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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Transports,
programmes 1, 2 et 5 à 8 inclusivement, pour l'année
financière 1987-1988. Est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires, M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, oui,
de manière formelle parce qu'elles sont enregistrées, mais sans
texte. Je ne me sentirais pas à l'aise. Je vais davantage brosser un
tableau de ce qui a pu se passer, et ce, très brièvement,
puisqu'on aura l'occasion, j'imagine, de faire le tour d'un certain nombre de
sujets dans les échanges avec Mme la députée de
Maisonneuve.
Dans un premier temps je vais vous présenter ceux qui
m'accompagnent aujourd'hui: M. Michaud, qui est sous-ministre en titre au
ministère; M. Lortie, pour respecter l'âqe des individus, qui est
sous-ministre responsable de l'ensemble du réseau routier; M. Hinse,
juste par la couleur des cheveux, pas par l'âge, qui est responsable du
transport terrestre des personnes; M. Demers, qui, dit-on chez nous, est notre
génie, qui a la responsabilité des plans pour la construction du
réseau routier, donc des préoccupations de Mme la
députée de Maisonneuve, principalement dans son comté; M.
Carrier, qui est sous-ministre à l'administration; et, par la suite, M.
Chiricota, qui sera en bonne partie responsable de chiffres erronés si
jamais j'en disais, puisque c'est lui qui a la responsabilité de toute
la vérification; M. Ménard, qui est responsable de la
programmation; M. Lafontaine, responsable de la recherche; M. Blouin,
responsable du transport maritime; MM. Descôteaux et Smith, qui sont du
transport en commun. J'espère que je n'en oublie pas, et M. le
président de la Commission des transports du Québec, M.
Rémillard, accompagné de ses collaborateurs. Quant à ceux
de mon cabinet qui m'accompagnent ce matin, M. Tourigny, qui est mon directeur
de cabinet, et Mme Aubé, qui est responsable de la partie transport au
ministère, de même que celui qui est responsable de publiciser les
bons comme les mauvais coups, M. Jean-François Normand. Je n'ai
oublié personne?
M. Rémillard, dans la mesure où vous aurez des questions
sur la Commission des transports, pourra certainement nous présenter
l'ensemble de ses collaborateurs.
M. le Président, en ce qui concerne les crédits du
ministère des Transports, cette année, compte tenu des ajouts
faits une semaine plus tôt que prévu dans le cadre du budget, le
budget du ministère est maintenant, pour l'année en cours, de 1
717 500 000 $, ce qui représente 134 000 000 $ de plus que ce que nous
avons dépensé en 1986-1987 et 77 000 000 $, si on veut des bases
comparables à celles de l'an dernier à la même
époque. C'est 7,6 % du budget global, alors qu'il était, bien
sûr, il faut l'admettre, au cours des années soixante, à 15
% du budget de la province. Je pense qu'il est normal, compte tenu du
changement des missions et orientations gouvernementales, que le domaine de
l'éducation et le domaine de la santé aient pris des proportions
plus importantes par rapport à ce qu'occupe le ministère des
Transports.
C'est possiblement le ministère le plus
décentralisé qui ait une action directe sur le quotidien des
individus et, pour ce faire, nous avons, au ministère des Transports,
7759 personnes avec pleine sécurité d'emploi, donc, à
temps plein, plus 2200 personnes-année comme occasionnels, ce qui
représente environ 6000 occasionnels annuellement. Il passe, donc, chez
nous tout près de 14 000 personnes annuellement qui travaillent à
dispenser des services un peu partout dans le Québec, certains à
l'année, d'autres, pour presque la moitié, pour des
périodes allant même jusqu'à six mois.
La structure des dépenses au niveau du ministère pourrait
se résumer, très brièvement, à 16 % en traitements,
16 % en fonctionnement, 22 % en capital et 46 % en transferts. Voilà
quelques chiffres donnés très rapidement en ce qui concerne le
ministère et qu'on pourra discuter par la suite dans la mesure où
vous en sentirez le besoin.
Quant au transport terrestre, un petit tour rapide, parce que nous
aurons l'occasion de revenir, j'imagine, programme par programme,
élément par élément. C'est un
budget cette année de 412 500 000 $, soit une augmentation de 3,3
% par rapport à 1986-1987. Et, c'est quand même extrêmement
important, c'est 25% des crédits du ministère des Transports.
Ce que nous avons fait, au cours de l'année budgétaire qui
s'est terminée en mars, et ce qui continuera d'être une de nos
préoccupations dans l'année qui vient, c'est de consolider et de
responsabiliser davantage les élus locaux en matière de
contrôle de l'exploitation des transports en commun, principalement en
regard des commissions intermunicipales de transport, qui ont un budget en
hausse de 20 %. Il y a donc un souci très évident
d'étendre le service à des sous-régions en matière
de desserte de transport en commun et de faire en sorte que certaines
communautés ainsi regroupées à l'intérieur des CIT
puissent avoir une offre plus importante en termes de transport en commun. Il y
a des municipalités qui se sont jointes aux groupes en cours
d'année et, en particulier - cela va certainement réjouir le
président de notre commission - la ville de Drummondville assure
maintenant ou assurera très bientôt un service de transport en
commun, puisque celui-ci a été reconnu par le
ministère.
Un autre point qu'il est important de souligner, à ce moment-ci,
les trains de banlieue. Ils ont défrayé les manchettes au cours
de l'année et risquent d'être un sujet brûlant de
préoccupation au cours de l'automne. Cela aura donc des incidences
très importantes sur les budgets du ministère et aussi sur
l'offre du transport en commun. Donc, ces trains de banlieue, 20 000 000 $ en
1987-1988, dont 7 500 000 $ pour la poursuite du programme de modernisation de
la ligne de métro Montréal-Rigaud. Évidemment, on parlera,
bien sûr, de la desserte de Saint-Hilaire et de celle de Deux-Montagnes
au cours de nos discussions, et de l'automne aussi.
Il y a eu et il y aura des projets de réalisation
d'immobilisations qui sont considérés chez nous comme
prioritaires. En effet, la Société de transport de la rive sud de
Montréal est celle qui, sur le plan des infrastructures, est
peut-être la moins bien pourvue en services. Il est pratiquement
impensable qu'en 1987 cette société, quand même la
troisième en importance au Québec, n'a ni centre
d'opération ni équipement pour être capable de loger des
autobus. Faut-il le dire? C'est une tente.
Nous investirons donc 22 700 000 $ à ce titre au cours de
l'année et dans les années subséquentes pour finaliser les
infrastructures nécessaires, du moins le minimum vital. Il y aura, dans
la région de Québec, la construction d'un terminus de 4 000 000
$, de même que dans la région du Saguenay, faisant ainsi un tour
de piste très honorable des besoins largement exprimés par le
milieu et faisant preuve d'un souci d'un certain équilibre entre les
différentes commissions de transport,
En ce qui concerne les autobus, nous avons, avec la collaboration de
l'Association des transporteurs urbains du Québec, dans ces
négociations entreprises en cours d'année pour tenter de revoir
les règles de financement du gouvernement, réglé l'avenir
quant au renouvellement de la flotte d'autobus et aussi suivi de très
près le dossier de ta rouille avec GM, et nous pourrons en discuter
éventuellement.
Donc, ce qui marquera l'année qui vient, c'est certainement la
commission parlementaire de la fin d'août qui, elle, sera suivie
très rapidement - du moins, je l'espère - de décisions de
la part du gouvernement, è la fois pour des politiques de fonctionnement
et quant aux immobilisations futures qui devront tenir compte très
certainement du fait qu'il y a des gens qui doivent accéder a
l'île de Montréal et d'autres qui doivent en sortir. Je pense que
c'est un des principes très importants en ce qui concerne cette
commission parlementaire. De la même manière, des qens doivent
circuler sur l'île de Montréal proprement dite.
Il y a donc beaucoup de travail a faire. Il y a une interrelation entre
les différentes parties de l'agglomération montréalaise,
tant la ville de Lava! que les villes de la couronne nord de la rivière
des Prairies, que celles du sud, que ce soit de Valleyfield jusqu'à un
peu plus à l'est de Boucherville, donc, des impacts extrêmement
importants en cours d'année. J'imagine que ce sera le sujet de
préoccupation de première importance relativement au transport
terrestre des personnes à l'automne.
Quant aux taxis, le rapport Bissonnet a été passablement
clair quant aux recommandations à ce sujet. Il y a environ une semaine,
les gens du taxi décidaient de demander au gouvernement de revoir
certaines normes quant au montant payé pour le rachat des permis de
taxi, pour tenter de donner le deuxième souffle indispensable pour
terminer tous ces efforts de modernisation de notre politique du taxi et faire
en sorte que les gens puissent y gagner honorablement leur vie. Donc, sur le
plan législatif, des mesures ont été adoptées avec
le concours de l'Opposition et sont de nature, très certainement,
à aider grandement l'industrie du taxi.
Construction du réseau routier. Je sais que ça fera
l'objet de discussions è part, mercredi, avec le député de
Joliette et critique en matière de réseau routier. Nous aurons
donc à y revenir, et je vous ferai grâce de ce que je pourrais
vous dire à ce moment, tant sur la construction que sur la conservation
du réseau routier.
Transport scolaire. C'est 317 800 000 $ que nous consacrerons en cours
d'exercice
1987-1988, soit 10 000 000 $ de plus qu'en 1986-1987. Ce qu'il faut
remarquer, c'est que 1987-1988 marque la dernière année de
l'entente sur le transport scolaire et que nous sommes déjà
actuellement, dans un comité ministériel, à revoir les
normes qui nous permettront de signer une nouvelle entente de longue
durée avec les commissions scolaires en vue du financement.
Heureusement, certaines grèves qui ont marqué l'année dans
le domaine du transport sont maintenant chose du passé. Dès ce
matin, le transport a repris à Transco et c'est très
important.
Transport maritime. Bien sûr, l'essence du transport maritime chez
nous est en partie attribuable au service de traversiers un peu partout au
Québec et qui va chercher des sommes, en 1987-1988, de tout près
de 36 000 000 $- Ce qui est extrêmement important, compte tenu de la
desserte. En cours d'année, le rapport Hovington connaîtra
l'application de plusieurs de ses mesures quant à la tarification. Ce
que j'ai dit, je le répète ici, ce matin, de manière
très officielle: L'époque de la gratuité des services des
traversiers est maintenant terminée. En ce sens, nous pourrons, au cours
des prochaines semaines, rendre publique une nouvelle grille de tarification
qui tiendra compte des phénomènes de transport en commun, de la
capacité de certains citoyens de payer et aussi d'une différence
très nette entre quelqu'un qui peut utiliser des Ponts pour
accéder à une autre rive et les individus qui doivent
obligatoirement emprunter un traversier pour faire ce lien entre les deux
rives. Cela nous paraît extrêmement important de parler, dans le
transport maritime, des services de cabotage des Îles-de-la-Madeleine et
de la Basse-Côte-Nord. Cela fera certainement l'objet de certaines
discussions en cours de route. Â ce moment-là, on pourra
échanger comme bon vous semblera.
Pour ce qui est du transport maritime national, il y a effectivement
deux projets de loi dont il faudra tenir compte en cours d'année et qui
ont fait l'objet de nos préoccupations au cours de l'année qui
vient de se terminer; c'est, bien sûr, le projet de loi
fédéral C-18, donc le ferroviaire qui a de l'incidence sur le
maritime, et le C-21, qui est lui aussi devant le Parlement et qui risque de
changer un certain nombre de choses quant à la pratique maritime.
Quant aux projets d'immobilisation, nous les reverrons, il s'agit de
certaines immobilisations à Port-Menier, à l'île aux
Coudres, à Baie-Sainte-Catherine, à Saint-Ignace-de-Loyola
concernant certaines sécurités aux terminaux aussi. Bien
sûr, il y a toujours 400 000 $ qui sont au budget du ministère
pour un bac qui pourrait relier l'île Verte à la terre ferme qui
font l'objet de discussions dans le milieu.
Transports aériens. J'imagine que nous reviendrons
peut-être sur le dossier de Quebecair, qui a occupé passablement
l'actualité politique au cours de la dernière année et qui
complétera bientôt son cycle d'un an de privatisation avec les
résultats que l'on connaît et qui pourront être largement
discutés. Transport aérien ne signifie pas non plus uniquement
Quebecair, mais signifie aussi des infrastructures aéroportuaires dans
la desserte du Grand-Nord et signifie aussi le service aérien
gouvernemental qui, soit dit en passant, a connu, au cours de l'année
1986, une utilisation de 30 % inférieure à l'année 1985,
donc une utilisation moins importante du service aérien de la part de
l'équipe gouvernementale actuelle que de la
précédente.
Pour ce qui est de la recherche et du développement, c'est un
budget de 2 700 000 $ en 1987-1988, budget relativement important, d'autant
plus que le gouvernement fédéral semble vouloir se retirer de
plusieurs subventions à la recherche sur le transport, ce qui est de ce
côté très inquiétant. Nous avons été
obligés, en cours d'année, de prendre la relève dans
certains centres, en particulier celui de l'Université de
Montréal, pour une subvention, afin qu'il ne tombe pas un an entre deux
proqrammes, entre le délaissement du gouvernement fédéral
et la prise en charqe éventuelle par le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. (10 h 30)
Quant au transport routier des marchandises, beaucoup de
préoccupations quant à la déréglementation. Le
gouvernement du Québec, par une décision de mars 1987, avant
même la séance des ministres des Transports à Ottawa, avait
autorisé le ministre des Transports à négocier, selon
certains critères, un accord à cette
déréglementation pour le Québec. Nous avons donc obtenu
satisfaction dans ces négociations avec le gouvernement
fédéral. Nous déposerons, au début de l'automne, un
projet de loi visant la déréglementation, qui devrait donc
être adopté avant la fin de la prochaine session et qui serait en
application au 1er janvier 1988, dans la mesure où les étapes
législatives seront, bien sûr, passées, avec tout ce que
cela suppose comme changements. Il nous est apparu nécessaire que le
Québec participe à cette déréglementation,
moyennant certaines conditions visant la sécurité publique et
visant è protéger aussi certaines industries autochtones, afin
qu'elles ne soient pas absorbées par des qens de l'extérieur qui
auraient d'autres visées quant au transport des marchandises. C'est donc
grâce à la collaboration de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, de la Commission des transports du Québec
et du ministère des
Transports que nous pourrons déposer, pour adoption par le
Conseil des ministres, d'ici le 15 juillet, un projet de loi sur la
réforme réglementaire et qui, nous l'espérons, sere
adopté à l'automne par l'Assemblée nationale.
Nous avons connu aussi, au plan de la sécurité, une
année passablement mouvementée, qui a donné un bilan assez
exceptionnel, en 1986, et un resserrement des mesures de
sécurité. Certains éléments du rapport Doyon sont
très intéressants quant à une application future et quant
à un constat d'une certaine application des lots et règlements
dans le Québec, qui mériteraient d'être resserrés
davantage, au plus grand bénéfice de ceux qui utilisent les
routes. Comme dossier, s'il en est un qui, au début de l'automne, en
plus du transport en commun, devrait marquer l'année sur le plan des
transports, c'est bien celui de la déréglementation.
Quant au transport ferroviaire, nous avons, en cours d'année,
battu le fer concernant ce transport, de telle sorte que le gouvernement
fédéral tienne davantage compte de l'implication de l'adoption du
C-18 sur l'ensemble des régions du Québec, lesquelles pourraient
même subir des préjudices quant à l'abandon de certaines
lignes, en particulier l'Abitibi-Témiscamingue, le Lac-Saint-Jean, la
Beauce, les Cantons de l'Est et aussi la Gaspésie pour une certaine
partie. Nous avons donc fait des représentations extrêmement
importantes auprès du gouvernement fédéral. Il y a un
certain nombre de revendications qui ont été entendues, mais il
reste que nous devrons continuer à être extrêmement
vigilants, compte tenu des conséquences de l'abandon d'une bonne partie
du réseau ferroviaire, dans tout le Québec, quant aux dessertes
des différentes régions.
Voilà rapidement, M. le Président, un tour de piste de ce
qui a pu se passer, de ce qui risque de se passer au cours de l'année
1987-1988, avec un budget qui a quand même connu une augmentation
substantielle et qui tient compte de la capacité de payer du
gouvernement, à ce moment-ci. À partir de maintenant - je sais
que des questions pertinentes viendront de l'Opposition - je serais prêt
à passer à l'étude des crédits, programme par
programme.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve, pour des remarques
préliminaires.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Oui. Merci, M. le Président. Je vais, moi de
même, vous présenter Francine Jacques, qui est la recherchiste en
matière de transport. Alors, vous voyez combien, de ce
côté, vous êtes nombreux et, d'une certaine façon,
c'est évident que nous avons, il faut le constater, des appuis dans le
milieu du transport - je pense qu'on joue légitimement le rôle
d'Opposition, c'était la même chose lorsque le parti
ministériel siégeait de ce côté-ci -de façon
à pouvoir, avec pertinence, questionner sur les intentions
gouvernementales, les décisions, les orientations qui sont prises.
Je pense qu'à ce moment-ci il nous faut constater, ce que l'on
retrouvait dans les renseignements transmis par le ministère des
Transports, à la page 8, cette répartition par
supercatégories, cette répartition du budget global qui est
maintenant de 1 652 000 000 $ et quelque chose; est-ce bien cela?
M. Côté (Charlesbourg): 1 717 000 000 $.
Mme Harel ...717 000 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, compte tenu des ajouts
du budget de M. Levesque au début de mai.
Mme Harel: Donc, grosso modo, quand on l'examine - tantôt
le ministre nous a réparti le budget, on y reviendra, par
supercatégories - on retrouve essentiellement pour l'année
1987-1988, quant à la répartition des volets fonctionnement,
capital ou transfert, la même répartition par
supercatéqories qu'en 1986-1987 à quelques décimales plus
ou moins près. Il faut se rappeler qu'en 1986-1987 on retrouvait
à peu près la même répartition qu'en 1985-1986. Je
me rappelle une remarque que j'avais faite l'an passé, a savoir que plus
cela changeait plus c'était pareil, d'une certaine façon. Il y a
une sorte de pérennité. Le ministre nous avait dit, à
l'époque, qu'en matière de transport surtout il y a une erre
d'aller qui fait que les décisions sont prises, et c'est heureux,
à plus ou moins moyen terme qu'à très court terme. Les
choix remarqués à l'intérieur de ces
supercatéqories ne sont pas nécessairement ceux que nous aurions
faits, mais il faut voir que les répartitions restent à peu
près les mêmes.
Il faut peut-être d'abord constater, pour l'année qui vient
de s'écouler, qu'il est quand même possible, à l'occasion,
de faire des choses ensemble quand il y va de l'intérêt de nos
concitoyens. L'exemple de l'étude accélérée du Code
de la sécurité routière en commission parlementaire l'a
bien démontré l'an dernier. Par ailleurs, je constate, ce matin,
que le ton du ministre a considérablement changé. Il a une sorte
de sobriété de ton ce matin qui contraste éloquemment avec
cette sorte de ton triomphant qui était bien différent l'an
passé. Je me rappelle que,
non seulement le ministre a beaucoup parlé, peut-être trop,
mais qu'il a surtout beaucoup écrit sur ce qu'il a dit. J'ai beaucoup
d'intérêt à lire tout ce que je reçois, notamment de
son cabinet et de son ministère, et je ne peux faire autrement que de
constater que le ton a beaucoup changé, je pense. On aura l'occasion de
revenir sur la création de tous ces comités l'an passé. Je
ne veux pas être aussi sévère que l'a été
l'éditorialiste Laurent Laplante, quand il écrivait: "Le but de
M. Côté, occuper la totalité de l'horizon politique en ne
laissant rien à l'Opposition, susciter artificiellement, mais
efficacement un accaparant dialogue entre le gouvernement libéral et les
députés des banquettes arrières éloignées,
lancer par dizaines des ballons sonde qui permettent de tester l'opinion
publique sans jamais risquer l'image du ministre". On aura l'occasion de
revenir sur la pertinence des comités et de vérifier si le
ministre entend nous en proposer de nouveaux pour la prochaine année, ou
si l'expérience a été concluante pour lui. Est-ce qu'il
veut dire quelque chose tout de suite?
M. Côté (Charlesbourg): Cela me tente beaucoup,
parce que, pour ce qui est du ton triomphant, il n'a pas changé. II est
peut-être un peu plus sage, comme il pourrait être très
très triomphant. Si j'avais voulu dresser le bilan de tout ce qui s'est
fait au ministère des Transports en cours d'année par rapport
à ce qui s'est fait antérieurement quant à des
décisions gouvernementales, vous auriez probablement vous-même
déroulé le tapis rouge. Une chose est certaine, ce n'était
pas l'objectif ce matin. C'est davantage, à l'étude des
crédits, de répondre aux questions, aux interrogations. Comme
nous avons toujours eu des échanges très fructueux et très
sereins depuis que vous êtes critique et moi ministre des Transports,
c'est ce ton que je n'ai pas voulu changer.
Quant aux comités, peu importent les conclusions que tireront les
qens de l'extérieur, quant à moi, les dix comités ont
été extrêmement intéressants et, si vous voulez
qu'on les passe un par un, vous serez à même de constater à
l'automne les résultats que cela a donné, très concrets
dans chacun des cas avec l'application des recommandations. Donc, que nous
ayons voulu occuper une bonne partie de l'espace, je pense que vous nous avez
très largement tracé dans le passé cette voie et vous nous
avez fait dans plusieurs domaines beaucoup de leçons. Nous avons bien
appris et nous nous exerçons maintenant.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, autant le ministre croit
raisonnable de faire la liste de tout ce qui l'amène è être
content, autant on peut faire la liste de tout ce qui nous apparaît
insatisfaisant. On aura huit heures, jusqu'à minuit...
M. Côté (Charlesbourg): Pas de problème.
Mme Harel: ...pour le faire. Il demeure - on aura l'occasion d'y
revenir - que l'an dernier, à bien des occasions, en se
présentant, non pas nécessairement ici, en commission ou en
Chambre, mais en se présentant dans des conqrès - je ne parle pas
seulement de celui de l'ANCAI à Chicoutimi mais de bien d'autres - d'une
certaine façon, le ministre, nourri de bonnes intentions, promettait, je
ne dirais pas mer et monde, mais promettait ce nouveau climat qui allait
complètement bouleverser et révolutionner les rapports.
Notamment, j'ai devant moi le discours qu'il prononçait en avril 1986,
il y a à peine un peu plus d'un an, où il disait à
l'ANCAI, aux camionneurs en vrac: Je suis convaincu qu'avec notre table de
concertation et de travail qu'on va mettre sur pied vous en aurez davantage
l'an prochain, parce que vous l'aurez mérité, et on va travailler
ensemble. C'est cela le message, il est très clair, très direct,
sauf que, évidemment, le ministre n'était pas là, cette
année, au conqrès de l'ANCAI, pour leur tenir le même
langage...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Mme Harel: ...la table de concertation n'ayant
siégé qu'une seule fois en septembre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, si
Mme la députée veut aborder tout cela immédiatement
discours par discours, point par point, je suis prêt, y compris
TANÇAI.
Mme Harel: Ne vous inquiétez pas, on va revenir sur
cela.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Si c'est l'entrée
en matière que vous voulez faire de manière
générale, je suis prêt, dès maintenant, à
vous dire que ce qui a été fait dans le domaine du camionnaqe et
du transport en vrac représente beaucoup plus que ce que vous avez fait,
comme gouvernement, y compris par M. Lucien Lessard et son frère, qui
étaient présents au moment où vous êtes allé
au congrès. Au niveau de l'ANCAI, vous avez promis des choses aux
camionneurs artisans que vous n'avez jamais livrées, alors que, nous,
nous avons, devant l'Assemblée, une proposition qui fait loi, !a clause
75-25, ce que vous n'avez jamais donné aux camionneurs artisans. C'est
contesté devant les tribunaux. Vous l'avez
mis dans les contrats, mais vous n'avez pas eu le courage et l'audace de
le faire sur le plan législatif. Il ne s'agit que de l'engagement de Mme
la députée de Maisonneuve, maintenant, pour que cette proposition
soit adoptée, d'ici à ta fin de la session, et appliquée
avec un texte de loi bien campé. Si ce n'est pas cela des
résultats, dites-moi ce que ce serait des résultats pour
l'ANCAI.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Nous allons avoir de longues heures à passer
ensemble. M. le Président, la première chose que je vais vous
demander, c'est de rappeler è tous les intervenants de cette commission
qu'ils s'adressent è vous. Je me le répète à
moi-même, d'une certaine façon, parce que, sinon, cela devient
absolument insupportable, comme débat, pour le reste de la
journée.
D'autre part, je vais terminer les notes préliminaires sur deux
aspects. Le premier est le suivant. Le gouvernement, par les juges, s'est
manifesté en matière de transport. Je pense que les gens du
milieu, les gens qui font le métier de camionneur artisan s'attendaient
très peu que les chartes soient invoquées contre les
règlements qu'ils avaient obtenus du gouvernement. Les contestations se
sont multipliées devant les tribunaux, notamment durant les
dernières années, en faisant valoir des dispositions des chartes.
Je pense, entre autres, à la clause 75-25. C'est en vertu de la libre
disposition de la propriété qu'un savant juge a conclu que la
clause 75-25 brimait des droits. S'il y a des exemples, dans la vie courante,
où personne ne s'attend que la constitution ait quelque chose à
voir ou ait quelques séquelles ou incidences... li faut
reconnaître - et c'est une sorte de démonstration, je ne souhaite
pas qu'il y en ait trop de ce genre-là, dans quelque secteur
d'activité que ce soit - il faut savoir reconnaître l'usage qui
est fait présentement des droits individuels, comme cela a
été le cas dans ce savant jugement pour contrer un
règlement. Loin d'être l'interprétation que le ministre en
donne, c'est l'interprétation d'un gouvernement des juges, qu'il ne faut
pas souhaiter. J'ai seulement à m'inquiéter de ce qui peut
arriver à la suite de la signature qui pourrait résulter de la
rencontre de demain pour savoir ce que cela pourra avoir comme effet dans bien
d'autres domaines d'activité. Mais on aura l'occasion de revenir sur ces
questions-là. (10 h 45)
Je termine ces remarques en disant ceci. Tout le monde va
reconnaître que le secteur des transports est certainement l'une des
activités humaines qui ont été les plus
bouleversées durant la dernière année. Je ne parle pas
simplement des décisions du ministre dans certains secteurs. Je pense,
entre autres, parce que cela me concerne beaucoup, étant
député de l'est de Montréal, à tout le secteur de
la fabrication, dans le domaine des transports, qui était
concentré dans l'industrie lourde de l'est de Montréal et qui
périclite présentement è une vitesse fort
inquiétante. Il y a un problème de fond, à notre
époque moderne, et je ne sais pas si le ministre va pouvoir... Mais je
pense que ce n'était pas comme ministre des Transports mais comme
responsable du Développement régional qu'il a été
à Paris quelques jours. Mais il s'est certainement rendu compte que
c'est la complémentarité, l'interdépendance des divers
modes de transport qui font finalement le succès du transport
européen. Et cette complémentarité, cette
interdépendance, nous ne pouvons pas nous les donner à
nous-mêmes, étant donné qu'il y a deux niveaux de
gouvernement qui jouent là-dedans. C'est certainement un facteur de
retard pour la collectivité québécoise
présentement. Je pense que le collègue du ministre, chargé
du Commerce extérieur, a sonné un peu le grelot pour toute
l'activité des transports au Québec en disant:
Réveillez-vous - il a dit "les boys", je pense, parce qu'il n'y a pas
beaucoup de femmes lè-dedans - réveillez-vous, cela presse parce
que le libre-échange vous concerne plus que vous ne le pensez, puisqu'on
ne peut vraiment constater que vous le pensez, vu que vous n'avez pas encore
réagi. Il est évident que le secteur des transports est
actuellement celui qui est en pleine mutation. On y reviendra, mais c'est
justement ce pourquoi il faut avoir beaucoup de sagesse dans ce secteur. Je
pense, entre autres - on aura l'occasion d'y revenir - au secteur maritime. Il
y a des décisions parfois où l'enfer est pavé de bonnes
intentions et où les économies recherchées provoquent,
pour les citoyens, des reculs et des retards, sur le plan économique,
qui peuvent être bien plus graves et inversement proportionnels aux
économies que le gouvernement peut faire. Mais on y reviendra. C'est
tout, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, tout
simplement pour vous dire qu'effectivement l'année 1987 sera une
année extrêmement importante sur le plan du transport, de
manière qénérale, avec les négociations sur le
libre-échange, avec la réforme réglementaire et la
volonté du fédéral d'adopter la loi C-19 avant juin, pour
qu'elle soit applicable en 1988, qui marqueront très profondément
nos modes de
fonctionnement et notre manière de voir le transport. Dans ce
sens-là, ce sera une année extrêmement importante pour
l'ensemble du transport dans tout le Québec. Et je souscris volontiers
à ce que Mme la députée de Maisonneuve disait tout
à l'heure quant à l'expérience européenne en ce qui
concerne le transport en général qui est très
intégré, mais qui a quand même ses problèmes aussi.
Le transport en commun par TGV crée des problèmes très
difficiles actuellement en France en ce qui concerne le transport des
marchandises, puisque le train est devenu spécialisé dans le
transport des personnes, laissant pour compte une bonne partie du transport des
marchandises. II y a un déversement sur les routes qui devient
maintenant presque insupportable en France. Il y a donc un équilibre
très important à . conserver. On a pu le vérifier lors de
notre voyage d'étude technique dans l'ensemble de la France.
M. le Président, on a abordé un ensemble de sujets et je
brûle d'envie d'en discuter, d'échanger des propos, de donner des
réponses dans la mesure où je les ai, le plus franchement
possible, et d'aborder un à un ces sujets.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Nous
allons commencer par le programme 2, Mme la députée de
Maisonneuve?
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je vous proposerai
peut-être les programmes 2, 5, 6 et 7, et qu'on en vienne au transport
des personnes, dans le programme 1, Systèmes de transport terrestre,
après la période de questions, cet après-midi.
Le Président (M. Saint-Roch): Le programme 8 sera
après le programme 1, Mme la députée?
Mme Harel: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors j'appelle maintenant
le programme 2.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai compris 2, 5 et 7.
Mme Harel: Oui, les programmes 2, 5, 6...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: ...et 7.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, j'appelle le
programmme 2, Commission des transports du Québec. Mme la
députée de Maisonneuve.
Commission des transports du Québec
Mme Harel: M. le Président, le 9 février dernier,
le secrétaire de la commission parlementaire de l'aménagement et
des équipements faisait parvenir à tous les membres de la
commission une lettre les invitant à présenter pour le 2 mars,
des thèmes à être abordés lors de l'audition de la
Commission des transports devant la commission parlementaire. Le 2 mars
dernier, il y a plus de trois mois de cela, et cette audition de la Commission
des transports n'a pas encore eu lieu. Comme le programme 2 concerne la
Commission des transports du Québec et comme nous nous inquiétons
du retard de quelques mois dans le mandat de notre commission d'exercer son
pouvoir de surveillance en reqard de la Commission des transports du
Québec, pouvons-nous connaître les motifs qui ont amené le
retard d'une décision qui, je vous le rappelle, a été
prise l'automne dernier?
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve, le mandat qui a été donné à la
commission appartient encore, en ce moment, à la commission,
c'est-à-dîre au comité directeur mandaté le 18
décembre 1986 pour organiser l'audition. Pour toutes sortes de
circonstances, à l'heure actuelle, la commission n'a pu
déterminer la date de l'audition, principalement en raison des travaux
chargés de celle-ci. C'est encore dans les mains du comité
directeur. Nous espérons qu'il organisera cette rencontre dans les plus
brefs délais, malgré l'horaire surchargé de eette
commission.
Mme Harel: M. le Président, vous me permettrez de saluer
la présence de Me Rémillard, nouveau président de la
Commission des transports du Québec. Je suis convaincue, d'ailleurs,
qu'il brûle d'impatience, comme moi, d'être entendu par la
commission et qu'il souhaite que vous trouviez le plus tôt possible une
date à la convenance de la commission.
M. Côté (Charlesbourg): M. le président de la
Commission des transports m'a fait état à plusieurs reprises de
son envie et de sa hâte de pouvoir répondre à toutes les
questions de la commission. Lui-même souhaiterait connaître la date
dans les plus brefs délais.
Mme Harel: Le nouveau président a fait un certain nombre
de visites de courtoisie après sa nomination. C'est là le
qualificatif utilisé notamment par le Transport routier du
Québec, journal de l'industrie dans lequel on retrouvait un
éditorial, en février dernier, relatant la visite dite de
courtoisie que le nouveau président de la Commission des transports
avait faite au conseil
d'administration de l'association du Québec, l'ACQ.
L'éditorialiste faisait état qu'en pareille circonstance il
était coutume de faire un tour d'horizon, histoire de situer
mutuellement les points de vue des uns et des autres. Il faisait état du
point de vue de l'industrie en disant que, pour les transporteurs, le
rôle de la Commission des transports du Québec s'est fortement
estompé - je le cite - "depuis l'ouverture du débat sur la
déréglementation. Minée par l'incertitude quant à
son rôle et ses pouvoirs futurs, la commission n'a plus l'autorité
de naguère".
Est-ce que le nouveau président considère la situation
dans laquelle il vit présentement comme une situation inconfortable ou
s'il considère qu'il a pleine autorité pour vaquer au mandat qui
lui est confié à la tête de la Commission des transports du
Québec?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourq): Ce n'est pas que je veuille
mettre le président de la Commission des transports en tutelle, loin de
là; il sera libre de dire ce qu'il veut par la suite. Je veux tout
simplement vous dire que, dès les premiers instants, avec
l'hypothèse possible d'une déréglementation a
l'époque, ce fut l'un des premiers dossiers dont nous avons
discuté. Nous avons créé un comité informel
regroupant la Commission des transports, la Régie de l'assurance
automobile du Québec et le ministère des Transports quant
à cette déréglementation. Bien sûr, quant au
gouvernement, la décision étant prise maintenant d'aller vers la
déréglementation, un projet de loi en ce sens étant
couché sur papier actuellement puisque les principes ont
déjà été adoptés, cela crée des
bouleversements très importants. Cela a suscité une certaine
inquiétude de la part de la commission. Mais, maintenant, chacun a une
très bonne idée de ce qui se passera. Cela aura des impacts sur
la Régie de l'assurance automobile, sur le ministère des
Transports et sur la Commission des transports. Tout cela est fait de concert
avec la Régie de l'assurance automobile et le ministère des
Transports. Maintenant, M. le président serait très certainement
prêt à répondre à vos questions.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Rémillard.
M. Rémillard (Louis): Je dois vous dire, madame,
qu'à l'époque où j'ai fait ces déclarations, je
pense que la situation était, disons, un peu floue pour tout le monde
dans le secteur du transport. Les transporteurs eux-mêmes ne savaient pas
trop ce qui leur adviendrait. Depuis, je crois que la situation a
été précisée, notamment à la suite d'une
rencontre des ministres qui a eu lieu à Ottawa en mars dernier. À
cette occasion, tous les ministres des Transports ont pris des positions
très nettes sur ce dossier. Ce qui fait que, aujourd'hui, mes
collaborateurs et moi-même, nous savons parfaitement où nous
allons. Nous prenons actuellement les dispositions au plan
réglementaire, règles de pratique et tout, pour être
prêts à exercer dès janvier prochain le mandat qui va nous
être confié par le législateur.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Vous nous dites, M. le
président de la Commission des transports du Québec, que la
situation a été précisée, que vos collaborateurs
savent exactement là où vous allez. Pouvez-vous nous
préciser là où vous allez en matière de taux, par
exemple? Est-ce que, lors de cette rencontre, tous les intervenants
reconnaissaient que, même si la loi exige que ces taux soient
déposés et respectés, ceux-ci étaient toujours
déposés mais jamais respectés? Ils ne sont même pas
consultés, semble-t-il. On faisait valoir que, même face à
l'État, il y avait une sorte d'anarchie au point que les camionneurs
étaient pris à leur propre pièqe, puisqu'ils
déposent des taux qui n'ont rien à voir, semble-t-il, avec la
réalité, et au point que ces taux deviennent une sorte de liste
de prix suggérée.
