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(Douze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La Commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 43, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Est-ce qu'il y a des
remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, un seul
remplacement: Mme Harel (Maisonneuve) sera remplacée par M. Chevrette
(Joliette).
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Au moment de notre ajournement, nous étions à
l'article 3, au paragraphe 105.1. J'appelle donc...
M. Dufour: 165.
Le Président (M. Saint-Roch): 165.1.
Protection des rives, du
littoral et des plaines inondables
M. Dufour: Avant de passer à l'étude de l'article,
est-ce qu'il y a des amendements que vous allez déposer en cours de
route qui seraient déjà prêts et qui nous permettraient
de... 11 y en a peut-être une couple.
M. Bourbeau: M. le Président, à l'article 165.1 je
vais déposer un amendement sur le champ. On a trois amendements. Je
voudrais demander qu'on en fasse parvenir des copies à l'Opposition tout
de suite. Bon alors, je crois comprendre que l'Opposition a déjà
des copies de tous les amendements, sauf les trois que j'ai devant moi ici. Il
y a l'amendement à l'article 165.1, un autre avant l'article 1 et,
également, à l'article 1 lui-même.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, les amendements
étant distribués, nous revenons maintenant à l'article
165.1 et nous avons un papillon.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais apporter un
amendement à l'article 165.1 qui se lirait comme suit: L'article 3 du
projet de loi 43 est modifié par le remplacement de l'article 165.1 de
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme par le suivant. Alors, le nouvel
article 165.1: "Lorsqu'un règlement de zonage, de lotissement ou de
construction dont tout ou partie des dispositions sont applicables aux rives,
au littoral ou aux plaines inondables, entre en vigueur, la commission doit en
transmettre copie au ministre de l'Environnement au plus tard le
trentième jour qui suit celui de l'enregistrement du certificat de
conformité conformément è l'article 223 ou de
l'entrée en vigueur du règlement conformément à
l'article 105. "Pour l'application du deuxième alinéa de
l'article 165.2, un règlement est également réputé
reçu par le ministre si, après le quatre-vingt-dixième
jour qui suit celui de son entrée en vigueur, il donne avis à la
commission et à la municipalité que le règlement est
considéré avoir été reçu le jour qui suit
celui de la signification de cet avis."
M. Dufour: La commission, dans ce sens-là, c'est bien la
Commission municipale?
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: C'est assez clair, en parlant de commission, tout le
monde comprend que c'est la Commission municipale?
Une voix: Oui.
M. Bourbeau: Oui, à l'article 1 du projet de loi on a
défini la "commission" comme signifiant la Commission municipale. M. le
député, l'article 1, paragraphe 3 , de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, dit que "commission" signifie Commission
municipale du Québec.
M. Dufour: Pour l'amendement que vous introduisez, est-ce que
vous avez l'accord des unions? Est-ce qu'elles ont été
consultées? Est-ce que vous avez leur accord?
M. Bourbeau: Nous avons parlé aux présidents des
deux unions de municipalités qui sont entièrement d'accord avec
cette procédure qui vise à faire en sorte que les
règlements municipaux soient acheminés par l'intermédiaire
de la Commission municipale du Québec, plutôt que directement au
ministre de l'Environnement, tel qu'il avait été prévu par
l'article 165.1.
M. Dufour: Cela veut dire qu'à l'avenir ou actuellement,
à partir de cet article, la municipalité qui va demander un avis
de conformité va envoyer une copie de son règlement à la
Commission municipale et c'est la commission qui va informer le ministre de
l'Environnement. C'est bien clair?
M. Bourbeau: C'est exact.
M. Dufour: Donc, la municipalité n'a plus affaire au
ministre de l'Environnement, dans un premier temps.
M. Bourbeau: C'est exact. D'après l'ancien article, la
municipalité devait transmettre elle-même ses règlements au
ministre de l'Environnement. La modification que nous proposons et qui fait
l'accord des présidents des deux unions, vise à éviter
d'obliger les municipalités à faire la transmission directement
au ministre de l'Environnement. Elles vont continuer de faire parvenir leurs
règlements à la Commission municipale du Québec, comme
elle devait le faire de toute façon. La commission, elle, devra faire
suivre ces règlements au ministre de l'Environnement.
M. Dufour: A ce moment-là, è la suite des
informations que vous me donnez, selon lesquelles les unions sont d'accord sur
le libellé de cet amendement...
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
dit. Je n'ai pas dit que les unions sont d'accord sur le libellé, parce
que, le député est au courant, le libellé s'est
négocié hier soir tard et ce matin. Je dis que les
présidents des deux unions ont accepté le principe de la
transmission des règlements par l'intermédiaire de la commission,
plutôt que directement au ministre de l'Environnement. Ils ont
souhaité cette modification parce qu'elle enlève un fardeau aux
municipalités. Maintenant, les modalités ont été
négociées au cours des dernières heures. Le
libellé...
M. Dufour: Pourtant, vous m'aviez fort bien dit que tout avait
été négocié et que tout était
réglé. Je vous avais informé hier, que, même
à 17 heures, tout n'était pas réglé. Ce matin, vous
m'informez de nouveau que cela devrait être réglé. Il ne
faut pas désespérer, on finit toujours par obtenir des petits
gains. La politique des petits pas. Vis-à-vis de cela, si c'est conforme
à ce dont vous nous informez - je n'ai pas communiqué avec les
unions - je suis bien obligé de penser que vos informations sont
probablement correctes au moment où on se parle. Il y a un
élément qu'on a critiqué très fort à
l'Assemblée nationale, à savoir que les municipalités ne
voulaient pas se rapporter directement au ministre de l'Environnement. Je pense
que l'amendement, dans ce sens-là, semble nous donner raison, semble
être conforme au désir des municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce que l'amendement à
l'article 165.1 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Cela sera adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 165.1
tel qu'amendé est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 165.2.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 165.2 de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, qu'édicté l'article 3 du
projet de loi, accorde au ministre de l'Environnement le pouvoir de demander
à une municipalité de modifier son rèqlement d'urbanisme,
s'il est incompatible avec la politique du gouvernement adopté en
matière de protection des rives, du littoral et des plaines inondables
ou s'il n'offre pas, compte tenu de certaines particularités du milieu,
une protection adéquate des rives, du littoral ou des plaines
inondables. Lorsque le ministre de l'Environnement demande à une
municipalité de modifier son règlement d'urbanisme
conformément à l'article 165.2, il doit lui faire parvenir un
avis indiquant sommairement les raisons de cette demande et le type de
modification à apporter au règlement municipal.
