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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour l'étude détaillée
du projet de loi 29, Loi sur le Conseil de la conservation et de
l'environnement. Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires, M. le
ministre?
Étude détaillée du projet de loi
29
Remarques préliminaires
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Oui, M. le Président. Tout d'abord, je
voudrais m'attarder aux points principaux que le critique de l'Opposition a
soulevés durant le débat sur le principe en Chambre. Je pense que
les points qu'il a soulevés sont très importants. Ils demandent
que nous y accordions toute l'attention nécessaire.
Je voudrais préciser certaines choses par rapport au projet de
loi, parce que je crois que, dans le fond, pour l'objectif principal qu'on
recherche, soit de promouvoir la conservation des ressources et la
prévention des dommages en environnement, nous n'avons aucune discussion
à ce sujet, nous n'avons aucune divergence de vues. C'est dans les
méthodes à appliquer pour y arriver que nous avons des
divergences, comme l'expliquait très clairement le critique de
l'Opposition.
Tout d'abord, avant de préciser ma pensée quant à
ces divergences, je voudrais dire que j'ai trouvé le débat sur le
principe de la loi en Chambre constructif, serein. Je pense que c'est le genre
de débat qui devrait se faire par rapport à l'environnement. Il
dépasse les frontières, partisanes et c'est une chose qui touche
chaque citoyen au Québec. Dans ce sens, je pense qu'on se comprend
très bien des deux côtés de la Chambre. J'apprécie
cette attitude tout en réalisant, comme l'a souligné le critique
de l'Opposition, qu'il ne va pas se faire complaisant, qu'il va poser des
questions pertinentes avec beaucoup de fermeté. C'est là le
rôle même de l'Opposition au Parlement. Je l'accepte de
façon tout à fait constructive parce que je pense que cela va
aider à bonifier les choses qu'on va faire.
Pour ce qui est de ce projet de loi, il est certain qu'à un
moment donné, nous avions deux conseils ici, un Conseil consultatif sur
les réserves écologiques et un Conseil consultatif sur
l'environnement. En unifiant leurs forces dans un conseil qui va être
axé sur la conservation dans son sens le plus large, ce nouveau conseil
va pouvoir remplir un mandat beaucoup plus large, beaucoup plus global, qui va
aller regrouper toutes les choses que le conseil s'active à faire
aujourd'hui. Qui plus est, il va donner une nouvelle direction et provoquer de
nouveaux avis dans le champ de la conservation et de la prévention, ce
qui est évidemment l'objectif du projet de loi. Là, nos esprits
se rencontrent. Lorsqu'on va dans le détail, il y a deux critiques
fondamentales de la part de l'Opposition. Je voudrais en parler de la
façon la plus précise possible afin que, peut-être, si nous
évitons ce malentendu de départ, on puisse se rejoindre pour
travailler à examiner le projet de loi article par article.
Si je comprends bien les deux critiques fondamentales de l'Opposition,
elles sont celles-ci. Premièrement, on dit - et là, le critique
de l'Opposition reprend les commentaires que nous avait fournis le Conseil
consultatif sur les réserves écologiques par sa
présidente: Pourquoi ne pas faire que le conseil puisse émettre
des avis, pas seulement au ministère de l'Environnement mais à
tous les ministères du gouvernement, selon son initiative, selon ses
prérogatives au conseil, comme ce serait prévu d'après ses
critiques et permettant ainsi au nouveau conseil des coudées tout
à fait ouvertes par rapport à tous les ministères du
gouvernement lorsque ça touche la conservation, que ce soit le
ministère de l'Énergie et des Ressources, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, etc.? C'était une première
critique.
La deuxième, c'était ceci. Là, vous dites que vous
êtes un conseil de la conservation et nous admettons que la conservation,
c'est un sujet horizontal qui n'a pas de frontières, de balises au sein
du ministère de l'Environnement. Ça touche tout le monde.
Ça touche tous les ministères. Ça touche tout le
gouvernement, en entier. En même temps, vous dites qu'il faudra que le
conseil donne des avis qui se rapportent aux lois sous la responsabilité
du ministre de l'Environnement. Vous mettez de côté toutes
les autres possibilités d'avis sur la conservation qui pourraient
toucher des champs d'action ou des lois autres que celles qui sont
touchées par les lois sous la responsabilité du ministère
de l'Environnement. Ce sont les deux critiques, si j'ai bien saisi la
pensée du critique de l'Opposition, ce sont les deux
éléments clés de son opposition à ce projet de
loi.
Je vais commencer par le second élément, celui que le
conseil devrait avoir le pouvoir de faire des avis sur la conservation, tout
à fait globalement, sans aucune restriction se rapportant aux lois du
ministère de l'Environnement. C'est une question que nous avons
étudiée à fond. En fait, lorsque j'ai fait ma
réplique, j'y ai touché un peu. Depuis, on l'a revue; je l'ai
revue avec les conseillers juridiques du ministère, dont plusieurs sont
ici, aujourd'hui. La raison pour laquelle nous avons situé le mot
à mot de la section 11, les articles 11, 12 et 13, pour nous rapporter
aux lois du ministère de l'Environnement, c'est que, justement, nous
avons constaté l'évidence que nous savons déjà, que
les lois du ministère de l'Environnement sont tellement vastes
qu'elles... En fait, c'est un avantage de situer les articles, de les indiquer
de la façon qu'ils sont indiqués parce que cela nous donne un
avantage presque automatique, qui ne peut pas être réfuté
par personne.
Le fait de parler des lois du ministère de l'Environnement nous
donne cette soupape et cette ouverture que cherche, dans son objectif, le
critique de l'Opposition. En effet, je vais le référer à
la loi de base du ministère, la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui est réellement la loi maîtresse du
ministère et qui guide toute son action. C'est pour souligner que les
fonctions et les pouvoirs du ministère selon la section II de la Loi sur
la qualité de l'environnement sont très vastes dans le sens de
toucher à tous les points de la conservation. En effet, je cite: "Selon
l'article 2, section II, le ministre a pour fonction d'élaborer, de
proposer au gouvernement - pas seulement à son ministère, mais au
gouvernement en entier - une politique de protection de l'environnement, de
mettre cette politique en oeuvre et d'en coordonner l'exécution."
Dans ses fonctions, il a aussi pour fonction "de surveiller et de
préserver la qualité de l'environnement, de promouvoir son
assainissement, de conseiller le gouvernement, ses ministères et
organismes en vue de prévenir la détérioration de
l'environnement et de protéger les espèces vivantes et les
biens".
Ces pouvoirs ne pourraient pas être plus vastes. Lorsqu'on se
réfère à la loi du ministère de l'Environnement,
qui a fondé le ministère ds l'Environnement, on dit: "Le ministre
a les fonctions et les pouvoirs qu'on lui confère à l'article 2
de la Loi sur la qualité de l'environnement", dont j'ai lu l'article
principal.
Donc, déjà dans la Loi sur la qualité de
l'environnement, le ministre a un droit de regard par rapport à tout
l'appareil gouvernemental sur tout ce qui touche l'environnement, les
espèces vivantes et les biens. Qui plus est, dans cette nouvelle loi, la
loi 29, que nous discutons ici, à l'article 12, pour la première
fois au Québec, on apporte une définition du mot "conservation".
On dit: "On entend par conservation la préservation, l'entretien,
l'utilisation durable, la restauration et l'amélioration du milieu
naturel." Entre cette définition de la conservation et la
définition quasi vaste de l'article 2 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, il n'y a rien qui ne touche à l'environnement et
à la conservation qui sont les sujets mêmes de la loi 29 qui ne
soit pas compris dans ces deux définitions. Or, à l'article 11,
"le conseil a pour fonction de conseiller le ministre sur toute question
relative à la conservation et à l'environnement". La conservation
est définie ici, l'environnement est déjà défini
dans nos lois avec des balises tellement vastes que cela touche tous les
secteurs de la protection de la nature en tant que conservation et
environnement.
On dit: "Dans l'exercice de cette fonction - à l'article 12 - le
Conseil peut: 2 de sa propre initiative ou à la demande de personnes,
d'organismes ou d'associations formuler un avis sur toute question relative aux
lois sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge."
Ce qu'il faut souligner très clairement - c'est cela le point
fondamental - c'est que cette loi que nous allons voter aujourd'hui est aussi
une loi qui va devenir une loi sous la responsabilité du ministre. Donc,
entre les pouvoirs de cette loi 29, qui touche la conservation et qui donne au
conseil le pouvoir de conseiller le ministre sur toutes les questions relatives
à la conservation et à l'environnement, entre ceci et la Loi sur
la qualité de l'environnement, qui lui donne des balises de pouvoirs
pour tout ce qui touche l'environnement et la protection des biens et des
espèces vivantes, nous avons là un champ d'action illimité
pour le nouveau Conseil consultatif de la conservation et de l'environnement.
Donc, du point de vue des pouvoirs de ce conseil d'émettre des avis sur
toute question touchant la conservation et la qualité de
l'environnement, le conseil n'aura aucune restriction par le fait même de
ces lois.
Qui plus est, le fait de délibérément se
référer à nos lois nous donne une assise encore plus
solide pour le faire parce que quiconque s'opposerait à ce que le
conseil le fasse en disant: Voici, le conseil qui a été
créé par le ministère de l'Environnement va
s'occuper d'une question beaucoup plus large que le domaine
généralement couvert par le ministère de l'Environnement,
cela nous donnera un droit de regard, dans nos lois, pour pouvoir dire:
Consultez nos lois, nous lui donnons ce pouvoir parce que, justement, la Loi
sur la qualité de l'environnement donne ce pouvoir au ministre de
l'Environnement, ainsi que la Loi sur le ministère de l'Environnement et
la loi 29.
Donc, je pense que, sur la première question des pouvoirs et de
l'étendue des pouvoirs du conseil - je suis catégorique parce que
j'en ai parlé à nos conseillers - il n'y a aucun malentendu sur
le champ d'action du conseil par rapport à la conservation et
l'environnement dans le sens le plus large du mot. Justement, nos lois couvrent
ce champ d'action au conseil et, par le fait même, au conseil par rapport
aux lois qui sont de la responsabilité du ministre. (10 h 30)
On pourrait dire, si on apportait l'argument dans sa logique la plus
stricte: Oui, c'est vrai, on pourrait, demain matin, amender la Loi sur la
qualité de l'environnement pour restreindre les pouvoirs du ministre ou
amender la loi 29. Tout est possible. Mais il serait impensable, aujourd'hui,
compte tenu du stade évolutif de la société au
Québec et dans toutes les sociétés par rapport à
l'environnement et à la conservation, de l'envisager pour l'instant.
Il reste la critique qui dit: Peut-être aurait-il
été bien mieux, bien plus avantageux pour le ministre de
l'Environnement que le conseil puisse donner des avis à tous les
ministères plutôt qu'au ministère de l'Environnement et au
ministre de l'Environnement. D'abord, le conseil peut, de sa propre initiative
ou à la demande de certaines personnes, provoquer lui-même des
avis qu'il transmet, admettons-le, au ministre de l'Environnement. Moi, je
crois que c'est capital, essentiel et inévitable que ces avis soient
transmis au ministère de l'Environnement. En fait, tous les organismes
qui transigent l'environnement et la conservation au sein des lois du
ministère devraient, dans la logique même des choses, transmettre
leur avis au ministre précisément pour solidifier la position du
ministère de l'Environnement comme l'appareil central, le maître
d'oeuvre, celui qui exerce le leadership automatique évident, comme l'a
souligné très clairement, à l'Assemblée nationale,
le leader de l'Opposition d'alors, M. Chevrette, député de
Joliette et maintenant chef de l'Opposition, qui a dit: II faut à tout
prix qu'il y ait un appareil, une centralisation du message gouvernemental, de
la transmission, de la communication gouvernementale auprès des autres
ministères par le ministère de l'Environnement.
Je demande au critique de l'Opposition, qui a formulé cette
recommandation avec beaucoup d'esprit constructif et certainement pas de
façon partisane - je le conçois, je le redis - de penser à
ce que serait la situation si, demain matin, le conseil pouvait envoyer des
avis à tous les ministères, au ministère des Transports,
au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche etc. Est-ce
que ce conseil pourra poursuivre son objectif plus efficacement en ce faisant
qu'en le faisant par le ministre de l'Environnement qui, à ce
moment-là, devient responsable au premier abord, selon sa vocation,
appuyé par ses propres lois, d'être le porte-parole, le
responsable du fardeau environnemental dans l'appareil gouvernemental?
Moi, je crois que ce serait exactement le contraire de l'objectif qu'on
recherche. Si le conseil allait diluer ses avis et les envoyait à droite
et à gauche, le ministère de l'Environnement serait toujours en
réaction, serait toujours à suivre ce filon. Le ballon serait
porté par le ministre qui aurait reçu l'avis qui, lui, dirait: Je
ne suis pas d'accord avec votre avis. Le ministère de l'Environnement
serait en réaction et en opposition à essayer de porter une
action sur un avis qui ne lui a même pas été transmis. Il
me semble - et c'est là-dessus que je ne partage pas l'opinion du
critique de l'Opposition - que le ministre de l'Environnement devrait, par ses
fonctions et sa vocation, assumer avec positivisme et avoir le courage
d'assumer la responsabilité d'être, lui, le porte-parole, le
porte-flambeau de l'environnement au sein du gouvernement. C'est son
rôle.
Je sais que le critique de l'Opposition m'a dit: Si on pouvait
transmettre ces avis dans tout l'appareil gouvernemental et tous les ministres
et les ministères, cela vous enlèverait un fardeau des
épaules. Vous ne seriez pas toujours la cible. Mais, je pense que le
ministre de l'Environnement devrait être, il devrait avoir justement la
détermination de devenir, d'être le porte-parole effectif, la
présence même de l'environnement au sein du gouvernement. C'est
ainsi que cela doit marcher.
Si, demain matin, il y avait un conseil consultatif de l'agriculture qui
envoyait des avis à tous les ministères et que moi, dans mon
domaine, je recevais un avis sur le domaine agricole par rapport
l'environnement, que je devais voir le ministre de l'Agriculture et que, lui,
recevait un avis sur l'environnement et venait me voir par rapport à
l'environnement, cela serait le cahot total. Dans la logique des choses, si on
accepte ce principe pour le Conseil consultatif de l'environnement, il faudrait
l'accepter pour chaque ministère: que le Conseil consultatif du
transport nous envoie les avis à tous, que le Conseil consultatif de
l'agriculture nous envoie des avis à tous, que le Conseil consultatif
des loisirs ou du tourisme... Il me semble qu'au contraire, il
faut de plus en plus prendre conscience que, surtout dans le cas des
ministères horizontaux comme le ministère de l'Environnement,
dont l'action pénètre dans tous les domaines, comme celui de la
Santé, qui n'a pas de balises, c'est justement responsabiliser ce
ministre pour qu'il puisse avoir une action coordonnée, avoir l'appui
des avis d'un conseil - qui le critique bien souvent avec raison - et qu'il
puisse apporter cette action. Ces avis deviennent publics. Les copies sont
envoyées à tous les ministères. Je pense que cette
situation est beaucoup plus logique que l'inverse.
Du reste, l'avis du conseil n'est pas nécessairement la position
finale du ministre. Il faut toujours garder en tête que le ministre
présentement en place - ce sera peut-être mon collègue,
demain, et un autre, le jour suivant - est élu et représente les
citoyens. C'est lui qui portera le fardeau, la responsabilité, le
positivisme ou l'odieux d'une décision quelconque, mais c'est ça
le système. Il est l'élu. Après tout, le conseil donne des
avis et des conseils. Ce n'est pas nécessairement la position que le
ministre adopterait. Où se trouverait le ministre par rapport à
son mandat donné par le gouvernement, au mandat donné par le
ministre lui-même à son ministère, à ses politiques
d'ensemble? Si le conseil envoyait un avis à un autre ministre, à
un de ses collègues, critiquant le mandat du gouvernement et le mandat
du conseil, est-ce que ce serait nécessairement la politique, est-ce que
cela refléterait la politique finale du ministre lui-même?
Il me semble que, dans le système démocratique, le
système parlementaire, la machine avec laquelle nous vivons, il est
voulu que le chef élu d'un ministère ait le dernier mot. C'est
ainsi que les avis doivent lui être transmis, pas nécessairement
pour qu'il les accepte tous, mais, au moins, qu'il soit motivé à
les appuyer ou à se défendre ou bien à porter le
débat sur la place publique comme c'est souvent le cas. Il me semble que
le fait d'éviter de le responsabiliser, d'envoyer dans la machine en
général des avis de toutes parts par un conseil - il faudrait le
faire pour tous les conseils si la logique valait - ferait en sorte qu'on irait
vers une situation d'illogisme et certainement de manque de coordination qui
serait presque invivable.
Je sais que c'étaient les deux critiques fondamentales; toutes
les autres mesures en sont d'ordre administratif, comme la présidence ou
les membres du conseil. On pourra discuter de cela, mais, sur ces deux
questions fondamentales, j'espère que le critique de l'Opposition
acceptera avec moi que le conseil a, aujourd'hui, les pouvoirs très
vastes que les lois du ministère de l'Environnement lui
confèrent, qu'il peut lui-même donner ses avis à son
initiative.
J'espère aussi qu'il acceptera le fait que le ministre de
l'Environnement doit rester le responsable, le leader gouvernemental en
environnement et que c'est tout à fait logique que les avis lui soient
transmis plutôt qu'à l'appareil gouvernemental d'alors.
Un dernier mot. J'espère que, de toute façon, on pourra se
rejoindre sur les grands objectifs et les modalités de ce projet de loi
le plus tût possible, parce que je crois que ce sera un pas en avant
d'instituer ce nouveau conseil et j'espère que nous pourrons arriver aux
étapes suivantes le plus tôt possible. Je remercie le critique de
l'Opposition de sa coopération.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je vais d'abord
remercier le ministre de ses bonnes paroles. Je ne serai peut-être pas
aussi long que lui, mais je voudrais immédiatement aller au coeur du
sujet qu'il a abordé et que j'avais abordé à
l'Assemblée nationale.
Je pense qu'on s'est mal compris. Dans l'intervention que j'ai faite, il
n'a jamais été question, de notre côté, qu'on
demande que les avis - pour reprendre l'un des deux points qu'a soulevés
le ministre ce matin - soient donnés à tout le monde et non pas
au ministre de l'Environnement. Dans notre esprit, il n'a jamais
été question d'enlever au ministre de l'Environnement sa
responsabilité de maître d'oeuvre de l'action gouvernementale
à l'égard de la protection de l'environnement et de la
conservation des ressources. Au contraire, ce qu'on veut, c'est renforcer sa
position, qu'il ait, lui, la possibilité d'agir comme maître
d'oeuvre. Jamais, on n'a pensé soustraire le conseil de la juridiction
du ministre de l'Environnement. Il ne s'agissait pas, pour nous, de mettre le
conseil sous la juridiction du ministère du Conseil exécutif, par
exemple. On pense, et j'en suis encore convaincu, que cela n'enlèverait
rien, au contraire, au ministre de l'Environnement que de faire en sorte que
des avis soient communiqués aux différents ministères et
au ministre de l'Environnement.
Prenons un exemple. Il y a eu le dossier sur les pesticides. On sait que
les principaux utilisateurs de pesticides sont des gens qui sont sous la
juridiction du ministère de l'Agriculture. Le conseil aurait très
bien pu émettre un avis, sur l'utilisation des pesticides, au ministre
de l'Agriculture et un avis au ministre de l'Environnement, lequel, il l'a bien
dit tantôt, a entre ses mains une loi générale qui lui
donne des pouvoirs relativement étendus à l'égard de
l'action de l'ensemble du gouvernement dans le domaine de l'environnement, qui
lui donne une
certaine responsabilité de coordination de l'action
gouvernementale en matière d'environnement.
On pense que cela renforcerait la position du ministre si, dans un cas
comme celui-là, par exemple, son collègue avait lui aussi l'avis.
L'autre aussi serait interpellé. Il ne pourrait pas se défiler.
On sait comment cela fonctionne dans les Conseils des ministres. Je n'ai pas eu
la chance ou la malchance - j'ai l'impression que, pour les dernières
années, cela aurait été plus de la malchance qu'autre
chose - d'être membre du Conseil exécutif, mais je sais assez
comment cela fonctionne, après une douzaine d'années de vie
parlementaire et après avoir siégé du côté du
parti ministériel, pour savoir que le ministre de l'Environnement peut
bien recevoir un avis qui concerne, entre autres, l'action principale d'un de
ses collègues, mais si l'autre de ses collègues, lui, se sent
moins concerné, il faut qu'il fasse une sacrée bataille pour
parfois convaincre. (10 h 45)
Je ne citerai pas de cas historique, mais il peut arriver qu'un ministre
de l'Agriculture, par exemple, ait une influence considérable et que le
ministre de l'Environnement ait une influence moins considérable.
Là, je ne vise pas le ministre actuel de l'Environnement, ni même
le ministre actuel de l'Agriculture. Mais on sait que, finalement, il y a les
lois, mais il y a aussi les personnes qui ont des responsabilités, qui
occupent les fonctions. Je connais le ministre actuel de l'Environnement. Je
sais que c'est un militant écologiste, qu'il croit à ce qu'il
fait et qu'il a une certaine crédibilité à l'égard
du dossier de l'environnement. C'est très bien. Mais, je n'ai pas la
certitude que certains de ses collègues partagent ses points de vue,
qu'ils sont aussi sensibles que lui aux questions environnementales.
Il n'est pas obligé de me répondre, mais je sais que le
ministre me donnerait raison si on était, tous les deux, assis autour
d'une table avec une bonne bouteille de vin. C'est pour cela que, dans le fond,
on pense que c'est important et c'est dans le cadre de ce que le ministre a
pris comme position, je veux dire les documents qu'il a signés à
l'égard de la Commission mondiale sur l'environnement et du
Comité canadien sur l'environnement qui a suivi, dans la mesure
où on veut maintenant que ce soit l'ensemble des intervenants
gouvernementaux qui se préoccupe d'environnement et de conservation, que
ce ne soit pas uniquement un ministre, à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental. C'est important qu'on soit cohérent et qu'on
fasse en sorte que ceux qui sont responsables d'actions antienvironnementales
puissent être interpellés directement.
Il ne s'agit pas de dire: On va maintenant interpeller les pollueurs
directement ou les gens responsables d'actions inacceptables directement et on
va tenir à l'écart le ministre de l'Environnement. Il n'en est
pas question. Je n'ai jamais pensé en ces termes, M. le
Président. C'est pour cela que, si le ministre veut faire oeuvre utile
et veut comprendre le sens constructif des propos que je lui présente,
je pense qu'on pourrait se retrouver. Je suis convaincu que lorsqu'il va
prendre connaissance des amendements qu'on va lui soumettre, tantôt, il
va se rendre compte que ce sont des amendements qui ne lui enlèvent
rien, qui renforcent sa position, qui lui permettent d'agir comme,
effectivement, la loi lui permet d'agir actuellement. Il va aussi
préserver l'avenir. Il ne sera peut-être pas toujours ministre de
l'Environnement.
Il connaît peut-être certains de ses collègues. Il
redoute probablement que certains d'entre eux puissent, un jour, le remplacer,
lui qui pourrait être appelé à des fonctions
peut-être plus prestigieuses parce que, malheureusement, le
ministère de l'Environnement n'est pas encore, dans l'appareil
gouvernemental, le ministère ou l'un des ministères les plus
prestigieux. Il se pourrait très bien qu'un de vos collègues
prenne votre place dans quelques mois. Un collègue moins
préoccupé par l'environnement, un collègue moins militant,
moins sensible.
Nous, ce qu'on veut, c'est avoir des garanties pour l'avenir parce que
c'est pour cela qu'on fait une loi. Ce n'est pas seulement pour le ministre
Clifford Lincoln qu'on fait la loi et pour le temps que lui sera là. On
la fait pour que lorsqu'il ne sera plus là et qu'il y aura
peut-être même un autre gouvernement, dans quelques années
-j'ai l'impression que cela va prendre maintenant quelques années - que
tout cela puisse encore être possible. C'est pour cela qu'on fait une loi
dans ce sens.
Je pourrais donner un autre exemple encore plus récent pour
convaincre le ministre. Regardons ce qui s'est passé, il y a à
peine quelques jours, ce que cela a soulevé comme tollé quand
votre collègue, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, est arrivé avec toute une politique pour la question de la
privatisation des réserves fauniques. On sait comment les
réserves fauniques sont importantes dans tout le processus de
conservation des ressources fauniques. Le Conseil de la faune n'existe plus. Il
a été aboli par le ministre du Loisir. Dans la mesure où,
finalement, on est presque convaincus que le ministre du Loisir actuel n'a pas
consulté le ministère de l'Environnement pour savoir quelles
seraient les conséquences écologiques et environnementales et,
à l'égard du principe de la conservation de sa politique, ce
qu'on se dit,
c'est que, dans un cas comme celui-là, de sa propre initiative ou
même à la demande du ministre de l'Environnement ou à la
demande, par exemple, d'un ministre du Loisir qui serait un peu
sensibilisé à ces questions, qui aurait voulu être plus
prudent, ce conseil aurait pu émettre un avis au ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche et aussi au ministre de l'Environnement. Il y a
un vieil adage qui dit que, parfois, mieux vaut avoir les bretelles et la
ceinture que seulement une des deux.
Je me demande si on a assez fait de pas en avant et si on est assez
avancé à l'égard de la prise de conscience des
décideurs publics dans le domaine environnemental pour se permettre de
prendre des chances et pour éviter d'avoir à mettre les bretelles
avec la ceinture à ce moment-ci.
Je dirais, un peu dans la même foulée, que je veux bien
comprendre que le ministre pense que les lois qu'il a sous sa juridiction, en
particulier les lois générales, font en sorte que, si les avis et
les conseils du Conseil de la conservation et de l'environnement s'adressent en
particulier aux lois qui sont sous la responsabilité du ministre, cela
couvre et protège l'ensemble. Nous pensons, au contraire, qu'en
étant plus général, on a l'avantage, d'abord, de faire en
sorte que la loi soit plus claire. Le problème, après tant
d'années - on en parle pratiquement chaque fois qu'on fait des lois -
c'est que les avocats font les lois selon une technique particulière,
sauf que le citoyen n'est pas obligé de faire ce que les conseillers
juridiques ont été obligés de faire et que le ministre a
fait tantôt, c'est-à-dire de lire deux ou trois autres lois pour
expliquer le sens d'une loi.
Nous disons que si on était général dans un certain
nombre de cas, dans les articles 11, 12 et 13, cela n'enlèverait pas
l'existence des lois dont le ministre a parlé, mais cela rendrait plus
claire cette loi. Si le ministre dit: II n'y a pas de danger parce que les
autres lois nous permettent d'aller voir partout et de couvrir un large
éventail, nous disons: Si on ne restreint pas dans cette loi
particulière du conseil, dans le texte même, on est certain qu'il
n'y aura pas de restriction et tant mieux si, dans les lois que le ministre
nous a citées tantôt, ces projets de loi disent la même
chose. Encore là, on aura les bretelles et la ceinture.
Pour faire preuve de bonne foi, de collaboration et d'une certaine
logique, j'aime fonctionner avec une approche logique et cohérente, je
propose même au ministre, en termes de fonctionnement de notre
étude détaillée du projet de loi, qu'on commence par la
section II, c'est le coeur du projet de loi. Quand on aura réglé
cela, le reste, ce sont des détails. Cela fera suite à
l'échange que nous venons d'avoir. Encore une fois, il faut que le
ministre soit convaincu que ce que je vise à faire, c'est non pas
d'affaiblir sa position, mais, au contraire, de consolider la position du
ministre, indépendamment du titulaire de la fonction en question.
Encore une fois, tout cela est fait dans un esprit constructif et dans
la logique des interventions du ministre dans des documents importants qui,
récemment, ont été communiqués à la
population dans la foulée du travail de la Commission mondiale sur
l'environnement.
M. le Président, c'est ce que je voulais dire en commentaires
préliminaires et en réplique aux propos que le ministre a tenus
au début. Comme je vous l'ai indiqué, je suis prêt à
commencer avec l'article 11.
Le Président (M. Saint-Roch): Ceci clôt les
remarques préliminaires. Il n'y a pas d'autres interventions? Je dois
conclure qu'il y a consensus pour procéder à l'étude de la
section II, article 11, ce qui signifie que les articles 1 à 10 sont
maintenant en suspens.
M. Charbonneau: C'est cela.
Étude détaillée Fonctions et
pouvoirs
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 11.
M. Lincoln: Est-ce que j'aurais pu faire une suggestion?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: II y a deux grands sujets qui ont été
débattus: la transmission des avis aux autres ministres et la question
de la façon dont les avis vont être transmis au ministre selon les
lois ou non... Est-ce qu'on le rend plus large ou non...
M. Charbonneau: Le champ d'intervention.
M. Lincoln: Oui, le champ d'intervention. Avant de passer au
champ d'intervention, parce que là, c'est un débat plus
compliqué pour les raisons que vous avez expliquées tout à
l'heure. Si nous pouvions au moins nous entendre, je suis en train d'essayer de
trouver une façon de rejoindre les suggestions du critique de
l'Opposition. Si on regarde l'article 14, où on dit que: "Le conseil
doit transmettre au ministre les avis qu'il formule dans l'application du
paragraphe 2° de l'article 12 et lui faire les recommandations qu'il juge
appropriées."
Je crois qu'il serait important, pour le ministre de l'Environnement, de
toujours garder le contrôle de la réception des avis.
Cela lui pose une responsabilité formelle et je crois que c'est
très important de garder cela. Je suis tout à fait favorable
à ce qu'on ajoute à l'article 14: De toutes les façons, le
conseil peut rendre ses avis publics dans 60 jours après les avoir
transmis au ministre. Donc, de toutes les façons, les avis deviennent
publics et sont transmis à la population dans les 60 jours. Mais
à l'article 14, je suis prêt à accepter quelque chose qui
dirait à peu près ceci: Le ministre doit -non pas peut mais doit
- transmettre les avis aux ministres concernés par tels avis. Je suis
tout à fait disposé à accepter cela. Je pense que cela
pose une obligation formelle au ministre de l'Environnement de transmettre des
avis. Je crois qu'il est très important, symboliquement, que ce soit le
ministre de l'Environnement qui les transmette.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Cela pourrait se formuler comment? C'est une
ouverture intéressante de la part du ministre.
M. Lincoln: Je veux ajouter cela à l'article 14. Je
voulais souligner que l'article 15, de toute façon, donne le pouvoir de
rendre ces avis publics dans 60 jours et ceux-ci deviennent une matière
publique et, à ce moment-là, ils peuvent être
envoyés par le conseil ou n'importe qui aux autres ministres. Je pense
que le critique me dirait 60 jours, c'est 60 jours. Je suis prêt à
ajouter à l'article 14 un alinéa qui dirait: Le ministre doit
transmettre ceux-ci, c'est-à-dire les avis, au ministre concerné
par tels avis. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, le conseil,
s'il a un avis à faire au sujet des pesticides et qu'il veut que le
ministre de l'Agriculture, le ministre du Loisir, etc. le reçoivent il
n'a qu'à le dire dans l'avis, que cela concerne tels ministres, et moi,
je suis obligé de les transmettre.
