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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux dans le cadre du mandat qui lui a été confié
par l'Assemblée nationale de tenir une consultation
générale sur le document intitulé "Les infrastructures de
transport en commun de la région de Montréal".
Aujourd'hui, nous recevrons, dans l'ordre, les groupes suivants: la
Chambre de commerce de Montréal, le Conseil intermunicipal de transport
de la Vallée du Richelieu, la Société de transport de la
Rive-Sud de Montréal, le Conseil central de Montréal, le
Regroupement des usagers du transport adapté de la CUM et l'Union des
municipalités du Québec.
Pour chaque groupe, nous avons prévu une période d'environ
60 minutes réparties également entre les trois participants,
c'est-à-dire 20 minutes au groupe pour nous faire la présentation
de son mémoire, 20 minutes au parti ministériel, de même
que 20 minutes au parti de l'Opposition officielle pour des échanges
avec le groupe.
Sans plus tarder, je souhaite la bienvenue à notre premier
groupe, la Chambre de commerce de Montréal; M. Daoust, nous vous
demandons d'abord de nous présenter les personnes qui vous accompagnent
pour l'information des membres de la commission et, par la suite, de prendre la
vingtaine de minutes à votre disposition pour nous présenter les
points essentiels de votre mémoire.
M. Daoust.
Chambre de commerce de Montréal
M. Daoust (Marcel): M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs de la commission, permettez-moi de vous présenter
à ma gauche, en premier lieu, le vice-président exécutif
du Montreal Board of Trade, M. Alex Harper et, à ma droite, le
vice-président exécutif de la Chambre de commerce de
Montréal, M. Luc Lacharité.
Le document de consultation "Les infrastructures de transport en commun
de la région de Montréal" pose des questions de fond sur les
infrastructures, le financement et l'organisation du transport en commun dans
la région de Montréal, toutes des questions qui sont au coeur du
débat public depuis de nombreuses années.
Chaque modification des règles du jeu a des conséquences
importantes sur les différents partenaires qui y contribuent, en
l'occurrence, les usagers, les municipalités et le gouvernement. Les
enjeux sont significatifs.
Le ministère des Transports du Québec a invité les
groupes et organismes intéressés au débat à
exprimer leur opinion à la commission de l'aménagement et des
équipements. Le gouvernement indique, dans son document de consultation,
qu'il est è la recherche d'un consensus dans la grande région de
Montréal. Les gens d'affaires se sont toujours intéressés
à la question et entendent être partie prenante à cette
recherche de consensus. Notre document constitue une contribution ponctuelle du
milieu des affaires. La question est très complexe et, à cet
effet, un comité conjoint vient d'être formé pour
l'étudier plus en profondeur.
La Chambre de commerce et le Bureau de commerce de Montréal
entendent fermement poursuivre leur réflexion sur les divers aspects du
débat et participer activement à la recherche de solutions
précises aux problèmes soulevés par la planification et le
financement du réseau de transport en commun de la région de
Montréal.
Dans le document de consultation qu'il vient de soumettre à
l'attention des intervenants socio-économiques de la région de
Montréal, le gouvernement manifeste le désir de réduire
davantage sa contribution, en particulier sa participation au financement des
infrastructures.
Le débat n'est pas nouveau. Le Chambre de commerce de
Montréal et le Bureau de commerce de Montréal se sont plusieurs
fois exprimés sur l'importante question du transport en commun à
Montréal. En 1977, un colloque a été organisé sur
le transport en commun dans la grande région métropolitaine. La
chambre et le bureau ont présentés, en 1982, à la
commission permanente des transports de l'Assemblée nationale, un
mémoire intitulé "L'organisation et le financement du transport
en commun à Montréal". À nouveau, aujourd'hui, la Chambre
de commerce et le Bureau de commerce de Montréal jugent important
d'intervenir.
M. Harper (Alex): Lea principes directeurs. Pour la Chambre de
commerce et le Bureau de commerce de Montréal, deux principes directeurs
doivent guider l'analyse du transport en commun, à savoir: le transport
en commun doit être envisagé comme l'une des composantes d'une
politique d'aménagement régional; les infrastructures lourdes de
transport routier et de transport en commun doivent être
planifiées, financées et développées de
façon intégrée. Ainsi, la problématique du
transport en commun ne peut être dissociée de l'aménagement
régional.
À cet égard, on assiste, depuis plusieurs années,
à un important phénomène d'éclatement des villes,
d'étalement urbain et d'éparpillement de la population et ce, au
bénéfice des banlieues. Ce faisant, on accroît la demande
pour de nouveaux investissements en transport au détriment d'une
rentabilisation accrue des équipements existants.
Au plan des infrastructures, une politique générale et
cohérente, de transport s'impose, englobant, à la fois, le
financement des infrastructures de transport en commun et les infrastructures
lourdes de transport routier: autoroutes, ponts, etc.
L'organisation du transport en commun. La recherche d'un meilleur
encadrement institutionnel et d'une meilleure coordination parmi les organismes
de transport en commun est au nombre des préoccupations soulevées
par le document de consultation.
À cet égard, il est utile de rappeler les principes et
l'argumentation soutenus par nos deux organisations lors du débat sur le
livre blanc publié en 1982 sur le transport en commun dans la
région de Montréal.
Dans l'hypothèse d'une autonomie locale en matière de
transport urbain collectif, c'est par le processus politique que s'effectue le
nécessaire arbitrage entre l'offre et la demande de services. il est
approprié qu'il en soit ainsi. Le contraire aurait pour effet d'occulter
le véritable prix du transport en commun et d'encourager une philosophie
qui privilégie une offre croissante de services.
Dans un contexte où elles sont responsabilisées, les
autorités locales sont tenues de justifier la part du budget
allouée aux divers programmes de dépenses, dont le transport en
commun. Les gouvernements locaux fixent leurs priorités. C'est le niveau
de taxation qui impose la contrainte globale quant à l'allocation des
ressources disponibles.
Le transport en commun est une fonction locale. Une plus grande
autonomie locale en matière de transport urbain collectif favoriserait
un meilleur arbitrage entre l'offre et la demande de services. Nous croyons
aussi que les opérations sont une responsabilité locale.
Tout en reconnaissant le principe voulant que le transport soit une
fonction locale, il importe de préserver l'organisation actuelle du
transport en commun assurée par la STCUM, la STRSM, la STL et une
vingtaine d'organisnne9 municipaux de transport.
Nous voyons la tarification et la planification dans une perspective
régionale. Dans l'ensemble du débat sur l'encadrement
institutionnel, la Chambre de commerce et le Bureau de commerce de
Montréal croient que . les décisions à caractère
régional doivent faire l'objet d'un arbitrage entre les
différents intérêts locaux. Il serait souhaitable que les
mécanismes et les structures mis en place favorisent
l'établissement d'ententes et de consensus au sein de la région.
C'est le cas en particulier des décisions touchant la tarification.
C'est le cas, aussi, des grandes décisions de planification des
réseaux.
Si les différences de la région sur le plan des besoins
doivent être reconnues dans le partage des responsabilités
régionales et locales, la problématique du partage des
coûts demeure cependant délicate. Les municipalités qui ne
sont pas desservies par un service régional ne veulent pas en assumer
les coûts collectifs. Il est impossible, par contre, de ne pas
reconnaître l'importance des effets de débordement en
matière de transport en commun. C'est que les mouvements des banlieues
vers les zones plus urbanisées, en particulier vers le centre-ville de
Montréal, sont considérablement plus nombreux que les mouvements
effectués dans le sens inverse. Ces mouvements se produisent surtout aux
heures de pointe, au moment où le service est le plus coûteux
à offrir. Or, ces utilisateurs ne contribuent, via le
prélèvement de la taxe foncière, qu'au réseau de
leur territoire de résidence. Sur la rive sud, par exemple, de nombreux
résidents empruntent la station de métro située à
Longueuil pour se rendre au centre-ville. Ma question est: Quelle est alors la
responsabilité financière des municipalités où
résident ces usagers?
M. Lacharité (Luc): En ce qui a trait aux des
infrastructures, le gouvernement, dans son document de consultation, remet en
question l'opportunité d'en absorber en totalité le coût.
Pour la Chambre de commerce et le Bureau de commerce de Montréal, le
mode actuel de financement des infrastructures de transport en commun
crée des attentes difficiles à contrôler et ne favorise pas
une rationalisation du processus de décision. Le constat s'applique non
seulement au transport en commun, mais également à l'ensemble des
infrastructures routières. Face à cette situation, la mise en
place de mécanismes permettant un contrôle plus rationnel des
projets et des coûts qui
leur sont imputables serait désirable. Sur cette base, la Chambre
de commerce et le Bureau de commerce de Montréal croient qu'une
éventuelle participation des instances locales au financement des
infrastructures de transport en commun est souhaitable.
Cette question mériterait, cependant, d'être
analysée plus en profondeur, cela va de soi. Pour la Chambre de commerce
et le Bureau de commerce de Montréal, la participation locale est un
mécanisme pour instaurer une plus grande discipline
décisionnelle. Une responsabilité accrue des paliers locaux de
décision vaut non seulement pour le transport en commun, mais
également pour les infrastructures lourdes de transport routier en
milieu urbain.
Le gouvernement du Québec a plusieurs fois changé les
modalités d'aide au transport en commun par l'adoption de
décrets. Cette politique de gestion par décrets qui
caractérise l'intervention du gouvernement est une grande source
d'instabilité et d'incertitude quant au financement des infrastructures
de transport en commun. Dans d'autres environnements, à Toronto, par
exemple, les principes de financement du transport en commun sont inscrits dans
une loi depuis 1977, ce qui assure une meilleure planification des
dépenses des opérations et de l'organisation du transport
collectif urbain.
Dans l'ensemble du débat sur les infrastructures existantes,
fruit de décisions passées, la Chambre de commerce et le Bureau
de commerce de Montréal souhaitent une plus grande stabilité des
politiques du gouvernement provincial et le respect de ses engagements.
Plusieurs des nouvelles infrastructures ont eu pour effet de causer un
certain surdéveloppement du réseau de transport en commun dans la
région de Montréal en établissant un niveau d'offre de
service supérieur au niveau de la demande. Le mode actuel de financement
crée des attentes difficiles à contrôler. Le fardeau
étant supporté par l'ensemble des contribuables
québécois, les véritables coûts du transport sont
masqués.
La ligne de métro no 5 entre les stations De Castelnau et
Saint-Michel est un bon exemple de prolongement des infrastructures existantes
entraînant des charges supplémentaires significatives. Dans le
cadre des travaux du Groupe d'étude sur le financement du transport en
commun, il a été calculé que les coûts additionnels
de fonctionnement, imputables au prolongement du métro, devraient
atteindre 109 700 000 $ pour la période allant de 1987 à
1991.
Par ailleurs, le même commentaire vaut pour les infrastructures
routières. C'était le cas, en particulier, de l'autoroute
Ville-Marie dans l'est de Montréal. Le prolongement de l'autoroute 13
vers Mirabel est un autre exemple de projet sans fondement économique,
mais qui sera néanmoins, semble-t-il, entrepris parce que les
véritables coûts du projet sont défrayés par
l'ensemble des contribuables québécois.
La mise en place de mécanismes permettant un contrôle plus
rationnel des projets et des coûts qui leur sont imputables serait
désirable. Sur cette base, la Chambre de commerce de Montréal et
le Bureau de commerce de Montréal croient qu'une éventuelle
participation des instances locales au financement des infrastructures de
transport en commun est souhaitable. Comme on l'a dit auparavant et on insiste,
cette question mérite d'être analysée plus en
profondeur.
La participation locale est un mécanisme pour instaurer une plus
grande discipline décisionnelle. Il s'agit d'une voie de rationalisation
des processus de prise de décision. En principe, c'est, d'ailleurs, une
voie de responsabilisation des paliers locaux de décision qui vaut aussi
pour les infrastructures lourdes de transport routier en milieu urbain.
L'optique que nous retenons est de faire supporter aux
municipalités bénéficiaires une partie raisonnable du
poids de leurs décisions d'investissement et de planification du
réseau de transport. Nous croyons que le deuxième principe
évoqué au début de ce texte doit prévaloir,
à savoir que le financement du transport en commun s'insère dans
le contexte global des infrastructures. Les politiques d'aide au transport
routier et au transport en commun font partie intégrante du même
débat et ne peuvent être analysées de façon
isolée.
M. Daoust: La volonté du gouvernement du Québec de
réduire sa participation au financement du transport en commun
soulève de nouveau le problème du partage des coûts.
À cet égard, la chambre et le "Board" désirent exprimer
leur position sur une participation hypothétique des
bénéficiaires non usagers et sur le mode actuel de partage des
coûts.
À l'exemple d'autres villes nord-américaines et
européennes, la participation des bénéficiaires non
usagers, c'est-à-dire les automobilistes et les entreprises, au
financement du transport en commun a, par le passé, été
soulevée comme une source alternative de financement. II convient d'en
évaluer le bien-fondé.
L'argumentation à la base d'une participation des entreprises au
financement du transport en commun repose sur les bénéfices
retirés par une canalisation accrue de la clientèle vers les
commerces et de la main-d'oeuvre vers les lieux de travail. Toutefois, la
Chambre de commerce de Montréal et le Bureau de commerce de
Montréal désapprouvent toute nouvelle ponc-
tion fiscale auprès des entreprises et ce, pour de nombreuses
raisons.
Premièrement, la fiscalité municipale des entreprises
prévoit déjà un traitement fiscal particulier pour cette
catégorie de contribuables par l'imposition d'une taxe d'affaires.
À cet effet, il apparaît pertinent de préciser la part
fiscale dévolue aux entreprises commerciales et industrielles sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal. En 1967,
l'évaluation foncière représentait 16 300 000 000 $, soit
34,4 % de l'évaluation foncière imposable. En ce qui a trait au
rôle locatif, elle représentait 2 100 000 000 $. En ce qui a trait
à la taxe foncière, en 1986, elle représentait 366 000 000
$, soit 17,4 % des revenus municipaux. Quant à la taxe d'affaires de
1986, elle représentait 266 800 000 $, soit 12,8 % des revenus
municipaux.
Par conséquent, les revenus provenant de la taxe d'affaires au
niveau municipal compensent amplement pour les bénéfices
découlant du transport en commun.
Deuxièmement, la proximité des réseaux de transport
en commun se reflète dans la valeur foncière et locative des
immeubles. Conséquemment, les charges fiscales accrues découlant
de cette appréciation contribuent à compenser pour les
dépenses reliées au transport en commun.
Troisièmement, qu'il s'agisse d'une taxe touchant le corridor du
centre-ville ou d'une taxe sur la masse salariale, les options soulèvent
à nouveau le problème de déséquilibre sur le
marché. Toute perception additionnelle de fonds sur un segment
géographique précis pourrait modifier la structure
concurrentielle, désavantager les commerces et l'activité
économique au centre-ville.
Finalement, soulignons que la mise en place d'une surtaxe touchant le
centre-ville de Montréal va à l'encontre du principe de
neutralité fiscale entre les entreprises et les autres contribuables,
soit l'une des pierres d'assise de la grande réforme de la
fiscalité municipale. Une telle surtaxe irait également à
l'encontre de la tendance à l'élimination des surtaxes à
Montréal.
Une révision du mode actuel de partage des coûts entre les
trois partenaires du transport en commun (gouvernement, municipalités et
usagers) ne devrait pas être entreprise avant d'avoir poursuivi les
efforts de réduction de coûts et d'augmentation de la
productivité des organismes de transport en commun. À cet
égard, la Chambre de commerce et le Bureau de commerce de
Montréal offrent leur collaboration à toute démarche en ce
sens.
Par ailleurs, le document de consultation ne contient pas de
données suffisantes permettant de juger de la nécessité de
nouvelles infrastructures ou d'investissements majeurs dans le transport en
commun. Par conséquent, il est trop tôt pour se prononcer sur les
besoins d'augmentation de taxes ou de prélèvements fiscaux
supplémentaires. En somme, pour la Chambre de commerce et le Bureau de
commerce de Montréal, la réduction des coûts et une
productivité accrue dans la gestion du transport en commun doivent
être accentuées.
Nous serions intéressés à prendre connaissance des
études qui témoigneraient des efforts qui ont pu ou qui
pourraient être faits dans ce sens et nous sommes disposés
à contribuer à toute démarche qui permettrait d'atteindre
ces objectifs. M. le Président, mesdames et messieurs, nous vous
remercions de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
présentation. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Je pense que votre
présence, ce matin, témoigne de l'intérêt que vous
portez à la cause du transport en commun. Je suis très heureux
que vous soyez là puisque c'est un peu l'autre côté de la
médaille que l'on peut voir ce matin, étant donné tout ce
qui circule dans l'air sur de nouveaux partenaires dans cette aventure qui est
celle du transport en commun.
Il y a, je pense, une trame de fond qui traverse votre mémoire et
qui veut qu'il y ait le moins de changements possible au plan des politiques
gouvernementales et que les engagements passés soient respectés.
Depuis 1980, il y a eu quatorze modifications des décrets concernant la
politique d'aide au transport en commun. C'est peut-être bon de se le
rappeler, car on entend plus souvent parler de ceux qui font mal que de ceux
qui font bien. Sur ces quatorze changements, treize ont été faits
par nos prédécesseurs et un par nous. Je pense que, sur les
treize, pour rendre hommage à ceux qui les ont faits, plusieurs ont
été faits pour élargir, pour en donner davantage. C'est
assez rare qu'à ce moment le gouvernement reçoive des
félicitations ou des remerciements. On en a fait un, nous, un
changement, en 1987, au niveau des autobus. J'aurai l'occasion de
rétablir un certain nombre de faits cet après-midi avec l'UMQ qui
avait soulevé le débat public. On verra, à ce moment, ce
qui s'est passé. Mais un changement de décret ou un changement de
politique, je pense, à certaines occasions, que cela peut rejoindre
l'objectif que vous poursuivez de réduction des coûts et d'une
certaine rationalisation à l'intérieur des entreprises.
Le décret sur les autobus a fait passer la commande, qui
était de 405, pour les trois prochaines années, à 333. La
question qu'on devait se poser: Est-ce qu'on achetait des autobus en fonction
des besoins ou si on achetait des autobus en fonction de la
subvention gouvernementale? Je pense que le décret qui a
été passé a, au moins, le mérite de stabiliser un
certain nombre de choses et de répondre à ces questions-là
et on le fera de manière plus détaillée cet
après-midi avec l'UMQ. Je le disais tantôt, vous êtes
intervenus en 1977, en 1982 et en 1987, c'est donc une préoccupation
constante. Vous parlez de politique générale et cohérente
et vous avez fort raison de lier le transport en commun et le
développement du réseau routier. On se parlera de l'autoroute 13
un peu plus tard. On y reviendra.
Une chose est certaine, c'est que la commission a pour but
assurément de stabiliser l'intervention gouvernementale pour les dix
prochaines années et d'avoir un plan de développement
cohérent qui répond aux attentes au cours des dix prochaines
années et c'est pour cela que nous nous réunissons ce matin.
Ma première question est la suivante: Puisque vous êtes
davantage concernés par le territoire qui est desservi par la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, comme citoyen et contribuable, croyez-vous, dans la
répartition actuelle, pour ce qui est de la Société de
transport de la communauté urbaine, que 44 % de participation au
financement de la part du gouvernement du Québec, c'est le plafond que
celui-ci peut atteindre ou devrait-il aller au-delà de 44 % dans sa
participation financière au transport en commun vis-à-vis de la
communauté urbaine?
M. Daoust: Écoutez, je pense que le point est plus global que
cela. Je comprends votre question: 44 %, c'est beaucoup. D'autre part, cela a
évolué au cours des années vers cela. Ce qu'on
préconise, c'est de faire un examen plus en profondeur de l'ensemble des
infrastructures, autant du réseau routier que du transport en commun, de
responsabiliser les gouvernements municipaux dans les frais d'exploitation et
d'acquisition d'immobilisations et d'avoir une politique standard. Maintenant,
si on arrive et qu'on veut changer les règles du jeu, alors qu'on n'a
même pas suivi cette procédure d'une façon stricte avant,
à ce moment-là, on risque d'amener un bouleversement qui
provoquera un éparpillement accentué du milieu urbain.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas,
là-dessus, on se suit et l'objectif, bien sûr, est de bien cadrer
nos interventions pour les prochaines années. On veut aussi que le
gouvernement ait son mot à dire lorsqu'il finance.
Ce n'est pas à vous que je vais apprendre les principes
d'administration; le gouvernement, actuellement, subventionne les
immobilisations, mais il n'a pas toujours autorité sur les
décisions de ces administrations. Donc, la participation
gouvernementale, sur le plan financier, est très importante. Le budget
global du Québec est d'au-delà de 800 000 000 $, si on inclut le
transport scolaire, donc, de manière plus générale, en ce
qui a trait au transport en commun. Dans le cas du transport scolaire, on a,
avec les intervenants du monde scolaire, une enveloppe fermée, qui a
bien campé et stabilisé l'intervention gouvernementale pour les
prochaines années.
Selon votre expérience, si le gouvernement du Québec
arrivait avec une enveloppe fermée - parce que ce n'est pas le cas
actuellement, c'est ouvert; alors, on n'est jamais capables de planifier nos
besoins financiers aux fins du transport scalaire, compte tenu des politiques
que nous avons aujourd'hui - une telle politique pour les cinq prochaines
années serait-elle de nature à atteindre l'objectif de
rationalisation dont vous parlez?
M. Daoust: Cela peut être un moyen, mais je pense qu'il ne
faut pas perdre de vue que, si on isole le transport en commun et qu'on
accentue par d'autres genres d'investissements le problème de
l'éparpillement urbain - ce n'est pas uniquement à
Montréal, je pense, que cela existe - à ce moment-là, on
n'a pas regardé le problème dans sa globalité. On parle du
transport en commun, mais cela a des débordements sur d'autres
enveloppes que le gouvernement administre aussi.
Cela pourrait être une solution, mais je pense qu'il faudrait la
regarder beaucoup plus à fond parce qu'on risque de limiter le
problème à une seule enveloppe en excluant les autres
éléments qui entourent cela.
M. Côté (Charlesbourg); Le phénomène
de l'étalement urbain n'est pas spécifique à la
région métropolitaine. C'est très largement vécu
dans la région parisienne et partout. Il ne semble pas y avoir de
solution miracle à cet attrait de l'étalement urbain pour
certaines personnes qui, un peu mieux nanties, veulent aller s'implanter en
banlieue.
Lors de la dernière grève du transport en commun, on a eu
l'occasion d'écouter, d'entendre et même d'avoir des pressions de
la part des commerçants du centre-ville de Montréal. Ceux-ci se
plaignaient d'une perte d'achalandage d'à peu près 60 %. Je pense
que cela traduisait très bien l'importance du transport en commun pour
les commerces du centre-ville.
Historiquement, tout le transport en commun a été fait en
fonction d'un centre-ville, donc de déversement et de rabattement en
fonction d'un centre-ville. Vous dites clairement dans votre mémoire:
Oubliez cela, on ne peut pas accepter une source de financement additionnelle,
que ce soit sur le stationnement, sur le carburant ou toute
autre source de financement. Mais, n'y a-t-il pas une part de
responsabilité ou une part d'intérêt de ces commerces
à participer au financement du transport en commun, dans la mesure
où il y aurait cette garantie de stabilité du transport? (10 h
45)
M. Daoust: Je pense que, d'abord, comme on l'a dit tantôt,
cette responsabilité se reflète un peu par ce que les
commerçants et les gens d'affaires de Montréal paient, en plus
des autres, dans leur évaluation, dans leur taxe d'affaires, etc. C'est
une chose. L'autre chose, évidemment, et je reviens à ce que j'ai
dit tantôt, c'est qu'il est important de responsabiliser les gens qui
prennent des décisions. Cela s'est fait dans tout le Québec et,
particulièrement, à Montréal, il y a eu des efforts
incroyables pour raviver Montréal et en faire un moteur
économique plus puissant, pour ramener les sièges sociaux, etc.
Si on est pour être encore plus taxés, en plus des impôts,
en venant s'installer à Montréal, je pense que ce ne serait pas
propice au développement économique de l'ensemble du
Québec.
Il faut examiner d'une façon très approfondie cette
situation avant de prendre une décision de ce côté et cela
nous inquiète beaucoup, parce qu'on paie déjà une part, en
tant que gens d'affaires, dans l'évaluation des propriétés
ou des immeubles locatifs qui sont au centre-ville.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais que ma question ne
vous plaira peut-être pas, mais je vous la pose quand même. Il
existe, dans la région parisienne et dans d'autres régions de la
France, le versement transport, qui est prélevé selon un
pourcentage à partir de la masse salariale des entreprises qui ont plus
de dix employés et qui ont un lien avec le transport en commun dans ce
sens que les employés utilisent le transport en commun. Ce versement
varie de 0,5 %, à Annecy, par exemple, à 2,5 %, dans la
région parisienne, vu l'équipement lourd du transport en commun.
Est-ce que vous vous êtes penchés sur cette possibilité de
solution? À ce moment-ci, est-ce qu'on serait à même de
mesurer les effets - j'imagine qu'il pourrait y avoir des effets si jamais une
telle décision était prise - d'un versement transport?
M. Daoust: Pour être franc, on ne s'est pas penchés
là-dessus. Mais la ligne de pensée qui nous guide, c'est qu'on
vit au Canada où la concurrence, comme vous le savez, est
extrêmement forte, dans les grandes villes, pour obtenir des projets
gouvernementaux ou des projets d'affaires. Il faut être concurrentiel,
c'est notre première prémisse.
M. Côté (Charlesbourg): Je posais, quand même,
ma question parce que je sais que la trame de fond de votre mémoire,
c'est: Allez donc voir s'il y a possibilité de rationaliser les
coûts d'exploitation, avant même de trouver une nouvelle source de
financement. C'est vraisemblablement là votre solution. Je reviens
à ma question de l'enveloppe fermée. Est-ce que l'enveloppe
fermée ne serait pas un moyen de responsabiliser davantage
l'administration du transport en commun? Avec une enveloppe fermée, dans
la mesure où les administrateurs locaux ont des bénéfices
et ont des initiatives qui provoquent des bénéfices, les
bénéfices leur restent. S'il y a des dépassements, c'est
leur problème. Cela a le mérite, au moins, de stabiliser et de
faire connaître le niveau d'intervention de la partie
gouvernementale.
M. Lacharité: M. le ministre, si vous me le permettez, je
ne sais pas si on est sur la même longueur d'onde ou dans la même
ligne de pensée quand on suggère de vérifier ce qui se
fait en Ontario ou dans la région métropolitaine de Toronto, par
exemple, où on inscrit dans la loi les principes de financement. Est-ce
qu'on est un peu dans la même veine quand vous parlez d'une enveloppe
fermée pour cinq ans où les règles du jeu seraient
claires? Peut-être qu'on répond un peu par cette question,
finalement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est parce
qu'actuellement, cette politique... D'abord, la preuve est faite: quatorze
décrets depuis 1980 pour modification, donc, il y a certains
changements; une conjoncture politique assez difficile; Subvention pour le
financement du métro à 100 % à Montréal, c'est
important. Cela va un peu à l'encontre de ce que vous préconisiez
tantôt, une participation du palier local peut davantage responsabiliser
les choix. Dans ce sens, il n'est pas nécessaire de procéder par
une loi pour bien camper, pour une période déterminée,
l'intervention gouvernementale et la stabiliser. Il y a d'autres
mécanismes qui peuvent le faire. On l'a fait dans le monde scolaire avec
une enveloppe fermée, négociée pour trois ans, très
claire, qui est immuable et indexée. C'est une entente contractuelle. Il
y a moyen de le faire de la même manière. Cela n'a pas
été fait jusqu'à maintenant.
Cela va un peu dans la même ligne de pensée, mais
l'enveloppe fermée aurait le mérite de laisser aux
autorités locales des profits, donc, de stimuler la recherche de
l'efficacité pour un certain profit. S'il y a des dépassements,
c'est leur problème.
M. Lacharité: Vous me permettez? M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Lacharité: Vous parliez, évidemment, de notre
préoccupation fondamentale, M. le ministre. Vous aviez raison quand vous
l'abordiez et que vous l'interprétiez de cette façon. Mais, je
pense qu'il ne faut pas perdre de vue que, comme trame de fond, on pose toute
la question dans je contexte de l'aménagement régional. Quand on
regarde les chiffres ou les courbes de croissance ou de décroissance de
la population sur l'île de Montréal, cela nous inquiète
énormément.
Il y avait eu, il y a quelques années -de mémoire, je ne
peux pas être plus précis - une espèce de consensus
politique des autorités municipales de la communauté urbaine et
des autorités provinciales en ce qui a trait à l'option
préférentielle d'aménagement qui visait clairement
à essayer de reden3ifier Montréal ou, enfin, à
empêcher que Montréal...
M. Côté (Charlesbourg): Se vide.
M. Lacharité: ...continue à se vider. Cela ne
semble pas vouloir s'arrêter. On a senti un frein, mais est-ce qu'il y a
des mesures? Cela nous inquiète énormément. C'est vraiment
dans ce contexte global d'aménagement qu'on veut situer le débat
qui, pour nous, est au coeur même de la question. Parce que le
problème de l'avenir économique de Montréal - je pense,
que tout le monde admet que cela a des retombées sur l'ensemble du
Québec - je pense, c'est que Montréal est un peu l'épine
dorsale de l'économie et cela nous inquiète
énormément. Qu'est-ce qu'il adviendra de tout cela? Est-ce qu'il
y a des volontés politiques? Je pense qu'on s'adresse maintenant au
ministre de l'aménagement; évidemment, on ne veut pas sortir du
débat non plus, mais, pour nous, c'est vraiment intimement
relié.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il y a,
effectivement, cette prise de conscience au gouvernement. Je suis très
heureux que cette prise de conscience déborde au niveau de
Montréal et de toute sa couronne. Il fut un temps où la
pensée et l'action de Montréal étaient davantage nuisibles
que bénéfiques. D'après ce qu'on a entendu depuis hier, il
semble bien qu'il y ait une volonté différente, une bonne
collaboration et une bonne compréhension de la grande
agglomération de Montréal. Je pense que ce qu'on a entendu depuis
hier est très encourageant. Ce sont peut-être les bases
très solides d'une complémentarité, au lieu d'une
compétition féroce comme actuellement.
Alors, il y a cette volonté. Cela m'amène à vous
poser ma question, probablement la dernière à cause du temps:
Est-ce que, selon vous, l'offre de transport a actuellement besoin d'ajouts
pour l'île de Montréal?
M. Daoust: On n'a pas eu le temps, d'abord, je dois le dire, M.
le ministre, de faire des études en profondeur là-dessus, mais on
a offert notre collaboration. On a formé un comité à la
Chambre de commerce et au Board of Trade pour, justement, aller plus à
fond dans le dossier.
M. Côté (Charlesbourg)! J'oublie la 13: Je pense que
c'est un débat qui fait partie de l'aménagement. On aura
l'occasion d'en reparler éventuellement. Je veux, quand même,
laisser la possibilité à mon collègue de
Saint-Louis de poser une question.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le président, je vous remercie de nous avoir
présenté votre mémoire. C'est vrai que je le trouve
très intéressant parce qu'il aborde la question dans son
ensemble. Je dois vous dire, par exemple, que j'ai été surpris
des remarques faites par le ministre ce matin. Autant je l'avais trouvé
cohérent hier, autant, ce matin, j'ai l'impression qu'il fait du
"slalom" dans les problèmes ou qu'il met des problèmes dans les
solutions. Je ne suis pas convaincu que les municipalités vont acheter
plus d'autobus parce qu'elles en paient 35 % au lieu de payer 25 %,
autrement...
M. Côté (Charlesbourg): Si le député
veut attendre et garder cela pour cet après-midi, on va avoir du
plaisir.
M. Garon: Oui?
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez comprendre. Ne
perdez pas votre temps là-dessus, on aura l'occasion d'y revenir cet
après-midi.
M. Garon: Oui, oui. Je parle de responsabilisation. Je suis un
peu surpris de cela, de voir qu'avec 65 % les municipalités sont
responsables et qu'avec 75 % de subvention, elles ne le sont pas. Le ministre
dit qu'il veut nous faire une politique de 5 à 10 ans ou de 10 à
20 ans, ça varie. Il semble que, dans tout ce qui nous a
été dit depuis hier, la chose qui est prioritaire pour le
ministre est celle qui semble la moins prioritaire pour vous, soit le
prolongement de la 13. Dans tout ce qui a été discuté ici
dans la journée d'hier, la seule chose dont on est sûr, c'est le
prolongement de la 13. Et vous, à la page 19, vous dites que le
"prolongement de l'autoroute 13 vers Mirabel est un autre exemple de projet
sans fondement économique."
Et vous dites que la seule raison pour laquelle on semble vouloir la
faire, c'est parce que l'ensemble des contribuables va payer plutôt que
les corps locaux ou
régionaux. Vous l'énoncez, mais pourriez-vous nous dire
pourquoi, à votre avis, ce n'est pas nécessaire et qu'il n'y a
pas de fondement économique?
M. Harper: M. Garon, ce qui est arrivé avec l'autoroute
13, nous savons très bien que ça faisait partie de la
décision du gouvernement fédéral sur l'avenir des
aéroports internationaux de Montréal. Est-ce que cela a
été le sujet d'une analyse économique exhaustive? Nous ne
le croyons pas. Nous ne sommes pas certains que nous devrions mettre les
ressources financières du gouvernement fédéral dans le
prolongement de l'autoroute 13. Nous pensons qu'il y a d'autres
priorités dans la région montréalaise qui devront
être regardées avant l'expansion de l'autoroute 13.
M. Garon: Au fond, quand le gouvernement fédéral
est prêt à mettre un certain montant d'argent, le gouvernement du
Québec peut souvent le réaffecter à d'autres projets, ou
en mettre plus sur un autre. On se rend compte qu'il y en a tant sur la 13, et
tant sur les trains de banlieue, mais, apparemment, ce n'est pas assez pour les
faire. Alors, souvent, dans une entente... D'après ce que j'ai compris
de votre mémoire, vous voulez voir cela dans un ensemble, pas par
pièces détachées, pas faire chacun un coin du
casse-tête en se disant: On va arriver au casse-tête de toute
façon, mais regarder cela dans un ensemble.
Habituellement, dans les discussions avec le gouvernement
fédéral, il est possible de dire: On ne mettra pas ça
là, là ou là. Mais le pot, en priorité, ça
devrait aller à tel endroit où c'est plus rationnel. Moi, je
constate aussi - depuis un bout de temps je suis un peu surpris - que l'exemple
qui a toujours été Toronto, depuis une journée, est devenu
la région parisienne. Mais je remarque que vous autres, vous êtes
constants, vous êtes toujours dans Toronto.
M. Côté (Charlesbourg): Avec la région
parisienne, vous devriez être à l'aise, étant donné
vos antécédents.
M. Garon: Je vais vous dire que mes antécédents
étaient plutôt sur le continent nord-américain, dans mon
cas. Je ne sais pas si c'est à cause de l'arrivée du sommet
francophone qu'on a réorienté le nouveau Conseil des ministres
vers Paris, mais, en tout cas, on sait bien qu'on n'ira pas avec Quebecair.
M. Côté (Charlesbourg}: Non, ça coûte
trop cher.
M. Garon: J'aimerais savoir pourquoi -parce que vous n'êtes
pas les seuls à en avoir parlé - comme à Toronto, vous
préféreriez que le financement du transport soit inscrit dans une
loi. Dans votre esprit, cette loi devrait comprendre quels
éléments pour avoir la stabilité que vous souhaitez?
M. Daoust: Écoutez, M. le ministre a mentionné
tantôt qu'il y a eu quatorze modifications par décret. Alors,
ça démontre qu'on a un manque de stabilité au niveau des
politiques et procédures. On essaie d'ajuster cela au fur et à
mesure, mais ça rend la situation instable. Il faudrait qu'il y ait des
règles de financement à l'intérieur d'une loi qui tendent
vers une plus grande stabilité du financement. Mais, comme vous l'avez
dit tantôt, c'est important de prendre le financement du transport dans
sa globalité à cause des effets du transport routier pour avoir
ce transport en commun et vice versa. C'est le point le plus important, notre
premier constat au début du mémoire.
M. Garon: Hier, les gens de la communauté urbaine nous
disaient que par ces nombreux décrets - ils n'ont pas parlé de
décrets mais j'imagine que c'était grâce à cela - on
était à peu près arrivé à un point
d'équilibre et qu'ils souhaiteraient qu'une loi établisse ce
point d'équilibre atteint. Ils voudraient que le financement du
gouvernement du Québec, qui a atteint 44 %, se positionne à
environ 40 %. Ils aimeraient que, dans une loi, on établisse que le
financement du transport en commun par le gouvernement du Québec doit se
situer à 40 %, mais dans un cadre de transport intégré,
pas nécessairement 100 % pour le métro et un autre pourcentage
pour d'autre chose, mais à 40 % dans son ensemble, tant par les usagers
et tant par la municipalité. (11 heures)
Donc, ils nous disaient qu'on avait atteint maintenant un point qui
était satisfaisant en termes de partage. Et même, ils proposaient
que le gouvernement du Québec, qui paie 44 % actuellement, paie environ
40 %. Partagez-vous l'opinion de la communauté urbaine? À 40 %,
ce serait un point d'équilibre intéressant en termes de
répartition sociale des coûts, parce qu'il y en a une. On nous a
fait part des chiffres en ce qui concerne les gens qui n'ont pas d'autos
à Montréal, quelque 30 %, ainsi que les gens qui ont des revenus
de moins de 15 000 $, autour de quelque 30 % également. Estimez-vous
qu'à 40 % la part du gouvernement du Québec serait satisfaisante,
le reste étant partagé entre les municipalités, les
usagers et de nouvelles sources de revenus à définir?
M. Daoust: Écoutez, le chiffre de 40 %... La
Communauté urbaine de Montréal a peut-être fait les
études nécessaires mais nous, nous n'avons pas fait les
études en profondeur pour vous dire que cela devrait
être X % des dépenses. Ce qu'on dit, c'est qu'on devrait
faire l'étude, mais ce qui est encore plus important, c'est qu'il
faudrait peut-être s'efforcer d'augmenter la productivité et de
réduire les dépenses avant de dire que c'est X % de ce qu'on
achètera. Parce que l'on peut acheter jusqu'à la fin du monde et
le pourcentage ne veut plus rien dire, ce sont des dollars absolus. Nous
n'avons pas fait l'évaluation du pourcentage, sauf qu'on a un
comité qui est formé et qui va se pencher sur ces questions, sur
l'exploitation du transport en commun, etc., au cours du nouveau mandat qui va
commencer à la Chambre de commerce de Montréal et au Board of
Trade.
M. Garon: Quand ils parlaient de 40 %, vous aurez compris qu'il
s'agissait d'un pourcentage basé sur un montant illimité.
M. Daoust: Sur un pourcentage, je veux dire que ce serait juste
lancer quelque chose dans les airs parce qu'on n'a pas fait l'étude
nous-mêmes.
M. Garon: Avez-vous pris connaissance du mémoire de la
CUM?
M. Lacharité: Bien, il vient d'être rendu public,
alors on n'a pas eu le temps. On en a pris connaissance dans les grandes
lignes, mais on n'a pas eu le temps de l'analyser en profondeur parce que les
délais ont été trop courts.
Comme M. Daoust le mentionnait, toute la question de l'exploitation et
des coûts comme tels d'exploitation du transport en commun, on veut la
regarder quant à ses effets sur l'économie de Montréal ou
de la Communauté urbaine de Montréal. On veut regarder cela par
le biais d'un comité conjoint qu'on met sur pied, le Bureau de commerce
de Montréal et la Chambre de commerce de Montréal; c'est pour
regarder cela en profondeur et travailler aussi en collaboration avec les
autorités de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Garon: Aux pages 17 et 18, vous énumérez les
nouvelles infrastructures qui sont recommandées par différents
groupes, comme "le parachèvement de la ligne de métro 5 de la
ville de Saint-Michel jusqu'à Montréal-Nord et à Anjou; la
modernisation de la ligne no 3 entre la Gare centrale et Deux-Montagnes;
l'implantation de la ligne no 6, c'est-à-dire un métro de surface
entre le centre-ville et Pointe-aux-Trembles; le prolongement du métro
sur la rive sud de Montréal; l'extension du réseau de
métro à Laval, etc." Vous dites: "Plusieurs de ces nouvelles
infrastructures auraient pour effet de causer un certain
surdéveloppement du réseau de transport en commun dans la
région de Montréal en établissant un niveau d'offre de
service supérieur au niveau de la demande."
Dans votre esprit, quant aux travaux à effectuer ou aux choses
à faire pour améliorer le transport en commun à
Montréal, qu'est-ce qui vous semble prioritaire? Vous avez entendu
parler de l'ensemble... Je vous ai énuméré les principales
demandes. il y en a d'autres aussi qui ont été mentionnées
ici. Mais, dans votre esprit, dans une perspective de rapport
coûts-bénéfices _si l'on veut, qu'est-ce que cela va
apporter ou qu'est-ce que cela va résoudre par rapport à ce que
cela va coûter? Qu'est-ce qui est prioritaire dans votre esprit?
M. Lacharité: Encore là, malheureusement, ce sont
des projets qui ont été rendus publics dans des rapports
antérieurs, mais il semblerait, d'après ce qu'on a pu constater
du mémoire de la communauté urbaine, que le plan d'investissement
aurait été modifié. Or, on n'a pas été
capable de faire le constat. Dans le passé, les chiffres et les
situations nous ont révélé qu'il y avait eu des erreurs
commises en planification et on ne voudrait pas que cela continue. Et
même avec le nouveau clan d'investissement qui semble avoir
été révisé par la communauté urbaine, comme
on vous le dit, à cause des délais trop courts, on n'a pas
été capable d'analyser en profondeur ces questions.
Je pense que c'est un peu délicat d'essayer de préciser
notre pensée sur les investissements à venir et on aimerait mieux
analyser plus en profondeur ce que la communauté urbaine propose et
regarder cela aussi par le biais de la question de l'exploitation des
réseaux.
M. Garon: Je vais laisser...
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député. M. le député de Saint-Louis, pour une
période de trois minutes.
M. Chagnon: Compte tenu des engagements dans le temps, je vais
essayer de synthétiser cette question. M. le président, vous avez
parlé dans votre mémoire de l'importance de la fonction locale et
de faire en sorte que les paliers locaux de gouvernement relèvent le
défi de l'administration du transport public non seulement à
Montréal, mais un peu partout au Québec. Je suis tout à
fait en accord avec vous; toutefois, on remarque - on parle beaucoup de
désengagement financier des parties aujourd'hui - que le
véritable désengagement financier - en ce qui concerne le
financement du transport en commun, relève davantage des contributions
municipales au coût total des exploitations et des immobilisations.
Entre 1977 et 1987, les contributions municipales sont passées de
27 % à 23 %.
Les contributions des usagers sont passées de 44 % à 33%.
Et l'avenir que semble nous réserver la STCUM nous amène encore
dans un désengagement des subventions municipales passant pour 1987 de
23 %, comme je le disais, à une projection, en 1997, de 21 %; même
chose pour les subventions provinciales et en même temps pour les
contributions des usagers. Est-ce que vous trouvez normal que ce
désengagement municipal puisse correspondre avec votre volonté de
fonction locale, d'administration locale et de responsabilisation locale?
Deuxième question, parce que le temps nous presse, semble-t-il,
M. le Président: Comment concilier la volonté de
légiférer sur le financement du transport en commun -comme cela
se fait à Toronto, je veux bien le croire - tout en maintenant la
position de fond qui est de faire en sorte de responsabiliser le niveau local
d'administration? Ne serait-il pas plus opportun de faire en sorte qu'il y ait
une entente contractuelle entre chacune des sociétés de Transport
et le ministère des transports pour un financement basé sur une
période triennale ou quinquennale?
Et dernière question: À la conclusion de votre
mémoire, vous soulevez le problème et vous vous opposez aux
nouvelles sources de financement telles que demandées par la STCUM dans
son mémoire d'hier. Vous tirez une conclusion: D'autres avenues de
financement. En plus d'une contraction des dépenses et d'une
réflexion supérieure peut-être en ce qui concerne les
dépenses faites par la STCUM, vous concluez que d'autres avenues
devraient être explorées. Quelles sont les avenues que vous nous
proposez à explorer?
Alors, ce sont mes trois questions, M. le Président. Je pense que
j'ai respecté les deux minutes.
Le Président (M. Rochefort): Sûrement, sauf que vous
avez peut-être oublié de laisser du temps à vos
invités, mais on va leur permettre de répondre.
M. Daoust: Comme on l'a dit précédemment et je vais
le répéter, on a voulu camper dans notre document ici notre
vision basée sur ce qu'on a fait et sur les interventions qu'on a faites
dans le passé quant à la question du transport en commun. C'est
ce qu'on a fait. Maintenant, on n'a pas fait toutes les analyses et on n'a pas
examiné les mémoires des autres intervenants d'une façon
détaillée. Vraiment, ce serait très présomptueux de
ma part d'essayer de répondre à vos questions en expert, ce que
je ne suis pas. Mais, comme je l'ai dit précédemment, nous avons
un comité qui a été formé et qui aura accès
à des gens qui oeuvrent dans le milieu et qui nous permettront
d'étoffer davantage notre position.
En fait, l'objectif, comme nous l'avons compris du document
gouvernemental, était d'obtenir l'opinion des gens du milieu
relativement aux politiques à développer dans l'avenir. On a
essayé de camper nos objectifs et également notre philosophie
relativement au transport en commun dans la région de
Montréal.
Maintenant, il est clair qu'on a dit aussi qu'on veut participer au
débat et on veut être partie intégrante en tant qu'agent
socio-économique de la région et on entend le faire.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, je peux peut-être poser les questions
directement. Vous parlez, quelque part au début, des effets de
débordement. Vous posez le problème comme interrogation, mais
vous ne donnez aucune hypothèse et aucune piste de solution. C'est
volontaire, j'imagine, de votre part. Vous n'avez pas d'idée - c'est ce
que ça veut dire - préconçue par rapport à
cela.
M. Daoust: On constate le problème et on sait qu'il y a eu
une volonté gouvernementale dans le passé d'essayer de le
régler en posant certains gestes. Ce qu'on dit ici, c'est que le
problème est toujours là et qu'il s'accentue, Ne relâchons
pas la volonté qu'on avait dans le passé parce qu'on va vider les
centres-villes un peu partout et particulièrement à
Montréal. Là, on risque d'avoir une augmentation de coûts
incroyable ou une réduction des coûts et un service qui n'est plus
acceptable. En fait, comme je l'ai dit tantôt, c'est l'approche que nous
prenons, mais on n'a pas développé ça à partir
d'études spécialisées pour les fins du mémoire.
M. Dufour: II semble que vous vous opposez aux nouvelles sources
de taxation préconisées par la STCUM pour le transport en commun.
