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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît;
Vérification des engagements financiers
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à la
vérification des engagements financiers du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche.
Aucun remplacement, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, le mandat de la
commission est de procéder à la vérification des
engagements financiers du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour le mois de juillet 1986, engagements reportés 34
à 48, et pour les mois d'août 1986 à juillet 1987
inclusivement.
Alors, j'aimerais rappeler l'entente qui est intervenue entre les
partis. Premièrement, c'est d'inviter le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche; deuxièmement, consacrer deux séances
à la vérification de ces engagements, soit le 13 octobre 1987, de
10 heures à 13 heures, et le 27 octobre 1987, de 20 heures à 22
heures, et troisièmement, les engagements qui n'auront pas pu être
étudiés lors de cette séance seront
considérés comme vérifiés.
Ceci étant dit, est-ce que M. le ministre, pour le Journal des
débats, aimerait présenter les gens qui l'accompagnent?
Organisation des travaux
M. Picotte: Alors, M. le Président, avant de
procéder à vous présenter les gens qui m'accompagnent, on
m'a fait part moi aussi qu'il y aurait eu une entente intervenue ou une
discussion qui s'est faite de sorte que les crédits soient
adoptés pour l'année en cours à partir des trois heures
que nous aurons ce matin, en y ajoutant les deux autres heures du 27 octobre
prochain, mardi, entre 20 heures et 22 heures. Cela veut dire, M. le
Président, si j'ai bien compris, que, peu importe la façon dont
on procédera, ce qu'il est important de savoir pour bien s'entendre au
point de départ, qu'on ait regardé un, dix, douze, trente ou
quarante engagements financiers, c'est bien le cas de prétendre que le
27 octobre 1987, à 22 heures, les engagements financiers jusqu'à
juillet 1987 seront adoptés. Est-ce que c'est cela que je comprends?
Le Président (M. Saint-Roch): C'est l'entente qui est
intervenue, M. le ministre, en ce qui a trait au comité du
directeur.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: On devait siéger aujourd'hui de 10 heures
à 13 heures et de 15 heures à 18 heures, c'est cela?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui.
M. Desbiens: Et là on siège de 10 heures à
13 heures aujourd'hui et, le 27 octobre, de 20 heures à 22 heures;
alors, on perd une heure là.
Le Président (M. Saint-Roch): Écoutez, c'est
l'entente qui est intervenue à la suite du réaménagement
de l'horaire dû, à ce qu'on m'a dit, à un caucus de votre
formation politique qui devrait avoir lieu vers la fin de cette semaine. Alors,
l'entente avec les deux leaders a été de 10 heures à 13
heures et de 20 heures à 22 heures.
M. Desbiens: Cela couvre quels mois?
Le Président (M. Saint-Roch): Juillet 1986 à
juillet 1987.
M. Desbiens: Inclus ou exclu?
Le Président (M. Saint-Roch): Incluant juillet 1987.
Mme Juneau: Moi, je me demande comment il se fait que le
secrétaire ne nous a pas avertis que ce n'était que cinq heures
parce que, dans la convocation, c'était aujourd'hui trois heures ce
matin et trois heures le 27 octobre 1987 et là vous nous annoncez qu'on
perd une heure.
Le Président (M. Saint-Roch): Pour la bonne
compréhension de tous, M. le
secrétaire, si vous voulez donner les explications, de
façon que je ne sois pas simplement un animateur.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. D'une part,
j'ai annulé la partie de séance de l'après-midi
étant donné que nous avions un mandat de l'Assemblée,
à savoir une consultation générale sur l'avant-projet de
loi sur l'assurance automobile. C'est un mandat prioritaire de
l'Assemblée, donc nous devions annuler, ce qui a été fait.
Dans mon avis de convocation, je disais que c'était reporté
à une date ultérieure. Cette date ultérieure, on en a
convenu entre les bureaux des deux leaders, m'a-t-on informé, et ce sera
repris le mardi 27 octobre, de 20 heures à 22 heures. J'ai
été informé qu'il y a eu entente entre les deux leaders,
je dirais, vendredi matin, je crois, si je ne m'abuse -je pourrai
vérifier les papiers à mon bureau et la convocation n'est pas
partie, évidemment, vendredi après-midi, elle partira
aujourd'hui.
Mme Juneau: M. le Président, vous me voyez
désolée, je savais que M. le ministre m'attendait avec
impatience. Il pensait lui aussi que cela prendrait six ou sept heures, et il
doit être déçu autant que moi d'avoir seulement cinq
heures.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je pense que Mme la
députée sait très bien, avec son expérience qu'on
va commencer la session mardi prochain et qu'elle aura toutes les
périodes de questions chaque jour, elle aura l'occasion de faire
d'autres débats permis par le règlement. Je vous souligne
cependant -Mme la députée de Johnson n'était pas
présente - que, depuis que nous étudions les engagements
financiers, j'ai eu l'occasion à quelques reprises de m'exprimer sur la
lenteur des débats, sur le fait que, parfois, on passait un avant-midi
complet sur deux ou trois engagements financiers. Je pense que cela doit
être un choix que fait chacune des formations politiques lorsqu'on
interroge un ministre. Si on veut passer deux heures sur le même
engagement, je n'ai pas d'objection à cela, sauf que c'est
évident qu'il nous manque du temps ailleurs.
Quant à moi, je n'ai pas d'objection à regarder ces
engagements selon la façon choisie par les leaders des deux formations
politiques préalablement, pour faire en sorte que les travaux de la
Chambre et les travaux de la commission se déroulent le plus sereinement
possible.
Mme Juneau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: Juste pour ajouter à ce que dit le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, si les réponses ne sont pas
plus longues que les questions, nous passerons à travers tout cela
aujourd'hui.
M. Picotte: Je peux faire cela très brièvement, M.
le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Johnson. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, cela fait maintenant au
moins un an qu'on n'a pas eu de commission parlementaire pour étudier
les engagements financiers du ministre. Dans le règlement, il est bien
inscrit qu'il doit y avoir, tous les trois mois, une séance
d'étude des engagements financiers du ministère. Le ministre n'a
pas eu tellement à répondre à des questions. On a conclu
une entente qu'on terminait de juillet à juillet inclusivement, soit
treize mois d'engagements. Dans certains cas, il y a des engagements financiers
qui sont très courts à étudier. Pour d'autres cas, il y a
des questions qu'on doit poser afin d'avoir une bonne compréhension des
engagements et des dépenses que le ministère fait. Il
m'apparaît que ce n'est pas une situation normale que de travailler de
cette façon. Cela fait treize mois qu'il y a des engagements. Quand les
engagements arrivent ici, je ne sais pas combien cela fait de temps que les
chèques ont été faits, mais cela laisse beaucoup trop de
temps, je pense, entre le moment où les dépenses sont
autorisées et faites et le moment où les parlementaires ont
à les étudier et à interroger le ministre sur ce
sujet.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Avec tout le respect que je vous dois de même
qu'au personnel de la commission, je dois vous dire que ce n'est pas le
ministre qui convoque. Je regrette, ce n'est pas moi qui convoque. Quand j'ai
été convoqué, je vous ai fait part de ma
disponibilité et cela m'a fait plaisir, à toutes les occasions
que j'ai été convoqué, d'être présent. Je
regrette, mais cela ne relève pas de moi. Qui potest capere capiat,
comme on disait si bien quand on était au séminaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Picotte: ...anglais couramment.
Le Président (M. Saint-Roch): Pour
clarifier, M. le député de Dubuc, le retard dans
l'étude des engagements financiers, j'aimerais rappeler à tous
les membres de la commission l'horaire surchargé auquel nous avons eu
à faire face et également le fait que nous avions prévu
tous les engagements financiers pour la période du 25 mars, ce qui
aurait nécessité une quatrième commission pour
siéger. Comme il n'y avait pas eu de consentement à ce
moment-là, on a annulé la commission. Cela a occasionné un
délai dans les travaux. Les travaux de la session à ce moment ont
causé un retard. Cela dit...
M. Desbiens: M. le Président, si vous me le permettez. Ce
n'est pas...
Une voix: On va passer une demi-heure là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Ce n'est pas un manque de collaboration. On prendra
le temps qu'il faut. C'est fondamental, l'étude des crédits et
l'étude des lois. C'est notre job, qui nous a été
confié par l'Assemblée nationale, par la population. S'il n'y a
pu avoir une quatrième commission et qu'en douze mois on n'ait pu se
réunir, il y a quelque chose qui est anormal. C'est une situation
anormale, c'est évident. Ce n'est pas la faute du ministre. Ce n'est pas
lui qui a à organiser les travaux de la Chambre, mais le leader
parlementaire, qui en est responsable. Son leader parlementaire, je ne sais pas
comment il organise les travaux mais dans douze mois on a le temps de faire ce
qui nous est confié par l'Assemblée nationale, l'étude des
crédits, adopter les projets de loi, etc. Il y a un agencement des
travaux anormal que je veux absolument souligner parce que je crois qu'on ne
remplit pas convenablement notre tâche de la façon qu'on le
fait.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela dit, est-ce que nous
pouvons débuter les engagements financiers?
J'appelle maintenant les engagements financiers du mois de juillet
1986.
M. Picotte: Vous m'aviez demandé de vous présenter
les gens qui m'accompagnent. Je pense que c'est important pour les membres de
cette commission, d'autant plus qu'il y a de nouvelles figures. D'abord,
immédiatement à ma droite, M. Pierre Bernier, sous-ministre; M.
Miville-Dechênes, directeur général de l'administration. M.
Dechênes est nouveau au ministère. Mme Gisèle Desrochers,
sous-ministre adjointe à la direction générale du loisir,
des sports et des parcs; M. Georges Arsenault, sous-ministre adjoint à
la direction générale de la ressource faunique. M. Arsenault est
nouveau aussi. Il commence ce matin. M. Marc Gauvin, directeur de la gestion
des espèces et des habitats; M. André Lachance, sous-ministre
adjoint à la direction générale des opérations
régionales; M. Pierre A. Bélanger, directeur
général de la coordination et du développement des
initiatives privées; M. Gérard Marchand, direction des sports; M.
Yvon Côté, biologiste à la direction de la gestion des
espèces et des habitats; M. Bernard Lavergne, directeur de la direction
générale de Québec; M. Germain Gagnon, directeur par
intérim de la direction de l'informatique; M. Carol Rae, adjoint au
directeur de la direction des services techniques; M. Julien Lessard, chef du
service de la construction et direction des services techniques; M. René
Bilette chef de service de la programmation et de l'analyse budgétaire;
M. Magny, nouveau directeur du secrétariat au ministère. Le
personnel politique, Mme Danielle Vachon, M. André Verret, Mme MacKay,
M. Ray Bernard, du côté de la faune; Mme Laliberté, qui
travaille au service de M. Bilette. Voilà, M. le Président!
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: ...tout en saluant les officiers du ministre, il
serait peut-être utile qu'on ait cette liste-là.
M. Picotte: On vous la fera parvenir. Aussitôt que tous les
changements seront effectués d'ici quelques jours, je m'engage à
faire parvenir à tous les membres de l'Assemblée nationale ce
nouveau papier, M. le Président.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Juillet 1986
Nous débutons par le mois de juillet 1986. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Comme le ministre a
présenté tous ses précieux collaborateurs, je voudrais me
présenter aussi. Je suis la nouvelle responsable pour l'Opposition du
dossier du loisir. Je vais essayer de m'acquitter de ma tâche avec brio.
M. le ministre n'a qu'à bien se tenir.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
M. Picotte: M. le ministre n'est pas versant, madame. Je peux
vous dire ça.
Mme Juneau: Non, vous vous êtes coulé les pieds dans
le ciment?
M. Picotte: Non, mais je ne suis pas versant de nature.
Mme Juneau: Bon, c'est très bien. M. le ministre, nous
allons commencer, si vous le voulez bien. Je m'aperçois que le ministre
est un homme très poli. Il fait souvent ses contrats sur invitation au
lieu de faire ça par Rosalie. Je me suis rendu compte de cela en jetant
un coup d'oeil sur les engagements financiers. Pourquoi, M. le ministre,
faites-vous souvent des soumissions sur invitation avec le fournisseur choisi
par un comité de sélection? J'aimerais bien cela savoir pouquoi
vous procédez souvent... Je me rends compte que vous avez
procédé souvent de cette manière-là. Je veux savoir
pourquoi vous avez fait cela.
M. Picotte: Puisque madame a une question sur un engagement
précis...
Mme Juneau: Bien, on va commencer par le premier engagement.
M. Picotte: Alors, allons-y!
Mme Juneau: Le premier engagement, vous avez donné sur
invitation un contrat de services pour la réalisation d'une étude
concernant la fréquence et le taux de pratique des loisirs
socioculturels. Pourquoi sur invitation?
M. Picotte: Alors, je pourrais dire à Mme la
députée, qu'en ce qui concerne le premier engagement dont elle
fait mention, l'engagement 116526 de juillet, c'est tout à fait conforme
et cela provient directement de Rosalie, ce à quoi elle a fait allusion.
En ce qui concerne les soumissions sur invitation, c'est que dans le domaine du
loisir et dans des domaines spécifiques et spécialisés,
dans la plupart des cas ou dans certains cas, il n'y a pas
nécessairement des firmes qui se sont inscrites ou qui sont dans le
domaine de Rosalie, qui sont au fichier central. C'est pour cela que nous
sommes obligés de procéder, dans certains cas, sur invitation,
mais il y en a très peu, à ce qu'on me dit. La différence,
c'est que, lorsqu'il y a au fichier central ces organismes-là, nous
faisons appel à ces organismes, comme c'est le cas dans le premier
engagement que Mme la députée me souligne.
Il y a une autre chose que je voudrais vous dire, c'est que... Et je
l'ai rappelé bien des fois, d'ailleurs, M. le Président. Vous
vous souviendrez que j'ai fait souvent allusion à ça et je vais y
revenir pour la nième fois. Ce sera la première fois que Mme la
députée le comprendra puisqu'elle en est à sa
première présence. Ce n'est pas nouveau. Ces papiers ne sont
jamais préparés par le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche. Ces papiers sont préparés par la commission
et bien des fois... En ce qui nous concerne, on me dit que ce n'est pas sur
invitation que cela s'est fait dans le cas du premier, c'est avec Rosalie. Je
regrette, ce n'est pas moi qui écrit les textes et ce n'est pas moi qui
fait la dactylographie...
Mme Juneau: M. le ministre, ce que vous dites là, j'ai un
peu de difficulté à comprendre parce que Rosalie ou le fichier
central, quand il sort une banque de données... Vous dites qu'il y a des
soumissions demandées seulement à cinq organismes,
c'est-à-dire sur invitation à cinq, et il y en trois qui ont
envoyé une soumission. Ordinairement, au fichier central, il n'y a pas
que cinq organismes qui sont dans la banque du fichier central. Puis, vous,
vous avez choisi cinq firmes pour les inviter à faire une
soumission.
M. Picotte: M. le Président. Je pense que Mme la
députée confond deux choses au moment où l'on se parle. Ce
serait bien important qu'on parle de la même chose. Quand on fait appel
à Rosalie, nous, on nous fournit cinq noms. Ce n'est pas un appel
d'offres public qu'on fait. Un appel d'offres public dans le domaine de la
voirie ou quoi que ce soit, on demande à tout le monde qui peut
soumissionner de soumissionner.
Mme Juneau: Je suis d'accord.
M. Picotte: Si vous êtes d'accord, il y a quelque chose que
vous comprenez mal, sûrement qu'on ne se comprend pas comme il faut.
Lorsqu'on a un travail à faire, on appelle Rosalie et elle nous envoie
cinq noms, trois ou quatre noms. On fait appel à Rosalie, donc, c'est
Rosalie qui nous envoie les noms. Alors, qu'on ne nous reproche pas de ne pas
faire appel à Rosalie parce que la question, madame, était la
suivante: Pourquoi ne faites-vous pas appel à Rosalie quand vous
faites... On procède toujours avec Rosalie, donc, à ce
moment-là il y a une incompréhension à quelque part.
Mme Juneau: Je comprends que j'ai peut-être fait un lapsus
au début de ma question mais je pense que si vous demandez au fichier
central une banque de noms et qu'après cela vous ne demandez que sur
invitation à quelques entrepreneurs, c'est cela là...
M. Picotte: M. le Président...
Mme Juneau: C'est marqué "sur invitation".
M. Picotte: M. le Président, me permettez-vous de demander
à M. le directeur de l'administration de donner tous les détails
techniques afin qu'on parte sur un bon pied et qu'on se comprenne? Si le
politicien n'est pas capable d'expliquer à la politicienne ce que cela
veut dire, peut-être que quelqu'un de l'administration va réussir
à faire comprendre à la politicienne ce que cela veut dire.
Mme Juneau: Merci, vous êtes trop gentil.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Miville-Dechênes.
M. Miville-Dechênes (Marcel): Tout cela dépend
aussi, d'une part, de l'ampleur des contrats qui sont octroyés et des
firmes qui peuvent être disponibles au fichier des fournisseurs. Dans le
cas présent, il y avait cinq firmes qui étaient disponibles pour
ce contrat et après il y a un comité qui est formé et qui
se réunit et qui essaie de regarder les possibilités que chacune
des firmes offre pour donner le service requis. C'est à la suite de
cette analyse technique de la part du comité que le choix se fait sur la
firme qui offre la meilleure disponibilité ou la meilleure expertise au
meilleur coût possible. Ce n'est pas un choix qui se fait à partir
d'autres critères que des critères tout à fait techniques
sur des possibilités pour chacun d'offrir le meilleur service au
meilleur coût possible. Mais vous avez des contrats qui sont de plus
grande envergure. Le fichier des fournisseurs peut alors nous donner
jusqu'à dix noms, et vous avez aussi une troisième partie en ce
qui a trait à un certain montant, je pense que c'est 250 000 $ ou 500
000 $, où on va en appel d'offres public.
Une voix: En haut de 100 000 $ dans les contrats de
construction.
M. Miville-Dechênes: Et, évidemment, selon nos
contrats, vous avez aussi des genres de contrats qui sont soit des contrats de
services, soit des contrats de construction ou autres genres de contrats. Ce
sont des règles qui ont été édictées par le
Conseil du trésor qui font en sorte que vous n'avez pas d'autre choix
que d'aller en appel d'offres public au-delà d'une certaine somme
d'argent. On me dit ici, en ce qui a trait aux contrats de construction, que
c'est 100 000 $ mais je sais que dans d'autres contrats cela peut aller
jusqu'à 250 000 $, montant au-delà duquel vous allez à un
contrat public.
Mme Juneau: Si je comprends bien, le fichier central ne vous a
fourni que cinq entreprises qui pouvaient faire le travail, donc, sur
invitation, en fait, c'est le fichier central.
M. Miville-Dechênes: C'est le fichier central. Cela ne veut
pas dire que le ministère a invité cinq firmes, c'est que le
ministère a fait sa demande au fichier central... Vous avez raison,
là-dessus il peut y avoir ambiguïté sur la feuille
frontispice, mais ce n'était pas préparé par le
ministère.
Mme Juneau: En tout cas, en ce qui a trait à notre
compréhension, vous ne dites pas que c'était la totalité
des entrepreneurs ou des gens qui avaient leur nom au fichier central, vous
nous dites qu'il y a eu cinq soumissions demandées...
M. Miville-Dechênes: Oui, cela veut dire que...
Mme Juneau: Est-ce que cela ne nous dit pas qu'il n'y en avait
pas dix ou quinze? (10 h 30)
M. Miville-Dechênes: L'objectif du fichier central c'est
d'offrir la possibilité à la majorité des firmes de
présenter des offres. C'est pourquoi vous avez, disons, cinq noms qui
peuvent être repris et, si vous avez un autre contrat donné par un
autre ministère, vous avez la possibilité pour les gens de
recevoir un autre contrat s'ils n'ont pas été retenus pour le
contrat qui fait l'objet de la présente discussion.
M. Desbiens: II y en avait peut-être huit...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Sur la même question, mieux vaut la vider
parce que cela revient souvent. Il y en avait peut-être huit, en fait,
mais le comité de sélection a dit qu'il y en avait cinq qui
étaient capables de remplir le contrat correctement.
M. Miville-Dechênes: Non. Dans ce cas, vous avez le nom de
toutes les firmes. II est possible qu'il n'y avait, pour ce contrat, que cinq
firmes qui se qualifiaient pour donner suite à la demande du
ministère.
M. Picotte: Mais en y ajoutant toujours, M. le Président -
je pense que M. Dechênes peut vouloir ajouter cela, pour la bonne
compréhension et pour le Journal des débats - c'est le
système lui-même qui nous envoie cela. Il n'y a aucun choix
laissé au ministère, il n'y a aucun choix laissé à
qui que ce soit.
C'est le système, c'est ce qu'on appelle Rosalie, comme vous
l'avez si bien lu, qui nous achemine cela. S'il y en a cinq, six, huit, peu
importe, mais j'ai relevé souvent la difficulté - je ne reproche
pas aux gens de l'Opposition de ne pas avoir les détails
là-dessus - ici, à cette même commission, du fait que sur
la feuille de présentation, qui n'est pas faite par nous, qui n'est pas
compilée par nous, on donne uniquement les détails concernant la
demande au fichier central, ce qui a été retenu et le montant de
l'engagement.
Évidemment, il y a des incompréhensions sur ces feuilles,
mais encore là - je le répète pour la nième fois -
je ne sais pas à qui on doit s'adresser pour corriger ces choses, mais
je devrai le répéter tant et aussi longtemps que ce ne sera pas
corrigé. Là-dessus, je n'ai aucun pouvoir.
M. Miville-Dechênes: On va prendre une note à ce
sujet, M. le ministre, et on va vous informer de la façon dont cela
pourrait être corrigé, dans l'intérêt des membres de
l'Assemblée nationale, pour éviter toute ambiguïté
sur la façon dont les contrats sont octroyés.
M. Picotte: Chose certaine, cela ne doit pas être
corrigé par vous, cela doit être corrigé par...
M. Miville-Dechênes: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Le secrétariat du
Conseil du trésor.
M. Picotte: ...le secrétariat du Conseil du
trésor.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je pense que pour que le
dossier soit toujours plus complet, lorsqu'on demande des soumissions à
cinq firmes, on devrait indiquer les noms des firmes qui n'ont pas
soumissionné. Vous avez, dans le premier cas, la firme qui a obtenu le
contrat, vous avez la deuxième et la troisième. Vous avez
reçu trois soumissions. Pour que le dossier soit complet, il faudrait
qu'on indique les deux qui ont reçu une demande et qui n'ont pas rempli
la commande, qui n'ont pas soumissionné. Il faudrait que le nom de ces
firmes soit indiqué dans les rapports. Vous avez fait une commande
à Rosalie, on vous a transmis cinq noms de soumissionnaires, vous
contactez ces firmes pour qu'elles soumissionnent et, à ce
moment-là, pour que le dossier soit complet pour les membres de la
commission, il faudrait qu'on indique tous les soumissionnaires, même
ceux qui n'ont pas soumissionné, mais qui ont été
invités à le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Là-dessus, M. le Président, je dois
dire cependant que, si la question nous est posée, nous avons ces
renseignements. La plus belle preuve, c'est que je pourrais vous les
énumérer en ce qui concerne justement cet engagement financier.
À la suite de ce que nous avons demandé au fichier central, cinq
noms nous ont été acheminés: Lambert, Nantel, Langlais,
Hurtubise et Associés, Interaction Marketing Ltée, Services de
consultation J.P. Nadeau, Services de consultation J. Pelletier et Centre de
formation et de consultation Inc. La firme Services de consultation J.
Pelletier, celle dont il est fait mention ici, COJPEL, était la seule
firme soumissionnaire qui était à la fois conforme aux devis
d'étude et au budget prévu pour la réalisation de ce
projet. Le contrat lui fut alloué pour la somme de 54 970 $, alors que
le coût maximum prévu aux devis ne devait pas excéder 55
000 $. Cela, c'est un autre point, quand on sait qu'il y a un coût
maximum.
Je suis d'accord avec vous que, si...
M. Bissonnet: On n'invite que les cinq firmes.
M. Picotte: ...on avait indiqué les cinq en indiquant
laquelle avait été choisie, cela aurait été plus
complet pour les députés qui ont à se
préparer...
M. Bissonnet: Pour qu'on sache quelles sont les cinq firmes, tout
simplement.
M. Picotte: C'est hors de mon ressort.
Mme Juneau: Personnellement, M. le ministre, je trouve que
l'idée de M. le député de Jeanne-Mance est excellente, je
voulais faire la demande.
M. Picotte: M. le Président, j'espère que le
secrétariat a compris parce que moi...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, si vous me
permettez, la question a été posée lors de l'étude
des derniers engagements financiers. Je vais laisser M. le secrétaire
donner la réponse que nous avons obtenue.
Le Secrétaire: C'est une question qui avait
été posée au préalable, avec M. le ministre,
d'ailleurs. J'ai communiqué avec le secrétariat du Conseil du
trésor qui m'a donné la réponse suivante. Ils ont dit que,
pour la confection des listes, ils fonctionnent toujours en regard d'une
convention
d'écritures qui existe depuis l'ancienne commission des
engagements financiers. Selon des conventions d'écritures
établies - il faudrait regarder quelle est la directive au Conseil du
trésor - on ne donne pas tout. On donne les premiers, mais pas les 8,
les 10, les 15. Ce sont des conventions d'écritures établies
depuis l'ancienne commission des engagements financiers. Pour la
révision complète, cela prendrait une politique d'ensemble pour
l'ensemble des ministères et des listes.
M. Picotte: Je pense que c'est clair, M. le Président. Si
je comprends bien, cela se fait comme ça, cela se faisait comme
ça sous l'ancien gouvernement et cela se fait comme ça depuis des
années. Donc, ce n'est pas nouveau, mais c'est bon qu'on se le rappelle.
Cela veut dire que, si nos leaders respectifs avaient comme mission d'essayer
d'arrimer cela pour plus de compréhension, ce n'est pas celui qui vous
parle qui se plaindrait, M. le Président; au contraire.
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: C'est la réponse qu'on a eue, mais ils ne
nous disent pas s'ils vont modifier cela ou pas, finalement.
Le Secrétaire: Cela prendra...
M. Desbiens: Qu'est-ce qu'il faut faire pour faire modifier
cela?
M. Picotte: II faut que les leaders se parlent.
Le Président (M. Saint-Roch): Je pense que la
réponse à M. le ministre, ce sera au niveau...
M. Picotte: Ce sera aux leaders de se parler.
Le Secrétaire: À la commission de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Saint-Roch): À la commission de
l'Assemblée nationale...
M. Desbiens: À la commission de l'Assemblée
nationale de...
Le Président (M. Saint-Roch): ...de se pencher sur la
manière dont on fait les écritures. Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: À la suite de ce que vous venez de dire, M. le
ministre, concernant la firme qui a été choisie pour le contrat
de 54 970 $, les Services de consultation J.
Pelletier, pourquoi a-t-on eu un comité de sélection si,
éventuellement... C'était la firme qui répondait aux
critères; c'était la plus basse. Pourquoi a-t-on eu besoin d'un
comité de sélection d'abord?
M. Picotte: Mme la députée, pour savoir si
c'était la firme qui remplissait les conditions et qui devait être
la plus basse, il fallait qu'il y ait un comité de sélection.
Autrement, tout cela n'aurait pas pu se discuter et on n'aurait pu faire un
choix. Le comité de sélection a servi à cela. Est-ce
qu'elle répond aux normes? Est-ce qu'elle répond aux
critères? Est-ce qu'elle répond aux devis? Est-ce qu'elle est en
bas du prix? Ce n'est pas tout. Si on avait eu une firme qui avait
soumissionné à 55 000 $ ou 54 000 $ juste, s'il n'y avait pas eu
de comité de sélection pour savoir si, effectivement, ils vont se
comporter comme ils doivent le faire dans ce qu'on veut, à ce
moment-là on n'aurait pas pu choisir celle-là. C'est la raison
pour laquelle il y a un comité de sélection.
Mme Juneau: Concernant la troisième compagnie, il n'y a
pas le montant de la soumission. Est-ce que c'est un oubli sur la feuille?
Lambert, Nantel, Langlais, Hurtubise et Associés.
M. Picotte: La firme Lambert, Nantel, Langlais, Hurtubise ne fait
pas véritablement une proposition. Elle ne présente pas de
méthodologie, ne fournit aucun renseignement sur l'expérience de
la firme et sur celle du chargé de projet. Au total, elle obtient le
pointage moyen de 19,3. Autrement dit, elle n'a pas répondu; elle
n'était peut-être même pas intéressée en bout
de piste quand elle a vu exactement... Elle n'a pas mis de prix, d'aucune
façon. À ce moment-là, sur ce qu'elle a coté, elle
a eu un pointage de 19,3. Je viens de vous dire que nous n'avions aucun
renseignement sur l'expérience de la firme. Elle n'a pas
présenté une méthodologie et il n'y avait pas
d'expérience non plus du chargé de projet.
Mme Juneau: Mais, M. le ministre, pour faire une soumission, il
me semble qu'il faut mettre un montant.
M. Picotte: Il y a des gens qui vont à la pêche de
temps en temps et ils ne mettent pas de montant.
Mme Juneau: À la pêche et à la chasse.
M. Picotte: C'est cela. Ce sont les lois du marché. C'est
comme cela. Le nom de la firme était là et elle a
décidé de ne pas mettre de montant.
M. Desbiens: Vous avez mentionné une cote de 19,3.
Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Picotte: Le comité qui pointe, qui met les cotes.
M. Desbiens: C'est quoi? Est-ce que c'est sur 100 points, sur 20,
sur 50?
M. Picotte: Les membres du comité de sélection
étaient M. Pierre Bouchard, Pierre, ce doit être Martin - c'est
marqué Nartin, mais c'est Martin sans doute - et M. Michel Mercier. Eux
autres se font une grille. Généralement, c'est sur 100 points et
ils donnent des points aux différents aspects comme la
méthodologie, les chargés de projet, etc. Ils ont eu une cote de
19,3. Quand j'étais professeur à l'école, en bas de 60 %
c'était bien difficile d'émettre un diplôme.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Johnson.
Mme Juneau: M. le ministre, si on part du fait que la firme Les
services de consultation J. Pelletier a eu le contrat en question,
pourriez-vous me dire s'il y a eu une consultation avec les associations
socioculturelles étant donné que ces gens-là ont une
excellente expertise, ils sont du milieu, ils vivent quotidiennement des choses
dans leur domaine respectif? Croyez-vous que la firme a pu consulter ces
gens-là?
M. Picotte: Je vais vous lire les objectifs du projet. Cela va
vous indiquer...
Mme Juneau: Est-ce que cela va répondre à ma
question?
M. Picotte: Je le souhaite. Le projet visait à recueillir
auprès de la population du Québec âgée de 15 ans ou
plus, incluant la population autochtone du Nouveau-Québec, un ensemble
d'informations afin: 1. de mesurer le taux, la fréquence et
l'expérience de pratique des Québécois et des
Québécoises en rapport avec divers domaines d'activités
socioculturelles; 2. d'établir un profil de la pratique du loisir
socioculturel; 3. de tracer un profil de l'organisation du loisir
socioculturel. C'est une enquête qui a été faite
directement auprès de la population du Québec.
Mme Juneau: En général.
M. Picotte: C'est cela, de 15 ans et plus.
Mme Juneau: Vous avez défini le mandat mais vous n'avez
pas répondu s'il y avait spécifiquement une part de leur mandat
qui pouvait être dans le sens d'interviewer les gens du socioculturel. Je
me répète, ce sont vraiment les spécialistes, les gens qui
vivent quotidiennement une situation.
M. Picotte: Le but de l'étude n'était pas d'aller
rencontrer les gens qui s'occupent du socioculturel, c'était un sondage
d'opinions. On ne modifie pas le but de l'étude en cours. C'était
le but de l'étude et c'est ce qu'ils ont décidé de faire
et c'est ce qu'ils ont fait. Si un jour on veut faire un autre genre
d'étude au ministère pour consulter ces organismes, à ce
moment-là on présentera un autre modèle mais ce
modèle-là était dans le but bien précis d'aller
échantillonner les Québécois et les
Québécoises de 15 ans et plus sur leurs habitudes.
Mme Juneau: Merci. Concernant le comité de
sélection, est-ce que ce sont toujours les mêmes personnes?
M. Picotte: C'est une liste qui est continuellement mise à
jour par le responsable de l'administration qui est le sous-ministre en titre.
Elle n'est pas limitative, c'est-à-dire qu'elle n'est pas
limitée. Il y a 25 à 30 noms et, dépendamment des sujets,
les jurés sont constitués avec la liste des noms.
Mme Juneau: Est-ce que ce sont vos fonctionnaires, M. le
ministre?
M. Picotte: Ce sont les fonctionnaires du ministère.
Mme Juneau: Et cela change chaque fois que vous avez un
comité de sélection en place?
M. Picotte: Dépendamment des sujets.
Mme Juneau: Si vous parlez du premier sujet dont on vient de
faire mention, est-ce que ce sont toujours les mêmes?
M. Picotte: Pas nécessairement. Ce n'est pas impossible
que ce soient les mêmes qui reviennent mais ce ne sont pas
nécessairement les mêmes sur des projets concernant le
socioculturel. Il pourrait y avoir d'autres noms qui se greffent. Il n'y a
qu'une seule personne qui revient régulièrement, le
secrétaire permanent. Dans le cas présent on me dit que c'est Mme
Monique Bauret.
Mme Juneau: Dans le cas de soumissions sur invitation, est-ce que
les départements universitaires sont invités à
soumissionner sur des projets comme ça?
M. Picotte: Dans ce cas-là comme dans les autres cas, si
les départements
universitaires sont inscrits au fichier central Rosalie, ils sont mis
à contribution le cas échéant quand ils répondent
aux normes et aux exigences.
Mme Juneau: Le sont-ils, M. le ministre?
M. Picotte: À mon ministère des études ont
été faites entre autres avec l'Université du Québec
à Trois-Rivières. Je pense qu'ils étaient au fichier
central. Ceux qui ne le sont pas, c'est comme dans toute autre chose, ceux qui
ne veulent pas s'inscrire... On procède, comme vous le savez très
bien, et je pense que c'était l'objet de votre première question,
vous vous offusquiez de voir qu'on ne procédait pas par Rosalie et
maintenant qu'on a réglé l'imbroglio à savoir qu'on
procède...
Mme Juneau: Je ne suis pas offusquée, je veux savoir. (10
h 45)
M. Picotte: Vous m'avez dit: Qu'est-ce que cela veut dire que
vous ne procédiez jamais par Rosalie comme vous êtes toujours sur
invitation? C'était le sens de votre première question, c'est
exactement ce que j'ai compris. Je ne sais pas si cela vous offusquait ou pas.
Enlevons le mot "offusqué".
Mme Juneau: Bien.
M. Picotte: Mais je ne peux pas aller chercher
l'Université du Québec ou une université quelconque qui
n'est pas inscrite à Rosalie pour faire une étude. Je ne peux pas
les obliger, non plus, à être inscrits à Rosalie. Mais,
comme on procède avec le fichier central, si ces
universités-là ne sont pas inscrites, je regrette, elles doivent
faire comme tout citoyen, elles n'ont qu'à s'inscrire. Nous ferons appel
à leurs services, si, effectivement, cela répond à nos
besoins.
Mme Juneau: Oui.
M. Picotte: Je pense que c'est important qu'on fasse cette
distinction. Dans le cadre de nos recherches, à nous,
spécifiquement, au ministère, il arrive qu'on fait affaire avec
des universités pour des sujets précis et que là on n'ait
pas à passer par Rosalie parce qu'on doit passer directement à
l'université. Dans des projets spécifiques comme ceux dont on
parle et de cette ampleur-là, si l'université n'est pas inscrite
au fichier central, son nom, évidemment, n'apparaît pas sur les
listes et on ne peut en faire un choix.
Mme Juneau: Ça va vous servir à quoi, M. le
ministre, la réalisation d'une étude concernant la
fréquence et le taux de pratique du loisir? Avez-vous envie de mettre de
plus en plus d'argent dans ce domaine-là ou de privatiser davantage?
M. Picotte: Je pense que, lorsque nous avons eu le Sommet
national du loisir au Québec, nous avions convenu avec les organismes
qu'il était de notre ressort de fournir les données les plus
pertinentes face à des situations données ou l'évolution
de tel ou tel domaine, en particulier. Comme c'est notre "job" d'agir ainsi,
nous prenons la procédure nécessaire pour faire en sorte de
fournir ces données et, par la suite, nous discutons de nos politiques
avec les gens du milieu et l'on décide si, effectivement, on doit
ajouter, retrancher, modifier, changer ou faire quoi que ce soit.
Mme Juneau: Cela s'adresse à tout le monde. Toute personne
qui souhaiterait recevoir ces informations-là peut le faire par le biais
de votre ministère?
M. Picotte: Généralement, quand ces études
nous sont fournies, après un certain temps qui est assez court, quand
même, nous fournissons aux organismes qui en font la demande .les
données voulues. Alors, cette étude-là, entre autres, nous
a été fournie, à ce qu'on me dit, au début du mois
d'août 1987 et l'on devrait pouvoir la rendre disponible au cours de
l'automne.
Mme Juneau: Bien. Cela va pour l'engagement 34.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions concernant l'engagement 35?
Mme Juneau: Oui, oui, il va y en avoir. Je m'excuse, c'est
à mon collègue...
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée.
M. Desbiens: "Contre-expertise pour le règlement d'un
litige"; c'est un litige du ministère? C'est quoi, le litige, ici?
M. Picotte: Alors, M. le Président, je vais vous donner
les détails. En 1979, le gouvernement du Québec,
représenté par le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, se portait acquéreur d'une usine de transformation
de poissons dans le but de préserver son caractère artisanal.
Sitôt son acquisition concrétisée, le gouvernement louait
l'usine, ses dépendances et terrains à l'ancien
propriétaire afin qu'il en poursuive l'exploitation. En 1983, la gestion
et l'administration du bail étaient transférées du
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement à celui
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Au cours de la même année fut adoptée
la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments
permettant au gouvernement de prescrire, au niveau des entreprises de
transformation, l'exécution d'un contrôle de qualité.
N'ayant . pu satisfaire à ces normes, le locataire cessa ses
activités à compter de la saison 1985 et intenta contre le
gouvernement une action en annulation de bail et en
dommages-intérêts, à laquelle se joignent quatre autres
recours, relativement à des difficultés de fonctionnement en
cours de bail. À l'appui de ses réclamations, le locataire a
produit les rapports financiers, un état prévisionnel, des
données statistiques, des pièces justificatives et autres
documents pour établir, pour toute la durée du bail, ses pertes
relatives à des ventes non réalisées, a un coût
excédentaire de production et à des frais administratifs
supplémentaires. Cet appel d'offres a pour but la sélection d'une
firme spécialisée qui aura pour mandat de vérifier les
données comptables et les projections financières en vue de
permettre la production d'un rapport d'experts devant la cour, lors de
l'audition des différents recours et instances.
Alors, il y a eu quatre firmes qui ont été invitées
à soumissionner et il y a seulement deux soumissions qui ont
été reçues, toujours en procédant par le fichier
central des fournisseurs. L'évaluation du coût de la soumission a
été basée sur le taux horaire moyen de l'équipe et
le fournisseur choisi a été la firme Raymond, Chabot, Martin,
Paré et Associés, au taux de 51,70 $ l'heure. Le montant de
l'engagement est de 50 000 $. Alors, vous voyez-là la
difficulté... Ce sont des choses qui se sont passées en 1979 et
qui sont revenues en 1983 et pour lesquelles, en 1985, quelqu'un nous dit on a
subi des pertes et, à partir de ce moment-là, il dit, j'ai perdu
tant d'argent parce que j'aurais pu faire tant et tant d'argent avec mon
exploitation. Alors, nous ne pouvons pas arriver en cour en disant que monsieur
a raison, il a perdu 300 000 $, 400 000 $ ou 500 000 $, je ne sais pas, moi.
Alors, nous sommes obligés de prendre une firme d'experts afin
d'évaluer si c'est bien la bonne évaluation qu'il fait et pour
s'organiser afin de se défendre sur des litiges datant de 5, 6 ou 7 ans
en arrière.
M. Desbiens: Dans ces contrats-là, 50 000 $, c'est un
montant maximum, c'est une enveloppe que vous avez décidée au
ministère.
M. Picotte: C'est parce qu'on peut mandater une firme comptable -
vous voyez pourquoi il y a une limite de coûts à 51,70 $ l'heure,
pour s'en aller enquêter là-dessus. Ils peuvent, au bout d'un an,
venir nous voir en disant: on dresse le portrait comme il faut, mais on a
travaillé tant d'heures et cela coûte 125 000 $. Nous, on dit
qu'on veut limiter le montant d'argent afin de ne pas se retrouver avec des
montants qui sont dans certains cas, non pas peut-être
exagérés face au travail qu'ils ont fait, mais on dit: Vous
devriez nous fournir le rapport qu'il faut en dedans de tant d'heures, ne
dépassant pas tel montant d'argent. Généralement, on a ce
qu'il faut; autrement, il n'y aurait pas de limite, on pourrait faire passer
une firme de comptables pendant un an ou deux ans avec ces gens-là et on
se retrouverait avec un joyeux compte de 15 000 $ ou 20 000 $ additionnels ou
de 20 % supérieur et nous n'aurions pas d'autre choix que de payer. Nous
voulons limiter cela. Cela va déjà nous coûter assez cher
pour l'imprévoyance de certaines actions que le ministère a
posées ou que d'autres ministères ont posées dans certains
cas. À partir de ce moment-là, on ne veut pas, non plus, que les
coûts augmentent de façon faramineuse. C'est pour cela qu'il y a
un montant limite.
M. Desbiens: Cela veut dire qu'à ce moment-là les
firmes soumissionnent, l'une à 51 $, l'autre à 83 $. Cela veut
dire que celle qui soumissionne à 83 $ se sent la possibilité de
répondre à votre commande dans un nombre d'heures beaucoup moins
important, parce qu'il y a un nombre d'heures limite si le montant est
limité...
M. Picotte: Oui, le comité de sélection...
M. Desbiens: Les deux firmes soumissionnent-elles sur le
même nombre d'heures?
M. Picotte: Bien, alors je vais demander à M.
Dechênes de nous dire pourquoi il y a une différence de taux
horaire. C'est beaucoup plus une question d'interprétation qu'une
question de travail à l'heure.
M. Miville-Dechênes: C'est parce que la firme qui avait
soumis 83 $ l'heure donnait des frais concomitants à l'ensemble des
frais de déplacement et autres à seulement à 350 $, ce qui
a paru au comité de sélection des frais qui étaient
beaucoup trop bas par rapport à la réalité, Alors, fort
probablement que, dans ses 83 î de l'heure, elle incluait les frais
concomitants, mais la différence était tellement grande entre les
deux taux horaires que le comité de sélection a jugé que,
malgré les frais concomitants, c'était certain que la
première firme offrirait dans l'ensemble un contrat qui serait moindre
que la deuxième firme. Maintenant, il y a une autre firme qui aurait pu
être sélectionnée, c'est la firme Samson, Bélair.
Elle ne l'a pas été parce qu'elle représentait la
partie
adverse.
M. Desbiens: Maintenant, ce genre de soumissions, ce ne sont
pratiquement pas des soumissions. Le montant est fixé, n'importe
quelle... Que ce soit celle à 51,70 $ ou celle à 83 00 $,
supposons, on aurait pu... À 50 000 $, elles sont bloquées
là?
M. Miville-Dechênes: C'est justement, c'est la question de
jugement, 50 000 $ par rapport à 83 $; c'est que les frais concomitants
peuvent se rajouter au contrat qui est offert à la firme. Alors, c'est
la raison pour laquelle c'est important que les frais concomitants soient
différents.
M. Desbiens: Alors, la firme RCMP, elle peut ajouter d'autres
frais à ses 51,70 $.
M. Miville-Dechênes: Ils n'iront pas jusqu'à 83 $,
c'est impossible.
M. Desbiens: D'accord. Vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 36?
M. Desbiens: Engagement 36, c'est la même chose.
Mme Juneau: Bien moi, je voulais demander... Je pensais que cela
regardait le loisir, je pensais que le ministre se mettait à acheter des
manteaux de fourrure, j'ai vu: vérification du système des
fourrures. Je me demandais si c'est à mon collègue M. Desbiens ou
si c'est à moi de vérifier cet engagement.
M. Picotte: Je sens que votre question a peut-être une
espérance spéciale en disant: Peut-être, s'il y a des
manteaux de fourrure, le député de l'Opposition sera admissible
pour en avoir un, non?
Mme Juneau: Je me dis, s'il en achète "aux gens de son
côté, il va en acheter aux gens de l'Opposition.
M. Picotte: Question d'intérêt.
Mme Juneau: Non, je plaisantais, M. le ministre, c'est mon
collègue qui doit intervenir. Nous autres, on se parle, mais vous
autres, si vous parliez un peu moins fort, ce serait encore mieux.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
questions à l'élément 36?
Mme Juneau: Juste un instant, mon collègue...
M. Desbiens: C'est le même type d'engagement que le
précédent. C'est un montant alloué fixe. Est-ce que le
même motif que M. Miville-Dechênes a évoqué
tantôt existe entre, disons, les deux premières par exemple, 4 $
l'heure de différence?
M. Picotte: Cet appel d'offres avait pour objet de fournir les
services d'un analyste en vue d'effectuer des travaux touchant le
développement informatique sur le système des animaux à
fourrure relatif à la gestion du piégage et des animaux à
fourrure, la gestion des trappeurs et des commerçants, la gestion des
territoires de piégeage. La sélection de la firme s'est faite
selon une réquisition au fichier central des fournisseurs portant le no
52372 et quinze noms de firmes ont été
référés pour cet appel d'offres. La soumission a
été accordée au plus bas soumissionnaire répondant
aux exigences du cahier de charges.
M. Desbiens: Mais la question reste toujours entière dans
ce type de soumission.
M. Picotte: Allez-y, M. Miville-Dechênes.
M. Miville-Dechênes: On m'a dit que depuis l'an dernier,
dû au fait que justement cela créait des problèmes d'avoir
les engagements à l'heure, maintenant ce sont des engagements à
coûts forfaitaires, c'est-à-dire qu'on regarde le taux horaire
mais c'est un maximum d'heures pour arriver à un montant forfaitaire.
Seulement sur un tarif horaire, la décision ne serait pas prise
là-dessus; il faut que le tarif horaire soit aussi concomitant avec une
période de temps pour exécuter le contrat dans un montant global
donné.
M. Desbiens: C'est mieux. La même remarque que le
député de Jeanne-Mance faisait tantôt, il y a deux
soumissions qui ne sont pas inscrites parmi les soumissions reçues. Je
pense que cela fait partie de ce qu'on a discuté
précédemment. Vérifié, pour l'engagement 36.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 37?
Mme Juneau: L'engagement 37. Je voudrais savoir c'est quoi le
contrat de services pour effectuer... Je m'excuse, peut-être vous avez
répondu antérieurement à ces questions mais, moi, je suis
toute nouvelle. Donc, je voudrais bien que vous m'expliquiez ces contrats de
services pour effectuer la saisie de données et la vérification
de documents. Qu'est-ce que c'est au juste? Expliquez-moi donc cela.
M. Picotte: Chaque année, le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche donne
un contrat a l'entreprise privée pour effectuer la saisie de
données relatives aux fiches d'inscription des différents tirages
au sort, à l'inscription aux cours de maniement des armes à feu,
aux dépositaires de permis de chasse et de pêche et aux fiches
d'inscription de gros gibiers abattus.
Une réquisition a été formulée au fichier
central des fournisseurs. Onze firmes ont été
référées et, parmi celles-ci, six seulement ont
présenté une soumission. Le contrat a été
accordé à la firme présentant la plus basse soumission
à un tarif de 44,25$ les 1000 dossiers, parce qu'à ce
moment-là il est préférable d'y aller au nombre de
dossiers; à tous les 1000 dossiers, c'est 44,25 $.
L'objectif est de choisir une entreprise - bon, ce sont les
détails de ce que je vous ai dit tantôt. (11 heures)
Mme Juneau: Finalement, c'est pour choisir une firme pour
vérifier ceux qui, pour le concours de chasse et pêche...
C'est-à-dire le concours de personnes qui veulent aller à la
chasse dans les...
M. Picotte: C'est pour monter le système informatique.
Mme Juneau: Ah! C'est pour monter le système.
M. Picotte: Voilà! C'est cela. Ce sont les leaders qui se
sont entendus pour changer la formulation.
M. Desbiens: Le Conseil du trésor va vous donner les
renseignements pertinents. M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Une remarque justement. Voyez ici, M. le ministre,
l'engagement financier indique justement que c'est 44,25 $ pour 1000
enregistrements. On voit exactement que tout le monde est sur le même
pied. Je pense que c'est beaucoup plus clair comme cela. Comme dans les
engagements précédents, cela ferait partie peut-être des...
C'est toujours dans la présentation des documents.
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: M. le Président. L'article 37 est
vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 37 est
vérifié. Engagement 38?
Mme Juneau: Si je comprends bien, ce n'est pas encore tout
informatisé en ce qui concerne la régie des sports... C'est un
début, est-ce que c'est cela?
M. Picotte: C'est cela. C'est un début en informatique
à la Régie de la sécurité dans les sports parce
qu'elle n'était pas informatisée et elle ne l'est pas
encore...
Mme Juneau: Elle ne l'est pas encore. M. Picotte:
...présentement entièrement.
Mme Juneau: Quand prévoyez-vous que cela pourrait
être en fonction?
M. Desbiens: Avez-vous une idée?
M. Picotte: Je pense que la Régie de la
sécurité dans les sports a décidé de
procéder par étapes, entre autres, tant... Au fur et à
mesure que les nouveaux règlements sont édictés entre les
fédérations et la régie, a ce moment-là, on
progresse et on ajoute justement au système informatisé. Il est
difficile de vous dire quand la régie sera informatisée
entièrement.
Mme Juneau: Vous ne prévoyez pas un temps...
M. Picotte: Au fur et à mesure qu'il arrive de nouveaux
règlements, je pense que la régie fait un effort pour
s'informatiser et rendre son travail beaucoup plus facile.
Mme Juneau: Quand vous dites 4500 $, est-ce par mois?
M. Picotte: Oui.
Mme Juneau: Le montant de l'engagement...
M. Picotte: Classifex enr., c'est 4500 $ par mois.
Mme Juneau: Jusqu'à un montant concurrentiel, à 25
000 $? Est-ce cela que ça veut dire?
M. Picotte: Le montant de l'engagement, 25 000 $. C'est cela.
Mme Juneau: Bon. Cela va. Vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 38 est
vérifié. L'engagement 39?
Mme Juneau: C'est un "contrat de services pour la fourniture et
l'opération des matériels et des logiciels nécessaires
à la fabrication de la cartographie automatisée, pour une
période de cinq mois." Je me rends compte que la firme qui a
été choisie vient de l'Ontario, M. le ministre. Que se
passe-t-il? Il y a eu 13 soumissions demandées et seulement une
firme...
M. Picotte: Treize soumissions et neuf firmes ayant une place
d'affaires au Québec ont fait des propositions pour la location d'un tel
système informatique. La firme devait faire également rapport sur
le déroulement des essais. Or, on m'informe qu'une seule firme, qui est
évidemment E5RI Canada, a répondu à l'appel d'offres sur
invitation que le ministère avait dû faire en l'absence de la
spécialité requise au fichier des fournisseurs.
