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(Quatorze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît;
La commission de l'aménagement et des équipements est
réunie cet après-midi aux fins de tenir une consultation
générale sur l'avant-projet de loi sur l'organisation
territoriale municipale.
Trois groupes se sont manifestés que nous recevrons dans l'ordre
suivant cet après-midi, soit l'Union des municipalités du
Québec, la Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec.
Nous nous sommes entendus en séance de travail pour accorder une
période d'environ une heure à chacun de ces trois groupes
répartis en trois blocs de 20 minutes chacun: 20 minutes de
présentation, 20 minutes d'échanges avec le parti
ministériel et 20 minutes pour les échanges avec le parti de
l'Opposition, le tout précédé de 15 minutes de remarques
préliminaires des deux formations politiques de même que des
remarques de conclusion d'une quinzaine de minutes chacune.
Juste avant d'ouvrir nos travaux, est-ce qu'il y a des modifications?
Pas de modifications. Cela va. Donc, sans plus tarder, j'inviterais M. le
ministre des Affaires municipales à nous faire ses remarques
préliminaires. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. En premier lieu, vous
me permettrez de présenter à la commission les gens qui
m'accompagnent. À ma gauche immédiate, Mme Rita Bédard,
qui est une nouvelle sous-ministre adjointe aux Affaires municipales en charge
des dossiers juridiques; à ma droite, tout le monde aura reconnu Me
André Carrier, un vétéran des commissions parlementaires
et des projets de loi compliqués concernant le monde municipal.
M. le Président, au cours de la séance, si à
l'occasion les questions de l'Opposition sont tellement difficiles pour le
ministre, je présume qu'on permettra à Me Carrier ou à Mme
Bédard de répondre pour faciliter les échanges. Enfin, je
pense qu'on avait convenu cela la dernière fois, si l'Opposition est
d'accord.
M. le Président, MM. et Mmes les membres de la commission, Mmes
et MM. les invités, de l'avis de tous les intervenants, la vie d'une
municipalité est régie par une législation trop abondante
et souvent trop complexe. Dans le but de remédier à cette
situation difficile et de respecter l'engagement pris par notre gouvernement
d'alléger la législation en vigueur en légiférant
moins mais mieux, nous avons entrepris un vaste programme de révision
des lois municipales. De concert avec le monde municipal, nous voulons
atteindre les objectifs suivants: moderniser, uniformiser et simplifier les
lois afin que l'administration municipale québécoise puisse en
profiter.
L'adoption récente de la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités confirme que notre
gouvernement est fermement engagé dans le processus de révision
des lois municipales. En donnant au monde municipal ce nouvel outil permettant
de renforcer la démocratie au niveau local, nous avons atteint les
premiers objectifs majeurs que nous nous étions fixés. Par
ailleurs, au cours de la même période, le ministère
poursuivait ses travaux dans d'autres secteurs de la vie municipale
touchés par la révision. C'est ainsi que nous avons
déposé, avant l'ajournement de la dernière session, un
avant-projet de loi sur l'organisation territoriale municipale. Cet
avant-projet de loi constitue, en quelque sorte, le second volet de cette
révision législative. Les mêmes objectifs de
simplification, d'uniformisation et de modernisation ont guidé les choix
législatifs qui vous sont maintenant proposés. Comme vous l'avez
constaté, nous n'envisageons pas de bouleversements majeurs en ce qui
touche l'organisation du territoire municipal québécois. Cet
avant-projet de loi contient plutôt des ajouts visant à faciliter
l'application des règles qui existent déjà dans les
diverses lois qui régissent actuellement le territoire municipal.
Le deuxième volet du code des municipalités regroupe donc
les règles relatives à la constitution, à l'annexion et au
regroupement de territoires de municipalités locales.
Au chapitre de la constitution d'une municipalité locale, nous
proposons d'abandonner toute distinction relative au
statut corporatif. En conséquence, lors de la constitution d'une
nouvelle municipalité, il ne sera plus nécessaire de tenir compte
des critères actuels qui se rattachent à la fois à la
population, au nombre d'habitations sur le territoire ou à la valeur
minimale que doivent atteindre globalement les maisons sur le territoire de la
municipalité. Désormais, le gouvernement devra respecter un seul
critère, soit vérifier si la population du territoire non
organisé a atteint le nombre de 300 habitants ou plus. De plus, dans des
circonstances exceptionnelles, le gouvernement pourra décider de
constituer une nouvelle municipalité même si sa population
n'atteint pas le nombre requis de 300 habitants. La demande de constitution est
présentée au ministre des Affaires municipales et doit être
signée par la majorité des personnes qui, normalement, auraient
le droit d'être inscrites sur une liste référendaire du
territoire non organisé. C'est à ce regroupement de citoyens
qu'incombe la responsabilité de soumettre le projet aux
municipalités régionales de comté impliquées. Les
requérants doivent aussi consulter la Commission de toponymie au sujet
du nom projeté de la nouvelle municipalité. Soulignons qu'en
conséquence du statut corporatif unique toute nouvelle
municipalité sera désignée sous le vocable de
"municipalité de" sans que le nom comporte dorénavant les mots
"cité", "ville", "village", "paroisse" ou "canton"; la seule exception
étant le cas où une agglomération possède un tissu
urbain suffisant pour justifier l'appellation de ville.
Une autre réforme préconisée vise à
permettre la constitution d'une municipalité à partir de
territoires situés dans des municipalités régionales de
comté distinctes. L'acte constitutif indiquera dans quelle
municipalité régionale de comté cette municipalité
sera située.
En matière d'annexion, le Code municipal et la Loi sur les
cités et villes prévoient actuellement cinq types de
procédures d'annexion. L'avant-projet de loi ne suggère qu'une
procédure pour deux types possibles d'annexion: l'annexion impliquant un
territoire non organisé et celle impliquant un territoire
organisé. La municipalité qui désire annexer adopte un
règlement et le transmet à la municipalité à
démembrer qui doit l'approuver ou le désapprouver. Les personnes
habiles à voter du territoire à démembrer sont alors
consultées au moyen d'une procédure référendaire ou
d'une requête signée par la majorité d'entre elles.
L'avant-projet de loi prévoit aussi un mécanisme permettant
d'assurer en souplesse le transfert de juridiction. De plus, le ministre peut
inviter les municipalités intéressées à
négocier un acte d'accord portant sur le partage de l'actif et du
passif.
Quant au chapitre des regroupements de territoires de
municipalités locales, il est bon de souligner que ceux-ci devront
désormais être le fruit d'une volonté des conseils
municipaux concernés. Sur présentation d'une requête
commune, le gouvernement pourra, par simple décret, faire droit à
la demande de regroupement. Nous n'avons pas jugé souhaitable de retenir
la formule actuelle prévoyant la possibilité d'un regroupement
forcé à la suite d'une ordonnance du ministre des Affaires
municipales.
Enfin, l'avant-projet de loi permet au ministre, de sa propre initiative
ou sur demande, de redresser des limites territoriales erronées ou
imprécises. Ce redressement peut avoir un effet rétroactif afin
de valider les actes juridiques posés par le conseil municipal qui a agi
sans droit à l'égard d'un territoire qui n'était pas le
sien.
En terminant, rappelons de nouveau que ce projet de loi est le fruit de
nombreuses consultations. Il est le résultat d'un échange
constant avec le monde municipal. Depuis le début des travaux qui nous
ont conduits jusqu'à l'actuelle commission parlementaire, nous avons
toujours eu le souci de rester à l'écoute de ceux qui sont
concernés. Nos rencontres avec les personnes qui oeuvrent
quotidiennement dans le monde municipal ont toujours donné lieu à
des échanges réalistes, ce qui a certainement contribué
à faire progresser rapidement les travaux de ce deuxième volet de
la révision législative.
Aujourd'hui, de nouveau, le monde municipal est invité à
exprimer son opinion dans le cadre de la présente commission
parlementaire. En effet, dans un processus démocratique et public, il
est souhaitable de permettre aux personnes concernées de se prononcer
sur les règles qui doivent désormais régir l'organisation
de leur territoire municipal. Nous croyons fermement que cette attitude
d'ouverture permet à chacun de contribuer à bonifier un
avant-projet de loi qui se veut le meilleur reflet de la volonté du
monde municipal lui-même. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
ministre. Vos remarques préliminaires, M. le député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Je voudrais aussi me
faire l'interprète de ma formation pour souhaiter la meilleure des
chances possible à la nouvelle sous-ministre adjointe aux Affaires
municipales tout en lui souhaitant que le ministre l'écoute de plus en
plus et qu'il fasse le moins d'erreurs possible.
M. Bourbeau: ...lancer des fleurs.
M. Dufour: Je pense que c'est
important de le faire. En même temps, je voudrais aussi en
profiter pour saluer tous ceux qui sont ici pour présenter des
mémoires sur l'avant-projet de loi. Je veux les assurer d'abord de ma
collaboration ainsi que de mon très vif intérêt à
les écouter sur le sujet qui nous réunit aujourd'hui.
En fait, quand on examine l'avant-projet de loi, cela constitue une
refonte de certaines dispositions eu égard à la constitution,
à l'annexion ou au regroupement de certaines municipalités. Le
but de l'avant-projet de loi est donc de réunir en quelque sorte les
dispositions des lois concernant l'organisation territoire municipale dans une
même loi pour fins d'harmonisation et de simplification. Bref, la refonte
se situe davantage au niveau du contenant qu'au niveau du contenu, celui-ci ne
variant guère ou peu avec les dispositions antérieures des lois
qui régissaient la constitution, le regroupement et l'annexion des
municipalités.
L'idée d'une refonte des lois municipales et, plus
particulièrement, de l'organisation territoriale municipale n'est pas
nouvelle. Le travail avait déjà été entrepris en
1985 par M. Alain Marcoux, ministre des Affaires municipales de
l'époque, alors qu'il déposait un document de consultation sur la
révision des lois municipales concernant l'organisation territoriale
municipale. Ce document avait ainsi circulé chez les principaux
organismes intéressés et déjà des commentaires
avaient été enregistrés quant à cette
révision des lois municipales. Or, 30 mois plus tard, nous en sommes
seulement rendus au stade de l'avant-projet de loi. Est-ce à dire que le
contenu de cet avant-projet de loi tranche radicalement avec le document
déposé par M. Alain Marcoux qu'il a fallu attendre deux ans et
demi avant de déposer un avant-projet de loi concernant, en somme, une
refonte en bonne et due forme et des ajustements quant à de nouvelles
réalités? (14 h 30)
Je remarque aussi que cet avant-projet de loi confère beaucoup de
pouvoirs au ministre. Celui-ci demeure omniprésent à toutes les
étapes de la constitution, du regroupement ou de l'annexion des
municipalités. Avec l'éclairage particulier que nous apportait le
rapport de la Commission d'étude sur les municipalités,
présidée par M. Jacques Parizeau, lequel rapport recommandait une
véritable autonomie pour les municipalités, il aurait
été intéressant, lors de l'élaboration de cet
avant-projet de loi, de tenir compte de ces recommandations.
Dans un énoncé de politique, la Commission d'étude
sur les municipalités affirmait: "La refonte des lois municipales doit
être orientée vers une libéralisation accrue des pouvoirs
municipaux." Pourquoi ne pas profiter de cet avant-projet pour amorcer cette
décentralisation? Or, l'avant- projet de loi regorge de la
présence continuelle du ministre, que ce soit pour le changement de nom,
la constitution de la municipalité, la modification de la requête
de constitution, quant à la modification à la requête
commune de regroupement - l'article 83 - etc. Ne pourrait-on pas limiter les
interventions gouvernementales au strict minimum?
Concernant le point de vue de renforcer la démocratie municipale,
je suis en train de me questionner depuis quelque temps à savoir si la
démocratie municipale, c'est entre le pouvoir et les élus
seulement. Il n'y a pas tellement de place pour le citoyen, pas tellement de
place pour l'opposition, d'après ce que je vois. Il me semble que
ça vient se faire en catimini et, encore là, c'est à la
suite de requêtes conjointes et aussi les citoyens vont être
consultés seulement après que le projet de loi va avoir
été présenté. Donc, le fardeau de la preuve repose
sur les citoyens et ce n'est pas très clair dans le projet de loi, que
je sache, que les citoyens ont un pouvoir certain d'orienter, si ce n'est que
lorsque le ministre décide qu'il y a un référendum qui se
tient par rapport aux gens concernés.
C'est évident qu'il n'y a pas de bouleversement dans cet
avant-projet de loi. Il y aurait eu lieu de croire qu'après 30 mois de
cogitation et de réflexion le ministre nous aurait
présenté des lois pour amener les municipalités à
quelque part. Actuellement, le ministre des Affaires municipales, même
s'il nous dit qu'il ne veut pas bouger grand-chose, va se tenir juste à
côté en disant: On va vous donner des choses. On ne vous donnera
pas tout. On va continuer à vous surveiller, mais il ne donne pas
l'impression qu'il veut exercer un leadership vis-à-vis des
municipalités. Je me serais attendu à plus de volonté de
la part du ministre pour favoriser le développement des
municipalités.
On pourrait regarder certaines déclarations qui ont
été faites concernant l'avenir des MRC où le ministre a
répété à satiété que les
municipalités régionales de comté étaient là
pour rester. Il y a l'article 8 du projet de loi. Il nous semble que les MRC
n'ont pas beaucoup évolué depuis le temps qu'elles ont
été mises sur pied. Je ne pense pas qu'il y ait évolution
des MRC. Dans les décisions prises à l'intérieur des MRC
où il y a des discussions, à part l'évaluation, j'ai
l'impression que les municipalités pourraient avoir leur mot à
dire et avoir le droit de se prononcer à l'intérieur des
municipalités régionales de comté.
Donc, le projet de loi, à mon sens, ne pèche pas par
action, il pèche par omission. Il ne va pas tellement loin dans une
projection pour les municipalités. C'est vrai que les
municipalités ont dit à plusieurs reprises: II ne faut pas que
cela bouge trop,
que cela aille trop loin. Je peux accepter cela jusqu'à un
certain point pour avoir fait partie de ce monde-là, mais il me semble
qu'il aurait pu y avoir des dispositions qui auraient pu amener les
municipalités à aller un peu plus loin. Ce n'est pas juste en se
contentant de l'état actuel qu'on fera avancer les municipalités.
C'est pour le bien des municipalités et c'est le rôle du
ministère d'exercer un certain leadership à travers les
municipalités. C'est aussi au ministère d'orienter la politique
pour que les municipalités aillent un peu plus loin. A mon sens, quand
on parle de fusion, d'annexion, on se contente de ce qui existe sans regarder
un peu plus loin.
Donc, cela met fin à mes commentaires. Pour moi, la séance
de travail sera certainement profitable à tous égards pour
réfléchir ensemble sur cet avant-projet de loi et sur les
écueils que celui-ci peut comporter. On peut être certain de la
productivité de ces quelques heures que l'on va passer ensemble,
grâce à l'expertise des organismes présents devant nous, et
c'est profitable pour l'Opposition autant que pour le parti ministériel.
Seulement, il ne faut pas se surprendre qu'on n'ait pas beaucoup de
mémoires présentés. Il y a trois mémoires qui
seront présentés cet après-midi. Je souhaite que ces
mémoires trouvent une bonne oreille de la part du ministre, mais cela ne
me surprend pas qu'il n'y ait pas beaucoup de mémoires
présentés, parce qu'encore là le projet de loi ne semble
pas donner plus que les gens en ont demandé, au contraire.
M. Bourbeau: Parce qu'il est bon.
M. Dufour: Cela m'inquiéterait parce qu'on est allé
sur deux... C'est toujours ce que vous nous dites. M. le ministre, vous
attaquez. On peut peut-être vous rappeler que la levée du
moratoire sur les condominiums c'était bon, malgré que tout le
monde vous disait cela n'avait pas de bon sens! Vous trouvez toujours que c'est
bon: s'il n'y a pas de monde, c'est bon et, s'il y a beaucoup de monde, c'est
bon. Vous vous contentez de peu, il faudrait peut-être voir où on
va dans cela. Le projet de loi contient 220 articles et ne suscite que trois
mémoires. Cela intéresse le monde municipal, on a mis 30 mois
à le préparer, on a fait une consultation; je me dis, en tout
cas, que je ne me contenterais pas de si peu.