M. Charbonneau: Écoutez, moi je serais prêt à
accepter cela. La seule chose qui m'embête un peu, et je le dis bien
franchement au ministre, c'est que je m'apprête à lui
suggérer, aux articles 11, 12 et 13, que l'action du conseil ne se
limite pas à conseiller le ministre de l'Environnement. Je ne voudrais
simplement pas que, lorsqu'on va discuter de cela, le ministre utilise
l'argumentation...
M. Lincoln: Et on mettra cela sous réserve. Je suis
prêt à revenir sur cela. Je croyais qu'on allait pouvoir
régler cela, mais je peux voir qu'il y a une correspondance. Je pourrais
revenir sur cela, il n'y a pas de problème.
M. Charbonneau: A priori, disons que je trouve cela
intéressant.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous entreprenons maintenant
l'article 11?
M. Charbonneau: C'est cela. M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, est-ce qu'il
y a des commentaires à l'article 11?
M. Lincoln: Non, j'ai donné mon point de vue. Je crois que
l'article 11 devrait rester tel qu'il est.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères.
M. Charbonneau: J'aurais un commentaire. On nous avait
mentionné que vous aviez un amendement. Nous en avions un qui allait
dans le même sens. Au dernier alinéa de l'article 12, il y a une
définition du mot "conservation". On pense que le mot "conservation"
devrait immédiatement... Idéalement cela aurait dû
être au début du projet de loi, lorsqu'il y a des
définitions, mais il n'y avait pas de section sur les
définitions. Alors, avant d'aborder l'exercice de la fonction, on
devrait... (11 heures)
M. Lincoln: Ah oui, je m'excuse de vous interrompre. Il y a
effectivement un papillon à l'article 11 afin de transférer...
C'est une erreur d'impression. Je pense qu'on l'a remis. Le président ne
l'a pas?
Excusez-moi. En effet, on voudrait ajouter, à la fin de l'article
11 parce qu'il y a une faute d'impression... On voudrait faire deux choses - et
on pourrait les faire en même temps parce que les deux sont concordantes
- supprimer le deuxième alinéa de l'article 12 et on pourra - les
deux correspondent, parce qu'il y a une faute d'impression - ajouter, à
la fin de l'article 11, l'alinéa suivant: "On entend par "conservation"
la préservation, l'entretien, l'utilisation durable, la restauration et
l'amélioration du milieu naturel." En d'autres mots, on ne fait que
transférer cela parce que cela devrait être là, de toute
façon.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'amendement?
M. Charbonneau: Je voudrais simplement être certain que,
quand le ministre nous présente une définition du mot
"conservation" - je n'ai pas vérifié dans le dictionnaire - il
n'y a pas de limitation. Où est-ce que le ministre a pris sa
définition?
Est-ce qu'il pourrait nous le dire? Il faut être certain qu'on ne
se retrouvera pas avec une définition limitative.
M. Lincoln: C'est la définition de la "Stratégie
mondiale de la conservation". C'est la définition que les Nations unies
ont adoptée dans la stratégie de conservation. C'est la
définition qui est la plus véhiculée, maintenant. Comme
vous voyez, c'est une définition très très large: "La
préservation, l'entretien, l'utilisation durable, la restauration et
l'amélioration du milieu naturel." Je vais essayer de voir si je ne peux
pas avoir une copie de la stratégie mondiale.
Le directeur du service écologique du ministère, du
patrimoine écologique me disait que lorsqu'on a consulté le
dictionnaire, la conservation a trait à la préservation, tandis
que la définition de la stratégie de conservation, qui a
été adoptée ici, va beaucoup plus loin, est plus globale.
On a adopté celle-là parce que, naturellement, elle est connue.
Je vais essayer de voir si on a la référence de la
stratégie mondiale de conservation.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va?
M. Lincoln: Je sais que cela a été pris là,
mais si, par exemple, il y avait la moindre anicroche, qu'on avait
oublié un mot de la définition de la stratégie de
conservation, on le changera. Mais, en tout cas, cela a été pris
là. On va présumer, avant d'avoir vérifié...
M. Charbonneau: C'est cela, mais est-ce qu'on pourrait obtenir
cette assurance avant la fin de l'étude détaillée?
M. Lincoln: C'est sûr, oui.
M. Charbonneau: J'aurais une suggestion à faire, en fait,
un amendement. Je comprends que celui-là est adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement à
l'article 11 est adopté?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président. J'en aurais un
à proposer, et avant de le faire de façon formelle, je vais
l'expliquer au ministre. Dans la logique de ce que je lui ai indiqué
tantôt et de la discussion qu'on a commencé à faire, je
voudrais que le conseil ait pour fonction de conseiller le ministre de
l'Environnement et les autres ministres du gouvernement ou d'autres organismes
gouvernementaux sur toute question relative à la conservation et
l'environnement. C'est général parce que, dans le fond, on dit:
"Le conseil a pour fonction". Donc, c'est clair qu'il conseille d'abord le
ministre de l'Environnement, mais aussi les autres intervenants
gouvernementaux, les décideurs gouvernementaux sur des questions
relatives. Dans la même logique, plus tard, le conseil pourra
émettre des avis au ministre de l'Environnement et aux autres.
C'est évident que le ministre de l'Environnement, dans les lois
qui définissent sa responsabilité, a déjà le
rôle de maître d'oeuvre. Donc, cela ne lui enlève pas ce
rôle de maître d'oeuvre, mais cela permet... Je pense que le
Québec ferait un pas important, dans la logique de ce qu'on retrouve
dans le texte du document de la Commission mondiale sur l'environnement, parce
que là, on serait vraiment un des premiers États à avoir
une législation qui permettrait à un organisme consultatif de
conseiller l'ensemble des décideurs politiques de l'appareil
gouvernemental sur la conservation et la protection de l'environnement. Je vais
d'ailleurs présenter formellement l'amendement, M. le
Président.
M. le ministre, je pense sincèrement que cet amendement ne vous
enlève aucune de vos responsabilités de maître d'oeuvre et
de premier responsable face à l'opinion publique et à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental mais, en même temps, cela
permet à un conseil d'interpeller maintenant tout le monde.
Par ailleurs, on va faire en sorte que le conseil demeure sous
l'autorité juridique et sous la juridiction du ministre de
l'Environnement. Il est évident que c'est lui qui... On n'a pas
l'intention de modifier, par exemple, l'article 28 qui place le conseil sous
l'autorité du ministre de l'Environnement qui sera chargé
d'appliquer cette loi. Il ne s'agit pas de permettre à un conseil de
conseiller tous les ministres et, dans cette logique, de faire en sorte que,
par exemple, le conseil relève du ministère du Conseil
exécutif, c'est-à-dire du premier ministre. Mais on pense que,
s'il avait pour fonction de conseiller le ministre de l'Environnement, les
autres ministres . feraient un pas important dans la direction de ce que la
commission mondiale voulait et, en même temps, il a la garantie par les
autres lois qui existent...
On dit: Le conseil a pour fonction de conseiller différents
ministres et, au premier titre, le ministre de l'Environnement. Quand on
regarde la définition des responsabilités de chacun de ces
ministres, on se rend compte que le ministre de l'Environnement a une fonction
particulière à l'égard de la coordination et de la
maîtrise d'oeuvre des politiques environnementales, de la protection de
l'environnement et de la conservation des ressources.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, je pense que, d'un
côté ou de l'autre, il y a beaucoup de bonne foi et je n'ai pas
envie de causer un préjudice par les remarques que je vais faire, parce
que ce n'est pas du tout mon intention. Je cherche exactement ce que mon
collègue cherche, soit que le ministère de l'Environnement ait le
plus de pouvoir possible dans l'appareil gouvernemental et que le conseil
consultatif soit quelque chose de réel, soit le plus visible possible et
qu'il ait une assise.
En même temps, si on donnait au conseil consultatif le pouvoir de
conseiller tous les ministres du gouvernement, qu'est-ce que cela ferait? Moi,
je suis convaincu que cela réduirait les pouvoirs mêmes du
ministre de l'Environnement, parce que, justement, en ce qui concerne la
qualité de l'environnement, c'est lui, le conseiller gouvernemental. On
lui donne cette fonction de préparer et de proposer au gouvernement une
politique de protection de l'environnement. On lui donne la fonction
spéciale de surveiller et de préserver la qualité de
l'environnement, de promouvoir, de conseiller le gouvernement et ses
ministères et organismes en vue. Moi, je suis déjà le
conseiller, la loi dit que c'est moi le conseiller. Là, ce qu'on va
faire, je serai le conseiller et le conseil consultatif aussi sera le
conseiller de tous les ministres. C'était pour que le conseil
consultatif soit mon conseiller afin que je puisse mieux conseiller les autres;
car c'est cela, ma fonction.
Si, demain matin, je donne au conseil consultatif le pouvoir non
seulement de me conseiller moi-même, mais tous les ministres... C'est
pourquoi j'ai voulu faire une ouverture. J'ai dit: Je suis d'accord. C'est
pourquoi, j'ai insisté, à l'article 14, à savoir que le
ministre transmet. Parce que si, demain matin, j'admets que le conseil
consultatif devient un appareil consultatif pour tous les ministres, à
ce moment-là, il aura le pouvoir de conseiller, mais, moi aussi, j'aurai
le pouvoir de conseiller. Mais peut-être que, dans certaines choses, pour
des raisons multiples, le ministre aura une vue différente et c'est
cela, la responsabilisation du ministre.
C'est pourquoi la loi a été bien catégorique en
disant que c'est le ministre qui est conseiller du gouvernement. Je pense que
si vous regardez dans les lois du Québec - je ne sais pas, je vais
demander à Me Campeau - c'était un pouvoir immense qui avait
été confié au ministre de l'Environnement. Je pense qu'il
n'y a que deux seules lois au Québec qui donnent des pouvoirs semblables
de conseiller les autres ministères du gouvernement. Il n'y en a
peut-être qu'une seule, je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup. On a
déjà ce pouvoir, nous, par notre loi. Le ministre de
l'Environnement est un conseiller avec des pouvoirs immenses. Si je permets au
conseil de devenir un appareil qui va conseiller tous les ministres "at large",
il me semble que je dilue les pouvoirs que la loi me donne. C'est pourquoi ce
serait presque une contradiction. Qui serait le conseiller? Le ministre ou le
conseil?
Dans une situation donnée où je conseillerais le
gouvernement sur les pesticides, par exemple, je pourrais dire: Dans le domaine
des pesticides, on adopte une loi et ce sera telle ou telle loi. Là, le
conseil donne une avis - parce qu'il a le droit d'en donner - pour dire: On est
d'accord, peut-être, sur les pesticides, mais il faudrait xyz et, moi, je
dis abc. Qui est le conseiller? D'après cette loi, est-ce moi ou est-ce
le conseil? Le conseil me transmet un avis mais je ne suis pas obligé de
l'accepter, nécessairement. Je pense, cependant, que ma
responsabilité, c'est de le rendre public, de donner au conseil le
pouvoir de le rendre public et là, j'accepte encore...
Je suis conscient de ce que le critique de l'Opposition veut faire.
J'accepte le sens même de son objectif et de dire: Je m'engage à
transmettre tous ces avis aux autres ministères mais, je veux rester le
moteur. Demain matin, si on m'enlève ce fardeau ou ce poids, d'abord,
cela me rend moins effectif selon moi, moins efficace auprès des autres
ministères et ensuite, cela m'enlève un fardeau. Mais je n'ai pas
envie que ce fardeau me soit enlevé. Et là, on discute de
façon constructive et certainement pas partisane, je vous assure.
Mais si, demain matin, le critique de l'Opposition me disait: Bon,
demain matin, ce n'est plus vous le ministre de l'Environnement - c'est un
écologiste, et je sais que lui aussi croit beaucoup à la chose -
dorénavant, ce sera un économiste qui n'en croit rien, qui est
nommé là parce que cela fait l'affaire du gouvernement, pour une
raison ou une autre. C'est une raison de plus parce que, à ce
moment-là, au lieu que les avis soient transmis à quatorze
ministères, c'est lui qui reçoit ces avis du conseil qui lui
envoie cela dans les pattes tout le temps. Là, cela le responsabilise,
cela met des pressions sur lui. Cela met beaucoup plus de pression parce que
là, on ajoute une chose et on dit: II faut que vous transmettiez cela
aux autres ministères. Il me semble que c'est pourquoi cette loi est
tellement importante pour nous. La Loi sur la qualité de
l'environnement, je n'ai pas envie de la changer d'un pouce. On peut
l'améliorer peut-être ou y ajouter, mais je n'ai pas envie de lui
en enlever.
Le critique de l'Opposition me comprend là-dessus, je pense que
ce qu'il veut essayer de faire, on va aller le chercher à l'article 15.
Autrement, je vais le diluer, ce sera une contradiction flagrante, ce sera
comme une espèce de dédoublement
avec Particle 2 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
C'est purement mon point de vue.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères.
M. Charbonneau: La réponse du ministre est, je ne dirais
pas séduisante, ce n'est pas le bon terme, mais pourrait être
intéressante à prendre en considération. Si on veut
être conscient de l'étendue de la définition de la
conservation qu'on vient d'adopter, il faut se rendre compte qu'il y a des
ministères - je prends l'exemple de la chasse et de la pêche
à l'égard de la faune et tout cela - il y a des ministères
qui ont des responsabilités à l'égard de la conservation,
qui ne sont pas les responsabilités du ministre de l'Environnement. Il
n'existe plus, par exemple, de conseil consultatif sur la faune. Ce qu'on
propose permettrait à ce conseil de faire des recommandations au
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche sur la conservation de la
faune, mais, en même temps, parce que toutes ces questions sont
liées à l'approche environnementale parce qu'il y a une
espèce... c'est tout lié à l'écosystème,
à l'équilibre et à toute cette problématique,
l'avis est, néanmoins, naturellement, parce que c'est lui, le ministre
responsable du conseil, communiqué au ministre de l'Environnement. (11 h
15)
Je comprends que le ministre veuille éviter, que sa
responsabilité de conseiller du gouvernement ne soit diluée. Moi,
je ne veux pas diminuer cette responsabilité, au contraire. Mais ce que
je veux faire, c'est m'assurer et assurer l'opinion publique, l'ensemble de la
population que, dans tous les secteurs où il y a des dimensions de
conservation ou des dimensions environnementales qui sont concernées,
l'on puisse interpeller directement les gens. Ce n'est pas le ministre de
l'Environnement qui est responsable des questions concernant la faune. Ainsi,
si je regarde l'article 12, le ministre a peu de choses à dire
là-dessus. Pourtant, dans les faits, il doit dire des choses parce que
tout cela est relié.
M. Lincoln: Laissez-moi prendre cet exemple, d'accord? Regardez
l'article 11, où on a une définition de la préservation,
l'entretien, l'utilisation durable, la restauration et l'amélioration du
milieu naturel. Quand on lit l'article sur la qualité de
l'environnement, on parle de prévenir la détérioration de
l'environnement, de protéger les espèces vivantes et les biens.
Vous prenez les espèces menacées, c'est un cas typique. Cela
touche la flore et la faune. La faune, c'est sûr. La
responsabilité première de la faune du Québec a toujours
été rattachée au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Enfin, c'est comme cela.
M. Charbonneau: Oui, c'est cela.
M. Lincoln: C'est cela. Il y a la Loi sur la protection des
habitats fauniques; celle sur la protection de la faune. Si, demain, le Conseil
consultatif de l'environnement dit, comme il l'a déjà fait: Nous
avons envie de regarder le rapport du Conseil des réserves
écologiques qui revient toujours sur les espèces menacées
qui touchent à la faune, à la flore, il a un sujet. Il dit: Qui
est-ce que je conseille?
C'est pourquoi j'ai fait une ouverture. Je suis la personne qui a
déjà des pouvoirs dans cette loi et je ne veux aucunement les
diluer. J'ai envie de rester, comme ministre de l'Environnement, le conseiller
principal du gouvernement avec des grandes balises qui me donnent des
ouvertures. Pratiquement parlant, que ce soit facile ou difficile de les mettre
en place, c'est autre chose mais le fait est que c'est là. C'est
déjà un grand acquis. Aucune autre loi n'a cela. Enfin, que je
sache, très peu. Donc, nous avons déjà cela. C'est
pourquoi, je vous suggérerais d'examiner l'article 15 où le
conseil lui-même - je suis d'accord avec vous - n'est pas toujours
obligé de me demander des avis. Si vous regardez l'article 12.2, le
conseil peut dire n'importe quel jour, de sa propre initiative ou à la
demande de personnes, d'organismes ou d'associations, à la demande de
n'importe qui, d'un citoyen, peut formuler n'importe quand un avis sur toute
question relative aux lois qui sont sous la responsabilité du ministre.
Pourquoi avons-nous inclus cela là-dedans? Je sais que vous pensez
peut-être que ce n'est pas clair mais pour nous, il était
impartant de le mettre, parce que cela nous donnait précisément
un filon pour entrer dans cette loi-ci qui nous donne des pouvoirs immenses sur
la conservation et l'environnement, avec une définition que vous avez
acceptée et dont vous avez vu qu'elle est tellement large.
Donc, si demain matin, le conseil consultatif décide que je donne
un avis sur les espèces menacées, il écrit cet avis sur
les espèces menacées, de sa propre initiative. Il n'a pas besoin
de me le demander. La seule différence d'opinions entre nous est
celle-ci: Est-ce qu'il devrait me l'envoyer et l'envoyer qu'au ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ou, seulement, à moi? Je
préfère qu'il me l'envoie à moi seulement, parce que,
comme conseiller du gouvernement, en m'envoyant cet avis, cela me rend
responsable. Cela me rend porteur du ballon. C'est ce que j'ai envie
d'être.
Je suis d'accord avec vous quand vous me dites: Oui, d'accord, mais si
cela ne fait pas votre affaire, vous pourrez le laisser sur votre bureau ou ne
pas le transmettre, pour
une raison ou pour une autre. C'est pourquoi j'ai fait une ouverture et
que j'avais commencé avec l'article 15, parce que je pensais que vous
m'arriveriez avec cela. Aux articles 14 ou 15, je dis: Le conseil consultatif
fait un avis au ministère de l'Environnement concernant le
ministère intéressé, laquelle question peut toucher le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, celui de
l'Énergie et des Ressources, pour les forêts et les habitats, et
tel autre ministère. Naturellement, il fera référence
à tous ces ministères.
Dans ce que je vous propose, je n'ai pas le choix. Je suis obligé
de transmettre ces avis aux autres ministres. Mais c'est mon rôle dans la
Loi sur la qualité de l'environnement. Je remplis la même
fonction. Je suis obligé de le faire. Je n'ai pas le choix. Mais, au
moins, c'est moi qui le fais. J'ai cette responsabilité de le faire.
Mais, du point de vue de la latitude du conseil d'émettre l'avis, en
autant que cela touche à la restauration du milieu...
M. Charbonneau: Peut-être qu'on pourrait suivre le ministre
dans son raisonnement si, par exemple, le ministre acceptait, à
l'article 12.2 de ne pas limiter les avis aux seules lois qui sont sous sa
responsabilité.
M. Lincoln: Ce que je veux dire au député de
Verchères, c'est que ce n'est pas une restriction, selon nous. C'est un
acquis. Demain matin, si on ne le mettait pas... On a discuté de cette
question. Moi aussi, je suis comme vous. Je cherche qui va appuyer le citoyen
dans une démarche plutôt qu'une solution juridique. Ça ne
m'intéresse pas une affaire juridique.
J'ai discuté de cela avec Me Campeau, en plusieurs occasions. On
le met ou on ne le met pas. Si on ne le met pas, à ce moment-là,
on arrive à une opposition, disons, entre nous et le ministère
des Forêts. Moi, j'ai des juridictions sur les forêts à
cause même des écosystèmes: l'eau. Mais lui, il a des
juridictions comme ministre des Forêts. Qui a la juridiction? Je n'ai pas
envie de passer par ces espèces de discussions internes.
Si on dit: Selon les lois du ministère de l'Environnement,
écoute, tu as fait un avis, ça vient nous toucher, on n'a rien
à faire avec cela. Je peux leur dire oui mais, regardez notre loi,
voilà ce que ça dit.
M. Charbonneau: Regardez, au lieu de... Le ministre et moi, on
n'aime pas tellement s'enfarger dans les problèmes juridiques.
Plutôt, justement, que de se rapporter aux questions relatives à
des lois, qui sont sous la responsabilité du ministre, on l'a dit
tantôt, le conseil a pour fonction de conseiller le ministre. On a
donné une définition de la conservation. Pourquoi - et là,
on pourrait peut-être se rejoindre sur le mécanisme qu'a
proposé le ministre à l'article 14 - si, par exemple, à
l'article 12, on laissait tomber "sur toute question relative aux lois qui sont
sous la responsabilité du ministre". On pourrait écrire: "sur
toute question relative à la conservation et à
l'environnement".
Écoutez, de toute façon, le conseil pourrait, vous l'avez
dit tantôt, décider, par exemple, d'émettre un avis sur la
faune. Là, il ne pourrait pas. Ce qu'on veut, c'est qu'il puisse le
faire.
M. Lincoln: Rien ne l'empêche.
M. Charbonneau: Oui, il l'empêche parce qu'on dit: "de sa
propre initiative, à la demande de personnes, d'organismes ou
d'associations, formuler un avis sur toute question relative aux lois qui sont
sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge."
M. Lincoln: C'est ça que j'essayais... Si vous regardez
cette loi-là, c'est une des lois. On va voter une loi qui dit: La
conservation, c'est l'utilisation durable, la restauration,
l'amélioration du milieu naturel. On dit dans la Loi sur la
qualité de l'environnement: la détérioration de
l'environnement et de protéger les espèces vivantes et les biens.
On ne dit pas: certaines espèces et pas d'autres. On dit: des
espèces vivantes, c'est l'être humain, ce sont les animaux, c'est
n'importe quoi.
M. Charbonneau: Écoutez...
M. Lincoln: Vous voyez ce que je veux dire?
M. Charbonneau: Je vois bien ce que vous voulez dire mais dans ce
cas-là, je ne comprends pas pourquoi si on a cette protection dans la
loi générale, pourquoi... Ce que je veux éviter, c'est que
quelqu'un, un jour, quand l'avocat qui conseille le ministre ne sera plus
là et que ce sera un autre qui arrivera, peut-être avec une autre
approche, un autre avis... On sait comment c'est... quand le ministre ne sera
plus là, que quelqu'un à un conseil puisse se faire dire:
écoutez, ça, vous n'avez pas d'affaire à toucher à
cela parce que, nonobstant ce que la loi générale sur
l'environnement dit à l'égard des espèces vivantes, il y a
une loi qui fait en sorte que c'est le ministre de la Chasse et de la
Pêche qui est responsable de la faune. Ou encore, que c'est le ministre
des Terres et Forêts qui est responsable des questions...
M. Lincoln: Ce que je veux vous dire, ce que j'essaie de faire
valoir, c'est que si
on ne le mettait pas, il me semble que ce serait encore plus ouvert,
plus discutable. Selon ma perspective, si on ne le met pas, à ce
moment-là, il y a le grand débat qui se fait. Est-ce que c'est
vous qui êtes responsable, tous les jours, de cela? Est-ce que c'est le
ministère des Forêts qui est responsable? Tandis que là, si
je réfère à la loi, je dis: écoutez, on parle de
nos lois, regardez nos lois, c'est clair. C'est ça qui est le point de
vue. Peut-être que votre perspective peut ouvrir un champ d'action mais
cela peut porter, aussi, à toutes sortes de débats.
M. Charbonneau: Non, non, je ne pense pas. Je pense que le
ministre va trop loin dans son approche. On parle d'environnement et de
conservation, on ne parle pas de tout le reste. On dit, dans le fond que ce
conseil, à l'égard de la problématique environnementale et
de la conservation des ressources, pourrait... Voyons ce qu'on veut et ensuite
regardons la technique. Ce qu'on veut c'est que le conseil, sur toutes les
questions environnementales et de conservation puisse émettre des avis.
Le ministre dit qu'il veut qu'il lui donne des avis parce que c'est lui, le
ministre, qui est le conseiller du gouvernement mais qu'il est prêt
à faire en sorte d'être obligé de communiquer les avis qui
les concernent aux autres membres du gouvernement. Très bien, c'est
intéressant. Ce que je dis, dans ce cas-là: soyons certains que
toute question qui concerne l'environnement et la conservation, puisse
être étudiée, soit à la demande du ministre ou
à l'initiative du conseil, par celui-ci et ne mettons pas de
restrictions à l'égard des lois.
Les lois n'encadrent pas la réalité. La
réalité de la conservation et de l'environnement existe
indépendamment des lois. Or, dans la mesure où il y a un
problème environnemental ou une dimension de conservation quelque part,
le conseil peut s'y intéresser parce que la définition est large.
Ensuite, on a des lois qui disent au ministre de l'Environnement: Vous avez une
responsabilité de chef d'orchestre. D'autres ministres disent avoir une
responsabilité particulière à l'égard de telle ou
telle dimension de cette espèce-là ou de cette ressource. Je
pense, au contraire, qu'en ne mettant pas les lois sous la
responsabilité du ministre, cela permet au conseil d'intervenir plus
efficacement et plus largement sur toute question qui concerne
l'environnement.
Je serais prêt, cependant, à faire une concession au
ministre. D'accord, vous avez un point intéressant en disant que vous
êtes le conseiller du gouvernement. Si vous me donnez l'assurance que le
conseiller du gouvernement avisera rapidement ses collègues, on peut
s'entendre sur cela mais, là où je ne suis pas capable de vous
suivre, c'est que je ne suis pas convaincu de l'argumentation à savoir
que de restreindre aux seules lois qui relèvent du ministre de
l'Environnement, cela va élargir. Je ne peux pas comprendre
ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Avant que le ministre réponde...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères
M. Charbonneau: ...j'aurais un exemple à lui soumettre,
qui n'est peut-être pas parfait, mais... Dans le secteur municipal, il y
a le Code municipal et la question des inspecteurs municipaux. Si,
éventuellement, on veut définir davantage le rôle des
inspecteurs municipaux, cela relève du ministre des Affaires
municipales, du Code municipal. Ce qu'on voudrait c'est que si, à un
moment donné, sur cette question-là, le conseil consultatif se
rend compte que les inspecteurs municipaux ont un rôle à jouer
dans la conservation des ressources, - je reprends l'argumentation - il puisse
avertir le ministre de l'Environnement qui avertira, à son tour, le
ministre des Affaires municipales que là, il y a quelque chose qui
risque de toucher la conservation. Ce que je crains, c'est qu'il ne puisse le
faire parce que le Code municipal relève du ministre des Affaires
municipales.
M. Lincoln: C'est exactement cela. Je pense que vous avez mis le
point sur... Pour des raisons différentes je crois que c'est un
très bon exemple à discuter. Si, demain matin, le conseil
consultatif, sans se référer aux lois de l'environnement, faisait
une consultation ou émettait un avis sur quelque chose qui touche le
Code municipal, etc., par rapport aux inspecteurs de l'environnement, mon
collègue peut me dire: Écoute! cela n'a rien à faire,
là-dedans. Ton conseil n'a pas à m'envoyer un avis, c'est ma loi,
c'est le Code municipal. C'est pourquoi, en faisant la référence
que je fais ici, je peux lui dire: Écoute! si on regardait nos lois. Il
y a trois lois: celles des ministères et celle de la qualité de
l'environnement. La raison pour laquelle on en est content c'est que la Loi sur
la qualité de l'environnement est tellement immense, que cela donne des
balises sur presque tout, en plus de celle-ci, maintenant. (11 h 30)
Si je n'avais pas cela, demain matin, ça pourrait devenir un
argument tandis que, par le fait même, je peux faire cette
référence, je peux dire: oui mais ce conseil a toutes les
lois sous ma tutelle et je vais vous envoyer le mot à mot. Cela
veut dire qu'il a aussi pour fonction de surveiller et de préserver la
qualité de l'environnement, de promouvoir son assainissement, de
conseiller le gouvernement et ses ministères et organismes dans le but
de prévenir une détérioration de l'environnement. C'est
tellement large. En plus, si c'était une question relative à la
faune, demain matin, j'aurais une discussion avec mon collègue...
Le conseil a pour fonction de conseiller le ministre sur toute question
relative à la conservation et à l'environnement. Cela devient une
loi. C'est une de mes lois. À ce moment-là, ils ont toutes ces
balises.
M. Charbonneau: M. le ministre. M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Je ne peux pas comprendre. Je prends l'exemple
que vous venez de me donner. Le ministre des Affaires municipales ne pourrait
pas vous dire que ce ne sont pas des affaires du conseil parce que, d'une part,
la définition de la conservation donnerait raison au conseil et, d'autre
part, la loi générale du ministère de l'Environnement vous
autorise à recevoir cet avis.
Autrement dit, parce que vous ne le rappelez même pas directement,
vous n'avez pas à rappeler à vos collègues, dans la loi,
d'une façon qui, à mon avis, n'est pas claire, que vous avez une
loi générale qui vous donne des responsabilités concernant
leur secteur. Vous n'avez pas à faire cela. Cette loi existe. Si la loi
est en vigueur, vous n'avez pas besoin d'en avoir une autre pour la
préciser. Autrement, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
D'autre part, à l'article 12, de sa propre initiative ou à
la demande de personnes, et c'est cela qui est important, M. le ministre, il ne
faut pas qu'à un moment donné le conseil puisse avoir un doute et
puisse dire à des gens: On ne peut pas intervenir dans ce secteur
où vous voudriez qu'on intervienne parce que la loi en question ne
relève pas du ministre de l'Environnement.
M. Lincoln: Mais oui, c'est sûr. Comment voulez-vous... Le
conseil peut avoir affaire à la conservation et à l'environnement
mais on ne peut pas lui donner des balises et qu'il les interprète de
façon qu'il puisse, ensuite, donner des avis sur tous les sujets
possibles et imaginables, sous prétexte que cela touche la conservation.
Il faut qu'il y ait des balises quelconques. C'est pourquoi il y a des balises
dans les lois, c'est pourquoi il y a des mots, des définitions. On vient
se cadrer sur le sens des définitions qui sont dans la loi.
M. Charbonneau: Mais les balises sont les suivantes. La
première balise que vous avez donnée, c'est la définition
de la conservation. Vous l'avez voulue large et vous m'avez assuré
tantôt que la vérification que vous feriez nous assurerait qu'elle
serait la plus large possible. C'est la balise de la définition de la
conservation, la première balise. Donc, vous avez voulu que le Conseil
de la conservation puisse s'intéresser à beaucoup de choses qui
sont liées à cette problématique.
Dans la mesure où vous voulez effectivement que cela se fasse, il
ne faut pas que vous restreigniez. Je vous dis: Méfiez-vous actuellement
- et j'ai beaucoup de respect pour les avocats - de ce qu'on vous dit. Laissez
le bon sens vous guider parce que le bon sens dit: Pour des choses claires, on
n'a pas besoin de finasser. Qu'est-ce qui est clair? Qu'est-ce que vous voulez?
Qu'est-ce que je veux? On veut la même chose, tous les deux. C'est cela
le pire ou le mieux. Je ne sais pas.
