logement dans les municipalités du Québec
sur lesquelles elle verse annuellement près de 40 000 000 $ en taxe
foncière. Des décisions récentes du Bureau de
révision de l'évaluation foncière ont pour effet de
diminuer de 30 % a 40 % l'évaluation d'immeubles. Le différend
porte sur la base de la technique d'évaluation retenue. Ainsi, des trois
techniques utilisées en évaluation foncière,
parité, coût et revenu, la SHQ privilégie la technique de
parité basée sur la valeur des immeubles avoisinants. Pour leur
part, les services municipaux d'évaluation retiennent, de façon
générale, la technique basée sur la valeur de remplacement
dépréciée.
Ce litige peut avoir des conséquences très dangereuses
advenant que d'autres administrations paragouvernementales (hôpitaux,
commissions scolaires, centres d'accueil, etc.) décident, un jour, de
contester les évaluations municipales sur la base de la technique de la
parité, c'est-à-dire de la valeur économique d'un
édifice. Sur cette base, il serait possible, demain matin, de
dévaluer les hôpitaux, les écoles et les centres d'accueil
parce qu'ils ne sont pas rentables.
Cette question pourrait prendre beaucoup d'ampleur et j'invite le
ministre a réfléchir aux conséquences d'une contestation
globale des évaluations des édifices gouvernementaux et
paragouvernementaux. Quand il n'y a pas de valeur marchande, il faudrait
peut-être retenir la valeur réelle des immeubles. Cette technique
est aussi à examiner concernant l'évaluation industrielle.
En plus de mal défendre les municipalités, de ne pas tenir
ses engagements et de ne pas protéger les contribuables, le ministre
improvise. Il l'a bien prouvé, l'an dernier, en présentant un
projet de loi concernant la fermeture de Schefferville et un amendement
à la Loi sur la fiscalité municipale concernant l'exemption de la
taxe d'affaires pour les organismes à but non lucratif, deux dossiers
mal réglés. Nous l'avons dit au mois de juin, l'an dernier: La
fermeture de Schefferville nous semble une mauvaise décision tant sur le
plan de l'administration publique que du point de vue du développement
du Nord et sur le plan politique. De plus, c'est une opération qui est
mal menée par des amis politiques du ministre.
En mars dernier, le ministre a porté de 200 000 $ à 300
000 $ le contrat négocié de gré à gré avec
la firme Evimbee, chargée de négocier l'acquisition des
propriétés dans la ville de Schefferville. Or, le coordonnateur
de la firme Evimbec est M. Guy Leclerc, résidant à Saint-Lambert,
dans le comté du ministre, qui a fourni 1000 $ à la caisse
électorale du Parti libéral, en 1985, et 1825 $, en 1986.
Voilà sûrement ce qui explique pourquoi le ministre a
refusé de dévoiler les critères d'évaluation qui
ont servi à choisir cette firme. Et comme si ce favoritisme
n'était pas suffisant, en décembre dernier, le ministre a
donné un autre contrat de 50 000 $ à l'un de ses concitoyens de
Saint-Lambert, Me André Villeneuve, qui a versé 200 $ à la
caisse du Parti libéral en 1986, pour agir à titre de conseiller
du gouvernement dans le cadre du processus d'acquisition des immeubles
situés à Schefferville. À croire que le tout Saint-Lambert
tente de faire de l'argent avec la fermeture de Schefferville!
Pour ce qui est du dossier de la fermeture, ce qui semblait
pressé en juin 1986 ne semble plus aussi pressé. La fermeture de
Schefferville nous apparaît toujours prématurée et nous
refusons toujours de nous associer è cette opération
bâclée. Les hésitations du ministre à faire adopter
le décret qui mettra en force la loi de la fermeture ont réussi
à diviser la population et les municipalités de la
Côte-Nord, Ainsi, le ministre compte sur ses amis pour endormir
Schefferville.
Le dossier des exemptions de la taxe d'affaires pour les organismes sans
but lucratif devait aussi être réglé l'an dernier
par l'article 16 de la loi 40, Loi sur la fiscalité
municipale.
L'an dernier, ici-même en commission parlementaire, le ministre
déclarait: "Je tiens à souligner au député que
cette mesure que nous introduisons n'apporte pas de nouveaux revenus aux
municipalités par rapport à la situation antérieure, parce
que l'intention du législateur en 1979-1980 était de soumettre
ces organismes à la taxe d'affaires. Ils ont été
taxés depuis la réforme de la fiscalité municipale par les
municipalités qui ont bien voulu les taxer. Les municipalités ne
sont pas obligées de les taxer. "Récemment, le 22 mai 1985, un
jugement de la Cour d'appel est tout à coup venu interpréter la
loi d'une façon qui n'avait pas été prévue par le
législateur et qui a eu pour effet de faire en sorte que
dorénavant des organismes pourraient s'exempter de payer la taxe
d'affaires en vertu de l'interprétation étonnante qu'en a faite
la Cour d'appel. Étonnante par rapport à l'intention du
législateur. La mesure que nous présentons présentement
est plutôt une mesure préventive - un peu comme tout à
l'heure dans l'autre cas dont nous parlions -visant à tenter
d'empêcher dorénavant un grand nombre d'organismes
d'échapper à la taxe d'affaires, contrairement à
l'intention originale du législateur."
Nous avions prévenu le ministre que son amendement pourrait
causer beaucoup de problèmes. Le 4 décembre dernier, La
Presse souligne "qu'à cause d'une récente clarification de la
loi, des centaines d'organismes, qui s'en croyaient exemptés comme
l'Ordre des infirmières, la CSN ou l'Association des chômeurs,
devraient recevoir, en 1987, un compte de taxes d'affaires de la ville de
Montréal. Et qui plus est, ce compte comprendra des montants
exigés rétroactivement pour les années 1986 et 1985."
Comme Montréal refuse d'envoyer ces comptes à plus de 1600
institutions associalisées, s'ensuit une belle partie de ping-pong
où le ministre doit encore annoncer qu'il s'est trompé et
reculera. Quelle improvisation qui a conduit au dépôt, le 13 mai
dernier, du projet de loi 16 qui constitue une nouvelle tentative de
solutionner ce problème. Nous reprendrons tout ce débat au moment
de l'étude du projet de loi 16 mais je tenais à souligner ici le
manque de rigueur du ministre.
II y avait un dossier qui pressait beaucoup l'an dernier et qui semble
maintenant caché sous le tapis, c'est celui de la réorganisation
policière. Lors de l'étude des crédits l'an dernier, le
ministre était très heureux de nous annoncer qu'un comité
placé sous la responsabilité du Solliciteur général
avait pour mandat de formuler une proposition. Depuis, l'Union des
municipalités du Québec a tenu un important colloque, les 19 et
20 septembre dernier, à partir des recommandations du rapport Robillard.
En décembre dernier, l'Union des municipalités, sous l'impulsion
de son président, M. Jean Pelletier, a pris position pour une
responsabilité minimale des municipalités dans l'organisation
policière et pour un tribunal d'arbitrage spécialisé en
matière policière dans le domaine des relations de travail.
Malqré les appels pressants de l'Union des municipalités
du Québec lors de son congrès au début du mois de mai,
c'est le silence plat du côté gouvernemental.
Pour ce qui est des crédits du ministère des Affaires
municipales, il faut noter la diminution de l'aide financière aux MRC et
aux schémas d'aménagement de 12 300 000 $ à 4 900 000 $:
la fin du proqramme ReviCentre (le 15 juillet 1987) qui avait permis, depuis
quelques années, à 87 municipalités de se partaqer une
aide financière de 54 000 000 $, plus un programme spécial de 18
000 000 $ pour des travaux de revitalisation du centre-ville de Montréal
et 5 000 000 $ à Québec; la réduction de 5 700 000 $ des
crédits pour le programme d'aide à l'implantation des
réseaux d'aqueduc et d'égout, PAIRA. Comme il y aurait plus de
250 demandes non traitées au ministère au moment où tous
les crédits prévus au programme PAIRA-83 et PAIRA-85 sont
engagés, le gouvernement aurait dû prévoir un nouveau
programme pour cette année car il correspond à un besoin
réel; la mort lente de la Société d'aménagement de
l'Outaouais qui, pour la deuxième année consécutive, voit
sa subvention diminuer de 1 200 000 $, soit à 3 700 000 $.
En se départissant de ses parcs et centres touristiques, la SAO
croyait bien se constituer un fonds pour se consacrer au développement
économique, mais il semble que le ministre ne l'entende pas comme cela.
Pour l'instant, c'est la confusion la plus totale, d'autant plus que le
ministre parrain de l'Outaouais et député de Hull aurait
assuré dernièrement la Société d'aménagement
de l'Outaouais qu'un autre ministère pourrait fournir 3 500 000 $
à cet organisme pendant cinq ans.
Peut-être que le ministre des Affaires municipales pourrait nous
dire ce qu'il pense de la proposition du député de Hull de
transformer la Communauté régionale de l'Outaouais en
véritable communauté urbaine, comme le recommande aussi le
rapport Parizeau sur l'avenir des municipalités.
Je pourrais aborder bien d'autres dossiers où les
municipalités ne sont pas respectées par ce gouvernement, comme
le transfert, heureusement avorté, de la responsabilité de
l'inspection des eaux de baignade, la réduction de l'aide
gouvernementale apportée aux bibliothèques publiques.
Je m'arrêterai ici, non sans avoir, au préalable,
traité de la réforme des lois municipales.
Le premier volet de cette réforme sur les élections et les
référendums a été déposé à
l'Assemblée nationale il y a maintenant un an. La consultation
particulière a été interrompue en octobre pour permettre
au ministre d'aller en Europe. Ce printemps, le débat sur le principe a
eu lieu cinq semaines après le début de la session. Il s'agit
d'une réforme importante comprenant près de 900 articles.
J'ai déjà avisé le ministre que nous allons
étudier ce projet de loi avec minutie pour le bénéfice des
municipalités. Mes propositions d'amendement déposées au
cours des trois dernières semaines sont le fruit de mes 25 ans
d'expérience dans le monde municipal et de mes consultations conduites
au cours des derniers mois.
Que le ministre arrête d'y voir un débat entre un
libéral et un péquiste - on regarde ce débat comme un
débat pour faire avancer le monde municipal - et ainsi nos travaux en
seront beaucoup plus agréables.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. André Bourbeau (réplique)
M. Bourbeau: ...quelques mots en réplique, si vous me le
permettez. Un dicton dit: "La bouche parle de l'abondance du coeur." Le
député de Jonquière est égal à
lui-même. De nouveau, on constate qu'il a choisi de faire de la politique
en s'attaquant aux individus plutôt qu'aux dossiers, c'est sa
façon d'entrevoir les choses, libre à lui de continuer. En ce
faisant, il nous donne la mesure de son personnage, si je peux dire, et de la
piètre qualité de ses préoccupations. Je dois dire
également que les attaques de type tout à fait personnel, comme
je le disais tout à l'heure, que le député de
Jonquière se permet de faire à mon endroit ne vont certainement
pas améliorer les relations entre l'Opposition et le gouvernement.
Le député s'est permis de faire des prédictions en
ce qui concerne l'avenir des négociations avec le monde municipal et la
qualité de la défense des intérêts du monde
municipal qui est assurée par le ministre. Je peux dire au
député de Jonquière de faire bien attention à ce
qu'il dit parce que, d'ici quelques mois, il aura à ravaler ses paroles.
J'ai hâte de voir le député de Jonquière se lever
pour s'excuser en public de la façon dont il a prévu les choses.
Si on devait faire des comparaisons entre la façon de procéder du
ministre et celle du député de Jonquière, je continue
à dire que je préfère toujours la mienne qui consiste
à ne pas faire de vagues sur la place publique, à ne pas dire des
sottises comme on en entend trop souvent de l'autre côté de la
table ou de l'autre côté de la Chambre, venant du
député de Jonquière, et de concentrer mes efforts à
négocier avec les gens qui représentent le monde municipal dans
le but de régler les problèmes. Je pense qu'en ce qui me
concerne, c'est la meilleure façon, c'est celle qui m'a toujours servi
dans le passé. Je ne serais pas rendu où je suis
présentement si j'avais agi autrement. L'avenir dira s'il vaut mieux
faire des vagues dans le style que préfère le
député de Jonquière ou s'attaquer avec acharnement et
résolument à la solution des dossiers.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui aimeraient intervenir
dans les remarques préliminaires0 M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: II me reste quelques minutes, je n'ai pas pris tout
mon temps. Je pourrais peut-être rétorquer au ministre que, quand
je lui dis qu'il ne connaît pas ses dossiers - le dossier qui est
là semble difficile - il doit avoir oublié le temps où il
était dans l'Opposition où j'ai l'impression qu'il a
été assez dur. Je me considère peut-être comme un
aqneau par rapport au travail qu'il a fait dans l'Opposition en tant que
critique dans ces dossiers. Je pense bien que...
M. Bourbeau: Dans les dossiers, oui, M. le Président, pas
pour les individus.
M. Dufour: ...je n'ai pas à le rappeler au ministre; il
doit avoir des oreilles. Les gens ne sont pas là juste pour le flatter,
ils doivent lui dire la vérité. On n'a qu'à regarder ce
qui s'écrit dans les journaux et un peu dans les revues
spécialisées pour voir qu'il est reconnu que le ministre
défend mal ses dossiers. Je n'ai rien inventé, j'emprunte les
paroles des autres et, quant à la faiblesse du ministre, j'emprunte
encore les paroles des autres. À ce moment-là, je pense faire
encore partie de ce milieu et bien interpréter ce qui se dit.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce que d'autres membres de la
commission aimeraient faire des remarques préliminaires'? J'appellerais
maintenant le programme 1, élément 1.
Aménagement du territoire municipal
M. Dufour: En fait, je pense que, s'il y
a un programme qui a fait l'objet de beaucoup de discussions, c'est
l'Aménagement du territoire municipal. Effectivement, c'est tout ce qui
touche l'avenir des municipalités régionales de comté.
Bien qu'on ait eu certaines indications que les municipalités
régionales étaient là pour demeurer, il reste que, de plus
en plus, le monde municipal s'interroge, car non seulement on veut l'entendre
dire, mais on veut aussi que cela se concrétise dans des projets
concrets. Il semblerait actuellement que rien n'est prévu concernant
l'avenir des MRC. En tout cas, cela existe peut-être sur papier, mais
dans les faits on ne se rend pas compte qu'il y a une volonté
ministérielle concernant l'application de ce programme. Comment l'avenir
des municipalités régionales de comté va-t-il pouvoir se
concrétiser? J'aimerais bien que le ministre nous parle de ce qu'il
entend faire pour les municipalités régionales de comté.
Je sais que des études sont en cours, mais ce n'est pas rassurant pour
les municipalités. Quand on regarde tout le débat qui se fait
entre les différents ministères, de l'un à l'autre, la
partie de ping-pong et la partie de bras de fer qui se jouent dans tout ce
milieu, comme élu municipal, on ne peut pas faire autrement que se poser
des questions. Tantôt, c'est le ministre de l'Agriculture qui sort sa
grosse voix en disantt C'est comme cela que cela va se passer. Tantôt, ce
sont d'autres qui disent: Pour nous, nos dossiers sont plus importants que
n'importe quoi. Et il me semble que l'arbitre n'est nulle part. (10 h 45)
Ces gens qui vont jouer un peu d'un bord et de l'autre, qui vont
débalancer les schémas à plus ou moins courte
échéance, autant par les orientations et par les
décisions, bien, il n'y a absolument rien qui prévoit que
quelqu'un va leur dire pour les rescaper: C'est n'est pas juste au milieu de
payer pour tout cela: il y a des gens qui sont là non seulement pour
arbitrer, mais aussi pour sauver les meubles.
Donc, les municipalités régionales de comté sont
inquiètes. Le ministre doit recevoir les mêmes résolutions
que je reçois. Je pense qu'elles ont raison d'être
inquiètes par rapport à ce qui se passe sur le terrain. Elles ne
sont pas capables de deviner si le gouvernement ou le ministère va
trouver les mécanismes ou prendre les décisions qui vont leur
permettre de ne pas s'essouffler en batailles inutiles si c'est le cas ou si on
va les laisser aller comme elles sont là, sans qu'elles aient de
réponse, comme on le voit assez souvent.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que la question de
l'avenir des MRC ne se pose même plus. Seuls les non-initiés se
posent encore des questions; peut-être que le député de
Jonquière fait partie de cette catéqorie. Il ne s'agît plus
de se demander si les municipalités régionales de comté
vont survivre. À plusieurs reprises le gouvernement a affirmé,
d'une façon catégorique, qu'il n'était pas question de
remettre en cause la pérennité des MRC. Certaines questions
importantes, toutefois, restent encore à préciser, à
savoir le mandat confié aux municipalités régionales de
comté, leur fonctionnement, comment elles seront financées, le
mode de représentation des MRC, la structure de prise de
décisions et, accessoirement peut-être, la question de la
territorialité ou des limites territoriales des MRC. Toutes ces
questions font actuellement l'objet de négociations intenses entre les
deux unions municipales et le ministère. Je dirais qu'une partie de ces
questions devrait être réglée au cours des prochaines
semaines, sinon des tout prochains mois, de sorte qu'à mon avis le
dossier avance rondement. D'ici peu de temps, nous devrions avoir
réglé l'essentiel des problèmes qui confrontent
présentement les MRC et dont je viens de parler.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand on écoute le ministre, il n'y a que lui
qui est rassuré. Je suis encore sur le "positionnement" des élus
municipaux qui s'interrogent sérieusement. Quand j'étudie le
nombre de points en suspens actuellement et que le ministre nous dit qu'il va
régler cela sous peu, je trouve qu'il fait preuve d'un peu de
légèreté en ce sens que la décision n'est pas aussi
facile à prendre, à mes yeux. S'il n'a pas été
capable de prendre de décision depuis un an et demi, depuis qu'il occupe
la fonction, je ne vois pas comment, dans les prochaines semaines ou les
prochains mois, il fera pour régler cela. Si c'était aussi clair
que cela, les gens auraient arrêté d'en parler. Si on regarde dans
les faits, les montants sont diminués d'une façon très
importante. Il n'est pas question de donner un pouvoir de taxation aux
municipalités régionales de comté, je ne le pense pas.
Quand on parle de territoire, de représentation, si le ministre semble
voir cela se régler facilement et rapidement, je pense qu'il fait preuve
de méconnaissance du monde municipal. Ce n'est pas de cette façon
que cela se règle dans le monde municipal, c'est vraiment une question
de pouvoirs. Si le ministre continue à vouloir régler tous les
problèmes avec des consensus, en disant: II n'y a pas de
problème, les problèmes vont sortir quelque part.
Les problèmes que l'on a actuellement, c'est qu'il n'y a pas de
problème. Bien oui, il y a un problème parce qu'il n'y en a
pas.
II faudrait bien examiner ce qui se passe sur les lieux. Je sais que,
depuis le début des municipalités régionales de
comté, des gens se questionnent sur le territoire, sur la
représentation, sur leurs pouvoirs. Qu'est-ce qui va arriver
après le schéma? Cinq ministères sont dans le portrait
actuellement; chacun se dispute un morceau et les MRC sont en ballant en
disant: Qu'est-ce qui nous arrive? Alors, on va régler cela dans
quelques semaines! Je suis bien prêt è faire confiance au
ministre, mais il ne faudrait pas que ce soit de la béatitude où
tout le monde dit: II n'y a pas de problème. Il n'y a que moi qui vois
des problèmes. Pourquoi a-t-on des résolutions actuellement? II
doit y avoir des gens qui n'ont pas compris. Ce doit être des
non-initiés, selon ce que le ministre a dit.
Dans les municipalités régionales de comté, on a
dit des mots, on a affirmé des choses, mais on n'a pas
réglé le problème, on n'a pas réglé le
dossier. Lisons ce qui se passe dans les milieux spécialisés et
voyons tout ce qui se dit. "L'UMRCQ accuse Québec d'ignorer la
volonté du milieu." Je peux en lire, des en-têtes: "Québec
annonce des mesures qui règlent les problèmes à court
terme des MRC." Une semaine après, le diable est aux vaches et le
problème n'est pas réglé. Les zones tampons devaient
être réglées; elles ne sont pas réglées du
tout. Cela va prendre plus qu'une table Québec-municipalités,
cela va en prendre plusieurs. Aux unions, cela n'a pas avancé souvent.
Le ministre pourrait bien me dire: Vous allez voir, vous allez comprendre
tantôt. J'ai entendu cette histoire pour la question de Schefferville. On
a traité très légèrement cette question.
Après plus d'un an, il n'y a rien de réglé. Rien du tout.
Il y a des gens qui sont divisés. Il y a des gens qui ne sont pas
contents, qui ne sont pas heureux. On a laissé tout le monde dans
l'embarras et pratiquement dans la misère. On va régler les MRC
en quelques semaines? 95 municipalités régionales de
comté. On règle cela comme ça en disant: Pas trop de
programmes, on va organiser cela. Qu'est-ce qui va arriver avec les
schémas? Il n'y a pas d'argent. Si on regarde dans le budget, il n'y a
rien là.
Je pense que les municipalités régionales de comté
vont avoir besoin de plus que des paroles. Il va falloir qu'il y ait des actes
concrets. Je ne sens pas ces actes dans les crédits de cette
année. Qu'est-ce qui arrivera quand les schémas vont être
prêts et que les ministères vont commencer... Qu'est-ce qui va
arriver avec les ministères face aux municipalités
régionales de comté? Le ministre va-t-il recevoir les
municipalités régionales de comté? Je pense que c'est le
temps. Si le ministre ne prend pas de décision, il va falloir que
quelqu'un en prenne. Qui a nommé les ministres? C'est le premier
ministre. Le premier ministre va-t-il recevoir les gens de l'UMRCQ pour leur
dire qu'il va y avoir un arbitrage quelque part? Chacun ne pourra pas
décider ce qu'il veut. Il y a plusieurs pouvoirs là. Il y a six
intervenants. Actuellement, il y en a un qui est mis complètement de
côté. Il fait l'objet de déchirements sur la place
publique. Il fait place à l'improvisation assez
régulièrement. Est-ce que le ministre peut me dire si quelqu'un
va décider quelque part la place des ministères par rapport aux
municipalités régionales de comté?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député de Jonquière nous
prouve maintenant par ses paroles et par son attitude pourquoi il a
réussi à mettre la ville de Jonquière pratiquement en
faillite après ses douze années d'administration, M. le
Président, en ne s'occupant pas des problèmes de sa ville
lorsqu'il était maire. C'est pour cela qu'aujourd'hui la ville de
Jonquière fait face è une situation désastreuse où
elle est menacée de poursuites qui pourraient lui coûter
au-delà de 70 000 000 $, ce qui fait en sorte que Jonquière est
probablement la ville au Québec dont ta situation financière est
la pire. Si j'avais à nommer une des 1511 municipalités, M. le
Président, qui aujourd'hui donne le plus de soucis, si je puis dire, au
gouvernement en ce qui concerne son avenir financier, c'est la ville dont le
maire de Jonquière est député présentement...
M, Dufour: Répondez donc à la question que je vous
pose et on fera mon procès après.
M. Bourbeau: ...lui qui se permet de donner des leçons au
gouvernement et au ministre.
M. Dufour: Vous êtes sur la place publique.
M. Bourbeau: La façon de négocier, M. le
Président. On n'a manifestement pas la même, M. le
député de Jonquière et moi. Le député de
Jonquière, pendant les années où il était maire,
s'est buté à ne rien faire, à ne pas voir les
problèmes en face; il s'est entêté dans une
problématique qui était ridicule, stupide et qui a
été dénoncée, d'ailleurs, par le Bureau de
révision de l'évaluation foncière dans un jugement qui a
fait la une, si je peux dire. Jamais un jugement n'a été aussi
dur envers une des parties...
M. Dufour: M. le Président, question de
règlement.
M. Bourbeau: Aujourd'hui, c'est ce genre d'administrateur qui a
fait la honte du Saguenay et du Lac-Saint-Jean...
M. Dufour: Je demande qu'il réponde aux questions.
M. Bourbeau: ...qui vient se permettre de donner des conseils au
gouvernement et au ministre des Affaires municipales.
M. Dufour: Je ne suis pas mal à l'aise du tout.
M. Bourbeau: Ce que je peux dire au député de
Jonquière sur la façon de négocier et la façon
également de traiter les problèmes qu'il évoque
présentement, c'est qu'il n'y a à peu près plus de
problèmes entre les ministères et le monde municipal. Les
éléments de friction survenus au cours des derniers mois et
qu'évoquent encore certaines MRC dans leurs résolutions sont
à peu près tous résolus. D'ici très peu de temps,
comme je le disais tout à l'heure, nous serons en mesure de faire le
point sur toute cette série de dossiers et d'en venir, à mon
avis, rapidement à une entente avec les MRC sur la question des
schémas d'aménagement.
Pour le reste, je peux l'assurer que le ministre des Affaires
municipales défend très bien ses dossiers auprès de ses
collègues, que la plupart des ministères se sont rendus au point
de vue que nous avons exprimé. S'il reste encore quelques virgules
à mettre dans le texte ou quelques points-virgules ou quelques barres
à mettre sur les t, pour l'essentiel, je pense que nous en sommes
pratiquement à la fin des travaux du comité ministériel
sur ces choses-là.
Ce matin, j'ai, d'ailleurs, eu l'occasion de discuter un peu de ces
choses-là avec le président de l'UMRCQ et je suis très
optimiste, quant à moi, M. le Président. Malgré toute
l'huile qu'il tente de jeter sur le feu - un feu qui n'en est plus un,
d'ailleurs; je dirais qu'il reste à peine des braises qui restent - le
député de Jonquière ne réussira pas, avec tous les
efforts qu'il fait pour tenter de semer la zizanie dans le monde municipal,
à faire en sorte que ce dossier-là n'aboutisse pas au cours des
prochaines semaines, sinon des prochains mois.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre commence à montrer son vrai visage.
Je commence à reconnaître un peu, à travers sa façon
de répondre, qu'il va fermer encore les choses. II y a des gens qui
veulent passer en dessous de la tapisserie. C'est de valeur, il n'y a pas de
tapisserie ici; il ne pourra pas passer en dessous. On ne passera pas en
dessous de la peinture, certainl
Je vais vous poser des questions en ce qui concerne l'administration des
qens de Jonquière. Les gens de Jonquière sont des gens bien plus
sérieux que lui ne peut le penser. Moi, je le sais pour les avoir servis
pendant autant d'années. Ces gens-là n'étaient pas
obnubilés et ils n'avaient pas les yeux crevés. Ils devaient
être capables de lire et de comprendre ce qui se disait. Je ne pense pas
que le ministre fasse preuve de grande compétence et de qrande
connaissance en disant que la ville est en faillite. D'abord, je pourrais lui
dire que c'est complètement faux et je n'ai pas honte de ce qui s'est
fait à Jonquière. Faites-en la moitié comme ministre des
Affaires municipales et vous allez avoir votre statue quelque part. Je peux
vous dire ça.
En ce qui concerne les pertes, etc., ne vous énervez pas avec
ça. Même sans le gouvernement, le dossier va se régler.
Quand vous dites qu'elle est en faillite, je pense que là vous faites
preuve d'ignorance crasse. Je suis obligé de vous le dire: Vous ne
connaissez pas ça. Je n'irai pas vous dire ce que vous avez fait
à Saint-Lambert.
Quand vous dites qu'on s'est entouré de gens incompétents,
faîtes attention, regardez autour de vous. Vous allez peut-être
voir des gens qui se sont prononcés durant la cause et l'étude de
la cause. Je trouve que, de ce côté-là encore, vous voyez
juste un côté de la médaille. Vous êtes vraiment
biaisé et, surtout, très ignorant de la cause et très
impertinent par rapport à ce qu'on discutait.
Je ne discute pas comme maire, mais comme député. Je vous
pose des questions et je me fais l'interprète des gens qui sont sur le
terrain, qui posent des questions en disant: Qu'est-ce qui arrive? Vous n'avez
jamais été capable de le dire. Vous êtes un peureux. Vous
vous cachez derrière les portes pour régler les problèmes.
Je n'ai jamais vu quelqu'un en politique dire: Moi, je ne veux pas faire de
vagues. Je ne veux pas que personne sache ce que je fais. Voyons donc! Bien,
pourquoi êtes-vous en politique? Voyons! Dans les monastères, eux
autres, Ils sont cachés. Ils sont derrière des portes closes.
Mais quelqu'un qui fait de la politique, il est au moins là pour dire ce
qu'il fait.
Vous allez dire à 1200 personnes: Mes petits gars, je vais vous
arranger ça. Cela m'inquiète, un gars qui veut arranger tout
ça. Ce n'est pas une "business" qui vous appartient; c'est une
"business" publique. C'étaient des décisions publiques que vous
deviez prendre et vous avez des comptes à rendre. C'est fatigant, rendre
des comptes. Bien oui! Vous avez tout le temps l'air endormi. Pour moi, vous
êtes un "chloroformiste" de premier ordre. C'est ça
que vous devriez vendre, du chloroforme, parce que vous allez endormir
tout le monde. Vous êtes vraiment sur la bonne voie.
Les municipalités régionales de comté ont des
problèmes et vous dites que vous allez régler ça. Ce n'est
pas vrai; vous ne réglez pas ça. Je vous ai nommé un
certain nombre d'éléments que vous n'avez pas
réglés. Schefferville, ce n'est pas réglé. Cela
pressait, Schefferville. C'était fini, c'était
réglé. On s'entendait avec Ottawa, on mettait une barre
là-dessus et ça finissait là. Vous ne l'avez pas
réglé, Schefferville.
II n'y a pas juste ça que vous n'avez pas réglé.
Vous n'avez pas réglé les rapports de commission. Vous dormez
là-dessus. Je pense qu'on va vous le répéter. Les gens le
savent, à part ça. Je peux le répéter, mais je ne
ferais que répéter ce que les autres nous disent. Ils nous
rencontrent régulièrement en disant: II n'y a rien qui marche
dans ce dossier. Vous allez dire à des maires: Salut, les petits gars;
il n'y a pas de problème, mais serrez-vous la ceinture. Une semaine
après, vous faites un comité pour régler le
problème. Il y en a un ou bien il n'y en a pas? Quand vous dites qu'il
n'y a pas de problème et que vous dites à tout le monde que c'est
réglé, votre affaire, et qu'il n'y a rien là, bien,
dites-nous donc où est-ce que vous allez.
Je vous ai demandé les problèmes avec les
ministères. Vous répondez: II n'y a pas de problème.
D'accord, je vais prendre votre parole; il n'y a pas de problème. On va
faire parvenir ça, par exemple, aux MRC. On va se faire un devoir
d'aller leur expliquer, d'aller leur dire: II n'y a pas de problème, le
ministre nous a dit que ça va se régler dans peu de temps.
Mais quand les gens vont changer les schémas
d'aménagement, avez-vous de l'argent de prévu quelque part pour
payer pour ça? Parce que ce ne sera pas à la demande des
élus qu'il y aura des changements. Cela ne sera pas è la demande
des élus municipaux. Est-ce que vous avez prévu des montants
d'argent pour leur venir en aide? (11 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, est-ce que
vous avez des commentaires à la question de M. le député
de Jonquière?
M. Bourbeau: M. le Président, je préférerais
que le débat s'élève un peu. Si vous n'avez pas
d'objection, on pourrait peut-être passer à l'étude des
crédits?
M. Dufour: Écoutez, cela relève des crédits,
ça. Est-ce que vous avez de l'argent prévu si des changements
sont demandés par différents ministères? Je tiens pour
acquis que ce que vous m'avez dit est correct. Vous m'avez dit que les
ministères vont arranger tout cela. Il n'y a plus de problème
d'arbitrage. Donc, il va y avoir des décisions. À moins qu'ils ne
soient tous chloroformés et qu'ils ne bougent pas. Mais j'imagine que
les ministères auront à dire de temps en temps aux MRC:
Changez-moi cela! Telle chose n'est pas correcte. Il va y avoir des plans. Il
va y avoir des études à faire.
Comment les municipalités vont-elles s'en tirer dans tout cela?
Cela relève des crédits du ministère, il me semble. En
tout cas, c'est une responsabilité que le ministère ne peut pas
nier. C'est une responsabilité de l'aménagement.
M. Bourbeau: Quelle est la question?
M. Dufour: La question était de savoir si vous avez
prévu des montants d'argent ou une façon de procéder pour
aider les municipalités régionales de comté si des
changements majeurs se produisent quelque part.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans les crédits qui sont devant nous, il y a
des montants d'argent qui seront suffisants pour remplir les obligations prises
par le gouvernement envers les MRC.
M. Dufour: L'an dernier, on avait un montant de 12 300 000 $; il
y a un montant de 4 900 000 $ cette année. Le programme Elaboration des
schémas était de 4 019 000 $ contre 617 000 $, cette
année. Il y a donc une différence importante. C'est pour
l'achèvement des schémas d'aménagement. Je comprends que
ce sont les engagements, mais il y a quand même des engagements sur
lesquels il y a des interrogations qui sont faites régulièrement
par les municipalités pour savoir, s'il y a des changements qui se
produisent è la demande des ministères dans les schémas
d'aménagement, comment cela va être arbitré. Comment ces
problèmes seront-ils résolus?
Vous allez donner la commande aux municipalités et vous allez
leur dire: Arrangez-vous avec cela! Ou alors, est-ce que vous prévoyez
un mécanisme pour aider ces municipalités? Parce qu'avec un
montant de 617 000 $ on ne peut pas faire grand-chose.
M. Bourbeau: M. le Président, pour les schémas
d'aménagement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...le gouvernement s'était engagé
à en défrayer le coût. Les schémas
d'aménagement sont en voie d'être déposés ces
jours-ci ou ces mois-ci. Au cours de
l'année, nous prévoyons terminer le paiement des
engagements que le gouvernement s'était engagé à faire et
les dépenses que le gouvernement s'était engagé à
rembourser. La totalité des engagements du gouvernement sera
payée lorsque le gouvernement aura déboursé le montant de
617 000 $ qui est indiqué dans les crédits pour l'année
1987-198B.
M. Dufour: Donc, il n'y a rien d'ajouté à ce
dossier. La rémunération des élus. Je comprends que
l'aménagement du territoire est une responsabilité des
élus municipaux. Par contre, il y a effectivement une partie de
l'aménagement qui est au profit du Québec. Je pense que les
élus n'ont pas à être gênés de dire que, dans
ce travail, il y a un certain cheminement qui se fait au profit du gouvernement
du Québec. Est-ce que le ministre prévoit qu'il pourrait
être possible de payer une partie de la rémunération des
élus municipaux qui font partie des municipalités
régionales de comté, en fonction du travail qu'ils font pour le
gouvernement du Québec? Il faut comprendre qu'il s'agit d'une fonction
supplémentaire qu'ils exercent. Je suis d'accord jusqu'à un
certain point qu'une grande partie du travail qu'ils font est au profit des
citoyens de leur municipalité. Je pense aussi que l'ensemble des
municipalités régionales de comté acceptent de
défrayer la rémunération de leurs élus.
Mais en ce qui concerne le supplément de travail qu'ils doivent
accomplir, est-ce que le ministre examine une forme de compensation qui
pourrait pallier une partie de ces coûts-là?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, ce sont les
municipalités régionales de comté elles-mêmes qui
ont adopté une résolution, lors de leur congrès d'octobre
1986, établissant qu'elles entendaient défrayer elles-mêmes
à l'avenir les coûts de rémunération des élus
au nom de l'autonomie municipale. Dans ces conditions, je ne vois pas pourquoi
le gouvernement imposerait un programme de rémunération des
élus quand les élus eux-mêmes ont dit qu'ils n'en voulaient
pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. DufouR J'ai l'impression, connaissant la façon dont les
élus fonctionnent, que c'est effectivement pour les montants ou pour la
rémunération, pour les travaux qu'ils font pour leurmunicipalité. Je ne pense pas que les élus soient
opposés ou pensent perdre leur autonomie si le gouvernement croyait bon
de rembourser une partie de leurs honoraires, surtout en ce qui a trait au
travail qu'ils accomplissent non seulement pour leur municipalité, mais
aussi pour le gouvernement du Québec.
Il y a effectivement deux fonctions au plan de l'aménagement. Il
y a l'aménagement qui concerne l'ensemble des municipalités dont
une partie est imposée par le gouvernement du Québec et je
pensais que cette partie aurait pu être compensée par le
gouvernement du Québec. Si le ministre proposait cela aux
municipalités, il n'y en a pas beaucoup qui viendraient vous dire que
cela leur ferait perdre leur autonomie, et elles le prendraient. Je pense aussi
que cela serait un dû. On devrait l'examiner comme étant un
dû et non comme une récompense, pas comme une subvention comme
telle, mais plutôt en retour de services rendus et de travail accompli.
C'était le sens de ma question. Si j'ai bien compris, vous dites non
à cette question que je vous pose, car les municipalités ont
adopté une résolution.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'élément 1? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: La mise è jour des schémas; c'est
sûr qu'il n'y en a pas encore beaucoup qui sont adoptés. J'ignore
combien il y en aura au cours de l'année, mais prévoyez-vous
certains montants d'argent qui permettraient la mise à jour des
schémas d'aménagement?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Non, M. le Président. M. Dufour: C'est
assez clair.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'élément 1? M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Vous avez dit tout à l'heure que, depuis
quelques semaines, un certain nombre de questions avaient été
soulevées et que vous aviez un échéancier précis
à savoir quand seront complétées les différentes
études en cours actuellement concernant les territoires, la
représentativité, le fonctionnement, etc. Prévoyez-vous
une façon de procéder autre que celle de travailler avec les
unions? Avez-vous un échéancier précis concernant ces
décisions ou le faites-vous avec la longueur du temps?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le député veut-il parler de
l'avenir du monde municipal et des négociations qui y ont trait
présentement?
M. Dufour: C'est cela.
M. Bourbeau: Nous avons l'intention de procéder, M. le
Président, par le biais de la table Québec-municipalités
qui est l'organisme le plus représentatif du monde municipal. Le
gouvernement s'exprime par la voix du ministère des Affaires municipales
qui véhicule les décisions gouvernementales et Se monde municipal
s'exprime par la voix des deux unions.
Une première série de rencontres a eu lieu au cours des
derniers mois. Elles culmineront par une réunion de la table
Québec-municipalités élargie, des assises axées
autour de la table Québec-municipalités qui auront lieu
probablement vers le milieu de l'été. À ce
moment-là, un certain nombre de choses seront réglées,
nous l'espérons, concernant principalement la question de la
représentativité et de la prise de décisions au sein des
MRC, leur financement et les possibilités de prévoir un
mécanisme de transfert de responsabilités du niveau local vers le
niveau régional. Dans un premier temps, ces décisions-là
pourraient être prises lors des assises de l'été. Le reste
du dossier, découlant des recommandations des deux rapports des deux
unions ainsi que des travaux du gouvernement et du ministère des
Affaires municipales, fera l'objet d'autres discussions à l'automne
alors que se poursuivront les rencontres et les réunions de la table
Québec-municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'élément 1? M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Le principe des responsabilités nouvelles qui
doivent être accompagnées de sources de financement
adéquates, est-ce que vous le maintenez?
M. Bourbeau: M. le Président, cela a été
confirmé à plusieurs reprises par le ministre dans ses discours
et, encore tout récemment, par le ministre des Finances dans le budget
du Québec.
M. Dufour: J'accepte que vous disiez que vous l'avez
confirmé; par contre, il y a eu des transferts. À un moment
donné, les eaux de baignade ont été faites et cela, c'est
une responsabilité nouvelle. Il y a eu un transfert par le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Il y a eu des coupures
d'effectuées au point de vue des promotions industrielles, mais je n'ai
pas entendu de protestations du ministre. Il y a eu des coupures dans les
bibliothèques publiques, mais je n'ai pas entendu de protestations du
ministre. Donc, oui, ce n'est pas juste un transfert de responsabilités
nouvelles. Je voudrais bien aussi savoir si on va continuer à couper
dans des subventions ou quelque part, ce qui fait que, même en ne donnant
pas de responsabilités nouvelles, on maintient les mêmes
responsabilités puis, à la fin, les municipalités ont
moins d'argent, donc, il y a des transferts qui doivent se faire quelque
part.
C'est un transfert de responsabilités, mais pas
nécessairement avec des fonds supplémentaires.
M. Bourbeau: M. le Président, les principes ont
été établis. Il pourrait arriver, à l'occasion,
qu'il y ait, dans les modalités, certains ajustements qui se produisent
dans un sens comme dans l'autre, pas seulement dans le sens des coupures
gouvernementales. Il peut y avoir, à l'occasion, des transferts partiels
aussi de certains ministères. Je corriqe le député de
Jonquière en lui disant que la question des eaux de baignade est
toujours sous la responsabilité du ministère de
l'Environnement.
M. Dufour: Oui, de cela, j'en suis bien conscient, mais
après des protestations et après que les municipalités
aient refusé de faire le travail. Cela n'a pas été une
opération charme, cela n'a pas été une opération
bien plaisante à mener ou, en tout cas, ce qu'on a vu, c'est que les
gens ont protesté et ils ont dit non à cela, ils ne voulaient pas
prendre cette responsabilité. Je pense qu'il y a aussi d'autres
façons de transférer des responsabilités, c'est en
effectuant des coupures et en laissant la responsabilité aux
municipalités. Les bibliothèques publiques en sont un exemple
parce qu'il n'y a pas nécessairement eu un transfert de fonds de la
municipalité vers les bibliothèques publiques dans la mesure de
ce qui a été coupé.
Quant à la promotion industrielle, selon les informations que je
possède, il n'y a pas eu de montants d'argent d'ajoutés où
que ce soit et les gens ont été obligés de fonctionner
avec ce qu'ils avaient, soit que la municipalité en a ajoutés ou
qu'ils ont coupé des services.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y 8 d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
M. Dufour: Le rôle des MRC, comme structures de
services...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...doit-il être maintenu ou doit-on fonctionner
par consensus? Si dans le contexte futur ou à partir de maintenant il y
a des problèmes dans les MRC, des
problèmes pour lesquels il n'y a pas de consensus, quelle serait
l'attitude du ministère par rapport aux MRC? Par exemple, est-ce qu'il a
l'intention d'établir des comités spécifiques si on parle
de territoires'' Est-ce que le ministre va mettre des comités sur pied
pour jouer le rôle d'arbitre, de conciliateur, de modérateur ou
cela va-t-il rester comme tel? Je sais que vous avez sûrement l'intention
de toucher à la représentativité, il y a eu un certain
nombre d'éléments qui ont été donnés. Mais
je ne pense pas que cela sera suffisant. Je pense que ce sera difficile de
donner une représentativité, juste en passant, de un ou deux
critères, tel que cela a été avancé. S'il y a des
problèmes avec cela et qu'il n'y a pas de consensus, est-ce que le
ministre va prendre des orientations? Quelle sera l'attitude par rapport
à cela*?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, (11 h15)
M. Bourbeau: M. le Président, en ce qui concerne la
majorité des problèmes, les gens sont présentement en
discussion avec la table Québec-municipalités. Les unions
s'estiment représentatives du milieu municipal ayant toutes les deux
tenu des congrès au cours des derniers mois qui les ont
habilitées à négocier au nom de leurs commettants. Le
gouvernement négocie par l'intermédiaire du ministère des
Affaires municipales. La plupart de ces choses se négocient à
cette table.