Est-ce que vous pensez que c'est là la compréhension qu'en
a actuellement le milieu du camionnage?
M. Rémillard (Louis): II est exact, Mme la
députée, qu'on m'a fait des représentations dans le sens
de ce que vous venez de dire. Maintenant, je ne sais pas, sur ce point
particulier, quelle sera la décision du législateur. Est-ce qu'on
demandera encore aux transporteurs de déposer leurs taux, alors qu'on
sait, comme vous venez de le dire, que ceux-ci sont plus ou moins
respectés et que la loi qui s'en vient permettra probablement d'avoir
des ententes particulières avec certains expéditeurs? Sur ce
point précis, je reconnais qu'il reste encore des décisions
à prendre de la part du législateur. Certains préconisent
qu'il n'y ait plus de dépôt de taux et qu'on ignore cela
complètement, comme cela semble être le cas aux États-Unis
actuellement.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: ...présentement, est-ce qu'il n'y a pas une
réflexion chez nos voisins
américains dans le sens que cette déréglementation
a eu des conséquences extrêmement fâcheuses sur le niveau de
sécurité, sur l'entretien des véhicules routiers, sur les
surcharges, les heures de travail, qui sont accrues, etc.? Est-ce qu'il n'y a
pas même une reconsidération chez nos voisins pour revenir
à une sorte de "re-réglementation"? Est-ce qu'on n'oblige pas
même à additionner toute soumission d'un pourcentage fixe qui soit
égal pour tout le monde? Est-ce qu'il n'y a pas une nouvelle
réglementation qui se fait jour?
M. Rémillard (Louis): Vous avez très certainement
raison, madame, lorsque vous dites qu'il y a une grande inquiétude aux
États-Unis sur la question de la sécurité. Je crois que
les ministres des Transports du gouvernement fédéral et des
États, de même que les expéditeurs, les transporteurs et
tous les intervenants sont très conscients des conséquences
très fâcheuses et très néfastes que la
déréglementation économique a eues sur le transport aux
États-Unis. Les interventions ont toutes été faites dans
le même sens. Je pense que le législateur va vouloir prendre des
mesures très strictes afin de s'assurer que la sécurité
est respectée et qu'il va y avoir accroissement de
sécurité correspondant à une diminution de la
déréglementation économique. (11 heures)
Quant à votre deuxième point, je sais, mais pas
très précisément, je dois l'avouer, que
spécialement, en Californie, on envisage maintenant de revenir quelque
peu en arrière et, peut-être, de réglementer, de revenir
à une certaine réglementation. Mais il faut être conscient
que la proposition du projet de loi C-19 et la loi provinciale qui, au
Québec du moins, va être un peu semblable ne préconisent
pas une déréglementation totale. Il va continuer à y
avoir, tout de même, un certain contrôle. L'intérêt
public, tel que le législateur le définira, devra être
respecté par un requérant pour obtenir un permis de transport. Il
ne faudrait pas conclure nécessairement que les nouvelles lois vont
entraîner une déréglementation totale.
D'ailleurs, la clause "sunset", qui prévoyait qu'à
l'expiration de trois ans la loi C-19 cesserait d'avoir effet pour cette partie
de contrôle, est maintenant disparue de la loi C-19 grâce à
l'intervention de M. Côté, ministre des Transports, lors de la
rencontre des ministres en mars dernier. Sa proposition a, d'ailleurs,
rallié tous les autres ministres des Transports du Canada et il est
à prévoir que les lois provinciales contiendront des dispositions
semblables, c'est-à-dire qu'il y aura une période d'examen,
après trois ou quatre ans, pour voir si cela a été
bénéfique ou non pour le transport au Canada.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, cette notion de
l'intérêt public, dont on attend beaucoup, un peu comme la notion
de la société distincte, sera définie par d'autres, d'une
certaine façon. J'en prends à témoin la définition
qu'en a donnée la Commission canadienne des transports, en ce qui
concerne la contestation, devant la commission, sur le dossier de Quebecair. La
Commission canadienne des transports a interprété la notion de
l'intérêt public comme se limitant restrictivement au fait qu'il
puisse y avoir concurrence, la notion de l'intérêt public
étant satisfaite du fait qu'il puisse y avoir concurrence et du fait
qu'il n'y ait pas de monopole. C'était là, la définition
de l'intérêt public. Il y a bien des façons de l'envisager.
Par exemple, est-ce dans l'intérêt public, présentement,
que les transporteurs s'entredévorent à un point tel qu'il puisse
y avoir des faillites qui s'accumulent comme cela a été le cas
aux États-Unis? Qu'il puisse y avoir aussi des coupures de
dépenses qui, évidemment, prennent effet avant que la faillite
n'ait lieu, coupures qui ont des conséquences sur l'entretien du
matériel roulant, sur les surcharges, sur le travail accru, qui ont des
conséquences, finalement, à tous les égards, est-ce que
cela fait partie de l'intérêt public? Vous faites
référence, M. le président de la Commission des
transports, au fait que l'intérêt public soit sauvegardé,
mais qui définira l'intérêt public?
M. Côté (Charlesbourg): Allez-y. C'est à vous
que c'est adressé, M. le président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Rémillard.
M. Rémillard (Louis): M. le Président,
l'intérêt public sera défini par le législateur
québécois. C'est le Parlement du Québec, c'est
l'Assemblée nationale qui définira ce que doit être
l'intérêt public dans ce domaine. Il appartiendra,
évidemment, à la Commission des transports d'appliquer les
barèmes et les normes que vous jugerez à propos de nous indiquer.
Ce ne sera pas une notion très vague. Le législateur
prévoit, justement, définir, dans la mesure du possible, ce que
sera l'intérêt public et il appartiendra à la commission
d'appliquer, justement, ces critères aux demandes qui nous seront
acheminées.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: II serait intéressant qu'on puisse
définir la société distincte, quand même. Alors,
l'intérêt public...
M, Côté (Charlesbourg): Demain.
Mme Harel: Demain!
M. Côté (Charlesbourg): Demain.
Mme Harel: Ah, oui. Malheureusement...
M. Côté (Charlesbourg): On fait relâche,
d'ailleurs.
Mme Harel: ...c'est laissé à l'initiative de neuf
Parlements majoritairement anglophones et d'un francophone. Je
préférerais que ce soit laissé à notre seule
initiative.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais vous savez...
Mme Harel: Mais revenons à l'intérêt
public.
M. Côté (Charlesbourg): Juste quelques mots
là-dessus, parce que c'est une parenthèse que vous ouvrez qui est
très intéressante. Vous savez, quand je regarde l'histoire des
partis politiques du Québec et, en particulier, du vôtre, cela
semble très difficile de définir un certain nombre de choses,
effectivement, pour l'ensemble de la majorité.
Mme Harel: Espérons que vous aurez plus de facilité
demain, mais...
M. Côté (Charlesbourg): On l'espère, on le
souhaite!
Mme Harel: ...cela ne semble pas plus évident. Est-ce que
le ministre peut nous dire, puisqu'il a déjà informé cette
commission de son intention de légiférer l'automne prochain en
cette matière, s'il entend prendre en considération les
représentations qui ont été faites sur les effets nocifs
sur l'ensemble de ce secteur qui est quand même vital, entre autres, pour
le Québec, en régions, plus même? Comment entend-il prendre
en considération les représentations qui lui ont
été faites?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Certainement, comme on l'a
dit tout à l'heure, cela risque d'être un des deux sujets les plus
préoccupants pour le ministère des Transports en 1987.
Effectivement, on avait des préoccupations. J'ai eu moi-même
l'occasion de discuter avec un certain nombre de personnes du Québec,
que ce soit de l'Association du camionnage du Québec, que ce soit des
représentants du vrac, y compris ceux de l'ANCAI, quant aux implications
d'une déréglementation économique au Québec.
Très globalement et très rapidement, ceux qui ont
souhaité le plus ardemment la déréglementation
économique, ce sont les manufacturiers canadiens et, en particulier,
ceux du Québec aussi, puisque j'ai eu l'occasion de les rencontrer. Ils
n'étaient pas très heureux du cheminement du dossier au niveau du
gouvernement du Québec.
Je leur avais dit à l'époque que ça ne se ferait
pas sur le dos des francophones, mais que ça ne devrait pas se faire,
non plus, sur le dos de ceux qui empruntent les routes du Québec, en
matière de sécurité routière. C'est pour ça
que, le 26 mars, à Ottawa, nous avons demandé et obtenu une
rencontre de tous les ministres des Transports du Canada, pour faire part de
nos préoccupations en termes de sécurité routière
et aussi en termes d'impacts dans chacune des provinces de l'ouverture de cette
déréglementation.
Ce qu'il faut comprendre, à la base du dossier - ça vous
donnera une idée de ta marge de manoeuvre que nous avions à
l'époque dans ce domaine - c'est qu'il s'agit d'un pouvoir qui a
été délégué aux provinces en 1954, si je ne
m'abuse, donc, d'un pouvoir qui peut en tout temps être rapatrié
par le gouvernement fédéral, s'il en manifestait le
désir.
Je ne dis pas que ce serait l'idéal pour lui. Mais s'il en
manifestait le désir, il pourrait rapatrier ce pouvoir. On était
donc dans cette situation au moment où pratiquement uniquement le
Québec avait des réticences quant à C-19. Cela a, d'abord,
commencé par une rencontre en octobre 1986 à Toronto où
c'est le Québec qui, dans ce domaine, se posait beaucoup de questions,
avait très clairement manifesté que le débat
n'était pas suffisamment avancé et éclairé pour
prendre une décision à ce sujet»
Donc, après analyse du dossier avec les officiers du
ministère, beaucoup de consultations avec des gens du milieu, nous en
sommes venus à la conclusion que nous ne pouvions pas isoler le
Québec dans cette réforme de la déréglementation,
dans cette période de déréglementation économique,
mais que nous devions le faire à certaines conditions, conditions qui
ont été adoptées par le Conseil des ministres au mois de
mars.
C'était le mandat que j'avais à ce moment, d'aller
à la table fédérale-provinciale du 26 mars et de tenter de
changer des choses. Préoccupation, premièrement, de
sécurité routière. Effectivement, la compétition
fera en sorte que les prix pourront baisser et que les véhicules
circulant sur les routes pourront avoir des problèmes sur le plan
mécanique, d'où l'impact sur la sécurité
publique.
Il y a donc cette notion qui est au
coeur de nos préoccupations et qui nous obligera à rouvrir
le Code de la sécurité routière à l'automne, en
même temps que la réforme de la déréglementation,
pour y ajouter un certain nombre de choses. Je vous le dis, à ce
moment-ci, à titre d'intentions. On verra sur le plan législatif
comment ça va se traduire. Mais c'est pour responsabiliser le
conducteur, la compagnie de transport et aussi l'expéditeur. Parce qu'il
faut se le dire: Aujourd'hui, il y a des transporteurs qui circulent sur les
routes du Québec qui ont l'obligation de dépasser les masses
permises pour satisfaire l'expéditeur. L'expéditeur qui a voulu
cette déréglementation, il l'aura. Mais il portera une partie de
la responsabilité et il devra assumer certains coûts.
Donc, quant au conducteur, il y aura le Code national de
sécurité qui fait un dossier pour chaque conducteur à
travers tout le Canada. Cela nous apparaît extrêmement important
et, en fait, représente la pierre d'assise d'une bonne conduite.
Il y aura donc, à l'intérieur du Code de la
sécurité routière, des pénalités accrues
pour les transporteurs qui ne feront pas ce qu'ils ont à faire et il y
aura, par conséquent, aussi une partie très clairement
campée au Code de la sécurité routière quant
à la responsabilité des expéditeurs, en particulier au
niveau de l'expédition des marchandises, du respect des
règlements et des limites de charges.
Deuxièmement, il y aura, bien sûr, une définition
d'intérêt public et nous avons déjà passé la
rampe, à l'automne 1986, de la définition d'intérêt
public, qui avait, d'ailleurs, été acceptée par
l'Opposition dans le cadre du transport par autobus. Jusqu'à maintenant,
on n'a pas de récrimination très importante quant à ce
règlement et, s'il faut le renforcer, on va le renforcer. C'est un autre
élément.
Nous avons donc, finalement, fait en sorte que la période qui
devait être de trois ans sera de cinq ans. C'est une deuxième sur
la sécurité pour nos individus. Nous avons l'intention d'aller
encore plus loin en obligeant, dans la loi qui sera adoptée à
l'automne, de revenir devant le Parlement pour faire en sorte que tout cela
disparaisse, de telle sorte que l'analyse que nous ferons des impacts au bout
de la quatrième année sera publique et pourra être à
nouveau discutée par le Parlement quant à la levée de
toute cette déréglementation. Ce sont donc des mesures
extrêmement importantes et contraignantes pour le législateur.
L'obligation de revenir devant le Parlement et de rendre publics les effets de
cette déréglementation avant même de tout faire sauter.
C'étaient les conditions auxquelles le gouvernement du Québec
était prêt à y aller. Maintenant, nous allons y aller et il
s'agit de camper dans les textes de loi ce que nous faisons, en collaboration
avec la Réqie de l'assurance automobile, avec la Commission des
transports, avec le ministère des Transports, pour que les rôles
de chacun soient très bien définis, avec des pouvoirs
d'intervention pour être capables, finalement, de protéger la
sécurité et aussi pour tenter, autant que faire se peut, de
protéger les régions et les entreprises autochtones au
Québec. À cela s'ajoute, bien sûr, la vérification
mécanique avec beaucoup d'emphase que nous avons, d'ailleurs,
adoptée dans le code de décembre dernier. Dans la mesure
où elle n'aurait pas suffisamment de dents, elle pourrait être
renforcée à l'ouverture du code, à l'automne 1987.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, dans ce domaine, il ne suffit
pas de faire adopter, mais de faire appliquer. Présentement, il y a une
sorte de résignation qui s'est emparée des milieux du camionnage;
c'est comme une sorte d'obligation d'enfreindre la réglementation. C'est
la seule façon d'être concurrentiel. Vous retrouvez cela à
tous les niveaux, de haut en bas. C'est une donnée de l'industrie et, si
le ministre fait ce qu'il dit ce matin, c'est donc cette responsabilité
partagée de l'expéditeur et du transporteur qui peut certainement
donner le coup de barre décisif en matière de respect de la
réglementation de la sécurité routière.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez parfaitement
raison. C'est un peu ce qui, au cours des dernières années, a
peut-être manqué en termes de volonté d'application des
lois et des règlements régissant la sécurité
routière ou l'utilisation des routes dans tout le Québec. Il
n'est pas rare de voir des gens doublant la limite de charge permise circulant
partout au travers le Québec. Pour ceux qui ont l'occasion d'utiliser
les routes du Québec, c'est un des phénomènes
extrêmement importants qui ont entraîné la
dégradation de nos routes au cours des dernières années.
Il y a donc l'obligation d'avoir des mécanismes de contrôle plus
importants à la Commission des transports, à la Régie de
l'assurance automobile du Québec et, par conséquent, d'avoir, sur
les routes du Québec, une présence policière plus
soutenue, que ce soit un corps détaché de la Sûreté
du Québec ou une police autonome, pour faire respecter ces lois et
règlements. (11 h 15)
Ce que nous avons fait, cette année, au ministère des
Transports, et cela a commencé à faire passablement de bruit,
c'est une application beaucoup plus serrée des poids et mesures par
l'augmentation de 74 personnes aux postes de pesée dans tout
le Québec, un travail beaucoup plus présent des agents de
la Sûreté du Québec aussi et de la vérification
mécanique. Les statistiques sont très troublantes actuellement
par rapport a ceux qu'on prend en état d'infraction. À ce
chapitre, il va falloir le renforcer à nouveau. C'est clair que
l'application de tout cela est un défi très important. Pour ce
faire, 10 000 000 $ seront nécessaires pour implanter le Code national
de sécurité, dont une très large partie sera
défrayée par le gouvernement fédéral, ce qui va
permettre, pour une première fois dans l'histoire du Canada, d'avoir des
données sur les véhicules, sur les conducteurs partout au Canada
et de les suivre de A à Z. Éventuellement, ce sera presque un
livre de bord du camion, ce qui va faire en sorte qu'on pourra connaître
-c'est une des préoccupations qu'évoquait tout à l'heure
Mme la députée de Maisonneuve -le temps de conduite des
chauffeurs. Actuellement, c'est presque incontrôlable. Cette
responsabilité mixte maintenant de l'expéditeur et du
transporteur fera en sorte que beaucoup de gens devront être davantage
prudents.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, le ministre a fait état
de ce scénario qui est toujours en discussion, d'une police de la route
ou d'un corps spécialisé de la sûreté. Le
Solliciteur général a formé un comité qui doit
faire une étude. Qu'en est-il présentement des travaux de ce
comité?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): La question devrait
davantage s'adresser au président du comité, qui siège
è cette table, le député de Nicolet.
Mme Harel: S'est-il déjà réuni?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Nicolet.
M. Richard: M. le Président, le comité s'est
effectivement réuni à plusieurs reprises. D'ailleurs, nous en
sommes è la phase finale des rencontres. Déjà,
au-delà d'une trentaine d'intervenants ont été
rencontrés. Nous avons même effectué des démarches
auprès de gens en Europe pour savoir ce qui se fait là en
matière de sécurité routière. On devrait être
en mesure, d'ici à la fin juin, de présenter des conclusions.
Maintenant, M. le Solliciteur devrait prendre connaissance des
premières, ébauches et des rencontres qui devraient avoir lieu
aussi avec M. le ministre des Transports et certains autres intervenants
ministériels. Il va de soi, évidemment, que c'est un
comité qui concerne certains autres ministères qui ont les
mêmes préoccupations. Effectivement, ce comité est - je
dirais même - en effervescence depuis déjà une couple de
mois.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Nicolet. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je voudrais juste ajouter
que le ministre des Transports a insisté pour que la rencontre avec le
comité se fasse, en même temps, avec le ministère des
Transports, la Commission des transports du Québec et la Régie de
l'assurance automobile du Québec, puisque, dans notre cas,
l'unité de notre pensée au chapitre de la sécurité
routière est telle que nous pouvons rencontrer le comité avec
tous ces gens.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. On parle d'un parc de
véhicules dans un état assez je ne dirais pas lamentable, mais,
au Québec, notre parc de véhicules est à renouveler. Qu'en
est-il présentement? Est-ce exact que, à bien des égards,
dans l'industrie du camionnage en vrac, notamment, et dans l'industrie du
camionnage tout court, au Québec, le transport est fait avec des
véhicules qui, pour la moitié d'entre eux, auraient besoin
d'être chanqés?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la Régie de
l'assurance automobile du Québec qui possède certaines
statistiques, mais la compilation de certains barrages faits sur un certain
nombre de routes ou de pesées au cours du mois de mars, plutôt
avril, nous a alarmés au plus haut point. Je vous donne des chiffres de
mémoire sur un certain nombre de pesées, quitte à vous les
redonner de manière précise sous forme de rapports et à
les déposer cet après-midi même. Sur une certaine
pesée - je ne me souviens pas si c'est celle de Charlesbourg ou celle de
Trots-Rivières - dans une semaine, sur 250 véhicules
arrêtés pour vérification mécanique, 150 avaient
besoin de réparations et, si ma mémoire est fidèle, 44 ont
été mis au rancart. Cela nous donne une idée. Une autre
semaine, nous avons eu des résultats tout aussi alarmants, ce qui
signifie très nettement que notre flotte n'est peut-être pas a
remplacer totalement, mais qu'il y a des problèmes de
vérification mécanique. Durant la vérification
mécanique, pour vous le rappeler, on ne touche pas au moteur, on ne
touche pas à la transmission, uniquement à des
éléments très importants pour la
sécurité
publique. Je vous déposerai peut-être, cet
après-midi, les chiffres de ces deux coups de sonde, qui dénotent
qu'on a beaucoup de travail à faire dans ce domaine.
Mme Harel: II faut être très prudent avec cette
déréglementation économique, avec l'impact qu'elle peut
avoir sur la flotte des véhicules.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Il faut l'être et
c'était ce que souhaitait l'Association du camionnage du Québec
qui s'y était opposée, en 1986 et qui, en décembre, s'est
dit d'accord. Nous l'avons consultée de manière très
intense et, au lendemain de la réunion de mars 1987 à Ottawa,
compte tenu des décisions qui ont été prises à ce
moment-là l'Association du camionnage du Québec s'est dite
confiante de passer à travers cette déréglementation
économique. Vous avez bien raison, la définition du rôle de
ceux qui auront à appliquer la déréglementation par la
suite, avec des pouvoirs comme jamais ils n'en auront eu, est extrêmement
importante.
Mme Harel: Dernière question concernant, cette fois, le
transport interurbain. À la suite de l'adoption du règlement,
l'automne dernier, par l'Assemblée nationale, est-ce que de nouvelles
demandes ont été transmises à la Commission des
transports?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Rémillard.
Mme Harel: Quel sort ont eu les demandes existantes?
M. Rémillard (Louis): II y a eu un certain nombre de
demandes. Je n'ai malheureusement pas ici le chiffre exact. Je pourrai
certainement vous le fournir très rapidement. II y a eu, de fait, un
certain nombre de demandes d'acheminées. Il y a eu un certain nombre de
causes qui ont été entendues, mais je ne suis pas en mesure, ce
matin, de vous donner le résultat. Je ne sais pas dans quel sens les
décisions ont été prises. Certaines demandes ont
été abandonnées, à ce qu'on m'a dit
dernièrement. Malheureusement, je n'ai pas le renseignement
précis au moment où on se parle. Je vais vous le fournir cet
après-midi, sans faute.
Mme Harel: Dans ce secteur, est-ce que vous avez
été à même de constater qu'il y a une sorte
d'accalmie, puisqu'il n'y a plus de vagues qui ont été
identifiées après l'adoption du règlement? Il semble que
tout se soit assagi.
M. Rémillard (Louis): II ne semble pas y avoir eu une
avalanche de demandes. Il y a eu des demandes importantes qui ont
été faites pour l'utilisation de la route 40, sur le
côté nord. Nous en avons un certain nombre devant la commission
pour faire le transport de ce côté. Je ne pense pas qu'il y ait eu
de demandes importantes et nombreuses sur d'autres réseaux. Je vais
faire la vérification, madame.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Mme la députée
de Maisonneuve, dans ce domaine comme dans d'autres, la vérification
mécanique est importante.
Mme Harel: Les demandes qui concernent la route 40 doivent
recevoir incessamment une réponse? Quel est le délai?
M. Rémillard (Louis): Un certain nombre de ces causes ont
été entendues à l'heure où l'on se parle, mais je
ne connais pas exactement l'état des dossiers, parce que je n'ai pas
siégé pour ces affaires. Étant donné la
nouveauté de la réglementation et l'importance des demandes, j'ai
assigné les deux vice-présidents de la commission et ce sont ces
deux personnes qui s'occupent spécialement - et je dirais exclusivement
-de ces demandes actuellement. J'obtiendrai d'eux les réponses à
vos questions.
Mme Harel: Le démembrement du réseau de transport
Voyageur a l'air d'être terminé. Est-ce que le ministre a d'autres
indications à cet effet?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai pas d'autres
indications. Après la crise qu'on a connue en décembre et le
règlement, au début de l'année 1987, il n'y a pas d'autres
indications quant au démembrement de Voyageur qui semble vouloir
continuer la mission qu'elle s'était fixée à
l'époque. Même, des indications nous laissent croire que Voyageur
pourrait prendre un deuxième souffle très intéressant en
termes de développement et d'amélioration de la qualité de
la desserte tant par les véhicules que par les "Schedules".
Mme Harel: Tant par les véhicules que par...
M. Côté (Charlesbourg): Que par les horaires.
Mme Harel: Que par les horaires. Une dernière question au
président de la
Commission des transports concernant le transport maritime; c'est une
juridiction qui relève de la Commission des transports. Vous avez eu une
demande de permis de la compagnie Relais Nordik. Est-ce que cette demande a
été agréée temporairement ou définitivement?
Est-ce qu'il y a eu audition publique?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Rémillard.
M. Rémillard (Louis): Madame, nous avons eu une demande de
permis spécial qui a été accordé. La demande de
permis permanent» à ma connaissance, n'a pas encore
été entendue.
Mme Harel: Je crois comprendre, M. le président, mais
j'aimerais me le faire confirmer, que la demande de permis spécial fait
l'objet de contestations de la part de certains intervenants qui auront
à être entendus publiquement par la commission avant que la
commission autorise l'émission non pas d'un permis spécial, mais
d'un permis permanent. C'est bien cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Rémillard.
M. Rémillard (Louis): La demande de permis spécial
a été constestée, mais, malgré la contestation, le
permis a été accordé. La demande de permis permanent, si
je peux m'exprimer de la sorte, n'a pas été entendue, a ma
connaissance, jusqu'ici. Et les mêmes opposants, s'ils le jugent è
propos, pourront contester de nouveau. Mais j'ai cru comprendre qu'il y avait
déjà eu désistement d'une opposition. Encore là,
j'obtiendrai le renseignement plus précis, madame.
Mme Harel: M. le président, est-ce que le permis est
émis au nom des bateaux qui doivent faire le transport ou au nom de la
compagnie?
M. Rémillard (Louis): Au nom de la compagnie, madame.
Mme Harel: Au nom de la compagnie qui doit faire la preuve devant
la commission qu'elle entend faire le transport en conformité avec le
contrat qu'elle a signé.
M. Rémillard (Louis): Oui, madame.
Mme Harel: C'est bien le cas. Vous avez été
satisfait, au moment où la compagnie s'est présentée
devant vous pour obtenir un permis spécial, de la qualité et de
la quantité du transport qui est offert en conformité avec le
contrat?
M. Rémillard (Louis): Le commissaire qui a entendu
l'affaire était manifestement satisfait puisqu'il a accordé le
permis.
Mme Harel: Le commissaire avait comme mandat de mesurer si le
service offert, la desserte, était conforme au contrat gouvernemental.
Est-ce là son mandat?
M. Rémillard (Louis): Non, je ne crois pas, madame, que ce
soit à lui de s'assurer que le contrat qui a été
donné à la compagnie par le gouvernement est respecté. Je
pense qu'il doit s'assurer que le service va être fourni, mais pas plus
que cela.
Mme Harel: II doit s'assurer, dites-vous, que le service va
être fourni. Qui évalue la quantité de service qui doit
être fournie è la population?
M. Rémillard (Louis): J'imagine que c'est le gouvernement
en vertu du contrat qu'il a donné à la compagnie.
Mme Harel: Alors, le commissaire évalue quoi
exactement?
M. Rémillard (Louis): Le commissaire -encore que je n'aie
pas mis le nez dans te dossier - a dû s'assurer que la
réglementation concernant ces permis était respectée. Je
peux consulter le dossier et je vous reviendrai cet après-midi. Mais je
n'ai pas examiné ce dossier. Je sais que la demande a été
faite, mais pas plus que cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Pourrions-nous être saisis de cette
réglementation dont parle le président de la Commission des
transports? Pourrait-il la déposer cet après-midi?
M. Rémillard (Louis): Certainement, madame. C'est un
document public.
Mme Harel: Alors, la réglementation que doit respecter le
transporteur pour obtenir un permis.
M. Rémillard (Louis): Certainement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur le programme 2?
Mme Harel: En ce qui me concerne, non, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
Commission des transports du Québec, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant te
programme 5, Gestion interne et soutien. Mme la députée de
Maisonneuve.
Gestion interne et soutien
Mme Harel: On peut constater une baisse d'un peu plus de 4 % en
regard de ce programme, Gestion interne et soutien. Si on additionne cette
baisse de 4 % à l'augmentation du coût de la vie pour la
présente année qui est d'environ 4 %, c'est effectivement une
réduction de l'ordre d'à peu près 8 % que connaît ce
programme. Alors, j'aimerais demander au ministre comment il entend faire
autant avec moins d'argent. (11 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): C'est faire plus avec
moins.
Mme Harel: C'est cela. Je le reprends dans d'autres mots, mais je
voudrais savoir comment il va réussir la quadrature là?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, une chose est
certaine: c'est davantage au chapitre du soutien administratif qu'il y a une
baisse de 3 000 000 $ des crédits par rapport à 1986-1987; c'est
là substantiellement que le programme est le plus diminué. Par
contre, avec les ajustements de l'élément 4, Aide à
l'amélioration du réseau municipal, c'est 5 000 000 $
additionnels qui viennent s'ajouter et qui font que, sous cette
catégorie, ce sont 3 000 000 $ de plus que l'an dernier. Je pense que
c'est extrêmement important et cela vient un peu changer les chiffres
évoqués par Mme la députée de Maisonneuve. C'est
principalement au plan du soutien administratif que la baisse se fait sentir et
il y a eu certains réajustements au ministère, puisque nous
avons, en cours d'année, fait en sorte d'éliminer un poste de
sous-ministre adjoint pour fondre l'intermodal et le transport terrestre des
personnes, avec tout ce que cela suppose comme travail.
Mme Harel: M. le Président, il faut constater qu'il faut
quand même ajouter à ce programme ce que le ministre des Finances
a annoncé dans son discours sur le budget. En ce qui concerne
l'élément 2, la baisse de 3 000 000 $, est-ce que cela
équivaut à une baisse d'effectifs au sein du
ministère?
M. Côté (Charlesbourg): Cela signifiera,
effectivement, une baisse d'effectifs au ministère compte tenu du fait
que toute cette réorganisation administrative qui est en cours fera en
sorte que les deux sections du ministère seront intégrées,
et cela aura nécessairement des répercussions sur l'emploi au
ministère à des niveaux supérieurs, donc, à des
salaires extrêmement élevés.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
M. Côté (Charlesbourg): Mais cela n'empêchera
pas de faire ce qu'on a à faire quand même; donc, cela signifiera
que moins de monde en fera plus, et ce, au bénéfice des
citoyens.
Mme Harel: II faut l'espérer, mais comme on ne peut pas
faire témoigner vos collaborateurs pour savoir s'ils sont vraiment
d'accord avec cela, j'aimerais mieux que cela vienne d'eux, j'aimerais mieux
que cette conclusion vienne des deux services qui sont
intégrés.
M. Côté (Charlesbourg): Mais j'ai la
responsabilité de l'administration du ministère.
Mme Harel: C'est cela, de le dire à leur place.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
qu'eux-mêmes l'ont souhaité, puisque ce n'est pas parce que le
ministre arrive et qu'il pense avoir une bonne idée qu'elle est
automatiquement bonne. Cela s'est fait avec beaucoup de consultations à
l'intérieur du ministère et, comme nous ne sommes plus en phase
de développement du transport terrestre des personnes, mais que cette
période-là est maintenant passée, il faut, bien sûr,
faire en sorte qu'on raffermisse.
Je vais vous en raconter une petite au sujet de la rationalisation.
À mon arrivée au ministère l'an dernier, il y avait, si je
ne m'abuse, 72 personnes qui faisaient l'objet d'un prêt d'une compagnie
de l'extérieur et qui étaient au ministère, donc, en
prêt de services à l'année, et qu'on payait 1,8 % du
salaire. Ce que j'ai fait, on a examiné cela très rapidement. On
s'est dit: Si des personnes sont nécessaires à l'année, on
va les engager, on va les payer 1 % du salaire, non pas 1,8 %. Aussi bien que
cela profite au gouvernement que cela profite à l'entreprise
privée dans ces cas-là. Et ce qu'on a fait, c'est cela. Avec 25
postes à l'année que nous sommes allés chercher au
Trésor, on a pu combler les besoins de cette direction, au lieu de 72
personnes à 1,8 %. C'est le genre de rationalisation qui est
arrrivée au ministère et qui a des impacts sur le plan
budgétaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant le programme 5? Est-ce que le programme 5, Gestion
interne et soutien, est adopté?
Mme Hareh Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 6,
Transport scolaire. Mme la députée de Maisonneuve.
Transport scolaire
Mme Harel: Ce programme a subi des secousses importantes, je
dirais presque qu'il y a eu des drames dans les milieux concernés. Je
pense même qu'au moment où on étudie ces crédits, la
grève se poursuit toujours. Elle est terminée ce matin?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, les gens ont
voté à 73 % pour le retour au travail, hier soir, acceptant les
conditions de travail pour les trois prochaines années. Cela trace la
voie à d'autres transporteurs scolaires qui pourraient vivre les
mêmes problèmes actuellement. Fondre onze conventions collectives
en une seule, avec des traitements différents, a été une
opération extrêmement difficile, mais c'est maintenant
réglé.
Mme Harel: L'enjeu est, quand même, important. Le ministre
a annoncé l'an dernier, au congrès des transporteurs scolaires,
je pense, la mise sur pied d'un comité composé de membres du
cabinet du ministre, de représentants du ministère des
Transports, de l'Association du transport écolier et des commissions
scolaires...
M. Côté (Charlesbourg): Et d'un représentant
de l'APAG.
Mme Harel: Et de l'APAQ. Vous vous donniez jusqu'à
septembre prochain pour revoir, disiez-vous, l'actuel système et
identifier les correctifs à y apporter. C'était il y a quelques
mois, il y a plusieurs mois; je pense que cela fait six mois ou un peu plus.
Peut-on savoir où on en est rendu, à combien de rencontres,
enfin, pas seulement le nombre, mais quel est l'état actuel de la
situation?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II faut, tout d'abord, se
dire que ce n'était pas nécessairement souhaité par tout
le monde. Qu'on veuille mettre en question ou remettre en cause un certain
nombre de choses, cela n'est pas nécessairement et très
rapidement accepté par tout le monde. Mais, en fait, tout le monde s'est
prêté de bonne foi à s'asseoir autour de la table pour voir
ce qu'on pouvait faire pour améliorer la situation et pour revoir le
modèle de l'entente qui avait été conclue è
l'époque entre l'État et les transporteurs scolaires, et qui a
fait que le niveau de dépenses en transport scolaire a plafonné
avec des enveloppes fermées. Nous avons vécu cette
expérience et je pense pouvoir conclure à ce moment-ci qu'elle
fut valable, très valable. Depuis, il y a eu quatre réunions de
ce comité qui m'a soumis un rapport il y a deux semaines; il cheminait
très bien dans l'ensemble des décisions à être
prises.
L'échéance de septembre sera respectée quant au
mandat confié au comité et des décisions devront nous
être transmises à ce moment-là. Je n'ai pas d'indications
à ce moment-ci qui me permettent de croire que nous aurons de la
difficulté à passer à travers et à renouveler
l'entente. Il y a des discussions, bien sûr, sur un certain nombre de
modalités. Quant à l'ATEQ en particulier, l'Association du
transport écolier du Québec, il y a une préoccupation
à savoir que, lors de ce premier contrat, il y a eu établissement
de coûts de transport par commission scolaire, ce qu'on appelle
maintenant les coûts historiques, qui fait que cela peut coûter
beaucoup moins cher dans une région que dans une autre et qu'il n'y a
pas d'équilibre. Donc, l'ATEQ, quant à elle, voudrait tendre vers
l'équilibre et elle est même disposée à faire des
efforts substantiels au plan de sa participation pour en arriver à un
certain équilibre des budgets d'une réqion à l'autre. Les
négociations vont bien à l'heure actuelle. Certaines commissions
scolaires, il faut bien le dire, étaient inquiètes au
départ, mais ill semble bien que leurs inquiétudes commencent
à se dissiper au fur et à mesure qu'il y a des discussions.
D'ailleurs, le ministre des Transports lui-même ira à la table,
très bientôt, à une prochaine rencontre, maintenant que les
travaux sont très avancés.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Si le ministre lui-même s'y rend, c'est parce
que cela Va bien, non?
M. Côté (Charlesbourg): Le ministre y va même
quand cela va mal. On verra, lorsqu'on parlera du vrac, tout à l'heure,
que le ministre s'y rend même quand cela va très mal.
Mme Harel: J'allais faire la comparaison, mais on y reviendra.