Il est à noter que ce pouvoir de supervision du ministre sur le
règlement municipal doit être exercé dans les 90 jours de
la réception par le ministre d'une copie du règlement municipal,
ou, à défaut d'avoir reçu copie d'un tel règlement,
dans le délai mentionné à l'article 165.1, dans les 90
jours de la date présumée de la réception d'un tel
règlement par le ministre de l'Environnement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je veux faire un rapprochement avec la lettre de
l'Union des municipalités régionales de comté où
c'est très clairement établi que l'article 165.2 confère
au ministre de l'Environnement un pouvoir discrétionnaire. En fait, on
dit: "Il peut demander à la municipalité." Mais la
municipalité régionale de comté qui a été
à l'intérieur du processus de conformité et aussi de la
mise en place d'un schéma d'aménagement semble
complètement absente
dans cet article. Et il n'y a pas d'appel. Autrement dit, si le ministre
considère que la municipalité a tort, quels sont les
intervenants, de quelle façon la municipalité locale... Comment
va-t-on rétablir le processus? Chaque fois qu'on a des amendements ou
des changements, pour tous ceux qui ont participé, l'action inverse
devrait être faite et suivie.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'ai expliqué hier aux députés
qu'originalement, ce qui avait été proposé, c'était
une politique où le ministre de l'Environnement aurait fait adopter un
règlement par le gouvernement, lequel règlement aurait
été obligatoire pour l'ensemble des municipalités du
Québec, ce qui n'était pas acceptable pour le monde municipal. Le
député de Jonquière, j'en suis convaincu, sera de mon avis
là-dessus. Par contre, vu du point de vue de l'environnement,
c'était très acceptable, et je signale qu'il y a beaucoup de
juridictions en Amérique ou en Occident qui ont des règlements.
Je dirais même que la majorité des États et des pays ont
des règlements semblables qui s'appliquent sur l'ensemble du territoire.
Au Québec, nous avons privilégié une approche
décentralisée qui respecte un peu plus les particularités
locales. Nous avons, après de longues négociations, fini par en
venir à la conclusion que nous avons présentement devant nous,
où le règlement n'est plus un règlement provincial qui
s'applique à l'ensemble du territoire, mais des règlements
municipaux qui sont adoptés individuellement par chaque
municipalité et qui visent justement à protéger les rives,
le littoral et les plaines inondables. Dans ces négociations qui ont eu
lieu avec le ministère de l'Environnement, il a été
accepté que le ministre de l'Environnement, à la fin de toute
l'opération, s'il arrivait des cas exceptionnels où la situation
nécessitait une intervention a posteriori du ministre de
l'Environnement, il pourrait intervenir comme le prévoit l'article
165.2. Là-dessus, je répète que les deux présidents
des unions ont été consultés et que j'ai l'accord du
président de L'UMRCQ et du président de l'Union des
municipalités sur le droit qu'aurait le ministre de l'Environnement,
dans des cas exceptionnels, d'intervenir comme il est mentionné ici,
pour assurer que la politique gouvernementale soit respectée s'il le
jugeait opportun.
C'est sûr que ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on donne
au ministre de l'Environnement des pouvoirs semblables, mais par contre, on
doit reconnaître que le ministre de l'Environnement a une
responsabilité au Québec en matière d'environnement. Je
dirais également au député que ce n'est pas la
première fois que les lois du Québec accordent des pouvoirs de ce
genre au ministre de l'Environnement. J'ai ici quelques exemples de pouvoirs en
vertu desquels le ministre de l'Environnement peut intervenir. Il suffit de
mentionner l'article 124 de la Loi sur la qualité de l'environnement qui
fait en sorte que les règlements adoptés en vertu de la loi ont
préséance sur tout règlement municipal portant sur le
même objet, à moins que le règlement municipal ne soit
approuvé par le ministre de l'Environnement. On a donc reconnu au
ministre de l'Environnement le pouvoir de venir approuver des règlements
municipaux qui iraient à l'encontre de la politique gouvernementale.
Un autre cas où l'approbation du ministre de l'Environnement est
nécessaire pour qu'un règlement municipal soit valide concerne
l'emmagasinage et l'utilisation de produits corrosifs, toxiques, dangereux pour
la santé publique, où encore là on a accordé au
ministre de l'Environnement un pouvoir sur des règlements municipaux.
Donc, on peut dire que, dans des sujets aussi importants que le contrôle
de l'environnement, d'une certaine façon on a reconnu que le ministre de
l'Environnement a une responsabilité et que, dans des cas exceptionnels,
cette responsabilité peut prendre préséance sur des
règlements municipaux.
M. Dufour: On ne nie pas ce que le ministre dit, à savoir
que, oui, le ministre de l'Environnement a le droit. Et même je l'ai
exprimé très clairement dans mon exposé, en vertu de la
Loi sur la qualité de l'environnement, il est évident que le
ministre de l'Environnement peut intervenir dans les municipalités pour
certaines raisons. Vous en avez donné quelques-unes, il y en a
certainement d'autres qui ne sont pas devant nous. Le problème qui se
pose, c'est que le ministère de l'Environnement qui est averti d'une
autre façon, il est averti par les commissions municipales, il fait
l'étude, après cela il court-circuite tout le reste et il s'en va
directement à la municipalité. L'argument que je donne c'est que,
quand on a adopté tous ces rèqlements, qu'on a fait tout ce
cheminement, cela a été fait en collaboration avec les
municipalités réqionales de comté, la municipalité
locale et la municipalité régionale de comté. Et là
on passe complètement par-dessus. On s'en va direct.