Pour ce qui est des limites territoriales des municipalités
régionales de comté, je l'ai dit à plusieurs reprises,
cette question sera étudiée lorsque l'ensemble des autres
problèmes sera réglé.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'élément 1? M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: On peut toujours faire une mise en garde en ce sens...
Je veux bien prendre la parole des gens, mais Je veux regarder aussi ce qui se
passe sur le terrain. J'ai une coupure de presse du 25 mai, ce n'est pas
très vieux, où l'Union des municipalités régionales
de comté accuse Québec d'ignorer la volonté du milieu.
C'est écrit: Le gouvernement a obligé les municipalités
à se doter de schémas d'aménagement. On parle des
différents ministères dont il a été fait mention
tout à l'heure: l'Agriculture, l'Environnement, le Loisir, la Chasse et
la Pêche et le ministre délégué aux Forêts. Le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté vient presque à la conclusion que l'exercice du
schéma a été chez nous un gaspillage de temps et d'argent.
Donc, ce n'est pas juste à la municipalité régionale de
Pontiac.
C'est écrit: Le gouvernement ignore directement la volonté
du milieu lorsque ce dernier contredit la volonté dite nationale des
ministères concernés. Je ne sais pas si le ministre a pris
connaissance de ce texte. Je pense que le ministre ne doit pas s'offusquer que
l'Opposition lui pose un certain nombre de questions concernant l'avenir des
MRC. Quand j'affirme que tout n'est pas réglé et que c'est loin
d'être réglé, à tous les jours il s'agit de regarder
ce qui se passe sur le terrain pour se rendre compte qu'il y a des
problèmes à l'horizon. Je pense que je me fais
l'interprète de ces gens qui disent que certaines choses ne tournent pas
rond. Il n'y a pas de réponse rapide dans ces dossiers.
Donc, j'ai l'impression que le ministre va faire son lit tranquillement.
On va voir ce que cela va donner, on va suivre cela. On verra bien. Je me
rappelle que le ministre a eu de bonnes discussions, è savoir: ce qui
arriverait si des municipalités demandaient de "défusionner". Je
me rappelle la réponse du ministre comme si c'était hier: On va
étudier cela. On va regarder cela. Si c'est le cas, on pourra regarder.
Depuis ce temps, pas mal d'eau a coulé sous les ponts et plusieurs
municipalités ou parties de municipalités ont fait les demandes
de "défusionner" et il n'y a pas eu de "défusion". Exactement ce
que j'avais dit au ministre dans le temps: Fusionner, c'est une décision
importante, difficile; "défusionner" c'est encore plus difficile.
Cela a soulevé un certain nombre d'attentes dans le monde
municipal et le ministre s'est ramassé avec ce qu'il avait semé.
Il a semé de l'espoir, il va récolter des désillusions.
Les gens ne sont pas satisfaits de ce qui se passe sur le terrain. Le cas de
Cantley est assez probant par rapport à cela, assez
révélateur et il y en a d'autres ailleurs aussi qui ne sont pas
encore venus à la surface. Il faut être plus que rassurant avec le
monde municipal, il faut prendre des décisions. Il faut de temps en
temps lui dire qu'il y a quelqu'un qui va l'aider, qui est là pour
orienter. Être chef, c'est savoir décider et savoir orienter. Ce
n'est pas juste dire: Je vais vous arranger cela. C'est de prendre des
positions de temps en temps et de dire à des gens: C'est comme cela
qu'on devrait aller. Cela pourrait certainement aider à rassurer le
monde, pas juste par des paroles, mais par des actions.
Je souhaite bonne chance au ministre avec les MRC. La seule chose que je
peux assurer, c'est que je vais suivre le dossier comme je le fais depuis le
début. On va voir si le gouvernement, si les ministères
concernés sont vraiment à l'écoute des
municipalités et si elles sont capables de s'arbitrer entre elles. S'il
y a des coûts supplémentaires, j'espère que le ministre
va
écouter et lire. Peut-être qu'on va lire pour lui rapporter
ce que cela coûte aux édiles municipaux, quels sont leurs
problèmes et leurs attentes. On va le faire de cette façon. C'est
évident qu'on n'est pas à la table
Québec-municipalités, mais on peut savoir, par expérience,
ce qui peut se passer.
Je veux rassurer le ministre sur l'avenir de la ville de
Jonquière. Elle n'est pas en faillite, on va continuer à vivre.
Je n'ai pas mis non plus l'Union des municipalités du Québec en
faillite quand j'ai agi comme président. Vous regarderez le
résultat de ces deux années, vous allez voir qu'on
écoutait, mais qu'on décidait aussi, de temps en temps. C'est
à cela que le monde municipal s'attend d'un ministre, qu'il
décide de temps en temps et qu'il oriente. On ne l'a pas senti. Je n'ai
pas senti cela depuis un an et demi et j'ai l'impression que plus cela va, plus
les problèmes vont grossir. Ce n'est pas normal que les dossiers dorment
ou ne viennent pas à la surface. Les gens veulent bien savoir ce qui se
passe. Ce sont des élus et il faut respecter cela. Il faut leur donner,
de temps en temps, l'heure juste. On ne le sent pas tout à fait.
Donc, l'Union des municipalités régionales de comté
s'interroge beaucoup pour les municipalités régionales de
comté et moi aussi parce que je crois à cela. Je crois que les
municipalités régionales de comté sont là pour un
bon bout de temps. Elles sont là, et on devrait examiner de façon
très précise et ponctuelle quelles sont les attentes de ces gens
et de quelle façon on peut les rassurer. Si le ministre veut jouer son
rôle d'arbitre, de conciliateur ou de modérateur, il va falloir
qu'il décide rapidement.
Je pense, à part cela, que le gouvernement ne peut pas dire,
demain matin: II n'y aura plus de coûts d'attachés aux actions et
aux municipalités régionales de comté. Au contraire, je
pense qu'il faut examiner cela dans une optique où le gouvernement
retire aussi des bénéfices. En ce sens, j'ai l'impression qu'on
doit continuer à les suivre de très près et à les
aider afin qu'on ne transfère pas que les coûts aux gens. Il y a
un profit certain pour le gouvernement du Québec du fait que le
schéma soit bien appliqué, bien surveillé et bien mis en
place. Il y a certainement des économies là-dedans, au même
titre qu'un plan d'urbanisme représente des économies non
seulement pour les municipalités, mais pour les citoyens. C'est
là-dessus qu'il est important d'examiner, en fonction de ces
critères, quel serait l'apport du gouvernement. Il ne faudrait pas que
le gouvernement se dise: Moi, je suis complètement en dehors de ce
dossier. Au contraire, il devrait en être très près et il
devrait surtout décider rapidement qu'il y a plusieurs intervenants,
mais qu'il y en a un principal. C'est là que vous allez jouer votre
rôle à 100 %. Je ne fais qu'essayer de vous aider à devenir
le meilleur possible dans ces dossiers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je remercie le
député de Jonquière de son aide, mais je pense que, compte
tenu de ses performances à la mairie de Jonquière, je vais me
contenter de mon expérience personnelle et faire en sorte de continuer
sur la même lancée que ce que je fais présentement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Dufour: Je peux juste dire au ministre que j'ai
été élu plus souvent que lui dans ma vie, cela fait que
j'ai l'impression... Et j'ai été élu sous mon nom, pas
dans des vagues. Je peux lui dire cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, est-ce qu'il y a d'autres...
M. Dufour: Moi, je fais confiance aux gens de
Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): ...interventions à
l'élément 1?
M. Dufour: Il devrait faire confiance aux gens de temps en temps,
cela l'aiderait.
Il y a le programme ReviCentre. Bien sûr, la fin de ce programme a
été annoncée et aussi un certain nombre
d'éléments du programme ont été discutés sur
la place publique. Il n'est pas encore complet, malheureusement ou
heureusement. En tout cas, d'une façon ou de l'autre, des montants
d'argent ont été récupérés par rapport
à cela. Est-ce qu'on pourrait savoir, de la part du ministre, où
on en est rendu dans ce programme et ce qui se passe exactement?
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pour ce qui est du programme ReviCentre, tout est
normal. Les municipalités dépensent les fonds qu'elles ont
engagés, le gouvernement aussi. Nous avons prolongé jusqu'au 15
juillet la période pour terminer les travaux municipaux. Et, selon les
indications que nous avons, la très grande partie des fonds et des
subventions sera dépensée par les municipalités et la
subvention sera versée aux municipalités, tel qu'elle a
été promise.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Actuellement, le programme est prolongé
jusqu'au 15 juillet. Il n'est pas dit que tout sera dépensé ou
complété le 15 juillet. J'imagine qu'il y a encore une
possibilité de prolonger le programme selon les demandes qui vous seront
faites ou est-ce que vous avez décidé de façon
définitive que le 15 juillet est la date ultime?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est la date ultime.
M. Dufour: Donc, il n'y aura pas de prolongation du programme
ReviCentre.
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
M. Dufour: Pouvez-vous m'informer s'il y a des crédits
périmés dans le programme ReviCentre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les engagements autorisés étaient de
53 750 000 $ et les dépenses autorisées étaient de 52 300
000 $. Les dépenses, au 31 mars, sont de 41 274 390 $, de sorte qu'il
reste un solde disponible à dépenser de 12 025 610 $. Nous
estimons que ces montants devraient être déboursés d'ici la
fin du programme.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre m'informe - et il semble très
catégorique - qu'il n'y aura aucune prolongation du programme sous
aucune considération. C'est ce que vous m'avez dit tout à
l'heure?
M. Bourbeau: Ce n'est pas notre intention, M. le
Président.
M. Dufour: Ah! Vous êtes moins catégorique que tout
à l'heure. Tantôt vous avez dit: Non, c'est fini et, là,
vous mettez un peu la pédale douce. C'est bien votre couleur, dans le
fond. Vous me dites oui et non. Vous changez d'idée en chemin et cela
ressemble encore â ce que... Je suis obligé de vous accorder que
vous êtes égal à vous-même. Il n'y a pas à
être catégorique, là.
Si des demandes faites n'avaient pas été traitées,
avez-vous l'intention de remettre un programme en marche, un jour, par rapport
au programme ReviCentre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Pas pour l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'élément 1? M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a déjà une analyse de
faite de ces programmes quant aux retombées et aux mesures? Ce programme
a fonctionné. Vous avez décidé d'y mettre fin ou de ne pas
le prolonger? Y a-t-il des études en cours pour étudier les
impacts économiques que ce programme a apportés autant sur les
municipalités que sur l'ensemble du territoire du Québec?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le programme est
présentement en cours. Les travaux municipaux se poursuivent jusqu'au 15
juillet. En ce qui concerne Montréal et Québec, la date est le 31
décembre 1987. Alors, je pense qu'il est prématuré de
faire une évaluation du programme tant qu'il ne sera pas
terminé.
M. Dufour: Mais, malgré tout, dans la revue
Municipalité de novembre 1986, on parlait déjà des
retombées économiques du programme. Un article portait le titre:
Revitalisation: un impact économique impressionnant. Je vous pose la
question et vous pouvez bien me dire qu'elle est prématurée, mais
si vous n'évaluez pas le programme au fur et à mesure qu'il
fonctionne, je ne comprends plus rien. À quoi cela rime-t-il? Le
gouvernement investit tant de millions et des décisions sont
certainement prises en fonction des programmes présentés. Vous en
avez même donné à des villes en faillite, selon vos dires.
Il faut regarder les impacts que cela donne, si cela a
regénéré ou apporté des choses au milieu.
J'ai l'impression que vous devrez commencer à avoir des bribes ou
des indications quant aux impacts qui ont été apportés.
Vous pourriez déjà être en mesure de dire: Ce proqramme a
été bénéfique et il pourrait être mis en
place, un jour, à cause des retombées qu'il a apportées,
peut-être avec différentes modalités, mais, à mes
yeux, il a donné des résultats probants. Vous me dites qu'il
serait prématuré de le faire. Cela me surprend. D'autres
municipalités en ont peut-être demandé et je pense que vous
ne pouvez pas faire abstraction de cela. Selon moi, vous devriez examiner
déjà les implications pour savoir si cela va continuer ou pas. Il
y a peut-être même des députés autour de la table qui
ont des ReviCentre
qu'ils voudraient revitaliser. Ils pourraient avoir accès
è cela. Vous devriez en entendre parler quelque part. Je pense que c'est
un bon programme. Vous dites que vous n'avez pas commencé à
l'évaluer. Je commence déjà à l'évaluer par
les opérations qui se sont faites un peu partout. (11 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II ne fait aucun doute que Je programme ReviCentre a
eu des effets bénéfiques pour les centres-villes en
dépérissement de plusieurs municipalités du Québec.
Il s'agit de se promener dans ces centres-villes pour constater l'effet
d'entraînement que ce programme-là a eu sur la revitalisation des
centres-villes. Je n'ai pas dit qu'éventuellement le gouvernement ne
remettrait pas sur pied un nouveau programme ReviCentre ou de nouvelles
initiatives dans ce domaine. Ce que j'ai dit, c'est que pour l'instant nous
n'avons pas de programmes en préparation.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Dans la revue Municipalité, on parlait d'une
somme de 352 000 000 $ qui pourraient être investis dans la
revitalisation des centres-villes au Québec. Comme le ministre l'a dit,
oui, c'est un programme qui a eu certaines retombées
intéressantes. Je suis convaincu que c'était intéressant.
J'ai entendu des sons de cloche dans le sens que cela pourrait causer certains
problèmes, dans certains endroits, à cause de la rapidité
avec laquelle les programmes ont été mis en place. Ils n'ont
peut-être pas profité de toutes les retombées.
Jusqu'à un certain point il y a eu un problème de
répétition et cela a fait des copies conformes d'un endroit
à l'autre. Cela n'a pas été nécessairement dans les
meilleures adaptations. Il y a un point où je voudrais attirer
l'attention, surtout s'il est question de regarder pour l'avenir. Il y a des
programmes qui pourraient être examinés où la
revitalisation de centres-villes pourrait être aussi envisagée
pour celles qu'ils l'ont faite. Pour celles qui auront à le faire
à l'avenir, il y aura peut-être des programmes de
rénovation de façades pour aider certains organismes, compagnies,
individus, investisseurs, propriétaires à améliorer leurs
façades ou leurs bâtiments pour que cela s'inscrive a
l'intérieur de cette démarche. Je comprends qu'on peut dire qu'il
y a des remises de taxes qui peuvent être faites pour des... C'est
temporaire, etc. Comme il y a des villes qui sont en faillite - vous m'avez dit
cela au début de notre propos - il faudrait que ces villes soient plus
aidées. Ce n'est pas seulement une question de règle- ment de
comptes. Si vous êtes plus cohérent et conséquent, s'il y a
des villes qui sont en faillite, je vous demande, de grâce, de les aider
et d'y penser, parce qu'elles en auront besoin. Elles vont monter sur
Québec bientôt. Il ne faudrait pas que cela arrive. Je voulais
juste attirer votre attention à savoir si oui il y a de nouveaux
programmes que vous pensez mettre en marche. Vous pourriez peut-être
penser pour celles où il y a eu des investissements massifs du
gouvernement afin d'en tirer encore de meilleurs bénéfices, il
pourrait y avoir des compléments de programme. Je sais qu'il y a des
possibilités ou des choses qui peuvent se faire. Cela pourrait
être par le biais de programmes où les municipalités
pourraient fournir de l'aide technique à des commerçants ou
à des qens d'affaires pour les aider à améliorer leur
immeuble. Ce sont des coûts assez importants, mais c'est aussi de l'aide
très appréciable.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions è l'élément 1? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez m'informer s'il y a beaucoup de
municipalités qui ont fait une demande et qui n'ont pas eu de
réponses - s'il y a eu une réponse vous pouvez toujours me le
dire - ou qui ont eu des réponses négatives, ou est-ce qu'elles
ont été averties toutes ensemble lorsqu'on leur a dit; C'est
fini?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le programme ReviCentre
était un programme qui, à toutes fins utiles, était
fermé au moment où j'ai accédé à la
direction du ministère des Affaires municipales en tant que ministre,
à la fin de 1985. Je peux dire qu'il y avait une vingtaine de
municipalités qui avaient fait une demande pour être admises au
programme et qui n'ont pas pu l'être du fait que les crédits
étaient épuisés. Je soulignerais que la plupart de ces
municipalités qui ont été refusées étaient
situées dans des comtés libéraux, M. le '
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'était fermé, mais ce n'était
pas fermé; autrement dit, je suis convaincu qu'il y a d'autres
municipalités qui ont eu accès à ces programmes,
même après votre entrée en fonction.
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
M. Dufour: Vous avez certainement
identifié à nouveau certaines municipalités,
l'argent n'était pas tout placé.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour: II n'y a pas eu d'autres municipalités qui ont
eu accès ou qui ont été acceptées depuis le 2
décembre 1985?
M. Bourbeau: M, le Président, tout était
engagé au moment où nous sommes arrivés au pouvoir. Je ne
dis pas que je n'ai pas signé des protocoles ou des lettres
après, mais c'était sur des montants qui avaient
déjà été engagés.
M. Dufour: Et vous m'avez dit que c'étaient toutes des
municipalités péquistes qui en ont eu?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
Président. Le député déforme mes paroles comme
toujours.
M. Dufour: Non, non. Je suis ici pour vous écouter.
Dites-le.
M. Bourbeau: J'ai dit que la plupart des municipalités qui
avaient été écartées étaient situées
dans des comtés libéraux.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'élément 1?
M. Dufour: Je ne sais pas si cela vaut même la peine
d'être relevé. Je ne pense pas que cet élément les
aurait fait réélire, car je regarde et ce n'est pas
nécessairement ce programme qui a fait réélire les
députés dans le coin. Ce n'était pas le
député et j'espère que cela a été choisi
selon un critère plus important que celui de la couleur politique. Il
devait y avoir des besoins à des endroits et il devait y avoir des gens
plus rapides que d'autres. En tout cas, Montréal et Québec sont
des villes où beaucoup d'argent a été investi et cela n'a
certainement pas été fait sur la couleur politique.
M. Bourbeau: II y a des gens qui ont été plus
vîtes que d'autres, M. le Président, et surtout mieux
informés que d'autres.
M. Dufour: En tout cas, je ne pense pas que tout cela mène
quelque part.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Dufour: On pourrait citer le nom d'autres
municipalités, mais, comme je l'ai dit tout à l'heure, je ne
pense pas qu'on puisse changer quoi que ce soit. Si le ministre est encore
là, il pourrait avoir un autre programme et, comme toutes les villes
péquistes ont été bien servies, il ne resterait que des
villes libérales à servir à l'avenir. On pourrait au moins
lui donner cela comme élément de motivation pour continuer.
J'espère que des études seront faites pour savoir si le
programme de revitalisation des centres-villes a donné les
résultats escomptés et si on a vraiment rendu service aux
municipalités. Moi, j'y crois, mais j'ai l'impression que, si on fait
ces programmes-là dans le temps, de façon ponctuelle...
Peut-être qu'on peut le faire de cette façon pour avoir une bonne
idée de ce qui se passe mais on pourrait les examiner un peu plus
longtemps pour permettre des retombées plus longues et meilleures et
aussi pour que la plupart des municipalités qui en ont besoin soient
traitées justement et qu'elles aient accès à ces
programmes.
L'un des éléments qui n'a jamais été
touché ou qui ne l'a pas été assez fortement, à mon
point de vue, c'est celui des impacts directs que ce programme aurait pu avoir
sur les gens qui habitent le centre-ville, que ce soient les citoyens
ordinaires, les commerçants ou les autres. Si on voulait avoir un impact
réel, il faudrait continuer au moins pour les municipalités qui
ont déjà eu ce programme. Il y a des façons de le
réqler et j'en ai souligné quelques-unes, mais je n'ai pas la
prétention que c'est uniquement de cette façon qu'on peut leur
aider. On pourrait le faire différemment et ce serait une très
bonne chose. Cela complète ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci clôt
les discussions concernant l'élément 1? M. le ministre.
M. Dufour: On aura l'occasion de les reprendre à d'autres
occasions.
M. Bourbeau: Avant que nous terminions l'étude de
l'élément 1 du programme 1, je voudrais revenir sur certaines
paroles qu'a prononcées le député de Jonquière au
début de nos travaux et qui portaient sur la question des MRC et sur
certaines affirmations que le député de Jonquière
reprenait à son compte d'après la lecture de certaines manchettes
de journaux où on aurait fait dire à l'Union des
municipalités régionales de comté qu'elle se sentait bien
mal défendue par le ministre des Affaires municipales.
J'aimerais faire lecture d'une lettre que m'écrivait en date du 6
avril 1987 M. Roqer Nicolet, le président de l'Union des
municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec Inc. La
lettre dit ceci: "M. le ministre, Le Devoir du 4 avril publie un
compte-rendu tendancieux de la réunion spéeisle de vendredi
dernier à laquelle vous avez eu l'amabilité de participer. "Soyez
assuré que l'UMRCQ, comme le soussigné, regrette vivement
certaines allégations erronées de l'article signé par M.
Bernard Descôteaux, J'adresse ce matin la lettre dont copie est jointe au
rédacteur en chef du Devoir. Je compte bien que les corrections qui
s'imposent seront prises sans réserve ou retard. Veuillez agréer,
M. le ministre, l'expression de mes sentiments distingués."
M. le Président, vous me permettrez de vous lire certaines
parties de la lettre. Je ne voudrais pas prendre le temps de la commission et
tout lire mais, essentiellement, la lettre dit ceci: "M. Paul-André
Comeau, rédacteur en chef, Le Devoir. Monsieur, samedi, le 4
avril 1987, vous publiiez sous la signature de M. Bernard Descôteaux un
compte-rendu de l'assemblée spéciale convoquée par l'UMRCQ
à Québec vendredi dernier. "Même si je ne puis souscrire
aux conclusions que M. Descôteaux résume par la manchette et
reprend, du reste, dans le premier paragraphe de l'article en question, je ne
puis que respecter le droit de tout observateur à dégager
l'interprétation du déroulement des événements
qu'il a choisi de retenir. . "Je me dois, par contre, de m'inscrire en faux
contre le libellé du deuxième paragraphe qui se lit comme suit:
"Telle est l'impression que retire le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, M. Roger Nicolet,
à l'issue d'une assemblée spéciale". "La formulation est
particulièrement malencontreuse, dans le contexte actuel, parce qu'elle
implique que j'ai conclu à quelque prétendue insuffisance du
ministre des Affaires municipales. Rien, absolument rien dans le
déroulement de la réunion ni dans les propos que j'ai tenus
è la presse en fin de journée ne permet de faire pareille
déduction."
M. Nicolet termine en disant: "La fausse impression que transmet
le texte est inacceptable, puisqu'elle porte atteinte à la
réputation de M. Bourbeau et qu'indirectement elle risque de causer
préjudice aux municipalités membres de l'UMRCQ. Je vous demande
donc, premièrement, de publier la présente ou de prendre toute
autre disposition appropriée pour corriger la situation;
deuxièmement, de transmettre à M. Bourbeau et è l'union
copie de la bande enregistrée par M. Descôteaux lors de l'entrevue
que j'ai accordée à la presse vers 15 h 40 le 3 avril
dernier."
M. le Président, je n'avais jamais, è ce jour, rendu cette
lettre-là publique. Je ne tenais pas à le faire non plus. Je ne
l'avais d'ailleurs pas sollicitée non plus, je dois le dire. Mais
puisque le député de Jonquière fait carrière en
reprenant à son compte des manchettes qui ne représentent pas la
réalité, j'ai tenu à en faire lecture aujourd'hui pour que
ceux que cela intéresse puissent être au courant de la situation.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques à l'élément 1? M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je ne veux pas faire partie des mal cités. Il y
a ici, encore, un extrait de La Presse du 25 mai. Encore là, lors de sa
courte allocution... On va en donner. Ce n'est pas juste des manchettes, il y a
des extraits. Lors de sa courte allocution... L'UMRCQ accuse Québec
d'ignorer la volonté du milieu, Presse canadienne, Lac-Sainte-Marie. Ce
n'est pas le lac Meech, c'est le lac Sainte-Marie. "Lors de sa courte
allocution au colloque régional de l'UMRCQ tenu samedi è
Lac-Sainte-Marie, M. Denis Larivière, préfet de la
municipalité régionale de Pontiac, n'y est pas allé par
quatre chemins pour dire qu'à la lumière de la réaction
gouvernementale, l'exercice du schéma a été chez nous un
gaspillage de temps et d'argent."
Je continue: "Cette situation ne s'applique malheureusement..." Et,
là, c'est le préfet, c'est M. Nicolet qui parle. "Cette situation
ne s'applique malheureusement pas uniquement à la municipalité
régionale de Pontiac, a dit M. Nicolet, et la réplique
gouvernementale ignore directement la volonté du milieu lorsque cette
dernière contredit la volonté dite nationale des
ministères concernés."
Ce n'est pas inventé, ça. On est peut-être moins dur
pour le ministre, mais on ne dit...
M. Bourbeau: On ne parle pas de la même chose que tout
à l'heure. Le député lit un article qui ne traite
absolument pas de l'insuffisance présumée du ministre de
défendre ses dossiers ou les municipalités. Si le
député de Jonquière fait allusion au fait que certaines
MRC ou même la plupart d'entre elles sont préoccupées
présentement par le débat qui a cours au gouvernement, c'est
autre chose. Je n'ai jamais nié qu'il y a présentement en cours
au gouvernement un débat auquel, d'ailleurs, participe le ministre des
Affaires municipales. (11 h 45)
Mais, en aucun cas, l'UMRCQ ni son président, dans tous les
articles qu'a pu regarder le député, n'ont mis en cause la
capacité du ministre des Affaires municipales de défendre le
monde municipal. Je mets au
défi le député de Jonquière de citer une
seule parole du président de l'UMRCQ qui met en cause la capacité
du ministre de défendre ses dossiers. Que les MRC s'en
préoccupent, je le sais. Moi aussi. Ce n'est pas moi qui leur ferai
grief de battre le tambour présentement pour tenter de mousser leur
cause. L'Union des producteurs agricoles fait la même chose
présentement. C'est de bonne guerre. Je comprends très bien la
tactique présentement employée par les MRC, qui vise à
faire le maximum de pressions possible sur le gouvernement pour tenter de faire
valoir leur point de vue. C'est une tactique reconnue comme étant
efficace dans plusieurs cas. Je n'ai absolument jamais blâmé les
MRC de battre le tambour de cette façon. Cependant, il ne faudrait pas
confondre les choses. C'est peut-être là où le
député de Jonquière manque un peu de jugement.
Il s'agirait de savoir si les MRC blâment le ministre des Affaires
municipales ou sa gestion des dossiers ou si elles blâment le
gouvernement en générai, selon la hantise qu'elles peuvent avoir
que leur point de vue ne soit pas bien défendu. Si c'est le
deuxième cas, je concède tout de suite que les MRC ont
présentement une tactique qui vise è faire parvenir au
gouvernement, à l'Opposition, à tout le monde, des
résolutions visant è faire état de leurs
préoccupations quant à l'avenir du dossier. Je le
répète: Je crois que c'est de bonne guerre. Ce faisant, elles
maximisent, si je puis dire, les pressions qu'elles peuvent exercer sur le
gouvernement. Quant à la capacité du ministre ou quant à
sa volonté de défendre les municipalités régionales
de comté, personne, surtout pas les MRC, ne met en doute actuellement la
volonté ou la capacité du ministre de défendre ses
dossiers, sauf, bien entendu, le député de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Oui, puis je le fais avec mon expérience et en
vous regardant aller sur le terrain. Les MRC ne peuvent pas dire n'importe
quoi. Elles sont peut-être mal à l'aise pour dire tout haut ce
qu'elles pensent tout bas. Je sais qu'elles l'ont dit. Elles l'ont dit, je vais
vous le rappeler, quand il y a eu le colloque des MRCQ et vous avez
"sacré" votre camp, comme d'habitude. Vous venez quelque part et vous
vous en allez. Vous avez livré votre message. Vous avez quitté
pour Montréal tout de suite après. Le ministre Pagé est
venu faire son gros jars pour dire: C'est de même que ça va
fonctionner à l'avenir. Rappelez-vous ce qu'il a dit à ce
moment-là. Il ne l'a pas dit, bien non! II y a seulement vous qui ne
l'entendez pas. Tout le monde l'entend et vous, vous n'entendez rien.
Batêchel achetez-vous des écouteursl Parce que là, je
trouve que vous êtes coupé complètement de ce
monde-là.
Puis, vous dites n'importe quoi quand vous êtes coincé,
vous. Je vous regarde aller depuis tout è l'heure. Vous n'avez pas
travaillé avec moi à l'époque où j'étais
maire. Ce n'est pas vrai, ça. Vous dites n'importe quoi
là-dessus. Venez donc voir ce qui s'est fait à Jonquière
à l'époque où j'étais maire. Je n'ai pas honte du
tout de ce qui s'est fait là. Au contraire! Je peux m'en glorifier. Je
pense que les gens de Jonquière ont porté un jugement. Il est
meilleur que le vôtre de ce côté-là. C'était
vraiment la démocratie. Mais dans votre cas, comme ministre, vous venez
de dire: Personne ne dit rien. Bien, voyons donc! Achetez-vous des
écouteursl Pas des baladeurs! Des écouteurs qui écoutent
le monde. Il y en a. Vous avez arrêté d'écouter à la
minute où vous avez pris le pouvoir. Arrêtez-moi ça.
Regardez ce qui se passe sur le terrain. Je vous dis que les
municipalités sont inquiètes et malheureuses. Écoutez ce
qu'elles disent. Vous allez constater la façon dont elles parlent. Elles
ne sont pas rassurées. Et elles ont raison de ne pas être
rassurées. Je ne le serais pas non plus. Je le serais à
moins.
Je vous regarde aller un peu d'un bord et de l'autre. Un instant! C'est
beau de dire: Pour vivre heureux, vivons cachés. Ce n'est pas la place
d'un homme public. Une personne qui occupe un poste public ne peut pas faire
cela. Il faut qu'elle dise ce qu'il en est. Il ne faut plus que tout le monde
se promène d'un bord et de l'autre et joue dans les dossiers. Ce n'est
pas comme cela que vous ferez avancer la cause municipale. Dites-le donc
clairement, honnêtement et carrément: C'est comme ça que
ça fonctionne. Les municipalités vont vous applaudir. Quand ils
ont pris le taureau par les cornes et qu'ils ont agi, j'ai vu des ministres
dire aux autres ministres: Mêlez-vous de votre affaire! C'est mon
rôle de travailler avec les municipalités. Ecouter tout le monde,
c'est beau, cela a l'air d'être condescendant, mais là, vous
faites preuve de complaisance. Je n'accepte pas cela.
Il faut que vous décidiez à un moment donné que
vous êtes le ministre des Affaires municipales, que vous devez agir au
nom des municipalités et en être le défenseur. Si ce que
vous dites est vrai, je n'ai pas encore vu de lettre, que je sache, qui ne
demande pas une rencontre avec le premier ministre. Elles ont demandé de
rencontrer le premier ministre. Vous ne l'avez pas encore accordé, mais
elles l'ont demandé. Est-ce qu'elles ont eu une réponse
là-dessus? Est-ce que vous avez dit non à cela? Est-ce que le
premier ministre a dit non? Il dit: On va avoir quelque chose encore. Mais non,
on va régler cela dans un an. On va régler cela...
Mais je trouve que des questions ont
été posées par les municipalités. Il ne faut
pas être un grand savant pour comprendre cela. Ce n'est pas d'avoir un
mauvais jugement que de croire que des choses ne tournent pas rond. J'ai
d'ailleurs écrit que ie trouvais que des choses ne tournaient pas rond.
Je ne peux pas être le seul à penser comme cela. Voyons donc! Je
ne sors pas de la lune. Je viens ici à Québec et je me
promène dans les municipalités et un peu partout. Je ne suis pas
décollé de la réalité, cela ne fait pas assez
longtemps que j'ai laissé ce milieu au point de ne pas savoir ce que ces
gens pensent par rapport à ce que vous dites. Jamais les
municipalités n'ont dit: On ne veut pas d'argent du gouvernement parce
qu'on veut avoir notre autonomie. Vous m'avez dit cela tout à l'heure.
Voyons! Si elles font un travail qui est bon pour le Québec - et je vous
le rappelle au cas où vous l'auriez perdu de vue - si les
municipalités régionales de comté font un travail qui est
potable pour le gouvernement, cette partie devrait être compensée
par le gouvernement. S'il y a des changements d'apportés dans le
schéma à la demande des ministères, on ne devrait pas
pénaliser les municipalités. Vous ne devriez pas laisser les
municipalités ou les citoyens payer directement. Vous devriez Ies
examiner dans le contexte global. Encore là, le débat des MRC
n'est pas complété et il ne le sera pas sans douleur, comme vous
semblez le penser. Il y a eu des études de faites par certains
ministères, par les unions des municipalités, les deux. Il y a eu
le rapport Lapointe; d'après ce rapport, il n'y avait pas de
problèmes. Vous savez ce qui se passe dans tout cela. Donc, ce ne sera
pas aussi facile que cela de donner des réponses claires et
précises.
Je doute beaucoup que dans deux, trois ou quatre mois, ce soit le
bonheur parfait et que le ministre soit considéré comme le
défenseur des municipalités. Je pense que vous allez être
obligé de poser des actes plus forts que ce que vous avez fait
jusqu'à présent. Ce n'est pas un monde aussi facile que cela, il
faut le connaître. J'ai l'impression que, des fois, vous le traitez
très cavalièrement. Quand vous dites aux maires: "Serrez-vous la
ceinture", dans la région de Montréal... Il n'y avait pas de
problèmes et, une semaine après, vous avez constaté des
problèmes. Vous devriez écouter quelques fois ce que le
porte-parole de l'Opposition vous dit, cela vous éviterait de petits
problèmes. Cela vous permettrait au moins d'être un petit peu plus
à l'écoute et ce serait moins gênant pour vous. Au moins,
vous auriez la réponse plus vite, c'est-à-dire que vous aurez la
question plus vite. Tandis que là, dire qu'il n'y avait pas de
problèmes et, une semaine après, dire que vous êtes
obligé de mettre un comité sur pied, je trouve que, de ce
côté...
Le Président (M, Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...l'élément 1, M. le
Président, mais cela fait deux ou trois fois que le député
de Jonquière me reproche d'avoir conseillé aux
municipalités de se serrer la ceinture, comme le font les autres paliers
de gouvernement. Tout ce que je pourrais dire, c'est que si le
député de Jonquière avait suivi ce conseil lorsqu'il
était è la mairie de Jonquière, je devrais dire si le
banqueroutier de Jonquière avait suivi ce conseil, on n'aurait pas
aujourd'hui la situation pénible dans laquelle se trouve
Jonquière. En fait, ce que le député de Jonquière a
fait lorsque... C'est vrai qu'il a dépensé beaucoup d'argent et
qu'en ce sens les gens de Jonquière devaient être très
heureux de voir que la municipalité avait l'air très
prospère. Ce qu'il a fait, en réalité, c'est
d'hypothéquer l'avenir de Jonquière. Il a emprunté sur les
années à venir, en dépensant à ce moment-là,
dans les années soixante-dix, des sommes auxquelles il n'avait pas
droit. Aujourd'hui, les qens de Jonquière se retrouvent devant une
situation pénible, où ils sont confrontés avec la
possibilité d'avoir à rembourser des sommes, des dizaines et des
dizaines de millions de dollars, de trop-perçu à l'endroit
d'Alcan par un maire qui savait, qui évaluait, qui faisait
évaluer par ses évaluateurs... Ou ses évaluateurs
évaluaient d'une façon manifestement démesurée des
actifs qui ne valaient pas ce qui était évalué.
Le maire de Jonquière, au nom de la ville, encaissait les revenus
ou les dépensait. Aujourd'hui, nous sommes dans une situation
pénible où la ville de Jonquière devra, pendant des
décennies, rembourser, taxer... Le successeur du député de
Jonquière à la mairie, aujourd'hui, est pris avec un
problème énorme de mauvaise gestion passée, où il
doit tenter de régler, de négocier avec Alcan, à genoux la
plupart du temps, parce que vraiment il est mal pris, parce que le
député de Jonquière a choisi de dépenser dans les
années soixante-dix des sommes d'argent qui devaient être
remboursées dans les années suivantes.
Si j'avais à qualifier le député de
Jonquière pour son administration municipale, je dirais qu'il a
été le grand banqueroutier de la ville de Jonquière et les
générations à venir auront à payer pour cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. La raison pour
laquelle j'interviens, c'est que le député de Jonquière,
non pas dans sa dernière intervention, mais dans
l'avant-dernière, a mentionné le préfet de la MRC de
Pontiac à Lac-Sainte-Marie. Cela est vrai,
c'est certain que la municipalité n'est pas heureuse du
schéma d'aménagement. Mais je voudrais bien dire - je ne veux pas
défendre le ministre des Affaires municipales, il peut se
défendre lui-même - que, depuis qu'ils ont démontré
leur mécontentement, il y a eu un échange avec le
ministère et on est sur le point d'organiser une rencontre avec le
ministre pour tenter de régler le différend sur le schéma
d'aménagement de la municipalité de Pontiac, Je veux seulement
vous dire que ce dossier va assez bien et qu'il y a de la coopération de
part et d'autre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Un dernier point parce que, là, cela ressemble
plus aux crédits de l'ancienne municipalité de Jonquière
quand j'étais maire. Le ministre a dit que la ville était en
banqueroute. Je lui demande de déposer tous les dossiers pertinents lui
permettant d'affirmer que la ville était en banqueroute. Qu'il vienne
déposer les dossiers et qu'il la mette en tutelle; cela presse si c'est
vrai ce qu'il dit.
Il va regarder les cotes de crédit de la ville de
Jonquière, ses capacités de payer, le niveau de taxation dans la
région et face à l'ensemble des municipalités du
Québec et je vais le traiter de menteur. Ce n'est pas possible ce qu'il
dit.
Une voix: C'est antiparlementaire.
M. Dufour: Cela a beau ne pas être parlementaire, mais
c'est la vérité. Il dit des choses fausses, c'est un menteur.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: II y a toujours un bout.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions...
M. Dufour: II y a un bout à dire des choses.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 1?
M. Dufour: II peut dire n'importe quoi, un instant!
M. Paradis (Matapédia): Une question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Le député de
Jonquière vient de prononcer un terme antiparlementaire et je lui
demande de retirer ses paroles.
M. Dufour: Qu'il dépose ses papiers, qu'il prouve ce qu'il
a dit. Il a dit que j'ai provoqué la faillite dans la ville de
Jonquière et que la ville de Jonquière était mal
administrée; il va sortir les cotes de crédit...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: On n'est pas tous des caves dans la ville. Wo! les
moteurs!
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de...
M. Dufour: Les gens connaissent cela.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je vais demander des conseils à sa
conseillère spéciale en arrière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, à l'ordre, s'il vous plaît! Il y a une
question posée par M. le député de Matapédia.
Sur votre demande, M. le député de Matapédia, M. le
député de Jonquière a mis le terme hypothétique en
disant que, si... il le traiterait. Je considère l'élément
comme clos.
J'aimerais rappeler aux membres de la commission que nous disposons de
huit heures pour l'étude des crédits sur huit programmes qui
contiennent 20 éléments. Je remarque, à ce moment-ci,
après bientôt deux heures de délibération, que nous
en sommes maintenant à l'élément 1 et que je me verrai,
à la fin des huit heures, dans l'obligation d'appeler tous les
programmes, même s'ils n'ont pas été
étudiés.
Sur ces remarques, j'aimerais demander la collaboration des deux
côtés pour qu'on puisse continuer nos travaux ce matin. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions à l'élément 1?
M. le ministre.
M. Bourbeau: Dans le bilan d'une municipalité, il y a ce
qu'on appelle le passif éventuel. Si le député de
Jonquière savait ce que cela veut dire, il comprendrait pourquoi je l'ai
traité de banqueroutier de Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): Je considère
que...
M. Dufour: Là-dessus, M. le Président...
M. Bourbeau: De brèves remarques, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...je mets le ministre au défi, et je lui
demande s'il s'est appuyé sur des faits, de déposer tout cela
pendant la commission. Je fais une demande bien correcte par rapport à
ce qu'il affirme et on va regarder qui sait compter et qui ne sait pas
compter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je me dois de vous rappeler que la demande que vous faites
reste toujours è la discrétion de M. le ministre, qui juge de la
pertinence de déposer des documents.
Sur ceci, est-ce qu'il y a d'autres questions ou d'autres interventions
à l'article 1?
M. Bourbeau: Sur le sujet, on pourrait déjà
déposer deux documents! le jugement du Bureau de révision de
l'évaluation foncière, qui porte... et, deuxièmement, le
budget de la ville de Jonquière, qui comporte déjà des
crédits importants au terme de réserve pour jugements futurs.
Voilà déjà des éléments de
réponse.
M. Dufour: Je suis obligé de dire que le jugement est en
appel. Quant à moi, s'il y a une chose qui est en appel, ce n'est pas
fini.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Dufour: Cela va. Je m'aperçois que ce que j'ai dit est
dit. (12 heures)
Orientations gouvernementales
Le Président (M. Saint-Roch): Je considère
qu'à l'élément 1 la discussion est close. J'appelle
maintenant l'élément 2 du programme 1. Est-ce qu'il y a des
interventions à l'élément 2? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: À la surveillance de la gestion municipale,
est-ce qu'il y a des... La Commission municipale est-elle à
l'élément 2?
M. Bourbeau: Non.
M. Dufour: C'est complètement à part.
Une voix: C'est le programme 2. Nous sommes à
l'élément 2 du programme 1.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 2?
M. Dufour: La surveillance de la gestion municipale, ce sont les
employés du ministère?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: La surveillance de...?
M. Dufour: La surveillance de la gestion municipale, ce sont les
employés du ministère?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je crois que cette intervention est au programme 2.
M. Dufour: Oui, c'est cela, le programme 2, Aide et surveillance
administratives et financières.
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me permettez, M. le
député de Jonquière, nous en sommes au programme 1,
élément 2.
M. Bourbeau: Le député de Jonquière est
mélangé un peu, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que les discussions
sont closes à l'élément 2 du programme 1?
M. Dufour: C'était la revitalisation du centre-ville?
M. Bourbeau: M. le Président, on pourrait peut-être
adopter le programme 1 et passer au programme 2, parce qu'on est au programme
2.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 1
est adopté?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 2, élément 1.
Aide et surveillance administratives et
financières
M. Dufour: J'avais changé de programme. C'est un peu plus
vite.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'élément 1? M, le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. La surveillance de la gestion municipale, est-ce
que ce sont seulement les augmentations prévues par le coût de la
vie?
