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(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour poursuivre le mandat qui lui a
été confié par l'Assemblée nationale, soit de
procéder dans un premier temps à des consultations
particulières dans le cadre de l'étude du projet de loi 76, Loi
sur le camionnage. Ladite commission entreprend l'étude
détaillée du projet de loi au même endroit et ce, de 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 24 heures.
À la suite d'une entente entre les membres de la commission, nous
commencerons nos travaux avec l'Association des propriétaires de camions
remorques indépendants. Je demanderais à ces gens de bien vouloir
prendre place, s'il vous plait. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Auditions
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire.
Association des propriétaires de
camions remorques indépendants
Je demanderais à l'Association des propriétaires de
camions remorques indépendants du Québec inc., de bien vouloir
prendre place, s'il vous plaît.
Dans un premier temps, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux
travaux de la commission de l'aménagement et des équipements.
Avant de céder la parole au porte-parole de l'association, j'aimerais
vous rappeler que vous aurez, dans un premier temps, 20 minutes pour exposer le
but de votre mémoire aux membres de la commission.
Je demanderais au porte-parole ainsi qu'aux gens qui l'accompagnent de
bien vouloir s'identifier pour le bénéfice des parlementaires et
pour les travaux du Journal des débats.
M. Miller (Pierre): Mon nom est Pierre Miller. Je suis le
président de l'Association des propriétaires de camions remorques
indépendants. À ma droite, M. André Giguère,
conseiller; à ma gauche immédiate, M. Collin Boivin et, à
l'extrême gauche, M. Roger Fournier, membre du conseil d'administration
de l'association.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président, et je vous cède maintenant la parole pour 20
minutes.
M. Miller: Avant de débuter, j'aurais aimé attirer
l'attention sur le fait que nous devions témoigner à 12 h 30 et
qu'on nous convoque à 11 h 30. Je me demande la raison de ce
changement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le président, il y
a eu des discussions entre les membres de la commission pour décider
d'inverser l'ordre d'attente de...
M. Garon: Je ne savais pas à quelle heure ils devaient
passer.
M. Miller: De toute façon, cela ne change rien à
notre texte, mais on aurait préféré entendre le
témoignage de l'Association du camionnage du Québec avant de
déposer. De toute façon, pour satisfaire tout le monde, nous
allons procéder. Je pense qu'on ne perdra pas notre temps pour une
peccadille.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le président, je
vous cède la parole.
M. Miller: M. le ministre des Transports, mesdames et messieurs
les députés, membres de la commission.
Nous désirons vous remercier de l'occasion que vous nous donnez
de faire part des attentes de nos membres vis-à-vis du projet de loi 76,
Loi sur le camionnage. En général, nous sommes d'accord avec
l'esprit de cette loi. Cette déréglementation permettra une saine
compétition et fera tomber les fiefs.
J'ai ici avec moi des camionneurs, des membres du conseil
exécutif et deux personnes-ressources, soit MM. Giguère et
Boivin. L'Association des propriétaires de camions remorques
indépendants regroupe les voituriers remorqueurs qui oeuvrent pour
différentes compagnies de transport. Quel est le but de notre
démarche? Nous voulons faire cesser l'exploitation que nos membres sont
obligés de subir, obtenir des normes minimales à
l'intérieur des contrats signés entre les transporteurs et les
voituriers et libérer les voituriers de l'emprise des transporteurs.
Il y a présentement 7500 voituriers qui oeuvrent au
Québec. À la suite des injustices subies, certains ont
jugé nécessaire de se regrouper pour faire valoir leurs droits.
Les objectifs de notre association sont d'obtenir une
rémunération juste et équitable considérant les
services rendus et les risques encourus, améliorer la qualité de
vie du voiturier, défendre ses intérêts, permettre au
voiturier d'être indépendant, autonomes et d'améliorer son
efficacité, obtenir une reconnaissance du travail du voiturier et
obtenir un statut défini du voiturier.
Étant donné que la situation des voituriers est critique,
il devient impératif qu'une étude complète soit
effectuée par le ministère des Transports. Nos voituriers vivent
dans un contexte abusif où il règne chantage et menaces. Il n'y a
aucune provision dans le projet de loi 76 qui résout ces
problèmes. Ils affectent la viabilité et la fiabilité de
l'industrie du camionnage au Québec.
Vous trouverez, en annexe III, quelques-unes des nombreuses injustices
que nous avons identifiées. Certaines démontrent qu'il y a un
vice de consentement, car lorsque le voiturier est obligé, dans
plusieurs cas, de signer son contrat, le consentement n'est pas libre et
éclairé.
Nos législateurs doivent donc intervenir dans de telles
situations, car elles nuisent à la libre concurrence, ce qui est
nettement défavorable à l'industrie du camionnage.
Sachant que l'ensemble du transport est partagé entre
l'extraprovincial à 70 % et 30 % pour l'intraprovincial, voici les
articles qui nous permettent de légiférer sur le transport
extraprovincial. La loi C-19, à l'article 16 de cette loi concernant les
transports routiers effectués par des entreprises extraprovinciales,
nous permet, durant la période transitoire, après consultation
avec les provinces touchées, de soustraire une compagnie
extraprovinciale à l'application de la loi C-19. Par conséquent,
le ministre des Transports a les pouvoirs nécessaires. À
l'article 17 de la même loi, en ce qui concerne les transporteurs
étrangers, le ministre des Transports peut, soit interdire ou
restreindre la délivrance de licences, sous le régime de la
présente loi, lorsqu'il y a pratique injuste, discriminatoire ou
restrictive. Comme exemple, nous pouvons citer l'obligation, d'un transporteur
canadien, de payer une taxe spéciale, nommée "Heavy Use Tax". De
plus, les transporteurs canadiens doivent payer aux douanes américaines,
une somme forfaitaire, ce qui n'est pas le cas pour les transporteurs
américains.
Les articles 8 et 11, de la même loi. Même si c'est une
entreprise extraprovinciale, le gouvernement du Québec peut
légiférer sur un mouvement intraprovincial.
L'article 3 de la loi C-18, la loi nationale concernant les transports.
Il ne faut pas craindre de faire valoir nos droits sur les 70 % de transport
extra-provincial. Cet article sur la politique nationale des transports nous
cite clairement, de quatre façons différentes, que le service de
transport fourni doit être viable, rentable, efficace et
indemnisé, de façon juste et équitable.
On ajoute même que le transport doit s'effectuer selon des
modalités qui ne constituent pas un désavantage injuste. Le
gouvernement du Québec, ayant déjà démontré
son leadership, en étant la seule province à délivrer un
permis de voiturage, peut certainement poursuivre son dynamisme, en
établissant des normes minimales à l'intérieur d'un
contrat type uniforme. Le gouvernement n'a-t-il pas bien fait en instaurant un
bail uniforme entre le locateur et le locataire d'un logement? Ceci
était nécessaire pour protéger le petit. Il aura autant de
succès avec ce contrat type que nous proposons. D'ailleurs, ce dernier
existe aux États-Unis.
Les solutions proposées. À la délivrance d'un
permis de voiturage, nous suggérons qu'une copie du contrat type
uniforme soit remise aux deux parties et que cette copie fasse partie
intégrale du permis.
L'article 48 du règlement 2, présentement en vigueur,
donne certains pouvoirs au gouvernement d'exiger des normes. Nous proposons
donc que les solutions suivantes fassent partie du contrat type
proposé.
Taux. Étant donné les coûts minimums d'exploitation
cités à notre annexe I, nous proposons qu'une
rémunération de 79,8 cents le kilomètre soit versée
au voiturier-remorqueur, tirant une semi-remorque de deux essieux, pour une
masse totale en charge de 36 287 kilogrammes. Il est sous-entendu que toute
charge additionnelle devra être rémunérée en
conséquence.
Ajustement du taux. Tous les ans, cette rémunération devra
être revisée en consultation avec le ministère des
Transports, l'ACQ et l'APCRIQ. en tenant compte du taux d'inflation.
Tout permis d'exploitation, nécessaire pour faire affaire dans
les autres provinces ou dans les États américains, devra
être à la charge du transporteur. "Notice of readiness". Tout
transporteur devra émettre une formule nommée "Notice of
readiness" ou sa traduction française qui déterminera le moment
précis du début d'un voyage, jusqu'à la signature du
cosignataire, pour en déterminer la fin.
Publicité. Nulle compagnie ne pourra forcer un voiturier à
identifier son camion tracteur aux couleurs du transporteur, sauf s'il en
assume les frais.
Kilométrage à vide. Tout transporteur devra payer au
voiturier la quantité de kilomètres qu'il effectuera à
vide. Le taux ne pourra pas être inférieur à 90 % du prix
convenu sur le contrat, pour le transport principal.
Surprime d'assurance. Si le transporteur perçoit la surprime
d'assurance-responsabilité et que cette somme lui est versée
directement, il devra accepter l'entière responsabilité, sans
faire une réclamation au voiturier, sauf en cas de faute lourde ou de
négligence grave. Si le transporteur opte pour céder la
responsabilité au voiturier, il devra remettre cette surprime au
voiturier et le rémunérer en conséquence pour ce qui est
du 4,41 $ le kilogramme.
Kilométrage exact. Tout voiturier devra être payé
selon le kilométrage exact du point d'origine au point de destination,
en tenant compte de la route la plus courte. Cependant, lorsqu'il y aura des
règlements empêchant l'utilisation du
chemin le plus court, le paiement sera en fonction du kilométrage
additionnel obligatoire.
Pratiques discriminatoires. Tout transporteur ne pourra utiliser son
pouvoir de négociation d'une façon discriminatoire lors de
l'attribution de ses voyages. Nous avons mis entre parenthèses "chantage
et menaces" et nous expliquerons plus tard.
Heures d'attente. Tout voiturier sera rémunéré pour
ses heures d'attente quelle que soit la raison, et le document intitulé
"Notice of readiness" sera l'instrument de contrôle. Ceci exclut
évidemment les heures d'attente imputables au voiturier.
Matières dangereuses. Tout transporteur qui ferait faire du
transport de matières dangereuses, sans aviser au préalable le
voiturier du contenu et des risques impliqués, perdra son permis de
transport.
Assurance-responsabilité. Tout transporteur devra fournir une
copie au voiturier de sa police d'assurance indiquant la couverture et la prime
versée. Il ne pourra empêcher le voiturier de contracter sa propre
police d'asssurance, si cette dernière satisfait aux normes des
gouvernements. "At arms length". Nul transporteur ne pourra forcer le voiturier
à utiliser ses services d'aucune façon que ce soit. L'esprit du
contrat entre les deux parties devra exclure toute notion de relations.
Recommandations. Le voiturier, contracteur indépendant ou
employé? En vue d'établir un contrat type uniforme, il devient
essentiel que le gouvernement détermine le statut exact du voiturier.
Selon le ministère du Travail fédéral, division des
conditions de travail, le voiturier est considéré comme
contracteur indépendant. Emploi et Immigration informait
récemment l'Association du camionnage du Québec que les
propriétaires exploitants ne seront pas considérés, aux
fins de l'application de la loi sur l'équité en matière
d'emploi, comme des employés de sociétés de camionnage
pour lesquelles ils travaillent.
Par contre, les employés sous-traitants à la
Société canadienne des postes sont considérés comme
des employés. À l'intérieur du ministère des
Transports, il arrive parfois qu'on fasse l'équation suivante: permis de
voiturage égale permis de travail. L'APCRIQ considère qu'il doit
être considéré comme un contracteur indépendant et
demande au ministère des Transports de le confirmer.
Le registre de vérification (le carnet de bord). Étant
donné que le projet de loi 73 est connexe au projet de loi 76, nous
aimerions participer à l'établissement des règles sur les
registres de vérification. Nous avons de sérieuses
réserves sur la viabilité des voituriers, si le carnet de bord
n'est pas étudié, en tenant compte des revenus des voituriers.
Gardant en mémoire que l'accent doit être mis sur la
sécurité, nous demeurons disponibles pour cette consultation.
Répartition centrale. Si toutefois la formule du contrat type
uniforme n'est pas retenue, il y aurait lieu d'entrevoir la possibilité
d'instaurer un principe de regroupement des voituriers similaire au secteur
maritime, en l'occurrence le MEA. L'Association des employeurs maritimes
fournit un service de répartition centrale qui se prêterait
très bien au secteur routier. Ceci éviterait une exploitation
abusive de nos voituriers.
Programme de réciprocité proportionnelle. Afin que le
voiturier ne soit pas obligé de revendre son camion au transporteur pour
bénéficier des avantages du programme PRP, l'APCRIQ recommande
que le voiturier soit reconnu comme transporteur dans le cadre de ce programme.
(12 heures)
Période transitoire. En vue de mieux coordonner les actions
conjointes entre les provinces, nous recommandons que le ministre des
Transports, en vertu de l'article 93 du projet de loi 76, consulte les autres
provinces sur l'opportunité d'instaurer le principe du contrat type
uniforme et obligatoire.
En conclusion, nous sommes persuadés que ce mémoire est
digne d'une étude sérieuse compte tenu de l'implication
économique et sociale qu'il représente et ce, autant pour
l'industrie du camionnage que pour le public utilisateur. Toutefois, même
si le principe du voiturier demeure le concept de transport le plus
économique, il ne faudrait pas en abuser à outrance. Il serait
pertinent de consulter les annexes I et II traitant des coûts
d'exploitation que doivent rencontrer les voituriers et de les comparer aux
revenus qu'ils reçoivent présentement en vertu de contrats
déjà existants.
Nous profitons de l'occasion pour témoigner notre reconnaissance
à l'égard des hauts fonctionnaires du ministère des
Transports qui nous ont offert l'occasion de mettre sur pied, conjointement
avec eux, des séances d'information. Chaque zone sera visitée
pour renseigner les 7500 voituriers du Québec des nouvelles dispositions
des projets de loi 76 et 73.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
dois remercier les gens et, en particulier, M. Miller d'être venus nous
rencontrer dans un si court laps de temps et nous exprimer, au nom de son
association qui est relativement jeune, ses opinions quant au projet de loi 76
et des ajustements nécessaires quant à la venue, pour une bonne
pratique, un bon exercice, de ce projet de loi.
Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de
déréglementation. Je pense que cela fait quand même un
certain temps qu'on en parle. C'est une déréglementation qui a eu
ses origines il y a quelques années et qui a fait l'objet d'un voeu
unanime, finalement ou à peu près, de toutes les
provinces à l'époque et qui s'est enclenchée par la
volonté du fédéral d'adopter C-19, pour que nous soyons
capables de nous situer, et sans jamais oublier que ce pouvoir que nous avons
entre les mains actuellement est un pouvoir délégué du
gouvernement fédéral.
Donc, dans le contexte actuel et surtout depuis que le Parlement
fédéral a adopté le projet de loi C-19, les provinces ont
tenté de faire un certain exercice et d'en arriver à ce qui
était le plus acceptable pour la pratique de l'industrie, avec un
thème qui est très important, et c'est la base même du
projet de loi C-19, l'usager. Alors, c'est l'usager qui est au coeur
malgré le fait qu'on ait fait plusieurs tentatives pour tenir compte
aussi du transporteur, mais le fédéral a quand même retenu
qu'à l'intérieur, c'était l'usager, sous les pressions de
ceux qui avaient expédié des produits un peu partout à
l'extérieur du Canada et aux États-Unis, de telle sorte que,
semble-t-il, on puisse être plus concurrentiels et qu'on élimine
la situation actuelle de l'impossibilité à peu près pour
d'autres transporteurs d'obtenir des permis de la Commission des transports et
d'être capables d'aller vers le marché libre.
Si j'ai bien compris, dans un premier temps, vous dites: Oui, on est
pour la déréglementation, on est pour le principe du projet de
loi 76. Cela m'apparaît assez clair.
M. Miller: Pour le principe du projet de loi, oui, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Par contre, il y a des
écueils et vous dites: Voici les écueils.
M. Miller: Effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on va vers les
écueils, là, vous faites davantage référence
à la pratique du métier que vous exercez. Dans le cadre actuel
des lois qui nous régissent, est-ce que pour vous, en tenant pour acquis
que ce que vous dites - vous n'avez pas raison de nous mentir - est vrai dans
tous les cas - je n'ai pas de raison de douter que ce soit faux, encore
faudrait-il départager qui est coupable ou non... Le ton est très
haut et il y a des affirmations là-dedans qui ont quand même des
conséquences. J'imagine que si vous voulez créer...
M. Miller: Nous avons pesé amplement nos paroles et nos
pensées avant de les mettre sur papier.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'en doute pas. C'est
pour cela que je dis que je n'ai pas de raison de douter. Encore faudrait-il
départager qui, au bout de la ligne, est responsable, si c'est la
situation ou si ce sont des individus autres que vous. Mais il faut être
capable de vérifier où se situe le problème
actuellement.