Ce qu'on veut tous les deux c'est que le ministre de l'Environnement
joue son rôle le plus efficacement possible, qu'il soit le maître
d'oeuvre. On veut, d'un autre côté que les autres ministres
puissent être interpellés. On veut que le conseil puisse
conseiller le ministre à la demande du ministre ou à la demande
de citoyens, à la demande d'autres personnes ou de sa propre initiative
sur toutes les questions qui concernent l'environnement et la conservation sur
lesquelles on pourrait juger opportun de se pencher. C'est cela qu'on veut.
Comment dit-on cela clairement? On dit: Le conseil a telles fonctions qui sont
larges; la définition de la conservation est la suivante et, il a comme
responsabilité de conseiller le ministre de l'Environnement sur les
questions qui concernent la définition. Il peut donner, de sa propre
initiative ou à la demande de gens, des avis concernant, encore une fois
d'une façon large, la problématique définie par le terme
"conservation". Et voilà. On n'a pas à spécifier et
à ajouter le reste parce que le reste, M. le ministre, vous l'avez
très clairement dans les autres lois. S'il y a la moindre chance qu'un
jour, quelqu'un d'autre que vous interprète d'une façon
restrictive, moi je pense qu'actuellement, la chance devrait être
laissée aux citoyens, à l'objectif qu'on a pour faire en sorte
que les problèmes environnementaux et les préoccupations
environnementales soient des valeurs fondamentales, qu'on se comporte
correctement à cet égard et qu'on se donne les moyens de le
faire. Parce que, M...
M. Lincoln: Excusez un instant. J'amène ici quelque chose
qui pourrait peut-être...
Moi, je vais vous faire une suggestion qui, j'espère, est un peu
mitoyenne. Je vais vous dire franchement ce dont nous, nous
avons peur. Si on ne donne pas de balises quelconques dans nos lois,
à nos définitions, etc., que, davantage, le conseil... Vous
savez, chacun de nous vit avec ces organismes, cela change, cela dépend
des optiques etc. On n'a pas envie, nous, par exemple, que le conseil s'engage,
demain matin, à donner un avis sur les forêts, par exemple, qui
soit un avis extrêmement vaste. On a envie que ça touche la
conservation, on a envie que ça touche l'environnement, on a envie que
ce soit cintré dans un créneau quelconque beaucoup plus que de
s'éparpiller. C'est pourquoi on a envie de faire une balise.
Je suis prêt à proposer ceci parce que je vois, un peu,
qu'il s'agit d'une question de clarté peut-être. Accepteriez-vous
que, dans le 11 et le 12, le 12 plutôt, 1 et 2, on dise: Conseiller le
ministre de l'Environnement sur la planification, les orientations, les
politiques, les stratégies relatives à la conservation et
à l'environnement selon les lois qui sont sous la
responsabilité... On mettrait aussi: "Formuler un avis - dans 2 -sur
toute question relative à la conservation et à l'environnement,
selon les lois qui sont sous la responsabilité du ministre." Cela
donnerait une balise quelconque. Moi ce que je n'ai pas envie, c'est que si,
demain matin, on ouvre le champ, il le soit complètement, qu'on ait des
avis...
M. Charbonneau: Vous avez, je pense, fait un pas qui est
intéressant, mais qui n'est pas suffisant. Dans le fond, cela revient un
peu au même à cause de 11, de toute façon. Le 11 a pour
fonction... et vous, vous limitez. C'est clair à l'article 11: "Le
conseil a pour fonction de conseiller le ministre sur toute question relative
à la conservation et à l'environnement." Il ne peut pas vous
faire un avis sur les forêts "at large". Avec l'article 11, la crainte
que vous avez est éliminée. Écoutez, vous dites: "Le
conseil a pour fonction de conseiller le ministre sur toute question relative
à la conservation et à l'environnement", il ne peut pas se mettre
à faire un avis sur l'ensemble des questions forestières ou sur
n'importe quoi. Il faut qu'il se limite à la conservation et à
l'environnement.
M. Lincoln: Non, non, ce n'est pas l'ensemble...
M. Charbonneau: Ce que je serais prêt à dire...
M. Lincoln: ...c'est l'optique de la chose. Vous savez, ce
domaine est tellement vaste que, demain matin, vous pourriez partir dans toutes
sortes de directions, tandis que là... Il faut qu'on ait des
balises.
M. Charbonneau: Je le sais, mais ce que je voudrais... Ce que je
comprends du ministre, c'est qu'il me dit: Moi, dans la loi
générale sur l'environnement, j'ai un éventail de champs
d'action qui concerne mes autres collègues.
Le problème, c'est que ce n'est pas cela qui est écrit. En
disant "relative aux lois qui sont sous la responsabilité du ministre et
dont il a la charge", cela est limitatif. Si on disait "quelque chose qui
était relatif à la conservation et l'environnement", ce qui
serait redondant par rapport à l'article 11; "relatif aux champs
d'intervention définis par la Loi sur la qualité de
l'environnement", cela est différent. Là, ce que je crains, c'est
que "relative aux lois qui sont sous la responsabilité", qu'on
interprète cela comme étant les seules lois qui sont sous la
responsabilité... Le ministre, dans le fond, ce qu'il me dit, c'est que
ce n'est pas cela qu'il veut. Ce qu'il veut, c'est que - il me
réfère, d'ailleurs, à la loi générale... Il
me dit: Cette loi générale me donne un champ de juridiction assez
large. C'est de ce champ dont il me parle. Qu'on réfère à
ce champ-là, d'accord, mais qu'on ne limite pas les avis aux seules lois
relatives au ministre. Qu'on limite au champ, d'accord, mais non pas aux
lois.
Je voudrais ajouter un autre élément à la
réflexion du ministre. Plus j'y repense, plus je pense que la
proposition que je vous fais, la proposition initiale, est encore la meilleure,
c'est-à-dire: Enlevez les références relatives aux lois
qui sont sous votre responsabilité, parce que vous avez votre cran de
sécurité à l'article 11, "a pour fonction de conseiller le
ministre" de l'Environnement. Faisons l'hypothèse qu'on vous ferait la
concession de ne pas conseiller les autres ministres parce que vous nous
donneriez la garantie qu'à l'article 14 vous leur donneriez les avis,
parce que c'est vous, le conseiller gouvernemental. Donc: II a comme fonction
de conseiller le ministre de l'Environnement sur toute question relative
à la conservation et à l'environnement et on donne une
définition de la conservation.
Je vais vous dire: le ministre est responsable et a juridiction sur le
conseil. Si le conseil, un jour, avait le malheur de faire autre chose qu'un
avis relatif à l'environnement et à la conservation, le ministre
peut le rappeler à l'ordre. On dit: Relisez l'article 11, ce n'est pas
cela, votre job. Votre job, c'est de me donner un avis sur une question qui
concerne la conservation et l'environnement, ce n'est pas de refaire la
politique forestière du gouvernement, etc.
Écoutez, je n'essaie pas d'embêter le ministre, mais je
pense que le ministre comprend. Je vous dis: Ce que je crains, c'est que le
jour où vous ne serez plus là... Combien de fois les gens disent:
Bon, les lois sont faites et il y a aussi l'intention du législateur.
Mais la réalité c'est qu'on ne se
réfère jamais à l'intention du législateur.
La preuve c'est que les tribunaux, quand vient le temps d'interpréter
les lois, c'est très rare qu'ils vont voir les débats
parlementaires pour connaître l'intention du législateur. De temps
en temps ils le font mais c'est très rare. Autrement dit, on peut bien
parler de l'intention du législateur mais, dans les faits, quand vient
le temps d'interpréter la loi, là c'est le texte de la loi et si
le moindrement le texte peut paraître restrictif, on utilise
l'interprétation restrictive. Je pense que le ministre ne veut pas cela
et moi non plus. Il n'y a pas de danger parce qu'il y a des balises à
l'article 11 et il y a le pouvoir. Je suis prêt à donner raison au
ministre en lui disant que ce sera lui le conseiller gouvernemental et il n'y
aura pas d'ambiguïté sur cela. On n'amènera pas
d'amendements ou de modifications qui pourraient éventuellement
créer cette ambiguïté par rapport à son rôle
principal de conseiller.
M. Lincoln: Je sais qu'on a bien utilisé cette question
mais je veux bien prendre deux ou trois minutes pour voir si... Vous pouvez
suspendre durant trois minutes. Je vais essayer de voir s'il y a quelque chose
' de... On a discuté de cela depuis tellement longtemps au sein du
ministère que je n'ai pas envie non plus d'aller m'engager dans quelque
chose qui va être, selon nos gens, peut-être moins bon qu'on ne le
pense. Je vais regarder cela. On peut suspendre pour quelques minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 47)
(Reprise à 11 h 57)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: M. le Président, de consentement avec
l'Opposition, on s'est mis d'accord pour suspendre nos travaux à midi
pour les reprendre cet après-midi, après la période de
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, pour le
bénéfice de tous les membres de la commission, l'entente, le
consensus est celui-ci: Après la période de questions, nous
terminerons l'étude du projet de loi 29. Comme nous avions
déjà planifié l'étude des engagements financiers
pour cet après-midi et ce soir, nous continuerons, après
l'adoption du projet de loi 29, l'étude des engagements financiers. Cela
va?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ceci, la commission
suspend ses travaux jusqu'après la période des affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 11 h 58)
(Reprise à 15 h 55)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 29, Loi
sur le Conseil de la conservation et de l'environnement.
Au moment de notre suspension, nous en étions à
l'amendement, à l'article 11, tel que proposé par M. le
député de Verchères. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Lincoln: Alors, M. le Président. Je pense que, de la
part du député de Verchères, je peux comprendre pourquoi,
je suppose qu'il voudrait voir les articles 11, 12 et 13, presque ensemble.
Alors, c'est pourquoi on a fait une discussion générale. Je ne
sais pas s'il y a des points? Moi, je suggérerais... À l'article
12, à la suite des discussions que nous avons eues, nous avons revu
cela, nous sommes prêts à apporter un amendement à
l'article 12. Si cela pouvait correspondre aux suggestions très
très valables du député de Verchères,
peut-être que cela serait une solution de compromis, parce que, moi, j'ai
envie de garder une référence à nos lois. Et, à ce
moment-là - si je peux en parler maintenant, parce que tout cela
s'enchaîne - je proposerais un amendement à l'article 12 pour
remplacer la première ligne, comme suit avec les mots "Sans restreindre
la portée de l'article 11, le conseil peut", et je dépose cet
amendement. Si, par exemple, le député de Verchères
était prêt à accepter cet amendement peut-être qu'on
pourrait regarder les articles 11 et 12.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères? Est-ce qu'on regarde les articles 11, 12 et...
M. Charbonneau: Oui. Je pense que, de toute façon, c'est
un peu ce qu'on faisait dans les faits.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, j'avais cru remarquer,
M. le député de Verchères. Je vous cède maintenant
la parole.
M. Charbonneau: Écoutez, si le ministre me laisse quelques
instants, juste pour voir un peu...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Ce que je crains dans l'amendement qui est un pas
dans la bonne direction, c'est qu'on semble restreindre la portée de
l'article 11, sauf que l'article 11 est un article général. "Le
conseil a pour fonction de conseiller le ministre sur toutes questions
relatives à la conservation et à l'environnement." Quand on
interprète "sur toutes questions relatives à la conservation et
l'environnement, on n'est pas certain, à cause justement... Même
si on dit qu'on ne veut pas restreindre cette portée, quand on parle des
lois qui sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la
tâche, je pense toujours que, finalement, le texte de la loi
général, il est là. Il donne au ministre la garantie qu'il
souhaite, d'une certaine façon, avoir... Je comprends que ce qu'il
cherche à avoir... Autrement dit, chacun a une perception du même
choix parce que, vous, vous dites qu'en précisant "relative aux lois",
cela vous donnera une espèce de grille d'analyse par rapport à ce
que vous pouvez faire en fonction des autres ministères. Autrement dit,
dans le champ de juridiction des autres ministères, c'est en fonction de
la grille d'analyse des préoccupations du ministère de
l'Environnement ou des responsabilités du ministère de
l'Environnement que le conseil pourrait vous donner des avis ou que, vous, vous
pourriez en solliciter. La seule chose que je trouve, c'est qu'il me semble
qu'on aurait pu écrire cela en français. C'est pour cela que ce
n'est pas clair.
M. Lincoln: J'ai pris ma position. Je pense que la loi me donne
une ouverture exceptionnelle parce qu'elle est écrite de cette
façon-là. Celui qui a écrit la loi, Me Piette, m'a dit,
aujourd'hui, qu'espérer retrouver une loi pareille, c'est presque
impossible. La réglementation législative veut qu'on ne puisse
pas avoir des lois immenses comme la Loi sur la qualité de
l'environnement, et on l'a malgré tout. Cela nous donne un espèce
de cadre qui est, en même temps, un grand appui pour nous lorsqu'on va
discuter d'environnement. En plus, on ajoute une notion très importante
parce que, par l'article 11, qui devient une loi du ministère, on ajoute
encore... C'est-à-dire qu'on a maintenant tout l'éventail dans la
loi. Comme on a cet éventail, ce qui reste, c'est la
définition.
Je conçois avec le député de Verchères que
ce qui est arrivé, c'est qu'il semblait que - quoique ce ne soit pas le
cas - les articles 11 et 12 soient en contradiction entre eux. C'est
très large dans l'article 11; on a peut-être l'impression de
restreindre dans l'article 12. Je comprends cela parce qu'autrement, on
n'aurait même pas eu à faire le débat en Chambre et
expliquer la raison pour laquelle on voulait faire cela.
C'est pourquoi je suggérerais que, si on disait... Vous dites:
"Dans l'exercice de cette fonction, mais sans restreindre la portée de
l'article 11." Cela veut dire que nous allons chercher la conservation de
,l'environnement et tous les pouvoirs que nous avons dans les autres lois du
ministère qui nous donnent une assise dans l'esprit de la loi même
et aussi juridique pour faire les choses qu'on veut faire ici. Je ne vois
aucune restriction. Je sais que, si une personne lit cela, elle va dire: Ah!
C'est compliqué, leur affaire. Mais ce sont les lois. On adopte des lois
afin que ces mots-là aient un sens. Je crois qu'on peut expliquer que
nos lois, au lieu d'être un carcan, c'est presque une soupape de
sûreté, c'est presque un appui extraordinaire que nous avons dans
la loi et, en plus de cela, on vient ajouter cette loi-ci. C'est ce que je suis
en train d'essayer d'expliquer. Je comprends que, la lecture peut être un
peu confuse avant, et, là, il me semble qu'on tire cela au clair. On ne
veut pas restreindre l'article 11. On ne veut nullement le restreindre. Je suis
en train d'essayer de trouver quelque chose tout en gardant l'idée de
loi dedans et je pense que c'est un compromis qui serait acceptable surtout
avec l'ajout de l'article 14, ce qui est important. Je crois que les deux
doivent aller de pair parce que, dans l'argument global du député
de Verchères, il y avait la question selon laquelle vous faites cela en
vase clos et vous ne voulez pas, après cela, que les autres
ministères ne soient pas concernés. Là, on bouche cet
autre espace. Ici, dans nos lois, au contraire, on nous donne une espèce
d'ouverture presque sans limite cadrée dans les lois. On y fait
référence ici. C'était cela la perspective. Je croyais
qu'avec ces deux amendements, cela arrivait exactement à l'objectif que
cherche le député de Verchères. C'est dans l'esprit de ces
commentaires que je propose ces suggestions.
M. Charbonneau: M. le Président, il y a deux choses qu'on
essayait de faire pour éviter justement qu'on restreigne trop. On avait
annoncé des amendements qu'on voulait ajouter, à l'article 11 et
ailleurs aussi, selon lesquels le conseil a pour fonction de conseiller le
ministre de l'Environnement et, en fait, les autres ministres et organismes
gouvernementaux. Cela était une chose. La deuxième,
c'était la restriction qu'on croyait et qu'on croit toujours voir dans
la rédaction relative aux lois qui sont sous la responsabilité du
ministre et dont il a la charge.
M. Lincoln: Laissez-moi vous suggérer une autre chose
encore. Pourquoi c'est important d'avoir une référence aux lois?
Disons qu'on n'a pas de référence à la loi. Qu'est-ce que
c'est que l'environnement et la conservation? J'interprète cela
d'après nos
lois... Si je n'avais pas de référence à la loi,
j'interpréterais cela d'après nos lois. Mais notre
ministère va dire: Ce n'est pas mon interprétation de la
conservation et de l'environnement. Dans ma loi, on dit telle chose pour
l'environnement et telle chose pour la conservation. Là, je peux dire:
C'est clair, le conseil émet un avis d'après les lois du
ministère. L'environnement, c'est décrit. Si vous voyez la
qualité de l'environnement, cela veut dire: l'eau, l'atmosphère
et le sol, où toute combinaison de l'un ou l'autre ou, d'une
manière générale, le milieu ambiant avec lequel les
espèces vivantes entretiennent des relations dynamiques. C'est immense,
on a cela. "Environnement" dans la loi, c'est ce que cela veut dire. Ici, dans
cette loi-ci, qui est une loi du ministère de l'Environnement ou qui le
deviendra, on dit: "conservation", cela veut dire préservation,
entretien, utilisation durable, restauration et amélioration du milieu
naturel. Personne ne peut nier cela. Si un autre ministre, dans sa loi, a une
description différente, je vais lui dire: Écoutez, le conseil
donne un avis d'après nos lois, et c'est ce que cela dit. C'est ce genre
de balises qu'on essaie...
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre... J'ai vu cela en onze
ans de vie en politique parlementaire...
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Charbonneau: II y a deux bonnes raisons pour lesquelles on
peut étirer les débats, soit parce qu'on a une stratégie
particulière...
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Charbonneau: ...ou encore parce que idéologiquement,
c'est la vie, la mort. Je pense que, dans la vie, il n'y a pas de...
M. Lincoln: Dans ce cas, ce n'est pas du tout comme cela.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, ce n'est pas cela, et je
vais vous dire qu'on n'est pas encore à un point où il faut
décider d'utiliser la tactique de l'obstruction pour faire d'autres
choses et pour que cela ait un effet.
M. Lincoln: Ah oui, ah oui.
M. Charbonneau: Je vais vous dire que je suis assez à
l'aise et que je n'ai pas envie de discuter trois heures à un moment
donné...
M. Lincoln: Oui, oui, d'accord.
M. Charbonneau: Le ministre va assumer ses
responsabilités.
M. Lincoln: Oui, d'accord.
M. Charbonneau: À l'article 11, si on a jugé bon de
définir "conservation", pourquoi ne reprendrait-on pas la
définition qu'on a dans la loi sur l'environnement, c'est
l'environnement ici? Vous allez me dire que c'est parce qu'elle est
déjà dans l'autre loi, mais, dans ce cas-là, vous n'avez
pas besoin de dire, si c'est dans l'autre loi, que c'est relatif aux lois qui
sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge.
M. Lincoln: Le terme "conservation" n'est pas défini, vous
voyez?
M. Charbonneau: Je comprends, mais je vais vous dire que le texte
de loi... Le fouillis, le problème... On passe notre temps à dire
que les lois sont bien compliquées. Quand c'est le temps, les avocats
disent toujours: Vous n'en avez pas besoin, vous savez, c'est
déjà dans l'autre loi. Moi, je me dis: On a une loi qui
s'intitule Loi sur le Conseil de la conservation et de l'environnement. On ne
définit nulle part dans cette loi-là l'environnement et on parle
de la conservation. Si, au moins, on définissait l'environnement dans le
sens aussi large que le ministre l'entend. On a défini largement la
conservation. Le ministre écoute trop les avocats.
M. Lincoln: On a quand même fait des lois.
M. Charbonneau: Je comprends que des lois, ce sont des textes
juridiques.
M. Lincoln: Des lois, ce sont des textes juridiques, ce ne sont
pas des...
M. Charbonneau: C'est cela, oui.
M. Lincoln: II faut que cela ait du sens. Vous voyez pourquoi ils
n'ont pas inscrit cela spécifiquement. "Conservation", il n'y avait pas
de définition. On a pris la définition la plus globale possible.
Dans les définitions de la Loi sur la qualité de l'environnement,
quand on parle de l'environnement - l'eau, l'atmosphère, le sol -
chacune de ces composantes est aussi définie. Il faudrait dire plus que
cela parce que, lorsqu'on parle de l'eau dans la Loi sur la qualité de
l'environnement, par rapport à l'environnement, on dit l'eau de surface,
l'eau souterraine, où elle se trouve, atmosphère, sol...
M. Charbonneau: D'accord. Ce qu'on pourrait faire, c'est une
phrase simple qui... On entend par environnement les choses
générales en relation avec - on pourrait très bien le dire
dans le texte - la loi... On fait référence au texte de loi
précis du ministère
de l'Environnement ou à la Loi sur la qualité de
l'environnement. Lequel des deux, je ne sais pas. On n'est pas obligé de
reprendre la définition de chacun des éléments, mais vous
prenez, comme vous le faites dans la conservation, les éléments
généraux et vous le dites... Dans le cas de la conservation, vous
ne pouvez pas faire référence à une loi, il n'y en a pas.
Mais dans le cas de l'environnement, on entend par environnement ce que le
ministre vient de me citer, mais au lieu de redonner les définitions en
disant: tel qu'on retrouve cette définition dans la Loi sur la
qualité de l'environnement, chapitre, etc.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères.
M. Charbonneau: À l'alinéa 2 de l'article 12,
toujours dans la discussion générale, "de sa propre initiative ou
à la demande de personnes, d'organismes ou d'associations", organismes,
c'est autant publics que privés. Cela veut dire que la Commission
de protection du territoire agricole pourrait demander un avis.
M. Lincoln: Tout à fait. Bien sûr. (16 h 15)
M. Charbonneau: Est-ce qu'on ne pourrait pas ajouter
"ministères"? Je serais peut-être prêt à
considérer votre proposition et laisser l'alinéa 1
intégral avec l'amendement. Mais si on pouvait au moins dire: de sa
propre initiative ou à la demande de personnes, d'organismes,
d'associations ou de ministères formuler un avis sur toute question
relative à la conservation et à l'environnement, à 2 .
Ça, c'est pour 2 . Et pour 1 , je me demande - je pensais à cela
- si l'on disait: conseiller le ministre de l'Environnement sur la
planification des orientations, des politiques et des stratégies du
gouvernement dans l'optique ou dans les balises définies par les lois
qui sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge.
Ça voudrait dire qu'on serait plus certains que le conseil aurait
la marge de manoeuvre d'aller intervenir dans le champ de juridiction des
autres ministères, mais dans l'optique de la Loi sur la qualité
de l'environnement. C'est que le ministre veut, et on garderait en même
temps la précision, pour être certains que c'est ce qui se fait.
On réserverait aussi au ministre sa responsabilité de conseiller
du gouvernement, tout en s'assurant que, si le conseil, de sa propre initiative
ou même à la demande du ministre, de n'importe quel des ministres,
jugeait qu'il y a des choses qui se passent par rapport à un
ministère qui intervient dans le secteur des ressources, là, on
saurait que le conseil se sentirait à l'aise pour fournir des avis, de
sa propre initiative, même si c'est un autre ministère qui
intervient. Il le ferait, par ailleurs - et on le précise - dans
l'optique définie par les lois qui sont sous la responsabilité du
ministre.
M. Lincoln: Écoutez, moi, je ne vois pas trop de raisons
pour cela, parce que c'était justement le sens de dire "relatives aux
lois qui sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la
charge", parce que ces lois sont très claires. À ce
moment-là, il faudrait presque réécrire les lois qui
existent déjà. Là, si on en change une pour dire: II
faudra la planification des orientations, des politiques et des
stratégies du gouvernement relatives aux lois... Nous, on conseille - la
Loi sur la qualité de l'environnement le dit déjà - on dit
"relatives aux lois qui sont sous la responsabilité du ministre". La Loi
sur les réserves écologiques dit une chose un peu
différente, par rapport à la stratégie gouvernementale en
environnement. C'est cela qu'on veut faire. C'est pour cela qu'on l'a
précisé afin que ce soit bien clair. Mais je n'ai pas envie
d'aller réécrire la même chose au cas où, un jour,
il y ait une espèce de flou juridique entre ce que je vais écrire
ici, peut-être pas aussi précisément que là-bas
où cela est accepté depuis des années... Il y a une
définition qui est inchangeable dans cette loi.
M. Charbonneau: Je ne vous ai pas proposé de changer vos
définitions.
M. Lincoln: Non, je sais, mais je n'ai pas envie de
réécrire quelque chose qui est déjà dit et qui me
donne certains pouvoirs qui sont clairs.
M. Charbonneau: D'accord, c'était pour la suggestion sur
la question de définir l'environnement. Mais pour le reste?
M. Lincoln: Non, mais pour le 1 . Je vous dis la même chose
pour le 1 . Je n'ai pas envie d'essayer de redire dans un langage quelconque ce
qui est déjà dit quelque part lorsqu'une simple
référence aux lois qui sont sous la responsabilité du
ministre définit cela de façon bien claire, parce que c'est
sûr que ces lois le définissent déjà. Je n'ai pas
envie de réécrire cela dans un langage qui pourrait porter
à une espèce de "mésinterprétation" entre les
deux.
M. Charbonneau: Bon, écoutez...
M. Lincoln: Du point de vue des ministères, c'est un
conseil qui demande... C'est la propre initiative du conseil...
M. Charbonneau: Oui, oui.
M. Lincoln: ...de conseiller les
organismes et les associations, etc. Pour ma part, j'ai envie que le
conseil ait comme fonction principale de conseiller surtout le ministre de
l'Environnement, mais aussi des organismes et des personnes qui lui demandent.
Si on ouvre cela au point où chaque ministère peut aller demander
lui-même, d'un jour à l'autre, au conseil de le conseiller sans
aucune priorité par rapport à l'optique gouvernementale, je ne
sais pas, mais il me semble que le conseil devrait avoir pour but principal de
conseiller le ministère de l'Environnement et aussi, de sa propre
initiative ou à la demande de personnes, d'organismes ou d'associations.
Si, de sa propre initiative, il peut aller à la demande de chaque
ministère... Il me semble que c'est pourquoi ces conseils consultatifs
des différents ministères sont fournis afin que chacun aille
consulter son propre conseil consultatif. Je préfère laisser cela
comme ça. Je n'ai pas envie de faire une ouverture sans y
réfléchir plus.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Charbonneau: Je serais quasiment porté à dire au
ministre: Si vous voulez réfléchir plus, on peut vous laisser
plus de temps.
M. Lincoln: Non, à un moment donné, je suis
prêt, je vous le dis, à...
M. Charbonneau: À vivre avec vos décisions.
M. Lincoln: Non, je suis prêt à voir ces deux
amendements, et je considère que c'est une amélioration à
ce que nous avons ici. Je suis tout à fait prêt à
l'accepter, et c'est à cause de votre intervention - en fait, vous nous
avez fait voir des choses - qu'on veut corriger. Mais, je ne suis pas
prêt à aller plus loin avec cela parce que je doute beaucoup qu'en
jouant avec ces textes, on va aider notre cause. Je suis tout à fait
satisfait que cela donne une balise très très large au conseil
consultatif et qu'en me conseillant et en conseillant les autres ministres
lorsqu'ils le voudront... Les autres ministères auront les copies des
avis que le conseil peut donner. Le conseil peut faire des avis de sa propre
initiative. S'il veut faire un avis par rapport à un ministère
quelconque, de sa propre initiative, il le fera. À ce moment-là,
j'enverrai une copie à ce ministère. Je pense que cela donne
toutes les latitudes possibles au conseil.
M. Charbonneau: Ce que je propose dans ce cas, c'est qu'on adopte
les amendements que vous avez apportés. Deuxièmement, que les
amendements - il y en a un qu'on a présenté et on en avait
présenté d'autres...
M. Lincoln: Est-ce que j'aurais pu voir le vôtre? C'est
sûr...
Le Président (M. Saint-Roch): C'est celui qui a
été discuté ce matin et qui était à
l'article 11, la définition.
M. Charbonneau: J'en avais quatre autres, M. le Président,
mais qui étaient tous dans le même sens. Par exemple, on voulait
ajouter après le mot "environnement" les mots "autres ministères
et organismes", à différents endroits et enlever finalement les
allusions "aux lois qui sont sous la responsabilité du ministre et dont
il a la charge" par les mots "à la conservation et à
l'environnement". On vient de faire la discussion. Ce que je propose au
ministre, c'est que les amendements qu'on avait préparés - on
n'est peut-être pas nécessairement obligé de les distribuer
puissent être consignés au procès verbal et qu'on puisse
les noter en bloc.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ces amendements
étaient à l'article 12, M. le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Oui, tous à l'article 12.
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me permettez, pour
clarifier, à l'article 11, nous avons déjà un amendement
qui a été adopté.
M. Lincoln: À l'article 11, nous avons un amendement.
M. Charbonneau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'ai maintenant un
amendement qui a été soumis de votre part. Est-ce que je dois
conclure que cet amendement est retiré ou rejeté ou...
M. Charbonneau: Non, je pense qu'il va être rejeté
sur division.
M. Lincoln: Rejeté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
rejeté sur division. Est-ce que l'article 11 tel qu'amendé est
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 12.
À l'article 12, il y a plusieurs papillons. Si vous me permettez, on
peut commencer par ceux de M. le ministre et revenir avec ceux de M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: C'est bien.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'article 12, le
premier papillon, c'est de remplacer la première ligne comme suit: "Sans
restreindre la portée de l'article 11, le conseil peut:" Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le deuxième
amendement est de supprimer le deuxième aliéna de l'article 12
qui avait reporté à l'article 11.
M. Lincoln: Non, ce n'est pas correct.
Le Président (M. Saint-Roch): Ah, excusez, c'est un
autre.
M. Lincoln: Non, c'est l'article 13. Oui, c'est l'article 12.
C'est le dernier aliéna.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est bien cela, supprimer
le dernier aliéna qui avait reporté. Est-ce que cet amendement
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'en viens maintenant aux
amendements proposés par M. le député de
Verchères.
Le premier amendement se lit comme ceci: "Ce projet de loi est
modifié par l'insertion, à la première ligne du premier
paragraphe de l'article 12, entre les mots "Environnement" et "sur" des mots
"et tout autre ministère ou organisme gouvernemental".
M. Lincoln: Rejeté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Je peux conclure que le
premier amendement est rejeté...
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): ...sur division? Le
deuxième amendement se lit comme suit: "Ce projet de loi est
modifié par l'insertion, à la deuxième ligne du
troisième paragraphe de l'article 12, entre les mots "personnes" et
"organismes", des mots "de ministères, d'organismes
gouvernementaux".
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, est-ce que cet
amendement est...
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Rejeté. Le
troisième amendement se lit comme suit: "Ce projet de loi est
modifié par le remplacement, aux troisième et quatrième
lignes du deuxième paragraphe de l'article 12, des mots "aux lois qui
sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge" par les
mots "à la conservation et à l'environnement".
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Cet amendement est
rejeté. Le dernier amendement se lit comme suit: "Ce projet de loi est
modifié par le remplacement, aux deuxième et troisième
lignes du premier paragraphe de l'article 12, des mots "aux lois qui sont sous
la responsabilité du ministre et dont il a la charge" par les mots
"à la conservation et à l'environnement". Est-ce que...
