Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ardre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour poursuivre sa consultation
générale portant sur l'étude du document intitulé
Les infrastructures de transport en commun de la région de
Montréal. Au cours de la journée, nous aurons le plaisir
d'entendre la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec, la Société montérégienne de
développement, le Comité local des usagers du transport de
Deux-Montagnes, l'Association québécoise du transport et des
routes, le Comité des usagers du train
MontréalSaint-Hilaire, l'Association du transport urbain du
Québec, l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec et, finalement, la Société pour le progès de
la Montérégie. 5ans d'autre préambule, m'apercevant que la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a
maintenant pris place à la table, je lui souhaiterais, dans un premier
temps, la bienvenue aux travaux de la commission de l'aménagement et des
équipements. Je demanderais au porte-parole, s'il vous plaît, de
bien vouloir s'identifier ainsi que les gens qui l'accompagnent pour le
bénéfice des parlementaires et du Journal des
débats.
Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec
M. Daoust (Fernand): Merci, M. le Président. Ceux qui
m'accompagnent: à votre droite et à ma gauche, M. Serge
Champagne, qui est le président du Syndicat des chauffeurs d'autobus de
la STRSM, René Fréchette, représentant du SCFP; Maurice
Vézina, président du Syndicat des chauffeurs d'autobus de la
STCUM; André Asselin, directeur adjoint au Syndicat canadien de la
fonction publique; Guy Cousineau, secrétaire général du
Conseil des travailleuses et travailleurs du Montréal
métropolitain; Pierre Dupuis, conseiller technique à la FTQ, et,
enfin, Fernand Boudreau, président du CTM.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous cède à
nouveau la parole pour le dépôt de votre mémoire, tout en
vous rappelant que vous avez maintenant 20 minutes pour faire votre
présentation.
M. Daoust: Merci, M. le Président. Mon nom est Fernand
Daoust, secrétaire-général de la FTQ. Nous n'en ferons pas
une lecture complète, mais nous puiserons ici et là les
éléments que nous estimons indispensables de vous soumettre en ce
moment. Je n'ai pas à rappeler à cette commission
l'intérêt pour les travailleurs et les travailleuses
syndiqués de la région de Montréal de l'avenir du
transport en commun, de sa qualité, du développement de ses
infrastructures, de son financement, de sa gestion et de la coordination
régionale qui doit l'accompagner. Ce mémoire constitue la
position officielle de la FTQ, qui est la plus importante centrale syndicale au
Québec avec les 450 000 membres qu'elle représente. C'est aussi
le mémoire du Syndicat canadien de la fonction publique, qui
représente les chauffeurs d'autobus, les opérateurs de
métro, les employés de bureau et les commis divisionnaires de la
STCUM, ainsi que les employés de bureau et les chauffeurs d'autobus de
la STRSM. Enfin, le Conseil des travailleuses et travailleurs du
Montréal métropolitain, qui représente 150 000 membres sur
une base territoriale, s'associe aux deux autres groupes dans la
présentation de ce mémoire.
Ce mémoire tâche de faire le bilan de la situation actuelle
et de répondre à quelques-unes des questions suivantes. Entre
autres, est-ce que les divers paliers de gouvernement et les
sociétés de transport ont fait du transport en commun une
priorité, comme ils nous l'annonçaient au cours des
dernières années? Le réseau actuel répond-il aux
attentes des usagers et usagères et de la population en
général? Quels sont les problèmes reliés au
développement du transport en commun?
Par la suite, nous aborderons ce qui doit être fait
immédiatement et au cours des prochaines années pour
développer et privilégier le transport en commun. Enfin, nous
aborderons aussi les questions de financement ainsi que celles reliées
à la gestion du développement d'un transport en commun
intégré dans la grande région de Montréal.
Le transport en commun, une priorité? Montréal, cette
grande région, représente une population de 3 000 000 de
personnes. Approximativement, 60 % de ces gens
résident sur l'île de Montréal; c'est tout
près de la moitié de la population du Québec.
L'étendue géographique de la région, sa concentration
commerciale et industrielle au centre-ville et la concentration
résidentielle en périphérie occasionnent de nombreux
déplacements. Plusieurs sociétés doivent assurer le
transport en commun; vous êtes familiers avec l'ensemble de ces
sociétés.
Au cours des dernières années, chaque fois qu'il y a eu
consultation publique sur un des éléments du transport en commun,
tous les intervenants ont privilégié le transport en commun. Nous
citons ici - je n'en ferai pas la lecture complète - un document du
gouvernement du Québec qui a pour titre Le transport en commun: un
choix régional, qui a été publié en 1982. Au
deuxième paragraphe de cette citation, on retrouve que: "Depuis le
milieu des années 70, le gouvernement a affirmé è
plusieurs reprises qu'il accordait la priorité au transport en commun
pour le transport des personnes en milieu urbain. Cette solution a
été retenue en raison des avantages multiples du transport en
commun sur l'utilisation massive de l'automobile: réponse aux besoins de
mobilité et d'accessibilité d'une grande partie de la population;
diminution de la pollution - ce qui n'est pas un facteur négligeable et
à écarter dans une société où les
problèmes d'environnement prennent une importance qui est
justifiée par les phénomènes de pollution et d'agression
que subit l'environnement; économie de carburants que les
Québécois doivent acheter à l'extérieur - ce n'est
pas à négliger non plus; réduction du nombre d'accidents -
un fléau social pour l'ensemble des Québécois et qui
représente des coûts inouïs, sans compter les terribles
difficultés que les individus qui subissent des accidents doivent
connaître; solution de rechange aux autoroutes et aux ponts dont le
coût est très élevé en milieu urbain; frein à
l'étalement urbain et à cette espèce d'exode que les
grandes concentrations urbaines connaissent en Amérique du Nord.
Voilà qu'en 1985 le trésorier et contrôleur de la
STCUM disait: "Tout laisse croire que le gouvernement provincial et les
administrations locales continueront d'accorder la priorité au transport
collectif comme solution privilégiée pour le déplacement
des personnes dans la région de Montréal."
En 1987, dans le document de consultation du ministère, celui-ci,
après avoir exprimé "que la réponse aux problèmes
de congestion automobile ne semble pas résider dans la construction de
ponts et d'autoroutes additionnels", écrit que "le transport en commun,
dans ce contexte, pourrait être appelé à jouer un
rôle plus important"; mais immédiatement, il fait une mise en
garde: "Cela ne signifie pas pour autant que les réseaux de transport en
commun doivent être étendus." Ce qui nous laisse croire que le
ministère semble remettre en question ce consensus qui est de
privilégier le transport en commun dans la grande région de
Montréal.
Nous sommes persuadés, quant à nous, que, pour assurer le
développement économique d'une région comme
Montréal -je ne ferai pas de longues interventions sur le drame du
démantèlement que connaît la région de
Montréal au point de vue économique et des conséquences
qui en résultent, des régions qui se dépeuplent au point
de vue industriel comme l'est de Montréal - le transport en commun est
l'un des éléments essentiels, car il faut tout faire pour
favoriser le déplacement des personnes et c'est évidemment en
améliorant le transport en commun que nous pourrons le faire et c'est
notre choix.
Le coût du transport par automobile. Présentement, on est
tous du même avis, on le vit tous: il y a congestion sur les ponts -le
ministre l'a vécu à quelques reprises - sur les autoroutes et sur
les principales voies menant au centre-ville. Il n'y a quasiment plus
possibilité d'augmenter l'utilisation des automobiles et, d'autre part,
le transport par automobile représente de nombreux coûts,
congestion des voies, etc. Je ne reprends pas ce qu'on disait un peu plus haut
en citant un document du gouvernement à l.'égard de toutes les
conséquences d'une surutilisation de l'automobile dans notre milieu.
Somme toute, c'est la collectivité, l'ensemble des citoyens, qui paie
pour ceux qui utilisent leur automobile et ces coûts vont en augmentant,
parallèlement à la congestion que cette utilisation suscite. Vous
verrez, en analyse dans ce document, des données sur le prix des modes
alternatifs de transport, analyse qui a été faite par le SCFP,
déjà, en 1983.
L'automobile est encore un luxe pour de nombreux ménages. 85 %
des usagers et usagères de la STCUM ne possèdent pas d'automobile
ou n'en possédaient pas en 1985. Cela n'a pas dû tellement varier
depuis. Une grande proportion des utilisateurs du transport en commun se
retrouve parmi les gens les plus mal équipés, non seulement au
point de vue du transport, mais au point de vue social. Ce sont des bas
salariés, chômeurs, chômeuses, bénéficiaires
de l'aide sociale, personnes âgées, femmes, étudiants,
étudiantes, gens dont la capacité de payer est limitée et
qui n'ont pas les ressources leur permettant d'utiliser d'autres moyens de
transport.
À Montréal, en 1985, 35,9 % des ménages ne
possédaient pas d'automobile. C'est le pourcentage le plus
élevé parmi 18 villes canadiennes - les données sont
là, vous pouvez les vérifier. Montréal est l'endroit
où la possession d'automobile est la plus basse. Winnipeg vient en
deuxième, de loin, avec
26,5 % des ménages sans automobile.
Je ne veux pas insister trop longtemps. Le transport en commun permet un
accès au centre-ville, au lieu de travail, aux services publics, aux
centres commerciaux, aux centres sportifs, aux centres culturels, avec toutes
les conséquences sur la vie économique d'une région comme
Montréal.
La situation actuelle. Au cours des deux dernières
décennies, le développement du métro a effectivement
favorisé les déplacements vers le centre-ville. Dans l'ouest de
la ville, l'intégration de la ligne de train Montréal-Rigaud et
l'aménagement par la STCUM des circuits d'autobus pour desservir tout ce
territoire ont rendu attrayante l'utilisation du transport en commun.
Enfin, nul besoin de revenir sur l'accroissement des usagers qui
utilisent les autobus de la STRSM depuis qu'il y a une voie
réservée sur le pont Champlain.
Tant et aussi longtemps qu'il y a une ligne de métro qui se
construit ou se prolonge, cela signifie que le transport en commun progresse,
pour certains. Mais est-ce que cela veut dire pour autant que le transport en
commun est privilégié ou prioritaire?
Je dois passer, puisque le temps est limité, à la page 10.
La congestion - on le mentionne au bas de la page 9 - est un indice clair que
les gens sont portés à utiliser leur automobile plutôt que
le transport en commun. Il y a d'autres indices. La population qui travaille
à Montréal n'a pas cessé d'augmenter au cours des
dernières années, mais, en même temps, le pourcentage de
personnes qui utilisent le transport en commun a diminué. C'est
symptomatique, c'est tragique, c'est vraiment la catastrophe, sans
exagérer: 32 % en 1976 et 26 % en 1984. On n'aime pas les comparaisons,
mais il faut bien les faire de temps à autre: è Toronto, c'est 32
%. Privilégier le transport en commun, cela voudrait normalement dire
faire en sorte que les usagers et usagères de ce mode de transport
augmentent plutôt que de diminuer. Cependant, nous constatons que le
pourcentage des gens qui utilisent ce transport n'a pas augmenté, il
suffit de vous renvoyer aux chiffres que je viens de citer.
Ce qu'en pensent les résidents et résidentes de la CUM. Un
sondage a été effectué par le SCFP très
récemment. Il indique que 1147 citoyens ont été
impliqués dans ce sondage en avril 1987 et on vous invite à le
lire. Je veux faire quelques commentaires sur quelques-unes des constatations.
Par exemple, à la question: Quel moyen de transport utilisez-vous le
plus fréquemment? 58,6 % des citoyens de la CUM ont répondu le
transport en commun, comparativement à 36,4 % pour l'automobile.
Là, on trouve les particularités de ceux qui utilisent le
transport en commun. On les a mentionnés un peu plus haut: les jeunes,
les gens plus âgés, dont le revenu familial est inversement
proportionnel à l'utilisation de ce moyen de transport, les
étudiants, etc. On vous révèle, dans ce sondage, que 39,8
% des personnes interrogées utilisent le transport en commun souvent ou
très souvent pour aller travailler. Le magasinage, les activités
de toutes sortes, les promenades indiquent l'intérêt de la
population pour ce mode de transport. Là, on a des comparaisons à
l'égard de ceux qui sont situés géographiquement ou au
centre-ville, ou à l'ouest, ou à l'extrême est.
L'extrême est - on y reviendra un peu plus tard, et les chiffres sont
concluants - est vraiment la région laissée pour compte, pour
toutes sortes de raisons. Alors que ceux de l'ouest de Montréal
l'utilisent à 41,4 %, voilà que dans l'est, cela baisse à
17,7 %. (10 h 30)
Le taux de satisfaction, par ailleurs, pour les utilisateurs est de 74,7
%. Il est fort élevé. Ceux qui sont insatisfaits le sont à
cause des délais d'attente, des services, de la politesse, disent-ils,
et du nombre d'autobus ou de métros sur le circuit.
Le taux d'insatisfaction dans l'extrême est est de 33,4 % - on
revient à des chiffres qu'on a cités en les accolant un peu
à des fins de comparaison - alors que, dans l'ouest, il est de 12,5 %.
Les délais d'attente sont trop longs et on évalue que le
coût des billets est un problème important. Le manque d'espaces de
stationnement - on y reviendra - aux bouches de métro, aussi, est
insatisfaisant. Enfin, pour 28,1 % de la population, le nombre d'autobus ou de
métros sur les circuits est insuffisant. Ce problème est plus
aigu - on y revient toujours - à l'extrême est, alors que 56,3 %
des répondants l'ont soulevé.
Au haut de la page 14, on indique que 87,7 % des citoyens et citoyennes
considèrent que les chauffeurs d'autobus et opérateurs de
métro font du bon travail.
Les banlieues. Au cours de la dernière décennie, la
population s'est davantage accrue dans les banlieues. Les gens partent soit de
la rive sud, soit de la rive nord pour venir travailler à
Montréal. En dehors de la STL et de la STRSM, les villes se sont
regroupées en organismes municipaux ou intermunicipaux de transport. Ces
organismes ont confié le transport en commun à des firmes
privées et, par la suite, plusieurs usagers et usagères ont
dû subir une augmentation des tarifs, une diminution des services et un
manque de sécurité et de confort, vu l'utilisation de vieux
autobus qui ont été mis au rancart par d'autres compagnies. Les
lignes d'autobus sont mal intégrées aux réseaux publics.
Bien que le gouvernement du Québec ait rendu les élus municipaux
responsables du transport en
commun, dans la pratique, cela a nui à l'essor du transport en
commun entre les banlieues éloignées et Montréal.
Entre Laval et Montréal, malgré la présence de
plusieurs ponts, il a fallu attendre à 1987 - on n'est jamais trop
pressé au Québec - pour aménager une voie
réservée aux autobus sur le pont Viau. Présentement,
absolument rien n'est fait pour permettre une circulation plus rapide des
autobus aux heures de pointe sur les ponts Papineau et Pie IX. Certains disent
que le nombre d'autobus qui passent à ces heures ne justifie pas une
voie réservée. On pouvait dire un peu la même chose
à l'égard du pont Champlain, il y a de nombreuses années.
Nous nous opposons à un tel argument, car, tant et aussi longtemps que
de telles mesures ne seront pas prises, les gens, qui sont conservateurs dans
ce sens-là, ne seront pas prêts à changer de mode de
transport. Même phénomène pour la population de la rive
sud. Malgré la voie réservée sur le pont Champlain et la
présence du métro à Longueuil, les ponts sont
continuellement congestionnés aux heures de pointe. Il manque de voies
rapides pour le transport en commun entre la rive sud et Montréal.
Rappelons que la STRSM a beaucoup diminué, au cours des
dernières années, le nombre d'autobus en dehors des heures de
pointe et a changé les trajets, de telle sorte qu'il faut faire de
nombreux transferts, toute décision qui repousse les gens à se
servir du transport en commun. Plusieurs travailleurs se plaignent qu'au retour
du travail, le soir, à minuit, la durée de leur
déplacement en autobus de la STRSM a pratiquement doublé. Pour
les gens qui habitent l'île de Montréal, privilégier le
transport en commun, cela veut dire un réseau adéquat, un
réseau rapide qui les amène à Montréal.
Les taxis collectifs. On n'est pas les plus enthousiastes à
l'égard de cette formule. On pense bien que ce n'est pas là la
solution de l'avenir.
L'entretien des autobus. Il faut vous en dire quelques mots. La STRSM,
sur la rive sud, a une flotte de 420 autobus. L'achat d'un tel nombre d'autobus
représente des coûts importants, des dépenses
d'immobilisation. Par ailleurs, pour que ces dépenses soient amorties
d'une façon adéquate, il faut s'assurer que chaque autobus ait
une durée de vie normale. Cela implique que les autobus soient
entretenus régulièrement, par des inspections
régulières et un programme d'entretien préventif, et en
changeant ou en réparant les pièces défectueuses
dès qu'elles sont décelées par les chauffeurs ou le
personnel d'entretien. C'est cela, une approche logique. Par ailleurs, nos
constatations nous indiquent que ce n'est malheureusement pas le cas à
la STRSM où les programmes d'entretien n'existent que sur papier et
où un nombre beaucoup trop élevé d'autobus sont
jugés insécuritaires pour être mis en circulation. Ces
autobus auront une vie écourtée parce qu'ils ne sont pas
entretenus adéquatement. Cela fait qu'on manque d'autobus pour assurer
un service normal aux usagers et aux usagères.
Dans l'est de Montréal, on en a dit quelques mots au
début, c'est catastrophique, selon nous. On parle, au dernier paragraphe
de la page 18, des temps d'attente qui sont des moyennes où, là
encore, ce n'est pas l'excellence qui nous a guidés. Les temps d'attente
entre 1962 et 1981 étaient de 3 minutes 45 secondes. Le progrès
est tel qu'aujourd'hui il faut attendre plus longtemps, soit 5 minutes 30
secondes. C'est vraiment aberrant. Imaginez-vous, on parle de
privilégier le transport en commun et ce sont des moyennes. Je n'en
ferai pas la démonstration, vous êtes tous familiers avec cela.
Quand on pense que des gens doivent attendre 30 ou 40 minutes pour prendre un
autobus, on a les conclusions qu'on doit avoir à ce moment-ci. Et quand
on pense à tous les détours que les autobus font du nord au sud
dans certains cas, passant devant quasiment tous les balcons, ce n'est pas cela
qui améliore la qualité du service de transport en commun.
Pour les offres de services, je vais aller au dernier paragraphe. Les
travailleurs et les travailleuses que nous représentons se plaignent de
plus en plus de la baisse du service dans le métro. Ce sont les
travailleurs et les travailleuses. Je ne veux pas faire de comparaison, mais ce
ne sont pas des cadres supérieurs qui sont, de temps à autre,
véhiculés pour s'enfouir dans les garages des grands
édifices. Ce sont des travailleurs et des travailleuses, des
étudiants et des étudiantes, etc., qui se plaignent d'un temps
d'attente long, des trains bondés. Je ne sais pas si le modèle
japonais nous incite, ou le modèle mexicain, en tout cas, ils se
plaignent des trains fort bondés. Il n'est pas facile de se tenir debout
sans s'appuyer sur ses voisins. On sait que la promiscuité n'est pas
toujours souhaitable. À cause de l'aménagement intérieur
des wagons, la ventilation apparemment est drôlement inadéquate.
Le manque de sécurité dans les couloirs des stations de
métro, aussi, commence à créer des problèmes dans
bien des endroits.
Fermeture du métro un peu plus tôt. Montréal est une
ville qui se couche tôt pour les administrateurs du métro.
À minuit et demi, il faut être au lit, alors qu'on sait fort bien
qu'il y a une vie un peu plus mouvementée que cela,
indépendamment de la vie que nous faisons de temps à autre; pas
tous, mais quelques-uns d'entre nous. II y a des travailleurs et des
travailleuses qui finissent à minuit. C'est un drame de voir que le
métro arrête. Est-ce que c'est minuit et demi?
Une voix: II ferme après, à une heure du matin.
M. Daoust: Une heure du matin. En tout cas, c'est assez
tôt.
Une voix: Avant, c'était une heure et demie.
Une voix: Une demi-heure de moins.
M. Daoust: Une demi-heure de moins.
Une voix: À Berri-Demontigny.
Une voix: ...politique de natalité.
M. Daoust: Ah! c'est sa politique de natalité. Bon.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Daoust: Elle est astucieuse.
Une voix: Ce n'est pas très efficace, cela a l'air.
M. Daoust: Mais on aurait d'autres moyens à vous
suggérer.
Le stationnement. Si on veut privilégier le métro, c'est
entendu qu'il faut absolument, par tous les moyens, faire en sorte que les gens
soient découragés de prendre leur voiture. On parle de mode de
transport mixte, de places de stationnement dans les bouts de ligne.
Écoutez, ce n'est pas la découverte du siècle, mais elle
me semble éminemment efficace, qu'il y ait des stationnements plus
nombreux. Ce n'est pas le cas à ce moment-ci. On vous expose nos vues
à ce sujet.
Enfin, on voudrait bien que la STCUM, qui a un rôle à jouer
dans le développement économique et touristique de
Montréal, qui a les équipements, la compétence, etc., soit
beaucoup plus active dans le domaine des tours de ville, des chartes-parties ou
en rendant accessible le transport en commun avec des tarifs* spéciaux
pour des occasions qui peuvent être convenues.
Les solutions existent. Nous souhaitons un processus dynamique suivant
lequel on cherchera à augmenter l'utilisation du transport en commun en
incitant par tous les moyens les gens à se servir du transport public.
Dans la mesure où nous voulons réellement privilégier le
transport en commun, il faut poser des gestes qui expriment clairement à
la population les priorités que nous nous sommes données comme
société. Il faut qu'il y ait, comme on dit, de plus en plus de
signaux, il faut que des gestes soient précis, il faut que l'on cesse de
les poser de façon secondaire, mais que ce soit un tout facilement
perceptible.
Pour l'est de Montréal - on y revient - qui est mal desservi, des
solutions à court et à moyen terme doivent être
apportées. Diminuer la durée des déplacements. Nous
proposons qu'un circuit d'autobus rapide et fréquent desserve
Rivière-des-Prairies et qu'un autre desserve Pointe-aux-Trembles. Afin
que ces circuits soient rapides, il faut les concevoir en ligne directe avec le
métro empruntant des voies réservées quand c'est
nécessaire et étant elles-mêmes en correspondance avec de
petits circuits d'autobus faisant la navette à l'intérieur de ces
territoires.
De plus, nous proposons une ligne rapide, soit un métro sous
terre ou de surface, qui desserve Montréal-Nord et
Rivière-des-Prairies. Pour réduire et contrer la congestion
à Montréal, nous estimons qu'il faut des voies
réservées sécuritaires implantées partout où
cela est possible, même si cela rend le transport par automobile encore
plus difficile. On fait une analogie avec les pistes cyclables. On souhaite, on
insiste et on vous exhorte à faire en sorte qu'il y ait des voies
réservées pour des autobus. Cela est visible, palpable, les gens
le voient, le sentent. Cela choque les automobilistes. On est à peu
près tous des automobilistes, du moins quelques-uns d'entre nous, mais,
s'il y a une façon de privilégier le transport en commun par des
voies rapides, cela indique des volontés.
Il ne faut pas attendre un très haut niveau d'achalandage pour
établir des voies réservées, mais plutôt les
implanter. L'offre de service doit augmenter en qualité et en
quantité. On a trop investi collectivement, comme société,
dans le transport en commun pour le laisser se détériorer. Il
faut réduire les temps d'attente, on en a parlé, la durée
des déplacements. Il faut qu'il y ait un nombre suffisant de
véhicules, un nombre suffisant d'employés. Les heures de service
doivent être prolongées. Les trains doivent passer plus
souvent.
La sécurité dans le métro, on en a dit quelques
mots, le métro doit être mieux aménagé. Ce
métro, qui a fait la fierté de Montréal, de son citoyen le
plus éminent et de l'ensemble du Québec, on le sent se
détériorer - sans charrier - et, si on n'y met pas les moyens
voulus, je pense qu'on en subira les conséquences. On parle des risques
pour la population. Là aussi, il y a beaucoup à faire. On
souhaite que la ligne 5 du métro soit terminée dans les meilleurs
délais, ouverte à la population, etc. On voudrait intégrer
le réseau du métro actuel à la ligne de chemin de fer
Deux-Montagnes-Montréal, rapprocher la desserte centre-ouest de Laval.
Nous proposons de faire terminer la ligne 2 au coin de du Domaine et
Grenet.
Finalement, les terrains de stationnement. Soit dit en passant, les
syndiqués, les travailleurs et travailleuses en général,
dans une période de sous-emploi devenue chronique
dans notre société, au Québec, avec le nombre
effarant de chômeurs que nous connaissons, plus ceux qui s'y ajoutent et
qui ne figurent pas dans les statistiques officielles, il est toujours
inconcevable que les hommes publics à tous les niveaux de gouvernement
n'aient pas la préoccupation -et on l'a réclamé souvent -
que de grands travaux publics, dans des périodes creuses au point de vue
économique, soient lancées. Le métro est un type de grands
travaux publics qui fournit de l'emploi, qui stimule l'économie et qui
laisse aux gens des perspectives, sans compter les retombées
inouïes de taxes. On en parlera un peu plus loin. (10 h 45)
On comprend mal les tergiversations. Il y a toutes sortes de paliers de
gouvernement qui se chamaillent, qui se chicanent. On est interpellé
collectivement par ces milliers de chômeurs, ces jeunes et ces moins
jeunes, ces hommes et ces femmes qui se disent: Mais comment se fait-il? Il y a
des bouts de métro qui doivent être complétés. Il y
a un transport en commun qui doit être privilégié. Il y a
toute une ville qui doit être restimulée sur le pian du
développement économique. On a le nez collé sur le
quotidien. On vous invite à avoir des perspectives un peu plus larges et
un peu plus généreuses à l'égard de la population
de Montréal, à l'égard des jeunes et à
l'égard des sans-emploi. Le transport en commun, le métro et son
prolongement s'inscrivent dans cette perspective. Je vais
accélérer un peu. Améliorer l'accès à
Montréal. Les voies réservées sur les ponts, on en a
parlé. Les terrains de stationnement aussi. On a parlé de la
STRSM et de son programme d'entretien, des circuits administrés par les
organismes municipaux. Selon nous, cela devrait être mieux
intégré au réseau urbain qu'ils côtoient. Il y a des
problèms de coût, d'efficacité et de vétusté
de l'équipement dans bien des cas. Il faut des abribus en plus grand
nombre. On estime que la solution des taxis collectifs et du covoiturage...
Écoutez, je ne dis pas que ce sont des vues de l'esprit, mais, sapristil
cela me semble bien lointain ou, du moins, dans des perspectives plus ou moins
immédiates de solution. C'est généreux comme idée,
sans aucun doute. On ne remet pas en question la bonne volonté des gens
qui parlent de covoiturage, de taxis collectifs. Mais ce n'est sûrement
pas cela qui va régler le problème du transport en commun
à Montréal. Nous souhaitons que le transport adapté soit
amélioré et qu'il fasse partie de votre mandat.
Le financement. Le financement des infrastructures et immobilisations,
vous le savez, provient de deux sources: le gouvernement du Québec et
les municipalités. Pour nous, il faut qu'il soit bien clair que les
usagers n'ont pas à participer au financement des infrastructures. Il
semble normal, il est normal que le gouvernement du Québec soit le
principal responsable du financement. Par ailleurs, nous croyons que les
municipalités ont d'immenses responsabilités sur ce plan. Les
municipalités des banlieues hors de l'île ont aussi des
responsabilités dans le financement des infrastructures hors de leur
territoire, infrastructures qui profitent abondamment à bon nombre de
leurs citoyens et citoyennes. On parle des villes-dortoirs, Je n'insisterai pas
trop trop là-dessus, mais il suffit de voir un peu l'achalandage sur les
ponts, rive sud et rive nord, pour savoir à quel point, le matin et le
soir, on sort et on entre dans ces villes. Le transport en commun de la ville
de Montréal, ou de la STCUM, ou de la CUM, peu importe, devrait
être largement financé, entre autres, par les municipalités
et pas exclusivement, mais hors de l'île.
On revient au développement des infrastructures dans l'est de
Montréal, cette fois-là, en faisant appel au gouvernement
fédéral qui a des responsabilités. Le
développement, on l'a dit, en d'autres milieux, dans l'est de
Montréal, fermeture de raffineries, d'usines,
démantèlement, exode, etc. Montréal, c'est le coeur
économique du Québec. Quand un de ses ventricules,
peut-être un des plus importants, dans une région comme
Montréal, commence à ne plus fonctionner, il est du rôle du
gouvernement fédéral et du gouvernement du Québec
d'intervenir par des fonds. Le gouvernement fédéral finance
déjà toute autre forme de transport dans notre pays. Il
intervient en dépenses de capital et en subventions
particulières. Ce ne serait pas un précédent dans la
mesure où il a financé la modernisation des infrastructures de la
ligne de train Montréal-Rigaud. Là, on fait la
démonstration que le gouvernement fédéral profite, de
multiples façons, de ses investissements par des retours sur le plan de
la fiscalité. Nous suggérons qu'il contribue au financement de
projets d'infrastructure -nous revenons au prolongement du métro dans
l'est de ta ville.
Le financement des coûts d'exploitation provient de quatre
sources: le gouvernement du Québec, les municipalités, les
usagers et les autres revenus d'exploitation. La réponse que nous
apportons ou que nous apporterons collectivement reflète un choix de
société. Là, on vous donne quelques-unes des
données que nous avons trouvées et qui sont publiques, de toute
façon.
Dans 19 des grandes villes nord-américaines qui disposent d'un
parc de stationnement de 1000 véhicules et plus, il y en a 11 où
les usagers paient une proportion moins grande qu'à Montréal; la
moyenne s'élève à 27,3 %. Aussi, dans 11 de ces
municipalités, les frais pour celles-ci s'élèvent à
41 %, alors qu'au Canada la moyenne municipale s'élève à
27,3 % et que,
à Montréal, elle est de 20,5 %. Je ne vous citerai pas
tous les chiffres, mais tout cela pour vous dire qu'il y a des coups de barre
qui doivent être donnés par des paliers de gouvernement afin qu'il
y ait une meilleure répartition des frais de financement.
Nous estimons qu'une diminution de la part du coût d'exploitation
payée par l'usager, jointe à une amélioration de la
qualité du service, a de bonnes chances de provoquer une
amélioration de l'achalandage, qui peut contrebalancer en partie, sinon
en totalité, le manque à gagner résultant de l'absence de
hausse de tarifs.
Nous souhaitons - et notre proposition vise à traduire dans la
réalité concrète la priorité accordée au
transport en commun -que les tarifs soient gelés à leur niveau
actuel jusqu'à ce que la part des usagers soit ramenée à
33 % du coût total des opérations - elle se situe, à ce
moment-ci, à pas loin de 40 % ou 45 %. Après avoir ramené
la contribution à 33 % pour les usagers du coût d'exploitation du
transport par un gel des tarifs au niveau actuel, nous proposons que les tarifs
n'augmentent jamais par un pourcentage qui excède le plus petit des deux
pourcentages suivants: l'augmentation de l'IPC ou le pourcentage d'augmentation
des dépenses des organismes qui assurent le transport en commun.
De plus, en vue d'assurer le financement nécessaire au transport
en commun, nous proposons diverses avenues possibles afin que le gouvernement
du Québec choisisse l'une ou l'autre ou un mélange des sources de
financement suivantes: augmentation de la contribution des
municipalités. À Montréal, elle est de 20,5 %; moyenne
canadienne: 27,5 %. L'actuel maire de Montréal aime, de temps à
autre, faire des comparaisons avec Toronto. Montréal est vraiment en bas
de la moyenne. On a parlé des 11 municipalités
nord-américaines où la moyenne est de 41 %. Nous estimons, quant
à nous, que la santé financière de l'ensemble des
municipalités du Québec permet d'envisager une augmentation de
leur contribution au financement du transport en commun.
Le gouvernement fédéral - nous en avons parlé
quelque peu - pourrait contribuer à une diminution de la part des
usagers dans le financement du transport en commun par des remises
basées sur les investissements reliés au transport en commun en
proportion de ses recettes fiscales dans le PIB.
Une taxe spéciale. Comme nous l'avons vu, la majorité des
déplacements des usagers et usagères du transport en commun sont
soit pour aller travailler, magasiner ou assister à des
représentations sportives ou culturelles. Ainsi, les places d'affaires
et les commerces s'assurent toujours que le transport en commun favorise leur
site. À Montréal, le métro est directement relié
à plusieurs commerces, lieux de travail et, partout sur le territoire,
les centres commerciaux ou les places d'affaires sont presque toujours
désservis par une ou plusieurs lignes d'autobus, particulièrement
lorsque la main-d'oeuvre ou la clientèle est nombreuse. En même
temps, ces places d'affaires incitent souvent leurs employés et leur
clientèle à utiliser l'automobile en leur fournissant des espaces
de stationnement. On rappelle qu'en 1985 le ministère des Transports
évaluait à 60 000 le nombre d'espaces de stationnement hors rue
au centre-ville de Montréal. Plus il y a de gens qui utilisent leur
automobile, plus il y a risque de congestion.
C'est pourquoi nous croyons que les employeurs et commerçants de
la grande région de Montréal qui profitent du transport en commun
et qui, souvent, en même temps, incitent les gens à utiliser leur
automobile en leur fournissant des espaces de stationnement, devraient
participer au financement de ce transport en commun en payant une taxe
spéciale. Cette taxe spéciale, pour les places d'affaires et
commerces, devrait tenir compte à la fois du lien avec le transport en
commun et des places de stationnement accessibles pour leur clientèle et
leur personnel. En somme, elle serait composée d'un taux de base qui
irait en augmentant, suivant les places de stationnement disponibles. Ainsi,
les places de stationnement seraient taxées. L'entreprise qui
n'inciterait pas les gens à utiliser leur automobile, en ne leur
fournissant pas de places de stationnement, paierait moins que les autres qui
rendent disponibles de telles places. Nous pensons que les places de
stationnement dans les rues à vocation commerciale devraient être
mises à contribution. De plus, il n'y pas de raison de limiter ce type
de taxe aux seuls stationnements du centre-ville. Il faudrait le
généraliser à l'ensemble du territoire desservi par le
transport en commun.
Il ne faudrait pas qu'une telle taxe sur le stationnement avantage les
commerces dans les banlieues ou les centres commerciaux au détriment de
ceux de la ville ou du centre-ville. On particulier, les centres commerciaux et
les développements industriels hors de la ville ou en dehors du
centre-ville devraient être soumis à la taxe sur le stationnement.
Seules exceptions, les espaces de stationnement autour des lignes de
métro et des lignes de trains de banlieue. Cette taxe aurait
également le mérite de rendre encore plus intéressante
financièrement l'utilisation du transport en commun.
Enfin, une remarque: la société de transport pourrait
accroître ses revenus en s'assurant que les usagers acquittent tous le
prix de leur passage par la mise en place d'un système de perception
plus efficace et en développant évidemment le système
touristique.
Coordination régionale. On termine sur cela, cela ne sera pas
très long. On estime qu'il n'est pas facile de développer des
consensus. Montréal, les villes de la CUM, les villes de la rive sud
desservies par la STRSM, les comités intermunicipaux de transport, Laval
et les villes de la rive nord ont sauvent manifesté des
intérêts divergents. Aujourd'hui, nous tenons pour acquis que ce
sont les villes qui s'occupent de l'administration du transport en commun.
Plusieurs élus municipaux voulaient exercer un tel pouvoir, tandis que
d'autres ne le recherchaient pas pour ne pas voir leur ville contribuer aux
coûts du transport en commun. À l'heure actuelle, nous croyons que
les usagers devraient être mieux représentés aux
comités de direction de ces divers organismes.
Afin de permettre un développement sur une base régionale
et de favoriser une grande utilisation, nous proposons, premièrement, la
création d'un comité régional de transport regroupant les
membres des divers conseils d'administration des sociétés de
transport et des comités intermunicipaux de transport concernés.
Ce comité aurait pour mandat de favoriser les déplacements par le
transport en commun entre les territoires desservis par chacun des groupes. Le
comité devrait produire un rapport annuel public et les solutions y
seraient contenues et proposées de même que les désaccords
qui persistent. Deuxièmement, la participation de représentants
des usagers crédibles aux conseils d'administration ou de direction des
organismes qui s'occupent du transport en commun. Troisièmement,
l'intégration tarifaire, STCUM, STL et STRSM, et l'intégration
tarifaire avec les lignes desservies par les comités intermunicipaux de
transport. Par exemple, une passe permettrait de voyager de
Sainte-Thérèse à Laval sur le territoire de Laval.
Quatrièmement, assurer une équité des contributions
municipales sur l'ensemble du territoire de la région de
Montréal, et, enfin, que les sociétés de transport
favorisent le transport en commun en vendant des titres spéciaux, fins
de semaine, vacances, semaines avec des tarifs individuels, familiaux ou de
groupe. Voilà pour notre présentation, M. le
Président*
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux remercier M. Daoust ainsi que tous ceux qui
l'accompagnent pour leur contribution et leur important mémoire qui fait
un bon bilan, un bon tour de la question de ce qui vient, des ajustements
nécessaires à la fois sur le plan des équipements et sur
le plan des ressources financières. Le mémoire a plusieurs
mérites, dont un que nous retrouvons à la page 31, qui est de
situer les vrais chiffres, les chiffres d'aujourd'hui, même s'il y a
quelques petits ajustements nécessaires, dans ce débat où
l'on constate qu'il y a une vérité de véhiculée
selon laquelle le gouvernement du Québec se désengage, que le
gouvernement du Québec ne fait pas ce qu'il a à faire. (11
heures)
Votre deuxième paragraphe, à la page 31... J'ai eu de la
difficulté à vous suivre à un moment donné, car
j'avais le mémoire déposé et il y avait quelques petites
modifications dans celui dont vous nous avez fait lecture. Dans le
mémoire déposé à la commission, à la page
31, il est dit, au deuxième paragraphe: "Aucune des grandes villes
canadiennes ne reçoit une aide plus élevée que
Montréal, où le gouvernement contribue pour 30,1 % - alors que
c'est 34 %, mais, de toute façon, c'est l'écart entre les deux
qui est important - des frais d'opération comparativement à une
moyenne de 20,5 % au Canada." Tout cela pour vous dire effectivement que, en ce
qui concerne ta grande communauté de Montréal, le
phénomène du transport en commmun est une nécessité
de tous les jours et est davantage important que dans le reste du Québec
où le réseau routier prend la place. Il y a donc cette obligation
de contribution supplémentaire du gouvernement, mais elle se traduit
très bien au chapitre de l'exploitation du réseau de transport en
commun.
J'aurai une première question. Vous avez fait état qu'il y
avait forcément des compléments de réseau à
terminer, les trains de banlieue et le métro menant à
Montréal-Nord et desservant Rivière-des-Prairies. Je vous ai
entendu dire, à un moment, que, quant à vous, le choix
n'était pas certain entre un métro et un moyen de transport
rapide de surface. Est-ce qu'à votre avis, à ce moment-ci, on
devrait davantage envisager, pour ces prolongements, des moyens de surface
comme le tramway - non pas le tramway des années quarante, mais le
tramway des années modernes, puisque cela existe - avec toutes les
facilités? Est-ce qu'on devrait davantage orienter nos décisions
dans ce sens ou bien dans le sens de continuer le métro?
M. Daoust: M. Guy Cousineau.
M. Cousineau (Guy): On n'a pas regardé lequel était
le plus avantageux. En ce qui concerne les coûts, on ne s'y est pas
arrêté. Il est important de dire qu'il faut avoir une ligne rapide
qui va se rendre dans l'est de Montréal desservir Montréal-Nord
et Rivière-des-Prairies. Il ne faut pas qu'il y ait de barrière
qui fasse en sorte que les gens soient bloqués, comme c'est
arrivé dans le sud de Montréal avec l'autoroute est-ouest-
Le fait d'avoir fait un corridor pour les autos établit une
division entre le Vieux-Montréal et le centre des affaires, et cela
crée des problèmes. Si la ligne est implantée - sous terre
cela ne crée pas de problème, mais en surface - il ne faudrait
pas que ce soit une barrière. Il existe actuellement des chemins de fer,
des emprises qui couvrent ce coin. Il faut les favoriser et prévoir des
accès par en dessous pour les automobiles si c'est en surface, mais il
en faut. Selon nous, l'avenir du développement de l'habitation, dans
Montréal, va vers ces régions. Il ne faut pas attendre qu'il y
ait une densité pour commencer à prévoir qu'il faut amener
le métro dans ce coin. Il y a une tendance au développement dans
ce coin. Il faudrait que, dans dix ans, il y ait un service important pour
cette population.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Évidemment, on
aura à trancher éventuellement l'importance de l'enveloppe qui
sera réservée à l'exploitation, l'immobilisation
étant une autre facette. D'ailleurs, vous faites la distinction dans
votre mémoire.
Quant à l'exploitation, c'est clair que la responsabilité
gouvernementale est là et elle sera maintenue. Sur ce point, il n'est
pas question de désengagement substantiel. Il est question de certains
réajustements, compte tenu de budgets qui doivent être bien
déterminés au début de chaque année
financière.
Pour ce qui est du prolongement, la CUM, mardi, a déposé
un mémoire disant que les besoins en immobilisation pour les dix
prochaines années considérés au minimum, étaient de
l'ordre de 450 000 000 $. Le gouvernement du Québec a, bien sûr,
une part de responsabilité quant à sa participation, vous le
dites bien dans votre mémoire, et les municipalités aussi. Vous
dites: Les usagers, quand ils ont payé l'exploitation, ont
déjà leur quota, laissez-les tranquilles et trouvez d'autres
sources.
En ce qui concerne ces autres sources, cela m'amène à
trois questions. Vous avez fait état de l'équité des
contributions, et cela fait l'objet de votre quatrième recommandation,
à la page 38 de ma copie, qui dit ceci: "D'assurer une
équité des contributions municipales sur l'ensemble du territoire
de la région de Montréal." Je pense que vous l'avez
évoqué lors de votre passage. Vous faites davantage
référence aux gens de la rive sud et de Laval qui utilisent le
métro sans en payer le coût.
Jusqu'où peut-on aller là-dedans? De quelle manière
peut-on le faire? Les gens habitant la rive sud paient déjà leur
propre transport pour se rendre au métro; même chose pour les gens
de la STL, qui paient déjà leur propre équipement de
transport pour rabattre sur le métro du côté nord de
Montréal. Cela semble vouloir se justifier parce qu'il y a effectivement
utilisation d'infrastructures, pour mener des gens à leur travail ou
à des commerces, et l'histoire a voulu qu'on développe en
fonction du centre-ville de Montréal.
De quelle manière s'y prend-on? Quelle forme est-ce que cela peut
prendre? Quelle est l'ampleur de cette participation pour ce qui est de ces
deux communautés?
M. Daoust: Je ne pourrais pas vous donner de formules ou, tout au
moins, d'indications fort précises. Mais, sur le plan des principes,
l'effort des municipalités en périphérie de
Montréal doit être de même nature que celui de la ville de
Montréal. C'est entendu qu'il se développe minimalement un
système de transport en commun dans chacune de ces municipalités,
lequel est probablement inadéquat dans l'immense majorité des
cas. Vous l'avez dit et on ne cesse de le répéter, cette
espèce de coeur économique, de centre d'attraction que constitue
Montréal... Je veux parler sans aucun mépris à
l'égard de qui que ce soit de ces villes environnantes, où il
fait bon vivre et où il y a un dynamisme sans aucun doute. Mais,
écoutez, Montréal, on y vient massivement, quotidiennement. Somme
toute, il y a mille et une raisons politiques qui font que Montréal n'a
pu étendre son champ d'intervention sur le plan de ses limites
territoriales.
Enfin, c'est Montréal. Quand on demeure à Longueuil, on
est à Montréal. Je ne veux pas charrier non plus, mais, quand on
se promène un peu partout dans l'univers et qu'on dit aux gens: On
demeure à Laval, les gens disent, pour commencer: On demeure à
Montréal et, après cela, on dit: On demeure à Laval, afin
que les gens se situent. Ce n'est pas un argument de force que j'emploie
à ce moment-ci, mais il faut contribuer, il faut que ces
municipalités contribuent; sinon, c'est l'asphyxie sans aucun doute ou
des difficultés inouïes à plus ou moins long terme. Il y a
des résistances dans ces municipalités, vous le savez beaucoup
mieux que moi, mais je pense qu'elles n'ont pas le choix et il faut convaincre
les populations qu'elles doivent contribuer massivement.
C'est une propriété collective. Incidemment,
Montréal, avec sa population, c'est la moitié du Québec,
en gros. Le gouvernement du Québec y contribue, sans aucun doute, mais
il contribue à la dimension de cette ville et aux répercussions
que cette dernière connaît à la suite de toutes les
retombées de son système de transport en commun, entre
autres.
Alors, les modalités, les montants, je pense que, là, on
va entrer dans des chiffres d'experts, mais qu'il y ait une
équité, que ce soit visible, que ce soit perçu comme tel
et quant à savoir qui peut être l'arbitre là-
dedans, ce n'est pas facile; toutes ces municipalités vont tirer
la couverture de leur côté pour payer le moins possible et pour
justifier les paiements les moins élevés possible. Mais nous ne
fonctionnons pas là-dedans, on a des membres partout, qu'ils soient
à Laval, à La Salle et très peu à Westmount, mais
on a des membres dans toutes ces... À Terrebonne et un peu partout. Je
pense que tous ces gens qui vont et viennent à Montréal, qui
profitent des retombées inouïes de Montréal sur tous les
plans, doivent assumer les coûts du système de transport en commun
à Montréal par les taxes foncières, la taxation ou
autrement. Un système de transport en commun à Montréal,
c'est la vie. Je ne veux pas prendre de modèle trop loin, mais on a
découvert tardivement que cela nous prenait un métro, on n'a pas
été tellement précoce là-dedans. Je souhaite que le
Québec d'aujourd'hui, qui a commencé à se construire et
qu'on construit tous ensemble, soit, à l'avenir, un peu plus visionnaire
qu'il ne l'a été. On s'est donné un métro en 1967.
On a applaudi frénétiquement, on a pleuré devant cette
réalisation. Voici une grande ville nordique enfouie sous la neige qui
connaît, à cause de son climat, toutes sortes de problèmes
de transport en commun. Voici qu'il lui a fallu 30, 45 ou peut-être 75
ans. Je ne sais pas à quel moment le métro de Moscou a
été construit - là aussi c'est une ville nordique -et,
apparemment, il est extraordinaire; évidemment, c'est une plus grande
ville, je ne veux pas faire de comparaison.
Alors, on a un métro ici. Je rattache cela à la question
que vous posiez au tout début, quand on disait de prolonger le
métro. Il me semble que là-dessus on devrait être beaucoup
plus rapide. Pour des fins de plein emploi, de développement
économique et, aussi, de qualité de vie dans un milieu comme le
nôtre, qu'on prolonge ce métro et qu'on améliore le
transport en commun à Montréal. Cela doit être l'effort
collectif de l'ensemble des Québécois, que ce soit le
gouvernement du Québec, qui en assumera une partie sans aucun doute, les
citoyens de Montréal et des îles et municipalités
environnantes. Quand on dit "équité", on veut que tout le monde y
contribue, afin qu'il n'y ait pas de gens qui profitent d'une situation sans en
payer adéquatement les coûts.
M. Cousineau: Pour ajouter quelques mots, quand vous regardez les
chiffres correspondant au transport en commun dans les municipalités de
la rive sud, en périphérie, pas simplement Longueuil près
de la STRSM, mais, déjà, à Longueuil et à Laval,
les chiffres qui étaient donnés par la STCUM en 1985, lorsqu'elle
a fait son étude, M. Dion donnait les chiffres, à savoir combien
cela coûtait à Montréal comparativement à Laval dans
la taxation.
On pourrait aussi fixer la contribution ett cela, on le donne
dans la coordination régionale, on dit qu'il devrait y avoir une
contribution pour assurer l'équité. Cela pourrait être sur
la base du pourcentage de la population qui se déplace de ces
municipalités vers Montréal, pour assumer une partie des
coûts. Cela pourrait être la formule suivante: si 40 % des gens de
Beloeil viennent à Montréal parce qu'ils y travaillent, ils
devraient assumer une partie sur cette base-là. Cela pourrait être
une base de calcul.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. On me signale
qu'il me reste six minutes et j'ai encore quand même quelques bonnes
questions parce qu'on est au coeur de l'un des points chauds de ce qui nous
concerne. Comme on a le privilège de vous avoir, on va demander la
sympathie de la commission pour continuer.
Les infrastructures du métro sont financées à 100 %
par le gouvernement du Québec, donc pas uniquement par les citoyens de
Montréal, mais par l'ensemble de la collectivité
québécoise, à la fois des gens de Laval et à la
fois des gens de la rive sud. Donc, cela est clair. Lorsqu'on parle d'une
contribution additionnelle de ces communautés qui en profitent quand
même, cela pourrait aller à l'exploitation, si je perçois
bien ce que vous voulez dire. L'exploitation est déjà
actuellement financée par des partenaires: gouvernement,
municipalités et usagers, selon des proportions qui sont fort
respectables. (11 h 15)
Est-ce que, dans votre esprit, parce qu'il faut que ces
communautés, très heureuses, comme vous le disiez, de dire
à l'extérieur qu'elles viennent de Montréal... Je vis
ça moi aussi à Québec. Je suis un citoyen de Charlesbourg
et, pour situer le monde, on dit qu'on vient de Québec, et, quand on est
à Québec, on dit qu'on vient de Charlesbourg.
Il faut que ces gens et ces maires qui auront à décider en
tirent certains avantages. Vous avez dans une de vos recommandations la
création d'un comité pour faire l'interconnexion ou l'interface.
Dans votre esprit, si on devait en arriver à une telle décision
de participation supplémentaire de ces communautés, est-ce que
ces sommes d'argent perçues ne pourraient pas servir à faire en
sorte que l'usager qui va partir de Laval ou de la rive sud sente le moins de
changement possible avec, autant que possible, des tarifs
intégrés? Est-ce que ce n'est pas là la solution à
un certain nombre de nos problèmes?
M. Cousineau: Je pense qu'effectivement, si on vient à
bout d'aller chercher des contributions supplémentaires, cela
devrait
baisser le coût supplémentaire que paient
déjà les gens de Laval pour aller à Montréal, ou
ceux de Beloeil pour aller à Longueuil, parce qu'ils ont deux
systèmes de transport.
M. Côté (Charlesbourg): Au risque de me faire
répéter par le député de Lévis que mes
amitiés étaient auparavant du côté
fédéral... Je cite souvent des exemples de Paris. Je n'ai pas
voyagé beaucoup. Je suis allé faire un voyage pour voir ce qui se
passait là-bas. Parfois, des façons de faire en France peuvent
nous inspirer de manière agréable. Paris étant, avec ses
couronnes... Les gens viennent de deux services de transport en commun fort
différents: la SNCF et RATP. On ne voit pas le changement, mais on paie
un tarif qui est différent si on est plus éloigné dans la
couronne que si on est plus près. C'est normal. Personne ne sent la
différence entre la RATP et la SNCF. Dans ce sens, si on allait chercher
des sources additionnelles, il serait peut-être plus facile de dire aux
communautés un peu plus loin: Vous avez une contribution à
apporter, mais c'est pour le plus grand bien-être de vos citoyens qui ne
verront pas la différence. C'est peut-être là une des
solutions intéressantes. Je pense qu'on va dans les mêmes
idées.
Vous avez parlé d'une contribution fédérale.
J'imagine que, dans votre esprit, s'il y a contribution fédérale
ou si on peut exiger une contribution fédérale - on l'a fait pour
Montréal-Rigaud, on va le faire dans Deux-Montagnes - dans la mesure
où nos études nous mènent à des décisions
dans ce sens-là, et je n'en doute pas, ce sera dans des
équipements lourds.
Finalement, quant à vous, ce serait le métro. S'il y avait
extension du métro ou un tramway, c'est davantage là qu'il
devrait... Est-ce qu'il y a d'autres exemples, dans votre esprit, où le
fédéral a contribué à de tels équipements
dans d'autres provinces? Bien sûr, on pourrait parier des chemins de
fer.
M. Cousineau: Le chemin de fer est présent,
omniprésent, mais...
M. Daoust: On n'a pas fouillé le dossier de façon
intensive dans les autres provinces. On se propose de le faire et on
souhaiterait bien que quelqu'un puisse le faire, parce qu'on voit là,
nous, une piste d'une contribution importante d'un palier de gouvernement
important à l'égard du développement économique
dans telle ou telle région. Cela peut être le transport du
blé dans l'Ouest. Évidemment, c'est le chemin de fer.
La main-d'oeuvre qui se transporte d'une place à l'autre... Je ne
fais pas d'analogie entre ce que peuvent contenir les wagons de trains, mais il
y a tout de même des parallèles qu'on peut établir. Cela
favorise le développement économique, ce chemin de fer un peu
partout. Pourquoi pas ici à Montréal pour le métro ou
d'autres apparentements au métro, le tramway et le reste?
M. Côté (Charlesbourg): On vient de m'en souffler
une. C'est pour ça que je veux reposer une question. Semble-t-il que
dans ce qui a été construit pour l'Expo de Vancouver, le
fédéral ait contribué. Je posais la question: Est-ce que
le fédéral a contribué pour le métro de
Montréal, compte tenu de l'exposition? On trouvera toujours un bon moyen
de nous dire que oui, de manière détournée.
On a parlé des autres en ce qui a trait au soutien financier.
Maintenant, parlons de nous autres. Versements au transport. C'est un
mécanisme qui a permis de financer des infrastructures additionnelles
décidées par les pouvoirs locaux, mais avec un pouvoir
mandaté par le pouvoir central de France qui fait un
prélèvement sur la masse salariale selon le degré ou le
niveau d'équipement, soit lourd, soit léger, pour des entreprises
de plus de dix employés qui ont à utiliser le transport en
commun. J'imagine que c'est intéressant d'avoir l'opinion d'une centrale
syndicale qui a à défendre les travailleurs. Est-ce que vous
pensez que cela pourrait être une solution quant au financement des
infrastructures additionnelles?