Est-ce que vous croyez, étant donné la
déréglementation selon les principes qu'on connaît des
projets de loi C-19 et 76, que c'est une situation qui va perdurer, ce que vous
vivez actuellement, ou si cela risque d'améliorer la situation?
M. Miller: M. le ministre, dans le projet de loi, lorsqu'on vous
a cédé une période transitoire, on se rendait compte que,
du jour au lendemain, le voiturier remorqueur devait devenir un entrepreneur.
Si on fait un retour en arrière, il y a six, huit ou dix ans, quand les
compagnies de transport ont agi de la même façon en disant
à leurs chauffeurs: Achetez les camions et vous allez devenir des
voituriers, sans une période de transition pour permettre aux gens de
s'adapter à la nouvelle situation, qu'est-ce qui s'est produit? Cela
s'est fait sans que les gens soient nécessairement aptes à
devenir des entrepreneurs, et, du jour au lendemain, on leur a demandé
de changer toute leur philosophie de vie.
Ce qui s'est produit, c'est que la situation de chauffeur de camion
s'est transposée, sauf que, là, on se ramassait avec des hommes
qui avaient des responsabilités financières de 100 000 $, 120 000
$ d'équipements, mais qui, mentalement, demeuraient toujours des
chauffeurs. On n'a jamais aidé ces gens à apprendre le roulement
pour devenir des entrepreneurs. Qu'est-ce que cela a produit? Ceux qui ont vu
la situation et qui avaient le pouvoir en ont profité. Aujourd'hui,
est-ce qu'on va faire la même chose en disant aux gars de devenir des
entrepreneurs en transport, alors que la majorité ne savent même
pas comment calculer un taux, un tarif?
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Est-ce qu'on
partage le même point de vue que la déréglementation et le
projet de loi 76, qui est dans la foulée de C-19, et forcément
parce que, s'il n'était pas dans la foulée de C-19, le
fédéral pourrait rapatrier son pouvoir? Est-ce que,
d'après vous, le projet de loi 76 tel qu'il est nous fait passer d'une
situation, celle qu'on connaît aujourd'hui à une situation plus
libre, puisque les gens auront plus de facilité à obtenir un
permis de transporteur auprès de la Commission des transports? Est-ce
que jusque là on se suit?
M. Miller: On est conscients que ce sera plus facile pour eux
d'obtenir un permis.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord.
M. Miller: Mais obtenir un diplôme honorifique, cela ne
veut pas dire qu'on est nécessairement connaissant dans la
matière.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux simplement y aller
par étapes, pour qu'on puisse voir là où le bât
pourrait blesser, selon vous. Dans la mesure où on se comprend bien
qu'il sera
dorénavant plus facile, avec cette loi, d'obtenir un permis pour
transporter, on donne la possibilité à des gens qui, aujourd'hui,
font du transport pour d'autres de devenir des transporteurs
eux-mêmes.
M. Miller: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Si je comprends le sens de
votre intervention, c'est davantage dans la préparation de celui qui,
aujourd'hui, est camionneur et, demain, deviendrait un transporteur...
M. Miller: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...au sens large, donc avec
les responsabilités d'aller chercher des contrats, d'administrer sa
"business". C'est davantage là où vous dites que les gens de chez
nous ou ceux que vous représentez ne sont pas nécessairement,
actuellement, prêts à faire automatiquement ce saut
M. Miller: Effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Ils ont davantage besoin
d'encadrement.
M. Miller: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on doit
reconnaître, c'est que les principes du projet de loi 76 sont bons, mais
cela va prendre davantage d'encadrement pour permettre à ceux que vous
représentez de faire ce pas. C'est ce que je comprends.
M. Miller: Oui, et donner l'occasion à ces gens-là,
durant une période transitoire, de renflouer leur affaire parce que la
majorité des voituriers remorqueurs vivent aujourd'hui de la
dépréciation de leur équipement. Le taux est tellement
bas. Si vous remarquez, le parc de tracteurs est de plus en plus beau, parce
que la seule façon qu'ont les camionneurs d'équilibrer leur bilan
de l'année précédente à l'achat d'un camion, c'est
d'en acheter un plus gros pour avoir un meilleur retour pour leur
équipement et démontrer un crédit rentable. C'est une
fausse image de la réalité.
Il faut que ces gens soient renseignés et éduqués.
On ne doit pas, du jour au lendemain, prétendre que, dès qu'on
leur délivre un permis, on réussit à tout chambarder. La
majorité de ces gens-là ne connaissent même pas le principe
d'un prix que le marché peut endurer par rapport à un prix
d'exploitation. Il faut prendre le temps d'enseigner quelque chose à ces
gens-là.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Pour bien
comprendre la portée de vos interventions, est-ce que les gens que vous
représentez, si je ne m'abuse et si mes informations sont bonnes, font
davantage du long courrier...
M. Miller: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...de longues destinations?
Comment cela se partage-t-il par rapport aux États-Unis et par rapport
à l'Ontario?
M. Miller: Cela peut se partager 50 %-50 %.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Globalement, en
termes de personnes que vous représentez, quel est le pourcentage de
ceux qui ne feraient que du transport intra Québec?
M. Miller: Intra Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Miller: Un pourcentage minime, peut-être 15 % à
20 %.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Ce qui veut dire
finalement que la majorité de ceux que vous représentez
aujourd'hui seraient davantage soumis à la loi C-19 qu'à la loi
76.
M. Miller: Oui, mais je pense que nous avons tenté de
démontrer que vous aviez les pouvoirs de légiférer
là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais y arriver, mais
c'est pour bien savoir de quoi on parle et connaître aussi ceux que vous
représentez. Alors, selon mes informations, dans la mesure où on
n'aurait pas de loi au Québec, vous seriez quand même, pour 85 %
ou 90 % de vos gens, soumis à la loi C-19.
M. Miller: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Pour bien se comprendre et,
finalement, il faut que la philosophie de la législation
québécoise aille dans le sens de celle de C-19 puisque, en fin de
compte, on aurait certains problèmes et on pourrait être
contestés devant les tribunaux. Cela ne veut pas dire que le
fédéral ne le sera pas, mais, dans le contexte actuel, compte
tenu que c'est un pouvoir délégué...
Lorsque vous prenez les articles 16 et 17, vous dites, à la page
5 de votre mémoire: Le ministre des Transports a les pouvoirs
nécessaires, à l'article 16, par exemple. On se comprend bien,
c'est le ministre des Transports du fédéral. C'est au
fédéral. Comme on fait allusion à la loi C-19 et qu'on
parle de l'article 16 de C-19, il ne faut pas se mélanger. Les pouvoirs
que vous donnez au ministre des Transports, dans ce cas-ci, sont des pouvoirs
qui appartiennent au ministre des Transports fédéral et non pas
à celui du Québec.
M. Miller: Mais, par interprétation, durant la
période transitoire, après consultation avec les provinces
touchées, ne pouvez-vous pas demander une consultation, puisque vous
devenez une province touchée?
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Mais ce sont
d'abord et avant tout des pouvoirs qui relèvent du ministre des
Transports, mais, par incidence, au moment où on se rencontre pour
discuter de l'application de ces projets de loi, comme on le fera le 11
février a Toronto, lors d'une réunion des ministres des
Transports de tout le Canada avec le gouvernement fédéral, il y a
sûrement des questions qui peuvent être abordées. Au cours
des dernières années, c'est ce qui s'est passé, en tout
cas, à tout le moins de manière très intensive depuis 18
mois, dans des réunions provinciales ou fédérales
où il s'est discuté de déréglementation du
camionnage. Effectivement, cela s'est discuté là. Il y a des
choses qui y apparaissent aujourd'hui qui sont des demandes du gouvernement du
Quéfbec; effectivement, on peut faire des demandes. Mais les pouvoirs
auxquels vous faites allusion relèvent davantage du ministre des
Transports fédéral et non pas de celui du Québec. Mais,
par incidence, comme vous le dites, lors de rencontres
fédérales-provinciales, il y a cette possibilité de
demander un certain nombre de choses.
M. Miller: Est-ce que je peux faire une petite note ici?
M. Côté (Charlesbourg): Ah ouil On est dans une
période de discussions. (12 h 15)
M. Miller: Je crois que, si vous faisiez justement cette
intervention-là, elle serait bien vue à Ottawa. Certains hauts
fonctionnaires du gouvernement fédéral sont conscients de la
situation et je pense que cela leur ferait un plaisir d'être capables
d'étudier la question avant de prendre eux-mêmes une
décision.
M. Côté (Charlesbourg): Ils ont pris pas mal de
décisions, il ne faut pas se mêler. Ils sont partis et ils ont
décidé, malgré le fait que nous soyons intervenus en
disant, à l'occasion, qu'on trouvait que le convoi allait pas mal vite.
On a toujours dit au fédéral: II vaut mieux prendre le temps,
mais ils ont décidé qu'ils passeraient à travers et ce
n'est que le 26 mars 1987 qu'on a réussi à faire certains
ajustements très importants, sur ce plan, souhaités par le
Québec. Dans le cadre de tout cela, prévoyant qu'effectivement,
c'est une transformation très importante et qu'il faut prendre le temps
qu'elle soit absorbée dans les us et coutumes de tout le monde, à
la fois des fonctionnaires et de ceux qui sont visés par ces
lois-là.
Le principe étant acquis que la déréglementation va
faire du bien à tout le monde, bien sûr, il y a certaines mises en
garde dont vous faites mention là-dedans qui sont importantes et dont il
faut tenir compte dans les plus brefs délais. C'est clair que les
officiers du ministère sont très ouverts à d'ultimes
rencontres et des rencontres nécessaires pour être capables de
voir les côtés les plus noirs.
C'est pour cela que j'en arriverais à une question, avec votre
permission. Vous pariez de pratique discriminatoire, à la page 8. Vous
dites: "Tout transporteur ne pourra utiliser son pouvoir de négociation
d'une façon discriminatoire lors de l'attribution de ces voyages,
chantages et menaces."
M. Miller: C'est fort, hein?
M. Côté (Charlesbourg): C'est très fort. Je
ne suis pas intéressé à avoir de noms, parce que je pense
que cela ne rendrait pas...
M. Miller: Oui. Je vais vous citer une situation que j'ai
moi-même vécue. Je travaillais pour un transporteur qui avait un
voyage à livrer à New York et ce voyage-là était en
surcharge. J'ai refusé de le faire. Ce qui est arrivé, c'est
qu'on m'a dit de retourner chez moi et qu'il n'y avait pas d'autre voyage pour
moi tant et aussi longtemps que je n'accepterais pas la politique de la
compagnie de contourner les balances et de me rendre à tel endroit par
telle route. Ce sont des pratiques qui existent et qui se produisent amplement
au Québec, du côté de l'Ontario, du côté
américain et qui ne sont pas souhaitées par les voituriers, parce
que leur revenu n'est pas augmenté pour autant. Lorsqu'un homme a un
versement de 2000 $ ou 2500 $ par mois et qu'il a une famille à faire
vivre, etc., lorsqu'il a le choix entre sa survie et la loi, bien, il
défie la loi et il le fait.
M. Côté (Charlesbourg): Vous nous saisissez d'une
situation qu'on connaissait. Ce n'est pas pour rien que, d'ailleurs, les
intervenants que nous avons rencontrés à plusieurs reprises dans
le domaine du camionnage ont dit: Ultimement, on n'a pas le choix d'aller vers
la déréglementation, mais il va falloir mettre des balises
très importantes en ce qui concerne la sécurité
routière, parce qu'elle peut en faire les frais. C'est pour cela qu'on a
eu le projet de loi 73, au préalable. Il y a des gens à
l'intérieur pour être capables de nous protéger, mais il y
a, effectivement, ce genre de situation que vous évoquez et dont on a
été sensibilisés. Vous nous dites que ce n'est pas une
pratique, si je comprends bien, qui est unique au Québec, mais qu'elle
l'est aussi en Ontario et aux États-Unis.
M. Miller: C'est un cancer généralisé qui
doit être réglé une fois pour toutes. Il doit être
réglé une fois pour toutes, parce que cela continue et cela
continue.
M. Côté (Charlesbourg): D'après vous,
qu'est-ce qu'on a comme but par des pratiques comme celles-là, non pas
le chantage et les menaces dans la mesure où il y en a et, d'ailleurs,
je pense que ce ne sont pas nécessairement des cas très
répandus, c'est peut-être davantage le fruit de quelques individus
ou dites-vous que c'est plus répandu que cela?
M. Miller: Disons que c'est un cancer presque
généralisé.
M. Côté (Charlesbourg): Au Québec? M.
Miller. Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Presque
généralisé? M. Miller: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Cela l'est aussi en Ontario
et aux États-Unis?
M. Miller: Oui. Je pourrai fournir les informations au
ministère de compagnies qui transportent du papier durant des
périodes de dégel où on fait passer des camions par tel et
tel chemin pour être bien sûr qu'on n'a pas à passer
à des contrôles routiers. Il ne faut pas...
M. Côté (Charlesbourg): Je connais cela, les
contrôles routiers, les municipalités s'en plaignent beaucoup.
M. Miller II ne faut pas présumer que c'est l'oeuvre de
quelques individus. Je m'excuse, ce n'est peut-être pas toujours la faute
du transporteur, l'expéditeur a certainement une partie des
responsabilités.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour cela maintenant
qu'il sera coresponsable, avec l'adoption du nouveau code, des
dépassements de charge. C'est un principe additionnel que nous avons
ajouté à l'intérieur du Code de sécurité
routière. Il devra payer une partie de la note aussi.
M. Miller: Avez-vous l'intention de donner les mêmes dents
à cette loi qu'en Angleterre où le transporteur est totalement
responsable des surcharges.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je pense qu'on ne peut
pas. Dans le cas des lots indivises, ce qu'on a inclus dans la loi - puis on
fait un premier pas - c'est la première fois dans un Code de
sécurité routière où on rend l'expéditeur
coresponsable. C'est quand même un pas très important dans la
bonne voie et il serait de nature à calmer certains appétits.
Je voudrais peut-être revenir - malgré le fait qu'on soit
obligés de le faire assez vite - à certains
éléments à l'intérieur de votre mémoire qui
parlent de la loi 76, concernant la régie au niveau du Code de la
sécurité routière où vous faites appel à une
collaboration plus intense pour être capables de véhiculer un
certain nombre de choses. Je ne veux pas m'attarder là-dessus parce
qu'on aura l'occasion de se revoir.
M. Miller: J'aimerais vous apporter un point là-dessus.
Lorsqu'on nous a demandé de présenter un mémoire en vertu
de la loi 76, le gros de la situation dans les solutions proposées est
basé sur le fait qu'actuellement le voiturier remorqueur, pour
éviter la faillite, doit rouler 130 000, 140 000, 150 000 milles par
année. Étant donné que son revenu au mille est tellement
bas, pour rencontrer ses coûts fixes et ses coûts variables, il est
obligé de rouler 150 000 milles par année. Il n'a pas le choix,
c'est la faillite ou roule. SI vous imposez un contrôle en vertu de la
loi 73, vous allez limiter cet homme-là à 90 000 ou 100 000
milles par année puis, avec les revenus actuels, c'est la faillite.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je comprends le
sens du message, mais il y a un certain nombre de problèmes. Juste avant
de terminer, puisque mon temps est presque fini, avant une conclusion: est-ce
qu'il existe dans d'autres provinces, des associations comme la
vôtre?
M. Miller: Je sais qu'en Ontario il y en a une qui s'appelle la
Comcar et il y en a une en Alberta. Je ne sais pas pour les autres
provinces...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'il y a des liens
entre vous et eux sur certains éléments de base?
M. Miller: C'est un phénomène tout à fait
récent que les voituriers se regroupent pour faire face à cela
parce que le cancer a fait son oeuvre puis, à un moment donné, on
cherche les remèdes et là, on a décidé qu'il
était temps de se regrouper pour faire valoir nos droits.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous avez
l'intention d'avoir des contacts réguliers avec ceux des autres
provinces qui vivent des situations comme la vôtre puisque vous nous avez
dit: C'est le même phénomène en Ontario, c'est le
même phénomène aux États-Unis.
M. Miller: C'est bien évident qu'on pourra consulter ces
gens-là, transmettre nos connaissances et apprendre des choses d'eux.
Cependant, le ministre doit comprendre qu'une association naissante ne peut pas
arriver avec des mémoires étoffés de dix provinces.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas ce que visait
ma question, compte tenu que nous...