Vous parlez, par contre, de taxation indirecte en disant que vous
préféreriez une éventuelle participation des instances
locales au financement des infrastructures. Il y a des coûts quelque
part. Cela veut dire qu'elles paieraient "une partie raisonnable du poids de
leurs décisions d'investissement et de planification", toujours en
parlant des instances locales. Donc, les infrastructures, jusqu'à
maintenant, à part le matériel roulant, ont toujours
été payées par le gouvernement provincial. À ce
moment, quelle est votre idée? Si les municipalités paient plus,
il faut qu'elles refilent la facture à quelqu'un. Si la taxe est neutre,
il faut que ce soit tout le monde qui paie.
M. Daoust: C'est un point de vue et c'est logique, ce que vous
dites. D'autre
part, si les autorités, les paliers gouvernementaux doivent taxer
davantage, ils vont peut-être restreindre davantage leurs budgets de
dépenses. Je pense que c'est cela qui est le point.
M.. Dufour: Mais vous admettrez que votre position est contraire
à la position municipale qui nous a été exprimée
depuis le début et aussi à l'expérience qu'on vit depuis
que le transport en commun a été institué.
M. Lacharité: C'est-à-dire qu'on n'est pas
convaincu que tous les efforts, dans le passé et maintenant, ont
été faits là-dessus. Je pense qu'il y a une
préoccupation quant à la productivité et à la
réduction des coûts exprimée par les élus politiques
de la Communauté urbaine de Montréal. C'est la question qu'on
pose. S'il y a des études qui ont été faites dans
ce sens, on aimerait y avoir accès. Si des études devaient
être faites - si ça n'a pas été fait - pour arriver
à atteindre ces objectifs de réduction de coûts et à
améliorer les services, on aimerait bien y participer. Alors, quand on
parle de responsabilisation au niveau local, tout le monde est d'accord avec le
principe que le transport en commun est d'abord une responsabilité
locale, même si, bien sûr, ça doit se faire dans un contexte
d'aménagement et de concertation régionale. Il y a des
mécanismes de financement et de taxation prévus dans le cadre de
la Loi sur la fiscalité municipale. On la connaît.
C'est par ce biais, je pense... Et on croit que les autorités
municipales revendiquent aussi les mêmes choses. Il s'agit de revoir le
partage clair des responsabilités entre le gouvernement et les
municipalités. Je pense que ça aussi, c'est une question
fondamentale. Dans la mesure où les règles du jeu sont
très clairement définies, que ce soit par une loi ou par un autre
moyen, sur une base de plus long terme, je pense que les enjeux seront clairs
et chacun saura où sa marge de manoeuvre commence et arrête. C'est
un peu dans ce sens.
M. Dufour: Seriez-vous favorable à une taxe ou à un
prélèvement de revenus - je ne sais pas comment l'appeler - sur
un ensemble de secteurs? Hier, la ville de Montréal a avancé que
ça pourrait être les douze MRC, plus la communauté urbaine
qui devraient faire les frais des coûts. Cela pourrait être une
nouvelle source de revenus pour l'ensemble. Cela ne vous touche pas
directement, mais touche l'ensemble. (11 h 15)
M. Lacharité: J'ai presque envie d'y aller par une
question, M. Dufour, en guise de réponse. Maintenant que les plans
d'aménagement ou les schémas d'aménagement des MRC de la
région de référence de Montréal sont, à
toutes fins utiles, terminés - je ne me souviens plus des
échéanciers, mais il me semble que ça devrait être
terminé - qu'est-ce que ça donne? Quelle est la
préoccupation des MRC en termes d'infrastructures routières dans
le cadre de leurs plans d'aménagement qui ont sûrement
été déposés adoptés? On n'a pas non plus ces
données. Est-ce que, à ce moment-là, on pénalisera
cette grande région économique par des politiques qui ne tiennent
pas compte de l'ensemble des politiques du gouvernement, c'est-à-dire
pour le reste du territoire? Il faut regarder cela aussi dans cet ensemble. Je
ne pense pas que vous soyez les premiers à être sensibles à
cette question des interrelations qui existent dans l'aménagement du
territoire au Québec. Évidemment, notre préoccupation se
situe dans un cadre beaucoup plus spécifique, qui est celui du
territoire de la Communauté urbaine de Montréal, mais dans le
contexte beaucoup plus grand de la grande région de recensement de
Montréal.
Alors, quand on insiste pour dire qu'on ne peut pas isoler le
problème du transport en commun et apporter des solutions sans tenir
compte des politiques d'aménagement régional, c'est là
qu'est la base de toute notre argumentation et le coeur du problème, en
ce qui nous concerne.
M. Dufour: II y a un déficit qui nous a été
annoncé, hier, par. le maire de la ville de Montréal, qui est de
25 000 000 $. Vous nous dites: Pas de nouvelles sources de taxation. Le
gouvernement a dit: On n'a presque plus d'argent. À moins qu'un miracle
ne se soit produit, et il semble qu'il se produise... Vous ne voulez pas que
les gens d'affaires soient taxés. Qui doit être taxé pour
trouver ces 25 000 000 $?
M. Daoust: Écoutez, je pense que le principe qui est
important à retenir c'est qu'il faut réduire les coûts et
qu'il ne faut pas avoir de déficits indus. Si on réduit les
coûts, ceux qui seront taxés, il ne faudra pas les taxer au
détriment du développement économique du Québec. On
connaît une période économique qui est très
favorable actuellement. On essaie de penser à long terme; il y a une
concertation évidente qui apparaît actuellement chez tous les
intervenants montréalais. Je pense qu'il ne faut pas commencer à
réduire cela en amenant toutes sortes de possibilités et en
laissant la possibilité également de créer des
déficits dans l'avenir.
Notre point, c'est: II faut réduire les coûts et il faut
rendre plus productif le transport en commun.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Cela met fin aux
échanges avec les parlementaires. M. le ministre, très
brièvement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, très
brièvement. En conclusion, je voudrais remercier la Chambre de commerce
de Montréal. Je comprends qu'il nous reste encore un peu d'ouvrage
à faire, de part et d'autre, quant aux solutions, mais le message est
très clair pour ce qui est de l'aménagement et de ses
conséquences, de même qu'en ce qui concerne le transport en
commun.
Je ne peux pas vous laisser sans vous dire qu'effectivement, selon le
côté de la frontière où on se situe, la 13 est sans
fondement ou elle est avec fondement. Cela fait partie de cette nouvelle
collégialité de la grande région métropolitaine.
D'un côté de la rivière, les choses sont justifiées,
de l'autre, elles ne le sont pas, dépendamment de l'aéroport
qu'on défend, j'avais compris cela.
Deuxièmement - et en vous laissant là-dessus - puisqu'on a
parlé de comparaisons avec l'Ontario - pour laisser Paris quelques
instants - il en coûte 15 % de plus par passager, en termes de
coûts d'exploitation, au Québec qu'en Ontario. Cela
m'apparaît extrêmement important et c'est une des avenues que vous
avez soulevées. Peut-être que l'offre est trop
élevée, peut-être qu'elle est trop chromée, mais, en
tout cas, il y a un problème très important à ce chapitre.
Je dois vous dire que, lorsqu'on se compare à l'Ontario, je suis heureux
- c'est rendre hommage à ceux qui ont été là avant
nous, parce que c'est un programme qui a été mis sur pied et
largement engraissé par eux -que l'usager, en Ontario, paie 45 %, au
Québec, c'est 33 %; que le gouvernement de l'Ontario paie 36 % et celui
du Québec paie en moyenne 43 %; que les municipalités, en
Ontario, en paient 18 % et qu'au Québec, elles en paient 24 %. Alors, il
y a, quand même, une distinction très nette entre l'Ontario et le
Québec, la comparaison supporte très bien ce que le Québec
a fait depuis quelques années en termes d'appui au transport en commun.
Il se situe d'emblée dans la catégorie des champions comme
intervention gouvernementale. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je pense que le ministre a bien
posé le problème. C'est une question de choix politique, au fond.
Le gouvernement du Québec, jusqu'à maintenant, a
été plus généreux parce qu'il était de type
social-démocrate. M. le ministre a laissé entendre que comme en
Ontario, c'est un gouvernement conservateur, au fond, les usagers plus pauvres
devraient payer davantage. C'est un choix. C'est cela, les choix en politique.
Les choix, c'est déterminer comment on veut que notre
société fonctionne. Ce que j'ai remarqué hier et ce qui
m'a frappé aussi, c'est qu'on a dit qu'il y avait 35 % de la population
dans la région de Montréal qui n'avaient pas d'automobile et
qu'il y en avait 30 % qui avaient des revenus de moins de 15 000 $ par
année. Alors, je comprends, des fois, qu'on doit dire qui doit payer. Il
y a un vieux principe qui dit que c'est mieux de faire payer ceux qui ont de
l'argent que ceux qui n'en ont pas. Comme nous, nous sommes d'une formation qui
est plus sociale-démocrate, on pense comme ça et c'est ce qu'on a
appliqué dans le passé.
La communauté urbaine a dit qu'on avait atteint un point
d'équilibre à travers tous ces décrets. Je suis un ancien
officier de l'artillerie et j'ai remarqué qu'on ne tirait pas souvent
sur la cible du premier coup. Parfois, on tirait un peu plus loin, parfois un
peu moins loin et, à un moment donné, on atteignait sur la cible
et on faisait tirer tous les canons. J'ai remarqué que la
communauté urbaine nous a dit: Par plusieurs décrets, vous
êtes arrivés à un point d'équilibre qui a un certain
bon sens, maintenant, vous devriez mettre cela dans une loi. D'autant plus que
l'Ontario a mis ça dans une loi. Encore là, c'est toujours un
choix. C'est ça, un choix politique. C'est pour ça que la
politique est une grande chose. Il y en a, parfois, qui sous-estiment la
politique. La politique, c'est de faire ces choix. Qui doit payer, par exemple,
c'est un choix. Selon qu'on fera payer plus ou moins les usagers, plus ou moins
les municipalités et plus ou moins le gouvernement du Québec,
derrière cela, il y a une pensée politique. Votre idée est
aussi bonne que la mienne, remarquez bien. C'est une question de conception des
choses. Ce que le ministre va dire, il a droit à ça, lui aussi.
Mais c'est ça qui fait véritablement un choix et l'orientation
d'une société. Ces débats permettent justement au
gouvernement du Québec de faire de meilleurs choix afin que tout
ça soit fait le mieux possible.
Pour avoir participé à ce débat, je voudrais vous
remercier et, surtout, d'avoir pensé non pas par morceaux, mais dans un
ensemble. Souvent, beaucoup de gens voient les arbres, mais il n'y en a pas
beaucoup qui regardent la forêt. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): M. Daoust, pour le mot de la
fin.
M. Daoust: On vous remercie de nous avoir écoutés.
Comme je l'ai dit, à la fin de la présentation, nous sommes
intéressés, nous entendons participer au débat et nous
sommes prêts à collaborer avec les instances.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre participation
à nos travaux. J'invite maintenant le Conseil intermunicipal de
transport de la Vallée du Richelieu à prendre place à la
table de nos témoins.
Bienvenue parmi nous, messieurs. Je
vous demanderais de vous identifier et d'identifier la personne qui vous
accompagne pour l'information des membres de la commission. Par la suite, vous
pourrez utiliser la vingtaine de minutes qui est à votre disposition
pour nous présenter les points essentiels de votre position.
Conseil intermunicipal de transport de la
Vallée du Richelieu
M. Bussière (Julien): Merci, M. le Président. Ce
matin, j'ai avec moi M. Pierre Bélanger,
secrétaire-trésorier du Conseil intermunicipal de transport de la
Vallée du Richelieu. Moi, je suis Julien Bussières,
président du conseil intermunicipal et maire de la ville de Beloeil.
Le Conseil intermunicipal de transport de la Vallée du Richelieu
a participé aux travaux réalisés par les divers
comités ministériels des CIT mis sur pied par le ministre des
Transports, M. Marc-Yvan Côté. Il ne s'agit donc pas pour nous de
reprendre intégralement les conclusions et recommandations de ces
comités, mais plutôt d'apporter un point de vue particulier sur
certains thèmes abordés par ces comités, et ce, à
partir du vécu de notre propre organisme.
À la suite d'une mise en situation générale de
notre CIT, nous aborderons la problématique organisationnelle en nous
inspirant de certains points particuliers de notre réseau. Par la suite,
nous traiterons de la problématique financière qui demeure un
considérant de premier ordre, vu l'importance des sommes d'argent
actuellement impliquées. Finalement, nous effleurerons la
problématique législative dans un souci d'une meilleure gestion
de notre organisme.
Comme c'est souvent le cas lors de pareilles consultations, les
intervenants soulèvent plus de problèmes qu'ils n'apportent de
solutions et nous ne dérogerons probablement pas à cette
règle. Toutefois, puisque la présente démarche vise
essentiellement à jeter les bases d'un consensus entre les
municipalités et le gouvernement, il s'avère souvent essentiel de
soulever les bonnes questions afin qu'ensemble, par la suite, nous trouvions
les bonnes réponses.
Mise en situation. Afin de mieux cerner le contexte à
l'intérieur duquel les propos du présent mémoire
s'inscrivent, nous vous présentons sommairement les principales
caractéristiques de notre organisme tant au niveau de sa formation que
de son organisation. Le Conseil intermunicipal de transport de la Vallée
du Richelieu a été constitué par décret, le 5
décembre 1984, en fonction de la Loi sur les conseils intermunicipaux de
transport dans la région de Montréal. Il est composé des
dix municipalités suivantes: Beloeil,
McMasterville, Mont-Saint-Hilaire, Otterburn
Park, 5aint-Basile-le-Grand, Saint-Bruno-de-Montarville,
Saint-Hyacinthe, Sainte-Madeleine, Sainte-Marie-Madeleine et
Saint-Thomas-d'Aquin. Il regroupe ainsi un bassin de population de plus de 110
000 personnes.
Toutes les municipalités constituantes sont greffées
à la route 116 qui constitue la colonne vertébrale de l'ensemble
du réseau routier de notre territoire. Ce dernier se distingue du fait
qu'il est limitrophe à la zone d'attraction de Montréal et
renferme une ville satellite: Saint-Hyacinthe. Nous sommes donc en
présence d'un milieu où le phénomène suburbain
s'est manifesté tardivement, face à la rive sud immédiate
de Montréal, bien que les liens économiques avec la
métropole demeurent très serrés. En effet, près de
40 % des emplois occupés par la population active de notre milieu sont
situés sur l'île de Montréal. Ainsi, les liens entre notre
territoire et Montréal sont à la fois denses et fragiles: denses,
puisqu'il s'agit de déplacements quotidiens dits pendulaires et fragiles
du fait que l'on doit franchir le fleuve en des points stratégiques.
En ce qui concerne notre organisation, notre réseau de transport
en commun s'articule à partir de la route 116 où nous
retrouverons le circuit 98 qui relie toutes nos municipalités, soit
à la station de métro de Longueuil, soit directement au
centre-ville. Cet axe est doublé par un train de banlieue qui relie
Mont-Saint-Hilaire au centre-ville, offrant une fréquence pour le moins
limitée. Au circuit 98, se raccordent quatre lignes internes, soit la
91, à Saint-Basile-le-Grand, la 10 et la 11, à
Mont-Saint-Hilaire, et la 12, à Otterburn Park. De plus,
Saint-Bruno-de-Montarville et Saint-Hyacinthe possèdent leur propre
réseau, indépendant de notre organisme.
Le CIT de la Vallée du Richelieu véhicule mensuellement
plus de 70 000 passagers, et ce, surtout à bord des autobus de son
principal transporteur, la STRSM. De son côté, le train de
banlieue, exploite par le Canadien National et nullement intégré
au CIT, véhicule mensuellement 25 000 passagers. Soulignons enfin que le
CIT administre un budget annuel de plus de 2 500 000 $ avec un déficit
de plus de 1 000 000 $.
Problématique organisationnelle. Dans cette partie, nous
échafaudons notre réflexion à partir de trois principaux
éléments qui nous concernent plus particulièrement,
à savoir: les débarcadères à la station de
métro Longueuil, la voie réservée sur le pont Champlain et
le train de banlieue MontréalMont-Saint-Hilaire.
Mensuellement, plus de 60 000 usagers de notre réseau utilisent
les débarcadères situés à la station de
métro Longueuil. Pour le circuit 98 seulement, pas moins de 60 autobus y
ont leur point de départ ou de destination quotidiennement. Toutefois,
ces
débarcadères sont loués en exclusivité par
la STRSM, alors que le site appartient à la ville de Longueuil. Une
telle situation rend pour le moins illusoire l'article 10 de la Loi sur les
conseils intermunicipaux de transport dans la région de Montréal,
qui oblige les CIT à demander des soumissions publiques pour le choix
d'un transporteur, face à l'exploitation du réseau. En effet,
comment notre CIT peut-il, de façon réaliste, envisager de
conclure une entente avec un transporteur autre que la STRSM dans de telles
conditions? il s'avère donc important d'établir une
procédure de sorte que les points de rabattement à
caractère suprarégional comme celui identifié à la
station Longueuil puissent bénéficier d'un statut particulier. De
ce fait, un CIT tel que le nôtre aurait alors les coudées franches
lors de demandes de soumissions pour le choix d'un transporteur. Si la
situation actuelle persiste, l'exercice d'appels d'offres demeure, à
toutes fins utiles, inutile.
Voie réservée sur le pont Champlain. Dans notre
territoire, et ce, chaque mois, plus de 9000 usagers se rendent directement au
centre-ville de Montréal. Ces derniers sont donc tributaires d'un
service vulnérable puisqu'il repose sur une voie réservée
plus ou moins fiable. En effet, son utilisation varie au gré des
caprices de dame nature et du niveau de danger laissé au jugement des
chauffeurs. De plus, cette voie est réservée en
exclusivité à la Société de transport de la rive
sud de Montréal.
Nous sommes parfaitement conscients que le problème est de
taille. Toutefois, il fait image quant à la position ambivalente du
ministère des Transports face à sa volonté de donner
priorité au transport en commun. Alors que l'on met sur pied un
système de voie réservée, on s'organise, d'autre part,
pour ne pas réduire la fluidité des déplacements des
automobilistes. Qui plus est, à compter d'octobre, le pont Victoria
deviendra à sens unique à l'heure de pointe et les
véhicules lourds, tels que les autobus, seront exclus. (11 h 30)
À vouloir ménager les susceptibilités de tous, nous
nous retrouvons en présence d'un transport collectif vulnérable
sans pour autant que les problèmes de congestion automobile soient
réduits de façon significative. Le ministère des
Transports se doit donc de poser des gestes concrets afin de faciliter la
traversée du fleuve pour les usagers du transport collectif. Les
hypothèses sont donc nombreuses, mais nous pensons en particulier aux
suivantes: donner un caractère permanent à la voie
réservée de façon à la rendre fiable et
sécuritaire, améliorer les infrastructures d'accès au pont
Victoria, prioriser le passage des autobus et préconiser un autre
service que celui axé sur le réseau routier tel qu'un service de
train, par exemple. Nous sommes d'avis qu'il est grand temps de cesser de
donner préséance aux automobiles pour accéder à
l'île de Montréal.
Le train de banlieue. Sur notre territoire, le service de train de
banlieue s'est grandement détérioré, en particulier depuis
la dernière décennie. Des 519 000 voyageurs enregistrés en
1976, nous en retrouvons moins de 300 000 en 1986. Cela représente une
baisse de 42 %. Les causes sont à la fois nombreuses et complexes, et
chacune à des degrés divers peut en revendiquer la
responsabilité. Quoi qu'il en soit, nous sommes actuellement en
présence d'un service de piètre qualité, qui ne
répond nullement aux aspirations des usagers potentiels de notre
territoire. C'est ainsi que notre CIT s'est vu en quelque sorte dans
l'obligation de concurrencer par un service d'autobus bien articulé un
type de service qu'il favorise.
En effet, nous sommes d'avis que le train de banlieue doit devenir, pour
la rive sud, un axe de rabattement pour les autres modes de transport collectif
et même individuels. Toutefois, ceci n'implique pas nécessairement
pour nous que le réseau doit se prolonger dans notre territoire. Ainsi,
l'établissement d'une gare intermodale à la limite de notre
région pourrait se révéler une hypothèse
intéressante.
Nous sommes parfaitement conscients que la mise en forme d'un tel
réseau nécessite non seulement d'importants investissements, mais
d'abord une volonté ferme de réalisation de la part des divers
organismes de transport impliqués, et nous incluons, bien sûr, la
STRSM.
La problématique financière. Au niveau du financement,
nous désirons attirer l'attention de la commission sur certains
problèmes particuliers auxquels nous sommes confrontés, à
savoir: le financement de notre organisme en début d'année
budgétaire; l'ambiguïté entre les dépenses
d'exploitation et les dépenses d'administration, et les quotes-parts
impayées aux anciens transporteurs.
Le financement en début d'année. Les CIT doivent produire,
au mois de juillet précédant l'année financière,
une estimation budgétaire préliminaire, alors qu'en octobre ils
doivent adopter leur budget définitif. Le ministère des
Transports est donc informé longtemps à l'avance des sommes qu'il
sera appelé à subventionner dans l'année à venir.
Pourtant, les CIT reçoivent rarement le premier versement de leurs
subventions à l'exploitation avant le mois de mai de l'année
financière en cours. Ceci signifie que nous devons absorber sur une
période d'environ cinq mois la totalité des dépenses
encourues. En ce qui nous concerne, le montant en cause s'élevait
à plus de
300 000 $ en mai de cette année. Soulignons que les frais
d'intérêt encourus ne sont aucunement admissibles aux subventions.
Une telle situation, vous en conviendrez, est contraire à tout principe
d'une saine administration.
Nous sommes d'opinion que le ministère des Transports doit revoir
sa politique de versement des subventions à l'exploitation. À ce
titre, nous croyons que la politique établie par le ministère des
Affaires municipales face au versement des subventions au fonctionnement pour
les MRC aurait avantage à être appliquée au sein des CIT,
c'est-à-dire qu'une avance de 25 % de la subvention à
l'exploitation soit versée dès le début de l'année
financière. Cette avance serait rajustée en fin d'année,
lors de la réclamation pour le dernier trimestre. Une telle politique
aurait pour effet de réduire sensiblement le fardeau financier des
municipalités face aux CIT.
Dépenses d'exploitation et dépenses d'administration. Dans
son rapport, le comité ministériel des CIT sur le financement a
largement explicité la question. Sans vouloir prêter de mauvaises
intentions au ministère des Transports, nous croyons que ce dernier
cherche à maximiser les éléments de dépenses
liés à l'administration puisque ce type de subvention est
plafonné, contrairement aux subventions à l'exploitation. C'est
ainsi que par les directives internes émises par le ministère au
printemps 1986, on nous a avisés que les dépenses liées
à la commission, aux agences ou à la billeterie sont
considérées comme des dépenses administratives et non
liées à l'exploitation, et ce, rétroactivement à
1985. En ce qui nous concerne, il s'agit d'un manque à gagner d'environ
70 000 $. Nous appuyons donc sans réserve l'option 3,
préconisée par le comité ministériel des CIT sur le
financement, qui recommande que le programme d'aide reconnaisse sans
distinction et sans plafonnement les dépenses d'exploitation et les
dépenses administratives.
Les quotes-parts impayées. Très brièvement, il
s'agit ici de montants en litige face à l'expropriation de
Métropolitain Provincial et de Métropolitain Sud en 1984.
À la suite de ces expropriations, les municipalités
concernées se voient dans l'obligation de participer au déficit
des entreprises sans qu'elles aient pu se prononcer sur le mode de
répartition des déficits.
Les municipalités membres de notre CIT se sont toujours
refusées à payer, et pour cause. Les sommes ainsi en litige sont
de l'ordre de 100 000 $, c'est-à-dire les factures de 1983 et 1984. Nous
appuyons d'emblée la recommandation du comité ministériel
des CIT sur le financement pour que les quotes-parts des municipalités
desservies par la STRSM en 1983 et au cours de l'année 1984 soient
assumées à 100 % par le gouvernement, conformément aux
déclarations ad hoc de M. Michel Clair, alors ministre des
Transports.
La problématique législative. À ce titre, nous
serons brefs puisque le comité ministériel des CIT sur le
financement a adopté une position qui reflète bien nos positions.
Il demeure important que le cadre législatif ne soit pas une entrave
à la bonne marche d'un service qui nécessite souvent des
réajustements à l'intérieur d'une période de temps
limitée. Toutefois, nous devons être conscients que ces
réajustements s'appliquent au transport de personnes et que le souci
d'information doit être priorisé. En effet, les usagers ne sont
pas uniquement les utilisateurs d'un service, ils en sont aussi les financiers.
Il en est de même pour les membres des divers conseils municipaux qui
sont eux aussi impliqués financièrement et qui doivent disposer
du temps nécessaire pour prendre des décisions
éclairées.
De plus, nous préconisons des échanges plus formels entre
CIT lorsqu'il s'agit, entre autres, de l'établissement d'un service qui
affecte un autre CIT. Actuellement, la loi ne donne pas, à l'avis
formulé par un CIT face aux intentions d'un CIT voisin, un pouvoir
coercitif, alors que, selon nous, l'avis d'un CIT devrait aller au-delà
d'un simple point de vue. À plusieurs égards, les dispositions de
la loi n'ont pas progressé au même rythme que les organismes
à qui la loi s'adresse. Il s'avère donc nécessaire de
procéder à des réajustements de façon à ne
pas alourdir indûment un processus déjà fort complexe.
En conclusion, la présente commission parlementaire doit, selon
nous, être le présage d'une orientation nouvelle de la part, non
seulement du ministère des Transports, mais de tout le gouvernement face
au transport en commun. À la lumière de l'expérience
torontoise, il s'avère urgent que le gouvernement passe à
l'action.
Dans le document Le transport en commun: un choix régional,
produit par le ministère des Transports en 1981, nous pouvons lire, dans
la toute première phrase: "Dans le but de consolider le tissu urbain,
d'améliorer la qualité de la vie et de diminuer la consommation
énergétique, le gouvernement du Québec a clairement
affirmé sa volonté de privilégier les transports
collectifs, et ce, particulièrement dans la région de
Montréal." Et, pourtant, en 1987, nous sommes toujours en
présence d'initiatives des plus timides en faveur du transport en
commun. Nous sommes d'avis qu'on doit envisager tout le réseau du
transport des personnes comme ne reposant pas uniquement sur un système
routier.
D'autre part, le ministère des Transports se doit de
réaliser que les politiques qu'il privilégie et le choix qu'il
retient ont un impact déterminant sur
l'aménagement et le développement du territoire. Nos
voisins ontariens semblent l'avoir compris depuis déjà de
nombreuses années. Dans le "Metro Toronto Plan": "...les responsables de
l'étude ont reconnu le besoin fondamental de gérer l'espace en y
intégrant la fonction "transport", compte tenu de ses effets
structurants déterminants." Ainsi, il s'avère essentiel que les
orientations que retiendra le ministère des Transports se fasse de
concert avec des ministères et organismes ouvrant à d'autres
niveaux.
Finalement, puisque la présente consultation vise à jeter
les bases d'un consensus entre les municipalités et le gouvernement, ce
dernier se doit de considérer les conseils intermunicipaux de transport
comme des organismes ayant largement évolué depuis 1985. Cette
considération doit donc se traduire dans les modes de financement
retenus ainsi que dans la législation. À ce titre, des correctifs
s'imposent. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
présentation. M. le député de Lévis, pour les
échanges.
M. Garon: Justement, j'aimerais que vous poursuiviez après
le dernier paragraphe. Vous terminez en disant: "Finalement, puisque la
présente consultation vise à jeter les bases d'un consensus entre
les municipalités et le gouvernement, ce dernier se doit de
considérer les conseils intermunicipaux comme des organismes ayant
largement évolué depuis 1985. Cette considération doit
donc se traduire dans les modes de financement retenus ainsi que la
législation. À ce titre, des correctifs s'imposent."
Si vous aviez à continuer un peu pour expliquer davantage, que
diriez-vous concernant les voies et les avenues que vous ouvrez dans ce dernier
paragraphe?
M. Bussières: Si je comprends bien votre question, M. le
député, lorsqu'on dit que des correctifs s'imposent, je donne
comme exemple la question du financement. On dit que, lorsqu'on dépose
nos prévisions budgétaires pour l'année
subséquente, on devrait nous verser, tout comme pour les MRC, un montant
d'argent préliminaire pour commencer l'année. Les demandes de
subvention des CIT se font tous les trois mois et, si la subvention nous
parvient quatre ou cinq mois plus tard, il est évident que nous devons
nous financer par des emprunts bancaires.
M. Garon: Est-ce votre seule demande?
M. Bussières: Pardon?
M. Garon: Est-ce votre seule considération, les 25
%...
M. Bussières: Non. Pour les autres considérations,
il y a également le plan organisationnel. Si, par exemple, nous voulons
changer nos horaires et le service que nous donnons, nous devons déposer
des avis de motion, des règlements et l'avis du ministre, à
certaines occasions, est nécessaire. Pour cela, on doit s'y prendre
assez longtemps d'avance. Nos usagers doivent être informés de ces
modifications, ce qui devient extrêmement inutile sur le plan du
transport en commun.
M. Garon: Maintenant, par rapport aux trains et aux autobus, ce
n'est pas dit explicitement, mais on a le sentiment que l'un concurrence
l'autre et que l'un enlève du volume à l'autre. Pourriez-vous y
aller un peu... . Vous parlez, à la fin, d'une gare intermodale, au
bout, et que les gens pourraient faire un choix, si j'ai bien compris...
M. Bussières: Oui.
M. Garon: Pourriez-vous être plus explicite par rapport
à ce que vous laissez entendre sans le dire dans votre
mémoire?
M. Bussières: Voici la situation. Le train de banlieue
existe depuis de très nombreuses années. Avant que le CIT ne soit
formé, c'est la Société de transport de la rive sud de
Montréal qui avait la responsabilité du transport, de
Saint-Hyacinthe à Longueuil. Nous n'avions pas de service au
centre-ville. Le seul service qui existait au centre-ville, c'était le
train de banlieue, de Mont-Saint-Hilaire à la gare centrale de
Montréal. Le train de banlieue, c'était un train le matin et un
train le soir. Alors, il est évident que, pour ce qui est de
l'achalandage, ce n'est pas la même clientèle. Lorsque nous avons
eu la responsabilité des CIT, dans le même corridor, nous avons
pris Saint-Hyacinthe Longueuil et nous avons ajouté un service
jusqu'au centre-ville à notre circuit d'autobus. Donc, il est
évident qu'en ajoutant un circuit jusqu'au centre-ville à nos
autobus, on concurrençait le train de banlieue. La raison est simple.
Pour obtenir plus de personnes, plus de nos citoyens et de nos citoyennes dans
le transport en commun, la seule façon de le faire est d'avoir un
service d'autobus qui se rend au centre-ville. À ce moment-là,
comme je viens de le dire, c'était la concurrence directe avec le train
de banlieue.
M. Garon: Et là, qu'est-ce que vous souhaitez?
M. Bussières: Pour nous, c'est évident -
je ne suis pas inquiet de le dire ici ce matin - le train de banlieue
Mont-Saint-Hilaire--Montréal, dans sa forme actuelle, nous n'y croyons
pas. C'est un fait et je n'ai pas peur de le dire. Je l'ai dit à maintes
reprises, à titre de président du CIT et à titre de maire
de la ville. Par contre, notre problème, c'est de traverser nos gens sur
l'île de Montréal. La voie réservée du pont
Champlain, quoi qu'en pense notre transporteur, est une voie que nos gens
utilisent lorsqu'ils en ont besoin, soit à cause d'une tempête,
soit à cause de la pluie, peu importent les raisons. Ce sont ces matins
et ces soirs que la voie réservée ne sera pas utilisée.
Dès qu'un usager utilise votre transport en commun et que vous lui
dites: En 45 minutes, on te descend au centre-ville de Montréal et qu'il
- vous me pardonnerez l'expression - se ramasse au centre-ville, à Place
Bona-venture, 45 minutes plus tard, c'est certain que, lorsqu'il peut reprendre
son automobile, cet individu reprend son automobile. Je ne veux pas
exagérer ici ce matin, car cela n'arrive pas 20 fois par mois, c'est
évident. Mais le seul fait de dire que cette voie réservée
tient de cette façon... On ne peut pas construire un service de
transport en commun, on ne peut pas vendre à notre population un
transport efficace qui va vous amener au centre-ville de Montréal en 30
ou 45 minutes.
Ce qu'on préconise, ce n'est peut-être pas aussi
fantastique et phénoménal qu'un monorail de 50 000 000 $ qui
traverse le fleuve Saint-Laurent. Nous avons les infrastructures ferroviaires
qui passent par le pont Victoria et qui vont à la gare centrale.
À la jonction de la 1X6 et de la 30, à notre avis, il serait
facile d'aménager une gare intermodale où nos citoyens, notre
population pourrait décider d'aller en automobile et de prendre le train
pour traverser sur l'île de Montréal - on parle d'environ 15
minutes pour traverser sur l'île de Montréal et d'une quinzaine de
minutes pour aller de notre territoire à cette gare de rabattement, ce
qui fait 30 minutes. Également, tous nos autobus, nos circuits d'autobus
qui vont au centre-ville pourraient facilement se rabattre à cette gare
intermodale et nous calculons, de cette façon-là, que c'est une
permanence assurée. Nous pourrions vendre certainement un système
de transport semblable. (11 h 45)
M. Garon: Pensez-vous que le gouvernement devrait mettre de
l'argent additionnel dans le système de train? Ou, plutôt, est-ce
que vous allez jusqu'à penser qu'éventuellement l'autobus va
remplacer le train?
M. Bussière: Évidemment, si le train n'est pas
utilisé comme système pour traverser sur l'île de
Montréal, nous allons être obligés de souffrir le
véhicule routier.
M. Bélanger (Pierre): Une caractéristique de notre
milieu, c'est que la voie ferrée et la route 116 sont parallèles.
Donc, à partir du moment où le service de train de banlieue s'est
détérioré, automatiquement, en tant qu'organisme, notre
responsabilité par rapport au transport en commun, c'était
d'améliorer le transport par autobus. On venait concurrencer le train de
banlieue et dans une ligne parallèle à la route 116, donc
directement en concurrence.
Ce qu'on souhaite, c'est une hiérarchie dans le transport en
commun aussi simple que celle qu'on retrouve dans des services d'aqueduc ou
d'égout, c'est-à-dire que vous avez votre collecteur, puis vous
avez les distributrices. À partir de là, le train de banlieue
peut sans doute devenir le collecteur à partir duquel les autobus
viennent se rabattre au niveau de la gare intermodale. On parle d'autobus, on
pourrait parler aussi d'automobiles. Il vient un temps où
l'automobiliste réalise qu'il y a un genre de "break-even point". Il est
tanné de voir l'autobus ou le train passer en avant de lui et il se dit:
Cela serait peut-être bon que je prenne le train. À partir de
là, il faut créer une hiérarchie à cause de la
détérioration du service de train de banlieue. Notre
hiérarchie se base à partir d'un service d'autobus du service
routier qui n'est pas vraiment favorisé au niveau des voies de
déplacement, en particulier lorsqu'on arrive au pont Champlain.
L'usager, c'est aussi un client. Quand une personne réalise qu'il
y a une tempête de neige ou du brouillard, mettez toutes sortes de
conditions, elle se dit: Moi, je vais essayer le transport en commun. Par la
suite, elle réalise que cela ne va pas plus vite que son automobile,
parce que la voie réservée, on ne peut pas l'utiliser, elle est
dangereuse. Donc, l'autobus se trouve dans la même voie que la voie de
circulation ordinaire et la personne se dit: Qu'est-ce que cela me donne de
plus de prendre l'autobus, dans mon auto, ce serait la même chose? Ce
client potentiel ne réalise pas, en utilisant le transport en commun de
façon sporadique, les avantages qu'il pourrait y retrouver. À
partir de ce moment-là, cela ne devient pas un acquis potentiel. C'est
pour cela qu'on dit que la voie réservée est sûrement
intéressante, mais, dans le contexte actuel, on ménage la
chèvre et le chou. On veut avoir un transport en commun qui se
déplace bien tout en ne pénalisant pas le transport routier, le
transport automobile, le transport privé. On pense qu'il viendra un
temps où on ne pourra pas toujours fonctionner de cette
façon-là. Il faudra faire un choix.
Comme on vous l'a dit au début, on pose des questions. De
là à trouver les solutions ce matin, c'est une autre paire de
manches. Il va falloir, une bonne journée qu'on s'arrête, quand on
parle de politiques
coercitives, puis dire: Nous autres, on favorise vraiment le transport
en commun et on prend les moyens. Si on s'oriente vers un transport en commun
à caractère routier, cela risque de se faire au détriment
du transport automobile parce qu'on utilise les mêmes voies.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je remercie le
député de Lévis d'avoir pris la relève pendant mon
absence pour un appel téléphonique.
M. Dufour: II a bien fait cela.
M. Côté (Charlesbourg): Sûrement. C'est un
homme qui a l'expérience des responsabilités
ministérielles.
M. Bussière, je suis très heureux de vous accueillir
aujourd'hui. Je me souviens qu'un des problèmes soulevés ce matin
avait fait l'objet de notre rencontre historique et vous m'aviez, à ce
moment-là, appris un certain nombre de choses que je ne connaissais pas.
Vous en avez fait mention ce matin, en particulier au niveau des quotes-parts,
compte tenu de l'engagement de l'un de mes prédécesseurs aux
Transports, M. Clair, qui avait été en cela appuyé, du
temps de l'Opposition, par le ministre actuel des Affaires municipales, M.
Bourbeau. Cela faisait un document et un problème à régler
puisque c'était une simple question financière.
Je pense que votre mémoire reflète très bien les
problèmes encourus par les jeunes organismes de transport en commun que
sont les CIT, donc, cette période de mise au monde et, forcément,
d'ajustements nécessaires qui devront intervenir au cours de la
prochaine année, et qui ont été passablement
élaborés par les quatre comités qu'on a formés
à la suite des rencontres que nous avons eues le 19 août 1986. On
est en mesure maintenant de procéder à la phase finale de nos
rencontres à ce sujet-là, compte tenu que chacun de ces quatre
comités parlait: premièrement, d'interface rive nord,
deuxièmement, d'interface CUM et rive sud, troisièmement, de
financement et, quatrièmement, de train de banlieue.
On attendait, bien sûr, la tenue de cette commission parlementaire
pour enclencher par la suite nos rencontres finales quant aux suites à
donner aux recommandations de ces quatre comités. Prenons, dans un
premier temps, le dossier des quotes-parts, qui est quand même un
problème qui traîne depuis un certain temps et qui implique la
CUM, la Société de transport de la rive sud de Montréal,
certaines municipalités locales et, par ricochet, compte tenu des
engagements pris à l'époque par M. Clair, le gouvernement du
Québec.
Une proposition a été transmise à la CUM de la part
du gouvernement à la suite de cette recommandation, et nous attendons la
réponse officielle de la CUM. On a eu certains échanges avec elle
qui nous permettent d'espérer que la proposition transmise soit
acceptée et qu'on puisse régler. Bien 3Ûr, je comprends que
le palier municipal souhaite que le gouvernement règle à 100 %.
Vous êtes de bons tacticiens, de bons politiciens, vous savez que cela ne
se réglera pas comme cela. Et la proposition est claire, on a chacun,
à trois paliers différents nos responsabilités, et la
proposition qui est sur la table, c'est: un tiers, un tiers, un tiers. Dans la
mesure où la CUM nous donnera une réponse officielle, on va
régler le dossier une fois pour toutes et il sera oublié,
celui-là.
Vous pariez de certains aménagements en ce qui a trait à
la loi, c'est clair, et nous aurons ultérieurement cet automne des
rencontres avec les quatre comités et avec les CIT. Donc, cette table
souhaitée en permanence pour tenter de régler des
problèmes va siéger au cours de l'automne et aboutir au printemps
1988 avec une loi, des amendements à la loi.
Vous soulevez deux points quant à la politique actuelle en ce qui
concerne les versements des subventions à l'exploitation.
Premièrement, ce problème est très important pour vous
comme pour nous, puisque certains réajustements à cette politique
auront des implications financières majeures, très importantes,
puisque la volonté du législateur et de l'administrateur à
l'époque était de faire porter ces paiements sur deux
années financières. Pour le rattrapage, on devrait payer sur
douze mois - quinze mois maintenant - causant des problèmes assez
importants sur le plan financier. Alors, c'est une question de marge de
manoeuvre gouvernementale et, à ce niveau, on pourra voir
éventuellement ce qu'on peut faire.
Quant à l'autre problème soulevé, la classification
des dépenses, c'est un problème réel et j'imagine qu'au
cours de l'automne on sera capable de trouver des aménagements qui
feront en sorte de vous soulager un peu et qui seront acceptables de part et
d'autre. Donc, comme vous pouvez le constater, un certain travail a
été fait, par les comités et, lorsqu'on va se rencontrer,
ce sera pour se dire des choses.
Je me limiterai ici à une question, parce que mon collègue
de Saint-Hyacinthe a manifesté de l'intérêt pour votre CIT.
À la page 4 de votre mémoire, il est dit, à
"Débarcadères à la station Longueuil", au deuxième
paragraphe: "Une telle situation rend pour le moins illusoire l'article 10 de
la Loi sur les conseils intermunicipaux de
transport dans la région de Montréal, qui oblige les CIT
à demander des soumissions publiques pour le choix d'un transporteur,
face à l'exploitation du réseau." Il y a des bouts que je ne
comprends pas. Pourriez-vous m'éclairer, parce que mes
spécialistes me disent que l'article 4 de la loi permet de conclure un
contrat avec un transporteur, sans procéder aux demandes de soumissions
publiques? Qu'est-ce qui ne va pas entre votre version et la nôtre?
M. Bussière: Oui, je demanderais au
secrétaire-trésorier, plus tard, de faire une intervention. Sur
cette question, je demanderais à M. Pierre Bélanger d'expliquer.
C'est que le problème que nous avons vécu... Nous ne sommes pas
toujours tenus d'aller en soumissions, et c'est peut-être le cas
là. Le problème que nous avons vécu lors de la formation
du CIT, c'est que nous sommes allés en soumissions publiques et un des
soumissionnaires était de 450 000 $ meilleur marché que l'autre.
Pas nécessaire de dire que ce n'était pas la STRSM. Nous avons,
à ce moment, essayé de négocier les
débarcadères a Longueuil. La situation est devenue tellement
aberrante, étant donné le temps que nous avions... Si ma
mémoire est fidèle, nous avions trois mois, je crois, pour signer
un contrat avec un transporteur lors du début des CIT. Nous avons
commencé à négocier des débarcadères
à Longueuil et nous avons réalisé, avec nos procureurs,
que le fonds de terrain, évidemment, appartenait à Longueuil,
parce que c'est situé dans la ville de Longueuil, que les
débarcadères étaient la propriété de la
STCUM et qu'ils étaient loués par la STRSM. Nous avons
essayé de relever tous ces documents et nous nous sommes rendu compte
à la fin que cela aurait été extrêmement difficile
à ce moment - parce que c'était le début des CTT -
d'obtenir un ou deux débarcadères. Je sais que le transporteur de
Sorel à Longueuil, par exemple, descend ses voyageurs à
côté du Holiday Inn, à Longueuil. C'est évident que
ce CIT peut se permettre cela, je ne sais pas combien il y a de
véhicules par jour, mais, lorsqu'on parle de 80 ou d'une centaine de
véhicules sur notre territoire, on ne peut pas demander aux gens
d'embarquer à l'air libre dans les autobus ou de descendre là. Il
fallait absolument avoir des débarcadères et nous nous sommes
rendus à l'évidence que nous n'aurions pas été
capables, avec le peu de temps que nous avions, de signer un contrat. Donc,
nous avons dû nous asseoir avec la STRSM et négocier un contrat
extrêmement serré pour qu'au moins la différence entre le
contracteur privé et la STRSM soit acceptable. En ce qui concerne
l'obligation d'aller en soumissions, est-ce que c'est un fait selon l'article
4, je ne me le rappelle pas.
M. Bélanger (Pierre): En réalité, le fond du
débat ne porte pas vraiment sur la question de l'obligation ou non
d'aller en soumissions publiques. C'est le fait de dire que, dans notre cas
actuellement, on n'a pratiquement pas le choix. On ne demande pas
nécessairement que la loi soit modifiée pour ne pas nous obliger
à aller en soumissions publiques. Au contraire, on pense que c'est une
chose nécessaire. Mais, d'un autre côté, on se
réveille avec des soumissions où on nous dit: Écoutez,
voici notre soumission dans la mesure où les CIT seront prêts
à faire des pressions de façon telle que les quais soient
disponibles, de façon telle que la voie réservée aussi
nous soit disponible. Ce qui fait qu'on a une soumission, ne connaissant pas
les échéanciers de réalisation ou d'accessibilité
aux équipements, qui en fait, sont majeurs pour notre réseau.
Ainsi, on se voit limité et obligé de revenir toujours au
même transporteur qui, peut-être, est conscient de la situation. On
ne veut pas dire qu'il en abuse, ce n'est pas ce qu'on dit. Ce qu'on dit, par
contre, c'est qu'on aimerait de temps en temps avoir le choix dans ce domaine.
Il nous semble que, strictement, pour que notre CIT puisse faire des pressions
dans ce domaine, c'est quand même un pouvoir qui est réduit.
M. Côté (Charlesbourg): Seulement un petit mot, M.
le Président, qui est bien plus un commentaire et une prise de position
qu'une question. Vous soulevez deux problèmes: voie
réservée et accès aux quais. Cela fait partie des
problèmes soulevés par les CIT. C'est curieux de voir que de
grandes organisations de transport en commun viennent ici demander la
contribution gouvernementale, de manière substantielle, et ont
très peu de condescendance vis-à-vis d'autres organismes de
transport qui ont les mêmes fins. Il ne faut pas oublier que ces
équipements sont subventionnés à 75 % par le gouvernement.
Peut-être que j'ai le temps de passer le message. Il va falloir que les
grands respectent les petits s'ils veulent être respectés par plus
grands qu'eux. Dans ce sens, le message est très clair.
En ce qui concerne les voies réservées, c'est beaucoup
plus compliqué, mais, en ce qui concerne les quais, c'est un des
problèmes auquel on va s'attaquer pour le régler rapidement, de
consentement ou de force. C'est clair que c'est un problème qui va
être réglé à plusieurs égards et à
plusieurs endroits sur le territoire de la communauté urbaine, à
Laval et sur la Rive-Sud aussi. Que ceux qui ont à entendre le message
l'entendent dès maintenant et qu'ils commencent à trouver des
solutions, parce qu'on arrive. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: C'est évident que le ministre peut bien se
surprendre de ce qui se passe dans les relations intermunicipales, ce n'est pas
un problème d'aujourd'hui. C'est la course à l'argent. C'est
clair que les grosses commissions de transport, si elles ne sont pas
obligées par loi, ce qu'elles cherchent, ce sont des revenus. Cela ne me
surprend pas. Le contraire m'aurait surpris. Ce n'est pas la charité, ce
sont des gens qui veulent des revenus et ils ont quelque chose en main pour
aller en chercher. Donc, ils forcent, ils forcent pour les avoir. C'est
évident que, s'il y a des prises de position gouvernementales pour que
des ententes se fassent plus obligatoirement, je ne pense pas que ce soit un
problème insoluble, il faut le constater. (12 heures)
Dans votre mémoire, vous parlez des différences qu'on fait
entre l'administration et l'exploitation. Il y a un montant de 70 000 $ qui a
été retenu quelque part et cela remontait à 1985. Est-ce
que ce problème est réglé au moment où on se
parle?