Quand le ministre de l'Environnement intervient, pourquoi n'y a-t-il pas
de mécanisme prévu qui fasse que, à l'intérieur de
ces actions, la municipalité régionale de comté soit aussi
partie prenante? En même temps, de quelle façon... Ce n'est
prévu nulle part. Il n'y a aucun appel possible, cela semble
irréversible, il semble que le ministre
a parlé et qu'il n'y a plus rien è faire. Qu'est-ce que
fait le ministre des Affaires municipales dans un cas comme cela? S'il y a un
problème allez-vous partir avec la houlette, faire le missionnaire et
aller vous chicaner avec le ministre de l'Environnement chaque fois? Est-ce que
vous allez intervenir? S'il n'y a pas de mécanisme de contrôle ou
de modération entre les différents intervenants, vous allez
être pris en sandwich quelque part d'après moi.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne serai pas pris en
sandwich, parce que, justement, si c'est une responsabilité du ministre
de l'Environnement, je ne vois pas pourquoi le ministre des Affaires
municipales aurait la responsabilité d'encadrer le ministre de
l'Environnement. On reconnaît ici que, dans des cas exceptionnels, c'est
une responsabilité et un pouvoir qu'a le ministre de l'Environnement
d'intervenir. Le processus démocratique dont parie le
député de Jonquière a été suivi tout au long
du cheminement qui a amené à l'adoption des schémas
d'aménagement. Donc, on a suivi toute la procédure. Les
municipalités ont adopté un règlement. On a suivi
l'ensemble des procédures de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Et ce n'est qu'à la fin de tout cela que, dans des cas
exceptionnels, le ministre de l'Environnement peut intervenir. Mais s'il
intervient, on comprendra que c'est dans des cas exceptionnels qui demandent
une action rapide. Si, lorsque le ministre de l'Environnement juge
nécessaire d'intervenir, on remet en marche tout le processus
prévu dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, il va se
passer au moins un an avant que le ministre de l'Environnement puisse agir
d'une façon efficace. C'est ce qu'on veut éviter, des
délais trop longs, pour permettre au ministre de l'Environnement de
corriger les situations urgentes et qui nécessitent une intervention
rapide. (12 h 45)
C'est pourquoi, comme dans d'autres cas que j'ai mentionnés tout
à l'heure, des cas exceptionnels, le ministre de l'Environnement a le
pouvoir d'intervenir d'une façon relativement rapide quoique, le
député en conviendra, il y ait encore des délais qui sont
stipulés dans le projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Le ministre maintient que le ministre de
l'Environnement a un pouvoir discrétionnaire qui me semble
onéreux et ne veut pas reconnaître que la municipalité
régionale... Si on a impliqué tout le monde dans le processus,
c'est parce qu'il y avait une volonté quelque part de faire participer
les gens. Quand on vient pour corriger, on les exclut. C'est ce que cela fait.
Première- ment, le ministre de l'Environnement a un pouvoir
discrétionnaire; deuxièmement, il s'adresse à un
intervenant qui est ta municipalité locale. S'il n'y a rien de
prévu, comment va-t-on fonctionner? Je dis que cela va soulever des
problèmes régulièrement. On ne veut pas donner de pouvoirs
au ministre des Affaires municipales. Le ministre des Affaires municipales veut
sembler absent par rapport à ce qui se passe en
réalité.
Je veux juste rappeler que, dans la Loi sur les terres publiques, le
ministre de l'Énergie et des Ressources a eu des discussions très
longues et on a fini... Je ne dis pas que c'est la trouvaille du siècle,
mais je pense qu'il y a eu quelques améliorations d'apportées
parce que, encore là, cela faisait un deuxième ministre pour
aller jouer dans les plates-bandes des MRC. Mais on a reconnu à un
certain moment que la façon d'aller négocier avec les MRC,
c'était par les municipalités locales. Cela a été
trouvé à travers la loi. Je fais juste le rappeler. Cela a aussi
fait l'objet de discussions très vives et, je pourrais même dire,
de certains éclats de voix pour apporter quelque changement que ce soit.
Il y avait le processus, de quelle façon il pouvait amender, de quelle
façon il revenait dire aux municipalités comment on peut corriger
certaines lacunes que la loi pourrait avoir ou quelque non-conformité
qui pourrait se faire avec le ministère de l'Énerqie et des
Ressources. On ne présentera pas d'amendement. Le ministre dit! C'est
cela. Il a l'accord. Il m'a répété tout à l'heure
qu'il a encore l'accord des unions. Mais en tant que membre de l'Opposition, je
dois enregistrer ma dissidence.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 165.2
est adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 165.3.
M. Bourbeau: L'article 165.3 de la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme, édicté par l'article 3 du projet de loi,
prévoit que le règlement qu'adopte la municipalité, pour
se conformer à l'avis du ministre de l'Environnement, n'est pas
assujetti au deuxième alinéa de l'article 59 ni à
l'article 60 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. En
conséquence, il ne sera pas requis que ce règlement de
modification des règlements d'urbanisme procède suivant la
règle de la conformité au schéma d'aménagement.
À cet égard, la politique adoptée par le gouvernement en
matière de protection des rives, du littoral et des plaines inondables,
plutôt que le contenu du schéma d'aménagement en cette
matière,
fera office de cadre légal supérieur auquel doivent se
conformer les règlements municipaux. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Encore là, ce sont les remarques que j'ai
faites sur l'article 165.2 concernant la MRC. Avant de passer à la
conclusion, est-ce que la copie de ce règlement de modification doit
être remise è la Commission municipale aussi? Parce qu'on s'en va
directement... Dans l'article 165.1, on introduit la Commission municipale.
Cela me semble un mécanisme acceptable par les unions, on l'a d'ailleurs
dit et on l'a adopté. Â l'article 165.2, la Commission municipale
n'est pas là non plus. À l'article 165.3, la Commission
municipale n'est pas là. Donc, est-ce que ce préambule s'applique
à tous de la même façon ou si on doit le
répéter ou si vous me dites que tout est compris, c'est à
jour, on parle de la Commission municipale quelque part? Est-ce que la copie du
règlement qui va être modifié va être transmise
à quelqu'un? Parce que, quand on fait le règlement, vous nous
faites une obligation à l'article 165.1 amendé, de la transmettre
à la commission municipale. Ça va? Quand c'est le ministre qui le
demande, on ne parle plus! Je comprends que la Commission municipale va
transmettre sa demande au ministre de l'Environnement. Si ce n'est pas correct,
il s'en va directement à la municipalité et dit à la
municipalité: Changez votre règlement. Cela fait que, pour le
règlement modifié, il me semblerait une concordance logique aussi
de passer par la Commission municipale. Sans cela, il va manquer des bouts
quelque part.