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Cet amendement est
rejeté. Nous revenons maintenant à l'article 12.
M. Charbonneau: II y a un autre amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères. (16 h 30)
M. Charbonneau: Ce serait pour ajouter un quatrième
aliéna, pour une quatrième fonction, qui se lirait comme suit -
parce que je ne peux pas le faire distribuer -"procéder, par les moyens
qu'il juge appropriés, à la consultation, à
l'éducation, et à l'information du public au sujet de la
conservation et de l'environnement". Je pense que cela peut, dans la mesure
où... On a un organisme-conseil, mais on aurait aussi un organisme pour
recevoir des demandes de personnes, effectuer des recherches et transmettre des
avis. C'est un organisme qui, de sa propre initiative, peut transmettre des
avis, solliciter des opinions, recevoir et entendre des requêtes et des
suggestions de personnes, et effectuer ou faire effectuer des études et
des recherches, très bien. Mais je pense que tout cela devrait se
compléter par un mandat de consultation et d'information du public au
sujet de l'environnement et de la conservation.
M. Lincoln: D'accord. Je sais que c'était une suggestion
du Conseil consultatif des réserves écologiques, que nous avons
étudiée. En fait, si on regarde, il y a trois volets: la
consultation, l'éducation et l'information. Pour ce qui est de la
consultation, je pense que l'alinéa 3 est bien clair. C'est "solliciter
des opinions,
recevoir et entendre les requêtes et les suggestions de personnes,
d'organismes ou d'associations et effectuer ou faire effectuer des
études et recherches qu'il juge utiles et nécessaires aux fins de
l'application des paragraphes 1° et 2° du présent article".
Donc, il peut avoir tous les moyens de consultation possibles, solliciter des
opinions, c'est exactement ce qu'on veut qu'il fasse. En fait, le Conseil
consultatif de l'environnement a été mandaté pour faire
une consultation sur la stratégie de la conservation au Québec.
C'est ce qu'il fait en ce moment. Le paragraphe 3° lui donne toute la
latitude de faire des consultations.
Pour ce qui est de l'éducation et de l'information, nous avons
regardé cela de très près. Ce qui arrive, c'est qu'on
parle ici des fonctions du conseil. Les fonctions du conseil sont de faire des
avis. Pour faire des avis, il faut qu'il consulte. Il faut aussi qu'il fasse de
la recherche. Mais pour ce qui est de l'éducation et de l'information,
ce sont des fonctions qui, jusqu'à présent au ministère,
ont été confiées à un organisme interne qui
s'occupe de l'éducation et de l'information. C'est une direction de
l'éducation et de l'information qui a un mandat très
précis. Je ne crois pas que ce soit le sens de la loi de donner ce
pouvoir au conseil, dans le travail qui lui est confié dans les
paragraphes 1°, 2 et 3°. Il n'est pas question de lui donner un mandat
administratif, une fonction administrative qui est déjà faite par
le ministère, à la direction de l'éducation et de
l'information. Il faudrait... Moi, je n'ai pas envie de diluer tellement le
pouvoir du conseil qui ne saura plus quelles sont ses priorités. Je
pense que, dans les paragraphes 1°, 2° et 3 , nous lui donnons des
priorités qui sont normales pour un conseil de cette nature qui est un
conseil consultatif. Mais lui donner des pouvoirs d'éducation et
d'information qui sont immenses, qui sont déjà au
ministère aujourd'hui, enfin, peut-être pas autant qu'on le
voudrait, c'est sûr... De toute façon, on a l'appareil pour le
faire, et il me semble que, si on donnait cela comme mandat additionnel ou
fonction additionnelle au conseil, on diluerait ses pouvoirs de faire ces
choses considérant l'envergure d'un conseil et le nombre de ses
membres.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères.
M. Charbonneau: Je peux comprendre l'argument du ministre
à l'égard du mot "consultations" dans ce cas-là. Je trouve
qu'on pourrait peut-être, avant de dire "solliciter des opinions",
ajouter "le conseil peut procéder à des consultations, solliciter
des opinions, recevoir et entendre des requêtes...". Si, dans le fond, le
ministre dit...
M. Lincoln: D'accord.
M. Charbonneau: Si le ministre dit que c'est un mandat de
consultation, il y a un mot qui dit clairement ce que c'est, "consultations".
Alors, mettons-le et après, spécifions ce qu'on entend.
M. Lincoln: D'accord. C'est: "procéder à des
consultations, solliciter des opinions...". D'accord.
M. Charbonneau: Quoique le ministre... Je sais que l'argument de
priorité est un argument... Je suis obligé de le
reconnaître. C'est important parce que je me rappelle quand
j'étais président à la commission parlementaire sur la
protection de la jeunesse, on a fait l'évaluation du rôle et du
fonctionnement du Comité de la protection de la jeunesse, et il y avait
un problème de confusion de priorité dans les mandats. Cela
étant dit, je pense néanmoins que, compte tenu de l'importance
qu'on veut accorder à l'environnement, aux valeurs écologiques,
aux défis que représentent toute la problématique
environnementale et la conservation, je pense qu'on aurait avantage à
ajouter une mission à cet organisme. Et, en le faisant clairement...
C'est évident que c'est sa première mission, on pourrait le
spécifier: le conseil peut d'abord conseiller le ministre de sa propre
initiative et, par la suite, consulter. Et on pourrait ajouter, dans un
deuxième temps, car cela se fait dans les textes de loi, que le conseil
peut aussi, s'il le juge opportun - on pourrait le modifier comme cela -
procéder par les moyens jugés appropriés à
l'éducation et à l'information du public au sujet de la
conservation et de l'environnement.
Il pourrait y avoir des enjeux qui sont jugés prioritaires, de
l'avis du conseil, qui mériteraient qu'on s'engage dans une action
d'éducation et d'information. On peut très bien écrire le
texte de loi pour établir l'ordre de priorité. Donc, le conseil
peut, d'abord - un, deux, trois - s'il le juge opportun ou si le ministre le
juge opportun -parce que le ministre pourrait lui donner ce mandat à un
moment donné - le conseil peut de sa propre initiative faire des choses,
mais le ministre peut aussi lui donner des missions particulières.
Donc, soit que le conseil juge cela opportun ou que le ministre juge
opportun aussi de faire en sorte que, par exemple, sur un avis ou sur une
question importante... On sait que la dimension consultation peut aussi prendre
une dimension d'éducation et d'information, selon la façon dont
on aborde la consultation particulière qu'on veut faire. On peut
très bien orchestrer une consultation de telle sorte qu'on arrive aussi
à atteindre des résultats d'éducation et
d'information.
Je pense qu'effectivement il ne s'agit
pas de confondre les priorités, mais on pourrait avoir un ordre
de priorités qui serait assez clair.
M. Lincoln: Écoutez, moi je suis d'accord avec vous pour
inscrire "procéder à la consultation" et qu'on mette l'accent
là-dessus afin que cela soit tout à fait clair. Pour ce qui est
de toute la question du mandat par rapport à l'éducation et
à l'information, le mandat principal du conseil, c'est un
appareil-conseil, c'est un appareil consultatif, c'est un appareil qui fait des
avis pour les autres.
Si vous regardez le paragraphe 1 , la fonction du conseil, son mandat,
c'est de "conseiller le ministre de l'Environnement sur la planification des
orientations, des politiques et des stratégies relatives aux lois qui
sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge".
Les orientations du ministère, c'est là qu'on devrait dire
les orientations du ministère. Comme parti, par exemple, je sais que la
question a été posée par rapport à la politique du
CAP. Beaucoup de gens ont dit: Comme objectif central, vous auriez dû
mettre plus l'accent sur l'éducation et l'information. Je suis d'accord
avec cela. En fait, j'ai parlé, l'autre jour, aux gens qui ont
travaillé sur cela avec nous pour leur dire: Bon, il faudrait
l'inscrire, parce que c'est tellement important.
Je peux concevoir, dans l'orientation du ministère, la
stratégie d'avoir l'éducation et l'information comme
priorités, parmi beaucoup d'autres. Mais je n'ai pas envie de mettre
l'accent principalement sur une priorité ou une autre. J'ai envie de
situer, dans la loi, que le mandat spécial principal du conseil est de
conseiller sur la planification des orientations, des politiques. Alors,
à ce moment là, cela lui donne... De sa propre initiative, il
peut émettre n'importe quel avis. Ce qu'il devrait faire, c'est donner
des avis au ministre pour que le ministre adopte une certaine direction, non
pas pratiquer lui-même la fonction d'éducation, la fonction
d'information. Il aura assez à faire.
Je vais vous donner l'exemple du Conseil consultatif de l'environnement,
aujourd'hui, qui travaille sur des avis depuis je ne sais combien de temps. Ils
ont travaillé à un avis sur les fourrures. Cela leur a pris trois
ans, parce qu'il n'ont pas le mécanisme, ils n'ont pas assez d'assises
aujourd'hui pour faire autant d'avis qu'on le voudrait. Je pense, avec le
domaine de la conservation et de l'environnement qui est en explosion, qu'ils
vont avoir tellement de travail que j'ai envie qu'ils se limitent à
donner des avis au ministre.
Si c'est un avis qui dit: Vous devriez mettre l'accent sur
l'éducation ou l'information, c'est une chose. Mais là. dans le
sens de votre avenant, on dit que, lui, il procède à
l'éducation et à l'information. Je ne suis pas d'accord avec
cela. Je crois que leur rôle est de donner des avis sur les politiques,
sur les stratégies, de mettre l'accent sur des directions. C'est
pourquoi, je n'ai pas envie d'inclure principalement l'éducation,
l'information ou quoi que ce soit d'autre. Cela donne un mandat presque immense
parce que tout ce qui a trait à la conservation et l'environnement, que
ce soit l'éducation environnementale, l'éducation sur la
conservation, les mécanismes pour y arriver, un procédé
particulier comme, par exemple, le recyclage ou la prévention,
l'utilisation rationnelle des ressources, ils peuvent faire n'importe quoi avec
cela. Mais je n'ai pas envie qu'ils se donnent des fonctions qu'on sait
illusoires au départ, parce qu'ils n'auront pas les mécanismes ni
les appareils, ni les ressources nécessaires pour travailler dans un
domaine aussi vaste, où le ministère travaille
déjà.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Charbonneau: Je pourrais dire au ministre qu'un gouvernement
qui voudrait croire encore plus à l'environnement et qui voudrait
augmenter sensiblement le budget du ministère de l'Environnement
pourrait faire en sorte, en utilisant ce texte de loi, que la mission
d'éducation et d'information puisse se faire aussi. Je peux comprendre
qu'avec le budget actuel que le conseil va avoir, le ministre peut me dire: Je
pense qu'ils vont avoir de la misère à livrer la marchandise avec
l'argent que je vais leur donner.
M. Lincoln: Je ne conçois pas le conseil comme vous. Je
conçois le conseil comme un organisme-conseil du ministre, des
personnes, des organismes de sa propre initiative. Je ne conçois pas le
conseil comme un appareil qui fait les choses dans le domaine de
l'éducation, de l'information ou d'autres choses ou d'autres domaines,
mais plutôt comme celui qui donne des avis sur l'éducation, sur
l'information, qui donne des avis, comme dire au ministère de
l'Environnement qu'il ne fait pas assez d'éducation, ne fait pas assez
d'information, qu'il devrait se diriger dans ce domaine.
Mais ce n'est pas son travail, sa fonction, il n'est pas censé
faire des choses que le ministère doit faire. On pourrait aussi dire: II
est essentiel pour la conservation et l'environnement de protéger les
rives, de faire différentes choses. C'est ce que le ministère
fait. Le conseil, lui, conseille s'il pense que le ministère prend une
mauvaise voie ou qu'il a oublié ou négligé de faire
certaines choses, en lui disant: Voici la direction que vous devriez prendre si
vous voulez atteindre un idéal de conservation. Ce
pourrait être l'éducation ou l'information qui est mai vue,
mal faite au ministère. Mais je ne pense pas que ce soit son rôle
de faire la chose. (16 h 45)
C'est ma conception d'un conseil. C'est un organisme qui nous conseille
sur les politiques, les stratégies mais qui ne va pas les faire,
lui-même. S'il faut y mettre des ressources, il faut d'abord permettre
aux gens du ministère de le faire: les spécialistes en
information et en éducation environnementale. Et, s'il le faut, on
ajoute des outils plus perfectionnés, des outils additionnels. C'est ce
que, moi, je souhaite ardemment. C'est là qu'il faut les mettre. Mais
que le conseil, lui, nous conseille sur la meilleure façon d'y arriver.
C'est sa fonction et, là, avec ces balises, il a toute la latitude d'y
arriver. C'est ça, ma perception du conseil.
M. Charbonneau: Bon, écoutez! D'abord, je vois qu'on ne
s'entendra pas sur cela, donc je vais déposer l'amendement
corrigé, vu que le ministre est prêt à introduire ce qu'on
lui suggérait...
M. Lincoln: Au troisième alinéa.
M. Charbonneau: Au troisième. Donc, "procéder
à des consultations, solliciter des opinions..."
M. Lincoln: Ajouter les mots "procéder à des
consultations".
M. Charbonneau: Ça va. Je n'ai pas préparé
de papillon pour cela. Est-ce que le président...
M. Lincoln: Mais je pense que c'est très clair. C'est
d'ajouter au troisième alinéa... troisième
paragraphe...
Une voix: Troisième paragraphe...
M. Lincoln: Premier alinéa...
Une voix: C'est ça.
M. Lincoln: Les mots suivants...
M. Charbonneau: "Procéder à des consultations".
M. Lincoln: "Procéder à des consultations,..."
M. Charbonneau: On s'entendait sur cela. Ça va aller.
Marquez-le, c'est adopté cela. "Procéder à des
consultations,... et là...
M. Lincoln: Avant le mot "solliciter".
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, la modification au
troisième paragraphe:
Ajoutez au troisième paragraphe, du premier alinéa,
à l'article 12: "Procéder à des consultations,...
Une voix: Avant le mot "solliciter".
Le Président (M. Saint-Roch): Avant le mot "solliciter",
"procéder à des consultations,..."
M. Charbonneau: Par l'addition, avant le mot...
Une voix: C'est une question d'écriture.
M. Charbonneau: C'est ça. En tout cas, écrivez-le.
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement a
été adopté. J'ai deux amendements. Est-ce que le premier,
qui se lisait comme ceci: "Procéder, par les moyens qu'il juge
appropriés, à la consultation, à l'éducation et
à l'information du public...
M. Charbonneau: Retiré, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Retiré?
M. Charbonneau: C'est retiré, cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Et maintenant, nous... Cet
amendement est remplacé par celui-ci: "Procéder, s'il le juge
opportun ou si le ministre lui en donne le mandat, à l'éducation
et à l'information du public, au sujet de la conservation et de
l'environnement." Alors, cet amendement est rejeté?
M. Charbonneau: Sur division. Tous les rejets, d'ailleurs, se
font sur division.
Une voix: J'espère.
M. Charbonneau: Ça va? On peut, peut-être, passer
à l'article 13, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Non. C'est parce que, si
vous me permettez, pour ne pas avoir trop de confusion, au point de vue des
écritures...
Alors, est-ce que l'article 12, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Charbonneau: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. Alors, nous en
sommes maintenant à l'article 13. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, on avait trois
amendements qui étaient concordants par rapport à ce qu'on avait
présenté tantôt. Je présume qu'ils vont
être
rejetés.
Le Président (M. Saint-Roch): Les amendements
déposés à l'article 13 par M. le député de
Verchères. Le premier se lit comme ceci: Ce projet de loi est
modifié par l'insertion, à la première ligne du premier
aliéna de l'article 13, entre les mots "ministre" et "sur" des mots "de
l'Environnement et à tout autre ministère ou organisme
gouvernemental" et par le remplacement, à la deuxième ligne du
même article, des mots "celui-ci lui soumet" par les mots "ceux-ci lui
soumettent".
M. Lincoln: Pour les raisons que j'indiquais avant, je serai
obligé de rejeter l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement est
rejeté?
M. Charbonneau: D'accord, allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Le deuxième
amendement: Ce projet de loi est modifié par la suppression des
troisième, quatrième et cinquième lignes du premier
aliéna de l'article 13.
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Rejeté.
M. Charbonneau: Sur cela, M. le Président, je vais
revenir... On proposait sur l'ensemble... mais, je crois que le ministre, pour
assurer la concordance, devrait... On dit "que celui-ci lui soumet relativement
à la conservation et à l'environnement et à l'application
de la Loi sur les réserves écologiques et des autres lois qui
sont sous la responsabilité du ministre et dont il a la charge". Je ne
vois pas pourquoi, on mentionnerait, spécifiquement, la Loi sur les
réserves écologiques.
M. Lincoln: Je compte sur cela. Attendez une minute...
M. Charbonneau: Parce que, dans le fond, vous auriez pu le dire
ailleurs aussi.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Il y a une raison pourquoi c'est
là. Je comprends exactement ce que vous dites.
Je suis entièrement d'accord avec vous quant à la
concordance. Moi aussi, cela m'avait frappé. J'avais aussi
demandé cela à mes conseillers juridiques. Ce qui arrive, c'est
qu'il y a une disposition de la Loi sur des réserves écologiques
qui oblige - c'est l'article 5, je crois - lors de l'abolition d'une
réserve écologique ou de modifications à ses limites,
à donner une attention expresse à l'abolition ou aux
modifications. Comme cette disposition est quasi essentielle, nous voulions
souligner la Loi sur les réserves écologiques afin qu'il n'y ait
aucune méprise sur le fait que cette disposition s'applique au nouveau
conseil. Ce n'est pas essentiel à 100 %. Nous préférons la
laisser, parce que cela ne laisse aucune méprise si c'est inclus
ici.
M. Charbonneau: Dans ce cas, je veux bien comprendre que le
ministre veut avoir des bretelles, mais, plus haut, est-ce que nous n'en
n'aurions pas eu besoin également ou si cela n'était pas
nécessaire?
M. Campeau (Yves): On a déjà, dans la Loi sur les
réserves écologiques, une disposition expresse, qui oblige
à consulter comme le disait le ministre. Il apparaît
nécessaire, dans les nouveaux pouvoirs du conseil, qu'on le
spécifie exactement.
M. Lincoln: Non, mais pourquoi à l'article 13 et non
à l'article 12? Ah oui, le 12, c'est purement de l'initiative du
conseil. C'est le conseil...
M. Campeau: ...peut.
M. Lincoln: Oui, dans l'article 12. Dans l'article 13, le conseil
doit.
M. Charbonneau: D'accord, mais je vais vous dire...
M. Lincoln: II faudrait qu'on vous montre le cahier. Si vous le
voyiez, vous comprendriez.
M. Charbonneau: Ce serait utile pour l'Opposition de toujours
avoir le cahier d'explications du ministre avant. On me fait remarquer que...
Est-ce qu'il n'y aurait pas intérêt, M. le ministre, à
ajouter, aux articles 12 et 13, les mots "relatives aux lois et aux
règlements"?
M. Lincoln: Les règlements découlent
automatiquement des lois.
M. Charbonneau: Oui, je sais, mais...
M. Lincoln: Si on parle de lois, on parle de règlements,
aussi.
M. Campeau: En matière de rédaction
législative, on fait seulement référence aux lois. Cela
inclut les règlements.
M. Lincoln: On ne peut pas faire de lois sans
règlements.
M. Charbonneau: Vous et vos maudites affaires de rédaction
législative, les gens ne comprennent rien dans cela. Finalement, les
gens qui vont regarder cela vont se dire: Les règlements sont mis
de côté. Eux, ils ne savent pas nécessairement qu'une loi
inclut les règlements. Les règlements découlent de la loi,
cela est clair. Mais cela ne veut pas dire que, parce que vous avez à
donner des avis sur les lois, vous pouvez, nécessairement aussi, vous
occuper des règlements.
M. Campeau: Oui, mais c'est que dans...
M. Charbonneau: Nous, on peut le savoir, mais... On ne fera pas
bataille du siècle sur cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Je dois conclure, M. le
député de Verchères, que nous en sommes maintenant au
dernier amendement?
M. Charbonneau: Bien, je ne le sais pas. Est-ce que le ministre
a...
M. Lincoln: Oui, maintenant, nous soumettons ces lois au
comité de législation II y a certaines formulations maintenant
qui sont devenues standardisées justement pour ne pas prêter
à équivoque. Maintenant, pour ce qui est des règlements,
selon la nouvelle façon de procéder, on n'a plus le droit, au
Québec, de faire une réglementation qui ne cadre pas avec le sens
de la loi. Nous avons soumis la loi au comité de législation, et
c'est la formulation qui est utilisée maintenant. On ne dit plus lois et
règlements, parce que les lois veulent dire les règlements et que
les règlements découlent des lois. Alors, pour ces raisons, on
préfère garder ce texte.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous en sommes maintenant
à l'amendement. Est-ce que l'amendement à ce projet de loi
proposant la suppression des troisième, quatrième et
cinquième lignes du premier alinéa de l'article 13 est
adopté?
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Rejeté?
M. Charbonneau: Malheureusement.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous avons un dernier
amendement qui se lit comme ceci: "Ce projet de loi est modifié par
l'addition, après le dernier mot du deuxième alinéa de
l'article 13, des mots "de l'Environnement et par tout autre ministère
ou organisme gouvernemental".
M. Lincoln: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, cet
amendement-là est rejeté. Est-ce que l'article 13 est
adopté?
M. Lincoln: Adopté.
M. Charbonneau: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. Nous en sommes
maintenant à l'article 14. M. le ministre.
M. Lincoln: J'aurais voulu proposer un amendement à
l'article 14. L'article 14 est modifié par l'addition de l'alinéa
suivant: "Le ministre doit transmettre une copie de ces avis aux
ministères visés par tels avis." Merci.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez un délai pour faire
cela? Bien, je sais que vous pouvez rendre public: "...peut rendre publics les
avis qu'il formule en application... 60 jours après les avoir transmis
au ministre." Je pense qu'on rend service au ministre en lui disant qu'il
serait peut-être mieux de les transmettre à ses collègues
avant que le conseil ne les rende publics. (17 heures)
M. Lincoln: Ah bien oui! Dans les 30 jours, je veux bien. Si on
disait: "Le ministre doit transmettre une copie de ces avis aux
ministères visés par tels avis dans les 30 jours qui suivent leur
réception." D'accord? Cela va?
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté? Est-ce que l'article 14 tel qu'amendé est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. À ce
moment-ci, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: L'article 15, M. le Président, qui est
aussi dans la discussion générale.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 15.
M. Charbonneau: Le conseil... J'aurais quelques amendements. Le
premier amendement serait pour que le projet de loi parle de 30 jours
plutôt que de 60.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a maintenant un
amendement à l'article 15 déposé par M. le
député de Verchères qui se lit comme ceci: "Ce projet de
loi est modifié par le remplacement, dans la deuxième ligne de
l'article 15, du chiffre "60" par le chiffre "30".
M. Charbonneau: Vous savez, M. le Président, je comprends
que le ministre de l'Environnement pourrait être un de ceux qui,
en 30 jours, se sentirait bien à l'aise pour rendre publics les
avis que le conseil aurait formulés. Il y a peut-être, cependant,
d'autres de ses collègues, un jour, ou sous un autre gouvernement, qui
sentiraient cela plus utile de retarder les choses. Alors, je pense que
d'obliger le conseil à rendre publics, dans les 30 jours, les avis qu'il
a formulés, en application du paragraphe 2°, cela crée plus
une pression.
M. Lincoln: Je ne suis pas d'accord avec cela. Je suis
disposé, comme on l'a fait à l'article 14, à accepter de
transmettre des copies aux ministères concernés, mais lorsqu'on
parle de l'article 15, lorsque le ministre reçoit un avis... Je le dis
en connaissance de cause. Par exemple, il y a un avis qui m'a été
transmis récemment par le conseil consultatif qui demande de grandes
études. Nous sommes en train d'étudier la question de la
fluoration sur laquelle le conseil consultatif nous a soumis un avis. Trente
jours, c'est bien vite passé. Parfois, vous avez besoin d'une
évaluation avant de le rendre public et ce, pour plusieurs raisons. Par
exemple, dans ce cas-ci, notre ministère est directement concerné
par cette même question. Il y a des consultations qui doivent se faire.
Il me semble que 30 jours... Lorsque vous prenez des cas où il y a des
mois de périodes de vacances, comme décembre, par exemple,
où vous recevez un avis; le temps passe bien vite. Il me semble que, 60
jours, c'est une période qui est assez courte.
M. Charbonneau: Au lieu de spécifier 30 jours, on pourrait
dire: Ce délai peut être modifié si le ministre y consent.
Autrement dit, le conseil vous transmet un avis et vous le regardez. Vous savez
que dans 60 jours, de toute façon, il va le rendre public. Le conseil
pourrait vous soumettre, à un moment donné, les raisons qui,
à son avis, justifieraient de le rendre public plus rapidement et, si
vous pensez qu'effectivement, c'est plein de bon sens, vous pouvez y
consentir.
M. Lincoln: En tout cas, je pense qu'il faut expliquer le sens de
cet article qui suit la procédure actuellement prévue pour les
conseils consultatifs du ministère: le Conseil consultatif sur les
réserves écologiques et le Conseil consultatif de
l'environnement. Cela, c'est le cas du conseil. Le ministre peut le rendre
public tout de suite. En fait, il y a certains cas où je l'ai rendu
public tout de suite. Dans le cas où c'est le conseil, qui l'a transmis
au ministre, si le ministre ne l'a pas rendu public dans les 60 jours, lui, il
peut le rendre public. C'est pour permettre au conseil de ne pas voir un de ses
avis mis sur les tablettes par le ministre, 60 jours après. Cela lui
donne toute latitude. Si le ministre ne l'a pas publié, il peut le
publier lui-même.
M. Charbonneau: D'accord, mais dans ce cas-là, mettons
"doit rendre public", suivant le même argument que le ministre vient de
nous donner. Cela veut dire que, 60 jours après, il faut qu'il le rende
public.
M. Lincoln: Cela reste la latitude du conseil. Si, pour une
raison ou pour une autre, le conseil donne un avis qu'il veut considérer
complètement confidentiel pour une raison quelconque, et un autre,
public, je ne sais pas, je ne peux penser à un exemple, aujourd'hui. Si,
par exemple, c'était un avis qui touchait la santé et qu'il
n'était pas trop sûr de l'exactitude de ses avis? Il y a des
questions sur les produits toxiques qui sont réellement
partagées. Les gens n'en savent pas assez sur les dioxines, par exemple,
et qui me disent: Je n'ai pas envie que vous rendiez cet avis-là public
pour telle ou telle raison. Je pense qu'il faut lui laisser cette latitude.
C'est pourquoi on dit que le conseil va toujours vouloir rendre son jugement
public. Mais il y a certains cas où, pour certaines raisons, il voudra
garder certains avis confidentiels. Je crois qu'il faut lui laisser cette
latitude.
Prenez, par exemple, un avis sur un projet de loi qui n'est pas encore
déposé. Je demande un avis sur un projet de loi sur lequel je
suis en train de travailler et, pour des raisons évidentes, je n'ai pas
envie qu'il soit rendu public; ou bien, je demande, de façon
confidentielle, un avis au conseil sur une question qui n'est peut-être
pas encore décidée par le Conseil des ministres, j'ai envie
d'avoir un avis avant de formuler des recommandations. Pour plusieurs raisons,
il y a des sujets qu'on ne peut pas rendre publics, dans certaines
circonstances. Je pense qu'il est essentiel de laisser cette latitude au
conseil. Je pense que, si vous regardez les situations des conseils, ce sera
toujours cette formulation qui sera adoptée.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement que
j'ai devant moi, à savoir ce projet de loi, est modifié par le
remplacement, dans la deuxième ligne de l'article 15, du chiffre "60"
par le chiffre "30" est adopté? Rejeté.
J'ai un autre amendement qui se lit comme ceci: "Ce projet de loi est
modifié par l'addition à l'article 15 de l'alinéa suivant:
"Ce délai peut être moindre si le ministre y consent."
M. Lincoln: Rejeté.
M. Charbonneau: "Si le ministre y consent", je ne vois pas
pourquoi. Dans le fond... "Ce délai peut être moindre si le
ministre y consent." Quel est votre
problème? Vous pourriez m'en donner un, de temps en temps.
M. Lincoln: Je pense que c'est une procédure qui est tout
à fait établie entre nous. Il y a certaines raisons, pour
lesquelles - je vous en ai donné certains exemples - je n'ai pas envie
de publier un avis parce que je n'ai pas moi-même, par exemple, une
évaluation du ministère. Il peut y avoir plusieurs autres
raisons. Je n'ai pas envie d'être celui qui consent ou ne consent pas, si
le conseil me demande mon consentement pour déposer cela dans 30 jours.
Je crois que 60 jours, c'est tout à fait raisonnable. Je pense que c'est
un délai qui n'est pas excessif. Ce n'est pas six mois. Un délai
de 60 jours a été acceptable dans tous les avis du conseil
jusqu'à aujourd'hui. Je ne vois pas la nécessité de
modifier cela du tout. Je crois que c'est une procédure qui est tout
à fait acceptable.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est donc
rejeté?
Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Charbonneau: Adopté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. Est-ce que
ceci clôt...
M. Charbonneau: Non, M. le Président, j'ai un autre
amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Â quel article?
M. Charbonneau: J'espère que le ministre va
être...
Le Président (M. Saint-Roch): À quel article, M. le
député de Verchères?
M. Charbonneau: Toujours à l'article 15, M. le
Président. Ce serait d'ajouter un alinéa, à l'article 15,
qui se lirait comme suit: "Tous les avis, études et recherches du
conseil produits en application de l'article 13, sont rendus publics par le
ministre de l'Environnement dans les 60 jours de leur réception."
Autrement dit, le conseil doit donner un avis au ministre sur toute question
que celui-ci lui soumet relativement à la conservation et à
l'environnement. Et on parle aussi d'études et de recherches dans cet
article 13, au deuxième alinéa.
Alors, ce qu'on dit, c'est que si le ministre a jugé bon de
demander un avis au conseil sur une question importante, relativement à
la conservation ou à l'environnement, ou de lui faire effectuer des
études ou des recherches, après 60 jours, ce serait important que
ces avis, études et recherches puissent être rendus publics pour
alimenter, finalement, la connaissance du public et l'évolution de
l'opinion sur des questions qui...
M. le ministre, vous demandez des avis, des études ou des
recherches. Vous les demandez, à la fois, pour l'administration du
ministère, mais, aussi, parce que ces avis vont vous permettre, sur des
questions importantes, de départager, finalement. Si vous jugez bon de
demander un avis, c'est qu'une question mérite qu'elle soit approfondie.
Le ministre, le premier, a besoin de cet approfondissement, mais je pense
qu'éventuellement tous ceux et celles qui s'intéressent à
ces questions-là, ont aussi besoin d'éclairage.
M. Lincoln: Non, mais, moi, vous voyez, ma perception de cette
chose-là, c'est que le conseil est un appareil qu'il faudrait que le
ministre utilise dans un climat d'association, de relation
privilégiée entre... C'est son appareil-conseil.