M. Bourbeau: M. le Président, la
question porte sur la surveillance et l'administration
financière. C'est le titre du programme 2. Ce programme a quatre
éléments. Si le député veut poser des questions sur
des éléments du programme, il me fera plaisir d'y
répondre.
M. Dufour: À l'élément 1, il y a les
traitements du personnel et autres rémunérations. Donc, il y a
une augmentation d'environ 146 000 $. Est-ce que c'est seulement le
pourcentage...
M. Bourbeau: Est-ce que le député parle de
l'élément 1?
M. Dufour: ...du coût de la vie, ces choses? Oui,
l'élément 1.
M. Bourbeau: Dans les traitements réguliers, il y a une
variation de 131 900 $. C'est le résultat de l'augmentation des salaires
à la suite des nouvelles conventions collectives de travail et d'une
suppression des crédits en regard du temps supplémentaire.
M. Dufour: L'aide financière aux municipalités
diminue quelque peu. C'est l'aide financière aux municipalités
mal prises ou si c'est statutaire? C'est le programme qui... C'est un transfert
qui se fait...
M. Bourbeau: Le député peut-il préciser sa
question?
M. Dufour: Au programme 2, élément 2: Aide
financière aux municipalités. Il y avait 559 400 $ en 1986-1987;
en 1987-1988, il y a 524 400 $.
M. Bourbeau: M. le Président, dans le programme 2, les
subventions spéciales, les activités de transfert, il y a aussi
une subvention spéciale: les crédits nécessaires au
paiement de la subvention concernant l'incinérateur de la rive sud de
Québec. Les crédits pour l'année 1987-1988 sont de 524 400
$. L'an dernier, les montants dépensés ont été de
559 400 $, ce qui fait une différence de 35 000 $.
M. Dufour: C'était une subvention qui courait sur combien
d'années?
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une subvention
donnée il y a quelques années et qui porte sur une période
de dix ans.
M. Dufour: II semblerait qu'il y a eu pas mal d'argent
versé. C'est un programme qui a l'air de vouloir s'éliminer avec
le temps ou de s'amincir. C'était dans la gestion des
déchets.
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'était pas un
programme, c'était une subvention tout à fait spéciale qui
avait été concoctée pour le bénéfice de
l'actuel député de Lévis pour aider des
municipalités de son comté à défrayer les
coûts de l'incinérateur de la rive sud de Québec. Il y a eu
un décret spécial du Conseil des ministres en 8vril 1978
prévoyant le versement d'une aide financière de 2 853 426 $
répartie entre les quatre municipalités membres de ce groupe en
dix versements annuels égaux et consécutifs. Cela a
commencé à cette époque et cela se terminera, je
l'espère, très bientôt.
M. Dufour: Cela soulève un point tout de même dans
mon esprit par rapport à ce qui se passe dans l'ensemble du territoire
du Québec concernant la disposition des ordures ménagères.
Il y a des coûts assez importants exigés par rapport à
cela. Je félicite le député de Lévis d'avoir
réglé cette affaire, mais cela n'est pas un cas unique. Je sais
que la Communauté urbaine de Québec a aussi eu droit è des
subventions pour son incinérateur. Elle a même, encore, de la
difficulté à le faire fonctionner. Mais la disposition des
ordures ménagères, parce que cela touche un peu cette question,
actuellement, est-ce à l'étude entre le ministère de
l'Environnement et le ministère des Affaires municipales? Il y en a qui
parlent de l'enfouissement des déchets, d'autres d'incinération,
il y en a qui parlent de compostage; il y a toute une problématique ou
toute une discussion qui est en cours sur le territoire du Québec
à ce sujet.
Est-ce que le ministre est saisi de ce problème et a-t-il
l'intention de faire quelque chose?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
M. Dufour: Avez-vous l'intention de vous impliquer dans ce
problème?
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai déjà eu
des rencontres avec le ministre de l'Environnement; les fonctionnaires font de
même. Nous évaluons avec le ministre de l'Environnement plusieurs
possibilités, plusieurs méthodes qui sont
présentées au gouvernement. Je pense que dans un temps que
j'espère le plus court possible le gouvernement pourra venir en aide aux
diverses municipalités du Québec aux prises avec ces
problèmes.
M. Dufour: Est-ce que vous voulez aller aussi loin qu'examiner la
façon de disposer des ordures ménagères? Il y a plusieurs
techniques actuellement. Il y a aussi la question des territoires. Cela cause
des problèmes un peu partout. Quand vous parlez d'aider, est-ce que
c'est globalement ou juste en partie? Les gens pourraient dire: On veut
avoir une participation du ministère pour faire telle chose parce
que c'est dispendieux, mais il y a plus que cela dans ce problème. Et,
pour la réponse, si vous me dites: Bien, c'est cela qu'on envisage, cela
va aller.
M. Bourbeau: Le traitement des ordures ménagères
est un problème qui devient de plus en plus aigu, spécialement
dans les grandes villes. Il existe présentement une volonté
très marquée un peu partout, non seulement au Québec, mais
dans le reste du monde, si je puis dire, de tenter de trouver des formules, des
façons d'éliminer les ordures ménagères autrement
que par l'enfouissement. Nous avons déjà quelques firmes au
Québec, des firmes d'ingénieurs-conseils et même des firmes
privées, qui travaillent à des projets comportant des
technologies nouvelles. Le gouvernement, et surtout le ministère de
l'Environnement, étudie plusieurs de ces technologies et tente de les
évaluer. Il n'est pas impossible qu'éventuellement le
gouvernement vienne en aide à certaines municipalités dans des
projets pilotes pour tenter de trouver des solutions définitives au
problème du traitement des ordures ménagères.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 2?
M. Dufour: Non, pas à l'élément 2, mais
à l'élément 3.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Conquière, je considère close la discussion sur les
éléments 1 et 2. Nous passons maintenant à
l'élément 3, Fonds de péréquation.
Fonds de péréquation
M. Dufour: Fonds de péréquation. Les montants
demeurent exactement les mêmes. Est-ce qu'il y a des raisons à
cela?
M. Bourbeau: Les règles, les normes qui prévalent
pour la détermination des transferts ne requièrent pas de fonds
additionnels pour l'année en cours.
M. Dufour: Je comprends que ce sont des transferts en
matière de taxation. C'est basé aussi sur la capacité
financière des municipalités. Comme il y a plusieurs budgets
qu'il va falloir augmenter dans l'ensemble du Québec, comment fait-on
pour arriver aux mêmes montants? Est-ce que c'est aussi minime? Il n'y a
même pas d'indexation. Est-ce que cela veut dire que les rôles
d'évaluation sont gelés, qu'il n'y a pas de problème nulle
part, que les taxes n'augmenteront pas? Il me semble que tout est un peu
relié par rapport aux compensations et, pourtant, cela arrive aux
mêmes montants, exactement.
M. Bourbeau: M. le Président...
M. Dufour: C'est un peu surprenant.
M. Bourbeau: Au moyen de ce programme, le gouvernement vient en
aide aux corporations municipales dont la richesse foncière par
tête est inférieure è 66 2/3 % de celle de l'ensemble des
municipalités. Le montant de la subvention est établi en fonction
de deux facteurs: premièrement, l'ampleur de l'écart entre la
richesse foncière par tête de la municipalité
bénéficiaire et celle de l'ensemble des municipalités;
deuxièmement, l'effort fiscal fourni par les contribuables de la
municipalité concernée. La richesse foncière est
établie en fonction de l'évaluation uniformisée, imposable
ou non, de l'ensemble des immeubles de la municipalité. L'effort fiscal
est défini par le montant total des revenus provenant des taxes ou
compensations imposées par la corporation municipale, è
l'exception de certains revenus mentionnés dans la loi.
Le calcul du montant de la péréquation s'effectue en
multipliant le total des revenus de taxes de la municipalité par son
facteur de déficience de richesse foncière. Ce facteur est la
différence entre 2/3 et l'indice de richesse foncière de la
municipalité, lequel est constitué par le rapport de sa richesse
foncière par tête sur la moyenne de celle de l'ensemble des
municipalités. En 1986, on prévoit verser à titre de
paiement de péréquation une somme d'environ 14 243 000 $
répartie entre 501 municipalités. Le paiement moyen devrait se
situer autour de 28 429 $. (12 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est une question bien technique. Je comprends les
explications et j'étais déjà au courant de quelle
façon cela se faisait. Je disais seulement que c'est surprenant que cela
arrive exactement au même montant. L'évaluation d'une année
à l'autre, même dans les municipalités qui éprouvent
des difficultés, peut augmenter quelque peu. L'effort fiscal peut aussi
varier à quelques exceptions près. Ce n'est pas parce qu'une
municipalité a de la difficulté à vivre qu'elle ne verse
pas de salaire ou qu'elle ne peut pas encourir des coûts
supplémentaires. J'imagine que ces montants ne doivent pas être
tellement élevés et c'est pour cela que vous les avez
laissés au même niveau. Ce n'est pas à un cent près,
j'imagine.
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit
d'une évaluation et deux facteurs sont pris en compte. Un peut
aller dans une direction et l'autre dans une autre de façon que, quand
on fait le calcul, on se retrouve en général presque toujours
avec le même montant.
M. Dufour: Je voudrais juste dire au ministre que
Jonquière n'a pas droit a cela. J'espère que vous allez
prévoir des montants importants, car l'apocalypse est tombée tout
à l'heure et j'espère que vous prévoirez des montants
substantiels pour aider ces pauvres gens, car je ne voudrais pas les laisser
tomber.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, les citoyens de
Jonquière s'arrangeront avec leur député et lui
demanderont des comptes en temps et lieu.
M. Dufour: Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci clôt
les discussions?
M. Dufour: Pas de coeur!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci clôt
les discussions concernant l'élément 3?
M. Dufour: Attendez un peu. Oui, cela va avec
l'élément 3.
Le Président (M. Saint-Roch): L'élément 3
est clos. J'appelle maintenant l'élément 4, Services quasi
judiciaires en gestion municipale.
Commission municipale
M. Dufour: Je vois que quelqu'un est arrivé. On doit
parler de la Commission municipale. C'est à peu près cela?
Il n'y a pas d'augmentation significative par rapport à l'an
passé. En tout cas, il ne semble pas y avoir d'augmentation ou de
changement significatif. Si je le regarde comme cela, cela veut dire que vous
allez avoir du personnel en moins, car il n'y a même pas d'augmentation
prévisible du coût de la vie d'une année è l'autre.
Y a-t-il des raisons?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'il s'agit
là d'une bonne gestion des fonds publics. Il y a des augmentations
contrairement à ce que dit le député de Jonquière.
Si on regarde les crédits affectés aux traitements, il y a une
variation de 75 100 $, donc cela tient compte du coût de la vie. Il y a
certaines compressions dans les frais de fonctionnement et autres
dépenses, où on a réalisé une économie de 31
300 $ par rapport aux crédits de l'an dernier. Voilà.
En conclusion, le total de l'augmentation des crédits pour la
Commission municipale est de 43 800 $ par rapport à l'an dernier. C'est
donc une légère augmentation d'environ 3,5 % probablement. Non,
je dirais 2 % plutôt que 3 %.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: La Commission municipale accorde-t-elle des contrats
ou des sous-contrats pour l'application de ses responsabilités, pour de
la surveillance ou des enquêtes?
M. Bourbeau: II arrive assez rarement que la Commission
municipale ait recours à des services professionnels. Cela peut arriver
à l'occasion d'enquêtes ou de mises en tutelle. Cela viendra
peut-être pour la ville de Jonquière éventuellement, M. le
Président.
M. Dufour: Ne continuez pas cela, vous allez faire rire de vous.
Vous allez être la risée du Parlement parce que, dans six mois, je
pourrai vous dire... Je suis certain que le problème sera
réglé d'ici un an et vous allez voir que ce n'est pas si
dramatique que cela. Ce sera dramatique dans le sens que certaines personnes
n'ont pas pris de décisions, mais ce ne sera pas dramatique dans le sens
que la ville sera en tutelle. Hey! Un instant!
M. Bourbeau: J'ai simplement fait une hypothèse, M. le
Président.
M. Dufour: Ne continuez pas dans ce domaine-là, vous allez
faire rire de vous. Vous venez d'embarquer dans quelque chose que vous ne
connaissez pas. Attendez donc!
M. Bourbeau: J'ai simplement fait une hypothèse, M. le
Président, je n'ai pas affirmé avec certitude que la ville de
Jonquière irait en tutelle.
M. Dufour: Au pis aller, on ira voir vos amis et on dira à
Alcan... On vous enverra comme négociateur. Vous demanderez la
charité publique. Vous prévoirez. Vous avez des mesures pour
aider. Ce n'est pas compliqué. Je ne continuerai pas sur ce sujet, il
est clos pour le moment.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 4?
M. Dufour: On continuera en dehors de la Chambre ou ailleurs,
mais pas ici.
Est-ce qu'il y a beaucoup de
municipalités en tutelle actuellement?
M. Bourbeau: M. le Président, il y en a une.
M. Dufour: Est-ce que je peux savoir le nom de la
municipalité?
M. Bourbeau: Schefferville.
M. Dufour: D'accord. Est-ce que le projet de loi 39 demeure ou
s'il est mort au feuilleton de sa belle mort?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le projet de loi est au feuilleton
présentement, M. le Président. Avec le concours de l'Opposition,
nous avons espoir de le voir adopté d'ici au 19 juin.
M. Dufour: Je n'ai rien dit.
Est-ce qu'il y a eu plus d'appels en 1986-1987? Est-ce qu'il y a plus
d'enquêtes, de rapports ou d'actes qui ont été faits par la
commission par rapport à l'an passé? En 1985-1986, c'est
1715.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...le volume des activités de la Commission
municipale est sensiblement le même que pour l'année
précédente. Le rapport annuel devrait être
déposé, nous l'espérons, è l'Assemblée
nationale dans les prochaines semaines.
M. Dufour; Actuellement, est-ce qu'il y a des travaux ou des
enquêtes qui sont demandés et que vous ne pouvez pas suivre en
raison du nombre de commissaires que vous avez à votre disposition?
M. Bourbeau: Non, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 4?
M. Dufour: L'an passé, on avait posé
beaucoup...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M, Dufour: ...de questions concernant la Commission municipale,
surtout la levée de la tutelle de Bromont. Actuellement, ce cas semble
vouloir se régler. Est-ce qu'il y a beaucoup d'appels de hauts
fonctionnaires de municipalités actuellement?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, it y a eu une augmentation
au cours de la dernière année d'environ 15 % du nombre d'appels
è la Commission municipale par des hauts fonctionnaires des
municipalités.
M. Dufour: Comment voyez-vous les appels à la Commission
municipale vis-à-vis de la taxe d'affaires? Actuellement, vous
administrez la loi concernant les demandes d'exemption de la taxe d'affaires
pour les organismes à but non lucratif qui couvre plus que la
municipalité. Comment cela fonctionne-t-il actuellement? Est-ce qu'il y
en a beaucoup?
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
de Jonquière s'adresse au président de la Commission municipale,
je n'ai pas d'objection. Les questions ne sont pas dirigées vers le
ministre.
M. Dufour: Je vous le demande. Ce n'est pas grave.
M. Bourbeau: Elles sont dirigées vers le président.
Je n'ai pas d'objection à ce que le président réponde
directement si tel est le souhait du député de
Jonquière.
Le Président (M. Saint-Roch): Si c'est votre voeu, M. le
ministre. M. le juge Beaulieu.
M. Beaulieu (Richard); M. le Président, en ce qui concerne
la taxe d'affaires, le ministre et la commission avaient eu, è
l'occasion des auditions, des représentations de la part d'organismes
qui ne pouvaient pas se qualifier parce qu'ils ne satisfaisaient pas aux
exigences de la loi. Le ministre a déposé justement le projet de
loi...
M. Dufour: Le projet de loi 16.
M. Beaulieu: ...16 qui va régler, à tout le moins,
une bonne partie du problème, c'est-à-dire le point principal
dont on se plaignait et qui nous empêchait dans le passé
d'accorder des reconnaissances pour fins d'exemption de taxes foncières
à des organismes qui n'étaient que locataires des immeubles
où ils étaient. Ce problème serait réglé par
la loi, semble-t-il. Quant au reste, on va tomber dans le département de
la politique pure. Je pense qu'il n'y a jamais eu aucune toi qui ait
donné satisfaction à l'ensemble des citoyens d'un pays ou
même, je dirais, de l'univers. Je ne me leurre pas sur la portée
éventuelle de l'amélioration en ce qui concerne la taxe
d'affaires. On va faire certainement un très grand nombre d'heureux,
mais je ne suis pas prêt è
affirmer ici... De concert avec le ministre, je pense que ta
satisfaction totale n'est pas de ce monde.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le juge. Y a-t-il
d'autres interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Même dans l'état ancien de la loi ou du
règlement qui permettait certaines exemptions, on remarquait que chaque
année la liste augmentait de façon assez importante,
c'est-à-dire qu'il y avait beaucoup de demandes. Il y a beaucoup de
place pour dire: II y a un jugement qui s'exerce, mais c'est un jugement tout
de même extérieur aux parties comme telles, soit la
municipalité et le groupe concerné. Y a-t-il eu des consultations
entre vous pour au moins essayer... Je crois que ce n'est pas l'idéal
d'avoir des décisions sur chaque cas individuel. Est-ce que le projet de
loi 16, que vous avez sûrement eu - le ministre ou vous, je ne le sais
pas - répond à un certain nombre de ces critères-là
ou si cela sera la même chose que l'an passé? Est-ce qu'il y a de
nouveaux éléments qui seront apportés?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le juge.
M. Beaulieu: Le projet de loi 16 traite des exemptions de la taxe
d'affaires de façon autonome. Il n'y a que deux paragraphes qui
concernent l'intervention de la Commission municipale. Quant au reste, on se
classe dans les catégories visées par l'article ou pas et,
à ce moment-là, on est exemptés. Si jamais on ne l'est
pas, on s'adresse au bureau de révision en disant: On est dans la
colonne; on devrait être dans la catégorie des gens
exemptés, un peu comme la chose existe à l'heure actuelle en
vertu de l'article 204 de la Loi sur la fiscalité municipale. Il y a 12
ou 13 paragraphes et la Commission municipale n'intervient qu'en vertu du
paragraphe 10. Pour tous les autres paragraphes, on entre dans la
catégorie ou on n'entre pas, mais c'est de façon automatique.
Si on doit entrer dans la catégorie et qu'on nous refuse le
privilège, à ce moment-là, on s'adresse au bureau de
révision ou, ultérieurement, aux tribunaux judiciaires. Le
même phénomène va se produire en très grande partie
pour la taxe d'affaires dorénavant. Sur neuf ou dix catégories,
deux seules seront arbitrées par la Commission municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous dites que vous répondez à
toutes les demandes, cela me surprend un peu, pas venant de vous, mais cela me
surprend d'un organisme qui a un aussi grand nombre de fonctions de
surveillance, d'enquêtes en partie quasi judiciaires et administratives,
jusqu'à un certain point. Vous répondez à peu près
à toutes les demandes. Vous ne dites pas qu'il y a tellement de demandes
en suspens. Est-ce que cela veut dire que vous avez trop de personnel ou quoi?
Vous tentez du monde.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le juge Beaulieu.
M. Beaulieu: Je vais dire qu'il y a suffisamment de personnel et
qu'il est bien utilisé.
M. Dufour: Donc, si on voulait vous ajouter certaines
responsabilités, pouvez-vous dire qu'il y aurait de la place pour en
ajouter?
M. Beaulieu: La réponse est oui parce que, sauf dans
certains cas précis, la décision de la commission a un effet
rétroactif. Quand je parle de cas précis... Il y a des
contraintes parfois d'imposées par la loi, comme pour la taxe d'eau
à la ville de Montréal où on doit siéger dans un
délai précis. Certaines enquêtes dans le domaine des
fusions ou des annexions doivent se faire dans un délai précis
aussi. Les interventions éventuelles que nous aurons pour donner des
avis de conformité doivent également se faire dans un
délai, mais hors ces questions-là qui, en termes de volume,
apportent peu de choses, la commission a toute latitude pour décider et
la décision rétroagit. Prenons l'hypothèse d'une demande
d'exemption de la taxe foncière - juste à titre d'exemple
très rapidement. On peut rétroagir à compter de
l'année, peu importe le moment où l'on siège. On
siège le plus rapidement possible, c'est sûr, mais on peut
rétroagir au 1er janvier de l'année au cours de laquelle la
demande a été faite, de sorte que cela importe peu que l'on
siège en avril ou en novembre; il n'y a pas de perte de droit pour les
gens qui nous demandent des choses. Il n'y a pas de délai pour
siéger dans les cas d'appel en matière de destitution des hauts
fonctionnaires parce que l'on rétroagit à la date de la
décision du conseil, mais, comme le haut fonctionnaire est dans la rue
en attendant la décision du conseil, on siège -et c'est une
règle que je me suis imposé volontairement - très
rapidement dans ces cas-là.
M. Dufour: Mais, quand vous décidez de
réintégrer un haut fonctionnaire et que la municipalité
fait des efforts pour ne pas le réintégrer, quel est le pouvoir
de la commission par rapport à cette action?
M. Beaulieu: La commission n'a pas et,
quant à moi, je trouve que c'est une bonne chose, le pouvoir de
forcer l'exécution de ces décisions. Cette responsabilité
appartient aux tribunaux judiciaires. Évidemment qu'on encourt des frais
comme chaque fois qu'on a affaire aux tribunaux judiciaires. Que l'on aille
devant la cour pour forcer l'exécution d'une décision de la
commission ou pour réclamer une somme d'argent, évidemment, on
doit payer même si on gagne. Alors, c'est un peu le même
phénomène. En matière constitutionnelle, cela pourrait
être hasardeux, mais il ne faudrait pas non plus placer l'organisme, qui
n'est pas un organisme judiciaire en termes constitutionnels, dans une position
de juge et partie.
M. Dufour: Quand vous avez des citoyens, est-ce que cela arrive
de temps en temps... Je sais que vous pouvez déclencher des
enquêtes à la demande du ministre, mais la commission aussi
pourrait à sa volonté ou devant certaines demandes,
déclencher des enquêtes. Si des citoyens vous adressent des
demandes pour enquêter dans certains domaines, dans certains cas,
jusqu'à maintenant, quelle a été l'attitude de la
Commission municipale?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le juge Beaulieu.
M. Beaulieu: La procédure pour ces récentes
années n'a jamais varié. C'est vrai que la commission peut, de sa
propre initiative, entamer une enquête, mais l'enquête, à ce
moment-là, ne porte que sur l'administration financière de la
municipalité. On ne pourrait pas traiter de choses qui ne sont pas
rattachées à la question financière, de près ou de
loin. Évidemment, quand on parle de finances, on commence à
couvrir une très grande partie de l'administration des
municipalités, mais c'est limité à cela.
C'est un fait que la loi ne prévoit pas qu'on ait besoin d'une
demande. On pourrait, de par la connaissance des dossiers qu'on a, n'avoir de
demande d'enquête de personne et décider nous-mêmes qu'il y
a matière à enquête et intervenir. On peut également
le faire à la demande des citoyens et, dans ces cas-là, la
procédure suivie, c'est qu'il y a une intervention faite par un
fonctionnaire du ministère des Affaires municipales. Première
intervention, ce que j'appelle les recherches préliminaires pour
vérifier le bien-fondé de la demande qui nous est faite. Si la
demande apparaît fondée, il y a un éventail de
possibilités d'intervention. Cela peut être, comme le
prévoit la loi sur le ministère, une lettre du ministre ou des
recommandations très spécifiques de ia Commission municipale, ou
cela peut déboucher sur une enquête formelle.
M. Dufour: Actuellement, vous n'avez pas d'enquête de
déclenchée, ces dernières années?
M. Beaulieu: Présentement, non, mais je ne voudrais pas me
tromper dans les dates. On a fait une enquête sur l'administration
financière de Saint-Mathieu, dans la région de Montréal,
mais je ne me souviens pas si l'enquête avait été
ordonnée au cours de l'année budgétaire 1986-1987 ou juste
un peu avant. Mais c'est extrêmement rare que cela se fasse.
M. Dufour: Vous n'avez pas de demande de tutelle de la ville de
Jonquière encore?
M. Beaulieu: Pas à ma connaissance.
Le Président (M. Saint-Roch): J'attire maintenant...
M. Dufour: Les arbitrages...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je m'excuse, mais j'attire l'attention des membres de la
commission que nous avons maintenant dépassé 12 h 30. À
moins d'un consentement...
M. Dufour: Je ne voudrais pas la retenir cet après-midi.
On pourrait peut-être poser une petite question: En matière
d'ententes intermunicipales, est-ce que vous avez beaucoup de cas
d'arbitrage?
Le Président (M. Saint-Roch): J'en déduis qu'il y a
consentement? M. le député de Jonquière.
M. Bourbeau: Cinq minutes, M. le Président.
M. Dufour: Oui, oui. Les arbitrages d'ententes intermunicipales,
avez-vous à intervenir beaucoup là-dedans?
M. Beaulieu: Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu à
intervenir dans le cadre très restrictif ou très juridique que
prévoit la loi, c'est-à-dire à intervenir après une
conciliation du ministre des Affaires municipales. On a eu au cours de la
dernière année, quatre ou cinq interventions, mais on a agi
à une étape préliminaire que je pourrais situer dans une
étape de conciliation, de sorte que l'arbitrage n'a pas
été nécessaire.
M. Dufour: Une dernière question. Schefferville est en
tutelle actuellement. Est-ce que c'est ia Commission municipale qui
administre?
M. Beaulieu: C'est cela. Évidemment, il
y a un conseil municipal qui fonctionne, mais toutes les
décisions du conseil municipal doivent être approuvées par
la Commission municipale pour avoir effet.
M. Dufour: Cela veut dire que le conseil municipal siège
chaque mois?
M. Beaulieu: Oui, absolument. M. Dufour: Sur les lieux
mêmes? M. Beaulieu: Oui, oui.
M. Dufour: Actuellement, il ne doit pas se prendre beaucoup de
décisions.
M. Beaulieu: La ville doit continuer d'être
administrée et les comptes doivent être payés.
M. Dufour: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Ceci clôt-il les
discussions à l'élément 4? Le programme 2 est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. La commission
suspend maintenant ses travaux pour les reprendre probablement à 15 h 30
cet après-midi, ici même»
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 41)
Évaluation foncière
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits
financiers du ministère des Affaires municipales. Au moment de notre
suspension, nous en étions au programme 3. J'appelle maintenant le
programme 3, élément 1. M. le député de
Jonquière.
Normalisation et aide technique
M. Dufour: Donc, c'est le dossier d'évaluation dont on a
parlé quelque peu ce matin. Il y a dans ce dossier certains
éléments qui causent des problèmes. D'abord, ce sont les
contestations d'évaluation de la Société d'habitation du
Québec. C'est évident que la société d'habitation a
le droit de contester, oui, jusqu'à un certain point et avec certaines
mesures aussi. Il faut admettre que la loi telle que rédigée
permet ces contestations, mais il faut accepter que cela a pour effet de
diminuer l'évaluation d'une façon assez importante et en
même temps cela fait subir à des municipalités certaines
pertes de revenus. J'ai toujours l'impression que les évaluations sont
faites dans les normes et par des professionnels et que, règle
générale, les gens qui les ont faites étaient tous dans
l'erreur, qu'il y en a juste un qui a le même pas, qui a le bon pas.
Comprenons qu'il y a 50 000 unités de logement au Québec, des
HLM, et que cela représente des taxes pour 40 000 000 $ environ. Quant
à la question de l'évaluation, je sais qu'il y a eu un moratoire
imposé jusqu'au mois de juin, mais on ne sait pas trop à quoi
s'en tenir à partir de maintenant pour ce qui est des dossiers de
contestation d'évaluation de la SHQ.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce qu'il y avait une question, M. le
Président?
M. Dufour: Bien oui. Je ne sais pas, est-ce que...
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait
reformuler sa question, je ne l'ai pas bien entendue?
M. Dufour: Dans les dossiers de contestation d'évaluation
de la SHQ, est-ce que vous avez l'intention de continuer le moratoire qui
existe actuellement et qui avait été établi jusqu'au 1er
juin ou si vous laissez aller les dossiers et que la contestation continue?
M. Bourbeau: M. le Président, la Société
d'habitation du Québec est un organisme autonome qui a son conseil
d'administration et qui a le devoir d'administrer les fonds publics. Je ne vois
pas vraiment si c'est pertinent ici à l'étude des crédits
du ministère des Affaires municipales de discuter des décisions
de la Société d'habitation du Québec. Les crédits
seront étudiés, je crois, la semaine prochaine. Nous aurons a ce
moment l'occasion d'avoir avec nous les dirigeants de la SHQ qui pourront venir
témoigner et donner à la commission tout l'éclairage voulu
et les renseignements qui s'imposent pour justifier leur décision et
leur façon de conduire les affaires de la société. Je suis
tout à fait ici mal à l'aise, si je peux dire, pour venir au nom
de quelqu'un d'autre justifier des décisions administratives prises par
une société d'État et je ne pense pas que ce soit ni le
lieu et certainement pas le temps. Je pense que le député n'est
pas aux bons crédits.
Le Président {M. Saint-Roch): Des remarques, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Le ministre peut bien essayer de prendre des
faux-fuyants pour ne pas répondre aux questions, mais que je sache, il
est ministre de tutelle de la SHQ. Les contestations ont commencé
lorsque Sa société d'habitation n'avait pas de loi telle quelle.
Cela affecte les municipalités, c'est une question de revenus
municipaux. Je ne parlerai pas de ce que vous faites, je ne dirai pas comment
vous logez et quelles sont vos politiques pour créer de l'habitation. Je
dis que cela affecte les revenus municipaux. C'est dans ce sens. Ce sont les
techniques d'évaluation employées. Société ou pas,
tutelle ou pas, vous avez une responsabilité et vous ne pouvez pas vous
défiler.
Dans le fond, le législateur établit les critères
et les gens s'y introduisent. Cela ne fait pas six ans que la
Société d'habitation a été créée en
société. Il faut bien comprendre que quelqu'un rapporte ses actes
quelque part. C'est ce qu'on avait dit et dénoncé au
départ. Pourquoi l'avez-vous mise en société, la
Société d'habitation? C'est parce que vous vouliez retarder un
peu la décision, pour dire qu'on ne s'en occupera pas. Il y a des
revenus qui sont affectés par les municipalités. Quand on parle
de 500 000 $ ou de 1 000 000 $ de perte de revenus pour certaines
municipalités, je pense que de ce côté vous ne pouvez pas
dire: Je n'ai pas de réponse à donner par rapport à
ça. Je vous dis que des pousuites ont été entamées
et je comprends qu'on a le droit de le faire. Mais est-ce que vous avez
l'intention de mettre des critères pour que les municipalités
puissent se reconnaître et en même temps qu'on n'affecte pas le
revenu?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le député de
Jonquière a une bien drôle de notion de la gestion des fonds
publics. Je pense que l'évaluation foncière est une science et
régit tout le monde sur le même pied. Il n'y a pas deux ou trois
façons d'évaluer les immeubles et les évaluateurs, en
principe, doivent être tous compétents. Tout à l'heure, le
député parlait de gens qui sont des professionnels en
évaluation, je pense qu'effectivement les municipalités, qui
engagent des évaluateurs, engagent des professionnels en
évaluation. À ce moment, les évaluateurs doivent
évaluer les immeubles selon les mêmes critères, partout,
sans faire de distinction, à savoir: Est-ce qu'un immeuble devrait
être évalué plus cher ou moins cher parce qu'il est la
propriété d'une municipalité ou d'un autre organisme
privé? Maintenant, la Société d'habitation du
Québec a le devoir, si elle estime que ces immeubles sont trop
évalués, de protéger les contribuables du Québec
qui fournissent les fonds et de voir à ce que ces immeubles soient
évalués correctement. Je ne veux pas préjuger des
décisions des tribunaux. Tout ce que je peux dire, c'est que, dans les
cas où la SHQ a contesté à ce jour, il semble que d'une
façon générale, sinon totale, elle a eu gain de cause.
Alors, est-ce qu'on doit, M. le Président, rétroactivement
changer des lois pour les rendre conformes à ce que voudrait faire le
député de Jonquière ou est-ce que la SHQ et les
municipalités ne devraient pas plutôt s'en tenir à ce que
la loi dit? Je pense qu'il n'est pas question de tenter d'ajuster des lois afin
de faire plaisir à une municipalité par rapport à une
autre. Tout le monde est sur la même base. Les critères sont les
mêmes pour tout le monde. On ne doit pas intervenir comme cela dans le
processus judiciaire pour tenter de fausser les évaluations
foncières.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pense qu'on va essayer de rappeler certains
principes qui ont aidé les municipalités et le gouvernement du
Québec à se diriger dans les offices municipaux, dans la
création ou dans la construction d'édifices à loyers
modiques. Pour se rappeler un peu de quelle façon cela s'est
passé, la municipalité qui reçoit ces logements paie aussi
une partie de la facture. Donc, je ne pense pas qu'il y ait une
opération pécuniaire au départ, parce qu'elles paient
è travers leurs taxes, la municipalité paie à travers les
10 %, ce qu'elle ne fait pas pour d'autres genres de bâtisses. Une chose
que le ministre pourrait comprendre, par exemple: il n'y a pas de
marché, dans l'habitation, de vente et d'achat de logements à
prix modiques. Selon les informations que je possède, quand les
municipalités évaluent les bâtisses à 40 000 $ ou 45
000 $ le logement, quand vient le temps de faire l'évaluation et que ce
n'est plus cela du tout, il y a quelque chose qui ne marche pas, qui ne sonne
pas. Là, on touche à la valeur économique et non pas
à la valeur de remplacement. Donc, il y a eu des coûts
réels et je dis de ce côté: Ce n'est pas traiter tout le
monde sur des pieds différents, c'est de les traiter comme ils doivent
être traités; sans cela il y a une anomalie quelque part, surtout
que les contestations vont reculer pour trois, quatre ou cinq ans en
arrière. Donc, ce n'est pas è partir de maintenant vers l'avenir,
c'est à partir d'avant par rapport à aujourd'hui. Il y a un
certain nombre de décisions et c'est là que je trouve qu'il y a
quelque chose qui ne tourne pas. Si on dit: On va traiter les
municipalités sur la valeur du marché, bien, il n'y en a pas, de
marché, pour les bâtisses des HLM. Ce n'est pas compliqué,
il n'y en a pas. La seule chose qu'on a comme critère, c'est la valeur
de construction, ce
que cela a coûté pour la construire. Seion les informations
que j'ai, ce n'est même pas cela qui est retenu. Le ministre pourra
arguer des heures et des heures pour me dire: II y a une question, je veux
traiter les affaires différemment. Eh bien non, ce n'est pas cela. Je
veux que les municipalités et les évaluateurs puissent
reconnaître... Les évaluateurs prennent d'autres techniques qui
s'approchent un peu de cela. Tantôt, on va parler de l'évaluation
industrielle, cela va être la même chose, on va tenir ce même
langage. II n'y a pas de valeur de marché.
Jusqu'à maintenant, la tactique qui a été
utilisée est facile à deviner et à comprendre. Ce n'est
pas moi qui ai deviné cela, il y en a qui m'ont parlé de cela. On
va commencer par contester les petites municipalités où il n'y a
pas beaucoup d'argent en cause. Les petites municipalités ne sont pas
aussi bien outillées que les grosses et dès qu'un jugement sort,
tous les autres se suivent. Donc, ce n'est pas compliqué, on sort un
premier jugement et toutes les autres causes sont traitées de la
même façon. Ne nous faisons pas d'illusion. La seule chose que je
dis, c'est: Pourquoi le ministre ne décide-t-il pas de faire varier ou
de décider de la technique d'évaluation, comment elle doit se
faire pour ces cas qui n'ont pas de valeur de marché? Ce n'est pas
compliqué, il arrive qu'il y ait des règles
générales et des règles d'exception. Si vous êtes
capable de me dire que cela prend juste une loi, que c'est uniforme pour tout
le monde et qu'il n'y a pas plus que cela, il doit y avoir des habits qui n'ont
pas la même pointure, pourtant ce sont tous des habits. De ce
côté, les municipalités sont lésées parce
qu'elles vont revenir jusqu'à quatre ou cinq ans en arrière.
Alors que les municipalités ont fait leurs livres et ont
décidé de collaborer, de travailler avec le gouvernement pour
établir des logements pour les personnes défavorisées,
à partir de maintenant, ce sont elles qui vont être
défavorisées. Je pense qu'il y a une responsabilité et je
ne peux pas dire demain matin: Cela ne me dérange pas, ce qui se passe.
Votre ministère a le droit de contester et le ministère a le
droit d'aller ici. La SHQ peut faire ce qu'elle veut. Il y a des coûts
rattachés à ces contestations. Faisons comme d'habitude. Laissons
faire comme on est habitué actuellement de laisser faire. Les
problèmes ne se règlent pas. Les problèmes s'accumulent.
À ce moment, on saura à quoi s'en tenir, à l'exception que
je ne pense pas que les municipalités actuellement... On devrait laisser
la SHQ aller jusqu'à cinq ans en arrière à moins qu'elle
ne soit en requête ou que ce soit un ordre du gouvernement
fédéral qui dit qu'il veut réclamer ses 62 % à
travers ce qu'il a payé et qu'il ne voudrait pas payer à
l'avenir. Je me pose des questions sur cela. Je suis fondamentalement convaincu
qu'il n'y a pas de valeur de marché, cela ne donne rien. Quand on a une
technique et que cela ne marche pas, on doit la changer. On doit au moins avoir
ce courage.
On règle en disant: Ils ont le droit de contester. Bien sûr
qu'ils ont le droit de contester. Ce n'est pas de cette façon qu'on va
améliorer les relations entre le ministère, la SHQ et les
administrés à l'autre bout. De temps en temps, il faut regarder
ce qui se passe sur les terrains. Je n'ai pas à inventer quoi que ce
soit. Ils vont jusqu'à baisser à 40 % l'évaluation d'un
immeuble à certains endroits. Qu'est-ce qui se produit si une
municipalité est obligée de rembourser 1 000 000 $? Ce ne sont
pas les municipalités qui font l'évaluation, elles ont la
responsabilité de la faire et elles engagent des gens pour la faire.
S'il n'y avait qu'une place où elles avaient fait l'erreur! On n'est pas
rendu à Montréal. Le jour où la SHQ va vouloir contester
à Montréal, est-ce que cela ne sera pas la même chose comme
cela se produit ailleurs? Qu'est-ce que cela va être? Cela ne sera pas 1
000 000 $, cela va être quelques millions. Montréal actuellement,
vous n'y touchez pas. On veut établir le processus comme il le faut. On
va prendre toutes les municipalités au Québec et après
cela les grosses. Qu'est-ce qui va arriver à Québec et
Montréal si un jour... Peut-être qu'ils sont mieux
évalués qu'ailleurs. Est-ce que c'est ce qu'on veut
prétendre? Je regarde ce qui se passe autour de Montréal et je
regarde les contribuables qui se lamentent et qui crient fort, il doit y avoir
quelque chose qui ne va pas quelque part. Vous utilisez ce processus.
Allez-vous avoir le courage d'aller jusqu'au bout? Tantôt, vous allez
avoir des "feed-back", quelque part. Il y a des gens qui vont dire
tantôt: Assez, c'est assez. Le frère directeur, ce n'est pas tout
à fait comme cela. Est-ce que vous ne devriez pas à partir de
maintenant examiner ce problème et nous dire ce qui va arriver à
partir du mois de juin? Les poursuites continuent? Est-ce que vous en
êtes venus à une entente avec l'Union des municipalités et
l'UMRCQ? Je sais que cela a fait l'objet de discussions à la table
Québec-municipalités. Est-ce qu'actuellement vous avez
décidé de mettre un mollo sur cette décision ou si cela
continue?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est très périlleux et un peu
drôle, de voir le député de Jonquière nous donner
des conseils et une expertise sur la façon d'évaluer les
Immeubles comme s'il était un expert et que nous n'y connaissions rien.
Je ne prétends d'aucune façon être un expert en
évaluation, mais je ne pense pas
non plus que le député de Jonquière en soit un,
surtout quand je regarde les merveilles qu'il a accomplies à la
direction de la ville de Jonquière lorsqu'il pilotait le dossier...
M. Dufour: Ha! Ha! Ha! Un bon filon, M. le ministre. Je vais vous
aider.
M. Bourbeau: ...de l'évaluation foncière. Si le
député de Jonquière veut discuter de technique
d'évaluation, on pourra demander tout à l'heure au
président du Bureau de révision de l'évaluation
foncière qui est ici de répondre à ses questions sur une
base scientifique. Moi, je refuse de m'embarquer avec le député
de Jonquière dans des discussions semblables où il vient nous
dire qu'on devrait plutôt prendre la valeur du coût de remplacement
pour déterminer la valeur des immeubles. Je connais un petit peu
l'immobilier, M. le Président, j'ai une certaine expérience
là-dedans et je ne pense pas que ce soit comme ça qu'on doive
évaluer les immeubles.
D'autre part, je ne pense pas non plus qu'on doive faire exception quand
il s'agit d'un immeuble qui appartient à une municipalité par
rapport à un autre immeuble comme semble nous le demander le
député de Jonquière.
J'aimerais d'ailleurs citer, si vous me le permettez, M. le
Président, un court extrait d'un document que j'ai devant moi, qui
traite du sujet et qui dit ceci: "La valeur réelle à
déterminer selon les exigences de la Loi sur l'évaluation
foncière n'est pas une évaluation de masse si on définit
cette expression comme étant une recherche abrégée de la
valeur parce qu'il faut procéder rapidement. Le Bureau ne peut concevoir
que l'on ne doive pas appliquer la doctrine et les techniques
appropriées en évaluation parce que l'on a agi dans le cadre
d'une évaluation foncière pour fins municipales. La valeur
réelle d'un immeuble donné ne varie pas selon que
l'évaluateur travaille à la confection d'un rôle
d'évaluation municipale ou qu'il travaille à une autre fin ou
encore qu'il s'agisse d'évaluer un ou plusieurs
immeubles.4'
Vous l'aurez deviné, M. le Président, c'est un extrait du
jugement qui a été rendu par le Bureau de révision de
l'évaluation foncière dans la cause de l'Aluminium du Canada
versus la ville de Jonquière le 10 janvier 1986.
M. Dufour: C'est en contestation, d'ailleurs.
M. Bourbeau: Tout ce que je peux dire au député de
Jonquière, c'est que présentement la Société
d'habitation du Québec, à ma demande, a consenti à ce que
certaines causes qui devaient procéder soient suspendues, les deux
parties, les municipalités en ayant fait la demande au Bureau de
révision de l'évaluation foncière et la
Société d'habitation du Québec y ayant consenti, ceci dans
le but de permettre aux parties de continuer à négocier des
règlements hors cour. Je peux vous dire que, selon les renseignements
que je possède, après qu'à ma demande et è la
demande de l'Union des municipalités du Québec un moratoire de
quelques mois soit intervenu pour tenter de faciliter les discussions entre les
parties, il semble que l'Union des municipalités du Québec ait
reconnu le bien-fondé des arguments apportés par la SHQ et ait
recommandé à ses municipalités membres de tenter de
s'entendre avec la SHQ sur des règlements. Je sais qu'actuellement des
règlements sont en voie de négociation et j'espère que la
SHQ va faire tous les efforts qu'il faut pour tenter d'en venir è une
entente négociée avec les municipalités qui auraient
l'impression d'avoir vu portés au rôle des immeubles à des
valeurs qui pourraient être en excédent des valeurs
réelles.