M. Daoust: Une taxe sur la masse salariale ou une perception sur
la masse salariale ne nous semble pas la voie indiquée, loin de
là, pour percevoir des fonds. Il y a des phénomènes de
mobilité des capitaux et de mobilité des implantations
industrielles dans un pays comme le nôtre, et même dans une
province comme le Québec, qui pourraient jouer à notre
détriment. Dans la mesure où les coûts de fonctionnement
des entreprises reliés aux salaires s'élèvent, les
employeurs peuvent être attirés vers d'autres lieux. Pour cette
raison et aussi parce qu'on risquerait de taxer les entreprises ou les secteurs
industriels à forte densité de personnel, cela pourrait provoquer
des perturbations et des distorsions sur le plan économique. Je suis
moins familier que quelques-uns le sont avec ce qui se fait en France, à
Paris, mais, de prime abord, quand on a été mis au courant de
cette proposition et quand on sait à quel point les employeurs, par les
grandes associations qui les représentent, qu'on ne cesse de rencontrer
aux multiples tables de négociation nous rappellent inlassablement les
coûts de la main-d'oeuvre, ils sont fort critiques, parfois
malicieusement et démagogiquement, à l'égard de certains
coûts, comme dans le domaine de la santé et de la
sécurité au travail, s'il fallait ajouter un coût pour le
transport en commun, il y aurait une levée
de boucliers. Je ne dis pas que nous nous associons aux protestations du
milieu des affaires dans ce domaine, mais ceia ne nous semble pas une voie
à privilégier. Quant à nous, on l'écarté
parce qu'encore une fois, dans un phénomène de
compétitivité, de mobilité des capitaux et de la
main-d'aeuvre, de nécessité de grandes politiques d'implantation
industrielle, de densité de main-d'oeuvre dans certaines entreprises,
cela nous semblerait dangereux.
On me rappelle qu'en 1985 on avait déjà abordé ce
problème-là et aussi bien le citer que d'essayer de le lire en
même temps: "Nous ne favorisons pas la taxe sur la masse salariale. D'une
part, elle risque d'une façon générale d'avoir un impact
négatif sur l'emploi en créant une charge additionnelle pour une
entreprise qui veut créer des emplois dans la région
métropolitaine. De plus, elle introduit un biais défavorable
envers les entreprises à haute intensité de travail
comparativement aux entreprises à haute intensité de
capital."
De toute façon, c'est toujours le contribuable qui paierait par
le coût des produits ou des services, mais le danger, ce serait les
comparaisons sans aucun doute de telle entreprise qui décide de
s'implanter à Québec ou à Montréal et qui dirait:
Bon, à Toronto, à Cornwall, à Hawkesbury ou au
Nouveau-Brunswick, on n'a pas à payer une taxe sur la masse salariale.
Cela ne nous semble pas une voie qu'il faut privilégier. Quant à
nous, on l'écarté. Je suis un peu gentil et poli, parce que ce
sont des gens prestigieux qui vous ont soumis cette proposition. Je pense que
l'exemple français, l'exemple parisien, n'a pas la meilleure des
applications chez nous. Le climat n'est pas le même de toute
façon.
M. Côté (Charlesbourg): Mais le transport en commun
est pareil.
Des voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg}: Les problèmes de
transport en commun sont pareils.
M. Daoust: Peut-être.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaftre M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je voudrais remercier les gens
de la FTQ du mémoire qu'ils nous présentent aujourd'hui. Je dois
dire que c'est un son de cloche un peu différent de ce qu'on a entendu
jusqu'à maintenant. J'ai remarqué que vous parliez beaucoup de
l'état des autobus qui laisse à désirer. Le ministre nous
disait hier qu'il avait baissé la subvention sur l'achat des autobus de
75 % à 65 % parce que ça incitait trop les municipalités
à acheter des autobus qu'elles n'avaient pas besoin d'acheter. Vous avez
beaucoup de chauffeurs d'autobus chez vous. Pensez-vous que parce que le
gouvernement du Québec payait 75 % de l'achat des autobus, les
municipalités, les corporations ou les sociétés de
transport en commun étaient portées à acheter des autobus
dont elles n'avaient pas besoin et qu'il y avait un surplus d'autobus en bon
état?
M. Asselin (André): M. le député, j'ai eu
l'occasion de discuter la semaine dernière avec M. Moiini. Sur la rive
sud actuellement, il y a un manque d'autobus parce qu'ils ne sont pas
adéquats. Il y en a 78 dans un coin qui ne sont pas véhiculables
et ne peuvent pas être utilisés. Pourquoi? Il semblerait qu'il y
aurait eu un défaut de manufacture. Ce n'est pas parce qu'on a trop
acheté d'autobus. C'est parce que la conception, le design de ces
autobus ont fait que les gouvernements, Hannigan, ceux qui avaient la
responsabilité d'acheter de GM n'ont pas été assez
vigilants. C'est ce qui fait que des autobus seront hors d'usage. Fernand l'a
souligné tantôt à mots couverts dans le mémoire, il
n'y a pas possibilité d'entretien de ces autobus, à moins de
refaire la structure, le châssis, le "frame". Ce n'est pas parce que le
gouvernement a été trop généreux, c'est parce
qu'à la source on n'a peut-être pas prévu, pour d'autres
considérations... Bien sûr, on voulait faire fonctionner l'usine
de Sainte-Thérèse, mais il reste qu'aujourd'hui les chauffeurs
d'autobus paient ça sous prétexte qu'ils sont braillards, qu'ils
ont peur d'utiliser des autobus qui ne fonctionnent pas.
Il y a un problème sérieux sur la rive sud. On doit
s'attarder là-dessus, mais il reste que ce n'est pas parce que le
gouvernement a trop subventionné, M. le député. Le fond du
problème est beaucoup plus complexe que ça et je pense bien que
M. le ministre, par ses fonctionnaires, doit savoir que le fond du
problème... Je n'entrerai pas dans les détails parce que je sais
des choses qu'on m'a dites hors contexte. On m'a dit: Je vous dis, je vous
indique ceci, mais ce n'est pas pour publication. Faites la recherche. Je pense
que c'est mal placer le problème que de prétendre que, parce que
le gouvernement payait trop ou subventionnait trop, il y a eu une mauvaise
utilisation des autobus. En ce qui concerne la STRSM, ce n'est pas son cas.
M. Garon: Un deuxième point. On nous a dit aussi qu'une
des façons de trouver des fonds additionnels serait - de placer des
équipements différents pour éviter la fraude. On a
parlé de 10 % officiellement et, en dehors des rencontres officielles,
on parlait plus de 20 %. On pourrait aller chercher
10 % ou 20 % additionnels si les moyens de percevoir l'argent
étaient différents, de sorte qu'il y aurait moins de piastres
déchirées en deux ou raboudinées, alors que la même
piastre sert deux fois ou que des sous noirs blanchis font des dix sous. On
nous a dit que cela pourrait représenter des sommes importantes, entre
10 % et 20 %.
Comme chauffeur d'autobus, est-ce que vous pensez que c'est la fraude
dans l'utilisation de toutes sortes de choses pour payer son passage ou les
cartes... Je n'ai pas trop compris la technique, mais les cartes pourraient
passer bien vite, le chauffeur n'a pas le temps de voir et les usagers sont
rendus dans l'autobus. Cela m'a frappé, on a parlé de sommes
importantes qui pourraient aller de 10 % à 20 % des montants
perçus. (11 h 30)
M. Vézina (Maurice): Si vous me le permettez, en tant que
chauffeur d'autobus à Montréal depuis 20 ans, j'ai à vivre
quotidiennement ce que vous mentionnez quant à la perception dans les
autobus. Si on se réfère à un petit historique. En 1986,
nous avions proposé à la société de transport,
comme M. le ministre l'a mentionné, de faire comme à Paris ou aux
États-Unis, et même pas loin d'ici, je crois, à Ottawa
où on a embauché des personnes pour aller vérifier dans
les autobus si les gens mettent le bon montant dans la boîte. C'est un
moyen que nous avons préconisé au même titre. Je vais un
peu à côté de la perception, mais cela va avoir un lien
pratiquement direct avec cela. Si on fait référence au 911, pour
les agressions sur les chauffeurs d'autobus, on se disait qu'avec le 911, une
bonne publicité et des personnes, cela dissuaderait les gens d'agresser
les chauffeurs d'autobus. Il y avait un lien très étroit entre la
perception et les agressions dans les autobus.
Bien sûr que les chiffres que vous mentionnez peuvent aller
au-delà des revenus à la société. Si la
société de transport mettait de l'avant, avec certaines
modifications, l'idée d'avoir des contrôleurs, des gens dans les
autobus à des heures différentes, parce qu'on sait pertinemment
bien, la société sait par des études, dans quel secteur de
Montréal, est, ouest, nord, sud, je ne veux pas faire de... Ils peuvent
facilement avoir des revenus additionnels. Parce que j'ai fait ce métier
de chauffeur d'autobus pendant quinze ans, je sais qu'on ne peut absolument pas
demander à une travailleuse, que nous représentons, ou à
un travailleur de se battre continuellement avec des usagers. Ça prend
de la publicité pour dissuader les gens de ne pas payer dans les
autobus. C'est ça que ça prend.
M. Garon: On nous laissait entendre -je ne suis pas un expert
là-dedans, surtout que je suis arrivé récemment dans le
domaine des transports, j'étais plutôt dans les radis avant -
qu'il y avait des moyens de perception plus sophistiqués qui
permettaient d'éviter cela. Est-ce que cela existe ailleurs?À voir ce qu'on a vu dans les journaux, pas actuellement, mais il
y a un certain temps, on pouvait penser que c'était plus dangereux
d'être chauffeur d'autobus que d'être dans la police. Cela ne donne
rien d'aller chercher des taxes s'il y a 10 % ou 20 % qui sont dus et qui ne
sont pas payés par les usagers qui utilisent le système. Y a-t-il
des moyens techniques?
M. Fréchette (René): Pour répondre à
cela, on aura beau avoir des boîtes de perception sophistiquées
dans les autobus, cela n'empêchera pas l'usager qui veut frauder, qui ne
veut pas payer, d'entrer dans l'autobus et d'envoyer promener le chauffeur qui
doit voir à la perception. Le problème n'est pas là du
tout. On l'a soulevé en 1986. C'est vrai ce qu'a dit la STRSM et
ça peut s'appliquer à Montréal facilement. Dans son
mémoire, quand elle parle d'un pourcentage d'environ 10 % de fraude des
usagers qui ne paient pas le tarif, c'est un manque à gagner important.
On l'a soulevé antérieurement à la STCUM. Ils ont fait
quelques campagnes à la STCUM comme: Ne pas payer, c'est frauder. C'est
resté lettre morte. Pour vous donner juste une idée, à
Montréal, la politique de perception pour le chauffeur, c'est: Si
quelqu'un monte dans l'autobus et ne paie pas le tarif, le chauffeur l'avise de
payer; s'il refuse encore une fois de payer, il le laisse passer et il avise
l'inspecteur qui surveille la ligne ou les circuits donnés et ça
reste lettre morte, on ne donne pas suite à cela.
Donc, on aurait beau avoir des boîtes spécialisées
avec des tourniquets, etc., ça prend une politique qui demande la
présence d'un préposé au contrôle, comme ça
existe, M. le ministre, à Paris, à Ottawa et, à ce moment,
l'usager doit garder son titre. Le préposé au contrôle
voyage dans le secteur desservi par la STCUM. Il peut, à ce moment,
demander à quelqu'un de lui montrer son titre s'il l'a. S'il ne l'a pas,
il émet une contravention. Le moyen le plus efficace d'éliminer
la fraude dans les autobus, ce n'est pas en dépensant des millions dans
des boîtes de perception sophistiquées. Cela a été
essayé ailleurs. Ce n'est pas cela qui fonctionne.
M. Garon: C'est un genre de police dans les autobus dont vous
voulez parler.
M. Fréchette: Des préposés au contrôle
de la perception, ce n'est pas un genre de police. Cela existe ailleurs. Ils
l'ont mis à l'essai à Ottawa et ils ont baissé la fraude
de beaucoup. C'est beaucoup moins dispendieux que de penser à acheter
des
boîtes de perception et des systèmes de
radio-téléphone comme ce que la STCUM présentait dans son
mémoire. C'est 31 000 000 $, je pense.
M. Garon: II me semble qu'il y a là une source de revenus
qui est évidente, sans penser à imposer des taxes à la
masse salariale ou à imposer des taxes... S'ils font cela dans la
région parisienne, cela doit être bon.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Fréchette: J'ai visité Paris et cela fonctionne
très bien là-bas.
M. Côté (Charlesbourg): Si le député
de Lévis me le permet» parce que c'est un point qui est quand
même important, il y a effectivement et globalement à travers le
monde 10 % de fraudes, peu importe où on se trouve. Les nôtres ne
sont pas plus fraudeurs que les Parisiens ou les Français. C'est un
phénomène mondial.
M. Garon: Ils sont plus libéraux actuellement.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: Ils sont plus libéraux actuellement.
M. Côté (Charlesbourg): Plus conservateurs.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ou plus conservateurs pour
eux-mêmes.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): De toutes les études,
l'économie la plus élevée qu'on peut espérer est de
l'ordre de 3 % à 4 % des 10 %, compte tenu du fait que des citoyens qui
l'utilisent et qui fraudent ne l'utiliseraient pas s'il y avait un
contrôle plus sévère, ce qui fait qu'on peut calculer un
revenu d'environ 3 % à 4 % additionnel avec de bons mécanismes de
contrôle.
M. Fréchette: Juste pour ajouter, M. le ministre, à
10 %, on est aussi - sans faire de jeu de mots - conservateurs là-dessus
parce qu'à Montréal, actuellement, on estime que cela est plus
élevé.
M. Cousineau: En fait, je pense qu'il faut ramener la question
à de bonnes dimensions par rapport aux fraudeurs, par rapport
à... Regardez le mémoire qu'on vous a présenté: Qui
utilise? Dans le fond, ceux qui fraudent n'ont peut-être pas le choix
parce que même à 1 $ le passage, ils n'ont peut-être pas les
moyens de le payer. Il faut quand même faire attention à la
façon de traiter ce problème. Je suis sûr qu'à
Seattle où le transport en commun est gratuit, il n'y a pas beaucoup de
fraudes. Plus vous allez baisser le tarif, moins l'usager va en avoir à
payer, moins il va y avoir de fraudeurs et moins cela va être... Dans ce
sens, je pense qu'il faut regarder la problématique dans son ensemble,
à savoir qui on peut identifier comme fraudeur, qui utilise le transport
en commun gratuit, qui essaie de ne pas le payer. On va regarder ceux qui le
prennent et, les utilisateurs, ce sont ceux qui sont actuellement les plus
démunis de la société.
M. Garon: Et, encore, il peut y avoir des heures où le
transport est gratuit.
M. Cousineau: On n'en est pas encore rendu là à
Montréal. C'est à souhaiter.
M. Garon: Ha! Ha! Ha! J'entends le ministre souffler.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Vous avez parlé également de la
participation d'un représentant crédible des usagers aux conseils
d'administration ou de la direction des organismes qui s'occupent de transport
en commun. C'est le mot "crédible". J'aimerais savoir comment vous voyez
cela. Je pense que cela pourrait être quelque chose
d'intéressant.
M. Cousineau: La loi a été changée à
Montréal, Laval et sur la rive sud pour faire des conseils
d'administration. À Montréal, on prévoit la
représentation de deux citoyens, un qui vient des villes de banlieue, de
la CUM, et un qui vient de Montréal, sauf que ces personnes sont
nommées par les élus, sans s'identifier comme des
représentants d'usagers venant de groupes qui sont à la
défense des usagers. Nous pensons qu'actuellement les deux personnes qui
sont à la STCUM comme représentantes des citoyens ne sont pas des
personnes crédibles, d'autant plus qu'elles ont été
nommées par les maires ou par les conseils de ville. Ce sont deux
anciens cadres supérieurs de la STCUM. Nous ne trouvons pas que ce sont
des personnes crédibles pour représenter la population ou les
usagers quand ce sont d'anciens cadres. il n'y a personne qui a
été consulté dans les groupes populaires, dans les
syndicats, tous ceux qui, depuis dix ou vingt ans, se battent pour
améliorer la qualité, pour représenter l'usager. Ils n'ont
jamais été consultés pour aucun de ces postes. Pour nous,
ces deux personnes ne sont pas crédibles aux yeux des usagers et
usagères
pour les représenter.
M. Garon: Comment pensez-vous que le choix devrait être
fait? Il y a différentes formules. Je sais que dans les hôpitaux
il y a des rencontres d'usagers d'hôpitaux. Mais, quand les gens sont
mieux, ils n'ont pas tendance à y aller.
M. Daoust: Dans un...
M. Garon: Pardon? Il n'y a pas grand monde aux
réunions.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Daoust: Dans un premier temps, on pourrait constituer une
liste d'organismes qui pourraient faire l'objet d'une consultation. On ne
privilégie pas et on ne souhaite pas un processus électoral pour
l'ensemble du territoire, pour choisir je ne sais trop combien de personnes;
cela serait un peu lourd. Mais, dans un permier temps, on pourrait tenter
l'expérience de façonner une liste de 10, 15 ou 20 organismes
parmi les plus impliqués dans le domaine qui pourraient soumettre
quelques noms, et, par la suite, le choix de ces noms serait fait à
même cette liste. On verrait bien à l'expérience, mais,
comme le mentionnait Guy Cousineau, la façon dont cela s'est fait, ce
n'est pas trop trop crédible. Alors, on essaie de trouver une
façon plus crédible d'avoir des gens crédibles.
M. Cousineau: On pourrait y recruter... En février 1985,
devant la commission du transport en commun de la communauté urbaine, le
Conseil des travailleurs et travailleuses du Montréal
métropolitain avait présenté un mémoire sur la
gestion qui portait effectivement sur la structure. On disait que ces deux
représentants ou représentantes, usagers et usagères,
pourraient être recrutés parmi les groupes ou associations dont
les membres sont utilisateurs du transport en commun. Dans cette
catégorie, on pourrait retrouver les syndicats, les associations de
personnes âgées, les regroupements d'assistés sociaux ou
d'étudiants et d'étudiantes, des locataires, des groupes de
consommateurs. Je pense qu'il y a beaucoup de gens à Montréal qui
se préoccupent du transport en commun et qui sont impliqués dans
ce dossier. À la STCUM, comme au gouvernement, on connaît les
associations à qui on pourrait demander des noms. Et on pourrait choisir
à partir de cela.
M. Garon: On a fait mention aussi depuis hier, sous
différentes formes, que les travaux de prolongation du métro, une
ligne 5 vers Montréal-Nord, pourraient coûter à peu
près 150 000 000 $, en desservant plus de monde pour les montants
impliqués que les trains de banlieue dans l'ouest, etc. Dans les
différents projets, lequel voyez-vous comme le plus urgent? Vous en avez
mentionné un certain nombre. Quel est le plus urgent pour desservir la
population?
M. Daoust: Tout au long de notre mémoire, on a
souligné que les gens de l'est étaient des
laissés-pour-compte et que les gens de l'ouest ne sont pas
nécessairement choyés. Il n'y a pas beaucoup de gens qui sont
terriblement choyés dans cela, mais ils s'en tirent assez bien, et
depuis de nombreuses années. Je me souviens qu'il y avait - il existe
encore - un petit train qui partait de Cartierville et qui longeait toutes les
municipalités les plus huppées de Montréal - je ne parle
pas de Cartierville et de Saint-Laurent, mais un un peu bas, Mont-Royal et tout
cela - et qui se rendait à la gare centrale. Cela fait des années
et des années. Cela a existé, mon Dieu, je ne sais pas, durant
les années trente probablement.
Je ne fais pas de parallèle, mais il y a des gens qui, dans notre
société, ont été relativement bien traités
dans le domaine du transport en commun. Je dis cela avec toutes les nuances. Je
pense à ce petit train qui existe encore, mais qui favorisait des gens
bien identifiés d'une population. L'ouest de Montréal n'est pas
trop trop mal équipé. Dans l'est de la ville, c'est la
catastrophe à tout point de vue. Il y a de grandes densités de
population. C'est l'est de Montréal avec tout ce qu'on a dit plus
tôt sur les difficultés économiques que cette région
a connues, on pense que c'est de ce côté qu'on devrait faire
porter les efforts. Bon, est-ce que c'est de ce côté comme ceci ou
comme cela? Peu importe, ce sont peut-être un peu plus des
problèmes d'experts.
Partout, le taux d'insatisfaction, le taux d'utilisation, les lacunes
dans l'est de la ville nous sautent aux yeux. Dans l'ouest de la ville, je ne
sais pas s'il y a des... Je ne sais pas, j'ai des idées sur cela, mais
je préférerais les vérifier avant cela. Il y a
peut-être eu là des pressions ou des groupes qui se sont fait
entendre ou qui sont entendus, ou qui ont l'oreille peut-être des
administrations municipales plus rapidement. Dans l'est de la ville, encore une
fois, les gens sont vraiment traités en parents pauvres, et on
souhaiterait que ce soit de ce côté que des efforts se
fassent.
M. Garon: J'ai une dernière question pour laisser mon
collègue de Jonquière terminer le temps qu'on a à notre
disposition. Il y a eu beaucoup de conflits de travail dans le domaine des
autobus. Je me rappelle avoir vu des statistiques. C'était presque un
par année. Il y avait beaucoup de conflits dans le domaine des autobus.
Je n'essaie pas de vous mettre en boîte, mais comment se fait-il qu'il y
ait tant de
conflits? (11 h 45)
M. Daoust: Peut-être qu'on pourrait demander à
René de nous en parler.
M. Frechette: Écoutez, c'est une bonne question. Le SCFP
est là depuis 1983. J'ai fait les deux dernières
négociations, celle de 1984 et celle de 1987, et le président,
Maurice Vézina, était là aussi- Pour nous, tant que la
STCUM sera fidèle à sa tradition qu'est l'affrontement, on aura
bien de la difficulté à vraiment établir de bonnes
relations de travail. il faut bien saisir ce qu'on veut dire par là. Je
pense qu'hier c'est sorti un peu aussi. On veut dire que, par exemple, en 1987,
la STCUM, dans ses demandes, est revenue avec l'instauration de l'embauche
d'employés surnuméraires, d'employés à temps
partiel, dossier réglé en 1983-1984 par une étude que vous
connaissez, faite par trois commissaires qui ont dit qu'il n'était pas
opportun d'établir un système de surnuméraires à la
STCUM, que les problèmes ne sont pas là, que ce n'est pas ainsi
qu'on va financer cela. Donc, elle est revenue avec cela cette année.
Évidemment, quand on a vu cela, on a dit: S'ils veulent maintenir cela
jusqu'au bout - ce qu'ils ont fait - cela va être l'affrontement parce
que c'est réglé. Cela a coûté près de 500 000
$ au gouvernement pour dire à la STCUM: Les avenues à explorer ne
sont pas là, elles sont ailleurs. C'est un exemple de la tradition de
l'affrontement. C'est le genre de gestion qu'on préconise actuellement;
c'est le genre de gestion des relations du travail qu'on a
préconisé, en tout cas. On ne désespère pas
malgré tout cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je vais essayer d'utiliser le temps qui est mis
à notre disposition de la meilleure façon, mais probablement
difficilement parce que le temps est très court.
Parlons du comité régional de transport. II est
évident qu'à Montréal comme ailleurs, ce n'est pas facile.
Chez nous, on appelle cela l'esprit de clocher parce que les administrations ne
veulent pas s'asseoir ensemble. Ici, à Montréal, c'est plus
grand, donc je ne sais pas ce que cela signifie. Mais il faut s'entendre sur le
fait que, depuis mardi, on a entendu plusieurs mémoires et qu'il n'y pas
beaucoup de municipalités qui nous ont proposé d'augmenter leur
participation au transport à Montréal. Personne n'a dit qu'on
devrait en donner plus pour que Montréal puisse mieux desservir, dans
les environs et régionalement, les usagers.
Donc, le fait de préconiser une table régionale... Il faut
aussi regarder le vécu. Prenons la Communauté urbaine de
Montréal, la Communauté urbaine de Québec - ce n'est pas
propre à Montréal - et la Communauté régionale de
l'Outaouais, les gens ont de la difficulté à avancer des choses.
On peut dire qu'à Montréal cela commence à fonctionner
depuis deux ou trois ans, ou, en tout cas, depuis que la communauté
urbaine commence à mettre des plans sur la table; cela veut dire 18, 19
ans. Le comité régional que vous proposez, n'est-ce pas une
échappatoire qu'on propose en disant qu'il faudrait les asseoir pour que
cela fonctionne? Qui va prendre cette initiative? Quelles sont les
responsabilités que ces gens auront? Et comment, dans les faits, cela
pourrait-il fonctionner?
M. Cousineau: Dans les recommandations qu'on fait, on dit qu'il
devrait y avoir une table de concertation pour forcer les municipalités
de la grande région à s'asseoir pour regarder le tranport en
commun, arrêter de se tirer dans les pattes et coordonner leurs choses.
On dit qu'une des façons de les forcer à s'asseoir et à se
parler - dans un premier temps, ce serait déjà quelque chose, et
je pense que c'est le gouvernement du Québec qui pourrait mettre sur
pied ce comité - ce serait de faire en sorte qu'elles soient
obligées de présenter un rapport une fois par année, qu'il
y ait accord ou non; qu'elles en viennent à s'entendre ou qu'il y ait
désaccord, qu'on publie les désaccords et qu'on publie les
accords. De cette façon, les élus municipaux diront à la
population pourquoi ils ne sont pas d'accord avec telle chose et pourquoi ils
le sont, et quels sont les intérêts qu'ils défendent. Cela
permettrait une évolution dans les mentalités, mais aussi une
évolution dans la façon de desservir l'ensemble du
territoire.
M. Dufour: Comme vous avez affaire à un gouvernement qui
n'aime pas trop les tables élargies, je ne sais pas comment cela va se
résoudre dans les faits.
M. Cousineau: Au Québec, on avait une table qui s'appelait
le COTREM auparavant, qui servait un peu de lieu de rassemblement, sauf qu'elle
n'avait pas l'obligation de faire un rapport par année pour dire
où les gens s'entendaient et où ils ne s'entendaient pas. Il
s'agit peut-être de remettre le COTREM sur pied et de faire en sorte
qu'il soit obligé de produire un rapport afin que tout le monde sache
où ils s'entendent et où ils ne s'entendent pas. Là, on
pourra juger et savoir qui est de mauvaise foi et où sont les
intérêts dans la défense du transport en commun comme
étant un des moyens à favoriser pour le développement de
la région de Montréal.
M. Dufour: Cela va, merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Nous en sommes maintenant aux
brèves remarques de conclusion. Je vais reconnaître M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux d'abord remercier les gens de la FTQ qui se sont
prêtés de manière admirable à l'exercice. Je ne peux
pas laisser passer la remarque du député de Jonquière qui
disait qu'on a un gouvernement qui n'est pas très favorable aux tables
élargies. Je m'excuse, mais, dans le domaine du transport en commun -
vous porterez jugement pour d'autres - s'il y a une table qui a
été élargie, c'est bien celle-là. Le plus bel
exemple, ce sont les propos du maire de Châteauguay, hier, selon lesquels
nous avons formé quatre comités relativement aux CIT pour voir
les problèmes qui existaient et pour tenter de trouver des solutions. Il
n'y a pas de table plus élargie que celle que nous avons aujourd'hui. Je
pense qu'il faudrait faire attention aux propos. Je suis convaincu que les
propos du député de Jonquière ont dépassé sa
pensée.
Comme on a quand même abordé largement le
phénomène des gens de la couronne qui utilisent les
équipements - je pense que cela a été au coeur de nos
discussions, pour voir comment l'on pouvait soulager le coeur de
Montréal - j'ai fait faire, très rapidement, des statistiques qui
peuvent nous donner une indication du nombre de passagers par année qui
viennent de la STL, de la Société de transport de la rive sud de
Montréal ou des CIT et qui pourraient utiliser le métro ou le
transport en commun sur l'île de Montréal. Ce sont
approximativement les chiffres actuels: provenant de la STRSM, environ 15 000
000 de passages annuels; de la Société de transport de Laval,
environ 10 000 000, et, des CIT, environ 5 000 000, pour un grand total
d'à peu près 30 000 000 de passages-année sur 390 000 000
de passages-année à la Société de transport de la
communauté urbaine. Cela donne une indication du phénomène
et, peut-être aussi, une indication des solutions futures.
Merci de votre collaboration. On retient le message que le transport en
commun doit toujours être une priorité pour le gouvernement, en
particulier dans la grande région métropolitaine. En
matière de développements futurs, j'ose espérer que les
décideurs sur le plan local auront compris vos messages, soit qu'il doit
y avoir davantage de décisions favorisant l'est de Montréal
plutôt que d'autres coins.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, ce qui m'a frappé dans
le mémoire et dans les discussions que nous avons eues, c'est le
côté humain que vous avez privilégié et, aussi,
d'une société démocratique où les gens devraient se
parler davantage. J'ai remarqué que, lorsque vous avez parlé de
créer un comité régional pour forcer un peu le dialogue,
d'autres l'ont suggéré aussi hier dans le même sens. J'ai
même été un peu surpris que ce soit nécessaire. Mais
cela doit l'être puisque, même du côté des
sociétés de transport, des travailleurs et d'autres organismes,
la même suggestion est venue pour forcer le dialogue sur le plan
régional et régler les problèmes que j'appellerais
d'arrimage. Le ministre parle d'interface. Je ne connais pas beaucoup ce mot;
cela fait plusieurs fois qu'il emploie ce mot...
M. Côté (Charlesbourg): On va s'arrimer.
M. Garon: Je veux parler des problèmes d'arrimage au
niveau régional dans une planification régionale qui est
souhaitée par tous. Cela m'a frappé et, dans le fond, cette
planification régionale souhaitée par tous, c'est que le dialogue
doit exister et que les représentants doivent être
crédibles. Je pense que cela aussi est fondamental. Cela ne donne rien
d'organiser des dialogues avec des représentants qui ne sont pas
représentatifs ou qui ne sont pas crédibles.
Aussi, vous avez soulevé plusieurs points concernant le confort,
la sécurité et le bien-être des usagers, parce que le
transport en commun va fonctionner si les gens se sentent à l'aise
dedans plutôt que malheureux. Je voudrais vous remercier parce que j'ai
le sentiment que c'est dans cette direction véritablement, ainsi que
dans la maturation des esprits... Je regardais tous les mémoires qu'on a
vus depuis hier et je suis convaincu qu'il y a dix ans les gens n'auraient pas
parlé comme cela. Le maire de Jonquière parle de l'esprit de
clocher, parce que nous avons encore nos clochers; à Montréal, on
voit qu'ils se transforment de plus en plus en condos et... Alors, on suppose
que l'esprit de clocher doit être en train de disparaître...
Une voix: De moins en moins.
M. Garon: ...pour une meilleure régionalisation des
services. Je vous remercie. Il a été très agréable
de discuter avec vous.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. Daoust.
M. Daoust: M. le Président, je voudrais vous remercier au
nom du Syndicat canadien de la fonction publique, de ses artisans du transport
en commun, chauffeurs d'autobus,
opérateurs de métro, commis, employés à tous
les niveaux, et aussi au nom du Conseil des travailleuses et travailleurs du
Montréal métropolitain, et au nom de la FTQ. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie de votre
contribution aux travaux de la commission. Je demanderais maintenant à
la Société montérégienne de développement de
bien vouloir prendre place, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Permettez-moi de vous souhaiter
la bienvenue à la commission de l'aménagement et des
équipements. Je demanderais maintenant au porte-parole de bien vouloir
s'identifier pour le bénéfice des parlementaires et du Journal
des débats, ainsi que les personnes qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Société montérégienne de
développement
M. Charbonneau (Honorius): M. le Président, mon nom est
Honorius Charbonneau. Je suis président de la Société
montérégienne de développement. J'ai, à mes
côté, M. Philippe Bonneau, qui est responsable des chambres de
commerce de la Montérégie. J'ai aussi M. Jean Blais, qui est
président du CIT de La Presqu'île. À ma droite, M. Robert
Grenier, qui est directeur général de la Société
montérégienne de développement.
M. le Président, M. le ministre, mesdames et messieurs les
députés membres de cette commission, mesdames et messieurs, je
voudrais d'abord remercier le ministre d'avoir bien voulu tenir cette
commission à Montréal. On ne dit pas que la capitale du
Québec sera Montréal, mais, quand même, je pense que c'est
un avantage marqué pour une fois de venir à Montréal
donner la chance à 60 % de la population du Québec de s'exprimer
un peu dans son milieu.
Je serai assez bref dans la lecture du document. Je passerai la parole,
par la suite, à mes collègues. En tant que président de la
Société montérégienne de développement, il
me fait plaisir d'être ici avec M. Robert Grenier, mon directeur
général. En juin dernier, la SMD a été
créée afin d'assurer -vous voyez que c'est un jeune organisme, un
organisme qui a beaucoup à faire - le suivi des engagements pris lors du
sommet économique de la Montérégie qui a été
tenu les 29 et 30 mai 1987 et pour agir en tant qu'organisme de concertation
pour cette région du Québec. (12 heures)
Le dossier du transport en commun est le premier mandat de concertation
que notre société a décidé d'assumer et ce,
malgré la relative jeunesse de l'organisme. Nous vouions en parler parce
qu'il revêt une importance capitale, à plusieurs points de vue,
pour l'ensemble de la Montérégie, comme nous le verrons un peu
plus loin. Mais c'est aussi une première occasion pour nous de prendre
contact, en tant qu'organisme du suivi du sommet, avec le milieu sur un dossier
qui ne laisse personne indifférent.
Plusieurs intervenants ont été contactés pour la
préparation de la rédaction de ce mémoire: la STRSM, six
organismes intermunicipaux de transport en commun, plusieurs
municipalités et MRC et des personnes-ressources travaillant directement
dans ce domaine. Nous avons tenté de rendre aussi fidèlement que
possible les faits marquants de cette consultation et c'est plutôt en
porte-parole qu'en experts en transport que nous sommes ici aujourd'hui.
Je tiens à souligner que les conclusions et recommandations du
mémoire ont été entérinées de façon
unanime par tous les organismes consultés sans exception. Ce
mémoire est donc avant tout un résumé des problèmes
liés au transport en commun en Montérégie, de Sorel
à Rigaud, de Granby à Valleyfield, et ainsi de suite dans notre
territoire. Ces problèmes sont traités toujours en relation avec
le transport en direction et en provenance de l'île de Montréal.
Vous savez que, chaque matin, des dizaines de milliers de personnes traversent
le fleuve Saint-Laurent et la rivière Outaouais vers
Montréal.
Cette convergence des axes de déplacement vers Montréal
amène des problèmes considérables quant à
l'utilisation des infrastructures de transport, principalement des liens
interrives. On n'a qu'à regarder la situation du pont Jacques-Cartier au
cours des deux dernières semaines pour se rendre compte de la grande
fragilité de ces liens. C'est pourquoi un des points forts qui est
ressorti lors de notre consultation traite de la fragilité des liens
interrives et surtout de la gestion des infrastructures du transport en commun
d'où sont exclues les autorités montérégiennes
même si elles en sont d'importants utilisateurs. Nous reviendrons,
d'ailleurs, sur ce sujet un peu plus tard.
Lors du sommet économique de la Montérégie, le
gouvernement, par le biais du ministère des Transports, a accordé
un budget d'un peu plus de 10 000 000 $ à l'amélioration des
stations de métro de Longueuii et à la réfection des
approches du pont Jacques-Cartier. Les usagers de la région
apprécient cet effort afin de régler certains problèmes
reliés à l'utilisation de ces infrastructures de transport.
Cependant, nous pensons que les solutions réelles - ici, je ne
veux pas enlever la parole à mes collègues de la
société -résident dans une utilisation, une gestion et une
planification concertées, et j'insiste sur le mot "concertée" des
infrastructures de transport de la région de la
Montérégie.
C'est pourquoi la tenue d'une
commission parlementaire sur le transport en commun est un pas certain
dans la bonne direction. Par ailleurs, les conclusions d'une telle commission
ne devraient pas nécessairement, à notre avis, porter sur des
mégaprojets de construction de nouveaux liens. Elles devraient traiter
de nouveaux modèles de gestion, de la mise en valeur et d'un partage
plus équitable des infrastructures existantes, de leur gestion et de
leur financement.
Je passerai maintenant à quelques réflexions personnelles,
M. le Président, sur ce que je pense du transport en commun dans toute
la Montérégie. Lorsqu'on étudie une région dans la
Montérégie, on étudie à peu près toutes les
régions, parce qu'elles sont situées à peu près de
la même manière, directement ou indirectement, suivant les points
cardinaux autour de l'île de Montréal. Je pense que nous sommes
rendus, en transport en commun, à la croisée des chemins. Nous
devons, dès maintenant, prendre des décisions comme
Québécois. Quel genre de transport voulons-nous au Québec?
Je ne pense pas que l'on puisse toujours ajouter du sel dans la sauce sans
goûter à la sauce, et je pense qu'on est rendu là.
De plus en plus, nous entendons les gens dire que le transport en commun
n'est pas ce qu'il devrait être, surtout dans nos régions. Nous
avons créé des CIT, il y a trois ou quatre ans. Je pense que ces
CIT ont rendu service. Mais ils doivent être un peu
améliorés. Nous disons qu'on est très Join de nos
voyageurs de la Société de transport de la rive sud. La
Société de transport de la rive sud dit qu'elle est très
loin de Montréal. Et nous sommes loin du gouvernement aussi, du
ministère des Transports.
Alors, je pense que les municipalités du Québec, qui ont
à travailler dans les CIT, devront savoir, dans un laps de temps
raisonnable, quelle sera la position du gouvernement pour les cinq prochaines
années. Je ne pense pas qu'on doive y aller à la petite
journée dans un service aussi important que le transport en commun dans
la région de la Montérégie. Nous avons, quand même,
1 100 000 personnes qui habitent la Montérégie. Après la
ville de Montréal, je pense que c'est la deuxième région
la plus importante en population. Je ne dis pas que nous sommes
délaissés, mais je dis que nous avons besoin d'une attention un
peu particulière. Hier, j'écoutais parler les gens de
Châteauguay et de Beauharnois. Tout ce monde-là semble avoir
certaines difficultés dans l'organisation du transport en commun. Pour
cette raison, je pense que nous devrons davantage participer avec nos
voyageurs, avec les commissions de transport qui ont à nous donner ce
service. J'espère que nous pourrons, un jour ou l'autre, non pas
être assis à la même table pour diriger, mais au moins avoir
la chance, l'avantage d'écouter les commissions de transport qui nous
desservent dans chacun de nos milieux. Je pense que c'est indispensable pour de
bonnes relations.
Quant au mode de fonctionnement, j'ai eu l'occasion comme vous, M. le
ministre, d'aller en France pendant une dizaine de jours pour regarder ce qui
s'est passé. Vous conviendrez avec moi que nos Québécois
sont beaucoup plus gâtés que les gens de certains pays d'Europe.
Nous avons des transports en commun, mais je pense que notre grande lacune,
autant des CIT que des commissions et du gouvernement, c'est que nous n'avons
pas donné la publicité nécessaire aux organismes de
transport avec qui nous vivons. Nous parlons toujours des déficits dans
les journaux, mais nous parlons rarement des avantages. Une publicité
certaine devrait être faite pour augmenter le nombre de citoyens qui
doivent employer tous les jours ce transport et, par le fait même, cela
vous donnerait peut-être la chance de ne pas recommencer du matin au soir
les réfections de rues, etc.
Quand vous regardez Toronto et ce qui se passe en France, ce qui nous
manque ici, c'est l'achalandage. Par exemple, dans une rue très passante
où il y a 22 000 automobiles aux heures de pointe du matin et du soir
dans une petite ville comme la mienne, 70 % de ces automobiles transportent une
personne. Tant qu'on aura cela chez nous, je pense que c'est là la
première erreur. Si nous voulons un transport en commun bien
structuré, à des coûts raisonnables, il faudra d'abord
inciter nos gens à l'utiliser; sinon, nous devrons en diminuer les
coûts parce que ce sont toujours les mêmes Québécois
qui paient la note.
Tantôt, on parlait de mode de fonctionnement, de financement. Vous
savez ce qui se passe en Europe. Les industries, les commerces doivent aider
à financer les commissions de transport. Vous savez comme moi qu'en
France les infrastructures aussi sont fournies dans plusieurs endroits par les
gouvernements, mais administrées par l'entreprise privée. Ce
n'est peut-être pas pensable parce que je pense que nos syndicats
seraient de méchante humeur, mais, quand même, il va falloir faire
quelque chose pour améliorer de très près le
fonctionnement de notre système de transport en commun
particulièrement dans les zones près des grandes villes.
J'aurais un appel très pressant à faire, M. le
Président, au ministre concernant l'intégration tarifaire. Je ne
pense pas qu'on puisse continuer très longtemps à vivre deux
modes de vie dans le même lit: que les gens qui sont près des
grandes régions aient une tarification intégrée, alors que
nous, lorsque nous nous éloignons très peu - parce que le
début de notre CIT commence à Saint-Bruno
comme le début d'autres CIT commence tout près d'ici -
nous aurons à payer peut-être davantage, mais c'est le choix que
nous devrons faire dans l'avenir si nous voulons avoir un service de transport
en commun convenable.
Je voudrais que ce soit clair, M. le Président: les gens qui sont
partis de Montréal pour venir s'installer dans nos banlieues, on les a
laissés s'installer chez nous, on les a laissés sortir des
grandes villes. Maintenant, ils sont rendus à 25, 30, 40, 50 milles de
la grande région métropolitaine et ils doivent continuer de
manger et de travailler comme par le passé lorsqu'ils demeuraient tout
près des grands centres. Est-ce que nous devons les laisser aller en
leur disant: Payez, vous n'aviez qu'à ne pas vous installer dans ces
régions ou bien allons-nous faire de nos régions, je ne dis pas
des villes noires, mais des villes où les propriétés
n'auront pratiquement pas de valeur et où nous aurons
énormément de difficultés à survivre? Je pense
qu'il est trop tard pour prendre la décision.
Le transport en commun doit être une priorité dans la vie
de chaque citoyen de la Montérégie et c'est pour ces raisons que
nous avons confiance que ces quelques jours vous permettront de réaliser
les difficultés que nous vivons autant dans l'ouest, dans l'est que dans
le nord de la Montérégie. Cette intégration tarifaire,
nous l'espérons, M. le ministre, dans un avenir très
rapproché.
Avant de passer la parole à mes collègues, je voudrais
discuter d'un problème de train de banlieue. Le train de banlieue
arrête à Saint-Hilaire. On dit toujours
Saint-HilaireMontréal comme si on était coupables mais on
n'est pas plus coupables, que les autres. Je ne déplairai certainement
pas à mon collègue, M. Blais, de La Presqu'île, en lui
disant qu'il a été peut-être un peu plus chanceux que nous
d'avoir toutes les sommes que le fédéral avait données
à ce moment-là et toutes les sommes du provincial. Il
paraît que, lorsqu'ils sont arrivés à la rive sud, il ne
restait plus d'argent.
Lorsque je vois les problèmes qu'il y a, je m'interroge à
savoir si ce n'est pas une bonne chose. Quand même, depuis dix ans que je
m'occupe de transport en commun, j'ai toujours préconisé que la
meilleure manière sur la rive sud était de garder le transport
ferroviaire en activité. Si nous avions un métro de la gare de
Saint-Lambert vers le métro de Longueuil et un transport en commun par
rails à partir de Saint-Hilaire jusqu'au centre-ville - pas seulement un
train chaque matin et, pendant l'hiver, il faut avoir deux manteaux pour venir
à bout de survivre parce qu'il fait froid dans les trains; ce n'est pas
ce qu'on voudrait avoir, on vaudrait avoir quelque chose de convenable - je
pense qu'on aurait réglé beaucoup et pour plusieurs années
le transport en commun dans la région de la
Montérégie.
Vous savez, vous allez être obligé de bâtir des
ponts, M. le ministre. Tout le monde veut avoir des voies
réservées et je pense que c'est nécessaire. Est-ce que le
covoiturage ne devrait pas avoir une voie réservée? C'est ce que
les gens nous disent: On ne fait pas de covoiturage parce qu'on n'a pas de voie
réservée; cela nous prend trop de temps pour traverser
l'île de Montréal.
Mon idée est claire. Par contre, nous n'avons pas les moyens, M.
le ministre, de payer deux transports en commun excessivement dispendieux, dans
les circonstances actuelles. Est-ce qu'il faut laisser tomber le train de
banlieue? Je dis que c'est à regret que nous le laisserons tomber parce
qu'à mon point de vue il était probablement
l'élément le moins dispendieux pour autant qu'il était
bien organisé. Lorsque je vais à Toronto -une de mes filles y
demeure et j'y vais une fois par année - je me fais toujours un plaisir
d'aller voir, deux ou trois matins, le gros train à Toronto. C'est
très intéressant de le voir circuler et de voir l'achalandage qui
existe, ce que nous n'avons pas ici. Mais, nous n'avons pas l'organisation,
loin de là.
C'étaient, en quelques mots, M. le Président, mes
remarques. Vous me connaissez, vous savez que je ne fais pas de discours et que
je ne prépare pas de mémoire, non plus. J'aime bien dire ce que
je pense. Je voulais montrer l'importance que chaque citoyen du Québec
doit donner au transport en commun même s'il ne l'utilise pas parce qu'il
contribue à l'économie de façon très valable. Si
nous laissons la Montérégie hors de tous les avantages ou avec la
moitié des avantages que nous avons le droit d'attendre, je pense que
l'économie ne s'en ressentira pas uniquement dans le secteur de la
Montérégie, mais dans une bonne partie de la région
métropolitaine.
Je cède la parole à M. Grenier qui pourra vous donner plus
d'informations sur les autres points. Il me fera toujours plaisir de
répondre aux questions. (12 h 15)
M. Grenier (Robert): Merci, M. Charbonneau. M. le
Président, je me dois, d'abord, de souligner que nous ne sommes
aucunement des spécialistes en transport en commun. Nous avons pris
connaissance, avant les audiences, de certains mémoires à
être présentés ici. Je dois avouer que leur lecture a
grandement contribué à stimuler les sécrétions de
la glande humilité qui, avant la lecture de ces mémoires, avait
cessé de fonctionner.
La proximité de Montréal joue un rôle structurant en
regard du développement socio-économique de la
Montérégie:
croissance démographique des banlieues, marché
exceptionnel pour l'agriculture régionale, retombées au niveau de
la localisation des grandes entreprises et des activités de recherche et
de développement.
Malgré le développement marqué du secteur de
l'emploi en Montérégie, Montréal conserve, selon plusieurs
études du ministère des Transports, son pouvoir d'attraction et,
par conséquent, les déplacements interrives vont continuer
d'augmenter. La croissance des déplacements interrives engendre des
congestions importantes sur les ponts. Cette congestion est principalement
aiguë aux heures de pointe en raison du fort pourcentage de
déplacements qui s'effectuent en automobile.
Au cours des dernières années, un certain nombre de
mesures temporaires ont été instaurées (voies rapides,
voies réservées sur le pont Champlain) afin de trouver des
éléments de solution au problème croissant du transport
interrive. Ces mesures ont occasionné la détérioration de
certains moyens de transport en commun traditionnels, (exemple: le train
MontréalSaint-Hilaire). Elles ont augmenté la
dépendance administrative des autorités organisatrices de la
Montérégie. Cette dépendance peut se vérifier
à plusieurs niveaux. Pas moins de six intervenants différents
peuvent influencer directement le service aux usagers de la STRSM: le
ministère des Transports, d'une part, la Corporation des ponts Champlain
et Jacques-Cartier, le Canadien National, la ville de Montréal, la STCUM
et la CUM.
En plus, la fragilité des liens interrives peut se
vérifier à différents paliers, principalement sur les deux
principaux axes et points de rabattement: le pont Champlain et le terminus
centre-ville la ligne de métro no 4 et la station intermodale de
Longueuil.
Au nombre de douze, les conseils municipaux et intermunicipaux de
transport vivent, eux aussi, une situation de dépendance. Il sont
assujettis aux mêmes contraintes concernant l'utilisation des
infrastructures interrives. En plus, ils sont confrontés à des
problèmes d'interface sur les territoires des organismes publics de
transport en commun, STCUM, STRSM: difficultés d'entente avec les
organismes publics de transport concernant l'utilisation par les CIT des points
d'arrêt des terminus régionaux et des voies
réservées.
Le manque de transparence des réseaux et l'application
intégrale de certaines règles administratives découragent
l'utilisation des réseaux régionaux de transport en commun.
L'instauration de mesures de contrôle et de gestion partagée
(centres périphériques) aurait pour effet d'augmenter le
degré d'autonomie des autorités organisatrices et
d'intégrer le caractère distinct des problématiques
régionales du transport en commun. En ce qui a trait au financement du
transport en commun, les consultations qui ont été faites
auprès des intervenants ont, pour la plupart, mis en évidence
l'extrême complexité du système d'allocation des
subventions gouvernementales aux différents organismes de transport.
Par ailleurs, ces mêmes intervenants sont en faveur du maintien de
la participation du gouvernement dans le financement du transport en commun. Il
est impératif que les trois partenaires actuels, usagers,
municipalités et gouvernement, puissent compter sur une
répartition équitable de l'ensemble des frais inhérents au
maintien et au développement de ce service.
Si vous me le permettez, nous allons retourner à notre
mémoire à la page 18. Pour la région de Montréal,
les revenus des sociétés de transport public comptent pour un peu
plus de 30 % du budget total du financement du transport en commun. Dans
l'optique d'une étude de financement du transport en commun, il
apparaît important d'instaurer des mesures afin de minimiser les fraudes
des utilisateurs par le biais de l'instauration de meilleures techniques de
perception. Ainsi, les fonds récupérés pourraient combler
d'éventuelles hausses de tarifs.
La subordination des organismes de transport en commun de la
Montérégie est le principal constat de la consultation
effectuée. Les problèmes évidents liés à la
gestion des infrastructures et à la dépendance
centre-périphérie requièrent des solutions rapides et
efficaces puisque ce sont, "en bout de ligne", les usagers qui subissent les
conséquences des incongruités administratives qui devraient leur
être transparentes.
Il est impérieux que le gouvernement retienne le fait que
l'amélioration de l'utilisation des équipements et des
infrastructures existants ne doit en aucun moment être tributaire de
décisions administratives unilatérales de quelque organisme que
ce soit.
Les origines et les pratiques historiques et sociopolitiques de la
structure décisionnelle centrale sont, à notre avis, de moins en
moins justifiables puisque le gouvernement défraie 100 % des coûts
d'immobilisation du métro depuis 1980, 100 % du coût des
systèmes de transport en commun à moyenne et haute
capacité et 100 % des infrastructures et équipements
régionaux de transport.
Par conséquent, il est inéquitable que les usagers de la
Montérégie, qui paient des taxes, ne puissent jouir à 100
% des infrastructures interrives et des équipements existants et qu'ils
demeurent dans une situation de dépendance administrative. Cette
situation de dépendance joue un râle déterminant d'un point
de vue qualitatif et quantitatif en regard des services offerts aux
usagers de la Montérégie.
En ce sens, nos recommandations visent à appuyer des
revendications formulées par les principaux intervenants en transport en
commun de la Montérégie et à tenter de les inscrire dans
une perspective régionale.
Ici, M. le Président, j'aimerais mentionner que nous vouions
être reconnus comme une entité géopolitique égale
lorsque nous discutons avec les intervenants du transport en commun. Nous ne
voulons plus de négociations à la pièce, soit, dans un
premier temps, l'ouest de l'île et dans un deuxième temps, la rive
sud ou d'autres régions.
J'aimerais maintenant vous entretenir d'un élément
essentiel au développement régional du transport en commun. Ce
n'est pas compliqué et cela s'appelle la concertation. Les consultations
effectuées en Montérégie ont confirmé que les
solutions aux problèmes de transport en commun doivent être
envisagées à l'intérieur d'un processus régional de
concertation. Il n'existe, en ce moment, aucune autorité organisatrice
de transport en commun ayant pour vocation d'harmoniser et d'intégrer
les différents réseaux de transport, de façon à
assurer une transparence d'utilisation de ces réseaux par les
usagers.
En tant qu'organisme régional de concertation en
Montérégie, la SMD considère qu'une table permanente de
concertation devrait être formée de façon à
résoudre les problèmes reliés à
l'intégration des réseaux intra et inter-régionaux,
à l'optimisation de l'utilisation des infrastructures et des
équipements locaux et régionaux, à l'intégration
tarifaire de certains réseaux, à la gestion et au partage
équitable des subventions gouvernementales et des problèmes
concernant la solution concertée des différends.
Cette table pourrait aussi agir comme le véhicule par lequel un
plan de transport régional pourrait être élaboré. De
plus, un plan de développement intégré du transport
régional pourrait être formulé.
Nous suggérons que cette table de concertation soit
composée des organismes publics de transport (STCUM, STRSM), des CIT de
la Montérégie, des représentants des cinq
sous-régions telles que définies dans le cadre du sommet de la
Montérégie 1987, de représentants du ministère des
Transports et de représentants de la SMD.
Un comité technique pourrait alimenter les instances de cette
table. Le comité serait formé d'experts qui seraient
appelés à proposer aux membres de la table un éventail de
solutions techniques, économiques, administratives et
environnementales.