Où en est rendue la discussion sur la réglementation des 200
kilomètres? Vous aviez dit, au congrès de l'Association du
transport écolier, que vous étiez prêt à
réexaminer toute cette question.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je l'avais
évoqué, puisque les gens que j'avais rencontrés, au
préalable, m'avaient indiqué que c'est un champ
d'intérêt. Il semble bien qu'à la table de discussion, au
comité, cela n'a pas été très préoccupant
puisque certains
se satisfont des 200 kilomètres actuellement. C'est
intéressant pour nous, dans la mesure où le milieu le souhaite,
puisqu'il faut, bien sûr, le faire avec le milieu. Cela pourra
peut-être venir dans les prochaines étapes, mais ce qui les
préoccupait davantage, c'était la reconduction de l'entente, avec
certaines modifications.
Mme Harel: Quant à la question de la flotte des
véhicules, il y a là, également, semble-t-il, un stock
considérable à renouveler. Est-ce que c'est toujours le constat
qui est fait au ministère? On parlait, pour 1985-1986, de 1200
véhicules à remplacer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Le phénomène
scolaire est en décroissance, sur le plan du nombre des
élèves. Cela fait donc moins d'élèves à
transporter. Ce sont les éléments les plus en mauvais
état, finalement, qui disparaissent, au fil des ans, avec la diminution
du nombre de véhicules scolaires qui circulent sur les routes du
Québec. Il n'y a pas de problèmes majeurs, à ce moment-ci,
quant au renouvellement et l'état de la flotte. C'est un problème
qui est constant, avec un niveau de renouvellement... On me signifie qu'il y a,
quand même, un phénomène important de renouvellement, qui
n'est pas inquiétant et qui sera davantage réglé dans la
mesure où les gens ont la certitude des contrats. Certains ont, bien
sûr, attendu et attendront encore un peu avant de renouveler des autobus,
compte tenu du fait qu'on ne connaît pas encore le cadre de l'entente qui
va venir pour l'année 1988-1989 en termes de transport scolaire.
Dès le moment où cette entente sera connue et publicisée,
le renouvellement va se faire et les transporteurs sont à même de
l'absorber actuellement.
Mme Harel: La période active à laquelle travaille
la table, c'est toujours un contrat triennal?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Un contrat de trois ans.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Lors du congrès, l'été dernier,
vous aviez fait état de la vérification obligatoire qui allait
prendre effet à l'automne. Est-ce qu'il y a eu des constatations
générales, un bilan de la flotte?
M. Côté (Charlesbourg): Dans ces cas, j'ai rarement
les bonnes nouvelles; règle générale, j'ai pas mal
toujours les mauvaises nouvelles. Il n'y a pas de mauvaises nouvelles qui me
sont parvenues, à ce moment-ci, au sujet de la flotte. Donc, on peut
tirer comme conclusion que cela va passablement bien.
Mme Harel: II y a une vérification mécanique
obligatoire...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: ...maintenant, en vertu des dispositions...
M. Côté (Charlesbourq): De certaines dispositions
qui entreront en application à compter du 29 juin et d'autres qui, sur
le plan de la vérification mécanique, ne pourront intervenir et
être applicables avant le 1er janvier 1988, compte tenu de la mise en
place d'une centaine de postes de vérification mécanique
obligatoire dans tout le Québec.
Mme Harel: Le ministre avait annoncé, l'an dernier, dans
le programme 6, qu'il entendait revoir le mode de financement du transport.
Est-ce que la table poursuit toujours ce... Quand vous entendiez revoir le mode
de financement, c'était, d'une certaine façon, pour
dégager l'État. Est-ce que vous pensez toujours qu'il peut y
avoir un dégagement à ce chapitre?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (11 h
45)
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas un domaine
facile et, à sortir de chez nous, on se rend compte qu'il y a d'autres
pays où l'on fait davantage d'efforts sur le plan du transport scolaire.
La courte expérience que nous avons vécue, il y a une semaine,
nous a très nettement révélé que la France, comme
pays, est complètement sortie du transport scolaire avec une subvention
très minime aux différentes sociétés de transport
des régions. Les mêmes régions intègrent le
transport scolaire au transport en commun, ce qui fait un transport en commun
global plus rentable; elles ne donnent pas la gratuité de transport
scolaire aux élèves, mais font un tarif spécial à
l'intérieur de l'utilisation du transport en commun. Par la suite, les
communautés régionales compensent une partie de ce transport
scolaire. Il y a donc une décentralisation très évidente
en France quant au transport scolaire et une intégration globale dans le
transport en commun qui fait des économies de coûts assez
appréciables.
Cela étant dit, que personne ne s'ameute au Québec en
pensant que l'expérience française que nous avons suivie dans le
cas des MRC, dans le cas de l'aménagement, dans bien d'autres cas,
n'est-
ce-pas pourrait être applicable chez nous. Je pense qu'il est
sûrement beaucoup trop tôt. Nous travaillons actuellement à
la table dans l'esprit de renouveler l'entente de trois ans, qui va se terminer
en 1987-1988, passablement selon les paramètres connus actuellement.
Mme Harel: Le mode d'occupation du territoire est fort
différent, de toute façon, en France et au Québec, si on
pense à la concentration, même dans les régions rurales, au
regard de notre étalement rural. D'autre part, on se rend compte que
toutes les décisions prises ont des effets sur l'aménagement du
territoire parce que la décision d'aménager des polyvalentes
à l'extérieur finit par coûter très cher à la
société québécoise.
M. Côté (Charlesbourg): L'histoire du Québec
est différente de la pratique en France. Il y a, quand même, en
France des communes qui sont passablement éloignées, qui
bénéficient du transport en commun, à l'intérieur
duquel est intégré le transport scolaire. Ce n'est plus une
fonction assumée, comme responsabilité, par l'État. C'est
assuré maintenant par les regroupements sur le plan régional et
chacune des communes doit payer sa part dans le transport en commun. On exige
de l'étudiant ou des parents de l'étudiant de payer leur part
pour le transport scolaire. Nous n'en sommes pas là maintenant chez
nous. Je pense qu'encore beaucoup d'eau va couler sous les ponts avant qu'on y
arrive. Nous travaillons actuellement au cadre scolaire qui, selon un jugement
actuel sur ce que nous avons vécu, malgré quelques lacunes, a
produit des résultats intéressants en ce sens qu'il a
plafonné les subventions de l'État, en faisant abstraction de
l'inflation, et arrêté cette hémorragie de versement de
fonds de l'État dans le transport scolaire. Dans ce sens, il y a eu un
effort très intéressant au sujet du transport scolaire qui, s'il
était imité par le transport en commun de manière
générale, aurait certainement des effets plus que
bénéfiques sur les finances de l'État.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que les MRC
siègent à la table de concertation...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: ...sur tout le mode de financement?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: Est-ce que le ministre ou son ministère a
donné suite aux recomman- dations du coroner? Je pense que c'est assez
récent, soit l'année dernière, c'est tout récent.
Quelles sont les intentions du ministre quant aux recommandations du coroner?
Ce serait plus juste de poser la question dans ce sens. Elles sont à
l'étude, j'imagine?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis toujours un peu
émerveillé par la facilité des coroners à trouver
des solutions aux problèmes. Le coût importe peu au coroner. Ce
n'est pas lui qui paie. On voit assez régulièrement des coroners
relever des dossiers antérieurs et proposer des suggestions, par
exemple, celle de faire en sorte qu'il y ait au moins un adulte à
l'intérieur de chaque véhicule. Les transporteurs scolaires ne
demandent pas mieux, mais, en se revirant de bord, ils disent: Qui va payer?
La, c'est l'État. Cela coûte 30 000 000 % par année. C'est,
bien sûr, des recommandations qui sont sensées, dans la mesure
où la société peut se les payer. Mais 50 000 000 $
additionnels par année pour le transport scolaire, je ne suis pas
sûr d'avoir les sommes pour cela. Mais il existe, dans certains cas, des
regroupements privés qui ont cet intérêt et qui font en
sorte qu'il y ait des adultes à l'intérieur du transport
scolaire. Alors, l'ATEQ, l'APAQ, qui font du transport scolaire, sont
intéressées à des mesures comme celles-là sur le
plan de la sécurité. Mais ce n'est certainement pas demain matin
qu'on pourra donner suite à une recommandation comme
celle-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme ladéputée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense que le ministre va convenir, dans le cas qui
nous intéresse présentement, que le coroner avait à
examiner ce qui lui semblait souhaitable pour mettre fin à ces morts
d'enfants. Trois enfants ont été écrasés sous les
roues de leur autobus scolaire en quelques mois. Il y avait d'autres
recommandations, notamment, en termes d'ajout d'équipement sur les
autobus pour permettre une plus qrande visibilité, l'installation sur
les pare-chocs de bras d'éloignement, enfin il y avait un certain nombre
de recommandations. Je comprends les préoccupations du ministre, mais il
demeure qu'il doit chercher à rendre réalisable ce qui est
souhaitable. Ce qui est souhaitable, c'est qu'il y ait une meilleure
sécurité. D'une certaine façon, j'imagine que les parents
confient l'enfant... Il ne s'agit plus maintenant d'aller le reconduire
à l'école, mais à partir du moment où il monte dans
le transporteur scolaire, il y a une
responsabilité publique, cela est évident. Selon moi, tout
doit être mis en oeuvre pour assurer la plus grande protection possible.
Cela peut faire appel aussi possiblement à la présence de
représentants des comités de parents dans les autobus scolaires.
Ce qu'il faut, c'est une volonté politique. Ce n'est pas
nécessairement faire payer la facture seulement à l'État,
mais il faut une volonté politique.
M. Côte (Charlesbourg): Oui, vous avez raison. Je pense que
cela se situe en termes de recommandations à deux niveaux. La plus
spectaculaire a été évoquée tout à l'heure
et elle serait très certainement, j'imagine, la plus sécuritaire,
encore que, même avec une personne dans chaque autobus, cela ne garantit
pas contre un moment d'inattention qui pourrait provoquer le même genre
d'accident.
Quant aux autres recommandations, vous vous souviendrez, lors de
l'adoption du Code de la sécurité routière et d'une loi
sur les transports en juin 1986, on a ajouté un certain nombre
d'éléments concernant le transport scolaire, qui faisaient en
sorte qu'un transport scolaire utilisé même l'été
pour déplacer des enfants de terrains de jeux doit être
considéré comme un transport scolaire. À partir du 20
juin, notre mentalité québécoise, c'est qu'il n'y a plus
de transport scolaire; alors, cela ne suit plus les mêmes règles.
Vous vous souviendrez qu'on a fait en sorte que ce soit maintenant à
l'année et que les mêmes règles soient respectées
partout. Si, à l'analyse des rapports du coroner et des autres
recommandations, il s'avère que nous devons poser d'autres gestes dans
ce domaine, il n'y a aucun doute dans notre esprit que ces gestes seront
posés.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Si vous me le permettez,
on va vous proposer de changer de programme, mais, comme mon collègue de
Terrebonne veut interroger le ministre sur la question du transport scolaire et
qu'il sera ici, je pense, après la période de questions, on lui
laissera la possibilité de le faire en reportant l'adoption du
programme.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, le programme 6,
Transport scolaire, est maintenant en suspens. J'appelle le programme 7,
Transports maritime et aérien. Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: D'abord, M. le Président, si vous le permettez,
on va examiner le transport maritime, à l'élément...
Transport maritime
Le Président (M. Saint-Roch): L'élément
1.
Mme Harel: ...1. Sur cet élément, M. le
Président, le ministre va certainement s'expliquer sur la piètre
qualité du service actuellement offert aux populations de la Basse et de
la Moyenne-Côte-Nord. M. le Président, je me rappelle avoir mis en
qarde le ministre, l'automne dernier, en lui disant qu'il était bien
difficile d'improviser en cette matière. Une entreprise
incorporée au mois d'octobre soumissionne au mois de novembre et obtient
un contrat pour desservir des populations déjà isolées,
déjà éloignées. Le ministre, en Chambre, avait fait
valoir que cela représentait une économie substantielle pour
l'État. Cette économie, M. le Président, se fait sur le
dos des gens. Je prends pour exemple Le Soleil du mercredi 27 mai -c'est
un fait assez récent - où les représentants, les
porte-parole de la population de Lourdes-de-Blanc-Sablon faisaient état
de hausses considérables du coût du transport des marchandises.
Quelques exemples nous permettent de constater que les léqumes sont
passés de 5,73 $ à 7,20 $ les 100 livres pour la population de
Natashquan. C'est là l'évaluation faite par M. Léonard
Landry, l'importateur de la région de Natashquan; il fait état
d'une augmentation du prix des légumes réfrigérés
absolument considérable. Il faisait valoir également que les
marchandises sèches - il donnait l'exemple de meubles - coûtent
maintenant presque le double de ce que cela coûtait l'an passé
avec Loqistec Navigation. C'est 25 $ pièce, dit M. Landry, alors que ce
coût aurait été de 10 $ ou 11 $ à l'époque de
Logistec Navigation. Bien d'autres exemples s'ajoutent quant aux
déficiences du service. Vous savez que, pour la population entre la
Basse et la Moyenne-Côte-Nord, ce n'est plus Relais Nordik, cela
s'appelle Délai nordique. Le bateau qui devait être prêt,
selon ce que vous nous aviez dit, au moment où les glaces allaient
fondre sous le soleil du printemps se fait toujours attendre.
M. Côté (Charlesbourg): Si le soleil nous a
aidés, il est venu plus tardivement.
Mme Harel: Bien qu'il y ait deux ou trois bateaux en service
présentement, la technologie du "container", qui devait
révolutionner le transport maritime, encore cette semaine,
s'avérait totalement déficiente parce que les biens ne peuvent
pas être ancrés dans un "container". Des automobiles sont
arrivées dans une piètre condition et ont dû être
retournées. II en a été de même des meubles, puisque
le transport de ces biens se fait sans qu'il
puisse y avoir d'attaches comme c'était le cas auparavant. Les
importateurs ont dû retourner des marchandises qui étaient
livrées puisque les problèmes de chargement et de
déchargement sont considérables, étant donné qu'il
n'y a pas d'attaches à l'intérieur des "containers". Les
denrées périssables arrivent à destination prêtes
à être jetées. C'est dans un journal de la Basse et de !a
Moyenne-Côte-Nord, qui s'appelle Le Postillon, du 19 mai 1987, qui est
bilingue en plus et qui s'adresse à l'ensemble de la population.
L'état de la desserte maritime crée plus que de l'insatisfaction,
elle crée de la colère chez une partie importante de la
population. Je n'ai pas parlé ce qui se passe è Sept-Îles,
puisque le contrat prévoyait une desserte, notamment, du port de
Sept-Îles. Le ministre sait, évidemment, que Port-Cartier a
été retenue comme desserte et présentement des
représentations sont faites par la Chambre de commerce de
Sept-Îles. C'est un tollé de protestation à Sept-Îles
même. J'aimerais entendre le ministre sur l'état de la situation.
(12 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): En effet, M. le
Président, il y a des problèmes d'ajustement que l'on pourrait
qualifier d'importants è la desserte de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord. Premièrement, c'est principalement dû
à une livraison tardive du bateau qui devait desservir des citoyens de
la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord qui a été
aménagé, fait en fonction d'une desserte de qualité. Je
peux dire que l'équipage est actuellement rendu à Halifax, du
moins en une bonne partie, et que ce bateau devrait rejoindre le port de
Rimouki dès cette semaine. Normalement, ceci devrait faire en sorte que
cette partie du contrat, avec le bateau qui a été construit en
fonction de la desserte, donc aménaqé en fonction de cette
desserte, soit respectée.
Je ne veux pas donner toutes les raisons qui font que le bateau subit un
retard aussi long et aussi inadmissible. Les propriétaires de Relais
Nordik l'ont su à quelques reprises de la part des autorités du
ministère. C'est principalement dû aux événements en
Belgique où un traversier a versé, è des exigences accrues
de la garde côtière quant à l'isolement du bateau avec des
matériaux provenant de l'Angleterre et qui ont mis, au minimum, un mois
avant d'être livrés aux chantiers maritimes d'Halifax, en plus de
bien d'autres raisons qui font que le monde maritime est un petit monde de
collaboration et un petit monde fermé; cela veut dire tout ce que cela
veut dire.
Au-delà de cela, il y a eu des efforts de ta part des gens de
Relais Nordik pour tenter de satisfaire aux conditions du contrat en ajoutant
un certain nombre de bateaux et, en particulier, un bateau provenant du Groupe
Desgagné qui a permis de livrer des "containers" qui attendaient sur les
quais depuis déjà un certain temps, ce qui créait un
certain mécontentement chez les gens de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord. Nous aurons une véritable idée de la
qualité du service dès le moment où le bateau, qui va
bientôt voguer vers Rimouski, pourra faire ses premiers voyages. C'est a
ce moment-là, avec l'équipement, que nous pourrons voir si,
effectivement - je le déplore tout comme vous, deux mois plus tard - on
livre la marchandise, tel que promis au moment des soumissions.
Il ne faudrait tout de même pas conclure aussi que le service
était d'une qualité telle, à l'époque, que les gens
n'avaient rien à dire. Dieu nous en qarde. J'ai lu l'article du
Soleil, la semaine dernière, tout comme vous, et je me suis
demandé si M. Joncas était ce même employé du
ministère de l'Agriculture, marchand général, entrepreneur
en construction, très bien connu là-bas. L'article disait autre
chose aussi. Je ne veux pas essayer de vous prouver ce matin qu'il n'y a pas eu
de torts jusqu'à maintenant. Il y en a eu et ils ont été
signifiés par lettre, par télégramme et dans des
rencontres auprès des autorités de Relais Nordik à
quelques reprises au ministère. Cependant, la vérité
totale a ses droits. Je pense que, dans l'article, on disait que, même si
le bateau est arrivé plus tard, des aliments arrivaient en meilleur
état sur le plan de la qualité que du temps de Logistec. Ce
n'était pas dans Le Postillon, mais dans l'article du Soleil, si j'ai
bonne mémoire.
Quant à l'augmentation de 5 % dont faisait état M. Landry,
ce n'est pas une surprise parce qu'au mois de février, lorsqu'on a fait
le tour, une question avait été posée à la fois
à M. Landry et à son frère; ils sont très
difficilement distinguables parce que la physionomie est à peu
près la même. À la question posée: Est-ce qu'il y
aura augmentation des tarifs ou non, M. Lacaille avait fort bien
spécifié, à ce moment-là, que c'est la Commission
des transports du Québec qui déciderait de l'augmentation et que
la demande serait d'environ 4 %, telle que soumise par la Commission des
transports, et c'est celle-là qui s'applique.
Maintenant, ce que nous avons constaté, c'est que, effectivement,
sur certaines marchandises, il y a des coûts plus élevés
que les 4 % environ. À cela, M. Girard, du service maritime, si j'ai
bonne mémoire, a signifié et demandé aux autorités
de Relais Nordik de venir au ministère faire la démonstration de
leur augmentation et d'y apporter des correctifs dans les plus brefs
délais.
Quant au port de Sept-Îles, c'est un problème assez
important et un avis a été demandé au ministère
concernant la desserte. Ce qui est étonnant - et je ne veux pas
m'immiscer dans les relations du travail parce que ce n'est pas mon rôle
- c'est que l'entente conclue, au port de Rimouski, avec les débardeurs
ne puisse être conclue sur la même base avec les débardeurs
de Sept-îles. On peut, quand même, se poser quelques questions et
je sais que M. Lacaille lui-même a offert aux débardeurs de
Sept-Îles la même base d'entente qu'il avait conclue à
Rimouski et, à moins que cela n'ait changé dernièrement,
dans la mesure où cette base était respectée, il serait
prêt à rejoindre le port de Sept-îles demain matin. C'est
l'état du dossier. Il y a des problèmes en ce qui concerne la
desserte.
Pour ce qui est de la qualité - ce dont faisait état Mme
la députée de Maisonneuve - des voitures et de certaines
pièces de meubles qui seraient arrivées défaites et
brisées à l'intérieur des "containers", je dois vous dire
que cela m'étonne un peu - cela ne veut pas dire que ce n'est pas vrai
-parce que, à ce que je me souvienne, on n'a pas eu ce genre de plaintes
chez nous. Le Postillon a peut-être raison, mais Dieu sait qu'au
nombre de télégrammes qui entrent au ministère et que nous
avons reçus dans le cas de Quebecair, ce n'est pas le même genre
d'intervention et de plaintes, bien sûr, à ce chapitre.
Il y a des correctifs très importants à apporter. Certains
ont été apportés. Avec la venue du bateau cette semaine,
on sera è même de juger si, effectivement, cette qualité de
desserte promise à moindre coût pour le ministère se
réalisera, sera véridique.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, déjà, le
président de la Commission des transports nous a indiqué qu'il
allait déposer, ici, la réglementation concernant la desserte
maritime. D'autre part, je voudrais que le ministre dépose
également le permis de navigation de l'entreprise. Est-il exact que le
permis de navigation de l'entreprise désigne expressément
Sept-Îles?
De toute façon, à défaut d'avoir l'information
maintenant, après la période de questions, on pourrait y
revenir.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrai répondre
maintenant.
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): À ce que je me
souvienne, ce n'est pas dans le permis, mais dans le contrat.
Mme Harel: Bon.
M. Côté (Charlesbourg): On déposera tout ce
qu'on pourra sur ce sujet, cet après-midi.
Mme Harel: Deux aspects importent è la population. Ce sont
essentiellement les tarifs et le service.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Le contrat prévoyait le service à
Sept-îles. On a une copie du contrat et on peut l'interpréter de
bien des façons, mais le port de Sept-Îles était
énuméré. La compagnie peut prétendre que la
desserte se fait par camion, mais ce n'était pas ce qui était
prévu dans le contrat oriqinairement. J'aimerais qu'on puisse
vérifier et me répondre si, dans le permis de navigation, lorsque
la Commission des transports a émis le permis de navigation, il
était entendu, parmi les ports desservis, que Sept-Îles s'y
trouvait.
D'autre part, les tarifs proposés par la compagnie devraient
être rendus publics et déposés cet après-midi et
ceux autorisés par la Commission des transports, de façon que ce
soit connu largement et peut-être mis en application.
M. Côté (Charlesbourg): Aucun problème. Vous
avez le contrat et le permis. On va vous fournir les tarifs.
Mme Harel: D'autre part, le ministre est-il informé qu'un
qroupe d'hommes d'affaires de Lourdes-de-Blanc-Sablon examine actuellement la
possibilité de créer son propre service de transport
parallèle qui importerait des marchandises à partir de
Terre-Neuve?
M. Côté (Charlesbourg): II le fait
déjà.
Mme Harel: Mais il veut l'amplifier et il aurait l'intention de
desservir les villages de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord et non plus
seulement Lourdes-de-Blanc-Sablon. Il aurait l'intention de mettre sur pied un
système parallèle pour desservir, en marchandise fraîche,
beaucoup plus fraîche que celle qui arrive présentement, la Basse
et de Moyenne-Côte-Nord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsque nous avons
rencontré les qens de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord au cours
du mois de
février, on a fait état déjà qu'il en
coûtait beaucoup moins cher de recevoir des aliments en période
hivernale provenant de Terre-Neuve que du Québec pour la simple et bonne
raison que "l'Atlantic Maritime Act" subventionne le transport des marchandises
et inclut Terre-Neuve à l'intérieur de cela. Les marchandises
transitant par Terre-Neuve étaient moins chères que celles
transitées par le Québec compte tenu du fait que le
fédéral payait là-bas et s'était retiré de
la subvention de la desserte de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord,
C'est un élément qu'il ne faut pas oublier: le
fédéral s'est retiré, depuis deux ans, du paiement de la
desserte de la Basse et de la Mayenne-Côte-Nord. On n'a pas
lâché sur ce plan pour tenter d'obtenir ce à quoi nous
avons droit. Effectivement, il est question que les gens fassent un service par
Terre-Neuve. Il s'agira de voir, à ce moment-là, ce que cela
donnera. À l'époque où les gens voulaient s'opposer
systématiquement à l'obtention d'un permis Relais Nordik, ils ont
même pensé, à un certain moment, faire la desserte de la
Basse et de la Mayenne-Côte-Nord par Terre-Neuve. Â ce
moment-là, cela ne prenait pas de permis du Québec.
Mme Harel: Le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: ...a fait état tantôt d'une augmentation
des tarifs de 5 %. En fait, l'article reprenait les propos de M. Landry
concernant une augmentation de tant. Je ne sais pas... Enfin, je vais vous lire
exactement ce que disait M. Landry? "C'est 5 % de plus que du temps de Logistec
qu'il faut compter pour l'épicerie non périssable"; 5 % pour
l'épicerie non périssable, mais pour l'épicerie
périssable, les taux réfrigérés, c'était une
augmentation de presque 20 %, 25 %.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, on s'entend bien: sur
les 5 %, tout le monde était au courant, tout le monde le sait depuis le
mois de février. C'est l'augmentation normale qu'a eue Relais Nordik,
qu'aurait eue aussi Logistec si elle avait poursuivi le contrat.
Mme Harel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, cela est normal. Sur
d'autres points, effectivement, ce que }'aî voulu faire vérifier
par les autorités du ministère, c'est qu'il semble que, dans
certains cas, il y ait un droit de quayage ou quelque chose du genre qui a
été exigé par Relais Nordik, ce que nous avons
déjà contesté auprès de Relais Nordik, lui disant
que cela dépassait les limites du contrat et de l'entente, et qu'elles
devrait se réajuster.
Mme Harel: Est-ce la Commission des transports du Québec
qui doit faire respecter ces taux?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mme Harel: Est-elle
intervenue?
M. Côté (Charlesbourg): Le ministère a,
d'abord, demandé, comme partie au contrat, certains faits, certaines
justifications. Le ministère a, actuellement, signifié à
Relais Nordik, certains ajustements nécessaires pour le respect du
contrat. J'imagine que, par la suite, ce sera la Commission des transports.
Mme Harel: Est-ce que le ministre est en situation de dire
à la population qui est actuellement desservie à des taux qui lui
apparaissent exorbitants par rapport aux années
précédentes qu'au-delà de 5 % ces augmentations de Relais
Nordik sont nulles et non avenues? En fait, je devrais dire Délais
nordique, c'est comme cela que l'appelle la population.
M. Côté (Charlesbourg): Vous savez,
j'appréhendais, la semaine dernière, cette question à
l'Assemblée.
Mme Harel: Je l'aurais souhaitée, mais vous vous faites
absent de ce temps-ci, vous nous manquez.
M. Côté (Charlesbourg): Du tout. J'ai
été absent la même semaine que Mme la députée
de Maisonneuve, la semaine dernière possiblement.
Mme Harel: C'est-à-dire que j'ai été absente
pendant une seule journée.
M. Côté (Charlesbourg): Une journée?
Mme Harel: Vous, vous avez été absent pendant une
semaine.
M. Côté (Charlesbourg): Probablement que vos
préoccupations de comté de la semaine dernière ont
coïncidé avec la journée même de la parution de
l'article. Je dois vous dire qu'il est peut-être, dans certains cas,
normal que cela puisse prendre deux mois à roder une machine. Vous
savez, il y a des partis politiques qui existent depuis 20 ans et qui se
questionnent encore.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve. (12 h 15)
Mme Harel: Oui. M. le Président, M. le ministre me donne
l'occasion de lui dire qu'il a toujours de bonnes raisons pour justifier de
mauvaises décisions. Cela valait pour la desserte aérienne
et cela vaut pour la desserte maritime. Ce sont toujours les meilleures
raisons, mais pour, finalement, justifier de très mauvaises
décisions qui, à l'origine, n'auraient pas dû être
prises.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il y
a 1534 maires qui se sont prononcés à la rencontre annuelle des
maires du Québec. On a posé trois questions au nouveau
propriétaire de Quebecair, dont deux venant du maire de Gaspé.
Et, finalement, parce que vous citez le journal, la conclusion du journal, le
lendemain matin, c'était que les gens étaient satisfaits du
service de Quebecair.
Alors, par rapport à tout ce que vous avez véhiculé
dans le passé, cela fait un drôle de contraste. Cela ne veut pas
dire qu'il ne reste pas de problèmes; il en reste, des
problèmes.
Mme Harel: On va en parler, justement, là.
M. Côté (Charlesbourg): Mais je n'ai pas
tenté de vous faire croire qu'il n'y en avait pas.
Mme Harel: Justement samedi, il y a deux jours...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: ...avec notre homologue Lucie Pépin, la
députée fédérale à Ottawa, j'avais à
prendre Quebecair. Annulé samedi matin, alors, on reporte...
C'était un congrès des garderies qui avait lieu à
Québec. Finalement, on a réussi à monter à
Québec, et le vol de 16 heures annulé pour retourner à
Montréal. Alors, j'ai dit à Mme Pépin de faire bien
attention en ce qui regarde Air Canada pour que les mêmes
problèmes ne se reproduisent pas, étant donné que des
décisions aussi fâcheuses peuvent être prises.
M. Côté (Charlesbourg): On peut évoquer
chacun ses expériences. J'étais mardi, il y a deux semaines,
à l'aéroport de Mirabel avec une compagnie qui s'appelle Air
Canada, qui a une réputation quant à sa régularité,
et nous avons attendu trois heures à l'intérieur de l'avion avant
de décoller de Mirabel. Je me suis dis, è ce moment, que, s'il
avait fallu que ce soit Quebecair, possiblement que cela aurait
été publié dans le journal le lendemain, mais il n'y avait
rien le lendemain parce que c'était Air Canada.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Écoutez, M. le Président, on va
terminer. Mais juste avant, puisque le ministre a fait état de ce
congrès des maires, je voudrais simplement lui rappeler que le journal
n'a pas publié un compte rendu de l'opinion des maires, mais le compte
rendu du communiqué de Quebecair sur l'opinion des maires. Je pense
qu'avant de prendre des vessies pour des lanternes, il faudrait vérifier
l'état réel de la situation.
M. Côté (Charlesbourg): Vous me rappelez des
débats très durs à l'Assemblée quand vous dites
"vessies pour lanternes"; c'étaient des termes utilisés par
l'ex-député de Saint-Jacques, M. Charron, à
l'époque, dans des débats très durs. Je dois vous dire,
pour votre information et pour notre bonne compréhension qu'il y a eu
trois questions posées aux personnes de Quebecair qui se sont rendues
à la table Québec-municipalités, et le compte rendu a
été le compte rendu des trois questions posées. Alors, si
d'autres ont parlé dans les corridors et n'ont pas eu le courage de leur
opinion pour poser des questions, on peut se poser des questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: On reviendra tout de suite après au service
aérien. Quant au service maritime, qu'est-ce que vous avez à dire
aux gens de Sept-Îles?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Aux personnes de
Sept-Îles, la desserte maritime est, d'abord, faite pour les personnes de
la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord.
Que les débardeurs de Sept-Îles aient des problèmes
et agitent du monde, comme cela a été fait dans le cas de
Quebecair, quant à moi, ce n'est pas mon niveau de préoccupation.
Je suis beaucoup plus sensible à l'argumentation que vous me soulevez
d'une desserte qui n'est pas ce qu'elle devrait être pour
Havre-Saint-Pierre, Natashquan, Blanc-Sablon et ces endroits-là. Cela
m'inquiète davantage que de me faire parler de M. Parvu, de la Chambre
de commerce de Sept-îles, ou de me faire parler des débardeurs qui
ne sont pas prêts à accepter les conditions qui sont celles des
gens de Rimouski qui ont accepté de faire le débardage. Ce n'est
pas cela qui me préoccupe. L'aspect préoccupant pour
Sept-Îles, c'est le port de débarquement par rapport à
Port-Cartier. Cela est un peu plus inquiétant, mais ne venez pas me
parler des emplois à Sept-Îles dans la cause de Relais Nordik.
Parlez-moi de la desserte et de la qualité de la desserte et des
aliments qui parviennent aux qens de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord, je suis plus sensible à cela. Quant au
reste, c'est une question de relation du travail. Si les débardeurs de
Sept-îles ne veulent pas accepter les conditions de ceux de Rimouski,
c'est leur affaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Au sujet du port d'embarquement à Port-Cartier
plutôt qu'à Sept-îles, le ministre entend-il faire respecter
le contrat qui a été signé entre le ministère et la
compagnie?
M. Côté (Charlesbourg): Le ministre entend faire
respecter le contrat. À partir du moment où nous en arrivons,
maintenant, à la phase, je pense, finale de l'application du contrat, du
moins dans l'exercice du contrat avec le bateau qui avait été
prévu à l'époque - vous l'avez fort bien
évoqué tantôt, on peut avoir des avis différents sur
l'interprétation - des avis ont été demandés sur le
plan juridique quant a l'interprétation de cette clause. Mais il est
clair que, dans la volonté de celui qui a préparé le
contrat, la desserte devait se faire par Sept-Îles. Maintenant, est-ce
qu'on a réussi à suffisamment bien camper dans notre texte de
contrat, sur le plan des écritures, ce phénomène pour
être capable de le faire respecter sur le plan juridique, c'est l'avis
que le ministère m'a transmis et dont je n'ai pas eu le temps de prendre
connaissance jusqu'à maintenant. Mais ce sera pour les prochains
jours.
Mme Harel: Nous sommes déjà au début de
juin. Le contentieux a-t-il terminé l'analyse juridique de la clause
controversée?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sûrement.
Mme Harel: M. Normand lui-même disait, le 15 avril dernier,
que le contentieux travaillait à cela.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mme Harel: C'est
terminé? M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Alors, le ministre n'a pas pu en prendre connaissance
encore?
M. Côté (Charlesbourg): Je vais tenter de le faire
sur le coup de midi et je vous reviendrai dans l'après-midi.
Mme Harel: Très bien. Alors, M. le Président, si
vous voulez, on va examiner la question des traverses maritimes.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Juste avant, M. le Président, tantôt, le
ministre a fait état des subventions fédérales
interrompues depuis deux ans. Est-ce que les négociations se poursuivent
présentement?
M. Côté (Charlesbourg): Là, je pourrais
même vous déposer une lettre que j'ai adressée è M.
Mulroney - cela va me faire plaisir - en tant que député de
Manicouagan. Au moment où j'avais, d'abord, sîqné une
première lettre, je l'ai retenue pour la simple et bonne raison qu'il
m'arrivait sept télex du gouvernement fédéral pour des
subventions à des traverses maritimes dans les Maritimes et Terre-Neuve.
La nature de la lettre et les propos ont changé, mais je pourrais
facilement la déposer.
Mme Harel: Et le ministre demande qu'elles soient toujours
subventionnées dans le rapport de deux tiers?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Mme Harel:
Non.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, à la
rencontre de juin 1982 avec M. Mazankowski, la base des discussions
était la suivante: compte tenu que nous allons intervenir pour la
construction du réseau routier de la route 138 entre Havre-Saint-Pierre
et Natashquan, cela risque de chanqer dans les cinq prochaines années et
le futur les conditions de desserte de la Basse et Côte-Nord, puisque la
desserte se substitue au réseau routier. Sur cette base, le gouvernement
fédéral ayant subventionné la construction de la route, il
avait l'obligation morale de continuer de subventionner la desserte. Au fil des
ans, cette subvention de 70 % est descendue à près de 60 %, si ma
mémoire est fidèle. Ce qu'on a signifié, c'est que, sur la
base de 50-50, on était prêt à s'entendre pour une desserte
de cinq ans dans ce domaine. M. Mazankowski avait trouvé l'idée
très intéressante et on devait en avoir des nouvelles au plus
tard au mois de septembre. M. Crosbi est arrivé au mois d'août et
on a revu les dossiers. M. Bissonnette était sympathique, Mme
Vézina, de Rimouski, était très sympathique, mais la
sympathie ne s'est pas encore manifestée de manière
concrète par la conclusion d'une entente. C'est pour cela que j'ai
décidé d'écrire à M. Mulroney, député
de Manicouagan et par surcroît premier ministre du Canada.
Mme Harel: Est-ce que le ministre a reçu une
réponse à sa lettre?
M. Côté (Charlesbourg): Que je sache, pas encore
à ce moment-ci.
Mme Harel: II serait certainement souhaitable, dans
l'intérêt de l'avancement de ce dossier et de sa progression, que
la lettre soit déposée.
M. Côté (Charlesbourg): C'est avec plaisir que je
rendrai ce dossier public.