Mme Juneau: Les autres remplissaient...
M. Picotte: On a fait appel au fichier des fournisseurs et il n'y
en avait pas. Je vous l'ai dit, sur treize firmes, neuf avaient leur place
d'affaires au Québec, mais, sur les treize interrogées, seulement
une a répondu pour faire ce genre de travail et elle était de
l'Ontario, c'était ESRI Canada.
M. Desbiens: Quel est ce travail...
Mme Juneau: Bien oui.
M. Desbiens: ...qui est si spécialisé que ça
pour qu'il n'y ait pas une firme autre que celle-là qui soit capable de
faire ce travail?
M. Picotte: II faut bien se dire, M. le Président, que ce
secteur est un nouveau secteur. Je suis d'accord et il y aurait
intérêt à ce que des firmes québécoises
puissent se lancer là-dedans parce qu'il y a beaucoup de
possibilités dans le futur. Mais comme c'est un nouveau secteur et qu'il
n'y a pas de firmes québécoises qui sont
spécialisées à ce point, je pense que, comme c'est un
domaine d'avenir, selon ce que j'en sais, il y aurait intérêt
à ce qu'on ait des firmes du Québec, mais pour l'instant on n'en
avait pas. Si vous désirez une explication technique, je pense qu'on
peut vous donner ce qu'il faut sur cela.
M. Desbiens: Vous pouvez toujours me la donner, ce n'est pas
sûr que je la comprendrai.
M. Bernier (Pierre): On peut demander à un vulgarisateur
de compléter.
Mme Juneau: On pourrait peut-être attendre
après.
M. Desbiens: Est-ce long?
Une voix: Non, ce n'est pas tellement long. La géomatique
sert principalement à tracer des cartes à l'aide de l'ordinateur
tout simplement. Alors, on représente les territoires du
ministère. C'est très spécialisé comme
technique.
M. Desbiens: Ah, le vulgarisateur est parfait. J'ai compris.
Merci.
Mme Juneau: Cela va, M. le Président, sur
l'élément 39.
Le Président (M. Saint-Roch): L'élément est
vérifié. J'appelle l'élément 40.
M. Picotte: M. le Président, vous avez un bel exemple de
ce que disait tantôt Mme la députée de Johnson. Ce sont
deux universités qui étaient inscrites au fichier central et
elles ont été retenues.
M. Desbiens: Cela veut dire que vous avez fait appel à dix
universités. Est-ce cela ou si c'était strictement aux
universités?
M. Picotte: II y a eu dix soumissions demandées; deux ont
été reçues. Il y a eu l'Université de
Montréal, l'Université du Québec à
Trais-Rivières, l'Université McGill, l'Université du
Québec à Montréal, le Centre de recherche en informatique
de Montréal inc., l'Université de Sherbrooke, l'INRS-Urbanisation
de Montréal, l'Université du Québec à
Montréal, un autre service de cette université,
l'Université Laval, le département de géographie, et enfin
le Centre de recherche en aménagement de l'Université Laval dont
on avait les noms parmi les dix. Évidemment, il y en a seulement deux
qui ont donné leur soumission, comme on peut remarquer sur la feuille
d'engagement. Celle qui a été retenue, c'est le Centre de
recherche en aménagement de l'Université Laval.
Mme Juneau: Comment se fait-il que vous ayez pris le plus haut
soumissionnaire dans ce cas, M. le ministre?
M. Picotte: C'est le plus bas soumissionnaire, M. le
Président.
M. Desbiens: C'est l'UQAM qui a été retenue,
à 26 000 $. L'Université Laval était à 25 500
$.
Mme Juneau: L'autre c'est 26 000 $. M. Picotte: C'est
l'autre, c'est vrai.
M. Miville-Dechênes: C'est la plus basse qui a
été retenue à 22 000.
M. Picotte: C'est indiqué 26 000 $ ici.
M. Miville-Dechênes: L'appel d'offres était à
26 000 $ mais la firme retenue était à 22 500 $?
M. Picotte: Ah bon!
Mme Juneau: II n'y a rien de cela sur nos...
M. Desbiens: Combien vous dites?
M. Picotte: 22 500 $. C'est encore moins cher que vous croyiez,
voyez-vous!
Mme Juneau: Pourquoi est-ce marqué 26 000 $?
M. Picotte: M. le Président, vous avez le même
problème que je soulève à toutes les fois; on en a
parlé au début de la commission, ce n'est pas nous qui
écrivons cela. Alors, adressez-vous à qui de droit et je
prétends que la meilleure solution c'est, que quand on aura fini nos
travaux, il faudrait que d'une façon unanime la commission vote une
résolution, ou appelez cela comme vous voudrez, je ne sais quoi, pour
demander aux deux leaders de se pencher rapidement sur cette question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: D'accord. On me dit que c'est l'engagement qui est
à 26 000 $ mais cela n'empêche pas les firmes de soumissionner
plus bas et, quand elles soumissionnent à un prix moindre, on les
accepte.
Mme Juneau: Quel montant va être dépensé?
Est-ce que ce sera 26 000 $ ou 22 500 $?
M. Picotte: 22 500 $. On ne voulait pas dépasser 26 000 $,
on va payer 22 500 $, c'est dans la soumission.
Mme Juneau: M. le ministre, vous aviez raison tout a l'heure en
disant que ce n'est pas vous. Il me semble qu'il devrait y avoir quelqu'un chez
vous qui vérifie pour voir si cela a été bien noté.
Nous aussi nous avons un travail à faire et c'est difficile de...
M. Picotte: M. le Président, je regrette. J'ai offert et
je vais offrir ma collaboration encore à l'Opposition. Si les gens du
service de recherche de l'Opposition veulent venir chez nous
préalablement rencontrer certains fonctionnaires afin d'obtenir des
détails, oui; mais, cela ne revient pas à mes services - je ne le
demanderai pas à mes fonctionnaires - de vérifier des feuilles
présentées par d'autres services; nous avons autre chose à
faire chez nous, tant mieux! Évidemment, si vous vouiez avoir quelque
détail que ce soit avant l'étude des engagements, les portes vous
sont ouvertes; je l'ai dit, je l'ai offert à qui voulait l'entendre. La
même chose est offerte maintenant, mais je ne mettrai personne de mon
personnel pour corriger des choses qui auraient pu être mal
imprimées ou des fautes de frappe ou quoi que ce soit, ce n'est pas de
mon ressort et je n'ai pas l'intention d'accepter de faire quelque correction
que ce soit sur le travail des autres. Mais, pour vous donner certains
détails en ce qui nous concerne, vous êtes les bienvenus en
n'importe quelle occasion; on prendra tout le temps voulu là-dessus.
Mme Juneau: M. le ministre, je veux bien comprendre que vous
n'êtes pas à notre service et tout cela. On a des
recherchistes...
M. Picotte: Je regrette, M. le Président... Je comprends
que madame peut mal s'exprimer quand elle dit "vous n'êtes pas à
notre service", je regrette, ce n'est pas cela que j'ai dit.
Mme Juneau: ...pour faire la vérification.
M. Picotte: ...d'aucune façon. Je suis au service de la
commission...
Mme Juneau: Vous ne m'avez pas laissé finir.
M. Picotte: ...mais je n'ai pas à vérifier les
choses qui ne sont pas de mon ressort, évidemment.
Mme Juneau: M. le Président, est-ce que je peux terminer
mon intervention?
M. Picotte: Oui, mais utilisez les bons termes....
Mme Juneau: Si vous m'aviez laissé parler, vous auriez
compris ce que je voulais dire. Ce que je voulais dire, c'est que je comprends
que ce n'est pas à vous de faire la vérification des feuilles qui
nous sont données. Mettez-vous à notre place. On a un engagement
ici et on n'a même pas le montant qui a été retenu. On a le
montant du coût prévu, mais on n'a même pas... Comment
voulez-vous qu'on fasse un travail potable?
M. Picotte: Est-ce que Mme la députée pourrait
demander à son leader - c'est la grâce que je lui demande...
Mme Juneau: C'est la grâce que je vous souhaite.
M. Picotte: J'ai demandé cela à celle qui l'a
précédée. J'ai demandé cela à mon
collègue, le député de Dubuc, qui était
présent, d'autant plus qu'on nous a fait le reproche tantôt - pas
à nous, mais à la commission - de ne pas avoir convoqué en
dedans d'un an. Je pense que, dans un an, on aurait pu corriger ces choses;
cela fait déjà un an. Vous pourriez faire pression sur votre
leader pour qu'il puisse discuter de ce problème. Moi, je fais
pression sur mon leader en espérant que la Chambre va s'y pencher, mais
je ne peux rien rajouter à cela. S'il faut que je demande à
quelques-uns de mes fonctionnaires de faire ce travail de
bénédictin, de vérifier si, effectivement, il y a eu des
choses d'oubliées, de rajoutées ou des erreurs, des virgules qui
manquent, etc., cela ne relève pas de nous. Je n'ai pas l'intention de
le faire.
Mme Juneau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Johnson, peut-être pour clarifier. On avait demandé à M.
le secrétaire de la commission de vérifier auprès du
Conseil du trésor.
Mme Juneau: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): On vous a communiqué
la réponse tantôt. On va demander, à partir de ce
moment-ci, à M. le secrétaire d'écrire, en donnant les cas
spécifiques qui n'ont pas été réglés ce
matin, à la commission de l'Assemblée nationale afin d'obtenir
une réponse qui soit à la satisfaction de tous les membres de la
commission.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président. C'est
exactement ce dont on m'avait fait part, cela n'avait pas du tout d'affaire
avec les leaders, c'était relativement au Conseil du trésor.
Donc, à ce moment-là...
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons demander
à M. le secrétaire de faire la demande à la commission de
l'Assemblée nationale...
Mme Juneau: C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): ...en spécifiant le
problème que la commission de l'aménagement et des
équipements...
M. Picotte: Voilà, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): ...a relevé lors de
l'étude des engagements.
M. Picotte: ...ce sont les leaders qui vont placer les bonnes
commandes aux bons endroits et au bon monde, par exemple! C'est pour cela que
je fais appel aux leaders.
Mme Juneau: Cela va pour l'engagement 40.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va pour l'engagement
40.
Mme Juneau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 41?
M. Desbiens: L'engagement 41, en mars 1986, on avait un contrat
de 135 840 $ avec l'imprimerie L'Éclaireur de Sainte-Foy pour
l'impression de 950 000 brochures, français-anglais, "Répertoire
pêche, chasse et piégeage". Ici, en juillet 1986, on a celle qu'on
voit là, "Répertoire pêche, chasse et piégeage", 350
000 brochures. C'est le même sujet, le même titre en tout cas,
"Répertoire pêche, chasse et piégeage", sauf qu'on marque
1986-1988. J'aime autant vous reporter tout de suite à avril 1987,
l'engagement 25, on a encore un autre contrat pour 575 000 brochures,
"Répertoire pêche, chasse et piégeage", c'est pour
1986-1987; juillet 1986, c'est 1986-1988 et 1986-1987 en avril et on en avait
un en mars 1986 de 950 000, cela fait 1 875 000 exemplaires, 272 000 $. (11 h
15)
M. Picotte: On me dit que c'est tout à fait normal. C'est
l'impression. Cela prenait un nombre aussi important et imposant de brochures.
Premièrement, il faut d'abord savoir qu'il y a 1 700 000 chasseurs et
pêcheurs au Québec qui veulent avoir leur brochure.
Deuxièmement, il y a tous les kiosques d'information touristique. Il y a
les touristes qui viennent au Québec et à qui on offre la
possibilité de se procurer ce genre de brochures. Ce sont donc des
commandes qui ont été faites par le ministère parce qu'il
y avait des besoins. C'est la raison pour laquelle on retrouve ce nombre de
brochures semblables à celles que nous avons là. Comme c'est fait
sur une période de deux ans, il faut réajuster nos
quantités et demander des quantités additionnelles quand on voit
que la commande précédente est épuisée.
M. Desbiens: Ce sont des commandes additionnelles? Pourquoi le
faire en trois? Vous dites que c'est échelonné sur deux ans mais
c'est le même texte, si je comprends bien...
M. Picotte: C'est dû à la demande et au changement
de la réglementation en cours de route. On change certains
règlements. Il faut aussi s'ajuster à cela. C'est la raison pour
laquelle, à la suite de la demande et des modifications à
certains règlements, on est allé en appel d'offres quelques
fois.
M. Desbiens: Je me reporte toujours - et ce sera fait quand on
passera là - mais c'est l'impression de 1986-1987, au mois d'avril 1987;
celle qu'on voit ici, c'est l'impression pour 1986-1988.
M. Picotte: On va vous donner
l'explication mais, encore là, faut-il faire une nette
différence entre la brochure et le répertoire, parce que ce sont
deux choses différentes.
M. Desbiens: C'est marqué: 950 000 brochures
"Répertoire pêche, chasse et piégeage". Dans chacun des
trois cas, c'est la même chose: 350 000 brochures, avec le titre
Répertoire et 575 000 brochures avec le titre "Répertoire",
etc.
M. Picotte: On me dit qu'à la suite de la demande il y a
eu réimpression. Mais il y a ce qu'on appelle des brochures et il y a
aussi des répertoires. Les répertoires donnent tous les
détails. Les brochures sont un résumé de certaines choses
essentielles. Il y a donc deux brochures différentes; le
répertoire et les brochures.
M. Desbiens: Quelle est la différence?
M. Picotte: M. Bernier va vous donner la différence et on
va vous en envoyer des exemplaires. Ainsi, vous pourrez au moins voir la
différence en épaisseur.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Bernier.
M. Bernier: Oui. En quelques mots, effectivement, le
répertoire dont on parle ici à l'engagement a 64 pages. La
brochure comme telle a environ 24 pages. C'est un fascicule plus
condensé. C'est plus facile d'utilisation que le répertoire de 64
pages, qui est plus détaillé et plus volumineux.
Deuxièmement, comme le ministre l'a mentionné, évidemment,
nos activités sont de plus en plus courues. Il y a de plus en plus de
gens qui demandent de l'information, soit par les postes ou par les antennes
que mentionnait M. le ministre, soit directement au ministère. Il est
assez fréquent pour nous de constater depuis quelques années une
croissance de la demande quant à ce type de publication, que ce soit en
langue française ou en langue anglaise. Ces publications en langue
anglaise sont évidemment demandées par des touristes qui
s'adressent souvent aux bureaux d'information du ministère du
Tourisme.
M. Desbiens: Encore là, c'est toujours la même
question parce que c'est marqué "brochure" dans les trois cas. En mars
1986, c'était par soumission publique et, maintenant, c'est par
soumission sur invitation. Avril 1987 aussi, il sera étudié quand
on passera là. C'est par soumissions publiques également.
M. Picotte: M. le Président, je vous ramène encore
à un autre point qu'on a discuté à quelques reprises. Vous
vous souviendrez et le député de Dubuc va se souvenir...
M. Desbiens: II n'y a pas eu beaucoup de reprises. Cela fait
juste deux ou trois fois qu'on se rencontre, mais en tout cas...
M. Picotte: À quelques reprises, on a toujours dit: C'est
le Service des achats du gouvernement qui procède pour le compte du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Ce n'est pas
nous, c'est le service général des achats. Vous connaissez cela.
On l'a mentionné à trois reprises au moins jusqu'à
maintenant. Quand je dis à quelques reprises, cela ne fait pas
longtemps, mais cela fait au moins trois reprises. C'est cela quelques
reprises, c'est deux et plus. Trois reprises à ce jour. Le Service des
achats du gouvernement du Québec procède pour le compte du
ministère par appel d'offres sur invitation et la commande est
octroyée au plus bas soumissionnaire conforme en l'occurrence. Je ne
peux pas vous donner d'explication en ce qui concerne le service
général des achats. Cela fait partie des demandes que j'ai
déjà répétées maintes fois et qui sont
encore en attente sur la table. Serait-il important d'avoir quelqu'un du
service général des achats pour répondre à ces
questions? En ce qui me concerne, je ne peux pas vous répondre. C'est au
service général des achats, quatrième reprise.
M. Desbiens: M. le Président.
M. Picotte: C'est le service général des achats qui
gère le processus.
M. Desbiens: M. le Président, si le ministre ne peut pas
répondre à ce type d'information, est-ce toujours possible de
faire venir quelqu'un d'autre?
Le Président (M. Saint-Roch): Cela fait partie exactement
de la même mécanique qu'on a discutée tantôt...
M. Desbiens: La mécanique qu'on va regarder à la
commission de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela fera partie...
M. Desbiens: À force de le répéter, on va
finir par l'avoir, c'est parfait.
Le Président (M. Saint-Roch): ...du ou des leaders
concernés. Cela ferait partie de la même adresse par M. le
secrétaire.
M. Picotte: II y a deux possibilités, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a
déjà eu des lettres envoyées d'ailleurs concernant
ce sujet spécifique; nous attendons encore les réponses.
M. Picotte: Est-ce que je pourrais vous soumettre
respectueusement qu'il y a deux possibilités, à mon avis? Ou il y
a une correction d'apportée selon ce que l'on vient de se dire et que
l'on s'est dit à quelques reprises déjà, ou bien encore la
possibilité que M. le député puisse aller aux engagements
financiers ou à la commission parlementaire par mon collègue, le
ministre des Approvisionnements et Services, pour poser de telles questions.
Mais vous voyez là la difficulté qu'a un parlementaire d'arriver
ici et de se faire répondre que ce n'est pas nous et de s'en retourner
à une autre commission poser la question. C'est cela la mécanique
où on peut répondre rapidement à ce genre de question. Si
ce n'est pas cela, il faut que les leaders se parlent pour arranger quelque
chose pour ne pas que quelqu'un se promène d'une commission
parlementaire à une autre pour avoir la réponse. Mais on se l'est
dit et on se le répète et je serai tout heureux que ce soit
corrigé.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres questions
à l'engagement 41?
M. Desbiens: Cela va. Les 350 000, il n'y a pas de distinction
comme dans les autres cas entre le français et l'anglais? C'est tout en
français ou est-ce que la distinction n'a pas été
faite?
M. Picotte: 300 000 et 50 000, alors 300 000 en français
et 50 000 en anglais.
M. Desbiens: C'est vérifié, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
L'élément 42?
M. Desbiens: Est-ce une nouvelle concession ou si c'est
une...?
M. Picotte: Vous faites référence au contrat pour
la fourniture de services de gardiennage et de sécurité, oui?
M. Desbiens: De gardiennage, oui. Cela a toujours
été assuré par un service privé comme cela.
M. Picotte: C'est cela. C'est régulier, depuis plusieurs
années il y a une agence de sécurité qui fait du
gardiennage et de la sécurité au jardin zoologique. Alors, je ne
sais pas si dans ce cas-là c'est un renouvellement de contrat, mais
c'est un nouvel appel et je ne sais pas si c'est la nouvelle firme qui a obtenu
ce contrat. C'est une nouvelle firme, compte tenu que celle-là
présentait une soumission plus basse que la
précédente.
M. Desbiens: Quelle était la firme
précédente qui avait cela?
M. Picotte: C'était Protection blindée du
Québec.
M. Desbiens: II y a un cent qui va leur trotter dans la
tête longtemps.
M. Picotte: Ah oui. C'est un cent qui... Un cent l'heure,
multipliez par le nombre d'heures et par le nombre de jours, cela fait quelques
dollars.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement est
vérifié?
Mme Juneau: Non, c'était juste pour vérification
là-dessus.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Pour ce qui est de ces services, M. le ministre, y
a-t-il une possibilité - je vous pose la question en tout bien tout
honneur - que dans ces services il puisse y avoir une part qui viendrait
d'étudiants de l'université qui pourraient... Parce qu'on sait
que les jeunes se cherchent toujours du travail. À ce moment-là,
n'y aurait-il pas lieu de regarder et voir si les étudiants
d'université ou des cégeps ne pourraient pas avoir des endroits
comme cela pour les favoriser à avoir un emploi l'été?
D'abord, j'aurais dû poser la première question. Je ne suis
pas au courant si le jardin zoologique est ouvert douze mois par
année.
Une voix: Oui.
Mme Juneau: Oui? Ah, à ce moment-là, ne pourrait-il
pas y avoir, d'abord, un contrat qui serait séparé en deux pour
donner la chance aux jeunes de trouver du travail?
M. Picotte: Je pense que la plus belle chose que je pourrais vous
dire à ce moment-ci, c'est que vous savez que, tout dernièrement,
il y a eu un vol au jardin zoologique, ce qui vient démontrer, hors de
tout doute, la pertinence et l'importance d'avoir de la sécurité
et du gardiennage.
Mme Juneau: Un service de gardiennage...
M. Desbiens: ...pas de protection blindée?
M. Picotte: À partir de ce moment-là,
nous engageons des étudiants dans les périodes
d'été ou quoi que ce soit. Le jardin, comme d'autres organismes,
engage des étudiants comme tels. Mais, en ce qui concerne le gardiennage
et la sécurité, je pense que cela ne peut pas se faire de la
façon dont vous l'indiquez, parce qu'il y a des normes. Il faut que ces
agences de sécurité aient un permis du ministère de la
Justice et des normes bien précises, ce qui n'empêcherait pas, par
exemple, des agences de sécurité de pouvoir organiser un horaire
favorisant certains étudiants, mais à condition qu'elles les
engagent elles-mêmes. Mais il faudrait qu'ils subissent les mêmes
normes et qu'ils soient à l'intérieur de l'agence comme telle.
Alors, cela ne peut pas être le ministère ou l'administration du
jardin zoologique qui engage quelqu'un pour faire du gardiennage ou de la
sécurité.
Mme Juneau: Mais cela pourrait être un critère, par
contre.
M. Picotte: II faut que ce soit une firme directement
reliée à cela.
Mme Juneau: Cela pourrait être un critère dans la
soumission.
M. Picotte: Oui, cela pourrait être un critère si,
effectivement, les agences de sécurité...
Mme Juneau: Même si elles ont un permis, cela n'a pas
empêché qu'il y a eu un vol.
M. Picotte: Ah oui, effectivement. C'est sûr. Il y a des
vols dans certains édifices bancaires et il y a des agents de
sécurité qui sont là.
Mme Juneau: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 42 est
vérifié?
Mme Juneau: Oui. L'engagement 43.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 43?
M. Desbiens: Engagement 43. C'est écrit: "Subventions
à diverses associations agréées gestionnaires de
ZEC-saumon représentant le paiement d'une partie des coûts
relatifs à la protection des rivières à saumon
gérées par ces associations." Aux engagements 5 et 7 en mai 1986,
c'était écrit que les frais et tous les coûts
étaient couverts par le MLCP.
M. Picotte: Je pourrais demander plus d'explications à mon
collègue, le député de
Dubuc, sur ce que disait exactement l'engagement de mai 1986. Nous ne
les avons pas. Nous avions considéré cela comme accepté.
Maintenant, s'il nous faisait la lecture de ce que c'était à ce
moment, peut-être qu'on pourrait avoir la relation entre l'engagement que
nous avons là et cet engagement, plus précisément ce dont
fait mention le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je pense que vos fonctionnaires les ont, non? (11 h
30)
M. Picotte: On me répond que pour mai 1986, en ce qui
concerne les ZEC-saumon, on ne retrouve pas d'engagement ici, à moins
que ce soit les ZEC comme telles, parce qu'il faut faire la distinction entre
les ZEC, en général, et les ZEC-saumon qui sont une autre sorte
de gestion.
M. Desbiens: Ce ne sont pas les mêmes, en effet.
C'était le Conseil de bande de Restigouche à rivière
Causapscal. Il reste tout de même, M. le ministre, que dans le cas de 5
et 7, dans les deux cas, l'engagement de 852 000 $ était de 3 ans. Ici,
ce sont des subventions pour 1986-1987 seulement.
M. Picotte: Pour faire la distinction entre deux choses, vous
parlez d'immoblisation aux ZEC et nous parlons de protection aux ZEC. Ce sont
deux choses différentes, donc deux montants différents.
L'ensemble des ZEC non-saumon, le budget est aux alentours de 800 000 $. Les
ZEC-saumon, dans le cas qui nous occupe, c'est un montant de 310 000 $.
M. Desbiens: Pour l'année 1986-1987?
M. Picotte: Exactement.
M. Desbiens: Mais est-ce qu'il y a une entente comme dans les
deux cas que je mentionne, qu'on avait étudiés de mai 1986... Il
y a une entente sur 3 ans quand même avec ces organismes-là ou si
c'est une entente année par année?
M. Picotte: C'est un budget qui est donné année par
année. Vous retrouvez cela cette année, sauf dans le cas de
Restigouche. Dans le cas de Restigouche, il y avait une entente de trois ans.
Mais, dans les autres cas, ce sont des subventions. Nous faisons des ententes
avec les ZEC, les ZEC-saumon, entre autres. Cette année, la
participation est de 310 000 $. L'an prochain, vous allez retrouver
probablement le même montant ou sensiblement le même montant...
M. Desbiens: Vous renégociez chaque année avec les
ZEC?
M. Picotte: Selon les projets, parce que, du côté
des ZEC-saumon, il y a aussi de l'immobilisation qui se fait, alors, selon les
projets, on s'entend, on négocie, on discute avec eux.
M. Desbiens: L'entente sur la Restigouche, c'est trois ans.
Causapscal, également, sur trois ans. Qu'est-ce qui justifie cette
entente-là? C'est l'entente de la Restigouche qui s'est terminée
cette année.
M. Picotte: Je pense que ce qu'il faut se dire - je pense que le
député Dubuc le sait très bien - en ce qui concerne
Restigouche et Causapscal, ce ne sont pas des ZEC, c'est pour cela qu'il y a
une entente qu'on négocie avec les gens du milieu, qui peut être
de trois ans dans certains cas. Dépendamment des discussions que nous
avons... La dernière fois que j'avais discuté de cette
entente-là, entre autres, avec les gens de Restigouche, il
s'était dit de part et d'autre qu'il valait mieux négocier une
entente sur une période un peu plus longue que de la renouveler à
tous les ans.
C'est avec ce groupe-là, la même chose avec l'autre groupe
de Causapscal où c'est un groupe, une société de gestion.
En ce qui concerne les ZEC, c'est un programme au ministère, auquel nous
apportons une assistance annuelle dans nos programmes. À tous les ans,
on indique aux ZEC de quelle façon le ministère entend
procéder. Tous les ans, le ministre rencontre les gens des ZEC, en tout
cas, du moins, le conseil d'administration, va à leur congrès et
discute avec eux de leurs demandes et de leurs besoins. Par la suite, le
ministère décide de...
Une voix: ...congrès.
M. Picotte: Non, écoutez, un congrès...
Une voix: C'est le moment privilégié.
M. Picotte: C'est le moment privilégié où
tout le monde nous fait des demandes sur une foule de choses alors, on va
discuter de cela avec eux et ce ne sera pas la première fois, cela va
être la troisième fois que je vais à leur congrès
cette année et on discute d'une foule de choses et, par la suite, on
accepte certaines choses, on en refuse d'autres ou on négocie certaines
choses. Mais cela se fait à longueur d'année ces choses.
M. Desbiens: C'est ce qui explique les variations aussi, donc,
d'une année à l'autre parce qu'on constate que les montants
varient d'une année à l'autre. Mais il y a un cas tout
particulier en plus c'est celui de Baie-Trinité, cela passe de 80 000 $
à 40 000 $; qu'est-ce qui explique cette coupure de moitié?
M. Picotte: Avant, c'était de l'immobilisation et de la
protection que nous faisions à Baie-Trinité; maintenant les
investissements sont terminés et c'est uniquement de la gestion et c'est
la raison pour laquelle on retrouve un montant moindre.
M. Desbiens: Maintenant, une autre question, à
Grande-Rivière et Moisie, vous avez deux associations
différentes, mais vous avez une longueur protégée
identique; dans un cas il y a 30 000 $ de subventions, dans l'autre, 15 000
$.
M. Picotte: Les 30 000 $ dont vous faites mention, est-ce que
c'est pour l'année 1987-1988?
M. Desbiens: C'est 27 500 $, en 1986-1987, et 15 000 $.
M. Picotte: Le détail que j'ai en ce qui concerne les
organismes, l'Association de protection de la rivière Moisie, une
longueur protégée de 19 kilomètres; en 1985-1986, il y a
eu un montant versé de 15 000 $ et, en 1986-1987, un montant de 15 000
$.
M. Desbiens: Et à Grande-Rivière vous avez 19
kilomètres également, mais une subvention de 27 500 $.
M. Picotte: Alors, M. Magny va vous donner l'explication.
M. Desbiens: Oui, il l'a dit.
M. Magny (André): Dans ce cas-là c'est une question
d'accessibilité et d'intensité de protection. Par exemple,
à Grande-Rivière -je vous dis cela de mémoire - le
programme de protection propose probablement plus d'auxiliaires de la
conservation de la faune par 5 kilomètres de longueur de rivière
à cause de la plus grande accessibilité, la plus grande
proximité de la population, donc, une surveillance accrue. Et alors que
la Moisie c'est un peu moins accessible, c'est accessible plus par canot, moins
par voie routière ou voie conventionnelle. Dans cet esprit-là, ce
n'est pas nécessairement une norme tout à fait rigide, cela
dépend des conditions.
M. Desbiens: Merci. Vérifié, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 43,
vérifié. Engagement 44? Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Je voulais juste là-dessus, M. le
Président, dans le même style que tout
à l'heure, y a-t-il moyen que lorsqu'on marque les
rivières on puisse nous dire dans quel coin c'est situé; on n'a
pas toutes les cartes en tête. Je veux dire, si c'était
marqué tel comté ou telle région, ce serait important de
nous situer à ce moment-là. Je fais exprès pour vous le
demander, je sais que ce n'est pas vous qui allez régler cela, mais que
ce soit pris en considération.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h40)
(Reprise à 11 h 44)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre. Nous en
étions à l'engagement 44.
Mme Juneau: C'est à mon tour, M. le Président. Tel
que je l'ai déjà dit en Chambre, c'est à mon tour. Je
voudrais demander au ministre s'il y avait une erreur. Vous avez Centre
d'études du tourisme. Comment se fait-il que ce soit au ministère
du Loisir? Y a-t-il une erreur dans cet engagement, avant que l'on commence nos
questions?
M. Picotte: C'est un organisme à but non lucratif au point
de départ et ce n'est pas la première fois que le
ministère du Loisir intervient dans le domaine du tourisme. Entre
autres, tout le tourisme social relève de la juridiction du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et c'est un
organisme subventionné comme organisme au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche.
Mme Juneau: C'est toujours vous?
M. Picotte: Cela fait au moins six ans que c'est comme cela.
Mme Juneau: Qu'entendez-vous par le tourisme social?
M. Picotte: Tout ce qui s'appelle les bases de plein air, les
camps de vacances, les auberges de jeunesse, entre autres. C'est ce qu'on
appelle du tourisme social. C'est beaucoup plus à vocation sociale
qu'à vocation touristique comme telle, mais cela rentre dans le domaine
du tourisme. C'est notre ministère qui depuis cinq à six
ans...
Mme Juneau: Est-ce un programme normé?
M. Picotte: C'est un programme normé. Mme Juneau:
Oui. Quel cadre?
M. Picotte: Tout ce que j'ai mentionné dans le tourisme
social, auberges de jeunesse, tout cela, c'est dans un programme
normé.
Mme Juneau: Oui, mais la subvention, le Centre d'études du
tourisme, est-ce une subvention récurrente? D'une part, d'après
ce que vous m'avez dit, oui, cela fait cinq ou six ans que cela se fait.
M. Picotte: C'est cela. Quand je suis arrivé, d'abord
c'est un organisme qui existait au ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche et j'ai fait valoir aux gens du milieu que j'allais mettre
fin progressivement au point de vue budgétaire à nos subventions,
du moins les diminuer graduellement. Si bien que ce qui apparaît pour
l'an passé sera différent cette année. Entre autres, il y
a un budget décroissant. C'est rendu à 50 000 $? C'est cela. Il y
a un "phasing out" que l'on appelle en langage pratique qui veut dire que cette
année c'est 50 000 $ et l'an prochain ce sera 25 000 $, dans le but de
ne pas dire à un organisme une année, ou rapidement: On ne vous
subventionne plus. On le fait de façon graduelle. Mais il y a un retrait
graduel et un désengagement graduel de la part du gouvernement.
Mme Juneau: Je comprends qu'il y a cinq-six ans les loisirs,
chasse et pêche cela allait ensemble. Mais le ministre du Tourisme, cela
n'a pas été Marcel Léger?
M. Picotte: Non. Vous faites erreur. Avant le tourisme
était au ministère de l'Industrie et du Commerce avec M.
Biron.
Mme Juneau: C'est vrai.
M. Picotte: Après, cela a été M.
Léger, après, celui qui vous parle et maintenant c'est M.
Gratton.
Mme Juneau: Vous dites que cela fait cinq-six ans. Vous, cela
fait un an environ, puis vous dites que c'est un programme normé.
M. Picotte: Non.
Mme Juneau: Vous m'avez dit cela tout à l'heure.
M. Picotte: Les auberges de jeunesse, les camps de vacances sont
dans un programme normé.
Mme Juneau: D'accord.
M. Picotte: Je vous ai répété d'ailleurs que
celui-là n'était pas dans un programme normé. C'est un
organisme que nous subventionnons auquel j'ai indiqué un retrait
graduel de l'État.
Mme Juneau: D'accord. Puis cela sert à quoi?
M. Picotte: Je vais vous lire cela, madame. Le Centre
d'études du tourisme (CET), incorporé en 1975 comme organisme
sans but lucratif, est un centre de documentation, d'information et d'animation
scientifique et technique sur le loisir et le tourisme. Il a pour buts
d'acquérir, d'organiser et de diffuser toute documentation susceptible
d'aider à la recherche, à la réflexion, à
l'enseignement et à l'action.
Le Centre d'études du tourisme entretient un réseau
permanent d'informations répondant à certains besoins des
associations et des organismes oeuvrant dans le domaine du loisir et du
tourisme.
Ce centre d'études est situé à Montréal dans
les locaux de l'UQAM et comptait - là, j'ai de la difficulté
à lire - il me semble que ce sont cinq employés permanents en
1985-1986: un directeur générai, une bibliothécaire, deux
documentalistes et une secrétaire-réceptionniste.
Le fonctionnement de cet organisme est étroitement lié au
soutien financier du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. De fait, son autofinancement est de 15 % depuis qu'il est
localisé à l'UQAM, qui lui paie des contributions pour les
services rendus aux étudiants. L'organisme ne peut, cependant, pas
être subventionné par le MLCP dans le cadre du programme de
reconnaissance et de financement des organismes nationaux de loisir, parce que
ce n'est pas un organisme national de loisir, car il ne répond pas
à tous les critères, notamment ceux du membership, de la
répartition et de la représentativité
régionale.
Cet organisme, dont l'utilité est réelle, d'expertise en
tourisme profitable a été subventionné par le MLCP depuis
plusieurs années, notamment pour des montants annuels de 150 000 $ au
cours des années 1984-1985 et 1985-1986 dans le cadre du protocole
d'entente, parce qu'il y avait un protocole d'entente.
Ce protocole prévoyait l'atteinte des objectifs suivants: mise en
ordre et développement des collections, amélioration du service
de référence, traitement des nouveaux documents et organisation
de collectes - ce n'est pas écrit du tout, je lis ce qui n'est pas
écrit.
Une voix: ...
M. Picotte: C'est très très pâle. Dans ce
contexte... Cela va, oui, c'est cela.
Mme Juneau: M. le ministre, quand vous avez parlé de
protocole tout à l'heure, c'était sur les anciens montants et si
c'est le montant décroissant que vous venez de m'expiiquer?
M. Picotte: C'était sur les anciens, 150 000 $
à...
Mme Juneau: 150 000 $.
M. Picotte: C'est cela.
Mme Juneau: Là, les ententes qui ont... Cela a
été une entente qui a été prise?
M. Picotte: Là, je discute avec eux, c'est annuel, je ne
fais pas d'entente sur une longue période en leur disant: II y a un
désengagement de l'État, sauf que je leur ai dit - cela peut
être un certain protocole, je ne pense pas qu'on ait signé quoi
que ce soit que cette année, évidemment, c'était 50 000 $.
Là, nous étudions 75 000 $, parce que c'est 1986. Celui que nous
étudierons la prochaine fois, c'est 50 000 $. Il y aurait probablement
25 000 $ pour la troisième année avec... Normalement, ce devrait
être 25 000 $, l'autre année budgétaire, pour en arriver
à ce qu'ils réussissent à s'autofinancer au complet.
Mme Juneau: Est-ce que le ministère du Tourisme va prendre
la relève pour la survie de l'organisme en question, vous pensez? Je
veux bien aller lui demander mais vous êtes peut-être au courant.
Vous faites partie du Conseil des ministres, après tout.
M. Picotte: Si jamais cet organisme réussit à
démontrer qu'il a un produit particulier à offrir, il est
possible que le ministère du Tourisme puisse prendre cet organisme
à sa charge. En ce qui me concerne, quand j'étais au
ministère du Tourisme, j'ai commencé à envisager la
possibilité d'un retrait ou d'un désengagement de l'État.
On a déjà des expertises. Du moins au ministère du
Tourisme, il y a beaucoup de choses qu'il possède déjà et
c'était un petit peu parallèle... Nous avions des services qui
avaient sensiblement les mêmes renseignements et la même
documentation au Tourisme que celui-là. Je m'étais
questionné, comme ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
étant titulaire du Tourisme aussi en disant: Si on a les mêmes
choses, pourquoi payer en double ou avoir un dédoublement quelconque?
C'est cette raison qui m'a amené à organiser un retrait graduel
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Maintenant, s'ils font la démonstration qu'ils ont des choses
à apporter au niveau touristique, je suis sûr que mon
collègue va y apporter une attention spéciale, mais cette
preuve-là n'avait pas été faite aux yeux de
celui qui vous parle.
Mme Juneau: En ce moment, ce n'est pas définitif, ce n'est
pas déterminé. D'accord. Bon, cela va pour l'engagement 44.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 44,
vérifié. Engagement 45?
Mme Juneau: Engagement 45.
C'est une "subvention au Conseil de développement du loisir
scientifique représentant la participation du ministère à
la réalisation de l'Expo-sciences internationale du 10 au 17 juillet
1987 à l'Université Laval".
Est-ce que vous avez des données par rapport aux
retombées, M. le ministre, concernant cette participation quand
même assez importante, 60 000 $? La représentation du
ministère, est-ce que c'était un kiosque, quelle sorte de
représentation avez-vous faite à l'époque?
M. Picotte: Peut-être que ce serait important que je vous
donne certains détails, cela va répondre peut-être à
quelques-unes de vos questions, quitte à y ajouter autre chose si besoin
il y a.
Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a
octroyé 30 000 $ en 1986-1987 au Conseil de développement du
loisir scientifique et accorde 30 000 $ au même organisme en 1987-1988
pour la réalisation de l'Expo-sciences internationales 1987. Autrement
dit, c'est 60 000 $, payés sur deux exercices. En 1986, le Conseil de
développement du loisir scientifique était chargé par
l'organisme international non gouvernemental d'organiser au Québec
l'Expo-sciences internationales 1987. La performance du Québec dans le
domaine des expos-sciences a atteint une réputation internationale aux
Assises internationales de Toulouse à l'automne 1985 grâce a la
collaboration du Conseil de développement des loisirs scientifiques et
au succès remporté par des jeunes québécois lors de
cette manifestation. De plus, les expos-sciences sont déjà bien
implantées au Québec. Depuis 1968 ont lieu les expos-sciences
régionales. L'expo-sciences se tiendra à l'Université
Laval du 10 au 17 juillet 1987 - donc elle s'est tenue. Cet
événement a réuni près de 500 participants dont 300
jeunes de 12 à 20 ans. Une trentaine de pays ont déjà
confirmé leur participation - je ne sais pas si effectivement il y en a
eu autant que cela, il y a eu au moins une trentaine de pays qui participaient
- les cinq continents seront représentés. Cette manifestation
s'inscrit dans l'ensemble des événements organisés par le
Sommet de la francophonie entre autres. Le gouvernement du Québec
finance 33 % du projet, le gouvernement fédéral, 18% et 57% du
budget provient du secteur privé. Le budget total est estimé
à 454 000 $.
Mme Juneau: Vous n'avez pas répondu à ma question
mais, en tout cas, en partie, mais qu'est-ce que vous avez fait comme
représentation, était-ce un kiosque ou quoi? Les 60 000 $
s'attribuaient à quoi?
M. Picotte: Nous autres c'est une subvention à
l'organisation, on n'est pas là comme participant. On finance, on
subventionne une partie de l'organisation Expo-sciences.
Mme Juneau: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 45 est
vérifié. L'engagement 46?
Mme Juneau: "Subvention à la corporation municipale de
Mont-Saint-Pierre pour la réalisation de divers travaux
d'améliorations essentielles des infrastructures du camping de
Mont-Saint-Pierre". M. le Président, l'infrastructure, cela veut dire
des routes, qu'est-ce que c'est?
M. Picotte: Je vais vous donner l'explication. Vous savez que
j'ai annoncé il y a quelques mois que le gouvernement avait
décidé dans le cas entre autres des terrains de camping de faire
la cession de ces terrains, soit à des organismes à but non
lucratif soit à des municipalités ou soit encore purement et
simplement, dans certains cas, les vendre à l'entreprise privée.
Mais notre objectif, évidemment, est de les rétrocéder
à ce qu'on appelle des organismes publics telles les
municipalités. Or, dans le cas où certains...11 y en a 4 ou 5
à Québec, à ce jour, qu'on a faites, dans le cas où
certaines municipalités sont intéressées à acheter
un terrain de camping, par exemple, pour la valeur nominale. Dans certains cas
les municipalités nous disent: II n'y a pas de problèmes, nous
achetons et cela fait notre affaire, on est allé visiter, il y a des
choses qui sont intéressantes, etc.
Dans d'autres cas, il y a un besoin de certaines modernisations, il y a
un besoin de certains aménagements. Alors, la municipalité nous
dit: Moi, je suis prête à le reprendre pour 1 $ à la
condition que vous refassiez, par exemple, le système, en tout cas, que
vous me donniez de l'argent pour refaire les services sanitaires ou refaire un
bâtiment dans certains cas. Si la demande de la municipalité nous
apparaît raisonnable et que finalement on peut rétrocéder
par la suite pour la somme nominale de 1 $, on le fait. Dans le cas du
financement qui nous occupe ici, c'était d'autoriser le ministère
à verser à ladite corporation en 1986-1987 une subvention
maximale de 35 000 $ pour pourvoir aux améliorations essentielles
des
infrastructures de ce camping.
En somme, la corporation municipale de Mont-Saint-Pierre se dit
prête à gérer ce terrain de camping par voie de cession et
à l'acquérir pour un prix nominal au cours du présent
exercice financier et ce, conditionnellement à la rénovation des
infrastructures qui datent de 1968-1969. Maintenant, est-ce qu'on a des
détails de ce qu'a fait la municipalité?
Une voix: Oui. Ils sont ici.
M. Picotte: D'accord. Alors, la municipalité...
L'état actuel de ces infrastructures nécessite la
réalisation des travaux jugés essentiels pour un fonctionnement
normal à savoir: sablage et peinturage de la piscine - donc, la piscine
étant défraîchie, on a dit: Oui, on est prêt à
le prendre mais à condition que la piscine soit rafraîchie.
Réfection de la toiture de six bâtisses. Parfois, dans
certains de ces équipements-là, la toiture coule ou des choses
semblables, la municipalité nous a dit: II faut refaire la toiture de
six bâtisses, alors on a acquiescé à cela. La
rénovation du bâtiment d'accueil, vérification et
amélioration du réseau d'aqueduc et, enfin, le recouvrement des
planchers des bâtiments de service. Alors, tout cela, après une
évaluation avec la municipalité, ils nous ont dit: On se
contenterait de 35 000 $. Si vous nous donnez 35 000 $ pour rénover
cela, on va reprendre le terrain de camping. Je ne peux pas vous dire si cela a
été fait au moment où se parle. (12 heures)
Une voix: C'est aux Transports actuellement.
M. Picotte: C'est rendu au ministère des Transports pour
que la transaction se fasse et qu'on vende à la municipalité ce
terrain pour une somme nominale, généralement, quand il s'agit
d'une corporation municipale ou d'une municipalité.
Mme Juneau: Combien la municipalité a-t-elle mis dans
cette transaction pour accepter... C'est plus qu'un cadeau, elle
l'achète pour 1 $ et, en plus, vous mettez 35 000 $ de
réparations. C'est un beau cadeau, je pense?
M. Picotte: Non, ce n'est pas beau cadeau, M. le
Président, mais ce n'est pas un mauvais cadeau non plus, dans le sens
que la municipalité va devoir exploiter le terrain de camping et en
aucune façon le ministère ne va mettre des montants pour
l'exploitation. Donc, la municipalité va devoir exploiter le terrain de
camping, va devoir embaucher des gens, va devoir continuer à entretenir
ce terrain. Cela fait l'affaire des municipalités
généralement et, nous, nous sommes satisfaits de voir que la
municipalité est intéressée. Nous facilitons plutôt
ces ententes plutôt que de rétrocéder ou de vendre à
l'entreprise privée.
Mme Juneau: Ce n'est pas qu'on n'est pas d'accord, je veux juste
savoir combien cela vous coûtait avant, ce parc, plus
précisément ce camping mont Saint-Pierre. Combien cela
coûtait au gouvernement?
M. Picotte: Cela coûtait 30 000 $ par année pour le
faire fonctionner.
Mme Juneau: Là, cela vous coûte 35 000 $ et vous
n'aurez plus...
M. Picotte: De temps en temps, on mettait des montants sur les
dépenses. Mettons que cela coûtait 30 000 $ au moins chaque
année.
Mme Juneau: Là, les 35 000 $ que vous donnez à la
municipalité, c'est point final?
M. Picotte: Oui. La municipalité va l'exploiter par la
suite.
Mme Juneau: La municipalité va l'exploiter en
totalité. Il n'y aura plus de participation gouvernementale.
M. Picotte: II faut s'entendre. Cela n'empêchera pas la
municipalité de faire appel à des programmes qu'il y a au
ministère comme PADEL ou quoi que ce soit. Je ne peux pas dire à
une municipalité: Maintenant que vous avez un équipement et, si
vous voulez le moderniser, ajouter des choses, vous n'avez plus affaire
à PADEL. Cela serait vraiment injuste. On peut faire appel à
PADEL en tout temps, mais cela sera dans des programmes normes auxquels tout le
monde a accès, y compris la municipalité.
Mme Juneau: Tout à l'heure, je vous demandais si vous
étiez au courant combien la municipalité avait dû mettre
pour accepter le parc. Est-ce que les dépenses municipales sont
connues?
M. Picotte: Le seul montant que nous connaissons, c'est la valeur
nominale à laquelle nous vendons. Je ne sais pas s'ils ont mis
d'autres montants au-delà des 35 000 $, j'en douterais fort.
Mme Juneau: L'OPDQ a-t-il mis de l'argent là-dedans?
M. Picotte: Pas à ma connaissance, en tous les cas.
M. Desbiens: Où est le mont Saint-Pierre?
Mme Juneau: C'est en Gaspésie?
M. Picotte: On me dit que, pour la première
d'exploitation, la municipalité aurait ajouté des
équipements, elle, à ses frais: des balançoires pour les
enfants, etc. Elle trouvait intéressant d'avoir sur son territoire un
terrain à exploiter. Elle était heureuse de le
posséder.
Mme Juneau: À votre connaissance, au moment où on
se parle, seriez-vous en mesure de me dire combien de campings ont
été cédés aux corporations municipales?
M. Picotte: Quatre ou cinq au moment où on se parle et la
plupart, pour ne pas dire la totalité, provenaient de SEPAQ, avaient
été confiés à SEPAQ. J'ai demandé à
SEPAQ lorsque faire se peut, de retourner à des organismes, telles les
municipalités, certains équipements comme des terrains de
camping, chose qui a été faite dans quatre ou cinq cas.
Mme Juneau: C'est toujours aux corporations municipales?
M. Picotte: Pas toujours, c'est d'abord aux coporations
municipales.
M. Desbiens: Les cinq qui ont été
cédés, est-ce que c'est à des corporations
municipales?
M. Picotte: Je ne pourrais pas vous répondre au moment
où on se parle, mais il y a sûrement des corporations municipales
ou des organismes à but non lucratif parrainés par des
municipalités, par exemple, un service de loisirs qui serait
municipalise ou des choses semblables. À ma connaissance, les quatre ou
cinq où il y a eu transaction l'ont été par des organismes
publics ou des municipalités. Je ne me souviens pas qu'on soit
allé en appel d'offres pour revendre au privé, du moins au moment
où on se parle.
Mme Juneau: Cela va pour l'engagement...
M. Desbiens: M. le Président, sur le même...
Mme Juneau: L'engagement 46? Excusez-moi.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Sur le même engagement. Dans le cas de mont
Saint-Pierre, vous avez justement mentionné tantôt que cela vous
coûtait environ 30 000 $ d'opération par année, mais cela
rapportait combien?
M. Picotte: En frais directs?
M. Desbiens: En frais directs d'opération,
c'est-à-dire les salaires aux employés et...
M. Picotte: Les revenus étaient généralement
aux environs de 18 000 $ à 20 000 $ par année.
M. Desbiens: Pourriez-vous - c'est impossible de répondre comme
cela - en prendre note et nous envoyer une réponse sur celui-là
et sur les quatre ou cinq autres qui ont été
cédés?
M. Picotte: Je vais demander à quelqu'un de mon bureau
d'en prendre note. M. Magny va en prendre note et va en discuter avec
SEPAQ.
M. Desbiens: Avec les coûts de l'année
précédente; pas besoin de fouiller loin, juste pour
l'année précédente, ce que cela rapportait au
ministère dans chaque cas, à qui cela a été
cédé et pour combien.
M. Picotte: II faut dire au point de départ, sans aller
dans les détails, que la majorité de ces équipements sont
ou étaient déficitaires. Cependant, les municipalités ont
des possibilités que le ministère n'a pas du côté de
l'animation, du côté d'amener des groupes. Comme je vous le disais
tantôt, Mont-Saint-Pierre, entre autres, a décidé, en plus
d'avoir un terrain de camping, d'avoir un peu d'équipement pour les
enfants ou quoi que ce soit. Donc, faire de l'animation avec des groupes du
milieu et, généralement, c'est à partir de là qu'on
réussit dans les municipalités à couvrir au moins les
dépenses. Il y a là un attrait touristique indéniable.
S'il n'y avait pas, par exemple, ce genre d'équipement sur leur
territoire, il y aurait sans doute moins de retombées économiques
dues à l'apport touristique qu'amène un terrain de camping, entre
autres. C'est pour cela que les municipalités sont prêtes, dans la
plupart des cas, à dire: Oui, on est capables d'en faire la gestion et
on est capables d'apporter une animation que le ministère ne peut faire
d'aucune façon.
M. Desbiens: Ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): Ça va pour 46?
Engagement 47.
M. Desbiens: 47: subvention à l'Association des
pêcheurs commerciaux de saumon. Je comprends que le ministre est
délégué aux Pêcheries, mais la pêche
commerciale ne relève pas des Pêcheries.
M. Picotte: Évidemment, au moment où vous faites
état de cela...
M. Desbiens: Oui, oui. Ce n'était pas le même
ministre.