Nos recommandations. La Société
montérégienne de développement, consé-quernment aux
consultations effectuées auprès des intervenants majeurs du
transport en commun et en accord avec ceux-ci, recommande à la
commission parlementaire: 1. Que les intervenants en transport en commun de la
Montérégie cessent d'être tributaires des décisions
unilatérales les concernant de la part de la STCUM, principalement en ce
qui a trait à la gestion des subventions gouvernementales versées
à la STCUM. Ces fonds comprennent, entre autres, la partie de la
subvention provinciale versée à la STCUM et s'appliquant au
territoire de la STRSM; la partie de la subvention provinciale versée
à la STCUM concernant la ligne de train Montréal-Rigaud pour le
segment Dorion-Rigaud. 2. Que la STRSM, opérant en
Montérégie, qui représente plus de 29 000 000 d'usagers
chaque, année et que les CIT soient administrativement reconnus comme
partenaires à part égale et non comme simples utilisateurs des
infrastructures de transport. Cette reconnaissance pourra amener pour les
usagers un partage plus équitable de l'utilisation des
équipements existants sur le réseau de transport en commun
(abribus, points de rabattement, arrêts, voie réservée,
ligne de métro no 4, terminus centre-ville, etc.). 3. Que la gestion des
infrastructures par lesquelles s'effectuent les liens interrives soit faite
conjointement par les organismes utilisateurs: dans un premier temps, en ce qui
a trait aux décisions quant à l'ouverture et à la
fermeture de la voie réservée sur le pont Champlain; dans un
deuxième temps, quant à la possibilité de réserver
une voie sur le pont Champlain dans le sens de la circulation avec balises
permanentes pour les modes de transport en commun (autobus, covoiturage, taxi
collectif, etc.), ce qui aurait comme effet de confirmer le caractère
permanent du lien; dans un troisième temps, quant à la
possibilité de mettre en place un nouveau lien interrives exclusif au
transport en commun dans l'axe du pont Champlain (métro léger sur
rails, structure en porte-à-faux, utilisation de l'estacade, etc.). 4.
Que le réseau ferroviaire (ligne Montréal-Rigaud,
Châteauguay-Montréal) desservant la partie nord-ouest de la
Montérégie soit confirmé comme partie intégrante du
réseau métropolitain. Il est d'abord impératif de
renouveler le contrat d'exploitation avec le Canadien Pacifique qui se termine
en 1992, ensuite de poursuivre le programme de modernisation. 5. Qu'une table
de concertation permanente soit formée en Montérégie
regroupant tous les intervenants actifs en transport en commun et dont les
objectifs pourraient être de déposer un plan régional de
transport en commun où les intervenants pourront intégrer leurs
services de façon à optimiser la qualité du service en
Montérégie et de diminuer les frais d'exploitation;
régler
et harmoniser les différends qui pourraient exister quant au
partage des équipements des CIT, de la STRSM et de la STCUM;
développer les services de transport en commun pour répondre
à la demande des années à venir par des actions
incitatives concertées, réalistes et réalisables.
En guise de conclusion, M. le Président, les autorités
organisatrices de transport en commun de la Montérégie vivent une
situation de dépendance en regard du service qu'elles offrent à
leurs usagers. Autant la STRSM que les CIT sont tributaires des directives en
vigueur émises sur l'île de Montréal. Les problèmes
d'accès au centre-ville de Montréal et les difficultés
d'utilisation conjointe des infrastructures et des équipements
(terminus, arrêts d'autobus) influencent quotidiennement le service aux
usagers et en augmentent le coût.
Les revendications formulées par les différents
intervenants en transport en commun de la Montérégie font
référence à un manque d'autonomie en tant
qu'autorités organisatrices.
Dans l'optique de l'utilisation rationnelle des infrastuctures
existantes, le développement du transport en commun représente un
choix politique et social intéressant. Ce développement doit
être axé sur une intégration régionale des
réseaux de transport. C'est pourquoi la concertation constitue un
élément essentiel à la solution des problèmes de
transport en commun de la Montérégie, à
l'élaboration de plans régionaux intégrés de
transport et à la satisfaction des besoins des années à
venir. Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. Charbonneau, M. Grenier
ainsi que d'autres gens sont profondément préoccupés par
le transport en commun et les accès à l'île. J'avais une
petite note ce matin de quelqu'un qui a attendu quelques heures avant
d'utiliser le pont pour nous rappeler qu'à chaque jour suffit sa peine
et que les solutions sont pour l'avenir. Je pense que vous avez tracé,
à la fois M. Charbonneau et M. Grenier, une fresque assez
impressionnante des problèmes et des possibilités de certaines
solutions qui, il faut bien vous en rendre hommage, ne vont pas chercher dans
la facilité des équipements lourds et très
dispendieux.
Certains éléments de votre intervention, quant à
cette interface, à cet arrimage dont parle le député de
Lévis, effectivement sont au coeur des problèmes des gens qui, de
l'extérieur, veulent accéder à l'île pour des fins
de travail, pour des fins de commerce ou pour toutes sortes de fins. C'est le
défi qu'on a, au lendemain de cette commission, à régler.
(12 h 30)
Vous avez parlé largement d'une table de concertation qui,
d'abord, est vécue assez durement sur la rive sud, avec tous les
problèmes d'interface que cela suppose. Il semble que cela
s'améliore. Vous parlez d'une table de concertation autour de laquelle
seraient la STCUM, la STRSM et des représentants des CIT de la rive sud.
Vous faites l'éventail de tous les problèmes vécus,
prévisibles et des solutions, mais vous vous limitez au sud. Est-ce que
vous n'avez pas l'impression que les problèmes vécus au sud sont
aussi des problèmes vécus au nord et, de la même
manière, compte tenu de CIT, de sociétés et de commissions
de transport semblables, qu'ils ont toujours le même objectif:
l'accès à l'île pour toute une série de services et
pour le travail? Est-ce que cette table de concertation ne devrait pas tenir
compte du phénomène du nord aussi bien que de celui du sud?
M. Charbonneau (Honorius): Naturellement, M. le ministre, vous
savez qu'on représente la Montérégie et qu'on est
très ouvert au reste de la population, qu'elle vienne du nord ou
d'ailleurs. Si on peut régler les problèmes en essayant
d'organiser un transport plus équilibré autour de l'île de
Montréal, je pense que nous n'aurions pas d'objection à ce que
ces gens soient présents à cette table.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je vais me limiter
à trois questions parce que le temps passe. De toute façon, je
pense que le problème est suffisamment bien posé. On a,
d'ailleurs, eu l'occasion d'en discuter lors du sommet de la
Montérégie, sommet que vous présidiez.
La deuxième question serait la suivante. On a connu,
historiquement, une volonté d'une grosse ville d'accaparer et de
centraliser chez elle toute une série d'équipements et
d'industries. La notion de l'époque voulait que Montréal fort, le
reste du Québec va bien aller. Je pense que c'était une notion
qui, à l'époque, était bonne, mais qui a fait que c'est
devenu peut-être invivable pour ses citoyens. Certains d'entre eux,
à cause des taxes plus élevées et de la proximité
d'une qualité de vie accrue, ont décidé d'aller
s'installer en banlieue, payant, règle générale, des taxes
moins élevées qu'au centre-ville et ayant peut-être une vie
quotidienne un peu plus agréable. En contrepartie, le prix à
payer est l'accès à l'île qui n'est pas très
facile.
On a entendu la STRSM, la STCUM et la STL venir nous parler d'une
série de problèmes qu'elles vivaient sur le plan du financement
de leurs infrastructures de l'exploitation à tout le moins. Les
chiffres
sur lesquels on peut se baser à ce moment-ci - on aura une
étude plus approfondie en fin d'année - nous laissent croire que
sur 390 000 000 de passagers annuellement sur le réseau de la STCUM, il
y en aurait au moins 15 000 000 qui proviendraient de la rive sud, dans les
limites de la 5ociété de transport de la rive sud de
Montréal, et 5 000 000 additionnels provenant de l'ensemble des CIT. On
peut au moins vous en donner la moitié, 2 500 000. Ces gens ne paient
pas pour l'utilisation du métro alors que les coûts d'exploitation
reviennent à la ville de Montréal.
Ma question est la suivante. Compte tenu du fait que cela a
été un choix d'aller s'installer en banlieue pour la
qualité de vie et parce que cela coûte moins cher de taxes,
règle générale, sur le plan foncier, et compte tenu du
fait qu'il faut utiliser un transport en commun, est-ce que, d'après
vous, il serait raisonnable de penser, à cette table de concertation qui
aura lieu éventuellement, où on discutera de problèmes
d'arrimage, d'interface et de couronne, qu'il serait normal qu'on fasse payer
une partie des frais d'exploitation du métro à ces gens ou aux
communautés dans lesquelles ils habitent?
M. Charbonneau (Honorius): Voici. Je pense que le métro,
actuellement, a été payé par tous les
Québécois. Vous êtes d'accord avec moi?
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes un bon
politicien, vous me retournez ce que j'ai répondu tantôt.
M. Charbonneau (Honorius): En tout cas, je vous dis ceci, M. le
ministre, c'est que les gens de la rive sud, en Montérégie, sont
prêts à payer leur part pour autant qu'ils auront des services
équitables. Lorsqu'une personne de chez nous paie 78,50 $ pour voyager
à Montréal et qu'une autre, sur la rive sud - elle est moins
loin, d'accord - en paie 15 $, il y a une différence de 63 $. Alors,
elle paie déjà une bonne partie des déficits. Par contre,
si on avait l'intégration et qu'on diminuait de 15 $ à 20 $ par
mois le transport, nos gens seraient prêts à prendre leurs
responsabilités, pas celles des autres, mais ils sont prêts
à prendre les leurs.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je pense que la
réponse est claire. C'est qu'il y ait une ouverture pour autant que les
services suivent.
L'autre question est la suivante. Vous avez fait état des
problèmes vécus par une jeune organisation de CIT. Comme vous le
savez, on a créé un certain nombre de comités. D'ailleurs,
j'ai remarqué à la fin que vous êtes en train
d'immortaliser un des présidents de comité lorsque, dans la
bibliographie, vous citez M. Bourcier. J'ai trouvé cela bon.
Probablement que cela fait partie non pas de la sympathie, mais de la
cohésion et de la bonne compréhension des maires de la rive
sud.
Une voix: De la Montérégie.
M. Côté (Charlesbourg): De la
Montérégie. Finalement, ce que vous souhaitez, c'est
d'avoir une vision au moins des cinq prochaines années quant à
l'avenir qui est réservé aux CIT tant par vos demandes que par
nos exigences. Je l'ai dit hier, les CIT sont jeunes. On n'a pas
créé des comités pour occuper du temps ou boucher des
trous. Quant à moi, la priorité était de tenir cette
commission sur les infrastructures, qui m'apparaissait extrêmement
importante. À la lumière des propos échangés ici,
on aura par la suite, avec les quatre comités qui ont
siégé, une ronde de travail dans la même continuité
pour avoir une solution globale. Les problèmes des CIT dans le transport
en commun sont les problèmes des sociétés, des
corporations de transport. Dans ce sens-là, ce n'est pas un appel qui va
rester vain. On va entamer les négociations et les rencontres qu'il faut
à une table de concertation CIT-gouvernement, tel qu'on l'avait fait le
16 août 1986.
Évidemment, il y a beaucoup d'autres questions qui nous viennent
à l'esprit. Est-ce que vous croyez que la proposition, qui était
dans les journaux au début de la semaine, d'un monorail ou d'un minirail
sous le pont Champlain, qui coûterait 50 000 000 $ et serait capable de
transporter 24 000 personnes à l'heure, serait à même de
régler les problèmes de transport en commun de l'ensemble de la
rive sud?
M. Charbonneau (Honorius): Je n'ai pas de chiffres, M. le
ministre, pour vous donner une réponse, mais vous avez certainement fait
une étude. Quel serait le coût d'un métro de surface
à partir de la gare de Saint-Lambert jusqu'au métro de Longueuil
et quel serait le coût d'organiser un transport en commun ferroviaire qui
traverserait pour aller à la gare Bonaventure? Je n'ai pas de chiffres,
mais lorsque vous avancez le chiffre de 50 000 000 $, est-ce que cela ne
coûterait pas meilleur marché que de faire tous ces travaux que
vous préconisez?
M. Côté (Charlesbourg): La question est bien
posée. C'est clair.
M. Charbonneau (Honorius): II faudrait faire une étude
plus en profondeur.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Charbonneau (Honorius): Excusez-
moi. Le train, le "rail" est une chose existante. Il appartient, je
pense, aux Québécois et aux Canadiens. Est-ce que nous devons le
mettre de côté et en bâtir un autre à
côté ou si nous devons essayer d'utiliser ce que nous avons? C'est
la question. Il faudrait déterminer les coûts.
M. Côté (Charlesbourg): Cela m'amène à
vous en poser une autre...
M. Charbonneau (Honorius): Oui,
M. Côté {Charlesbourg): ...dans cet échange
sur les trains de banlieue. Dans la mesure où le gouvernement du
Québec, en collaboration avec le gouvernement fédéral,
accepterait de financer les frais inhérents à l'implantation de
cette structure sur fer, est-ce que les usagers et les communautés
locales seraient prêts à en assumer le coût
d'exploitation?
M. Charbonneau (Honorius): C'est un peu ce que j'ai dit
tantôt. Nous ne sommes pas prêts à accepter de payer les
coûts actuellement avec les services que nous avons. Nous avons un train
à Saint-Hilaire et, de plus en plus, à cause de l'augmentation
des coûts, parce que ces gens-là ne sont financés par
aucune subvention, ils doivent payer la totalité des coûts que le
CN exige d'eux. Il est bien certain que nous voyons décliner
l'achalandage de mois en mois et de jour en jour, quasiment. C'est bien certain
que, dans les conditions actuelles, nous ne sommes pas prêts à
nous donner deux Cadillac, une Cadillac en autobus et une Cadillac en train.
Nous serons prêts à discuter de "rail" lorsqu'on aura la certitude
que les services que la population attend du "rail" ressembleront non pas
à une Cadillac, mais conviendront à un transport en commun
équilibré. À ce moment-là, nous serons prêts.
Je pense, M. le ministre, que toutes les municipalités qui font partie
du CIT de la Vallée du Richelieu ont déjà adopté
une résolution, il y a trois ou quatre ans, disant que nous
étions prêts à assumer notre part des coûts, mais
nous n'avons jamais reçu de réponse d'aucune façon. Depuis
ce temps-là, il a coulé beaucoup d'eau dans les
rivières.
M. Côté (Charlesbourg): Ou sous les ponts.
M. Charbonneau (Honorius): Quand elle passe dans les
rivières, elle est obligée de passer sous les ponts.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, parce que le pont,
c'est ce qui engendre et cause des problèmes chaque matin. Ce qui
caractérise la Montérégie par rapport à
l'île, ce sont les ponts.
M. Charbonneau (Honorius): L'île étant une
île, elle est entourée, même au nord, de ponts.
M. Côté (Charlesbourg): Mais il y a davantage de
problèmes au sud quant à l'accès à l'île
puisque, vous l'avez fort bien dit, la Montérégie est la
deuxième région en importance au Québec.
M. Charbonneau (Honorius): C'est ce que je vous ai dit
tantôt et c'est ce que je continue de penser. Pour autant que le
gouvernement du Québec pensera de la même manière, tout le
monde va être heureux.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
Je cède maintenant la parole à M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je pensais que dans son enthousiasme le ministre vous
promettrait un traversier, M. le président, parce qu'il augmente les
prix des traversiers actuellement.
M. Côté (Charlesbourg): II faut faire attention
à ne pas dire de faussetés. Non, un passager qui payait sous
votre gouvernement 1,25 $ peut maintenant payer 1 $. Ce n'est pas
augmenté, ça, c'est baissé.
M. Garon: Ce sont les touristes qui prennent le bateau de temps
en temps.
M. Côté (Charlesbourg): Vous ne croyez pas à
ça, l'industrie touristique?
M. Garon: Pour ceux qui le prennent tous les jours, c'est plus
cher.
M. Côté (Charlesbourg): Mais non.
M. Garon: Ils vont payer plus cher. En tout cas.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis convaincu qu'on va
croiser le fer à l'Assemblée nationale à l'automne.
M. Garon: M. le Président, j'ai été surpris
d'entendre le maire de Saint-Hilaire vous dire qu'on devrait redonner, comme
dans le modèle européen, à l'entreprise privée les
choses où le gouvernement a investi pour les faire fonctionner, et
surtout dans son cas. Si je me rappelle bien, c'est ce que le gouvernement a
fait avec la raffinerie de sucre et on a vu le résultat. C'est un
investissement de fonds publics. Quand cela a été passé
à l'entreprise privée, elle l'a fermée. On ne peut pas
dire que c'est un bien bon modèle. Hein?
M. Charbonneau (Honorius): Je pourrais
parler longuement de la raffinerie de sucre parce que je l'ai vue
naître, mais je m'en abstiendrai aujourd'hui. Je ne suis pas venu ici
pour ça. En temps et lieu, on pourrait se rencontrer et en discuter
longtemps.
J'ai dit tantôt qu'à certains États et en France le
gouvernement fournit les infrastructures et elles sont administrées par
l'entreprise privée. L'industrie paie une partie et les commerces en
paient une certaine partie aux entreprises qui dirigent le transport. Je pense
qu'il faudra regarder un peu certaines possibilités de diluer les moyens
de taxation pour aller chercher les sommes nécessaires parce
qu'actuellement c'est surtout le résident qui subit l'augmentation
d'évaluation graduellement et rapidement tous les ans et qui paie une
bonne partie des coûts. Il faudrait peut-être penser que les
industries et les commerces qui augmentent très peu d'évaluation
n'augmentent pas beaucoup comparativement aux résidents qui
possèdent des propriétés résidentielles ou
multifamiliales qui augmentent énormément avec les augmentations
que le transport en commun leur apporte.
M. Garon: Vous avez dit tantôt que vous étiez
prêt - je pensais que vous parliez comme maire - à payer plus.
M. Charbonneau (Honorius): À payer plus pour autant qu'on
aura les services en conséquence.
M. Garon: Mais plus, qu'est-ce que cela veut dire pour vous?
M. Charbonneau (Honorius): On n'est pas prêt à
tripler et à quadrupler; on est prêt à y aller suivant nos
possibilités financières. Cela ne veut pas dire qu'on est
prêt à ne rien donner, on est prêt à faire notre
part.
M. Garon: Le pourcentage que vous payez, les
municipalités, actuellement est de combien?
M. Charbonneau (Honorius): Actuellement, c'est minime, je pense
qu'on est à 0,07 $ des 100 $.
M. Garon: Non, je veux dire le pourcentage des coûts
d'exploitation du transport en commun qui est payé par les
municipalités.
M. Charbonneau (Honorius): II est assez minime, entre 15 % et 20
%.
M. Garon: Quand vous dites que vous êtes prêts
à payer plus, vous êtes prêts à aller jusqu'à
combien?
M. Charbonneau (Honorius): C'est difficile de se prononcer sans
savoir quels services nous aurons. Si nous avons l'intégration totale,
je pense qu'on est prêt à faire quelque chose. (12 h 45)
M. Garon: Vous avez dit ensuite dans votre mémoire,
à la page 16: "Aucune voie n'est réservée au covoiturage
et les voies réservées au transport en commun sont jugées
peu sécuritaires et vulnérables du point de vue de la
permanence."
Voulez-vous dire que vous voulez avoir une voie réservée
pour les autobus et une autre réservée pour le covoiturage?
M. Charbonneau (Honorius): On pourrait utiliser la même
voie, mais est-ce qu'elle serait suffisante? Le covoiturage, il ne s'en fait
pas beaucoup. Cela serait un élément très important qui ne
coûterait pas cher à la province si on était capable
d'augmenter le nombre d'usagers, parce que c'est un transport en commun, de 5 %
seulement. Cela ferait toute une différence dans l'achalandage du matin.
Chez nous, je vous l'ai dit tantôt, nous avons 75 % des automobilistes
qui s'en vont à Montréal, parce que nous avons une ville de
banlieue, et il y. a 60 % de nos gens qui travaillent sur la rive sud et
à Montréal. Et à 75 %, c'est un passager par automobile,
le chauffeur. Alors, on pourrait en transporter quatre, j'en suis convaincu.
Peut-être que son voisin travaille à deux portes de chez lui. Je
pense que les municipalités là-dedans ont un travail particulier
à faire pour vendre l'idée et donner un genre de service aux
citoyens qui pourraient alimenter le covoiturage.
M. Garon: Vous avez dit aussi que le train de banlieue devait
être gardé en opération. Quand la STRSM est venue, on nous
a dit que le train de banlieue et la ligne d'autobus passaient un à
côté de l'autre et qu'au fond l'un concurrence l'autre. Sans dire
d'en liquider un, on laissait entendre que, s'il dépérissait
tranquillement, personne ne pleurerait. C'est ce que j'ai compris.
M. Charbonneau (Honorius): Dans les conditions actuelles, vous
avez totalement raison. C'est ce que j'ai dit tantôt. Si on n'avait pas
attendu en laissant disparaître à petit feu le train de banlieue
comme on l'a fait depuis quatre ou cinq ans, je pense qu'il y aurait eu
avantage à améliorer le train de banlieue d'une façon
convenable. Si on avait quatre trains le matin et quatre trains le soir pour
transporter nos gens avec une possibilité de laisser les gens qui
veulent aller au métro de Longueuil pour aller vers le nord et l'est de
Montréal, cela aurait été certainement un avantage. Mais
dans les circonstances actuelles, je vous donne raison pour ce qui est du
transport en
commun dans notre région. Ce n'est peut-être pas le cas de
Rigaud, parce que le président du CIT de Rigaud, j'aimerais l'entendre
parler, c'est bien différent. Nous n'avons pas de structure, de
règle, c'est à peu près oublié, le train dans la
région. Il reste encore à peu près peut-être 400
à 500 personnes qui sont transportées en train le jour. Alors,
vous comprendrez que le CN ne peut pas vivre avec un tel achalandage.
M. Garon: Si le train est amélioré, c'est autant
qui ne prendront plus l'autobus.
M. Charbonneau (Honorius): Je suis d'accord avec vous, mais il
faudrait diminuer les coûts des autobus. Je l'ai dit tantôt: Nous
n'avons pas les moyens de nous payer deux Cadillac pour le transport dans la
région. Nous avons les moyens de nous en payer une, mais pas deux. Je le
dis et je le répète: Si le train demeure ce qu'il est, il va
disparaître tout seul, on n'aura pas besoin de l'envoyer. Ne vous
inquiétez pas.
M. Garon: Lequel aimez-vous le mieux dans les deux?
M. Charbonneau (Honorius): Actuellement, c'est l'autobus, mais le
train, dans les circonstances, il n'y a pas à en discuter. Mais si le
train avait été bien organisé, je
préférerais le train à l'autobus, du côté
économique et dans bien des domaines.
M. Garon: Vous avez demandé dans la conclusion de votre
mémoire, "qu'une table de concertation, permanente soit formée en
Montérégie regroupant tous les intervenants actifs en transport
en commun et dont les objectifs pourraient être de développer les
services de transport en commun pour répondre à la demande des
années à venir par des actions incitatives concertées,
réalistes et réalisables." C'est assez général,
mais concrètement, que voulez-vous dire par cela?
M. Charbonneau (Honorius): Nous sommes un organisme de
concertation, on l'a prouvé au sommet économique. Ce
n'était pas facile d'essayer d'amener 1 100 000 de population à
penser la même chose. On n'a pas réussi, mais cela a
été assez bien. Je pense que ces gens-là... Il faut qu'un
genre de comité de concertation pour étudier le transport en
commun qui est un des gros problèmes de notre région soit mis de
l'avant, non pas pour détruire ce qui existe, mais pour aider ceux qui
administrent le transport en commun. C'est dans ce sens-là, pour ne pas
penser la journée même à ce dont nous avions besoin il y a
deux ans.
M. Garon: Au fond, vous voudriez un peu que les gens soient
forcés de travailler ensemble dans un comité d'action
régionale...
M. Grenier: Dans un premier temps, c'est le principe.
M. Garon: ...dans la grande région.
Je vois le député de Jonquière, qui a
été maire pendant 18 ans, 4 ans conseiller et président de
l'Union des municipalités du Québec. Quand il a des maires devant
lui...
M. Charbonneau (Honorius): On a travaillé ensemble.
M. Garon: ...il devient mou. Je suis persuadé qu'il a les
yeux dans l'eau et qu'il a hâte de vous poser des questions. Je vais lui
laisser un peu de temps.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne poserai pas plusieurs questions, peut-être
une ou deux. Concernant le comité de concertation, processus
régional, il y a pas mal de monde là-dedans. Connaissant votre
expérience des tables de concertation, pensez-vous que c'est
réaliste, s'il n'y a pas une obligation? Moi, je pense que vous avez
oublié le CN, le CP, le côté nord. Les usagers, les
verriez-vous à votre table de concertation? Cela fait pas mal de monde,
ça. Cela veut dire que ça prend une autorité quelque part.
Qui devrait être l'auteur de cela et imposer son rythme à cette
commission?
M. Charbonneau (Honorius): Je pense, M. Dufour, que, lorsqu'on
veut se concerter, il ne faut pas penser à l'autorité. Il faut
penser au bon sens pour diriger la concertation et non à
l'autorité. Moi, c'est mon point de vue. Je le vois de même. Qu'on
ait peut-être 10, 15, 20 personnes, 50 personnes - 50, c'est
peut-être trop - il faudra peut-être faire comme on le fait dans
notre organisme, essayer de réduire le plus possible le nombre de
participants afin de donner à ce comité toute l'importance qu'il
mérite et toutes les chances de succès possible de ce
côté. On suggère le comité, mais ce n'est pas
coulé dans le ciment. On est prêt à modifier quoi que ce
soit pour que ce soit un comité réaliste et qu'il donne les
résultats attendus pour notre population.
M. Dufour: Je comprends, M. le maire de Saint-Hilaire, que votre
point de vue est intéressant. Il semble faire l'unanimité, en
tout cas, ça paraît beau. Connaissant le milieu comme on le
connaît, comme vous le connaissez, comme moi je le connais, pensez-vous
que c'est facile s'il n'y a pas une autorité quelque part qui exige...
Il faut penser que, depuis trois jours, on entend des mémoires, mais il
n'y a pas beaucoup de
monde... On le préconise oui; tout le monde veut aller au ciel
mais personne ne veut mourir. C'est la même chose un peu. Ça prend
une volonté. La CUM a été une table de concertation.
Ça répondait à des besoins précis. Cela n'a pas
été facile à faire fonctionner. En tout cas, j'ai suivi
cela depuis le début. Je l'ai vue fonctionner. À Québec,
cela a été le même exemple. Les MRC sont aussi des tables
de concertation, jusqu'à un certain point. Vous savez que ce n'est pas
facile.
M. Charbonneau (Honorius): On est conscient, M. Dufour, que ce
n'est pas facile. Je l'ai dit au début. Actuellement, on s'accuse
mutuellement. Nous autres, on accuse la commission de transport de la rive sud.
La commission de transport de la rive sud nous dit: Ça dépend de
la CUM si ça ne fonctionne pas. Tout le monde s'accuse et personne ne
semble s'occuper de ceux qui sont à l'autre bout de la ligne. C'est nous
qui sommes à l'autre bout de la ligne. On n'est peut-être pas
nombreux, mais nous avons aussi des besoins. C'est dans ce sens qu'on pense
qu'il y aurait peut-être possibilité de regrouper ces gens -
peut-être pas 50 personnes, je suis d'accord avec vous - d'une
façon convenable pour pouvoir voir au moins ce qui se passe
là-bas dans ces organismes et avoir la chance de préparer des
demandes qui ne seraient peut-être pas exagérées, mais qui
contribueraient à améliorer le service de transport en commun
dans nos petites régions que nous avons à administrer.
M. Dufour: La table de concertation qui est un peu un volontariat
devrait être chapeautée par quelqu'un.
M. Charbonneau (Honorius): Oui.
M. Dufour: Vous verriez le ministère des Transports,
j'imagine?
M. Charbonneau (Honorius): Exactement. On le dit, d'ailleurs,
là-dedans.
M. Dufour: Parce que cela va jouer du coude. Je vois aussi, dans
votre mémoire, que vous déterminez un certain nombre de
façons de procéder ou un certain nombre de fonctions que cette
table devrait avoir: l'optimisation, l'intégration tarifaire, la
gestion, le partage, la solution concertée des différends.
Allez-vous aussi loin que de dire que cette table devrait aussi aborder le
problème du financement des opérations? Il y a des coûts.
Tout le monde dit qu'il faudrait que les gens autour de Montréal paient
un peu plus» Mais ils paient dans leurs milieux. Ils paient là.
Iriez-vous jusque-là?
M. Charbonneau (Honorius): Pourquoi pas? Je pense que c'est le
nerf de la guerre, l'argent. Vous le savez. Nos gens, les citoyens du
Québec... On voit augmenter cela. On entend dire que la
communauté urbaine va augmenter ses budgets de 25 000 000 $, un autre 10
000 000 $, un autre 15 000 000 $. Que le gouvernement leur donne l'argent ou
que ce soient les municipalités qui le fournissent, ce sont toujours les
mêmes citoyens qui payent.
Il faudrait peut-être regarder à la base: Est-ce qu'on ne
peut pas améliorer nos services sans augmenter de façon
dramatique les coûts? On est rendus là au Québec. il faut
arrêter de penser à augmenter les coûts sans jamais se
regarder lorsqu'il y a des problèmes qui surviennent. Il faut regarder
la base pour voir ce qu'on est capable de faire avant de dire... J'ai
été dans l'industrie et il n'y avait rien de plus facile, lorsque
j'arrivais en dessous, que, de dire: Je monte mes produits de 0,02 $, 0,05 $ la
livre. C'est très facile, mais est-ce que cela règle notre
problème? Je ne le pense pas.
M. Dufour: Est-ce que vous diriez, dans l'état actuel des
choses, que la participation gouvernementale... Il ne faut pas se le cacher,
une commission parlementaire qui s'est déplacée pour vous
écouter a un but. Il s'agit, d'abord, de savoir ce qui se passe sur le
terrain, d'améliorer les services, mais on sait qu'il y a un autre but
qui sous-tend tout cela, c'est que la participation du gouvernement semble
s'essouffler un peu. On ne dira pas qu'il y a eu des coupures draconiennes,
mais cela semble dirigé vers cela. Cela fait un an qu'on en entend
parler. Il y a une volonté quelque part. Pensez-vous que la
participation gouvernementale devrait avoir tendance, en dehors de
l'infrastructure lourde, au point de vue de l'exploitation, à augmenter,
à diminuer ou à rester telle quelle?
M. Charbonneau (Honorius): Tout dépend des
priorités. Si les gens du CIT ont la possibilité de diriger
davantage leur CIT en les amenant à diminuer les dépenses et
à augmenter les services et que cela nous coûte 5 % ou 6 % de
plus, je dis d'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, pour de brèves
remarques de conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Je remercie, M. Charbonneau,
avec qui il est toujours très agréable de discuter, compte tenu
de sa vaste expérience et de sa vision de l'avenir. Alors, on aura
certainement à se revoir.
Une chose saute aux yeux, quelle que soit la forme de la table, il y
aura une table de concertation. De gré ou de force, il y aura une table
où une série de problèmes
seront discutés et chacun devra, passez-moi l'expression si c'est
trop cru, porter ses pantalons, en ce sens que chacun devra prendre ses
responsabilités et ne pas s'installer à la table en tant que
quémandeur, mais en tant que personne qui voit à obtenir des
résultats pour l'utilisateur des services. Cela m'apparaît clair
et essentiel. C'est le message que vous nous avez livré, étant
une des parties de cette problématique. Cela ne viendra pas du ciel,
cette table de concertation. Le maître d'oeuvre en sera le
ministère des Transports, parce que c'est sa responsabilité,
l'organisation du transport. Les moyens qu'il a entre les mains en termes de
subvention, tant pour l'immobilisation que pour l'exploitation, peuvent
être une source très importante de pressions pour régler un
certain nombre de problèmes.
M. Charbonneau (Honorius): M. le ministre, les six CIT de notre
région participeront à cette table, je peux vous l'assurer. Je
veux vous remercier, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me le permettez, M.
le maire, j'aimerais reconnaître, dans un deuxième temps, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je veux remercier les
représentants de la Montérégie qui sont venus ici nous
rencontrer aujourd'hui pour présenter leur mémoire. J'ai
oublié de leur demander qui l'avait préparé, parce que
monsieur nous a dit tantôt qu'il l'avait trouvé stimulant, mais
qu'en même temps il avait stimulé sa grande humilité. Je
voulais vous poser une question. Vous pouvez peut-être me le dire en
même temps lorsque vous allez conclure: Qui a préparé votre
mémoire, puisque vous-même avez dit que vous étiez venu le
lire, mais qu'il avait été préparé par d'autres? Je
vous remercie et, connaissant le maire de Saint-Hilaire depuis quelques
années, je suis persuadé qu'il saura presser le citron
gouvernemental, s'il reste des gouttes. J'ai l'impression que le ministre va
connaître sa médecine. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le maire.
M. Charbonneau (Honorius): Très rapidement, M. le
Président, je voudrais vous remercier, ainsi que les membres de cette
commission, qui ont bien voulu nous entendre. Comme je vous l'ai dit - je le
répète encore - il manque peut-être un peu de technique
dans notre mémoire; nous sommes jeunes, nous commençons, mais
nous avons à coeur de défendre les citoyens de notre
région et d'établir une concertation équitable sur tout le
territoire de la
Montérégie et c'est ce que nous pensons faire. Encore une
fois, merci à vous tous de nous avoir entendus.
M. Grenier: M. le Président, si vous me le permettez, pour
répondre à M. Garon, le mémoire a été
préparé par le personnel à l'emploi de la
Société montérégienne de développement, en
l'occurrence, M. Ragault et M. Voyer, qui sont ici, ainsi que par
moi-même.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie les
représentants de la Société montérégienne de
développement pour leur contribution aux travaux de la commission.
J'aimerais aviser les membres de la commission qu'à la suite d'une
entente intervenue entre les deux formations politiques, à la fin de
l'audition du dernier mémoire, ce soir, il y aura une période de
30 minutes consacrée aux conclusions à la suite des trois jours
de consultation que nous avons tenus. Cette période sera répartie
en deux parts légales de 15 minutes.
Sur ce, la commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures, cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 14 h 34)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions rendus à
entendre le troisième groupe prévu pour aujourd'hui. J'invite
donc ses représentants à prendre place à la table de nos
invités. Il s'agit du Comité local des usagers du transport de
Deux-Montagnes.
Madame, monsieur, bienvenue parmi nous. Je vous demande de vous
présenter et, par la suite, d'utiliser la vingtaine de minutes à
votre disposition pour nous présenter les points essentiels de votre
position. Par la suite, il y aura des échanges avec les membres de la
commission.
Comité local des usagers du transport de
Deux-Montagnes
M. Lemoine (Roger): Merci, M. le Président. On devait
être trois, mais Mme Beemans a eu un décès dans sa famille
ce matin, alors, nous ne sommes que deux. À ma gauche, Mme Yvette
Lafontaine; mon nom est Roger Lemoine.
Avant de commencer la lecture de notre mémoire, je vais apporter
une distinction entre notre comité et le Comité des usagers de la
ligne MontréalDeux-Montagnes. Le comité que vous avez
entendu mardi soir est formé d'usagers de la ligne
MontréalDeux-Montagnes et il a pour objectif la
modernisation de la ligne MontréalDeux-Montagnes. Le Comité
local des usagers du transport de Deux-Montagnes a également
été formé par Transport 2000, Québec, en 1984; il a
trois objectifs: bien sûr, la modernisation de la ligne
Montréal Deux-Montagnes, -mais également l'instauration
d'un transport en commun au sein de la MRC Deux-Montagnes et entre la MRC et
Laval, Montréal et Sainte-Thérèse, ainsi qu'un
troisième objectif qui vise l'intégration des transports et des
tarifs.
Notre mémoire se divise en trois parties. C'est un débat
de société entre transport en commun et transport privé.
Il comprend des suggestions pour le financement. Il contient aussi, bien
sûr, nos arguments en faveur de la modernisation du train
Montréal-Deux-Montagnes ainsi que l'intégration des services de
transport et de tarif au sein de la MRC.
M. le Président, mesdames et messieurs, permettez-nous de vous
remercier de nous permettre d'exposer notre point de vue sur un sujet qui nous
concerne au plus haut point puisque nous sommes des usagers du transport en
commun dans la région de Montréal.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour des raisons connues de
tous, la population s'est progressivement tournée vers le transport
privé et les Québécois sont devenus de grands utilisateurs
de véhicules personnels. Pourtant, à la suite de la hausse du
prix de l'essence et de la croissance constante et rapide des coûts
sociaux et économiques de l'usage massif de l'automobile, nous percevons
très bien que les citoyens commencent à s'orienter vers d'autres
solutions pour résoudre les besoins et les problèmes
d'aujourd'hui et de demain.
Nous devons, en tant que société, favoriser ce changement
d'attitude qui évolue en faveur des avantages du transport public.
Pensons en termes d'économie d'énergie, de meilleure utilisation
des ressources et des territoires, d'amélioration des conditions de
circulation et de qualité de vie en milieu urbain.
Alors que, traditionnellement, le ministère a toujours
privilégié le transport privé par une constante
amélioration du réseau de voirie, le transport public n'a jamais
vraiment profité d'un tel appui. Au Québec, les automobilistes
imposent des exigences contraignantes à l'État. La
clientèle du transport personnel représente environ 80 % de
l'ensemble de la collectivité québécoise, ce qui ne
l'empêche pas de se voir accorder 88 % des dépenses
gouvernementales. En tant qu'utilisateurs du transport en commun, nous
subventionnons donc celles et ceux qui se servent de leur voiture, à
même nos taxes et nos impôts.
Le déficit du transport collectif est impossible à
camoufler; son importance nous est rappelée à chaque occasion.
Par contre, le déficit de l'automobile est beaucoup plus difficile
à mesurer. Selon une étude réalisée en 1981 par
Transport 2000, Québec, il appert que le déficit du transport
privé serait trois fois supérieur à celui du transport
public. Croyez-vous, M. le Président, qu'en 1987 la situation ait
tellement évolué?
Si la voiture est une dépense importante pour le
propriétaire, le coût social de l'utilisation abusive de
l'automobile représente une part grandissante du budget gouvernemental:
pollution atmosphérique, pollution de l'environnement, accidents de la
route, perte de productivité, congestion des voies rapides et des
centres urbains, stress, etc.
Nous penchons pour le transport collectif parce qu'il représente
certains avantages. Nous devons reconnaître, M. le Président, que,
si l'industrie de l'automobile fut le moteur du boum économique de
l'Ontario, elle n'a certainement pas produit les mêmes effets
bénéfiques pour le Québec. Même sur le plan de
l'emploi, force nous est de constater que les travailleurs
québécois ne représentent qu'environ 5 % de toute la
main-d'oeuvre canadienne dans ce secteur. Par contre, l'industrie au
Québec se trouve considérablement mieux dotée dans le
domaine du transport collectif. L'entreprise Bombardier, par exemple, fabrique
chez nous du matériel ferroviaire et des équipements de
métro. Un accroissement de la demande finale possède donc un
impact beaucoup plus significatif pour l'économie
québécoise qu'une hausse de la demande du transport
privé.
De toutes les technologies modernes, ce sont celles du transport
personnel qui se montrent les plus gourmandes: l'auto consomme dix fois plus
d'énergie par passager que l'autobus et 30 fois plus que le train
mû à l'électricité. Notons également que, si
l'automobile nécessite un approvisionnement en pétrole provenant
de l'extérieur de la frontière, l'électricité
produite grâce aux immenses richesses naturelles dont dispose le
Québec, offre de merveilleuses possibilités aux entreprises de
chez nous de développer une tehnologie de pointe. N'oublions pas, non
plus, que l'électricité demeure une énergie propre.
La troisième raison, c'est notre sécurité, qui est
menacée par l'automobile. Des milliers de Québécois et de
Québécoises se tuent ou se blessent annuellement sur les routes
et les autoroutes. Devant cette avalanche d'accidents, nos gouvernements se
voient contraints de renforcer les pénalités prévues dans
les diverses lois. Qui peut nier le côté beaucoup plus rassurant
du transport en commun?
Le plan de transport intégré de la région de
Montréal, en 1979, résumait bien
la situation et la nécessité de privilégier le
transport collectif: "Si, sur le plan individuel - disait-on - la combinaison
automobile-autoroute urbaine offre de très nombreux avantages, comme la
rapidité, la flexibilité, le confort, il en résulte pour
la société des inconvénients notables. Leur
présence nécessite d'importantes infrastructures. Malgré _
cela, leur capacité demeure limitée. Enfin, elles
entraînent des conséquences de plus en plus indésirables:
encouragement à une utilisation excessive de l'auto,
détérioration de l'environnement et du paysage, augmentation de
la pollution de l'air et par le bruit."
Comme le signalait si justement le ministre des Transports du
Québec lors de son passage au Centre communautaire de Deux-Montagnes, le
12 mars 1987, le temps de la construction des grands axes routiers est
révolu, l'avenir est au développement du transport en commun pour
les 20 prochaines années, le train de banlieue est un
élément important de cette stratégie et une
décision finale devra être prise ou annoncée avant la fin
de l'année concernant la modernisation ou non du train de banlieue de la
ligne MontréalDeux-Montagnes.
À ce sujet, M. le. Président, il faut remarquer que,
depuis près de 20 ans, de très nombreuses études ont
prouvé que la modernisation de ce train de banlieue s'imposait, qu'il
était nécessaire de l'intégrer au réseau de
transport public de la région métropolitaine, que les
retombées économiques seraient considérables pour la
région Laval-Laurentides, pour Montréal et pour l'ensemble du
Québec. Néanmoins, ces études sont restées lettre
morte.
Les autorités gouvernementales, la STCUM et le CN signaient une
entente de dix ans le 1er juillet 1982, prévoyant l'augmentation de la
fréquence des trains et l'intégration tarifaire pour les
résidents de la CUM. Le nombre d'usagers est remonté à
plus de 12 000 aujourd'hui, mais le retard apporté à la
modernisation de la ligne MontréalDeux-Montagnes et les tarifs
exorbitants imposés aux usagers de Laval et de la région de
Deux-Montagnes empêchent l'achalandage d'atteindre les projections
escomptées par le MTQ. Pourtant, nul n'est besoin d'être expert
pour se rendre à l'évidence que cette situation tient
principalement au caractère rebutant de l'équipement, au service
inadéquat, aux retards ou annulations des trains - spécialement
l'hiver - à l'inconfort des wagons trop chauds ou trop froids suivant la
saison. Notons que cette ligne de 27 kilomètres utilise trois sortes de
signalisation et que certaines pièces sont tellement vieilles que le CN
doit les usiner à ses ateliers lorsqu'elles brisent, étant
devenues introuvables sur le marché.
Aujourd'hui, prendre le train constitue un véritable acte de foi.
Depuis mars 1984, les maires de banlieue, la STCUM et le gouvernement du
Québec sont prévenus par le CN que la ligne no 3 sera
inutilisable après 1992, date d'expiration de l'entente. Celles et ceux
qui prennent régulièrement le train doutent que le
matériel roulant puisse se rendre à terme; le CN, n'a-t-il pas
déjà avoué qu'il devait faire des miracles pour garder en
vie notre petit train du nord-ouest?
En novembre 1984, la CUM décidait de former un comité pour
étudier la possibilité de moderniser cette ligne de banlieue. Ce
comité regroupait des élus municipaux et des experts venant de
milieux différents comme le CN, Bombardier, la STCUM ou le BTM.
Après avoir siégé durant près un an, il remettait
son rapport le 31 octobre 1985. Voici quelques-unes des recommandations:
II est nécessaire de moderniser la ligne: rénovation des
équipements de la voie (rails, signalisation, électrification),
remplacement des trains actuels par des trains modernes de type léger et
fonctionnel, réaménagement de dix stations existantes et ajout de
six nouvelles. Le coût des travaux, sur une période de cinq ans,
est estimé à 157 000 000 $. M. le ministre nous a annoncé,
mardi, qu'il y avait déjà 50 000 000 $ dans le pot et que le
train représente un patrimoine pour la région de Montréal.
Ainsi, d'après nous, le gouvernement du Québec ne doit pas
craindre de donner son accord à un tel investissement quand les
retombées économiques, sociales et culturelles sont
assurées non seulement pour Montréal et notre région, mais
également pour l'ensemble du Québec.
Notons également que le gouvernement de l'Ontario défraie,
depuis une bonne quinzaine d'années, des coûts de construction et
de gestion des trains de banlieue dans la région de Toronto. Partout
où c'était champ et désert, c'est devenu, aujourd'hui,
florissant d'activités débordantes et la ville de Toronto en
profite largement. Mais puisque la situation financière au Québec
est différente, regardons ensemble quelques mesures pour
améliorer la situation dans le financement du transport public. (14 h
45)
Règle générale, la politique de la CUM vise
à trouver, chez les usagers du transport collectif, des revenus
équivalents à la moitié du budget annuel d'exploitation.
Combiné à la réduction des subventions gouvernementales,
ce sont les usagers qui sont appelés à assumer l'essentiel des
hausses annuelles du coût de l'exploitation du transport en commun. Bien
sûr, cette année, par suite de son élection, le RCM a
réussi à respecter sa promesse électorale de ne pas
augmenter la contribution des utilisateurs et à geler les tarifs.
Cependant, devant la volonté très nettement exprimée par
le
gouvernement de diminuer sa participation financière au transport
collectif et devant l'impossibilité de charger davantage aux usagers,
l'exploit ne pourra se répéter indéfiniment à moins
de convaincre les autres partenaires sociaux d'accroître leur quote-part.
Quels sont-ils, les autres partenaires? Les municipalités, ceux qu'on
appelle les bénéficiaires non usagers? Doit-on créer une
nouvelle loterie?
Nous sommes tous conscients que les sociétés de transport
et, en particulier la STCUM, vivent des problèmes financiers depuis
quelques années. Chez nous, le CIT de Deux-Montagnes, après la
mois de fonctionnement, affiche déjà un déficit
supérieur à 100 000 $. Les représentants de chacune des
sept municipalités songent à diverses mesures pour corriger la
situation, dont la création de deux CIT, un pour Saint-Eustache, ville
dont la population représente 52 % de celle de toute la MRC et qui
possède certainement les moyens de se doter d'un bon service municipal
d'autobus, et un autre pour les villes et villages sis entre Deux-Montagnes et
Oka, dont l'histoire récente et la conviction de leurs
responsabilités sociales nous font craindre la disparition du transport
en commun dans une période assez brève. Les causes des
problèmes sont connues: hausses consécutives des frais
d'exploitation, plafonnement de la contribution gouvernementale, concentration
marquée de l'achalandage aux heures de pointe, vitesse moyenne des
autobus trop basse, diminution généralisée de la
fréquence des rames de métro et des autobus.
Selon une analyse publiée dans le Devoir économique
du 14 mars 1986, nous remarquons que la charge financière ne se
répartit pas équitablement entre tous les partenaires sociaux.
Par exemple, entre 1980 et 1986, les usagers et le gouvernement du
Québec ont augmenté de 80 % et les villes de 32,8 %. Notons que,
en 1986, pour la STCUM, les coûts d'exploitation se répartissent
comme suit: 40 % par les usagers, 34,7 % par le gouvernement du Québec
et 22,4 % par les municipalités. En ce qui concerne l'ensemble des
CÎT pour la région en périphérie de Montréal,
les usagers participent à 60 % au coût d'exploitation, le
Québec à 25 %, et 15 % seulement sont assurés par les
municipalités.
Nous pensons donc que certaines solutions existent pour améliorer
la problématique, mais que toutes les parties devront accepter d'assumer
leur responsabilité sociale. Voici ce que nous proposons: 1° Que le
gouvernement du Québec non seulement continue de contribuer aux frais
d'exploitation, mais encore adopte une loi dans laquelle les règles du
jeu seraient connues d'avance, de manière que les sociétés
de transport puissent avoir une chance de planifier à long terme. Les
municipalités peuvent et doivent augmenter leur quote-part au
financement du transport en commun. Nous croyons également que les
villes qui se trouvent à l'extérieur de la CUM devraient
s'engager à défrayer une partie du déficit du train de
banlieue.
Il faudrait peut-être également adopter des mesures
correctrices comme la mise en place de voies réservées aux
autobus, l'application de nouveaux modes de tarification, l'étalement
des heures de pointe, l'accroissement des ressources disponibles au financement
du transport public par l'adoption des ressources alternatives de contribution,
par exemple: imposition accrue aux bénéficiaires non usagers,
publicité dans les abribus; tarifs de stationnement, etc. Il faudrait
aussi éviter tout double réseau. Nous devons privilégier
l'instauration d'un véritable plan intégré de transport.
En ce qui nous concerne, ce serait le train de banlieue entre Montréal
et Deux-Montagnes, l'autobus pour relier la gare aux différents points
de la MRC. L'emploi de minibus pourrait aussi réduire les coûts de
gestion.
Enfin, n'oublions pas, M. le Président, que la modernisation de
la ligne Montréal--Deux-Montagnes permettrait, selon le comité
d'étude de la CUM, de doubler, et nous croyons même de tripler,
l'achalandage de la ligne et de réduire de 4 200 000 $ au moins les
coûts d'exploitation annuels, les taux par kilomètre passant de
0,29 $ à 0,14 $, ce qui est beaucoup mieux que celui de l'autobus
à 0,21 $.
Un autre excellent moyen, à notre point de vue,
d'améliorer tout cela, c'est de permettre aux usagers de se faire
entendre aux centres décisionnels, en les nommant dans les conseils
d'administration. À la différence de plusieurs autres organismes
comme les écoles, les hôpitaux et les CLSC, les services publics
de transport ne sont dotés d'aucun mécanisme réel offrant
à la population de se faire entendre auprès des autorités
décisionnelles. Pourtant, la présence des usagers à la
table administrative amènerait du sang neuf, des idées
sûrement intéressantes et un point de vue différent de
celui des gestionnaires, qui voyagent rarement à bord des services
qu'ils dirigent. Qu'en pensez-vous, M. le Président?
Au sujet des avantages de la modernisation, il s'agit d'un projet qui,
de l'avis de tous les intervenants, apportera des dividendes pour toute la
collectivité. Qu'on en juge:
La zone d'influence de la ligne no 3 modernisée engloberait plus
de quinze municipalités et un bassin de population de 270 000 personnes.
Au sein de la MRC Deux-Montagnes, selon l'analyse que l'on peut en lire dans le
document du schéma d'aménagement de notre région, c'est
une communauté supérieure à 65 000 personnes, dont les
contacts nous permettent d'affirmer
qu'elles sont désireuses de prendre le train pour se rendre ou
revenir de Montréal. Selon le Bureau de la statistique du Québec,
cette population est une des plus jeunes et des plus fécondes de tout le
Québec.
En l'an 2000, les prévisions sont que de 115 000 à 130 000
personnes vivraient au sein de la MRC Deux-Montragnes. Cette ligne
répond à un besoin véritable en offrant une liaison
rapide, fiable et confortable avec le centre-ville. Elle réduirait la
congestion sur le routes dans et autour de Montréal, améliorerait
la qualité de vie en diminuant la pollution et en respectant notre
environnement naturel.
La modernisation permettrait l'accroissement de l'achalandage, la
réduction des frais d'exploitation, l'emploi direct ou indirect de 1200
employés sur une période de 4 ans, le développement des
activités, économiques, commerciales, culturelles et touristiques
de toute une vaste région du Québec.
La concrétisation de ce vieux rêve offrirait la
possibilité au BTM d'acquérir une expertise nouvelle et à
nos entreprises un tremplin pour l'exportation de notre savoir-faire. De plus,
ce train, mû à l'électricité, utiliserait une
ressource produite chez nous. La ligne MontréalDeux-Montagnes, si
prolongée après entente avec Ottawa, pourrait devenir la solution
de l'épineux problème de communication rapide entre les deux
aéroports et Montréal.
L'abandon de cette ligne de banlieue, selon le comité
d'étude de la CUM, serait une décision absurde, illogique et
contraire aux intérêts de la région de Montréal et
de l'ensemble du Québec. La ligne Montréal-Deux-Montagnes a une
vocation socio-économique intéressante et elle offre un potentiel
appréciable dans la perspective de l'intégration et de
l'expansion des réseaux de transport dans la grande région de
Montréal.
En conclusion, M. le Président, la modernisation de la ligne
MontréalDeux-Montagnes s'inscrit parfaitement dans le choix de la
nouvelle société à bâtir. Fini le temps des grands
axes routiers; l'avenir est au transport en commun.
Le gouvernement du Québec ne doit pas craindre d'investir dans ce
magnifique projet, tant les retombées économiques, sociales et
culturelles sont positives pour tout le Québec. La ville de
Montréal et les autorités municipales de la CUM peuvent appuyer
notre demande; ce qui est excellent pour Toronto ne doit pas être fatal
pour Montréal.
Avec l'aide de tous les partenaires sociaux, il est possible de
réduire considérablement le déficit d'exploitation de ce
train de banlieue, comme de l'ensemble des transports en commun. La
présence des usagers à la table décisionnelle est un
excellent moyen de démocratiser le transport en commun et de lui assurer
une voie proche des besoins de la population.
Jusqu'ici, nous avons demandé à nos élus politiques
de construire des routes et des autoroutes; le temps n'est-il pas venu de
penser à notre santé, notre environnement, notre économie
en privilégiant l'utilisation du transport en commun: train de banlieue
entre Montréal et Deux-Montagnes, autobus, minibus ou taxis collectifs
entre la gare et les différents coins de la MRC?
En conclusion de tout ce qui précède, M. le
Président, nous croyons que la modernisation s'impose de toute urgence
et répond admirablement aux objectifs de développement d'un
véritable transport intégré dans la région de
Montréal.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Évidemment, ce n'est pas un sujet nouveau pour la
commission. Je pense que cette modernisation a fait l'objet du plus grand
nombre de mémoires. Sept mémoires en ont parlé.
M. Lemoine: Cela prouve qu'on y tient, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! certainement; je pense
que la démonstration en est faite et ça ne prenait pas la
commission pour en faire la preuve. Je me souviens de vous avoir
rencontré, ainsi que madame, au mois de mars 1987, à l'invitation
de ma collègue de Deux-Montagnes.
Je me limiterai à deux questions à ce moment-ci. Dans
votre esprit, ce qui devrait être réalisé pour ce qui est
de la ligne de Deux-Montagnes correspond-il à ce que le comité
technique de la Communauté urbaine de Montréal a
déposé en 1985 ou si des changements ont été
apportés à ce projet?
M. Lemoine: Le dernier rapport disponible, c'est le rapport du
comité technique de la CUM. Nous croyons que le principal, pour nous,
c'est la modernisation de la ligne MontréalDeux-Montagnes,
c'est-à-dire, électrification, rail, signalisation, parce que,
sans modernisation, il n'y aura pas de survie de cette ligne. Donc, la
première chose à faire, c'est de moderniser la ligne.