Je crois comprendre que tout ça est présentement en voie
de règlement et que dans la plupart des cas les causes devraient
être réglées hors cour avant qu'elles ne parviennent devant
le Bureau de révision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: C'est exactement ce que j'avais compris. On a
laissé prendre une ou deux décisions. Les municipalités,
c'est du "Crois ou meurs", il faut qu'elles embarquent ou qu'elles
lâchent. Ce n'est pas compliqué. On l'a dit et le ministre est
d'accord avec ça: écrasez-les quand vous pourrez, arrangez-vous,
mais vous allez être obligées de céder quelque part. On ne
change pas les techniques. Il y a eu deux, trois, quatre ou cinq jugements
prononcés et à ce moment-là on a dit: C'est fini, vous
allez toutes passer dans le même moule. Je comprends que le ministre peut
s'impliquer sur n'importe quoi, à l'exception qu'il a affaire à
des municipalités, et il a décidé qu'il allait leur passer
la varlope. C'est ce que je comprends bien. Les municipalités vont
s'entendre. Pourquoi avoir des lois? Et des lois par des experts, vous savez ce
que ça fait. Ce n'est pas la première fois qu'on en voit, des
techniques d'évaluation. Vous devez avoir vécu ça ou bien
vous n'avez aucune expérience. Je vais être obligé de
m'inscrire en faux sur votre expérience. Les lois de
l'évaluation, ça a été des lois très
complexes et très discutées depuis toujours. De ce
côté-là, ne nous faisons pas d'illusion. En 1970, il y en a
eu des lois, en 1971, il y en a eu et il y a eu des variations. Je peux vous en
parler des lois, je ne suis pas un expert, mais j'ai vécu avec en
torieux, par exemple!
Je peux dire que j'en ai passé des heures, probablement plus que
vous n'en passerez jamais de votre vie, pour regarder quelle sorte d'impacts
ça avait sur les municipalités. (16 heures)
Je me sacre bien qu'on vienne me dire n'importe quoi. Je vous dis une
chose: C'est vrai que l'on peut faire varier les techniques, surtout dans ce
domaine particulier, parce qu'on ne traite pas les citoyens comme un ensemble.
Le citoyen qui bâtit sa propriété n'a pas 62 % d'octroi du
gouvernement fédéral, 38 % du provincial et 10 % de la
municipalité. Il paie ses taxes. Lui, il est traité sur ce
pied-là et il y a un marché pour cela. Même si vous me
disiez qu'il y a un marché pour les HLM, je n'en ai pas encore vu. Une
chose est certaine, il y a des coûts d'établis pour cela. À
défaut d'avoir la balance du marché, on peut toujours bien se
baser sur d'autres valeurs. Cela n'est pas défendu. Si vous avez
décidé d'être un ministre qui fait du fonctionnarisme et
qui s'appuie juste sur des textes légaux, comme vous le faites
là, en disant: Ils ont décidé comme ça; on ne peut
plus rien changer; c'est comme ça que cela a été fait,
vous continuerez à dire aux municipalités: Serrez-vous la
ceinture, écrasez-vous. Après, vous ferez des comités et
vous direz; Dans deux mois, on va vous donner une réponse et, dans deux
ans, on n'en aura pas encore. Ou bien, laissez-les étouffer
tranquillement. C'est cela qu'on appelle un défenseur des
municipalités. Bravo! Continuez comme cela. Je dois vous dire, par
rapport à l'évaluation, qu'à défaut de la valeur du
marché on peut en prendre d'autres et une autre, c'est la valeur de
remplacement. Ce ne sont pas des techniques que j'invente; cela a
déjà existé. Tantôt, on va parler des valeurs
économiques; ça aussi, ce sont d'autres valeurs qui existent. Il
y a toutes sortes de techniques, mais, comme il n'y a pas de valeur de
marché, on ne peut pas l'évaluer de cette façon-là.
Donnez-nous une autre mesure où les municipalités vont se
reconnaître. À ce moment-là, je comprendrais les
contestations de la SHQ. Si on ne tient pas compte des coûts
réels, là il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Dans une
municipalité, il y en a des évaluations et, d'ailleurs, toutes
les bâtisses qui sont faites par la SHQ, les HLM, passent sans soumission
publique. Donc, on ne peut pas nier qu'il y ait un coût, quelque part, de
rattaché à cela. Une fois que les gens sont dedans, il n'y a plus
de coût, on dévalue. Continuez comme cela, bien sûr, mais je
vous dis qu'il aurait pu y avoir moyen de trouver une technique et c'est pour
cela qu'on fait des lois. C'est pour établir des normes qui peuvent
être différentes dans certains cas. Il y a des lois sur la
vitesse, mais ce n'est pas à la même vitesse partout, selon qu'on
est sur une autoroute, sur une route à deux voies, sur une route
municipale. Il y a toutes sortes de techniques là-dedans. Pourtant, vous
allez me dire que c'est une loi de vitesse pour tout le monde. Oui, mais avec
des normes différentes qui s'appliquent différemment.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si je comprends bien la philosophie du
député de Jonquière - là, je comprends pourquoi la
ville de Jonquière a de sérieux problèmes...
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bourbeau: ...il s'agit d'abord d'établir une
évaluation foncière la plus haute possible et, après
cela...
M. Dufour: Non.
M. Bourbeau: ...choisir parmi les techniques disponibles, celles
qui pourraient justifier l'évaluation à laquelle veut en venir le
député de Jonquière. C'est exactement ce qu'il vient de
nous dire, M. le Président. J'ai pris des notes. Il faut trouver une
technique, nous a-t-il dit, qui satisfasse...
M. Dufour: Qui existe.
M. Bourbeau: ...le point de vue des municipalités, parmi
celles qui existent, bien sûr. Le député a dit
également, tantôt, qu'on peut faire varier les techniques. M. le
Président, vraiment, si c'est cela que le député de
Jonquière veut faire en matière d'évaluation, je comprends
que la ville de Jonquière a de sérieux problèmes avec ses
budgets...
M. Dufour: Vous ne comprenez rien.
M. Bourbeau: ...pour les prochaines années.
M. Dufour: Ne me dites pas que vous comprenez quelque chose. Vous
ne comprenez rien.
M. Bourbeau: M. le Président, l'évaluation
foncière, on connaît cela aussi de ce côté-ci.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: Voyons! C'est quoi, cette histoire-là? Cela ne
donne rien.
M. Bourbeau: On sait qu'il y a plusieurs techniques
d'évaluation qui peuvent être
employées par les évaluateurs. La loi dit que
l'évaluateur doit choisir parmi ces techniques celle qui va lui
permettre d'en arriver à la valeur la plus probable de l'immeuble. C'est
à l'évaluateur de faire le choix, pas au client qui dit: Tu vas
choisir telle évaluation parce que je veux avoir une évaluation
maximale qui excède la valeur réelle. Ce n'est pas à la
ville de Jonquière ou au député de Jonquière de
dire è l'évaluateur: Vous allez prendre telle méthode
parce que Ia méthode du remplacement va donner une évaluation
plus élevée. C'est une farce. C'est une farce sinistre à
ce moment-là. C'est une parodie, cela devient une parodie de la
réalité. Ce n'est absolument pas cela, l'évaluation
foncière. J'espère que le député de
Jonquière, tantôt, va poser des questions au président du
Bureau de révision de l'évaluation foncière pour tenter de
savoir, une fois pour toutes, ce qu'est l'évaluation foncière. Je
l'incite à le faire, M. le Président, et je vais le lui faciliter
tout à l'heure. D'ailleurs, cela me rappelle, M. le Président -
et je comprends - certaines choses ici.
Dans le document que je citais tout à l'heure, le tribunal a dit
ce qui suit. Vous me permettrez de citer encore ce que le tribunal a dit
à l'endroit de l'expert et de l'évaluateur de la ville de
Jonquière dans le fameux dossier dont on parle: "Un évaluateur
qui se respecte et respecte sa profession se serait donné la peine
d'aller voir les bâtiments. Quelle que soit la table de taux dont il se
serait doté, il l'aurait suivie. Il aurait déterminé
l'âge du bâtiment...
M. Dufour: ...
M. Bourbeau:. ...et, référant â ces tables,
aurait établi les dépréciations appropriées."
M. Dufour: Vous viendrez après...
M. Bourbeau: M. le Président, ce que l'évaluateur
de Jonquière a fait, c'est ceci.
M. Dufour: Je suis prêt à y aller
là-dessus.
M. Bourbeau: Il a établi la dépréciation
appropriée à la conclusion qu'il recherchait. Donc, il a fait ce
que vient de dire le député de Jonquière et,
référant à ces tables, a trouvé l'âge
correspondant pour un bâtiment qu'il n'a pas vu. Donc, la valeur
précédait l'évaluation. C'est ce que le
député de Jonquière nous incite à faire
présentement, établir des valeurs prises n'importe où,
mais surtout très élevées pour permettre aux
municipalités d'avoir des évaluations élevées et,
après cela, choisir une méthode d'évaluation qui viendrait
faire en sorte de justifier la valeur que le député de
Jonquière voudrait voir imposer aux HLM. M. le Président, si
c'est comme cela qu'on doit administrer les budgets des municipalités,
à ce moment, on ne sera jamais de la même école de
pensée. Je refuse de me prêter à une parodie semblable,
à une moquerie semblable.
M. Dufour: II joue è la vierge offensée.
M. Bourbeau: C'est une insulte à l'intelligence et
à la logique. Je dis que l'évaluation est une science. Les
évaluateurs sont des gens qui sont présumément
qualifiés. On doit les laisser faire leur travail et ne pas
interférer dans leur travail ni dans celui de la la justice, d'ailleurs.
Je n'ai pas l'intention de commencer à faire ce genre de tripotage.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre est tordu. Je trouve le ministre tordu
dans ses exposés en ce sens qu'il joue è ta vierge
offensée. Il peut dire à peu près n'importe quoi, il peut
prétendre que je dis n'importe quoi. Voici ce que j'ai dit. Je vais le
lui répéter et cela va être écrit, cela va continuer
à être écrit. Je dis que, quand une loi est faite et
qu'elle ne peut pas s'appliquer dans certains domaines -et cela en est un
exemple très probant et très évident - à ce moment,
on peut choisir une autre technique et ce n'est pas mot qui les ai
inventées. Les évaluateurs doivent fonctionner dans le cadre
établi par les législateurs. Ils n'inventent pas de choses. Ils
doivent fonctionner selon les techniques imposées par les lois. À
ce moment, il n'y a rien là. Il n'y a rien pour faire un drame.
Quand le ministre essaie de me rappeler... On parle de valeurs
industrielles et non de HLM dans le jugement qu'il vient de me citer. Il n'a
pas assisté du tout à ce qui s'est dit. Il rit. Et il a tout
compris. Nous, on a vécu et je puis vous dire une chose, j'ai
consulté - et je vais le dire au ministre, je ne voulais pas le lui dire
- on a consulté des gens du ministère, des gens qui ne sont pas
très loin de lui et qui ont travaillé à ce dossier. Donc,
si je suis dans l'erreur, tout le monde est dans l'erreur. Il y a des firmes,
dans ce domaine, qui se sont prononcées et dont le jugement vaut
peut-être celui du président qui a rendu le jugement, qui a
décidé que c'était correct et qui avait le droit de
décider ce qu'il voulait. Il y a 77 cahiers. Je voudrais rappeler au
ministre que, s'il veut prendre le temps de lire, il les lira. Ce n'est pas
possible... Cela ne peut pas être une seule personne qui a
décidé tout cela toute seule.
Vous donnez des certificats d'incompétence à tout le monde
comme au gars qui a rendu le jugement là-dessus. Je
veux vous rappeler que ce jugement a été en appel et il
n'y a pas encore de décision prise là-dessus. Donc, ne nous
énervons pas. Cela est déjà arrivé que des
jugements aient été faux. Je peux vous sortir une lettre que vous
m'avez donnée où vous dites, parce que c'était concernant
la compagnie Price qu'il y avait eu des contestations... Pourtant, il y avait
eu un premier jugement qui était favorable à la compagnie Price.
Il y en a eu un deuxième qui ne l'a pas favorisée. Vous avez
signé la lettre en disant que, si le jugement n'avait pas donné
le bon résultat, vous auriez changé la loi pour le faire.
Donc, ne nous énervons pas. On n'a pas nommé un juge.
Lorsqu'on nomme un ministre des Affaires municipales, on nomme quelqu'un qui
regarde les problèmes des municipalités et qui essaie de les
régler, pas juste en fonction de ce qu'il pense pour se donner raison
envers et contre tous. Vous allez avoir raison, mais vous allez avoir raison
tout seul parce que je vous prédis que vous allez avoir des
problèmes avec votre prise de position par rapport à ce qui se
fait. Pourquoi dialoguer? Vous avez la réponse tout seul. Là-bas,
avec vos fonctionnaires, réglez tout cela. Envoyez-nous cela par le
courrier. On va s'en occuper. Tout le monde n'aura qu'à appliquer vos
normes, Dieu le Père va décider.
Ce n'est pas ce que les gens attendent de vous. Ils s'attendent à
ce que vous trouviez des formules et des techniques qui permettent aux gens de
vivre. Je vous dis que si vous retournez cinq ans en arrière, cela va
coûter de l'argent à des contribuables et vous direz encore aux
municipalités: Serrez-vous la ceinture. Déjà, vous ne
savez pas quoi faire avec. Serrez-vous.
Arrêtons de dire qu'on veut traiter ce problème de deux
façons, de deux manières. On ne parle pas de ta technique, la
technique de la valeur économique. Il y a des usines qui se vendent des
centaines de millions de dollars. Elles ne sont pas évaluées
à des centaines de millions de dollars. C'est une autre technique, cela.
La richesse en est une technique d'évaluation. Mais la valeur
économique, cela aussi en est une. Il n'y a pas juste une technique
d'évaluation. II se peut que je ne connaisse pas cela mats j'en ai
entendu parler comme par hasard. Avec tout le respect que je vous dois, il y a
un gars qui a présidé, M. Buck, à qui je dois beaucoup de
respect, en tout cas pour qui j'en ai plus que pour ce que vous me dites et ce
que vous faites, qui a travaillé dans l'évaluation, qui est
probablement un des plus grands experts au Québec et qui était un
de nos consultants. Il a donc erré avec nous.
Alors, quand vous me dites que je ne suis pas compétent, lui
aussi est inclus là-dedans. Il y en a d'autres que je peux vous nommer.
En tout cas, paix à leurs cendres, je n'ai pas l'intention de faire le
procès de qui que ce soit, mats je dis: Soyez donc un peu
modéré quand vous accusez un groupe parce qu'il s'est investi de
l'argent et des efforts et il y a eu de la consultation dans ce jugement. On ne
parle pas de HLM, on parle de bâtisses industrielles.
Maintenant, revenons sur la terre, parlons de la valeur des
bâtisses qu'on connaît et qu'on est capable d'identifier. Cela ne
fait pas 100 ans. Il y a des industries qui existent depuis 50 ans, mais des
HLM, il n'y en a pas depuis 50 ans dans le paysage. On sait exactement ce que
ça vaut. Je vous demande de faire un effort. Vous n'en faites pas. Vous
vivrez avec. Quant à moi, ce n'est pas plus grave que cela. Je vous dis
que je vais vous poser des questions et que je vais vous faire des suggestions.
Vous ne voulez pas les suivre? Vivez avec vos problèmes. Je vais
être bien à l'aise là-dessus et je continuerai à
dire que vous n'approfondissez pas vos dossiers et que vous laissez tout le
monde jouer dans vos affaires.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Bourbeau: Le député de Jonquière
serait-il intéressé... Quand on va discuter de
l'évaluation industrielle, le député de Jonquière
a-t-il des questions à poser sur l'évaluation industrielle un peu
plus tard?
M. Dufour: Je vais y aller tantôt.
M. Bourbeau: On pourra peut-être avoir l'occasion de poser
des questions. Très bien.
M. Dufour: D'échanger là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): Je conclus que ce sera
à l'élément 5, M. le ministre?
M. Bourbeau: M. le Président, je suis disponible pour
discuter de tous les éléments.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres questions
à l'élément 1?
M. Dufour: Oui, oui. Il y a les transferts fiscaux. La ville de
Montréal, avec ce qui s'est passé, le monde en a parlé, on
a dit: Serrez-vous la ceinture. Mais il semble que ce ne soit pas suffisant.
Les gens ont dit: On a déjà commencé à se serrer la
ceinture, ce n'est pas d'aujourd'hui.
M. Bourbeau: Avec un surplus de 26 000 000 $, la ville de
Montréal ne s'est pas trop serré la ceinture. Cela va bien, je
trouve.
M. Dufou: Un comité a été mis sur pied. Des
questions ont été posées. Le ministre s'est engagé,
même au dernier congrès de l'Union des municipalités du
Québec, à examiner la situation. Si c'est votre réponse,
ce que vous venez de me dire, on va la prendre. On va en prendre bonne note.
Donc, les transferts fiscaux... parce que, là, la technique
d'évaluation n'est pas en cause, semblerait-il. Qu'est-ce que vous allez
trouver pour répondre à cela, vis-à-vis des transferts
fiscaux qui se font à Montréal ou des prétentions des
administrateurs municipaux de la ville de Montréal qui disent qu'il y a
des transferts fiscaux qui se font et qu'ils ont des problèmes? Vous
avez un comité actuellement qui est en marche. Avez-vous l'intention de
prendre des décisions rapidement un jour ou si on les laisse vivre avec
cela?
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II a été observé qu'au cours
des dernières années il s'est fait un déplacement, si je
peux dire, d'une petite partie du fardeau fiscal des Montréalais
à partir des propriétés non résidentielles vers les
propriétés résidentielles. Je dis un léger
déplacement parce qu'on ne parle pas d'un phénomène de 20
% ou 25 %. II reste quand même qu'on constate un déplacement du
fardeau fiscal vers les propriétés résidentielles. Lorsque
les comptes de taxes municipales ont été reçus au
début de l'année 1987 par les contribuables de Montréal,
il y a eu des protestations à l'endroit des comptes de taxes. À
ce moment, il a été constaté que la Communauté
urbaine de Montréal était le seul endroit au Québec,
à part la CUQ, où on n'avait pas encore suivi les prescriptions
de la loi et déposé un rôle nouvelle
génération, ainsi que le veut la loi.
Il avait donc été entendu qu'avant que toute mesure de
correction puisse être entreprise, on attendrait pour voir si le
rôle d'évaluation, le rôle nouvelle génération
de la CUM, pourrait apporter des correctifs à la situation qui avait
été constatée. Le rôle n'est pas encore
déposé, mais les indications que nous avons eues depuis quelques
semaines sont que, manifestement, le dépôt du rôle n'aurait
pas d'effet correctif sur ce déplacement. En conséquence, il a
été convenu, à la table
Québec-municipalités, avec les deux unions municipales, de
former, dès maintenant, à partir du comité technique sur
la fiscalité, un comité élargi auquel s'ajouteraient des
experts venant de plusieurs municipalités afin de tenter d'identifier
des éléments de solution. Font partie de ce comité, des
experts venant non seulement des deux unions municipales et des
communautés urbaines et de la Communauté régionale de
l'Outaouais, mais également les grandes municipalités du
Québec comme Longueuil, Laval, Québec et Montréal. Ces
experts sont à l'oeuvre pour tenter de dégager des avenues de
solutions. J'ai confiance qu'au cours des prochaines semaines on pourra
présenter à la table Québec-municipalités des
éléments de solutions qui pourront être
éventuellement incorporés à des mesures
législatives que nous présenterons à l'automne 1987 pour
adoption, avec le concours de l'Opposition, bien sûr, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière. (16 h 15)
M. Dufour: Le ministre reconnaît que, même avec toute
la bonne volonté, avec toutes les connaissances et l'expérience
des gens qui font l'évaluation, malgré tout, dans le
système actuel, après neuf ans, il peut se produire des
distorsions, des changements, des opérations différentes. Vous
l'admettez dans le cas de Montréal. C'est peut-être vrai aussi
pour les HLM. C'est peut-être vrai dans d'autres domaines. C'est fort,
Montréal. Est-ce parce que votre comté est près? Qu'est-ce
qui se produit? Vous auriez pu avoir le même courage pour les autres et
laisser adopter la loi. Laissons-les se "péter la fraise" quelque part
et, au bout, la fin y sera. Je ne dis pas que ce n'est pas correct dans le cas
de Montréal. Je vous dis: Pourquoi avoir l'épiderme aussi
sensible et ne pas l'avoir autant pour tout le reste du Québec? Est-ce
parce qu'ils sont divisés, qu'ils sont un peu partout dans le paysage?
Est-ce moins pire, est-ce plus vivable comme cela? Pourquoi avez-vous tant
d'assurance pour dire que tout est correct dans un cas? Mais, dans l'autre cas,
vous avez pas mal moins d'assurance. Après avoir dit que c'était
correct, vous avez dit que cela ne l'était plus. J'y concours, je dis
que, oui, vous avez raison, qu'il faut regarder le cas de Montréal. On
ne peut pas les laisser faire tout seuls comme cela. Je pense que des gens
là-dedans peuvent en souffrir et payer te prix. C'est pour cela qu'il y
a certainement une mesure à examiner. Je vous dis d'avance ma position:
je vais concourir è améliorer cela. Mais, si c'est vrai pour les
gens de Montréal, peut-être que cela peut être vrai dans
d'autres domaines. Vous pourriez demander à l'Opposition de concourir
pour aider les municipalités et ne pas agir comme le gars qui donne des
coups de bâton mais plutôt comme une personne qui va aider les
municipalités à être de meilleurs gestionnaires, de
meilleurs administrateurs pour avoir de meilleurs résultats sur
l'ensemble de la population du
Québec. De ce côté-là, oui, mais est-ce que
vous vous engagez à apporter des amendements ou des correctifs d'ici
l'automne? Est-ce que vous savez déjà quand votre comité
sera capable de faire des propositions?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai demandé au
comité d'accélérer ses travaux de façon à
pouvoir nous en présenter les conclusions dans les meilleurs
délais possible. C'est mon intention, dès que le comité
aura fait connaître à la Table Québec-municipalités
le résultat de ses travaux, de saisir l'Assemblée nationale des
modifications à là Loi sur la fiscalité municipale.
En ce qui concerne la question de l'évaluation sur laquelle
revient le député de Jonquîère, encore là,
j'ai de la difficulté à comprendre sa logique. La nôtre est
immuable. Les évaluateurs municipaux font connaître leur
évaluation. Cette évaluation doit toujours être faite selon
les mêmes normes et les mêmes critères pour tout le monde.
Ce qui est observé à Montréal, ce n'est pas que les
méthodes d'évaluation changent, c'est que l'évaluation
augmente plus rapidement. La valeur augmente plus rapidement pour les
propriétés résidentielles que pour les
propriétés non résidentielles. Il ne s'agit pas d'aller
tripoter dans les évaluations foncières et d'aller dire aux
évaluateurs de tricher, comme cela a pu se faire ailleurs dans d'autres
cas, à d'autres endroits. Il s'agit simplement de constater que la
valeur augmente plus rapidement à l'égard de certains biens
immeubles qu'à l'égard d'autres et, à partir de ce
constat, de voir comment on pourrait atténuer le choc à l'endroit
de ceux qui ont à supporter les effets néfastes de cette
spéculation sur les immeubles résidentiels.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Mais, M. le ministre, vous admettrez avec moi que ce
ne sont pas les administrateurs municipaux qui font l'évaluation. Quand
on a des gens qui travaillent a l'évaluation, les administrateurs
municipaux ne s'ingèrent pas dans le processus de l'évaluation.
Ils n'ont aucune mesure pour dire, à moins d'avoir des tollés de
protestations... Dans le bureau de révision, tout le monde fait des
contestations. C'est difficile pour un profane, mais vous avez reconnu, et je
le reconnais aussi, que l'administrateur municipal n'est pas
nécessairement un expert en évaluation. Il peut juste constater
des choses après coup. L'évaluateur est reconnu par une
corporation. Ces gens aussi possèdent un certain nombre de
critères. Donc, quand ils veulent les appliquer à certains
domaines, cela peut causer des problèmes, de là l'importance de
pouvoir juger des domaines importants. Je ne dis pas cela pour un cas, mais,
quand il y a plusieurs cas, quand il y a plusieurs évaluateurs qui se
trompent par rapport à un bureau, il doit y avoir quelque chose qui se
produit quelque part. Je pense qu'il faut aussi être capable de
reconnaître que, parce qu'il y a un groupe d'évaluateurs qui se
trompent ou qui sont corrects et que c'est à cause de la loi, il faut
faire une évaluation globale. Je pense qu'il faut être capable de
faire une évaluation globale et ne pas juste dire: De ce
côté, le bureau de révision est correct et les
évaluateurs sont tous des "pas bons" et, de l'autre côté,
notre loi est bien correcte; ce sont eux qui ne sont pas corrects. Ce n'est pas
si facile que cela, je suis bien conscient de cela. Je vous dis que vous avez
reconnu que Montréal a un problème et que vous voulez vous
pencher pour le régler, bravo, mais je fais appel à votre
jugement pour d'autres domaines où on pourrait avoir la même
attention et le même souci d'équité.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne prétends
pas...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...que les administrateurs municipaux sont
eux-mêmes responsables des évaluations et que ce sont eux qui ont
la responsabilité des évaluations qui sont portées au
rôle. Cependant, quand un administrateur municipal, surtout s'il est
maire, se rend compte que le travail qui est fait par ses experts ou par ses
évaluateurs ne respecte pas les standards minimums requis pour bien
défendre les intérêts de la ville, cela devient la
responsabilité des administrateurs municipaux de changer les
évaluateurs pour ne pas engager la ville dans un processus qui fera
qu'éventuellement la ville sera condamnée à payer des
sommes faramineuses, des dizaines de millions de dollars. À partir du
moment où les administrateurs municipaux savent ou devraient savoir que
leurs évaluateurs ne font pas leur travail correctement et que cela est
indiqué dans des procédures de cours, que des jugements de cour
commencent à sortir, que des témoignages en cour en font la
preuve, cela devient la responsabilité des administrateurs municipaux de
prendre leurs responsabilités et de corriger la situation. Quand on ne
la corrige pas et qu'on laisse pourrir une situation, on se retrouve dix ans
après avec des jugements qui, s'ils étaient portés sur
l'ensemble des années en cause, ce sont des dizaines et des dizaines de
millions de dollars qu'une municipalité comme Jonquière, par
exemple,
pourrait se voir condamner à payer.
M. Dufour: Donc, si je comprends bien...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...vos propos, vous êtes en train de dire que
les évaluateurs que la ville de Jonquière avait à son
service n'étaient pas compétents et n'étaient pas capables
de faire leur travail. C'est ce que vous affirmez.
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas moi qui
l'affirme.
M, Dufour: Non, non, c'est...
M. Bourbeau: C'est le tribunal. Si le député veut
que je lui cite un extrait du jugement, un parmi d'autres, M. le
Président. Je cite le jugement dans la cause de Jonquière. Le
tribunal dit ceci: "Le bureau se voit malheureusement obligé de porter
un jugement sévère a l'endroit de M. Untel - je tairai le nom -
qui a évalué les immeubles en litige à titre
d'évaluateur municipal, c'est-à-dire sous son serment d'office.
Il a témoigné devant le bureau sous serment à titre de
témoin et d'expert. Sa conduite est répréhensible à
deux points de vue: premièrement, comme évaluateur, il
apparaît clairement que l'évaluation qu'il a faite n'avait rien
à voir avec les techniques d'évaluation reconnues. C'était
là un travail négligé, sans aucun souci de la
réalité ni de la vérité. Un enfant, et encore moins
un évaluateur, n'aurait pas manqué de constater l'état des
bâtiments et n'aurait pas osé les classer systématiquement
comme très bons ou excellents."
M. le Président, je peux continuer. J'en ai des pages et des
pages comme cela.
M. Dufour: II y en a deux pages de cela.
M. Bourbeau: Ce n'est pas là une raison pour
déformer la vérité sous serment pour soutenir des
théories abracadabrantes, dit le tribunal à l'égard de
l'évaluateur municipal de la ville de Jonquière. "Les
réticences de l'évaluateur à admettre les faits ou
è réviser ses positions lorsque confronté par les faits ou
l'absurde de son raisonnement." On parle de cela.
M. le Président, je pourrais en donner comme cela des pages et
des pages où on parle de la qualité des évaluateurs
municipaux à Jonquière qui étaient quand même ceux
que le député de Jonquière avait engagés, comme
maire à l'époque. M. le Président, je vais arrêter
parce que, sans cela, je pourrais en parler pendant dix minutes.
M. Dufour: D'accord. Vous êtes conscient que ce jugement a
été rendu par une personne qui n'est pas un juge, qui est un
évaluateur, et je ne lui reconnais pas plus de compétence qu'il
n'en a. Je peux vous parler de la contestation. Ils devaient siéger
à deux juqes. Il a siégé tout seul. Il avait hâte de
prendre sa retraite. La cause est contestée. Vous pouvez vous appuyer
sur cela n'importe quand, mais je vous dis que vous ne connaissez pas la cause
et, si vous vous fiez seulement sur ce document pour porter un jugement de
valeur, je vous dis que cela n'est pas suffisant à mes yeux. Je dis que
vous errez parce que ces mêmes évaluateurs que vous accusez de
tous les péchés capitaux sont aussi les évaluateurs de la
ville de La Baie et ils ont été reconfirmés dans leur
mandat. Ils sont aussi évaluateurs de la ville de Chicoutimi. Cela a
l'air qu'au Saguenay, on ne connaît rien et qu'il y a seulement les gens
de la région de Montréal qui connaissent quelque chose. Mais il
semble qu'ils aient de petits problèmes avec leurs évaluations
aussi, quelques-uns. Ce n'est pas parfait non plus à Montréal.
Peut-être qu'à Paris ils sont bons, mais pas ici. Ne nous faites
pas d'accroires. Je crois que je commence à savoir de quoi je parle de
ce côté. Ce sont aussi les évaluateurs de Clermont et ce
n'est pas eux qui ont fait les évaluations de Jonquière, qui ont
fait toutes les évaluations de la ville de Montmagny. Ce n'est pas eux
qui ont fait les évaluations de Thetford-Mines - ce n'est pas ces gens
-ni de Beauport, ni de Beaupré. Prenons toutes les causes. Ce n'est pas
eux qui ont fait l'évaluation de Baie-Comeau, ni de Sept-Îles. Ce
n'est pas eux qui ont fait les évaluations dans la région de
l'Abitibi. Ce n'est pas eux qui ont fait les évaluations à
Shawinigan, ni ses pétrolières à Montréal-Est. Et
vous venez nous dire que ces gens ne sont pas compétents? Il y en a
quelques-uns qui ne sont pas compétents. Il doit y avoir quelques
avocats qui ne sont pas compétents. Il doit y avoir des
ingénieurs-conseils qui ne sont pas compétents. Ils sont
où les gens compétents, pour vous? Les gens qui fournissent
à ta caisse électorale? C'est un critère de
compétence à vos yeux? Quand vous dîtes de telles choses,
je trouve que vous agissez comme une personne irresponsable. Je trouve que vous
allez sur un terrain que vous appuyez... Vous avez vu quelque chose, vous avez
tout vu. Vous vous appuyez sur cela en disant: Moi, je connais cela. Vous
savez, je comprends cette histoire. Le problème n'est pas si facile que
cela à régler et je peux vous en parler de la question d'Alcan.
Je peux vous en parler pas mal plus que vous pouvez en parler. Ces gens ont
profité des situations depuis toujours dans l'évaluation et
regardons leur
histoire. Quand ils n'avaient pas de loi, ils s'en faisaient faire une
pour eux. Quand les lois sont devenues permissives, ils ont embarqué
dans cela. Là, ils ont écrasé tout le monde. Vous avez
beau dire: Je vais vous donner des exemples et je peux vous en parler, Alcan,
en 1973, la première fois qu'elle a contesté, c'était
justement sous un gouvernement qui portait le même titre que vous avez
là, avec le même chef, qui avait décidé de laisser
tomber des choses dans l'évaluation foncière. C'est là que
les problèmes ont commencé. Ils n'ont pas commencé en
1976, en 1977 ou en 1980, les problèmes ont commencé en 1971,
quand on a commencé à dire: On ne taxera plus les machineries
industrielles. Cela existait dans la charte d'Arvida dans ce temps. Je n'ai pas
été seulement maire de Jonquière. Arvida devait être
en faillite aussi. C'est pour cela que le gouvernement nous a forcés
à fusionner. Cela a l'air que, quand on est en faillite, tout le monde
veut nous avoir.
M. Bourbeau: Le député était maire d'Arvida,
je pense, à ce moment.
M. Dufour: J'ai été maire d'Arvida et je n'ai pas
du tout honte de l'avoir été, et je pense que c'est
peut-être un fleuron qu'on peut ajouter. En tout cas, les gens de
Jonquière comprennent cela, mais, vous, vous ne l'avez pas compris.
Donc, le ministre comprendra bien ce qu'il voudra mais l'histoire de la
compagnie Alcan, ce n'est pas compliqué. Chaque fois qu'il y a eu des
permissions dans la loi, ils ont embarqué. Ils ont profité de
tous les avantages. Le jour où l'avantage a été
retiré ou était égal à tout le monde, à ce
moment, ils ont décidé de faire des pressions. En 1973, quand ils
demandaient d'être évalués à 57 000 000 $ - ce n'est
pas moi qui le dis -pendant des annés, pendant un an, deux ans, ils
disaient qu'ils allaient mettre des cheminées pour la pollution, 82 000
000 $. Vous pensez qu'une usine qui vaut 53 000 000 $ va mettre 82 000 000
î sur les cheminées? Quand avez-vous une automobile qui vaut 10
000 $ lui mettre un "muffler" de 15 000 $? Cela n'a pas de maudit bon sens.
Vous venez maintenir cela? Regardez-la donc la cause d'Alcan, je vais vous la
conter. Vous n'aurez jamais le courage. Vous ne lirez jamais ces dossiers. Vous
allez vous asseoir sur vos prétendues connaissances ou ce que vous voyez
dans le jugement. Allez-y donc dans le détail! Vous allez voir qu'il y
en a des techniques d'évaluation qu'eux ont sorties et qui sont
différentes d'ailleurs. Une bâtisse qui ne sert plus pour les fins
pour lesquelles elle a été faite, on ne peut plus la taxer. Une
bâtisse qui a été bâtie avec des murs d'une
épaisseur de deux ou trois pieds, si on la bâtissait cette
année, il n'y aurait plus que huit pouces. À partir de là,
rebâtissons avec des murs de huit pouces et appliquons la
dévaluation. Je la connais la cause d'Alcan, je peux vous en parler
longtemps. Vous allez voir que je la connais pas mal plus que vous. Je ne me
base pas sur un témoignage. Je vous dis qu'il y avait des lacunes dans
la loi. Il y a des compagnies qui ont abusé. Il y a un bureau de
révision qui a donné une sentence et tous les autres ont
embarqué dans la même solution. Pourquoi? C'étaient les
mêmes évaluateurs qui étaient à la cause des
investissements dans la forêt. C'est la même cause, c'est la
même firme qui a débattu le cas et ils ont gagné. Ils
étaient compétents pour cela et ils n'étaient pas
compétents pour les autres? C'est quoi cette histoire? Certificat
d'incompétence, disons. Je pense que vous devriez intervenir. Vous
pourriez dire à la corporation des évaluateurs qu'il y a des gens
qui ne sont pas compétents comme évaluateurs et vous devriez leur
faire enlever leur permis. Je pense que vous pousseriez votre idée comme
il faut et vous assureriez la protection des gens. 51 les municipalités
ne sont pas capables de prendre leurs responsabilités, j'espère
que comme ministre vous allez l'appliquer votre responsablité. Vous
n'avez pas le droit, vous êtes au courant, vous êtes conscient,
c'est vous qui le dites. Les évaluateurs n'étaient pas
compétents, cela a été dit dans un dossier. Allez-y! Allez
jusqu'au bout! Allez dire aux évaluateurs agréés, à
la corporation, qu'il y a des gens incompétents et qui ne sont pas
capables de faire leur "job". Faites-les sauter! Vous allez faire sauter
d'autre monde autour de vous, par exemple. Il va falloir dire qu'un jour... Il
va falloir le dire que cela ne s'est pas fait tout seul, que cela ne s'est pas
fait dans les nuages.
Donc, pour les évaluations foncières des industries, il y
a eu des demandes. On est unanime actuellement à l'Union des
municipalités pour demander des correctifs. Les municipalités en
ont assez de cela. Cela a coûté des fortunes. Arrêtez donc
de laisser aller au gré des flots et au gré des
négociations! C'est facile quand c'est négocié. Vous
êtes conscient de cela, vous, comme ministre. Vous savez que les
municipalités ont presque les épaules collées à
terre. La ville de Jonquière s'est tenue debout, parce qu'on a appris
à négocier. C'est debout, ce n'est pas couché qu'on
négocie, ni à genoux, ni à quatre pattes, c'est debout.
C'est comme cela qu'a été faite la négociation. C'est cela
qui rapporte des dividendes, à mon point de vue. On l'a fait pourquoi?
Pour forcer le gouvernement à prendre ses responsabilités et
à rendre compte des décisions. Moi, je sais qu'en 1984 on aurait
pu régler le dossier, mais l'Opposition du temps avait une maudite peur
qu'on règle le dossier, elle s'est opposée. Les
municipalités, certaines étaient encore dans
l'expectative. Elles voyaient un nouveau changement de gouvernement qui
viendrait arranger tous les problèmes. Ce n'est pas qu'on vit, on est
rendu avec un cancer. On ne règle pas les problèmes, on les
laisse pourrir. (16 h 30)
Vous les avez les solutions, les municipalités et l'Union des
municipalités ont mis des comités techniques sur pied. Vous leur
avez répondu comme un sage: On va attendre qu'il y ait un consensus.
Consensus de quoi? Vous pensez qu'il y a des gens qui sont consentants à
donner de l'argent et à payer? On peut en avoir des consensus. Tout le
monde va avoir été arrangé. Vous n'aurez plus qu'à
donner votre bénédiction. Il n'y aura pas grand décision
valable dans tout cela. Il y a eu des décisions. Les
municipalités sont prises à la gorge parce qu'elles ne peuvent
même pas se défendre, elles ne peuvent même pas forcer les
compagnies à payer. Elles peuvent même décider de ne pas
payer. Et la loi dit que c'est correct. C'est comme cela. Toi, le petit
contribuable, paie, et, toi, le gros, non, non, ne paie pas, ce n'est pas
grave. Nous autres, on est pour la grosse industrie. Cela cause des
problèmes aux municipalités qui, elles, ne sont pas capables de
résister. Vous les forcez à faire des règlements et,
après, vous leur direzs C'est bon, tout le monde s'est entendu, tout le
monde a trouvé une solution magique. Il y a des solutions qui vous ont
été proposées par l'Union des municipalités. Je ne
dis pas qu'elles vont régler tous les problèmes. Mais elles vont
mettre le problème, en tout cas, dans une perspective beaucoup plus
normale, qui va traiter tout le monde sur le même pied. À ce
moment-là, on pourra dire: II y a quelque chose qui s'est produit au
ministère des Affaires municipales. On pense que le ministre a
réagi à quelque chose. Mais là, ce n'est pas cela.
Jusqu'à maintenant, vous ne nous donnez pas d'espoir du tout. Vous
dites; Arrangez-vous et quand tout sera arrangé, on arrangera cela.
Quand le mariage est consommé, il n'y a plus besoin de personne pour
donner la bénédiction. C'est facile à comprendre. II n'y a
plus besoin de mariage! Écoutez donc! Il n'y a plus besoin de loi. Tout
le monde fait des ententes en dessous de la table, on trouve cela correct, on
laisse faire. On fait deux sortes de raisonnements. Un de vos collègues
a dit: La justice, c'est juste pour les pauvres, ou les prisons c'est juste
pour les pauvres. Je suis en train de penser que, pour ce qui est de
l'évaluation, il n'y a qu'une justice pour les petits contribuables;
pour les gros, il n'y en a pas. Il n'y a pas d'égalité à
travers tout cela. Il1 n'y en a qu'un qui paie, c'est le petit. Regardons
simplement ce qui s'est passé dans tout cela, c'est cela
l'évaluation industrielle.
Vous avez des propositions que l'Union des municipalités vous a
faites. Cela a été "rebaclé", rabâché, cela a
été réexaminé sur tous les bords. Vous les avez
eues et, si vous ne les avez pas, on pourra vous en remettre une copie. Mais il
me semble qu'il y a là au moins matière à ce que vous vous
leviez et que vous décidiez. Arrêtez-donc de dire à tout le
monde: Arrangez-vous et, après, on vous arrangera cela. Montrez donc que
vous êtes le ministre des Affaires municipales, pas des Affaires
minimales, des Affaires municipales. Prenez une décision pour les
municipalités et décidez quelque chose. C'est cela
l'évaluation industrielle. Allez-vous donner suite aux décisions,
aux propositions qui vous ont été faites par l'Union des
municipalités et qui ont été unanimes?
M. Bourbeau: Donner suite à quoi?
M. Dufour: L'évaluation. Les propositions qui vous ont
été faites par l'Union des municipalités concernant
l'évaluation industrielle. Est-ce que vous avez l'intention, avant que
tout ne soit consommé partout, de donner une indication que c'est comme
cela que vous voulez régler la question? Cela va peut-être aider
les négociateurs de compagnies à se mettre à la table et
à régler le problème sur un bon pied.
Le Président (Mo Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, pour ce qui est de la
problématique de l'évaluation industrielle, il y a
présentement des négociations qui se tiennent entre l'Union des
municipalités du Québec et les représentants du monde de
l'industrie, si je puis dire, par l'entremise de la Chambre de commerce du
Québec qui négocie au nom de la partie non municipale dans ce
dossier. Récemment, j'ai eu l'occasion, en compagnie de mon
collègue, le ministre de l'Industrie et du Commerce, de rencontrer le
président de l'Union des municipalités du Québec et
certains maires de certaines municipalités plus touchées que
d'autres par le problème. À cette occasion, les
représentants du monde municipal nous ont communiqué des
propositions, des textes, j'oserais dire des textes juridiques qui ont
été acheminés par l'entremise du ministre de l'Industrie
et du Commerce à la partie non municipale au dossier. Ces documents font
l'objet présentement de considérations de la part des gens du
milieu industriel. Les négociations se poursuivent entre les deux
groupes. Nous suivons de très près ce dossier et j'espère
que, dans les prochains mois - je n'oserais pas dire ies prochaines semaines
-nous pourrons en venir à une entente sur ce que pourrait être le
libellé des amendements qu'on pourrait apporter à la Loi sur la
fiscalité municipale de façon à mieux cerner r.AE-3485 les
problèmes identifiés à l'égard de l'article 65.1 de
l'évaluation foncière.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres , interventions à l'élément
1?