M. Bussière: Non. C'était la situation en ce qui
concerne les frais de terminus. Dans nos prévisions budgétaires,
il y avait les frais du terminus de Longueuil. C'est assujetti aux subventions
pour les frais d'exploitation. En ce qui concerne Saint-Hyacinthe, il y a des
aménagement de terminus et il y a également une agence qui vend
des billets. À l'heure actuelle, les frais que nous indiquions dans nos
prévisions budgétaires étaient de l'ordre de 30 000 $, 35
000 $ par année. Ces sommes, on nous les a refusées au chapitre
des frais d'exploitation. Évidemment, le problème n'est pas
solutionné à l'heure actuelle. Nous avons quand même du
travail à faire de notre côté, en ce sens que cette
commission aux agences en ce qui concerne Saint-Hyacinthe... Il y a des frais
de terminus qui devraient être payés par des subventions parce que
c'est certainement de l'exploitation. Vous savez, c'est très
difficile... Je ne sais pas, M. Dufour, je peux faire le parallèle entre
l'évaluation foncière et l'article 65 dont on a discuté
bien longtemps, à savoir...
M. Dufour: ...je la connais un peu, oui.
M. Bussière: ...qu'est-ce qui sert à l'exploitation
dans un réseau de transport et qu'est-ce qui est impliqué dans
l'administration. Est-ce que la vente de billets, c'est de l'administration ou
si vous avez besoin de vendre des billets pour exploiter votre réseau?
C'est aussi marginal que cela, la question de savoir ce que c'est.
Au moment où on se parle, ce n'est pas réglé, mais,
par contre, nous sommes convaincus qu'avec les demandes additionnelles et la
façon dont nous allons procéder, le ministère des
Transports va être très compréhensif sur le fait qu'il y
avait des frais d'exploitation subventionnables au terminus de
Saint-Hyacinthe.
M. Bélanger (Pierre): Ce qui arrive aussi, c'est que la
subvention à l'exploitation est de 75 % tandis que la subvention
à l'administration est de 25 000 $, plus 0,05 $ l'usager, ce qui fait
qu'on est plafonné. Donc, tout ce qui dépasse ce plafond est
directement imputable aux municipalités tandis que la subvention
à l'exploitation, à la limite, n'a pas de plafond, ce qui fait
qu'on va chercher 75 % en subventions. Il est évident que, pour nous qui
considérons les commissions aux agences comme faisant partie des frais
d'exploitation, cela devient, à ce moment-là, subventionnable
à 75 %. Tandis que, quand on verse cela au chapitre de l'administration,
la minute où on atteint notre plafond, les municipalités
défraient les coûts à 100 %.
M. Dufour: Si je comprends bien, votre CIT a été
mis sur pied en 1985, pas avant, n'est-ce pas?
M. Bussière: En 1984.
M. Dufour: En 1984?
M. Bussière: En décembre 1984.
M. Dufour: Comme on retourne jusqu'en 1985, cela veut dire qu'en
1984 on vous a oubliés?
M. Bussière: On n'en avait pas, c'était la
STRSM.
M. Dufour: C'était en période de rodage et de mise
en place. C'est cela?
M. Bussière: Les premières prévisions
budgétaires ont été déposées pour 1985.
Évidemment, des états financiers, on comprend que cela prend
peut-être un peu de temps à vérifier. On a su en 1986 que
ces dépenses n'étaient pas subventionnables sur le plan des frais
d'exploitation.
M. Dufour: Si le ministre avait été ici, j'aurais
bien aimé qu'il comprenne cela. On parle de gares intermodales qui vous
obligent à signer un contrat avec la municipalité de Longueuil ou
avec la STRSM pour les contrats de transport d'usagers. Cela veut dire que le
ministre peut vous obliger, par loi, bien sûr, à aller sur le
quai, mais c'est un manque de revenu pour la corporation de Longueuil, de la
rive sud. Donc, il y a des échanges. En supposant que le ministre
règle
le problème - en tout cas, ce seront ses problèmes pour
Longueuil et il s'arrangera avec les autres commissions de transport -mais
supposons que le problème n'est pas réglé, qu'est-ce qui
vous empêche de vous faire un quai de débarquement quelque
part?
M. Bussière: II n'y a rien qui nous y empêche, mais
je peux vous faire un scénario. Nous décidons de faire descendre
nos usagers... D'ailleurs, il faut les faire descendre à la station de
métro Longueuil parce que notre service, à Longueuil, va au
métro. Je ne sais pas si vous connaissez Longueuii. Si vous êtes
capable de me trouver une place où nous pouvons négocier, avec la
ville de Longueuil, des infrastructures de débarcadères aux
alentours du métro, vous me le direz et cela me fera plaisir de
négocier avec la ville de Longueuil.
M. Dufour: À moins d'emprunter le fleuve.
M. Bélanger (Pierre): Effectivement, dans votre question,
quand vous dites: quelque part, justement, on ne peut pas mettre cela n'importe
où. On peut sans doute trouver un endroit à Longueuil, mais ce ne
sera pas nécessairement près de la station de métro. Donc,
à partir de ce moment-là, on parle d'un site qui appartient
à Longueuil, on parle de quais qui sont directement accollés
à la station, donc, on parle du point de mire, du point essentiel de
débarquement. C'est ce qu'on vise sinon cela devient un petit peu futile
de penser de mettre cela quelque part dans le stationnement, aux alentours de
la station.
M. Dufour: C'est parce que dans votre mémoire vous parlez
de la limite de votre parcours. Alors, la limite, ce n'est pas
nécesairement Longueuil.
M. Bélanger (Pierre): Oui, mais cela est relié
à un autre aspect. On parlait surtout du train de banlieue* On se dit
que, pour nous, il n'est pas essentiel de penser à un service de
transport sur rail - qu'il soit rapide ou semi-rapide - qui doit
nécessairement s'étendre jusqu'à Saint-Hyacinthe ou
Saint-Hilaire.
Pour nous, ce qui serait important, c'est de s'en aller au moins, je
dirais, dans la première couronne suburbaine de Montréal qui
pourrait être délimitée aux alentours des promenades
Saint-Bruno et de la 30, dans la région de Saint-Bruno. À partir
de ce moment-là, on créerait la hiérarchie entre un
pôle à caractère, suprarégional et une desserte
hiérarchisée à l'intérieur du CIT. Ce serait
régional au niveau de la ligne 116 et local au niveau des
municipalités à l'intérieur du CIT. Mais cette
hiérarchie-là, actuelle- ment, n'existe qu'en fonction d'un
réseau routier et elle est tributaire du transport privé des
automobiles parce que les autobus se fondent dans la circulation
automobile.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Je vais maintenant reconnaître
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci beaucoup. Juste une remarque et, après
cela, quelques questions. M. Bussière, concernant la municipalité
de Saint-Thomas-d'Aquin, je pense que le maire a dû vous faire certaines
représentations parce que vous dites que les municipalités
constituantes sont greffées à la route 116, sauf que Saint-Thomas
est à quelques kilomètres de la route 116. Et je pense que vous
avez déjà dû recevoir des représentations pour
exclure Saint-Thomas-d'Aquin du CIT.
Une voix: ...
M. Messier: Pas encore? Cela viendra parce qu'il m'en parle
souvent. Il ' y a d'autres municipalités, comme Sainte-Rosalie et
Saint-Dominique, qui devraient faire partie du CIT si Saint-Thomas-d'Aquin fait
partie du CIT.
Peut-être quelques questions concernant la voie
réservée sur le pont Champlain. Je pense que vous avez la
même vue que la société de transport dont on va entendre le
mémoire tout à l'heure. Vous dites qu'il faudra donner un
caractère permanent à la voie réservée. Est-ce que
c'est la seule hypothèse que vous regardez sur le pont Champlain? Vous
parlez aussi du pont Victoria et de donner un accès sur le pont Victoria
aux autobus. Est-ce que vous voyez d'autres solutions que strictement la voie
réservée sur le pont Champlain pour donner un accès sur
l'île?
M. Bussière: Nous ne sommes évidemment pas des
experts dans les infrastructures, mais il reste que, si on regarde cela
froidement, comme je l'ai dit au tout début, lorsqu'un usager utilise le
transport en commun et vous lui garantissez ni plus ni moins un horaire de
parcours, il devient assez souvent difficile de le tenir. Si on regarde la
structure du pont Victoria - on va oublier le pont Champlain pour le moment -
on s'est laissé dire, et on l'a dit dans le rapport, que les deux voies
seront à circulation unique vers Montréal. Et on a appris
dernièrement que le CN a refusé la circulation des
véhicules, de la STRSM sur le pont Victoria.
Nous premièrement, on se demande: Est-ce qu'on veut
préconiser le transport en commun ou le transport par automobile? Si on
veut préconiser le transport collectif, on
se demande si les infrastructures du pont Victoria, en ce qui concerne
le porte-à-faux pour les véhicules, ne pourraient pas être
renforcées pour permettre aux autobus de passer dessus. Cela pourrait
être des circuits d'autobus à sens unique sur l'île de
Montréal; ce ne serait assujetti à aucun problème,
à aucun obstacle, et l'horaire pourrait être définitivement
respecté. C'est notre vision des choses.
Quant au pont Champlain, je ne sais pas de quelle façon la voie
réservée pourrait être faite autrement que dans le sens de
la circulation, et vous savez la frustration que cela va comporter pour
certains automobilistes. Au lieu d'avoir trois voies d'accès au pont
Champlain, ils en auront seulement deux le matin et deux pour sortir le soir,
et l'autobus aura sa propre voie. C'est une question de sécurité
et c'est une question de permanence. Évidemment, il y a d'autres
avenues. Nous, on préconiserait bien plus le train de banlieue ou un
système ferroviaire se rendant directement au centre-ville, avec tous
les autobus se rabattant à cette gare intermodale-là au lieu de
s'en aller au centre-ville de Montréal.
M. Messier: Située à Saint-Hubert ou à
Brossard, peu importe. Mais en parlant de gare intermodale, je pense que vous
n'entrez absolument pas dans les vues de la société de transport
parce que là vous parlez de complémentarité face au
transport en commun et au train de banlieue pour se diriger vers
Montréal. Je pense qu'il y aurait un compétiteur à la
5ociété de transport de la Rive-Sud de Montréal. Est-ce
que la gare intermodale située, disons, sur la rive sud
immédiate, à Brossard ou à Saint-Hubert, peu importe,
pourrait empêcher ou donnerait un meilleur accès? D'après
moi, cela donnerait un meilleur accès à l'île de
Montréal, mais cela aurait quoi comme perte importante de revenus pour
la Société de transport de la Rive-Sud de Montréal?
M. Bussière: Nous essayons depuis longtemps de concevoir
quelle serait la différence entre avoir des autobus de transport pour
aller au centre-ville de Montréal, que ce soit de Boucherville, de
Brossard, de Longueuil, de Saint-Lambert, de Sainte-Julie, de Beloeii ou
d'ailleurs, s'ils se rabattaient tous, les autobus de ce circuit, à
cette gare intermodaie et avoir un train pour traverser au centre-ville de
Montréal. Une chose pourrait aussi être étudiée -
d'ailleurs, je n'ai pas peur de me tromper en énonçant cela -
c'est que les autobus qui viennent du centre-ville de Montréal
reviennent à la fin pratiquement vides. Nous sommes convaincus qu'une
gare intermodale dans ce sens pourrait certainement amener un retour d'usagers
dans ces mêmes véhicules. Je ne crois pas personnellement qu'il y
aurait perte. C'est de cette façon qu'on veut rejoindre les
représentants de la Société de transport de la Rive-Sud de
Montréal - je ne sais pas s'ils sont ici en arrière de moi -mais
il est évident que le train de banlieue, pour eux, ce n'est pas une
chose qui les a bien tracassés depuis nombre d'années, parce que
nous savons pertinemment qu'ils ont une société de transport.
Nous sommes conscients qu'il faut qu'ils l'exploitent. Ils ne peuvent pas
demain matin se départir d'une société de transport
semblable. C'est de cette façon que nous voulons, nous, gagner au
change; la société, à notre avis, va également y
gagner au change et les usagers de notre population vont y gagner. C'est de
cette seule façon que nous pourrons nous entendre pour avoir un
système de transport ferroviaire traversant l'île de
Montréal.
M. Messier: Une dernière question, parce que le temps
s'écoule rapidement. Est-ce que la société de transport a
un monopole avec vous, parce que c'est le seul transporteur? Est-ce que vous
êtes contents de la société de transport concernant la
négociation en ce qui concerne les...
M. Bussière: Oui.
M. Messier: Cela va bien?
M. Bussière: Ah oui! Nous avons un très bon
service. D'ailleurs, nous allons en reconduction pour deux ans dans le
contrat.
M. Messier: Parfaitl Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Nous en sommes maintenant aux
brèves remarques de conclusion. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux m'excuser
auprès de M. Bussière, il s'agissait de quelques
téléphones d'intendance. Quand le ministre des Transports assiste
à une commission parlementaire pendant trois jours, cela peut retarder
des choses.
Alors, je vous remercie de votre participation et je veux tout
simplement signaler aux municipalités qui régleront très
bientôt, nous l'espérons, leur problème de quote-part,
qu'elles vous devront une fière chandelle puisque c'est vous qui nous
avez sensibilisés à ce problème d'une manière
très importante et urgente. L'ensemble des problèmes
soulevés reflète très bien, je pense, la
problématique des CIT de banlieue, avec la problématique
d'accès à l'île, avec tout ce que cela comporte comme
problèmes. L'automne sera propice pour bien compléter les
ententes avec les CIT quant aux aménagements sur le plan
législatif, et quant à certains messages, qui ne pouvaient pas
être plus clairs qu'ils l'ont été tantôt,
concernant les accommodements à des équipements
payés à 75 % par le gouvernement. Cela est très clair-
Merci et bonne chance.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, pour le mot de la fin.
M. Dufour: En fait, je vais remplacer mon collègue, le
porte-parole officiel, pour vous remercier de la quote-part que vous avez
apportée à cette commission. Je veux souhaiter avec vous que le
ministre des Transports trouve toutes les solutions, ce qu'il n'a pas
réussi jusqu'à maintenant. Donc, il semblerait qu'il ait des
solutions qui ne soient pas devant nous. Nous souhaitons que cela fasse
l'unanimité et, surtout, que cela rende le plus de services possibles
à la population sans diminuer la qualité des services, qu'on les
augmente et au meilleur coût possible. Je pense que de ce
côté on va concourir au maximum à rendre le monde plus
heureux. Merci beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): Pour le mot de la fin.
M. Bussière: M. le Président, je vous remercie
infiniment et je vais retenir les paroles du ministre des Transports, soit que
les grands devraient parler aux petits. Vous savez, nous avions une
appréhension en venant ici ce matin, car on a vu hier ce qui s'est
passé avec la CUM. Nous étions extrêmement mal à
l'aise; nous ne savions pas si nous devions venir présenter un
mémoire avec seulement deux personnes ce matin. Ce qu'on demande tout
simplement -et c'est un fait - c'est que les grands prennent en
considération les nouveaux CIT comme nous. Et on doit être
là pour se parler. Quand on parle de transport en commun qui affecte
notre territoire, la décence exige tout simplement qu'on parle ensemble.
Merci, M. le Président et merci aux membres de la commission. (12 h
15)
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre participation
à nos travaux.
J'invite maintenant les représentants de la Société
de transport de la Rive-Sud de Montréal à prendre place à
la table de nos invités.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Bienvenue parmi nous. Je vous demanderais de nous présenter les
personnes qui sont à la table pour l'information des membres de la
commission et, par la suite, de nous présenter votre mémoire.
Nous avions prévu, comme pour tous les autres, une vingtaine de minutes.
Vous nous avez fait part que vous auriez de la difficulté à
entrer dans votre temps. Je vous dis immédiatement que le temps qui
dépassera les 20 minutes sera retranché de la période
prévue pour les échanges avec les parlementaires.
Société de transport de la Rive-Sud de
Montréal
Mme Gravel (Louise): Louise Gravel, présidente de la
Société de transport de la Rive-Sud de Montréal.
M. Molini (Georges): Georges Molini, président-directeur
général de la STRSM.
Mme Pigeon (Marie): Marie Pigeon.
M. Bergeron (Serge): Serge Bergeron, gestionnaire de fonds.
M. Authier (Pierre): Pierre Authier, directeur de la
planification.
Mme Lepage (Georgette): Georgette Lepage, maire de Brossard.
M. Paris (Daniel): Daniel Paris, vice-président à
l'administration à la STRSM.
Mme Gravel: Cela va?
Le Président (M. Rochefort): Oui.
Mme Gravel: M. le Président, Mmes et MM. les membres de
l'Assemblée nationale, M. le ministre, je tenterai d'entrer à
l'intérieur des 20 minutes. Cependant, comme je pense que notre texte
est très intéressant, même si cela dépasse de
quelques minutes, j'en suis certaine, cela ne vous paraîtra pas
très long.
Notre mémoire a trois objectifs: cerner le contexte dans lequel
évolue la STRSM; vous exposer notre point de vue sur la
problématique du transport en commun dans la région de
Montréal; énoncer nos priorités quant aux problèmes
ainsi que nos préférences quant aux solutions.
Le gouvernement actuel a une philosophie que nous avons essayé de
bien saisir. La position du ministre des Transports reflète d'ailleurs
clairement cette philosophie, notamment à l'égard des deux points
suivants: les futurs investissements en équipement de transport devront
découler de besoins définis avec précision et devront
avoir un taux plus élevé de rentabilité.
Le ministre reconnaît aussi qu'une part importante des projets de
nouveaux, équipements impliqueront plus d'une autorité
organisatrice. Il nous a semblé pertinent d'accorder également
notre réflexion à la pensée gouvernementale sur la gestion
des sociétés publiques exprimée dans les rapports Gobeil
et Fortier.
Le rapport Gobeil propose des objectifs relatifs à la gestion des
programmes qui nous ont paru particulièrement pertinents:
l'idée
de privatiser certains services dans le cas où cela leur permet
de mieux atteindre leurs fins, l'idée d'alléger la
réglementation et d'éliminer celle qui a des effets de
"disfonctionnement" et l'idée de mettre en place un cadre administratif
qui incite à une gestion plus serrée des programmes
gouvernementaux. Par contre, les bases sur lesquelles repose l'idée de
remettre en question la politique d'aide au transport en commun ne nous
semblent guère correspondre à notre réalité.
Le rapport Portier vise quant à lui à déterminer
comment et quand certaines sociétés d'État doivent
être transférées au secteur privé. Il dégage
deux options que nous trouvons valables, soit la transformation d'une
société d'État en organisation sans but lucratif et
l'octroi de contrats de gestion à l'entreprise privée.
Chez nous, par comparaison avec la région métropolitaine
de Montréal, le développement du transport en commun est dans une
courbe ascendante. Ajoutez à cela la croissance économique
récente de la région et il devient évident qu'il faut se
préparer à un accroissement important des déplacements et
à une flambée de la demande de liens nouveaux entre la rive sud
et Montréal. En conséquence, le gouvernement doit inscrire la
rive sud dans la programmation des investissements des dix prochaines
années car ce territoire a des besoins pressants en infrastructures de
transport. La planification du transport en commun ne peut plus se faire en ne
tenant compte que d'un seul territoire juridique. La planificaton doit
désormais englober tous les territoires de la région
montréalaise en même temps.
Sur la rive sud, les grandes orientations quant au développement
des infrastructures de transport sont connues. Elles ont fait l'objet de
propositions spécifiques dans notre schéma d'aménagement.
Ce schéma d'aménagement reconnaît l'importance de doter la
région de deux axes de liaison par transport en commun avec
Montréal, soit l'axe du métro Longueuii et l'axe du pont
Champlain. Il a fait chez nous l'objet d'un consensus évident.
J'aurais mauvaise grâce de terminer le tableau du transport sur la
rive sud sans toucher un mot de la performance de la STRSM. Les traits
marquants de cette performance sont la productivité, l'implication
directe des élus dans la direction de l'entreprise et une
capacité remarquable d'innover dans tous les secteurs de nos
activités.
Au cours des dix dernières années, trois grands pians
d'ensemble de transport pour la rive sud ont été conçus
avec comme objet de résoudre la problématique du transport sur la
rive sud. Ils ont donné lieu à de nombreuses études et
analyses et celles-ci ont permis au ministère des Transports
d'identifier trois éléments majeurs de la
problématique.
Le premier élément concerne la voie réservée
du pont Champlain. Son existence future est incertaine en raison du risque
d'accidents attribuable à la circulation à contresens. À
moyen terme, la saturation sur les deux voies adjacentes au contresens menace
également son existence. Et, au plan pratique des opérations
quotidiennes, le refoulement fréquent de la circulation automobile sur
la rive sud, le matin, en amont du boulevard Taschereau, pose dès
aujourd'hui des problèmes d'accessibilité de la voie
réservée aux autobus. Enfin, la ville de Brossard, où se
trouve le terminus qui dessert le pont Champlain, vit une situation
complètement chaotique qu'elle ne pourra tolérer beaucoup plus
longtemps. (12 h 30)
Le deuxième élément touche notre terminus à
Montréal. L'ouverture d'un terminus de la STRSM au centre-ville de
Montréal a accru considérablement la qualité de
l'accès à la métropole. Par contre, l'augmentation
éventuelle du nombre d'autobus en période de pointe posera
tôt ou tard un problème de capacité d'accueil sur le site
même.
Le troisième élément de la problématique est
le lien ferroviaire. Son maintien et sa modernisation constituent une inconnue
du fait qu'ils dépendent de l'intérêt que les
autorités impliquées portent à son utilité et de
l'importance qu'on accorde à l'axe du pont Victoria.
La problématique du transport en commun sur la rive sud ne repose
donc pas du tout sur un problème de capacité à long terme.
Elle repose sur une absence de planification, sur une absence de vision
globale. Les choses sont envisagées en pièces
détachées, un axe après l'autre, un territoire
après l'autre, un mode de transport après l'autre, et il en
résulte des difficultés concrètes sur le plan quotidien et
des frais majeurs dans notre développement. Finalement,
l'élément le plus important de cette problématique est
sans contredit le fait que l'ensemble des axes actuels de transport interrives
échappe au contrôle des élus de notre territoire de
desserte.
Si j'avais à caractériser en deux mots la situation de la
STRSM quant à sa capacité de remplir sa mission, je dirais: la
dépendance et la fragilité de ses réseaux.
Au chapitre de la dépendance, la STRSM constate de façon
générale qu'il se prend en dehors d'elle des décisions
majeures, ce qui la gêne dans sa capacité de gérer ses
affaires et d'accomplir sa mission. La STRSM, par rappport au ministère,
est dans une situation de dépendance dans plusieurs domaines. Si c'est
le ministère qui dispose des ressources nécessaires à
mettre
en branle les études relatives au déplacement des
personnes et des biens, il n'en reste pas moins que c'est à notre niveau
que la réalité se trouve et que c'est à notre niveau que
s'appliqueront ultimement les résultats de ces études. Or, nous
estimons que nous ne sommes pas suffisamment impliqués, ni dans le
processus de décision quant au sujet des études, ni dans
l'analyse subséquente des données.
Cette relation de dépendance ne s'arrête pas à la
planification des réseaux. Elle s'étend aussi à
l'aménagement des infrastructures, à l'utilisation par nos
autobus des réseaux qui sont la propriété du
ministère, à l'aménagement des accès à la
station Longueuil, à l'aménagement de stationnements
d'incitation, à l'aménagement du terminus de Brossard, à
l'utilisation de la voie provinciale - par exemple, le boulevard Taschereau et
l'autoroute 10 - par nos autobus de la STRSM. Cette dépendance à
l'égard du ministère se manifeste aussi dans certains aspects de
la politique gouvernementale d'aide au transport en commun. À titre
d'exemple, la politique d'achat du matériel roulant ne favorise pas
toujours les choix les plus judicieux quant à la gestion de la flotte
d'autobus. Plus encore, les effets sur nous des mesures imposées en 1983
pour plafonner les subventions se traduiront, sur une période de cinq
ans, par un manque à gagner de plus de 19 000 000 $. Et le plus ironique
de l'histoire ou le plus douloureux, c'est que plus nous comprimons nos
dépenses, plus ces mesures nous touchent durement.
Nous vivons une autre situation de dépendance vis-à-vis de
la Corporation des ponts Champlain et Jacques-Cartier. Ces ponts constituent
des axes vitaux pour lesquels il n'y aurait pas de soulution de rechange si, du
jour au lendemain, cette même corporation signifiait à la STRSM la
fin de la voie réservée pour quelque raison que ce soit.
La même situation prévaut dans nos relations avec le CN. Le
Canadien National possède le pont Victoria et il exerce à ce
titre un contrôle sur le déplacement des personnes qui
l'empruntent. Rappelons-nous qu'il interdisait tout récemment à
la STRSM d'utiliser le pont avec ses autobus parce que ses véhicules
représentaient une menace à la structure du pont. Du jour au
lendemain, la STRSM a dû modifier son service. Tout développement
de l'axe du pont Victoria ne ferait donc qu'augmenter la dépendance de
la STRSM à l'égard du CN, notamment quant au contrôle des
coûts d'exploitation.
Nous dépendons aussi de la ville de Montréal. Nos circuits
d'autobus qui traversent le fleuve par les divers ponts sont évidemment
soumis à la bonne volonté de l'administration municipale
montréalaise quant à la possibilité d'emprunter tel ou tel
itinéraire, de stationner, de faire descendre leurs passagers sur rue,
de bénéficier de privilèges particuliers, tels les virages
à gauche exclusifs. Cette dépendance a été
éloquemment illustrée par les longues discussions qui ont
précédé le choix de la localisation du terminus de la
STRSM au centre-ville de Montréal, il y a quelques années.
Nous souffrons également d'une dépendance structurelle
à l'égard de la STCUM. Cela concerne la ligne 4 du métro,
celle qui s'arrête à Longueuil. Nous n'avons aucun pouvoir sur la
fréquence du service, sur la longueur des rames, sur les heures
d'exploitation du service ni sur le tarif qu'auront à défrayer
nos usagers pour poursuivre leur déplacement à
Montréal.
Bien que pas encore matérialisée dans les faits
quotidiens, notre autre dépendance, cette fois par rapport à la
CUM, n'en est pas moins fondamentale, car elle touche nos perspectives
d'avenir. En effet, tout nouveau lien par transport en commun vers
Montréal ou même un lien qui ne ferait que prolonger le
métro dans Longueuil pourrait devoir passer par l'assentiment et les
conditions de la CUM.
Une dernière dépendance existe à l'égard des
fabricants d'autobus. Les sociétés de transport sont actuellement
forcées d'investir efforts et argent pour corriger des
déficiences de structure sur les autobus et pour résoudre des
problèmes de rouille prématurée. L'achat regroupé
crée une dépendance non seulement quant au choix du fabricant
d'autobus, mais aussi quant au modèle d'autobus, et, en l'occurrence,
quant à la volonté du fabricant de reconnaître les
déficiences criantes de ses produits et de procéder à un
rappel des véhicules. En conséquence des manquements du fabricant
à ces égards, nous avons dû suppléer en imposant
à notre service d'entretien un surcroît de tâches auquel il
n'était pas préparé et auquel il n'est pas tenu
d'être préparé. À notre avis, le fabricant n'a pas
été vraiment placé devant le défi que constituent
normalement le processus d'appel d'offres et la concurrence qui s'ensuit. Il a
ni plus ni moins profité d'une situation de monopole, étant en
pratique le seul à pouvoir répondre à des normes qui n'ont
pas toutes à voir avec les besoins spécifiques des
sociétés de transport. Ce serait vraiment le comble de l'ironie,
vu qu'on parle ici de véhicules faits au Québec, qu'une
société de transport située hors du Québec puisse
obtenir du même fabricant des conditions d'achat plus avantageuses
simplement en faisant jouer à fond le mécanisme d'appel d'offres.
Il nous apparaît donc majeur de faire en sorte que la STRSM puisse
atténuer ces nombreuses dépendances.
Après la dépendance, c'est la fragilité de certains
liens que la STRSM identifie comme problème à résoudre en
priorité.
Selon l'enquête OD82, la STRSM transportait 12 000 personnes
à l'heure, en période de pointe, par un réseau de
transport dont trop d'éléments sont fragiles et dont la survie
n'est pas assurée. Ce chiffre atteint aujourd'hui près de 20 000
personnes, toujours à l'heure de pointe. Sur papier, chacun des
accès à Montréal - ponts, tunnels, métro - offre
une capacité d'accueil suffisante. Mais la réalité est
tout autre. Dans la vraie vie, il y a des accidents qui bloquent les ponts, il
y a des travaux de voirie qui ralentissent le flot des véhicules, des
trains qui déraillent sur le pont et des camions qui explosent, à
l'occasion, dans les tunnels. Par contre, certains grands
événements - comme la visite du Pape - ont démontré
qu'il est possible d'établir, à l'aide d'une coordination entre
les autorités en place, certains plans d'ensemble qui facilitent les
déplacements interrives.
Quant à la voie réservée et au terminus du
centre-ville, éléments indissociables d'un système de
transport vers Montréal, ils sont tous deux des outils éminemment
fragiles. Sans terminus au centre-ville, la voie réservée n'a
plus sa raison d'être. Cette fiabilité à court terme est
aussi doublée d'une fragilité à moyen terme. En effet, son
maintien au cours des années est loin d'être acquis. Tôt ou
tard, la pointe existera en même temps dans les deux directions, autant
le matin que le soir, et nos autobus risquent d'être
évincés. Cette situation pourrait se dégrader davantage
par le prolongement de l'autoroute 30 qui favorisera l'utilisation du pont pour
des mouvements régionaux. Le terminus au centre ville est lui aussi dans
un état de fragilité. L'espace sur lequel est
aménagé le terminus est un terrain loué. Le contrat de
location est de courte durée.
Pour ce qui est de la ligne 4 du métro, la plus
vulnérable, on nage toujours en plein inconnu. Quelles sont ses
perspectives en termes d'expansion, quelles sont les priorités
d'entretien, quel est le calendrier de rajeunissement des stations? Nous n'en
savons rien. Aussi, la fragilité dans nos liens interrives nous semble
une priorité à laquelle nous devrons consacrer nos efforts avec
les appuis gouvernementaux nécessaires. À court terme, la
fragilité des accès à la station Longueuil devra
être atténuée par les travaux de
réaménagement routier et de réfection du terminus, travaux
identifiés à un projet qui a été retenu au Sommet
socio-économique de la Montérégie.
Quant à la fragilité de la voie réservée du
pont Champlain, on ne peut y remédier que par la mise en place d'une
solution à caractère permanent dans l'ensemble du corridor.
Voilà pour la problématique.
Oisons d'emblée qu'aucune des études dont nous disposons
ne comporte de solution unique qui réglerait tout en même temps.
Toutefois, tous les scénarios examinés ont ceci en commun: ils
prévoient l'implantation d'un lien permanent dans l'axe du pont
Champlain pour remplacer l'actuel service d'autobus en voie
réservée et la création d'un deuxième axe de
transport en commun à moyenne ou à grande capacité
après celui du métro de Longueuil.
Quant au développement des infrastructures, ce ne sont pas les
propositions qui manquent. Il faut toutefois mettre de l'ordre dans cette
abondance de solutions et de scénarios proposés: priorité
entre le court et le moyen terme, priorité entre la desserte intrarive
et interrives, priorité dans les axes et dans la technologie.
On notera que toutes les solutions convergent vers un concept de gestion
globale des déplacements, autant ceux qui s'effectuent sur le territoire
que ceux qui en sortent.
Premièrement, à court terme, une gestion adéquate
du trafic dans l'ensemble du quadrilatère formé par l'autoroute
10, l'autoroute 30, l'autoroute 20 et la route 132 nous semble, par
conséquent, une solution nécessaire. Cette gestion devra viser
à faciliter le mouvement des autobus de la STRSM et des autres
véhicules de transport collectif et à leur accorder le traitement
préférentiel nécessaire sur la voie publique. Nous
désirons ardemment nous associer au ministère des Transports pour
la conception et le développement d'un tel système de gestion,
voire même participer à son exploitation. De plus, en
conséquence du fait que la STRSM est gouvernée par les
élus de la population et pour que le principe d'imputabilité
puisse être appliqué sans exception, il serait logique,
pensons-nous, de nous permettre d'intervenir davantage dans la gestion de
l'ensemble des déplacements.
Quant au système de la voie réservée du pont
Champlain, il devra être amélioré à court terme. Au
terminus du centre-ville, une fois sa permanence assurée, on devra
procéder, suivant le plan initial, à la construction d'un petit
bâtiment abritant comptoir et autres services connexes. Il serait aussi
opportun de compléter le projet en aménageant une sortie à
la station Bonaventure sur le terminus. Quant à la voie
réservée, on devra apporter certaines améliorations aux
accès nord et sud, mais aussi l'équiper d'une signalisation
permanente.
Enfin, à Brossard, on devra voir à améliorer
l'accès au terminus par un réaménagement de
l'échangeur autoroute 10-Taschereau et du carrefour Taschereau-Panama.
La ville de Brossard souhaite qu'un stationnement régional d'incitation
soit aménagé pour acueillir un achalandage régional en
croissance; que ce stationnement soit localisé à proximité
de l'échangeur des autoroutes 10 et 30 et qu'il soit rendu
facilement accessible à partir de ces deux autoroutes
conformément à sa fonction d'incitation; que la voie
réservée pour autobus soit prolongée jusqu'à ce
nouveau site; que soit réaménagé l'échangeur entre
l'autoroute 10 et le boulevard Taschereau pour réduire l'engorgement et
aussi en augmenter la sécurité; que des améliorations
importantes soient apportées à l'aménagement et à
la signalisation du boulevard Taschereau pour réduire les
problèmes chroniques de congestion sur cette route provinciale. (12 h
45)
Au-delà de ces améliorations à court terme de la
voie réservée, il faut s'engager dès maintenant dans un
processus de choix d'un lien permanent par transport en commun dans l'axe du
pont Champlain et dans la planification de sa réalisation. La STRSM
demande donc au gouvernement de lui apporter l'aide financière requise
pour étudier la faisabilité d'un métro dans cet axe et
pour rédiger un avant-projet. La STRSM souhaite se voir octroyer dans ce
projet le leadership qui lui permettra de faire valoir les
intérêts profonds qui sont en jeu de notre côté du
fleuve.
Pour ce qui est de la ligne ferroviaire Montréal-Saint-Hilaire du
CN, nous ne la considérons pas comme un axe de premier choix ni pour la
desserte de notre territoire, ni pour les liens inter-rives. Mais, s'il
survient une politique de régionalisation du transport en commun par
chemin de fer dans les banlieues, nous vous offrons notre collaboration. Nous
croyons que le train de banlieue pourrait compléter adéquatement
le réseau de transport en commun de la rive sud.
L'axe du métro de Longueuil, quant à lui, doit être
revalorisé. À court terme, la réalisation
synchronisée des trois programmes d'améliorations à la
station intermodale de Longueuil s'impose, selon le voeu exprimé au
Sommet de la Montérégie: amélioration des accès
routiers, agrandissement du terminus d'autobus, agrandissement de la station de
métro. Il reste maintenant à convenir des modalités de
partage des coûts.
À moyen terme, il faut se mettre à la tâche de
programmer le prolongement du métro dans Longueuil, mais gardons-nous de
l'envisager comme une action isolée. Il faut le faire dans le cadre
d'une synthèse des deux problématiques, celle du pont Champlain
et celle de la ligne 4, qui gagneraient à être traitées
ensemble dans l'avant-projet dont je vous ai parlé plus tôt.
L'ampleur de la problématique d'ensemble et la nature non moins globale
des solutions donnent à penser que la cause profonde de l'état de
dépendance de notre société et de la fragilité des
liens interrives n'est pas d'ordre mécanique, mais institutionnel. Les
solutions à moyen terme ne seront réalisées que dans la
mesure où le cadre institutionnel de la planification, de la
réalisation et de l'exploitation des infrastructures régionales
de transport sera revu en profondeur. Bref, ce que nous vous recommandons,
c'est de concevoir et de mettre en place un mécanisme permanent de
concertation entre toutes les institutions qui assument la gestion des
déplacements dans la région métropolitaine.
Parlons maintenant du nerf de la guerre, le financement. Jusqu'ici, les
investissements dans le transport en commun sur la rive sud ont
été modestes, mais l'évolution sur la rive sud
s'accélère et la suite de cette évolution va exiger un
soin plus attentif. De toute évidence, les municipalités doivent
pouvoir compter sur l'aide gouvernementale. Toute diminution de l'apport
gouvernemental dans le financement de ces projets aurait des
répercussions importantes tant sur les petits organismes de transport
que sur les organismes de taille moyenne comme la STRSM, car, sans l'apport
financier du gouvernement, c'est le transport en commun lui-même comme
valeur, comme système qui se dégradera et nous n'aurons plus
notre raison d'être. Nous voulons donc vous alerter à la
nécessité qu'il y a, selon nous, de réduire l'incertitude
quant à la définition des dépenses admissibles aux
subventions, quant au montant des subventions gouvernementales aux
infrastructures et au matériel roulant et, de façon
générale, quant aux variations, d'une année à
l'autre, de la contribution gouvernementale au financement du transport en
commun. Nous gagnerions également à ce qu'une meilleure
synchonisation soit établie entre le dépôt de nos plans
triennaux et le mécanisme d'analyse et d'approbation de ces plans par le
gouvernement. Il est impossible de planifier, donc, de survivre, sans
connaître la position de tous les joueurs.
Il faut aussi s'attaquer aux autres faiblesses du financement du
transport en commun. Dans un contexte où on cherche à stabiliser
la part relative des sources de financement et à ne pas laisser
augmenter indûment leur contribution, il faut examiner la
possibilité d'obtenir d'autres sources de revenus. La première
source de revenus nouveaux nous apparaît encore de chercher à
réaliser tous les revenus d'usagers, notamment par un meilleur
contrôle de la perception des différents titres et par
l'élimination de la fraude. Si on fixe le taux moyen de cette fraude
à 10 %, c'est environ 3 % ou 4 % en revenus autonomes et en compensation
que la STRSM perd chaque année. La STRSM croit qu'il faut, au plus
tôt, pallier les systèmes vétustes et inefficaces
d'émission et de perception des titres en s'équipant de
systèmes informatisés aptes à permettre le contrôle
de titres de plus en plus complexes et nombreux. Nous
souhaitons donc nous assurer l'aide financière et technique du
ministère des Transports pour implanter ces équipements sur nos
véhicules.
Mais ne nous limitons pas aux sources classiques de financement. Une
étude récente de la STRSM identifie une trentaine de sources
alternatives de financement pour le transport en commun. La STRSM, en
prévision d'une consultation que le gouvernement voudra sans doute tenir
sur les modes alternatifs de financement, soumet à la commission
quelques hypothèses.
Une première hypothèse pourrait être de penser
à un dégrèvement fiscal pour l'achat de titres de
transport. Pourquoi ne pas aider une famille à faible revenu ou un
étudiant, ce qui permettrait de créer une incitation au
transport? Alors, si on pense, par exemple, qu'une famille de quatre personnes,
deux étudiants-deux adultes, peut dépenser à peu
près 15Q0 $ par année pour le transport en commun, on pourrait
peut-être penser à un dégrèvement fiscal dans ce
sens-ià. Je ne pense pas que vous ayez l'intention d'ajouter d'autres
ponts, alors, à ce moment-là, on aurait moins d'autos et plus de
transport en commun.
Il y a d'autres petites idées comme cela: gestion
d'équipements de transport en commun, stationnements d'incitation,
établissement d'une taxe qui touche les commerces qui
bénéficient directement de l'achalandage du transport en commun,
création d'un impôt touchant les entreprises, du type
versement-transport tel que pratiqué en France. Alors, par exemple, un
usager pourrait acheter un laisser-passer à la STRSM et l'employeur
pourrait en défrayer une partie et, peut-être,
bénéficier d'un impôt dans, ce sens-là.
D'autres idées pourraient nous venir, mesdames et messieurs, mais
on va vous laisser, comme réflexion, celle-ci: Assainir le financement,
cela peut aussi vouloir dire épargner. La STRSM croit que certaines
modalités de la politique d'aide gouvernementale au fonctionnement des
organismes de transport vont à l'encontre d'une saine gestion et sont
loin de constituer des incitations financières au rendement optimum.
À titre d'exemple, ainsi que je l'ai dit plus tôt, nous avons
procédé, cette année, à une sérieuse
compression de nos dépenses, tout cela pour nous rendre compte, en cours
de route, que les effets de plafonnement nous frappaient plus durement en
raison même de cette compression.
Autre exemple: Pourquoi une société de transport
investirait-elle lourdement pour entretenir ses véhicules, sachant que
les subventions à l'achat de véhicules neuf3 sont tellement plus
alléchantes? Si des subventions gouvernementales ne s'appliquent
qu'à l'achat, on exclut du même coup d'autres solutions qui
pourraient offrir plus d'avantages, comme la location à long terme de
véhicules, par exemple.
La STRSM, quant à elle, souhaite voir s'appliquer les normes de
gestion suivantes: la gestion par cibles budgétaires indexées et
ajustées en fonction des variantes dans l'offre de services - les
élus tiennent à prendre leurs responsabilités, donnez-nous
une enveloppe budgétaire fixe indexée pour le transport et je
vous assure qu'on saura quoi faire avec - l'incitation financière pour
la société de transport à maximiser ses rendements; des
contributions gouvernementales non conditionnelles ou moins conditionnelles;
une meilleure combinaison entre le recours au secteur public et au secteur
privé pour certaines de nos activités; un contrat de
productivité avec le gouvernement semblable à ceux des
sociétés d'État monopolistiques de services publics.
Ces suggestions seraient inutiles si elles ne s'inscrivaient pas dans un
cadre plus large et encore plus fondamental impliquant chacun des organismes de
transport en commun dans la région de Montréal. Ce cadre plus
large, c'est- celui d'une planification régionale du transport des
personnes envisagé globalement dans la région de Montréal,
d'une planification qui déborderait les limites de nos territoires
juridiques respectifs. Quant à nous, sur la rive sud, nous croyons que
notre rôle de planificateurs implique que nous assumions la gestion de
tous les déplacements qui découlent de notre mission dans la
région. L'avenue la plus viable nous apparaît donc la gestion de
l'ensemble des infrastructures collectives de transport par l'ensemble des
sociétés concernées.
Mesdames, messieurs, devrons-nous encore bien longtemps nous contenter
de constater tristement que la chose qui se rapproche le plus d'une gestion
globale des déplacements, ce sont ces interventions de 30 secondes
faites, du haut de leurs hélicoptères, par les chroniqueurs
radio-phoniques de circulation, le matin et le soir? Le siècle des
communications électroniques a donné naissance à une
nouvelle expression: le village global. Mais cela fait longtemps qu'il est
global, le village, bien avant l'électronique. Si l'expression de
village global est nouvelle, la réalité, elle, ne l'est pas. Tout
ce qui est nouveau, c'est le fait que nous nous soyons rendu compte que le
village est global en vertu du phénomène de la communication. Or,
la forme la plus normale, la plus ancienne et la plus éternelle de
communication, c'est le déplacement physique, qui est au coeur des
préoccupations de cette commission. Et la forme la plus normale, la plus
ancienne et la plus éternelle de village global, c'est
l'agglomération de milliers de personnes réunies dans une
même région par les liens du commerce, de la vie communautaire et
de la vie sociale.
Nous souhaitons nous assurer l'aide financière et technique du
ministère des Transports pour implanter ces équipements sur nos
véhicules. Mais ne nous limitons pas, cette grande région
montréalaise n'est pas une réalité en pièces
détachées. C'est au contraire une belle mécanique dont les
pièces essentielles, les personnes, sont mobiles. C'est
précisément cette mobilité qui lui confère sa
stabilité. C'est cette mobilité qu'il faut, par
conséquent, gérer et gérer globalement.
En pratique, pour nous, cela veut dire planifier en vue
d'améliorer le service offert à nos usagers. Cela veut dire
faciliter du même coup l'accès à l'île de
Montréal pour l'ensemble de la population de la rive sud, usagers ou non
du transport en commun. C'est ce que ce mémoire cherche à
refléter. Nous comptons qu'il puisse contribuer à
générer des choix régionaux quant aux investissements en
infrastructures de transport pour les prochaines décennies, des choix
qui tiennent compte des besoins de la STRSM et surtout de sa clientèle.
Il est par conséquent impérieux d'inscrire la rive sud dans la
prochaine programmation gouvernementale de développement des
réseaux régionaux et de l'associer au mécanisme des
décisions. Mesdames, messieurs, merci de votre attention.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
Présidente. J'attire l'attention des membres des deux différentes
formations qu'il y aura douze minutes à chacune des formations pour la
période des questions. M. le ministre, je vous cède maintenant la
parole.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Mme Gravel, je vous félicite pour votre récente
nomination. On voit que vous êtes bien en selle et que vous
possédez bien votre matière. Mme Lepage, que j'ai eu le plaisir
de côtoyer, M. Molini, ainsi que les gens qui vous accompagnent. Je pense
que c'est une contribution très substantielle, très
équilibrée, une bonne vision de la situation actuelle et des
perspectives d'avenir, et je pense que c'est tout à votre honneur. il
faut aussi dire qu'au cours des dernières années on a souvent
entendu parler des problèmes de transport et de toutes sortes de
problèmes sur la rive sud et d'accès à l'île de
Montréal. (13 heures)
Vous avez choisi de placer une bonne partie de votre intervention sous
le thème de la dépendance et de très bien l'illustrer dans
chacun des cas. Je laisserai les éléments de dépendance
qui dépendent d'autres paliers de gouvernement à leur
responsabilité. Quant à moi, j'aimerais bien fouiller la
dépendance vis-à-vis du ministère des Transports puisque
vous l'avez illustrée en faisant état, semble- til, d'un
manque - appelons la situation telle qu'elle est - de concertation, de suivi
avant, pendant et après, quant aux études faites par le
ministère des Transports qui vous concernent, si j'ai bien compris le
sens de votre message, ainsi que des aménagements, de l'utilisation du
parc de Brossard. J'aimerais en savoir un petit peu plus afin de savoir ce
qu'on peut faire pour améliorer la situation, parce que j'avais cru
qu'au cours de l'année 1987 nous avions fait quelques efforts pour
régler quelques problèmes de la Société de
transport de la Rive-Sud de Montréal. Dans ce sens, j'aimerais
peut-être avoir davantage de précision avec des exemples
précis dans la mesure où vous en avez pour qu'on puisse
éventuellement corriger la situation.
Mme Gravel: M. le ministre, c'est évident, je pense, que,
quand on s'est rencontré au sommet socio-écocomique, vous nous
avez quand même compris, en rapport à un de nos problèmes.