Ensuite, en ce qui concerne les gares, particulièrement la Gare
centrale, je pense qu'on peut attendre, c'est évident. Mais l'accent
doit être absolument mis en priorité sur la modernisation de
l'infrastructure du train de banlieue.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez fait état,
dans le mémoire, du partage des responsabilités
financières de chacun des partenaires. Est-ce que, d'après vous,
la
situation actuelle du pourcentage de participation devrait être
maintenue, tant pour le gouvernement, pour les municipalités que pour
les usagers? Étant usager, on souhaite toujours que cela diminue, mais,
dans un contexte réaliste où il reste encore des choses à
faire, à votre esprit, est-ce que le niveau de participation de chacun
des paliers actuellement est la situation souhaitable?
M. Lemoine: M. le ministre, nous croyons que la participation du
gouvernement du Québec ne devrait pas baisser, c'est évident.
Elle devrait rester au moins à son niveau actuel. La participation des
usagers ne peut pas augmenter, sinon vous allez finir par perdre de la
clientèle. Donc, il y a un troisième secteur qui devrait
peut-être être plus généreux, c'est celui des
municipalités, notamment celles qui se trouvent en dehors de la CUM. Si
le train était modernisé, cela aurait des retombées
positives pour leurs secteurs. Actuellement, elles ne paient pas un sou pour
cela.
M. Côté (Charlesbourg): Cela a été une
partie du débat depuis le début. Effectivement, des
municipalités à l'intérieur de la CUM signifiaient
qu'elles avaient assumé un coût d'exploitation du transport en
commun lourd et que les gens à l'extérieur de la CUM qui en
bénéficiaient devaient donc en payer certains coûts. Donc,
vous partagez cet avis. À ce moment-là, est-ce que cela devrait
être les municipalités qui versent leur contribution? Si oui, de
quel niveau et de quelle manière?
M. Lemoine: M. le ministre, à ce stade-ci, il est
très difficile pour nous de chiffrer les quotas pour chacune des
parties. Je pense que c'est ouvert aux négociations. Quant à
nous, nous croyons que les municipalités peuvent et doivent payer un peu
plus, mais, quant au pourcentage, c'est à négocier dans son
ensemble.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que ces contributions
seraient directement versées aux sociétés organisatrices
de transport, à la STCUM?
M. Lemoine: II faut tout mettre en place. Il y a deux
possibilités. La première, c'est que le gouvernement du
Québec assume l'entière responsabilité du transport en
commun dans la vaste région de Montréal. Cela ne semble pas
être le cas. La deuxième serait peut-être l'instauration ou
l'implantation d'une structure suprarégionale. Il faudra envisager
à ce moment-là celle qui répartirait les coûts.
C'est un débat qui devrait avoir lieu.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un débat de
structures, mais on s'est rendu compte au cours des discussions qu'il manquait
passablement de concertation à travers tout le monde et que
c'étaient les usagers, en fin de compte, qui en faisaient les frais.
M. Lemoine: Justement, M. le ministre, puisque vous ouvrez la
parenthèse, je crois que cela serait important à ce stade-ci que,
dans vos futures consultations, les usagers ne soient pas absents.
M. Côté (Charlesbourg): Ils ont été
invités comme les autres. Alors, vous êtes la preuve...
Pardon?
M. Lemoine: Je parle dans l'éventualité de
nouvelles consultations à tenir sur les...
M. Côté (Charlesbourg): Ce matin, j'ai
annoncé qu'il y aurait effectivement beaucoup d'efforts de faits pour
regrouper tout le monde pour que les interfaces et l'arrimage se fassent mieux,
ce qui impliquerait les CIT, les sociétés de transport de
Montréal, de la rive sud et de Laval. Alors, pour tenter de faire un peu
plus d'arrimage et un peu plus d'interface, davantage de
complémentarité que de compétition et de passer la facture
à d'autres. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
Président. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: En attendant, le mémoire que vous venez de nous
présenter, c'est vraiment un plaidoyer pour le transport en commun. De
ce côté-là, cela ressort très clairement de tous les
arguments que vous avancez. Et j'avais l'impression que le ministre avait
réponse 'à tout ce que vous disiez, puisque, déjà,
il s'était compromis dans la modernisation du réseau, mais en
écoutant ces questions, je sens bien qu'il y a encore des points
à déterminer avec vous.
Sans poser plusieurs questions, j'aimerais peut-être aller sur les
avantages de la modernisation. Hier ou avant-hier, selon les mémoires
qui nous ont été présentés, il me semblait que le
bassin de population, c'était plutôt 140 000 que 270 000. Je ne
sais pas s'il y a eu une augmentation depuis ce temps-là, à moins
que vous n'englobiez la ville de Laval à l'intérieur. Ce qui ne
semble pas être le cas de la part du maire de la ville de Laval qui est
venu donner son mémoire. Il semble que la ville de Laval, pas il semble,
c'était sûr que son mémoire était très
précis par rapport à sa circonscription et aussi à son
étendue. Comment arrivez-vous à 290 000 de bassin de population
lorsque les autres ont parlé de 130 000, 140 000? (15 heures)
M. Lemoine: II est évident qu'actuelle-
ment la ville de Laval ne veut pas être incluse dans la
modernisation du train Montréal-Deux-Montagnes. Il faut quand même
se rendre compte, M. le député, que le train n'est jamais
seulement un moyen privilégié de transporter des personnes entre
deux points, c'est-à-dire entre Montréal et la banlieue, c'est
aussi un instrument de développement économique très
appréciable, très important, très substantiel. Si le train
était modernisé comme nous le réclamons à Laval, on
ne pourrait pas faire autrement que de récupérer une partie
importante des retombées économiques commerciales et autres que
ce train amènerait chez nous. Il n'y a qu'à prendre comme exemple
l'Ontario où partout c'étaient des champs déserts dans le
temps, aujourd'hui, c'est débordant d'activité. Donc, la ville de
Laval nécessairement recevrait une part importante des activités
qui seraient économiques et commerciales qui seraient
créées par la modernisation du train
Montréal-Deux-Montagnes.
La ville de Laval est incluse. Il faut voir aussi que c'est une
région du Québec qui est une des plus jeunes et des plus
fécondes de toute notre province, et il n'est pas interdit de penser que
la population pourrait considérablement augmenter au cours des 20
prochaines années.
M. Dufour: Si j'examinais la ligne qui est proposée ou
existante, qui est modernisée, préconisez-vous aussi des
changements majeurs pour mieux desservir les citoyens de Laval ou si elle passe
juste dans le bout de la ville, comme on l'a vu sur la carte?
M. Lemoine: C'est vrai qu'elle passe du côté ouest
de Laval, mais on pourrait très bien y inclure, ce qui n'est
peut-être pas le cas aujourd'hui, des services d'autobus
complémentaires. Actuellement, nous avons deux services qui sont
beaucoup plus concurrentiels que complémentaires. Vous avez le service
de train qui amène le monde d'un point à un autre et le service
d'autobus qui amène d'autre monde entre les deux mêmes points. Il
est facile de prévoir que, dans un plan intégré de
transport, on pourrait très bien avoir un service ferroviaire qui
amènerait les gens de Montréal à Laval et à
Deux-Montagnes et, de là, avoir des services d'autobus
complémentaires.
M. Dufour: Vous parlez aussi dans le mémoire, bien
sûr, de concertation. J'imagine que Laval, vous autres et d'autres vont
avoir à s'asseoir quelque part parce que ce n'est pas très clair.
Quand vous parlez de concertation, en même temps, si je comprends bien,
vous avez une CTL, une commission de transport chez vous, qui couvre la MRC, y
compris Saint-Eustache et vous préconisez de la scinder pour en faire
deux. Là, vous allez compliquer encore plus que la concertation.
Qu'est-ce qui va en dessous de cela?
M. Lemoine: Voulez-vous répéter votre question?
M. Dufour: II y a une CTL chez vous qui couvre la MRC.
Saint-Eustache est compris dans la MRC. Cela couvre 52 % de la population.
Même si vous préconisez, comme vous dites en conclusion, une plus
grande concertation, vous préconisez deux CTL, c'est-à-dire deux
commissions de transport qui couvriraient, l'une, la ville de Saint-Eustache
et, une autre, les autres municipalités de la MRC. Est-ce que je
comprends bien? C'est bien ça que vous dites?
M. Lemoine: En fait, ce que nous disons, nous, c'est exactement
le contraire de ce que vous affirmez. Actuellement, on a un train de banlieue
qui vient à Deux-Montagnes et nous avons la STL. Au sein du CIT
Deux-Montagnes, la décision qui a été prise le 21 juillet,
c'était par les gestionnaires du CIT et non pas par nous autres qui
sommes des usagers, cela a été de permettre à
Saint-Eustache de se retirer du CIT Deux-Montagnes, ce qui fait qu'à
partir du 1er janvier 1988 nous aurons quatre commissions de transport au sein
de la MRC Deux-Montagnes: la STCUM par son train, la STL entre Saint-Eustache
et Montréal, un CIT Saint-Eustache et un CIT Deux-Montagnes. Nous, ce
que nous avons demandé à M. le ministre, c'est de refuser cette
demande du retrait de Saint-Eustache. Nous croyons que nous devons aller vers
l'intégration des transports et des services et non pas vers la
multiplication des transports et des services. Donc, la décision n'est
pas rendue. Nous espérons que M. le ministre nous consultera avant de
rendre sa décision. Sauf que nous privilégions
l'intégration et non pas la multiplication des services comme les
gestionnaires se le proposent actuellement.
M. Dufour: Ce qui veut dire que, même si vous
préconisez une commission de transport, c'est qu'actuellement il y en a
plusieurs sur le territoire.
M. Lemoine: II y en a deux et il pourrait y en avoir quatre
à partir du 1er janvier 1988, si la décision de Saint-Eustache
est agréée.
M. Dufour: Ça va. Je pense bien qu'on ne vous retiendra
pas plus longtemps. Je suis satisfait des réponses qui me sont
apportées.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M.
le député. Mme la députée de
Deux-Montagnes.
Mme Legault: M. le Président, je voudrais apporter une
petite rectification pour M. le député de Jonquière. Dans
la ville de Deux-Montagnes, il y a 10 500 personnes. D'accord?
Là-dessus, il faut ajouter les villes de Saint-Eustache, Oka,
Saint-Joseph-du-Lac qui sont reliées à cela et qui donnent
environ 60 000 personnes. Ce qui ne fait pas un total de 143 000 personnes,
mais bien de 243 000 en incluant Pierrefonds et Roxboro. Ce qui donne à
peu près 250 000 personnes, au heu de 143 600 comme cela avait
été présenté par le maire Bergeron, hier.
M. Dufour: Cela va, je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): C'est tout. Alors, donc... M.
le ministre, pour le mot de la fin.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux dire, à M.
Lemoine, merci beaucoup. Je ne sais pas s'il était ici hier lorsqu'on a
entendu d'autres personnes, mais on a maintenant entre les mains les
études que nous avions commandées, dont on avait fait état
lors de notre rencontre du 12 mars. Depuis une semaine, elles sont
épluchées par le ministère; déjà, il y a
passablement de travail qui a été fait. Les décisions ne
sauraient tarder quant à cette modernisation, compte tenu du fait que le
gouvernement fédéral a quand même une part de
responsabilité dans un dossier comme celui-là.
M. Lemoine: M. le ministre, si je peux me permettre, nous avons
rencontré votre prédécesseur en mai 1985, et une des
raisons qu'il avait invoquées pour retarder le projet de modernisation,
c'était justement qu'il devait y avoir des consultations entre les deux
niveaux de gouvernement. Nous sommes conscients de cela. Nous croyons, à
l'instar de ce qui a été fait en Ontario, que le gouvernement du
Québec se doit de peser sur le bouton de modernisation le plus tôt
possible. Nous pouvons assurer, M. le ministre, que le comité des
usagers et tous les intervenants de la région de Deux-Montagnes seront
prêts à faire front commun avec vous pour aller chercher l'argent
qui nous revient à Ottawa, mais la décision doit être
prise, selon nous, le plus rapidement possible. On ne doit pas attendre
d'éventuelles consultations avec Ottawa qui n'en finiraient plus. C'est
la survie de notre train qui est en jeu.
M. Côté {Charlesbourg): J'ai bien compris, et mon
message était essentiellement de vous dire que, maintenant, nous avions
entre les mains les études qu'il nous fallait pour décider du
degré d'intervention et que, par la suite, on ira assurément voir
le gouvernement fédéral qui a une part de responsabilité
là-dedans et, avant même d'immobiliser, de régler les frais
d'exploitation. Cela nous apparaît important pour qu'il ne se reproduise
pas dans le cas de Deux-Montagnes ce qui se produit sur la ligne de Rigaud.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière, pour le mot de la fin.
M. Dufour: Je veux vous remercier du travail et de la prudence
que vous manifestez. J'ai l'impression que cela découle d'une grande
sagesse. En politique comme dans la vie de tous les jours, tant qu'on n'a pas
des certitudes et des choses visibles, c'est important d'être
éveillé. Je pense que, de ce côté-là, votre
région nous donne un exemple de concertation, au moins à ce
chapitre, et de la volonté d'obtenir un train modernisé, un
transport en commun mieux organisé. Je vous remercie beaucoup.
Félicitations.
M. Lemoine: M. le Président, juste deux mots. C'est quand
même un rêve qui date de plus de 20 ans, alors... La
deuxième chose, c'est que je voudrais remercier les membres de la
commission de nous avoir permis, à nous, petit comité de
Deux-Montagnes, de venir exprimer un point de vue qui, nous l'espérons,
vous a intéressés. Merci beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
participation.
J'inviterais maintenant les représentants de l'Association
québécoise du transport et des routes à prendre place
à la table de nos invités.
Bienvenue à vous tous. Je vous demanderais de vous
présenter et nous présenter l'essentiel de vos recommandations
dans la vingtaine de minutes qui sont à votre disposition.
Association québécoise du transport et
des routes
M. Laganière (Gérard): Merci, M. le
Président. Mon nom est Gérard Laganière, je suis
président de l'Association québécoise du transport et des
routes. C'est une association qui regroupe plus de 1000 professionnels et
organismes impliqués dans le transport des marchandises et des
personnes, dans le transport routier et dans le transport en commun au
Québec. 5es membres sont regroupés en vue de contribuer, par un
effort commun, à l'amélioration des techniques de transport et
des routes.
Je suis assisté, dans ma présentation, par M. Guy
Paré, le directeur général de l'association, par Douglas
Whitehead, qui est
l'administrateur délégué à la direction du
transport des personnes, et par Jean-Marc Rousseau, qui est un membre
très actif de l'AQTR et qui a été président
d'atelier lors du colloque international du 18 juin que l'AQTR a
organisé.
Ce colloque portait sur les infrastructures de transport en commun dans
le monde, leur financement, leur encadrement institutionnel et leur impact sur
l'urbanisation. Cela a été l'occasion pour plusieurs intervenants
impliqués dans le transport au Québec de prendre connaissance des
diverses formes d'organisation du transport en commun à travers le
monde. Par cet événement, l'AQTR visait à susciter et
à favoriser la réflexion à la veille de ces audiences. En
revoyant l'ensemble des exposés, il a été
intéressant de réaliser que nulle part on n'a trouvé de
solution magique et qu'il serait impossible de transposer ici globalement l'un
ou l'autre des modes d'organisation dont nous avons pris connaissance.
Toutefois, nous avons pu constater qu'une bonne compréhension des
spécificités de sa propre situation et qu'une bonne dose de
créativité et d'audace, ajoutées à un souci
constant de concertation, sont des composantes indispensables de succès
dans ce domaine.
Ainsi donc, au cours de notre mémoire, sans faire de
présentation systématique des modes d'organisation du transport
en commun dont nous avons pris connaissance lors de ce colloque, nous
relèverons des exemples qui illustrent nos propos. Ceci permettra aux
membres de cette commission de bénéficier à leur tour,
nous l'espérons, des renseignements que nous avons pu recueillir lors de
ce colloque qui a regroupé des représentants de Hambourg, de
Lyon, de Washington, de Boston et de Toronto.
Je m'abstiendrai de faire la lecture complète du mémoire
qui a été déposé, je trouve cela un peu trop long.
Si vous me permettez, M. le Président, je vais quand même essayer
de piger à travers les quelques pages qui vous ont été
remises les principales idées qui nous préoccupent.
On ne peut aborder la réflexion suscitée par le document
"Les infrastructures de transport en commun de la région de
Montréal" sans avoir en mémoire le "Plan de transport de la
région de Montréal" de 1979 et la "Proposition gouvernementale
concernant l'organisation et le financement du transport en commun dans la
région de Montréal" de 1982 ou même le rapport de 1976. Le
retour à ces prises de position majeures du gouvernement ne peut que
nous amener à constater la difficulté du pouvoir central à
favoriser une certaine concertation dans le développement et
l'organisation du transport dans la région de Montréal et
à assumer le leadership de concertation qui lui revient, selon nous.
Il ne revient pas à l'AQTR d'appuyer ou de rejeter les projets
qui seront soumis tout au cours de cette consultation. Toutefois, il nous
revient sûrement, comme association technique responsable, de faire
ressortir les éléments qui devraient être pris en
considération dans l'analyse et le processus de sélection de ces
projets. Ainsi, des prises de position concernant les infrastructures de
transport en commun ne peuvent être établies sans tenir compte
d'objectifs d'aménagement urbain et sans tenir compte du râle que
le transport joue dans une agglomération comme celle de Montréal
à titre d'outil de développement économique essentiel.
Le ministère des Transports est, lui aussi, responsable des
différentes composantes du transport des personnes, même si les
municipalités ont pris en charge ce dossier. Toutefois, force est de
constater qu'il ne donne pas vraiment l'exemple en matière de vision
d'ensemble, le sujet de la présente commission en faisant foi.
Déjà, en 1982, l'AQTR soulignait l'importance, pour le
gouvernement, de développer une approche intégrée du
transport des personnes. Aujourd'hui, nous nous demandons encore comment le
gouvernement pourrait aller de l'avant avec des projets d'infrastructures de
transport en commun, sans tenir compte du réseau routier actuel ou
à venir. En effet, comment le gouvernement pourrait-il prendre une
décision concernant des infrastructures de transport en commun dans
l'est de l'île de Montréal ou vers la rive sud de Montréal
sans évaluer simultanément le projet de prolongement de
l'autoroute 25 jusqu'à Laval ou la construction d'un nouveau pont sur le
Saint-Laurent? Par ailleurs, nous nous demandons comment on peut conclure
à la surutilisation de certaines infrastructures routières
situées sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal sans avoir évalué et expérimenté
les avantages que pourrait représenter une gestion informatisée
de la circulation. (15 h 15)
Conséquemment, même si toute la dimension du transport par
automobile ne fait pas l'objet de cette commission, il nous semble pertinent
que les projets reliés au transport routier, soit infrastructures et
gestion informatisée, fassent l'objet de l'analyse à laquelle
seront soumis les projets présentés dans le cadre de cette
commission et que la réponse du gouvernement à cette
démarche de consultation tienne compte de ces deux dimensions
indissociables du transport des personnes dans la région de
Montréal. Dans une telle perspective d'approche globale, un suivi
détaillé des investissements du gouvernement et des
municipalités dans le secteur routier de la région de
Montréal serait fort utile.
Dans le contexte démographique décrit
dans le document de consultation avec lequel nous sommes à peu
près d'accord, il devient évident que l'exercice majeur auquel
les intervenants qui participeront à la présente consultation
sera d'identifier comment il est possible de continuer à répondre
aux besoins de mobilité des citoyens aux moindres coûts possible.
En d'autres termes, comment faire plus avec moins? Seuls une connaissance
très précise des besoins de déplacement et un souci
réel de mettre en valeur et d'optimiser les ressources existantes
permettront d'atteindre cet objectif.
La région de Toronto, avec un des taux d'utilisation du transport
en commun les plus élevés en Amérique et avec une
participation financière des usagers des plus importantes, est
peut-être un des meilleurs exemples où développement du
transport et aménagement sont planifiés selon une approche
globale.
Pour la région de Montréal, il est assez inquiétant
de penser que les décisions sur de nouvelles infrastructures puissent
être prises sans relation avec un quelconque plan de développement
urbain ou d'aménagement de l'ensemble du territoire. Il sera
intéressant de savoir si le gouvernement prendra ses décisions
dans le but de densifier davantage le centre-ville de Montréal, de
développer la rive sud immédiate, la ville de Laval ou les villes
de la banlieue de la Communauté urbaine de Montréal. Il est
facile d'imaginer que ce ne sont pas les municipalités elles-mêmes
qui fourniront une réponse à cette question et on en a eu un
aperçu ces jours derniers. Nous croyons conséquemment qu'aucune
décision de développement de nouvelles infrastructures ne peut
être vraiment justifiée que si elle s'appuie sur des objectifs
complémentaires de développement urbain et d'aménagement
du territoire.
Dans notre mémoire, on a parlé un peu du contexte
institutionnel, mais je crois bien que tout le monde est maintenant au fait de
ces questions et connaît très bien le dossier. On connaît
les difficultés engendrées par la concurrence entre les
municipalités. A peu près tout le monde en a parlé. Par
ailleurs, la faible collaboration des multiples services municipaux de
circulation entre eux et avec les organismes publics de transport ne favorise
pas non plus une approche globale et intégrée du transport des
personnes. Il y a donc un problème avec les voisins, mais il y a un
problème également à l'intérieur de la maison.
L'expérience de la non-réalisation du plan de transport de 1979
nous amène à penser que toute décision de construire ou de
maintenir des infrastructures de transport à caractère
régional ne peut être prise sans être accompagnée
d'une décision concernant la responsabilité institutionnelle et
financière de cette infrastructure. Il faut aussi retenir que la
région de Montréal a un pressant besoin de coordination de ses
divers services de transport. Dans ce sens, nous croyons qu'il est important
que le gouvernement, conscient de cette réalité, assume le
leadership qui lui revient et voie à mettre en place un mécanisme
de concertation ultrarégional. C'était peut-être utopique
il y a quelques années, mais, avec les remarques et les propos qui ont
été dits ici, je crois bien qu'on est à peu près
rendu là et il suffira de penser à un encadrement efficace pour
que ça marche.
La discussion sur le financement du transport en commun se fait
habituellement autour de deux axes: celui du coût des services et celui
de la répartition de ces coûts entre les
bénéficiaires. Les différents niveaux de gouvernement et
leurs contribuables respectifs remettent actuellement en question l'importance
des sommes consacrées au transport en commun, certains, en remettant en
cause le bien-fondé du niveau de services, d'autres, en s'interrogeant
sur l'efficacité de ces services en regard des investissements
consentis. Actuellement, la relation entre les fonds publics alloués au
transport en commun et les bénéfices en termes de services
offerts et d'achalandage est souvent imprécise. Le type actuel
d'organisation du transport en commun n'est pas pour favoriser une transparence
accrue. Il y a de plus en plus d'exemples connus en Europe et aux
États-Unis d'ententes formelles entre les partenaires dans le
financement et l'exploitation du transport en commun. Par exemple, un organisme
de coordination, comme c'est le cas à Hambourg en Allemagne, peut
acheter des transporteurs, sur une période de quelques années, un
certain niveau de services avec des clauses permettant des changements et
encourageant la performance. De telles expériences offrent à la
fois une flexibilité d'approche, un meilleur contrôle et un
environnement stable durant quelques années.
Pour faciliter une modification d'attitude, nous recommandons que,
quelle que soit la formule de financement retenue, un important budget
spécifique soit affecté à l'expérimentation de
nouvelles techniques de planification et d'exploitation susceptibles
d'accroître la productivité. Il faut encourager et susciter les
expériences originales visant l'accroissement de la productivité.
Cela demeure toujours un bon moyen de faire mieux avec moins.
Originellement, c'est-à-dire à l'époque où
les usagers assumaient complètement les coûts des services de
transport en commun, on ne s'interrogeait pas sur la répartition des
coûts entre les bénéficiaires. Les lois du marché
guidaient les transporteurs dans l'établissement de leur tarification.
La valeur des services de transport en commun était alors relativement
facile à déterminer. Progressivement, les municipalités et
les gouvernements se sont impliqués dans le financement des services
pour atteindre
aujourd'hui près de 65 % des coûts. Les pouvoirs publics
ont cru bon investir dans ce mode de transport car ils en reconnaissaient une
valeur au-delà du simple bénéfice à l'usager. Le
transport en commun a une valeur comme infrastructure de services
nécessaire au développement d'une ville ou d'une
agglomération. Il a aussi une valeur comme créateur d'emplois au
moment de la production du matériel roulant et de l'offre de services
comme telle et, en outre, il a une valeur pour servir à la protection de
l'environnement, c'est bien connu. Il joue également un râle de
service social en offrant un moyen de transport aux personnes ne pouvant
posséder ou conduire une automobile. Par les politiques tarifaires
visant à garder son coût d'utilisation relativement bas et par un
mode de répartition entre les municipalités basé sur la
richesse foncière, il joue également un rôle dans la
redistribution de la richesse collective.
Actuellement, le discours sur le financement du transport en commun
tourne un peu en rond parce que la valeur que l'on attribue au transport en
commun n'est pas définie et les objectifs que l'on poursuit ne sont pas
clairs, ce qui rend toute recherche de répartition des coûts.
entre les bénéficiaires très difficile. Ainsi, on demande
aux organismes publics de transport de se comporter comme des entreprises
commerciales en haussant, par exemple, les revenus provenant des usagers, mais
on les empêche de mettre en place une tarification basée sur la
distance ou le moment d'utilisation. On reproche aux municipalités
d'exiger trop de services, mais on ne met pas en place de critères de
répartition qui tiennent compte de l'offre de services. Il nous
apparaît donc fondamental, avant de demander aux techniciens et
fonctionnaires de penser à de nouvelles formules de répartition
des coûts, que les hommes politiques responsables déterminent les
objectifs qui doivent être atteints dans la mise en place des
infrastructures et la gestion des opérations du transport en commun.
La participation du gouvernement aux coûts du transport en commun,
au-delà d'un appui du pouvoir centrai au pouvoir local, prend tout son
sens quand les éléments en cause sont de nature régionale.
Dans ce sens, si le gouvernement devait apporter des modifications à sa
politique d'aide actuelle, les changements devraient être apportés
dans le sens d'une consolidation des responsabilités et des pouvoirs
locaux, mais aussi du pouvoir d'intervention du gouvernement au niveau
régional. Depuis la mise en place en 1980 du premier programme d'aide,
le gouvernement a apporté de multiples changements, sans
nécessairement prévenir les organismes concernés ou les
municipalités responsables.
L'instabilité résultant de cette situation rend plus
difficile une solide planification à long terme. Conséquemment,
quelles que soient les modalités du prochain programme d'aide, nous
recommandons fortement que le gouvernement prenne, avec les parties
concernées, un engagement ferme de cinq ans. il nous semble
également important, pour une meilleure compréhension des enjeux,
que le ministère des Transports, en collaboration avec la
Communauté urbaine de Montréal, explore différents
scénarios basés sur de nouveaux critères de
répartition du déficit du transport en commun entre les
municipalités qui tiennent compte du service offert. Les infrastructures
de transport en commun tels le métro et les trains de banlieue ont des
impacts locaux importants. Notamment, elles favorisent le développement
urbain et, conséquemment, ajoutent à la valeur du sol. Dans ce
sens, il nous semblerait beaucoup plus dynamique que la formule de financement
des infrastructures fasse en sorte que les municipalités paient une part
de leurs coûts, les incitant ainsi à chercher une participation du
secteur privé. C'est déjà le cas à quelques
endroits dans la province. - Nous avons vu, lors du colloque du 18 juin, que
dans la région de Washington le secteur privé a
complètement assumé le coût de construction d'une
infrastructure de transport dans un secteur qu'il voulait à tout prix
développer. On m'a dit qu'il y avait un exemple comparable dans la
région de Londres.
Rarement on aborde la question de la tarification dans une perspective
essentiellement économique ou commerciale. Une telle approche
permettrait de mieux saisir et tirer profit des lois de l'offre et de la
demande qui entrent en jeu dans le cas du transport en commun. Des projets de
tarification zonale ou modale et des projets d'intégration tarifaire ont
été rejetés à cause de problèmes techniques
qu'ils pouvaient poser au niveau de la perception ou de leur comptabilisation.
La technologie informatique actuellement disponible offre des moyens infinis de
différenciation de tarifs. De plus, ces outils informatiques pourraient
s'avérer des instruments très précieux dans la
connaissance précise de l'utilisation des réseaux.
On a parlé à plusieurs reprises, lors de cette commission,
des bénéficiaires non-usagers. Avant de discuter des
modalités de taxation ou d'imposition des bénéficiaires
non-usagers, il nous semble essentiel de revenir à la notion de valeur
et d'identifier les objectifs qui pourraient être poursuivis.
Jusqu'à récemment, le gouvernement et les municipalités
considéraient que les bénéficiaires non-usagers
contribuaient suffisamment au coût du transport en commun par les
impôts et les taxes qu'ils paient. Il existe des formes de taxation
qui,
en plus de viser à l'augmentation des revenus, visent aussi
à influencer la répartition modale. Nous pensons ici à une
taxe sur les stationnements ou les péages sur les ponts et les
accès autoroutiers. Pour notre part, nous croyons que les
méthodes qui ont pour objectifs de modifier le comportement des
voyageurs représentent un plus grand intérêt étant
donné qu'elles peuvent simultanément servir de source de
financement et d'outils de gestion des déplacements.
En conclusion, comme vous avez pu le constater, nous n'avons pas
apporté de recette magique, On croit qu'il n'y en a pas. Nous avons
surtout tenté de faire une certaine réflexion au-dessus de la
mêlée afin de situer le débat actuel dans toute sa
perspective. Nous retenons de cette réflexion, et nous espérons
que vous ferez de même, qu'il est fondamental de situer les choix
d'infrastructures de transport en commun dans une perspective plus large
d'aménagement du territoire d'abord, puis de transport des personnes
ensuite. Il nous est apparu également que la confusion ou la
stérilité des débats des dernières années
prennent leur source dans un manque de clarté des objectifs que chacun
des intervenants veut atteindre et conséquemment d'un manque de
consensus.
Comme nous le disions au début, nous avons été
témoins au cours des quinze dernières années de
l'échec de plusieurs propositions gouvernementales ou municipales
causé, croyons-nous, par l'empressement des gouvernements à
vouloir mettre en place des structures institutionnelles ou financières
ou des infrastructures de transport sans réel souci de concertation.
Nous espérons que l'actuel gouvernement aura l'humilité
nécessaire pour constater qu'il ne pourra tout régler d'ici
à la fin de son mandat actuel, mais qu'il est important qu'il pose des
gestes qui s'inscriront dans une perspective à long terme du
développement de la région de Montréal. La mise en place
d'un mécanisme de concertation régionale nous semble être
un de ces éléments.
Je vous remercie, M. le Président. Mes collègues,
Jean-Marc Rousseau, Guy Paré et Douglas Whitehead, se joindront à
moi pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le ministre. (15 h
30)
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. Laganière.
Je pense qu'à la fin de votre présentation, lorsque vous avez dit
que c'était un mémoire qui se voulait au-dessus de la
mêlée, ma constatation c'est que vous avez réussi à
être au-dessus de la mêlée, même s'il y a des
vérités à l'intérieur de cela qui ne sont pas
toujours faciles à prendre; il y en a un certain nombre.
Finalement, vous dites ne pas avoir de solutions, mais la solution est
dans votre quatrième paragraphe du préambule, je pense que c'est
la trame de fond de votre mémoire, où vous dit.es qu'une bonne
dose de créativité et d'audace ajoutée à un souci
constant de concertation sont des composantes indispensables au succès.
Je pense que la démonstration de cela a été faite depuis
le début de la commission, où chacun, morceau par morceau,
à la fois le ministre, les CIT et les sociétés de
transport, ont conçu leur propre plan de développement avec leurs
propres exigences, avec des programmes "normes" qui sont arrivés au fil
du temps. Cela fait en sorte qu'on est dans une situation, aujourd'hui,
où cela prend un chapeau plus grand pour régler un certain nombre
de choses, pour avoir une vision au-dessus de la mêlée aussi.
Dans votre introduction, à la page 1, votre deuxième
paragraphe nous dit ceci, je pense qu'il est important de le reprendre: "Le
retour à ces prises de position majeures du gouvernement ne peut que
nous amener à constater la difficulté du pouvoir central à
favoriser une certaine concertation dans le développement et
l'organisation du transport dans la région de Montréal et assumer
le leadership de concertation qui lui revient". Vous dites, à un moment
donné: II ne peut pas se prendre de décisions quant à
l'avenir du transport en commun sans qu'on ait une bonne connaissance de ce
qu'on va faire avec le réseau routier.
C'est tout le drame du ministère des Transports, qui n'est pas
encore un ministère des Transports, mais un ministère de la
Voirie et un ministère des Transports, avec deux boîtes, où
l'intégration reste à faire -cela vous étonnera
peut-être de l'entendre dire de la bouche du ministre, mais cela a
été pour moi, un homme neuf dans ce domaine, une de mes
constatations. Forcément, il va falloir, chez nous, finaliser cette
intégration complète pour que !es deux secteurs très
importants du ministère puissent penser en même temps et non pas
parallèlement. C'est clair, je pense que vous le dites de façon
très claire, c'est cela la vérité. Je pense qu'on devra
commencer par régler nos problèmes chez nous et, è la
suite de cela, on sera capable de prendre un certain nombre de décisions
sur ce plan. Je veux vous assurer que ce n'est pas loin. L'intégration
n'est pas très loin.
Vous avez parlé de votre colloque du mois de juin où, bien
sûr, vous avez invité des personnages de l'étranger qui
vivent un certain nombre d'expériences. Vous avez parlé, en
particulier, de contrats de productivité. Je pense que c'est
l'expérience de Lyon qui est peut-être la plus marquante à
ce chapitre. Est-ce que vous croyez réellement qu'il y a
possibilité ici de faire des contrats de productivité?
M. Rousseau (Jean-Marc); C'est moi qui écope de tous les
problèmes difficiles! Je pense qu'on ne peut pas...
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes en
recherche.
M. Rousseau: Oui, oui, je suis en recherche. À la suite de
ce colloque, la conclusion qu'on a tirée, c'est qu'on ne peut pas
vraiment transcrire une solution provenant d'ailleurs directement dans notre
contexte. Il faut rappeler le contexte de Lyon, les contextes de
productivité, car le transport de Lyon est géré par une
compagnie privée; c'est un organisme privé qui gère le
transport en commun et qui a une prime au rendement, selon un nouveau concept.
On va voir si cela va fonctionner ou non. Ils ont aussi beaucoup de
liberté pour donner à sous-contrat certaines parties de leurs
activités, que ce soit l'entretien de stations ou tout autre entretien.
Donc, ils ont une certaine liberté que, je sais, la STCUM n'a pas en
termes de sous-traitants. Donc, il faut vivre avec les contraintes qu'on a et
je ne pense pas que l'on puisse transposer cette solution directement. Il n'y a
aucune des solutions qu'on a vues qui pouvait être transposée, je
pense, directement.
M. Côté (Charlesbaurg): En parlant de contrat de
productivité et de l'exemple de Lyon, j'ai eu la chance de le voir et
vous avez évoqué que c'était peut-être plus facile
de le faire là-bas parce que c'était une compagnie privée.
Je vais peut-être me permettre une question audacieuse à quelqu'un
qui connaît très bien tout le phénomène du transport
en commun et toutes ses répercussions et dont la vocation est la
recherche. Si le transport était entre les mains de l'entreprise
privée, serait-il plus facile de signer des contrats de
productivité qu'avec la structure que nous avons actuellement?
M. Rousseau: Je veux dire qu'il y a le contexte syndical qui
empêche actuellement de fonctionner ainsi. Vous savez, vous êtes
certainement au courant, il y a toutes sortes d'expériences de
privatisation qui se font dans le monde; entre autres, l'Angleterre va
très loin dans ce domaine-là. Qu'est-ce que cela va donner? Je
pense que cela vaut la peine d'attendre quelques années pour voir ce que
cela donnera de ce côté-là.
M. Côté (Charlesbourg): ...en apprendre un peu, moi
aussi...
M. Rousseau: Non.
M. Côté (Charlesbourg): ...un contexte de
privatisation...
Des voix: Ha! Ha!
M. Rousseau: II y a certainement toujours intérêt
à ce qu'il y ait une certaine compétitivité dans la
production de services. Jusqu'où faut-il aller? Je ne le sais pas. Mais
je pense qu'il serait intéressant que les commissions de transport aient
des marges de manoeuvre peut-être un peu plus grandes, de façon
à faire accomplir à sous-contrat des services; cela pourrait
aider à la productivité certainement.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, Cela va dans le
sens de votre recommandation de la page B où vous parlez d'un budget qui
devrait être mis à ta disposition pour encourager l'esprit
d'initiative, l'audace et ce genre de mesure. Moi qui vous connaîs, de
même que la plupart de vos membres, je sais que vous connaissez
très bien le fonctionnement du ministère des Transports et de ses
budgets. Lorsque vous parlez d'un budget, dans votre esprit, ce serait un
budget de quel ordre qui pourrait satisfaire un certain nombre de besoins sur
ce plan?
M. Laganière: Cela dépend si on pense strictement
en matière de recherche ou de développement de nouvelles
idées ou en matière d'application d'idées originales. Si
on va vers l'application ou la mise en place d'idées originales,
à ce moment-là, on parle de budgets considérablement plus
grands. Mais ce sont des budgets d'opération, qui viennent en partie des
opérations. On n'a pas passé à travers les idées
originales des gens qui sont là, des idées originales qui
viennent de tous les gens qui s'occupent du transport en commun qui sont - je
ne dis pas de prendre toutes les idées farfelues scientifiquement
applicables pour en essayer un certain nombre, du moins, pour voir s'il y a
des... On est très conservateur dans ce domaine et, pour en revenir
également aux relations du travail ou à l'encadrement, si vous
voulez, des sociétés de transport, je crois que, là non
plus, on n'a pas exploré beaucoup de solutions nouvelles et originales
qui pourraient peut-être rassembler les parties ou, au moins, faire un
certain consensus entre les parties qui sont en présence. On n'en a pas
essayé beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Quelques petites
questions ou observations à la lecture du document. J'ai sursauté
un peu au paragraphe du bas de la page 7 et du début de la page 8 qui se
lit comme suit: "Ainsi on demande aux organismes publics de transport de se
comporter comme des entreprises commerciales en haussant, par exemple, les
revenus provenant des usagers, mais on les empêche de mettre en place une
tarification basée sur la distance ou le moment d'utilisation."
Expliquez-moi cela.
Quant à moi, je n'ai pas compris cela dans les programmes du
ministère, je pense que c'est le contraire. La tarification
relève assurément des sociétés.
M. Rousseau: Je veux dire que le "on" ne s'applique pas
nécessairement au ministère, il y a un contexte qui... Les gens
ont l'impression qu'on ne peut pas appliquer une tarification à la
distance, cela a été proposé pour la grande région
de Montréal et cela a été refusé par "on". Le "on"
ne visait pas particulièrement le ministère.
M. Côté (Charlesbourg): En fait, le "on" exclut le
ministère, j'en suis fort heureux.
Des voix: Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg}: J'en suis bien heureux.
À la page 8, il y a un paragraphe... Je pense que vous avez
manqué, hier, notre échange très fructueux avec l'UMQ
où l'on a rétabli un certain nombre de faits quant aux abribus,
quant à la politique du transport pour les subventions aux autobus -
rectifier certains faits, à l'occasion, cela fait toujours un peu de
bien - et à cette démarche toujours supposément
unilatérale du gouvernement. Vous reprenez le paragraphe - j'ai
l'impression que si vous aviez été ici, hier, vous l'auriez
éliminé ce matin, mais il était probablement trop tard -
où il est dit: "Depuis la mise en place en 1980 du premier programme
d'aide, le gouvernement a apporté de multiples changements, sans
nécessairement prévenir les organismes concernés ou les
municipalités responsables". Vous êtes un peu plus nuancés
et un peu plus prudents en disant "sans nécessairement prévenir
les organismes concernés". J'ai eu l'occasion de déposer, hier,
un programme d'aide. En cela, on ne défend pas bien notre gouvernement;
on en a fait seulement un, alors que les treize autres dépendaient du
gouvernement précédent, mais je pense que la justice a droit de
cité, peu importe qui est au gouvernement. Sur quatorze, neuf sont venus
bonifier le programme d'aide. Je suis pas mal convaincu que les
municipalités ne veulent pas nécessairement des consultations
quand c'est pour bonification. Deux sont venus en retrait et trois
étaient plus ou moins neutres.
Alors, il y a effectivement une consultation qui est assez importante,
et j'en ai manqué un petit bout hier. Je l'ai appris seulement
après que l'UMQ soit partie, en plus de la consultation avec l'ATUQ, des
membres de l'ATUQ siègent au conseil d'administration de l'UMQ et ont
participé à ces discussions. Il réapparaissait très
clair qu'il y a eu, très largement, consultation là-dessus. Bien
des fois, ces changements de décrets viennent à la suite de
l'expérience de l'application de certains décrets. Alors, vous
avez été un peu plus prudents, mais c'était seulement pour
corriger cet aspect, pour être bien sûr qu'il ne restait pas de
doute dans l'esprit des gens.
Enfin, vous avez une proposition qui vise à faire participer
davantage les communautés locales aux infrastructures lourdes, à
l'implantation, par exemples, de métros ou, éventuellement, de
tramways. Je vous pose la question directement. Je sais que vous ne voudrez pas
vous en mêler. En tout cas, vous êtes au-dessus de la
mêlée, mais on va vous ramener un peu sur terre. On a vu, ici, la
CUM qui parlait d'extension de métros souterrains,
éventuellement. On a vu des villes venir réclamer, effectivement,
le métro et il y a dans l'air toute une série de choses: le
métro souterrain qui coûte, selon les difficultés, 50 000
000 $ le kilomètre et le tramway moderne, non pas le tramway des
années de guerre.
D'après vous, à partir du moment où on aura
réglé tous nos problèmes, où notre ministère
sera bien intégré et où il pensera globalement à
l'aménagement, une fois qu'on aura réglé tout cela, dans
l'expansion de l'offre de services à la communauté, est-ce qu'on
devrait opter davantage pour le métro ou le tramway, ou d'autres
moyens?
M. Laganière: Essentiellement, dans notre mémoire,
on dit que toute nouvelle infrastructure de transport ne peut, selon nous,
être décidée sans que cela ne soit impliqué dans un
plan global d'aménagement du territoire, en premier lieu, et de
transport des personnes, en second lieu, et vous arrivez au transport urbain en
troisième lieu. Alors, si - je pense que cela n'existe pas actuellement
- on n'a pas un plan d'aménagement d'ensemble du territoire, qui va
nécessairement amener des décisions politiques, pour savoir si on
va vers la concentration de la population à quelque part ou si on va
favoriser les banlieues qui sont sur la rive sud ou à Laval, tant qu'on
n'aura pas cela, je ne peux pas répondre à une telle question.
C'est ce qu'on dit essentiellement dans notre mémoire: On ne veut pas
répondre à ces questions. Et, lorsque vous allez poser ces
questions aux professionnels et aux techniciens du transport, ils vont vouloir
avoir la réponse avant de la donner. Ils vont dire: Quelle est la
réponse que vous voulez? On va vous prouver que c'est la bonne. Je pense
que ces gens sont capables de le faire. Si on n'a pas ça, on va vous
donner la réponse voulue, on va vous la commenter, mais elle ne
s'intégrera jamais dans le territoire comme tel. Je pense que c'est vrai
dans une petite localité. C'est vrai dans les campagnes et ce devrait
être vrai également dans les grandes villes. (15 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Une
dernière question, parce que je sais que le
temps nous presse. À votre colloque...
M. Garon: On n'est pas pressé. La semaine prochaine, si
vous voulez.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Côté (Charlesbourg): Quand je disais que le temps
presse, je parlais des décisions.
M. Garon: À tout Seigneur, tout honneur.
M. Côté (Charlesbourg): Lors de votre colloque du 18
juin, est-ce que la question du versement-transport a été
étudiée et quels en sont les éléments applicables
chez nous?
M. Rousseau: La question du versement-transport n'était
présente que dans la présentation de Lyon qui était
à ce niveau-là. Les autres municipalités présentes
utilisaient d'autres sources de revenus qui étaient quand même
relativement marginales en termes d'utilisation ou de "joint venture" avec
l'entreprise privée. Elles envisageaient des constructions de buildings
où il y aurait un droit aérien permanent sur les stations de
métro qui était versé aux municipalités et des
choses de cette nature-là. Comme association, par notre position dans le
mémoire, on privilégie beaucoup plus l'imposition qui favorise
les transferts modaux que d'imposer des taxes sur les salaires ou les droits de
transport des entreprises.
Il faut dire cependant que, lorsqu'on organise cela en France, il y a
une double composante, si je ne me trompe pas. En versant le droit de
transport, l'entreprise a également le droit d'organiser son propre
transport et de le déduire de son versement-transport. Je sais que, sur
l'île de Montréal, il y avait l'habitude d'avoir des services de
transport privé. Entre autres, Air Canada avait un service de transport
privé, pour sa base, qui ramassait, dans certains coins de la ville, ses
gens et cela a été aboli à la suite de
l'exclusivité des services que l'on a voulu donner à la STCUM.
Peut-être qu'on devrait permettre à des organismes situés
en banlieue d'organiser leur propre transport et de le faire payer à
leurs gens, sans que cela n'entre en compétition avec des droits
exclusifs de la STCUM. Je ne pense pas que l'on puisse appliquer cela
facilement. Politiquement, ce sera assez difficile aussi et il faut chercher
d'autres moyens.
M. Côté (Charlesbourg): Politiquement, c'est facile,
pour certains paliers qui recommandent à d'autres paliers politiques de
décider. Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'écoutais le ministre
dire que c'est le temps des décisions, décisions qui doivent
apporter des solutions. Pour l'Opposition, il s'agit de voir les
problèmes dans les solutions. Mais je vous dirai que, dans votre
mémoire, ce que vous avez dit est fondamental. Cela a l'air
général comme principe, mais c'est cela. À mon avis, le
paragraphe le plus important, c'est la fin de la page 3 où vous dites:
"II sera intéressant de savoir si le gouvernement prendra ses
décisions dans le but de densifier davantage le centre-ville de
Montréal, de développer la rive sud immédiate, la ville de
Laval ou les villes de la banlieue de la Communauté urbaine de
Montréal. Il est facile d'imaginer que ce ne sont pas les
municipalités elles-mêmes qui fourniront une réponse
à cette question".
Je me souviens d'un ancien maire qui me disait récemment que les
maires des municipalités voient toujours un potentiel incroyable dans
leurs municipalités et que, si on additionnait ces potentiels,
sûrement, en l'an 2025 au Québec, on serait à peu
près 150 000 000, on serait couverts, bord en bord, de parcs industriels
et on manquerait de place pour l'asphalte. Quelqu'un a dit aussi qu'il ne
faudrait pas mettre la charrue devant les boeufs parce qu'on n'a pas encore
trouvé de boeufs qui poussent la charrue.
Ici, je n'ai vu à aucun moment, parce qu'on parle de transport en
commun, la philosophie du gouvernement au point de vue de l'aménagement
du territoire. Je sais que, dans les milieux ruraux, actuellement, les MRC
établissent leurs plans d'aménagement, ce qu'elles veulent faire,
comment les choses vont s'ajuster, et ce sont justement des choix politiques,
vous avez raison, et, en fonction de ces choix politiques, il y a des choses
qui s'embranchent. Je vois actuellement un ensemble de ponts, un ensemble de
routes, un ensemble de trains, un ensemble d'autobus. Cela me fait penser
à quelqu'un, l'autre jour, qui embarque dans une automobile avec
quelqu'un qui part bien vite et, à un moment donné, se revire de
bord et dit: Où est-ce qu'on va? Cela a l'air d'aller pas mal vite pour
un gars qui ne sait pas où il va. Je me demande quelle est la
philosophie du gouvernement.
Maintenant, comme vous êtes des gens qui travaillez dans ce
secteur, j'aimerais savoir, si vous aviez à répondre au
paragraphe, en bas de la page 3, quel serait, à votre avis, l'analyse
que vous feriez dans ces choix-là, tout en gardant à l'esprit que
tous nos démographes à peu près nous disent actuellement
que la population du Québec, en étant même très
optimiste, sera à peu près de 7 000 000 en l'an 2000,
peut-être 7 200 000, 6 800 000. Je pense bien que, dans l'affectation du
transport en commun,
200 000 de plus ou de moins, dans l'ensemble du territoire
québécois, cela n'influencera pas beaucoup le nombre des autobus.
J'aimerais le savoir, en gardant à l'esprit qu'on est 7 000 000. On est
6 700 000 actuellement? On sera à peu près 7 000 000 en l'an
2000. Le ministre veut trouver des solutions pour les 10 à 20 prochaines
années. Pour les 20, il est téméraire, à mon avis.
Mais disons pour les 10 années qui s'en viennent. Qu'est-ce qui devrait
être privilégié dans une telle perspective? Vous êtes
des professionnels, vous travaillez dans ce domaine. Vous avez écrit au
début: "...regroupe des professionnels et des organismes
impliqués dans le transport des marchandises et des personnes, dans le
transport routier et le transport en commun". À votre avis, qu'est-ce
qui devrait être privilégié dans le paragraphe 3? Quelle
est l'orientation que devrait prendre le gouvernement dans l'aménagement
du territoire, en tenant compte de ce qui est prévisible au point de vue
démographique d'ici à l'an 2000: le vieillissement de la
population, etc.? C'est très important parce qu'il y en a qui sont venus
aussi qui ont dit, par exemple, hier: Vous savez, ce serait intéressant
de faire comme à Toronto, pousser un train 15 milles dans le champ et
dire: On va vous remplir ce champ, ce ne sera pas long. Si on est 7 000 000, il
va falloir enlever des fondations et faire des champs ailleurs. Si on reste le
même nombre de personnes à se déplacer, qu'anticipez-vous
à ce point de vue, quel devrait être le choix du gouvernement?
M. Laganière: D'accord. C'est une bonne question à
laquelle tous les politiciens auront à répondre. Mais je pense
qu'on peut quand même en faire une analyse un peu technico-scientifique
pour dire qu'actuellement, et cela, les schémas d'aménagement et
les plans d'urbanisme vont le faire pareil, on change d'époque. On
était à l'époque industrielle, maintenant, on appelle cela
l'époque du modernisme. Il y a des gens de l'aménagement
maintenant et des "designers" qui appellent cela le postmodernisme. On va
entrer dans cette nouvelle ère avec des valeurs qui sont nouvelles et
avec des objectifs qui sont différents pour les gens. Les gens, dans 5
ans et dans 10 ans, ne vivront certainement pas comme ceux qui ont vécu
il y a 10 ou 15 ans. Cela fera 25 ans. Ils n'auront pas les mêmes
préoccupations ni les mêmes besoins. Non pas en termes de besoins
vitaux, mais en termes de besoins que la société va leur offrir.
Parce que maintenant, on offre des besoins, comme on parle de besoin du
transport alors qu'on offre un besoin de transport urbain pour certaines
personnes.
Je pense que ces choix, ces directives seront des choix politiques
nécessairement; c'est le cas des schémas d'aménagement des
MRC, c'est le cas des plans d'urbanisme de toutes les municipalités, si
petites soient-elles, au Québec et sera le cas pour la région de
Montréal. Si cela ne vient pas d'un consensus qui dirigera ce
développement du territoire vers une plus grande concentration du
centre-ville, vers la rive sud ou ailleurs, cela se fera par le biais de
l'offre et la demande. La demande sera ce que les gens veulent. Si ces gens
veulent de la banlieue, veulent un terrain, des oiseaux et des arbres, il n'y
en aura pas beaucoup au centre-ville de Montréal. Mais si, par exemple,
comme on voit démographiquement ce qui se passe, les personnes plus
âgées reviennent vers le centre-ville, alors que les personnes
plus jeunes veulent avoir une maison - c'est une espèce d'objectif pour
tout bon travailleur de la région de Montréal que d'avoir une
maison de banlieue - à ce moment-là, il va falloir regarder quels
sont les impacts sur le transport, parce qu'on ne transporte pas les gens pour
faire du transport, on a peut-être déjà fait cela, mais on
transporte pour répondre à des besoins des citoyens, à des
besoins de communication, des besoins d'échanges entre les personnes ou
à des besoins pour relier des distances.
Alors, cette réponse va venir. Si elle ne vient pas d'une
orientation politique, elle va venir d'une orientation sociale. Cela va
peut-être se rejoindre à un moment donné parce que les gens
vont mettre en place les politiciens qui vont répondre à leurs
attentes. Mais, aujourd'hui, je ne pense pas que les quatre personnes qui sont
ici vont vous dire: Mettons des autobus dans le centre-ville de Montréal
seulement pour densifier le territoire.
M. Rousseau: J'aurais peut-être un commentaire à
ajouter. Les tendances lourdes qu'on retrouve dans le document du
ministère, on les a retrouvées aussi au colloque dans la
présentation des quatre ou cinq grandes villes. Ce qui se passe partout
dans le monde, c'est que les centres d'emploi continuent à se
développer rapidement dans les centres-villes; la population qui vit
dans les alentours des centres-villes tend à diminuer et à
vieillir; les populations actives tendent à s'éloigner des
centres-villes. C'est ce que l'on vit dans la région de Montréal,
de toute façon. Cette tendance, on l'observe partout dans le monde. On
peut décider d'être superman et essayer de la combattre ou dire:
Bien, il faut vivre avec cela. Je pense qu'il faut vivre avec cela. On aura
beau essayer de densifier le centre-ville de Montréal, de rendre
difficile l'accès au centre-ville de Montréal en ne construisant
pas de ponts ni d'infrastructures routières, qu'est-ce que cela va
faire? Cela va faire monter le prix des maisons sur l'île de
Montréal, cela va encourager les jeunes à
aller plus loin- Je veux dire qu'on a une mécanique qui fait que
les jeunes qui vont s'établir vont le faire Loin parce que ce sont les
seules maisons qu'ils sont capables de se payer. Cela a comme tendance que,
peut-être, il faut développer... Montréal, c'est
particulier parce qu'on est sur une île, de telle sorte que le bout de
l'île est beaucoup plus loin du centre-ville que certaines des
municipalités qui n'y sont pas rattachées, dont la rive sud,
entre autres. La rive sud est à côté du centre-ville, mais
elle est complètement indépendante.