Mme Harel: Alors, sur la question des traversiers, comment le
ministre entend-il donner suite au rapport Hovington?
M» Côté (Charlesbourg): Hovington? Mme
Harel: Oui.
M, Côté (Charlesbourg): Nous avons fait,
jusqu'à maintenant, un exercice, quand même, pas très
facile. Nous allons donner suite au rapport Hovington, du moins à
l'esprit du rapport Hovington, en ce sens que la gratuité sur les
traversiers sera, à toutes fins utiles, éliminée, comme je
l'ai dit à l'entrée, sauf pour une traverse comme
TadoussacBaie-Sainte-Catherine, où il est évident que la
traverse fait office de pont. Si on avait demain matin à construire un
pont qui coûterait tout près de 100 000 000 $, il nous en
coûterait plus cher de bâtir ce pont que de maintenir la traverse.
De un. C'est un élément extrêmement important.
Les insulaires, eux, n'ont pas de pont et ils doivent, quand même,
avoir une certaine gratuité quant à l'utilisation des
traversiers, soit à l'île aux Coudres, soit à l'Ile aux
Grues, et cela nous apparaît extrêmement important. Quant aux
autres traverses, il y aura une tarification minimale qui pourra prendre
différentes formes. Dans certains cas, là où c'est
possible, il s'agit de vérifier si ce lien maritime peut être
intégré à du transport en commun. C'est ce que nous sommes
à finaliser. Quand ce le sera, nous pourrons sortir une grille de
tarifs. Mais il est totalement inadmissible que la pratique de l'an dernier et
de certaines années antérieures soit maintenue. N'importe quel
individu qui avait une carte-soleil pouvait se présenter à la
Société des traversiers et demander une carte annuelle qui
coûtait 7 % à l'émission et on ne lui demandait pas un sou
au plan de l'administration.
Il y a des ajustements au chapitre des économies. M. Gagnon,
depuis son arrivée à la Société des traversiers, a
accompli un travail fantastique dans la gestion et a fait économiser des
sommes assez substantielles compte tenu du budget. Un seul exemple pour
illustrer le travail qu'il a fait. Relativement à l'achat des
carburants, l'an dernier, il a pu économiser tout près de 800 000
$ en regroupant les achats de carburant à la Société des
traversiers. C'est donc une obligation pour la Société des
traversiers de gérer d'une manière beaucoup plus serrée
pour que ce qu'elle va, dans certains cas, économiser puisse être
redonné à certaines traverses et, en particulier, à celle
de Matane.
Mme Harel: Le ministre avait déjà, d'ailleurs, lors
de sa tournée en février dernier, annoncé une
bonification. L'ayant suivi de peu à Sept-Îles et ayant
moi-même rencontré l'association formée des citoyens du
milieu...
M. Côté (Charlesbourg): Mme...
Mme Harel: Oui, voilà. C'est une association
extrêmement dynamique qui plaide avec une argumentation très
serrée sur l'intensité des relations avec la rive sud. D'une
certaine façon, quand on est éloigné de cette
région, on a de la difficulté a comprendre combien la
Côte-Nord...
M. Côté (Charlesbourg): Est dépendante.
Mme Harel: ...bat au rythme de la rive sud et combien cette
relation est importante pour elle; elle n'est pas seulement d'ordre
économique, si j'ai bien compris, mais en grande partie les racines
familiales de la plupart des gens qui peuplent la Côte-Nord sont sur la
rive sud. Alors, cette bonification que la population attend en ce qui regarde
la traverse MataneGodboutBaie-Comeau, quelle forme
prendra-t-elle?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'une réduction de
tarifs et de certains autres ajustements quant à la qualité du
service sur le bateau et aussi, principalement, en période de pointe
touristique. Au plan de la réduction, je ne peux pas m'avancer le cou
autant que l'avait fait un de nos collèques, à l'époque,
M. Lucien Lessard, en parlant de gratuité, mais davantage en parlant de
réduction des tarifs, réduction qui interviendrait cette
année et l'an prochain aussi.
Mme Harel: Quand le ministre entend-il faire connaître sa
décision?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Avant notre départ
à la fin de la session.
Mme Harel: De façon que cela puisse être effectif
pour la saison touristique?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, absolument.
Le Président (M. Saint-Roch): Je
remarque qu'il est maintenant 12 h 30, j'aurais besoin d'un consensus
pour continuer nos travaux.
Mme Harel: II faudrait normalement terminer à 12 h 30.
Le Président (M. Saint-Roch): Normalement, oui.
Mme Harel: Et reprendre à quelle heure?
Le Président (M. Saint-Roch): À 15 h 30.
Mme Harel: Je terminerais tout de suite, à moins que le
ministre ne veuille continuer?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: On va reprendre à 15 h 30.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux.
Documents déposés
M. Côté (Charlesbourg): Il ne faut pas laisser
traîner des choses que l'on pourrait régler immédiatement.
Si vous me donnez une minute...
Le Président (M. Richard): M. le ministre, on est ici
jusqu'à 23 heures au moins.
M. Côté (Charlesbourg): ...je vais me
démêler dans mes papiers. Voilà!
M. le Président, j'aimerais déposer un télex qui a
été expédié à Relais Nordik, en date du 26
mai 1987, une note expédiée le 20 mai 1987 à M. Pierre
Mercier, signée par M. Girard et, selon le voeu de Mme la
députée de Maisonneuve, l'ordonnance générale sur
le transport des passagers et dts marchandises par eau, la décision de
la Commission des transports du Québec quant au permis donné
à Relais Nordik, et l'horaire ainsi que les taux des marchandises, tel
que souhaité ce matin par...
C'est un petit complément de réponse à ce que nous
avons dit ce matin, de telle sorte que rien ne reste en plan qui ne serait pas
juste. En ce qui concerne les tarifs, effectivement, ce sont 4,9 % qui avaient
été autorisés. Dans le cas des coûts additionnels
dont faisait état M. Landry ce matin, je parlais de coûts de
quayage, effectivement, c'était le cas. Je vats vous lire la note que
j'ai ici, je pense qu'elle est assez explicite: "Quant aux coûts
résultant des droits de quayage applicables aux récipients de six
mètres et plus, c'est une tarification fédérale. M.
Lacaille nous indique qu'il vient de conclure une entente avec Havres et Ports
Canada afin d'être exempté de cette charge. Des crédits
seront faits aux clients qui se sont vu charger de tels coûts." Cela
réglerait la situation des coûts au-delà des 4,9 %
autorisés par la Commission des transports.
Finalement, puisqu'elle m'arrive maintenant, je vais déposer la
lettre que j'ai adressée le 24 avril dernier au très honorable M.
Brian Mulroney, en espérant que cela ne dérangera pas les
négociations de demain.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, nous
considérons tous ces documents comme déposés à la
commission. M. le secrétaire en fera des photocopies pour tous les
membres présents. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, avant de clore la discussion sur le programme
concernant les traversiers. Le ministre a informé la commission ce matin
qu'il entendait annoncer avant la fin de la session quelle serait l'ampleur de
la réduction de tarif concernant la traverse
Matane-GodboutBaie-Comeau. Est-ce que l'annonce qu'il fera ne concernera
que cette traverse'
M. Côté (Charlesbourg): L'ensemble des
traverses.
Mme Harel: L'ensemble des traverses.
M. Côté (Charlesbourg): La nouvelle tarification
concernera l'ensemble des traverses. Il y aura une réduction pour la
traverse Matane-Godbout.
Mme Harel: Le ministre nous a parlé ce matin de la
nécessaire intégration du financement des traverses à
l'égard du transport en commun. Quel type d'intégration*?
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas parlé de
la nécessaire intégration, mais, du moins, d'une tentative d'une
certaine , intégration que nous négocions actuellement. Pour vous
situer très bien, cela concerne la région de Québec. Les
qens de la rive sud paient déjà des frais de transport à
la
Société de transport de la rive sud de Québec, ils
en paient à la Commission de transport de la communauté urbaine
de Québec et il y a le traversier entre les deux. C'est dans cet esprit
que nous travaillons actuellement pour tenter d'en arriver à une formule
qui permettrait d'éviter que les gens patent démesurément
trois fois.
Mme Harel: Donc, les détenteurs de laisser-passer mensuels
de la Commission de transport de la rive sud ou de la commission de transport
de Québec pourraient traverser gratuitement.
M. Côté (Charlesbourg): Gratuitement, mais il ne
faut pas oublier qu'il faudra au moins avoir un laisser-passer. Dans ce
sens...
Mme Harel: Sur présentation du laisser-passer. C'est une
hypothèse.
M. Côté {Charlesbourg): C'est une hypothèse
et c'est la plus sérieuse actuellement.
Mme Harel: L'annonce sera faite avant la fin de la session sur
l'ensemble de la politique de tarification.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. D'ailleurs, nous
rendrons public ce que nous demanderons à la Commission des transports
du Québec d'autoriser, parce que c'est cette dernière qui doit
autoriser ces tarifs. Dans un cas, c'est maintenant fait. Dans le cas de
Rivière-du-Loup, c'est fait, puisque cela a été une
augmentation de 4,4 % pour indexer les coûts de traverse à
Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 1?
Mme Harel: On peut passer à l'élément 2.
Le Président (M. Saint-Roch): Les discussions étant
closes à l'élément 1, Transport maritime, j'appelle
maintenant l'élément 2, Transport aérien. Mme la
députée de Maisonneuve.
Transport aérien
La vente de Quebecair
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'inviterais le ministre
à... Un premier élément d'abord, M. le Président.
Dans les questions qui ont été transmises avant la commission
parlementaire au ministre, une concernait son voyage sur la Basse et la
Moyenne-Côte-Nord et sur la Côte-Nord. Est-ce que vous me donnez
une seconde pour me retrouver? C'est un cahier bleu, les renseignements
demandés par l'Opposition, crédits 1987-1988. D'une part, nous
avions demandé le contrat d'exploitation intervenu entre le gouvernement
et l'actuelle Quebecair en ce qui concerne la desserte aérienne sur la
Basse et la Moyenne-Côte-Nord. Le contrat qui nous a été
transmis par le ministère est celui siqné par Michel Clair en
date du 20 avril 1983. C'est ce contrat que nous a transmis le ministère
à la suite de la demande que nous avons faite dans le cadre de
l'étude des crédits 1987-1988. Est-ce à dire qu'il n'y a
eu aucune autre signature de contrat depuis le 20 avril 1983?
M. Côté (Charlesbourg): Non, il n'y en a pas eu
d'autre. Finalement, c'est le contrat qui avait été effectivement
signé par M. Clair qui est respecté par la société
Quebecair actuellement.
Mme Harel: C'est une reconduction intégrale?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est même pas une
reconduction. C'est le contrat qui continue de filer et qui est respecté
par les nouveaux acquéreurs de Quebecair et les montants d'argent sont
autorisés annuellement sur la base du contrat qui a été
signé par M. Clair, comme vous le dites si bien...
Mme Harel: C'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): ...il y a quatre ans.
Mme Harel: Le 20 avril 1983. Donc, c'est le même
contrat?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel; Mais pas le même service parce que le contrat de
1983 se faisait en Boeing 737, jusqu'à Sept-Îles en tout cas. Il
se faisait avec des appareils d'une autre qualité.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la desserte de la
Basse et de la Moyenne-Côte-Nord. Ce n'est pas la desserte de
Sept-Îles.
Mme Harel: C'est cela. Mais le contrat qui est reconduit
actuellement se fait avec une autre qualité de services.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non. D'abord,
il faut faire une distinction très nette. Quand on parle de
Boeing 737, cela allait a Sept-Îles. La desserte de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord se faisait en HS-748. Il y a une distinction
très nette entre les deux en parlant de qualité de services
effectivement. Mais chaque type d'avion...
Mme Harel: A ses problèmes. (15 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): ...a ses problèmes
et, dans le cas de la desserte de Sept-îles en Boeing 737, on l'a
toujours dit, c'est une excellente qualité de service par rapport au
Convair 580. Mais, quant à la desserte de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord, c'est une autre histoire et c'est ce qui fait l'objet
du contrat. Auparavant, c'était fait en HS-748. C'est fait depuis en
Convair 580.
Mme Harel: Alors, ce contrat prend fin à quelle date?
M. Côté (Charlesbourg): Le 20 avril 1983.
Mme Harel: Oui, prend effet. Et sa date
d'échéance?
M. Côté (Charlesbourg): Le 30 juin 1987.
Mme Harel: Le 30 juin 1987? M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: C'est donc dire que présentement des
négociations se poursuivent pour la reconduction du contrat?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Les négociations doivent se poursuivre aussi
quant à la signature du contrat lui-même?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'on ne
peut pas signer de contrat tant et aussi longtemps que le gouvernement
fédéral n'aura pas disposé de vos demandes pressantes
quant à la révision de la décision de la Commission
canadienne des transports.
Mme Harel: Avez-vous des indications au sujet du délai
dans lequel le cabinet fédéral disposera de la demande d'appel de
la décision de la Commission canadienne des transports?
M. Côté (Charlesbourg): On m'a informé qu'il
y avait sept demandes de cette nature pour des objets différents qui
étaient soumises au gouverneur général en conseil et
l'ensemble des sept devraient passer le test de la décision en
même temps. Cela fait déjà presque six mois qu'on nous dit
que c'est imminent.
Mme Hareh Est-ce là le seul facteur qui retarde la date de
la clôture? Tout le reste est finalisé?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le sens qu'il y a une
négociation qui est en cours actuellement mais qui ne peut pas atteindre
son rythme de croisière tant et aussi longtemps que cette
décision-là n'est pas rendue. Il y a eu des rencontres et il y en
aura d'autres encore cette semaine avec les gens de Quebecair. Il y a donc
plusieurs points de négociation qui nécessiteront de laborieuses
heures. À ce niveau, on ne peut pas dire que le processus final est
enclenché tant que le cabinet fédéral n'aura pas
décidé.
Mme Harel: M. le ministre, si le cabinet fédéral
décidait lors de sa prochaine réunion hebdomadaire de disposer de
l'appel dans le sens que vous le souhaitez, la date de clôture
interviendrait-elle immédiatement?
M. Côté (Charlesbourg): On peut parler d'un
mois.
Mme Harel: D'un mois?
M. Côté (Charlesbourg): Maximum.
Mme Harel: Maximum.
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne veut pas dire que
cela ne peut pas être fait dans des délais plus courts.
Mme Harel: Alors, on tient pour acquis que, selon le ministre des
Transports, la date de clôture suivra dans moins d'un mois la
décision du cabinet fédéral qui satisferait au transfert
de propriété. Dans moins d'un mois. C'est donc dire que bon
nombre de conditions ou d'obligations mutuellement convenues entre les parties
seraient respectées si la date de clôture intervenait, puisqu'il
est entendu que la date de clôture intervient au moment où les
parties sont satisfaites.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais les parties
peuvent, advenant certains cas de litiges, régler et prendre des
dispositions pour que certains litiges puissent être réglés
ultérieurement.
Mme Hare: Commençons par le premier qui est celui des
états financiers 1986. Actuellement, est-ce que le ministre a en main
les états financiers de 1986?
M. Côté (Charlesbourg): Actuellement, le ministre
des Transports n'a pas en main les états financiers de 1986.
Mme Harel: Quand entend-il les recevoir?
M. Côté (Charlesbourg): Incessamment.
Mme Harel: Donc, les vérificateurs du vendeur n'ont pas
encore examiné les états financiers que l'acheteur doit
transmettre.
M. Côté (Charlesbourg): Du moins pas pour en arriver
à une entente finale. Il a pu y avoir tout au plus quelques rencontres
exploratoires quant au bilan financier.
Mme Harel: II est dit au contrat, à l'article 3.3.1: Les
acheteurs feront en sorte que les états financiers consolidés de
la compagnie soient préparés en date du 31 juillet 1986, lesquels
états financiers seront vérifiés par les
vérificateurs du vendeur. On doit donc comprendre que cela n'est pas
fait, puisque cela n'a pas été transmis.
M. Côté (Charlesbourg): C'est en cours. Mme
Harel: Ah!
M. Côté (Charlesbourg): II y a eu des rencontres
exploratoires. Il faut donc comprendre que c'est en cours.
Mme Harel: Le vendeur, en l'occurrence le gouvernement du
Québec, en l'occurrence le ministre des Transports et son
collègue... Travaillez-vous en responsabilités partagées?
Travaillez-vous toujours avec le ministre délégué à
la Privatisation?
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûr.
Mme Harel: Vous avez reçu les états financiers de
1986, puisque vos vérificateurs les examinent?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je n'ai pas
d'information qu'effectivement ces états financiers aient
été, jusqu'à maintenant, approuvés par Quebecair
non plus.
Mme Harel: Approuvés par Quebecair?
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'il y a des
échanges entre les deux évidemment.
Mme Harel: Oui. Mais ils doivent surtout être
approuvés par le vendeur...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: ...puisqu'ils sont préparés par
Quebecair. Ils doivent être acceptés par les vérificateurs.
C'est donc dire qu'il n'y a pas de litige en ce qui concerne les états
financiers? Il n'y a pas de mésentente présentement...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: ...entre les vérificateurs?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
que...
Mme Harel: La procédure prévue au contrat n'est
pas...
M. Côté (Charlesbourg): ...il faut faire attention.
Si on fait une vérification... Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
litige. Nos vérifications, comme vendeur, peuvent nous amener à
constater un certain litige.
Mme Harel: II y a une procédure qui est prévue
disant que, s'il y a litige, ce litige est soumis à l'arbitrage d'un
troisième vérificateur. Est-ce que cette procédure est en
cours présentement?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: Est-ce que le gouvernement, en l'occurrence le
vendeur, a indiqué à l'acheteur, aux actionnaires de Nordair
Metro, aux administrateurs actuels de Quebecair, le choix qu'il entendait faire
sur les modalités du prix à payer? Est-ce que le gouvernement, en
vertu de l'article 3.1.1...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: ...ou 3.1.2...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: ...a fait valoir quel serait son choix?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: C'est là encore, si je comprends bien, un autre
élément qui devra être satisfait avant qu'il y ait
clôture?
M. Côté (Charlesbourg): Le processus que nous avons
voulu suivre est de faire en sorte qu'à partir du moment où il y
a de la part du gouvernement fédéral, un point final à sa
participation au dossier, en ce sens qu'il donne l'autorisation finale... Nous
avons voulu rapprocher le plus possible de cette décision le "closing",
donc, les négociations qui devront avoir cours avec les nouveaux
acquéreurs de Quebecair. Cela implique conjointement, pour une certaine
partie, le ministre délégué à la Privatisation et
le ministre des Transports et, pour d'autres parties contractuelles, cela
implique davantaqe le ministère des Transports. Parallèlement,
actuellement, sont en cours à la fois le processus de la privatisation
et ce qui en découle en termes d'obligations de notre côté.
D'autre part, le ministère des
Transports, mercredi, aura une séance de travail très
intense avec les nouveaux acquéreurs de Quebecair quant à la
partie qui le concerne.
Mme Harel: Notamment, je reviendrai sur le choix que le
gouvernement aura è faire entre l'émission d'actions en sa faveur
ou le chèque visé de l'acheteur. Mais ce choix n'est pas fait
encore?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: Ce choix est fait conjointement avec le ministre
délégué à la Privatisation?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Concernant le domaine propre du ministère des
Transports, il y a certainement la question de la construction du hangar...
M. Côté (Charlesbourg): À Québec.
Mme Harel: ...à Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Les CL-215.
Mme Harel: L'obligation signée par Conifair de construire
un hangar. Qu'en est-il présentement?
M. Côté (Charlesbourg): C'est justement
là-dessus que portera la réunion de mercredi. Il y a des
propositions qui ont été transmises au ministère et que
celui-ci a analysées. Il y aura donc une séance de travail avec
le ministère des Transports. Quant à moi, j'ai toujours dit que
je ne voulais pas compléter le dossier, à la fois au chapitre des
CL-215, à la fois au chapitre de la desserte de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord, avant même d'avoir une vision d'ensemble,, me
réservant un certain nombre de poignées pour être capable
de régler un certain nombre de choses que je voudrais voir
régler. Dans ce sens, effectivement, mercredi, nous entamons la partie
intense de négociations entre le ministère et les nouveaux
acquéreurs de Quebecair et, en parallèle, le comité de
privatisation prépare tout ce qu'il faut pour faire le "closing".
Mme Harel: La question du hangar, il s'agissait là d'une
obligation à laquelle s'engageait Conifair: "Cette obligation ne peut
être résolue que si le vendeur la délie de cette
obligation". Quels sont les motifs? Plusieurs opinions circulent sur la
question, mais quels sont les motifs utilisés par Conifair pour
justifier le report de la construction du hangar? Est-ce lié au sol? De
quel ordre sont les raisons?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Dans les plans relatifs
à la construction, présentés par les nouveaux
acquéreurs de Quebecair, c'est beaucoup plus gros comme construction que
ce à quoi nous nous attendions. Il y aurait plus de concentration de
leur entreprise à l'aéroport de Québec que prévu
initialement. Je pense au-delà des CL-215. Un concept
intégré a été présenté, ce qui nous a
demandé davantage de temps pour analyser, voir la partie qui nous
concerne et faire la distinction très nette en ce qui les concerne.
Il y a effectivement, non pas des problèmes de structure ou de
capacité portante de terrain, mais davantage des problèmes
reliés à la dénivellation d'un terrain qui ferait que,
pour leur entreposage, les CL-215 ne seraient plus entrecroisés comme
ils le sont actuellement è Montréal. S'il y avait un
problème de feu è un appareil, actuellement l'ensemble de la
flotte pourrait y passer. Cet espace est beaucoup plus aéré, donc
un besoin plus grand de terrain ou peut-être, par le fait même, de
remplissage de terrain afin d'avoir un terrain de même
éqalité pour pouvoir déplacer les CL-215 sur leur propre
pouvoir. C'est un peu ces questions qui sont sur la table actuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Vous allez comprendre, M. le Président, que
j'entends faire à l'instant une motion qui vient brusquement mettre fin
à un débat qui m'intéresse au plus haut point. Compte tenu
de l'importance des travaux qui se déroulent de l'autre
côté, au Conseil des ministres, je fais, comme l'ensemble de mes
autres collèques dans les autres commissions parlementaires, cette
motion que je vais vous lire immédiatement et qui manifeste bien le
sérieux et l'intérêt que nous portons aux discussions qui
se déroulent puisque nous sommes prêts a nous priver de la
présence du ministre et à ajourner nos travaux pour lui permettre
de siéger à la séance du Conseil des ministres qui se
déroule présentement.
Je vous lis la motion: "Que la commission, conformément aux
dispositions de l'article 165 des règles de procédure, ajourne
ses travaux de façon à permettre au ministre de participer a la
séance de travail du Conseil des ministres de cet après-midi,
portant sur l'entente du lac Meech." Voyez notre collaboration pour permettre
à tous les ministres qui sont actuellement à siéger dans
les commissions parlementaires de rejoindre leurs collègues sur cette
importante question.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-êtrejuste
une question. Est-ce que cela veut dire, par exemple, que les deux
heures qu'on perdrait de 16 heures à 18 heures devraient être
reprises ultérieurement?
Mme Harel: Je le pense. Je le crois.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une
générosité tout à fait exemplaire.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Harel: Cela nous obligerait à réorganiser nos
travaux...
M. Côté (Charlesbourg): C'est une
générosité qui vous fait rougir.
Mme Harel: M. le Président, vous pouvez
peut-être...
M. Bissonnet: Est-ce que...
Le Président (M. Saînt-Roch): M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: ...il y a eu des pourparlers, Mme la
députée de Maisonneuve, entre votre leader et notre leader en ce
qui a trait à l'organisation des travaux parlementaires concernant cette
motion pour les deux heures qui auront à être reprises? Est-ce
qu'il y a eu des discussions entre nos leaders respectifs?
Mme Harel: Je vais vous dire cela, M. le député. Si
elles avaient eu lieu à la satisfaction du leader du gouvernement, sans
doute qu'il n'aurait pas été nécessaire de faire une
motion.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
demandé qu'on aille vérifier si c'était acceptable par nos
autorités puisque, comme vous le savez, on est soumis à nos
autorités. Quand on aura la réponse, on pourra disposer pour
aller au conseil si jamais cela est d'accord, sinon on continuera à
parler de dossiers aussi intéressants que ceux des transports.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je pense que c'est une
proposition de bon sens. J'aimerais, par ailleurs, que vous puissiez recevoir
une argumentation qui pourrait inciter le ministre à considérer
sans doute utile de mettre fin immédiatement aux travaux pour rejoindre
ses collègues. De toute façon, son chef de cabinet doit avoir une
réponse à nous communiquer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
j'aurais peut-être... Je trouve cela très intéressant et,
d'ailleurs, je m'intéresse grandement aux travaux qui, bien sûr,
ont cours au Conseil des ministres. Si Mme la députée de
Maisonneuve acceptait que mes sous-ministres et sous-ministres adjoints
répondent aux questions qu'elle voudrait poser pendant les deux heures
qui courent, je serais prêt à aller facilement au Conseil des
ministres discuter de la question qui nous intéresse pendant que mes
sous-ministres adjoints, responsables de chacun des dossiers, pourraient
répondre à ses questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je vais vous faire...
Une voix: Adopté.
Mme Harel: ...une contre-proposition de bonne foi, qui est de
reprendre nos travaux à 19 heures. Donc, a ce moment, d'un commun
accord, il y a une heure que nous convenons de laisser à la disposition
du ministre, mais une heure qui nous sera également
réservée compte tenu de l'importance des programmes que nous
examinons.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, sur les propos de la
députée de Maisonneuve, je tiens à vous informer
immédiatement que nous tenons un caucus ce soir à 18 heures et
nous prévoyons le terminer à 20 heures. Alors, il serait
impossible pour nous de consentir à reprendre les travaux à 19
heures dans ces circonstances.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jeanne-Mance.
Mme Harel: M. le Président, vous comprendrez que
l'importance de la volonté politique est trop grande; malgré tout
le respect et l'estime que nous portons aux collaborateurs du ministre et
malgré la reconnaissance de leur compétence, c'est de la bouche
même du ministre que nous voulons entendre un certain nombre de ses
orientations et de ses choix.
Le Président (M. Saint-Roch): ...Mme le
députée de Maisonneuve. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, ce
que j'ai compris de la dernière contre-proposition de Mme la
députée de
Maisonneuve, c'est que je pourrais au moins disposer d'une heure, soit
de 16 heures à 17 heures, sans que cela influence nos crédits,
pour aller au Conseil des ministres, revenir de 17 heures 6 18 heures, si j'ai
compris le sens de sa proposition, sans que cela n'affecte globalement
l'enveloppe de l'étude de nos crédits.
Mme Harel: Oui, mais est-ce que le ministre s'engage à
être de retour à 17 heures?
M. Côté (Charlesbourg): Assurément.
Mme Harel: Je vais vous dire, M, le Président, que cela me
fait plaisir de permettre au ministre des Transports d'assister comme ses
collègues à cette importante rencontre. Personnellement, je crois
que le secteur des transports, cette année, nous a donné bien des
exemples d'une interprétation extrêmement étroite des
droits collectifs à l'égard d'une interprétation
extrêmement large et généreuse des droits individuels des
dispositions des chartes de la part des tribunaux. C'est d'autant plus
important d'être vigilant sur le sens à donner à tous les
mots.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve, vous allez me permettre, maintenant, j'ai une motion ici qui
est sûrement recevable en vertu de l'article 155 de notre
règlement.
Mme Harel: ...M. le Président, cette motion de
façon à nous permettre de suspendre les travaux pendant une
heure.
Le Président (M. Saint-Roch): À ce
moment-là, Mme la députée de Maisonneuve, si vous me le
permettez, pour le libellé, ce serait de suspendre de consentement
mutuel nos travaux pendant une heure, jusqu'à 17 heures. Est-ce que vous
retirez la première motion que vous avez déposée? La
motion est retirée.
Y a-t-il consentement?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement pour
suspendre nos travaux...
M. Bissonnet: II y a consentement pour autant que cette
suspension n'entame pas le temps qui a été accepté par les
deux formations politiques pour l'étude des crédits.
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me le permettez, M.
le député de Jeanne-Mance, pour tous les membres de la
commission, l'entente serait celle-ci: Que la commission suspende ses travaux
de 16 heures à 17 heures mais que ceci n'élimine aucunement
l'ordre, pour les travaux de la commission, qui était de siéger
ce soir de 20 heures à 23 heures.
M. Bissonnet: M. le Président, l'heure de suspension n'est
pas enlevée de la comptabilisation des heures pour l'étude des
crédits du ministère des Transports.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est ce que je disais, M.
le député de Jeanne-Mance, nous terminerons à 23
heures.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend
maintenant ses travaux jusqu'à 17 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 7)
(Reprise à 17 h 14)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'étude des crédits financiers du
ministère des Transports.
Au moment de notre suspension, nous en étions au proqramme 7,
Transports maritime et aérien, élément 2: Transport
aérien. Y a-t-il d'autres interventions?
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Une remarque d'abord, M. le Président, si vous
le permettez, sur le transport maritime. Le bref arrêt nous a permis de
prendre connaissance des documents que le ministre a déposés
à l'ouverture des travaux cet après-midi et le permis qui a
été émis par la Commission des transports du Québec
est justement qu'un des ports intermédiaires qui doit être
desservi est le port de Sept-Îles. Non seulement cela se retrouve au
contrat, mais plus encore, dans trois dispositions différentes, cela se
retrouve dans le permis de la Commission des transports du Québec.
Alors, il y a de quoi mentionner qu'à tous égards Relais Nordik
contrevient présentement et au contrat et au permis.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Une situation qui devra
éventuellement être réglée.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la lettre de M.
Girard.
Mme Harel: II y a une lettre de M. Girard qui est très
intéressante. Est-il ici, M. Girard?
M. Côté (Charlesbourg): Non, je pense que...
Mme Harel: II a quitté pensant que c'était
terminé, j'imagine. D'accord. On revient au transport aérien.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, nous en étions à
reprendre toute la question relative à la clôture
éventuelle de la transaction. Le ministre nous dit attendre la
décision du cabinet fédéral en ce qui a trait à
l'appel de la décision de la Commission canadienne des transports. Par
ailleurs, les états financiers de 1986, lesquels doivent
déterminer l'avoir de l'actionnaire, ne sont pas disponibles
présentement. En tout cas, le ministre nous a dit que ses
vérificateurs les étudiaient. La question est la suivante: Sur
l'avoir des actionnaires, compte tenu des dispositions 3.3.3 ou 3.3.2, est-ce
que, présentement, le ministre a été informé qu'il
y avait l'usage de l'une ou l'autre des deux clauses, à savoir si
l'avoir des actionnaires est considéré par l'acheteur comme
étant égal à 14 000 000 $ ou comme étant
inférieur à 14 000 000 $?
Je rappelle qu'en reqard de l'offre d'achat qui est signée, les
acheteurs et le vendeur doivent convenir d'états financiers en regard
desquels l'avoir des actionnaires sera déterminé et
déterminant, puisque l'avoir des actionnaires déterminera d'une
certaine façon, le prix de vente ou pourra, tout au moins, être
utilisé pour la détermination du prix de vente.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas fait
encore.
Mme Harel: Ce n'est pas fait. Vous nous avez dit les rencontrer,
mercredi de cette semaine....
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: ...entre autres pour discuter de la question du
hangar.
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien préciser
que je n'ai pas nécessairement dit le ministre, mais le
ministère.
Mme Harel: Le ministère doit faire une rencontre
importante mercredi sur la question du maintien de l'obligation contenue
à l'offre d'achat de construire un hangar pour l'entretien des CL-215.
Est-ce que le ministère a également fait des
représentations auprès d'une autre compagnie, a savoir la
compagnie Nationair, en ce qui concernait son enqagement de faire effectuer
l'entretien de sa flotte de DC-8, cette fois, au hangar de Dorval?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai eu personnellement des
entretiens avec M. Obadia au sujet du respect de certaines clauses et, de
manière plus spécifique, de ce qui a été l'objet de
nos préoccupations lors de certaines périodes de questions. M.
Obadia et moi-même tentons de convenir d'une date pour le suivi de notre
entretien.
Mme Harel: Je vous rappelle, M. le Président, que, dans
l'offre d'achat, compte tenu que la clôture n'est pas encore
complétée et ne le sera pas avant que les parties aient convenu
mutuellement de la réalisation de leurs obligations, Nationair
s'engageait à convenir, à tarifs concurrentiels, d'un contrat
d'entretien pour toute sa flotte de DC-8, laquelle est actuellement entretenue,
je pense, à l'extérieur du Québec par Capital Technical
Services. On venait d'examiner un contrat d'entretien de cette flotte à
effectuer au hangar de Dorval.
M. Côté (Charlesbourg): Je tiens tout de même
à vous faire remarquer qu'en aucun temps le gouvernement du
Québec n'a signé de contrat avec M. Obadia. Ce sont les qens de
Quebecair, les actionnaires de Nordair Metro qui se sont portés
acquéreurs de l'ensemble et qui ont des liens contractuels avec
Nationair.
Mme Harel: Évidemment, il y avait là une
disposition qui concernait cette question dont vous parlez, qui se lisait comme
suit: "La convention entre les acquéreurs de Quebecair et de Nationair
est valide et lie les parties jusqu'à la date de clôture
prévue à l'offre d'achat d'actions de Quebecair. Tous les
engagements de la présente convention devront avoir été
respectés par les parties avant ou au plus tard à la date de
clôture." Je suppose que cela doit faire partie des obligations que le
nouveau Quebecair doit remplir à l'égard du gouvernement et que
le gouvernement doit faire respecter par les acquéreurs auprès de
Nationair. Est-ce que c'est là l'interprétation du ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Le lien, quant a nous, est
avec les gens de Quebecair et non pas avec Nationair. Mais, effectivement, dans
les discussions que l'on a eues lors des négociations, il y avait des
points sur lesquels Nationair s'était engagé, qui font partie du
contrat et qui devront être respectés.
Mme Harel: Si vous me permettez, M.
le ministre, avec le consentement des membres de la commission, je vais
déposer une liste qui est assez intéressante. C'est celle de la
date d'entrée du personnel de Nationair, commandants et copilotes.
Compte tenu des informations que nous avons demandées à
Transports Canada et que nous avons finalement réussi à obtenir,
la langue d'usage dans les postes de pilotage est celle qui est décrite
par l'autorité du commandement de bord. C'est là la seule
règle retenue par Transports Canada. Un peu comme sur un bateau,
où le capitaine est le seul maître après Dieu, il en va
ainsi dans un avion, c'est le commandant de bord qui établit la
politique à l'égard de la langue qui doit être en usage
dans son avion. C'est d'autant plus intéressant de prendre connaissance
de la liste des commandants de bord et des copilotes qui sont au service de la
compagnie Nationair, et notamment de leur date d'entrée en fonctions,
qu'on se rend compte que les commandants de bord sont exclusivement,
présentement - je reviendrai sur la situation qui peut être
légèrement modifiée dans les jours qui viennent - sur 18
d'entre eux, 18 sont unilingues anglophones et les copilotes, sur 17 d'entre
eux, 10 sont francophones. L'ordre d'ancienneté - vous allez vous en
rendre compte d'ailleurs - leur ordre d'entrée dans la compagnie, compte
tenu du fait que Nationair a beaucoup progressé pendant que, dans la
même proportion, Quebecair rapetissait... Il n'en reste pas moins que
l'engagement des commandants de bord s'est fait massivement en décembre
1986, deux semaines après l'engagement des copilotes, qui étaient
souvent des commandants en titre à Quebecair et qui ont
été engagés comme seconds plutôt que comme
commandants de bord, se voyant préférer des pilotes unilingues
anglophones.