Là-dessus, je mets fin à mes commentaires et,
malgré tout, on tentera de travailler avec ce que vous nous avez
présenté, si on ne peut pas ajouter autre chose, pour le rendre
le meilleur possible. Merci.
Auditions Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Jonquière. Les remarques préliminaires
des deux côtés étant faites, nous allons donc entendre
notre première invitée, l'Union des municipalités du
Québec, et le président de l'union, le maire de Québec, M.
Jean Pelletier, à qui je souhaite la bienvenue. M. le maire, vous
êtes tout aussi familier que nous avec ce genre de forum, je vous
demanderais donc de nous faire la présentation de votre
mémoire.
Union des municipalités du
Québec
M. Pelletier (Jean): Je vous remercie, M. le Président, de
votre accueil si sympathique. Je salue évidemment M. le ministre des
Affaires municipales et tous les membres de cette commission, tant les
députés féminins que masculins. L'Union des
municipalités du Québec tient d'abord à rappeler qu'elle
représente environ 275 municipalités du Québec parmi les
plus considérables en nombre, c'est à peu près 80 % de la
population municipale.
Nous tenons à souligner d'abord que nous nous réjouissons
de constater que cet avant-projet de loi respecte globalement les principes
directeurs acceptés par les parties à la table
Québec-municipalités et considérés comme devant
guider le législateur dans son processus de révision globale des
lois municipales. En effet, l'avant-projet de toi répond à la
volonté d'uniformisation des lois municipales puisque le même
texte législatif régira dorénavant autant les
municipalités relevant du Code municipal que celles constituées
en vertu de la Loi sur les cités et villes.
On atteint aussi un deuxième objectif qui a guidé les
parties, soit la simplification des lois. En somme, nous nous déclarons
globalement heureux de l'avant-projet de loi, quoique certains articles
méritent un ajustement, à notre avis, afin d'être bien
adaptés à la situation des municipalités. Ces commentaires
sur les articles qui, à notre avis, méritent d'être
ajustés, concerneront cinq questions bien précises:
dénomination d'une municipalité, constitution d'une
municipalité, regroupement, annexion et juridiction territoriale.
Évidemment, M. le Président, je ne suis pas seul ici, le
directeur général de l'Union des municipalités du
Québec, M. Raymond Litalien, est avec moi, et Me Lucie Fortier, avocate
et une de nos conseillers juridiques. Si, au cours des questions, il y avait
lieu qu'ils interviennent, j'imagine que ce sera possible.
Dénomination d'une municipalité. Je vous souligne que
l'article 15 de l'avant-projet de loi donne toute discrétion au
gouvernement pour attribuer un nom à une municipalité
nouvellement créée. Dans un
premier temps, il nous apparaît que les requérants à
la constitution d'une nouvelle municipalité devraient être
consultés sur la détermination de ce nom. Puisqu'ils vivent
à l'intérieur du nouveau territoire à être
formé, ils sont certainement plus à même que d'autres de
connaître les particularités du milieu et, donc, plus aptes
à proposer une dénomination qui colle à la
réalité. L'article 31 devrait donc également
prévoir la dénomination projetée par les
requérants.
Dans le cas d'un changement de nom, l'article 20 précise que
toute personne peut, dans les 30 jours de la publication de l'avis de
changement de nom, faire connaître par écrit au ministre son
opposition. Nous notons qu'il n'existe aucune obligation de divulguer cette
opposition à la municipalité requérante. Il nous semble
conforme aux principes de droit que l'article 20 soit modifié afin de
prévoir que la municipalité doit être informée de
cette opposition.
La municipalité ayant présenté une demande de
changement de nom ne bénéficie pas non plus du droit absolu de
faire valoir sa position vis-à-vis d'une opposition
présentée en vertu de l'article 20. En effet, l'article 21 de
l'avant-projet de loi précise que le ministre peut exiger une
enquête publique de la Commission municipale. Cependant, cette
possibilité pour le ministre n'existe pas en faveur des
municipalités. Nous sommes d'avis que l'article 21 aurait avantage
à être modifié afin d'octroyer ce droit à la
municipalité qui a présenté la demande de changement de
nom.
De même, le ministre, après s'être prévalu ou
non de la tenue d'une enquête publique ou d'un scrutin
référendaire, peut, selon son bon vouloir, approuver la demande
de changement de nom. Il n'est donc pas tenu, à aucune époque, de
consulter la municipalité, de lui laisser l'occasion de faire valoir ses
arguments.
Il nous apparaîtrait plus constructif, M. le Président,
d'impliquer davantage les municipalités dans ce cheminement du choix de
leur dénomination; après tout, ce sont elles qui seront
titulaires de la nouvelle dénomination. À toute étape - je
répète, à toute étape - la municipalité
devrait avoir le loisir, à l'intérieur d'un délai
raisonnable, de faire valoir ses arguments avant que le ministre n'arrête
un choix définitif quant à la dénomination. Cette
participation permettrait aux municipalités de poursuivre leur
réflexion, de mieux connaître les aspirations et
préférences de leurs citoyens et de les véhiculer
auprès de l'autorité compétente.
Voilà ce que nous avions à dire au sujet des articles 15,
20, 21, 23, 25 et 31 qui concernent la dénomination d'une
municipalité.
Concernant la constitution d'une municipalité, les articles 30
à 68, je note que l'article 31 de l'avant-projet prévoit que le
gouvernement peut exercer son pouvoir de constituer une municipalité
locale à l'égard de tout territoire non organisé dont la
population est d'au moins 300 habitants. Le conseil d'administration de notre
union, qui en a délibéré bien précisément,
est d'avis que ce chiffre de 300 habitants est un critère purement
arbitraire qui aurait avantage à être remplacé par un avis
de la Commission municipale. Nous croyons que cet organisme serait mieux
habilité à juger de l'opportunité de constituer une
municipalité. Il aurait le loisir d'étudier le bien-fondé
de la demande, d'analyser la situation en tenant compte d'autres facteurs. Le
nombre d'habitants serait un élément parmi d'autres qui lui
permettrait de donner un avis éclairé au gouvernement.
Il est en effet possible que dans certaines régions plus
éloignées du Québec les habitants aient la volonté
de se regrouper en une municipalité même s'ils n'atteignent pas le
nombre de 300. La constitution d'une municipalité responsabiliserait
davantage les regroupements d'individus . puisque les territoires non
organisés sont actuellement administrés par les
municipalités régionales. La Commission municipale, à
notre avis, pourrait formuler un avis après avoir étudié
la situation et vérifié si ce regroupement est l'alternative la
plus logique, la plus opportune. Si tel n'est pas le cas, elle pourrait
recommander l'annexion de ce territoire à une municipalité
voisine ou formuler tout autre avis pertinent. Le gouvernement, dans cette
hypothèse, bénéficierait donc de l'éclairage d'un
organisme compétent dans le domaine municipal, ayant le respect des
parties et qui aurait en plus réfléchi à la question, ce
qui à notre avis ne ferait que faciliter la prise de décision du
gouvernement.
L'Union des municipalités propose donc que le libellé de
l'article 31 de l'avant-projet soit modifié afin de retirer toute
référence à un seuil de population, donner
compétence à la Commission municipale pour étudier le
bien-fondé de la requête et formuler ses recommandations au
gouvernement, préalablement à l'exercice par ce dernier de son
pouvoir de créer une municipalité. (14 h 45)
Sur les articles 69 à 104 qui concernent le regroupement, nous
disons que les municipalités qui désirent le regroupement de
leurs territoires contigus peuvent présenter une requête commune
à cette fin au gouvernement conformément à l'article 69 de
l'avant-projet de loi. C'est ce qu'on nous propose.
Par ailleurs, toute personne intéressée a le pouvoir,
conformément à l'article 76, de faire connaître par
écrit à la Commission municipale son opposition au regroupement.
Là encore, comme dans le cas du choix de
la dénomination, il nous apparaît que les
municipalités requérantes devraient être avisées
immédiatement de cette opposition afin de suivre de près
l'évolution de cette procédure qui les concerne au plus haut
point. Les municipalités devraient donc, à chaque étape,
bénéficier de la possibilité de faire valoir leur position
à l'intérieur d'un délai raisonnable. Ainsi, l'article 89
de l'avant-projet devrait être modifié afin que toutes les
municipalités requérantes, et non uniquement la
municipalité ayant la population la plus élevée, soient
informées des motifs de la décision du ministre et puissent
intervenir auprès de celui-ci dans le but d'éclairer sa prise de
décision.
Le texte du deuxième alinéa de l'article 90 de
l'avant-projet de loi devrait également être modifié afin
que les municipalités regroupées puissent faire valoir leur choix
d'appartenance de leur nouvelle municipalité à une
municipalité régionale de comté ou communauté
particulière. Ces municipalités qui ont connu l'expérience
de la "vie commune" au sein de la MRC ou de la communauté connaissent
bien les relations vécues au sein de ces regroupements et les objectifs
qu'ils poursuivent. Elles seraient donc en mesure de guider le ministre,
croyons-nous, et le gouvernement dans ce choix en faisant part de leur
expérience et de leur perception afin que soit déterminé
avec quelle entité la nouvelle municipalité aurait le plus
d'affinités.
Sur la section Annexion, les articles 105 à 140, l'UMQ est
généralement satisfaite du contenu des articles de l'avant-projet
de loi. En effet, les règles d'annexion se voient simplifiées et
unifiées dans un seul texte, ce qui répond vraiment à la
volonté des parties. Toutefois, au nom de la démocratie et dans
l'intérêt de tous les citoyens, les règles d'annexion
devraient assurer une certaine stabilité des limites territoriales.
Ainsi, il nous apparaît que ces limites ne doivent pas constamment
être remises en question. Il serait adéquat, afin d'éviter
des tentatives répétées d'annexion, de conserver un
délai de "prescription", tel que ceci était déjà
prévu par les articles 43 de la Loi sur les cités et villes et 61
du Code municipal. Cependant, ce délai actuel de deux ans devrait,
à notre avis, être étendu à cinq ans; c'est
d'ailleurs ce nombre d'années qui est retenu pour d'autres fins à
l'article 93 de l'avant-projet de loi. On peut présumer que, si les
citoyens ont déjà refusé l'annexion, ils s'y opposeront de
nouveau dans le cas où une nouvelle tentative aurait lieu dans un
délai trop rapproché. Une période de cinq ans nous
apparaît donc nécessaire afin d'assurer un climat de
stabilité. Elle permettra également d'éviter aux
contribuables des dépenses liées à une nouvelle demande
d'annexion dont les probabilités de rejet sont grandes.
L'UMQ est également d'avis que la municipalité dont le
territoire est visé en partie ou en entier par le règlement
d'annexion d'une municipalité contiguë devrait
bénéficier de la possibilité de s'adresser à la
Commission municipale afin que celle-ci tienne une enquête pour
déterminer l'opportunité d'une telle annexion. Il nous semble
sage de traduire cette possibilité dans le texte de loi afin de faire
vérifier si l'annexion projetée est souhaitable. Le scrutin
référendaire nous apparaît insuffisant puisque des citoyens
peuvent être tentés, sans fondement rationnel, d'y acquiescer sans
s'être interrogés plus profondément sur toutes les
conséquences et sur l'opportunité réelle de l'annexion
demandée. Ainsi donc, l'article lié de l'avant-projet de loi
devrait prévoir que la Commission municipale doit également tenir
une enquête à la demande de la municipalité visée
par la demande d'annexion et non uniquement à la demande du ministre ou
d'un certain nombre de personnes intéressées. Il nous
apparaît illogique et contraire au règles de justice naturelle de
brimer la municipalité visée par l'annexion de cette
possibilité d'être entendue.
Juridiction territoriale, article 218. Les lacs et les cours d'eau du
Québec constituent une ricnesse unique que les municipalités
cherchent de plus en plus à exploiter au meilleur bénéfice
de leurs citoyens. Je pense que c'est un fait bien connu, Déjà,
plusieurs municipalités ont rendu accessibles ces plans d'eau à
leurs citoyens, notamment à des fins récréatives, et
nombre d'entre elles ont procédé à des aménagements
qui mettent en valeur ces plans d'eau. L'aménagement et l'urbanisme
étant, d'autre part, une responsabilité municipale, il nous
apparaît donc normal que l'aménagement des cours d'eau et des
berges revienne au premier palier et ce, en tout respect de la politique
édictée par le ministère de l'Environnement à cet
égard. Les municipalités étant proches des citoyens, elles
sont plus aptes, à notre avis, à déterminer comment
utiliser ou aménager les berges et les cours d'eau au plus grand
bénéfice des citoyens. Il est donc primordial - c'est l'avis de
l'UMQ - qu'elles conservent leur juridiction sur ces territoires d'autant plus
qu'historiquement l'intervention municipale sur les berges et cours d'eau est
marquée partout au Québec. Le retrait de cette juridiction ferait
en sorte que les municipalités seraient de moins en moins en mesure de
s'assurer que l'aménagement et l'utilisation des berges et cours d'eau
sur leur territoire répondent aux besoins et aspirations de leurs
citoyens. Il est donc essentiel que cette responsabilité demeure
entièrement municipale.
En conséquence, nous ne voyons aucune raison de supprimer le
paragraphe 1 de l'article 25 du Code municipal et d'abroger l'article 32 de la
Loi sur les cités et villes.
Ces dispositions doivent être conservées et les articles
218 à 223 de l'avant-projet de loi doivent être supprimés.
Aucun motif ne justifie que les municipalités aient, à l'avenir,
l'obligation de s'adresser au ministre pour récupérer un droit
qui leur était déjà acquis. L'Union des
municipalités du Québec s'oppose donc fermement à
l'entrée en vigueur de ces dispositions de l'avant-projet de loi qui
constituent une diminution injustifiée des compétences
municipales.
En conclusion, M. le Président, exception faite des
différents points relevés dans le présent mémoire,
l'Union des municipalités du Québec accueille favorablement
l'avant-projet de loi sur l'organisation territoriale municipale. Cependant,
afin d'ajuster cet avant-projet de loi aux besoins réels du monde
municipal, il est impératif d'apporter les correctifs indiqués au
texte de l'avant-projet de loi. Les propositions du mémoire de l'UMQ
assureront mieux, à notre avis, l'atteinte des résultats
recherchée par toutes les parties. Les municipalités seront ainsi
plus présentes tout au cours du déroulement du processus de
création, de regroupement ou d'annexion des territoires; leur
participation plus active nous apparaît nécessaire afin de mieux
protéger leurs droits, garantir un chemin harmonieux des parties et
s'assurer de l'intégration des municipalités tout au long des
différentes étapes prévues.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
Pelletier. M. le ministre, pour les échanges.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
saluer M. le maire de Québec, président de l'Union des
municipalités du Québec, qui a joué un rôle
très actif la semaine dernière lors du Sommet de la francophonie,
étant l'hôte, bien sûr, de ces grandes assises
internationales. Il me fait également plaisir de saluer le directeur
général de l'Union des municipalités du Québec, M.
Raymond Litalien, de même que Mme Lucie Fortier, qui accompagne les deux
autres.
Dans son mémoire, l'Union des municipalités du
Québec traite de certains des aspects du projet de loi. Elle souligne
d'une façon générale sa satisfaction à l'endroit
des orientations contenues dans le projet de loi et fait des
représentations sur certains points. J'aimerais revenir sur une couple
de ces points. En ce qui concerne la dénomination d'une
municipalité, l'UMQ soutient que les requérants à la
constitution d'une municipalité devraient être consultés
sur le nom de la future municipalité. Or, en vertu des articles 31 et
33, il nous apparaît que, justement, les municipalités sont
consultées puisqu'elles signent la requête en constitution qui
contient le nom choisi pour la future municipalité. Je ne comprends pas
pourquoi on semble dire que la municipalité n'est pas consultée
puisque la requête en constitution doit contenir le nom de la future
municipalité.