Dans ce contexte, il faut peut-être envisager la création
de centres d'emploi dans les banlieues. Et une façon d'encourager la
création de centres d'emploi, c'est par des infrastructures de
transport. Ce sont des voies que je ne suggère pas
nécessairement, mais ce sont des voies qu'il faut certainement
envisager. Toronto a décidé de développer d'autres centres
d'emploi que son centre-ville parce qu'il était trop congestionné
en termes de centres d'emploi. Cette ville a bâti une infrastructure de
transport dans l'objectif de développer d'autres endroits où il y
aurait des activités économiques. Il faut regarder un peu ce qui
se passe autour du métro de Longueuil. Il y a des champignons de
résidences et de centres d'emplois qui ont poussé. Toronto a
noté que, dans les cinq ou dix dernières années, 90 % de
ses édifices à bureaux nouvellement construits et 50 % des
édifices à appartements importants avaient été
construits à l'intérieur d'une distance de cinq minutes de marche
d'une station de métro. Donc, l'infrastructure de transport est un
élément important pour orienter le développement d'un
territoire.
M. Garon: II faut observer quand même qu'au Québec
le vieillissement de la population va se faire plus rapidement qu'en Ontario et
que le plus haut taux de natalité du Québec a été,
en 1959, je pense, de 149 000 naissances. Je ne sais pas si c'est parce que les
libéraux ont pris le pouvoir en 1960, mais rapidement après cela
le taux de naissance a baissé pour atteindre un seuil d'à peu
près 90 000 et puis il s'est tenu là. De telle sorte que les gens
qui sont venus au monde à la fin des années cinquante et au
début des années soixante, dans le temps des forts taux de
natalité, approchent de la trentaine. J'aimerais voir combien de temps
cela va durer, l'établissement de jeunes qui se construisent des maisons
neuves. Là, le pourcentage de gens de plus de 65 ans va doubler au
lieu... Il va passer autour de 20 % à 25 %. Habituellement, les
personnes âgées ne s'éparpillent pas, elles se
densifient.
M. Rousseau: Elles consomment moins de transport. (16 heures)
M. Garon: Elles consomment moins de transport. Je pense que l'une
des grandes questions est: Où ces personnes âgées, dans la
région de Montréal, vont aller habiter? Je ne le sais pas.
Remarquez que, la semaine dernière, lorsqu'on parlait des condos, les
gens disaient que, dans le centre-ville, le prix du terrain était
très cher, alors que j'observe qu'à Québec c'est le
contraire qui se passe. On voit qu'actuellement il y a beaucoup de logements de
personnes âgées en plein milieu de la ville. Je ne suis pas
convaincu que les modèles des sociologues urbains se sont produits, mais
actuellement le vieillissement de la population n'est pas le même d'une
ville à l'autre. Qu'est-ce qui va se produire ici? Quelle va être
la densité aussi? Parce que des personnes plus âgées ne
cherchent pas à faire la pelouse. Cela amène une densification du
logement. C'est pour cela, qu'on soit d'accord ou non, qu'il faudrait que le
gouvernement indique ses choix. Je pense que c'est dans ce sens-là que
les décisions qui seront prises vont amener des choix, vont avoir des
conséquences en termes de localisation de la population, en termes de
déplacement de la population et il y a aussi des coûts sociaux. Je
ne sais pas si... Le ministre n'a pas parlé beaucoup là-dessus.
Est-ce qu'il n'en pense pas moins? On n'a aucun indice à cet effet parce
qu'il est très discret sur ce plan.
Une autre question: quel mécanisme... Tout le monde parle de la
concertation, c'est beau à entendre parce qu'on s'est tellement fait
critiquer durant les dernières années sur la concertation, on
voulait tout concerter, là on se rend compte que c'est une idée
qui a l'air de s'être implantée. Quel serait, selon vous, le
mécanisme de concertation permettant de répondre aux besoins de
coordination des services de transport à Montréal? Les
municipalités ont parlé de maintenir leur autonomie, que ce soit
des genres de comités consultatifs en groupant plusieurs, mais en
gardant leur autonomie décisionnelle. Comment voyez-vous ce
mécanisme de concertation?
M. Rousseau: Je vais essayer d'y répondre. Cela ne doit
pas être facile, parce qu'on ne l'a pas trouvé.
M. Garon: Pardon?
M. Rousseau: Cela ne doit pas être facile à trouver
parce qu'on ne l'a pas encore trouvé depuis plusieurs années,
même si je pense que, depuis quelques jours, beaucoup de gens se disent
d'accord avec cet énoncé d'un mécanisme de concertation.
Plusieurs ont appelé cela un organisme de concertation, on a
plutôt préféré le mot "mécanisme" parce que,
d'après nous, cela a plus de mobilité. Cela peut prendre
plusieurs formes. Cependant, je pense que, nécessaire-
ment, il faut que ce soit composé d'hommes politiques parce que
les décisions sont politiques. Je comprends un peu votre
appréhension; lorsqu'on met ensemble le nombre d'hommes politiques, de
dirigeants de la grande région de Montréal, cela doit faire
autant que l'Assemblée nationale. Cela doit être plus difficile
pour la concertation, sauf qu'il y a actuellement assez de gens qui se disent
pour cette vertu. Avec un certain encadrement que j'ai appelé
"original", cela pourrait être efficace. On a dit cela ces
dernières années, par exemple, dans les municipalités
où les MRC se sont formées. Cela a chahuté dans plusieurs
MRC, il faut le dire, mais dans la majorité des cas il y a eu des tables
de concertation qui ont très bien marché. D'après nous,
les gens de la région de Montréal devraient être capables
de faire la même chose puisqu'ils le font déjà à
d'autres niveaux, ils sont certainement capables de se faire des tables
régionales, des tables restreintes et des tables regroupées s'il
le faut. Mais on n'a pas de réponse magique quant à la
procédure comme telle ou au mécanisme précisément
ou à l'institution qu'il faut mettre en place.
M. Garon: Pourriez-vous parler davantage de la notion d'entente
formelle entre les partenaires dans le financement du transport en commun et
expliciter au sujet du cas de Hambourg en Allemagne? On a beaucoup entendu
parler de la région parisienne, là on entend parler de Lyon, on a
entendu parler de Moscou ce matin, on entend parler de Toronto. On voit que
dans le domaine du transport les gens s'en servent. Ils voyagent beaucoup.
Maintenant, je ne connais pas le cas de Hambourg. Alors, je voudrais
savoir quelle est votre expérience de Hambourg. Je sais que Hambourg est
célèbre pour ses vitrines, mais je n'y suis jamais allé.
Alors, je ne pourrais pas vous en parler non plus. J'aimerais savoir, dans le
cas du transport, en quoi le cas de Hambourg est particulier.
M. Rousseau: Le cas de Hambourg est assez original, parce que ce sont
les transporteurs eux-mêmes qui ont mis sur pied un organisme de
planification régionale. Cela a été une association
volontaire des transporteurs composée des transporteurs privés et
des transporteurs publics. Disons que ça a peut-être
été volontaire. Peut-être qu'il y a eu une incitation
gouvernementale, à un moment donné, disant: Si vous voulez un
métro, parlez-vous entre vous et, quand vous serez prêts, vous
viendrez nous voir. Cela a peut-être marché comme ça. Mais,
actuellement, ça fonctionne de façon volontaire et c'est
l'organisme de planification central qui achète des services de
transport des différents transporteurs. Donc, il dit: Je veux un
service. Il définit la ligne et il demande à une des compagnies
qui est sur ce territoire: Je veux que vous offriez un service aux dix minutes
ou aux vingt minutes sur cette ligne-là. Cet organisme perçoit
tous les revenus de toute la région, il distribue et il achète
des services aux différents transporteurs pour avoir une organisation
efficace. C'est la façon dont ça fonctionne à
Hambourg.
M. Garon: Mais quel est cet organisme? Comment est composé
cet organisme central?
M. Rousseau: C'est un organisme qui a été
formé par les transporteurs eux-mêmes, qui est une association,
une corporation, mais selon les lois allemandes. Donc, c'est une solution assez
originale. Je ne pense pas qu'elle puisse nécessairement s'appliquer
ici, mais c'est une solution qu'on a trouvée très originale dans
le contexte, parce qu'habituellement ce genre de concertation est toujours
très forcé.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie. Le mot de
la fin, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
remarqué que c'est le député de Jonquière qui a
soufflé à son collègue de Lévis "les vitrines de
Hambourg"! On s'en permet à tout âge!
M. Dufour: Je n'ai jamais mis les pieds là.
M. Côté (Charlesbourg): D'après ce que j'ai
compris par l'explication qu'il nous a fournie par la suite, on peut au moins
dire que Hambourg a une vitrine sur le transport et que cela a son
intérêt sur plusieurs facettes!
En termes de conclusion, puisqu'on a abordé quand même des
thèmes de fond extrêmement importants... On a beaucoup
parlé d'aménagement; sans avoir cette vision
d'aménagement, alors, il est difficile de planifier le transport. Il y a
un petit élément qu'on n'a pas dit, mais qu'il est
peut-être bon de répéter pour la bonne compréhension
de tout le monde, c'est que les schémas d'aménagement
relèvent des autorités locales. Bien sûr, ils sont soumis
pour approbation à la partie gouvernementale avec tout un
mécanisme qui a été mis en place à l'époque.
Dans le cas de la Communauté urbaine de Montréal, le
schéma d'aménagement n'est pas encore adopté. C'est donc
une pièce qui manque au casse-tête. Nous en sommes à
l'étape des avis le 27 et cela devrait procéder très
prochainement. Donc, je pense qu'on a quand même un "timing", si vous me
passez l'expression, qui est de
nature à favoriser les décisions prochaines.
J'écoutais le député de Lévis dire
tantôt: de la concertation nous autres, on nous a reproché de trop
en faire et, finalement, aujourd'hui, on en redemande. Mais il faut que la
concertation - c'est bien clair, à la fois dans votre temps comme dans
le nôtre - mène à des décisions. C'est davantage
là qu'il faut tirer les conclusions.
En plus, notre volonté a été très clairement
exprimée: il faut mettre autour d'une table tout ce grand monde qui
s'occupe de transport, pour qu'il y ait une cohésion, un allumage, une
interface pour une plus grande vision, parce que ce que tout le monde vise,
c'est la même chose. Des solutions miracles, il n'y en a pas. Mais
ça va prendre de la bonne volonté, de l'audace, de l'esprit
d'initiave et des contrats de productivité pour y arriver selon les
moyens qu'on peut se payer maintenant. Merci bien.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, le mot de la fin.
M. Garon: M. le Président, je constate que le ministre a
dit qu'il prendrait des décisions de bonne heure cet automne, mais que
le plan d'aménagement de Montréal n'est pas encore
adopté.
M. Côté (Charlesbourg): II y a une distinction.
Depuis le début, j'ai toujours eu le même discours: des
décisions cet automne quant au budget d'exploitation, des
décisions en 1988 quant aux infrastructures. C'est le même
discours que je tiens depuis le début.
M. Garon: En attendant le plan d'aménagement de
Montréal. Alors, je suis content que votre mémoire ait
suscité cette précision du ministre, puisque maintenant on sent
qu'il veut s'ajuster par rapport au plan d'aménagement parce que votre
mémoire précise cela. Cela n'a pas été
précisé beaucoup, mais tout le monde a demandé une
planification régionale au point de vue des transports. C'est
évident qu'à ce moment-là, si la Communauté urbaine
a son plan, d'autres ont leur plan aussi et ne font pas partie de la
Communauté urbaine mais font partie de la grande région de
Montréal. Cela veut dire que des choix doivent être faits au fond
pour que tout cela soit cohérent et non que chacun tire sur la couverte
pour l'étirer le plus possible de son côté.
Votre association est formée de conseillers qui ont un grand
rôle à jouer au point de vue de conseiller les organismes
municipaux. Si tous les professionnels qui travaillent dans le domaine des
transports sont respectueux des aménagements qui sont souhaités
par les populations, après qu'une coordination aura été
faite, il devrait normalement ne pas y avoir trop de problème, à
la condition que les gens qui conseillent les municipalités pensent la
même chose une fois qu'ils redeviennent individus et qu'ils ne
recommencent pas à dire: II faudrait que l'on développe au
détriment des autres. Alors, c'est un peu ce qui est fondamental. Vous
l'avez abordé dans votre mémoire. Je vous remercie d'être
venus et de l'avoir souligné.
M. Laganière: Je vous remercie, M. le Président. Je
remercie la commission de nous avoir reçus aujourd'hui. Nous demeurons
disponibles à tous les intervenants du transport, parce que l'on
regroupe la plupart des professionnels et des techniciens qui travaillent dans
le domaine du transport au Québec, pour continuer à travailler
avec eux.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de votre
contribution à nos travaux. J'invite maintenant le Comité des
usagers du train MontréalSaint-Hilaire à prendre place
à la table de nos invités.
Comité des usagers du train "'
MontréalSaint-Hilaire
Bienvenue! Je vous demande de vous présenter et de faire la
présentation de votre mémoire, s'il vous plaît!
M. David (Roland): M. le Président, membres de la
commission, mon nom est Roland David et je représente les usagers du
train MontréalSaint-Hilaire. J'ai demandé à M. Guy
Chartrand de m'accompagner ici à titre de conseiller technique, en
l'absence de M. Schwerdel. M. Hans Schwerdel a dû s'absenter hier en
raison d'un voyage d'affaires à l'extérieur du pays.
J'habite Saint-Hilaire depuis onze ans. J'ai choisi d'utiliser le train
pour me rendre à mon travail à Montréal et c'est
intéressant de noter que le train est un moyen de transport fiable, en
comparaison avec d'autres moyens de transport, dans le sens que, depuis
quatorze ans, il y a eu une seule grève.
Le Comité des usagers du train Montréal-Saint-Hilaire a
été formé en octobre 1983 lors d'une assemblée des
usagers convoquée par Transport 2000 à la suite de l'abandon du
train Montréal-Sherbrooke qui desservait en partie les gares de banlieue
de la rive sud. Ce train effectuait des arrêts aux gares de
Saint-Lambert, Saint-Bruno, Beloeil et Otterburn Park. Depuis lors, le
comité a travaillé à promouvoir le maintien du seul train
de banlieue encore en service sur la rive sud. En 1983, plus de 600 usagers
voyageaient par le train de banlieue qui était composé alors de
sept voitures. Aujourd'hui, à la suite des hausses importantes de tarifs
en septembre 1985 et février 1987, accompagnées d'une
diminution des gares, il reste à peine 275 voyageurs
transportés dans seulement trois voitures. C'est la situation actuelle.
(16 h 15)
Le train de banlieue, Montréal-Saint-Hilaire représente le
cas le plus flagrant de manque de coordination et de coopération entre
les différents paliers gouvernementaux, les sociétés de
transport en commun, le Canadien National et, finalement, les décideurs
politiques. Comme vous le remarquerez dans la correspondance ci-jointe,
personne n'a semblé vouloir prendre le leadership du dossier. On se
renvoie la balle. Contrairement à ce qui est indiqué en page 4 du
document de consultation, il n'y a pas eu, et je crois qu'il n'y en a pas
présentement, de négociations avec le CN concernant la ligne
MontréalSaint-Hilaire. Pourtant, l'entente
provinciale-fédérale d'avril 1981 sur la modernisation des trains
de banlieue prévoyait la somme de 17 500 000 $ pour la modernisation de
la ligne MontréalSaint-Hilaire. Six ans plus tard, on apprend que
ces fonds seront réaffectés dans la construction d'autoroutes,
Pour nous, c'est fort décevant.
De son côté, le Canadien National a augmenté les
tarifs au point où la carte mensuelle coûte maintenant 94 $ et le
billet simple un minimum de 4 $, quelle que soit la distance parcourue, tout
cela dans le but de limiter le déficit absorbé par le CN à
1 500 000 $ annuellement. En réalité, rien n'est fait pour
encourager, bien au contraire, l'utilisation du service. Le Canadien National a
l'intention de l'abandonner à très court terme; c'est ce qu'on
nous dit. Il est devenu évident que le service sera abandonné
d'ici à la fin de 1987, à moins que des négociations
sérieuses ne soient entamées immédiatement pour le
maintenir.
Depuis 1983, notre comité tente de susciter
l'intérêt des divers niveaux de gouvernement face aux
problèmes de transport dans le corridor Montréal-Saint-Hilaire.
Nous avons tenu des réunions d'information et nous avons
rencontré les responsables politiques. Une pétition de 2000
signatures a été acheminée aux autorités et des
feuillets ont été distribués à bord du train.
De son côté, le gouvernement du Québec adoptait en
décembre 1983 la loi 46, Loi sur les conseils intermunicipaux de
transport dans la région de Montréal, qui fut à l'origine
du Conseil intermunicipal de transport de la Vallée du Richelieu
formé des municipalités comprises à l'intérieur du
corridor emprunté par le train. Cependant, les municipalités de
Saint-Lambert et de Saint-Hubert, elles aussi desservies par le train,
n'étaient pas incluses dans le CIT de la Vallée du Richelieu,
faisant, elles, partie du territoire juridique de la STRSM. On se retrouve donc
sans porte-parole unique et sans volonté commune au niveau
municipal.
Entre-temps, de nombreuses études, notamment celle du COTREM et
de la firme Transurb, semblaient favoriser la ligne ferroviaire comme
étant une partie de réponse aux problèmes de transport
entre la rive sud et Montréal. Les résultats de ces études
nous apprenaient qu'il était possible de transporter jusqu'à 6000
usagers par jour dans chaque direction avec une fréquence de six trains
aux heures de pointe, à condition que les tarifs et les services
d'autobus soient intégrés et que des stationnements incitatifs
soient aménagés. Malgré toutes ces études
préconisant la modernisation et l'intégration de ce service,
aucune négociation n'a été entreprise avec le Canadien
National.
Pendant ce temps, le problème de la congestion automobile sur les
ponts de la rive sud a pris de l'ampleur au point où certains ont
lancé l'idée assez irréaliste de construire un pont
additionnel vers Montréal. De plus, l'accès aux autobus de la
STRSM a été interdit sur le pont Victoria, ce qui ne va pas sans
causer des contraintes aux usagers de la STRSM en provenance de Saint-Lambert
et de Greenfield Park.
En somme, après tant d'années de tergiversations, nous
demandons au gouvernement du Québec d'entreprendre immédiatement
des négociations avec le Canadien National afin de sauver et
d'améliorer notre service. Nous ne pouvons plus nous permettre
d'attendre que tous les intervenants se mettent d'accord, étant
donné qu'il n'y a pas de voix commune au niveau municipal sur la rive
sud. Nous insistons sur le fait que tous, y compris les municipalités,
devraient comprendre qu'investir dans une infrastructure de transport de masse,
comme celle du train de banlieue de la rive sud, serait un atout pour tout le
monde. Le train de banlieue deviendrait une alternative alléchante aux
éternels embouteillages de la circulation automobile sur les ponts
enjambant le Saint-Laurent.
En conclusion, j'aimerais souligner deux points: Nous
considérons, nous, les usagers de Saint-Hilaire-Montréal, que le
moyen de transport intermunicipal le plus efficace, c'est le train. Cela est
reconnu dans la plupart des grandes villes, sauf qu'ici, à
Saint-Hilaire, on pense à l'abolir.
Deuxième point, peut-être le point le plus grave dans le
dossier, c'est celui de l'ordre organisationnel. Le comité du train de
Saint-Hilaire pensait, lorsque les CIT ont été mis sur pied,
qu'on avait la réponse à nos problèmes, qu'on pouvait
s'adresser à ces gens-là et faire avancer le dossier. On s'est
aperçu assez vite que le CIT n'était pas l'outil efficace et
n'avait pas les moyens de faire avancer ce dossier. Nous considérons que
seul le gouvernement du Québec peut et doit le faire. Merci.
Le Président (M. Rochefort): Merci, monsieur. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: Je tiens à vous remercier, M. David, d'avoir
comparu devant la commission parlementaire sur l'étude des
infrastructures en matière de transport, peut-être pourrions-nous
passer immédiatement à la période de questions. Vous avez
275 voyageurs qui empruntent la ligne entre Saint-Hilaire et Montréal. Y
en a-t-il plusieurs qui sont détenteurs de passes, par exemple, du CN,
c'est-à-dire qui ne sont pas des passagers aussi payants que les
passagers ordinaires, comme vous ou d'autres?
M. David: II y en a, mais je ne sais pas combien.
M. Chagnon: J'ai entendu dire que le nombre dépassait la
centaine. Est-ce que cela se peut?
M. David: II faudrait probablement s'adresser au CN.
M. Chagnon: Bien, ce sont les gens du CN qui me disaient
cela.
M. David: Ah bon!
M. Chagnon: Entre autres, le CN m'a dit cela. Le nombre
d'utilisateurs payant pleine part n'était plus véritablement de
275, mais pouvait descendre à 150. Enfin... Y a-t-il des services
d'autobus entre Saint-Hilaire et le métro de Longueuil, par exemple?
M. David: Oui, il y a un service. Il existe un service d'autobus
entre Saint-Hilaire et le métro de Longueuil et entre Saint-Hilaire et
le centre-ville aux heures de pointe.
M. Chagnon: Voilà! Est-il plus utilisé que le
service ferroviaire?
M. David: Je dirais que oui, en considérant qu'il n'y a
que 275 personnes, mais ce que je constate aussi... Je ne sais pas combien
coûte la passe mensuelle pour l'autobus, mais, pour le train, c'est 94 $.
Je crois que, dans le West Island, c'est environ 30 $, un service
intégré: train, autobus, métro.
M. Chagnon: Peut-on présumer que c'est moins dispendieux
en autobus, que le service d'autobus entre Saint-Hilaire et le centre-ville est
moins dispendieux?
M. David: On ne peut pas comparer un service existant qui est
boiteux, qui est dépassé, qui ne répond pas aux besoins de
la population. C'est sûr que, per capita, c'est très dispendieux
présentement. Ce qu'il faudrait, ce serait mettre sur pied un service
tel que proposé par le COTREM ou d'autres experts.
M. Chagnon: Les villes participent-elles au financement des
autobus entre Saint-Hilaire et le centre-ville de Montréal?
M. David: Je n'ai pas d'information sur le financement de ces
services comme usager. Je présume que les municipalités
participent au financement de quelque façon, mais dans quelle
proportion, je ne le sais pas. Encore là, j'ai une opinion personnelle
sur le financement. Je crois que, lorsqu'il s'agit de transport intermunicipal,
la grosse partie du financement devrait venir du gouvernement provincial.
M. Chagnon: Ah oui?
M. David: Oui. Il s'agit là, remarquez bien,
d'intermunicipal; ce n'est pas à l'intérieur du territoire de la
municipalité, mais d'une municipalité à l'autre.
M. Chagnon: Est-ce que votre association a obtenu, de la part des
municipalités, l'assurance qu'elles seraient prêtes à
financer une partie du déficit d'exploitation d'un système
ferroviaire si elles participent déjà - vous ne le savez pas,
vous nous l'avez dit - au financement d'un déficit d'exploitation
possible dans le service d'autobus?
M. David: M. Chartrand, il y a eu des résolutions, je
crois, du conseil de...
M. Chagnon: ...de Beloeil. Après Beloeil, on parle de
Saint-Bruno, de MacMasterville, d'Otterburn Park, de Saint-Hilaire et de
Saint-Lambert, même s'il n'est pas membre de la CIT. Il y a quand
même cent personnes de Saint-Lambert qui traversent le pont par le train.
Il ne restera plus de monde après.
M. Chartrand (Guy): M. le Président, en complément
de réponse, j'aimerais soulever un point là-dessus. En effet,
j'ai reçu le rapport annuel de l'an dernier du CIT de la Vallée
du Richelieu et, en gros, les coûts d'opération sont d'environ 1
700 000 $, les usagers payant à peu près 70 %, 75 % des
coûts, le gouvernement et les municipalités le reste. Je pense que
c'est 15 % pour le gouvernement et 10 % pour les municipalités, quelque
chose du genre.
Donc, les usagers paient la plus grande partie des coûts, les
trois quarts, et le reste est divisé entre les municipalités et
le gouvernement. Effectivement, oui, le gouvernement paie le CIT, les
municipalités paient le CIT aussi, mais la grande majorité des
coûts est défrayée par les usagers.
Deuxièmement, vous avez, attachée à ce
mémoire, en effet, une résolution de la ville de Beloeil.
Cependant, c'est un exemple et j'ai avec moi les résolutions des autres
municipalités qui, à la demande du gouvernement du Québec,
à l'époque... Remarquez bien que ce fameux dossier a
changé de côté comme les vents un peu. Et ce qui arrive,
c'est qu'en 1984 le gouvernement du Québec a demandé aux
municipalités si elles élaient intéressées à
payer une partie des coûts d'exploitation et il a même
demandé aux municipalités d'adopter des résolutions
à cet effet. Vous en avez une qui est attachée au mémoire
et c'est un exemple parce que ce sont toutes les municipalités de la
Vallée du Richelieu, du moins. Je ne parlerai pas de Saint-Lambert ni de
Saint-Hubert, mats de Saint-Bruno, en allant jusqu'à Saint-Hilaire.
Elles ont adopté ce genre de résolutions-là. Maintenant,
après cela, il n'est rien arrivé; c'est ça qui est le
problème.
M. Chagnon: Est-ce que vous avez dit que les municipalités
participaient déjà au déficit d'exploitation?
M. Chartrand: De l'autobus, pas du train.
M. Chagnon: Pas du train?
M. Chartrand: Non, non, on parle de l'autobus là.
M. Chagnon: D'accord, pas du train, parce que le train est
financé à 71 % par les usagers et à 29 % par le
ministère des Transports du Québec.
M. Chartrand: C'est-à-dire que pour le train, M. le
Président, les chiffres qu'on a obtenus... Vous savez que ce
tram-là est subventionné par le gouvernement à 40 % des
revenus tandis qu'un service d'autobus est subventionné à 75 %
des déficits. Alors, c'est différent.
Il y a deux choses qu'il faut bien comprendre - c'est pour cela que le
train est désavantagé en partant - c'est que l'autobus est
subventionné à 75 % des déficits et le train, lui, n'est
subventionné qu'à 40 % des revenus. Or, le truc, c'est qu'il y a
de moins en moins d'usagers et de moins en moins de revenus. Et là,
d'après les derniers chiffres que nous avons eus, grosso modo, les
revenus sont d'à peu près 300 000 $ par année parce que le
nombre d'usagers diminue tout le temps. Le gouvernement subventionne 40 % de
cela, de 150 000 $ à 200 000 $ par année, et le CN nous affirme
perdre à peu près 1 300 000 $. Le CN nous a dit que ce
n'était plus son mandat de subventionner les trains de banlieue et que
c'est le seul tram de banlieue au Canada pour lequel il perd encore de
l'argent. Le train Go Transit à
Toronto et le train de Deux-Montagnes, le CN, sont compensés pour
les pertes. C'est à la suite du contrat et de l'intégration avec
la STCUM en 1982.
M. Chagnon: Je vous remercie, M. le Président. Je
comprends qu'il y a une affirmation qui est faite par les membres de
l'association selon laquelle les municipalités desservies par le
système ferroviaire seraient prêtes à participer au
déficit d'exploitation. C'est ce que je dois comprendre?
M. Chartrand: Par écrit, monsieur, ici, on a une
résolution. Il y en a d'autres. Mais est-ce qu'elles ont changé
d'idée depuis 1984, je ne puis vous le dire.
M. Chagnon: Merci.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Lévis.
M. Garon: On a dit qu'il y avait un train entre Saint-Hilaire et
Montréal et qu'il y avait un circuit d'autobus, et qu'ils passaient l'un
à côté de l'autre, le tram et l'autobus. Qui donne le
contrat d'autobus? Les autobus appartiennent à qui et qui donne le
contrat?
M. David: J'ignore comment les contrats sont accordés aux
autobus.
Une voix: ...la STRSM.
M. Garon: II y a des gens qui sont venus, des maires des
municipalités... Pardon?
M. David: M. Chartrand. (16 h 30)
M. Chartrand: Peut-être que je pourrais répondre
là-dessus, monsieur. C'est qu'à la suite de la loi 46, l'adoption
de la loi 46 à la fin de 1983, le CIT de la Vallée du Richelieu a
été formé et ces maires-là, les maires de Beloeil,
entre autres, et de Saint-Hilaire, enfin, toutes les villes qui font partie du
CIT et qui sont contenues entre Saint-Bruno et Saint-Hyacinthe ont
décidé de passé un contrat avec la STRSM. C'est la STRSM
qui opère un service d'autobus parallèle au train. Cela ne
connecte pas avec le train, cela passe à côté. C'est
drôle le matin, il y en a un qui va et l'autre est à
côté, ils vont l'un à côté de l'autre. Mais le
train était là bien avant la STRSM, parce qu'avant la STRSM
c'était autre chose.
Alors, effectivement, il y a deux services l'un à
côté de l'autre. Le CIT de la Vallée du Richelieu n'a pas
fait du tout de négociation avec le CN. Lui, pendant ce temps, a
créé un service d'autobus, c'est-à-dire qu'il a pris en
charge un service d'autobus qu'il subventionne en partie et qui
concurrence le train. C'est pour cela d'ailleurs qu'il y a un peu moins
de monde dans le train depuis quelques années, à cause de la
hausse des tarifs, entre autres, et de la diminution des gares; on a
enlevé des gares dernièrement.
M. Garon: Vous ne pensez pas que c'est cela qui devrait
être réglé, au fond? Qu'on prenne l'un ou l'autre, mais pas
les deux, l'un à côté de l'autre, cela ne donne rien, s'ils
font exactement le même trajet. S'il y a une correspondance avec
l'autobus, le train peut alors remplacer l'autobus. Mais les deux côte
à côte, cela coûte cher pour rien, s'ils font exactement le
même trajet tous les deux.
M. Chartrand: Sur cela, monsieur, vous me permettrez de
répondre. D'après les études qui ont été
faites dans le passé - il y a énormément d'études
faites sur ce train et il va peut-être y en avoir d'autres, on ne le sait
pas - et qu'on a vues prouvaient que, s'il y avait un service
intégré, c'est-à-dire qu'au lieu d'amener, par exemple, 20
autobus le matin vers le centre-ville ou vers Longueuil, si on prenait ces gens
dans les villes, par exemple, à Saint-Bruno ou à Saint-Hilaire,
et qu'on les amenait à une gare, cela coûterait moins cher. Il y a
eu des études qui ont dit que cela coûterait plus cher, cela
dépendait qui commanditait les études. Les gens se servaient un
peu des études pour se faire une opinion. Mais il y a eu des
études qui disaient que les autobus ne viendraient plus à
Montréal, mais qu'il y aurait peut-être quelques autobus qui
iraient à Longueuil pour satisfaire les gens qui se rendent à
Longueuil même. On parlait d'un service intégré. C'est cela
un service intégré: les autobus se rendent aux gares et c'est le
train qui amène le monde en ville aux heures de pointe. Hors pointe,
c'est une autre affaire.
M. Garon: Est-ce que vous rencontrez les gens de la corporation
intermunicipale de transport?
M. David: On est allé à quelques réunions.
Ce n'est pas moi qui y suis allé, c'est un autre membre du comité
qui y est allé.
M. Garon: Et puis?
M. David: On s'est aperçu que la décision
n'était pas là. Cela est allé jusqu'aux résolutions
des municipalités, mais, après cela, il n'y a rien eu.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Ce matin, les gens de la Montérégie sont
venus nous dire qu'ils avaient besoin de concertation, qu'il fallait qu'ils
mettent cela sur pied et qu'ils étaient d'accord pour payer leur
quote-part, si cela était amélioré, effectivement. Ils ont
dit aussi qu'ils étaient favorables plutôt au train qu'à
l'autobus. Je pense que de ce côté il y a un certain nombre
d'acquis. Vous dites que, étant donné qu'il n'y a pas de voix
commune au niveau municipal sur la rive sud, vous insistez sur le fait que
tous, y compris les municipalités, devraient comprendre qu'investir dans
une infrastructure de transport de masse comme celle du train de banlieue de la
rive sud... Bon. Vous invitez pratiquement les municipalités à
investir dans cette infrastructure. Il semble que, parmi tous les intervenants
qui sont venus ici depuis trois jours, il n'y en ait pas qui aient dit que le
gouvernement du Québec ou le fédéral - c'est pareil, parce
que ce sont de bons négociateurs, ils se tiennent ensemble comme cela -
que les gouvernements supérieurs devraient payer l'infrastructure.
Est-ce que vous, vous prétendez que les municipalités devraient
aussi investir dans l'infrastructure lourde?
M. David: Je ne m'avancerai pas sur le terrain de l'organisation
ou du financement, mais sur ce que, nous, comme usagers, aimerions voir et sur
ce dont nous avons besoin. On a besoin, en fin de compte, d'un train qui
fonctionne, qui fonctionne aux heures de pointe et qui donne un bon service. De
cette façon, à des taux compétitifs, on va attirer des
usagers. C'est sûr que la situation actuelle, soit d'avoir les deux en
parallèle, est illogique; cela n'a pas de sens et l'organisation n'a pas
de sens non plus.
M. Dufour: Vous avez dit aussi, verbalement, que CP Rail ou que
le CN...
Une voix: Le CN.
M. Dufour: ...ne paie pas le transport des passagers. Via Rail,
ce n'est pas le CN, c'est bien sûr, mais il paie à quelque part.
Ils ont tous les deux des subventions des gouvernements supérieurs.
Êtes-vous convaincu qu'ils vous ont dit la vérité quand ils
vous ont dit que c'est le seul endroit où on subventionne le
transport?
M. Chartrand: C'est-à-dire, M. le Président, que,
quand je parle des trains de passagers, des trains de banlieue, il ne faut pas
oublier qu'en 1977 le CN s'est débarrassé du problème des
trains de passagers; c'est maintenant Via Rail qui s'en occupe, une autre
société d'État. Donc, on parle des
trains Montréal-Québec, enfin, quand ils marchent, mais
sur les grandes distances.
Une voix: ...quand ils roulent.
M. Chartrand: Oui, quand ils roulent. On parle des grandes
distances, mais, quand on parle des trains de banlieue, il n'y en a pas
beaucoup au Canada, il y en a à Toronto et à Montréal. Or,
à Toronto, ce n'est pas le CN qui absorbe les déficits, c'est le
gouvernement de l'Ontario. On en a parlé beaucoup de Toronto, je pense,
depuis trois jours. À Montréal, la ligne de Deux-Montagnes, c'est
la ligne du CN, et la ligne de Rigaud, c'est la ligne du CP. Depuis 1982,
depuis que les services ont été intégrés à
la STCUM, ce n'est plus le CN ou le CP qui absorbe les déficits, si, au
bout du compte, quand les usagers ont payé leurs billets, il y a un
déficit. C'est en grande partie le gouvernement du Québec et les
villes de la CUM aussi. Tandis que, sur la rive sud, il n'y a pas eu d'entente
entre les villes et le gouvernement et, une fois que les usagers ont
payé leurs billets, il y a une petite subvention qui vient du
gouvernement du Québec et qui équivaut à 40 % des revenus;
c'est environ 200 000 $ par année, mais le CN affirme perdre 1 300 000 $
par année avec cela. Et eux disent que ce n'est pas à eux
à payer ces déficits - d'accord? -pour les trains de passagers.
Ils disent que ce n'est pas leur mandat; le gouvernement fédéral
leur a dit que ce n'était plus à eux à payer cela.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Le mot de la fin, M.
le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: En ce qui nous concerne, M. le Président, je
tiens encore une fois à remercier M. David et M. Chartrand de leur
présentation. Évidemment, le type de présentation que des
usagers du service ferroviaire nous font entre un peu dans le cadre d'autres
demandes que nous avons eues préalablement et d'autres constatations qui
ont été faites par d'autres usagers du transport en commun,
particulièrement du secteur ferroviaire sur la ligne
Deux-MontagnesMontréal. On a parlé aussi du problème
de vétusté du matériel roulant, etc. Évidemment,
nous tiendrons compte de l'opinion que vous avez émise dans la
préparation des politiques qui seront rendues publiques au cours de
l'automne et de l'hiver qui viennent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député de Lévis.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Juste un moment, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis, pour le mot de la
fin.
M. Garon: Je voudrais vous remercier d'être venus nous
faire part de votre point de vue. Vous êtes au courant, d'autres sont
venus. J'ai l'impression que la parole dépend beaucoup des choix qui
seront faits au niveau régional dans une perspective de coordination
puisque vous dites à peu près tous la même chose, mais il
n'arrive rien. Pardon?
Une voix: ...
M. Dufour: C'est la concertation qui manque.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Le mot de la
fin...
M. David: Merci, M. le Président. Merci aux membres de la
commission parlementaire de leur accueil et de l'intérêt qu'ils
portent à notre dossier.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre participation
à nos travaux.
J'invite maintenant les représentants de l'Association du
transport urbain du Québec à prendre place à la table de
nos invités s'il vous plaît.
Il y a une demande de suspension de cinq minutes de la part des membres
de ta commission. Agréé? Alors, nous suspendons nos travaux pour
cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
(Reprise à 16 h 50)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Bienvenue aux représentants de l'Association du transport urbain
du Québec. Je vous demanderais de vous présenter pour
l'information de l'ensemble des membres de la commission et, par la suite,
d'utiliser la vingtaine de minutes qui est à votre disposition pour nous
présenter les points les plus importants de votre mémoire.
Association du transport urbain du
Québec
Une voix: Si vous le permettez, M. le Président, je vais
demander à chacun des membres de se présenter, en
commençant par mon extrême droite.
M. Molini (Georges): Georges Molini, président-directeur
général de la STRSM.
M. Gélinas (Michel): Michel Gélinas, directeur de
la CITF à Trois-Rivières.
M. Beaumier (Jean-Claude): Jean-Claude Beaumier, président
de la C1TF, Trois-Rivières.
M. Grégoire (Antoine): Antoine Grégoire, directeur
général de la Commission de transport de l'Outaouais.
Mme Provost (Constance): Constance Provost, présidente de
la Commission de transport de l'Outaouais.
M. Forgues (André): André Forgues, président
de la CTCUQ, Québec.
M. Tanguay (Bernard): Bernard Tanguay, président de la
Corporation métropolitaine de transport, Sherbrooke.
M. Bolduc (Lucien): Lucien Bolduc, directeur
général de la même corporation.
M. Blouin (Rénald): Rénald Blouin, directeur
général de la CTCUQ, Québec.
M. Cormier (Clermont): Clermont Cormier, administrateur de la
CITS, Saguenay.
M. Chamberland (Serge): Serge Chamberland, directeur
général de la CITS du Saguenay.
M. Forgues: Alors, comme vous le voyez, il y a huit commissions
de transport qui sont représentées, Laval ayant justifié
son absence.
Une voix: Les gens de Montréal vont arriver.
M. Forgues: Les gens de Montréal seront ici dans quelques
minutes.
M. le Président, l'Association du transport urbain du
Québec, l'ATUQ, regroupe les neuf organismes publics de transport en
commun du Québec qui ont la responsabilité d'exploiter les
réseaux sur leurs territoires réciproques.
Le mémoire qui vous est soumis ne concerne pas directement la
question des infrastructures du transport en commun à Montréal,
mais s'avère très pertinent à l'objet de cette commission
parlementaire. Nous considérons primordial qu'il y ait ce forum. On ne
traite pas seulement de l'aspect du financement des immobilisations, mais
également de celui du financement de l'exploitation des réseaux
de transport en commun. En effet, l'acquisition d'équipements n'est pas
justifiée si les contraintes financières sont telles qu'on ne
peut les exploiter. On doit donc traiter parallèlement les subventions
à l'exploitation et celles relatives aux immobilisations.
L'ATUQ avait, en novembre 1986, exprimé son insatisfaction face
à l'évolution des subventions à l'exploitation. Le
document y afférant vous est transmis en annexe.
Nous maintenons toujours la position spécifiée dans ce
document. Cependant, force nous est de constater que le ministère n'a
pas exprimé de façon claire et précise sa politique
globale de financement, exception faite du décret ministériel
adopté en 1987 concernant la modification du taux de subvention à
l'achat d'autobus, c'est-à-dire 75 % en 1987, 65 % en 1988 et 60 % pour
les années subséquentes. Ceci se traduit par une réduction
de l'aide gouvernementale de quelque 20 000 000 $ sur le service de la dette
pour les achats des années concernées par le décret.
Nous désirons nous exprimer plus à fond sur le sujet,
tenant compte de l'importance du transport en commun pour le Québec, et
proposer les modifications nécessaires au programme de subventions pour
un fonctionnement efficace et harmonieux.
Tout comme on peut facilement exagérer le fardeau financier du
transport en commun dans une société qui dépense presque
10 000 000 000 $ pour la mobilité des personnes, on peut tout aussi bien
sous-estimer son râle et les avantages qu'il apporte. Mentionnons entre
autres pour le Québec les points suivants. En dépit de l'essor de
l'automobile, 20 % des déplacements motorisés pour fins de
travail s'effectuent par le biais du transport en commun (30 % pour la
région de Montréal) et 25 % des déplacements
motorisés pour tout autre motif par le même mode. L'achalandage du
transport en commun continue à s'accroître (augmentation de 26 %
entre 1976 et 1986).
Les déplacements par automobile, bien que très
répandus, n'offrent pas la mobilité totale. On relève une
moyenne de 1,8 automobile par ménage possédant une voiture et son
accès y est souvent limité pour certains membres de la famille,
tels les jeunes. De plus, 24 % des ménages ne possèdent pas
d'automobile.
L'absence de transport en commun s'avère une contrainte
importante pour les personnes à la recherche d'un emploi.
Les organismes de transport en commun génèrent, comme
tels, plus de 10 000 emplois à temps complet. On peut estimer à
quelques milliers les emplois indirects résultant de la conception et de
la fabrication d'équipements de transport. Soulignons à ce
chapitre un contenu québécois d'approximativement 100 %, fort
contraste avec les industries du pétrole et de l'automobile.
Le transport en commun est en mesure de répondre efficacement aux
besoins de l'économie moderne contre une concentration des
activités - centres-villes ou centres commerciaux de banlieue - en
diminuant la
densité de la circulation automobile ainsi que les coûts
reliés au stationnement.
L'achalandage des commerces des centres-villes repose en grande partie
sur l'accessibilité du transport en commun; on parle de 20 % et plus
pour ce segment de clientèle.
Le transport en commun s'avère indispensable au
développement dense que connaissent les centres-villes, compte tenu du
nombre de personnes à véhiculer dans un espace limité.
Les coûts sociaux et économiques du transport en commun
sont inférieurs à ceux occasionnés par la circulation
automobile.
À titre d'exemple d'utilisation efficace des voies de circulation
à l'heure de pointe, citons le pont Champlain où une seule voie
réservée à l'autobus accommode 5800 personnes, sans
fonctionner à pleine capacité, comparativement à 8000
passagers pour 6400 automobiles sur les trois voies de circulation adjacentes,
ce qui crée une congestion systématique aiguë à cette
même période.
Les perspectives de "partnership". Malgré son
développement important au cours des dernières années, le
transport en commun n'assume pas encore le rôle qui lui revient. D'une
part, on ne songe pas spontanément au transport en commun comme
alternative pour régler les problèmes courants de stationnement,
de densité de circulation ou d'acessibilité. De plus en plus, les
organismes de transport devront sensibiliser les municipalités à
une collaboration qui bénéficierait aux deux parties.
D'autre part, le transport en commun peut fournir un apport non
négligeable aux investisseurs pour le choix d'un site,
particulièrement au stade de l'étude. En effet, en termes de
rentabilisation, songeons seulement aux coûts des espaces de
stationnement qui pourraient être diminués largement par une
accessibilité accrue via ce mode.
De ce fait, les municipalités, les investisseurs, les organismes
de transport en commun ont donc intérêt à établir un
dialogue afin de trouver des solutions à des problèmes communs.
Conséquemment, le transport en commun sera perçu comme une
alternative pour minimiser les investissements pour des routes et des
stationnements ou, encore, pour protéger l'environnement.
Politique actuelle de subvention. Les partenaires au financement -
usagers, municipalités et gouvernements - reconnaissent la mission
sociale et économique du transport en commun. On peut penser que le
fardeau financier y relié est acceptable. En effet, il représente
moins de 1 % du produit national brut du Québec, c'est-à-dire 865
000 000 $. Quant au gouvernement, il y affecte 1,5 % de ses dépenses
totales, alors qu'une famille utilisatrice à Montréal, 1,4 % et
les municipalités desservies, 5,7 %. On peut conclure que le transport
en commun ne constitue pas une contrainte financière importante pour les
intervenants.
Par ailleurs, l'expérience américaine démontre
clairement les résultats d'un transport en commun exposé aux
règles du marché, même dans une économie très
efficace et novatrice. En effet, après la deuxième guerre
mondiale, la réduction de la demande de transport en commun a
obligé les exploitants à hausser les tarifs et à
réduire les services, ce qui a engendré une baisse de
l'achalandage, une réduction supplémentaire du niveau de service
et ainsi de suite. On a donc rajusté les modes de financement de
façon similaire aux nôtres.
Nous pouvons également tirer d'autres leçons de
systèmes de transport qui semblent bien fonctionner:
Le développement du transport en commun va souvent de pair avec
le développement urbain dans un cadre intégré de
planification. À Toronto et à Washington, la commission de
transport joue un rôle de promoteur vigoureux en ce qui concerne
l'investissement immobilier.
Il existe très souvent des ententes formelles entre les
partenaires sur le niveau de service, les coûts et le partage du
financement, ce qui favorise la planification.
On trouve fréquemment des sources de financement qui leur sont
affectées spécifiquement, tels des taxes sur l'essence, les
immatriculations, des revenus de stationnements municipaux, des revenus de
location, le "Versement Transport" en France, etc. (17 heures)
L'importance du transport en commun au Québec justifie bien de
maintenir son niveau actuel de subventions. Cependant, il y a lieu d'apporter
certains ajustements à la formule. On sait que le ministère veut
stabiliser ses contributions et adopter une approche budgétaire
différente. De notre côté, nous réalisons les
avantages à inciter les sociétés à la performance
et à préconiser une politique neutre et stable. Tel n'est pas le
cas avec les formules actuelles.
En effet, le plafonnement des subventions en fonction des contributions
municipales instauré en 1983 a eu comme conséquence de
réintroduire la subvention au déficit; plus les dépenses
sont élevées ou les revenus en provenance des usagers sont
réduits, plus la participation gouvernementale augmente, et vice versa.
Ceci va à l'encontre d'une perspective économique
rationnelle.
Attentes versus politiques de subventions. Il y a donc lieu, pour le
bénéfice de tous les partenaires, de modifier ces
mécanismes de subventions, tout en maintenant leur niveau absolu. Pour
notre part, nous en sommes venus à un consensus
sur les points suivants: que la subvention du ministère
représente une contribution majeure au développement du transport
en commun et que cette politique d'encouragement doit être maintenue; que
la politique gouvernementale doit être neutre, non interventionniste,
tant pour les dépenses que pour la participation des usagers et des
municipalités et, de ce fait, favoriser les choix locaux; que cette
politique favorise la productivité et la rationalisation des
dépenses tout autant que l'innovation; que toute modification y soit
apportée après concertation avec des sociétés de
transport; que le ministère fixe à l'avance sa participation pour
les années à venir.
Nouvelle formule de subvention. Ces éléments nous
amènent à recommander une formule de calcul pouvant
répondre, à notre avis, aux attentes des exploitants et aux
contraintes du ministère, à savoir: 1. Comme équation de
base, les subventions aux infrastructures devraient toujours être
traitées parallèlement aux subventions à l'exploitation,
ceci afin de respecter la réalité du transport en commun. 2. La
politique devrait être connue, stable et indexée pour les cinq
prochaines années, mais sujette à révision, a posteriori,
selon certains critères de performance; nous suggérons comme
subvention au fonctionnement une enveloppe budgétaire pour les cinq
prochaines années, laquelle serait constituée de: la subvention
budgétisée pour une année de base, par exemple 1987; plus
une indexation selon l'indice de l'inflation; plus un ajustement pour tenir
compte d'une performance comparative à celle de l'année de base.
Par exemple, considérer le nombre de personnes transportées,
considérer le nombre de kilomètres parcourus, etc.
Conclusion. L'ATUQ reconnaît l'appui important du ministère
des Transports au transport en commun par le biais des subventions à
l'exploitation. Celles-ci ont aidé les exploitants à jouer un
rôle clé dans l'économie québécoise et
à augmenter leur niveau de service et leur achalandage.
Cependant, on reconnaît le besoin de réaliser une nouvelle
entente sur le financement. Nous profitons donc des assises de cette commission
pour déposer en annexe le mémoire sur le financement,
initialement prévu à l'intention du ministre des Transports. Nous
osons croire que les orientations qui y sont préconisées peuvent
répondre aux aspirations de tous les partenaires impliqués
à ce niveau. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je
reconnais maintenant M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'emblée, M. le
président, j'ai presque envie de vous dire que je me suis ennuyé
un peu. Je suis très heureux de vous retrouver. Après plusieurs
séances de travail, j'ai eu le plaisir d'avoir avec vous un
véritable représentant et connaisseur du transport en commun et
votre présence en aussi grand nombre témoigne d'une
solidarité rarement vue ou inégalée à d'autres
niveaux, mais je ne veux pas vous mettre mal à l'aise. Hier, à
peu près à pareille heure, on a discuté d'un certain
nombre de choses. À la lecture de votre mémoire, je me rends
compte véritablement qu'on a pu avoir un cheminement très
intéressant qui amène à un certain nombre de conclusions
dont celle qui est au paragraphe 2 de la page 7 où il y a là
véritablement une reconnaissance du besoin d'ajuster les politiques
actuelles. Je pense que cela a toujours été la base des
discussions que nous avons eues au fil de l'année et demie que nous nous
sommes côtoyés et qui est, je pense, le résultat de
l'expérience vécue par ceux qui sont plus proches du terrain que
d'autres. Dans ce sens-là, je suis très heureux de vous retrouver
et j'ai effectivement un certain nombre de questions à formuler. Je
connais certaines réponses, mais, comme on a fait cela ensemble sans
consultation, sans autorisation, autant révéler à ce grand
public certains de nos échanges.
La trame de fond de votre intervention est bonne en ce sens qu'elle
traduit bien certaines faiblesses de la politique actuelle qui ne
reconnaît pas ou très peu la performance, la productivité
des sociétés de transport, ce qui, à mon avis, tranche
nettement par rapport à l'UMQ où c'est une position rigide. Vous
ne touchez à rien. Cela peut se bonifier dans un sens ou dans l'autre.
Ma première question est pour vous demander davantage d'explications sur
l'un des éléments de votre intervention qui dit à peu
près ceci: que la politique d'aide soit neutre, non interventionniste et
qu'on favorise les choix locaux. Concrètement, qu'est-ce que cela veut
dire?
M. Forgues: II est entendu, M. le ministre, que... On pense que,
si les subventions nous étaient données sous forme d'une
enveloppe, étant donné que chacune des commissions de transport
n'a pas les mêmes besoins à cause de la région dans
laquelle elle est située, si on avait une enveloppe globale, un peu
comme le scolaire, cela permettrait à chacune des commissions de
transport de faire des choix, selon la volonté locale. C'est dans ce
sens-là que cette intervention est inscrite dans le mémoire.
M. Côté (Charlesbourg): Permettant ainsi à
chacune des sociétés de transport ou des corporations de faire
ses propres choix en fonction de ses clientèles et de ses
problèmes spécifiques.
M. Forgues: Exactement. Par exemple, si une commission de
transport décide de se payer un service plus chromé, elle en
paiera la différence, et ce sera un choix où elle décidera
elle-même où puiser la différence.
M. Côté (Charlesbourg): Deuxième question.
Vous souhaitez que la productivité, la rationalisation et l'innovation
soient favorisées. J'imagine que ce que vous demandez là, ce sont
des choses qui s'ajoutent à votre souhait d'une enveloppe fermée
et indexée pour cinq ans. Alors, c'est en plus. Ne trouvez-vous pas plus
juste, si l'enveloppe est fermée, indexée, et qu'il y a un budget
à part pour des initiatives qui vous permettent d'épargner des
sous, qu'on partage un peu?
M. Forgues: Si on a plus de latitude et qu'on peut jouer à
l'intérieur de l'enveloppe, cela va donner l'initiative aux commissions
de transport de continuer d'améliorer leur performance. D'ailleurs, M.
le ministre, je pense que, déjà, un travail a été
fait dans ce sens-là puisque les besoins d'autobus prévus de 405
ont été réduits à environ 300, à la suite
d'une réévaluation des besoins nouveaux ou des besoins actuels.
Déjà là, on a fait preuve d'une rationalisation.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Ma question plus
précisément est la suivante: Si on constitue un programme ou un
élément de programme dans lequel il y aurait X millions de
dollars, ce qui permettrait de payer certaines initiatives nouvelles, ce qui
ferait en sorte que, finalement, le but est toujours d'économiser, s'il
y a des économies chez vous, ne pourrait-on pas partager?
M. Forgues: Cela pourrait être à discuter. On peut
toujours en parler.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je suis
très heureux de l'ouverture parce que, finalement, si cette initiative
est financée en bonne partie par le gouvernement, il y a peut-être
des retombées sur lesquelles on pourrait se parler de part et
d'autre.
On dit: que toute modification à la politique d'aide soit le
résultat d'une concertation. Ma question est bien claire: Est-ce que
vous avez à l'esprit des exemples où il y a eu des changements
sans concertation?