M. le Président, j'aimerais déposer cette liste, sachant
qu'elle pourra être modifiée prochainement, modification
légère, ai-je dit, puisque, actuellement, 21 pilotes sont
è suivre une formation pour un endossement de DC-8 et, que sur ces 21
pilotes, 4 sont francophones et 17 sont unilingues anglophones.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II y a environ un mois et
demi, peut-être même deux mois, Mme la députée de
Maisonneuve posait des questions quant à la note qui circulait à
Nationair dans le cockpit, disant que la langue de travail et de communication
devait être l'anglais. Effectivement, c'était basé sur les
normes de sécurité du fédéral. J'avais eu
l'occasion de parler, à ce moment-là, avec M. Obadia et celui-ci
m'avait répondu que c'était la réglementation
fédérale ou les lois fédérales sur la
sécurité qui l'obligeaient à faire en sorte que, pour bien
se comprendre, et c'est élémentaire pour la
sécurité, les gens puissent parler anglais lorsque le pilote est
unilingue anglais.
La remarque que fait Mme la députée de Maissonneuve, je
l'ai faite, à ce moment-là, à M. Qbadia. Si on avait
engagé des gens, non pas unilinques francophones, mais parfaitement
bilingues, cela n'aurait pas posé de problème. C'est là
qu'était foncièrement l'erreur commise par M. Obadia quant au
respect des francophones au Québec. Je me souviens fort bien des
discussions que j'avais eues avec lui où il évoquait le fait
qu'il avait effectivement employé comme copilotes des gens qui venaient
de Quebecair et qui, m'avait-il dit - et je lui en ai demandé la liste -
dans certains cas, étaient montés en grade pour devenir pilotes.
Il y avait donc une évolution de la situation à ce chapitre. Mais
je pense qu'il y a beaucoup à faire avant que l'on comprenne la
situation des francophones du Québec dans le domaine de l'aviation. Je
ne l'ai pas caché et je ne le cacherai pas non plus aujourd'hui.
Mme Harel: C'est éloquent de voir, au premier coup d'oeil,
cette liste d'ancienneté dans laquelle tous les francophones sont en bas
de liste malgré que les unilinques anglophones aient souvent
été enqagés après. Cela n'a rien à voir avec
ce qu'on appelle en général les endossements pour piloter tel ou
tel type d'avion puisque les uns comme les autres ont reçu une
formation.
J'aimerais revenir sur...
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me permettez, Mme la
députée de Maisonneuve, avant de procéder, nous allons
accepter le dépôt de votre liste de noms.
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous cède la
parole de nouveau, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: II y a donc un certain nombre de conditions à
remplir et qui ne le sont pas encore pour qu'intervienne la clôture de la
transaction. J'aimerais savoir du ministre, entre autres, si les conditions
posées par la Commission canadienne des transports en ce qui a trait aux
exigences sur l'assurance-responsabilité, le financement, le
dépôt des tarifs ont été complétées,
conditions posées par la commission canadienne avant d'autoriser la
clôture de la transaction. Donc, il faut comprendre que la transaction
n'ayant pas été complétée, le gouvernement se
trouve toujours à détenir la
propriété; il n'y a pas eu transfert de
propriété. C'est bien le cas?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'en
termes clairs, tant et aussi lonqtemps qu'il n'y a pas "closing" de la vente,
le gouvernement pourrait décider de la garder. Maintenant,
rationalisez.
Mme Harel: Est-ce à dire que le ministre des Transports et
le gouvernement souscrivent à la conduite des négociations
collectives qui sont entamées par l'employeur? II y a
présentement un arrêt des négociations, la conciliation est
terminée à Quebecair et il y a des indications selon lesquelles
une situation est en train de dégénérer en conflit de
travail. L'actuel employeur autorisé par le gouvernement à
conduire ces négociations réclame non pas le maintien de la
situation, mais des réductions substantielles évaluées de
façon assez objective à plus ou moins 20 %, 25 % ou 27 %, selon
la classe ou la catégorie d'emplois, des réductions
extrêmement sévères.
Ma question au ministre est la suivante: Étant entendu que les
acheteurs devaient conduire les affaires de Quebecair, conformément au
plan de redressement... C'est là le texte de la disposition qu'on
retrouve au titre Administration de la compagnie après l'acceptation de
l'offre. On pouvait y lire, à la disposition 10.1: Les administrateurs
auront plein pouvoir et prendront toutes les décisions relatives
à l'administration, à la gestion, aux opérations et aux
conditions de travail du personnel à l'emploi de la compagnie
jusqu'à la date de clôture, conformément au plan de
redressement prévu aux présentes. Le ministre
considère-t-il que les conditions de travail actuellement
réclamées par les administrateurs qu'il a lui-même
nommés jusqu'à la date de clôture -ce sont là
d'autres dispositions du texte -correspondent au plan de redressement?
M. Côté (Charlesbourg): Les gens qui ont la
propriété de Quebecair actuellement négocient des
conventions collectives et demandent aux syndiqués certains
réajustements dans les conventions collectives. Quant à nous,
jusqu'à maintenant, nous ne nous sommes pas immiscés et nous ne
nous immiscerons pas non plus dans la négociation de ces conventions
collectives, compte tenu que nous avons vendu Quebecair et que nous voulons,
dès le moment où le gouvernement fédéral aura
donné son assentiment final, faire le "closing" du dossier au plus tard
le mois qui suivra et que c'est donc l'affaire des gens qui ont aujourd'hui les
affaires de Quebecair à gérer. (17 h 30)
Mme Harel: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
est conscient qu'il vient, en deux déclarations conséquentes, de
déclarer exactement l'inverse. Il vient de nous dire, il y a à
peine cinq minutes, que le gouvernement était toujours
propriétaire et qu'il pourrait...
M. Côté (Charlesbourg): Non. Ce que je vous ai dit,
c'est que le aouvernement pourrait ultimement, s'il le souhaitait - si
c'était son orientation, mais ce n'est pas son orientation - au moment
du "closing", s'il n'y avait pas entente à sa satisfaction sur les
termes qui avaient été convenus à l'époque, faire
en sorte de conserver Quebecair. Mais ce n'est pas l'intention du
gouvernement.
Mme Harel: Donc, M. le Président, c'est à tort que
le ministre utilise l'expression "ceux qui ont la propriété de
Quebecair". Il n'y a que le gouvernement qui a présentement la
propriété de Quebecair. Il n'y a pas eu de transfert de
propriété de Quebecair. Le gouvernement est toujours
propriétaire de Quehecair. Il y a des administrateurs qui ont fait une
offre d'achat et qui se sont vu confier le mandat d'administrer Quebecair pour
et au nom du gouvernement conformément au plan de redressement
prévu aux présentes. Mais, dans le plan de...
M. Côté (Charlesbourg): Pas pour et au nom du
gouvernement.
Mme Harel: En leur nom propre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, et assurément
c'est une question...
Mme Harel: Pour et au nom, en tout cas, du contrat qui a
été signé par les parties.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela, mais les
négociations font partie de l'administration et c'est la
responsabilité de ceux qui ont maintenant la responsabilité de
l'administration de Quebecair.
Mme Harel: Si ces négociations menaient
éventuellement - comme un scénario peut nous le faire penser ou,
en tout cas, peut se présenter - à un lock-out de la part de
l'employeur qui, d'ailleurs, fait courir cette menace auprès des
employés, le gouvernement laisserait une entreprise dont il
détient toujours la propriété être l'objet d'une
fermeture sans que les personnes qui la ferment en aient la
propriété.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une question
hypothétique. Est-ce que le gouvernement du Québec a
menacé de lockout tous ses employés au moment où il les a
coupés de 20 % il y a quelques années?
Mme Harel: Ce sont !è des employés qui sont
restés à l'emploi de l'employeur et le lien était
direct... Il n'a jamais été mis en cause. Le ministre sait
très bien l'imbroglio que représente une situation où des
personnes ont fait une offre d'achat, ont obtenu immédiatement les
clés de l'entreprise, en ont conduit les affaires selon le plan de
redressement, sont actuellement à conduire des relations de travail qui
peuvent mener à un conflit qui peut mener à l'arrêt des
opérations sans que les personnes qui poursuivent ces
négociations soient propriétaires de l'entreprise. Le
gouvernement, qui, en vertu de l'article 10.4, peut nommer un
représentant pour assister aux réunions du conseil
d'administration comme observateur, l'a-t-il fait et a-t-i! l'intention de le
faire dans le cas préoccupant des relations de travail actuelle?
M. Côté (Charlesbourg): Nous avions effectivement un
représentant du gouvernement du Québec à toutes les
négociations quant au plan de redressement et à certains
avantages que pourraient retirer des employés qui quitteraient ou
seraient reclassés à même les 2 000 000 $. Quant à
nous, depuis le 1er août 1986, les gens ont la pleine gestion des
affaires de Quebecair à leur profit comme à leurs dépens.
Pour nous, c'est cela qui est extrêmement important depuis le 1er
août: les déficits sont assumés par les gens de Quebecair,
les nouveaux actionnaires; et c'est cela qui est extrêmement
important.
Mme Harel: Le ministre nous dit: Quel que soit l'état ou
la conduite des négociations présentement, nous renonçons
a nous y intéresser même si nous sommes toujours
propriétaires de cette entreprise.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je vous dis, c'est
que vous posez un certain nombre de questions hypothétiques où
vous évoquez la possibilité qu'un lock-out puisse être
décrété et la possibilité qu'il y ait un blocage
des négociations. Or, nous ne sommes pas dans une situation actuellement
qui nous permet de croire qu'il y aura, dans les prochaines heures, demain ou
la semaine prochaine, un lock-out. Les négociations continuent de courir
et les négociations doivent se faire entre ceux qui ont à
administrer Quebecair et les employés de Quebecair. Dans ce sens, c'est
à la table que la négociation doit être faite, et que les
parties doivent en venir à une entente.
Mme Harel: Avez-vous l'intention d'utiliser la clause 10.4 pour
nommer un observateur qui assisterait aux réunions du conseil
d'administration? Avez-vous l'intention d'utiliser la clause 10.4 pour y avoir
un représentant du gouvernement?
M. Côté (Charlesbourg): Si le besoin s'en
était fait sentir, on l'aurait fait,, mais on ne l'a pas fait
jusqu'à maintenant.
Mme Harel: J'aimerais que le ministre prenne à nouveau
connaissance de l'article 3.3.4 qui concerne les conventions collectives de
travail et qui dit ceci: "Advenant qu'à la date d'acceptation de l'offre
les conventions collectives en viqueur et celles échues apparaissant
à l'annexe k aient été modifiées formellement ou
dans leur application..." Comment le ministre interprète-t-il cette
clause-là?
Est-ce à dire que les acheteurs se sont prémunis contre
une nouvelle convention collective de travail qui aurait pu intervenir avant
l'acceptation de l'offre le 31 juillet dernier? Est-ce à dire que les
acheteurs s'étaient prémunis contre une éventuelle
signature de convention collective avant la date d'acceptation de l'offre le 31
juillet et que le gouvernement a retardé la signature de la convention
collective de façon à remettre à l'acquéreur, qui
n'est pas le propriétaire, le soin de conduire à sa place les
négociations?
M. Côté (Charlesbourq): Si Mme la
députée de Maisonneuve me le permettait, il y a eu un certain
nombre d'heures de négociation dans la nuit du 30 au 31 juillet. Je ne
peux pas me souvenir si, effectivement, cet article-là a fait l'objet de
changements ou de modifications. Je pourrais, pendant l'heure du souper,
prendre toute l'interprétation que les qens ont bien voulu nous donner
de la néqociation à la table, à l'époque, comme je
n'ai pas été à la table à tout moment, et revenir
avec l'interprétation qui a été faite par la partie
patronale.
Mme Harel: Avec raison, le ministère s'intéresse de
près à certains aspects importants des obligations des parties au
contrat, notamment à la construction du hangar. Je pense que dans la
même mesure le ministère devrait suivre attentivement
l'évolution du dossier des négociations dans ce secteur.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis moins sûr de
ça. Je veux vérifier l'interprétation qu'en ont faite, au
moment des négociations, nos négociateurs, qui étaient des
conseillers juridiques et des hommes de loi. Je veux bien vérifier
l'interprétation qu'ils en avaient au moment où ils l'ont
inscrite.
Mme Harel: Mais, M. le Président, vous vous rendez compte
combien il peut être imprudent de laisser à d'autres le soin
d'administrer un bien public sans qu'il y ait eu transfert de
propriété, au moment où la conduite de ces affaires peut
mener à une situation qui pourrait être fort fâcheuse.
M. Côté (Charlesbourg): II faudrait peut-être
faire attention à l'interprétation, parce que, à ce que je
sache, il y a eu un redressement extrêmement important de la situation de
Quebecair. Il y a eu réajustement dans certains cas en mieux de ce qui
avait été offert. II y a eu des problèmes en cours de
route aussi, mais on a prouvé qu'on était capable de s'ajuster
à la clientèle et à la demande. S'il y a eu des
problèmes en cours d'exercice, il y a quand même eu des
réajustements assez spectaculaires.
La gestion de Quebecair, jusqu'à maintenant - on pourra le voir
dans le mois qui vient - a, quand même, témoigné d'une plus
grande rigueur que ce que l'on a connu auparavant et, là-dessus - je
vous le dis très honnêtement - sous votre régime et sous
notre régime, lorsque c'était une société
d'État. Le laxisme de la gestion des affaires de Quebecair, avant cette
privatisation, ne fait plus de doute pour personne. Dans ce sens, il y a eu un
resserrement assez spectaculaire de fait et ce sont les gens de l'aviation du
Québec et du privé qui ont fait cette rationalisation.
Mme Harel: M. le Président, parlant des gens de l'aviation
privée, j'aimerais pouvoir interroger le ministre sur la question de
Transfair Inc. Cette compagnie de Longue-Pointe de Mingan, qui cherchait
à obtenir un permis sans subvention pour desservir le cargo de la Basse
et de la Moyenne-Côte-Nord et d'une partie de Goose Bay, s'est vu refuser
ce permis par la Commission canadienne des transports à la suite,
notamment - entre autres ou notamment, on connaît bien maintenant l'usage
du mot "notamment" - de l'opposition qui est venue du nouveau Quebecair et du
ministère des Transports.
Lorsque nous l'avons interrogé en commission
précédemment, le ministre a plaidé que, étant
donné que c'était en haut du 50e parallèle et que
c'était déjà subventionné, il n'y avait pas lieu
qu'il y ait concurrence, que cela pouvait, donc, à ce moment-là,
simplement réduire l'achalandage et augmenter d'autant la subvention que
le gouvernement avait attribuée au nouveau Quebecair.
Dans la requête qui est présentée devant la
Commission canadienne des transports, ce dont on se rend compte, c'est que cet
argument du ministre tient dans la mesure où il y aurait eu appel
d'offres. Puisque le ministre fait l'éloqe du monde de l'aviation
québécois, en traitant tout le monde sur le même pied, il
aurait pu ouvrir des soumissions pour la desserte aérienne de la Basse
et de la Moyenne-Côte-Nord et laisser à des entreprises, quelles
qu'elles soient - Quebecair, Transfair, Propair - la possibilité de
déposer des offres. Après coup, il aurait été
légitimé de s'opposer devant la commission canadienne à
l'émission de permis pour d'autres entreprises.
Mais cela aurait été légitime dans la mesure
où tout le monde aurait été traité sur le
même pied. Présentement, c'est une entreprise qui se voit
confrontée à l'opposition du ministère des Transports pour
le motif que cela auqmenterait les subventions que le ministère a
à verser à une autre entreprise, sans jamais avoir pu
elle-même soumissionner, les offres d'achat n'ayant jamais
été ouvertes pour qu'elle puisse déposer une proposition
et faire valoir les services qu'elle voulait rendre à la population.
Alors, j'aimerais bien entendre ce que Je ministre a à dire
concernant ce contrat sans soumissions qui a été accordé
à Quebecair, pour continuer au nouveau Quebecair. C'est un peu comme
pour le transport maritime. Pour le transport maritime, le contrat a
été ouvert, mais, pour le transport aérien, le contrat a
été reconduit à une nouvelle entreprise.
M. Côté (Charlesbourg): Je m'excuse. Je vais tenter
de vous corriger un peu. On l'a fait tantôt. C'est, d'abord, à
votre collègue, Michel Clair, que vous auriez dû poser la
question, parce que ce qui est en cours, c'est le contrat signé par
votre gouvernement, le 20 avril 1983. La situation actuelle, c'est
celle-là. On n'a pas reconduit, on a respecté le contrat
signé par celui qui était ministre des Transports en avril 1983,
M. Michel Clair. (17 h 45)
Est-ce qu'à ce moment-là il y a eu ouverture et appel
d'offres au grand public, à l'aviation québécoise pour
desservir la Basse et la Moyenne-Côte-Nord? Non. Parce que,
intentionnellement, à l'époque, vous l'avez fermé pour
permettre à Quebecatr de desservir cette région et ainsi de
pouvoir recevoir par la porte d'en arrière des subventions pour ses
équilibres. C'est exactement comme cela que cela s'est passé,
sans parler, bien sûr, du superfinancement des HS-748, qui a probablement
été la bêtise des dernières années. Dans ce
sens-là, ce n'est pas un nouveau contrat. C'est le respect du contrat
signé par vous.
Quant à la deuxième partie de la question, pourquoi ne pas
avoir permis à Transfair de faire une proposition pour la desserte de la
Basse et de la Moyenne-Côte-Nord? Dès le début, il
était clair, quant à nous, que c'était une proposition
globale. Parce que, si on avait voulu faire ce que vous nous avez
reproché de faire, soit démanteler Quebecair, on aurait pu
procéder par morceau et on en aurait tiré un prix très
nettement supérieur sans pouvoir, pour autant, garantir un minimum
d'emplois à sauvegarder. C'est le choix qu'on a eu à faire
à l'époque. Dans ce cas-là, M. Fafard,
de Transfair, n'avait assurément pas les reins assez solides pour
pouvoir absorber le tout.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Le démantèlement de Quebecair, que vous
n'avez pas eu le courage de faire vous-mêmes, vous l'avez fait faire par
les nouveaux actionnaires. Quebecair, c'est comme un caribou qui a
été évincé de tous les côtés. Si on
revient à la desserte aérienne de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord, le ministre soutient que c'était là un
ancien contrat qu'il respectait, mais il ne tient pas compte du fait que
c'était une nouvelle entreprise. L'entreprise n'était plus la
même. Si la subvention d'équilibre par la porte d'en
arrière n'était pas acceptable à votre point de vue pour
une entreprise gouvernementale, rendez-vous bien compte qu'elle le devient
encore moins pour une entreprise privée qui devrait être
traitée comme toutes les autres.
Vous nous dites que c'est une entreprise que l'on remet au monde de
l'aviation québécoise. Le monde de l'aviation a aussi d'autres
sortes d'entreprises. II réclame que toutes soient traitées sur
un pied d'égalité. Dans la mesure où c'était une
entreprise gouvernementale, vous comprenez qu'on ne va pas pleurer sur le sort
qui lui a été fait, bien au contraire. C'était une
entreprise dont il était assez légitime de vouloir la
rentabilité. C'est une entreprise qui doit desservir une
clientèle comme n'importe quelle autre. Le ministre n'aurait qu'à
utiliser le même discours qu'il a tenu pour la desserte maritime dans le
cas de la desserte aérienne. Ce qui est étonnant, c'est qu'il ne
voie pas la contradiction entre les deux. Pour la desserte aérienne, il
ne voit pas l'absence d'ouverture de soumissions. Il va être
obligé de le faire tôt ou tard. Le ministre entend-il
indéfiniment reconduire sans appel d'offres la desserte aérienne
de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord? Le ministre va, tôt ou
tard, devoir ouvrir la desserte aérienne de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord. C'est une faveur qu'il a accordée aux nouveaux
acquéreurs de Quebecair. C'est une faveur de trois ans. C'est bien le
cas? Ou une faveur de cinq ans?
M. Côté (Charlesbourg): De deux ans dans le contrat.
Mais Mme la députée de Maisonneuve, qui êtes avocate - moi,
je ne le suis pas - pouvez-vous m'indiquer ccmment on fait pour briser un
contrat et quels en sont les coûts?
Mme Harel: Le contrat que vous nous avez transmis se terminait en
1986.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: C'est un contrat de trois ans.
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est jusqu'au 30 juin
1987. Je vous l'ai dit ce matin.
Mme Harel: Alors, vous le reconduisez sans appel d'offres pour
une autre année?
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'objet des
négociations ou des discussions de mercredi, parce qu'il y a deux
interprétations à ce sujet. Quant à moi, je n'ai jamais
dit que c'était un contrat à vie. Lors de notre tournée
sur la Basse et la Moyenne-Côte-Nord, on s'est rendu compte qu'il y a
peut-être des possibilités d'accorder une subvention à une
entreprise même privée. Ce sont des possibilités
peut-être même contenues dans un décret que vous avez
adopté, mais que vous n'avez jamais appliqué.
Si les solutions étaient si simples que cela, expliquez-moi alors
pourquoi vous n'avez pas appliqué votre décret qui faisait en
sorte que vous deviez subventionner davantage le passager que la compagnie au
nom du principe qu'une société comme Quebecair devait finalement
avoir l'exclusivité du contrat pour sa survie?
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que la société de transport du
Québec ou plutôt la Société...
M. Côté (Charlesbourg): La Société
québécoise.
Mme Harel: ...québécoise des transports
détient toujours des actions privilégiées à titre
de placement dans Propair Inc?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourq): Je vais le vérifier
au souper parce que j'ai eu des communications téléphoniques, la
semaine dernière, où il y avait beaucoup de mouvement, beaucoup
d'action à ce niveau et je ne voudrais pas vous donner une
réponse, à ce moment-ci, qui n'est pas fidèle à la
réalité. Il y a des choses qui devaient se passer en fin de
semaine dernière et on vérifiera au souper si cela s'est
passé. On vous donnera l'heure exacte à 20 heures.
Mme Harel: Oui. J'aimerais également, M. le ministre, que
vos collaborateurs puissent m'indiquer, dans le projet de contrat, où se
retrouve la reconduction de deux ans. J'imagine que vous êtes assez
familier pour pouvoir le retrouver facilement.
M. Côté (Charlesbourg): À
l'élément 4.3, semble-t-il.
Mme Harel: À l'élément 4.3. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Je ne suis pas encore à pouvoir le citer par
coeur, mais presque.
M. Côté (Charlesbourg): Probablement davantage que
moi.
Mme Harel: L'élément 4.3, c'est la gratuité
des aéroports.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas cela.
Mme Harel: Ah! C'est l'élément 4.2. Le gouvernement
s'engage à reconduire, pour les années 1987 et 1988 le contrat
pour la desserte de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord et
reconnaît que les acheteurs, etc. Alors, c'est donc une faveur pour deux
ans.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la continuité
de la faveur que vous aviez donnée à Quebecair.
Mme Harel: Et le ministre reconnaît-il que l'entreprise
n'est plus la même? L'entreprise a été remise au
merveilleux monde québécois de l'aviation.
M, Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'était une
des conditions de vente du tout qui a été, à ce
moment-là, respectée et qui fait qu'a pu se maintenir à un
certain niveau d'emploi qui, autrement, n'aurait pas été
maintenu.
Pouvez-vous, aujourd'hui, me certifier que Transfair pourrait
compétitionner, demain matin, sur la qualité du service en termes
de desserte de la Basse et de la Moyenne-Côte-Nord?
Mme Harel: M. le ministre, il reste que c'est ni à moi ni
à vous de l'évaluer. C'est, justement, pourquoi il y a des appels
d'offres et des soumissions dans notre société, pour que les
entreprises aient non seulement la certitude, mais toute l'apparence qu'elles
sont traitées sur le même pied.
M. Côté (Charlesbourg): Si je me souviens bien, le
principe des appels d'offres a été éliminé au
moment où vous avez signé un contrat en exclusivité avec
Quebecair. Cela me paraît très clair. Je ne vous ai pas dit qu'en
1988, à l'expiration de ce qu'est le contrat maintenant, il n'y aurait
pas des changements substantiels qui interviendraient en ce sens. Nous sommes
à examiner l'application de votre décret quant aux sommes qui
pourraient être données aux citoyens de la Basse et de la
Moyenne-Côte-Nord: davantage aux citoyens qu'à une compagnie. Par
la suite, il n'y aurait même plus besoin de soumissions publiques. Ce
serait aux gens de l'aviation de se faire concurrence sur le territoire et
d'aller offrir le service, et les gens pourraient choisir celui qui donne le
meilleur service.
Mme Harel: II est, quand même, assez rare que l'on se fasse
reprocher de s'avantager soi-même, surtout lorsque, en s'avantageant, on
avantage le patrimoine, puisque le gouvernement était
propriétaire d'une entreprise.
M. le ministre, avant la fin de nos travaux, j'aimerais vous entendre
parler de votre voyage sur la Basse et la Moyenne-Côte-Nord. Nous avons
eu le coût total des déplacements. N'ayant pas eu le plaisir de
vous accompagner...
Une voix: Ce sera pour la prochaine fais.
Le Président (M, Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Harel: Vous savez combien ces déplacements sont
coûteux. Je vois, par exemple, un total de - ai-je bien lu? -11 700 $
pour ce déplacement. Excusez-moi, c'est 5800 $ plutôt.
M. Côté (Charlesbourg): Vous étiez
préoccupée par le coût des déplacements du ministre
des Transports et responsable du Développement régional.
Mme Harel: En fait, je suis plutôt intéressée
à savoir si les personnes qui vous ont accompagné, notamment les
journalistes, ont été facturées pour leurs
déplacements, comme le souhaitait tant l'Opposition lorsqu'elle
n'était pas ministérielle.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, d'ailleurs, c'est
indiqué à l'intérieur: Incluant un montant de 1400 $
facturé pour les quatre journalistes qui en avaient manifesté le
désir.
Mme Harel: Et Relais Nordik et Quebecair?
M. Côté (Charlesbourg): Non. D'ailleurs, vous m'avez
reproché d'aller en voyage avec des gens de l'entreprise
privée.
Mme Harel: Avec vos bébés bleus, je disais.
M. Côté (Charlesbourg): Mes bébés
bleus! Ha! Ha!
Mme Harel: À qui vous êtes obligé de
donner des transfusions continuellement.
M. Côté (Charlesbourg): Ha! Ha! En tout cas, une
chose est certaine, c'est que le bébé est encore en vie et c'est
l'essentiel.
Mme Harel: Espérons qu'il pourra progresser.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, certainement, je le
souhaite aussi. Peut-être qu'au prochain voyage on pourra aller voir cela
ensemble sur les ailes de Quebecair privatisée ou avec Relais Nordik
privatisée.
Mme Harel: J'aimerais, M. le Président, examiner le
Transport aérien gouvernemental pour que nous puissions
compléter.
Le Président (M. Saint-Roch): Ceci termine-t-il
l'élément 2, Mme la députée?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 7,
Transports maritime et aérien, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le programme 8, Transport aérien gouvernemental. Mme la
députée de Maisonneuve.
Transport aérien gouvernemental
Mme Harel; J'aimerais entendre le ministre concernant ses projets quant
au remplacement des moteurs des avions-citernes CL-215. Où en est rendu
le projet présentement? C'est un investissement majeur. L'ensemble du
dossier doit maintenant être connu du ministre suffisamment pour qu'il
puisse nous en parler.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai reçu, la semaine
dernière, une proposition d'un mémoire concernant le remplacement
de Valentine-Lupien. Je devrais recevoir, dans les prochains jours, une
proposition de mémoire quant à la "remotorisation" des CL-215.
Quant à moi, à ce moment-ci, ma priorité est davantage
axée sur le remplacement de Valentine-Lupien qui a de nombreuses heures
de service, qui remplit actuellement adéquatement sa fonction, mais qui
ne pourra pas la remplir indéfiniment compte tenu des heures de vol et
de la difficulté de trouver un certain nombre de pièces de
remplacement pour cet avion qui date, quand même, de quelques
années.
Notre préoccupation actuellement quant au service aérien
est davantaqe concentrée sur le remplacement de Valentine-Lupien et sur
une certaine restructuration de EVAC qui s'occupe de l'évacuation des
malades et qui pourrait voir l'addition au réseau, par l'entreprise
privée, de rayons d'action qui viendraient se greffer au réseau
principal de Valentine-Lupien qui, en 1986, a transporté tout
près de 700 malades, ce qui est, quand même, considérable
en termes d'aide à la population.
Mme Harel: C'est donc dire que ce projet qui m'avait pourtant
semblé être un de ceux qui, personnellement, vous
préoccupaient beaucoup, celui de la "remotorisation" des CL-215, semble
écarté?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il n'est pas
écarté, mais ma préoccupation actuelle est de
régler le dossier de Valentine-Lupien. Par la suite, nous nous
attaquerons à la "remotorisation" des CL-215 et la tenue du Salon Le
Bourget dans la troisième semaine de juin est de nature à
augmenter les pressions puisque des représentants rie la France
envisaqent actuellement la possibilité d'acheter des CL-215 et je leur
ai fait part, lors de mon séjour, que, s'ils souhaitaient que le
Québec achète des autobus articulés Renault, il serait
peut-être souhaitable qu'ils achètent des chasseurs d'eau du
Québec. Nous en sommes là actuellement.
Bien sûr, la "remotorisation" et la recherche autour de la
"remotorisation" permettraient de finaliser le dossier du turbopropulsé
pour les CL-215 et nous permettraient ainsi d'être, encore une fois, les
premiers sur le plan mondial et d'aller attaquer le marché de l'Espagne
et de la Grèce qui sont extrêmement importants, de même que
le marché français.
Dans ce sens, on a fait nos devoirs. C'est une facture qui est, quand
même, passablement importante actuellement. Bombardier est au coeur de la
lutte et une autre compagnie, Centravia, est très
intéressée au développement. Quant à nous, c'est
toujours une question d'argent.
S'il en coûte entre 60 000 000 $ et 90 000 000 $ pour faire de la
"remotorisation", bien sûr, ce sont des sommes extrêmement
importantes et le Conseil des ministres prendra éventuellement, des
décisions à la lumière des négociations avec les
autres pays.
Le Président (M. Saint-Roch): S'il n'y a pas d'autres
interventions, nous suspendons jusqu'à 20 heures. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits du
ministère des Transports.
Au moment de notre suspension, nous en étions au programme 8,
Transport aérien gouvernemental. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
comme c'est un peu l'habitude, j'aurais des réponses aux cinq questions
qu'avait posées Mme la députée de Maisonneuve.
La première, à savoir si Quebecair avait satisfait aux
conditions de la Commission canadienne des transports, c'est oui.
Deuxièmement, je n'ai pas eu besoin de vérifier plus loin;
après lecture à tête reposée de l'article - sur le
coup, on ne sait jamais ce qui va nous arriver comme question et on est
toujours un petit peu énervé - en le relisant très bien,
il donne la réponse lui-même: c'était au moment de
l'acceptation de l'offre de Nordair Metro et cela règle ce
problème.
Mme Harel: Cela le règle, en fait.
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui, d'accord. Cela
répond à la question, à tout le moins. M. Maurice Gareau a
siégé comme représentant du gouvernement, donc de la SGT,
au conseil d'administration de Quebecair selon les dispositions du contrat.
Quant à la quatrième question, il n'y a plus d'actions de
Quebecair dans Propair. C'est la Société québécoise
des transports qui détient des actions. Quant aux états
financiers, pour vous transmettre les données les plus récentes,
les états financiers de Quebecair ont été acceptés
par le conseil d'administration de Quebecair vendredi soir dernier, mais ils
n'ont pas encore été acceptés par la Société
québécoise des transports qui en fait l'examen.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Donc, les actions de Propair sont détenues par
la Société québécoise des transports.
M. Côté (Charlesbourg): C'est très
compliqué. Il y a eu beaucoup de transactions avec Québec
Aviation, Propair, Lessard, Air Fecteau. Ce sont des tractations assez
compliquées, mais Quebecair n'a plus d'actions dans Propair, c'est la
Société québécoise des transports qui en a.
Mme Harel: Bon, cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va pour les questions.
Nous revenons maintenant au programme 8, Transport aérien
gouvernemental. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense qu'une dernière question s'impose, M.
le Président. Est-ce que le ministre entend donner suite à la
proposition du Conseil du trésor concernant l'utilisation des avions du
gouvernement? C'est une proposition récente que le Conseil du
trésor a rendue publique.
M. le Président, je vous propose de suspendre...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: ...la question et la réponse.
M. Côté (Charlesbourg): Je peux vous répondre
quand même.
Mme Harel: Allez-y!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il
n'y a rien dans ce cas-ci à entreprendre au Conseil du trésor,
sauf une commande de celui-ci, l'an dernier, qui nous demandait de revoir
certains modes de facturation, en particulier au ministère, du tarif
à l'heure exigé des utilisateurs. Effectivement, on a fait du
travail de ce côté. On a même, dans certains cas,
doublé les coûts d'utilisation à l'heure des appareils du
gouvernement par les différents ministères. Comme c'est en
constante évolution, nous avons eu des propositions du service
aérien, que nous analysons actuellement, quant à une meilleure
répartition des coûts de l'utilisation des avions gouvernementaux,
en ce sens que, lorsqu'un ministre se déplace, plusieurs fonctionnaires
de différents ministères peuvent utiliser l'avion pour se rendre
en région. Actuellement, ce n'est que le seul ministère qui a
réservé l'avion qui paie. Il y a différentes
hypothèses qui sont analysées, qui nous ont été
soumises. On les analyse actuellement pour voir l'application qu'on pourrait en
faire.
Globalement, il y a eu un resserrement de la gestion du service
aérien, ce qui fait que les ministères paient plus cher
maintenant, paient davantage les véritables coûts
qu'auparavant.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Harel: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce
que ceci termine le programme 8?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 8,
Transport aérien gouvernemental, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): II nous reste maintenant le
programme 6 qui est en suspens et le programme 1. Est-ce qu'il va y avoir
d'autres interventions au programme 6?
Mme Harel: Non. Le député de
Terrebonne ne peut malheureusement être avec nous, alors on va
procéder, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 6,
Transport scolaire, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être juste une
petite remarque. Je sais que la préoccupation du député de
Terrebonne était relative au conflit prolongé qu'ont connu les
citoyens de sa circonscription quant à la desserte du transport
scolaire, conflit qui était en particulier dû aux coûts
historiques de transport là-bas? Cela a causé des
problèmes assez importants quant aux possibilités de
règlement entre la commission scolaire et le transporteur. Finalement,
cela a été réglé grâce à une certaine
médiation de l'ATEQ et de tout le monde, mais qui fait que, dans nos
analyses actuelles et dans nos rencontres, beaucoup d'efforts sont faits pour
trouver des rajustements dans cette différence de tarifs selon certaines
régions. Mais il ne faudra jamais oublier que c'est principalement
dû à la commission scolaire de ce milieu si les tarifs historiques
n'ont pas été rajustés, puisqu'elle avait la
possibilité, à l'époque, de le faire; elle ne s'est pas
prévalue de cette occasion qui était à l'origine du manque
à gagner et du conflit.
Dans nos négociations, il y a encore eu des rencontres la semaine
dernière. Cela va bien. Il y a eu des documents de déposés
à cette table, qui laissent poindre un peu d'espoir a l'horizon quant au
règlement de ces écarts, pas partout, mais du moins tenter de
corriger l'écart qui existe et qui devrait éviter des
grèves comme on a connu dans Terrebonne.
Systèmes de transports terrestres
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant le
programme 1, Systèmes de transports terrestres. Mme la
députée de Maisonneuve.
Recherches et développement
Mme Harel: M. le Président, je pense que le premier volet
concerne la recherche et le développement. D'abord, je pense qu'il faut
constater une réduction assez substantielle des crédits
alloués; en 1986-1987, ils étaient de 10 000 000 $, et, en
1987-1988, c'est une coupure de 1 000 000 $, c'est-à-dire 10 %, et, si
on ajoute l'indice des prix à la consommation, c'est autour de 14 %;
cela reste quand même assez substantiel. Pourtant, le gouvernement, par
le biais du budget déposé par le ministre des Finances, a voulu
consacrer un effort substantiel dans l'ensemble des engagements
budgétaires à la recherche et au développement. Qu'est-ce
qui justifie, dans le cas du ministère des Transports, une
réduction du budget en recherches et développement?
M. le Président, je me permets de rappeler au ministre qu'en
1985-1986 le budget était de 11 000 000 $; en 1986-1987 il était
de 10 000 000 $ et, en 1987-1988, de 9 000 000 $. C'est donc un budget qui va
décroissant. Est-il question d'une réduction d'effectifs?