Si, demain matin, vous rendez automatique la publication de chaque avis
que je vais demander au conseil, à ce moment-là, ce qui va
arriver, c'est que les seuls avis que je vais demander au conseil, seront ceux
que je considère destinés au public, en fin de compte. Au
contraire, il faudrait que le ministre ait une confiance telle dans le conseil,
qu'il puisse lui demander des avis sur des questions
privilégiées, confidentielles qui peuvent être, par
exemple, une esquisse de politique qu'il va déposer plus tard au Conseil
des ministres. Une question qui est confidentielle selon lui, une question que,
pour des raisons d'ordre public, il ne se sent pas en position de rendre
publique, à ce moment-là.
Ce pourrait être, par exemple, un projet de loi qu'il est en train
de mousser sur quelque chose. Ce pourrait être un avis sur des relations
fédérales-provinciales, par exemple, où ce n'est pas
approprié de rendre des avis du conseil publics. Il pourrait demander au
conseil, sur toute question... Je vous donne un exemple qui me vient à
l'esprit. Le ministre fédéral est en train de développer
une politique de l'eau. Moi, je voudrais avoir la latitude de demander au
conseil consultatif: Regardez cela et regardez cela avec toutes les
implications que cela a sur les lois du Québec et la latitude que le
Québec va se donner, par rapport à sa politique de l'eau, de
l'environnement. C'est une question réellement importante. Je vous donne
cela comme exemple parce que c'est un exemple qui va revenir.
Mais, peut-être que, si lorsque le conseil va m'envoyer cet avis
tactiquement,
stratégiquement, pour des raisons diplomatiques ou protocolaires,
j'étais obligé de le rendre public, ce serait mettre le conseil
dans une position impossible, ce serait me mettre dans une position impossible.
Parce que le conseil, naturellement, s'il sait que ça va être
rendu public par le ministre chaque fois qu'il demande un avis, il va
être beaucoup plus circonspect dans ses avis qu'il ne le serait s'il
savait que le coprésident peut m'aviser: Écoutez, ça,
c'est confidentiel. Et, naturellement, on réalisera que c'est
confidentiel, je pense.
Mais dans toutes les cironstances, si lui n'est pas satisfait que je
rende des avis publics, il peut toujours émettre un avis, de sa propre
initiative, demain matin, et le rendre public dans 60 jours. Mais c'est
sûr qu'il faut qu'il y ait une relation privilégiée, que
toutes les choses soient rendues publiques. Dans toutes les circonstances
possibles, le ministre va les rendre publiques. Je ne peux pas croire qu'il va
essayer de ne pas rendre publique une décision du conseil. Mais il y a
des circonstances où il va demander des avis. Moi, j'espère que
ce nouveau conseil qui aura un mandat approfondi, je vais pouvoir aller
à lui pour lui demander toutes sortes de choses, comme je le demanderais
à mon sous-ministre, mais pas nécessairement pour la publication.
J'espère que cette relation sera préservée, car,
autrement, si on dit que chaque chose qui ira au conseil deviendra publique, je
ne demanderai pas beaucoup d'avis. J'ai des choses délicates qui,
peut-être, ne sont pas encore d'ordre public. (17 h 15)
M. Charbonneau: Je comprends qu'un ministre qui demande des avis
à l'intérieur du ministère à toutes sortes de
bonnes raisons, en fait toutes celles dont il vient de parler. On peut
souhaiter ou penser que le ministre ne doit pas être obligé de
rendre publiques toutes les demandes de conseils, de suggestions, d'avis ou de
recherches qui peuvent venir de son ministère et être
sollicitées par le ministre. Un conseil consultatif, ce n'est pas un
service du gouvernement. Il a une certaine autonomie, cet organisme. Je veux
bien croire que le ministre utilise les fonds publics pour avoir de meilleurs
avis, en fait des conseils plus judicieux d'un organisme autonome, qu'il ait
plus de latitude et d'indépendance d'esprit que les fonctionnaires
peuvent en avoir, mais, néanmoins, il me semble qu'il y a aussi la
responsabilité que les avis, les études faites par un organisme
consultatif puissent, d'une façon ou d'une autre, à un moment
donné, être rendus publics, que ce soient des avis produits par le
conseil ou demandés par le ministre. Tous les avis, études et
recherches du conseil produits en application de l'article 13 sont rendus
publics par le ministre de l'Environnement dans les 60 jours de leur
réception. On pourrait peut-être ajouter un élément:
à moins que l'intérêt public n'amène le ministre...
Je ne sais pas comment on pourrait le formuler: à moins que
l'intérêt public ne soit en cause. Pour justifier cela, on
pourrait ajouter un élément qui dit qu'à la fin de chaque
année ou dans le rapport annuel de l'organisme, on doit avoir la liste
de tous les avis, études et recherches produits par le conseil. Si on
sait que, dans le rapport annuel, on va avoir la liste et si on sait que le
ministre va normalement les rendre publics - il doit les rendre publics dans
les 60 jours à moins qu'il n'y ait un intérêt public
quelconque - nous, éventuellement, on peut comparer les avis qui ont
été rendus publics par le ministre, puis la liste qui est fournie
par le rapport annuel, et demander au ministre à un moment donné:
Écoutez, pourquoi, dans ce cas, n'avez-vous pas rendu tel avis public?
Le ministre va nous donner les explications: Écoutez, dans ce
cas-là, il y avait telle et telle chose. Il l'a déjà fait.
On peut comprendre cela, mais il faut qu'on ait... Autrement dit, il faut qu'on
puisse... Sinon, nous, on serait obligés à la limite de demander
des explications sur tout.
M. Lincoln: Écoutez, moi...
M. Charbonneau: Je veux dire, avec l'addition qu'on pourrait
faire sur l'intérêt public, cela vous donne la poignée dans
le fond, de ne pas avoir de trouble quand ce n'est vraiment pas...
M. Lincoln: Si, chaque fois que je demande un avis au conseil et
surtout sur des questions qui, peut-être, sont à l'horizon, que je
vais au Conseil - des ministres, par exemple, éventuellement, de
façon confidentielle, pour plusieurs raisons, peut-être des
raisons politiques - après tout, c'est cela le gouvernement, c'est cela
la politique ce sont des raisons - et si, je suis en train de travailler une
politique quelconque qui va venir l'année prochaine et, que pour
plusieurs raisons stratégiques, je n'ai pas envie naturellement de
dévoiler que j'ai demandé cet avis, j'ai le droit de demander un
avis au conseil consultatif, peut-être un second avis et peut-être
même un troisième avis. Je n'ai pas envie automatiquement que tous
les avis que je demande deviennent publics. S'il faut aller parler
d'intérêt public, à ce moment-là, c'est toute la
question du fardeau de la preuve. Qu'est-ce qui est intérêt
public? Qu'est-ce qui n'est pas intérêt public? Ce qui arrivera,
c'est que vous allez presque réduire le ministère de
l'Environnement à demander des avis qui sont automatiquement publics.
C'est cela qui arrivera. Autrement, chaque fois qu'il y aura quelque chose de
nature confidentielle... Je citais l'exemple fédéral-provincial
qui est
tout à fait réel. J'aurais pu parler de la loi des
contaminants du fédéral où il y a eu toutes sortes de
tractations qui, pour des raisons évidentes, demeurent confidentielles.
J'aurais pu demander l'avis additionnel du conseil consultatif comme on l'a
fait pour plusieurs lois ici. Par exemple, dans tous les cas de lois que nous
allons adopter à l'Assemblée nationale, on a pris comme
engagement maintenant de les soumettre au conseil. Avant, ce n'était pas
le cas, mais on a pris l'engagement de les soumettre au conseil. Je n'ai pas
envie, par exemple, avant qu'une loi soit déposée, avant que
j'arrive au Conseil des ministres, que le conseil consultatif me force à
rendre cela public. À ce moment-là, je ne vais pas demander
d'avis. Je vais attendre que la loi soit déposée et je vais
demander conseil au conseil consultatif.
M. Charbonneau: Le BAPE, par exemple, qui... Le ministre est
obligé de rendre publics les rapports du BAPE, après un certain
temps?
M. Lincoln: Les rapports du BAPE, c'est tout à fait
différent. Les rapports du BAPE sont des rapports officiels sur des
questions physiques par rapport à l'environnement. On ne soumet pas au
BAPE... Ce sont des projets de construction, des projets qui ont un impact sur
l'environnement. Ce ne sont pas des projets philosophiques. Cela peut
être n'importe quoi, cela peut être l'évaluation d'une loi.
Le BAPE, ce n'est pas du tout la même chose.
Et qui plus est, le conseil se réserve toujours toute latitude.
S'il croit que le ministre cache quelque chose, de sa propre initiative, demain
matin, il peut demander une étude sur n'importe quel sujet et la rendre
publique. S'il croit qu'un ministre est en train de se servir, d'agir de
mauvaise foi, tout ce qu'il a besoin de faire, c'est de faire un avis. De sa
propre initiative, il fait un avis et il le rend public. Mais c'est sûr
qu'il faut à tout prix garder nos relations privilégiées
confidentielles avec le conseil dans certains cas spécifiques.
Autrement, ce qui va arriver si vous dites cela, moi, je vous garantis - je
n'ai pas envie de vous dire des choses que je ne pense pas - que, dans bien des
circonstances, je demanderai au conseil de me donner un avis confidentiel parce
que je pourrais utiliser des ressources d'un éventail de personnes qui
sont là pour me conseiller. Si c'est une question délicate,
politiquement ou stratégiquement, pour des raisons quelconques, je vais
éviter de le faire, je vais le faire à l'interne, et ce sera
malheureux. Mais 90 % du temps, ces choses-là sont rendues publiques.
Enfin, je ne peux pas penser à un avis qui soit resté
confidentiel, je ne peux pas vous dire... De toute façon, il publie la
liste dans le rapport annuel. Mais certaines choses, pendant une période
de temps donnée, devraient rester confidentielles. Moi, si, demain
matin, j'ai un avant-projet de loi que je n'ai même pas rendu public et
que j'envoie cela au conseil pour avoir un avis, je ne vais pas aller publier
cela avant que cela soit déposé à l'Assemblée
nationale ou que cela aille au Conseil des ministres. Mais, en même
temps, c'est important d'avoir une espèce de son de cloche du conseil
pour savoir si cela est bon et si on a des bonnes orientations ou non. Vous
l'avez vu, par exemple, avec les pesticides, etc. Je ne me souviens plus si
c'était avant ou après le projet, mais c'est le genre de choses
qu'on pourrait...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Charbonneau: Oui, juste une petite seconde, M. le
Président.
M. Lincoln: Je vais vous donner un dernier exemple factuel. Nous
créons une réserve écologique maintenant. Nous sommes en
train de discuter d'une réserve écologique. Toute la question est
très délicate parce que cela implique quatre ou cinq
ministères. Certainement deux ministères sont impliqués,
et il y a des choses délicates par rapport à toute la
constitution de la réserve. Il y a les autochtones qui y sont
mêlés, il y a plusieurs ministères. Nous sommes en train
d'essayer de démêler cela le plus constructivement possible. Ce
n'est pas facile, parce que, là, vous avez tellement de juridiction.
Dans un cas comme celui-là, j'espère que, moi, je vais demander
un avis au conseil. Je vais dire: Écoutez, éclairez-nous un petit
peu, donnez-nous un avis, et on va regarder cela de façon tout à
fait objective, parce que, parfois dans la machine... Mais, pour plusieurs
raisons, le fait qu'il y ait d'autres ministères impliqués, etc.,
peut-être que, stratégiquement ou tactiquement, moi, je
préférerais garder ces opinions-là confidentielles. Il y a
plusieurs exemples. C'est un petit peu le sens de mon intervention.
M. Charbonneau: Écoutez, je voudrais bien essayer de
convaincre le ministre. Je comprends. Cela fait assez longtemps que je suis ici
pour comprendre les explications du ministre. Je pense que, néanmoins,
il y aurait pu avoir moyen de... Cela dépend des personnes qui occupent
la fonction, n'est-ce pas?
M. Lincoln: Bien oui, c'est sûr.
M. Charbonneau: II y a des gens qui voient des secrets partout.
Chaque fois qu'il y a un rapport ou un avis, c'est "top secret".
Ils ont la manie du secret. J'ai connu, dans le temps où on
était au pouvoir, des ministres qui jouaient à mettre des
"confidentiel" et "ultra-confidentiel" sur à peu près n'importe
quoi. Ce que je pense, c'est qu'on doit plutôt avoir l'approche
contraire; c'est que ce sont des choses qui doivent normalement circuler,
à moins qu'on n'en juge autrement.
Et pour cela, je trouve qu'il faut penser à l'avenir. Il faut
penser que le jour où vous ne serez plus là, il y a
peut-être quelqu'un d'autre qui va prendre votre place et qui, lui, ne
sera pas beaucoup intéressé à rendre les choses publiques;
ce sera un cachottier et un "insecure" qui ne voudra pas avoir de
problèmes avec rien. Je pense que ce qu'on pourrait faire, c'est
écrire que la règle soit de rendre public mais que, pour
l'intérêt public... On pourrait même dire: "...à
moins que le ministre n'en décide autrement."
Il faut que le titulaire de la fonction sente que son premier
réflexe doit être d'abord de le rendre public. Après cela,
il regarde et dit: Peut-on rendre cela public? Non, parce que... Bon, je
comprends que le ministre a eu la franchise d'admettre que, même en ce
qui a trait à la stratégie politique partisane,
électoralement parlant, le ministre préférait ne pas
rendre un avis public parce que cet avis-là laisserait entendre qu'il
s'en vient avec telle ou telle question et qu'au moment où cela est
rendu public, cela bousille un peu une stratégie politique partisane.
C'est dans les règles du jeu, on dirait un peu que c'est dans dans la
"game". Mais au-delà de cela, il faut avoir une approche d'abord de
rendre public, d'inciter les titulaires à ne pas voir des secrets
partout.
M. Lincoln: Oui, c'est cela qu'on m'expliquait. Justement, avant
1976, il y avait eu un cas. Le ministre Goldbloom avait même
été en cour pour cette question, et le gouvernement
antérieur avait fait amender la loi pour que toute cette notion, soit le
fait de rendre cela automatiquement public, soit enlevée pour permette
que, dans certains cas, il y ait une relation privilégiée. Et,
nous, on a suivi ce même ordre d'idée.
M. Charbonneau: Je comprends, mais est-ce que le ministre ne
conviendrait pas qu'il y a moyen d'atteindre peut-être les deux
objectifs? C'est toujours de façon imparfaite mais...
C'est-à-dire qu'on dirait que le ministre doit rendre public à
moins... Enfin, "les études sont rendues publiques par le ministre de
l'Environnement dans les 60 jours de leur réception, à moins que
celui-ci ne le juge pas à propos." Vous allez dire: Bon, s'il juge cela
à propos, de toute façon, il va les rendre publiques; c'est vrai,
mais ce qu'il faut, c'est de dire qu'il y a une règle, il y a un premier
réflexe qui devrait être de les rendre publiques. Il y a,
après cela, une prudence qui nous amène à y penser deux
fois, et si, à l'examen, on pense que ce n'est pas nécessaire, on
a l'autorisation légale de ne pas le faire.
Si on reprend l'exemple de M. Goldbloom, cela était d'ailleurs un
des exemples qui me faisait penser que le ministre aurait pu être un peu
plus prudent dans le choix du titulaire actuel du BAPE. Je l'ai dit
publiquement, mais je... (17 h 30)
M. Lincoln: II ne faudait pas faire un débat
là-dessus ici.
M. Charbonneau: Non, non. Je ne veux pas faire un débat,
mais ce que je veux dire, c'est que dans ce cas-là, si on prend cet
exemple-là - ce n'est pas moi qui l'ai apporté, c'est vous - les
gens du conseil considéraient que cet avis aurait dû être
rendu public dans l'intérêt public.
M. Lincoln: Oui, mais à ce moment-là...
M. Charbonneau: Mais là, je comprends que cela
créait des problèmes politiques au ministre.
M. Lincoln: Écoutez, ce que je veux dire, c'est que cet
argument est valable aujourd'hui dans la constitution du conseil. Ce conseil
peut, n'importe quand et sur n'importe quel sujet ayant trait à la
conservation ou à l'environnement, émettre un avis.
M. Charbonneau: Autrement dit, ce que vous me dites, c'est que le
ministre demande un avis au conseil, le conseil émet l'avis, le ministre
ne le rend pas public. Le conseil, dans le fond, peut copier son avis presque
à peu près...
M. Lincoln: Exactement, s'il veut le rendre public.
M. Charbonneau: En tout cas...
M. Lincoln: À ce moment-là, je vais vous
dire...
M. Charbonneau: ...on va le dire aux membres du conseil qu'ils
peuvent faire cela.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Lincoln: C'est clair qu'ils peuvent le faire. Seulement,
j'espère que, dans une relation privilégiée de confiance
avec le conseil, il réalisera justement que certains sujets sont
confidentiels. Je ne peux pas penser à un, mais je vous ai donné
plusieurs exemples. Par exemple, je vous dis, à propos de la politique
de l'eau où il y a toute une
question qui est soulevée entre le provincial et le
fédéral, que c'est le genre de question où j'espère
impliquer le conseil. Mais je vous garantis que je ne vois pas impliquer le
conseil si je suis obligé de rendre cela public. Parce que,
stratégiquement, ce serait impossible. Cela nous mettrait dans un carcan
et, à ce moment-là, on dirait: Est-ce que c'est dans
l'intérêt public? Mais oui, c'est dans l'intérêt
public de publier cela. Mais, stratégiquement pour nous, je ne vais pas
le faire tant que je n'aurai pas été au Conseil des ministres.
C'est le genre de question que je voudrais pouvoir soumettre au conseil. Mais
si j'ai le moindre doute que j'aurai à rendre cela public, je ne vais
pas le faire. Mais je suis entièrement d'accord avec vous que le conseil
doit rendre cela public. S'il réalise que le ministre de l'Environnement
devient cachottier et met tous ses avis sur les tablettes parce que cela ne
fait pas son affaire, comme je vous le dis, de sa propre initiative, il peut
tout de suite, automatiquement - il n'a même pas besoin de le demander au
ministre - faire un avis. Si le ministre fait cela trois ou quatre fois... De
toute façon, cela devient public 60 jours après. Mais je crois
qu'un conseil qui a une relation constructive avec le ministre - ce qui est
l'idée même d'un conseil - va avoir certains sujets où
il va se dire: C'est tout à fait normal que le ministre ne rende pas
cela public. Mais si vous ajoutez une notion d'intérêt public, je
sais ce que c'est. Chaque fois, il faut aller prouver s'il y a
intérêt public ou non, et c'est tout à fait subjectif. Il y
a des questions qui sont d'intérêt public et...
M. Charbonneau: ...et d'autres d'intérêt
politique.
M. Lincoln: Oui, je suis entièrement d'accord. On vit dans
un appareil politique. Je ne le cache pas. Je ne cache pas que, demain matin,
je pourrais prendre une stratégie que j'ai envie d'aller tester avant
pour savoir si c'est une chose vers laquelle on devrait se diriger. Je vais
dire cela au conseil, mais il n'est pas nécessaire que je veuille le
rendre public. Peut-être que le conseil dira: Mais ne faites pas cela,
c'est la dernière chose que vous devriez faire. Si je me
méprends, je prendrai une autre direction. Je n'ai pas envie de rendre
tout cela public, mais je serai prêt, à ce moment-là,
à faire face à cette échéance. Il y a certaines
circonstances. Si vous me retirez cette latitude, ce qui va arriver, c'est que
j'impliquerai toujours le conseil dans des choses que je saurai devenir
automatiquement publiques. C'est cela qui me tracasse. J'espère que le
conseil va être beaucoup plus que cela. Il va pouvoir donner des avis au
ministre. Je peux vous dire et je suis prêt à l'admettre si on a
fait faux bond.
Prenez la loi sur l'accès à l'information. J'avais eu des
avis assez solides qu'on devrait le changer pour le rendre conforme à la
loi sur l'accès à l'information. Mais si j'avais eu la chance
d'aller au conseil avec cela, peut-être qu'avec le temps - on apprend
dans ce métier-là - j'aurais été au conseil et que
le conseil m'aurait dit: Ne faites pas cela. Ce n'est pas le genre d'avis que
j'aurais nécessairement rendu public. Peut-être que je ne l'aurais
pas fait et que vous ne l'auriez même pas su parce que la loi ne serait
pas sortie.
C'est pour ce genre de chose que je pense que le conseil doit me servir
d'espèce de soupape, d'appareil objectif non constitué de
fonctionnaires qui sont obligés parfois de suivre le ministre parce que
le gars dit: Voici la direction que vous prenez. J'ai un autre appareil qui me
dit cela, mais ce n'est pas nécessairement public.
M. Charbonneau: II y a des fois où c'est l'Opposition qui
vous le dit.
M. Lincoln: C'est sûr. Je l'espèrel
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? Donc, est-ce que l'amendement est
rejeté?
M. Charbonneau: Rejeté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Ayant maintenant
épuisé l'article 15, est-ce que je dois conclure que nous
revenons maintenant à l'article 1?
M. Charbonneau: Je pense que l'article 15 est...
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. Est-ce que l'article 15
avait été adopté sur division?
M. Charbonneau: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez introduit un
amendement qui devenait 15.1 et qui est rejeté.
M. Charbonneau: C'est ça. Je pensais que le vote qu'on
venait de prendre, c'était sur l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, non, c'est sur
15.1.
M. Charbonneau: Donc, ça, c'est rejeté.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui.
M. Lincoln: Et l'autre sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Mais
l'article 15 était déjà adopté sur
division.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Charbonneaus II ne peut pas être adopté sur
division.
M. Lincoln: Non, je pense qu'on est revenu...
Une voix: ...
M. Charbonneau: Ah d'accord! C'est parce qu'on voulait introduire
un autre...
Le Président (M. Saint-Roch): On l'avait accepté
comme ajout à 15.1. À ce moment-ci, est-ce qu'on continue pour
revenir à l'article 1?
M. Charbonneau: On peut faire cela, M. le Président.
M. Lincoln: On peut faire l'article 16 pour finir...
M. Charbonneau: Pour finir la section, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 16?
M. Charbonneau: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 16 est-il
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Institution et organisation
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1. Est-ce qu'il y a des interventions? L'article 1 est-il
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 2. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Charbonneau: Pourquoi est-ce que le ministre n'a pas repris ce
qu'il y avait dans l'ancienne loi, soit un certain nombre de fonctionnaires?
Dans la Loi sur les réserves écologiques, on pouvait avoir au
moins trois membres qui pouvaient être nommés parmi les
fonctionnaires du gouvernement ou de ses organismes. En fait, c'est qu'ils
doivent être nommés parmi les fonctionnaires du gouvernement et de
ses organismes. Vous aviez au moins trois personnes, autrement dit, qui,
j'imagine, avaient une certaine compétence, mais qui venaient de
l'appareil gouvernemental et qui étaient... Pourtant, vous avez 11
membres. Et l'autre, sur 9, vous en aviez 3 qui devaient venir de
l'appareil...
M. Lincoln: Écoutez, moi, dans ma perspective, je pense
que ces conseils sont plus efficaces si ce sont des volontaires, si ce sont des
gens de l'extérieur, si ce sont des gens qui représentent
différentes... Là, on avait deux conseils. On avait le conseil
consultatif qui était un modèle où il n'y avait pas de
fonctionnaires et le conseil de réserves écologiques qui lui
avait des fonctionnaires. Moi, je crois que, si vous prenez des gens qui sont
de l'extérieur, qui font cela surtout par conviction, qui ne sont pas
attachés à un ministère ou l'autre, qui sont des gens qui
travaillent là parce qu'ils représentent une certaine... Nous
avons essayé avec le nouveau conseil consultatif... Je ne dis pas que
c'est nécessairement la meilleure formule, mais c'est la formule qu'on
avait essayé, soit de représenter les différents secteurs
de la société: l'agriculture, les PME, les jeunes. On a pris une
espèce d'éventail de gens qui étaient là parce
qu'ils avaient tous une conviction à propos de l'environnement, mais qui
représentaient différents secteurs de la société.
Moi, je crois que je préfère cette formule à la formule
incluant les fonctionnaires.
L'avantage de ça, M. le député, c'est que cela ne
nous empêche pas de nommer des fonctionnaires, si nécessaire.
M. Charbonneau: Ça, je le sais, oui.
M. Lincoln: Moi, je préfère avoir cette latitude.
S'il faut nommer des fonctionnaires automatiquement, c'est toujours très
subjectif. Si l'on a besoin de l'appui des fonctionnaires, on peut toujours
l'avoir.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères.
M. Charbonneau: J'ai une question qui est moins en rapport avec
le texte de loi, mais qui traite de son éventuelle application. Au mois
de septembre 1987, il y a eu des nominations. Il y avait déjà des
gens en poste dans les conseils en question, qu'on fusionne d'une certaine
façon.
M. Lincoln: Non, ce qui...
M. Charbonneau: Pourquoi après avoir nommé du monde
en septembre 1987...
M. Lincoln: Je vais vous dire ce qui arrive. Le Conseil
consultatif de l'environnement est fait de façon juridique. La loi est
faite de façon que, lorsque le mandat expire, automatiquement, le madat
est reconduit s'il n'y a pas de remplacement. Alors, là, il n'y a pas de
problème avec ce conseil consultatif. Dans le cas du Conseil consultatif
sur les réserves écologiques, le mandat expire. Il faut nommer
les gens à nouveau. Nous, on ne les avait pas nommés à
nouveau à ce moment-là parce qu'on voulait présenter cette
loi qui, comme vous le savez, a été présentée
à l'Assemblée nationale depuis assez longtemps. Pour plusieurs
raisons telles que l'engorgement des lois lors de la dernière session,
cette loi n'a jamais été débattue. On s'est
retrouvé dans une position où il y avait un Conseil consultatif
sur les réserves écologiques qui était constitué
seulement de trois membres, les autres nominations était échues.
Je pense qu'il y avait un vide. On avait des avis à demander sur les
nouvelles réserves écologiques. Si on ne l'avait pas fait - je
préférais ne pas le faire, je vous le dis franchement - et que,
pour une raison ou une autre, un autre arrangement de loi, ce n'était
pas ratifié en décembre, le conseil restait sans une grande
partie des membres -c'était six, je pense...
Une voix: Six.
M. Lincoln: Six. C'est pour cela qu'on l'a fait. Je dois dire
qu'on espère qu'elle sera adoptée cette session-ci pour qu'on
puisse régler toute cette affaire. C'est très confus pour
tous.
M. Charbonneau: Vous êtes "poigné" avec dix-sept et
vous en avez onze à nommer. Qu'est-ce que vous allez faire avec les
autres?
M. Lincoln: II faudra regarder toute la chose, prendre les avis,
regarder quels sont les meilleurs éléments à
conserver.
M. Charbonneau: Vous allez demander l'avis de qui?
M. Lincoln: II y a beaucoup de gens qui transigent avec le
conseil. Il y a beaucoup de groupements environnementaux. On va faire cela de
la façon la plus objective et la plus discrète possible. Surtout
avec les rapports fréquents qu'on a avec les présidents, on a des
sons de cloche pour savoir lesquels sont bons et lesquels sont moins bons.
M. Charbonneau: Très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 4. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5. Est-ce qu'il y a des commentaires?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 5 est
adopté. J'appelle l'article 6.
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Charbonneau: Adopté. J'imagine qu'en vertu de l'article
7, il doit y avoir des règles du Conseil du trésor pour...
M. Lincoln: Oui. Ce sont des règles très strictes.
Il est un membre de la fonction publique, selon tous les barèmes.
M. Charbonneau: C'est cela. Un président du conseil a
droit à un tel niveau.
M. Lincoln: Oui, c'est cela.
M. Charbonneau: Mieux traité qu'un député,
sans doute.
Le Président (M. Saint-Roch): Je dois vous rappeler
à la pertinence du débat, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: C'est très pertinent. C'est
d'actualité, en tout cas.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 8.
M. Charbonneau: Ah oui! Ce sont vos bénévoles
rémunérés, n'est-ce pas?
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Je trouve que vos bénévoles sont
bien payés.
M. Lincoln: Voici ce qu'on fait aujourd'hui. On ne donne pas de
jetons de
présence, mais on rembourse les dépenses de voyages de ces
gens, les dépenses d'hébergement s'ils viennent à
Québec.
M. Charbonneau: Et en plus vous leur donner 200 $ par jour.
Une voix: Plus maintenant.
M. Lincoln: Non. Il n'y a pas de 200 $ par jour.
M. Campeau: Sauf à partir de la 13e réunion, la 13e
journée.
M. Charbonneau: Donc, aux 13e, 14e et 15e réunions, ils
ont 200 $ par jour.
M. Campeau: Les douze premières réunions sont
à titre gratuit.
M. Charbonneau: Je trouve que cela...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Charbonneau: Attendez une minute!
M. Campeau: Ce que je viens de vous mentionner n'est pas dans le
cadre du projet de loi.
M. Charbonneau: Cela ne fait rien.
M. Lincoln: On a adopté une procédure qui
s'applique à tous ces organismes.
M. Charbonneau: Autrement dit, pour la cause libérale, ils
vont faire les douze premières réunions gratuitement, mais,
après cela, ils ne sont pas fous, ils vont se faire payer.
M. Lincoln: Ce ne sont pas tous des gens de la cause
libérale.
M. Charbonneau: Nous ne faisons pas de campagne de financement de
7 000 000 $, c'est pour cela qu'on est payé en partant.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 9.
M. Charbonneau: Cela a du bon sens.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 10.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
J'appelle l'article 17.
Rapport M. Charbonneau: Article 17? Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 18.
M. Charbonneau: M. le Président, à l'article 18, je
suggèrerais au ministre de mettre le 15 juin. (17 h 45)
M. Lincoln: À cause de l'Assemblée nationale?
M. Charbonneau: Oui. Le 30 juin, cela veut dire que c'est
à l'automne que c'est déposé à l'Assemblée
nationale. Alors que là...
M. Campeau: Le délai pour le dépôt est de 30
jours. Même si c'était le 15 juin, vous arriveriez au 15
juillet.
M. Charbonneau: "...transmet au ministre, au plus tard le 30
juin..."
M. Campeau: C'est parce que le ministre a 30 jours pour
déposer.
M. Lincoln: Ah oui, "transmet au ministre".
M. Campeau: II le transmet au ministre et le ministre a 30 jours
pour le déposer.
M. Charbonneau: Oui, je comprends. Mais moi, je me demande si on
ne devrait pas justement en termes de pratique, dans la mesure où le
ministre reçoit l'avis le 30 juin...
M. Lincoln: Je n'ai aucune objection que vous mettiez "transmet
au ministre au plus tard le 1er juin", pour que je le transmette à
l'Assemblée nationale, mais je ne sais pas s'il y a des formules
standard pour tout le ministère. Je n'ai pas envie que ce soit la seule
loi comme cela. Je ne peux pas vous dire.
M. Charbonneau: On me dit qu'il y en a. Si vous dites 30 jours...
La Chambre, généralement, termine quand? Le 21...