Il en reste d'autres, et je pense que M. Molini pourra peut-être
compléter. Nombre d'études ont été faites. Je ne
veux pas dire que les études ont été mal faites, au
contraire, elles ont été bien faites. Mais il manquait une
implication des gens du milieu, je pense, pour bien les situer. Des
études, il y en a à profusion. Là, c'est fini, on veut en
avoir peut-être pas une dernière étude, mais on veut
trouver la bonne et peut-être la trouver ensemble.
M. Molini: Écoutez, ce n'est pas un problème
récent, si on regarde cela sur cinq ans, sur dix ans. Je pense qu'il y a
eu 65 ou 75 études sur la rive sud, imaginez, en dix ans. Je pense qu'il
ne faut pas blâmer les fonctionnaires, au contraire, il ne faut surtout
pas se les mettre à dos.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Molini: Ce qu'on recherche, c'est un plan à
l'intérieur duquel les parties s'entendent pour dire: Bon, il y a telle
étude, telle étude, telle étude à faire. Nos
préoccupations, ce sont celles-là; celles du gouvernement, ce
sont peut-être d'autres préoccupations. Mais qu'on s'entende une
fois pour toutes pour dire: Au cours de l'année 1988, par exemple, il y
aura quatre ou cinq études, on va les faire ensemble, afin qu'on puisse
planifier nos ressources, qu'on puisse mettre le boeuf en avant de la charrue
et non pas le contraire. C'est un peu dans ce sens, M. le ministre, qu'on
voudrait travailler avec le ministère dans un plan d'action conjoint,
à l'intérieur duquel on va réaliser des choses. Lorsque je
suis arrivé à la STRSM, je peux vous dire que j'ai regardé
les différentes études. Je ne savais même pas qu'il y en
avait d'autres en cours. À un moment donné, cela arrivait dru sur
mon
bureau et je me disais: Cela n'a pas de bon sens, on n'est même
pas impliqués ou on est impliqués à la dernière
minute. Des fois, on dit: Bien, laissez faire, on n'a pas de ressources, faites
l'étude et on verra après. C'est dans ce sens.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
que la vision que peut avoir ou pouvait avoir le ministère des
Transports, quant au développement, se voulait probablement une vision
globale du grand village auquel vous faisiez allusion tout à l'heure
-cette vue aérienne. Je pense qu'il y a eu beaucoup de travail fait,
effectivement, par le ministère. Ce que vous souhaitez, c'est
peut-être une collaboration plus étroite avant, pendant et
après.
M. Molini: Surtout ne pas penser que les fonctionnaires ne font
pas un travail de qualité, je pense, qu'il vous a...
M. Côté (Charlesbourg}: J'ai compris pourquoi vous
le disiez.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Côté (Charlesbourg): Vous l'avez clairement
exprimé, M. Molini, mais soyez sans crainte de ce côté, je
pense que les gens sont suffisamment professionnels pour faire la distinction
entre les choses. J'ai bien compris que, dans les solutions d'avenir, vous avez
parlé d'une enveloppe fermée. Si j'ai bien compris le message,
c'est que vous seriez prêts à vivre avec une enveloppe
fermée.
Mme Gravel: Au fond, une enveloppe fermée pour le
fonctionnement indexée, non pas pour les immobilisations.
M. Côté (Charlesbourg}: Non, non, non. Mme
Gravel: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai toujours fait la
distinction entre l'exploitation et les immobilisations. Dans mon livre, c'est
clair. Mais vous seriez prêts à vivre avec le principe qui est
vécu dans les commissions scolaires actuellement?
Mme Gravel: Ce n'est peut-être pas le meilleur exemple, M.
le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Les commissions scolaires?
Je ne suis pas sûr de cela parce que certaines commissions scolaires,
avec l'argent du ministère des Transports, ont réussi à
réparer des toitures d'écoles et avoir de l'asphalte aussi. Vous
avez fait preuve tantôt dans votre mémoire
d'ingéniosité. Vous dites: Laissez-nous faire. L'enveloppe
fermée aurait le mérite de vous faire bénéficier de
vos bons coups comme de vos mauvais aussi, de part et d'autre. Mais je pense
que c'est le risque de l'enveloppe fermée et des hypothèses qui
sont sur la table actuellement.
Mme Gravel: Pardon, M. le ministre, si vous me le permettez. Avec
une incitation, une bonification ou bon travail. Actuellement, l'effet de
plafonnement nous touche de façon majeure. Quand on économise un
dollar après avoir fait notre budget, il y a 0,55 $ qu'on vous retourne
et, nous autres, il y a 0,45 $ qui nous reste. Alors, on ne se demande pas si
on doit bien gérer, on le fait parce qu'on est honnête, mais cela
n'est peut-être pas la meilleure incitation.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne veux enlever de
mérite à personne, mais celui qui m'avait très bien
traduit ce phénomène dans nos premières rencontres avec
l'ATUQ, c'était M. Ryan, de Montréal-Nord, les effets du
plafonnement. Et, avec la couleur dont il est capable, c'était devenu
très évident qu'il y avait des problèmes à ce
niveau-là. C'est clair que cela fait partie de la problématique
qui est bien connue de part et d'autre, il reste à trouver les solutions
maintenant.
Évidemment, lorsque vous parlez de contrat de
productivité, c'est peut-être celà - c'est le
complément à l'enveloppe fermée -qui ferait qu'il y aurait
des gains. Ce qu'il s'agit de trouver, c'est une formule qui, à
l'intérieur de cela, ferait en sorte que si on vous subventionne pour
faire des gains on va peut-être essayer d'en avoir nous autres aussi.
M. Molini: II y a plus que cela dans le contrat de
productivité. Il y a aussi tout le "red-tape" administratif qui
disparaît. Cela veut dire cela, surtout cela.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, cela veut dire cela
aussi. Il y a un élément de votre intervention - je veux faire
vite parce que mes collègues veulent aussi poser des questions - que
j'ai trouvé particulièrement intéressant, compte tenu de
ce que nous avons entendu auparavant avec le CIT de la vallée du
Richelieu à propos des problèmes d'interface, de quais. J'ai
trouvé votre intervention particulièrement intéressante
à propos de certains problèmes d'accommodement sur le territoire
de la Société de transport de la communauté urbaine
comparativement à la vie dure que semblait avoir eue à certaines
occasions le CIT de la vallée du Richelieu avec la Société
de transport de la Rive-Sud. Est-ce que vous êtes prêts à
autant de sollicitude auprès du CIT de la vallée du Richelieu que
vous en quémandez en demandez de la Société de transport
de la communauté urbaine?
Mme Gravel: Monsieur, on est toujours prêts à
s'asseoir, à se parler et à s'entendre, soyez sans
inquiétude.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, cela signifierait
qu'il y aurait des contrats de productivité qui pourraient être
signés avec les CIT aussi. Voilà une dernière
intervention, parce qu'il y a d'autres questions. Évidemment, on aura
l'occasion de se revoir parce que c'est suffisamment substantiel pour qu'on
puisse se revoir. Il s'agit des autobus.
Vous avez été peut-être celle qui a
été la plus durement frappée par cette expérience
de centralisation des achats. Il y a quand même un fait, c'est que le
cahier de charge des autobus est fait par des sociétés de
transport, en bonne partie. On a encore à vivre un contrat avec une
commande unifiée, compte tenu de ce que le passé nous a
laissé et du rattrapage à faire au niveau de certains
coûts.
Mme Gravel: M. le ministre, si vous achetiez une voiture d'une
compagnie et que vous aviez beaucoup de problèmes, y retourneriez-vous?
Vous auriez sûrement des interrogations.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Gravel: Actuellement - je pourrais avoir les chiffres - cela
nous coûte une fortune pour les réparer. Il n'y a eu aucun rappel
et, dans une politique d'achat sur de nouveaux autobus, on nous offre un
montant très minime.
M. Côté (Charlesbourg}: Écoutez, moi, je veux
juste vous dire une chose...
Mme Gravel: Je ne voudrais pas ouvrir le débat, je pense
que vous êtes très au courant.
M. Côté (Charlesbourg); Très au courant parce
que moi j'ai hérité du problème tout comme vous. Ce qu'il
faut, c'est trouver les solutions. Dans ce sens-là, il est clair qu'avec
l'ATUQ on a travaillé à la solution du problème et la
solution proposée aujourd'hui, qui est sur la table et qui a donc
été acceptée par le gouvernement, c'est la proposition qui
vient de l'ATUQ. Dans ce sens-là, je pense que, s'il y a un dossier sur
lequel on a travaillé depuis longtemps avec un appui indéfectible
de la part du ministère des Transports, c'est bien celui sur la commande
unifiée d'autobus. Et pour vous dire jusqu'à quel point on peut
être magnanime à l'occasion - ce n'est pas toujours dit - les 8000
$ qui seraient récupérés dans chacun des cars, même
si le gouvernement a payé 75 % des autobus à l'époque, la
totalité des 8000 $ servirait aux sociétés de transport
pour payer au moins une partie des coûts des autobus.
Dans ce sens-là, il est clair que nous devrons
réfléchir très sérieusement à la
possibilité de modifier la nature même des véhicules qui
sont affectés au transport puisque des bouts de ligne pourraient
être desservis par des véhicules beaucoup plus petits. Mais la
récente décision du gouvernement en ce qui concerne les autobus a
fait place à une expérience qui pourrait être profitable
pour ce qui est de la Société de transport de la Rive-Sud, soit
les autobus articulés.
Je termine là-dessus en étant convaincu que nous aurons
l'occasion de vous revoir parce qu'il y a beaucoup de problèmes à
résoudre. On a, je pense, une vision d'avenir qui nous permet
d'espérer que nos relations vont s'améliorer et par le fait
même, les solutions à vos problèmes aussi, mais pas
uniquement de la part du gouvernement. Je pense que vous avez compris que
c'était de concert qu'on pourrait le faire et je peux vous assurer de la
collaboration du ministère des Transports.
M. Molini: M. le ministre, si vous me permettez juste une
remarque sur le problème des structures. Un organisme comme le
nôtre n'a pas l'intention de devenir un organisme réparateur de
structures, pour refaire des véhicules. Ce n'est pas notre job de faire
cela. Dans ce sens-là, lorsque cela devient notre job de faire cela,
est-ce que, pour un organisme comme le nôtre - et j'aimerais que vous le
considériez dans vos réflexions sur le financement - il pourrait
y avoir une alternative? Les subventions, plutôt que de les appliquer sur
l'achat futur de véhicules, est-ce que ces subventions pourraient
être, disons, investies dans la réparation de ces
véhicules? Il m'apparaît qu'il y aurait peut-être une
flexibilité à donner aux subventions, c'est-à-dire qu'on
pourrait les appliquer, dans une enveloppe, soit à l'achat ou soit
carrément à la réparation de véhicules. On parle,
à la STRSM, quand même d'un problème qui va coûter
au-delà de 2 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, c'est un
problème qui me semblait avoir été très largement
discuté à la table de concertation avec l'ATUQ et la solution qui
avait été finalement acceptée à la fois par l'ATUQ
et le gouvernement et qui a fait l'objet d'un décret était
celle-là. Et vous dire aujourd'hui qu'on ne doit pas tenir compte d'un
autre aspect aussi, qui est le fait que ces autobus-là sont
fabriqués au Québec, serait vous mentir. Quand on a cette vision
très large de la grande région lorsqu'on parle de transport en
commun, il faut aussi penser aux emplois qui en découlent et tout le
phénomène de l'achat
possible de GM par Greyhound avec possibilité d'expansion future.
Alors, c'est un phénomène sur lequel on doit se pencher. Mais au
cours des prochains mois, évidemment, l'aspect de la flotte sera
étudié davantage. Et les accommodements qu'on a pu faire en ce
qui a trait aux autobus articulés urbains avec les expériences
qu'on a vécues, cela ne limite pas les possibilités de
productivité. Il s'agira de s'asseoir à la table
éventuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. J'entends
cela un peu avec surprise ce que vous me dites là sur les autobus qui
rouillent, parce que les manufacturiers doivent donner des garanties. S'il y a
un vice dans la construction, ils doivent faire des réparations. Cela me
fait penser un peu au fait que le ministre dit qu'il s'est fait passer un sapin
avec Quebecair. Quand il y a des conditions de posées et que celui qui a
vendu ou qui a acheté ne les respecte pas, au pire, on va devant les
tribunaux. Et, si le contrat n'est pas signé, on ne signe pas tant qu'on
n'a pas eu les réparations. Il y a quelque chose que je ne comprends pas
là-dedans.
Normalement, on achète au Québec mais on n'achète
pas des produits moins bons. Au contraire, les produits doivent être
meilleurs contre la rouille au Québec parce qu'on a l'hiver et, dans le
Sud, ils ne l'ont pas. Il me semble que les garanties doivent être
indiquées dans le contrat. C'est évident que si le gouvernement
fournit beaucoup d'argent il doit tenir compte des retombées
économiques, mais cela ne veut pas dire d'acheter des autobus qui
rouillent. Là, je ne comprends pas trop.
M. Molini: Rapidement, le problème, c'est un
problème d'usure prématurée, de rouille
prématurée sur ces véhicules. Cela est apparu quatre ou
cinq ans après l'achat mais normalement cela se produit après
dix, douze ou quinze ans.
M. Garon: Mais cela, c'est un défaut de fa... (13 h
15)
M. Molini: Ce n'est pas ce que dit le fabricant. Il dit, M.
Garon, que ce sont les fournisseurs québécois qui
n'étaient pas bons. Le bout du bout, c'est cela.
M. Garon: Les fournisseurs de quoi?
M. Molini: Les fournisseurs de matériaux pour fabriquer
ces autobus, les fournisseurs de pièces.
M. Garon: La tôle vient d'où? Est-ce que c'est la
tôle? Est-ce que c'est le fer?
M. Molini: La tôle - je ne sais pas trop - les
éléments qui composent le véhicule. C'est la
réponse qu'on a. Je pense que c'est un problème de
conception.
M. Garon: Est-ce que c'est la carosserie?
M. Molini: C'est la partie arrière du véhicule qui
supporte la structure, si l'on veut, qui rouille prématurément,
ce qui fait que cela rend ces véhicules dangereux.
M. Côté (Charlesbourg): Pour le
bénéfice du député de Lévis, si jamais cela
l'intéresse, je peux lui fournir le dossier complet sur cette
problématique qui déborde aussi un peu de la rouille,
globalement. C'est dû au fait que la décision gouvernementale de
l'époque pour l'achat chez nous avait obligé les
sociétés et commissions de transport à se regrouper dans
une commande unifiée pour faire en sorte que GM, qui fabriquait chez
nous, puisse subsister. C'est un peu tout cela. La négociation n'est pas
très facile, mais, quand même, au cours des derniers mois, elle a
connu des développements intéressants quant au niveau des
responsabilités de la compagnie.
M. Garon: En douze minutes, on n'aura pas le temps de faire le
procès de la rouille des autobus. Je vais vous dire une chose. Je pense
que les fournisseurs doivent donner des garanties. Cela pourrait être une
des conditions, également. Qu'ils fournissent des garanties, il n'y a
rien d'anormal là-dedans, tout le monde le fait.
Je dois vous dire que j'ai bien aimé votre présentation
parce qu'étant moi-même un sudiste de la rive sud de Québec
j'ai très bien compris votre langage. Le ministre a dû, comme un
nordiste, écouter ce que vous disiez. Je dois vous dire que c'est un
langage qui, sur la rive sud de Québec, n'est pas différent de
celui que j'ai entendu aujourd'hui sur la rive sud de Montréal.
J'aimerais vous poser deux ou trois questions parce que, rentrer dans la
plomberie... On n'est pas des experts en lignes d'autobus et je pense bien
qu'on ne réglera rien ici sur les trajets ou des choses comme
celle-là. Vous avez dit des choses intéressantes sur vos liens de
dépendance. Ayant toujours été quelqu'un qui a
préconisé le moins de dépendance possible...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: ...j'ai compris que vous voudriez être dans le
portrait de ceux qui décident plutôt que dans le portrait de ceux
qui subissent les décisions ou qui 3ont mis devant des faits accomplis.
Dans les constats
que vous faites concernant le développement des consensus
régionaux où vous évoquez la possibilité d'une
concertation intermunicipale, comment voyez-vous cette concertation ou cet
ensemble de décisions intermunicipales? Voyez-vous cela dans un
regroupement de la CTRSM, de la STCUM ou de la CTL, différentes choses,
un genre de chapeau? Comment voyez-vous cela? Qu'est-ce que cela veut dire,
justement, que vous soyez dans le portrait des décisions pour qu'il y
ait - je l'ai pris en note - une planification intégrée de toute
la région montréalaise? Cela m'a frappé - je suis
persuadé que ce n'était pas ainsi il y a 20 ans - tous ceux qui
sont venus ici ont parlé dans le même sens, une planification
intégrée, et ils ont dit que c'est là que c'était
rendu actuellement.
Mme Gravel: II est certain, M. Garon, que tous les gens qui
oeuvrent dans le transport en commun dans la région de Montréal
voient des problèmes. Sauf qu'ils sont au centre de la table. On se
parle autour de la table, mais on ne traverse jamais plus loin. Je pense que le
ministère ne demanderait pas mieux qu'une table de concertation
organisée, planifiée et structurée où il y aurait
des résultantes, au bout, qui pourraient être
transférées au ministère. Au lieu d'avoir des gens qui se
tirent des parties de couverture ou qui lancent des problèmes sur leur
table, M. le ministre aimerait peut-être mieux voir des gens qui se
parlent et qui trouvent des solutions avec le ministère, avec les
fonctionnaires qui sont des gens aussi très qualifiés. Donc, je
pense que c'est sur ce plan qu'on dit: Entre les villes, on se parle. Les
villes de la rive sud, il n'y a pas de problème, on se parle. On parle
à Montréal et Montréal parle sûrement à Laval
aussi. Sauf qu'on dit que sur le plan du transport il y a des problèmes,
tout le monde les voit. On veut avoir une table de concertation qui mène
à quelque chose. Non pas une table pour parler pour parler et que cela
paraisse bien, mais une table où les gens vont vraiment arriver à
se concerter pour trouver des solutions ensemble.
M. Garon: Voulez-vous dire seulement sur le plan de la
concertation ou de la discussion, ou sur le plan des décisions?
Mme Gravel: Monsieur, vous savez, concertation, discussion,
"parling"... J'aime mieux que cela se rende à solution et
décision.
M. Garon: Vous voulez...
Une voix: Donc, c'est plus qu'une table de concertation.
M. Garon: C'est pour cela. Une table de concertation, c'est une
affaire où les gens discutent ensemble pour essayer d'arriver à
un consensus. Mais une table décisionnelle, c'est une autre chose.
Mme Gravel: Écoutez, quand je parle de "table
décisionnelle" - on va mettre cela entre guillemets, si vous voulez - ce
que je veux" dire, c'est qu'à une table décisionnelle il y a des
élus. Donc, cette table ne pourra prendre des décisions à
la place des élus qui sont à la base de chacune des commissions
de transport, des sociétés de transport, cela est certain. Mais,
au moins, que les gens soient amenés à se parler et à
discuter des véritables problèmes.
On parlait tout â l'heure du problème quand on a
installé à Montréal notre terminus au centre-ville. Ces
discussions ont été très longues et très ardues. Il
me semble qu'il devrait peut-être y avoir des jalons de posés qui
"obligent", d'une façon, - entre guillemets - les gens à se
parler pour favoriser des passages interlignes.
M. Garon: Dans votre esprit, sous quelle forme cela devra-t-il se
faire?
Mme Gravel: M. le ministre, je dois être honnête avec
vous, avant de parler d'une forme bien définie, j'aimerais en discuter
avec mes collègues.
M. Garon: Vous avez dit également, à la page 13,
que vous souhaiteriez que le gouvernement revoie sa politique d'aide au
financement de même que sa politique d'aide au fonctionnement. Quelles
modifications souhaitez-vous à ces deux politiques?
M. Molini: La politique d'aide actuelle, on la considère
comme étant, en tout cas, un peu non incitative. Ce serait une formule
qui serait genre cible budgétaire, comme le document le mentionne. En
somme, cela veut dire une enveloppe budgétaire en ce qui concerne
l'opération elle-même. Cette enveloppe pourrait être
accompagnée d'une enveloppe supplémentaire pour tout organisme
qui veut augmenter son offre de services. Il y a dans la région de
Montréal différents organismes de transport, le principal
étant la STCUM, c'est bien sûr. Il y en a d'autres ailleurs en
province.
Il y a des endroits - particulièrement à Montréal -
où... Écoutez, dans le transport en commun, il y a eu des
investissements importants depuis dix ou quinze ans, le métro en
étant le plus bel exemple. Cela fait que peut-être que les besoins
en investissement vont être moins grands au cours des dix prochaines
années. En tout cas, si je me fie à ce qui s'est dit hier, ce
n'est peut-être pas le cas, mais... Sur la rive sud, c'est le contraire.
En somme, on ne veut pas, M. Garon, s'enfermer dans une
enveloppe parce qu'on a du développement à faire. On dit:
Oui, une enveloppe fermée, c'est mieux pour nous, c'est pas mal mieux
pour le gouvernement, je le conçois, je suis d'accord avec cela, mais,
pour les endroits où il y a du développement à faire, il
devrait y avoir une enveloppe supplémentaire qui serait
considérée pour le développement.
Un troisième volet concerne toute la question de la performance
des entreprises de transport, le contrat de productivité étant
pour nous un élément important» La performance, ce n'est
pas seulement des piastres et des sous, c'est aussi une bonne gestion, c'est
aussi d'améliorer le processus de décision. Cela est un
problème majeur. Quand on vient pour faire approuver, disons, nos plans
triennaux - je ne veux accuser personne - c'est long. Il faut aller s'asseoir
devant le Conseil du trésor et il faut que le ministre aille s'asseoir
devant le Conseil du trésor.
Il y a du "red tape" administratif. Je sais qu'il existe au
Québec des sociétés de la couronne qui ont des contrats de
productivité où tout ce "red tape" administratif est
enlevé. En somme, il y a une enveloppe, vous marchez avec cela et faites
la meilleure "job" que vous êtes capable de faire avec cela.
Actuellement, écoutez, au terminus de Brossard, on a un problème
épouvantable. Même si je demandais au ministre demain matin de me
donner 1 000 000 $, il n'est pas capable de le faire, parce qu'il y a toutes
sortes de procédures, toutes sortes d'aléas administratifs.
Une voix: ...
M. Molini: Oui. Mais on a besoin de pas mal plus que cela, je
peux vous le dire. Écoutez, je comprends tout le mécanisme. Si on
veut gérer mieux, donnez-nous une enveloppe, la meilleure enveloppe
possible -c'est bien sûr - et à partir de cela, écoutez, on
va fonctionner.
M. Garon: C'est vrai et ce n'est pas vrai, ce que vous dites; je
vais être franc avec vous. Si tous les administrateurs locaux
étaient parfaits, ce serait facile pour le gouvernement de dire cela.
Prenons seulement le cas de... Comment appelle-t-on cela? Le CSSSM...
Une voix: La STCUM?
M. Garon: Non. Dans le domaine des affaires sociales.
Une voix: Le CSSSMM?
M. Garon: Oui, oui. Il y avait une enveloppe, mais on voit dans
le journal - on l'apprend avec un peu d'ahurissement - ce qu'ils ont fait avec
l'enveloppe. Après cela, le gouvernement est blâmé parce
qu'on dit: Vous donnez de l'argent mais vous ne vous occupez pas comment il est
dépensé. Je pense que c'est pour cela qu'il est un peu...
M. Molini: II y a des faiblesses dans tous les
systèmes.
M. Garon: C'est parce qu'il y a des problèmes dans la
solution!
Moi, j'aimerais vous demander une chose. Vous avez écouté
la CUM hier qui a parlé, elle, d'une enveloppe globale avec un montant,
avec un pourcentage de 40 %, peu importe si dans un cas c'est 100 % et dans un
autre cas c'est 20 %. Mais, globalement, on voudrait que cela arrive à
40 % d'implication au gouvernement du Québec puis le reste
réparti entre les usagers, les municipalités ou peut-être
d'autres formes additionnelles. Vous, comment voyez-vous cela? Voyez-vous
cela... Vous avez dit que vous n'aviez pas besoin de beaucoup d'investissement
au cours des prochaines années. Comment voyez-vous cela?
M. Molini: Faites-vous référence au partage entre
les usagers, le gouvernement puis les municipalités?
M. Garon: Oui.
M. Molini: Je pense, M. Garon, que le principal problème
dans le transport en commun présentement, c'est la fraude, le
contrôle des titres. On est organisé, on est installé en
"broche à foin", et cela n'est pas peu dire. On a encore des
équipements qui existaient il y a 20, 25, 30 ans, voire même plus.
Je vous dirais que, si on avait les bons équipements, peut-être
qu'on irait chercher 10 % de plus de revenu.
Je regarde le document de la CUM d'hier, je pense qu'ils font mention
d'un 8 % à 10 % comme une quatrième source de financement.
Mais, avant de commencer à parler d'une quatrième, d'une
cinquième puis d'une sixième source, commençons donc par
ramasser nos... Une bonne entreprise, c'est ce qu'elle doit faire.
Commençons donc par avoir les meilleurs contrôles possible. Et
cela veut dire des équipements qui existent présentement en
Europe, qui existent aux États-Unis, des équipements qui
permettent non pas d'avoir 100 %, c'est-à-dire de réduire la
fraude à 0 - je pense que la fraude, il y en aura tout le temps - mais
au moins d'arrêter la saignée de la fraude qui existe
présentement.
Sur la rive sud de Montréal, M. Garon, l'usager participe
actuellement pour 26 %, ce qui est le plus bas taux au Québec,
probablement le plus bas au Canada. Or, nécessairement, cela presse
qu'on ait ces
équipements-là, pour améliorer en tout cas le
rendement des usagers, avant de penser à des augmentations
tarifaires.
S'il y a une quatrième source de financement - et je pense qu'il
doit y en avoir une - d'après les propos qui ont été tenus
hier et ceux que l'on tient ce matin, on dit à peu près tous la
même chose. Cela en prend une, une quatrième source de
financement. L'originalité de notre proposition de ce matin, c'est que
cela pourrait s'accompagner d'un rabais d'impôt. Là-dessus, oui,
ceux qui utilisent le transport en commun d'une façon
régulière, les gens qui ont peu de revenus, pourquoi est-ce
qu'ils n'auraient pas un rabais à quelque part dans leur rapport
d'impôt? Et cela inciterait les gens à utiliser le transport en
commun. Je pense que ce serait une belle formule pour inciter les gens à
utiliser le transport en commun. Ce serait une formule élégante,
en tout cas: donner des rabais sur les impôts alors que les riches
actuellement ont des abris fiscaux; cela pleut. Le gouvernement regarde
actuellement des modifications à la Loi sur les impôts, pourquoi
est-ce que nous ne ferions pas un petit quelque chose pour les gens qui sont
moins fortunés?
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Laprairie, pour des remarques de conclusion. (13 h 30)
M. Saintonge: De conclusion, oui. Ou est-ce qu'on me permettrait,
M. le Président, même si je ne suis pas membre de la commission,
une dernière question aux gens de la rive sud?
Le Président (M. Saint-Roch): S'il y a consentement, M. le
député de Laprairie.
M. Dufour: On ne peut pas lui dire non, il est
vice-président de la Chambre.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, j'en conclus, M. le
député de Laprairie, qu'il y a consentement.
M. Saintonge: Je vous remercie, M. le Président, je
voudrais simplement féliciter la Société de transport de
la Rive-Sud de Montréal pour sa participation à nos travaux et
l'excellente présentation qu'elle a faite. J'aurais deux questions
à poser, disons, qui sont reliées, à propos des
accès au pont Champlain par la voie réservée.
Vous avez parlé de l'amélioration de la voie
réservée, non seulement de la voie comme telle par la
signalisation, mais égale- ment des accès du côté
nord et du côté sud. Vous faisiez allusion tantôt aux
problèmes du terminus de Brossard. J'aimerais que vous me
précisiez un peu la nature des équipements nécessaires,
compte tenu du fait que cette voie réservée n'est, quand
même, qu'une solution temporaire; je ne pense pas, si je comprends bien
la présentation, que vous en souhaitiez l'établissement comme
solution permanente. Quelle serait la nature des équipements
nécessaires pour améliorer la situation, puisque vous
privilégiez quand même une solution à long terme
différente? Et, à cet égard, également, comme
seconde question, quelle est votre réaction au projet de monorails qui a
paru dans le journal, cette semaine, par curieuse coïncidence?
M. Molini: D'accord. Les améliorations des accès
aux deux extrémités touchent nécessairement le terminus de
Brossard et tous les problèmes qu'il y a présentement. C'est une
situation chaotique en termes de trafic automobiles-autobus,
particulièrement à l'heure de pointe et lorsqu'il y a du
magasinage le jeudi et le samedi. Ce qu'on voit, nous, c'est privilégier
un accès direct entre le terminus lui-même et l'autoroute 10. Pour
faire cela, on a besoin des accords du ministère des Transports,
c'est-à-dire que les terrains et les routes appartiennent au
ministère. Il s'agirait de faire une espèce de bretelle qui
permettrait de donner accès au pont à nos autobus sans qu'il y
ait confusion avec le trafic dans le carrefour Taschereau-Panama.
M. Saintonge: ...simplement la question appropriée, je
pense, à savoir si vous avez considéré la
possibilité de déplacer ce terminus dans un autre axe, justement,
plutôt que de le placer directement à la sortie ou à
l'entrée du pont?
M. Molini: Nos intentions sont les suivantes, c'est-à-dire
qu'on va devoir conserver au même endroit ou, en tout cas, quelque part
alentour, un terminus pour le territoire juridique de la STRSM et
décongestionner ce terminus en en créant un deuxième au
carrefour de l'autoroute 10 et de l'autoroute 30, ce qui fait que tous les
déplacements régionaux n'auront plus affaire, en somme, au
terminus de Brossard. Dans ce sens-là, c'est quelque chose qu'on va
vouloir faire. À court terme, je répète, il y a un
problème important qui se développe en ce qui concerne le
terminus même et ses environs et c'est par le biais d'une bretelle et
d'une voie réservée d'autobus que l'on pourrait régler le
problème.
Quant à Montréal, les problèmes sont tout aussi
importants et là aussi on va devoir reparler aux gens de
Montréal, reparler aux gens du ministère et essayer de trouver
une formule qui permettrait
d'accélérer l'entrée, dans la ville de
Montréal, de nos autobus et faciliter leur accès, surtout, au
terminus du centre-ville. II pourrait s'agir d'une voie réservée
sur une distance d'un kilomètre dans le dernier trajet de l'autoroute
Bonaventure et, aussi, d'une voie réservée à
l'intérieur des rues de la ville de Montréal pour avoir
accès au terminus du centre-ville.
Mme Gravel: Vous permettez, M. Saintonge. Comme vous connaissez
bien le coin, je pense que, dans le projet de réaménagement, il
faudrait penser, quand on parle du carrefour Taschereau-autoroute 10, à
se rendre jusqu'à Lapinière aussi, parce que c'est un carrefour
qui a été vraiment utile, qui était suffisant mais, au
moment où on se parle, c'est impensable.
M. Saintonge: Est-ce que vous avez une brève
réaction sur le projet de monorail?
Dans l'axe du pont Champlain ou intégré au pont
Champlain?
Mme Gravel: Cela fait partie d'une des nombreuses études,
d'une des nombreuses solutions passibles; comme on l'a dit tout à
l'heure, je pense que ce qu'on veut, c'est un avant-projet sérieux et
réalisable.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme
Gravel. Nous en sommes, maintenant, aux brèves remarques de conclusion.
Je vais donc reconnaître M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Au nom du ministre,
je voudrais remercier la Société de transport de la Rive-Sud de
Montréal de son excellente participation à nos travaux. Je suis
convaincu que le document que vous nous avez soumis sera un actif dans la
recherche des solutions sur les infrastructures du transport en commun dans la
région de Montréal. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Laprairie. M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai entendu avec beaucoup de
plaisir ce que vous avez présenté. C'était très
clair. Il y a eu un effort de concision. J'ai remarqué que les
problèmes de la rive sud de Montréal ressemblaient souvent
à ceux de la rive sud de Québec. Le maire de Québec avait
déjà exprimé d'une façon très claire sa
conception des choses. Il disait: Le maire de Québec n'encourage pas sa
concurrence. La concurrence, c'était la rive sud.
C'est évident qu'au moment où le développement
urbain s'est étalé d'une certaine façon il y a eu des
ajustements à faire comme région et, à mon avis, vous avez
raison de le penser. J'ai remarqué que les gens arrivaient tous à
cette conclusion. Maintenant, les mécanismes à mettre en place
pour le réaliser, c'est autre chose. Ils visent tous une planification
intégrée ou une vision d'ensemble parce qu'ils se rendent bien
compte actuellement que, comme la population du Québec ne doit pas
augmenter considérablement - on est 6 700 000, les optimistes parlent de
7 200 000, d'autres de 7 000 000 et d'autres disent qu'on va diminuer parce que
la population ne croît pas autant qu'avant - il faut avoir une conception
d'ensemble parce qu'on ne peut pas baser tout le système uniquement sur
la croissance comme dans les dernières années, alors qu'il y
avait un accroissement considérable de la population. Je suis content de
constater que tous les gens voient cela comme un ensemble à
considérer. Je pense qu'en partant de là des mécanismes
peuvent être mis en place pour que cet ensemble soit bien planifié
et que chacun se considère dans le portrait plutôt que de recevoir
les portraits une fois qu'ils ont été pris, comme vous l'avez
laissé entendre à plusieurs reprises. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Mme la présidente.
Mme Gravel: Merci à la commission de nous avoir
entendus.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiens à remercier
la Société de transport de la Rive-Sud de Montréal pour sa
contribution aux travaux de la commission.
J'attire, à ce moment-ci, l'attention des membres de la
commission sur le fait que nous avons un après-midi très
chargé. Donc, nous suspendrons nos travaux pour les reprendre à
15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 38)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît.
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
donc maintenant ses travaux pour poursuivre la consultation
générale portant sur l'étude du document intitulé:
"Les infrastructures de transport en commun de la région de
Montréal".
Je demanderais maintenant au Conseil central de Montréal, CSN, de
bien vouloir prendre place, s'il vous plaît.
Alors, permettez-moi, dans un premier temps, de vous souhaiter la
bienvenue à la commission de l'aménagement et des
équipements.
Je demanderais maintenant au porte-parole de bien vouloir s'identifier,
s'il vous plaît, pour le bénéfice des parlementaires et de
notre Journal des débats, ainsi que les gens qui
l'accompagnent.
Conseil central de Montréal (CSN)
Mme Carbonneau (Claudette): Mon nom nom est Claudette Carbonneau.
Je suis secrétaire générale du Conseil Central de
Montréal affilié à la CSN.
M. Babin (Guy): Mon nom est Guy Babin, vice-président de
la région de Montréal, Fédération des
employés de services publics.
M. Hamel (Pierre): Mon nom nom est Pierre Harnel, INRS -
urbanisation.
Le Président (M. Saint-Roch): Bienvenue parmi nous.
À partir de ce moment-ci, vous disposez de 20 minutes pour
présenter votre mémoire aux membres de la commission.
Mme Carbonneau: Très brièvement, il y a
peut-être lieu de situer qui nous sommes comme organisme. Il s'agit d'un
mémoire conjoint déposé par le Conseil central de
Montréal et la Fédération des employés de services
publics.
Le Conseil central de Montréal est un organisme régional
affilié à la CSN qui regroupe des salariés de tous les
secteurs d'activité, tant sur l'île de Montréal qu'à
la ville de Lavai et sur un rayon de huit kilomètres sur la rive sud de
Montréal.
Comme organisme, nous intervenons sous un double titre en ce sens qu'on
représente à la fois des salariés du secteur du transport,
mais aussi bon nombre de salariés qui oeuvrent dans d'autres secteurs
d'activités et qui sont fort majoritairement des usagers, et des
usagères du transport en commun.
Quant à la Fédération des employés de
services publics de la CSN, ii s'agit d'un regroupement professionnel, une des
huit fédérations professionnelles de la CSN qui regroupe
principalement les salariés oeuvrant dans le secteur du transport, des
emplois municipaux, le secteur scolaire, les entreprises d'utilité
publique et les organismes gouvernementaux.
Depuis de nombreuses années, la CSN et ses organismes
affiliés ont un vif intérêt pour les débats
entourant le transport en commun. On est, quant à nous, convaincus que
le développement et la consolidation du transport en commun sont garants
d'une meilleure qualité de vie, d'une réduction du gaspillage des
ressources dans le développement régional plus harmonieux,
particulièrement en région urbaine et on y voit aussi un
instrument à la fois de développement social et de
développement économique fort important.
Les grands axes de nos interventions passées dans ce dossier ont
principalement porté sur la priorité qu'on accordait au transport
en commun, sur la démocratisation, l'amélioration des services,
l'intégration des réseaux et des tarifs, la diminution graduelle
de la contribution des usagers pour en arriver éventuellement à
la gratuité complète et la participation des non-usagers au
financement du transport en commun. Je ne vous cacherai pas qu'on a quelque peu
hésité avant de produire un nouveau mémoire pour la
présente commission. On se rend compte que, de consultation en
consultation, les problèmes demeurent, peu de solutions nouvelles sont
adoptées, il y a peu de progrès et même on constate que
certaines réformes récentes - là, je pense aux CIT entre
autres - ont conduit à des détériorations importantes du
transport en commun. Pour expliciter davantage ce point de vue, je vous
réfère en 1982 au moment de la production du Livre blanc
où, parmi les problèmes identifiés par le ministère
des Transports à l'époque, on notait notamment une absence de
coordination et d'intégration régionale avec, bien sûr, les
failles sous-jacentes, à savoir la multiple tarification, ta
disparité des services et des tarifs et l'absence de rationalisation et
de planification régionale.
En ce qui concerne le financement, on était confronté
à des hausses de coût importantes et déjà on
avançait la nécessité de trouver de nouvelles sources de
financement et éventuellement de mettre à contribution un
quatrième partenaire.
En 1987, on se doit de constater que peu, parmi les problèmes
identifiés, ont été réglés. En ce qui
concerne le cadre institutionnel, il nous semble qu'un seul progrès, un
seul changement significatif est apparu, à savoir celui d'avoir
confié aux élus municipaux un contrôle sur les orientations
locales. Quant aux efforts de démocratisation qui ont voulu que des
représentants des usagers et des usagères siègent à
certains conseils d'administration des sociétés publiques de
transport, on considère qu'il reste encore énormément
à faire et qu'ils n'ont pas une prise réelle quant au
contrôle des orientations en matière de transport en commun. On
pense qu'à cet égard on devrait d'ailleurs tenter de les
désigner après une consultation très serrée
auprès d'organismes dont les membres représentent un nombre
important d'usagers et d'usagères du transport en commun.
On pense aussi qu'une mesure très simple qui irait dans le sens
d'une meilleure démocratisation passerait entre autres par une
obligation, pour les représentants des usagers et des usagères
aux différents
conseils d'administration, de produire annuellement un rapport de leurs
interventions. Il me semble que, quand on dit démocratie, il faille
aussi laisser de la prise à un certain contrôle
démocratique et que cela passe par davantage de transparence, un rapport
que l'ensemble des usagers dans le territoire pourraient consulter.
Concernant le financement, on constate aussi peu de progrès. On
n'a toujours pas mis à contribution les bénéficiaires non
usagers. On constate de la part des élus municipaux beaucoup
d'opportunisme, parfois, dans leurs décisions quant au budget et une
absence de transparence en ce qui concerne les budgets des
sociétés publiques de transport.
Je parlais, il y a quelques minutes à peine, de
détérioration et je référais à l'exemple des
CIT, je pense entre autres à celui des Basses-Laurentides, comme la
région de Sorel-Varennes où on a connu des privatisations, si ce
n'est le désengagement complet des municipalités. Résultat
pratique, cela a été relaté dans les journaux, La Presse
notamment, il y a quelques semaines à peine: mauvais état de la
flotte, peu de sécurité, irrégularité dans le
service, diminution du nombre de départs, élimination pure et
simple de trajets dans certains cas.
Enfin, les positions récentes du gouvernement quant au
financement - je pense aux abribus, au désengagement face au financement
des infrastructures - nous semblent a priori peu encourageantes et nous
laissent un certain scepticisme. Cependant, si on a quand même
décidé de venir et de produire un nouveau mémoire, c'est
qu'on est fermement convaincus qu'investir dans les transports en commun, c'est
un investissement des plus rentables. Pour nous, le transport en commun est non
seulement un instrument de politique sociale, mais aussi un instrument
privilégié de développement économique. Bien
sûr, cela suppose une vision qui fasse en sorte, pour arriver à
ces conclusions, qu'on dépasse un strict examen des résultats
d'opération des sociétés de transport qui sont souvent
déficitaires. On pense qu'un bilan plus global des activités fait
en sorte de démontrer qu'il s'agit d'investissements fort profitables,
fort rentables. (15 h 30)
En termes non monétaires, qu'on pense par exemple à la
diminution de la pollution, à la diminution des accidents, à
moins d'embouteillages et à la vitalité qu'on peut en tirer dans
les centres-villes. Qu'on pense à des profits plus comptables, par
exemple, type augmentation des chiffres d'affaires des entreprises
situées à proximité d'un réseau de transport en
commun adéquat. Qu'on pense à une meilleure circulation, à
l'augmentation de la valeur foncière des immeubles qui se trouvent dans
une région ou en périphérie d'un système de
transport adéquat. L'ensemble de ces éléments nous
convainc qu'il est extrêmement rentable et intéressant d'investir
dans le secteur du transport en commun.
Je vais vous parler maintenant des positions qu'on avance, comme
organisme, en ce qui concerne les infrastructures. On constatait, dans le
document de consultation, qu'il était heureux de s'apercevoir que le
ministère n'envisageait pas nécessairement de nouveaux ponts ou
l'ajout d'infrastructures de ce type et qu'il voyait des solutions à la
congestion urbaine dans le développement de nouvelles infrastructures
pour le transport en commun.
Là-dessus, ce ne sont pas les projets qui manquent. D'une part,
il y a le prolongement de la ligne 5 vers Anjou. On sait qu'un métro
souterrain coûte entre 30 000 000 $ et 40 000 000 $ le kilomètre
et que, si on est en terrain difficile, les sommes peuvent monter bien
au-delà de ces montants. D'autres projets avancent des solutions avec
des métros plus légers, bien sûr, à capacité
plus faible. C'est le cas, par exemple, des projets qui visent Repentigny et
Pointe-aux-Trembles ou encore Montréal-Nord et
Rivière-des-Prairies.
Je ne vous cacherai pas qu'on se sent mal outillé pour
débattre et juger dans le détail de la pertinence de ces projets.
Cependant, nous tenons à vous soumettre un certain nombre de pistes de
réflexion sur la question des infrastructures. Il nous semble important
de replacer la question des infrastructures dans le cadre de
l'aménagement régional et du développement
économique. Les investissements lourds, même si les besoins
présents les justifient peu, sont parfois des choix quand même
intéressants qu'il faut faire. Il ne faut pas négliger l'aspect
structurant du transport en commun au niveau économique. Cela peut
être un atout important pour revitaliser un certain nombre de secteurs ou
encore pour développer de nouveaux axes de développement. On peut
amener, à l'appui de cet avancé, des exemples très
concrets. Dans différentes politiques économiques, on parle de la
nécessité de revitaliser l'est de Montréal, par exemple.
Déjà, doter cette sous-région d'un système de
transport qui peut apparaître surdimensionné peut être une
façon très concrète d'épauler la relance
économique qu'on voudrait voir dans ce genre de secteur.
Bien sûr, on est conscient qu'il faut un peu rompre avec la
tradition des éléphants blancs qui, malheureusement, a longtemps
caractérisé la région métropolitaine. Par ailleurs,
on se dit qu'il faut aussi se méfier de l'erreur inverse et que
sous-estimer les besoins peut être un mauvais choix. Là-dessus, je
vous amène un exemple fort récent. Quand la STCUM a tardé
à ouvrir le tout petit tronçon de la ligne 5 qui était
complété, elle escomptait un achalandage quotidien de
l'ordre de 5000 voyageurs et -Oh surprise! - c'étaient 20 000 personnes
qui, dans les premiers mois d'opération, y circulaient
quotidiennement.
On pense qu'en matière d'infrastructures il est important de
faire preuve d'audace, qu'il faut tabler sur les effets d'entraînement et
qu'il faut enclencher un processus de développement. Par ailleurs, je ne
vous cacherai pas qu'on aurait beaucoup de réticences à
privilégier des investissements dans des infrastructures lourdes, par
exemple, type prolongement du métro.
La majorité des pays industrialisés, pour les zones moins
densément peuplées, semblent privilégier des structures
légères et on ne pense pas qu'on devrait être les seuls au
monde à avoir raison de vouloir à tout prix construire partout
des métros souterrains.
Quant aux axes de développement, au chapitre des infrastructures
que nous privilégions, nous constatons avec bon nombre d'autres
intervenants que particulièrement la région de l'est de
Montréal, le Vieux-Port et le Vieux-Montréal, sont fort mal
desservies et qu'on aurait intérêt à investir
davantage.
Parmi les nouveaux investissements que nous privilégions, nous
pensons que les voies réservées présentent une des pistes
les plus intéressantes. Les expériences étrangères
s'avèrent très réussies et on pense que, quelle que soit
la formule de voie réservée retenue, quand les véhicules
de transport en commun ont une réelle priorité - il y a toutes
sortes de mécanismes, par exemple, des feux clignotants leur permettant
d'avoir vraiment priorité - il semble que ce sont des expériences
fort intéressantes.
On n'a pas besoin d'aller loin, déjà ici, dans la
région, l'expérience du pont Champlain et du pont Viau
s'avère fort intéressante. Il nous semble, par ailleurs, qu'on
aurait intérêt à les perfectionner davantage. Là, je
pense à des solutions comme un point de transfert où se
rabattraient des circuits secondaires à l'approche des voies
réservées.
Je pense aussi, quand on parle de perfectionner cette avenue-là,
qu'il faudrait songer à prolonger les bretelles d'accès aux voies
réservées et à favoriser la prolongation des voies
réservées vers les stations de métro. À notre sens,
les voies réservées sont une avenue qui présente un
potentiel important et qu'il faut voir à étendre, à
développer. On ne manque ni de ponts ni d'artères qui s'y
prêteraient, dans la région métropolitaine. En ce qui
concerne les ponts, on pense que le pont Papineau et le pont Lachapelle,
à Cartierville, sont des endroits où on aurait
intérêt à faire ce genre de développement, de
même que certaines grandes artères de Montréal, je pense
à l'avenue du Parc, à Pie IX.
Ce type de solution à travers les voies réservées
peut s'avérer aussi particulièrement intéressant. On
soulignait, par ailleurs, que dans la région est de Montréal, on
aurait intérêt à faire du développement en
matière de transport en commun. Une voie réservée à
haute vitesse pourrait permettre de desservir beaucoup plus adéquatement
cette région de Montréal.