M. Bourbeau: Je m'excuse, M. le Président, je voudrais
corriger. Je crois avoir dit la Loi sur la fiscalité municipale. Il
s'agit de la Loi sur l'évaluation foncière.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'élément 1? M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Il y a peut-être un semblant
d'énergie quelque part qui dit: Oui, un jour, on va donner une
réponse. Vous n'avez pas le temps. Le temps, c'est important. Ce que
vous vous donnez actuellement, c'est du temps. Ce n'est pas une réponse,
c'est du temps. Vous dites: On va se pencher là-dessus, on va
l'examiner, on va essayer de faire un consensus. Le consensus n'arrivera pas.
Ce qui va arriver, c'est que tout le monde va avoir la langue sortie
jusqu'à demain. On va les avoir eus par l'usure, par étouffement.
C'est ça qu'on va avoir et c'est comme cela que les municipalités
sont actuellement obligées de négocier. Elles négocient,
elles n'osent plus parler. C'est presque la politique du crois ou meurs.
Est-ce qu'il y a une politique pour les compagnies, une politique pour
les individus et une politique pour les municipalités? Je pense que, de
ce côté-là - et ne regardons pas juste le cas d'une
municipalité, il y en a plusieurs dans ce cas-là - est-ce qu'il
n'y a pas moyen, avec ce qui est devant nous et avec ce que l'Union des
municipalités a déposé... On n'étouffe pas les
compagnies. Cela ne prend pas des mois. Je sais que des études du
ministère disaient carrément ce que cela représentait en
diminution. II n'y a pas d'augmentation de l'évaluation dans tout cela.
Ce sont des diminutions, la proposition de l'Union des municipalités du
Québec.
Pourquoi en viennent-elles à une diminution? Ce n'est pas
compliqué, elles ne voient de volonté nulle part. Elles sentent
qu'elles ont le couteau sur la gorge et qu'il entre un pouce par jour. On va
faire crever les municipalités. C'est ce qui a été
décidé. C'est de cette façon que procèdent les
villes industrielles. Tout est pour l'un et rien pour les autres. On laisse les
municipalités étouffer; on laisse les compagnies décider
comme elles le veulent, comment elles vont fermer les usines, comment elles
vont mettre le monde à pied. Il va advenir qu'il n'y aura plus
d'avantages. À quoi servent ces industries-là? Quelqu'un doit
être capable d'évaluer cela quelque part? Il y a un document
devant vous et vous dites: On va attendre. Quand tout sera réglé,
c'est sûr que les compagnies vont dire: Selon les ententes que nous avons
conclues, les meilleures possible qu'on a conclues, avec tous les avantages
d'un côté, car, une négociation, cela se fait quand les
parties sont d'égale force les unes et les autres. Comme il y a une
différence dans la néqociation, les unes sont plus fortes que les
autres à cause des trous dans la loi. À ce moment-là, les
négociations ne sont pas égales. C'est le gros contre le oetit.
C'est pour cela qu'on est ici, pour apporter des corrections nécessaires
à des négociations qui ne sont pas correctes. Il n'y a pas
d'épreuve de force là-dedans. C'est la force
d'étouffement, la prise d'étouffement, la prise de l'ours.
Arrêtons ça et commençons à dire que des choses
devraient être corrigées. On a un document sur lequel on peut
s'appuyer très fortement, qui s'appelle le document de l'Union des
municipalités du Québec, qui nous dit comment faire. On sait
quels seront les impacts sur les industries. La situation économique va
tellement bien actuellement qu'on pourrait corriger cela. On ne fera pas mourir
les industries. Elles sont toutes correctes. Ce serait de nature à
améliorer les relations.
Ce n'est pas bon pour les industries ni pour les municipalités
d'avoir toujours des batailles juridiques et des batailles concernant les
questions d'évaluation. Si, après que tout le monde a
été étouffé et qu'il n'y a plus rien on dit qu'on
s'est bien entendu, il y aura juste un perdant. Il y aura un gagnant et un
perdant. Ce n'est pas de même que je vois les relations qu'on doit
essayer d'établir entre différents intervenants. Il faut au moins
leur donner l'occasion de se débattre avec les lois qui sont là.
Sans cela, vous donnez un certificat d'incompétence. Il est
peut-être acceptable pour les évaluateurs de Jonquière,
mais il y a plus qu'eux autres de poiqnés là-dedans; il n'y a pas
juste eux qui sont de mauvais évaluateurs. II semble qu'il y ait eu des
lacunes. On vous amène clairement des procédés qui
ressemblent, savez-vous, à la Loi sur l'évaluation
foncière qu'il y avait avant la réforme de la fiscalité
municipale. Donc, on n'innove pas d'une façon très grande
là-dedans. Les compagnies comprennent ce que cela veut dire. On voit
comment elles fonctionnent avec cela.
En attendant, vous dites: On va attendre. Mais, moi, je n'ai pas de
réponse. C'est drôle, quand il y a eu un problème
d'évaluation sur les fourchettes et sur les couteaux, cela a fait un
scandale pour une niaiserie, il n'y avait rien là. Voyons! Un
hôtel avait eu une évaluation sur des fourchettes. Le ministre est
parti en peur et il a fait un cas d'espèce et une loi
générale. Il a fallu apporter des amendements en
catastrophe. C'était important en maudit, par exemple, hein!
C'était très grave! On avait osé évaluer des
fourchettes et des draps. Il y a un jugement qui avait été rendu
disant aue c'était correct. "Tabarouette!", cela, c'était grave!
Le ministre a dit qu'il fallait régler cela, une décision
extraordinaire pour changer la nature des choses, changer le visage du
Québec. On ne peut pas accepter cela. Et on a fait une grosse loi, un
gros article, et on a corrigé cela. Montréal aussi, c'est gros,
De toute façon, ça aussi, c'est tout de suite, il faut donner une
réponse. Mais les municipalités industrielles ne sont pas
très importantes. Laissons-les crever. Il faut bien qu'elles expient
leurs péchés. Je ne sais pas quels péchés elles ont
à expier, mais c'est deux poids, deux mesures. Ce n'est pas
pressé, elles vont attendre. Le travail de base et de fond qui a
été fait là-dedans n'a pas été fait par des
enfants d'école, cela a été fait par des gens
sérieux. Cela fait cinq ou six ans qu'il y a des études
là-dessus. Il y a un consensus, vous ne pouvez pas vous appuyer sur le
fait qu'il n'y a pas eu de consensus. Il y a un consensus sur les changements
qu'on doit apporter. Vous me dites encore: II y a un comité, on va
soumettre cela à la chambre de commerce, è la Chambre des lords
probablement, et le gouvernement du Canada, et la taxe sur la valeur
ajoutée - je ne sais plus trop quoi mettre - mais en tout cas, j'ai
plutôt l'impression que, lorsqu'il n'y a pas de volonté politique,
il n'y a pas de volonté du tout. On appelle cela des mollusques.
À ce moment-là, il n'y a plus rien qui se produit. Il y en a un,
par exemple, qui paie pour cela, c'est le petit, le contribuable. C'est
officiel. Si vous n'avez pas de volonté politique, je ne peux pas vous
en donner. Vous aurez des comptes à rendre. On ne pourra pas vous juger
sur votre volonté parce que vous n'en avez pas concernant
l'évaluation industrielle. On pense que les compagnies vont avoir tous
les égards. Recevons-les comme il faut. Laissons-les faire ce qu'elles
veulent dans le paysage. Faisons des lois pour les petits et laissons aller les
gros. Ce n'est pas comme cela qu'on va établir une société
civilisée et ce n'est pas dans une société comme
celle-là que je voudrais vivre. Je voudrais que quelque chose se
produise de temps en temps. Quand on a les éléments en main, il
faut avoir le courage de répondre de ses décisions et de ses
actes. Je fais appel à votre jugement et à votre sens de
l'équité. Nonobstant les évaluateurs et les
préjugés que vous pourriez avoir envers eux, s'ils ne sont pas
bons, allez devant la corporation des évaluateurs, faites-les sauter,
cela presse. Mais ayez au moins le sens de l'équité pour traiter
tout le monde sur le même pied et dites aux compagnies, comme aux autres,
qu'il y a des règles qui doivent être suivies, qui doivent
fonctionner. Je pense qu'on ne devrait jamais accepter dans une loi que des
gens puissent se faire justice eux-mêmes, comme les compagnies le font
actuellement. Si elles ne veulent pas payer, elles ne paient pas. Il faut le
leur dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Dufour: Espérons que votre comité... Vous en
avez pas mal, des comités, par exemple. Vous allez travailler sur les
comités longtemps. Cela fait plusieurs comités, j'espère
que ce sont tous des bénévoles. Et comme de raison, personne
n'est payé là-dessus. Vous commencez à avoir pas mal de
comités, je ne sais pas quand on aura assez de réponses.
D'après mot, il va manquer de journées dans l'année pour
avoir les réponses de tous les comités. Espérons, dis-je,
que les comités finiront par aboutir et par donner de bonnes versions,
par rendre de bonnes décisions.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci clôt
les interventions à l'élément 1, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Si le ministre n'a rien à ajouter après
le plaidoyer que j'ai fait vis-à-vis de l'évaluation
industrielle, je lui dis que c'est lui qui possède la clef pour ouvrir
la porte. Cela ne donne rien de faire travailler des comités
indéfiniment. Vous l'avez la réponse. Ayez au moins le courage de
la donner et de l'écrire! Et on va vous aider à le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, pour conclure, parce qu'on a
eu droit à un long monologue du député de
Jonquière, je comprends la frustration du député de
Jonquière qui tente a posteriori de justifier le lourd héritage
qu'il a laissé à la ville de Jonquière, M. le
Président. Ses enfants et ses petits-enfants, peut-être, auront
à payer pendant plusieurs années les jugements qui pourront
être rendus éventuellement ou les règlements que la ville
de Jonquière sera obligée de faire pour ne pas être
condamnée à payer des dizaines et des dizaines de millions de
dollars en vertu des jugements qui pourraient être rendus sur la base de
celui qui a déjà été rendu.
M. le Président, le député de Jonquière dit
qu'il a négocié en se tenant debout. Je le concède. Mais,
malheureusement, ses successeurs, eux, seront è genoux quand ils auront
à payer pendant plusieurs années les
montants dus à la mauvaise gestion de la ville de
Jonquière. (16 h 45}
On pourrait poursuivre longtemps sur ce qui s'est passé. Je
continue à dire que le député de Jonquière est
très mal placé pour faire des remarques sur ce dossier et surtout
pour donner des conseils à ceux qui sont ici. Il a fait la preuve au
cours des années qu'il ne comprend pas vraiment très bien ce
qu'est l'évaluation foncière. Sa compréhension de ce
qu'est une évaluation est très limitée et il a une
perception du dossier qui fait en sorte que l'évaluation n'a plus aucun
sens. L'évaluation, pour lui, ce n'est pas la valeur probable des
immeubles à un moment donné, c'est le montant qu'on voudrait voir
donné à un immeuble pour satisfaire la gourmandise d'un maire qui
voudrait grossir son rôle d'évaluation. Alors, c'est toute une
différence. Je pense que ces points de vue sont absolument
inconciliables. Je renonce, M. le Président, à convaincre le
député de Jonquière. Il ne faut pas interférer de
façon indue dans un processus judiciaire ou même dans les
négociations qui pourraient actuellement se tenir.
M. le Président, je terminerai en disant simplement que dans le
jugement dont je parlais tout à l'heure qui concerne la ville de
Jonquière...
Une voix: Oui est en appel.
M. Bourbeau: ...et qui est en appe! -évidemment, je le
concède, parce que c'est la seule façon de ne pas payer - le
tribunal disait, au sujet de l'évaluateur municipal du
député de Jonquière: "Serions-nous tentés de
poursuivre cette analyse du travail effectué par l'évaluateur
municipal et son équipe pour dégager la valeur des immeubles en
cause qu'il s'agirait d'une oeuvre inutile et désolante. Le travail
effectué par ces experts, qu'il s'agisse de la première phase
conduisant au dépôt des valeurs inscrites au rôle ou celle
résultant des recommandations que l'évaluateur municipal a
formulées dans les étapes préliminaires en début
d'enquête, n'offre aucune ressemblance avec de l'évaluation
foncière." C'est le genre d'expert qui travaillait pour le
député de Jonquière...
M. Dufour: Il travaille encore.
M. Bourbeau: ...et c'est le genre d'expert qui a conduit à
des jugements qui menacent de mettre en péril la santé
financière de la ville de Jonquière pour des
générations et des générations. C'est ce qui me
fait conclure, comme je conclus encore, que le député de
Jonquière passera à l'histoire comme le grand banqueroutier de la
ville de Jonquière.
M. Dufour: Je vous ai dit ce que j'avais è dire ce matin.
Tant que vous ne le prouverez pas plus que cela, vous ne m'influencerez pas du
tout. Vous irez dire cela aux gens de Jonquière, qu'ils ne connaissent
rien, qu'ils ne sont pas intelligents et qu'ils ne voient rien, qu'ils n'ont
rien vu. Vous irez le prouver, à part cela, que la ville est en
banqueroute. Je vous mets au défi n'importe quand, mon siège
contre le vôtre. Ce n'est pas compliqué, cela. Vous êtes le
député de Laporte, vous pouvez prendre la porte plus vite que
vous ne le pensez.
Une voix: Ha! Franchement!
M. Dufour: Et vous avez le superbe défaut... On va en
parler de vos affaires, parce qu'on n'est pas au même niveau. Vous parlez
de la mairie, je ne me suis pas présenté maire quand je me suis
présenté au provincial, je me suis présenté
député. J'espère que vous allez comprendre cela un jour.
Je n'ai pas été voir ce qui s'est passé à
Saint-Lambert, il ne s'est rien passé probablement, comme ici. Vous
deviez dormir du sommeil du juste. Vous faites la même chose que le
ministre de l'Éducation, M. Ryan, vous nous distribuez des notes. Mais
les notes que vous nous distribuez, vous n'avez pas le talent de l'autre, donc
vous devriez vous abstenir. Dans le doute, abstenez-vousl
On va parler de vos bons coups. Vous savez comment fermer des villes,
vous autres! Vous connaissez cela. On vous a tenu pendant une semaine, dix ou
quinze jours. Je vais parler de Schefferville. Je vais vous en parler un petit
peu. Qu'est-ce qui se passe dans ce dossier?
Une voix: M. le Président!
M. Dufour: Qu'est-ce qui se passe dans le dossier de
l'évaluation? Vous aviez toutes les réponses, l'année
passée, avec votre assurance. Vous savez, il ne faut pas juste avoir la
face d'un enfant Jésus, il faut de temps en temps l'être. Je ne
vous dirai pas ce à quoi cela me fait penser à l'autre bout.
Qu'est-ce que vous avez fait dans le dossier de Schefferville? Expliquez-nous
donc cela! Il n'y a pas d'argent là-dedans? Il y a de l'argent
là-dedans d'engagé? Comment la question de Schefferville
fonctionne-t-elle? Cela prenait une loi d'urgence, c'était l'urgence
nationale. Qu'est-ce qui se passe dans ce dossier?
Une voix: Au point de vue de l'évaluation ou...
M. Dufour: II y a l'évaluation, bien sûr. II y a des
firmes qui ont été engagées, à qui on s
donné des contrats. Les évaluateurs qui ont été
engagés là sont bons. lls ont tout
décidé, tout le monde a accepté; ils ont tous
signé. Les caribous ont signé, mais le monde n'a pas
signé.
Une voix: On ne les a pas noyés.
Une voix: ...une marque, comme dans la loi 100.
Une voix: Ils ont manqué d'intelligence quand ils se sont
noyés.
Une voix: À quel élément sommes-nous?
M. Dufour: Encore sur l'évaluation, M. le
Président. On parle de la firme Evimbec et de la fermeture de
Schefferville, qui fait partie aussi du dossier et d'un dossier des Affaires
municipales.
Le Président (Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'élément 1?
M. Dufour: Je demande au ministre où en est rendu le
dossier de Schefferville. Il y a de l'argent de prévu quelque part, il y
a des contractants là-dedans? Il en a parlé ce matin.
M. Bourbeau: Est-ce que la question est pertinente à
l'élément où on est?
M. Dufour: Bien, c'est de l'évaluation. Contrats pour la
fourniture de services d'évaluation, de négociation, de
coordination, de représentations, d'acquisition de
propriétés à la ville de Schefferville. Je vous parle
d'évaluation, vous m'avez dit que je ne connaissais pas cela. Vous, vous
connaissez cela, expliquez-moi celai Je n'ai pas donné 50 %
d'augmentation au cours de l'évaluation. On négociait des
contrats et on les laissait fonctionner avec cela. Vous avez le rôle
élastique.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le dossier de Schefferville progresse normalement.
Vous savez qu'en vertu de la loi qui a été adoptée l'an
dernier, le ministre des Affaires municipales est autorisé, au nom du
gouvernement, à acquérir les immeubles soit de gré
à gré, soit par expropriation. Nous avons choisi la
méthode douce et nous procédons par achat de gré à
gré. Je dirai au député de Jonquière que cela
progresse tout doucement.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'élément 1?
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Sur quoi le ministre s'appuie-t-i! pour dire que le
dossier progresse normalement? Pour autant que je me souvienne - je fais appel
à ma mémoire, mais je suis sûr que c'est écrit
quelque part - le village était censé être fermé le
28 octobre 1986; tout devait être fini et démoli. En date du 26
mai, en date d'aujourd'hui, à 16 h 50, est-ce que toutes les
bâtisses sont démolies? Est-ce que la ville est fermée?
Est-ce qu'il y a encore des gens là-bas? C'était l'automne
dernier que cela devait être fermé. Vous me dites que cela
progresse normalement. Les gens font des pressions ou demandent que le dossier
continue. D'autres disent: Non, i! ne faut pas que cela ferme. Est-ce qu'il y a
eu des changements quelque part?
M. Bourbeau: M. le Président, le député a
mal compris. Je n'ai pas dit que le dossier procédait normalement, j'ai
dit que le dossier procédait tout doucement. Ce n'est pas la même
chose. Effectivement, le dossier progresse lentement, très lentement. Il
y a plusieurs raisons pour justifier cette lenteur dans le dossier. Ce n'est
pas la faute du ministère des Affaires municipales ou du ministre, c'est
qu'il y a eu de l'obstruction systématique qui a été
faîte dans le dossier, à commencer par celle de l'Opposition. Le
député l'a admis tout à l'heure, cela a bien mal
commencé, alors que l'Opposition nous a fait l'équivalent d'un
"filibuster" pendant de nombreuses journées en commission parlementaire.
Subséquemment, c'est le conseil municipal qui a voulu s'opposer d'une
façon extrêmement énergique aux décisions qui
avaient été prises par l'Assemblée nationale. Il a fait de
l'obstruction claire et évidente faisant en sorte que les fonctionnaires
du ministère des Affaires municipales n'avaient pas accès
à l'hôtel de ville; on faisait de l'intimidation à
l'endroit des envoyés du gouvernement, on incitait les citoyens à
ne pas négocier avec le gouvernement, etc., etc. Pendant ce temps, le
maire et les conseillers municipaux étaient payés grassement,
à même des fonds publics qui étaient à peu
près inexistants. Subséquemment, je dois dire qu'il est apparu
que la municipalité n'avait pas les moyens de payer les
échéances sur ses obligations qui étaient dues à
l'automne 1986. Devant cette situation, le gouvernement a dû intervenir.
Comme on s'en souviendra, la ville de Schefferville fut mise en tutelle; la
Commission municipale est intervenue et a rétabli un peu les finances
-je dis un peu parce que les finances de la municipalité
n'étaient pas en très bon état à ce moment - a fait
le paiement sur les obligations municipales, a fait en sorte que soit
préparé un budget pour l'année 1986, que les comptes de
taxes soient envoyés, etc., etc.
Pendant ce temps, les négociations se sont poursuivies avec les
avocats des
contribuables. Il me fait plaisir de dire que, depuis quelque temps, un
déblocage semble s'être produit dans les négociations, en
ce sens que nous recevons de plus en plus de télégrammes et de
communications de la part de citoyens qui disent: Nous voulons négocier,
nous vouions quitter la ville de Schefferville où il n'y a plus aucune
activité. Le maire de la municipalté a démissionné
récemment, n'ayant plus, semble-t-il, aucun appui ou presque pas. Les
indications que j'ai, c'est que les avocats des parties en cause nous ont
avisés que leurs clients sont très intéressés
à négocier avec le gouvernement de façon à pouvoir
quitter la ville de Schefferville. Je peux donc dire que j'ai bon espoir qu'au
cours des prochaines semaines, sinon des prochains mois, nous pourrons
constater que le dossier chemine d'une façon satisfaisante.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: J'écoute le ministre parler de l'obstruction
que l'Opposition a faite dans ce dossier. Ce serait à rire ou à
pleurer. Quand il nous parle d'obstruction, il faudrait peut-être qu'il
corrige son attitude, d'abord; ce serait déjà quelque chose. Il
faudrait aussi qu'il nous apporte les dossiers sur lesquels il s'appuie. Il
dit: On ne connaît pas cela des fermetures de villages. Il s'en est
déjà fermé et il y avait des gens en place pour donner des
suites. Selon les informations, pour la ville de Gagnon, il semble que cela se
soit fait un peu différemment. Les gens ont pu donner leur opinion.
Quand il parle de l'Opposition, rappelons-nous donc certains petits cas que je
veux vous signaler très rapidement. Dans le dossier de
Baie-Comeau-Hauterive, 264 heures de commission parlementaire. S'il n'y a pas
eu d'obstruction, si vous n'avez pas fait quelque chose pour empêcher la
formation de cette ville, s'il n'y a pas eu de résultats à cause
de votre obstruction et à cause des décisions et des discussions
qui ont eu lieu en commission parlementaire...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière...
M. Dufour: ...je ne sais pas de quoi je parle. Il a parlé
d'obstruction et de décisions. Parlons de Rouyn-Noranda, vous avez tout
fait pour l'empêcher.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, excusez-moi. J'aimerais, pour le bénéfice
des membres de la commission des deux côtés de cette table,
rappeler les règles de pertinence lorsque nous sommes en commission
parlementaire. L'article 211 de notre règlement stipule que tout
discours doit porter sur le sujet en discussion, soit l'élément 1
dans ce cas-ci. Il est quand même dit que, lors de l'étude des
crédits, il semble que cette règle soit appliquée sans
sévérité. Les interventions des membres peuvent se
rapporter à l'ensemble des activités d'un ministère pour
autant que ces interventions aient un lien avec un élément du
programme.
Je pense que j'ai été tolérant en tant que
président de la commission cet après-midi envers les membres des
deux formations politiques et j'ai laissé faire un peu les
écarts. Mais j'aimerais maintenant avoir la collaboration des deux
côtés pour en revenir à la pertinence de
l'élément 1. Je compte donc sur votre collaboration
habituelle.
M. le député de Jonquière, est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'élément 1?
M. Dufour: On parlait de l'élément, bien sûr,
mais plus précisément de la fermeture de Schefferville. Il y a eu
d'autres fermetures qui ont été faites sous d'autres
gouvernements, comme il y a eu des ouvertures, quelquefois aussi. Tout cela
peut se brasser dans le même... Cela adonne que c'est l'Opposition qui se
fait rappeler à l'ordre et qui se fait dire de rester dans la pertinence
du débat. Quand on m'ouvre une porte, c'est sûr que j'embarque
dedans; je ne serais pas correct si je ne le faisais pas. Il faut au moins que
je réponde à certains arguments que le ministre nous sert. Cela
aurait été aussi vrai dans le précédent dossier,
parce que la mairie de Jonquière et le gouvernement du Québec,
c'est pas mal différent, à mon point de vue. Le travail d'un
ministre et le travail d'un maire est fort différent. En tout cas, moi,
je suis prêt à accepter les règles du jeu.
Tout cela pour dire que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, excusez-moi, j'ai bien spécifié que mes
remarques...
M. Dufour: Oui, oui, c'est correct.
Le Président (M. Saint-Roch): ...s'adressaient aux membres
des deux côtés de cette table et que j'avais été
tolérant, en tant que président, envers les membres des deux
côtés.
M. Dufour: Je ne vous en veux pas. Je ne mets pas en doute votre
bon jugement, mais je voulais juste dire que, comme par hasard, c'est moi que
l'on rappelle à l'ordre.
Le Président (M. Saint-Roch): Non. J'ai fait une remarque
qui s'adressait aux membres des deux côtés de cette table.
Nous en sommes à l'élément 1, Normalisation et aide
technique.
M. Dufour: Bon. L'aide technique qui a été
apportée dans le dossier de Scheffervilie est payée par ces
programmes. Donc, il y a de l'aide technique qui a été fournie.
Ce matin, le président de la Commission municipale nous a dit que
celle-ci intervenait dans le dossier. Le ministre des Affaires municipales
intervient par une firme-conseil d'évaluateurs. J'espère que ce
sont des bons, ceux-là - ce sont les siens. Cette firme a eu 200 000 $
et il y a un autre montant de 100 000 $. Ils sont bons pour évaluer,
mais ils ne sont pas bons pour négocier, parce qu'une autre personne a
été engagée pour mener la négociation. On est rendu
à 350 000 $. Et, ce serait la faute de l'Opposition. (17 heures)
Moi, je n'ai jamais mis les pieds à Scheffervilie, je ne connais
pas cela du tout. Il y a quelque chose qui ne marche pas dans le coin et le
ministre nous dit: Oui, on a choisi la méthode douce. Cela ressemble
à de l'engourdissement parce que cela aurait dû se décider
et être fermé le 28 octobre, l'année passée, selon
les propos que le ministre nous tenait au mois de juin 1986. Donc, ces
contrats-là est-ce qu'ils achèvent? Vont-ils continuer? Est-ce
qu'il va y avoir des renouvellements?
Tant mieux si des gens sont d'accord et que cela va bien. Je ne souhaite
pas mieux que cela. Contrairement à ce que le ministre prétend,
je n'ai rien contre cela si les gens s'entendent et si les gens sont heureux.
C'est pour cela que j'essaie de faire le travail. Si vous me dites que cela va
bien, voyez-vous le jour où cela va se terminer?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la firme qui a
été engagée dans le dossier de Scheffervilie, la firme
Evimbec, a été engagée pour la simple raison que
c'étaient les évaluateurs de la ville de Schefferville depuis
plusieurs années, avant que le présent gouvernement soit
élu. Il aurait été ridicule et certainement pas de bonne
gestion publique d'aller engager une autre firme d'évaluateurs qui
n'auraient pas eu, entre leurs mains, les dossiers d'évaluation de cette
municipalité et qui auraient dû recommencer toutes les
évaluations à neuf.
Nous avons, donc, procédé de la seule façon
intelligente, je pense, et respectueuse d'une bonne compréhension de la
gestion publique en reconduisant, si je peux dire, le mandat d'Evimbec comme
évaluateurs de la ville de Schefferville. Les individus qui ont
négocié et dont parlait tout à l'heure le
député de Jonquière ont été engagés
par la firme Evimbec et non pas par le ministre ou par le gouvernement du
Québec.
Pour ce qui est des montants du budget, effectivement, une somme de 350
000 $ a été engagée et, à ce jour, on me dit que
les sommes dépensées sont de 237 095 $.
M. Dufour: Peut-être qu'actuellement vous prévoyez
une date limite où cela va se terminer.
M. Bourbeau: M. le Président, la loi qui a
été votée par l'Assemblée nationale ne donne pas de
date limite. On dit que le ministre est autorisé à
acquérir de qré à gré ou par expropriation. Nous
avons choisi la méthode de gré à gré comme
étant plus respectueuse, je crois, des citoyens. Nous ne voulons pas les
exproprier de force. Nous leur donnons le temps de réfléchir et
nous ne voulons pas bousculer les citoyens de Schefferville. Alors, nous leurs
avons fait savoir que nous étions disposés à
négocier de gré à gré et les négociations se
poursuivent. À ce jour, il y a eu des règlements, des gens qui
ont accepté les règlements, qui ont négocié les
règlements avec le gouvernement. D'autres règlements sont
imminents. Et nous allons procéder comme cela, M. le Président,
tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas terminé l'acquisition des
immeubles.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'élément 1? M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: II faut bien expliquer et, en douce, je finis par
comprendre aussi ce que cela veut dire: tant que le monde n'est pas
essoufflé, on laisse durer le problème et le plaisir.
Actuellement, j'ai bien compris que, parmi ces gens-là, plusieurs ont
été obligés de s'expatrier, donc, leur maison demeure
à peu près à l'abandon. Il y a des gens là-dedans
dont l'évaluation a diminué d'une façon assez importante
et, quand les gens vont voir qu'il n'y a plus rien, ils vont finir par
s'essouffler et par abandonner.
C'est peut-être une nouvelle façon de trouver à
négocier: on laisse tous les problèmes pourrir et, quand c'est
pourri, il n'y a plus qu'à les arracher ou à les laisser tomber.
C'est comme une dent creuse, on ne la remplit pas, on la jette.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le député n'a
pas raison quand il dit que les propriétés se
détériorent et que les gens avec le temps ont des offres
inférieures à celles qu'ils auraient eues plus tôt. Nous
n'évaluons pas les immeubles au moment où nous discutons avec un
individu; tout se fait par rapport à une date donnée, à
une date de référence qui est la même pour tout le monde.
Je
signale au député que, si les évaluations ont
baissé en 1986, le gouvernement du Québec n'y est pour rien. La
fermeture de la mine de Schefferville, qui est l'événement qui a
causé le drame que l'on connaît pour cette
municipalité-là, n'est pas le fait du gouvernement du
Québec. C'est une compagnie privée, l'Iron Ore Company of Canada,
qui a décidé un jour de fermer la mine précipitant ainsi
la municipalité dans une situation financière difficile. Les
citoyens n'ont plus de travail, non pas à cause du gouvernement, mais
à cause de la fermeture de la mine. Tout ce que nous faisons, c'est
venir au secours des gens, à l'aide de ces gens-là qui n'ont plus
de travail et qui doivent partir, en leur disant: Nous allons vous payer un
montant qui est raisonnable.
Tout le problème se situe là, M. le Président. Il
s'agit de se demander: Combien pouvons-nous payer à même les fonds
publics pour des résidences qui ont été achetées 1
$ après la fermeture de la mine dans la plupart des cas? Je vous signale
que, pour au-delà de 90 % des cas, il s'agit de résidences qui
ont été achetées un an, deux ans, trois ans et même
quatre ans après que la mine eut été fermée et que
l'évaluation foncière eut passé de 30 000 $ à 40
000 $ à 5000 $ ou 6000 $ par maison. Est-ce que moi, je serais
justifié, est-ce que le gouvernement serait justifié d'aller
payer 60 000 $ ou 70 000 $ pour des résidences qui ont été
achetées 1 $ il y a un an, il y a deux ans, alors qu'elles ne valaient
pas plus que cela?
Il faut bien réaliser que la compagnie Iron Ore se trouvait avec
quelques centaines de maisons sur les bras après la fermeture de la
mine, qu'elle devait payer des taxes foncières à la
municipalité pour ces maisons-là, qu'elle devait les chauffer,
les entretenir et que ces maisons-là étaient vides. La mine
cherchait des acheteurs, M. le Président. Elle était prête
à payer, à donner les maisons pour 1 $ à qui en voulait
pourvu qu'on débarrasse la compagnie de sa responsabilité de
payer les taxes foncières, de ses responsabilités de chauffer ces
maisons-là et de les entretenir. Combien pouvons-nous ou devons-nous, en
contrepartie, payer pour ces résidences? La question est
posée.
Quant à moi, je refuse de payer 60 000 $ ou 70 000 $ pour des
maisons qui ont été achetées 1 $. Je ne pense pas que je
pourrais prétendre être un bon administrateur des fonds publics si
je me prêtais à cette moquerie de l'administration publique qui
consisterait à payer la pleine valeur marchande que cette maison
pourrait avoir si elle était située à Jonquière ou
si elle était située...
M. Dufour: À Paris.
M. Bourbeau: ...à Montréal.
M. Dufour: Ce serait mieux si elle était située
à Paris. Cela pourrait permettre de la louer quand vous allez dans le
coin.
On n'a jamais dit combien vous devriez payer. On a posé un
certain nombre de questions en Chambre par rapport à cela. Vous nous
avez tellement mêlés qu'on n'a rien compris. C'est vrai que vous
ne connaissiez pas l'évaluation. À un moment donné, vous
avez dit: On va payer de telle façon. Plus tard, vous avez dit: On va
payer d'une autre. Il faut se souvenir de cela. Ce n'est pas nous autres qui
avons dit que c'était facile de fermer un village. Vous avez dit, en
commission parlementaire: Cela me prend une loi et il faut que cela fonctionne,
et cela va fonctionner. Personne, dans l'Opposition, n'a prétendu que
c'était facile de régler ces problèmes-là. Nous
autres, on vit avec le monde. On regarde ce que le monde fait. On
écoute. C'est sûr que, quand on est dans l'Opposition, on
écoute peut-être un petit peu plus. Mais ne nous dites pas que
c'est nous autres qui vous avons dit que cela allait être facile de
régler cela. C'était votre problème. Si, demain matin,
vous vous dédouanez, comme vous êtes en train de le faire, d'une
part en disant: Les compagnies, ce n'est pas leur faute, ce n'est pas la faute
du gouvernement du Québec, ce n'est pas la faute des gens qui sont
concernés; c'est la faute à qui? Pourquoi a-t-on un gouvernement?
II me semble que c'est là que le gouvernement doit agir. Ce n'est pas
quand c'est la faute de quelqu'un. Quand c'est la faute de quelqu'un, on sait
ce qu'il a fait. On intente une poursuite et on lui dit: Cela te coûte
tant. Ça, c'est la faute d'un individu par rapport à un autre. Je
ne vous donnerai pas de cours de droit, mais il me semble que c'est clair comme
de l'eau de roche, ce que je dis. Vous dédouanez la compagnie, vous
dédouanez le gouvernement et, là, c'est la charité
publique.
Il faut bien comprendre à ce moment-là que le dossier n'a
pas fonctionné parce que ce n'était pas votre faute. Vous me
dites que ce n'était pas votre faute. C'était juste la faute de
l'Iron Ore. Mais y a-t-il quelqu'un, à un moment donné, qui va
décider que quelqu'un... Pourquoi êtes-vous allés là
si ce n'est la faute de personne? Vous jetez l'argent du public dans le feu.
Une action a été intentée. Vous nous avez dit: Cela va
aller vite. Là, je vous pose la question: Quand cette opération
va-t-elle se terminer? Il semble que, là comme ailleurs, vous n'avez pas
de réponse. Vous avez encore un comité là-dessus. Ce n'est
pas des bénévoles, par exemple. Est-ce qu'il y aura d'autres
sommes d'injectées pour compléter le dossier de
Schefferville?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, on fonctionne avec le budget
qui a été voté par le gouvernement lors de l'adoption de
la loi, l'an dernier. Présentement, il n'y a pas d'autres crédits
prévus. Il n'y a rien qui nous indique, présentement, en tout
cas, que nous aurons besoin de crédits additionnels, mais je ne peux pas
prévoir ce que nous réserve l'avenir.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
M. Dufour: Continuez l'appel des programmes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que
l'élément 1 est considéré comme clos?
M. Dufour: Ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'élément 2 qui est la compensation tenant lieu de taxes à
l'égard des immeubles du gouvernement.
Compensations tenant lieu de taxes
M. Dufour: C'est un peu la question que je posais ce matin.
Compensation tenant lieu de taxes à l'égard des immeubles du
gouvernement, c'est sensiblement le même montant d'une année
à l'autre. Je sais que c'est basé - vous ne me
répéterez pas l'information de ce matin - sur certains
critères que je connais un petit peu pour les avoir lus. Comment peut-on
arriver à peu près aux mêmes formules? Ça veut dire
qu'il n'y a pas eu d'augmentation, de constructions nouvelles, qu'il ne s'est
rien produit. Il n'y a pas eu d'augmentation d'évaluation parce que
c'est basé sur les coûts des services, etc. Rien ne s'est produit
dans tout ça pour arriver au même montant? Parce qu'à 18
000 000 $, si on joue juste de 2 %, ça représente quelques
centaines de milliers de dollars de plus et là, on ne les voit pas.
Est-ce à cause des contestations de la SHQ qui font baisser tout
ça ou quoi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: II y a une augmentation dans le budget. Il y a une
variation de 532 000 $. Le député dit qu'il n'y a pas
d'augmentation.
M. Dufour: De 18 153 000 $ à 17 945 000 $, ça fait
200 000 $. C'est quoi, l'augmentation des taxes au Québec cette
année? Ça doit se ramasser bien plus entre 4 % et 6 % qu'à
3 % et 2 %.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, les crédits pour
l'année 1987-1988 ont été établis en
considérant un pourcentage de croissance de 3 % pour l'ensemble des
municipalités sauf pour Québec où c'est 4 % et
Montréal où c'est 9,4 %, basé sur les compensations
versées à même le budget 1986-1987.
M. Dufour: Mais les taxes pour les immeubles du qouvernemenf? Ce
sont les immeubles du réseau des affaires sociales, j'imagine, ce que
vous venez de me donner.
M. Bourbeau: Ce sont les immeubles du gouvernement
eux-mêmes.
M. Dufour: Est-ce que je donne les bons chiffres en disant que,
pour 1987-1988, c'est 18 153 900 $ et en 1986-1987, de 17 945 800 $? Je parle
de l'élément 2. C'est le programme 3, élément 2.
Est-ce qu'il y a des montants ailleurs que ça?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (17 h
15)
M. Bourbeau: En ce qui concerne les immeubles du gouvernement,
les chiffres concernant les transferts pour l'année 1986-1987 sont de 17
400 000 $, et pour l'année 1987-1988, de 17 900 000 $, ce qui fait une
augmentation de 532 000 $. La variation vient du fait que les services
professionnels administratifs et autres qui sont inhérents â
l'élément 2 pour l'année 1986-1987 étaient de 514
000 $. Les taxes de services des immeubles de la SIQ, qui étaient
payées par nous autrefois, sont maintenant payées par la SIQ
elle-même de sorte que le montant diminue à 190 000 $ pour
l'année 1987-1988, faisant une variation en moins de 324 000 $. Ces 324
000 $ viennent réduire d'autant les 532 000 $ dont je parlais
tantôt pour montrer, finalement, une variation de 208 000 $. En fait, la
variation en ce qui concerne les transferts est de 532 000 $. Donc, exactement
3 % d'augmentation.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Dufour: Les réseaux, il n'y a pas de SIQ
là-dedans. C'est vraiment le ministère. C'est l'explication que
vous m'avez donnée tantôt. Le 2, le 3, le 9 et le 7.
M. Bourbeau: Mêmes pourcentages, M. le
Président.
M. Dufour: C'est plus facile à savoir.
M. Bourbeau: Les mêmes pourcentages pour tous les
immeubles.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres questions
à l'élément 2?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Peut-on considérer
l'élément 2 comme clos?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'élément 3 qui est: Compensation tenant lieu de taxes sur les
immeubles des réseaux des affaires sociales et de
l'éducation.
M. Dufour: Je n'ai pas eu connaissance que j'avais posé ma
question à l'élément 3. C'est correct.
Le Président (M. Saint-Roch): Peut-on considérer la
discussion à l'élément 3 comme
complétée?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'élément 4: Compensation de l'effet de plafonnement des taxes
foncières sur les terres agricoles. Y a-t-il des interventions? M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Encore là, cela doit être technique,
évidemment, mais il n'y a pas un sou de différence. C'est
difficile à expliquer. Il y a une norme établie. Il n'y a pas de
terres qui disparaissent, rien ne change, tout se fait pareil.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Dufour: II n'y a pas un sou de différence.
M. Bourbeau: M. le Président, le montant qui est
prévu pour l'année 1987-1988 est de 14 000 000 $ et, pour
l'année dernière, c'était le même montant.
Maintenant, je signale que, pour l'année dernière, nous avons
payé - l'année se terminant le 31 mars 1987, donc l'année
écoulée - 13 293 749,78 $. C'était le montant final que
nous avons payé. Sur la base de ces paiements, nous estimons que le
montant de 14 000 000 $ que nous avons prévu pour l'année
courante devrait être suffisant.
M. Dufour: Quand il y a une évaluation, il peut y avoir
des crédits périmés. Est-ce la place pour abaisser le
déficit gouvernemental ou si c'est la place où vous pouvez piger
pour faire d'autres actions, pour régler d'autres sortes de
problèmes, ou si c'est coulé dans le béton et que ce qui
est dans un programme demeure dans le programme?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Quand les fonds ne sont pas dépensés,
à la fin de l'année, ils retournent au fonds
consolidé.
M. Dufour: Peut-il arriver qu'au cours de l'année vous
changiez la destination quand vous voyez que vous n'êtes pas pour les
dépenser'? Pouvez-vous demander un transfert des crédits à
ce moment?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La technique qui est employée par le
gouvernement depuis les nouvelles directives du ministère des Finances
est de tenter de payer dans une année donnée tous les comptes qui
deviennent échus dans cette année là afin de ne pas donner
une fausse image de la situation financière du qouvernement en
pelletant, si je peux dire, sur l'année suivante des dépenses qui
auraient été encourues dans une année donnée. Pour
ce faire, les directives sont d'utiliser tous les fonds disponibles dans les
postes budgétaires et de ne pas périmer dans des postes
budgétaires des fonds qui pourraient être utilisés pour
payer les dépenses qui ont été occasionnées. De
cette façon, quand on utilise ces fonds, on a une idée juste et
exacte de la situation financière du gouvernement. C'est ce que nous
tentons de faire. Pour ce faire, lorsque des fonds subsistent dans un poste
budgétaire à la fin de l'année, on peut faire des
virements. Ces virements exigent le consentement du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 4? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je remarque juste une difficulté. L'an
passé, on avait sûrement un peu plus d'explications sur les
changements qui étaient apportés dans les postes. C'était
un peu plus complet. On a ici une copie des explications qu'on avait. Les
variations étaient expliquées, chacune en particulier; là,
on est obligé de poser des questions. C'est peut-être mieux comme
cela. Si on ne pose pas de questions, on n'aura pas les explications ni les
informations. Cela aurait pu éviter un certain nombre de questions. Cela
va.
M. Bourbeau: Cela aurait été moins
intéressant, M. le Président.
M. Dufour: Peut-être. On verra. L'histoire vous jugera.
Vous me rappelez souvent mes envolées où je dis: Par rapport
à l'histoire. Elle portera jugement aussi sur vous, comme elle pourrait
en porter sur moi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 4?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'on peut
considérer la discussion comme close à l'élément
4?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'élément 5 qui est Services quasi judiciaires en
évaluation foncière. M. le député de
Conquière.
