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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements se
réunit cette semaine à Montréal aux fins de remplir un
mandat qui lui a été confié par l'Assemblée
nationale, qui est de tenir une consultation générale de
l'ensemble des groupes et des individus qui ont souhaité se faire
entendre sur le document préparé par le ministre des Transports,
le député de Charlesbourg, qui porte le titre "Les
infrastructures de transport en commun de la région de Montréal,
document de consultation, orientations, financements, incidences". Il s'agit
d'un document de consultation gouvernemental sur lequel les membres de
l'Assemblée se sont entendus pour dire qu'il devait y avoir
consultation. C'est ce qui explique notre présence ici ce matin et votre
présence aussi, j'imagine.
Nous entendrons aujourd'hui, demain et après-demain, donc au
cours des trois prochaines journées, l'ensemble des groupes qui ont
souhaité se faire entendre, mis à part cinq ou six groupes pour
lesquels on n'a pas réussi à trouver de temps à
l'intérieur de la période que nous nous étions
donnée initialement. J'indique immédiatement que les deux
formations politiques se concerteront au cours des prochaines semaines pour
tenter de trouver de nouvelles disponibilités pour permettre à
ces autres groupes d'être, eux aussi, entendus sur ce document de
consultation gouvernemental.
Nous entendrons aujourd'hui les groupes suivants dans l'ordre où
je vais les énumérer: la Communauté urbaine de
Montréal, la ville de Laval conjointement avec la Société
de transport de Laval, les municipalités de Deux-Montagnes, Mont-Royal,
Pierrefonds, Roxboro et Saint-Laurent conjointement, la ville de
Montréal-Nord, la CIT de Deux-Montagnes, le groupe Transport 2000, la
ville de Mirabel et le Comité des usagers de la ligne 3
Montréal-Deux-Montagnes.
Nous avons prévu consacrer environ une heure à chacun des
groupes qui se présenteront devant nous au cours de la commission.
J'indique immédiatement que, dans le cas de la Communauté urbaine
de Montréal, il y a eu entente entre les formations politiques pour lui
permettre de prendre un peu plus de temps pour présenter son
mémoire compte tenu que, pour des raisons hors du contrôle
d'à peu près tout le monde, les membres de la commission n'ont pu
de façon satisfaisante prendre connaissance du mémoire
jusqu'à maintenant puisqu'il n'est entré qu'hier, compte tenu, je
répète, de circonstances incontrôlables de part et d'autre.
En conséquence, nous permettrons au président de la
communauté urbaine, de même qu'à ses collaborateurs et aux
membres du comité exécutif de la CUM qui l'accompagnent, de
prendre un peu plus de temps pour nous en faire la présentation. Avant
d'aborder nos travaux à proprement parler, je demanderais au
secrétaire de la commission de nous faire part des changements qu'il y a
quant à la composition de notre commission pour ce mandat de
consultation sur le document portant sur le financement du transport en commun
de la région de Montréal.
Le Secrétaire: Merci, M. le Président. Donc, Mme
Bélanger (Mégantic-Compton) sera remplacée par Mme
Cardinal (Châteauguay), M. Bissonnet (Jeanne-Mance) sera remplacé
par M. Trudel (Bourget), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) sera remplacé par
M. Chagnon (Saint-Louis), Mme Juneau (Johnson) sera remplacée par Mme
Harel (Maisonneuve), M. Middlemiss (Pontiac) sera remplacé par M. Parent
(Sauvé), M. Paradis (Matapédia) sera remplacé par Mme
Legault (Deux-Montagnes), M. Richard (Nicolet) sera remplacé par M.
Gobé (Lafontaine) et M. Vaillancourt (Orford) sera remplacé par
M. Bélanger (Laval-des-Rapides).
Le Président (M. Rochefort): Ça va?
Pas d'autres changements? Merci. À ce qu'on me dit, c'est pour
l'ensemble du mandat. Non, dans le cas de Mme la députée de
Maisonneuve, c'est pour la journée. D'accord. Quant aux autres
changements, si je comprends bien, il s'agit de changements que nous faisons
pour l'ensemble du mandat, quoique, je le répète aux membres de
la commission, il sera toujours possible, au début de chacune des
séances, de faire des modifications à notre composition si tel
est le souhait des membres de la commission. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le secrétaire pourrait nommer ceux qui ne sont
pas changés.
Le Président (M. Rochefort): Je pense
que l'ensemble des membres se reconnaissent. Ça va.
Donc, sans plus tarder, avant d'inviter le premier groupe à nous
faire la présentation de son mémoire, tel qu'entendu entre les
membres de la commission au moment de l'organisation de nos travaux, une
période d'une quinzaine de minutes, qui pourrait déborder sur
à peu près une vingtaine de minutes, a été
prévue pour chacune des deux formations politiques, pour permettre
d'introduire les positions des deux formations politiques quant au document qui
est présenté et, par la suite, la parole sera à l'ensemble
des intervenants.
Alors, M. le ministre des Transports, pour votre déclaration
d'ouverture.
Déclarations d'ouverture M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, M.
le député de Lévis, que je salue de manière
officielle pour la première fois comme mon vis-à-vis puisqu'il a
remplacé depuis déjà deux semaines Mme la
députée de Maisonneuve avec qui j'ai eu beaucoup de plaisir
à travailler, compte tenu de son sens très critique, très
positif dans toutes les démarches que nous avons entreprises depuis les
18 mois que je suis responsable du ministère des Transports, autres
membres de l'Opposition, mes collègues de la majorité
ministérielle, invités très spéciaux de la CUM et
tous les invités qui défileront au cours des trois prochains
jours, la plus cordiale des bienvenues.
La commission parlementaire qui s'ouvre aujourd'hui constitue une
étape importante dans les décisions relatives aux infrastructures
additionnelles et au financement du transport en commun dans la grande
région métropolitaine, décisions qui devront être
prises au cours des prochains mois et des prochaines années»
Plusieurs raisons ont incité le gouvernement à
procéder à une large consultation sur l'avenir des grandes
infrastructures de transport en commun dans la région de
Montréal. Les structures responsables du transport en commun ont
beaucoup évolué; il existe maintenant plus de vingt
autorités organisatrices de transport dans la région
métropolitaine et elles sont toutes dirigées par les élus
municipaux. La coordination de ces autorités représente un des
principaux défis des prochaines années.
Les dernières années ont été marquées
par de nombreuses divergences de vues quant aux travaux à
réaliser pour consolider et améliorer les réseaux de
transport en commun. Pour les 10 ou 20 prochaines années, il serait
important de se donner une véritable stratégie d'action
appuyée sur un consensus aussi large que possible afin que chaque
intervenant dispose d'une base fiable pour planifier ses propres
activités.
Le coût du transport en commun a atteint un niveau
élevé. Il va de soi qu'il faut payer pour faire fonctionner les
réseaux existants. Toutefois, la situation devient inquiétante
quand on se rend compte que le mode de financement retenu au départ
obligera le gouvernement et les municipalités à verser
conjointement 150 000 000 $ à 160 000 000 $ par année pendant les
25 ou 30 prochaines années pour le paiement des travaux de construction
du métro exécutés jusqu'à aujourd'hui... Une
ponction aussi importante sur les ressources disponibles réduit la marge
de manoeuvre pour garder en bon état les équipements existants
et, à plus forte raison, pour réaliser de nouveaux
équipements.
Le réseau routier présente des problèmes de
congestion chronique sur plusieurs ponts donnant accès à
l'île de Montréal. De même, certaines portions du
réseau autoroutier sur l'île de Montréal, telles les
autoroutes métropolitaine et Décarie, sont utilisées
à pleine capacité.
Il devient très difficile, je pense qu'il faut l'admettre, de
construire de nouveaux ponts ou de nouvelles autoroutes compte tenu des
coûts économiques, sociaux et environnementaux engendrés
par de telles constructions.
L'objectif de cette consultation consiste à dégager une
stratégie concrète d'actions nécessaires à un
développement cohérent et efficace des infrastructures de
transport commun de la grande région métropolitaine.
Il importe donc d'étudier le problème dans sa
globalité. Pour améliorer la qualité du transport en
commun dans une situation d'économie des ressources, il nous faut
considérer un ensemble de facteurs et faire des choix. Quelle est la
situation de l'offre et de la demande en transport dans la région?
Quelles sont les perspectives de développement de la région et
ses effets sur les besoins de déplacement? Une telle analyse prospective
nous commande de bien évaluer la capacité du réseau
routier, de tenir compte des équipements en place, des mouvements de
déplacement de la population, des tendances démographiques,
sociologiques et même spatiales! Il faut considérer les
coûts tant monétaires qu'environnementaux. L'impact sur la
qualité de la vie est extrêmement important.
Le transport en commun dans la région, c'est, bien sûr,
l'île de Montréal, mais, bien sûr, aussi Laval, la rive sud
et la rive nord. C'est la Société de transport de la rive sud de
Montréal, la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, la Société de transport de Laval,
mais aussi 17 conseils intermunicipaux de transport et 3 municipalités
qui organisent des services sur leur territoire et dont la principale
destination est l'île de Montréal.
Nous devrons faire des choix. C'est pourquoi j'apprécie
grandement l'implication croissante des élus dans les questions de
transport en commun. Il ne s'agit pas de se poser en quémandeurs, mais
en partenaires soucieux d'améliorer une situation.
Faire abstraction de l'offre de transport à ce moment-ci serait
manquer à nos devoirs quant à une vision de l'avenir. Depuis le
début des années soixante-dix, l'offre de services de transport
en commun a augmenté considérablement. À cette
époque, le programme d'aide gouvernementale a été
axé vers l'expansion des services. Le gouvernement a misé sur des
subventions aux immobilisations (achats d'autobus, construction de garages,
construction du métro et j'en passe) comme . moyen d'augmenter la
quantité des services offerts et d'en améliorer la
qualité.
L'offre de services de transport en commun dans la région
métropolitaine a doublé entre 1960 et 1986, passant de 91
véhicules-kilomètre à 182
véhicules-kilomètre. Au cours des dix dernières
années, l'offre de services a augmenté de 34 %. Le parc d'autobus
est passé, quant à lui, de 3030 à 4114 véhicules
depuis 1976. Au total, 2209 véhicules ont été
achetés au cours de cette même période.
Durant cette même période, le gouvernement a investi plus
de 50 000 000 $ dans l'agrandissement ou la construction de bâtisses.
Chaque organisme de transport, aujourd'hui ou dans les mois qui suivront,
disposera de tous les équipements adéquats pour remplir ses
fonctions. De façon à améliorer le confort des usagers, le
gouvernement a encouragé, par une subvention égale à 75 %
des coûts, l'installation d'abribus.
Le réseau initial du métro avait 26 kilomètres de
longueur. Ce réseau atteignait 30 kilomètres en 1976 et 54,5
kilomètres en 1986. Au début de 1988, le réseau du
métro aura 61 kilomètres de longueur et comptera donc 65
stations.
Si l'on cumule l'offre des trois sociétés de transport,
Société de transport de la rive sud de Montréal, STL et
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, avec celle des trains de banlieue et du métro, nous
avons plus de 4000 kilomètres de réseau.
Mais qu'en est-il de cette évolution, sur le plan historique, par
rapport à ce que nous côtoyons et utilisons chaque jour,
l'automobile? Les progrès réalisés dans le domaine du
transport en commun sont réels et importants, lis n'ont, toutefois, pas
empêché l'automobile d'enregistrer des progrès à
titre de principal mode de transport. En 1982, 70 % des déplacements
motorisés étaient effectués en automobile contre 60 % en
1960. La part relative du transport en commun a donc décliné de
40 % à 30 %.
La longueur du réseau autoroutier dans la région
métropolitaine est passée de 39 kilomètres en 1940
à 484,8 kilomètres en 1987. Actuellement, la population vit
d'importants problèmes de congestion sur les axes menant au centre-ville
de Montréal. Sur les ponts reliant la rive sud à l'île de
Montréal, la situation est très critique et il s'agit
d'écouter les lignes ouvertes à chaque midi pour voir
jusqu'à quel point le ministre des Transports est
apprécié. Il est impossible de créer de nouveaux
accès à l'île de Montréal sans raser des quartiers
et sans entraîner des problèmes de congestion majeurs au
centre-ville de la métropole.
Au niveau du réseau routier, nous sommes en pleine période
de consolidation. Uniquement pour conserver en bon état les
infrastructures routières, nous devons entreprendre un plan de
rattrapage et le rapport Middlemtss recommandait, par les infrastructures
routières de la grande région de Montréal, des
investissements de 70 000 000 $ au cours des cinq prochaines années
uniquement pour conserver ce que nous avons maintenant.
Pourtant, le nombre d'automobiles et le nombre moyen d'autos par
ménage sont en augmentation constante. La proportion des ménages
possédant deux autos et plus était de 12 % en 1970; elle
était de 20 % en 1982. Je pense que la conclusion saute aux yeux: l'auto
est tout de même le véhicule ou le moyen de déplacement le
plus utilisé.
Puisque la population totale de la région métropolitaine
est relativement stable depuis 1971, une croissance moyenne de 0,3 %
annuellement, la demande en transport croît beaucoup moins rapidement
maintenant. Les prévisions démographiques, basées sur les
tendances passées, laissent entrevoir, pour les dix ou quinze prochaines
années, une importante redistribution de la population entre les
différentes parties de la région. La population diminue dans les
quartiers centraux, là où on est le mieux desservi par le
transport en commun. La population augmente en banlieue. Cela devrait
normalement entraîner un allongement des déplacements et de leur
durée.
La population, dans son ensemble, vieillit, principalement dans les
quartiers centraux. Par ailleurs, la population des banlieues demeure
relativement jeune; c'est dans la banlieue que l'on retrouve beaucoup de jeunes
familles. Tout comme les jeunes, les personnes âgées optent
davantage pour le transport en commun. Cependant, ce groupe, il faut bien le
constater, se déplace moins que les jeunes. Ainsi, dans l'ensemble, la
baisse du nombre de jeunes pourrait favoriser une tendance à la baisse
de l'usage du transport en commun qui serait partiellement compensée par
les personnes âgées.
Enfin, le groupe des adultes, les 25-64 ans, représente le groupe
le plus important. Ce sont aussi les plus susceptibles de posséder une
voiture et d'en faire usage.
C'est au chapitre du financement de ce service que l'on peut mieux
apprécier les efforts déployés. En dollars constants, le
métro nous a déjà coûté, à lui seul,
plus de 2 800 000 000 $ en investissements. En supposant un statu quo sur le
plan du développement des infrastructures, le métro actuel nous -
lorsque je dis nous, ce sont les municipalités et le gouvernement -
coûtera entre 150 000 000 $ et 160 000 000 $ par année pour les 25
prochaines années. En calculant à partir d'aujourd'hui et en
supposant qu'il n'y ait aucun développement, en 1995 - cela, c'est dans
huit ans - le gouvernement du Québec aura versé, à lui
seul, entre 1 000 000 000 $ et 1 100 000 000 $ pour le métro. La dette
à rencontrer sera encore de l'ordre de 637 000 000 $.
Cette année, l'ensemble des organismes de transport en commun de
la région aura des dépenses totales de l'ordre de 786 000 000 $.
Ces dépenses seront comblées de la façon suivante:
subventions du ministère des Transports du Québec, 336 000 000 $;
contribution des usagers, 261 000 000 $; contribution des municipalités,
189 000 000 $. Il y a un tableau qui suit, pour ceux qui sont
intéressés, relativement à la participation de chacune des
sociétés ou commissions de transport, des usagers, du
gouvernement et du palier municipal.
Actuellement - c'est un point qui a soulevé un peu de
poussière au cours des dernières semaines - le gouvernement
finance 75 % des achats d'autobus; cela lui coûtera environ 40 000 000 $.
Il a été décidé, en collaboration avec les
représentants de l'Association des transporteurs urbains du
Québec, de revoir le partage du financement de cet équipement de
la façon suivante: en 1987, 75 % pour la part du gouvernement, 25 % pour
celle du monde municipal; en 1988, 65 % et 35 % et, en 1989, 60 % et 40 %. Le
gouvernement finance à 100 % les immobilisations du métro,
à 75 % les bâtisses, les abribus et autres équipements du
genre.
(10 h 30)
Enfin, si l'on considère les opérations, le gouvernement
subventionne 40 % des revenus provenant des usagers des services
réguliers et, dans le cas du laissez-passer, il subventionne la
différence entre 50 déplacements au tarif unitaire de la
catégorie d'usager et le pris du laissez-passer. Ainsi, en 1987, le
gouvernement octroie une subvention de fonctionnement et une subvention au
laissez-passer totalisant plus de 122 000 000 $ et représentant 120 % de
la contribution municipale. - Cependant, il existe divers problèmes de
transport des personnes dans la région. À quels problèmes
faut-il s'attaquer en priorité et pourquoi? Ne doit-on pas
privilégier les axes où se vivent actuellement les plus
importants problèmes de congestion? Serait-il préférable
de doter la région d'un bon réseau de trains de banlieue à
l'exemple de Toronto? Quel est le coût des investissements
proposés? Les secteurs de l'agglomération qui nécessitent
un moyen de transport puissant parce que générant une importante
clientèle pour le transport en commun sont maintenant desservis par le
métro. Existe-t-il un autre secteur offrant un potentiel d'achalandage
pour justifier un prolongement éventuel du métro? Après
une ère de grandes constructions, entrons-nous dans une période
de consolidation? Vous aurez compris qu'à ces questions nous tenterons
d'obtenir des réponses des spécialistes et de ceux qui ont
à le vivre quotidiennement.
En 1961, il fut décidé d'étaler les coûts du
métro sur une période de 40 ans. Cette durée excède
celle de certains équipements. Aujourd'hui, des rénovations
majeures s'annoncent bien avant que le coût initial soit absorbé.
Ne devrait-on pas échelonner la facture sur la durée de la vie
utile de ces équipements ou encore payer comptant, comme on en retrouve
certains exemples à l'extérieur, soit à Paris ou à
Toronto?
Le gouvernement, vous l'aurez compris par ces chiffres, est le principal
bailleur de fonds du transport en commun au Québec. Le gouvernement
aussi est à la merci des décisions locales concernant le niveau
de dépenses et la tarification. Le montant des subventions est souvent
modifié, même une fois que le budget du programme est
établi. Le gouvernement ne peut contrôler à moyen terme sa
subvention, ce qui est très difficile pour un ministre des Transports et
même pour un gouvernement.
Posons-nous des questions et tentons d'y répondre ensemble.
Est-ce que les municipalités devraient revoir leur degré
d'implication financière pour refléter concrètement
l'importance accordée au transport au commun, pour refléter le
fait qu'elles participent aux décisions d'implantation, pour les inciter
à toujours mieux entretenir les infrastructures dont elles assurent
l'exploitation et pour être à même de mieux apprécier
la pertinence des nouveaux projets?
L'augmentation des subventions dans un contexte de renforcement de
l'autonomie décisionnelle et financière des municipalités
a abouti à certains paradoxes. Dans le cas du métro, la CUM
propose des travaux à réaliser alors que le gouvernement approuve
les travaux et en paie les coûts. N'y a-t-il pas divorce entre le pouvoir
d'initiative et la responsabilité financière? Dans les cas
des
trains de banlieue, le gouvernement décide lui-même des
travaux de modernisation et en paie les coûts, alors que la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal gère les trains sans les intégrer à son
réseau de surface et que le gouvernement absorbe le déficit
d'exploitation. N'y a-t-il pas divorce, dans l'exploitation, entre le pouvoir
décisionnel et la responsabilité financière?
N'est-il pas admis que les collectivités locales doivent
déterminer elles-mêmes la nature, la qualité et la
quantité des services qu'elles veulent s'offrir, et que les subventions
entraînent une distorsion des comportements des administrateurs
municipales? Chaque organisation de transport a ses priorités et ses
besoins. Qui paiera la note? Quelle devrait être la part du gouvernement,
des municipalités ou des autres partenaires?
Serait-il judicieux d'augmenter le tarif pour l'usager? Cela, je pense,
risquerait d'entraîner une baisse de la clientèle et d'amener les
organismes dans un cercle vicieux: baisse de clientèle, baisse de
services, baisse de services, baisse de clientèle et baisse de revenus.
Serait-il plus équitable que ceux qui bénéficient du
transport en commun contribuent à son financement? Doit-on se doter de
sources de financement qui permettent d'agir directement sur la demande en
transport? Qui favorise le transfert modal?
Les automobilistes ne bénéficient-ils pas du transport en
commun par l'atténuation de la congestion, une diminution des besoins en
nouvelles infrastructures routières? Les entreprises installées
au centre-ville ne bénéficient-elles pas du transport en commun?
Peuvent-elles faire en sorte de mieux répartir la demande en transport?
La solution réside-t-elle dans la participation de nouveaux
partenaires?
Voilà toute une série de questions posées
auxquelles nous tenterons d'avoir des réponses au cours de ces trois
jours. Mais déjà les solutions ne sont pas faciles. Le
gouvernement devra trancher.
En conclusion, M. le Président, la consultation que nous
entreprenons ce matin est importante pour l'avenir des grandes infrastructures
de transport dans la région de Montréal. Il n'est jamais facile
de prendre des décisions qui engagent une collectivité et les
décisions en matière d'infrastructures semblent devenir de plus
en plus difficiles. Les effets des décisions passées sont
présents sous nos yeux et nous incitent à la prudence. Ainsi,
nous connaissons aujourd'hui les conséquences d'avoir choisi, dans les
années cinquante et soixante, l'automobile comme transport individuel de
masse. Nous voyons aussi les résultats d'un abandon progressif des
trains de banlieue.
Quant à la recherche de solutions, elle se complique en raison du
grand nombre d'acteurs et de leurs intérêts divergents. Les points
de vue exprimés pendant la consultation fourniront une meilleure
connaissance des besoins en transport et des différentes réponses
qui peuvent y être apportées. Cet éclairage est non
seulement utile, il est indispensable et il influencera les décisions
éventuelles du gouvernement en ce qui a trait aux infrastructures
additionnelles de transport en commun.
Dans les semaines qui suivront cette commission, à la
lumière des points de vue qui y seront discutés et des
discussions que j'ai eues à ce sujet avec l'Association des
transporteurs urbains du Québec, je recommanderai au Conseil des
ministres certaines modifications au programme d'aide au transport en commun.
Les modifications seront annoncées en temps opportun pour pouvoir
s'appliquer dès le 1er janvier 1988. La consultation est
nécessaire. Toutefois, elle n'aura pas atteint son but si les
intervenants se contentent de dresser une liste de projets et de demander au
gouvernement de payer entièrement la note. L'exercice que nous
entreprenons ce matin ensemble aujourd'hui vise à résoudre les
principales questions qui se posent pour l'avenir.
En terminant, M. le Président, initialement, la commission devait
porter sur des infrastructures additionnelles. À la demande, en
particulier, de M. Hamelin, de la CUM, et de certains intervenants de l'ATUQ,
nous avions accédé, comme gouvernement, à la
possibilité que cette discussion puisse déborder sur le
problème du financement qui est, quand même, au coeur de nos
relations, je dirais même, quotidiennes. Cela pourra faire en sorte que
nos prochaines années seront mieux planifiées dans le respect de
chacun des participants sur le plan financier. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre.
J'inviterais maintenant le porte-parole de l'Opposition et député
de Lévis à nous faire ses remarques d'introduction. M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, M. le ministre des Transports,
distingués collègues et membres de la commission, mesdames et
messieurs les représentants des usagers, les sociétés de
transport et mesdames et messieurs les élus municipaux, j'aimerais,
avant d'entreprendre le début de nos travaux, faire quelques remarques
préliminaires.
C'est avec grand plaisir que nous, du Parti québéois,
sommes ici réunis cette semaine en commission parlementaire pour
entendre les groupes et organismes intéressés par cette
importante question du transport en commun dans la région de
Montréal.
Cette commission parlementaire, qui se déroulera toute la semaine
à Montréal, est attendue depuis déjà un bon moment.
Promise en campagne électorale en 1985, elle devait tout d'abord se
tenir à l'automne 1986. Elle fut reportée au printemps 1987 pour,
finalement, avoir lieu à la fin de l'été cette
année.
Je profite du moment pour remercier toutes les personnes ou organismes
qui ont travaillé sérieusement, en pleine période
estivale, faut-il le rappeler, à la rédaction de leur
mémoire et qui viendront faire part de leurs préoccupations
devant les membres de cette commission au cours des trois prochains jours. Les
nombreux mémoires reçus témoignent de
l'intérêt que portent les principaux intervenants à la
question des infrastructures et du financement du transport en commun dans la
région de Montréal.
Par ailleurs, à titre de nouveau porte-parole de l'Opposition
officielle en matière de transports, j'aimerais saluer tous les
intervenants oeuvrant non seulement dans le domaine du transport en commun,
mais dans tous les secteurs du transport, qu'il soit terrestre, maritime,
aérien, ferroviaire ou autre. J'aimerais offrir à tous mon
entière collaboration à l'évolution d'un dossier aussi
important que celui du transport au Québec.
Enfin, je tiens à remercier les membres de la commission de
l'aménagement et des équipements qui ont bien voulu accepter,
pour une deuxième semaine consécutive, de se déplacer et
de se réunir à Montréal plutôt que dans le cadre
régulier de leurs travaux à l'Assemblée nationale. Il faut
dire qu'à l'Assemblée nationale nous sommes de moins en moins
bien vus de ce temps-ci; il y a la Gendarmerie qui veut nous ficher, etc.
Alors, on se sent à l'aise à Montréal, n'est-ce pas?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Cette procédure, convenue conjointement par les
deux formations politiques, témoigne du souci des parlementaires de se
rapprocher des préoccupations et du quotidien des
Québécoises et des Québécois.
Faut-il rappeler qu'en 1982, lors de la commission parlementaire
chargée d'étudier la proposition gouvernementale soumise par M.
Michel Clair, le ministre des Transports de l'époque, la situation
était fort différente? En effet, l'Opposition officielle à
ce moment avait refusé son consentement pour permettre la tenue
d'audiences publiques en commission parlementaire dans la région
même de Montréal. Signe que les temps changent, et fort
heureusement, les parlementaires se retrouvent ici aujourd'hui pour entendre
chez eux les principaux intéressés du transport en commun
à Montréal.
Cette commission parlementaire qui s'amorce aujourd'hui ne constitue pas
le premier exercice du genre en ce qui a trait au développement du
transport en commun. Elle s'inscrit plutôt, pour moi, dans le
prolongement d'une vaste consultation entreprise il y a plusieurs
années.
Je ne voudrais pas refaire tout l'historique de l'évolution du
transport en commun dans la région de Montréal, mais je crois
qu'il importe de rappeler quelques événements qui ont
marqué la dernière décennie. Pensons notamment à
1976 où, constatant l'importance des investissements nécessaires
pour poursuivre les travaux amorcés, le gouvernement
décrète un moratoire sur le prolongement du métro et la
construction d'autoroutes, puis entreprend une réflexion sur l'ensemble
de la question.
Quelque trois ans plus tard, en 1979, le gouvernement présente un
plan de transport intégré pour la région de
Montréal, ce qu'on a appelé, par la suite, le plan de Bellevai.
En 1982, le ministre des Transports de l'époque, M. Michel Clair,
dépose un livre blanc proposant une réforme majeure du cadre
institutionnel et financier du transport en commun. Ce livre blanc avait,
d'ailleurs, été étudié en commission parlementaire
en octobre 1982.
En 1984, on assiste à la création des conseils
intermunicipaux de transport, ce qu'on appelle les CIT. Finalement, en juin
dernier, le ministre des Transports déposait en Chambre un document de
consultation, intitulé "Les infrastructures de transport en commun de la
région de Montréal, orientations, financement, incidences".
Ce document - le ministre l'a bien précisé dès les
premières pages - n'est pas une proposition gouvernementale. C'est
plutôt un document de travail permettant d'orienter la réflexion
et les discussions sur la problématique du transport en commun. Sauf
qu'on observe une constante dans le discours du ministre: baisse de services,
baisse de la clientèle, baisse de la clientèle, baisse de
services. Les gens de Quebecair nous répètent ça. Les gens
des traversiers nous disent aussi qu'on veut envoyer la facture de plus en plus
aux usagers. Je constate, dans le transport en commun, que ça a l'air de
prendre la même direction, M. le Président.
En ce sens, le document a le mérite d'ouvrir des avenues,
notamment quant aux critères d'implantation de nouvelles infrastructures
et aux sources alternatives de financement. Je crois qu'il nous reste beaucoup
de chemin à parcourir sur ces questions et je suis convaincu que les
travaux de cette commission parlementaire permettront de dégager des
solutions intéressantes.
Par contre, le document soulève de nombreuses interrogations
quant aux orientations futures du ministre sur la question des infrastructures
et du finance-
ment du transport en commun.
Le recours à de nouvelles sources de financement donnera-t-il au
gouvernement une porte de sortie pour diminuer graduellement sa contribution
financière? C'est ce que ses dernières décisions ou ses
dernières annonces semblent indiquer. Sous le prétexte de
ressources limitées, le gouvernement ira-t-il jusqu'à priver
certaines régions d'infrastructures réclamées pourtant
depuis longtemps et nécessaires à leur développement
social et économique? D'autant plus qu'il semble qu'avec son dernier
budget, les derniers crédits budgétaires, le président du
Conseil du trésor nous a dit que les ressources limitées,
c'était maintenant réglé; il y avait de l'argent en
masse.
Ces interrogations prennent plus d'importance à cause des
récentes décisions du gouvernement dans le dossier du transport
en commun. En effet, en moins de trois mois, avant même la tenue des
audiences publiques en commission parlementaire, deux décisions majeures
du gouvernement du Québec ont soulevé la colère dans le
milieu et remettent en question la participation de Québec au
financement du transport en commun.
Revoyons brièvement les faits. Tout d'abord, le 13 mai dernier,
le gouvernement adopte le décret 754-87 prévoyant le retrait
progressif du financement des achats d'autobus servant au transport en commun.
La participation de Québec, qui était de 75 % depuis huit ans,
tombera à 65 % en 1988 et à 60 % en 1989.
Pour ajouter aux inquiétudes, voilà que le gouvernement
annonce son intention de mettre fin à sa contribution au déficit
d'exploitation de la ligne Montréal-Rigaud dès le 1er janvier
prochain et de réduire de 50 % ses subventions à la construction
d'abris d'autobus sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal.
Ces dernières décisions représenteront un fardeau
financier supplémentaire totalisant près de 8 000 000 $
annuellement pour les contribuables de l'île de Montréal. N'y
a-t-il pas lieu de s'inquiéter de la position réelle du ministre
dans ce dossier? Comment expliquer de telles décisions sans aucune
consultation préalable avec les parties intéressées?
Est-ce qu'il voulait se débarrasser de cette partie pour atteindre ce
qu'il disait tout à l'heure, un consensus aussi large que possible?
Voulait-il se débarrasser de certaines questions avant, pour pouvoir
faire le consensus après? Où est l'urgence de la situation en
pleine période estivale? Il semble, d'ailleurs, que ce gouvernement se
soit fait une spécialité d'annoncer ses mauvaises nouvelles en
été, craignant sans doute les plus vives critiques. Quelles sont
les intentions réelles du gouvernement? (10 h 45)
Comment concilier une telle attitude du ministre avec les
déclarations comprises tout au long de son document de consultation? Je
cite: "La consultation (...) sera plutôt l'occasion pour le gouvernement
d'être à l'écoute des principaux intervenants."
C'était à la page 1. À la page 19: "Cette démarche
gouvernementale devrait être l'amorce de consultations entre les
principaux acteurs du domaine du transport des personnes dans la région.
La concertation apparaît, en effet, de plus en plus comme une
nécessité pour planifier et gérer, au moindre coût
pour la collectivité..."
De telles décisions ne signifieraient-elles pas que les
règles du jeu dans le domaine du transport en commun soient
fixées avant même d'entendre les autres partenaires
concernés? Les intervenants du monde du transport en commun à
Montréal sont inquiets à l'heure actuelle. Et nous le sommes
aussi. Les décisions récentes du ministre vont tout à fait
à l'encontre des principes énoncés dans son document:
consultation, échanges, consensus, concertation. Il faut dire qu'on dit
souvent que la vertu est dans la théorie et les désavantages dans
la pratique. Tout cela est très déplorable et risque de modifier
considérablement l'orientation de nos travaux. Une fois de plus, le
gouvernement aura réussi à faire la preuve qu'entre les discours,
les écrits et la réalité, il y a tout un monde qui semble
parfois irréconciliable.
Pourtant, plus que jamais, le transport en commun est appelé
à jouer un rôle prépondérant au sein de la
collectivité montréalaise. Là-dessus, il y a des chiffres
révélateurs au point de vue du nombre de personnes qui
possèdent une automobile à Montréal ou du niveau de vie
des gens de la région de Montréal, dans le document que nous
allons étudier tout de suite après nos interventions. Tous ceux
et celles qui ont présenté des mémoires dans le cadre de
cette commission parlementaire l'ont très bien démontré.
Certes, les solutions proposées divergent selon les
particularités locales et régionales, mais tous s'entendent pour
reconnaître l'importance du transport en commun et la place qu'il occupe
dans le développement économique et social d'une région
comme celle de Montréal. On n'a qu'à penser aux nombreux
problèmes vécus quotidiennement, tant aux niveaux commercial,
social, industriel, lors d'une grève du transport en commun à
Montréal pour saisir toute cette réalité.
Il est important de constater à quel point la vie de la grande
région métropolitaine bat au rythme de la qualité de ses
infrastructures de transport en commun. Les réseaux d'autobus, le
métro, les trains de banlieue sont autant d'éléments qui
contribuent à l'essor et au développement de la
région.
Mais voilà, comme le soulignait le
document gouvernemental, les besoins de transport ont
évolué considérablement au cours de la dernière
décennie. La présence d'un plus grand nombre d'intervenants dans
l'organisation du transport en commun a influencé grandement la gestion
des activités de transport sur l'île de Montréal et sa
banlieue.
L'évolution démographique constitue également un
facteur déterminant dans l'organisation et le développement d'un
réseau de transport en commun. L'augmentation du nombre de personnes
âgées, qui chercheront à se rapprocher des services
médicaux, sociaux ou autres, sera un des éléments
importants à considérer. L'urbanisation, l'étalement de la
population -avec les problèmes qu'engendre cet étalement - et des
emplois forceront les autorités organisatrices de transport en commun
à faire des choix importants.
Par ailleurs, le contexte financier a, lui aussi, connu des changements
majeurs. Le développement d'infrastructures de transport en commun a
toujours nécessité d'importants investissements. Tout indique que
la tendance se maintiendra.
Nous avons pu constater une certaine perspective des intervenants en ce
qui a trait au développement de nouvelles infrastructures. Certes, les
communautés continuent de réclamer de nouvelles installations ou
des améliorations au système actuel, mais elles sont beaucoup
plus critiques dans leurs démarches. Il ne s'agit pas seulement de
demander pour demander. Elles sont en mesure de justifier leurs demandes,
d'expliquer leurs besoins et les impacts éventuels sur le
développement de leur secteur ou de leur région. Elles veulent
également considérer combien il en coûtera et qui paiera la
note.
L'opportunité de recourir à de nouvelles sources de
financement semble susciter de plus en plus d'intérêt.
Expérimentées avec succès dans plusieurs autres pays, il
vaudrait peut-être la peine de s'y attarder davantage. Nous croyons aussi
qu'il peut s'agir d'une hypothèse à envisager. Par contre, nous
aimerions avoir l'assurance et la garantie que le gouvernement ne tentera pas,
par cette manoeuvre, de se désengager dans la même proportion du
financement du transport en commun et d'augmenter en contrepartie la
contribution des usagers.
Mais, au fil des ans, s'il est une préoccupation que nous ne
devons pas perdre de vue, c'est bien celle de l'usager. Parce que le transport
en commun va bien au-delà de toute la question des autobus, des
parcours, du métro. En fait, l'usager se situe au coeur même de
toute la problématique du transport en commun. Et c'est probablement un
des principaux défis à relever au cours des prochaines
années.
Parler de prolongement du métro, de modernisation des trains de
banlieue ou de voies réservées sans parler des usagers, de leurs
préoccupations ou de leurs besoins, c'est oublier là une
composante essentielle. Redonner aux usagers la place qui leur revient, les
consulter et les impliquer davantage, tenir compte de la diversité des
clientèles, voilà quelques-unes de nos principales
responsabilités. Limiter les discussions en matière de transport
en commun aux seules questions d'infrastructures et de contraintes
financières, c'est, selon moi, une vision très parcellaire de
toute cette problématique. Bien au contraire, le transport en commun ne
devrait-il pas s'inscrire dans une perspective plus globale de transport
terrestre des personnes et de développement social et économique
d'une région?
Conscient, d'une part, des nombreuses contraintes auxquelles doivent
faire face les autorités organisatrices de transport et, d'autre part,
qu'il nous faudra faire preuve de réalisme dans notre choix des
immobilisations futures, nous devrons éviter de* tomber dans le
piège de priver des régions d'un système de transport
adéquat sous prétexte de ressources limitées. Certains
secteurs de l'île de Montréal et de sa banlieue sont encore
privés d'infrastructures adéquates.
Dans le respect des autonomies et particularités locales, il
faudra plus que jamais orienter nos interventions, notamment, sur:
premièrement, une plus grande préoccupation a l'égard des
usagers; deuxièmement, l'intégration des divers modes de
transport; troisièmement, la complémentarité de
l'interdépendance des nombreux intervenants dans le domaine des
transports; quatrièmement, la qualité du service offert à
la clientèle et, cinquièmement, l'adaptation des nouvelles
installations aux besoins spécifiques de la clientèle.
Je termine là mes remarques, M. le Président, pour le
moment. Je crois qu'il importe aux divers groupes touchés de faire
état de leurs préoccupations et nous aurons l'occasion de
poursuivre la discussion par la suite. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Lévis. Donc, sans plus tarder, nous allons
donner la parole aux intervenants. Le premier groupe à comparaître
devant nous ce matin - ils se sont déjà installés à
la table des témoins - il s'agit des dirigeants de la Communauté
urbaine de Montréal.
Auditions
M. le président de la communauté urbaine, je vous souhaite
la bienvenue parmi nous, de même qu'à vos collaborateurs, adjoints
et membres du comité exécutif. J'aimerais, non pas pour les gens
qui sont dans la salle, mais pour l'information des
membres de la commission qui ne connaîtraient pas toutes tes .
personnes qui vous accompagnent, de même que pour le Journal des
débats, que vous présentiez chacun des membres de votre
groupe, qui sont à la table, avec leurs fonctions et, par la suite, que
vous nous fassiez la présentation de votre mémoire.
Communauté urbaine de Montréal
M. Hamelin (Michel): Merci, M. le Président. À mon
extrême gauche, Mme Thérèse Daviau, conseillère
municipale a Montréal et vice-présidente de la commission du
transport de la Communauté urbaine de Montréal; M. Robert
Perreault, vice-président du comité exécutif de la ville
de Montréal et président de la Société de transport
de la Communauté urbaine de Montréal; M. Jean Doré, maire
de Montréal, membre du comité exécutif et
vice-président du conseil de la Communauté urbaine de
Montréal. À mon extrême droite, M. Peter Yeomans, maire de
Dorval et président de la commission du transport de la
Communauté urbaine de Montréal; le Dr Michel Leduc, maire de La
Salle et vice-président de la Société de transport de (a
Communauté urbaine de Montréal; M. Bernard Lang, maire de
Côte-Saint-Luc, président de la Conférence des maires et
membre du comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal.
En débutant la présentation, j'aimerais saluer M. le
ministre des Transports, le porte-parole officiel de l'Opposition en
matière de transports, ainsi que mesdames et messieurs de la commission
parlementaire.
Nous désirons également féliciter le gouvernement
de tenir cette commission sur un enjeu majeur pour nous, à la
Communauté urbaine de Montréal, et remercier spécialement
les membres de la commission d'avoir accepté de tenir cette commission
à Montréal pour ainsi se rapprocher du coeur des problèmes
de transport en commun au niveau de la province. Il est inutile de souligner
que c'est à Montréal que le problème est le plus
crucial.
Je voudrais souligner aussi, avant de commencer la lecture du
mémoire, que ce mémoire a recueilli l'unanimité des 28
municipalités qui composent la Communauté urbaine de
Montréal. Cela n'a pas toujours été facile, mais nous
avons fini par obtenir cette unanimité. C'est ce qui explique aussi le
retard à livrer le mémoire. Cette fameuse unanimité, nous
l'avons obtenue mercredi soir dernier. Nous avons pris des dispositions pour
que le mémoire soit livré dès vendredi matin par poste
prioritaire. On va démêler i'écheveau bientôt, mais
poste prioritaire nous dit que c'est livré à Québec et,
à Québec, on nous dit qu'on ne l'a pas reçu. On en a
envoyé des copies supplémentaires hier matin. Bref, les membres
n'en ont eu copie que ce matin. Nous nous en excusons et espérons que ce
sont des choses qui ne se reproduiront plus.
Pour accélérer un peu, je vais commencer la lecture du
mémoire à partir de la page 6 qui situe le réseau de
transport en commun de la communauté. L'historique est, quand
même, relativement bien connu de tous.
En 1985, le réseau de la STCUM a transporté 372 000 000 de
voyageurs. Depuis 1972, c'est une augmentation de 102 000 000 de voyageurs,
soit 27 %. En 1982, on avait un achalandage de 336 000 000 de voyageurs. C'est
clair que cet afflux de nouveaux voyageurs était dû à
l'extension vers l'ouest du territoire desservi par la STCUM et surtout
à l'introduction de la carte mensuelle. L'amélioration du train
de banlieue vers Rigaud et l'ouverture de la station intermodale Vendôme
a aussi influencé, évidemment, l'achalandage en 1985. En 1986, il
y a un achalandage de plus de 3 %, ce qui veut dire 9 000 000 de plus de
voyageurs. On n'a qu'à penser si ces déplacements avaient
été faits en automobile, 9 000 000 de plus pour l'année
1986, ce que ça aurait causé à l'agglomération
montréalaise.
La longueur du réseau de surface de la STCUM a atteint 2 700
kilomètres en 1986, une augmentation de 54 % depuis 1972. Durant les dix
dernières années plus spécifiquement, ta croissance a
été de 38%, due surtout à une extension dans l'ouest. La
longueur moyenne des déplacements est passée de 6,5
kilomètres en 1972 à plus de 7 kilomètres en 1985, tandis
que le temps de trajet des usagers a diminué à cause de
l'accroissement de la vitesse moyenne des véhicules. Ramenés en
dollars constants, tes coûts d'exploitation par kilomètre, ainsi
que les coûts par voyageur n'ont pas augmenté depuis dix ans, mais
les revenus par voyageur, eux, ont diminué de 26 %.
Au cours de toutes ces années et depuis 1972 en particulier, les
élus de la communauté ont développé certains
principes de base concernant le transport en commun. Ces principes
élaborés progressivement avec les partenaires impliqués,
dont le gouvernement du Québec, devraient guider notre action pour
l'avenir.
L'importance du transport en commun à Montréal s'explique
en partie par certaines caractéristiques propres à notre
population. Ainsi, en 1985, 35,9 % des ménages de la région
métropolitaine sont sans automobile alors que la moyenne pour les autres
agglomérations canadiennes de plus de 500 000 est de 21,5 %. Alors, de
21 à 35,9, c'est, quand même, en pourcentage une très
grosse différence. Le taux de motorisation est beaucoup plus faible
à Montréal, 311 automobiles pour 1 000 habitants contre 408 pour
les autres métropoles. On y trouve aussi
une plus grande proportion de personnes à faibles revenus: 30,5 %
des personnes de 15 ans et plus n'ont aucun revenu, sinon des paiements de
transfert, alors que le pourcentage correspondant est de 21,5 % dans les autres
grandes métropoles. Le ministre a souligné des taux de
motorisation tantôt, mais je crois que ça devait s'appliquer
à l'ensemble du Québec. Ici, nous regardons le taux de
motorisation de la région de Montréal.
L'importance du transport en commun tient à l'influence que joue
un tel réseau d'équipements dans la qualité de vie d'un
milieu dont la vocation de pôle de développement et de centre
international de tertiaire moteur a été maintes fois
affirmée. On sait que plusieurs métropoles
nord-américaines ont réussi au cours des dernières
années à engendrer un mouvement de renaissance de leur
centre-ville. Or, l'influence exercée par l'existence d'un service de
transport collectif efficace est, la plupart du temps, apparue comme une
condition nécessaire à la réalisation des divers avantages
de concentration qui sont propres à l'activité économique
moderne. En tenant compte, à la fois, de ce regain d'activité
dans le centre-ville et de la consolidation des pôles secondaires
d'activités mixtes, on peut même affirmer que les activités
nouvelles, celles qui sont reliées, par exemple, aux technologies
nouvelles, cherchent de plus en plus à se regrouper en zones denses et
à favoriser les noyaux du réseau de transport en commun de
préférence à une plus grande dispersion et aux grands axes
autoroutiers.
Un réseau de transport commun efficace offre à chacun la
possibilité de se déplacer aisément en toute circonstance
et il offre particulièrement aux plus vulnérables dans la
société et à la clientèle captive un service qu'il
faut considérer comme un besoin élémentaire en milieu
métropolitain. Les chiffres cités tantôt font montre de
cette clientèle captive dans notre territoire. Ce sont là des
avantage reconnus depuis longtemps et dont les pouvoirs publics, tant à
l'échelle locale qu'au niveau gouvernemental, ont accepté de
payer le prix. Les services spéciaux aux handicapés
répondent à ce besoin. Le maintien d'un réseau
étendu à la fois dans l'espace et dans le temps et l'application
d'une structure de tarifs qui tienne compte de la capacité de payer des
usagers représentent également un engagement qu'il convient de
partager le plus largement possible. (11 heures)
Chaque dollar additionnel dépensé dans le transport
collectif permet d'augmenter davantage la capacité du système de
transport et, par conséquent, la vitesse de circulation. Ce même
dollar dépensé dans le transport individuel par automobile serait
beaucoup moins efficace si on tient compte de toutes les dépenses
d'investissement et de fonctionnement, tant de la part des individus que des
administrations publiques. Un spécialiste résume les nombreux
travaux de recherche en ce domaine de la manière suivante: "L'avantage
du transport en commun en termes d'investissement marginal par rapport à
la capacité supplémentaire en heure de pointe est donc
très net dans les grandes villes et devient écrasant dans les
très grandes agglomérations." C'est un spécialiste, M.
Pierre Merlin, qui n'est probablement pas Merlin l'Enchanteur, qui a fait cette
affirmation.
L'intégration régionale du transport collectif, qui permet
è l'usager de passer rapidement et aisément d'un réseau ou
d'un mode de transport collectif à un autre, et même, si le tout
est suffisamment attrayant, qui offre à l'automobiliste la
possibilité d'emprunter un mode collectif pour compléter son
déplacement, est aussi un moyen d'élargir la clientèle et
de consolider la priorité du transport en commun. Les noeuds d'un tel
réseau intégré sont les stations intermodales où
doivent se rencontrer, dans un maximum de fluidité, l'automobile, le
train, l'autobus et le métro. L'examen des flux entre la
Communauté urbaine de Montréal et sa périphérie
montre que de telles stations intermodales seraient nécessaires en
différents points, à la périphérie du territoire.
Là-dessus, je relève une affirmation du ministre qui disait que
le centre de Montréal se dépeuplait au profit des couronnes;
è cela, on doit répondre que, d'une part, ce n'est pas une
tendance irréversible, on peut, par des actions, contrer cette tendance;
aussi, que les gens vont à l'extérieur, mais reviennent au
centre-ville pour travailler, pour s'amuser, ce qui entraîne un flux de
plus en plus grand.
Ces principes d'intégration des modes de transport pourraient
s'appliquer à plusieurs stations du réseau et, en particulier,
à toutes les stations terminales. Ces stations intermodales pourraient
constituer des éléments de solution efficaces et peu
coûteux au problème de congestion sur les ponts de l'île de
Montréal. Elles pourraient fournir une alternative intéressante
à la construction de nouveaux ponts.
Le développement des infrastructures de transport en commun a
exigé, dans le passé, d'importants efforts financiers; cela a
été souligné tantôt. Il en sera de même dans
l'avenir, alors que la nécessité de rénover ou de
remplacer l'équipement existant viendra s'ajouter à celle de
poursuivre l'effort de prolongement et de modernisation des infrastructures
pour répondre à nos priorités.
Donner la priorité au transport en commun dans la
stratégie de développement et d'aménagement urbains de la
région de Montréal signifie qu'il faudra prélever des
ressources additionnelles dans le reste de l'économie. Ce
prélèvement devra se faire, dans un contexte de croissance
faible, au détriment d'autres utilisations alternatives, aussi bien dans
le secteur public que dans le secteur privé.
Dans cette perspective, il convient, en premier lieu, de s'assurer que
chacun des partenaires actuels du financement du transport en commun dans la
région de Montréal maintienne, en termes réels, sa
contribution spécifique. Autant il serait inopportun d'accroître,
en termes réels, la contribution spécifique de chacun des
partenaires actuels, autant il serait inacceptable que l'un ou l'autre d'entre
eux se retire, ne serait-ce que partiellement. Cela risquerait de remettre en
question non seulement l'équilibre financier qui s'est
réalisé et maintenu au cours des années, mais
également les orientations fondamentales du développement et de
l'aménagement du territoire métropolitain. 11 convient, en second
lieu, de prendre acte dans la conjoncture actuelle de la
nécessité d'élargir les assises de financement du
transport en commun en faisant appel, dans un souci de plus grande
équité et dans la mesure des besoins, à d'autres
partenaires qui bénéficient de l'existence de ce service public,
mais qui n'apportent pas une contribution spécifique à son
financement. C'est ce qu'on a convenu d'appeler les nouvelles sources de
financement.
La question du partage des coûts doit être discutée
dans une perspective qui englobe à la fois le financement des
équipements et celui de leur fonctionnement. On peut certes, pour des
fins d'analyse, faire toutes sortes de distinctions entre dépenses de
fonctionnement et dépenses d'investissement, on peut, au plan de
l'organisation, partager les responsabilités de planification et de
gestion; on peut, pour des raisons de planification et de gestion
budgétaires, distinguer les programmes de subvention des dépenses
de fonctionnement et les programmes de subvention des dépenses
d'investissement. Mais, la réalité économique et
financière d'un service public est unique; son appréciation doit
être globale. C'est dans ce sens que notre mémoire est
présenté.
L'état actuel du financement et du partage des coûts
découle d'un ensemble de décisions prises depuis le début
des années soixante. Celles-ci avaient pour objectif de faire du
transport en commun un service public efficace, rapide et accessible au plus
grand nombre, en même temps qu'un outil de développement et
d'aménagement du territoire. Cette vocation économique et sociale
attribuée au transport en commun justifiait et commandait que les
collectivités publiques, municipalités et gouvernements, prennent
la relève des usagers pour assumer la plus grande part des coûts
de développe- ment et de fonctionnement de ce service.
L'année 1980 constitue à cet égard une date
décisive dans l'évolution du partage des coûts entre les
partenaires. Dans le cadre de la réforme de la fiscalité
municipale et avec le souci d'atteindre une plus grande équité
envers les centres les plus urbanisés du Québec et, en
particulier, envers Montréal en ce qui concerne les effets du
réaménagement du cadre financier des municipalités, le
gouvernement apportait des changements majeurs à sa politique de
subvention du transport en commun, changements qui ont contribué
à accroître la part gouvernementale dans le partage des
coûts. Il faut souligner que ce résultat était voulu et
qu'il doit être considéré comme un élément
essentiel de la réforme de 1980.
Les résultats de cette réforme et les ajustements
subséquents qui y ont été apportés sont
indiqués aux tableaux 1 et 2 qui comportent les particularités
suivantes: nous avons regroupé les dépenses d'exploitation
seulement pour la STCUM; nous avons aussi regroupé les dépenses
d'immobilisation, à la fois de la STCUM et de la CUM, pour faire une
seule dépense d'immobilisation. Nous avons les dépenses totales
qui s'ensuivent et les revenus d'exploitation qui, à 97 % proviennent
des usagers. Enfin, les subventions ont été regroupées
dans leur ensemble.
L'examen de ces tableaux permet de rappeler deux faits. En premier lieu,
alors que les dépenses totales du transport en commun à
Montréal ont augmenté à un rythme annuel moyen de 19 %
entre 1977 et 1980 et de 9,1 % entre 1980 et 1984, les subventions
gouvernementales ont crû, quant à elles, de 31,7 % et de 12,8 %
respectivement pour les mêmes périodes. La part du gouvernement
dans le partage des coûts est alors passée de 29 % en 1977
à 45 % en 1984. Cela représente un transfert fiscal aux
municipalités de l'ordre de 100 000 000 $ en 1987. Ce transfert est l'un
des acquis de la réforme de la fiscalité municipale et il faut le
préserver. En second lieu, le tableau 1 fait paraître très
clairement l'effet des règles de plafonnement des subventions
gouvernementales par rapport aux contributions municipales adoptées en
1983 par le gouvernement.
Pour la première fois, en effet, depuis que le gouvernement s'est
engagé en faveur du transport en commun les subventions gouvernementales
ont augmenté moins vite que les coûts totaux du transport en
commun (3,9 % versus 4,8 %) au cours de la période 1984-1987. Cette
évolution récente est inquiétante pour la
communauté. Si elle manifestait la volonté du gouvernement de
diminuer sa participation en termes réels au financement du transport en
commun, cette évolution serait tout à fait inacceptable car elle
constituerait une remise en cause
fondamentale des règles du jeu. Cette remise en cause arriverait,
en outre, à un moment où les besoins de financement du transport
en commun sont appelés à croître de façon importante
à cause, notamment, de la nécessité de renouveler certains
équipements. Les charges financières additionnelles que le
gouvernement imposerait ainsi aux municipalités et aux usagers seraient
alors intolérables.
La décision récente concernant la réduction de la
subvention gouvernementale à l'achat d'autobus, de même que
certaines interrogations concernant le financement des infrastructures
contenues dans le document de consultation de la présente commission
parlementaire suscitent également à cet égard de graves
inquiétudes chez tous les élus municipaux de la Communauté
urbaine de Montréal.
Les efforts d'investissement ne peuvent plus, comme par le passé,
être consacrés exclusivement au développement de nouvelles
infrastructures. Il devient nécessaire de procéder à des
investissements de conservation et d'amélioration des équipements
existants, d'une part, pour en maintenir la qualité et, d'autre part,
pour en accroître l'efficacité.
La nécessité de conserver le patrimoine acquis
combinée à celle de poursuivre le développement des
infrastructures imposera au cours de la prochaine décennie des
coûts d'investissement plus importants que ceux auxquels la CUM a eu
à faire face au cours des dernières années. C'est pourquoi
dans l'élaboration de ses priorités d'investissement, la CUM n'a
retenu que les projets dont la contribution au maintien et à
l'amélioration du service aux usagers est essentielle et ceux dont la
contribution à l'accroissement de l'efficacité de la gestion en
justifie la réalisation.
Ce programme d'investissements d'un montant total d'environ 1 100 000
000 $ comporte trois volets: le développement des infrastructures et
l'acquisition de matériel roulant pour 450 000 000 $ sur les dix
prochaines années; le renouvellement du parc d'autobus, toujours pour
les dix prochaines années, 205 000 000 $; la conservation du patrimoine
et l'amélioration du service, 420 000 000 $. Au total, cet effort
d'investissement est jugé prioritaire pour maintenir et améliorer
la qualité des infrastructures de transport en commun sur le territoire
de la Communauté urbaine de Montréal.
Le coût de remplacement du métro construit depuis 20 ans
est de 2 800 000 000 $ de 1986. Le réseau actuel, dont deux lignes sont
encore inachevées, doit poursuivre son développement de
façon à répondre aux besoins de déplacement et
à stimuler la croissance économique. Ce développement
doit, cependant, tenir compte de contraintes financières importantes et
des nouveaux besoins liés au maintien en état et à
l'amélioration des services de transport en commun.
Les projets envisagés par la communauté s'appuient sur le
schéma d'aménagement de la CUM. Les élus de la
communauté ne s'ont pas en mesure à ce stade de ranger par ordre
de priorités les différents projets d'infrastructure contenus
dans le schéma. Un tel rangement suppose un plan de transport
préalable qui n'est pas finalisé à ce jour. D'ailleurs, ce
plan de transport est également sujet au financement disponible et
assujetti aux décisions du gouvernement à la suite des
délibérations de la commission parlementaire. Je dois aussi
ajouter que tous les projets du schéma d'aménagement
représentent facilement, à eux seuls, des dépenses
d'au-delà de 1 000 000 000 $. La priorité retenue serait de 450
000 000 $ pour les nouveaux projets d'investissement, toujours sur la
période de dix ans. La communauté a fait ses devoirs à ce
niveau.
Au-delà des projets précis à étudier et
à réaliser, il apparaît nécessaire de discuter de
l'ordre de grandeur des investissements requis dans l'avenir. La CUM estime ces
besoins pour les dix prochaines années à 450 000 000 $ de 1987.
Voici, en bref, les considérations qui nous ont amenés à
cette évaluation des besoins de la communauté.
Pour 1986-1987, le budget d'immobilisation du ministère des
Transports dans le réseau routier québécois
s'élevait à 332 000 000$. Le métro de la CUM assurant
environ 10 % des déplacements domicile-travail au Québec contre
70 % pour le réseau routier, on devrait s'attendre, pour respecter cette
proportion de 1 à 7, à des investissements d'immobilisation dans
le métro d'environ 47 000 000 $ par an, soit 470 000 000 $ sur dix
ans.
Par ailleurs, on peut noter que le schéma d'aménagement de
la CUM prévoit des investissements de 420 000 000 $ de 1987 au titre du
parachèvement du réseau routier sur le territoire, ce qui devrait
correspondre en toute logique aux investissements minimums requis pour le
transport en commun.
La communauté privilégie le transport en commun par
rapport aux autres modes de déplacement et, dans cette optique, il faut
investir autant sinon plus dans le transport en commun que dans les autoroutes.
Grâce à son schéma, la communauté a fait les choix
qui s'imposent en fonction des besoins de la population du territoire. Ainsi,
on propose la consolidation et la structuration du tissu urbain dans les
secteurs excentriques de la communauté à l'intérieur du
périmètre d'urbanisation, de même que la revitalisation
complémentaire de la zone centrale.
En termes de transport, ces orientations
se traduisent concrètement par la desserte des secteurs
excentriques de l'ouest, de l'est et du nord du territoire afin de favoriser
une urbanisation mieux équilibrée. Certains de ces secteurs comme
l'est du territoire, par exemple, connaissent une - croissance
démographique remarquable. La desserte efficace de ces secteurs aura
pour effet d'accroître l'achalandage et de consolider l'acquis en
augmentant la mobilité des usages à travers tout le
réseau.
La CUM est le seul grand centre du Québec où la
concentration de la population a rendu nécessaire l'élaboration
d'un réseau de transport collectif souterrain ou ferroviaire, en plus de
la mise sur pied d'un réseau intégré de surface. Dans le
cas des autres grandes villes où le transport collectif est
nécessaire, il se limite à l'exploitation d'autobus et les seuls
investissements requis sont l'achat de véhicules et la construction de
garages. Les autres modes de transport rapide, telles les autoroutes urbaines,
sont entièrement financés par les autres niveaux de gouvernement.
Par exemple, les rives sud et nord de Montréal, ainsi que la
région de la ville de Québec ont été dotées
de réseaux d'autoroutes fort complets. Il est évident que ces
régions ont été favorisées dans le
développement des voies de communication si on les compare à la
Communauté urbaine de Montréal au plan de la densité de
population. (11 h 15)
Les infrastructures de transport en commun sur le territoire de la
communauté sont largement utilisées par la population des
régions extérieures à la communauté. Le
métro est donc un outil de transport régional et constitue
l'alternative aux autoroutes sur le territoire de la communauté.
Le comité conjoint Québec-municipalités sur la
fiscalité municipale prenait position en ce sens dans son rapport
déposé le 20 octobre 1979. "De plus, le gouvernement admet que
les investissements dans les réseaux de transport en commun constituent,
dans une certaine mesure, un substitut à des investissements dans le
réseau routier. Or, le gouvernement finance presque partout au
Québec 100 % du réseau d'autoroutes urbaines et il se trouve que
certaines agglomérations ont bénéficié largement de
cette situation. En l'occurrence, le comité préférerait
que le gouvernement vise à une plus grande équité dans le
secteur du transport en réalisant à ses frais plus d'autoroutes
urbaines sur l'île de Montréal ou en participant dans la
même proportion aux services du métro."
Des investissements de 450 000 000 $ sur dix ans représentent un
rythme annuel moyen d'immobilisation d'environ 70 % inférieur au rythme
moyen des vingt dernières années. Ces immobilisations en
infrastructures ont totalisé, en effet, 2 800 000 000 $ en 1986, soit,
en moyenne, un montant de 140 000 000 $ par année comparativement aux 45
000 000 $ requis pour le métro dans les dix années à
venir.
À l'intérieur d'une enveloppe de cet ordre consentie par
le gouvernement et fixée par référence à des
priorités globales en matière de transport et de
développement économique et social, les élu3 de la CUM
établiront entre eux leurs propres priorités et feront leur choix
de projets à l'intérieur d'un éventuel plan de transport
assorti du financement adéquat.
Enfin, on ne dira jamais assez l'impact majeur des investissements en
transport en commun sur la création d'emplois. L'étude
américaine qui sert de point de référence dans ce domaine
et dont vous avez la référence au bas, American Public Transit
Association, contient des informations à ce sujet qui donnent à
réfléchir et qu'aucun administrateur public ne doit ignorer.
Les experts démontrent que chaque tranche de 100 000 000 $ de
dépenses en capital investie dans le transport en commun crée
3380 nouveaux emplois directs et 7990 nouveaux emplois indirects. Une
décision d'investir 450 000 000 $ sur le territoire
générera 15 210 nouveaux emplois directs et 35 955 emplois
indirects dans la région, au total, 51 165 emplois au seul chapitre des
dépenses en capital dans l'implantation de nouvelles infrastructures,
métro ou modernisation des trains de banlieue.