L'Opposition libérale, è . l'époque, reprochait
très sévèrement au gouvernement de ne pas consacrer de
sommes suffisamment substantielles dans le budget de recherches et
développement du ministère des Transports.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II me semblait aussi qu'il y
avait une explication. À la fois en 1985-1986 et en 1986-1987, c'est a
cette rubrique qu'était imputée l'expo de Vancouver. Maintenant
qu'elle est terminée, cela revient à la normale, et même
au-delà de cela. En 1986-1987, au chapitre des subventions des projets
de recherche, nous avions 1 306 000 $, alors que, cette année, nous
avons 2 681 000 $; il y a donc, fondamentalement, beaucoup plus d'argent
à la recherche cette année, compte tenu du fait que l'exposition
est terminée.
Mme Harel: Dans les projets annoncés, notamment le projet
de subvention à la compagnie Bombardier dernièrement, je
pense...
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de Bombardier,
ce sont des projets prévus a l'entente
fédérale-provinciale et qui sont là. Je peux, si vous en
sentez le besoin, déposer les projets de recherche.
Mme Harel: Il y a trois projets majeurs: il y avait le transport
par camion...
M. Côté (Charlesbourg): ...transport?
Mme Harel: Le transpart par camion. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: C'est l'un de ceux dont vous...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Le rapport est-il déjà prêt?
M. Côté (Charlesbourg): Non, le rapport... D'accord.
C'est prévu pour l'automne, la totalité est prévue pour
l'automne. C'est une étude qui couvre beaucoup de terrain.
Déjà, les premiers rapports sont entrés et le reste
devrait nous parvenir à l'automne.
Mme Harel: Le projet de transport par camion est fait par quelle
firme déjà?
M. Côté (Charlesbourg): L'université.
Mme Harel: Est-ce que cela a quelque chose à voir avec la
subvention de 270 000 $ que le ministre avait annoncée au congrès
de l'Association du camionnage du Québec? Le ministre avait, le 9 avril,
annoncé...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il y avait
plusieurs interventions à ce niveau-là, au chapitre du
management, au chapitre de l'informatique aussi et de différentes
recherches. Comme vous ne l'avez pas, je peux déposer, M. le
Président, la liste des projets subventionnés par le
ministère et qui font l'objet d'une sélection par un
comité, donc présentation de projets, et c'est un comité
qui, selon ses critères propres, décide qui.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous considérons les
documents comme déposés, M. le ministre.
Mme Harel: Dans cette liste où l'on retrouve tous les
projets, il y en avait un d'électrification des chemins de fer. C'est le
projet de Bombardier?
M. Côté (Charlesbourg): La bougie... Non.
Mme Harel: "Boogie"...
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce n'est pas ce
programme-là, c'est un autre programme qu'on paie avec
Hydro-Québec et la compagnie de chemin de fer visée; c'est dans
un autre programme que celui-là.
Mme Harel: La recherche qui est faite sur
l'électrification des chemins de fer, est-elle entreprise depuis peu ou
si elle est poursuivie depuis longtemps?
Une voix: Depuis environ un an.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Migneault.
M. Côté (Charlesbourg): M. Michaud.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Michaud.
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne l'empêche pas
d'être mignon.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Michaud (Pierre): Cela fait environ un an que l'étude
est commencée avec les compagnies de chemins de fer impliquées,
en vue de trouver un circuit de chemin de fer électrifié qui
serait unifié. Il y aurait seulement une ligne pour les deux chemins de
fer dans la région de Sept-Îles. Pour ne pas les nommer, c'est
Québec Cartier Mining et l'Iron Ore.
Mme Harel: Et la recherche qui est faite sur le...
M. Michaud: C'est-à-dire que c'est une recherche qui se
fait en collaboration avec Hydro-Québec: on cherche une méthode
pour électrifier cette ligne-là à meilleur coût.
Mme Harel: En fait, on avait déjà une liste de
recherches ou d'études qui avait été fournie par le
ministère dans le cahier bleu, un certain nombre de recherches
subventionnées, notamment celle concernant le développement d'un
autocar articulé.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas vu le cahier
mais ce qui a été fait, c'est peut-être en 1986-1987 alors
qu'à ce moment-ci c'est sur le budget de 1987-1988. C'est
peut-être la distinction entre les deux. En ce qui concerne la recherche
sur les véhicules articulés, l'expérience avec Voyageur,
c'est une expérience qui, dans sa phase première, est
terminée. Elle a donné des résultats assez satisfaisants
pour qu'on puisse envisager la deuxième phase qui, elle, concerne vingt
véhicules articulés sur une période de deux ans et l'essai
sur route, entre Québec et Montréal, avec des passagers.
Nous avons repris les négociations avec Voyageur à partir
du moment où les problèmes de Voyageur ont été
réglés. Nous sommes en phase finale de négociations avec
Voyageur, avant de retourner au Trésor pour approbation. Cette rencontre
devrait normalement avoir lieu le 5 et on devrait, à ce
moment-là, finaliser la négociation avec Voyageur.
Mme Harel: Le ministre a parlé, cet après-midi, des
autobus Renault, en fait, des véhicules...
M. Côté (Charlesbourg): Articulés
urbains...
Mme Harel: Urbains.
M. Côté (Charlesbourg): ...alors que dans ce cas-ci
c'est interurbain. C'est l'entente avec Prévost Car. Cela a fait fureur
è l'expo de Vancouver et a permis à Prévost Car d'en
vendre douze jusqu'à maintenant, dont quelques-uns au Québec et
quelques-uns aux Etats-Unis. La commande, dans le cas de cette recherche, est
essentielle pour percer le marché américain. Dans la mesure
où on réussit à convaincre le Trésor, ce serait
très certainement profitable à Prévost Car.
Mme Harel: C'est un projet qu'affectionnait beaucoup votre
prédécesseur.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, certainement, et il a
travaillé à l'entente Canada-Québec pour que ce
projet-là se réalise.
Mme Harel: Les études qui ont été
menées dans le cadre du camionnage en vrac, sondages et tout,
relevaient-elles de la direction de la recherche et du
développement?
M. Côté (Charlesbourg): Non, du transport des
marchandises.
Mme Harel: Alors, on y reviendra à ce moment-là. II
y a également des recherches qui se poursuivent présentement, des
études qui sont menées concernant les trains de banlieue, la
modernisation des trains de banlieue. Cette étude dont vous avez fait
état lors de l'assemblée à Deux-Montagnes et ici
même, l'an passé, en commission parlementaire, où en est
rendue l'étude qui est... (20 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont deux études,
d'abord. Dans un premier temps, c'est pour vérifier les coûts,
parce qu'on sait qu'il y avait un écart entre ce que proposait le
rapport de la Communauté urbaine de Montréal, qui parlait de 250
000 000 $, le coût dont on a parlé à un certain moment
donné et qui se chiffrait à 157 000 000 $ et une
évaluation très sommaire faite par le Conseil du trésor.
On sait que ce sont des spécialistes des chiffres, mais pas
nécessairement des spécialistes du transport, on le constate
assez régulièrement. Eux évaluaient cela à 400 000
000 $. Nous avons donc demandé de faire une étude pour tenter de
connaître les coûts de cette ligne
Deux-Montagnes-Montréal-Deux-Montagnes, en plus d'une étude sur
l'impact de la non-réalisation du train de banlieue de Deux-Montaqnes.
Normalement - aux nouvelles de ce midi à tout le moins - à la fin
de juillet ou au début d'août, donc à temps pour la
commission parlementaire, ces études devraient nous parvenir. Elles
devraient nous être très utiles au moment de la commission
parlementaire.
Mme Harel: Vous avez déclaré au moment de l'annonce
de la commission parlementaire ou plutôt, je pense, au congrès des
maires des municipalités de banlieue, que la commission parlementaire
était le délai final où une décision devait
être prise. Enfin, peut-être pas pendant la commission, mais
à défaut d'avoir un consensus durant ta commission, il y aurait
une décision du ministre qui ne tarderait pas à venir
après la commission.
Avez-vous l'intention de rendre publique, avant la commission,
l'étude qui a été menée?
M. Côté (Charlesbourg): Sur les trains de
banlieue?
Mme Harel: Oui, sur les trains de banlieue.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, certainement. Je pense
que ce sont des outils indispensables pour une bonne compréhension de la
problématique du transport en commun et des immobilisations à
venir qui seront nécessaires. Il est clair, à partir du moment
où nous aurons entendu chacun s'exprimer sur les besoins à venir
en matière d'immobilisations dans le transport en commun, que ce soit
sur l'île de Montréal ou que ce soit pour des infrastructures
permettant l'accès a l'île, par te nord ou par le sud, que nous
devrons par la suite décider des immobilisations dans un premier temps,
et, dans un deuxième temps des coûts d'exploitation. Dans ce sens,
on a déjà fait un bout de chemin avec l'Association des
transporteurs urbains du Québec quant au renouvellement de la flotte
d'autobus pour les trois prochaines années.
Mme Harel: À propos justement de ce dossier des trains de
banlieue, la modernisation du corridor Montréal-Rigaud a eu comme
conséquence - j'aimerais que ce soit confirmé ou infirmé -
une augmentation très substantielle de la fréquentation, de
l'achalandage. Est-il exact que cela a triplé ou presque l'achalandage
au train?
M. Côté (Charlesbourg): Cela a doublé. Mme
Harel: Doublé?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, cela a doublé.
Mais cela ne veut pas nécessairement
dire pour autant que les revenus ont doublé. Le problème
fondamental est, dans la mesure où on modernise une ligne de trains de
banlieue et qu'on améliore la qualité du service et des
équipements par conséquent, qu'on ne pourra pas soutenir en
parallèle la concurrence des autobus qui sont eux-mêmes
défrayés à larges frais par le gouvernement. Il devra donc
y avoir une intégration de ces services pour que l'offre corresponde
à la demande et non au-delà de la demande.
Mme Harel: Concernant également les études qui
seront réalisées par Bombardier, dans le cadre de l'entente
auxiliaire, ce sont des études dans lesquelles, j'imagine, on a fait des
études de marché sur le potentiel de commerce possible.
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de "boogie
mécano-soudée", il est bon de dire qu'on nous a soumis ce projet
en prétendant qu'il y avait beaucoup de possibilités sur le plan
du marché, mais il fallait d'abord en arriver à une proposition
très ferme, très concrète et très utile; et cela
pourrait être fabriqué dans l'est de Montréal. Comme cela
concernait finalement un moyen de locomotion de l'avenir qui pouvait être
fabriqué dans l'est de Montréal et qui avait été
à la base des problèmes qu'a connus Bombardier dans la livraison
du métro de New York, cela nous a paru extrêmement
intéressant et c'est pourquoi on a acquiescé. Est-ce que cela
aboutira? Est-ce que cela aura des résultats concrets? On ne le sait pas
encore, mais on ne pouvait pas ne pas prendre la chance de faire faire
l'étude, compte tenu des impacts possibles pour l'avenir. Il faut
comprendre que c'est l'étude de faisabilité dans ce cas-ci.
Mme Harel: Le ministre est-il satisfait de l'ensemble des
études menées par les neuf comités qu'il avait mis sur
pied pour le conseiller sur différents sujets?
M. Côté (Charlesbourg): Globalement, oui. Cela n'a
pas toujours été un exercice facile, mais cela a
été un exercice utile. Certains comités ont eu plus de
difficulté que d'autres, compte tenu que les solutions ne sont pas
toujours faciles. Je pense au rapport Middlemiss qui a connu un succès
retentissant et, encore hier, M. Bourassa confirmait à Rimouski la
volonté du gouvernement d'injecter 400 000 000 $ additionnels pour
l'entretien du réseau routier, ce qui était la principale
recommandation du rapport Middlemiss.
Mme Harel: Cela coûte cher à la Régie de
l'assurance automobile.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, l'argent de
la Régie de l'assurance automobile a été bien
utilisé, parce qu'il provient des utilisateurs de la route. C'est donc a
eux que revient cet argent et, effectivement, c'est un rapport qui a
examiné en profondeur les carences de notre réseau routier et qui
a connu des aboutissements.
Dans le cas d'autres rapports, on a évoqué
brièvement cet après-midi celui de Mme Hovinqton, qui aura des
répercussions très positives dans les prochaines semaines. Dans
le cas du rapport de M. Bissonnet sur le taxi, plusieurs de ces mesures sont
déjà en application, dont une est actuellement contestée
par les limousines devant les tribunaux. Plusieurs autres sont incluses dans le
projet de loi sur le transport par taxi qui a été
déposé et que nous espérons pouvoir faire adopter avant la
fin de la prochaine session.
Dans le cas du rapport Paradis en ce qui concerne la signalisation
routière, il y a des éléments en gestation au
ministère. Dans le cas des haltes routières, des contrats
à être signés ont été expédiés
la semaine dernière. D'autres, où il n'y avait pas eu de
soumissionnaires, seront revus d'ici vendredi. Dans le cas du rapport Doyon,
qui a fait très largement état d'un certain laxisme dans
l'application des lois et règlements au ministère des Transports,
force nous est de constater que c'était vrai. Peut-être que les
effectifs policiers ne sont pas suffisants, mais le constat est là.
À voir la présence policière sur les routes du
Québec depuis le printemps, les plaintes qui entrent au ministère
quant à notre incompréhension sur les masses totales en charqe
nous démontrent très nettement que, même avec des effectifs
réduits, on peut faire un certain travail. Il faudra bien sûr des
effectifs additionnels pour le faire de manière encore plus
adéquate, mais ce qu'avait relevé le comité Doyon
était très clair.
Dans le cas du rapport Philibert sur les limites de vitesse, je veux en
profiter aujourd'hui pour vous dire que plusieurs personnes se sont
indiqnées du fait qu'il recommande d'augmenter la limite de vitesse
à 115 kilomètres l'heure. Mais, lorsque l'on circule sur les
routes du Québec, on se rend compte que c'est effectivement tout
près de 90 %, sinon 95 % des gens qui espèrent que le
qouvernement décidera d'augmenter la limite de vitesse et qu'il n'y a
pas grand-monde, à part ceux qui écrivent dans certains cas, pour
dire que ce n'est pas vrai. Alors, il y aura des décisions à
prendre, mais il faut d'abord mesurer l'impact sur la sécurité
routière avant de prendre des décisions en ce qui concerne
l'augmentation des limites de vitesse sur les autoroutes du Québec. Je
suis un de ceux qui voyagent beaucoup. Le premier sujet sur lequel je me fais
aborder, partout où je vais, c'est sur l'augmentation des limites de
vitesse sur les
autoroutes. Dans ce sens-là, cela n'était pas une
recommandation folichonne, mais il faut d'abord en mesurer l'impact sur la
sécurité routière.
Je pourrais continuer comme cela pour chacun des comités.
Effectivement, cela a été assez satisfaisant. Si on avait
à refaire les choses, on les ferait peut-être différemment
aujourd'hui, mais, pour une première expérience, cela a
été certainement très enrichissant.
Il y a le rapport Vallières qui parlait d'une certaine
problématique à la CPTA, laquelle est en cours d'analyse
actuellement et en discussion avec le ministère de l'Agriculture, et,
finalement, il y a le rapport Leclerc qui, lui, parlait du service
aérien avec principalement la recommandation du remplacement du
Valentine-Lupien, d'une remotorisation et d'une augmentation des coûts
demandés aux utilisateurs du service aérien. Beaucoup de travail
a été fait jusqu'à maintenant. Il en reste encore à
terminer. L'appareil finit de digérer l'ensemble des recommandations de
ces neuf rapports. Cela a été très satisfaisant. Le
mariage du politique et des fonctionnaires à ces comités a
donné des résultats extrêmement intéressants et qui
sont publics aujourd'hui.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Vous dites qu'il y a des
rapports qui ont été bien reçus. Il faut reconnaître
que certains l'ont moins bien été, vous l'avez dit
vous-même, comme le rapport Philibert sur les limites de vitesse. Est-ce
à dire que, par ailleurs, il ne faille pas augmenter? C'est à
voir certainement à la lumière des objectifs de
sécurité routière, en n'oubliant pas que ce ne sont pas
toujours les conducteurs qui vont vite qui ont le plus d'accidents, mais ceux
qui conduisent mal, et que ce n'est pas nécessairement lié, comme
l'opinion publique le pense. Ce n'est pas si étroitement associé
qu'on le croit habituellement. C'est à lire les études qu'on s'en
rend compte. On a eu les chiffres afférents à ces études,
et la somme est d'un peu plus de 100 000 $. Est-ce que cela comprend les frais
d'impression, les frais de publication?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Cela comprend l'ensemble de la réalisation des
rapports?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Quand vous dites "déboursés
spécifiques", cela comprend quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Ce que cela ne comprend
pas?
Mme Harel: Qu'est-ce que les déboursés
spécifiques comprennent comme frais?
M. Côté (Charlesbourg): Cela comprend les
déplacements dans certains cas. On pense au cas des traverses maritimes.
On a rencontré les gens de Sept-Îles, tes qens de Baie-Comeau, les
gens de Matane, les qens des Îles de la Madeleine. On a fait le tour.
Cela occasionnait certains frais de déplacement, et c'est le strict
minimum qui a été payé, plus l'impression des documents.
C'est tout.
Mme Harel: Vous parliez tantôt du rapport Doyon. J'ai vu
que le député de Jean-Talon... Non.
Une voix: Louis-Hébert.
Mme Harel: Louis-Hébert, je me trompe toujours,
excusez-moi. J'ai vu que le député de Louis-Hébert nous a
rejoints, et cela m'a rappelé que le directeur de la Sûreté
du Québec faisait état qu'il n'avait connu l'existence du
comité que le jour de la publication du rapport.
M. Côté (Charlesbourg): Là-dessus, je vais
vous répondre très rapidement: c'est ne pas savoir ce qui se
passe dans sa boîte. Il y a deux policiers de la Sûreté du
Québec qui ont été membres du comité.
Mme Harel: Ils l'étaient dès l'oriqine? M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Doyon: Leurs noms apparaissent dans le rapport, Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je vois que vous avez -discrètement, sans doute
- fait savoir au directeur de la SQ qu'il en était ainsi parce qu'on n'a
pas...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai fait, c'est que
j'ai rencontré personnellement des membres de l'Association des
policiers provinciaux du Québec pour discuter avec eux du rapport et
bien leur faire sentir que le rapport n'était pas dirigé contre
les agents de la Sûreté du Québec parce qu'eux effectuaient
le travail que les autorités supérieurs leur assignaient. Ce
n'était pas aux agents de la Sûreté. Si on les envoie sur
la route au Québec, ils vont faire le travail sur la route. Mais, si on
les envoie sur des enquêtes ou si on les fait demeurer à
Parthenais, ils vont faire leur travail. Ce n'est pas à nous de
décider où devraient être affectés les policiers
à travers le Québec, mais il y a un certain nombre de rôles
à
jouer, et c'est aux dirigeants de la Sûreté du
Québec de décider. Il né semble pas que la route ait
toujours été leur principale préoccupation.
Mme Harel: Est-ce que le comité mis sur pied
présentement par le Solliciteur général ne vient pas
reprendre le travail qui avait été fait en partie par le
comité Doyon? (20 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que c'est un
travail complémentaire au travail effectué par le comité
Doyon. Le comité Doyon, lui, visait, dans un premier temps, à
voir, relativement aux mesures pénales, tout ce qui relevait du
ministère des Transports. Quel était ce phénomène
qui faisait que plusieurs constats d'infraction étaient demeurés
sans poursuite, dans un premier temps? Il fallait vérifier aussi si on
faisait tout ce qu'il y avait à faire au plan des infractions au code de
la route. À ce chapitre, je peux facilement vous déposer un bilan
que nous avons jusqu'à maintenant de l'opération contrôle
routier selon lequel nos pesées dynamiques, nos nouvelles pesées
ont relevé 54,39 % d'infractions. C'est assez intéressant et ce
bilan du nombre d'infractions constatées depuis le début de
l'opération est fort impressionnant. Je pourrais en déposer
facilement une copie. C'est signe qu'il y a encore beaucoup de travail à
faire en termes de surveillance sur les routes du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Le document est maintenant
déposé. Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Le rapport Doyon contenait une recommandation, soit
l'augmentation de la présence policière par le biais
d'unités spéciales ou de nouveaux policiers de la route. Est-ce
que des suites sont déjà données ou si l'étude est
reprise par le comité Richard?
M. Côté (Charlesbourg): La position du
ministère des Transports, disons, plus globalement du ministre des
Transports, qui a la responsabilité du ministère des Transports,
et de la Régie de l'assurance automobile du Québec - donc
vérification mécanique - et de la Commission des transports du
Québec -vérification des permis - c'est qu'on souhaite
ardemment... on a parlé de corps policiers autonomes, et ce serait
l'idéal. Ils assureraient la surveillance des routes du Québec;
une sorte de police de la route. Comme toute chose n'est pas facile à
vendre et à accepter par ceux qui auront à la diriger, je suis
prêt à me rendre à l'idée de faire, à
l'intérieur de la Sûreté du Québec, une unité
qui ne fera que de la surveillance des routes au Québec, pour bien faire
le départage entre la sécurité routière, sous
toutes ses formes, et Les enquêtes criminelles. Je suis prêt
à me rendre à cette idée, qui chemine effectivement, et,
à partir du moment où le comité Richard, Thérien et
Gauvin aura déposé son rapport à la fin de juin
auprès du solliciteur, il n'y a aucun doute dans mon esprit que,
lorsqu'on aura rencontré en même temps le ministère des
Transports, la Régie de l'assurance automobile du Québec et la
Commission des transports, on saura les convaincre qu'il faut absolument qu'il
y ait une unité qui ne s'occupe que de cela, peu importe si elle
relève de la Sûreté du Québec.
Dans ce sens-là, je suis convaincu qu'il y a beaucoup d'efforts
additionnels à faire. Vous savez que, chaque jour, des transporteurs
roulent sur les routes avec des surcharges. Empruntez l'autoroute 40 ou
l'autoroute 20 lorsqu'il pleut et vous vous apercevrez facilement que les
routes ont été abîmées et que ce n'est certainement
pas par des voitures de promenade, mais sûrement par des gens qui ont
passé outre aux pesées ou qui l'ont fait au moment où il
n'y avait pas de contrôle. Mais il y a eu une amélioration, il
faut le dire et le noter, très sensible, cette année, de l'effort
de la Sûreté du Québec quant au travail sur la route et aux
limites de vitesse aussi. Des faits aussi cocasses que d'ex-ministres des
Transports qui ont dû payer des amendes assez substantielles pour des
dépassements de limites de charges ont soulevé la colère
et ont fait trembler bien du monde, mais pas le ministre actuel.
Des voix: Ha! Ha!
Une voix: Est-ce qu'on peut avoir des noms, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Pardon? Mme Harel: Un
nom.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais être pris
à la "george".
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je vois que le temps presse, M. le Président.
Peut-être pourrions-nous examiner tout de suite la question du transport
des personnes.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle
l'élément 2, Transport des personnes. Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Étant donné que
j'avais la présidence d'un de ces comités dont on vient de
parler...
Mme Harel: J'hésitais à en parler.
M. Paradis (Matapédia): Je voulais simplement dire que
c'est un travail qui s'est fait fort sérieusement, quoi qu'en dise, a
certains égards, certains membres de l'Opposition. Cela a
été bénéfique pour les députés
d'avoir participé à cela et ce fut bien agréable, quoique
imparfait durant la période estivale pour meubler ces semaines. Mais
cela nous fait prendre conscience de toute l'importance de certains secteurs,
entre autres, de la signalisation - comité que je présidais -
avec toutes les possibilités qu'il y a dans ce secteur précis.
Cela donne toute une autre dimension aux hommes politiques.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, certains
éléments de signalisation avancés se retrouvent
déjà maintenant au Code de la sécurité
routière en ce qui touche les travaux. Il faut croire qu'il y a encore
de l'amélioration à apporter puisqu'il arrive quand même
des accidents lors des travaux, y compris auprès des gens du
ministère qui ont à travailler sur les routes et sur les
autoroutes en particulier.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Mme
la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Nous aurons bientôt à étudier
à l'Assemblée, en deuxième lecture, le projet de loi sur
les panneaux-réclame.
M. Côté (Charlesbourg): À l'automne,
probablement.
Mme Harel: Comment l'appelle-t-on?
M. Côté (Charlesbourg): Sur la signalisation
routière. En principe, ce projet de loi réglerait le
problème de toute la signalisation dans tout le Québec. Nous
connaissons maintenant la signalisation routière qui, règle
générale, est sur panneau vert; il y en a aussi sur des panneaux
bleus, cela dépend des autoroutes. Nous avons conclu une entente avec le
ministre du Tourisme sur la signalisation touristique qui, elle, se fera en
bleu dorénavant. Notre expérience pilote au coeur de la Mauricie,
au cours de l'été 1987, sera étendue à l'ensemble
du Québec en 1988. Quant è la signalisation qui est en brun,
c'est pour certains équipements gouvernementaux, publics et de loisir.
Tout cela est contenu à l'intérieur de l'emprise des routes. La
loi qui a été déposée, quant à elle, vise la
publicité à l'extérieur de l'emprise des routes, à
faire une certaine uniformité et à nettoyer le paysage de
certains cadavres qui, malheureusement, ne sont pas très accueillants
sur le plan touristique. Nous avons eu des recommandations de firmes
privées qui font de la publicité et qui trouvent que nos normes
sont très dures. L'été nous permettra de réviser un
certain nombre de choses, de sorte qu'on puisse, à l'automne, arriver
avec un certain nombre d'amendements.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Nous
allons maintenant à l'élément 2, Transport des personnes.
Mme la députée de Maisonneuve.
Transport des personnes
Mme Harel: II y a un certain nombre de sujets que nous aimerions
aborder. J'ai fait une liste; on y reviendra. Il s'agit notamment des
véhicules tout terrain, du dossier des autobus GM, du problème
des ponts à Montréal et de la question du stationnement pour
personnes handicapées.
Les stationnements pour personnes
handicapées
Le ministère a certainement dû être l'objet de
représentations nombreuses. Dans à peu près toutes les
réqions du Québec, c'est sûrement la même avalanche
que celle qu'on a eue. On a fait valoir que les dispositions, et notamment
l'article 11 adopté dans le Code de la sécurité
routière en décembre dernier, limitent leur accès à
un stationnement. On souhaiterait revenir a l'ancien système où
la vignette est pour la personne handicapée et non pas pour
l'automobile. Je ne sais si le ministre a mené une réflexion sur
cette question à la suite de toutes ces représentations.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. D'ailleurs, c'est un
peu è mon qrand étonnement. Vous vous souviendrez, lorsqu'on a
adopté la loi 127, qu'il y avait eu des représentations de
l'Office des personnes handicapées du Québec qui proposait une
formule qui, de toute façon, n'est pas celle demandée par les
handicapés. Nous avions eu l'occasion de rencontrer le Regroupement des
handicapés de la région de Québec, qui travaillent au
Centre François-Charon et qui nous avaient proposé une formule
que nous avons adoptée dans le Code de la sécurité
routière, formule qui devait normalement régler une bonne partie
des problèmes du stationnement pour handicapés.
Dans la pratique, il semble bien que ce soit tout autre chose et que
cela crée un certain nombre de problèmes, pas principalement pour
les handicapés, mais pour les
personnes qui ont à la maison un handicapé qu'elles
doivent transporter. Donc, cela crée des problèmes de
stationnement. J'ai demandé que l'on revoie très rapidement ces
mesures afin de vérifier si, effectivement, cela va dans le sens de ce
que nous avions évoqué lors de la commission parlementaire. Dans
la mesure où ce serait l'interprétation de l'article qui
créerait les problèmes qu'on vît actuellement, je n'aurai
aucune espèce d'hésitation à rouvrir le Code de la
sécurité routière pour y apporter les changements
souhaités et bonifier la loi pour que cela règle les
problèmes, pas tous les problèmes parce qu'on ne les
réglera jamais tous, mais, à tout le moins, pour ceux qui, dans
leur famille, ont un handicapé qu'ils doivent transporter. J'ai
demandé que l'on vérifie puisque plusieurs députés
de la majorité et de l'Opposition sont intervenus sur ce
phénomène. Cela a pris de l'ampleur ces derniers temps, mais on
fera les corrections qui s'imposent très rapidement.
Mme Harel: Alors, ce serait envisageable que ce soit
modifié lors de l'étude...
M. Côté (Charlesbourg): À l'automne... Mme
Harel: En rouvrant le...
M. Côté (Charlesbourg): En rouvrant le Code de la
sécurité routière, mais, d'ici là, on va voir ce
qu'on peut faire pour améliorer la situation. S'il devait y avoir,
très rapidement, des modifications d'apportées, peut-être
qu'avec l'accord de l'Opposition on pourrait, sans faire un projet de loi
omnibus, faire en sorte qu'un article puisse être amendé lors de
l'étude des deux projets de loi du ministère des Transports.
Mme Harel: II semble, en tout cas, que ce soit là un voeu
très largement exprimé par l'ensemble des organismes qui
représentent ou qui s'occupent des personnes handicapées. Leur
demande vise à ce que le permis soit rattaché à la
personne et non au véhicule. Cela semble presque, je dirais, unanime. Je
n'ai pas encore entendu de voix discordante sur cette demande.
M. Côté (Charlesbourg): On me rappelle certains
souvenirs de la discussion. Le permis rattaché à l'individu, donc
mobile, crée des problèmes d'application puisque n'importe qui,
même quelqu'un qui n'est pas handicapé, pourra utiliser ce permis
de stationnement qui est réservé aux handicapés. C'est une
question de civisme, finalement. Ces stationnements, qui sont
réservés aux personnes handicapées, ne devraient servir
qu'à ces personnes. C'est un peu la situation qu'on a vécu
à l'époque. Je me souviens qu'on m'avait dit qu'il faut d'abord
préserver le droit des handicapés, qui ont des véhicules,
à être transportés. Une discussion, à
l'époque, disait que quelqu'un d'autonome, qui transporte un
handicapé, peut se servir d'un stationnement pour handicapé pour
faire descendre la personne de la voiture, aller stationner et revenir la
reprendre par la suite, et que cela ne crée pas de problèmes
majeurs. Il semble que le débat soit là. Je ne serais pas surpris
que ce soit le fruit d'une organisation bien rodée, très bien
représentée dans toutes les régions du Québec, et
qui était à l'origine d'une solution facile que proposait
l'Office des personnes handicapées à l'époque. Mais je
vais prendre le soin de faire une vérification additionnelle et vous
revenir avec, peut-être même dès mercredi, à
l'étude des crédits, certains éléments de
réponse. (21 heures)
Mme Harel: M. le Président, c'est parce qu'il y a
certainement des inconvénients. Il ne peut pas y avoir de solution qui
soit parfaite et qui ne présenterait finalement aucun problème.
Il y a sûrement des inconvénients au fait que le permis soit
rattaché à la personne comme il y en a certainement au fait qu'il
soit plutôt rattaché au véhicule. La question, c'est de
savoir si, lorsqu'une unanimité se manifeste dans un milieu
concerné par le problème, il ne vaut pas mieux convenir que leur
solution est plus adéquate, parce qu'il est difficile d'avoir raison
tout seul.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord, je comprends,
mais ce qui m'étonne, c'est que la solution que nous avons retenue
n'était pas la nôtre, mais celle de personnes handicapées
qui ont à se déplacer, elles, ô chaque jour. Elle venait de
l'Association des personnes handicapées de la région de
Québec qui a pignon sur rue au Centre François-Charon.
C'était leur solution. Si, maintenant, celle-ci crée beaucoup de
problèmes, il n'y a pas de braquage systématique chez nous. On va
voir et, s'il y a des ajustements à faire, on les fera. Je ne suis pas
de ceux qui pensent être les seuls à avoir la
vérité, dans la mesure où il y a d'autres
expériences. Mais il ne faudra pas que, dans la mesure où cette
solution-là est arrêtée et où des individus qui ne
sont pas handicapés abusent d'un système, on revienne nous
demander par la suite de contraindre ceux qui l'utilisent de chanqer de
formule; on ne changera pas de formule à tous les ans. Si on en adopte
une autre, elle sera adoptée pour un bon bout de temps.
Mme Harel: Y a-t-il des représentations qui vous ont
été faites de groupes qui étaient favorables et qui
faisaient campagne en vue du maintien de la nouvelle formule? Ceci dit, on
reconnaît que ce sont toujours ceux qui sont contre qui s'organisent.
M. Côté (Chariesbourg): C'est Carrefour
Québec qui nous avait vendu cette formule-là, à
l'époque, avec quelques petites modifications lors des
négociations. Depuis, on a eu effectivement des lettres d'individus qui
se plaignaient de l'aspect contraignant de ce nouvel article et ils
souhaitaient le voir changer. Effectivement, un certain nombre de lettres sont
arrivées au ministère, lesquelles ont reçu réponse
depuis, mais qui soulevaient le cas. Plusieurs députés ont
reçu aussi des représentations de personnes handicapées et
chacun s'enquiert des réponses à donner à ce
moment-là et, dans la mesure où, encore une fois, cela
nécessite des changements, on va les faire et aussi rapidement que
possible.
Mme Harel: Très bien. Il faut souhaiter qu'on puisse
donner suite à cette demande dès l'automne prochain.
Les véhicules tout terrain
M. le Président, la question des véhicules tout terrain.
En avril dernier, tout récemment, s'est tenu à
Saint-Joseph-de-Beauce une rencontre qui réunissait des
représentants des CLSC, des départements de santé
communautaire, de la Fédération des motocyclistes, de l'UPA et
qui avait pour objet de réclamer une réglementation de la part du
ministère des Transports quant à l'usage du véhicule tout
terrain. Vous vous rappellerez les représentations de mon
collègue de Jonquière sur cette question en décembre
dernier. Le ministère a-t-il déjà mis en branle la
préparation d'une telle réglementation?
M. Côté (Charlesbourg): Les problèmes
historiques des véhicules tout terrain ne remontent pas uniquement
è notre gouvernement, mais déjà sous le vôtre,
où cela a été tantôt la responsabilité de la
Régie de l'assurance automobile, tantôt du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et tantôt du ministère
des Transports, de telle sorte qu'on se promenait davantage en véhicules
tout terrain entre les ministères que sur les circuits. J'imagine qu'on
a fait beaucoup plus de chemin à se renvoyer le dossier qu'on en a fait
à travailler effectivement au dossier lui-même. Donc, en
décembre, en prévision du Code de la sécurité
routière, je me suis fait donner la responsabilité de
préparer un règlement pour les véhicules tout terrain. En
cours d'exercice, les gens du ministère ont examiné la
possibilité d'un projet de loi qui aurait régi l'ensemble des
véhicules de loisir. J'ai arrêté l'expérience, il y
a environ cinq semaines, peut-être même un mois, pour qu'on finisse
par aboutir, pour avoir au moins un minimum en ce qui concerne les
véhicules tout terrain. On s'est davantage rendu compte de cela lors
d'une rencontre avec l'Association des motoneigistes. Celle-ci n'était
pas exactement très fière de se voir expédier sous le
même chapitre que les véhicules tout terrain. En ce
sens-là, j'ai entre les mains la première version du
règlement pour les véhicules tout terrain. On me le transmet
à l'instant et je devrai le regarder, mais c'est une question de
semaines avant qu'il soit aux différents comités gouvernementaux
pour approbation.
Encore une fois, c'était tantôt la responsabilité
des Transports qui n'en voulait pas, tantôt la responsabilité de
la Réqie de l'assurance automobile qui n'en voulait pas et tantôt
la responsabilité du MLCP qui n'en voulait pas. Alors, le ministre des
Transports a décidé qu'il y a quelqu'un qui trancherait et qu'il
y aurait un règlement. Je l'ai maintenant entre les mains et il s'agira
de le faire approuver par l'ensemble des comités
ministériels.
Mme Harel: II y a des expériences chez nos voisins du Sud
qui les ont amenés à réglementer extrêmement
sévèrement. Certains États dont le Vermont, je pense, ont
interdit même toute... Est-ce bien le cas? Le Vermont interdit l'usage du
véhicule tout terrain. Certains États ont même
retiré par législation certains véhicules du
marché, comme les trimotos. Avez-vous l'intention de faire
étudier ce règlement en commission parlementaire?