M. Miller: Nous avons l'intention de le faire.
M. Côté (Charlesbourg): Le principe est le suivant,
étant donné que nous avons affaire au projet de loi C-19 qui est
du fédéral, donc de consentement avec les provinces aussi, sur
cette déréglementation partout dans le Canada, il y a donc des
effets aussi au gouvernement central qui sont nécessaires. Le souhait
que vous formuliez tout à l'heure que le ministre des Transports du
Québec se fasse le porte-parole de votre association, sur certains
éléments, lors de la conférence
fédérale-provinciale du 11 février prochain, pour
être capable de régler un certain nombre de problèmes
à ce niveau-là. Si on le fait seuls, cela a un certain poids, si
on le fait avec d'autres provinces, on ne risque pas nécessairement
d'être en surcharge, mais d'avoir la bonne charge. Dans ce
sens-là, je pense que c'est un effet multiplicateur important. Ce que je
peux vous dire, c'est que j'aurai une rencontre avec vous, à laquelle je
serai avant même que l'on se dirige vers la rencontre de Toronto du mois
de février, pour clarifier certains points avec vous comme on le fera
avec l'ACQ aussi, puisque vous représentez tout ce monde-là. Ce
sera le déclencheur des rencontres qu'on aura avant la rencontre de
février.
M. Miller: J'apprécie énormément votre
invitation et soyez assurés que nous allons y participer avec toute
l'intégrité qu'on nous connaît.
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais bien aimé
vous parler du "comic book", mais...
M. Miller: On en parlera de cela.
M. Côté (Charlesbourg): On en parlera au moment
où on se verra...
M. Miller: Je vous indiquerai comment on fait pour en faire deux
et trois, pour faire des faux "connaissements" et je vous expliquerai tout le
système.
M. Côté (Charlesbourg): On le sait. Je dois vous
dire que là-dessus, on est d'accord avec vous que le bavard serait
l'instrument le plus...
M. Miller: Approprié.
M. Côté (Charlesbourg): Le plus
approprié.
M. Miller: Oui, nous sommes tout à fait conscients de cela
et nous sommes tout à fait d'accord. Mais il faut qu'on revienne
toujours à la base que, si on limite l'homme à travailler 60
heures par semaine... Actuellement, les voituriers remorqueurs travaillent de
80 à 90 heures, par semaine. Et si vous avez remarqué, vers 3 h
30, 4 h 00 le matin, sur le CB, entre camionneurs, on se parle plus pour se
garder éveillés que pour autre chose. La seule et unique raison,
c'est parce que nos revenus ne nous permettent pas de nous coucher et de
dormir. On est conscients qu'on est des risques. On est conscients que frapper
avec un camion, cela frappe fort et cela tue. Mais que voulez-vous? on est pris
avec des taux de 0,98 $, lorsqu'une opération normale coûte 1,28
$. C'est bien évident qu'il faut compenser le manque à gagner et
on devient des dangers.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. M. le député de Lévis, je vais vous
reconnaître, en vous mentionnant qu'il y a un dépassement de 4
minutes. Alors, nous vous reconnaissons un droit de 24 minutes. Je vous
cède maintenant la parole.
M. Garon: M. le Président, je voudrais tout d'abord saluer
l'Association des propriétaires de camions remorques
indépendants. Croyez bien que c'est involontairement qu'on vous a fait
passer à 11 h 30, puisque moi, je pensais que... Je n'avais pas vu
l'ordre. Je voyais cela à midi et demi et j'ai consenti à une
demande du ministre de vous faire passer à 11 h 30, ne sachant pas que
l'ordre était déjà fixé par la commission. Mais
vous avez l'air d'être en forme pas mal...
M. Miller: Disons que nous sommes venus étoffés. On
est prêts.
M. Garon: Alors, je vais vous dire le principal but de cette
commission parlementaire, ce matin. Lors de l'étude en deuxième
lecture du projet de loi, nous avons mentionné... On a
différentes possibilités, au Parlement, de faire des
procédures, comme reporter l'étude du projet de loi à
trois mois, ce qu'on aurait souhaité. Techniquement, cela veut dire,
à ce moment-là, qu'il y a un débat de deux heures, et le
Parti libéral ayant 99 députés et nous, n'en ayant que 22,
on est à peu près sûrs de ne pas les convaincre et de ne
pas gagner la motion de report.
Alors, il y a eu un consentement pour vous entendre ce matin.
Plutôt que de faire une motion, et comme, en fin de session, le parti
gouvernemental a besoin habituellement de tout son temps, il aimait autant ne
pas avoir deux heures de motion de report et il a consenti à faire en
sorte que vous soyez entendus ce matin. Le but essentiel pour lequel on voulait
vous entendre, je vais vous le dire, c'est le projet lui-même, mais aussi
une question qui nous apparaît fondamentale. C'est que, là, il y a
un accord de libre-échange, apparemment, qui a été
signé cette nuit. On n'a aucune idée de ce qu'il y a dans ce
projet et il semble que les ministres aussi n'en ont aucune idée, parce
qu'on a posé des questions, ce matin, au ministre du Commerce
extérieur, au ministre de l'Agriculture. On en a posé sur le
transport maritime en
particulier. On en a posé sur différents aspects et ils
ont dit: Vous le saurez en même temps que nous autres, quand vous lirez
l'entente, jeudi.
Cela veut donc dire que les ministres ne savent pas ce qu'il y a dans
l'entente. Ce sont des ministres provinciaux. Ils ont choisi d'être des
ministres provinciaux et ils sont des ministres provinciaux. Alors, des
ministres provinciaux lisent dans les journaux, en même temps que tout le
monde, ce que les ministres fédéraux ont décidé. Ce
qu'on dit, c'est ceci: C'est que le projet de loi du ministre - je le lui ai
dit, en deuxième lecture - peut être bon ou non. Ce n'est pas un
projet de loi de principe. Je vois, quand vous en parlez, que vous parlez de
l'application, ce qui est le plus important. On dit: Cela dépend, dans
le temps, de ce à quoi il répond. On estime que ce qui est
important, dans ce qui se passe actuellement, ce sont les règles du jeu
qui vont être définies dans l'entente de libre-échange
entre le Canada et les États-Unis, qui vont nous affecter
considérablement et dans lesquelles il y a trois
événements qui vont, à peu près, arriver
simultanément: l'entente du libre-échange, le
décloisonnement et les nouvelles règles de sécurité
routière qui sont dans le projet 73, qui ont été
adoptées en deuxième lecture et qui ont passé en
commission parlementaire. Maintenant, elles doivent aller à
l'Assemblée nationale, pour adoption.
Sur la sécurité routière, d'une façon
générale, on a été à peu près
d'accord pour dire qu'il fallait améliorer les règles de
sécurité routière - je pense que vous allez en dire un mot
- en disant au ministre que ce ne sont pas seulement les règles qui sont
importantes, c'est: est-ce qu'elles vont être appliquées? Je viens
de vous entendre dire que ce que vous craignez principalement c'est qu'elles ne
soient pas appliquées. (12 h 30)
Deuxièmement, le décloisonnement. Par le projet de loi 76,
au fond on parle de décloisonnement et il y a une entente qui vient
d'être signée, apparemment cette nuit, sur le
libre-échange. On dit au ministre que le projet de loi ne devrait pas
être adopté immédiatement. Il est déposé. Le
fédéral sait que le gouvernement du Québec veut faire une
harmonisation, on ne sait pas - il y en a peut-être parmi vous qui le
savez, vous ou l'Association du camionnage parce que vous êtes en
relation avec les autres groupes - si de telles lois ont été
déposées à l'heure actuelle devant les autres Parlements
des autres provinces pour faire cette harmonisation. On sait que cela n'a pas
été fait à plusieurs endroits, d'ailleurs cela ne l'a pas
été dans la plupart des endroits. On dit: II vaudrait
peut-être mieux attendre pour voir comment tout cela va jouer
ensemble.
En ce qui concerne les règles du libre-échange et les
règles du décloisonnement, de même que les règles
sur la sécurité, ne serait-il pas opportun, quand on
connaîtra ces faits, d'ajouter des articles pour changer des
dispositions, pour tenir compte du fait que l'encadrement du
libre-échange va venir s'ajouter. On a dit clairement au ministre: Ce
n'est pas que votre projet de loi soit bon ou mauvais, c'est un projet de loi
technique. On ne peut pas dire que c'est bon ou mauvais sur le plan technique.
Je peux boire un verre d'eau. J'ai envie de boire 20 onces, je peux le boire
dans deux verres de 10 onces, dans un verre de 20 onces ou dans 4 verres de 5
onces, je vais avoir la même quantité d'eau. Sur le plan
technique, cela peut être différent. C'est un projet de loi
plutôt technique qui dépend de la façon dont il
répond aux besoins actuels. Il a été fait avant l'accord
du libre-échange, avant que la négociation soit faite, avant que
l'entente soit signée. Ceux qui veulent nous faire adopter le projet de
loi ne sont même pas au courant de ce qu'il y a dans l'entente.
On n'est pas fanatiquement contre le projet. Ce n'est pas cela. On pense
que ce n'est pas opportun de l'adopter tout de suite. Les gens savent ce que
c'est, il est déposé, il est connu. Attendons pour voir comment
tout cela va s'ajuster avec le libre-échange. La session va recommencer
au mois de mars, sans doute. Il semble possible d'adopter le projet au mois de
mars, et faire des modifications à ce moment-là. C'est plus
simple de déposer un nouveau projet de loi que d'en continuer un qui est
toujours dans le portrait plutôt que d'en commencer l'application, alors
qu'on ne connaît pas toutes les données du problème.
J'aimerais avoir votre réaction là-dessus.
M. Miller: Notre réaction là-dessus c'est qu'il est
bien évident que le document qu'on a présenté, le projet
de loi 76, n'a certainement pas été étudié bien
fort, pour qu'on n'ait pas vu la situation qui existe présentement au
Québec et qu'on ponde un tel document en croyant que le voiturier
pourrait devenir du jour au lendemain un diplômé universitaire,
administrateur, bac en commerce, etc. Il est bien évident que toute
consultation additionnelle, le temps additionnel qu'on pourrait y consacrer,
amènerait des améliorations.
Quant à la section du libre-échange, on est tout à
fait conscients qu'on n'y connaît rien. Il y aurait peut-être lieu
d'ajouter un article à cette loi, qu'elle devra être
réajustée en fonction du libre-échange. SI elle est
adoptée telle qu'elle est là, si le projet de loi 73 est
attaché au projet de loi 76, il est bien évident qu'on va
être obligés de dire non pour un paragraphe alors qu'on n'est pas
nécessairement contre toute la loi, mais vu que cette partie touche
tellement les revenus de ces gens-là, on est obligés de demander
que toute la loi soit rejetée, à moins qu'on ne fasse les
ajustements sur cette partie.
Quant au libre-échange, M. Garon, je suis pris dans la même
situation que vous, ou la même situation que le ministre. Moi aussi,
j'apprends cela par les journaux et je n'en sais pas beaucoup.
Est-ce qu'on va devenir concurrentiels avec les États-Unis?
Actuellement, on est certainement concurrentiels parce que nos taux de
transport sont moins élevés qu'aux États-Unis. Le
voiturier aux États-Unis gagne en moyenne 0,98 $ le mille parcouru, en
argent américain, et le Canadien gagne à peu près 1,02 $,
1,04 $ canadiens pour faire du transport du côté américain.
C'est bien évident que, si moi j'étais Américain, je
trouverais que c'est nous qui faisons de la compétition déloyale
parce qu'on demande moins cher du côté américain pour faire
du transport étant donné qu'on paie nos voitu-riers en argent
canadien et qu'on "bid" en argent américain. Mais pour nos revenus, vous
constaterez que, lorsqu'on demande un prix de 1,28 $ et que le prix moyen
américain est de 0,98 $, avec l'échange, on arrive à la
même chose.
M. Garon: Quand vous allez aux États-Unis, pouvez-vous
entrer comme vous voulez ou....
M. Miller: On est obligés de payer une somme pour
traverser les douanes. D'ailleurs, dans le document, j'ai noté que le
transporteur canadien doit payer soit un montant de S $ américains ou
s'acheter une vignette des douanes américaines avant de traverser avec
un voyage.
M. Garon: C'est plus compliqué pour vous d'aller faire du
camionnage aux États-Unis que pour l'Américain de venir en faire
ici.
M. Miller: Bien sûr. Du côté américain,
on a ce qui s'appelle la 'fuel tax" et chaque État a sa taxe sur le
carburant. On doit acheter un permis, un collant pour indiquer que le camion
paie une prime pour utiliser les routes américaines, etc. Au
Québec, c'est drôle, on n'a jamais vu de fleur de lis sur un
camion pour indiquer qu'il avait son permis du Québec.
L'Américain qui apporte ici des fruits et légumes et qui retourne
avec du "peat moss* peut-être qu'il le fait sans que personne ne s'en
rende compte ici au Québec.
M. Garon: Quelles sont les barrières qui vous sont
imposées quand vous allez aux États-Unis? Et quelles sont les
barrières, selon vous, qui sont imposées au camionneur
américain quand il vient ici?
M. Miller: Sauf le fait qu'on n'a pas le droit de faire
d'"interstate" ou du transport d'un État à l'autre en s'en
venant, c'est essentiellement la même chose. Le transporteur
américain, lorsqu'il vient ici, peut tout simplement prendre un voyage
et retourner directement aux États-Unis. Il ne peut pas faire du
transport du Québec à l'Ontario, au Manitoba ou aux Maritimes.
C'est essentiellement la même chose, sauf que le transporteur canadien
doit payer une taxe pour faire du transport aux États-Unis qui s'appelle
la "heavy use tax" et que l'Américain ne paie pas lorsqu'il vient au
Canada. Et, 550 $ ce sont des frais que nos camionneurs doivent absorber et, ce
qui est encore le plus curieux dans toute cette situation, c'est que cette
taxe, selon les règlements américains, doit être
payée par le détenteur de l'enregistrement du camion.
Une situation qu'on vit actuellement au Québec est celle-ci: Le
transporteur achète artificiellement le camion pour
bénéficier du programme PRP, les véhicules des voituriers
sont enregistrés au nom du transporteur, mais lorsque le temps est venu
de payer la taxe, la "heavy use tax", le transporteur dit: Ah! bien oui, mais
on a un document démontrant que ce n'est pas nous les réels
propriétaires du camion, c'est toi. Donc, on a transféré
ce montant aux voituriers pour qu'ils paient ce montant, et c'est là
qu'on trouve cela injuste. Lorsque c'est bon pour la compagnie, elle l'utilise
de son bord et lorsque ce n'est pas bon pour la compagnie et que cela
coûte des sous, bien là, on dit: Ce n'est pas à nous,
réellement le camion est à toi, nous c'est juste pour... Bien, il
faut partager cela, il faut régler cette situation. L'Américain
n'a pas à vivre cela, lui.
M. Garon: Quel est le taux de la "heavy use tax"?
M. Miller: La "heavy use tax", c'est 557 $.
M. Garon: Par?
M. Miller: Par année.
M. Garon: Pour combien de voyages?
M. Miller: Ce sont des voyages illimités.
M. Garon: Vous allez faire un voyage pour 557 $.
M. Miller: Non, non, ce n'est pas à chaque voyage.
M. Garon: Non, mais pour y aller une fois.
M. Miller: C'est cela, sauf si quelqu'un y va à des
périodes indéfinies; là, il peut s'acheter un permis qui
s'appelle un "trip permit" qui est bon pour un voyage de tant d'heures ou de
tant de jours, de telle place à telle place. Ce qui est curieux, c'est
qu'au Québec un Américain peut utiliser le système routier
jusqu'à Sept-îles et il s'en tire avec une somme minimale, tandis
que le Canadien qui va du côté américain traverse douze
États avant d'arriver à la même distance et il paie douze
fois.
M. Garon: Douze fois quoi?
M. Miller: Bien, douze fois ses permis. Il a acheté un
permis pour chaque État.
M. Garon: C'est combien?
M. Miller: C'est la géographie qui fait cela, mais que
veux-tu? On est pris avec et on va vivre comme cela.
M. Garon: Est-ce que le décloisonnement aux
États-Unis a été faible ou si vous devez toujours payer un
permis par État?
M. Miller: Un permis par État.
M. Garon: C'est combien à peu près, un permis?
M. Miller: Grosso modo, cela coûte 5000 $ pour les 48
États américains. Donc, cela revient à 45 $, 47 $ ou 48 $
par État pour passer. De plus, il faut faire des rapports de
consommation de pétrole dans une proportion de 5,5 milles le gallon et
on doit payer ce qui s'appelle la "fuel tax" et, dans certains États, la
"road tax". Dans certains États comme l'État de New York ou le
Tennessee, l'Indiana, l'Ohio, on impose une "road tax" de tant le mille, cela
va de 0,014 $ à 0,028 $.
M. Garon: Cela veut dire qu'actuellement le
décloisonnement n'est pas fait aux États-Unis.
M. Miller: Pas au dernier voyage, en tout cas, il n'était
pas fait.