M. Picotte: ...j'étais ministre du Tourisme, je
n'étais pas ministre délégué aux Pêcheries.
Ce n'est pas parce que je suis devenu ministre délégué aux
Pêcheries maintenant qu'on donne des subventions aux pêcheurs
commerciaux. Je pense que c'est votre collègue, le député
de Joliette, qui, à quelques reprises à l'Assemblée
nationale, lors d'un discours sur un budget additionnel ou de l'étude
des crédits, a dit que la majorité même des parlementaires
n'ont pas idée du nombre d'interventions que le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche fait dans tous les domaines, pour
tous les organismes, pour ce qui est de toutes les couches de la
société. Il est même surprenant de constater parfois qu'on
apprend à des gens que non seulement il y a des
fédérations sportives, mais qu'il y a aussi des
fédérations de loisirs. Il y a une centaine de
fédérations qui sont subventionnées par les
ministères, toutes les associations de chasseurs et pêcheurs,
etc., les ZEC. En fait, tout cela. On intervient là comme ailleurs, dans
le domaine des associations, parce qu'il faut voir qu'on ne subventionne pas
des pêches ou quoi que ce soit, c'est l'Association des pêcheurs
commerciaux de saumon. Ce sont des organismes, des associations qu'on
subventionne chez nous.
Reconnaissant que l'arrêt de la pêche commerciale au saumon
dans certaines parties du Québec entraîne un impact négatif
auprès des pêcheurs touchés par cette mesure, le
ministère, de concert avec l'Association des pêcheurs commerciaux
de saumon, a lancé un programme de recherche et de développement
à l'intention de ce groupe de pêcheurs. Il s'agit
d'intégrer les pêcheurs dans un certain nombre d'activités
dont la finalité est d'améliorer l'état de la ressource
saumon et pour lesquelles les pêcheurs sont
rémunérés. Les pêcheurs commerciaux ont
participé à la capture de saumons vivants, à la
stabulation et à la garde des géniteurs jusqu'à la fraye
et la production d'oeufs. Dans une seconde phase du projet, les saumons
reproducteurs sont reconditionnés en milieu artificiel. Toutes ces
activités génèrent de l'emploi et s'intègrent dans
un plan d'ensemble qui vise à l'amélioration de la ressource
saumon.
En 1984-1985, entre autres, et en 1985-1986, les subventions
accordées ont été respectivement de 285 000 $ et de 270
000 $. Donc, c'est encore un programme qui existe depuis quelques
années, qui a commencé sous mes prédécesseurs et
qui se poursuit.
M. Desbiens: Celui-là ne va pas en diminuant, il va en
augmentant.
M. Picotte: La subvention de 1986-1987 a atteint 385 000 $
grâce à la collaboration de l'OPDQ, avec 75 000 $, et du MAPAQ,
avec 40 000 $, et elle a permis l'essor et la réalisation des nouveaux
projets suivants -alors, s'il s'est donné plus d'argent, j'imagine qu'il
y a d'autres choses qui se sont ajoutées: un centre de production
d'oeufs de saumon à partir de saumons reconditionnés à
Cap-Chat; la production de saumons à la pisciculture des Escoumins; la
mise en place d'un centre de capture et d'étiquetage de saumons aux
Grandes-Bergeronnes; l'aménagement de ruisseaux-pépinières
en Gaspésie.
Le ministère prévoit cependant revenir à une
subvention de l'ordre de 270 000 $ en 1987-1988, le dernier effort ayant permis
une certaine consolidation des activités. Le ministère cherche
aussi à établir la participation du gouvernement
fédéral au programme de mise en valeur du saumon de l'Atlantique,
ce qui pourrait permettre de réduire sensiblement ses
dépenses.
M. Desbiens: Mais le fédéral ne participe pas
encore au fameux plan qui vous avait été soumis et avec lequel
vous étiez d'accord concernant le développement de la ressource
saumon, le grand plan de l'Est pour faire pendant au plan de l'Ouest que le
gouvernement fédéral a subventionné à coups de
millions.
M. Picotte: Vous vous le rappelez, j'avais dit que je continuais
les discussions à ce niveau-là avec le gouvernement
fédéral. Nous avons ajouté à cela, depuis un
certain temps, dans le sens que maintenant, si ma mémoire est
fidèle, le gouvernement de Terre-Neuve nous appuie dans nos
revendications, ce qui est nouveau. Avant, Terre-Neuve ne nous appuyait pas
parce qu'on sait... Je n'ai pas a vous refaire tout ce qui se produit dans le
domaine du saumon, quand on ensemence... Ce que je disais, moi, c'est que,
quand je mets pour 1 000 000 $ de tacons, de saumoneaux dans nos
rivières, généralement, entre 50 % et 60 % sont
capturés à l'extérieur du Québec. Donc, il y a une
perte pour le Québec d'au moins 50 %, qu'on évalue à au
moins 50 % de l'argent qu'on met là-dedans.
Alors, j'ai demandé au fédéral de participer, soit
à l'ensemencement de la ressource, soit à des programmes qui
pourraient aider le Québec à développer encore davantage,
à mettre des saumoneaux ou des tacons en plus grande quantité
s'il y avait cette participation du fédéral. Il y a eu beaucoup
de réticence de part et d'autre, y compris de Terre-Neuve, puisque les
prises, généralement, des prises de 50 % ou 60 %, peut-être
pas aussi élevées en termes de
pourcentage, mais un bon 30 % ou 35 % était capturé par
les gens de Terre-Neuve. Comme on le sait, ici, c'est de la pêche. Quand
on parle de pêche sportive au saumon, c'est de la pêche sportive
chez nous, tandis qu'à Terre-Neuve c'est de . la pêche
commerciale, c'est son gagne-pain. Alors, c'est pour cela que Terre-Neuve
n'était pas toujours d'accord avec le Québec.
Ce que nous avons fait, c'est que nous nous sommes assis avec le
gouvernement de Terre-Neuve et nous lui avons expliqué notrs point de
vue, si bien qu'eux étaient d'accord pour faire des
représentations auprès de M. Siddon, notre collègue
fédéral, pour qu'il puisse investir dans ce domaine et on me dit
que M. Siddon devrait, en début d'année qui vient, en 1988, faire
une annonce qui devrait réjouir à peu près tout le monde,
je le souhaite.
M. Desbiens: On va attendre cela.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 47 est
vérifié?
M. Desbiens: 385 000 $, c'est une grosse somme quand on regarde
l'engagement qu'on a étudié précédemment. On a
donné à huit ZEC 310 000 $ seulement pour la restauration du
saumon. Pas la restauration, mais la...
M. Picotte: La différence, M. le député de
Dubuc, c'est que là, dans les ZEC, on parlait de protection, de
protéger la ressource. Là, on parle de... Ce n'est pas de la
protection, c'est de la restauration, ce qui est bien différent. (12 h
15)
M. Desbiens: Mais, au ministère, vous avez des
équipements qui effectuent ce genre de travail-là? Ce n'est pas
suffisant? Qu'est-ce qui se passe?
M. Picotte: II s'agit de programmes qui s'adressent à des
géniteurs de taille adulte, ce qui est différent de ce que nous
possédons, nous autres, dans nos piscicultures. Nos piscicultures ne
s'adressent pas du tout à la même sorte de géniteurs.
Alors, c'est un complément et cela nécessite évidemment
des montants additionnels pour qu'on puisse le faire.
M. Desbiens: Est-ce que le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche ne pourrait pas parler au ministre délégué
aux Pêcheries et faire accepter ça à même ses
budgets, ce genre de compte-là?
M. Picotte: Je pense que c'est ça. Il faut dire que le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a une
responsabilité envers la faune qui va bien au-delà de la
responsabilité de vendre le poisson ou le saumon, ou des choses comme
ça, en ce qui concerne les pêcheurs commerciaux. Donc, notre
responsabilité en ce qui concerne la faune comme telle nous oblige
à défrayer certains coûts dans certains cas.
M. Desbiens: Oui, mais entre un certain coût... Cela, c'est
un coût certain pour le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Picotte: Moi, je pense...
M. Desbiens: Par rapport à ce que je vous ai dit, 40 000 $
que le ministère de l'Agriculture subventionne...
M. Picotte: L'OPDQ. Mais ce sont des projets spéciaux, il
faut dire ça. On va revenir, parce qu'on ajouté au moins quatre
points bien précis à l'entente. C'est pour ça qu'il y a
une différence entre les 270 000 $ des années passées et
les 385 000 $. Le MAPAQ et l'OPDQ ont décidé d'emboîter le
pas avec nous pour quatre projets bien précis. Maintenant, l'an
prochain, je vous l'ai dit, on revient à la subvention statutaire ou
normale d'environ 270 000 $.
M. Desbiens: Mais, année après année, c'est
toujours la même association qui reçoit les montants, qui continue
ou poursuit ses expériences? Quelle sorte de vérification
faites-vous des travaux qui sont menés par cette association?
M. Picotte: II y a un suivi qui est fait par nos
biologistes...
M. Desbiens: Les biologistes?
M. Picotte: ...d'une part, et, deuxième des choses, on me
dit que ce genre de subvention qu'on accorde procure du travail à
environ 45 pêcheurs pour un certain nombre de semaines, ce qui est
évidemment important dans certaines régions ou dans une
région bien précise en ce qui concerne les pêcheurs
commerciaux.
M. Desbiens: Mais le ministère contrôle les
opérations, le suivi, les échéanciers, les
objectifs...
M. Picotte: Par nos biologistes.
M. Desbiens: Oui? D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 47 est
vérifié. Engagement 48, vérifié?
Mme Juneau: Non, non, pardon. Pas trop vite, M. le
Président. Paiement à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail - j'aurais été la
dernière à penser que ça pourrait revenir au
ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche; en tout cas -
représentant les cotisations requises pour la protection des jeunes
participants au programme Jeunes Volontaires. Premièrement, comment se
fait-il que c'est à votre ministère?
M. Picotte: Bien, parce que, madame, on est des employeurs
à ce niveau-là, c'est facile à comprendre. Quand on a des
programmes Jeunes Volontaires, on embauche des jeunes.
Mme Juneau: Dans les loisirs... M. Picotte: Oui.
Mme Juneau: ...des jeunes que vous engagez dans les loisirs, les
parcs et ces affaires-là.
M. Picotte: Ils soumettent des projets et ils sont sur le
"payroll". On est tenu comme tout organisme à payer à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail.
Mme Juneau: Le montant de 360 000 $ qui est indiqué ici,
est-ce que c'est un montant fixe, global, ou si ça dépend des
activités des jeunes?
M. Picotte: C'est selon les normes de la commission. C'est 2 %,
je pense, du salaire ou je ne sais pas trop quoi. De la masse totale ou du
salaire?
Mme Juneau: De la masse totale...
M. Picotte: Le coût de cette couverture représente
environ 2 % du budget de subvention directe aux participants. Alors, c'est
déterminé par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. On reçoit un compte et on doit
effectuer le paiement.
Mme Juneau: Combien de jeunes ont été mis sur le
marché du travail, à peu près, sont touchés par
ça? Le savez-vous?
M. Picotte: Cela ne sera pas long, on va vous donner
l'information. Pour l'année 1985-1986? Si ma mémoire est
fidèle - on en a parlé aux crédits, je vous
répète cela de mémoire parce qu'on n'a pas le chiffre
-c'est entre 1200 et 1500 étudiants qui avaient été
sélectionnés pour les projets Jeunes Volontaires. Alors, c'est
généralement entre 1200 et 1500 étudiants qui participent
à cela, ce qui veut dire que, si on divisait le montant de 360 000 $ par
1200 ou 1400 étudiants, cela donnerait...
Mme Juneau: Est-ce qu'il y a des statistiques qui ont
été établies à la suite de la participation des
jeunes au programme
Jeunes Volontaires concernant le nombre d'accidents qu'il peut y avoir
eu dans ces... Est-ce qu'à votre ministère il y a eu des
statistiques ou à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail?
M. Picotte: Je vais demander à mes services de le
vérifier auprès de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail; on me dit qu'il devrait y avoir ce genre de
normes.
Mme Juneau: Si cela existe, est-ce que je pourrais en avoir une
copie?
M. Picotte: Oui. Chose certaine, comme vous le savez, Mme la
députée, c'est important qu'on ait cette information, mais
même en supposant qu'il n'y a pas eu d'accident, cela n'enlève
nullement notre participation à cela puisque l'État doit se
comporter comme un bon citoyen.
Mme Juneau: C'est exact. Cela va pour...
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 48,
vérifié. Le mois de juillet 1986 étant maintenant
vérifié, j'appelle le mois d'août 1987.
M. Desbiens: M. le Président, même si ce n'est pas
dans les crédits du ministre, la subvention à l'Association des
pourvoyeurs du Nouveau-Québec de 120 000 $ pour la chasse au caribou,
êtes-vous... Laissez faire, c'est à l'OPDQ.
Une voix: Cela va. Août
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va? J'appelle
maintenant le mois d'août 1986, engagement 20.
Mme Juneau: Il y a juste une chose qui m'inquiète, on a
été deux heures 20 minutes sur le mois de juillet. Comment
va-t-on faire?
Le Président (M. Saint-Roch): Je partage vos
inquiétudes, Mme la députée.
M. Juneau: Est-ce que ce sont vos réponses qui sont trop
longues ou si... C'est quoi?
M. Picotte: Moi, je n'ai pas d'objection. Si vous me dites de
répondre brièvement, je peux vous répondre très
brièvement, mais je sais que vous allez avoir des sous-questions.
Voici la difficulté. Je pense qu'on se l'est dit souvent, le
nombre d'interventions que le ministère fait dans tous les domaines et
pour toutes les couches de la société fait
en sorte qu'on a beaucop d'engagements financiers.
Mme Juneau: Mais on devrait se rencontrer tous les trois mois, ce
serait mieux.
M. Picotte: Alors, tant que c'est au vu et au su du public, il
n'y a pas de problème pour qu'on se rencontre.
Mme Juneau: Je suis bien d'accord, mais, comme on a juste une
occasion, cela en fait pas mal. Comme vous le dites, vous avez tellement de
choses.
Le Président (M. Saint-Roch): Je partage votre avis, Mme
la députée. Ce sera aux membres de la commission à se
discipliner pour étudier les engagements financiers des
différents ministères tous les trois mois.
Mme Juneau: Je pensais que vous m'appuyiez pour qu'on se
rencontre. Donc, c'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions à l'engagement 20?
M. Desbiens: Oui. C'est un contrat négocié. C'est
une autre sorte, cela.
Mme Juneau: Une autre sorte...
M. Desbiens: Est-ce un organisme qui avait déjà un
contrat avec le ministère ou quoi? Ce n'est pas un prolongement.
M. Picotte: D'accord. Alors, contrat de services pour conseiller
le service d'aquaculture en matière de santé du poisson,
évaluer l'état des stations piscicoles gouvernementales et
prescrire les mesures pour enrayer les maladies du poisson. Afin d'assurer la
survie et la santé des poissons en production dans huit stations
piscicoles gouvernementales, le ministère a besoin de l'expertise de
médecins vétérinaires spécialisés en
diagnostic et traitement, en paracytologie, bactériologie et virologie
du poisson.
Depuis une dizaine d'années, le ministère obtenait cette
expertise par contrat de l'Institut de médecine
vétérinaire de Saint-Hyacinthe, qui, comme vous le savez, est
affilié à l'Université de Montréal. Or, les
coûts de ces services ont très sensiblement augmenté depuis
que l'université majore ses services de 70 % pour faire ses frais
administratifs. Après vérification auprès du fichier
central des fournisseurs et des firmes offrant des services de médecine
vétérinaire au Québec, seule la firme Pisciconsult inc.,
possédait l'expertise requise dans le domaine spécifique de la
faune aquatique - j'espère que ce n'est pas depuis la venue du sida non
plus. Le ministère est actuellement satisfait de la qualité des
services et de l'expertise offerte par cette firme. Le ministère devrait
avoir recours à une telle expertise à des coûts analogues
au cours de l'année budgétaire 1987-1988.
Donc, on me dit que c'est la majoration - si j'ai bien saisi - des
coûts par l'Université de Montréal de certains de ses
services qui a fait qu'on s'est adressé à Rosalie, comme on la
prénomme si bien, qui nous a fourni la seule firme disponible sur cela
et spécialisée dans ce domaine. C'est la raison pour laquelle on
a procédé ainsi.
M. Desbiens: J'ai bien compris que c'était pour un an,
c'est cela?
M. Picotte: C'est la seule firme d'ailleurs qu'on a dans toute la
province qui a ce genre d'expertise.
M. Desbiens: Cela répond à nos questions.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 20 est-il
vérifié?
M. Desbiens: Je pourrais en profiter pour poser la question au
ministre: Est-ce que c'est toujours son intention d'établir une
pisciculture pour la ouananiche au Lac-Saint-Jean, pour profiter de cela?
M. Picotte: J'ai discuté avec le milieu a quelques
reprises. Je leur ai dit que si le milieu, comme je le souhaite, fait l'effort
que les gens nous ont dit qu'ils feraient et que le milieu ferait, on va
sûrement examiner plus attentivement cette possibilité.
D'ailleurs, le fédéral... J'ai eu l'occasion de discuter à
quelques reprises avec mon collègue fédéral et votre
collègue fédéral, le ministre de l'Immigration, M.
Bouchard, à cet effet. Je pense que c'est toujours dans le domaine des
possibilités, suivant la mise de fonds du milieu, de même que la
mise de fonds du fédéral.
M. Desbiens: Comme je vois, ce n'est pas avancé. Est-ce
que l'étude...
M. Picotte: Vous êtes dans votre propre milieu, vous
pourriez peut-être... Cela serait important dans votre propre milieu,
dans le but de venir en aide à l'organisme qui fait des réunions,
vous le savez sans doute, qui fait régulièrement des
réunions à ce sujet... Si le député de Dubuc
prêtait son concours à un souper bénéfice ou
à des choses comme celles-là, cela attirerait sûrement de
nombreuses personnes dans le but d'aider à amasser de l'argent pour ce
genre de projet. Moi, je suis disposé. Je suis même disposé
à m'asseoir à la même table que lui à un
souper bénéfice pour aider les gens du milieu à se
prendre en main.
M. Desbiens: On est habitué de se prendre en main dans la
région, il n'y a pas de problème, cela va venir.
L'étude...
M. Picotte: Ne leur reprochez pas de ne pas se prendre en main
assez vite.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 20
est vérifié?
M. Desbiens: L'étude en question, est-ce que c'est
terminé?
M. Picotte: Celle dont on parlait en ce qui concerne...
M. Desbiens: L'évaluation de l'état des stations
piscicoles.
M. Picotte: On me dit que oui, l'étude est terminée
au moment où on se parle. Est-ce qu'on a eu les...
M. Desbiens: Je ne vous demanderai pas les conclusions.
M. Picotte: Alors, M. Bernier va vous donner quel genre
d'exercice on fait dans ce genre d'étude.
M. Bernier: Oui, M. le Président. Ce genre de firme assure
une supervision certaine de l'état de nos piscicultures. Si on y trouve
trace de bactéries, si on y trouve trace de quelque maladie que ce soit,
elles sont là pour nous conseiller sur les moyens d'y remédier,
soit en travaillant au niveau des bassins, soit en intervenant directement sur
les espèces. Donc, c'est ce genre de "counselling"
vétérinaire qui est assuré par cette entreprise et c'est
pour cela qu'éventuellement, cette année ou l'année
prochaine, nous aurons recours à ce type d'entreprise.
M. Desbiens: J'imagine qu'elle a touché à la
pisciculture Tadoussac aussi? Est-ce que c'est cette firme qui a
travaillé à Tadoussac?
M. Bernier: Ce sont toutes nos piscicultures.
M. Desbiens: Toutes au complet?
M. Bernier: Son mandat s'étendait à toutes nos
piscicultures.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 20
est vérifié?
M. Desbiens: Vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
L'engagement 21. (12 h 30)
M. Desbiens: Subvention additionnelle. Le ministre va pouvoir
nous faire une reprise. Le ministère du Loisir de la Chasse et de la
Pêche fait toutes sortes d'interventions; il en fait une en ce qui
concerne la municipalité pour le réseau d'aqueduc et
d'égout.
M. Picotte: C'est cela, M. le Président.
M. Desbiens: C'est bien le réseau qu'il a visité
l'année passée à Anticosti?
M. Picotte: C'est exactement ce que mes
prédécesseurs ont fait à plusieurs reprises, mais eux le
faisaient une fois l'été et une fois l'automne, pour aller voir
si...
M. Desbiens: Pour aller vérifier le réseau
d'aqueduc et d'égout?
M. Picotte: En effet, oui, M. le Président. Je pense que
c'est de commune renommée que mes prédécesseurs
allaient... Il faut savoir un peu ce qu'est Anticosti. C'est un village qui
appartenait au ministère auparavant, dont l'église, le
cimetière, le réseau d'aqueduc appartenaient au ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et mes
prédécesseurs, à plusieurs reprises, ont dit: Cela n'a pas
de bon sens, comme moi j'ai dit: Cela n'a pas de bon sens que ces choses, qu'un
cimetière, par exemple, relève du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche. Il va falloir remettre entre les mains de la
municipalité toutes ces installations. C'est à partir de ce
moment-là que mes prédécesseurs ont décidé
d'aller vérifier, d'aller sur place discuter avec les gens de la
municipalité. Heureusement, mes prédécesseurs ont bien
tracé la voie pour que je puisse régler le problème en un
seul voyage. Mes prédécesseurs, eux, y allaient, comme par
hasard, l'été et l'automne, au moment de la pêche et au
moment de la fête des morts pour la chasse, parce qu'il y avait un
cimetière qui nous appartenait. Mes prédécesseurs ont fait
deux, trois voyages, ils ont même eu besoin de l'aide de collègues
antérieurs, tel le ministre des Affaires culturelles - je ne sais pas ce
qu'il est allé faire là. Le ministre des Affaires culturelles est
probablement allé voir l'état du cimetière.
Mme Juneau: Les ornements d'église.
M. Picotte: Mon collègue, le ministre des Finances, Yves
Duhaime, qui était député de Saint-Maurice, est même
allé en période de chasse vérifier cela. Sauf
qu'après sept ou huit voyages de mes prédécesseurs, il n'y
a rien qui s'est réglé. Quand je suis allé à
Anticosti, j'ai dit au maire: II y a une limite, il faut que cela cesse,
vous ne m'appellerez pas toutes les fois que vous aurez un mort à
enterrer, j'espère, parce que j'ai autre chose à faire. Vous
allez vérifier certaines choses. J'y suis allé et on a
réglé certains des problèmes. Il n'en reste plus beaucoup.
Maintenant, c'est cédé au moment où on se parle, ce qui
fait que le ministre a dû y aller une seule fois et à
économisé des frais à l'État, puisque je n'ai pas
eu besoin d'y retourner pour le temps de la chasse.
M. Desbiens: Je suis bien content de savoir que le ministre s'est
rendu compte que ses prédécesseurs avaient fait un bon travail de
préparation.
M. Picotte: Cela a coûté cher, mais cela ne fait
rien.
M. Desbiens: Ils n'ont pas eu besoin d'amener des organisateurs
politiques, eux autres.
M. Picotte: Non, eux, ils ont amené leur femme, des
attachés politiques, tel que c'est convenu, ce qui n'est pas mieux. Ils
y allaient en famille; eux, c'était du népotisme.
M. Desbiens: Vous autres, c'est la grande famille
libérale.
M. Picotte: C'est cela. Au moins, ce sont des concitoyens, ce
n'est pas du népotisme, des petits "mononcles", des petites "matantes",
etc. D'ailleurs, mes deux prédécesseurs pourraient vous en
parler. Ils m'ont déjà mentionné qu'il fallait en
parler le moins possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 21
est vérifié?
M. Desbiens: Vérifié, M. le Président. M.
Picotte: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 22.
M. Desbiens: Subvention à la société de
gestion du saumon.
M. Picotte: Cela fait référence, M. le
Président, à ce dont on a parlé tantôt, quand on a
fait la distinction entre la rivière Cascapédia et la Moisie.
C'est une société de gestion; il ne faut pas le voir dans le
cadre des subventions aux ZEC, comme on le fait généralement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 22
est vérifié?
M. Desbiens: C'est le même type que les autres.
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: Vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 23.
Mme Juneau: Engagement 23, M. le Président, j'aimerais que
le ministre m'apprenne à moi - les autres le savent peut-être - si
la Classique internationale de canots existe depuis un certain temps ou si
c'est nouveau.
M. Picotte: Cela existe depuis de nombreuses années, c'est
un des plus vieux événements touristiques et de loisirs de la
Mauricie. A ma connaissance, cela fait au-delà d'une quinzaine
d'années.
Une voix: 53 ans.
Mme Juneau: C'est plus vieux que moi.
M. Picotte: Vous comprendrez mon âge, évidemment. Je
pensais que cela faisait une quinzaine d'années, mais cela fait 53 ans.
Je n'étais pas au monde et vous non plus probablement.
Mme Juneau: Cela se produit-il toujours à la même
date?
M. Picotte: Toujours à la fête du Travail, chaque
année. Cela part de La Tuque et cela se termine à
Trois-Rivières. J'ai beaucoup de demandes de la part de mes
collègues annuellement. Le député de Laviolette, le
député de Saint-Maurice, le député de
Trois-Rivières, puisque c'est l'événement majeur de la
Mauricie, me demandent d'intervenir chaque année.
Mme Juneau: Y a-t-il chaque année un montant
récurrent? Est-ce toujours...
M. Desbiens: Non, ce n'est pas récurrent. On a des
discussions, on regarde le programme. On a certaines exigences. Ces
dernières années, on a exigé beaucoup de choses qui ne
l'avaient pas été par le passé. Je pense qu'ils ont
finalement compris qu'il faut que le gouvernement, dans les sommes qu'il
distribue, ait un bon contrôle de l'argent du peuple qu'il donne à
des organisations qui sont valables et qui apportent des retombées
économiques.
Mme Juneau: Combien de temps cela dure-t-il?
M. Picotte: Cela dure trois jours. Cela commence
généralement le samedi qui
précède la fête du Travail et cela se termine le
soir de la fête du Travail. Cela fait donc samedi, dimanche et lundi.
Mme Juneau: La subvention est discrétionnaire. Ce n'est
pas un programme norme dans lequel...
M. Picotte: Parfois c'est pris dans des programmes normes,
parfois c'est pris dans un budget discrétionnaire, tout dépend de
l'entente. Par exemple, cette année-là, c'était un
engagement de 30 000 $. Il y a eu, dans le cadre du programme de cette
année-là...
Mme Juneau: 1986,ou 1987.
M. Picotte: ...1986, le programme d'assistance financière
aux fêtes commémoratives et aux fêtes populaires
régionales - ça, c'est un programme normé -il y a eu un
montant de 7875 $. II y a le programme des autres jeux - on a aussi un
programme normé pour les jeux, les compétitions; ici, c'est une
compétition de canots -avec 16 000 $ et le budget hors normes du
ministère pour un montant de 1125 $, ce qui fait la somme de 25 000 $.
Le ministère du Tourisme a versé aussi une somme de 5000 $
à cause de l'ampleur touristique de cet événement.
Mme Juneau: L'OPDQ doit-il donner quelque chose dans cela?
M. Picotte: Depuis quelques années, du moins depuis que je
suis là, l'OPDQ n'a pas collaboré à cela. Je pense que
l'OPDQ collabore s'il y a des investissements à faire du
côté de l'infrastructure ou des choses comme cela. Comme il n'y en
a pas eu, à ma connaissance, l'OPDQ n'a pas collaboré à
cet événement.
Mme Juneau: Est-ce que cela attire beaucoup de touristes chez
vous, pour les retombées économiques?
M. Picotte: C'est l'événement majeur. On me dit que
quelques centaines de milliers de personnes participent à cet
événement, pas dans le sens de faire la course...
Mme Juneau: Non, non, en tant que touristes.
M. Picotte: ...mais de voir la course. J'y ai participé
l'an passé en compagnie de certains de mes collègues, M. Jolivet,
M. Lemire. Il faut dire que cet événement commence à La
Tuque et se termine à Trois-Rivières. Il y a donc plusieurs
kilomètres qui sont parcourus par les canotiers, avec,
évidemment, une grande fête populaire le samedi soir. Si ma
mémoire est bonne, il y a une fête populaire; le samedi soir, aux
environs de Grand-Mère ou Shawinigan, et il y a une autre fête
populaire le dimanche soir dans le bout de Trois-Rivières, pour arriver
finalement le lundi à la remise des...
Mme Juneau: Comme cela, vous me dites que le montant total des
subventions à la classique internationale s'élève à
30 000 $ en tout et partout, la part gouvernementale, quel que soit le
ministère.
M. Picotte: En ce qui concerne les deux ministères: le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, 25 000 $ et
celui du Tourisme, 5000 $. À ma connaissance, aucun autre organisme ou
ministère du gouvernement n'a collaboré ou ajouté quelques
frais que ce soit là-dedans.
Mme Juneau: Bon, ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement...
M. Picotte: II faut dire que c'est un circuit
nord-américain. Il y a des coureurs...
Mme Juneau: Comme le Festival international de la motoneige qui
se tient chez nous.
M. Picotte: C'est cela. Mme Juneau: Voilà!
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 23 est-il
vérifié?
Mme Juneau: Oui.
Le Président (Saint-Roch): L'engagement 24.
Mme Juneau: Engagement 24, subvention au Mouvement
québécois des chantiers à titre d'aide financière
lui permettant s'assumer la charge de travail découlant de la mise en
oeuvre du plan d'action jeunesse du gouvernement, dans le cadre du Programme
d'assistance financière aux chantiers de jeunes bénévoles.
Est-ce que cette subvention de 82 650 $ est accordée suivant un
protocole d'entente, M. le ministre? Y a-t-il un protocole ou bien si
c'est...
M. Picotte: C'est un protocole d'entente qui se renouvelle
annuellement. J'ai eu l'occasion d'aller visiter certains groupements. Ce n'est
pas automatique, on doit discuter. Maintenant, si vous voulez avoir mon
opinion, je trouve qu'on ne fait pas encore assez d'effort dans ce domaine.
J'essaie de regarder la possibilité cette
année de hausser quelque peu, non pas la subvention comme telle
à l'association, mais de permettre qu'il y ait plus d'argent pour
certains projets. Cela fait référence aux projets de jeunes qui
acceptent d'aller travailler, mais qui ne sont pas
rémunérés et qui sont très utiles à la
société. J'ai eu l'occasion d'aller voir une couple de projets
sur place, voir ce qu'ils ont fait, et j'ai été vraiment
épaté de cette forme. Cela fait appel aux décrocheurs,
entre autres; en tout cas, à une clientèle qui a besoin de se
ressourcer. Alors, je pense que la subvention comme telle ne sera pas
majorée, à moins qu'on ne leur confie certaines autres
tâches qui pourraient leur permettre de justifier une augmentation en ce
concerne le Mouvement québécois des chantiers, mais je compte
faire un effort pour améliorer et qu'on ait un peu plus d'argent pour
des projets spécifiques pour les étudiants et pour les jeunes qui
décident d'être utiles à leur société comme
ils le sont présentement.
Mme Juneau: Le montant de l'année dernière
était-il le même? Je n'étais pas là l'année
dernière. Était-il le même que celui de cette
année?
M. Picotte: Non, on me dit... Attendez une minute. Je vois un
montant de 78 126 $. Je ne sais pas s'il n'y a pas eu une légère
hausse puisqu'on parle de 82 650 $. La subvention de 82 650 $ vient
compléter celle de 78 126 $ qui est versée à titre de
politique de reconnaissance et de financement des organismes nationaux de
loisirs. Alors, c'est la structure comme telle, le montant d'argent qu'on voit
ici, 82 650 $.
Mme Juneau: Oui.
M. Picotte: C'est de la structure. Pour les projets comme tels,
il y a un autre budget à mon ministère, je pense, de l'ordre de
quelque 405 600 $. Ici, c'est la structure de gestion des projets.
Mme Juneau: Cela veut dire qu'il y a 405 600 $ pour la gestion
des projets...
M. Picotte: Non, non, non. 405 600 $ pour les projets...
Mme Juneau: Pour les projets.
M. Picotte: ...et 80 000 $ pour la gestion de ces projets.
Mme Juneau: D'accord. L'année dernière, le montant
était sensiblement le même?
M. Picotte: C'est cela. L'an dernier, le montant était
sensiblement le même, y compris le montant d'argent que nous avons
investi du côté des projets.
Mme Juneau: Les projets, comme cela, chaque année, ils
doivent varier un peu, j'imagine. Il doit y avoir des plus et des moins,
à un moment donné, ou bien si les projets...
M. Picotte: Écoutez, c'est un projet... Je pense qu'il
faut se le dire, c'est un projet pour lequel les jeunes ont peut-être un
peu moins d'attrait. C'est le seul que nous avons au ministère où
il n'y a pas autre chose que le montant de l'aide sociale qui est
accordé à ceux qui participent, aux jeunes qui participent au
projet.
Mme Juneau: II n'y a pas de salaire, dans le fond. (12 h 45)
M. Picotte: Pas de salaire à cela. Tandis qu'on a Jeunes
Volontaires à côté qui, lui, défraie un montant
additionnel à celui de l'aide sociale, donc, certains de ces projets
sont beaucoup plus alléchants pour les étudiants. Il y a quand
même un groupe de jeunes - pas des étudiants - mais un groupe de
jeunes qui, eux, disent, clientèle un peu plus difficile: Bien moi, je
me cherche, je ne sais pas trop où je dois aller, etc., des
décrocheurs de l'école. Ils disent: Moi, cela
m'intéresserait d'être utile à la société, je
me contente de mon aide sociale, mais ils font des travaux pour cela. Il y a
une clientèle moindre, compte tenu qu'il n'y a pas d'apport additionnel,
mais cette clientèle-là, quand même, d'une année
à l'autre, est sensiblement du même nombre et, compte tenu de
cela, on me dit qu'il y aurait possibilité d'avoir des projets
additionnels, alors c'est pour cela que j'envisage la possibilité de le
hausser un peu. Ce sont quand même des gens qui font un effort vraiment
louable, à la fois pour eux-mêmes et pour notre
société.
Mme Juneau: Par rapport au programme Jeunes Volontaires - on en a
parlé d'ailleurs tout à l'heure, vous avez payé une part
à la CSST pour eux - est-ce que le montant que vous accordez au
Mouvement québécois des chantiers de jeunesse, est beaucoup plus
important que le montant qui est alloué à Jeunes Volontaires?
M. Picotte: Pour Jeunes Volontaires, un montant global de 10 000
000 $, tandis que celui-là, c'est un montant de 405 000 $.
Mme Juneau: Qui relève de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Picotte: II n'y a pas de comparaison possible.
Évidemment, l'autre est beaucoup plus populaire à cause de la
différence qu'on donne en sus de l'aide sociale, sauf que,
comme je vous le disais, il y a une clientèle de jeunes qui peut
très bien, pour x temps, être plus intéressée par
les chantiers de jeunes bénévoles pour toutes sortes de raisons,
et je pense qu'il leur faut offrir ce genre de programme.
Mme Juneau: Cela va. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 24 étant
vérifié, j'appelle l'engagement 25.
M. Desbiens: L'engagement 25. L'église aussi appartenait
au ministère du Loisir?
M. Picotte: Ah! Je vous l'ai dit, l'église, je pense qu'il
y a juste la servante qui n'était pas régie par... Est-ce qu'on
lui payait un salaire? Je ne suis même pas sûr si elle ne
travaillait pas pour le ministère. En tout cas...
M. Desbiens: Est-ce que cela a été
cédé à la fabrique comme prévu en octobre 1986?
M. Picotte: Oui, oui, oui. Comme vous le voyez, on en a fait
beaucoup dans pas grand temps.
Mme Juneau: J'espère que le curé n'appartenait pas
au ministère.
M. Desbiens: Les travaux de 100 000 $, c'était quoi? Des
travaux d'architecture? Était-ce relié à cela ou...
M. Picotte: Non. Je peux vous dire...
M. Desbiens: C'étaient des travaux de
réparation?
M. Picotte: C'est 35 000 $ d'abord...
M. Desbiens: 100 000 $ pour des travaux plus globaux, 35 000 $ de
la part du ministère.
M. Picotte: Coût des travaux, 100 000 $, montant de
l'engagement, 35 000 $. Alors, c'était pour refaire la toiture,
l'isolation. La fabrique en a payé une partie qui est la
différence entre les 35 000 $ de notre part et les 100 000 $ que cela a
coûté.
M. Desbiens: Puisqu'on est encore sur Anticosti, tantôt,
c'était un parachèvement, c'était une somme additionnelle
de 32 % des coûts du réseau d'aqueduc et d'égout. Qu'est-ce
qui justifiait cela?
Une voix: Ce qui est arrivé, c'est que les Affaires
municipales avaient évalué le projet, cela avait passé. Le
supplément, on l'a payé. Les Affaires municipales ont fourni
quelque 400 000 $, et les travaux ont été faits deux, trois ans
après et cela a coûté plus cher.
M. Picotte: Évidemment, cela vous donne la réponse
à ce que je vous disais tantôt. Cela faisait trois ans que les
gens allaient voir cela, puis il y avait eu une évaluation trois ans
passés des Affaires municipales qui avait offert un montant x et qui
était en suspens parce que tout le monde voulait aller voir cela de plus
près, j'imagine, voulait examiner cela de fond en comble, la ressource
et tout. À partir de ce moment-là, quand est arrivé le
temps d'effectuer les travaux, il y avait un manque, il y avait un montant
d'argent qui était moindre. Il y avait eu une sous-évaluation et,
compte tenu qu'on ne pouvait pas reprendre ce dossier avec les Affaires
municipales et recommencer à zéro, que, moi, je voulais en finir
avec tout ce qui nous appartenait là et que je n'avais pas l'idée
d'y aller l'automne d'aucune façon, on a décidé de payer
le montant additionnel pour finir de régler tout cela.
Finalement, cela n'aura pas coûté plus cher que de faire cinq, six
voyages additionnels.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 25
est vérifié?
M. Desbiens: Oui, sauf que, est-ce que les Affaires municipales
ont payé leur part finalement ou est-ce que c'est tout le
ministère du Loisir?
M. Picotte: La première partie, c'est le ministère
des Affaires municipales; l'autre partie, c'est le ministère du
Loisir.
M. Desbiens: Le ministère du Loisir, c'est 155 000 $.
M. Picotte: Oui, et le reste, c'est les Affaires municipales.
M. Desbiens: C'est cela. Quant à savoir si le ministre est
meilleur pêcheur que chasseur, cela ne m'intéresse pas.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 25 étant
vérifié, j'appelle maintenant l'engagement 26.
M. Picotte: M. le Président, je peux comparer mes prises
avec celles des autres; moi, j'en ai pris une et les autres en ont pris plus
d'une. Alors, encore sur le nombre de prises, c'est comparable.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 26.
Mme Juneau: Oui, M. le Président.
M. Picotte: Je ne suis pas meilleur pêcheur, je suis
meilleur régleur de problèmes.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Johnson, l'engagement 26.
Mme Juneau: C'est beau quand on a confiance en soi de cette
façon-là. Bravo! M. le Président, cela a été
fait au Sommet économique de la MRC de l'Or blanc, donc dans ma
région. Je sais que vous avez eu des engagements de 153 767 $. Est-ce
que ces montants d'argent doivent être versés en plusieurs
tranches? Est-ce qu'il y en a d'entrés, premièrement, dans la
région? Est-ce qu'il y a des montants qui sont déjà
engagés, qui ont déjà été...
M. Picotte: Vous avez participé au sommet de l'Or blanc,
vous savez comment se font les engagements de part et d'autre, à la fois
du gouvernement et des gens du milieu, des municipalités. Alors, on me
dit que sinon la totalité, du moins la grosse majorité des
engagements ont été réalisés en ce qui concerne
notre participation. Maintenant, j'attends qu'on me donne certains
détails, je ne sais pas. J'ai les détails ici de ceux qui avaient
été pris à ce moment-là.
Mme Juneau: J'ai cela, M. le ministre. Je veux savoir si, dans
les engagements que vous avez pris à ce moment-là, il y a encore
des sommes à venir ou si la totalité des subventions
engagées par vous lors du sommet ont été remises aux
promoteurs, aux maîtres d'oeuvre.
M. Picotte; La seule chose qu'on me mentionne, c'est qu'on n'a
pas les détails présentement, mais qu'on pourra vous les
acheminer par le secrétariat de la commission. Tous les engagements que
nous avons pris, nous étions prêts à les effectuer. Il se
peut qu'une municipalité ait décidé, par exemple, dans la
rénovation de son aréna: Moi, je m'étais engagée
à payer x montant, x pourcentage, j'ai décidé de ne pas le
faire cette année pour toutes sortes de raisons, ce qui nous
amène, nous, à ne pas réaliser l'engagement non plus
puisqu'il y avait une des deux parties ou des trois parties qui se
désengageait. Je ne suis pas certain qu'il n'y a pas eu un projet auquel
c'est arrivé dans votre région, mais que j'ai remplacé par
un autre projet, que j'ai substitué par un autre projet qui avait aussi
été priorisé à ce moment-là par le sommet de
l'Or blanc, mais ce sont des détails que nous acheminerons aux membres
de la commission...
Mme Juneau: Vous allez me les faire parvenir? Bon, très
bien.
M. Picotte: ...qui viendront préciser si cela s'est fait
ou pas.
Mme Juneau: Vous me permettrez, M. le ministre, à la suite
de la réception de ce document, si j'ai quelque chose à
redemander à la prochaine séance, étant donné qu'on
ne le peut pas là, vous me permettrez de revenir sur cet engagement,
quand j'aurai reçu les documents en question.
M. Picotte: II n'y a pas de problème, je vous donnerai mon
consentement avec beaucoup de plaisir.
M. Desbiens: Pas besoin de son consentement.
M. Picotte: Si vous n'en avez pas besoin, ne me le demandez pas,
c'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 26 étant
vérifié, j'appelle maintenant l'engagement 27.
M. Picotte: J'ai répondu à votre question, c'est
tout.
Mme Juneau: Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Picotte: Peut-être que le député de Dubuc
est un candidat possible au poste de leader.
M. Desbiens: II ne savait pas la réponse.
M. Picotte: Peut-être qu'il se préparait à
cela dans le temps, au mois de juin; on l'a perdu de vue, à un moment
donné, au mois de juin.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Engagement 27. Y a-t-il des interventions?
M. Desbiens: L'engagement 27, supplément pour porter
à 907 000 $ le coût des travaux de gravelage de la route 1 et des
stationnements, secteur La Pimbina, parc du Mont-Tremblant. À
l'élément 21 des engagements financiers de décembre 1985,
il y a eu un ajout, un supplément de 132 000 $ pour porter l'estimation
à 657 000 $, une estimation initiale de 657 000 $ du coût des
travaux de construction de la route 1 et des stationnements dans ce même
secteur, au même endroit. C'était déjà une
augmentation de 25 % et le ministre, quand on a étudié les
engagements, en mai 1986, avait donné comme explication que les plans et
devis qui avaient été préparés par le
ministère des Transports du Québec comportaient une erreur en ce
qui concerne les quantités de
remplissage du terrain. Aujourd'hui, il arrive avec une nouvelle
augmentation...
Aujourd'hui, c'est août 1986 - c'était mai 1986 - il
augmente de 249 772 $ pour porter les travaux à 907 000 $. Est-ce que
c'est la même explication ou s'il en a une autre? Qu'est-ce qui se
passe?
M. Picotte: Afin qu'on se comprenne bien, je vais vous lire la
note au complet; c'est une page et cela va préciser certainement
certaines choses.
Le projet consistait à reconstruire la route principale donnant
accès au parc du Mont-Tremblant et située dans le secteur La
Pimbina, à proximité du village de Saint-Donat. Cette
réfection de 5,7 kilomètres de route à laquelle s'ajoutait
l'agrandissement de deux stationnements était rendue nécessaire
afin de rendre les infrastructures compatibles avec la pose d'un
éventuel pavage. Ce projet s'inscrivait dans le cadre du plan directeur
de développement du parc du Mont-Tremblant.
Les soumissions publiques ont été demandées le 14
septembre 1984 et six soumissions conformes ont été
reçues. Le contrat a été accordé au plus bas
soumissionnaire, soit la firme Les Sables L.G. ltée, de New Glasgow, au
montant de 477 746,58 $. L'engagement 108069 résumant les crédits
réservés est joint à la présente note, les
crédits engagés étant alors de 525 500 $.
Lors de l'exécution des travaux qui se sont terminés
à l'automne 1985, les quantités de déblai première
classe, roc et bloc, et d'emprunt, classe A, de sable ont largement
dépassé les prévisions. Ces variations dans les
quantités ont été les principales causes d'un
dépassement de 167 131,12 $ par rapport aux crédits initialement
prévus. Le CT 159549 résume les causes de l'augmentation du
coût du contrat excluant les réclamations.
Pendant les travaux, les conditions d'exécution ont
été différentes de celles prévues dans les
documents de soumissions. En conséquence, l'entrepreneur demande une
révision des prix unitaires et des ajustements au contrat pour tenir
compte des pertes de rendement, délai et travaux additionnels non inclus
dans les prix unitaires soumissionnés.
Alors, je pense qu'on a le portrait global des choses qui ont
été mal évaluées, etc. Par la suite, les conditions
ont changé pour procéder aux travaux. Le contractant nous dit
qu'il nous fait une réclamation originale de 430 112,23 $ pour tout
cela, parce que quelqu'un avait mal évalué les choses; en tout
cas, il ne s'était pas soucié d'avoir une rigueur administrative
trop forte, d'après ce que je peux voir, dans ce temps.
Alors, il y a eu un règlement négocié. Au lieu de
payer 430 000 $... Je suis obligé de dire cela. Mme la
députée de Johnson n'a pas l'air d'accord avec moi, elle n'a pas
l'air heureuse, mais je suis obligé de dire cela. Que voulez-vous, je
parle avec les dates qui sont là, je ne peux pas parler avec autre
chose.
Un règlement a été négocié. Au lieu
de payer les 430 000 $ qui nous avaient été demandés par
le contractant, on a négocié avec lui de gré à
gré. On a convenu finalement d'un montant de 249 772,64 $. Alors, le
fait qu'on s'est parlé nous a fait économiser environ 200 000
$.
M. Desbiens: M. le Président, le contrat initial
était de 477 000 $?
M. Picotte: Au montant de 477 746,58 $.
M. Desbiens: Et vous me dites que cela porte le contrat à
907 000 $.
M. Picotte: Oui, c'est cela.
M. Desbiens: Alors, vous n'avez rien gagné. C'est 430 000
$ qui se sont ajoutés.
M. Picotte: Bien, voyons donci Le montant initial était de
477 746,58 $.
M. Desbiens: Bon.
M. Picotte: Les crédits réservés et
engagés étaient de 525 500 $.
M. Desbiens: Plus 10 %; 525 000 $, oui.
M. Picotte: Bon. Cette variation dans les quantités a
été la principale cause du dépassement. Il y a eu des
variations dans les quantités.
M. Desbiens: Oui.
M. Picotte: Les quantités se chiffraient uniquement
à...
M. Desbiens: Ma question au début, si vous voulez me
permettre...
M. Picotte: Je vais finir. Les quantités se chiffraient
à 167 000 $, mais il y avait beau manquer de quantités, il a
fallu que le gars étende ces quantités, qu'il procède aux
travaux comme tels et il s'est ajouté autre chose à cela. Si bien
que, quand il est arrivé par la suite, il réclamait en sus du
contrat signé 430 000 $ de dommages. On s'est entendu de gré
à gré et on a payé uniquement 249 000 $.
M. Desbiens: Non, c'est ce que je vous dis, vous en avez... C'est
dû uniquement à cette situation de mauvais plans et devis, c'est
cela? Ma question: Est-ce que c'est dû
à cela toujours?
M. Picotte: Mauvaise évaluation, mauvais plans et
devis...
M. Desbiens: Mauvaise évaluation.
M. Picotte: ...ce qui a compliqué le travail du
soumissionnaire.
M. Desbiens: Maintenant, que le ministre essaie de nous dire
qu'il a sauvé quelque chose, il n'a rien sauvé. Le contrat
était de 477 000 $, vous payez 907 000 $, alors cela a
coûté 430 000 $.
M. Picotte: Bien, ce qu'on a sauvé, M. le
député, si je comprends bien, à moins qu'on ne fasse pas
la même lecture, c'est que, si on avait dit: On vire de bord et on vous
paie 430 000 $ comme vous demandez...
M. Desbiens: C'est ce que vous payez.
M. Picotte: II demandait 430 000 $ en sus, en plus.
M. Desbiens: Oui, oui, en plus du contrat de 477 000 $.
M. Picotte: On a payé 249 000 $, donc on n'a pas
payé 430 000 $.
M. Desbiens: C'est la deuxième fois que vous payez...
M. Picotte: 430 000 $ moins 249 000 $.
M. Desbiens: C'était la deuxième fois que vous en
payiez... À moins que je ne lise mal, mais, à l'engagement, c'est
marqué 907 000 $. À moins que cela ne soit pas bon, je ne le sais
pas; si cela est bon, 907 000 $ moins 477 000 $, le contrat initial, cela fait
430 000 $. Vous avez payé 430 000 $.
M. Picottes C'est bien ce que j'avais compris à la lecture
et c'est exactement cela. Le contrat initial était de 430 000
$
M. Desbiens: Ah! II n'était pas... Tantôt, vous
disiez qu'il était de 477 000 $. Est-il de 430 000 $?
Une voix: C'est cela. Plus une somme additionnelle pour les
imprévus...
M. Picotte: C'est cela, il y avait une somme additionnelle pour
les imprévus.
M. Desbiens: Dix pour cent, cela fait 473 000 $.
M. Picotte: Alors, ce qu'il faut ajouter à cela, c'est la
quantité non évaluée ou sous-évaluée; c'est
du gravier ou de la pierre concassée. Donc, il faut l'ajouter en
totalité, il faut ajouter 167 000 $ à cela. En ajoutant cela,
cela donne un montant d'environ 658 000 $, si on enlève les 77 000
$...
Une voix: Les excécents.
M. Picotte: ...du contrat initial, si on enlève les
excédents; 430 000 $ plus 167 000 $, cela fait 658 000 $.
M. Desbiens: Cela ferait 597 000 $, selon ce que j'ai appris en
mathématiques.
M. Picotte: Plus...
M. Desbiens: ...597 000 $?
M. Picotte: Bien, 430 000 $ plus 167 000$, combien est-ce que
cela fait?
M. Desbiens: Bien, 597 000 $.
Une voix: C'est qu'il y a 10 %...
M. Picotte: Oui, il y a 10 % qu'il faut ajouter...
M. Desbiens: Ah bon!
M. Picotte: ...ce qui nous amène à 658 000 $.
M. Desbiens: Oui.
M. Picotte: De 658 000 $, le monsieur exigeait qu'on lui donne
430 000 $, ce qui aurait monté le contrat à 907 000 $...
Une voix: Au-delà de 1 000 000 $.
M. Picotte: ...au-delà de 1 000 000 $ avec les
excédents, parce qu'on calcule toujours sans les excédents.
Alors, il ne faut pas ajouter 430 000 $, il faut ajouter 249 000 $, ce qui fait
que le premier montant de 658 000 $ de tantôt, plus 249 000 $...
M. Desbiens: Là, c'est clair.
M. Picotte: ...vous allez voir qu'on a économisé
200 000 $, ou à peu près.