M. Bourbeau: Est-ce que le député pourrait poser sa
question de nouveau?
M. Dufour: À l'article 165.1, on dit que, quand la
municipalité adopte son règlement vis-à-vis des plaines et
des rives, etc., on passe par la Commission municipale. La Commission
municipale transmet cela au ministre de l'Environnement. Le ministre de
l'Environnement - j'essaie de faire le cheminement dans des mots très
simples -regarde la plan et dit: II y a quelque chose qui ne marche pas. Il
s'en va directement à la municipalité, ce n'est pas
nécessairement écrit nulle part qu'il passe par la Commission
municipale. Il s'en va directement è la municipalité et dit:
Changez cela. La municipalité n'a pas besoin de s'occuper de la MRC.
Elle n'a pas besoin de le dire non plus. Elle va faire le changement, et la
commission municipale qui avait déjà le premier plan, qui va
l'avertir que cela doit être corrigé si des changements sont
apportés? Parce que, là, elle n'aura qu'un plan et, six mois
après, elle ne se reconnaîtra plus.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense qu'on pourrait
modifier le deuxième paragraphe de l'article 165.3 en disant, par
exemple: Copie de ce règlement de modification est transmis dès
son adoption au ministre ainsi qu'à la commission et à la MRC.
Est-ce que le député serait d'accord avec cela?
M. Dufour: Je serais d'accord. Mais si vous faites cela
j'aimerais que, quand le ministre fait son avis, il avertisse aussi la
commission. Je pense qu'il y a une concordance. Je n'ai pas d'objection
à ce qu'on le module et qu'on l'écrive bien. Vous pouvez demander
à quelqu'un de le faire. Mais je vous dis que, si on le fait à
l'article 165.3, il faudrait qu'on tienne compte à 165.2 de ce qui se
passe. Je pense que la MRC pourrait être avisée, et la Commission
municipale pourrait être avisée qu'il y a un avis d'envoyé
pour faire une correction. Â ce moment-là, tout le monde va savoir
où il va. Quand on fait le processus, tout le monde est au courant
aussi!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Si les membres de la commission étaient
d'accord, on pourrait suspendre l'étude de l'article 165.3, et nos
experts vont regarder la possibilité d'apporter un amendement à
l'article 165.3 et peut-être à 165.2 dans le sens qu'a
souhaité M. le député de Jonquière, et on pourrait
passer tout de suite à 165.4 pour revenir subséquemment à
ces deux articles.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il consentement pour
suspendre l'article 165.3?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 165.4,
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 165.4 de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, édicté par l'article 3
du projet de loi, prévoit qu'à défaut par la
municipalité d'avoir, dans les 90 jours de la réception de l'avis
du ministre, prévu à l'article 165.2, modifié le
règlement municipal conformément à l'avis au ministre de
l'Environnement, ce ministre peut modifier lui-même le règlement
d'urbanisme pour le rendre conforme à son avis. Lorsque le ministre de
l'Environnement exerce en lieu et place de la municipalité les pouvoirs
réglementaires municipaux en vue de rendre un règlement conforme
à son avis, il n'est
pas assujetti aux formalités préalables qui s'appliquent
à un règlement adopté par un conseil municipal. Un tel
règlement adopté par le ministre entre en vigueur le jour de sa
publication a la Gazette officielle du Québec et a le même
effet qu'un règlement adopté par le conseil de la
municipalité. Le ministre doit cependant transmettre à la
municipalité un avis de l'entrée en vigueur d'un tel
règlement. Ce rôle de suppléant que confère au
ministre de l'Environnement l'article 165.4 vise, non seulement à
reconnaître la primauté de la politique gouvernementale à
l'égard de la protection des rives, du littoral et des plaines
inondables, mais également et surtout a faire en sorte que les citoyens
d'une municipalité puissent se gouverner en cette matière
à partir d'une réglementation municipale dont la
légalité ne fait aucun doute.
M, Dufour: Je veux juste faire une remarque. Il n'y a pas beaucoup de
concordance avec les articles 165.2 et 165.3 parce que, encore là, le
règlement va être transmis seulement à la
municipalité. La municipalité régionale de comté
est exclue et la Commission municipale est exclue aussi. Il y a peut-être
un point. Cela ferait la concordance.
Un autre point que je voudrais soulever, c'est qu'il n'y a aucun
mécanisme d'appel. Autrement dit, c'est irréversible. Les
pouvoirs réglementaires du ministre de l'Environnement me semblent
excessifs. Remarquez bien qu'il peut avoir raison, et j'espère qu'il
aura toujours raison. Mais, dans la plupart des lois ou des pouvoirs
réglementaires, il y a toujours une possibilité que quelqu'un en
appelle, pas plusieurs appels, pas aller jusqu'à la Cour suprême,
comme cela pourrait être le propre du gouvernement actuel, mais un
mécanisme d'appel qui fasse que les municipalités puissent
être certaines que la décision est la bonne et que d'autres se
sont penchés là-dessus. Là, le pouvoir
réglementaire fait qu'il y a vraiment une décision
irréversible et, je pourrais même dire, Indiscutable. Cela me
semble un pouvoir excessif accordé au ministre concernant cet article.
C'est évident qu'on adoptera cet article sur division. J'aimerais bien
que vous regardiez la possibilité de l'amender, au moins pour que cela
soit conforme à tout te cheminement. On pourrait le suspendre, si vous
le voulez...
M. Bourbeau: Je suis d'accord pour suspendre l'article 165.4 de
la même façon qu'on a suspendu les deux
précédents.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a donc consentement
pour suspendre l'article 165.4. J'appelle maintenant l'article 4.
M, Bourbeau: L'article 4 insère dans la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme l'article 227.1 qui a pour
effet de permettre à la Cour supérieure, sur requête du
ministre de l'Environnement, de rendre les ordonnances visées à
l'article 22? de cette loi lorsque l'utilisation du sol ou une construction est
incompatible avec une disposition d'un règlement municipal de zonage, de
lotissement ou de construction portant sur la protection des rives, du littoral
ou de plaines inondables.