M. Pelletier: Cela va. Il y a peut-être une erreur de notre
part de ce côté-là, M. le ministre, j'en conviens
facilement.
M. Bourbeau: Très bien.
M. Pelletier: Si on convient mutuellement de nos erreurs, on va
s'entendre vite.
M. Bourbeau: Oui. Ha! Ha! Je suis bien d'accord. Mais je me
demandais si nous n'avions pas échappé quelque chose en cours de
route.
M. Pelletier: Non, non, cela va bien.
M. Bourbeau: Bon, très bien. Pour ce qui est du nombre
minimum d'habitants qui sont requis pour former une municipalité, vous
nous dites que vous n'êtes pas d'accord avec le fait d'avoir un seuil de
population et que vous préféreriez qu'on s'en reporte à la
Commission municipale, ce qui nous donnerait l'avantage d'avoir un
éclairage d'un organisme compétent dans le monde municipal ayant
le respect des parties et qui aurait réfléchi à la
question. Bien sûr que ce serait à la place du ministre
lui-même. Je ne conclus pas que l'UMQ conclut que le ministre n'a pas le
respect des parties ou qu'il n'est pas compétent en la matière ou
qu'il ne réfléchirait pas à la question, mais ce que je me
demande, c'est que, en 1985, l'Union de municipalités du Québec
s'était prononcée en faveur d'un seuil. À ce
moment-là, si mes renseignements sont exacts, l'UMQ proposait un seuil
minimal de 100Û habitants. Aujourd'hui, nous avons un projet de loi qui
propose un seuil de 300. Il semble y avoir eu une évolution dans la
pensée de l'UMQ depuis 1985 et j'aimerais peut-être que vous nous
exposiez...
M. Pelletier: M. le Président, d'abord sur la question de
l'introduction de la Commission municipale dans le processus, peu importe le
seuil, cela nous apparaît très utile qu'il y ait un avis d'une
institution reconnue, indépendante, objective. Je pense que le ministre
en a déjà fait usage dans d'autres cas et s'en est trouvé
heureux. Je pense que, dans ce cas-là aussi, on devrait en faire
usage.
Pour ce qui est du seuil, M. le ministre, je vais faire un
parallèle. Vous vous souvenez qu'il y a, dans la loi, un seuil de 5000
personnes pour avoir un service de police municipal ou non. Nous avions dit
à
ce moment-là qu'on trouvait que cette idée d'avoir des
seuils était un peu "bébète" parce qu'on s'est dit: Ce
n'est pas seulement à partir de trois enfants qu'un père de
famille acquiert des responsabilités, c'est à partir du premier.
Alors, on s'était dit: Comment se fait-il que, à 4998, il n'y a
pas de responsabilité et que, à 5002, on les a toutes? Je pars de
là pour dire que ces seuils de nombre dans la législation nous
apparaissent, à la réflexion, dangereux parce que, à ce
moment-là, cela entraîne une décision automatique dans un
sens ou dans un autre et cela ne colle pas au taillé sur mesure qui est
le fondement du rapport Parizeau auquel nous avons fait allusion. On pense que
les décisions doivent être prises en fonction de chaque cas, de
chaque territoire, de chaque lieu, de chaque population, de chaque
configuration géographique. Qu'on ne pense pas qu'un critère...
Vous savez, à ce moment-là peut-être que 295, ce serait
suffisant et, à 305, ce ne serait pas très intelligent. Pourquoi
mettre une norme qui, finalement, a l'air d'un "guide line" automatique? On est
aussi bien de n'en mettre aucun et chaque cas sera étudié
à son mérite. Au surplus, s'il y a un avis indépendant et
impartial de la Commission municipale, nous croyons qu'à ce
moment-là le meilleur des éclairages serait donné sur la
question au ministre pour que, ensuite, il puisse prendre la plus sage des
décisions. (15 heures)
M. Bcurbeau: M. le Président, c'est un point de vue qui se
défend et qui est intéressant. Devrait-on, oui ou non, indiquer
un seuil de population? Certains pourraient prétendre que s'il n'y a
aucun seuil cela devient tout à fait arbitraire, c'est le gouvernement
qui décide. Il pourrait dire oui dans un cas, il pourrait dire non dans
un autre, sans avoir à se référer à quelque balise
que ce soit.
Par contre, je conviens que même avec le seuil de 300 le
gouvernement peut toujours dire non, même si la municipalité a
plus de 300, et l'avant-projet de loi contient une disposition qui fait que le
gouvernement, par exception, pourrait également dire oui en bas de 300.
Donc, il y a déjà la souplesse voulue dans le projet de loi
actuellement. On va regarder attentivement cette nouvelle façon...
M. Pelletier: Je pense qu'il ne faudrait pas garder l'apparence
d'une balise qui risque de n'en être pas une au fil des jours et des
décisions une à une étudiées.
M. Bourbeau: C'est une proposition que je reconnais comme
étant tout à fait valable et on va y réfléchir pour
voir si on peut faire des modications. Je reconnais, de toute façon,
qu'il n'y a pas vraiment de seuil automatique en ce sens qu'il y a toujours
possibilité d'admettre une municipalité en deçà du
seuil et de refuser une municipalité au-delà du seuil. Donc,
effectivement, on peut même dans l'avant-projet de loi qui est devant
nous se dispenser du seuil.
Si vous voulez, nous allons passer maintenant à la question du
regroupement, à la page 4 du mémoire. Vous souhaitez, demandez
que les municipalités requérantes soient informées de
toute opposition. Je serais pas mal d'accord avec cette proposition et,
à l'instar de ce qui se passe lors de la constitution d'une
municipalité, on pourrait inclure des dispositions prévoyant que
le ministre avise, par écrit, les municipalités
requérantes de toute opposition reçue dans le délai
fixé. À ce moment-là, les municipalités pourraient
se faire entendre lors de l'enquête qui serait tenue par la Commission
municipale. En ce qui concerne l'annexion, il y a la fameuse période
d'attente. Vous demandez qu'en cas de refus d'une annexion il y ait une
période, un purgatoire de cinq ans avant qu'on puisse
reconsidérer...
M. Pelletier: M. le Président, je vois que M. le ministre
appelle ça un purgatoire. Nous, on appelle ça un temps de
réflexion.
M. Bourbeau: Enfin, on se comprend! C'était pour faire
image. Un temps de réflexion de cinq ans. Cela peut créer des
problèmes en ce sens qu'il peut arriver que la raison qui avait fait en
sorte que l'annexion ne soit pas possible à un moment donné
disparaisse à court terme. Si, par exemple, un groupe s'était
opposé carrément à une annexion... Disons que la
municipalité dans laquelle est situé le territoire devant
être annexé s'oppose à l'annexion. En
général, on en tient compte pas mal. Mais, tout à coup,
pour des raisons qui lui sont propres, cette municipalité change d'avis
et avise le ministre qu'elle est d'accord maintenant pour que le territoire en
question soit annexé à la municipalité voisine. À
ce moment-là, toutes choses étant égales, toutes les
autres parties au litige étant d'accord, le ministre pourrait bien
accepter que l'annexion ait lieu dès maintenant et non pas attendre cinq
ans. Voilà un exemple où...
M. Pelletier: Je pense qu'on ne s'opposerait pas à ce que
la loi prévoie que si toutes les parties sont d'accord on puisse
déroger à la règle. Seulement, dans le cas des annexions,
vous savez que ça crée toujours un tohu-bohu important dans les
milieux. Vous vous souvenez de Baie-Comeau, de Hauterive. Vous avez vu la
tentative de l'annexion de l'île des Soeurs. On pense que cela ne doit
pas constamment pouvoir, à temps et à contretemps, perturber le
caractère désirable qui est paisible de la vie municipale.
Si à chaque fois que quelqu'un qui a
envie de se faire un nom politique il laisse un dossier d'annexion, on
pense que c'est abuser de la démocratie; on pense que c'est imposer aux
municipalités à la fois des préoccupations, du travail et
des dépenses importantes, puis on pense qu'il doit y avoir une balise.
L'idée que nous avions de fixer cinq ans, c'est pour être bien
sûr qu'entre-temps il y a de nouvelles élections municipales qui
se sont passées, que les choses sont retombées et qu'on ne
confond pas un dossier d'annexion avec un dossier de mandat administratif
normal donné à des élus au cours d'une élection
régulière.
M. Bourbeau: Sur le plan des principes, c'est encore là
une argumentation qui se défend très bien, mais, en pratique, si
on imposait une période trop longue, il serait très facile pour
une municipalité qui veut présenter une nouvelle demande de
modifier très légèrement le territoire devant être
annexé et affirmer que ce n'est pas la même demande, que c'est une
demande différente parce que le territoire n'est pas le même.
À ce moment-là, sur le plan pratique, on pourrait avoir des
problèmes à mettre une clause comme celle-là interdisant
toute nouvelle demande.
M. Pelletier: Est-ce que je pourrais faire une suggestion au
ministre? Cela pourrait être, ce que nous suggérons, la
règle générale, quitte à ce qu'il y ait une
possibilité d'en déroger avec la permission spécifique du
ministre.
M. Bourbeau: Très bien. On va prendre note
également de cette proposition.
M. le Président, pour l'instant c'est tout en ce qui me
concerne.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Merci. Je veux aussi saluer les représentants
de l'Union des municipalités. Je vais essayer de ne pas confondre le
maire de Québec et le président de l'Union des
municipalités. Il faudrait peut-être revenir à la
première partie de votre mémoire où vous dites qu'à
toute étape la municipalité devrait avoir le loisir d'être
consultée avant que l'on donne un nom à la municipalité.
Vous dites aussi à la fin: Cette participation permettrait aux
municipalités de poursuivre leur réflexion, de mieux
connaître les aspirations et préférences de leurs citoyens
et de les véhiculer.
Avez-vous dans votre esprit une façon de consulter les citoyens
ou est-ce juste par le biais des conseillers qui laissent aller le nom dans la
municipalité? Votre consultation est formelle ou informelle?
M. Pelletier: M. le Président, je vous dirai que,
l'Assemblée nationale ayant été ces dernières
années tellement inventive sur cette question, nous n'avons pas cru bon
de nous avancer sur un terrain où nous n'aurions pas de leçon
à lui faire.
M. Dufour: Oui, je comprends, mais des fois cela change dans un
gouvernement, on ne sait jamais. Il y a eu des élections...
M. Pelletier: On vit avec les lois d'hier.
M. Dufour: C'est trop puis pas assez, alors on ne sait pas
où est le milieu.
M. Pelletier: Mais vous savez que l'on vit, M. le
député, avec les lois d'hier comme celles d'aujourd'hui.
M. Dufour: Mais vous n'avez pas prévu... Pour revenir au
point de vue pratique, vous voulez que les municipalités soient averties
et vous pensez qu'il y a une consultation qui se fera quelque part avec les
citoyens pour le choix du nom.
M. Pelletier: J'ai l'impression de toute façon que les
citoyens sont à ce point éveillés aux choses municipales
d'importance que cela ne pourrait pas passer comme une lettre à la poste
sans qu'il y ait une réaction dans le milieu si cette question-là
était soulevée. L'important c'est que cela ne puisse pas se
décider uniquement dans des bureaux fermés mais que la
municipalité impliquée soit dans le processus. A partir de
là, cela sera à elle de faire ses devoirs.
M. Dufour: Est-ce que vous trouvez qu'il est onéreux...
Vous ne l'abordez pas dans votre mémoire, mais je veux vous poser la
question quand même, à l'article 15 de l'avant-projet de loi,
c'est écrit: "Le gouvernement donne, par décret, un nom à
la nouvelle municipalité locale. Il peut lui donner un nom qui n'a pas
fait l'objet d'un avis favorable de la Commission de toponymie. Ce nom est
réputé officialisé en vertu de la Charte de la langue
française". Donc, on sait qu'il y a un organisme qui a été
mis sur pied par le gouvernement qui s'appelle la Commission de toponymie. La
municipalité a eu à choisir un nom. Nonobstant tout cela, le
ministre ou le gouvernement, par décret, change le nom de la
municipalité, même s'il y a une municipalité existante. Ce
n'est pas dit que c'est juste lors d'une fusion ou autrement. Il y a des
coûts rattachés à tout cela. Ne trouvez-vous que cet
article pourrait devenir onéreux pour les municipalités?
M. Pelletier: Tout abus de l'application d'une disposition
législative peut être non
souhaitable, mais je m'imagine que ce n'est pas parce qu'un pouvoir
existe qu'il doit être automatiquement exercé de la mauvaise
façon et si jamais le gouvernement ne suivait pas l'avis de la
Commission de toponymie, j'imagine qu'il devra dire pourquoi et avoir de bonnes
raisons pour ce faire. Alors, cela ne nous a pas semblé être un
point de principe sur lesquel nous devions réagir.
M. Dufour: J'insiste un peu sur cet article parce que,
normalement, l'exception n'est pas dans les lois. C'est rare que... La loi
confirme des choses générales, on passe toujours à
côté de l'exception. Ce que je comprends de vos propos, vous
êtes en train de dire que ce ne sera pas...
M. Pelletier: M. le député, je vais faire allusion
à quelque chose qui est un peu interne. Je ne vise absolument pas la
Commission de toponymie, mais je peux vous dire qu'à la
Communauté urbaine de Québec nous avons eu dernièrement
une étude interne qui nous proposait des noms d'un certain nombre de
femmes pour donner à des rues dans le voisinage. Je peux vous dire qu'il
y a des noms absolument indiqués, mais il y en a d'autres qui feraient
plus rire qu'autre chose et je pense que ce serait plus insultant de les donner
que de les avoir oubliés. À partir de là, c'est une
question de jugement. Le bon jugement n'est pas automatiquement d'un
côté et absent de l'autre. Je suppose que les hommes politiques
peuvent parfois avoir autant de bon jugement que les fonctionnaires.
M. Dufour: Et les femmes politiques.
À l'article 14, on dit: Le nom de la municipalité locale
comprend le mot "municipalité". Je sais qu'au cours de la
consultation... Je sais aussi qu'il y a un mémoire dans lequel on disait
vouloir enlever la question de municipalité, de ville, village ou
corporation, etc. Je comprends que les municipalités existantes vont
garder leur toponyme plus ville, cité, cela ne changera pas. Est-ce que
vous pensez qu'il devrait y avoir un écrit faisant en sorte qu'on puisse
distinguer les municipalités plus populeuses, moins populeuses, les
municipalités de ville par rapport à celles de campagne, urbaines
ou rurales? L'article 141
M. Pelletier: Je vois qu'on a prévu à l'article 14
les mots "ville" et "municipalité" pour faire un départage et
qu'on n'a pas voulu aller plus loin. Votre question, c'est: Est-ce qu'on
devrait aller plus loin?
M. Dufour: Oui, c'est cela. Il y a déjà eu une
proposition dans le sens de faire disparaître les mots "ville" ou
"municipalité".
M. Pelletier: Nous étions d'accord avec "ville" et
"municipalité", et ne pas aller plus loin que cela. Cela ne nous
apparaît pas... On ne voit pas quel serait le motif positif de vouloir
aller plus loin. Cela aurait l'air de vouloir afficher non pas de
l'information, mais une sorte de discrimination.
M. Dufour: Constitution d'une municipalité. Vous parlez de
300 habitants, je ne suis pas loin de partager votre point de vue à
savoir que le critère des 300 n'est pas nécessairement
coulé dans le béton, mais ce n'est pas là-dessus que je
veux vous interroger. Lorsque vous parlez de la municipalité, une
enquête a été commandée, des gens ont demandé
de se constituer en municipalité. Vous dites dans votre mémoire,
à la page 3: "La Commission municipale pourrait formuler un avis
après avoir étudié la situation et vérifié
si ce regroupement est l'alternative la plus logique ou opportune. Si ce n'est
pas le cas, elle pourrait recommander l'annexion de ce territoire à une
municipalité voisine ou formuler tout autre avis pertinent."