Le renouvellement du parc d'autobus, la conservation du patrimoine et
l'amélioration du service, qui totalisent 625 000 000 $,
créeront, selon le multiplicateur d'emplois utilisé par les
experts, 19 000 nouveaux emplois directs et 46 000 emplois indirects, au total
65 000 emplois nouveaux. C'est évident que ça vient s'ajouter
à tous les emplois qui sont déjà créés par
la structure existante. Le total des emplois directs et indirects
créés au seul chapitre des dépenses en capital se situe
à environ 116 165 pour les dix prochaines années.
Les dépenses d'exploitation sont encore plus productives en
termes de création d'emplois. Chaque tranche de 100 000 000 $
génère 4063 nouveaux emplois directs et 5546 emplois indirects,
pour un total de 9609. Alors, le tableau 5 du présent mémoire
prévoit des dépenses d'exploitation de 474 000 000 $ en 1987,
augmentées à 711 100 000 $ en 1997, donc, 237 000 000 $
additionnels. Cela signifie un total de 22 100 nouveaux emplois.
La décision d'investir dans le transport en commun est donc d'une
très grande importance non seulement en termes d'amélioration du
transport, mais en termes de création d'emplois dans une région
qu'on dit le moteur économique du Québec, puisqu'on
créera, au total, plus de 138 265 nouveaux emplois.
La Communauté urbaine de Montréal
souligne l'ampleur des enjeux devant cette commission et veut
sensibiliser le gouvernement à l'importance de la décision
à prendre pour l'avenir économique de la communauté.
Alors, tout ça est résumé dans le tableau 2-A de la page
25.
La STCUM évalue à environ 205 400 000 $ de 1987 les
dépenses en achat d'autobus à effectuer au cours des dix
prochaines années. Cet investissement permettra d'assurer le
renouvellement du parc actuel, en respectant un critère d'âge
économique de seize ans. Le programme d'achat est directement
dépendant du rythme des acquisitions passées qui n'a pas toujours
été suffisamment régulier. La STCUM compte assurer ce
renouvellement de la façon la plus rigoureuse, de manière
à éviter des coûts prohibitifs d'entretien et a respecter
les critères de saine gestion de sa charge financière.
Ces achats permettront de moderniser la flotte, d'améliorer la
sécurité des autobus, le confort des passagers et du chauffeur et
d'améliorer la fiabilité et la régularité du
service. Le recours à des véhicules de capacité
différente des autobus actuels (autobus articulés, minibus) est
une possibilité qui sera envisagée dans le contexte de la
stratégie commerciale de l'entreprise. Enfin, la STCUM compte sur ce
programme d'achat pour relever certains des défis de qualité et
de fiabilité de son réseau de surface.
Le maintien en bon état du patrimoine (métro, garages,
ateliers, bâtiments, équipements) est une obligation à
laquelle la STCUM adhère entièrement. Une dégradation des
biens constituerait une grave menace à la qualité du service,
provoquerait des baisses d'achalandage et une hausse des coûts du
transport en commun pour les générations futures. Les biens et
équipements vieillissent et la charge financière de leur
entretien tendra à augmenter dans les années à venir. La
modernité du réseau est un atout et une image de marque du
transport en commun à Montréal que la CUM juge de première
importance pour l'avenir.
Le programme est également conçu à partir de deux
préoccupations majeures: l'amélioration de l'efficacité
des opérations. À ce titre sont envisagés des projets
susceptibles de réduire les coûts d'exploitation et
d'améliorer la productivité, la qualité de vie et la
sécurité au travail; l'amélioration de la qualité
du service: fiabilité et sécurité sur le réseau de
surface et dans le métro, développement des services à la
clientèle.
Ces trois ordres de priorités, le maintien du patrimoine,
l'amélioration de l'efficacité et de la qualité du
service, sont ceux d'un réseau de transport parvenu à
maturité, dont il faut assurer le maintien, la bonne gestion et
augmenter sans cesse l'attrait. En plus des achats d'autobus déjà
mentionnés, la STCUM prévoit, pour la période 1988-1997,
des investissements d'environ 420 000 000 $ de 1987. On trouvera aux tableaux 3
et 4 la liste de ces projets.
Les besoins de développement, d'amélioration et de
renouvellement des infrastructures et équipements existants exigeront
dans les dix prochaines années la mobilisation de ressources
additionnelles en termes réels: relativement plus de ressources devront
être affectées au transport en commun sur le territoire de la CUM.
Il est donc important de préciser l'ampleur et l'évolution
prévisible de ces nouveaux besoins de financement.
Le tableau 5, à la page 34, résume l'analyse
prévisionnelle des coûts du transport en commun, effectuée
sur la base des hypothèses suivantes:
Les dépenses d'exploitation seraient maintenues à un
rythme annuel moyen de 4,1 %, ce qui correspond à l'inflation actuelle.
Ce n'est pas le résultat de simples projections de dépenses,
mais, au contraire, l'expression d'une volonté de maîtriser la
croissance des coûts dans l'avenir.
Le service de la dette du métro est estimé à partir
d'une hypothèse de répartition de nouveaux investissements dam le
temps. Calculé sur la base d'une période d'amortissement de 40
ans à un taux d'intérêt annuel de 12 %, il
s'accroîtra au rythme de 6,05 % par année entre 1987 et 1994. En
outre, le service de la dette associé aux immobilisations en
matériel et équipement de la STCUM, y compris le renouvellement
des autobus, calculé sur la base d'une période d'amortissement de
dix ans à un taux d'intérêt de 12 %, passera de 25 000 000
$ en 1987 à 128 500 000 $ en 1997.
Au total, le service de la dette connaîtra au cours des prochaines
années une croissance d'environ 9,9 %. Compte tenu des efforts constants
qui seront faits pour accroître l'efficacité de gestion du
réseau, l'augmentation des coûts totaux du transport en commun
sera tout de même limitée à environ 5 % par année
jusqu'en 1997, ce qui ne représente qu'une hausse de 1 % par an
au-dessus d'un taux d'inflation estimé a 4 %. Évidemment, cela se
corrigera selon les taux réels d'inflation.
Les perspectives de croissance économique du Québec au
cours des prochaines années ne permettent d'anticiper qu'une faible
augmentation du revenu réel des contribuables. Aussi bien les revenus
d'exploitation de la STCUM, qui proviennent essentiellement des usagers, que
les recettes des gouvernements municipaux et provincial seront
vraisemblablement constants en termes réels dans l'avenir
prévisible. On peut donc s'attendre à ce que les partenaires
actuels puissent maintenir leur participation au
financement du transport en commun, mais il faut aussi craindre qu'ils
ne puissent l'accroître.
Comme les dépenses relatives au transport en commun sur le
territoire de la CUM vont augmenter, il faut prévoir un déficit
annuel résiduel à combler qui atteindra plus de 110 000 000 $ en
1994. C'est ce qu'illustre le tableau 6 qui simule l'évolution de la
contribution de chacun des partenaires actuels, celle-ci étant
indexée à l'inflation à partir de 1988, et qui compare la
somme de ces contributions aux dépenses totales du transport en commun
sur le territoire de la CUM. En fait, nous avons maintenu la contribution
actuelle des partenaires indexée au coût prévisible de
l'inflation. En concordance avec les projets présentés, il y a un
déficit résiduel qui va jusqu'à 110 000 000 $.
Le temps est donc venu d'envisager très concrètement un
élargissement du mode de financement du transport en commun de
Montréal. L'analyse des besoins de financement pour les années
à venir montre bien que, pour faciliter le développement du
transport en commun, il est devenu nécessaire de rechercher de nouvelles
sources de revenus dont l'apport pourrait représenter environ 10 % des
coûts totaux du système. Ces nouvelles sources de taxation
devraient procurer un rendement financier élevé et sensible
à l'inflation.
Lorsque l'on s'interroge sur les bénéficiaires du
transport en commun, on ne peut se limiter à l'identification des seuls
usagers de ce service. En effet, l'activité économique
générale, l'accès à la main-d'oeuvre pour les
entreprises et à la clientèle pour les services et les commerces
sont fortement influencés par l'existence d'un réseau de
transport en commun. De même, la circulation automobile, notamment aux
heures de pointe, mais également en dehors de celles-ci, est largement
facilitée dans la mesure où une part importante des
déplacements est assurée par le transport collectif. Enfin,
l'accessibilité offerte par le transport en commun est source de
valorisation des biens fonciers et immobiliers.
Actuellement, parmi l'ensemble des bénéficiaires, seuls
les usagers, le gouvernement provincial et les municipalités participent
au financement du transport en commun avec une contribution spécifique.
L'idée de solliciter la contribution d'autres
bénéficiaires dans un souci de plus grande équité
et de mobilisation des ressources additionnelles n'est certes pas nouvelle.
Elle est déjà appliquée dans certains pays sous diverses
formes; taxe sur la masse salariale des employeurs en France, taxe
spéciale sur les carburants en Allemagne fédérale,
affectation d'une partie de la taxe de vente au détail dans certains
États américains, etc.
Au Québec, en réponse à l'accroisse- ment constant
du coût des services publics urbains et régionaux, cette
idée est évoquée depuis le début des années
quatre-vingt, autant par le gouvernement que par les municipalités.
Ainsi, on peut dire que chacune des formes alternatives possibles de
financement a fait l'objet d'études au cours des dernières
années.
Les critères suivants nous apparaissent les plus importants
à privilégier: assiette fiscale étendue qui s'ajuste
à l'inflation, contribution liée à l'importance des
bénéfices reçus du transport en commun et compensation des
effets de débordement engendrés par le caractère
régional du métro.
L'application de ces critères fait ressortir les avantages
comparatifs des mesures suivantes: une taxe sur la masse salariale
prélevée auprès des employeurs; une surtaxe sur les
carburants; une surtaxe sur les droits d'immatriculation des véhicules
automobiles.
Il est bien important ici de souligner que chacune des mesures
envisagées pourrait être applicable à l'ensemble des
territoires urbains du Québec et qu'elles pourraient ainsi être
utilisées dans les régions où ce sont plutôt les
besoins de conservation et d'amélioration du réseau routier qui
sont prioritaires.
Le territoire d'application de ces mesures, en ce qui concerne la
Communauté urbaine de Montréal, la zone centrale, pourrait
être celui de la CUM, ainsi que celui des douze municipalités
régionales de comté contenues en tout ou en partie dans la
région métropolitaine de recensement de Montréal, telle
que définie par Statistique Canada, soit, en fait, les régions
qui dépendent à plus ou moins 50 % et plus de la zone centrale.
Dans chaque cas, la taxe ou la surtaxe serait perçue par le gouvernement
et le produit serait transmis aux instances responsables du transport en
commun.
Il est clair que des études approfondies de faisabilité
économique et financière seront nécessaires pour
apprécier la capacité contributive de chacune de ces sources de
financement complémentaire et pour en évaluer les
répercussions économiques. Néanmoins, l'importance de
l'assiette fiscale de chacune des trois mesures envisagées permettrait
de recourir à des taux relativement faibles. Une estimation
préliminaire de l'assiette fiscale de chacune des trois mesures
proposées est présentée au tableau 7. On y trouvera
également une estimation des taux de taxation qui seraient requis. Au
tableau 7, il y a une page corrigée. Si elle n'était pas dans
votre document, il faudrait la demander. Il y a quelques chiffres qui
étaient erronés.
En conclusion, le transport en commun est un service public essentiel
qui profite
non seulement aux usagers, mais aussi à tous les agents
économiques. Il est un facteur de développement économique
et, à ce titre, il bénéficie à l'ensemble de la
collectivité montréalaise, québécoise et même
canadienne. (11 h 30)
II faut que l'amélioration de la qualité du transport en
commun à Montréal demeure un objectif prioritaire. La
Communauté urbaine de Montréal est, quant à elle,
consciente de la nécessité de rationaliser davantage les
activités et de réduire les coûts du transport en commun.
Ce souci est constant et primordial dans la planification et la gestion de ses
services.
A cet égard, les modalités de la participation
gouvernementale au financement du transport en commun devraient
désormais être inscrites dans une loi de l'Assemblée
nationale plutôt que fixées par un décret du Conseil des
ministres. Cela aurait l'immense avantage de faciliter la planification
financière du service et d'assurer un soutien financier stable à
la gestion et au développement du transport en commun.
La Communauté urbaine de Montréal attend du gouvernement
du Québec qu'il continue d'appuyer sans réserve les orientations
et les objectifs du développement du transport en commun sur son
territoire. Ceux-ci contribueront au développement de la région
de Montréal et à celui de l'ensemble du Québec.
En résumé, nous avons des besoins essentiels, des besoins
minimaux de conservation du patrimoine et de développement du
réseau. Ce qui est important, c'est de stabiliser et de s'entendre sur
le financement, de placer ce financement dans une loi qui évitera les
situations inquiétantes que connaissent les élus de la
communauté urbaine face à ce qui nous attend dans le financement
du transport en commun. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Alors, je vous remercie, M.
Hamelin, de votre présentation. Sans plus tarder, la période
d'échanges. Je rappelle aux deux formations politiques que chacune a
environ 30 minutes pour échanger avec nos invités. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
voudrais, d'abord, remercier M. Hamelin et lui rendre hommage pour tout le
travail qu'a dû nécessiter ce consensus. Je pense que c'est tout
à l'honneur de ceux qui ont travaillé à la
préparation de ce mémoire et à cette vision
régionale du développement du transport en commun.
C'est, certes, une contribution très importante, substantielle et
qui fait très bien le tour de la problématique des années
futures, sans, toutefois, au niveau des immobilisations, être plus
précis compte tenu, comme vous l'avez évoqué tantôt,
de certaines études qui seront nécessaires, au cours des
prochains mois, j'imagine, ou des prochaines années, pour
compléter l'ensemble du dossier.
J'aimerais, à ce moment-ci, vous poser un certain nombre de
questions sur la conservation du patrimoine, sur les demandes additionnelles,
de même que sur les sources de financement. Donc, c'est en trois
volets.
Sur la conservation du patrimoine, j'aimerais peut-être en savoir
davantage, aller droit au but compte tenu du fait qu'on a presque maintenant
lié expansion, financement et immobilisations. Maintenant, je pense que
c'est peut-être le même dossier. Même si ce n'était
pas le voeu au départ, on s'est rendu compte en cours de route que
c'était une obligation d'en parler et de bien les marier compte tenu des
enjeux sur le plan financier. J'aimerais à ce moment-ci avoir un peu
plus de précisions sur la conservation du patrimoine et savoir quelle
est l'attente précise de la communauté urbaine, au niveau de la
conservation du patrimoine, quant au financement venant de la partie
gouvernementale.
M. Hamelin: À cette question, M. le ministre, j'inviterais
le président de la STCUM, M. Perreault, à répondre
étant donné que ça regarde plus spécifiquement son
organisme.
M. Perreault (Robert): M. le ministre, vous nous posez comme
question: Quelle est notre attitude à l'égard du financement par
le gouvernement des immobilisations relatives à la consolidation du
patrimoine? C'est bien votre question?
M. Côté (Charlesbourg): Immobilisations sans parler
de ce qui viendra en additionnelle. On le verra tout à l'heure. On pense
aux 300 et quelques rames de métro qui ont besoin d'être
transformées. C'est un des éléments. Quelles sont vos
attentes vis-à-vis d'une participation gouvernementale au remplacement
ou à la modernisation de ces équipements?
M. Perreault: M. le ministre, dans notre mémoire, ce que
nous avons essayé de mettre en lumière, c'est le fait que toute
une série de besoins, en termes, justement, de consolidation et de
préservation du réseau dans son état actuel, n'avaient
peut-être pas jusqu'à maintenant fait l'objet publiquement d'une
addition précise montrant leur ampleur. Or, vous avez effectivement, aux
pages 29 et 30 du mémoire, la liste de ces besoins, de même
qu'à la page 31 un certain nombre de dossiers de moindre importance.
Pour chacun de ces points, nous serions en mesure, bien sûr, de faire
parvenir aux membres de la
commission des explications complémentaires, des fiches
techniques sur la nature exacte des travaux.
Je pense que l'approche de la communauté a été de
faire un effort afin d'identifier l'ensemble de ses besoins financiers au cours
des dix prochaines années en réunissant à la fois la
dimension des problèmes de conservation du patrimoine, la dimension des
immobilisations nécessaires en termes de développement du
réseau et, comme le disait M. Hamelin tantôt, dans une perspective
où les sommes en cause sont à peu près de 70 %
inférieures à ce qu'elles étaient au cours des
dernières années, de regarder quelle était l'ampleur, la
nature du problème financier qui en découlait, qui est
réel, et de proposer en quelque sorte au gouvernement du Québec
une espèce d'entente sur le financement du réseau au cours des
dix prochaines années. Plutôt que de continuer l'approche actuelle
où les morceaux sont pris par blocs, c'est-à-dire des programmes
spécifiques, par exemple, sur les immobilisations, des programmes
spécifiques sur divers aspects, on a voulu prendre l'ensemble du
problème financier, s'entendre sur l'importance de ces problèmes
et sur le maintien, l'indexation de nos contributions réciproques, tant
celle des revenus autonomes de la société, celle des
municipalités de la communauté et celle du gouvernement, regarder
quelle était l'ampleur du problème résiduel et rechercher,
quant à ce financement, des sources alternatives, le
bénéficiaire non usager.
Dans cet esprit, il est clair, pour nous, que l'effort qui est fait est
de bien analyser l'ensemble de nos besoins et non pas d'établir, pour
des aspects particuliers, des règles particulières.
M. Côté (Charlesbaurg): M. le Président, je
pense que, dans la présentation, trois éléments
très distincts peuvent permettre d'envisager les dix prochaines
années et peut-être même les quinze prochaines
années. D'abord, la conservation de nos acquis qui permet de continuer
d'offrir une qualité de service et peut-être même de
l'améliorer dans certains cas, ce qui devrait normalement avoir des
effets. C'est une première partie, c'est un bloc. C'est indiscutable
qu'on a l'obligation de le faire au cours des prochaines années, c'est
le minimum vital. Cela, c'est une première partie et je pense que c'est
à cette première partie que le gouvernement devra répondre
en tout premier lieu, en faisant une distinction très nette - c'est
là le but de l'échange - quant aux ajouts de services qui sont
d'une autre nature, même si les besoins sont là.
Quel est le niveau d'attente vis-à-vis du gouvernement quant au
premier bloc, soit la conservation du patrimoine, qui a déjà
été, en large partie, subventionné et qu'on paiera encore
pendant plusieurs années, par rapport aux immobilisations additionnelles
qui devront être tranchées dans un deuxième bloc?
M. Hamelin: Encore une fois, M. le Président, le niveau
d'attente à la communauté, c'est que chacun des partenaires
actuels contribue, en indexant sa contribution, au coût global. Le
mémoire est présenté dans la forme globale. Si, par la
suite, on doit séparer entre des investissements de maintien et de
nouveaux investissements pour l'expansion du réseau, à ce
moment-là, je pense que les élus de la communauté sont
prêts à s'asseoir avec le gouvernement, à regarder le
partage de la facture, pour autant que, globalement, les acquis actuels
demeurent, pour chacun des partenaires, indexés.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais y aller avec une
question très précise. Prenons le métro. Depuis 1980, pour
la construction de métro additionnel, le financement est assuré
à 100 % par le gouvernement du Québec. Est-ce que, dans votre
esprit, ces 100 % sont toujours un acquis immuable?
M. Hamelin: M. le ministre, pour autant que ces 100 % sont
compris dans le partage qui s'effectue en 1987, c'est immuable dans ce sens. Si
on part de 1987, du budget actuel, et que l'on dit que chacun des trois
principaux partenaires, c'est-à-dire les revenus d'exploitation, les
municipalités et le gouvernement, globalement, contribue pour tant de
millions et qu'on indexe cela, cela veut dire que oui, nous le
considérons comme un acquis.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Cela, c'est pour
l'expansion du réseau, qui dans sa phase initiale d'implantation avant
1980, était financé en bonne partie, à 60 % et, depuis
1980, à 100 %. On se retrouve devant la situation où nous devrons
payer encore, au cours des prochaines années, des sommes assez
impressionnantes et arriver aussi avec du remplacement. Un exemple
précis, les wagons de métro qui devront être
remplacés puisque leur vie utile achève. On est, donc, dans la
situation où nous respectons les engagements que le gouvernement a pris
et payons les immobilisations au cours des prochaines années, mais aussi
il faut faire le travail de reconditionnement de ces pièces de
métro extrêmement importantes pour maintenir la
qualité.
Le remplacement de ces wagons de métro, vous l'incluez dans
l'enveloppe globale où la participation du gouvernement devrait
être, quant à vous, de 100 %?
M. Hamelin: C'est-à-dire que le
problème n'est pas posé dans ces termes. Le
problème est posé dans les termes du maintien du partage actuel.
Qu'on développe cela en plusieurs petits programmes, si l'ensemble
arrive au maintien du financement actuel, je pense que la communauté n'y
voit pas de problème. C'est clair, vous avez mentionné qu'avant
1980 c'était 60 %. Depuis 1980, c'est 100 %. Il y a eu une
réforme de la fiscalité municipale en 1980. C'est à cause
de cela que c'est rendu à 100 %. À ce que je sache, la
réforme n'a pas reculé jusqu'à maintenant. Elle est
toujours sur la table.
M. Côté (Charlesbourg): La réforme de la
fiscalité municipale est toujours là. Comment
réussira-t-on à régler le problème du remplacement
ou de la modernisation des wagons de métro, dans ce cas-ci, qui
coûtera 60 000 000 $, 70 000 000 $ ou peut-être même 80 000
000 $, dépendamment des analyses qui seront faites? Finalement, on est
encore dans l'expectative. Quand l'autopsie sera faite, on pourra savoir ce que
cela coûte éventuellement. Mais, quand on parle des acquis actuels
à l'intérieur des programmes gouvernementaux, il n'y a pas
d'acquis au niveau du remplacement parce qu'il n'y a pas de programme. Comment
règle-t-on le problème?
M. Doré (Jean): M. le Président, si vous me le
permettez, l'exercice auquel le gouvernement et la commission nous ont
conviés, c'est pour essayer de faire l'effort de faire la projection de
ce que seront les besoins du transport en commun à Montréal du
point de vue de possibles expansions du réseau existant, de nouvelles
infrastructures, mais aussi du point de vue du maintien de l'acquis, de la
consolidation de l'actif, de l'amélioration de l'efficacité du
réseau et de l'offre de services à la clientèle.
Je reviens sur l'exemple des MR-63 telles que je les perçois.
C'est vrai qu'une voiture de métro a une vie utile de 40 ans, pour peu
que l'on ait consenti par le passé à la nécessaire
remodernisation d'un certain nombre de ses équipements. Cela n'a pas
été fait. Si on n'investit pas 60 000 000 $... Je vous ferai
remarquer, M. le ministre, que, dans tout ce mémoire, nous avons
été, je dirais, extrêmement raisonnables dans nos
projections. Le ministre nous dit que ça va coûter peut-être
plus cher que ce qu'on a mis; on pense qu'on peut s'en tirer pour 60 000 000 $.
Si on ne le fait pas d'ici cinq ans, on se retrouve devant la situation
suivante: nos voitures ne pourront plus être sécuritaires. On ne
pourra plus les utiliser. Il va falloir les remplacer. Et là, on ne
parle pas de 175 000 $ environ par voiture pour les remotoriser et les
moderniser; on parle de 1 000 000 $ et plus pour l'achat d'un nouveau
véhicule.
Ça demeure toujours sur un horizon de 40 ans de vie utile pour
peu qu'on continue et qu'on ne néglige rien, ce qui peut-être
s'est produit dans le passé. Je pense qu'une des contributions
importantes de ce mémoire, cela a été l'effort auquel nous
a conviés la commission de projeter sur l'avenir les besoins. C'est ce
qu'on vous donne. Je dois dire que, pour les gestionnaires de la STCUM, de ce
point de vue, cela a été une occasion de se donner une certaine
stratégie de développement au sens du maintien et de la
consolidation des actifs, et de l'amélioration du service à la
clientèle, mais ça fait partie de nos besoins.
En indexant les contributions des partenaires pour tenir compte de
cela... Je pense que vous avez raison, M. le ministre, quand vous dites: On ne
peut pas ne pas, finalement, convenir que ces sommes... Comme je vous le dis et
comme le disait mon collègue, Robert Perreault, on peut vous fournir,
dans les jours qui viennent, les fiches techniques et les
éléments d'explication qui vont démontrer très
clairement aux membres de la commission que, pour chacun de ces investissements
proposés, il s'agit d'une réduction des coûts
d'exploitation dans certains cas, d'une amélioration des installations
du point de vue de la santé et de la sécurité, ce qui est
important aussi. On a eu beaucoup de commentaires historiquement. Quand on a
des garages de 62 ans et de 61 ans, que les planchers s'effondrent et que les
conditions sont insalubres, ce n'est pas propice à maintenir un bon
entretien du système et, en même temps, à donner des
conditions de travail acceptables. (11 h 45)
Au total, sans parler d'expansion du réseau existant, pour
laquelle on projette sur dix ans 45 000 000 $ par année, il est clair
qu'on se dirige, quand même, M. le ministre, vers une incapacité
de boucler la boucle en fin de compte, d'où l'importance d'examiner ce
qu'on a appelé les bénéficiaires, en fait de prospecter de
nouvelles sources qui aillent du côté des
bénéficiaires non usagers. Tout le monde bénéficie
du transport en commun, mais tout le monde ne contribue pas au même
niveau. On a prospecté trois sources. C'est un peu dans cet esprit qu'on
l'a fait.
Si le gouvernement ou si le ministre nous dit: On est prêt
à revoir le financement des immobilisations, parce qu'il s'agit bien
d'immobilisations, pour l'expansion du réseau, la conservation de
l'acquis ou la consolidation de l'actif existant, si le gouvernement veut
réfléchir dans ce sens, on dit à ce moment: Regardons le
problème financier d'ensemble. On va simplement poser un problème
additionnel, celui de la compensation, dans la mesure où c'est clair,
à mon point de vue, qu'on ne peut pas augmenter l'apport des usagers;
vous avez
bien décrit l'effet saucisse. Les contributions des
municipalités, dans le contexte actuel, sont extrêmement
importantes. Le gouvernement parle de son réseau d'infrastructures
routières dans lequel il doit investir. Je peux vous dire que,
collectivement, les municipalités ont les mêmes problèmes
par rapport à leurs infrastructures souterraines, les viaducs à
Montréal et ainsi de suite; on doit aussi nous-mêmes investir
davantage. Donc, ce n'est pas là qu'on va trouver l'argent neuf. Il va
falloir peut-être le trouver dans la contribution d'une nouvelle source
dédiée qui, pour nous, s'appliquera au transport en commun et,
pour le reste du Québec, pourrait s'appliquer dans le réseau
autoroutier, le transport en commun étant l'autoroute des piétons
à Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que cela situe
assez bien la problématique dans laquelle on est, de trouver des sources
additionnelles. À un certain moment, lorsque M. Hamelin faisait lecture
du mémoire, je vous trouvais bien généreux de parler de
sources additionnelles et de dire: Le gouvernement décrète et
transfère. Je vous trouvais très généreux à
ce sujet. Je ne me souviens pas à quelle page, mais c'est sur la fin du
mémoire dans les sources de financement. De ce que je comprends de
l'intervention de M. le maire, il y aurait un partage entre l'ensemble du
Québec qui pourrait servir, d'une part, pour le système routier
et, d'autre part, pour le transport en commun.
Dans votre esprit, comment se ferait ce partage, d'abord, entre le
transport en commun et le système autoroutier? Et de quelle
manière se ferait le partage entre les instances de transport en commun
de la grande région de Montréal?
M. Hamelin: M. le ministre, à ce sujet, les études
sont à poursuivre. Je pense que vous avez un budget que vous devez
vous-même répartir entre le transport en commun et le transport
routier. Vous y arrivez. En tout cas, vous y êtes arrivé
jusqu'à aujourd'hui. Alors, il y aurait sûrement lieu de s'asseoir
et de voir comment ce partage pourrait être fait. L'avantage serait
d'avoir une source dédiée. Les gens qui paieraient sauraient
exactement pourquoi ils paient.
En complément de réponse à votre question de
tantôt quand vous demandiez si on demandait que le gouvernement paie
encore 100 % même des améliorations ou de la conservation du
patrimoine, au tableau de la page 6, si chacun maintenait sa participation
actuelle indexée, en 1997 le gouvernement ne paierait plus que 40 % au
lieu de 44 %. Alors, si on replace le débat dans l'ensemble, comme l'a
dit le maire Doré tantôt, à ce moment le financement se
fait dans l'ensemble aussi et la participation relative du gouvernement
diminue.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Mais c'est dans la
mesure où on trouve cette nouvelle source et qu'on réussit
à l'imposer.
M. Hamelin: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Avec tous les
problèmes que cela suppose en termes de décisions, mais chacun
devra prendre ses décisions à ce moment.
M. le Président, je sais qu'il y a de mes collègues qui
aimeraient poser des questions, entre autres, le député de
Saint-Louis et celui d'Anjou, quitte à revenir par la suite.
Une voix: D'Anjou? On ne l'aurait pas accepté ici.
M. Côté (Charlesbourg): Excusez-moi. D'Anjou.
Probablement que j'ai des visions ce matin. Le député de
Lafontaine.
M. Garon: Vous vous faites passer trop de sapins.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Lévis.
M. Côté (Charlesbourg): Je dois dire au
député de Lévis que le plus beau sapin que je me serai
fait passer dans ma carrière politique aura été de vous
avoir comme critique.
M. Garon: C'est un cadeau de Noël.
Le Président (M. Rochefort): On va revenir à
Montréal. M. le député de Lévis.
M. Garon: C'est à notre tour?
Le Président (M. Rochefort): Oui. Selon la règle de
l'alternance, c'est maintenant à l'Opposition.
M. Garon: Ce que j'ai compris, et je pense que c'est assez clair,
c'est que vous avez projeté des dépenses à la page 34,
incluant tout: les dépenses de l'exploitation, le service de la dette,
etc. À la page 36, à partir des dépenses totales de la
page 34, vous indiquez ce que vous souhaitez comme partage, c'est-à-dire
une évolution autour de 33 % à 30 % des revenus de la CTCUM,
ensuite, des subventions du Québec de 44 % à 40 % entre 1987 et
1997, des subventions municipales entre 23 % et 21 %, et il y a un
résiduel. Il faut de nouvelles sources de revenus pour aller compenser
ce résiduel à combler, parce qu'il reste un déficit
additionnel.
M. Hamelin: En fait, ce qu'on maintient, c'est qu'on prend le
chiffre de 1987 partout et on l'indexe simplement en
tenant compte d'une inflation possible de 4,1 %, ce qui fait ressortir
le résiduel en fin de compte.
M. Garon: Maintenant, dans la problématique que vous avez
présentée à la page 8, on indique, au fond, les
désavantages, la composition de la population, les
caractéristiques de la population: 35,9 % des ménages de la
région métropolitaine sont sans automobile, à comparer
à 21,5 % dans les autres métropoles;" une plus grande proportion
de gens à plus faibles revenus, de 30,3 %; 30,5 % de personnes de quinze
ans et plus qui n'ont aucun revenu, comparé à 21,5 % dans les
autres métropoles. Logiquement, vous arrivez à parler un peu plus
loin du rôle social du transport en commun.
Vous parlez, un peu plus loin, également, à la page 13,
d'un équilibre à préserver. Estimez-vous que cette
proportion du partage des coûts, telle qu'exprimée à la
page 36, établit un peu ce rôle social, que ce partage des
coûts tient compte du rôle social du transport en commun, mais
aussi d'une population qui est moins fortunée ou qui, dans une grande
proportion, n'a pas d'automobile? Pensez-vous que ce partage établit et
maintient cet équilibre à préserver dans le transport en
commun?
M. Hamelin: C'est évident que nous avons scruté
cette partie bien attentivement. Nous en sommes venus à la conclusion
que le partage qui était fait actuellement en 1987 nous semblait
acceptable. On peut faire de longues théories. On peut calculer toutes
sortes de pourcentages différents, mais, compte tenu de l'ensemble de
ces caractéristiques, cela nous est apparu comme un partage qui
était acceptable pour les partenaires en cause qui financent
actuellement le transport en commun.
M. Garon: Dans vos échanges avec le ministre, j'ai compris
aussi que ce n'est pas la proportion de 100 % dans le métro ou telle
proportion dans tel programme partiel, c'est global. À condition que
globalement ça arrive 40-30-20.
M. Hamelin: Si dans une loi on mettait un financement qui se
rapproche de cela, il faudrait qu'à ce moment-là les élus
de la communauté s'engagent à s'en tenir à cela et
à s'arranger avec cela. Si on dépasse, on paiera pour.
M. Garon: Maintenant, si vous voyez cela dans la perspective
d'une loi dans une proportion à peu près comme celle-là,
comment cela s'établirait-il par rapport au maximum à
dépenser? Le ministre pourrait dires Oui, mais là, comme on va
payer 40 %, ils vont être intéressés à
dépenser plus d'argent pour susciter plus d'investissements. Comment le
montant global à dépenser s'établirait-il?
M. Hamelin: M. le ministre, vous conviendrez que nous n'en sommes
qu'aux principes.
M. Garon: Je ne suis pas encore ministre. Cela s'en vient.
M. Hamelin: C'est peut-être la perspective de dix ans que
nous avons. M. le député, vous conviendrez que, dans le peu de
temps qu'on a eu pour préparer ce mémoire et faire le consensus,
nous ne sommes pas allés dans des détails. Nous sommes sur des
questions de principe actuellement, et c'est clair qu'il faudrait en discuter.
Je ne pense pas que le gouvernement adopterait cela les yeux fermés sans
aucune garantie que les programmes se réaliseront. C'est clair que ce
sera assorti de conditions comme celle de réaliser tel programme.
L'ensemble du monde municipal, en tout cas, de la communauté en est bien
conscient. Ce sera à déterminer. Mais si le principe pouvait
être adopté, je pense qu'assez rapidement on pourrait en arriver
à des consensus là-dessus.
M. Garon: Maintenant... Oui.
M. Doré: Je me permettrais d'ajouter, M. le
député, pour la gouverne des membres de la commission, qu'il nous
semble, aux élus de la communauté urbaine, aussi bien ceux de
Montréal que ceux des banlieues, que le choix qui se pose actuellement,
non seulement pour Montréal, mais pour le Québec, est très
clair. On ne peut pas désinvestir dans le transport en commun,
premièrement pour des raisons sociales. Comme vous l'avez
mentionné, c'est vrai qu'il y a une caractéristique assez
exceptionnelle et, dans certains cas, je dirais difficile même à
envisager du point de vue du développement - les études le
démontrent, vous l'avez vu récemment dans les journaux - c'est
que 40 % de la population la plus pauvre du Québec habitent le
territoire de Montréal.
Mais l'autre élément qui est fondamental, c'est l'effet
structurant qu'a eu le transport en commun sur le développement
économique de Montréal et de sa région. La vitalité
économique du centre-ville de Montréal par rapport... On dit,
dans le mémoire, que beaucoup de villes ont voulu faire renaître
leur centre-ville, les centres urbains au plan nord-américain. Pourquoi
le centre-ville de Montréal est-il resté vivant? Non seulement
à cause du fait que la ville centrale est habitée, mais aussi
parce qu'on a fait un choix important, en 1960, celui d'investir dans le
transport en commun; on a reconfirmé ce choix, collectivement, le
gouvernement du Québec et les élus, en
1978-1979, par l'option préférentielle
d'aménagement. Quelle était-elle? Il s'agissait de contenir
l'étalement urbain, de viabiliser les infrastructures existantes; il y a
toute une série de mesures qui ont été adoptées,
incluant le zonage agricole dont le ministre Garon était, bien
sûr, l'auteur et le père. Ces mesures ont eu pour effet de
privilégier le développement de l'agglomération.
Quand on dit qu'il faut maintenir les efforts pour l'avenir, d'abord, je
pense que, dans le mémoire, il y a une raisonnabilité dans
l'expression des besoins; 70 % ont réduit les besoins en expansion
uniquement, éventuellement, dans les zones où la
rentabilité va la justifier. II faut, quand on prend de l'expansion, que
les zones qu'on veut aller chercher contribuent, pas pour des raisons
politiques, mais pour des raisons économiques et des raisons de
rentabilisation du réseau, à ajouter de la clientèle, de
l'achalandage. Il y a des besoins mal desservis; il y a des bassins en
expansion dans l'est de Montréal qu'on peut aller chercher,
éventuellement. Cela, c'est la première chose.
La deuxième chose, c'est qu'on ne peut plus faire fi de la
nécessité de protéger nos actifs. C'est dans ce double
sens, consolider et développer des axes qui vont maximiser
l'achalandage, qu'on dit: On ne peut pas désinvestir. Le problème
qui se pose, c'est qu'à partir du moment où on pose le
problème dans ces termes, il en manque encore. Une fois qu'on est
raisonnable dans l'expression de ce dont on a besoin comme expansion pour dix
ans, qu'on dit que cela prend absolument, grosso modo, une somme de 420 000 000
$ pour la consolidation du réseau et la protection de l'actif, au bout
du compte, on manque encore d'argent.
C'est là qu'on dit: II nous faut trouver d'autres sources. Les
autres sources - je veux rappeler au ministre que ce sont peut-être des
choix politiques difficiles - ce n'est pas juste de dire: Québec taxera
et nous donnera l'argent. Ce n'est pas comme cela qu'on le voit. On dit: II
nous faut trouver des sources qui vont faire que les
bénéficiaires non usagers contribuent à l'autoroute des
piétons, qu'est le transport en commun à Montréal et au
réseau autoroutier pour le reste du Québec. Certains de mes
collègues de l'Union des municipalités ajouteraient le transport
aérien qui est aussi l'autoroute des régions
éloignées. Non, mais je sais qu'à l'UMQ le problème
a été soulevé.
Mais je parle du transport en commun et du réseau autoroutier. Il
faut se rendre compte que, si l'on continue à vouloir investir dans le
réseau autoroutier en périphérie, entre autres, de
Montréal, il ne faut pas opposer ces besoins à ceux du transport
en commun. Ils peuvent, dans certains cas, être complémentaires,
à condition qu'on ne remette pas en cause l'option
préférentielle d'aménagement. De ce point de vue, c'est
indispensable à la vitalité de la ville centrale. À mon
point de vue, c'est indispensable, on l'a dit, même au
développement de Montréal au plan économique; les
technologies nouvelles, ce n'est plus dans les périphéries. Les
gens veulent se rapprocher des centres universitaires et des centres de
recherche; ils se mettent de plus en plus dans des axes de transport en commun.
C'est dans ce sens-là qu'il faut aller.
Ce serait une erreur, à mon point de vue, de désinvestir.
La preuve, c'est que, dans l'horizon 1988 - là, je rappelle l'urgence,
pour nous, de la situation - pour le 1er janvier 1988, même si tout le
monde indexe ses contributions - on ne parle même pas de
désinvestir - sans projets nouveaux, on a 25 000 000 $ qu'on n'est pas
capable de financer pour cette date. Donc, il ne s'agit plus juste de
réfléchir; il s'agit maintenant de prendre des décisions
sur la façon dont on va stabiliser le financement. On souhaite qu'il le
soit et on fait la suggestion au ministre: Dans une loi, qu'il fasse que les
gestionnaires élus, comme les administrateurs et administratrices de
tous les réseaux de transport soient en mesure de planifier son
développement pour les dix prochaines années. Cela leur
évitera, dans les derniers mois de chaque année, de ne pas savoir
de quelles sommes on va disposer pour équilibrer le budget, encore moins
pour en assurer le développement.
Je vous ferai remarquer - je termine là-dessus - que cela va
être bon pour le gouvernement parce qu'il va mieux planifier son flux
financier de ce point de vue, puisque cela va être clair, les besoins
seront exprimés. En même temps, c'est indéniable que les
investissements consentis au transport en commun ont des impacts
économiques. L'étude américaine le démontre
très clairement. (12 heures)
M. Garon: M. le Président, je pose une question. Vous avez
dit qu'il y a eu un consensus difficile à établir et qui se
serait réalisé tout récemment. Serait-ce trop vous
demander ou vous demander de gratter des cicatrices que de vous demander quels
étaient les débats en cours pour établir ce consensus? Je
pense bien que cela va se dire un peu partout. Alors, aussi bien l'entendre de
votre bouche directement. Quels étaient les enjeux en cause?
M. Hamelin: Les enjeux étaient principalement sur
l'enveloppe. Cela a été long, mais cela n'a pas été
si difficile que cela. Cela a été d'une relative
difficulté principalement sur l'enveloppe, mais je ferais remarquer
aussi que c'est plus qu'un consensus. C'est l'unanimité des 28,
M. Garon: Qu'est-ce que cela veut dire, l'enveloppe
précisément?
M. Doré: Pour les besoins d'expansion.
M. Hamelin: Les besoins d'expansion, 450 000 000 $.
M. Doré: Notre président, M. Hamelin, disait
tantôt: Si on examine ce qui est contenu au schéma
d'aménagement de la Communauté urbaine de Montréal, on
parlerait de besoins théoriques, si on réalisait tous les projets
contenus dans le schéma, d'à peu près 1 100 000 000 $. Le
choix auquel on s'est astreint pour les dix prochaines années, c'est de
dire: Cela ne devrait pas dépasser une enveloppe qui, bon an, mal an,
devrait faire 45 000 000 $ par année, en relation, d'ailleurs, avec ce
qu'on investit dans les infrastructures autoroutières. Donc, c'est 450
000 000 $. Forcément, cette réduction de l'enveloppe et, je
dirais, cette discussion de raisonnabilité quant aux besoins
d'investissements, bien sûr, cela n'a pas toujours été
facile. Il nous reste encore des débats à faire entre nous,
maintenant, sur la façon dont on va prioriser.
Il y a une chose sur laquelle on s'entend tous, par contre, c'est qu'il
faut maintenant prioriser en faisant... Un des problèmes qu'on a eus
historiquement - et le ministre, j'en suis convaincu, y est
particulièrement sensible - c'est le fait que, quand on a
planifié le développement, on n'a pas toujours tenu compte des
coûts d'exploitation. À ce moment-là, on desservait des
corridors qui ont fait qu'on accroissait le déficit d'exploitation. Je
pense que tous nos collègues à la Communauté urbaine de
Montréal aussi bien que des banlieues de Montréal s'entendent
pour dire que les décisions d'investissements pour l'accroissement du
réseau vont devoir se justifier sur la base non seulement d'une
amélioration du service à la clientèle parce que, disons,
chacun veut avoir le métro chez lui ou un réseau efficace, mais
surtout en vue de desservir des clientèles mal desservies, d'augmenter
l'achalandage et de maximiser de ce point de vue le réseau existant.
Donc, la consolidation du réseau devient le critère d'expansion,
plus que des considérations plus politiques qui ont pu prévaloir
par le passé. Sur cela, je pense qu'on s'entend. C'est pour cela qu'on a
limité l'enveloppe à 450 000 000 $. Il y a peut-être
Michel.
M. Leduc (Michel): Du côté des banlieues, il est
évident qu'il y a consensus à l'intérieur de la CUM. La
CUM, c'est un jeune bébé qui a eu un accouchement très
pénible. On peut dire que cela existe, à toutes fins utiles, la
CUM depuis très peu de temps comme véritable entité et les
gens commencent à se rendre compte que c'est une forme de gouvernement
supramunicipal acceptable. Pendant les dernières années, il y a
eu..
M. Garon: Les bébés les plus difficiles, ce sont
ceux qui ne se présentent pas par la tête, vous savez cela!
M. Leduc: C'est un siège. La CUM, cela a été
un siège pénible. Disons que, sur le document
d'aménagement, il y a des consensus qui ont été obtenus
très difficilement en termes de nouvelles infrastructures. Je comprends
que, si on les regarde en termes de coûts, cela représente des
coûts absolument faramineux, mais c'est ce sur quoi les gens de la CUM,
Montréal et banlieue, se sont entendus au cours des dernières
années pour dire: C'est le réseau idéal, ce serait la
complétion idéale du réseau. Dans les 45 000 000 $, on
dit: Ce sera fait dans la ligne de ce qui est inscrit au schéma
d'aménagement selon des priorités qui seront à rediscuter
entre les partenaires. C'est peut-être l'une des discussions qui a pu
être un peu plus longue et pénible, mais je pense que,
malgré tout, sur le document qu'on présente aujourd'hui, il y a
un consensus complet, dans le sens que, comme on l'a dit, on se rend compte que
nous, les banlieues, on n'est pas particulièrement desservi par le
métro. Il ne faut pas s'imaginer qu'à La Salle le métro
vient dans le centre-ville. On voit qu'à partir de 1988, quand on indexe
les trois contributions: usagers, CUM, les partenaires et le gouvernement, il y
a un déficit et il faut trouver de l'argent à quelque part. C'est
bien de valeur, mais là-dessus il y a un très grand consensus.
Sur les infrastructures, je pense qu'on revient à des consensus
chèrement et difficilement établis qui sont ceux du schéma
d'aménagement.
M. Garon: M. le Président, ma collègue, Mme Harel,
députée de Maisonneuve, brûle de poser des questions. Comme
c'est mon entraîneur...
Le Président (M. Rochefort): Son collègue de Gouin
aussi, M. le député de Lévis. Vous avez terminé, en
ce qui vous concerne?
M. Garon: S'il me reste du temps, mais je pense bien que vous ne
m'en laisserez pas. C'est pour cela que j'ai commencé.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Merci. Je reconnais
M. le député de Saint-Louis en rappelant à la formation
ministérielle qu'il lui reste treize minutes d'échanges.
M. Chagnon: Merci, M. le Président. Je vais interroger le
chef obstétricien de la
CUM, car il y a des problèmes de cicatrisation rapide depuis la
dernière réunion que vous avez tenue la semaine
passée.
Bref, dans ce que vous nous avez dit et qui a aussi été
partagé, entre autres, par les maires de banlieue et pas le maire de
Montréal, on remarque une volonté très nette, très
saine, d'ailleurs, d'éviter, comme l'a souligné le maire de
Montréal, de désinvestir dans le transport en commun. Sauf que
dans votre document, à la page 17 et plus particulièrement
à la page 36, on est obligé de constater que, par les
années passées, de 1977 à 1987, le
désinvestissement en termes de pourcentage des dépenses totales,
est venu de la part des municipalités et aussi des revenus
d'exploitation. La seule partie de l'ascenseur qui a monté, cela a
été les subventions provinciales. La proposition que vous faites
en page 36 appelle encore, en termes de pourcentage des dépenses
totales, un désinvestissement ou une départicipation des
subventions municipales et des revenus de la STCUM, ajoutant à cela une
"désubventionnalisation" provinciale excusez le néologisme - de
10 %, là aussi.
Il m'apparaît assez curieux d'avoir un discours qui demande une
participation accrue ou, à tout le moins, une indexation du pourcentage
des dépenses totales et, en même temps, dans votre document,
lorsqu'on vérifie les faits et les chiffres, on s'aperçoit qu'il
y a eu une diminution importante de la contribution et des municipalités
et des revenus d'exploitation. Dans le cas des contributions municipales, on
parlait de 27 % du coût des dépenses totales en 1977 pour 23 % en
1987; pour le gouvernement du Québec, la part des dépenses est
passée de 29 % à 44 %, c'est énorme; la part des usagers
est passée, elle, de 44 % à 33 %. On s'aperçoit,
finalement, que le seul élément qui a vu sa subvention augmenter
nettement depuis dix ans a été l'Etat du Québec. Je sais
qu'il nous faut éviter de désinvestir dans le transport en
commun, mais on ne peut pas faire autrement que s'interroger sur un
passé qui est, quand même, facile à regarder et à
analyser. j'aurais une question à vous poser concernant les 47 000 000 $
par an d'investissements en immobilisation que vous avez
déterminés ensemble. J'aimerais comprendre la logique et le
raisonnement de votre calcul. À la page 21 de votre mémoire, vous
dites ceci: "Le budget d'immobilisation du ministère du Transports dans
le réseau routier québécois s'élevait à 332
000 000 $. Le métro de la CUM assurant environ 10 % des
déplacements domicile-travail au Québec contre 70 % pour le
réseau routier, on devrait s'attendre, pour respecter cette proportion
de 1 à 7, à des investissements d'immobilisation dans le
métro d'environ 47 000 000 $ par an, soit 470 000 000 $ sur dix ans."
Comment faites-vous pour calculer la proportion de 1 à 7? Si je prends
47 000 000 $ par année sur un budget de 332 000 000 $, j'arrive à
15 % et non pas à 1 à 7. Évidemment, 1 à 7 ou 15 %,
c'est un peu pareil, mais j'arrive à 15 % de la proportion des
déplacements domicile-travail en termes d'immobilisation. J'aimerais
comprendre la mécanique qui vous a amenés à retrouver la
proportion 1 à 7, parce qu'on parle de pourcentage.
M. Doré: Non. Il y a une explication très
simple.
M. Hamelin: En fait, c'est 10 % des déplacements et 70 %
des déplacements; alors 10 à 70, 1 à 7, c'est dans ce
sens-là. C'est sur la base des déplacements et non pas sur la
base des montants.
M. Chagnon: Ah, je suis bien conscient de cela.
M. Hamelin: En calcul le pourcentage des déplacements, on
fait une proportion de 1 à 7. C'est pour illustrer...
M. Chagnon: On dit la même chose.
M. Hamelin: ...l'une des bases pour lesquelles on arrivera
à 45 000 000 $ ou 47 000 000 $ dans l'ensemble.
M. Chagnon: Mais je comprends pas le rationnel de chercher
à respecter une proportion lorsque j'ai 10 % des déplacements et
que je demande 15 % des subventions, finalement.
M. Hamelin: Bien non.
M. Doré: Non, écoutez, très simplement, si
vous faites la multiplication de 47 000 000 $...
M. Chagnon: Oui.
M. Doré: ...par 7, cela va vous donner 301 000 000 $ sur
332 000 000 $, c'est-à-dire à peu près la proportion dans
laquelle on a 10 % des déplacements qui se font au domicile-travail par
le métro de la communauté urbaine, 70 % pour le réseau
autoroutier et les autres modes constituent la différence.
Alors, dans le fond, ce que ce chiffre vient illustrer simplement, c'est
que, si on consentait, bon an, mal an, à peu près 45 000 000 %
dans le transport en commun, ce n'est pas avantager Montréal aux
dépens d'ailleurs. Ce n'est qu'attribuer à Montréal une
proportion équivalente aux déplacements domicile-travail que
constitue le transport en commun par le métro par rapport aux
déplacements que constitue dans l'ensemble du Québec
l'utilisation du réseau routier, le
chiffre de 332 000 000 $ étant l'investissement dans le
réseau autoroutier.
Cela n'a que valeur d'illustration. Ce n'est pas une règle fixe.
C'est simplement, comme ça. Mais, cela dit, 47 000 000 $, c'est la
relation de 1 à 7; 332 000 000 $ divisé par 7, ça donne 47
000 000 $.
M. Hamelin: Pour répondre à votre première
interrogation, quand vous prenez, à la page 17, le tableau 2,
effectivement, on passe de 1977 à 1987. Mais, quand même, il faut
penser qu'en 1980 est arrivée la réforme de la fiscalité
qui a joué là-dedans. Si on regarde maintenant - encore plus
important - le tableau 1 de la page 16, en bas complètement, vous avez,
de 1984 à 1987, les dépenses totales ont augmenté de 4,8
%; les revenus d'exploitation, de 5,8 %; les subventions provinciales, de 3,9 %
et les contributions municipales, de 5,1 %.
Alors, les trois dernières années, il y a eu relativement
une baisse des subventions. Là, pour éviter des chicanes, on dit:
Partons sur l'année 1987.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Saint-Louis. J'aurais, à mon tour, une question
à adresser aux représentants de la Communauté urbaine de
Montréal sur le temps de l'Opposition. Dans un premier temps, on note,
avec satisfaction évidemment, les consensus qui sont intervenus pour la
présentation du mémoire qui fait l'objet de votre présence
ce matin.
Cela dit, il y a une partie du document qui nous indique que le
consensus est intervenu sur le quantum, mais pas sur ce qu'on fera aveG, qui
est toute la partie qui concerne la partie qui concerne le développement
des infrastructures sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je vous dis immédiatement qu'en ce qui me concerne je suis assez
favorable à la proposition mise de l'avant par la Communauté
urbaine de Montréal demandant que la participation financière du
gouvernement du Québec soit déterminée par une loi de
l'Assemblée nationale pour des fins, quant à moi, de transparence
d'association de l'ensemble des élus du Québec et aussi pour des
fins de meilleure planification budgétaire et financière de la
communauté. Je suis assez sensible à votre demande et
porté à l'accepter et à l'appuyer.
Cela dit, je vous dis immédiatement, comme élu de la
région de Montréal, comme élu aussi de l'Assemblée
nationale et comme quelqu'un qui a déjà été au
gouvernement et qui souhaite y retourner, évidemment...
M. Côté (Charlesbourg): Dans dix ans?
Le Président (M. Rochefort): Oh, on ne fera pas le calcul
c,e matin, M. le ministre.
Généralement, c'est les gouvernements qui se
défont; vous laisserez faire le calcul. Je voudrais, toutefois, savoir
de votre part quel est le type d'implication que vous considérez
être celle que devraient avoir le gouvernement du Québec au
minimum et, souhaitons-le, les députés de l'Assemblée
nationale, dans la décision de l'utilisation de la somme d'à peu
près 450 000 000 $ au cours des dix prochaines années, en termes
de développement.
Je m'explique très précisément. Dans la mesure
où ce sont les députés de l'Assemblée nationale qui
déterminent par une loi quelle sera la participation de l'État du
Québec au financement, dans la mesure où ils paient une partie
importante de la facture, je pense qu'il est normal qu'on leur permette de
participer aux réflexions et, ultimement, aux décisions qui se
prendront quant au développement du transport en commun.
Connaissant - vous les connaissez mieux que moi - comme vous aussi un
peu les divergences, les tensions qui ont régné à
l'intérieur de la CUM et entre la CUM et le gouvernement du
Québec dans les dernières années quant au prolongement,
notamment, du métro, je pense qu'il est important que vous nous disiez
ce matin un peu comment vous comptez associer, disons donc, l'État
québécois, le gouvernement et l'Assemblée nationale, dans
ces décisions ou dans ces discussions qui ont des importances
considérables non seulement au point de vue du coût du transport
en commun et de son développement, mais aussi au niveau du
développement urbain à Montréal. (12 h 15)
M. Hamelin: M. le Président, notre mémoire fait
état qu'une fois les sommes consenties les élus locaux vont se
pencher sur la question et décideront localement des priorités.
Cela n'exclut évidemment pas des contacts étroits avec le
gouvernement du Québec. Mais je pense qu'en tant qu'élus locaux
responsables ceux-ci souhaitent déterminer eux-mêmes les
priorités à respecter entre eux.
Dans le passé, au niveau de la communauté urbaine, il y a
peut-être eu une enfance difficile. Nous atteignons actuellement un stade
où les consensus sont plus faciles à obtenir. Il est clair que le
gouvernement du Québec serait partie à une très intense
consultation, mais les élus locaux -et là je me fais le
porte-parole autant des gens de la banlieue que des gens de Montréal -
souhaitent que la décision soit prise localement. Là-dessus, je
ne sais pas si mes collègues, soit de la banlieue ou soit de
Montréal, ont des choses à ajouter.
Le Président (M. Rochefort): Oui, M. le maire.
M. Doré: Peut-être avec le complément
suivant, M. le Président. Je suis d'accord avec ce que le
président, M. Hamelin, vient de dire. Vous nous posez la question:
Comment peut-on associer l'État du Québec dans les choix? La
première question que nous nous sommes posée était
celle-ci: avant de discuter des choix, avant de savoir où on irait,
encore fallait-il savoir si on avait de l'argent. C'est la priorité,
pour nous. À notre point de vue, il fallait fixer le cadre
générai des besoins. 45 000 000 $ d'investissement sur dix ans
dans le transport en commun, pour des prolongements de métro ou pour
d'autres aspects, c'est extrêmement faible si je compare cela, par
exemple, à ce qui est prévu dans la région de Toronto. Il
faut dire que, pour Toronto, on en parle sur une base régionale.
Cela m'amène à poser le deuxième problème.
Je dirais qu'il faut "dépolitiser", entre guillemets, les
problèmes de l'extension du réseau - je l'ai dit tantôt et
je le répète - pour le faire sur la base de critères plus
rationnels qui sont liés à la desserte de clientèles qui
vont avoir pour effet d'améliorer la performance du réseau, son
achalandage et, forcément, globalement, la qualité du service,
cela à partir de critères peut-être plus objectifs et
à partir d'un plan de développement qu'il nous faut nous donner,
qui n'est pas tout à fait complété au moment où on
se parle. Ce qui est clair, à notre point de vue, c'est qu'à un
moment donné il faut se poser la question de l'intégration de ce
plan CUM avec ce qui se fait aussi en périphérie, dans la
couronne nord et dans la couronne sud. Il y a une nécessité de se
concerter et de faire une planification à l'échelle plus
régionale.
Par le passé, le gouvernement du Québec, le gouvernement
précédent avait proposé une structure qui s'appelait
l'ORT. On n'y a pas souscrit. Cela dit, ce n'est pas parce qu'on n'a pas
souscrit à cette structure qu'on ne pense pas qu'il faille, à un
moment donné, nous concerter davantage. Simplement par pure
hypothèse, si on parle de la desserte de l'est de Montréal, que
ce soit Anjou, Montréal-Nord ou le quartier de
Rivière-des-Prairies, par exemple, qui est en pleine expansion - on
prévoit d'ici sept ans que la population aura peut-être atteint 75
000 personnes et il y a déjà "400 000" personnes à
Montréal-Nord - si on décide d'aller desservir ce secteur,
forcément, on rapproche un réseau de Laval par le biais du pont
Pie IX. Il est clair que cela ne peut pas se faire indépendamment, sans
savoir comment Laval planifie son propre réseau et les effets de
raccordement.
Même chose quand on parle de la desserte de la ligne
Deux-Montagnes dans l'ouest. Il y a le pont LeGardeur et il y a peut-être
une façon, là aussi, d'organiser le transport de Laval pour
désengorger les ponts, le matin. L'engorgement des ponts le matin est un
des problèmes auxquels le ministre est sensible et auquel je suis
sensible également, avec les effets de perturbation de la qualité
de vie des Montréalais qu'entraîne très souvent la
surutilisation de certaines artères qui marchent en parallèle du
métro.
Mais, enfin, tout cela doit se discuter. Mais encore faut-il nous, comme
élus, avoir fait nos devoirs au sens d'avoir vraiment fait ces calculs.
Le coût d'exploitation doit être pris en considération. Les
ajouts à ce coût d'exploitation doivent être pris en
considération comme un des éléments de la décision.
Mais elle ne se prend pas seule. Je pense qu'elle doit éventuellement se
prendre à partir d'une concertation et d'une planification qui doit
inclure des éléments de la région. Là-dessus,
à la communauté urbaine, nous sommes d'accord.
Le Président (M. Rochefort): D'accord. Je suis assez
d'accord avec la réponse que vous nous avez fournie, M. le maire, quant
à ce qui devrait justifier une décision de développement
du réseau.
Cela dit, j'ai pris bonne note de la réponse du président
de la communauté quant à l'implication de l'État
québécois et des élus québécois dans les
décisions de développement. Si on part de votre réponse,
mais qu'on le prend à l'inverse, puisqu'il s'agit, selon vous, d'une
décision des élus municipaux, pouvez-vous nous dire de quelle
façon on pourrait être mis au courant de ce à quoi sera
utilisé l'argent de développement? Et je m'explique. Je vous ai
dit tantôt: Je suis assez favorable à l'idée de fixer dans
une loi de l'Assemblée nationale la contribution du Québec. Je
suis prêt à vous dire que, si c'était moi qui avais cette
responsabilité - ce n'est pas moi, ne vous inquiétez pas - tout
le volet consolidation, on pourrait régler cela facilement.
Mais sur le volet développement, il est absolument essentiel
qu'au minimum le gouvernement du Québec et, donc, l'Assemblée
nationale du Québec par le fait même soient mis au courant de ce
à quoi serviront les millions consacrés au développement.
En ce sens-là, quand je regarde la carte qui est devant nous, on a la 6,
la 7, le prolongement de la 5, l'éventuelle 8, une nouvelle que je
n'avais pas vue récemment, 11, 10, la fin de la 2. Vous l'avez dit, il y
en a pour 1 100 000 000 $. Moi, comme député, avant d'accepter de
contribuer pour 450 000 000 $ dans ce développement, il est clair que je
voudrais bien savoir à quoi ils serviront et plus
précisément où ils iront. Il faudra trouver une
façon de procéder: de deux choses l'une ou peut-être les
deux: ou on est associé à cela - j'en prends bonne note et je
respecte pleinement votre réponse - ou bien ce volet-là doit
être mis à part
et, une fois qu'entre élus de la Communauté urbaine de
Montréal, probablement, comme le disait le maire de Montréal, en
tenant compte de ce qui se fera autour, vous vous serez entendus sur vos
priorisations de développement, que l'on puisse être en mesure de
dire: Oui, le gouvernement du Québec et l'Assemblée nationale
acceptent de contribuer ou pas. Mais il est clair que, tout en étant
favorable à l'idée d'inscrire dans une loi de l'Assemblée
nationale du Québec la contribution du Québec pour les dix
prochaines années, je ne serais absolument pas favorable à ce que
l'on dise: Oui, pour le développement: 450 000 000 $ sur les dix
prochaines années et vous nous inviterez aux inaugurations.
M. Hamelin: Non. M. le Président, je ne pense pas que nous
allions jusqu'à demander un chèque en blanc de 450 000 000 $ et
à dire: On se reverra quand le compte sera à zéro. La
communauté accepte volontiers que le plan qui sera
développé chez nous, entre nous, soit sujet à
l'approbation du gouvernement si le gouvernement en finance une bonne partie.
C'est tout à fait normal et je ne vois aucune objection de la part de la
communauté. L'important pour nous, c'est que le plan qui sera
élaboré soit élaboré localement et qu'il
réponde à nos besoins. Que, par la suite, il soit soumis à
l'approbation du gouvernement, cela me semble aller de soi.
M. Doré: M. le Président, d'abord, je veux faire
une correction. On m'a dit que tantôt j'ai parlé de 400 000 pour
Montréal-Nord. Évidemment, je voudrais que l'on corrige tout, de
suite pour le Journal des débats; on parle de 100 000 à
Montréal-Nord, un peu plus même maintenant, me dit-on, dans le
territoire qui est viabilisé à 98 %.