Les voies réservées, à notre sens,
présentent énormément d'avantages. D'une part, au plan de
la productivité. Des études conduites par la STCUM
démontrent que chaque kilomètre gagné en vitesse, par le
biais des voies réservées, permet des économies de l'ordre
de 16 000 000 $.
Il y a aussi des avantages sur le plan de la réduction des temps
de trajet et des économies de temps. Je pense que la population
montréalaise a autre chose à faire que de se voir doublée
continuellement par des automobiles, alors qu'elle passe des heures et des
heures à se déplacer avec le transport en commun.
On est un peu déçus et surpris des délais que la
STCUM a pris à implanter les voies réservées. On sait
qu'elle avait commencé des études en ce sens en 1985 et que
madame Louise Roy avait annoncé l'implantation d'un certain nombre de
voies réservées dès l'année 1986, on est en 1987 et
rien n'est fait dans ce dossier.
On dit que les voies réservées sont, à notre sens,
une solution intéressante. On pense que c'est intéressant en ce
sens que c'est aussi peu coûteux, mais le principal avantage, ce n'est
pas de chercher à se désengager, c'est de chercher à
tenter de faire davantage avec les mêmes sommes.
D'autres mesures comme, par exemple, l'étalement des heures de
pointe contribueraient grandement à améliorer la situation du
transport à Montréal. C'est essentiellement une question de
confort, de qualité de vie, une question aussi de rentabilité
financière pour les sociétés de transport.
On pense qu'il faut faire des aménagements mineurs dans
l'organisation du travail pour obtenir un meilleur étalement des heures
de pointe. On pense que l'État, les municipalités, qui sont de
gros employeurs dans la région, devraient donner l'exemple et on cite
d'ailleurs, à l'intérieur du mémoire, des exemples proches
de nous, aux États-Unis, en Californie, où les gouvernements
interviennent même pour contraindre les entreprises à adopter des
programmes pour étaler davantage l'heure de pointe. Loin de nous
l'idée de demander au gouvernement d'être aussi directif sur ce
sujet. On pense tout simplement qu'un programme d'information et d'incitation
volontaire serait un apport important.
En ce qui concerne la qualité et la
sécurité, on constate que, si la situation, par exemple,
que je relevais tantôt en ce qui concerne les CIT, la situation du
transport en commun en périphérie de Montréal est
désastreuse, on est obligé de reconnaître qu'en ce qui a
trait aux sociétés publiques, la situation est bien meilleure.
Cependant, les restrictions budgétaires amènent aussi à
étirer les budgets et très souvent, à notre sens, on
procède à des économies de bouts de chandelle, notamment
pour la question de l'entretien des véhicules et aussi, pour la question
de la propreté du métro, où on constatait qu'au
départ, pour entretenir 26 stations de métro, il y avait 275
personnes affectées à ce genre de travail, alors qu'aujourd'hui
on entretient 59 stations de métro avec à peine 27 personnes de
plus.
Il nous apparaît aussi important de faciliter les correspondances
interréseaux. Même si on pouvait s'attendre à une
collaboration des sociétés publiques qui devrait aller de soi,
l'expérience nous démontre que ce n'est pas la situation. On
pense que, de ce côté, le gouvernement du Québec aurait
intérêt à intervenir en dégageant carrément
une enveloppe spécialement gérée par les trois
sociétés publiques de transport et qui serait essentiellement
destinée, après consensus de chacune de ces trois
sociétés, à faciliter les correspondances à
l'intérieur des trois sociétés publiques de transport.
Quant à la mise en marché, on sait que les facteurs qui
déterminent souvent le choix d'un mode de transport sont principalement
la qualité du service, la sécurité et le confort. Le temps
de trajet est une donnée importante et il y a lieu aussi de voir
à se doter de services adaptés aux clientèles. De ce
côté, on a un certain nombre d'exemples intéressants. Je
cite des exemples du côté de la STL. La STL offre, en dehors des
heures de pointe, un service qui fait un peu la tournée des
résidences pour personnes âgées et qui transporte ces
personnes vers des centres commerciaux et les ramène chez elles quelques
heures plus tard. Il semble que ce soit un service très
apprécié et relativement peu coûteux, puisque tout cela se
développe en dehors des heures de pointe.
Quand on parle aussi de services davantage adaptés aux besoins
des clientèles, je tiens à vous transmettre une réflexion
qu'on se faisait, entre autres, sur les stations de métro. Il semble que
notre transport en commun, à Montréal, soit conçu pour un
adulte bien portant, voyageant sans bagage, sans aucune embûche. Or,
qu'on pense aux personnes âgées, qu'on pense aux
difficultés qu'on peut connaître si on doit voyager ne serait-ce
qu'avec une canne. Il y a toute une réflexion à faire, il y a des
aménagements à prévoir. On ne croit pas qu'on puisse
invoquer, à cet égard, strictement une absence de budget.
Souvent, se donner la peine de faire l'inventaire de ce qu'il faudrait pour
solutionner ces problèmes permet de trouver les sommes
nécessaires pour le pallier.
La recherche de nouvelles clientèles, à notre sens, est
importante. Le, je reviens aussi sur une initiative récente de la STCUM.
La STCUM vient de mettre sur le marché une carte métro-autobus
dite touriste. Elle ne la vend cependant qu'à des congressistes. Ce sur
quoi on s'interroge, c'est pourquoi ne pas avoir carrément une carte
touriste, comme il peut en exister à Paris, une carte à
durée limitée? Pourquoi la limiter strictement aux congressistes?
C'est une façon d'augmenter adéquatement l'achalandage. D'autres
initiatives prises, par exemple, à Toronto, prévoient une carte
familiale, en vigueur les samedi et dimanche, permettant à un certain
nombre d'adultes avec enfants de voyager à des heures où le
transport en commun n'est pas achalandé. Voilà une mesure, en
tout cas, qui nous semblerait intéressante à retenir. On
préconise aussi depuis fort longtemps la mise en marché d'une
carte type CAM en dehors des heures de pointe. On pense que des
clientèles particulièrement défavorisées, qu'il
s'agisse, par exemple, des chômeurs ou des assistés sociaux,
pourraient bénéficier d'un tel service. (15 h 45)
Je vais vous parler aussi d'une mesure dont il a été fait
mention lors de la présentation d'un autre mémoire ce matin,
c'est celle des crédits d'impôt. C'est une mesure qu'à la
CSN on met de l'avant depuis au moins 1982 pour des raisons très
simples. il nous apparaît que la tarification est, par définition,
une mesure régressive et qu'on aurait peut-être
intérêt à reprendre des initiatives qui ont
été développées dans d'autres secteurs, notamment
en regard de la taxe foncière. Cela nous semble relativement simple
d'application, il s'agirait que les personnes à faible revenu puissent
annexer à leurs rapports d'impôt leurs reçus de carte
CAM.
Enfin, on peut avoir plein de bonnes idées pour développer
le tranport en commun, mais il nous apparaît important de les faire
connaître. De ce côté, si on constate que se répand
un peu plus la question des abribus, on pense qu'il serait intéressant
que ces abribus, entre autres, soient munis d'informations quant aux horaires
et aux circuits, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Enfin, sur la question du financement, on pense que la part du
gouvernement du Québec devrait être maintenue en dollars
constants, bien sûr. On pense qu'il est important du côté du
gouvernement du Québec qu'il réoriente peut-être les
investissements qu'il fait. On vous annonçait que, quant à nous,
on privilégiait moins le
béton que d'autres types d'investissements, mais, à tout
le moins, à notre sens, l'apport du gouvernement québécois
doit être maintenu en dollars constants.
Pour ce qui est des municipalités, leur contribution est
certainement plus faible en périphérie de Montréal au
financement du transport en commun. On pense pour ce qui est des
municipalités de la CUM que leur participation au financement devrait
être maintenue au moins pour le taux d'imposition. Quant aux autres
municipalités, je pense à la rive sud, à Laval, où
on a observé des hausses de tarifs importantes pour les usagers ces
dernières années -c'était, je pense, de l'ordre de 56 % -
il nous apparaît important qu'elles contribuent davantage au financement
du transport en commun.
Quant à la contribution des usagères et des usagers, nous
préconisons un gel des tarifs pour en arriver, éventuellement, au
fil des ans, à une gratuité complète. Ce qu'on constate,
c'est que toute hausse de tarifs entraîne une baisse de l'achalandage.
D'ailleurs, le seul fait que la STCUM ait gelé ses tarifs ces derniers
temps a pu contribuer à faire en sorte que, dans les trois premiers mois
d'exploitation de cette année, elle retrouve dans ses coffres une somme
de 5 000 000 $ dont elle ne peut expliquer la provenance autrement.
Cependant, si l'ensemble des partenaires qui contribuent actuellement au
financement maintiennent leurs contributions dans les termes où on les a
énoncées, on est quand même conscients qu'il s'agit
là d'un jeu à somme nulle. On pense qu'il est important de
trouver de nouvelles sources de contribution, non pas comme le
prétendait le document de consultation pour favoriser un certain
désengagement soit du gouvernement du Québec ou des
municipalités, ou même la part globale des usagers
là-dessus, mais qu'au contraire les nouvelles contributions devraient
servir à permettre un meilleur développement et une consolidation
des structures de transport en commun actuel.
Parmi les moyens que nous privilégions au niveau du
quatrième partenaire, ils sont essentiellement de deux ordres. Le
premier qu'on retient, c'est une taxe sur le stationnement. Un des principaux
avantages qu'on y voit, c'est que, non seulement il s'agit là d'une
source de revenus, mais aussi d'une mesure qui permet d'agir sur la demande de
transport.
Quand on pense à une taxe sur le stationnement, on pense aussi
à un certain nombre de conditions. À notre avis, il faudrait
qu'une telle taxe soit perçue tant sur les stationnements sur rue que
sur les stationnements hors rue. On pense qu'on aurait d'ailleurs
intérêt à avoir des stationnements plus coûteux, dans
la mesure où le temps d'utilisation est long, ce qui est exactement
l'inverse de ce qui s'applique généralement. La mesure pour
percevoir cette taxe, quand il s'agit des stationnements sur rue, est
relativement simple. Cela existe dans d'autres pays. Ce sont des horodateurs
électroniques.
En ce qui concerne les stationnements, on pense que seuls les
stationnements d'incitation ou les stationnements aux têtes de lignes de
métro devraient être exemptés d'une telle taxation. Bien
sûr, ce type de taxation n'est pas exempt de problème. Cela passe
nécessairement par une coordination intermunicipale, on en est
conscient. Il s'agit d'éviter des effets de seuil, par exemple, qui
désavantageraient trop le centre-ville vis-à-vis d'autres points
sur le territoire régional. Mais ces difficultés doivent
être aplanies autrement, en amorçant davantage de dialogues ou de
concertations entre les municipalités. Mais il ne faut surtout pas,
à cause de cet argument, balayer un élément qui est
à la fois un apport nouveau, en termes de ressources financières,
mais aussi un mode de contribution qui a un effet sur le choix d'un mode de
transport et qui permet de privilégier le transport collectif.
L'autre modalité que nous retenons quant aux nouvelles
contributions financières serait une contribution des entreprises.
Là-dedans, on n'est pas allé dans le détail. Il y a encore
de la place pour la réflexion sur les modalités concrètes
à arrêter. On vous soumet strictement un certain nombre de pistes
de réflexion. Je vous dirai qu'au départ on exclut
d'emblée toute modalité de taxation qui porterait sur la masse
salariale, à cause des effets désavantageux sur l'emploi. Je
pense qu'on n'a pas à inciter les entreprises à embaucher des
robots plutôt que des personnes.
Quant aux entreprises, on constate que leur part relative au financement
du transport en commun diminue sensiblement, alors qu'on a vu tant la part des
usagers que celle du gouvernement du Québec et même celle des
municipalités de la CUM augmenter. Par exemple, quand on parle de la
fiscalité municipale, c'est très souvent lié aux questions
d'évaluation foncière. C'est un secteur où la
spéculation est moins importante. De ce fait, leur contribution au
financement du transport en commun est moins importante. Par contre, on reste
fermement convaincu que les entreprises bénéficient largement des
avantages du transport en commun, ne serait-ce que pour attirer des bassins de
main-d'oeuvre importants, ne serait-ce qu'en termes de chiffres d'affaires
quand il s'agit de commerce. On trouve tout à fait justifié et
légitime de les mettre à contribution.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme Carbonneau. Je
pense que c'est une très bonne contribution. J'avais eu l'occasion de
lire le mémoire parce qu'il est un de ceux qui sont arrivés
à temps. Compte tenu, finalement, de la philosophie de la CSN aussi, je
pense que vous êtes en ligne droite. Même s'il y a des
éléments avec lesquels je ne suis pas d'accord, je dois vous dire
d'entrée de jeu qu'il y a une très bonne réflexion sur
l'ensemble de la problématique du transport en commun. Il y a donc un
certain nombre de questions qui en découlent.
Vous avez - pour commencer par une petite remarque - parlé de
détérioration dans le service de transport en commun en ce qui
concerne les CIT. Vous avez donné l'exemple des Basses-Laurentides et de
Sorel. Par contre, il faut quand même admettre que, dans certains
autres CIT, il y a une progression assez importante de l'offre et aussi une
adaptation de l'offre de transport aux besoins locaux. Il y a des exceptions,
bien sûr, où cela a connu des soubresauts assez importants, en
particulier dans les Basses-Laurentides, compte tenu du changement de
transporteur, avec tout ce que cela comporte comme problèmes. Est-ce que
votre opinion se base sur l'expérience des Basses-LaurentidesSorel
ou si c'est beaucoup plus global dans votre esprit?
Mme Carbonneau: Je pense qu'on peut amener d'autres exemples
très clairs de détérioration; la région de
Berthierville, celle de Lanoraie où des circuits complets vont
être éliminés, c'est un exemple assez éloquent. Par
ces expériences, je pense qu'il est important... Vous savez, il y a des
solutions qui sont à la mode; cela s'appelle le désengagement, la
déréglementation et les privatisations. Il est fort utile,
à mon sens, de pouvoir référer à un secteur
témoin avant de donner trop radicalement dans ce genre de solution.
M. Côté (Charlesbourg): II faut tout de même
admettre que les CIT, c'est un jeune bébé qui n'a pas beaucoup
d'années et qui doit vivre ses expériences et ses adaptations
quant à toute une série de mesures au plan administratif. Je
pense que les CIT ont leur raison d'être. Des modifications viendront
éventuellement, à la suite de l'expérience et des
différents comités qui ont siégé là-dessus
et qui ont fait des recommandations. De toute façon, on aura
certainement l'occasion d'y revenir en ce qui concerne les CIT.
Ma première question porte effectivement sur la gratuité
puisque dans votre mémoire vous signalez, à un certain moment,
que les bénéficiaires indirects du transport en commun devraient
payer leur part du transport en commun. La tendance du document - on ne dit pas
demain matin, mais on dit idéalement et peut-être à plus
long terme - est la suivante: les bénéficiaires directs du
transport en commun ne devraient pas payer. J'aimerais peut-être avoir un
peu plus d'explications là-dessus.
Mme Carbonneau: D'une part, je pense que ceux que vous
définissez comme étant les usagers, les
bénéficiaires directs du transport en commun, il n'en demeure pas
moins que ce sont des contribuables et que par les taxes ils contribuent, en ce
sens, au financement du transport en commun.
Or, en procédant par une tarification particulière, on
leur impose, au fond, une double tarification.
M. Côté (Charlesbourg): 11 faut quand même
admettre aussi - je ne veux pas me faire le défenseur des compagnies -
que les compagnies paient à la fois des taxes comme compagnie et comme
individus dans leur rapport d'impôt. À ce moment-là, il
semble y avoir une distorsion entre le bénéficiaire direct et le
bénéficiaire indirect. Je comprends votre explication et je
l'accepte comme telle.
Vous parlez d'un crédit d'impôt aux usagers du transport en
commun. Il y a une constatation très évidente: ce sont les gens
les moins fortunés qui utilisent le transport en commun plus
fréquemment que ceux qui ont les moyens d'avoir une auto ou d'utiliser
d'autres moyens de transport. Donc, ce sont ceux - M. le maire de
Montréal, hier, l'évoquait - qui sont les moins bien nantis de la
société qui l'utilisent et qui l'utilisent beaucoup.
J'ai de la difficulté à voir l'effet du crédit
d'impôt sur l'augmentation de l'achalandage si déjà cette
utilisation est très fréquente.
Mme Carbonneau: Je ne pense pas qu'il faille considérer la
proposition qu'on fait sur les crédits d'impôt comme une me8ure
réellement susceptible d'avoir un impact impartant sur l'achalandage. On
l'amène principalement comme une mesure sociale qui nous apparaît
importante.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Une petite
information en passant parce que cela a fait couler un peu d'encre. Quant au
supposé désengagement du gouvernement pour ce qui est des
abribus, il n'y a pas de désengagement. Le niveau de subvention est
exactement le même, comme il a toujours été. Il n'y a aucun
désengagement du gouvernement pour ce qui est des abribus et il n'y a
pas d'intention de désengagement non plus. Il y a des nouvelles qui
peuvent être bonnes et d'autres qui peuvent être mauvaises, selon
qui coule la nouvelle. Dans ce sens-là, cela m'apparaft assez clair. Je
pense que c'est assez officiel pour confirmer
la politique et j'aurai l'occasion d'y revenir avec l'UMQ, tout à
l'heure.
Une voix: Cela va être beau.
M. Côté (Charlesbourg): On va régler cela au
mémoire de 17 heures.
Pour ce qui est de l'enveloppe, vous proposez une enveloppe
spéciale après avoir maintenu l'enveloppe indexée en ce
qui a trait à l'exploitation, faisant abstraction des immobilisations
qui pourraient être traitées dans un autre programme comme c'est
le cas actuellement. Donc, pour geler le cadre d'intervention gouvernementale
pour une période de cinq ans, ce qui est discuté actuellement,
vous proposez l'ajout d'une enveloppe qui pourrait permettre de faire davantage
d'interfaces et de régler un certain nombre de problèmes STL,
STRSM, STCUM pour que l'usager ne sente pas les effets de ces
interfaces-là. Est-ce que vous avez fait des évaluations sur ce
que cela implique sur le plan financier? (16 heures)
Mme Carbonneau: On n'a pas fait d'évaluation très
fouillée sur la question. On pensait qu'il y avait un progrès
important, soit d'avoir donné une part significative aux élus
municipaux dans la gestion, dans la définition des orientations locales.
Par ailleurs, on constate aussi que les mécanismes de collaboration
d'une société à l'autre sont difficiles et que ce serait
peut-être une façon d'inciter les sociétés publiques
de transport à se parler que de consacrer une enveloppe, aussi petite
sait-elle, que ce soit 5 000 000 $, 7 000 000 $, 10 000 000 $. Une enveloppe de
cet ordre-là pourrait favoriser une meilleure concertation entre ces
différentes sociétés et améliorer grandement le
service.
M. Côté (Charlesbourg}: De toute façon, ce
serait l'utilisateur qui en serait le bénéficiaire. Cela me
semble très clair à ce niveau et ce ne serait pas une
première, cela existe ailleurs et cela donne des résultats quand
même intéressants. Vous avez évoqué le fait que des
municipalités, hors territoire, bénéficiaient du transport
en commun, en particulier du métro, qu'il faudrait penser que ces
municipalités paient une contribution additionnelle pour les services du
métro. Vous avez fait allusion à Laval, si je ne m'abuse, et la
rive sud de Montréal.
À partir du principe où la STL, la STRSM sont
déjà financées en partie par les municipalités, il
y aurait donc cette contribution-là qui demeurerait. Ce que vous
suggérez, c'est une subvention additionnelle de la part de ces
municipalités qui serait établie comment?
Mme Carbonneau: Oui, les modalités resteraient à
définir. Les citoyens, soit de Laval, soit de la rive sud,
bénéficient largement du transport en commun à
Montréal et ils n'y contribuent pas par le biais de leurs taxes. On
pense qu'un effort plus important de ces municipalités devrait
être ajouté, en toute équité.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va là-dessus. II
reste quelques minutes et je voudrais laisser mon collègue de... Il a
des questions aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, votre mémoire est
très intéressant. J'ai l'impression que, si le ministre
l'adoptait tel quel, il y aurait une grande partie des problèmes de
réglés sauf qu'il va vous dire sans doute que cela coûte
cher. Cela dépend du montant d'argent qu'il veut mettre
là-dedans, mais cela a l'air confidentiel pour le moment. Le
gouvernement - il faut le dire -en 1986 disait qu'il y avait des
problèmes, des trous énormes; apparemment, au printemps, il n'y
avait plus de trous, tout était réglé, il avait de
l'argent en masse. Peut-être que cela va paraître dans les
conclusions du ministre.
J'aimerais vous poser à peu près trois questions. Une qui
est en dehors du mémoire complètement. Je vous la pose comme
quelqu'un pour qui le dossier est complètement neuf, qui n'a pas de
préjugés et pour bien des aspects n'a pas d'opinion non plus. Je
commence à m'en faire, par exemple, à écouter le monde. La
première question que je voudrais poser, mais je ne voudrais pas que
vous ayez d'arrière-pensée... Il y a eu beaucoup de conflits de
travail dans le transport en commun à Montréal, beaucoup de
grèves de chauffeurs d'autobus. Je vous pose la question, je ne sais pas
la réponse. Je me rappelle, il y a quelques années, il y avait
une école dans mon comté où il y avait une grève
par année. Le directeur général a été
changé et il n'y a plus eu de grève par la suite. Je me suis dit
qu'il y avait peut-être un problème là. Je vous dis que je
ne sais pas la réponse, mais je trouve que ce n'est pas normal; on me
dit, je ne sais pas si c'est en 15 ans ou 20 ans qu'il y a eu presque autant de
grèves qu'il y a eu d'années. Qu'est-ce qui se passe pour qu'il y
ait un malaise aussi grand que cela? Faire une grève dans le domaine des
transports publics, on sait que ce n'est pas populaire dans l'opinion publique.
Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas pour que cela arrive aussi souvent
que cela.
Mme Carbonneau: Là-dessus, je vais
vous répondre d'abord par une constatation très simple.
Pour faire un conflit, il faut généralement être deux
parties. Or, je pense qu'il y a sûrement des difficultés de
relation du travail importantes en ce qui concerne les sociétés
de transport, on n'a pas à se le cacher. Vous dites: Une grève
dans les services de transport n'est pas populaire dans l'opinion publique.
J'ai tendance à vous répondre qu'à ma connaissance aucun
travailleur ne recourt à la grève pour le plaisir de la chose.
C'est généralement le moyen ultime qu'ils doivent parfois
employer pour protéger leurs conditions de travail.
M. Garon: Je voudrais savoir la cause fondamentale. Vous venez de
dire que, pour toutes ces années, ce seraient essentiellement les
conditions de travail des chauffeurs d'autobus qui auraient été
la cause des conflits dans la façon de diriger...
Mme Carbonneau: Je pense qu'il y a...
M. Garon: Je ne vous parle pas... Ce n'est pas une attrape que je
vous pose.
Mme Carbonneau: Non.
M. Garon: J'aimerais avoir une bonne opinion directement d'une
des deux parties, si vous voulez.
Mme Carbonneau: D'accord. D'une part, on n'a pas la
prétention de représenter l'ensemble des salariés du
transport dans la région de Montréal, d'autres sont
affiliés à d'autres organisations syndicales. Il y avait, bien
sûr, des litiges en ce qui a trait aux conditions de travail, mais il y
avait sûrement des litiges sur le type de gestion des relations du
travail* qui était faite à l'intérieur des
sociétés de transport.
M. Garon: Que voulez-vous dire quand vous dites "le type de
gestion"?
Mme Carbonneau: Philosophie d'affrontement.
M. Babin: M. . Garon, si vous me permettez, si j'étais
à la place du président de la commission, je pense que je vous
dirais que vous enfreignez le règlement. En ce qui concerne le
mémoire que la CSN présente, c'est au sujet justement de
l'aménagement des transports. On n'a pas l'intention d'entamer ici une
discussion longue et, je pense, un petit peu inutile sur les conflits qui ont
existé. Tout ce qu'on sait, c'est qu'à notre niveau les gens ont
quand même réussi cette année à conclure une entente
négociée, une convention collective qui, semble-t-il, est
satisfaisante. Alors, je ne pense pas que c'est en regardant dans le
passé qu'on va pouvoir contribuer à améliorer nos
revendications en ce qui concerne les aménagements du transport à
Montréal et en régions.
M. Garon: Un des points qui a été soulevé
par beaucoup d'organismes, cela a été les meilleures relations
entre les différents groupes, notamment hier, Transport 2000.
C'était un des points importants. Les différents groupes encore
ce matin nous ont parlé de meilleures relations entre les intervenants.
J'ai pensé, peut-être à tort, que les syndicats
représentant les travailleurs étaient des intervenants
importants. C'est pour cela que je vous dis: II y a eu des... Si vous me dites
que c'est réglé, c'est réglé. S'il y a un malaise
fondamental, je vous demanderais de quelle nature il est. Si vous ne voulez pas
en parler davantage... Je ne pense pas enfreindre le règlement en
parlant de cela, parce que cela a été un des points qui a
été soulevé qu'il devrait y avoir une meilleure
concertation entre les différents intervenants. Si vous me dites qu'il
-y a un climat d'affrontement, j'imagine que les chauffeurs d'autobus ont des
idées sur cela. Comment tout cela devrait-il fonctionner? Ce matin, on
nous a dit qu'à la STRSM il y avait entre 10 % et 20 % de fraude au
point de vue des paiements, c'est-à-dire qu'il y avait peut-être
10 % à 20 % des paiements qui ne rentraient pas dans la boîte, ou
qui rentraient dans la botte, mais sous forme tronquée. S'il existe un
tel problème, ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas les
équipements pour faire la perception. C'est un élément. Si
les gens s'affrontent... Ils nous disaient que, dans certaines villes, il y
avait des équipements qui faisaient l'ouvrage alors que les
équipements qu'ils avaient n'étaient pas bons. C'est pour cela
que je dis que, s'il n'y a pas un climat de collaboration pour que les gens
aient leur mot à dire dans la gestion, je pense que ceux qui sont tous
les jours sur la ligne de feu dans le transport en commun ont souvent des
opinions intéressantes et importantes. C'est dans ce sens que je le
demande tout simplement.
Vous constatez en 1987 un certain nombre de problèmes encore
importants dans le domaine du transport en commun, notamment celui du peu
d'implication des usagers dans la définition des orientations et la
prise de décisions des sociétés de transport. Quelle
forme, selon vous, pourrait prendre cette implication des usagers auprès
des sociétés de transport?
Mme Carbonneau: Je pense qu'il faut faire de la place aux usagers
dans les conseils d'administration des sociétés de transport.
Vous allez probablement facilement me répondre que c'est
déjà fait. Je pense qu'on aurait intérêt, avant de
procéder à des nominations, à faire une consultation
beaucoup plus serrée d'un éventail d'organismes. Il
s'agit, bien sûr, des organisations syndicales régionales, mais
cela peut aussi être des organisations de locataires, des organisations
de consommateurs, des organismes représentatifs du milieu, dont bon
nombre des membres sont des usagers du transport en commun. D'autre part, il me
semble qu'il ne faille pas strictement nommer des individus, mais qu'il faille
aussi trouver des mécanismes permettant d'assurer un certain
contrôle démocratique sur le type de représentations que
ces représentants d'usagers et d'usagères peuvent faire aux
conseils d'administration. Et, en ce sens-là, une modalité
très simple pourrait être, par exemple, l'obligation de produire
annuellement un rapport de leurs interventions dans les dites
sociétés.
Un exemple très concret, à la STCUM, on a tenté de
communiquer avec les représentants des usagers et des usagères
par lettre pour leur demander de venir rencontrer à la fois les
organisations syndicales et d'autres organisations dont bon nombre des membres
sont des usagers. On n'a pas eu d'accusé de réception, il n'y a
jamais eu de suite. Or, en ce sens, on considère que c'est un peu un
leurre de penser qu'il s'agit là d'une réelle
démocratisation.
M. Garon: À la page 24, vous souhaitez qu'il y ait une
plus grande collaboration. Quelle pourrait être la forme de la
collaboration entre les trois sociétés de transport pour
améliorer les modalités et les infrastructures de correspondance
interréseaux? Cela a été mentionné par vous, et
encore ce matin par les gens de la rive sud. Comment voyez-vous que cette
collaboration s'effectue? Seulement par des rencontres où ils se parlent
ou par d'autres formes de collaboration?
Mme Carbonneau: On allait plus loin. Il est clair que pour
améliorer, par exemple, les correspondances interréseaux, il faut
investir un certain nombre de fonds, et c'est la raison qui motivait la
proposition qu'on faisait au gouvernement du Québec, à savoir de
mettre en place une enveloppe spéciale dédiée à ce
genre d'aménagements qui peuvent être pris pour faciliter les
correspondances entre les réseaux, mais qui passeraient par un consensus
des trois sociétés publiques de transport. Les montants ne
pourraient être utilisés que dans la mesure où ils font
consensus et seraient dédiés à des opérations
très précises, par exemple, faciliter les communications d'un
réseau à l'autre.
M. Garon: Comme il nous reste trois ou quatre minutes et que le
député de Jonquière, M. Dufour, aimerait pouvoir dire un
mot surtout comme ancien maire pendant 25 ans, ex-président de l'Union
des municipalités du Québec et qu'il vous a entendu dire qu'il
faudrait que les municipalités paient davantage, alors, je vais lui
donner la chance de pouvoir vous poser une couple de questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, je vous remercie, M.
le député de Lévis. Dans le respect de l'alternance, je
vais maintenant reconnaître M. le député de Saint-Louis en
lui rappelant qu'il reste cinq minutes à sa formation.
M. Chagnon: Alors, merci, M. le Président. Je viens
d'apprendre que mon collègue de Jonquière avait été
maire pendant 25 ans, je le pensais beaucoup plus jeune. Ce n'est pas moi qui
l'ai dit, c'est votre collègue de Lévis... 18 ans? Cela fait
déjà sept ans de moins.
M. le Président, d'abord, je tiens à remercier les
représentants de la Confédération des syndicats nationaux
d'avoir présenté un mémoire aussi étoffé,
aussi bien rédigé que celui que vous nous avez
présenté. Je souligne, en passant, le fait que la semaine
dernière nous avons aussi rencontré le président du
conseil central, M. Paquet, qui est venu discuter devant la commission
parlementaire du dossier de la conversion d'immeubles en
copropriétés, vous vous en souviendrez. Il était
étonné et il nous a fait part de son étonnement la semaine
dernière du fait qu'il était toujours, lorsqu'il venait en
commission parlementaire - et il venait toujours - le deuxième
après la FTQ. Vous aurez remarqué que la commission parlementaire
aura pris grand soin de prendre note de sa demande et que vous passez cette
semaine avant la FTQ.
Cela étant dit, j'aimerais poser deux ou trois questions, mais,
particulièrement, une à l'égard des usagers. M. le
député de Lévis, vous avez soulevé le
problème des usagers à l'intérieur du conseil
d'administration de la STCUM, vous parlez de démocratisation dans le
choix de ces personnes. D'une part, comment peut-on concevoir le concept de
démocratisation du choix des usagers? Ces gens sont choisis, ils sont
nommés par le conseil d'administration, je présume? Où les
trouve-t-on, ces usagers? Et, quand même on déciderait d'utiliser
les associations de locataires ou les associations de ceci ou de cela, il me
semble qu'on n'arrive pas à faire en sorte d'augmenter le degré
de démocratisation du choix de ces personnes. S'il y a une chose qu'on
ne peut pas contester dans les conseils d'administration, c'est bien ceux qui
sont déjà élus au niveau local ou municipal plus
particulièrement. (16 h 15)
Mais, comment faire en sorte d'ajuster la demande que vous avez - c'est,
je pense,
une particularité de la STCUM, au sein de son conseil
d'administration, d'avoir des représentants des usagers - et de
démocratiser cette représentation? Il me semble que, si on
voulait démocratiser, il faudrait faire élire ces usagers, mais
cela ne tombe pas sous le sens de penser que tous -les utilisateurs de la STCUM
pourraient, un bon matin, décider qui les représenterait dans un
conseil d'administration. Il y a un problème, semble-t-il, et il me
semble que ce n'est pas clair, la façon dont vous l'avez
évoqué tout à l'heure.
Mme Carbonneau: Une modalité d'élection peut
paraître attrayante, sauf qu'il ne faut pas se leurrer non plus. À
mon sens, il existe des élections à un certain nombre de paliers
qui suscitent très peu d'intérêt et très peu de
participation.
M. Chagnon: Conseil d'administration de cégep...
Mme Carbonneau: Oui, voilà.
M. Chagnon: ...conseil d'administration de CLSC...
Mme Carbonneau: Voila!
M. Chagnon: ...conseil d'administration de...
Mme Carbonneau: Par contre, il nous apparaît important de
pouvoir prendre en considération le point de vue des usagers dans les
différents conseils d'administration, et on pensait qu'une consultation
serrée auprès d'organismes qui en représentent un
très grand nombre pourrait contribuer à un meilleur choix.
M. Chagnon: Ce n'est pas nécessairement évident.
Vous avez raison de dire que, dans les conseils d'administration
d'hôpitaux, de CLSC, de CRSSS, de centres d'accueil, de cégeps, la
participation au choix des usagers est fort limitée. On a beau envoyer
des lettres à tous ceux qui ont été malades dans
l'année, quand il s'agit d'un hôpital, il n'y a pas l'ombre du
quart de 1 % des gens qui viennent pour décider qui pourrait les
représenter au sein du conseil d'administration. On peut deviner, je
pense, que la même situation se représenterait s'il s'agissait
d'élire des usagers à un conseil d'administration comme celui de
la STCUM ou celui de toute autre commission ou société de
transport.
Toutefois, est-ce qu'on ne peut pas s'imaginer que les
représentants municipaux -cela va faire plaisir à M. Dufour, j'en
suis certain, vous le reprendrez - les élus locaux des
municipalités, qu'ils soient conseillers municipaux ou maires, sont, par
le fait de leur élection, aussi représentants des usagers dans un
conseil d'administration?
Mme Carbonneau: On saluait, en tout cas, le rôle accru des
élus municipaux dans la gestion des sociétés de transport.
On considère que c'est une mesure à appuyer. C'est un
progrès des dernières années. Par ailleurs, je pense que
cela n'exclut pas des possibilités d'élargir la consultation
à des organismes qui, parmi leurs membres, regroupent un très
grand nombre d'usagers et d'usagères.
D'autre part, il me semble que toute la question de la
démocratisation ne porte pas strictement sur la nomination ou la
désignation de telle ou telle personne à titre de
représentant des usagers, mais qu'il faille aussi prévoir des
modalités pour faire en sorte que ces personnes, indépendamment
de leur mode de désignation, aient des comptes à rendre, que l'on
puisse viser une plus grande transparence et, éventuellement, assurer
aussi une plus grande continuité dans les travaux ou les interventions
qu'elles font au sein des conseils d'administration.
M. Chagnon: Passons à un autre sujet, qui a
déjà été évoqué par le
député de Lévis. Il s'agit des questions de relations du
travail. M. Babin, semble-t-il, suggérait au président de nous
rappeler à l'ordre quand nous glisserions sur le sujet, mais il y a
quand même .- peut-être l'avez-vous déjà
analysé... Y a-t-il un lien potentiel avec, comme l'a souligné le
député de Lévis, le nombre de grèves qu'a connues
la STCUM, en dehors de la problématique de la stratégie
d'affrontement? Je ne cherche pas à pointer des coupables aujourd'hui,
on n'est pas du tout ici pour cela. Est-ce qu'il ne peut pas y avoir un lien
entre la désaffection de l'utilisation du transport en commun et le
nombre de grèves par année ou échelonnées sur 20
ans? Est-ce qu'il n'y a pas un effet, comme celui qu'on retrouve à
l'intérieur, par exemple, de la Société des postes
à l'heure actuelle, qui a créé une espèce de
désengouement vis-à-vis du service? Alors, si les gens veulent
avoir leurs lettres ou leur courrier livrés, ils procèdent par un
tas d'autres substituts de services que sont plusieurs formes de courriers.
Est-ce qu'il n'y a pas un peu cette problématique du
désengagement des usagers vis-à-vis de leur capacité de
fréquentation d'un service public de transport en commun lorsqu'il a
été aussi souvent perturbé par des conflits de relations
du travail?
Mme Carbonneau: II est évident, à mon sens, que
cela ne contribue sûrement pas à augmenter en soi l'achalandage,
mais par contre les conflits de travail, et indépendamment des
responsabilités et à qui on peut les imputer... Non, je
comprends...
Je pense que les conflits de travail, même s'ils ont
été nombreux dans la région de Montréal, ne durent
pas éternellement, et c'est fort heureux. Il y a, par ailleurs, beaucoup
d'autres mesures qui auraient pu être prises pour favoriser l'achalandage
- je crois les avoir mentionnées dans le mémoire - qui n'ont pas
été prises, et quant à cela, on ne peut pas, à mon
sens, isoler un seul facteur à savoir celui, par exemple, des relations
du travail difficiles pour conclure que c'est là un
élément fort important dans la question de l'intérêt
de la population pour un service de transport public. Il y a une série
d'autres éléments.
M. Chagnon: D'accord. Absolument, mais...
Mme Carbonneau: Baisse de la vitesse, qualité, confort,
transport, information, sécurité...
M. Chagnon: Nul doute que jamais je n'oserais dire que c'est le
seul élément ou le seul paramètre qui pourrait engendrer
l'espèce de colonne de l'utilisation du service ou la courbe de
l'utilisation des services de transport en commun par le nombre d'usagers dans
les dix dernières années par rapport à l'utilisation
motorisée. On remarque que l'utilisation motorisée augmente en
flèche malgré les investissements majeurs qui ont
été faits dans le transport en commun depuis 20 ans et
malgré que l'utilisation des passagers monte, mais beaucoup plus
légèrement que l'utilisation motorisée. Je pense qu'on
pourrait s'entendre pour dire que c'est l'un des facteurs qui peut avoir
contribué à un désengagement du grand public envers
l'utilisation de ces transports en commun.
Mme Carbonneau: il reste là-dessus qu'on se compare, je
pense, malgré tout, avantageusement à d'autres grandes villes
d'Amérique du Nord quant au niveau d'achalandage, quant à
l'intérêt que les citoyens et les citoyennes semblent porter
à leurs réseaux publics de transport.
M. Chagnon: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Deux collègues m'ont suggéré des
questions, mais je vais essayer de poser mes propres questions. Il faudrait
peut-être rétablir les faits. J'ai été conseiller
municipal pendant quatre ans et maire pendant 18 ans. Cela dit, je vais
passer...
M. Chagnon: Cela vient de vous rajeunir de cinq à six ans
au moins.
M. Dufour: Cela dit, je vais continuer et aller
immédiatement à deux choses. Vous avez soulevé certains
points intéressants. Cela ne dépend pas du service des
transports, mais de la volonté des contribuables de se soumettre,
d'essayer ou de faire des tentatives pour améliorer le tranport en
commun. Vous avez parlé des horaires variables. J'ai vécu une
expérience où il y a eu des difficultés énormes
dans ma municipalité, énormes non pas comme à
Montréal, mais énormes par rapport à la
municipalité où j'étais, où il y avait des
problèmes de lumières de circulation. À l'heure du
dîner, tout le monde sort en même temps, tout le monde veut aller
dîner en même temps, c'est un problème. On a changé
les horaires - il y a peut-être 1000 à 1200 employés qui
traversaient les mêmes lumières - de travail de dix minutes,
seulement en les faisant varier, il n'y a jamais eu de problème depuis
ce temps. Donc, ce que vous soulignez à juste titre, que les employeurs
pourraient faire varier les horaires de travail, les heures de sortie et
d'entrée, permettrait un décongestion, sûrement, ou un
meilleur écoulement de circulation. Donc, je pense que c'est une... Je
ne vous demanderai pas d'apporter des détails là-dessus, je pense
que c'est clair, mais je voudrais insister là-dessus avec vous, pour
dire que cela pourrait être une solution qui ne coûte rien et qui,
en même temps, rendrait service.
Vous avez parlé, par contre, d'une mesure selon laquelle le
transport en commun pouvait être un facteur de développement
social et économique. Vous dites quelque parts Cela peut contribuer
à l'émergence d'un nouvel axe de développement
économique.
Hier, on a reçu la ville de Montréal-Nord,
représentée par son maire, M. Yves Ryan, qui est venu nous dire
que l'est de Montréal avait subi des outrages ou de la
décrépitude au point de vue industriel parce que, justement, il
n'y a pas de transport. Il semble que la solution privilégiée par
Montréal-Nord et aussi Pointe-aux-Trembies serait un métro. Vous
dites qu'il ne faut pas investir dans des infrastructures lourdes. Quelle est
votre opinion par rapport à cela?
Mme Carbonneau: Je pense qu'on peut arriver à des
résultats fort satisfaisants en privilégiant d'autres types
d'investissements dans des infrastructures. On parlait, par exemple, du
potentiel qu'offraient les voies réservées. Notamment pour l'est
de Montréal, une voie réservée à haute vitesse
rendrait grandement service. Si on compare le coût par rapport aux
bénéfices qu'on peut en escompter, je pense qu'il y a d'autres
voies
aussi à explorer comme des infrastructures moins lourdes. Cela
peut être, par exemple, développer davantage le transport de
surface. On n'est pas obligé de toujours penser que le meilleur
investissement, c'est celui du béton. On commence à être
les seuls en Amérique du Nord à penser strictement au
béton pour répondre à tous nos problèmes.
M. Dufour: On n'a pas nécessairement beaucoup de temps
pour aller dans les détails. On pose des questions, vous
répondez. On ne revient pas avec une sous-question. Vous pariez quelque
part aussi du fardeau fiscal, donc, la taxe foncière, le glissement.
Mais cela, c'est une position qui est adoptée depuis quelques
années par la ville de Montréal, que je sache, concernant le
transfert du fardeau fiscal des entreprises vis-à-vis du domiciliaire,
de l'unifamiliai et du duplex.
Il semble que ça, c'est juste. Mais ce que je ne comprends pas,
c'est que ça prend du retard actuellement, gouvernementalement parlant,
pour qu'il y ait des décisions de prises dans ce sens-là. De
quelle façon empêche-t-on ce glissement ou de quelle façon
oblige-t-on les municipalités, les entreprises à payer leur juste
part?
II y a eu une réforme fiscale en 1980. La réforme n'avait
pas pour effet de transférer l'effort fiscal des entreprises au
contribuable. Mais on examine cela dans les faits, et c'est ce qui se produit.
Encore là, je pense que vous touchez juste. Mais il y a un point que je
veux soulever, c'est aussi la taxation. Vous dites: L'automobiliste pourrait
payer plus, parce que les automobilistes ne paient pas pour le transport en
commun.
Je me demande si c'est un sophisme; je peux être dans le tort,
remarquez bien. Mais je vais essayer de regarder ce qui se passe. Si on regarde
les coûts auxquels l'automobiliste a à faire face: Au point de vue
de l'achat, il a une taxe à payer; pour l'entretien, il y a des
salaires, il y a des taxes à payer par rapport à ça, parce
qu'il y a même une taxe sur le travail qui est fait dans les garages. Il
y a la taxe d'immatriculation, la taxe sur l'essence.
Sauf que l'automobiliste... Ce n'est plus vrai que le transport est
subventionné. Je pense que c'est moins vrai, en tout cas, ou c'est vrai,
de moins en moins, que le gouvernement subventionne les automobilistes.
Peut-être le transport lourd, mais le transport léger, je suis
convaincu, en tout cas, du contraire, parce qu'il y a des coûts
énormes qui sont payés et, si on regarde juste la taxe sur
l'essence, ça ramasse quelques centaines de millions, la taxe qui est
ramassée un peu partout.
Alors, je me demande si nos études sont à jour. Est-ce que
vous pensez qu'on doit continuer à pressurer le transport individuel?
Remarquez bien, je le donne sous réserve. Je ne suis pas plus
compétent que ça dans ce domaine.
Mme Carbonneau: Écoutez, il nous apparaît, je ne
sais pas, ne serait-ce que tes autoroutes, etc... Si on regarde, par exemple,
globalement te budget actuel du ministère des Transports, sauf erreur,
la contribution au financement du transport en commun est de l'ordre de 300 000
000 $ sur un budget de 1 600 000 000 $?
M. Dufour: Peut-être que le ministre peut nous
éclairer un peu par rapport à ça. Lorsque je dis dans les
chiffres, les revenus qui proviennent de l'utilisation de l'automobile et les
investissements que vous faites dans le réseau, dans l'entretien et
l'exploitation.
M. Côté (Charlesbourg): Le budget de la voirie
à l'intérieur du ministère des Transports est au
delà de 730 000 000 $ annuellement, ce qui va monter à 800 000
000 $ avec l'ajout de la partie du rapport Middlemiss. Cela devient un peu plus
difficile d'évaluer maintenant ce qu'on... Je sais davantage ce qu'on
dépense, parce que ça me concerne. Ce qui entre, ça
concerne un autre ministre. C'est toujours un peu plus difficile à
balancer dans ce temps-là. Alors, je suis un peu plus ignorant de ce qui
entre, mais je sais ce qui sort.
La contribution du gouvernement, du ministère des Transports, sur
le plan du transport en commun, en incluant le transport scolaire, est tout
près de 850 000 000 $ annuellement.
M. Dufour: Juste pour le transport en commun, vous nous dites:
C'est à peu près 50-50?
M. Côté (Charlesbourg): On peut parler de 55-45
comme proportion, parce que cela a été renversé au fil des
ans, en particulier sous votre gouvernement. C'était votre choix et je
pense que tout le monde a respecté ça, comme proportion.
M« Dufour: Mais la taxe sur l'essence, combien
rapporte-t-elle?
M. Côté (Charlesbourg): M. Parizeau pourrait vous
dire ça plus facilement que moi.
M. Dufour: Mais depuis qu'elle est plafonnée, c'est plus
facile. Quand ça montait, c'était plus...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Mais ce
sont à peu près les mêmes montants, parce qu'elle a
été plafonnée au niveau où vous l'aviez
montée, mais on l'a réduite de 10 % pour les régions.
M. Garon: Bien non, vous l'avez remontée en
février 1986, le 4 février 1986 exactement. (16 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas ce que cela
rapporte.
M. Dufour: 500 000 000 $ à 600 000 000 $ juste pour cela,
à part l'immatriculation. Remarquez bien, cela n'enlève pas de
valeur à vos arguments, je ne fais qu'essayer de tirer la ligne. D'une
façon au de l'autre, je conclus là-dessus personnellement qu'il
faut regarder le juste milieu. Qu'est-ce que l'utilisateur peut payer?
Qu'est-ce que le contribuable peut payer? Qu'est-ce que le gouvernement peut
payer? Quelle est la part de responsabilité de chacun? On est dans des
zones un peu plus neutres ou un peu plus grises pour tirer la ligne. Et il n'y
a pas de gouvernement, contrairement à ce que l'on pense, qui aime
taxer. Il aime mieux dépenser que taxer. Le ministre devant nous n'a pas
trop de réticence à dépenser, mais probablement les taxer,
c'est plus difficile.