M. Desbiens: Cela va, c'est clair, merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 27
est vérifé?
M. Desbiens: Vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): Ceci
termine le mois d'août 1986. Étant arrivé maintenant
à 13 heures, la commission de l'aménagement et des
équipements suspend ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 14 h 15)
Consultation générale sur
l'avant-projet de loi modifiant
la Loi sur l'assurance automobile
et d'autres dispositions législatives
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît! La Commission de l'aménagement et des équipements
entreprend des travaux aux fins de tenir une consultation
générale portant sur l'avant-projet de loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives.
Dans un premier temps, puisque l'horaire des deux séances de la
commission est intervenu à la suite d'ententes entre les deux formations
politiques, il y aurait lieu de formaliser par les membres de la commission
l'horaire qui a été retenu et qui est le suivant: à 14
heures aujourd'hui, remarques préliminaires du ministre, 20 minutes; du
porte-parole de l'Opposition, 20 minutes et 10 minutes additionnelles pour
chacune des formations politiques. Suit l'audition des trois groupes suivants,
dans l'ordre: la Commission des services juridiques, le Barreau du
Québec, le Bureau d'assurance du Canada.
L'horaire de demain, dans l'ordre, est: le Regroupement des ligues de
taxi de Québec, le Groupement des Carrossiers du Québec,
l'Association du camionnage du Québec, le Réseau d'action et
d'information pour les femmes et Me Marc Bellemare, le tout
complété par des remarques finales du porte-parole de
l'Opposition, de même que du ministre des Transports.
Est-il possible que nous formalisions l'entente intervenue entre les
deux formations politiques qui, je crois, est pleinement respectée par
l'horaire que je viens de vous lire? D'accord, ça va?
M. Garon: Vendu.
Le Président (M. Rochefort): Donc, adopté. M. le
secrétaire, y a-t-il des modifications à la composition de la
commission aujourd'hui? Non, aucune modification. On y va donc avec les membres
réguliers de la commission.
Sans plus tarder, j'inviterais M. le ministre des Transports à
nous faire part de ses remarques préliminaires quant à
l'avant-projet de loi qu'il a soumis à une consultation. M. le
ministre.
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, M. le
Président, avec votre permission, je voudrais vous présenter les
gens qui m'accompagnent: à ma droite, M. Vézina, qui est
président de la Régie de l'assurance automobile. À ma
gauche, M. Ronald Clark, qui est vice-président et qui a la
responsabilité de cette immense tâche d'indemniser toutes les
victimes, accompagné aussi de M. Gélinas, responsable du
contentieux, de même que M. Camille Genest - pas Émile - qui a
travaillé depuis déjà fort longtemps au dossier à
la régie.
En tout premier lieu j'aimerais, M. le Président, vous situer
dans quel objectif nous tenons aujourd'hui cette commission parlementaire. Tout
d'abord, pour être bien précis, nous avons déposé
à l'Assemblée nationale un avant-projet de loi. Bien sûr,
cela a été notre volonté au tout départ,
l'avant-projet de loi trace certaines modifications que la Régie de
l'assurance automobile du Québec voudrait voir apportées à
la Loi sur l'assurance automobile et que nous verrons dans le détail
ultérieurement.
Nous avons convoqué des gens en commission parlementaire pour les
entendre, bien sûr, et aussi pour avoir leurs commentaires - on le sait
avant même de commencer - en règle générale
davantage négatifs et davantage en demande que positifs. Dans ce
sens-là, nous jouons le jeu. Il est important à ce moment-ci de
jouer ce jeu et de faire en sorte que nous puissions avoir des échanges
pour voir ce qui va et ce qui ne va pas, de façon que nous puissions
ultérieurement, à la lumière des échanges que nous
aurons et des points de vue exprimés par les différents
intervenants, faire les correctifs qui s'imposent à l'avant-projet de
loi. Par la suite, dans la mesure où nous arrivons à un certain
nombre de consensus, pour revenir devant l'Assemblée nationale avec un
projet de loi modifié ou non, selon que tout le monde est bien d'accord
ou non avec les objectifs du projet de loi et les changements.
Je crois savoir, après une première lecture des
mémoires, qu'il y a des choses sur lesquelles les gens ne sont pas
d'accord et avec l'ouverture d'esprit, à partir de maintenant, nous
échangeons et dans la mesure du possible, où il y aura
justification, nous sommes disposés à faire les changements
nécessaires.
Le régime de l'assurance automobile du Québec
célébrera son dixième anniversaire d'entrée en
vigueur en 1988. Cela a fait couler beaucoup d'encre, M. le Président,
cela a fait l'objet de plusieurs discussions pendant de nombreuses
années. S'il a dix ans l'an prochain, on peut au moins dire qu'il a
été l'objet de discussions ou de préoccupations de
bien des gens au moins dix ans avant. Ce qui fait que cela fait au moins 20 ans
qu'on en parle.
Aujourd'hui, tous les Québécois victimes de dommages
corporels au cours d'un accident automobile, blessés ou
décédés, sont indemnisés, qu'ils soient
responsables ou non de l'accident, et ce, partout dans le monde. Les victimes
d'accident sont désormais mieux indemnisées. Je pense qu'on peut
le dire et le dire fort. Le rapport des indemnités nettes versées
par rapport aux primes payées est passé de 58 % à 67 %. La
prime payée par dollar d'indemnité versé a baissé
de 15 %. Dans au-delà de 95 % des cas, un premier paiement est
émis à l'intérieur d'un délai de six mois. De plus,
les indemnités versées par victime ont augmenté d'environ
35 %. Je pense que nous pouvons conclure, à ce moment-ci, après
dix ans d'opération, que l'assurance automobile est maintenant plus
accessible à tous. D'autre part, les fonds générés
par l'assurance automobile, puisqu'il y en a, sont investis au Québec
par la Caisse de dépôt et placement et la réserve
actuarielle se situe actuellement à tout près de 2 500 000 000 $,
ce qui n'est pas négligeable.
Une analyse de deux économistes indépendants, M. Claude
Fluet et M. Pierre Lefebvre, conclut que, par le régime d'assurance
automobile, la protection contre les pertes que peuvent entraîner les
accidents de la route, a considérablement augmenté, que le
système d'assurance a connu des gains d'efficacité importants et
qu'il y a eu amélioration des aspects qualitatifs du processus
d'indemnisation. Le rapport Slater, sur la. situation de l'assurance automobile
en Ontario, conclut que l'expérience québécoise d'un
régime sans égard à la faute apparaît
généralement positive. Une compilation réalisée par
le Bureau d'assurance du Canada, et rapportée par le journal La Presse
dans sa livraison du 10 mars 1986, établit que les
Québécois sont de loin les Canadiens les mieux
protégés en cas d'accident de la route causant des dommages
corporels.
Voyons maintenant quels sont les objets de la réforme
proposée par l'avant-projet de loi. L'avant-projet de loi qui nous
réunit pour ces deux jours de travaux parlementaires a pour objet
d'améliorer la couverture du régime d'assurance automobile et de
corriger les lacunes identifiées au cours des neuf années
d'administration du régime. Toutefois, nous ne proposons pas de changer
les aspects fondamentaux du régime et ça, c'est extrêmement
important.
Ainsi, l'avant-projet de loi conserve les principes de base du
régime d'assurance automobile. L'indemnisation sans égard
à la faute est maintenue. Nous n'avons aucune un retour en
arrière en cette matière. Agir ainsi serait aller à
l'encontre des grandes tendances dégagées par le groupe ontarien
Slater, par les évaluations des régimes de la
Nouvelle-Zélande et de l'État du Michigan et par les
études portant sur l'expérience de douze années de
système "no-fault" dans 24 juridictions américaines.
L'avant-projet de loi conserve également le principe de
l'indemnisation de la perte économique. La compensation de la perte
économique s'effectue au fur et à mesure qu'elle se produit dans
le temps. Elle est pleinement indexée. Elle s'appuie même sur
l'indemnisation de la perte potentielle de revenu. L'avant-projet de loi
reconduit également le principe de l'indemnisation raisonnable de toutes
les victimes jusqu'à un maximum assurable permettant de couvrir la perte
de revenu de 85 % de la population du Québec. Le régime
continuera également d'être financé par les
propriétaires et les conducteurs d'automobiles.
Somme toute, nous souhaitons conserver les dispositions- qui permettent
à une victime de dommages corporels causés par une automobile
d'être indemnisée par la Régie de l'assurance automobile,
sans égard à la responsabilité de quiconque. Cette victime
demeure cependant libre de réclamer aussi une indemnité en vertu
d'un régime privé optionnel d'assurances, mais toujours sans
égard à la responsabilité. Les indemnités
prévues dans le régime universel de base tiennent lieu de tous
les droits et recours contre les tiers responsables et aucune action à
cet effet ne peut être reçue en justice.
L'avant-projet de loi vient améliorer la couverture du
régime d'assurance automobile. Il permettra d'adapter l'indemnité
de remplacement à la perte réelle qu'éprouvent certaines
victimes. Actuellement, des victimes reçoivent une compensation parfois
trop élevée, notamment dans les cas d'une indemnité
versée aux personnes sans emploi, et parfois pas assez
élevée, comme dans le cas de celle de plusieurs travailleurs
autonomes. L'indemnité destinée à compenser les pertes non
pécuniaires est, pour sa part, totalement insatisfaisante. Elle est
largement inférieure à la compensation prévue par le droit
commun pour le même type de dommages. Nous croyons qu'il nous faut
rééquilibrer les bénéfices pour mieux assurer
certaines catégories de victimes, particulièrement les grands
blessés. Nous souhaitons également que les indemnités
versées correspondent davantage à la perte économique
réelle et, de cette façon, éviter des situations de
surcompensation et de souscompen-sation.
Le régime d'assurance automobile compense des pertes et traite
des réclamations consécutives à un accident d'automobile.
Il s'agit là d'une activité
sécurité du revenu. Le régime d'assurance
automobile ne vient pas remplacer celui de l'aide sociale. Si ce dernier a pour
objet d'assurer le minimum vital à toute personne, le régime
d'assurance automobile a pour objet strict et limité de compenser la
perte économique réelle des accidentés de la circulation.
Dans ce contexte, les modifications proposées ne visent pas à
enlever des droits aux plus démunis, mais à corriger une
situation de surcompensation qui indemnise des assurés n'ayant subi
aucune perte. L'élimination des prestations aux personnes n'ayant pas de
revenu d'emploi au moment de l'accident est justifiée par le fait que
ces personnes ne subissent aucune perte de revenu par l'accident.
Voyons maintenant les principales dispositions. Un premier ensemble de
dispositions permettra de mieux adapter les indemnités versées
aux pertes économiques réelles. Il s'agit de: 1
l'élimination de l'indemnisation selon la perte potentielle au cours des
six premiers mois suivant l'accident; 2 l'élimination du versement de la
rente minimum de façon automatique; 3 la baisse graduelle des
indemnités à compter de 65 ans; 4 la modification de la structure
des indemnités versées aux enfants et aux étudiants; 5 la
modification des indemnités aux personnes au foyer; 6
l'intégration des rentes payables par la Régie des rentes du
Québec et 7 la restructuration des indemnités de
décès.
Plusieurs autres dispositions permettront d'offrir une meilleure
satisfaction des besoins des victimes et, notamment, de mieux couvrir les
grands blessés. La principale mesure à cet égard est
certainement le relèvement substantiel du maximum des indemnités
pour dommages non pécuniaires. Par ailleurs, l'élimination de la
règle fixe de cinq ans avant de pouvoir statuer sur la capacité
de la victime à occuper tout emploi autre que l'emploi qu'elle occupait
au moment de l'accident permettra un suivi plus souple et mieux adapté
de la situation personnelle des victimes. Nous proposons également de
prolonger l'indemnité de remplacement du revenu durant une
période permettant de supporter la recherche d'un emploi. Nous
rembourserons les frais occasionnés par l'incapacité d'une
victime d'accident à garder les enfants, entretenir le logement ou
assumer les activités reliées à l'alimentation. Nous
paierons une allocation à une personne qui accompagne par
nécessité une victime d'accident pour traitements
médicaux.
Certaines dispositions de l'avant-projet de loi ont pour objet de
réduire les coûts administratifs. Il s'agit d'une réforme
des rentes de décès, de l'ajout d'une franchise de 100 $ dans le
remboursement des frais divers, de la simplification du traitement des
réclamations au cours des six Dremiers mois suivant l'accident, de
l'instauration de frais d'inscription de 20 $ en révision et de la
diminution du délai de prescription pour présenter une demande
d'indemnisation.
L'ensemble des mesures proposées dans l'avant-projet de loi
permettra, croyons-nous, de simplifier l'application de la loi et d'en
clarifier son interprétation. Dans cette perspective, nous proposons
également une définition plus nette de la nature de l'accident.
De plus, l'actuel article permettant des paiements uniques dans certaines
circonstances sera modifié de façon à l'adapter à
une pratique plus réaliste.
Les dispositions législatives que nous vous proposons auront des
impacts différents selon la catégorie de clientèle
assurée.
Les travailleurs à temps plein continueront d'être
compensés selon la perte réelle établie à partir
des revenus gagnés au moment de l'accident. Ces travailleurs
reçoivent 90 % de leur revenu net jusqu'à un maximum assurable en
1987 de 35 500 $.
La compensation selon le principe de la perte réelle va modifier
les indemnités versées aux travailleurs à temps partiel,
aux travailleurs occasionnels et aux personnes sans emploi. Ainsi, durant les
premiers six mois, ces travailleurs seront strictement compensés selon
le revenu gagné au moment de l'accident. Après six mois, nous
établirons le revenu potentiel de ces travailleurs selon leur formation
et leur expérience sur la base du revenu d'un travailleur à plein
temps.
Nous proposons d'éliminer le versement automatique de la rente
minimum aux enfants de moins de 16 ans. Nous croyons plus approprié
d'indemniser les enfants qui subissent un retard dans leurs études en
raison de l'accident. Cette compensation revêtirait la forme d'une somme
forfaitaire de 2500 $ par année pour le niveau primaire et de 5000 $ par
année pour le niveau secondaire.
Pour l'étudiant à temps plein de 16 ans et plus, nous
proposons de remplacer le versement automatique de la rente minimum par une
compensation forfaitaire de 5000 $ par année perdue au niveau secondaire
et de 5000 $ par semestre perdu au niveau postsecondaire.
Nous croyons approprié de mettre fin au paiement actuel de
l'indemnité de remplacement du revenu aux personnes âgées
qui ne touchaient aucun revenu d'emploi au moment de l'accident. En
contrepartie, les personnes âgées seront admissibles à une
indemnité forfaitaire beaucoup plus élevée que maintenant
pour dommages non pécuniaires. Cette indemnité est
attribuée sans discrimination en raison de l'âge. Il nous est
permis de croire que les personnes âgées seront davantage
satisfaites d'un montant unique et substantiel plutôt que de la rente qui
leur est actuellement versée. De plus,
tous les frais occasionnés par l'accident, y compris pour l'aide
personnelle et le paiement de l'excédent des frais d'hébergement
en institution. Globalement, les personnes âgées recevront
davantage après la réforme que présentement.
(14 h 30)
Nous croyons mieux respecter la situation particulière des
personnes au foyer en compensant le coût réel occasionné
par l'incapacité à prendre soin des enfants, à
préparer les repas et à faire le ménage. Cependant,
après les six premiers mois suivant l'accident, nous estimons
approprié d'évaluer la perte potentielle de la personne au foyer
et d'établir un emploi présumé selon son expérience
et sa formation. Cette pratique permettrait de compenser la perte
réellement subie au moment de l'accident, tout en tenant compte du
projet de vie de la personne au foyer. Globalement, les personnes au foyer
recevront davantage après la réforme que présentement.
Les mesures proposées permettront de mieux équilibrer les
déboursés du régime d'assurance automobile. Les
économies réalisées au chapitre de l'indemnité de
remplacement du revenu et de l'indemnité de décès
permettront de mieux compenser les victimes d'accident au chapitre des
indemnités non pécuniaires.
Les mesures proposées favoriseront un meilleur service à
la clientèle et une administration plus rigoureuse du régime
d'assurance automobile. Ainsi, nous offrirons une protection réaliste
à toutes les personnes aptes au travail, lesquelles seront
indemnisées selon leur perte réelle au cours des six premiers
mois et selon leur perte potentielle après cette période. Puisque
80 % des victimes ont une période d'incapacité inférieure
à six mois, nous réduirons dans cette proportion la charge
administrative du calcul de la perte potentielle. Nous diminuerons les
tracasseries administratives et simplifierons le processus d'indemnisation,
notamment, en offrant aux personnes au foyer de choisir, après six mois
seulement, d'être indemnisées selon la perte potentielle ou selon
l'allocation pour le remplacement des tâches domestiques.
Également, par l'abolition de la règle de cinq ans, nous
tiendrons compte, de façon plus circonstanciée, de la situation
individuelle de la personne accidentée. Nous prolongerons la
période d'indemnité de remplacement du revenu pour permettre
à la victime de rechercher un emploi qui correspond à ses
aptitudes. Nous indemniserons de façon réaliste et
immédiate tous les étudiants. Nous abolirons les surcompensations
aux personnes sans emploi, aux retraités et aux invalides.
En conclusion, les modifications proposées occasionneront, sur la
base des clientèles des dernières années, une augmentation
annuelle du coût des indemnités d'environ 34 000 000 $, soit une
augmentation de 6 % du coût du régime. Nous croyons que cette
légère bonification du régime permettra d'en
améliorer substantiellement la couverture et ainsi d'accroître la
satisfaction de notre clientèle. L'essentiel de la réforme que
nous proposons dans cet avant-projet de loi repose sur un meilleur
équilibre dans le partage des indemnités selon la perte
réelle. Les dispositions proposées sont susceptibles de garantir
une administration encore plus performante et responsable du régime
d'assurance automobile et un produit d'assurance mieux adapté aux
besoins fondamentaux des citoyennes et des citoyens du Québec.
Comme je l'ai dit au début, M. le Président, dans la
mesure où cette commission parlementaire reçoit un
éclairage sur un certain nombre de points ou de visions que la
régie pourrait avoir ou que nous pourrions avoir et qui, dans la
réalité, n'apparaîtra pas avec toute la même
signification pour les intervenants, nous allons en discuter et la
régie, de même que le ministre responsable de la régie,
nous sommes très ouverts à toute une série de
recommandations, sachant fort bien qu'au début même de cette
commission nous disions qu'il n'est pas question de changer les bases
fondamentales du régime, mais qu'il est plutôt question, à
ce moment-ci, de faire un certain nombre d'ajustements au régime
souhaités par la Régie de l'assurance automobile depuis
déjà fort longtemps et aussi par la clientèle qui s'est
exprimée abondamment au niveau de la régie quant aux
modifications à être apportées.
Donc, une correction de tir au niveau de la régie inspirée
des neuf années de pratique et qui devrait, normalement, selon l'opinion
de la régie et notre opinion, satisfaire davantage la ou les
clientèles visées.
Voilà, M. le Président, nous sommes maintenant
disposés à entendre M. le député de Lévis,
responsable ' de l'Opposition et par la suite les mémoires.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, pour vos remarques
préliminaires.
M. Jean Garon
M. Garon: Alors, M. le Président, permettez-moi tout
d'abord de vous saluer et de saluer notre vice-président, le
secrétaire de la commissions, les députés ici
présents, tant ceux de l'Opposition que ceux du parti
ministériel, de souhaiter la bienvenue à toutes les personnes et
de remercier en même temps les organismes qui ont travaillé
à la préparation de mémoires, qui viennent au cours des
deux prochains jours faire part
de leurs préoccupations en ce qui a trait à la
présentation de l'avant-projet de loi déposé par le
ministre des Transports.
J'ai aimé les dernières paroles du ministre, parce qu'au
cours de son exposé on avait beaucoup plus l'impression que le projet de
loi était définitif puisqu'il disait: Nous ferons, nous ferons
ceci, nous ferons cela. Mais, à la fin, il a dit qu'il était
disposé à écouter, parce que... Je suis porté
à faire beaucoup attention à ce que dit le ministre des
Transports, député de Charlesbourg, puisqu'un ministre qui
réussit en pleine période de privatisation de Quebecair, de
Cambior, de Madelipêche, etc., à nationaliser, à
étatiser un centre commercial dans son comté, a un certain poids
au gouvernement. Quand on sait qu'il a vendu Quebecair pour moins de 5 000 000
$ et qu'il a réussi à faire acheter l'Atrium par le gouvernement
pour 10 000 000 $, apparemment un centre commercial qui ne fonctionnait pas
trop fort, je me dis: II est pesant au Conseil des ministres. C'est pourquoi
ses opinions, ses orientations bonnes ou mauvaises peuvent devenir facilement
en vigueur.
J'ai aimé aussi qu'il ait prétendu qu'il n'avait aucune
raison valable d'aller en arrière, qu'il ait montré des avantages
au régime adopté, même si son parti avait voté
contre en première lecture le vendredi 19 août 1977 et contre
également en troisième lecture le 31 décembre 1977. Je
vous ferai grâce de tous les articles qui ont été
votés de façon défavorable par le Parti libéral
à ce moment.
Je pourrais dire aussi que le ministre a l'air bon quand il parle, mais
quand le ministre des Finances vient siphonner, comme à la
présentation du budget de 1986, 200 000 000 $ de la caisse des
assurés, je trouve cela un peu fort. Je me dis que le gouvernement vient
chercher 200 000 000 $ dans la caisse des assurés, caisse actuarielle
des assurés, alors que, même s'il met de l'argent sur les routes,
elles sont utilisées non pas dans la même proportion que les
primes payées, les gens peuvent payer et utiliser beaucoup plus les
routes, donc, user les routes plus vite que les primes d'assurance qu'ils ont
payées.
C'est pourquoi, M. le Président, je pense qu'il faut regarder ce
projet de loi avec beaucoup d'attention. C'est pourquoi je veux dire que c'est
le 22 juin dernier, à la toute fin des travaux de la session
parlementaire, que le ministre des Transports déposait devant
l'Assemblée nationale l'avant-projet de loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile. Après le 22 juin, on sait que la
visibilité gouvernementale est moins grande. L'opinion publique est
moins au courant. C'est parce qu'on entre dans la période des vacances
du mois de juin où les gens pensent beaucoup plus aux costumes de bain
qu'ils vont porter qu'à la loi qu'ils vont étudier.
L'avant-projet de loi propose des changements en ce qui a trait aux
indemnités versées aux victimes ayant subi des dommages corporels
dans un accident de la route. Faudra-t-il également rappeler le contexte
dans lequel s'inscrit la présentation de cet avant-projet de loi? En
effet, le 21 juin, le ministre des Transports annonçait par voie de
communiqué une réduction des frais d'immatriculation des
véhicules de promenade, passant de 114 $ à 99 $, et fixait
à 25 $ le coût du permis de conduire, applicable dès le 1er
août 1987. L'annonce de cette mesure fut cependant suivie dès le
lendemain du dépôt de l'avant-projet de loi que nous
étudierons aujourd'hui et demain.
On peut s'interroger sur les raisons profondes qui ont motivé le
ministre des Transports à déposer l'avant-projet de loi qui fait
aujourd'hui l'objet de cette commission parlementaire. Pourquoi une telle
réforme du régime actuel d'indemnisation des victimes de la
route? Le ministre a-t-il pris soin d'évaluer l'impact de toutes les
mesures dont il est question dans l'avant-projet de loi? Les victimes
verront-elles une amélioration de leur situation ou, au contraire, une
réduction quant aux montants versés par la Régie de
l'assurance automobile? Le nouveau régime proposé est-il
équitable pour tous? Voilà autant de questions qui, je
l'espère, devraient trouver réponse au cours de nos travaux
aujourd'hui et demain.
L'avant-projet de loi qui est devant nous aujourd'hui présente de
nouvelles propositions quant au régime d'indemnisation des victimes pour
dommages corporels. De nouvelles dispositions, certes, mais qui n'en sont pas
pour autant moins inquiétantes pour les victimes d'accidents de la
route. Exemple: la réduction du délai maximum de trois à
un an pour déposer une réclamation. On ne connaît pas
encore la cause de ce changement d'orientation et on verra les mémoires,
principalement le mémoire du Barreau que nous entendrons tout à
l'heure, où l'on fait état, justement, qu'un an, c'est beaucoup
plus court que ce qu'on connaît habituellement et que, souvent, les gens
qui sont devant la Régie de l'assurance automobile du Québec
n'ont pas d'avocat, ils connaissent moins leurs recours et les délais de
leurs recours et que, de passer de trois à un an, c'est une grosse
bouchée.
Le remplacement des paiements d'indemnité sous forme de rentes
par des montants forfaitaires, est-ce que le ministre est convaincu sur ce
point, que toutes les victimes y verront une amélioration de leur
situation ou est-ce, tout simplement, qu'on veut faciliter l'administration,
sans tenir compte de la situation des victimes et de la situation dans laquelle
se trouveront les victimes qui auront eu un montant forfaitaire
qu'elles n'auront pas eu la précaution d'échelonner dans
le temps, sous forme d'une rente viagère. L'on devra nous
démontrer quels sont les avantages qu'il y aurait, non pas sur le plan
administratif seulement, mais sur le plan des assurés eux-mêmes et
sur le plan des contribuables, dans leur ensemble.
En outre, je dois manifester de nombreuses réserves, notamment
quant au pouvoir de la régie de statuer sur la capacité d'une
victime à exercer un emploi, dès le moment où son
état s'est stabilisé, tenant compte de certains facteurs, telles
la formation et l'expérience, etc. Justement, j'ai eu à
rencontrer des personnes, il y a quelques jours. J'ai vu quelqu'un, par
exemple, au sujet duquel la régie disait qu'il prenait avantage, pour
réduire sa prime -quelqu'un qui a dépassé 60 ans - qu'il
pourrait toujours être gardien d'un terrain de stationnement. Je vais
vous dire que, dans les petites municipalités, les terrains de
stationnement à garder sont peut-être un peu rares - nous ne
sommes pas à Montréal - et qu'on prend avantage de cela pour
réduire le montant, parce qu'on dit: Si tu étais gardien de
stationnement, tu aurais tel montant, alors, on va payer la différence
seulement. Je trouve ce raisonnement un peu vite et qu'on peut prendre
facilement avantage de dire que quelqu'un pourrait toujours faire du
ménage. Parce que, si tous les gens qui pouvaient faire du ménage
en faisaient, en fonction de la Régie de l'assurance automobile du
Québec, du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, on manquerait de poussière au
Québec pour tous ces gens-là.
Quant à la réduction, vous seriez surpris du nombre de
personnes qui peuvent faire du ménage au Québec et qui sont
considérées comme ayant la corde du coeur un peu longue, parce
qu'ils ne se trouvent pas d'emploi dans le ménage. Mais ce n'est pas si
facile que cela, faire du ménage, et moi, je vois beaucoup de gens
à mon bureau de comté qui veulent faire du ménage.
J'essaie de leur aider à en faire, mais on ne trouve pas d'emploi si
facilement pour faire du ménage. C'est facile de dire que quelqu'un
pourrait toujours faire du ménage, mais s'il est seulement capable de
faire du ménage, il faudrait peut-être que le ministère de
la Main-d'Oeuvre additionne les offres d'emploi dans le ménage et ceux
qui sont déterminés comme étant capables d'en faire, qu'il
tienne compte de ce facteur-là aussi, afin de déterminer s'il y a
tant de gens que cela qui peuvent faire du ménage au Québec.
Quant à la réduction progressive de l'indemnité de
remplacement du revenu pour les personnes âgées de 65 ans et plus,
également, il est plutôt rare que... Encore là, il y a des
réserves à envisager. Quant à la compensation,
également. Nous avons des réserves quant à la compensation
de la perte réelle du revenu d'emploi, au cours des six premiers mois
qui suivent l'accident, après quoi s'appliquera la notion de revenus
potentiels pour les victimes qui exercent un emploi temporaire, à temps
partiel ou qui sont sans emploi. Parce que ces définitions me font
penser... Comment peut-on définir un emploi temporaire pour des victimes
qui ont juste un emploi temporaire, à temps partiel ou... Cela me fait
penser un peu à la définition qu'on n'a pas encore réussi
à trouver, entre les personnes aptes et les personnes inaptes où,
apparemment, le ministre du Travail qui est moins puissant que le ministre des
Transports doit retourner faire ses devoirs parce que la notion de apte et
inapte n'est pas encore complètement cernée. Et elle est
difficilement "cernable", aussi.
Voici mes premiers commentaires, j'y reviendrai un peu plus tard.
Faisons un bref rappel historique. La réforme de l'assurance automobile
date maintenant de près de 10 ans. Le régime universel
d'assurances mis en place en 1978 et dont l'administration a été
confiée à la Régie de l'assurance automobile du
Québec jette, en effet, les bases d'un nouveau régime
d'indemnisation des dommages corporels, que nous connaissons tous fort bien
aujourd'hui. Il précisait du même coup un certain nombre de
dispositions relatives à l'indemnisation des dommages matériels.
Dès le début des années soixante-dix, de nombreuses
études en viennent à la conclusion que les régimes
d'assurances existant à l'époque présentent de très
nombreuses lacunes quant à l'indemnisation des dommages corporels
résultant d'accidents de la route. Au Québec, le rapport du
comité d'étude sur l'assurance automobile, le rapport Gauvin,
présenté en 1974, en arrive d'ailleurs aux mêmes
conclusions. La réforme de 1978 aura donc permis une amélioration
importante des sommes versées en indemnisation pour dommages corporels;
une hausse du nombre des indemnités pour dommages corporels et des
victimes d'accidents qui sont indemnisées; une meilleure redistribution
de ces indemnités entre les victimes; des procédures
d'indemnisation plus efficaces. C'est du moins la conclusion à laquelle
en arrive deux chercheurs du département de sciences économiques
de l'Université du Québec à Montréal, dans le cadre
d'une étude menée en 1986. Ainsi, disent-ils, le bilan de la
réforme apparaît tout à fait positif et, le ministre l'a
mentionné, la protection globale a augmenté de 35 % par rapport
aux anciens régimes qui existaient antérieurement à
l'adoption de cette loi. Des gains d'efficacité appréciables ont
permis de diminuer le coût relatif de l'assurance. Les aspects plus
qualitatifs de procédure d'indemnisation ont aussi connu une
amélioration certaine.
(14 h 45)
Selon le dernier rapport annuel de la Régie de l'assurance
automobile du Québec, en 1986, la régie a reçu 34 707
demandes d'indemnisation relatives à des dommages corporels, en baisse
de 5,3 % par rapport à 1985. Elle aura versé aux
accidentés de la route un total de 280 300 000 $ sous différentes
formes d'indemnités. Depuis 1978, le total des indemnités
versées s'élève à un 1 317 000 000 $. Par ailleurs,
au moment où la Régie de l'assurance automobile annonçait
une réduction des coûts de l'immatriculation et du permis de
conduire, le bilan routier pour les sept premiers mois de l'année 1987
venait assombrir la performance de 1986. Je ne viendrai pas dire que c'est la
faute du ministre.
En effet, de janvier à juillet - vous ne pouvez pas dire que je
ne suis pas bon prince - le nombre d'accidents routiers a augmenté de 4
% par rapport à la même période l'an dernier. Le nombre des
victimes blessées a augmenté de 6,5 %, tandis que le nombre de
décès a connu une hausse de 4 %. Enfin, il importe de rappeler
que, l'an dernier, la Régie de l'assurance automobile a pu
dégager une réserve excédentaire. C'est ainsi que l'on
apprenait dans le dernier discours sur le budget du ministre des Finances que
la régie retournerait au gouvernement du Québec un montant de 200
000 000 $ du fonds des assurés, au cours des deux prochaines
années, destiné à compléter le programme
d'entretien et de réfection de l'ensemble du réseau routier, dont
60 000 000 $ dès cette année. Cet argent appartenait aux
assurés et devrait être remboursé par le ministre des
Finances. Nous aurons l'occasion de revenir là-dessus.
Avant-projet de loi. Les dispositions de l'avant-prajet de loi que nous
discuterons au cours des prochaines heures nous laissent songeurs à
plusieurs points de vue. Les mémoires qui ont été
préparés par des individus ou organismes dans le cadre de cette
commission parlementaire soulèvent d'ailleurs bon nombre
d'inquiétudes et d'interrogations. J'aimerais, avant d'entreprendre le
début de nos travaux, apporter quelques commentaires sur certains
éléments qui me semblent plus inquiétants.
Premièrement, la réduction du délai de trois
à un an pour déposer une réclamation pour des blessures
subies lors d'un accident de la route. La réduction de ce délai
nous apparaît tout à fait injustifiée. Comment le ministre
peut-il expliquer une telle situation, alors que, comme le faisait si bien
remarquer le Barreau du Québec, la tendance de la législation
moderne a pour effet de prolonger les délais de prescription et non pas
de les réduire?
Comment justifier une telle décision alors que la régie,
elle, se réserve un délai de trois ans pour réclamer des
indemnités versées en trop ou à des personnes qui n'y
avaient pas droit? En somme, le délai des trois ans devrait être
maintenu tel que prévu dans la loi actuelle.
Deuxièmement, le pouvoir de la régie de statuer sur la
capacité d'une victime à exercer tout emploi dès le moment
où son état s'est stabilisé, en tenant compte d'un certain
nombre de critères, telles la formation et l'expérience, etc. Les
articles 58 à 61 soulèvent de nombreuses questions quant aux
modalités d'application. Pourquoi ne pas inscrire dans la loi
plutôt que de fixer par règlement les normes et modalités
devant permettre à la régie de déterminer un emploi
à une victime... Pour que cela puisse être discuté par les
élus, par ceux qui ont fait la loi car, par un règlement de cette
nature, on pourrait détourner toute une partie de la loi de son
application. Les critères prévus dans l'avant-projet de loi
permettront-ils de déterminer adéquatement un emploi qui
convienne vraiment à la réalité d'un accidenté,
à la réalité vécue par l'accidenté? N'y
a-t-il pas danger de voir de nombreuses contestations à la suite de la
décision de la régie qui viendrait ainsi compliquer le traitement
des dossiers des accidentés?
Troisièmement, c'était justement un des points de la
Régie de l'assurance automobile de faire en sorte que des personnes qui
étaient déjà victimes d'accident d'automobile ne soient
pas prises dans des procédures judiciaires à la suite de leurs
problèmes. C'était justement une des questions que voulait
régler cette loi. La réduction progressive de l'indemnité
de remplacement du revenu pour les victimes âgées de 65 ans et
plus aux articles 54 à 56. De telles dispositions semblent tout à
fait discriminatoires et injustes et n'ont pour effet que de pénaliser
les personnes âgées. Comment expliquer et justifier une telle
orientation dans un contexte où le nombre de personnes
âgées ne cessera de croître au cours des prochaines
années, ou est-ce justement la raison? Par rapport aux dispositions
actuelles, il s'agit là d'une perte importante pour les personnes qui
seront touchées.
Quatrièmement, les indemnités versées aux victimes
de la route. D'ailleurs, quant à cette volonté d'accorder aux
victimes d'accident de la route, il y a lieu de s'interroger sur le niveau
même des indemnités versées. Les montants forfaitaires
accordés sont-ils suffisants et permettront-ils de venir en aide
adéquatement aux victimes, de répondre à leurs besoins
réels? Parce que nous sommes toujours dans le contexte de vouloir parler
d'une assurance qui assure plutôt que d'une assurance qui vise uniquement
à économiser. Il semble bien qu'à ce chapitre
l'indemnité forfaitaire minimum prévue en cas de
décès mériterait d'être
prévues, par exemple, à l'article 22 pour prendre soin
d'un enfant de moins de 16 ans, mériteraient sans doute d'être
vues au profit d'une majoration graduelle selon le nombre de personnes à
charge, d'autant plus qu'on parle de plus en plus d'une politique familiale,
qu'il y a très peu d'enfants au Québec et qu'il serait
peut-être dans l'ordre actuellement où les gens sont plus
conscients que les frais de garde ou frais des enfants à charge soient
mieux compensés dans une perspective, justement, d'une politique
familiale.
En conclusion, il s'agit bien sûr d'un avant-projet de loi, je ne
voudrais pas entreprendre le débat de l'étude article par
article. Je vais plutôt laisser aux groupes l'opportunité de
présenter leur mémoire et de faire état de leurs
préoccupations. Nous aurons l'occasion de poursuivre la discussion par
la suite, mais je dois ajouter avant de terminer qu'à la base de toute
réforme de l'assurance-automobile il importe de s'assurer que les
victimes d'accident de la route bénéficieront d'indemnités
répondant adéquatement à leurs besoins et à la
réalité qu'elles doivent affronter.
Les objectifs qui ont guidé la réforme de l'assurance
automobile doivent encore aujourd'hui demeurer au coeur de nos
préoccupations et de nos discussions, soit une meilleure indemnisation
des victimes d'accident de la route, une indemnisation plus efficace à
meilleur coût. Quant à nous, les dispositions de l'avant-projet de
loi soulèvent de très nombreuses interrogations et nous font
craindre que les objectifs ne soient pas tous respectés.
Quoi qu'il en soit, nous entendrons et écouterons avec attention
les groupes venus nous présenter leur mémoire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission à l'étape des remarques préliminaires, compte
tenu de l'entente intervenue pour laquelle nous avons réservé dix
minutes à chacune des formations politiques? Il n'y a personne d'autre.
M. le ministre, j'imagine que vous avez quelques réactions.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, une première
réaction à l'énoncé du député de
Lévis. Il a mêlé un peu toutes sortes de choses au
départ qui n'ont pas tellement affaire avec la Régie de
l'assurance automobile. Le seul lien que je pouvais trouver, c'est qu'à
l'époque on avait parlé du fait que la Régie de
l'assurance automobile puisse peut-être occuper l'Atrium, mais
c'était sous votre gouvernement. C'est à peu près le seul
lien que je peux faire avec l'Atrium, Quebecair et l'avant-projet de loi
M. Garon: C'était avant le rapport Lapointe.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Garon: C'était avant le rapport Lapointe.
M. Côté (Charlesbourg): Vous consulterez à
nouveau le commissaire Lapointe et il vous dira qu'il avait prévu
à l'intérieur de cela que l'Atrium pourrait être
utilisé par le gouvernement éventuellement fidèle aux
engagements politiques du PQ et du Parti libéral.
Tout simplement pour dresser un petit tableau très rapide; il n'y
a pas d'étonnement à ce que le Parti libéral puisse
s'asseoir à la table aujourd'hui et dire: Que pouvons-nous faire pour
améliorer la situation? et à cette remise en cause de
l'époque où effectivement le Parti libéral avait
voté contre en deuxième et en troisième lectures. Je
pourrais vous donner des communiqués de presse du Parti libéral
du 27 mai 1985 qui étaient sans équivoque quant au régime
d'assurance automobile et cela, avant même qu'on soit élu en
décembre. Alors, c'est très clair à ce point de vue et
c'est pourquoi je ne suis pas honteux d'être ici aujourd'hui,
étant responsable de ce dossier.
Très rapidement, M. le Président, c'est un projet de loi
qui n'est pas né de la cuisse de Marc-Yvan Côté, ministre
des Transports, responsable de la Régie de l'assurance automobile. Ce
sont les amendements au projet de loi qui sont sur la table depuis
déjà fort longtemps puisque le premier ministre à
être sensibilisé à ces amendements était M. Clair,
par la suite M. Léonard, par la suite M. Tardif et, finalement, je suis
le quatrième. Alors, il faut croire que ce n'est pas né de la
cuisse de Marc-Yvan Côté, c'est de l'expérience qu'a
vécue la régie et de certains ajustements nécessaires
à ce niveau.
Quant au dépôt le 22 juin, il n'y avait rien de
caché. Si on avait voulu cacher des choses, on se serait pris fort
différemment, et quand on veut cacher des choses, on ne fait pas un
avant-projet de loi. Un avant-projet de loi, c'est pour donner la chance
à tout le monde d'en parler, d'en discuter et c'est pour cela que nous
sommes ici aujourd'hui et que nous pourrons effectivement faire un certain
nombre de choses, un certain bout de chemin ensemble, à la
lumière des expériences vécues et du vécu des gens
qui vont s'exprimer ici. Mais encore faudra-t-il faire une distinction
très nette entre ceux qui vivent de cela et ceux qui sont victimes de
cela, parce qu'il y a une différence très nette entre les deux.
Quant à moi, je me réserve le droit de dire certaines
aussi se sont réservé le droit d'écrire certaines
vérités qu'ils pensent des vérités. Donc, il y a
des choses qui sont bonnes qui ont été soulevées dans les
mémoires, il y en a d'autres qui le sont moins. On se réserve le
droit d'être capable de corriger des situations et c'est pour cela que
j'ai avec moi M. Vézina et M. Clark qui ont leur vécu de tous les
jours à la Régie de l'assurance automobile et cela, depuis
déjà fort longtemps.
L'exemple du ménage, de la femme de ménage ou de l'homme
de ménage de tantôt, hé bien! vous avez illustré
l'exemple parfait parce que c'est la limite du régime actuel. C'est la
limite du régime actuel et certains accommodements sont
nécessaires, et nous le croyons, à la fois au niveau des
personnes de 65 ans et plus et du cas particulier que vous souleviez tout
à l'heure. Je pense que cela m'apparaît extrêmement
important. On va pouvoir en discuter parce que j'imagine que le
député de Lévis pourra illustrer l'exemple tout au long de
la commission, ce qu'il voulait nous exprimer. Il a parlé des accidents,
de la générosité du ministre des Transports de baisser les
primes d'assurance automobile et de retourner à ceux qui avaient eu un
comportement exemplaire, son inquiétude, aussi face aux premiers mois de
l'année. Je dois vous dire, cependant, qu'il y a un redressement de
situation en incluant le mois d'août qui est tout à fait à
la hauteur de nos aspirations et il faut faire encore davantage puisque les
décédés sont maintenant de 1,5 % de plus que l'an
passé et les blessés de 3,8 %, ce qui signifie que le mois
d'août a été moins catastrophique que les autres mois et
que nous devrons porter le jugement sur le bilan annuel et non pas sur les mois
les plus accidentés au niveau du Québec, juin, juillet et
août, en règle générale.
Il faut se rappeler aussi que nous passons d'un projet de loi de 180
articles à un projet de loi de 257 articles. Ce que nous avons voulu
faire effectivement, c'est qu'un certain pouvoir qui était dans la
réglementation puisse être introduit à l'intérieur
d'une loi, donc, discutable article par article autour de cette table-ci et
qu'on puisse faire l'objet de débats et peut-être mieux se
comprendre sur ce que nous voulons faire. Dans ce sens-là, je pense que
c'est très révélateur: de 180 à 257, il y a quand
même quelque chose qui se passe à ce niveau-là.
Il y a, bien sûr, un certain nombre de choses qui sont
contestées. Je ne vais prendre qu'un seul point pour peut-être
lancer la discussion au niveau de nos échanges avec nos intervenants.
Quand j'ai dit, au niveau du texte, "nous ferons", c'est dans la mesure
où notre avant-projet de loi devient loi et on a fort bien dit qu'on
n'était pas fermé à des modifications à
l'avant-projet de loi qui éventuellement deviendrait loi. On s'est
placé dans le contexte où effectivement il faut dire ce qu'il y a
à l'intérieur, transparent. Il faut être capable de faire
du chemin ensemble et de se comprendre. Il y a peut-être des
incompréhensions. On va tenter de les éclairer en cours de
route.
D'entrée de jeu, je peux dire au député de
Lévis que, dans son inquiétude concernant le délai, il
reprenait essentiellement les propos du Barreau. Cela a inspiré une
bonne partie de son discours à ce niveau-là, le délai
passé de trois ans à un an. Il faut se rappeler que 95 % des cas
sont entrepris au bout de six mois et que 98 % des cas sont entrepris
après un an. Il en reste donc 2 % qui, dans le régime, sont
traînés pendant trois ans avant de faire des réclamations
et que c'est là que se situe le plus haut niveau - il y a
peut-être un autre terme que fraude - d'indication pas tout à fait
conforme à la réalité. Dans ce sens-là, cela nous
apparaissait important. Mais, d'entrée de jeu, je dis déjà
au député de Lévis que le délai de trois ans...
Puis, il y avait un point qui était important: alors que la tendance sur
le plan législatif est davantage de faire trois ans que de ramener cela
à un an, cela va être changé, ce sera trois ans. Dans ce
sens-là, c'est le premier point sur lequel le député de
Lévis est intervenu pour donner le ton concernant la commission. Il est
clair qu'on est ouvert à des modifications, puis il s'agit d'en
discuter. Alors, ce ne sera pas un an, ce sera trois ans malgré le fait
que 98 % des demandes sont entreprises après un an et que le plus de
mauvaises informations sont données sur les 2 % qui restent au cours de
la deuxième et la troisième année.
Il serait facile d'aller dire aux personnes âgées: Vous
êtes après vous faire organiser par les modifications concernant
la loi de l'assurance automobile. Ce serait probablement un sujet très
populaire auprès des personnes âgées, il faudrait faire
attention. (15 heures)
La Régie de l'assurance automobile n'a pas fait cela dans sa
tour, au niveau de Sillery, pour dire: On parachute cela demain matin au niveau
des personnes âgées. C'est qu'il y a eu consultation au
préalable. Il y a eu des rencontres avec la Fédération de
l'âge d'or. Ces gens aussi ont eu certaines réactions à ce
niveau-là, des réactions qu'ils voudront bien exprimer en temps
opportun, mais ils ont maintenant une bonne compréhension de ce qui est
visé et pas nécessairement en désaccord avec ce qui est
proposé. On verra en cours de route les interprétations des uns
et des autres, car, à la fin, la conclusion qui s'impose lorsqu'on
ajoute 34 000 000 $ à un régime en termes d'indemnité,
c'est, j'imagine, qu'il y a quelqu'un quelque part qui doit en
bénéficier. Alors, on n'enlève pas 34 000 000 $, on
rajoute 34 000 000 $, donc 6 % d'indemnité et cela nous
apparaît extrêmement important. Donc, à la fin, il y en a
plus à la fois pour les personnes âgées et pour d'autres
catégories aussi. Bien sûr, c'est la perte réelle. Ce sera
au coeur du débat puisque, effectivement, j'ai vu des mémoires
qui vont à l'encontre de l'interprétation que nous avons, la
régie et nous. C'est définitivement une compensation pour perte
réelle. Cela nous apparaît extrêmement important à ce
moment-ci en termes de discussion.
Voilà, M. le Président, c'est dans cet esprit,
déjà, une première modification à l'avant-projet de
loi, de passer d'un an à trois ans en termes de délai. Dans la
mesure où il y aura justification en cours de route de certains autres
amendements, échanges de préoccupations - et peut-être que
ce que nous avons vu, nous, comme interprétation, comme application, ce
n'est pas ce qui se passe en réalité - et qu'on nous en fera la
démonstration, on est ouvert aux modifications et vous les verrez au
moment du dépôt du projet de loi. Le projet de loi sera
déposé dans la mesure où je serai satisfait.
Voilà.
Auditions
Le Président (M. Rochefort): Merci, M. le ministre. Cela
va. J'inviterais, donc, maintenant la Commission des services juridiques
à prendre place à la table de nos témoins. Bienvenue
à notre commission. Je vous demanderais de vous identifier pour
l'information des membres de la commission, de même que pour les services
du Journal des débats et, par la suite, de nous faire une
présentation d'environ une vingtaine de minutes des principaux
éléments de votre mémoire.
Commission des services juridiques
M. Lafontaine (Yves): Merci, M. le Président. M. le
ministre, messieurs les élus, à ma droite, Paul Faribault, qui a
un bureau d'aide juridique à Magog; à ma gauche, Jean-Pierre
Villaggi, du service de recherche de la commission. Moi-même, je suis
Yves Lafontaine, président de la commission. Je remercie, d'abord, la
commission de bien vouloir nous entendre. Je veux simplement faire quelques
remarques préliminaires et je demanderai à ceux qui
m'accompagnent, plutôt, de faire la présentation du texte, parce
qu'ils sont plus familiers que moi avec cette réalité.
À la lecture du mémoire, vous allez remarquer qu'il est
plutôt biaisé. C'est normal qu'il soit biaisé dans le cas
de la Commission des services juridiques, parce que la clientèle qui
nous a été attribuée par le législateur est une
clientèle défavorisée.
Donc, ne vous surprenez pas si, plutôt que de vous parler du
travailleur à temps plein, on vous parle de femmes au foyer on vous
parle plutôt des vieux, on vous parle plutôt des personnes qui
travaillent à temps partiel ou des personnes qui travaillent d'une
façon temporaire.
En passant, les frais modérateurs peuvent sembler ridiculement
bas, disons, à 20 $ pour quelqu'un qui veut aller en appel. Je peux vous
dire que, pour le genre de clientèle que nous représentons, ce
sont réellement des frais modérateurs dans ce sens que cela
modérera les clients qui veulent faire un appel.
Une autre caractéristique de notre mémoire, vous allez
remarquer que c'est un mémoire de praticiens, c'est-à-dire qu'il
est plutôt basé sur l'expérience de nos avocats qui font
affaire régulièrement avec la régie. Soit dit en passant,
un des arguments -j'étais en commission parlementaire quand on avait
présenté le mémoire sur le "no-fault" -c'était de
dire que le "no-fault", d'abord, va indemniser plus de personnes et
peut-être à un meilleur coût parce qu'il y aura un plus
grand retour sur l'argent. On disait aussi: II y a des questions
d'efficacité et de vitesse qu'il ne faut pas mettre de
côté, en ce sens que, si vous allez devant la cour - on
connaît les délais qui existent - il est important de garder une
certaine accélération dans le processus d'indemnisation. Donc,
nous porterons une attention spéciale, disons, pour que la
réputation que la régie s'est faite à travers le temps se
maintienne, pour qu'on soit sûr qu'il y a, quand même, une
efficacité et une vitesse qui soient maintenues.
Maintenant, vous allez nous pardonner aussi un manque dans notre
mémoire, c'est le manque de chiffres concernant l'appréciation
totale du régime. Nous n'avons pas les connaissances suffisantes et nous
n'avons pas, non plus, l'expérience, ni les chiffres que la régie
possède pour contester les choix qui ont été faits entre
les différentes indemnisations. Pourquoi a-t-on choisi 6 mois, pourquoi
a-t-on choisi de ne pas indemniser les personnes âgées et
a-t-on plutôt décidé d'indemniser des
étudiants, etc.? Ces différents choix qui ont été
faits et qui sont les choix d'une société, nous ne pouvons pas
les contester ou les interroger, parce que nous ne connaissons pas les chiffres
qui sont à la base de ces choix qui ont été faits. Je suis
content de voir que le ministre l'a dit tantôt. Il s'agit d'une
augmentation de la masse globale qui sera répartie entre les victimes
à indemniser. Maintenant, on n'est pas capables de contester les choix,
parce qu'on ne sait pas quels ont été les mouvements d'argent qui
ont été faits en faveur d'un catégorie vis-à-vis de
l'autre. Vous nous pardonnerez, mais, sur ce sujet, nous allons plutôt
nous en tenir à ce que nous
apprécions au niveau du droit.
Je vais maintenant demander à M. Jean-Pierre Villaggi d'aller
peut-être un peu plus loin dans la présentation du
mémoire.