M. Forgues: Bien, nous, depuis que l'ATUQ... D'abord, l'ATUQ a
été formée il y a plusieurs années. L'objectif de
l'ATUQ était surtout d'avoir une table, un lieu privilégié
d'échange d'expériences à des commissions de transport
pour qu'on n'ait pas double emploi surtout des études, mais depuis, M.
le ministre, qu'on a formé une table de consultation, qu'on a eu
l'occasion d'échanger avec vous, il y a un décret qui a
été adopté, et on avait participé à la
décision.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce
qu'antérieurement c'était le cas aussi... Parce qu'à la
fois dans le mémoire de l'UMQ et le vâtre il est fait état
de décisions unilatérales. Alors, je n'avais pas l'impression
qu'il y en avait eu puisqu'il y avait eu, à un moment donné, une
consultation dans chacun des quatorze cas. Est-ce une intervention de ce genre
qui est plutôt préventive ou si elle tire ses racines profondes
dans l'expérience passée?
M. Forgues: Je peux vous dire, M. le ministre, que le vécu
de l'ATUQ au niveau, entre parenthèses, politique n'a qu'un an et demi.
Si je me base sur les 18 mois de notre existence du niveau politique, on n'a
pas senti qu'on n'était pas consulté.
Je voudrais juste, si vous le permettez, M. le ministre, à la
suite d'une intervention du début... À notre avis l'UMQ ne nous a
jamais empêchés de vous rencontrer pour discussions. Ces gens
étaient au courant depuis le début et, juste une mise au point
là, ils étaient bien conscients qu'il existait une table de
concertation entre vous et nous.
M. Côté (Charlesbourg): J'osais à peine
aborder ce sujet de peur de parler d'un sujet brûlant, mais, puisque vous
m'ouvrez la porte, j'aimerais vous poser une question qui peut être
indiscrète: Est-ce que, parmi les gens qui sont à l'ATUQ, il y en
a qui ont été intimement mêlés aux débats de
l'UMQ, sur les politiques de transport en commun?
M. Forgues: Au niveau de l'ATUQ, au moment où on a eu des
rencontres avec vous, il y avait trois membres, trois présidents de
commissions de transport qui étaient membres du conseil d'administration
de l'UMQ, dont un de ses vice-présidents.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que je me suis
un peu posé quelques questions sur le niveau des communications hier;
alors, je me rends compte qu'il y a quand même eu un certain nombre de
communications. Je ferme la parenthèse et je résiste à la
tentation d'aller plus loin.
Je reviens au mémoire. Est-ce qu'il y a chez vous la
volonté ou la possibilité qu'il puisse y avoir des études
sur des changements structurels qu'on peut qualifier de profonds, qui
pourraient faire en sorte qu'on privatise certains services donnés par
les sociétés, les commissions de transport? On a entendu parler
tantôt de l'expérience de Hambourg où les gens ont la
liberté de prendre certains services donnés et de pouvoir aller
au privé, et ainsi faire certaines économies.
Est-ce que l'ATUQ est fermée à cette hypothèse ou
s'il y a une possibilité d'examiner certains dossiers?
M. Forgues: M. le ministre, ce sont plutôt les contraintes
des conventions collectives qui nous amèneraient à étudier
chaque cas à la pièce. Vous savez qu'on est pris avec des
conventions collectives et, à moins d'un décret du gouvernement
qui pourrait forcer ou aider les commissions de transport à se diriger
vers le privé, à mon avis, il faudrait étudier chaque cas
comme un cas particulier et vérifier s'il ne vient pas à
l'encontre des conventions. Je ne sais pas s'il y a d'autres membres ici
à la table qui auraient des choses à ajouter. Mme Provost?
Mme Provost: Oui, M. le ministre, nous sommes toujours ouverts
à discuter sur quoi que ce soit quand on peut faire économiser
des deniers au public. (17 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends.
M. Tanguay: Je voudrais peut-être ajouter un
élément là-dessus. C'est évident que, si vous posez
la question à l'ATUQ elle-même, parce que c'est l'association qui
représente l'ensemble des organismes aujourd'hui, je pense que poser la
question à l'ATUQ, c'est davantage se reporter aux expériences de
chacune des corporations.
Si vous prenez le mémoire qui est en annexe, qui vous a
été présenté ou qui aurait dû l'être au
mois de juin dernier, il y a une référence claire, nette et
précise dans le document, où l'on mentionne qu'un des objectifs
de l'ATUQ, c'est, entre autres, de mentionner que, finalement, les organismes
de transport à l'avenir, de plus en plus, doivent être davantage
des planificateurs de réseaux de transport que des organisateurs du
transport proprement dit. D'autre part, je vous parlais tantôt des
expériences vécues de chacune des corporations; même si je
ne veux pas faire du cas par cas, je vais vous référer aux
expériences de la Corporation métropolitaine de transport de
Sherbrooke qui, actuellement, a des ententes de service avec des compagnies
privées. Entre autres, on a élargi notre territoire au cours des
dernières années, et ce sont des corporations privées qui
desservent ces territoires-là. Elles ont des ententes de service avec la
CMTS. C'est notre façon à nous autres de gérer plus
efficacement les deniers qui nous sont confiés. Je pense qu'il y a une
volonté assez ferme là-dessus. Je pense qu'il ne faut pas non
plus généraliser, puis dire: Bon, bien la voie de l'avenir, c'est
d'aller vers les corporations privées. Il faut tout simplement regarder
chaque cas au mérite, s'il y a intérêt pour la corporation
de confier des contrats d'entreprise aux entreprises privées ou si c'est
dans l'intérêt de la corporation de la gérer
elle-même puis de l'exploiter elle-même.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que c'est
très possible, mais...
M. Tanguay: C'est très possible, cela se fait
déjà.
M. Côté (Charlesbourg): ... il faut l'analyser dans
du cas par cas.
M. Tanguay: II faut l'analyser cas par cas. Il faut l'analyser au
mérite, puis cela se fait déjà actuellement. À
partir du principe où cela se fait déjà actuellement, il
faut croire que, dans l'avenir, il va être possible, de plus en plus, de
se diriger vers cette voie-là.
M. Côté (Charlesbourg): Vous parlez dans votre
mémoire de favoriser le "partnership". Comment est-ce que le
gouvernement peut vous aider à cela"? Puis le "partnership", avec
qui?
M. Forgues: Bon, on sait que le "partnership" pour nous, c'est
qu'il y a trois intervenants dans le transport; il y a le gouvernement, les
municipalités et nous. Alors, il s'agit de maintenir une concertation
entre les trois paliers pour établir des orientations communes et avoir
les mêmes objectifs. Je pense bien que le fond du mémoire, c'est
qu'il y ait de la consultation permanente qui pourrait nous aider à
avoir les mêmes objectifs. Je ne dis pas qu'on ne les a pas
présentement, mais...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. C'est parce que je
l'avais pris dans le sens où il y avait possibilité d'ajouter un
ou des partenaires à notre vie commune à trois.
M. Forgues: Dans l'esprit du mémoire, je ne dis pas qu'il
n'y aurait pas d'ouverture pour d'autres partenaires comme les CIT, mais pour
le moment, on n'avait pas à l'esprit d'autres partenaires, cela se
limitait aux trois majeurs.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je ne sais si vous
vous penchez sur la possibilité ou la notion pour l'agglomération
montréalaise de ce qu'on pourrait appeler "compte transport", en ce sens
que le compte transport regrouperait à l'intérieur d'une
enveloppe à la fois l'argent pour le transport en commun et pour les
routes parce qu'on a, avec l'AQTR, précédemment indiqué
qu'il fallait, d'abord, bien connaître l'aménagement de son
territoire, le bien définir, pour, par la suite, bien développer
des moyens de transport routier et tous les transports en commun, et que l'un
ne pouvait
pas ignorer l'autre parce que l'un s'appuyait sur l'autre et vice versa.
Alors, dans ce sens-là, est-ce que vous croyez qu'un compte transport
pour l'agglomération de Montréal où je pense que ce serait
plus facilement réalisable pourrait être souhaitable, est-ce que
c'est réalisable aussi selon votre opinion? Est-ce que cela nous
amènerait une meilleure planification de ce développement de
l'offre de transport?
M. Forgues: II me semble qu'il y a des études. Lorsqu'il y
a des développements à faire et qu'on hésite entre
développer le transport en commun et développer un système
routier supplémentaire, il devrait y avoir des études pour
vérifier lequel des deux est le plus avantageux. Je ne sais pas si cela
répond à votre question.
M. Côté (Charlesbourg): Dans le sens que, si, comme
actuellement, les initiatives dans le monde du transport en commun viennent
plus largement du palier régional ou du palier local pour
l'agglomération de Montréal et si la vision du
développement du réseau routier vient du gouvernement
lui-même, l'idée étant que, si on en arrivait avec un
compte global, donc, versements de subvention qui tiendraient compte à
la fois du routier et du transport en commun, on pourrait dire à
l'agglomération montréalaise: Maintenant, on vous donne
l'enveloppe, c'est vous qui allez devoir planifier et organiser à la
fois le transport en commun et le transport routier, selon le principe que l'un
ne va pas sans l'autre et l'un ne peut pas se développer sans savoir ce
que l'autre fait. Alors, l'AQTR qui est un observateur émérite
des ébats du ministère des Transports, à la fois de la
voirie et du transport, fait observer qu'il semblait y avoir un manque de
cohérence dans cette action. Est-ce que vous croyez qu'un compte
transport, dans le sens qu'on vient de l'évoquer, serait de nature
à mieux planifier cette offre de transport?
M. Forgues: M. le ministre, on n'a pas dans notre mémoire
analysé cet aspect. On n'a pas voulu mettre le "focus" sur l'île
de Montréal. On voulait que l'essentiel du mémoire soit de vous
sensibiliser aux répercussions des différents modes de
financement sur nos opérations. À cette question, je ne peux
répondre au nom de l'ATUQ, on la trouve trop locale.
M. Côté (Charlesbourg): Une dernière
question. Depuis le début de nos travaux, on a constaté qu'il y
avait un manque de cohérence, de concertation, d'intégration,
d'arrimage du transport en commun, que ce soit la rive sud par rapport à
STCUM, STL par rapport à STCUM, CIT par rapport à
sociétés de transport. Et, en fin de compte, c'est l'usager qui
en fait les frais à la fois sur le plan financier et sur le plan des
désagréments du transport. Tous les gens ont invoqué cette
concertation et cette obligation d'avoir une table où les gens
pourraient se réunir et mieux s'arrimer pour mieux offrir, mieux
intégrer finalement l'offre de transport, principalement pour la
région de Montréal. Est-ce que l'ATUQ serait prête à
jouer le jeu, livre ouvert, pour tenter de résoudre ces
problèmes? Si l'ATUQ n'était pas prête, qui, croyez-vous,
devrait être à cette table pour tenter de régler nos
problèmes?
M. Forgues: Je vous avoue, M. le ministre, que cela n'a pas
été un sujet de discussions entre les membres de l'ATUQ, et je
préférerais que ce soit un des sujets à l'ordre du jour
lors de notre prochaine réunion. Je ne connais l'opinion d'aucun des
présidents ici présents, mais on serait prêt à se
pencher sur la question et, ensuite, à vous faire part de nos
recommandations ou de nos suggestions.
M. Côté (Charlesbourg): Je dois vous aviser
dès maintenant de commencer à y réfléchir, parce
que la question va venir très rapidement. Cela nous est apparu un des
problèmes très importants soulevé par les utilisateurs,
par les transporteurs et par tout le monde. Finalement, tout le monde se plaint
de tout le monde. La STCUM se plaint que la STRSM et la STL ne paient pas ce
qu'elles devraient payer pour le métro...
M. Forgues: Oui, ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): ... des usagers. Cela veut
dire aussi que les gens de Lavai et de la rive sud de même que les gens
des CIT se plaignent de cela, même se plaignent que la... Je vois M.
Molini qui fait signe que non. Cela m'a allumé une autre question qui a
été soulevée ici, que vous pouvez relever dans les
débats. On vous accuse de ne pas avoir payé les 4 000 000 $ ou 5
000 000 $ que vous leur devez pour le métro. Toute une série de
contentieux comme ceux-là ne font qu'empoisonner la situation et font
qu'une de ces bonnes journées il faut régler cela. Si notre but
est véritablement de régler tout cela et c'est dans une table
autour de laquelle... Je vous donnais cet exemple, il y en a d'autres. Il doit
certainement y en avoir à l'inverse aussi. Je ne voudrais pas que ce
soit considéré tendancieux, cet exemple, il y en a d'autres. De
toute façon, il y en a suffisamment et aussi l'interface CIT et
sociétés de transport m'apparaît extrêmement
importante. Donc, réfléchissez dès maintenant. La question
est suffisamment importante pour qu'on lui apporte une réponse dans les
plus brefs délais.
M. Forgues: Peut-on comprendre, M. le ministre, que c'est un
mandat que vous nous demandez?
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas autorité
sur vous autres, mais d'après ce que j'ai compris...
M. Forgues: Mais excepté que vous...
M. Côté (Charlesbourg}: Si vous me demandez de
demander la permission à ceux qui ont autorité sur vous autres,
cela ne me dérange pas, je peux toujours le faire, mais...
M. Forgues: ...aimeriez qu'on vous fasse connaître
notre...
M. Côté (Charlesbourg): ...votre point de vue qui
serait sûrement éclairant pour les décisions que le
ministre aura à prendre, compte tenu qu'il y a des décisions
à prendre à ce sujet-là.
Finalement, une dernière question, je veux quand même
laisser la chance à d'autres d'intervenir. Plusieurs organismes sont
intervenus et, en particulier, la CUM, pour demander qu'on
légifère pour bien encadrer la participation gouvernementale.
Vous parlez plutôt, vous, d'une enveloppe stable, indexée, selon
une formule qui resterait à déterminer, pour cinq ans.
Croyez-vous que le fait de légiférer dans ce domaine
réglerait les problèmes ou si cela ne pourrait pas en
créer d'autres? Parce que, à partir du moment où c'est une
loi, cela s'amende par une loi, alors qu'une convention entre personnes ou
organismes responsables serait peut-être davantage de nature à
régler le problème pour les cinq prochaines années.
Croyez-vous nécessaire l'adoption d'un projet de loi dans ce
domaine?
M. Forgues: II est entendu, M. le ministre, que, quel que soit le
moyen qu'on pourrait prendre, ce qu'on veut, c'est la garantie de
connaître au cours des cinq prochaines années l'enveloppe
budgétaire du gouvernement; que ce soit par une loi ou par une entente,
mais il reste que l'on veut des garanties pour que, de votre côté,
vous le sachiez également parce que, en le fixant, vous allez le savoir
et nous pourrons ajuster nos budgets pour les prochaines années
connaissant l'enveloppe budgétaire qui nous sera allouée d'ici
les cinq prochaines années.
M. Côté (Charlesbourg}: Au sujet de l'enveloppe et
de l'expérience vécue ailleurs, mon collègue de
Saint-Louis, qui est parti, était le président de la
Fédération des commissions scolaires quand il a
négocié et qu'il a réussi à soutirer cette entente
lucrative pour les commissions scolaires, que vous connaissez d'ailleurs, du
gouvernement à l'époque, qui a fait ses preuves. Je pense que
c'est une démonstration très claire de la responsabilité
des commissions scolaires globalement et du fait qu'on peut en arriver à
stabiliser l'intervention gouvernementale, pour qu'on ne défonce pas
toujours les budgets et pour responsabiliser le milieu local aussi.
M. Forgues: On parle toujours d'une belle grosse enveloppe.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous dire une chose,
c'est que le principe de cette enveloppe fermée pour cinq ans me sourit
grandement. Il est clair que notre réflexion est rendue assez loin
à ce sujet-là et que votre éclairage que je connaissais
avant même aujourd'hui - enfin, que je connaissais, vous ne l'aviez pas
affirmé, mais j'avais cru le déceler ou le deviner à
travers les échanges que nous avions eus - a fortement inspiré
nos réflexions jusqu'à maintenant, ce qui nous mènera
à des décisions très prochaines. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
vous rencontrer dans le cadre de la consultation qui est engagée par la
commission parlementaire. Le ministre a dit que vous vous êtes
côtoyés depuis un an et demi? J'ai eu l'impression qu'il y a un
peu de coitaillage aussi, n'est-ce pas?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, lorsqu'on
parle de côtoyer, je pense qu'on abordait des dossiers pas faciles,
surtout que, au moment où je suis arrivé, on évoquait
beaucoup les mesures de plafonnement votées en 1983, qui étaient
durement subies par les organismes de transport. Il est clair qu'on s'est
frotté, qu'on a discuté. Mais la plus belle preuve, c'est qu'on
est bien heureux de se retrouver; donc, on s'est compris.
M. Garon: Cela me fait penser un peu à quelqu'un qui
disait: La meilleure façon d'être heureux, c'est de choisir une
femme avec laquelle on aime se chicaner, ou, pour une femme, de dire:
Choisissons un époux avec lequel on aime se chicaner. Je ne sais pas
si...
M. Côté (Charlesbourg): ...un conjoint... M. Garon:
...un conjoint, oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est moins
problématique. (17 h 30)
M. Garon: C'est une époque nouvelle. Par ailleurs,
j'aimerais poser aux gens de l'ATUQ une question concernant l'achat des
autobus. Le ministre nous a dit qu'au cours de ces réunions la
subvention était baissée de 75 % à 65 % pour ne pas que
vous soyez déraisonnables et que vous en achetiez trop, que la
subvention à 75 % était trop incitative et que vous aviez
tendance à acheter trop d'autobus; alors, à 65 % ou moins, vous
en achèteriez moins. Qu'est-ce que vous pensez de cela?
M. Forgues: Je serais surpris que le ministre ait dit cela parce
que ce n'était pas dans le cadre des négociations que nous avons
eues ensemble. On a compris qu'il y avait des coupures qu'il fallait qui soient
faites et on a essayé ensemble de trouver une façon d'accepter
une coupure qui ferait moins mal aux commissions de transport, mais ce
n'était pas le fait qu'on achetait trop d'autobus, parce que,
déjà, nos besoins étant réévalués,
parce que, même si la Commission de transport de Montréal est en
augmentation d'achalandage, plusieurs commissions de transport actuellement
assistent à un plafonnement d'achalandage. Alors, les besoins vont
s'ajuster aussi au cours des années à venir, et la preuve, c'est
qu'on a coupé 100 véhicules, mais ce n'est pas dû au fait
des 10 % de moins, c'est parce qu'on a révisé nos besoins.
Mme Provost: M. le ministre a même considéré
de la maintenir à 75 % à la demande de l'ATUQ pour aider
Chicoutimi. Alors, c'étaient des gens qui étaient en
difficulté, eux aussi, pour...
M. Dufour: Pas Chicoutimi.
Mme Provost: Ce n'était pas Chicoutimi?
M. Dufour: Saguenay. Mme Provost: Saguenay, excusez-moi.
M. Dufour: Ce n'est pas pareil. Mme Provost: Merci, M.
Dufour.
M. Dufour: Ce n'est pas parce qu'ils ont besoin d'être
aidés.
M. Garon: Quand vous faites... Il va falloir fouiller un petit
peu, au moment où cela a été dit, mais on avait dit que ce
serait moins incitatif, puisqu'il n'y aurait pas de tendance à acheter
trop d'autobus. Cela a été dit mardi ou mercredi, hier.
M. Forgues: De toute façon, M. le député,
des commissions de transport songent actuellement à faire l'acquisition
de véhicules différents, de plus petits véhicules. Cela
n'a pas d'incitation à augmenter notre parc de véhicules.
M. Garon: Dans l'introduction, vous dites: "On doit donc traiter
parallèlement les subventions à l'exploitation et celles
relatives aux immobilisations." Alors, M. le ministre a dit tout à
l'heure que son plan de financement à l'exploitation serait
annoncé à l'automne, donc, j'imagine, après le 21
septembre, avant le 21 décembre, et il a dit que son plan
d'immobilisations des infrastructures serait annoncé en 1988, mais il
n'a pas dit quand en 1988. Il ne nous a pas dit non plus si ce serait morceau
par morceau, à la pièce, ou encore dans un plan d'ensemble.
Considérant l'affirmation que vous faites que les deux doivent
être traitées parallèlement, ce que le ministre a dit
clairement, vous étiez dans la salle, je pense, à ce moment, vous
apparaît-il cohérent ou difficile d'application pour vous
autres?
M. Forgues: Non, mais peut-être qu'il y aurait des experts
en finance qui pourraient intervenir et vous donner une réponse plus
précise, et j'inviterais un des membres de la table à nous parler
de cela.
M. Blouin: Actuellement, il n'y a aucune incohérence. On
dit qu'elles doivent être traitées parallèlement. Ce qui
veut dire qu'en 1988, lorsque le ministre révisera sa politique au
niveau des infrastructures, on espère qu'il y aura une certaine
concertation avec les commissions de transport et on tiendra compte, à
ce moment-là, des deux politiques parallèlement pour voir ce que
donne l'ensemble. Mais, pour l'instant, au moment où on est, on peut
faire une recommandation sur la subvention de fonctionnement pour que ce soit
une enveloppe avec une indexation et, en sus, un facteur de performance qui
viendra ajuster en plus ou en moins l'enveloppe pour tenir compte des
performances des commissions de transport.
M. Garon: Donc, en faisant son annonce du plan de financement
à l'automne, ce plan de financement de l'exploitation devra être
réajusté en tenant compte du plan d'immobilisations qui sera
annoncé en 1988. C'est cela que je comprends bien.
M. Forgues: On espère que les subventions aux
opérations qui seront annoncées pour 1988 ne seront pas
inférieures à celles qu'on a eues en 1987 et qu'il y aura une
indexation même supérieure en ajoutant l'indexation prévue
pour 1988.
M. Côté (Charlesbourg): Pour la bonne
compréhension de... Il y a un plan triennal des immobilisations qui est
approuvé par le gouvernement et qui fait l'objet de subventions telles
qu'on les a décrites. Dans
nos rencontres, on a tenté de régler toute une
série de problèmes en ce qui a trait aux immobilisations afin de
mettre tout le monde sur le même pied. Les problèmes les plus
criants étaient ceux de la Société de transport de la
Rive-Sud de Montréal. Au moment où l'on se parle, de grosses
immobilisations d'infrastructures ailleurs qu'à la STL, à la
STRSM et à la STCUM, je ne suis pas sûr qu'il en reste beaucoup
à faire. Finalement, c'est davantage à la STL qu'il peut y avoir
des possibilités; à la STRSM, en ce qui a trait à la base,
je pense qu'on a réglé les problèmes pour quelques
années. Il restera alors le lourd, et, qui, lui, est davantage le
problème de la STCUM. On parle de quelque chose qui n'est pas
très large et, finalement, pour les trois prochaines années,
c'est réglé à moins d'ajouts au plan triennal, mais cela
est réglé.
M. Garon: Sur le plan du financement à l'exploitation,
à l'automne, il ne faut pas attendre grand-chose.
M. Côté (Charlesbourg): Comme vous l'avez dit, ce
sera entre le 21 septembre et le 21 décembre. Quand on parle de
l'automne 1987, cela veut peut-être dire cet automne, selon moi. Â
partir de cela, il est clair qu'il va y avoir une politique d'établie en
ce qui a trait à l'exploitation et on attendait la fin de la commission
pour terminer le mémoire qui va être adressé au Conseil des
ministres; alors, c'est clair. Quant aux immobilisations, les décisions
seront prises par le gouvernement. La CUM est arrivée avec une demande
de 1 100 000 000 $, tantôt pour la conservation du patrimoine,
tantôt pour les immobilisations additionnelles. Alors, on va
considérer ce à quoi on peut répondre là-dedans,
toujours en tenant compte que l'aménagement et le développement
du transport ce sont deux choses qui doivent être complémentaires
et que le schéma de la communauté urbaine a fait l'objet d'un
avis, le 27 août 1987, et qu'il devrait être complété
au cours de l'automne.
M. Garon: Si je comprends les propos du ministre - et si je
comprends mal, vous pouvez me corriger - le plan triennal a l'air d'être
pas mal dans son esprit - je ne sais pas dans votre esprit - et, maintenant, le
plan de financement de l'exploitation qui sera annoncé au cours de
l'automne ne changera pas grand-chose, le plan triennal étant pas
mal.
M. Forgues: Ce sont deux choses complètement
différentes.
M. Garon: Dans le plan triennal, il y a l'exploitation.
M. Côté (Charlesbourg): Non, l'immobi- lisation
seulement.
M. Forgues: Non, l'immobilisation seulement.
M. Garon: Ah! Vous ne parliez pas d'exploitation à ce
moment-là, d'accord. Alors, quand vous parlez d'exploitation, donc, ce
sera neuf. Il n'y a rien de réglé à ce moment-ci, c'est
quelque chose de neuf.
M. Côté (Charlesbourg): Et le plan d'immobilisation,
le triennal, répond aux demandes exprimées par les
sociétés et les corporations de transport. Alors, ce n'est pas
venu de l'imagination du ministère, la demande vient de la base,
analysée par le ministère, à laquelle on a répondu
sur le plan financier compte tenu du niveau de participation gouvernementale
à 75 % - qui se situe au niveau des coûts des immobilisations en
termes d'infrastructures, sauf le métro qui, lui, est à 100
%.
Alors, ce que nous avons à faire, c'est de revoir, l'année
prochaine, un autre plan triennal comme à chaque année et,
finalement, de prendre un certain nombre de décisions quant aux
infrastructures lourdes, en particulier, au niveau de la grande région
métropolitaine.
M. Garon: Donc, les grandes demandes qu'il y a eu au cours de ces
trois jours sont en dehors du plan triennal.
M. Côté (Charlesbourg): Actuel.
M. Garon: Actuel. Mais cela ne couvre pas cela.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Bien non, si cela couvrait cela, on n'en aurait pas
parlé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Et, dans le plan de financement de l'exploitation,
d'après des consultations qu'il y a eu entre vous et le ministre, est-ce
que, d'après vos discussions, vous vous attendez à un plan qui va
vous donner satisfaction?
M. Forgues: C'est-à-dire qu'on s'attend à pas moins
que ce qu'on a eu pour 1987 avec une indexation, mais on suggère une
nouvelle formule de financement. La nouvelle formule de financement qu'on
suggère, c'est la formule de l'enveloppe. Il est entendu que, pour nous,
il faut que, dans l'enveloppe, il y ait assez d'argent pour qu'on puisse
fonctionner.
M. Garon: Ça dépend...
M. Forgues: On dit que cette enveloppe doit considérer
deux choses: l'indexation qu'on devrait évaluer si celle-ci se base sur
le coût de la vie ou sur le revenu moyen de la famille - ce serait
à déterminer et à rediscuter - et l'autre
considération, c'est qu'on voudrait que, dans cette enveloppe, il y ait
un volet pour inciter les commissions de transport à la performance.
Voici un exemple: si, durant une année, l'achalandage a augmenté
de plus de 5 %, l'enveloppe devrait être plus élevée
à cause de la performance de la commission de transport. Si elle
fonctionne avec une baisse de plus de 5 %, il pourrait y avoir une
réduction de l'enveloppe ou le maintien de l'enveloppe. Ce sont des
formules à déterminer, mais l'ensemble du financement porte sur
le montant d'une enveloppe et dont des formules pourraient être
discutées avec le ministère.
M. Garon: Actuellement, les subventions sont fonction des revenus
que vous générez et, à ce moment-là, si vous avez
plus de passagers, automatiquement il y a plus de revenus, donc, plus de
subventions.
M. Forgues: Non, il y a un plafonnement qui vient jouer contre
la_ performance des commissions de transport. À un moment donné,
lorsque vous avez dépassé ce plafonnement, vous fonctionnez
à la perte, votre déficit augmente et c'est ce qu'on voudrait
changer.
M. Garon: Vous voudriez qu'il n'y ait pas de plafonnement du
tout?
M. Forgues: Bien, ce qu'on trouve un peu négatif, c'est
qu'une commission de transport qui performe se voit pénalisée
à cause du plafonnement. On dit au ministre: Vous devriez
considérer, encourager les commissions de transport à la
performance en ajoutant un volet à l'intérieur de l'enveloppe qui
pourrait donner un plus aux commissions de transport qui auraient une
excellente performance qu'on pourrait déterminer ensemble.
M. Garon: Quand vous parlez de l'enveloppe, parlez-vou3 d'une
enveloppe en chiffres absolus ou en pourcentage ou d'une proportion par rapport
à des revenus ou à des dépenses? Quand vous parlez d'une
enveloppe, comment s'exprimerait cette enveloppe? Quand on parle d'une
enveloppe fixe, il a été question d'une enveloppe fermée,
parlez-vous d'une enveloppe fermée comme un chiffre absolu ou un
pourcentage, une proportion par rapport à un montant qui peut
varier?
M. Forgues: M. le député, sur les techniques, on ne
s'est pas trop attardés, nous, c'est le principe de l'enveloppe. Si, par
exemple, la CTCUQ a eu, l'an passé, aux subventions à
l'exploitation, 25 000 000 $ -je lance un chiffre comme cela - dans l'enveloppe
de 1988, on ne veut pas moins de 25 000 000 $ avec une indexation. Il s'agira,
pour les représentants du gouvernement, de trouver des formules
techniques avec nos spécialistes en gestion d'exploitation, afin de
déterminer ce qui doit influencer le contenu de l'enveloppe.
M. Garon: Par rapport aux demandes que vous formulez au ministre
et aux demandes que font les municipalités, comment se fait l'arrimage
entre les municipalités et votre association puisque vous semblez
être devenu un organisme consultatif pour le ministre? Par ailleurs, quel
est votre mandat par rapport aux municipalités? Est-ce que les
municipalités vous laissent négocier entièrement avec le
ministre et arriver à des conclusions finales ou si les
municipalités se considèrent un peu dans une position de patron
face à l'ATUQ et se gardent la finalisation des dossiers?
M. Forgues: Je pense qu'il y a deux missions différentes.
L'intervention de l'UMQ en était plutôt une pour - je peux
employer le terme "dénoncer" - dénoncer le non-respect de
l'entente Québec-municipalités en 1980.
Par contre, notre mission est de sensibiliser les deux autres
intervenants et les municipalités et le gouvernement aux impacts des
décisions administratives, des décisions de subventions au
fonctionnement. On est là pour allumer la lumière. On va dire au
gouvernement: Si vous appliquez telle décision, il va se produire telle
chose. Aux municipalités, on va dire la même chose. Si vous
n'acceptez pas d'augmenter votre participation ou vos quotes-parts, on va
être obligés de faire telle chose.
Nous sommes un groupe de consultation technique. C'est là notre
mission. Mais l'une ne vient pas en contradiction avec l'autre. On se
complète.
M. Garon: Non, mais, par exemple, vous vous trouvez dans une
position pour dire aux municipalités: Le gouvernement me donne tant, si
le gouvernement me donne tant, vous êtes obligés de me donner
tant, à moins d'augmenter les tarifs. Ou l'inverse. (17 h 45)
M. Forgues: On ne peut pas les obliger, mais on leur
présente plusieurs scénarios. C'est aux élus locaux de
décider de la tarification, de la quote-part qu'ils devront injecter aux
commissions de transport locales. Mais le* gouvernement faisant connaître
son enveloppe, on ajuste tout cela en même temps. C'est pour cela qu'on
se dit qu'en connaissant, pour les prochaines années,
la participation du gouvernement, on pourra mieux planifier nos choix
locaux pour les cinq prochaines années.
M. Garon: Qu'est-ce que vous pensez de la demande formulée
par la Communauté urbaine de Montréal d'une loi avec un
pourcentage qui pourrait être fixé et qui avait été
établi autour de 40 % des dépenses provenant du gouvernement du
Québec?
M. Forgues: Actuellement, la participation du gouvernement du
Québec est de 43 % - 44 %. On ne demande pas moins. On souhaiterait que
la participation du gouvernement demeure à 43 % - 44 %.
M. Garon: La communauté urbaine a dit officiellement que
ce serait selon une formule qui baisserait d'ici quelques années de 44 %
à 40 %, mais établie dans une loi, donc, déterminée
à l'avance de façon précise, selon des critères
pour déterminer...
M. Forgues: C'est à l'intérieur d'une demande
locale. Je vous avoue qu'on ne s'est pas penchés sur ce genre de
formule. Ce qu'on veut plutôt, c'est d'avoir la garantie.
M. Côté (Charlesbourg): M. le député
de Lévis, je suis sûr que cela ne lui a pas échappé.
La demande de l'ACUM, effectivement, fait en sorte que le gouvernement serait
en baisse à 40 %, que la municipalité serait en baisse, mais
c'est à la condition de trouver un quatrième partenaire qui, lui,
compenserait le manque à gagner. Ensuite, il y a toujours une
distinction avec l'hypothèse qu'on a un quatrième partenaire qui
va effectivement financer dans la mesure où il n'y a pas ce
quatrième partenaire. Je ne pense pas qu'on ait réussi à
faire l'unanimité sur une formule. Le constat quant à une
nouvelle source de financement, c'est très clair: dans la mesure
où cela nous touche, on est contre, mais quand cela touche les autres,
on est pour. C'est le seul constat qu'on peut tirer au sujet d'une nouvelle
source de financement, mais je pense qu'elle n'est pas encore
trouvée.
M. Garon: Le député de Jonquière me
suggère que cela pourrait être une commandite de Provigo.
M. Côté (Charlesbourg): Cela m'étonne un peu,
venant du député de Jonquière, compte tenu du fait que les
beaux jours de Provigo ont eu leur naissance au Saguenay
Lac-Saint-Jean.
M. Dufour: Et même dans la ville de Jonquière. Mais
ils sont gros, ils sont rendus gros.
M. Côté (Charlesbourg): Treize oeufs à la
douzaine.
M. Garon: Je vais poser ma dernière question. Quelle est
votre position quant à la répartition actuelle du financement
entre les partenaires? Et quelles sont les sources alternatives de financement
qu'on va voir à appliquer au Québec?
M. Forgues: Les sources alternatives de financement... Comme
nous, nous n'avons pas de pouvoir de taxation, on est prêts à
faire connaître nos impressions sur des sources de financement
proposées par ceux qui ont le pouvoir de taxer, mais, quant à
nous, comme transporteurs, comme commission de transport, on n'a pas de pouvoir
de taxation. Au plan du partage, M. le député, cela reste un
choix local. Il y a peut-être des endroits qui vont... Je prends
Québec, où on va dire: On accorde la gratuité pour le
transport des personnes âgées, mais comme il n'y a rien de
gratuit, en fin du compte, c'est un compte à payer
transféré à d'autres. Si les municipalités de
Québec ont décidé d'en payer le coût social, bien,
elles en paient. Pour nous, c'est de demander au gouvernement de maintenir sa
participation. Pour ce qui est des autres, cela demeure un choix local,
c'est-à-dire, la tarification des usagers et la quote-part des
municipalités.
M. Garon: Comme le temps s'écoule rapidement, je
demanderais...
M. Oufour: Dans vos politiques actuelles de subvention, vous
parlez de l'importance du transport: II y aurait lieu d'apporter certains
ajustements à la formule. On sait que le ministère veut
stabiliser ses contributions et adopter une approche budgétaire
différente. De ce côté, nous nous rendons compte des
avantages à inciter les sociétés à la performance
et à préconiser une politique neutre et stable.
Comment pouvez-vous demander de geler les subventions avec un certain
nombre d'incitations et, en même temps, dire que vous incitez les
corporations - si j'ai bien compris - à préconiser une politique
neutre et stable? Cela veut dire quoi?
M. Forgues: Ça veut dire qu'on doit respecter l'autonomie
locale. Je pense que c'est un terme que vous connaissez bien. L'autonomie doit
être respectée dans les régions. Alors, on se dit que, si
l'enveloppe est neutre, il n'y a pas d'intervention du gouvernement pour nous
dire: Tu vas dépenser de telle façon. Avec une incitation
à la performance, je pense, M. le député, que, pour nous,
tout en respectant l'autonomie locale, on aurait une politique neutre venant du
gouvernement.
M. Dufour: C'est une recommandation
que vous adressez au gouvernement. Je pensais que, du fait que vous
disiez que la politique de subventions était neutre, vous ne la
répétiez pas à chaque recommandation.
M. Forgues: C'était que les subventions soient neutres;
que l'intervention du gouvernement demeure neutre.
M. Dufour: II y a un point sur lequel je veux revenir parce que
cela chicote le député de Lévis et peut-être aussi
le ministre. En tout cas, moi, cela me dérange, c'est la question de
l'Union des municipalités vis-à-vis de l'ATUQ. J'essaie de
comprendre votre cheminement. Vous êtes un organisme; vous pouvez
être consulté et vous pouvez donner certaines opinions, mais quand
vient le temps de prendre des décisions finales concernant le
financement, à ce moment-là, l'imbroglio peut se produire entre
l'Union des municipalités et l'ATUQ. Même s'il y a des élus
à chaque commission de transport, ce n'est pas l'ensemble des conseils
municipaux qui siègent aux commissions de transport. De ce qui a
semblé ressortir, hier après-midi, il semblerait que l'Union des
municipalités ait avancé certaines choses qui n'étaient
pas nécessairement le cheminement qui s'était passé
à travers vos négociations.
M. Forgues: Quant à moi, M. le député de
Jonquière, il est bien clair dans mon esprit que les deux interventions
sont différentes. L'Union des municipalités a voulu
dénoncer le non-respect de l'entente Québec-municipalités
de 1979 applicable en 1980. Quant à nous, nous voulons, dans notre
mémoire, sensibiliser le gouvernement et les intervenants aux
répercussions qu'un changement pourrait avoir sur le financement.
À mon avis, il n'y a pas de contradiction, les deux sont
différents. Il y a peut-être eu quelques problèmes de
communications, mais je pense que les deux organismes étaient bien au
courant des activités de l'un et de l'autre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, je vous reconnais pour votre dernière question.
M. Dufour: II est peut-être dans l'annexe que vous avez
ajoutée. Je vous remercie, M. le Président, et je comprends qu'on
a gagné du temps à d'autres places; donc, on peut se le
permettre. Vous ditez à un endroit: "...demande au gouvernement, qui est
un partenaire important dans le dossier du transport en commun, de: - je ne
lirai pas tous les articles, c'est à la page 19 -revoir certaines lois,
règlements et décrets qui ont un impact à la hausse sur
les coûts d'exploitation;" Quand vous me parlez des règlements et
décrets, qu'est-ce que c'est? Et dans la loi, qu'est-ce qui augmente vos
coûts? Je pense qu'il y a une question de sécurité; il y a
des lois sur cela. Cela augmente vos coûts certainement, mais est-ce que
c'est cela que vous voulez que le gouvernement retouche ou revoie?
M. Forgues: C'est cela. Entre autres, lors de nos rencontres, on
avait demandé, au ministre des Transports de regarder la
possibilité de modifier la loi sur la circulation pour permettre
à nos véhicules de tourner à droite, sur un feu rouge.
 ce moment-là, on pouvait démontrer qu'il y avait des
économies parce qu'on le fait en Ontario.
Au chapitre des règlements et décrets, peut-être que
quelqu'un ici à la table pourrait compléter...
M. Tanguay: Le Code du travail est une contrainte majeure,
surtout par rapport à l'un des objectifs que, collectivement, tout le
monde pourrait se fixer, c'est-à-dire de confier davantage de contrats
à l'entreprise privée, maintenant qu'on connaît les
dispositions du Code du travail où, finalement, on ne peut pas
déléguer sans que les nouveaux contrats soient régis par
les mêmes lois aux nouveaux employés. C'est là une
contrainte majeure, etc. Cela ne donne rien de faire la nomenclature de cela,
ce sont des choses que vous connaissez pertinemment.
M. Dufour: Je voulais m'assurer que j'avais bien compris ce que
vous vouliez dire parce que cela ne fait pas très longtemps que je suis
sorti du milieu municipal et je comprends les difficultés que vous avez
à appliquer certains règlements, certaines lois. Par contre, il y
a des contraintes sur la sécurité, sur l'hygiène, il y a
un certain nombre de lois difficiles à contourner. Connaissant les
prises de position du ministre vis-à-vis de la réfection ou de
l'aménagement du nouveau Code de la sécurité
routière, cela ne va pas dans le sens que vous demandez, je ne pense
pas.
M. Forgues: Pour compléter les réponses,
j'inviterais M. Beaumier, qui voulait intervenir, et M. Grégoire, qui
vous parlera de la loi 45. M. Grégoire, seulement pour...
M. Grégoire: Je veux seulement faire la remarque que
l'article 45 du Code du travail crée une contrainte assez
considérable lorsqu'il s'agit de vouloir confier certains services
à l'extérieur parce que, si on fait appel à un
entrepreneur de l'extérieur pour confier des services à moindres
coûts, ce même entrepreneur est lié par la convention
collective de notre entreprise. Finalement, il n'y a plus d'avantage et on ne
peut plus le faire. Quand on parle de vouloir privatiser des choses, il y a des
entraves majeures dans les lois actuelles.
M. Dufour: Je suggère que vous mettiez cela à
l'ordre du jour de votre prochaine réunion.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Nous en sommes maintenant aux
remarques de conclusion. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
veux remercier d'une manière tout à fait particulière et
chaleureuse les gens de l'ATUQ et saluer la très bonne collaboration que
j'ai eue d'eux. Je veux vous assurer que cela peut se poursuivre dans le
respect des champs de compétences de chacun. En profitant de ce champ de
compétences, je veux un peu répondre à mon collègue
de Jonquière, qui s'interrogeait sur les rapports intimes entre l'ATUQ
et l'UMQ et lui rappeler deux éléments extrêmement
importants dans la dénonciation qu'a faite l'UMQ qui a
mérité, hier, une correction des faits à tout le
moins.
Premièrement, l'UMQ avait possiblement raison de dénoncer
le fait qu'on ait touché à l'entente sur la fiscalité
municipale. Ce que j'ai dit hier, là où elle n'avait pas raison,
c'est de dire que cela s'était fait sans consultation. Par
surcroît, cela s'était fait avec des élus, eux-mêmes
mandatés dans leur responsabilité par d'autres élus et, en
plus - on l'a appris aujourd'hui - de ces mêmes élus
étaient à l'UMQ. Si cela ne fait pas le tour du dossier, je pense
que cela m'apparaît assez clair.
Deuxièmement, d'avoir communiqué au public qu'il y avait
un coût direct de 40 000 000 $, alors que la réalité
était 20 000 000 $. 40 000 000 $ moins une certaine formule qui vient
compenser... Cela vient de l'aveu même de Mme Gravel, de la STRSM, hier
matin, qui nous a admis: 0,45 $ sur chaque dollar quand cela atteint un
plafond. Alors, dans ce sens, c'était très clair. C'est sur cela
que l'intervention est venue pour corriger un certain nombre de faits, parce
que la vérité, même pour le gouvernement, celui qui paie, a
ses droits. Si elle a ses droits sur le plan du pacte de la fiscalité
municipale, elle a aussi ses droits quant à la participation du
gouvernement, et c'est ce que le gouvernement fait.
Enfin, je suis pleinement conscient qu'il reste encore toute une
série de problèmes à régler. Votre
expérience, votre vécu quotidien, votre connaissance profonde des
irritants touchant le transport en commun -donc, la connaissance de certains
irritants éliminés pour une meilleure performance -seront de
nature à bien meubler nos prochaines réunions qui, je le
souhaite, auront lieu le plus rapidement possible pour régler toute la
série de dossiers. Ainsi, cela fera en sorte qu'on va décider un
certain nombre de choses et on pourra peut-être signer entre nous des
petits contrats de productivité qui feront rougir bien des
employés. Alors, merci d'être venu à Montréal.
Une voix: ...
M. Côté (Charlesbourg): Rougir.
Une voix: Cela va.
M. Côté (Charlesbourg): Bon retour dans chacune de
vos communautés et merci de votre assistance assidue dans cette salle
où on a pu noter les problèmes des uns et des autres et
tenté de trouver des solutions aussi. Merci bien!
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai entendu le ministre dire:
Celui qui paie a ses droits. Ceci n'a pas été sans me rappeler
une phrase que j'entendais quand j'étais jeune étudiant, et que
j'allais au Parlement de Québec entendre M. Duplessis qui disait: Celui
qui paie, c'est celui qui mène. C'est pour cela qu'il ne voulait pas
qu'Ottawa paie dans toutes sortes de domaines qui n'étaient pas de sa
juridiction. Je sais combien ces points sont délicats. Le
député de Jonquière me parle souvent des
municipalités et de leur conception des choses. J'ai l'impression, quand
on parle des contacts intimes du ministre avec l'ATUQ, je sens ces contacts
intimes entre l'Union des municipalités du Québec et le
député de Jonquière qui parle d'intuition. Je veux aussi
vous remercier d'être venus nous rencontrer. Comme M. le ministre l'a
souligné, et avec raison, plusieurs d'entre vous êtes
demeurés ici depuis le début ou pendant toute la journée
d'hier. Vous avez eu l'occasion de nous sensibiliser, soit officiellement, soit
dans des discussions, aux problèmes qui sont les vôtres et vous
avez pris le temps de faire en sorte que l'on puisse comprendre le mieux
possible la façon dont vous souhaitez que le transport en commun se
développe au Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le président.
M. Forgues: II me reste à vous remercier de votre accueil
et de nous avoir permis de nous faire entendre à cette commission.
Merci!
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiens à remercier
l'Association du transort urbain du Québec pour sa participation aux
travaux de cette commission. Sur ce, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures. (Suspension de la
séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 21)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre sa consultation générale
portant sur l'étude du document intitulé Les infrastructures
de transport en commun de la région de Montréal.
Association des propriétaires d'autobus du
Québec
II me fait plaisir maintenant d'accueillir l'Association
des propriétaires d'autobus du Québec. Je demanderais, s'il vous
plaît, à son porte-parole de bien vouloir s'identifier ainsi que
la personne qui l'accompagne pour le bénéfice des parlementaires
et du Journal des débats.
M. Viens (Mario): Merci, M. le Président. Mon nom est
Mario Viens, je suis président de l'Association des propriétaires
d'autobus du Québec et je vais laisser le soin à mes
confrères de se présenter.
M. Girard (Romain): Romain Girard, vice-président
exécutif et directeur général de l'association.
M. Langis (Sylvain): Sylvain Langis, directeur de l'association
siégeant au comité exécutif et président de la
section du transport interurbain, urbain et aéroportuaire de
l'association.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Je vous cède
maintenant la parole et vous avez 20 minutes pour présenter votre
mémoire aux membres de la commission.
M. Viens: Merci. Tout d'abord, je voudrais remercier la
commission de nous avoir prêté cette scène pour permettre
à l'association de faire valoir le rôle qu'elle peut jouer dans
cette organisation du transport en commun. Contrairement à plusieurs
intervenants qui sont passés avant nous et qui ont souligné
qu'ils voulaient s'assurer qu'ils aient les deniers disponibles, nous sommes
ici pour trouver une solution et jouer un rôle économique en vous
faisant épargner des sous.
Je vais laisser le soin à notre directeur général
de vous présenter le mémoire. M. Girard.
M. Girard: Alors, M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs représentant le parti ministériel et
l'Opposition, l'Association des propriétaire d'autobus du Québec
est heureuse de soumettre à la présente commission parlementaire
ce mémoire énonçant sa position relative au transport en
commun dans la grande région de Montréal.
Il est évident que les intérêts que nous
représentons ne disposent pas des ressources ou même de la
légitimité pour porter un jugement sur le comportement et
l'efficacité de tous les intervenants intéressés par le
transport en commun dans la grande région de Montréal, en ce sens
que le présent mémoire soulève quatre
préoccupations bien précises qui nous affectent. Certains des
énoncés de ce mémoire ont déjà
été présentés sur d'autres tribunes, mais notre
association, qui réunit les transporteurs d'autobus privés du
Québec, soit 150 entreprises de transport public, tient à
présenter à l'ensemble des intervenants impliqués dans la
région de Montréal la position de l'entreprise privée.
D'abord, nous tenons à redire que les transporteurs privés
par autobus, qu'ils soient transporteurs scolaires, transporteurs en commun,
urbains, interurbains ou même nolisés, souhaitent maintenir un
rôle actif dans la mise en place et le maintien du réseau et des
services de transport en commun dans la grande région de
Montréal. Le transfert des responsabilités entrepris en 1984, la
création des conseils intermunicipaux de transport comme
autorités organisatrices, la possibilité que celles-ci ont alors
eue de définir leurs besoins et de mettre en place les réseaux
correspondants ont toujours reçu un vif appui de l'APAQ et continuent de
mériter cet appui.
Le présent mémoire vise donc plus à confirmer notre
appui et notre engagement dans le système actuel plutôt
qu'à remettre en question ses fondements. Un grand nombre de
transporteurs privés ont pu se faire valoir auprès d'un ou
même de plusieurs conseils intermunicipaux de transport et leurs
expériences inspirent les quelques remarques de ce document.
De plus, certains de nos membres offrent déjà en
sous-traitance des services des organismes publics de transport en commun;
cette avenue déjà exploitée, pour ce qui est des
transports adaptés, intéresse de plus en plus, pour d'autres
domaines, ces mêmes organismes publics de transport en commun. Cette
préoccupation a d'ailleurs été exprimée cet
après-midi. En effet, si le gouvernement québécois
restreint réellement les subventions aux immobilisations - et ce moment
semble arriver - la sous-traitance apparaîtra de plus en plus comme une
alternative pour fournir un service égal à des coûts
moindres. L'entreprise privée saura, le moment venu, en faire la preuve
et la somme des expériences acquises dans ce
domaine par les parties depuis 1984 sera sûrement le meilleur gage
de cette réussite.
L'implication des municipalités. Un retour rapide en
arrière nous amène à comprendre que les objectifs ayant
mené aux changements des dernières années ont
effectivement été atteints. Chaque corridor a pu, par une
réunion de ses élus, décider de ses implications
réelles dans le service public de transport en commun. Les élus
responsables, ayant voulu doter leur population de services fiables, en ont
pris la charge, tandis que d'autres, moins préoccupés de la
qualité et de la fiabilité du service, se sont franchement
débarrassés de cette responsabilité dans un contrat dit
à tarif d'équilibre avec des transporteurs privés. Ainsi,
chaque municipalité ou groupe de municipalités a pu, au fil des
ans, faire ses choix et en assumer les coûts et ce, dans le sens des
objectifs ayant mené à la réforme.
Il est remarquable, en 1987, d'examiner la différence de
performance entre ces deux types de gestion et de prise en charge des services
de transport en commun. En effet, malgré des pouvoirs et un programme
d'aide égaux d'un corridor à l'autre, on doit remarquer que les
résultats sont tout à fait différents, selon que les
élus ont voulu reconnaître comme prioritaire ou non le dossier du
transport des personnes. L'APAQ a toujours soutenu que le pouvoir
accordé aux conseils intermunicipaux de transport pour organiser des
services de transport en commun impliquait la responsabilité de ces
organismes dans l'élaboration et le fonctionnement de ces services.
Il est inacceptable que des CIT aient fait le choix de contracter avec
des transporteurs privés en leur déléguant la
responsabilité de l'équilibre financier, des horaires, des
parcours et, finalement, sous le couvert d'une service dit municipalisé,
aient accordé un permis, comme la Commission des transports du
Québec l'aurait fait, sans avoir les recours et les pouvoirs de sanction
ni de contrôle de celle-ci.
À la lecture des recommandations contenues dans le rapport du
comité des CIT sur le financement du transport en commun, il nous
apparaît que les municipalités ayant participé à sa
rédaction, pour le moins, sont prêtes à exercer ce pouvoir
et à assumer la responsabilité qui en découle. Dans le
sens de ces recommandations et, surtout, dans le sens de l'article 12.4 de la
loi sur les CIT concernant les objectifs de revenus, il nous apparaît
nécessaire que les conseils intermunicipaux s'impliquent
financièrement et assument une gestion et un contrôle efficaces et
réels dans l'objectif d'offrir au public les services auxquels il est en
droit de s'attendre.
Tous les intervenants reconnaissent que le transport en commun est un
service public et qu'à ce titre il doit être simple d'utilisation,
stable, sécuritaire, accessible et économique. L'atteinte
simultanée de ces objectifs est difficile à obtenir dans tous les
cas et, dans le présent cas, la multiplicité des intervenants
double cette difficulté. Deux éléments bien précis
méritent ici d'être soulevés par l'APAQ: l'utilisation des
infrastructures d'un organisme par les autres organismes et la
difficulté de maintenir en coexistence, dans le cadre actuel de la
réglementation, les services donnés par les détenteurs de
permis de transport en commun et les autres services des autorités
organisatrices publiques. (20 h 30)
Dans le sens des recommandations du comité des CIT sur les
problèmes d'interface avec le territoire de l'île de
Montréal et du comité sur la coordination avec la
Société de transport de Laval et la ville de Laval, il nous
apparaît indispensable, dans la perspective d'un service
régionalisé intégré et cohérent, que
l'utilisation des infrastructures des organismes centraux du territoire soit
rendue possible à des conditions acceptables pour tous les organismes et
transporteurs en périphérie. Il est en effet impossible pour un
conseil intermunicipal de transport de fournir aux usagers de son corridor et
à sa population en général un service simple
d'utilisation, sécuritaire et accessible, si le nombre de quais
d'embarquement doit être dédoublé, s'il doit être
déplacé continuellement ou occasionnellement, si l'utilisation
des points terminus et des points de correspondance avec le métro et les
autres services d'autobus ne peut être facilement disponible et, surtout,
si l'usage des voies réservées, qui ont pour objet de donner
priorité au transport en commun pour les usagers de ce service, n'est
pas disponible aux services provenant des périphéries, et ce, peu
importe si les autorités organisatrices de ces corridors ont voulu
transiger avec des entreprises privées ou avec d'autres entreprises
publiques.
Il est inacceptable d'entendre les CIT nous répondre qu'ils ne
peuvent contracter avec nous comme entreprises privées parce que, s'ils
le font, ils n'auront pas accès aux terminus des commissions de
transport ou aux voies réservées mises sur pied pour l'usage de
celles-ci. Si les autorités organisatrices sont vraiment responsables de
ce dossier et si le transport des clientèles périphériques
est lui aussi reconnu comme important, les intérêts des organismes
publics de transport en commun devraient être harmonisés avec
ceux, plus globaux, des CIT, au lieu de leur servir à développer
des quasi-monopoles.