M. Dufour: Si ma mémoire est fidèle...
M. Bourbeau: Je n'ai pas terminé mes notes explicatives,
M. le député...
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Ce pouvoir en est un de concordance logique avec
l'introduction du chapitre VIII par l'article 3 du projet de loi. En effet,
comme le ministre de l'Environnement est chargé du respect de la
politique gouvernementale en matière de protection des milieux
riverains, il lui est primordial de pouvoir s'adresser par requête
à la Cour supérieure afin qu'elle rende les ordonnances
appropriées pour faire respecter les règlements municipaux
adoptés en cette matière.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, est-ce qu'il y a des interventions?
M. Dufour: Vu que l'ordonnance peut être donnée par
la Cour supérieure à la requête du ministre de
l'Environnement, est-ce que cela veut dire qu'il pourrait y avoir un droit
d'appel pour l'individu concerné, le propriétaire? (13
heures)
M. Bourbeau: Vous demandez s'il y a un droit d'appel de la
décision de la Cour supérieure en cette matière?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, les nombreux avocats et
avocates qui m'entourent m'assurent qu'il y a certainement des droits d'appel
de prévus d'un tel jugement de la Cour supérieure.
M. Dufour: Vous m'informez qu'il y a un droit d'appel. Cela veut
dire que la personne ou le propriétaire visé, en faisant appel,
pourrait avoir gain de cause vis-à-vis de la cour. S'il a gain de cause
et vu que le ministre a pris l'action, est-ce que le ministère est
prêt à accepter les conséquences de sa demande d'injonction
-cela doit être une injonction - ou de sa
requête par rapport aux actions entreprises?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M, le Président, le député de
Jonquière demande ce qui se passerait si la Cour d'appel renversait une
décision de la Cour supérieure et ne donnait pas raison au
ministre de l'Environnement, mais plutôt à une municipalité
qui ne fait pas respecter son règlement ou à un individu.
Évidemment, à ce moment-là, le ministre de l'Environnement
a deux choix: ou bien faire appel è Cour suprême du Canada des
jugements de la Cour d'appel, ou bien se conformer à la décision
des tribunaux. Il n'aurait pas le choix de faire autre chose.
M. Dufour: À ce moment-là, s'il agit en lieu et
place de la municipalité, c'est lui... Je ne sais pas si c'est aussi
clair que ce que vous me dites. Cela veut dire que le ministère prend la
reponsabilité des frais inhérents à la cause. Je vais vous
soumettre juste un cas. On ne perdra pas trop de temps là-dessus. Le
ministre de l'Environnement décide qu'il y a problème qui fait
surface concernant une terre inondable, etc. Il dit à l'individu: Vous
n'avez pas le droit. Il demande à la municipalité et cela ne
fonctionne pas. Le ministre prend la place de la municipalité et
décide d'intervenir. Il demande une injonction contre l'individu.
L'individu est obligé de se conformer à la demande du ministre
venant de la Cour supérieure. Il fait un appel ou un rappel et,
effectivement, la cour lui donne raison. À ce moment-là, comme le
ministre a agi à la place de la municipalité, ma question est
là. Est-ce le ministre ou la municipalité? Il faut bien
comprendre que l'action que le ministre prend, en fin de compte, devrait
être prise par la municipalité parce qu'il a le pouvoir de
l'ordonner. Là, il le fait lui-même. En le faisant lui-même,
est-ce qu'il se trouve à prendre lieu et place de la
municipalité?
M. Bourbeau: La cour qui va rendre un jugement va statuer sur les
frais également. Il est peu probable qu'elle impute des frais à
une partie qui n'est même pas partie à l'action ou au dossier. La
Cour supérieure, la Cour d'appel ou même la Cour suprême va
rendre un jugement et va adjuger des frais à l'une des parties. Dans ce
cas, les parties seront le ministre de l'Environnement, d'une part, et le
contrevenant, d'autre part. On me dit qu'il est impossible que la cour adjuge
des frais contre une partie qui n'est pas au dossier.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur division.
Comme il est un peu plus de 13 heures, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 15 heures.
M, Dufour: Avant de suspendre la séance, M. le Président,
je ne sais pas si les amendements qui ont été proposés...
À mon point de vue, on ne perdra pas tellement de temps concernant la
loi. Cela va nous amener à siéger de nouveau. Remarquez que je
n'ai pas d'objection à siéger de nouveau, mais je laisse cela
à votre discrétion.
M. Bourbeau: Vous tenez à les avoir le plus tôt
possible?
M. Dufour: Si les amendements étaient prêts,
même si on les adopte sur division, cela hâtera l'adoption
de...
M, Bourbeau: Dois-je comprendre que le député voudrait
continuer tout de suite et terminer? Je n'ai pas d'objection.
M. Dufour: J'ai l'impression qu'en quelques minutes, si les
amendements sont prêts... S'ils ne sont pas prêts, on peut
suspendre les travaux purement et simplement.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: On m'avise que les amendements sont prêts
maintenant. On pourra les distribuer dans les quelques secondes qui suivent.
À ce moment-là, on pourra peut-être terminer l'étude
du projet de loi et revenir, à la fin, sur les amendements.
M. Dufour: L'article 5?
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 4.1.
M. Bourbeau: M. le Président, à l'article 4.1,
j'aimerais apporter un amendement, après l'article 4, qui se lirait
comme suit: Articles 4.1 et 4.2. Le projet de loi 43 est modifié par
l'insertion, après l'article 4, des suivants: "4.1 L'article 264 de
cette loi est modifié par le remplacement, dans la première ligne
du sous-paragraphe b du paragraphe 1° du deuxième alinéa, de
"le paragraphe 6°" par "les paragraphes 6° et 7°. "4.2 L'article
264.0.1 de cette loi est modifié par le remplacement, dans la
première ligne du sous-paragraphe b du
paragraphe 1° du deuxième alinéa, de "le paragraphe
6° " par "les paragraphes 6° et 7° "."
Cette modification aux articles 264 et 264.0.1 de !a Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme vise à établir une
règle de concordance en matière de contenu du schéma
servant de plan d'urbanisme pour les villes de Laval et de Mirabel avec la
modification qu'introduit l'article 1 du projet de loi qui prévoit que
le plan d'urbanisme peut délimiter les aires d'aménagement
pouvant faire l'objet d'un plan d'aménagement d'ensemble.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté.
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M, Vaillancourt): Adopté.
M. Dufour: II faut revenir sur l'ensemble de l'article.
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que l'ensemble de
l'article est adopté?