Le ministre nous a dit tout à l'heure, dans ses remarques
préliminaires, qu'il ne voulait pas avoir de fusion forcée, qu'il
ne voulait pas forcer la nature, comme on dit. Ce que vous demandez dans votre
mémoire, si la Commission municipale peut se prononcer sur d'autres
alternatives, s'il n'y a pas de mesures législatives qui confirment ce
que vous demandez, comment pourrait-on aller vers une annexion, même si
elle était recommandée? Cela pourrait être une annexion ou
autre chose. Comment pourrait-on le faire s'il n'y a rien de prévu dans
la loi?
M. Pelletier: Non, je ne pense pas qu'on devrait prévoir
qu'un avis autre qui serait émis par la Commission municipale doive
automatiquement être traduit par une mesure obligatoire d'ordre
législatif. Je ne pense pas. Mais si, effectivement, on implique dans le
processus la Commission municipale et qu'elle voit que ce qu'on proposait n'est
pas la chose à faire, est-ce qu'on devrait simplement se limiter
à ce qu'elle dise que ce n'est pas la chose à faire et qu'elle ne
nous fasse pas le profit de sa réflexion sur ce qu'il y aurait lieu de
faire à la place? Je pense qu'elle devra au moins l'exprimer et,
à partir de là, le milieu réagira. Peut-être que sur
ce qu'il y a lieu de faire, cela finira pas faire acte de conviction et les
gens s'y résoudront. Je ne forcerais pas, mais je n'empêcherais
pas la lumière d'arriver sur la table de réflexion. (15 h 15)
M. Dufour: Connaissant le milieu municipal comme vous le
connaissez, est-ce que vous croyez honnêtement, concernant surtout les
problèmes d'érection de
municipalité, dans le vécu et à ras de sol, que
l'avis... Peut-être, c'est moral, mais s'il n'y a rien qui...
M. Pelletier: Mais j'ai eu l'impression, pour donner un cas qui
est assez récent, que l'avis de la Commission municipale dans le cas qui
opposait Mont-Joli et Sainte-Fiavie a été utile aux deux parties
et que, finalement, les deux parties ont été bien heureuses de
s'en servir et d'arriver à une conclusion d'un dossier qui était
ennuyeux pour tout le monde.
M. Dufour: Je connais un peu le dossier. Cela fait des choses
rallongées pas mal. En tout cas...
M. Pelletier: Écoutez! C'est peut-être mieux
que...
M. Dufour: ...je comprends qu'on a trouvé le moyen
d'arriver à des compromis. Cela n'a pas favorisé la fusion. Cela
n'a pas favorisé d'annexion. Chacun vit de son côté.
M. Pelletier: Cela a mieux disposé les esprits,
diriez-vous, M. le député?
M. Dufour: Peut-être.
M. Bourbeau: Cela l'a fait en annexion.
M. Dufour: Ils ne sont pas en fusion.
M. Bourbeau: II y a eu une annexion.
Une voix: Une annexion.
M. Dufour: II n'y a pas d'annexion.
M. Bourbeau: Oui.
M. Pelletier: Bien oui.
M. Dufour: Annexion à une partie...
M. Bourbeau: C'est cela.
M. Dufour: ...avec des garanties, etc. On pourrait avoir une
discussion ailleurs qu'en commission. J'ai mes idées là-dessus,
par rapport à cela. Bien sûr, on ne peut pas défendre
à quelqu'un d'avoir des idées, mais...
M. Bourbeau: Non, non, non.
M. Dufour: ...je sais que cela s'est fait à un
endroit.
M. Bourbeau: C'est tellement rare de nos jours.
M. Dufour: Ce cas-là pourrait se répéter
dans tout le Québec. Cela dépend de la volonté qu'on veut
y mettre. À la longue, on verra ce que cela donne comme problème.
Ce sera une autre histoire. Ce sera la deuxième façon de voir le
problème.
Vous parlez, à la page 4, de regroupement, que les
municipalités regroupées puissent faire valoir leur choix
d'appartenance à leur nouvelle municipalité. Là, vous
parlez du vécu de ces municipalités. Encore là, je suppose
que oui, vous donnez votre point de vue, mais il faut qu'il y ait dans les
lettres patentes... Est-ce que vous enlevez l'obligation au gouvernement de
dire à quelle MRC la nouvelle entité doit appartenir?
M. Pelletier: C'est le ministre qui va trancher finalement et
c'est lui qui va indiquer dans les lettres patentes sa décision, mais il
l'aura prise après avoir permis aux municipalités
concernées de lui indiquer quel serait leur choix à elles. Je
pense que c'est utile pour le bon éclairage dans la décision du
ministre.
M. Dufour: Vous dites que cela devrait être prévu
dans la loi que les municipalités donnent leur choix d'appartenance.
Mais supposons que...
M. Pelletier: Je pense qu'on devrait, dans la loi, donner la
possibilité aux municipalités de le donner. Si elles
décident de ne pas le donner, ce sera leur choix, leur décision.
Si elles veulent le donner, il y aura possibilité pour elles de le faire
de façon très formelle et très légale.
M. Dufour: Par rapport à cela, je pense qu'il y a aussi un
danger. Même si ce n'est pas marqué dans la loi, j'ai l'impression
que les municipalités donneraient leur point de vue. Si elles donnent
leur point de vue et si c'est écrit formellement dans la loi qu'elles
donnent leur point de vue, il y a des chances aussi que cela braque les parties
par rapport à leur décision. Plus on a à affirmer des
choses, plus il y a des chances qu'on y croie. Il y a un processus normal qui
va se faire. Si c'est exigé dans la loi - j'ai vécu des
expériences de fusion, des expériences d'annexion aussi; j'ai
vécu les deux - si vous avez à donner votre point de vue
formellement et que les parties ne sont pas d'accord, à ce
moment-là il y a des chances que cela puisse causer des
problèmes.
M. Pelletier: Je conviens avec M. le député que
cela peut poser des problèmes, mais on se demande si on n'est pas mieux
de faire face à un braquage avant qu'à un braquage
après.
M. Dufour: Cela va. J'ai compris. Le ministre en fera son passif
ou son actif.
Vous dites à la page 5, toujours
concernant les annexions, la Commission municipale devrait
également tenir une enquête à la demande de la
municipalité visée par la demande d'annexion et non à la
demande du ministre ou d'un certain nombre de personnes
intéressées. "Un certain nombre de personnes
intéressées" qui demandent de tenir cette enquête, elles
n'ont pas un canal aussi visible que la municipalité pour demander
l'enquête.
M. Pelletier: On ne comprend pas pourquoi un pouvoir serait
donné à des personnes, des individus et que le même pouvoir
ne serait pas aussi accordé à la municipalité dont on
convoite une partie du territoire. Il ne faut quand même pas que la
corporation municipale visée par l'annexion ait l'impression que
tout va se passer sans qu'au moins elle puisse se faire entendre. Pour nous,
c'est simplement une question de respect des principes
élémentaires de justice qui fait qu'on ne prononce pas un
jugement sans avoir entendu les parties.
M. Dufour: La juridiction territoriale. Vous parlez des cours
d'eau, de l'aménagement des berges, etc. Il est donc essentiel que cette
responsabilité demeure entièrement municipale. Avec tout ce qui
se passe actuellement dans les changements de lois, etc, le ministère de
l'Environnement, est-ce que votre affirmation que cette responsabilité
demeure entièrement municipale est nuancée ou si elle demeure
telle que vous l'écrivez?
M. Pelletier: Je pense qu'on l'a écrite telle que je l'ai
lue. Si vraiment l'aménagement reste une responsabilité
municipale, cela doit rester une responsabilité municipale. Que le
gouvernement, par le biais du ministère de l'Environnement ou d'une
autre législation, ait des normes dont les municipalités doivent
tenir compte, je n'ai pas d'objection. On en a pour le domaine de la
santé publique ou de l'hygiène ou, je ne sais trop, de la
sécurité routière. Ce sont des normes provinciales qu'on
applique dans nos règlements municipaux à l'intérieur de
nos juridictions. Je n'ai pas d'objection à cela mais que la
responsabilité de l'aménagement des rivières et des cours
d'eau reste une responsabilité municipale, cela fait partie de
l'aménagement. On ne peut pas sectionner l'aménagement en 22
parties et dire que cela va rester une responsabilité municipale s'il y
en a 21 qui sont la responsabilité d'autres.
M. Dufour: Autrement dit, vous n'avez pas d'objection à
vous soumettre à un certain nombre de balises ou de volontés
ministérielles d'un certain ministère?
M. Pelletier: C'est-à-dire qu'on ne comprend pas pourquoi,
pour respecter des normes environnementales utiles et intelligentes, il faille
- j'emploie le mot à dessein - entre guillemets "déculotter" les
municipalités de leurs pouvoirs sur l'aménagement des
rivières et des cours d'eau. Pourquoi? Il ne m'apparaft aucune raison
valable. Il n'y a pas de comportement municipal à ce point aberrant et
à ce point erratique qui justifie cela, sinon une centralisation
décisionnelle entre les mains des fonctionnaires de l'Environnement qui
ne sont pas des élus et qui, à mon avis, sont moins près
des usagers des cours d'eau que sont les citoyens.
M. Dufour: Ce que vous me dites me convainc. J'aimerais bien
savoir de la part du ministre pourquoi il introduit cette notion de cours d'eau
dont le ministère veut s'emparer ou prendre la responsabilité,
où il donne le fardeau de la demande à la municipalité
jusqu'en 1990. Est-ce que vous aviez quelque chose de spécial dans votre
esprit?
M. Bourbeau: C'est une consultation de l'Union des
municipalités du Québec. Ce n'est pas une consultation du
ministre. Vous aurez votre réponse en commission parlementaire quand on
fera l'étude du projet de loi.
M. Dufour: Bien, vous aviez des fonctionnaires à
côté de vous. Il me semble que vous aviez dit que c'était
pour nous donner des meilleurs renseignements. Je me rends bien compte que
c'est vrai que vous ne voulez pas donner de renseignements. Bien vite, vous
allez vous cacher en arrière des tapisseries pour faire des lois. On
vous pose une question bien claire. Il me semble que l'Union des
municipalités est venue nous dire qu'elle ne voit pas de quelle
façon ...Et c'est en réponse à ma question. Moi aussi,
j'avais des questions par rapport à cela. Vous dites: Je n'ai pas de
réponse, vous l'aurez en commission. Pourquoi faire une consultation
avant, M. le ministre?
M. Bourbeau: Posez vos question à l'Union des
municipalités. Nous, on enregistre les réponses. Puis, on en
tiendra compte.
M. Dufour: Quand vous avez dit, au début de votre
exposé, que vous aviez amené des fonctionnaires pour donner des
informations à l'Opposition, vous n'avez pas parlé de l'Union des
municipalités, à ce moment-là. Soyez donc cohérent
avec ce que vous nous dites.
M. Bourbeau: Là, on consulte l'UMQ; quand ce sera le
temps, on consultera le ministre, en temps et lieu. On enregistre les
commentaires de l'UMQ et on en tiendra compte éventuellement.
Une voix: II n'a pas encore appris sa réponse.
M. Dufour: C'est cela, il ne la connaît probablement pas,
cela arrive souvent.
M. le président, je veux vous remercier de votre exposé et
de vos explications. Je pense que c'est beaucoup plus pertinent que ce que
j'entends de l'autre côté de la table. Cela peut permettre aussi
de faire évoluer le dossier. Je pense que c'est cela que vous recherchez
et c'est ce que je recherche, dans le fond, ce que le ministre ne comprend
pas.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député. M. le ministre, pour le mot de la fin.
Une voix: II reste neuf minutes.
Le Président (M. Rochefort): Ah, il vous reste neuf
minutes. Est-ce que vous avez d'autres questions, M. le ministre?
M. Bourbeau: Non. C'est simplement pour remercier le
président de l'UMQ et ses adjoints de leur contribution et de les
assurer que dans le contenu de la rédaction définitive du projet
de loi, nous tiendrons compte des points de vue qui ont été
exprimés, comme de ceux qui seront exprimés d'ailleurs par les
autres intervenants. Merci.
M. Pelletier: M. le Président, il ne me reste qu'à
vous remercier tout le monde, M. le ministre et Mmes et MM. les
députés.
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre
présence parmi nous.
J'inviterais maintenant les représentants de la Corporation des
officiers municipaux agréés du Québec à prendre
place à la table de nos invités, s'il vous plaît.
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à notre commission.
Je vous demanderais de vous présenter, de même que les personnes
qui vous accompagnent, pour l'information des membres de la commission et, par
la suite, de nous livrer votre mémoire.
Corporation des officiers municipaux
agréés du Québec
M. Leblanc (Jacques): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, mon nom est Jacques Leblanc. Je suis le
président de la Corporation des officiers municipaux
agréés du Québec; à ma gauche, Me Marise Lavoie,
secrétaire générale de la corporation et, à ma
droite, Me Jacques Leblond, membre adjoint de notre comité de
législation.
Alors, je dois vous dire, au tout début, que la COMAQ
représente environ les officiers municipaux de 225 cités et
villes, à la fois greffiers, trésoriers et aussi directeurs
généraux. J'attire votre attention aussi sur le fait que notre
mémoire porte surtout sur les aspects - quand je dis surtout, c'est
seulement - techniques.
La Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec désire faire connaître à cette commission ses
commentaires sur l'avant-projet de loi intitulé Loi sur l'organisation
territoriale municipale.
Dans l'ensemble, la corporation est d'accord tant sur le fond que sur la
forme avec ces nouvelles dispositions, sous réserve de ce qui suit:
À l'article 44, nous sommes d'avis que le deuxième
alinéa devrait préciser le mode de consultation des personnes
intéressées, d'autant plus qu'au deuxième alinéa de
l'article 45 du projet, on fait obligation au
secrétaire-trésorier de la MRC de dresser un certificat relatif
à cette consultation à laquelle il est étranger. Si on
désire laisser beaucoup de souplesse quant au mode de consultation, on
ne devrait pas alors obliger le secrétaire-trésorier de la MRC
à dresser un certificat de faits qu'il n'a pu vérifier ou
contrôler.
Je poursuis à la page 2. À l'article 109, on exige du
greffier ou du secrétaire-trésorier de la municipalité
dont le territoire est visé par l'annexion de dresser un certificat
indiquant la population du territoire visé. Considérant qu'au
Québec il n'existe pas d'obligation d'enregistrement des
résidents auprès de la mairie, comme dans certains pays d'Europe,
et qu'il n'y a pas d'obligation pour une municipalité d'effectuer un
recensement périodique de ses citoyens, on voit mal comment l'officier
municipal peut sérieusement dresser un tel certificat. Nous croyons
qu'il faudrait remplacer le mot "population" par les mots "personnes habiles
à voter". Considérant le caractère parfois litigieux des
annexions, nous croyons que l'officier municipal concerné doit pouvoir
s'appuyer sur des faits vérifiables (par exemple, rôle
d'évaluation, liste des locataires), pour dresser un certificat qui en
soit véritablement un.
Nous espérons que ces quelques commentaires seront utiles aux
autorités concernées. (15 h 30)
Le Président (M. Rochefort): Merci de votre brève,
mais très claire présentation. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Je souhaite la
bienvenue à la Corporation des officiers municipaux agréés
du Québec, à son président et à ceux qui
l'accompagnent.
Alors, vous traitez de deux points précis dans votre
mémoire: l'article 44 et l'article 109. En ce qui concerne l'article
44,
vous faites remarquer que l'avant-projet de loi n'est pas très
clair en ce qui concerne la consultation qui doit avoir lieu pour que les
personnes intéressées puissent se prononcer. Vous nous dites que
le secrétaire-trésorier va être assez mal pris, somme
toute, pour certifier quelque chose si la procédure n'est pas
très explicite. Je peux vous dire que nous allons tenir compte de la
remarque que vous faites sur le mode de consultation des personnes
intéressées. J'ai l'intention éventuellement de
prévoir une disposition qui s'inspirerait de l'article 35 de
l'avant-projet de loi qui prévoirait les mentions qui devraient
apparaftre sur le document de prises de décision. Je ne sais pas si cela
serait suffisant.
M. Leblanc: Est-ce que vous voulez répéter, M. le
ministre?