Bureau de révision de l'évaluation
foncière
M. Dufour: Je veux juste essayer de résumer toutes les
discussions qu'on a eues sur l'évaluation. Le ministre disait:
L'évaluation foncière est une science juste. Moi, j'appelle cela
une science qui n'est pas juste, pour avoir vécu et travaillé
avec ce système pendant de nombreuses années et pas juste avec
une catégorie d'évaluateurs, j'en ai connu d'autres aussi, des
évaluateurs municipaux. Ils n'ont pas toujours été les
mêmes.
Donc, ce n'est pas une science si juste que cela parce qu'on est
obligé d'avoir un service quasi judiciaire en évaluation
foncière. Cela veut dire que l'évaluation est une science qui
peut évoluer quand on veut qu'elle évolue et qui peut être
contestée aussi. La preuve, c'est qu'il y a 5 172 000 $ pour ce
programme.
Donc, actuellement dans le service, est-ce qu'il y a encore du travail
qui se fait sur l'uniformisation des évaluations au point de vue du
Québec? Je sais qu'il y avait des cahiers de normes pour évaluer;
on trouvait des normes. Cela avait tendance è faire cette uniformisation
des techniques, etc. Est-ce que ce programme continue? J'imagine que c'est dans
votre dossier.
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: C'est dans ce dossier-là.
M. Bourbeau: M. le Président, puisqu'on est è
l'élément 5 qui est, en fait, le budget du Bureau de
révision de l'évaluation foncière, j'aimerais signaler la
présence, à mes côtés, de Me Christian Beaudoin, qui
est le président adjoint du Bureau de révision de
l'évaluation foncière. Si le député de
Jonquière veut poser des questions à M. le président, je
n'ai absolument pas d'objection è ce qu'il répande, surtout s'il
s'agit de questions qui traitent de la technique d'évaluation. Je crois
que c'est le temps de les poser. On a quelqu'un qui peut répondre, M. le
Président, mieux que M. le député de Jonquière et
peut-être même mieux que le ministre à ces questions
complexes.
M. Dufour: Sûrement mieux que le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Dufour: Ma question était déjà
posée. Je ne souffre pas de complexe d'infériorité.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Pour la bonne marche de nos débats, est-ce qu'il y a
consentement à ce que M. Beaudoin...
M. Dufour: Est-ce que je dois répéter ma question,
Me Beaudoin?
M. Beaudoin (Christian): Non, non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, si vous le permettez, pour que tout soit conforme et
légal, est-ce qu'il y a consentement pour que M. Beaudoin...
M. Dufour: Oui, oui, oui. Bien oui.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement. M. le
député de Jonquière, vous avez la parole.
M. Dufour: J'ai posé ma question sur la tendance ou
l'orientation que le ministère ou le Bureau de révision de
l'évaluation foncière avait prise pour trouver des normes dans
tout le Québec, dans certains domaines. Je sais que ce travail n'est pas
terminé. Est-ce que ce travail continue?
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Beaudoin.
M. Beaudoin: Si vous vous référez au manuel
d'évaluation - j'imagine que c'est ce à quoi vous faites allusion
- cela relève plutôt des services techniques et non pas du bureau.
Mais je sais que c'est appliqué dans toute la province par les
évaluateurs, normalement.
M. Dufour: Vous faites partie du BREF, donc, le bureau qui a pour
fonction d'écouter les plaintes.
M. Beaudoin: Oui, exactement.
M. Dufour: Actuellement, est-ce que vous avez beaucoup de
plaintes auxquelles vous n'avez pas donné réponse? Je sais que,
dans le passé, par exemple, dans la région de Montréal, il
y avait... Est-ce que vous êtes du BREF de Québec ou de
Montréal ou si vous êtes rattaché aux deux? Vous êtes
ici à Québec.
M. Beaudoin: Je suis de la section de Québec. Me Genest,
de la section de Montréal, n'est pas ici aujourd'hui.
M. Dufour: Vous êtes capable de donner la réponse
pour les deux. Combien y a-t-il de plaintes auxquelles on n'a pas encore
répondu depuis deux ans, trois ans? Est-ce qu'il y en a encore qui se
poursuivent?
M. Beaudoin: Peu. Il y a eu un retard assez important qui a
été pris à un moment donné. Les deux sections ont
donné une poussée de rattrapage. Il s'agit uniquement des grosses
plaintes. Je dois mentionner qu'il n'y a jamais eu de retard pour les petites
plaintes. Dans les grosses plaintes, il y a eu une poussée de
rattrapage. Cela sièqe de façon très intense depuis un
certain temps. À la fin de cette année, 1987, toutes les plaintes
de 1985 auront été entendues. Une bonne partie, sinon toutes les
plaintes de 1986, le seront aussi, mais, seul l'avenir le dira. On parle
uniquement de la région de Montréal à ce moment-ci, car,
en ce qui concerne le reste de la province, tout est entendu, tout est à
jour.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Dans la majorité des plaintes qui sont faites,
est-ce que vous êtes capable de déceler un certain nombre de cas
qui causent des problèmes? J'imagine que votre travail ne consiste pas
seulement à porter des jugements sur une évaluation. J'imagine
que vous devez faire des statistiques pour pouvoir déterminer si
vraiment il y a des problèmes en ce qui touche les évaiuateurs.
Vous ne faites pas que porter un jugement de valeur sur ce qui se passe sur le
terrain. S'il y a dix endroits quinze endroits ou cinquante endroits où
c'est toujours le même problème qui se pose, vous vous interrogez
à ce sujet, sans doute? Est-ce que votre mandat va aussi loin que de
déterminer des types de plaintes ou de faire des statistiques quant
è ces plaintes?
M, Beaudoin: On tient notre mandat de la Loi sur la fiscalité
municipale et le mandat est clair. On doit agir de façon judiciaire,
c'est-à-dire régler chacune des plaintes à son
mérite. Cela, c'est notre mandat. Si le bureau décèle,
à un endroit, des difficultés qui peuvent survenir ou des
difficultés qui sont semblables un peu partout - reférons, par
exemple, au dossier concernant la MIUF; il y a aussi d'autres exemples -
à ce moment-là, le bureau va essayer de faire des causes types.
Il va tenter de recourir aux services de personnes habilitées à
intervenir et à porter un jugement pour recueillir la meilleure preuve
possible. On établira un banc de cinq membres ou un banc de trois
membres pour rendre un jugement sur lequel les autres personnes pourront
s'appuyer pour régler des problèmes de même nature.
M. Dufour: Quand un commissaire seul siège dans une cause,
êtes-vous en train de me dire qu'il ne peut pas donner son jugement
à moins que son jugement n'ait été contrôlé
ou examiné par l'ensemble du banc ou est-ce que le commissaire peut
rendre seul, son jugement dans une cause?
M. Beaudoin: Si un commissaire siège seul, il rend seul
son jugement. Il peut consulter, mais c'est lui qui a l'entière
responsabilité de la décision.
M. Dufour: Vous occupez une fonction à peu près
judiciaire, c'est ce que vous dites, mais ce ne sont pas que des avocats qui
font partie du bureau?
M. Beaudoin: Non, il y a des évaluateurs.
M. Dufour: Bon, il y a des évaluateurs. L'avocat doit
être forcément un évaluateur, si je comprends bien?
M. Beaudoin: II y en s deux qui sont, en même temps,
évaluateur et avocat. Il s'agit de Me Desjardins et Me Besré.
M. Dufour: II est là?
M. Beaudoin: II est encore membre du bureau, à temps
partiel.
M. Dufour: Je pensais qu'il était temporaire, juste pour
certaines causes. Donc, les jugements qui se portent sont des jugements
d'évaluateurs.
M. Beaudoin: II y a des questions de droit.
M. Dufour: À moins que quelqu'un n'ait une formation
juridique... Je veux bien accepter que des gens me disent que je n'ai pas une
compétence d'évaluateur, je n'ai pas de diplôme
d'évaluateur. Je ne pourrais pas agir comme évaluateur, cela
prend le diplôme pour le faire. L'évaluateur qui porte
un jugement. Ce n'est pas un jugement porté par un juge en droit;
c'est plutôt un jugement d'évaluateur.
M. Beaudoin: Oui, il faut que ce soit une cause qui porte sur la
valeur. Ce que je voulais dire, c'est qu'il y a des causes qui portent sur des
exemptions ou sur des points de droit. À ce moment-là, c'est
l'avocat qui va prévaloir. Il y a des causes qui portent sur la valeur,
les techniques d'évaluation et, à ce moment-là, elles sont
réglées par des références à la doctrine en
évaluation.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a beaucoup d'appels, à votre
connaissance, des causes traitées par les bureaux de révision? Ce
sont de petites causes et j'imagine qu'il n'y en a pas tellement.
M. Beaudoin: Non, il n'y en a pas tellement. Si on parle de
pourcentage - c'est très imprécis, ce que je vais vous dire - je
pense qu'à un moment donné cela donne quelque chose comme 5 %,
peut-être moins. (17 h 30)
M. Dufour: Oui iraient en appel.
M. Beaudoin; Oui.
M. Dufour: Dans les grosses causes?
M. Beaudoin: C'est cela, dans les grosses causes.
M. Dufour: Dans les grosses causes. Donc, 5 % iraient en appel.
Cela veut dire que les autres sont acceptées ou acceptables.
M. Beaudoin: Peut-être que je vous induis en erreur. Je ne
sais pas si c'est 5 % des grosses causes ou 5 % de toutes les causes en
général, En majorité, ce sont les grosses causes,
effectivement, qui sont portées en appel.
M. Dufour: Je prends bonne note de ce que vous me dites à
savoir que vous êtes en train de rattraper le retard. Ce n'est pas la
première fois que je l'entends dire, mais cela devrait être vrai
cette fois-ci. II y a deux ans, on en a entendu parler et je pense que cela ne
dépend pas juste du ministre. Je pense que bien des choses entrent en
ligne de compte. Je ne porterai surtout pas de jugement par rapport à
cela. Je sais aussi qu'au début il y a eu plus de causes parce que les
gens ne connaissaient pas... Des mesures correctives qui ont amené moins
de dépendance, afin que les gens aient moins souvent de causes. Il y a
eu une bonne discussion sur les distances à parcourir pour se rendre aux
bureaux de révision. Vous siégez en régions, parfois. Il y
a ce problème des distances entre les bureaux... Est-ce que vous avez
souvent des rapports de juges sur le fait que des gens laissent tomber à
cause des distances et que les gens ne se sont pas présentés?
M. Beaudoin: Non. Je dois dire que, de ce côté, cela
fonctionne très bien. En général, on siège dans les
palais de justice ou dans les centres d'administration. Même en
régions éloignées où le palais de Justice ou le
centre d'administration est loin, on a établi des points d'audition plus
nombreux. Dans la province, on a au-delà de 70 points d'audition, ce qui
fait que cela ne présente pas de difficulté.
M. Dufour: Cela fait plusieurs années que vous faites ce
travail?
M. Beaudoin: Personnellement?
M. Dufour: Oui.
M. Beaudoin: Depuis 1979.
M.Dufour: Depuis 1979? Est-ce que, dans votre esprit, il y a des
changements à apporter à des choses ou à la loi dans
laquelle vous évoluez? Vous avez le droit de répondre ou de ne
pas répondre. Techniquement - je ne dirai pas politiquement, cela
regarde le ministre, bien sûr - est-ce que vous pensez que, si les
mesures d'évaluation données aux évaluateurs
étaient meilleures, mieux identifiées, cela serait de nature
à enlever de la contestation?
Une voix: J'invoque la pertinence. M, le Président, c'est
non pertinent au débat qu'on mène actuellement. On n'est pas en
mesure de prolonger la consultation.
M. Dufour: Je pense que les gens qui viennent à la
dernière minute pour faire des points de droit...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de...
M. Dufour: Vous m'avez dit que ce n'est pas pertinent. C'est sa
"job".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, si vous me permettez de rendre la décision... M. le
député de Jonquière a commencé son affirmation en
spécifiant qu'il parlait strictement du côté technique.
Tant et aussi longtemps qu'on reste technique, on reste dans la pertinence du
débat. Vous pouvez poursuivre, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour. Je pense que je m'adresse à quelqu'un...
M. Beaudoin: Le bureau essaie...
M. Dufour: ...qui a bien écouté la question.
M. Beaudoin: ...et, de plus en plus, réussit - on le voit
dans nos relations avec nos évaluateurs - à être plus
cohérent dans ses décisions pour donner l'heure juste aux
évaluateurs de façon générale. Par exemple, vient
de paraître le troisième volume de l'annuaire de jurisprudence du
bureau qu'on édite maintenant chaque année, qui semble être
fort utile aux évaluateurs pour leur donner des instructions - non, je
n'airne pas le terme "instructions" - pour leur donner des indications quant
à la façon de faire et à la façon qui sera
acceptée par le bureau. Quant au reste, on laisse aux
législateurs ou au gouvernement le soin de prendre les décisions
politiques qui s'imposent.
M. Dufour: Cela va. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Me Beaudoin. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions à l'élément 5? Est-ce
qu'on peut considérer la discussion sur l'élément 5 comme
close?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 3
est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Administration générale
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant le
programme 4, Administration générale, élément 1,
Direction. Est-ce qu'il y a des interventipns à l'élément
1?
M. Dufour: Oui.
Le Président (Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En fait, je pense qu'on va le prendre globalement. Le
sujet que je veux soulever, c'est celui de la police municipale. J'ai dit, l'an
dernier, lors de l'étude des crédits, qu'il y avait un dossier et
on m'a dit que pour ce dossier, on y trouverait réponse au cours de
l'année. Cela a été repris, en grande partie, par le
procureur, mais cela a été aussi un dossier qui a fait l'objet de
certaines déclarations de la part du ministre des Affaires municipales
et surtout des administrations municipales comme telles. Donc, le dossier de la
police devait se régler assez rapidement; tout le monde avait
donné son point de vue. Les décisions devaient se prendre
rapidement. Donc, il semblerait, tout de même, que dans cela il y a des
gens qui continuent à se poser des questions. Ils n'ont pas eu
nécessairement de réponse. Est-ce que le dossier de la police
fait encore l'objet de préoccupation de la part du ministre des Affaires
municipales?
Le Président (Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, avant de répondre
à la question du député de Jonquière, je vais
corriger un peu sa méthodologie. Poser la question, c'est très
facile. Le député dit: Le ministre a affirmé telle et
telle chose; il a dit que cela se réglerait vite. Cela ne se
règle pas vite, donc... Il y a un problème dans la logique du
député; c'est que ses prémisses sont fausses.
Évidemment, la conclusion est fausse aussi. Je n'ai jamais dit que le
dossier de la police se réglerait rapidement; donc, je corrige le
député de Jonquière.
M. Dufour: II n'y a rien qui se fait rapidement.
M. Bourbeau: Cela étant dit, le dossier progresse. C'est
un dossier qui est piloté par le Solliciteur général. Le
député verra, au cours des prochaines semaines ou des prochains
mois, comment évoluera le dossier.
Le Président (Saint-Roch): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quand je dis: Cela se fait rapidement, avec le
ministre, le connaissant comme je le connais, il n'y a rien qui se fait
rapidement, cela est clair. C'est vrai que, de ce côté-là,
je n'étais pas correct en disant qu'il avait dit que cela se
réglerait rapidement. Je me demande même s'il a dit quelque chose
par rapport à cela.
Il y a assurément le Solliciteur général qui est
impliqué. II y a aussi d'autres personnes qui, à mes yeux, sont
impliquées, si on parle des conventions collectives des policiers et des
relations du travail. Il y a sûrement aussi d'autres personnes
d'impliquées dans le dossier. Donc, l'information que vous me donnez,
c'est que cela va se régler un jour.
On parlait d'arbitrage, par exemple. Il n'a pas besoin de régler
tout le dossier de la police. Le dossier de la police, c'est une histoire,
c'est quelque chose. Quel est le nombre de citoyens requis dans une
municipalité pour avoir droit à un corps policier? Si je vous
posais la question au point de vue de l'arbitrage, est-ce que, à la
suite des rapports Robillard et Parizeau, vous commencez à vous orienter
ou à prendre une décision par rapport à cela? Je pense que
ce n'est pas le Solliciteur général qui est concerné
là-dedans.
Le Président (Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, le Solliciteur
général s'occupe du dossier de la réforme des structures
de la police, alors que le dossier des relations du travail, le
député de Jonquière l'aura deviné, c'est un dossier
qui est entre les mains du ministre du Travail.
Là encore, des consultations ont lieu entre le ministre du
Travail, les unions municipales et le ministère des Affaires municipales
aussi. Je pense que, si le député de Jonquière veut
patienter encore quelques mois, éventuellement, il aura des
réponses à ses questions.
Le Président (Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous me dites que tout le monde en parle, mais je ne
sens pas de volonté politique quelque part pour trouver une solution. Je
comprends que tout le monde en parle, cela fait des années qu'on en
parle. Je ne peux pas reprocher au ministre de ne pas prendre une
décision aussi rapidement que les administrateurs municipaux l'auraient
voulu, mais un dossier, plus il dure, plus il y a des chances qu'on soit
près d'une solution.
C'est évident que sur le problème des relations du travail
comme telles, le ministre du Travail a des choses à dire mais le
ministre des Affaires municipales a sûrement une volonté à
exprimer quelque part. Est-ce que vous êtes aussi préoccupé
que le monde municipal de ce dossier? Vous allez me dire: Bien oui, je suis
aussi préoccupé. Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir une
réponse en quelque part dans le temps sur le dossier de la police qui a
fait l'objet de colloques, de discussions, d'études particulières
et le reste et le reste? Je ne pourrais pas en parler autant qu'il en fait,
mais je suis conscient que beaucoup de démarches ont été
faites par les élus municipaux. Le Solliciteur général
n'est pas nécessairement dans ce dossier. Est-ce qu'il y a moyen de
penser que, quelque part dans le temps, il va y avoir une réponse par
rapport à cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, tant à l'égard
du dossier sur la réforme des structures de la police municipale
qu'à celui des relations du travail entre les policiers et les
municipalités, le ministre des Affaires municipales est en constante
discussion avec ses collègues, le Solliciteur général et
le ministre du Travail, afin de suivre les dossiers qui sont pilotés par
ces deux ministres. Quant au dossier des relations du travail dont
s'inquiète le député de Jonquière, je peux dire que
régulièrement je discute du dossier avec ie ministre du Travail,
que je l'incite à tenter de trouver des solutions le plus rapidement
possible aux problèmes occasionnés aux municipalités par
ces questions très difficiles d'arbitrage obligatoire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Une autre question. Le dossier des assurances
générales a fait problème l'an passé et fait encore
problème, en raison des augmentations de 300 %, 400 % et 1100 % l'an
passé. Le ministre nous avait dit à l'Assemblée nationale
qu'il l'examinait et essayait de trouver une solution. La solution a
été de demander aux unions de payer une certaine quote-part pour
étudier le dossier. On parlait de mutuelles. On parlait d'assurances
avec des compagnies privées. Ce dossier a-t-il cheminé quelque
part? Où en est-il rendu? Est-ce que vous voyez la solution ou une
décision concernant ce dossier?
M. Bourbeau: M. le Président, de concert avec les unions
municipales, nous avons accordé un contrat à une firme
d'experts-conseils, une firme d'actuaires qui est à l'oeuvre
présentement et qui tente de dégager des avenues de solution aux
problèmes très aigus que constituent pour les
municipalités les hausses phénoménales des primes
d'assurance-responsabilité. J'espère que nous aurons le rapport
de ces experts au cours des prochains mois. Quand le rapport sera reçu
et sera déposé à la table
Québec-municipalités, on prendra les décisions qui
s'imposeront.
M. Dufour: Donc, là comme ailleurs, vos positionnements ou
vos décisions sont attendues par te monde municipal. Il serait difficile
de penser que d'ici l'automne prochain il y ait une décision sur cela?
Le cheminement du dossier n'est pas assez avancé pour cela?
M. Bourbeau: M. le Président, je pense que l'automne
prochain est sûrement une date probable. J'estime que le rapport devrait
être déposé au cours de l'été et qu'à
ce moment les unions municipales devront statuer sur les décisions
à prendre avec le gouvernement, bien sûr. Je signale qu'il s'agit
des assurances des municipalités, elles sont concernées au
premier chef. Nous sommes concernés, bien sûr, aussi. Le
gouvernement ne s'assure pas, ce sont les municipalités qui s'assurent.
Je suis convaincu que les municipalités à l'automne auront les
outils nécessaires pour prendre des
décisions éclairées.
M. Dufour: Je concours avec ce que le ministre dit: C'est bien
sûr que le gouvernement ne s'assure pas, il paie ses assurances et c'est
tout le monde qui paie. Il y a quelque chose au bout, mais j'ai l'impression
que le dossier des assurances est un dossier sérieux, parce que cela
amène des coûts extrêmement importants aux
municipalités. Selon les chiffres qu'on a, les bureaux d'assurances ne
fonctionnent pas à perte, en tout cas, par rapport à leurs
profits, je ne pense pas que ces compagnies soient dans le rouge. Il s'agit de
prendre la revue du BAC, ou quelque chose comme cela, sur les assurances, qui
nous dit que les profits ont été à la hausse. Quand on
consulte cela, là comme ailleurs, les règles du marché,
j'y crois, mais de temps en temps il faut qu'il y ait un arbitre quelque part.
C'est dans ce sens que je soulève ce problème. Des augmentations
de 1100 %, de 300 % ou de 400 %, cela vient souvent et cela se
répète. C'est pour cela qu'il était bon que le
ministère regarde cela et fasse une étude. Il ne faut pas laisser
les règles du jeu s'établir de cette façon, il y a juste
des perdants. Les gagnants, on les connaît déjà. Il y a des
gagnants et des perdants, mais les gagnants, ce n'est pas le peuple.
Un autre point que je soulèverais. D'habitude...
Le Président (M. Saint-Roch): Excusez-moi, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Nicolet.
M. Richard: Excusez-moi, je veux faire une suggestion. À
18 heures, tout à l'heure, on doit recevoir ici le président de
la France. Le dernier qui est venu nous avait causé quelques petits
problèmes techniques, mais celui-là semble très bien
intentionné. Est-ce que, de part et d'autre, on ne pourrait pas
suspendre quelques minutes avant de façon à pouvoir se rendre
pour 18 heures? Même si j'ai des doutes sur la ponctualité
parlementaire, c'est quand même le président et je
suggérerais, si les deux partis sont d'accord, qu'on suspendre
peut-être immédiatement ou dans cinq minutes, de façon
à pouvoir se rendre.
M. Dufour: Je n'aurais peut-être pas d'objection, mais
à la condition qu'on se mette d'accord pour la prochaine séance
et que, s'il nous manque 15 minutes, on puisse l'ajouter à la prochaine
séance.
M. Richard: Je ne veux pas écourter les questions comme
telles, c'est seulement une question pratique. Alors, je proposerais la
suspension immédiatement.
M. Dufour: Ça va? Alors, on se met d'accord que, s'il
manque 15 minutes, à la prochaine séance, on pourra l'ajouter.
Cela fera 3 h 15 au lieu de 3 heures.
M. Richard: Une suspension?
Le Président (M. Saint-Roch): Vu qu'il y a consentement
mutuel, la commission de l'aménagement et des équipements suspend
maintenant ses travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Fin de la séance à 17 h 47)
(Reprise à 20 h 17)
Crédits du ministère de
l'Environnement
Le Président (M. Middlemiss): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
procède à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Environnement pour l'année financière
1987-1988. À la suite d'une entente, nous débuterons avec le
programme 5, Organismes-conseils. M. le député de Terrebonne.
Organismes-conseils
Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement
M. Blais: Merci, M. le Président. M. le ministre, je sais
que, dans chacun des ministères, il y a toujours des points plus
sensibles que d'autres. Au ministère de l'Environnement, quoiqu'il y ait
beaucoup de points sensibles, il y en a aussi qui sont positifs, mais il y a un
point plus sensible que les autres aux yeux de la population, des organismes
consultatifs et des organismes bénévoles qui surveillent les
"agirs" du ministère de l'Environnement.
Il y a deux points sombres; ce sont le point "information" et le point
"consultation" qui me semblent, en tant que critique de l'Opposition, les plus
sombres selon les gens que j'ai consultés, entre autres, le BAPE. Le
BAPE semble planer au-dessus du ministère comme une espèce
d'aigle noir qui fait peur autant au titulaire qu'à beaucoup de gens
autour de lui.
Le BAPE revêt une importance capitale aux yeux de la population et
aux yeux des 683 organismes bénévoles qui se dévouent
à la cause de l'environnement dans tout le Québec. C'est
sûr qu'en associant les citoyens aux décisions des travaux
susceptibles de changer ou d'hypothéquer la qualité de la vie, le
BAPE lui-même doit être consulté dans les moindres choses
ayant une importance capitale. L'expertise et la rigueur du BAPE - je suis
persuadé que le
ministre en est conscient - sont une garantie que ses avis et sa
neutralité dans la consultation ne peuvent que servir la qualité
de la vie et le ministère, mais surtout les citoyens dont il est un
ardent défenseur.
On pourrait aussi dire que le mandat de ce forum qu'est le BAPE est
respecté. Le rapport Gobeil suggérait au ministre de l'abolir. Je
sais que le ministre n'en est pas rendu là, mais nous entretenons quand
même, de notre côté - et nous ne sommes pas les seuls - des
craintes à ce sujet. Je sais que le ministre, au début de
septembre, a écrit à tous les organismes concernés pour
leur dire que loin de lui l'idée de faire disparaître le BAPE. Il
disait dans ses desseins qu'il semblait vouloir le garder. On espère
toujours que c'est vrai, sinon, on a peur, s'il reste là, qu'il y ait
une sorte de force pour essayer de le domestiquer un petit peu autour de
certaines politiques de non-consultation et de non-information, pas
générales, mais qui sont là, qui sont sous-tendues un peu
partout.
Je voudrais tout de même glisser quelques exemples qui font des
preuves qui semblent - enfin, des preuves, on n'est pas en cour - être
des jalons qui empêchent le skieur qu'est le ministre de descendre sur la
pente de la réussite et dans la plus grande harmonie. Et je vais en
citer six ou sept, disons six. J'ai pris la peine de les écrire.
Lorsque le ministre invite le BAPE a intervenir dans un dossier, tel
celui des lignes de transport électriques Radisson-Nicolet-des Cantons,
il se rend coupable d'un détournement de procédure constituant
une fraude à la loi en restreignant le mandat d'étude du bureau;
décision que les décrets -et déjà je l'entends
dire: faits sous notre gouvernement - ne l'obligeait nullement à
prendre: le tracé et l'orientation imposés au BAPE.
Deuxièmement, le ministre de l'Énergie et des Ressources
se substitue au ministre de l'Environnement en déclarant le 12 janvier
que le projet des lignes sous-fluviales devrait faire l'objet d'autres
audiences ne pouvant, selon lui, s'inscrire dans les consultations que menait
alors le BAPE. C'est au ministre de l'Environnement de dire non, dans ce cas,
à M. Ciaccia pour que le BAPE garde son autorité, sa
notoriété et qu'il demeure le fer de lance de la consultation
populaire.
Aussi, à la commission parlementaire qui étudie le plan de
développement d'Hydro-Québec, le ministre de l'Énergie et
des Ressources annonce qu'un nouveau mécanisme sera conçu pour
permettre aux citoyens de s'exprimer sur la construction de nouvelles lignes de
transport, les six ou huit qui sont à venir, si jamais Baie James 2, en
l'an 2030, se faisait.
Il court-circuite le BAPE et ses mécanismes en voulant inventer
ce nouveau mécanisme de consultation. Je n'ai pas entendu
officiellement, de la part du ministre de l'Environnement actuel, de
réactions vives. En réalité, M. Ciaccia se transforme en
ministre de l'Environnement en usurpant le rôle, je crois, qui vous
incombe.
Quatrièmement, dans le cas où les citoyens
réclament l'arbitrage du BAPE relativement aux vols militaires à
basse altitude au Nouveau-Brunswick et en Basse-Côte-Nord, au chantier
des F-18 à L'Ascension, à Lac-Saint-Jean ou à
l'agrandissement de l'aéroport fédéral à
Saint-Jean-sur-le-Richelieu, le ministre de l'Environnement tient le bureau de
côté et ne lui permet pas de faire une consultation parmi la
population, quoique l'ensemble des intervenants dans ces différents
dossiers le réclame.
Ensuite, la Loi sur la qualité de l'environnement oblige le
ministre à accorder à tout citoyen un examen public de tout
projet à moins que les motifs de sa requête ne soient frivoles. Il
semblerait que le ministre retarde indûment de répondre à
ces requêtes. On tente de convaincre le requérant, souvent, de
retirer sa requête. Le principe de la loi est ainsi un peu
trituré.
Alors, cela semble être la consultation. Malgré les bonnes
paroles du ministre, je pense que ces cinq ou six exemples, qu'on vient de
sortir, tendraient à prouver que la consultation serait de moins en
moins fréquente devant le BAPE et que le BAPE perdrait un peu de sa
notoriété.
Je pense que j'en ai nommé quelques-uns et vous voyez venir la
question que sous-tend cette chose: Le BAPE - vous le dites en
réalité, vous l'avez écrit et vous l'avez dit à
maintes reprises - semble vouloir être conservé dans toute sa
force et sa puissance, mais sur le terrain et dans les interventions qui sont
faites par d'autres ministres, il semblerait que son rôle serait de plus
en plus affaibli. C'est ma question: Est-ce qu'on gardera au BAPE toute sa
vigueur?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, je comprends que c'est le
rôle de l'Opposition de faire de la politique et de trouver les failles
présumées de notre appareil. C'est sûr que le
député n'a pas apporté beaucoup de preuves qui se tiennent
debout.
D'abord, on va commencer par le rapport Gobeil qu'il a cité en
ajoutant tout de suite que dès que le rapport Gobeil a été
sorti, j'ai fait non seulement une, mais plusieurs déclarations
publiques disant que je n'étais pas d'accord sur les recommandations. 11
a fallu une certaine confiance en ce que nous pensions du BAPE pour le dire
publiquement. Je l'ai dit plusieurs fois. Mes collègues du Conseil des
ministres, les gens qui ont formé le comité Gobeil, sont tout
è fait
conscients de ce que je pense de l'autonomie du BAPE, de la
"touchabilité", si on peut dire, de la Loi sur la qualité de
l'environnement et de la structure autonome du BAPE. Je l'ai dit en maintes
occasions et je le pense avec beaucoup de convictions.
Je vais passer en revue les exemples qu'a cités le
député. D'abord, la sixième ligne. C'est bien facile pour
quelqu'un qui est dans l'Opposition aujourd'hui, qui était du
côté du gouvernement et qui a fait les deux décrets d'avril
et de juin 1985, de venir dire aujourd'hui que ce serait à nous de
dénoncer les décrets. C'est bien amusant. Le temps de
dénoncer les décrets... C'est de ne pas les faire les
décrets. Le ministre de l'Environnement de l'époque a
accepté les décrets. Le ministre de l'Énergie et des
Ressources de l'époque a accepté les décrets. Le Conseil
des ministres de l'époque a accepté les décrets. Comme le
député le sait, les décrets étaient en
prévision de certains engagements qui avaient été faits
avec les Américains. C'est très facile de dire: C'est à
vous de venir défaire après ce que nous avions fait. Mais le fait
était que les décrets étaient là, qu'il y avait eu
un comité interministériel. Si le député a lu le
rapport du BAPE sur la sixième ligne, peut-être qu'il devrait
réaliser qu'il y a eu beaucoup de critiques sur ce qui a
été fait au sein de l'appareil gouvernemental de l'époque
beaucoup plus que sur celui d'à présent. On était devant
des faits. Il y avait des décrets. Il fallait décider si oui ou
non on allait accepter ces décrets. Ce que nous avons fait comme
gouvernement et moi-même comme un des ministres qui a accepté
cette décision, j'en accepte toutes les conséquences. En
même temps, je pense qu'au sein de la discussion sur la sixième
ligne, vu le fait qu'il y avait ces décrets, nous avons donné au
BAPE toutes les chances qu'aurait données n'importe quel gouvernement du
Québec dans les circonstances d'agir en pleine autonomie. En fait, le
rapport même du BAPE prouve la chose. À aucun moment, comme
ministre, j'ai tâché d'enfreindre le moindrement l'implication du
BAPE et de préjuger de ses décisions. De fait, toute l'affaire de
la sixième ligne, je pense, a été une valorisation de
l'autonomie du BAPE. Je suis heureux de toute la démarche qui a eu lieu
dans les circonstances, compte tenu des décrets.
Pour ce qui est de dire que le ministre de l'Énergie et des
Ressources n'aurait pas dû dire ce qu'il a dit dans ses
déclarations au sujet de la traversée, je réponds pour le
ministre de l'Environnement. Si M. le député prend ombrage des
déclarations faites par le ministre de l'Énergie et des
Ressources, il n'aura qu'à poser des questions à celui-ci en
Chambre, ce qu'il a le droit de faire. Je réponds pour le ministre de
l'Environnement.
Les réponses que j'ai données, les déclarations que
j'ai faites, c'est qu'il est très très clair que la ligne que
nous avons suivie au ministère de l'Environnement par rapport aux
audiences sur la sixième ligne a été toujours consistante
dès le début et jusqu'à la fin. (20 h 30)
Pour ce qui est de la consultation qu'a annoncée
Hydro-Québec, hier, on nous a posé des questions à ce
sujet et j'ai répondu très clairement: Je n'ai rien contre une
consultation sur les projets hydroélectriques futurs. Je n'ai rien en
principe contre une consultation du public sur les projets
hydroélectriques futurs, que ce soit pour cinq ans, pour dix ans, pour
quinze ans ou qu'ils soient sur une perspective d'avenir par rapport à
l'hydroélectricité au Québec pourvu que l'autonomie du
BAPE, que toutes les prérogatives du BAPE, que toutes les dispositions
de la loi qui privilégient l'autonomie du BAPE ne soient nullement et
aucunement touchées et affectées. Dans ce sens, je l'ai dit bien
clairement à mon collègue de l'Énergie et des Ressources
qui accepte totalement le principe et le Conseil des ministres est au courant
très précisément, notre position est que nous acceptons le
principe d'une consultation et qu'Hydro-Québec ou le ministère de
l'Énergie et des Ressources a tous les droits de faire comme il le fait
du reste en commission parlementaire où il examine les tarifs
d'hydroélectricité ou l'avenir de
l'hydroélectricité au Québec, mais une telle consultation
ne doit affecter ou restreindre en aucune façon l'autonomie et les
prérogatives du BAPE. De mon point de vue et du point de vue de mon
collègue de l'Énergie et des Ressources, c'est très clair.
Il n'y aura aucune consultation qui se fera au sein du gouvernement du
Québec qui va préjudicier des prérogratives du BAPE.
Le député a parlé de la question du champ de tir de
Lac-Saint-Jean ou de l'aéroport de Saint-Jean. Je ne sais pas comment il
peut introduire cette question au sein de la discussion sur le BAPE. En fait,
il faut que ce soit très clair: lorsqu'il y a des projets d'incidence
complètement et intégralement fédérale sur le
territoire du Québec, nous, au Québec, nous tenons à
être partie prenante. Nous tenons à être avisés
lorsqu'il y a de tels projets et à être impliqués dans tout
ce qui aura un impact environnemental général et
spécifique.
En même temps, nous reconnaissons qu'il y a une distinction entre
les projets à incidence et à juridiction provinciales et des
projets à incidence et juridiction fédérales. Il faut
faire une distinction par rapport au passé où il y a eu deux
projets qui ont servi de précédents, celui du port de
Québec et celui du port de Gros Cacouna.
Dans le premier cas, c'était un projet qui avait une incidence
majoritairement et
presque intégralement fédérale. C'était un
projet fédéral, donc, la procédure fédérale
a prévalu. Le Québec s'est joint à une consultation qui
avait une base fédérale.
Dans le cas de Gros Cacouna où les intérêts du
Québec étaient prédominants, cela a été le
contraire. Nous avons obtenu pour la première fois dans l'histoire du
Québec que le gouvernement du Canada accepte le principe que dans tout
projet fédéral - là, lorsqu'on parle du champ de tir de
Lac-Saint-Jean, c'est le ministère de la Défense nationale
fédéral qui a prédominance au Canada et dans le cas de
l'aéroport de Saint-Jean, c'est un projet d'aéroport
fédéral sur un territoire fédéral - le
Québec ait malgré tout son mot à dire. Nous avons
formé un groupe de travail où tant les représentants du
gouvernement provincial que ceux du gouvernement fédéral,
incluant les représentants du BAPE, seront présents pour discuter
de la façon dont on va examiner les impacts environnementaux par rapport
à ces projets dans l'avenir. Dans le cas de l'aéroport de
Saint-Jean, nous avons suivi la tradition et le bon sens qui veulent que si
c'est un aéroport fédéral sur un territoire
fédéral, là, nous allons suivre la procédure
fédérale. Pourtant, le Québec va être
impliqué, est impliqué dans le mandat de la commission, dans
toute l'évaluation du projet et le suivi du projet.
Si c'est un projet qui aura une incidence beaucoup plus provinciale que
fédérale, le contraire sera le cas. Pour ce qui est du champ de
tir de Lac-Saint-Jean, il y avait eu une étude d'impact
fédérale que plusieurs ministères québécois
- je pense qu'il y en avait six - considéraient incomplète.
En fait, il n'y a rien qui s'est passé. C'est un territoire
québécois, mais c'est un projet fédéral du
ministère de la Défense. Nous avons demandé au
gouvernement fédéral des informations additionnelles qui n'ont
pas été données. Mon collègue des Relations
internationales qui s'occupe de ce dossier a fait savoir au
fédéral que, tant que ces informations ne seraient pas soumises
au Québec, il n'y aurait pas d'autorisation de la part du
Québec.
Le projet est, en ce sens, gelé. Nous attendons la réponse
du fédéral à l'effet de créer une commission mixte
fédérale-provinciale qui va se pencher sur ce projet et obtenir
du fédéral les informations additionnelles que nous avons
demandées. Donc, je ne crois pas qu'on puisse citer ces deux projets
comme des exemples de cession du Québec de ses droits. Bien au
contraire. Pour la première fois, nous avons fait reconnaître par
le gouvernement du Québec, par le gouvernement du Canada qu'on
n'accepterait pas des projets faits ultra vires par le gouvernement du Canada,
sans notre implication directe et continue.
Pour ce qui est du fait que nous avons demandé à des
intervenants de retirer leurs requêtes, ce n'est pas nouveau. Ce n'est
pas la première fois; ce ne sera pas la dernière fois. Il y a des
cas et je pourrais les citer en exemple. Par exemple, il y a une route -je
pense que c'est la route 5 dans l'Outaouais - où il y a deux ou trois
intervenants qui demandent de se faire entendre en audience publique.
Lorsqu'on les met en communication avec les experts du ministère
des Transports et du ministère de l'Environnement, que des informations
additionnelles leur sont données et qu'ils sont satisfaits de la chose,
ils acceptent volontairement de retirer leurs demandes d'audience.
Je ne vois rien de troublant là-dedans, pourvu que ce soit fait
de façon tout à fait ouverte et que les gens soient tout à
fait conscients qu'ils ont les droits, s'ils le veulent, de maintenir leurs
décisions, comme ç'a été le cas, par exemple, pour
l'Ordre des biologistes au sujet d'une autre route dans le même
secteur.
Tout ce que je vais dire au député, c'est qu'il n'a
qu'à consulter lui-même les déclarations qui ont
été faites par le président du BAPE. À aucun
moment, je peux dire... D'accord qu'on entre en nomination quand on est
nommé à un poste, il y a une période d'ajustement, on ne
se connaît pas; on se connaît dans des circonstances tout à
fait différentes. Il1 faut apprendre à se connaître. Mais
je pense qu'aujourd'hui je peux dire avec la plus grande conviction, avec la
plus grande sincérité, la plus grande honnêteté que
les rapports du ministère et du ministre avec le BAPE, avec le
président du BAPE et les commissaires, sont des rapports harmonieux,
sont des rapports où on se rencontre dans les idées, où on
échange sur tous les projets, incluant la sixième ligne, par
rapport à...
Par exemple, il y a eu des situations dans ta sixième ligne
où on a eu à se consulter avec raison et ça s'est fait
dans la plus grande franchise, dans la plus grande harmonie. Je peux dire que
jamais nos rapports n'ont été des rapports de friction qui ont
apporté de la méfiance de part et d'autre, parce que, autant de
la part du BAPE que de notre part, on réalise que le BAPE est ici pour
rester, qu'il a son autonomie complète et d'aucune façon nous ne
voulons déroger le moindrement à ces préroqatives.
Si le député a de meilleures preuves à apporter, je
serais bien content de les écouter, mais je ne pense pas qu'il a fourni
des preuves aujourd'hui, excepté le fait de répéter des
perceptions qui ne sont pas la réalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, je ne doute pas du tout de votre
sincérité dans la réponse que vous avez apportée,
d'aucune façon. Quand vous dites que vous ne ferez aucune consultation
qui brimerait les prérogatives du BAPE, là aussi, je vous crois.
Je pense qu'il est de notoriété publique que, depuis que vous
êtes là, vous n'essayez pas d'aller vous mettre la main dans les
décisions qui peuvent être rendues par l'organisme qu'est le BAPE,
le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
Les trois dossiers particuliers des F-18, de l'aéroport ou des
vols à basse altitude. Vous dites que vous voulez toujours être
partie prenante dans les dossiers qui regardent le fédéral,
disons. Pour être partie prenante, le moyen que nous avons comme
Québécois responsables de l'environnement, c'est
précisément le BAPE. Si on ne l'autorise pas à faire des
consultations sur ces trois dossiers particuliers, disons, il est bien
sûr qu'on pourra dire ensuite: Je n'essaie pas d'influencer ses
décisions. Vous n'avez jamais essayé d'influencer leurs
décisions, mais ce n'est pas la question sur ces trois-là. C'est
que vous ne permettez pas au BAPE de faire une consultation publique. C'est
là où le bât blesse, je crois, où on peut avoir une
certaine vulnérabilité. Je ne sais pas quelle est votre
réaction là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: On va prendre le cas de l'aéroport de
Saint-Jean, par exemple, qui est le cas typique sur lequel il y a eu des
discussions de part et d'autre. Un avocat d'une des parties demandait une
audience publique du BAPE. Ce dernier est représenté par Me
Yergeau, lui-même vice-président du BAPE. Me Yergeau a fait le
point en public. Je peux donc le citer. Selon lui, comme ministre, parce que
les aéroports comme tels sont cités dans la loi comme
étant sujets à une étude d'impact et aux audiences
publiques, j'aurais pu en appeler au BAPE et lui donner un mandat. Nous avons
consulté d'abord le service juridique du ministère qui nous a
donné une étude très catégorique disant que,
lorsqu'on parle d'aéroport dans la Loi sur la qualité de
l'environnement en rapport avec cette étude d'impact, ce sont les
aéroports à portée provinciale qui sont sous notre
juridiction parce que les aéroports fédéraux ne sont pas
sous notre juridiction.