M. Côté (Charlesbourg): C'est vrai. Cela a
été vrai pour tout le monde, de tous les gouvernements, et il y
en a qui dépensaient plus qu'ils taxaient aussi. Cela faisait les
déficits.
M. Dufour: C'est vrai. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Nous en sommes maintenant aux
remarques de conclusion. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, si on
avait plus de temps, on pourrait encore davantage aborder d'autres sujets. Il
aurait été intéressant de savoir votre opinion sur le
versement en transport. Même si vous avez effleuré un peu l'aspect
de la masse salariale qui répond un peu à cela,
l'expérience française a démontré des ajouts assez
importants encore jusqu'à maintenant dans la qualité de l'offre
du transport en France, sans avoir d'effets très négatifs sur le
niveau de l'emploi. On pose des questions parce qu'on a fini en manquant de
temps, mais compte tenu du fait qu'il est démontré qu'en 1985
à tout le moins il en coûte 15 % de plus par passager pour
fonctionner au Québec qu'en Ontario, vous m'auriez certainement
répondu que, si on faisait un peu plus d'effort concernant les voies et
toutes sortes de choses... Mais il y a probablement un aspect salarial aussi,
des conditions de travail qui peuvent peut-être jouer à
l'intérieur de cela, compte tenu de l'impact de la masse salariale
à ce niveau-là.
On manque de temps. Merci beaucoup de votre collaboration. On souhaite
que l'on n'ait pas à se revoir dans quatre ans dans une commission
parlementaire et qu'une partie des problèmes de l'exploitation soit
réglée.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je trouve cela beau d'entendre
parler le ministre des Transports, parce que, pendant longtemps, je pensais
qu'à un moment donné il aurait l'Ordre du mérite du
Canada, mais de la manière qu'il parle, cela sera la Légion
d'honneur qu'il aura. Il nous réfère souvent à la
région parisienne et...
M. Côté (Charlesbourg): J'ai mélangé.
J'ai aussi parlé de Toronto. J'ai balancé les deux depuis votre
intervention de ce matin.
M. Garon: Vous avez fait une affirmation. J'ai vu que le ministre
a sourcillé quand vous avez dit que le ministère ne mettrait pas
en construction de nouveaux ponts. Je n'ai pas eu le sentiment que le ministre
a dit cela à aucun moment et j'ai remarqué qu'il a froncé
les sourcils comme s'il se demandait d'où venait votre source de
référence, parce que...
Mme Carbonneau: Le document de consultation pour la
présente commission.
M. Garon: Vous ne vous en souvenez pas, je suppose.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que l'on
disait qu'il était de plus en plus difficile et dispendieux de
construire, mais cela n'exclut pas qu'il y en ait.
M. Garon: II y a une chose de certaine, c'est que votre
mémoire est très intéressant pour deux raisons, et je vais
me référer à la partie des travailleurs que vous
représentez mais aussi de ceux que vous représentez qui ne
travaillent pas dans le système d'autobus, mais qui utilisent le
système d'autobus, des usagers et qui sont les principaux usagers, au
fond, les travailleurs qui s'en vont à leur travail le matin et qui
reviennent le soir. J'ai pensé aussi qu'est très
intéressant un des thèmes que vous avez développés,
qu'il serait important de donner un meilleur service dans l'est de
Montréal pour des travailleurs, et cela a été
souligné par plusieurs, qui n'ont pas été
privilégiés de ce point de vue. Les gens ont dit qu'il y avait eu
un paquet de circonstances, mais les circonstances étant passées,
ayant eu au Québec toutes les fêtes internationales que l'on peut
avoir actuellement, soit dans le domaine des sports, des expositions, des
fleurs, etc., il n'y aura plus de circonstances normalement avant les
prochaines années et
d'événements qui affecteront ou influenceront les
décisions, et cette préoccupation est très importante pour
que la partie est de Montréal qui n'a pas été
privilégiée, si on tient compte des coûts qu'elle a
assumés... Le maire de Montréal-Nord en particulier nous a
révélé des chiffres très intéressants pour
l'est de Montréal. Encore là, vous reflétez sûrement
des préoccupations qui touchent beaucoup de gens qui doivent dire que la
chanson "Un jour, ce sera ton tour", cela pourrait être vrai pour eux
aussi. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. Mme Carbonneau, y a-t-il des
brèves remarques en conclusion?
M. Hamel (Pierre): Je m'excuse, c'est sur Toronto. Le ministre en
a encore parlé ce matin. Dans un document qui a été
déposé hier par Transport 2000, on fait mention, de
mémoire, que la vitesse commerciale, à Toronto, est de 20
kilomètres-heure; à Montréal, la moyenne est de 16
kilomètres-heure. Selon la STCUM, chaque kilomètre-heure
représente 16 000 000 $ d'économie; alors, faites le petit
calcul: une différence de 4 kilomètres-heure à 16 000 000
$ égale 64 000 000 $. Ramenez cela au budget de la STCUM et,
après cela, on ne parlera plus des 15 % de différence entre
l'Ontario et Montréal. Si vous ajoutez le fait que Toronto a des
tranways, ce n'est pas à un membre de votre gouvernement que je vais
vendre l'idée d'utiliser l'électricité pour rouler dans
les transports en commun.
M. Côté (Charlesbourg): On est au courant. Si je
comprends vos chiffres et que je continue votre logique, s'il y avait un effort
de fait au niveau de la masse salariale, on pourrait être plus bas que
Toronto.
M. Hamel (Pierre): Vous pourriez faire cela sur les voies
réservées, d'autant qu'au niveau de la masse salariale, si mes
informations sont bonnes, cela n'a pas été démenti, les
gens d'ici ne sont pas mieux payés qu'à Toronto, absolument pas.
Alors, des voies réservées amélioreraient le sort de tout
le monde.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que c'est l'une des
explications à retenir.
Le Président (M. Saint-Roch): Je veux remercier le Conseil
central de Montréal (CSN) pour sa participation aux travaux de la
commission de l'aménagement. Sur ceci, je demanderais maintenant au
Regroupement des usagers du transport adapté de la CUM Inc. de bien
vouloir prendre place.
À l'ordre, s'il vous plaît! Permettez- moi, dans un premier
temps, de vous souhaiter la bienvenue aux travaux de la commission de
l'aménagement et des équipements. Je demanderais maintenant au
porte-parole du Regroupement des usagers du transport adapté de bien
vouloir s'identifier et d'identifier, pour le bénéfice des
membres de la commission, les gens qui l'accompagnent.
Mme Lebret (Murielle): Mon nom est Murielle Lebret. Je suis
présidente du regroupement.
Mme Lazure (Sylvie): Sylvie Lazure, coordonnatrice du
regroupement.
M. Beauregard (Ronald): Ronald Beauregard, administrateur au
regroupement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous cède
maintenant la parole pendant 20 minutes pour présenter votre
mémoire.
Regroupement des usagers du transport adapté de
la CUM Inc.
Mme Lebret: Merci. Je voudrais d'abord remercier les membres de
la commission de tenir les assises de la commission à Montréal -
cela nous facilite grandement la tâche -et, aussi, de nous donner
l'occasion de nous exprimer publiquement.
Depuis 1979, le Regroupement des usagers du transport adapté de
la CUM Inc. travaille à la question du transport des personnes
handicapées. Au fil des ans, une préoccupation plus large s'est
affirmée au RUTA visant l'intégration sociale de toute personne
handicapée par son mode de transport.
Nous croyons que les infrastructures de transport en commun sur le
territoire de la CUM comprennent un réseau régulier de transport
(métro, autobus, trains de banlieue) et un réseau de transport
adapté (minibus et taxis). Ces deux réseaux font partie
intégrante des infrastructures du transport en commun de la
région de Montréal. Nous croyons également qu'une
résolution du problème de transport adapté interrives,
ainsi que la mise en branle d'un système d'admissibilité
universelle aux différents services de transport adapté sont des
nécessités.
C'est à la lumière de ces prémisses que nous
entendons émettre nos commentaires concernant les infrastructures du
transport en commun de la région de Montréal. Historiquement, le
transport en commun à Montréal a été pensé
en fonction de la majorité de la population bien portante et
travaillante. Depuis moins de dix ans, l'on s'occupe de fournir un transport en
commun aux personnes handicapées tout à fait oubliées lors
de la planification initiale. Il
est maintenant temps de réagir afin de répondre aux
besoins grandissant, dans notre société, des personnes à
mobilité réduite.
Nous partons du principe qu'une politique générale, claire
et réelle fondée sur les besoins concrets de la population
montréalaise doit être établie avant de poser des gestes
administratifs irrévocables entraînant, à court terme, des
dépenses excessives qui figeront l'évolution du transport en
commun à Montréal pour les vingt ans à venir, au
détriment de la réalité des personnes
handicapées.
La Loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées
définit la personne handicapée ainsi: "Toute personne
limitée dans l'accomplissement d'activités normales et qui, de
façon significative et persistante, est atteinte d'une déficience
physique ou mentale ou qui utilise régulièrement une
orthèse, une prothèse ou tout autre moyen pour pallier son
handicap."
Les personnes répondant à cette définition
utilisent un système de transport en commun spécialement
conçu pour elles et pour répondre à leurs besoins: le
transport adapté. À ce jour, plus de 7000 personnes sont admises
à ce service. Notons, au passage, que ce service de transport est encore
loin d'être satisfaisant. Les plus grosses lacunes se situent au niveau
des transports occasionnels des usagers et usagères. Bien que le refus
d'octroyer un transport occasionnel relève de l'exception, le manque de
ressources entraîne des retards et des perturbations d'horaires.
Sur le territoire de la CUM, le service de transport adapté
fonctionne donc depuis de nombreuses années. L'absence d'adaptation du
réseau régulier pour les personnes à mobilité
réduite amène un nombre accru de demandes d'admission au
transport adapté. Par ailleurs, les ressources limitées de ce
service font appliquer de façon rigide les critères
d'admissibilité au transport adapté. "Au Québec, ce
programme ne dessert que les personnes handicapées et
l'admissibilité de celles-ci est, depuis 1983, encadrée par une
politique provinciale qui vise l'uniformité de l'admissibilité et
l'intégration maximale de la personne handicapée à des
services les moins spécialisés possible."
Comme le rapporte une étude récente de la
Conférence européenne des ministres des Transports, une
définition strictement médicale des déficiences
vécues par ' les usagers du transport en commun n'a que peu
d'utilité pour la planification de ce même transport. Nous croyons
également que le terme "mobility-handicapped" que nous traduisons par
"mobilité réduite" rend parfaitement compte d'un éventail
de gens ayant des difficultés directement reliées à leurs
déplacements en transport en commun: nombreux escaliers, station debout
dans l'autobus, etc.
M. Gilles Cloutier, lors de la quatrième Conférence
internationale sur la mobilité et le transport des personnes
âgées ou handicapées, faisait d'ailleurs remarquer: "Les
personnes à mobilité réduite, qui sont inadmissibles au
transport adapté, rencontrent, elles aussi, de nombreuses
difficultés à utiliser les systèmes d'autobus
réguliers, de train ou de métro."
Comme le remarque également Mme Claudia Flanders de la National
Bus Company, du Royaume-Uni, le fossé entre la perception des
différents handicaps et la compréhension de leurs implications
réelles par les transporteurs reste à être comblé.
La politique d'admissibilité au transport adapté pour les
personnes handicapées émise par le ministère des
Transports en 1983 reconnaît d'emblée la nécessité
d'adapter le réseau régulier de transport en commun afin de
limiter les obstacles auxquels la majorité des usagers de la STCUM doit
faire face lors de ses déplacements: distances, attente,
complexité des horaires et des correspondances, aménagements
physiques, etc. (16 h 45)
Selon nous, l'état de la situation présente du transport
en commun à Montréal est donc le suivant: un réseau de
transport en commun conçu primordialement pour une population jouissant
de toutes ses capacités physiques et mentales; un réseau de
transport en commun parallèle conçu exclusivement pour une partie
de la population ne pouvant utiliser le réseau régulier et un
gouffre entre ces deux réseaux touchant une partie de plus en plus
importante de la population.
Tel qu'indiqué à la page 10 du document de consultation
fourni, par le ministère, l'on prévoit un vieillissement de la
population. Il est vrai, dans l'état actuel du réseau, que ceci
est susceptible d'influencer à la baisse la demande en transport en
commun. Parallèlement, un rapport récent du Forum des citoyens
âgés de Montréal expose clairement, au chapitre de sa
population cible, la tangente démographique que vit la région
métropolitaine à ce niveau.
Nous croyons, avec MM. Frye et Heraty, que l'augmentation du nombre de
propriétaires d'automobiles et la baisse de la demande de transport
public qui s'ensuit entraînent cependant une recrudescence des passagers
âgés, des femmes et des enfants. Ces personnes sont celles, bien
sûr, qui éprouvent les plus grandes difficultés à se
prévaloir de leur droit à un transport public et
économique. Les personnes âgées ont de grandes
difficultés à se déplacer, les femmes utilisent le
transport en commun chargées de jeunes enfants et/ou de lourds paquets.
L'anticipation du besoin futur devrait donc être fondée sur le
degré de mobilité des usagers, plutôt que sur la cause de
cette
perte de mobilité.
De plus, une récente proposition visant à ne pas
subventionner l'adaptation d'un véhicule automobile si le
propriétaire de celui-ci a la possibilité d'utiliser un service
de transport adapté ne fera qu'augmenter le fardeau financier de ce type
de transport en commun. Par ailleurs, le degré d'utilisation du
transport en commun dans une métropole telle que Montréal ne
dépend pas exclusivement de la mobilité physique des individus,
mais également d'une variété d'autres facteurs tels que
l'aménagement physique du réseau.
Notre organisme ne possède aucune expertise dans le domaine de la
recherche de moyens administratifs et financiers. Il nous apparaît
pourtant, tout comme à MM. Frye et Heraty, que le coût de revient
de tout type de transport doit être étudié en termes
financiers (le coût net de fournir chaque déplacement,
après le revenu tarifaire) et en termes de coût total des
dépenses et des bénéfices qu'entraîne une
mobilité accrue pour le nombre et les types de personnes
impliquées.
Par ailleurs, il nous semble important, considérant les sommes
faramineuses englouties annuellement à la STCUM et le peu
d'amélioration tangible des réseaux de la STCUM, tant au niveau
de l'adaptation du réseau régulier que du transport
adapté, que la gestion actuelle des budgets soit sérieusement
étudiée et révisée. Évidemment, les budgets
présentement octroyés pour le transport adapté et
l'adaptation du réseau régulier de transport ne sauraient
être amputés, bien au contraire. Nous optons donc pour "une
meilleure gestion des infrastructures existantes pour en accroître le
rendement".
La volonté populaire qui semble vouloir se dégager
concernant la venue d'un quatrième partenaire sur la scène du
financement du transport en commun sur le territoire de la CUM peut être
valable. Le RUTA est solidaire de cette demande sans, pour autant, y voir "la"
planche de salut.
Dans un autre contexte, il nous apparaît important
d'établir des relations administratives étroites entre les trois
sociétés de transport desservant la région
montréalaise. Sans parler de fusion, nous croyons urgent de coordonner
les services et l'évolution de la STL, de la STCUM et de la STRSM.
En ce qui concerne le transport adapté, cette intégration
se traduirait sans nul doute par la concrétisation de deux dossiers qui,
depuis 1979, occupent une place prépondérante dans les
préoccupations des usagers du transport adapté: le dossier
interrives et le dossier admissibilité universelle.
L'intégration sociale des personnes handicapées et
à mobilité réduite implique une liberté de
mouvement égaie au reste de la population et ne peut qu'être
bénéfique pour la société dans son ensemble. Les
répercussions d'un service de transport adéquat sur d'autres
fonds d'autres ministères, par exemple, te ministère des Affaires
sociales, sont certaines. L'exemple fourni par le Forum des citoyens
âgés, à la page 6 de son document, illustre bien cette
situation. Des personnes âgées ne pouvant pas utiliser un
système de transport adéquat, par exemple, pour leurs
traitements, se retrouvent hospitalisées et cela entraîne des
coûts supérieurs au ministère ci-haut mentionné.
D'autre part, que ce ministère assure la formation des personnes
déficientes intellectuelles à l'utilisation du réseau
régulier de transport en commun et le réseau de transport
adapté pourra ou diminuer ses coûts ou disposer de ressources
supplémentaires pour répondre aux besoins de ses usagers.
Une société intégrée permettant de
répondre de façon adéquate aux besoins réels de sa
population, telle est l'évolution souhaitée par le RUTA. La
tendance coutumière de chercher des palliatifs et des correctifs
ponctuels qui, trop souvent, ne font que retarder ou miner des solutions
efficaces doit immédiatement être remplacée par une
politique cohérente et globale.
Nous ne prétendons pas avoir épuisé le sujet, ni
même en avoir dégagé toutes les implications. En effet, une
autre tranche de la population montréalaise a, encore une fois,
été oubliée: les personnes à très faible
revenu. Nous ne doutons pas que les infrastructures du transport en commun de
la région de Montréal soient tout à fait
inadéquates pour celles-ci. Néanmoins, le manque de temps et la
raison d'être de notre regroupement nous interdisent d'aborder cette
question.
Nous croyons néanmoins avoir aidé à atteindre, au
fil de ces pages, le but réel de cette consultation: "arriver à
une stratégie concrète d'actions nécessaires à un
développement cohérent et efficace des infrastructures de
transport en commun de la région de Montréal au cours des 10
à 20 prochaines années". Si l'objectif en est effectivement un de
cohérence et d'efficacité, répondre aux besoins
réels de la population que l'on dessert ne peut ultimement que combler
nos espoirs.
Rappelons succinctement, pour terminer, les recommandations prioritaires
du RUTA.
Adapter le réseau régulier de transport en commun en
incluant la notion de mobilité réduite dans la définition
actuelle du terme "handicap". Nous nous trouvons en face d'une double
problématique, celle des limitations fonctionnelles occasionnées
par une déficience résultant d'un état pathologique, par
exemple la paralysie cérébrale, la
dystrophie musculaire, etc., et celle des limitations fonctionnelles
occasionnées principalement par le processus du vieillissement. Pour
répondre à la première problématique, le transport
adapté s'adresse à une clientèle spécifique qui n'a
d'autre possibilité que d'utiliser un minibus adapté. Pour la
deuxième problématique, l'adaptation du réseau
régulier contribuerait à desservir toute une clientèle de
personnes à mobilité réduite comme les personnes qui ont
une déficience visuelle, les personnes qui ont une déficience
intellectuelle, ainsi que l'ensemble de la population qui devient de plus en
plus vieillissante.
Notre deuxième recommandation: coordonner les services et
l'évolution des trois sociétés de transport afin que,
primordialement, les usagers du transport adapté puissent se
déplacer entre Laval, Montréal et la rive sud. En guise
d'exemple, je peux vous dire que des personnes handicapées auraient pu
avoir du travail si un service interrives avait existé, que des
personnes ont perdu leur emploi parce que l'entreprise a
déménagé ses locaux à Laval, que des personnes
handicapées se voient dans l'impossibilité de visiter leurs
parents. Il est donc important que les trois sociétés de
transport démarrent la concertation pour la mise en place du service
interrives. À cet égard, nous proposons la mise sur pied d'un
comité de travail constitué de représentants du
ministère des Transports, des trois sociétés de transport,
d'un représentant de l'Office des personnes handicapées du
Québec, ainsi que des usagers et usagères du transport
adapté.
Notre troisième recommandation: maintenir les budgets du
transport adapté et de l'adaptation du réseau régulier, et
s'assurer d'une meilleure gestion. Nous tenons à ajouter que le
ministère s'est impliqué largement avec ses partenaires dans le
financement du transport adapté à Montréal. Cependant,
nous trouvons que le développement du transport adapté n'est pas
terminé. Par exemple, nous remettons fortement en question le nombre de
minibus utilisés au transport adapté. De plus, il est très
important de suivre l'évolution de la fabrication des minibus
adaptés pour en arriver à ce qu'ils répandent aux vrais
besoins des personnes handicapées en termes de sécurité
des plates-formes hydrauliques, en termes de suspension trop rigide,
d'où les risques importants de détérioration de
l'état des usagers et usagères du transport adapté, en
termes de système d'attaches qui puisse accueillir tout type de fauteuil
roulant.
D'autre part, le développement quant à l'adaptation du
réseau régulier n'est qu'à son balbutiement. Tout est
encore à développer.
Quatrième recommandation: établir une politique globale de
développement du transport en commun de la région de
Montréal en tenant compte des nouvelles réalités de
sa population vieillissante.
Cinquième recommandation: dans une perspective de planification,
il faut retenir la nécessité d'offrir l'admissibilité
universelle aux services du transport adapté. Comme exemple, les
personnes admises à Hull, Québec ou Sherbrooke doivent être
rusées pour pouvoir utiliser le transport en commun adapté
à Montréal alors que tout autre voyageur peut utiliser le
transport en commun n'importe quand, comme il le veut, quand il le
désire. Voilà!
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
eu une demande expresse de ma collègue de Châteauguay qui a eu
personnellement à travailler à tous ces problèmes
relié au transport des personnes à mobilité
réduite. Je vais lui céder mon droit de parole, quitte à
prendre la relève après, s'il y avait des angles qui n'avaient
pas été couverts. Je cède la parole à ma
collègue de Châteauguay.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci, M. le ministre. M. le Président, je
suis très heureuse de pouvoir participer, d'autant plus, comme le disait
M. le ministre, que je me suis impliquée depuis plusieurs années.
Je tiens à vous féliciter et à vous remercier de venir
nous faire part de vos problèmes et de vous prendre en main. Je pense
que c'est très important pour qu'on puisse ensemble trouver des
alternatives et apporter des solutions.
Je voudrais, si vous me le permettez, M. le Président, quand
même, mentionner la présence, ici, du président, M.
Pierre-Yves Lévesque, de Nous nous intégrons en commun Inc. Ce
sont encore des personnes qui veulent qu'on leur apporte des solutions.
Deux points m'ont vraiment frappée, pour avoir vécu la
même problématique chez moi. Évidemment, à
Châteauguay, nous sommes en banlieue; votre problématique est
à Montréal et le problème interrives est des plus
importants. Ce que je voulais vous mentionner, c'est l'accessibilité et
l'admissibilité universelles. Je pense que c'est assez difficile de les
obtenir actuellement étant donné les problématiques de
chacune de nos régions.
Si je vous parle de ma région en tant qu'admissibilité,
c'est que nous avons le transport en commun, vous allez le reconnaître
dans chacune des régions déterminées. On ne peut pas aller
plus loin que le territoire déterminé. À ce
moment-là,
il nous faut trouver des alternatives. Il faut impliquer les
municipalités, les personnes et les associations de façon
à compléter le réseau des services.
À Montréal, le problème se pose. Vous avez, quand
même, un peu plus de facilités étant donné que les
points de rabattement sont plus près. Si on regarde toute la
problématique, pour en arriver à un ensemble global de services
qu'on doit donner à la personne handicapée quant au transport
adapté - vous le mentionnez tellement bien -vous dites qu'on devrait
avoir une concertation avec tous les intervenants du milieu, que ce soit en
banlieue ou à Montréal; il faut absolument se pencher sur
l'ensemble de la problématique afin d'améliorer le service et,
tout en rationalisant, donner les meilleurs services.
Je dois dire qu'actuellement, si on peut comparer les budgets, nous
payons 75 % en coûts, c'est-à-dire 12 800 000 $ sur un total de 17
000 000 $, ce qui donne 75 % au gouvernement, 20 % aux municipalités et
5 % aux usagers. Je pense que, jusqu'à maintenant, nous avons, quand
même, fait un énorme progrès. Il m'apparaît important
de continuer dans cette ligne. Je sais que M. le ministre est très
ouvert, mais je pense qu'on doit se regrouper de façon, comme vous le
disiez, à ne pas continuer à s'éparpiller, à ne pas
continuer chacun individuellement, tant à Montréal que dans nos
régions. (17 heures)
Je vais vous donner l'exemple le plus frappant; lorsque nous parlons de
critères d'admissibilité, chacun qui administre le transport peut
l'interpréter à sa façon. Qui vraiment peut être
admissible au transport? C'est là qu'est le problème parce que la
demande est grande et les critères d'accessibilité nous
apparaissent un peu réduits.
Mais si la personne âgée a droit aussi aux services de
transport adapté, comment va-t-on qualifier ou quantifier cela? A-t-elle
une difficulté de mobilité? Vous avez parlé, justement, de
difficulté également au niveau auditif, au niveau de soit voyant
ou de semi-voyant, et vous avez le même problème à
Montréal. Il faut, je pense, regarder l'ensemble du problème de
façon qu'on puisse rationaliser et donner davantage de services à
la personne.
Mme Lazure: Est-ce que je peux me permettre de répondre
à Mme la députée?
Mme Cardinal: Certainement.
Mme Lazure: Ce que j'aimerais dire, c'est que, pour vraiment
clarifier, pour être certaine qu'on parle des mêmes choses, disons
qu'au niveau de l'admissibilité au transport adapté, les
critères ont été établis en 1983 par le
ministère des Transports. Ces critères sont provinciaux,
d'accord? Pour ce qui est de l'application de ces critères quant
à l'admissibilité, ce sont les mêmes critères qui
sont utilisés partout au Québec. Pour ce qui est de
l'admissibilité universelle, on part du principe que, pour le transport
en commun, tout usager régulier du transport régulier à
Montréal peut aller à Québec, à Sherbrooke et
prendre l'autobus, là-bas, sans difficulté.
Partout où il existe au Québec un service de transport
adapté qui fonctionne dans une municipalité, logiquement, quand
on parle de transport en commun, l'usager qui est admis où que ce soit
au Québec devrait pouvoir avoir accès à ce transport
adapté. C'est ce qu'on demande par admissibilité universelle au
transport adapté.
Mme Cardinal: À ce moment, il nous faut avoir la
collaboration de tous les intervenants que ce soit la STCUM ou que ce soit la
CIL. C'est là qu'on parle d'un transport adapté élargi
dans le sens qu'on peut donner les services que vous voulez. Là, il
m'apparaît qu'on parle du transport adapté - je l'ai mis sur pied
dans ma région - pour couvrir les besoins immédiats. Maintenant,
nous aussi on rêve à l'accessibilité et nous, en plus, on a
l'interrives. Il faut aller vers une plus grande accessibilité à
tous les niveaux, comme vous l'avez dit; que ce soit à Québec,
à Toronto, chaque personne a le droit d'avoir cette facilité
d'adaptation.
C'est pour cela, je pense, que moi aussi, j'ai peut-être
été mal comprise, dans le sens de dire que, si on parle
strictement de transport adapté dans le sens où on le
conçoit actuellement, ce n'est pas qu'on tend vers ce que vous voulez
avoir en l'élargissant. Mais pour répondre aux critères
actuels, il est difficile d'arriver à cette rentabilité, à
la condition que tous les intervenants y participent.
Mme Lazure: J'aimerais poser une question à Mme la
députée, si c'est possible. Je ne sais pas si j'ai le droit de
poser des questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez pleinement votre
droit, madame. Nous vous écoutons.
Mme Lazure: Merci.
Mme Cardinal: Mon Dieu, oui.
M. Garon: Vous pouvez faire tout ce que vous voulez faire dans
votre temps.
Mme Lazure: Bon, c'est bon à savoir. Je ne veux pas
prendre plus de temps. Pour ce qui est du transport adapté, est-ce qu'on
peut s'entendre pour dire que le transport adapté est du transport en
commun?
Mme Cardinal: C'est là qu'il faut définir les
termes.
Mme Lazure: Pour moi, c'est le point de départ.
Mme Cardinal: C'est ça.
Mme Lazure: Si on ne s'entend pas sur cette vue du transport
adapté, on parlera beaucoup avant de se comprendre, je pense.
Mme Cardinal: Voilà. C'est parce que lorsqu'on a
parlé de transport adapté au niveau de la personne
handicapée, forcément, comme dans toute chose qu'on
démarre, comme dans toute chose qui veut apporter des services auxquels
chaque personne a droit, évidemment, il fallait parler de transport
adapté à la personne handicapée. Mais la personne
handicapée étant un être humain à part
entière ne devrait pas être considérée en rapport
avec un transport adapté spécifique. Mais, comme vous l'avez si
bien mentionné, elle doit être considérée aussi en
rapport avec un transport complet, intégré, tout à fait
bien pensé.
Mme Lazure: Planifié.
Mme Cardinal: Planifié. C'est pour cela qu'en partant de
notre transport adapté "réduiÊ", entre guillemets, on veut
arriver, depuis que je suis impliquée avec les personnes
handicapées, à avoir ce transport accessible et universel. Mais
pour y arriver, vous êtes très conscients qu'il faut absolument
avoir la collaboration des intervenants du milieu pour que la commission de
transport de Montréal puisse accepter de collaborer avec nous et rendre
accessible son métro, ses autobus et son transport, en collaboration
avec le gouvernement.
Mme Lazure: Oui, je pense qu'on parle de deux choses, Mme la
députée. On parle de la collaboration avec laquelle on est tout
à fait d'accord et on dit qu'il est indispensable d'avoir une
consultation et une concertation au niveau de l'admissibilité
universelle et du dossier interrives, c'est bien évident. Il ne faudrait
pas mélanger tes cartes et parler d'intégration des personnes
handicapées au transport en commun régulier. Je tiens à
répéter que, dans notre esprit, il y a un transport en commun
divisé en deux réseaux, un réseau régulier et un
réseau de transport adapté. Mais pour nous, tout cela est du
transport en commun avec les mêmes droits aux usagers et les mêmes
obligations aux usagers.
Mme Cardinal: Alors, je vais vous poser à nouveau une
question à ce moment-là. Comment voyez-vous cette
réalisation parce que, nous aussi, dans notre esprit, c'est cela -
...
Mme Lazure: D'accord.
Mme Cardinal: Peut-être que je me fais mal comprendre, mais
c'est cela.
Mme Lazure: Parfait, oui.
Mme Cardinal: ...de l'accessibilité et de
l'admissibilité à toute personne dans un réseau de
transport, puisque cela aurait dû être cela au départ? C'est
très bien, il faut le percevoir et le voir de cette façon. Mais
vous, comment pensez-vous y arriver si on n'a pas à considérer
actuellement les coûts et les critères, ainsi que la
volonté de chacun? Est-ce que vous pensez que c'est le gouvernement qui
doit arriver à imposer cette forme d'intégration?
Mme Lazure: J'espère que non.
Mme Cardinal: C'est cela. Je vous pose la question.
Mme Lazure: Non, ce n'est pas du tout ce qu'on entend.
Mme Cardinal: Pour moi, c'est important. Mais de quelle
façon voyez-vous...
Mme Lazure: Par un comité de travail. Mme Lebret l'a
mentionné tantôt.
Mme Cardinal: Oui, elle l'a mentionné.
Mme Lazure: C'est un comité de travail composé des
intervenants directs, des représentants des usagers qui sont
concernés par la question et qui discuteront des modalités de la
question.
Mme Lebret: Je veux juste ajouter que ce comité de
travail, on ne le conçoit pas comme étant un comité
d'étude, mais comme un comité de travail qui va vraiment aboutir
à réaliser une expérience pilote qui va nous faire voir
que le service interrives et l'admissibilité sont
réalisables.
M. Côté (Charlesbourg): Si ma collègue me le
permet...
Mme Cardinal: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...cela fait l'objet de
votre deuxième résolution et c'est oui.
Mme Lebret: Vous dites que c'est oui!
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Réunir du monde
autour d'une table pour se parler, pour voir dans l'application ce qu'on
peut
faire, cela peut ouvrir nos yeux comme les vôtres. Cela peut
être bénéfique aux deux parties, sur des choses qui sont
réalisables, qui sont demandées et sur des choses qui sont
demandées et qui ne sont pas réalisables. Alors, je pense que
tout le monde aurait intérêt à s'asseoir autour d'une
table. On va effectivement mettre cela en place et on va le tenter à
titre d'expérience pilote. Et, si cela donne des résultats qu'on
souhaite, vous et nous, tant mieux pour vous et tant mieux pour nous.
Mme Lebret: M. le ministre, est-ce qu'on peut penser que ce
comité pourra être mis sur pied dans un avenir
rapproché?
M. Côté (Charlesbourg): On va s'entendre sur
rapproché: à l'automne.
Mme Lebret: À l'automne? M. Côté
(Charlesbourg):: Oui. Mme Lebret: Merveilleuxl
Mme Cardinal: Voyez-vous comme c'est important de discuter. Il
fallait que M. le ministre s'implique, d'autant plus que ce ne sera pas
seulement un comité d'étude, ce sera un comité
d'action.
Mme Lebret: Absolument.
Mme Cardinal: Quand je vous ai dit tantôt qu'il fallait
réunir les intervenants, c'était dans cet esprit et je pense que
je n'avais peut-être pas été bien comprise.
M. Beauregard: Si vous me le permettez, j'aimerais avoir juste
une petite précision. Je voudrais savoir si les mandats du comité
seront d'étudier l'universalité et le transport interrives ou si
ce sera seulement un des deux mandats.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est-à-dire que
ce que je pense qu'il faut trouver, c'est une table où on peut
échanger. Vous mettrez les sujets que vous voudrez à l'ordre du
jour et on tentera de trouver les solutions. On ne se limitera pas. Je pense
qu'il ne faut pas se limiter au départ. C'est à voir, à
l'exercice et à l'usure. Si on réussit à régler de
petits problèmes, on pourra peut-être en régler des gros.
Alors, dans ce sens, on va inviter du monde avec nous, soit des gens qui
s'occupent de transport sur la rive sud, sur l'île, sur la rive nord. On
va inviter du monde. On va les inviter. À ce moment-là, on va
peut-être apprendre tout le monde ensemble.
Mme Cardinal: Est-ce que vous l'étendrez, M. le ministre,
à la région?
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
Mme Cardinal: Les problèmes régionaux aussi?
M. Côté (Charlesbourg): Cela me rappelle ce que nous
disait Mme la présidente de la Société de transport de la
Rive-Sud de Montréal: II faut avoir une vision du haut des airs et
très extensive en termes de régions.
Mme Cardinal: Merci.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, on a vu qu'il y avait
une nouvelle concertation régionale qui était très large.
Je pense qu'on va avoir du plaisir à ce niveau.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de...
M. Côté (Charlesbourg): Régional, c'est pour
le Lac-Saint-Jean.
M. Dufour: Nous, on est du Saguenay.
Le Président (M. Saint-Roch): ...Châteauguay. Je
vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: Si j'ai compris, ce ne sera pas un comité
d'étude et ce ne sera pas, non plus, un comité d'action. Ce sera
un comité de discussion.
Mme Cardinal: Et d'action...
M. Garon: Bien, on ne le sait pas.
Mme Cardinal: ...dans l'avenir.
M. Côté (Charlesbourg): II faut se poser la question
suivante. Est-ce que, dans l'état actuel de nos informations, de notre
connaissance, on est prêt à l'action? Est-ce qu'on est capable de
mesurer les effets de notre action? Il ne s'agit pas de refaire des
études. Il s'agit de s'asseoir autour de la table et de dire: Voici ce
qui est possible, avec les gens qui gèrent les systèmes de
transport, avec ceux qui paient - nous autres - et avec ceux qui les utilisent.
Je pense que cela va faire un triumvirat qui va faire du feu et qui va
peut-être permettre de régler un certain nombre de choses dans
l'action.
M. Dufour: Cela va aller à cet automne. Cela va être
terrible!
M. Garon: J'espère que cela va dépasser le mur du
son comme dans l'aviation.
Mme Cardinal: M. le ministre, est-ce qu'on pourrait surtout
impliquer aussi les municipalités?
M. Beauregard: Excusez-moi, M. le ministre, est-ce que je
pourrais avoir une autre petite précision? Parfois, j'ai de la
difficulté à comprendre. Dans l'ordre du jour qu'on va discuter
à ce fameux comité, est-ce qu'on va parler également de
l'adaptation du réseau régulier ou si on parlera uniquement du
transport en commun adapté?
M. Côté (Charlesbourg): Si vous voulez discuter de
l'ensemble de la problématique, on va en discuter. Il y a des mesures
qui sont demandées et qui coûtent de l'argent. Mais ce que j'ai
compris de votre intervention, tout à l'heure, c'est que vous
appréciez le niveau d'intervention du gouvernement sur le plan de son
soutien financier, que vous souhaitez qu'il soit maintenu et, dans la mesure
où les possibilités budgétaires le permettent, qu'on
puisse peut-être l'accroître pour régler d'autres
problèmes. Ce que j'ai compris, c'est qu'il y a des problèmes
d'interface. Il y a des problèmes actuellement avec les réseaux.
C'est sur ce plan qu'on va s'asseoir à la table et qu'on va voir. En fin
de compte, il y a toujours une question de piastres et de cents. On va examiner
cela ensemble. On va vous donner l'occasion, si vous ne l'avez jamais eue, de
vous asseoir à la table. Vous mettrez les sujets que vous voulez sur la
table et on va en discuter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: J'aimerais bien, comme nouveau critique de l'Opposition
en matière de transport, avoir une copie des sujets que vous aimeriez
mettre sur la table pour voir quels sont les problèmes que vous aimeriez
voir à l'ordre du jour de ce comité de discussion qui va devenir
un comité d'action.
Mme Lazure: M. le député, je pourrais vous dire que
les sujets les plus brûlants dont on va parler, qui sont les plus
importants pour nous, vous les avez entre les mains. On vous les a
présentés tantôt.
M. Garon:Pourriez-vous résumer ce que vous voudriez voir
discuter au point de vue des règlements à un comité comme
celui-là qui sera formé à l'automne, l'automne
commençant le 21 septembre?
Mme Lazure: Je pourrais peut-être proposer à M. le
député... Considérant que le mémoire a
été déposé et que les priorités y sont
très nettement indiquées, j'ai l'impression que c'est plus sur
l'ordre du jour des réunions du comité qu'il peut y avoir une
inquiétude; et c'est la même de notre côté, si je
puis dire. C'est peut-être une copie de cet ordre du jour, ainsi que des
débats qui se feront à ce comité qui pourrait être
acheminée à M. le député.
M. Garon: Je connais bien des comités de discussion qui
étaient supposés être des comités d'action et qui
sont restés des comités de discussion. Ensuite, il y a eu des
études pour analyser ce dont ils avaient discuté.
Mme Lazure: Nous aussi, M. le député, on en a
vécu plusieurs et on a pris beaucoup d'expérience sur ce
plan.
M. Garon: J'aimerais vous poser une question. Vous affirmez, dans
la première partie du texte, que plus de 7000 personnes sont admises aux
services de transport adapté. J'aimerais savoir combien l'utilisent
effectivement - j'aimerais avoir des données précises - et quels
sont les critères d'admissibilité au transport adapté
actuellement.
Mme Lazure: Je peux vous dire que les chiffres exacts sont -
j'exagère peut-être un peu en disant jalousement - du ressort de
la STCUM. Nous, ce qu'on peut savoir, c'est qu'il y a plus de 7000 personnes
admises au transport adapté. Il faut savoir qu'an n'est pas la
société de transport et qu'on n'a pas toutes les statistiques
possibles disponibles.
Pour ce qui est des critères d'admissibilité au transport,
je répéterai que ce sont les critères émis en 1983
par te ministère des Transports et qui sont dans le mémoire:
"Toute personne limitée dans l'accomplissement d'activités
normales et qui, de façon significative et persistante, est atteinte
d'une déficience physique ou mentale ou qui utilise
régulièrement une orthèse, une prothèse ou tout
autre moyen pour pallier son handicap." Je vous dirais que ce n'est pas plus
clair que cela.
M. Garon: En page 3, vous parlez des personnes à
mobilité réduite. À combien évaluez-vous cette
clientèle, en 1987, à Montréal?
M. Beauregard: Je vais me permettre de répondre. (17 h
15)
M. Garon: Et, dans le cadre actuel du fonctionnement du transport
en commun, quels sont les problèmes vécus par ces personnes,
selon votre perception des choses?
M. Beauregard: Comme je le disais, je vais me permettre de
répondre. Nos ressources étant quand même assez
limitées, cela nous est assez difficile de faire un inventaire complet
de la population visée. Ce
qu'on peut dire, c'est que les personnes à mobilité
réduite, ce sont des gens qui ont une déficience visuelle, une
déficience intellectuelle, les personnes âgées qui ont des
limitations, les personnes obèses aussi, donc, différentes
clientèles dont les besoins sont différents de la
clientèle régulière. C'est assez difficile, comme je le
disais, de faire quand même un inventaire complet et d'avoir des chiffres
précis. Cela doit sûrement se chiffrer par plusieurs centaines de
milliers. Si on prend seulement les personnes handicapées visuelles qui
sont de l'ordre de 25 000 à 30 000 dans la région
montréalaise, les personnes obèses qui sont de l'ordre de 10 000
à 20 000 et les personnes âgées, on peut tout de suite se
rendre compte qu'on va atteindre des centaines de milliers de personnes.
M. Garon: Quand vous évoquez la notion
d'aménagement physique du réseau comme facteur qui peut
influencer l'utilisation du transport en commun, à quelle situation
faites-vous référence exactement? À quoi pensez-vous comme
aménagement? Par exemple, parlons d'il y a quelques années...
M. Beauregard: Bon, d'accord.
M. Garon: Je pense aux trottoirs, par exemple. À un moment
donné, les trottoirs étaient trop carrés, alors, quelqu'un
en chaise roulante pouvait piquer du nez facilement. Aujourd'hui, c'est un
aménagement qui est assez simple. Sur tous les trottoirs,
l'aménagement est fait et il semble que cela a aidé beaucoup.
Quand vous parlez de transport en commun, à quel aménagement
physique faites-vous référence en particulier pour régler
la situation?
M. Beauregard: D'accord. Cela pourrait être des bancs, des
sièges, qui répondraient aux besoins des personnes
handicapées, des personnes handicapées obèses au encore
l'annonce verbale des stations de métro et des arrêts d'autobus
pour les personnes handicapées visuelles. Cela pourrait être
également un meilleur éclairage dans les stations de
métro, autant pour les personnes handicapées visuelles que pour
les personnes âgées qui souffrent d'une certaine
insécurité. Également, on pourrait retrouver des
sièges en plus grand nombre près des arrêts d'autobus,
près des abribus, des escaliers avec les marches moins hautes pour
faciliter l'ascension des escaliers pour les personnes âgées ou
obèses, différentes adaptations physiques qui seraient quand
même assez longues à énumérer. Mais, dans le
passé, les différents organismes ont fait des recommandations
à ce sujet.
M. Garon: Quand vous dites de maintenir les budgets du transport
adapté, l'adaptation du réseau régulier et de s'assurer
d'une meilleure gestion, quand vous parlez des budgets du transport
adapté, quels sont actuellement ces budgets auxquels vous
référez?
Mme Lazure: Encore une fois, pour les budgets exacts, on n'a pas
les chiffres en main. On sait qu'en ce qui concerne le transport adapté
c'est subventionné par le ministère à 75 %, à 20 %
par les municipalités et à 5 % par les usagers. Ces budgets
sont... Bon, enfin, pour des gens ordinaires comme nous, c'est assez
impressionnant. Cela se chiffre à peut-être 300 000 000 $ par
année pour le transport et une partie de cela... Je ne sais pas les
chiffres exacts. Cela doit être... Combien?
Une voix: ...
Mme Lazure: C'est 8 000 000 $ à 9 000 000 $ par
année pour le transport adapté. C'est quand même pour nous
beaucoup d'argent pour environ 40 minibus à Montréal et 7000
usagers du transport. On trouve qu'il y a un problème quelque part.
C'est pour cela qu'on dit qu'il ne faut absolument pas réduire ce budget
parce que pour nous, d'après notre expérience, cela suffit
à peine et sauvent, cela n'arrive pas à répondre aux
besoins. Idéalement, il faut l'augmenter. En plus, en ce qui nous
concerne, le transport adapté est en plein développement encore.
Il n'a pas atteint de vitesse de croisière. Il n'est pas arrivé
à un niveau où on a juste à faire fonctionner la machine.
Il est en plein développement. Donc, ce budget ne doit surtout pas
être touché. On aurait pu facilement aller plus loin et demander
qu'il soit doublé, triplé et augmenté pour répondre
vraiment aux besoins des usagers, ce qu'on n'a pas fait.
M. Garon: Dans le cadre du travail que font ou doivent faire les
CLSC dans le maintien à domicile des personnes qui ont un degré
d'autonomie moins grand et pour utiliser au maximum leur degré
d'autonomie pour ne pas qu'elles soient en institution, est-ce qu'il y a une
relation qui se fait entre ce maintien à domicile, les CLSC et le
transport adapté comme service aux gens qui doivent être maintenus
à domicile? Voyez-vous, vous parlez d'intégrer entièrement
le transport adapté au transport en commun régulier alors
qu'actuellement je n'ai pas le sentiment que c'est cela. Je ne sais pas pour ce
qui est de Montréal, mais je sais que, dans la région chez nous,
c'est un réseau un peu à part, de petits minibus, comme vous
dites, pour transporter des gens. Maintenant...
Mme Lazure: Oui, c'est cela. Si je peux
me permettre...
M. Garon: Est-ce que cela se fait dans le cadre du maintien
à domicile ou si vous voyez cela comme quelque chose qui se fait d'une
façon complètement différente dans le cadre du transport
en commun?
Mme Lazure: Je veux juste réajuster. Encore une fois, je
m'excuse. Je comprends que vous n'êtes peut-être pas familier avec
ces questions et je veux mettre cela bien clair à votre esprit. Nous ne
disons pas qu'il faut intégrer le transport adapté dans le
réseau régulier, on dit que le transport en commun à
Montréal, comme partout, a deux volets, deux réseaux, soit un
réseau régulier et un réseau adapté. Cette
précision étant faite, pour répondre à votre
question pour ce qui est du dossier du maintien à domicile en rapport
avec le transport adapté, pour nous, notre regroupement qui est le
Regroupement des usagers du transport adapté de la CUM, on s'occupe du
transport adapté. Le dossier du maintien à domicile, c'est autre
chose.
Mme Lebret: Mais, tout comme le transport adapté, le
maintien à domicile est un moyen qui permet l'intégration sociale
des personnes handicapées.
M. Garon: C'est cela.
Mme Lebret: Si on n'a pas de transport pour les personnes
handicapées, ces personnes ne peuvent pas aller travailler, ne peuvent
pas aller étudier, ne peuvent pas aller faire leurs courses, ne peuvent
pas mener une vie normale. C'est une condition primordiale. Si on vous
enlève tout moyen de transport, vous allez rester chez vous, vous n'irez
pas plus loin que le pâté de maisons. Pour les personnes
handicapées, c'est le moyen de s'intégrer socialement et de mener
une vie normale. Alors, si ce n'est pas cela... On ne parlerait pas de
transport adapté si, au départ, on avait tenu compte de
l'ensemble des citoyens, de l'ensemble de la population. On a tenu compte d'une
majorité bien portante et travaillante, mais an n'a pas tenu compte
d'autres parties de la population. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui on se
retrouve avec un réseau de transport adapté. Mats c'est important
de considérer le transport des personnes handicapées comme
étant un transport en commun. C'est fondamental. Si on ne comprend pas
cela au départ, on ne peut pas reconnaître le transport pour les
personnes handicapées comme étant un droit au même titre
que pour n'importe quel citoyen.