De la plupart des points de la grande région de Montréal,
en direction de tout le reste du territoire québécois, sont
fournis, par des transporteurs privés, des services de
transport en commun dits interurbains. Dans certains cas, cette
clientèle devient, lorsqu'elle accède au territoire, une
clientèle des services de transport en commun discutés devant la
présente commission parlementaire. L'ensemble des dispositions
réglementaires contenues dans le Code municipal, la Loi sur les
cités et villes et la Loi sur les conseils intermunicipaux de transport
dans la région de Montréal contiennent actuellement des
dispositions pour harmoniser ces deux types de service et les
responsabilités des organismes ou autorités les régissant,
soit la Commission des transports du Québec, d'une part, et les
organismes municipaux ou intermunicipaux de transport, d'autre part.
Ces dispositions, dans leur texte actuel, sont franchement inacceptables
et des représentations ont souvent été faites au ministre
des Transports ces deux dernières années à ce sujet. Les
conséquences de ces dispositions se remarquent sur tout le territoire
québécois et posent des problèmes qui dépassent
largement la région de Montréal.
Il nous apparaît qu'il est enfin temps, à
l'intérieur de la présente réflexion, d'envisager de
modifier la Loi sur les cités et villes, le Code municipal et la Loi sur
les CIT pour permettre qu'une modification d'horaire, de service ou de parcours
sur le territoire de ces organismes, lorsqu'elle est acceptée par la
Commission des transports du Québec, soit plus facilement mise en
vigueur, subisse moins de délais et que, dans la foulée des
modifications législatives envisagées pour l'atteinte d'autres
objectifs des intervenants ici présents, soit incluse celle
déjà demandée en mai dernier au ministre des
Transports du Québec.
L'intégration de tous les services de transport en commun est,
comme nous l'avons dit, un objectif à atteindre. Cependant, il est
difficile de considérer, tel qu'il est souhaité et
recommandé par divers conseils intermunicipaux de transport, le
transport scolaire dans l'ensemble des services qui doivent être
intégrés. Tous doivent reconnaître que les services de
transport scolaire correspondent à un besoin tout à fait
différent des déplacements des clientèles et que les
conseils scolaires et les conseils intermunicipaux de transport sont deux
niveaux de pouvoir dont les territoires ne se recoupent pas
nécessairement.
En 1974, 40 municipalités du Québec ont
bénéficié d'une décision du gouvernement de
l'époque afin que les services de transport scolaire soient
confiés aux transporteurs urbains de ces municipalités. En 1985,
soit onze ans plus tard, le ministère des Transports du Québec
constatait, à l'intérieur du groupe de travail sur le transport
en commun, que cette décision n'avait pas eu d'effets
bénéfiques sur le transport urbain; que les transporteurs, pour
des raisons d'efficacité, d'une part, et pour leur permettre, d'autre
part, de transporter d'une manière plus conforme au règlement sur
les véhicules affectés au transport écolier les
clientèles scolaires et pour atteindre plus efficacement les objectifs
des commissions scolaires, ont dû, de toute façon,
développer deux réseaux parallèles et, dans la plupart des
cas, malheureusement, abandonner le réseau de transport en commun urbain
pour se concentrer uniquement sur le service de transport scolaire.
Il est bien évident que, si, marginalement, un
élève ou un groupe d'élèves d'une localité
avait intérêt à utiliser les services de transport en
commun mis en place pour se rendre à sa commission scolaire et, ainsi,
éviter que soit pour lui mis en place un service de navette avec un
véhicule exclusif, l'atteinte de cet objectif serait souhaitable.
Cependant, il en va d'une tout autre conséquence que de vouloir aider au
financement des services de transport en commun par les services de transport
scolaire et, en aucun cas, cette recommandation ne nous apparaît
souhaitable - bien qu'elle ait été contenue dans le rapport du
comité sur le financement des CIT.
Il nous paraît clair que la problématique du transport en
commun dans la région de Montréal est bien complexe, qu'elle doit
tenir compte des nombreux objectifs sectoriaux, des individus, des groupements
en place, des organismes de transport public et même, dans notre cas,
privé. Les très nombreuses réglementations encadrant ou
affectant ces services en témoignent éloquemment et,
malheureusement, dans certains cas, y contribuent.
Il est aussi évident que l'entreprise privée souhaite
jouer un rôle actif et grandissant et qu'en conséquence elle doit
s'insérer en respectant les objectifs de chacun. Cependant, tout ceci
risque peu d'être, à moins que nos revendications ne soient
retenues et considérées comme un apport aux objectifs
généraux et collectifs du réseau québécois
de transport des personnes.
Nous remercions donc la présente commission d'avoir bien voulu
prendre connaissance de ce mémoire et espérons que celui-ci aura
pu contribuer à l'amélioration de la situation dans la grande
région de Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous remercie, M. le
Président. Je veux saluer de manière bien particulière MM.
Viens, Girard et Langis qui président aux destinées de l'APAQ,
organisme qui joue un rôle extrêmement important puisqu'il est le
témoin de l'entreprise privée, laquelle nous permet, à
certaines occasions, de mesurer le degré d'efficacité des
transports publics. À cet égard, le mémoire de l'APAG,
même s'il n'aborde pas globalement l'ensemble ou chacun des
éléments spécifiques du transport en commun, a le
mérite de soulever un certain nombre de problèmes
inhérents aux CIT, soit à toute une série de commissions
intermunicipales de transport qui, à l'occasion, peuvent faire du
rabattement avec tous les problèmes d'interface que cela suppose et que
chacun vit de manière quotidienne.
Je vais prendre les recommandations une à une, puisqu'il y en a
trois, pas toujours nécessairement en procédant par une question,
mais en en profitant pour faire un état de situations dans chacun des
cas. Cela permettra de régulariser un certain nombre de choses.
La recommandation 1: Que les conseils intermunicipaux s'impliquent
financièrement et assument une gestion et un contrôle efficaces,
dans l'objectif d'offrir au public les services auxquels il est en droit de
s'attendre. L'organisation des CIT, on se l'est déjà dit, est
jeune, à peine trois ans, et a subi une évolution assez
remarquable depuis. Vous vous souviendrez des amendements à la loi,
à votre suggestion, compte tenu de problèmes vécus dans
certains CIT où le degré des responsabilité des
élus municipaux n'était pas proportionnel à leur
volonté d'offrir du service, mais faisait en sorte que les
municipalités, versaient sur le dos des transporteurs l'équilibre
financier qui était impossible et qui pouvaient demander, à
certains moments, que tel rang dans telle municipalité soit desservi par
un transporteur en commun alors que, sur le plan financier, il n'avait aucune
raison d'être et que la municipalité, de plus, ne participait pas
au financement. On a corrigé cette situation avec un amendement à
la loi et les municipalités sont maintenant obligées de
participer au financement des CIT. Dans ce sens, je pense que cela a
amélioré une partie de la situation, mais je partage
entièrement ce qui est exprimé dans la recommandation 1,
puisqu'il est impensable que l'on puisse organiser du transport en commun
maintenant, sans la participation des municipalités sur le plan
financier. Cela nous paraît très clair et cela a aussi pour
conséquence de restreindre la demande de transport lorsqu'on paie sa
quote-part. Dans ce sens, à moins que vous n'ayez des choses
additionnelles à me dire, je pense qu'on s'entend là-dessus. S'il
y a d'autres réajustements à faire, ils seront faits en temps
opportun pour bien s'assurer que le message sera bien compris et bien suivi
partout.
Recommandation 2: Que l'utilisation des infrastructures des organismes
centraux du territoire soit rendue possible à des conditions acceptables
pour tous les organismes et transporteurs en périphérie.
Vous avez soulevé le cas le plus percutant de la dernière
année, soit celui des Basses-Laurentides avec l'accès à
des quais appartenant à la STL payés à 75 % par le
ministère des Transports. Et personne n'avait rien à dire;
c'était: II n'y a pas de place pour vous autres, il n'y en a rien que
pour nous autres, compte tenu qu'on était auparavant des associés
et qu'on est maintenant devenus des compétiteurs. J'ai peut-être
clarifié de manière très simple la situation. On n'a pas
de poignée sur le plan légal pour intervenir à ce
niveau-là, mais il m'apparaît démesuré que nous ne
puissions rien dire, compte tenu du fait que nous en payons 75 % et que
forcément ces 75 % viennent des deniers de l'ensemble de la
province.
Les comités des CIT qui ont siégé depuis l'an
passé nous ont soumis des rapports qui feront l'objet de la
deuxième vague de travail après cette commission et ils nous
recommandent un certain nombre d'interfaces. Et je pense que cela a
été très clair au moment de la commission ici. Il y avait
des problèmes d'interface et il fallait non seulement prévoir des
solutions aux quais d'embarquement ou de débarquement, mais aussi aux
voies réservées puisque, virtuellement, il y aura certainement
une demande de participation de la part du gouvernement du Québec quant
à l'établissement des voies réservées.
Alors, je pense que le problème est très bien posé
et, peu importe si le transport en commun vient de Joliette, de Saint-Canut ou
de Deux-Montagnes, s'il doit y avoir accès au centre-ville, je pense
qu'il faut qu'il y ait accès au centre-ville. Et pour des situations
comme celle que vivent les gens de Châteauguay ou de toute cette
partie-là du territoire du Québec quant à l'accès,
à la station de métro de la STCUM, j'ai eu l'occasion
d'intervenir deux fois - cela vous donne le poids du ministre des Transports
vis-à-vis de la STCUM - pour tenter de régler le problème
sans pour autant qu'il soit réglé autrement qu'en ajoutant des
bancs.
Dans cette réflexion globale, c'est un problème qui va
être considéré et qui va avoir, coûte que
coûte, une solution. Le transport en commun des gens à
l'extérieur de la grande région métropolitaine, c'est
aussi le même problème et le même phénomène de
transport en commun que sur l'île de Montréal. Pour cela, je crois
qu'il y a des choses à faire et effectivement, on va les faire. Cela
fait partie des solutions qui vont être abordées à cette
grande table de concertation qui sera convoquée par le ministère
des Transports et, s'il le faut, le ministre sera à la table.
Troisième recommandation: Que soient modifiés la Loi sur
les cités et villes, le Code municipal et tout ce dont on a
parlé
tantôt, de sorte que l'acceptation de changement d'horaire puisse
se faire beaucoup plus rapidement que cela ne se fait actuellement.
Il y a, à l'intérieur du ministère, un
comité qui est déjà à l'ouvrage. Il travaille
déjà à des amendements possibles ou à des textes
législatifs qui nous permettraient des amendements à la loi des
CIT, puisqu'il faudra faire des amendements à la loi des CIT à
partir du moment où on aura fini notre deuxième vague de
consultation sur les quatre rapports déposés par les CIT. Donc,
ce sont les choses qui viennent et cela est une proposition qui nous semble,
quant à nous, du ministère des Transports... Je ne peux pas
parler au nom de mon collègue du ministère des Affaires
municipales, mais je peux au moins vous dire que je vais essayer de le
convaincre et que c'est notre devoir à nous, comme responsables de la
loi des CIT, de tenter de le convaincre pour éliminer de la paperasse et
accélérer ces processus-là.
Il y a aussi un élément qui n'est pas dans les
propositions, mais qui fait état de vos appréhensions quant
à l'intégration du transport scolaire. Il fut peut-être un
temps où on a rêvé - quand je dis "on", j'exclus tout le
monde sauf moi, pour bien vous situer - à la possibilité - le
transport scolaire a une facture d'au-delà de 300 000 00 $ et le
transport en commun d'au-delà de 400 000 000 $ - qu'on puisse faire
certaines économies en mariant l'un et l'autre, puisqu'il semble bien
que ce soit possible ailleurs. (20 h 45)
Comme le disait M. Lévesque, l'ex-premier ministre du
Québec, ce sont seulement les fous qui ne changent pas d'idée. Et
je suis maintenant d'opinion différente, compte tenu des risques que
l'on encourt sur le plan de la sécurité publique et bien d'autres
choses, en fait, dégradation de la qualité du service offert,
tant pour ceux qui veulent un transporteur public pour le transport public que
pour ceux qui veulent du transport scolaire. Le mariage des deux ne ferait pas
nécessairement le bonheur de tout le monde.
C'étaient les observations que j'avais à faire à ce
moment-ci, compte tenu de votre mémoire. Évidemment, j'ai bien
remarqué dans l'introduction de votre mémoire une phrase qui est
bien campée et qui situe très bien ce qu'est le transport
privé: Si le public fait défaut, on est toujours prêt
à prendre la relève et on est plus efficace que les autres. C'est
vrai la plupart du temps, mais il reste que les transporteurs privés ont
des problèmes aussi. Je pense que vous avez fait un travail assez
exceptionnel de ce côté pour qu'il y ait une qualité assez
exceptionnelle à ce niveau.
Cela fait le tour des points que vous avez soulevés et cela me
paraît répondre à vos questions, sans nécessairement
vous en poser, parce que c'est très vaste, sauf une chose: Dans la
mesure où nous déciderions d'intervenir de manière plus
significative auprès des CIT dans un programme de soutien aux
immobilisations et compte tenu du fait qu'on se cherche un quatrième
partenaire et qu'au niveau des CIT on serait de la même manière
avec des usagers qui paient, des municipalités qui contribuent, le
gouvernement qui contribue, dans la mesure où il y a un besoin de
certaines infrastructures, de gares ou de quais à l'intérieur des
CIT, est-ce que le transporteur privé accepterait d'être partie de
ce quatrième partenaire?
M. Viens: C'est sûrement une bonne question. Au
départ, il s'agirait de savoir si on deviendrait partenaires au
même titre qu'une corporation publique de transport. Est-ce que nous
aurions droit aux mêmes avantages quant à la subvention ou
à la participation à l'achat d'immobilisations, entre autres, les
véhicules, qui sont passés de 75 % à 65 %? Cela pourrait
engendrer une autre considération sûrement, parce que, alors que
l'entreprise publique a des véhicules à très bons prix,
nous devons payer le prix maximum. Déjà, au départ, nous
ne sommes pas sur un pied d'égalité, mais, si les règles
sont équitables, ce serait sûrement une chose à
envisager.
M. Langis: Lorsque vous parlez, M. le ministre,
d'infrastructures, est-ce que vous parlez d'inclure, par exemple, des
infrastructures d'accueil pour les usagers? Je parle de terminus...
M. Côté (Charlesbourg): De gares.
M. Langis: ...des infrastructures d'accueil de ce type dans
lesquelles vous souhaiteriez que l'industrie privée investisse des
sommes d'argent pour permettre aux usagers d'en profiter.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Langis: Dans la mesure où les transporteurs pourront
retirer une certaine rentabilité de ces opérations, je pense que
c'est un point qu'on peut facilement examiner et que l'industrie sera
intéressée à examiner. Cependant, dans un CIT
donné, quel qu'il soit, est-ce qu'on demandera à un transporteur
initial d'investir dans une infrastructure donnée et, au bout de trois
ou cinq ans, lors d'un changement de contrat, est-ce que ce sera un autre
transporteur qui en profitera, alors que le premier aura investi les sommes
nécessaires? Je pense qu'il faudrait prévoir des mesures à
ce niveau. Mais, dans la mesure où les transporteurs privés
peuvent retirer des avantages à leur juste mesure de ce type
d'infrastructure, je pense que tout est examinable.
M. Côté (Charlesbourg): ...avantage à la fois
pour le CIT et le transporteur quant è la stabilité du
transporteur. On sait que dans le monde scolaire on réclame de plus en
plus de contrats de trois ans pour permettre de renouveler la flotte de
manière régulière. Il y aurait peut-être certains
avantages pour les CIT à signer des contrats à plus long terme.
Si on exige ou si on demande au gouvernement, vis-à-vis des
sociétés publiques de transport, une entente sur cinq ans quant
à l'exploitation indexée, il y a peut-être bien des
transporteurs qui accepteront des ententes de cinq ans indexées aussi.
Finalement, il y aurait peut-être des choses à gagner là,
mais je remarque et je prends note qu'il y a un niveau d'intérêt
selon les modalités à définir.
Une voix: Absolument.
M. Langis: M. le ministre, est-ce que je dois comprendre que,
dans une infrastructure comme une infrastructure d'accueil, les
municipalités seraient aussi invitées à investir ou
simplement un transporteur?
M. Côté (Charlesbourg): Si les municipalités
n'investissent pas, il n'y en aura pas. C'est aussi clair que cela. Si les
municipalités pensent que c'est le gouvernement qui va payer, qu'elles
oublient cela. Le gouvernement va faire sa part comme gouvernement responsable,
mais, si on est trois ou quatre, on paie à trois ou quatre.
M. Langis: Je pense que la réponse est simple du
côté de l'industrie privée: si l'opération est
rentable, il va de soi que l'industrie privée sera
intéressée.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, cela va.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Lévis.
M. Garon: Monsieur voulait ajouter quelque chose.
M. Langis: Je m'excuse. On est tombé dans certaines
infrastructures de CIT, mais j'aurais une question à poser à M.
le ministre, si cela est possible, concernant la recommandation 3, lorsqu'on
parle d'une modification à la Loi sur les cités et villes, le
Code municipal et la loi sur les CIT. Est-ce que, dans votre réponse,
vous faisiez également référence au fait de modifier
certains articles qui, aujourd'hui, obligent ou donnent une obligation à
la Commission des transports du Québec d'abroger certains permis sur
certains corridors dans la mesure où ils empiètent à
certains endroits sur les territoires des CIT? Est-ce que vous me suivez?
M. Côté (Charlesbourg): Je vous suivrais plus
facilement si vous me donniez un exemple.
M. Langis: Bon. Actuellement, dans les lois ou le code
concernés, il existe un ou des articles qui obligent la Commission des
transports du Québec à abroger les permis de certains
transporteurs dans la mesure où le service qui passe sur leur territoire
vient doubler un service déjà offert par un contrat d'un CIT
à un transporteur privé. Je vais vous donner un exemple bien
précis.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, on va
prendre un exemple.
M. Langis: Voyageur donne un service
Montréal-Trois-Rivières...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Langis: ...a un permis qui se lit
Montréal-Trois-Rivières...
M. Côté (Charlesbourg): Pas celui-là, cela
est trop gros.
M. Langis: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Voyageur ne va pas dans les
CIT, on va en prendre un autre.
M. Langis: Je parlais d'un exemple que je connaissais.
M. Coté (Charlesbourg): On va prendre celui de Brandon
Transport...
M. Girard: On n'appelle pas cela un exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Girard: On n'appelle pas cela un exemple, on appelle cela un
cas spécial.
M. Côté (Charlesbourg): Un cas... Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Langis: Je pourrais vous donner plusieurs exemples, M. le
ministre. Comme M. Girard vient de l'indiquer, Brandon Transport est un cas
très spécial, sauf qu'on parle du même CIT. Actuellement,
il y a un article soit dans la Loi sur les cités et villes, soit dans le
Code municipal ou dans la loi sur les CIT qui oblige la commission à
abroger ou à révoquer le permis de certains
transporteurs qui donnent un dédoublement de service sur les
territoires concernés. Par exemple, Voyageur détient un permis
local qui se lit Montréal-Trois-Rivières et qui passe, par
hasard, sur le territoire de la ville de Berthier. Est-ce que, puisque Berthier
fait partie d'un CIT, la commission se voit ainsi obligée de
révoquer le permis - et cela ne dit pas une partie du permis, mais le
permis - de l'entreprise en question? Est-ce que, pour cette raison, la
Commission des transports doit révoquer le permis d'une entreprise
depuis Montréal jusqu'à Trois-Rivières et ainsi enlever le
service à tous les usagers, à tous les points
intermédiaires? C'est ma question. Cela arrive également sur
d'autres territoires.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. L'état de la
réflexion, compte tenu que mon exemple n'était pas bon parce que
c'était un cas d'exception... L'état de la réflexion
actuellement, si on avait à intervenir demain matin sur le plan
législatif, oui, effectivement, on ferait des changements
à ce niveau-là, ce qui aurait tendance à vous donner,
sinon totalement, du moins en partie raison. On va la pousser et ce qu'on veut,
c'est intervenir au niveau de plusieurs amendements au niveau des CIT pour
moderniser la loi et en faire une loi de deuxième
génération au lieu d'une loi de naissance. Alors, comme le disait
le député de Lévis, par ses expériences de guerre:
Quand tu veux finir par atteindre la cible, tu tires plus haut, tu tires plus
bas et, à un moment donné, tu tires dessus. C'est un peu le cas
en ce qui concerne les CIT. Là, on a tiré un peu plus haut, on ne
va pas nécessairement essayer de tirer plus bas, mais on va essayer
d'avoir une bonne performance, de tirer dans la cible au deuxième coup.
À la lumière des expériences et des échanges qu'on
a avec vous et avec les CIT, on sera peut-être capables de régler
les problèmes.
M. Langis: J'aurais, M. le ministre, une question additionnelle.
Est-ce que cela veut dire que le ministère est prêt à
donner des instructions à la Commission des transports du Québec
pour qu'elle ne prenne pas action pour l'instant puisqu'une série d'avis
proprio motu ont déjà été envoyés à
une série de transporteurs pour la révocation de ces permis?
M. Côté (Charlesbourg): II faut faire attention aux
juges, aux tribunaux quasi judiciaires. Je suis pas mal sûr qu'ils sont
très intéressés par nos travaux, qu'ils vont relire avec
intérêt nos échanges et peut-être s'inspirer de nos
échanges pour se faire un jugement plus éclairé.
M. Langis: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais poser une
première question parce qu'étant nouveau dans le dossier des
transports, il y a des associations que je ne connais pas ou dont j'ai
déjà entendu parier, mais qui ne sont pas nécessairement
présentes à mon esprit en termes de représentation. Quand
vous parlez de l'Association des propriétaires d'autobus du
Québec, combien de personnes font partie de l'association et les
propriétaires ont combien d'autobus, seulement pour avoir une
idée?
M. Girard: Pour nous situer, je vais parler de l'ensemble du
transport par autobus privé au Québec. L'ensemble du transport
par autobus privé au Québec totalise à peu près
9000 autobus à l'intérieur de 850 entreprises de transport
scolaire et de transport public. Il y a environ 1000 autobus qu'on va classer
sous le terme générique d'"autocars", de "coaches", des autobus
du style Voyageur, dans le sens de ce que tout le monde comprend. L'APAQ
représente, sur les 800 entreprises ou à peu près du
Québec 150 entreprises qui occupent particulièrement le
créneau du transport public avec des autocars dans le transport
nolisé, urbain et privé, dans des villes qui ne sont pas
occupées par des organismes de transport en commun, nolisé et
scolaire pour un nombre, pour une partie. Donc, à l'intérieur de
l'association, on a 3500 autobus concentrés à l'intérieur
de 150 entreprises, partout sur le territoire québécois.
M. Garon: Pourriez-vous expliquer davantage la notion de contrat
à tarif d'équilibre dont vous parlez dans votre
mémoire?
M. Girard: Oui. En fait, le mémoire présuppose que
l'attitude qui prévalait il y a trois ans et il y a deux ans dans
beaucoup de CIT ou dans un certain nombre de CIT n'existe plus, à la
lumière du rapport du comité sur le financement des CIT.
Cependant, lorsque certaines autorités municipales ont eu le pouvoir de
prendre des décisions sur le service de transport public à donner
sur leur territoire ou de leur territoire à la région de
Montréal, un certain nombre de ces élus municipaux se sont sentis
mal à l'aise parce qu'ils étaient, d'une part,
méconnaissants du domaine et, d'autre part, qu'ils ont eu devant eux des
commissions de transport qui ont fait valoir l'intérêt de
contracter avec elles, des transporteurs privés qui ont fait la preuve
qu'il était nécessaire que ce soient eux qui contractent avec
elles à un tarif donné et d'autres transporteurs privés
qui leur ont dit: Si vous
contractez avez nous, cela ne vous coûtera rien et vous n'aurez
plus de trouble avec le transport public. Un certain nombre de CIT qui, pour
toutes sortes de raisons, ne se sentaient pas à même d'assumer une
responsabilité de fait dans l'organisation du réseau de transport
public ont écouté le ou les transporteurs qui ont voulu
contracter à tarif d'équilibre. C'est-à-dire qu'on
contracte avec vous comme conseil intermunicipal de transport. On s'engage
à ne jamais vous envoyer de facture, non plus que de problèmes.
Donnez-nous l'autorité de transporter, on va s'arranger avec les
horaires et les tarifs. C'est un contrat dit à tarif d'équilibre
qui, à l'intérieur de la réglementation, était et
est encore autorisé jusqu'à un certain point.
M. Viens: Ce qui veut dire que le seul revenu de l'entreprise,
c'était le revenu des usagers. (21 heures)
M. Garon: En ce qui a trait à votre première
recommandation, quel devrait être le niveau d'implication que vous
souhaitez pour les conseils intermunicipaux et quelles seraient les conditions
acceptables dont vous faites mention dans cette recommandation?
M. Girard: Lorsqu'un conseil intermunicipal de transport
contracte à tarif d'équilibre, dans notre esprit, cela revient
à dire qu'il permet à un transporteur privé de faire
à peu près ce qu'il veut sur le territoire du conseil
intermunicipai de transport. Notre recommandation selon laquelle il doit
assumer une responsabilité et un contrôle réel sur
l'organisation du transport ne revient pas à dire qu'il doit
nécessairement générer des déficits pour prouver
qu'il est impliqué, mais cela revient à dire qu'il assume la
responsabilité de l'équilibre entre les revenus et les
coûts, qu'il assume la responsabilité du service qui est
donné au public et à la clientèle et, en fin
d'année - et ce, dans le sens de l'article 12.4 de la loi sur les CIT
qui est citée dans le mémoire - si jamais il y avait
déficit, qu'il accepte de l'assumer sur la base d'une subvention du
ministère des Transports du Québec ou non qui peut lui être
accessible. Certains de ces CIT ont tellement peu d'intérêt
à assumer cette responsabilité qu'un en particulier a
résolu de se dissoudre au cours du mois d'octobre prochain pour tout
simplement ne plus entendre parler du problème du transport public sur
son territoire. C'est ce à quoi nous nous opposons. S'ils ont la
responsabilité de le faire, qu'ils le comprennent et qu'ils contractent
dans le sens d'intervenants responsables qui vont assumer la
responsabilité du déficit et, idéalement, s'ils peuvent
générer des revenus là-dessus, qu'ils les encaissent.
M. Garon: Dans la section Réseau interurbain, en page 4,
vous énoncez le fait que les dispositions réglementaires
contenues dans le Code municipal, dans la Loi sur les cités et villes et
dans la loi sur les CIT sont inacceptables. Dans quel sens sont-elles
inacceptables? Quelles ont été les représentations faites
au ministre et quels sont les problèmes auxquels vous faites
allusion?
M. Girard: Voilà trois questions qui peuvent faire l'objet
d'un mémoire à part. D'abord, dans le problème d'interface
avec les autorités organisatrices municipales, il y a deux niveaux de
problème. Dans un premier temps, il y a l'interface avec un CIT qui veut
ou non contracter de façon responsable avec un transporteur
privé, ce dont on va parler tout à l'heure.
Le deuxième problème est plus visible à
l'extérieur des CIT. Depuis 1985, une municipalité comme
Drummondville, comme Amos - non pas Amos, c'est un mauvais exemple - comme
Rouyn-Noranda, comme Rimouski ou comme Alma peut organiser sur son territoire
un service de transport municipal et, à cette fin, peut
bénéficier d'un programme d'aide qui est inclus à
l'intérieur du décret sur la politique d'aide. Des dispositions
du Code municipal, de la Loi sur les cités et villes et de la loi sur
les CIT édictent que, lorsqu'un CIT, dans un cas, et lorsqu'une
municipalité, dans d'autres cas, contractent pour une première
fois avec un transporteur privé, la Commission des transports du
Québec devra annuler le permis du transporteur s'il y a conclusion d'une
entente par contrat. On parle d'une première entente avec une
municipalité. C'est un exemple qui devient boiteux lorsqu'on en parle
pour la région de Montréal parce qu'il n'y a plus de CIT qui en
sont à l'étape de la conclusion d'une première entente
à la fin de l'année 1987.
Cependant, en périphérie, il y a des villes qui vont
contracter, dans les années à venir, des premiers contrats. Un
exemple est le cas de Bécancour qui a contracté avec un
transporteur privé un service de transport en commun qu'on va appeler
suburbain pour amener les travailleurs et une certaine clientèle de
Bécancour à la ville de Trois-Rivières. Dans la grande
agglomération de Bécancour, qui est la réunion de six ou
sept municipalités, historiquement, il y a quatre transporteurs en
commun qui croisent ce territoire à une extrémité ou
à l'autre, ou d'un bout à l'autre, dont Voyageur, Aubobus
Deshaies, Autocar Le Canadien et Autobus V.G. Demers, qui sont quatre
entreprises éparpillées autour de Plessisville, de
Trois-Rivières et de Drummondville. Ce à quoi M. Langis faisait
allusion tout à l'heure, c'est que, en raison du fait que
Bécancour a conclu une entente avec un transporteur, la
Commission des transports du Québec se voit dans l'obligation
d'annuler le permis des quatre transporteurs qui touchent son territoire. Le
problème est un problème de nuance ou d'interprétation de
la réglementation qui ne contient pas actuellement les nuances
suffisantes pour que la commission discrimine entre le transporteur dont elle
doit annuler le permis ou la partie du permis.
M. Langis: Pour nous, c'est un problème de libellé,
en fait. Les articles se lisent: La Commission des transports doit
révoquer. Lorsqu'on parle de permis, dans notre cas, c'est que ces
permis ont été émis au fil des ans et se lisent: depuis un
point jusqu'à un autre en desservant les points intermédiaires.
Mais tout le permis forme un tout. Si on veut simplement nous demander de
passer sur ces territoires les portes fermées, on veut bien, mais on ne
veut pas perdre nos droits pour ce qui touche à l'ensemble des
municipalités voisines et qui peuvent s'étendre sur plusieurs
centaines de kilomètres.
M. Girard: Pour répondre à la dernière
partie de votre question, je peux vous confirmer que le ministre a
été mis au courant du problème à quelques reprises
jusqu'à maintenant. Mais il faut s'entendre, c'est un problème
qui existe dans la réglementation de l'automne 1985. Donc, c'est un
problème qui a pris du temps avant d'être vécu dans
l'application, d'une part. Il y a aussi de la correspondance qui a fait l'objet
de propositions de rédaction de textes juridiques et qui, selon nous,
seraient acceptables et qui font l'objet d'études, ce qu'il mentionnait
tout à l'heure.
M. Garon: Alors, vous dites que le ministre vous a entendus, mais
est-ce qu'il vous a compris?
M. Côté (Charlesbourg): C'est le texte
législatif qui le décidera.
M. Girard: II y aura d'autres commissions parlementaires sur ce
texte de loi et on le vérifiera.
M. Garon: Le projet de loi n'a pas encore été
déposé à l'Assemblée nationale.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, je sais que M.
le député de Lévis vient d'arriver avec nous autres dans
le domaine du transport, mais il faudrait remarquer les visages, ce sont des
habitués de nos commissions parlementaires parce qu'ils surveillent
l'intérêt de leurs membres et ils sont toujours
présents.
M. Garon: C'est-à-dire que je viens d'arriver dans le
transport des personnes, mais j'étais assez présent dans le
transport des marchandises...
M. Côté (Charlesbourg): Non, comme critique.
M. Garon: Oui, comme critique, le Nid-de-Corbeau, le "Maritime
Freight Act" et dans toutes sortes de transports de marchandises; j'ai
été présent dans le transport maritime.
M. Côté (Charlesbourg): Le Nid-de-Corbeau, cela vous
a même permis de vous transporter un peu partout au Québec,
à l'époque, je m'en souviens.
M. Garon: ...finalement remporter l'adhésion du Parti
libéral, même s'il y avait des pressions très fortes
d'Ottawa,
M. Côté (Charlesbourg): Ah! C'est la signification
très nette qu'il y avait une différence entre le Parti
libéral fédéral et le Parti libéral provincial.
M. Girard: Pour que l'APAQ tire elle aussi profit du
débat, je peux au moins inviter le ministre à venir, dans le
cadre de mon congrès, confirmer à mes membres que je suis
présent à toutes ses commissions parlementaires.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand vous demandez l'accès à certaines
subventions, au point de vue de la qualité des autobus que vous mettez
à la disposition du public, lorsque vous passez des contrats avec les
municipalités, est-ce que cela s'apparente, comme qualité, sauf
pour les autobus du genre "coach" dont vous avez parlé tout à
l'heure... Avez-vous réellement des autobus de même qualité
que celles que les CIT emploient régulièrement, ce qu'on
connaît en tout cas, des autobus de 225 000 $ ou 250 000 $?
M. Viens: Absolument. C'est selon la qualité de service
que les CIT souhaitent. Si les CIT souhaitent un niveau de service
équivalent ou supérieur, l'entreprise privée
répondra d'emblée à leur demande.
M. Dufour: Mais est-il possible que ce soient des autobus de
seconde main ou qui ont déjà été
utilisés?
M. Girard: Le CIT métropolitain de
Saint-Jérôme - on s'entend bien que ce sont les trois
municipalités de l'agglomération de Saint-Jérôme - a
contracté avec un transporteur privé qui s'appelle Autobus
Roland, sur la base d'une négociation, et ce transporteur a
fourni, à l'intérieur des trois premiers mois d'opération
du contrat, quatre autobus de type urbain Classique GM sur la base du contrat,
sans qu'il n'y ait de subvention à l'acquisition. Ces autobus
étaient de qualité tout à fait égale à celle
des commissions de transport, la rouille en moins, parce que ceux-là
étaient neufs en 1987.
M. Garon: Dans le cadre de l'opération Grandes Oreilles,
on doit se promener en autobus justement.
Une voix: Chut! Chut!
M. Dufour: Vous parlez de la difficulté d'avoir
accès à certaines structures, par exemple, de l'entreprise
privée. J'imagine que c'est surtout dans la région de
Montréal ce problème, le problème d'avoir accès
à des débarcadères.
M. Viens: C'est cela, des terminus, comme le mentionnait le
ministre précédemment, dans le nord de Montréal, le
métro de Longueuil, Angrignon, la voie réservée du pont
Champlain, le terminus Bonaventure, toutes ces infrastructures dont
bénéficient les corporations publiques semblent être des
chasses gardées. Pour nous, c'est difficile d'accès et même
inaccessible pour nous permettre de donner un service à la population
qu'elle est en droit d'attendre et à un prix économique.
M. Dufour: Même avec des offres financières pour
utiliser les quais?
M. Viens: Absolument. Les CIT ont même eu des offres et
enclenchent des processus de soumissions et sont à la recherche de prix
de l'entreprise privée. Ils ont des prix très compétitifs
mais, par contre, les CIT sont là: Bien, on ne sait pas si on va
transiger avec vous parce qu'on ne sait pas si on va avoir droit à ces
infrastructures. C'est le dilemme.
M. Girard: En fait, le CIT de la Vallée du Richelieu a
reconnu, ici, hier matin, qu'il était dérisoire qu'il subsiste
dans la loi des dispositions pour l'attribution de contrats à des
transporteurs privés tellement il ne leur paraissait pas
intéressant de contracter, dans leur cas, avec un transporteur
privé. Un autre exemple, et celui-ci n'a pas été soumis
à la présente commission, c'est celui du CIT le Richelain qui est
allé dans un processus de soumissions publiques, il y a bientôt
cinq semaines, pour lui fournir une base pour son prochain contrat à
conclure le 1er janvier 1988. Pour qu'un transporteur privé puisse
contracter avec le CIT le Richelain et lui fournir un tarif mesuré,
admettons - je n'ai pas de terme exact - il faut qu'il dispose d'information
sur les coûts lorsqu'il arrivera sur le territoire de Longueuil. Trois de
mes membres se sont adressés à moi pour me demander de faire une
démarche pour eux parce qu'ils ne réussissaient pas
eux-mêmes, et je n'ai pas plus réussi à obtenir de la STRSM
une base de facturation sur laquelle ils pourraient utiliser ses quais. Je dis
bien que la STRSM nous a dit que, pour des raisons de vacance de son personnel,
à la période où on lui a demandé les informations,
elle ne pouvait pas nous les donner. Je la cite sans essayer de
l'interpréter.
Donc, non seulement on a un handicap pour l'opération, mais on a
un handicap pour soumissionner tout bonnement pour les contrats des conseils
intermunicipaux de transport.
M. Dufour: On a de bonnes nouvelles. Le ministre a dit qu'il
allait arranger cela hier matin.
M. Girard: Merci, M. Dufour.
M. Côté (Charlesbourg): II n'a pas dit qu'il allait
tout arranger.
M. Dufour: II a dit qu'il allait arranger les problèmes
d'accès aux quais.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Dufour: En tous les cas. On ne vous fera pas dire des choses
que vous n'avez pas dites. Vous en dites suffisamment. Je vous
écoute.
M. Garon: II va rester seulement à surveiller s'il y a des
problèmes dans la solution.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
M. Coté (Charlesbourg): C'est comme l'opération
Grandes Oreilles, le problème est entre les deux oreilles.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Dufour: Comme par hasard il y a des choses.
Le Président (M. Saint-Roch): Je dois conclure que nous en
sommes maintenant aux remarques de conclusion. M. le ministre, je vous
cède maintenant la parole.
M. Coté (Charlesbourg): Je veux remercier l'APAQ de qui
nous avons toujours eu une excellente collaboration. Nous n'avons pas toujours
été d'accord sur les mêmes points, mais je pense que dans
le respect mutuel de ses champs de compétence et des
intérêts qu'elle a à défendre et des
nôtres, c'est une collaboration qui a porté des fruits et qui
portera très certainement des fruits qui seront bénéfiques
pour les transporteurs et pour les utilisateurs des services que vous offrez.
Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je peux vous dire qu'il y a un
grand nombre d'entreprises d'autobus privés dans mon comté. C'est
un problème auquel je suis très sensible puisqu'il y a des gens
très dynamiques dans le domaine des autobus privés et j'ai
toujours été proche des développements qu'ils voulaient
faire, puisque, autant il y a un service public, autant il y a des services
privés. Il y a, entre autres, une entreprise particulièrement
considérable, je pense que c'est l'une des plus considérables au
Québec dans le domaine des entreprises privées d'autobus. Je
pense qu'au Québec il y a de la place pour les deux surtout dans un
secteur témoin qui doit être le plus vigoureux possible. Vous
pouvez être certains que du côté de l'Opposition officielle
- temporairement - nous allons vous écouter attentivement. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. le président.
(21 h 15)
M. Viens: Eh bien, comme le citait l'intervenant qui nous a
précédés, l'ATUQ, qui est dans la même ligne de la
volonté du ministre des Transports à acquiescer à notre
demande, nou3 sommes très heureux d'entendre ces propos de part et
d'autre et nous vous remercions, encore une fois, de nous avoir permis de vous
faire part de nos revendications. Merci encore.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie l'Association
des propriétaires d'autobus du Québec pour sa contribution aux
travaux de cette commission. Là-dessus, je demanderais à la
Société pour le progrès de la Montérégie de
bien vouloir prendre place.
Permettez-moi, dans un premier temps, de vous souhaiter la bienvenue aux
travaux de cette commission. Je demanderais au porte-parole de bien vouloir
s'identifier, ainsi que la personne qui l'accompagne pour le
bénéfice des parlementaires et de notre Journal des
débats.
M. Cantin (Jean): Bonjour! Mon nom est Jean Cantin,
président de la Société pour le progrès de la
Montérégie.
M. Vidal (Éric): Éric Vidal, directeur
général du même organisme.
Le Président (M. Saint-Roch): Je dois vous aviser
qu'à partir de ce moment-ci vous avez 20 minutes pour présenter
votre mémoire aux membres de la commission.
Société pour le progrès de la
Montérégie
M. Cantin: Afin d'utiliser le temps pleinement et puisque nous
sommes les derniers à nous présenter devant cette commission, je
vais plutôt livrer l'essentiel du mémoire; je n'en ferai pas la
lecture.
M. le Président, M. le ministre, mesdames, messieurs de la
commission parlementaire, ce n'est pas par hasard que la Société
pour le progrès de la Montérégie s'intéresse
à la commission parlementaire sur les infrastructures de transport en
commun, puisqu'il s'agit d'un dossier important pour notre région et
qu'il s'inscrit bien dans une continuité des dossiers sur lesquels nous
sommes déjà intervenus, tels que la création de la STRSM,
l'arrêt du Rapido à Saint-Lambert, l'arrêt de l'autobus
Voyageur à Longueuil, l'utilisation de la voie réservée
à contresens sur le pont Champlain, le Conseil consultatif des
aéroports de Montréal, l'étude APA-SOCONAM sur le
potentiel de l'aéroport de Saint-Hubert et le comité
régional de concertation des aéroports de Montréal.
Nous nous sommes attardés à dresser soigneusement et de la
façon la plus complète possible l'état de la situation
dans le transport en commun et de ses infrastructures, principalement sur les
déplacements interrives compris dans la sous-région rive sud de
la Montérégie. Il y a trois MRC qui sont concernées. Il
s'agit des MRC Champlain, Lajemmerais et Roussillon. Pour vous situer
globalement aux abords du fleuve, c'est entre les villes de Contrecoeur et de
Châteauguay.
La région possède une population de 1 200 000 personnes.
Dans cette sous-région, il y a 485 000 personnes regroupées sur
888 kilomètres carrés et selon une densité moyenne de 546
personnes par kilomètre carré. Nous nous sommes fixé de
cerner la problématique avec les deux objectifs suivants: offrir un
meilleur service pour la clientèle d'usagers du transport en commun et
disposer d'une meilleure utilisation des infrastructures existantes. Les
besoins de cette population sont déterminés par son achalandage.
Ainsi, 50 000 personnes de cette sous-région se dirigent chaque jour
vers le centre-ville de Montréal et 25 000 de celles-ci le font à
l'heure de pointe du matin, soit entre 7 et 9 heures. Une proportion
considérable, soit 80 % de ces 25 000 personnes, donc 20 000 personnes,
effectuent ce déplacement du matin par transport en commun et selon les
modes suivants, c'est-à-dire plus ou moins 9500 personnes par la ligne 4
du métro, plus ou moins 9000 par les autobus qui utilisent les
voies réservées sur les ponts Champlain et Mercier, plus
ou moins 1250 personnes pour aller au métro Angrignon et plus ou moins
250 par le train de banlieue. Cela est basé sur nos analyses qui
reposent sur les horaires publiés, un comptage sur place et
l'évaluation de la STCUM et de la STRSM. En Montérégie, on
utilise le transport en commum principalement pour se rendre au travail, pour
l'éducation c'est-à-dire la fréquentation des institutions
d'enseignement, les loisirs, les activités socioculturelles, l'affluence
commerciale et les correspondances.
Nous sommes desservis actuellement par la STRSM pour l'autobus, la STCUM
pour le métro, le Canadien National pour le service ferroviaire de
banlieue et d'autres autobus reliant les municipalités
éloignées à certaines stations du métro, telles
Deshaies et Auger.
Le métro transporte à lui seul environ 9500 passagers,
chaque matin sur semaine, et 75 % de ceux-ci parviennent à la station de
métro de Longueuil dans un des 280 autobus qui s'y rendent.
Bien sûr, la Société pour le progrès de la
Montérégie se réjouit du projet de
réaménagement de la station de métro de Longueuil
accepté lors du Sommet économique de la Montérégie
tenu en mai 1987. Ce réaménagement doit, toutefois, s'effectuer
selon un plan global pouvant redistribuer cette affluence d'autobus au
métro.
Nous proposons à la commission parlementaire d'élaborer
une réponse adéquate à la demande des besoins de transport
en commun en fonction des critères suivants tels que mentionnés
en pages 13 et 14 du mémoire, soit: la fréquence demeure le
défi clé à relever pour inciter l'usager à
emprunter le transport en commun; la vitesse doit être au moins
égale à ce qui est disponible actuellement, voire même une
légère amélioration pour le train de banlieue serait
souhaitable; le nombre de changements de mode doit être réduit au
minimum; toute nouvelle application devra s'intégrer facilement aux
systèmes et services existants tout en intensifiant leur utilisation; la
réalisation de tout projet devra s'établir dans un
équilibre des coûts, des délais et des quantités;
l'assurance d'une partition équitable des bénéfices entre
les municipalités appelées à financer le système et
son opération; finalement, l'assurance d'une sécurité
adéquate pour les usagers du métro et les chauffeurs
d'autobus.
Quant aux infrastructures, au nombre de sept, comprises dans les
sous-régions étudiées et telles qu'illustrées au
tableau 3 du mémoire, nous relevons les difficultés et/ou les
opportunités inhérentes à l'utilisation de celles-ci. Vous
trouverez donc à l'intérieur du mémoire les détails
des affirmations concernant, d'abord, l'utilisation à pleine
capacité du pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine pour une liaison
routière de forte capacité, l'utilisation à pleine
capacité du pont Jacques-Cartier entraînant des problèmes
de sécurité, l'utilisation à faible capacité de la
ligne 4 du métro avec, actuellement, ses 6 voitures aux 5 minutes alors
qu'elle a une capacité théorique de 9 voitures aux 2 minutes.
Concrètement parlant, on peut y transporter, actuellement selon ce que
je viens de décrire, 8000 personnes à l'heure alors que la
capacité théorique du métro est de 30 000 personnes
à l'heure. L'utilisation limitée du Pont Victoria, par ses
accès nord et sud, l'utilisation quasi à pleine capacité
du pont Champlain et ce à un point tel qu'il est à prévoir
un retrait éventuel du privilège d'une voie
réservée, par les autorités fédérales.
Enfin, l'utilisation à surcapacité du pont Mercier. Nous croyons
que l'ébauche de solutions ne réside pas dans un nouveau pont
assurant une liaison complète interrives assorti d'autoroutes. C'est
beaucoup trop onéreux et ce type de solution ne règle pas le
problème à la source.
Avant d'aborder ces solutions, nous avons trois demandes à
formuler au gouvernement du Québec que vous retrouvez dans les pages 22
et 23 du mémoire. Premièrement, d'intervenir auprès du
gouvernement fédéral pour imposer un moratoire sur l'abandon de
certaines voies ferroviaires par le Canadien National avant de connaître
la ou les alternatives retenues pour le transport en commun. Certains maires
ont été approchés, fréquentés par le
Canadien National pour l'abandon de certaines voies. Deuxièmement, de
s'assurer du respect de l'intérêt collectif avant celui de
l'intérêt individuel par les nombreux intervenants lors
d'éventuels pourparlers. Concrètement, c'est d'éviter de
rencontrer ce qui s'est passé au niveau du Conseil consultatif des
aéroports de Montréal. Troisièmement, de rouvrir au plus
tôt l'entente bilatérale avec le gouvernement du Canada en
matière de transport qui n'est prévue que pour 1989.
De plus, nous avons les commentaires qualitatifs suivants que vous
retrouvez aux pages 26 et 27, qui sont: Un meilleur service au client se
traduit par une amélioration de la vitesse, c'est-à-dire le temps
du trajet, de la fréquence qui est une mesure à satisfaire, de la
fiabilité, c'est-à-dire le bon fonctionnement de son
réseau. Et ceci s'applique à tous les modes de transport.
Une meilleure utilisation des services existants pourra se
contrétiser qualitativement par une amélioration du confort, dans
le cas du train, et par une tranquillité d'esprit et une
sécurité, pour le métro et l'autobus.
Une maximisation des infrastructures existantes aura également un
effet bénéfique
sur le temps d'attente aux heures de pointe pour l'usager et pour les
automobilistes empruntant le réseau routier.
L'élaboration d'un plan régional d'ordonnancement du
transport en commun pourra intensifier les liaisons intercentres, contribuant
ainsi au développement du tissu urbain et rural que compose la
Montérégie.
Le gouvernement du Québec, dans son document de base en vue de la
présente consultation, lance un appel particulier, dans
l'élaboration de solutions, à sortir des sentiers battus.
Nous proposons trois solutions pour une mise en oeuvre à court
terme et selon un mode complémentaire, puis une solution à moyen
terme qui mérite d'être développée.
La première solution, c'est l'aménagement de l'estacade.
L'estacade, c'est cette structure en amont du pont Champlain
érigée par le gouvernement fédéral pour le
contrôle du mouvement des glaces. Ses avantages: elle a la
solidité et les dimensions requises pour deux voies; elle relie
actuellement la voie maritime jusqu'à l'île des Soeurs sur une
distance de 2,5 kilomètres; elle peut être utilisée en
prévision du remplacement de la liaison de la voie
réservée sur le pont Champlain. De plus, une implantation serait
facile, c'est-à-dire qu'on n'est pas obligé de changer les modes
existants, on peut utiliser les autobus actuels. On peut maintenir et
même voir un accroissement des usagers, le matin. Cela pourrait donc
dégager le pont Champlain quelque peu.
Parmi les contraintes et les aménagements requis pour l'estacade,
il s'agit de franchir la voie maritime. Nous proposons un tunnel d'au plus 600
mètres depuis le boulevard Rome à Brossard. Il y a
également à prévoir un aménagement à
l'île des Soeurs pour un accès à l'autoroute Bonaventure.
Cet aménagement est actuellement réclamé par
l'émergence de la population sur l'île des Soeurs. Soit dit en
passant, les résidents de l'île n'ont pas accès à un
transport en commun le dimanche après 18 heures. Le coût de cet
aménagement est évalué à plus ou moins 35 000 000
$.
La deuxième solution à court terme, c'est la
rénovation de la ligne de Beloeil. L'utilisation actuelle très
faible de 215 à 350 usagers par jour est en fonction d'un seul
départ le matin et d'un seul le soir. Nous croyons que, parmi les
avantages, il y aurait une amélioration significative de la
fréquence si un service y était instauré. De plus, on peut
parler de l'intégration des autres services par le rabattement des
lignes d'autobus, l'utilisation de tarifications intégrées -
c'est-à-dire le train, l'autobus et le métro - et l'utilisation
d'une technologie ferroviaire classique comme ce qu'on connaît
actuellement, ayant une capacité, depuis Saint-Bruno, de 1200 personnes
à l'heure. Après vérification, c'est également
compatible aux horaires de Via Rail. Les contraintes seraient
l'aménagement de stationnements aux abords des nouvelles gares. Le
coût du matériel roulant, ainsi que de la signalisation requise
serait d'environ 60 000 000 $.
La troisième solution que l'on propose est un service ferroviaire
de Châteauguay. Il s'agit ici d'utiliser le pont du Canadien Pacifique
depuis Châteauguay jusqu'à la gare Windsor, au centre-ville. Les
avantages sont très intéressants pour les résidents du
sud-ouest. Premièrement, on peut utiliser les emprises existantes et,
tout comme dans la solution précédente, la technologie
ferroviaire conventionnelle. Pour les 1250 usagers actuels, le matin, ceci
pourrait signifier une amélioration tangible du temps de trajet.
Actuellement, pour partir de Châteauguay et emprunter la voie
réservée pour l'accès au pont, se rendre au métro
Angrignon et, depuis Angrignon, se rendre jusqu'au centre-ville, cela prend 50
minutes. Le trajet vérifié depuis Châteauguay par le train
jusqu'à la gare Windsor serait de 25 minutes et cela aurait
nécessairement pour effet de dégager le pont Mercier. Les
contraintes et les aménagements prévus sont les gares, l'achat de
matériel roulant et les stationnements adjacents à ces
gares-là, que l'on estime à plus ou moins 45 000 000 $. (21 h
30)
Dans une solution que nous avons appelée à moyen terme,
puisque le document permettait des solutions pouvant aller jusqu'à dix
à vingt ans, on propose un bouclage avec Montréal par une double
liaison. Deux modes sont suggérés: l'un est un métro
léger de type SLR et l'autre, un monorail. La trajectoire
empruntée, qui est décrite aux tableaux 4 et 5 du mémoire,
partirait de la station Berri-Demontigny de la ligne 4 jusqu'à
Bonaventure en empruntant la rive sud. Au niveau du métro léger,
il s'agit d'un tramway moderne en rames de deux ou quatre voitures avec
traction électrique, pouvant circuler au niveau du sol. Quant au
monorail, c'est un véhicule utilisant une poutre de guidage en
béton précontraint et circulant sur un viaduc. Si on
étudie la capacité des deux, au niveau du métro
léger, on constate que c'est 8640 passagers à l'heure et, au
niveau du monorail, 7200 passagers à l'heure.
Les coûts, selon le mode utilisé, varient entre 300 000 000
$ et 400 000 000 $. Il va sans dire que cela représente un attrait
renouvelé pour le transport en commun que l'utilisation d'un de ces
modes-là. D'autant plus que le bouclage au niveau de la rive sud peut
également être utilisé au niveau de la rive nord.
En conclusion, nous dégageons une considération majeure.
Dans un contexte favorable à une planification pour une meilleure
rationalisation et une maximisation
du réseau de transport en commun de la grande région de
Montréal et, plus particulièrement, pour la
Montérégie, il existe une nécessité de repenser
l'approche du transport en commun et il est essentiel d'en inciter l'attrait;
il existe une capacité de structurer le réseau de transport en
commun du grand Montréal en maximisant l'utilisation des infrastructures
existantes et d'axer les éventuels développements de transport en
commun conventionnel entre la banlieue et l'île de Montréal; il
existe, finalement, une opportunité pour la population de
bénéficier d'infrastructures de transport en commun, selon un
plan d'ensemble pouvant rallier les besoins pour les déplacements aux
heures de pointe, de l'utilisation d'un réseau ferroviaire
adéquat selon nos deux propositions concrètes pour la
Montérégie et d'un accès amélioré aux
différentes aérogares de Dorval, Mirabel et Saint-Hubert.
En plus de répondre adéquatement aux objectifs
fixés, les solutions avancées contribueront à engendrer de
nouvelles et de bonnes habitudes pour un attrait renouvelé de
l'utilisation du transport en commun et elles nous aideront également
à nous défaire des mauvaises habitudes, telle la congestion des
ponts aux heures de pointe.
Nous remercions les membres de cette commission parlementaire de nous
avoir donné l'occasion d'y participer et nous anticipons que nos
propositions seront retenues et leur contenu approfondi pour que la population
en tire le maximum.
La Société pour le progrès de la
Montérégie que je représente et dont j'assume la
présidence se déclare disponible à participer et à
intervenir dans toute forme de poursuite des pourparlers entamés lors de
la tenue de cette commission sur le sujet qui nous a réunis.