M. Dufour: Sur division.
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Je veux bien comprendre. En fait, l'article 4 qui
amende l'article 227.1 fait partie de l'article 4. C'est à l'article 4.1
que vous faites les ajustements.
M. Bourbeau: Non. L'article 4 a été adopté.
On vient d'adopter les articles 4.1 et 4.2 qui, éventuellement, seront
renumérotés à la fin.
M. Dufour: D'accord. Donc, ils ne font pas partie de l'article 4.
L'autre était superflu. On avait adopté l'article 4 sur division.
L'article 4.1 est adopté.
M. Bourbeau; L'article 4 est adopté sur division. Les
articles 4.1 et 4.2 sont adoptés sans division.
M. Dufour: C'est cela.
M. Bourbeau: Article 5, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt): Article 5.
M. Bourbeau: L'article 5 modifie l'article 267 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme afin de reconnaître l'exercice de
certains pouvoirs par le ministre désigné par le gouvernement
comme responsable de la préparation des orientations, des documents, des
avis, des décrets et des interventions du gouvernement visés aux
articles 11, 16, 27, 29 et 149 à 165 de cette loi.
Le paragraphe 1 confirme que ces actions et ces documents peuvent
Être préparés par le ministre désigné,
même s'ils émanent des ministères et des mandataires du
gouvernement.
Le paragrahe 2 ajoute è l'article 267 un deuxième
alinéa qui permet au ministre désigné d'autoriser un autre
ministre ou un mandataire du gouvernement à exercer en tout ou en partie
les pouvoirs, les devoirs et les fonctions qui lui sont reconnus par les
articles 149 è 165.
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais juste faire une remarque
générale. Effectivement, la Loi 125 sur l'aménagement et
l'urbanisme a reconnu que c'est le ministre des Affaires municipales qui est
responsable de la préparation...
Je reprends le libellé de la lettre de l'Union des
municipalités régionales de comté du 11 juin sous la
siqnature de M. Roger Nicolet, son président. On y disait en toutes
lettres: "Le gouvernement a désigné le ministre des Affaires
municipales comme responsable de la préparation des orientations,
documents, avis, décrets et interventions du qouvernement visés
aux articles 11, 16, 27, 29 ainsi qu'aux articles 149 à 165 de ta Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme. Le projet de loi, tel que
rédigé, permettra au ministre des Affaires municipales
d'autoriser un autre ministre ou un mandataire du gouvernement è
exercer, en tout ou en partie, les pouvoirs ou à remplir les devoirs et
les fonctions qui lui appartiennent en vertu des articles 149 à 165 de
la loi. Une telle disposition va à l'encontre des fondements mêmes
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et est, par
conséquent, inacceptable. Par ces différentes dispositions, la
loi vise notamment è permettre une coordination des différentes
politiques sectorielles de l'État. Cette coordination doit se faire sous
l'égide du ministre responsable de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, non seulement afin que les échanges requis entre les
différentes composantes du gouvernement aient effectivement lieu, mais
aussi pour s'assurer que l'exercice soit fait dans le respect de la philosophie
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. L'adoption de l'article 5 du
projet de loi constituerait un recul sérieux à cet éqard
et contribuerait è perpétuer les contradictions internes de
l'appareil gouvernemental qui visait, entre autres, à réduire la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. De plus, les municipalités
et les municipalités régionales de comté tiennent à
n'avoir en la
matière qu'un seul interlocuteur comme porte-parole du
gouvernement et cet interlocuteur doit être le ministre des Affaires
municipales."
C'est une lettre qui était adressée au ministre Bourbeau.
Je n'ai presque rien à ajouter, si ce n'est que je ne peux faire
autrement qu'être dans cette même ligne de pensée. Et je
peux vous dire que cela date de bien avant que je sois député et
porte-parole de l'Opposition. À maintes reprises, j'ai
répété lors de congrès, d'assemblées et
à des intervenants municipaux que le monde municipal avait besoin d'un
seul interlocuteur, d'un bon, et qu'avec cela, il pouvait s'arranger. À
ce moment-là, je me dois de voter pour l'adoption de cet article sur
division, puisque je concours au libellé de la lettre de l'Union des
municipalités régionales de comté du 11 juin 1985.
Le Président (M. Vaillancourt): M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Bourbeau: Avant de voter sur division, j'aimerais signifier au
député de Jonquière que je suis d'accord avec lui que le
ministre des Affaires municipales doit être l'interlocuteur du monde
municipal pour le gouvernement à l'endroit des municipalités. Et
c'est ce qui existe en fait. Il n'est pas question ici que le ministre des
Affaires municipales délègue ses responsabilités à
ses autres collègues pour l'ensemble des pouvoirs qui lui sont
confiés par la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. En pratique,
en ce qui concerne ce point précis des avis d'intervention par les
ministères, il arrive que de très nombreuses interventions sont
faites. Par exemple, prenez le cas où le ministère des Transports
décide de construire une route dans une municipalité ou dans une
MRC, ce qui se fait tous les jours. On serait devant une montagne d'avis
d'intervention. Et, sur le plan administratif, cela compliquerait
énormément les choses et cela retarderait beaucoup les avis, et
le dialogue entre les municipalités et, par exemple, le ministre des
Transports, dans le cas de ce dernier.
L'ancien gouvernement l'avait reconnu, puisque mon
prédécesseur, le ministre des Affaires municipales, M. Alain
Marcoux, justement à cause de cette nécessité d'une plus
grande efficacité, avait écrit à tous ses collègues
ministres pour leur déléguer de façon informelle le
pouvoir d'intervenir, d'envoyer eux-mêmes des avis d'intervention, de
façon à accélérer le processus. Ce que nous faisons
aujourd'hui, ce n'est que ratifier, si je puis dire, par la présente
loi, ce qui se fait actuellement sur le territoire, non pas en vertu de la
volonté du ministre actuel, mais de celle du gouvernement depuis le
début.
Depuis le début de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, le gouvernement a toujours procédé de cette
façon. Il pourra y avoir, des doutes, dans certains cas. Des doutes ont
même été soulevés par des avocats sur la
légalité de ce qui s'est fait jusqu'à maintenant. C'est
justement pour éviter que des poursuites judiciaires soient entreprises
à l'encontre de certains règlements municipaux ou de certaines
interventions du gouvernement que nous introduisons cet article 5 qui a
justement pour effet de légaliser ce qui s'est fait et de rendre la toi
conforme à la pratique.