Je suis tout à fait d'accord avec le président. Cela dit,
ce sont des études que l'on doit faire au cours de 1988 parce que les
nouveaux besoins d'investissements ne se manifesteront pas avant 1990. On
poursuit en 1988 ce qui est déjà en marche. Les décisions
ont déjà été prises, on fait juste poursuivre.
Donc, on a un an et demi pour faire cela. Cela veut dire que ce pot de 45 000
000 $ de nouvelles sommes engagées, on a 18 mois, peut-être, pour
éventuellement le préparer entre nous et te discuter avec le
gouvernement, et aussi avec les partenaires de la région.
Cela nous ramène à notre considération relativement
à l'urgence; c'est qu'indépendamment des investissements à
consentir sur les dix prochaines années, pour le budget 1988, il y a 25
000 000 $ qui manquent pour équilibrer ce budget. D'où l'urgence
et ce sur quoi les discussions de la commission et les réflexions de ses
membres vont devoir porter, c'est sur ceci: comment, dans ce contexte, peut-on
s'organiser pour fournir à la STCUM, comme, d'ailleurs, à
l'ensemble des transporteurs publics au Québec, une stabilité
dans les sources de financement et éventuellement des sources
additionnelles qui ne privent pas le gouvernement de sommes, mais qui
permettent d'investir dans le réseau de transport au Québec,
transport en commun pour certaines régions, transport autoroutier pour
d'autres?
Le Président (M. Rochefort): Merci.
M. Hamelin: M. Leduc aimerait compléter.
M. Leduc: Pour soulager vos appréhensions, M. le
Président, au cours de la journée, vous allez avoir les
municipalités de Mont-Royal, Pierrefonds, Roxboro et Saint-Laurent qui
viennent vous présenter un mémoire. Vous aurez la ville de
Montréal-Nord -qui vient vous présenter un mémoire. Ce
sont des gens qui font partie de la CUM et qui entérinent notre
mémoire de ce matin, mais qui, à l'intérieur de leur
mémoire, vont venir vous faire part de leurs priorités en termes
d'infrastructures. Donc, cela doit être parce qu'ils vous
considèrent comme de futurs intervenants très importants dans la
détermination de ces priorités. C'est juste pour vous
soulager.
Le Président (M. Rochefort): On fait plus que se soulager;
je pense qu'on s'est rassuré mutuellement. M. le député de
Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Un peu comme vous,
je m'interroge et je m'inquiète aussi un peu de voir ce matin la
Communauté urbaine de Montréal qui vient nous voir et qui dit: On
devrait ou il faudrait possiblement passer une loi pour assurer un financement
sur dix ans d'infrastructures dans le transport en commun à
Montréal, alors qu'on n'a absolument aucun plan de développement
sur dix ans. Je m'étonne. Je me demande comment les gens peuvent aller
devant le ministre, devant les députés, et dire: Donnez-nous 45
000 000 $. Tout à l'heure, on parlait de chèque en blanc. M. le
maire Doré nous disait: Bien, écoutez, ça va venir d'ici
18 mois. D'autres personnes disent: II y a consensus entre les gens de la CUM.
Si on regarde le passé - et bien souvent le passé est garant de
l'avenir - on voit que, depuis dix ans, il y a eu tergiversations sur
tergiversations en termes de définition de lignes de métro.
Dernièrement, on a changé dans les métros - j'ai vu
ça dans le journal avant-hier - les plans qui indiquaient les
nouvelles lignes qui auraient dû être faites et qui ne
seront pas faites, si j'ai bien lu.
Alors, je m'inquiète, moi, car si nous votions ou si nous
recommandions au ministre d'accepter de proposer un projet de loi de 450 000
000 $ ou autre pour le financement de la STCUM sur une période de dix
ans, je me demande si ces sommes-là seraient utilisées pour
réparer les métros, pour faire des trains qui ne seraient pas
compatibles avec le réseau ou qui iraient dans des régions qui
pourraient être plus favorables à certaines banlieues ou si tout
le monde arrivait à se mettre d'accord une bonne fois pour toutes pour
utiliser ces sommes-là dans le meilleur intérêt des gens.
Je m'interroge beaucoup à savoir pourquoi il n'y a pas de plan de
développement. Le maire de Montréal, lui - je parlais un peu avec
lui au début de la commission - semblait avoir un plan, il semblait
savoir à peu près où il s'en allait. Il nous parlait de
l'est de Montréal. Il disait: Dans le bout de Pointe-aux-Trembles, on
pourrait aller jusqu'à un certain niveau avec les infrastructures qui
existent actuellement, car il y a là des lignes de chemin de fer qui ne
sont pas utilisées et dans la région de
Rivière-des-Prairies aussi.
Moi, j'aimerais ça le savoir pour pouvoir rassurer les gens de
l'est de Montréal, de mon coin, et leur dire: Écoutez, le plan de
développement, c'est telle et telle ligne, ça peut varier un
petit peu, on garde toujours une variante, mais les 450 000 000 $ qu'on va
donner vont être utilisés à telle fin. Je pense que les
gens s'attendent qu'on le leur dise. Les électeurs ou les gens qui nous
regardent, qui nous écoutent aujourd'hui ou qui vont nous lire demain
dans les journaux, je pense, seraient très surpris si on disait: Oui,
450 000 000 $, mais on ne sait pas pourquoi.
M. Perreault: M. le Président, si vous me le permettez, je
pense que nous serions les premiers heureux d'être en mesure de dire:
Toutes les études, tous les travaux sont complétés, nous
savons exactement de façon définitive pour les dix prochaines
années tous les choix qui se présentent à la
société et, indirectement, à la communauté.
Ce qui est clair, de notre point de vue, je pense, c'est - et les
chiffres le démontrent - qu'il est nécessaire de non seulement
consolider le réseau actuel, mais d'en assurer l'achèvement. U y
a, de ce point de vue là, dans la logique même de la gestion du
réseau actuel, des besoins évidents d'achèvement du
réseau de façon, justement, à en maximiser le
rendement.
Ce qui est clair également, il me semble, du point de vue de la
communauté, c'est qu'il y a une volonté que ces choix soient
faits dorénavant - ça ne veut pas dire qu'ils étaient
toujours arbitraires, loin de là -peut-être moins en fonction de
critères où chacun défend un petit peu son coin de
territoire et davantage en intégrant des données qui
jusqu'à maintenant n'ont pas été suffisamment
intégrées qui sont celles des impacts sur l'exploitation du
réseau existant et ils sont nombreux. Toute décision de
développer le réseau dans un sens plutôt que dans un autre
a des effets d'entraînement sur le réseau existant. De la
décision de la communauté de limiter - non pas parce que le
projet au schéma d'aménagement ne se justifie pas du point de vue
de l'intérêt de développer le transport public sur le
territoire -l'enveloppe aux montants qui sont là, je pense qu'on peut en
déduire assez facilement, quand on connaît un peu l'ampleur des
investissements requis pour chacun des projets, qu'il s'agit essentiellement de
ce qu'on pourrait appeler des projets qui viendraient consolider le
réseau actuel.
Il reste certaines discussions à faire. Effectivement il y aura
encore certains choix. M. le maire Doré disait tantôt que ces
choix devront aussi être intégrés dans une logique des
besoins du développement régional. Mais je ne pense pas que ce
soit, comme on le disait tantôt, un chèque en blanc; c'est une
estimation minimale des besoins dans un contexte, encore une fois, où ce
qu'on a essayé de faire, c'est identifier l'ampleur de ces
besoins-là au cours des dix prochaines années. Et, avant
même de présenter des options plus spécifiques, encore
faut-il savoir si les partenaires autour de la table sont d'accord pour
disposer et mettre dans le transport en commun les sommes d'argent requises.
(12 h 30)
M. Gobé: M. Perreault, lorsque je lisais: "Les élus
de la CUM établiront entre eux leurs propres priorités", je me
demande si on ne devrait pas établir nos priorités - je me
considère comme un élu de la CUM, j'ai résidé sur
le territoire de la CUM - avec aussi la population de la CUM. En d'autres
termes, je crois qu'il y a là des gens qui nous font valoir
continuellement certaines recommandations, certaines idées. U
m'apparaîtrait très souhaitable d'y inclure les groupements de
citoyens ou de population ou les représentants d'organismes
représentatifs des usagers. Je trouve cela un peu restreint de voir
seulement: "les élus établiront entre eux". Cela a l'air un peu
en catimini. Je ne pense pas que c'est ce que vous vouliez démontrer, ni
M. le maire, ni M. Hamelin, ni vous, d'ailleurs.
M. Hamelin: M. le député, il ne faudrait pas
oublier qu'il existe cinq commissions permanentes du conseil de la
Communauté urbaine de Montréal, entre autres, la commission du
transport, la commission de l'aménagement. C'est clair que, dans toute
approbation d'un plan, ces commissions vont siéger en public et les
gens
vont être invités à venir donner leurs orientations.
Nos commissions siègent très régulièrement. De par
la loi, c'est quatre fois par année, mais, en tout cas, l'an dernier, il
n'y a pas une commission qui n'a pas siégé cinq ou six fois. Il y
en a qui sont allées jusqu'à dix fois. C'est clair que cela
devient un enjeu majeur de la communauté.
Dans le mémoire, il y a, quand même, certaines indications.
On parle de l'ouest, on parle du nord et on parle de l'est. On ne parle pas du
centre-ville du tout. Alors, il y a certaines indications. Les études
sont encore à faire. C'est clair qu'avec un projet de loi on ne
demandera pas 45 000 000 $ par année en blanc. Le projet de loi pourrait
spécifier, comme il a été dit tantôt: sujet à
l'approbation d'un pian par le gouvernement. Ce que l'on veut, c'est être
rassuré sur le financement globalement. Où s'en va-t-on? A-t-on
les possibilités de maintenir notre réseau et de le
développer? Quand on aura cela inscrit dans la loi, se sera une
certitude et ce sera pour les élus de la communauté, de
même que pour le gouvernement un outil de travail qui permettra d'assurer
un développement harmonieux de tout le réseau.
M. Gobé: Merci.
M. Doré: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Président (M. Rochefort): M. le maire, oui.
M. Doré: ...juste une remarque. Je sais, M. Gobé,
que cela aurait été intéressant si on avait pu dans
lé temps qui nous était imparti faire en trois mois ce que la
communauté urbaine n'a pas fait comme choix, parce que cela nous a
amené à faire un choix de rationalisation et de
"raisonnabilité". Une enveloppe de 450 000 000 $ sur dix ans,
très honnêtement, c'est déjà réduire de
beaucoup les choix. Il n'y a pas 50 000 affaires qu'on peut faire avec une
enveloppe de 450 000 000 $ sur dix ans dans le transport en commun en dollars
de 1987 et dans les dollars subséquents. Donc, déjà, il y
a un choix important. On ne s'en ira pas tous azimuts et c'est clair que ce
n'est pas tout le schéma qui est en cause.
L'autre élément, c'est que je ne voudrais pas, dans la
perception des membres de cette commission, que l'on lie le règlement
des problèmes de financement de la STCUM à un plan de
développement parce qu'indépendamment du plan de
développement, dis-je bien, on a une impasse financière pour
1988. On apporte une contribution. On dit: Voici les alternatives aux sources
actuelles de financement qu'on suggère, celles qu'on a
inventoriées. On peut vous fournir les études techniques qui les
sous-tendent et le choix qu'on peut faire. Il y en a peut-être d'autres
auxquelles le ministre a pu penser. Le ministre a déjà
évoqué cette possibilité à plusieurs reprises. Ce
n'est pas pour lorsqu'on aura un plan de développement articulé,
qu'on aura discuté au sein peut-être de la communauté
urbaine, en commission parlementaire ou dans une structure de concertation
à l'échelle régionale. C'est pour le 1er janvier 1988
qu'on a besoin d'avoir un éclairage des membres de la commission et une
décision gouvernementale relativement à une source alternative de
financement parce qu'on n'est pas capable de financer le budget d'exploitation
de la STCUM pour le 1er janvier 1988. Alors, ce qu'on vous met sur la table, ce
sont les besoins circonstanciés et restreints dans l'expansion du
réseau pour un plan à déterminer et à discuter
publiquement avec les élus du territoire de la communauté, pas
à l'écart des élus - quand je parle des élus, je
parle, évidemment, des députés de l'Assemblée
nationale - les besoins de consolidation, le tout fusionné, enfin
intégré avec les coûts d'exploitation qu'on va tenter de
maintenir autour de l'inflation. Quand on a mis tout cela ensemble, il reste
une chose: il y a un manque à gagner de 25 000 000 $ pour 1988. Il va
s'accroître jusqu'à 50 000 000 $ dans les années
subséquentes. En fait, c'est 110 000 000 $ à la fin de l'horizon,
mais en incluant les immobilisations.
Je dis que c'est cela, l'urgence. C'est ce qu'on veut faire comprendre
aux membres de la commission ce matin. On ne peut pas s'en tirer.
Forcément, avec désinvestissement, c'est la catastrophe. Mais
même en ne désinvestissant pas et en indexant nos contributions de
part et d'autre, et en augmentant la contribution des usagers -puisqu'on a
gelé le tarif cette année, cela a eu, d'ailleurs, un effet
intéressant d'augmentation de l'achalandage sur le réseau - par
l'indexation de leur contribution, on a un manque à gagner de 25 000 000
$ qui s'accroît avec les années à venir. Il faut une source
alternative de financement. Il est urgent que cette décision se prenne
pour l'automne qui vient de façon qu'on puisse compter sur une
décision gouvernementale pour faire des budgets et pour les
présenter, selon les délais requis par la loi, pour le 1er
janvier prochain.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le président
de la communauté urbaine, M. le maire, vous qui avez cette
responsabilité du transport en commun, je pense que je serai sans doute
la dernière des membres de cette commission à prendre la parole
étant donné que le temps nous est compté et je veux
insister sur le fait que votre mémoire a certainement le
mérite de nous rappeler que, s'il y a peut-être des coûts
élevés pour le transport en commun, il y a aussi des coûts
très élevés à se désengager, en termes de
transport en commun. Je crois qu'il est parfois plus facile et plus simple de
faire des savants calculs nous permettant de chiffrer les coûts que l'on
connaît, mais qu'il ne faut jamais oublier qu'il y a aussi des
coûts non seulement en termes sociaux, mais économiques. Le rappel
des effets bénéfiques des investissements, en termes de
création d'emploi, parce que ce n'est pas que des dépenses, le
transport en commun, c'est aussi des investissements... Je pense que votre
mémoire a le mérite de nous le rappeler.
En conclusion un peu, parce que le temps nous presse, ce que vous nous
dites, finalement, c'est qu'il faut prendre votre enveloppe non pas comme
l'addition de tout ce qui serait souhaitable... On sait très bien que,
quand on est élu, à un moment donné, on fait la
démarcation entre ce qui est souhaitable et ce qui est réalisable
. Vous nous dites: Dans le passé, on a pu additionner ce qui
était souhaitable et présenter le paquet au gouvernement; cette
année, ce qu'on a fait, c'est ce qui était indispensable à
réaliser. C'est la conclusion que je dois donc en tirer. Donc, votre
enveloppe est un tout qui est différent de la somme des
différentes parties qui sont membres de la communauté; cela
aussi, c'est ce que je dois conclure, n'est-ce pas? On aura l'occasion de le
voir avec chacun de ceux qui vous succéderont à cette table.
M. Doré: ...résister à la tentation,
disons.
Mme Harel: Je voudrais par ailleurs, étant donné
que vous êtes avec nous, profiter de votre présence pour savoir,
en termes de modernisation des trains de banlieue... Vous avez beaucoup
parlé de l'impact régional. J'aimerais avoir l'opinion de la
communauté sur cette question de la modernisation des trains de
banlieue. Également, compte tenu du fait qu'à la page 21 du
mémoire vous illustrez ce que vous attendez comme enveloppe de
développement par le fait que le transport par métro remplace le
transport routier, je voudrais juste vérifier si, en termes de
développement d'infrastructures routières, vous êtes ou non
en demande sur le territoire de l'île.
Également, à la page 7, vous faites état de la
longueur du réseau de surface: 2700 kilomètres, 54 %
d'augmentation, nous dites-vous, depuis 1972. Par ailleurs, dans le
mémoire, vous avez aussi fait état du développement
démographique remarquable dans l'est. J'aimerais profiter de l'occasion
qui nous est donnée pour connaître l'état du réseau
dans l'ouest, dans l'est et dans le nord. Vous nous avez dit, M. le
président de la communauté, que vous nous parleriez du nord, de
l'est et de l'ouest. J'aimerais connaître les chiffres qui nous
permettent d'être fixés sur l'état du service dans chacun
de ces secteurs de votre territoire.
M. Hamelin: D'accord. Pour commencer par la dernière
question, il y a eu, l'an dernier, un réaménagement complet du
réseau dans l'ouest de la ville. Actuellement, il y a comité
spécial qui se penche sur un réaménagement du
réseau dans l'est de la communauté, plus les
réaménagements qui sont faits chaque fois qu'il y a une ouverture
d'une station de métro. Il y a toujours des réaménagements
locaux, mais il y a des grands réaménagements qui sont faits. Et,
actuellement, on se prépare à faire l'enquête
Origine-destination qui, elle aussi, suscite des changements au. réseau
et qui nous sera sûrement très utile pour planifier les futurs
développements.
Vous nous demandez si, dans le mémoire, on demande une extension
du réseau routier sur le territoire de la communauté.
Mme Harel: Non, pas dans le mémoire. En fait, dans le
mémoire, vous n'en parlez pas...
M. Hamelin: On n'en parle pas et...
Mme Harel: ...ni de la modernisation des trains de banlieue.
J'aimerais connaître votre opinion sur cette question.
M. Hamelin: Sur la modernisation des trains de banlieue, cela
fait partie des discussions qui sont en cours et cela fera partie des
"priorisations" que nous aurons à réaliser à
l'intérieur de la communauté urbaine dans l'enveloppe qui sera
mise à la disposition ou l'enveloppe qui nous sera connue.
Quant au réseau routier, nous disons que, si le
développement du transport en commun est assuré, et bien
assuré, dans le territoire de la communauté, le transport en
commun pourrait prendre le relais et éviter ainsi des constructions de
réseau routier; c'est pourquoi nous n'en parlons pas.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Le mot de la fin,
brièvement, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
veux remercier les représentants de la communauté urbaine pour
leur mémoire qui, comme je l'ai dit tout à l'heure, fait appel
à trois volets d'actualité. Je prends acte des revendications et
je veux leur indiquer que nous tenterons aussi, au cours de l'automne, de
donner réponse à un
certain nombre de dossiers. J'ai bien entendu l'appel pressant du 1er
janvier 1988, et c'est pour cela que, depuis longtemps, j'insistais pour qu'on
finisse par la tenir; elle a été reportée à
plusieurs reprises, compte tenu du peu de temps qu'il nous reste et aussi des
contraintes sur le plan budgétaire et de temps du gouvernement en termes
d'exercice financier, d'intervention et de choix à faire.
Nous allons analyser le mémoire à son juste mérite
et tenir compte de ce qui a été énoncé ce matin,
des discussions et, bien sûr, d'autres conversations que nous pourrons
avoir ultérieurement. Merci bien.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député?
M. Garon: M. le Président, je voudrais remercier les gens
de la communauté urbaine qui sont venus nous rencontrer pour l'effort
qu'ils ont fait parce que c'est toujours facile de reprocher aux gens d'avoir
des débats; au fond, la vie politique est justement faite de
débats pour établir des consensus où chacun met un peu du
sien pour le bien général. Je suis persuadé que chacun des
partis voudrait avoir tout le morceau alors que la politique, justement, c'est
de faire des choix dans tout cela. Vous avez présenté des choix
intéressants parce qu'ils vont dans le sens de ce que vous avez dit. Vu
de Québec, cela paraît toujours comme une réalité
qui fait sourire, quand on dit: Rappelons également le principe maintes
fois mis de l'avant du respect de l'autonomie municipale qui doit accompagner
le pouvoir de subventionner du gouvernement.
Par ailleurs, j'ai trouvé très intéressante votre
formule de pourcentage. Cela donne une certaine latitude, tout en étant
conscients - vous l'avez mentionné -que cela ne veut pas dire que le
gouvernement n'est pas dans le portrait au cours des discussions pour que les
choix puissent être faits avec les consensus de part et d'autre. Je vous
remercie de l'exercice. C'est intéressant parce que, étant
nouveau dans le dossier, j'arrive sans préjugé, ne faisant partie
d'aucune école et prêt à écouter entièrement
les gens qui vont contribuer à me former au cours des ces trois
prochaines journées. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Brièvement pour le mot
de la fin, M. Hamelin.
M. Hamelin: M. le Président, mesdames et messieurs de la
commission, nous vous remercions de nous avoir entendus. Je pense que le
message qui vous est livré par les élus de la communauté,
c'est que nous avons un grave problème financier actuellement, sans
compter les développements futurs. Ces développements futurs vont
contribuer à l'amélioration de l'ensemble du territoire, à
l'amélioration de la vie économique et, partant,
l'amélioration de la vie économique du Québec
également. Nous vous remercions, nous sommes toujours à votre
disposition pour tout renseignement ou étude que vous pourriez juger
utile de nous demander. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre participation
à nos travaux. Avant de suspendre nos travaux, je veux
immédiatement indiquer aux membres de la commission que nous les
reprendrons à 14 heures, avec la participation de la ville de Laval et
de la Société de transport de Laval, conjointement. Vous pouvez
laisser vos documents ici, il y aura une surveillance constante.
Donc, nous suspendons jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
(Reprise à 14 h 29)
Le Président (M. Rochefort): Alors, si vous voulez prendre
place, s'il vous plaît.
Nous reprenons nos travaux et sans plus tarder, en nous excusant du
retard que nous avons pris, j'inviterais les représentants de la ville
de Laval et de la Société de transport de Laval à prendre
place, ce qui est déjà fait.
M. le maire, nous vous souhaitons la bienvenue, de même
qu'à tous vos collaborateurs. Pour l'information des membres de la
commission, je vous demanderais de nous présenter les gens qui vous
accompagnent et par la suite d'utiliser la vingtaine de minutes qui est
à votre disposition pour nous faire la présentation des points
essentiels de votre position pour ensuite permettre les échanges avec
les parlementaires.
M. le maire.
Ville de Laval et Société de transport
de Laval
M. Lefebvre (Claude): Merci, M. le Président. M. le
ministre, messieurs, mesdames, les membres de la commission, de gauche à
droite pour moi, mais le contraire pour vous, de droite à gauche, M. Luc
Poliquin, directeur général par intérim de la
Société de transport de Laval, M. Richard Courey, directeur
général adjoint et trésorier de la Société
de transport de Laval, M. Marcel Lemay, membre du comité exécutif
de ville de la Laval et également président de la
société de transport, M. Gilles Vaillancourt, membre du
comité exécutif et président intérimaire du
comité exécutif de la ville de Laval, M. Marc Perron, directeur
général de la ville de Laval et M. Gaston Chapleau, adjoint au
directeur général de la ville de Laval.
Mesdames, messieurs, je n'ai pas l'intention de vous lire le
mémoire* J'ai pensé que c'était un prérequis avant
de se faire élire à l'Assemblée nationale de savoir lire
et je suis sûr également que vous prendrez connaissance du
mémoire.
Nous allons plutôt profiter des instants que vous nous consacrez
pour exposer librement ce que nous pensons de la situation et échanger
avec vous au moyen de questions et réponses.
Il me semble que je me retrouve en 1982, déjà jeune dans
mon mandat, mais faisant face exactement aux mêmes problèmes.
Finalement à Laval, depuis 1982, on sortait à peu
près de la crise économique. Qu'est-ce qui est arrivé?
Laval demeure toujours un territoire dans sa partie sud fortement
urbanisé, mais de faible densité, un milieu semi-urbain
périphérique et surtout situé du côté nord
et, également, un milieu rural.
Donc, une faible densité de population qu'il nous faut desservir
à des coûts qui sont un peu plus chers que les milieux qui sont
fortement urbanisés et densifiés.
Nous assistons actuellement à Laval à une croissance de
population. Nous atteindrons bientôt 300 000 de population et l'an
passé, en 1986, il s'est construit chez nous 5000 logements; cette
année, il s'en construira 4500.
Il y a également une augmentation de l'emploi. Notre parc
industriel est pétant de santé et nous pouvons aujourd'hui
fournir de l'emploi à 75 000 personnes, soit 60 % de notre population
active, mais, bien sûr, nous en recevons de l'extérieur, tant du
sud que du nord et des gens de chez nous vont également travailler
ailleurs.
Les variations depuis 1982? La formation des CIT et la plus grande
autonomie accordée à Laval dans la gestion de sa propre
commission qui a été confiée aux élus municipaux.
D'abord, la formation du CIT de Montcalm qui est toujours desservi par la
Société de transport de Laval en vertu d'un contrat, le CIT des
Moulins qui est encore desservi par la Société de transport de
Laval en vertu d'un contrat, mais qui songe à s'organiser et à
nous demander d'aller chercher les gens chez lui pour les transporter en
d'autres coins, les Basses-Laurentides qui ont opté pour un
système autonome avec un transporteur privé et, finalement, le
CIT de Deux-Montagnes qui est toujours desservi par la Société de
transport de Laval à contrat et qui, également, à compter
de l'automne sera desservi directement à Saint-Eustache même,
où on amènera les gens pour un lieu de transbordement ou
d'échange, de transfert.
Une ville comme Laval, évidemment, est à toutes fins
utiles toute neuve. On essaie d'imaginer l'avenir pour ne pas se retrouver
devant les mêmes problèmes qu'à Montréal. C'est
quand même une ville qui a été développée au
moment où le transport par voiture et par autobus était à
peu près inexistant. Il n'y avait que les fortunés qui
possédaient une voiture. Le taux de motorisation chez nous, c'est 1, 7 %
véhicule par famille et remarquez que, si vous allez plus au nord, vous
allez arriver à 1, 8 % et à Montréal je pense que c'est 1,
4 %. Donc, plus on s'éloigne du centre, plus le taux de motorisation
augmente.
Ce matin, sachant que je passais ici, je n'ai eu qu'un seul
embouteillage de chez nous, c'est en arrivant au cégep. On pense
toujours que les étudiants prennent l'autobus, eh bien nonï
l'embouteillage, c'étaient les cégépiens en automobile et
je vous défie, à l'heure que je vous parle, de vous trouver un
espace de stationnement à cet immense stationnement du cégep
Montmorency-Laval. Ce sont des habitudes, c'est une culture.
Je me souviens d'avoir dit devant cette commission: On peut bien
essayer, je peux amener un cheval à la rivière, mais je ne peux
pas le forcer à boire.
La responsabilité d'une municipalité, c'est d'assurer la
mobilité des personnes et des biens et quand je regarde les utilisateurs
chez nous, les jeunes, les personnes âgées, les personnes de sexe
féminin, c'est une clientèle un peu captive, évolutive
chez les jeunes, évidemment, mais une clientèle un peu ou
temporairement captive. Cela ne représente que 17 % à 20 %. Il
faut également s'occuper des 80 %. Il faut également s'occuper du
transport de marchandises. On dit toujours: Bien oui, il y a une
responsabilité du gouvernement et des municipalités, vous avez
les autoroutes, mais on a quand même 1700 kilomètres de route chez
nous, puis il y a des trottoirs, il faut s'en occuper et il faut les
réparer.
Dans cette mobilité, je pense qu'on ne peut pas isoler juste les
transporta en commun. C'est global. C'est bien sûr que ce matin
c'était bloqué jusqu'au boulevard Chomedey en descendant vers
Montréal. Ce n'est pas à Laval que cela bloquait. C'était
à l'entrée, à Métropolitain. Parce que
l'entrée ne répond pas aux besoins. Si vous prenez Décarie
et que vous essayez d'embarquer sur Métropolitain vous avez là
une bretelle qui n'est même pas acceptée dans les petites
municipalités de campagne le long des autoroutes 20 et 10. C'est bien
sûr que cela ne fonctionne pas. C'est utilisé au maximum. Il n'y a
plus de périodes de pointe. C'est toujours, dans l'espace de
Montréal, utilisé au maximum. Ce n'est certainement pas de la
qualité de vie. Cela ne favorise pas le transport en commun et cela ne
favorise pas le transport des gens. Penser qu'artificiellement, bien sûr
le covoiturage va diminuer... Il faut penser plus globalement que cela.
Je vous ai déjà fait part, M. le ministre, d'une de mes
inquiétudes. S'il arrivait qu'un wagon-citerne contenant des produits
nocifs ou toxiques ait un accident à Pointe-Saint-Charles, comment
allons-nous vider Montréal en urgence par le Métropolitain? Il
faut vraiment penser à d'autres solutions. Ces solutions, ce n'est pas
toujours l'autoroute, mais parfois c'est cela.
On dit: Vous êtes bien chanceux à Laval, vous avez des
autoroutes, la 13, la 15, la 25, la 440. Mais pour qui sont ces autoroutes?
Pour les Lavallois? Je pense que c'est d'abord pour les gens de Montréal
parce que le gros de la population est là. Ce sont eux qui s'en vont
vers le nord et qui passent chez nous. Bien, nous aussi, on en profite. Les
gens du nord en profitent pour venir à Montréal. Ce n'est pas
fermé, ces choses.
Entre autres, il y a une des solutions qui a été
proposée, et je vois justement le député qui l'a faite, la
construction d'un pont dans l'est pour faire communiquer la partie est de
Montréal avec la partie est de Laval, Mascouche, Terrebonne et utiliser
ces instruments qu'on a payés cher, la 640, la 440, terminer,
dégager le trafic. Comment voulez-vous que le Métropolitain se
dégage si on laisse continuer le camionnage aux heures de pointe?
Impossible. Et les gens de Québec qui s'en vont du côté de
Vaudreuil pourraient fort bien faire, excusez l'expression anglaise, un
"bypass", une ceinture aux environs. Cela pourrait dégager et donner une
certaine mobilité à Montréal.
J'insiste là-dessus. Ce n'est pas du transport en commun, mais
cela aide bien des gens. Cela va également nous aider à augmenter
cette économie. Pensez à celui dont l'industrie vit avec de la
livraison et qui doit rentrer dans le centre-ville de Montréal en fin de
journée. Combien cela lui coûte-t-il pour son chauffeur, en mazout
et en usure de camion? Ce sont là des sous complètement
gaspillés.
D'ailleurs, si vous regardez les conventions collectives des chauffeurs
de camion, quand ils sont sur la grand-route jusqu'à dix
kilomètres d'Hippolyte-Lafontaine ou du pont, ils sont payés
à la distance. Quand ils rentrent là, ils commencent à
être payés à l'heure. Il y a une possibilité, c'est
qu'on pourrait les faire passer aux alentours et j'insiste
là-dessus.
Qu'a-t-on fait de cette autonomie que vous nous avez donnée? On a
essayé de mieux gérer notre service, d'abord, par une meilleure
gestion de personnel, par une meilleure gestion de notre équipement en
contrôlant, par exemple, l'essence, une meilleure perception avec des
boîtes de perception où on se fera moins frauder;
également, essayé de donner un service dans des endroits
où on ne pouvait pas y penser à cause de la faible densité
de population ou du peu de personnes. En vertu des conventions collectives, si
vous commencez à 6 heures le matin vous finissez à minuit le
soir. On a instauré un service de taxi. Chez nous, les gens de certains
rangs ou chemins appellent le taxi, ne paient que le prix de la commission de
transport, ont leur correspondance et sont déposés au premier
arrêt d'autobus. De cette façon, cela nous coûte beaucoup
moins cher que le service d'autobus régulier. Nous aurons bientôt,
dès novembre, un système de minibus pour les
extrémités est et ouest de l'île où, encore une
fois, le coût au kilomètre sera moindre et où on va tenter
également d'utiliser les heures de pointe et de donner un service. Mais
on ne peut pas penser donner un service aux dix minutes dans
l'extrémité pointe est de l'île.
Une chose qui m'inquiète, il y a un certain désengagement
qu'on note depuis quelques années. Bien sûr, c'est un lourd
fardeau pour le ministre des Transports et pour le gouvernement de payer la
note. Mais c'est également un fardeau pour les municipalités. On
parle de partenariat: l'usager, le gouvernement et les villes. Il
m'apparaît que ce serait important de statuer là-dessus, qu'on
sache une fois pour toutes quelles sont les règles du jeu et que ces
règles ne varient pas. Vous ne pouvez pas administrer avec des variables
et nous autres non plus. Je me rends compte que l'usager paie de moins en
moins. J'étais avec mon président... Et ça fait plus qu'un
an qu'il y a eu une augmentation à la ville de Laval pour le transport
en commun. Les étudiants, ça fait quasiment deux ans qu'ils n'ont
pas été augmentés et les personnes âgées non
plus. A Montréal, ça fait plus longtemps. Sur la rive sud, la
même chose.
Est-ce que c'est normal, ça? Est-ce que c'est normal qu'on
augmente le salaire de nos chauffeurs, qu'on paie le mazout plus cher, qu'on
paie les autobus plus chers, qu'on fasse l'entretien pour plus cher et qu'on
n'augmente pas le prix de l'usager? Je comprends que politiquement ça
peut être rentable. Mais, à un moment donné, il y en a un
qui paie la note. Si ce n'est pas l'usager, c'est le gouvernement. Mais ce sont
habituellement et le gouvernement et la municipalité. Je reviens
à la page 20 de mon mémoire de 1982, il faut se rapprocher de la
vérité des coûts. Il y a un coût véritable au
transport. Il m'apparaît que l'usager qui en est le
bénéficiaire direct devrait payer sa juste part. Je n'ai pas de
chiffres à vous donner aujourd'hui, mais il y a une constante.
C'est drôle, de toutes les commissions de transport du
Québec, M. le ministre, je suis obligé de vous dire que c'est
celle qui vous coûte le moins cher en termes de participation. Les
usagers font une part de 37,3 % chez nous, la ville, c'est 30 % et vous
êtes à 33 %. Établissons un ratio.
Plutôt que de dire: Si vous avez bien du monde, je vais vous
donner bien de l'argent, pourquoi ne partageons-nous pas la facture tout
simplement selon un certain rapport qui sera fixe? Cela comprendra le service
de dette, etc. Si vous voulez vous assurer qu'on ne gaspille pas, on vous
présentera des projets de budget avant.
De toute façon, la municipalité qui a l'oeil sur ses
élus, à chaque fois elle va savoir la portion qu'elle va payer,
elle aussi. Cela est important. Voyez-vous? Cette année on va avoir une
augmentation anticipée. On n'a pas fini. Je vous avise qu'on va couper
un peu. Ça s'en va vers les 10,9 %. C'est 1 500 000 $ de plus. Il faut
surveiller cela. C'est sûr qu'on ne pourra jamais exiger pas assez cher.
Pour l'usager, c'est toujours trop cher. il n'y a jamais assez d'autobus. Je
vais en mettre aux trois minutes, et il y en a qui vont en demander aux deux
minutes. Je ne suis pas en train de blâmer les usagers. Je suis
simplement en train de décrire la situation où, si vous l'avez
manqué, vous espérez en avoir un tout de suite après.
Mais qu'on donne un service de base. Qu'on essaie d'améliorer nos
points de correspondance, la régularité du système, le
confort des usagers. Cela se paie. La municipalité, les gens qui
profitent également de cela, sont prêts à payer. On ne veut
pas se désengager comme municipalité en termes de transport en
commun. On veut assumer notre juste part. On demande au gouvernement de
maintenir les ratios qu'on a actuellement. On demande que ça ne change
pas. Je comprends que ce n'est pas pour mal faire. Mais, vous savez, les
autobus, ça va nous coûter 1 000 000 $ de plus avec votre
décret. Pourquoi ne s'engage-t-on pas à des proportions
précises? Si on veut rouler en Cadillac, on va vous en parler, mais on
va payer notre facture. Payez-en une partie et que cela soit fixe. (14 h
45)
C'est, dans les grandes lignes, ce que j'ai à vous dire. Bien
sûr, la congestion qu'on rencontre, même si ce n'est pas sur mon
territoire, ça affecte les gens de notre territoire. Cela les affecte
d'une drôle de façon: dès qu'ils arrivent sur la 440, ils
se mettent à faire de la vitesse, ça fait trop longtemps qu'ils
sont arrêtés sur l'autre côté. Le problème de
M. Doré est un problème réel.
On peut aider à le résoudre. Vous allez dire: Bien
sûr, tu prêches pour ta paroisse avec la 440 vers l'est et qui va
redescendre. Oui, cela va certainement aider le territoire de la ville de
Laval, mais cela va aider le territoire de l'île de Montréal. Cela
va aider les territoires de l'ouest et de l'est de Montréal. BASF vient
de disparaître dans l'est, vous avez entendu parler de cela; il y a un
immense territoire, cela va s'urbaniser. On pense également faire de
l'industriel dans ce secteur. On sait que l'est de Montréal est en
manque, on a besoin d'emplois. Cela ne m'apparaît pas plus long de partir
de Laval pour aller travailler dans l'est de Montréal que de partir de
l'est de Montréal pour venir travailler à Laval. On a un
territoire neuf à des coûts abordables. Je peux vous dire que les
statistiques, actuellement... On va chercher de l'industrie chez les voisins
parce que les coûts sont moindres. Les coûts de location sont
moindres, le coût du terrain est moindre. Les facilités de
transport sont meilleures. C'est la vérité.
Quand je suis parti de l'est de Montréal pour monter à
Lavai, j'y suis retourné; c'est le même temps dans les deux sens.
Il me semble que cette connexion est importante pour nous. Elle est importante
pour les gens de Montréal aussi.
Voilà, je suis prêt à répondre à vos
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le maire. Je vais
maintenant céder la parole à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous remercie, M. le
maire, ainsi que ceux qui vous accompagnent, d'abord, pour avoir
patienté un petit peu plus longtemps que prévu pour nous
présenter les grandes lignes de votre mémoire. Évidemment,
la manière que vous abordez le transport en commun est assez
intéressante pour le ministre des Transports. De toute façon,
vous avez décidé qu'en parlant de route vous alliez l'atteindre
quand même, peu importe si on parlait plus ou moins de transport en
commun.
Le sens de la présentation. Outre le fait de la rationalisation
qui, effectivement, a été faite, on est très conscient au
ministère qu'après l'analyse des chiffres, lorsqu'on compare les
sociétés et les commissions de transport, si on
réussissait à établir dans tout le Québec le niveau
de participation du gouvernement que nous avons à Laval, je pense qu'il
nous resterait encore passablement d'argent pour faire autre chose. Ce n'est
pas là l'objectif de notre consultation. Pour confirmer essentiellement
les chiffres que vous donniez tout à l'heure, quant à nous,
l'usager, chez vous, est à 38, le ministère 34 et 29 pour la
ville, peut-être à quelques dixièmes près,
semble-t-il, d'après nos chiffres, alors que la moyenne provinciale est
de 33, 43 et 24. Donc, il y a effectivement une distorsion assez importante
à ce niveau, qui fait en sorte que le ministère des Transports
est moins présent dans la ville de Laval pour ce qui est du soutien au
transport en commun de par les nombreuses règles que nous avons au
ministère.
Vous avez choisi de nous parler de la 440 et de la 25 comme étant
un des éléments qui permettraient de soulager le
transport en commun, si j'ai bien compris, par l'addition d'un pont.
Vous parlez de compléter la 440, de telle sorte que toute la circulation
qui transite par le boulevard Métropolitain, venant du nord-est de Laval
et même du nord-ouest, qui a à transiter sur l'île, dans la
partie est de l'île ou allant à l'extérieur, pourrait
soulager d'autant la partie qui est déjà très bien
congestionnée, comme vous l'avez si bien mentionné.
Cela nous apparaît donc une proposition qui est dans l'air depuis
déjà un certain temps. Ma question irait dans le sens suivant:
Puisque vous privilégiez l'accès routier par rapport au transport
en commun, est-ce qu'on doit conclure que le métro, à Laval, on
oublie cela?
M. Lefebvre (Claude): Sûrement le métro souterrain,
la première chose; au prix que cela coûte par rapport à la
densité de population et au nombre de personnes à desservir,
l'investissement est impensable par rapport à ce que cela va nous
apporter. Je ne vous dis pas qu'éventuellement il n'y aurait pas lieu
d'avoir un métro de moindre densité, qui pourrait être
aérien... Enfin, on peut imaginer n'importe quoi. Ce pourrait être
également une ligne centrale, une ligne de chemin de fer actuelle qui
pourrait faire une desserte, mais on ne voudrait pas être
empêché de rêver une journée que la ligne
numéro 2 du métro soit bouclée à Laval par un autre
système qui répondra à la densité de la population.
Le métro de Montréal a été conçu pour de
très fortes densités qui n'existent pas chez nous. Si vous faites
un tunnel dans le roc, je pense qu'on est rendu à 50 000 000 $ le
kilomètre. Quand même vous voudriez le prolonger chez nous de
quatre ou cinq kilomètres juste pour se rendre à la 440 pour
dire: On va soulager le pont Viau d'autant et le terminus d'Ahunstic, cela fait
pas mal de sous pour éviter de traverser le pont qu'on va traverser
encore mieux de toute façon avec les accords qu'on a signés,
c'est bien sûr. Je ne privilégie pas non seulement le
réseau routier par rapport au transport en commun, je vous dis que c'est
tout ensemble. S'il avait fallu considérer cela, le pont Viau on le
considère comment? Pour les automobilistes. On a dit: Cela va être
pour les voitures, mais également pour les autobus, une voie
réservée. On a déjà commencé il y a cinq ou
six ans, je pense, et on améliore. La ville fait sa part aussi. On
élargit le boulevard des Laurentides. On donne une voie de
préséance aux autobus, on donne un virage du côté de
Cartier, pour encore une fois alléger la circulation et il y aura une
voie centrale sur le terminus. La ville de Montréal va nous accorder un
virage prioritaire à gauche pour entrer au terminus. Tout cela va
accélérer... C'est un rendement meilleur et avec cela vous
diminuez les coûts. Si l'autobus circule plus vite cela prend moins
d'autobus, moins de chauffeurs pour faire le même travail. J'imagine que
les gens vont être plus satisfaits et il est possible qu'il y ait
quelques clients de plus. Autrement dit, mon rendement industriel est meilleur
dans ce temps.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
que, quant à l'option métro qui n'est pas écartée
à tout jamais, peu importe si les souterrains vont en surface, la
technique peut évoluer au point de trouver des solutions moins
coûteuses; ce n'est pas écarté, mais comme
priorité...
M. Lefebvre (Claude): On n'est pas prêts. La question,
c'est simple: Ne vous attendez pas que le maire Lefebvre vous demande un
métro au grand risque de me faire damner par une partie de ma population
qui aimerait bien cela, surtout celle qui reste à côté du
métro de Montréal qui dit: C'est bien utile. Je ne pourrai pas
vendre à Saint-François ou à Laval-sur-le-Lac
l'idée d'un métro qu'on va payer. À mon sens, les besoins
sont en ce sens qu'on transporte 18 000 ou 20 000 personnes le matin. Pour
rendre un métro de Montréal rentable c'est 10 000 personnes
l'heure. Cela ne se tient pas! Pour les coûts-bénéfices
cela ne marche pas.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va. C'est davantage la
440 avec un pont qui serait la solution des prochaines années.
M. Lefebvre (Claude): Une solution pour aider d'abord ceux qui
transitent à travers Laval qui viennent de Mascouche et de Terrebonne
qui grossissent rapidement et de toute cette section nord. C'est
également une utilité pour la section est de Laval,
Saint-François et Saint-Vincent-de-Paui qui passe actuellement par le
pont Pie IX et qui retourne vers l'est. Il y a quand même
Saint-Léonard et Anjou qui sont des endroits où il y a de
l'industrie et où plusieurs de nos personnes travaillent.
Également cela permettrait de dégager le boulevard
Métropolitain à moins que vous ne décidiez de mettre un
deuxième boulevard Métropolitain au-dessus de celui-ci.
M. Côté (Charlesbourg): Pas demain, avec les
factures qui commencent à tomber sur la table, je pense qu'on va avoir
un bon moment de réflexion.
Dans le mémoire il est fait mention à un certain moment,
et vous y avez fait allusion dans votre résumé, de
l'inquiétude face au désengagement. Dans le mémoire vous
évoquez que le gouvernement se serait désengagé.
J'aimerais avoir quelques explications. Chez nous, ce que nous avons compris,
c'est que la participation du
gouvernement en rapport avec la STL est passée en 1982 de 31 %
à 34 % en 1986. Alors, ce n'est pas nécessairement un
désengagement pour cette période, mais plutôt un
engagement. Quant à nos chiffres il y avait une légère
diminution de la participation de la ville. Est-ce que cette inquiétude
que vous avez évoquée tantôt parle des autobus? Je dois
vous dire à ce moment que je réserve ma réponse sur les
autobus pour l'UMQ demain, compte tenu du fait qu'elle a lancé le
débat public. J'avise ces personnes dès_ maintenant que je les
attends demain. On pourra peut-être leur révéler un certain
nombre de choses dont elles n'étaient pas au courant. On verra à
ce moment. Est-ce qu'il est uniquement question à ce moment de ce qui
s'en vient...
M. Lefebvre (Claude): Cela a commencé par les mesures de
plafonnement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Lefebvre (Claude): Et en 1982 on a dit: On prévoit que
cela a de l'allure. Il faut quand même que les municipalités
contribuent. Quand vous êtes arrivés avec les CIT, quand le
gouvernement est arrivé avec les CIT les proratas n'étaient plus
les mêmes. Il y en a un peu moins. Là, on est arrivé avec
les autobus. Là, on parle des abribus. C'est ce questionnement constant
sur le financement. Je me dis: S'ils nous en parlent si souvent ce ne sont pas
les municipalités qui ont dit: On va faire une commission sur le
transport des biens et des personnes pour essayer de diminuer notre engagement.
C'est cette crainte-là que, finalement, le gouvernement puisse, par un
décret, décider que, au lieu de financer sur les revenus
autonomes à 40 %, vous allez descendre à 35 %. Qu'est-ce que j'ai
à dire? Il n'y a pas d'engagement, il n'y a rien de statué
là-dessus. Tandis que, quand on parle de la fiscalité municipale,
c'est écrit clairement. Quand le ministère paie tant pour les
écoles, paie tant pour les autres, c'est écrit. Il y a donc un
consensus. Vous admettrez, M. le ministre, que... En tout cas, moi, je l'ai
appris et je sais que vous aviez rencontré les gens de l'ATUQ
là-dessus, mais quand je l'ai appris, c'était déjà
fait et ce n'est pas les gens de l'ATUQ qui paient le déficit, ce sont
les villes. Quand les autobus qui seront achetés par la STL seront
entièrement payés, c'est la ville qui paiera le déficit
que cela occasionne de plus. On peut se questionner sur le partage. Mais, dans
ce grand accord sur la fiscalité municipale, c'était cela, il y
avait des choses qui étaient sur un côté et l'autre. Je
comprends que vous allez répondre à l'UMQ, peut-être que je
viendrai demain.
M. Côté (Charlesbourg): Oui; d'ailleurs, je voulais
réserver l'essence de cette argumentation parce qu'elle a fait l'objet
de nombreuses rencontres et avec des élus. C'est là où la
justice de la proposition prend son mérite. Elle aura son mérite
demain, avec les vrais chiffres aussi.
Il y a un point sur lequel tout le monde insiste et qui est raisonnable,
je pense qu'il faut en tenir compte, c'est la stabilité de
l'intervention gouvernementale, compte tenu du fait qu'il y a eu plusieurs
soubresauts en 1983... Donc, en 1980, une décision favorable aux
municipalités, en 1983, questionnement avec mesures de plafonnement et
certains réajustements, quant à nous, au niveau de
l'intervention, au niveau des autobus, bien sûr, au niveau des abribus
aussi, mais il faut arriver un de ces jours et dire: On a atteint un maximum.
Il faut aussi que le budget du ministère des Transports atteigne la
stabilité. Ce que vous souhaitez pour vous, je le souhaite aussi pour le
ministère des Transports. Avec les formules que. nous avons maintenant,
jamais le ministre des Transports ne peut prévoir au début de
l'exercice financier ce qu'il lui en coûtera au niveau du transport en
commun. Ce sont donc des ajustements qui auront lieu, quant à moi. Au
sortir de cet ensemble de discussions, on va arriver avec un projet stable, au
moins pour les cinq prochaines années, et très rapidement, de
telle sorte que vous serez fixés pour les cinq prochaines années.
Semble-t-il qu'on est là encore pour ces années-là. Ce
sera donc un engagement qui risque d'être maintenu. À partir de
cela, c'est clair.
Je reviendrais peut-être à une dernière question
parce que je sais que mon collègue de Mille-Îles a aussi de
l'intérêt pour poser des questions.
Vous parlez dans votre mémoire de relations régionales.
Vous avez évoqué tantôt des contrats de
développement avec le CIT-Montcalm, celui des Moulins. Comment fait-on
l'interface? Comment voyez-vous l'interface de ces modes de transport en commun
avec la grande agglomération de Montréal pour le plus grand
bénéfice des usagers? Est-ce que demain la STL serait disponible
à participer à une table où on pourrait tenter de
créer des liens sur l'interconnexion des systèmes de transport en
commun, un peu comme cela se fait à Paris, de telle sorte que l'usager,
lui, ne voit pas la différence entre ce qu'est la STL, ce qu'est la
STCUM ou celle de la rive sud de Montréal et de Montréal, que ce
soient trains de banlieue, autobus ou métro?
M. Lefebvre (Claude): Dès 1982, un groupe d'étude
s'était formé avec Montréal, Longueuil, Lavai et la
communauté urbaine et on en a discuté avec le ministre, on a
essayé de s'entendre. L'un des principes que j'avais mis de l'avant
était l'intégration
tarifaire, entre autres, le titre unique pour essayer de faciliter les
choses de l'usager. On n'y a pas réussi. On a abouti avec un moindre mai
qui était la compensation tarifaire qui fait que l'usager de deux... On
en paie une partie, vous payez l'autre partie, mais il paie déjà
moins.
Oui, ce serait bien utile parce que, encore une fois, la
responsabilité d'une ville, c'est son territoire, mais on doit
également participer à une responsabilité
régionale. Que ce soit de Mascouche, de Terrebonne, si vous travaillez
à Montréal, si vous prenez le système de CIT des Moulins
et que vous tombez dans le système de Laval ou de Montréal, cela
fait lourd, cela fait dispendieux.
On avait parlé du tarif-distance, c'était difficilement
applicable justement par cette facture qu'on donne à nos contribuables.
Je dis toujours: Pourquoi exiger plus cher du gars de Saint-François
pour l'autobus quand il paie la même facture de taxe foncière pour
le transport en commun? C'est également vrai à Mascouche,
à Terrebonne et à Montréal. Mais il reste que celui qui se
transporte sur 35 kilomètres devrait, d'après moi, s'attendre
à payer un peu plus cher que celui qui se transporte sur 7
kilomètres. Mais ce n'est pas facilement réalisable. Si vous vous
souvenez des fameuses zones, il y avait, peut-être pas chez nous, mais
à l'intérieur de Montréal, des gens de chez nous qui
pouvaient voyager à un moindre coût, incluant les deux zones
Montréal-Laval, que des personnes demeurant dans le territoire de la
CUM. (15 heures)
Vous savez, le système, ce n'est pas toujours juste et
équitable et ce n'est pas toujours acceptable. Mais ma réponse,
c'est: Oui, il faudrait favoriser ces mesures, favoriser dans la plus large
mesure la communication des personnes à l'intérieur de... S'il
fallait faire un groupe unifié accordant un transport des grands
corridors, c'est oui. On pourrait penser à un transport régional
et un transport local où le transport régional est sur un
tarif-distance et le transport à l'intérieur de la
municipalité sur un tarif unique.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Dans le respect de l'alternance, je vais maintenant reconnaître
M. le député de Lévis.
M. Garon: Le député de Mille-îles nous avait
demandé, parce qu'il y avait quelque chose... Moi, ça ne me fait
rien d'être gentil avec le député de Mille-Îles.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): J'accepte votre gentillesse,
M. le député de Lévis, et je vais maintenant
reconnaître M. le député de Mille-Îles.
M. Côté (Charlesbourg): Vous voulez établir
un pont avec le député de Mille-Îles!
Une voix: Un traversier.
M. Bélisle (Mille-Iles): M. le Président, je
remercie mon collègue, le député de Lévis, de me
céder la parole. On a l'occasion, lui et moi, de se parler souvent en
commission parlementaire. M. le maire, je voudrais tenter de clarifier, pour le
bénéfice de ceux qui sont ici dans cette salle et de ceux qui
vont nous lire, nous écoutent ou vont nous écouter, le concept de
la voie de ceinture, la voie de contournement, la ceinture, de ce qu'on appelle
en termes américains, le "beltway", comme on en trouve autour de villes
comme Baltimore, Philadelphie, Washington, Boston, qui sont de très
grandes agglomérations.
On sait tous que, lorsqu'on descend vers le Sud, on emprunte ces voies
pour s'éviter toute la circulation du centre-ville.
Je voudrais avoir vos commentaires. Quand on regarde la planification
faite dans les années soixante de tout le réseau routier de la
région de Montréal, quand on a dressé le plan maître
de ça, on a prévu faire la voie de contournement qui passait par
la 440 qui prolongeait la 25 qui est la route du pont-tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine, avec un pont qui emjamberait la rivière des
Prairies à Laval, qui emboucherait sur la 440 et qui ressortirait
à l'autre bout de la 440 vers l'ouest de Montréal et l'ouest de
Laval.
Vous attachez beaucoup d'importance, comme beaucoup d'autres de mes
collègues... Je vois le député de Lafontaine qui est ici;
je vois le député de Sauvé également; je voyais le
député de Dorion et le député de 5aint-Louis ce
matin qui se sont unis au printemps dernier pour déclarer publiquement
qu'il s'agissait pour nous d'une façon prioritaire de régler une
grosse partie du problème.
J'aimerais que vous nous explicitiez encore plus à fond comment
c'est important pour la grande région de Montréal de terminer
l'habit qu'on a décidé de porter et de se tailler sur mesure au
début des années soixante. Quelles sont les conséquences
du fait que cet habit ne soit pas terminé aujourd'hui, que les morceaux
soient encore sur la table et qu'on ne puisse pas faire la boucle, en aucune
façon, dans la région de Montréal?
M. Lefebvre (Claude): M. le député, vous avez
parfaitement raison, mais ce n'est pas seulement dans la région de
Montréal; c'est même dans la région de Québec. J'ai
même vu la 440 à Québec, parce que le
système de numérotage est le système
américain. Vous avez votre autoroute qui porte un numéro à
deux chiffres et les routes qui viennent s'y joindre, les "beltways", portent
un troisième numéro. Vous avez donc 440, 640 et vous avez 440
à Québec. Ce système, je pense que tout le monde le
connaît, mais il faut l'utiliser au moins une fois. Je peux vous dire
que, quand je descends à Québec, ce n'est plus bien long. Je
prends la 440; je prends la 640, 25, 640, 640, 40; je rentre à
Québec, Cap-de-la-Madeleine; j'ai pris deux lumières, un stop. Si
je m'en vais à Ottawa, je fais exactement la même chose.
Mais c'est également vrai pour le gars qui vient de Québec
ou d'Ottawa. S'il veut faire la même chose, il peut passer. Mais je ne
suggère pas à quelqu'un de passer à travers Baltimore
quand il descend dans le Sud. Vous allez prendre automatiquement les voies de
ceinture. Vous allez éviter la circulation et, ce faisant, vous
désencombrez le trafic local. Vous laissez les voies qui doivent servir
au local.
Le transit se fait autour et, en termes autoroutiers, c'est toujours
distance-temps, avec un minimum d'arrêts. La sécurité,
à partir du moment où vous êtes sur l'autoroute, que
j'appelle secondaire... Si vous venez de Québec, vous arrivez par le
sud, à Hippolyte-Lafontaine. Vous traversez directement la
rivière des Prairies. Vous arrivez à la 25. Là, . vous
pouvez communiquer de la 25 avec la 640 et la 440. Si la 440 était
prolongée... C'est une autoroute qui n'est pas terminée. Elle se
termine à la 13. Elle finit dans le champ, comme la 13, d'ailleurs.
C'est une de nos particularités, d'avoir des autoroutes qui finissent au
milieu du champ. Elles vont être complétées, j'en suis
sûr, mais la 440 passe par Sainte-Dorothée, par l'île Bizard
et elle arrive à la 40, un petit peu à l'ouest de la
Montée Saint-Charles. Vous reliez donc les secteurs
économiquement forts de haute technologie. Vous pouvez faire relier
l'est à l'ouest. Vous reliez l'est de Montréal à l'ouest
de Montréal par Laval, en peu de temps. Quelques kilomètres de
plus en beaucoup moins de temps. Cela répond à votre question, M.
le député?
M. Bélisle (Milles-Îles): Cela y répond
très bien, M. le maire. Mon temps est expiré.
Le Président (M. Saint-Roch): Avec regret, M. le
député de Mille-Îles.
Une voix: Le message est passé.
M. Côté (Charlesbourg): ...seulement sur la 13, vous
confirmer que les professionnels seront appelés à faire des
propositions d'ici quinze jours.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévîs.
M. Garon: Si j'ai bien compris tous les propos qu'a tenus le
maire de Laval, ce qu'il souhaite en premier... Si on procédait par
ordre de priorités dans vos cinq demandes majeures pour régler
votre problème, comment établiriez-vous cela en procédant
par un, deux, trois, quatre et cinq?
M. Lefebvre (Claude): Première priorité, que l'on
ait un partenariat bien établi et statué. Que l'on sache
où on s'en va. À partir de là, on va administrer. C'est la
première priorité. La deuxième, un réseau routier
qui se tient et qui est complété parce que, encore une fois, le
transport en commun est une chose, mais il y a le transport des biens et des
personnes dont 80 % ne sont pas couverts par le transport en commun. La
troisième serait d'arriver régionalement à favoriser le
transport des personnes dans la grande région de Montréal, avec
l'intégration tarifaire, quant à moi. La quatrième, que
les élus arrêtent de faire croire au monde que le transport est
gratuit. Je vais vous répéter ce que je disais en 1982: Ce n'est
pas comme la saucisse Hygrade, plus t'en manges, plus elle est fraîche;
plus elle est fraîche, plus t'en manges. Dans ce cas-là, plus t'en
fais, plus t'as de monde dans tes autobus, moins ça te coûte cher,
non. Plus t'augmentes ton service, plus ça coûte cher et plus il y
a de déficit. C'est une constante.
Toutes ces théories de dire que, si vous mettez un autobus aux
trois minutes, très confortable, avec un chauffeur courtois, vous allez
avoir plus de monde et cela va devenir rentable, arrêtons de rêveri
Cela va nous faire des chauffeurs courtois qui nous coûtent plus cher,
avec des autobus qui nous coûtent plus cher, avec pas plus de monde qui
va aller dedans, parce que la liberté de l'individu dans sa voiture est
plus grande que la liberté de celui qui est aux mains d'un chauffeur qui
arrête à tel coin de rue et qui est obligé d'arrêter
aussi à l'autre.
Autrement dit, on a rêvé à cela. Si vous regardez,
j'ai là des documents sur ce qui se passe en Europe. C'est la même
chose. On m'a fait une grande démonstration. J'étais d'ailleurs
avec M. Lewis Lachapelle. J'avais été
délégué pour aller à Paris. On s'était rendu
à Val-de-Marne où un magnifique métro débouche
à côté d'une sablière, d'un lac. C'est fantastique.
On peut communiquer en métro directement. J'ai demandé de revenir
en automobile. Ils m'ont dit: En Europe, c'est différent. Mais ce n'est
pas différent. Au lieu d'être des Québécois,
c'étaient des Français qui étaient dans leur Fiat ou dans
leur petite voiture, mais pare-chocs à pare-chocs sur le boulevard
périphérique. J'imagine qu'il y avait des
sections de métro non utilisées. Il est bien certain qu'il
est utilisé dans le centre, mais on n'a pas la même
quantité de personnes dans la région de Montréal que dans
la région de Paris. C'était pare-chocs à pare-chocs. Cette
culture ne me semble pas être en voie de disparition, en tout cas, quand
je regarde le taux de motorisation.
M. Garon: Les points un par un. Vous avez dit: Un bon
partenariat. Que faudrait-il pour qu'il y ait un bon partenariat? Quel est
votre partenaire qui n'est pas bon?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Lefebvre (Claude): M. le ministre, je n'ai pas dit qu'on
n'avait pas de bons partenaires. Au contraire, je peux dire que cela a
commencé, je ne dirai pas que je suis en politique, mais depuis que je
suis là. On a eu de l'aide au transport en commun, la voie
réservée et actuellement cela continue. Le pont Viau est en tram
de s'améliorer et c'est fait consciencieusement, nos fonctionnaires
échangent bien et au niveau politique on n'a pas de difficulté.
Je n'avais pas de difficulté à faire accepter ces
idées-là, mais je remarque une détérioration. Je
rencontrais un collègue de Longueuil et il me disait: Le tarif au
kilomètre augmente vite. Comment se fait-il que l'on passe de 2 $ et
tant le kilomètre à 3,80 $ le kilomètre et on est dans la
même région? Il y a des causes à cela et il faut
s'interroger. On est des administrateurs. Est-ce que ce sont les autobus qui
coûtent trop cher? Est-ce l'entretien? II y a trop d'accidents du
travail, trop de refus. Il faut s'interroger, cela coûte cher. On est
dans la même région et regardez ces chiffres. Encore une fois, les
statistiques peuvent faire mentir, mais quand cela se traduit depuis 1975 ou
1977 et j'ai additionné les chiffres du dernier mémoire avec
celui-là, cela s'en va toujours en ligne.
Il faut que ce soit statutaire. Je ne voudrais pas arriver demain matin
et que le gouvernement dise: Cette année on a une compression
budgétaire. Les Affaires sociales ont besoin de plus d'argent, le
ministère de l'Éducation a besoin de plus d'argent, puis cette
année on coupe de 200 000 000 $. Cela veut dire que la Commission de
transport de Laval, on vous coupe de 10 %. C'est cela que je ne voudrais
pas.
M. Garon: On coupe; qui coupe?
M. Lefebvre (Claude): C'est toujours le gouvernement qui va le
décider, ce n'est pas nous.