M. Bourbeau: On pourrait insérer à cet endroit une
disposition qui s'inspirerait de l'article 35 et qui prévoirait les
mentions qui devraient apparaftre sur le document de prises de
décision.
M. Leblanc: Cela irait pour nous.
M. Bourbeau: Pardon?
M. Leblanc: II semble que cela irait pour nous. Cela pourrait
peut-être combler la lacune.
M. Bourbeau: C'est ce qu'on m'a suggéré ici pour
tenter de pallier à cette difficulté.
Pour ce qui est de l'article 109, là, vous nous dites: Dans le
cas d'une annexion, le greffier ou le secrétaire-trésorier serait
assez mal pris pour certifier la population du territoire annexé
étant donné que le greffier n'a pas en sa possession, que les
municipalités n'ont pas d'instruments leur permettant de certifier la
population exacte d'un territoire ou même de la municipalité
elle-même. C'est bien l'essentiel de ce que vous nous dites, n'est-ce
pas?
M. Leblanc: C'est bien cela, oui.
M. Bourbeau: Là, ce qu'on pourrait faire dans ce cas, on
reconnaît qu'effectivement les résidents ne s'enregistrent pas
à la mairie. On pourrait demander au greffier ou au
secrétaire-trésorier de faire connaître au ministère
une estimation de la population; sans certifier la population il y a
certainement moyen de faire des approximations par des recoupages quelconques.
On pourrait probablement trouver une formule qui n'engagerait pas la
responsabilité professionnelle du greffier ou du secrétaire-
trésorier, mais qui permettrait quand même au ministère
d'avoir une idée générale de l'importance du territoire,
de la population du territoire visé par rapport à l'importance de
la population de la municipalité. Dans les critères qui,
éventuellement, permettent au ministre de prendre une décision
sur une annexion il y a l'influence que la perte de ce territoire peut avoir
sur la municipalité restante, enfin, les conséquences que la
perte du territoire peut entraîner sur le reste de la
municipalité. Or, le facteur de la population est important. Si un
projet d'annexion, par exemple, fait en sorte que le tiers de la population
d'une municipalité disparaît, cela a plus d'importance que si
c'est un centième ou un deux-centième. Alors, c'est
peut-être un renseignement d'ordre général qu'on pourrait
demander plutôt qu'un certificat formel de la part du greffier. Est-ce
que cela pourrait aller?
M. Leblanc: Oui, cela irait, surtout que les municipalités
prennent beaucoup d'expansion. À ce moment, sur des populations qui
peuvent quand même varier beaucoup et aussi où il y a beaucoup de
nouveaux arrivants, cette proposition irait bien.
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
que la COMAQ ne commente que sur deux articles, je tiens pour acquis que les
228 autres articles sont jugés acceptables à la COMAQ.
M. Leblanc: Je dois vous dire que, sur le fond et sur la forme
des autres dispositions, la COMAQ est d'accord avec cet avant-projet de
loi.
M. Bourbeau: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais presque envie de revenir sur la
dernière question du ministre, mais je trouve que cela ne vaut pas
nécessairement la peine de le faire.
Une voix: Oh!
M. Dufour: Parce que, quand on n'est pas en désaccord, on
est en accord; alors, on vient de sortir une grande vérité de La
Palice.
À l'article 109, vous parlez de "population" que vous voudriez
changer par "personnes habiles à voter". Là, le ministre vous
fait une proposition et vous dites que cela pourrait aller. Pourquoi
proposiez-vous "personnes habiles à voter" plutôt que la
population comme telle? Cela favorisait plus... Il me semble que, si vous avez
fait une proposition et que vous avez cru bon
retenir un terme, c'est que cela devait faciliter votre travail. Cela
vous semblait-il beaucoup plus évident que l'autre formule?
M. Leblanc: Ce n'est pas la question de faciliter le travail,
mais je pense que le greffier ou le secrétaire-trésorier doit
certifier quelque chose qui est verifiable, je veux dire qui existe. Quant
à la population, on n'a aucun moyen pour la certifier, alors que "les
personnes habiles à voter", c'est un fait. Le greffier ou le
secrétaire-trésorier peut le certifier de façon objective,
et non pas la population. Le fait de pouvoir produire une estimation de la
population nous semble, quant à nous, raisonnable parce que, en fin de
compte, j'imagine que chacun des greffiers ou
secrétaires-trésoriers pourrait certifier ou justifier
approximativement cette évaluation de population, selon certaines
données qu'ils pourraient vérifier.
M. Dufour: Les personnes habiles à voter seraient-elles
déjà inscrites sur des listes déjà existantes?
M. Leblanc: C'est la liste électorale. M. Dufour:
...électorale. M. Leblanc: Oui.
M. Dufour: Donc, c'est un instrument tangible. Cela vous semble
valable comme proposition et cela n'alourdit pas le travail d'une façon
trop grande.
M. Leblanc: Non. Cela nous semble valable, comme le dit le
mémoire. Par contre, comme on le mentionnait, on ne serait pas contre le
fait de produire une estimation de la population.
M. Dufour: Oui, mais la proposition que vous faites selon
l'expérience que vous avez dans le domaine municipal, vous êtes
dans une position qui vous permet de suggérer un élément.
Il ne faut pas... Moi, je serais prêt à vous faire confiance de ce
côté-là parce que...
M. Leblanc: J'espère!
M. Dufour: ...je sais que, du côté du travail, vous
êtes habitués. Vous avez une liste électorale qui existe,
ce n'est pas un approximatif, vous l'avez. Vous pouvez le faire. Il me semble
qu'au lieu de chercher 56 méthodes je serais tenté de vous dire
que vous avez raison, que la méthode que vous proposez devrait
être celle qu'on retienne.
M. Leblanc: Le certificat comme tel, je veux dire sur le nombre
de personnes, c'est à partir de la liste électorale, donc, le
nombre de votants. Quant à rechercher les autres solutions, on nous a
proposé quelque chose tantôt, le nombre approximatif. Je pense que
cela ne serait pas impossible de le faire, mais il est sûr que notre
proposition initiale, c'est à partir de la liste électorale, ce
qui est entièrement verifiable.
M. Dufour: Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, pour le mot de la
fin.
M. Bourbeau: Je voudrais simplement remercier la COMAQ de son
apport toujours intéressant à la refonte des lois municipales.
Nous sommes certains lorsqu'on a le point de vue de la COMAQ d'avoir toujours
le point de vue de gens qui sont dans le champ, les techniciens qui nous
donnent toujours un point de vue très pratique, très pragmatique
de ce qui se passe sur le territoire et ces points de vue sont très
importants et nous permettent d'ajuster nos projets de loi à la
réalité de tous les jours. On vous remercie et on tiendra
certainement compte de votre point de vue.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais bien sûr, moi aussi, vous remercier
des propositions que vous faites. J'aimerais peut-être inviter le
ministre, au lieu de chercher de grandes formules savantes, à examiner
sérieusement ce que vous proposez, même si vous vous êtes
prononcés sur deux points qui sont, je pense, techniques. Quant aux
autres points, vous avez compris qu'il y avait beaucoup de politique à
travers cela et vous n'avez pas voulu les attaquer. Ce n'est pas un certificat
d'approbation de la loi telle quelle. Ce que je comprends, c'est que vous vous
êtes prononcés très clairement sur deux points qui vous
intéressaient. Il faudrait que le ministre fasse bien la part des
choses; le point de vue politique sera donné en partie par les unions.
La partie de la Corporation des officiers municipaux agréés du
Québec est un point de vue technique qui est de nature à
améliorer la loi, surtout que vous engagez votre responsabilité
d'une façon éclairée. C'est dans ce sens-là que je
veux vous remercier du travail que vous avez fait.
M. Leblanc: Merci.
Le Président (M. Rochefort): On vous remercie beaucoup.
Merci de votre présence parmi nous. J'inviterais maintenant les
représentants de l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec à
prendre place à la table de nos invités. Bienvenue parmi nous. Je
vous demanderais de vous présenter, pour
l'information des membres de la commission et, par la suite, de nous
présenter le mémoire que vous nous avez préparé.
Union des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec
M. Gagnon (Gaston): Je suis Gaston Gagnon, le représentant
de l'UMRCQ en remplacement de M. Roger Nicolet, le président, qui a
dû s'absenter pour des raisons majeures. Mme Martel m'accompagne et elle
est responsable des dossiers juridiques à l'UMRCQ.
Le Président (M. Rochefort): Vous pouvez nous faire la
présentation de votre mémoire, M. Gagnon.
M. Gagnon: M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs les membres de la commission parlementaire de l'aménagement et
les équipements, l'UMRCQ apprécie l'occasion qui lui est offerte
de vous présenter ses commentaires sur l'avant-projet de loi de
l'organisation territoriale et vous en remercie.
En préambule, nous désirons toutefois vous faire part d'un
malaise que nous cause la tenue des audiences d'aujourd'hui.
À titre d'élus comme nous, vous êtes sans aucun
doute sensibles aux responsabilités qu'impliquent les charges que nous
devons assumer, voire solliciter auprès de nos commettants. Le premier
lundi de chaque mois et en septembre, le lendemain du jour férié,
la grande majorité des élus municipaux du Québec se
retrouvent au sein de leurs municipalités respectives pour siéger
en conseil municipal et pour répondre de leurs actes face à leur
population. Les porte-parole de l'UMRCQ ne sont pas différents des
autres.
C'est parce que je suis maire d'une municipalité de la
région immédiate de Québec qu'il m'est possible de
participer aux travaux de votre commission. Mes collègues du conseil
d'administration de l'union vous prient de les excuser, étant
empêchés de satisfaire les exigences de votre horaire, tout en se
retrouvant ce soir même dans leurs milieux respectifs.
Nous vous prions de ne pas en conclure un manque d'intérêt
de notre part quant à la problématique qui fait l'objet de vos
discussions. Bien au contraire, comme l'indique clairement notre mémoire
dont je vais vous faire lecture, l'UMRCQ considère la refonte des lois
municipales comme un sujet d'importance primordiale et les observations et
commentaires de notre texte comme des modifications essentielles à une
réforme qui doit être respectueuse des intérêts des
principales intéressées, les municipalités du
Québec.
Vous me permettrez néanmoins de vous laisser comme conclusion
à ce préambule la demande pressante de tenir compte à
l'avenir de la réalité municipale avant de fixer les horaires des
audiences de votre commission, particulièrement quand vous traitez de
sujets qui touchent si directement la vie même de nos institutions
locales.
Le 25 février 1985, le ministre des Affaires municipales
déposait à la table Québec-Municipalités un
document de consultation portant sur la révision des lois municipales
concernant l'organisation territoriale au Québec et demandait aux
participants de cette table de concertation, en l'occurrence, les deux unions
municipales, de lui transmettre leurs commentaires sur le projet de
réforme.
Depuis lors, l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec a
formulé, à plusieurs reprises, à la table
Québec-municipalités ainsi qu'à d'autres rencontres avec
le ministère des Affaires municipales, des points de désaccord
à la version préliminaire du projet de loi sur l'organisation
territoriale municipale.
L'UMRCQ entend faire valoir dans le présent mémoire
l'opinion de ses 1250 municipalités et de ses 83 municipalités
régionales de comté membres sur le second volet de cette
réforme.
Pour fins d'analyse de l'avant-projet de loi, nous aborderons les
différents sujets dans l'ordre suivant: Constitution d'une
municipalité, regroupement des municipalités, annexions
municipales et redressements des limites territoriales et validation d'actes.
(15 h 45)
La constitution d'une municipalité. La population requise pour la
constitution d'une municipalité. Le document de consultation sur la
révision des lois municipales concernant l'organisation territoriale
municipale éliminait la distinction entre les municipalités
basée sur les chiffres de la population. À ce propos, certaines
suggestions étaient avancées quant au seuil minimal de 300
âmes exigé par le code pour la constitution d'une
municipalité. Certaines de ces suggestions préconisaient
l'abolition pure et simple de ce seuil ou le maintien de cette barrière
en introduisant pour le gouvernement un pouvoir d'y déroger de
façon exceptionnelle. Pour sa part, l'UMRCQ recommandait à cette
époque que le seuil minimal de 300 âmes soit conservé avec
possibilité pour le gouvernement d'y déroger. Nous sommes heureux
de constater que le ministère a acquiescé à nos demandes
et conservé dans l'avant-projet de loi ces dispositions.
L'abolition de la notion de superficie habitable. Les dispositions de
l'article 40 du Code municipal stipulent que tout territoire,
pour être érigé en municipalité de village,
doit contenir au moins 40 maisons habitées dans une étendue
n'excédant pas 60 arpents en superficie, et les immeubles imposables de
ce territoire doivent avoir une valeur d'au moins 50 000 $, d'après le
rôle d'évaluation en vigueur. L'avant-projet de loi stipule que
cette disposition devrait être abolie. L'UMRCQ acquiesce à cette
démarche puisque dans les faits cette disposition n'a jamais
été utilisée.
La dénomination d'une municipalité. L'article 14 de
l'avant-projet de loi sur l'organisation territoriale énonce que le nom
de la municipalité locale comprend le mot "municipalité" suivi
d'un toponyme. Toutefois, lorsque la municipalité est à
prédominance urbaine, le nom peut comprendre le mot "ville" au lieu de
"municipalité".
Le Village de Saint-Basile, paroisse de Saint-Basile, Saint-Basile-Sud,
tout comme... autres municipalités du Québec partagent à
plusieurs un nom qui est la partie essentielle, dans toute l'acception du
terme, de leur toponyme. Pour les populations concernées, ce nom propre
souvent associé à une tradition religieuse ou historique,
à un pan même de leur vie communautaire fait partie d'un
héritage précieux comme tout ce qui constitue un collectif
culturel. Le projet de loi propose-t-il vraiment d'obliger à
départager qui pourra conserver le nom propre commun? Qui et par quelle
logique sera-t-il décidé quelle entité juridique aura
dorénavant le droit de s'appeler municipalité de Saint-Basile ou
tout autre, tandis que les deux autres dans ce cas particulier devront se
reforger une identité? Avec tout ce qu'impliquent de tels jugements de
Salomon... Tout comme les mots "ville, village, paroisse et canton" sont
devenus parties intégrantes du toponyme de nombreuses
municipalités du Québec et méritent de le demeurer.
Que l'on expurge ces termes de toute signification légale, nous
sommes les premiers à y souscrire. Que toute corporation locale soit une
municipalité et s'identifie comme telle, nous sommes également
d'accord. Qu'il soit possible, par contre, à toute collectivité
de continuer à être connue comme village, paroisse, canton de...
nous apparaît comme essentiel.
Dans cette même logique, nous ne nous opposons évidemment
pas au maintien de la distinction de ville dans un toponyme d'une
municipalité, pourvu, évidemment, que l'objectif premier de la
réforme qui est d'abolir les distinctions soit respecté et que la
ville en question soit dans un premier temps une municipalité au
même titre que le village ou la paroisse dont il était question
précédemment.
Nous nous posons toutefois de sérieuses questions quant au
deuxième paragraphe de l'article 14 dont nous venons de faire lecture.
Plutôt que de prétendre de vagues critères comme celui de
la prédominance urbaine, pourquoi ne pas tout simplement laisser
à chaque communauté le soin de décider si elle peut
prétendre au collectif de ville? Le bon sens de la population saura bien
faire les choses, voire corriger des voisins dont les prétentions
pourraient prêter flanc au ridicule.
L'UMRCQ s'oppose donc à la rédaction de l'article 14 tel
que proposé et précise qu'il y aurait lieu de réintroduire
les termes "village, paroisse, canton et autres" pour peu que la
municipalité désire s'en prévaloir dans son toponyme.
En effet, nous croyons qu'il serait possible d'associer ces distinctions
au nom de la municipalité à son choix, sans aucune
conséquence légale et sans aucune incidence découlant
d'une telle distinction.
L'avis de la municipalité régionale de comté. Lors
de la première phase de consultation sur l'organisation territoriale,
l'UMRCQ réclamait que le délai imparti à la
municipalité régionale de comté pour réagir
à une demande de constitution de municipalité soit de trois mois.