M. Lincoln: 21 juin.
M. Charbonneau: On pourrait dire "au plus tard le 15 mai", et
cela donne... De toute façon, écoutez, c'est le rapport des
activités. Ce n'est pas "top secret".
M. Lincoln: On m'explique que la raison pour laquelle ils mettent
le 30 juin, c'est que l'année financière se termine le 31
mars.
Avant qu'ils puissent préparer leurs états financiers et
se réunir pour leur année financière, cela donne...
M. Charbonneau: Ils se réuniront plus souvent, ils seront
payés plus vite pour les vacances. Ce sera bon pour les vacances. Non,
écoutez, c'est un rapport public. Cela va forcer tout le monde.
M. Lincoln: Non, moi, je suis tout à fait disposé
pourvu que...
M. Charbonneau: Le problème qu'il y a sous chaque
gouvernement, c'est que les organismes se traînent les pieds pour
remettre leurs rapports. Et, finalement, quand c'est déposé
à l'Assemblée nationale, des fois c'est six mois ou un an
après. Là, dans le fond, on aurait une espèce de
contrainte qui ferait qu'ils le déposeraient le 15 mai et que le
ministre le rendrait public à l'Assemblée nationale avant la fin
de la session.
M. Lincoln: Écoutez, moi, je peux vous dire que je n'ai
aucune objection. Par exemple, je vais peut-être mettre le 1er juin ou le
30 mai ou quelque chose comme cela.
M. Charbonneau: Parce que pour être concordant... Dans
l'article 19, vous dites: Le ministre, dans les 30 jours de sa
réception, le dépose à l'Assemblée nationale. De
deux choses l'une, il le dépose immédiatement après la
réception ou bien le conseil le lui transmet, par exemple, le 15 mai
pour qu'il le dépose 30 jours plus tard, soit le 15 juin. Nous sommes
corrects. Remarquez qu'il y a des ministres qui reçoivent le rapport des
activités et l'apportent tout de suite. C'est simplement pour qu'il n'y
ait pas de négligence, dans le fond. Là, il y a une
obligation.
M. Lincoln: M. Couillard, qui est notre directeur
général des finances, me disait que, d'après la loi du
Québec, les comptes peuvent entrer jusqu'au 28 avril. L'année
financière se termine le 31 mars. Eux, ils sont obligés de faire
leurs comptes, etc. Il faut leur donner un peu de temps pour publier un
rapport, l'imprimer. Cela inclut des dépenses.
M. Charbonneau: Écoutez...
M. Lincoln: Je n'ai pas envie d'être le seul de mon
espèce, à faire des choses qui ne sont pas...
M. Charbonneau: Vous pouvez innover.
M. Lincoln: Non, j'aurais voulu innover, oui. Je suis d'accord
avec cela. Je n'ai aucune...
M. Charbonneau: Mon recherchiste me dit qu'un de nos conseillers
politiques éminents a déjà siégé au
comité de législation et qu'il y avait... Il connaît bien
Me Campeau, paraît-il, M. Charles Grenier. Paraît-il qu'il y a des
précédents là. À la limite, si le ministre veut
innover, il peut toujours garder "vers la fin de juin". Je ne sais pas, moi,
"au plus tard le 15 juin". Ce qui donne plus de temps. Mais le ministre, lui,
s'engage à le déposer immédiatement à sa
réception.
M. Campeau: Parce que ce qui me frappe... J'ai ici sous les yeux
un rapport...
M. Lincoln: Est-ce que Me Campeau...
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau.
M. Campeau: C'est parce qu'on a ici sous les yeux un rapport
d'activités du conseil consultatif et, dans une de leurs annexes, ils
font un sommaire finalement, un genre de petit rapport financier sous le titre
Crédits alloués. Mais, quand on lit, on s'aperçoit que les
articles sont regroupés en traitements et salaires. Alors, dans ce
contexte-là si, dans le cadre d'un rapport annuel, ils veulent donner un
peu d'information de nature financière sur l'affectation des
crédits qui leur avaient été alloués, à ce
moment-là, il faut tenir compte qu'ils ont jusqu'à la fin
d'avril. C'est pour cela que, si on ramène cela au début de juin,
cela leur donnerait 30 jours pour faire cette synthèse-là, ce
qui, en pratique, n'est peut-être pas tellement...
M. Charbonneau: Si on disait, avant la fin de la session, qu'il
le transmet au ministre entre le 21 juin et le 30 du même mois. On
pourrait s'entendre, si le ministre veut innover. Il le transmet avant la fin
de la session, et c'est déposé immédiatement. Il n'y a pas
de délai entre la réception et le dépôt. De toute
façon, écoutez, c'est quoi l'intérêt, c'est un
rapport d'activités, franchement.
M. Lincoln: II ne faut pas aussi mettre le conseil... Ils ont
besoin de le préparer...
M. Charbonneau: Je suis d'accord avec cela M. le ministre. Je
suis d'accord...
M. Lincoln: ...après cela, le faire imprimer pour le
présenter, il faut qu'ils l'écrivent...
M. Charbonneau: On s'entend. Là, vous proposez qu'ils vous
le remettent au plus tard le 30 juin. S'ils vous le remettent le 30 juin, c'est
qu'il est imprimé, préparé et tout. Donc, nous, on dit:
D'accord, déposons-le
avant la fin de la session. Plutôt que d'avoir l'article 19 qui
vous donne 30 jours pour le déposer à l'Assemblée
nationale, c'est sur réception qu'il est déposé à
l'Assemblée nationale.
M. Lincoln: Je n'ai pas envie d'aller mettre ces gens dans une
espèce de situation impossible parce que, d'après ce que tous les
gens me disent, c'est presque impossible, s'ils attendent le mois d'avril, cela
leur donne mai, juin. Il faut qu'ils aient le temps de préparer ce
rapport, de le faire vérifier, de le faire imprimer et de l'envoyer au
ministère. J'ai envie de respecter la loi. Si, par exemple, avant la fin
de la session, nous ne pouvons pas déposer ce rapport ou le recevoir, il
me semble que ce n'est pas beaucoup de temps si c'est vrai qu'ils peuvent
recevoir des comptes jusqu'au 28 avril. Ce n'est pas le premier jour qu'ils
vont pouvoir commencer à imprimer. Il faut qu'ils calculent ces
choses-là, qu'ils puissent les insérer dans ce rapport. Il faut
que ce soit un rapport qui indique les faits. Je pense que c'est un
délai qui est raisonnable. C'est malheureux que l'Assemblée
nationale ne siège pas entre juin et septembre, c'est sûr, mais
moi, je crois que c'est un délai qui est tout à fait raisonnable
quand vous donnez trois mois pour faire les comptes, préparer un
rapport, surtout si les comptent arrivent à la fin d'avril. Je veux bien
innover, mais je veux aussi innover dans le sens d'être réaliste,
c'est cela l'affaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 19 est
adopté?
M. Charbonneau: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 20.
M. Lincoln: L'article 19.
M. Charbonneau: L'article 19. On vient de discuter de l'article
18.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 18 est
adopté sur division. L'article 19?
M. Charbonneau: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division.
Dispositions diverses, transitoires et finales
J'appelle l'article 20. M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 21.
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 22.
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Charbonneau: Adopté. C'est tellement clair.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 24.
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 25.
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 26.
M. Charbonneau: Qu'est-ce que vous voulez dire par "à
moins que le contexte ne s'y oppose"?
M. Campeau: C'est une précaution. Des tactiques.
Le Président (M. Saint-Roch): Me
Campeau.
M. Campeau: C'est tout simplement par précaution. C'est au
cas où il arriverait, à la lecture du texte, qu'on
s'aperçoive que c'est tout à fait inapproprié. C'est tout
simplement pour cela. C'est plus une réserve de nature littéraire
que l'on met lorsqu'on rédige ce genre de clause.
M. Charbonneau: Ah oui? Est-ce la première fois? C'est la
première fois que je vois cela. D'accord. On ne fera pas...
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté? M.
Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 27.
M. Charbonneau: Mais là, écoutez, c'est plus un
engagement moral qu'on voudrait avoir de la part du ministre. Ce que cet
article nous dit, c'est qu'on va avoir le même budget pour
l'année en cours. Mais, par la suite, est-ce que le ministre veut
se battre au Conseil du trésor pour en avoir au moins un peu plus?
M. Lincoln: Je vais me battre pour en avoir le plus possible. Je
ne peux pas vous
dire, je ne veux pas prendre l'engagement aujourd'hui que, pour
l'année future, le conseil consultatif va avoir plus que l'année
dernière, je ne sais pas. Mais...
M. Charbonneau: Je sais que le président...
M. Lincoln: ...ce sera au moins l'équivalent. Mais je vais
me battre bien bien ferme pour leur donner toutes les ressources.
M. Charbonneau: Vous savez que votre collègue du
Trésor n'aurait pas voulu de conseil consultatif du tout.
M. Lincoln: Mon collègue du Trésor et moi, on se
rejoint là-dessus. On a accepté une formule qui, je pense, est
très valable. Il va appuyer cela. On va donner au nouveau conseil
consultatif, le Conseil de la conservation et de l'environnement, tous les
fonds nécessaires et au moins, l'équivalente de ce qui est
disponible au conseil aujourd'hui.
M. Charbonneau: On verra cela à l'étude des
crédits.
M. Lincoln: Oui. Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 27 est-il
adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 28.
M. Charbonneau: Mais là, M. le Président, on n'a
pas le choix. Le ministre a tellement dit qu'il voulait s'en occuper qu'on
va le lui laisser.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 28 est
adopté. J'appelle l'article 29.
M. Charbonneau: J'espère que vous n'avez pas fixé
cela trop loin, la date. C'est 30 jours après la sanction.
M. Lincoln: Ah oui!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que les sections du
projet de loi sont adoptées?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi 29, Loi sur le Conseil de la conservation et de l'environnement,
est adopté?
M. Lincoln: Adopté.
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 29 est adopté?
M. Charbonneau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Étant maintenant
près de 18 heures, est-ce qu'il y a consentement sur suspendre nos
travaux pour les engagements financiers à 20 heures, ce soir?
M. Lincoln: Oui. Brièvement, je voudrais remercier le
critique de l'Opposition. Je pense que cela a été un débat
ouvert, franc et qu'on a réussi à bonifier le projet de loi dans
certaines circonstances, peut-être que cela n'a pas été
aussi loin que le député l'aurait voulu, mais on a
travaillé de part et d'autre pour le rendre le plus réaliste
possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Si on a pu un peu contribuer à
l'amélioration, tant mieux. Ce qu'on a fait, on l'a fait de bonne foi et
en pensant qu'il devait y avoir, d'une part, de la cohérence entre ce
que le ministre dit à la suite de tout ce qui s'est fait dans la
foulée du travail de la Commission mondiale sur l'environnement et,
d'autre part, dans la mesure où on veut que l'environnement et la
conservation soient des choses qui aient une signification. C'est clair qu'il
faut donner une certaine envergure aux instruments qu'on se donne pour que ces
missions s'accomplissent alors. Cela a été intéressant de
faire cet échange.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie.
Sur ce, la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 11)
Vérification des engagements financiers
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
des engagements financiers du ministère de l'Environnement pour la
période de septembre 1986 à juillet 1987, inclusivement. Sur ce,
est-ce qu'il y a des commentaires et des remarques? Non?
M. Lincoln: Non, M. le Président, je n'ai pas de
commentaire. J'attends les questions de l'Opposition avec...
M. Charbonneau: Je me demandais où était
passé le ministre et j'oubliais que, en fait, le ministre est un
témoin ce soir.
M. Lincoln: Je suis un témoinl Ha! Ha! Ha!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Verchères, je dois conclure que nous allons débuter par
septembre 1986 et que nous allons procéder mois par mois?
M. Charbonneau: Est-ce qu'on fait prêter serment au
ministre, il est à la barre des témoins, pour qu'il dise toute la
vérité, rien que la vérité?
Une voix: Ce n'est pas nécessaire.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est déjà
fait.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Bien, M. le Président, on est rendu
à quoi? L'engagement...
Septembre 1986
Le Président (M. Saint-Roch): Les engagements de septembre
1986.
M. Charbonneau: C'est cela. L'engagement 18?
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, engagement 18?
M. Charbonneau: Subvention à l'Université Laval
pour effectuer une recherche visant à donner une image globale de
l'impact de l'acidité des lacs sur les communautés piscicoles de
la région du Témiscamingue. Est-ce que c'est une subvention
régulière? Est-ce que c'est un contrat de services que
l'Université Laval a pour ce type de recherche sur une base annuelle
régulière ou si c'est un contrat ad hoc?
M. Lincoln: Non, ce sont des contrats pour les pluies acides.
Celui-là a été donné à l'Université
Laval pour des raisons spécifiques. On voulait, par exemple, identifier
les changements qui se passent, par rapport aux pluies acides, sur les
communautés piscicoles et ensuite, l'évolution de changements
dans les populations de poissons par rapport aux pluies acides. C'est un
contrat spécifique qu'on a donné à l'Université
Laval. C'est une partie du budget de recherche. Il y a eu un budget de
recherche, depuis 1985-1986, qui a été affecté à
l'étude des pluies acides et c'en est une partie. Parfois, des contrats
sont donnés à l'Université Laval, comme à d'autres
intervenants, pour des raisons particulières par rapport aux pluies
acides.
M. Charbonneau: Remarquez que cela nous rassure, M. le
Président, que ce soit à l'Université Laval plutôt
qu'à la compagnie Noranda.
Des voix: Ha! Ha! Ha! M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 18 est
vérifié. L'engagement 19?
M. Charbonneau: La subvention de fonctionnement à
l'Association québécoise de lutte contre les pluies acides, pour
l'année financière 1986-1987. Par rapport à l'an dernier,
j'imagine que c'est le montant global de la subvention pour l'année?
M. Lincoln: Les subventions antérieures, pour
l'année 1983-1984, étaient de 15 000 $; pour l'année
1984-1985, de 18 000 $; pour l'année 1985-1986, de 24 000 $ et
là, elle est de 28 500 $. Cela a été à peu
près dans les mêmes paramètres, en fait, cela a
augmenté.
M. Charbonneau: Cela va.
M. Lincoln: II faut souligner que l'Association
québécoise de lutte contre les pluies acides est un organisme qui
remplit une fonction sûrement essentielle et fait un travail
extraordinaire dans le domaine des pluies acides. Le projet Arc-en-ciel, qui va
réunir les différentes municipalités des deux
côtés de la frontière, c'est un programme
spécialement valable dans la lutte contre les pluies acides.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 19 est
vérifié?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 20?
M. Charbonneau: Subvention à l'Administration
régionale Kativik pour la réalisation des travaux
d'élimination des hydro-carbures sur les sites de la ligne Mid-Canada.
Est-ce que vous avez obtenu un remboursement du gouvernement
fédéral?
M. Lincoln: On a obtenu un remboursement total du
fédéral. Ce qui arrive, c'est
que l'engagement prévu était de 535 000 $ et on a
dépensé 435 000 $. Il y a 100 000 $ qui doivent être
réellement remboursés au fédéral. Mais cet argent
est gardé en réserve en ce moment. On attend un rapport de la
phase I du projet pour déterminer quelle sera l'étendue de la
dépense pour la phase II. À ce moment-là, on va utiliser
l'argent qui reste du fédérai et, pour la phase II, il y aura des
négociations avec le fédéral pour voir jusqu'à quel
point il s'impliquera. Naturellement, nous allons essayer d'aller retirer le
plus d'argent possible du fédéral.
M. Charbonneau: Nous n'en attendions pas moins de vous.
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: Nous n'en attendions pas moins de vous.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 20 est
vérifié? Vérifié. J'appelle l'engagement 21.
M. Charbonneau: L'engagement 21 est une subvention aux Industries
Transplastek inc. pour la réalisation d'une étude de
faisabilité technique du recyclage des contenants de plastique provenant
de la collecte sélective, dans le cadre du programme PARFAIR. Est-ce que
c'est relié un peu à l'entente, par exemple, entre le
ministère, les brasseurs et les grossistes, en septembre dernier, qui
était prévue à l'égard de la
récupération des contenants?
M. Lincoln: Non, ce n'est pas exactement la même chose. Il
y a le programme PARFAIR. L'entente sur les contenants...
M. Charbonneau: Oui?
M. Lincoln: ...est une entente qui est faite avec les brasseurs
et les entreprises de boissons gazeuses. C'est une chose, mais c'est dans le
même domaine du recyclage. Ici, c'est le programme PARFAIR du
ministère qui a deux volets et où on donne des appuis aux groupes
de recyclage. Ce groupe-ci est un des six au Québec qui s'occupent de
matières de recyclage en plastique, ce qui est un domaine très
particulier. C'est pour aider ce groupe à faire justement de la
recherche dans le domaine. Là, on leur a demandé une étude
de faisabilité technique du recyclage des contenants plastiques. Ce
n'est pas exactement dans le sens de l'entente, mais PARFAIR est un programme
qui va dans le même sens pour faire du recyclage dans l'industrie et dans
ce cas-là, c'est dans l'industrie du plastique.
M. Charbonneau: Quel a été le taux de
récupération en 1986?
M. Lincoln: Le taux de récupération, dans le cas
des bouteilles, est très haut au Québec. Cela a toujours
été ainsi. C'est environ 80 % et parfois, presque 90 %. Dans le
cas des canettes en aluminium, nous sommes arrivés, aujourd'hui,
à environ 55 %. Mais l'objectif de la nouvelle entente, c'est d'arriver
à plus de 80 %. Je vais vérifier si c'est 80 % ou 90 %. Oui, on
espère 90 %. Si on arrive à 90 %, on sera naturellement
superenchantés parce que ce sera un taux extraordinaire. Mais
maintenant, on est arrivé dans les environs de 55 %.
M. Charbonneau: Est-ce que l'entente a été
renégociée?
M. Lincoln: L'entente a été...
M. Charbonneau: Je sais qu'il y a eu des problèmes avec
les brasseurs, avec les grossistes.
M. Lincoln: Non, l'entente a été
renégociée et signée. La date limite était le 15
juillet. Il y a eu des problèmes entre différents intervenants,
mais l'entente a été signée et a été
ratifiée.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a eu des modifications? Oui.
M. Lincoln: II y a eu de légères modifications.
Nous avons signé une entente pour deux ans au lieu de trois ans, pour
les raisons que nous voulons apporter certains changements à l'entente
et nous pensons que cela nous donnera assez de temps pour négocier. Par
exemple, il y a un groupe d'intervenants qui veut être inclus dans
l'entente et il y a quelques litiges maintenant entre lui et les autres groupes
qui souscrivent à l'entente. Cela va nous permettre, pendant les deux
ans, d'apporter les changements nécessaires.
M. Charbonneau: Vous dites que vous avez un taux de
récupération très élevé à
l'égard des bouteilles de verre, mais que, pour les cannettes
d'aluminium et tout cela, c'est moins élevé. Est-ce que vous avez
envisagé une campagne quelconque de promotion ou de publicité
pour soutenir les objectifs que vous...
M. Lincoln: II y a une campagne de publicité. Le Fonds de
récupération québécois est un organisme autonome
qui se finance de lui-même. Ce qui arrive, c'est que les consignes qui ne
sont pas réclamées par les consommateurs vont dans un fonds
de
récupération qui est le Fonds de
récupération québécois. Et il y a un fonds assez
substantiel là-dedans. Alors, il y a une partie de cet argent qui va
à la publicité. Par exemple, vous avez dû voir la
publicité à la télévision, etc., toutes canettes
sont publicisées afin d'encourager le recyclage et la
récupération. Le Fonds de récupération
québécois est un fonds autonome qui travaille de lui-même.
Il y a des représentants du ministère de l'Environnement et du
ministère de l'Industrie et du Commerce qui y siègent. Les autres
sont des représentants de l'industrie des canettes, des brasseurs, etc.
L'idée est de promouvoir le plus possible le recyclage. En fait, je
pense que l'entente a permis un taux de récupération de canettes
d'aluminium, aujourd'hui, au Québec, relativement parlant, qui est
très très fort considérant qu'on est parti de zéro,
quoique ce ne soit pas aussi fort qu'on le voudrait. Alors, cela commence
à fonctionner, et on espère que, dans cette entente-ci, d'ici les
prochains trois ans, on sera arrivé à 80 %, 90 %.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 21 est
vérifié. L'engagement 22?
M. Charbonneau: Dans le cas de l'engagement 22, c'est le paiement
à la Société québécoise d'assainissement des
eaux représentant les intérêts à la suite du report
de remboursements du coût des ouvrages. Écoutez, je vais vous
poser une question. Récemment, on nous a signalé un cas à
Drummondville, où un conseiller municipal se vantait, lors de la
dernière campagne électorale municipale - et on n'a pas voulu
intervenir durant la campagne pour ne pas mêler les cartes, mais
maintenant c'est terminé - qu'il y avait des lampadaires de luxe qui
avaient été installés dans un secteur et que cela avait
été, semble-t-il, payé dans le cadre du programme
d'assainissement des eaux. Je ne sais si c'est exagéré? Je ne
sais pas si le ministre pourrait faire une vérification? Je trouvais
cela un peu invraisemblable. Je peux comprendre qu'une municipalité qui
est obligée de modifier ses infrastructures à cause, par exemple,
de nouvelles installations, peut avoir des ententes avec la
société d'assainissement pour faire des travaux
simultanément et que les deux se partagent les coûts, mais je n'ai
pas l'impression, à ma connaissance, et j'ai vérifié la
loi, que c'est prévu qu'on ajoute des infrastructures qui sont vraiment
des infrastructures municipales payées à même la facture du
programme d'assainissement.
M. Lincoln: Ce que je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui,
l'ingénierie des valeurs, qui est réellement un suivi pour
permettre que des usines soient "déchromées", est une partie
intégrante maintenant du cadre de gestion du programme d'assainissement
des eaux, cadre de gestion qui a été révisé
à la suite du rapport Dagenais. On vérifie chaque investissement
maintenant pour être sûr que ces usines-là, justement, ne
font pas toutes sortes de dépenses de luxe ou inutiles. Je ne peux pas
vous dire, dans le cas de Drummondville ou de la région. Si vous me
donnez le cas précis, je vérifierai avec plaisir, et vous y
reviendrez.
M. Charbonneau: Entre nous, l'ancien maire de
Drummondville...
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: ...qui a été défait aux
dernières élections, c'est le vice-président de la
SQAE?
M. Lincoln: Oui, c'est vrai.
M. Charbonneau: Alors, il y a une espèce
d'intérêt additionnel à vérifier. Est-ce qu'il
aurait...
M. Lincoln: Si c'est...
M. Charbonneau: Écoutez, si ce n'est pas exact, c'est pour
cela qu'on n'a pas voulu se mêler d'élection municipale. On nous
avait signalé le cas et on n'a pas posé de question. Sauf que,
pendant qu'on étudie les engagements financiers, je profite de
l'occasion parce qu'il n'y a pas de journaliste.
M. Lincoln: Si c'est une question spécifique que vous
voulez nous laisser, nous allons la vérifier et vous la...
M. Charbonneau: Bien, c'est cela, voir si, dans le cas de
Drummondville, il y a eu des équipements municipaux qui auraient
été éventuellement facturés ou payés
à même le programme. Comme je vous dis...
M. Lincoln: D'accord, on va faire une note et on va y
revenir.
M. Charbonneau: D'autre part, pas plus tard, je pense, que ce
matin ou il y a quelques jours - je me demande si ce n'est pas ce matin ou hier
matin - dans Le Devoir, il y avait une information. En fait, je pense
que c'est aujourd'hui. C'est le ministre lui-même, semble-t-il, qui a
fait des déclarations indiquant qu'une partie des investissements
importants qu'on a faits au cours des dernières années dans le
secteur de l'épuration des eaux, de l'assainissement des eaux et des
équipements ne serait pas inutile, mais qu'une partie de ces
équipements ne fonctionnerait pas adéquatement.
Est-ce que le ministre pourrait nous donner des explications...
M. Lincoln: Oui, avec plaisir.
M. Charbonneau: ...parce que c'est un peu inquiétant,
d'autant plus que, chaque fois qu'elles ont présenté des projets,
les municipalités ont demandé l'autorisation du ministère
de l'Environnement?
M. Lincoln: Non.
M. Charbonneau: Est-ce que cela veut dire que, dans le fond, le
ministère a donné des autorisations sans avoir la capacité
technique d'émettre des avis vraiment à point?
M. Lincoln: II y a 98 usines maintenant au stade d'exploitation
régulière. Il faut que s'écoule une période de
temps avant que l'usine soit donnée à la municipalité pour
son exploitation. Dans le cas des 98 premières usines, des tests ont
été complétés sur 58. Les autres sont en voie
d'être complétés.
À la suite des recommandations du groupe de travail Dagenais l'an
dernier, un des mandats du groupe Dagenais était de s'assurer du suivi
des usines et de faire des recommandations quant au suivi des usines. Une des
recommandations du groupe Dagenais était que le ministère mette
en place un service de suivi d'exploitation. Alors, il y a douze personnes
maintenant qui ne travaillent qu'à cela. Le cadre de gestion du
programme d'assainissement des eaux a été modifié en
conséquence et c'est ce groupe de suivi des experts qui travaille
à évaluer le rendement des usines par rapport à leur
comportement et au nombre de rejets inscrits à la convention. Parmi ces
58 qu'on a examinées, 35 sont tout à fait conformes. Quant aux 23
autres usines, douze ont des vices dans la façon dont elles sont
exploitées. Pour les onze autres usines, sept avaient - je ne sais pas
si ce sont sept usines qui avaient des vices de construction ou sept qui
avaient des vices de conception des vices de conception ou de construction et
quatre autres... Les onze avaient des vices ou bien de construction ou bien de
conception.
Nous réalisons que des facteurs d'exploitation peuvent être
corrigés parce que c'est un manque de compétence ou un manque de
perfectionnement des opérateurs. Un tiers des cas problèmes ont
déjà été rectifiés pour ce qui est de
l'exploitation. Lorsqu'il s'agit de vices de construction ou de manque
d'équipement ou de vices de forme ou de conception, c'est plus difficile
parce qu'il s'agit d'équipements additionnels, d'ajustements
d'équipements et peut-être d'investissements additionnels.
L'équipe du suivi fait d'abord une identification des causes et elle
propose des correctifs. Là, il faut s'assurer que les correctifs sont
faits. En même temps qu'elle identifie les causes, elle essaie de
déterminer d'où vient la faute. S'il y a des procédures
à prendre dans les cas où, par exemple, des professionnels ne se
seraient pas acquittés de leur tâche, il faut que le
ministère le fasse.
Ce qui est arrivé, c'est que, dans la foulée du programme
d'assainissement des eaux, on a eu à bâtir des usines de
façon accélérée et des investissements majeurs ont
été faits à une période où on connaissait
bien moins la chose que maintenant. C'est pourquoi je suis très prudent,
je ne jette pas le blâme à droite et à gauche parce que ce
programme a été bâti de zéro, qu'il y a eu des
investissements majeurs pour des usines qui se bâtissaient parfois sans
avoir l'expérience de ces choses-là. On a peut-être appris
au fil des années. Mais une chose était tout à fait
inévitable: on allait vers des problèmes en ce sens que
l'étude préliminaire pour décider quel genre d'usine on
allait bâtir et quel montant on allait y investir n'était pas
assez étoffée au départ. On ne mettait pas assez d'argent
dans les études préliminaires. (20 h 30)
Deuxièmement, la firme d'ingénieurs qui était
responsable de l'étude préliminaire n'était pas
nécessairement la même firme qui faisait la construction; en fait,
te plus souvent, c'était une firme différente qui faisait la
construction. Ce qui arrivait, c'est que la firme qui faisait l'estimation se
retirait du dossier; elle n'avait aucune responsabilisation. La firme qui
venait faire la construction n'était pas responsable de ce qui avait
été évalué ou conçu. Ce qui arrivait, c'est
que, pour la pauvre municipalité, l'usine tombait entre deux
chaises.
À la suite des recommandations du comité Dagenais, on a
maintenant changé le cadre de gestion pour que nous ayons deux
conventions, dont une avec la municipalité. On a une convention de
principe qui établit un programme d'études préliminaires
beaucoup plus poussées; on met beaucoup plus d'argent dans cette phase
afin que l'estimation soit beaucoup plus étoffée, que le design
soit beaucoup plus étoffé. Deuxièmement, par obligation en
vertu du cadre de gestion, donc légal, la municipalité est
obligée de se servir du même ingénieur pour les deux phases
et, si ce sont des ingénieurs différents, de les faire travailler
en consortium, c'est-à-dire que c'est la même firme ou le
même consortium qui est responsable du design et de la construction.
Alors, on va corriger pour l'avenir les problèmes que nous
connaissons maintenant. Entre-temps, on est obligé de vivre avec ce qui
est. Là, nous sommes en train de regarder toutes les causes pour pouvoir
prendre, pour l'avenir... Les 58 premières
démontrent, par exemple, que certaines usines avaient
été dessinées sans tenir compte des prévisions
industrielles. Vous avez un bassin industriel qui se fait dans une ville
où il y a beaucoup plus d'expansion que prévu et l'usine
n'était pas dessinée pour une plus grande capacité. Elle
travaille déjà à 100 % de sa capacité
aussitôt qu'elle est bâtie. Nous sommes en train d'en
évaluer les coûts. Si on a des recours, naturellement, on va les
exercer. Jusqu'à présent, il n'y a rien de majeur, il n'y a rien
qui donne le signal que cela va être des centaines de millions de
dollars; nous ne savons pas. Jusqu'à présent, les cas qui nous
ont été soumis, on peut les régler de façon assez
raisonnable du point de vue financier. Ensuite, il faudra prendre les mesures
qui s'imposent contre les responsables s'ils peuvent être
identifiés.
M. Charbonneau: Est-ce que vous êtes en mesure
d'évaluer... J'ai l'impression qu'on fait à la fois une
espèce d'étude de crédits...
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Charbonneau: ...qu'autant des engagements financiers, mais je
vois que le ministre est d'accord pour se prêter à cette
approche-là.
Est-ce que vous avez évalué un peu la situation d'un
certain nombre de municipalités qui, semble-t-il, avec l'aide du
gouvernement, pourraient se payer des équipements intéressants,
mais qui, dans le fond, ne font pas ce qu'il faut pour que ces
équipements fonctionnent adéquatement et qu'il y ait un personnel
qualifié? Souvent, on prend des gens qui n'ont pas la formation et qui
peuvent, à un moment donné, faire des erreurs.
M. Lincoln: Vous avez bien raison. Il y a une directive 006 qui
demande qu'une municipalité prenne des gens qualifiés pour faire
fonctionner les usines. Ce qui arrive, c'est que, dans bien des cas, ou bien
ces opérateurs n'étaient pas disponibles dans la région,
ou bien la municipalité prend un opérateur qualifié;
après quelques mois, il quitte et on le remplace par quelqu'un qui n'est
pas compétent. Plusieurs cas sont de ce genre.