M. Dufour: M. le Président, je voudrais juste rappeler au
ministre qu'il est possible qu'il dise la vérité et que ce soit
vrai que l'ex-ministre des Affaires municipales ait pu déléguer
un certain nombre de ses fonctions à d'autres ministres, mais
c'était de façon informelle, non pas par la loi.
Deuxièmement, on n'avait pas encore de schémas
d'aménagement. Donc, il n'y avait pas tellement de coûts
impliqués. Le problème qu'on a actuellement réside dans le
fait que les schémas d'aménagement seront adoptés et qu'il
y aura des changements d'apportés par différents ministres ou
différents ministères, ce qui amènera ces schémas
à devenir désuets très rapidement. (13 h 15)
Donc, la municipalité va jouer un rôle de chien de garde
sur le territoire, et il y a des coûts rattachés à cela. Il
y a des municipalités qui vont régulièrement remanier,
remodifier le schéma d'aménagement. Donc, ces coûts vont
être à la charge des municipalités puisqu'il n'y a rien de
prévu au moment où on se parle. L'ancien gouvernement avait
prévu ces choses. Il voyait qu'il y avait un problème qui s'en
venait.
Effectivement, j'ai en main une note au comité ministériel
permanent de l'aménagement et du développement régional,
qui venait des affaires municipales et qui avait été transmise au
groupe interministériel de travail qui s'appelait le COMPADR. Vous
connaissez cela très bien. Ce comité existe encore. Il n'a pas
été aboli. Donc, ce qu'on dit et ce que les élus
municipaux vont vous dire régulièrement et je vous le
prédis -c'est normal que cela se fasse comme cela -c'est qu'ils vont
toujours être à l'affût de ce qui se passe parce que
différents ministères vont intervenir régulièrement
sur le territoire et ils vont déranqer ces dossiers. Donc, ce qu'on dit
et ce que l'Union des municipalités régionales de comté
vous dit, l'Union des municipalités du Québec va vous dire la
même chose.
Pourquoi cette coordination et cette concertation ne passent-elles pas
toujours par le même canal? On ne dit pas que les ministères ne
doivent pas intervenir. Cela serait imbécile de dire au ministre de
l'Agri-
culture que, l'agriculture, ce n'est pas important. Il vient nous
convaincre de cela è un colloque. Cela me passe trois pieds pardessus la
tête, Vous savez bien que les municipalités sont conscientes que
l'agriculture est importante au Québec. Les municipalités sont
conscientes que la forêt, les mines, c'est important, que la
réserve faunique... Elles font partie des territoires. Elles sont
incrustées. Elles ont même été mises sur le
territoire avant les gouvernements et avant le gouvernement dans lequel on est.
Donc, les municipalités, par leurs fonctions, auront toujours à
dire au ministre des Affaires municipales: Vous devriez nous protéger,
M. le ministre. Vous devriez vous assurer que ce qui se passe dans votre
ministère et devant vos créatures qui sont les
municipalités - ce sont les créatures
déléguées du gouvernement - soit toujours la même
façon d'intervenir. Sans cela, les municipalités vont devenir
folles folles. Elles ne sauront pas parce que, selon son humeur, le ministre va
se ramasser quelque part et dire: C'est comme cela que cela doit passer. S'il y
a des fonctionnaires qui sont plus ou moins actifs vis-à-vis de lui, ils
vont peser sur le piton et tout le monde va paniquer. C'est le problème
qui va se poser.
Donc, c'est évident que si les pouvoirs réglementaires
vous appartiennent et si vous décidez de les déléguer,
vous affaiblissez votre ministère et vous affaiblissez par le fait
même les municipalités. Cela vous sera reproché un jour. Je
vous dis d'avance qu'on ne peut pas faire cela. L'Opposition ne peut pas
concourir à l'acceptation de la délégation des
responsabilités du ministre. Mais on ne dit pas, par exemple et je ne
pense pas qu'on le dise jamais, que les différents ministères ne
peuvent pas regarder ce qui se passe sur le territoire. Ce serait bête
parce qu'il y a des ministères à vocation économique, il y
a des ministères à vocation sociale, etc. Je ne pense pas que le
but de l'Opposition soit de vous rappeler que les ministères n'ont pas
le droit d'intervenir. Mais, s'ils doivent intervenir, qu'ils passent donc
toujours par le même canal. Il y a un canal que les municipalités
reconnaissent, que l'Opposition est prête à reconnaître, et
c'est le canal du ministre des Affaires municipales. À ce
moment-là, on met de l'ordre dans la maison. Cela va vous donner un
pouvoir et en même temps, vous allez savoir ce qui se passe partout sur
le territoire. On va protéger les municipalités et vous allez
vous protéger aussi. Parfois, il faut se protéger de ses amis.
Les ennemis, d'habitude, on s'en charge.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt): L'article 5 est
adopté sur division. L'article 6.
M. Bourbeau: L'article 6, M. le Président, prévoit
que les modifications apportées à l'article 267 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme ont effet depuis le 12 décembre
1979, c'est-a-dire depuis l'entrée en vigueur de cette loi, afin de
valider des délégations faites sous l'autorité du ministre
désigné.
M. le Président, cet article est de concordance avec l'article 5.
J'ai expliqué tout à l'heure que mes prédécesseurs
avaient délégué des responsabilités à leurs
collègues ministres des autres ministères en ce qui concerne les
avis d'intervention. Je signale au député qu'on ne parle que des
avis d'intervention et non pas de toute la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. L'article 6 ne fait que valider ces délégations qui
ont eu lieu dans le passé.
M. Dufour: Sur division.
Articles en suspens
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. Maintenant,
on va revenir 6 l'article 0.1. L'article 0.1...
M. Bourbeau: L'article 0.1, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt): C'est un amendement.
M. Bourbeau: Oui, j'aimerais apporter un amendement avec le
consentement de l'Opposition. C'est un article 0.1, donc, un article qui vient
avant l'article 1 et qui se lirait comme suit: Le projet de loi 43 est
modifié par l'insertion, avant l'article 1, du suivant: "0.1 L'article
44 de le Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (L.R.Q., chapitre A-19.1)
est modifié par l'addition, à la fin du premier alinéa,
des mots suivants: "et en transmet une copie à la commission pour
enregistrement".