M. Garon: On, c'est le gouvernement?
M. Lefebvre (Claude): Ah oui, c'est ce que je ne voudrais pas,
que le gouvernement me dise une journée: On n'a pas d'argent. Si on
l'établit selon des proportions avec des budgets présentés
à l'avance, je ne haïrais pas qu'au lieu de présenter le
budget juste à la ville on le présente également au
ministre des Transports et on dise: Cette année, à la ville de
Laval, il y a 45 000 000 $ de dépenses et on va se partager cela dans
les règles de 35 % untel, 38 % untel puis 32 % untel. Et arrivez dans
votre budget. Si vous n'arrivez pas, on ne fournira pas plus que cela.
Je comprends que, quel que soit le ministre des Transports, une chose
qu'il faut qu'il sache, c'est combien cela va lui coûter. Mais moi aussi,
il faut que je sache combien cela nous coûte parce que je l'inscris au
budget, puis l'usager devra payer. Mais que l'on arrête de penser que
c'est de la gratuité. Ce n'est pas normal quand cela fait un an et demi
qu'il n'y a pas eu d'augmentation de tarifs. C'est bien beau chialer qu'il
manque de l'argent, mais 5 % de 12 000 000 $, c'est 600 000 $.
M. Garon: M. le Président, ma collègue, la
députée de Maisonneuve, voudrait poser une question. J'aime
autant la laisser commencer tout de suite pour que...
Mme Harel: Pour que tu puisses finir?
M. Garon: Non, pour que tu puisses avoir du temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Je veux remercier M. le
député de Lévis. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. M. le maire et les
personnes qui vous accompagnent... Je me souviens, M. Lefebvre, que vous
étiez venu en 1982 à la commission parlementaire. Vous veniez de
compléter un sondage sur les perceptions des problèmes par vos
concitoyens de Laval et vous nous aviez fait part à l'époque de
votre étonnement quant à la perception qui était largement
répandue qu'un des problèmes majeurs était la question du
transport en commun. C'était en 1982.
Ce matin, la Communauté urbaine de Montréal est venue
déposer un mémoire qui a eu l'unanimité sur l'île de
Montréal. Vous vous souvenez sans doute qu'en 1982 le président
de la CUM était venu seul témoigner sans qu'il ait pu y avoir
consensus à la CUM. La ville avait son propre mémoire, la
Conférence des maires de banlieue de la CUM également et la
différence entre maintenant et il y a cinq ans est que la ville, la
Communauté urbaine de Montréal et l'ensemble des
municipalités sur le territoire ont fait une option
préférentielle pour le transport en commun.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion... Leur mémoire a
été distribué seulement ce matin, mais à la
différence d'il y a cinq ans où ils demandaient au gouvernement
de dépenser plus pour le réseau autoroutier sur l'île et
plus pour le transport en commun, il était évident qu'entre le
métro et l'auto le choix de ce matin était le métro. (15 h
15)
Tantôt, à une question que le ministre vous a posée
- je l'ai mise en italique pour être certaine de bien vous citer - vous
avez dit: On ne priviligie pas le réseau routier par rapport au
transport en commun. Mais, dans l'ordre d'énumération des
priorités, vous avez parlé du réseau routier. Le
député de Mille-Îles a parlé d'une façon
prioritaire de régler le problème. Contrairement à des
groupes qui viennent parfois devant les commissions et qui nous disent
n'être ni pour ni contre, mais bien au contraire, faut-il comprendre
qu'en l'occurrence c'est la question du réseau routier qui, pour vous,
est prioritaire? Vous nous avez dit: Cela va désencombrer le trafic
local. Le député de Mille-Îles a plaidé pour les
routes de ceinture. Mais, évidemment, à part le fait de tourner
en rond, il faut qu'à un moment donné on rentre. C'est donc une
éventuelle recrudescence du trafic dans le centre-ville, finalement, que
tout cela peut augurer.
M. Lefebvre (Claude): On essaie de prendre... J'ai certainement
des connaissances ou des solutions pour Montréal. Ce n'est pas
directement mon problème, par contre.
Mme Harel: ...ce n'est pas pour Montréal.
M. Lefebvre (Claude): C'est tout à fait normal que
Montréal opte pour le transport en commun comme solution, à cause
de la densité et de la façon dont les rues ont été
faites, des rues étroites. Il n'y a pas de garages. Vous avez le
stationnement dans les rues. Mais ce n'est pas un problème qu'on a
à Laval. Ce n'est pas un problème qui existe à
Jonquière. Du fait de la densité, c'est totalement
différent. Pour ces gens, la solution, c'est bien sûr le transport
en commun, à moins qu'ils ne se mettent à débâtir
pour faire passer... Ce serait illogique. En tout cas, je vois le tollé
qui viendrait de cela. D'ailleurs, dans l'est, vous en avez eu un avec
l'autoroute quand elle est passée dans la partie d'en bas. Leur solution
est une solution logique. Mais vouloir appliquer la solution de Montréal
à Laval... On n'a pas les problèmes de congestion de
Montréal.
Mme Harel: Je dois comprendre, M. le maire, que les solutions que
vous préconisez, en termes de réseau routier, c'est pour
régler le problème de Laval.
M. Lefebvre (Claude): Ah oui! Ce n'est pas pour les...
Mme Harel: Alors, donc...
M. Lefebvre (Claude): Mais cela règle également une
partie du problème de Montréal, madame. Je suis sûr que
vous prenez le boulevard Métropolitain. Regardez le camionnage qu'il y a
dessus et qui retarde... Vous pourriez fort bien, comme mesure, dire: De 16
heures à 18 h 30, aucun camionnnage n'est permis sur le
Métropolitain, et vous le faites dévier. Le soir, si vous le
faites passer par Laval et que vous me dites: Éventuellement, il faut
que cela rentre à Montréal, je vais vous dire: Oui, vous allez
avoir une circulation nord-sud et, au moment où Montréal se vide,
sud-nord. Là, vous venez d'alléger, alors qu'actuellement vous
gonflez le trafic. Je vous dis: Faites-le dévier vers le nord et
ramenez-le. Autrement dit, le pont Viau, au lieu de ne fonctionner que dans un
sens le matin et dans un sens le soir, pourra fonctionner dans les deux sens le
matin et le soir, comme Papineau.
Si vous voulez aller, je ne sais pas... On va prendre Saint-Denis et
Crémazie. Vous avez le choix de prendre le Métropolitain à
partir d'Hippolyte-Lafontaine, de traverser chez nous et de descendre à
contresens du trafic pour vous y rendre. C'est la solution la plus rapide et
vous allez désengorger le boulevard Métropolitain en faisant
cela.
Mme Harel: J'ai formulé une demande aux dirigeants de la
communauté urbaine qui étaient avec nous ce matin, pour savoir
s'ils étaient eux-mêmes en demande à l'égard du
ministre et du gouvernement quant à la question du réseau routier
et on m'a répondu non, assez clairement.
Par ailleurs, j'aimerais avoir votre point de vue et profiter de votre
présence pour connaître l'évaluation que vous faites de la
possibilité d'identifier et de privilégier un quatrième
partenaire. Peut-être avez-vous pu prendre connaissance des diverses
hypothèses qui étaient examinées et qui pouvaient trouver
application, pas seulement sur le territoire de l'île, mais
également sur celui des municipalités régionales de
comté environnantes. J'aimerais connaître le point de vue de Laval
sur cette question.
M. Lefebvre (Claude): Cela a été envisagé il
y a déjà cinq ans. Il y avait le versement en transport qui avait
été envisagé, mais déjà, les employeurs,
à cause de notre système fiscal, paient des choses qu'on ne paie
pas en Europe. Sur le plan de la taxation, nous avons ici la taxe d'affaires.
Le versement en transport, cela leur profite, mais, finalement, ce sera
ajouté à la valeur des biens parce que cela va rentrer dans
les
coûts et ce sera redistribué à l'ensemble des gens.
Finalement, est-ce que ce n'est pas l'impôt qui est la meilleure
façon? Si on le met dans un versement en transport de la part des
employeurs, cela ira dans les biens. À ce moment-là, c'est le
petit qui sera désavantagé. C'est pour cela que j'écarte
le versement en transport comme tel.
On a parlé d'une surtaxe sur l'immatriculation, on a parlé
d'une surtaxe sur l'essence. Finalement, qu'est-ce qu'on cherche? On cherche
une source de revenu. Moi, je dis: Avant de chercher une autre source de
revenu, évaluons, avec les trois partenaires actuels, quelles sont nos
possibilités. Posons la question: Est-ce que les villes contribuent
suffisamment? C'est une question à poser, il me semble. La
capacité de payer, j'entends cela à tous les jours; la
capacité de payer, c'est un langage de politicien. Le maire de la ville
au nord de chez nous dit que la capacité de payer de ses citoyens est de
1,15 $; chez nous, elle est de 2,30 $. Mon assistant-directeur reste chez lui
et gagne le même salaire que l'autre assistant-directeur à Laval.
C'est quoi, la capacité de payer des deux gars qui ont le même
salaire? Le gars de General Motors n'a pas la même capacité de
payer que celui qui travaille chez Marconi? Voyons donc! C'est un langage de
politicien, c'est la manière de calculer.
Chez nous, c'est à peu près 0,25 $ les 100 $. À
Montréal, c'est 0,25 $. Est-ce qu'on peut aller à 0,30 $? Il faut
se poser la question. Quelle sorte de services est-ce qu'on veut se donner
comme collectivité? Le transport en commun n'est pas simplement un
service aux gens, c'est également un instrument de développement.
Si Laval se développe, ce n'est pas un miracle, le transport en commun a
aidé à cela, aussi. Qu'est-ce que le gouvernement peut faire?
Qu'est-ce que l'usager peut faire? On tombe toujours dans des tabous, ce sont
des questions qu'on ne peut pas poser parce qu'on a toujours 50 organismes qui
vont venir faire un front commun pour dire: C'est déjà trop cher,
il ne faut pas augmenter, il ne faut pas faire ci, il ne faut pas faire
ça. Eh oui! On peut aller faire du ski à Saint-Sauveur, mais on
ne peut pas se payer un ticket d'autobus.
Mme Harel: Vous les posez tellement bien, M. le maire, que je
vous demanderais d'y répondre.
M. Lefebvre (Claude): La réponse, au départ, c'est:
Avant de chercher un quatrième partenaire, faites donc l'inventaire des
trois partenaires qui sont là. C'est cela, ma réponse. Quand on
est rendu à payer 20 % alors que d'autres paient 33 % et 37 %, je dis
qu'il y a un décalage; cela, c'est dans la même région.
Dites-moi pourquoi le Lavallois est capable de payer 1,25 $ le ticket alors que
celui de Montréal paie 1 $. C'est cela, la réponse. Maintenant,
si on veut aller chercher des sources additionnelles pour augmenter les taxes,
le champ de la taxation est large. Habituellement, on ne pose pas ces questions
quand on est au gouvernement, Mme Harel.
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais vous souhaiter la bienvenue. Vous parlez
du transport en commun, des sources de financement. Vous nous donnez un certain
nombre d'avenues, vous parlez de revenus stables, neutres. C'est quoi, dans
votre esprit, ces sources de revenus qui sont stables, neutres?
M. Lefebvre (Claude): II me semble que la première
contribution - je reviens là-dessus - revient au
bénéficiaire direct. Cela m'apparaît normal, c'est
l'usager. L'usager en paie 40 %, cela ne m'apparaît pas extraordinaire.
Que ce soit neutre, autrement dit, je ne veux pas qu'il y ait de... Il faut que
ce soit statutaire, je ne veux pas dépendre du gré de personne.
Il faut que ce soit statutaire et qu'on s'entende sur un partenariat. On a
formé une compagnie et je voudrais m'assurer que chacun connaît
ses droits et ses obligations. Si le gouvernement dit: Je finance à 35
%, présente-moi ton budget avant, j'aimerais mieux cela que de courir
après 40 % des revenus autonomes, parce que cela peut nous jouer de
vilains tours. Le vilain tour, c'est une grève à Montréal.
Quand les gens partent de Laval, ils n'ont plus besoin de prendre l'autobus
chez nous parce que, de toute façon, je viens les débarquer
à Montréal et ils ne peuvent plus continuer. Si cela dure un
mois, ou si cela va mal, le père se tanne d'aller mener ses enfants et
il dit: D'accord, je vais t'acheter une voiture, mon gars. Et là, vous
venez de perdre votre client. C'est la même chose à Laval: quand
il y a une grève, j'en perds. Chez nous, on a non seulement une
grève qui nous fait mal dans nos revenus, mais une grève à
Montréal nous affecte même s'il n'y a pas de grève chez
nous. Je paie mes chauffeurs, j'ai les mêmes circuits d'autobus, j'ai
tout cela sauf que je ne les mène nulle part.
M. Dufour: Quand vous parlez d'une taxe neutre aussi je comprends
que les sources de financement qui viennent de trois paliers, que ce soit le
municipal, le provincial - je ne les mets pas par ordre d'importance - disons
provincial, municipal,
usagers... De la façon que vous parlez, je crois comprendre que
vous êtes pour que le gouvernement dise clairement quelle est sa
participation pour quelques années pour que vous sachiez au moins
à quoi vous en tenir.
La participation qui demeurerait approximativement à 50 %, disons
que le gouvernement provincial accepterait de payer 50 %, il resterait 50 %.
Est-ce que vous vaudriez que les 50 % qui restent à payer soient
laissés à l'autonomie municipale, que la municipalité
décide de ce qu'elle va payer, de ce que l'usager va payer ou si vous
savez d'avance que le gouvernement doit donner tant pour cent, la
municipalité, tant pour cent et l'usager tant pour cent? Et cela
pourrait se faire dans tout le Québec, pas seulement dans ce
coin-ci.
M. Lefebvre (Claude): S'il y a une quatrième source de
financement, il faudrait que ce soit perçu par le gouvernement
provincial et que cela lui serve à payer sa portion chez nous. Je ne
suis pas prêt à dire: On va aller chercher un quatrième
partenaire. Qui va le taxer, ce quatrième partenaire?
M. Dufour: Mais, dans les trois connus, vous voulez savoir la
participation du pourcentage gouvernemental. Pourcentage X connu et
officiel.
M. Lefebvre (Claude): Pour l'usager aussi.
M. Dufour: Pour l'usager, vous voudriez aussi que ce soit
connu.
M. Lefebvre (Claude): Bien oui.
M. Dufour: Donc, quelle serait la part d'autonomie municipale par
rapport à ce qui demeure dans cette décision qu'on peut prendre?
Vous pourrez toujours dire: C'est autonome parce qu'on décide cela
ensemble. Mais vous, comme municipalité?
M. Lefebvre (Claude): Je dois vous dire que, depuis X nombre
d'années, d'après les derniers chiffres que j'ai, en 1986, la
ville a contribué aux environs de 29,7 %, en 1987, 29 % et en 1988 notre
estimation est de 32 %. Si vous me fixez cela à 30 %, je ne ferai pas de
crise.
M. Dufour: Vous ne sentiriez pas que votre autonomie est
touchée?
M. Lefebvre (Claude): Je vais payer 30 %.
Une voix: D'accord.
M. Lefebvre (Claude): Là, je sais ce que je paie à
partir du budget, mats je sais également combien je vais récolter
de la part du gouvernement et je sais également comment l'usager va
payer parce que c'est en fonction du budget.
Ce que je trouve ridicule, c'est que ce n'est jamais le temps
d'augmenter. Puis vous arrivez, vous avez payé vos chauffeurs.
Là, on va arriver avec un fonds de retraite pour nos chauffeurs. Bien,
il faut en payer un. C'est bien normal. Qui va le payer, ce fonds de retraite?
Il faut que tout le monde contribue. C'est cela que je dis: Quand c'est neutre,
il faut que ce soit statutaire.
M. Oufour: Mais vous avez affirmé dans le mémoire
aussi que les revenus provenant du gouvernement étaient fixés...
Ah oui! On dit que les subventions provenant du gouvernement étaient
basées sur les revenus plutôt que sur les déficits. Si cela
est vrai, est-ce qu'on peut établir votre pourcentage de la même
façon et d'une façon fixe?
M. Lefebvre (Claude): Anciennement, on était sur
déficit.
M. Dufour: Oui.
M. Lefebvre (Claude): Finalement, vous avez changé cela.
Vous avez dit: On va vous donner quelque chose, allez-y de façon
opérationnelle, avec un "incentive": plus vous aurez de gens, plus on va
vous payer. Cela joue de vilains tours, n'est-ce pas? Et on a donné
toutes sortes de systèmes. On a lancé l'hameçon, on a dit:
Eh bien! la carte CAM, cela va être bien le "fun", il va y avoir plus de
passagers, vous pouvez avoir des réductions et on va vous financer.
À un moment donné, on en sort et cela coûte cher.
Pourquoi fait-on cela de cette façon? Si cela coûte 45 000
000 $ pour les transports en commun à la STL, on pourrait arriver et
dire 30 % à la ville; 30 % de 45 000 000 $, cela va vous coûter 13
500 000 $. Je le sais au départ de l'année. On va dire au
gouvernement: Vous en payez 35 %. Cela va vous coûter 35 % de 45 000 000
$. Et cela va coûter à l'usager tant pour cent de 45 000 000 $ par
un nombre de tickets qu'on connaît. C'est comme cela qu'on va le
répartir. Au lieu de le calculer sur le déficit ou sur les
revenus, je dis: Calculons-le donc sur les dépenses. Il y a un budget.
On fait cela dans les villes.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Pour le mot de la fin,
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je veux remercier M. le
maire de Laval ainsi que tous ceux qui l'accompagnent. Je pense que la
clarté des propos est devenue une coutume chez le maire de Laval dans
à peu près tous les dossiers. Je pense qu'on n'a pas
besoin de faire le tour du pot bien longtemps pour savoir ce qu'il y a
dedans et effectivement connaître les propositions. (15 h 30)
Ce que je voudrais lui dire à ce moment-ci c'est que
l'expérience du transport scolaire - c'était le
député actuel de Saint-Louis qui avait négocié en
bonne partie pour la Fédération des commissions scolaires une
enveloppe fermée sur une période de trois ans, à un
certain niveau d'indexation, ce qui a permis effectivement de régler un
certain nombre de problèmes et d'avoir une vision plus lointaine chaque
année au niveau du transport scolaire. Cette formule est regardée
de très près actuellement. Cela permettrait de stabiliser pour
une période de cinq ans la participation gouvernementale. Cela est
très bien défini quant à l'exploitation du réseau.
Ce que vous souhaitez à la fois pour votre bénéfice et
pour le nôtre, qu'on puisse au moins au cours des cinq prochaines
années savoir ce qu'on aura à verser. Je pense que ce souhait
risque d'être exaucé avant même la fin de l'année
1987.
Je pense que le message a été bien entendu, à la
fois pour votre stabilité et pour notre stabilité aussi.
Au-delà de cela, je pense que vous avez le mérite d'avoir
très bien situé un certain nombre de problèmes
d'aujourd'hui et davantage de privilégier, finalement, avant un
quatrième partenaire, le fait d'aller puiser dans nos ressources
personnelles dans chacun de nos secteurs avant même d'aller voir à
l'extérieur. Je pense que c'est un élément important.
Quant au réseau autoroutier, je pense que la démonstration est
là. Quant à moi, elle est assez claire. Cela fera partie de
l'autre volet du ministre des Transports quant aux décisions qui sont
à venir. Quant a la 13, partez en paix car les professionnels seront
bientôt mandatés pour faire à la fois la 13 et la 50 pour
la partie qui avait été annoncée lors du sommet des
Laurentides. Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai compris aussi que le maire
de Laval avait un ensemble de problèmes d'une ville qui est en
même temps rurale et en partie urbaine. il avait des problèmes de
transport en commun, des problèmes de routes. Là, c'est toujours
un peu selon les choix que le gouvernement veut faire. Je comprends que vous
avez un ensemble de questions que vous m'avez présentées. Je
pense bien aussi que ce que vous avez exprimé a été clair
pour tout le monde. Le ministre nous a dit que cela avait été
clair pour lui. Je pensais qu'il prendrait des engagements tout de suite. Je
pense bien qu'il va réfléchir à cela.
Mme Harel: II fait bien.
M. Garon: Parce que je pense bien qu'il va entendre l'ensemble
des mémoires. Je pense bien que vos propos ont été
clairement entendus par tout le monde de la commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Le mot de la fin, M. le
maire, oui?
M. Lefebvre (Claude): Voulez-vous me donner 30 secondes? Je vais
essayer de vous exprimer encore une fois ce que peut faire l'initiative. Vous
m'avez rappelé tantôt, et j'ai oublié de vous
répondre là-dessus, le mémoire qu'on avait
présenté et la consultation où on avait rêvé
de transport en commun. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le transport en
commun est très bien perçu à Laval. Je vais vous donner
une idée de l'initiative de la STL, et je félicite son
président et les membres. Je vous avais mentionné, si vous vous
souvenez, que les vieux se sentaient un peu pris. On avait un transport, bien
sûr, pour les gens de niveau scolaire et les gens qui allaient
travailler, mais on avait cette couche de la population qui avait des besoins
qui n'étaient pas satisfaits.
Aujourd'hui, on a instauré un système d'autobus qui va les
chercher. On y va une fois ou deux fois la semaine; ça leur coûte
0,45 $ ou 0,40 $ le passage. On va les chercher, on les amène au centre
commercial, on les fait sortir et on les ramène là. C'est un
drôle de transport, mais c'est le besoin. Autrement dit, dans le
transport, quand je dis qu'il faut déplacer des personnes, il faut
répondre aux besoins. La personne qui est dans un centre
d'hébergement n'a pas les mêmes besoins qu'un travailleur ou un
étudiant. Il faut répondre à tous ces besoins. Quand vous
êtes situés dans une île, vous pouvez voir passer un
autobus, vous pouvez voir passer un taxi. Il faut avoir de l'initiative. Je
vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le maire, de votre
participation. Sans plus tarder, j'inviterais les représentants des
municipalités de Deux-Montagnes, Mont-Royal, Pierrefonds, Roxboro,
Saint-Laurent, qui nous ont annoncé et demandé une
présentation conjointe.
Voulez-vous prendre place, s'il vous plaît? Je demanderais aux
membres de la commission de regagner leurs sièges, s'il vous
plaîti Je vous informe immédiatement qu'on est déjà
en retard d'une heure trente. C'est du travail de soirée en
perspective.
Municipalités de Deux-Montagnes, Mont-Royal,
Pierrefonds, Roxboro et Saint-Laurent
Je voudrais souhaiter la bienvenue aux représentants des cinq
municipalités qui sont devant nous. Je vous demanderais de vous
présenter individuellement pour l'information des membres de la
commission et de respecter la vingtaine de minutes qui est à votre
disposition pour nous faire la présentation des points essentiels de
votre mémoire et permettre les échanges avec les membres de la
commission.
M. Dawson (Réginald): MM. les membres de la commission, je
suis le maire Oawson de Mont-Royal, maire de cette ville depuis 36 ans.
À mon extrême gauche, le maire William Boll de Roxboro; ensuite,
le conseiller Jean-Louis Cousineau, membre de l'exécutif
représentant le maire Marcel Laurin de Saint-Laurent. À mon
extrême droite, le conseiller Louis Bellefeuille, représentant le
maire McDonald de Pierrefonds, et M. Jean-Guy Bergeron, maire de
Deux-Montagnes. Nous avons aussi ici le conseiller Bill Spears et le conseiller
Maurice Séguin, de la ville de Dollard-des-Ormeaux, parce que la ville
de Dollard-des-Omneaux, par résolution, appuie les cinq
municipalités dans la présentation de leur mémoire
commun.
Maintenant, je demanderais au maire Jean-Guy Bergeron de vous faire un
résumé de notre mémoire.
M. Bergeron (Jean-Guy): M. le Président, M. le ministre,
messieurs dames du gouvernement, je pense qu'il existe une providence et que
notre présentation devrait durer seulement 30 secondes parce que, si on
lisait en page 4 du Journal de Montréal ce matin: "Circulation:
l'enfer à Montréal", c'est dû à la grève des
trains de banlieue.
Nous désirons souligner que notre démarche actuelle ne
constitue ni un geste spontané, ni une action isolée. Nous
représentons de façon particulière les nombreuses opinions
et recommandations qui circulent depuis 25 ans et nous avons reçu de
nombreux appuis en faveur du maintien et de la modernisation de la ligne gare
centrale--Deux-Montagnes.
L'historique, brièvement. Vous n'êtes pas sans savoir que
cette ligne existe déjà depuis 1918 et qu'encore aujourd'hui, au
moment où nous nous parlons, c'est le même matériel
roulant, c'est-à-dire le plus vétuste en Amérique du Nord.
D'ailleurs, notre présence aujourd'hui date d'une croisade qui dure
déjà depuis 25 ans et dont M. Dawson et le maire Laurin de
Saint-Laurent faisaient partie.
Durant ces 25 années-là, plus de 30 études
d'experts ont reconnu la valeur de cette infrastructure du transport en commun
et les 30 études d'experts recommandent la mise en place d'un
système mieux adapté aux besoins des usagers. Le CN, et vous le
savez tous, depuis de nombreuses années, dit que si rien n'est fait pour
améliorer la ligne MontréalDeux-Montagnes, en 1992, il
faudra la fermer. Le gouvernement, vous-mêmes avez pris les moyens pour
maintenir le train en opération depuis 1980 et vous avez clairement
indiqué votre volonté de procéder à la
modernisation de cette ligne. Le document produit en annexe met en relief cette
volonté du gouvernement du Québec.
Il faut se souvenir que bien avant le développement autoroutier
et la mise en place des systèmes de transport en commun, dans la plupart
des municipalités, il y a eu le train. Nous n'avons qu'à examiner
l'historique de chacune des municipalités concernées pour
constater que c'est à la présence du train de banlieue qu'elles
doivent le début de leur urbanisation, que ce soit Mont-Royal,
Saint-Laurent, Roxboro,
Pierrefonds ou Deux-Montagnes. Le train aura donc été un
moteur essentiel du développement d'un grand nombre de
municipalités en dépit de toute la concurrence dont il a
été l'objet par la multiplication des autoroutes et la mise en
place du transport par autobus, du phénomène des coupures de
services, du maintien de tarifs discriminatoires et de la
désuétude des équipements.
Les véritables causes de la stagnation du projet: un trop grand
nombre d'organismes dans la région de Montréal veulent s'arracher
les fonds disponibles pour privilégier leurs propres projets. Depuis le
début des années 1970, on multiplie les études et on se
chicane sur des concepts, mais on n'a jamais demandé, jamais, aux
municipalités desservies, aux municipalités concernées ce
qu'elles désiraient avoir. Avec toutes ces études, les prix
varient selon la capacité de rêver des groupes extérieurs.
Dans tout cela, comme je viens de le dire, on a oublié les usagers, on a
oublié les municipalités. Ce qu'on veut vous dire aujourd'hui,
e.t peut-être que c'est la première fois que vous allez le
constater, ce n'est pas une Cadillac qu'on veut pour les trains de banlieue, ce
n'est pas un stade olympique qu'on veut pour les trains de banlieue, ce n'est
pas le métro de Montréal qu'on veut pour les trains de banlieue,
ce qu'on veut, c'est un moyen de transport qui va satisfaire les usagers et qui
va s'améliorer. (15 h 45)
On ne demande pas le Pérou. Chaque fois qu'on a regardé
des études - M. le ministre est venu à Deux-Montagnes il y a
quelques mois - c'est dans les 200 000 000 $, 300 000 000 $, 400 000 000 $. On
n'a jamais demandé à aucune municipalité: Qu'est-ce que
vous
voudriez? Cela a toujours été des rapports
d'ingénieurs. Je pense qu'il est temps qu'on imite, ici, au
Québec, la simplicité du Go Transit de Toronto. J'espère
que vous l'avez visité, vous, de l'Assemblée nationale; sinon,
allez voir cela. La simplicité est là, mais l'efficacité
est là, et c'est cela qui est important.
Nous aimerions aussi vous souligner que les promoteurs de l'expansion du
métro ont toujours été contre les trains de banlieue,
craignant que les sommes investies pour leur amélioration ne soient pas
disponibles pour le métro. C'est le message que nous vouions vous lancer
aujourd'hui, qu'une fois pour toutes le gouvernement provincial doit intervenir
car, pour les trains de banlieue, il a une responsabilité
régionale. Il représente toute la population du Québec et
non seulement les citoyens de Montréal. Il n'existe, sur le territoire
de la région de Montréal, aucun organisme mandaté pour
développer l'utilisation des trains. Dans la région de Toronto,
l'expansion fulgurante des trains de banlieue dans le paysage du transport en
commun est due à l'intervention directe et efficace du gouvernement de
l'Ontario.
Les conséquences de la situation actuelle. Il est bien entendu
que le nombre d'usagers a diminué, mais il en reste encore suffisamment.
Et tous ceux qui, depuis des années, prennent le train, malgré
les conditions abominables dans lesquelles ils sont obligés de vivre,
ont continué; ce sont des mordus du train. Nous sommes convaincus
qu'avec une modernisation des trains de banlieue, l'achalandage va augmenter et
reviendra aux années que nous avons connues où il y avait 33 000
et, à une certaine période, 50 000 usagers par jour.
Les raisons qui militent en faveur de la modernisation. Le train
constitue un type de transport à vocation régionale qui
s'intègre parfaitement aux autres modes de transport en commun. C'est
d'une façon systématique que, depuis 25 ans, tous les experts ont
reconnu le bien-fondé de cette modernisation. Il serait illogique
d'abandonner une infrastructure capable de transporter en deux périodes
de pointe, chaque jour, jusqu'à 50 000 passagers sur des voies
réservées. Il n'est pas superflu de vous souligner l'opinion
émise par le Centre de recherche sur les transports de
l'Université de Montréal en 1977. L'abandon de la ligne Gare
centrale--Deux-Montagnes équivaudrait à gaspiller la très
belle infrastructure de circulation que constitue le tunnel sous le Mont-Royal,
entraînerait obligatoirement l'accroissement de l'engorgement routier et
ferait disparaître un moyen essentiel de liaison entre le centre-ville,
l'aéroport de Mirabel et les municipalités desservies.
À cet avantage d'éviter de construire de nouvelles
autoroutes et d'épargner des centaines de millions de dollars s'ajoutent
aussi beaucoup d'autres avantages que vous connaissez pour le train. Ce sont,
comme vous le savez, la très grande diminution de la pollution, le
confort, la sécurité, la réduction du temps et la
ponctualité, tout en aidant au développement domiciliaire et
industriel. Une chose que vous devez prendre en considération
aujourd'hui, c'est que d'autres qui sont passés avant nous ce matin vous
ont demandé de créer quelque chose qui n'existe pas en vue des
besoins éventuels. Mais il faut bien prendre en considération ce
que nous vous disons aujourd'hui. Une des raisons principales, c'est que les
infrastructures sont là dans le moment. Vous n'avez pas à
investir, à dépenser de l'argent, la ligne est là, il
s'agit tout simplement de l'améliorer et je pense que la facture qui
pourra être présentée... Quand on dit que le montant date
de 1918, je pense que le montant que vous pourrez investir en vaudra la peine.
Il serait à peu près temps de le faire.
Comme vous pouvez le constater, le système de transport par les
trains de banlieue, c'est la solution d'aujourd'hui. Les autoroutes, c'est
fini. Quand même vous voudriez améliorer, multiplier les
autoroutes vers Montréal, où allez-vous les placer, où
allez-vous les mettre? Montréal est un bouchon actuellement qui est
fermé, soit au nord, soit au sud. La solution, ce sont les trains de
banlieue et il y a une population énorme qui demeure dans ce secteur du
train de banlieue quand on considère les villes de Mont-Royal et de
Saint-Laurent, ce qu'on appelle la communauté ouest de Montréal,
Deux-Montagnes. Vous, du gouvernement, si vous voulez être logiques avec
vous-mêmes, rendu à Deux-Montagnes, il y a Mirabel et, les deux
partis, vous avez toujours dit: II faut sauver Mirabel. Je pense que le moyen
de sauver Mirabel, c'est l'extension de la ligne
MontréalDeux-Montagnes jusqu'à Mirabel. Comme le maire
Lefebvre le disait avant moi, souvent, dans l'émotion, on dit des
paroles, etc., mais je pense que cela a toujours été dit qu'il
fallait sauver Mirabel et je pense que l'extension d'un métro hors terre
jusqu'à Mirabel pourrait aider.
Il faut aussi comprendre que les grandes villes dans le monde entier
sont dotées de trains de banlieue, que ce soit Hambourg, Paris ou
Newcastle, que ce soit Londres, que ce soit Chicago, que ce soit Toronto. Quand
on dit Toronto, on aimerait bien un jour ajouter Québec et je pense que
vous n'auriez pas d'objection.
Vous avez, vous, du gouvernement, il y a quelque temps,
amélioré la ligne gare WindsorRigaud. Vous avez les faits
devant vous qu'en 1985, de 2 157 140 passagers, la ligne du CP a
transporté, en 1986, 2 600 000 passagers, ce qui fait une augmentation
de 40 %. Nous sommes convaincus, et les études le prouvent,
qu'avec l'amélioration de la ligne Montréal
Deux-Montagnes le cas échéant... Cette ligne, il y a 20 ans, au
moment où le signal d'alarme était déjà
donné sur la limite de sa vie utile, transportait quotidiennement 33 000
passagers dans un bassin qui se situe maintenant à environ 500 000
habitants, soit 50 % de plus qu'en 1966. Nous sommes convaincus que si le
gouvernement décidait... Je pense que si vous voulez être
fidèles à ce que vous avez toujours dit dans vos compagnes
électorales, et à ce moment-là vous étiez
conscients de ce que vous disiez -je vise les deux partis... Vous n'en
étiez pas conscients? Cela n'est pas mon problème, M. Dufour. Ne
faites pas de chicane de clocher, c'était une priorité dans
chacun de vos programmes électoraux, la modernisation de la ligne
MontréalDeux-Montagnes.
En terminant, nous voudrions vous faire les recommandations suivantes:
Nous considérons que les étapes qui visaient à bien
circonscrire le problème, à identifier les concepts potentiels de
modernisation comme structure essentielle de transport en commun ont
été franchies et que l'heure de la décision est
arrivée.
Il nous apparaît, d'autre part, que la maîtrise d'oeuvre du
programme de modernisation de la ligne gare centrale Deux-Montagnes devra
être assumée par le gouvernement lui-même si on veut un
maximum de concertation, éliminer les conflits potentiels de juridiction
et éviter la multiplication des intermédiaires entre le CN, qui
est propriétaire de l'emprise, le gouvernement du Québec et, le
cas échéant, le gouvernement du Canada.
Nous recommandons, premièrement, l'engagement formel du
gouvernement du Québec pour maintenir et améliorer le service de
train de la ligne gare centrale Deux-Montagnes. L'engagement formel et
officiel du gouvernement constituera une action prioritaire qui permettra
à la fois de mettre fin aux spéculations et aux rumeurs qui n'ont
jamais cessé d'exister.
Deuxième recommandation: mise en marche sans délai du
processus de réalisation de toutes les actions requises en vue de faire
de la ligne Gare centraleDeux-Montagnes un service moderne, efficace et
attrayant.
Troisième recommandation: préparation en collaboration
avec les municipalités concernées et les organismes de transport
qui desservent leurs territoires, des plans d'intégration intermodale et
des projets d'amélioration des gares et des facilités
reliées à l'exploitation du train.
Quatrième recommandation: mise en oeuvre d'un programme de
promotion du train comme moyen efficace et privilégié de
transport de masse et comme équipement intégré de
transport en commun.
Dernière recommandation: création immédiate d'un
groupe de travail qui assurera la concertation et la coordination de tous les
intervenants dans la mise en oeuvre du plan de revalorisation de la ligne gare
centraleDeux-Montagnes.
En terminant, j'aimerais inviter chacun de mes confrères à
prendre la parole quelques minutes, s'il vous plaît!
Le Président (M. Rochefort): En vous rappelant, si vous le
permettez, qu'il reste trois minutes pour votre présentation
globale.
M. Dawson: M. le ministre, M. le Président, membres de la
commission, Mont-Royal est née et s'est développée
à la suite de la construction du tunnel Mont-Royal. Comme je l'ai
déjà dit, je suis maire depuis 36 ans et j'ai été
témoin du développement considérable de cette
communauté durant cette période. Cette croissance est due en
grande partie à la capacité des résidents d'atteindre le
centre de Montréal en dix minutes par train.
Pour la population de Mont-Royal, se rendre au centre-ville par train
est une tradition que l'état actuel de détérioration et de
vétusté des équipements n'a pas réussi à
ébranler. Pour se déplacer en direction ou en provenance du
centre-ville par tout autre mode de transport, y compris le métro, les
usagers du train devraient multiplier par cinq ou six leur temps quoditien de
déplacement terrestre. La suppression de ce service s'avérerait
un désastre pour la ville de Mont-Royal et un malheur pour les autres
municipalités qui se trouvent dans sa ligne. Si l'on considère
que toute l'infrastructure est en place, il apparaîtrait imprudent de
l'abandonner. La solution qui s'impose, comme l'ont conseillé de
nombreuses autorités dans le passé, c'est la modernisation de la
ligne, soit le remplacement de l'équipement vétusté qui,
ayant servi pendant 75 ans, est de loin le plus ancien en usage en
Amérique du Nord.
En conclusion, je plaide énergiquement en faveur de la
continuation du service de transport ferroviaire pour la communauté que
je représente en accordant un appui favorable au programme de
modernisation de la ligne 3 du schéma d'aménagement de la CUM
dans lequel les deux niveaux de gouvernement et les chemins de fer nationaux du
Canada se sont engagés à investir des millions de dollars.
Nous vous remercions de votre attention. Je vous prie d'agréer,
M. le Président et messieurs les membres de la commission, l'assurance
de mes sentiments distingués.
Le Président (M. Rochefort): Quelqu'un d'autre? Oui, M.
Cousineau.
M. Cousineau (Jean-Louis): M. le
Président je vais être bref. Je veux simplement dire que
j'endosse ce qui a été dit jusqu'à maintenant. D'ailleurs,
je ne serais pas ici à cette table si j'avais un avis contraire, (16
heures)
Nous, à Saint-Laurent, nous avons trois gares et nous sommes
placés au milieu du problème. Notre ville ne se serait pas
développée d'une façon aussi formidable si nous n'avions
pas eu ce train. Moi-même, je voyage tous les jours par ce train depuis
22 ans et, si vous avez tout à l'heure des questions à poser
relativement aux usagers, je puis vous répondre sincèrement.
Merci.
M. Bellefeuille (Louis): M. le Président, mesdames et
messieurs, je représente la ville de Pierrefonds qui a une population de
42 000 citoyens. Nous en avons 2000 qui prennent le train tous les matins et
qui y sont restés fidèles, malgré tout ce qui a
été dit. J'ai de la misère à ajouter autre chose au
témoignage de M. Bergeron qui a décrit la situation. Nous croyons
sincèrement qu'on pourrait tripler les usagers à notre gare si
l'équipement était modernisé. Les entrepreneurs sont en
train de construire 500 logements à moins de 1000 pieds de la voie
ferrée, qui seront terminés au mois de mai. Nous demandons de
l'équipement un peu plus moderne. On ne veut pas le grand luxe, on veut
simplement une température un peu moins chaude l'été et un
peu moins froide l'hiver, un peu plus tempérée. Je vous remercie
de nous avoir entendus.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. Boll.
M. Boll (William): Mr. Chairman, I just want to try to bring out
to the commission some of my personal involvement in this question in the hope
that it can bring home to everybody what, I think, is the main issue which the
commission is faced with in regard to this railroad line. That main issue is
the use of this line as part of the surface transportation system of the
Montreal region and as an example of the proper use of a surface railroad line
in a regional transportation system. I think that really is the basic issue
regarding this Two Mountains' line. I think we can justify it on all sort of
grounds, but its great justification, I think, is in its use as part of a
regional system.
And, as I said, I want to bring out my personal involvement in this
because it illustrates the frustration that one has when trying to talk
logically, rationally, sensibly, objectively about the issue of a surface
transportation system and the use of railroad lines and having to face the
problems of the political involvement that you come up against.
I was elected to the council of Roxboro in 1961, and after I went to
live in the town of Roxboro because I thought I was aware of the future. What I
saw was the future value of the CN line to the regional transportation system.
I went to live in Roxboro after examining the surface railroad lines around
Montreal, including the Rigaud line, then the line to the south shore. Both of
these lines were functionning commuter railroad lines, but neither was
effectively totally used. The CN line was the most used of all those lines and
appeared to have the most future.
In other words, I did not get involved in this because I am presently
the mayor of Roxboro simply wanting to ensure that this station remains in the
town of Roxboro. I was interested in surface railroad transportation before I
went to live there. I want to emphasize that particular point because I was
aware of the way in which surface railroad lines are used in every major
metropolitan area in Europe and the way in which they are properly integrated
thereby carrying millions and millions of passengers. I could not believe in
those days when I came there in 1955, that Montreal would not eventually have a
comparable planning to use the surface railroad lines.
I was elected in 1961 and, in 1963, 1 became a representative on a study
committee which undertook the first major study of the CN line in order to
produce recommendations regarding its future use. The report was produced in
1964. A decision should have been made years ago on the basis of many
recommendations.
This is the first report which was published in 1964 which recommended
the modernization of this line. I think it is worth mentioning that the
anticipated cost at that time was around 40 000 000 $. That included a
projected branch going to Laval or potentially going to Laval. The estimated
cost amounts to much less than the cost to build one mile of a subway metro
system at the present time.
If that had been implemented at that time, in 1964, Montreal would have
been the prime example to Canada of the effective and proper use of a surface
railroad line with a projected use up to over 60 000 people a day. Instead of
this, much to my amazement after this was all produced into my area, it was
rejected. Nothing was done. The main reason nothing was done was because of the
fact that this was contrary to the policies of the city of Montreal.
I bring this out at this point because it in fact illustrates the basic
problem that has existed over the years with this railroad line. You can
produce all the rational arguments
you like or which we have in the past produced - all the rational
objective statements - but they always run up against the problems in the
relationship with the city of Montreal and subsequently with the Montreal Urban
Community.
This first report was in 1964. In 1965, a report was done by Canalog
again recommending the modernization of this line both for the
MontrealDeux-Montagnes line and its projection to the Mirabel Airport. In
1977, a study was done by the University of Montreal. This, obviously was not
one which had any political involvement at all. Again it recommended the
modernization. Many other studies have been made on this line. The last one, in
1985, was by a Technical Study Committee which was named by the Montreal Urban
Community, and I, along with Mayor Bergeron, was a member of that Technical
Study Committee. Again, the recommendation was: Modernize the line. And again
we ran into the failure of the MUC to take a firm position on this issue and to
stand by the recommendations. Instead, the report disappeared into some high
levels and we finally finish up in front of the Parliamentary Commission.
One of the crucial things that I found in the more recent years in all
these various studies has been the continuous effort made to downgrade the
potential use of this line. It is a line in which the ridership has gone down
for reasons that have been brought out. It has deteriorated and it has been
caused to deteriorate. It is not just a matter of natural attenuation. It is a
matter of a conscious deterioration of the line. I think it is one of the worst
examples of the misuse of a potential public transportation that you could find
anywhere.
There have been also a sort of distorsion of calculations or projections
made of the potential use of the line. I want to emphasize again that in the
1960s when I first went on that train riding downtown, when it was on the
heaviest use days, it went up to 55 000, a day. That was when there were major
snowstorms and so on in the region and people were not using their cars or the
public bus transportation; they were getting on the railroad train. Ridership
of 30 000 to 40 000 a day was the norm. That is approximately the bus ridership
on the whole of West Island at the present time. The deterioration which has
gone on, of course, has taken us down to ridership which is about 12 000 a day.
It is about 65 000 a week against 35 000 a day in the past. In the Technical
Study Committee, as a consequence of having to compromise with the technocrats
of the MUCTC, predictions of ridership whith modernization of some 21 000 a day
were given. This was a compromise because the MUCTC technocrats insisted on
claiming that the ridership on this line would remain low.
To me, it is absolute nonsense. We had to compromise and go along with
that 21 000. Can you imagine that if this line were modernized, that ridership
would not escalate to at least the sort of ridership which existed in the
1960s, when the population was much lower. In the report made of the line by
the University of Montreal, they are not talking of 200 000 in the area served.
We are talking of much more people than that. There is no way in which, if this
line is modernized, the ridership is not going to escalate just as the
ridership has escalated on the CP line, the Rigaud-Montreal line escalated
higher than predictions, just as the ridership in the Go Train of Toronto, has
escalated. We are not talking of 21 000 per day. We are talking of thousands
more. In the present ridership, we have about 3 000 000 riders a year. That is
going to escalate, I suggest, on modernization, to a very high figure, at least
9 000 000, 10 000 000 a year.
It is incredible to me that, over the years, the initiative has not been
taken previously to ensure that this line is modernized. It is an interesting
thing that when the Go Trains were proposed, who objected most of all to the
installation of Go Trains? Metro Toronto, the inner city. What happened? Look
at what is happening. It is one of the most successful, if not the most
successful, use of the surface railroad lines in Canada. It has been
extraordinarily successful.
We have failed, in fact to lead Toronto and Ontario in this regard. If
that report of 1964 had been implemented, if the modernization had taken place,
the ridership would have been up at goodness knows what now. It would have been
an example to all of Canada. The point obviously is that the decision regarding
this line will never be made by the MUC. Because of the political ramifications
and the influences that are therein, there is no way that a decision regarding
modernization of that line will take place in the MUC. It is a Quebec decision
and I suggest you, gentlemen - you are in 1964, put yourselves back then - you
can make a decision now, a recommendation now, which at least will correct the
failure of 1964 and I suggest that you do that.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Maintenant,
j'inviterais M. le ministre pour les échanges. Je vous indique
immédiatement qu'il reste douze minutes à chacune des formations
politiques.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. MM. les maires, M. Bergeron en particulier, qui a fait une
présentation dont la racine des propos remonte à 25 ans, donc une
bonne connaissance du dossier avec
toutes les péripéties et les nombreuses études, en
passant par Toronto, le Go. Transit dont j'ai eu le plaisir de commanditer la
visite comme ministère. Cela rapporte des fruits très
intéressants. Il y a aussi une visite que j'ai faite le 20 mars 1987 aux
gens de Deux-Montagnes pour exprimer mon point de vue. Au coeur de cet
échange, il y avait, bien sûr, les deux études que
recommandait le ministère. Je suis un petit peu honteux d'en parler
aujourd'hui après avoir vu l'ensemble des études qu'il y a eu
depuis 1964. Mais il demeure néanmoins qu'on a fini les études.
Pour votre satisfaction et la mienne, les études ont été
déposées il y a une semaine au ministère et l'analyse en a
été faite. Les fonctionnaires du ministère ont
analysé une solution parallèle qui se rapproche sensiblement de
la vôtre en termes de coût d'intervention dans la mesure où
le gouvernement décide d'intervenir. (16 h 15)
Si on prend l'exemple de la ligne Montréal - Rigaud, pour les
premiers 30 000 000 $ d'investissement, 80 % ont été
défrayés par le gouvernement fédéral et 20 % par le
gouvernement provincial. Les autres 45 000 000 $ nécessaires ont
été financés 50-50, ce qui signifie très nettement
une participation quant à l'immobilisation, aux travaux
nécessaires, de l'ordre d'à peu près 75 000 000 $ ou 76
000 000 $ défrayés en totalité par le gouvernement
provincial et le gouvernement fédéral.
Mettons les cartes sur table dès ce moment? cela fait
suffisamment longtemps que vous en parlez pour que la vérité
puisse avoir droit de séance. Il y a eu effectivement 40 000 000 $ de
réservés plus 10 000 000 $ du CN à travers une entente
fédérale-provinciale quant au développement des trains de
banlieue. Plusieurs rumeurs ont circulé voulant que ces 40 000 000 $ qui
ont été transférés, à la demande du
gouvernement fédéral pour la réalisation de l'autoroute 13
étaient de l'argent qui avait été ni plus ni moins
qu'usurpé à la réalisation du train
MontréalDeux-Montagnes. Dans l'entente que j'ai signée
comme ministre des Transports avec M. Bissonnette, le ministre des Transports
à l'époque, les deux gouvernements se sont engagés
à remettre les 40 000 000 $ pour réaliser
MontréalDeux-Montagnes, de même que les 10 000 000 $. On a
en cagnotte actuellement 50 000 000 $ d'acquis.
Votre projet, vos estimations, les nôtres en ce qui concerne le
ministère, qui sont différents de celles proposées par les
deux études que nous avons', nous allons finir de les éplucher,
on va rendre les études publiques, et dans pas beaucoup de temps, donc
disponibles pour analyse, à la fois celle qui comparait le métro
régional et le train de banlieue modifié, de même que
l'étude qui, elle, était totalement à part et qui faisait
état des coûts inhérents à l'abandon pur et simple
de la ligne.
Je n'hésite pas à vous dire, à midi, que la ligne
Deux-Montagnes - Montréal fait partie de la conservation du patrimoine
-c'est clair - et devrait donc être considérée, quant
à nous, au même titre que certains ajustements en ce qui concerne
le métro qui sont nécessaires aujourd'hui pour maintenir la
qualité de l'offre. Quant à vous dire si la décision se
prendra dans un mois ou après les fêtes, je pense que la
réponse définitive est davantage dans l'ensemble des besoins de
transport en commun qu'analysera le gouvernement au début de 1988. Le
temps des études est terminé, on passe maintenant à
l'analyse et à l'action, globalement.
Ma question est claire à ce moment... Un autre petit bout pour
vous rappeler nos conversations du sommet des Laurentides. Je ne vous
blâme pas de faire des tentatives sur le petit bout sur Mirabel, mais on
s'en reparlera dans quelques années. Autant être franc pour l'un
comme pour l'autre, oubliez cela maintenant, on va d'abord régler le
problème de MontréalDeux-Montagnes et, après cela,
on s'attaquera à l'autre problème qui, lui, avait
été réglé lors du sommet.
Donc, on peut évaluer approximativement à 150 000 000 $ le
coût de modernisation de la ligne. Je pense que les études que
vous avez menées rejoignent ce qu'a le ministère, et c'est
beaucoup en deçà de ce que les professionnels du monde
privé nous ont donné.
D'après vous, quels devraient être les partenaires au
financement de l'immobilisation, d'abord? On se parlera d'exploitation
après parce qu'il va falloir régler l'exploitation avant
même de décider de l'immobilisation. Dans ce cas, vous allez me
répondre, bien sûr, le provincial et le fédéral.
Dans quelle proportion, d'après vous, cela serait-il acceptable?
M. Bergeron: Provincial et fédéral, je pense que
c'est à vous de vous battre assez fort pour que cela soit le moins cher
possible pour vous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas pour rien que
le dossier a duré 25 ans, ce sont des réponses de
politiciens.
M. Bergeron: Enfin, écoutez bien! Ce n'est pas à
moi à décider du pourcentage que Québec et Ottawa
devraient mettre dans le dossier des trains de banlieue. Je pense que c'est la
façon dont Québec présentera son dossier à Ottawa
qui va influencer Ottawa et lui faire mettre tel pourcentage dans le pot.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, on peut...
M. Bergeron: Si j'ai quelque chose à défendre, je
vais essayer de le défendre au meilleur de ma connaissance pour aller
chercher le plus possible. Je ne peux pas répondre autre chose que
cela.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
qu'on peut compter sur votre appui pour aller chercher le même genre
d'arrangement sur le plan financier pour MontréalDeux-Montagnes
que pour MontréalRigaud. Merci de votre appui.
M. Bergeron: Jusqu'à un certain point.
M. Côté (Charlesbourg): Deuxième question.
À partir du moment où, dans une hypothèse comme
celle-là, le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral, de même que le CN, assumaient la totalité
des coûts d'immobilisation, j'aimerais savoir qui va payer
l'exploitation.
M. Bergeron: C'est la même réponse que j'ai entendue
ce matin, qu'une taxe soit prélevée sur l'essence ou sur les
plaques d'immatriculation, ou que ce soit une taxe générale.
D'ailleurs, c'est ce que la ville de Montréal présentait ce
matin.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que ce ne sera pas
assez, il ne faut pas se conter de peur, cela demeure dans le domaine
très large des voeux pieux, mais il va falloir - c'est clair -
régler le problème du coût de l'exploitation de la ligne
avant même de dire que le gouvernement investit X millions de dollars
pour la modernisation complète au cours des cinq années qu'il
faudra pour la rénover. De ce côté-là votre
groupement a souhaité tantôt une coordination un peu plus
serrée pour continuer de maintenir l'information très active
entre les deux. Je pense qu'il faut réfléchir grandement à
cela parce que cela va être un élément très
important de la décision que le gouvernement aura à prendre: Qui
doit payer l'exploitation? Dans la mesure où il y a une
amélioration de la qualité de l'offre pour l'usager, il y a une
partie à aller chercher là et, comme vous êtes des maires
de municipalités, il faudra s'informer de votre niveau de
générosité quant à votre participation au
coût de l'exploitation. Semble-t-il que les vertus de cette ligne
très bien défendue depuis 25 ans... Si, à Pierrefonds, il
y a 500 personnes qui attendent des logements, cela donne une plusvalue
à la ville et, normalement, cela pourrait nécessiter une
participation de la ville au coût de l'exploitation. Est-ce
envisageable?
M. Bergeron: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parfait!
Une voix: Ils y tiennent.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, ils y tiennent. En tout
cas, cela me paraît assez clair. L'époque, c'est peut-être
le niveau qui est le moins clair, mais je pense que dans nos discussions
futures on pourra en reparler. En tout cas, il m'apparaît très
clair à ce moment-ci que le temps des études est terminé,
c'est maintenant le temps des décisions, et des décisions
viendront à la fin de 1987 ou au début de 1988, très
tôt au début de 1988, compte tenu des échéances que
fixe le CN, et cela fait partie, quant à moi, du bloc prioritaire de
conservation du patrimoine.
Pour ce qui est des quatre dernières minutes qui me restent,
peut-être que Madame... D'accord, l'alternance.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le maire Bergeron, je vous ai entendu plaider avec
conviction. Vous y avez mis beaucoup de flamme et on sentait que vous plaidiez
pour beaucoup d'argent. Pardon?
M. Bergeron: Je n'ai pas compris.
M. Garon: J'ai dit qu'on sentait que vous plaidiez pour beaucoup
d'argent. Maintenant, vous avez entendu tout à l'heure les propos du
maire de Lavai. Comment les demandes concernant des ponts et des autoroutes
s'intègrent-elles par rapport à votre conception des choses?
Parce que la position de Laval et votre position m'ont semblé
contradictoires.
M. Bergeron: Voici. La position de Laval est facile à
comprendre. C'est bien entendu que le trajet de la ligne Montréal
Deux-Montagnes passe par l'extrémité ouest de la ville de Laval.
Bien sûr que les seules municipalités qui sont concernées,
grosso modo, peuvent être Laval-sur-le-lac, Chomedey,
Sainte-Dorothée et peut-être Saint-Martin. C'est sûr que
pour le maire de Laval ce n'est pas une priorité, et vous avez bien
remarqué, M. le député, qu'il n'en a aucunement
parlé aujourd'hui.
Alors, pour lui, ce n'est pas une priorité, mais il reste un
fait, et je ne voudrais pas me faire l'interprète du maire de Laval,
absolument pas, mais, moi, lorsque le ministre, comme il le disait tout
à l'heure, a payé notre voyage à Toronto, on a
remarqué quelque chose, par exemple, c'est que des villes aux environs
de Toronto ont profité énormément du développement
du Go
Transit. Ces municipalités se sont développées non
seulement à cause du Go Transit du gouvernement de l'Ontario, non
seulement parce que le train passait là, mais parce qu'il s'est fait,
là où le train passait, un développement domiciliaire
épouvantable. À ce moment-là, il y a eu des extensions. Je
pense que si jamais on était favorisé par la modernisation des
trains de banlieue, il arriverait à la ville de Laval, dans cinq ou dix
ans, c'est bien entendu, ce qui est arrivé aux villes de Scarborough, de
Mississauga, d'Oakville. Le comité du Go Transit de Toronto, en l'espace
de 17 ans, a dû prendre huit décisions importantes à cause
de la popularité, du développement qui s'était
produit.
J'ai peut-être été long, mais je pense que, si
jamais on modernisait les trains de banlieue, ce phénomène,
indirectement, dans cinq ou dix ans, ferait que Laval pourrait se
développer davantage et profiter d'extensions secondaires grâce
à cette popularité. C'est sûr que, si je demandais cela au
ministre aujourd'hui, je me ferais rasseoir, mais c'est une
éventualité, dans quelques années. C'est la façon
dont je vois le problème avec Laval.
Pour ce qui est des autoroutes, cela ne change rien. Comme je l'ai dit
tout à l'heure, M. Garon, c'est un bouchon. On a l'autoroute 13, on a
l'autoroute 15. Le seul moyen de décongestionner cela, d'enlever 5000 ou
10 000 autos, c'est de moderniser les trains de banlieue. Vous arrivez - vous
connaissez Montréal autant que moi - par la rive nord, on arrive dans un
bouchon; par la rive sud, on arrive dans un bouchon. On est
congestionné. Qu'est-ce qu'on fait? On élimine des autos. Pour
éliminer des autos, il faut moderniser les trains de banlieue, ce qui
couvre tout le West Island ainsi que Deux-Montagnes.
M. Garon: Quand vous dites que cela amènerait un
développement dans l'ouest, voulez-vous dire que cela amènerait
un déplacement de la population vers l'ouest?
M. Bergeron: Le moins que je puisse vous dire...
M. Garon: II n'y a pas beaucoup de croissance pour le
Québec dans les prévisions démographiques. Cela doit
rester autour de 7 000 000 d'ici l'an 2000.
M. Bergeron: Je ne sais pas quel sera l'accroissement du
développement dans le secteur ouest de Montréal, mais je peux
dire que je recevais dernièrement, il y a environ trois ou quatre mois,
l'analyse démographique du Canada qui disait que le comté de
Deux-Montagnes s'était développé à 12 % et qu'il
était troisième dans la province de Québec. Au moins dans
notre secteur, en tout cas, cela se développe
énormément.
M. Garon: Vous voulez dire que cela amènerait un
déplacement de la population tant dans votre secteur que dans l'ouest de
l'île de Laval...
M. Bergeron: Certainement.
M. Garon: ...comme cela s'est passé à Toronto?
M. Bergeron: Oui. Nous sommes allés à Toronto et je
vous disais qu'il y avait huit décisions qui avaient été
prises en 17 ans. Les responsables du Go Transit nous disaient qu'à un
certain moment on allongeait la ligne en plein champ sur des longueurs de 15
kilomètres et, cinq ans après, il n'y avait plus de champ, il y
avait tout simplement des villes. Allez voir le développement
démographique d'Oakville, de Scarborough, de Mississauga -ce sont des
noms qui me reviennent - cela a été développé par
les trains de banlieue. Pourquoi cela n'arriverait-il pas chez nous quand cela
arrive ailleurs?
M. Garon: Mais pensez-vous que, d'une façon
générale utiliser les moyens de communication pour faire de
l'étalement urbain, c'est une bonne chose?
M. Bergeron: Pardon?
M. Garon: Pensez-vous que d'utiliser les moyens de communication
pour faire de l'étalement urbain, aujourd'hui, c'est une bonne chose sur
le plan de l'urbanisme?
M. Bergeron: Je pense. Je ne vois pas la contradiction. Je pense
que le plus rapidement vous pouvez vous rendre à un endroit dans le
meilleur...
M. Garon: Ce n'est pas cela que j'ai dit. Vous dites: Vous mettez
15 milles en plein champ et, après cela, vous remplissez les champs.
Des voix: Haî Ha! Ha!
M. Bergeron: Oui.
M. Garon: C'est ce que j'ai compris.
M. Bergeron: Oui.
M. Garon: Alors, vous vous servez des moyens de
communication...
M. Bergeron: C'est bien ce que j'ai dit.
M. Garon: ...pour faire de l'étalement urbain plutôt
que de la densification urbaine.
M. Bergeron: Écoutez, je...
M. Garon: Cela coûte cher, cela!
M. Bergeron: Si vous allez dans ce bout, vous allez voir que la
densification est assez forte, M. Garon. Il n'y a plus de champ.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Garon: Ha! Ha! Ha! M. Bergeron: C'est
plein. Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Bergeron: C'est plein. M. Garon:
Pardon?
Une voix: À part cela, M. Garon, plus il va y avoir de
monde dans les villes, plus les cultivateurs vont en profiter pour produire,
pour les nourrir.
M. Garon: À condition que leurs champs n'aient pas
été tous pris par les chemins de fer.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
(16 h 30)
M. Garon: Mais ce n'est pas cela le problème. Les
prévisions démographiques démontrent qu'au Québec
il n'y aura pas de croissance de la population, qu'on a actuellement à
peu près 6 600 000 et qu'on pourrait être autour de 7 000 000;
certains disent même qu'on pourrait baisser. Mais personne ne voit
d'explosion démographique au Québec. Quand vous dites: Utilisons
les trains de banlieue, étalons cela et, ensuite, les gens vont se
déplacer pour suivre les trains, je n'en suis pas convaincu. Ils vont
partir de quelque part pour aller là. Cela veut dire que la place
d'où ils seront partis, il va falloir s'en occuper, en plus des nouveaux
endroits où ils vont arriver.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Cela peut coûter cher au gouvernement.
M. Bergeron: De toute façon, vous avez l'exemple du West
Island. Vous avez l'exemple de Mont-Royal. Vous avez l'exemple de
Saint-Laurent. Vous avez l'exemple de Rox-boro et vous avez l'exemple de
Pierrefonds.
M. Garon: Oui.
M. Bergeron: Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est un
fait. Maintenant, qu'on soit moins nombreux qu'en Ontario, je le comprends.
Enfin, on ne peut peut-être pas faire la comparaison, comme vous venez de
le dire, mais il reste que les municipalités concernées qui sont
ici doivent leur développement aux trains de banlieue.
M. Garon: Je ne nie pas cela.
M. Bergeron: Comme M. Boll le disait tout à l'heure, il y
a eu une période où la population était de 50 % moins
élevée que dans le moment et où on transportait 50 000
personnes par jour.