M. Villaggi (Jean-Pierre): Si vous le permettez, ce sur quoi on
s'est attardé dans la présentation, ce sont surtout les
éléments de politique générale. C'est-à-dire
que tous les éléments techniques qu'on retrouve dans le
mémoire qui sont très particuliers, concernant, entre autres,
certaines dispositions, certains amendements de texte, je vous en fais
grâce. Tout cela est écrit dans le mémoire et, s'il y a des
détails à ajouter à quelques endroits, on en fera
mention.
On portera surtout attention aux changements profonds qui, nous
semble-t-il, sont à discuter. À la base même de cette
discussion, du moins à la base même du mémoire qui a
été préparé, deux questions se sont posées
pour notre part. On s'est demandé, en premier lieu, quel était le
rôle de la Régie de l'assurance automobile, si la Régie de
l'assurance automobile n'avait pas, justement, un rôle social qui est de
prendre charge de l'accidenté de façon rapide, de façon
efficace. Dans ce cadre-là, ne devrait-on pas davantage favoriser
l'indemnité de remplacement du revenu en lieu et place du déficit
anatomophysiologique qui, lui, n'intervient qu'après souvent six mois,
un an ou deux ans, une fois que la condition de l'accidenté s'est
stabilisée. C'était donc une première préoccupation
qu'on avait à l'esprit et qui a guidé la rédaction du
mémoire.
Cette préoccupation, d'après nous, se justifiait
également dans la mesure où on ne planifie pas un accident
d'automobile. C'est quelque chose qui arrive de façon imprévue.
On doit donc être en mesure de pallier aux conséquences d'un
accident d'automobile de façon rapide, de façon efficace. Toute
cette question va revenir fréquemment dans le mémoire. Cela nous
apparaît important.
La deuxième question qu'on s'est posée, c'est: Qui doit
assumer les risques d'un accident d'automobile? Est-ce pas cela ne doit pas
être l'ensemble des utilisateurs d'automobiles? Dans ce sens, ne doit-on
pas faire tout ce qui est en mesure d'être fait pour s'assurer que ce
soit l'ensemble des utilisateurs d'automobiles qui pallient aux
séquelles d'un accident d'automobile ou si on doit, à un certain
moment, remettre ce fardeau sur l'ensemble des citoyens par le biais, par
exemple, de programmes d'aide sociale? Il nous apparaît également
qu'à certains moments on fait assumer les risques de l'accident
d'automobile à l'ensemble de la société par le biais des
programmes d'aide sociale. Également, ce choix, en questions on le remet
à quelques reprises.
Les éléments qui nous paraissent importants sont, dans
l'ordre, les suivants. Premièrement, toute la question qui touche la
détermination de l'emploi, les articles 58 à 61. On retrouve de
façon générale deux étapes. Une première
étape, celles des 180 jours où dans le cas des gens travaillant
à temps partiel, des employés temporaires ou des personnes au
foyer, on présume d'un emploi, alors que la personne n'est pas capable
de travailler. La deuxième étape qui suit, qui est en application
de l'article 62, où on détermine un emploi lorsque la personne
redevient capable de travailler.
Il nous apparaît, dans un premier temps, qu'on a omis, à
l'intérieur de ces éléments, deux faits importants. D'une
part, il nous semble essentiel, lorsqu'on détermine un emploi, de tenir
compte de l'âge de l'accidenté et de l'existence réelle de
l'emploi qu'on présume, de la disponibilité réelle de
l'emploi qu'on présume. Pour donner un exemple ce qu'on connaît
actuellement avec la Loi sur l'assurance automobile, c'est l'application de
l'article 32, où on présume un emploi après cinq ans
à une personne qui est incapable de travailler. L'application de
l'article 32 donne lieu, entre autres, aux situations suivantes où on va
présumer à quelqu'un un emploi de monteur de filtres, un emploi
en réadaptation dans une clinique quelconque, c'est-à-dire des
emplois qui, théoriquement, vont exister à partir de la
classification canadienne, mais qui, en pratique, dans des régions
données, n'existent pas, ne se retrouvent pas. Ces emplois n'existent
pas. Ces emplois sont également souvent fonction de critères
très particuliers qui sont, entre autres, l'âge de
l'accidenté. Il faut bien comprendre que quelqu'un qui a une
cinquantaine d'années, 50-55 ans, n'est pas apte à se retrouver
un emploi de la même façon qu'une personne qui en a 20. Si vous
présumez à une femme qui a 55 ans un emploi d'hôtesse dans
un restaurant - c'est la nature du marché, je ne veux pas tenir des
propos désobligeants- elle risque d'avoir davantage de
difficultés à se trouver un emploi de ce type-là dans une
région comme la Gaspésie que si elle se retrouve à
Montréal, alors qu'on parle d'une personne de 20 ou 25 ans. Donc, c'est
le premier élément qu'il nous paraîtrait important
d'ajouter aux articles 58 et 61.
Deuxième élément qui nous a fait nous poser des
questions notamment sur la détermination d'un emploi, c'est que la
régie sera obligée de déterminer, dans un laps de temps
relativement court dans certaines situations, deux emplois, c'est-à-dire
de reprendre le même processus à deux étapes. Si on prend,
par exemple, la personne qui, après 180 jours, est encore sous
traitement et n'est pas en mesure de travailler et qui, deux mois après,
redevient capable de travailler, cela voudrait dire que la régie, dans
un espace de deux mois, devrait rendre deux décisions sur le même
élément en rediscutant du dossier une nouvelle fois. Cela
oblige à un traitement prolongé du dossier et on se
demande dans quelle mesure la régie pourra assumer un traitement rapide
des dossiers lorsqu'elle doit se soumettre à des questions de ce
type.
On peut encore porter notre attention sur l'application de l'article 32
tel qu'il existe actuellement où on doit déterminer après
cinq ans un emploi à une personne. Il arrive des cas actuellement
où cela prend trois, quatre, des fois cinq mois, alors qu'il doit se
passer cinq ans avant qu'on connaisse l'échéance pour
déterminer cet emploi. On peut donc se demander comment, dans un si
court laps de temps, un tel emploi pourrait être présumé
à un accidenté.
Deuxième élément qui est important à
l'intérieur des articles 58 à 61, c'est, notamment, l'article
62.4, lorsqu'on dit qu'un an après être redevenu capable d'exercer
un emploi, l'indemnité de remplacement du revenu cessera. Il faut
comprendre que cet article va s'appliquer dans le cas de personnes qui ont
perdu leur emploi, c'est-à-dire qui ne sont plus capables d'exercer
l'emploi qui était le leur. Vous pouvez imaginer dans ces cas-là
la personne encore qui a 45 ou 50 ans qui, depuis plus de 20 ou 25 ans, est,
par exemple, chauffeur d'autobus ou chauffeur de camion.
Ce que vous lui demandez, c'est à l'intérieur d'une
année, après qu'on lui a présumé un emploi parce
qu'elle n'est plus capable d'exercer cet emploi, de suivre tout le processus de
la réadaptation. Cela oblige à voir quelles sont les
capacités résiduelles. Cela oblige à voir quelles sont les
possibilités de formation à l'intérieur de cette
année. Cela oblige, également, à suivre des cours de
formation appropriés. Cela oblige finalement à se trouver un
emploi à l'intérieur de cette année. Il faut comprendre
qu'une année, c'est très court et c'est, en pratique, à
peu près impossible.
L'autre question qui s'est soulevée également à ce
sujet, c'est: Est-ce que la période d'une année n'inciterait pas
la Régie de l'assurance automobile du Québec à prendre
moins de mesures pour recycler une personne? Il faut comprendre qu'actuellement
sous l'article 32 on parle d'une période de cinq ans. Si la personne
redevient théoriquement capable de travailler après une
année, même si elle ne peut plus exercer son emploi, il y a une
période de quatre années pour lui trouver un emploi. Est-ce que
quatre années n'est pas un élément objectif forçant
la Régie de l'assurance automobile à mettre en oeuvre tout son
programme de réadaptation, alors que la période d'une
année dont on parle risquerait, dans certaines situations,
d'évacuer le problème et de ne pas traiter cette personne avec
toute l'attention qui est requise? C'est la question qui s'est
soulevée.
Troisième élément à l'intérieur de la
détermination de l'emploi de la victime et de ce qui s'y rattache, c'est
le fait qu'on ne retrouve plus d'indemnité de remplacement du revenu
minimale dans la loi. Dans le cas de la personne travaillant à temps
plein, on prévoit que ce sera le salaire minimum, mais dans le cas de
tous les autres accidentés, il n'y aucune indemnité de
remplacement du revenu minimale. Lorsqu'on prend également l'article 26
dont on traitera tout à l'heure, on peut se demander quel sera l'effet
de cette disposition dans le traitement des dossiers des accidentés.
La deuxième partie qu'il nous apparaît important de
commenter, c'est toute la section portant sur le droit à une
indemnité et qui touche les huit catégories qui ont
été définies dans l'avant-projet de loi. Si on y va
étape par étape, et on essaiera de les traiter aussi
succinctement que possible, on débute par le salarié,
l'accidenté travaillant à temps plein. Ce sont les articles 17
à 21. La première qui se soulève à ce niveau,
c'est: Quel est le sens de "habituellement", lorsqu'on parle de travailler
à temps plein "habituellement", à l'article 18? Est-ce qu'on doit
comprendre qu'une personne qui viendrait de débuter son emploi depuis
deux semaines n'est pas une personne qui travaille à temps plein
habituellement et qu'elle serait compensée sous un autre aspect de la
loi? C'est une question qui s'est soulevée et c'est une question qu'on
s'est posée.
Deuxième élément. Lorsqu'on regarde les mesures
prévues aux articles 17 à 21, on se rend compte que, de
façon générale, c'est plus avantageux que ce qu'on
retrouve actuellement dans la loi, sauf pour le cas de la personne qui est peu
touchée par l'accident en ce qui concerne son déficit
anatomophysiologique et qui a le malheur de perdre son emploi. Dans ces cas, le
nouveau projet de loi est plus désavantageux, c'est-à-dire que
cette personne ne bénéficie plus de la période de cinq ans
pour se réadapter. C'est donc le seul cas où ces mesures sont de
beaucoup désavantageuses par rapport à ce qui existe
actuellement. Dans les autres cas, si on parle du paraplégique, de la
personne qui a un haut pourcentage d'incapacité, de la personne qui est
capable de reprendre son emploi rapidement, les mesures proposées sont
plus avantageuses. (15 h 15)
La seconde section, qu'on retrouve aux articles 24 et suivants, concerne
les emplois temporaires et les emplois à temps partiel. Ce qui nous a
préoccupés dans cette partie de la loi, c'est la mécanique
qui est mise en place. Si on prend le cas de la personne qui est
accidentée au moment où elle exerce un emploi à temps
partiel, se repose, premièrement, la question de savoir ce qu'on entend
par "habituellement", comme on le faisait précédemment. Qu'est-ce
qu'une personne qui travaille habituellement à temps partiel? Est-
ce une personne qui depuis des années travaille à temps
partiel? Est-ce que c'est un événement récent? La question
se pose et on se demande si certaines personnes ne seraient pas
évacuées de cette partie de la loi pour être
indemnisées sous d'autres sections.
Se pose, en second lieu, comme je le mentionnais, le problème de
traiter rapidement et adéquatement le cas des personnes travaillant
à temps partiel. Vous devez présumer que la personne à
temps partiel devra, à l'intérieur d'une période de six
mois, être l'objet de plusieurs décisions. Si on prend, par
exemple, une personne à temps partiel dont le contrat se terminerait
dans trois mois, elle serait indemnisée durant une période de
trois mois en fonction du salaire qu'elle gagnerait. Suivant cette
période, il faudrait déterminer si elle reçoit de
l'assurance-chômage ou pas, si elle a droit à un excédent
ou pas, ce qui oblige à une seconde décision. Au bout de 180
jours, on aurait une troisième décision portant, cette fois, sur
l'emploi qui est présumé, auquel s'attacherait une
quatrième décision portant sur le revenu qui est
présumé à cet emploi.
Il nous apparaît que, dans un si court laps de temps,
malgré toute la capacité administrative de la Régie de
l'assurance automobile, c'est l'obliger à rendre des décisions
trop nombreuses pour être efficaces. On doute que la régie puisse
assumer ce rythme de façon constante.
On s'est interrogé également sur l'effet des dispositions
établies à l'article 26, aux paragraphes 1, 2 et 3, et qui sont
des critères qui influenceraient le revenu à être
déterminé par la régie. On se demande dans quelle mesure
ces critères seront appliqués et quels effets ils auront sur le
revenu présumé à l'accidenté. On n'a pas de
réponse précise, mais ce sont des questions qui se sont
soulevées et on se demande dans quelle mesure ces éléments
ne serviront pas à diminuer le revenu attribuable à une personne
travaillant à temps partiel.
Les remarques que nous venons de faire s'appliquent également
dans le cas de la personne qui est sans emploi et capable de travailler. Il
nous semble que la mécanique est relativement difficile. De plus, on
s'est demandé pourquoi la loi présumait qu'une personne ne
travaillant pas ne travaillerait pas, de toute façon, pour une
période de six mois. Il nous semble que c'est présumer beaucoup
de la situation de cette personne. C'est, en fait, l'évacuer du
marché du travail de façon implicite. On comprend que c'est un
choix au niveau du projet de loi, mais c'est un choix qui nous apparaît
discutable compte tenu du marché actuel. C'est le cas, justement,
où il nous apparaît que des programmes, telle l'aide sociale,
viendront prendre la relève et serviront,
La quatrième partie au sujet du droit à l'indemnité
qui concerne la personne au foyer constitue essentiellement, selon nous, un
choix de la part de la Régie de l'assurance automobile. On s'est
interrogé sur, notamment, ce qui constitue la majorité des
tâches. Ce qu'on comprend de la loi, c'est qu'une personne n'aura droit
aux indemnités prévues à l'article 35, à savoir 70
$, 50 $ et 50 $ que dans la mesure où elle ne pourra accomplir la
majorité des tâches. Qu'est-ce qui constitue la majorité
des tâches?
Deuxièmement, on s'est demandé également pourquoi
on prévoyait, à l'article 38, le choix, après une
période de 180 jours. Comment une personne peut-elle faire un choix
éclairé dans la mesure où elle ne connaît pas
à l'avance l'emploi qui lui sera présumé par la
Régie de l'assurance automobile du Québec? Il nous semble que
l'on devrait prévoir, à tout le moins, dans la loi que la
régie fasse connaître cette décision avant que la personne
ait à exercer ce choix au sens de la loi.
Dans le cas des étudiants de 16 ans et plus et en maison
d'enseignement, de façon générale, il nous est apparu que
les dispositions présentées étaient
préférables à ce qui existe dans la Loi sur l'assurance
automobile. La seule question qui s'est soulevée, c'est: Pourquoi ne
prévoit-on pas l'indemnisation d'un étudiant qui pourrait
être victime d'un accident d'automobile à la toute fin de son
année scolaire, par exemple au mois de mai, qui passerait cinq mois en
période de récupération, qui redébuterait son cours
au mois de septembre et qui ne se verrait affligé d'aucun déficit
anatomophysiologique? Cette personne-là, dans la construction actuelle
de la loi, ne reçoit absolument aucun montant et on s'est demandé
pourquoi cette personne n'aurait pas, à tout le moins, une
indemnité quelconque.
Dans le cas des étudiants de moins de 16 ans, deux questions
qu'il me semble important de soulever. Cela se retrouve aux articles 49 et
suivants. Tel que l'article 52 est rédigé, nous comprenons qu'un
étudiant qui a quinze ans et demi, qui a un accident d'automobile
important qui l'empêche de reprendre ses études, mais qui,
malgré tout, serait capable de travailler verrait son indemnité
prendre fin au moment où l'année scolaire se termine. Il nous
semble que c'est de pénaliser beaucoup un étudiant qui n'est plus
en mesure de poursuivre ses études, mais qui est simplement en mesure
d'être sur le marché du travail. Prenons l'exemple de
l'étudiant particulièrement brillant qui a un accident au
début du mois de mars, qui atteint l'âge de seize ans et qui est
en mesure de terminer son année scolaire de peine et de misère,
qui peut travailler, mais qui ne peut poursuivre ses études; cette
personne-là n'a aucune indemnité au sens de
devrait être exploré davantage dans l'avant-projet de
loi.
On arrive, finalement, aux deux dernières dispositions
concernant, aux articles 54 à 56, les personnes de 64 ans et plus et,
à l'article 57, la personne incapable d'exercer tout emploi. On s'est
interrogé fortement sur les raisons pour lesquelles on prévoit
deux classes d'accidentés, notamment les accidentés de plus de 64
ans. On s'interroge sur la portée de ces articles, notamment eu
égard à l'article 84.1 de la Loi sur les normes du travail et
à l'article 15 de la Charte canadienne des droits et liberté. On
comprend mal qu'une personne de 64 ans qui est toujours sur le marché du
travail puisse voir son indemnité diminuée comme la loi le
prévoit. Il nous semble qu'on devrait, à tout le moins, faire des
catégories pour prévoir que la personne qui est
déjà sur le marché du travail continue à avoir une
pleine indemnité comme n'importe quel accidenté travaillant
à plein temps. Cela nous semble discutable. Cela nous semble aller
à l'encontre même des dispositions de la Loi sur les normes du
travail, qui est la loi première en matière de marché du
travail.
En ce qui concerne la personne incapable d'exercer tout emploi, on s'est
interrogé longuement sur le fait qu'on n'accorde à cette personne
aucune indemnité de remplacement du revenu. Il nous semble que c'est une
notion à revoir dans la mesure où même la personne
handicapée, qui ne peut potentiellement travailler, perd, malgré
tout, sa capacité d'épanouissement par le biais d'un travail, par
exemple, en atelier protégé. Elle a une capacité
potentielle de travail dans un cadre particulier qui peut lui permettre, dans
certaines conditions, de générer un revenu de travail. C'est sa
capacité à générer du travail. Il nous semble
discutable qu'on évince cette personne de l'application de la loi. Il
nous semble dans cette perspective que l'on devrait envisager, à tout le
moins, des mesures palliatives pour tenir compte de ce genre de
handicapés se trouvant dans des situations particulières.
Le dernier élément qu'on aimerait soulever devant la
commission, c'est la question de la réadaptation. La loi actuelle
prévoit, un peu comme le fait l'avant-projet de loi, que la régie
peut mettre sur pied des programmes de réadaptation. Ces programmes de
réadaptation constituent, à notre avis, un des points forts du
Régime d'assurance automobile. Il y a dans les programmes de
réadaptation tels qu'ils existent actuellement des mesures fort
positives qui permettent réellement à l'accidenté de se
réadapter, de se remettre sur le marché du travail, de pallier
à tous les inconvénients que lui a causés son
accident.
Il nous apparaît que, à tout le moins, on devrait
prévoir dans la loi certaines mesures de réadaptation minimales
avec un droit de révision et d'appel complet. Ce qu'il faut comprendre
actuellement, c'est que tout ce qui touche la réadaptation n'est sujet
à appel devant la Commission des affaires sociales que de façon
fort limitée. On parle d'une preuve d'application inéquitable,
d'application déraisonnable, ce qui fait qu'en peu d'occasions on peut
faire réviser une décision rendue au niveau de la
réadaptation.
Cela pose également le problème de la connaissance des
programmes de réadaptation. Comment demander - et on ne met pas en cause
la bonne foi de la Régie de l'assurance automobile à ce
niveau-là - à un accidenté de faire des demandes
particulières sur des programmes de réadaptation, alors que ces
programmes sont inconnus et ne sont pas publicisés? Il nous semble
qu'à tout le moins, si on n'adopte pas des mesures de
réadaptation dans la loi de façon formelle, on devrait
prévoir dans la loi des mesures obligeant à publiciser ces
programmes-là et obligeant, également, à indiquer aux
parties quels sont leurs droits et recours eu égard à ces
programmes.
Ce sont les éléments qu'on tenait à porter à
votre attention. Comme on vous le disait au point de départ, notre
mémoire contient beaucoup de recommandations techniques qui sont
très arides à discuter. On vous en fait grâce. On
prévoit que vous en discuterez entre vous. C'est ce sur quoi on tenait
à attirer votre attention.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je pense que c'est M. Villaggi qui a débuté en
disant: On le dit, dès le départ, notre rapport est
biaisé. Effectivement, je pense que, de par la nature de vos fonctions
et votre vécu quotidien - on me signale que vous représentez
à peu près 1/3 % des cas devant la CAS et 40 % des cas en
révision -vous avez, quand même, une bonne expertise de ce qui se
passe. Mais vous vous inscrivez rarement pour donner, mais davantage pour
demander. Alors, c'est dans ce sens-là, je pense, que votre vécu
est, quand même, très utile, parce que la régie est
là, bien sûr, pour administrer le régime selon certaines
interprétations qui peuvent être fort différentes.
Alors, c'est clair que votre mémoire est très substantiel.
Vous avez fait un travail colossal, je pense. Vous avez épluché,
à partir de votre vécu, la loi et fait un certain nombre de
recommandations qu'on ne pourrait pas discuter dans l'heure qui nous est
impartie, mais qui feront certainement l'objet d'une rencontre, dans la mesure
où ça vous va, avec les gens de la régie pour donner suite
à la commission et voir dans le quotidien certaines explications qui
pourraient
vous être données et certaines explications dont on
aurait besoin quant à certaines interprétations que vous avez au
sujet de la Régie de l'assurance automobile ou des amendements contenus
à l'intérieur de l'avant-projet de loi.
Puisque vous êtes le premier groupe, je pense qu'il est bon de
rappeler, même si cela a été fait dans les notes
préliminaires, que le rôle social de la régie demeure. On
l'a dit tantôt et il faut continuer de le dire: L'indemnisation de tous
demeure là, l'indemnisation uniforme aussi demeure un des principes
très importants, sans égard à la faute, avec des
possibilités de réadaptation. Et, effectivement, M.
Vézina, en vous entendant, réagissait sur certains de vos propos,
en disant que c'était une mauvaise interprétation, puisque ce
n'était pas nécessairement la situation réelle, ou,
à l'occasion que c'était la loi actuelle, mais qu'on voulait
changer. Dans ce sens-là, avec la permission de tout le monde, je
passerai ultérieurement la parole à M. Vézina qui pourra
donner certains éclaircissements du vécu au niveau de la
régie.
Alors, c'est un peu cela que nous vouions et, finalement, quant
à nous, le réajustement est extrêmement important
maintenant et on parle de perte réelle. Pour nous, c'est un principe
très important d'indemniser la perte réelle. Si demain matin vous
assurez votre maison, vous allez l'assurer autant que possible pour la perte
réelle ou la valeur de remplacement. Et l'assurance ne vous donnera pas
plus. Dans ce sens, vous compensez déjà les pertes que vous avez
encourues. Et l'objectif des amendements à la Loi de l'assurance
automobile fondamentalement, c'est celui-là. Ce n'est pas un
régime d'aide sociale. C'est un régime de compensation de perte
réelle. Il y a d'autres régimes sur le plan social qui sont
là et qui doivent continuer de fonctionner. Le changement, il est
là. Quant à nous, c'est un principe extrêmement important
qu'on ne veut pas perdre de vue, non plus, et c'est ce qu'on veut faire. (15 h
30)
Effectivement, vos représentations, à plusieurs
égards, nécessitent des commentaires et une intervention. En
particulier, lorsque vous parlez de réadaptation vous voudriez que l'on
présume un emploi avant même la période de
réadaptation, si j'ai bien saisi le sens de votre message.
M. Villaqgi: Que l'on présume un emploi à deux
reprises.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Villaqgi: Qu'on présume un emploi à la fin de la
période de 180 jours et qu'on présume un second emploi lorsque la
personne redevient capable de travailler.
M. Côté (Charlesbourg): C'est là-dessus que
mon président a réagi en disant que c'était une mauvaise
interprétation. Je vais le laisser, là-dessus, vous donner la
version de la régie, en espérant que cela puisse éclairer
la lanterne de chacun.
Le Président (M. Saint-Roch): M.
Vézina.
M. Vézina (Jean-P.): M. le Président, pour
éclairer cette commission, on pourrait peut-être revenir sur
quelques interprétations, pas sur le bien-fondé de certaines
remarques, mais sur l'interprétation qu'en fait la Commission des
services juridiques.
À l'heure actuelle, nous intervenons avec l'article 32, auquel
monsieur faisait allusion, après cinq ans; après cette
période, on détermine si une victime d'accident est toujours apte
à occuper quelque emploi que ce soit, alors que la période
précédente, c'est-à-dire d'un an à cinq ans, c'est
"à occuper l'emploi qu'elle occupait au moment de l'accident. Dans le
nouveau projet de loi, comme on s'aperçoit que les victimes ont une
stabilité dans leur état de santé, dans 95 % des cas, bien
avant cinq ans, alors, on se dit: On enlève cette période de cinq
ans, on statuera sur la capacité à occuper un emploi au moment
où la victime en question aura une certaine stabilité dans son
état de santé.
Ce qu'on introduit - ce qui a mêlé, je pense, la commission
- maintenant, c'est une nouvelle disposition qui n'existe pas du tout dans la
loi actuelle: l'individu qui a été invalide, qui a
été victime de la route pendant plusieurs mois, on lui donne une
indemnité pour aller se chercher un emploi. Contrairement à ce
qui arrive présentement où l'individu qui est victime d'un
accident s'en va chez son médecin traitant qui conclut qu'il est apte
à reprendre le travail, en informe la régie et là on coupe
souvent l'indemnité de façon, je dirais, rétroactive
puisque cela nous prend, des fois, trois mois avant d'avoir le rapport du
médecin, etc., là, on va lui permettre, justement, de continuer
à recevoir l'indemnité en lui disant: Le médecin a
statué sur tes capacité à reprendre un emploi, mais,
compte tenu que cela fait longtemps que tu ne travailles pas, on va continuer
à te payer l'indemnité pour une période de temps afin que
tu te trouves un emploi. À ce moment-là, l'individu aura
été réadapté, il aura une stabilité de sa
santé, etc. Alors, il ne s'agit pas de dire: On change la situation
actuelle de cinq ans pour la remettre à un an, ce n'est pas cela du
tout, cela n'a rien à voir avec cela. Au moment où il est
stabilisé, on lui permet...
Plus sa période d'invalidité a été longue,
plus sa période de recherche d'emploi sera longue, avec un
décalage de trois mois, six mois ou un an. C'est la première
rectification.
Concernant le temps partiel, vous dites: Dans les six premiers mois, on
prendra plusieurs décisions. En fait, dans les six premiers mois, on ne
prendra qu'une décision, c'est: au moment de l'accident, avait-elle un
emploi ou pas, quelle est la perte réelle au moment de l'emploi et une
fois pour toutes pour les six prochains mois? Donc, on ne posera pas trois ou
quatre diagnostics.
Sur la question de l'étudiant de moins de seize ans qui perdrait
son année scolaire, toute sa capacité à étudier et
qui serait toujours capable de travailler, je pense qu'on pourrait
effectivement donner une indemnité pour une année scolaire
perdue, dépendamment du niveau.
Enfin, une dernière remarque, si vous me le permettez, M. le
Président, sur la réadaptation. À juste titre, vous
mentionnez que ce qu'on fait en réadaptation est très positif. Je
pense qu'un des beaux fleurons de la Régie de l'assurance automobile,
c'est précisément ce qu'on fait en réadaptation. On a
beaucoup de succès à remettre sur le marché du travail des
victimes de la route, grâce à plusieurs programmes de
réadaptation, seize programmes de réadaptation.
Vous dites qu'on devrait introduire cela dans la loi et qu'on devrait en
faire la publicité. Premièrement, il en va de
l'intérêt de la régie de faire de la réadaptation
et, si on a une performance financière aussi bonne que maintenant, c'est
grâce, justement, à ce qu'on fait en réadaptation. Alors,
pourquoi faire plus de publicité qu'on n'en fait maintenant puisque,
effectivement, on a tout intérêt à faire des programmes de
réadaptation à la régie? C'est notre intérêt
même; c'est l'intérêt de la société, celui de
la victime, ainsi que celui de la régie. Voilà, pour une fois, un
consensus au plan des intérêts.
Si on introduit dans la loi des programmes de réadaptation, je
pense que ce à quoi on va en arriver, c'est à les limiter. On en
fait très largement, de façon, encore une fois, très
efficace. Si on l'introduit dans la loi, on se dit que c'est probablement la
victime qui va y perdre parce qu'on va finir par limiter les programmes ou par
vouloir tout détailler dans les programmes, alors qu'à l'heure
actuelle notre possibilité, c'est même de payer pour une
machinerie dans une entreprise qui permet à un individu de retourner sur
le marché du travail. Imaginez-vous que, si on commence à mettre
cela dans un projet de loi, j'ai l'impression qu'on va, quand même,
limiter drôlement les programmes de réadaptation. Alors,
voilà, M. le Président, quelques remarques
préliminaires.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Vézina. M.
le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas si cela
inspire quelques commentaires. Je pense qu'on est là pour
échanger des idées et tenter de clarifier les points.
M. Faribault (Paul): II y a une chose qui me semble importante
c'est que M. Vézina semblait faire une adéquation entre la
stabilisation ou l'état de santé, la réadaptation et la
capacité de quelqu'un d'aller occuper un autre emploi. À l'heure
actuelle, la grande victime de cet avant-projet de loi, à notre avis,
c'est la personne qui ne pourra pas exercer le même emploi qu'elle
exerçait au moment de l'accident et qui va être en mesure
d'exercer un autre emploi théorique à l'intérieur de ce
délai de cinq ans qui était prévu. L'aspect
théorique de la détermination de l'emploi est quelque chose
d'extrêmement important. Si quelqu'un qui a été
mécanicien pendant 25 ans et qui a 45 ans ne peut plus exercer cet
emploi et, quelques mois après l'accident, serait en mesure de devenir
poseur d'appui sur des lunettes ou attacheur de moufles selon certaines
décisions qu'on nous envoie où on nous dit: Vous pourriez avoir
cette capacité, concrètement, si la personne a un an pour faire
cette transition, ses chances de se trouver un emploi sont extrêmement
limitées, alors qu'à l'heure actuelle, au moins, il y a un
délai de cinq ans qui lui est assuré et qui lui permet de se
retourner.
Lorsqu'on nous dit: À partir du moment où l'état de
santé va être stabilisé, la personne va avoir un an pour se
trouver un emploi, c'est vrai que dans ce sens, c'est différent par
rapport à la situation actuelle, sauf que, si cette stabilisation de
l'état médicalement objectif de la personne survient au bout de
six mois, huit mois, un an ou un an et demi, à ce moment, ce travailleur
de 45 ans, mécanicien depuis 25 ans, lui, il va avoir un an pour faire
face à la situation et se trouver quelque chose d'autre, ce qui va
être extrêmement difficile, alors que, en vertu du système
actuel, au moins, il a quatre ans pour le faire.
M. Villaggi: Si je peux me permettre sur les deux autres points
qu'a soulevés M. Vézina, comment se...
M. Côté (Charlesbourg): Avec votre permission.
M. Villaggi: Oui d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): ...j'aimerais bien cela
qu'on puisse essayer d'éclairer, à la fois votre lanterne et la
mienne. M. Vézina.
M. Vézina: La situation présente, encore une fois,
M. le Président, est la suivante: tant et aussi longtemps que le
délai de cinq ans n'est pas passé, c'est la capacité de
l'individu à occuper l'emploi qu'il occupait au moment de l'accident. Si
bien qu'on s'aperçoit que pour 90 % des victimes, cela arrive bien avant
cinq ans, la stabilisation de la santé. Ils sont réadaptés
bien avant cinq ans. On leur dit après cinq ans: Vous êtes aptes
à occuper tel ou tel emploi auquel faisait allusion tantôt
l'Opposition. Effectivement, là c'est un réveil brutal. Ils se
disent: Quand même, cela fait cinq ans que je ne fais rien, que je ne
travaille pas, pourquoi me présume-t-on tout de suite un emploi?
Ce que nous disons, c'est qu'on va effectivement porter un jugement sur
ses capacités à occuper un emploi au moment où les
médecins nous disent que sa situation est stabilisée. Cela ne
veut pas dire que la réadaptation est finie pour autant, loin de
là. D'ailleurs, l'articles 61 est assez clair. Alors, cette personne
continue à bénéficier de la réadaptation. Ce n'est
pas cela qui est en cause. Mais, à un moment donné, une fois
qu'on aura statué sur ses capacités, comme c'est le cas à
l'heure actuelle, plus l'invalidité va avoir été longue,
plus l'indemnité va se poursuivre pour lui permettre, justement, une
transition entre son incapacité, qui a duré trois, quatre, cinq,
six ou sept ans, et sa possibilité de retrouver un emploi. C'est tout.
Le ministre disait que le projet de loi est encore social et je pense que c'est
la plus grande mesure sociale qu'on introduit dans le projet de loi actuel,
cette capacité à chercher un emploi, tout en étant
indemnisé, alors qu'à l'heure actuelle il n'est plus
indemnisé, l'indemnisation cesse. C'est cela, la différence.
M. Faribault: Elle cesse effectivement, mais on ne parle pas du
même exemple. Vous parlez de la personne qui serait capable de retourner
à son emploi en dedans du délai. Vous dites: Là, c'est
plus avantageux parce que là elle va avoir un an après. Dans ce
sens, c'est vrai. Je ne parle pas de cette personne. Je parle de celle qui ne
peut pas reprendre son emploi et qui, elle, voit son délai réduit
à un an de sa date de stabilisation de son état de santé
par rapport aux cinq ans qu'elle avait autrefois. On ne parle pas de la
même personne et c'est pour cela qu'on n'est pas sur la même
longueur d'onde.
M. Villaggi: Si je peux me permettre, dans le même esprit
que Me Faribault, c'est pour ces cas-là qu'une année, cela
devient très court. Je pense aux cas dont parlait M. Vézina. Mais
on peut citer des cas qui existent actuellement et qui ont peut-être dans
l'excès contraire; c'est le cas de la personne dont l'état est
stabilisé après trois ou quatre mois et qui dispose de quatre ans
et demi pour, finalement, se retrouver un emploi. On peut se demander si quatre
ans et demi, ce n'est pas trop long à ce moment-là.
Effectivement, c'est une question qui peut se poser. Si on prend la cas dont
parlait Me Faribault, cette personne a une année, c'est-à-dire
qu'à partir du moment où sa situation s'est stabilisée
physiquement elle commence sa reconversion au marché du travail. Ce
qu'on lui donne, c'est une année. Mettez-vous dans la peau d'une
personne qui a une cinquantaine d'années et vous allez voir qu'une
année pour retourner sur le marché du travail lorsque votre
expérience de 25 ou 30 ans ne compte plus, c'est très peu. C'est
sur ces cas-là qu'on se questionne et ils nous préoccupent
beaucoup. Une année, c'est très peu dans ces cas-là.
Je peux vous donner un exemple pratique de ce qui peut se produire: si
la situation s'est stabilisée au mois d'août, prenez trois ou
quatre mois avant qu'on dise à cette personne: Ce que votre
capacité potentielle résiduelle vous permet de faire, c'est tel
travail. Maintenant, on va étudier pendant trois ou quatre autres mois
ce que vous devez faire pour occuper cet emploi, il vous reste, en fin de
compte, quatre mois soit pour suivre le cours qui est requis, soit pour faire
les démarches d'emploi qui sont requises, soit pour étudier le
marché du travail en fonction de ce qui vous a été
déterminé. C'est très court. C'est de cela qu'on
parle.
Si je puis me permettre d'intervenir également sur deux autres
points que M. Vézina a soulevés. Sur les programmes de
réadaptation, on est d'accord avec lui, et on le souligne dans le
mémoire, que le fait de ne pas "encarcaner" cela dans la loi permet
effectivement une polyvalence, une souplesse qui peut être requise. Sauf
que cela produit également l'effet désagréable de ne pas
permettre à l'accidenté - on se place toujours du
côté de l'accidenté - de contester pleinement certaines
décisions qui sont rendues. Il nous semble que, à la limite, ce
droit devrait être clairement expliqué dans la loi. Je ne vous dis
que cela représente énormément de dossiers, mais
même si cela représentait 5 % des dossiers, il me semble que,
comme représentants d'accidentés, on devrait être en mesure
d'intervenir sur ces dossiers.
Également pour clarifier, j'ai parlé d'emploi à
temps partiel lorsque je parlais de la série de décisions; c'est
exact lorsqu'on parle d'emploi temporaire. Effectivement, ce que disait M.
Vézina sur l'emploi à temps partiel, c'est exact; la seconde
décision viendra au bout de 180 jours. Dans le cas de l'emploi
temporaire, - on peut se retrouver avec plusieurs décisions en cours de
route.
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président, je sais que notre temps achève.
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste trois minutes,
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): On voit que ce n'est, quand
même, pas facile d'en discuter lorsqu'on arrive dans des cas. Dieu sait
que vous vivez plusieurs cas puisque vous représentez un nombre assez
impressionnant de personnes qui ont affaire avec la Régie de l'assurance
automobile. Il y a, quand même, un certain nombre de choses qu'on peut,
dès maintenant, à cette table, régler pour dissiper les
doutes.
Vous avez posé la question tantôt: "Habituellement",
qu'est-ce que cela veut dire? Vous avez pris un exemple. Est-ce que
"habituellement", cela veut dire le gars qui travaille depuis deux semaines?
C'est cela que ça veut dire aussi. Je pense que cela clarifie la
situation très nettement et c'est très clair à ce
sujet-là. Il faut comprendre que la régie n'est pas là
pour embarrasser. La régie est là pour tenter de régler un
certain nombre de problèmes. Votre présentation globale, si
j'avais la capacité aujourd'hui de la chiffrer, s'inscrit nettement en
demande. Ce n'est pas un grief, je pense que je l'ai dit tantôt, et vous
avez eu l'honnêteté de le dire dès le départ. On
tente toujours d'améliorer la situation de ceux qu'on représente
et cela, je pense que c'est un peu normal. Il s'agit de savoir si le
régime a les capacités d'aller aussi loin que cela. Si on
était capable de chiffrer les demandes, ce serait assez impressionnant
comme montant d'argent qu'il faudrait injecter. Ce qu'il va falloir faire,
c'est prendre cas par cas vos interventions. En tout cas, pour moi, la
distinction entre celui qui retrouve son emploi, qui est dans une bonne
situation d'origine et celui qui ne le retrouve pas, tel que vous l'avez
spécifié, M. Lafontaine, cela m'apparaît un
élément important sur lequel il va falloir se pencher.
Il y a très certainement à l'intérieur de votre
mémoire d'autres éléments qui font qu'on devra s'asseoir
à une table autrement que pendant 20 minutes pour en discuter. Je pense
que le but du mémoire était d'éveiller la commission sur
certains problèmes possibles ou appréhendés de par votre
vision de l'avant-projet de loi. Ce que je vous dis, c'est qu'on va organiser
une suite à ce mémoire, une rencontre avec les autorités
de la Régie de l'assurance automobile autour d'une table où on
pourra prendre chacun des éléments de votre mémoire et les
discuter. Si l'Opposition veut envoyer un représentant pour s'asseoir
à la table avec nous, aucune objectionl II faut qu'on puisse ensemble
bien comprendre chacun des gestes qu'on va poser, pourquoi on les pose. Je
pense qu'on ne pourrait pas régler cela dans l'espace d'une heure ici.
Mais c'est la proposition que je vous fais. Étant donné votre
expérience, je serais très heureux de vous recevoir à la
Régie de l'assurance automobile et je serai présent à
cette réunion, parce que j'ai l'impression que moi aussi, je vais en
apprendre en cours de route. (15 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lafontaine.
M. Lafontaine: Inutile de vous dire qu'on est à votre
disposition, M. le ministre, ainsi que tous les membres de la commission. Je
veux juste apporter un petit tempérament. Il faut faire attention. Nous,
quand on parle de droits, on va parler d'individus. Quand on parle de 2 %,
nous, cela veut dire 720 personnes. Quand on parle de 5 %, cela veut dire 1800
personnes. Quand on parle de 10 %, c'est 3600 personnes. Nous, ce n'est pas de
l'assurance; ce ne sont pas des pourcentages dont on parle. Ce sont des
individus réels. Alors, c'est pour cela qu'il faut faire attention quand
on dit: C'est juste 2 %, c'est juste 5 %, c'est juste 10 %. Mais ce sont
peut-être ceux-là qui viennent nous voir. Quand tu parles de 10 %,
c'est 3600 dans une année. Je pense que cela vaut la peine de s'y
arrêter.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce n'est pas ce que la
régie a voulu éviter. Je pense que, s'il y a une régie qui
a un dossier qui est impressionnant à ce sujet, c'est bien la
Régie de l'assurance automobile quand on la compare à d'autres
qui agissent à peu près dans le même domaine et qui ont
encore de l'ouvrage à faire.
Dans ce sens-là, je comprends que vos pourcentages - vous me
passerez l'expression - vous ne vous en occupez pas au moment de
défendre les intérêts de vos clients: avec 2 %, cela
représente tant, puis avec 5 % et 10 %, cela représente tant.
Chacun s'en occupe quand c'est son salaire, des pourcentages. Alors, cela
aussi, c'est important.
Je pense que les clientèles que vous défendez, vous avez
raison de les défendre, parce que cela prend du monde pour les
défendre. C'est précisément votre rôle de le faire.
À ce moment, la régie, elle, a à faire un total au bout de
la ligne pour être capable d'équilibrer son budget et de payer.
Elle a aussi des limites dans sa capacité de payer. Dans ce
sens-là, il faut que cela s'équilibre.
Quand on parle de pertes économiques réelles, quand on
aura retenu cela, je pense qu'on va être capable de s'asseoir à
une table et de dire: Parfait, on va discuter de chacun des cas et on va
prendre le temps de les discuter, parce que vous avez une très bonne
expérience qui peut nous éclairer sur plusieurs de nos points, et
c'est avec plaisir qu'on va le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je suis un peu
étonné des propos du ministre. En effet, quand je lis le discours
sur le budget de ce printemps, il nous dit que la régie doit
économiser au maximum et doit payer le moins possible, alors que le
ministre des Transports vient siphonner les fonds qu'elle économise. Ils
ont été payés par des assurés, les fonds. Ils ont
payé des primes d'assurance. C'est là, la grande distinction que
j'ai retenue de ce que vient nous dire la Commission des services juridiques.
Il y a des primes d'assurance avec un fonds d'assurance pour des assurés
et il y a des charges sociales qui relèvent du gouvernement dans des
mesures d'aide sociale.
Alors, on voit que le ministre des Finances a trouvé qu'il y
avait 200 000 000 $ de trop. On dit: "C'est ainsi que la Régie de
l'assurance automobile du Québec a pu dégager une réserve
excédentaire. Il est normal... De plus, grâce à une
conjoncture favorable et à des programmes efficaces de
réadaptation des victimes de la route, La Régie de l'assurance
automobile a pu dégager une réserve excédentaire". Cela
veut dire qu'elle a payé moins qu'elle aurait pu payer.
Alors, le ministre ne peut pas invoquer qu'il manquait d'argent à
la Régie de l'assurance automobile quand le ministre des Finances dit:
Moi, je vais aller chercher 200 000 000 $. Il y avait 200 000 000 $ de trop
dans la caisse de la régie. Alors, elle a économisé. Elle
a été tellement efficace en économisant l'argent des
assurés en les payant moins - à toutes fins utiles, ça
veut dire cela - qu'on peut lui siphonner 200 000 000 $ et les envoyer
ailleurs.
Alors, M. le Président...
M. Côté (Charlesbourg): Juste une petite affaire. Le
député de Lévis me le permettra, parce je ne peux pas
laisser passer cela. Elle a payé ce qu'elle devait payer. Si elle a
payé moins, c'est parce qu'il y avait moins d'accidentés. Elle
s'est occupée de réadaptation et elle a fait des
économies. C'est clair. C'est différent entre ce qui est
récurrent comme coût et ce qui est...
M. Garon: M. le Président...
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que c'est une
distinction qui est importante. Je ne suis pas pour vous laisser aller comme
cela avec n'importe quoi.
M. Garon: Non, mais c'est vous et j'ai pris vos propres paroles.
Vous dites que la régie a été efficace, qu'elle a
économisé.
Vous avez dit tantôt qu'elle n'avait pas des moyens
illimités; donc, il fallait qu'elle soit très économe.
M. Côté (Charlesbourg): II faudrait les limiter?
M. Garon: Non, je ne dis pas cela. Vous avez dit qu'elle devait
être très serrée dans son administration, parce qu'elle
n'avait pas des moyens illimités. Elle a des moyens assez
illimités qu'elle peut "garrocher" 200 000 000 $. Je pense bien que ce
n'est peut-être pas elle qui l'a fait. Le ministre des Finances a dit: On
peut aller chercher 200 000 000 $ et les mettre ailleurs.
Alors, là, il y a quelque chose qui ne marche pas. Je pense que
si les assurés ont payé des primes d'assurance... J'ai lu la loi,
j'ai revu la loi. Quand on lit ce que la loi dit, elle dit, à l'article
151: "La régie fixe annuellement, après expertise actuarielle et
avec l'approbation du gouvernement, les sommes exigibles à compter de
toute date qu'elle détermine, lors de la délivrance ou du
renouvellement d'un permis et de l'immatriculation ou du renouvellement de
l'immatriculation d'un véhicule routier aux fins du premier
alinéa de l'article 150".
Pour avoir des revenus pour payer les gens, on fait un calcul actuariel
pour dire combien cela va coûter. La régie ne peut pas se baser
là-dessus et dire: Moi, je vais économiser à mort et,
après cela, le ministre des Finances va venir siphonner cela pour
envoyer cela pour les routes. Cela ne marche pas.
Les gens qui sont devant nous ont dit qu'ils représentaient une
clientèle bien particulière, parce que c'est celle qui a le plus
de besoins au Québec, d'après ce que j'ai compris. Ils
représentent les gens, au fond, qui sont les plus démunis. On
dit: II faut faire une distinction entre les assurances et les charges
sociales. C'est ce que j'ai compris. Mais si on ne fait pas payer les
assurances, c'est l'État qui devra le faire à même les
charges sociales. Les gens ont payé des primes pour avoir un service.
À mon avis, ils doivent avoir les services pour les primes qu'ils ont
payées et non pas prendre le pot et l'envoyer ailleurs. Cela ne marche
pas. Je suis sensible aux arguments qu'apportent les gens parce que, quand on a
été député pendant onze ans, mais sans avoir
été à la Commission des services juridiques, on a souvent
des gens qui viennent nous voir parce qu'ils ne savent pas où aller. On
les envoie rencontrer des gens qui peuvent leur donner un coup de main, parce
qu'ils ne savent pas où aller, comment se faire défendre. Ils
sont mal pris.
C'est pourquoi dans le temps de parole qui m'est accordé - je ne
veux pas l'utiliser complètement - j'aimerais savoir s'il y a d'autres
points sur lesquels vous aimeriez
insister et qui vous paraissent majeurs par rapport à
l'avant-projet de loi. Comme c'est une période limitée, je
voudrais que vous puissiez le faire connaître publiquement.
M. Villaggi: Si je peux me le permettre, pour l'essentiel, tout
apparaît dans notre mémoire. Ce sont là les
éléments importants. En fait, les points qu'on tenait à
relever et à souligner, on l'a fait de vive voix. Je vous avoue
qu'à part ce qu'on a déjà soulevé je vois
difficilement ce qu'on pourrait ajouter au chapitre du traitement des dossiers.
Le reste est très technique. Ce dont on parle dans notre mémoire,
c'est de l'application technique des points dont on a parlé.
M. Garon: C'est parce que le ministre a dit tantôt que vous
vous inscriviez en demande par rapport à la loi, que vos
représentations étaient en demande, c'est-à-dire que vous
demandiez plus que la loi existante et que vous ne faisiez pas seulement
répliquer à l'avant-projet de loi. Donc, que vous étiez en
demande, semble-t-il, pour beaucoup d'argent, d'après ce qu'a dit le
ministre. C'est pourquoi je voulais vous demander ce que vous avez à
dire là-dessus. Vous sentez-vous en demande ou simplement en
réaction à l'avant-projet de loi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lafontaine.
M. Lafontaine: On ne le sait pas. On n'a pas les chiffres. On n'a
pas l'expérience. On ne sait pas ce qu'est le déficit actuariel
et sur quelle clientèle il est basé, à partir de quel
âge et à partir de quel moment. C'est aux élus de faire un
choix à partir de ces connaissances, mais nous ne les avons pas. Nous ne
pouvons pas vous dire si nous sommes en demande parce qu'on ne sait pas, quand
ils ont donné plus d'argent aux étudiants, où ils l'ont
pris. On ne le sait pas. Mais il semblerait, d'après ce qu'on nous dit,
qu'il y a eu une injection d'argent neuf là-dedans.
D'un autre côté, vous dites qu'il y a une caisse
actuarielle dans laquelle on est ailé chercher de l'argent. Je ne le
sais pas, ça. Je ne suis pas capable de faire le calcul
là-dessus. Je ne suis pas capable de vous dire d'où cela vient et
ce n'est pas mon rôle, non plus. Tout ce que je peux vous dire, c'est
que, pour nous, il y a des choses dont on pense qu'elles doivent être
améliorées. On s'aperçoit que des choses sont
améliorées. Mais, quant à savoir si on est en demande sur
le reste, on ne le sait pas. On n'a pas de chiffres pour être capable de
vous le dire.
M. Garon: Par rapport aux procédures qui sont
suggérées, à la méthode administrative qui est
modifiée dans cet avant-projet de loi, comment réagissez-vous?
Considérez-vous que la procédure va être simplifiée
ou rendue plus difficile? D'autant plus que plusieurs personnes y vont parfois
d'elles-mêmes ou font elles-mêmes leurs représentations.
M. Lafontaine: Le record de la régie, présentement,
est excellent. On sait qu'ils sont capables de retomber sur leurs pieds. Mais
il y a une limite à cela aussi. Si on a un délai limité
dans lequel il y a deux ou trois décisions à prendre sur
lesquelles il peut aussi y avoir des appels, on dit: Peut-être qu'un jour
ils ne seront peut-être plus capables d'arriver parce qu'on leur imposera
trop de contraintes dans un délai trop bref. C'est notre
inquiétude. Mais on ne peut en juger tant que cela n'aura pas eu
lieu.
Tout ce qu'on dit, c'est: Allumons une lumière. Il se peut qu'ils
ne puissent plus arriver dans les délais. À moins, bien entendu,
qu'on n'engage une armée additionnelle; auquel cas, les primes vont
augmenter ou les bénéfices diminueront, parce qu'il y a toujours
la même caisse, de toute façon.
M. Garon: Estimez-vous qu'avec la procédure
proposée, avec les changements proposés les gens vont pouvoir
faire valoir leurs droits eux-mêmes autant qu'antérieurement?
M. Villaggi: Si je peux me le permettre, pour ce qui est de faire
valoir leurs droits eux-mêmes, je crois que oui, dans la mesure où
la régie oriente la clientèle en fonction des demandes qui sont
faites, c'est-à-dire que, de la façon dont elle se produit, la
victime d'un accident d'automobile produit sa demande à la régie;
ensuite, la régie la traite. Est-ce qu'elle la mettra dans telle case,
telle case, telle case? Je ne pense pas qu'en ce qui concerne la demande cela
change quoi que ce soit pour l'accidenté. J'imagine qu'au point de vue
administratif on va continuer de procéder de la même façon
et là le dossier sera traité et on dira: C'est en fonction de
telle partie de loi. Cela pourra être contesté, on verra, mais
à ce niveau-là je ne le pense pas.