M. Côté (Charlesbourg): II n'est pas, à ce
moment-ci, dans mon intention de le faire étudier en commission
parlementaire, puisqu'il devra subir le test d'une prépublication, donc,
très largement diffusé, où chacun pourra intervenir et
faire les commentaires avant son approbation finale.
Ce dont j'ai souvenance, c'est de notre rencontre des ministres des
Transports en octobre à Toronto où a été mis sur
pied, pour l'ensemble des provinces canadiennes, un comité pour les
véhicules tout terrain, parce que le problème qu'on vit chez nous
est vécu aussi à l'extérieur. L'expérience du
Nouveau-Brunswick nous a obligé à un peu de sagesse, parce que le
Nouveau-Brunswick avait réglementé de manière
extrêmement sévère, exigeant comme condition d'obtention de
l'immatriculation que tous les véhicules et toutes les personnes soient
assurés, ce qui a été cessé par je ne sais quel
tribunal, compte tenu du fait que les mineurs pouvaient utiliser des
véhicules tout terrain. Il y avait des éléments sur le
plan juridique qui étaient assez importants. D'autre part, il y a
l'usage des véhicules tout terrain dans les territoires du Nord-Ouest;
c'est presque le véhicule de tous les jours et c'est fort
différent de ce que nous connaissons. De ce que je me souvienne, une
volonté très largement exprimée par l'ensemble des
provinces
canadiennes était l'interdiction des trais-roues, qui sont les
véhicules certainement les plus dangereux, pour faire place aux
quatre-roues.
Une préoccupation qui était aussi évoquée
à l'époque, c'est que pas un seul de ces véhicules n'est
construit au Canada, puisqu'ils sont construits au Japon et que, par
conséquent, nous n'avons pas autorité sur la fabrication, sur des
éléments de la fabrication de ces véhicules, et cela
créait un certain nombre de problèmes. Quant à nous, il y
aura des éléments dans le règlement qui tiendront compte
de l'âge, de l'équipement que devra porter l'utilisateur et de
certains dispositifs que devra avoir le véhicule tout terrain. Mais,
encore là, il ne s'agit pas de réglementer sur la ferme du
voisin, de réglementer en pleine forêt ou dans des chemins qui ne
nous appartiennent pas. Pour nous, il s'agit de réglementer de la
même manière que nous avons réglementé pour la
motoneige, forçant ainsi les utilisateurs de véhicules tout
terrain à se regrouper en clubs comme pour la motoneige et à
s'autodiscipliner dans la pratique de ce sport.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: II y a une caractéristique particulière.
C'est que les Québécois sont des consommateurs de ces
véhicules tout terrain, II y a 300 000 propriétaires au
Québec, semble-t-il, de véhicules tout terrain. J'ai
regardé les chiffres récents des ventes. En 1986, 42 % des ventes
de véhicules tout terrain au Canada ont été faites au
Québec. C'est vraiment le plus grand consommateur de véhicules
tout terrain. C'est une vogue, un engouement exceptionnel.
M. Côté (Charlesbourg): II s'agit de passer par
l'autoroute 25, dans le nord de Montréal, pour s'apercevoir que c'est
effarant. C'est même très inquiétant de voir, hors des
emprises de la route, dans les sablières le long de l'autoroute 25, le
nombre de véhicules tout terrain et leurs conducteurs qui pratiquent
leur sport. Dans ce coin-là, c'est presque devenu un sport national.
Pour ma part, je ne croyais pas que c'était un phénomène
aussi répandu. Je croyais que ces véhicules étaient
davantage utilisés par les chasseurs et peut-être même par
des pêcheurs pour accéder à des lacs où personne ne
peut aller. Cette pratique est maintenant devenue une pratique urbaine dans
certains cas, étant donné ce qui se passe sur l'autoroute 25.
C'est renversant. Allez voir cela et vous reviendrez traumatisée par le
nombre de véhicules de ce type qui . circulent.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Hareh Concernant les expériences étranqères,
plus précisément aux États-Unis, une commission a
conseillé de retirer les véhicules à trois roues. Mais la
décision n'est pas encore prise. Au Vermont, il y a interdiction de
circuler sur les terres publiques. Il y a une obligation d'obtenir une
permission écrite pour circuler sur un terrain privé.
M. Côté (Charlesbourg): On va être
obligé de créer une autre force policière et c'est
précisément le problème. On a beau dire que, demain matin,
il y a interdiction de circuler sur les terres publiques, mais on n'a pas assez
d'agents de conservation de la faune pour arrêter les braconniers
actuellement; c'est d'ailleurs devenu un instrument par excellence du
braconnage. Il est clair que, si on interdit l'utilisation de tels
véhicules demain matin, il faut être capables de faire appliquer
cette interdiction, sinon on va faire rire de nous. Dans ce sens, le
règlement sur les véhicules tout terrain sera copié sur le
modèle de la pratique de la motoneige.
Mme Harel: Est-ce que le ministre entend alerter l'opinion
publique? Il connaît les résultats que cela peut donner. Je pense
que les campagnes menées sur la sécurité routière
ont quand même eu des effets positifs. Entend-il alerter l'opinion
publique sur les méfaits réels, sur les inconvénients et
sur les désavantages de ce type de sport?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, je me
retrouve dans une situation où je prends une responsabilité qui,
normalement, devrait être dévolue à quelqu'un d'autre, soit
celle de réglementer la pratique de ce sport, compte tenu du fait que le
ministre des Transports se retrouve responsable de la Régie de
l'assurance automobile et responsable du ministère des Transports. Quant
au ministère des Transports lui-même, il n'a pas grand-chose
à voir avec les véhicules tout terrain. Ce sont davantage des
véhicules de loisirs, chez nous, à tout le moins, alors que, dans
les Territoires du Nord-Ouest, ce sont des véhicules de travail, ce qui
est fort différent.
Maintenant, est-ce que je devrais prendre la responsabilité d'une
campagne de publicité ou de sensibilisation sur les effets nocifs de
l'utilisation du véhicule tout terrain? Je ne suis pas convaincu que ce
devrait être le ministère des Transports, mais peut-être
faudrait-il davantage réussir à convaincre la Régie de
l'assurance automobile. Mais, encore là, elle a très peu de
poigne sur les véhicules tout terrain, puisqu'elle n'est et ne sera
responsable que dans la mesure où le véhicule tout terrain,
traversant une route, est frappé par une automobile, de la
même manière qu'une motoneige. Il reste quand même qu'il y
a, à ce niveau, une responsabilité gouvernementale à
être assumée. Je vais voir avec tous ces intervenants s'il n'y a
pas possibilité effectivement de faire un certain nombre de choses
à ce niveau. Il y aura certainement une publicité qui entourera
l'adoption du règlement et on verra par la suite. (21 h 15)
Mme Harel: On dit que les Québécois sont
très soucieux des questions relatives a l'environnement et que,
lorsqu'ils sont interrogés dans les sondages, une des
préoccupations centrales qu'ils manifestent est celle de
l'environnement. Il serait certainement utile de faire une campagne sur les
méfaits sur la faune, la flore, les accidents et les coûts
engendrés par ce type de véhicule et son usage.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous me donniez la
possibilité de choisir entre une campagne publicitaire pour parler des
effets de la pratique ou le même argent versé à la
fondation d'une fédération qui encadrerait la pratique de ce
sport, je le verserais davantage à une fédération qui
encadrerait la pratique de ce sport.
Pour ce qui est de la motoneige, il y a beaucoup d'autodiscipline et
même eux, dans leur pratique, ont implanté un système
d'infraction qui fait en sorte qu'un certain nombre de conducteurs de ces
véhicules commettant des infractions doivent verser des amendes qui,
elles, servent à financer la fédération de motoneige. On
doit rendre hommage aux motoneigistes qui ont pris leur affaire en main. C'est
une pratique qui est devenue maintenant beaucoup plus civilisée qu'elle
ne l'était à l'époque et c'est vers cela qu'il faut tendre
pour les véhicules tout terrain.
Les autobus GM
Mme Harel: Le dossier des autobus GM. La compagnie GM semble
toujours maintenir une réparation de l'ordre d'au plus 2 000 000 $ pour
une évaluation de dommages qui est è peu près de l'ordre
de 10 000 000 $. Est-ce que sont là des chiffres exacts?
M. Côté (Charlesbourg): Voici ce que GM a
accepté de reconnaître comme responsabilité dans les
véhicules fabriqués par GM. On a presque imposé aux
commissions et aux sociétés de transport, en termes d'achat...
Vous savez, ce fameux regroupement des achats qui a même permis à
certaines sociétés ou commissions de transport d'acheter plus
d'autobus qu'elles n'en avaient besoin. Effectivement il y a eu de la rouille
prématurée sur certains véhicules. GM reconnaît,
dans les négociations jusqu'à maintenant, une
responsabilité de 8000 $ par véhicule pour une commande de 300
véhicules. Ce qui veut dire 2 400 000 $ de reconnaissance de GM quant
à ia détérioration de certains véhicules.
Quant a nous, nous avons acheminé, a l'intérieur des
comités ministériels du Conseil du trésor, les
décisions du Conseil des ministres d'il y a deux semaines quant à
l'autorisation de la commande d'achat d'autobus pour les trois prochaines
années, jusqu'en mars 1990, qui devrait totaliser 333 véhicules,
si ma mémoire est fidèle, incluant la possibilité pour la
société de transport de la rive sud de Montréal de mener
pendant un certain temps l'expérience des véhicules
articulés urbains, ce qui pourrait diminuer d'autant la commande
d'autobus mais qui la maintiendrait quand même à son niveau de
300, pour faire en sorte que l'on puisse récupérer les 2 400 000
$ de GM, donc de reconnaissance. Chaque véhicule sera vendu au prix
coûtant moins 8000 $, ce qui profitera à chacune des
sociétés ou commissions de transport qui affecteront cette somme
ou l'ont déjà affectée en partie à la
réparation des véhicules qui ont subi une usure
prématurée, compte tenu de la qualité de leur
construction.
Mme Harel: Les frais de réparation totalisent environ 10
000 000 $. Est-ce là l'estimation qu'a faite le ministère pour
les sociétés de transport qui ont acheté ce
véhicule?
M. Côté (Charlesbourg): On m'informe qu'au
départ la réclamation des sociétés, des commissions
de transport était de 5 000 000 $.
Mme Harel: 5 000 000 $. Le gouvernement fédéral a
mené une enquête sur l'état de ces autobus. M. Crosbie
avait fait connaître, en réponse à une demande en ce sens
de Transport 2000, que la Direction de la sécurité
routière et de la réglementation automobile du ministère
des Transports fédéral menait une enquête relativement au
problème qui touche les modèles d'autobus dont vous faites
mention. Ces enquêtes peuvent être menées
complètement en parallèle à celles du ministère des
Transports du Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Vous vous souviendrez que,
lorsqu'on a adopté le Code de la sécurité routière,
on a fait état de certaines pièces et de certains
éléments à être ajoutés aux véhicules.
On a toujours dit: Ce sont des éléments qui doivent relever du
fédéral parce que la fabrication de véhicules, chez nous,
relève d'une loi fédérale. C'est donc à la
lumière de cette loi que le fédéral
a décidé d'enquêter, avec, comme principal motif, la
sécurité. On me signifie qu'on ne sait pas s'il cherche encore ou
s'il a trouvé. On n'a pas eu les résultats jusqu'à
maintenant. On aura possiblement le temps de remplacer les
véhicules.
Mme Harel: C'est là un bel exemple de la bureaucratie
fédérale.
M. Côté (Charlesbourg): De la...?
Mme Harel: Hal Ha! Hal
Les écoles de conduite
M. le Président, il y a un dossier qui a connu des
difficultés et ces difficultés, loin de s'atténuer,
semblent aller en s'aggravant, c'est celui des écoles de conduite
automobile. L'an dernier, le ministre, à la suite d'une
représentation qui lui avait été faite en ce sens, a
acquiescé à la demande d'un moratoire sur l'émission des
permis d'écoles de conduite. Mais je pense que le ministre n'avait pas
eu la sagesse de faire en sorte que l'annonce qu'il en faisait corresponde
à la mise en vigueur immédiate d'une telle demande, ce qui fait
que, loin d'atteindre l'objectif qu'il poursuivait, c'est l'effet
complètement inverse qui s'est produit. Si l'État avait perdu le
contrôle des permis, là c'était une multiplication de
demandes de permis qui a fait en sorte que, présentement, au moment
où les permis devraient être gelés, on se réveille
avec 90 nouveaux permis d'écoles de conduite. Est-ce que c'est bien la
situation, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. On va reprendre cela
depuis le commencement. Toute vérité, dans mon livre à
moi, est bonne à dire et je vais vous la dire. J'étais d'abord
contre le gel des permis d'écoles de conduite. Le Québec est la
seule province où il y a l'obligation de suivre un cours de conduite
automobile. J'ai reçu à plusieurs reprises les
représentants de l'Association des propriétaires d'écoles
de conduite qui, comme bien des associations, sont venus revendiquer et bien
étaler leur liste d'épicerie sur un certain nombre de sujets.
Comme, depuis 1971, après l'adoption de la loi, jamais personne n'avait
pu adopter un règlement sur les écoles de conduite automobile,
j'avais décidé qu'il y aurait un règlement
régissant les écoles de conduite automobile; on aréussi à passer à travers, et à en faire
adopter un, quoique imparfait, mais pas toujours selon la bonne volonté
ni le souhait de l'Association des propriétaires d'écoles de
conduite automobile. On l'a fait adopter et on leur a dit: II est en
application et, dans la mesure où il y a des déficiences, on est
là pour le réévaluer, mais pas uniquement au profit des
écoles de conduite parce que les écoles de conduite sont d'abord
là pour donner de l'enseignement à des gens qui, demain matin,
vont conduire des automobiles sur la route. Donc, nous avons analysé
plusieurs demandes. Nous avons tenté de donner des réponses
satisfaisantes, ayant toujours à l'esprit que c'était pour celui
qui, demain matin, serait le conducteur d'un véhicule sur la route.
À l'approche de leur congrès qui s'est tenu à
Orford, une semaine avant, les gens de l'association sont revenus me voir avec
deux demandes extrêmement pressantes auxquelles ils voulaient obtenir
réponse à leur congrès: le gel des permis d'école
de conduite et un tarif minimum pour la dispensation des cours. Relativement au
tarif minimum, j'ai dit que la loi du marché jouerait et qu'il n'en
était pas question. Je me suis finalement laissé attendrir sur le
gel des permis.
Effectivement, il y a une certaine relation - du moins, je le croyais -
entre le coût payé et la qualité du cours. Du moins, il
était possible qu'il y ait une relation entre les deux. C'est à
ta dernière minute que je me suis laissé convaincre de geler le
nombre de permis d'école de conduite. On a alors insisté pour que
l'annonce se fasse au congrès; ce que j'ai fait. Si vous me posez la
question: Referiez-vous la même chose? Je vous dis: Non, je ne referais
pas la même chose. Je me souviens de leur avoir dit textuellement: II y
aura gel, effectivement, des permis d'école de conduite, mais, dans la
mesure où cela ne donnerait pas les résultats souhaités ou
escomptés, je me charge de lever le moratoire très rapidement. Ce
n'était pas clair dans mon esprit et j'avais encore des doutes que cela
servirait bien, non pas les écoles de conduite, mais ceux qui vont
chercher des cours dans les écoles de conduite. Cela allait très
bien jusqu'à ce qu'on fasse une interprétation comme on a voulu
la faire.
À ce moment-là, je leur avais dit: II faudra donc,
à l'intérieur du Code de la sécurité
routière, me donner le pouvoir de faire un gel, ce qui a
été adopté au mois de décembre. Ce n'est donc pas
avant le 1er janvier qu'on a pu adopter le règlement et, donc, faire en
sorte qu'au 1er janvier il n'y ait plus d'émission de permis. Où
est-ce que le bât blesse? Le bât blesse au moment précis
où l'Association des propriétaires d'écoles de conduite
voit des membres très influents de son cercle multiplier des demandes de
permis d'école un peu partout sur le territoire. Si quelqu'un utilise
davantage l'audio visuel et offre peut-être, dans certains cas, un
meilleur encadrement dans la dispensation des cours et de la matière,
met ainsi en péril certaines écoles de conduite encore
très très traditionnelles qui voient là la
possibilité de perdre un certain marché. Là où le
bât blesse, c'est
qu'un certain nombre, de permis ont effectivement été
demandés avant la fin décembre 1986 et la régie, ne
pouvant traiter toutes les demandes dans ce délai, en a effectivement
traité un certain nombre et remis les permis. Dans le cas de
l'association, cela ne crée pas de problème pour tous les permis
qui ont été émis avant la fin de décembre.
Là où l'imbroglio se produit, c'est lorsqu'on émet des
permis après le 31 décembre pour des demandes faites avant la
période du moratoire, du gel. C'est là que le problème est
entier et qu'il y a contestation par l'Association des propriétaires
d'écoles de conduite du Québec. (21 h 30)
Si j'avais a le refaire, comme je veux vous dire toute la
vérité, je ne le referais possiblement pas de la même
manière, je ne céderais peut-être pas aussi rapidement aux
pressions d'une association qui applaudissait à tout rompre le soir
où je l'ai annoncé, dans les conditions que vous connaissez.
Mais, compte tenu de la vigilance de certaines écoles ou de certains
individus qui ont demandé des permis, au lendemain, ils se retrouvent
contestés. Je pense que le ministre a démontré et
témoigné la-dedans une bonne foi. Je ne peux pas
nécessairement en dire autant de tous ceux qui interprètent le
règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. le Président. Je ne veux pas intervenir
sur le fond des choses, à savoir si le ministre a légalement bien
agi ou non. Enfin, le juge aura à décider si les causes pendantes
devant la Régie de l'assurance automobile du Québec, à la
date du 14 janvier, devaient ou pas obtenir le délai du deuxième
décret du 18 février. Je pense qu'un savant juge est en train
d'examiner cette question. La question de la légalité sera
décidée par d'autres.
M. Côté (Charlesbourg): Mais s'il n'y avait pas eu
un moratoire?
Mme Harel: C'est une question, comme je le dis, de prudence.
Est-ce que, d'une certaine façon... L'objectif recherché - on
peut le constater - est exactement l'inverse de ce qui a été
obtenu. On peut reconnaître qu'il y a 90 nouveaux permis.
Ce que j'aimerais surtout savoir du ministre ce soir - je ne sais pas
s'il a la réponse, je pourrais comprendre qu'il ne l'ait pas tout de
suite et qu'il puisse l'obtenir de la Régie de l'assurance automobile du
Québec - c'est beaucoup plus en ce qui a trait à la question des
permis inopérants. Peut-on obtenir un permis pour plus tard? En d'autres
termes, c'est cela qui m'a semblé, dans tout ce dossier, être le
coeur du litige.
Vous voyez, on pourrait en discuter très longuement, ce n'est pas
nous qui allons en décider maintenant, n'est-ce pas? On pourra toujours
légiférer après. Sur la question de la
légalité, comme je le répète, de l'émission
des permis, il y a, de toute évidence, des permis qui ont
été émis en sachant qu'ils allaient être
inopérants. Des permis sont actuellement inopérants. Est-ce que,
à la connaissance du ministre - je lui pose la question - il suffit
d'avoir l'intention d'ouvrir une école de conduite pour obtenir un
permis?
M. Côté (Charlesbourg): À ma pleine
connaissance, il faut que quelqu'un qui obtient un permis l'exploite. C'est
pour cela que la Régie de l'assurance automobile du Québec a
engagé du personnel supplémentaire, dès le mois de
février, pour faire ce qu'on n'avait pas fait depuis déjà
fort longtemps: aller vérifier sur place, dans chacune des
écoles, ce qui s'y passe et si les conditions de délivrance du
permis sont respectées. Il y a donc présence sur le terrain,
actuellement; il y a des gens de la régie qui ne font que cela et qui,
effectivement, vont vérifier partout, y compris dans des écoles
où il y a des permis qui ont été émis il y a
quelques années, afin de vérifier si tout se passe de
manière conforme.
On se souviendra que, l'hiver dernier, des écoles de conduite ont
fait l'objet de poursuites pour des permis qui étaient
délivrés à des individus qui ne suivaient même pas
de cours et qui, moyennant une certaine compensation financière,
pouvaient obtenir un certain nombre de choses. Dans ce sens, cela se poursuit
et quelqu'un qui obtient un permis doit nécessairement l'exploiter.
Mme Harel: Alors, une des conditions de délivrance, c'est
donc que la concession soit faite pour une activité. En fait, il faut
que l'école soit en activité pour qu'il y ait délivrance,
au sens où l'entend le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II y a un certain nombre de
conditions pour l'obtenir. D'abord, il faut un local...
Mme Harel: C'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): ...et certaines autres
conditions dont je ne me souviens pas, mais qui font partie de la demande et
dont la preuve doit être faite pour l'obtention du permis. Dans ce
sens-là, c'est assez clair. Effectivement, je pense qu'on peut admettre,
aujourd'hui, que l'effet recherché par cette mesure n'a pas
été atteint. À la lumière des jugements qui
sortiront, je l'espère très bientôt, pour le
bénéfice de tout le monde, on fera les analyses qui s'imposent et
on
prendra les décisions qui nous paraissent justifiées
à ce moment-là.
Tout ce débat n'augmente pas, pour autant, la qualité des
cours dispensés. Il n'augmente pas, pour autant, la qualité des
personnes ou l'aptitude des personnes à conduire un véhicule
lorsqu'elles sortent de là. Dans ce sens-là, nous avions
souhaité -on va accélérer le processus - publiciser les
résultats des élèves qui suivent des cours dans des
écoles de conduite pour être capables de qualifier un certain
nombre d'écoles qui dispensent un bon enseignement et qu'il serait
peut-être davantage utile d'aller fréquenter que d'autres,
laissant aux individus le choix, compte tenu de la performance de chacune des
écoles.
Mme Harel: Vous dites, M. le ministre, que vous avez l'intention
que cela soit fait?
M. Côté (Charlesbourg): On l'a déjà
examiné et je pense que, dans le contexte actuel, ce serait
assurément souhaitable qu'on puisse mettre sur pied ce processus.
Mme Harel: Mais c'est examiné par la Régie de
l'assurance automobile?
M. Côté (Charlesbourg): La Régie de
l'assurance automobile. D'ailleurs, cela fait partie de l'examen
préparé par la Régie de l'assurance automobile. On a
toutes sortes de trucs, vous savez, pour être capable de découvrir
l'examen. Dans certaines écoles, on ne vise pas à faire
connaître le Code de la sécurité routière, mais on
vise à faire connaître les questions aux réponses qui
pourraient être posées. C'est une philosophie tout autre qui
devrait présider aux écoles de conduite, qui ferait en sorte
qu'on fait connaître l'ensemble du Code de la sécurité
routière et non pas les réponses à 30, 40 ou 50 questions
possibles à l'examen.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
nous avez dit: La Régie de l'assurance automobile a mis du personnel
supplémentaire...
M. Côté (Charlesbourg): Supplémentaire.
Mme Harel: ...sur le terrain pour aller vérifier si les
activités sont existantes...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: ...dans les écoles. Mais comment les permis
ont-il pu être délivrés en janvier et en décembre
dernier? C'est, quand même, 90 ou 91 nouveaux permis...
M. Côté (Charlesbourg): 80 ou 84.
Mme Harel: ...84 nouveaux permis qui l'ont été sans
qu'il y ait, finalement, une étude minutieuse pour vérifier s'ils
ont été octroyés...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Harel: J'ai justement vérifié les conditions de
délivrance et, comme vous le disiez, il faut que les lieux soient
salubres, avec l'équipement requis, que les locaux respectent des normes
prévues. Pourtant, j'ai le nom de cinq permis qui ont été
octroyés en décembre dernier sans qu'il y ait, encore maintenant,
cette semaine, des activités qui s'y rattachent.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. II faut quand
même faire attention. Les conditions de délivrance sont celles que
vous évoquez: des locaux salubres, ce sont les exigences de base.
Mme Harel: Est-ce qu'un bail suffit? Est-ce que l'intention,
plutôt, d'occuper tel local suffit?
M. Côté (Charlesbourg): Pas l'intention, c'est
l'occupation. D'accord? C'est l'occupation, mais un bail signifie que vous
occupez. S'il y a des carences à ce niveau-là, on les corrigera,
mais les permis, du moins à ce que me certifie la Régie de
l'assurance automobile, ont été délivrés dans la
mesure où il y avait eu effectivement inspection d'officiers de la
Régie de l'assurance automobile.
Mme Harel: M. le ministre, je vais vous faire parvenir...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Je ne veux pas les déposer parce qu'on pourrait
porter atteinte à ces organismes, j'aimerais mieux que vous le
vérifiiez. Je vais vous faire parvenir les noms de ces entreprises pour
que vous vérifiiez si mes renseignements sont exacts et si ces permis
ont été octroyés sans qu'il y ait des
activités.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on vous donnera
même le nom de la personne qui a visité les lieux et la date. La
distinction qui m'apparaît extrêmement importante, c'est que - je
ne sais pas si je l'ai fait ressortir suffisamment - le fait d'avoir un local
salubre qui réponde aux conditions ne crée pas d'obligation, pour
autant, de l'occuper. Il y a une distinction très nette entre les deux
et, lorsque je ferai rapport à Mme la députée de
Maisonneuve pour les cinq cas, je lui fournirai des renseignements
supplémentaires quant à la distinction entre répondre aux
conditions et occuper des
locaux.
Mme Harel: Et ça m'amène à poser une
question de fond qui est celle des franchises en matière de permis. Dans
la mesure où, comme le disait le ministre, le Québec a
imposé l'obligation des cours de conduite et dans la mesure où
les permis qui sont octroyés sont des privilèges, ces permis sont
parfois utilisés dans le cadre de franchises et ils sont revendus.
Quelle est la position du ministère et du ministre à
l'égard de l'usage des franchises dans le cas de l'émission de
permis? Parce que le permis n'est plus titularisé. Un permis de taxi ou
un permis de camionnage, c'est un permis qui est titularisé. Dans la
mesure où les franchises entrent en ligne de compte, le permis n'est
plus titularisé.
Le Président (M, Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
c'est un dossier qui, depuis...
Mme Harel: Ce n'est pas simple.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas simple, non.
C'est un dossier qui, depuis 1970, a des hauts et des bas en termes de
règlements. On m'informe que, si toute la réglementation
était très bien appliquée dans son
intégralité, il y aurait peut-être certains visages qui
disparaîtraient de la pratique.
Cela étant dit, le permis appartient effectivement à un
individu. Ce que fait Tecnic ou Lauzon qui sont les deux visées, c'est
qu'elles vont équiper un local pour faire en sorte qu'il y ait tout ce
qu'il faut pour dispenser les cours et, par la suite, elles revendent cette
formule à un utilisateur qui, lui, est détenteur du permis et,
donc, respecte la loi.
C'est un peu comme les Maisonnée ou les Provi-Soir. C'est le
même principe. Dans ce sens-là, personnellement, je n'ai pas
d'objection de fond à ce que Tecnic ou Lauzon puissent avoir 30 % ou 40
% du marché dans la mesure où elles donnent des bons cours et
dans la mesure où les élèves qui en sortent sont mieux
qualifiés et connaissent davantage le Code de la sécurité
routière.
Je pense que c'est davantage ça qui doit nous préoccuper
que les propriétaires qui, eux, bien sûr, veulent gagner leur vie
et c'est normal. C'est davantage la qualité de l'élève qui
sort au bout de l'exercice et le fait que l'utilisation du réseau
routier devienne plus sécuritaire. Dans ce sens-là, c'est
davantage de ces gens-là qu'on doit se préoccuper que de ceux des
écoles.
Mme Harel: Oui, mais, M. le Président, il demeure que,
à moyen terme, l'objectif de sécurité routière peut
lui-même être mis en péril s'il se développait une
sorte de monopole sous la forme de franchises qui occuperaient toute
l'industrie. Compte tenu de l'obligation des cours de conduite et compte tenu
qu'une seule offre pourrait être transmise, alors, il n'y aurait plus de
choix possible.
M. Côté (Charlesbourg): Mais on n'en est pas...
Mme Harel: On n'en est pas là, mais je retiens une chose
de ce que le ministre a dit et je veux en être bien certaine. Il a dit
que toute cette technique de franchisation ne présente pas de
problème. C'est une technique commerciale, elle en vaut d'autres. Ce
n'est pas là la difficulté, c'est dans la mesure où le
permis n'est plus individualisé. Le ministre a dit: La franchise ne pose
pas de problème parce que, quand il y a revente de toute la "outfit",
qui est prête à servir, il reste que l'acheteur va avoir un permis
qui est titularisé.
M. Côté (Charlesbourg): À son nom.
Mme Harel: Je pense que ce n'est pas la situation
présentement. C'est là que le bât blesse. Si cela
n'était que de la technique commerciale, mais les exemples de permis que
j'ai ont tous été émis à la même personne,
cinq permis, et c'était à la compagnie Tecnic.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais cela
n'empêche pas un individu d'avoir plus d'un permis.
Mme Harel: Oui, il détient les permis, mais, lorsqu'il y a
franchise, la personne qui va avoir, comme l'a si bien dit le ministre, la
responsabilité en matière de formation a la
sécurité routière n'est pas celle qui, devant la loi, est
détentrice du permis.
M. Côté (Charlesbourg): On va faire une
dernière vérification, parce que je ne veux pas...
Mme Harel: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): ...vous induire en erreur
volontairement. On va tenter de rejoindre quelqu'un de la régie qui
pourra nous informer.
Mme Harel: M. le Président, je propo serais de suspendre
cinq minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend
maintenant sea travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 48)
(Reprise à 22 h 2)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux. Au moment de notre suspension, nous en
étions au programme 1, élément 2. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions'' M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): À propos des
écoJes de conduite, les conditions sont les suivantes: un cautionnement,
un lieu d'affaires et un bail; elles sont extrêmement importantes. Et le
permis est délivré non pas à une école, mais
à un individu, ce qui n'empêche pas un individu d'avoir quatre ou
cinq permis d'école de conduite. Dans ce sens, après
vérification, le permis est donné à un individu et non pas
à une marque de commerce. Il y a quelques jours, il y avait 461 permis,
il y en a maintenant 458. Pour diverses raisons, trois auront
abandonné.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Cet individu qui peut se voir délivrer quatre
ou cinq permis ou plus peut-il les louer sous forme de franchise à
quelqu'un qui exploite, au sens du règlement, qui maintient
l'école en service, donc qui dispense le cours de sécurité
routière, le cours de conduite automobile sans être, pour autant,
redevable à l'égard de la Régie de l'assurance automobile,
sans être le titulaire du permis?
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas de
réponse.
Mme Harel: De toute façon, on va vous faire parvenir les
cas.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on va les
vérifier.
Mme Harel: C'est un exemple qui va nous permettre d'illustrer ou
pas le problème.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions è l'élément 2?
Le financement du transport en commun
Mme Harel: Oui, concernant, cette fois, le transport en commun.
Le ministre a fait connaître la tenue de la commission parlementaire sur
le financement du transport en commun à Montréal et, lorsqu'il
l'a fait, lors du congrès des maires de la banlieue de
Montréal, il a évoqué l'utilité d'examiner
divers modes alternatifs de financement. II en a énuméré
quelques-uns sous un mode interrogatif. En parlant des nouvelles sources de
financement, il a énuméré un certain nombre
d'hypothèses, notamment une taxe d'affaires spéciale pour les
commerces qui bénéficient de l'achalandage du métro et une
réorientation de la politique gouvernementale en matière de
stationnement. Il a également examiné l'hypothèse du
covoiturage et celle des systèmes légers de transport en commun
en réservant les corridors routiers, également l'interdiction de
l'accès des ponts aux véhicules lourds à certaines
heures.
Est-ce qu'au ministère, on étudie ces modes alternatifs de
financement? Est-ce qu'on entend simplement se fier aux recommandations qui
viendront du milieu municipal lors de la commission parlementaire?
M. Côté (Charlesbourg): Au ministère, on
réfléchit aussi, avec la sagesse et la pratique acquises au fil
des ans, sur différentes hypothèses. Le séjour en France
nous a permis de vérifier un certain nombre de choses au chapitre du
financement du transport en commun. Il y aurait d'autres éléments
qui pourraient s'ajouter à la réflexion qui doit être
publique et qui concerne tout le monde, quant au mode de financement du
transport en commun. Au moment où le gouvernement dit, quant à
lui, qu'il a atteint la limite de ses capacités de payer, au moment
où, je crois, l'usager a effectivement atteint, à 33 %, ses
limites de payer, au moment où les municipalités disent avoir
atteint leurs limites, puisque c'est un devoir qu'on leur a presque
imposé au fil des années, il va forcément falloir trouver
soit une solution à l'intérieur de la rationalisation de nos
dépenses, soit de nouveaux moyens de percevoir l'argent qui serait
affecté au transport en commun.
Sous cette facette, il y a deux volets extrêmement importants. Il
y aura le financement des immobilisations nécessaires pour
compléter l'offre de transport en commun. Il y a aussi l'aspect des
coûts de fonctionnement, du financement du fonctionnement de ces
différents systèmes. Initialement, nous voulions que la
commission ne porte que sur les immobilisations. Les représentants de la
Communauté urbaine de Montréal nous faisant valoir qu'il
faudrait, quand même, laisser une place au financement du fonctionnement,
nous avons acquiescé parce que, de toute manière, les individus
s'en seraient, quand même, arrogé le droit et en auraient
discuté.
En France, il y a des pratiques qui sont extrêmement
intéressantes. Il y a, d'abord, le versement transport, qui a
été instauré en 1973 et qui a fait que le gouvernement a
décentralisé la gestion du transport en
commun. Par ce versement transport, on permet aux communautés
régionales regroupées de prélever, auprès des
employeurs de plus de dix employés, un pourcentage sur la masse
salariale, avec des variantes qui doivent tenir compte d'un certain nombre de
choses, effectivement. Grosso modo, cela permet de prélever, pour des
regroupements de moins de 100 000 de population, 1 % et 1,5 %, pour des
regroupements plus substantiels où il y a un métro ou un tramway.
C'est le cas de Lyon. C'est le cas de Grenoble. Dans le cas de
l'agglomération de Paris, qui est quand même
l'élément moteur de toute la France, on a l'autorisation de
prélever jusqu'à 2 %.
L'autre élément très intéressant, outre le
versement transport, c'est l'obligation, depuis 1982 ou 1983, pour les
employeurs, de payer 50 % de la carte orange. Donc, pour les personnes qui
doivent utiliser le transport en commun pour aller travailler, 50 % du
coût de la carte orange, donc de la carte mensuelle, sont payés
par l'employeur. Cela signifie très nettement que ceux qui
décident de s'implanter dans un territoire donné et qui, par
conséquent, créent l'obligation à la personne qui y
travaille de se déplacer par le transport en commun, défraye une
partie des coûts, de telle sorte que, si demain matin le gouvernement du
Québec décidait à nouveau d'investir dans des immeubles
pour ses fonctionnaires au centre-ville de Montréal, il serait
lui-même assujetti, si c'était appliqué ici, a payer 50 %
du coût du transport directement à l'employé, celui-ci
payant la totalité par la suite de la carte orange. Donc, une
intégration de toute l'offre de transport en commun qui est
extrêmement intéressante.
Il y a plusieurs autres scénarios évoqués à
l'époque, qui font l'objet d'une réflexion et qui vont
très certainement servir à alimenter la commission parlementaire
et à susciter des débats dans la mesure où il n'y en
aurait pas lors de la commission parlementaire et faire en sorte que, si des
gens se présentent et n'ont pas de solutions,, mais uniquement des
demandes, l'on puisse jouer le rôle véritable de la commission
parlementaire où chacun peut se brasser et brasser des idées.