M. Garon: Je ne nie pas cela. M. Bergeron: Ce sont des faits.
M. Garon: Je ne nie pas cela parce que c'est vrai ce que vous
dites, que les trains ont amené un déplacement de population.
Cela a été vrai même pour les provinces, puisque c'est ce
qui est arrivé au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. Quand il y
avait juste le cheval, cela n'allait pas vite; quand on a mis les chemins de
fer, cela a commencé à amener des gens, etc.
J'ai compris quelle était votre... Au fond, vous
considérez que le train de banlieue est un instrument de
développement pour l'ouest de Montréal afin d'amener la
population dans ce secteur.
M. Bergeron: Pour la rive nord de Montréal aussi.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Deux-Montagnes.
Mme Legault: Merci, M. le Président. Messieurs les membres
de la commission, il me fait plaisir de vous accueillir et de saluer les maires
de la ligne 3 de Deux-MontagnesMontréal, et
particulièrement le maire de Deux-Montagnes, M. Jean-Guy Bergeron. Je
vais reprendre les paroles de M. Garon. Je vais continuer, M. Garon, à
entretenir la flamme de M. Bergeron...
M. Garon: C'est vous sa flamme. Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: Cela va faire des flammèches.
M. Garon: Là...
Mme Legault: Pour le train de banlieue, M. Garon.
M. Garon: ...on est dans les confidences.
Mme Legault: Je remercie la commission de permettre aux maires
de
banlieue de défendre ce dossier qui tient à coeur aux
utilisateurs de la ligne 3 du train de banlieue. La position que j'ai toujours
défendue auprès du ministre, c'est ta modernisation du train de
banlieue et la conservation de nos acquis. Les maires des muncipalités
desservies par le train sont tous très favorables au maintien, à
la modernisation et à l'amélioration de la ligne. Nous croyons
que, pour l'avenir, c'est la seule solution pour le transport en commun. Pour
le développement régional, c'est un moyen indispensable. C'est
dans cette même ligne de pensée que nous pourrons, de façon
adéquate, désengorger nos autoroutes et diminuer la pollution et
le taux d'accidents dus souvent à l'impatience de nos automobilistes qui
se voient en retard à leur travail. La tension et le stress s'emparent
d'eux et leur rendement au travail est beaucoup moins rentable. Pour toutes ces
raisons, je me permets de demander aux membres de la commission de se pencher
favorablement sur les recommandations du mémoire des
municipalités de Deux-Montagnes, de Mont-Royal, de Pierrefonds, de
Roxboro et de Saint-Laurent. Comme M. le maire Bergeron le répète
souvent, il faut être un athlète et être brave pour prendre
le train: il est chaud en été et on y gèle en hiver. Je
crois qu'il serait vraiment temps de mettre le train dans un musée.
Le Président (M. Rochefort): Merci, Mme la
députée. M. le député de Jonquière, en vous
rappelant qu'il vous reste trois minutes.
M. Dufour: Si je peux me permettre comme membre de la commission,
il semble que tous les coûts soient connus, mais, pour la modernisation
de ce train, quels sont les coûts?
M. Bergeron: En fait, comme je l'ai mentionné, M. Dufour,
les coûts qui ont été projetés toujours l'ont
été par des ingénieurs. Il est sûr que nous, les
maires...
M. Dufour: Cela ne me rassure pas, remarquez bien, mais
dites-le-moi quand même.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Bergeron: Pardon?
M. Dufour: Cela ne me rassure pas, mais dites-le-moi quand
même.
M. Bergeron: Cela ne vous rassure pas, mais je veux bien m'en
défendre tout de même.
M. Dufour: Ha! Ha! Ha!
M. Bergeron: Nous, les maires, vous parlions du rapport du BTM,
en 1985, du rapport qui a été fait par le Bureau de transport
métropolitain. C'est sûr que, nous, les maires des
municipalités concernées, étions là. C'est bien
entendu que lorsqu'est arrivée la question des chiffres, la question du
prix de chaque wagon, du prix pour la transformation de la ligne, à ce
moment-là, nous n'avions qu'une chose à faire, c'était de
regarder passer le train, c'est le cas de le dire.
Le rapport qui est là dans le moment, c'est 157 000 000 $. La
modernisation de la ligne MontréalDeux-Montagnes comprend
l'amélioration de la gare centrale et des travaux dans le tunnel; il
faut refaire la ligne et, bien sûr, il faut du matériel roulant
nouveau. Vous êtes chanceux de demeurer à Jonquière parce
que... Si vous avez le temps, ce soir, vous viendrez faire un tour de train
dans la ligne MontréalDeux-Montagnes, vous n'aimeriez pas
beaucoup, quoiqu'ils sont en grève.
M. Dufour: Non, mais quand je viens...
M. Bergeron: C'est 157 000 000 $ pour ce projet, et, comme M.
Boll l'a dit, en 1964, lorsque le premier projet a été
présenté, il coûtait 40 000 000 $.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Alors, cela met fin
à nos échanges. M. le ministre, pour le mot de la fin?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je veux dire merci aux
gens qui nous ont présenté un mémoire très bien
préparé et ont su le défendre avec conviction,
étant donné leur vécu. Je veux les rassurer quant à
l'époque des études. Je veux quand même leur dire que des
études avec des ingénieurs, c'est toujours utile pour être
bien sûr qu'on ne sera pas obligé de reprendre tout cela dans
quelques années. Dans la mesure où on intervient, on interviendra
pour plusieurs années.
De ce que j'ai compris de l'état du train l'hiver comme
l'été, je comprends pourquoi cela vous prend une flamme
permanente pour assurer le développement, la modernisation du train
Deux-Montagnes Montréal. Vous pouvez compter sur le soutien du
ministre des Transports actuel quant à une solution prochaine à
vos problèmes.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je ne voudrais pas être trop long puisque le
président nous dit que le temps nous presse. Je vous remercie
d'être venus, d'avoir fait un mémoire détaillé et de
l'avoir défendu avec conviction.
Le Président (M. Rochefort): Merci beaucoup. Je vous
remercie de votre participation à nos travaux et j'inviterais maintenant
les représentants de Montréal-Nord à prendre place
à la table des témoins.
Ville de Montréal-Nord
Je demanderais aux membres de la commission de reprendre
immédiatement leur place, s'il vous plaît! Je vous rappelle que
nous avons toujours une heure trente de retard.
Une voix: ...
Le Président (M. Rochefort): Oui, on est à faire
cela, mais peut-être que vos collaborateurs pourraient s'approcher, ce
qui va probablement accélérer l'addition des chaises, M. le
maire.
M. Ryan (Yves): ...d'habitude, la présidence prenait un
petit...
Le Président (M. Rochefort): Non, justement, M. le maire,
on veut...
M. Ryan (Yves): Je regarde tellement les débats à
la télévision que cela m'influence de travers.
Le Président (M. Rochefort): Le, M. le maire, on
n'entreprendra pas un débat là-dessus. Je pensais que vous
étiez venu nous parler de transport.
M. Ryan (Yves): C'est exactement ce que je vais faire, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le maire, nous vous souhaitons la bienvenue parmi nous. Nous vous
invitons à nous présenter les gens qui vous accompagnent et, par
la suite, à utiliser la vingtaine de minutes qui est à votre
disposition pour nous faire part des points les plus importants de votre
mémoire.
M. Ryan (Yves): Je vous remercie, M. le Président. Je
voudrais vous présenter ceux qui s'en viennent comme ceux qui sont
là, en commençant par ceux qui sont là: le conseiller
Guerriero, de Montréal-Nord, à ma gauche; les conseillers
Bélanger, Paquin, Dupont et Coulombe; le conseiller Fortin qui
s'attable; il y a également les conseillères -c'est rare que les
femmes sont en retard sur les hommes - Morin et Allaire qui s'amènent et
qui se joignent à nous; il y a également dans l'assistance le
directeur des services de la ville de Montréal-Nord.
On sait que votre patience, à cette heure-ci, est probablement un
petit peu plus usée qu'elle ne l'aurait été plus tôt
ou ce matin. On va essayer de vous présenter notre mémoire avec
efficacité et de façon compréhensible, sans oublier
l'essentiel. Je pense bien que la présidence et les membres de la
commission, mesdames et messieurs, vont comprendre que cela fait longtemps
qu'on a un cas à présenter. Cela fait longtemps qu'on le
présente et qu'on le détaille. Je pense bien que ce ne sont pas
quelques minutes de plus d'attente qui nous ont offusqués. On compte
bien sur votre compréhension.
On doit d'abord vous remercier d'avoir tenu votre commission à
Montréal, épargnant temps, énergie et argent à des
tas de gens. C'est beau de voir que les commissions parlementaires se
déplacent de cette manière. Le cas de Montréal-Nord est
sûrement un peu différent des autres cas qui ont été
présentés devant vous, puisqu'il y a plusieurs cas qui vous ont
été présentés. L'introduction de notre
mémoire vous donne un petit aperçu que nous sommes bien
conscients des priorités qui existent, des sommes d'argent qui sont
nécessaires. Nous sommes conscients des dépenses de 6 000 000 000
$ qui ont été faites en matière de transport au cours des
20 dernières années. Il y en a également au moins 1 500
000 000 $ de plus qui ont été faites en matière
d'épuration des eaux, de même que pour l'aménagement de
parcs régionaux.
Nous sommes cependant d'avis que plusieurs de ces mesures ont
profité largement à des générations contemporaines
de citoyens, tandis que d'autres s'adressent principalement aux
générations futures. Dans le domaine de la construction du
métro, le nord-est, Saint-Léonard, la ville de
Montréal-Nord et le quartier démographiquement explosif de
Rivière-des-Prairies, une population globale, si on y ajoute une partie
de Rosernont, qui vous est particulièrement cher, on aboutît quand
même facilement à 300 000 de population et à 17 % de la
population du territoire de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je vous dirai, et c'est une de nos prémisses - peut-être
qu'elle n'a pas beaucoup affaire dans le transport, mais elle en a si on
considère le transport comme une infrastructure importante - qu'on a
peine à ne pas reconnaître dans cette négligence, dont nous
avons été les victimes d'une façon ou d'une autre,
à nous doter d'une infrastructure de transport rapide un peu le pendant
des autres négligences et des autres manques d'attention qui ont
donné le résultat qu'on connaît dans l'est de
Montréal, dans le grand est de l'île qui a été aux
prises, depuis quelques années, avec des difficultés d'ordre
économique, industriel et social assez remarquables. Il y a des efforts
qui se font; on espère que cela donnera des résultats, mais on
considère que vous avez, dans le
nord-est de l'île... Je le dis tout de suite pour être bien
sûr de ne pas l'oublier, Montréal-Nord est la sixième des
villes les plus populeuses du Québec, à laquelle, je viens de le
dire, il faut ajouter le territoire de Rivière-des-Prairies qui atteint
presque ses 40 000 âmes et vous avez là, en partant, 21,5 % de la
population de la ville de Montréal comme telle. (16 h 45)
Selon nous, le grand est n'est pas fait seulement pour le
pétrole, ses odeurs, le gaz, les carrières et les
dépotoirs. il est fait pour plus que cela. Il est capable de plus. Qu'on
s'apparente à l'est, à Montréal-Nord, parce qu'on est
à l'est du boulevard Pie IX et parce qu'on a souffert également
de plusieurs des situations qu'ils ont eues à déplorer... Cela ne
fait pas tellement d'années. Je commençais à être
maire quand on m'appelait pour me dire que les boîtes de conserve
tombaient des tablettes parce que du dynamitage avait lieu aux carrières
Miron et Francon.
Les difficultés économiques que certaines de nos familles
ont pu connaître par suite de certaines difficultés de l'est, des
difficultés dans le domaine du pétrole en particulier, dans le
domaine de l'industrie en particulier, ne nous sont pas
étrangères. On vous rappelle dans cette introduction que la plus
grande réalisation dans l'est de Montréal n'a pas
été le stade olympique, contrairement à ce que plusieurs
pourraient penser. Cela a été bien plus le jardin botanique qui
date de bien avant l'ère Drapeau. Je pense qu'il est important de le
mentionner parce que la grandiloquence de Montréal a pris beaucoup
d'argent depuis quelques années. Fort heureusement, il semble y avoir
certains changements d'orientation. Les priorités n'ont pas toujours
été placées où elles auraient dû
l'être. Je me souviens fort bien d'avoir pris mes responsabilités
quand c'était le temps comme maire de Montréal-Nord et d'avoir
fait campagne pour la tenue d'un référendum bien avant les
Olympiques. Avec les besoins d'argent qu'on avait dans le temps pour faire
l'épuration des eaux, les prolongements du métro, tous les
programmes qui étaient nécessaires à la communauté
urbaine, on n'avait pas d'argent à mettre dans des priorités que
l'on considérait comme absolument étrangères aux besoins
les plus immédiats et les plus essentiels de la population.
Je vais vous présenter rapidement la ville de
Montréal-Nord, en supposant que la plupart d'entre vous la connaissez
passablement bien, bien qu'elle agisse habituellement avec un profil
plutôt retenu. C'est la cinquième ville de la province, je vous le
disais. Il y a 35 000 foyers à Montréal-Nord. Nous avons une
évaluation de 1 800 000 000 $ et l'industrie y représente 20 %;
50 % de notre rôle d'évaluation est constitué de maisons
unifamiliales, de duplex et de triplex. Le transport en commun y est
assuré chez nous par la société de transport depuis
1959.
Nous avons mené des enquêtes sans cesse tous les ans
à l'occasion de notre recensement qui révèlent que de 17 %
à 18 % de notre population prend le métro
régulièrement, 55 % ne l'utilise qu'occasionnellement, tandis que
le reste préfère l'auto, et pour cause.
Je vous rappellerai également, quand je parle de l'est, que la
ville de Montréal-Nord se classait, lors du dernier recensement
fédéral de 1981, au 27e rang sur 28 municipalités de
l'île de Montréal quant au salaire familial annuel moyen. La ville
est bornée au sud-ouest par le quartier Saint-Michel, à l'ouest
par le quartier Ahuntsic de la ville de Montréal, au sud-est par la
ville de Saint-Léonard et à l'est par le quartier de
Rivière-des-Prairies.
J'ai cru bon, M. le Président... Et on vous remercie de nous
avoir invités parce qu'il aurait été presque impensable
que votre commission ne juge pas à propos de nous inviter, car on est le
moindrement au courant de ce qui s'est produit à Montréal-Nord en
matière de prolongement du métro. On a cru bon de vous dresser un
historique au travers duquel je vais passer très rapidement. Combien de
fois notre métro a-t-il été voté? On ne s'en vient
pas vous faire la preuve qu'on a besoin d'un métro, c'est devenu une
vérité de La Palice. Quand vous aurez lu les résolutions
qui ont été adoptées, vous allez vous demander comment il
se fait que jamais il n'a été livré.
Avant d'aller plus loin, je devrais vous dire - on a quand même
quelques minutes, même si on a commencé une minute en retard, M.
le Président, j'espère - que, parmi les raisons qui ont
contribué, et qu'on reconnaît être les vraies raisons, qu'on
est obligé d'admettre, à retarder la réalisation du
prolongement qui était voté pour chez nous dès 1970, il y
a eu la priorité qui fut placée en 1970 sur la construction de la
ligne 1, dans toute sa longueur, en prévision - je vous l'ai dit
tantôt - de la tenue des Olympiques. La ligne 4 avait été
faite en prévision d'Expo 67. Il y a eu ensuite de nombreux moratoires
imposés par tous les gouvernements qui se sont succédé
à Québec, qui ont au moins considérablement retardé
la construction de certains prolongements. il y a eu la crise économique
du début des années quatre-vingt qui ne fut pas de nature
à favoriser les projets d'envergure et il y a eu le débat sur la
ligne 6 qui a permis à plusieurs de gagner une couple
d'années.
Plus récemment encore, en 1985, alors que le gouvernement du
temps - cela peut peut-être vous faire encore plaisir un peu
-était favorable à l'extension du métro vers notre
territoire, au point qu'à la page 34 de
notre mémoire vous allez voir même un projet de protocole
qui avait été transmis à la communauté urbaine par
l'ex-ministre des Transports, M. Tardif, à ce moment, des discussions
survinrent entre Montréal et la banlieue au sujet de la ligne 7 vers
Montréal-Nord et la ligne 5 vers Anjou. C'est là qu'on a
découvert que la ville de Montréal était prête
à faire la ligne 7 en partant de Jean-Talon vers Montréal-Nord,
mais elle n'était pas tout à fait prête à la faire
de Jean-Talon jusqu'au stade olympique, alors que la ville d'Anjou
désirait avoir son prolongement de la ligne 5 vers chez elle, avec le
résultat que le temps a passé, les élections ont eu lieu
et le nouveau gouvernement a annoncé par la voie de son ministre des
Transports la tenue de cette commission parlementaire.
Dès 1970, M. le Président, le 17 septembre 1970, et je
veux mettre un accent particulier sur cette étape, il y a eu approbation
par le comité exécutif, alors formé de sept
représentants de la ville de Montréal et de cinq de la banlieue,
d'un rapport du directeur du Bureau de transport métropolitain qui
était chargé de bâtir le métro sous forme d'une
brochure qui s'intitulait alors: Le transport public... un bond en avant.
Cela devient presque un vieux souvenir, mais il n'est pas méchant de
montrer ce qu'elle avait l'air, parce que sûrement que plusieurs ne l'ont
pas vue. Cela a été publié en septembre 1970.
Dans ce projet, on retrouvait - vous verrez cela à la page 7 du
mémoire - en première phase: prolongement de la ligne 1 vers
l'est de la rue Frontenac à Beaugrand, vers l'ouest de la rue Atwater
à Monk; b) ligne
Saint-LéonardMontréal-NordRivière-des-Prairies;
c) prolongement de la ligne 2 vers le nord-ouest, de Bonaventure à la
rue Paré. Deuxième phase: prolongement de la ligne 2 de
Paré à Bois-Franc et ligne transversale, de Victoria à
Berri. Tout cela a été accepté par le comité
exécutif du temps. Le 29 septembre 1970, en assemblée
spéciale du conseil de la communauté, le tout était
approuvé. Le conseil, le comité exécutif se faisait alors
autoriser à préparer la réglementation nécessaire
et à mettre le tout en branle.
Lorsque le tout a été soumis, un projet de 430 000 000 $ -
vous verrez cela à la page 14 de notre mémoire - on retrouve dans
le règlement d'emprunt de 430 000 000 $ les prolongements que je viens
de vous énumérer. Pour les fins de notre discussion de cet
après-midi, on repassera ensemble: a) prolongement de la ligne 1, on
peut dire que tout cela est fait aujourd'hui; b)
Montréal-NordSaint-Léonard, ça, ce n'est pas fait;
c) prolongement de la ligne 2 vers le nord-ouest dans Saint-Laurent, c'est
rendu à Côte Vertu, c'est fait; c) ligne transversale entre les
deux branches de la ligne 2 au nord du mont Royal, eh bien, ça, c'est la
ligne qui est actuellement en construction, la 5, qui devait emprunter ce grand
corridor et qui a été passée au travers comme une ligne
absolument électorale par la ville de Montréal dans le temps.
Elle part de Snowdon et elle va à Saint-Michel. Elle n'est pas
terminée dans sa partie ouest. Elle fonctionne à titre de ligne
à temps partiel -pas les fins de semaine, seulement le jour -pour son
tronçon à peu près de Castelnau à Saint-Michel.
Cela, alors, c'est fait. Il y avait ensuite une modification à la
première résolution, amélioration aux ouvrages et
équipements du réseau existant. C'est évident que chaque
semaine on dépense des sommes considérables.
Le 12 septembre 1974, M. le Président, et cela fait partie d'une
chronologie importante dont nous devions saisir votre commission, le Bureau de
transport métropolitain est autorisé à procéder
à un appel d'offres pour l'excavation de l'emplacement de la station
Lionel-Groulx. Un peu plus tard, le 10 octobre, cela va de soi, le contrat est
donné dans le temps pour l'excavation et c'est à ce
moment-là que, dans un premier temps, on s'aperçoit que le
comité exécutif du temps... Vous savez comment cela fonctionne
dans une communauté urbaine comme la nôtre et avec un
comité exécutif, une fois que les sommes sont mises à la
disposition du comité exécutif, le comité exécutif
s'en va avec cela et tant mieux si vous siégez là, vous pouvez
surveiller de plus près vos intérêts; si vous n'y
siégez pas, vous pouvez avoir un peu plus de difficulté. Il est
arrivé... Je vous le dirai tout de suite pour la compréhension de
ce que je viens de dire, moi, j'ai siégé de 1970 à 1974 et
j'y suis revenu vers 1986. J'ai été absent un temps, par la force
des choses, avec le résultat qu'on a bâti la ligne vers
Saint-Laurent en parallèle avec la ligne 3 dont vous venez d'entendre
parler, avec le résultat que la ligne Saint-Laurent a aujourd'hui de par
sa clientèle des effets diminutifs sur la ligne 3, en plus de la
poussière dont on peut se plaindre, comme vous avez pu l'entendre
tantôt.
Il manquait un volet à notre mémoire, je l'ai
ajouté de vive voix en vous parlant de la ligne 5 de Snowdon à
Saint-Michel qui est de toute évidence une ligne... Dans le temps, on
s'en souviendra, avant 1982, l'administration de Montréal avait des
problèmes particuliers de transport en commun dans ce secteur et elle y
a vu. Il est bon de vous rappeler également que le comité
exécutif dans ces années-là n'était toujours
formé que de sept représentants de la ville de Montréal et
de cinq de la banlieue. Pour des gens de politique avisée comme vous
l'êtes tous, je pense que vous aurez rapidement compris comment il se
fait que des décisions de ce genre ont pu être
prises.
En mars 1981, la communauté urbaine avec ma seule dissidence,
celle du conseil municipal qui m'accompagne d'ailleurs, dont certains
étaient là, d'autres qui sont plus récents, donne son
accord de principe au plan de Belleval d'un réseau de transport
intégré dans l'île qui prévoit notamment la
construction d'une ligne 6. La ville de Montréal-Nord s'y est
opposée pour des raisons qu'on vous énumère en partie
seulement, à la page 17, et dont je vous ferai grâce de la
lecture. Les événements, je pense, ont prouvé que ce plan
s'avérait beaucoup plus chimérique qu'irréaliste et moins
utile qu'on n'aurait pu le croire dans le temps avec bonne foi dans plusieurs
milieux.
En 1982, il y a la réforme des structures de la communauté
avec l'insertion du principe des commissions, des commissions permanentes de la
communauté dont une sur le transport en commun et c'est là que la
discussion sur Montréal-Nord renaît. Elle reprend de la vigueur.
En septembre 1963, la commission permanente du transport en commun
présidée par le conseiller Sigouin de Montréal, prend
connaissance du rapport d'un comité ad hoc formé
précédemment par l'exécutif de la communauté et
vote en faveur d'une ligne de métro souterraine dans un corridor
sud-nord partant de la station de métro Pie IX de la ligne 1 vers la
municipalité de Montréal-Nord en traversant celle de
Montréal et de Saint-Léonard, qui était une ligne 7 qui va
revenir tantôt dans des résolutions, je vous fais grâce de
cela, mais cette ligne 7, pour les fins du débat, était sur une
longueur de 11,7 kilomètres et comportait quatre stations dans
Montréal, quatre dans Saint-Léonard et quatre dans
Montréal-Nord. On reviendra tantôt sur une solution que nous
suggérons aujourd'hui de 5 plutôt que 7. Je pense bien qu'on
parviendra à se comprendre.
Ces débats à la commission permanente se poursuivent sur
une plus longue période parce que le comité ad hoc est
élargi, mais la commission permanente en vient à une conclusion
à peu près semblable en ajoutant quelques atouts politiques comme
une extension vers Pointe-aux-Trembles probable, pensable, qui pouvait
être mise à l'étude pour tâcher d'un peu couvrir
l'ensemble du territoire et donner un peu de vigueur, comme je le disais
tantôt, à la partie est de l'île. (17 heures)
Tous les rapports de ces comités et de cette commission
permanente ont été approuvés par le conseil de la
communauté. Le 6 octobre 1983 - je suis à la page 23, mesdames et
messieurs, M. le Président - le comité exécutif - je viens
de parler de cette affaire - a élargi le mandat du premier comité
ad hoc, mais on s'apercevra plus tard, vers la page 27, que le deuxième
rapport du comité ad hoc a reçu la même sanction, la
même approbation des élus de la communauté.
Les décisions auxquelles les élus de la communauté
en sont venus au cours de tous ces débats font aujourd'hui partie de ce
qu'on appelle le schéma d'aménagement de la Communauté
urbaine de Montréal. On doit donc considérer qu'à partir
de ces moments, en 1983 et 1984, le projet de métro vers
Montréal-Nord faisait un autre petit pas très lent vers
l'avant.
Printemps 1987, à la faveur de l'annonce de cette commission
parlementaire, le débat se ravive et le comité exécutif de
la communauté urbaine devant présenter un mémoire à
cette commission forme un comité multidisciplinaire impressionnant de
plus de 20 personnes, comité d'orientation sur le transport en commun.
Juillet 1987, ce rapport est produit, et c'est ce qui m'amène à
faire un petit addenda, comme vous l'avez sûrement reçu, à
ce moment-là, le rapport de ce comité proposait le prolongement
de la ligne 5 vers Montréal-Nord une fois de plus. Mais mon addenda dit
que nous continuons de donner notre appui au mémoire de la
communauté même si ce pépin s'est produit alors que notre
mémoire était déjà rendu devant votre commission.
Nous en faisons quand même tout de suite mention par loyauté
envers tous les gens concernés.
La même vérité au travers de toutes ces
années de la présence d'un bassin de population important, le
seul à ne pas être encore desservi sur l'ensemble du territoire de
l'île par un transport rapide Montréal-Nord, Saint-Léonard
et Rivière-des-Prairies, a quand même continué de
prévaloir au travers de toute espèce de comités qui ont pu
être formés et qui ont pu produire des rapports. Et on comprend
pourquoi si on se reporte maintenant à la page 29 du mémoire, M.
le Président. Si vous jetez un regard sur la carte de densité de
la population qui est jointe à ce mémoire, je pense que je n'ai
pas besoin de faire de dessin à personne pour établir que, dans
l'est de Montréal, dans le nord-est de Montréal, il n'y a
absolument aucune forme de transport rapide et, si vous regardez cette carte,
vous allez vous apercevoir, en regardant du côté ouest, en
commençant par le côté ouest, que vous avez le métro
qui va vers Saint-Laurent; ça, c'est la ligne noire en foncé vers
les 94 300 et 156 000 de population. Vous avez juste à
côté, en parallèle, en pointillé noir, la ligne 3
dont vous avez entendu parler tantôt. Un peu plus loin, vous avez la
ligne 2. Vous avez, au sud de la carte, au bas de la carte, la ligne qui va
jusque dans l'est, la ligne de métro numéro 1, et au centre vous
avez la ligne 5, qui est indiquée comme allant vers Anjou, mais qui ne
se rend pas là, qui se rend au boulevard Saint-Michel; cette ligne 5
part à Snowdon et se rend à Saint-Michel. Vous regardez
vers le nord et l'évidence même s'établit.
Vous savez, ces petits points noirs sur cette carte de densité de
population représentent chacun 100 personnes et les chiffres que vous
avez là, je puis vous attester qu'ils ont été
comptés en bonne et due forme. Ce n'est pas facile, en bonne et due
forme, et la population qui est indiquée dans les cercles qui
apparaissent sur cette carte de densité de population est réelle
et correspond au nombre de points indiqués là, montrés
là par le service de planification de la Communauté urbaine de
Montréal.
La communauté, quand vous regardez cette carte, il faut se
souvenir qu'elle offrait déjà, dès 1984, 32
kilomètres de métro et 53,6 kilomètres de service de
train, pour un total de 85,6 kilomètres de service de transport rapide
à l'ouest du boulevard Saint-Laurent, tandis qu'à l'est de
Saint-Laurent on pouvait compter sur 28,8 kilomètres de métro en
incluant les 4,2 kilomètres vers Longueuil.
À cette même période, le service de planification de
la Communauté urbaine de Montréal nous confirmait que le centre
géographique de la communauté se situait aux environs de Blue
Bonnets. La population de la communauté urbaine à ce moment
atteignait 1 760 000 âmes. il s'en trouvait près de 160 000 de
plus dans le bloc est que dans le bloc ouest. Cette situation n'a aujourd'hui
guère changé si on considère le développement.
Quelques diminutions dans des villes comme Montréal-Nord, qui sont
passées de 98 000 à 90 000 ou 91 000 de population,
Saint-Léonard qui se maintient et le quartier de
Rivière-des-Prairies avec quelque 40 000. Cela n'a aucunement
changé les projections de population, c'est-à-dire
l'établissement de la population qui apparaît à la page 29
du mémoire.
Je vous rappelais tantôt, et je ne le répéterai
jamais assez, que la population totale de Saint-Léonard,
Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies forme quand même 21,5
% de la population de Montréal, si on établit cette
dernière à 1 000 000. L'annuaire statistique des
municipalités du Québec la mettait à 1 400 000 dans le
rapport 1986.
L'accord technique, M. le Président, sur un choix parmi
l'éventail d'options nous semblait réalisé jusqu'à
ces dernières semaines autour du prolongement de la ligne 5 qui finit,
à toutes fins utiles, prématurément, comme je viens de
vous le dire, à la station Saint-Michel et Jean-Talon. Il importe de la
compléter afin de lui permettre d'atteindre toute sa rentabilité
parce que c'est une ligne présentement à temps partiel.
Maintenant, quand la ligne 5 sera terminée à partir de Snowdon,
il est bien évident que peut-être on pourra songer à ce
moment à ce qu'elle ne soit plus à temps partiel. La ville de
Saint-Léonard, si cette ligne 5 était prolongée par son
territoire jusque dans Montréal-Nord, trouverait également son
compte puisque son territoire n'est présentement qu'à 1,2
kilomètre de l'actuel métro. Elle en serait remarquablement
rapprochée.
Le Bureau de transport métropolitain, en 1970, lors de la
présentation de la plaquette à laquelle je faisais allusion
tantôt, rappelait que les raisons qui motivaient le choix des circuits,
des prolongements dans le temps, c'était le nombre total d'usagers du
transport pour chacun des prolongements, le nombre de passagers par pied
linéaire de tunnel, le coût de construction d'exploitation par
passager, la rentabilité exprimée par le coût par nouveau
passager du métro. Ces quatre facteurs, selon le Bureau de tranport
métropolitain dans le temps, déterminent l'ordre
d'exécution des travaux. Ils découlent des calculs basés
sur les populations prévues en 1981. En utilisant comme base de calcul
les populations prévues en 1981, les quatre facteurs varient
proportionnellement, mais l'ordre des priorités reste le même.
À notre point de vue, ce texte conserve, M. le Président, toute
son actualité par rapport au prolongement qui fait l'objet du
présent document.
Ne semble-t-il pas ironique de vous rappeler que dans un rapport
daté du 10 novembre 1971, intitulé "Programme des travaux du
métro", le directeur d'alors, M. Gérard Gascon, soumettait un
échéancier des travaux - que vous allez retrouver à la
page 32, M. le Président - où on indique que le début des
travaux pour la construction des stations Forest et Charleroi sera le 6 juin
1974, Robert et Couture, dans Saint-Léonard, le 27 juin 1974, alors que
le métro n'est même pas rendu chez nous et n'est même pas
orienté vers chez nous? On y indique le début de la construction
de la station Du Collège dans Saint-Laurent, où le métro
est maintenant rendu, comme étant postérieur au début de
la construction des travaux à Montréal-Nord. Le 29 août
1974 pour la station Ou Collège - je n'en prends qu'une dans
Saint-Laurent - alors que, chez nous, cela devrait commencer le 6 juin
1974.
Enfin, pour démontrer comment nous avons parfois pu passer proche
- j'y faisais allusion tantôt - vous trouverez à la page 34 de
notre mémoire un texte soumis à l'exécutif de la
communauté urbaine en janvier 1985 par l'ex-ministre des Transports, M.
Tardif, une espèce de texte, une proposition de protocole d'entente pour
le métro vers Montréal-Nord. Je pense que cela suffit pour
indiquer qu'au travers de toutes les années jamais nous n'avons fait
défaut de résister à l'analyse quant à nos besoins
et quant à la justification d'une ligne vers le nord-est.
J'en arrive maintenant - je passerai
rapidement sur ce chapitre, même si cela nous a paru important au
cours des années -à la participation financière des villes
de la CUM depuis leur entrée dans le club du transport en commun, en
particulier la participation des villes de l'est. Je vous rappellerai, dans les
grandes lignes, que les villes de l'est ont contribué à 12 % des
1 500 000 000 $ qui ont été payés par l'ensemble des
villes de la communauté, y compris Montréal, tant pour les
déficits d'exploitation que pour les immobilisations du premier et du
deuxième métro depuis 1967. Alors, sur cette période de
1967 à 1987, 12 % de la contribution est payée par les villes de
l'est. Les villes de l'est ont quand même payé 25,27 % de la
contribution des villes de la communauté. Cela vous donne une
idée. Les villes de banlieue ont payé...
Combien était-ce? La contribution totale des villes de banlieue,
25,27 %. Elle représente près de 12 % de la contribution totale.
C'est ce que je viens de vous dire, je m'excuse.
Je dois porter à votre attention que 68 % de ce montant va aux
déficits d'exploitation et 32 % vers les immobilisations. Cela veut
dire, si vous les séparez... Prenons le cas des villes de l'est. Je ne
veux pas plaider la cause de toutes les villes de l'est, mais je pense que
notre cas, nous l'avons dit dès le début, est apparenté au
cas de l'est de Montréal. On ne peut pas passer sous silence qu'Anjou a
payé 33 000 000 $, presque 34 000 000 $, pour les déficits et le
métro, répartis, grosso modo, comme ceci: 22 500 000 $ pour les
déficits et 10 500 000 $ ou un peu plus pour le métro;
Montréal-Est: 12 000 000 $ pour les déficits, 5 000 000 $ pour le
métro, 18 000 000 $ au total; Pointe-aux-Trembles, dans le temps
où elle existait: 8 500 000 $ pour les déficits, 4 000 000 $ pour
le métro, pour un total de 12 500 000 $; Montréal-Nord:
pratiquement 32 500 000 $ pour les déficits, 15 247 000 $ pour le
métro, pour un total de 47 669 000 $. Vous n'avez pas ce détail,
je peux le fournir à la commission; j'ai simplement
décortiqué les chiffres un peu plus vagues que je vous ai
transmis dans le mémoire. Saint-Léonard: 37 000 000 $ pour les
déficits, 17 459 000 $ pour le métro, pour un total de 54 500 000
$. Ce qui veut dire que, pour les déficits, les cinq villes de l'est ont
fourni 112 000 000 $, pratiquement 113 000 000 $, et, pour le métro, 53
132 000 $, pour un grand total de 166 000 000 $, ce qui fait les 12 % et plus
dont je vous parlais tantôt et avec lesquels je me suis un peu
mêlé.
Montréal-Nord et Saint-Léonard ensemble, les
cinquième et sixième villes les plus populeuses, ont payé
102 211 000 $, 69 500 000 $ pour les déficits d'exploitation et 32 700
000 $ pour les immobilisations. Je voudrais transmettre cette copie, et
peut-être quelques autres, à la commission pour être bien
sûr que ces chiffres peuvent être authentifiés si le besoin
s'en fait sentir.
Ce rappel de quelques chiffres, M. le Président, est ce sur quoi
nous nous basons pour réclamer quand même, en cette circonstance
assez historique, l'application d'une justice distributive pour corriger
l'injustice distributive qui a prévalu dans notre cas depuis tant
d'années. (17 h 15)
Je vous rappellerai que la ville de Longueuil a participé,
jusqu'à la fin de 1985, pour un total de 24 500 000 $, au même
titre que les villes de l'est que je viens de vous mentionner, et que son
appartenance au club très sélect provenait du fait qu'elle
était en partie desservie par des circuits de la commission de transport
de l'époque sur son territoire; il y avait à peu près le
quart du territoire qui était desservi. Il est à noter que,
malgré sa contribution au même titre que les autres villes pendant
quelques années, elle n'a tout de même pas encore payé
près de 4 000 000 $, 3 500 000 $, qu'elle avait accepté de payer
lors de la construction du tronçon de Longueuil avant Expo 67 et que
c'est par ailleurs, nous, toutes les villes, qui l'avons payé. Je ne
veux pas nécessairement lui jeter le blâme, mais cette affaire,
que la ville de Longueuil n'ait pas encore payé sa première
station et qui a donné lieu, vous le savez, à quel
développement sur la rive sud, est assez étrange. Cette petite
affaire nous amène à nous interroger sur les partages qui doivent
prendre place en matière de transport en commun et sur la part
additionnelle que certaines villes doivent assumer, ou sur la part qu'elles
devaient assumer au cours des années. Je vous rappellerai que,
dès 1984... Je reviendrai sur le cas de Longueuil dans quelques minutes.
En voyant le nom de Longueuil, j'ai un peu devancé mon affaire.
Je suis à la page 42, pour votre indication, M. le
Président. Dès 1984» on avait une idée du tableau
général de la distribution des stations de métro sur le
territoire de l'île. Il y en aura tantôt 65 au total. Il y en avait
55, soit de 90 % à 95 % du total, qui étaient situées sur
le territoire de Montréal, 7 en banlieue et 3 qui étaient
à cheval sur Montréal et sur la banlieue. Au cours de
l'année qui s'achève, M. le Président, votre gouvernement
a annoncé notamment, malgré le fait que la ville de Longueuil
n'ait pas encore payé sa première station, votre gouvernement a
annoncé des travaux de rénovation et de modernisation de la
station de Longueuil pour 5 000 000 $. Si ma mémoire est bonne, vous
avez annoncé cela au Sommet de la Montérégie. Au
même temps, M. le Président - vous trouverez cela à la page
42 - la communauté urbaine, le conseil de la communauté
approuvait un
règlement d'emprunt qui avait été
décrété par la société de transport pour
effectuer des réparations urgentes de 3 500 000 $ au tunnel qui coulait
à Longueuil par suite de l'application d'abrasifs sur les voies de
surface. Ces 3 5000 000 $, ajoutés aux 5 000 000 $ de subventions que
vous avez promis, aux 3 300 000 $ qui ne sont pas payés, je pense bien
que ce sont des choses à noter et à remarquer sans jeter la
pierre à personne. Vous avez annoncé également, M. le
Président, des travaux de rénovation et de construction, à
toutes fins utiles, de la transformation d'une gare à Dorval en station
intermodale de l'ordre d'une dizaine de millions. Vous avez annoncé des
travaux d'amélioration et de modernisation de la voie du CP
Montréal-Rigaud de l'ordre de quelques millions. Je pense que cela nous
autorise à dire - au bas de la page 42 -qu'on ne se surprendra
sûrement pas qu'il nous apparaisse tout à fait indiqué et
normal que les prochains investissements d'importance puissent se faire dans le
prolongement de la ligne 5 vers le nord-est avec tous les avantages qu'il
comporte.
Dans nos recommandations, M. le Président, nous recommandons le
prolongement de la ligne 5 vers le nord-est en disant qu'il s'impose de
façon prioritaire. Maintenant que nous croyons avoir
démontré, même si on a passé rapidement pour vous
économiser du temps et ne pas vous exaspérer, qu'historiquement
toutes les générations d'administrateurs de la Communauté
urbaine de Montréal ont approuvé le principe, la
faisabilité et l'opportunité d'un prolongement du métro
vers Montréal-Nord, maintenant qu'on croit l'avoir établi, qu'il
a reçu l'aval de tout le monde, qu'il a été établi
qu'il a résisté à l'analyse - je vous l'ai dit
tantôt - de tous les comités imaginables d'experts et de
planificateurs, si on se tourne vers vous aujourd'hui, ce n'est pas comme
envers un tribunal d'appel des décisions des élus de la
communauté parce que nous disons quelque part dans notre mémoire
que nous sommes d'accord sur le principe que ce sont les élus de la
communauté qui doivent voter les orientations du réseau. Nous ne
nous tournons pas vers vous comme un tribunal d'appel, nous faisons confiance
à nos collègues de la communauté. La preuve, c'est qu'ils
nous l'ont voté pendant 17 ans, le métro. Pourquoi devrions-nous
aujourd'hui cesser de leur faire confiance? Il faut bien penser que les quatre
ou cinq autres où ils vont le voter, ils vont encore voter de la
même manière. Je pense que c'est important de le mentionner.
Alors, on ne vous envisage pas, on ne vous regarde pas, on ne s'adresse pas
à vous comme à un tribunal d'appel, mais on voudrait que, lorsque
vous penserez de resserrer la ceinture, M. le Président, de couper les
crédits, de vous retenir, on voudrait que vous teniez compte qu'il y a
encore des gens qui n'ont pas eu leur première voix au chapitre, alors
que dans le même club il y en a, et cela ne fait pas si longtemps, qui
vous demandent déjà d'avoir la parole pour la deuxième
fois, quand il y en a qui n'ont pas encore parlé une première
fois. Je peux vous dire une chose, M. le Président, ce n'est pas de
gaieté de coeur que je suis ici aujourd'hui, cela me fait infiniment
plaisir de vous voir tous avec les membres de mon conseil. Ce n'est pas de
gaieté de coeur que je suis ici aujourd'hui parce que personnellement
cela fait tellement longtemps que je parle du métro de
Montréal-Nord qu'on a pu en arriver à penser que c'était
un produit de l'imagination du maire de la place et un ballon politique. Cela a
été voté par mes congénères, cela a
été voté par mes collègues, cela a
été reconnu comme une réalité et, ne serait-ce que
pour venir faire le point aujoud'hui sur cette histoire, je pense que nous nous
devions de l'écrire, aussi fastidieux que cela a pu sembler, nous nous
devions de l'écrire et de vous la transmettre.
M. le Président, si on ajoute à la population 225 000
personnes du territoire visé par le prolongement de la ligne 5 le fait
que des dizaines de milliers d'usagers additionnels, qui ne seront pas
nécessairement tout à fait d'accord avec l'abstention de leur
maire, viendront de Laval par suite de l'établissement d'une nouvelle
tête de pont du métro, il est évident que la proposition
est recevable financièrement et qu'elle vaut l'investissement. Je vous
le demande: Comment pourrait-on justifier - à la page 44 - plus
longtemps de nier à la population du nord-est le droit à un
service rapide de ce transport en commun quand toutes les exigences de base
sont satisfaites? Va-t-on attendre d'être obligé, M. le
Président, comme c'est d'ailleurs déjà commencé, de
renouveler les premiers métros pièce par pièce avant de
compléter la grille originale? Les citoyens du nord-est, en plus de
devoir toujours être servis en dernier, vont-ils devoir accepter
d'être totalement privés sous prétexte que les coûts
sont élevés? Ces mêmes citoyens n'ont jamais invoqué
cet argument lorsqu'il s'est agi de contribuer à l'établissement
du premier et du deuxième métro. Auraient-ils raison, vous
demandais-je en boutade, à l'instar de cet ingénieur,
voilà quelques années, avait-il raison l'ingénieur qui
demandait: Est-ce qu'on ne serait pas mieux de commencer les prolongements du
métro par les extrémités pour être bien sûr
qu'il va aller où il doit aller?
D'autres grandes agglomérations à travers le monde, M. le
Président, ont prouvé, ont fait la preuve qu'on n'arrête
pas un réseau à mi-chemin. Le prolongement de la ligne 5 est une
solution minimale qui recèle tout ce que l'on peut demander de prudence
financière à la Communauté urbaine
de Montréal. Tantôt, j'imagine qu'à la faveur des
questions sur la ligne 7 et sur le changement de 7 à 5 et de 5 à
7 on pourra se parler d'obligations financières et vous pourrez,
à ce moment-là, M. le Président, mesdames et messieurs,
mieux interpréter le choix pour la ligne 5 que nous faisons aujourd'hui
par rapport à la ligne 7 parce qu'il est question de coûts, il est
question de contraintes budgétaires, il est question de réalisme
de notre part et on a fait notre bout de chemin.
Si on prend, en plus de réduire la longueur du projet que l'on
réclame, la précaution de bâtir des stations qui ne
seraient pas nécessairement du type cathédrale, comme cela a
été habituellement la tradition dans Montréal - le
prestige, cela coûte cher - mais d'un type fonctionnel à
l'entretien moins coûteux, sans qu'elles fussent pour tout cela
insuffisantes ou inconfortables, le prolongement peut être
réalisé, M. le Président, à des coûts
beaucoup moins élevés que ceux auxquels il a été
fait allusion dans certaines interventions publiques au cours des
dernières années.
J'en arrive, M. le Président, au financement. Je pense que je
devrais vous dire avant d'arriver au financement, à la page 45, que la
construction de ce tronçon servirait sûrement à soulager le
boulevard Pie IX qui, comme vous devez le savoir, est toujours un bouchon parce
que, nous, dans l'est, on n'a pas grand-chose, mais on n'a pas de boulevard
Décarie non plus.
M. le Président, en matière de transport en commun, qui
fait l'objet de notre deuxième recommandation, à notre point de
vue - je vais essayer de m'en tenir particulièrement au texte - votre
gouvernement devra dans ce domaine faciliter l'accès à de
nouvelles et additionnelles sources de financement plutôt que de songer
à diminuer sa participation ou à graduellement se retirer. Il
doit apporter un nouveau leadership, non encore démontré au
Québec, et qui ne devrait pas prendre la forme d'une tutelle
élargie sur les communautés et les villes, comme c'est le cas
présentement, parce que l'appui financier que le gouvernement apporte
n'a rien de l'autonomie. Nous sommes devenus adultes et avons prouvé que
nous étions capables d'assumer nos responsabilités en
générai. Vous conviendrez avec nous que l'administrateur
élu n'est pas moins efficace et compétent du fait qu'il oeuvre au
niveau municipal. C'est plutôt l'état de dépendance, tout
à fait constitutionnel par-dessus le marché, des administrations
locales et non leur incapacité qui donne l'impression parfois qu'elles
quémandent constamment.
De là l'importance pour les administrations locales, et
particulièrement par rapport au transport collectif, de pouvoir compter
sur des sources de revenu permanentes, statutaires, progressives,
par-delà probablement le strict champ de l'impôt foncier,
même s'il est bien occupé. Dès le moment où l'on
reconnaît le transport en commun comme une responsabilité
collective des villes, des communautés et des gouvernements, il faut que
tout ce monde-là s'entende sur le financement. Vous faites beaucoup au
gouvernement provincial depuis quelques années en matière de
transport et j'espère que, comme nous, vous acceptez le principe qu'un
métro c'est l'équivalent d'une autoroute à
piétons.
II faut donner au transport public une formule nouvelle et dynamique de
financement et arrêter de donner l'impression qu'il n'est qu'un boulet au
pied de la société. C'est cela l'impression qu'on a dans le
public depuis quelques années; il n'y a pas seulement les grèves
qui ont donné cette impression-là, le financement
également, même si l'imagination populaire parfois en semble un
peu plus éloignée. Le transport en commun, selon nous, est une
infrastructure vitale, l'épine dorsale de l'organisation de notre vie
urbaine, et un système efficace de transport constitue une contribution
à la vie sociale et économique de nos villes et une garantie
contre l'engorgement du centre-ville qui doit pouvoir toujours fonctionner
à plein régime. On prie le gouvernement de ne pas hésiter
à s'inspirer des recommandations du mémoire de la
communauté urbaine, recommandations-chocs dans certains cas, et c'est
pour cela que dans notre troisième aliéna on accorde notre appui
au mémoire de la communauté urbaine en dépit de
l'amendement qu'on a été appelé à apporter à
la dernière minute par suite de changements dans des négociations
et des discussions au niveau des maires et de l'exécutif.
On aurait dû vous faire une quatrième recommandation, celle
de la mise en place dans l'attente d'une infrastructure comme celle-là,
qui s'agit être dans ce cas-là de trois, quatre, cinq
kilomètres - on ne considère pas que c'est la mer à boire
-mais de la mise en place aussi de ce système des voies
réservées et des réseaux express de transport de surface
pour le temps où on n'est pas capable de satisfaire à plein les
appétits si légitimes, si logiques et si justifiés
soient-ils. (17 h 30)
Nous ne sommes pas devant vous, M. le Président, pour
préconiser des demi-mesures et promouvoir la crainte d'investir. On
n'est pas contents que les crises économiques et les restrictions nous
frappent toujours, nous, en plein front dans le nord-est. On n'est pas contents
- je ne sais pas si cela dépend des vents - que de façon
intercontinentale le développement aille toujours vers l'ouest. On
n'aime pas trop cela et on essaie d'obtenir de vous des correctifs.
Nous ne sommes pas enclins à vous proposer de taxer, nous sommes
plutôt enclins à vous proposer de taxer davantage certains
secteurs qui ne le sont pas encore au chapitre du transport, ou de nous
autoriser à le faire si, politiquement, vous trouvez la mesure trop
risquée. C'est vous demander beaucoup, mais on le risque quand
même. C'est en pleine connaissance de cause qu'on a donné notre
consentement, notre appui au mémoire de la Communauté urbaine de
Montréal. Quand on parle en particulier de l'essence - je suis bien
d'accord avec vous qu'il y en a beaucoup, tout le monde va dire cela - quand on
parle d'un versement en transport, comme il y a en France actuellement, en
particulier, je pense que c'est une chose qui est pensable. Je crois que c'est
une affaire acceptable, praticable, et c'est pour cela qu'à ce chapitre
en particulier nous avons donné notre appui aux recommandations de la
communauté urbaine de ce côté.
Nous prétendons que tout cela mis ensemble, cela pourrait
être le point de départ d'une philosophie et d'un financement
positifs, et mettre le point final à une période
d'hésitation négative. On ne peut pas demander à un
gouvernement libéral de marcher à reculons, on a l'impression que
c'est beaucoup plus dynamique que cela. On ne peut pas demander
d'étouffer le transport en commun et d'essayer d'investir dedans, je
pense que c'est dynamique d'y penser et d'y croire.
La ville de Montréal-Nord n'hésite pas à croire que
votre gouvernement, dans lequel elle a confiance, saura poser les actes
nécessaires pour marquer une fois de plus sa confiance dans l'île
comme l'un des principaux moteurs de l'économie du Québec et dans
le transport collectif sur le territoire de la communauté urbaine comme
outil privilégié de développement économique et
d'épanouissement social.
M. le Président, je termine en vous disant que, dans ce
mémoire, nous avons pensé plus réseau que simplement
local, malgré l'impression que nous pouvons donner. Mais en pensant
réseau, comme nous le disons quelque part, que vous l'appeliez comme
vous voudrez, il y a toujours une ligne qui, irrémédiablement,
doit être pensée en fonction du nord-est parce que c'est le seul
bassin important qui n'est pas encore desservi. On a connu, en matière
de transport en commun dans le nord-est, des années de misère,
bien avant que vous soyez tous au gouvernement. Qu'on se rappelle les Lavai
Transport et les Chambly Transport. On a toujours été, dans
quelque domaine que ce soit, à cause sûrement de notre
éloigne-ment physique du centre-ville... Est-ce qu'on est
congénitalement de travers? Est-ce qu'on est né à la
mauvaise place? On a toujours eu un service de bout de ligne et ce qu'on vous
demande aujourd'hui, c'est d'être sur la ligne.
Merci, M. le Président, merci de votre patience. Je demeure
à votre disposition s'il y a des questions.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
maire, de votre présentation. À moins d'avis contraire des
membres de la commission, chaque formation disposerait de quatre minutes pour
les échanges. Evidemment, j'entends recevoir des suggestions de
modification. Non?
M. Côté (Charlesbourg): On va commencer, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Oui, mais je veux savoir
à quel moment je vous arrête, M. le ministre.
M. Garon: Si le ministre est convaincu, il n'a pas besoin de plus
de quatre minutes.
Le Président (M. Rochefort): Allez-y! On vous fera signe
à trente secondes de la fin.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, d'autant plus qu'il y
a mon collègue de Sauvé qui désire intervenir aussi. Je
pense que l'historique que vous avez dressé des péripéties
de l'implantation du métro dans le nord-est est très bien
traduit. J'aborderais immédiatement une question. Est-ce que vous
éliminez irrémédiablement toute autre solution possible
que le métro?
M. Ryan (Yves): Comme solution définitive, absolument. On
les élimine parce qu'on considère qu'on y a droit et que
ça s'impose de compléter la grille. Regardez la carte, M. le
ministre, je pense que la preuve en a été faite tantôt et
vous auriez encore plus de facilité parce que les couleurs sont plus
vives lorsque l'organisme a plus d'argent pour préparer son
mémoire. Si vous regardez la carte dans le mémoire de la
communauté ce matin, vous verrez très bien qu'il y en a qui ont
eu droit de parole deux fois, qui ont eu droit à des projets deux fois
et qui en demandent même un troisième. Nous, nous n'avons
strictement rien en matière de transport rapide. Est-ce que nous devons
être considérés comme des citoyens de seconde classe? Je ne
demande pas cela pour le prestige d'avoir un métro à
Montréal-Nord. C'est un moyen de communication reconnu et nous
considérons que c'est le seul qui puisse chez nous, et de façon
souterraine, être utile et praticable à cause du territoire de
notre ville et de son quadrillage, de sa construction et de son
développement.
M. Côté (Charlesbourg): Deux autres questions. Ce
matin, on a entendu la CUM.
Vous appuyez le mémoire que la CUM a déposé ce
matin. Est-ce que la proposition que vous faites est conforme à ce
moment-ci au schéma de la CUM ou si cela fait partie du travail qui
reste à faire?
M. Ryan (Yves): M. le Président, je dois dire que le
schéma d'aménagement de la CUM, qui vous était très
bien traduit dans le mémoire de la CUM sur la carte à laquelle je
viens de faire allusion, comporte la ligne 7. C'est une excellente question
parce que la ligne 7 était un projet dans le rapport du comité ad
hoc de 1984 de 300 000 000 $, 296 300 000 $. La ligne 5, son prolongement de
Saint-MichelJean-Talon à Montréal-Nord, est un projet de
150 000 000 $.
Alors, le mémoire de la CUM, ce matin, à la page 23,
rappelait que les 450 000 000 $ d'investissement qu'elle propose
équivalaient à 70 % de moins d'investissement que ce qui s'est
fait dans les 20 dernières années. Si on fait le compromis de la
ligne 5, je vous dirai que c'est justement pour être en ligne avec les
disponibilités de la communauté urbaine à ce chapitre, qui
n'ont peut-être pas été précisées dans le
mémoire de la communauté urbaine, question d'une certaine
timidité de dernière minute, mais qui ont quand même fait
l'objet de travaux du comité multidisciplinaire auquel j'ai fait
allusion tantôt dans la présentation du mémoire et qui a
donné lieu à une certaine correction de ma part quant à la
dernière version du mémoire de la communauté urbaine.
M. Côté (Charlesbourg): Dois-je comprendre que, dans
les 450 000 000 $ revendiqués pour des immobilisations additionnelles au
cours des dix prochaines années, parce qu'on n'a pas pu le savoir ce
matin, est inclus ce que vous souhaitez?
M. Ryan (Yves): J'ai la conviction, M. le Président, M. le
ministre, que le tronçon de ligne 5 que nous demandons ferait
nécessairement partie des priorités que la CUM décidera
d'établir en temps et lieu parce que, comme je vous l'ai dit
tantôt, elle a toujours voté pour le métro de
Montréal-Nord, bien qu'elle ait changé d'administrateurs. Que
peut-on demander de mieux?
Je suis convaincu qu'étant donné que c'est un projet moins
ambitieux, qui ne fait que 150 000 000 $ plutôt que 300 000 000 $, la CUM
va se satisfaire et va accepter de l'inclure dans ses priorités à
établir parce qu'il sera toujours possible tantôt, si le
développement dans l'île de Montréal le justifie, de faire
un autre tronçon de la ligne 5 jusqu'à la ligne 1, comme le
prévoyait originairement la ligne 7.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la mesure où le
gouvernement reconnaîtrait l'enveloppe qui a été
demandée ce matin pour les dix prochaines années de 1 100 000 000
$, en tenant compte des 450 000 000 $ d'immobilisations additionnelles qui font
partie des 1 100 000 000 $, et que le gouvernement disait oui pour les dix
prochaines années, est-ce que vous considéreriez que le
gouvernement aurait dit oui à votre projet?
M. Ryan (Yves): Je considérerais que le gouvernement est
bien proche, mais j'insisterais, puisqu'il est un partenaire financier
important - on espère qu'il va le demeurer - j'insisterais pour qu'il
surveille la situation.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Cela fait nettement
référence à la période de 1974-1984?
M. Ryan (Yves): De 1974 à 1984 où j'ai
été absent du comité exécutif. Si vous me donniez
votre parole aujourd'hui comme ministre que vous allez insister dans le temps,
je vous dirais que je suis sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne peux pas vous donner
une parole qui va être sur plusieurs années, compte tenu du fait
que vous connaissez le temps de passage des ministres des Transports qui est
à peine de deux ans. C'est déjà une bonne moyenne que
d'être là deux ans. Mais les réponses vont venir au
début de l'année 1988 quant aux immobilisations.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'écoutais votre dernière réponse,
M. le maire et je me demandais comment vous ajustiez cela avec l'autonomie
municipale. Vous avez demandé la tutelle du ministre.
M. Ryan (Yves): J'ai bien dit, M. le Président, que je
m'adressais à un partenaire financier important qui a toujours
prétendu avoir son mot à dire. Nous n'avons jamais nié ce
droit du gouvernement de dire son mot. Nous l'avons parfois contesté
lorsque ce mot se place à coups de moratoires. Mais cela ne nie pas le
principe que les orientations soient votées par les élus locaux;
je pense que c'est un principe admis universellement. J'ai pris la peine de
rendre hommage à tous mes collègues tantôt qui ont toujours
reconnu le bien-fondé d'une ligne vers Montréal-Nord. C'est
l'économie qui nous a enfargés. Ce sont les changements de
gouvernement qui nous ont enfargés. Ce sont les difficultés
temporaires que nous avons
eues qui nous ont enfargés et ce sont surtout... Je vous ai bien
parlé tantôt du comité exécutif qui dispose à
un moment donné de l'argent. Je vous avoue que j'ai beaucoup appris
depuis ce temps. Le comité exécutif, à un moment
donné, à mon point de vue, ne devrait pas avoir la liberté
de modifier des résolutions, des règlements d'emprunt lorsqu'il
dépense les choses. Il n'a pas modifié, il a simplement
modifié l'ordre de réalisation.
Alors, quand vous aviez un comité exécutif formé de
sept de Montréal et de cinq, s'il y avait eu un gouvernement à ce
moment-là pour dire: Votre affaire dans le bout de Snowdon, on comprend
bien, Montréal, que c'est bon pour vos élections, mais, si vous
voulez nous autres qu'on participe dans le partage à 100 % des
immobilisations, qu'on paie à 100 % les immobilisations, vous allez vous
occuper des gens dans le nord qui n'ont absolument rien, quand vous allez gaver
les autres qui en ont moins besoin et qui sont moins nombreux... Cela, je pense
que c'est là une intervention en faveur de l'application de la justice
distributive qu'on ne pourra jamais nier à un gouvernement qui est un
partenaire aussi important au point de vue financier.
M. Garon: M. le Président, je regardais justement
l'introduction du mémoire de la communauté urbaine. On dit:
"Rappelons également le principe maintes fois mis de l'avant du respect
de l'autonomie municipale qui doit accompagner le pouvoir de subventionner du
gouvernement." C'est à cela que je pensais. Je suis content de voir que
vous voyez que l'autonomie municipale n'est pas un principe absolu.
Maintenant, j'aimerais vous demander comment vous voyez cela. Vous avez
entendu des mémoires. Tout à l'heure, il y avait Laval,
appuyé par un député de l'île, qui demandait un pont
dans l'est reliant l'autoroute 25 nord à Laval. il disait que ça
réglerait le problème parce qu'il y aurait moins de monde qui
passerait, que cela réglerait le problème de l'achalandage de
façon prioritaire, que c'étaient les routes de
périphérie qui régleraient le problème. Ensuite,
cela a été le groupe de Deux-Montagnes, appuyé par le
député de Deux-Montagnes, qui dit que c'est le train de banlieue
qui est important parce qu'il réglerait votre problème, les gens
s'en iraient vers l'ouest.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Alors, moi, je me demande, simplement pour vous... Le
député de Sauvé n'a pas encore parlé. Il va donner
un appui local aussi et le ministre va être pris avec tous ces appuis
locaux. Mais j'aimerais savoir de vous quelle priorité... Je ne veux pas
vous mettre mal à l'aise puisque vous êtes maire de
Montréal-Nord, mais vous, dans cet ensemble de demandes... à
moins que le ministre n'ait beaucoup d'argent, parce que le nouveau
président du Conseil du trésor nous disait qu'en 1986 il y avait
des problèmes; il paraît qu'en 1987 il n'y en a plus. Alors,
peut-être qu'il a de l'argent pour satisfaire toutes les demandes. Mais,
vous, dans votre esprit, dans la perspective du transport en commun, qu'est-ce
qui devrait être privilégié dans tout cela?
M. Ryan (Yves): Je voudrais m'abstenir de commenter le
mémoire de la ville de Laval parce que je n'en ai pas pris connaissance.
J'ai entendu quelques remarques du collègue de Laval tantôt. Quant
au pont, je peux vous dire l'effet immédiat qu'on voit sur un pont chez
nous. Cela n'a absolument rien à voir avec notre transport en commun
plus que ça. Ça soulagerait le boulevard Pie IX, et nos
boulevards, et notre circulation locale. C'est la première constatation
qu'on fait, nous, de la possibilité de la construction d'un pont pour
lequel il s'exerce actuellement beaucoup de pressions. J'ai noté par
contre son manque d'intérêt pour le métro, je le comprends,
il connaît la facture qui est au bout. Il a toujours eu cette attitude
depuis quelques années. Cela n'empêche pas les gens de Laval de se
servir du métro de façon quand même assez notoire. Ils
paient un transport à Laval et ils embarquent sur le nôtre. Et,
maintenant, avec la carte, ils sont beaucoup plus favorisés. Ils sont
même favorisés par le fait que cette carte facilite les choses
plus qu'avant. (17 h 45)
Quant à la ligne 3, cela pourrait faire l'objet d'un
débat. J'ai simplement mentionné dans notre mémoire, je
l'ai mentionné plutôt de vive voix tantôt, que, si on avait
eu le métro, on n'aurait probablement pas eu le plaisir d'être
devant vous pour une autre considération que de parler d'argent et de
financement du transport en commun. On ne serait sûrement pas venu vous
demander un train par-dessus le marché. Quand vous regardez dans l'ouest
et quand on pense aux propositions qui ont cours, parfois, d'allonger la ligne
2 ouest de Côte Vertu à Bois-Franc parce qu'elle permettrait
d'absorber tout le trafic ouest, y compris celui du train de Deux-Montagnes, et
de l'acheminer dans le métro ligne 2 ouest, celui qui va à
Saint-Laurent, cela met en cause la rénovation, la transformation de la
ligne 3, le train de la gare centrale à ma Baie, à
Deux-Montagnes, qui est censé venir à bout de souffle, sous toute
forme, en 1992. Ce train, il n'était pas question de sa transformation
dans le temps où on votait le métro du nord-est, en 1970; il
avait encore 22 ans de vie. Jamais quelqu'un ne pense si longtemps
d'avance.