M. Garon: Avez-vous entendu parler, de la part des
autorités du ministère ou du ministre, de l'avenir au point de
vue du libre-échange et de ce décloisonnement? Est-ce que cela va
être seulement du côté interne? J'imagine que, dans le cadre
du libre-échange, si un Américain a le droit d'avoir son permis
pour fonctionner ici et qu'il y a le décloisonnement, lui, il n'aura
plus de contrainte à l'intérieur du Canada.
M. Miller: J'aimerais bien répondre à cette
question-là, mais il n'y a pas eu de consultation entre nous et le
ministère relativement à ce dossier, sauf sur l'application de la
"heavy use tax" où on a fait un grief, et on nous a dit: Le ministre
tente de trouver une solution à cette situation où le camionneur
québécois doit payer une surprime lorsqu'il va aux
États-Unis. On n'en a pas eu d'autres nouvelles et c'est pour cela qu'on
dit que, si c'est bon pour les Américains, c'est bon pour nous et qu'on
devrait l'imposer. Ils nous ont imposé des 15 % sur le bois, etc., mais
c'est notre tour, lorsqu'on a raison, de l'imposer pour que la concurrence soit
loyale.
M. Garon: Si le décloisonnement s'applique aux
Américains dans le cadre du libre-échange et qu'il n'y a pas plus
de décloisonnement aux
États-Unis, allez-vous pouvoir concurrencer autant?
M. Miller: Voulez-vous répéter cela?
M. Garon: Si le décloisonnement qui est envisagé
avec le projet de loi 76...
M. Miller: Oui.
M. Garon: ...pour les transporteurs canadiens, parce que c'est
une loi essentiellement pour le Canada entre les provinces et le
fédéral, est adopté et que, dans le cadre du
libre-échange, on ne puisse pas imposer des règles
différentes aux Américains que celles qu'on s'impose à
nous-mêmes sans doute; si on donne l'ouverture complète dans le
cadre du décloisonnement aux transporteurs, aux camionneurs
américains et qu'il n'y a pas de contrepartie de la part des
Américains, c'est-à-dire qu'eux, en retour, ne donnent rien de
plus que ce qu'il y a actuellement, donc, il n'y a pas de
décloisonnement... On aura l'occasion d'en parler, je ne voulais pas
vous embarquer dans cela parce que l'association du camionnage est sans doute
plus à l'aise de savoir combien il y a d'États qui sont
décloisonnés, etc., et ceux qui ont des règles internes.
Si les règles du décloisonnement s'appliquent ici aux
Américains, en vertu de la loi 76, qu'ils peuvent obtenir des permis
pour voyager facilement au Canada ou d'une province à l'autre, et que
les règles ne sont pas changées aux États-Unis...
M. Miller: II est bien évident que cela va être
injuste. Il va falloir que ce qui est bon pour l'un soit bon pour l'autre.
J'aimerais bien explorer cette avenue-là, mais je n'ai pas la
compétence et je n'ai pas les données pour être capable de
me lancer dans des grandes théories sur cela. Je suis ignorant de la
situation du libre-échange comme la majorité des gens et
j'aimerais donc cela le savoir.
(12 h 45)
M. Garon: On va le savoir bientôt. Apparemment, ils ont
signé cette nuit.
M. Miller: J'aurais aimé vous répondre, mais... Je
ne pense pas que l'un de nous ait suffisamment de connaissances pour vous
renseigner sur la situation du libre-échange. Ce n'est pas une avenue
qu'on a exploitée jusqu'à maintenant parce qu'on a tellement
d'autres griefs plus urgents que le libre-échange, surtout qu'on ne le
sait pas. J'aurais aimé connaître davantage la loi.
M. Garon: Je vous remercie. Est-ce qu'il y a d'autres points que
je n'ai pas couverts et que vous auriez aimé aborder?
M. Miller: Je pense qu'il faut absolument que le ministre des
Transports comprenne que le principe de sécurité est
forcément une demande du public qui veut que ses routes soient plus
sécuritaires. Il va falloir que quelqu'un com-
prenne que la sécurité a un prix. Actuellement, si les
routes sont si peu sécuritaires pour les usagers qui ont peur des
camions, il faut comprendre que c'est la situation du camionnage qui en est la
cause. Il faut le comprendre et il faut que le ministre accepte qu'augmenter
les taux aux voituriers ne veut pas dire augmenter les taux
généraux du marché. Si le ministre s'applique à
comprendre le système, il va se rendre compte que le voiturier
remorqueur peut tirer actuellement pour moins cher que les transporteurs ne le
font actuellement.
Donc, ce n'est pas la question d'augmenter le prix aux voituriers, ce
qui se traduit par une hausse du transport en général, c'est que
la marge de profit est trop élevée entre le transporteur et celui
qui fait le transport. C'est là, je pense, que l'éponge doit
être pressée un peu. On utilise le voiturier remorqueur comme un
instrument de négociation dans les prix. On sait que plus il est
embarqué, plus il est obligé de travailler. Donc, s'il faut
baisser son taux de 0,01 $, 0,02 $, 0,03 $, 0,04 $ ou 0,05 $ le mille pour
venir à bout d'avoir un tel contrat à profit, on le fait. Et il
faut que cela cesse. Il y a toujours une limite! À un moment
donné, il ne reste plus d'eau dans l'éponge. Il faut que
quelqu'un comprenne la situation.
Je me place dans la peau des camionneurs qui se voient mourir à
petit feu, qui calculent et qui savent qu'ils se dirigent inévitablement
vers la faillite. Demander à ces gens-la d'avoir un esprit calme, pause,
etc., c'est utopique. Il faut absolument que le ministre prenne une
décision, et rapidement.
M. Garon: J'ai le sentiment que le projet de loi qu'on a devant
nous et le libre-échange ne vont pas dans le sens de ce que vous
mentionnez. Cela va plutôt dans le sens de la concurrence la plus totale
et la plus féroce. Si on regarde ce qui s'est fait aux
États-Unis...
M. Miller: Qu'on nous donne les mêmes taux...
M. Garon: ...dans les endroits où il y a eu une certaine
forme de décloisonnement, les entreprises moyennes de voituriers ont
disparu. Il est resté de très grandes compagnies qui sont
passées au travers et plusieurs petits transporteurs ont accepté
de se couper la gorge au maximum. Si on regarde ce qui s'est fait ailleurs,
c'est beaucoup plus dans ce sens-là que le décloisonnement et le
libre-échange vont avoir tendance à aller.
M. Miller: Mais, vous...
M. Garon: On vient de voir ce qui s'est fait dans l'aviation. Les
compagnies moyennes d'aviation, même des grosses, ont disparu. On a une
plus grosse concentration dans le domaine de l'aviation qu'on n'a jamais eue
aux États-Unis avec la déréglementation.
M. Miller: Je me demande, M. Garon, si le ministre serait
prêt à subventionner les voituriers remorqueurs sur le même
principe que les compagnies de camionnage qui vont chercher des sommes d'argent
sur le marché de l'épargne publique par des actions. Je me
demande si ce n'est pas une certaine forme de concurrence déloyale
envers le petit. C'est bien lorsqu'on peut attirer des millions ailleurs pour
combler un bilan mais lorsqu'on n'a pas ces millions, c'est bien difficile.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. De brèves remarques de conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président.
Une chose est certaine, l'association que représente M. Miller n'existe
que depuis quatre ou cinq mois. J'entendais un peu vos propos: le ministre, le
ministre... avec insistance. Je peux, peut-être au moins, prendre soin de
vous rappeler que les fonctionnaires du ministère vous ont
rencontrés au moins trois fois. Ce n'est pas si mal pour une association
qui existe depuis cinq mois. Cela m'apparaît important de le dire.
Deuxièmement, je veux rappeler le contexte dans lequel on est. Ce
n'est pas par hasard que je vous ai demandé tantôt quel
était le champ d'activité de ceux que vous représentez. De
votre propre aveu, vous avez mentionné que 85 % faisaient de
l'extra.
C-19 est là, C-19 décloisonne. On pourrait se retrouver
dans une situation, si on prenait au pied de la lettre ce qui nous est dit,
où on serait plus sévères pour ceux du Québec que
les autres ne le seraient envers les leurs. Finalement, ce qu'on vise, c'est au
moins avoir une certaine harmonisation pour ne pas être plus
sévères vis-à-vis de ceux du Québec qui. demain
matin, vont avoir à faire du transport. Cela me parait très
important. Il faut le dire.
Bien sûr, habilement, le député de Lévis fait
appel au libre-échange parce que cela fait partie de la "game" avec
laquelle on doit jouer. On verra. En ce qui concerne le libre-échange,
il y a certains éléments qui sont à l'intérieur, et
on les verra en cours de route d'ici à la fin de la semaine.
Une chose est certaine, à la réunion du 26 mars 1987 avec
le ministre fédérai des Transports, on a fait ajouter à
l'intérieur du projet de loi C-19 - c'est le Québec qui l'a
obtenu - un article qui permettrait d'intervenir dans la mesure où,
effectivement, les Américains seraient déloyaux vis-à-vis
des transporteurs canadiens.
Cela s'est fait à la demande du Québec et en particulier
à la demande de l'ACQ, dans les rencontres que nous avions eues avec eux
à l'époque, pour être capables de se prémunir un peu
contre certains effets qui pourraient être
néfastes à ce moment-là. L'article est
là.
À certaines occasions, j'entends M. Miller nous relater les
problèmes qui existent actuellement par rapport aux problèmes
appréhendés. Les problèmes appréhendés sont
ceux qui existent actuellement.
À partir du moment où on est réglementés, il
y a des problèmes et on dit: Ces problèmes vont continuer
d'exister si on est déréglementés. Ce n'est pas le fait de
la déréglementation qui va faire en sorte de régler tous
les problèmes que vous avez, mais ce que je comprends, c'est que c'est
une situation qui existe actuellement.
Il y a des points très intéressants qui ont
été soulevés par les transporteurs. On va continuer de les
explorer avec vous. Il y a certainement des moyens qu'on peut trouver pour
être capables de soulager le mal et certains effets actuels qui
pourraient être encore permanents avec la
déréglementation.
C'est à force de travailler ensemble et d'échanger sur des
expériences vécues qu'on peut être capables de trouver des
solutions à tout cela. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis, de brèves remarques,
en conclusion.
M. Garon: Je voudrais remercier l'Association des
propriétaires de camions remorques indépendants d'être
venue nous rencontrer. Dans la vie, habituellement, on dit que le besoin
crée l'organe. Souvent, pour les associations, c'est pareil. Quand les
associations se forment, c'est que les gens sentent le besoin d'être
représentés.
Je suis content de voir que le ministre dit qu'il les a
écoutés trois fois, mais écouter ne veut pas dire entendre
ou comprendre. Ce sont deux notions différentes. On peut écouter
quelqu'un mais n'avoir rien compris de ce qu'il a dit et n'avoir rien
entendu.
M. Côté (Charlesbourg): Je me permettrais bien de
m'amuser avec le député de Lévis à l'époque
où il était ministre. Il a souvent entendu sans comprendre.
M. Garon: Je pense bien que la clientèle que j'avais
à servir n'a pas tracé un mauvais bilan du ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non.
M. Garon: L'agriculture et les pêches de
l'époque...
M. Côté (Charlesbourg): À certaines
occasions. Si vous connaissez si bien cette expérience, c'est
probablement que vous l'avez vécue vous-même.
M. Garon: J'écoutais justement un bilan à
Radio-Canada-FM à 10 h 30, jeudi dernier, et des gens de tous les
milieux donnaient leur appréciation de mes neuf ans comme ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Cela ne m'a pas paru
si mal. J'étais....
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai jamais dit que cela
était si mauvais.
M. Garon: II n'y avait à peu près pas de
critique.
M. Côté (Charlesbourg): Ah!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Non, mais à l'émission que j'ai
entendue.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais reprendre
certains propos...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Côté (Charlesbourg): ...du texte
déposé par l'association.
M. Garon: Alors... Quel texte?
M. Côté (Charlesbourg): II y a certains
éléments là...
M. Garon: Essentiellement, ce que je veux dire au ministre, en
terminant, c'est que je vols que l'association a beaucoup de réserves,
beaucoup d'interrogations et qu'on n'est pas dans un cadre... Il y a un article
où on dit: Au cas où les Américains feraient ceci ou cela;
mais l'entente a été signée cette nuit. Ce n'est pas une
entente théorique à venir maintenant, dans dix mois ou dans un
an. Elle a été signée cette nuit. C'est une question de
jours maintenant pour l'examiner. Je trouverais absolument bête d'adopter
un projet de loi qui va être influencé par une entente
signée au cours de la nuit passée, sans avoir pris le temps de la
regarder, cela n'a pas de bon sens. Tout cela va s'imbriquer.
Je comprends qu'il y a des gens qui ont considéré la
déréglementation comme une vertu, mais, à mon avis, c'est
un mythe. Les règlements sont habituellement le fruit de
l'évolution d'une industrie ou d'un secteur. Souvent, quand on pense
à déréglementer, les gens... Ce n'est pas si facile que
cela, déréglementer. Les règlements ne sont pas apparus
comme cela, le jour de la Pentecôte, ou un bon matin, alors qu'on se
lève, les règlements sont là.
Habituellement, cela arrive graduellement, par les associations, le
gouvernement et les gens qui ont demandé des règlements pour que
cela puisse mieux fonctionner. Parfois, ils ne sont pas bons et il s'agit de
les changer.
Quand on enlève tout règlement, c'est une autre affaire,
c'est le "free-for-all", le plus fort l'emporte. C'était ainsi dans le
Far West, celui qui tirait le plus vite, c'était lui qui gagnait
jusqu'à ce qu'un plus jeune le descende...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député.
M. Garon: ...jusqu'à ce qu'un plus jeune arrive et
s'essaie. Il s'essayait quelques fois, il en descendait quelques-uns et,
à un moment donné, il y en avait un qui était plus vite
que lui, c'était le nouveau roi et il menait jusqu'à ce qu'il se
fasse descendre à son tour.
C'est pour cela que je pense qu'il serait bon de... J'ai
été content d'entendre vos remarques. Vous avez fait plusieurs
représentations et soulevé plusieurs interrogations. Une chose
m'a frappé surtout - il y a beaucoup de choses que vous avez dites, au
fond - vous avez dit que, même si le principe est bon, vous avez peur que
l'application ne soit pas suffisante. Vous avez indiqué que, dans
plusieurs cas, par exemple, l'application était déficiente, que
certaines règles de transport sont bonnes, que le voiturier et le
camionneur étaient pris dans une situation où ils ne pouvaient
pas respecter les règles. La commande était là mais il y
avait toutes sortes de moyens de détourner la réglementation.
Je vous remercie d'être venus nous rencontrer. J'ai
été bien content d'entendre votre témoignage.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
après cela, je serais presque tenté de poser une question au
député de Lévis. Le problème est le
libre-échange et votre crainte est davantage la
réciprocité avec les Américains. Si, demain matin, on
disait: Bon, parfait! On limite la déréglementation et ses effets
au Canada, seriez-vous pour ou contre?
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Je vais demander aux gens
ce qu'ils en pensent. Je ne suis pas camionneur, je n'ai pas de compagnie de
camionnage. Les gens doivent nous dire que ce qu'ils souhaitent avoir, c'est
cela. Vous posez une hypothèse et l'hypothèse n'est pas
réelle.
M. Côté (Charlesbourg): On va la vérifier
tantôt.
M. Garon: L'hypothèse n'est pas réelle.
M. Côté (Charlesbourg): On va la vérifier
tantôt avec l'ACQ.
M. Garon: L'hypothèse, c'est que le libre-échange
s'en vient et il semble que les négociateurs se sont fait organiser
royalement. Quand vous voyez M. Crosby, lui-même, dire qu'il n'est pas
fier de ce qui a été négocié, je dis que cela ne
sent pas bon.
Dans le domaine maritime, on l'a su un peu, on s'est fait organiser au
coton! Le marché canadien sera ouvert à 100 %, alors que le
marché américain ne s'est pas ouvert du tout. Il est
complètement bloqué avec le Jones Act.
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'avez pas vu le texte
encore.
M. Garon: Je n'ai pas vu s'il y avait eu des changements...
M. Côté (Charlesbourg): L'avez-vous vu ou si vous ne
l'avez pas vu?
M. Garon: ...mais ils ont admis que c'était cela qui
était là il y a une semaine, dix jours.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! On verra le
texte.
M. Garon: Bien oui! Vous ne l'avez pas vu, vous non plus.
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. Garon: Moi,
comme...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: ...député de l'Opposition, il est
évident que je ne l'ai pas vu. Mais vous, comme ministre, si vous ne
l'avez pas vu, je me dis: Les ministres ne sont pas gros.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Je ne vais vous dire
qu'une chose. On verra en temps...