Ce qui était une partie de nos inquiétudes et on l'a
mentionné, c'est qu'à certains égards et sur certains
éléments la régie va devoir rendre de nombreuses
décisions, il nous semble, au niveau administratif. Effectivement, comme
le disait Me Lafontaine, la régie est un organisme qui fonctionne bien
et qui répond rapidement aux demandes. En tout cas, il y a une
volonté de répondre aux demandes rapidement. Cela existe, c'est
présent. Va-t-elle être en mesure d'assumer ce flot de
décisions? À
première vue, on se pose des questions, on a des doutes, mais il
y a l'autre partie: une fois que ce sera mis en branle, c'est là qu'on
verra si cela fonctionne. Mais effectivement il y a certaines questions qu'on
se pose à cet égard.
M. Garon: Pouvez-vous me dire - je voulais poser la question plus
large, mais comme vous le dites de cette façon-là -quelles sont
vos appréhensions en termes de décisions accrues de la
régie nécessitées par l'avant-projet de loi?
M. Villaggi: Si on prend le cas classique sous la Loi sur
l'assurance automobile telle qu'elle existe, la personne a un accident
d'automobile, elle est indemnisée si elle est incapable de reprendre ou
son travail ou un emploi présumé. Tant qu'elle est en traitement,
on la paie et, après, on décide si elle est capable de reprendre
son emploi ou un emploi présumé. Si oui, on cesse les paiements;
sinon, l'article 32 s'applique. C'est un résumé succinct, mais
c'est la façon dont on procède actuellement.
La case de départ part à deux points. Si on enlève
l'étudiant, qui est un cas particulier, il y a deux points. Il y a la
personne qui travaille et la personne à qui on présume un emploi.
Ces cases-là vont être portées à six. Donc, il y a
six parties. Est-ce que cela alourdira le traitement des dossiers? On se pose
la question. Mais c'est un élément à traiter. Comment la
régie envisage-t-elle de traiter ces dossiers? Comment elle a fait les
études à ce niveau? C'est une question à laquelle on ne
peut pas répondre, mais c'est un des points d'interrogation qu'on se
pose.
M. Garon: Dans votre mémoire, vous faites allusion au fait
que le régime proposé va se rapprocher davantage d'un
régime de droit commun qui s'articulera autour de la notion de perte de
revenu et vous estimez que l'avant-projet de loi fait fausse route en adoptant
une telle perspective. Pourriez-vous nous expliquer davantage votre point de
vue là-dessus?
M. Villaggi: Quand on regarde la loi telle qu'elle existe
actuellement, ce qu'elle fait, c'est prendre en charge l'accidenté au
moment où l'accident survient. On ne conteste pas le revenu; ce que l'on
envisage, c'est le revenu potentiel. Est-ce que cette personne a une
capacité de produire un revenu? C'est la question qu'on se pose.
Ce qui sera indemnisé à l'avenir, à tout le moins
pour les premières périodes de 180 jours, si on fait une
soustraction rapide, c'est le revenu réel. Donc, ce qu'on indemnise en
vertu du droit commun, c'est le revenu réel. Donc, l'assisté
social, qui n'a pas de revenu réel, ne sera pas indemnisé durant
cette période-là de façon générale et,
à ce niveau, on copie le droit commun, mais là c'est une question
d'orientation. On discute cette question d'orientation. Il nous apparaît
que pour une certaine clientèle, à tout le moins celle que l'on
représente, cela risque de représenter des pertes.
Dans les tableaux que l'on vous soumet, notamment, dans le
mémoire, il faut constater qu'en tenant compte, toutefois, du
pourcentage des montants qui sont accordés à titre de DAP, dans
certains cas, cela compense. Vous savez, quand on fait le calcul, le montant
total compense. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'indemnité de
remplacement du revenu est quelque chose qui est payé rapidement, qui
arrive dans le mois et demi qui suit. Le montant accordé à titre
de dommages non pécuniaires survient au moment où on peut
l'évaluer, donc au moment où la condition physique est
stabilisée. Donc, cela peut survenir six, sept, huit, neuf mois ou un an
après. Donc, qu'est-ce qu'on vise? Dans ce sens-là, le droit
commun se rapproche de cela. Selon le droit commun, vous êtes
indemnisé au moment où vous passez à la cour, au moment
où le juge rend sa décision. Demain matin, il n'y a personne qui
prend charge de vous. Est-ce que là on ne se rapproche pas du droit
commun et est-ce qu'on ne fait pas fausse route? C'est une question qu'on
soulève. C'est une question qu'on se pose.
Si on retient effectivement la notion de revenu réel, c'est vrai
que cette personne n'a pas de revenu réel. Ce que l'on se dit, c'est
qu'il faut peut-être regarder la capacité de revenu de cette
personne, comme on le fait actuellement. (16 heures)
M. Faribault: Si vous me le permettez, je dirai qu'en ce qui
concerne cette notion du revenu réel pendant la première
période de six mois, ce qui nous semble important et dangereux en
quelque sorte, c'est qu'on gèle la situation de l'accidenté pour
les six prochains mois et on présume, au départ, que sa situation
à l'heure ou à la minute de l'accident serait demeurée la
même pendant toute la période de six mois.
Si vous avez un étudiant qui vient de finir son année
universitaire, qui n'a pas encore d'emploi en vue et qui décide de
prendre quinze jours ou trois semaines de vacances avant de se chercher un
emploi, s'il a un accident, à ce moment-là, on va présumer
que, pour six mois, il n'en aurait pas eu.
En tout cas, c'est la lecture qu'on a faite du texte du projet de loi.
Peut-être qu'on se trompe. Ce n'est peut-être pas l'intention et,
si ce n'est pas l'intention, il faudrait peut-être que l'intention se
traduise dans les textes, parce que nous sommes partis du texte et c'est
l'interprétation qu'on pouvait dégager. Alors, si ce n'est pas
cela,
l'intention, tant mieux.
Mais c'est si ce qui nous semblait être dangereux. Pour un
assisté social qui n'a pas d'emploi ou un étudiant qui est sur le
marché du travail, mais qui ne s'est pas trouvé d'emploi
jusqu'à présent, la lecture qu'on fait du texte nous amène
à dire: Pour une période de six mois, il n'a droit à
aucune indemnité et ce n'est qu'après six mois qu'on va regarder
sa situation.
Alors, si notre impression ou notre lecture n'est pas exacte, ou bien on
se trompe complètement ou bien le texte est mal écrit et ne dit
pas cela; auquel cas, il faut le corriger.
M. Garon: Concernant l'article 58: "La régie
détermine un emploi à une victime conformément aux normes
et aux modalités prévues par règlement," vous dites qu'il
vous "apparaît inopportun de déléguer ce pouvoir par voie
réglementaire". Quelles sont vos appréhensions à ce
sujet-là? C'est à la page 13 de votre mémoire.
M. Villaggi: Nos appréhensions sont de deux ordres. La
première question, c'est qu'on s'est demandé quelles
étaient, si je me souviens bien, les normes et modalités dont on
pouvait parler à l'article 58 lorsqu'on en définit à
l'article 59 et à l'article 61. C'est quoi, les normes et
modalités autres que celles qu'on retrouve à la loi?
Première question.
La deuxième, c'est qu'on a une tendance viscérale,
peut-être, à se méfier -juridique - de ce qui vient par
voie réglementaire. Cela pose toujours le problème suivant:
qu'est-ce qui va venir? Comment? Cela va être rédigé de
quelle façon? Cela va prévoir quoi? C'est amendé beaucoup
plus facilement quand c'est par voie réglementaire que par voie
législative, lorsque cela se retrouve dans le texte de loi.
Cela nous inquiète. On se dit: Si les normes et modalités
sont connues, qu'on les mette dans le texte de loi et ce sera cela. On sait
quelles sont les règles du jeu: ce seront celles-là qui
s'appliqueront. Donc, on a toujours cette méfiance vis-à-vis des
textes réglementaires, parce que, d'une part, il y a une vision
d'inconnu et, d'autre part, il y a une vision de possibilités de
changements un peu aléatoires.
On parle, entre autres, à un moment donné,
également des règlements en ce qui touche la possibilité
par voie réglementaire de, si je me souviens bien, diminuer ou de
prévoir que les pourcentages d'incapacité diminueront pour ne pas
atteindre 100 %. Si vous me permettez l'expression, cela nous chicote un peu.
Pourquoi par voie réglementaire? Le règlement va prévoir
quoi? Qu'on l'indique dans la loi, s'il faut le mettre.
On est en désaccord avec cela et, entre autres, on se
référait à la Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles. Mais, de façon générale, nous
préférons que cela apparaisse dans le texte de loi. Quand cela
apparaît dans le texte de loi, on sait où on s'en va. Il y a des
questions administratives qui sont plus facilement vérifiables lorsqu'on
les met par voie réglementaire, parce que c'est sujet à
changement. Quand ce sont des choses majeures, on a cette tendance. C'est notre
réflexe premier dans ces matières.
M. Garon: J'aimerais vous poser une question. Vous avez deux types de
personnes par rapport à l'avant-projet de loi: d'abord, les personnes
âgées qui ont plus de 64 ans; comment considérez-vous
qu'elles sont traitées par l'avant-projet de loi? Deuxièmement,
les épouses qui ne travaillent pas à l'extérieur du foyer;
cela peut être la mère de famille, si vous voulez, qui est
touchée par le projet de oi.
M. Villaggi: La question des personnes de 64 ans et plus, on l'a
soulevée à la lumière de la Loi sur les normes du travail
et, entre autres, de la charte canadienne. On se demande pourquoi on
discriminerait cette personne si, effectivement, elle a un emploi réel.
Donc, si on parle de revenu réel, si elle a plus de 64 ans et qu'elle a
un emploi réel, on se demande pourquoi on discriminerait cette personne.
C'est quoi, la justification face à cela? On a soulevé cela dans
le mémoire.
La deuxième question sur la mère de famille qui est au
foyer, c'est une question de choix. Nous sommes plus portés à
être à l'aise avec la notion qui existe actuellement. C'est
évident qu'on traite alors du revenu potentiel et non du revenu
réel. On est plus à l'aise avec la notion de revenu potentiel,
advenant que cette personne aurait travaillé. On prévoit,
toutefois, à ce niveau un montant de 100 $ pouvant s'ajouter à
ceux prévus de 70 $, 50 $ et 50 $ pour les différentes
catégories. Cela nous semble être un acquis. Mais n'est-il pas
préférable de prévoir qu'il y ait un revenu potentiel et
de traiter cette personne comme on le fait dans tous les autres cas? C'est ce
qu'on est porté à croire à première vue. C'est, du
moins, notre point de vue, notre position, là-dessus.
M. Garon: Vous avez sûrement l'expérience pratique
de ces cas-là, des femmes, par exemple, qui abandonnent temporairement
le marché du travail parce qu'elles ont des jeunes enfants à la
maison, en vue d'y revenir lorsque les enfants vont à l'école.
Avez-vous étudié cette question? Pensez-vous que ce qui est
proposé dans l'avant-projet de loi pourrait créer des
problèmes à ces personnes qui ont souvent une formation qui les a
préparées entière-
ment à aller sur le marché du travail, mais qui ont fait
un choix, à une période de leur vie, celui de s'occuper davantage
de leurs enfants en vue de revenir sur le marché du travail par la
suite? On me dit qu'un certain nombre d'hommes le font également, quand
le revenu est meilleur pour leur femme.
M. Villaggi: Si on regarde la façon dont le projet de loi
est actuellement structuré, cela pose deux questions. Il y a certains
cas où cela peut être plus avantageux. Je parle de
l'accidenté grave; cette personne pourrait toucher toutes les
allocations prévues. Si on pense au cas de l'accidenté
léger, si je peux me permettre, qui ne pourrait pas travailler, mais qui
pourrait vaquer à l'ensemble de ses occupations - par exemple, qui a un
mal de dos quelconque, une dorsalgie qui lui permettrait, quand même, de
faire le ménage de façon coutumière, mais qui
l'empêcherait de lever des poids ou de prendre la voiture -cette personne
est beaucoup plus avantagée, selon nous, en vertu de la loi telle
qu'elle existe actuellement, compte tenu du fait qu'elle est indemnisée
en fonction d'une indemnité de revenu minimale, qui est de 157 $ si
c'est une personne seule, etc. Il y a des échelons. Dans ce
cas-là, la personne est plus avantagée actuellement.
L'accidenté grave serait plus avantagé en vertu de
l'avant-projet de loi, du moins, à la lecture qu'on en fait
actuellement. C'est une question de choix. C'est ce qu'on regarde. Cela nous
préoccupe, mais c'est le résultat auquel nous arrivons, du
moins.
M. Garon: Je vous remercie, messieurs les membres de la
Commission des services juridiques. Il y a plusieurs questions qui n'ont pas eu
besoin d'être posées parce que, comme vous avez commenté
les articles en comparant le texte actuel et le texte proposé, en
faisant une analyse dans chacun des cas et en indiquant votre point de vue,
votre mémoire est très bien fait. Je pense qu'il
représente bien votre opinion. On aurait pu ne poser aucune question et
se contenter de lire le mémoire, mais votre point de vue va être
mieux reflété dans l'opinion publique, en tout cas, en vous
posant des questions, parce qu'il n'y a sans doute pas beaucoup de gens qui
vont prendre la peine de venir chercher votre mémoire auprès du
président de la commission ou du secrétaire pour le lire
personnellement. Souvent, la commission vous permet, justement, de faire valoir
les principaux points que vous voulez soulever par rapport à
l'avant-projet de loi, afin que le public puisse savoir que la Commission des
services juridiques a dit telles choses.
Je sais que vous avez une clientèle importante, soit les gens les
plus faibles qui ont besoin de vous. Je pense que le ministre doit tenir compte
de ce que vous avez dit dans votre mémoire parce qu'un régime
d'assurance peut être très payant pour les actionnaires, il peut
avoir économisé beaucoup d'argent qu'il peut remettre à
son actionnaire ou au ministre des Finances, dans le cas présent, mais
c'est mieux un régime d'assurance qui paie qu'un régime
d'assurance qui ne paie pas.
Comme ministre de l'Agriculture, j'ai eu l'assurance-agricole. On me
disait: Le Régime d'assurance-agricole, quand vous êtes
arrivé, c'était de l'assurance qui ne payait pas. Il y avait 5000
assurés et, quand je suis parti, on était rendu à 36 000
parce que c'était un régime qui payait quand il y avait des
problèmes. C'est pour cela que je dis -là, ce n'est plus vraiment
un jeune ministre après presque deux ans - que le client de la
Régie de l'assurance automobile, c'est l'assuré. Ce n'est pas le
gouvernement. C'est l'assuré qui doit être protégé
parce que c'est lui qui est mal pris. Moi, je reçois des gens, à
mon bureau. Encore récemment, j'en voyais un qui entrait; il avait les
jambes coupées en haut des genoux. Je pense qu'il faut regarder les gens
qui ont des problèmes et qui sont victimes d'un accident d'automobile.
Il y en a qui sont pris pour leur vie et il y en a qui connaissent, plusieurs
années plus tard, les séquelles complètes de l'accident
d'automobile. On doit toujours leur donner le bénéfice du doute,
aller beaucoup plus dans le sens du bénéfice du doute à la
victime que dans le sens du bénéfice du doute à celui qui,
une fois le dossier réglé dans le classeur, lui, n'aura pas plus
de problème. C'est l'autre qui va vivre avec, peut-être 20, 30 ou
40 ans, selon les années qu'il vivra. Je pense que le ministre doit
écouter beaucoup plus son coeur que son crayon.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le ministre, de brèves
remarques de conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président.
Moi aussi, je veux remercier la Commission des services juridiques pour le
travail qui a été fait. On sait que cela demande comme
préparation et ce n'est pas payé, règle
générale, quand on se présente ici, avec tout le temps
qu'on met pour tenter d'argumenter et de soutenir notre argumentation.
À des questions qui ont été posées et
auxquelles on n'a pas répondu, il y a eu des choix de faits. Je pense
que vous avez touché juste au moment où vous avez dit que nous
avions choisi les blessés graves. C'est clair, cela. Nous avons fait un
choix de tenir compte davantage du blessé grave. Je pense que cela
rejoint un peu les propos que le député de Lévis
tenait.
Très rapidement, il y a un autre élément que vous
avez soulevé, le pouvoir réglementaire. Écoutez, je ne
suis qu'un simple professeur. J'ai appris une chose
depuis que j'ai mis les pieds au Parlement, en 1973, que
c'étaient les avocats qui menaient sur le plan des lois et des
règlements. Alors, organisez-vous entre vous autres, vous êtes
assez grands pour vous parler. Une chose est certaine, c'est que le
système parlementaire est fait de telle sorte que, effectivement, le
conseil juridique est très important. Je l'ai dit tantôt: II y a
des éléments contenus dans l'avant-projet de loi qui ne
l'étaient pas auparavant et qui font passer la loi de 180 articles
à 257 articles. Ce sont des éléments qui étaient
sur le plan réglementaire et qui ont été introduits dans
la loi. Mais tout ne peut pas être à l'intérieur de la loi.
On a une tendance à en mettre davantage maintenant, mais tout ne peut
pas être à l'intérieur de la loi.
Finalement, je vous remercie, au nom de la Régie de l'assurance
automobile, du constat que vous avez fait que la régie performe bien et
rend service. Cela ne veut pas dire qu'elle règle tous les
problèmes. Ce n'est pas vrai. Cela ne veut pas dire qu'il ne reste pas
un gars qui va arriver dans mon bureau avec sa porte d'auto et son casse-cou.
Cela m'est déjà arrivé parce qu'il se plaignait de la
régie ou d'autres cas qui ne peuvent pas être réglés
dans le cadre actuel de la loi, qui sont en dehors de cela et qui créent
des problèmes très importants à la fois à
l'individu qui est victime d'accident et à ses enfants, par exemple. Il
y en a des cas comme ceux-là.
Ce qu'on tente de faire, c'est mieux. Du moins, c'est l'esprit de la
loi, telle qu'elle a été pensée et rédigée.
Je pense qu'on a commencé à se comprendre tantôt quand on a
dit: Peut-être que le texte ne veut pas exactement dire ce que le
législateur veut dire. C'est pour cela qu'on va s'asseoir ensemble dans
la prochaine étape et qu'on va tenter de savoir qui dit vrai et si on se
comprend. À partir du moment où on s'entend sur les principes -
il y a plusieurs principes sur lesquels on est exactement sur la même
longueur d'onde -on va voir comment cela se traduit sur le plan
législatif et si cela veut dire la même chose. On va faire cela
ensemble, dans la mesure où vous accepterez l'invitation de la
Régie de l'assurance automobile dans les prochains jours de vous asseoir
à table afin d'être capable de s'expliquer sur ces
différents points. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. Lafontaine, de brèves remarques de conclusion.
M. Lafontaine: Je remercie la commission de nous avoir entendus.
On reste à sa disposition. (16 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie la Commission
des services juridiques pour sa participation aux travaux de la commission. Je
demanderais maintenant au Barreau du Québec de bien vouloir prendre
place, s'il vous plaît.
J'aimerais, au nom des membres de la commission, souhaiter la bienvenue
aux représentants du Barreau du Québec. Je demanderais maintenant
au porte-parole de bien vouloir s'identifier pour le bénéfice des
parlementaires et du Journal des débats, ainsi que les personnes
qui l'accompagnent.
Barreau du Québec
M. Jolin (Michel): Merci, M. le Président. Je suis
accompagné, à mon extrême droite, par Me Christian Gauvin,
qui est au service de recherche du Barreau du Québec, Me Jacques Lemay,
avocat de Québec, Me Marc Lesage, avocat de Québec, et Me Frank
Barnard, avocat de Sherbrooke. Mon nom est Michel Jolin, bâtonnier du
Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
bâtonnier, et vous rappelle que vous avez maintenant 20 minutes pour
présenter votre mémoire aux membres de la commission.
M. Jolin: M. le Président, dans un premier temps, je veux
saluer le ministre des Transports, le ministre responsable de la régie
et les parlementaires présents. Je ferai un premier commentaire assez
bref et assez général, et je céderai ensuite la parole
à Me Lemay.
Je ferai un commentaire assez général pour rappeler que,
bien que l'orientation choisie à l'origine par le gouvernement du
Québec de créer un régime d'assurance automobile
sans égard à la faute ne correspondait pas à
l'époque au point de vue du Barreau du Québec, nous avons
néanmoins toujours collaboré à chacune des modifications
envisagées à la loi en respectant les choix faits par le
gouvernement. J'aimerais rappeler aussi que, dans toutes nos interventions sur
ce sujet, nous avons toujours orienté nos commentaires de façon
à améliorer le sort réservé aux victimes.
Toujours dans cette perspective, je dois dire que, malgré les
améliorations apportées par la réforme présentement
envisagée, nous constatons une fois de plus que l'écart ne cesse
d'augmenter entre les indemnités accordées aux victimes
d'accidents d'automobile et les indemnitées accordées par les
tribunaux aux victimes d'autres accidents, écart, il va sans dire,
défavorable aux victimes d'accidents d'automobile. Du reste, les
indemnités, et cela a toujours été notre
prétention, versées aux victimes d'autres accidents sont
calculées par les tribunaux en fonction des pertes réelles.
Alors, là-dessus, je cède la parole à Me Jacques
Lemay qui va élaborer sur les dispositions du mémoire.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Lemay.
M. Lemay (Jacques): Je vous remercie, M. le bâtonnier.
Messieurs, il est toujours difficile de passer en second. Nous passons
après la Commission des services juridiques. Nous avons bien appris de
son mémoire nous aussi et nous n'avons pas, dans le laps de temps qui a
été accordé au Barreau, jugé opportun de revenir en
détail sur toute la question de la rédaction de la loi, sur toute
la mécanique de la loi, ce que nos confrères ont fait et ce dont
évidemment on n'aura pas à discuter. On a quand même voulu
regarder les principes de l'avant-projet de loi pour voir ce qui nous semblait
acceptable et ce qui nous semblait un peu moins acceptable.
Comme on l'a mentionné dans le mémoire, on a vu certaines
améliorations au régime, notamment, l'augmentation du plafond de
l'indemnité pour les pertes non pécuniaires à 125 000 $.
On a vu l'octroi des indemnités aux étudiants pour des retards
scolaires, ce qui constituait une nouveauté. On a vu certaines lacunes
et c'est principalement des lacunes dont on vous entretiendra dans les
prochaines minutes. J'aimerais quand même souligner au nom du
comité la très bonne collaboration qu'on a reçue de la
Régie de l'assurance automobile, notamment, du directeur du contentieux
qui a gracieusement accepté de rencontrer certains membres du
comité pour leur faire part du vécu du contentieux et de
certaines raisons motivant les changements proposés. Cette rencontre a
été fort profitable et j'en profite pour les remercier.
Le premier point dont nous avions fait notre cheval de bataille
était la question de la prescription, qui était dans les
règles d'application générale. J'ai constaté que M.
le ministre tout à l'heure avait cette fois décidé
très rapidement - je ne dis pas que d'autres fois cela n'a pas
été le cas - que le changement proposé ne serait pas
instauré; en d'autres termes, que la prescription demeurerait de trois
ans, comme elle l'est aujourd'hui. On s'en félicite. Il n'y avait certes
pas lieu dans cette loi d'en arriver à un régime de prescription
différent des régimes qu'on a connus récemment et,
même si c'était peut-être 2 % des justiciables qui ne
faisaient pas leur réclamation à l'intérieur de la
période d'un an, il n'y avait pas lieu de modifier les délais et
surtout d'en arriver à des délais variés tant pour le
régime privé que pour le régime étatique. Alors, on
vous remercie à l'avance de la modification que vous avez reconnue.
On a parlé, aussi dans notre mémoire, notamment aux pages
6 et 7, de la renonciation à un droit qui est nouveau dans
l'avant-projet de loi. On dit, à l'article 15, qu'une renonciation d'une
personne à un droit qui découle du présent titre ne lui
est opposable que si elle est faite par écrit et porte sa signature. On
ne voit pas l'avantage. On nous a expliqué pourquoi cette modification
était requise. On ne voit pas, nous, du Barreau, l'avantage d'avoir
cette renonciation. On trouve difficile déjà pour un justiciable
d'être confronté à une lourde bureaucratie et on ne voit
pas quel avantage il y aurait à une renonciation à un droit
fondamental. On ne voit pas dans quelles circonstances et on n'en voit pas non
plus l'intérêt.
Quant à ce que nous avons appelé les circonstances et les
véhicules exclus du régime, nous en avons parlé aux pages
7 et suivantes de notre mémoire, on n'a pas d'objection aux nouveaux
concepts de véhicules mis au rancart, quoique nous ayons des objections
au niveau des modifications à l'article 17b de la Loi sur l'assurance
automobile parce que dans le nouveu texte on n'a pas spécifié que
les accidents doivent être en dehors d'un chemin public, les accidents
qui couvrent les motoneiges, les véhicules d'équipement et
autres. On voit manifestement une lacune par rapport à la loi existante.
C'est peut-être un oubli, mais, si on regarde l'article 17b de l'ancienne
loi -on me permettra de m'y référer - on dit: Nul n'a droit
à l'indemnisation prévue au présent titre dans les cas
suivants - ce qui nous intéresse, c'est l'article b: "si l'accident est
survenu en dehors d'un chemin public et qu'il a été causé
par les véhicules suivants: une motoneige, un tracteur de ferme, (...)
un véhicule d'équipement, (...) ou un véhicule
destiné à être utilisé en dehors d'un chemin
public". Dans le nouveau texte de loi, on ne fait pas la même
distinction. À l'article 13.3 , on dit: si le dommage est causé
par une automobile mise au rancart conformément, etc., ou par une
motoneige ou un véhicule destiné à être
utilisé en dehors d'un chemin public; on ne dit pas qu'il s'agit d'un
accident survenu en dehors d'un chemin public. Alors, on ne voit pas pourquoi
la régie n'a pas reproduit ce concept de l'accident survenu en dehors
d'un chemin public. S'il s'agit d'une lacune, elle peut être
corrigée et, s'il ne s'agit pas d'une lacune, on ne voit pas l'avantage
de cette modification.
On a également souligné dans notre mémoire
l'opportunité de clarifier - peut-être que cela ne relève
pas de cette commission - les termes "véhicule destiné à
être utilisé en dehors d'un chemin public" parce qu'on y voit
encore, en dépit des amendements récents, certaines
imprécisions notamment pour les véhicules tout terrain. On
comprend aussi qu'il y a un projet de loi en cours
concernant les véhicules tout terrain, sauf qu'il faudra bien
s'assurer de faire la corrélation avec les dispositions de cette
loi-ci.
Nous avons traité dans notre mémoire dans la partie II des
indemnités de remplacement. On ne voudrait pas revenir sur ce qui a
été mentionné par nos prédécesseurs, sauf
qu'il y a quand même certains points sur lesquels nous aimerions attirer
votre attention. Les victimes sans emploi dont nous avons parlé, mais
qui sont capables de travailler, on en a parlé aux pages 10 et 11. Ce
qui nous préoccupe, c'est que l'article actuel parle de ces victimes
quand elles sont incapables d'exercer un emploi qui leur était garanti
par contrat avant la date de l'accident. On sait bien qu'en règle
générale c'est difficile d'avoir un emploi garanti par contrat.
Souvent, c'est une entente verbale; souvent, c'est un emploi saisonnier qui
revient de saison en saison, alors il n'y a pas d'emploi garanti; souvent,
c'est une amorce de pourparlers avec un autre employeur qui avait
été faite. Alors, nous suggérons d'abolir purement et
simplement cette partie du texte: "un emploi qui lui était garanti par
contrat", de façon à permettre, comme on le fait en droit commun,
comme les juges acceptent une preuve normale, qu'une preuve soit faite qu'une
victime aurait perdu un emploi et aurait perdu, par conséquent, un
revenu.
Dans le même ordre d'idées, nous avons parlé, aux
pages 11 et suivantes, de la victime qui est une personne au foyer. Le nouveau
texte de loi sur la définition de personne au foyer est plus restrictif
qu'il ne l'était anciennement. On n'en voit pas l'avantage. On exige,
dans le nouveau texte de l'avant-projet de loi, que la personne au foyer ait
une personne à charge. Le comité estime qu'il n'y a pas lieu de
modifier le texte actuel et qu'on devrait le garder afin de prévoir le
cas des personnes seules, des personnes divorcées, des personnes
séparées qui n'ont pas de personne à charge et qui n'ont
pas d'autres possibilités de travail.
Quant aux victimes de 16 ans et plus qui fréquentent une
institution d'enseignement, nos collègues en ont également
parlé, nous avons vu, comme nous l'avons mentionné, l'avantage
d'accorder une indemnité pour le retard scolaire qui varie de 2500 $
à 10 000 $, selon le niveau scolaire. Cependant, nous voyons une lacune
pour les étudiants qui avaient des emplois ou pouvaient avoir des
emplois saisonniers ou à temps partiel et qui n'avaient pas cette
garantie écrite d'emploi, comme dans le cas précédent.
Nous suggérons la même modification que nous avons faite
précédemment pour les victimes capables de travailler.
Quant aux victimes âgées de moins de 16 ans, c'est encore
la même chose. On sait que les jeunes, de nos jours, doivent, pour gagner
leurs études, occuper des emplois, que ce soient des emplois à
temps partiel, les fins de semaine ou le soir. Encore là, dans certains
cas, les emplois ne sont pas garantis, alors nous suggérons les
mêmes réserves afin d'éviter de les pénaliser.
Quant à la détermination d'un emploi à une victime
dont nous avons parlé à la page 16, nous sommes d'accord avec
l'article 59 de l'avant-projet de loi, sauf que nous considérons que les
critères de sélection d'emploi sont limités et qu'on
devrait en ajouter certains autres. On a parlé de l'âge de la
victime. On a parlé de la disponibilité de l'emploi dans une
région donnée. J'entendais M. le député Garon en
parler tout à l'heure. C'est évident qu'il n'y a pas des emplois
de ménage dans toutes les municipalités. C'était un peu ce
que nous avions en vue, de prévoir des critères un peu plus
élargis pour tenir compte de l'ensemble des gens visés.
Quant aux indemnités de décès dont nous avons
parlé aux pages 15 et suivantes, nous voyons un argument majeur,
c'est-à-dire un recul par rapport à la position actuelle. Le
régime actuel verse des rentes aux personnes à charge, alors que
l'avant-projet de loi prévoit une indemnité forfaitaire. Nous
avons reproduit dans notre mémoire, à la page 16, certaines
statistiques ou références à des statistiques. On sait
fort bien que, lorsque des gens reçoivent des montants
appréciables en argent, souvent, malheureusement, ces sommes sont
dilapidées ou n'existent plus après quelques années.
Certains de nos juges qui se font fort des règlements
échelonnés ou des versements périodiques font
régulièrement état de statistiques ou en parlent
régulièrement dans les conférences de presse ou les
reportages télévisés. C'est un fait, le Barreau estime
qu'il est dangereux de verser des indemnités forfaitaires et recommande
de revenir au système actuel pour les personnes à charge.
N'oublions pas qu'on parle de montants qui ne sont sûrement pas aussi
appréciables que ceux qui peuvent être accordés en droit
commun, mais on parle de montants qui peuvent être de 150 000 $ ou 175
000 $ dans certains cas. Il ne semble pas utile au Barreau d'effectuer un
recul, même si, effectivement, les dispositions de l'article 83
permettent à la régie, on le sait, de faire, même dans ces
cas-là, des versements périodiques. On estime que cela devrait
être l'exception que de verser des indemnités forfaitaires et la
règle générale devrait être de faire des versements
périodiques, comme c'est la situation à l'heure actuelle.
Quant à la section des recours dont nous avons parlé
à la page 17 de notre rapport, nous avons tenté d'obtenir des
éclaircissements de la régie sur les raisons des nouvelles
dispositions 83.57 et 83.63. Il
s'agit, en fait, du recours subrogatoire de la régie qui,
étant appelée à verser des indemnités, peut, dans
certains cas, exercer un recours et, aussi, de la personne qui subit un
accident hors du Québec, qui bénéficie des
indemnités de la régie et qui a le droit de réclamer
l'excédent de la partie responsable hors du Québec. (16 h 30)
II nous semble qu'il y a lieu d'ajouter au texte des deux articles en
question le mot "sciemment", ou le mot "volontairement" ou "consciemment", pour
éviter qu'il y ait dans certains cas des quittances qui soient
données de bonne foi par des justiciables et qui leur soient
opposées par la régie, d'une part. Ou encore que de telles
quittances soient données et permettent à la régie de
recouvrer de ces personnes qui ont donné des quittances de bonne foi les
indemnités payées. Cela se produit peut-être plus dans les
cas d'accidents qui surviennent à l'extérieur du Québec,
aux États-Unis ou ailleurs, où les accidentés exercent
leur droit à l'excédent, font des réclamations
là-bas et peuvent être appelés à donner des
quittances à l'assureur de la partie responsable. Par le biais de cette
quittance, le recours devant la régie pourrait être
empêché dans certains cas. Alors, nous avons suggéré
que le mot "sciemment" soit ajouté pour éviter que certaines
personnes ne soient pénalisées indûment.
Quant aux autres points, notre mémoire en parle. Dans le court
laps de temps qui nous est accordé, il est difficile de traiter de tous
les points en particulier. En définitive, nous voyons une
amélioration sur certains points dans l'avant-projet de loi. Nous
considérons qu'il y a certaines lacunes, certaines exigences
fondamentales qui devraient être révisées. Comme l'a
souligné le bâtonnier, il y a un écart important. Les
tableaux qui étaient annexés au rapport de la Commission des
services juridiques montrent un écart important entre les
indemnités perçues du régime étatique, même
avant le nouveau régime étatique proposé, et les victimes
de droit commun ou les victimes d'autres genres d'accidents que les accidents
d'automobile. Le Barreau ne peut que suggérer de revenir, pour
l'excédent des montants versés par la régie, à un
recours de droit commun, à tout le moins pour permettre à ces
victimes d'avoir une réparation intégrale. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. J'ai retenu un certain nombre de points; j'en ai sept. Je
vais tenter de régler ce qu'on peut régler immédiatement,
et on verra le contentieux après. Je pense que Me Jolin d'entrée
de jeu a dit: II y a un écart de plus en plus grand entre ce que les
tribunaux décident et ce que la régie donne pour certaines
causes. Dans l'état actuel, la régie peut verser 39 329 $ au
maximum. Ce que l'avant-projet vise, c'est de l'augmenter à 125 000 $.
C'est donc pour tenir compte de cet écart sans cesse grandissant entre
les deux. Je pense que c'est quand même un saut assez appréciable,
une reconnaissance de ce qui... Et on me dit, moi qui ne suis pas
spécialiste, que cela fait davantage référence à la
trilogie Thornton, Tenolt et Andrews. C'est pas pire, cela. Les trois juges,
une trilogie qui a pris une décision de 100 000 $ plus l'indexation, ce
qui fait maintenant 125 000 $ contre la régie. De toute façon, M.
Clark pourra vous expliquer cela plus... Je ne suis pas avocat, moi?
Une voix: Mais eux le savent autant que vous.
M. Coté (Charlesbourg): À partir de cela, cela
corrige quand même une bonne partie de la situation. Peut-être pas
à la satisfaction de tout le monde, mais c'est quand même une
augmentation substantielle. Ce qu'on a voulu faire comme changement, c'est de
reconnaître davantage les blessés graves.
Deuxièmement, je pense qu'on a réglé très
rapidement le délai de prescription. On a dit: On le règle, on va
le maintenir à trois ans. Je pense que c'est la logique des choses. On
ne se chicanera pas longtemps pour 2 % des cas.
Troisièmement, on a dit: chemin public. Alors, sur la
définition de chemin public, j'en ai appris un petit bout. Je me
souviens, lorsqu'on a analysé le Code de la sécurité
routière, qu'on a fait une distinction entre chemin public et autre
chemin. On a fait une belle définition de chemin public en visant
à exclure précisément un certain nombre de
véhicules de loisir très populaires de ce temps-ci. Il y a un
nombre de victimes assez impressionnant. À la régie, on a
toujours dit: à partir du moment où il y a un croisement, un
accident sur un chemin public entre un véhicule immatriculé et un
véhicule tout terrain, par exemple, la Régie de l'assurance
automobile indemnise les victimes. De ce que j'ai compris dans la
subtilité tantôt, c'est que, si on rentre dans le poteau tout seul
ou si on prend le fossé, même sur un chemin public, la
régie n'est plus responsable. Cela me frappe un peu. C'est le cas des
motoneiges aussi. Cela me frappe suffisamment pour que je puisse revoir un
certain nombre de choses parce que j'ai de la misère à me dire
qu'un automobiliste circulant sur un chemin public et frappant un poteau seul
est indemnisé, alors qu'un véhicule tout terrain traversant un
chemin public et frappant un poteau seul ne serait pas indemnisé. J'ai
de la misère un
peu avec cela. On va au moins se poser des questions sur cela. Je pense
que vous l'avez très bien soulevé.
Vous avez soulevé un autre point sur la preuve
d'employabilité ou d'emploi, à savoir si la preuve est faite.
Dans notre esprit, si la preuve est faite, on ne se chicanera pas longtemps. Je
pense que ce sont des choses qu'on peut régler assez rapidement en ce
qui a trait au projet de loi.
Je finirai par une question sur la définition de personne au
foyer parce que j'ai toujours compris, dans ce que nous faisions et dans ce
qu'on proposait dans l'avant-projet de loi, que c'était de nature
à reconnaître davantage de droits à la personne au foyer
que de reculer par rapport à la situation actuelle. Je me garde cette
question pour tantôt, lorsque j'aurai fini de faire le tour de mes sept
points.
Sixièmement, vous avez parlé de l'indemnité de
décès, du moins à mon sixièmement à moi. Ce
que vise la régie au moment du décès, c'est de statuer une
fois pour toutes. Quant aux indemnités à verser, ce sont des
modalités et il y a de l'ouverture de ce côté pour
être plus conforme à la réalité d'aujourd'hui. Si
c'est sur le versement d'une rente, ce que j'ai toujours compris des
discussions que nous avons eues avec la Régie de l'assurance automobile,
c'est ouvert. Dans la mesure où cela ne se traduirait pas dans
l'avant-projet de loi comme tel, on va le faire, on va faire les correctifs qui
s'imposent à ce sujet. Il y aurait cette possibilité et on
réglerait le problème une fois pour toutes. Le but était
davantage de statuer au moment du décès sur le cas.
Quant à l'article 83.57, c'est le dernier point que j'ai retenu,
vous voulez qu'on incorpore le mot "sciemment", on va l'incorporer. Cela va
rendre la tâche beaucoup plus difficile, mais je pense que c'est
peut-être une sagesse, effectivement, que d'inclure "sciemment" à
l'intérieur parce qu'il a sa place. Ce sera à la régie de
trouver l'argumentation et tout ce qu'il faut pour être capable de le
justifier.
Cela fait un tour assez rapide de ce que vous avez évoqué
en termes de problèmes appréhendés. Là, je reviens
à mes personnes parce que dans votre mémoire vous nous dites: II
y a deux catégories qui risquent d'être perdantes: les personnes
âgées et la femme au foyer. Cela me paraît deux
éléments majeurs sur lesquels, nous, en tout cas, dans la
préparation, on a insisté pour en donner davantage que la
situation actuelle. Dans les deux cas, j'aimerais que vous puissiez me traduire
par votre expérience la situation réelle d'aujourd'hui et la
situation de l'avant-projet de loi appliquées à la femme au foyer
- du moins, ce que vous en comprenez - et à la personne
âgée.
M. Lemay: Quant à la personne au foyer, si vous me
permettez de vous répondre, le texte de l'article 1.21 de la loi
actuelle se réfère à la personne au foyer comme
étant: "une personne ayant ou non un conjoint et dont l'occupation
principale consiste à vaquer aux occupations habituelles d'une personne
qui demeure chez elle pour le bénéfice de sa maisonnée".
Cela va, mais, dans le nouveau texte, on dit: "la victime dont l'occupation
principale consiste à vaquer pour elle-même - et voici le
changement -et pour le bénéfice d'au moins une autre personne aux
occupations habituelles d'une personne qui demeure chez elle et pour le
bénéfice de sa maisonnée". Alors, on ajoute donc le
concept "pour le bénéfice d'au moins une autre personne". Cela
veut dire que la personne qui est seule, la personne au foyer seule ne peut pas
être classifiée comme personne au foyer, alors que celle qui a une
personne avec elle, que ce soit un jeune enfant, un parent ou une personne
malade de sa parenté, sera une personne au foyer. On voit un net recul
parce qu'on exige, pour la définition de personne au foyer, qu'il y ait
une autre personne qui demeure avec elle. On ne saisit pas exactement pourquoi
cela a été fait, mais on voit un recul, on n'y voit pas
d'avantages et c'est pour cela qu'on vous l'a mentionné.
M. Côté (Charlesbourg): Pour tenter de régler
ce cas-là, ce que je comprends de la définition, c'est qu'on a
dit: une personne, c'est la femme au foyer et le mari qui travaille. Quant
à nous, dans la définition qu'on a maintenant ou qu'on propose,
cela inclut cette personne-là. Forcément, s'ils ont des enfants,
cela l'inclut. Ce que je dois comprendre de votre interprétation, c'est
qu'il faudrait considérer la femme seule au foyer comme une femme au
foyer...
M. Lemay: C'est ce qui existe à l'heure actuelle. Suivant
la loi actuelle, c'est ce qui existe. Alors, pourquoi modifier ce concept,
alors qu'on a peut-être de plus en plus ce genre de cas de personnes
séparées, de personnes divorcées qui peuvent subir des
accidents d'automobile comme piétons, comme passagers ou comme
conducteurs? Pourquoi leur enlever le droit qu'elles ont à l'heure
actuelle d'être visées comme personnes au foyer?
M. Clark (Ronald): La personne en question dont vous parlez qui
est toute seule à la maison peut recevoir - dans le projet actuel et
dans le nouveau projet - un montant d'aide personnelle qui peut aller
jusqu'à 800 $ par mois. Donc, le cas de cette personne est prévu
de cette façon.
M. Lemay: Je comprends qu'il est prévu ailleurs, mais
pourquoi le modifier comme
personne au foyer? Pourquoi changer l'article actuel qui donne un droit
à ces personnes qui sont seules pour exiger que ces personnes aient une
autre personne avec elles?
M. Clark: Parce qu'on a défini personne au foyer comme
étant une personne qui s'occupait de quelque chose, de quelqu'un, donc,
qu'il y avait des gens à la maison. C'est une question de
définition.
M. Lemay: Je comprends que c'est une question de
définition, mais, à un moment donné, ces personnes peuvent
se retrouver dans la même situation, avoir un accident et être
pénalisées aujourd'hui, c'est-à-dire avec le nouveau
projet, alors qu'elles ne l'étaient pas auparavant.
M. Vézina: Si la personne est seule, complètement
seule, et qu'elle est victime d'un accident, elle va être ou bien
hébergée quelque part, ou bien elle va avoir une aide à la
maison et on donne jusqu'à 800 $ par mois. Alors, elle va être
complètement couverte par rapport à cela.
M. Lemay: Mais, à l'heure actuelle, cette personne va
recevoir une indemnité. Évidemment, votre philosophie pour le
nouveau projet, c'est de dire: Les personnes qui n'ont pas de revenus
aujourd'hui n'ont pas raison d'avoir un revenu. C'est la philosophie du nouveau
projet à ce moment-ci. C'est dans ce sens que vous incluez les personnes
au foyer, je présume?
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est-à-dire
qu'une personne pourrait être au foyer sans revenu, mais il faut
compenser un certain nombre de choses. Dans le quotidien des personnes qu'on
reçoit dans nos bureaux de comté, il y en qui viennent se
plaindre à ce sujet. La réforme initiée par la
régie tient compte des plaintes de sa clientèle et de l'analyse
de certaines choses déficientes à ce sujet. Mais je comprends
l'intervention. Finalement, ce qu'on vise, ce n'est pas de l'exclure.
M. Lemay: Si vous ne vous visez pas à l'exclure, cela va,
c'est pour cela qu'on ne comprenait la modification à l'article 5.
M. Côté (Charlesbourg): On ne vise pas à
l'exclure. Ce qu'on ce qu'on vise, c'est de trouver une formule qui tienne
compte davantage de la situation de la femme au foyer en compensant davantage
que ce qui est le cas actuellement. Alors, c'était cela, l'objectif. Je
comprends qu'on devra revoir les possibilités d'interprétation
à ce sujet et je pense que vous avez soulevé un point
intéressant; on va le voir. Mais, au-delà de cela, est-ce qu'il y
a autre chose?
M. Lemay: Quant à la personne au foyer, non; du moins,
quant à nous, non. Vous m'avez parlé, par exemple, des personnes
âgées. Les personnes âgées, j'ai oublié d'en
parler tout à l'heure, quand j'ai fait le bref exposé. On voit un
recul par rapport à la situation actuelle. Nous en avons parlé
aux page 14 et suivantes du mémoire. Manifestement, il y a ce recul pour
les personnes qui, à partir de 64 ans et plus, auront une
dépréciation de 25 % par année jusqu'à l'âge
de 67 ou 68 ans du montant de remplacement de leur revenu. On voit quand
même fréquemment des personnes de 65 ans qui ont un emploi, qui
continuent de travailler et on ne voyait pas l'opportunité de priver ces
gens-là du plein salaire s'ils étaient en mesure de travailler,
comme c'est la situation actuelle. Peut-être que d'autres de mes
collègues ont quelque chose à ajouter. Je me fais le porte-parole
pour vous répondre.
M. Côté (Charlesbourg): Pour tenter
d'éclairer nos débats, je pense qu'en ce qui concerne la femme au
foyer, on s'est compris. C'était sur un point spécifique,
c'était davantage au point de vue de la définition qu'au point de
vue des bénéfices reçus. Dans ce sens-là, je pense
qu'on vient d'éclaircir le point. Quant aux personnes
âgées, j'aimerais que M. Vézina vous pose la question. (16
h 45)
M. Vézina: Une personne qui va travailler au moment de
l'accident, qu'elle ait 65 ou 70 ans, on va combler le revenu avec "opting
out", avec un dégrèvement de 25 %, comme vous le dites. Le
problème, c'est que, de fait, une personne peut travailler à 70
ans, mais une personne de 64 ans qui devient victime d'un accident et qui ne
pourra plus jamais retravailler, à quel moment allons-nous arrêter
de l'indemniser pour la perte de revenu? À 80 ans? À 85 ans?
À 90 ans? À 100 ans? À quel moment?
M. Lemay: À l'heure actuelle, vous n'arrêtez
pas.
M. Vézina: C'est cela.
M. Lemay: Ce que vous voulez faire, à notre sens, cause un
préjudice à ces personnes qui sont susceptibles de continuer
à travailler.
M. Vézina: Par rapport à la situation
présente, vous avez raison sur le revenu, mais ce qu'on compense, c'est
la perte non pécuniaire. De fait, si on prend les personnes
handicapées à l'heure actuelle victimes de la route, on
s'aperçoit que les personnes âgées gravement
blessées vont toucher plus dans le nouveau projet, compte tenu de la
perte non pécuniaire, que maintenant. Elles ont
beaucoup plus besoin rapidement d'un paiement forfaitaire que le revenu
dans le temps.
M. Lemay: Je vous concède qu'elles vont recevoir plus pour
les dommages non pécuniaires auxquels M. le ministre a fait allusion
tout à l'heure, mais on ne voit pas pourquoi on devrait les priver de la
perte de revenu si elles sont en mesure de prouver qu'elles auraient
continué d'occuper un emploi.
Quant aux dommages non pécuniaires, si vous me permettez, M. le
ministre, il est vrai que l'on comprend bien que l'augmentation est en fonction
de la trilogie de la Cour suprême sur les causes de 1978. Pour votre
information, le montant qui était plafonné à 100 000 $ en
1978 par la Cour suprême a été indexé. Le
mémoire de nos confrères en parle. Les jugements récents,
dont celui de la Cour d'appel sur l'affaire de la Commission scolaire de
Charlesbourg, en parlent aussi. Ce montant est de près de 190 000 $
à l'heure actuelle. N'oublions pas une chose,' c'est que le montant de
190 000 $ indexé est pour les dommages non pécuniaires, ce qu'on
appelle les inconvénients, les pertes de jouissance de la vie et autres.
Mais, en plus, en droit commun, cette personne va recevoir une indemnité
pour sa perte de capacité de gain. Les exemples donnés par nos
collègues dans leur mémoire en font état: des personnes
recevaient, pour la perte de capacité de gain, des sommes très
importantes et ce, indépendamment des dommages non pécuniaires,
ce qui ne sera pas compensé dans le cas de la régie.
M. Côté (Charlesbourg)! Si je comprends votre
intervention en ce qui concerne les personnes âgées, c'est qu'on
devrait continuer de les indemniser même à 70 ans, 75 ans, 80
ans?
M. Lemay: C'est-à-dire qu'on ne voit pas
d'intérêt à revenir en arrière par rapport à
la loi actuelle. Si, dans la présente loi, certains droits leur ont
été accordés, on ne voit pas pourquoi, sous
prétexte que les dommages non pécuniaires ont augmenté, on
leur enlèverait ce droit d'être compensé
intégralement pour les pertes de revenu. En somme, c'est peut-être
décourager ces gens de continuer à vouloir travailler ou de
rester sur le marché du travail, ce qui n'est sûrement pas
l'optique que vous recherchez et que personne ne recherche non plus.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. En tout cas, il y
a un certain nombre de choses qu'on a pu* déjà régler. Il
va rester un certain nombre d'autres sujets sur la table qu'il nous faudra
trancher compte tenu des disponibilités, comme je l'ai dit tantôt,
malgré le fait que le député de Lévis pense qu'il y
en a dont on pourrait se servir autrement. Finalement, il y aura des choix
à faire à la lumière des conversations qu'on a eues. Cela
fera très certainement l'objet de nos réflexions quant aux
personnes âgées, soyez-en sûrs. Si jamais on avait besoin de
vos lumières dans les prochaines semaines, j'imagine que...
M. Lemay: Vous pouvez être assurés de notre
collaboration.
M. Coté (Charlesbourg): Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je vous remercie, M. le Président. Je souhaite
la bienvenue aux membres du Barreau du Québec. Je vais commencer par la
conclusion parce qu'on n'en a pas parlé. Il n'y a pas eu de questions
là-dessus. Dans la conclusion, vous constatez que "l'avant-projet de loi
n'améliore en rien l'écart qui n'a pas cessé de s'agrandir
entre les indemnités accordées aux victimes d'accident automobile
et les indemnités accordées par les tribunaux aux victimes
d'autres accidents".
Le ministre vous a dit tout à l'heure qu'on partait de 39 000 $
pour aller à 125 000 $. Même si cet écart va être
dans le projet de loi, selon les dires du ministre, est-ce que vous maintenez
votre prétention que l'écart continue toujours de s'agrandir?
M. Lemay: Oui, parce que les indemnités en droit commun
ont augmenté substantiellement. Si on regarde ce que je viens de vous
mentionner il y a un instant sur les dommages non pécuniaires, qui
étaient évalués à 100 000 $ par la Cour
suprême en 1978 et qui sont maintenant d'environ 200 000 $, ce chiffre a
presque doublé en dix ans, en suivant l'inflation et d'autres facteurs
économiques. C'est la même chose pour les indemnités que
les tribunaux accordent pour la perte de capacité de gain. Une
ménagère qui se voyait handicapée d'un bras, qui avait une
incapacité de 3 % ou 4 % et qui avait donc des difficultés
à faire ses tâches quotidiennes, pouvait se voir attribuer 5000 $,
il y a quelques années, par nos tribunaux; elle va se voir accorder
à l'heure actuelle pour le même handicap un montant de 15 000 $.