Aujourd'hui, c'est l'aboiement générai. C'est cela que
j'appelle une deuxième voix au chapitre, c'est d'avoir un métro
et un train en parallèle. Des considérations sur le train, cela
peut donner lieu à de nombreux débats sans pour tout cela jeter
la pierre à ceux qui le demandent et qui le désirent. À un
moment donné, dans l'établissement des priorités, cela va
devenir drôlement corsé et important.
Le Président (M. Rochefort): Messieurs de la commission,
chacune des deux formations politiques a utilisé à peu
près le même temps pour des discussions. Toutefois, compte tenu de
l'heure, on ne pourra pas, de toute façon entreprendre l'étude
d'un nouveau mémoire. Oui, vous voulez entreprendre une étude?
Donc, je n'ai rien dit. Sauf avis contraire, le temps accordé à
chacune des formations politiques serait expiré.
M. Côté (Charlesbourg): ...
Le Président (M. Rochefort): Je veux bien, M. le ministre.
Il est 17 h 48, je veux bien. Il y a le député de Sauvé,
le député de Lafontaine et la députée de
Maisonneuve qui ont demandé à prendre part à nos travaux.
J'allais vous proposer qu'on prenne les douze minutes qui restent pour
permettre aux membres de la commission qui veulent discuter avec les gens de
Montréal-Nord de le faire et qu'on poursuive, à 20 heures, avec
le CIT de Deux-Montagnes, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Combien de mémoires
aurons-nous ce soir?
Le Président (M. Rochefort): II reste le CIT de
Deux-Montagnes, Transport 2000, la ville de Mirabel et le Comité des
usagers de la ligne 3 MontréalDeux-Montagnes. Écoutez, je
demande simplement une indication des membres de la commission que je vais
tenter d'appliquer.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'on pourrait permettre une question au député de
Sauvé compte tenu de son implication au niveau de son comté, une
question à l'Opposition et, ensuite, procéder avec le prochain
mémoire.
Le Président (M. Rochefort): Parfait! Cela va? J'ai le
consentement des membres de la commission? M. le député de
Sauvé, pour une question.
M. Parent (Sauvé): Très rapidement, M. le
Président. Je ne poserai peut-être même pas de question au
maire de Montréal-Nord. D'abord, je veux remercier le maire de
Montréal-Nord et le féliciter d'être venu présenter
à cette commission les préoccupations des citoyens de sa ville,
des citoyens du comté de Sauvé et du comté de Bourassa. Le
portrait qu'il a dressé devant les membres de cette commission
parlementaire dans le but de les éclairer sur la problématique du
transport en commun dans le nord-est de Montréal, c'est de la plus pure
vérité. Cela a été reconnu par toutes les couches
de la population et par les gouvernements précédents. Le
gouvernement qui nous a précédés a reconnu la
nécessité d'avoir un métro à Montréal-Nord.
Il s'est même vanté, à un certain moment, de
posséder les sommes nécessaires pour le réaliser. M. le
maire, je pense que vous nous avez brossé un tableau assez
éloquent de la situation malheureuse vécue par les gens de
Montréal-Nord depuis que l'on parle de la construction du métro
à la Communauté urbaine de Montréal.
Une chose m'inquiète, M. le maire, par exemple.. Tout à
l'heure, lors de votre discussion avec le ministre des Transports, il vous
posait une question: Si le gouvernement actuel répondait favorablement -
c'est toujours hypothétique - aux demandes de la communauté
urbaine, M. le maire, quelles sont les assurances que la communauté
urbaine va vous renvoyer l'ascenseur? Vous nous avez dit d'une façon
bien éloquente, bien claire, bien nette et bien précise, en
pesant bien les mots, qu'on s'était fait jouer, non pas vous, mais nous
tous, les citoyens de Montréal-Nord. C'est une question que je veux vous
poser dans un premier temps.
Dans un deuxième temps, le député de Lévis,
tout à l'heure, pariait de l'intervention du maire de Laval qui nous
disait qu'avec l'aménagement d'un pont dans le prolongement de la 440
qui communiquerait avec la voie du tunnel Hippolyte-Lafontaine on diminuerait
le flot de la circulation automobile dans Montréal-Nord. C'est vrai
qu'on allégerait peut-être le boulevard Pie IX, mais ce que je
veux faire remarquer aux membres de la commission, c'est qu'avant d'amener un
surplus de population sur l'île de Montréal il faut quand
même penser à se donner des infrastructures d'accueil. Comme
infrastructures d'accueil, je pense que le métro à
Montréal-Nord... Si jamais ce pont qui enjamberait la rivière des
Prairies venait à se réaliser, il ne faut pas s'imaginer que
l'île de Montréal actuellement n'a pas les artères de
communications adéquates pour recevoir ce flot de population. Donc, il
faudrait absolument penser à de vastes espaces de stationnement et
à une tête de métro pour accueillir les gens qui
viendraient travailler à Montréal. Ce sont les deux
inquiétudes qui me viennent à l'esprit à la suite de la
présentation du maire de Montréal-Nord.
M. le maire de Montréal-Nord, je vous ai trouvé
très généreux tout à l'heure lorsque vous nous avez
dit que la plus grande
réalisation qu'on avait eue dans l'est de Montréal
n'était pas le parc olympique, mais le jardin botanique. Mais la plus
grande vertu des citoyens de l'est de Montréal, M. le maire, a
été la résignation parce qu'on a toujours
été traité en parent pauvre: Fermeture de Dominion
Textile, fermeture de Canadian Vickers en partie, fermeture des usines Angus,
fermeture d'une grande partie des usines pétrolières dans l'est
de Montréal, ce qui a amené du chômage et une
détérioration du tissu humain dans l'est et dans le nord-est de
Montréal. M. le maire, je peux vous dire que vous avez l'appui du
député de Sauvé dans vos demandes.
Étant donné le peu de temps qui nous reste - je sais que
mon collègue de Lafontaine veut intervenir - je veux vous remercier, M.
le maire, de votre cohérence et de votre ténacité parce
que depuis X nombre d'années, je vous vois défendre le
métro et vous êtes l'artisan du métro de
Montréal-Nord. Messieurs et mesdames les membres de la commission, si on
veut un métro à Montréal-Nord, comme le disait M. le
maire, ce n'est pas une question de prestige, c'est une question de traiter
d'une façon égale, d'une façon honnête, d'une
façon respectueuse une partie importante de la population de
Montréal de la même façon que l'on traite les gens des
périphéries ouest et sud de Montréal. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
député. Mme la députée de Maisonneuve, pour
une...
Une voix: ...le maire.
Mme Harel: II n'y a pas de question.
Une voix: il a juste des commentaires.
Le Président (M. Rochefort): Vous avez une
réaction, M. le maire.
M. Ryan (Yves): Vous avez une question. Laquelle exactement?
Une voix: II n'en avait pas.
M. Ryan (Yves): II y en avait une. Au début de
votre...
M. Parent (Sauvé): Je vous ai demandé, M. le maire,
quels étaient les moyens que vous possédiez et...
M. Ryan (Yves): Oui.
M. Parent (Sauvé): ...quelle a été la foi
que vous aviez envers vos collègues de la communauté urbaine.
M. Ryan (Yves): C'est cela, M. le Président. Je fais un
autre acte de foi aujourd'hui. Je vous le dis. Ils ne peuvent pas aller au
point de ne pas voter encore en faveur. C'est impossible. Ils ne l'ont jamais
fait. Comment pourrais-je commencer aujourd'hui à leur prêter des
intentions? Je demeure convaincu et je fais un acte de foi. C'est au niveau de
l'exécutif que les virages se sont produits au travers des
années. Nous n'avons plus aujourd'hui un exécutif formé de
sept contre cinq. C'est différent. La trame est différente.
Récemment, un comité technique - je vous en parlais plutôt
dans le mémoire, cela a d'ailleurs été l'objet d'une
correction - avait fait un consensus dans un comité d'orientation qui a
siégé plusieurs mois sur le prolongement de la ligne 5. Comment
la communauté pourrait-elle vraiment revenir sur cette question d'une
façon différente? Je fais publiquement un acte de foi qu'ils
continueront de voter pour le métro comme ils l'ont toujours fait. Ce
n'est pas nécessairement la faute des membres individuels du conseil de
la communauté si leurs volontés n'ont pas été tout
à fait exécutées.
Le Président (M. Rochefort): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président.
M. le maire et votre conseil exécutif, je considère que
votre mémoire constitue une contribution absolument fondamentale
à la compréhension des enjeux présentement en
matière de financement de transport en commun à Montréal.
J'apprécie et je suis presque étonnée, bien au contraire,
non pas de votre résignation, mais de votre
sérénité et de votre détermination. Parmi les
éléments d'information que je retiens, je vous les cite à
nouveau, c'est celui où vous nous disiez au tout début de votre
mémoire... Je posais la question à la communauté urbaine
ce matin, mais à cause du peu de temps à notre disposition, je
n'avais pas pu obtenir réponse, à savoir 85,6 kilomètres
de transport collectif des personnes à l'ouest de la rue Saint-Laurent
et 28,8 kilomètres à l'est de la rue Saint-Laurent. Si on veut
avoir un portrait plus éloquent, je pense que seuls ces chiffres
militent vraiment en faveur de la compréhension de la situation actuelle
que vivent les populations sur le territoire métropolitain.
Alors, vous savez, en vous écoutant, cela me rappelait presque
des pans entiers de ma vie de députée et comme présidente
du caucus de l'île de Montréal pendant bien des années. Je
me rappelais cette fameuse querelle du fer et du pneu. Vous vous rappelez La
Fontaine, "Le pot de terre et le pot de fer". C'était une querelle qui
en était une quand même assez importante; vous avez cité M.
Tardif qui disait: C'est fer sur fer au c'est laisser faire. Quel est votre
point de vue là-dessus?
M. Ryan (Yves): Dans le temps, on avait même fait accepter
le principe au comité exécutif de la communauté urbaine:
fer sur fer. Le fer sur fer, aujourd'hui, d'après ce qu'on a pu retenir
de certaines recherches et des rapports qu'on a eus... Je suis allé
moi-même en visiter, je me souviens d'en avoir visité un à
Munich, ce n'est pas tellement bruyant. C'était la crainte du bruit,
mais les technologies se sont développées et le fer sur fer fait
moins peur.
Quant à la possibilité de l'exporter, il y a beaucoup de
fer sur fer dans le monde. C'est l'argument qui était invoqué
dans le temps, que cela pourrait nous faire un tremplin pour l'exportation. Je
pense que ce serait plus compliqué au point de vue de l'entretien de la
part de la société de transport qui serait obligée de
s'équiper des ateliers nécessaires si vous aviez... A Paris, ils
l'ont, c'est plus gros. Ils en ont, ils en transforment au fer et Ils en
transforment aux pneus, mais ils ont les ateliers nécessaires. Nous, je
pense bien que cela compliquerait l'existence de l'entretien parce que les gens
seraient obligés d'avoir les ateliers pour cela. C'est surtout la grande
difficulté.
Le Président (M. Rochefort): Sur ce, je vous remercie.
Brièvement, le mot de la fin, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci pour cet exposé
très brillant qui trace un historique, avec documents à l'appui,
du dossier. Cela fait partie de l'ensemble des décisions que nous aurons
à prendre, mais j'ai compris que, dans la mesure où le
gouvernement dirait oui à la proposition de la CUM de ce matin, au cours
des dix prochaines années, l'espoir est au bout du tunnel pour autant
qu'il reste encore suffisamment de gardiens pour garder intact le message.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Lévis, brièvement.
M. Garon: Alors, M. le Président, je voudrais remercier le
maire de Montréal-Nord et sa délégation. J'ai
constaté qu'ils faisaient un acte de foi. J'ai l'impression qu'il
faudrait aussi qu'ils fassent un acte d'espérance et qu'ils
espèrent que les autres fassent aussi des actes de charité pour
que...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan (Yves): Si je reste là encore une secousse et que
je n'ai pas plus de résultats, je vais être obligé de faire
un acte de contrition!
Une voix: Un acte d'humilité.
M. Garon: Je peux vous dire que c'est la première fois que
je vous entendais parler en commission parlementaire ou en quelque endroit que
ce soit et je vous ai trouvé très convaincant. Je vous
remercie.
Le Président (M. Rochefort): M. le maire, un petit mot de
la fin?
M. Ryan (Yves): Je vous remercie, M. le Président, Mmes et
MM. les membres et M. le ministre, de votre condescendance et de l'attention
que vous avez apportée à notre mémoire. Je vous
demanderais d'assurer la continuité et j'ai plein espoir dans nos
institutions parlementaires, y compris la vôtre. (18 heures)
Le Président (M. Rochefort): Nous vous remercions de votre
participation à nos travaux. À la suite d'une entente intervenue
entre les membres de la commission, j'inviterais immédiatement les
représentants du CIT de Deux-Montagnes à prendre place à
la table des témoins. Les membres de la commission, toutefois...
À l'ardre, s'il vous plaît!
Je demanderais aux membres de la commission de reprendre leur
siège et de permettre aux représentants du Conseil intermunicipal
de transport de Deux-Montagnes de prendre place à la table des
témoins. Sans plus tarder, je vous souhaite la bienvenue parmi nous. Je
vous demanderais de vous présenter de même que de présenter
les personnes qui vous accompagnent pour l'information des membres de la
commission et, par la suite, d'utiliser une période d'au plus vingt
minutes pour nous présenter votre position.
Conseil intermunicipal de transport de
Deux-Montagnes
M. Prévost (Jean): Merci, M. le Président. Je me
nomme Jean Prévost, président du Conseil intermunicipal de
transport de Deux-Montagnes; mon vice-président, M. Jean-Pierre Brunet;
le préfet de la MRC de Deux-Montagnes, Me Guy Bélisle.
Après avoir écouté les trois dernières
présentations, je dois mentionner que nous sommes des
bébés dans cela parce que nous sommes des retombées de la
loi 46. C'est seulement depuis septembre 1985 que nous fonctionnons comme
groupe. Je dois vous avouer qu'on apprend beaucoup et rapidement lorsqu'on
commence à s'impliquer dans le transport en commun.
J'aimerais mentionner que nous sommes heureux de l'initiative du
ministère des Transports du gouvernement du Québec de
procéder à une consultation visant à bonifier
les services de transport en commun dans la région de
Montréal et plus spécialement la ligne de train de banlieue
MontréalDeux-Montagnes. Le Conseil intermunicipal de transport de
Deux-Montagnes, en collaboration avec la municipalité régionale
de comté de Deux-Montagnes, la Commission industrielle de Mirabel-Sud,
la Chambre de commerce Saint-EustacheDeux-Montagnes, désire vous
communiquer ses observations.
Je vais passer assez vite parce que je crois que tous les membres lisent
attentivement chacun des mémoires et en prennent connaissance avant
qu'on arrive. Je vois aussi, M. le ministre, que vous en avez pris connaissance
parce que j'ai vu, par vos réponses tout à l'heure, que
déjà vous avez répondu en bonne partie aux demandes que
nous avons dans notre mémoire. Vu qu'on croit qu'on va beaucoup attirer
l'attention, si on peut écourter notre présentation pour vous
donner la chance de récupérer le temps perdu, on va essayer
d'aller le plus vite possible aux conclusions.
Vous avez mentionné quelques points, je dois cependant les
présenter, vu notre mémoire. Je dirais ceci. À la fin des
années soixante, le gouvernement fédéral cessa de
subventionner les compagnies de chemin de fer pour leurs services de trains de
banlieue situés dans les zones urbaines de Toronto et de
Montréal. À partir de ce moment et jusqu'en 1982, pour la
région de Montréal, le CN et le CP ont progressivement
arrêté tous les investissements en infrastructures et en
matériel roulant. De plus, ils ont progressivement augmenté les
tarifs et diminué le service, ce qui entraîna une baisse de
l'achalandage de plus en plus marquée. Deux des cinq lignes ont
été abandonnées en 1979 et je peux énumérer
davantage. On a mentionné des montants d'investissement, comme M. le
ministre a mentionné, 70 000 000 $, 47 500 000 $ et 10 000 000 $, un
total de 127 500 000 $. Je résume cela en disant qu'à ce jour une
somme de près de 75 000 000 $ au fédéral et au provincial
a été investie dans le programme de modernisation de la ligne
CP-Rigaud alors que très peu des sommes disponibles ont
été investies sur la ligne Deux-Montagnes.
Il convient de signaler que la ligne MontréalDeux-Montagnes
a toujours été la plus achalandée et que, malgré sa
désuétude et les tarifs effarants, elle continue de garder son
achalandage. Grâce à sa modernisation, on peut sûrement
affirmer que la ligne MontréalDeux-Montagnes ne pourra que doubler
ou tripler son achalandage.
Le transport. Le système de transport constitue un des plus forts
instruments gouvernementaux d'orientation du développement et de
l'aménagement du territoire. Son impact sur l'économie d'une
région peut être prépondérant. J'arrive à ce
point et je dis:
Est-qu'on a vraiment un plan d'ensemble de transport pour la grande
région de Montréal à court terme, moyen terme, long terme?
Je cherche toujours cela et je vois qu'il y a tellement d'influence
gouvernementale qu'à chaque fois qu'on change de gouvernement on se
demande si le programme est suivi ou s'il y en a un. On n'a pas tellement
d'expérience, mais on a des comités, puis on a vu que cela dure
depuis 25 ans dans notre bout, on voit que la région nord de
Montréal semble avoir été plus ou moins suivie, c'est
peut-être pour cela qu'il y en a tant qui déposent des
mémoires et demandent que quelque chose soit fait, vu le
déplacement de la population vers le nord aussi bien que vers le
sud.
Croissance démographique prévue. On voit que chez nous il
se pourrait que d'ici l'an 2001 on pourrait voir de 130 000 à 150 000
personnes aller vers cette région-là. La ligne
MontréalDeux-Montagnes est appelée à jouer un
rôle très important dans le développement du secteur dans
la région aéroportuaire et dans le développement de
l'agglomération urbaine, qui est le pôle de croissance. C'est vrai
que vous avez mentionné tout à l'heure, M. le ministre, qu'on va
se rendre à Deux-Montagnes. J'ai pensé que peut-être une
approche auprès du gouvernement fédéral en ce qui a trait
au financement des lignes... Le prolongement d'un programme à moyen ou
long terme pourrait peut-être intéresser le fédéral
à contribuer en partie en ce qui a trait à la ligne additionnelle
vers Mirabel. On prévoit 5400 entrées et sorties par jour, 3600
entrées et sorties par heure, aux heures de pointe de la
journée.
Pour nous, le transport en commun, c'est un choix régional.
Depuis le milieu des années soixante-dix, le gouvernement a
affirmé à plusieurs reprises qu'il accordait la priorité
au transport en commun. Cette solution a été retenue en raison
des avantages multiples: réponse aux besoins de mobilité,
diminution de la pollution, réduction du nombre d'accidents, solution de
rechange aux autoroutes et aux ponts dont le coût est très
élevé en milieu urbain.
Les études relatives à la situation du transport en commun
dans la région de Montréal ont été, en
général, axées sur le besoin de liens rapides entre divers
points de la région métropolitaine. Il pourrait exister un
système de transport à caractère régional,
c'est-à-dire un système qui assure le déplacement entre
les différentes composantes de l'agglomération. Les trains de
banlieue, les autobus régionaux et éventuellement le métro
de surface font évidemment partie de cette catégorie.
Le plein épanouissement de l'aéroport international de
Montréal à Mirabel est largement tributaire de la mise en service
d'un système de transport en commun rapide
entre Montréal et l'aéroport: la voie du CN passant par
Deux-Montagnes avec entrée par le sud de l'aéroport.
J'aimerais mentionner, M. le ministre, un point important. On ne
bâtit pas un aéroport sans lui donner les outils
nécessaires pour se développer. Si, dans le passé, on n'a
pas su pour toutes sortes de raisons, donner les outils nécessaires
à l'aérogare de Mirabel pour qu'elle se développe, combien
d'années va-t-on attendre pour donner suite à cette
possibilité? Ce ne sera pas l'aéroport qui va décider de
se donner un train rapide vers le centre ville, ce ne sera pas
l'aéroport qui se dotera de routes comme vous avez annoncé, plus
de bonne heure cet après-midi, à savoir la 13. C'est un projet
d'ensemble. La grande région de Montréal en a besoin. Si on
rationalise le plan de transport de la rive sud, du centre-ville et du nord de
Montréal et qu'on regarde à offrir un service avec ce qui existe
présentement, nous allons réduire les coûts pour plusieurs
et nous allons déplacer les masses de la rive sud, du centre-ville vers
le nord.
En ce qui a trait à la situation de l'aéroport de Mirabel,
je voudrais mentionner un point. Pour nous, du nord, c'est une page de notre
histoire politique, l'aérogare de Mirabel. Pour toutes sortes de
raisons, n'étant pas dans les priorités, on n'a pas su donner
suite aux nombreux projets, aux nombreuses recommandations, ce qui fait
qu'aujourd'hui, on retarde son développement et son évolution. Il
faut penser au développement économique
régulièrement et ceci touche la grande région de
Montréal. On ne vient pas ici pour vous demander, dans le cas de
Mirabel, de parler d'une affaire locale, mais bien d'une affaire
régionale à Montréal. Les décisions du
fédéral, récemment, ainsi que de vous-mêmes, vous
voyez que cela joue un rôle prépondrant dans la grande
région de Montréal. Le plein épanouissement de
l'aéroport de Mirabel est largement tributaire de la mise en service
d'un système de transport en commun rapide entre Montréal et
l'aéroport.
Nous avons un chapitre économique. Je vais juste dire que
très peu de citoyens sont enclins à utiliser l'autobus, si
spacieux soit-il, si la fréquence est trop faible, les horaires
incertains et irréguliers et son accès soumis aux
intempéries et aux longues marches. En d'autres termes, il faudrait
qu'un service soit quasiment plus attrayant que l'usage de sa propre automobile
pour qu'il soit pleinement utilisé.
Je vais passer outre et je vais mentionner que le gouvernement
fédéral a décidé de doter Montréal d'un
outil de développement économique qui est l'aéroport de
Mirabel. De ce fait, la région nord de Montréal a pris un nouvel
envol sur le plan du transport en commun et dans l'orientation de ses
stratégies de développement économique. À l'aurore
des années quatre-ving-dix, nous pourrions présager que des
passagers venant de Mirabel et se dirigeant vers Montréal, et vice
versa, utiliseraient la voie ferroviaire de Deux-Montagnes si cette voie a les
structures nécessaires pour les accueillir. Si nous voulons
compétitionner avec la grande région de Toronto, qui a des
structures de transport en commun efficaces, nous devons, pour notre expansion
démographique et économique, rendre les structures existantes
rentables, tout en prévoyant l'avenir. La CIMS croit que le train de
Deux-Montagnes est un outil de développement économique
indispensable parce qu'il permet de maintenir un certain service existant tout
en souhaitant l'expansion des structures existantes pour accepter la croissance
que la région nord connaît actuellement.
Les trains de banlieue, des services régionaux. À la suite
de la mission à Toronto, on peut affirmer qu'un système
régional de transport efficace et sûr favorise la vitalité
des banlieues. Il n'y a qu'à regarder l'expérience de Toronto
depuis vingt ans pour comprendre que, sans un tel système
régional, le gouvernement ontarien aurait dû consacrer des
centaines de millions de dollars en autoroutes supplémentaires pour
satisfaire les milliers d'usagers qui, autrement, seraient venus travailler
chaque matin avec leur automobile.
Pour la ligne Deux-Montagnes, en concertation avec le CIT, la STL et la
STCUM, on doit moderniser le service actuel jusqu'à Deux-Montagnes dans
le plus bref délai et songer éventuellement à
établir une station régionale près de l'autoroute 640. Ce
réseau régional diminuerait grandement les problèmes
d'embouteillage aux abords des ponts en plus de réduire le besoin d'un
grand nombre d'autobus aux heures de pointe. Le train de banlieue du CN, lequel
relie Deux-Montagnes et Montréal, doit être amélioré
progressivement et doit devenir la voie de transport en commun rapide vers
l'aéroport.
Je vais sauter quelques pages. Les usagers du train. Selon une recherche
effectuée par Transport Québec, les usagers identifient le train
comme le mode de transport idéal. Cependant, les deux principales causes
d'insatisfaction résident dans le tarif et dans la rigidité des
trajets couverts par le train. La non-satisfaction à l'égard du
train manifestée par les usagers réguliers de ce mode de
transport touche la rapidité, la fiabilité, le confort, la
sécurité et l'ambiance qu'on y retrouve.
Selon l'enquête Origine-destination de la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Montréal exécutée
à l'automne 1982, 54 % des déplacements de travail originant des
rives nord et sud de la région se dirigeaient vers l'île de
Montréal.
En conclusion, au Québec, la limitation
de la circulation automobile au centre-ville est un
phénomène tout à fait inconnu ou presque. Cependant, de
nombreuses pressions se font sentir et des règlements en ce sens
pourraient être adoptés d'ici quelques années à
Montréal. Une meilleure intégration des trains de banlieue aux
réseaux existants est un des éléments de solution qui
mériteraient d'être évalués. De tels investissements
pourraient, dans certains cas, être la solution la mieux adaptée
aux besoins.
Le Comité intermunicipal de transport de Deux-Montagnes
présente les recommandations suivantes. Le train de banlieue de
Deux-Montagnes doit être considéré par le gouvernement
comme partie intégrante du réseau de transport en commun de la
région de Montréal. Le développement du train de
Deux-Montagnes doit être reconnu comme la solution régionale au
problème de transport des personnes de la région de
Montréal. La modernisation de la ligne
MontréalDeux-Montagnes existante doit être entreprise et
complétée dans les meilleurs délais par le gouvernement,
en concertation avec les intervenants. La modernisation du train de
Deux-Montagnes réduira l'encombrement des autoroutes 13 et 15. Le
financement des infrastructures régionales incombe au gouvernement au
même titre que le métro, les ponts et les autoroutes. Le train
demeure un mode fiable de transport, c'est le moins vulnérable aux
intempéries, aux conditions climatiques. Le Conseil intermunicipal de
transport de Deux-Montagnes met tout en oeuvre afin d'assurer aux citoyens de
la région un transport régulier et adéquat au train de
Deux-Montagnes et intègre à son réseau ce mode de
transport à compter de septembre 1987. (18 h 15)
En résumé, la modernisation du train de banlieue de
Deux-Montagnes répond aux besoins régionaux de transport. Elle
s'inscrit dans une politique globale de développement
bénéfique à l'ensemble de la région de
Montréal. Cependant, malgré toute sa détermination, le CIT
de Deux-Montagnes reste tributaire d'une volonté politique ferme du
gouvernement de doter à long terme Montréal d'un service de
trains de banlieue moderne, efficace et sûr. Investir pour la
modernisation de la ligne Deux-Montagnes, prolongée jusqu'à
l'aéroport international de Montréal à Mirabel,
répondrait aux besoins des citoyens de la grande région
métropolitaine de Montréal et permettrait une rationalisation des
dépenses en matière de transport en commun. Il y aurait lieu
d'offrir à un coût moindre un service qui pourrait englober la
rive sud de Montréal, le centre-ville et la rive nord. Ce geste
comporterait de multiples retombées pour l'ensemble de la population de
la grande région métropolitaine de Montréal et permettrait
la réalisation d'objectifs envisagés depuis plusieurs
années.
Notre philosophie de service à Deux-Montagnes. Nous tenons
à souligner que dès septembre 1987 le CIT de Deux-Montagnes
réorganise son transport par autobus en intégrant des
arrêts et départs au train de Deux-Montagnes. Notre
préoccupation pour le territoire de Deux-Montagnes est de maximiser le
plus possible l'intégration train-autobus afin que notre population soit
des mieux desservies.
Sans vouloir tricoter davantage, M. le ministre, j'aimerais quand
même mentionner que dans un plan de dix ans on devrait considérer
une possibilité de prolonger le tout vers Mirabel. On devrait aussi
faire en sorte que cette possibilité offrirait peut-être une
certaine participation financière du fédéral à un
pourcentage un petit peu plus élevé que de l'arrêter
seulement à la gare de Deux-Montagnes. Vous avez posé la question
et vous avez dit: Le financement... Comme vous le savez bien, l'histoire chez
nous a montré qu'il y avait eu de l'argent pour la 13 sur cela, c'est
vrai, et nous avons vécu toute cette expérience. Je vais la
résumer en disant, pour ce qui a trait à l'aéroport de
Mirabel: On ne peut pas développer une aérogare si on ne lui
donne pas d'outil pour se développer.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Prévost. Je cède maintenant la parole à M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. Prévost,
ainsi que ceux qui vous accompagnent et qui défendent ce dossier depuis
de nombreuses annés. D'abord, l'inquiétude principale de votre
présentation, c'était dans le sens qu'on ne sentait pas un
programme stable de développement pour les dix prochaines années
et que ce programme pouvait être remis en cause par un changement de
gouvernement, compte tenu des situations sur le plan financier. Vous avez
parfaitement raison.
L'objectif de cette commission parlementaire était effectivement
de faire la cueillette des projets futurs des différents intervenants,
non pas seulement de l'île de Montréal mais de la couronne, qui a
aussi des problèmes. Tenter de régler uniquement les
problèmes de l'île sans régler nos problèmes de
ponts - parce qu'on en a - sans régler nos problèmes de trains de
banlieue, je pense que ce serait manquer à nos devoirs. L'exercice que
nous tentons de faire est effectivement de bien camper pour les dix ou quinze
prochaines années ce que devrait être notre action en termes de
développement de services additionnels concernant l'offre de transport
en commun. Donc, en ce qui a trait à cela, est-ce qu'on réussira?
Je l'espère bien. Nous allons y mettre tous les efforts
nécessaires. C'est
l'objectif, finalement, de cette commission. Nous voulons faire en sorte
que la contribution gouvernementale à l'exploitation soit au moins
très bien déterminée" et gelée sur le plan du
processus au moins pour les cinq prochaines années, pas
nécessairement un processus financier gelé mais du moins le
contrat qui pourrait intervenir entre les communautés locales et le
gouvernement, de telle sorte qu'à la fois pour nous et pour les
communautés locales chacun sache à quoi s'en tenir pour ce qui
est du financement de l'exploitation pour les cinq prochaines
années.
Quant aux immobilisations, c'est clair que, lorsqu'on parle de ponts, de
trains de banlieue, de métro, ce sont des sommes assez
appréciables. Le gouvernement devra, de manière globale, les
apprécier et dire jusqu'à quel point il peut aller. De concert
avec le gouvernement fédéral dans plusieurs domaines et celui qui
vous intéresse plus particulièrement, il faudra voir ce que le
fédéral peut faire. Donc, je n'ai pas à
répéter ce que j'ai dit pour le mémoire
précédent, puisque vous étiez ici, concernant la ligne de
Deux-Montagnes, malgré certains autres commentaires qu'on a pu entendre.
Cela demeure un élément qui fait partie du patrimoine et qu'il
faut conserver.
Dans la mesure où les deux gouvernements conviendraient
d'injecter X millions de dollars dans Deux-Montagnes pour régler le
problème, pas chromé - je pense que ce n'est pas ce que les gens
demandent - au moins un calorifère à l'intérieur pour
être capable de chauffer de temps en temps, mais un minimum que le
ministère a pu établir jusqu'à ce moment-ci par ses
études, à partir du moment où on s'entend quant aux
immobilisations, quelle pourrait être votre participation relativement au
déficit d'exploitation?
M. Prévost: Je dirais, comme il semble... On voit que le
gouvernement provincial aurait, d'une part, la responsabilité de
déplacer les gens entre les villes, et cela devrait être à
la région de s'occuper de les déplacer de l'est à l'ouest,
on va dire; si on parle nord-sud, lorsqu'on regarde la ville de
Montréal, on croit que, sur la ligne principale, c'est le train qui
devrait déplacer les gens à cause des embouteillages sur toutes
nos routes vers le nord; nous, nous devrions chercher une solution en ce qui a
trait au déplacement des gens de l'est à l'ouest. La solution du
"Go Transit", à Toronto, qui fait en sorte que le gouvernement
provincial s'occupe du financement du train et laisse le système
municipal s'occuper de déplacer les gens, eh bien, peut-être que
cela peut être un exemple à suivre.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, vous n'êtes pas
fermé à une participation éventuelle en ce qui concerne
l'exploitation.
M. Prévost: Non, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, compte tenu du
fait que l'immobilisation pourrait être assumée par le
gouvernement, dans la mesure où le gouvernement... Déterminer,
à ce moment-ci, qui va financer l'exploitation, c'est extrêmement
important. J'ai vu les chiffres. Votre qualificatif "des coûts
effarants", ce n'est pas parce que je mettais en doute votre parole, mais j'ai
fait vérifier et, effectivement, il y a des coûts de 91 $, en fin
de compte, par mois pour les gens qui utilisent le train; cela commence
à être des coûts passablement raisonnables en termes de
passagers.
À partir du moment où on fait les immobilisations,
d'après vous, quelle est la structure opérationnelle qui pourrait
être responsable de l'exploitation du train?
M. Prévost: II y a eu une proposition qui a
été faite un peu plus de bonne heure, à savoir
1/3-1/3-1/3, quant aux structures. Est-ce que... Vous, c'est en ce qui concerne
l'exploitation.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Prévost: Je pense qu'encore là il faut demander
aux gouvernements supérieurs de jouer un rôle assez important,
tout en essayant d'exiger une certaine participation de tous les participants,
que ce soit les municipalités concernées ou l'usager ou le
fédérai; je pense que c'est une formule d'ensemble qu'il faut
considérer et non pas une formule axée seulement vers l'usager,
seulement vers la municipalité ou seulement vers le gouvernement
provincial.
M. Côté (Charlesbourg): Par exemple, dans votre
esprit - comme dernière question - est-ce que la CUM ou la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal a une responsabilité vis-à-vis du train
MontréalDeux-Montagnes quant à son financement
d'exploitation?
M. Prévost: Je demanderais, M. le ministre, si vous n'y
voyez pas d'objection, au préfet de répondre à cette
question, ayant vécu la situation dans le dossier plus longtemps que
moi.
M. Bélisle (Guy): M. le ministre, pour répondre
à votre question, personnellement, je vois très mal la CUM
assumer la responsabilité des trains de banlieue, tout simplement parce
que ceux-ci entrent, jusqu'à un certain point, en compétition
avec le transport en commun qui relève actuellement de la CUM et qui
devrait normalement ne se limiter qu'à l'île de Montréal.
Si on fait référence au "Go Transit" à Toronto, c'est une
administration complètement
différente. Cette administration devrait organiser les points de
correspondance dans les municipalités de banlieue mêmes et faire
en sorte que le train soit le plus attrayant possible. Je doute fort que le
train devienne le plus attrayant possible en laissant à la CUM la
responsabilité du transport par voie ferrée vers les
banlieues.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que ça
nécessite un certain éclaircissement. Le principe veut qu'en
modernisant un train de banlieue, comme c'est le cas dans
Rigaud-Montréal, le gouvernement ne subventionnera pas en
parallèle le transport en autobus. Je pense que c'est tout à fait
normal. On ne peut pas subventionner un déficit d'exploitation d'un
réseau qu'on financerait en parallèle. Cela n'a pas de bon sens.
Ce qu'on veut, c'est donner une plus grande qualité de service aux
citoyens, mais de manière raisonnable. Dans ce cas-ci, comment se fera
l'interface parce que se poserait un problème d'interface...
M. Bélisle (Guy): D'abord, il y a un aspect de
complémentarité qui devra exister nécessairement.
Maintenant, la destination, lorsque le train arrive en banlieue, il y a,
à ce moment, les CIT ou des autobus qui, à des gares
intermodales, en l'espace de cinq minutes, vident le train. Ils permettent aux
usagers d'accéder aux autobus et d'aller immédiatement vers leur
destination finale. C'est ce qui existe actuellement dans la région de
Toronto. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas possible de le
réaliser chez nous. Cette complémentarité, je comprends
très bien que la responsabilité du gouvernement devrait se
limiter au transport par train. Le transport par autobus, la connexion par la
suite devrait suivre les mêmes modalités de subventions que
suivent les CIT pour le transport par autobus.
M. Côté (Charlesbourg): On est obligé de
mettre fin à notre débat. Ce n'est pas un débat qui est
terminé. On aura certainement l'occasion de se voir au cours de
l'automne.
M. Bélisle (Guy): Oui. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Il reste quelques brefs instants, M. le député de
Lévis et Mme la députée de Deux-Montagnes.
M. Garon: On va alterner.
Le Président (M. Saint-Roch): L'alternance, alors, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous avez dit qu'en principe
vous n'étiez pas rébarbatif à participer au déficit
des frais d'exploitation. Quelle serait dans votre esprit la répartition
des coûts d'exploitation entre les intervenants?
M. Prévost: Disons que, si nous regardons, M. le
député, le programme d'ensemble du transport, il s'agit de
transporter les gens d'un endroit à un autre endroit. Il y a
différentes possibilités pour les transporter. Si, d'une part, on
voit le gouvernement provincial les transporter de ville en ville,
peut-être qu'à moyen et long terme le rôle local reviendrait
aux municipalités et à l'usager. Il y aurait une période
de transition, n'est-ce pas? À un certain point, je crois que si on le
regarde dans un ensemble on pourrait dire que le local, ça deviendrait,
sur une période de temps X, la responsabilité des CIT ou des
municipalités et de l'usager et, d'autre part, le provincial, qui voit
à la ligne principale et transporte les gens de ville en ville.
Pour nous, le nord, ce serait une solution à moyen et long terme
qui, financièrement, tout probablement satisferait tous les gens. Dans
quelle proportion? Mais là, si vous prenez le train à 100 % et
que les régions, éventuellement, en ajustant la formule, en
viennent à prendre le local à 100 %, ou en proportion, eh bien
là je pense que tout le monde trouve son profit. Peut-être que ce
serait la solution à long terme. Il y a toujours une période de
transition pour se rendre là. Là au moins on peut arriver
à dire: Dans on ensemble, le projet coûte tant et, vu que le
provincial investit tant sur la ligne principale, le local verra à
prendre la différence. Cela va aller un peu dans les capacités de
payer des municipalités concernées. Très souvent, on veut
bien donner toutes sortes de services. Déjà on offrait une
formule à 75 % des déficits. (18 h 30)
Si on avait besoin de trois autobus, on en achetait dix parce que
c'était 75 % des déficits et, lorsqu'on a dit le plus bas de 40 %
des revenus, 75 % des déficits, c'est certain qu'on a mis l'accent sur
l'achalandage. En le mettant sur l'achalandage et en remettant les
responsabilités aux municipalités par la loi 46, vous nous avez
remis entre les mains les coûts et je peux vous assurer que chez nous,
deux ans après nous l'avoir remis... On va aller dans les
capacités de payer de nos citoyens, on va changer les services offerts.
On n'aura jamais les déficits qui existaient. Cela nous a forcés
à trouver des solutions. Si on fait la même chose, c'est
probablement là qu'on va aller, mais je peux vous assurer qu'aujourd'hui
le CIT de Deux-Montagnes, le 1er janvier 1988, aura les services de minibus.
À comparer aux autobus à 45 places, on ne paiera plus 62,50 $
l'heure productive mais bien 33 $ l'heure. On verra aussi à donner un
meilleur service et la meilleure desserte.
II faut remettre cela entre les mains des gens au niveau local. Quant au
transport principal entre les villes, cela devrait être la
responsabilité du gouvernement provincial, tout en disant que c'est sur
une période de moyen et long terme. Cela peut être de cinq
à dix ans, pour faire la transition.
M. Bélisle (Guy): M. le Président, me
permettez-vous d'ajouter peut-être une précision ou un
élément additionnel à la réponse de M.
Prévost, en ce sens que l'on croit que les immobilisations comme telles
devraient être payées à 100 % par les gouvernements. Le
fonctionnement pourrait être réparti selon une formule à
être discutée entre le gouvernement et les municipalités,
mais il y aura sûrement un effort fiscal de la part des
municipalités. Je ne pense pas que ce soit dans l'idée de
personne que les municipalités pourraient avoir un service de train de
banlieue absolument gratuitement sans aucun effort fiscal. Cependant, que les
immobilisations soient payées à 100 % par le gouvernement, de la
même façon que sur l'île de Montréal le métro
est payé aussi à 100 % par le gouvernement.
M. Garon: Je comprends mai, parce que dans la plupart des villes
du Québec, parce qu'il n'y a pas seulement Montréal, l'ensemble
des villes du Québec, l'autobus est payé... Si le train remplace
l'autobus, vous demandez que le train soit assumé entièrement par
le gouvernement du Québec, alors que l'autobus est assumé
partiellement seulement.
M. Bélisle (Guy): On a quand même un système
d'autobus. On est un CIT aussi et on contribue dans la même proportion
que tous les CIT et selon les modalités et les exigences de la loi 46,
mais entre le train... Vous me permettrez d'exprimer une opinion personnelle,
je faisais partie de la délégation commanditée par le
ministre des Transports à Toronto et j'ai appris que la ville de Toronto
est sûrement très forte à cause de la force que
représente sa région métropolitaine et que c'est une
ceinture, en fait, qui représente un bouclier économique
extrêmement important. Il y a des industries qui ne peuvent pas
s'établir en plein centre-ville à cause des problèmes de
transport et des coûts que cela peut générer pour
l'exploitation des entreprises. Ces industries s'installent ou bien à la
périphérie de la grande région de Toronto ou encore en
région métropolitaine. C'est une opinion personnelle, je le
répète, cela devient une responsabilité sociale
gouvernementale d'assurer la progression ou le développement
économique que représente une grande métropole comme celle
de Montréal et de Toronto également. Peut-être que cela ne
vous satisfait pas.
M. Garon: Non, ce n'est pas ce que je demande.
M. Prévost: M. le député, je vais
réagir à votre question.
M. Garon: Vous avez parlé de deux choses.
M. Prévost: On ne peut pas accepter ce qui existe
présentement, à savoir, d'une part, une ligne de train de
banlieue parallèlement à une ligne d'autobus. On ne peut pas se
permettre de subventionner cela; vous ne pouvez pas vous permettre de
subventionner cela. Considérant la situation entre le sud et le nord, un
système de déplacement avec un train qui va du sud de
Montréal, centre-ville de Montréal, nord et jusqu'à
Mirabel, là on déplace la masse nord-sud par le train. De
là, on dit à chacun des CIT ou des villes ou des participants,
vous êtes responsable du transport dans votre ville ou sur votre
territoire ou à l'intérieur de votre CIT, parce que là on
ne doublera plus le service. Vous doublez le service présentement et on
ne peut pas se permettre de subventionner et les trains et les autobus. On
cherche des solutions à ces déficits qui sont vraiment
extraordinaires.
M. Garon: Non mais ce n'est pas cela que j'ai demandé.
Vous avez une ligne de train et une ligne d'autobus...
M. Prévost: Oui, mais on ne veut plus l'avoir.
M. Garon: Bon, vous ne voulez plus avoir la ligne d'autobus.
M. Prévost: On veut garder l'autobus...
M. Garon:...qui n'était pas payé assez fort par le
gouvernement du Québec...
M. Prévost: Non, non.
M. Garon:...et vous voulez que la ligne de train qui remplace
l'autobus, où il y aura seulement une ligne de train, elle serait
payée entièrement par le gouvernement du Québec.
L'interville...
M. Prévost: Oui, puis si on prend la ligne d'autobus, nous
autres, à long terme à 100 %, M. le député, vous ne
trouvez pas qu'on fait affaire ensemble? On est prêt à en donner,
puis on est prêt à en prendre, mais je veux dire la
situation...
M. Côté (Charlesbourg): 11 y a une
incompréhension qui résulte du fait que le CIT serait un genre de
"feeder" au train. Le
CIT dit qu'il assumerait la responsabilité du transport par
autobus, alors que M. le député de Lévis, dans sa
compréhension, avait compris que le train de banlieue allait remplacer
des autobus en parallèle et que, par le fait même, si le train
remplaçait les autobus, qui eux, sont payés à 25 %
à ce moment-ci par les municipalités quant à
l'immobilisation, il était peut-être normal que le train soit
payé à 25 %, si j'ai bien compris.
Mais on parlait de deux choses différentes, soit...
M. Prévost: Son, il s'agit d'arriver avec une formule plus
moderne, comme je l'ai mentionné au départ. Comme j'ai dit au
départ, on est des bébés, on cherche des formules
modernes, on ne veut pas vivre dans le passé et dans les culottes de
notre grand-père, mais je dois vous avouer que si vous regardez les CIT,
M. le député, dans plusieurs cas, il y a des municipalités
qui ont les capacités de payer et des municipalités à 3000
et 5000 de population; leur capacité de payer est très
très limitée. C'est certain que le gouvernement provincial doit
assumer la ligne principale pour le transport des personnes entre les
régions ou les villes. Si ce n'est pas le cas, comme la loi 46 a remis
entre les mains de ces mêmes municipalités ce transport, les gens
discontinuent, réajustent et même, dans quelques cas, laissent
tomber entièrement.
Alors, je pense que pour les plus démunis, dans certains cas, les
plus petites municipalités... Vous aviez la ligne principale avant par
autobus, vous passiez sur la ligne principale, mais cela n'offrait pas
nécessairement le service à l'intérieur des villes qui
sont aujourd'hui développées pas mai plus que 15 ou 20 ans
passés. Il faut arriver avec une formule un peu plus moderne si possible
et je pense qu'en coûts réels vous allez voir que les
municipalités vont avoir à prendre pas mal plus de sous. Pour ce
qui est de nous, on n'en avait pas avant, c'était Laval qui payait.
À la suite de la loi 46, on est obligé d'hériter, du jour
au lendemain, d'un déficit possible de 600 000 $. Cela est certain que
personne ne pouvait payer cela; alors, on a réduit nos services au point
de vue de la grosseur, on a réduit nos coûts et on a
augmenté, avec un autobus de 28 places plutôt que de 35 places.
Peut-on anticiper une formule plus moderne?
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, madame la
députée de Deux-Montagnes, pour de brèves remarques, s'il
vous plaît.
Mme Legault: Merci, M. le Président. Je voudrais remercier
les membres du CIT, M. Prévost, M. Bélisle et M. Brunet, d'avoir
apporté leur appui sans équivoque au maintien de la ligne
MontréalDeux-
Montagnes. Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, que
nous sommes tous d'accord pour la modernisation et la conservation du
patrimoine. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Deux-Montagnes. M. le député de
Jonquière, une brève question.
M. Dufour: Juste pour essayer d'éclaircir. Dans la plupart
des municipalités, il y a système seulement, c'est un
système d'autobus, excepté Montréal qui a un
système intégré, autobus, train, etc. Ce qui arrive, il y
a des transports entre les villes ailleurs, cela se fait par autobus; donc, les
municipalités paient le déficit, comme le gouvernement, sur
l'ensemble du réseau intégré. Ce que vous dites qui est
différent des autres, c'est: On est prêt à payer pour
l'intérieur de nos municipalités, à l'extérieur
cela ne nous regarde plus. C'est là qu'il nous semble qu'il y a une
incongruité par rapport à ce qui se passe dans l'ensemble du
transport urbain. Cela cause le problème. Vous dites: On va remplir
l'autobus, on va remplir le train, le reste, c'est votre responsabilité.
Ce que vous demandez, c'est presque un traitement particulier par rapport
à ce qui existe ailleurs, à mon point de vue, ou je comprends
mal.
M. Prévost: M. le député, je pense qu'en ce
qui a trait à l'artère principale c'est la responsabilité
du gouvernement. En ce qui a trait aux lignes qui se joignent, peut-être
qu'éventuellement le municipal peut jouer un rôle mais je sais que
vous voulez toucher le point en ce qui a trait au montant mais je dois avouer
que c'est un rôle que le provincial doit jouer qui est plus clairement
défini qu'auparavant. Nous payons les deux présentement.
Voulez-vous continuer à payer les deux?
M. Dufour: Mais, aux endroits où il n'y a que l'autobus,
cela veut dire que bientôt, dans les régions, pour se
réunir l'une à l'autre, le gouvernement devrait subventionner les
gros réseaux de transport.
M. Prévost: Ou si vous laissez tomber le local et vous
prenez entre les villes...
M. Dufour: À Québec et au Saguenay, par
exemple.
M. Prévost: Nous parlons d'une petite région, on ne
parle pas d'aller si loin que cela.
M. Dufour: Bien, vous parlez de quelques kilomètres
aussi.
M. Prévost: La ligne est existante, M. le
député, on ne parle pas d'aller en créer
une là, elle est existante.
M. Dufour: 150 000 000 $ pour la modernisation...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, pour des remarques de
conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous remercie, c'est
toujours un plaisir de vous revoir et de discuter du même problème
en espérant que très prochainement on pourra parler de ce
problème au passé.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie M. le ministre.
Je m'excuse, M. Prévost. M. le député de Lévis, en
remarques de conclusion.
M. Garon: M. le Président, de la manière que le
ministre vient de dire cela, j'ai l'impression que c'est le problème qui
fait partie du patrimoine. Mais cela me fait toujours plaisir d'entendre des
gens qui viennent expliquer leurs perceptions, leur vision des choses pour
mieux informer la commission parlementaire dans le cadre des auditions que nous
faisons sur la demande de consultation du gouvernement. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. Prévost.
M. Prévost: M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs du comité, nous vous remercions de nous avoir
reçus et je crois que, même si on a répété un
peu ce qui a été dit auparavant, vous avez été
assez bons de nous endurer vu l'heure tardive, nous vous en remercions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Prévost. Sur ceci, la commission suspend ses travaux jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 43)
(Reprise à 20 h 26)
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît. Alors, la commission de l'aménagement et des
équipements reprend donc maintenant ses travaux pour poursuivre la
consultation générale portant sur l'étude du document
intitulé "Les infrastructures de transport en commun de la région
de Montréal". Avant de débuter nos travaux j'aimerais attirer
l'attention des membres de la commission sur le fait que, à la suite
d'une entente intervenue entre les deux formations politiques, il a
été convenu d'entendre les trois mémoires qui restent
à étudier pour compléter notre journée, soit
Transport 2000, ville de Mirabel et le Comité des usagers de la
ligne 3 Montréal Deux-Montagnes. Sur ceci, je m'aperçois
que les gens de Transport 2000 ont maintenant pris place et je demanderais au
porte-parole de bien vouloir s'identifier pour le bénéfice des
membres de la commission et du Journal des débats, ainsi que les
gens qui l'accompagnent.
Transport 2000
M. Chartrand (Guy): Parfait. Merci, M. le Président.
Permettez-moi premièrement de vous présenter les personnes qui
m'accompagnent. A ma gauche, ici, M. Jacques Brière, secrétaire
au conseil d'administration de Transport 2000, Mme Céline Auger,
coordonnatrice et M. Pierre Bouchard, conseiller. Mon nom est Guy Chartrand,
président de Transport 2000, Québec.
Avant de débuter, je dois dire, pour bien expliquer quelle est
notre association, que nous sommes un organisme qui a été
fondé il y a dix ans et que depuis cette période nous tentons,
avec les ressources que nous avons, bien sûr, de représenter le
point de vue des usagers du transport en commun. C'est dans cette optique que
nous vous présentons aujourd'hui ce mémoire qui est le fruit de
plusieurs mois de réflexion sur le sujet.
L'ère des restrictions budgétaires que nous vivons dans le
transport en commun a au moins l'avantage de faire en sorte que l'on se pose
les bonnes questions et, espérons-le, qui apporteront des bonnes
réponses. La consultation entreprise par le gouvernement se veut un
moment de réflexion sur l'avenir du transport en commun et permettra de
ramener un certain réalisme dans la gestion et le développement
de celui-ci.
Le métro qui a toujours été vu comme la
panacée du développement du transport en commun ne répond
plus au défi de l'avenir. D'une part, l'automobile reste le mode de
transport prépondérant et, d'autre part, la croissance de
l'emploi et de la population penche en faveur de la banlieue, accentuant les
déplacements interrives et intrabanlieue. La faible densité de la
banlieue favorise l'automobile aux dépens du transport en commun. On
entrevoit l'avenir avec pessimisme si rien n'est fait pour maintenir
l'achalandage actuel et, à plus long terme, si on ne cherche pas
à l'accroître par des mesures appropriées.
Le gouvernement nous dit que le transport en commun lui coûte cher
d'autant plus qu'il lui faut dégager des sommes pour l'entretien de son
réseau routier délaissé depuis quelques années. On
ne comprend pas cette logique qui dit que l'on doive enlever à l'un pour
donner à l'autre. Par cette attitude
le gouvernement se condamne au jeu du balancier qui fera en sorte que,
lorsque le réseau routier sera remis en état, ce seront les
infrastructures du transport qui seront dégradées. Cette
dégradation fera baisser l'achalandage, donc, augmentera les
contributions du gouvernement et des municipalités. Le cas des trains de
banlieue est un bon exemple des effets de la qualité du service sur
l'achalandage. La ligne MontréalRigaud démontre avec
éloquence que la modernisation des équipements et un bon service
peuvent apporter une hausse de l'achalandage.
Là-dessus je vous réfère, messieurs, M. le
Président, à la page 29 de notre mémoire. On y lit bien -
n'est-ce pas? - que l'achalandage sur la ligne MontréalRigaud a
augmenté d'une façon substantielle depuis les débuts de la
modernisation qui n'est pas encore achevée, comme vous le savez. Les
chiffres que nous avons obtenus, c'est qu'en 1982 lors de l'intégration
de ce service-là, on parlait d'environ 3700 usagers par jour tandis que
maintenant on est rendu à 10 000 et plus. Alors, nous pensons que c'est
une décision, la modernisation de la ligne MontréalRigaud,
qui a vraiment valu la peine.
Nous pensons qu'un bon service peut apporter une hausse de
l'achalandage. Qu'attend-on pour faire de même pour les lignes
Deux-Montagnes et Saint-Hilaire. Dans le cas de la ligne Saint-Hilaire je dois
faire un aparté. Nous aurons quelqu'un qui va venir présenter ici
le point de vue des usagers de la ligne MontréalSaint-Hilaire. Il
est clair dans notre esprit et le CN a clairement indiqué que, d'ici
quelque temps ou quelques mois s'il n'y a aucune décision de prise
à la suite de cette commission parlementaire, le service va
malheureusement disparaître, ce qui serait une aberration compte tenu de
tous les problèmes que nous connaissons entre la rive sud et
Montréal présentement, et surtout en ce qui a trait aux ponts.
Donc, on se doit de moderniser ces deux lignes et ce, à des coûts
réalistes qui démontrent bien que la fin des projets
chromés est arrivée.
On a parlé beaucoup du métro aujourd'hui, mais je me
permets de vous référer, M. le Président, à un
article de The Gazette qui a paru le 6 juin dernier où on fait un
peu l'historique de la ligne 5. Je vous dis que ce n'est pas tellement
édifiant de voir que pour construire une ligne telle la ligne 5 avec
onze kilomètres et douze stations, on a pris presque dix ans et que cela
a coûté presque le double de ce que cela devait coûter au
début. On trouve cela un peu aberrant que la planification du transport
en commun a fait en sorte que cela a été si long et si
coûteux pour faire une ligne de métro qui finalement
n'était pas si longue que cela à construire. Je vous rappelle sur
cela que la construction des 26 premières stations de métro de
Montréal a pris quatre ans et demi lors du réseau initial, entre
1962 et 1966, et que là cela prend dix ans pour faire onze
kilomètres et une dizaine de stations. C'est un peu difficile à
accepter et à comprendre.
Les nouvelles infrastructures devront répondre à des
besoins réels qui permettront d'augmenter la qualité du service
et non la quantité des infrastructures. Pour nous, il est clair
qu'à court et moyen terme le métro ne saurait répondre
à ces conditions. Sur cela, je vous réfère à la
page 14 de notre mémoire où on parle de systèmes à
capacité intermédiaire. L'une des difficultés que nous
avons pu déceler à Montréal, c'est que finalement on a un
service d'autobus ou un service de métro, on n'a pas de système
intermédiaire tel qu'il en existe dans plusieurs villes
d'Amérique du Nord et plusieurs agglomérations en Europe. Il y a
un mouvement qu'on peut déceler facilement de nos jours, c'est que
plusieurs villes reviennent à ce qu'on appelait ici le tramway et ce qui
s'appelle encore le tramway, mais qu'on appelle aujourd'hui le système
léger sur rails, entre autres. il y a d'autres systèmes
intermédiaires tels que les voies réservées pour autobus
qui ne sont pas encore implantés à Montréal même.
Alors, lorsqu'on regarde la capacité du transport on pense que le
métro a une très grande capacité, mais il y a d'autres
systèmes intermédiaires entre l'autobus classique tel qu'on le
connaît à Montréal dans des rues encombrées et le
métro qui est rendu, comme on le sait, à presque 30 000 000 $ le
kilomètre en coût d'investissement.
Le problème principal auquel fait face le transport en commun est
la lente dégradation du réseau de surface. La vitesse commerciale
des autobus est tributaire de la circulation automobile qui, de plus en plus,
est difficile surtout au centre de l'île et sur les ponts. Justement en
parlant des ponts, on a appris tout dernièrement qu'on a vraiment
brisé tous les records la semaine dernière sur le pont Champlain,
un pont qui a été construit pour environ 80 000 automobiles par
24 heures où il y a eu apparemment 130 000 déplacements en 24
heures. On peut alors voir qu'il y a des infrastructures dans la région
de Montréal, vraiment, qui sont complètement
dépassées.
Le partage de la route est donc un objectif à court terme qu'il
faut viser et qui ne sera pas facile à réaliser. Les voies
réservées pour les autobus, les corridors et les routes pour
autobus, les priorités aux feux de circulation sont quelques mesures que
l'on peut appliquer là où le besoin se fait sentir. Il est
inconcevable qu'en 1987, à Montréal, 85 personnes dans un autobus
n'aient pas la priorité sur une automobile et son conducteur et
peut-être son passager. En
plus d'être un complément au réseau actuel de
métro toutes ces mesures favorisent la qualité du service offert
aux usagers et permet des économies appréciables par le
transporteur. La visibilité du transport en commun comme alternative
à l'automobile est importante si l'on veut favoriser un transfert modal.
Ici, je voudrais vous référer à cet effet au
troisième paragraphe de notre mémoire à la page 19
où l'on parle effectivement des coûts minimes reliés
à une voie réservée comparés à ceux d'une
infrastructure lourde telle que le métro. À Québec, par
exemple, sur la côte d'Abraham et sur les boulevards Dorchester et de la
Couronne les coûts d'implantation ont été de 70 000 $ pour
une voie réservée pour les autobus; on ne parle pas de 450 000
000 $ ou de 1 000 000 000 $. On parle de coûts beaucoup plus
réalistes, je crois, compte tenu des restrictions actuelles. Cela a
été la même chose pour le pont Champlain. Je pense ne pas
avoir de leçon à donner à personne sur cela, mais vous
comprendrez bien que le succès de la voie réservée du pont
Champlain est idéniable et ce sont des mesures qui n'ont pas
coûté 50 000 000 $ le kilomètre.
Je continue là-dessus. Donc, le rôle joué par le
transport en commun dans la vie économique et sociale de la
région montréalaise est reconnu par tous. Les
récriminations des commerçants lors de la dernière
grève à la STCUM nous ont appris que les commerçants ont
perdu environ 60 % de leurs ventes lors de la dernière grève. Il
y a eu même des conférences de presse des gens d'affaires de la
région de Montréal, naturellement, qui réclamaient
à hauts cris la fin de la grève et ils s'appuyaient justement sur
le fait que le "business" à Montréal, au centre-ville du moins,
était très affecté par la grève.
L'évolution démographique et urbaine concourt à
créer sur les transports en commun des pressions négatives. Le
recours à l'aménagement de ponts et d'autoroutes comme palliatifs
à l'accentuation des problèmes de congestion automobile ne
saurait être une solution économique. Là-dessus, je
voudrais vous référer, M. le Président, à la page
8, au troisième paragraphe, où on parle effectivement de tout le
problème de la démographie à Montréal. Entre 1971
et 1981, selon une étude de M. Yves Bussières qui porte le titre
de "La demande du transport en commun dans la région
métropolitaine de Montréal" qui a été
publiée en 1986, la croissance de la population s'est située en
banlieue. La CUM a même perdu, pendant la période de 1971 à
1981, 10 % de sa population, elle est passée de 2 000 000 $ à 1
800 000 $ d'habitants, la couronne urbaine passant, quant à elle, de 800
000 à 1 100 000 habitants. Plus significative encore est la
décroissance du poids relatif de la population de la CUM dans la
région. Cette proportion est passée de 71 % à 62 % alors
que la couronne urbaine voyait croître la sienne de 29 % à 38
%.
Également, à la page 16, on parle d'ailleurs du fait que
l'autoroute 25, si jamais elle devait se faire - et nous sommes loin
d'être convaincus d'une telle nécessité -finalement, il
faudrait y prévoir au moins, si jamais on la fait, des routes pour
autobus afin de diriger rapidement les autobus vers le métro. On n'est
pas convaincus que la construction de cette autoroute-là est
nécessaire, compte tenu de l'évolution démographique et de
tout le problème de l'étalement urbain.