M. Garon: Ils sont plus forts à l'île aux
Coudres.
M. Côté (Charlesbourg): ...et lieu.
M. Garon: À Ottawa, ils sont faibles, mais à l'Ile
aux Coudres, ils sont très forts.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, M. le
député de Lévis!
M. Côté (Charlesbourg): On verra en temps et
lieu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
ne peux pas laisser le député de Lévis tenir ces propos,
cela n'a pas de maudit bon sens! Cela n'a pas de maudit bon sens, alors que
c'est mon prédécesseur, Guy Tardif, qui, à Vancouver, a
engagé irrémédiablement le Québec sur la voie de la
déréglementation. Qu'on vienne tenir des propos comme
ceux-là aujourd'hui, je m'excuse! Il
y a des limites!
M. Garon: C'était en février 1985. Et
l'année de la négociation sur le libre-échange a
été annoncée au mois de mars 1985.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre et M. le
député de Lévis. Sur ce, je demanderais maintenant
à M. le président s'il a de brèves remarques à
faire, en conclusion. (13 heures)
M. Miller: Oui. Je voudrais dire à M. Côté
que je n'ai pas voulu sous-entendre que nous n'avions pas eu une bonne
réception au ministère des Transports, au contraire.
Cependant, nous aimerions être consultés encore plus sur
tout changement qui pourrait affecter la vie de nos camionneurs. Le ministre
doit comprendre, j'en suis convaincu, que la situation est tellement critique
pour les voitu-riers que les plus grandes décisions prises dans les
"board room" ne seront bonnes que si elles sont appliquées par les
camionneurs eux-mêmes. Laissez-moi vous dire qu'actuellement, parmi les
voituriers remorqueurs, il y a un mouvement où cela gronde
énormément et que 70 % ou 65 % du transport au Canada se fait par
camion.
Il faudrait penser que ces gens-là ne mourront pas sans laisser
de séquelles, sans montrer au public ce que c'est. Quand bien même
on aurait 100 000 $ dans les poches, on ne pourra pas avoir de tomates ou de
salades si notre voiturier ne va ' pas les chercher. Il faut que les gens
comprennent que la sécurité, c'est bien beau, mais elle a un
prix. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
président. Je tiens à remercier l'Association des
propriétaires de camions remorques indépendants de leur
témoignage pour le bénéfice des membres de la commission.
Je vous remercie, messieurs. Je soumets, maintenant aux membres de la
commission le dilemme dans lequel nous nous trouvons. Il reste
présentement 29 minutes pour respecter l'horaire que nous avons.
J'aimerais avoir des directives des parlementaires pour l'audition de la
deuxième association que nous avons à consulter. Nous avions pour
mandat d'entendre ces gens pendant une heure.
M. Garon: J'ai compris, M. le Président, que lorsqu'on a
dépassé le temps, que le ministre a dépassé le
temps, ou que j'ai dépassé le temps, on était d'accord,
à ce moment-là pour reculer le temps afin de permettre à
l'Association des camionneurs d'avoir tout le temps voulu. Je ne dis pas...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
compte tenu de ce que nous savions et des engagements qui avaient... j'ai des
obligations à 1 h 45. On peut aller jusqu'à 2 heures, mais pas
au-delà de cela.
Je comprends que nous rencontrons la l'ACQ qui a joué un
rôle déterminant dans le questionnement de la
déréglementation depuis de nombreuses années, mais on va
commencer et on va tenter d'être un peu plus disciplinés.
J'imagine que, si je donne l'exemple, le député de Lévis
me suivra.
M. Garon: Moi, vois-tu, je suis un ancien militaire, j'ai une
discipline d'enfer.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): J'en conclus sur
cette discipline d'enfer-là que nous allons aller jusqu'à 2
heures en répartissant également le temps des deux
côtés de la...
M. Garon: Même un de vos conseillers. Me Louis
Rémillard, faisait de l'armée en même temps que moi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis. M. le ministre, le temps...
M. Garon: Vous pourriez lui demander de jouer le rôle de
l'adjudant à côté de vous pour vous...
M. Côté (Charlesbourg): D'après ce que je
peux voir, il y en a un qui a mal tourné.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis et M. le ministre, j'en conclus que nous allons donner 20
minutes à l'Association du camionnage du Québec inc. pour
présenter son mémoire et que le reste du temps sera
réparti en parts égales. Il y a consentement, M. le
député de Lévis?
M. Garon: Pardon.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons donner 20
minutes et le reste du temps sera réparti de façon égale
entre les deux formations.
M. Garon: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Alors, sur ce, je demanderais au
porte-parole de l'Association de camionnage du Québec inc. de bien
vouloir s'identifier ainsi que la personne qui l'accompagne, s'il vous
plaît.
Association du camionnage du Québec
inc.
M. Alary (Jacques): Je me présente. Mon nom est Jacques
Alary, vice-président exécutif de
l'Association du camionnage et je vous présente Mme Pelletier,
présidente de l'Association du camionnage qui fera la
présentation un peu plus tard.
Juste auparavant, si vous me le permettez, M. le Président, M. le
ministre et dignes membres de cette assemblée, j'aimerais
peut-être faire certains commentaires sur le mémoire de
l'association des voituriers qui a été présenté
tantôt.
J'aimerais juste attirer votre attention sur le fait que certains des
problèmes soulevés là-dedans sont des problèmes que
notre association a soulevés depuis plusieurs années. On y a
même donné suite par une campagne de sensibilisation. On a
même mis des panneaux publicitaires sur des remorques dans le but de
trouver des solutions à certains problèmes soulevés.
J'inviterais cette association - au moins son président, M.
Miller - à entrer en contact avec l'Association du camionnage du
Québec. Je m'aperçois, en effet, qu'il y a beaucoup de points qui
vous ont été présentés et qu'il y aurait lieu
d'approfondir, soit qu'on ait eu la bonne information, soit qu'on l'ait
interprétée de la mauvaise façon. C'est pour cela qu'on
voit dans cela... Une bonne partie de cela, c'est une convention collective,
tandis que l'autre partie, c'est une mauvaise interprétation de la
déréglementation.
En tant que représentants - je pense que notre présidente
est d'accord avec ce que je vais vous dire - nous sommes prêts,
peut-être, à essayer de nous asseoir avec M. Miller et de lui
expliquer un peu ce qu'est le contexte de l'industrie du camionnage. Quand M.
Miller décrit les transporteurs, je pense qu'il ne décrit pas
nécessairement les membres de l'Association du camionnage. On a toujours
décrié un certain genre de transporteurs qu'on veut voir
disparaître tout comme eux, qu'on appelle les intermédiaires parce
qu'ils ne font que ramasser un bénéfice, que ce soient les
sous-locateurs ou quelqu'un qui fait du transport sur le dos de tout le
monde.
Étant donné que le temps est limité, je vais
laisser la parole à notre présidente qui va vous présenter
notre point de vue sur la loi 76.
Mme Pelletier (Louise): M. le ministre, madame et messieurs les
députés, l'Association du camionnage du Québec a fait
connaître son point de vue depuis longtemps déjà. Nous ne
vous présentons donc pas de mémoire écrit ce matin.
Cependant, on peut peut-être faire un bref rappel historique quoique M.
Côté y ait mis son grain de sel tout à l'heure.
L'Association du camionnage n'a jamais vraiment été pour une
déréglementation, à prime abord. Il y a déjà
plusieurs années qu'on a commencé à faire des
représentations à différents égards. Nos
représentations principales ont toujours porté sur la question du
renversement du fardeau de la preuve. On évolue avec le temps,
l'économie change, le contexte se modifie. Avec le temps, après
les discussions et, je pense, après une évolution tant au
Québec qu'au fédéral, l'Association du camionnage a
préféré ne pas nager à contre-courant et faire
comme les saumons: se laisser mourir. Je pense qu'une
déréglementation était un peu... Un changement de contexte
réglementaire est quelque chose qui nous apparu relativement
inévitable. Ce qu'on tente de faire, c'est de faire valoir notre point
de vue pour réduire le nombre de pots cassés.
M. le ministre a rappelé, tout à l'heure, l'entente
signée par les différents ministres des Transports en
février 1985, une entente de principe. 1987 a été
l'année de l'entente sur l'approche d'une déréglementation
ou d'un changement du contexte réglementaire. L'Association du
camionnage évidemment a toujours compris qu'il s'agissait, à la
suite de ces ententes, d'un mouvement national, que d'autres provinces devaient
suivre, devaient accompagner le Québec. Le Québec ne devait pas
nécessairement être le premier. Cette approche de
déréglementation devait s'accompagner des provinces
avoisinantes.
Aujourd'hui, nous sommes dans le sprint final vers une réforme
réglementaire. Évidemment, oui, nous nous posons certaines
questions à l'effet de savoir: Qu'advient-il des autres partenaires
provinciaux et où en sont rendus les projets de règlement des
autres provinces?
Ce que nous craignons, c'est que le Québec soit le premier
à ouvrir les portes et à adopter une
déréglementation ou un assouplissement majeur de sa
réglementation, sans que les autres provinces n'emboîtent le pas.
Le contexte a aussi été un peu altéré par les
discussions du libre-échange. L'Association du camionnage du
Québec a eu l'occasion de faire ses représentations tant au
Comité fédéral qui allouait certaines périodes pour
permettre à l'Industrie de faire ses représentations qu'à
l'Assemblée nationale, lors de la commission parlementaire qui a eu
lieu.
Notre boule de cristal n'est pas meilleure que celle de n'importe lequel
d'entre vous autour de cette digne table, et on ne peut vraiment pas
prévoir ce qu'il adviendra du libre-échange. Le camionnage et le
libre-échange, c'est une situation un peu particulière. L'un est
presque synonyme de l'autre. On ne peut vraiment présupposer ce que sera
l'avenir, ce que contiendra inévitablement l'entente du
libre-échange, et dans quelle mesure nos entreprises, nos industries,
tant québécoises que canadiennes, en seront affectées.
Cela dit, c'est une notion inconnue avec laquelle nous avons à
composer. Cependant, on est ici pour parler d'un projet de loi, le projet de
loi 76. Le projet de loi 76 est là. Nous avons certains commentaires
à formuler quant à cette réglementation économique.
La réglementation économique, d'abord, oui. Assurément, il
y a plusieurs éléments dans le projet de loi 76 que l'Association
du camionnage, elle-même, a demandé. Il y a des
éléments qui sont bons pour
améliorer l'efficacité de la Commission des transports du
Québec, améliorer la procédure de publication des
demandes. Il y a certains éléments dans ce projet de loi qui
répondent aux demandes de l'Association du camionnage du Québec.
On a peut-être certains commentaires à formuler à trois
points de vue, possiblement en ce qui a trait à la définition de
l'intérêt public, une définition peut-être trop
exhaustive. Cette définition manque peut-être de la
flexibilité nécessaire pour permettre des interprétations
plus ou moins larges et laisserait la possibilité de réagir
vis-à-vis de certaines situations qui pourraient découler du
libre-échange, situations qui nous sont inconnues au moment
présent.
On peut dire qu'à l'heure actuelle une définition
peut-être un peu trop exhaustive pourrait nuire à la
flexibilité des gens qui auront à prendre des décisions,
que ce soit pour des demandes de permis...
Le test de compétence pourrait être renforcé. Ce ne
sont pas des éléments nouveaux que nous mentionnons ce matin. Il
serait peut-être à propos de considérer d'avoir un peu plus
que d'être informés, que le requérant d'une demande de
permis soit informé par la RAAQ. C'est dans ce sens que nous croyons
que, en matière de test de compétence, un renforcement pourrait
être fait.
Il y a un troisième point sur lequel nous avons une
interrogation, et M. le ministre le mentionnait tout à l'heure. Dans le
projet de loi C-19, une condition a été incluse afin de permettre
au gouvernement canadien de prévoir l'instauration de mécanismes
pour répondre, par exemple, aux Américains, dans le même
sens que le Packwood Act des États-Unis: une réaction à
des actions ou à certaines discriminations qui pourraient nous venir des
Américains ou d'autres concernant l'invasion de camionneurs
étrangers. Nous ne croyons pas avoir retrouvé cette condition
à l'intérieur du projet de loi 76 à moins que nous en
ayons fait une lecture un peu trop rapide, mais il nous apparaît que ces
dispositions sont absentes.
Un dernier commentaire essentiellement pour résumer et
accélérer. La réglementation économique, quels en
seront les effets? Nous ne pouvons guère les prévoir
principalement avec les considérations et le contexte économique
qui se modifient.
La réglementation technique - nous devons quand même en
toucher un mot - ce que j'appelle le règlement ou le projet de loi 73
sur le Code de la sécurité routière. Nous sommes
entièrement pour ce projet de loi. Il répond à des
demandes que nous avons répétées depuis déjà
fort longtemps. Notre seule question ou commentaire est: Veillons à
l'application stricte de ce projet de loi et assurons-nous d'avoir une
application et un contrôle très stricts de la
sécurité routière.
M. Alary: Je voudrais peut-être ajouter juste un
élément au sujet de la toi des transports. Ce dont on veut
être certains, c'est de ne pas être les premiers à adopter
le processus de déréglementation par ces changements à la
nouvelle loi sur les transports.
On nous dit qu'il y a certaines provinces, concernant le transport
intra, qui ne veulent pas intervenir et qui n'interviendront pas; il y a
d'autres provinces qui n'ont pas encore déposé leur projet de
modifications réglementaires pour se conformer au projet de loi C-19. Ce
dont on veut être assurés, c'est qu'on ne soient pas les premiers
à franchir le pas qui va ouvrir le marché de notre industrie
à tous les marchés extérieurs, autant international
qu'interprovincial.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Alary
et Mme Pelletier. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Évidemment, au
cours des deux dernières années, nous avons eu beaucoup de
contacts avec l'ACQ pour tenter d'harmoniser nos choix en respectant autant que
possible ceux qui organisent et effectuent le transport au Québec.
De la même manière, nous avons, à l'occasion,
mené des combats, nous, sur nombre d'interrogations quant à la
déréglementation du gouvernement fédéral et, elle,
de la même manière, sur celles qu'elle avait vis-à-vis de
l'Association du camionnage du Canada qui, comme association, était pour
la déréglementation, alors que l'Association du camionnage du
Québec avait des réticences.
Je me souviens encore de notre première rencontre à
Toronto en 1986 au moment où le Québec était à peu
près le seul qui ne marchait pas ou qui se posait des questions assez
importantes. Nous avions préparé cette rencontre avec les
représentants de l'ACQ pour être capables d'avoir une bonne
connaissance des effets de la déréglementation dans la mesure
où on accepterait. J'ai compris que l'ACQ avait finalement dit: On n'a
pas d'autre choix que de suivre le mouvement de la
déréglementation parce que c'est un mouvement national. En
examinant la situation actuelle, si on n'allait pas vers la
déréglementation, on risquait de pénaliser les
transporteurs québécois avec deux régimes. Est-ce que
c'est votre opinion ou si j'ai mal interprété les propos qu'on
aurait pu avoir ensemble dans la mesure où il n'y aura pas cette
déréglementation au Québec? Tenons pour acquis que
l'Ontario déréglemente. On y reviendra tantôt parce que
j'ai une question spéciale là-dessus.
M. Alary: Votre perception est bonne. On vous a dit et on l'a
toujours répété, ce n'est pas par choix qu'on va à
la déréglementation. Si on est les seuls à ne pas y aller,
toutes nos entreprises vont être pénalisées. Il faut voir
qu'il y a quand même de l'évolution, ces temps-ci. On
était aussi, tout comme vous je pense, persuadés que ce
qui avait été entendu à Toronto était entendu pour
l'ensemble du territoire canadien et non pas pour un groupe de provinces.
M. Côté (Charlesbourg): J'aimerais quand même
qu'on se situe quand on parle des autres. La Colombie britannique et
Terreneuve, cela ne nous dérange pas tellement. C'est davantage
l'Ontario dont on parle, le Nouveau-Brunswick et les marchés qu'on peut
desservir ou qu'on dessert traditionnellement par camions. C'est davantage
là que la déréglementation doit se faire
simultanément ou en même temps. Qu'on s'étende à la
Colombie britannique ou à Terreneuve, je ne suis pas sûr que cela
va avoir beaucoup d'effets. C'est davantage dans le noyau, dans le centre du
Canada où il faut que cela se fasse.
Vous dites: II ne faudrait pas que le Québec soit le premier.
Finalement, ce n'est jamais ce qu'on a souhaité ou, du moins, s'il est
le premier, il risque d'être le seul. S'il est le premier - une ouverture
du Québec alors que l'Ontario ne serait pas ouvert - ça risque
d'avoir des effets sur le plan de l'accessibilité.