Pas satisfaits de cette opinion interne du ministère, nous nous
sommes référés au ministre de la Justice. Nous sommes
allés jusqu'au jurisconsulte du ministère de la Justice. Cette
opinion a été confirmée à chaque fois, une opinion
qui nous disait: Nous n'avons pas de juridiction. La seule façon, ce
serait d'aller tester la chose dans les cours de justice. Qu'arriverait-il si,
par exemple, l'opinion juridique qui nous avait été donnée
était confirmée dans les cours? Est-ce que cela avancerait ou
reculerait notre dossier? C'est la grande question qu'il faut se poser.
Dans les circonstances, c'est la chose importante que je veux souligner.
Beaucoup de gens ont dit: Le fédéral vous passe dessus. Il va
bâtir l'aéroport de Saint-Jean. Ce que je veux souligner, c'est
que, depuis un an et plus, il y a des déclarations continues de la part
du ministre Bissonnette et d'autres disant: Ah oui! le Québec, on ne va
pas considérer cela. On va bâtir l'aéroport. Mais
l'aéroport ne s'est jamais bâti. Finalement, nous avons obtenu
qain de cause du ministre des Transports, M. Crosbie, qui a dit: On va retarder
le projet jusqu'à ce qu'il y ait des évaluations et que le public
se soit fait entendre.
Il faut dire que, malgré le fait que le ministère de la
Justice, notre ministère et le jurisconsulte nous aient dit que nous
n'avions pas de juridiction dans ce projet, nous avons réussi
malgré tout à nous faire écouter du fédéral.
Qui plus est, le fédéral a accepté, dans des cas où
il y a des audiences publiques, et serait tout à fait d'accord pour que
les commissaires du BAPE servent de commissaires. Je pense que nous avons fait
de grands pas en avant. Pour la première fois, nous avons fait
reconnaître le principe. Pour un projet fédéral sur le
territoire québécois, il va y avoir une procédure, non pas
une procédure ponctuelle qui est acceptée ad hoc, projet par
projet, mais bien une procédure qui va s'étirer dans le temps.
Que ce soit sous notre gouvernement ou sous un autre gouvernement, les projets
fédéraux de façon systématique seront soumis
à une évaluation. Cette évaluation subira la
procédure fédérale, mais ce sera une procédure
mixte qui impliquera nos experts et nos commissaires, incluant le commissaire
du BAPE si on le veut bien, et nous le voudrons bien. (20 h 45)
Pour ce qui est des vols à basse altitude à Goose Bay, la
situation est tout à fait spéciale parce que ces vols sont
basés sur le territoire du Labrador et appartenant à Terre-Neuve.
Nous sommes en train de faire des représentations parce que nous
n'acceptons pas que ces avions basés au Labrador aient des impacts
environnementaux sur le territoire du Québec. La situation est en
discussion maintenant au sein du comité
fédéral-provincial. C'est au moins qagner beaucoup de points, ce
que nous avons fait jusqu'à présent.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Vu que les réponses sont longues et
instructives, je vais essayer de résumer mes questions au sujet du
BAPE,
même si j'en sors une conclusion: dans les projets à
tendance militaire, on est avertis des choses qui se produisent plutôt
que partie prenante réelle parce que la juridiction est à peu
près exclusive. Mais j'ai l'impression que cela serait peut-être
de bon aloi... Je pense que cela n'a jamais été communiqué
aux organismes qui requièrent des audiences publiques du BAPE à
ce sujet-là. Selon l'exposé que vous m'avez fait, je
considérerais cela, entre guillemets, "comme presque inutile" parce
qu'on n'est, en fait, qu'avisés; la juridiction est tellement exclusive
et, à cause des ententes internationales que cette juridiction donne au
gouvernement d'Ottawa, on n'est à peu près qu'avisés des
choses qui se passent.
Mais il y a des choses internes qui sont un peu plus de notre
juridiction propre et où il ne peut pas y avoir de fuite par en avant.
Sans aller dans les détails du tir au canon à Sainte-Anne - c'est
un document que je déteste voir dans ma pile de questions - là,
au moins, j'espère que, malgré la plupart des ministres qui sont
dans ce dossier et qui semblent un peu se foutre de l'environnement... Si on
regarde la chronologie des événements avant que le dossier ne se
rende à votre ministère, je ne sais pas quelle serait votre force
pour essayer de donner à ce cabinet un sens de l'environnement. Allons-y
pour Belcan; on n'aura pas le temps d'en discuter trop parce que le temps file,
mais prenons-en un en particulier, c'est le transport.
M. Lincoln: Si vous voulez discuter de Belcan, je vous donne mon
consentement pour les mines traditionnelles.
M. Blais: Non, mais on a tout l'assainissement, etc.
M. Lincoln: Je veux bien, parce que vous faites des
déclarations comme celle selon laquelle on n'a pas été
consultés. Je suis prêt à vous donner le temps que vous
voulez pour discuter de Belcan.
M. Blais: Vous avez été consulté sur le tard
après que d'autres ministres eurent donné leur aval, presque, au
projet.
M. Lincoln: Ce n'est pas vrai du tout. C'est pourquoi je suis
disposé à donner le temps...
M. Blais: M. le ministre.
M. Lincoln: ...voulu pour discuter de Belcan.
M. Blais: C'est antiparlementaire de dire à quelqu'un qui
est si près que ce n'est pas vrai du tout.
M. Lincoln: Mais par le fait même que vous me dites que ce
que j'ai dit n'est pas vrai, vous dites la même chose. Ce que je vous
dis, c'est que je suis tout à fait ouvert à discuter de Belcan le
temps que vous voudrez. Je vous donne le consentement pour le temps que vous
voudrez pour discuter de Belcan.
M. Blais: Je sais, mais...
M. Lincoln: Si vous voulez discuter, je suis entièrement
disposé.
M. Blais: J'ai une heure et quart encore. Je sais que j'ai le
temps, mais seulement j'ai des dossiers plus importants.
M. Lincoln: Non, mais je vous donnerai du temps additionnel pour
discuter de Belcan ou on peut y revenir.
M. Blais: On verrra à 22 heures. M. Lincoln: Avec
plaisir.
M. Blais: Vous êtes bien gentil. Mais ne dites pas que je
mens ou que je ne dis pas la vérité, on est trop proche.
M. Lincoln: Je n'ai pas dit cela du tout.
M. Blais: J'ai moins mal à la gorge qu'hier, alors...
M. Lincoln: Je n'ai pas voulu dire cela; tout ce que je veux
dire, c'est que vous dites qu'il n'y a pas eu de consultation; moi, je dis
qu'il y a eu des consultations, que nous avons appris cela par le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche le 8 avril. Alors, votre
information...
M. Blais: Voilà une question que je n'ai pas posée,
M. le ministre.
M. Lincoln: Mais c'est ce que je veux dire.
M. Blais: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Prenons un cas un peu plus typique qui est vraiment
sous notre juridiction: le rapport Vallières sur les routes et
l'environnement. Il est proposé de façon évidente dans ce
rapport que les lois actuelles qui régissent la construction de routes,
de façon générale, ne seraient plus observées, mais
que ce serait le ministre des Transports qui vous arracherait une part de votre
responsabilité en faisant lui-même une sorte de petit
comité ad hoc qui répondrait
aux besoms qui bons lui semblent pour construire des routes, où
il lui semble, indépendamment des consultations qui pourraient
être faites par le BAPE et d'autres pour des circonstances comme
celles-là. Je ne sais pas en quelle année je serai ministre de
l'Environnement, mais quand je serai de l'autre côté, je n'aimerai
pas que le ministre des Transports me grafigne avec un petit comité
où je serai exclu. Quelle est votre réaction devant ce rapport?
Est-ce que vous allez demeurer jaloux de votre responsabilité dans ce
domaine?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Bien simplement, je l'accepte de façon tout
à fait ouverte parce que je suis dans une démocratie. Dans notre
parti, on a la latitude d'exprimer nos idées. Je trouve tout à
fait valable qu'un député, dans un comité, fasse des
recommandations. Il y a eu les comités Middlemiss, Vallières,
celui de mon autre collègue de Louis-Hébert, le comité
Doyon. Les gens peuvent être ou ne pas être d'accord avec ce
comité. Je trouve que c'est très valable que les
députés, à qui une tâche est donnée, puissent
s'exprimer après avoir fait une étude approfondie d'une certaine
question.
Je n'ai pas de raison d'être d'accord avec eux. J'ai
discuté avec mon collègue Vallières de ses
recommandations, je lui ai dit que l'autonomie du BAPE est sacro-sainte, que le
BAPE doit demeurer complètement autonome. Mon collègue, le
ministre des Transports, est aussi au courant de mes vues...
M. Blais: Quelles sont-elles?
M. Lincoln: Que le BAPE doit rester ce qu'il est. En même
temps, je dois vous dire que nous fermer les yeux et dire que le BAPE, dans la
procédure actuelle, doit rester figé dans le ciment, cela serait
dire qu'il n'y a jamais une évolution qui est possible. J'ai
discuté à plusieurs reprises avec le président du BAPE
ainsi qu'avec des gens qui sont en liaison avec l'appareil du BAPE; en fait,
nous projetons un groupe de travail qui va regarder la possibilité, dans
certaines mesures, dans certaines conditions, d'alléger certaines
procédures.
Par exemple, il y a même des commissaires du BAPE qui ont fait un
rapport, dans certaines circonstances, suggérant qu'on se serve de
pratiques de médiation dans des cas où il y a des gens qui
demandent des audiences publiques, mais qui, après une médiation
- et c'est arrivé dans le passé - pourraient avoir des
renseignements adéquats et trouver satisfaction, ce qui éviterait
d'avoir une audience publique qui implique des procédures beaucoup plus
longues.
Je ne vois pas que ces choses soient impossibles à
réaliser, qu'on puisse alléger certaines procédures, que
le BAPE, dans son évolution, puisse s'améliorer. Je ne veux pas
dire que c'est du côté du rapport Vallières, aucunement. Il
y a certainement des façons de revoir les procédures. Je peux
vous dire que j'en ai discuté plusieurs fois, de façon
harmonieuse, avec le président du BAPE qui est ici et il vous donnera
ses vues si vous lui posez des questions.
En même temps, je peux vous dire qu'on part du principe que
l'autonomie intégrale du BAPE comme organisme indépendant
représentant les citoyens par rapport aux impacts environnementaux sur
la société doit demeurer en principe fondamental et intouchable.
De là à dire que les procédures peuvent être
changées de façon à les alléger, je n'ai rien
contre cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Juste pour terminer ce dossier. Prenons un cas
très concret, la route 116 entre Princeville et Plessisville, le 26 juin
1986 - il y a tout de même assez longtemps - le BAPE disait non à
cette construction à cause de sa consultation. Dans un cas comme
celui-là, si le rapport Valhères... Je n'ai rien contre les
députés qui ont des choses à faire et des mandats comme
cela, c'est normal, plus il y en a plus on est heureux, surtout quand on est
100, il faut qu'on ait quelques mandats.
Le rapport du BAPE étant là, si cette recommandation
était adoptée, le ministre des Transports pourrait se faire un
petit comité, se faire dire oui et faire la route. C'est dans ce sens
que je dis que vous devriez être jaloux de vos prérogatives devant
le BAPE. C'est juste dans ce sens.
Si cela était adopté - vous ne m'avez pas encore dit non -
si jamais ce comité au ministère des Transports se formait et que
le ministre lui-même décidait de le mettre en place, son
comité pourrait étudier à nouveau le rapport du BAPE qui a
été fait sur cette route - la route 116, entre autres - et lui
dire oui. Et là, la route se ferait. C'est dans ces cas que je vois
qu'il y a vraiment un conflit total. C'est pour cela que, face à ce
nouveau comité de consultation qui dépendrait directement du
ministère des Transports, je crois que vous devriez être jaloux de
votre responsabilité et dire que vous êtes absolument contre.
M. Lincoln: Je n'ai même pas besoin de dire que je suis
complètement contre, ce n'est pas ma façon d'agir. Tout ce que je
peux vous dire, c'est qu'il n'y a aucun changement au BAPE, dans les
procédures
actuelles, de façon unilatérale, par le ministre des
Transports. Ce n'est pas du tout sa façon d'agir. De toute façon,
ces genres de changement doivent passer par les comités
interministériels et le Conseil des ministres. Il n'en est pas question
tant qu'il y a consensus. Le ministre des Transports ne voit pas la chose
différemment de moi. Nous sommes tout à fait d'accord sur les
prérogatives du BAPE. Nous allons rechercher ensemble, si
nécessaire, des solutions d'allégement des procédures qui
peuvent se faire dans le cadre de la loi, c'est tout è fait normal.
Mais, plus que cela, je peux vous dire qu'il n'y aura aucune façon
d'affecter les prérogatives du BAPE. Pour ce qui est de la route 116, je
peux vous informer, en passant, qu'un décret sera adopté au
Conseil des ministres; si ce n'est pas demain, ce sera la semaine prochaine.
C'est un cas qui suit son cours de façon tout à fait normale.
Aucune procédure prise par le ministre des Transports ou quoi que ce
soit ne va changer les procédures du BAPE pour le moment.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne.
Conseil consultatif de l'environnement
et Conseil consultatif sur
les réserves écologiques
M. Blais: II y a fusion - une loi est déposée
maintenant - du Conseil consultatif de l'environnement et du Conseil
consultatif sur les réserves écologiques. Il semble un peu
curieux que cette fusion se fasse au moment où on admettait hier, dans
nos crédits, qu'il y a une planification pour la création d'au
moins une centaine de réserves dans les trois ans qui viennent, et que
cette création, parce qu'elle a été très faible
l'an passé, serait la première faite avec assistance par votre
ministère. Celui qui a l'expertise, depuis une douzaine d'années,
c'est le conseil de création des réserves écologiques. De
la façon que cela fonctionne depuis quelque temps, le conseil est
placé dans une situation telle que cela équivaut à son
abolition pure et simple. On sait que six des neuf membres ont terminé
leur mandat le 5 décembre 1986 et qu'il n'y a pas eu de renouvellement.
Vous allez donc me dire que, sur les neuf, il n'en resterait que trois. Le
ministre n'a pas trop tendances non plus, selon les données que nous
avons, à consulter les trois membres qui restent. Comment se fait-il que
le ministre laisse partir des gens comme ceux-là, avec les douze ans
d'expérience qu'ils ont, au moment même où il veut
créer une centaine de réserves écologiques dans tout le
Québec, dans les trois ans qui viennent?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Si vous vous référez au transcript,
vous verrez que j'ai dit 50, je n'ai pas dit 100. Je vais commencer par
50...
M. Blais: Excusez-moi, M. le ministre. Je ne veux pas vous
interrompre. Est-ce que c'est 50 ou 100 dans les trois ans?
M. Lincoln: Non. C'est 12 cette année, ce sera 38 dans
trois ans, ajoutez 13, cela fera 51 d'ici trois ans.
M. Blais: Ah bon! Merci. (21 heures)
M. Lincoln: Tout d'abord, pour ce qui est des deux conseils. Il y
avait et il y a toujours deux conseils, le Conseil consultatif de
l'environnement et le Conseil consultatif sur les réserves
écologiques. Le rapport Gobeil avait demandé ou
suggéré l'abolition du Conseil consultatif de l'environnement.
Vous n'avez aucune référence quant au Conseil consultatif sur les
réserves écologiques. J'ai proposé ce que beaucoup de
groupements environnementaux m'avaient suggéré avant que j'entre
en poste au ministère, soit qu'à l'Environnement un conseil de la
conservation qui serait efficace et qui serait à l'écoute des
citoyens pourrait facilement faire le travail que les deux conseils actuels
font maintenant.
Avant de le faire, j'ai été m'asseoir avec les membres des
deux conseils. D'abord, avec ceux du Conseil consultatif sur les
réserves écologiques, sous la présidence, à ce
moment-là, de M. Bouchard. Et si vous allez consulter le
procès-verbal d'alors, qui est public, vous y verrez que M. Bouchard et
les autres membres approuvaient cela. En fait, ils m'ont
félicité, à ce moment-là, d'être venu les
consulter et ils ont été unanimement d'accord pour qu'il y ait
une fusion, Je leur ai expliqué que ces deux conseils pourraient appuyer
le ministère dans sa nouvelle orientation de mettre l'accent beaucoup
plus sur la conservation et la prévention que sur la restauration. On
pourrait faire le travail de conservation et prendre avis des demandes du
ministre tant par rapport aux réserves écologiques que sur les
grandes questions environnementales, avec l'objectif central que les deux
conseils ont, de toute façon, soit de faire la conservation.
Les deux conseils ont accepté. Nous avons nommé les
principaux membres du Conseil sur les réserves écologiques au
Conseil consultatif de l'environnement lorsque leurs mandats ont
été échus, ce qui est arrivé en premier. Nous
espérions dès l'année dernière avoir un projet de
loi pour fusionner les conseils. Pour des raisons purement techniques à
l'Assemblée nationale, malheureusement, nous n'avons pas pu
présenter ce projet de loi jusqu'à présent. Je ne vois
aucunement pourquoi il serait plus difficile pour le conseil fusionné de
nous
appuyer pendant la démarche visant à créer de
nouvelles réserves écologiques. Nous avons là onze membres
qui représentent tous les courants d'opinion de la
société. Nous avons là des membres qui ont une grande
expérience dans tous les domaines de la conservation, incluant plusieurs
membres du Conseil consultatif sur les réserves écologiques avant
la fusion.
Je trouve toute la démarche qu'a faite la présidente dans
les journaux, comme je le soulignais hier, très malheureuse, en ce sens
qu'elle n'a même pas eu la courtoisie de me demander la moindre entrevue,
elle ne m'a pas adressé le moindre appel pour en discuter. J'ai
trouvé cela, pour le moins, assez étrange et je le lui ai fait
savoir dans une lettre parce que certains des faits qu'elle alléguait
n'étaient même pas exacts. Elle disait qu'on n'avait pas
demandé d'avis, c'était faux; deuxièmement, que nous
avions supprimé un poste qui avait été supprimé, en
fait, à la demande du conseil lui-même il y a des années.
Toutes ses revendications, de fait, étaient fausses. De plus, il me
semble qu'avant d'envoyer un communiqué dans les journaux elle aurait pu
m'appeler et me demander de la rencontrer, si elle avait des
revendications.
Je l'ai rencontrée au Conseil consultatif sur les réserves
écologiques, de même qu'au Conseil consultatif de l'environnement.
J'ai trouvé cela assez étrange, surtout au moment où elle
nous accusait de faire bien moins pour les réserves écologiques,
tandis que la direction du patrimoine écologique m'a avisé
qu'elle avait été en communication constante avec le conseil et
qu'elle se préparait, justement, à ouvrir plus de réserves
écologiques que jamais auparavant au Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. Je
député de Terrebonne.
M. Blais: On aura le temps d'en discuter ensemble quand la loi 29
arrivera. Alors, je vais arrêter mes questions sur cette partie. On
classe ce dossier-là, on va l'approuver.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 5
est adopté?
M. Blais: Adopté.
Gestion du milieu aquatique (suite)
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle le programme 2,
éléments 2 et 3. M. le député de Terrebonne.
Assainissement des eaux
M. Blais: Si on parlait un peu d'assainissement des eaux.
À différentes reprises, j'ai entendu le ministre de
l'Environnement féliciter l'ancien gouvernement pour son programme
d'assainissement des eaux. Des fois, il ne le fait pas, mais je l'ai entendu
à différentes reprises et pour cause. J'ai des petites notes ici.
En avril 1976, l'AQTE dénonçait la dégradation
catastrophique des ressources des eaux du Québec et demandait que des
crédits supplémentaires soient affectés à
l'assainissement des eaux. Antérieurement, il ne s'était rien
fait ou presque. L'AQTE parlait, et je cite, "de situation angoissante" et
précisait même qu'à la suite de l'épidémie de
thyphoïde de Saint-Gabriel-de-Brandon la situation ne s'était
nullement améliorée sinon que, faute de crédits, elle
semblait se détériorer. L'AQTE ajoutait que "plus de 500
municipalités attendaient du gouvernement l'argent nécessaire
pour améliorer leur réseau." Son président, à
l'époque, M. Quenneville, déclarait que le Québec prenait
chaque jour des retards de plus en plus marqués sur l'Ontario et les
États-Unis et cela, c'était en 1976. Il qualifiait le
comportement du gouvernement d'alors, qui est le même aujourd'hui,
d'inconscience grave devant la situation excessivement sérieuse de la
pollution de l'eau. Alors, je sais que le ministre nous a souvent
félicités de notre programme d'assainissement des eaux. Je suis
persuadé qu'il avait lu cela avant. Quand il aura une petite tentation
de vouloir nous faire quelques reproches à ce sujet, je me chargerai de
lui rappeler cette petite citation.
Dans ce programme, prenons d'abord le volet urbain. Un plan triennal
d'investissements a été annoncé par le ministre et, en
avril 1986, j'avais demandé au ministre de me fournir copie de
l'évolution de ce qui se passait dans ce plan triennal, les villes qui
seraient incluses, etc. Le 24 juillet 1986, il remettait au Conseil du
trésor une ventilation préliminaire des investissements
envisagés pour les trois prochaines années; deuxièmement,
il avisait aussi à ce moment le CT que le plan triennal lui serait
soumis au tout début d'octobre 1986. J'ai posé ma question au
ministre le 24 novembre. Il m'a dit que son ministère était
à compléter les listes des municipalités impliquées
selon les normes requises dans ce plan triennal. Aucun exemplaire ne m'a
été remis des villes incluses dans le plan triennal. Il me
disait, le 24 novembre 1986, qu'il espérait me fournir ces
renseiqnements dans de très brefs délais. J'ai bien l'impression,
M. le ministre, que ce plan triennal des villes incluses est un
impératif qu'officiellement autant nous, de l'Opposition, que les villes
qui sont admissibles dans les trois ans qui viennent, pour parfaire leur
assainissement, devrions absolument connaître. Sinon, c'est un peu
démobilisateur, cela met de l'incertitude, de la déception et de
l'irritation dans certains
milieux urbains et aussi un peu dans l'Opposition. J'aimerais beaucoup
avoir ce plan triennal que, depuis près d'un an, j'ai demandé a
différentes reprises, qu'on m'a dit qu'on me donnerait et que je n'ai
jamais eu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Toutes les municipalités incluses dans ce
programme ont été avisées; j'ai signé des lettres,
il y a peut-être deux mois, leur donnant les chiffres d'investissements
pour les trois années à venir. Alors, je ne sais pas de quoi
parle le député, parce que moi-même, je lui ai donné
une lettre montrant les investissements par rapport è son comté.
Alors, toutes les municipalités qui étaient impliquées ont
été avisées.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Est-ce qu'il y a un "listing"? J'ai toujours
demandé le "listing" du plan triennal des municipalités incluses
dans le programme d'assainissement des eaux. C'est un "listing" que j'ai
demandé à sept, huit ou dix reprises et qu'on me disait qu'on me
donnerait. Est-ce qu'il y a un "listing"'? J'aimerais l'avoir.
M. Lincoln: Je vous ai fait parvenir un "listing", M. le
député.
M. Blais: Oh! On me dit non. M, Lincoln: On vous a dit non? M.
Blais: Je ne l'ai pas vu.
M. Lincoln: Mais je vous ai fait parvenir un "listing". Je ne
sais pas si c'est le dernier, mais je vous ai déjà fait parvenir
un "listing" du programme d'assainissement des eaux.
M. Blais: J'ai reçu un "listing" de vous, des travaux
déjà faits et de ceux faits durant la dernière
année, mais pas le plan triennal des villes qui seraient incluses dans
des plans d'immobilisations.
M. Lincoln: D'accord. Je peux vous faire parvenir cela, il n'y a
pas de problème. Tous les maires ont été avisés;
alors il n'y a pas de problème:
M. Blais: En fait, vous me donnez la même réponse
chaque fois: Vous allez me le faire parvenir.
M. Lincoln: Non, non, je vais le faire de sorte que vous le
receviez dans un avenir presque immédiat.
M. Blais: Maintenant, avant d'entrer dans le vif du sujet, il y a
un autre volet qui est d'une importance capitale. La plan d'assainissement des
eaux a été mis de l'avant pour de vrai en 1978.
M. Lincoln: 1972.
M. Blais: Non, mais pour de vrai là.
M. Lincoln: Ah bon! Pour de vrai, alors la Communauté
urbaine de Montréal ne compte pas. 3 000 000 de personnes, cela ne
compte pas! Je vais leur dire cela.
M. Blais: S'il faut faire l'historique, cela a commencé en
1961 sous M. Diefenbaker, mais je ne voulais pas reculer su déluge parce
que je savais que cette eau était pure.
M. Lincoln: Non, non, la station d'épuration de
Montréal a commencé en 1972, monsieur, avec M. Goldbloom.
D'accord? Cela inclut 3 000 000 de personnes. Alors, si cela ne compte
pas à Québec!
M. Blais: Le plan d'assainissement des eaux, tel que connu
aujourd'hui...
M. Lincoln: Oui.
M. Blais: ...a commencé en 1978 au Québec. Des gens
ont fait des travaux avant et je le reconnais parce que cela a commencé
en 1961; de 1961 à 1978, il y a eu 10 % de contribution
fédérale qui ont été versées au
Québec. Donc, il y avait quelque chose qui se faisait. Mais le plan
réel a commencé en 1978. Dès que Québec a mis son
plan de l'avant, le gouvernement libéral d'Ottawa a mis fin à son
plan. Je veux demander au ministre quelles représentations il a faites
et, s'il en a fait, il y a certainement des documents officiels qui doivent
soutenir quelles représentations il a faites pour que le Québec
soit à nouveau subventionné et même qu'il reprenne le
retard causé par le gouvernement fédéral.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le député, je vais vous envoyer tous
les débats que j'ai eus avec le ministre de l'époque, M. Marcel
Léger, sur toute la question des subventions fédérales. En
fait, si vous étudiez un peu plus ce qui s'est passé entre 1976
et 1979, le programme a cessé en 1979. Je vais vous soumettre que j'ai
écrit à ce moment-là au gouvernement fédéral
comme député de l'Opposition et les lettres que j'ai
reçues avec des chiffres, de M. Roberts, qui était alors ministre
de l'Immigration, pour démontrer qu'entre 1976
et 1979 le Québec n'avait pas retiré la part qu'il aurait
pu avoir dans ce programme pendant que le programme était en cours.
Beaucoup des sommes que nous avons reçues ont été mises
dans d'autres programmes que celui de l'assainissement des eaux. Oui plus est,
si nous étions allés chercher l'argent à temps - ce n'est
pas seulement votre gouvernement, mais aussi le gouvernement antérieur -
on aurait profité de ces sommes comme l'Ontario en a profité ou
comme les autres provinces en ont profité. Une fois que le programme a
cessé, vous pouvez aller dire: Bon, on n'a pas profité du
programme pendant qu'il était là. On nous répond: C'est
très bien, mais vous auriez dû le demander pendant que le
programme existait. Le fait est qu'aujourd'hui beaucoup de maires des
différentes villes ont une approche commune dans tout le Canada pour
aller chercher des sommes pour l'infrastructure du gouvernement
fédéral. Ce que j'ai demandé au gouvernement
fédéral, c'est de nous donner 100 000 000 $ pour la
dépollution du Saint-Laurent. Je crois que, lorsque nous avions la
possibilité d'aller chercher des sommes d'argent, nous l'avons fait et,
quand le programme a cessé, à ce moment-là, on joue le jeu
ou on ne le joue pas; si on ne le joue pas, à ce moment-là, on a
perdu ses chances. Si on peut trouver de l'argent avec les maires qui essaient
de trouver de l'argent pour l'infrastructure du gouvernement
fédéral, eh bien, tant mieux! Mais je vais vous dire que je vais
concentrer ma demande pour la dépollution du Saint-Laurent. J'ai fait
une demande spécifique au ministre de l'Environnement du Canada et je
vais continuer à le lui demander de cette façon.
M. Blais: C'est-à-dire...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, (21 h 15)
M. Blais: ...que, officiellement, vous ne demanderez jamais au
nom du gouvernement actuel que le Québec soit aidé,
subventionné, pour son plan d'assainissement des eaux, parce que,
disons, il n'était pas prêt à aller plus loin à
l'époque. Il a commencé à être vraiment capable de
le développer en 1978.
M. Lincoln: Est-ce que je peux vous demander pourquoi, entre 1979
et 1985, vous ne l'avez pas demandé?
M. Blais: Pour les mêmes raisons qu'entre 1970 et 1976 M.
Bourassa ne l'a pas fait: premièrement, Québec n'était pas
prêt à le faire et, deuxièmement, on disait au
Québec: Nous allons dépolluer, d'abord, l'Ontario qui se
déverse chez vous et, ensuite, vous viendrez avec votre plan.
M. Lincoln: Cela démontre votre manque de connaissances de
votre dossier.
M. Blais: Je ne vous réponds jamais que vous ne connaissez
pas vos dossiers et je n'aime pas me le faire dire.
M. Lincoln: Non, non, mais je vais vous dire...
M. Blais: Car je le connais passablement, celui-là.
M. Lincoln: ...que, si vous allez voir le plan d'investissement
de la Communauté urbaine de Montréal qui était le seul
qros projet en marche à ce moment-là, vous verrez que presque 24
% d'arqent fédéral y étaient investis. Alors, ne dites pas
que le gouvernement libéral n'est pas allé chercher de l'argent,
parce que M. Goldbloom l'a fait. De 1976 jusqu'à 1985,
démontrez-moi que vous êtes allés chercher tant d'argent.
Après 1979, quand le programme a été arrêté,
qu'avez-vous fait? J'ai été le seul à écrire
à Ottawa, en tant que député de l'Opposition. Montrez-moi
une lettre de votre ministre Marcel Léger demandant de l'argent à
Ottawa.
Aujourd'hui, alors que vous n'avez pas demandé d'arqent durant
six ans, je suis supposé aller demander de l'argent tout de suite, quand
on sait que le programme est arrêté depuis six ou sept ans. Je
vous ai dit que je l'ai demandé publiquement. J'ai demandé 100
000 000 $ pour la dépollution du Saint-Laurent et je vais les avoir, les
100 000 000 $. Je ne vais pas aller chercher "the pie in the sky".
M. Blais: Moi, je vous parle d'assainissement.
M. Lincoln: Mais c'est cela. C'est pour I'assainissement
industriel aussi.
M. Blais: Les eaux urbaines.
M. Lincoln: Les eaux urbaines. Pourquoi voulez-vous que je traite
la chose tout à fait différemment de votre ministre Léger
ou de votre ministre Ouellette? Pourquoi n'avez-vous pas exercé des
pressions sur eux pour qu'ils aillent demander de l'argent au gouvernement
fédéral de 1979 à 1985? Pourquoi la logique est-elle
différente pour vous que pour moi? Pourquoi, pendant ce temps-là,
si la logique était tellement claire, n'êtes-vous pas allé
chercher de l'argent du fédéral? Vous ne l'avez pas
demandé.
Je peux vous montrer la lettre que j'ai écrite à M.
Roberts et la réponse qu'il m'a donnée. Je discutais avec votre
ministre aux crédits chaque année, mais il n'écrivait pas
à M. Roberts. Il n'allait pas chercher d'argent, parce que le programme
était fermé. Le programme est fermé depuis 1979.
Qu'est-ce
que vous voulez que je fasse? Que j'aille rouvrir le programme qui est
fermé depuis 1979? Pourquoi ne l'avez-vous pas fait depuis 1979, vous?
Montrez-moi une lettre que vous avez écrite? Aujourd'hui, vous
écrivez aux municipalités pour faire un peu de politique avec
cela. Mais pourquoi ne l'avez-vous pas fait en 1980 ou en 1985 pendant que vous
étiez là? Montrez-moi une lettre que vous avez écrite au
gouvernement fédéral entre 1979 et 1985. Mais, alors que nous
sommes au pouvoir, soudainement il faut qu'on écrive des lettres.
J'en ai écrit une, lettre. J'ai écrit une lettre
réaliste. Je vais aller chercher 100 000 000 $. Je vais aller les
chercher. Si ensuite, dans trois ans, on me dit: Vous ne les avez pas eus,
à ce moment-là, venez me critiquer. Mais aller dire qu'on va
aller chercher des milliards du gouvernement fédéral pour
l'assainissement des eaux aujourd'hui, c'est "the pie in the sky".
Si les maires peuvent aller les chercher, je pense que cette
démarche devrait se faire comme cela parce que tous les maires du
Canada, aujourd'hui, sont en train de se liguer pour avoir une approche commune
au gouvernement fédéral. Si cela peut marcher, je suis pour cela
à 100 %. Pour ma part, j'ai envie de me concentrer sur un programme
spécifique pour une somme d'argent réaliste que je vais aller
chercher. Je ne veux pas vous promettre ce soir que je vais écrire au
gouvernement fédéral pour avoir 500 000 000 $. Je
préfère vous dire ce soir que j'ai déjà
écrit pour 100 000 000 $ et que j'espère les avoir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Je ne veux pas faire de politique sur ce dossier-ci
mais, à deux reprises, alors que M. Léonard était
là, il est allé discuter avec Ottawa et il ne leur demandait que
10 %, tandis que les autres provinces du Canada ont eu 16,6 % de subventions
pour leur assainissement et, au moins à deux reprises, il a eu une fin
de non-recevoir. Je me souviens très bien des diatribes de l'Opposition
de l'époque qui était libérales vu que nous étions
un gouvernement qui avait comme option la souveraineté, nous
étions persona non grata et c'est pour cela que le fédéral
nous répondait non, comme il demandait de répondre au
référendum.
Maintenant que nous avons un gouvernement pour le moins
fédéraliste -vous n'êtes pas persona non grata - je trouve
curieux que vous n'alliez pas, au moins, essayer de reprendre la part que nous
avons perdue comme Québécois. Ce n'est pas faire de la politique
que de redemander nos dûs à un gouvernement qui reçoit nos
taxes. C'est dans ce sens-là que je trouve inacceptable que vous
démissionniez directement de ce dossier-là.
Pour le Saint-Laurent, c'est une autre chose. Si vous faites des bons
coups Ià-dedans, on vous en félicitera, comme je le fais quand
c'est le temps. Mais, dans ce dossier-là, le dossier de l'assainissement
des eaux municipales, urbaines, nous avons été mal traités
du côté des subventions par le gouvernement central. Il semblerait
que ce soit presque étudié parce que vous faites un joint entre
le projet du Saint-Laurent et le programme urbain. En même temps que le
Québec était prêt à faire sa dépollution des
eaux municipales, le projet du Saint-Laurent était signé par
l'Ontario, Ottawa et les États-Unis et, comme par hasard, on
arrêtait aux portes du Québec encore une fois pour en fournir des
subventions. Sur cette partie-là, vous me dites que vous êtes
prêt à vous battre. Je vous félicite, je vais même
vous aider si vous en avez besoin. On va vous aider, on va voter en Chambre
à l'unanimité pour que vous alliez chercher des subventions si
vous le désirez, mais je ne peux pas concevoir, je ne peux pas
comprendre que, comme ministre responsable de l'Environnement, pour la
protection des municipalités, vous ne réclamiez pas notre
dû et une part de subvention fédérale pour les projets
à venir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, je ne vais pas
répondre plus que ce que j'ai répondu avant. Le
député s'est découvert un courage soudain qui n'existait
pas entre 1979 et 1985. J'ai été député de
l'Opposition entre 1981 et 1985, dont deux ans à l'Environnement. J'ai
questionné le ministre Léger sur cette question-là sans
arrêt. Entre ]976 et 1979, je couvrais la chose et j'enverrai toutes les
galées au député. Nous avons laissé passer des
sommes, pendant que le programme existait, qu'on n'est pas allé chercher
et, maintenant que le programme est fermé depuis 1979, il vient me
blâmer de ne pas aller au fédéral. J'ai été
le seul... Je mets le député au défi de me montrer une
seule lettre du ministre de l'Environnement fédéral, pendant que
le programme existait, pour aller chercher de l'argent. Je mets le
député au défi de me montrer une lettre du ministre
Léger protestant contre l'arrêt du programme. Je vais lui montrer
une lettre de moi, simple député de l'Opposition, et une
réponse de M. Roberts, le ministre de l'Environnement à ce
moment-là, qui me dit combien de sommes on avait laissé passer
parce qu'on faisait de la politique avec toutes ces affaires-là. On
n'allait pas chercher l'argent.
Aujourd'hui, en 1987, huit ans après le programme, on vient me
dire; C'est à vous d'aller chercher de l'argent. Je n'ai pas
entendu M. le député faire un discours en Chambre ou poser
une question là-dessus. Il me dit que M. Léonard a demandé
10 %. Qu'on me montre ce que M. Léonard a demandé. Tout ce que je
me rappelle de M. Léonard, c'est qu'il faisait des projets de loi pour
empêcher l'argent du fédéral d'entrer au Québec
parce que ça allait aux municipalités. On a même fait des
"filibusters". C'étaient des débats sans fin. Tout cela,
c'était une affaire politique. Et, aujourd'hui, le député
vient me dire que c'est notre faute si nous n'arrivons pas, en 1987, à
demander de l'argent dans des programmes qui sont finis depuis 1979.
Moi, je suis réaliste. Je vais, d'abord, aller chercher 100 000
000 $. Quand j'aurai cette somme, j'irai en chercher d'autres, mais avant, je
préfère aller chercher plus. 100 000 000 $, ce sera plus que ce
que M. Léger et M. Ouellette, sont allés chercher. Je suis
allé chercher 42 000 000 $ dans Noranda. C'est plus que ce que M.
Ouellette et M. Léger sont allés chercher. Qu'il ne vienne pas me
raconter qu'on peut aller chercher des milliards du fédéral.
C'est bien beau de faire des discours quand on n'a pas à aller chercher
d'argent. S'il veut aller chercher 100 000 000 $ pour le Saint-Laurent, je
serai bien content. Après, on verra. Moi, je suis réaliste. Je ne
vis pas dans des espèces de structures qui n'existent pas. Je vis dans
la réalité. Je vais aller chercher 100 000 000 $ et ce sera
déjà beaucoup. Après, on verra. Si ce n'est pas
satisfaisant pour le député, qu'il fasse comme moi, qu'il
écrive au fédéral pour voir ce qui va arriver. Moi, je
l'ai fait quand j'étais dans l'Opposition. C'est beaucoup plus que ce
que M. Léger et M. Ouellette ont fait, je peux le lui garantir.
Autrement, qu'il me dépose les lettres de M. Ouellette et de M.
Léger.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: On s'est battu sur ce plan de l'assainissement des
eaux. On en a parlé en Chambre à différentes reprises.
Moi-même, je crois avoir parlé de cela, à l'époque,
comme simple député, "back-bencher", du parti au pouvoir.
On prend un gros coup en disant qu'on n'a rien fait. Le programme a
été fermé le 31 décembre 1978 et on a
été élus le 15 novembre 1976. L'esprit de
coopération avec Ottawa n'était pas très fort. Vous allez
me répondre: Des deux côtés. Mais de 1970 à 1976,
vous, non plus, dans votre temps, vous n'avez rien fait.
M. Lincoln: D'accord, si on n'est pas allé en chercher,
c'est malheureux. Les treize petits mois pendant lesquels le programme a
été en cours, il y a eu des choses de faites. Il y a eu 55 000
000 $ donnés dans la région de Québec è ce moment.
Il y a eu 10 000 000 $ qui ont été faits pour les intercepteurs
de Montréal entre novembre 1976 et le 31 décembre. Il y a eu 150
000 000 $ consacrés à l'assainissement des eaux entre le 1er
janvier 1977 et le 31 décembre 1978. Voilà quelques chiffres qui
sont tout de même bons à citer.
Mais on pourrait en parler pendant quatre heures, de ce dossier des
relations avec le fédéral. Je retiens que vous allez aller
chercher de l'argent pour le fleuve, même si cela s'arrête à
la porte du Québec selon l'entente déjà en place, mais
que, pour l'assainissement des eaux des municipalités, vu que vous
êtes un homme réaliste, comme vous le dites, vous en faites votre
deuil. Je sais que vous avez à vous défendre au Conseil du
trésor parce que votre budget en immobilisations pour aider les villes
à faire l'assainissement des eaux est insuffisant. Beaucoup de monde le
dit. Je parle du côté urbain. Dans le rapport Dagenais, on
demandait, au moins, de le mettre I 550 000 000 $ par année et on
demande, à certains endroits, au moins 600 000 000 $.
Beaucoup de villes - on peut en citer si le temps nous le permet -
réclament d'entrer le plus vite possible, premièrement, dans le
système d'assainissement des eaux parce que c'est absolument
nécessaire. Car, plus on traîne en investissant moins, plus le
programme retarde et l'échéancier de 1993, je commence à
le mettre en doute pour la terminaison du plan. L'échéancier dont
on avait parlé aux derniers crédits, je commence à le
mettre en doute un peu. C'est la première question. Croyez-vous que
l'échéancier de 1993 pourrait être respecté avec des
sommes moindres que les années précédentes?
Deuxièmement, avez-vous l'intention, pour répondre aux
besoins urgents de certaines municipalités, de faire
accélérer le taux d'investissement? Troisièmement, si le
taux d'investissement annuel n'est pas accéléré, les
villes qui ont commencé leurs travaux, il y a trois, quatre ou cinq ans
ou sept ans, huit ans, celles qui ont terminé et qui sont voisines ou
à proximité ou dans le même débit que les villes qui
ne l'ont pas encore fait voient un investissement fait plusieurs années
d'avance et cela devient discriminatoire pour ces villes d'être
entrées dans le programme si tôt. Je vais m'arrêter
là pour tout de suite.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Tout d'abord, il faut savoir ce que l'on dit
lorsqu'on parle d'investissements.
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Oui.
M. Blais: M. le Président, je n'aime pas cette attitude de
toujours me faire dire que je ne connais pas mon dossier ou que je ne sais pas
ce que je dis.
M. Lincoln: Je n'ai pas dit cela. M. Blais: Mais ne le dites pas.
M. Lincoln: Je n'ai pas dit cela.
M. Blais: Pensez-le si vous voulez, mais ne me le dites pas.
M. Lincoln: Excusez, peut-être...
M. Blais: Moi, je ne vous dis jamais cela: Vous ne connaissez pas
vos dossiers.
M. Lincoln: Je n'ai jamais dit cela.
M. Blais: Vous venez de dire que je ne sais pas ce que je dis. Ce
n'est pas mieux, vous savez.
M. Lincoln: Je n'ai pas dit cela du tout, du tout. Ce que je veux
dire, c'est qu'il faut que le député m'explique, lorsqu'il parle
d'investissements, si ce sont les investissements actuels. Si ce sont des
investissements qu'on aurait dû faire selon les budgets. Quelle est la
ligne de conduite? C'est la grosse question. La dernière année au
pouvoir du parti antérieur, c'était en 1985-1986. Il est clair
que ce qu'on aurait dû dépenser comme investissement
autorisé, c'était 450 000 000 $. Le Conseil du trésor
l'avait situé bien clairement en octobre 1985. Il revient à la
charge et dit au gouvernement: Vous dépensez beaucoup trop d'argent,
vous surdépensez. Vous devriez vous retenir à 450 000 000 $.