M. Garon: Oui, mais dans tout cela, il y a quand même des
questions de degrés. Ce que j'ai compris de votre mémoire, c'est
que vous voulez dire, au fond, que le transport en commun régulier...
Mme Lebret: Oui.
M. Garon: ...s'il faisait un certain nombre
d'aménagements, pourrait aider...
Mme Lebret: Cela allégerait...
M. Garon: ...un grand nombre de personnes qui ont une
mobilité réduite, comme vous l'avez dit...
Mme Lebret: Exactement. Mais cela allégerait...
M. Garon: ...mais qui n'ont pas besoin d'avoir le transport
adapté avec des minibus parce que c'est pour les cas plus extrêmes
où les gens ont des besoins plus grands.
Mme Lebret: C'est cela. Le transport adapté, au
départ, a été pensé pour des personnes qui ne
pouvaient pas utiliser de voiture, parce que les fauteuils motorisés qui
aident très grandement l'autonomie des personnes handicapées,
cela n'entre pas, malheureusement, dans les voitures. Donc, cela prend un
minibus avec des rampes ou une plate-forme hydraulique pour pouvoir être
transporté. Si on n'est pas capable de faire l'adaptation du
réseau régulier, c'est bien de valeur, mais on va se retrouver
avec toutes les personnes, on va appesantir de façon très
importante le transport adapté par minibus et par taxi d'un ensemble de
personnes à mobilité réduite qui pourraient utiliser le
transport régulier si celui-ci était adapté.
Mme Lazure: Ce n'est pas pour rien qu'on a parlé d'un
gouffre dans notre mémoire. Il y a un réseau de transport
régulier qui répond aux besoins d'une partie de la population. Il
y a un réseau de transport adapté qui répond à une
autre partie de la population et, entre les deux, il n'y a pas grand-chose. On
débute, on commence à adapter un peu le réseau de
transport régulier. Je pense qu'il faut continuer, maintenir les budgets
et les accroître, si possible. Et là, on finira probablement - on
l'espère, on le souhaite -par avoir un réseau de transport en
commun à Montréal qui répond aux besoins de sa population,
de tout le monde.
M. Beauregard: Quand on parle de les accroître, du
côté de l'adaptation du réseau régulier,
jusqu'à présent, malgré les efforts de la STCUM et du MTQ,
le budget n'est quand même pas trop trop élevé. On a eu
l'année dernière une subvention du ministère qui nous a
permis de réaliser le métro-guide qui était de 50 000 $,
associée à une autre subvention de la STCUM de 2000 $. Bon,
comme budget prévu pour l'adaptation du réseau
régulier, cette année, je pense qu'il y a quelque chose comme 160
000 $ à la STCUM. Mais, si on ne comprend pas l'urgent besoin d'adapter
le réseau régulier, eh bien, le creux qu'il y a entre le
transport en commun adapté et le transport en commun régulier va
devenir de plus en plus large. C'est urgent d'adapter le transport en commun
justement pour répondre aux besoins des personnes à
mobilité réduite. Je vous parlais tout à l'heure des
personnes qui en font partie. Donc, comme je vous l'ai dit, c'est important non
seulement de maintenir, mais d'accroître le budget du côté
de l'adaptation du réseau régulier, parce qu'à moyen et
à long terme on va en sortir gagnant. On va en arriver à
l'intégration des personnes à mobilité réduite,
mais également, au point de vue économique, on va être
regagnant, parce que les gens qui n'auront pas besoin d'aller au transport
adapté, en restant au réseau régulier parce qu'il leur est
accessible, vont rester au transport régulier.
M. Garon: C'est-à-dire que c'est une question d'être
préoccupé et d'être conscient de cela,
M. Beauregard: Exactement.
M. Garon: Si, au point de départ, on conçoit les
autobus en n'ayant aucune préoccupation pour cela, c'est évident
qu'il n'y aura pas de conception en pensant à cela. Vous parlez des
marches, c'est évident que.,. Les marches d'autobus, je me rappelle
quand j'étais plus petit, je trouvais les marches hautes, moi aussi,
parce que j'étais un petit garçon. À un moment
donné, les marches étaient hautes, c'est épouvantable.
Si vous avez des personnes âgées - et il va y avoir de plus
en plus de personnes âgées - et si on fait les marches trop
hautes, c'est évident que le service sera moins efficace parce que cela
prend beaucoup plus de temps aux gens pour monter dans l'autobus. Cela est
évident, il faut avoir cette préoccupation.
Mais voici la question que je veux vous poser: Sentez-vous, dans les
sociétés de transport en commun, cette préoccupation?
Est-ce que cela évolue? Je me rappelle, il y a quelques années,
tout le monde était en institution. Il y avait beaucoup de monde en
institution, pourquoi? Parce qu'on avait des soeurs qui ne coûtaient rien
et qui voulaient garder les gens. Alors, on mettait plus de monde en
institution. À un moment, on s'est aperçu que cela coûtait
cher; on a sorti un paquet de gens et on s'est rendu compte qu'ils n'auraient
jamais dû être en institution de leur vie, que cela avait
été une erreur de les mettre là et qu'ils étaient
capables de fonctionner. La conception de la société a
changé par rapport à ces choses, par rapport aux gens qui doivent
être en institution ou non. Maintenant, les coûts sont tellement
élevés qu'on essaie de mettre le moins de personnes possible en
institution. Des fois, il y a gens qui disent qu'ils devraient y être et
la société ne veut pas les y mettre. Il y a les personnes
très âgées. Dans les centres d'accueil, par exemple, la
clientèle est beaucoup plus lourde. Il ne s'agit pas de gens
handicapés, mais de gens en vieillissement, qui vieillissent.
Sentez-vous cette préoccupation chez les sociétés de
transport en commun d'adapter les moyens et de penser à des solutions
qui ne sont pas tellement complexes pour que le transport en commun soit
facilement accessible à des gens qui ne sont pas A-l sur le plan de la
condition physique? (17 h 30)
Mme Lazure: M. le député, je peux peut-être
vous répondre. On a affaire à une seule société de
transport directement, soit la STCUM. Nos rapports avec la STCUM sont
adéquats, c'est-à-dire que ses représentants nous
écoutent, nous parlent et qu'on leur répond; il y a un
échange. C'est sûr qu'on n'a pas les mêmes
préoccupations; je pense que ce serait trop demander. Ils ont une
société de transport à faire fonctionner. Nous, on a des
revendications à amener et des objectifs à atteindre en ce qui
concerne les usagers. Comme vous l'avez fait remarquer, il y a dix ans, toutes
les personnes handicapées étaient en institution. Après
l'Année internationale des personnes handicapées, on les a
à peu près toutes sorties en même temps et on a
décidé de changer la société. Les débuts ont
été difficiles, mais je pense qu'on s'habitue et que le dialogue
est ouvert. Personnellement, ainsi que le RUTA, j'ai confiance. En
définitive, je pense que les rapports sont bons.
Mme Lebret: II reste que pour ce qui est du développement
de l'adaptation du réseau régulier, comme on le disait dans le
mémoire, on n'en est qu'à notre premier balbutiement. Alors,
c'est une raison de plus pour maintenir aussi les budgets de financement.
M. Beauregard: C'est d'autant plus important parce que tout le
monde constate le vieillissement de la population. J'entendais dire, il n'y a
pas longtemps, que la population montréalaise, d'ici l'an 2000, va
être composée de 20 % de personnes de 60 ou de 65 ans et plus.
C'est drôlement urgent. Il faut prévoir quelque chose.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Nous
sommes maintenant rendus aux brèves remarques de conclusion. Je
vais reconnaître Mme la députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: J'ai été très
intéressée d'entendre vos commentaires et surtout vos
recommandations. Soyez assurés qu'à la suite de la volonté
de M. le ministre de se pencher sérieusement sur des solutions je serai
très heureuse de participer, s'il y a lieu, et de piloter cela
auprès du ministre. Cela me tient à coeur puisque je travaille
depuis 20 ans auprès des personnes handicapées. Lorsqu'on a eu
des échanges, j'ai voulu vraiment faire voir l'ensemble de la
problématique, de façon qu'on voie... C'est sûr qu'il y a
un transport parallèle et un transport en commun. Le gouffre est
toujours là et il faut trouver des solutions. On ne pourra
peut-être pas combler tout le gouffre, mais, tout au plus, y apporter des
solutions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Châteauguay. M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai été
très content de la discussion que nous avons eue. Au point de
départ, il fallait un peu s'entendre sur la terminologie. Je peux vous
dire que c'est un sujet qui me préoccupe beaucoup parce que j'ai eu la
chance d'avoir un ami qui a été un des premiers médecins
-d'ailleurs, le député de Louis-Hébert le connaît
aussi, le Dr Claude Paradis de Québec - à travailler à
sortir les gens des institutions. J'ai pu voir des cas personnels, des gens qui
avaient été en institution et qui en sont sortis. Parler avec
eux, c'était à peu près incompréhensible. À
peine quelques années plus tard, vous vous demandiez comment il se
faisait qu'ils aient été en institution un jour.
Actuellement, quand on regarde les changements dans la population, le
vieillissement - vous avez raison - au fond, je pense qu'on regarde beaucoup
plus... On a employé le terme "handicapé" à un moment
donné un peu comme un terme péjoratif, alors qu'en
réalité il n'y a rien de péjoratif à ce que
quelqu'un ait une vue moins forte ou soit plus âgé. L'autre jour,
à mon bureau, j'ai vu quelqu'un qui avait eu un accident d'automobile et
à qui il manquait deux jambes. Physiquement, je suis certain qu'il a les
bras dix fois plus forts que les miens. Par exemple, quand je vois qu'on veut
classer des gens en aptes ou inaptes pour le Bien-être social, je dis:
Bonne chance. Je connais des gens que vous pensez être incapables de
faire quoi que ce soit et qui, intellectuellement, sont plus forts que
n'importe qui. Quelqu'un d'autre peut être fort comme un lion et
être beaucoup moins apte que quelqu'un qui, sur le plan physique, a
plusieurs handicaps. Classer des gens en handicapés et en
non-handicapés, je pense que c'est très difficile. Il faut voir
la société différemment et que chacun ait le droit de
pouvoir fonctionner d'une façon normale, tout en ayant des
aménagements physiques qui permettent à l'ensemble des gens de
fonctionner. Comme, actuellement, cela coûte de plus en plus cher et que
la douleur des taxes va faire réfléchir beaucoup de monde, j'ai
le sentiment que, dans les mois ou les années qui viennent, tous les
gouvernements seront beaucoup plus sensibles à faire en sorte que, pour
des raisons de coût, le fonctionnement soit beaucoup plus facile pour que
les gens soient les plus autonomes possible parce que le gouvernement va
trouver qu'il a beaucoup de monde à sa charge s'il ne raisonne pas dans
les termes que vous venez de mentionner.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la
présidente.
Mme Lebret: Le mot de la fin?
Le Président (M. Saint-Roch): Le mot de la fin.
Mme Lebret: J'aurais juste envie de réagir, pas de
réagir, mais de "faire du pouce" sur l'idée de M. le
député en disant que, de par la définition de
l'Organisation mondiale de la santé, le handicap est principalement
l'obstacle, ta barrière sociale et que c'est dans la mesure où on
abolira ces obstacles et ces barrières sociales que le handicap
disparaîtra. C'est tout.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la présidente, je
tiens à vous remercier au nom de tous les membres de la commission
d'avoir apporté un éclairage sur une des facettes bien
particulière du transport en commun. Je vous remercie de votre grande
contribution aux travaux de notre commission.
Mme Lebret: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, Mme la
présidente, si vous le permettez deux secondes. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Avant de nous laisser, je
dois vous dire que l'automne sera propice à faire démarrer ce que
vous souhaitez depuis déjà un bon moment en espérant que
cela donnera tous les résultats escomptés sans
nécessairement oublier que tous ensemble, on aura un certain nombre de
barrières à franchir...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...et que cela peut bien,
à l'occasion, ressembler davantage
à une course à obstacles qu'à une course tout
court. Dans ce sens, vous pouvez compter sur l'appui du ministre et de ses
officiers et représentants.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
La commission va suspendre ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 36)
(Reprise à 17 h 42)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je demanderais maintenant aux représentants de l'Union des
municipalités du Québec de venir prendre place, s'il vous
plaît.
Union des municipalités du
Québec
Alors, permettez-moi, dans un premier temps, de vous souhaiter la
bienvenue aux travaux de la commission. Je demanderais à ce moment-ci au
porte-parole de bien vouloir s'identifier, ainsi que les gens qui
l'accompagnent, pour le bénéfice de tous les parlementaires et du
Journal des débats.
M. Ferland (Roger): D'accord. Alors, M. le Président, je
suis Roger Ferland, maire de Longueuil et membre du conseil d'administration de
l'Union des municipalités. J'ai, à ma droite immédiate, M.
Jean-Bosco Bourcier, maire de...
Une voix: À gauche. M. Ferland: Pardon? Une
voix: À votre gauche.
M. Ferland: À ma gauche, excusez-moi, à votre
droite, M. le Président, M. Jean-Bosco Bourcier, maire de
Châteauguay et président du CIT du Sud-Ouest; à mon
extrême gauche, M. Raymond L'Italien, directeur général de
l'UMQ; à ma droite immédiate, M. Jean Labrecque, conseiller en
fiscalité et finance municipale, et, à mon extrême droite,
M. Marc Laperrière, directeur du service de la recherhce et du
développement et conseiller juridique de l'UMQ.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire, et je vous redonne la parole en vous rappelant que vous avez maintenant
20 minutes pour présenter votre mémoire...
M. Ferland: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): ...aux membres de la
commission.
M. Ferland: Alors, M. le Président, je demanderais tout
d'abord aux membres de la commission de bien vouloir excuser M. Jean Pelletier,
président de l'UMQ, qui, pour des circonstances indépendantes de
sa volonté, est retenu à Québec aujourd'hui.
M. Garon: Ce n'est pas l'exposition de Québec qui le
retient?
M. Ferland: Je ne sais pas exactement ce qui le retient, mais il
est retenu à Québec.
M. Garon: S'il était venu à Montréal, il
aurait rencontré les invités de Québec qui sont à
Montréal.
Une voix: ...exposition agricole.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire, vous avez la
parole.
M. Ferland: M. le Président, si vous voulez, je vous
réfère à la page 3 de notre mémoire, à
l'introduction.
Le transport en commun constitue un enjeu majeur pour l'ensemble des
municipalités du Québec et particulièrement pour les
municipalités les plus fortement urbanisées.
L'Union des municipalités du Québec est toutefois
consciente de l'importance à accorder à une problématique
globale du transport au Québec puisque la gestion d'un mode de transport
a des répercussions sur tous les autres modes, principalement en ce qui
a trait au financement et à la planification.
Le présent mémoire présente la position de l'UMQ
sur les infrastructures de transport en commun de la région de
Montréal, Cette position s'articule autour du pacte conclu en 1980 entre
le gouvernement du Québec et les municipalités. En effet, c'est
dans le cadre de la réforme de la fiscalité municipale de 1980
que les nouvelles règles de financement du transport en commun au
Québec ont été établies et ce, après
ententes entre le gouvernement et les municipalités.
Le ministre des Transports soulève, à juste titre, que
"les services de transport en commun apportent une contribution substantielle
au développement économique, social et culturel de la
région de Montréal" et qu"'ils représentent une composante
irremplaçable du système de transport des personnes". L'Union des
municipalités du Québec est solidaire d'une telle affirmation et
entend bien démontrer la justesse de ces propos dans le rappel des
ententes établies au moment de la réforme de la fiscalité
municipale.
On dit que le transport en commun est une responsabilité
partagée. Le transport est d'abord une responsabilité locale. Le
transport est un facteur qui structure le milieu urbain. Puisque le transport
urbain constitue, par nature, un service rattaché à un territoire
particulier, il est essentiel que les citoyens de ce territoire assument les
décisions en ce domaine, qu'ils expriment leur préférence
en matière de modes et qu'ils supportent une partie du fardeau financier
résultat de leur choix.
Le cadre institutionnel du transport en commun, depuis 1970, est un
pouvoir direct et complet des élus locaux sur les services de transport
en commun. Ils sont les seuls aptes à décider des services
à offrir et des ressources à employer pour produire ces
services» La municipalité représente le palier
d'administration publique le plus près des citoyens. Les élus
municipaux sont souvent les premiers à percevoir les changements et les
besoins de la collectivité. Reconnaftre cet état de fait permet
de comprendre en quoi le transport en commun est d'abord une
responsabilité locale.
Le transport en commun est aussi une responsabilité du
gouvernement du Québec. Il possède un statut particulier,
différent des autres services de l'activité municipale. La
poursuite d'objectifs nationaux, tels que l'économie d'énergie,
l'équilibre du réseau routier, le transport en commun,
l'amélioration de la qualité de la vie, a amené le
gouvernement provincial à augmenter sa participation financière
à ce service local, en particulier pour les grandes infrastructures. Le
gouvernement est donc intéressé aux décisions prises
localement et il cherche à les influencer par ses subventions. Cette
forme d'interventionnisme ne fait qu'entraîner la perte progressive de la
responsabilité locale en matière de transport urbain. Le
gouvernement, qui assume une partie importante des dépenses et du
déficit du service de transport en commun, veut naturellement intervenir
au moment des décisions. Il voudra allouer ses crédits selon ses
propres critères.
En matière de transport des personnes en milieu urbain, les
principes économiques exigeraient l'application d'un prix à
l'usager qui couvrirait la totalité des coûts. Le gouvernement
provincial doit cependant tenir compte de l'importance des effet3 externes des
transports urbains, tels que la congestion, le bruit, la pollution, etc., et
des significations sociales et politiques de leurs effets sur les citoyens.
L'approche économique basée sur le rôle
prépondérant des prix, c'est-à-dire des tarifs, ne peut
pas s'appliquer intégralement dans le secteur des transports en commun.
Sa dynamique justifie l'intervention gouvernementale dans le transport
collectif. C'est donc dans cette optique que l'UMQ voudrait rappeler au
gouvernement que les infrastructures de transport en commun jouent un
rôle social. Il faut concevoir les décisions d'investissement dans
une perspective d'ensemble de la région métropolitaine. Ces
dépenses visent à intégrer les besoins de toutes les
agglomérations en tenant compte que les grandes infrastructures
desservent plus d'une partie de la région ou qu'elles produisent des
effets de débordement. Toute intervention de la part du gouvernement
signifie qu'il veut s'affirmer comme acteur majeur dans le transport en commun
de la région de Montréal. Malgré tout, il n'est pas
nécessaire que les collectivités locales cèdent leur
autonomie décisionnelle.
Alors, l'UMQ recommande que le gouvernement du Québec agisse dans
le respect de l'autonomie décisionnelle locale et, en deuxième
lieu, que le gouvernement du Québec reconnaisse la nature du rôle
social qu'il joue dans sa participation au transport en commun.
L'entente de 1980 entre le gouvernement du Québec et les
municipalités. L'année 1980 constitue un point tournant dans
l'histoire des municipalités du Québec.
En effet, c'est le 1er janvier 1980 que s'est appliquée la
réforme de la fiscalité municipale qui a entrafné dans son
sillon des modifications au financement du transport en commun. Rappelions que
l'essentiel de la réforme a consisté à accroître le
potentiel fiscal de l'impôt foncier et à en faire la pierre
d'assise du financement des municipalités. Devant la volonté des
élus d'assumer une plus grande autonomie locale, l'aide gouvernementale
sous forme de subvention a aussi été réduite au
minimum.
Dans le document gouvernemental touchant la réforme de la
fiscalité municipale et du financement du transport en commun, la
politique annoncée visait les objectifs suivants: premièrement,
respecter le principe de la responsabilité locale en ce qui a trait au
service de transport en commun, mais sous réserve des impératifs
résultant de la poursuite des objectifs régionaux ou nationaux;
deuxièmement, réaménager la structure de l'aide
gouvernementale en vue de favoriser une plus grande efficacité et un
meilleur contrôle des coûts; troisièmement,
privilégier les subventions aux dépenses d'immobilisation comme
forme d'aide gouvernementale au maintien et au développement de
réseaux et de services efficaces; quatrièmement, assurer des
conditions privilégiant le transport en commun comme principal mode de
déplacement des grandes agglomérations urbaines, et, finalement,
normaliser les règles touchant le service fourni par les organismes
publics à l'extérieur de leur territoire.
Ces objectifs se sont traduits par: premièrement, une subvention
aux revenus
plutôt qu'aux déficits; deuxièmement, des
subventions plus importantes aux immobilisations et, troisièmement, une
aide spécifique favorisant les usagers réguliers du transport en
commun, à savoir les laissez-passer.
On doit aussi rappeler la position défendue par l'UMQ dans le
rapport Québec-Municipalités d'octobre 1979. Je cite: "Le
transport en commun urbain est une responsabilité d'abord municipale sur
les plans de son organisation et de sa gestion. La nature de l'aide
financière de l'État dans ce secteur d'activité ne peut
s'interpréter comme la contrepartie d'une responsabilité
partagée sur ces deux plans."
Les organismes de transport ont très bien répondu au
programme d'aide les incitant à augmenter leurs revenus. Ils sont
également profité de la subvention aux laissez-passer. Cela
explique assez bien que la contribution gouvernementale ait augmenté
très rapidement depuis 1980. C'est la formule de financement
proposée par le gouvernement qui a entraîné une
modification de comportement des organismes de transport. En axant sa
participation financière sur les revenus, le gouvernement a
incité les organismes à hausser leurs tarifs et à
favoriser l'amélioration du service. Le gouvernement a donné des
incitatifs dans le but de limiter le coût du transport assumé par
l'usager. Cependant, toute mesure visant à accorder des tarifs
réduits aux usagers du transport en commun ne peut se justifier qu'au
titre de mesure sociale. Or, tous conviennent que la redistribution de la
richesse doit se faire à un palier autre que local.
Le livre blanc de 1982. À partir de 1981, le gouvernement a
cherché à diminuer ses dépenses dans tous les domaines et
le transport en commun n'a pas fait exception. Ainsi, en 1982, le gouvernement
du Québec a publié un livre blanc sur le transport en commun dans
la région de Montréal où il proposait un nouveau cadre
institutionnel et financier. Les changements envisagés pour
résoudre les problèmes financiers supposaient des modifications
aux pouvoirs des municipalités, l'établissement d'un organisme
régional de concertation et une nouvelle structure tarifaire.
Les élus ont accepté le contrôle du transport en
commun sur le territoire, tout en reconnaissant la nécessité de
coordonner les services au plan régional. Ils se sont toutefois
opposés à la création d'un organisme régional en
raison du risque d'empiétement sur les prérogatives locales.
Malgré tout, le gouvernement a modifié unilatéralement par
décret la politique d'aide au transport en commun. Le gouvernement
voulait limiter la croissance de la contribution gouvernementale au
fonctionnement du transport en commun en fixant cette dernière par
rapport à la contribution municipale. Les modifications apportées
ont été: premièrement, la diminution de 110 % à 100
% du taux de remboursement du manque à gagner; deuxièmement, la
diminution de la proportion de déplacements remboursée et,
finalement, le plafonnement des subventions gouvernementales à la
quote-part municipale.
L'Union des municipalités du Québec a d'ailleurs
exprimé à cette époque sa réaction en ce sens que
la nouvelle politique ne tenait pas compte des travaux du comité
conjoint sur la fiscalité ni de la position défendue par l'UMQ au
moment de la commission parlementaire sur le transport en commun tenue en 1982.
L'UMQ avait alors recommandé au gouvernement de s'orienter vers la
bonification de la politique d'aide au transport en commun et d'inclure la
problématique de financement du transport en commun dans le grand
dossier de la fiscalité municipale. Le décret a modifié la
subvention gouvernementale en la fixant par rapport à la contribution
municipale, réduisant ainsi de façon significative la part du
gouvernement au financement du transport en commun.
Une autre suite au livre blanc de 1982 fut l'extension du programme
d'aide aux municipalités situées hors du territoire desservi par
les organismes publics de transport en commun. Deux types de
municipalités devenaient ainsi admissibles aux subventions: les
municipalités de banlieue, qui entretiennent des liens étroits
avec le noyau d'une agglomération urbaine, et les municipalités
faisant partie d'une agglomération comptant au moins 20 000 habitants.
Dans la seule région de Montréal, 134 municipalités sont
regroupées en 18 conseils intermunicipaux de transport, les CIT, pour
organiser un service sur leur territoire et vers le centre de
Montréal.
L'extension du programme d'aide à ces municipalités
constitue une pression supplémentaire sur l'enveloppe budgétaire
gouvernementale. En d'autres termes, cela fait un gâteau à
partager avec plus d'intervenants et une part plus petite pour chacun. Comme
l'illustre l'annexe 3, le fardeau fiscal des municipalités qui
soutiennent financièrement la CITF a augmenté de 46 %, de 1983
à 1986, celui de la CMTS, de 51 %, et celui de la CRSQ, de 28 %.
L'une des plus récentes actions du processus gouvernemental de
désengagement au financement du transport en commun est, sans contredit,
le décret 754-87, adopté le 13 mai 1987. Le décret
réduit l'aide gouvernementale à l'achat d'autobus neufs et
d'autobus neufs articulés à 65 %, en 1988, et à 60 %,
à compter de 1989. Le manque à gagner pour la CTCUQ sera de 90
000 $, en 1988, et de 810 000 $, en 1989, soit l'équivalent de l'achat
de 4 et de 24 autobus respectivement. Dans le cas de la CTCRO,
ce sont des montants additionnels de 331 000 $, 989 000 $ et 1 048 000 $
à pourvoir pour les années 1988, 1989 et 1990. Les contribuables
des municipalités et les usagers devront forcément supporter ce
fardeau supplémentaire.
L'UMQ recommande que le gouvernement du Québec consulte
préalablement ses partenaires municipaux sur tout projet relatif au
transport en commun, et, en deuxième lieu, que le principe de
création d'un organisme régional soit rejeté. Une table de
concertation qui respecte les autonomies locales est
privilégiée.
Les règles de financement du transport en commun mises en place
par le gouvernement depuis la réforme sur la fiscalité municipale
continueront d'affecter les contributions relatives des partenaires au
financement du transport en commun. Il est clair que le gouvernement limite la
croissance et le niveau de sa contribution aux dépenses de
fonctionnement et d'immobilisation du transport en commun, créant ainsi
des pressions sur les deux autres partenaires, c'est-à-dire les
municipalités et les usagers.
Le désengagement du gouvernement au financement du transport en
commun s'inscrit dans le processus d'une enveloppe budgétaire
serrée et dans une volonté de réaménagement de
cette enveloppe au sein du ministère. En termes clairs, si Je
gouvernement provincial opte pour la réfection du réseau routier,
il prendra cet argent dans l'enveloppe budgétaire, signifiant, à
la limite, moins de fonds pour le transport en commun.
L'Union des municipalités du Québec ne partage pas cette
vision du ministre des Transports du Québec. Nous tenons à
rappeler qu'il ne faut pas désinvestir dans le transport en commun car
ce service est un besoin essentiel au développement économique,
social et culturel de la région de Montréal, tel que le ministre
l'a affirmé dans son document de consultation. Il doit concevoir la
complémentarité du système de transport et ne pas opposer
le transport en commun et le réseau routier.
Partant du postulat que les infrastructures de transport en commun
jouent un râle social et que, en corollaire, on doit améliorer la
qualité des services offerts, il appartient au gouvernement provincial
d'aligner ses décisions politiques sur un programme d'aide en faveur de
ce mode de transport. Toutefois, ces programmes ne peuvent être
élaborés sans la participation active des collectivités
locales concernées. En particulier, il serait hasardeux d'oublier la
municipalité dans sa fonction d'organisation et de gestion du transport
collectif.
L'UMQ recommande trois choses: Que le gouvernement du Québec
cesse de désinvestir dans le transport en commun en raison du
caractère essentiel d'un tel service.
Que le gouvernement du Québec respecte l'entente
négociée de 1980 avec les municipalités. Que le
gouvernement n'oppose pas le financement du transport en commun au financement
de l'entretien du réseau routier, le système de transport au
Québec constituant un tout. (18 heures)
Quant aux sources alternatives de financement, en règle
générale, elles ont pour objectif de faire contribuer les
bénéficiaires non usagers du transport en commun. On vise ici
particulièrement les automobilistes et les entreprises. Un autre groupe
cible est constitué des non-résidents qui profitent du transport
en commun organisé par d'autres municipalités.
Les principales sources alternatives ont déjà
été bien identifiées, autant par le gouvernement que par
les principaux groupes intéressés. En particulier, il s'agit de
la taxe sur la masse salariale, du financement partiel par l'entreprise des
titres de transport en commun, de l'augmentation de la taxe foncière,
des droits d'immatriculation, de la tarification à la congestion, etc.
Il est possible de dresser pour chacune de ces mesures une liste des avantages
et désavantages, mais, de façon générale, ces
sources alternatives constituent soit une ouverture d'un nouveau champ fiscal,
soit le partage d'un champ fiscal existant. Ces mesures, quoique
alléchantes, doivent faire l'objet d'études plus poussées,
car leur incidence n'est pas négligeable. Ainsi, afin de respecter les
principes défendus lors de la réforme fiscale de 1980, il faut
éviter d'imposer une surtaxe aux entreprises basée sur le
foncier.
L'UMQ recommande que les formes alternatives de financement soient
étudiées, mais que l'on évite d'affecter les entreprises
par le biais de la taxe foncière.
Nous proposons que les subventions aux fins de fonctionnement et
d'immobilisation soient maintenues en raison des objectifs déjà
énoncés dans ce mémoire. Ces subventions jouent un
rôle social important dans la vie économique de Montréal et
de la grande région de Montréal. Elles contribuent à
l'amélioration de la qualité du service, tout en assurant une
certaine permanence au réseau, à sa sécurité et
à sa rapidité. Les récentes actions du gouvernement ont eu
un impact négatif sur ces aspects en alourdissant les charges
financières des municipalités et des usagers.
Concernant le métro, le gouvernement a admis que les
dépenses dans le transport rapide constituent un substitut à des
investissements dans le réseau routier. Parce que le gouvernement du
Québec finance à 100 % le réseau des autoroutes urbaines,
la logique impose qu'il participe, dans la même proportion, au service de
la dette du métro. Rappelons que le transport collectif .convient
parfaitement à une clientèle à bonne densité
d'occupation du territoire et que les captifs des transports publics sont
nombreux, à savoir les personnes âgées et les
étudiants.
Le métro est aussi en partie complémentaire à
l'automobile et à l'autobus en ce sens que ses stations forment les
points de liaison de ces moyens de transport. Le gouvernement a reconnu le
bien-fondé de cette argumentation puisqu'il a accepté de financer
à 100 % les travaux du métro entrepris depuis le 1er janvier
1980. Ainsi, si la conservation du réseau d'autoroutes de la
région de Montréal requiert des travaux majeurs, cela signifie
aussi que le gouvernement devra consacrer des ressources financières
à l'entretien du métro. C'est une logique qui s'inscrit dans la
lignée du document de consultation, soit un choix entre la conservation
des infrastructures existantes et de nouvelles infrastructures.
Au Québec, les règles du jeu en matière de
financement du transport en commun n'ont jamais été fixées
dans une loi. Le gouvernement du Québec a choisi de procéder par
décret pour définir les règles de financement. Il existe
des précédents quant à l'inscription dans une loi des
principes de participation au financement du transport en commun. À
Toronto, par exemple, ces principes sont inscrits dans une loi depuis 1977. Les
avantages d'une telle inscription se situent dans la clarification des
règles du jeu, dans l'assurance d'une stabilité de financement
à moyen terme et dans le caractère public du processus
législatif entourant les modifications à la loi,
c'est-à-dire la transparence. L'UMQ recommande que les principes de
participation du gouvernement au financement du transport en commun soient
inscrits dans la loi.
En guise de conclusion, les municipalités du Québec ont
établi, en collaboration avec le gouvernement du Québec, un
réseau efficace de transport en commun dont l'objectif a
été d'augmenter la mobilité des individus et de contribuer
à l'essor économique des municipalités en cause.
L'Union des municipalités du Québec constate que
l'application des décrets, depuis l'entente négociée de
1980, force les autorités en place à revoir les services offerts
aux usagers. Ces mesures ajoutent des dépenses additionnelles au fardeau
financier des municipalités, ce qui porte atteinte au
développement du transport en commun au Québec.
L'Union des municipalités du Québec souhaite que le
gouvernement du Québec agisse dans le respect de l'autonomie municipale,
et qu'il cesse d'agir de façon unilatérale. Le transport en
commun est un service essentiel qui a besoin d'une participation
financière gouvernementale. Cette forme d'intervention se justifie par
le rôle social que joue le gouvernement aujourd'hui. Merci,
messieurs.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vais abuser de votre patience, compte tenu du fait que, depuis hier, j'ai quand
même lancé deux avis disant que le dépôt du
mémoire de l'UMQ nous permettrait de rétablir un certain nombre
de faits et un certain nombre de faussetés véhiculées. Je
vais prendre le temps de le faire, car c'est important pour la pleine justice
de la qualité de l'information et de la bonne information.
Ce qui me fait sursauter, c'est la recommandation selon laquelle le
gouvernement du Québec devrait cesser d'agir de façon
unilatérale et qu'il devrait respecter ses partenaires. Je vais
commencer avec celle-là et je n'ai pas l'impression de défendre
uniquement l'administration actuelle, mais aussi l'administration
antérieure parce que, lorsque vous faites cette allusion, bien
sûr, vous n'évoquez pas uniquement les gestes posés par
notre gouvernement, mais aussi ceux posés par le gouvernement
précédent quant au transport en commun. Le député
de Lévis rit, mais c'est exactement cela, et vous le verrez
tantôt.
D'abord, le fait de souhaiter que le gouvernement cesse d'agir de
façon unilatérale, cela veut dire, dans un sens, qu'il n'y a
aucune espèce de consultation. Avant d'arriver au ministère des
Transports, j'ai appris l'existence de l'ATUQ - pour vous faire une confidence
- qui est l'Association des transporteurs urbains du Québec. C'est un
organisme privilégié et cet organisme a demandé,
dès les premiers mois de mon arrivée au ministère,
d'établir une table de concertation et de discuter plus largement. Cette
table était formée principalement de fonctionnaires. La condition
pour entamer des discussions sur une série de problèmes
était que je voulais avoir des gens de mon niveau, soit du niveau
politique ou des élus pour discuter avec un élu, soit le
ministre, afin de cheminer sur un certain nombre de dossiers qui étaient
sur la table et qui méritaient qu'on s'y attarde un tant soit peu pour
trouver des solutions. Cela a été accepté et c'est M.
Forgues, conseiller élu à la ville de Québec, du
même parti que M. Pelletier, choisi par l'ensemble de la
communauté urbaine comme président de la commission de transport,
donc par d'autres élus de Charlesbourg, de Beauport et ainsi de suite.
De la même manière, on s'est regroupés autour de la table
avec les neuf représentants des commissions de transport, dont M. Yves
Ryan, qui représentait la STCUM. Nous avons eu notre première
rencontre en juin 1986. Cette rencontre a
fait état de la problématique d'un certain retrait du
gouvernement par rapport aux engagements de 1981 quant aux mesures de
plafonnement qui causaient, selon l'avis même de ces élus, des
préjudices au chapitre des subventions accordées aux
différentes corporations ou sociétés de transport. Je leur
ai dit que, pour être capables de cheminer, nous devions, chacun de notre
côté, travailler sur une base de données qui seraient
acceptées par les deux et qui nous permettraient d'avoir une vision de
l'avenir, chose que tout le monde a acceptée en juin 1986. Novembre
1986: une autre réunion a lieu peu de temps après
l'élection à Montréal. Tenant compte du changement qu'il y
avait à Montréal, c'est M. Perreault qui a remplacé M.
Ryan à cette table et on a eu certaines discussions. En février
et en avril 1987, d'autres discussions ont eu lieu. Donc, quatre rencontres
avec des élus choisis par des élus pour une fonction bien
spécifique, soit celle du transport en commun. Il y a peut-être eu
un manque de communication quelque part, mais ce n'était pas chez nous.
Ce n'est pas mon problème, ce sera le vôtre et vous le
réglerez comme vous voudrez.
Il m'apparaît très clair que cette affirmation n'est pas
juste et ne rend pas justice aux séances de travail que nous avons eues
avec des élus, que j'ai moi-même présidées et
où il y a eu un climat de confiance et d'échanges malgré
le fait que nous puissions avoir des divergences d'opinions sur plusieurs
points. L'ordre du jour et les sujets de discussions étaient ceux voulus
et souhaités par l'ATUQ. Donc, je trouve l'affirmation grosse et nous
sommes toujours un peu chatouilleux, nous, les politiciens, peu importe de quel
côté de la barrière on est, et celle-là m'a
particulièrement chatouillé. Cette consultation a bel et bien eu
lieu, et je croyais avoir autour de la table des gens bien mandatés pour
régler le problème et qui connaissaient bien la
problématique du transport puisque c'était leur lot quotidien. Je
croyais qu'ils étaient, du fait qu'ils étaient mandatés
par leurs congénères, en mesure de régler les
problèmes ensemble.
On parle de désengagement. On en parle à
l'intérieur du document du ministère de manière historique
depuis 1980, soit depuis l'entente sur la fiscalité municipale. Il y a
eu un certain désengagement. Si on parle de respect de l'autonomie,
à la fois sous le gouvernement péquiste et sous notre
gouvernement, toujours dans le but de bien mesurer ce qu'on a à payer -
et c'est aussi le problème des municipalités de savoir, au
début de l'année financière, ce que cela va nous
coûter à la fin de l'année - les mesures adoptées au
plan du financement du transport en commun ne nous permettaient pas de
prévoir les budgets disponibles et, chaque fois, chaque année, on
défonçait.
Plus spécifiquement, certains dossiers ont fait l'objet de
manchettes et, dans certains cas, je n'hésite point à le dire,
ont été sciemment coulés par la presse pour tenter de
monter le fait que le gouvernement voulait se désengager.
Commençons par le premier: les abribus. La participation
gouvernementale, en 1985-1986, du ministère des Transports, au chapitre
de la construction des abribus était de 638 000 $. En 1986-1987,
année où on a coupé, c'est clair, notre participation fut
de 261 000 $. À ce niveau, on se comprend. Mais on parlait de
l'année 1986-1987 lorsqu'on a parlé de désengagement. Le
budget actuel est de 671 000 $, donc au même niveau qu'en 1985-1986, en
tenant compte de l'indexation, ce qui signifie qu'il n'y a pas de
désengagement. Cela a fait l'objet de publicité, bien
sûr.
Deux critères permettent de distribuer les abribus. En premier,
et c'était clair, on a réglé un certain nombre de
problèmes d'abribus au CIT. Je prends M. le maire de Châteauguay
à témoin. Par la suite, nous avons réparti le solde des
disponibilités budgétaires entre les commissions et les
sociétés de transport qui ont présenté des demandes
au prorata de leur taux de réalisation. Même cela n'est pas vrai.
Je vais vous en faire la démonstration. La STCUM -c'est de là
qu'est venue l'information au sujet des abribus selon laquelle il y avait
retrait du gouvernement - dans le plan triennal, a fait une demande pour 100
abribus. Dans l'année 1987-1988, nous n'avons reçu aucune demande
de la STCUM quant à la construction d'abribus. Le pourcentage atteint
par la STCUM quant à la construction de ces abribus par rapport au plan
original est de 80 %. Le deuxième plus élevé après
Laval. Pas mauvais garçon, on en a quand même prévu 45
même s'ils n'en ont pas demandé. On va attendre la lettre, car ils
vont finir par les demander. Dire que le gouvernement se désengage au
sujet du financement de la construction des abribus est une menterie pure et
simple qui méritait d'être corrigée.
Deuxième chose: on parle de désengagement du gouvernement.
À la rencontre de novembre 1986, à laquelle ont assisté
les neuf présidents de sociétés de transport, j'avais dit
qu'il fallait faire un effort pour trouver des moyens de soulager le budget
pour cette année parce que c'était une année
extrêmement difficile et j'en ai appelé à la collaboration
de tout le monde à cause de - et c'est maintenant public -certaines
demandes du Conseil du trésor selon lesquelles on voulait réduire
la participation du gouvernement du Québec de 42 % à 30 %.
J'avais donc proposé à la table, à ce moment, de
régler le tout pour 14 000 000 $, répartis dans l'ensemble du
Québec. On m'a donné une fin de non-recevoir et, en se
revirant de bord avec certaines propositions, on a même réussi
à me faire payer 9 000 000 $ additionnels. J'ai pris ma pilule. C'est
comme cela que cela se joue. Je l'ai prise. Il y a eu une contribution
additionnelle, en novembre 1986, par les décisions prises par les
sociétés de transport - en particulier celle de Montréal
-de 9 230 000 $. Ce n'est pas un désengagement, c'est un engagement. (18
h 15)
Au sujet des autobus, votre mémoire est particulièrement
sévère car vous dites qu'il y a un désengagement. La
presse nous révélait, au lendemain de l'adoption de ce
mémoire: Financement des achats d'autobus. L'UMQ dénonce le
retrait de Québec. On disait: L'Union des municipalités du
Québec a dénoncé hier la décision du gouvernement.
J'en passe des bouts que vous connaissez très certainement et que je ne
retrouve pas dans le mémoire, d'ailleurs. On va s'en parler. Il est dit
ceci: Pour combler la différence, les municipalités pourraient se
voir forcées d'augmenter les taxes ou les tarifs de transport. À
la Communauté urbaine de Montréal, ce décret pourrait
représenter un fardeau supplémentaire de 40 000 000 $ sur une
période de dix ans.
Ce n'est pas tout à fait la vérité. C'est une
partie de la vérité. Nous avons négocié et, un des
éléments essentiels de la discussion avec la table de L'ATUQ
portait sur le remplacement des véhicules rouilles dont on a
parlé ce matin. Donc, négociation globale du plan quinquennal
d'achat d'autobus avec General Motors, qui, eux, exigeaient la vente d'au moins
300 véhicules au cours des trois prochaines années. Cela devait
répondre en bonne partie à la commande. Pour la rencontre d'avril
1987, j'ai préparé un décret pour le faire adopter par le
Conseil du trésor en tenant compte de la demande même d'autobus
présentée par les neuf commissions de transport qui totalisaient
405 véhicules.
Je suis allé au Conseil du trésor, le mardi matin. On m'a
dit: S'il y a un effort à faire, il faut le faire maintenant si on veut
rationaliser un tant soit peu nos dépenses. J'ai accepté parce
qu'on est en équipe et que je partageais cette opinion. Je me suis
rendu, le surlendemain, à une réunion - c'était un jeudi -
à Montréal, au cours de laquelle on a discuté du
problème. Je me suis aperçu que j'étais allé au
Conseil du trésor pour revendiquer le financement de 405 autobus, alors
que le besoin n'était que de 333. Il y avait donc un écart entre
les besoins et la demande. Dans ce sens, nous avons discuté et la
vérité a tout de même ses droits. Huit des commissions de
transport sur neuf ont dit: Oui, on comprend les problèmes du
gouvernement. Il comprend les nôtres aussi, mais on souhaite que ce soit
la dernière fois que le gouvernement recule sur certaines
politiques.
J'ai eu huit "oui" sur neuf, le neuvième ayant dit un oui plus
timide et plus nuancé. C'était son droit. C'est là-dessus
que nous nous sommes laissés. Quand on dit qu'on n'a pas
respecté, je pense que la vérité a ses droits. Lorsqu'on
dit que ça coûterait 40 000 000 $, on a oublié de dire
qu'il y a une bonne partie... C'est vrai que ça coûte 40 000 000
$, mais, par les mesures de plafonnage, on oublie de dire qu'on vient
rechercher au gouvernement 20 000 000 $. En réalité, sur dix ans,
ce n'est plus 40 000 000 $, mais 20 000 000 $ à quelques centaines de
milliers de dollars près. C'est cela, la vérité. Je pense
que certains hommes publics et politiques ont manqué un peu de courage
et de clarté en affirmant tout de go que c'était 40 000 000 $,
alors que la vérité était davantage près de 20 000
000 $.
Quant aux décrets et au recul du gouvernement, je pense que,
là aussi, il faut à la fois rendre justice à ceux qui nous
ont précédés, à la tête de l'administration
publique, et à nous aussi. Il y a effectivement eu, pendant cette
période, quatorze décrets de modification. Cela fait abstraction
- on s'en reparlera tantôt - de la possibilité de geler pour une
période d'au moins cinq ou dix ans par un mécanisme qu'on
trouvera à la contribution gouvernementale, de façon à
régler le problème une fois pour toutes et qu'on arrête de
se garrocher des pommes.
Il y a eu quatorze modifications de décret. C'est beau de dire
qu'on a procédé par décret de manière
unilatérale, mais il faut au moins tenir compte de ce que les
décrets décidaient et disaient. Nous, nous en avons fait
seulement un. Le gouvernement précédent en a fait treize. Mais,
sur les quatorze - je suis prêt à le déposer, il n'y a pas
de problème avec cela.
Une voix: Ce n'est pas la même moyenne.
M. Côté (Charlesbourg): Non, depuis 1980, ce n'est
pas tout à fait la même moyenne. Sur les quatorze décrets,
il y en a neuf à incidence positive. Ce n'est pas en retrait, c'est en
ajout. Il y en a deux à incidence négative, en retrait. Il y en a
trois autres qu'on peut qualifier de décrets à incidence plus ou
moins négative, plus ou moins positive. On est loin de dire qu'il y a eu
recul. Ce n'est pas si substantiel que cela sur une masse aussi importante
affectée au transport en commun. Je pense que je me devais, dans le
respect de notre partenariat et de cette réforme de la
fiscalité... À juste titre, vous avez raison de dire certaines
choses, il y a des vérités qui sont bonnes à dire. Il y a,
sur ce plan, un certain nombre de choses à faire et que nous allons
faire.
Lorsque vous dites que nous disons, quant à nous... Vous
êtes tannant avec vos cinq minutes, vous! Lorsque vous parlez du choix
même du ministère ou du ministre quant au
réaménagement de ces sommes à l'intérieur du
ministère, le réseau routier par rapport au transport en commun,
la responsabilité du gouvernement, bien sûr, est là, elle
est exprimée à 44 % de la participation des coûts du
transport en commun. Elle est donc réelle. C'est un coût social;
c'est aussi un coût des avantages sociaux, mais il y a aussi des
avantages sur le plan économique. Alors, ces 44 % sont encore là,
mais, lorsque l'on parle de réaménagement à
l'intérieur de l'enveloppe, il ne faut pas oublier que les
municipalités que vous représentez passent de multiples
résolutions demandant et souhaitant du gouvernement son intervention
pour des chemins qui, tantôt, sont municipaux, tantôt, passent dans
les municipalités, mais qui sont de la responsabilité du
gouvernement.