Dans ce sens, il a toujours été clair que, dans la mesure
où on adopte un projet de loi, cela ne veut pas dire qu'on est dedans.
Il y a des mécanismes juridiques qui me permettront de les mettre en
application dans la mesure où l'Ontario le fait. Selon les informations
que nous avons eues ce matin, l'Ontario procéderait au début du
mois d'avril 1988.
Cela signifie que, dans la mesure où on adopte le projet de loi,
quant à nous il y aura des articles qui forcément ne seront pas
en vigueur et qui ne le seront que dans la mesure où l'Ontario
procédera. Si l'Ontario n'y va pas, on n'y va pas. C'est aussi simple
que cela.
Cela pose toujours le problème d'un geste posé par le
fédéral sur un pouvoir qui est celui du fédéral
où il réglemente le transport extraprovincial, alors que la loi
provinciale, elle, réglemente l'intra. Je pense que c'est très
clair, à ce moment-là.
Je veux en arriver très rapidement non pas aux bons points de la
loi, mais à ceux qui vous inquiètent. Il y en a trois. La
définition d'intérêt public. Manque de flexibilité,
disiez-vous. Vous auriez souhaité une définition un peu plus
large pour être capables d'intervenir. Est-ce que l'article 15.2 de la
loi, avec la clause "basket" et la possibilité pour le ministre des
Transports du Québec d'émettre des directives, ne donne pas
suffisamment de souplesse au ministre des Transports du Québec pour
être capable d'intervenir?
M. Alary: Selon moi, pas nécessairement. Toutes les
clauses sont faites en fonction du premier paragraphe qui dit: Tout doit
être fait en fonction de l'intérêt de l'usager. D'accord?
C'est pour ça que nous, nous pensions nous être battus: voir le
fédéral sortir de la définition de l'intérêt
public. D'ailleurs, c'est ce qui a été accepté, et qui a
été aussi confirmé par certains fonctionnaires, à
savoir que le fédéral ne veut pas définir
l'intérêt public.
Nous pensions qu'il y aurait peut-être lieu d'utiliser une
même approche soit celle de l'intérêt public
général et non pas, seulement, de le rattacher au bien-être
des usagers.
M. Côté (Charlesbourg): On ne se comprend pas. On
n'a pas le même texte. Dans le cas du fédéral, c'est bien
clair et c'est dit textuellement, c'est privilégier les
intérêts des usagers. Il n'y a pas de référence
à autre chose que les usagers. La définition de test qu'on a au
Québec est conforme à celle du fédéral, sinon cela
aurait pu être invoqué n'importe quand à l'encontre de
l'esprit de la loi fédérale. Dieu sait que des discussions, on en
a eues; on a essayé. Le texte du Québec est en conformité
avec celui d'Ottawa à ce moment-ci. Ma compréhension, ou notre
compréhension chez nous, à tout le moins... (13 h 15)
M. Alary: D'accord. C'est peut-être, M. le ministre, dans
la définition des critères où on limite dans ces
critères certaines choses que le fédéral ne juge pas bon
de limiter. Est-ce que, comme vous le dites, la fameuse clause "basket" va
permettre de faire ce que l'on veut ou la clause "d'émettre une
politique" de la part du ministre des Transports va permettre de faire ce que
l'on veut? On le souhaite.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que la...
M. Alary: Quand on restreint une définition ou
l'application d'une définition, bien, on en restreint sa
portée.
M. Côté (Charlesbourg): La clause "basket", nous
sommes les seuls à l'avoir, tout comme nous sommes les seuls, le
gouvernement du Québec, à avoir inclus dans le projet de loi
l'obligation de revenir devant la Chambre pour être capables de mettre
fin au test d'intérêt public, alors que, à Ottawa, c'est
automatique au bout de la période de cinq ans. Alors, on a donc, chez
nous aussi, certaines questions. Finalement, on a voulu se donner, à
l'intérieur de cela, un certain nombre de pouvoirs pour être
capables de réagir face à la situation parce que, effectivement,
malin est celui qui, aujourd'hui, peut prévoir, dans les moindres
détails, ce qui va se passer.
Je pense que c'est être responsable que se donner, à
l'intérieur de cela... Par la clause "basket", par les directives qui
pourraient venir de la part du ministre des Transports - peu importe qui il
sera à l'époque - et, en plus, par l'obligation de revenir devant
le Parlement à la fin des cinq ans pour faire sauter la clause
d'intérêt public, cela me paraît être, à tout
le moins, certaines poignées qu'on se donne pour être capables de
suivre l'évolution et de voir ce
qu'on peut faire à ce chapitre.
Vous avez, bien sûr, parlé du test de compétence
qu'on retrouve davantage au niveau de la connaissance de certaines
règles, ce dans quoi un transporteur s'engage. Je pense que ce que nous
avons inclus à l'intérieur du projet de loi 73 donne beaucoup
d'exigences maintenant quant à la sécurité
routière. Cela a toujours été votre préoccupation
lors de nos rencontres. À ce moment-là, il y a beaucoup de dents
ajoutées au projet de loi 73, qui est maintenant presque adopté,
puisque l'étude article par article en est maintenant faite. Il nous
donne des pouvoirs pour contrôler un certain nombre de choses en ce qui
concerne les routes du Québec. Dans ce sens-là, le test aurait pu
être un test écrit ou un examen à passer, mais l'arbitrage
de tout cela n'est pas facile. On voit, dans d'autres circonstances, ce que
cela donne.
Je veux, à ce chapitre, vous rassurer quant aux exigences
très sévères qu'aura là Régie de l'assurance
automobile et la Commission des transports. On va le faire de manière
très professionnelle compte tenu du fait qu'on vit des situations.
Tantôt, les voituriers nous l'ont dit; il y a des gens qui, de par
certaines situations, compte tenu de certaines exigences, sont des dangers sur
le plan public. Je pense qu'ils ont eu l'honnêteté de
l'admettre.
Mais le point le plus important que vous soulevez et qui me concerne,
c'est la disparité des mesures qu'on pourrait imposer aux nôtres
par rapport à ce que les Américains nous imposent chez eux. La
disposition à l'intérieur de C-19 qu'on a fait ajouter, c'est le
Québec qui l'a fait ajouter pour être capable de répliquer
aux Américains dans la mesure où il n'y aurait pas
réciprocité dans la considération des mouvements de
transport et des taxes. Elle est là; mais il faut quand même
admettre qu'elle s'applique à ceux qui font du transport
extraprovincial, pas à ceux qui font de l'intra, donc à ceux qui
font de l'extra et qui sont régis par C-19. La loi provinciale ne
régit pas l'extra, mais elle régit l'intra. À ce
moment-là, régissant l'intra, il ne nous est pas apparu
nécessaire d'avoir, à l'intérieur de notre loi, une clause
comme celle-là.
M. Alary: Si vous me le permettez, je ne suis pas certain de
cela. Le jeu de pouvoir qui se fait entre le fédéral et le
provincial, c'est un jeu dans lequel je pense que tout le monde est en train de
perdre la notion de relations fédérales-provinciales. Si on dit -
on me le dit souvent - que le fédéral déléguait les
pouvoirs du transport intraprovincial aux commissions provinciales et disait:
Vous allez traiter les entreprises fédérales de la même
manière que vous traitez les entreprises locales, si on prend cela comme
principe, cela veut dire - on le voit dans les premiers paragraphes du projet
de loi où on dit qu'on va appliquer, pour les fédéraux,
notre loi provinciale selon les pouvoirs qui lui sont
délégués du fédéral - à ce
moment-là, que lorsqu'on va arriver au niveau de la discrimination
envers les Américains ou à une demande de permis faite par un
Américain, normalement elle devrait se faire par le même biais ou
la même loi, qu'est la nouvelle loi sur les transports du Québec.
En ayant une clause pareille à celle d'Ottawa, s'il y avait une
interprétation soit dans une Cour provinciale ou une Cour
fédérale, on serait certainement protégés dans
l'une ou l'autre. Je dis que c'est peut-être un élément
à ajouter, qui ne nous coûte pas très cher et qui pourrait
probablement nous servir un jour.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne fais pas partie de la
famille des avocats. Cela a, semble-t-il, des implications sur le plan
juridique, mais, dans la mesure où on n'a pas d'empêchement, je
n'ai pas d'objection à ce qu'on puisse inclure cette clause dans le
projet de loi si cela peut offrir certaines garanties. Encore faudrait-il avoir
le pouvoir sur le plan légal. Mise à part cette
possibilité, si on peut sur le plan légal avoir la
possibilité de le faire, je n'ai aucune espèce d'objection, au
contraire, puisque c'est nous qui avons revendiqué et obtenu la chose en
février à Ottawa, parce qu'on sentait un certain nombre de
choses. Dans ce sens-là, si, sur le plan légal, on peut avoir
l'encadrement ■ qu'il faut et les autorisations de l'inclure
là-dedans, aucun problème quant à moi, on peut l'inclure.
C'est uniquement une question de juridiction qui ferait en sorte qu'on ne
pourrait pas l'inclure. Si elle n'est pas nuisible, elle peut être utile
et, dans ce sens-là, je n'ai pas d'objection majeure à cela. Il
s'agira de vérifier et on vous en informera.
M. Alary: Merci.
M. Côté (Charlesbourg): Je reviendrais
peut-être à une question qui est à la base même de
cette déréglementation. Je pense qu'il faut refaire un peu
d'histoire pour être capable de comprendre ce qui se passe aujourd'hui.
Les transporteurs canadiens, dont des Québécois, ont, au cours
des années soixante-dix et en particulier quatre-vingt, fait du
transport aux Etats-Unis. C'est la réaction des transporteurs
américains qui, en 1980 et 1982, ont forcé des
représentations auprès du gouvernement canadien pour aller vers
une déréglementation et qui, par conséquent, avaient un
certain niveau de tolérance ou acceptaient que des Canadiens puissent
faire du transport aux États-Unis.
On est toujours dans des questions hypothétiques, mais il faut se
poser la question. Si, demain matin, il n'y avait pas de
déréglementation, si on n'avait pas à répondre
à ces exigences des États-Unis de 1980,
répétées en 1982, engagements pris par les gouvernements
fédéraux de déréglementer, si on n'allait pas dans
cette voie de la déréglementation, est-ce qu'il ne pourrait pas y
avoir certains effets? J'écoutais M. Miller tantôt qui disait
qu'une maudite bonne expérience du transport se fait aux
États-Unis.
Quand on parle de tous les États, il faut croire qu'il s'en fait
passablement et que beaucoup de Québécois et de Canadiens gagnent
leur vie à transporter des biens aux États-Unis et à en
prendre des États-Unis pour les rapporter chez nous. Dans ce
sens-là, est-ce qu'il n'y aurait pas des conséquences qu'on
pourrait prévoir ou des réactions de la part des
Américains à ce niveau?
M. Alary: M. le ministre, je pense que C-19 répond
à cette préoccupation, car C-19 est la réponse à la
demande américaine, pour tout ce qui touche le transport
international.
Lorsqu'on arrive au transport à l'intérieur du territoire
américain, à l'intérieur des États, on peut
comparer cela facilement au transport intra Québec. On sait que 43
États n'ont pas encore bougé quant à la
déréglementation ou la "reréglementation". À ce
moment-là, si on compare au niveau national, oui, C-19 répond
à la loi adoptée et mise en vigueur en 1980. Mais, lorsqu'on
descend à un niveau intra, mises à part les barrières de
toutes les lois de travail, un Québécois ne peut pas obtenir
facilement un permis de transport, supposons de Buffalo à New York.
C'est peut-être pour cela que, dans la clause qu'on vous demande
d'ajouter, la clause dont on a parlé tantôt pour s'assurer qu'il
n'y ait pas de discrimination entre un Québécois et un
Américain, à ce moment-là, c'est peut-être la
réponse à savoir que, si les Américains ne nous permettent
pas d'avoir de permis à l'intérieur des États, on pourra
peut-être leur imposer la même médecine.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Mais ce que je
comprends, dans la mesure où il n'y a pas cette
déréglementation C-19 au Canada, il pourrait y avoir, pour les
transporteurs du Québec qui font du transport aux États-Unis, des
barrières encore plus importantes que celles qu'on connaît
actuellement.
M. Alary: Écoutez, on a encore l'épée de
Damoclès du fameux projet appelé Packwood où le
président des États-Unis a le droit de fermer les
frontières à n'Importe quelle entreprise canadienne ou mexicaine.
Présentement, la barrière continue au niveau mexicain mais a
été suspendue au niveau canadien jusqu'au moment où on a
appris que C-19 s'en venait. C'est au niveau international et entre
États, ce n'est pas au niveau de la même juridiction à
l'intérieur même d'un État ou à l'Intérieur
d'une province.
M. Côté (Charlesbourg): D'après vous, quel
est le pourcentage du chiffre d'affaires des transporteurs du Québec qui
transportent aux États-Unis?
M. Alary: Nous évaluons à 15 %, 16 % ou 17 % le
chiffre d'affaires des mouvements internationaux entre le Québec et les
États-Unis. On peut dire qu'entre le Québec et les autres
provinces, il y en a environ 50 % à 55 % et le reste est dans le
transport intra Québec.
M. Côté (Charlesbourg): D'où les 70 % dont on
fait mention chaque fois qu'on en parte.
M. Alary: Oui, de transport international et interprovincial.
M. Côté (Charlesbourg): Quel serait l'effet, demain
matin, si les portes se fermaient pour 16 % ou 17 % de transport aux
États-Unis? Quel serait l'effet sur nos transporteurs?
M. Alary: Je peux vous dire que, si 17 % se fermait, on aurait ni
plus ni moins la contrepartie américaine si on parle au niveau
international. Même si les barrières semblent être ouvertes
parce que c'est du neuf, on a d'autres barrières. On a parlé
tantôt du Highway Use Tax. Peut-être pour l'information de l'autre
association, elle devait être 550 $ américains et on a
réussi à la négocier aux trois quarts du prix. On a
d'autres démarches de faites. Elle a imposé d'autres
barrières comme cela et certainement que le lendemain où on
imposerait une barrière, surtout à la suite de ce qu'on peut lire
dans le paragraphe qui traite des transports routiers dans l'entente du
libre-échange, on ne pourrait plus faire discrimination envers un autre
pays. Mais encore là, lorsqu'on se place dans le contexte
égalitaire, c'est-à-dire le contexte intra État par
rapport à l'intraprovincial, c'est peut-être une autre
approche.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va pour le moment, M.
le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de...
M. Alary: M. le Président, est-ce que vous me permettez
juste un commentaire pour revenir sur le fameux test de compétence?
Je pense que, ce matin, on a peut-être eu le plus bel exemple du
fait que, si on n'évalue pas la compétence de quelqu'un avant
d'entrer dans une industrie, cela fait en sorte qu'à un moment
donné, cette personne se retrouve dans l'industrie et ne sait pas
comment en sortir. On a eu certains exemples qui ont été
donnés par l'Association des propriétaires de camions remorques
indépendants du Québec. On sait, vous comme moi, qu'il y a une
réglementation en ce qui concerne les masses et dimensions depuis X
années, mais ces gens ont commencé à l'apprendre quand on
a commencé à appliquer cette réglementation. Et toute
cette chose est vraie pour l'ensemble de la réglementation, autant pour
le Code de sécurité routière que pour les autres choses
qui découlent du camionnage. C'est pour cela que, si on fait seulement
informer un camionneur des choses auxquelles il aura à faire face, cela
ne veut pas dire nécessairement qu'il
va en prendre connaissance et qu'il va réellement être
conscient de ce en quoi il s'embarque.
M. Côté (Charlesbourg): Juste un
élément d'information additionnel pour tout le monde. Il faut
bien comprendre que le test de compétence, à ce moment-ci, dans
la phase que nous entamons, c'est que chacun sera coté
conditionnellement. C'est une première étape. Il y aura toute la
vérification qui s'impose faite par la Régie de l'assurance
automobile auprès de chacun des détenteurs de permis, ou
potentiellement détenteur, de façon à ce que, toutes les
vérifications étant faites et s'il répond de
manière satisfaisante à chacune de ces normes, à ce
moment-là, il se verra délivré de passer le test de
compétence. Mais il y a un conditionnel qui est important et chacun
devra démontrer la qualité et répondre aux exigences du
test de compétence même s'il n'y a pas d'examen en soi. La plus
belle preuve, c'est que ce n'est pas le fait de réussir un examen qui
démontre qu'on est compétent. On a vu cela un peu dans certains
cas. On se spécialise dans la formation, mais uniquement en fonction de
questions pour répondre à des questions non pas en termes de
connaissances des données globales à ce niveau. Il y a toute une
série de mécanismes que vous connaissez très bien, je
pense, qui ont été faits à l'intérieur du projet de
loi 73. Ce n'est pas tout le monde qui va passer au travers aussi
facilement.