Alors, les indemnités accordées par nos tribunaux ont
augmenté très substantiellement, ce qui nous porte à
croire que nos conclusions sont exactes et, comme chiffres à l'appui, je
peux vous référer au tableau du mémoire de nos
prédécesseurs, la Commission des services juridiques. Les pages
32 et suivantes donnent des tableaux
comparatifs fort intéressants.
M. Dufour: Je tenais pour acquis que de passer de 39 000 $
à 125 000 $, cela faisait trois fois, que cela triplait.
M. Lemay: C'est une très bonne amélioration, c'est
pour cela que. nous l'avons souligné. C'est la plus belle
amélioration du régime. Là où il faut faire
attention, c'est qu'il y a cette augmentation d'un côté, mais on
pense qu'on enlève de l'autre côté, ce qui a
été implicitement admis tout à l'heure. On ne devrait pas,
parce qu'on est généreux d'un côté, enlever des
droits à des personnes comme les personnes au foyer, les personnes
âgées qui avaient des droits avant.
M. Côté (Charlesbourg): On ajoute 34 000 000 $.
M. Lemay: Vous y tenez!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Le ministre dit qu'il ajoute 34 000 000 $. Ce n'est pas
l'argent du gouvernement, c'est l'argent des assurés, il ne faut jamais
oublier cela. On parle comme si le gouvernement faisait des faveurs. Les gens
paient des primes. C'est une vaste mutuelle, la Régie de l'assurance
automobile, qui comporte tous les assurés du Québec. Là,
on a l'impression que l'actionnaire, c'est le ministre des Finances. Il dit: On
fait de l'argent cette année, je mets cela dans mon "pot". Qu'il se paie
des dividendes de 200 000 000 $ sur deux ans... Il faudrait considérer
la Régie de l'assurance automobile du Québec comme une vaste
mutuelle comprenant 1 000 000 d'assurés ou 700 000 assurés - je
ne sais pas quel est le nombre exact de tous les assurés du
Québec. On dit: On va couper là-dedans, alors qu'on aurait
dû sans doute... Si on avait l'argent, l'analyse actuarielle pour fixer
les primes... Si on a l'argent avec les montants qu'on a payés, au lieu
de donner l'argent au ministre des Finances, pourquoi ne pas augmenter les
paiements en fonction de ce que vous venez de dire? Je pense que c'est
là que serait la logique. Je suis même surpris que le ministre des
Finances - il faudra revenir sur cette question - ait siphonné l'argent
qui appartient aux assurés.
M. Coté (Charlesbourg): II y aura un projet de loi pour
cela bientôt.
M. Garon: Comment?
M. Côté (Charlesbourg): II y aura un projet de loi
pour cela bientôt. On pourra en discuter.
M. Dufour: Ce n'est pas le ministre des Finances, c'est le
ministre siphon.
M. Lemay: ...un projet de loi à ce sujet-là,
j'espère.
M. Garon: Je suppose que c'est pour légaliser
rétroactivement le geste du ministre des Finances?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas au
député de Lévis que je vais apprendre comment on
légifère, voyons donc!
M. Garon: Un instant! Il y a des droits. Les assurés qui
ont de l'argent dans un "pot", c'est à eux l'argent. Ce n'est pas
l'argent du ministre des Finances. En tout cas, ce n'est pas le but de mon
intervention, mais on reviendra là-dessus. Cela ne m'étonne pas,
parce que, depuis quelque temps, je fouille cette question et je trouve anormal
que le ministre des Finances prenne l'argent des assurés.
M. Dufour: J'aurais une autre petite question parce que je suis
tout le temps dans les conclusions: "Le comité renouvelle donc une
recommandation déjà faite, de rétablir en faveur des
victimes innocentes d'un accident automobile, le recours en excédent
devant les tribunaux..." Comment pourriez-vous inclure une pareille demande
dans ce projet de loi puisqu'il a déjà été
refusé, d'après ce que je comprends? Vous l'avez
déjà demandé, cela a été refusé et
vous revenez à la charge.
M. Lemay: Manifestement, cette recommandation du Barreau a
déjà été soumise auparavant à plusieurs
reprises et elle a toujours été refusée pour
différentes raisons qu'il ne serait peut-être pas opportun de
commenter aujourd'hui, sauf qu'il est sûrement possible de modifier le
projet de loi tel qu'il est à l'heure actuelle pour prévoir aux
victimes innocentes le recours en excédent. Le Barreau pourra
sûrement formuler les recommandations appropriées ou les textes
appropriés si des modifications sont nécessaires, sauf qu'on voit
le déséquilibre entre les victimes d'accidents d'automobile et
les autres victimes. Même si on voit les avantages du système
d'assurance automobile, on trouve quand même que ce
déséquilibre n'est pas justifié. Prenez deux victimes qui
ont le même genre d'accident, un en dehors d'un chemin public et l'autre
sur un chemin public, pour parler de l'exemple de tout à l'heure, et la
première va recevoir peut-être 10 000 $ et l'autre 50 000 $.
Pourquoi? C'est la raison pour laquelle nous suggérons que, dans le cas
des victimes innocentes, celles qui n'ont pas commis de faute puissent avoir,
le droit de réclamer l'excédent pour correspondre aux
indemnités accordées en droit commun.
M. Lesage (Marc): Si vous me permettez, quand on parle des gens
de 64 ans et plus et qu'on lit le texte du projet de loi, on retrouve
sensiblement le même texte dans la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles. On permet à ces gens-là qui
subissent un accident du travail d'avoir un recours pour l'excédent.
Alors, si on fait référence à des textes pour les mettre
dans un projet de loi... On a conclu en faisant la recommandation suivante: On
peut prendre ce texte qui existe dans la loi des accidents du travail et dire
que pour l'excédent la victime innocente aura droit à un recours
équivalant à l'indemnité à laquelle elle aurait
droit selon le droit commun.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Vous parlez à deux endroits de la victime sans
emploi, mais capable de travailler - je pense que c'est l'étudiant
âgé de plus de 16 ans dont un emploi lui était garanti par
contrat avant la date de l'accident - et vous soulignez que cela ne devrait pas
être indiqué là parce que cela enlève des droits
qu'avaient déjà les personnes. Selon votre connaissance des
choses, est-ce que dans ces cas-là il y a souvent des contrats?
M. Lemay: En général, il n'y a pas de contrat
effectivement, sauf que ce que la régie nous dit et ce qu'on est
prêts à accepter, c'est qu'une simple entente verbale
équivaut à un contrat; cela, évidemment, on le sait tous,
sauf que, dans certaines industries, que ce soit l'industrie du bois ou
d'autres, les travailleurs n'ont pas nécessairement un contrat garanti
d'avance, l'emploi est saisonnier et ils vont reprendre au mois de mai ou au
mois d'avril. S'ils ont un accident au mois de mars, ils n'ont pas d'emploi
garanti par contrat au mois de mars, au moment de leur accident. Devant un juge
en droit commun, cette personne qui va faire la preuve qu'elle aurait
recommencé à travailler au mois de mai ou au mois de juin pour
une période de six mois aura droit à une indemnité pour
compenser sa perte de revenu. C'est peut-être ce que la régie va
faire. On nous dit: C'est ce qu'on veut faire, mais, nous, on dit: Pourquoi ne
pas le dire dans le texte de loi pour éviter une ambiguïté
et pour éviter, avouons-le, que parfois un fonctionnaire face à
un justiciable dise: Bien, le texte de la loi vous dit: Ce doit être
garanti, est-ce qu'il est garanti votre emploi? S'il n'est pas garanti, vous
n'avez pas de revenu. Alors, nous, on veut essayer de voir les
intérêts du justiciable ou de la victime à ce
moment-là et on dit:
Enlevons-le donc! Si c'est cela qu'on veut, enlevons-le et il n'y aura
pas de problème. Le fardeau de la preuve incombe toujours à celui
qui va réclamer, de toute façon; c'est pour cela qu'on
suggère de l'enlever.
M. Garon: On voit cela souvent. Par exemple, prenons les emplois
de ceux qui travaillent de façon saisonnière dans le bois, dans
l'agriculture. Je ne suis même pas certain que les travailleurs
saisonniers des transports ont des contrats écrits, je n'en suis pas
certain. Ils reviennent chaque année travailler. Souvent, on voit des
gens qui travaillent sur les routes chaque année; je ne suis même
pas certain qu'ils ont des contrats écrits dans ces cas-là.
Alors, c'est pour cela. Des contrats saisonniers écrits où il est
dit: Chaque année, tu reviendras, je n'ai jamais vu cela.
M. Lemay: ...d'une trop grande rigidité qui va
décourager certains justiciables ou certaines victimes de vouloir faire
cette réclamation, alors qu'elles y auraient droit et que la
régie nous dit: On l'accorderait, mais on veut éviter d'avance la
rigidité du texte.
M. Garon: Tantôt, vous avez parlé des circonstances
et des véhicules exclus du régime. Avez-vous le sentiment que le
ministre a répondu entièrement à vos appréhensions
ou..?
M. Lemay: Si j'ai bien compris l'intervention du ministre, il m'a
dit qu'il y aurait des discussions à ce sujet et que cela le laissait
perplexe de savoir que le même individu qui frappait un poteau avec une
automobile ou avec une motoneige était ou n'était pas
indemnisé. Nous, à l'heure actuelle, ce qu'on recommande, c'est
que la disposition qui existait dans l'ancien article 17b soit instaurée
pour qu'on vise bien les accidents survenus en dehors des chemins publics par
les véhicules qui y sont visés. Si la régie veut aller
encore plus loin et accorder une indemnité à ces victimes en
dehors d'un chemin public, évidemment, on peut toujours le
faire.
M. Garon: Avez-vous le sentiment, concernant les personnes au
foyer, que les appréhensions que vous avez soulevées ont
reçu réponse de la part du ministre entièrement ou...?
M. Lemay: Là-dessus, j'admets que oui d'une façon
plus importante parce qu'on nous parle des indemnités auxquelles ces
victimes auraient droit, sauf que nous gardons quand même la même
recommandation de revenir à l'ancienne définition pour
éviter cette interprétation possible. Moins il y a
d'interprétation, plus c'est facile de régler les litiges et,
quand on peut le faire
d'avance, vaut mieux le faire. (17 heures)
M. Lesage: Si vous me permettez, lorsqu'on a eu notre rencontre
avec les gens de la régie, on nous a référés
à l'article 83.12 pour dire que la régie pouvait prendre les
mesures nécessaires pour contribuer à la réadaptation
d'une victime et j'ai eu l'impression que c'est en se basant sur cet
article-là qu'on disait: On peut aider la personne au foyer qui n'a pas
charge d'une autre personne. C'est en se basant sur cet article-là. Cela
laisse du jeu, à savoir si c'est écrit dans le texte ou si c'est
laissé au bon vouloir de la régie. C'est en vertu de cela qu'on a
une certaine appréhension et qu'on voulait revenir au texte ancien pour
la définition - le texte actuel, pas le texte ancien - pour la
définition de la femme au foyer, de la personne au foyer.
M. Garon: Cela devient ce qu'on appelle le pouvoir du
fonctionnaire.
M. Lemay: C'est cela qu'on veut tenter d'éviter parce que,
comme vous l'avez mentionné tantôt, la majorité des
justiciables qui vont à la régie ne sont pas
représentés par des avocats.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai compris des
services juridiques tantôt, c'est que la régie avait quand
même une bonne cote...
M. Lemay: On n'est pas intervenus à cet effet-là,
on n'a pas fait de commentaires.
M. Garon: Et nous non plus, on ne pose pas ces
questions-là dans l'esprit de combattre la régie, qui est un peu
beaucoup l'oeuvre du gouvernement du Parti québécois. Nous sommes
contents de voir que le ministre aussi trouve que le bilan n'est pas trop mal.
Je ne voudrais pas en disant cela que les victimes en veuillent à la
régie pour autant, parce que le ministre a la réputation
d'être malin quand il n'est pas en public. Est-ce vrai?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que ce sont les
"Grandes Oreilles" qui vous ont dit cela?
M. Garon: On a appris toutes sortes de choses. Maintenant, vous
avez parlé également des victimes de plus de 64 ans. Est-ce que
les commentaires qu'a faits le ministre vous ont satisfaits?
M. Lemay: Pas à ce sujet-là, parce qu'on nous
disait que le système proposé n'avait pas de raison d'être
modifié parce que ces personnes avaient droit à une
indemnité plus importante pour les dommages non pécuniaires. Nous
avons admis que c'était vrai, que ces personnes, comme toutes les
autres, vont avoir droit à une indemnité plus importante pour les
dommages non pécuniaires, mais nous sommes toujours d'avis qu'il n'y a
pas lieu d'enlever à ces gens ce droit qui existe d'avoir 100 % de leur
revenu tant et aussi longtemps qu'ils peuvent prouver qu'ils auraient
exercé leur emploi. Ce n'est pas parce que quelqu'un arrive à 64
ans qu'on doit lui donner 75 % de son salaire, à 65 ans, 60 %, et ainsi
de suite jusqu'à extinction. Il ne nous semble pas que ce soit
justifié même avec les explications reçues, en toute
déférence.
M. Garon: L'expérience de la vie démontre qu'il y a
facilement des gens de 50 ans qui sont quasiment invalides et qu'il y en a de
75 ans qui pourraient bâtir une famille.
M. Lemay: Sûrement.
M. Garon: J'exagère peut-être en disant 75, mais je
pense bien qu'ils iraient faire la preuve en dehors du Québec parce
qu'ici, apparemment, on bâtit moins de familles qu'avant. Je ne sais pas
si c'est parce que les gens ont peur du gouvernement.
L'indemnité de décès, maintenant. Vous avez dit que
le paiement d'une somme forfaitaire constituerait un sérieux retour en
arrière. Vous avez parlé également des
bénéficiaires de sommes forfaitaires qui seraient sans le sou -
90 % - cinq ans après l'obtention du paiement. Vous avez
mentionné les avantages d'une rente viagère. J'aimerais que vous
en parliez davantage parce que j'ai le même sentiment personnellement.
Cela arrive à la CSST, il est possible d'avoir un montant forfaitaire.
Pas souvent, mais il est arrivé des cas où les gens sont venus me
voir au bureau et, dans certains cas, on avait de bonnes raisons et on pouvait
démontrer que c'était plus avantageux. Mais, dans certains cas,
j'avais le sentiment que c'était seulement pour avoir le "pot". Je ne
suis pas certain que, pour les mêmes raisons que vous mentionnez, ce soit
plus avantageux de verser le montant en entier. J'aimerais vous entendre
davantage là-dessus parce que vous avez sûrement une
expérience qui vous permet d'en dire davantage.
M. Lemay: On parle évidemment de l'indemnité pour
les personnes à charge, ce qui inclut le conjoint. On trouve dangereux
le principe d'accorder une indemnité forfaitaire pour le
décès alors que cette indemnité, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, risque d'être dilapidée ou
d'être dépensée à cause de mauvais conseils ou de
moins bons amis. Il reste que les statistiques que l'on connaît et
auxquelles on peut avoir accès... La connaissance de nos tribunaux et
des membres du Barreau, c'est que plus les
indemnités forfaitaires sont versées à ce
moment-là, plus elles ont de chances d'être dilapidées.
Alors, il n'y a pas d'intérêt à avoir comme
règle générale un recul par rapport à la situation
actuelle. C'était un des avantages que le Barreau avait vu dans le
projet de loi sur l'assurance automobile, quand il a été
adopté en 1977 ou 1978. C'est encore un des avantages du système
actuel. On ne voit pas du tout, même dix ans plus tard, de raison de
modifier ce système à ce sujet. Qu'on garde l'exception
prévue à l'article 83, si je me souviens bien, qu'on garde
l'exception de faire des versements périodiques dans les cas où
cela peut être justifié, si quelqu'un veut faire l'acquisition
d'une propriété ou autre, mais, en règle
générale, on devrait laisser le paiement de la rente même
si le dossier reste ouvert à la Régie de l'assurance automobile;
un dossier de plus ou un dossier de moins, ce n'est pas cela le
problème. Le problème, c'est de donner l'avantage à ces
gens de continuer à recevoir une rente périodique et de ne pas la
dilapider. Je vous donnais l'exemple tantôt des statistiques. C'est la
même chose pour ceux qui gagnent des loteries. Vous voyez vous-même
des statistiques ou des coupures de journaux où on fait état de
gens qui ont gagné des montants importants à des loteries et qui,
deux ou trois ans après, sont sans le sou. On parle évidemment de
sommes moins importantes, mais le principe est le même. Alors, aidons les
gens à se protéger contre eux-mêmes, gardons le principe
qui est établi à l'heure actuelle, sauf exceptions.
M. Garon: Ma dernière question portera sur la
détermination d'un emploi à une victime. Je pense que c'est l'un
des cas les plus difficiles. Un emploi potentiel, c'est très
théorique. J'ai bien hâte de voir le projet de loi qui va classer
les gens en aptes et inaptes. J'ai vu des gens qui n'avaient aucun membre et
qui étaient très aptes et des gens qui avaient la force d'un
taureau et qui étaient à peu près inaptes. C'est bien
difficile de classer les gens en aptes et inaptes quand on a un peu
l'expérience de la vie. Quand on voit déterminer un emploi
théorique à une victime, vous suggérez d'ajouter d'autres
critères tels l'âge de la victime et la disponibilité de
l'emploi dans une région. Je pense que vous avez très bien
résumé les deux cas qui font problème. Un emploi peut
être théorique, mais, selon l'âge, il n'est plus possible ou
encore dans une région déterminée... À
Montréal, il y a des gardiens de terrain de stationnement. Je dois vous
dire qu'à certains endroits, et même localement ici dans la
région du Québec, il n'y a pas beaucoup de gardiens de terrain de
stationnement. Je comprends qu'on peut élargir la proposition. J'imagine
qu'à Lauzon, dans le cas d'Interport, cela va devenir un peu des
gardiens de terrain. Cela va créer seulement un emploi sans doute, et un
directeur général et une secrétaire pour garder un grand
terrain sans budget. J'aimerais entendre davantage vos commentaires concernant
cette question.
M. Lemay: En fait, ce que vous voulez que je dise, c'est ce que
vous avez dit tout à l'heure. Vous voulez que je renforce votre
position. Le Barreau effectivement...
M. Garon: Ce n'est pas la mienne, c'est celle des victimes.
M. Lemay: Non, le Barreau, trêve de badinage, est quand
même conscient du problème. C'est pour cela que la recommandation
a été faite. Nos suggestions de critères addditionnels ne
sont pas nécessairement limitatifs. Nous avons mis ceux qui nous
semblaient les plus réalistes. Nous avons remarqué que le
mémoire précédent en avait suggéré d'autres
aussi parce qu'il était un peu dans la même optique. Le travail
des deux comités s'est fait de façon complètement
séparée. C'est aujourd'hui d'ailleurs qu'on a pris connaissance
de leur mémoire pour la première fois. Effectivement, les
exemples que vous avez donnés et que nous avons donnés sont une
illustration de ce principe. Je comprends que la régie nous dit: On veut
aussi en tenir compte. Bravo! On n'a qu'à s'en féliciter.
M. Garon: En terminant, j'aimerais faire un commentaire avant la
dernière remarque. J'ai remarqué tantôt que le ministre a
invité la Commission des services juridiques à venir discuter
avec la régie du projet de loi. Je ne l'ai pas entendu inviter le
Barreau. Est-ce qu'il aurait moins confiance aux...
M. Lemay: II nous a invités tout à l'heure pendant
que vous étiez absent pendant quelques secondes, M. le
député Garon.
M. Garon: Bon, d'accord.
M. Lemay: Et on a accepté avec enthousiasme.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le ministre, de brèves
remarques de conclusion?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
voudrais remercier le Barreau de sa très bonne contribution, pour
insister sur le fait que, lorsqu'on parlait tantôt de l'emploi et de la
nécessité d'un contrat, on
n'a pas traduit par contrat, on a traduit par preuve. Je pense qu'on est
capable de régler des problèmes à ce niveau.
L'indemnité de décès. Peut-être que laisser
le choix à l'individu serait encore la meilleure affaire, parce que ce
n'est pas à la Régie de l'assurance automobile de s'instituer
juge devant l'individu qui, demain matin, pourrait dire: Donnez-nous la
possibilité, parce qu'on veut s'acheter une maison, d'avoir notre
indemnité. Donnez-nous la possibilité parce qu'on veut investir
dans une entreprise ou lancer une entreprise. Je pense que ça devient
passablement compliqué pour la Régie de l'assurance automobile
d'évaluer chacun de ces cas. Ce n'est pas son rôle.
Je terminerai sur les fameux 190 000 $. Évidemment, votre
plaidoirie avait l'avantage de montrer un certain nombre d'avantages aux 190
000 $ ou, du moins, à ce qui est vécu, mais il ne faudrait jamais
oublier qu'à ce moment-ci la régie partirait d'approximativement
40 000 $ pour aller jusqu'à 125 000 $. C'est un pas considérable
et c'est 125 000 $ nets, alors que, pour obtenir les 190 000 $ auxquels vous
faisiez allusion tout à l'heure, il faut faire la preuve de la
culpabilité devant les tribunaux, ce qui nécessite quand
même des délais appréciables, et il y a aussi le paiement
des honoraires déduits des 190 000 $. Alors, probablement qu'on est
à même de se retrouver sur une "bracket" qui doit se ressembler
passablement au bout du compte. Je pense que cela aussi méritait
d'être dit, sans méchanceté, bien sûr. Mais,
là-dessus, en tenant compte de toute une série de choses comme
celles-là, il y a quand même un bond très
appréciable de 40 000 $ à 125 000 $.
Je vous remercie de votre présentation. Je pense qu'on a
été à même de constater qu'on pouvait régler
un certain nombre de choses dès ce moment-ci. On pourra se revoir sur
les autres affaires qui pourraient ne pas être réglées pour
être bien sûrs que les libellés que nous aurons au chapitre
de la loi correspondent bien à notre esprit et à
l'interprétation que vous pouvez en faire. Cela m'apparaît
extrêmement important, étant donné votre expérience.
Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le bâtonnier, de
brèves remarques de conclusion?
M. Jolin: Je n'ai rien à ajouter, M. le
Président,
M. Lemay: Peut-être que je pourrais ajouter que, quand on
nous parle des honoraires, l'indemnité additionnelle que les tribunaux
accordent en fonction des dispositions de l'article 1056c, qui est la
même indemnité que celle de la loi de l'impôt sur le revenu,
compense souvent très adéquatement les honoraires et les
retards.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, vous avez de brèves remarques de conclusion?
M. Garon: Je voudrais remercier les membres du Barreau, le
bâtonnier et les membres des comités qui sont venus nous
rencontrer cet après-midi, mais le ministre, quand il dit qu'il manque
d'argent, il va falloir qu'il se pose une question. S'il déduit les
frais médicaux et, éventuellement, les frais hospitaliers, les
gens qui paient de l'impôt vont-ils se trouver à payer deux fois
la même affaire? Est-ce qu'ils vont devoir, après cela, payer
moins d'impôt parce qu'ils paient déjà les frais
médicaux et les frais hospitaliers de par l'assurance-maladie dans leur
cas ou s'ils les paient par l'impôt? Il y a une question: Est-ce qu'ils
s'assurent deux fois, au fond? Si on évitait de faire payer les gens
deux fois, peut-être qu'à ce moment il y aurait des fonds pour les
questions que vous mentionniez dans la discussion que nous avons eue cet
après-midi.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne peux pas
m'empêcher de dire au député de Lévis que le
paiement des frais hospitaliers, c'est votre suggestion que j'ai mise en
pratique.
M. Garon: Moi, je n'ai rien suggéré!
M. Côté (Charlesbourg): Non, celle de votre
gouvernement.
M. Garon: Un gouvernement, ça ne suggère pas,
ça décide.
M. Côté (Charlesbourg): Oh!
M. Garon: II y a des fonctionnaires qui font toutes sortes de
propositions. Le gouvernement, lui, il s'exerce en décidant. Le meilleur
exemple, c'est le Manoir Richelieu où on aurait pu décider et
où on a laissé le gouvernement décider.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Lévis.
M. Garon: Je vous remercie.
M. Côté (Charlesbourg): M. le député
de Lévis, on m'informe que vous l'aviez même annoncé dans
les crédits.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: C'est comme les cigarettes et tout cela, mais ce n'est
pas vrai.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, ceci termine vos remarques de conclusion? Je tiens, au nom de
tous les membres de la commission, à remercier les membres du Barreau du
Québec pour leur participation à nos travaux. (17 h 15)
Je demanderais maintenant aux représentants du Bureau d'assurance
du Canada de bien vouloir prendre place, s'il vous plaît:
Dans un premier temps, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux
travaux de la commission de l'aménagement et des équipements. Je
demanderai maintenant au porte-parole du Bureau d'assurance du Canada de bien
vouloir s'identifier ainsi que les membres qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Bureau d'assurance du Canada
M. Brochu (Paul): Merci, M. le Président. Mon nom est Paul
Brochu. Je représente, pour le Québec, le Bureau d'assurance du
Canada dont je suis le président, pour le Québec, bien sûr.
Je suis en même temps p.-d.g. de l'Union canadienne, compagnie
d'assurances dont le siège social est à Québec.
À mon extrême gauche, M. Normand Beaulieu, est directeur
général du Bureau d'assurance du Canada, Québec; Me
Hélène Gagné, conseiller juridique pour le Bureau
d'assurance du Canada au siège social; M. Jacques Labrecque,
président de La Capitale, compagnie d'assurances, dont le siège
social est à Québec; à mon extrême droite, M.
André Racine, actuaire, vice-président aux assurances pour le
Groupe Desjardins, assurances générales. Tous connaissent bien M.
Allard, qui est conseiller spécial pour le Bureau d'assurance du Canada
à Montréal. Il y a M. Raymond Medza, qui est directeur
général pour le Groupement des assureurs automobiles. Tout
à l'heure, se joindra à nous M. John Harbour, qui devrait arriver
sous peu. M. John Harbour est président du Groupe Desjardins, assurances
générales.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. À partir de ce moment, vous avez maintenant vingt
minutes pour faire la présentation de votre mémoire aux membres
de la commission.
M. Brochu: Je vous remercie. Vous avez le mémoire. Je le
parcourrai rapidement avec vous, en soulignant les points qui me paraissent les
plus importants, quoique que tout ce qui est contenu là-dedans, comme
vous l'avez vu, est assez bref. On a pensé au contenu et je pense qu'on
peut dire que tout y est important. Quand même, je soulignerai davantage
quelques passages.
Le Bureau d'assurance du Canada est une association dont fait partie la
presque totalité des compagnies d'assurances pratiquant l'assurance IARD
au Québec. Pour ceux qui ne sauraient pas ce que veut dire IARD, c'est
l'assurance contre les incendies, accidents et risques divers, tant pour les
particuliers que pour les entreprises. On s'appelle maintenant les assureurs de
dommages, mais l'expression IARD est encore un peu dans le décor, il
faut donc l'expliquer.
Le rôle du Bureau d'assurance du Canada est de faciliter les
échanges entre les compagnies membres et de maintenir un contact direct
entre l'industrie des assurances IARD, les consommateurs et les pouvoirs
publics. Le BAC gère à partir de Montréal un centre
d'information qui répond aux besoins des assurés du
Québec.
Le Bureau d'assurance du Canada, par l'entremise d'une
délégation d'assureurs du Québec, est heureux de
participer aux travaux de cette commission parlementaire. Depuis la
réforme de 1978, il s'agit de la première occasion pour les
assureurs comme pour les autres groupes intéressés de faire
valoir leur point de vue au sujet de la Loi sur l'assurance automobile. Nous
remercions le ministre d'avoir déposé cet avant-projet de
loi.
Les assureurs ont accueilli avec beaucoup d'intérêt le
dépôt de l'avant-projet de loi visant à modifier la Loi sur
l'assurance automobile. Cette démarche du gouvernement traduit
très clairement, à notre sens, son intention de modifier le
régime d'assurance automobile actuel de façon à mieux
l'adapter à l'environnement présent. En somme, le gouvernement
reconnaît que le régime doit évoluer pour mieux
répondre aux attentes de la population.
Au plan des dommages corporels, le régime québécois
prévoit l'indemnisation des victimes sans égard à la
faute. Dans les années qui ont précédé l'adoption
de la loi de 1978, le BAC avait proposé un tel régime et en avait
fait la promotion sous le nom de projet AUTOBAC. Les assureurs n'ont pu
toutefois le mettre en place puisque la loi nécessaire, celle qu'on
réclamait à l'époque, n'a pu être adoptée.
C'est un fait important à rappeler ici, M. le Président. Les
assureurs du Québec, à ce moment-là, étaient le
seul groupe d'assureurs en Amérique à avoir proposé un
système "no-fault". On n'a pas pu le mettre en oeuvre parce que les lois
n'ont pas été changées à cette
époque-là. Je voulais vous le souligner parce que le "no-fault"
n'est pas nécessairement une invention de 1978. On l'avait
proposé antérieurement.
L'expérience démontre que l'introduction de
l'indemnisation sans égard à la faute a permis
l'accélération de règlements et l'indemnisation de toutes
les
victimes. Compte tenu de la détérioration du
système de la responsabilité civile au cours des dix
dernières années, tant au Canada qu'aux États-Unis, le
Bureau d'assurance du Canada est d'avis, tout comme en 1978, d'ailleurs, que le
Québec a pris la bonne orientation en acceptant de modifier dans le sens
du "no-fault" le régime d'indemnisation des victimes de dommages
corporels. Nous continuons de croire fermement, les assureurs, cependant, qu'il
n'était pas nécessaire d'étatiser la partie dommages
corporels du régime pour mettre en oeuvre cette nouvelle approche.
Puisqu'ils l'avaient eux-mêmes proposé, les assureurs auraient
dû s'en voir confier la réalisation. C'est un rôle,
d'ailleurs, que nous sommes toujours prêts à jouer. Mon
collègue John Harbour vient d'entrer. Je vous l'ai
présenté tout à l'heure: président du Groupe
Desjardins, assurances générales.
Ceci dit...
M. Garon: Il a peut-être pris le bateau.
M. Dufour: II s'est fait monter un bateau.
M. Coté (Charlesbourg): II est chanceux, il en a un.
M. Garon: De moins en moins.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brochu: Merci, M. le Président. Ceci dit, nous voulons
profiter de la tenue de ce forum public pour faire les interventions suivantes:
faire état de certains aspects du régime d'indemnisation des
victimes de dommages corporels susceptibles d'amélioration;
suggérer certains changements à ce régime afin de donner
une liberté de choix aux assurés - on va commenter cela un peu
plus tard - proposer des modifications au régime d'indemnisation des
dommages matériels; recommander des amendements de nature technique
à certains articles de l'avant-projet de loi et, finalement,
déposer officiellement d'autres propositions déjà
présentées aux autorités compétentes au cours des
deux dernières années.
On veut s'abstenir de commenter d'autres questions touchant la partie
étatisée du régime d'assurance automobile qui, à
notre avis, devrait faire également l'objet de discussions publiques. On
peut penser, par exemple, aux principes de gestion de la régie, à
son caractère monopolistique, à ses frais d'exploitation,
à son rôle ambivalent qui l'amène à la fois à
verser des indemnités et à veiller à la
sécurité routière. Cette démarche que nous voulons
constructive nous est apparue importante, car nous croyons que le régime
peut et doit évoluer. Et ce, tant du côté des dommages
corporels que matériels.
Bien qu'il représente pour le consommateur
québécois une amélioration, le régime
d'indemnisation des dommages corporels sans égard à la faute
adopté en 1978 comporte toujours de sérieuses lacunes que
l'avant-projet de loi actuel ne corrige pas. Nos commentaires porteront donc
sur les deux aspects qui nous apparaissent les plus importants, soit le mode
d'indemnisation du régime et le principe de répartition des
coûts.
Quant au mode, le régime actuel n'offre pas toujours une
réparation adéquate du dommage subi. La compensation pour perte
d'intégrité physique est certes la plus déficiente,
à nos avis. Dans une série d'articles publiés dans Le
Soleil de Québec en mai 1985, on faisait état de plusieurs
situations où les victimes n'étaient pas satisfaites des
indemnités offertes pour cette partie de leurs préjudices et je
cite: "Ce sont les montants accordés pour dédommager les
préjudices non pécuniaires - la perte d'un membre, le
préjudice esthétique et les douleurs subies - qui sont
inquiétants", soulignait l'auteur de l'article. "Le maximum payable
à une victime, infirme des pieds à la tête, est de 36 327
$. Une victime qui souffre d'une incapacité de 50 pour cent, donc
gravement handicapée, ne peut espérer obtenir plus de 18 163 $.
"Dans les autres domaines, la Cour suprême reconnaît pourtant aux
victimes d'accidents le droit d'exiger jusqu'à 100 000 $ au seul
chapitre des douleurs et pertes de jouissance de la vie, un plafond que la
régie a choisi de ne pas appliquer."
Évidemment, les indemnités dont fait état l'article
du Soleil sont dépassées aujourd'hui. En 1987, les
montants sont considérablement plus élevés et se situent
davantage près de 200 000 $ et là-dessus, évidemment, on
rejoint ce que disaient nos amis du Barreau sans les avoir consultés,
mais on lit à peu près les mêmes périodiques qu'eux
et on suit évidemment les jugements. D'ailleurs, des études
réalisées par nos actuaires démontrent que les victimes de
ce type de dommages ne reçoivent dans le nouveau régime que 20 %
ou 25 % des indemnités qu'elles auraient touchées autrement. Il y
a une autre situation qui se présente lorsqu'une victime ayant un revenu
supérieur au montant fixé par la régie se voit subitement
privée de son gagne-pain pour le reste de ses jours à la suite
d'un accident causé par un véhicule. Est-il acceptable, M. le
Président, dans de telles circonstances, que la victime ne soit
indemnisée que pour le montant fixé par la régie? Dans ce
cas, le régime est loin de remettre la victime dans des conditions
approchant celles dont elle bénéficiait avant l'accident.
Les problèmes qu'on vient d'invoquer comptent d'ailleurs parmi
les sources principales d'insatisfaction relevées lors d'un
récent sondage effectué pour le compte du Bureau d'assurance du
Canada auprès des victimes de dommages corporels. Ce sondage a fait
ressortir que 34 % des victimes, c'est-à-dire une sur trois, sont
insatisfaites des indemnités reçues par la régie. Ce
pourcentage excède même celui évoqué dans la
série d'articles du Soleil que nous venons de citer. Toujours selon le
même sondage, le taux d'insatisfaction des réclamants de la
régie augmente selon le genre de blessures subies. Alors qu'il est de 20
% chez les victimes de blessures légères, il dépasse 20 %
chez les victimes d'incapacité permanente. Or, ce sont ces
dernières que le rapport Gauvin identifiait comme étant les plus
désavantagées par le régime précédent et qui
devaient davantage bénéficier de la réforme de 1978.
Et, pour revenir trois paragraphes en arrière, M. le
Président, il faut dire que si, au niveau des assureurs privés,
il fallait qu'on ait une victime ou un sinistré sur trois qui
n'était pas satisfait de ce qu'on lui paie comme indemnité, on
aurait de sérieux problèmes. On n'est pas parfait, on a des
insatisfactions, mais on trouve quand même que 34 % qui étaient
insatisfaits à l'époque, en 1985-186, c'est
considérable.
Passons maintenant au principe de répartition des coûts. Ce
principe, quant à lui, constitue l'un des points les plus contrastants
tant avec le régime antérieur qu'avec la pratique courante des
assureurs. En effet, selon les principes les plus élémentaires de
l'assurance, les assureurs tentent, eux, de rapprocher autant que possible la
prime de chaque assuré de sa propre contribution au risque, en utilisant
une tarification qui varie selon le véhicule, l'usage qui en est fait,
la zone où il est utilisé, les caractéristiques
personnelles et l'expérience de chaque conducteur.
Quant à la régie, elle impose la même prime à
tous par le biais de l'immatriculation et du permis de conduire. La seule
exception est une distinction entre voitures de tourisme, motocyclettes et
autres véhicules. Ce genre de tarification qui se voulait la plus
égalitaire possible a introduit, par ailleurs, dans le régime
étatique d'assurance automobile du Québec des
inéquités sociales majeures et flagrantes. Dans ce régime
d'État, nous, on dit que l'automobiliste à faible revenu paie
pour des indemnités que seul le haut salarié pourra toucher.
En effet, le premier facteur qui détermine le montant de la
plupart des indemnités versées par la régie est le niveau
de revenu qui doit être remplacé. Ainsi, un automobiliste atteint
d'incapacité à la suite d'un accident peut recevoir trois fois
plus en remplacement de revenu si son revenu avant l'accident était de
30 000 $, qu'un autre qui gagnait 10 000 $. Il s'agit donc là d'une
inéquité sociale, comme le démontre le tableau suivant.
Alors, vous avez le tableau, ici, où l'on voit que quelqu'un qui a un
revenu net de 10 000 $, l'assurance de 9 000 $ lui revient à 13,78 $ le
1 000 $ et celui qui a un revenu net de 30 000 $ au moment de
l'indemnité, aurait payé 4,59 $ le 1 000 $.
On s'aperçoit quand même qu'il y a une différence
considérable. On pense que c'est une situation qui est injuste envers
les personnes à faibles revenus qui doivent verser les mêmes
primes que celles dont les revenus sont plus élevés alors
qu'elles ont droit à des indemnités moindres.
Dans ce régime d'État, le conducteur prudent est
désavantagé, selon nous. Car, tout en conservant le concept de
l'indemnisation sans égard à la faute, il faut reconnaître
que la prévention et l'incitation à la prudence
représentent des fonctions fondamentales de l'assurance et de
l'indemnisation. Les assureurs établissent leur tarification en tenant
compte du dossier de conduite du conducteur. La régie ignore cet
élément, bien qu'il soit très significatif. Par exemple,
selon les statistiques de 1985 de la régie, les conducteurs de 16
à 24 ans ne constituent que 19 % des titulaires de permis, mais
représentent 30 % des conducteurs impliqués dans des accidents
mortels, 33 % de ceux impliqués dans des accidents avec blessures graves
et 29 % de ceux avec blessures légères.
On pense, M. le Président, que cette méthode de
tarification favorise jusqu'à un certain point l'achat et la conduite de
véhicules par ceux, qui sont les jeunes, qui ont le moins
d'expérience et qui sont les plus vulnérables. On pourrait
même dire qu'à ce moment cette situation-là, cette
méthode unique de tarification pourrait avoir entraîné
indirectement l'augmentation du nombre de décès chez les jeunes.
En exigeant la même prime de tous les titulaires de permis, sans
distinction d'âge et/ou d'expérience, le régime
gouvernemental pénalise les conducteurs plus âgés qui
causent moins d'accidents.
Troisièmement, dans ce régime, le propriétaire d'un
véhicule sécuritaire subventionne l'acheteur d'un véhicule
dangereux. L'expérience et de nombreuses études ont prouvé
que le risque d'accident et l'importance des dommages varient en fonction du
véhicule utilisé. C'est bien connu. On a encore des statistiques
très, très récentes là-dessus. En tenant compte de
cette réalité, les assureurs encouragent, par leur mode de
tarification, l'achat de véhicules plus sécuritaires et font
porter par les propriétaires de voitures de haute performance ou plus
dangereuses, la part
véritable du risque plus élevé qu'ils
représentent. Par contre, la régie ne tient pas compte s'il
s'agit d'un véhicule robuste, sécuritaire, fragile ou instable.
Nos statistiques démontrent que, durant les trois dernières
années, la fréquence et le" coût par véhicule des
dommages matériels des voitures sport équivalaient presque au
double des voitures régulières de valeur moyenne. Des
études du Highway Loss Data Institute des États-Unis
établissent que les écarts de coûts au plan des dommages
corporels entre ces deux groupes sont encore plus grands. (17 h 30)
Les motocyclettes en sont un exemple assez frappant. Bien que ces
dernières ne représentent en 1985 que 4 % du nombre des voitures
de tourisme, on leur attribuait 16 % des décès, 25 % des
blessures graves et 12 % des blessures légères en proportion des
utilisateurs de voitures de tourisme. Chaque motocyclette représente
donc un risque de trois à six fois plus grand qu'une voiture de
tourisme, bien que sa prime ne soit que de 50 % de plus et encore, c'est assez
récent, au début il n'y avait pratiquement pas de
différence.
L'examen de ces différents aspects du régime
d'État, c'est-à-dire le mode d'indemnisation et le principe de
répartition des coûts, démontre à notre avis que le
régime actuel est globalement trop limité par la standardisation.
Certes, l'avant-projet de loi tente de corriger certaines des critiques
formulées à l'endroit du régime. On pense cependant qu'il
sera toujours impossible de trouver un point d'équilibre entre les
besoins variés des individus tant que le régime n'offrira qu'une
seule formule d'indemnisation à l'ensemble de la population. Ce sont les
charnières de notre proposition, M. le Président.
Quant à nous, la solution passe donc par une liberté de
choix pour le consommateur en fonction de ses propres besoins et par une
redéfinition du rôle de l'État et des assureurs.
Comment, maintenant, améliorer le régime de dommages
corporels? Comment veut-on l'améliorer? On ne veut pas le
débalancer, on ne veut pas le déséquilibrer, on veut
l'améliorer.
Comme on vient de le mentionner, il existe des avenues qui peuvent
introduire dans le régime certains éléments de
rééquilibrage tout en permettant aux assureurs d'y jouer un
rôle accru et plus dynamique.
Ainsi, dans le contexte des modifications introduites dans
l'avant-projet relativement aux indemnités pour dommages corporels, on
propose de revoir le système dans la perspective qui suit. L'État
pourrait se charger de la fonction dite sociale du régime. Il
administrerait un régime universel qui assurerait à l'ensemble de
la population une couverture de base uniforme qui équivaudrait à
l'indemnité minimale actuelle, par exemple. Et on souligne "par
exemple". Les assureurs, pour leur part, offriraient un régime
supplémentaire, facultatif, qui donnerait aux automobilistes le choix de
se procurer la protection additionnelle requise.
Pour couvrir la majorité des victimes qui ont besoin
d'indemnités en excédent de la régie, on suggère
une couverture d'assurance individuelle obligatoire avec des montants maximaux
déterminés, comme ce qui existait un peu avant 1978. Cette
assurance couvrirait le conducteur, les passagers ou les piétons. Cette
couverture s'ajouterait au contrat de responsabilité civile obligatoire
que doivent se procurer tous les propriétaires de véhicules au
Québec.
Le tableau suivant résume succinctement comment pourraient
s'articuler les différentes facettes de cette nouvelle approche. Vous
avez devant vous un tableau qui illustre ce que sont les quatre points
d'indemnisation de la RAAQ et ensuite ce que les assureurs pourraient faire au
niveau excédentaire. On pourra revenir tout à l'heure sur des
montants, si vous voulez, un peu plus précis, mais pour le moment c'est
comme cela que s'articulerait l'intervention des assureurs privés dans
le système.
Cela présenterait, à notre avis, des avantages importants:
II permettrait aux automobilistes qui n'ont pas besoin ou qui ne
désirent pas de couverture excédentaire de réduire leur
cotisation au régime public. Ce régime serait plus
équitable puisque les automobilistes pourraient choisir leur couverture
en fonction de leurs besoins particuliers. Comme la couverture
supplémentaire serait offerte par les assureurs, les automobilistes
bénéficieraient des effets de la concurrence tant au niveau des
prix et du service que de l'adaptation des produits à leurs besoins.
On recommande donc ce qui suit: Que le législateur limite les
indemnités de la RAAQ à un montant minimal et laisse aux
automobilistes la liberté de se procurer la couverture
excédentaire sur le marché de l'assurance. En conséquence,
que les indemnités de remplacement de revenu en cas d'incapacité
soient limitées en ce qui a trait à l'indemnité minimale
actuelle, que les indemnités de décès soient fixées
à un montant de base égal pour tous, que les montants
forfaitaires soient maintenus au niveau actuel de 39 000 $ et que les sommes
versées pour couvrir les frais médicaux restent au niveau
actuel.
En plus de retirer au secteur privé une partie de la couverture
d'assurance automobile le nouveau régime d'assurance de 1978 comportait
une série de mesures qui ont eu pour effet de réglementer de
façon rigide l'activité de ce secteur économique et
d'introduire dans le régime certaines anomalies, notamment au
niveau de la définition du produit d'assurance et de l'administration de
la loi.
À notre avis, l'assurance automobile constitue une assurance de
dommages au même titre que l'assurance habitation ou
responsabilité civile même si l'assurance automobile est
obligatoire. Puisque le Code civil permet aux assureurs de dommages d'offrir
dans les autres secteurs des produits d'assurance qui s'adaptent à
l'évolution des besoins économiques et sociaux des
assurés, en respectant un minimum d'obligations et de devoirs, il
devrait en être ainsi dans le secteur automobile.
Nous sommes d'accord à ce qu'il y ait des obligations minimales
relativement à l'assurance automobile ou aux assurances, tout court.
Nous sommes aussi d'avis que les conditions imposées par la Loi sur
l'assurance automobile et l'approbation des différentes clauses du
contrat d'assurance automobile ne sont plus nécessaires dans le contexte
actuel. Cette mesure pouvait être valable à l'époque
où on tentait d'uniformiser les contrats d'assurance automobile dans
toutes les provinces. Comme le Québec est doté maintenant d'un
régime différent, cette mesure n'a plus sa raison
d'être.
Au plan des anomalies, soulignons le fait que l'administration de la
partie des dommages matériels relève non seulement à la
fois du ministère des Transports et du ministère des Finances, M.
le Président, en vertu de la Loi sur l'assurance automobile, mais
également du ministère de la Justice, responsable de
l'administration du Code civil. Cela nous fait quand même pas mal de
parrains. Cette situation entraîne immanquablement une pléiade de
problèmes sur le plan des communications, des décisions et des
orientations.
On souhaite donc que le législateur établisse que toutes
les dispositions de la Loi sur l'assurance automobile décrivant les
garanties, les droits et les obligations des assurés et des assureurs
applicables à l'indemnisation des dommages matériels soient
révisées et constituent des dispositions obligatoires minimales
seulement.
On recommande aussi que le législateur clarifie la juridiction de
l'administration de la Loi sur l'assurance automobile, en particulier le
partage de juridiction entre le ministère des Transports et le
ministère des Finances. On est d'avis que les aspects des
indemnités des secteurs public et parapublic devraient relever du
ministère des Finances.
Pour illustrer les propos concernant l'assurance automobile qui est
assez enrégimentée, c'est que présentement pour
l'assurance des biens par exemple, lorsque les assureurs ont
décidé d'offrir ce que vous connaissez et qui s'appelle la valeur
à neuf, c'est le jeu de la concurrence qui a joué. On s'est
réuni, quelqu'un a fait une clause, on a dit: On peut faire quand
même un peu mieux. On est intervenu dans un temps relativement court,
à la satisfaction des assurés et du public.
En ce qui concerne l'assurance automobile, cela a pris presque un an et
demi avant d'avoir la permission du législateur d'introduire un avenant
neuf pour des dommages strictement matériels. Or, c'est l'exemple que je
peux vous donner qui, évidemment, nous frustre un peu parce que,
finalement, il nous paralyse dans notre action.
Il y a des amendements de nature technique aussi qu'on a inscrits
à notre mémoire. Cela touche les définitions, la
confidentialité et la prescription. En fait, si vous avez des questions
à ce sujet, notre conseiller juridique se fera un plaisir d'y
répondre durant la période des questions, M. le Président.
Je ne reviendrai pas sur les détails de ces recommandations.
On a annexé à notre mémoire une copie d'un document
technique préparé conjointement par des experts du Bureau
d'assurance du Canada et du Regroupement des assureurs automobiles. Je suis
à la page 17, M. le Président. Je m'excuse si je suis allé
plus loin.
C'est un document qui a été transmis en septembre 1986 au
ministre des Transports et à l'Inspecteur général des
institutions financières par l'intermédiaire du surintendant qui
assiste, comme vous le savez, aux séances du conseil d'administration du
groupement. C'est un document qui contient une série de recommandations
qui nous apparaissaient pertinentes et qui permettraient au secteur des
dommages matériels d'évoluer et de s'adapter aux besoins de
l'environnement d'aujourd'hui. Pour des raisons qu'on ignore, les instances
gouvernementales n'ont pas inclus ces recommandations dans l'avant-projet de
loi.
On recommande donc que le comité de rédaction de
l'avant-projet donne suite aux demandes des assureurs contenues dans le
document technique qu'on a présenté en septembre 1986 au
ministère des Transports et à l'Inspecteur général
des institutions financières. Les mêmes recommandations valent
encore aujourd'hui puisque, évidemment, c'est purement technique. Ce
sont des questions d'harmonisation dans bien des cas, et de définitions
dans d'autres.
On espère, M. le Président, que les membres de la
commission vont juger à propos d'accélérer le processus de
mise à jour de l'assurance des dommages matériels au
Québec, qu'ils verront l'importance de redonner aux automobilistes
québécois une liberté de choix dans leur couverture
d'assurance et qu'enfin ils feront preuve d'ouverture d'esprit face à
des changements
touchant le secteur des dommages corporels. C'est ainsi qu'à
notre avis ils serviront l'ensemble des automobilistes du Québec. M. le
Président, je vous remercie et on est prêt à
répondre à vos questions, s'il y en avait.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. M. le ministre.
M. Coté (Charlesbourg): Merci, M. le Président.
Effectivement, nous avons des questions à poser. C'est une très
bonne contribution qui a le mérite de soulever des interrogations
fondamentales et très corsées, et cela nécessiterait
certainement beaucoup plus que l'heure qui nous est impartie pour régler
l'ensemble de ces problèmes.
J'ai, tout comme vous, parcouru le document et il y a quand même
un certain nombre de choses sur lesquelles je voudrais vous questionner. Entre
autres, à la page 4 de votre mémoire vous dites, en parlant de la
Régie de l'assurance automobile: "...son rôle ambivalent qui
l'amème à la fois à verser des indemnités et
à veiller à la sécurité routière."
J'aimerais avoir peut-être un petit peu plus de précisions sur
l'ambivalence. Si la Régie de l'assurance automobile n'avait pas
été là sur le plan de la sécurité
routière, je pense qu'il y a bien des choses qui manqueraient
actuellement au Québec. Quelle est l'ambivalence entre verser des
indemnités et s'occuper de sécurité routière?
M. Brochu: Normalement, en termes, si vous voulez, d'assurance
telle qu'on la connaît, en termes de mutualité, nous, on croit que
notre rôle est de recevoir des primes et de verser des indemnités.
Notre rôle n'est pas, évidemment, de pouvoir
télécommander, si vous voulez, des actions directes de
sécurité routière. On pense que le rôle de la
régie, dans ce contexte-là, est ambivalent. Après tout,
c'est le même actionnaire ultime. Tout à l'heure, je pense que M.