Or, nous sommes heureux de constater qu'à l'article 42 de l'avant-projet
de loi le législateur entend conserver le délai de trois mois
imparti à la MRC pour réagir. Cependant, nous recommandons que le
délai qui est également imparti à la MRC pour
réagir à une demande de modification du ministre soit
également de trois mois.
Le regroupement des municipalités. Les conséquences d'un
regroupement pour une MRC. Après la sanction de l'avant-projet de loi
sur l'organisation territoriale, les municipalités limitrophes dans des
MRC différentes pourront se regrouper et ne former qu'une seule et
même municipalité.
Sans vouloir s'opposer à ce principe, l'UMRCQ tient quand
même â souligner au ministre les dangers pour une
municipalité régionale de comté de perdre une de ses
municipalités, tant au niveau financier que territorial et de ce fait,
met en cause la viabilité même de celle-ci. À titre
d'exemple, une MRC très peu populeuse pourrait être remise en
cause par la perte d'une de ses municipalités importantes. Des cas
concrets de ce genre ont du reste retenu l'attention des instances municipales
ces dernières années. Conséquemment, nous croyons que le
législateur devrait introduire des balises dans l'avant-projet de loi.
À titre d'exemple, un seuil de population, un pourcentage
d'évaluation ou autres.
L'avis de la municipalité régionale de comté.
L'article 73 de l'avant-projet de loi stipule que dans les trois mois de la
réception de la copie de la requête conjointe de deux
municipalités provenant de MRC différentes, la MRC doit faire
connaître son avis sur la demande de regroupement. Nous voulons remercier
le ministère des Affaires
municipales d'accorder un délai de trois mois pour réagir
à la requête.
Le pouvoir d'intervention du ministre. L'article 83 de l'avant-projet de
loi stipule: "Lorsque le ministre est d'avis que la requête commune doit
être modifiée, il transmet par écrit à chaque
municipalité requérante un avis énonçant la
modification qu'il entend apporter à la requête commune." Pour sa
part, l'UMRCQ croit que le législateur confie un pouvoir trop large au
ministre; en effet, ceci est du ressort des municipalités et non pas du
ministre.
Les annexions municipales. La majorité nécessaire.
L'article 111 énonce que le règlement est quand même
considéré comme adopté si une requête signée
par la majorité des personnes intéressées du territoire
visé par l'annexion est transmise à la municipalité. Nous
considérons qu'il est essentiel que cette majorité soit
portée aux deux tiers des personnes intéressées du
territoire visé par l'annexion, compte tenu de l'importance du
débat.
L'avis de la municipalité. Contrairement à ce qui est
stipulé à l'article 108, il nous semble critique et certainement
beaucoup plus équitable que la municipalité
bénéficie d'un avis de 90 jours pour réagir à la
demande d'annexion d'une partie de son territoire. En effet, nous croyons qu'un
délai de 30 jours n'est pas suffisant pour analyser tout l'impact d'une
telle demande, tant au niveau financier ou autre.
L'avis de la municipalité régionale de comté. Dans
la première phase de consultation sur l'organisation territoriale, les
modifications proposées donnaient un délai de deux mois à
la municipalité régionale de comté pour réagir
à un processus d'annexion. Nous voulons remercier ici le
législateur d'avoir réintroduit le délai de trois mois,
comme il était prévu dans la législation actuelle.
Le redressement des limites territoriales et la validation d'actes.
L'avant-projet de loi sur l'organisation territoriale confie un nouveau pouvoir
au ministre des Affaires municipales. Ce dernier peut, en effet, par
arrêté, sur demande ou de sa propre initiative, redresser les
limites territoriales de municipalités locales lorsque la description de
leurs limites est erronée ou imprécise ou lorsqu'une
municipalité a agi sans droit sur un territoire qui n'est pas le sien.
Sans vouloir s'opposer à ce pouvoir qui est confié au ministre,
nous souhaiterions que des précisions soient apportées quant
à ceux qui peuvent demander un redressement.
En addition aux commentaires que nous avons formulés
précédemment sur l'avant-projet de loi sur l'organisation
territoriale, nous voulons également vous faire part de certains
irritants que vivent nos municipalités à l'heure actuelle
lorsqu'elles décident de se regrouper. D'une part, la Loi de police
précise que les municipalités de 5000 habitants doivent mettre
sur pied un corps de police. Or, bon nombre de municipalités refusent de
se regrouper car elles n'ont ni les moyens financiers ni les besoins, ni un
taux de criminalité élevé qui les obligerait à se
doter d'un corps de police. D'autre part, nous croyons que le ministère
des Affaires municipales devrait améliorer les programmes de subvention
favorisant le regroupement des municipalités afin de stimuler la prise
de décision des municipalités qui sont en voie de
regroupement.
En conclusion, l'UMRCQ souscrit à ce processus de refonte des
lois municipales. D'ailleurs, elle a déjà fait connaître sa
position lors du premier volet sur les élections et
référendums dans les municipalités. Cependant, l'UMRCQ
s'oppose au principe voulant que le terme "ville" soit réintroduit dans
l'avant-projet de loi et à l'article 14, sans que les termes "village,
paroisse" et autres ne soient également réintroduits. L'UMRCQ
souligne également au ministre que, dans tout projet de regroupement,
d'annexion ou de constitution de municipalités affectant les territoires
de deux MRC, le législateur devra introduire des balises pour
éviter que la viabilité d'une MRC ne soit mise en danger.
Finalement, nous croyons que, pour favoriser le regroupement des
municipalités au Québec, le législateur devra
éliminer de certaines lois les irritants. À titre d'exemple, le
critère de 5000 de population pour mettre sur pied un corps de police
et, finalement, trouver des mécanismes financiers ou autres pour
favoriser de tels regroupements. Je vous remercie.
Le Président (M. Rochefort): Je vous remercie de votre
présentation. Maintenant, les échanges, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. Nous avons lu avec
intérêt le mémoire présenté par l'Union des
municipalités régionales de comté. Je comprends que vous
êtes satisfaits du seuil minimal de 300 âmes ou 300 corps, selon le
cas, qui est indiqué dans l'avant-projet de loi pour qu'une
municipalité puisse être constituée. Un des intervenants
précédents nous exhortait à faire disparaître les
seuils. Il nous disait: Les seuils de population... Excusez-moi, le
député de Lévis est en train de me distraire; il ne croit
pas aux âmes ni aux corps.
M. Garon: Non, j'étais en train de regarder les corps sans
âme.
M. Bourbeau: Les corps sans âme. Dans le cas du
député de Lévis, le corps est évident; l'âme,
c'est moins sûr.
Le Président (M. Rochefort): Si on revenait au projet de
loi qui est devant nous, messieurs dames.
M. Bourbeau: On nous disait précédemment: Faites
donc disparaître les seuils de population pour former une
municipalité. De toute façon, il peut y avoir des cas où,
même s'il y en a plus de 300, ce ne soit pas indiqué et des cas de
moins de 300 où cela pourrait être indiqué. Comment
réagiriez-vous par rapport à une modification où il y
aurait consultation de la Commission municipale qui aviserait le ministre sur
l'opportunité de créer une municipalité sans qu'il y ait
de seuil d'indiqué dans le projet de loi?
Mme Martel (Gaétane): Pour reprendre le texte de notre
mémoire, nous mentionnions que nous voulions conserver le seuil de 300
âmes, mais avec possibilité pour le gouvernement d'y
déroger. Sous réserve de consultation auprès de nos
commettants, comme nous remettions au gouvernement le pouvoir de déroger
à la baisse, évidemment, je pense qu'il n'y aurait pas de
problème. Sous réserve, comme je vous le dis, de retourner
auprès de notre conseil d'administration, je ne crois pas que ce serait
un problème pour nous de faire sauter le seuil.
M. Bourbeau: Un autre point: la dénomination d'une
municipalité. Vous semblez très attachés à la
tradition. Dans l'avant-projet de loi, on essaie - c'est, d'ailleurs,
l'objectif de la refonte - de faire en sorte d'uniformiser et de simplifier.
Bien sûr, au Québec, on a toute une panoplie de
dénominations, des cantons, des cantons unis, des paroisses, des
villages, des villes, etc., et on tente de simplifier cela. Vous faites un
appel au statu quo en nous disant - c'est un argument auquel on peut être
facilement très sensibles - Pourquoi changer ce qui existe puisque les
gens sont très attachés à l'histoire? Je voudrais
simplement vous signaler qu'à l'article 215 du projet de loi on conserve
le statu quo. Il n'y a personne qui va perdre son statut de canton, de paroisse
ou de village parmi les municipalités existantes et ce n'est que pour
l'avenir qu'on le suggère.
Mme Martel: Si vous me le permettez, M. le ministre, vous faites
une distinction à l'article 14 et c'est précisément cet
article qui - excusez l'expression - nous chatouille. Vous faites une
distinction, ville, et vous parlez des autres municipalités. Au
départ, une municipalité c'est une ville, c'est un village etc.
Nous disons: Puisque vous réintroduisez une distinction, parce que vous
parlez de ville et vous ne parlez pas dans cet article de village, paroisse ou
autre, pourquoi ne pas régler la question et en parler là?
Deuxièmement, vous définissez une municipalité à
prédominance urbaine. Encore là, c'est un problème.
Comment allez-vous définir ce qu'est une municipalité à
prédominance urbaine? On parle de population. Est-ce que c'est une
densité de territoire ou autre? C'est l'un des articles, je dois vous le
dire, qui ont le plus chatouillé nos gens, malgré que vous parlez
de l'article qui se réfère à cela à la fin.
Évidemment, il y a paroisse sans désignation, canton. On
est d'accord qu'il y en a énormément. Par contre, il y a des
problèmes folkloriques, si on peut employer le terme. C'est une
tradition depuis des années. Il y a la question des
municipalités. Trois ou quatre municipalités peuvent avoir le
même nom. Pour l'avenir, cela va peut-être être
différent, mais comment se resituer là-dedans? (16 heures)
Nous souhaiterions ou que ce soit la situation actuelle et qu'on ne
parle pas du terme "ville" à l'article 14 ou qu'on abolisse
complètement les termes et toutes les municipalités s'appelleront
des municipalités. J'avoue que chez nous les gens ont été
très étonnés de cette réintroduction du terme
"ville". Pourquoi pas village ou... Parce que ville s'emploie toujours par
opposition. On parle d'une ville pour définir une grosse
agglomération par rapport à une petite.
M. Bourbeau: Évidemment, comme dans bien des cas, il y a
des municipalités actuellement qui sont accrochées au même
nom.
Mme Martel: Oui, oui.
M. Bourbeau: Saint-Basile-Sud.
Mme Martel: Saint-Basile village, Saint-Basile paroisse,
Saint-Basile sans désignation, canton, et autres, et le tralala.
M. Bourbeau: Si on faisait disparaître "village", on aurait
des noms tous semblables. Alors, là, ce serait vraiment la confusion
totale.
Mais on ne parle pas du présent ou du passé. On ne parle
que de l'avenir dans le projet de loi. On ne veut pas changer ce qui existe.
À l'avenir, si on doit donner de nouveaux noms à des
municipalités à l'occasion de fusions ou de constitution de
nouvelles municipalités, on ne crée pas de préjudice
à qui que ce soit en omettant d'utiliser les mots "canton", "paroisse"
et autres dénominations multiples. À l'avenir, pour les nouvelles
municipalités à l'occasion de fusions, pourquoi ne pourrait-on
pas employer le mot "municipalité de" simplement plutôt que de
continuer à utiliser des termes qui sont...
Mme Martel: Encore là, comme vous le dites, on parle
toujours de l'avenir. Pourquoi vouloir conserver le terme "ville" et ne
pas conserver un terme qui, par opposition, serait "village" ou autre? Pourquoi
en introduire un? J'écoutais tantôt M. Pelletier dire: On ne fera
pas de discrimination. On considère plutôt que c'est l'inverse;
c'est en faire que de conserver une dénomination et de ne pas conserver
l'autre. Est-ce qu'on pourrait dire "ville" par rapport à "village", qui
sont les termes le plus fréquemment employés, l'un par rapport
à l'autre?
M. Bourbeau: Par contre, si on avait une municipalité de
500 ou 600 habitants, ce serait, quand même, un peu énorme
d'appeler cela une ville.
Mme Martel: Je suis d'accord avec vous.
M. Bourbeau: Seriez-vous d'accord, par exemple, à ce
moment - je dis cela comme cela - pour qu'on puisse utiliser l'un des deux
termes, soit "ville", soit "village", mais seulement l'un des deux?
Mme Martel: Je pense que cela répondrait à nos
désirs.
M. Bourbeau: Plutôt que de multiplier les appellations.
Cela serait plus acceptable.
Mme Martel: Je pense que cela pourrait aller, oui.
M. Bourbeau: Oui. Parce que, quand on forme des nouvelles
municipalités maintenant - on en forme parfois lors de fusions - ...
Mme Martel: Oui, oui.
M. Bourbeau: ...on n'emploie plus les termes "village",
"paroisse", etc. On n'emploie que "municipalité" dans la pratique
actuelle.
Mme Martel: Si Vous regardez le mémoire, on disait
purement et simplement de les employer de façon coutumière et
sans aucune incidence légale. D'ailleurs, quand tous les
différents volets de la refonte auront été adoptés,
il n'y aura qu'un code des municipalités mais, en attendant...
Évidemment, je pense que nous, on disait: Écoutez, sans incidence
légale, on pourrait prendre un terme par rapport à l'autre,
"ville" par rapport à "village" sans nécessairement conserver
"paroisse" et tout le reste, tout le tralala qui s'ensuit. Cela va?
M. Bourbeau: Très bien. On va réfléchir
à tout cela.
La question de l'avis de la MRC. Vous êtes d'accord avec
l'intention que nous avons manifestée à l'article 42 de donner
à la MRC un délai de trois mois pour se prononcer lors de la
constitution d'une municipalité, mais vous demandez que le même
délai soit imparti à la MRC pour réagir à une
demande de modification du ministre. Ne trouvez-vous pas que c'est un peu long
de donner un délai de trois mois également lors d'une demande de
modification étant donné que la MRC est déjà
parfaitement au courant du dossier? Elle n'a pas à refaire tout le
travail d'information ou de recherche de documents qu'elle doit faire lorsque
le dossier est ouvert pour la première fois?
Mme Martel: Je...
M. Bourbeau: N'est-ce pas de nature... Excusez-moi, madame. Je
termine là-dessus. N'est-ce pas de nature à allonger
indûment les délais de donner encore à la MRC un
délai de trois mois?
Mme Martel: Dans les consultations que nous avons faites, les
commentaires que nous avons eus parlent surtout des cas où il y a une
demande de modification majeure par rapport au dossier actuel. Je peux vous
répondre là-dessus que c'est ce qui nous a été
mentionné: Si jamais la demande est majeure, ne devrait-on pas avoir
encore le même délai?
M. Bourbeau: Pour éviter de prolonger indûment les
délais - je lance cela comme idée - si on mettait dans le projet
de loi qu'on conserve le délai de 30 jours, mais avec possibilité
que la MRC puisse s'adresser au ministre pour un délai additionnel dans
des cas tout à fait précis...
Mme Martel: Je pense que cela répondrait aux craintes de
certains de nos membres.
M. Bourbeau: À ce moment-là, de façon
générale, on aurait le délai de 30 jours, avec
possibilité de le prolonger dans des cas où on ferait la
preuve...
Mme Martel: ...une demande adressée au ministre, oui.
M. Bourbeau: On va prendre note de cela...
Mme Martel: D'accord.
M. Bourbeau: ...pour voir si on ne peut pas s'accommoder de
cela.
L'article 83 prévoit que le ministre peut intervenir et demander
de modifier la requête. Vous trouvez qu'on en confie trop au ministre. Je
comprends très bien vos préoccupations. Je ne suis pas
très friand des
pouvoirs qui sont trop nombreux et trop discrétionnaires, sauf
qu'on m'indique que cela peut être la seule façon, parfois,
d'empêcher d'avoir à reprendre toute la procédure. Dans
l'état actuel des choses, si on se rend compte que la requête
contient des irrégularités, à ce mornent-là, le
ministre doit rejeter la requête, alors que ce qu'on propose
présentement permettrait au ministre de dire: Écoutez, il y a
dans la requête un problème, une erreur de procédure. Si
vous voulez, je vous suggère une modification. Si vous voulez
l'accepter, vous n'aurez pas besoin de recommencer toutes les
procédures, vous n'avez qu'à accepter la modification.