On me rappelle aussi que certains ajustements ont été
faits à votre demande pour que cela vise aussi les personnes qui ne sont
pas visées par cette loi.
M. Alary: M. le ministre, vous savez que, concernant le projet de
loi 73, notre association vous endossait d'emblée. On a dit et on le
répète que, avec une application réelle, c'est la solution
pour faire le ménage dans cette très belle industrie.
M. Côté (Charlesbourg): Mais si on le fait aussi
bien qu'on l'a fait dans les poids et mesures depuis quelque temps avec ses
défauts, en termes d'application, j'ai l'impression que le
résultat ne sera pas si mal.
M. Alary: Au moins, on sait qu'il y a des défauts et on
peut les corriger.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis. (13 h 30)
M. Garon: M. le Président, je veux remercier l'association
des camionneurs et je suis heureux de constater que c'est une présidente
qui est à l'Association du camionnage, Mme Pelletier, et M. Alary, est
directeur général. Moi, je voudrais surtout poser des questions
plutôt que de prendre tout le temps. Vous avez parlé de transport
international, 15 % ou 17 % du volume fait par les Québécois aux
États-Unis. Quel pourcentage estimez-vous que les Américains font
ici? Est-ce que c'est équivalent, moindre ou plus?
M. Alary: M. Garon, dans cela, je peux vous répondre que
cela dépend des marchés parce qu'il faut faire vraiment une
distinction entre ce qu'on appelle les charges entières et ce qu'on
appelle les lots brisés. Tout ce qu'on appelle des lots brisés,
c'est une chaise, une table ou toutes ces choses-là. La majorité
est faite par les Américains, parce qu'ils ont des
systèmes d'infrastructure établis dans la majorité des
États, choses dans lesquelles on est limités. En tant que
Canadiens, quand on a réussi à s'établir dans le nord de
la Nouvelle-Angleterre, dans ces places-là, c'est pas mal la limite
qu'on a.
Pour ce qui est des charges entières, tout ce qui touche les
produits du bois, les matières premières, la majorité de
ces choses sont faites par les transporteurs canadiens. Mais quand on balance
tout cela ensemble, selon des chiffres fournis par la douane, c'est à
peu près 50-50, Américains et Canadiens.
M. Garon: Mais est-ce que cela veut dire qu'on fait plus de
transport aux États-Unis, qu'ils n'en font ici ou si cela
s'équivaut?
M. Alary: Non, c'est à peu près balancé,
parce que...
M. Garon: Cela s'équivaut?
M. Alary: ...disons que, en termes de volume transporté,
c'est peut-être plus du Canada vers les États-Unis, à cause
de la qualité des matières. Ce sont les matières
premières qui vont servir. Tandis que ce qui vient des
États-Unis, ce sont plus des produits finis et des produits qui
serviront à la consommation. Donc, le prix du transport est
automatiquement plus élevé, parce que ce n'est pas
nécessairement en charges entières ou ce n'est pas
nécessairement le même genre de produit transporté ou ce
produit ne supporte pas nécessairement le même coût de
transport.
M. Garon: Tantôt, vous avez dit que vous n'aviez jamais
été favorable à une déréglementation, que
c'était un compromis et que vous estimiez que le Québec ne
devrait pas être le premier à ouvrir les portes sans qu'on ait la
garantie que les autres le fassent. Moi, je me rappelle le domaine du
système métrique, où il y avait le même genre
d'entente dont le ministre parle, où toutes les provinces devaient
embarquer. Le Québec est embarqué le premier et l'Ontario,
malgré tous les engagements pris, n'est jamais embarqué et a
réussi a obtenir un engagement du Parti conservateur, suivant lequel les
deux systèmes marchaient de front. Alors, nous, au Québec, toutes
les dépenses ont été faites. On
est embarqués dans le système métrique et l'Ontario
est resté au système anglais, si l'on veut, au système
traditionnel et n'est pas embarqué dans le système
métrique, véritablement. Alors, les coûts, on les a faits
et eux, ils ne les ont pas faits.
Ce n'est pas parce qu'ils ont signé une entente... D'autant plus
que le principal adversaire du libre-échange, actuellement, au Canada,
c'est le premier ministre de l'Ontario, qui a gagné son élection
là-dessus, en partie. Que, demain matin, il dise: Moi, je n'adopterai
pas cela, le projet peut être beaucoup moins "harmonisateur" qu'on ne le
pense. Le ministre vient de nous dire que cela va être au mois d'avril.
À ce moment-là, je ne comprends pas la hâte à
adopter un projet de loi, qui pourrait être laissé là. Un
projet de loi ne meurt pas parce qu'il est là. Il y a eu le vote en
deuxième lecture. Il peut être laissé là et on peut
attendre de voir le dépôt des autres, vu que la session va
recommencer au mois de mars.
À ce moment-là, on peut attendre que le projet de loi de
l'Ontario soit déposé pour pouvoir continuer. On aura eu le temps
d'étudier, comme il le faut, le libre-échange. On va voir ce qui
va arriver avec le libre-échange. On verra le projet de loi de
l'Ontario. C'est notre principal concurrent à côté, et,
selon les principes mêmes du ministre, on peut attendre de voir ce qui va
arriver avec les autres. S'il n'arrive rien, qu'est-ce que cela donne d'avoir
des clauses pour s'ajuster, alors qu'on a un projet de loi qui va dans un cadre
et que le cadre est disparu?
Pensez-vous que vous seriez malheureux si le projet de loi restait
déposé à l'Assemblée nationale et qu'on attendrait
de savoir ce qu'il y a dans le libre-échange, ce qu'il y a dans le
projet de loi de l'Ontario, pour continuer à procéder à la
commission parlementaire. Vous pourriez, à ce moment-là, faire
des représentations en connaissant ce qui ce passe ailleurs, pour
étudier le projet de loi et l'amender en conséquence, si c'est
nécessaire, en fonction de ce qu'on va savoir.
M. Alary: M. Garon, en réponse, je pense qu'on ne serait
pas nécessairement malheureux, parce que ce qu'on demande, c'est de ne
pas adopter ou ne pas mettre en pratique le projet de loi. Tant et aussi
longtemps que l'Ontario ne l'aura pas fait ou n'annoncera pas ses couleurs, on
ne saura pas exactement à quoi s'en tenir. Finalement, les deux
provinces qui nous intéressent le plus sont le Nouveau Brunswick et
l'Ontario où les plus grands volumes de transport se font. Je dis:
Quelle est la meilleure méthode pour l'atteindre? Est-ce reporter
l'adoption ou suspendre son application? Il faut dire aussi que, dans le
même projet de loi, des choses doivent être faites pour qu'il y ait
harmonisation avec la loi C-19.
À ce moment-là, on veut avoir ces parties-là le
plus vite possible parce que cela fait depuis 1980 qu'on parle à nos
membres de déréglementation, qu'on bloque la
déréglementation, qu'on contourne, qu'on amène toutes
sortes de choses. À un moment donné, ils ont hâte, en tant
qu'investisseurs de savoir exactement dans quoi ils s'embarquent et d'avoir une
bonne idée. Déjà, on a la loi C-19 qui est là, le
projet de loi est là, mais il y a certaines choses que nous ne sommes
pas prêts à voir entrer en vigueur tant et aussi longtemps que nos
confrères de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick ne l'auront pas fait et
ne l'auront pas mis en place. Mais il y a d'autres choses qu'on aimerait bien
voir pour simplifier le système. C'est pour cela qu'à votre
question, est-ce que c'est mieux de laisser le projet de loi en son entier
là ou d'en suspendre une partie de son implication, ce n'est pas facile
à répondre.
M. Garon: Au fond, c'est quasiment mieux de scinder le projet de
loi en deux pour adopter les dispositions qui pourraient être
adoptées immédiatement et laisser les autres dans un autre projet
de loi, ce qui est possible aussi, une scission d'un projet de loi.
M. Alary: M. Garon, c'est vous qui êtes les
spécialistes en matière législative. Nous, on subit la
réglementation.
M. Côté (Charlesbourg): Si le député
de Lévis me ie permet, ce n'est pas tout à fait cela.
M. Garon: C'est possible.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas tout
à fait cela. On va être bien capable de se comprendre. Il y a une
autre méthode qui est celle d'adopter le projet de loi, de mettre en
application certains articles, de reporter l'application des autres articles.
On peut trouver une formule. C'est sur promulgation. On peut revenir sur les
impacts de ces articles-là en commission parlementaire. Avant même
de le faire, on peut voir le projet de l'Ontario. Il y a des mécanismes
sur lesquels on peut s'entendre. On peut adopter le projet de loi article par
article puis s'entendre à la fin de la commission, voir les articles qui
seront promulgués ou pas, ou qui pourront l'être. S'il faut, pour
tout cela, avant promulgation, qu'on revienne devant une commission
parlementaire pour voir les effets du projet de loi de l'Ontario, n'importe
quand là-dessus. Le risque c'est de se retrouver avec deux
régimes applicables aux transporteurs du Québec. C'est eux qui
seront pénalisés. Cela n'a pas de maudit bon sens. C'est cela, le
danger.
M. Garon: En Ontario, ils auront le même système.
Tant que le système de l'Ontario n'est pas adopté, il y aura
aussi deux régimes en Ontario. Ce n'est pas une question
d'années, c'est une question de semaines au fond. Je ne vois pas
personnellement l'avantage de voter une
loi immédiatement, parce qu'une fois que la loi est votée,
on ne vient plus en commission parlementaire, c'est fini. Tout ce qu'on peut
faire, c'est de recommencer le processus avec un projet de loi
complètement nouveau pour amender une loi qui a été
votée, même si elle n'est pas mise en application. Techniquement,
une fois que la loi est adoptée ici, qu'on a fait les trois lectures,
qu'elle est sanctionnée par le lieutenant-gouverneur, c'est fini.
L'Assemblée nationale n'a plus d'affaire à cela. C'est un projet
de loi qui a été adopté. Si on veut changer cela, il faut
recommencer tout le processus. Alors, c'est bien plus facile pour le ministre
de laisser cette loi-là en suspens jusqu'au mois de mars ou avril.
Aussitôt que la loi de l'Ontario sera déposée, on pourra
procéder.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour tenter
d'éclaicir notre situation, cela signifierait que les transporteurs
seraient soumis à deux régimes. Ma compréhension à
moi, c'est celle-là.
M. Garon: Ils vont l'être de toute façon.
M. Côté (Charlesbourg): Pas
nécessairement.
M. Garon: Avec l'Ontario.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas
nécessairement. Il est à peu près clair que, dans la
mesure où on n'y va pas, nos transporteurs qui font de l'extra - ils
sont à 70 % - seront soumis à deux régimes. La meilleure
question qu'on peut leur poser c'est: Est-ce que vous êtes prêts
à vivre avec deux régimes et est-ce que c'est viable?
Mme Pelletier: M. le ministre, je pense que, lorsqu'on s'est
rencontrés, on a déjà mentionné qu'une des pires
choses à faire serait de donner aux transporteurs
québécois deux régimes, de traiter les transporteurs du
Québec de façon différente que ceux qui sont de
l'extérieur. C'est brimer notre industrie québécoise, et
je ne pense pas que ce soit là quelque chose qui soit pour le bienfait
de l'industrie dans son ensemble. Si les Québécois ne peuvent
faire des choses que les voisins ont le droit de faire, je crois qu'on se nuit
à nous-mêmes. C'est dans ce sens-là, je pense qu'on en a
déjà parlé. (13 h 45)
M. Garon: Mais comment les gens de l'Ontario vont-ils pouvoir
foncionner dans deux régimes alors qu'ils n'auront pas voté leur
projet d'harmonisation?
Une voix: La loi C-19 est là.
M. Garon: II va y avoir deux régimes en Ontario, c'est ce
que je dis, il va y avoir deux régimes en Ontario. L'Ontario est contre
le libre-échange, ils vont pouvoir s'ajuster en fonction de ce qu'ils
vont savoir. Tandis que pour nous, ce sera fini. Il faudra suivre le processus.
Cela prendra des mois de plus au Québec. L'Ontario pourra réagir,
il aura toute la marge de manoeuvre qu'on n'aura pas parce que le ministre aura
réagi trop rapidement.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il faut bien se
comprendre. Il est sûr dans notre esprit que, le projet de loi 76 ayant
franchi toutes les étapes, il y a des actions... On n'est pas fous, on
n'est pas tombés sur la tête. On était de ceux qui
freinaient...
M. Garon: On ne le sait pas, on n'est pas toujours là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, de toute façon,
je pense qu'il y a des témoins qui ont vécu, semaine après
semaine, heure après heure, avec nous. Quant à moi, je
n'étais pas le plus convaincu de cette nécessité. On a
vécu chaque jour et on a consulté, on a travaillé pour
voir ce qui ferait le moins mal à l'industrie au Québec. On a
évolué ensemble. On se dit maintenant qu'à partir du
moment où on l'adopte, il y a des articles du projet de loi qui ne
seraient pas promulgués tant et aussi longtemps que l'Ontario n'aurait
pas fait ses devoirs et fait adopter son projet de loi, pour être sur le
même pied et pour ne pas permettre aux Ontariens d'entrer chez nous comme
ils le veulent, sans que nous ayons aussi, en contrepartie, accès
à leur marché. C'est la situation dans laquelle on est.
Je dis au député de Lévis ceci, il y a des points
sur lesquels vous vous questionnez quant à l'effet. Il faut que cela
arrive en même temps partout. C'est vrai, vous avez raison. C'est aussi
notre préoccupation. Dans ce contexte-là, il y a des moyens sur
le plan législatif ou sur le plan de la procédure parlementaire
où on peut échanger un certain nombre de choses. On veut
éviter d'avoir deux régimes à appliquer aux camionneurs,
ce qui pénaliserait définitivement, par l'expérience de
tous, ceux qui font le transport au Québec et à
l'extérieur.
M. Garon: Je ne comprends pas comment vous pourrez vous
harmoniser sans mettre en vigueur des articles de loi d'harmonisation qui sont
compris dans le projet de loi en attendant l'Ontario, alors que vous allez
adopter d'autres articles. Comment allez-vous pouvoir faire cela? Vous allez
maintenir deux régimes de toute façon.
M. Côté (Charlesbourg): II y a une chose qu'il faut
comprendre. Le transport extraprovincial est réglé par le projet
de loi C-19. C'est bien clair, il est réglé. Qu'on le veuille ou
non, demain matin, l'extra pour 70 % de ceux qui ont du camionnage à
faire est réglé. Que l'Ontario le veuille ou non, que le
Nouveau-Brunswick le veuille ou non et que le Québec le veuille ou non,
c'est réglé. Le ministre fédéral des Trans-
ports va déléguer son pouvoir à un organisme ou
à quelqu'un qui pourra délivrer ces permis. Mais, en
l'occurrence, au Québec, c'est la Commission des transports.
Après cela, on parle de quoi? On parle de 30 % pour le transport
intraprovincial.
C'est le but du projet de loi 76. Ce sont des règles pour 30 % du
camionnage. Je ne veux pas...
M. Garon: Je voudrais dire essentiellement que je ne comprends
pas trop la façon de fonctionner du ministre. L'Association du
camionnage nous dit que la définition d'intérêt public
manque de flexibilité, que cela pourrait nuire en cas de
libre-échange. L'ordre de la Chambre qu'on a, c'est de commencer
à étudier le projet de loi à 15 heures aujourd'hui
jusqu'à 18 heures et de 20 heures jusqu'à minuit. L'accord sur le
libre-échange ne sera pas rendu public avant jeudi, nous a dit ce matin
le ministre du Commerce extérieur. Cela veut dire qu'il y a de fortes
chances que tout le projet de loi soit adopté ici quand l'accord sur le
libre-échange sera rendu public, si le ministre procède
immédiatement. C'est la réalité brutale. On parle de
remplacer des clauses, des tests de compétences et tout cela. En cas de
discrimination, on prévoit une clause pour réagir; il ne sera
plus possible de le faire si le projet de loi est adopté.
Je pense que, quant à la façon de procéder, si le
ministre adopte le projet de loi, il a fait son lit. Même s'il ne
l'adopte pas tout de suite et qu'il attend, attendre peut vouloir dire une
semaine, mais l'entente sur le libre-échange devrait normalement
être rendue publique jeudi et les gens sauront ce qu'il y a dedans et
comment cela joue par rapport à ce qu'il y a là. On ne sait pas
ce qu'il y a sur le camionnage. On sait ce qu'il y a sur le transport maritime,
selon ce qui a été rendu public. Sur le camionnage, cela n'a pas
été rendu public. On a compris que quelqu'un comme M. Fahndrich -
il est de votre association, je pense - a fait des déclarations. Il a
dit: Tout le monde est mêlé. On ne sait plus ce qui arrive dans ce
secteur-là. Est-ce qu'il représentait un peu ce que vous pensez
quand il a dit cela? Cela a été publié dans les
journaux.