Garon mentionnait cette question d'actionnaire, c'est le même actionnaire
ultime et on pense, nous, que, à la régie, on pourrait, par
exemple, demander à d'autres secteurs du gouvernement d'intervenir et de
dépenser des centaines de milliers de dollars à la
sécurité routière directement qui viendraient influencer
positivement le montant des indemnités. C'est ce que j'appelle un
rôle ambivalent alors qu'un assureur ne peut pas le faire
directement.
M. Côté (Charlesbourg): Mais tout ce que fait la
régie en termes de sécurité routière peut aussi
profiter à l'assureur privé.
M. Brochu: Absolument.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour cela que la
vocation de sécurité routière au niveau de la Régie
de l'assurance automobile, en tout cas, ne m'apparaissait pas un rôle
ambivalent par rapport à son rôle fondamental. Comment?
M. Brochu: On ne veut pas critiquer le rôle de la
régie en termes de sécurité routière, M. le
ministre, mais c'est lorsque, évidemment, on met les deux côte
à côte avec les indemnités, d'une part.
Deuxièmement, comme vous avez vu ici, on pourrait plus tard, si vous
voulez, élaborer là-dessus. Ce n'était pas notre propos
aujourd'hui et ce n'est pas une attaque qu'on fait. Le mot ambivalent est
peut-être fort si on dit, évidemment, que ce sont des
activités qui peuvent s'opposer. Ce sont beaucoup plus des
activités qui nous apparaissent pas tellement complémentaires
sauf, évidemment, dans la question de la promotion de la
sécurité routière.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Le point est fait.
Je pense que ce n'est pas l'objet principal du mémoire, mais j'ai quand
même sursauté quand j'ai entendu cela.
À la page 5, concernant le mode d'indemnisation. Concernant le
mode d'indemnisation, vous citez les deux cas qui ont été
relevés par le journal Le Soleil. Bien sûr qu'on en a
discuté tantôt, j'imagine que vous étiez ici lorsqu'on a
discuté avec le Barreau des 190 000 $ qui approchent vos 200 000 $,
l'inflation aidant.
M. Brochu: ...plus tard.
M. Côté (Charlesbourg): ...plus tard, c'est cela. Ce
que j'ai évoqué, c'est nos 125 000 $ maintenant qui
étaient sous la base des 100 000 $ indexés, ce qui fait 125 000
$, compte tenu de certaines autres considérations, de faire la preuve de
la culpabilité, du délai devant les tribunaux, puis des
honoraires, faisant en sorte que nos 125 000 $ réglaient
peut-être, j'ai l'impression, en bonne partie cet écart-là.
Est-ce que les 125 000 $, quant à vous, vous apparaissent
réalistes à ce moment-ci?
M. Brochu: Mais nous, on n'en est pas actuellement au niveau de
125 000 $, 200 000 $ ou de 250 000 $. Tout ce qu'on a vu ici actuellement c'est
une recherche qui a été faite par un journaliste du journal Le
Soleil. On sait que c'est rendu à 200 000 $ aujourd'hui. Vous avez
fait 125 000 $. Nous, le coeur de notre mémoire ne s'attaque pas au
niveau de 125 000 $ ou de 150 000 $. Évidemment, on est d'avis
présentement que ces dommages-là sont beaucoup plus
considérables. C'est d'ailleurs pourquoi nous, on recommande
d'intervenir en excédent et, justement, on pense qu'il y a de la place
pour l'excédent. Donc, on n'intervient pas
pour savoir si les 125 000 $ qui sont proposés par la
régie sont suffisants ou non. Tout ce qui m'apparaît, de
mémoire, c'est que, en 1978, si vous voulez, la dialectique du
débat ne portait pas tellement pour donner des sommes aussi
élevées que 125 000 $ ou 100 000 $ ou quoi que ce soit.
Qu'aujourd'hui la régie veuille monter ses " dommages non
pécuniaires à ce niveau-là, cela nous apparaît,
évidemment, dans le courant. D'ailleurs, on l'avait souligné
à l'époque, que le montant qui était accordé
était tellement bas que cela ne rencontrait pas du tout ce que les
victimes attendaient.
(17 h 45)
Notre propos, M. le ministre, n'est pas actuellement à savoir si
le montant de 125 000 $ est suffisant ou non. Tout ce qu'on dit, c'est que cela
donne certainement beaucoup de place aux assureurs d'intervenir pour vendre
justement cet excédent aux individus et en excédant de 125 000 $,
je pense qu'à ce moment-là on atteint quand même un niveau
et on reconnaît que ce niveau est certainement beaucoup plus près
de la réalité qu'il ne l'était antérieurement.
Justement, si vous avancez 125 000 $, comme assureur on ne peut pas intervenir
tellement fréquemment pour offrir des protections en excédent. On
trouve que le rôle de la Régie de l'assurance automobile ne
devrait pas se rendre jusqu'à ce niveau. D'ailleurs, c'est le fondement
même de notre mémoire.
M. Côté (Charlesbourg): On y reviendra tantôt
parce que je m'achemine tranquillement vers le noeud de votre proposition. Mais
avant il y a des choses que cela me tenterait d'éclairer. À la
page 6, vous faites allusion à un sondage effectué pour le BAC et
qui démontre que 34 % des victimes sont insatisfaites. Sondage pour
sondage, je ne sais pas. Il y en a un qui a été fait et repris
assez régulièrement par les bons offices de l'Université
Laval et qui donne plutôt un niveau de satisfaction qui oscille entre 78
%, 79 % et 80 %, ce qui fait quand même un écart assez
appréciable de 14 % ou de 15 % avec celui que vous avez fait. Quelle
firme de sondage vous a fait cela?
M. Brochu: Je ne me souviens pas quelle firme nous avions
à ce moment. La Maison GRIP. C'est une maison qui fait
régulièrement des sondages en assurances et qui a
préparé ce sondage au début de 1986.
M. Côté (Charlesbourg): GRIP.
M. Brochu: C'est la Maison GRIP. C'est un sondage qui a
été fait par Gilles Bernier, professeur et directeur de la Chaire
en assurances, Université Laval.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! On va dire aux
chercheurs de l'Université Laval de se parler.
M. Brochu: C'est M. Bernier lui-même qui a colligé
cela et qui a procédé avec GRIP à l'établissement
des questions et à l'établissement de l'encadrement du sondage.
Ce n'est pas lui qui l'a fait. C'est lui ensuite qui l'a colligé et il
en a fait...
M. Côté (Charlesbourg): L'analyse.
M. Brochu: ...l'analyse et actuellement les recommandations.
M. Côté (Charlesbourg): Vous m'aviez bien dit que
c'était un gars en assurances, Gilles Bernier, n'est-ce pas?
M. Brochu: Gilles Bernier, c'est un professeur à
l'Université Laval, professeur et directeur de la Chaire en
assurances.
M. Côté (Charlesbourg): La Chaire en assurances.
M. Garon: Ce n'est pas le député de Beauce au
fédéral.
M. Côté (Charlesbourg): Non, j'imagine. Il n'a pas
le temps d'enseigner à l'Université Laval et d'être
député au fédéral, cela occupe.
M. Brochu: M. le ministre, est-ce que vous me permettriez, M. le
Président...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Brochu: Cette étude, de mémoire, a
été faite auprès de gens qui avaient été
indemnisés sur différents plans.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. C'était la
même base d'information.
M. Brochu: C'est disponible si jamais, M. le ministre, vous
vouliez l'avoir.
M. Côté (Charlesbourg): Je l'apprécierais
parce que cela ne veut pas dire que le nôtre est bon ni que le
vôtre est bon. Mais au moins on va pouvoir comparer les
échantillonnages et faire en sorte qu'on puisse en fin de compte voir le
tunnel.
Une voix: On peut peut-être faire une moyenne.
M. Côté (Charlesbourg): On va faire une moyenne.
Probablement qu'on me prie déjà pour avoir la
vérité avec la moyenne. Mais revenons-en au coeur de votre
présentation. Si j'ai bien compris, vous en avez contre le principe de
la répartition des
coûts. Vous soulevez un certain nombre de problèmes.
D'abord, l'automobiliste à faible revenu paie pour des indemnités
que seul le haut salarié pourra toucher. C'est une des conclusions
auxquelles vous arrivez. Le conducteur prudent est désavantagé.
Je pense que vous avez fait la démonstration par la catégorie des
16-19 ans. Le propriétaire d'un véhicule sécuritaire
subventionne l'acheteur d'un véhicule dangereux. À partir de
cela, il y a des injustices dans le régime qu'il faut corriger.
Dites-moi donc si on faisait affaire au privé en ce qui concerne
l'assurance automobile s'il en serait bien différent. À
l'occasion, je rencontre des gens qui ne sont pas toujours satisfaits non plus
de la couverture qu'ils ont dans le privé. Par exemple, je recontre les
gens du taxi qui, à l'occasion, se plaignent de primes très
élevées. Comme ministre des Transports ils viennent se plaindre
à moi en espérant que la Régie de l'assurance automobile
va les ramasser. Je pense qu'il y a des catégories qui ne sont pas
faciles à assurer non plus. Est-ce que ce serait différent dans
une assurance privée?
M. Brochu: D'abord, en assurance privée, d'autres pourront
intervenir ici s'ils le souhaitent, des gens qui sont plus directement
reliés à la tarification. Évidemment, on essaie, comme on
le disait, de rapprocher le risque de la prime. On est très imparfaits.
On se fait critiquer très souvent, c'est sûr. Vous pariiez des
taxis tantôt. Je ne voudrais pas trop aborder cela. Il en demeure qu'eux
critiquent, par le fait qu'ils sont exposés considérablement plus
qu'un autre automobiliste comme vous et moi qui prenons nos automobiles
après des sessions comme ceci et qui ne circulons pas tellement
quotidiennement. Alors, eux le font davantage et parce qu'ils se disent pas
responsables d'accidents, ils ne devraient pas avoir une prime aussi
élevée, même s'ils sont impliqués dans des
accidents.
Alors, depuis la convention d'indemnisation directe, comme vous le
savez, chaque assureur... C'est une convention qui nous a été
imposée par le régime, à toutes fins utiles, cela nous
avait été quand même recommandé très
fortement. Donc, à ce moment-là, on l'a étudiée et
on l'a adoptée. Je ne dis pas qu'on le regrette. Mais il reste que cela
s'inscrivait quand même dans l'esprit du ministre d'alors de voir que les
gens soient indemnisés le plus possible par leur propre assureur.
Intervenant là-dessus, bien sûr, ces taxis-là sont
exposés beaucoup plus, parce qu'ils représentent un risque
beaucoup plus grand, ils se plaignent du fait que, n'étant pas
responsables, on leur demande énormément plus, etc. Il peut
même arriver que certains assureurs, normalement, augmentent leurs primes
s'ils ont plus d'accidents, même s'ils ne sont pas responsables.
Donc, de ce côté-là, je pense que, même s'il y
a des insatisfaits sur plusieurs milliers d'automobilistes, bien sûr, la
prime est en fonction du risque qu'elle représente, d'une part. Pour les
taxis, c'est ce qu'on peut répondre. Pour l'autre, on fait un
appariement du risque lui-même. Donc, si quelqu'un représente un
risque qui est beaucoup plus élevé, on va lui demander une prime
qui est plus élevée. Cela fonctionne comme ça non
seulement en assurance automobile, mais même en assurance des biens,
comme vous le savez, parce que nous, évidemment, comme privés, on
n'administre pas un régime à fonction socialisante autant que la
régie, évidemment. Donc, on ne peut pas faire un régime
égalitaire de la même façon.
Je ne sais pas si d'autres de mes collègues pourraient ajouter
quelque chose, mais on pourrait aborder longuement cette question.
M. Harbour (John): Je pense que c'est cela. C'est tout le
principe de l'inéquité de la facturation ou de la
répartition des coûts du régime. Si on donne des
subventions pour avoir plus de motos sur les routes, pour plus de jeunes
conducteurs, à ce moment-là, vous dépensez de l'autre
côté des millions en sécurité routière. Vous
en faisiez état tout à l'heure. Je pense qu'en faisant la bonne
partie des choses, c'est la façon qu'on force le comportement du
consommateur.
Prenons l'exemple de la construction des véhicules. Si un mauvais
constructeur de véhicules ou une compagnie de véhicules met des
véhicules plus dangereux sur la route, mais bénéficie ou a
un même prix d'assurance que celui qui met un véhicule
sécuritaire sur le marché, à ce moment-là, c'est
subventionner indirectement la vente de ces voitures dans le public et
augmenter par cela le danger que cela représente sur les routes.
Si on donne de l'accessibilité aux voitures sport, à ce
moment-là, le nombre va augmenter, il y aura prolifération des
voitures sport sur nos routes et on connaît le dossier de conduite de ces
voitures. Alors, c'est un peu le côté inéquitable, autant
en ce qui concerne la sécurité routière que la
tarification ou la répartition, qui est manifesté
là-dedans.
Mais le point le plus majeur, je crois, est constitué sur le
salaire de l'individu, alors que quelqu'un qui paie la même prime qu'un
autre a droit à une rémunération de 35 000 $ s'il a un
accident, alors que l'autre - qui paie la même prime - ne peut pas
espérer plus s'il a un salaire plus bas. Je pense qu'il y a une
inéquité, une injustice sociale fondamentale qui ne peut pas
être corrigée par le système, parce que plus le
système est "inflationné", plus l'inéquité
grandit.
C'est ce qu'on fait valoir comme point de base, comme point fondamental,
en disant que la régie joue un rôle social, un rôle de
protection minimal et laisse les entreprises privées garantir un revenu
plus élevé.
M. Côté (Charlesbourg): Là-dessus,
revenons-en au coeur de votre proposition qui dit que la Régie de
l'assurance automobile garde de 40 000 $ et moins, 39 323 $ -arrondissons cela
à 40 000 $; je suis convaincu que vous seriez très heureux si on
décidait cela demain - l'excédent, c'est l'assurance
privée qui va couvrir la différence. C'est cela, la base de ce
que vous proposez en ce qui concerne les indemnités.
M. Harbour: C'est-à-dire qu'on le limiterait à 20
000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Harbour: C'est-à-dire que le montant serait de 20 000 $
au maximum. Cela couvrirait le besoin de Jos Public, de l'ensemble des
consommateurs. À ce moment-là, au-delà de 20 000 $, ce
serait l'entreprise privée du Québec, qui s'occuperait de donner
la protection adaptée aux besoins réels de l'automobiliste et non
pas une protection standardisée à des besoins où tout le
monde n'a pas besoin d'une couverture excédentaire à 20 000 $.
C'est à peu près cela; c'est 18 000 $ au maximum, je crois.
M. Brochu: Le régime de base présentement, la rente
de remplacement de revenu qui est basée sur le salaire minimum est
d'environ 9500 $ ou 9400 $. C'est là-dessus qu'on se base. Le montant
forfaitaire au décès est basé sur le salaire minimum de
9400 $ et le forfaitaire pour dommages non pécuniaires est de 39 000
$.
Or, c'est la base où on aimerait que la régie demeure,
donnant ainsi un régime tout à fait universel et laissant aux
assureurs, en fonction des propres besoins, en fonction du choix des individus
et de ce qu'ils désirent payer, de pouvoir s'acheter les
excédents... C'est le point fondamental de notre proposition.
M. Côté (Charlesbourg): II est bien certain qu'il ne
vous appartient pas d'évaluer les impacts sur la Régie de
l'assurance automobile, mais quels sont les impacts -vous avez certainement
regardé cela - si on mettait en place demain matin cette proposition sur
la Régie de l'assurance automobile?
M. Brochu: Comme impact, selon les données de la
régie, on dit que la régie intervient auprès de 80 %
à 85 % de la population. À moins que les chiffres n'aient
changé, ce sont les chiffres que nous avons, avec le montant que vous
avez présentement, soit 40 000 $... Nous pensons que, selon les
échelles de revenus des citoyens du Québec, le rôle de la
régie arriverait à environ 45 %, 50 % ou 55 % des besoins en
termes d'échelons de revenus de la population du Québec. L'impact
serait donc assez considérable là-dessus.
D'un autre côté, il faut dire que la régie s'occupe
de tout le monde. Elle a 100 % des assurés possibles à la base.
Donc, le phénomène coûts-bénéfices ne devrait
pas être nécessairement plus difficile à évaluer. Je
ne le crois pas. Deuxièmement, il n'y a pas de manque à gagner,
sauf au chapitre des revenus. L'activité, elle, reste la même
parce qu'elle couvre l'ensemble des gens.
Je pense donc que je pourrais répondre à cette question de
la régie en ce sens: Alors que la régie intervenait
jusqu'à 85 % des besoins des gens antérieurement, elle
interviendrait maintenant, selon nous, à 40 % ou 45 % de ces besoins.
Vous nous excuserez de ne pas avoir fait d'étude très exhaustive
sur le sujet parce qu'il y va d'abord de la volonté politique. Nous
serions à votre entière disposition, bien sûr, le cas
échéant.
M. Clark: Je m'excuse, M. Brochu, un petit détail
technique. La régie intervient sur 100 %. Elle intervient à 85 %
pour couvrir le maximum assurable, c'est-à-dire que, pour les gens qui
gagnent 70 000 $, la régie intervient jusqu'à 35 000 $.
M. Brochu: Oui, je m'excuse. M. Clark: On s'entend bien
là.
M. Brochu: J'aurais dû dire: jusqu'à concurrence de
leur revenu à eux; elle n'intervient pas pour tout le monde. Je
m'excuse.
M. Clark: D'accord.
M. Brochu: Parce qu'il y a une dialectique là-dedans qui
est peut-être plus la vôtre que la mienne.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous vous
comprenez là?
M. Clark: On se comprend.
Une voix: Selon les chiffres, c'est que 85 % des victimes ont
présentement leurs besoins comblés complètement par la
régie. La régie couvre totalement le revenu de 85 % des gens.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Pour
répondre à la question directe à savoir si la
volonté politique y était, j'imagine que cela
vous intéresse, je pense que la volonté politique,
à ce moment-ci, est davantage de tenter de régler un certain
nombre de problèmes dans la loi actuelle. Quant a la proposition,
j'imagine qu'en homme sage et après avoir vécu tout ce que vous
avez vécu, vous ne pensiez pas que ce serait un oui à la table de
la commission parlementaire, qu'on allait s'embarquer là-dedans pour
régler cela. Je pense qu'il faut voir davantage ce que cela donnerait
concrètement au niveau de la régie. De ce
côté-là, je pense qu'on aura certainement l'occasion de se
rencontrer pour voir les impacts et être capables de les mesurer. Ce sont
des choses qui peuvent être étudiées. Je pense que de ne
pas les étudier serait peut-être se priver d'une
possibilité de solution qui pourrait effectivement avoir du
mérite.
Pour ma part, en tout cas, actuellement, je ne suis pas à
même de dire: Oui, c'est la solution de demain. Je pense que cela a plus
d'impact et qu'il nous faut mesurer cela davantage. Je suis prêt
à regarder ce que cela donnerait demain matin, si on mettait en place un
tel régime, avec les avantages et les inconvénients. Par la
suite, la volonté politique se manifestera.
M. Brochu: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être un dernier
élément, M. le Président, qui était à
l'intérieur du mémoire et qui est important, soit cette
responsabilité des finances du ministre délégué
à la Privatisation et du ministre des Transports. Cela me paraît
un élément extrêmement important. On a fait un certain
nombre de démarches au cours des derniers jours, étant
donné le nombre de rencontres que nous avions eues
précédemment. Il y a un certain nombre de dispositions que nous
serions prêts, advenant le cas où on pourrait se voir très
rapidement, à intégrer aux amendements du Code de la
sécurité routière qui seront déposés,
principalement sur la déréglementation dans le domaine du
camionnage. Je pense qu'on serait prêt à faire un bout et
créer par la suite un comité auquel vous seriez invités
avec le ministre délégué aux Finances et à la
Privatisation, pour régler ce qui reste à régler de ce
dossier. Nous prendrons l'initiative de vous convoquer.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Comme il est maintenant 18 heures, j'aurais besoin du consentement
unanime pour poursuivre nos travaux. Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. M. le député de Lévis.
M. Dufour: Autrement, on serait obligé de revenir demain
matin.
M. Côté (Charlesbourg): Ou à 20 heures. (18
heures)
M. Garon: M. le Président, je voudrais demander ceci
d'abord aux gens du Bureau d'assurance du Canada. Quand vous dites: La
démarche du gouvernement traduit très clairement son intention de
modifier le régime d'assurance automobile de façon à mieux
l'adapter à l'environnement actuel, vous voulez dire quoi, au juste, par
cela? C'est quoi, l'intention du gouvernement que vous lisez
là-dedans?
M. Brochu: Évidemment, c'est une observation que nous
faisons, M. Garon. C'est difficile pour nous de sonder les reins et les coeurs
de ceux qui ont rédigé cet avant-projet de loi, mais il nous
semble qu'à sa lecture même, le temps a coulé depuis 1978,
en termes évidemment des montants à accorder, d'une part;
deuxièmement, en termes du régime lui-même "no-fauit", la
question de l'adaptation. Le régime lui-même a fait ses preuves
à ce niveau-là. Comme je vous l'ai dit, les assureurs du
Québec sont satisfaits du régime lui-même. On l'avait
proposé et vous avez remarqué qu'on n'attaque pas du tout ce
régime "no-fault" en soi. Ce que nous proposons également,
c'est-à-dire la porte qui nous était ouverte pour que nous
puissions faire les propositions, cette porte ou cette ouverture d'esprit
marquait le fait que les assureurs d'aujourd'hui ne sont plus ce qu'ils
étaient en 1978. Les assureurs ont pris de la force depuis 1978, les
assureurs sont capables de jouer un rôle qu'ils étaient capables
de jouer à cette époque-là, mais on pense qu'ils peuvent
le jouer de façon plus efficace, d'une part, et ils peuvent le jouer
aussi, je dirais, en concordance, en parallèle ou en
complémentarité de ce que la régie fait.
Il y a une chose aussi qu'on reconnaît, c'est que le régime
en 1978, il faut l'admettre, et c'était évidemment fortement
marqué lors des débats en Chambre, on voulait en faire un
régime extrêmement social à la base. Aujourd'hui, tout en
reconnaissant que le régime a encore un caractère fortement
social, on pense que les gens sont dans une situation où ils peuvent
choisir le degré de protection qu'ils voudraient avoir par
eux-mêmes. Le contexte actuel fait qu'il y a des choses que l'on
connaît aujourd'hui que l'on ne connaissait pas en 1978 et tout en
comprenant qu'en 1978 on a fait un régime qui était très
standardisé, aujourd'hui, tout en rapport avec ce qui existe dans
d'autres domaines, l'assurance ou autre chose, on voudrait quand même
mettre plus de responsabilisation sur la tête de ceux qui achètent
l'assurance et on pense qu'ils sont capables de le faire. Ce
sont certains considérants à la base de l'observation
qu'on a faite. On a voulu voir, évidemment, dans l'ouverture de ce qui
avait été mis dans l'avant-projet de loi ces
considérants-là. Il y en a peut-être d'autres, M. Garon,
mais c'est à peu près ceux qu'on peut avoir vus et,
évidemment, ceux qu'on y a ajoutés de notre propre cru.
M. Garon: Dans son allocution d'ouverture, vous étiez
présent au début de l'après-midi quand il a pris la
parole, le ministre a cité et j'ai également cité deux
économistes du département des sciences économiques de
l'Université du Québec à Montréal qui ont fait une
étude en 1986 où ils disent que le bilan de la réforme
apparaît tout à fait positif et que la protection globale des
assurés a augmenté de 35 % par rapport à l'ancien
système. Les gains d'efficacité appréciables ont permis de
diminuer le coût relatif de l'assurance et les aspects plus qualitatifs
de procédure d'indemnisation ont aussi connu une amélioration
certaine. Êtes-vous d'accord avec cela?
M. Brochu: Je n'ai pas évidemment le mot à mot. On
peut le trouver ici. C'est dans le rappport Fluet, etc., je pense, des
économistes de Montréal. Vous avez cité qu'il
reconnaît qu'il y a plus d'efficacité. Je pense qu'il
reconnaît par là qu'il y a plus d'efficacité dans le
domaine qui nous est imparti, aux assureurs privés aussi, M. Garon. Il
le cite abondamment également. Il n'a pas fait de critique destructive
ni du système de la régie ni du système privé. Bien
sûr, il a quand même fait une apologie du régime "no-fault"
et là-dessus je dois dire qu'il était très heureux du
régime "no-fault" peut-être autant que la régie
elle-même, parce qu'au fond actuellement dans le public on confond les
deux, à notre avis. On confond régie et régime. Alors, on
dit que le régime "no-fault" est celui que nous avions proposé et
qui a été évidemment remodelé davantage et sans
dire que la régie n'a pas fait son job, au contraire, il en demeure que
du côté des assureurs privés, il y a quand même eu
des bonnes marques d'efficacité. On s'est fait imposer une certain
nombre de choses par la réforme et on l'a relevée de bon pied. On
ne l'a pas critiquée, on ne l'a pas fait de mauvais coeur, on l'a fait
avec un maximum d'efficacité et vous savez que le Groupement des
assureurs automobiles a été une partie de la loi. Il y a trois
mandats là-dessus qu'on a très bien respectés et
l'Inspecteur général des institutions financières, entre
autres, disait: Depuis les trois dernières années, aucune
critique à apporter, sauf, évidemment, certains critères
de tarification comme l'âge, le sexe et l'état civil, que vous
connaissez très bien. Et même jusqu'à récemment, il
reconnaissait que le facteur âge qu'on utilisait amplement en concurrence
était à l'avantage des assurés du Québec. Donc, je
n'ai pas, évidemment, le mot à mot de ce que vous dites, M.
Garon, mais je pense qu'il reconnaît aussi le régime privé
et, nous, on pense que là-dessus, il reconnaît le régime
"no-fault" comme tel. Mais il ne dit pas là-dedans... Je ne sais pas si
son mandat était à savoir: Est-ce qu'on devrait améliorer
le régime ou non? Si le mandat de son étude n'était pas
celui-là, c'est un peu compréhenseible qu'il n'ait pas tenu
à faire des recommandations majeures d'amélioration ou de
changement.
M. Garon: À la page 4, pour revenir sur un point que le
ministre ne se sentait pas obligé d'approfondir, mais qu'il me semblait
plus nécessaire d'approfondir, vous donnez l'exemple des principes de
gestion de la Régie d'assurance automobile, de son caractère
monopolistique, de ses frais d'exploitation et de son rôle ambivalent qui
l'amène à la fois à verser des indemnités et
à veiller à la sécurité routière.
Pourriez-vous aller plus loin pour dire si ce rôle ambivalent de verser
des indemnités et de veiller à la sécurité
routière, quelles sont les sommes dans votre esprit qui sont...
M. Brochu: Bien, écoutez, M. Garon. Je comprends, j'ai
répondu tout à l'heure à M. le ministre ce qu'on voulait
dire un peu par rôle ambivalent. Pour être un peu plus
spécifique, si c'est ce que vous me demandez, à ce
moment-là, nous, comme assureurs, on est quand même limités
dans le rôle d'administrer une mutualité, que ce soit une mutuelle
ou un capital-stock, l'assureur, essentiellement, administre une
mutualité qu'il constitue, qu'il appuie, dont il prend les risques
initialement et ensuite cette mutualité-là se développe
par elle-même. L'actionnaire intervient, ou autrement. Mais on est quand
même limités dans ce que nous faisons et on ne peut pas tirer sur
d'autres canards qui passent pour nous aider. Ce qu'on trouve en rôle
ambivalent, c'est que, tout en reconnaissant le travail qui se fait à la
sécurité routière... Et, là-dessus, je ne veux
quand même pas être mal interprété. On fait un bon
"job" et même je vous dirais à un point tel qu'on pense que les
indemnités dans le régime devraient être aux assureurs,
alors que la sécurité routière et le bureau des
véhicules automobiles, ce sont des choses que les assureurs
eux-mêmes ne pourront jamais faire aussi bien qu'un organisme
d'État. C'est bien évident.
Mais, pour revenir à l'ambivalence, je vais vous donner un
exemple précis.
M. Garon: On écoute. Qu'est-ce que vous visez quand vous
dites qu'elle veille à la sécurité?
M. Brochu: Du côté de la régie.
M. Garon: Qu'est-ce que ces gens font que vous pensez qu'ils ne
devraient pas faire?
M. Brochu: Bien, du côté du rôle ambivalent,
c'est que, présentement, la régie faisant partie d'un
gouvernement qui a 36 ministères, peut dire, par exemple, aux forces
policières: Intervenez donc sur les routes, dépensez 500 000 $, 1
000 000 $ ou 2 000 000 $ qui ne sont pas pris à même les fonds de
la mutualité, pour améliorer la sécurité
routière et avoir une action directe sur les accidents. De 1970 à
1976, on a fait des démarches, nous, au moins deux ou trois fois par
année, pour dire: Voulez-vous, s'il vous plaît, au nom de la
sécurité routière, faire plus d'interventions? Et on a
monté jusqu'à 1674 décès sur les routes avant que
la régie intervienne. Ce n'est pas la régie qui les a fait
baisser, nécessairement. Mais il reste qu'on a vécu cette
flambée de mortalités de 1 000 à 1 600 dans l'espace de
quatre ans. On n'avait rien comme réponse.
On ne faisait pas partie du jeu, donc, notre rôle n'était
pas ambivalent. On prenait les choses telles qu'elles étaient, aussi
imparfaites qu'elles étaient. Évidemment, on avait les primes
pour payer les indemnités dans le système qui nous était
imparti. Donc, on ne peut pas commander ou téléguider une autre
action. On ne peut pas, non plus, faire en sorte qu'on va prendre... On veut
parler, par exemple, des 200 000 000 $, il y a une ponction de l'État
qui a été prise dans cette mutualité. On pourrait la
justifier à toutes sortes d'égards. Mais il reste que, pour nous
autres, on pense que c'est 200 000 000 $ qui auraient dû demeurer dans la
mutualité et qui auraient dû retourner, sous certaines formes, aux
assurés. Donc, c'est ce genre de rôle ambivalent dont on parle.
Et, si ces 200 000 000 $ étaient allés à la
sécurité routière pour corriger des routes,
évidemment, on aime mieux cela que si c'était pour aller à
la piste de course de Québec, bien que j'aime beaucoup les courses
moi-même. Mais il reste que ce sont quand même des fonds qui sont
partis pour aller à la sécurité routière qui,
ultimement, vont peut-être amener des corrections et des bienfaits au
niveau de la sécurité routière. Mais il en demeure que -
le moins qu'on puisse dire - c'est une ponction qui a été prise
par le ministre des Finances pour une construction de route, si on voulait
être grossier, comme tel. Donc, c'est une partie du rôle
ambivalent. Veiller à la sécurité routière, cela
faisait partie du rôle de l'organisme qui a été
créé par la loi en 1978, fondamentalement, c'était l'une
des trois missions, si ma mémoire est bonne. On ne voudrait pas se faire
amener sur un terrain pour discuter ici de ce que fait la régie ou non
en sécurité routière, M. Garon. C'est très
difficile. On n'est pas préparé pour cela, sauf faire une
observation générale. Mais, puisque vous avez parlé de
rôle ambivalent, je vais répéter un peu ce que j'ai dit
tout à l'heure au ministre là-dessus. Je ne sais pas si mes
collègues veulent ajouter autre chose. Mais on n'a pas voulu, à
l'époque, s'inscrire publiquement contre les 200 000 000 $. On aurait
peut-être dû le faire.
M. Garon: Vous auriez dû. Quand c'était nous autres,
vous n'étiez pas gênés.
M. Brochu: On savait que tôt ou tard l'ouverture se
présenterait en commission parlementaire ou à l'occasion d'un
avant-projet de loi. On savait évidemment que la Loi sur l'assurance
automobile devait évoluer dans le bon sens et qu'on aurait l'ocasion de
le dire. C'est ce que nous faisons présentement.
M. Garon: À la page 6, vous référez à
un article dans Le Soleil. Je n'ai pas lu cet article-là.
J'aimerais savoir par qui cette série d'articles que vous citez a
été écrite.
M. Brochu: Ce n'est pas ici. Cela a été fait par un
article qui avait pas mal de courage, à l'époque. C'était
dans Le Soleil du 3 mars et du 11 mars. C'est une série
d'articles qui a été faite par Pierre Asselin, du
Soleil.
M. Garon: Est-ce que c'est un journaliste qui écrit
habituellement dans le domaine de l'assurance?
M. Brochu: Non, Pierre Asselin n'écrit pas dans le domaine
de l'assurance. Je pense que c'est un journaliste qui, évidemment,
couvrait les événements.
M. Garon: En quelle année vous dites? M. Brochu:
Les 3, 8 et 11 mars 1985.
M. Garon: Est-ce que M. Asselin a, pour vous, une autorité
particulière dans le domaine de l'assurance?
M. Brochu: Écoutez, je n'ai pas fait de recherche de ce
côté-là. Il a fait quand même référence
à bien des choses qui se passaient. Il a fait référence
à ce que le Barreau lui-même venait de publier, une étude
comparative entre les indemnités accordées par la régie et
par les tribunaux. Il faisait également état de ce qu'un avocat
avait fait un travail spécial, un avocat qui s'appelait Patrick
Théroux, un avocat de l'aide juridique de l'Estrie. Il avait
relevé un certain nombre d'éléments dans le décor,
si
vous voulez, pour intervenir là-dessus.
M. Harbour: Je pense que les observations qu'a faites Pierre
Asselin, du journal Le Soleil, prenaient toute leur
crédibilité du fait que cela venait corroborer le sondage, dont
on a parlé tout à l'heure, fait par le Bureau d'assurance du
Canada. Et, à ce moment-là, il y a des similitudes entre les
deux.
Maintenant, si vous le permettez, M. Garon, j'aimerais revenir
peut-être sur l'ambivalence dont on a parlé tout à l'heure.
C'est sûr que cela nous met très mal à l'aise quand on
parle d'ambivalence et on dit que des sommes produites par les primes
d'assurance sont prises pour de la sécurité routière. La
sécurité routière nous tient à coeur autant
qu'à la Régie de l'assurance automobile du Québec. On peut
voir les sommes importantes que les assureurs dégagent chaque
année pour intervenir sur l'alcool au volant ou la
sécurité routière ou la prévention des incendies
dans les domiciles.
On ne veut par là d'aucune façon empêcher le
gouvernement d'accomplir sa mission en sécurité routière.
Mais on s'aperçoit que maintenant la majorité des coûts de
la Régie de l'assurance automobile sont - et on parle d'au-delà
de 65 % de ses coûts - à d'autres fins que des fins d'assurance,
l'émission de permis, de ci et de ça. Maintenant, il nous tient
à coeur, comme assureurs privés... Surtout lorsqu'on parle de
décloisonnement et qu'on parle de libre-échange avec nos voisins
du sud, on sait qu'on va être amenés à concurrencer les
compagnies étrangères, beaucoup plus fortes que nous, qui sont
impliquées dans les blessures corporelles. Et un jour nous voulons
revenir sur la possibilité de réviser ce régime à
la base. Plus on mélange les sommes d'argent, plus on attribue les
sommes d'argent dédiées à l'assurance pour en faire de la
sécurité routière, plus on en perd notre latin et cela va
devenir très difficile pour les assureurs privés de
démontrer au gouvernement qu'un régime serait mieux
administré par une entreprise privée.
On vous arrive aujourd'hui avec une alternative mitoyenne qui dit qu'on
pourrait administrer un "over-lap", si vous voulez un montant
excédentaire, par l'industrie privée, ce qui nous donnerait un
"know-how" dans un domaine qu'on est en train de perdre, depuis 1978 qu'on ne
touche plus au domaine.
Je pense que c'est excessivement important que les deniers de la
régie et l'administration de la régie dédiés
à l'assurance soient clairement démontrés, qu'on puisse
les analyser et qu'on puisse les remettre en question au moment opportun. Je
pense que c'est important pour nous de voir cette ambivalence. Nous ne sommes
pas fondamentalement contre ces choses, mais il faut s'assurer qu'elles sont
bien comptabilisées pour qu'on puisse en suivre l'expérience et
plus tard vous proposer des choses qui seraient bonnes pour l'industrie de
l'assurance privée au Canada et au Québec. (18 h 15)
M. Garon: Au fond, c'est plus que l'entretien des routes.
Avez-vous décortiqué, dans la partie des primes payées par
les assurés, la partie qui va à l'entretien des routes avec les
200 000 000 $ annoncés par le ministre des Finances au discours du
budget, la partie qui va à la sécurité routière et
la partie qui va à l'assurance? Vous dites que 65 % va à la
sécurité routière, incluant dans cela la
sécurité routière et l'entretien des routes.
M. Harbour: C'est très difficile. On a été
mis au courant comme tout le monde du transfert de 200 000 000 $ mais c'est
difficile pour nous de dire s'il y en a d'autres ou s'il n'y en a pas. Nous
avons été informés qu'un bout de temps, dans les
premières années du régime, la quote-part de la
Régie de l'assurance automobile pour l'assurance-maladie du
Québec...
M. Garon: Je vais vous poser une question plus directe. Est-ce
que vous avez demandé à vos avocats si le gouvernement avait le
droit de faire cela pour l'instant? C'est un régime d'assurance
automobile, ce n'est pas un régime d'entretien des routes. Est-ce que
vous avez demandé à vos avocats si le gouvernement avait le droit
de faire cela? On a fait payer par des gens des primes, on a dit, selon une
base actuarielle pour des fins d'assurance. Est-ce que le ministre des Finances
peut plonger dans la caisse et en prendre une partie pour l'entretien des
routes?
M. Harbour: Actuellement, je crois que la mission de la
Régie de l'assurance automobile inclut la sécurité
routière et cela peut permettre des transferts de ce genre. C'est ce
qu'on dénonce un peu pour l'examen à long terme du
régime.
M. Brochu: On ne l'a pas fait comme tel, M. Garon. Pour dire ce
que M. Harbour vient de dire, on n'est pas allé de ce côté.
On a peut-être pensé que justement la régie elle-même
avait dû intervenir vis-à-vis du ministre des Finances pour faire
valoir un certain nombre d'arguments et utiliser possiblement celui-là.
Évidemment, c'est difficile d'utiliser des avocats dans son propre
grenier. Mais on ne l'a pas fait. D'ailleurs, depuis 1978, on peut dire que le
Bureau d'assurance du Canada ne s'est pas acharné à
décortiquer l'administration de la Régie de l'assurance
automobile.
M. Garon: Un autre point qui m'a surpris dans votre
mémoire, c'est quand vous demandez de ramener le délai de
prescription à un an pour les dommages matériels. Vous dites cela
dans vos conclusions à un moment donné.
M. Brochu: Sur cela, M. Garon, un an ou trois ans, c'est qu'on
veut avoir de l'harmonisation.
M. Garon: À la page 17.
M. Brochu: On n'est pas contre un an ou trois ans. Tout ce qu'on
se dit c'est: Écoutez, harmonisons-nous. Si c'est trois ans dans un cas,
un an dans l'autre, cela travaille bien mal. On est assez souple de ce
côté. On n'a pas réellement de problèmes dans un cas
ou dans l'autre.
M. Garon: Ce sera l'un de mes derniers points, puisqu'il semble
que le temps s'écoule plus vite que je le pensais. À la page 13
vous avez déjà traité la question. Vous proposez deux
articles: les articles C et D. Vous dites le BAC souhaite que le
législateur... Vous recommandez à C que les montants forfaitaires
soient maintenus au niveau actuel de 39 329 13 $ et à D que les sommes
versées pour couvrir les frais médicaux restent au niveau actuel.
Alors, il semble qu'à C l'avant-projet de loi voudrait aller
jusqu'à 125 000 $. On a dit que 125 000 $ ce n'était pas assez
élevé par rapport à la réalité dans
certaines attributions des tribunaux. À D, j'aimerais que vous en
parliez davantage parce que vous n'en avez pas vraiment parlé
jusqu'à maintenant.
M. Brochu: Pour l'article D, en ce qui nous concerne, les frais
au niveau actuel, c'est variable. Disons que dans certains cas on n'a pas voulu
évidemment commencer à travailler cela de fond en comble. Cet
article D s'inspire du même principe que ce qui précède.
Nous disons à ce moment: Vous restez au niveau actuel et à ce
moment, selon ce que désirent les gens, ils pourront acheter
l'excédent. C'est tout ce qui nous importe pour le moment. Donc,
à ce moment nous ne sommes pas en dehors de la Régie de
l'assurance automobile. On dit tout simplement qu'en excédant des
montants minima de la Régie de l'assurance automobile et selon ses
règles d'indemnisation... Ce n'est pas nous qui voulons intervenir dans
les règles d'indemnisation de la Régie de l'assurance automobile.
Alors, nous sommes donc strictement en excédent en ce qui a trait aux
frais médicaux, aux montants forfaitaires ou aux indemnisations de
décès ou de remplacement de revenus, sur les quatre tableaux.
Nous pensons qu'il y a des assurés eux-mêmes qui ne
désirent pas les 125 000 $. Alors, pourquoi payer pour? S'il y en a qui
le veulent, ils paieront pour par tranches et l'assurance privée
interviendra tout simplement. C'est le principe de base que nous faisons.
M. Garon: Vous dites qu'il y a des assurés qui pourraient
avoir 125 000 et ils aimeraient mieux ne pas les avoir?
M. Brochu: Mais certainement.
M. Garon: Ils aimeraient mieux avoir 39 000 $.
M. Brochu: II y a des assurés qui n'en ont pas besoin, M.
Garon. Un assuré qui, pour une raison ou pour une autre, gagne 15 000 $
ou 18 000 $ n'en a pas besoin, parce qu'on est dans un système de
responsabilisation sans faute. Il achète des choses pour lui-même;
il n'achète pas pour la tierce responsabilité. Donc, il peut
prévoir des montants non pécuniaires jusqu'à concurrence
d'un niveau qu'il veut avoir lui-même. Cela peut être 50 000 $ dans
un cas; cela peut être 75 000 $ dans l'autre. Il est possible que
ça va monter à 75 000 $ ou à 100 000 $.
M. Garon: Alors, en vertu du même principe, vous admettez
donc que les gens qui paient pour la sécurité routière
paient moins cher s'ils sont riches et paient plus cher s'ils sont pauvres.
M. Brochu: Oui et non. Je n'ose pas...
M. Garon: Si l'argent pour les fins d'entretien des routes
était perçu par les taxes, les gens qui ont de plus hauts revenus
paieraient davantage pour les routes, alors que c'est un montant
égalitaire pour les fins d'assurance automobile. Cela veut dire qu'en
faisant payer l'entretien des routes par les taxes... Ou ce sont les
utilisateurs ou bien ceux qui paient des taxes en fonction de leur revenu; ils
paieraient les impôts requis.
M. Brochu: On aime mieux penser, M. Garon, enfin, pour
répondre comme cela, du tac au tac, que ce qui a été
versé pour l'entretien des routes provient des excédents. Est-ce
que ceux qui avaient des revenus plus grands ont contribué davantage que
les autres? Cela reste à voir. Je ne crois pas que...
M. Garon: Non, c'est l'inverse. Cette partie-là qui est
payée pour les fins des routes, si l'entretien des routes avait
été payé par les impôts ou encore par des taxes
appropriées, à ce moment, ce sont les utilisateurs, ceux qui
utilisent davantage les routes qui auraient payé plus de taxes...
M. Brochu: À ce point de vue là, oui.
M. Garon: Ou ceux qui auraient payé l'impôt sur le
revenu auraient payé en fonction de leur revenu. Comme les paiements de
la Régie de l'assurance automobile sont égalitaires, faire payer
des routes par des gens qui paient des primes d'assurance automobile, c'est
faire payer davantage ceux qui sont moins fortunés et ceux qui
n'utilisent pas nécessairement plus les routes. C'est un drôle de
principe.
M. Labrecque (Jacques): Enfin, que les 200 000 000 $ ont
été utilisés comme cela, on ne peut pas le dire. On disait
justement tout à l'heure qu'une des difficultés à
mélanger l'assurance et la sécurité routière, c'est
qu'on avait de la difficulté à suivre où allaient les
fonds. Vous pouvez avoir votre interprétation. Nous, tout ce qu'on s'est
contenté de dire, c'est que, par rapport aux indemnités ou aux
avantages que les gens peuvent retirer du régime, les gens paient une
prime équivalente pour des montants différents ou, vu à
l'inverse, paient, s'ils ont des revenus plus bas, plus cher pour une
unité de bénéfice, par 1000 $.
Si vous voulez faire le suivi de l'argent, je vous laisse le faire. On
sait qu'il y a 200 000 000 $ qui ont été utilisés
pour...
M. Garon: Pour une fois, vous dites la même chose que le
Parti québécois. Son représentant... Je voudrais vous
laisser élaborer. Cela fait bien des années que j'entends dire le
contraire.
M. Labrecque: Je pourrais revenir à votre intervention sur
le point C. On dit que les gens n'aimeraient pas avoir une indemnité de
125 000 $ et aimeraient mieux avoir 39 000 $. Ce n'est pas ce qu'on dit. On dit
que les besoins des gens sont variables et que le fait pour la régie de
fixer un plafond en essayant de combler les besoins de tout le monde, cela
crée beaucoup d'insatisfaits -nos sondages l'ont démontré
- et la situation c'est que la régie devrait se contenter d'un minimum
et les gens pourront avoir exactement ce qu'ils veulent en choisissant leur
niveau de protection avec un assureur.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais reconnaître maintenant M.
le ministre, pour de brèves remarques de conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je pense qu'on a fait du chemin, peu importe si on l'a
entretenu ou si on a construit de nouveaux chemins avec, somme toute, l'argent
des contribuables. Dans ce sens-là, je veux remercier le BAC pour sa
contribution qui a au moins le mérite d'exprimer très clairement
ses divergences d'opinions. C'est cela, la démocratie. Tant et aussi
longtemps qu'on sera en démocratie, je pense que c'est à ce point
de vue qu'on doit avoir nos interventions et être capable de dialoguer
même s'il peut y avoir divergence d'opinions à ce
moment-là. Il a effectivement, de ce que je vois, des divergences
fondamentales et des études à mener quant à l'impact de ce
qui est proposé par le BAC. C'est ce que nous allons faire; je pense
qu'il y a au moins l'ouverture politique de le faire et d'être capable de
mesurer les effets. Il ne faudrait jamais oublier et toujours se rappeler que
si la régie est là aujourd'hui, peu importe qui l'a fait sur le
plan politique, il y a un niveau de satisfaction qui, aujourd'hui, se
reflète. Vous parlez de 34 % d'insatisfaction d'un sondage qui a la
griffe de M. Bernier. Par contre, la régie a des sondages qui parlent
davantage de 80 %. Peu importe, cela doit se situer aux alentours de cela. Il y
a donc un niveau de satisfaction assez élevé de la part de ceux
qui font affaire avec la Régie de l'assurance automobile. Il reste que,
chez ceux qui sont insatisfaits, la principale plainte était
effectivement le plafond de 35 000 $. Je pense que c'est très clair.
Vous arrivez avec une proposition de règlement qui est différente
de celle contenue dans l'avant-projet de loi. Mais la volonté de tout le
monde est de tenter de régler tout cela, bien sûr. Il y a des
insatisfaits aujourd'hui comme il y en avait à l'époque, au
moment où ce régime a été instauré. Ce n'est
pas d'aujourd'hui qu'il y a des insatisfaits quant aux couvertures et quant aux
retombées que chacun peut en retirer. L'important est de se dire
qu'à l'origine, lorsque la régie a été
créée, elle avait effectivement des missions à accomplir
par le fait que le BVA a été intégré à la
Régie de l'assurance automobile, dont celle de la sécurité
routière dont elle s'occupe d'une manière très
exceptionnelle et avec de bons résultats.
Finalement, on a beaucoup entendu parler du montant de 200 000 000 $
mais on n'a pas entendu parler du montant de 50 000 000 $ qui a
été retourné à ceux qui paient des primes. Ce n'est
pas beaucoup parce que, si je calcule bien, ce n'est que 25 % des 200 000 000
$! On n'en parle pas là. On en reparlera plus tard. Quant au montant de
200 000 000 $, c'est un choix de gouvernement. Finalement, les électeurs
qui en ont bénéficié un peu partout au Québec et
qui continueront d'en bénéficier au cours des prochaines
années seront aussi des juges sur l'utilisation de l'argent que le
gouvernement a récupéré de la Régie de l'assurance
automobile. Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis, je vous cède la
parole pour de brèves
remarques en conclusion.
M. Garon: M. le Président, je voudrais remercier les gens
du Bureau d'assurance du Canada qui sont venus nous rencontrer. Je suis content
de remarquer qu'ils se sont un peu plus dégênés à la
fin et qu'ils ont mieux expliqué leurs propos. Je pense que peu
importent les divergences d'opinions qu'il a pu y avoir à des moments
donnés sur tel ou tel sujet vous concernant, le rôle de
l'Opposition est d'essayer de démontrer les lacunes qu'il y a dans les
solutions, à la condition que le gouvernement ait identifié
correctement les problèmes. Parce qu'elles peuvent être des
solutions à des problèmes qui n'existent pas parfois.
Évidemment, les lacunes sont encore plus graves à ce
moment-là. Le fait que vous soyez venus nous rencontrer et que vous ayez
pris le temps de faire valoir votre point de vue, de faire les recherches pour
exposer vos éléments de possibilités, peu importe que les
gens soient d'accord ou pas, je pense que cela fonctionne ainsi. Je vous
remercie d'avoir pris le temps de le faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le président, est-ce que vous
avez de brèves remarques à faire en conclusion?
M. Brochu: Je pense que ce moment est assez "historique", entre
guillemets, et je ne veux pas faire de pathos avec cela, dans le sens où
tout en respectant le rôle de la régie - c'est son mode
d'opération fondamental - les assureurs interviendraient en respectant
les règles d'indemnisation de la régie. Je pense que cela ne
ferait qu'augmenter le degré de satisfaction envers la régie
puisqu'on veut intervenir seulement dans les limites excédentaires. Le
degré d'insatisfaction de tout à l'heure - ce ne sera pas long,
M. le Président - selon nos sondages, était beaucoup plus fort
à mesure, évidemment, que les indemnités devaient
être plus élevées ou étaient attendues d'un montant
plus élevé. D'une part, donc, on interviendrait là-dedans.
Le régime est satisfait en ce qui a trait au "no-fault". Chose,
évidemment, qu'on a proposée, que l'on propose encore
présentement en Ontario, de fait. L'autre montant de 50 000 000 $, et je
vais peut-être terminer là-dessus un peu à la blague, je
voudrais vous dire, M. le ministre, que 50 000 000 $, c'est presque ce que le
strict jeu de la concurrence retourne à chaque année aux
assurés. Nous le faisons évidemment et nous ne le clamons pas
dans les journaux mais je vous dirais qu'on donne actuellement des rabais selon
sept critères, en assurance automobile. On se fait même critiquer
par l'inspecteur général parce qu'on en donne un peu trop. Mais
il n'en demeure pas moins que c'est ce que nous faisons
présentement.
Donc, historiquement, je voudrais dire que cette commission aurait une
chance assez importante de permettre aux assureurs du Québec
d'intervenir, de jouer un rôle efficace comme celui que l'on joue dans ce
qui nous est imparti présentement et d'être plus fort pour demain
afin d'être capable d'attaquer l'environnement qui se prépare en
termes de libre-échange, etc.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président, de votre apport aux travaux de la commission de
l'aménagement et des équipements. Sur ce, la commission suspend
ses travaux à dix heures, demain matin.
[Fin de la séance à 18 h30)