C'est le but de l'article 83. Je vous signale, également, que le
deuxième alinéa de cet article prévoit que le conseil de
la municipalité requérante doit se prononcer sur la proposition
de modification, étant entendu que, s'il refuse la modification, le
ministre ne peut pas aller plus loin et que, à ce moment-là,
toute la procédure tombe. Dans ces conditions, je ne cherche pas
à vous faire changer d'avis, mais je veux simplement vous signaler que
l'objectif de cet article, c'est justement d'éviter de reprendre toute
la procédure au cas où il y aurait des erreurs de
rédaction dans la requête. Cet article est venu de la pratique au
ministère où on voit qu'à l'occasion de ces requêtes
il y a parfois des erreurs. On doit signaler ces requêtes en disant:
Voulez-vous modifier votre requête de telle façon?
Quelle est votre réaction par rapport à cela?
Mme Martel: Je peux vous dire là-dessus que les
commentaires que vous me faites ont été faits par votre
prédécesseur lors du dépôt du premier volet de la
réforme...
M. Bourbeau: Par les mêmes fonctionnaires.
Mme Martel: ...et les commentaires de nos élus sont
restés les mêmes, indiquant que c'est l'autonomie municipale qui
est un peu en cause ici. Ils souhaitent que cela retourne auprès des
municipalités et qu'elles-mêmes décident. Cela a
été un non catégorique de nos élus
là-dessus.
M. Bourbeau: C'est ce qui va arriver, évidemment, si la
modification suggérée par le ministre n'est pas acceptée
par le conseil municipal. Cela va retourner à zéro et la
municipalité va devoir recommencer.
Mme Martel: La position chez nous reste la même depuis
1985.
M. Bourbeau: Oui...
Mme Martel: On ne veut pas que le ministre intervienne dans la
requête et vienne la modifier. On veut que cela vienne des
municipalités.
M. Bourbeau: Je vous suggère que le ministre ne modifie
pas la requête. Il fait une proposition de modification...
Mme Martel: Oui, oui.
M. Bourbeau: ...qui peut être refusée par la
municipalité, auquel cas, tout tombe. Enfin, je comprends votre point de
vue sauf que je vous signale que le ministre ne modifie pas la requête.
Il propose une modification.
Mme Martel: Une modification.
M. Bourbeau: Oui. Est-ce que c'est comme cela que vous
l'aviez compris?
Mme Martel: Si les modifications des municipalités ne sont
pas...Cela tombe. Oui, on avait compris cela comme ça. Oui.
M. Bourbeau: Quant à moi, je ne vois pas en quoi, à
ce moment-là, l'autonomie municipale est brimée puisque cela ne
fait qu'aider la municipalité à raccourcir les délais.
Dans les annexions, alors, vous nous dites que... L'article 111
énonce que le règlement est quand même
considéré comme adopté si une requête signée
par la majorité des personnes intéressées du territoire
visé par l'annexion est transmise à la
municipalité. Nous considérons qu'il est essentiel que cette
majorité soit portée aux deux tiers des personnes...
Mme Martel: Aux deux tiers.
M. Bourbeau: ...intéressées. Vous recommandez une
majorité des deux tiers.
Mme Martel: Compte tenu de l'importance du sujet, pour nous, nous
trouvons que la majorité qui est prévue à l'article n'est
pas suffisante.
M. Bourbeau: S'il y a référendum, supposons que la
municipalité annexée accepte et qu'on va au
référendum, là, on ne demande que la majorité
simple et non pas les deux tiers. Alors, est-ce parce qu'on devrait aller aux
deux tiers aussi dans ces cas, lors du référendum?
Mme Martel: On avait déjà fait des remarques dans
le cas du référendum. En ce qui concerne le cas ici qui nous
préoccupe, comme je vous le disais, compte tenu de l'importance du
sujet, la majorité n'est pas suffisante. On a vécu des cas
où une majorité très minime a fait presque basculer
les parties des territoires de municipalités. On ne voudrait pas
que la situation se reproduise. Alors, dans le cas qui nous préoccupe on
voudrait que la majorité soit les deux tiers.
M. Bourbeau: Évidemment, pour ceux qui sont favorables
à l'annexion et qui sont, supposons, dans les 64 % qui seraient
d'accord, eux estimeraient que leurs droits seraient brimés si l'on ne
respecte pas la règle de la majorité. C'est toujours un peu
délicat que d'aller à des majorités des deux tiers en ce
sens que l'on dit: C'est la majorité simple dans le cas d'un
référendum par exemple et tout à coup on introduit une
norme des deux tiers.
Mme Martel: Compte tenu que c'est quand même important,
c'est une partie de territoire susceptible de disparaître d'une
municipalité. Ce sont des enjeux financiers et à bien d'autres
niveaux on considère que la majorité actuellement prévue
n'est pas suffisante.
M. Bourbeau: Bon, très bien. On en tiendra compte.
Mme Martel: Merci.
M. Bourbeau: Le redressement des limites territoriales.
Là, vous ne vous opposez pas au pouvoir conféré au
ministre, mais vous voulez qu'on précise ceux qui peuvent demander un
redressement des limites. Ce sont des cas où les limites sont
erronées ou imprécises.
À partir du moment où on signale au ministre qu'une limite
est erronée, est-ce que c'est vraiment important que ce soit la
municipalité, est-ce qu'il y a une importance à ce qu'on limite
à un certain nombre de personnes ou à un groupe le droit de
demander la correction d'une erreur?
Mme Martel: C'est plus dans le sens de, peut-être, une
précision que les gens ont demandé d'apporter dans le projet de
loi, si possible, que de vouloir empêcher des gens de demander le
redressement d'une limite. Évidemment, ce n'est peut-être pas
tellement fréquent, des redressements de limite, sauf que
l'interrogation de nos gens était de dire: Est-ce qu'on ne devrait pas
préciser davantage? Sur demande, est-ce que n'importe qui pourrait
arriver? Est-ce qu'il faut habiter la municipalité? Qui est-ce qui peut
demander? Une MRC ou quelqu'un d'autre? Alors, c'est dans ce sens-là, ce
n'est pas dans le sens de vouloir empêcher les gens de demander ou pas,
c'était dans les sens de préciser qui pourrait le faire.
M. Bourbeau: Supposons que c'est un
arpenteur-géomètre au service du gouverne- ment qui se rend
compte qu'il y a une limite erronée, est-ce que cela pourrait être
suffisant ou faudrait-il que...
Mme Martel: Non, non. Comme je vous disais, ce n'est pas
d'empêcher un intervenant de demander redressement de limite,
c'était dans le sens de préciser davantage. Est-ce que c'est
toute personne qui constate, est-ce que c'est cela, finalement, qu'on veut
dire? On s'aperçoit que c'est cela, mais est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de détailler davantage? Cela a été soulevé,
mais sans...
M. Bourbeau: Effectivement, on est d'avis que toute personne qui
constate une erreur pourrait la signifier.
Mme Martel: Ce n'est peut-être pas intéressant,
justement, de le mentionner dans le... Parce que, quand les gens ont lu le
projet de loi, ils ont dit: Qui peut le demander, est-ce que n'importe qui peut
le faire? Sur demande, c'est qui? Effectivement, cela en dit large: est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de le préciser?
M. Bourbeau: Bon, très bien, on va tenir compte de ce
point de vue-là.
Mme Martel: D'accord.
M. Bourbeau: Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais saluer d'une façon spéciale
les représentants de l'UMRCQ et passer tout de suite aux questions sans
aller trop trop dans le détail, mais j'aurais peut-être ce point
de vue où vous avez les conséquences de regroupement pour une
municipalité régionale de comté. Vous dites: Nous croyons
que le législateur devrait introduire des balises dans l'avant-projet de
loi; à titre d'exemple, un seuil de population, un pourcentage
d'évaluation ou autres. Tout à l'heure, on a eu un autre
mémoire qui disait qu'on devrait consulter un peu plus et la Commission
municipale pourrait nous donner son point de vue, etc. Les municipalités
devraient se prononcer avant que ... Votre intervention ne se situe pas tout
à fait de la même façon. (16 h 15)
Mme Martel: Écoutez, nous...
M. Dufour: Pensez-vous que la Commission municipale devrait
être l'organisme désigné comme tel?
Mme Martel: Je vous répondrais là-dessus que la
position de l'union est la
suivante: D'abord, le regroupement inter MRC - je pense que notre
mémoire est clair là-dessus - ne dit pas non; cependant, le
danger qu'on y voit, c'est lorsque deux municipalités contingues se
regroupent et que l'une d'entre elles est susceptible de mettre en danger la
viabilité de la MRC à bien des niveaux, entre autres,
évidemment, le niveau financier. C'est cela qu'on veut. On voudrait
qu'il y ait soit des balises ou un mécanisme pour faire en sorte que
cela soit analysé. Si une MRC n'est presque plus viable s'il y a une
annexion, un regroupement ou autres, il faudrait, avant que cela se fasse, que
quelqu'un puisse se pencher là-dessus et vérifier.
Nous suggérons des balises. Par exemple: Y aurait-il un seuil de
population? Est-ce que cela ne devrait pas être un pourcentage de
l'évaluation ou un autre mécanisme pour faire en sorte que ce
soit analysé avant qu'une décision soit rendue quant à un
regroupement ou à une annexion? On ne s'est pas penché sur la
possibilité, comme telle, que la Commission municipale puisse avoir un
rôle à jouer là-dessus. Je vous répondrais à
prime abord que la Commission municipale est peut-être le tribunal
administratif envers qui les élus ont énormément
confiance. Sous réserve de la position de retourner auprès du
conseil d'administration, on veut qu'il y ait une espèce de
mécanisme de vérification et qu'une analyse
détaillée soit faite, entre autres - comme je vous l'ai dit -
pour voir si une MRC peut être en danger à la suite d'une annexion
partielle d'un territoire ou d'un regroupement de municipalités. Nous
voulons soulever le danger, pour une MRC, de voir sa viabilité
menacée à cause d'un regroupement ou d'une annexion.
M. Dufour: Vous connaissez bien les territoires, les 95 MRC. Dans
l'état actuel des choses, est-ce que vous connaissez des projets ou
avez-vous fait des simulations qui pourraient mettre en danger la
viabilité d'une MRC?
Mme Martel: Je ne donnerai pas de nom pour éviter des...
Je peux vous dire qu'il y a des municipalités qui, à l'heure
actuelle, sont en processus... Une municipalité se voit en danger
financier et même la MRC dit: Écoutez, si cela fonctionne c'est
notre budget qui est remis en cause. Il ne s'agit peut-être pas de la
viabilité comme telle - est-ce que la MRC va continuer à vivre ou
non? - mais, financièrement, elle va être - excusez l'expression -
dans de beaux draps. Ne devrait-il pas y avoir un mécanisme pour faire
en sorte que tout ce dossier soit davantage analysé avant qu'il y ait un
regroupement? On ne veut pas s'opposer au regroupement, mais on dit:
Écoutez, il faut quand même vérifier tout l'impact que ce
regroupement peut avoir sur l'ensemble des citoyens d'une région; c'est
quand même important.
M. Dufour: Est-ce que vous iriez jusqu'à dire que ces
seuils devraient empêcher le regroupement, si cela met en danger la
municipalité régionale de comté?
Mme Martel: Nous disons qu'il faut éviter qu'une
région complète ne soit mise en danger par un regroupement ou par
une annexion.
M. Dufour: Je pensais à une municipalité, en
principe, comme la municipalité du fjord, le village de Sagard et aussi
la MRC de Charlevoix qui est un territoire non organisé et très
près. Il y a un parc qui la sépare de la MRC à laquelle
elle appartient. Je pense que vous connaissez le problème. C'est un
territoire non organisé. C'est dans le comté de mon
collègue. Il y a la Malbaie et le petit parc qui sépare... Cela
fait 20 milles où ce n'est pas bâti. Mais je ne pense pas que cela
mettrait en danger la MRC de Charlevoix.
Mme Martel: Comme je vous l'ai dit, il ne s'agit pas de s'y
opposer, mais de faire en sorte qu'une région ne soit pas mise en
danger.
M. Dufour: Vous parlez des pouvoirs d'intervention du ministre.
Je pense que le ministre les a soulignés, je ne les soulèverai
pas. C'est aux pages 6 et 8 de votre mémoire. Cela a été
soulevé, on ne fera pas...
La majorité des deux tiers dont vous parlez quand on fait une
annexion, en fait, si vous demandez cela, je ne sais pas... Regardons ce qui se
fait comme annexion dans le territoire. Â moins que ce ne soit une
annexion évidente, où il n'y a rien en cause, cela va, vous allez
avoir les deux tiers. Mais, dans une annexion, règle
générale, il y a une opposition qui se fait. Les deux tiers que
vous demandez, ne trouvez-vous pas que c'est élevé comme
volonté populaire pour s'annexer avec un autre? Est-ce que la
majorité simple ne semble pas plus logique?
Mme Martel: Considérant les remarques qui ont
été faites par nos élus et considérant l'importance
de la question, pour nous, deux tiers, c'est la majorité qui devrait
être exigée.
M. Dufour: Je sais que je vais respecter ce que vous me dites. Le
redressement de territoire, il en a été question aussi. Vous
demandez que des précisions soient apportées par rapport
à
cela. Quelles seraient les précisions que vous aimeriez voir
apportées pour un redressement de territoire?
Mme Martel: Ce que je mentionnais tantôt... Ce qui a
été soulevé par nous, c'est: Est-ce qu'on ne devrait pas
plutôt mettre: toute personne qui constate une erreur dans les limites
des municipalités? Ce serait beaucoup plus précis et je pense que
ça éviterait aux gens de se poser des questions.
M. Dufour: II y a un point que vous ne soulevez pas dans votre
mémoire - et je sais que vous êtes très chatouilleux de
l'autonomie municipale - c'est l'article 218 où on parle de la
juridiction des municipalités sur les cours d'eau, pour
l'aménagement des rives. Est-ce parce que vous, ça ne vous a pas
frappée ou parce que vous n'aviez pas d'opinion?
Mme Martel: Je vais vous dire ceci là-dessus,
peut-être en aparté: D'abord, juste pour excuser l'union d'avoir
déposé le mémoire un petit peu tardivement, c'est qu'on a
eu beaucoup de petits pépins internes à l'union qui ne touchent
pas ce mémoire-là, mais d'autre chose et comme vous le savez on a
un congrès. Alors, j'avoue qu'on est entièrement
débordé et nous n'avons pas terminé nos consultations
auprès de nos membres sur ce sujet-là. Mais je voudrais
là-dessus que nous rejoignions les positions de l'UMQ qui ont
été avancées précédemment. Evidemment que
pour nous c'est très important.
M. Dufour: J'étais intéressé à vous
poser les questions parce que je voulais avoir la position des deux unions.
C'est évident que la position du ministre je ne la connais pas à
moins que ce ne soit celle exprimée dans l'avant-projet de loi. Mais si
c'est comme on a conriu cela dans le passé, on a déjà vu
pas mal d'amendements à l'avant-projet de loi et ça pourrait
continuer.
Je vous remercie de vos explications.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Oui. Merci. Peut-être une petite question: Dans
votre mémoire en page 10, vous faites mention que vous voulez souligner
au ministre les dangers pour une municipalité régionale de
comté de perdre une de ses municipalités tant au niveau financier
qu'au niveau territorial, mais qu'est-ce qui est plus important pour vous?
Est-ce de garder viable une MRC, peu importe la volonté des membres d'en
faire partie ou la volonté des membres... Je sais que chez nous on a un
problème de MRC. Est-ce qu'il est plus important pour vous de garder...