Mais ceux qui pensent que ce sera une commission de tout repos, il leur suffira
de venir demander un deuxième métro, un troisième ou un
quatrième pont, et je leur souhaite bonne chance pour passer au travers
de la commission. Mais ce que l'on vise, c'est véritablement que chacun
s'interroge, que chacun prenne ses responsabilités et que chacun, autant
que possible, puisse y aller de ses propositions et de ses solutions.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Est-ce que le ministre entend déposer des
études en préparation des travaux de la commission?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai à revoir un
texte qui a été terminé il y a à peine quelques
heures par les personnes chez nous qui sont responsables du dossier, un texte
qui se veut très neutre au départ, et cela a toujours
été très clair. C'est l'historique du transport en commun
et quelques mises en situation. Il s'agit d'un texte très neutre qui
pourrait servir à ceux qui auraient envie de venir déposer des
mémoires ou qu'on invitera. C'est un guide, mais il n'y a pas de
révélation spectaculaire là-dedans; il n'y a pas, non
plus, de solution a tous nos problèmes, parce que, avoir les solutions
avant même d'aller en commission parlementaire, je trouverais cela un peu
osé.
D'autre part et en parallèle, il ne faut pas oublier que, de par
la volonté des présidents de commission de transport, qui sont
donc des élus regroupés au sein de l'ATUQ, avec le
ministère, il y a des rencontres régulières qui se
tiennent et où on parle du financement du transport en commun. Il y a
certains dossiers qui cheminent à ce moment-là et qui pourraient
peut-être même connaître un aboutissement avant la tenue de
la commission, comme cela a été le cas pour le renouvellement de
la flotte d'autobus. À ce moment-ci, il n'est pas prévisible que
l'on puisse régler d'autres dossiers avant la commission
elle-même, mais il y a beaucoup de dossiers qui cheminent pour qu'on
s'entende au moins sur la base des mêmes données pour avoir une
bonne compréhension de la situation. Tout ce qui est disponbile, bien
sûr, pourra être rendu public et mis à la disposition des
participants à la commission parlementaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, c'est certainement une
commission qui va siéger à un moment assez stratégique
parce que toutes les parties savent que c'est déterminant pour un
certain nombre d'années à venir. Et les expériences
à l'étranger sont certainement évocatrices des solutions
qui y ont été trouvées. Le ministre faisait état de
la taxe sur la masse salariale avec les difficultés que cela
représente, par ailleurs, lorsque l'on a des secteurs industriels
à très haut coefficient de main-d'oeuvre qui sont plus
pénalisés. Par exemple, tous les secteurs qui.,. Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Le textile. (22 h 15)
Mme Harel: Le textile, en particulier, évidemment, en
comparaison d'un secteur à haute technologie ou très
automatisé qui s'en tire mieux et est plus à l'abri de ce
genre
de taxe. J'imagine qu'il y a là tout un débat à
faire. C'est, évidemment, utile de pouvoir avoir accès à
toutes ces études qui peuvent faire l'objet des discussions des
présidents de sociétés de transport.
M. Côté (Charlesbourg): Le 18 juin, il y aura un
colloque organisé par les membres de l'AQTR, qui sera très
intéressant puisqu'ils ont choisi d'inviter des "panélistes de
l'étranger" et, en particulier, quelqu'un de Lyon qui viendra faire
état d'expériences sur ie plan du financement. C'est donc un
colloque qui va permettre de brasser des idées et de parler de
financement. Il y aura des gens de la France, de l'Allemagne, de l'Ontario -
qu'est-ce que c'est? - des États-Unis d'Amérique...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...on m'avait remis une note
disant "des gens d'Amérique". Je ne comprenais pas et j'ai dit: Ah! Ce
sont les États-Unis d'Amérique. Ils seront au colloque.
Mme Harel: Il va se tenir à Montréal? M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: À Montréal, très bien.
M. le Président, le temps file. Avant de terminer le volet sur le
transport des personnes, le ministre peut-il nous indiquer où en est
l'état de la flotte de la compagnie Deshaies, compte tenu de
l'inspection qui en a été faite par la Commission des transports
du Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas la Commission
des transports.
Mme Harel: La Régie de l'assurance automobile.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas la Commission
des transports, c'est la Régie de l'assurance automobile qui, sur le
plan de la vérification mécanique, s'est rendue à la
demande de nombreux citoyens des Basses-Laurentides qui ont formulé des
plaintes auprès de la Régie de l'assurance automobile quant
à la qualité des véhicules utilisés pour la
desserte de la CIT des Basses-Laurentides. Selon les informations
reçues, au moins quatre véhicules ont été
retirés de la circulation par suite de la vérification
mécanique. La régie a agi uniquement parce qu'elle a eu des
plaintes de citoyens de cet endroit. Mais, de manière beaucoup plus
systématique maintenant, compte tenu de ce que nous avons adopté
et qui sera en fonction à partir du 1er janvier 1988, il y aura donc des
vérifications mécaniques. Il y aura une obligation à la
vérification mécanique deux fois par année, ce que nous
avons adopté l'automne dernier.
Mme Harel: Très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'élément 2?
Mme Harel: Terminé.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est terminé.
J'appelle maintenant l'élément 3, Transport des marchandises.
Transport des marchandises
Mme Harel: Évidemment, le transport des marchandises
m'agrée. C'est toute la question des trains. Commençons d'abord
par le projet de loi C-18 et on reviendra sur la question des trains de
banlieue éventuellement. Le ministre a fait des représentations
à son homoloque fédéral. Il y a eu une rencontre des
ministres des Transports au début d'avril. Dans l'examen de la question
du transport des marchandises, nous aimerions savoir du ministre, compte tenu
du fait que son homologue fédéral, le ministre Crosbie, s'est dit
prêt à écouter le Québec concernant les
représentations que le Québec a faites à la
conférence des ministres des Transports au début d'avril...
à la fin de mars, plutôt...
M. Côté (Charlesbourg): Le 26 mars.
Mme Harel: Quelles suites ont été données
aux amendements que proposait le Québec au bill C-I8?
M. Côté (Charlesbourg): À l'égard de
C-18, le bilan est moins impressionnant que dans le cas de C-19. Pour C-19, on
a effectivement vu des modifications substantielles être acceptées
par M. Crosbie, le 26 mars. Elles ont été incorporées,
durant les jours subséquents, à l'analyse du Bill C-19. À
la fois, C-18 et C-19 n'ont pas encore franchi toutes les étapes au
Parlement canadien, mais la volonté est toujours présente de les
faire adopter avant l'ajournement d'été.
Dans le cas de C-19, cela nous inquiète moins maintenant parce
que nous avons obtenu ce que nous voulions, et c'est très bien
incorporé dans C-19. Quant à C-18, les interrogations sont
toujours là et il semble bien que l'appui à cette démarche
que nous avons effectuée auprès d'Ottawa a été
moins clair dans le cas de C-18 que dans le cas de C-19. Cela s'explique par le
fait que...
Mme Harel: II y a des provinces qui sont priviligiées
par...
M. Côté (Charlesbourg): La loi sur les transports
des grains de l'Ouest qui a été adoptée garantit des
embranchements de chemins de fer jusqu'en l'an 2000, alors que ce n'est pas le
cas pour l'Ontario, le Québec et les Maritimes. Compte tenu du fait que
les embranchements de l'Ontario sont plus rentables que ceux du Québec,
il y a des impacts éventuels assez inquiétants pour le
Québec.
Mme Harel: Êtes-vous toujours un aussi ardent
fédéraliste?
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
Mme Harel: Restez-vous un tout aussi ardent
fédéraliste?
M. Côté (Charlesbourg): Je reste toujours un ardent
fédéraliste, pas à la sauce Trudeau, mais davantage
à la sauce d'aujourd'hui qui, je pense, a connu un assaisonnement tout
à fait adéquat, compte tenu des circonstances et de
l'évolution de notre fédération.
Mme Harel: Alors, vous ne pense2 pas faire prévaloir les
intérêts du Québec dans ce dossier.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai pas encore
complètement lancé la serviette, compte tenu que des
députés fédéraux provenant du Québec, en
particulier de l'Abitibi et de certains coins du Québec, ont très
clairement manifesté leur approbation, dans les lettres que j'ai
reçues, au contenu de la position québécoise et se sont
fait un point d'honneur de revendiquer auprès de M. Crosbie les
amendements législatifs nécessaires.
Ce que je peux prendre comme engagement, c'est de faire toutes les
vérifications qui s'imposent à la dernière minute de telle
sorte que je puisse, peut-être mercredi, vous faire état des
toutes dernières nouvelles à ce sujet.
Mme Harel: Le ministre a saisi l'opinion publique de la question,
mais entend-il revenir à la charge? Des représentations sont
faites maintenant par les municipalités, en particulier de
l'Abitibi-Témiscamingue - il en a fait mention lui-même. Il y a
peut-être une sorte de torpeur dans certaines régions qui n'ont
pas encore bien mesuré les conséquences que cela pouvait avoir.
Comment entend-il...
M. Côté (Charlesbourg): Fondamentalement, ce qui
nous a aidés dans C-19, c'est que les gens se sont mobilisés avec
nous, alors que, dans le cas de C-18, les deux principales compagnies de chemin
de fer partagent la philosophie de C-18, et nous aussi, quant à
l'obligation d'une réforme à ce niveau-là. Je pense
qu'à peu près tout le monde au Canada est d'accord, puisque
certains chemins de fer étouffent avec la réglementation actuelle
et que la concurrence des chemins de fer américains, avec des contrats
confidentiels qui sont permis, vient créer une compétition indue
aux chemins de fer du Canada. Le degré de sensibilisation de mes
collègues, de mes homologues des autres provinces, s'est
élevée d'un cran le 26 mars lorsqu'on a fait état du
dossier, mais c'est principalement dû au fait que ces contrats
confidentiels concernant les chemins de fer américains
pénétrant en sol canadien venaient concurrencer de manière
indue les chemins de fer de l'Ouest. Quant à ce qui nous fait mal
fondamentalement, l'abandon de lignes de chemin de fer déficitaires chez
nous, cela ne préoccupe pas beaucoup les gens de l'Ouest parce qu'ils
sont protégés jusqu'aux dents et jusqu'en l'an 2000.
Alors, nous allons revenir à la charge au cours des prochains
jours afin de créer une pression additionnelle pour que, à tout
le moins, ce qui jusqu'à maintenant semble avoir été
entendu soit maintenant bien compris.
Mme Harel: Nous pouvons immédiatement assurer le ministre
que nous serions d'accord et que nous appuierions la présentation d'une
motion, par exemple, à l'unanimité de l'Assemblée
nationale sur cette question.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis bien heureux de
l'appui de l'Opposition dans cette démarche. Je me réserve la
possibilité de le faire très rapidement, compte tenu des
dernières informations que je pourrai obtenir demain ou mercredi.
Mme Harel: Alors, nous pourrons faire le point mercredi, lors de
l'étude des programmes de la voirie.
Quant au dossier de la fermeture de l'entretien du CN à
Montréal au profit de l'Ouest, j'ai moi-même rencontré les
représentants des travailleurs qui vont être affectés par
le transfert des activités de Pointe Saint-Charles à Winnipeg.
Bien qu'on sache que c'est là une décision du CN et que cela
relève d'un autre palier de gouvernement, est-ce que le ministre a fait
des représentations? Son homologue a-t-il convenu que c'était
normal qu'il y ait un tel transfert d'activités? Pour le sud-ouest de
Montréal, c'est un coup terrible qui est porté; c'est
l'équivalent de la fermeture d'ITT à Sept-Îles ou à
Schefferville, plutôt. Est-ce que la position du ministre, c'est
d'intervenir dans ce dossier?
M. Côté (Charlesbourg): C'est un
dossier qui est totalement de juridiction fédérale dans ce
cas-ci. II a un impact très sérieux et très bien ressenti
par tous les citoyens de Saint-Henri. J'ai eu l'occasion de l'évoquer
précédemment avec M. Bissonnette, parce qu'il y avait
déjà des rumeurs depuis un certain temps. Les problèmes
que nous avons, c'est que nous avons connu beaucoup de changements au
ministère des Transports: de M. Mazankowski à MM. Crosbie et
Bissonnette; ce dernier est parti, et c'est uniquement M. Crosbie maintenant.
On a fait un certain nombre de messages, bien sûr, mais ce n'est qu'un
pouvoir moral que nous avons dans un cas comme celui-là, compte tenu que
c'est de responsabilité fédérale en totalité.
Nous examinons chez nous certaines possibilités pour aider
principalement en ce qui concerne le renouvellement du matériel roulant,
des trains de banlieue. Cela pourrait éventuellement soulager quelque
peu le phénomène qui se passe actuellement. Mais d'autres ont pu
le faire avant moi, d'autres de mes collègues de qui cela relève
davantage que du ministre des Transports dans ce cas-ci. (22 h 30)
Mme Harel: Cela concerne entre autres votre collègue de
l'Industrie et du Commerce.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Harel: Demain, il y a un grand rassemblement è
Montréal - peut-être en êtes-vous déjà
informé - organisé par les Métallos et par un certain
nombre d'autres syndicats de travailleurs pour protester contre la politique
fédérale de ne pas renouveler le matériel roulant,
c'est-à-dire de ne pas le remplacer par du matériel neuf, mais
d'effectuer une simple modernisation de ce matériel. Y a-t-il des
représentations qui sont faites, à votre connaissance, sur ce
dossier?
M. Côté (Charlesbourg): Normalement, c'est un
dossier qui relève du ministère de l'Industrie et du Commerce.
C'est lui qui aurait dû faire les représentations à ce
chapitre. On me signifie que le ministère de l'Industrie et du Commerce
a effectivement fait les représentations.
Mme Harel: Des représentations auprès du ministre
des Transports?
M. Coté (Charlesbourg): Des autorités
fédérales.
Mme Harel: Je vous poserai la question cette semaine, en Chambre.
Bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Le camionnage en vrac
Mme Harel: Sur le transport des marchandises, le ministre a fait
état, lors du congrès de l'association du camionnage ou à
une autre occasion, je ne me rappelle plus, d'un sondaqe
téléphonique, qui devrait normalement être terminé,
sur la question du camionnaqe en vrac.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord.
Mme Harel: L'étude devrait être
complétée après une consultation qui s'est tenue dans les
régions du Québec. Quel est actuellement l'opinion du ministre
sur la question, compte tenu de ces études et de ce sondage
réalisés?
M. Côté (Charlesbourg): On va peut-être nous
permettre de corriger un certain nombre de rumeurs qui circulent et qui ne
devraient pas circuler. On a évoqué, ce matin, la
déréglementation du transport. Certaines rumeurs circulaient,
parmi les "vraquistes", à savoir qu'il y aurait des intentions de
déréglementation du transport de vrac au Québec, ce qui
est totalement faux. Lorsque j'ai rencontré ou du moins convoqué,
à mon bureau, les représentants des postes, des sous-postes et de
l'ANC AI...
Mme Harel: À la suite du conqrès où le
député de Louis-Hébert vous a remplacé?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, bien avant cela.
Bien avant cela, parce que des gens avaient intérêt à
créer un peu d'effervescence dans le milieu et, comme cela a
été trop souvent le cas, dans le passé, en termes de
pratique, menacer de... J'ai vécu, personnellement, comme
député de Matane, certaines pratiques un peu douteuses de
l'exercice du droit individuel, de 1973 à 1976, où le seul droit
était celui du transporteur de matière en vrac. J'ai vécu
cette période et j'ai aussi vécu la période où mon
prédécesseur, M. Lucien Lessard, plus lointain, avait connu le
blocage systématique du Parlement par des "vraquistes" et avait,
à l'époque, dans le même bureau que j'occupe aujourd'hui,
réussi, pendant un certain temps, un conciliabule, une
néqociation menée et finalement réglée, avec
l'apparition des postes et des sous-postes, ce qui a fait que l'ANCAI -
là où vous êtes allée dimanche après-midi -
du haut de son sapin, est tombée au pied du sapin, par cette
pratique.
Pour bien se faire comprendre, c'est que l'ANCAI était
l'association qui représentait, à ce moment-là, la presque
totalité des détenteurs de permis de vrac. Par la mesure
décidée par M. Lessard, la création de postes et de
sous-postes, l'ANCAI, d'année en année, a périclité
et ne devenait plus représentative de la majorité
des transporteurs de vrac. D'où, perte d'influence, perte de
membres: elle s'est retrouvée dans l'état où on l'a
connue, mais toujours avec les mêmes avocats.
Mme Harel: II y a les bons et les mauvais avocats, n'est-ce pas,
Me Rémiliard?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. J'ai, depuis 1985,
rencontré à quelques reprises -à l'époque
c'était M. Giguère qui en était le président -
quelques personnes et toujours en présence des avocats, bien sûr,
pour discuter d'un certain nombre de dossiers, ce qui nous a amené
effectivement l'an dernier a les rencontrer à leur congrès qui
s'est tenu à l'hôtel Rousillon de Jonquière, où on a
fait état d'une ouverture d'esprit quant à la négociation,
à la modernisation ou au dépoussiérage de notre
réglementation qui permettrait de "revamper" un peu la pratique en ce
qui concerne les détenteurs de permis de vrac.
On a effectivement eu certaines rencontres avec les représentants
de l'ANCAI, qui, d'autre part, étaient constestés quant à
leur représentativité par les postes, par les sous-postes, ce qui
faisait en sorte qu'il était difficile de voir se dégager une
volonté très majoritaire quant aux changements à apporter
à toute la structure. Ce qui fait qu'en février, quelque part
autour du 14 ou du 15 février, à la lumière des
informations qui circulaient qu'il y aurait éventuellement un braquage
sur les routes, pour tenter de régler des problèmes, j'ai
demandé à tout ce beau monde d'être chez nous dans ma salle
de conférence. Il en est venu de la Gaspésie, de l'Abitibi, de la
région de Québec, de partout, et il y avait environ 80 ou 90
personnes qui représentaient tout ce beau monde, tout ce bon monde. On s
discuté pendant une heure et demie ou deux heures de ce qui allait se
passer.
Je leur ai dit à l'époque qu'il n'était pas dans
mon intention de déréglementer le vrac et que j'envisageais
très sérieusement le dépôt d'un projet de loi qui
confirmerait sur le plan juridique la clause 75-25 pratiquée dans sa
forme actuelle et contestée devant les tribunaux. À ce
moment-là, pour tout vous dire, on avait signifié que le ministre
des Transports représentait davantage les entrepreneurs que les petits
transporteurs. Mais, à ce moment-là, en disant que j'allais
déposer un projet de loi confirmant la clause 75-25, ce n'est pas aux
entrepreneurs que je ferais plaisir, mais davantage aux petits camionneurs.
J'ai tenu promesse. La clause 75-25 est dans un projet de loi qui, normalement,
sera appelé la semaine prochaine devant l'Assemblée nationale et
qui, je l'espère, avec le concours de l'Opposition, sera adopté
même avant qu'on quitte au mois de juin, ce qui fera que ce débat
sera clos et que ce qui était une pratique au ministère, qui a
été contestée devant les tribunaux, aura force de loi et,
donc, sera très bien campé dans son exercice à
l'avenir.
C'est ce qui était souhaité depuis déjà fort
longtemps comme point majeur par tous les représentants, et cela fait
l'unanimité. Je leur ai dit aussi, lors de la réunion, que nous
avions besoin, pour faire le dépoussiérage de la
déréglementation, d'avoir une très bonne connaissance de
la pratique et de certaines modifications qui pourraient y être
apportées, et cela, en allant consulter le milieu. C'est ainsi que j'ai
demandé à M. Ouellet, chez nous, de former une équipe et
d'aller faire une tournée en province. Ainsi, ils ont rencontré,
entre le 19 mars et le 30 avril 1987, 6 postes, parce qu'il n'en existe que 6,
pour 34 représentants. Ils ont rencontré 61 sous-postes qui sont
en règle sur les 80, pour 153 représentants, 13 entrepreneurs,
pour 21 représentants, 7 municipalités, pour 14
représentants. Québec et Montréal seront très
bientôt rencontrées. Huit autres organismes
représentés par 24 personnes. Ce qui fait que 114 organismes ont
été rencontrés, pour 246 personnes, qui ont mis dans notre
moulin à viande toute l'information qu'ils connaissaient en termes de
pratique en plus d'un sondage que j'ai commandé visant à
interroger et à obtenir des réponses de 2000 détenteurs de
permis. Cela nous permettrait d'avoir un échantillonnage très
important de ce qu'est le profil de l'industrie, de certaines pratiques. Dans
ce sens-là, on est à terminer toute l'analyse de ces
données et à compléter la consultation, ce qui va faire
que la consultation sera très bien campée en termes d'information
reçue, de demandes de modification. D'autre part, une pratique qui est
plus scientifique, des entrevues téléphoniques à partir
d'un questionnaire à 2000 répondants. Imaginez-vous, 2000
répondants sur 7610 détenteurs de permis, pour 10 248 permis.
Cela signifie un échantillonnage tout à fait exceptionnel et
très représentatif des usages et de la pratique.
À ce titre, nul doute qu'à la lumière de l'ensemble
de ce portrait, qui est du jamais vu dans le vrac, on pourra sûrement
amorcer, au cours de l'été, des rencontres avec le groupe que
j'ai rencontré au mois de février ainsi qu'avec les
entrepreneurs, parce que c'est une cohabitation que cet exercice. Il y a des
plaintes des deux côtés: de la part des détenteurs de
permis de vrac, qui se plaignent de l'abus de l'entrepreneur, et des plaintes
d'entrepreneurs qui nous disent très souvent que, lorsqu'ils demandent
un détenteur de permis de vrac pour transporter de l'asphalte, cela
salit les boîtes. Il y aura donc des rencontres, dans un premier temps,
avec les détenteurs de permis. Par la suite, avec ceux qui peuvent
utiliser les détenteurs de permis. À la lumière de cela,
vers la fin
de l'été, nous allons effectivement compléter les
modifications que nous voudrons voir adopter et procéder à ces
modifications vers le début de l'automne.
Il n'est pas question d'une déréglementation dans le
domaine du transport en vrac. Au contraire. C'est un
dépoussiérage de notre réglementation.
Deuxièmement, la clause 75-25, avant la fin de la session, dans la
mesure où l'Opposition y consentira, sera adoptée et très
bien campée sur le plan législatif.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Je pense que l'ANCAI va finir par remercier le
ministre du doute qu'il a laissé planer sur leur
représentativité et des efforts qu'ils ont faits, depuis,
à consolider cette représentativité. Il fallait voir le
très haut niveau de participation à leur dernier congrès
annuel. C'était un niveau de représentation
inégalé, je pense, dans le passé. Il faut comprendre
combien ils ont consolidé cette présence dans les régions.
Quand le ministre fait grief du fait que tous les camionneurs artisans ne sont
pas membres de l'ANCAI, il faut peut-être constater - et c'est là
une constatation qu'on peut faire dans bien des domaines - que, souvent, les
réformes qui réussissent finissent par faire oublier les causes
qui les ont produites. D'une certaine façon, le fait d'être
bénéficiaire du sous-poste ou du poste a amené plusieurs
artisans à ne pas considérer utile d'être membres de
l'ANCAI, étant donné qu'ils pouvaient profiter des mêmes
avantages. C'est un peu comme un travailleur syndiqué qui a les
bénéfices de la convention collective tout en n'étant pas
obligé de payer son syndicat. Il y a de ça aussi. Dans ce
contexte, qu'il y ait quand même un haut niveau de "membership", c'est
assz exceptionnel. (22 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai jamais douté
de la bonne foi des représentants de l'ANCAI. Tenant compte des
conversations que j'ai eues avec M. Giguère, à plusieurs
reprises, c'est un homme qui a une très bonne expérience de la
pratique, tout comme M. Morin, un camionneur de Mégantic-Compton qui est
actuellement à la tête de l'association. Ce sont des gens qui
vivent de ce métier, qui le possèdent très bien et qui
sont effectivement très représentatifs de la pratique. Là
où cela devient plus emmerdant - je pèse mes mots quand je vous
dis cela -c'est lorsque certains avocats se mêlent de la partie. C'est
aussi clair que cela. Dans ce cas-là, c'est très
évident.
Mme Harel: II faut toujours dépersonnaliser les
problèmes, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas si cela se
dit, mais "désavocatiser" les problèmes.
Une voix: Ce n'est pas M. Rémillard qui sourit.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
Mme Harel: Pour les études dont vous avez fait
état, quand les résultats du sondage téléphonique
seront-ils connus?
M. Côté (Charlesbourg): Pour l'in-formation de Mme
la députée de Maison-neuve, à ce moment-ci, nous
évaluons que 29 % des camionneurs sont membres de l'ANCAI.
Mme Harel: Sont-ce là des chiffres dont vous avez une
certitude absolue, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Avec un
échantillonnage suffisamment important pour croire que cela n'est pas
très loin de la vérité.
Mme Harel: C'est quand même un bon pourcentage dans une
industrie où cela n'est pas obligatoire. Même si l'ANCAI allait
chercher une majorité, il ne serait pas obligatoire d'en être
membre.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne conteste pas la
représentativité de l'ANCAI par rapport à ses membres et
je ne vous dis pas que certaines revendications de l'ANCAI ne feraient pas
l'affaire de l'ensemble des membres. Ce n'est pas cela du tout. Ce que je dis,
c'est que pour avoir une bonne vision de l'ensemble et un bon profil de
l'industrie, ce que nous n'avons jamais eu, il faut aller au-delà de
l'ANCAI, voir d'autres membres. Tant mieux pour eux s'ils se mobilisent
à l'intérieur de l'ANCAI, cela nous facilitera la tâche
quant à l'exercice que nous devrons faire. Cela n'est pas uniquement au
sein de l'ANCAI, et il s'agissait d'être là, au mois de
février, lorsque je les ai tous rencontrés, pour voir de quelle
manière cela se passait, mais les revendications de l'ANCAI sont
claires, heurtent parfois les représentants des postes et
peut-être même ceux des sous-postes, et on départagera tout
cela éventuellement.
Mme Harel: M. le Président, en écoutant
tantôt le ministre parler de sondage téléphonique,
d'échantillonnage très représentatif, je me suis
demandé ce qu'il arrivait finalement des postes et des sous-postes. On
connaît les intentions gouvernementales qui ont trait à la clause
75-25, mais qu'en est-il à propos des postes et des
sous-postes?
M. Côté (Charlesbourg): Là où notre
opinion est bien arrêtée, on le règle par le projet de loi.
C'était la première demande de l'ANCAI ou de l'ensemble de
l'industrie. Nous l'avons donc réglé par l'introduction du projet
de loi. Quant à la deuxième question, postes et sous-postes, la
solution est moins évidente en matière de répartition des
responsabilités, J'ai reçu, chez nous, è l'automne 1986
des représentants des postes qui nous soumettaient un règlement
amendé qui, semble-t-il, était accepté par l'ANCAI mais
qui a été sur le champ contesté par l'ANCAI. Alors, ce
sont des relations pas si faciles dans l'industrie elle-même. C'est bien
sûr qu'il y a bien des gens qui ont gros à perdre ou gros à
gagner, mais, étant convaincu que l'autorité qui tranchera n'a,
elle, d'intérêt nulle part et à la lumière de ce que
nous aurons comme informations, c'est là que sera tranché le
débat avec une solution qui sera à nouveau discutée avec
les représentants de l'industrie, soit l'ANCAI, les représentants
des postes et des sous-postes et avant même qu'elle franchisse les
étapes sur le plan gouvernemental.
Mme Harel: Le seul intérêt que l'on peut poursuivre
est, sans doute, celui du maintien des artisans dans le camionnage en vrac au
Québec. Le ministère est allé en appel sur les deux
jugements concernant la clause et les postes et sous-postes, est-ce qu'il y a
des développements qui sont survenus dans le dossier?
M. Côté (Charlesbourg): Le projet de loi sur la
clause 75-25 va régler de manière définitive ce dossier.
Dans le cas de la contestation du courtage, c'est en appel.
Mme Harel: Est-ce que le ministère veut gagner?
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas de date
d'audience fixée.
Mme Harel: Est-ce que le ministère veut gagner?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais pas
nécessairement poste par poste ou sous-poste par sous-poste, mais
davantage en vrac.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Harel: Quel avocat a-t-il mis au dossier de l'appel sur les
postes et sous-postes?
M. Côté (Charlesbourg): On a presque
été tenté de faire appel à M. Béliveau, mais
c'est le contentieux du ministère qui s'est chargé de ce
dossier.
Une voix: ...
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'il manque de
camionneurs.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Harel: On aura certainement l'occasion, lors de
l'étude du projet de loi, de revenir de cette question. Avant de
terminer, M. le Président, j'aimerais examiner avec le ministre la liste
du personnel de son cabinet.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Bissonnet:
Excellent.
Mme Harel: Excellent cabinet ou excellente question?
M. Bissonnet: Excellent cabinet, les preuves sont là.
Mme Harel: Cela se trouve dans les renseignements additionnels
transmis à l'Opposition. On retrouve une liste qui comprend noms et
prénoms dans l'ordre de classement du personnel. C'est le personnel des
Transports, non pas Transports et Développement régional?
M. Côté (Charlesbourq): Les deux.
Mme Harel: C'est le personnel des deux responsabilités
ministérielles.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, je me plains de
cela depuis déjà un certain temps. Mes
prédécesseurs, M. Le May et M. Tardif, avaient une enveloppe
d'au-delà de 1 034 000 $ pour exercer ces fonctions.
Mme Harel: 500 000 $ chacun.
M. Côté (Charlesbourg): Au-delà de 500 000 $
chacun, alors que j'ai la reconnaissance de 1,25 personne à peu
près.
Mme Harel: Vous savez pourquoi, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui?
Mme Harel: C'est parce que le Conseil du trésor a
décidé de suivre votre leitmotiv, faire mieux...
M. Côté (Charlesbourg): Faire plus avec moins.
Mme Harel: Voilà!
M. Côté (Charlesbourg): Mais je dois vous dire que
si le Trésor a voulu suivre mon exemple il a trouvé le
modèle par
excellence au cabinet du ministre des Transports et responsable du
Développement régional car, effectivement, on fait plus avec
moins.
Mme Harel: Et il y a un seul chef de cabinet, c'est M.
Tourigny?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Et Mme Aube est
directrice de cabinet adjointe au transport terrestre des personnes, alors que
Mme Marie Bédard est directrice de cabinet adjointe pour le
Développement régional.
Mme Harel: Vous faites de l'action positive en faveur des femmes
dans votre cabinet étant donné l'absence chronique de celles-ci
dans votre ministère.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je dois vous dire qu'au
cours de l'année, malgré le fait qu'on se le soit fait reprocher,
il y a Mme Hélène Beaulieu qui a été promue chef de
district à Métabetchouan. Nous allons bientôt ouvrir un
concours pour d'autres chefs de district pour une banque de
disponibilité. Je souhaite ardemment qu'il y ait plusieurs femmes qui
postulent. Aussi, il y a notre directrice du contentieux qui est arrivée
chez nous il y a maintenant près de neuf mois. Comme vous le voyez, dans
mon cabinet, il y a une discrimination positive, bien sûr, à
l'égard du personnel féminin qui, tout au long de ma
carrière, a très bien su me démontrer qu'il avait un sens
des responsabilités tout à fait extraordinaire et une
capacité de production qui pourrait faire rougir bien des hommes. C'est
un des moyens de faire plus avec moins.
M. Bissonnet: Bravo, M. le ministre! C'est bienl
Mme Harel: J'aurais souhaité obtenir leur traitement, pour
savoir si elles étaient traitées en conformité avec les
propos que vous venez de tenir.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Bien... Des voix:
Ha! Ha! Ha!
Mme Harel: Non pas l'élégance avec laquelle vous
les traitiez, mais le montant qui leur était alloué, simplement
pour vérifier si la différence des traitements, er.tre les hommes
et les femmes, reflétait bien l'importance des fonctions qu'elles
occupent.
M. Côté (Charlesbourg): Les deux salaires les plus
importants, outre celui de mon directeur de cabinet, appartiennent, bien
sûr, aux deux directrices adjointes de cabinet et les attachées
politiques féminins qagnent exactement le même salaire que les
attachés politiques masculins; c'est clair.
M. Bissonnet: Très bien! Mme Harel: M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Non. Moi, je trouve cela extraordinaire.
Des voix: Ha! Ha! Ha! Mme Harel: C'est normal.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Je vais vous dire la vérité, je trouve
cela normal.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bissonnet: Je ne m'attendais pas à autre chose que
cela.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, concernant les crédits
périmés pour 1986-1987 - c'est la page suivante des
renseignements fournis par le ministère - en ce qui a trait au transport
terrestre, c'est là l'enveloppe la plus importante, en termes de
crédits périmés, 17 000 000 $. Est-ce que le ministre peut
nous expliquer pourquoi cela a presque doublé, en fait? L'an
passé, les crédits périmés étaient de 8 000
000 $ pour le transport terrestre et ils sont de 17 000 000 $, cette
année.
M. Côté (Charlesbourg): Cela concerne le train de
banlieue, Montréal-Rigaud, principalement.
Mme Harel: Et le train de banlieue, terminons sur Saint-Hilaire,
qu'arrive-t-il?
M. Côté (Charlesbourg): Actuellement, notre
préoccupation consiste davantage à compléter
Montréal-Rigaud. Nous avons une préoccupation pressante pour
MontréalDeux-Montagnes et pour certaines organisations de
transport en commun de la rive sud, en ce qui concerne les CIT. Il faut le
dire, certains CIT de la rive sud de Montréal ont certaines
réticences quant à la compétition ferroviaire. Je pense
qu'il y a encore des négociations à faire avant de
compléter ce dossier, qui fera aussi l'objet des préoccupations
des gens de
la rive sud, au moment de la révision.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions...
Mme Harel: Et sur ces bonnes paroles...
Le Président (M. Saint-Roch): ...à
l'élément 3? Est-ce que ceci complète l'étude du
programme 1?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 1,
Systèmes de transports terrestres, est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère des Transports, comprenant les volets 1, 2,
5, 6, 7 et 8, sont adoptés?
Mme Harel Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Pas les voiets.
Le Président (M. Saint-Roch): Les programmes.
Adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que vous avez des
remarques à faire en conclusion, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux tout simplement
remercier Mme la députée de Maisonneuve de sa
compréhension dans nos discussions et souhaiter, à la fois pour
elle comme pour moi, que nous puissions nous retrouver l'an prochain, à
pareille date, pour battre les records des temps modernes de
longévité d'un ministre des Transports et aussi, par le fait
même, d'un critique des transports.
M. Bissonnet: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le ministre, est-ce que vous oubliez le
député de Matapédia, ma collègue de Dorion, le
député de Nicolet et le député de Jeanne-Mance?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Pas du tout, parce qu'il
nous apparaît très évident qu'il n'y aura pas de
bouleversements profonds en ce qui concerne les membres formant la
commission.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Si, entre-temps, il devait y
avoir des modifications, c'est davantage è d'autres postes Qu'elles
pourraient intervenir.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Le ministre peut-il nous indiquer s'il
considère que les projets de loi pourraient être appelés
dès vendredi?
M. Côté (Charlesbourg): Non, la semaine
prochaine.
Mme Harel: La semaine prochaine.
M. Côté (Charlesbourg): Et j'offre è Mme la
députée de Maisonneuve la même collaboration que par le
passé quant aux tenants et aboutissants des projets de loi, si elle le
juge utile, avant même d'entamer la discussion en Chambre.
Mme Harel: II me semble qu'il serait certainement utile qu'on
procède au même exercice.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, ce sera fait.
Mme Harel: J'espère que les échanqes ont
été fructueux pendant la suspension de 17 à 18 heures.
M. Côté (Charlesbourg): Davantage de 16 à 17
heures.
Une voix: Oui, de 16 è 17 heures.
Une voix: C'était de 16 à 17 heures.
Mme Harel: Ah! C'était de 16 à 17 heures?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Harel: Était-il satisfait?
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Cela nous a permis de
nous distinguer.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci,
Mme la députée de Maisonneuve. Sur ce, j'aimerais
remercier tous les membres qui ont accompagné M. le ministre, pour le
bénéfice des membres de la commission. La commission suspend ses
travaux en théorie jusqu'à 11 h 30, le mercredi 3 juin 1987.
(Fin de la séance à 23 h 1)