On devrait améliorer l'efficacité des réseaux par
l'accroissement de la vitesse commerciale des autobus en limitant l'offre de
stationnement et en améliorant la gestion interne des transporteurs. Le
climat de travail devra s'assainir et on devra avoir recours à un
marketing plus agressif. Les usagers devraient être davantage
impliqués dans le processus décisionnel par suite de la
création d'un comité consultatif. Je dois vous dire
là-dessus que, malgré les réformes qu'on a eues dans les
commmissions de transport, on constate malheureusement qu'il y a une carence
dans la représentation des usagers au niveau des sociétés
de transport dans la région de Montréal. Présentement, sur
la rive sud et à Laval, les usagers ne sont pas du tout
représentés au conseil d'administration. À
Montréal, il y a deux représentants des citoyens, mais ils ne
sont pas, finalement, les représentants des usagers et on remarque une
carence du côté de la représentation desintérêts des usagers au niveau des conseils d'administration
des sociétés de transport et, encore pire, dans ceux des CIT
où on sait que des décisions ne sont souvent, malheureusement,
pas tellement favorables aux usagers.
Afin d'accroître les ressources financières, on devra
réduire les dépenses sans pour autant miner la qualité des
services offerts aux usagers. L'effort financier consenti par les
municipalités de la CUM en 1987 pour contrer les effets des
règles de plafonnement du décret de 1983 est tout à fait
justifié et devrait s'intensifier. Alors, la question qu'on se pose: La
contribution des municipalités devrait-elle augmenter? Là-dessus,
je peux vous dire que... Vous avez posé cette question, je pense,
à la page 10 de votre document de consultation où c'est
clairement indiqué.
Les règles de partage des frais du service de la dette du
métro devraient demeurer les mêmes. Par contre, le gouvernement
devrait réévaluer à la hausse sa contribution en regard du
coût de réfection du réseau du métro. Si le
gouvernement veut alléger sa participation
aux frais du métro, il devrait peut-être faire contribuer
les municipalités situées en dehors de la CUM. Tôt ou tard,
on devra se résigner à faire contribuer ceux que l'on identifie
comme étant les bénéficiaires non usagers du transport en
commun.
Nous suggérons au gouvernement du Québec et aux
municipalités de mettre à contribution les automobilistes via une
taxe sur le stationnement sur les territoires juridiques des trois
sociétés de transport et le transfert d'une partie de la taxe
provinciale sur l'essence vendue sur tout le territoire desservi par un
organisme de transport public dans la région de Montréal, et
ça, y compris les CIT.
De plus, les propriétaires d'immeubles profitant d'un
accès direct aux stations de métro pourraient être mis
à contribution par une taxe spéciale. Les usagers des
municipalités où le service de transport en commun est
organisé par les conseils intermunicipaux de transport sont, sans aucun
doute, ceux qui jouissent des moins bons services.
Si les objectifs entourant la création des CIT étaient
louables, on peut cependant affirmer que, trois ans et demi après, le
bilan est peu reluisant et fait peser un sérieux doute sur la
volonté des municipalités, du moins, certaines d'entre elles,
d'assumer leurs responsabilités en matière de transport en
commun. Là-dessus, je pense que vous avez tous pris connaissance de
l'article de La Presse du 25 juillet qui faisait état de la situation
lamentable dans certains CIT de la région de Montréal.
En terminant, M. le ministre, en tant que promoteurs de l'utilisation
des trains de banlieue, nous sommes en désaccord au sujet de tout
projet, de désengagement dans le financement des coûts
d'exploitation des trains de banlieue, que ce soit de niveau provincial ou de
niveau de la CUM.
Nous croyons fermement qu'il y a des trains de banlieue et,
là-dessus, je vous reporte à un schéma des trains de
banlieue en page 32... Juste après la page 32, vous allez voir un petit
tableau que nous avons préparé, un genre de petite carte de la
région de Montréal et vous allez vous apercevoir que des trains
de banlieue, il en reste peu de tout ce qu'il y avait à
Montréal.
Peut-être que plusieurs ne se le rappelleront pas, mais il y avait
un train de banlieue qui allait à Montréal-Nord et qui
était un genre de branche de la ligne
MontréalDeux-Montagnes. Il y avait un train de banlieue jusqu'en
1980 à Sainte-Thérèse. Il y en avait un à
Pointe-Calumet, à Farnham.
En tout cas, ce sont tous des services qu'on a perdus et, là, le
train de Saint-Hilaire, je pense que tout le monde sait très bien que,
s'il n'y a pas une décision prise bientôt, le CN a menacé
très sérieusement de le couper complètement.
Là-dessus, je pense que ce sont les principales idées que
nous voulions amener aujourd'hui. Notre mémoire a une soixantaine de
pages au complet. Alors, c'était difficile de résumer cela en
quelques mots. Je comprends qu'on avait seulement vingt minutes pour lire tout
ce document qui apporte quand même des chiffres, qui apporte des
idées un peu différentes de ce que vous avez entendu
peut-être aujourd'hui.
Nous, on ne réclame pas des métros partout. On pense qu'il
y a d'autre chose que le métro qui peut faire en sorte que le transport
en commun puisse s'améliorer à Montréal à des
moindres coûts. Là-dessus, ça me ferait plaisir, à
moi ou à mes collègues, de répondre à toutes les
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. Je cède maintenant la parole à M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux, en tout premier lieu, remercier le groupe Transport
2000, M. Chartrand en particulier, pour sa contribution qui est toujours assez
remarquée et signaler le travail très actif, utile et
nécessaire de Transport 2000 partout où il y a des feux -dans le
domaine du transport, partout où il n'y a pas de ponts non plus, que ce
soit dans le domaine ferroviaire ou dans d'autres domaines.
Même si c'est pour critiquer des positions gouvernementales, je
pense qu'un organisme comme le vôtre qui a dix ans d'existence - il les
fête cette année, à tout le moins - mérite
d'être appuyé, l'a été et continue de l'être
et ce n'est pas une subvention de support avec une ficelle après qui
vous attache.
Je pense que vos prises de position au cours des derniers temps
n'allaient pas toujours dans le sens de la flatterie vis-à-vis du
gouvernement, mais véritablement pour représenter un point de vue
qui est nécessaire aujourd'hui et qui stimule ceux qui ont des
décisions à prendre. Je vous incite, comme propos d'ouverture,
à continuer dans cette voie, dans la voie où, bien sûr,
vous avez des intérêts à défendre et vous les
défendez bien.
Évidemment, le mémoire est très substantiel, une
soixantaine de pages inspirées d'une vision, la vision de l'usager, et
traduit très bien ce que peut penser l'usager du transport en commun de
la grande région de Montréal et aussi dans le débordement
de la couronne en ce qui concerne les CIT.
En ce qui concerne les CIT, on a eu effectivement l'occasion de se
croiser, de discuter à l'occasion de certains problèmes du CIT
des Basses-Laurentides et d'autres. C'est clair que ce n'est pas le bonheur
total
partout avec les problèmes que ça suppose, mais, en
contrepartie, il y a quand même des CIT qui font un bon travail.
Heureusement, ils sont plus nombreux que ceux qui ne font pas un bon
travail.
Mais c'est encore une jeune organisation qui mérite de continuer
d'être appuyée et qui fait en sorte que, comme la
démonstration que nous avons eue cet après-midi, il y a des
tentatives de rationalisation extrêmement importantes à ce point
de vue et d'adaptation de l'offre de transport à la clientèle.
(20 h 45)
Si on revient à votre principal cheval de bataille, si j'ai bien
saisi l'essence du message, qui est le train de banlieue, je pense que c'est un
élément extrêmement important de votre contribution. Vous
évoquez le fait qu'il y a à la fois ceux de
MontréalSaint-Hilaire et de MontréalDeux-Montagnes
qui doivent être maintenus et modernisés dans les plus brefs
délais, même avant le prolongement du métro, compte tenu
des coûts et de l'utilité du service.
Si, demain matin, vous aviez à choisir entre
MontréalDeux-Montagnes et Montréal--Saint-Hilaire, à
qui des deux donneriez-vous la priorité? Puisque vous êtes un
relanceur de policitiens en termes de responsabilités, j'imagine que
vous avez certains talents de ce côté-là aussi et c'est
avec plaisir que je vais vous entendre quant à la priorité, soit
Saint-Hilaire ou Deux-Montagnes.
M. Chartrand: Vous me posez une question bien difficile, M. le
ministre. Si on prend les chiffres, il y a présentement environ 12 000
usagers par jour sur la ligne de Deux-Montagnes. Il en reste 600 par jour sur
celle de Saint-Hilaire. Je pense que c'est évident. Je serais
obligé de vous répondre, effectivement, que je pense que la ligne
de Deux-Montagnes est peut-être plus utilisée présentement.
Là, il y a plus d'usagers, c'est évident.
Cela dit, sur Saint-Hilaire, s'il y en a 600 par jours, 300 dans chaque
sens, c'est parce qu'il y a eu un laisser-aller. Le potentiel n'est pas le
même. Sur la rive sud, les problèmes sont un peu différents
de ceux de la rive nord. Les ponts de la rive sud sont encore plus
congestionnés que ceux de la rive nord, à certaines heures du
moins. Il est évident que vous me demandez de prendre une position en
faveur de l'un ou de l'autre, je dis qu'il faut garder les deux. Il faut garder
les deux parce qu'on a eu plusieurs lignes de trains de banlieue dans la
région de Montréal et il y en a plusieurs qui ont
été fermées. D'ailleurs, je vous l'ai mentionné
tantôt, après la page 32. Il y a plusieurs lignes qui ont
été fermées et même il y a des gens, dans la
région de Châteauguay, qui vous réclament, aujourd'hui, des
trains de banlieue ou au moins quelque chose de ce côté-là;
là aussi, il y avait un train de banlieue, jusqu'en 1980, qui allait
à Farnham; même s'il n'allait pas à Châteauguay, il
passait sur ce fameux pont qui est à côté du pont
Mercier.
Nous pensons que des services de trains de banlieue, on ne peut pas en
avoir partout, c'est bien évident. Mais nous pensons qu'en utilisant les
emprises qui existent dans la région de Montréal on pourrait
faire une utilisation un peu plus intelligente du transport en commun,
justement en utilisant ces emprises. Je suis d'accord que, présentement,
il y a encore des problèmes quant aux coûts de l'utilisation de
ces emprises. On attend toujours une loi du gouvernement fédéral
sur le train de voyageurs au Canada; dans le projet de loi C-97, qui est
malheureusement mort au feuilleton l'an dernier à Ottawa, il y avait des
propositions qui auraient pu faire en sorte que les trains de banlieue auraient
été encore moins dispendieux à faire fonctionner dans
l'avenir. J'espère que, tous ensemble, nous pourrons faire des pressions
assez fortes auprès du gouvernement fédéral pour qu'un
jour aboutisse ce fameux projet de loi.
C'est évident, à cause du nombre de passagers encore, que
celui de Deux-Montagnes est plus important que celui de Saint-Hilaire, mais je
ne suis pas prêt à dire qu'il faut laisser tomber celui de
Saint-Hilaire. M. le ministre, encore une fois, cela prend les deux.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai compris, d'une
réponse claire, vous l'avez bien enrobée, que
MontréalDeux-Montagnes devait être la priorité
d'intervention compte tenu du volume de circulation.
M. Chartrand: C'est-à-dire, M. le ministre, qu'il y a
aussi le fait... Il ne faut pas oublier qu'on parle d'une modernisation sur
MontréalDeux-Montagnes. Il y a un point très important ici.
On parle de moderniser MontréalDeux-Montagnes et il
n'arrêtera pas demain matin, sauf qu'il y a une décision qu'il va
falloir prendre bientôt parce qu'en 1992 cela va arrêter. Le CN a
dit cela. MontréalSaint-Hilaire, les projets de modernisation, on
n'en entend jamais parler, mais on entend dire, par exemple, que, si d'ici
quelques mois il n'y a pas de décisions de prises, il va
disparaître. Donc, on pourrait penser aussi que ce sont peut-être
des menaces qu'on pourrait dire lancées en l'air, mais cela ne semble
pas être le cas, parce que le CN perd 1 000 000 $ par année avec
cette ligne.
M. Côté (Charlesbourg): M. Chartrand, je n'ai jamais
été énervé par les menaces du CN; c'est très
impersonnel, le CN, comme le CP d'ailleurs. Ces gens se sont essayés
dans la région de Québec et cela n'a pas "poigné"
non plus. Alors, ils ont une responsabilité vis-à-vis de
la collectivité et Ils devront l'assumer. Ne jamais oublier que le
bailleur de fonds du CN, en bonne partie, c'est le gouvernement
fédéral. Donc, les contribuables du Québec ont des
responsabilités qu'ils devront prendre à ce niveau, qu'ils le
veuillent ou pas. Certains administrateurs devront sortir de leur tour d'ivoire
pour aller voir ce qui se passe sur le terrain. Cela m'apparaît assez
clair; à ce niveau, la bataille viendra en temps et lieu.
Quant à MontréalDeux-Montagnes, il y a cinq ans
d'intervention. C'est clair, il faut prendre des décisions et
effectivement, compte tenu du volume, cela nous paraît être la
priorité d'intervention sans toutefois négliger l'aspect de
MontréalSaint-Hilaire, mais la fréquentation, même si
elle a pu être influencée par une qualité de l'offre au fil
des ans, paraît devoir favoriser Montréal--Deux-Montagnes. Mais il
y a le problème de Châteauguay où effectivement une
étude menée par le ministère, compte tenu des visites que
j'ai faites dans le milieu, avec l'engorgement du pont Mercier, avec tous les
problèmes que cela suppose... Avec Mme Cardinal on a eu à se
pencher sur le problème à plusieurs reprises et nous examinons
effectivement la possibilité actuellement d'utilisation des voies du CP
et l'étude est en cours. Ce n'est pas une étude qui prendra un
an, mais une étude que l'on devrait avoir complétée au
cours de l'automne et pour prendre des décisions-là quant
à ce niveau-là et quant à une desserte intelligente
à partir d'infrastructures existantes qui feront en sorte que l'on
pourrait soulager ceux qui veulent effectivement utiliser le transport en
commun. Il y a longtemps que les gens de Châteauguay et tout
l'arrondissement espèrent une solution ou un allégement à
leurs problèmes quotidiens. C'est une avenue fort intéressante
qui va dans le sens de ce que vous souhaitez et ce n'est pas très
onéreux comme coût. On prendra les décisions dans ce
cas-là aussi au cours de l'automne. Nous aurions fait un bon bout de
chemin.
À la page 3 de votre résumé, il y a un paragraphe
en bas qui me chatouille un peu. Vous dites: "Le recours à
l'aménagement de ponts et d'autoroutes comme palliatif à
l'accentuation des problèmes de congestion automobile ne saurait
être une solution économique."
Bien sûr que, pris dans l'objectif d'ajouter des ponts pour mettre
plus de monde dans le centre-ville de Montréal, cela ne règle pas
le problème, vous avez raison. Par contre, on a des problèmes de
congestion que le transport en commun peut à certains égards
solutionner. Il y a des ponts qui pourraient être très utiles pour
désengorger le boulevard Métropolitain. Il y a des constructions
d'autoroutes qui pourraient permettre de désengorger le boulevard
Métropolitain. Si, demain matin, la construction de la 30 et la
construction d'un pont sur rivière des Prairies faisaient en sorte que
l'on soulageait le boulevard Métropolitain de 10 % à 15 % de son
achalandage, on viendrait de régler une partie des problèmes.
Cela ne veut pas dire qu'il ne reste pas des aménagements sur le plan
autoroutier à Montréal pour lui permettre de garder son niveau de
compétitivité pour ses entreprises, qu'il n'y ait pas des efforts
à faire de ce côté-là. J'en ai discuté au
souper avec le maire de Montréal et on a convenu de se revoir. Une
affirmation aussi catégorique que des ponts ou la construction
d'autoroutes ne régleraient pas un certain problème de congestion
pris dans l'objectif que l'on remet du monde additionnel dans le système
autoroutier actuellement à Montréal, c'est clair, vous avez
raison, mais si c'est pour éliminer des gens qui obligatoirement doivent
circuler à l'intérieur de la ville, mais n'ont pas affaire
à l'intérieur des limites de la ville de ce circuit-là, on
pourrait à ce moment-là faire un certain travail. Je ne sais pas
si vous êtes d'accord avec moi, mais vous n'êtes pas obligé
de l'être. C'est la perspective dans laquelle je voulais vous parier
d'autoroutes et de ponts.
M. Chartrand: M. le ministre, j'aimerais faire un commentaire sur
ce que vous venez de dire. Nous ne sommes pas convaincus que la construction
d'un autre pont, par exemple, dans l'axe de l'autoroute 25... Malgré que
je comprenne que vous ayez des collègues qui demandent cet
investissement qui, selon eux, aurait dû être fait il y a
longtemps, il en reste que l'on a remarqué que - et je pense que c'est
un phénomène nord-américain -chaque fois que l'on
construit un pont ou une autoroute, cinq ans ou au maximum dix ans
après, il est bloqué. On l'a vu avec l'autoroute 13 et avec un
paquet d'autoroutes dans la région de Montréal. C'est le premier
élément.
Le deuxième élément, ici, ce n'est peut-être
pas la place pour faire le débat sur la nécessité de
l'autoroute 25 ou pas, parce que c'est un débat qui à lui seul
pourrait demander une commission parlementaire ou du moins des discussions plus
longues. Il reste qu'il y a tout le problème de l'étalement
urbain et certains pourraient craindre que, par exemple, la construction d'un
nouveau pont dans cet axe pourrait favoriser que des gens demeurant à
Montréal aillent demeurer à l'extérieur, puis cela
pourrait faire que le noyau de l'île se dépeuple encore. Ce qui
n'est pas tout à fait dans l'optique du gouvernement, je pense, de
dépeupler le centre-ville de Montréal encore plus qu'il ne l'a
déjà été.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas
nécessairement non plus faire en sorte que l'on encourage un certain
immobilisme et dans ce sens-là je me place dans la peau des citoyens qui
sont au nord-est de la région métropolitaine et qui, eux, ont
à faire des trajets assez longs pour être capables d'aller
là où ils veulent. Cela crée aussi des problèmes et
des préjudices à ces gens. S'il y a le phénomène
des gens de la ville qui peuvent aller à l'extérieur, en
banlieue, il y a aussi le phénomène des gens de banlieue qui, de
par l'histoire même de l'implantation de l'industrie, doivent venir
travailler dans le centre-ville et doivent aussi avoir des moyens de
communication intéressants. C'est un débat qui dépasse
largement le transport en commun, c'est davantage du système
routier.
Je voudrais revenir au mémoire. Vous faites mention qu'il serait
souhaitable de faire contribuer les municipalités hors CUM aux frais du
métro. Bon, comment est-ce qu'on fait cela? Qui prend-on comme cela et
comment est-ce qu'on fait cela?
M. Chartrand: C'est complexe, effectivement. L'un des
problèmes qu'on peut noter dans cela, c'est qu'il n'y a pas d'organisme
régional. Il n'y a pas personne au niveau régional qui prend une
décision à cet effet. La rive sud et Lavai ne veulent pas payer
un sou du métro sauf que, effectivement, je pense que n'importe qui se
rend à Henri-Bourassa ou à Longueuil le matin va voir beaucoup de
gens qui ne contribuent pas directement au coût d'exploitation du
métro de Montréal qui l'utilisent. Alors, comment le fait-on? Je
pense que ce serait... Si je peux peut-être le dire ici ou en tout cas
avancer une idée dans ce sens, cela ne pourra pas se faire dans le
contexte actuel où il y a trois sociétés de transport
où les administrateurs ne se parlent pas toujours entre eux. Ils ne sont
pas d'accord sur tous les points entre eux non plus. À mon avis, cela ne
se fera pas le jour où il n'y aura pas un organisme régional qui
pourra régler ces problèmes régionaux. Là, on parle
de problèmes régionaux. Dans ce sens, les consensus vont
être très difficiles à faire, je suis d'accord avec vous
parce que c'est évident que les gens de la rive sud payent
déjà les taxes pour leur société de transport, par
exemple. Ces gens n'ont pas de voix en ce qui concerne l'administration de la
CUM. Là, ils vont arriver avec "no taxation without representation".
C'est évident que ce problème ne sera pas réglé
tant qu'il n'y aura pas un autre organisme suprarégional, ou un autre
gouvernement suprarégional mais au moins un organisme régional de
transport qui fera en sorte qu'une vision plus régionale soit mise de
l'avant et là il y aura peut-être des moyens de faire participer
des gens qui ne payent pas pour le réseau présentement.
M. Côté (Charlesbourg): II y a quand même une
lueur d'espoir sur les propos entendus au cours de la journée, à
la fois ceux de la CUM et de la STL, sur cette problématique qui est
beaucoup plus grande d'interface et d'interconnexion de toutes ces
sociétés ces commissions de transport. Je pense que le temps va
nous permettre de cheminer à ce niveau et de tenter de franchir guelques
barrières qu'il reste à franchir. À ce moment, M. le
président, je prends acte que vous êtes très
généreux dans votre commande et dans votre demande à
l'État en termes de paiement, 100 % des immobilisations en plus d'un
petit coup en ce qui concerne l'exploitation en étant toujours conscient
qu'en fin de compte c'est le citoyen qui paie pareil, même si c'est
l'État. Finalement, on peut en prendre bien gros et bien large sur nos
épaules, mais en fin de compte c'est le citoyen par ses taxes qui
examine cela.
Est-ce que vous avez examiné la possibilité d'autres
sources de financement et quelles seraient-elles?
M. Chartrand: M. Pierre Bouchard va répondre à
cette question. Il a travaillé ardemment à ce dossier.
M. Bouchard (Pierre): Pour ce qui est des sources de financement
qu'on appelle nouvelles où on aurait recours à des
bénéficiaires non usagers ou indirects, on a fait mention dans le
mémoire de trois sources qui ne sont pas nouvelles. Cela a
déjà été discuté lors d'autres débats
à d'autres commissions parlementaires avant. Dans un premier temps on
favoriserait une taxe sur le stationnement qui serait perçue
évidemment par les municipalités elles-mêmes. Actuellement
il n'y a que la ville de Montréal qui perçoit comme telle une
taxe sur le stationnement. On voudrait que les municipalités contribuent
davantage par cette taxe qui aurait l'avantage d'avoir un impact sur la demande
en transport, notamment au centre-ville. Cette taxe pour nous ne devrait pas
être uniquement en ce qui a trait au stationnement commercial, mais
également en ce qui a trait à toute place de stationnement,
finalement; qu'elle soit fournie par l'entreprise ou par les commerçants
également.
M. Côté (Charlesbourg): Même le gouvernement
qui installe ses bureaux au centre-ville. (21 heures)
M. Bouchard: Oui. S'il fournit à ses employés un
certain nombre de places de stationnement il faudrait que la
municipalité puisse taxer cela. Donc, dans un premier temps on pense
que, effectivement, le
stationnement, c'est la meilleure façon d'aller chercher des
sommes supplémentaires, cela aura un impact sur la demande. C'est facile
à gérer comme système, il s'agit de compter le nombre de
places de stationnement. Ensuite, on ne voudrait pas justement que cette taxe
s'applique uniquement aux places commerciales, donc, au centre-ville de
Montréal. Il faudrait que cette taxation soit étendue à
l'échelle de la région de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre esprit, est-ce
que cette taxe devrait servir exclusivement à l'exploitation?
M. Bouchard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Et non pas aux
immobilisations parce que vous avez réglé le cas en disant: Le
gouvernement paie à 100 %.
M. Bouchard: Oui, effectivement, cela irait à
l'exploitation.
M. Côté (Charlesbourg): La deuxième.
M. Bouchard: La deuxième, on pense à la taxe sur
l'essence qui est déjà perçue par le gouvernement du
Québec.
M. Côté (Charlesbourg): L'ascenseur est
bloqué.
M. Bouchard: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): L'ascenseur est
bloqué.
M. Bouchard: Oui. Alors, on ne propose pas une nouvelle taxe
comme telle, mats un transfert. On parlait, par exemple, dans le livre blanc
d'une taxe de 2 % sur les carburants. On allait chercher à ce
moment-là, si je ne me trompe pas, 19 000 000 $. Dans le rapport SECOR
de 1985 où on donnait l'exemple d'un demi-cent le litre, de sept
dixièmes de cent le litre, où on allait chercher à
l'échelle de la région de Montréal l'équivalent
d'environ 20 000 000 $. Si on actualise cela aujourd'hui, selon les chiffres
qu'on a pu avoir, effectivement c'est de l'ordre de 30 000 000 $, par exemple,
2 %. Cela est dans la région de Montréal, la région
métropolitaine de recensement ou l'équivalent.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-là, si
jamais une taxe comme celle-là était imposée, serait-elle
répartie entre des commissions ou des sociétés de
transport de la grande agglomération de Montréal et, si oui,
quelle séparation en ferait-on?
M. Bouchard: Effectivement, il faudrait qu'elle soit
perçue et transférée dans l'ensemble de la région.
Donc, on inclut les CIT, les organismes publics et ce que vous appelez les
OMIT; alors, on voudrait que cette taxe soit perçue à
l'échelle de ces territoires. Maintenant, le problème de la
redistribution après la perception, c'est plus complexe,
évidemment, mais on pense que cela pourrait se faire, dans un premier
temps, simplement en vertu des ventes. Donc, il faudrait qu'il y ait une
comptabilité en fonction des secteurs et ces fonds seraient
redistribués aux organismes mêmes, donc, aux
sociétés sur leur territoire juridique et sur le territoire des
CIT.
M. Côté (Charlesbourg): Et il y avait une
troisième source?
M. Bouchard: Oui, une troisième source, cela touche les
promoteurs et les propriétaires immobiliers, enfin, les gens qui sont
branchés sur le métro. Quand on dit "branchés sur le
métro", cela veut dire qui ont un lien direct intérieur; donc,
sans sortir à l'extérieur. On pense que ces gens-là, les
propriétaires de ces immeubles devraient contribuer par une surtaxe qui
serait versée également directement à la STCUM.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
M. Bouchard: Enfin, ce sont des suggestions qu'on...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est cela; oui,
d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le président, j'ai entendu parler de votre
organisme en beaucoup de bien par la députée de Maisonneuve, Mme
Harel, qui était la critique officielle de l'Opposition, comme des gens
qui cherchent des solutions différentes et qui n'ont pas de
préjugé défavorable envers différentes solutions,
quand ils analysent les projets. Une chose m'a bien surpris, je vais être
franc avec vous, c'est que vous privilégiez les trains de banlieue. Je
vais vous dire pourquoi tout simplement. Comme j'avais déjà fait
de la consultation sur la protection des terres agricoles... Parce que vous
avez dit en même temps qu'il ne fallait pas encourager l'étalement
urbain. Je me rappelle qu'à ce moment-là l'une des positions qui
étaient défendues par des organismes disait: Encourager le
développement des trains de banlieue, ce serait encourager
l'étalement urbain. Plus les moyens de transport en commun vont aller
chercher efficacement les gens le plus loin possible pour les amener en ville,
les gens vont tendre... Remarquez bien que c'est la problématique du
temps, le
vieillissement peut faire qu'on se rapproche de l'église en
sentant la fin arriver, c'est dû au vieillissement de ta population, mais
parlons de la population dans son ensemble, ce transport en commun qui irait
chercher les gens le plus loin possible pour les amener au centre-ville
pourrait contribuer à l'étalement urbain. Est-ce que vous avez
considéré cette question dans votre analyse?
M. Chartrand: Oui, monsieur. Effectivement, ça
amène ce problème, c'est évident. Mais c'est à la
condition qu'on ait des trains de banlieue qui iraient très loin.
Lorsqu'on regarde le problème actuel,
MontréalDeux-Montagnes, je ne crois pas que c'est favoriser
énormément l'étalement urbain de vouloir conserver une
infrastructure qui est là depuis 1918.
Que je sache, la ligne MontréalDeux-Montagnes dessert
déjà - pour l'avoir parcourue à plusieurs reprises - des
bassins qui sont presque complètement bâtis: Mont-Royal,
Saint-Laurent, Pierrefonds, Roxboro, Deux-Montagnes, les alentours de la gare
et même assez loin alentour de la gare, je parle de plusieurs
kilomètres, c'est du bâti.
MontréalRigaud, c'est la même chose, du moins, sur le
territoire de la CUM et même jusqu'à Vaudreuil. Il reste un
train par jour jusqu'à Rigaud. MontréalSaint-Hilaire.
Écoutez, je pense que ce n'est pas... L'étalement urbain sur la
rive sud, dans le cas de Saint-Hilaire, encore une fois, le corridor où
le train passe, c'est à travers des villes qui sont passablement
développées, Saint-Lambert, Saint-Hubert, Saint-Bruno. On arrive
à Beloeil, McMasterville, Otterburn-Park. On demande de garder des
acquis.
On ne demande pas de construire des trains de banlieue jusqu'à...
Je ne sais pas, je pourrais vous dire jusqu'à Drummondville,
Saint-Hyacinthe ou jusque dans les Cantons de l'Est. On demande de servir d'une
façon plus rationnelle des infrastructures qui sont là.
Là, ce qu'on regarde, c'est qu'il y avait des trains de banlieue
jusqu'à Montréal-Nord, Sainte-Gertrude, mais qui ont
été abandonnés parce qu'on a ouvert la ligne de
métro no 2 est en 1966. On recommence tout ce débat vingt ans
après. il y a des gens qui veulent avoir le métro à
Montréal-Nord. Il y en a d'autres qui... Il y a eu des projets de la
ligne 6 qui étaient exactement sur cette emprise.
Nous pensons que ces services n'auraient peut-être pas dû
être abandonnés et ce n'était pas de favoriser
l'étalement urbain de vouloir avoir un train de banlieue jusqu'à
Montréal-Nord, M. le député. Je pense que c'est
évident. Nous, ce qu'on pense, c'est de garder les infrastructures de
trains de banlieue actives parce qu'on pense que ce sont les infrastructures
qui sont là qui coûtent effectivement moins cher d'investissements
que le métro souterrain, par exemple.
Mais je serais d'accord avec vous sur l'étalement urbain si on
réclamait à hauts cris des trains de banlieue partout et si on
n'allait pas chercher justement... On inciterait des gens à aller
s'installer de plus en plus loin si on construisait des trains de banlieue dans
les champs, partout. On n'est pas d'accord avec ça. On veut simplement
avoir des trains de banlieue où il y en a présentement et c'est
pas mal partout dans du bâti, dans des secteurs ou des zones fortement
peuplés ou au moins moyennement peuplés.
M. Garon: Cela a été invoqué cet
après-midi par les maires des municipalités. Ils ont dit:
Donnez-nous la chance de mettre un train quinze milles dans le champ et on va
vous remplir les champs. Ce n'était peut-être pas l'expression
qu'ils avaient employée... Cela s'est fait autour de Toronto.
M. Chartrand: Oui, j'ai entendu cette..
M. Garon: Vous, ce que vous dites - je pense que c'est important,
ce que vous dites là - c'est, au fond, pour concevoir un système
qui va rendre service aux gens, mais pas dans une perspective de
développement résidentiel au bout de la ligne pour
éventuellement devoir le prolonger.
M. Chartrand: Tout à fait. Nous, ce qu'on veut, c'est que
les gens qui sont là soient bien desservis. C'est évident que,
s'il y a un bon train de banlieue à Deux-Montagnes, il y a
peut-être des gens qui vont vouloir regarder ça et aller
s'installer d'une façon plus positive qu'aujourd'hui. C'est
évident aussi que la valeur des propriétés alentour de ces
gares, dans ces régions, va augmenter aussi.
Je pense que tout cela doit être tenu en considération.
Mais pourvu qu'on reste dans des limites raisonnables alentour avec les trains
de banlieue. Si on installe un train de banlieue vers Châteauguay, je
pense qu'on va décongestionner le pont Mercier; on va le faire d'une
façon intelligente sans que ça coûte une fortune et les
trains vont s'en aller à la gare Windsor, pas de problème. On ne
demande pas un train de banlieue juqu'à Valleyfield. Là,
effectivement, vos inquiétudes seraient tout à fait
justifiées.
M. Garon: Par ailleurs, vous dites que, par rapport à
Montréal-Nord, vous n'êtes pas d'accord. Ce n'est pas parce qu'il
n'y en a pas d'existant. Mais quand Montréal-Nord parle d'avoir un
métro, au fond, ce n'est pas un train de banlieue, mais c'est un genre
d'équipement qui fait un peu le même service au point de vue de
transporter les
gens qui sont déjà là, parce que je pense qu'il n'y
a même pas de place pour de l'étalement urbain.
M. Chartrand: Non, il n'y a plus de place pour de
l'étalement urbain à Montréal-Nord, mais effectivement il
y avait un train de banlieue qui allait là et il y a eu tout un
débat sur la ligne 6 versus la ligne 7 depuis quelques années,
qui était effectivement un métro de surface sur cette emprise du
train de banlieue qui allait jusqu'à Sainte-Gertrude, jusqu'à
dans Montréal-Nord. Ce débat a viré en queue de poisson
parce que, effectivement, il n'y a pas eu d'entente entre Québec et la
CUM là-dessus et cette ligne n'a jamais été construite.
Tout ce que l'on dit, c'est que jusqu'en 1966 il y avait une ligne là et
que peut-être cela n'aurait pas été une mauvaise
idée de la garder à cette époque. Puis, on ne serait pas
pris aujourd'hui à penser à construire encore un métro
à Montréal-Nord à 50 000 000 $ le kilomètre. On
pense que ce n'est peut-être pas la meilleure solution. Il y a d'autres
solutions, pas seulement le train de banlieue, il y a des voies
réservées pour autobus. Pourquoi n'a-t-on pas cela à
Montréal? On se pose des questions. Dans l'emprise du boulevard Pie IX,
il y aurait moyen... Et je sais que ce n'est pas facile pour les gens de
Montréal de visualiser un service d'autobus vraiment rapide, parce qu'on
a des autobus assez lents à Montréal. La vitesse commerciale est
assez basse, merci, et j'ai entendu Mme Roy dire à plusieurs reprises
que, si on pouvait augmenter la vitesse commerciale des autobus de
Montréal d'un kilomètre, elle viendrait d'économiser 16
000 000 $ sur les coûts d'exploitation. Mais on n'a pas eu encore de
décision, malgré les belles promesses de voies
réservées à Montréal. On les attend encore. Je n'ai
rien vu de travaux majeurs là-dessus et j'attends encore. Des promesses,
je pourrais vous sortir des piles de journaux là-dessus, faites par
toutes sortes de gens à Montréal que l'on aurait des voies
réservées, mais on dirait que cela ne coûte pas assez cher.
Il faudrait que l'on ait quelque chose de bien cher.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Je ne sais pas tous les chiffres par coeur et, si je
fais une erreur, vous me le direz. J'ai compris que le train de banlieue de
Deux-Montagnes, juste pour faire des comparaisons pour voir comment vous voyez
cela, couvre 143 200 personnes -je pense qu'on l'a dit tout à l'heure -
des différentes municipalités, que Montréal-Nord couvre
à peu près le double et que les coûts étaient
à peu près identiques. On a parlé de prolonger la ligne 5
dont parlait le maire Ryan et qui coûterait 150 000 000 $, d'après
ce que j'ai compris, et on a dit que la modernisation des trains vers
Deux-Montagnes coûterait aussi 150 000 000 $. Tantôt, vous avez dit
que, entre deux trains de banlieue, vous préférez celui qui
couvre le plus de monde. Alors, pourquoi à ce moment-ci dites-vous: Je
ne veux pas avoir le métro vers Montréal-Nord, alors qu'il
desservirait quasiment deux fois plus de personnes que le train de banlieue de
Deux-Montagnes qui en desservirait beaucoup moins, mais qui coûterait
à peu près le même prix? J'essaie de comprendre.
M. Chartrand: J'aurais plusieurs commentaires à faire
là-dessus. Premièrement, on parle de la ligne
MontréalDeux-Montagnes, une infrastructure qui est là et
qui pourrait être abandonnée si on ne la modernise pas. À
Montréal-Nord il n'y a plus de train de banlieue, on parle d'une
nouvelle infrastructure, d'installer, donc, de construire quelque chose de
nouveau. Donc, il y a une différence entre abandonner des choses que des
gens ont présentement - et je vous fais remarquer qu'il y a 12 000
usagers par jour qui utilisent ce train de banlieue - leur dire: On va vous
enlever cela, vous allez vous organiser autrement, puis cela sera plus long de
vous rendre à votre travail; on va vous causer un paquet de transferts
et un paquet de problèmes... Les gens de Mont-Royal devront faire tout
un détour pour se rendre au centre-ville. Présentement, par le
tunnel de Mont-Royal jusqu'à la Gare centrale, c'est onze minutes selon
les trains.
M. Garon: Ce n'est pas tout à fait cela.
M. Chartrand: Donc, il y a toute cette question de réseaux
existants versus les réseaux que l'on rêve d'avoir.
Deuxièmement, il y a le problème des coûts
d'exploitation.
Un des problèmes auxquels on fait face... J'ai entendu les gens
de la CUM ce matin dire: On a besoin de 25 000 000 $, cela presse, on est mai
pris, on a une impasse financière. Je vous ferai remarquer que c'est
attribuable en partie à des décisions qui ont été
prises il y a fort longtemps de construire la ligne no 5 du métro qui
n'est pas encore complétée après dix ans. J'ai entendu les
gens de la CUM l'année passée se plaindre que, lorsque l'on aura
ouvert la partie de la ligne 5 qui n'est pas encore ouverte de du Parc à
Snowdon, cela coûtera 10 000 000 $ de plus de coût d'exploitation
à la STCUM et ils n'ont pas l'argent. Ils sont mal pris, ils cherchent
25 000 000 $. Ils vont probablement se mettre à genoux devant
Québec pour avoir cela.
Donc, c'est une question de coût d'exploitation. Je suis un
organisme qui aime le transport en commun. Je pourrais vous demander des lignes
de métro partout.
D'ailleurs, le schéma de la CUM vous en donne des idées
là-dessus. Des lignes de métro il y en a partout, ce n'est pas
passible, il y a tellement de numéros, je les ai tous oubliés,
sauf que (es coûts d'exploitation c'est là que cela arrive. On
peut construire une ligne de 150 000 000 $ et probablement qu'elle aura
coûté 300 000 000 $ quand elle sera finie, un peu comme la ligne 5
dans l'ouest, mais les coûts d'exploitation, qui va les payer? Je crois
fermement que construire cette ligne 5 de Saint-Michel jusqu'à
Montréal-Nord va augmenter encore les coûts d'exploitation de la
STCUM de 10 000 000 $ lorsqu'elle ouvrira. Quand elle ouvrira, peut-être
pas avant dix ans, cela sera pas mal plus de 10 000 000 $ à cette
époque-là. Tandis que la ligne 3, toutes les études que
j'ai vues disent: Ah, si on la modernise, on va aller chercher plus de monde et
on va diminuer les coûts d'exploitation, parce que le problème
actuel, c'est que le coût d'exploitation de ces vieux trains, de ces
musées roulants, comme je les appelle, écoutez, ils sont
très élevés parce que ça coûte très
cher d'entretien. (21 h 15)
Donc, il y a une différence entre garder un acquis et le sauver
et faire diminuer les coûts d'exploitation et construire une nouvelle
infrastructure, comme vous me le dites pour Montréal-Nord. Nous, on
pense, en dernier lieu, je ne veux pas être trop long, qu'il y a d'autres
moyens de desservir Montréal-Nord d'une façon efficace pour bien
moins cher. Il y a l'implantation de voies réservées.
Là-dessus, je veux vous rapporter à notre mémoire,
à un moment donné où on parle des coûts de
construction de certains réseaux. Cela coûte 50 000 000 $ le
kilomètre pour construire un métro. Je voudrais vous reporter
à la page 15 de notre mémoire là-dessus, M. le
Président. Vous allez vous reporter à la page 15 où on
parle, au deuxième paragraphe, des coûts de construction de
systèmes. Présentement, comme je vous l'ai dit, à
Montréal c'est qu'on a un métro qui coûte 50 000 000 $ le
kilomètre ou un service d'autobus qui n'est pas très rapide et
entre les deux il y a une fouie de villes en Amérique du Nord et en
Europe qui ont trouvé d'autres moyens. Je pense au tramway. Les gens
nous trouvent des fois démodés de parler de tramway. Eh bien! je
vous dirais: Allez voir ailleurs. Grenoble ouvre son système de tramway.
Ces gens avaient abandonné le tramway après la guerre. Ils
l'inaugurent le 1er septembre. À San Diego, c'est un succès,
à Sacramento cela vient d'ouvrir, à Portland, en Oregon,
Bombardier a vendu sa technologie. Bien, pourquoi est-ce qu'au Québec on
n'en a pas? Les coûts de construction au kilomètre sont beaucoup
moindres et moi, je pense que pour
Montréal-Nord ça pourrait être une solution, mais
qui n'a pas, à mon avis, été étudiée
sérieusement par la CUM. C'était le métro ou
c'était rien. Alors, malheureusement, je n'ai pas entendu beaucoup de
commentaires aujourd'hui à l'effet qu'il y aurait peut-être
d'autres systèmes de transport vers Montréal-Nord qui ne
coûteraient pas 150 000 000 $ et qui ne coûteraient pas
après au moins 10 000 000 $ de plus par année de coûts
d'exploitation.
M. Garon: Justement, vous parlez des questions des routes et des
corridors pour autobus. Avez-vous des études qui démontrent des
résultats concrets d'expériences tentées dans d'autres
régions ou à d'autres endroits, notamment, les coûts par
rapport à ce que ça rapporte, les rapports
coûts-bénéfices?
M. Chartrand: Oui, d'accord. M. Brière qui est ici
à mes côtés a fait de longues recherches sur le sujet et
ça va lui faire plaisir de vous répondre.
M. Brière (Jacques): En fait, c'est difficile de chiffrer
cela en termes d'argent, bénéfices versus coûts. Nous, ce
qu'on dit c'est que d'une part les coûts d'implantation sont minimes,
c'est-à-dire qu'en fait vous prenez une voie de circulation et vous avez
seulement à installer des panneaux et de la peinture pour des lignes.
Enfin, c'est minime. Ce que ça donne comme résultat? En fait,
vous assurez d'abord la régularité du service. Souvent si vos
autobus sont coincés dans le trafic le transporteur va être
obligé peut-être d'en ajouter un, deux ou trois de plus parce
qu'il y est obligé, quand même, pour que l'autobus passe aux coins
de rues aux cinq ou aux dix minutes. Il faut qu'il en mette plus parce que vous
êtes toujours ralenti dans le trafic. Alors, les voies
réservées à ce niveau-là vous assurent que votre
service va être régulier.
Maintenant, quant à épargner des coûts, moi, je suis
ailé voir à Québec. À Québec on m'a dit:
Effectivement, dans les budgets vous n'épargnez pas des millions,
ça dépend de la longueur de votre voie réservée. Si
vous en avez un kilomètre sur un trajet de 30 kilomètres, vous
n'économisez pas des millions. Par contre, c'est le service qui est
rendu à l'usager, c'est la régularité de votre service
qui, augmente l'achalandage que vous pouvez aller chercher parce que les gens
qui roulent sur la voie réservée voient qu'à
côté les autos, elles, sont arrêtées. C'est à
ce niveau-là que vous allez chercher des avantages. C'est une question
de visibilité, c'est une question de rendement aussi. Vous savez que, si
vous programmez vos autobus pour être sur un coin de rue aux cinq
minutes, ils vont être effectivement là aux cinq minutes et ils ne
seront pas coincés
quatre rues plus haut au à un moment donné il n'en
arrivera pas trois de suite et vous êtes là quinze minutes et vous
n'en avez plus. C'est à ce niveau-là que les
bénéfices se mesurent. Ce n'est pas vraiment en termes de
coûts, d'économie d'argent. Vous en faites, mais ce n'est pas
chiffrable. On ne peut pas donner un chiffre à ce niveau.
M. Garon: Mais est-ce qu'il y a des endroits où ce
système-là a été généralisé
sur assez de kilomètres - en tout cas peut-être pas
généralisé - pour vérifier ça?
M. Brière: Pour vérifier les coûts. M.
Garon: Non, vérifier l'efficacité.
M. Brière: Dans le mémoire on dit que, dans la
ville de Paris même, si vous prenez tous les trajets d'autobus, 20 %
circulent sur voie réservée. Il y a sûrement des
bénéfices à aller chercher à ce niveau. À
Québec, vous connaissez sûrement le problème de la
côte d'Abraham, c'est la solution qu'on a trouvée aussi. Il y a
sûrement des bénéfices que le transporteur peut aller
chercher. Maintenant, des coûts, comme je vous dis, je ne peux pas
vraiment vous en donner parce qu'à aucun endroit on n'a vraiment
chiffré les économies. Ce ne sont pas des économies qui
sont fantastiques, à moins vraiment d'en implanter, mais alors là
partout. À ce moment, vraiment vous pouvez économiser, mais vous
n'implanterez pas une voie réservée au bout de l'île
où il n'y a pas besoin. Vous implantez cela où le besoin se fait
sentir. C'est pour cela que ce ne sont jamais de très longs trajets.
Ça peut être un, deux ou trois kilomètres. Vous pouvez en
avoir un certain nombre dans une municipalité, mais vous ne pouvez pas
généraliser le phénomène partout. Cela ne donne
rien de mettre une voie réservée sur un boulevard à
l'extrémité de l'île.
M. Chartrand: Comme complément de réponse, je sais
que les gens de la STRSM vont passer ici et ce sont des gens qui ont
défendu beaucoup leur voie réservée sur le pont Champlain
malgré les problèmes qu'il peut y avoir. Je pense que ces gens
pourraient être en mesure de vous dire, plus spécifiquement et
plus précisément que nous, exactement ce que cela peut
représenter, la voie réservée, comme économie pour
eux. Parce que je vous dis que c'est un succès cette voie
réservée. Je me rappelle moi-même avoir vécu sur la
rive sud à cette époque. Le transport en commun à Brossard
et à Saint-Hubert, ce n'était pas tellement
développé. Mais allez voir aujourd'hui, la STRSM songe même
à acheter des autobus articulés parce que la capacité
actuelle de la voie réservée commence à être pas mal
saturée. C'est un succès sur la rive sud; sûrement qu'ils
ont des chiffres là-dessus que je n'ai pas en ma possession
présentement.
M. Garon: Dans votre mémoire, vous reconnaissez que le
transport modal et le maintien de la clientèle ne pourront se faire que
si l'on adopte des mesures centrées sur l'usager. J'aimerais savoir
quelle est la nature de ces mesures centrées sur l'usager, dans votre
esprit. Comme il ne me reste qu'une minute, aussi bien poser le deuxième
volet de ma question. On ne vous bloquera pas. Je ne pourrais pas vous en poser
une autre si je la pose après. Quelle forme pourrait prendre la
consultation auprès des usagers quant aux modifications à
apporter aux infrastructures dont je vous parlais à la page 24 de votre
mémoire? Souvent, les usagers ne parient pas beaucoup. Le transport
modal, pour vous situer, c'est à la page 13.
M. Chartrand: D'accord. Écoutez, notre organisme a
assisté à plusieurs reprises à différentes
réunions d'organismes publics de transport en commun dans la
région de Montréal. Il faut comprendre que, jusqu'à il y a
deux ans, les décisions au niveau de la CTCUM et des autres
sociétés étaient prises en catimini dans des bureaux
feutrés. On ne connaissait pas la teneur des décisions qui se
prenaient là. Depuis, il y a eu une certaine démocratisation -
n'est-ce pas? - et les conseils d'administration des trois
sociétés de transport siègent en public. Il y a des
périodes de questions. Dans le cas des CIT, cela a été un
peu plus difficile. Il y avait des CIT qui nous jouaient le tour de faire des
réunions qui n'étaient pas trop publiques où ils
s'arrangeaient pour ne pas qu'on sache à quelle heure c'était
pour ne pas qu'on aille poser des questions.
Dans ce sens, quand on dit qu'on veut que les usagers soient
consultés, c'est que, je pense, les usagers sont les premiers
bénéficiaires ou les premières victimes de
décisions qui se prennent. Il n'y a pas suffisamment de consultations
avec les usagers. Il y a des commissions permanentes à la CUM, où
on peut déposer des mémoires et poser des questions. Il y a des
ouvertures d'esprit à la STCUM présentement pour des
comités de plaintes, etc. On va d'ailleurs faire partie d'un
comité de plaintes à la STCUM. Il y a des choses qui se font,
mais je pense qu'il y a encore beaucoup de problèmes de consultation.
Les usagers ne sont pas toujours les bienvenus pour donner des idées.
Malheureusement, dans certains cas, ce n'est pas facile. Nous, on aimerait que
nous ou d'autres usagers soient plus consultés pour l'implantation de
changements de circuits d'autobus.
Il y a eu des problèmes à Saint-Laurent
dernièrement où les usagers à un moment donné se
sont aperçus que leur autobus
n'était plus là, du jour au lendemain. Il y a eu des
manques de consultation. C'est ce qu'on veut dire par ça.
Mme Auger (Céline): II y a également le
problème des CIT et des usagers qui sont plus ou moins consultés
dans les conseils intermunicipaux de transport. Lorsqu'on connaît les
problèmes, par exemple, celui des Basses-Laurentides... Alors, nous, si
on a une demande à faire, c'est que les usagers soient davantage
consultés dans ce colloque.
M. Brière: Si je peux ajouter quelque chose sur le
transfert modal. Vous nous disiez tantôt qu'on parlait de mesures
centrées sur l'usager. On entend par là aussi que l'usager a
besoin d'informations. Par exemple, si vous prenez le métro de
Montréal, lorsque vous sortez d'une station, vous n'avez pas de chose
aussi simple qu'un plan de quartier. Si vous prenez le métro et que vous
sortez à un endroit que vous ne connaissez pas, vous êtes perdu.
Où allez-vous? Vous ne le savez pas, il n'y a pas de plan de quartier.
Aux arrêts d'autobus, souvent vous allez avoir un banc, mais pas
d'abribus; si vous avez l'abribus, vous n'avez pas le banc. Alors là,
choisissez, vous avez le banc ou l'abribus, c'est cela. Les horaires ne sont
pas affichés. C'est tout un paquet de petites mesures semblables, un
paquet de petits points pour donner de l'information aux gens. La plupart du
temps aussi, les plans de métro sont sur le quai. Alors, si vous voulez
savoir quel autobus vous allez prendre, vous devez d'abord payer et aller voir
sur le quai. Là, vous lisez la carte et vous sortez parce que, votre
autobus, c'est en haut que le prenez, ce n'est pas à une autre station.
Souvent, les cartes vont être sur le quai. Vous n'aurez pas de carte de
plan du réseau à l'extérieur des barrières. C'est
un paquet de petites mesures. C'est ainsi qu'on dit qu'à un moment
donné il faut se centrer sur l'usager. Il faut aussi que les gens qui
planifient le réseau de transport se mettent un peu dans la peau des
usagers, qu'on leur donne une carte CAM peut-être, qu'on les embarque
dans le métro ou dans l'autobus et qu'on leur dise: Promenez-vous un peu
et allez voir comment cela fonctionne. Si vous restez dans votre bureau,
comment voulez-vous savoir ce qui se passe vraiment sur les circuits d'autobus
ou dans le métro? Vous ne le saurez pas. Ce sont de petites mesures
comme celles-là dont on parle quand on dit qu'il faut se centrer sur
l'usager.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Nous en sommes maintenant aux remarques
de conclusion. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux remercier le groupe
des représentants de Transport 2000 pour leur contribution. Je suis
convaincu que ce dixième anniversaire qui est fêté cette
année fera certainement des petits au cours des futures années.
Je retiens que ce n'est pas toujours une question de gros montants d'argent
pour régler les problèmes, mais davantage d'interventions plus
intelligentes qui, comme pour le pont Victoria où cela s'est
réglé de façon définitive pour un bon bout de
temps, règlent les problèmes de circulation et d'accès.
Cela peut être assez intéressant de ce côté. J'ai eu
moi-même l'occasion d'utiliser le tramway de Grenoble. C'est un look des
années 2000 très intéressant que bien des gens auraient
intérêt à regarder, en termes de solution de rechange au
métro. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais vous remercier également. J'ai lu
avec beaucoup d'intérêt les différents points que vous
soulevez dans le document que vous nous avez présenté. C'est une
analyse qui est bien différente de celle qu'on a l'habitude de voir.
Comme vous le dites et comme vous l'exprimez dans votre mémoire, vous
faites un effort pour vous mettre à la place de celui qui va utiliser
les moyens de transport en commun plutôt qu'à la place d'autres
personnes... d'autres organismes qui ont à oeuvrer dans ce secteur.
Je vous remercie de nous avoir présenté ce mémoire
et je vous félicite d'avoir persévéré aussi
longtemps comme groupe car, souvent, commencer, c'est facile, mais durer, c'est
plus difficile.
M. Chartrand: Parfait! Merci de nous avoir entendus. Il y a une
dernière parole que je voudrais dire. Effectivement, nous aurions pu
arriver ici avec des demandes faramineuses de coût de construction de
métro un peu partout, comme je l'ai dit tantôt, mais je pense
qu'il ne faut jamais oublier les coûts d'exploitation. Et, comme vous le
dites, M. le ministre, ainsi que d'autres personnes ici à la table, si
on peut trouver des systèmes qui pourraient rendre service, qui
coûteraient beaucoup moins cher et qui amélioreraient le service,
ce serait un pas dans la bonne direction. Encore une fois, merci beaucoup de
nous avoir invités. (21 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
président ainsi que les membres de votre organisme pour votre
contribution aux travaux de la commission de l'aménagement et des
équipements.
À ce moment-ci, je demanderais aux autorités de la ville
de Mirabel de prendre place, s'il vous plaît.
Permettez-moi, dans un premier temps, de vous souhaiter la bienvenue aux
travaux de la commission. Je demanderais au porte-parole de bien vouloir
s'identifier, s'il vous plaît, pour le bénéfice des membres
de la commission et du Journal des débats.
Ville de Mirabel
M. Léonard (Charles): Charles Léonard, maire de la
ville de Mirabel, ainsi que mes deux collaborateurs, à ma droite, M.
Yves Lacroix, directeur général de la ville, et, à ma
gauche, M. Marcel Lorrain, directeur adjoint.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, bienvenue, M. le
maire. J'aimerais, maintenant, vous céder la parole, tout en vous
rappelant que vous avez 20 minutes pour exposer votre mémoire aux
membres de la commission.
M. Léonard: M. le Président, M. le ministre, Mmes
et MM. de la commission, je dois, bien humblement, vous avertir que je ne me
suis jamais senti aussi petit que ce soir. J'écoutais mes
prédécesseurs, les maires de différentes villes, qui
représentaient tant de population, des 300 000 et 220 000. Moi, je dois
vous avertir que je représente environ 15 000 citoyens, mais tout de
même une ville, une MRC, surtout une ville aéroportuaire.
Si nous sommes ici ce soir, c'est que nous sommes conscients de
l'importance des travaux que la commission de l'aménagement et des
équipements de l'Assemblée nationale entreprend en vue de mettre
en lumière les besoins et les priorités quant à la
planification et au développement des infrastructures de transport en
commun de la région de Montréal. Est-il nécessaire de vous
rappeler que la ville de Mirabel, qui occupe un territoire de 488
kilomètres carrés, soit une superficie qui équivaut
à 199,2 % du territoire de la ville de Laval et 97,8 % du territoire de
la Communauté urbaine de Montréal, a été
justifiée par l'implantation et les promesses d'avenir de
l'aéroport international de Mirabel?
Les autorités municipales de la ville de Mirabel sont
relativement fières du chemin parcouru depuis la mise en place de la
municipalité, qui compte maintenant 15 000 âmes et qui met en
valeur, de façon rationnelle et prudente, ses potentiels de
développement et ses caractères local et régional. D'autre
part, compte tenu de l'étendue de son territoire, la ville de Mirabel,
tout comme la ville de Laval, constitue aussi une municipalité
régionale de comté. Cette double responsabilité du conseil
permet à la fois de contrôler le développement de
l'ensemble du territoire et d'intervenir de façon efficace dans la
solution de problèmes qui, dans d'autres MRC, pourraient requérir
des interventions parfois divergentes de plusieurs entités locales.
Enfin, à l'intérieur de la ville et de la MRC, Mirabel est
aussi un aéroport international moderne et conçu pour
répondre non seulement à la croissance du transport aérien
des personnes, mais aussi pour favoriser, avec un minimum de restrictions,
d'abord l'implantation d'entreprises manufacturières liées
à la présence de l'aéroport et à la mise en place
d'activités aéroportuaires aussi diverses que l'exploitation d'un
centre de rétention du cargo international et/ou d'un parc industriel en
zone franche.
Jusqu'à ce jour, les autorités municipales et la
population de la ville de Mirabel ont assumé pleinement les lourdes
responsabilités que le gouvernement du Québec leur a
confiées, tant au point de vue local que régional. Nous sommes,
cependant, toujours en attente des décisions et des actions
gouvernementales qui permettront enfin à Mirabel de s'engager avec les
outils qui sont essentiels dans la voie de l'avenir.
L'avenir de Mirabel. Nous, les élus, à quelque niveau que
ce soit, tant fédéral, provincial et municipal, devons
considérer Mirabel d'abord comme une ville, mais prioritairement comme
une ville à vocation aéroportuaire, et réaliser pleinement
son potentiel aéroportuaire. Il nous semble impartant de mettre en
lumière ces deux composantes essentielles de l'avenir de Mirabel.
Le développement de sa vocation aéroportuaire. La vocation
aéroportuaire, principalement en ce qui concerne le nombre de passagers,
le nombre de mouvements d'avion et le volume de cargo, apparaît à
la fois sans limite et sans contrainte lorsque nous considérons les
besoins prévisibles en équipements aéroportuaires et les
restrictions qui sont imposées à un nombre croissant
d'aéroports en matière de contrôle de bruit et de
couvre-feu. L'aéroport de Mirabel a été conçu pour
répondre à tous les besoins présents et futurs du trafic
aérien de la région de Montréal et offre un service de 24
heures, ce qui représente une situation unique et exceptionnelle.
La ville de Mirabel a, à plusieurs reprises, constaté que
la décision gouvernementale de construire un nouvel aéroport
moderne pour la région de Montréal n'a pas été
supportée par des programmes de développement des
activités aéroportuaires. Le facteur le plus important nous
semble, cependant, être le recul démographique important qu'a subi
l'île de Montréal au cours de la dernière décade et
qui continuera, selon les projections des gouvernements du Québec et du
Canada, jusqu'à la fin du prochain siècle. Ce facteur
qui revêt aussi une importance considérable au plan de
l'économie de la région de Montréal a incité les
gouvernements à favoriser la consolidation des infrastructures et des
équipements de l'île de Montréal par opposition aux
régions périphériques.
Il faut, cependant, souligner que la reprise économique a permis
à l'ensemble de la région de Montréal de constater le
développement d'un climat de confiance en l'avenir et de réaliser
que les différents secteurs de la région de Montréal sont
appelés à jouer au plan du développement économique
des rôles beaucoup plus complémentaires que concurrentiels. Au
plan international, il est de plus en plus certain que le potentiel
particulièrement attrayant de l'aéroport de Mirabel se
développera principalement en raison de la congestion de plus en plus
grande qui se manifeste aux aéroports de Boston et New York et des
inconvénients croissants que les transferts représentent pour les
passagers à l'aéroport de Toronto à cause des distances et
des temps de déplacement entre les divers points d'arrivée et de
départ. La vocation aéroportuaire potentielle de Mirabel est
incontestable et elle se modifiera à mesure qu'une autorité
aéroportuaire autonome, dans le meilleur intérêt de
l'ensemble de la région de Montréal, réévaluera les
vocations particulières de chacun des deux aéroports. Nous avons
la conviction que, si l'intérêt collectif est l'objectif
primordial de l'autorité aéroportuaire, la croissance de
l'aéoroport de Mirabel est assurée.
Le développement de son potentiel industriel. L'un des avantages
majeurs qu'offre l'aéroport de Mirabel c'est sa superficie totale et la
disponibilité de terrains à vocation industrielle
idéalement localisés et capables de répondre aux besoins
variés des investisseurs potentiels. Nous devons constater que, si
l'aéroport de Dorval a pu attirer à l'intérieur des
limites de la zone aéroportuaire de nombreux investisseurs industriels,
le développement d'entreprises industrielles liées directement
à la présence de l'aéroport autour de cet aéroport
ne peut durer que de deux à trois ans parce qu'il n'y aura plus de
terrains disponibles et est limité à des projets d'envergure
moyenne parce que les terrains disponibles sont des terrains de superficie
limitée. Si nous ne voulons pas perdre à Toronto ou à
l'Ouest canadien des projets d'investissements industriels qui sont directement
liés è la présence et à l'exploitation d'un
aéroport majeur c'est maintenant qu'il faut planifier et promouvoir le
développement industriel tout autour de la zone opérationnelle
optimale de l'aéroport de Mirabel. Déjà, nous pouvons
anticiper des investissements majeurs dans des secteurs directement
reliés à l'industrie aéronautique et qui, même si on
voulait les réaliser autour de l'aéroport de Dorval, n'y
trouveraient ni les superficies requises, ni les conditions normales
d'exploitation qu'ils pourraient exiger.
La promotion et le développement des territoires entourant les
zones opérationnelles des aéroports canadiens sont vus par la
plupart des experts en gestion aéroportuaire comme des justifications
à la mise sur pied d'autorités aéroportuaires distinctes
et autonomes dans chaque région, comme des moyens de financement de
l'exploitation des aéroports et comme des mécanimes de
création d'emplois et d'activités économiques.
L'aéroport de Mirabel est probablement l'aéroport canadien
qui offre le plus intéressant potentiel industriel et, à cet
égard, son développement, si on l'amorce dans les plus brefs
délais, permettra à l'aéroport de Mirabel de prendre pour
la région de Montréal la relève de l'aéroport de
Dorval dont le potentiel est de plus en plus limité. Le potentiel
industriel de la zone aéroportuaire de Mirabel est exceptionnel.
L'avenir et le progrès de Mirabel y sont étroitement liés.
C'est aussi dans l'intérêt de toute la région de
Montréal qu'il doit se réaliser, avec la collaboration et le
soutien des gouvernements supérieurs et de toute la communauté
économique de la région de Montréal.