Ce que nous avons fait, c'est que nous suivons la directive 006 de
très près avec les municipalités. Nous avons aussi
commencé un programme de formation pour les directions
régionales. Les techniciens des directions régionales sont en
train d'être formés afin de suivre de près les usines en
régions, qu'ils puissent détecter aussitôt qu'il y a un
vice d'exploitation, par exemple, une incompétence quelque part, et
pouvoir mettre de la pression sur la municipalité. Ce que nous avons
fait aussi, c'est que nous avons commencé à travailler de
très près avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et le
ministère de l'Éducation afin que les programmes pour les
opérateurs, qui étaient disponibles seulement dans certains
centres, dont le cégep de Vaudreuil, par exemple, qui est un centre
où on entraîne ces opérateurs, soient également
disponibles maintenant dans d'autres régions du Québec. Cet
automne, nous commençons dans la région de Québec. On va
étendre ces programmes dans tout le Québec. Alors, on pourra
avoir des opérateurs en régions. Je suis d'accord avec vous, il
faut à tout prix résoudre ce problème, que les
municipalités soient obligées de respecter l'engagement de la
directive 006 afin qu'il y ait de plus en plus d'opérateurs
compétents. Il y a beaucoup de municipalités maintenant qui se
dirigent vers l'emploi de firmes de consultants sur une base régionale,
de firmes de consultants responsables de la manutention, de l'exploitation de
l'usine. La firme de consultants leur demande des honoraires quelconques pour
une période de l'année, sur un contrat quelconque. Et cela a
l'air de très bien fonctionner.
M. Charbonneau: Une dernière question sur la
Société québécoise d'assainissement des eaux, si le
ministre le permet. L'autre jour, vous avez inauguré l'usine de
traitement des eaux de la Communauté urbaine de Montréal.
Qu'est-ce qui arrive avec le dossier de Laval? Est-ce que...
M. Lincoln: Le dossier de Laval est à l'étude. Il
est presque à sa phase finale, maintenant. C'est un dossier qui n'est
pas facile parce qu'il y a deux questions: la question de technique,
d'évaluation technique. Vous avez deux systèmes
complètement différents. Il y en a un qui est physicochimique,
l'autre qui va être biologique à Laval. Un qui va épurer 85
% des eaux usées de Laval, alors qu'à la ville de
Montréal, c'est 60 % ou 80 %, selon les matières. Il y a deux
théories tout à fait différentes, contradictoires,
c'est-à-dire que, si vous écoutez la CUM, elle vous dit une chose
et que Laval en dit une autre.
Pour la question des coûts, je pense qu'on connaît les
coûts des différents paramètres, sauf que, quand on
interprète ces coûts, encore une fois, il faut calculer le
coût d'exploitation sur 20 ans parce que les municipalités veulent
exploiter. Laval dit que cela va coûter bien moins cher pour exploiter
son usine que la CUM. Elle veut la garantie que, si elle va à la CUM,
après 5 ans, par exemple, le tarif ne montera pas en flèche, etc.
Alors, c'est beaucoup plus compliqué qu'au premier abord. Nous sommes en
train de...
M. Charbonneau: Mais, ça se complique de la
présence de la vice-première ministre.
M. Lincoln: J'ai reçu une lettre de la
vice-première ministre, mais c'est tout à fait clair, dans mon
optique comme dans son optique et pour tous les députés de Laval,
que cette décision va se faire de la façon la plus objective
possible, au sein du Conseil des ministres. Je peux vous donner mon engagement
formel que, lorsque je prendrai une décision, ce sera sur la base de
chiffres. Ce sera sur la base de l'impact environnemental de projets que je
vais soumettre une recommandation au Conseil des ministres qui en
décidera en conséquence. Il y a l'argent du public
là-dedans. Je peux vous assurer que nous sommes très très
conscients qu'il n'y a aucune décision qui va se prendre, que des
députés de Laval ou que des députés de la CUM nous
disent que c'est bon, ici, parce que, politiquement, il ne faut pas que cette
décision se prenne comme cela. J'essaierai de prendre cette
décision du côté purement économique, du
côté de l'impact environnemental, des technologies en place.
N'étant pas un spécialiste de cette chose-là,
moi-même, je suis guidé par... Il y a le sous-ministre adjoint
à l'assainissement de l'eau, qui pilote ce dossier technique et qui a
engagé un consultant de première réputation. Alors, on est
en train de regarder cela. J'espère que d'ici, peut-être, deux ou
trois semaines, on va pouvoir soumettre quelque chose au Conseil des
ministres.
M. Charbonneau: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 22 étant
vérifié, ceci complète le mois de septembre. J'appelle
maintenant le mois d'octobre 1986. Engagement 21?
Octobre
M. Charbonneau: Vous avez eu uniquement deux soumissions. Alors,
ils ne trouvaient pas cela intéressant.
M. Lincoln: Une invitation avait été faite à
dix fournisseurs. Seules les firmes Philips et Perkin Elmer ont répondu.
Alors, on a été obligés de prendre les deux qui ont
répondu, mais dix soumissions avaient été
expédiées.
M. Charbonneau: Ça va pour cela.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 21 est
vérifié. Engagement 22?
M. Charbonneau: Soumissions publiques Contrat pour travaux
d'électricité et de finition au barrage Allard, à la
sortie... Quel est l'intérêt du ministère de
l'Environnement pour le barrage Allard?
M. Lincoln: Nous avons toute la question des ressources
hydrauliques. Dans le domaine de l'eau, malheureusement - je dis
malheureusement parce que parfois on préférerait ne pas
être celui qui sera en charge de tous les barrages au Québec -
tous les barrages publics au Québec sont sous la responsabilité
du ministère de l'Environnement. C'est un travail de plus en plus
onéreux du point de vue financier, parce que ces barrages demandent
beaucoup d'entretien, demandent à être refaits. Ce sont des sommes
énormes, et nous sommes responsables de quelque chose comme 85 gros
barrages. En tout, il y a 200 barrages dont on est responsables, mais, les plus
importants, je crois qu'il y en a 85. Tout cela demande des sommes
énormes. Il faut de la manutention. Le barrage Allard est un de ces
barrages. Je pense que c'est un barrage où, jusqu'à
présent, il y a eu des travaux de reconstruction et de manutention qui
ont coûté quelque chose comme 8 000 000 $.
M. Charbonneau: Vérifié.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement
vérifié? Engagement 23.
M. Charbonneau: Contrat pour travaux de réparation et de
modification des éléments de chauffage des vannes de fond du
barrage. C'est- une autre affaire de barrage.
M. Lincoln: Oui, il y en a plusieurs. Il y a des quantités
de barrages.
M. Charbonneau: Vous n'êtes pas barré! Des voix:
Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Je regarde cela. Le contrat est de 131 000 $.
Imprévus et variations: 12 000 $. Celui-là est de 144 000 $, mais
il y en avait un autre à 135 000 $.
M. Lincoln: Oui, je vais vous expliquer ce qui arrive. Lorsqu'un
contrat est accordé, on prend le plus bas soumissionnaire.
D'après les règles du Conseil du trésor, la loi nous
alloue 10 % pour les imprévus. Donc, on les ajoute au départ,
mais cela ne veut pas dire que c'est la somme qui est dépensée.
Par exemple, dans ce cas, on prend 131 000 $, on ajoute 10 % pour ne pas avoir
à revenir au Conseil du trésor. On a alloué un maximum de
144 000 $. En fait, dans ce cas, la dépense actuelle a été
de 123 000 $. Cela ne veut pas dire qu'on va dépenser le tout, mais
c'est le maximum parce qu'ils ont besoin de faire des travaux. Dans ce cas, le
montant total dépensé, en fait, c'est 123 000 $.
M. Charbonneau: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 23
vérifié. Engagement 24?
M. Charbonneau: Je n'oserais pas demander au ministre s'il a
invité les propriétaires au souper bénéfice pour le
président du Conseil du trésor.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: D'ailleurs, on ne sait pas combien le ministre
demande pour que les gens puissent le voir en privé.
M. Lincoln: C'est trop cher.
M. Charbonneau: C'est trop cher?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Dans ce cas, on leur dira de venir ici. On pourra
leur organiser cela pour moins cher.
M. Lincoln: II faut qu'ils fassent des soumissions.
M. Charbonneau: À l'engagement 24, subvention à
l'Association des inspecteurs municipaux pour lui permettre de poursuivre son
programme d'éducation en regard de la protection de l'environnement...
C'est annuel...
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: ...cette subvention à l'Association des
inspecteurs municipaux?
M. Lincoln: L'Association des inspecteurs municipaux est une
association qui regroupe 800 inspecteurs municipaux de l'environnement. Ce qui
arrive, c'est qu'ils ont une association autonome et qu'ils font un
travail de premier ordre pour nous, pour ce qui est de la protection des rives
des lacs, du contrôle des fosses septiques. C'est pour leur permettre de
poursuivre leur programme d'éducation, pour les frais de fonctionnement,
de secrétariat, etc. C'est un budget discrétionnaire qu'on leur
donne. Il y a toujours eu des subventions aux inspecteurs municipaux. On les a
augmentées parce que l'association nous rend un grand service dans le
programme des lacs.
M. Charbonneau: Quand vous dites que c'est un budget
discrétionnaire, où est-ce pris dans le ministère?
Avez-vous un budget discrétionnaire?
M. Lincoln: Tous les ministres ont un budget
discrétionnaire. (20 h 45)
M. Charbonneau: Combien avez-vous?
M. Lincoln: C'est environ 519 000 000 $, non, 519 000 $...
M. Charbonneau: Je comprends que c'est cher pour vous
rencontrer.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Lincoln: C'est 519 000 $. On a 800 associations
environnementales au Québec. Je ne peux pas vous dire exactement le
nombre d'associations auxquelles on donne des subventions, mais il y a des
critères de base. On donne des subventions aux associations principales,
par exemple, aux associations régionales, celles que vous connaissez
très bien. Selon certains critères, par exemple le nombre de
membres qu'elles ont et ce qu'elles font, on essaie de prendre cela sur un
échantillonnage d'associations travaillant dans différents
secteurs environnementaux.
M. Charbonneau: Puisqu'on parle des inspecteurs municipaux de
l'environnement, on sait - vous en aviez parlé à l'étude
des crédits, je crois...
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: ...à l'ancien critique -qu'il devait y
avoir une reconnaissance de leur statut. Qu'arrive-t-il avec cela?
M. Lincoln: J'ai demandé...
M. Charbonneau: Vous ne trouvez pas que cela prend du temps un
peu?
M. Lincoln: ...formellement... Oui, cela prend du temps. Cela
prend plus de temps que je ne voudrais. J'espère que vous en avez
parlé à mon collègue des Affaires municipales.
M. Charbonneau: Je vais lui en parler.
M. Lincoln: II m'a écrit une lettre formelle pour me dire
qu'il allait reconnaître le statut. Il m'a dit qu'il ne voulait pas faire
un amendement de la loi à la pièce. Il prépare un
amendement à la loi municipale pour le printemps, qui va être un
amendement assez conséquent. Et là, il m'a promis d'y inscrire le
statut des inspecteurs municipaux.
M. Charbonneau: Oui, sauf qu'on me dit que cet après-midi,
le ministre a déposé une modification au Code municipal sur une
autre question. Il aurait pu faire la même chose pour les inspecteurs
municipaux de l'environnement.
M. Lincoln: Non, non. Ce qu'il veut faire, c'est une refonte
complète de la loi. C'est à ce moment-là qu'il va refaire
toutes
les différentes questions qui se rapportent au personnel, etc.,
et c'est là qu'il va mettre cela.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 24 est
vérifié. L'engagement 25?
M. Charbonneau: Subvention à l'Université Laval
à titre d'aide financière pour la réalisation d'une
recherche en assainissement agricole relative à l'épuration des
eaux contaminées en provenance des cours... Est-ce que c'est une
recherche qui se poursuit depuis quelques années ou si c'est une
nouvelle recherche qui va s'étendre sur deux ans?
M. Lincoln: Non, c'est une recherche qui a commencé en
1983...
M. Charbonneau: Ah bon!
M. Lincoln: ...une recherche continue, qui est une recherche pour
une question... C'est une recherche pour l'utilisation d'un décanteur
spécial, un filtre végétal, dans le domaine de la
dépollution agricole. Cela a commencé en 1983. Il y a eu
déjà des montants d'alloués, soit 50 000 $ et 55 000 $.
C'est une subvention complémentaire au même projet.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 25 est
vérifié. L'engagement 26?
M. Charbonneau: La FAPEL. Est-ce que c'est l'organisme dans
lequel milite M. Lesauteur?
M. Lincoln: M. Lesauteur est directeur de l'aménagement
des lacs et cours d'eau au ministère, mais il est très
très ami de la FAPEL, oui.
M. Charbonneau: Ha! Ha! Ha!
M. Lincoln: M. Lesauteur et la FAPEL, c'est un peu synonyme.
M. Charbonneau: Oui. Cela va aller. Le Président (M.
Saint-Roch): Vérifié?
M. Charbonneau: Vérifié, M. le Président. Si
jamais on ne le vérifiait pas, on aurait M. Lesauteur dans le visage
pour je ne sais pas combien de temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Pour éviter que vous
ayez M. Lesauteur dans le visage, l'engagement 27.
M. Charbonneau: Adopté. Non, non, pas adopté.
L'engagement 26 est vérifié. Ceci n'enlève pas les
qualités de M. Lesauteur. On sait que c'est un personnage
acharné.
Subvention à Récupération Bois-Francs. Est-ce que
c'est le premier groupe qui a fait de la récupération?
M. Lincoln: Oui, c'est certainement le groupe moteur de la
récupération. C'est lui qui a commencé. Normand Maurice,
au collège régional, dans la région de Victoriaville, a
commencé avec une usine artisanale et, justement, ces 75 000 $,
c'était un montant qu'on lui a alloué et il a été
à l'OPDQ, à Consumer Glass, au Fonds de
récupération québécois. On a réussi à
faire un programme de 450 000 $ en tout pour transformer l'usine artisanale en
une réelle usine de recyclage industriel et commercial. Alors, cela a
été mis sur pied. C'est l'expérience pilote la plus
valable au Québec, et on va s'en servir pour essayer de multiplier des
projets comme cela à travers le Québec.
M. Charbonneau: II y a un rapport interne d'Environnement Canada
qui analysait assez favorablement, au mois de février dernier, le projet
présenté au mois de décembre 1986 par ce groupe-là
pour la création d'un fonds de 50 000 000 $ destiné au
développement des industries de récupération et de
recyclage. Selon le rapport en question, le gouvernement fédéral
injecterait 25 000 000 $ sur cinq ans par rapport à 15 000 000 $ par le
gouvernement du Québec et 10 000 000 $ par le secteur privé.
Est-ce que vous avez été consulté sur ce projet? Est-ce
que vous êtes favorable? Est-ce que c'est relié à cette
affaire-là ici?
M. Lincoln: Bien, c'est relié indirectement. C'est la
même personne qui est impliquée, Normand Maurice. Il est venu me
voir, et c'est son grand espoir que ce projet-là se définisse.
J'ai dit: Nous sommes en train de travailler au ministère sur un
programme de gestion intégrée des déchets pour le
Québec. On travaille avec plusieurs intervenants et on aurait voulu
passer par ce stade d'abord. On a un colloque les 1er, 2 et 3 décembre
sur la gestion intégrée des déchets qui va aboutir
à une politique de gestion intégrée des déchets, au
printemps. Il est très possible que le genre de programme que propose
Normand Maurice sera éventuellement le genre de chose que l'on fera. Je
préfère passer l'étape de faire cette consultation qui va
rassembler les gens de toute la province...
M. Charbonneau: À Montréal? C'est la consultation
que vous faites à Montréal?
M. Lincoln: Oui, c'est cela et qui va
aboutir à une politique de gestion intégrée des
déchets; tout cela va se situer dans le même cadre. Je ne peux pas
vous dire si c'est le projet de Normand Maurice ou de
Récupération Bois-Francs inc. qui va être adopté
comme le projet central de recyclage, mais, dans tous les cas, cela sera
examiné certainement avec beaucoup de sérieux.
M. Charbonneau: Au regard de la consultation, je profite de
l'occasion pour demander au ministre s'il aurait des objections à ce
qu'on assiste à la consultation. Je comprends que ce n'est pas une
commission parlementaire, donc, on ne peut pas participer.
M. Lincoln: Aucune objection. Vous serez les bienvenus.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on peut compter sur une invitation et
sur une place quelque part?
M. Lincoln: Vous êtes invités.
M. Charbonneau: Je vous remercie. C'est au mois de
décembre.
M. Lincoln: Vous et votre collègue.
M. Charbonneau: Avec notre recher-chiste? Bon, on va y aller.
M. Lincoln: Je vais faire une note, car vous êtes les
bienvenus.
M. Charbonneau: Je comprends que c'est une consultation du
ministre, donc, on n'aura pas à intervenir, mais au moins assister comme
un...
M. Lincoln: Avec plaisir.
M. Charbonneau: Je remercie le ministre de cette ouverture et
puis on...
Cela va, M. le Président, pour l'engagement 27.
Novembre
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 27 est
vérifié. Ceci complète le mois d'octobre 1986. J'appelle
maintenant le mois de novembre 1986. Engagement 13?
M. Charbonneau: Engagement 13. Pourquoi n'y a-t-il pas eu d'appel
au fichier des fournissseurs ni d'appel d'offres dans ce...
M. Lincoln: Ce qui arrive, c'est que dans le fichier central des
fournisseurs, il n'y a pas de spécialité incluse pour des
spécialistes en géotechnique des digues. Il y a certains secteurs
où il n'y a pas de fichier central. Dans certains cas, lorsqu'il n'y a
pas de spécialité comme telle au fichier des fournisseurs, au
fichier central, on est obligé d'aller en dérogation à la
directive. Alors, on a pris cette firme, la seule qui était disponible
dans ce domaine très spécialisé.
M. Charbonneau: C'était la seule disponible?
M. Lincoln: Je ne dis pas que c'était la seule qui
était disponible, mais on a demandé à l'Université
Laval et son consultant n'était pas disponible. On a aussi tenté
de rejoindre le consultant qui avait été retenu lors de la
conception du projet lui-même, mais il était en Europe à ce
moment-là. Alors, il ne restait qu'une seule firme sur les trois qui
devaient être approchées: l'Université Laval, le consultant
original et celle-là.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre ne trouve pas
délicat, dans le cas des entreprises dont les dirigeants sont des
contribuants importants au financement politique de son parti, actuellement ou
dans le passé, et qui ont été associés à des
incidents qui pourraient laisser penser qu'il peut y avoir des liens... Je ne
dis pas que c'est le cas. Je veux bien que le ministre comprenne que je ne veux
pas lancer d'accusations. On sait que le président de cette
entreprise-là a donné au moins 2000 $ à votre campagne
l'an dernier et qu'il avait été associé, dans le temps,
à l'enquête Malouf sur les Jeux olympiques.
Effectivement, c'était peut-être la seule disponible, mais
je me demande s'il n'y avait pas des précautions à prendre pour
que, justement, les choses soient hors de tout doute. Dans la mesure où,
finalement, vous avez une entreprise qui a été choisie sans appel
d'offres et sans recours au fichier central et qu'on peut faire ce genre de
lien, est-ce qu'il n'y a pas un danger? Je ne dis pas que c'est la raison pour
laquelle elle a été choisie. Je dis que c'est dangereux. Est-ce
que le ministre ne reconnaît pas qu'il y aurait des précautions
à prendre, surtout dans la mesure où, finalement, on accorde un
contrat à une entreprise et que, pour une raison ou pour une autre, on
décide de ne pas recourir au fichier centrai ou faire un appel d'offres,
qu'il y aurait au moins des vérifications à faire?
M. Lincoln: C'est sûr qu'il y a des explications à
faire. Comme je vous le disais, la première chose qu'on fait, c'est
d'aller au fichier centrai. Si, pour des spécialistes - par exemple,
celui-là, c'est un spécialiste en géotechnique de digues -
il n'existe pas de système dans le fichier central pour ce genre de
spécialistes, une directive du ministère dit qu'il faut faire
appel à trois personnes spécialisées dans ce
domaine. On a fait appel à trois personnes
spécialisées dans ce domaine. La démarche a
été faite.
Je peux vous donner mon engagement, ma parole très formelle, que
je n'ai personnellement rien à faire avec ce genre de contrats comme
tels. J'assume la responsabilité du ministère et je suis donc
responsable comme ministre, mais je n'ai pas la moindre chose à faire
avec de tels contrats. Ce sont des contrats qui sont donnés par des
spécialistes dans des questions, comme celle-là pour la
relocalisation des batardeaux pour une digue. Ce sont des choses très
spécialisées qui sont négociées par des
spécialistes du ministère avec des firmes
spécialisées, et je ne saurais même pas quelle firme, parmi
celles-là, est plus spécialisée que l'autre.
Dans ce cas-là, la directive 3.78 demande que, lorsqu'il n'y a
pas de fournisseur "listé" pour cette spécialité, dans le
fichier central, vous faisiez appel à trois personnes, et on l'a fait.
Dans le cas de l'Université Laval, le spécialiste n'était
pas disponible et il a refusé. Dans le cas de la deuxième firme -
et je pourrais retrouver le nom de cette firme - le spécialiste
était en Europe. Ce sont toutes des firmes dans des cas... C'est
sûr que tout cela est aussi relatif. Si, par exemple, le contrat
était, au lieu de 25 000 $, de 250 000 $, on agirait naturellement avec
beaucoup de... On essaierait peut-être de contacter le plus de personnes
possible, s'il y a des spécialistes de disponibles. Vous constatez que,
pour un contrat de 25 000 $ - en fait, on a dépensé 19 000 $ - on
a contacté trois personnes qui étaient disponibles et on a
donné cela à une firme qui est spécialisée dans le
domaine. Je trouve cela très raisonnable dans les circonstances. (21
heures)
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
L'engagement 14?
M. Charbonneau: Subvention pour le fonctionnement, pour
l'année financière, des conseils régionaux de
l'environnement du SaguenayLac-Saint-JeanChibougamau et de l'est du
Québec. L'objectif est la protection...
Écoutez, dans notre fameuse tournée -je ne ferai pas
d'autres commentaires parce que ce seraient des commentaires internes, sur nos
problèmes de famille - j'ai rencontré des représentants du
Conseil régional de l'environnement du
SaguenayLac-Saint-Jean-Chibougamau. Finalement, quand on regardait
les subventions qui avaient été accordées au cours des
dernières années et la situation financière de ce conseil,
on se rendait compte que l'aide financière que le ministère de
l'Environnement apportait n'était pas très adéquate par
rapport aux besoins et même au type d'indexation.
Est-ce que le ministre a déjà rencontré les
représentants de ces deux conseils, en fait surtout du conseil où
on m'a signalé un problème, de celui du
SaguenayLac-Saint-Jean? S'il ne l'a pas fait, est-ce qu'il accepterait de
voir ces gens-là pour réviser un peu tout le dossier?
M. Lincoln: Je les ai vus, les gens du Lac-Saint-Jean, j'y ai
été deux ou trois fois. À chaque fois que j'y vais, je
rencontre les gens du conseil du Lac-Saint-Jean. On va aller là en
tournée pour le CAP, je les rencontrerai là. C'est sûr que,
pour la question d'argent, quand vous avez exactement le même budget
discrétionnaire au ministère depuis des années - cela n'a
pas été augmenté, s'il y a quelque chose, c'est presque
fixe, c'est toujours la même chose -à un moment donné,
toutes ces organisations en souffrent. J'aurais préféré
pouvoir donner plus. Mais, en dehors de la région de Montréal
où il y a les grosses organisations environnementales, pour des raisons
évidentes, ce sont les deux organisations qui ont le plus de budget
discrétionnaire. Je sais qu'on les a laissés plus ou moins au
même palier. Par exemple, je vois, en 1984-1985 et 1985-1986,
c'était toujours dans les 30 000 $: 34 000 $, 33 000 $. Il y a une
année où ils ont monté à 39 000 $.
M. Charbonneau: Quels sont les critères, parce qu'ils
étaient à 39 000 $ et, à un moment donné, ils ont
descendu? Est-ce que c'est discrétionnaire? Est-ce qu'il y a un
programme normé qui permet à un organisme comme celui-là
de...
M. Lincoln: Quand ils ont monté à 39 300 $, il y
avait une somme additionnelle qui avait été versée pour
qu'une information vulgarisée sur l'audience sur le programme de
stabilisation des berges du lac Saint-Jean soit accessible à toute la
population. C'était pour un programme précis.
Mais, si vous retirez ces 4500 $, le conseil du Saguenay a toujours
été dans les 34 000 $ et celui de l'est du Québec est
resté à 33 000 $. En 1983-1984, c'était 33 000 $ pour
l'est du Québec, en 1984-1985, 33 000 $; en 1985-1986, 33 000 $. Je
comprends qu'ils se plaignent, c'est sûr, parce que vous avez
l'inflation.
Voilà les normes qu'on emploie. Vous avez la subvention de base
qui est donnée: 25 000 $. Après cela, on donne une subvention par
mille carré de territoire habité. Là, c'est 4115 $.
Après cela, une subvention per capita, c'est cela qui donne 34 800 $
dans le cas du Saguenay. Dans l'est du Québec, c'est la même
chose, les mêmes critères. Alors, on se sert de critères
qui sont plus ou moins définissables. C'est
certain que ces organismes voudraient avoir plus d'argent, mais il y a
tellement de demandes au ministère qu'on est obligés de le faire
d'après certains critères. C'est ce qu'on a fait.
M. Charbonneau: Sauf qu'on pourra peut-être en reparler
éventuellement à la prochaine étude du budget, mais le
ministre des Finances nous a dit qu'on était dans une année de
vaches grasses. Les organismes n'ont pas l'impression qu'ils sont dans une
année de vaches grasses.
M. Lincoln: Oui.
Une voix: On engrange.
M. Charbonneau: Oui, on engrange cela pour l'année
électorale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 14
est vérifié?
Une voix: Je parle par expérience.
M. Charbonneau: Non. Ouf! Une autre chose, M. le
Président. En fait, celle qui était la porte-parole du Parti
libéral en matière d'environnement lors de la dernière
campagne électorale avait fait une promesse d'encourager, par le soutien
technique des directions régionales, la formation de corporations
régionales en environnement qui seraient incorporées en vertu de
la troisième loi sur les compagnies. En fait, l'organisme sans but
lucratif, j'imagine pourrait avoir un certain nombre de missions dont
l'identification des besoins environnementaux à l'échelle
régionale, l'implication du citoyen dans le processus politique et
économique de gestion de son environnement, en tout cas, toutes de
belles choses bien vertueuses. Qu'arrive-t-il avec cela?
M. Lincoln: Écoutez, je pense qu'il y a eu des
engagements, il y a eu des déclarations de ma collègue avant que
j'arrive à l'Environnement. Moi, je me suis engagé publiquement
au sujet d'engagements qui ont été faits, soit celui envers les
agriculteurs, mais je ne considère pas toutes les déclarations
qui ont été faites avant l'élection. Je ne sais
pas, c'en est une dont je n'ai pas pris connaissance. Je ne peux pas vous dire
que je vais la suivre, cela, c'est sûr.
M. Charbonneau: Pourtant, c'est un communiqué officiel du
Parti libéral pendant la campagne électorale, et ce que je vous
conseille, c'est de resortir votre cahier électoral, peut-être
même que Mme Bacon l'a oublié. Si vous ne l'avez pas, on va vous
l'envoyer. Ha! Ha! Ha!
M. Lincoln: Ha! Ha! Ha! Merci beaucoup.
M. Charbonneau: Je fais comme vous, j'apprends mon
métier.
Il y a le Conseil consultatif de l'environnement, dont on a parlé
il n'y a pas si longtemps, qui émettait, en juin dernier, un avis au
gouvernement qui a été rendu public il n'y a pas si longtemps et
qui disait d'amener le ministère à rendre accessibles les enjeux
environnementaux reliés à la qualité de vie des citoyens
en favorisant la circulation des connaissances entre ses services et les
citoyens. Cette circulation peut être encouragée par une aide
financière ou technique aux organismes ou groupes associatifs qui se
donnent pour mission principale d'informer le public sur la question
environnementale.
Quel est l'accueil que le ministre lui a fait, parce qu'on a
l'impression, quand on regarde les critères qui nous ont
été donnés, que, finalement, il n'y a pas eu de
changement. Vous aviez déjà une politique quelconque pour
subventionner ces groupes et l'avis du conseil consultatif n'a pas
modifié votre approche, autrement dit, vous n'êtes pas devenus
plus généreux depuis que l'avis est...
M. Lincoln: Je suis aussi généreux que les
circonstances me le permettent.
M. Charbonneau: Si je comprends bien, la richesse du ministre des
Finances ne se transmet pas rapidement au ministère de
l'Environnement.
M. Lincoln: Ce n'est pas tout à fait correct, lorsqu'on
discutera du budget du ministère de l'Environnement, vous allez voir
que, l'an dernier, le ministère de l'Environnement a eu une augmentation
substantielle. Par exemple, dans le domaine de la recherche, on a des budgets
qui sont significatifs, aujourd'hui, par rapport à ce que nous avions,
mais c'est sûr qu'il faut aller selon ce que les circonstances nous
permettent.
M. Charbonneau: On a une définition différente des
"circonstances qui nous permettent". Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 14 est
vérifié. L'engagement 15?
M. Charbonneau: Cela va aller, je pense.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 16?
M. Charbonneau: Subvention au Fonds pour la formation de
chercheurs et l'aide à
la recherche dans le domaine de l'environnement représentant la
participation du ministère au programme de bourses d'études.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va pour l'engagement
16?
M. Charbonneau: Pas tout à fait, M. le Président.
Comme j'ai un bon recherchiste, on a été occupés par des
affaires qui nous ont malheureusement empêchés, au cours des
derniers jours, de mettre tout le temps qu'il aurait fallu pour notre travail
de député. Je n'ai pas besoin de faire de dessin. Je voudrais
demander au ministre: À l'étude des crédits du printemps
dernier, le ministre précisait qu'il voulait acheminer un mémoire
au Conseil des ministres sur toute la question de la recherche en
matière environnementale.
M. Lincoln: On l'a fait.
M. Charbonneau: Vous l'avez fait?
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Est-ce que cette présentation est
récente et est-ce que le ministre entend éventuellement...
M. Lincoln: Elle est récente. Il a passé au COMPADR
mercredi, si je me souviens bien, ou la semaine dernière. Il sera au
Conseil des ministres dans une semaine. Alors, aussitôt qu'il sera
approuvé, espérons-nous, à ce moment-là, nous
aurons un programme de recherche d'établi.
M. Charbonneau: Donc, comptez-vous avoir un programme de
recherche et rendre publique finalement une politique de recherche en
matière gouvernementale avant la fin de l'année
financière?