Soyez assurés que nous assumons pleinement le principe que nous
avançons en vous demandant de vous assurer que l'intérêt
collectif prévaudra.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Ce n'est jamais bien facile d'être les derniers
intervenants après trois jours, à 21 h 30, mais on
n'enlève en rien, je pense, les mérites de votre contribution et
le travail que vous avez dû fournir pour nous livrer vos impressions, vos
observations et vos solutions.
Vous avez parlé de certains ajustements nécessaires au
niveau de l'offre de transport pour mieux répondre à la demande
des gens de la Montérégie qui veulent avoir accès à
l'île. Je ne me baserai pas uniquement sur votre mémoire, mais
davantage sur l'ensemble des témoignages des intervenants qui sont
venus. Je pense qu'une certaine trame de fond laisse présager des
solutions possibles, du moins un consensus.
Est-ce que je me tromperais en vous disant que, de tout ce qu'on a
entendu, la solution qui semble retenue par le plus grand nombre possible de
personnes, n'exige pas de ponts additionnels? Donc, cela nous obligera à
fouiller dans des solutions qui existent presque déjà et, dans
ces conditions-là, ce qui se dégage nettement de nos travaux,
pour permettre à la population de la couronne d'avoir accès
à l'île et, finalement, de retourner chez elle le soir, c'est
davantage la solution d'utilisation des voies ferrées, en particulier
avec des trains de banlieue. Ce devrait être la priorité sur
laquelle nous devrions travailler.
M. Cantin: Oui et je ne sais pas si je peux interpréter
même ce que vous me dites.
M. Côté (Charlesbourg): À cette heure-ci,
vous pouvez interpréter, vous pouvez charrier sans risque de vous faire
planter, allez-y.
M. Cantin: Lorsque vous dites des infrastructures presque
déjà existantes, j'aimerais bien insister sur
l'aménagement de l'estacade qui couvre déjà une distance
de 2,5 kilomètres. J'ai mentionné que la population de Verdun et
celle de l'île des Soeurs manquent de services au chapitre du transport
en commun et également du pont Champlain. Je pense que notre
mémoire souligne, entre autres, l'état de la structure sous la
chaussée, l'achalandage également. Il est anticipé, selon
une consultation qu'on a pu faire auprès des gens de la commission des
ponts, que ceux-ci veulent retirer ce privilège-là. Il s'agit de
9000 usagers le matin. Le seul bout qu'il reste à faire effectivement,
c'est pour se rendre jusqu'à la voie maritime. Il va sans dire que,
comme on le souligne également dans le mémoire, on ne peut pas
passer par-dessus la voie maritime; 45 mètres de hauteur, de "clearance"
- je cherche le mot français -de dégagement qu'il faut laisser,
cela n'a tout simplement pas d'allure. C'est pour cela qu'on propose un tunnel
et le tunnel ne serait pas plus long que 600 mètres et cette
voie-là pourrait être réservée. Actuellement, c'est
utilisé comme piste cyclable, alors que cela a deux voies de large.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Deuxième
question.
On a beaucoup entendu parler des bénéfices que
tiraient les gens de la rive sud dont, en particulier, les gens de la
Montérégie de l'utilisation d'infrastructures sur le territoire
de la communauté urbaine, sans nécessairement en payer
l'utilisation.
Cela a été aussi très largement exprimé au
cours de cette commission-là. Comme vous êtes de la
Montérégie et que vous couvrez l'ensemble du territoire de la
Société de transport de la Rive-Sud de Montréal et des CIT
qui sont adjacents, vous voyez cela comment, la possibilité qu'on puisse
soutirer davantage de sous, pour ne pas dire de piastres, de ces utilisateurs
de services pour lesquels ils ne paient pas, selon ce que l'on a entendu?
M. Cantin: Dans notre mémoire, on souligne qu'en ce qui
concerne le financement on s'aperçoit qu'il y a effectivement un nouveau
partage qui doit s'établir dans un système de
libre-échange. La participation des municipalités doit
s'accroître. Toutefois, je vous soulignerai que - je ne sais pas si c'est
pour toutes les villes - à la ville de Longueuil, à même
les taxes foncières perçues, il y a une taxe spéciale de
métro.
Quant aux CIT, on n'a pas voulu se prononcer là-dessus puisque,
tout simplement, après une brève consultation, on s'est
aperçu que cela ne fonctionnait pas et que 50 % des municipalités
qui s'étaient engagées au début n'y contribuaient
même pas.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Vous avez
évoqué, dans la présentation, une série de mesures:
l'estacade, la nécessité de se servir des emprises du Canadien
Pacifique pour relier Châteauguay au centre-ville par la gare Windsor. Si
vous étiez une autorité locale et à la fois ministre des
Transports demain matin et que vous aviez des budgets pour intervenir dans un
certain nombre de dossiers, parmi tous ceux que vous nous avez
mentionnés, quel serait votre ordre de priorités pour
intervenir?
M. Cantin: Je n'ai pas la prétention d'être ministre
des Transports, sauf que j'aimerais peut-être vous suggérer...
M. Côté (Charlesbourg): II faut se méfier de
ceux qui disent cela.
M. Garon: II n'en avait pas, de priorités.
M. Côté (Charlesbourg): Non plus, j'étais au
Loisir, Chasse et Pêche.
M. Cantin: Pour ce qui est des priorités, il y aurait
peut-être un ordre logique et rationnel à suivre, plutôt que
de procéder par une gestion en crise. D'abord, ce serait
Châteauguay. C'est le numéro 1. Pour le numéro 2,
j'hésiterais entre l'aménagement de l'estacade et le train de
banlieue pour Beloeil, parce qu'en ce qui concerne le train de banlieue de
Beloeil, nous croyons que l'achalandage peut réellement être
augmenté de façon significative et, justement, on pourrait avoir
un rabattement des autobus provenant des régions éloignées
pour qu'ils n'aient pas à se rendre au métro de Longueuil. Entre
les deux, la ligne de Beloeil et l'aménagement de l'estacade, il s'agit
de voir les intentions du gouvernement fédéral sur le retrait de
ce privilège. Je pense qu'ils sont très sérieux, ils ont
des difficultés avec la travée centrale du pont qui, semble-t-il,
connaît une certaine inclinaison depuis cet aménagement. Ces
autobus sont bondés jusqu'à la porte et il y a des
problèmes de sécurité, car la fréquentation de ce
pont est élevée. Dès qu'il y a une première neige
ou que c'est glissant, il y a un accident. Qu'est-ce qu'on doit ménager:
la chèvre ou le chou?
M. Côté (Charlesbourg): Je voulais vous tester un
peu, compte tenu que je connais le coin un peu aussi pour y avoir
circulé à quelques occasions. Je trouve que votre premier choix
est assez logique: le problème de Châteauguay. Ce n'est pas pour
rien que, dans la mesure où on réglera cela, le pont portera le
nom de Mercier, c'est-à-dire merci pour la solution à tous les
problèmes quotidiens.
J'aimerais revenir à une dernière question. Vous avez dit,
tout à l'heure, que la ville de Longueuil avait une taxe pour le
métro. Avait, c'est au passé, parce qu'il semble qu'au
présent, ce ne soit plus vrai.
M. Cantin: Une correction. Je ne dirais pas que c'est une taxe de
bienvenue, mais dans les nouveaux aménagements, telle
Collectivité nouvelle, il y en a une. On pourra vous exhiber un compte
de taxes indiquant une taxe pour le métro.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on me signale, c'est
qu'effectivement il peut peut-être en rester le semblant d'une, mais
c'est pour le coût de la station et non pas pour l'utilisation.
M. Cantin: C'est exact.
M. Côté (Charlesbourg): Finalement, vous avez raison
et j'ai raison. Donc, j'ai bien compris qu'il y avait une ouverture quant
à un coût acceptable pour l'utilisation du métro sur
l'île par les gens de l'extérieur. Cela pourrait paraître
acceptable.
M. Cantin: Bien sûr, vu qu'il y a 80 % de la population, le
matin... Ce n'est pas une mesure sociale impopulaire; il s'agit d'une mesure
pour les travailleurs, pour les contribuables pour se rendre à leur
travail. C'est vraiment un besoin de base auquel on peut répondre.
J'aimerais juste ajouter quelque chose au sujet du pont Champlain et de
l'aménagement de l'estacade. L'autoroute 30 aura pour
effet de dégager un peu le camionnage se dirigeant ou provenant
de l'Ontario, des Maritimes ou des États-Unis et cela aura une bonne
influence. Mais il n'en demeure pas moins que c'est un boulevard suspendu
où la circulation est très dense.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
Je reconnais maintenant M. le député de Lévis.
M. Garon: Vous dites que la priorité devrait être la
ligne de chemin de fer de Châteauguay. Pourquoi?
M. Cantin: C'est là que le problème est le plus
critique pour ce qui est de la congestion. Vous savez, lorsque des familles
décident de déménager, de s'établir, de choisir un
coin tranquille, le sud-ouest du Québec est fort populaire. Par contre,
dès que les enfants fréquentent un collège d'enseignement
privé spécialisé ou vont à l'université,
tout de suite, pas nécessairement à Châteauguay, mais
même à Brossard, les gens disent: On va déménager,
on va se rapprocher, parce que traverser les ponts soir et matin, c'est
inutile. (21 h 45)
Le problème le plus chronique est celui de Châteauguay. Je
pense que le ministre des Transports en sait quelque chose pour avoir
été accueilli par les gens là-bas qui réclament des
solutions. Ils réclament un pont, mais nous avons une solution qui ne
coûte pas aussi cher qu'un pont et qui pourrait sûrement faire
l'affaire de plusieurs usagers. Il y a, quand même, beaucoup de gens du
sud-ouest qui convergent vers Châteauguay; que vous veniez de Lacolle,
voire même de Valleyfield, il y en a qui préfèrent prendre
la 132 pour venir via le pont Mercier.
M. Garon: Considérez-vous que le gouvernement doit
favoriser par des infrastructures de transport l'étalement urbain dans
des endroits qui ont une vocation agricole très forte?
M. Cantin: Oui, c'est le jardin du Québec
également. Maintenant, il s'agit de voir aussi la densité de la
population telle que reflétée dans notre mémoire. À
notre avis, l'achalandage ou l'utilisation justifie pleinement
l'aménagement requis.
M. Garon: Tout ce que va faire le gouvernement à ce
moment, c'est contribuer à déplacer les populations qui restaient
ailleurs et qui vont aller rester à un autre endroit, uniquement parce
qu'il donne des moyens techniques de circulation. Pensez- vous que le
gouvernement doit dépenser des fonds publics importants pour aller
situer des gens dans des territoires qui ont une vocation agricole très
forte, alors qu'ils travaillent à Montréal?
M. Cantin: Vous savez, les gens vont, quand même, dans ces
endroits. Écoutez, tout ce qui est zoné agricole, de toute
façon, n'est pas touchable. Je reviens encore à l'argument que je
vous servais tout à l'heure: la densité de la population à
cet endroit est telle que, si on veut connaître des projets... Parce que
Châteauguay également a ses projets résidentiels en plein
développement actuellement et cela se vend très bien, mais les
gens se découragent après un an ou deux et cela a
nécessairement un effet: on retourne à la ville, alors qu'on veut
dégager un peu la ville.
M. Garon: Pourquoi les gens paieraient des taxes pour contribuer
à envoyer en territoire agricole des gens, au fond, qui ne travaillent
pas là? Pourquoi les contribuables paieraient-ils...
M. Cantin: M. Garon, ces taxes... M. Garon: ... des taxes
importantes...
M. Cantin: Ces taxes sont perçues à
même...
M. Garon: ... pour faire de l'étalement urbain, ce qui est
à peu près le plus coûteux en termes de fonds publics?
M. Cantin: Je ne partage pas cette opinion puisque les taxes sont
perçues auprès des utilisateurs, tel qu'on le mentionnait avec le
ministre des Transports tout à l'heure. Également, j'aimerais que
vous teniez compte que, par notre analyse, il y a 80 % de la population qui
utilisent le transport en commun, le matin, pour se rendre au travail. C'est
important, ce nombre, 80 % des gens qui se rendent au centre-ville, le matin,
le font par transport en commun, à partir de la rive sud de la
Montérégie, incluant Châteauguay.
M. Garon: À Châteauguay, à quelle distance
sont-ils de la ville de Montréal?
M. Cantin: Est-ce que Mme Cardinal peut m'aider pour cela?
Mme Cardinal: Une quinzaine de kilomètres.
M. Cantin: Une quinzaine de kilomètres. Entre autres, ce
qui est le plus significatif en ce qui concerne l'étude qu'on a faite,
c'est que l'aménagement de la voie ferroviaire permettrait une
économie de
temps fort appréciable. C'est-à-dire qu'actuellement,
même si vous utilisez l'autobus qui emprunte la voie
réservée à contresens seulement pour l'accès au
pont, et vous gagnez du temps par rapport à celui qui est en automobile,
et que vous vous rendez au métro Angrignon et là, que vous vous
dirigez au centre-ville par métro, cela prend 50 minutes, alors que par
le train, à partir, de Châteauguay jusqu'à la gare Windsor,
cela prendrait 25 minutes.
M. Garon: J'ai l'impression qu'on revient au débat qu'il y
avait avant 1976 sur la localisation des citoyens ailleurs que sur les
meilleures terres agricoles du Québec. Je vous écoute parler et
j'ai l'impression qu'on n'a pas fait un bout de chemin depuis dix ans.
M. Cantin: Si vous vous promenez dans le coin, M. Garon, vous
allez voir que la population a sensiblement augmenté.
M. Garon: Écoutez, le coin, je le connais très
bien, pour y avoir été de nombreuses fois et j'y vais encore.
J'ai couvert à peu près tous les villages qu'il y a dans ce coin.
Sauf qu'il s'agit des meilleures terres agricoles du Québec, il ■
s'agit essentiellement de terres agricoles. Il s'agit des meilleures terres
alluvionnaires qu'il y ait au Québec, des terres noires, etc., avec une
production considérable à l'acre. Là, on va y bâtir
des maisons et après on va faire des rails et des chemins de fer pour
inciter les gens à aller se bâtir sur les terres agricoles. Cela
n'a pas de sens.
Mme Cardinal: Elles sont déjà là, les
infrastructures.
M. Garon: Cela va augmenter, les gens vous l'ont dit ici, hier,
ils ont dit que l'Ontario a fait 15 milles dans les champs et, finalement, on a
bâti 15 milles. Il y a des choix à faire. On dit que la population
au Québec n'augmente pas. On ne le nie pas, la population n'augmente
pas. On est 6 700 000 et on va rester 6 700 000 ou 7 000 000 pendant encore des
années et il y en a même qui disent qu'on va redescendre à
6 000 000. Alors, qu'est-ce qu'on fait?
M. Cantin: M. Garon, j'aimerais peut-être juste vous
signaler...
M. Garon: II faudrait peut-être que le gouvernement
subventionne les entreprises de déménagement en même
temps.
M. Cantin: ...qu'on ne veut pas de nouvelles voies
ferrées. On veut utiliser les voies existantes, les emprises existantes.
Alors, on ne parle pas d'aménagement de nouvelles voies. On parle de
partir de
Châteauguay, donc, de différentes régions, telles
Huntingdon et Lacolle - aussi loin que cela - qui peuvent accéder par
autobus à Châteauguay ou par véhicule, là où
des stationnements seraient aménagés, afin de
décongestionner ces ponts qui sont trop souvent en réparation,
d'ailleurs.
M. Garon: Et jusqu'où doit aller la couronne, dans votre
esprit? On parle d'une couronne. Il y a la couronne autour de l'île, en
dehors de l'île. À un moment donné, la couronne va englober
quoi? Sherbrooke? Trois-Rivières, tant qu'à y être?
Où va aller la couronne?
M. Cantin: La couronne, c'est à long terme.
C'est-à-dire que, si on veut bien desservir Montréal ou
être desservi par Montréal, il s'agit de faire un bouclage au sud
qui couvre le principal bassin de population compris entre Brossard et
Longueuil. Au nord, ce serait par la ville de Laval, entre le métro
Côte-Vertu qui pourrait être prolongé jusqu'à
Bois-Franc et le métro Pie-IX qui pourrait être prolongé
jusqu'à Saint-Michel. A ce moment-là, vous faites une ceinture
à la hauteur du boulevard Saint-Martin, à Laval, et vous avez
votre bouclage de l'île, une desserte adéquate.
Si on compare cela à la desserte autoroutière de la ville
de Québec, Montréal fait pitié.
M. Garon: À quelle desserte autoroutière de la
ville de Québec?
M. Cantin: La ville de Québec possède une ceinture
autoroutière suffisante ou autosuffisante même. Je ne veux pas
décrire la ville de Québec ici, mais elle possède une
ceinture autoroutière autosuffisante, ce qui n'existe pas à
Montréal. Quand on pense aux liaisons nord-sud sur l'île où
le boulevard Décarie a été construit en catastrophe pour
Expo 67, finalement, l'accès nord-sud sur l'île est presque
inexistant. Quand on pense à l'utilisation du boulevard
Métropolitain, là aussi c'est bondé, c'est à pleine
capacité.
Pour nous, l'essentiel est de créer un attrait au transport en
commun pour qu'on laisse la voiture. Il y a des gens aussi fous que cela. Je
mentionnais de se débarrasser de la vieille habitude qu'est la
congestion du matin à l'heure de pointe. Il y a des gens qui se rendent
au travail et paient jusqu'à 115 $ par mois de stationnement, à
ce qu'on m'a même confié à un moment donné, et qui
restent au bureau toute la journée. Ils vont payer 115 $ par mois. Si,
par contre, il y a un certain attrait, une certaine incitation à prendre
le transport en commun, si, juste à côté de chez vous, vous
pouvez avoir accès à un monorail, à un métro
léger, vous embarquez là-dedans, il en passe toutes les cinq
minutes, l'affaire est dans le sac et on
a moins de voitures sur le pont.
M. Garon: Ces gens restent-ils en ville ou en campagne?
M. Cantin: Lorsqu'on parle de bouclage, on parle de la population
qui réside entre Boucherville et Laprairie, le principal bassin de
population où il y a au-delà de 400 000 personnes actuellement.
C'est en pleine émergence. Il y a une collectivité nouvelle de
Longueuil qui s'étend. On a vu Mme Lepage, maire de Brossard,
défendre dernièrement le développement résidentiel
dans son coin. Alors, c'est en pleine expansion.
M. Garon: II y a de l'expansion sans croissance de la
population.
M. Cantin: II y aura certainement un attrait vers notre
région lorsque l'autoroute 30 sera complétée.
M. Garon: On ne peut pas garder une idée comme cela.
Comment pouvez-vous parler d'expansion sans croissance de la population?
M. Cantin: Notre mémoire fait appel à la croissance
de la population selon des chiffres du Bureau de la statistique du
Québec, M. Garon.
M. Garon: II y a un déplacement de population, mais c'est
la même population globalement. La population du Québec n'augmente
plus, ne nous trompons pas. Avez-vous regardé les chiffres
démographiques au Québec, la pyramide d'âges, ce qu'elle
est aujourd'hui, le nombre de personnes au-dessus de 65 ans dans une douzaine
d'années? Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir plus de besoins de
transport dans douze ans qu'aujourd'hui, avec une population qui sera
stationnaire et deux fois plus âgée qu'actuellement?
M. Cantin: M. Garon, justement, notre mémoire couvre ce
sujet aux tableaux 1 et 2 selon le Bureau de la statistique du Québec.
On ne veut pas construire un aéroport avec Statistique Canada, on veut
juste parler de transport en commun avec le Bureau de la Statistique du
Québec. Dans ces tableaux, il y a des perspectives démographiques
pour la Montérégie jusqu'en l'an 2001 où on voit une
croissance de 19,3 % de la population. Il y a également la pyramide
d'âges, le pourcentage de la répartition de la population par
groupe d'âges dans la Montérégie en 1984. Je vous
signalerai également que, depuis un an, la Montérégie est
la région qui connaît l'essor économique le plus grand avec
l'implantation d'Hyundai, Oerlikon, etc. Probablement que nous, on
connaît un exode rural. C'est l'inverse de ce que vous mentionniez. Alors
que certaines personnes effectuent un retour à la ville, nous, on
connaît l'inverse. C'est pour cela qu'il y aura du développement,
les gens vont vouloir se rapprocher de leur travail. Ils vont vouloir
également avoir accès à l'île de Montréal par
des moyens efficaces, faciles, utilisables. C'est ce qu'on propose avec les
infrastructures existantes en majorité.
M. Garon: Avez-vous regardé les chiffres pour l'ensemble
du Québec, l'augmentation de la population de 1981 à 2001?
M. Cantin: Par rapport à la Montérégie?
M. Garon: Non, par rapport à l'ensemble du Québec.
Il y a 300 000 d'augmentation dans la Montérégie; ce sera
à peu près l'augmentation totale du Québec. Cela veut dire
uniquement des déplacements de population anticipés.
M. Cantin: M. le député, je ne suis pas un
démographe. Par profession, je suis "gazologue".
M. Garon: Quoi?
M. Cantin: "Gazologue", je suis cadre supérieur chez Gaz
Métropolitain.
Des voix: Ha! Ha!
M. Cantin: Je voulais juste vous mentionner que la
présente commission siège pour les besoins d'infrastructures de
transport en commun pour la région de Montréal. Je ne voudrais
pas ouvrir un débat, je ne suis pas démographe, je ne suis pas
spécialiste, je suis généraliste, M. le
député. Excusez-moi, je ne peux pas vous répondre
là-dessus.
M. Garon: Je vous remercie.
M. Cantin: Merci, M. le député.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
Nous en sommes maintenant aux remarques de conclusion. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci aux gens de la
Montérégie. S'il n'y avait pas, au Québec, des gens qui
ont foi en leur région, il n'y aurait probablement personne qui aurait
foi au Québec. L'optimisme que vous dégagez quant à
l'avenir témoigne de la vitalité de la Montérégie.
Je ne peux que vous en féliciter. Le message semble bien clair et bien
compris: utilisons au maximum ce qui existe déjà, modifions-le,
s'il le faut, c'est probablement la solution de l'avenir,
selon ce que j'ai compris, en commençant par l'ouest et en venant
soulager l'est! Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté les
remarques de M. Cantin et de M. Vidal et leurs propositions. Évidemment,
si le ministre peut avoir beaucoup d'argent - il a dit que l'argent
n'était pas un problème -j'imagine qu'il pourra, dans les
semaines ou les mois qui viennent, accepter toutes les propositions qui lui ont
été faites au cours de ces trois jours, puisqu'il les a toutes
trouvées intéressantes. Alors, comme il a dit que la
priorité no 1 était Châteauguay...
Une voix: Montréal-Est.
M. Garon: ...on verra, dans les prochains mois, en 1988, quand il
annoncera les dépenses d'immobilisations, si ce sera encore sa
priorité. Je vous remercie. (22 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui m'étonne d'une
remarque comme celle-là du député de Lévis, c'est
que lui-même a été au sein d'un gouvernement qui a eu
à prendre des décisions, durant neuf ans, avec le même pont
Mercier, avec les mêmes problèmes. Cela m'étonne un peu,
surtout qu'il nous a dit tantôt que c'est une région qu'il
connaissait bien. Cela m'étonne un peu d'avoir une réaction comme
celle-là, parce que la solution qui est trouvée maintenant ou qui
risque d'être trouvée ne coûtera pas tellement cher
aujourd'hui, comme elle n'aurait pas coûté tellement cher il y a
quatre, cinq ou six ans, et on n'aurait pas ces problèmes
aujourd'hui.
Le Président (M. Sain-Roch): M. Cantin, je vais vous
reconnaître pour de brèves remarques de conclusion.
M. Cantin: Je remercie simplement les membres de la commission de
nous avoir accueillis aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie de votre
contribution aux travaux de cette commission. Étant maintenant
arrivés à la fin de nos auditions publiques et tel que le veut la
procédure de nos commissions parlementaires, je vais maintenant
reconnaître M. le député de Lévis pour des
conclusions finales à la suite de ces auditions, lui rappelant qu'il a
maintenant quinze minutes à sa disposition. M. le député
de Lévis.
Conclusions M. Jean Garon .
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. Au cours de
ces délibérations qui ont duré trois jours, il
s'est dégagé un certain nombre de consensus qui m'apparaissent
évidents. Par ailleurs, l'expérience démontre, dans les
derniers propos que tient le ministre, que ceux qui ont bâti Mirabel,
dans le temps, avaient imaginé que c'était la solution
également. Depuis ce temps-là, tout le monde paie pour essayer de
rentabiliser une solution qui ne l'a jamais été et qui ne le
sera, sans doute, pas avant plusieurs années, parce que les sommes
dépensées ont été considérables et qu'il n'y
avait pas eu de conception d'aménagement précédant le
projet. Dans un grand coup de théâtre, on avait annoncé un
projet qui devait être très générateur sur le plan
économique, mais, aujourd'hui, on se rend compte qu'il a
été très coûteux et très peu
générateur.
De ces trois dernières journées, je pense qu'on peut tirer
comme conclusion que tous ont convenu que le transport en commun doit
constituer la priorité dans le développement des transports de
personnes au cours des prochaines années dans la grande région de
Montréal. Tous souhaitent, également, une vision
intégrée et une planification d'ensemble du transport en commun
dans la grande région de Montréal et, cela je pense que c'est
très important. On n'a pas demandé de voir le casse-tête
morceau par morceau, mais les gens voulaient voir le portrait du
casse-tête; avant de voir les morceaux un par un, ils voulaient voir ce
que donnerait l'ensemble, parce qu'ils veulent une vision
intégrée et une planification d'ensemble du transport. Le moyen
qu'ils ont privilégié, à peu près tous, je dirais
même tous, c'est la concertation dans laquelle doit être
élaborée cette planification régionale et tous souhaitent
que s'établissent les arrimages entre les différents intervenants
pour que l'ensemble soit cohérent et harmonieux. La concertation qui
avait été, parfois, décriée est devenue, en tout
cas pour la région de Montréal, un instrument qui a
été privilégié et je pense que la concertation, par
ailleurs, ne doit pas être un prétexte pour ne rien faire. La
concertation ne doit pas servir à diviser les intervenants, mais
à établir des consensus en vue de l'action.
Je me rappelle un cours célèbre que donnait le père
Lévesque, Georges-Henri Lévesque, à la Faculté des
sciences sociales de l'Université Laval, un cours de philosophie
où il disait que l'homme prudent doit être prudent, mais que la
prudence s'exerce dans l'action et non pas en ne faisant rien. Je dois vous
dire, pour avoir participé, avoir organisé à peu
près la moitié des conférences socio-économiques
qui ont eu
lieu dans des domaines sectoriels, au cours des dix dernières
années - une quinzaine de conférences sectorielles
socio-économiques sur une trentaine - qu'il est possible
d'établir des consensus d'action et souvent, quand les consensus sont
établis, c'est parce que les projets sont mûrs, mais dans un plan
d'ensemble, non pas à l'avantage particulier et privé dans un cas
précis. C'est pour cela que les gens ont parlé non pas de
solutions ou de propositions pour faire plaisir à une
municipalité, mais d'une vision régionale, la région
étant la grande région de Montréal. Cette concertation,
à mon avis, est la meilleure façon, surtout quand elle est faite
publiquement, puisqu'elle permet d'avoir immédiatement les
considérations des intervenants et la réaction des autres
intervenants. Quelqu'un qui charrie se fait rappeler à l'ordre,
habituellement, par les autres intervenants; il est difficile de réfuter
des propositions de bon sens qui semblent faire consensus parmi tous. C'est
pourquoi je pense que ce qui a été proposé à ce
point de vue comme moyen d'action en vue de choisir, dans le cadre de la
priorité du transport en commun, les meilleurs aménagements,
c'est la sagessse. Je pense que, si les gens ont voulu le faire de cette
façon, c'est justement parce qu'ils craignent des petits projets
annoncés pour faire plaisir à un petit groupe, ce qui ne ferait
pas l'affaire de l'ensemble car on utiliserait ou dilapiderait des fonds qui ne
semblent pas illimités.
Quant au transport en commun, également, plusieurs ont
demandé au ministre d'assumer un rôle de leadership tout en
respectant les autonomies locales. Le ministre a suscité des attentes.
Par le document qu'il a présenté et les opinions qu'il a
demandées, il a suscité des interrogations ou des discussions et
demandé des propositions qui ont été apportées ici
en grand nombre. Il a démontré et il a mentionné aussi sa
volonté d'agir. Je ne pense pas que ce soit un défaut de vouloir
agir mais c'est maintenant à lui d'assumer le défi. Je pense que
le ministre a une occasion exceptionnelle. Cela lui a été
demandé, d'ailleurs. Je pense qu'il peut assumer ce rôle de
leadership qui lui a été demandé par plusieurs
intervenants. À mon avis, il peut difficilement le refuser puisque les
gens lui ont proposé de le faire un peu à sa demande mais ils ne
lui ont pas refusé... Et, dans une perspective de concertation, on peut
dire que cette volonté de faire un aménagement d'ensemble, en
tenant compte non pas des égoïsmes locaux mais d'une perspective
d'ensemble, démontre une mentalité qui a évolué
considérablement au cours des dernières années. Je ne
pense pas que les gens auraient demandé la même chose il y a dix
ans ou peut-être même il y a cinq ans. Cela veut dire
qu'actuellement les gens ont évolué beaucoup dans un sens de
concevoir leur région comme une grande région qu'ils voudraient
voir aménagée comme un ensemble sur le plan du transport en
commun. Cela m'apparaît très important et le ministre a un
rôle de leadership à jouer et les intervenants locaux et
régionaux, pour un grand nombre, lui ont demandé de jouer ce
rôle. Tout le monde souhaite cette concertation mais il manque quelqu'un
pour en prendre la direction ou pour la mettre en marche.
Le transport en commun joue également un râle social
majeur. On l'a vu encore avec les chiffres qui ont été
démontrés: 35 % n'ont pas d'automobile dans la Communauté
urbaine de Montréal et 30 % ont des revenus de moins de 15 000 $ par
année. C'est évident qu'à ce moment on peut comprendre
facilement pourquoi les gens demandent que le transport en commun soit la
priorité dans le cadre du transport des personnes. Autant le transport
en commun contribue à orienter le développement économique
sur le terrain et peut être bénéfique, autant il peut
créer des distorsions qui vont être maléfiques et des
problèmes socio-économiques graves. C'est pourquoi - et cela a
été mentionné cet après-midi - il doit tenir compte
des plans d'aménagement locaux et régionaux. Il y a des choix
à faire là-dedans. Il y a des choix pour Montréal, Laval
et la rive sud, lorsqu'il s'agit de maintenir un peu ce qui a été
développé, ce à quoi on est arrivé actuellement, ou
encore de faire des changements. Selon les choix qui seront faits, il pourra y
avoir des conséquences importantes. D'ailleurs, ceux qui en ont
parlé ici ont indiqué à quel point le transport en commun
peut jouer un rôle moteur dans le réaménagement des
territoires. C'est pourquoi on doit tenir compte des plans d'aménagement
locaux et régionaux tout en établissant les arrimages
nécessaires en concertation. Comme les plans régionaux supposent
des plans régionaux de plus petites régions qui sont
contiguës, il n'y a pas nécessairement de cohérence parfaite
entre ces différents plans régionaux plus petits. Je pense que le
transport en commun doit tenir compte de ces plans d'aménagement locaux
et régionaux pour ne pas qu'il y ait une incohérence entre
l'action gouvernementale et l'action municipale ou intermunicipale.
Les gens ont également demandé le maintien de la
participation gouvernementale. Le maire de Montréal a d'ailleurs
été explicite à ce sujet en disant, et je le dis entre
guillemets: "On ne peut désinvestir, tant pour des raisons sociales que
pour des effets structurants sur le développement économique de
l'agglomération." À ce point de vue, je pense que tous ont
indiqué que l'action gouvernementale devait être maintenue et
qu'un équilibre avait été atteint - un certain
équilibre - mais on a dit qu'on pouvait avoir une variation autour
du
point qui ne devrait pas être importante. Par ailleurs, tous ont
souhaité avoir le maximum d'autonomie locale, tout en comprenant que
celui qui va verser des sommes d'argent importantes a son mot à dire
également. On n'a pas insisté, mais je pense que les silences,
à certains moments, devant certaines questions posées,
indiquaient que le gouvernement du Québec avait quand même une
certaine marge de manoeuvre, à la condition de ne pas en abuser.
Il y a également un point qui m'est apparu très important.
Quand on a parlé d'aménager des infrastructures, on a
également dit qu'indépendamment des travaux qui devraient
être faits dans le territoire l'amélioration du transport en
commun devra être réalisée en priorité dans l'est de
Montréal. Je pense qu'il se dégage également de cela que
des travaux devraient être faits dans l'est de Montréal, où
il y a des choses à améliorer.
Le ministre a bien fait remarquer que, parmi les nombreuses solutions
proposées a l'intérieur des mémoires, plusieurs font appel
à l'aménagement d'infrastructures déjà existantes
ou à l'amélioration de ces infrastructures qui
nécessiteraient plutôt quelques aménagements comme des
trains de banlieue ou des voies réservées qui ne sont pas
nécessairement très dispendieuses et qui peuvent améliorer
la rapidité, donc le volume des personnes transportées, sans
qu'il y ait nécessairement d'investissements majeurs à court
terme pour réaliser cette partie. Encore là, il ne faudrait pas
oublier de faire en sorte que ceux qui ont les besoins les plus criants et qui
sont déjà dans un territoire urbain très dense soient
d'abord desservis. Si on ne peut pas rendre le transport plus facile à
l'intérieur de l'est de Montréal, d'une certaine façon,
cela pourrait être un incitatif à aller demeurer ailleurs parce
que, même en restant à l'intérieur du territoire le plus
urbanisé, les transports en commun seront déficients. (22 h
15)
Je voudrais également en profiter pour remercier tous les groupes
et organismes qui sont intervenus pour la qualité de leur
mémoire. J'ai été impressionné de la qualité
des mémoires. Il y a eu un grand nombre de mémoires qui ont
été fouillés et où plusieurs données
techniques étaient sous-jacentes. Souvent, elles étaient
présentes dans des tableaux ou dans des annexes. De façon
générale, la qualité des mémoires est
impressionnante.
J'ai remarqué aussi que plusieurs, dans la position qu'ils
adoptaient, la justifiaient très bien, même s'ils étaient
conscients que, couvrant une partie du terrain seulement, il était
nécessaire d'établir des consensus, une concertation pour faire
un plan d'ensemble. Il y a un signe certain d'un intérêt manifeste
et évident en ce qui a trait au transport en commun pour qu'il y ait
autant de personnes qui aient senti le besoin de s'exprimer, qui ont mis le
temps de faire les recherches et les études et qui ont pris le temps de
venir ici, et, certains, de rester ici presque trois jours pour prendre part
aux délibérations qui sont faites, à mon avis, dans un
sérieux permanent.
Je voudrais en profiter pour remercier le député de
Jonquière qui a été présent tout le temps. Nous
avons travaillé en équipe avec le député de Dubuc
qui parle peu, mais qui est un homme d'un conseil sûr. Je dois dire que
le député Dubuc, même s'il ne parle pas souvent dans les
réunions publiques, est une des personnes que je connais dont le
jugement est le plus sûr.
Le député de Jonquière, a une expérience
extraordinaire: maire pendant dix-huit ans, conseiller pendant quatre ans et
président de l'Union des municipalités pendant deux ans. Dans un
problème dans le domaine du transport en commun, vous comprendrez qu'on
est comme les deux rails d'un chemin de fer puisque, étant critique
maintenant en matière de transports et lui l'étant en
matière de municipalité, la meilleure façon d'essayer de
faire un bon travail, c'est que celui qui s'occupe des affaires municipales et
celui qui s'occupe du transport soient vraiment les deux rails d'un chemin de
fer, c'est-à-dire qu'ils se suivent jalousement, sans jamais
s'écarter l'un de l'autre.
Enfin, je termine en disant que le temps des études est
terminé et que c'est maintenant le temps des décisions, a dit le
ministre. Il a ajouté que chacun devrait mettre ses pantalons.
L'expression est peut-être un peu sexiste, mais elle n'est pas
méchante dans son discours; je pense qu'elle exprime sa volonté.
Nous sommes contents que le ministre dise que le temps des études est
terminé et que c'est le temps des décisions. Nous souhaitons que
cette affirmation se réalise et que le ministre annonce des
décisions qui apporteront des solutions selon un
échéancier qui lui a même été
précisé - il a mentionné le sien - en termes de besoin par
la Communauté urbaine de Montréal et, en particulier, par le
maire de Montréal lorsqu'il a parlé de ses besoins
immédiats pour l'année 1988.
Quant à nous, M. le Président - et je termine
là-dessus - il pourra compter sur nous pour lui indiquer les
problèmes qui se trouveront dans ses solutions puisque c'est notre
tâche en tant qu'Opposition. Ce faisant, nous pensons que nous pourrons
contribuer à faire en sorte que les solutions deviennent parfaites.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Bien sûr, trois jours de délibérations,
d'écoute, d'interrogations et -je peux même le dire - des milliers
d'heures de préparation à toute une série d'inventaires de
données pour tenter, autant que possible, de les rendre plus claires sur
une carte, de les faire travailler, dactylographier, en partant du brouillon de
celui qui écrit mal et de le traduire dans un texte sur traitement de
texte sur du papier par du personnel du secrétariat, c'est un travail
colossal qui a été accompli pour nous mener au terme de cette
commission parlementaire. Il est bien sûr que c'est une analyse encore
préliminaire que nous tirons à ce moment-ci et qu'il nous faudra
encore davantage décanter toutes les données contenues à
l'intérieur de ces mémoires et les analyser, les arrimer, les
"interfacer", les interconnecter de façon qu'on puisse en tirer le plus
largement possible des traits communs qui nous permettraient de trouver les
solutions les plus réalistes à la situation d'aujourd'hui.
Tantôt, le député de Lévis disait que j'avais
dit qu'il faudrait "chausser" nos pantalons. Bien sûr, je le
répète et on ne fera pas le jeu de mots jusqu'à la fin de
la soirée parce que tout le monde va finir par s'écoeurer, mais
effectivement, sur le plan politique, pour dire des choses comme
celles-là, il faut drôlement être culotté. Je pense
que le temps est venu de prendre des décisions et de vivre avec ces
décisions et, dans ce sens-là, c'est ce que je vais tenter de
faire, à mes risques et périls.
Je voudrais d'abord situer à quatre niveaux l'état de ma
réflexion, encore une fois préliminaire, après avoir
entendu tout ce qu'on a entendu. D'abord, quant à la politique de
financement, de manière plus globale, tous les intervenants, sans
exception, ont fait ressortir le rôle capital du transport en commun et,
par voie de conséquence, le soutien gouvernemental au transport en
commun. Et cela m'apparaft peut-être comme étant celle qui a
reçu le plus large assentiment. Quant au programme d'aide
gouvernementale au transport en commun, les décisions seront prises
très prochainement, très très prochainement. À la
lumière de ce que nous avons entendu, un certain nombre de conclusions
s'imposent d'elles-mêmes. Bien sûr que j'aurai à faire
cheminer ces décisions à l'intérieur de l'appareil
gouvernemental quant au comité ministériel, quant à la
décision ultime du décret gouvernemental, mais la volonté
est vraiment là pour passer à travers dans les plus brefs
délais et de telle sorte que chacun soit bien fixé avant
même les échéanciers des budgets qui seront
déposés à la fin de l'automne pour chacune des
municipalités concernées compte tenu du niveau de participation
de chacune des municipalités.
Je peux le dire dès maintenant: au plan de l'exploitation, nous
examinons très sérieusement l'hypothèse d'une enveloppe
fermée, indexée, de cinq ans, puisque cela a été le
voeu unanimement exprimé par les différents intervenants, et qui
avait comme principe une stabilité de la participation gouvernementale
pour une meilleure stabilité, une meilleure planification de
l'exploitation des réseaux. Cela me semble être un certain nombre
de conclusions et de décisions qui s'imposent dans le contexte de la
politique de financement.
Le deuxième élément extrêmement important,
à mon avis, quant au bénéfice que l'usager pourrait en
tirer, et peut-être l'élément le plus déterminant,
celui qui sera le plus contraignant pour le futur et celui qui demandera encore
davantage d'ouverture d'esprit de chacun des organismes, de chacun des
personnages qui dirige ces organismes et de chacun des maires, c'est ce grand
thème de la concertation. Tous les intervenants, sauf évidemment
ceux qui étaient directement impliqués, ont reconnu la
nécessité d'une véritable concertation. On pourrait en
tirer plusieurs points, mais je n'en retiens que trois: l'intégration
des services intersociétés, l'intégration tarifaire et les
gares d'échange, ce qui traduit très bien où nous en
sommes quant à notre degré de respect mutuel dans chacun de nos
champs d'activité. Dans la mesure où il y aura du
dépassement, dans la mesure où il y aura un peu d'audace, je
pense que nous serons à même de régler un certain nombre de
problèmes.
Je n'hésite pas à dire immédiatement qu'au
début de 1988 je ferai une proposition concrète pour
l'établissement d'une table de concertation avec un mandat bien
défini, avec la participation du ministère des Transports et des
autorités organisatrices de transport, avec un échéancier.
Il n'y a rien de plus facile que de se perdre en concertation lors d'une table
de concertation. En réponse aux demandes exprimées par plusieurs
intervenants, les travaux de cette table de concertation seront orientés
vers des solutions concrètes à des problèmes
précis. On ne sera pas nécessairement à l'ère
spatiale, mais on va certainement aborder un certain nombre de
problèmes. Je me permets d'en mentionner deux pour illustrer de
manière concrète ce qui pourrait arriver. Par exemple, on a vu
qu'il y avait des problèmes avec les personnes qui ont utilisé le
transport adapté. Je pense qu'on a du travail à faire et que nous
avons comme société une responsabilité quant à ce
travail. Deuxièmement, l'utilisation conjointe des terminus payés
à 75 % par le gouvernement mais administrés par une seule
autorité. C'est clair, on va s'y attaquer et le meilleur moyen de s'y
attaquer, c'est tout le monde
ensemble autour de la table.
Évidemment, le troisième bloc est celui des
infrastructures. Nous l'avons clairement exprimé, nous allons d'abord
régler et stabiliser pour les cinq prochaines années
l'exploitation. Il nous faudra par la suite, bien sûr, au cours de
l'année 1988, régler le problème des immobilisations.
À ce sujet, il faudra que le gouvernement dégage des sommes
d'argent mais une chose me semble très claire: en toute priorité,
les premiers montants qui seront dégagés devront être
d'abord utilisés au maintien des acquis, ce qu'on a appelé, dans
le mémoire de la CUM, "Conservation du patrimoine". Encore faudra-t-il
s'entendre sur ce qu'est la conservation du patrimoine. Mais il nous
paraît évident que, d'entrée de jeu, il faudra avoir une
considération pour le renouvellement du parc d'autobus, une
considération pour la modernisation du métro, compte tenu de ce
qui a été évoqué ici et qui est connu de tous
maintenant: au-delà de 300 wagons de métro qui sont à
l'âge sinon de la retraite, du moins d'un bon lifting.
Troisièmement, la poursuite de la modernisation des trains de banlieue,
à la fois ceux de Montréal-Rigaud,
Montréal-Deux-Montagnes, Montréal-Saint-Hilaire et le
problème particulier de Châteauguay. S'il y a dans ces
infrastructures une clarté et un lien commun dans tout ce qui a
été exprimé au sujet des infrastructures pour tenter de
soulager à plus court terme les problèmes d'accès à
l'île sans nécessairement créer d'infrastructures
additionnelles, il nous semble bien que la voie sera d'avoir un oeil
très présent sur ce qui se passe au sujet des trains de banlieue,
de compléter ce que nous avons à compléter en
matières d'études, de recherches et de mesurer
complètement les impacts puisque l'expérience de
Montréal-Rigaud, jusqu'à maintenant, nous prouve que le choix qui
a été fait à l'époque, par le gouvernement
précédent, était un choix fort judicieux compte tenu du
niveau d'achalandage lorsqu'on augmente la qualité du service aux
usagers. (22 h 30)
De plus, les investissements à venir devront être
axés sur l'amélioration de la performance et de la
productivité des équipements existants. Donc, maintien des acquis
et, deuxièmement, tendre à une meilleure performance des
équipements existants. A titre d'exemple, cela peut revenir mais c'est
le constat qu'on peut tirer: accès aux stations dans les gares
intermodales par une amélioration des stationnements près des
gares. Il nous apparaît clair qu'il y a du travail à faire
là et que notre réflexion devra porter sur certaines de ces
solutions qui ont été proposées par plusieurs. Il est
apparu aussi très clair, que là où nous avons tenté
les expériences de voies réservées, cela donnait des
résultats fort intéressants compte tenu des coûts investis
et que les efforts faits jusqu'à maintenant par toutes les
sociétés comme par l'ensemble du ministère ne
témoignaient pas d'une volonté très ferme d'aller vers ces
solutions mais que c'était effectivement une bonne partie de la solution
à nos problèmes et que nous devrions nous y attarder beaucoup
plus concrètement. Finalement, on a pu constater que malgré que
nous soyons à l'ère dite des communications, à
l'ère de l'informatique, on avait encore beaucoup de chemin à
faire quant à la qualité de l'information dispensée aux
usagers. Toute cette information est donc à revoir et pourrait faire
partie d'un deuxième bloc qui viserait à maximiser les
équipements existants.
En fin de ce bloc, le troisième, des projets d'expansion de
réseau devraient contribuer à l'amélioration de la
rentabilité d'ensemble du réseau et reposer sur des analyses
rigoureuses de coûts-bénéfices tout en tenant compte des
schémas d'aménagement qui, d'ici à la fin de
l'année, verront cette phase d'aménagement du territoire
terminée. Il est clair que nous devrons trouver des règles qui
feront en sorte que ces décisions tiendront compte de ces principes.
Un quatrième point: le financement. Je me contenterai tout
simplement de dire que plusieurs suggestions ont été faites mais
qu'il y a sur ce sujet un seul consensus et un seul point commun: C'est oui
à des nouvelles sources de financement pour autant que cela ne touche
pas celui qui les fait. Je pense que c'est la seule conclusion qui s'impose
quant au financement sauf quelques exceptions de gens venant de la couronne qui
acceptaient le principe de payer un peu plus pour des services du
métro.
Finalement, ce sont quatre grands chapitres qui, je pense, traduisent
très bien le réalisme de tous les intervenants. Il arrive
souvent, lors de ces commissions, qu'on ait des "flyés", des gens qui ne
portent pas à terre. Je n'en ai pas retrouvé un seul dans cette
commission. Les gens ont fait un travail tout à fait extraordinaire et
qui dénote une connaissance du passé, du présent et aussi
une certaine vision de l'avenir compte tenu de ce que chacun d'eux avait
à défendre comme principe et comme vision d'avenir.
À mon tour, en terminant, je veux remercier toutes les personnes
qui ont défilé devant nous. Bien sûr, il y a des organismes
qui sont venus avec un support technique. Cela n'est pas nécessairement
facile, même si on a le support technique ou des personnes pour nous
appuyer. Il faut aussi au moins faire la démarche et avoir une bonne
compréhension, avoir une bonne philosophie de base pour venir exprimer
son opinion. Je pense aussi à tous ceux qui sont peut-être un
peu moins dotés de ce support technique, mais qui vivent
quotidiennement ces transports en commun et qui ont voulu venir exprimer leur
opinion. La qualité était à la hauteur des attentes et je
les en remercie beaucoup. Je veux leur dire que leur travail n'est cas
terminé, il commence.
A mes collègues qui ont partagé ces trois jours autour de
cette table... Au député de Lévis avec qui, pour la
première fois, je me suis retrouvé à la même table,
lui comme critique et moi comme responsable ministériel, je le remercie
de sa collaboration sans équivoque tout au long de cette commission. Je
veux l'assurer de la même collaboration que j'ai offerte et donnée
à celle qui l'a précédé comme critique, ceci dit
sans arrière-pensée et avec ouverture et livre ouvert puisque
nous poursuivons exactement le même objectif, c'est-à-dire, rendre
service à la collectivité, peu importent nos visions politiques
personnelles ou les visions de nos partis. Je suis convaincu que, dans la
mesure où il fait bien son travail et que je fais bien le mien, chacun
de nous sera réélu et on pourra en tirer une situation fort
respectable.
Je remercie aussi les collègues de Jonquière et de Dubuc.
Il est bien sûr que, dans le cas du député de
Jonquière, on ne peut pas effacer les traces du passé en deux ans
dans l'Opposition. Ses expériences passées sont précieuses
pour la commission parce qu'elles peuvent, à l'occasion, nous
éviter de pencher plus facilement d'un côté comme de
l'autre. Ses propositions et son questionnement sont - j'ai déjà
eu l'occasion de le lui dire et je peux le répéter - à
l'occasion peut-être agaçants, mais nécessaires à
cette démocratie qui s'exprime et qui questionne.
Son collègue de Dubuc, je l'ai bien remarqué au moment
où le député de Lévis l'a signalé, est un
homme qui ne parle pas beaucoup, pas souvent d'une manière publique,
mais il a un bon jugement. Oui, effectivement, c'est un homme qui a les deux
pieds sur terre, qui a un bon jugement - je vais m'amuser un peu - et qui l'a
prouvé à plusieurs occasions à l'intérieur
même de son parti. Si je me souviens bien -est-ce que je me trompe? - le
député de Dubuc a appuyé le député de
Lévis dans la campagne au leadership. Je pense que c'est exact. C'est
une bonne partie du bon jugement du député de Dubuc, ceci dit en
toute amitié et en toute bonne camaraderie.
À mes collègues de la majorité qui ont
été présents tout au long de cette commission pour
représenter à la fois des agglomérations des CIT qui ont
certaines difficultés d'interface et pour représenter certaines
communautés qui éprouvent des problèmes quotidiens de
transport, d'accès à l'île, d'autres du coeur de
l'île même et, finalement, ces collègues de l'Est du
Québec venus se sensibiliser à nos véritables
problèmes de transport en commun... Nous, de la région de
Québec, qui pensons avoir des problèmes de transport en commun,
cela prend une tout autre dimension lorsqu'on se retrouve à
Montréal. Je leur dis merci de leur collaboration et nul doute que nous
aurons l'occasion de nous revoir autour de cette même table, soit celle
de la commission parlementaire.
Aux membres du personnel de soutien de l'Opposition, qui, bien
sûr, sont en bien moins grand nombre que nous, mais qui n'en font pas
moins un excellent travail de support et de conseils, à tout le
personnel qui, depuis un an et demi, travaille à la préparation
du dossier, que ce soit aux plans des statistiques, des projections, aux chefs
de services, aux secrétaires, à tous ceux qui nous ont
accompagné durant ces démarches de la commission, je vous dis
mille mercis. Vous avez constaté, comme nous, qu'une bonne partie du
travail a été faite, mais ce n'est que la pointe de l'iceberg; il
nous reste maintenant à prendre des décisions et à les
administrer pour le plus grand bien de ceux qui auront à subir ces
décisions. Je leur dis merci. On peut être fonctionnaire, faire sa
semaine régulière, mais dans des activités comme
celle-là, ça dépasse de beaucoup les heures
régulières. Il y a dans cela du dépassement qui fait en
sorte que bien du monde respecte davantage les fonctions que vous occupez.
Aux personnes du secrétariat des commissions, qui, comme nous,
êtes en majorité des gens de Québec - et même de
Charlesbourg, dans certains cas - cela a été une belle semaine
à Montréal, sauf qu'on n'a pas eu le temps de visiter beaucoup ni
de s'amuser. Je vous dis merci à vous aussi parce que les heures qu'on a
passées ici, vous les avez passées aussi. Je vous dis merci pour
l'excellent travail et l'excellente collaboration que vous nous avez
procurés depuis le tout début. Merci pour cet excellent
travail.
À ceux de l'Assemblée nationale que l'on côtoie
à chaque jour, qui sont nos gardiens, je leur dis merci. Ce n'est pas
toujours facile d'être là à nous surveiller, à nous
écouter et même, des fois, à nous entendre radoter. On vous
dit merci pour votre excellent travail.
Finalement pour terminer... Oui, le président c'est automatique,
en parlant de la commission, c'était clair que le président... Le
président est un homme très sage, d'une très grande
sagesse. Je le remercie de nous avoir guidés pendant ces travaux et de
nous permettre de terminer trois quarts d'heure en retard sur l'horaire qui
était prévu au départ. C'est signe que nous avions un
capitaine et un second qui ont le compas dans l'oeil et qui nous ont
amenés à bon port.
Enfin, je peux dire pour terminer que, si j'étais
prédestiné à aller davantage au Loisir, Chasse et
Pêche et Tourisme, comme l'a dit le député de Lévis,
précédemment, je me sens très bien et très heureux
dans ce merveilleux monde qu'est le monde du transport. Merci à tous. Je
pense que nous pourrons, avec la collaboration de tout le monde, guider notre
transport en commun là où il doit aller le plus rapidement
possible avec le moins de problèmes d'interface possible et avec le plus
de gares accessibles. Dans la mesure où on réussira ce tour de
force, la qualité du service n'en sera qu'améliorée pour
le plus grand bien de tous, y compris les politiciens, qu'ils soient de niveau
municipal, provincial et même fédéral, si celui-ci ouvre
ses coffres.
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
En mon nom et aussi au nom de mon collègue, M. le
député de Gouin, je tiens à vous remercier, M. le
ministre, M. le critique de l'Opposition ainsi que mes collègues,
d'avoir facilité la tâche de la présidence au cours de ces
trois jours dans le respect des ententes convenues lors de nos sessions de
travail. Je me joins aux paroles de M. le ministre pour remercier ceux qui
travaillent trop souvent dans l'ombre, c'est-à-dire le personnel de la
sécurité, le personnel d'enregistrement de nos débats pour
la postérité et vous aussi, M. le secrétaire, de
même que votre personnel, pour votre support technique au cours de ces
trois jours parce qu'il est très peu fréquent que la commission
siège à l'extérieur de Québec.
C'est une expérience agréable qui a permis à tous
les parlementaires de se familiariser aux problèmes du transport en
commun. Encore une fois, un merci sincère de nous avoir facilité
la tâche. Je vous souhaite un retour à la maison en toute
sécurité. Sur ce, la commission de l'aménagement et des
équipements, qui a maintenant rempli son mandat, ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 22 h 45) ■