Combien a-t-on dépensé? Ce sont 720 000 000 $? - Le
député veut-il me dire que c'est ça qu'on devrait faire?
Devrait-on chaque année dépenser 40 % de plus que le budget
malgré les revendications et les demandes du Conseil du trésor?
Aurait-on dû dépenser systématiquement 40 % de plus que
notre budget? Combien de temps, son gouvernement aurait-il pu continuer
à dépenser 720 000 000 $ alors qu'il lui était
alloué 420 000 000 $? Est-ce qu'à un moment donné tout ne
casse pas? Peut-on continuer des projets qui dépassent les
prévisions de 40 %, 50 %, 60%, 100 % et parfois 300 % parce qu'il y a
trop de projets, que les ingénieurs sont débordés de
travail ou que les travaux sont faits à la hâte parce qu'il y en a
trop? (21 h 30)
À un moment donné - le rapport Dagenais le dit très
clairement - il faut retourner à une gestion beaucoup plus efficace,
beaucoup plus ordonnée et beaucoup plus logique. Il a recommandé
un nouveau cadre de gestion. II a recommandé de nouvelles façons
d'estimer les projets: il y aura plus d'argent d'investi dans l'estimation afin
qu'il n'y ait pas de dépassements systématiques. Il a
recommandé une coordination beaucoup plus grande entre la
Société québécoise d'assainissement des eaux et le
ministère. Toutes ces choses ont été faites.
Maintenant, nous avons certaines choses qui sont beaucoup plus claires.
Nous pouvons, au lieu de périmer les crédits d'année en
année, faire un programme continu où les crédits sont
transférés d'une année à l'autre, ce qui ne
nécessite pas de faire une course aux investissements. Cela est la
première chose. Deuxièmement, nous avons un cadre de gestion
beaucoup plus contrôlé. Troisièmement, nous avons des
projets bien moins chromés. Quatrièmement, nous faisons beaucoup
plus de recherche. Par exemple, hier, je vous ai cité le pressoir
rotatif qui va diminuer les capitalisations de ces usines de 30 %, en moyenne,
à l'avenir. Donc, avec moins d'argent, nous pourrons faire plus, mieux
et agir plus efficacement. C'est cela qu'on cherche. On ne cherche pas à
lancer de l'argent dans le décor afin de dires On a
dépensé 720 000 000 $ et tous nos amis sont bien contents. Ce
n'est pas cela qu'on va faire. On va faire la gestion de ce programme, qui est
le plus gros proqramme du Québec. Il faut savoir que ce sont des deniers
investis par le public, ce n'est pas notre argent; il faut qu'ils soient
investis avec efficacité. C'est cela qu'on a fait.
On a, pour la première fois, un système d'ordinateurs
commun qui relie la SQAE et le ministère. On a commencé à
départager, pour la première fois, le rôle des deux
intervenants afin qu'ils sachent exactement ce que chacun fait et qu'ils ne se
jouent pas dans les pattes.
Troisièmement, nous avons commencé, tous les quatre mois,
à aller au Conseil du trésor, à produire un budget et des
chiffres de réalisation si on balance tous les projets. Le Conseil du
trésor peut maintenant prendre un projet et le suivre jusqu'à la
fin. Là, ce sont des progrès significatifs qui ont eu lieu dans
ce proqramme. Tous ceux qui ont connu le programme il y a deux ans, maintenant
vous diront que c'est le jour et la nuit. Je sais que, lorsque l'on fait des
ajustements aussi majeurs que ceux que nous avons faits, il faut un
ralentissement. C'est normal. On ne peut pas faire fonctionner la machine en
l'ajustant. Maintenant, nous reprenons un rythme de croisière. Nous
avons des chiffres d'investissement permis de 467 000 000 $ par an; en passant,
ce sont les plus forts montants qui aient jamais été investis.
Les montants qui ne peuvent pas être dépensés à
cause de certaines circonstances - par
exemple, à la CUM, il y a des ralentissements à cause de
la dimension du projet -sont très significatifs; ils peuvent atteindre
25 000 000 $ ou 30 000 000 $. Avant, on périmait ces montants, comme
c'est arrivé en 1983-1984 et en 1984-1985. Maintenant, on peut les
transférer d'une année à l'autre.
Qu'on finisse en 1993, je crois que nous allons finir en 1993; si ce
n'est pas 1993, ce sera 1994, mais ce sera bien près de 1993. En tout
cas, pour le moment, nous avons le cap sur 1993. Nous avons toute la
détermination de continuer le projet le plus vite possible. Il y a 42
projets qui s'amorcent cette année, plus 17 dans le Grand-Nord, donc 59
nouveaux projets. D'année en année, nous allons
accélérer le programme et nous espérons que nous allons
respecter tous les échéanciers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Merci, M. le ministre. Avant d'aller dans les
détails, vous nous dites que le cheminement critique de la
réalisation du programme pourrait être en 1993 ou 1994. J'ai juste
cette question. Le cheminement critique de la réalisation totale des
travaux à faire dans l'assainissement des eaux urbaines est certainement
fixé quelque part selon les investissements que vous avez prévus
dans les années qui viennent. Est-ce que vraiment le ministre peut me
confirmer qu'en 1993-1994, disons, les investissements seraient faits dans tout
le Québec et que cela n'ira pas en 1996 ou 1998?
M. Lincoln: Nous avons jusqu'ici une programmation
déterminée avec précision jusqu'en 1990-1991 et nous avons
des budgétisations pour les années ultérieures. La fin du
programme se maintient en 1993-1994. Alors, il n'y a aucune raison pour qu'on
ne finisse pas en 1993-1994.
M. Blais: M. le ministre, les 467 000 000 $ du plan triennal
annuel, vous me dites que vous jugez cela amplement suffisant pour que
"l'engineering" puisse suivre la marche. Vous faites, tout de même, une
parenthèse en disant qu'au fur et à mesure que les années
se déroulent de nouveaux procédés sont trouvés afin
que cela coûte moins cher. On pourrait dire: Attendons donc cinq ans et
puis on recommencera parce qu'on va avoir trouvé tellement de bonnes
choses que cela coûtera moins cher encore. C'est un principe que nous ne
pouvons pas accepter dans le contexte où nous vivons parce que
l'assainissement des eaux est absolument nécessaire. Il faut le faire
parce qu'on est déjà en retard.
Mais les 467 000 000 $ ne sont certainement pas suffisants quand on
regarde l'ensemble des revendications urbaines à ce sujet. Même
cette année, pour prendre quelques cas, à cause du budget trop
mince... Le budget est gros. Je ne veux pas considérer que 467 000 000
$, c'est une "pinotte". Ce n'est pas dans ce sens-là que je dis que le
budqet est trop mince.
M. Lincoln: Cela va.
M. Blais: Je crois, comme certains experts le disent, qu'on
devrait essayer de se rendre à 600 000 000 $. Je le crois. Regardons le
projet de Trois-Rivières - pour ne prendre que lui - qui est
passé de 23 000 000 $ à 10 000 000 $. Vous avez une ville qui
crie à tout rompre. Un instant, je vais vous trouver le dossier que j'ai
ici. Il y a aussi le lac Delage dont on s'est parlé vaquement
aujourd'hui. Vous m'avez remercié de vous avoir posé ma question
mensuelle. Cela m'a fait plaisir.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: C'est toujours cette délicatesse aimable. Je
vous la retourne bien, comme vous voyez, mais j'essaie de le faire en badinant.
Mais, une bonne fois, je vais vous la retourner en n'ayant pas mal à la
gorge, parce que je peux en prendre pas mal. Vous m'avez traité de nono
et de plusieurs choses. Cela devient un peu fastidieux, même si on est
dans l'Opposition et qu'on veut avoir un bon caractère. Vous savez, on a
un épiderme comme tout le monde et, sans être un
épidermique à outrance ou avoir le voltmètre de mon
irritabilité excessivement développé, j'admets que mon
thermomètre peut monter de temps en temps, moi aussi.
M. Lincoln: Excusez-moi, M. le Président. À
Trois-Rivières, le député a dit; 10 000 000 $. Le chiffre
est 19 865 000 $.
M. Blais: Oui, c'est l'estimation, mais seulement vous avez
coupé de 13 000 000 $, si je me le rappelle par coeur. Un instant! Il y
a une coupure de 13 000 000 $, non?
M. Lincoln: II n'y a pas de coupure de 13 000 000 $.
M. Blais: C'est coupé de combien?
M. Lincoln: C'est 19 865 000 $. Il n'y a pas de coupure. Je ne
sais pas où vous avez vu cela.
M. Blais: Un instant! Cela serait bien le "fun" que j'aie tort.
J'aimerais cela. Ce serait la première fois depuis qu'on a
commencé à travailler ensemble. Cela me ferait bien plaisir.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Je vais demander à mon recherchiste de
vérifier. Je vous en reparlerai un peu plus tard.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Cela demeure, M, le ministre, que les 467 000 000 $ ne
sont pas suffisants. L'assainissement des eaux de Lac-Bouchette, par exemple,
que vous connaissez, tout était prêt pour la signature d'un
protocole d'entente avant les dernières élections du 2
décembre 1985. Tout était prêt. Tout était en place
pour Lac-Bouchette. En mars 1987, votre ministère dit ne pas disposer
des budgets nécessaires pour permettre au Lac-Bouchette de
procéder, mais ils étaient prêts. L'assainissement des eaux
du Haut-Richelieu, le député d'Iberville à
l'Assemblée nationale, vous l'avez bien connu, confirme en janvier
dernier que, pour des raisons financières, les négociations entre
le ministère, Saint-Jean d'Iberville et Saint-Luc sont interrompues du
fait que le budget n'est pas assez élevé. C'est vrai que, dans ce
coin, c'est environ 80 000 000 $, je pense. Mais, encore là, ils sont
prêts et on ne procède pas. Prenons ces deux là pour
commencer.
Je vais vous en nommer quatre, cela va aller mieux. Vous répondez
longtemps; alors, si je veux avoir le temps de poser des questions.
Saint-Ludger, Risborough et Gayhurst; ces trois municipalités voisines
situées à quelques kilomètres du lac Mégantic, le
long de la rivière Chaudière, attendaient toujours, en octobre
dernier, après avoir signé un protocole d'entente avec le
ministre en août 1984, que leur soient versées des subventions
pour faire des travaux. Il y a le fameux lac Delage; cela prend un courage
énorme à la ville de Québec de toujours inqurgiter de
l'eau et s'il n'y pas quelque chose de fait avant longtemps... Même le
président de la FAPEL disait qu'il essaierait de prendre une injonction
s'il n'y avait pas de sommes investies pour que cela se fasse au plus vite. Il
y en a et il y en a, c'est incroyable. Même dans mon comté, on est
en retard. On était prêt quand vous êtes arrivés au
pouvoir. Là, on a eu un petit 1 350 000 $ pour faire des petites
études EPIC et des études préliminaires.
S'il y avait un peu plus d'argent dans cela, le Québec
deviendrait un vaste chantier et ce serait créateur d'emplois.
Probablement que ce n'est pas à considérer dans le contexte
où on parle! II reste, tout de même, que les villes crient, elles
sont irritées. Il y a des maires qui semblent vous en vouloir un peu
parce qu'ils disent que vous ne défendez pas assez le budget pour qu'il
soit haussé davantage malgré que vous me dites que vous l'avez
fait. Cela a augmenté, je suis complètement d'accord, mais pas
encore assez. Beaucoup de gens disent qu'il devrait être porté
è 600 000 000 $ par année. Voilà! Vous me dites que c'est
en masse parce que les gens ne sont pas prêts à le faire. Je vous
en ai signalé au moins cinq ici qui sont prêts à
procéder, mais vous n'avez pas les sommes voulues pour les contenter et
vous ne voulez pas l'argent du fédéral. Alors, là!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Écoutez, il y a plusieurs choses dans cette
question. Je ne sais pas où on commence. D'abord, commençons par
Lac-Bouchette. À Lac-Bouchette, les premières estimations qui
nous ont été données démontraient, dans le lanqage
utilisé couramment, que c'était un projet chromé. On a
demandé que les coûts soient révisés afin qu'on
puisse réduire les coûts. Le projet va être soumis à
nouveau et il va être étudié lorsque les coûts auront
été révisés. Pour ce qui est d'Iberville, c'est
vrai qu'on ne l'a pas retenu pour le moment. M. le député, c'est
sûr que nous aurions préféré avoir 600 000 000 $ au
lieu de 467 000 000 $, mais cela n'est pas nouveau. Je souliqne au
député que, tout le temps où son parti était au
pouvoir, il y avait 450 000 000 $ d'alloués, ce n'était pas 600
000 000 $. À un moment donné, un gouvernement doit distribuer son
argent aux Affaires sociales, à l'Éducation, à
l'assainissement des eaux etc. Nous avons maintenant mis plus dans ce programme
que jamais avant. On peut dire que 467 000 000 $, ce n'est pas assez, mais
c'est en même temps 51 000 000 $ de plus que ce qu'on a jamais eu au
Québec sur trois ans. Si on peut démontrer de façon
tangible que nous avons besoin de sommes additionnelles, nous allons revenir au
Conseil du trésor. Je vais me battre pour essayer d'avoir plus d'argent.
Mais, en même temps, il faut que nous démontrions qu'avec cet
argent nous pouvons faire le maximum, avec la plus grande efficacité
possible.
Par exemple, pour ce qui est de Lac-Delage, la vérité
n'est pas uniforme, ce n'est pas une affaire de blanc et de noir. Nous avons eu
plusieurs rencontres avec les intervenants. Nous avons eu des rencontres, par
exemple, aussi récemment - laissez-moi voir la date - que le 19 mai avec
M. Sohier de Lac-Delage, avec le maire de Lac-Delage, avec le maire de
Lac-Saint-Charles, avec le président de l'APEL, l'organisation
écologique qui est membre de la FAPEL, avec M. Faucher et M, Lapointe,
de BBPR, un groupe d'ingénierie, avec M. Belzile et M. Shooner, de
Schooner & Ass., des consultants, avec M. Bourré, de la ville de
Québec, avec des représentants du MENVIQ. Il est
démontré très clairement que l'eau potable n'est pas
affectée du tout. Il y a une étude sommaire de la
qualité de l'eau d'un tributaire du lac Saint-Charles par rapport au
rejet d'eau d'égout de la municipalité de Lac-Delage qui a
été préparé par Shooner et Associés, des
consultants, qui montre que l'eau potable est sécure. Il faut à
tout prix faire ce projet dans le temps. (21 h 45)
C'est sûr que le projet de ta rivière Saint-Charles doit se
faire. Mais c'est un projet de 100 000 000 $ qu'il va falloir faire par
étapes. On ne peut pas vous donner aujourd'hui l'assurance que ce
projet-là va être fait demain. On ne peut pas prendre le projet de
Lac-Delage et le séparer du projet total de la rivière
Saint-Charles.
Nous sommes en train de regarder toute la question globalement. Nous
sommes en train de faire des études pour voir si on peut le faire par
étapes sur une base de cinq, six ou sept ans. C'est ce que nous sommes
en train de faire.
Il n'y a pas de solution miracle pour ces choses-là. D'abord, il
est question d'avoir assez d'argent. Naturellement, moi, je veux le plus
d'argent possible. On essaie de retirer le plus possible, mais il y a des
contraintes dans le gouvernement. Ce que je peux vous souligner, c'est qu'on a
les budgets les plus élevés qui n'aient jamais été
versés au Québec pour l'assainissement des eaux.
Deuxièmement, en plus de cela, nous avons un système de
primes aux logis pour les municipalités qui est le plus flexible, le
plus équitable, le plus généreux que nous n'ayons jamais
eu, un système de primes qui n'a pas de date limite. Les
municipalités qui entrent dans le programme jusqu'à 1990 peuvent
avoir une prime qui est flexible dans le temps sur une période de trois
ans.
Cela aussi coûte de l'argent additionnel. Alors, on fait le plus
qu'on peut. Si on peut mettre plus d'argent dans ce projet, on le mettra.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre.
M. Lincoln: Excusez-moi. Vous avez parlé de Saint-Ludger.
Il y a 912 000 $ qui sont autorisés pour Gayhurst et Saint-Ludger pour
cette année-ci.
M. Blais: Oui, pour des études EPIC ou des études
préliminaires.
M. Lincoln: Non.
M. Blais: Non, pour démarrer les travaux?
M. Lincoln: Non, c'est la fin du projet. Le projet avait
déjà débuté en 1986-1987. En 1987-1988, il y aura
912 000 $. Il ne restera que 13 000 $ en 1988-1989 pour le terminer.
M. Blais: Bon, mais il demeure quand même qu'ils ont
été retardés, parce qu'ils avaient déjà
siqné un protocole en août 1984.
M. Lincoln: Si le projet a été retardé, il
faudrait demander à M. Ouellet, votre ancien ministre, pourquoi il a
été retardé de 1984 à 1984-1985.
M. Blais: Et en 1985-1986 à qui vais-je le demander? II
est devant moi. Pourquoi le projet a-t-il été retardé?
M. Lincoln: Le projet a été commencé. Dans
les années antérieures, il y a eu 1 020 000 $ qui ont
été investis dans ce projet. Il y avait d'abord les
municipalités de Risborough, Gayhurst et Saint-Ludger qui ne
s'entendaient pas sur le projet.
C'est un projet commun d'une régie. D'abord, il y a eu des
discussions entre les municipalités. Lorsque les municipalités se
sont entendues, 1 020 000 $ ont été investis avant 1986-1987 et
il y avait des problèmes d'admissibilité des travaux. En
1986-1987, c'est vrai qu'il y a eu 171 000 $ d'investissements, mais le projet
va se terminer pratiquement cette année-ci, en 1987-1988.
M. Blais: Félicitations pour vos programmesl
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci, M. le Président. Une question au
ministre, à savoir... On parle des usines d'épuration des eaux.
Où en est rendu le dossier concernant les boues d'épuration, leur
utilisation, soit domestique, commerciale? Est-ce que le dossier est bien
avancé?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Le comité Dagenais a demandé au
ministère de lui faire un rapport sur une politique de boues
d'épuration. C'est peut-être le plus grand problème auquel
nous faisons face aujourd'hui. Il y a certaines choses qui ont
été faites. D'abord, il y a une recherche sur toute la question
d'un nouveau système de presses à mettre dans les usines
d'épuration.
Le problème des usines d'épuration aujourd'hui, c'est
qu'elles produisent des quantités énormes de boues
d'épuration. Alors, on ne sait plus comment en disposer. Nous avons un
projet qui a été breveté et
qui est au stade de la construction, il s'agit d'une presse rotative qui
va diminuer le volume des boues d'épuration dans les usines - ce sont
les nouvelles usines, ce ne sont pas les usines existantes - jusqu'à 60
%.
Deuxièmement, une expérience de recherche est en cours
dans l'usine de la communauté régionale de l'Outaouais: on est en
train d'essayer de voir si on peut faire de la valorisation des boues pour
l'agriculture. On a envoyé une équipe au Wisconsin où des
expériences sont faites en se servant de boues d'usines
d'épuration. Cette équipe était composée de
représentants de trois ministères: l'Agriculture, l'Industrie et
le Commerce, et l'Environnement. Cela reste sûrement notre
problème majeur. Avec la nouvelle presse rotative, nous espérons
que cela allégera le problème de beaucoup de nouvelles usines.
Mais il reste que nous avons un problème de grande importance dans les
vieilles usines. C'est encore è l'étude au ministère, mais
il n'y a pas de solution miracle à cela.
M. Messier: Est-ce que vous allez consolider celles qui sont
déjà existantes? Je crois que, à Saint-Hyacinthe, on
appliquera le principe que vous venez de mentionner, c'est-à-dire: la
compaction va sortir de la matière sèche. Est-ce que vous comptez
convertir les anciennes usines d'épuration? Que faites-vous avec les
boues d'épuration? Vous en faites l'enfouissage?
M. Lincoln: Pour le moment, elles sont enfouies.
M. Messier: Enfouies seulement?
M. Lincoln: Oui. Cela pose beaucoup de problèmes. Par
exemple, l'usine de Magog et celle de Jonquière produisent un plus grand
débit de boues que ce à quoi on s'attendait, selon les
prévisions. C'est comme cela un peu partout dans les usines. Certaines
grosses usines comme celle de Montréal ont un système
d'incinération. À Québec, il y aura un système
quelconque qui traite les boues. Mais, en général, c'est un
réel problème. Je vais essayer de vérifier. Une
minute!
En ce moment, les programmes de recherche dans les nouvelles usines sont
bien concluants. Pour les usines existantes, naturellement, cela va demander
des budgets additionnels, l'ouverture de conventions. On se penche plutôt
sur le cas des nouvelles usines afin d'éviter le problème que les
anciennes ont connu.
Le Président (M. Saint-Roch); M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Pour rester dans le même sujet, il n'est pas
à l'ordre du jour, mais c'est un sujet intéressant: Il vaut
toujours mieux parler "de boues" qu'assis.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: II semblerait qu'il y a une cinquantaine d'usines en
préparation qui pourraient justement recevoir un budget
supplémentaire pour s'adapter à recevoir les boues des fosses
septiques, en gros. Si ma mémoire est bonne, il y en a une qui s'est
essayée et c'est Sherbrooke. Cela coûtait 225 000 $ et le
ministère a dit qu'elle n'était pas admissible. La MRC de
Sherbrooke va être obligée de payer cela et ce n'est pas
subventionné du tout. Cela fait curieux avec la réponse au
député de Saint-Hyacinthe que je viens d'entendre.
Deuxièmement - tant qu'à y être - l'UMRCQ a fait une
proposition et une demande pour toutes les boues des fosses septiques. Cela
coûterait 3 % du projet d'assainissement des eaux pour doter toutes ces
usines de réceptacles - je ne sais pas comment appeler cela - pour
traiter cela. Le coût serait à peu près - une estimation
prépréliminaire, c'est grosso modo - de 150 000 000 $, si ma
mémoire est bonne.
En supplément de question à la réponse au
député de Saint-Hyacinthe. Ces 50 usines seraient prêtes.
Il semble que, selon la réponse, vous seriez assez d'accord pour le
faire. Mais la première ou une de celles qui ont fait la demande
officielle aurait été la MRC de la ville de Sherbrooke et cela
aurait été refusé pour un montant de 225 000 $. Elle V8 le
faire quand même par acquit de conscience. Le ministère a
même refusé de la subventionner. Je trouve curieux la
réponse qu'il vient de donner.
M. Lincoln: La réponse est la suivante: Le cadre de
gestion qui existait dans le programme d'assainissement des eaux ne le
permettait pas. Le cadre de gestion de l'assainissement des eaux est un cadre
rigide et régie par un... C'est le cadre de gestion qui régit
l'assainissement des eaux. C'est un cadre gouvernemental qui régit les
paramètres du programme. Il faut que nous nous conformions strictement
aux paramètres du cadre de gestion. Nous avons demandé des
ajustements et des modifications à ce cadre. Ceci est à
l'étude maintenant au Conseil du trésor. Si c'est
approuvé, nous avons demandé la permission de donner de telles
subventions. Si le nouveau cadre de gestion, le cadre de gestion amendé
est accepté par le Conseil du trésor et le Conseil des ministres,
le genre de cas que cite le député pourra être
considéré par le ministère.
Jusqu'à présent, d'après le cadre de gestion actuel
qui a toujours régi le programme d'assainissement des eaux, on ne
pouvait pas le faire. C'est en fait le comité Dagenais qui a fait des
recommandations
pour que le cadre de gestion soit rouvert et amendé pour beaucoup
de clauses, incluant celle-là. C'est cela qui est maintenant en
considération au Conseil du trésor.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: J'aurais encore une question là-dessus.
Justement, parlant du rapport Dagenais, en février 1987, le rapport
Dagenais a demandé de remettre une politique de gestion des boues,
n'est-ce pas? Si j'ai bonne mémoire, il me semble que c'est
février 1987. Bon, il y a certainement une orientation qui a
été prise. Très brièvement, parce que c'est en une
question subsidiaire et on n'a pas le droit de répondre longtemps,
j'aimerais savoir si les bases sont mises de cette politique de gestion des
boues de fosses septiques.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Oui. Il y a un rapport qui a été
transmis au comité Dagenais. Les cinq paramètres qui ont
été retenus, c'est qu'il faudrait un lieu de traitement
régionalisé par territoire, une conception adéquate des
structures pour la réception et le traitement des boues de fosses
septiques, une collecte de boues de fosses septiques dans un
périmètre correspondant à des distances de transport
acceptables économiquement, une exploitation permettant le
contrôle des boues de fosses septiques dès l'origine
jusqu'à destination finale et une prise en charge par une
autorité compétente du coût de tout le processus, incluant
la taxation des usagers.
Le comité Dagenais va considérer le rapport que nous lui
avons envoyé. Il va faire des recommandations spécifiques au
ministère pour qu'on mette un programme en marche.
M. Blais: Sans budget?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Pas nécessairement. Lorsqu'on aura des
recommandations, il faudra obtenir des budgets en conséquence. On ira au
Conseil du trésor pour demander des budgets.
M. Blais: Bonne chance, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, dans ce dossier encore... Vous
n'êtes pas député de la région de Québec,
vous. On dirait que vous n'avez pas un faible pour la région de
Québec. L'eau semble vouloir être contaminée
bientôt, puis ensuite il y a transformation de l'incinérateur
régional où c'est un montant de 19 000 000 $ que vous êtes
allé chercher probablement du fédéral. Ils ont reçu
19 000 000 $ du fédéral. Mais il semblerait que votre
ministère ne veut rien donner. Eux, je crois, et c'est de bon aloi, ils
sont vraiment en droit de revendiquer une participation de votre
ministère pour les aider. Quelle est votre réaction à
cette question?
M. Lincoln: M. le député, je ne sais pas pourquoi
vous dites que je ne suis pas favorable à la région de
Québec. Je ne sais pas combien de fois j'ai rencontré M. Rivard,
le président de la Communauté urbaine de Québec et M.
Pelletier, le maire de Québec, à propos de toute la question de
l'épuration des eaux à Québec et de celle de
l'incinérateur. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous avons eu
des rencontres. J'ai eu plus de rencontres avec eux qu'avec n'importe quel
autre groupe municipal ou communauté urbaine au Québec.
Les négociations que nous avons eues ont toujours
été des néqociations très harmonieuses. Nous avons
discuté de tous les chiffres, incluant tout le système
d'épuration des eaux dans la Communauté urbaine de Québec
parce que les deux sont associés. On ne peut pas séparer l'un de
l'autre parce que la modernisation et les réajustements à l'usine
d'incinération de Québec sont relatifs au projet de
l'assainissement des eaux, â savoir si oui ou non on va traiter les boues
d'épuration de ces usines. (22 heures)
Tous ces projets sont reliés et les décisions que le
Québec va prendre par rapport aux boues septiques, s'il va les traiter
à l'usine d'incinération ou par des procédés
séparés, vont dépendre de toute la problématique de
la réfection de l'usine. Je peux vous dire que des négociations
ont été continuées avec eux. La dernière fois que
j'ai rencontré M. Rivard et M. Pelletier pour la deuxième ou la
troisième fois, c'était il y a deux ou trois semaines, tout juste
avant la conférence de presse qui s'est donnée par rapport
à toute la question d'épuration des eaux au Québec; on se
comprend très bien. Pour le moment, il y a des chiffres à
l'étude de part et d'autre pour qu'on arrive à une
décision acceptable avant que cela aille au Conseil du trésor. Je
peux vous assurer qu'on va trouver une solution acceptable tant pour le
ministère que pour la communauté et la ville de
Québec.
M. Blais: II me faut vous donner des explications. Je disais que
c'était une subvention de 9 000 000 $. C'est le coût total. La
subvention d'Ottawa est de 800 000 $. Vous avez certainement compris
parce que vous connaissez vos dossiers. M. Lincoln: Oui, oui.
M. Blais: Cependant, à la ville vous discutez avec M.
Michel Rivard et les autres, M. le maire de Québec, etc., mais ils sont
en droit d'entrer dans leur programme d'assainissement des eaux. Pour avoir 90
%, ils ont même consenti à descendre leur aide demandée
à 75 %. Vous ne leur offrez toujours - selon M. Gignac de votre
ministère - que 6 %. Je veux bien croire qu'on peut discuter avec des
gens, mais est-ce que vous êtes fermé à 6 % de subvention
comme base? II me semble que ce ne sera pas suffisant si on se fie aux autres
qui ont...
M. Lincoln: Excusez-moi...
M. Blais: Apparemment il a été offert, et je vais
vous lire... Selon M. Gignac, votre ministère pourrait participer. Cette
participation ne pourrait pas excéder 6 % du coût de ces
transformation évaluées â près de 19 000 000 $.
M. Lincoln: Vous parlez de l'usine d'incinération.
M. Blais: Oui.
M. Lincoln: Ah bon! En fait, le principe est accepté par
la Communauté urbaine de Québec et la ville de Québec. Il
n'y a aucune dispute sur cela. Le ministère est impliqué en ce
sens que l'usine d'incinération va s'occuper des boues
d'épuration. C'est cela, la question. Alors, il faut évaluer dans
tout le système si oui ou non l'usine d'épuration va s'occuper
des boues. Toute la problématique dépend de cela. Rien n'est
fermé dans nos négociations. Nous sommes en train de
négocier un genre de "package", qui veut dire que nous allons prendre
toute la problématique d'ensemble et arriver à un chiffre
acceptable tant à la Communauté urbaine de Québec qu'au
ministère. Je pense que nous allons nous rejoindre sans aucun
problème sur cela.
M. Blais: M. le ministre, je vais essayer d'aller bien vite.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne, si vous me permettez. Puisqu'il est maintenant 22 heures,
j'aurais besoin du consentement de tous les intéressés.
M. Blais: M. le Président, je veux reprendre les douze
minutes que nous avons perdues.
M. Lincoln: Oui, on a commencé tard, cela va.
M. Blais: Aller jusqu'à 22 h 12 environ, M. le
Président. Cela va?
Le Président (M. Saint-Roch): Vu qu'il y a consentement,
M. le député de Terrebonne,
M. Blais: Je vais faire mes questions très courtes et
j'espère que les réponses vont être courtes.
M. Lincoln: Très bien.
M. Blais: Sauf si on s'obstine. Alors là, on va pouvoir
étirer. Nous étions sur le rapport Dagenais et dans la suite du
rapport Dagenais un point me fatiguait beaucoup, le volet urbain du plan
d'assainissement des eaux. Il parlait de trois ou quatre façons, il
parlait de la privatisation éventuelle. Vous savez que j'ai
déjà posé une question en Chambre sur cela. Cela me
fatique. Un comité sur la privatisation devrait être
constitué pour voir s'il y a des possibilités que des usines
soient privatisées. Moi, je suis complètement contre, vous
connaissez ma position sur cela. Est-ce que le ministère envisage cette
recommandation et songe è y donner un aval?
M. Lincoln: Nous avons accepté le principe du
système d'affermage et du programme Clés en main pour ce qui est
de la privatisation comme telle. Un comité se penche sur cela
maintenant; il n'a pas terminé son rapport et va terminer ses travaux
d'ici l'été. Je ne sais pas, je pense que ce sera en juin ou en
juillet. Il va nous faire des recommandations. À ce moment, on va
étudier la question et les recommandations. Je ne peux pas
présumer des recommandations, si cela va être affirmatif ou
négatif. En tout cas, ces gens étudient toute la question. Il y a
quelqu'un du ministère, M. Robert Tétreault, un des experts les
plus connus du milieu de l'assainissement des eaux au Québec, qui a
été détaché de son travail régulier pour
servir comme expert et faire toute la recherche sur la question de la
privatisation. Le comité se penche là-dessus, il va me faire une
recommandation dans le courant de l'été. À ce moment, on
prendra une décision.
M. Blais: Vous parliez à Victoriaville, le 6 novembre -
j'ai cela ici dans mes notes -d'une usine pilote. Vous disiez que vous aviez
une expérience pilote là-dessus. Est-ce qu'il y a quelque chose
qui est en train de se concrétiser ou bien si vous attendez a
l'été la remise du rapport avant d'essayer une expérience
pilote?
M. Lincoln: Non, ce n'est pas concrétisé, tout va
être axé sur le rapport
sur la privatisation. On ne fera rien tant qu'on n'aura pas ce rapport
et qu'on n'aura pas décidé.
M. Blais: Je vais vous poser une question sur les
règlements sur l'évacuation et le traitement des eaux
usées des résidences isolées, autour des villes. Il y a
plusieurs municipalités, depuis 1979 - c'est nous qui avons
adopté cela - qui ont la responsabilité de cette partie. Les
villes trouvent cela extrêmement onéreux et difficile à
soutenir, et j'ai ici un exemple qui m'a été fourni par le
responsable de notre section, M. Gendron, pour l'Abitibi-Témiscamingue.
"Ainsi, les cinq MRC de l'Abitibi-Témiscamingue ont fait front commun
pour exiger que des modifications soient apportées au règlement
afin que soient prises en considération les particularités du
contexte régional de l'Abitibi-Témiscarningue. Dans la MRC de
l'Abitibi-Ouest, par exemple, 60 % des permis émis pour la construction
d'installations septiques, entre 1984-1986, ont été
accordés en dérogation du règlement." Est-ce qu'on devrait
- c'est la question - être punitif envers ces gens ou ces villes qui ont,
malgré les réglementations, accordé 60 % de leurs permis
ou si leur règlement devrait être assoupli sans nuire à la
qualité de la vie de façon notable?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M: Lincoln: II y a un problème bien spécifique en
Abitibi-Témiscamingue. À cause du genre de terrain, de la terre
glaise, on ne peut pas faire de champ d'épuration comme cela se fait
ailleurs au Québec. II y a un problème réellement
contradictoire en ce sens que, d'après le règlement, les gens
doivent s'équiper de fosses septiques, ce qui coûte très
cher, soit 3000 $, 4000 $ ou 5000 $. Les fosses septiques ne peuvent pas
mâcher les matières, puisqu'on ne peut pas faire de champ
d'épuration à cause de la structure géographique.
Il est arrivé que des gens ont enfreint le règlement. Il y
a deux possibilités. Une première serait la vidange
périodique, beaucoup plus fréquente que la normale et qui
coûte très cher aux résidents. Les résidents ne
veulent pas l'accepter. Autrement, il y a peut-être une façon
d'amender le règlement pour trouver d'autres façons de
l'assouplir. La solution ultime est de faire une recherche là-dessus.
Des recherches ont été faites en Amérique du Nord. On est
en train d'examiner ce qui se fait en Norvège, par exemple, pour essayer
d'en arriver à une solution. Le sous-ministre et des gens de la
direction régionale ont rencontré des représentants de la
MRC, des maires des municipalités de l'endroit, incluant le
député d'Abitibi-Ouest. On est arrivé à la
conclusion de constituer un comité de travail qui se pencherait
là-dessus aujourd'hui pour essayer de trouver une solution
spécifique au problème de l'Abitibi qui pourrait s'acheminer vers
un assouplissement du règlement ou une méthode quelconque qui
serait peut-être acceptable en Abitibi, pour répondre à ce
problème spécifique.
Ce comité a déjà été formé. Il
est formé de gens de la MRC, des municipalités et du
ministère. Il va nous donner un rapport d'ici quelques mois, je
pense.
M. Blais: C'est toujours la réponse: À
bientôt.
M. Lincoln: Écoutez, vous m'avez dit bien souvent
"bientôt". Mais je remarque que vous le dites bien moins depuis que vous
avez réalisé que les choses au sujet desquelles je disais
"bientôt" commencent à se réaliser de plus en plus.
M. Blais: En vieillissant, je me raffine.
M. Lincoln: En plus de quoi, je dois vous dire que vous
n'êtes pas tout à fait du même avis que votre
collègue d'Abitibi-Ouest. Au contraire, il a même fait publier
dans les journaux des petites félicitations à mon endroit pour
avoir fait ce qu'on a fait au sujet de leur problème en Abitibi.
M. Blais: Je l'ai même fait en Chambre, moi. C'est encore
plus grandiose. Sauf que vous avez certainement quelques faiblesses. C'est sur
ces faiblesses qu'on s'attarde en commission parlementaire.
M. Lincoln: D'accord. Ne restez pas là-dessus...
M. Blais: C'est malheureux mais... Non, non. Il ne nous reste que
quelques minutes, mais j'aimerais vous dire... On dira cela à la fin. Le
volet agricole, ce n'est pas parce qu'il arrive à la dernière
minute qu'il n'est pas important.
M. Lincoln: Non.
M. Blais: Je vais poser ma question très rapidement pour
essayer d'occuper le temps pour terminer...
M. Lincoln: Mais s'il faut quelques minutes...
M. Blais: L'UPA demande qu'il y ait un programme pour cela et
elle demande qu'elles soient payées comme dans les municipalités
urbaines, à 90 %. Le rapport Oagenais dit que 75 % serait
peut-être plus convenable. L'engagement électoral de votre parti
diminuait cela encore de 20 % pour
l'établir à 55 %. Il est bien entendu que donnant donnant,
contribuable pour contribuable, c'est le pourcentage de 90 % qui devrait
être revendiqué. D'abord, est-ce qu'une politique sur
l'assainissement de tout le territoire rural, pour l'appeler ainsi, est en voie
d'être développée et mise sur pied de façon
ponctuelle bientôt? Est-ce que lui aussi aura un autre volet que les 467
000 000 $? Est-ce qu'il aura un budget supplémentaire pour ce faire
comme on le fera pour les boues septiques? C'est ma première question.
II y a le budget de l'assainissement urbain: 467 000 000 $. Cela prendrait, en
plus, un programme de près de 150 000 000 $, pour les boues septiques,
qui serait étalé, je ne sais pas sur combien de temps, et cela
prendrait aussi, pour l'assainissement rural, un autre budget qui viendrait s'y
ajouter. Est-ce de cette façon-là que les principes seront mis de
l'avant du côté budgétaire? Quand la politique dans ce
domaine sera-t-elle officielle et mise sur terme?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: D'accord. Je vais commencer par le dernier: la
politique. Ce que nous avons fait, nous avons établi un comité de
travail entre le ministère de l'Agriculture et nous-mêmes
où tes deux ministres, les hauts fonctionnaires et les
spécialistes du ministère de chaque côté se
rencontrent de façon systématique. Nous avons commencé
à dénombrer tous les secteurs névralgiques où il y
avait des problèmes conflictuels ou des problèmes de politiques
qu'il fallait établir. Il y en avait 31.
Il y a eu plusieurs rencontres qui ont débouché sur ces
trois rapports qui ont été déposés. Il y en a un
qui est attendu la première semaine de juin et de là va
découler une politique de l'environnement par rapport à
l'agriculture. Naturellement, la grosse question que vous soulevez, c'est celle
des fosses. Il y a eu un engagement de réparti pour 50 % à 55 %.
Le comité Dagenais a commandé 75 %. J'ai rencontré des
gens de l'UPA à plusieurs occasions et le vice-président de l'UPA
il y a quelques jours encore. C'est sûr qu'on ne pourra pas aller aussi
loin que 55 % au début, mais nous sommes à étudier
maintenant comment procéder de façon à commencer un
programme quelconque. Le sous-ministre adjoint aux régions est en train
de travailler cela. Nous sommes en train d'y voir, dans une mesure quelconque,
et nous espérons que d'ici août ou septembre on va arriver
à des recommandations, mais ce n'est pas un problème facile. Je
suis d'accord avec vous que cela demande de l'argent, mais nous sommes
disposés à aller au Conseil des ministres pour demander de
l'argent; dans tous les cas, nous allons essayer le plus possible de remplir
ces obligations. Cela ne sera pas fait d'un jour à l'autre, mais
peut-être de façon graduelle.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: M. le ministre, les dossiers de l'environnement sont
nombreux et on n'a pas effleuré assez l'ensemble des dossiers dont on
aurait dû discuter ensemble. Je suis persuadé que vous le
savez.
M. Lincoln: Ah oui, tout à fait.
M. Blais: J'aimerais bien que de votre côté, pour
votre formation politique, vous demandiez que les crédits de
l'environnement, vu que c'est une préoccupation numéro un de
l'ensemble de la population québécoise, que l'an prochain nous
ayons plus de temps pour les faire ensemble.
M. Lincoln: Avec plaisir, M. le député. Si vous
voulez plus de temps, je...
M. Blais: De mon côté, je vais le faire aussi.
M. Lincoln: D'accord.
M. Blais: Je vous fais une petite promesse gentille: en Chambre,
je vais vous poser plus de questions, à condition que vous fassiez une
petite promesse vous aussi, que vous me donniez des meilleures
réponses.
Je tiens à dire que ces huit heures que nous avons passées
ensemble, je ne les ai pas trouvées désagréables. J'ai
essayé de mon côté d'être le plus poli possible, mais
dans ma délicatesse, je laisse toujours poindre une partie de vos
faiblesses, parce que c'est mon devoir de le faire et j'espère que je le
fais bien et qu'il en ressort des faiblesses au ministère quand on a
fini les crédits. C'est avec joie qu'on se rencontrera pour les
prochains crédits. Cela m'a fait plaisir de travailler avec vous.'
M. Lincoln: M. le Président, je dois faire écho aux
paroles du député de Terrebonne. Cela a été des
crédits constructifs. C'est la démocratie qui veut que, de part
et d'autre, chacun défende son côté. Quand j'étais
dans l'Opposition, je faisais exactement ce que vous faites aujourd'hui. C'est
la façon de déceler des choses et de pousser le gouvernernent
dans le dos et je dois le féliciter pour des crédits très
bien présentés et son service de la recherche. Je crois que c'est
un service unique. Hier, j'ai dit au député de Terrebonne que
cela avait été un travail soigné, qu'il avait
décelé des questions qui nous ont
beaucoup aidés à réfléchir. En fait, on a
pris des notes dans beaucoup de secteurs pour nous aider à revoir
certaines choses; alors, je suis bien aise de ces crédits. J'ai
trouvé cela très constructif. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Terrebonne.
M. Blais: Une demi-minute. Moi aussi, j'ai dit, durant les
premières six heures, que j'étais content du travail de mon
recherchiste. Il travaille, avec qualité; les dossiers sont bien
présentés et sont même facilement compréhensibles
par un type comme moi. C'est donc qu'il travaille très bien. J'aurais
voulu que, quand vous étiez dans l'Opposition, vous ayez un recherchiste
avec autant d'allant.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2
est adopté?
M. Lincoln: M. le Président, je voudrais remercier
l'équipe du ministère qui a pris beaucoup d'heures à
préparer ces crédits. Je voudrais remercier tous les gens qui
étaient ici pour nous assister.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2
est adopté?
M. Lincoln: Adopté. M. Blais: Oui.
Adoption des crédits
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère de l'Environnement sont adoptés?
M. Blais: Avec plaisir. M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ceci, la commission de
l'aménagement et des équipements ajourne ses travaux
jusqu'à 10 heures demain.
(Fin de la séance à 22 h 16)