Finalement, si vous êtes à même de savoir qu'on ne
peut pas multiplier les budgets si facilement que cela pour les
municipalités, c'est un peu le même principe pour le gouvernement.
Il y a de ces équilibres que le ministre des Transports doit faire et,
à la lumière de la commission parlementaire que nous tenons
actuellement, il y aura très certainement - c'est ma conviction profonde
- des décisions de prises quant à une stabilité de la
participation gouvernementale à l'exploitation pour les cinq prochaines
années.
Je n'ai même pas parlé des immobilisations qui ont
été demandées par la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec à place d'Youville, à
Charlesbourg, à Beauport. Je n'ai pas parlé de celles du
Saguenay, de Sherbrooke ni de la rive sud, que vous connaissez très bien
et auxquelles on a répondu. Dans ce sens-là, nous avons
tenté de faire un travail le plus honnête possible, en
consultation avec des partenaires, au cours de quatre réunions, à
part celles tenues avec les fonctionnaires. J'ai eu une collaboration tout
à fait extraordinaire de l'ATUQ, que je salue et que j'aurai le plaisir
de rencontrer demain. S'il y a eu un manque de communication, ce n'est pas
entre responsabilités gouvernementales et monde municipal, c'est
davantage entre les représentants du monde municipal et leurs
mandataires désignés par eux relativement aux commissions de
transport.
C'est le point que j'ai voulu soulever et qui m'apparaît
extrêmement important compte tenu de ce qui a circulé. Cela me
permet au moins de mettre à jour un certain nombre d'informations.
Une voix: Avez-vous une question?
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais une petite
question, en espérant qu'on pourra avoir un petit peu plus de temps. Aux
pages 7 et 8 de votre mémoire, il est fait mention du décret du
13 mai 1987 ayant pour but de réduire l'aide gouvernementale à
l'achat d'autobus. Vous mentionnez, en ce qui a trait à la CTCUQ, les
montants en termes de retrait ou ce que cela coûterait
éventuellement aux commissions de transport, la CTCUQ, la CTCRO, sans
faire le calcul pour les autres corporations ou sociétés de
transport. Est-ce que, dans ces cas-là, vous les avez? Je serais
très curieux de constater si cela fait 40 000 000 $ globalement ou du
moins ce que cela risque de coûter. Je ne sais pas si vous avez fait
l'exercice, mais ce serait très intéressant de le savoir.
Et en terminant là-dessus - un élément que j'ai
oublié, bien sûr - dans ce retrait très significatif du
gouvernement, lorsqu'on a négocié avec l'ATUQ le règlement
du dossier de GM pour une compensation négociée et
acceptée par eux de 8000 $ par autobus, le gouvernement du Québec
aurait été en droit d'exiger 75 % des 8000 $ par autobus, compte
tenu du fait qu'il a payé lui-même 75 % des autobus. Mais non, on
l'a oublié en disant aux commissions et aux sociétés de
transport: C'est vous qui êtes poignées avec la rouille et je
prends la responsabilité de le faire accepter par le Conseil du
trésor que la totalité de cet argent vous soit retournée
pour faire les travaux que vous avez à faire -aux autobus puisque c'est
te gouvernement qui vous a obligées à centraliser votre achat et
à le faire chez GM. Dans ce sens-là, j'aimerais avoir le
complément, je ne sais pas si vous l'avez, des coûts de cette
décision.
M. Ferland: M. le Président, j'aimerais que M. le ministre
reformule la première partie de la question; je ne l'ai pas très
bien saisie. Vous avez parlé des trois commissions de transport...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Aux pages 7 et 8, au
sujet du décret, donc aux conséquences de la décision du
décret du 13 mai 1987, vous avez quantifié le changement de cette
politique en disant que cela coûterait, pour la Commission de transport
de la communauté urbaine de Québec, 90 000 $ de plus, donc
signifiant par cela un retrait et que, pour la CTCRO, le coût additionnel
serait de 331 000 $. J'aimerais savoir si les autres commissions ou
sociétés de transport qui font partie des neuf qui étaient
à la table de négociation ont des montants et ce que cela
impliquerait pour elles, ce changement de politique. L'autre affaire - j'en ai
même oublié, j'en avais beaucoup à vous dire - c'est que,
dans cette modification du 13 mai 1987, un élément s'est
ajouté, revendiqué par la Société de
transport de la Rive-Sud, quant à la reconnaissance de la
subvention 75, 65 et 60 pour les autobus articulés urbains qui ne
faisaient pas partie auparavant du décret, mais qui ont
été acceptés dans le cadre de l'expérience de la
rive sud, compte tenu des problèmes particuliers de transport des gens
qui ont à venir sur l'île de Montréal. On l'a
ajouté, c'était donc un plus et non pas un retrait.
M. Ferland: M. le Président, concernant votre
première question à savoir si on tenait compte des augmentations
de coût pour les autres sociétés de transport, est-ce que
cela totaliserait 40 000 000 $, je vous avoue que je n'ai pas réponse
à cette question.
M. Côté (Charlesbourg): C'est peut-être une
question... De toute façon, si jamais vous les aviez, cela
m'intéresserait de les avoir pour qu'on puisse les comparer. Je pense
que ce serait assez intéressant.
Ma question serait la suivante, à ce moment. Je voulais
établir si les 40 000 000 $, c'était vrai ou pas. Nous croyons
qu'ils sont vrais, ces 40 000 000 $, mais la question était: Est-ce que
vous reconnaissez qu'avec les mesures de plafonnement... Et il a
été admis ce matin par Mme Gravel, la présidente de la
STRSM, que 0,45 $ et 0,55 $, finalement, cela faisait qu'avec les mesures de
plafonnement, à chaque fois qu'ils dépensaient un dollar, ils
venaient en chercher 0,45 $ chez nous. Ce qui fait que, globalement, disons
50-50 sur 40 000 000 $, vous venez, sur les 40 000 000 $, chercher chez nous 20
000 000 $. Ce qui fait que le coût réel de l'exercice qui aurait
dû être dit à la presse n'était pas de 40 000 000 $,
mais davantage de 20 000 000 $. C'était cela...
M. Dufour: ...il faut être clair. M. Côté
(Charlesbourg): Pardon?
M. Dufour: C'est la même chose que la députée
de Matane, il faut être clair.
Une voix: "Claire", comme la députée de Matane.
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon! Cela m'a pris un peu
de temps à faire le lien.
Une dernière question, si vous me permettez, M. le
Président. Comme j'ai l'intention de renouer les liens avec l'ATUQ,
est-ce que l'UMQ reconnaît que l'ATUQ véhicule une organisation
suffisamment représentative et bien mandatée pour qu'elle puisse
discuter avec le ministre des Transports?
M. Bourcier (Jean-Bosco): M. le ministre, on parle de l'ATUQ, on
parle du
Québec, on parle de l'Union des municipalités et on parle
de la table Québec-municipalités. Je pense qu'au départ
tout le monde est de bonne foi, mais il faudrait établir sur quoi on
doit discuter et à qui devrait revenir la finalité des
négociations. On a été de bonne foi tout le monde, l'ATUQ
et le gouvernement du Québec, sauf qu'il y a cette table
Québec-municipalités qui ne s'est pas prononcée. Si elle
s'était prononcée sur les bases sur lesquelles vous vous
êtes entendus, il n'y aurait sûrement pas eu de conférence
de presse ni de dénonciation. On s'est peut-être trompés
seulement de 50 % à ce moment; plutôt que de dire 40 000 000 $, on
aurait dit 20 000 000 $.
Vous soulevez le problème des communications. C'est un
problème qui est quasiment rendu sur toutes les facettes de la vie
sociale québécoise et peut-être mondiale. On demandait,
dans les comités intermunicipaux de transport, qu'il y ait plus de
concertation et plus de véhicules d'information entre nous. On le
constate: votre dernière affirmation et votre dernière
réplique quant à la conférence de presse de l'Union des
municipalités, cela en est une preuve. Peut-être que les gens se
parlent, mais il faudrait aussi qu'il y ait une espèce de couloir vers
lequel soient dirigées les finalités des dernières
négociations en cours dans divers organismes. Vous demandez si l'ATUQ
est un véhicule important pour l'UMQ. Je vais dire oui de premier abord,
sauf que, maintenant, on va se revirer de bord, l'Union des
municipalités et l'ATUQ, pour avoir un peu plus de concertation et
définir les rôles de chacun. (18 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends votre
intervention, mais il y a un certain nombre de choses que vous avez dites, M.
Bourcier, et qui méritent d'être distinguées quant à
leur affirmation. On n'avait pas besoin d'une communication avec l'UMQ pour
mesurer la vérité des 40 000 000 $ par rapport aux 20 000 000 $;
dans cela, les chiffres parlent. Il s'agit d'appliquer les mesures qui sont
là. J'aurais apprécié que cela puisse être dit aussi
à ce moment-là.
Quant à la table Québec-municipalités, qui est
l'instance suprême au niveau de ces négociations, je pense que,
quand on est rendu au ministre des Transports, c'est quand même une
instance suprême aussi. Indiquez-moi si je dois négocier avec la
table Québec-municipalités ou avec, si j'ai bien compris, la
deuxième en importance, l'ATUQ. Si je vais négocier avec l'ATUQ,
je veux bien qu'à un moment donné, on finisse par arrêter
de négocier et qu'on ne négocie pas en trois étapes.
M. Bourcier: Oui, mais, M. le ministre, si vous me le permettez,
quand la réforme de la fiscalité municipale s'est faite,
c'était
avec l'Union des municipalités du Québec et le
gouvernement du Québec. Pour des mesures à incidences aussi
importantes, n'y aurait-il pas lieu, avant qu'une décision finale ne
soit prise, même s'il y a eu des négociations fort
intéressantes avec l'ATUQ ou d'autres organismes sur des points si
importants, qu'il puisse y avoir un retour à la table
Québec-municipalités pour éviter justement qu'il y ait du
coulage ou du cimentage quelque part sans que les premières parties
intéressées ne se soient parlé plus que cela?
M. Côté (Charlesbourg): Tout ce que je peux vous
dire, c'est que chacun tirera ses conclusions de l'expérience. Quant
à moi, je n'ai jamais eu à l'esprit... C'était remettre
cela en question parce que je me suis moi-même présenté
comme ministre des Transports devant la table
Québec-municipalités pour discuter d'un certain nombre de
problèmes. Je suis toujours très heureux d'y être
invité et d'y aller. Ce n'était pas l'idée de "bypasser",
mais c'était que l'ATUQ, au sein de laquelle étaient des
élus nommés par des élus qui s'occupaient de
manière spécifique du transport, avait une connaissance encore
plus quotidienne et plus articulée du transport et des effets qui
étaient souhaitables à la table pour ces discussions. Je tire la
conclusion qu'il faudra dorénavant discuter davantage avec vous autres
qu'avec l'ATUQ. C'est la seule conclusion à laquelle on peut en venir
maintenant.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais dire au ministre qui
a offert, à un moment donné, dans son intervention, de
déposer la liste des quatorze décrets depuis 1980 que nous
acceptons son offre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, il n'y a pas de
problème.
M. Garon: M. le Président, j'ai l'impression que les
municipalités sont dans la position de quelqu'un qui aurait
rencontré un sous-ministre; on dirait que c'est la même chose que
de rencontrer le ministre. Au point de vue du transport, je pense que les
associations de transporteurs et les municipalités sont un peu, au
niveau des municipalités, dans la position d'un ministre et d'un
sous-ministre, comme à la CTCUM. Est-ce ce que vous vouliez dire?
Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont des élus.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Un sous-ministre n'est pas
élu.
M. Garon: Oui, mais la CTCUM, dans ses fonctions... Vous parlez
de la CTCUM et d'organismes comme cela?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Perreault est un
élu, comme M. Ryan est un élu, et, en plus, il est choisi par des
élus. Je comprends le sens de la comparaison que le député
de Lévis veut faire, sauf qu'un sous-ministre n'est pas élu,
alors que ceux que j'ai rencontrés à l'ATUQ étaient des
élus nommés en plus par des élus.
M. Garon: Je voulais faire l'intervention en commençant
parce que ce qui me frappe aujourd'hui, c'est que le ministre a rendu un
document public sur un sujet très important qu'est le transport en
commun, qu'il y ait un organisme aussi important que l'Union des
municipalités du Québec et qu'il n'y ait pas un seul journaliste
présent. Je ne comprends pas cela... La commission parlementaire, qui ne
siège pas souvent en dehors du parlement, vient siéger à
Montréal et on a l'impression que la presse à Montréal est
complètement indifférente à cela. On aurait
été aussi bien de rester à Québec et, en lisant les
journaux, ils auraient su la même chose que ce qui s'est passé en
commission parlementaire. Je le dis parce que je trouve cela un peu surprenant
parce que je calcule que... Qu'on soit d'accord ou non avec le ministre, c'est
une autre affaire. Mais, quand le ministre des Transports, qui a le
troisième plus gros budget au Québec, fait une consultation sur
le transport en commun et que l'Union des municipalités est là,
il me semble que ça devrait intéresser la presse. On se demande,
des fois, pourquoi les gens manquent d'information. Mais ça n'aide pas
quand les journaux ne sont pas présents. J'imagine que, si un joueur de
baseball a pris un gramme de coke, il sera dans la première page, mais,
nous autres, on va être nulle part. Je suis un peu surpris de ça,
parce que je me demande si la presse ne joue pas un rôle...
Une voix: De désinformation.
M. Garon: ...pour combattre la démocratie, au fond, parce
qu'elle n'a pas le souci d'informer sur un sujet qui est aussi important que
celui-là et qui touche des centaines de milliers de personnes dans le
territoire desservi ici, indépendamment des opinions.
Quand les gens viennent ici, on ne leur dit pas quoi penser, ils disent
ce qu'ils pensent. Le ministre dit ce qu'il pense et, nous, on dit ce qu'on
pense. C'est ça, l'organisme. Ce matin, vous avez un article dans la
presse qui vous dit quasiment que, de
toute façon, ça ne donne rien d'aller perdre son temps
là, le monde va s'engueuler. On ne s'est pas engueulé de la
journée. Tout le monde a parlé d'une façon normale. On a
essayé, tous, de travailler ensemble.
Que la presse - je ne parle pas du journal La Presse en particulier - se
sente au-dessus de ça, je trouve qu'il y a quelque chose qui est malade
dans notre système d'information du public. Je le dis en dehors de toute
partisanerie politique, même si les choses dites ou
véhiculées par les journaux étaient tout à fait
contraires à ce que je pense, ce n'est pas ça. C'est le fait que
les institutions qui sont ici aujourd'hui s'intéressent à un
problème qui touche beaucoup de monde; et ce n'est pas normal qu'il n'y
ait pas un seul journaliste. Ce n'est pas dans un esprit de vedettariat que je
dis ça, parce que j'ai l'impression que ce qui aurait fait la manchette
aujourd'hui, c'est beaucoup plus ce qu'a dit le ministre dans la
dernière demi-heure que ce que je peux dire personnellement.
J'aime ça voir des mémoires comme le vôtre et ceux
qu'on a vus aujourd'hui qui nous disent: bonne décision en 1980, bonne
décision en 1982 et bonne décision en 1983. Je me demande ce
qu'on fait dans l'Opposition.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: J'ai entendu depuis deux jours des gens qui ont dit: En
1980, la réforme de la fiscalité municipale, c'était
parfait et on voudrait garder ça.
Tout à l'heure, j'ai entendu les gens de la communauté
urbaine dire: On est arrivé à un équilibre avec - le
ministre l'a dit -quatorze décrets. Je comprends qu'il y en a eu neuf de
bonification, deux qui étaient - je suppose que c'est chacun un - de
diminution et deux neutres.
M. Côté (Charlesbourg): ...positives et
négatives.
M. Garon: Mais ils ont dit: On est arrivé à
un genre d'équilibre et ils souhaitaient le garder. Je le dis sans
partisanerie, simplement. J'expliquais ma méthode ce matin. Des fois, on
n'arrive pas juste à la bonne solution, mais par ajustement. Et il n'y a
pas de honte là-dedans.
J'ai toujours pensé que la consultation... On l'a vu aujourd'hui.
Aujourd'hui, on a vu d'une façon extraordinaire, à mon avis,
à quel point c'est simple. Il a fallu d'abord s'entendre sur les termes,
parce qu'on s'est rendu compte, avec l'organisme qui était là
juste avant, que, quand on parlait de transport adapté, de transport en
commun ou d'ajustement de transport en commun, tout cela, il fallait
préciser ce que ça voulait dire. C'est pour ça que ces
discussions-là sont nécessaires. Qu'il y ait un débat
entre le ministre et l'Union des municipalités où il semble qu'il
y ait une incompréhension, mon rôle comme membre de l'Opposition
serait peut-être de gratter un peu là-dessus, mais je ne ferai pas
ça. Je pense que ces débats sont sains parce qu'ils permettent
aux gens de mieux s'ajuster, de mieux se comprendre.
Je vais laisser à mon collègue de Jonquière le soin
tout à l'heure d'en dire davantage. Ce qui me frappe là-dedans,
c'est qu'on dit: II y a eu la réforme de la fiscalité. Je me
rappelle quand cela a été adopté. Il y en a qui
étaient sûrs que cela amènerait tels résultats;
d'autres ne l'étaient pas. Mais aujourd'hui, quand je regarde ça
avec les municipalités avec lesquelles je vis plus couramment dans mon
comté, cela a permis de fonctionner d'une façon, je dirais, plus
mature, plutôt que de toujours avoir à demander des subventions
d'équilibre budgétaire en fin d'année en se disant: Mes
contacts sont bons, j'en aurai ou je n'en aurai pas. Alors qu'au fond c'est un
peu comme un pauvre qui demande la charité: J'espère que je vais
tomber sur quelqu'un de généreux. Alors, des fois c'est
généreux et des fois ce n'est pas généreux. Tandis
que là, les municipalités, sur le plan de la réforme de la
fiscalité municipale, peuvent fonctionner d'une façon plus
planifiée et mieux organisée. J'ai compris que votre demande,
c'est que le gouvernement du Québec respecte l'entente
négociée en 1980 avec les municipalités, mais aussi
d'inscrire dans une loi les principes de participation du gouvernement au
financement du transport en commun. Encore là, cela vient d'une
volonté de pouvoir mieux s'organiser sachant d'avance sur quoi on peut
compter, en tenant compte, j'imagine, de ce que le gouvernement veut payer et
le pourcentage qu'il veut déterminer. Encore là, les
municipalités veulent mieux planifier leurs affaires, être plus
responsables de la gestion plutôt que d'avoir à négocier de
période en période des ententes. Je dois dire que c'est ce que
j'ai compris. C'est évident que c'est au ministre et au gouvernement
à décider, et on est chanceux, dans le domaine des transports, il
a l'air de vouloir décider. On peut être d'accord ou pas d'accord,
c'est une autre affaire, mais j'aime bien mieux un gars qui décide qu'un
gars qui ne décide pas. C'est plus sain.
De plus, vous avez dit qu'une de vos recommandations porte sur la
création d'une table de concertation qui respecterait les autonomies
locales. Pourriez-vous expliquer davantage les grandes orientations de cette
table de concertation? De qui serait-elle formée et quel serait son
mandat? Comment cela fonctionnerait-il? Tout le monde a demandé une
planification régionale, une intégration régionale.
Certains ont dit qu'ils étaient laissés pour compte, pour un
ensemble de raisons ou pour que ce soit plus rationnel. Mais comment,
dans votre esprit, cela pourrait-il fonctionner pour que ce soit plus efficace?
Des gen3 l'ont demandé et vous dites que vous êtes favorables,
mais en respectant le pouvoir d'engagement au niveau municipal, comment
voyez-vous que cela pourrait fonctionner pour que ce soit efficace, tout en
respectant les autonomies locales?
M. Bourcier: Si on prend, par exemple, les problèmes que
vivent les banlieues avec la ville de Montréal, pourquoi n'y aurait-il
pas à l'occasion des rencontres, sans que ce soit un organisme
permanent, structuré, un secrétariat et ainsi de suite? Mais,
dans les grandes orientations, par exemple, il pourrait y avoir deux rencontres
biennales où on parlerait de zones tarifaires, d'intégration
tarifaire, de lignes de métro, des abribus, des stations de
métro, des services offerts, des services de billetterie, des services
de publicité. N'y aurait-il pas lieu, pour le bénéfice de
tout le monde... Lorsque la STCUM fait une publicité pour l'utilisation
de l'autobus, cela peut être aussi bon pour ceux de Longueuil que pour
ceux de Châteauguay, comme la région de Québec, à
Sainte-Foy ou ailleurs. J'ai l'impression que chacun joue dans son budget et on
a de la difficulté à faire de ce transport en commun un
élément qui soit à la portée de tous les
Québécois. La STCUM fait sa publicité, la STCUM garde
jalousement ses quais, on négocie par lettres: Tes quais augmentent de
15 % à 20 %. C'est l'échange d'informations et de vouloir donner
au citoyen qui est avant tout le premier visé un meilleur service.
À ce niveau-là, si on pouvait mettre plus d'emphase sur le
service du transport en commun, il pourrait y avoir à notre avis des
bénéfices pour l'ensemble des Québécois. J'ai un de
mes neveux qui a fait une thèse sur le transport en commun: les gens qui
demeurent sur le Plateau-Mont-Royal prennent autant leur auto que ceux qui
demeurent en banlieue. Pourtant, l'autobus passe sur le Plateau-Mont-Royal
beaucoup plus souvent qu'il va passer dans les rues de banlieue. À ce
niveau, s'il y avait une table de concertation... On l'a eue, nous autres,
lorsqu'on a eu des problèmes avec la STCUM, on ne l'a pas eue lorsque
cela allait bien. Est-ce tout simplement de créer des problèmes
pour qu'il y ait cette fameuse table de concertation? Peut-être qu'on va
s'aligner là-dessus. On va dire: On va créer des
problèmes, puis ils vont être obligés de se concerter et de
se parler sur les problèmes vécus quotidiennement. Ce n'est pas
de rendre ce problème-là plus complexe, c'est tout simplement
d'assouplir les relations entre les divers organismes. On parlait de l'ATUQ
tantôt, c'est un grand organisme qui pourrait être aussi à
la portée des municipalités qui entourent l'île de
Montréal ou même sur l'île de Montréal comme telle.
C'est à voir. On est peut-être en présentation d'un
mémoire, mais on est peut-être aussi ignorants de certains faits.
On veut s'instruire, tout le monde ensemble. Je pense qu'il va falloir le faire
si on veut améliorer le service. (18 h 45)
M. Garon: Cela ne vient pas naturellement, d'après vous,
actuellement.
M. Bourcier: Je vous dis une chose, moi, ce que je vis. Je ne
sais pas si mon confrère de Longueuii vit la même chose, mais il y
a des fois où ce n'est pas facile.
M. Garon: Je sais qu'il y en a... M. Bourcier: C'est même
ardu.
M. Garon: ...qui nous ont dit cela tout à l'heure, la
RCTRU, non, la STSUM; ceux de la rive sud, en tout cas.
Une voix: La STRSM.
M. Garon: La STRSM nous a exactement parlé du
problème dont vous parlez, des quais, etc. Mais il n'y a pas ces
rencontres mieux structurées entre les STL, CTCUM et STRSM.
M. Bourcier: On le demande.
M. Garon: Pardon?
M. Bourcier: On le demande.
M. Ferland: Ce n'est pas structuré, M. le
député. Il y a des rencontres pour essayer de régler les
problèmes ponctuels. Malheureusement, on semble attendre que le
problème soit très grave avant de commencer à se parler.
Cette table de concertation pourrait peut-être nous aider à voir
venir les problèmes et à commencer à les régler
d'avance.
M. Garon: Vous voulez qu'elles soient provoquées - au
fond, c'est ça - par quelqu'un d'autre.
M. Ferland: Pas nécessairement. Je pense que c'est surtout
aussi en opposition à la création d'un organisme régional
qui, lui, aurait peut-être un pouvoir décisionnel. Au nom de
l'autonomie municipale, on préférerait une table de concertation.
C'est plutôt dans ce sens aussi qu'on l'a dit.
M. Garon: Ça va être un peu la responsabilité
des élus de faire en sorte...
M. Ferland: C'est ça.
M. Garon: ...que ces trois organismes qui dépendent d'eux
se rencontrent.
M. Bourcier: M. le député, on a eu, à la
demande du ministre, le 19 août, quatre comités de travail et
l'aide des fonctionnaires du gouvernement. Personnellement, je crois que c'est
une expérience très valable parce qu'on s'est instruit, on a
appris beaucoup et on a travaillé positivement. S'il y avait, à
ce moment, peut-être à la demande du ministre, des comités
ministériels qui auraient à rendre compte au ministre de la
constatation des problèmes, cela aiderait sûrement.
M. Garon: Maintenant, reconnaissant d'une part la
responsabilité des citoyens quant à leur fardeau financier qui
résulte de leur décision et, d'autre part, l'importance de
l'intervention gouvernementale dans le transport en commun, quelle devrait
être, selon vous, la répartition des contributions au financement
du transport en commun?
M. Ferland: Entre les trois intervenants?
M. Garon: Pardon?
M. Ferland: Entre le gouvernement, la municipalité et
l'usager?
M. Garon: Ou' encore, une autre source de revenus, s'il y en a
une. Il y en a qui nous ont dit que si c'était seulement plus efficace,
on n'en aurait pas besoin. Mais là, je veux dire indépendamment,
pour couvrir les coûts.
M. Bourcier: Si on voulait être équitable et
simplifier le problème, on dirait: Un tiers, un tiers, un tiers. Sauf
que, dans tout cela, le gouvernement a quand même, pour ce qui est de la
complexité du transport en commun, la plus grande part à jouer,
que ce soit pour le financement, les immobilisations ou les grandes structures
de métro. Quant à l'usager et au prix du billet, je pense
qu'à ce moment l'usager devrait en principe payer 25 % du coût. La
municipalité pourrait payer 15 %, et le gouvernement 60 %. Si je dis que
c'est le contraire, il n'y aurait pas de possibilité de
négociation.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Les gens de la Communauté urbaine de
Montréal nous ont parlé hier de 40 %.
Une voix: 25-15, ça revient à ça.
M. Côté (Charlesbourg): D'après ce que je
peux comprendre, vous nous aimez tellement que vous voulez absolument qu'on
aille négocier avec vous autres.
M. Bourcier: Je pense qu'actuellement c'est 42 %...
Une voix: C'est 44 %. M. Bourcier: C'est 44 %?
M. Côté (Charlesbourg): Pour l'ensemble du
Québec.
M. Bourcier: Si le gouvernement maintient toujours une tendance
plus vers les 50 % que vers les 25 %, on va être d'accord avec cela.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça l'autonomie
municipale.
M. Bourcier: Moi, l'expérience que je peux avoir en tant
que maire, et ça fait seulement trois ou quatre ans que je suis dans ce
fameux dossier du transport en commun, c'est qu'on en apprend à tous les
jours. On apprend à tous les jours de nouvelles techniques, de nouvelles
façons d'améliorer cela. Mais les grandes immobilisations, le
métro de Montréal, la STCUM, les zones tarifaires, les billets
qu'on pourrait utiliser d'une banlieue à l'île de Montréal,
ce ne sont sûrement pas les conseils intermunicipaux de transport avec la
STCUM qui vont régler le problème. On sera toujours à
couteaux tirés. Ils ne veulent même pas nous voir dans le
centre-ville. Ils veulent à peine nous voir dans les métros. Ce
n'est pas nous autres qui allons pouvoir régler cette grande partie du
financement. Le gouvernement aura toujours à faire une part plus
importante à ce niveau-là. Le gouvernement a aussi le devoir de
sécuriser les municipalités parce qu'entre nous, les
municipalités, on pourra toujours être à couteaux
tirés et ça sera toujours un juge qui aura à régler
le problème quelque part, avec une batterie d'avocats pour chaque
côté. Alors, le gouvernement a un rôle de protecteur
à ce niveau-là, un rôle aussi de décideur
jusqu'à un certain point. Il faut qu'il reste là.
M. Garon: S'il a trop un râle de protecteur, il va vouloir
décider.
M. Bourcier: Un ou l'autre. Pour protéger les acquis au
niveau des grandes infrastructures de métro ou de flottes d'autobus,
d'immobilisations ou de voies réservées, peu importe ce qu'on
pourrait définir, le gouvernement a sûrement le rôle de
protéger, à ce niveau-là, les municipalités.
M. Garon: On va demander au député de
Jonquière qui brûle de poser des questions
de...
M. Bourcier: Savez-vous, M. le député, que, si on
veut faire circuler nos autobus dans le territoire de la ville de La Salle, par
exemple, on doit avoir la permission de la CUM? Si la CUM dit non, où
est-ce que je vais les faire passer, les autobus? Sur le fleuve Saint-Laurent?
C'est le gouvernement qui devra un jour dire: Non, ils passent là. Cela
va aussi loin que ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M, le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je suis sûr que le ministre est d'une grande
franchise, même désarmante, lorsqu'il nous donne l'état des
négociations. Mais je pense que ça ne nous empêche pas de
critiquer ou d'examiner sa position, ses attitudes ou son fonctionnement par
rapport à ce qui se passe.
D'abord, il nous informe qu'il y a un comité qui est mis sur pied
qui s'appelle l'ATUQ, c'est l'association des transporteurs des usagers du
Québec, à sa propre demande. Donc, pour ce
comité-là, il y a une concertation qui s'est faite quelque
part.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne mets pas en doute la
bonne foi du député de Jonquière, c'est peut-être un
petit peu sa méconnaissance de l'organisation, mais pour ne pas que
ça reste au Journal des débats, l'ATUQ n'est pas un comité
formé à la demande du ministre. L'ATUQ est une association qui a
été créée à la demande et de par la
volonté des sociétés et des organismes de transport
eux-mêmes en dehors de la volonté du ministre.
M. Dufour: Bon, d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Et qui ont sollicité
de rencontrer le ministre pour discuter de problèmes de transport en
commun.
M. Dufour: Mais vous avez décidé quelque part que
ça seraient des intervenants valables à vos yeux.
M. Côté (Charlesbourg): Tout élu est un
intervenant valable.
M. Dufour: Vous nous dites que vous avez négocié,
mais vous nous informez dans le même souffle que vous avez laissé
couler de l'information concernant les abribus. Donc, déjà,
ça m'amène un point d'interrogation: vous ne considériez
pas ces interlocuteurs-là comme vraiment responsables puisque vous allez
par-dessus eux autres, dans le public, pour obtenir une certaine information,
à savoir comment ça pourrait être informé.
M. Côté (Charlesbourg): Je connais, pour avoir
travaillé avec le député de Jonquière, son sens de
l'équité et de la justice des propos. Peut-être qu'il a mal
compris. La première partie quant à l'ATUQ, nous l'avons
réglée; la deuxième quant aux informations des abribus,
loin de moi l'idée d'avoir coulé de l'information.
M. Dufour: Je l'ai inscrit ici.
M. Côté (Charlesbourg): Vous l'avez inscrit, mais ce
n'est pas ce que j'ai dit.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Dufour: Bon, d'accord. Qu'est-ce que vous avez dit?
M. Côté (Charlesbourg): Il y a une distorsion entre
ce que j'ai dit et ce que vous avez compris et je pense que ce n'est pas de la
mauvaise foi. Ce que j'ai dit, c'est qu'il y a certains individus qui avaient
coulé de l'information aux journalistes et ça... En tout cas,
vous pouvez le penser ou ne pas le croire, vous n'avez qu'à regarder la
presse, vous allez le voir. Et ce n'est pas moi qui l'ai envoyé,
ça. De toute façon, sorti comme c'est sorti là, je n'avais
pas intérêt à le sortir.
M. Dufour: En tout cas, il y a quelque chose qui, effectivement,
peut causer des problèmes. D'une façon ou de l'autre, il y a une
information qui est allée sur la place publique et à ce
moment-là les élus avaient le droit d'être inquiets et de
se demander ce qui arriverait. Donc, il n'y a certainement pas, à
travers cette démarche-là ou ces prises de position des
municipalités, matière à faire un gros procès.
Chose certaine, c'est qu'il y a eu une directive qui a été
sortie, qui s'appelle un décret gouvernemental, qui a
décidé qu'à l'avenir, à partir de 1988, les autobus
neufs seraient payés à 65% et en 1989, à 60%. Donc, cela
fait certainement une perte de revenus, c'est-à-dire une perte de
subvention pour les achats d'autobus. Et cela se concrétise comment pour
les municipalités? Est-ce que c'est une perte de 40 000 000 $, de 20 000
000 $, de 10 000 000 $? Est-ce que vous l'avez quantifié, l'argent que
ça va coûter de plus aux municipalités et aux usagers,
à l'ensemble de la population?
Une voix: 20 000 000 $ ou 40 000 000 $. 40 000 000 $.
M. Ferland: Personnellement, je n'ai pas le total. Tout ce que
j'ai donné comme exemple, c'est que pour la CTCUQ, ce serait 90 000 $ en
1988 et 810 000 $ en 1989. J'ai aussi donné des chiffres pour d'autres
commissions de transport, la CTCRO,
331 000 $, 989 000 $ et 1 048 000 $ pour les trois années 1988,
1989 et 1990. Ce sont les municipalités ou les usagers qui vont payer la
différence.
M. Dufour: Les autobus, c'est 230 000 $ environ chacun. C'est
encore à peu près cela, 240 000 $.
M. Bourcier: Cela dépend des modèles.
M. Dufour: On parle de 330 000 $ juste pour une année. Il
me semble qu'il y a une règle de trois à faire quelque part. Je
ne l'ai pas faite, mais il me semble que cela doit représenter quelques
millions.
M. Ferland: Ici, à l'Union des muncipalités du
Québec, on n'a pas les chiffres de toutes les sociétés de
transport. On ne peut pas vous donner le total.
M. Dufour: Je trouve que vous n'êtes pas tellement loin de
la vérité quand vous dites que le gouvernement a
décidé de diminuer ses quotes-parts aux transporteurs
intermunicipaux au Québec. De ce côté-là on ne peut
pas vous le reprocher. Je pense que cela s'inscrit exactement dans vos
résolutions.
Un deuxième point que je voulais toucher, c'est que vous nous
dites quelque part que les entreprises ne devraient pas être
surtaxées. Je comprends que vous vouliez respecter la neutralité
de la taxation qui s'est concrétisée en 1980 par la
réforme de la fiscalité municipale. Montréal a encore une
surtaxation pour les entreprises qui ont des évaluations
foncières de 200 000 $ et plus, mais elle a tendance à baisser.
Comme pour les entreprises il y a eu un glissement du fardeau fiscal depuis
quelques années -Montréal est la preuve la plus probante de ce
que je dis - les entreprises ont diminué leur part de fardeau fiscal au
détriment de la propriété foncière. Cela veut dire
que la prise de position que vous manifestez dans ce mémoire ne va pas
à l'encontre d'une réforme de la fiscalité concernant
l'article 65.1 qui concerne l'entreprise. Est-ce que c'est clair?
Une voix: Oui, oui.
M. Dufour: Je pense que je parle...
Une voix: D'accord.
M. Dufour: ...avec des élus municipaux qui comprennent
exactement le phénomène. D'ailleurs, vous avez eu deux jours
d'étude auxquels l'Opposition n'a pas été invitée
et où ces problèmes ont été discutés. On en
entend parler, un peu par le biais, par la bande, de ce qui se passe.
Évidemment, parce qu'il y a du coulage dans les journaux, j'imagine, on
finit par apprendre des choses.
Tout à l'heure, mon collègue vous a parlé de
quotes-parts, de financement municipal. M. Bourcier a parlé d'un tiers,
un tiers, un tiers, mais vous insistez. Dans le financement du gouvernement,
actuellement, 44 % représentent les investissements, à moins que
je ne me trompe, plus l'opération. Ce sont les deux qui deviennent
à 44 %. Si vous parlez de tiers, cela sera difficile. Je pense qu'il y a
deux parties dans la question, il faut être clair là-dessus. Au
point de vue de l'investissement comme tel, est-ce que vous voyez des
changements ou des améliorations que le gouvernement devrait apporter
vis-à-vis des municipalités? Je parle des investissements.
M. Bourcier: En ce qui concerne les investissements, cela
dépend où on se place. Par exemple, la STCUM est une corporation
publique, alors que dans les CIT on donne des contrats à l'entreprise
privée.
M. Dufour: Oui, mais s'il n'y a pas d'infrastructures?
M. Bourcier: Alors, c'est dans le coût horaire, à ce
moment-là, que se retrouve le coût en immobilisations. On fixe le
coût en immobilisations, on peut l'établir à 50 $ l'heure,
et le coût de l'opération, on peut l'établir à 15 $
l'heure. Les deux font un coût horaire global de 65 $, par exemple,
multiplié par tant d'heures par jour, par tant de jours par semaine et
par tant de mois. On arrive à ce moment-là à un contrat
avec l'entreprise privée de 2 000 000 $ par année, par
exemple»
M. Dufour: D'accord. (19 heures)
M. Bourcier: Sur ces 2 000 000 $, il y aura les revenus provenant
des usagers qui rapporteront peut-être 40 % des 2 000 000 $, donc, 800
000 $. Il reste 1 200 000 $ de déficit. Par exemple, le gouvernement
dit: Moi, je paie à 40 % du revenu, 75 % du déficit. Ce qu'on
demandait à ce moment-là... Cela dépend aussi où on
se place, parce qu'il y a les sociétés de transport urbaines, il
y a les comités intermunicipaux de transport. Alors, vous avez deux
formes de transport subventionné, il y a d'autres systèmes
subventionnés. Il faudrait faire le partage à ce
moment-là.
M. Dufour: On va y aller un peu plus simplement. Est-ce que vous
considérez que la formule actuelle selon laquelle vous recevez les
montants - c'est une formule déjà établie - est-ce que
vous considérez que cette formule est équitable? Ou devrait-il y
avoir des amendements, des changements majeurs?
M. Bourcier: Oui, il pourrait y en avoir en ce qui concerne, par
exemple, l'administration, l'exploitation et l'immobilisation. Bien statuer
là-dessus: Qu'est-ce qui est administratif, qu'est-ce qui est
opérationnel et qu'est-ce qui est de l'immobilisation? On peut prendre
le service de billetterie comme étant un service d'opération
alors que c'est peut-être un service d'administration. La
publicité, est-ce que c'est de l'administration ou si c'est de
l'opération? C'est à ce niveau qu'il y aura lieu de travailler
davantage les formules pour mieux équilibrer les subventions et la part
du gouvernement.
M. Dufour: Vu que c'est la dernière question, je la pose
vite, même si j'ai dépassé mon temps. On le permet au
ministre. Comme on vous connaît comme des bons négociateurs,
est-ce que votre demande voulant que le gouvernement soit exclu de
l'administration, pas de l'administration mais plutôt de
l'immobilisation, est-ce que, vraiment, vous la maintenez, vous maintenez que
vous devez garder votre autonomie à 100 % concernant les orientations,
la planification puis l'organisation du transport?
M. Bourcier: Localement?
M. Dufour: Oui. Localement puis régionalement parce que
c'est conflictuel un peu. Hier, on a entendu une formule venant d'une
municipalié qui a dit: Si vous payez, c'est un peu normal que vous soyez
là. On entend d'autre part, et je pense que vous le dites assez
clairement, cela veut dire à peu près cela: Laissez-nous
tranquilles, nous autres, on veut organiser notre affaire comme on veut.
M. Bourcier: Mais je pense qu'il y a une question pratique
là-dedans. S'il fallait associer chaque ministre ou chaque sous-ministre
à tous les problèmes que vivent les 1500 municipalités au
Québec, cela prendrait beaucoup de ministres et beaucoup de
sous-ministres. Dans des dossiers pratico-pratiques, de tous les jours, je
pense qu'on peut s'organiser nous-mêmes, chez nous. Comment doit se faire
le transport en commun? Je pense qu'on est capable de dire que l'autobus va
passer à droite plutôt qu'à gauche. Sauf que, quand
arrivent les problèmes d'ordre financier, une orientation majeure, on
peut s'associer aux représentants du gouvernement, au ministre ou
à son représentant, avec son député dans une
région donnée et puis dire: Écoutez, on a ce genre de
problème-là, pourquoi ne pas s'associer et s'entendre sur une
formule plutôt que sur une autre?
Dans une région du Québec, cela peut être telle
forme et dans une autre, cela peut être telle autre forme. Alors, si on
normalise trop bien, on risque d'avoir des problèmes au niveau de
l'application du transport en commun. Quant à son financement, je pense
que le ministère peut être associé, c'est souhaitable.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière.
Nous en sommes maintenant aux remarques de conclusion.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
remercie M. Ferland, M. Bourcier ainsi que ceux qui les accompagnent de leur
participation. Je pense que les discussions ont été, comme aurait
dit François Cloutier à l'époque, viriles, mais
néanmoins empreintes du respect de chacune des autorités. En
guise de conclusion, je ne peux pas me permettre de laisser passer cela,
lorsqu'on parle de désengagement.
Je viens de retrouver à l'intérieur du document de la CUM
qu'on nous a déposé hier un petit tableau, tableau 2, à la
page 17 qui dit: Évolution du partage des coûts du transport en
commun sur le territoire de la CUM de 1977 à 1987, en pourcentage des
dépenses totales. 1977, revenus d'exploitation, donc, des usagers, 44 %,
1987, 33 %, donc, un tiers. Subventions provinciales en 1977, 29 %, en 1987, 44
%, sur le territoire de la CUM; c'est quand même un élément
très important du puzzle. Contributions municipales, en 1977, 27 %, en
1987, 23 %. Cela me tenterait de demander qui est en désengagement.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je voudrais remercier l'Union
des municipalités d'être venue nous rencontrer, de nous expliquer
son point de vue d'autant plus que c'est un des trois plus importants
intervenants dans ce dossier. Je vous dirai que vous avez remarqué que
j'ai, à côté de moi, le maire -le maire, ce n'est quasiment
pas un lapsus -le député de Jonquière. Je dis souvent au
député de Jonquière: C'est bien plus souvent l'ancien
maire qui parle que le député. C'est à un point tel que
j'aimerais, dans un avenir rapproché, le voir devenir ministre des
Affaires municipales, pour voir s'il parlerait comme ministre ou comme maire;
je serais curieux de voir un ministre qui a été maire pendant 18
ans et observer comment il fonctionnerait dans le cadre de l'autonomie
municipale.
Je peux vous dire... Je ne le dis pas en faisant de la politique, vous
connaissez assez M. Dufour pour vous dire qu'à tous les jours, à
tous les instants, il nous rappelle que, comme maire, il n'aimait pas se faire
dire
quoi faire. C'est pourquoi, dans ce débat, c'est très
intéressant. J'ai eu à travailler beaucoup avec les
municipalités, en tant que ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. J'ai assisté à votre
congrès où j'ai été très bien reçu,
j'en garde un excellent souvenir. Je trouve très intéressant de
voir comment l'ajustement doit se faire entre gens qui sont des partenaires
pour qu'il y ait un équilibre dans des décisions qui sont
très importantes et qui touchent un très grand nombre de
citoyens; quasiment tous les citoyens sont touchés par les
décisions qui concernent un sujet comme le transport en commun.
Je vous remercie et je voudrais vous dire qu'en tout temps, si vous
pensez qu'on peut jouer un rôle comme Opposition pour aider le
ministre...
M. Dufour: Pour aider le ministre.
M. Garon: ...notre porte est ouverte. Il nous fera toujours
plaisir de vous rencontrer, de connaître votre opinion et de savoir
comment vous voyez les choses. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Un mot de conclusion?
M. Bourcier: M. le ministre, on soulignait le
désengagement du gouvernement. Peut-être qu'à certains
égards, si on inclut dans le transport en commun le réseau
routier qui supporte le transport en commun, j'aimerais que vous puissiez
ressortir les mêmes chiffres. Là, je vous dirais que vous avez
raison à 100 %. Je me garde le doute de dire que vous avez fait autant
d'efforts -je parle du gouvernement, je ne parle pas du ministre - quant
à l'entretien du réseau routier québécois.
Celui-là mérite peut-être un engagement. Est-ce que vous
vous êtes désengagé de l'entretien du réseau routier
pour en mettre un peu plus sur le transport en commun? C'est un peu cela qu'on
voulait souligner. Est-ce que ce sont les faits? Si c'était cela, je ne
vous donnerais pas tout à fait raison. Si ce n'est pas cela, je vais
vous donner raison, je vais prendre ma pilule ou on va prendre notre pilule.
C'est ce qu'on constate.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous répondre
assez vite, si vous permettez, parce que, comme la question est là,
c'était avant qu'on arrive, mais ce n'est plus cela.
M. Bourcier: Oonc, on a plus ou moins raison ou on a quasiment
raison. Est-ce que cela va?
M. Côté (Charlesbourg): De quoi?
M. Bourcier: Bien, il y a eu un" désengagement quelque
part.
M. Côté (Charlesbourg): Non. il y a eu un
désengagement dans le domaine du réseau routier au profit du
transport en commun sous l'administration précédente parce que
c'était un choix de gouvernement. Quand vous regardez la masse globale
du ministère des Transports affectée au transport en commun, elle
s'est maintenue, au fil des ans, en termes de pourcentage du budget du
ministère, à la fois sur les budgets de 1986-1987 et de 1987-1988
et sur celui de 1988-1989 qui est en préparation.
C'est pour cela que, lorsqu'on parle de désengagement, il ne
faudrait pas donner une importance démesurée à 1 000 000
$, 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ sur une enveloppe de 850 000 000 $.
M. Bourcier: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Si c'est cela, le
désengagement, là, on ne se comprend plus.
M. Bourcier: Donc, ce qu'on prend comme désengagement,
c'était global: le réseau routier avec le transport en commun. On
ne voudrait pas qu'à l'avenir on nous fasse miroiter peut-être de
plus beaux chiffres en ce qui a trait au transport des personnes et de moins
beaux chiffres quand l'entretien du réseau est à son pire.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes à
même de comprendre d'où venait l'importance du réseau
routier et le message que le ministre' avait lancé, qu'il fallait
à l'intérieur même de son ministère qu'il puisse
rééquilibrer un certain nombre de choses. Cela peut se faire de
deux manières: par des ressources additionnelles provenant de
l'État, du gouvernement dans sa globalité, ou par des
restrictions sur le plan interne. Le débat a évolué. Le
rapport Middlemiss nous a permis d'aller chercher certaines sommes d'argent
assez substantielles pour permettre de faire du rattrapage dans le
réseau routier, ce que nous allons faire au cours des cinq prochaines
années, sans toucher à l'enveloppe du transport en commun.
Quant à l'expansion du réseau routier, qui vous concerne
aussi, c'est un débat qui se terminera l'an prochain, mais dont le
transport en commun ne fera pas les frais.
M. Bourcier: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le maire Ferland.
M. Ferland: Oui. M. le Président, au nom de mes
collègues, je tiens à vous remercier de nous avoir entendus
aujourd'hui.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiendrais à
remercier l'Union des municipalités du Québec pour sa
participation aux travaux de la commission de l'aménagement et des
équipements. Sur ce, nous ajournons nos travaux à dix heures,
demain matin.
(Fin de la séance à 19 h 10)