Les moyens essentiels au développement de Mirabel, de sa vocation
aéroportuaire et de son potentiel industriel. Depuis le début des
travaux de planification de l'aéroport de Mirabel il a été
clairement établi, tant par le gouvernement fédéral que
par le gouvernement du Québec, que le succès de l'aéroport
de Mirabel, son acceptation par le public voyageur et par les investisseurs et
la mise en valeur de ses potentiels économiques dépendaient en
premier lieu de la qualité et de l'efficacité des liens
terrestres de la zone aéroportuaire avec la ville et l'île de
Montréal. D'ailleurs les responsables de la planification de la
région aéroportuaire en étaient tellement convaincus
qu'ils avaient proposé, au moment même où on entreprenait
la construction de l'aéroport de Mirabel, la construction d'un lien
ferroviaire rapide entre Mirabel et le centre-ville de Montréal sur
l'emprise du CP; la construction d'un deuxième lien ferroviaire par le
modernisation et le prolongement de la ligne du CN Gare
centraleDeux-Montagnes; la construction d'une autoroute reliant
l'aérogare de Mirabel au centre-ville de Montréal.
Douze ans après l'ouverture de l'aéroport de Mirabel - et
là cela me fait penser aux 17 ans d'attente du maire de
Montréal-Nord - on ne peut que constater l'absence de moyens et de
systèmes efficaces de transport terrestre directs entre
l'aéroport de Mirabel et l'île de Montréal et l'effet
négatif de leur absence sur le rythme de progression des
activités aéroportuaires et
sur la mise en oeuvre d'un programme de développement industriel
à l'intérieur de la zone aéroportuaire.
Dans la situation actuelle, nous déplorons l'impact
négatif que peut représenter l'absence de communications rapides
et efficaces entre les aéroports de Dorval et de Mirabel sur le volume
des passagers internationaux aussi bien que l'absence de systèmes et de
liens terrestres directs avec le centre-ville de Montréal. D'où
la mise en place de moyens de communications rapides et efficaces entre les
aéroports de Dorval et de Mirabel, la mise en place d'un mode de
transport en commun direct entre le centre-ville et Mirabel et
l'amélioration des liens routiers et ferroviaires entre Montréal
et Mirabel. Dans les quelques pages qui suivent, nous expliciterons davantage
notre pensée.
Des communications rapides et efficaces entre les aéroports de
Dorval et Mirabel. Jusqu'à ce qu'une autorité
aéroportuaire en décide autrement, un certain nombre de voyageurs
auront à utiliser les deux aéroports, Dorval et Mirabel, lorsque
leurs déplacements comprendront un vol international et un vol
domestique. Il a été clairement démontré que ce qui
répugne le plus aux voyageurs, ce sont, plus que le fait de
l'utilisation de deux aéroports, les inconvénients qui
découlent du système de correspondance entre les deux
aéroports et, particulièrement, le temps des déplacements,
le coûts des déplacements et la manipulation des bagages. Pour
justifier le statu quo, on nous annonçait il y a déjà plus
de huit mois, le prolongement de l'autoroute 13 en toute priorité
jusqu'à l'aérogare de Mirabel, la mise en place d'un
système d'autobus gratuit pour les passagers en correspondance et
diverses autres mesures qui visaient à la fois à réduire
le temps des déplacements et à en minimiser les
inconvénients pour le public voyageur.
Un mode de transport en commun direct entre Montréal et Mirabel.
Les planificateurs du réseau aéroportuaire, tout autant que ceux
qui étaient chargés de l'élaboration d'un schéma
d'aménagement pour la région aéroportuaire de Mirabel, ont
toujours vu la mise en place d'un système de transport des personnes
entre le centre-ville de Montréal et l'aéroport de Mirabel en
fonction des besoins des déplacements terrestres des voyageurs
aériens.
De3 liens routiers et ferroviaires améliorés entre
Montréal et Mirabel. Pour une très grande majorité
d'usagers des aéroports, l'automobile est toujours et demeurera le mode
privilégié de transport vers ou de l'aéroport. Il serait
utopique de penser que la région de Montréal pourrait être
à cet égard différente des autres grandes régions
aéroportuaires du monde.
L'attrait de l'aéroport va beaucoup plus loin que le simple
concept physique et architectural. L'attrait de l'aéroport, c'est aussi
les moyens, les temps d'accès et la facilité avec laquelle on
atteint, par transport terrestre, les origines et destinations.
La multiplication des inconvénients qui résultent de
l'absence ou de l'insuffisance des réseaux routiers et autoroutiers et
des problèmes d'engorgement de la circulation à des heures de
pointe qui sont souvent cruciales pour les activités aériennes
réduit l'attrait de l'aéroport, peut influencer sur la
fréquence des déplacements et inciter une partie du public
voyageur à opter pour un autre mode de transport.
Pour intégrer un aéroport comme celui de Mirabel à
son bassin d'usagers qui se situe à plus de 80 % sur l'île ou la
rive sud immédiate de Montréal, il nous faut, par une
amélioration de liens routiers, réduire les temps et les
inconvénients reliés au transport terrestre. Dans une
société moderne où la mobilité devient une
caractéristique de plus en plus évidente et
prépondérante, le temps apparaît comme l'une des
clés du succès. Il nous semble, d'autre part, relativement
important, si on veut assurer le plein épanouissement du potentiel
industriel aéroportuaire de Mirabel, d'aménager des liens
ferroviaires efficaces entre la zone aéroportuaire, les secteurs
manufacturiers, les points de distribution de l'île de Montréal,
le réseau national des chemins de fer, le port de Montréal, etc.
(21 h 45)
Des actions prioritaires. Il ne fait plus aucun doute que
l'aéroport de Mirabel est appelé à jouer un rôle de
plus en plus important dans le développement du trafic aérien et
dans la consolidation du rôle de la région de Montréal au
plan de l'industrie aéronautique. D'autre part, le rythme de
développement des activités aériennes et de la zone
industrielle aéroportuaire de Mirabel dépendra de la
qualité des liens terrestres et des moyens de transport entre Mirabel,
le centre-ville de Montréal, les grands équipements de transport
de la région de Montréal, les secteurs manufacturiers qui auront
à oeuvrer en concertation avec la zone industrielle aéroportuaire
et, en général, le bassin de main-d'oeuvre
spécialisée de la région de Montréal.
C'est dans une double perspective d'intégration physique de
l'aéroport de Mirabel à la grande région de
Montréal et de rationalisation des investissements gouvernementaux au
plan des infrastructures et des systèmes de transport que les
autorités municipales de la ville de Mirabel ont identifié et
justifié les actions prioritaires qu'elles soumettent à la
considération des membres de la commission de l'aménagement et
des équipements dans les pages qui suivent.
La ligne Gare centrale-Mirabel. Premièrement, les organismes
responsables de la planification de l'aéroport de Mirabel ont toujours
considéré cette ligne comme une option viable et
économique pour la desserte de Mirabel, compte tenu du double rôle
de métro de surface et de train de banlieue qu'elle pouvait jouer.
Deuxièmement, cette ligne a toujours été
considérée comme un lien ferroviaire privilégié
entre la zone industrielle aéroportuaire et l'île de
Montréal. Troisièmement, de toutes les options de desserte
Montréal-Mirabel, cette ligne semblait celle qui pouvait recueillir
l'appui du plus grand nombre de municipalités à
l'intérieur de la CUM. Le développement du potentiel de
l'aéroport et de la ville de Mirabel est tributaire d'un lien
ferroviaire et d'un système de transport des personnes qui relierait
l'aéroport de Mirabel à l'île de Montréal où
l'on retrouve les bassins de main-d'oeuvre spécialisée, la
majorité des usagers du système aérien et d'importants
équipements culturels et éducatifs auxquels doit avoir
accès la population de Mirabel. Les chances de réalisation d'un
système de trains rapides conçu exclusivement pour la desserte de
l'aéroport de Mirabel s'amenuisent d'année en année.
Deuxièmement, prolongement de la ligne Gare
centrale-Deux-Montagnes jusqu'à l'aéroport de Mirabel. La ville
de Mirabel est d'opinion que si cette ligne de chemin de fer et ses
équipements étaient modernisés son prolongement
jusqu'à l'aéroport de Mirabel permettrait de profiter d'un
système de transport en commun qui pourrait desservir, à partir
de Montréal, l'aérogare de Mirabel, la zone industrielle
aéroportuaire, la population de Mirabel qui est appelée à
se déplacer quotidiennement vers l'île de Montréal, Laval
et les municipalités de la couronne nord qui seraient desservies. Cette
triple vocation de cette ligne à l'intérieur du territoire de la
ville de Mirabel justifie son prolongement et représenterait pour le
gouvernement du Québec une solution de compromis qui serait
économiquement réalisable et qui, pour l'aéroport et la
population de Mirabel, est vital, à défaut d'un train rapide
exclusivement dédié à la liaison aéroport de
Mirabel-centre-ville.
Les conditions relatives à la considération d'un lien
ferroviaire jusqu'à l'aéroport de Dorval. Dans son rapport
d'octobre 1985, le Comité technique sur la modernisation de la ligne
Gare centrale-Deux-Montagnes mis sur pied par la Communauté urbaine de
Montréal avait considéré la desserte de l'aéroport
de Mirabel et avait laissé entrevoir la possibilité d'un lien
ferroviaire interaéroports. Les autorités municipales n'ont ni
l'intention ni le pouvoir de s'opposer à cette jonction potentielle de
l'aéroport de Dorval à la ligne Gare centrale-Mirabel par un lien
ferroviaire.
Ce que nous proposons, ce sont des conditions qui devraient être
réunies préalablement à la considération de ce lien
ferroviaire. Ces conditions sont les suivantes. Premièrement, la
planification d'un tel lien ferroviaire ne devrait être enclenchée
que sous la responsabilité d'une autorité aéroportuaire
régionale. Deuxièmement, l'utilité à long terme
d'un tel lien devrait être clairement établie par
l'autorité aéroportuaire régionale. Troisièmement,
un tel lien ferroviaire, dans l'éventualité où son
utilité à long terme serait établie, devrait être
une autre parmi les alternatives à considérer dans
l'établissement de liens terrestres entre les aéroports de Dorval
et de Mirabel. Nous considérons que l'aménagement
prématuré de ce lien ferroviaire imposerait à une
autorité aéroportuaire éventuelle des contraintes qui
réduiraient sa marge de manoeuvre dans la gestion rationnelle et
efficace du réseau aéroportuaire.
L'autoroute 13. Je sais, M. le ministre, que ce n'est pas la
première fois que les autorités de Mirabel vous parlent de ce
lien routier. Mais nous restons convaincus qu'elle reste une condition sine qua
non au développement de l'aéroport. L'autoroute 13, dont la
vocation première devait être la desserte de l'aéroport de
Mirabel, est rapidement devenue une autoroute urbaine de plus en plus
encombrée, principalement aux heures de pointe du matin et de la fin de
la journée. Elle se termine cependant à sa jonction avec
l'autoroute 640 et n'a jamais rempli sa mission première qui
était d'établir un lien routier direct et à accès
limité entre l'aérogare de Mirabel et l'île de
Montréal. L'absence de ce lien routier essentiel est certes une des
causes majeures de la sous-utilisation de l'aéroport de Mirabel et de la
stagnation de son potentiel industriel aéroportuaire.
L'île de Montréal vit depuis longtemps des problèmes
de congestion autoroutière et les autoroutes 13 et des Laurentides
débouchent sur un réseau d'autoroutes, à
l'intérieur de l'île de Montréal, déjà
congestionné. L'aéroport de Mirabel souffre donc à la fois
du retard à prolonger l'autoroute 13 jusqu'à l'aérogare,
de la congestion du réseau autoroutier qui donne accès au
centre-ville de Montréal et de l'encombrement des autoroutes 13 et des
Laurentides à des heures cruciales pour ses activités
aériennes. La congestion autoroutière pourra se résorber
à moyen terme par la promotion du transport en commun et par certaines
mesures de dissuasion qu'il ne serait peut-être pas à propos
d'élaborer dans le présent mémoire. Toutefois, deux
actions prioritaires devront être entreprises dans le meilleur
délai pour améliorer l'accès à l'aéroport de
Mirabel, soit le parachèvement de l'autoroute 13
jusqu'à l'aérogare de Mirabel; deuxièmement,
l'établissement de mesures de contrôle de la circulation aux fins
d'accroître l'efficacité des liens routiers entre
l'aéroport de Mirabel, l'aéroport de Dorvai et le centre-ville de
Montréal.
Parachèvement de l'autoroute 13 jusqu'à l'aérogare
de Mirabel. Le parachèvement de cette autoroute jusqu'à
l'aérogare de Mirabel a toujours été perçu et
continue d'être vu par tous les planificateurs, les experts et le milieu
du transport aérien comme une action essentielle au développement
de la région aéroportuaire. À moins que les
autorités provinciales refusent de reconnaître le rôle de
plus en plus important que la région aéroportuaire de Mirabel est
appelée à jouer, tant pour le trafic aérien que pour
là consolidation de la place qu'occupe la région de
Montréal dans l'industrie aéronautique, le parachèvement
de l'autoroute 13 jusqu'à Mirabel doit être placé au
premier rang des priorités gouvernementales. Certains pourront
prétendre que cette autoroute n'est pas une infrastructure de transport
en commun. Les autorités de la ville de Mirabel croient au contraire que
les aéroports qui transportent des millions de passagers et qui sont des
moteurs de développement économique sont des infrastructures
majeures de transport en commun et que, par voie de conséquence, les
liens autoroutiers entre ces aéroports doivent aussi être
considérés comme partie intégrante de ces infrastructures
de transport en commun. Le parachèvement de l'autoroute 13 c'est aussi
le moyen tangible d'intégrer la région aéroportuaire de
Mirabel à la grande région économique de
Montréal.
La participation de la ville de Mirabel. Si nous convenons que
l'aéroport de Mirabel est essentiel au développement
économique de la région de Montréal et au progrès
de la région aéroportuaire de Mirabel, il ne serait que
raisonnable que la ville de Mirabel soit reconnue comme un intervenant actif
dans l'ensemble du processus de planification des modes de transport qui
devront desservir l'aéroport et la ville de Mirabel, ainsi que dans
l'élaboration des plans d'intégration de ces modes de transport
aux stratégies de développement aéroportuaire et
industriel de Mirabel.
En conclusion, quant à nous, M. le Président, les
autorités municipales et la population de Mirabel ont voulu, par la
présentation de leur mémoire, sensibiliser les membres de la
commission de l'aménagement et des équipements à la
problématique aéroportuaire et à l'importance d'une
infrastructure de transport en commun d'une valeur exceptionnelle dont le
principal défaut a été, faute de liens routiers et
ferroviaires directs et efficaces, d'être isolée trop longtemps de
sa clientèle potentielle et de ses marchés. Les autorités
municipales de la ville de Mirabel ont aussi voulu signaler les perspectives de
développement de la région aéroportuaire et les
rôles complémentaires et essentiels qui lui seront
dévolus.
C'est face à cette vision nouvelle de l'avenir de Mirabel que les
membres de la commission de l'aménagement et des équipements
devront examiner le caractère urgent et prioritaire des actions et des
orientations proposées par la ville de Mirabel. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire.
Je veux maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je remercie M. le maire pour sa contribution et je veux lui
dire qu'il ne manque pas une occasion de venir vanter les mérites de son
aéroport et de son rayonnement international, de même aussi faire
mention de ce qu'il y manque. C'est clair que les propos tenus sont en large
partie partagés par nous. L'autoroute 13 est au coeur de votre
mémoire. C'est une décision qui aurait dû être
annoncée depuis déjà un certain temps, mais vu un certain
contexte au niveau du ministre d'État aux Transports, en décembre
dernier, au fédéral... Il faut quand même lui rendre
hommage parce qu'il avait pris des décisions, il a au moins ce
mérite, même si dans votre propos vous parlez de statu quo. Il a
aussi le mérite à l'intérieur de cela d'avoir
réglé - même s'il ne l'avait pas annoncé avec nous -
le prolongement de l'autoroute 13 que vous réclamez dans le
mémoire.
C'est un dossier qui, quant à nous, est réglé.
Toutes les négociations ont été complétées
avec le gouvernement fédéral. Le gouvernement
fédéral paiera 50 % des coûts de construction
d'infrastructures de l'autoroute 13 de même que la 50 de Lachute à
Mirabel parce que nous avons toujours soutenu que le fédéral
avait une responsabilité plus grande dans la construction de la 13 que
50 %, vu les coûts inhérents au corridor souterrain qu'on devra
construire pour avoir accès à l'aéroport. Dans ce sens,
l'autoroute 13 c'est un dossier qui, pour nous, est réglé et
même enclenché puisque les professionnels seront appelés
à déposer des propositions pour l'ensemble des sections de
tronçons que nous allons réaliser. Les professionnels vont
être engagés. Le tout va suivre l'échéancier normal
de réalisation.
C'est clair que vous voudriez que ce soit demain matin. Mais, à
partir du moment où les professionnels sont engagés, on devra
attendre que chacun produise, évidemment, le lot des études et
des plans et devis pour passer à la phase des réalisations. Quant
à nous, c'est un dossier qui est classé et signé avec le
fédéral, dans les négociations sur l'entente des
transports, et c'est réglé. Si ça peut au moins vous
rassurer, c'est un dossier
réglé. Il faut passer maintenant à la phase de
réalisation qui, nous l'espérons bien, sera faite le plus vite
possible. Je n'ai peut-être pas à répéter ma
position sur le lieu ferroviaire Mirabel-Dorval. Je pense que vous l'avez
probablement entendue en cours de journée. Ce n'est pas différent
de ce qu'on avait dit au sommet des Laurentides. Dans les négociations
avec le gouvernement fédéral pour compléter la 13, eux
avaient mis de côté l'hypothèse de faire le chemin de fer
donc d'avoir un lien ferroviaire, du moins à brève
échéance.
Ce que je remarque, finalement, dans votre mémoire, vous
évoquez le fait qu'on devrait terminer la ligne
MontréalDeux-Montagnes. Je pense que c'est une première
étape à franchir avant de penser relier Mirabel à Dorval,
vu qu'il y a beaucoup d'eau qui va couler sous les ponts. La nouvelle entente
régionale et, disons, une cohabitation beaucoup plus pacifique quant aux
intérêts aéroportuaires tant de Dorval que de Mirabel, de
ce que j'ai compris au niveau de la grande région, font en sorte qu'on
peut espérer qu'il y ait cette vision plus globale du
développement aéroportuaire et une bonne collaboration entre les
deux aéroports.
Vous évoquez le lien ferroviaire. Si jamais ce lien ferroviaire
devait devenir une réalité et qu'on devait prouver qu'il est
utile et nécessaire à l'aéroport de Mirabel, dans
l'hypothèse où, par exemple, le cargo ferait une entrée
spectaculaire au niveau de Mirabel, ce qui n'est pas impossible, et que
ça nécessiterait des voies de chemin de fer, d'après vous
qui devrait payer ces immobilisations?
M. Léonard: C'est sûr que les premiers payeurs, je
les vois comme le gouvernement fédéral et provincial. En tant que
représentant des citoyens de Mirabel, une ville de 15 000 âmes
à 80 % agricole, je me vois mal imputer à ces agriculteurs une
taxe pour le transport en commun pour desservir un aéroport
international.
M. Côté (Charlesbourg): Le chemin de fer n'est pas
un transport en commun. Si on parlait de chemin de fer dans ce cas, ce serait
davantage un chemin de fer de transport des marchandises que de transport en
commun. Il faut bien se comprendre que la construction de l'autoroute 13, avec
un corridor réservé et un service d'autobus payé et
défrayé par le fédéral, avec corridor prioritaire
au niveau du transport par autobus, vise à remplir le rôle du
transport en commun qui aurait été dévolu au chemin de
fer, sur le plan ferroviaire. Je pense que la justification de l'implantation
du chemin de fer viendrait nécessairement et obligatoirement du volume
cargo et de la possibilité d'interconnexions avec de grands
réseaux. (22 heures)
Dans ce sens-là, je soutiens que si jamais tel était le
cas c'est la responsabilité de l'autorité fédérale
que de le faire. Quant à nous, on prend une partie de nos
responsabilités en ce qui a trait au train de banlieue, ce qui fait
déjà un bon bout de chemin. C'est clair qu'il n'était pas
de mon intention de demander aux citoyens de Mirabel de payer le chemin de fer,
quoique la classe agricole, dans certains cas, a les moyens dlune
très bonne contribution financière.
Dans ce sens-là, vous aviez presque deviné, en bon
politicien, ma deuxième question, qui était: Quel était te
degré de participation sur le plan financier que vous étiez
prêt à faire en ce qui touche l'exploitation et non pas en ce qui
touche les immobilisations? J'imagine que j'aurais la même
réponse, à ce moment-là.
M. Léonard: Sensiblement la même.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
reconnais, dans un premier temps, M. le député de Lévis
et, dans un deuxième temps, Mme la députée de
Deux-Montagnes. M. le député de Lévis, je vous cède
maintenant la parole.
M. Garon: Le mémoire de la ville de Mirabel me
paraît assez clair, connaissant assez bien le territoire et les questions
de transport qui sont invoquées par la ville; cela n'a pas
changé, c'est la même chose depuis plusieurs années.
M. Léonard: Douze ans. M. Garon: Pardon? M.
Léonard: Douze ans. M. Garon: Douze ans.
M. Chagnon: Qu'est-ce qui s'est passé au Québec
depuis douze ans?
M. Garon: Pardon?
M. Chagnon: Qu'est-ce qui s'est passé au Québec
depuis douze ans.
M. Dufour: II n'y a rien de changé.
M. Garon: La ville de Mirabel a été
formée.
Une voix: C'est cela.
M. Garon: C'est-à-dire que ce sont huit
municipalités qui ont acquis le statut d'une ville; au fond,
c'est une ville très particulière, un peu comme
Gaspé...
M. Dufour: Voilà. M. Garon: ...formée...
M. Dufour: Même Lavai.
M. Garon: ...plutôt de huit municipalités rurales.
La plus grosse ville, quelle population a-t-elle? La plus grosse
agglomération?
M. Léonard: Saint-Janvier, qui compte à peu
près 5000 ou 5500.
M. Garon: La deuxième?
M. Léonard: Saint-Augustin, 3500.
M. Garon: Ensuite? On est rendu à 90001
M. Léonard: Je pense qu'il y en a plusieurs qui sont
égales: Saint-Canut, Saint-Benoît, 2000.
M. Garon: Sainte-Scholastique.
M. Léonard: Sainte-Scholastique s'est vidée pas mal
à cause de l'aéroport.
M. Garon: Alors, je n'aurai pas de question à poser parce
que c'était clair. Je pense que ce que le ministre a dit était
clair aussi. J'ai une question à 'poser: Le complexe de serres qui
devait se bâtir, les serres Sprung, où est-ce que c'est rendu?
M. Léonard: Sprung est décédée, mais,
par contre, nous en avons...
M. Dufour: Elle est serrée!
M. Léonard: ...deux, actuellement, qui sont prêtes
à construire, dont la première est pilotée par les
ingénieurs Lavalin; il y en a une qui va avoir environ 35
employés et l'autre une dizaine.
M. Chagnon: ...commission, cela va marcher comme sur des
roulettes.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Alors, je vous souhaite bonne chance, M. le maire.
M. Léonard: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître Mme
la députée de
Deux-Montagnes.
Mme Legault: Merci, M. le Président. Je vais profiter de
l'occasion pour saluer mes voisins du comté d'Argenteuil. Nous devons
convenir que l'aéroport international de Mirabel est un atout important
pour la région quant à son développement
économique, ainsi que pour l'ensemble des régions situées
au nord de Montréal. Même si la construction de l'autoroute 13
répond aux exigences, nous devons penser de planifier pour l'avenir la
continuité ferroviaire jusqu'à Mirabel. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Deux-Montagnes. Nous en sommes, maintenant, aux
remarques de conclusion. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Tout simplement pour dire
que l'autoroute 13 est un lien indispensable, comme vous l'avez fort bien dit;
elle sera réalisée en conformité avec les engagements qui
avaient été pris sur le plan électoral. M. Masse doit
être très heureux. En particulier, c'est dû à la
contribution du fédéral - on va le dire, comme cela il n'y aura
pas de crise quant au développement régional - et à la
volonté de M. Bissonnette, qui n'est plus là. C'est facile de
frapper sur les politiciens après, mais il faut au moins leur rendre
hommage pour ce qu'ils ont réussi à faire. Dans son cas,
n'eût été de sa participation jamais l'autoroute 13
n'aurait pu voir le jour aussi rapidement, et ça je pense que c'est
rendre hommage à ceux qui sont partis aujourd'hui mais qui ont
joué un rôle important dans la décision. Ce n'est pas
Crosbie qui a pris la décision, c'est Bissonnette qui a réussi
à le convaincre et cela, ça fait toute une différence.
Dans ce sens-là, rendons-lui hommage et espérons, dans les
comités qui sont sur pied, de bonnes collaborations avec toute la grande
agglomération montréalaise concernant les deux aéroports,
que ça puisse donner des résultats fort intéressants et je
vous garantis à vous, comme je l'ai fait à M. le maire de
Montréal aujourd'hui, la collaboration du ministère des
Transports sur le plan provincial quant à un support technique pour le
devenir et pour les étapes futures.
Alors, merci de votre travail. Continuez. Je sais que c'est un combat
qui n'est jamais gagné aussi longtemps qu'on ne voit pas les "bulls" sur
le terrain et, dans ce sens-là, nous vous les souhaitons le plus
rapidement possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, le ministre vient de dire une
grande vérité quand il dit que les projets sont vrais quand les
"bulls"
sont sur le terrain. Je dirais même que, quand les "bulls" ont
fini de travailler, c'est encore plus vrai. Parce qu'il y a des projets qui
sont plus difficiles. Le dossier de Mirabel a traîné en longueur
des années, je le sais pour y avoir été associé
pendant neuf ans, avoir contribué à faire en sorte que les terres
soient retournées aux gens, pour qu'on arrête de faire un "no
man's land" avec un territoire considérable et à cause de la
concurrence de l'Ontario qui... Mirabel a beaucoup d'ennemis pour que le
développement se fasse, développement aéroportuaire
puisque l'aéroport est là maintenant. Je pense aussi que vous
devez être très vigilants si vous voulez que les choses se
réalisent parce que même des choses qui sont en marche... On a eu
cet après-midi le maire de Laval qui nous a parlé de la route 440
qui n'arrête nulle part. Vous voyez, Lavai a une population assez
considérable, alors dans votre cas aussi, quand vous parlez de tous ces
projets, vous allez devoir être assez vigilants si vous voulez qu'ils se
terminent. Autrement, le bout de l'autoroute peut rester un parking pour les
amoureux.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le maire, de brèves remarques
de conclusion?
M. Léonard: Évidemment, non seulement au nom de la
population de Mirabel et en mon nom personnel, je pense qu'au nom de toute la
région de Mirabel je me dois de vous remercier de nous avoir entendus.
Pour rassurer M. le député de Lévis, je dois l'avertir que
nous serons non seulement vigilants, nous serons prudents aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire, pour votre contribution aux travaux de cette commission. Je demanderais
maintenant au Comité des usagers de la ligne 3 Montréal
Deux-Montagnes de prendre place, s'il vous plaît.
Dans un premier temps, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux
travaux de la commission de l'aménagement et des équipements. Je
demanderais maintenant au porte-parole, s'il vous plaît, de bien vouloir
s'identifier, pour le bénéfice des membres de la commission et du
Journal des débats, ainsi que les gens qui l'accompagnent,,
Comité des usagers de la ligne 3
MontréalDeux-Montagnes
M. Léger (Jules): M. le Président, mon nom est
Jules Léger. Je suis président du Comité des usagers de la
ligne 3 Montréal Deux-Montagnes et résident de Roxboro.
À ma gauche, c'est M. Lawrence Lozowy, secrétaire de notre
comité et résident de Mont-Royal, et, à ma droite, M.
Heinz
Becker, vice-président de notre comité et résident
de Deux-Montagnes.
M. le Président, notre comité a été
constitué en 1984 à la suite de l'annonce que la
détérioration de la ligne Deux-Montagnes la rendrait inutilisable
au-delà de 1992. Notre comité est formé d'une dizaine de
membres actifs mais peut compter sur l'aide de plusieurs dizaines de personnes,
au besoin, selon ses activités. Jusqu'à maintenant nous avons
présenté une pétition de 7700 usagers réclamant la
modernisation au président de la CUM ainsi qu'au ministre des
Transports; ça c'est en février 1985. L'an dernier on a soumis un
mémoire à plus de 50 intervenants concernés par ce
dossier. On émet des communiqués et on distribue des feuillets
aux usagers et à la population afin de les informer sur l'état du
dossier. Ces mesures ont suscité plus de 200 lettres d'usagers à
leurs députés provinciaux et nous avons nous-mêmes
rencontré la plupart des députés provinciaux
représentant le territoire desservi par cette ligne.
Nous désirons remercier cette commission de nous avoir
invités ici pour exprimer nos vues sur ce dossier.
Est-il nécessaire de rappeler, M. le Président, que la
ligne MontréalDeux-Montagnes, en activité depuis 1918, a
grandement influencé l'aménagement et le développement des
localités riveraines. Savez-vous qu'elle a déjà
transporté trois fois plus d'usagers qu'elle ne le fait
présentement? Les problèmes de cette ligne remontent, comme vous
le savez, au début des années soixante-dix, lorsque le nombre
d'usagers s'est mis a chuter d'une façon marquante et ce, en raison d'un
cercle vicieux engendré par la baisse de la clientèle et la
vétusté de l'équipement, la baisse de la clientèle
empêchant le renouvellement de l'équipement, à cause du
manque de revenus évidemment, et la vétusté de
l'équipement accentuant la désaffection des usagers et
l'accroissement des coûts d'entretien.
Pendant toute cette période, comme le maire de Roxboro l'a bien
démontré cet après-midi, la ligne
MontréalDeux-Montagnes a fait l'objet de plusieurs études,
lesquelles ont toutes conclu qu'elle devait être modernisée et
intégrée au reste du transport collectif de la région. En
1981, le gouvernement du Québec et la CUM avaient même
annoncé la mise en place d'un plan de transport intégré
prévoyant la transformation de la ligne Deux-Montagnes en métro
de surface. Je n'ai pas à vous dire à quel point les usagers se
réjouissaient à ce moment-là, en 1981, du fait que la
ligne allait enfin être modernisée. C'est aussi à ce
moment-là qu'on a appris que le gouvernement fédéral et le
CN venaient de mettre à la disposition de la province 35 000 000 $ et 10
000 000 $ respectivement pour aider à financer sa modernisation. Or, M.
le
Président, le processus de modernisation n'a jamais
été enclenché, malgré le vieillissement
accéléré de la ligne au cours des dernières
années et la disponibilité des 45 000 000 $ en fonds
fédéraux. Le ministère des Transports s'est longtemps
servi du manque d'affluence et des coûts de fonctionnement
élevés pour ne rien faire. Or, nul n'a besoin d'être expert
pour comprendre que cette situation tient, d'une part, au caractère
rebutant du matériel roulant et des stations et au service
inadéquat et souvent perturbé de la ligne et, d'autre part,
à l'état de décrépitude des équipements qui
occasionne un entretien très coûteux.
La modernisation a été recommandée aussi
récemment qu'en 1985 par un comité d'experts et d'élus de
la CUM. En effet, le rapport du Comité technique de la CUM pour la
modernisation de la ligne 3, étude pilotée par le Bureau de
transport métropolitain, des experts dans le domaine, conclut: "La ligne
3 MontréalDeux-Montagnes a une vocation socio-économique
intéressante et elle offre un potentiel appréciable dans la
perspective de l'intégration et de l'expansion des réseaux de
transport dans la région."
Ce comité avait conclu à la nécessité de
moderniser et de rentabiliser cette ligne après avoir trouvé que
le remplacement des trains actuels par des trains modernes de type banlieue,
légers et fonctionnels permettrait de réduire le temps de
parcours de moitié et de presque doubler la fréquence des trains.
Donc, une nouvelle ligne offrirait un service nettement amélioré
par rapport à la situation actuelle. Ce comité d'étude a
aussi trouvé qu'une telle ligne serait de nature à concurrencer
très avantageusement l'automobile. Avec des correspondances avec le
métro et des stations servant de rabattement pour les autos et les
autobus, la STCUM avait prévu que l'achalandage
s'élèverait de 12 000 à 21 000 usagers. Au sujet de
l'achalandage, M. le Président, connaissant la population
concernée, nous sommes convaincus qu'il serait bien plus
élevé que les prévisions de la STCUM, nous croyons qu'il
serait au moins le triple de son niveau actuel, c'est-à-dire les niveaux
qu'elle a déjà connus au milieu des années soixante. (22 h
15)
Le comité de la CUM a aussi établi que les coûts de
fonctionnement annuels de la ligne seraient réduits de 17 500 000 $
à 13 500 000 $ et que, avec l'accroissement de l'achalandage
prévu, le coût par passager-kilomètre serait de 0,14 $ au
lieu de 0,29 $ actuellement, ce qui rendrait le train même plus
économique que l'autobus comme moyen de transporter les gens.
Comme vous savez sans doute, au moment du dépôt de
l'étude de la CUM, l'ex-administration Drapeau, de Montréal,
avait recommandé l'abandon de la ligne prétextant qu'elle dessert
trop peu de
Montréalais et que la ville centre bénéficie peu
des retombées qu'elle produit. Or, M. le Président, nous sommes
convaincus que la ligne 3 modernisée aura des retombées
économiques très positives, non seulement pour le territoire
desservi, mais pour la région de Montréal en entier. Sa zone
d'influence englobera plus de quinze municipalités, non pas seulement
les six municipalités qui étaient représentées par
leurs maires ici, mais quinze municipalités, soit un bassin de 270 000
personnes, ce qui équivaut à plus du quart de la population de la
ville de Montréal.
La réalisation du projet qui s'échelonnerait sur quatre
ans, selon cette étude, créerait plus de 1200 emplois
annuellement, et ce, en grande partie dans la région de Montréal.
La réalisation de cette nouvelle ligne permettrait aussi à des
firmes québécoises d'acquérir une expertise nouvelle dans
ce transport léger pour lequel il existerait des marchés
d'exportation des plus intéressants. La mise en oeuvre du projet
hâtera aussi la construction de projets immobiliers envisagés dans
plusieurs localités riveraines, d'où la création de
centaines d'emplois et un élargissement de l'assiette fiscale de la
Communauté urbaine de Montréal. L'ex-administration de
Montréal s'est longtemps plainte de la concurrence des centres
commerciaux en périphérie. Or, la ligne 3 amènera de
nouvelles clientèles aux commerces du centre-ville. Elle favorisera
aussi le développement des activités de bureau au centre-ville,
M. le Président, parce que d'autres grandes villes comme Toronto et San
Francisco ont déjà compris que des activités de bureau,
notamment des sièges sociaux, sont sensibles à la
possibilité qu'ils ont de recruter de la main-d'oeuvre qualifiée
et les banlieues de ces villes sont depuis longtemps desservies par des trains
rapides.
Comme Mme Legault disait plus tôt également, les
entreprises ne sont pas intéressées à ce que leurs
employés arrivent au bureau le matin tout stressés, tout
énervés, en retard à cause des problèmes de
congestion routière. Le train de banlieue, c'est une solution dans ce
sens et les entreprises qui cherchent à se localiser à quelque
part prennent cela en considération, vous en conviendrez.
La congestion sur les routes qui mènent au centre-ville sera
allégée, car le projet proposé par le comité de la
CUM comprend plusieurs stations qui deviendraient ce qu'on appelle dans le
jargon des têtes de pont pour les banlieusards qui, en auto ou en
autobus, s'y arrêteraient plutôt que de poursuivre plus avant vers
la ville centre. Donc, une réduction des problèmes de congestion
et de pollution pour les citoyens de la ville centre. Il faut aussi ajouter que
la ligne 3 est la seule à desservir les nouveaux parcs régionaux
de la CUM. En effet, la station
qui serait construite près de l'autoroute 13 garantirait à
tous les citoyens de Montréal un accès rapide et surtout direct
aux parcs Bois-de-LiesseBois-de-Saraguay, en plus de rapprocher
considérablement les parcs Cap-Saint-Jacques et Paul-Sauvé d'Oka.
La ligne 3 offrira aux personnes captives du transport en commun un choix plus
large quant aux lieux d'emplois. Aussi, faut-il ajouter que la ligne 3 pourrait
être aisément prolongée de Deux-Montagnes à Mirabel.
Ne faudra-t-il pas, tôt ou tard, implanter un système de transport
collectif rapide entre Montréal et Mirabel?
Enfin, le succès du réseau "Go" à Toronto prouve
que le train constitue le moyen à privilégier pour le transport
de banlieusards. La ville-reine bénéficie largement de
l'investissement qu'a fait le gouvernement d'Ontario dans ce réseau de
banlieue. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi pour Montréal? En
considérant les investissements requis pour moderniser la ligne 3, il
faut reconnaître l'acquis financier important déjà investi
dans ce réseau. Combien en coûterait-il aujourd'hui pour
construire un tunnel de cinq kilomètres sous le Mont-Royal et exproprier
une emprise sur 22 kilomètres? Il faut aussi tenir compte de l'offre de
10 000 000 $ du CN et des fonds fédéraux qui, d'après nos
informations, seraient toujours disponibles pour aider à financer le
projet. 35 000 000 $ avaient été alloués en 1981.
Le ministère des Transports, comme vous le savez, a
récemment commandé d'autres études associées aux
scénarios de modernisation suivants, soit un métro de surface qui
avait été évalué autour de 350 000 000 $ et un
train de banlieue modernisé tel que proposé par le comité
d'étude de la CUM en 1985 et qui avait été
évalué entre 160 000 000 $ et 230 000 000 $, selon les sources de
ces estimations.
M. le Président, notre comité croit que la modification de
la ligne en train de banlieue modernisée, telle que proposée par
le comité d'étude de la CUM, répondrait
adéquatement aux besoins de la population concernée. Quant aux
coûts d'exploitation d'une ligne 3 modernisée, l'accroissement de
l'achalandage et les faibles coûts de fonctionnement diminueraient
considérablement les déficits d'exploitation annuels de cette
ligne et des réseaux d'autobus sur le territoire, parce que
dorénavant ils se rabattraient sur cette ligne de train de banlieue, ce
qui entraînerait une réduction du fardeau fiscal des contribuables
de la CUM et une réduction du besoin de subvention du gouvernement
provincial.
À ce sujet, encore, des coûts d'exploitation, notre
comité est d'avis que les villes desservies par la ligne mais hors CUM
devront participer aux déficits d'exploitation de la ligne
modernisée. Après tout, ces villes ne vont-elles par profiter au
même titre que celles de la CUM de la modernisation? Quant au
système de tarification pour la ligne 3, nous croyon3 que celui-ci
pourrait continuer à être basé sur la distance parcourue
dans l'optique de maximiser les revenus générés.
La modernisation de la ligne 3 nécessitera, il va de soi, des
investissements importants, mais il ne faudrait pas croire que son abandon
n'entraînerait pas aussi des coûts considérables. Le
scénario de l'abandon voudrait que des dizaines de milliers d'usagers
empruntent plutôt l'autobus puis le métro pour leur
déplacement vers le centre-ville. Or, M. le Président, je vous
affirme qu'en partance de la majorité du territoire desservi par cette
ligne ce mode de transport autobus-métro prend
généralement au-delà d'une heure et demie, ce qui est
inacceptable par rapport au peu de temps que prend le train, même
maintenant, et encore moins par rapport à ce qu'un train
modernisé pourrait prendre en termes de temps.
Face à ces longs trajets, je vous assure qu'un grand nombre
d'usagers se résigneraient à l'automobile. D'autres seraient
forcés de déménager plutôt que de prendre l'autobus
et le métro. Ce n'est pas une clientèle apte à prendre
l'autobus, et les longs trajets feraient que cela serait inacceptable par
rapport à ce que le train permet maintenant.
Considérant la congestion accrue que cela entraînerait, le
prix élevé de l'essence et le coût par
passager-kilomètre en autobus nettement supérieur à celui
d'un train modernisé, l'abandon de la ligne entraînerait une
hausse substantielle des coûts individuels et sociaux associés
à ces déplacements. Bref, l'abandon de la ligne 3 constituerait
un recul inadmissible dans le développement d'un système moderne
et rationnel de transport collectif dans la région et irait à
l'encontre des tendances actuelles ailleurs dans le monde où le train de
banlieue est utilisé comme élément de solution efficace
aux problèmes de congestion urbains et de transport.
S'il fallait transporter en auto 21 000 usagers prévus,
pouvez-vous imaginer la situation sur les autoroutes menant au centre-ville?
Cela serait aller à rebours par rapport à ce que le transport en
commun a déjà fait gagner à la région. Le
comité technique de la CUM a réaffirmé en 1985 -il n'y a
même pas deux ans - que la ligne 3 devait être modernisée et
intégrée dans le reste du transport collectif. Les arguments que
nous venons de présenter ici démontrent clairement que cette
ligne aurait des retombées positives, non seulement pour le territoire
desservi, mais pour l'ensemble de la région métropolitaine.
M. le Président, le CN affirme que les
équipements ne pourront servir au-delà de 1992. Inutile de
penser que cela pourrait être autrement. Comme les étapes
préparatoires et les travaux de modernisation s'échelonneront sur
une période d'au moins six ans, une décision aurait dû
être prise l'an dernier. Compte tenu de cette urgence, il appartient au
gouvernement du Québec, lequel a promis la modernisation lors de la
dernière campagne électorale, tout comme le Parti
québécois l'avait fait pendant la campagne électorale
antérieure, de respecter son engagement et de prendre très
rapidement la décision de moderniser cette ligne et ce, dans
l'intérêt de l'ensemble des citoyens de la région de
Montréal.
Il faut se rendre à l'évidence. Le moment est enfin venu
de réaliser ce projet sans cesse reporté à demain. On vous
remercie de votre attention, messieurs.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Léger. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. Léger. On
se rend compte que vous parlez de choses que vous connaissez ou que vous vivez
à chaque jour. Il y a des vérités d'incluses
à l'intérieur du document qui font état qu'une ligne
modernisée occasionnerait des économies substantielles quant au
coût de fonctionnement. C'est clair et cela paraît très
clair. C'est cependant lié, bien sûr, à l'achalandage
additionnel qui pourrait être occasionné et, à
l'expérience de la ligne Montréal-Rigaud, on s'aperçoit
qu'une fois que c'est modernisé il y a une augmentation assez
substantielle de l'achalandage.
Peut-être une première précision que je voudrais
vous apporter. Je suis bien prêt à rendre hommage et à
rendre à César ce qui appartient à César, rendre au
fédéral ce qui lui appartient. Dans les sommes disponibles
actuellement c'est effectivement 10 000 000 $ provenant du CN et 40 000 000 $
de l'entente fédérale-provinciales, partagés 50-50, 20 000
000 $ du Québec et 20 000 000 $ du fédéral pour 50 000 000
$. Ce n'est pas 35 000 000 $ du fédéral. C'est donc 40 000 000 $,
mais 50-50, partagés entre le provincial et le fédéral. Ce
qui fait globalement 50 000 000 $ disponibles à ce moment, ce qui a
été confirmé dans une lettre dans le protocole d'entente
de l'autoroute 13 avec M. Bissonnette où chacun des gouvernements
s'engageait à injecter les sommes prévues aux fins de la
modernisation du train Montréal-Deux-Montagnes.
Au moment de votre intervention, vous avez fait état de la
proposition du comité technique de la CUM, de 1985, et que vous
endossiez la proposition de la CUM à l'époque. Est-ce qu'on doit
comprendre par cela que vous endossez à la fois le choix des stations,
la fréquence du service et la technologie proposée?
M. Léger: La fréquence du service, M. le ministre,
nous apparaît convenable compte tenu de la densité de population
et de ce à quoi les usagers sont déjà habitués.
C'est une nette amélioration. C'est deux fois mieux de ce qu'on a
actuellement. Compte tenu des coûts qu'entraînerait une
fréquence plus élevée que celle proposée par la
CUM, on pense que c'est réaliste comme proposition de services. Quant
aux stations, on estime que les nouvelles stations proposées, en
particulier dans le secteur ouest de l'île, à savoir près
de l'autoroute 13, avec un stationnement qui permettrait aux automobilistes
venant du nord d'arrêter là et d'emprunter le train plutôt
que de poursuivre sur l'autoroute 13, les boulevards Métropolitain,
Décarie etc., c'est une idée très intéressante en
plus de servir le parc régional Bois-de-Liesse et donner accès
aux Montréalais qui ont besoin d'accès aux espaces verts sans
automobile. Ce sont les gens sans automobile à Montréal qui ont
besoin d'accès par transport en commun aux espaces verts. Les espaces
verts sont loin du centre de Montréal, comme vous le savez. Aussi, les
stations au bout du boulevard des Sources sont très indiquées
pour servir des municipalités comme Dollard-des-Ormeaux et Pierrefonds
qui, actuellement, avec la seule gare à Roxboro, se sentent un peu mal
desservies. Il faudrait que vous connaissiez le territoire pour voir comment il
y a des problèmes de congestion sur le boulevard Gouin. (22 h 30)
Quant à la technologie proposée, on est conscient qu'il
s'agit d'un compromis. Avec un métro de surface, il faudrait
élever des plates-formes, etc., compte tenu des différents
niveaux de plates-formes de la Gare centrale et des gares existantes. Nous
estimons encore une fois que, compte tenu des besoins de la population, ce
serait adéquat pour répondre à leurs besoins, mais, comme
on mentionne dans le mémoire, le ministère pourrait juger qu'un
métro de surface a des avantages en termes de possibilité
d'exportation; il pourrait "prioriser" cela mais, compte tenu de l'écart
des coûts entre ces deux scénarios-là, il va de soi qu'on
n'a pas voulu demander une Cadillac, on sent qu'une Chevrolet pourrait tout
aussi bien nous convenir.
M. Côté (Charlesbourg): Vous vous contenteriez d'une
limousine de ministre quand vous pariez d'une Chevrolet au lieu d'une
Cadillac.
M. Léger: Je n'en sais rien, comment tes ministres se
transportent, monsieur.
M. Côté (Charlesbourg): A tout le moins, les
ministres du Québec.
Vous faites état dans le mémoire de la possibilité
d'une participation financière des villes hors CUM; on fait cela
comment?
M. Léger: Selon une formule de partage avec la CUM et la
province qui pourrait être basée soit sur le prorata de
l'évaluation foncière des villes dont les résidents
utilisent le train, soit sur la proportion du nombre d'usagers résidant
dans ces villes-là. Il existe, j'en suis sûr, M. le ministre, dans
d'autres régions des formules de partage qui fonctionnent entre
différentes juridictions qui bénéficient d'une même
service de transport.
Je ne suis pas expert en transport en commun, mais il existe
sûrement une façon de répartir les coûts
d'exploitation d'une façon juste entre les municipalités
servies.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, dans votre esprit,
cela signifie que, par exemple, les villes, les villages du CIT de
Deux-Montagnes...
M. Léger: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...qui auraient à
assumer une partie du coût du transport en commun pour faire du
rabattement sur la tête de pont qui est Deux-Montagnes auraient à
la fois à défrayer le coût du transport en commun et une
partie du train de banlieue.
M. Léger: Le coût d'exploitation du train de
banlieue, oui, on croit cela parce que si le train était
modernisé, vous comprenez, cela va entraîner un certain, je dis
bien un certain développement domiciliaire et peut-être commercial
éventuellement dans ces municipalités-là, tout comme dans
celles de la CUM. Pourquoi ne participeraient-elles pas au déficit,
parce qu'elles vont bénéficier aussi?
M. Côté (Charlesourg): En terminant, vous avez
évoqué des lettres aux députés, aux mininstres,
rencontres de députés, de ministres, je peux vous dire que, dans
à peu près tous les cas, ils ont sensibilisé le ministre
des Transports aux problèmes vécus par leurs commettants et je
vous incite à continuer de les rencontrer. Il y a des ministres,
à travers tout cela, qui sont des ministres qui, comme par hasard,
siègent pour certains au Conseil du trésor. Ce sera certainement
de nature à le sensibiliser aux problèmes du ministre des
Transports et à l'ajout de fonds nécessaires à la
réalisation de ce qu'ils accueillent très bien lorsque vous les
rencontrez. Cela me fera un appui indéfectible quant à la
revendication des sommes nécessaires, non pas à la
réalisation d'études, parce que cela est du passé et c'est
fini, mais nous espérons bien pouvoir passer à l'action le plus
rapidement possible. Je vous remercie.
M. Léger: C'est moi qui vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais reconnaître dans un premier temps M. le
député de Lévis et, dans un deuxième temps, Mme la
députée des Deux-Montagnes. M. le député de
Lévis, je vous cède maintenant la parole.
M. Garon: Dans votre esprit, puisqu'il y a 50 000 000 $ sur la
table, qu'est-ce qui fait en sorte que ces 50 000 000 $ ne sont pas
engagés, puisqu'ils sont là?
M. Léger: Je comprends mal votre question, M. le
député.
M. Garon: Vous parlez de 45 000 000 $. Le ministre vient de vous
dire qu'il s'agit de 50 000 000 $. 40 000 000 $, 20 000 000 $-20 000 000 $,
puis 10 000 00 $ du CN. Qu'est-ce qui fait, dans votre esprit, que les 50 000
000 $ ne sont pas engagés puisque...
M. Léger: Engagés sur la ligne Deux-Montagnes
déjà? Bien, il n'y a pas de travaux qui se font à l'heure
actuelle.
M. Côté (Charlesbourg): Finalement, on ne
règle pas le problème à 50 000 000 $ À 50 000
000 $, on met des "patches" sur la jambe, alors que cela nécessite une
intervention plus importante. Le strict minimum ou à peu près de
l'analyse qu'ont faite les spécialistes du ministère - ils ont
l'expérience de Montréal-Rigaud - c'est 150 000 000 $ qui sont
nécessaires compte tenu du matériel roulant et compte tenu de
toute la ligne elle-même qui n'est pas en bon état et qu'il faut
refaire sur le plan de son conditionnement pour les futures années. Ce
sont les wagons qui vont rouler et qui, aujourd'hui, ne sont pas
chauffés l'hiver et chauffés l'été.
M. Léger: Je veux corriger, c'est un mythe. L'hiver, les
wagons sont surchauffés. Ces wagons sont chauffés à la
vapeur et la Gare centrale est la seule source de vapeur. Donc, pour que le
train soit chaud à son retour de Deux-Montagnes, on le chauffe à
environ 100 degrés à la Gare centrale. Lorsqu'on arrive
là, l'hiver, après avoir couru avec nos gros manteaux, on
s'assoit, et c'est un sauna là-dedans, M. le ministre. Il faudrait que
vous l'essayiez un jour.
M. Côté (Charlesbourg); Mais, lorsqu'il a
été question d'allumer des flammes, cet après-midi,
j'avais compris que c'était la
situation inverse qui était vécue.
M. Léger: Cela dépend où vous montez.
M. Côté (Charlesbourg): Les 50 000 000 $,
finalement, ne régleraient pas le problème. Cela prend de 149 000
000 $ à 150 000 000 $ pour faire un travail honorable pour les cinq
prochaines années et des investissements additionnels par la suite pour
le maintenir.
M. Garon: Dans le document que vous avez présenté,
à la page 5, on parle de coûts évalués à 230
000 000 $ par le ministère des Transports du Québec, et là
vous dites 150 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous expliquer. La
CUM a déposé un projet qui coûtait 157 000 000 $. L'analyse
sommaire qu'avait faite le ministère à l'époque
évaluait à environ 250 000 000 $ le coût des travaux. Le
Trésor subissait une inflation verbale et chiffrée qui lui
faisait prétendre 400 000 000 $, d'où la nécessité
d'une étude additionnelle pour être capable de vérifier
entre deux hypothèses qui nous ont été livrées et
qui varient entre 225 000 000 $ et 240 000 000 $.
En parallèle à cela, les gens du ministère, qui ont
l'expérience de Montréal-Rigaud, se sont penchés sur ce
qu'il faudrait faire au minimum pour assurer une qualité plus grande
avec un maintien de service. On est arrivé pas mal avec les chiffres que
revendiquaient les gens de Deux-Montagnes, qu'à 150 000 000 $ on
était capable de tirer les marrons du feu et d'avoir quelque chose de
convenable, de très potable. C'est de là que vient le chiffre sur
lequel nous nous basons, 150 000 000 $, pour effectuer les travaux.
M. Garon: Mais pourquoi avoir signé une entente de 40 000
000 $ avec M. Bissonnette si ce n'était pas suffisant et si...
M. Côté (Charlesbourg): Vous vous rappelez la petite
histoire. Au fil des ans, à la suite des pressions des citoyens, il y a
eu une entente de développement en transports dont un volet parlait de
rénovation de trains de banlieue. Il y avait de l'argent qui
était prévu aussi pour la construction de l'autoroute 13. Comme
l'autoroute 13 ne se construisait pas, on a décidé de prendre 40
000 000 $ qui étaient dévolus à l'autoroute 13 pour les
transférer à la modernisation des trains de banlieue. On est
revenu à la phase I avec la réalisation de l'autoroute 13. Donc,
on a pris le montant d'argent de la 13 prévu pour les trains et, compte
tenu du retard qu'il y avait dans la réalisation, on l'a remis à
sa fonction originale qui était la construction de l'autoroute 13.
À la suite des pressions - finalement, ce sont des informations
qui ne restent pas secrètes longtemps - les gens du milieu se sont
affolés en disant: C'est la fin de tous les espoirs permis, en termes de
modernisation de trains de banlieue. J'avais dit à M. Bissonnette que,
quant à nous, le transport en commun était extrêmement
important; et on lui a arraché une signature sur un document nous
garantissant, ainsi que le gouvernement du Québec, que les 40 000 000 $
allaient demeurer et que, dans la mesure où il y avait modernisation de
la ligne MontréalDeux-Montagnes, c'était un plancher de
discussion au chapitre de la participation du gouvernement
fédéral.
Maintenant qu'on est un peu plus au fait de ce qu'est le minimum vital
quant aux travaux à effectuer, nous allons entamer, au cours des
prochaines semaines, des négociations avec le gouvernement
fédéral afin qu'il participe de la même manière
qu'il a participé dans Montréal-Rigaud, en tenant compte du
phénomène que le montant de 40 000 000 $ était un plancher
et non pas un plafond.
M. Garon: Dans votre mémoire, à la page 6, vous
parlez des déficits d'exploitation de la ligne et des réseaux
d'autobus sur le territoire. A combien évaluez-vous ces déficits
d'exploitation?
M. Léger: M. le député, malheureusement on
n'a pas en main tous les chiffres. Cette affirmation découle un peu du
gros bon sens. L'achalandage doublerait au moins, nous on dit que ça
triplerait sans doute. L'étude de la CUM a démontré que
les coûts d'exploitation annuels passeraient de 17 500 000 $ à 13
300 000 $, donc par conséquent les déficits annuels
d'exploitation diminueraient considérablement. Nous ne connaissons pas
la variable revenu, donc nous ne pouvons chiffrer la baisse de ces
déficits d'exploitation. Sûrement que le ministère des
Transports a fait des hypothèses, des scénarios de ce qui
arriverait aux déficits d'exploitation. C'est sûr et certain
qu'ils diminueraient considérablement compte tenu que les coûts de
fonctionnement diminueraient avec le nouveau matériel beaucoup moins
cher à entretenir que le matériel actuel et que le nombre
d'usagers doublerait, sinon triplerait. Donc, les revenus que
générerait cette ligne augmenteraient substantiellement.
M. Garon: Comment fonctionne le système de tarification
actuellement?
M. Léger: Actuellement il y a trois tarifs
différents. Un tarif similaire à celui de la CAM, la carte pour
l'autobus et le métro, sur le segment de ligne allant jusqu'à
Pierrefonds. Pour Pierrefonds et Roxboro, les gares, c'est un prix
légèrement supérieur à la CAM et en dehors de la
CUM c'est près de 90 $ par mois actuellement pour un laisser-passer
parce qu'ils ne participent pas au déficit d'exploitation. Les
résidents de la CUM le font.
Donc, il y a trois tarifs et nous nous croyons que les usagers
continueraient à prendre le train même en maintenant des tarifs
plus élevés que la CAM dans certains segments du territoire.
Compte tenu du coût de l'essence pour se rendre à Montréal
ils sont bien prêts à payer plus qu'une CAM dans le secteur ouest
de l'île.
M. Côté (Charlesbourg): 28 $, 38 $ et 91 $. Je ne le
prends pas mais je suis au courant.
M. Léger; Oui. Vous savez, si le coût à
Deux-Montagnes n'était pas de 91 $ il y aurait beaucoup plus de gens qui
prendraient le train actuellement.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis, et je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Deux-Montagnes.
Mme Legault: Merci, M. le Président. Je remercie les
représentants des usagers de la ligne 3 pour la présentation de
leur mémoire. Comme nous avons pu le constater au cours de la
journée, les mémoires qui ont été
présentés sur la ligne 3 et le maintien de cette ligne, je crois
qu'ils ont été tous en faveur. MM. les représentants, vous
nous avez fourni des informations supplémentaires qui viennent renforcer
réellement l'idée qu'on doit maintenir la ligne 3. Votre
mémoire dans l'ensemble a été, en tout cas pour ma part,
des plus convaincants et vous pouvez être assurés de mon entier
appui. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie Mme la
députée des Deux-Montagnes. Nous en sommes maintenant à
l'étape des brèves remarques de conclusion. M. le ministre, je
vous cède maintenant la parole.
M. Côté (Charlesbourg): Je voudrais
brièvement remercier M. Léger et les gens qui l'accompagnent.
J'ai particulièrement apprécié la distinction entre le
chaud et le froid des bouts de ligne et je pensais que Mme la
députée de Deux-Montagnes allait en profiter pour remettre un peu
de vapeur dans le système ou un peu de flamme compte tenu de ce qu'on a
entendu dans la journée. Je vous remercie pour votre contribution. Elle
a été utile en ce sens que vous êtes des défenseurs
des usagers, donc de ceux qui peuvent bénéficier d'un service
comme celui- là, et vous souhaitez que nos décisions puissent se
prendre très prochainement pour qu'on passe à l'action dès
1988. Alors, bonne chance, et j'espère qu'on saura... On n'aura pas de
problème au sujet de l'unanimité sur le projet, cela ayant fait
partie des programmes électoraux de ceux qui ont formé le
gouvernement il y a quelques années et de ceux qui le forment
aujourd'hui. Il devrait donc y avoir unanimité quant à la
distribution des montants d'argent de manière prioritaire dans cette
intervention au sujet du train de banlieue MontréalDeux-Montagnes.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, il va falloir que je rappelle
au ministre qu'il y a quand même une règle électorale.
Quand vous avez été battu sur un programme, vous n'êtes pas
engagé par le programme, vous avez fait une offre qui n'a pas
été acceptée. Alors, il n'y a pas eu de contrat;
apparemment, notre offre n'est pas été acceptée, mais la
vôtre l'a été. C'est pour cela qu'on va regarder ce que le
ministre va faire. On n'a pas l'intention de lui nuire non plus.
Je voudrais vous remercier d'être venus expliquer les avantages
qu'il peut y avoir pour les usagers. Vous avez bien fait valoir les points.
Vous avez dû constater au cours de la journée... On n'a pas fait
l'addition, mais on doit être rendu à environ 2 000 000 000 $.
Maintenant, comme M. Gobeil dit que cette année il est plus en moyens,
alors...
M. Côté (Charlesbourg): J'ose espérer que le
député de Lévis, qui a été critique
financier pendant un certain temps, tiendra compte du fait que quatre
organismes sont intervenus sur le même projet, mais qu'il ne faudrait pas
additionner le coût du projet quatre fois.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Non, non. Je comptais...
M. Dufour: Ce n'est pas un stade olympique.
M. Garon: ...les fonds demandés par la Communauté
urbaine de Montréal, la ville de Laval pour la prolongation de la 440,
le pont que souhaite le député de Mille-Îles pour la
continuation de l'autoroute 25 nord, les démarches qu'appuyait aussi le
député de Sauvé, le train de Saint-Hilaire et les
différents trains de banlieue. Si je fais l'addition de tout cela...
M. Côté (Charlesbourg): 1 500 000 000 $,
aujourd'hui.
M. Garon: Un peu plus.
M. Côté (Charlesbourg): Non, 1 500 000 000 $.
M. Dufour: Vous mettez le premier 1 500 000 000 $...
M. Garon: Un pont, à combien évaluez-vous cela?
M. Côté (Charlesbourg): 65 000 000 $. M. Garon: La
440 terminée? M. Côté (Charlesbourg): 25 000 000 $.
M. Dufour: La 13?
M. Côté (Charlesbourg): La 13, c'est
réglé.
M. Dufour: C'est réglé. Oui, mais il y a un
montant.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, c'est
réglé. C'est fait. Arrêtez d'additionner les choses qui
sont réglées. Voyons!
M. Garon: Je suis content de voir que... M. Côté
(Charlesbourg): Vous êtes...
M. Garon: ...le ministre - vous voyez -est moins
serré...
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez... M. Garon:
...que vous pensez.
M. Côté (Charlesbourg): On n'est plus au temps de
Parizeau, il faut évoluer.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais rappeler aux
membres de la commission que nous en sommes aux brèves remarques de
conclusion. M. le député de Lévis, vous avez la
parole.
M. Garon: Je veux vous remercier parce que cela a
été vraiment très instructif d'entendre les commentaires
que vous avez faits au sujet des usagers. Je présume que vous en
êtes un vous-même parce que vous avez l'air de connaître tous
les inconvénients qu'il peut y avoir dans les voyages à l'aller
et au retour du train en fonction d'un système de chauffage un peu
particulier. Je vous remercie. Maintenant, les gens vont savoir comment cela
fonctionne parce que c'est enregistré, ce sera là. Vos propos
font même partie du patrimoine culturel maintenant.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, nous allons les
conserver comme le patrimoine.
M. Garon: C'est cela. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Léger, je vous
cède maintenant la parole pour de brèves remarques de
conclusion.
M. Léger: Je remercie les membres de la commission de nous
avoir entendus. J'espère que les représentants des usagers
n'auront pas à revenir faire des revendications...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Léger: ...l'an prochain, l'année suivante et
l'année suivante, comme cela a été le cas durant les cinq
dernières années.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Léger, je tiens
à vous remercier, au nom des membres de la commission, de l'apport que
vous avez fourni à nos travaux.
La commission, ayant maintenant épuisé son ordre du jour,
ajourne ses travaux jusqu'à 10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 50)