M. Lincoln: Je ne sais pas si ce sera avant la fin de
l'année financière, mais on aura toutes les balises pour rendre
public un programme de recherche. C'est un mémoire qui est allé
au Conseil des ministres. Je peux vous dire que, du point de vue de la
recherche, nous avions, au ministère, un programme de recherche de 350
000 $. Il est passé à 450 000 $. On a ajouté 500 000 $,
dans le cas de l'assainissement des eaux, pour la recherche, ce qui fait 950
000 $. Et on a ajouté 500 000 $ dans le domaine des pesticides. Alors,
on a 1 450 000 $, et notre politique de recherche est axée sur la
recherche collective. Ce que l'on veut faire maintenant, c'est, au lieu de
faire de la recherche directement nous-mêmes, de nous associer à
d'autres groupes. Par exemple, dans le cas du pressoir rotatif, on s'est
associé avec l'entreprise privée, le gouvernement
fédéral, le monde universitaire, etc., pour faire un projet de
recherche collectif. Donc, on peut prendre cet argent et participer à
plusieurs projets, comme le projet thermonique pour le recyclage des
métaux lourds. Nous travaillons dans un projet collectif pour la
valorisation des boues d'usines d'épuration, pour la valorisation
agricole, etc. Alors, on a plusieurs projets de recherche qui sont en train
d'être faits. On peut multiplier nos efforts en faisant des projets de
recherche collectifs. Alors, c'est ce que l'on cherche. On va sans doute aller
dans un projet de recherche avec la Fondation québécoise de la
recherche sur l'eau pour un suivi des usines d'épuration, etc. Alors,
cette politique s'achemine vers le Conseil des ministres. Aussitôt que ce
sera prêt, on va presque sûrement publier quelque chose, une
politique sur la recherche.
M. Charbonneau: Est-ce que ce document que vous avez
présenté au comité ministériel permanent, au
COMPADR, tient compte de l'avis du Conseil consultatif de l'environnement sur
les éléments de politique de recherche et de
développement?
M. Lincoln: Oui. C'est exactement cela.
M. Charbonneau: Celui-là a été rendu public,
mais... Ce que vous nous dites, c'est que, lorsque vous allez rendre public
votre document, on va trouver une relation directe avec les avis.
M. Lincoln: Certainement.
M. Charbonneau: Très bien. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 16 étant
vérifié, ceci complète le mois de novembre 1986. J'appelle
maintenant l'engagement 10 du mois de décembre 1986.
(21 h 15)
Décembre
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a une raison particulière
pour laquelle il n'y a pas d'autres entreprises qui apparaissent? Est-ce qu'il
y a eu des approches auprès d'autres entreprises ou si c'était la
seule qui pouvait...
M. Lincoln: Pour tous les programmes de recherche, on ne fait pas
de soumission. Ce qui est arrivé: c'est un programme qui, encore une
fois, est collectif et qui s'est fait avec l'OPDQ et la Société
québécoise d'assainissement des eaux. C'est un programme
spécifique à l'échelle de l'usine des Papiers Cascades
à Cabano pour essayer de vérifier la performance d'un digesteur
en aérobie appartenant à la société. Notre
participation était de 25 000 $ dans un
projet qui s'est élevé à 150 000 $. Alors, la
contribution de l'OPDQ a été de 50 000 $ et de l'autre de 75 000
$. C'est un programme de recherche spécifique, ce n'est pas un programme
qui est sujet à soumission.
M. Charbonneau: Donc, ce n'est pas dans l'enveloppe
discrétionnaire, c'est dans le budget de recherche?
M. Lincoln: Oui, c'est dans le budget de recherche.
M. Charbonneau: Qu'est-ce qui arrive de votre intention de
présenter une politique à l'égard de l'assainissement
industriel?
M. Lincoln: Sur l'assainissement industriel, toute l'esquisse de
la politique est prête. En fait, le document est plus ou moins
prêt. Nous sommes en train de réfléchir maintenant à
la possibilité d'y inclure une forte probabilité de changer la
réglementation par rapport aux effluents des usines. Ce qui arrive,
c'est que, dans le cas des usines d'épuration des eaux, nous avons
remarqué, surtout avec les tests que nous avons reçus des 50
premières usines, qu'il y a bien des cas où des usines ont des
problèmes à cause de surcharge de rejets industriels. Un des
problèmes que nous rencontrons, c'est que les municipalités sont
censées réglementer les effluents industriels. Cela va pour la
CUM, cela va pour la Communauté régionale de l'Outaouais, les
grosses municipalités qui ont les assises nécessaires pour le
faire. Mais quand vous avez une petite municipalité avec une très
grosse industrie où peut-être la grosse majorité ou une
grosse partie des travailleurs viennent de cette usine qui domine la
scène, les petites municipalités ne se sentent pas en puissance
pour aller mettre cette réglementation à l'effet. Il y a des
surcharges industrielles et elles se sentent complètement faibles par
rapport à l'impact industriel. C'est pourquoi, nous sommes en train
d'examiner maintenant - c'est la seule raison pourquoi la politique a
été retardée, parce qu'elle était prête
depuis un bout de temps -si on va réviser notre réglementation
industrielle par rapport aux effluents qui entrent dans les usines
d'épuration et aussi aux émissaires. C'est pourquoi, on l'a
retardée. Nous sommes en train d'y travailler parce qu'on espère
inclure cette recommandation dans le programme d'assainissement industriel.
Mais, à toutes fins utiles, c'est prêt. Le programme comportera
deux volets. Il y a un bilan complet de ce qui a été fait au
point de vue de l'assainissement industriel et de ce qui n'a pas
été fait, parce qu'il y a beaucoup de choses qui restent à
faire naturellement, et il y a des propositions pour l'avenir.
M. Charbonneau: Quand entendez-vous rendre cela public?
M, Lincoln: À cause de la réglementation, parce que
cela demande beaucoup de réflexion, il faut qu'on regarde cela avec les
municipalités, l'UMQ et tout. On devait rendre la politique publique en
octobre, mais après cela, on a décidé de la retarder. Mais
là, j'espère que, dès la fin de la semaine, on aura fini
peut-être de régler l'affaire de la réglementation. Si ce
n'est pas en décembre, ce sera au début de l'année,
quelque part dans ce temps-là. Je ne peux pas vous dire exactement, mais
ce sera dans les semaines qui vont suivre.
M. Charbonneau: C'est beau.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 10 est
vérifié. Ceci complète le mois de décembre 1986.
J'appelle maintenant le mois de janvier 1987. Engagement 8?
Janvier 1987
M. Charbonneau: J'ai une note intéressante ici, que je
lis. Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 8
vérifié. Engagement 9?
M. Charbonneau: Je sais qu'il y avait un montant pour les
imprévus. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'engagement 10.
M. Charbonneau: En ce qui concerne l'engagement 10, M. le
Président, quelle fraction des coûts des travaux de
décontamination ce contrat représente-t-il et quelle est la
contribution financière des autres intervenants dans ce dossier, par
exemple, la compagnie Le Vidangeur de Montréal et les entreprises
pétrolières?
M. Lincoln: Malheureusement, la compagnie en question n'existe
plus depuis très longtemps. En fait, je ne sais pas exactement depuis
quand, mais la compagnie n'existe plus. C'est un de ces cas malheureux qui ont
été détectés dans tout le relevé, que le
ministère a fait depuis un certain temps, des sites toxiques qui doivent
être restaurés et contenus c'était un de ces sites. Il
fallait faire quelque chose. Malheureusement, la compagnie n'existe plus.
Alors, il n'y a pas de possibilité qu'on puisse recouvrer l'argent.
M. Charbonneau: La compagnie n'existe plus, mais j'imagine que
vous êtes en mesure, avec les enregistrements et tout, de savoir à
qui appartenait cette entreprise lorsqu'elle existait. Est-ce qu'il n'y a
pas
moyen d'essayer de retracer les individus et de voir comment il pourrait
être possible légalement de les...
M. Lincoln: Habituellement, lorsqu'on le peut, on le fait. Dans
le cas, par exemple, de la rivière des Prairies, on a retracé
cela. C'était une grosse firme. C'était Esso, et Esso a
contribué de façon substantielle, malgré que le
déversement ait été vieux de 35 ans. Nous avons un autre
cas que je ne veux pas citer pour des raisons judiciaires, mais on a fait une
investigation dans la grande région du nord de Montréal. On y a
mis des investigateurs et on a réussi à retracer. Mais c'est un
travail très compliqué parce qu'il faut avoir les preuves, il
faut avoir des affidavits. Dans certains cas, c'est possible.
Dans ce cas-là s'il y a une firme qui n'existe plus et qui, du
temps qu'elle existait, était solide, avait des assises... Mais la
plupart des firmes de ce calibre ne laissent pas d'actifs. C'est impossible
d'avoir un droit de recours. Ces firmes n'existent plus dans le décor.
Les actionnaires ne sont plus là. On sait quelle était la firme.
Dans ce cas-là, sans doute qu'on sait le nom de la firme. Dans le droit
corporatif, on ne peut pas retourner . contre des actionnaires
individuellement. Il faut qu'il y ait une compagnie, il faut qu'il y ait des
assises, il faut qu'il y ait des actifs. Dans le cas d'une compagnie morte, qui
n'existe plus, on ne peut pas retourner contre les actionnaires
individuellement. Dans ces cas, on fait toutes ces investigations. Lorsqu'on ne
peut pas, il y a parfois des priorités où il faut agir
malgré tout, parce qu'on ne peut pas laisser ces choses-là dans
le décor. Alors, le ministère est malheureusement obligé
de s'impliquer. Il y a deux ou trois cas comme cela, où on est
impliqué directement. L'exemple de la ville de La Salle est un cas
typique.
M. Charbonneau: Au mois de juillet dernier, vous avez
déclaré qu'il y avait un comité spécial du
ministère qui était chargé de retracer les résidus
du raffinage depuis les 40 dernières années. Vous rappelez-vous
de cette déclaration?
M. Lincoln: Oui.
M. Charbonneau: Qu'est-ce qui arrive avec cela? Est-ce qu'on en
mesure maintenant d'avoir un portrait plus exact? Est-ce qu'on sait quelle est
l'ampleur du problème? Quel est l'état de la situation? Combien y
a-t-il de lieux contaminés et quelle est l'importance de ces
contaminations?
M. Lincoln: Là, il faut faire une distinction entre le
programme régulier du ministère et le programme GERLEDD où
on a un inventaire...
M. Charbonneau: Je parle du raffinage, on s'entend?
M. Lincoln: Oui. Le programme GERLEDD, mais les deux sont un peu
liées. Ce qui est arrivé, c'est que, par le programme GERLEDD,
lorsqu'on a été impliqués la rivière des Prairies
et qu'on a eu des contacts avec Esso pour obtenir une contribution d'eux,
l'idée est venue en fait du journaliste Gilles Francoeur, c'est lui qui
m'a parlé de cela d'abord et m'a dit: Vous devriez peut-être
contacter l'industrie pétrolière pour essayer de voir si on peut
avoir une idée de tous les déversements d'hydrocarbures dans le
décor. J'ai contacté les gens de l'industrie canadienne du
pétrole, et on travaille justement avec eux pour essayer de voir cela.
Il y a un site qu'on a identifié où une des compagnies
pétrolières a commencé à contribuer, mais je ne
peux pas vous dire qu'on a réussi à identifier tous les sites
autour de Montréal et qu'on a une idée exacte de ce qui se passe.
Là, on a identifié un site immense, et il y a une compagnie qui a
déjà contribué de façon assez significative, mais
ce travail d'identification continue. C'est un travail immense et ce n'est pas
quelque chose qui se fait de plein gré de la part des compagnies, vous
pourrez le constater.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 10 est
vérifié, j'appelle maintenant l'engagement 11.
M. Charbonneau: Est-ce que cette subvention permet à
l'Administration régionale crie de participer à l'ensemble des
comités qui la concerne?
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: La subvention que vous avez accordée,
c'est pour la participation à divers comités
environnementaux?
M. Lincoln: Oui, c'est pour un programme d'hygiène du
milieu. Alors, on donne des subventions à l'Administration
régionale crie l'ARC. C'est elle qui fait tout le programme responsable
pour les huit conseils de Cris. Il y a un régime d'environnement
particulier dans le Nord, ils ont le... Ce qui arrive, c'est qu'on
délègue beaucoup de pouvoir aux administrations cries. Je vais
vous dire ce qui en est dans le cas de cette subvention. Ils exercent des
fonctions d'administration par rapport aux impacts sur les environnements.
Ils
s'occupent de toute la question de l'hygiène sur une base
continue. Ils font l'échantillonnage de l'eau potable. Ils conseillent
les autorités locales et ils agissent à titre d'interlocuteurs
auprès des différents comités de l'environnement.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 11 est
vérifié, j'appelle maintenant l'engagement 12.
M. Lincoln: L'engagement 12, c'est à peu près la
même chose, excepté que c'est dans le cas des Inuit.
M. Charbonneau: Je vais sans doute avoir l'air un peu
crétin, M. le ministre, mais l'engagement 12 de janvier 1987 et
l'engagement 38 de juillet 1987, cela se ressemble un peu beaucoup.
Est-ce que vous donnez des subventions à tous les six mois? Parce
qu'à l'engagement 38, on a: Subventions à l'Administration
régionale Kativik, à peu près la même chose, de 183
700 $ plus deux contrats...
M. Lincoln: Non, ce sont deux années financières
différentes.
M. Charbonneau: Ah, bon!
M. Lincoln: Ce sont deux années financières
différentes. Vous allez voir celui-là, celui qu'on regarde, de
janvier 1987...
M. Charbonneau: Pour l'année financière 1985.
M. Lincoln: 1986-1987. L'autre, c'est pour 1987-1988.
M. Charbonneau: Ah, bon! C'est parce que, dans le cas de
l'engagement 38...
M. Lincoln: C'est que, antérieurement, en 1986-1987, on
attendait toutes les factures et, ensuite, on les payait. Mais seulement, ce
n'était pas tout à fait équitable et raisonnable, parce
qu'eux, ils ont des dépenses et que ce sont eux qui agissent pour nous
comme interlocuteurs environnementaux. Maintenant, on leur avance les fonds et,
après cela, ils nous soumettent les factures.
M. Charbonneau: Ah, bon! Je comprends maintenant.
M. Lincoln: C'est cela, la différence de temps. C'est
pourquoi, l'année 1986-1987 a été tellement en retard.
Là, on s'est rendu compte qu'il y avait un problème.
M. Charbonneau: Très bien. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 12 est
vérifié. Engagement 13?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 13 est
vérifié. Ceci complète maintenant le mois de janvier 1987.
J'appelle le mois de mars 1987. Engagement 11?
Mars
M. Charbonneau: Vous dites: Pour couvrir tous les besoins qui ne
peuvent être satisfaits par le ministère des Transports. Quels
sont vos besoins?
M. Lincoln: II y a beaucoup de secteurs. Vous avez tous les
relevés aquatiques qui ont besoin d'être faits, surtout dans les
régions éloignées, dans le Nord, vous avez le secteur des
opérations de l'environnement, par exemple, tout le secteur des
directions régionales, par rapport à l'agriculture, la
surveillance agricole, etc., la direction de la météorologie et
la direction de l'hydraulique pour aller surveiller certains barrages.
M. Charbonneau: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 11 est
vérifié. Engagement 12?
M. Charbonneau: Mais là, on perce des trous. On
connaît cela, nous, de ce temps-ci. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 12 est
vérifié. Engagement 13?
M. Charbonneau: Ici, je remarque que c'est la même chose
que tantôt. C'est la participation financière de l'OPDQ. Pourquoi
est-ce dans les engagements financiers du ministère de
l'Environnement?
M. Lincoln: C'est à dire que l'OPDQ nous transfère
les fonds et que, nous, nous payons le... C'est pourquoi, cela est passé
dans les engagements.
M. Charbonneau: Bon. C'est un transfert de fonds donc, c'est le
ministère de l'Environnement qui paie.
M. Lincoln: Oui, le ministère de l'Environnement a
participé pour 25 000 $ l'OPDQ, pour 50 000 $, et la
Société québécoise d'assainissement des eaux, pour
75 000 $. C'est le montant de l'OPDQ, dans ce projet de 150 000 $, mais l'OPDQ
nous passe le chèque et, nous, nous payons. C'est pourquoi, cela passe
par les engagements financiers.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 13 est
vérifié. Engagement 14?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 14 est
vérifié. Engagement 15?
M. Charbonneau: Le contrat initial a été
accordé à une autre entreprise?
M. Lincoln: Pardon, je n'ai pas compris.
M. Charbonneau: Ah, bien, c'est correct. Je viens de comprendre,
c'est un supplément. Bien. Cela fonctionne au ralenti parfois, n'est-ce
pas? D'accord, cela va. (21 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Ceci
complète le mois de mars. J'appelle maintenant le mois d'avril 1987.
Engagement 21?
Avril
M. Charbonneau: M. le Président, on aurait un montant de
252 000 $ pour la FAPEL. On connaît l'importance et l'influence qu'a la
FAPEL. Moi, je voudrais demander au ministre si cette subvention n'est pas,
dans le fond, la démonstration que le programme Berges neuves que vous
avez laissé tomber était un programme que vous n'auriez pas du
laisser tomber et que vous n'auriez pas eu besoin de subventionner la FAPEL si
vous l'aviez gardé?
M. Lincoln: Je crois qu'il y a un malentendu complet. Ce n'est
pas une subvention à la FAPEL. C'est un contrat de service. Ce qui est
arrivé, c'est qu'il y a toujours eu un service au ministère pour
l'exploitation de deux pépinières, la Pépinière de
Lanoraie, la Pépinière de Sainte-Etienne de Lauzon, pour tout le
programme de reboisement des rives. Ce qui est arrivé, c'est que le
ministère s'occupait de ses programmes lui-même. Pour chacune de
ces pépinières, on avait deux programmes et les deux programmes
entiers coûtaient au ministère 195 000 $ chacun,
c'est-à-dire 390 000 $. Avec l'assentiment du Conseil du trésor,
nous avons signé un contrat avec FAPEL. FAPEL fait tout ce contrat,
c'est-à-dire que, eux, ils se servent de volontaires, ils peuvent se
servir de personnes qui touchent des taux horaires bien moindres que celles de
l'entreprise privée qu'on employaient. On a économisé, par
le fait, quelque chose comme 140 000 $. Ce n'est pas du tout une
subvention.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 21 est
vérifié?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'engagement 22.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié. Ceci
complète le mois d'avril 1987. J'appelle maintenant juin 1987.
Engagement 8?
Juin
M. Charbonneau: C'est une bonne initiative, en tout cas, le suivi
du service de la dette. Est-ce que cela va nous permettre d'avoir plus vite les
fonds pour l'assainissement de la rivière Richelieu?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: J'attends toujours d'être contacté
d'ailleurs, M. le ministre.
M. Lincoln: Oui, j'en ai pris bonne note.
Le Président (M. Saint-Roch): Par le service de la
dette?
M. Charbonneau: Non, je voudrais bien un jour, mais... Cela va
aller.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 8 est
vérifié. Engagement 9?
M. Charbonneau: La raison pour laquelle vous n'avez pas plusieurs
fournisseurs, est-ce que c'est parce que c'étaient des ordinateurs d'un
certain type qu'il vous fallait absolument?
M. Lincoln: Vous parlez de quoi? M. Charbonneau: De
l'engagement 9.
M. Lincoln: De l'engagement 9. Ce sont des achats qui se font par
le Service général des achats. Alors, c'est fait directement par
eux, si vous vouiez des détails additionnels -c'est la même chose
pour le contrat de l'engagement 10 - je pourrais vous les faire parvenir par le
Service général des achats, ce sont eux qui s'occupent de
cela.
M. Charbonneau: Donc, vous, vous payez sans trop savoir.
M. Lincoln: Non, on ne paie pas sans trop savoir. Le Service
général des achats est l'organisme du gouvernement qui s'occupe
de ces choses, alors, c'est lui qui est délégué pour le
faire.
M. Charbonneau: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 9 est
vérifié?
M. Lincoln: Nous, nous soumettons les spécifications dont
nous avons besoin comme équipement et, eux, il négocient en vrac.
C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 9 est
vérifié? J'appelle maintenant l'engagement 10.
M. Charbonneau: Aux comités de sélection, dans 11
et 12, qui fait partie de ces comités-là?
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Verchères, est-ce que ceci signifie que 10 est
vérifié aussi?
M. Charbonneau: Attendez donc une minute.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous étiez rendu
à 11 et à 12.
M. Charbonneau: Oui, c'est cela. En ai-je sauté un?
M. Lincoln: Le comité de sélection...
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, l'engagement 10.
M. Charbonneau: Ah ouiï Le ministre a dit que c'était
la même chose, 9 et 10, que c'était par le Service
général des achats.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 10 est
vérifié? Engagement 11?
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: Je demandais de qui étaient
composés vos comités de sélection?
M. Lincoln: Les comités de sélection ont toujours
été composés de la même façon, alors, on n'a
rien changé. Il y a le directeur général du service des
lacs et cours d'eau, un professionnel, un gestionnaire du ministère et
un représentant de la Direction générale de
l'administration du ministère. Cela a toujours été la
même procédure.
M. Charbonneau: M. le ministre m'excusera, mais je ne suis pas un
familier...
M. Lincoln: Non. Ce que je veux vous dire, c'est que ce
système est établi ainsi, alors on a...
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 11 est
vérifié. Engagement 12?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président, la même
chose.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 13?
M. Charbonneau: ...
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 14?
M. Charbonneau: Une seconde.
Vous avez ici, M. le Président, la contribution du gouvernement
du Québec au financement de son secrétariat et du fonctionnement
du groupe. C'est financé par le ministère de l'Environnement.
Est-ce que les 45 000 $ représentent la totalité de la
contribution du gouvernement du Québec ou est-ce qu'un montant
additionnel provient du ministère de l'Énergie et des
Ressources?
M. Lincoln: Non, il y a une contribution du ministère de
l'Énergie et des Ressources. Le montant global est de 65 380,26 $, dont
nous payons 45 699,75 $.
M. Charbonneau: Le budget total du secrétariat...
M. Lincoln: Du CCMRE?
M. Charbonneau: Oui, du groupe du travail, pour l'ensemble du
Canada.
M. Lincoln: C'est environ 400 000 $.
M. Charbonneau: Vous vous en êtes tiré à bon
compte, pour 25 % de la population.
M. Lincoln: Pardon?
M. Charbonneau: J'ai dit: Vous vous en êtes tiré
à bon compte pour 25 % de la population.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'engagement 14
est vérifié?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 15?
M. Lincoln: En réalité, on paie 13 % de la
note.
M. Charbonneau: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va. Ceci
complète le mois de juin 1987.
J'appelle maintenant le mois de juillet 1987, engagement 32.
Juillet
M. Charbonneau: Engagement 33?
Le Président (M. Saint-Roch): 32.
M. Charbonneau: 32? Je n'ai pas l'engagement 32.
M. Lincoln: ...écrit 32.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 32 de juillet.
On est rendu à juillet.
M. Charbonneau: Ah! D'accord. Je l'ai ici.
M. Lincoln: Mais, pour juillet, c'est 33.
M. Charbonneau: D'accord, c'est parce qu'il y a une autre feuille
ici. Contrats de services et de construction de... (21 h 45)
M. Lincoln: Je n'ai pas d'engagement 32 ici.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Lincoln: M. le Président, si on finissait les
engagements réguliers, après, on prendrait les engagement
rétroactifs, si vous êtes d'accord? Parce qu'on pourrait...
M. Charbonneau: L'engagement 32 est rétroactif?
M. Lincoln: Oui, 32 est rétroactif.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va, consentement.
Engagement 33.
M. Charbonneau: On va passer à 33. Contrat pour l'achat
d'un terrain avec une bâtisse sur l'île
Sainte-Thérèse de Varennes. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 34?
M. Charbonneau: C'est un bon comté. Contrat pour travaux
de préparation des plans et devis. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 35?
M. Charbonneau: En tout cas, le troisième soumissionnaire
était pas mal élevé.
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable. C'est exactement la remarque
que j'ai faite à M. Couillard quand on a discuté de cela. Ce
n'est pas croyable de voir que cela va de 57 000 $ à 152 000 $.
C'est presque trois fois la somme.
M. Charbonneau: J'espère que vous avez pris son
portrait!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 35 est
vérifié?
M. Charbonneau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 36?
M. Charbonneau: Mon ignorance est totale, M. le Président,
sur ce qu'est un chromatographe, en phase gazeuse en plus.
M. Lincoln: C'est un échantillonneur automatique qui
analyse les trialométhanes dans l'eau potable, les micro-polluants dans
l'eau.
M. Charbonneau: Je comprends qu'il est dans le comté de
Saint-Laurent, mais il ne voulait pas prendre de chance. Il l'a mis bas pas
mal, parce que l'autre est à 55 000 $. Là aussi, il y a une
grosse différence.
M. Lincoln: Oui, une grosse différence.
M. Charbonneau: II a dû faire cela pour le premier
ministre.
M. Lincoln: Vous lui poserai la question.
M. Charbonneau: Oui, c'est cela. Cela va, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 36 est
vérifié. Engagement 37?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 38?
M. Charbonneau: C'est ce qu'on a dit tantôt. Vous avez
donné l'explication pour 38.
M. Lincoln: C'est exactement cela. M. Charbonneau: Cela
va.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié.
Engagement 39.
M. Lincoln: L'engagement 39, c'est un projet abandonné de
toute façon. Cela avait été comptabilisé, mais cela
a été annulé.
Le Président (M. Saint-Roch): Vérifié?
M. Charbonneau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Engage-
ment 40?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 41?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Engagement 42? Je m'excuse,
engagement 32. Cela allait bien.
M. Lincoln: Si vous vouliez appeler les dates. Vous commencez
à février 1985?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, je pense que, s'il y a
consentement, on pourrait commencer par 1984-1985, peut-être? Pour la
compréhension.
M. Charbonneau: Oui. Une petite seconde.
Le Président (M. Saint-Roch): On a 143 en marge, alors, je
pourrais appeler la marge, si vous voulez?
M. Charbonneau: D'accord. Est-ce que le ministre a des
explications?
M. Lincoln: Oui. La raison pour laquelle ces montants de 1985 et
des années antérieures sont inclus aujourd'hui, c'est que, dans
tous les ministères du gouvernement, il y avait des directives qui
avaient été interprétées d'une certaine
façon par tout l'organisme gouvernemental. À la suite d'une
révision de l'interprétation de ces directives, le Conseil du
trésor a demandé à tous les ministères de mettre
maintenant à jour toutes les dépenses et les engagements
financiers qui avaient été conclus à partir d'une certaine
date. Ils ont pris la date de mai 1984 parce que c'était la date de
l'entrée en vigueur de la directive. Ils ont dit:
L'interprétation de la directive, jusqu'à présent,
était erronée, on partira de mai 1984, qui était la date
de la directive, et à partir de maintenant, retirez toutes les fiches
qui ont trait à des cas comme celui-ci qui, avant, avaient
été interprétés comme n'étant pas
nécessaires à rendre officiels pour les engagements financiers,
et, à ce moment-là, mettez tout cela à jour et publiez-les
dans Ies engagements financiers courants. C'est la directive qui a
été envoyée à tous les ministères.
Maintenant, on est obligés de le faire.
M. Charbonneau: Cela n'a pas été transmis au
Conseil du trésor?
M. Lincoln: Ces choses-là n'étaient pas transmises
au Conseil du trésor, non.
M. Charbonneau: Maintenant, elles le sont?
M. Lincoln: Maintenant, elles le sont, oui, parce que la
directive du Conseil du trésor dit qu'il faut qu'on le fasse. Par
exemple, dans le cas de l'assainissement des eaux, nous avons un budget total
et, aussi, nous avons une programmation qui est transmise au Conseil du
trésor avec tous les détails. À cause de cela, le Conseil
du trésor n'insistait pas pour que l'on publie ces dépenses comme
engagements financiers. Mais, à l'avenir, beaucoup de ces
dépenses devront être publiées. Alors, tout cela suivra
l'interprétation de la directive faite maintenant.
M. Charbonneau: Dans ces engagements, on met seulement le nom de
l'entreprise qui a été bénéficiaire. On ne sait pas
s'il y a eu des appels d'offres ou quoi que ce soit.
M. Lincoln: Je dois vous dire que dans le cas des Conseillers en
gestion informatique inc., CGI, il y" a eu dix firmes qui ont été
appelées par le fichier central des fournisseurs et d'après le
système normal.
M. Charbonneau: Ce que je remarque, c'est que plusieurs datent de
1985. Ce que l'on constate, c'est qu'en 1986, cette pratique-là a
continué.
M. Lincoln: Ah oui.
M. Charbonneau: Mais pourquoi vous êtes-vous servi de cette
interprétation?
M. Lincoln: M. le Président, je vais donner les
explications qui m'ont été données, mais si le
député voulait des explications plus précises, M.
Couillard, le directeur général de la Direction
générale de l'administration, avec votre permission, pourrait
ajouter quelque chose.
En tout cas, ce qui est arrivé, c'est que, dans tous les cas
où il y a des dépenses de plus de 25 000 $, il faut qu'il y ait
un engagement financier qui soit discuté en commission parlementaire,
mais, dans certains cas précis ou selon la réglementation, les
ministères ont la permission de dépenser. Par exemple, dans les
cas qui sont ici, ils ont la permission de dépenser automatiquement
jusqu'à 75 000 $, à cause d'une réglementation quelconque.
Les ministères, comme ils en avaient le droit dans la
réglementation, n'ont pas cru qu'il était nécessaire, par
le fait même de cette permission, d'inclure ces dépenses dans les
engagements financiers officiels et c'est la pratique qui était suivie
par tous les ministères. Je pense que cela a été
relevé lorsque, récemment, il y a eu une affaire qui
a été mise en doute dans un des ministères, le
Solliciteur général, c'est ce qui a provoqué cette
révision de la pratique où le Conseil du Trésor a dit:
Cela a été une interprétation erronée des faits,
tous ces cas-là, vous allez les relever, vous allez les soumettre dans
les engagements financiers parce que, selon nous, ils auraient dû
être soumis au départ. Alors, la même pratique avait
été suivie depuis mai 1984 jusqu'en juillet 1987, je pense.
Peut-être que vous pourriez, avec la permission de M. le
député, M. Couillard, ajouter quelque chose?
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Couillard.
M. Couillard (Gaston): Comme le mentionnait M. le ministre, nous
croyons que, dans un contrat tel que mentionné, où la
réglementation nous dit qu'on peut signer avec les firmes si on fait
affaire aux fichiers des fournisseurs et que le contrat est inférieur
à 75 000 $, on n'a pas besoin de se présenter devant les
organismes centraux, dans ce cas-là, c'était le Conseil du
trésor. Donc, on n'a pas senti le besoin de présenter ces cas-ci
à la commission, et, à la suite des événements qui
se sont passés en juillet, on nous a demandé de tous les
présenter. Donc, vous allez en trouver certains à cette
commission-ci, et le reste figurera aux prochaines réunions, notamment
tout ce que M. le ministre mentionnait tout à l'heure en ce qui concerne
l'assainissement des eaux.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci
complète l'engagement 32?
M. Charbonneau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'engagement 32 est
vérifié. Nous avons maintenant épuisé le mandat qui
nous avait été confié de procéder à la
vérification des engagements des mois de septembre 1986 à juillet
1987. Est-ce qu'il y a des commentaires de conclusion? M. le ministre.
M. Lincoln: Non, mes seuls commentaires sont pour vous remercier,
M. le Président, ainsi que le critique de l'Opposition, pour une
soirée de travail fructueuse.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Cela va, M. le Président, je pense que
cela a bien été.
Bonne soirée.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Sur ce, la commission
de l'aménagement et des équipements suspend maintenant ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 21 h 59)