Oui, vous le savez. Est-ce qu'il est plus important pour vous de garder viable
cette MRC-là, même s'il y a une volonté de la population de
se désintégrer ou, en tout cas, de rejoindre la MRC de
Saint-Hyacinthe? Qu'est-ce qui est plus important pour vous?
Mme Martel: Je vous dirais...
M. Messier: Est-ce l'aspect financier ou l'aspect humain des gens
qui y vivent?
Mme Martel: Je vous dirais tout d'abord que je ne suis pas une
élue. Mais ce que je vous dirai là-dessus, c'est qu'il y a
l'intérêt des individus qui vivent dans les municipalités,
il y a l'intérêt des individus qui vivent dans une région,
il y a toutes les sommes qui ont été investies depuis des
années pour confectionner des schémas d'aménagement. Il y
a des fonds et des énergies qui ont été investis. Alors,
nous, on dit qu'on ne s'oppose pas à des regroupements. C'est qu'il y
aurait lieu de faire une analyse en profondeur avant d'acquiescer ou de
refuser. C'est ce qu'on dit, finalement. Alors...
M. Messier: Et si le voeu de la population, c'est de...
Mme Martel: Je pense que là-dessus vous devez
connaître la position de l'union dans le dossier qui vous concerne chez
vous.
M. Messier: Oui. Mais s'il y a une volonté de la
population, vous allez réagir face à cette
réalité-là?
Mme Martel: Ce n'est pas à nous de trancher. Vous
demanderez celà à M. le ministre.
M. Messier: Cela s'en vient. Cela va. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie M. le
député de Saint-Hyacinthe. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention nous en sommes maintenant aux remarques finales. Je vais
reconnaître M. le député de Jonquière pour les
remarques finales.
M. Dufour: Je pense bien que...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Jonquière. Peut-être avant, M. le
ministre, est-ce qu'il y a de brèves remarques de conclusion à la
suite du dépôt du mémoire de l'UMRCQ?
M. Bourbeau: II me fait plaisir de remercier l'UMRCQ de sa
contribution toujours très valable et particulièrement de
souligner le travail de Mme Martel et de M. Gagnon qui sont venus
défendre les couleurs de leur association. Je pense que c'est une
première dans votre cas, enfin comme porte-parole principal.
M. Gagnon: On peut dire que oui.
M. Bourbeau: Oui. Je dois dire que vous l'avez fait avec beaucoup
de panache et beaucoup de conviction. Nous avons religieusement
enregistré vos propos, et lors de la rédaction du projet de loi
définitif, nous allons repasser chacun des points que vous avez
soulignés et tenter de voir dans quelle mesure on peut ajuster le projet
de loi définitif aux points de vue des différents intervenants,
dont celui de l'UMRCQ. Alors, merci de votre contribution.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je vous remercie aussi de votre apport à cette
commission, commission qui ne durera pas nécessairement très
longtemps, mais qui, j'espère, va rapporter des fruits et des
résultats à la mesure de votre travail. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiendrais à
remercier l'Union des municipalités régionales de comté et
des municipalités locales du Québec pour sa contribution aux
travaux de la commission de l'aménagement et des équipements.
Une voix: Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ceci, nous en sommes
maintenant aux remarques finales.
Mme Martel.
Mme Martel: Juste pour ajouter, vous me permettrez,
peut-être, j'espère, de vous transmettre des commentaires
ultérieurs dès que nous aurons terminé nos consultations
auprès de nos membres? Ce serait un peu après le congrès.
Cela va?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mais je vous suggère de ne pas le faire trop
tard après le congrès parce que la session s'en vient là
et...
Mme Martel: Non, non. La semaine même.
M. Bourbeau: Très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. M. le
député de Jonquière, pour les remarques finales.
Conclusions M. Francis Dufour
M. Dufour: En fait, lorsque le ministre dans son propos du
début nous disait qu'il voulait renforcer l'autonomie municipale ou la
démocratie municipale, je ne vois pas grand-chose dans le projet de loi
qui est de nature à augmenter cette démocratie municipale
puisqu'on semble limiter, en grande partie, la démocratie aux
élus et il y a des gens qui sont intéressés par des
fusions ou des annextions. Ces gens, on ne les perçoit pas tellement
à travers ce projet de loi.
Quand on examine aussi le nombre de mémoires qu'on a eus devant
nous sans mettre en doute la valeur de ces mémoires, il y a trois
mémoires qui nous ont été présentés, qui ne
font pas tellement de vagues quand on examine leur teneur et pourquoi? Il faut
se questionner. C'est que vraiment le projet de loi est juste une refonte de ce
qui existe déjà sans ajouter d'éléments très
importants. Ce n'est pas un grand panache.
Une voix: Rien pour écrire chez nous.
M. Dufour: C'est cela; rien pour écrire à sa
mère et rien pour écrire à son père, juste
seulement pour dire que cela va bien. C'est à peu près ce que
j'ai cru comprendre à travers le dépôt de mémoires
qu'on a là. C'est évident qu'en examinant comme il faut il faut
se forcer pour trouver des choses qui ne vont pas, il n'y a rien dedans, c'est
à peu près la conclusion à laquelle je viens.
Par contre, il y a quelques points qu'on peut souligner au ministre,
c'est qu'on aurait pu s'attendre après autant de cogitations de la part
du ministre, 30 mois, après un avant-projet de loi qui avait
été mis en consultation à l'ensemble des unions, on aurait
pu s'attendre à des changements majeurs. Le ministre même nous dit
qu'il répond à une promesse électorale quand on sait que
cet avant-projet de loi découle d'une consultation de l'ex-ministre des
Affaires municipales. Donc, il ne faut pas se surprendre, si c'est la
réponse à des promesses électorales.
Une voix: Tout va bien.
M. Dufour: II n'y avait rien dans les promesses
électorales puisqu'on n'a rien dans le contenu.
Une voix: Je ne sais pas comment on a fait pour se faire
battre.
M. Dufour: Donc, il n'y a pas eu de changement et je suis un peu
surpris de voir ce qu'il en est à travers tout cela. J'aurais
pensé que cette commission aurait pu donner de grands résultats,
mais je me demande si elle était nécessaire; le ministre peut
bien s'appuyer là-dessus en disant: Vous savez, on est de grands
démocrates parce qu'on permet des consultations. Dans une consultation
il y a trois mémoires, il y a des points beaucoup plus litigieux que
cela au municipal et on va les rappeler au ministre en temps et lieu, il y a
certainement des endroits où il y aurait eu besoin de plus de
consultation et la Commission municipale n'a pas été ...
Là, le ministre va nous dire qu'il fait preuve d'un grand sens de la
démocratie puisqu'il a accepté d'avoir une commission
parlementaire concernant ce projet de loi. Ce n'est pas surprenant de voir les
résultats qu'on produit. S'il n'y a pas beaucoup de mémoires cela
veut dire que la loi qu'on a devant nous n'a pas beaucoup de contenu.
C'est cela. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de contenu. Vous avez beau
me dire: On aurait pu la mettre à l'heure de 1987, c'est une loi de 1985
qu'on va perpétuer et qu'on va changer, j'ai l'impression que le slogan
du ministre serait: Continuons l'oeuvre du Parti québécois. C'est
ce qu'on a devant nous, je vais me démarquer, en fait de ce que le Parti
québécois ou l'ancien ministre préconisait. C'était
en 1985, c'était en fin de mandat et il y avait eu beaucoup de lois qui
avaient peut-être essoufflé le monde municipal, mais en 1987,
après deux ans de pouvoir, je ne pense pas que vous ayez
essoufflé les élus municipaux par les lois que vous avez
présentées. Vous n'innovez pas beaucoup, à mon sens. Qu'on
parle de fusion, d'annexion, j'ai l'impression que le gouvernement ou le
ministre des Affaires municipales a une responsabilité dans ce domaine.
(16 h 30)
Nonobstant ce que vous écrivez dans votre projet de loi, j'ai la
certitude que le ministre des Affaires municipales a un râle de leader
à jouer concernant les annexions et les fusions. Il ne faut pas
s'arrêter en disant que ce n'est rien de bon. Ce n'est pas parce qu'il y
a eu des problèmes à Baie-Comeau, des problèmes que vous
avez perpétués et alimentés, que vous avez
chauffés... Cela, ce sont les problèmes qu'on a eus, mais
malgré tout cela il ne faudrait pas mettre des fermetures sur toute
possibilité de fusion ou d'annexion. À ce moment-ci, ce que vous
faites dans votre projet de loi, c'est qu'il n'y aura pas de fusion et il n'y
aura pas d'annexion parce que chacun restera de son côté. Si c'est
ce qui est bon pour le Québec, de garder le statu quo, c'est ce qui va
se produire. Vous allez très bien réussir dans ce que vous avez
entrepris.
Je vous dis que les unions se sont prononcées sur ce que vous
avez avancé, sur votre avant-projet de loi, elles n'avaient pas à
se prononcer sur l'avenir du Québec comme tel, ce n'est pas ce qu'on
leur a demandé. C'est à vous, par exemple, comme responsable des
Affaires municipales de nous dire ce que vous voulez pour l'avenir du
Québec. Actuellement, on ne voit rien dans ce projet de loi qui nous
fera avancer quelque part au point de vue municipal, si ce n'est de garder le
statu quo et d'enlever quelques articles. Je ne suis pas sûr que cela va
enlever de l'ouvrage, par exemple, aux législateurs; au contraire, cela
leur en donnera parce qu'il faudra faire d'autres lois, comme on a fait l'an
dernier, pour corriger les lois qui n'auront pas été
complétées.
Là-dessus, en terminant, je me pose à nouveau la question:
Est-ce que c'était vraiment nécessaire d'avoir une commission
parlementaire pour un avant-projet de loi qui est un vide de contenu?
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, on peut dire que ce n'est
pas la logique qui écrase le député de Jonquière.
Il commence son allocution en nous disant: Vous n'avez pas de mérite,
c'est un projet de loi de l'ancien gouvernement, tout le travail avait
été fait par votre prédécesseur, etc. Tout à
coup, il nous dit: Votre projet de loi n'a pas de contenu, c'est un projet de
loi qui ne fait rien de nouveau, vous n'avez pas innové, vous auriez
dû le faire. On ne peut pas à la fois vanter l'ancien
gouvernement, le bon travail de l'ancien ministre qui, semblait-il, avait
préparé un projet de loi et, après cela, venir nous dire
que c'est un projet de loi qui n'est pas bon parce qu'il n'a pas
évolué et qu'il n'a pas de contenu. Il ne faudrait tout de
même pas que vous tiriez dans les deux directions à la fois,
enlignez-vous comme il faut. Ou bien vous dites que le projet de loi est bon et
que c'est votre projet de loi à vous et applaudissez, ou bien dites-nous
que votre ancien gouvernement ne faisait pas de bons projets de loi. Là,
vous auriez raison de dire qu'on n'a pas innové. Enfin, ce ne sera pas
la première fois que le député de Jonquière cherche
à tirer dans toutes les directions en même temps.
Une voix: ...
M. Bourbeau: Pour ce qui est du manque d'intérêt,
semble-t-il, des intervenants, il y a deux écoles de pensée. Il y
a le député de Jonquière qui dit que le projet de loi
n'est pas bon parce qu'il n'a pas de contenu et que cela n'intéresse
personne, et il y en a plusieurs de ce côté-ci qui trouvent
que le projet de loi est tellement bon, les gens l'ont trouvé tellement
bon qu'ils n'ont pas jugé bon de venir faire des commentaires parce
qu'il n'y avait à peu près rien à lui reprocher. Chacun
peut conclure ce qu'il veut. Je sais que mon voisin de droite est convaincu que
c'est un excellent projet de loi. Par contre, le député de
Jonquière semble trouver qu'il n'a pas d'intérêt.
Je remarque que la plupart de ceux qui ont fait l'effort de venir nous
ont dit qu'essentiellement le projet de loi était très bon. La
COMAQ nous a dit qu'elle était d'accord avec tout le projet de loi, sauf
deux petits articles. L'UMQ s'est contentée de faire des remarques sur 5
articles sur 230. Pour l'UMRCQ, c'est la même chose. Ce sont de petits
mémoires pas très longs qui indiquent que, d'une façon
générale, le monde municipal est satisfait.
Je vous rappelle que l'objet de la démarche est de consolider les
lois actuelles. Or, bien sûr, on consolide ce qui existe, on ne peut pas
en inventer. Là, c'est un peu moins "jazzy", l'organisation municipale,
que ne pouvaient l'être les élections et les
référendums. Évidemment, pour les élections et les
référendums, on avait eu 100 articles. C'est un peu plus
consistant, mais il reste que le projet de loi sur l'organisation territoriale
municipale fera disparaître éventuellement une centaine d'articles
dans les différentes lois, la Loi sur les cités et villes, le
Code municipal. C'est quand même un travail d'élagage qui nous
permet de laisser tomber et de consolider des lois existantes.
Bien sûr, des changements majeurs, il n'y en a peut-être pas
autant que le souhaiterait le député de Jonquière. Mais
encore là, le député de Jonquière est celui qui
vient nous dire: Actuellement, cela va bien dans le monde municipal et il ne
faut pas tout chambarder pour rien; cela dépend du projet de loi qu'on
étudie. Évidemment, la philosophie varie d'un mois à
l'autre selon les besoins du moment.
Pour ce qui est du retard apporté à déposer
l'avant-projet de loi qui est devant nous et à l'adopter, je signalerai
au député de Jonquière et à l'Opposition qu'avant
d'adopter le volet 2, soit l'organisation municipale, il fallait adopter le
volet 1, les élections et les référendums. On se souvient
du chemin de la croix que le député de Jonquière a fait
subir à la commission parlementaire lors de l'étude du projet de
loi 100. Avec tout le temps que le député de Jonquière a
pris pour étudier le projet de loi 100, on ne pouvait pas en même
temps enclencher l'étude du projet de loi sur l'organisation
territoriale municipale. Tout ce que je pourrais dire au député
de Jonquière, c'est que si on peut jouir de sa collaboration, comme il
nous l'a manifestée à la toute fin de l'étude du projet de
loi 100, probablement qu'on pourra adopter le projet de loi sur l'organisation
territoriale municipale dès la session qui va s'amorcer dans un mois
environ. À ce moment-là, on pourra, dès après coup,
se lancer à corps perdu dans ie volet 3 de la réforme et ainsi de
suite. Je dirais que le rythme de progression de nos travaux va dépendre
un peu de la collaboration de l'Opposition. Dans ce sens-là, je fais
appel à la bonne volonté de l'Opposition en général
et, à celle du député de Jonquière en particulier
pour collaborer à faire en sorte que nos travaux
s'accélèrent autant que possible.
M. le Président, je dois dire que, quant à moi, je suis
assez satisfait de cette consultation qui n'a pas, c'est sûr,
suscité un enthousiasme délirant dans le monde municipal. Je
voudrais quand même dire que ceux qui sont venus devant nous ont fait
valoir des points de vue intéressants et qu'au cours des prochaines
semaines j'ai l'intention de m'asseoir avec les fonctionnaires pour refaire la
revue des points qui ont été soulevés et voir dans quelle
mesure on peut intégrer ces points de vue à la législation
proposée.
Si tout se passe tel que prévu, j'espère que nous
pourrons, lors de la prochaine session, avoir l'occasion d'étudier le
projet de loi sur l'organisation territoriale municipale article par article
avec la collaboration du député de Jonquière et...
Une voix: De l'Opposition.
M. Bourbeau: ...de l'Opposition, bien sûr, le
député de Lévis aussi et le député de
Dubuc...
Une voix: ...
M. Bourbeau: ...et les autres. Je formule le voeu que nous
puissions adopter ce projet de loi avant l'ajournement des travaux à
Noël.
M. le Président, je remercie les membres de la commission de leur
attention. Je termine ainsi mes propos. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
Je tiens à remercier les membres de la commission parlementaire
d'avoir facilité la tâche de la présidence.
Ayant maintenant terminé son mandat de tenir une consultation
générale sur l'avant-projet de loi, Loi sur l'organisation
territoriale municipale, la commission de l'aménagement et des
équipements ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 38)