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté?
M. Dufour: Un instant, je vais juste relire l'article 44. Ce sont
des ajouts.
M. Bourbeau: L'article 44, c'est l'article qui traite du...
Le Président (M. Vaillancourt): M. le député
de...
M. Dufouri Certificat de conformité.
M. Bourbeau: Oui, du certificat de conformité. On note
que, dans cet article...
M. Dufour: Donc, on ajoute un élément qui est la
Commission municipale dans le dossier.
M. Bourbeau: Cet article ne dit pas que le
secrétaire-trésorier doit faire parvenir une copie du certificat
de conformité a la Commission municipale. On l'ajoute pour bonifier la
loi.
M. Dufour: Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. L'article
0.1 est adopté.
Maintenant, étant donné que l'article 1 a
été adopté et qu'il y a un amendement, est-ce qu'on
pourrait rouvrir l'article pour incorporer un amendement?
M. Dufour: L'article 165.2.
M. Bourbeau: M. le Président, l'ouverture serait par
concordance avec les décisions qui ont été prises depuis
le début de cette commission. Si le député est d'accord,
on pourrait ouvrir l'article 1 et le modifier, par le remplacement, dans les
deuxième et troisième lignes de l'alinéa introductif, de
"la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme (L.R.Q., chapitre A-19.1)", par
les mots "cette loi"."
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté? M.
Dufour: Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. L'article 1
tel qu'amendé est adopté.
M. Bourbeau: II s'agit d'employer les mots "cette loi"
plutôt que "la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme".
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté? M.
Dufour: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. M.
Dufour: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Maintenant l'article 1 tel
qu'amendé serait adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. L'article
3. L'article 165.
M. Bourbeau: Ce sont les nouveaux amendements.
Le Président (M. Vaillancourt): Ce sont de nouveaux
amendements. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. À l'article 3,
il y aurait trois amendements. D'abord, l'article 165.2 est modifié en
ajoutant à la fin l'alinéa suivant: "Le ministre transmet copie
de cet avis à la commission et è la municipalité
régionale de comté."
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que cet amendement
est adopté?
M. Dufour: On n'a pas la copie en main. J'imagine qu'on ajoute un
alinéa entre le premier et le deuxième. C'est cela? D'accord, on
va l'avoir.
M. Bourbeau: Alors, c'est-à-dire qu'on modifie l'article
165.2 en ajoutant la phrase que je viens de mentionner à la fin de
l'article, en ajoutant cela sous la forme d'un nouvel alinéa.
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que c'est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président {M. Vaillancourt): Adopté.
M. Bourbeau: M. le Président, je prends note de la
division du député tout en étant surpris parce que...
M. Dufour: Pas sur l'amendement. Je suis d'accord sur
l'amendement. Il est adopté. Mais sur l'article 165.2 global, j'avais
une division.
M. Bourbeau: On vote sur l'amendement.
M. Dufour: D'accord. Sur l'amendement, cela va.
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que l'article 165.2
est adopté avec l'amendement'
M. Bourbeau: M. le Président, pour le Journal des
débats, l'amendement est adopté à l'unisson, mais
l'article lui-même tel qu'amendé est adopté sur
division.
M. Dufour: Voilà!
Le Président (M, Vaillancourt): Adopté sur
division. D'accord. L'article...
M. Bourbeau: L'article 165.
Le Président (M. Vaillancourt): Au
même article 3, c'est l'article 165.3.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. J'aimerais apporter un
amendement à l'article 165.3 en le modifiant et en remplaçant le
deuxième alinéa par le suivant: "Copie de ce règlement de
modification est transmise dès son adoption au ministre, à la
commission et à la municipalité régionale de
comté."
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que cet amendement
est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. Est-ce que
l'article tel qu'amendé est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. Au
même article, l'article 165...
M. Dufour: Attendez un peu. C'était... Non, sur
division.
Le Président (M. Vaillancourt): L'article au complet est
amendé sur division.
M. Bourbeau: Adopté sur division.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté sur
division. L'article 165.4.
M. Bourbeau: M. le Président, l'article 165.4 est
modifié par le remplacement du dernier alinéa par le suivant:
"Avis de l'entrée en vigueur de ce règlement doit être
transmis à la municipalité, à la commission et à la
municipalité régionale de comté."
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. Est-ce que
l'article au complet est adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt): Sur division.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. Maintenant,
on revient è l'article 7.
M. Bourbeau: L'article 7, M. le Président, prévoit
que le présent projet de loi entre en vigueur à la date de sa
sanction.
M. Dufour: Adopté sur division. Est-ce que la
renumérotation est faite?
M, Bourbeau: Non, on va faire les...
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que le titre est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président. M. Dufour:
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): Est-ce que la
rémunération est adoptée?
M. Bourbeau: On fait une motion de renumérotation, M. le
Président. Il n'y aura pas de rémunération.
Le Président (M. Vaillancourt): La renumérotation.
Est-ce que quelqu'un fait la proposition, M. le ministre?
M. Bourbeau: Oui, c'est fait, M. le Président.
Renumérotation.
Le Président (M. Vaillancourt): Adopté. Est-ce que
le projet de loi est adopté?
M. Dufour: Sur division.
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt): Au complet. Le projet de
loi 43 est adopté...
M. Bourbeau: Est-ce qu'il n'y a pas lieu d'adopter les chapitres
aussi, M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt): ...avec amendements.
M. Bourbeau: II n'y a pas un autre... Il ne faudrait rien
oublier.
Le Président (M. Vaillancourt): Les intitulés des
chapitres...
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt): ...par section sont
adoptés.
M. Bourbeau: Adopté, M. le Président.
M. Dufour: Oui, cela ne change pas que ce soit sur division
à la fin pour l'ensemble de la loi.
M. Bourbeau: On veut être sûr qu'on n'oublie
rien.
Le Président (M. Vaillancourt): Le projet de loi 43, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, est adopté au
complet...
M. Dufour: Sur division. ...ajourner. Je
pensais que le ministre allait dire qu'il était bien content
d'avoir une Opposition aussi active et aussi vigilante.
Le Président (M. Vaillancourt): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 30)