M. Alary: Remarquez bien qu'en ce qui concerne le
libre-échange, presque tout le monde, tous les citoyens se demandent si
ce sera bon et quelles seront les implications réelles. Il a
certainement bien rappelé les pensées d'un peu tout le monde.
Effectivement, on ne connaît pas encore le contenu du
libre-échange. Mais, pour nous, le libre-échange n'est pas
seulement le libre-échange. Il y a beaucoup d'autres barrières
sur lesquelles il faut faire des interventions et qui ne touchent aucunement le
libre-échange.
Tantôt, on a parlé de la fameuse Highway Use Tax qui
s'applique, mais non pas d'une manière nécessairement
discriminatoire envers les Canadiens par rapport aux Américains. C'est
quand même un montant qui est là pour nous, tous les ans, et peu
importe le kilométrage. Aussitôt que tu as dépassé
8000 kilomètres, tu es obligé de payer cette taxe, et même
si tu n'utilises pas totalement ton véhicule aux États-Unis. Il y
a différentes choses comme cela pour lesquelles il est plus important
pour nous d'essayer de trouver des solutions que le contenu de ce qu'on a pu
lire du libre-échange en ce qui concerne l'entente. Je ne pense pas que
les textes vont beaucoup changer. Les textes qu'on voit et qui touchent le
transport routier ou ce qu'on a vu consistent à s'assurer qu'il n'y a
pas de discrimination par rapport à d'autres pays. Après cela,
lorsqu'on arrive aux droits de faire du transport, c'est là que la
négociation qui est en dehors de l'entente du libre-échange doit
commencer.
Quand je me suis présenté devant l'Assemblée
nationale pour faire part des différentes doléances qu'on avait
dans notre association quant à nos craintes au sujet du
libre-échange, on m'a dit: Tu es à la mauvaise table. C'est plus
dans le domaine des négociations avec l'autre pays, à savoir
d'ouvrir certaines portes qui nous sont fermées et qui demeureront
fermées même s'il y a signature d'entente du libre-échange.
C'est pour cela que si on regarde le projet de loi qui est devant
l'Assemblée nationale, notre crainte - je vais être bien
honnête avec vous - est bien plus grande en ce qui concerne les autres
provinces quant à savoir ce qu'elles vont faire que seulement en ce qui
concerne le libre-échange. Il va falloir se lever et aller
négocier des choses. Il y a des choses qui sont importantes à
négocier rapidement, mais qui ne découlent pas
nécessairement du libre-échange, qui découlent de
barrières que les Américains montent chaque jour pour nous
éloigner des marchés à atteindre. C'est encore la
meilleure façon d'agir, chose certaine, et on a discuté depuis
plusieurs années de la déréglementation. Une fois que le
projet de loi C-19 a été adopté, on n'a pas des choix et
des choix, parce que C-19 va prendre soin de tout ce qui est du transport
international. Cela veut dire que pour l'Américain qui va faire une
demande pour obtenir un permis de New York à Chicoutimi par exemple, il
va être difficile de savoir s'il a de la marchandise dans son camion de
Chicoutimi à Montréal, au retour. C'est de là que vient
toute la complexité, à savoir si l'un est meilleur que l'autre
ou... Si on est capables de retarder cette chose, oui, mais est-ce qu'on doit
s'attacher? C'est de là que vient notre interrogation à cause de
toutes les implications, de tout ce qui entoure l'ensemble du
système.
Il est certain que notre crainte la plus grande concerne l'Ontario
à cause du volume. C'est pour cela qu'on aimerait mieux qu'il y ait,
comme on dit, un report en ce qui concerne l'approche, pour ce qui touche
l'Ontario plus que le libre-échange encore. Oui, on va vivre le
libre-échange, mais tout ce qui en découle, ce
sont des représentations à faire et il va falloir les
faire pour qu'on puisse fonctionner d'une façon égalitaire. C'est
l'ensemble du libre-échange qui devient... quand on le qualifie, parce
qu'on n'a pas eu une définition réelle de ce qu'était le
libre-échange. Mais il est certain que nos craintes sont là et
qu'elles demeurent. Mais quelle est la meilleure solution? Quand on se penche
sur l'une, on dit: Oui, elle est bonne en partie et l'autre est bonne aussi en
partie.
M. Garon: On peut dire que la session va quand même
jusqu'au 20 ou 22...
M. Côté (Charlesbourg): Le 21 décembre.
M. Garon: ...le 21 décembre. Alors, il n'y a pas
obligation de procéder cette semaine. Si l'entente sur le
libre-échange est produite jeudi - on dit aujourd'hui que ce serait
jeudi - je ne comprends pas pourquoi on procéderait cette semaine. On
devrait au moins attendre à la semaine prochaine. Quand l'entente va
sortir jeudi, l'Association du camionnage va pouvoir dire: On pense que les
clauses qui sont là-dedans sont tellement bonnes ou tellement mauvaises
qu'on devrait faire telle ou telle chose. Mais procéder cette semaine,
cela m'apparaît incroyable parce que l'entente fondamentale va
apparaître jeudi.
La dernière question que j'aimerais vous poser concernerait
l'Ontario. Est-ce qu'il n'y avait pas un projet de loi de déposé
avant les élections concernant cette harmonisation? Si l'Ontario ne
procède pas plus rapidement que cela, s'il ne semble pas pressé,
avez-vous des explications là-dessus ou si vous faites seulement
constater le fait que le projet de loi qu'ils avaient déposé
avant les élections...
M. Alary: On sait, comme tout le monde, qu'il y a eu des
élections en Ontario, que le ministre qui s'est retrouvé ministre
des Transports ne pensait pas redevenir ministre des Transports et qu'il avait
pris des engagements avant de partir. En revenant, il a dit: Je suis là
en attendant, mais je vais peut-être être remplacé.
Là, on s'est aperçu que le premier ministre l'a nommé
à nouveau au même poste.
On se dit: L'Ontario va-t-il disposer sa position sur la
déréglementation? Ils disent oui, d'ici à une quinzaine de
jours. Est-ce que ce sera réellement le même contenu que celui
qu'ils avaient avant dans le projet 150? Si on regarde le projet 150,
c'était une approche qui n'était peut-être pas semblable
à celle du Québec, parce que certaines choses étaient
différentes, mais on n'a pas encore les textes finals et la
volonté finale. On sait que l'association ontarienne du camionnage a
présentement des rencontres avec différents représentants
gouvernementaux justement à cause de l'implication du
libre-échange pour elle. On sait que l'implication semble très
grande pour l'Ontario et on attend, comme tout le monde, de savoir ce qu'ils
vont décider et comment ils vont le décider.
M. Garon: Mais ne trouvez-vous pas curieux que l'association vous
dise dans quinze jours et que le ministre, qui communique sûrement avec
le ministère plutôt qu'avec l'association du camionnage de
l'Ontario, lui, dise au mois d'avril?
M. Alary: Non, je veux dire le dépôt ou le... M.
Côté (Charlesbourg): Non, le dépôt... M.
Garon: Dépôt au mois d'avril? M. Alary:
L'acceptation...
M. Côté (Charlesbourg): Non, il y a
dépôt avant les fêtes, mais, pour eux, la période
d'acceptation, compte tenu des fêtes, pourrait aller en mars ou en avril,
en termes d'application. C'est l'application au mois d'avril.
M. Garon: Oui, l'Ontario que vous trouvez habituellement bon
pense la même chose que moi.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon? Non, je pense...
Non, mais il faut...
M. Garon: Habituellement, vous trouvez l'Ontario extraordinaire.
Là, il ne veut pas adopter cela avant le mois d'avril pour voir un peu
comment s'ajuste...
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est d'abord et avant
tout un contexte électoral. S'il n'y avait pas eu d'élection en
Ontario cet automne, le projet de loi serait adopté et appliqué
au 1er janvier 1988. C'est cela. Mais il faut se rendre compte qu'au 1er
janvier 1988, la loi C-19 s'applique. Les règlements du
fédéral seront publiés dans la Gazette officielle
le 16 décembre. Il ne faut jamais perdre cela de vue.
M. Garon: D'accord, M. le ministre. Je vais vous poser une
question à ce moment-là. Si vous avez l'intention d'appliquer
votre projet de loi à partir du 1er janvier 1988, vos règlements
doivent être prêts. Est-ce qu'on pourrait voir les
règlements qui vont avec le projet de loi?
M. Côté (Charlesbourg): Je dirai à M. le
député que cela fera l'objet de discussions, si vous voulez en
avoir, mais vous devrez m'éclaircir certains points avant.
M. Garon: Non, mais c'est clair...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, en conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Non. On devra savoir
tantôt si...
M. Garon: C'est là qu'on va voir les notions qui seront
précisées par règlement et comment cela va marcher.
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont deux choses. Je
connais l'habileté du député de Lévis. Il y a deux
choses. Selon ce que j'ai entendu depuis le début, il y a deux choses:
le libre-échange et l'application en même temps que les autres.
J'ai compris cela.
Si ce sont les points, on va en parler. Ce n'est pas bien
compliqué. Si on en parle, on en parle et on s'entend. Si on ne s'entend
pas, ce n'est pas plus compliqué que cela. Je sais ce qui se passe
à l'Assemblée nationale; cela fait quelques années que je
suis ici. Alors, on va voir les couleurs assez vite. A la suite de cela,
j'aurai des décisions à prendre. Je les prendrai et je les
recommanderai à mon gouvernement. Ce n'est pas plus compliqué que
cela. Sauf qu'il faut être bien conscients des gestes qu'on pose
aujourd'hui, mais je ne porterai pas la responsabilité vis-à-vis
des transporteurs du Québec de l'application de deux régimes,
alors qu'ils en souhaitent un.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. M. le
député de Lévis, nous en sommes maintenant aux
brèves remarques de conclusion. Est-ce qu'il y a des remarques de
conclusion, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
remercie l'Association du camionnage du Québec. Même si on ne
partage pas, à l'occasion, les même points de vue, je pense
qu'elle a à défendre l'intérêt de ses membres et
elle le fait de manière admirable. Quant à moi, j'ai à me
comporter en ministre responsable des Transports pour le Québec à
l'intérieur d'un ensemble qui s'appelle le Canada où on doit
tenter d'harmoniser un certain nombre de choses, toujours au
bénéfice des usagers et des transporteurs, selon nos limites et
les champs de compétences qui nous sont propres.
Je n'ai pas hésité du tout à avoir un projet de loi
73 qui avait beaucoup de dents parce que c'est de juridiction exclusivement
provinciale et, en ce sens, on a tracé la voie à plusieurs autres
provinces qui vont éventuellement nous imiter. Dans ce sens-là,
on n'a jamais dit et prétendu que tout était parfait et que tout
était bien beau. Mme la présidente disait tantôt que
c'était presque un mal nécessaire. On s'était rendu compte
qu'il fallait embarquer dans le mouvement canadien afin de ne pas
pénaliser les transporteurs du Québec et je pense que c'est
davantage cela qui nous a guidés à ce moment-ci. (14 heures)
Quant aux questions fondamentales posées sur les effets du
libre-échange sur la déréglementation, on pourra
éventuellement mesurer certains effets. Je pense qu'il n'est pas tout
à fait négligeable de penser que 17 % des revenus des camionneurs
proviennent d'un transport effectué aux États-Unis. Qu'on le
veuille ou non, ils sont à côté et ils sont au-delà
de 200 000 000, alors qu'on est, chez nous, au Québec, 6 500 000 et
qu'on est, dans l'ensemble du Canada, 25 000 000 à 26 000 000. Dans une
recontre récente avec les autorités du port de Montréal,
on se rendait compte que tout ce qui est container, pour 40 % des containers
débarqués au port de Montréal, transite directement dans
le Middle West américain et dans l'Est des États-Unis. Ce n'est
pas fait par les transporteurs étrangers, mais par les nôtres.
C'est une réalité avec laquelle on doit vivre.
Demain, à la fois l'Opposition et le gouvernement auront des
choix, des choix quant au libre-échange, des choix quant à la
déréglementation et bien sûr, ils devront être
capables d'en mesurer les effets à partir de demain matin. Dans notre
esprit, on s'est rendu à plusieurs des interrogations de l'ACQ, parfois
en totalité, parfois en partie, des fois pas du tout compte tenu de
notre vision des choses, de la possibilité de le faire aussi. Nous
partageons, si j'ai bien compris, l'opinion de l'ACQ qui est d'avis qu'on
devrait se mettre dans une position où nos transporteurs n'auraient pas
à subir deux régimes et faire en sorte aussi que certaines
mesures qui permettraient aux Ontariens d'entrer chez nous, on pourrait les
faire, on devrait les faire et on devra les faire uniquement dans la mesure
où les Québécois auront la réciprocité et
que cela nous permettra de tirer le maximun de cette
déréglementation avec toutes les contraintes qu'on
connaît.
Mais il est bien clair que, quant à nous, il n'est pas question
de promulguer un certain nombre d'articles dans la mesure où on
passerait au travers avant les fêtes si l'Ontario et le Nouveau-Brunswick
n'ont pas bougé. C'est un processus législatif qui se fait et il
y a différents moyens et d'autres initiatives. Je me suis rendu à
la demande du député de Lévis quant à entendre les
parties ce matin. Cela me paraissait raisonnable d'entendre les parties compte
tenu du contexte du libre-échange, comme on peut suivre d'autres chemins
dans cette voie aussi pour être capables de mesurer les gestes qu'on va
poser et leur portée. Je n'ai jamais prétendu qu'on
possédait la vérité au ministère des Transports,
encore moins le ministre. Ce qu'on a tenté de faire, c'est de concilier
globalement les différents intervenants. Dans ce sens, je suis satisfait
du travail accompli jusqu'à maintenant. Si on peut bonifier ce qu'on a
devant nous, c'est par l'adoption article par article qu'on peut le faire. SI
on peut bonifier des situations, je suis très disposé à le
faire. Je pense que cela a _été notre marque de commerce depuis
que je viens en commission parlementaire sur des textes de loi. C'est dans cet
esprit que je le fais, pas pour le ministre, pas pour le ministère, mais
davantage pour ceux qui, demain matin, vont avoir à vivre avec le projet
de loi 76 qui vise la déréglementation.
II ne faut pas l'oublier, ceux qui sont à la base de cette
déréglementation, ce sont les usagers qui ont réussi
à convaincre le gouvernement fédéral de procéder,
qui ont des biens à transformer ou à manufacturer au
Québec, qui pensent pouvoir tirer certaines économies et faire en
sorte qu'ils soient plus compétitifs sur le plan international. Dans ce
sens, c'est un contexte très large.
Je remercie l'Association du camionnage du Québec sur qui nous
pouvons toujours compter pour avoir l'expertise dans tous les domaines. Depuis
deux ans, nous avons collaboré de manière très
étroite. Je suis très heureux de continuer dans ce sens et de
recourir à vos services, compte tenu de ce qu'on a entendu dans le
présent mémoire et de l'ouverture que vous avez faite. Je
prendrai même l'initiative de vous convoquer ou de vous inviter -
convoquer, c'est fort - mais de vous inviter tous les deux pour qu'on puisse en
placoter ensemble. Il y a peut-être des choses qu'on pourrait apprendre
et qui seraient de nature à aider le camionnage à l'avenir. On
fera cela dès le début du mois de janvier. Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je pense que le ministre vient
de donner les bons arguments de ce pourquoi il faut penser différemment
de ce qu'il vient de dire puisqu'il a dit que toute cette demande ne vient pas
de l'industrie du camionnage ni des camionneurs, mais qu'elle vient des
manufacturiers. Les appréhensions qui ont été
manifestées à ce jour, ici, principalement par le premier
intervenant, sont justement que la commande va être passée par les
expéditeurs dans le cadre d'une compétition féroce et que
celui qui va passer au "cash" là-dedans, c'est le camionneur. Ensuite,
c'est son patron, le transporteur. Je suis étonné et pas
étonné. Le ministre a une formation d'historien, je pense, et je
remarque qu'il pense avec les yeux du passé.
Le libre-échange est une dynamique nouvelle. On parle comme si le
libre-échange n'influencerait rien et que ce seraient encore les
échanges avec l'Ontario de telle et telle façon. Au contraire, le
libre-échange va mettre en place une dynamique nouvelle où les
entreprises américaines de camionnage, qui sont vigoureuses - il y a une
vingtaine d'entreprises qui font plus de 2 000 000 000 $ de chiffre d'affaires
par année, alors que l'industrie du camionnage totale au Québec
fait autour de 1 300 000 000 $ - voudront s'accaparer les meilleures routes.
Notre compétiteur, ne nous cassons pas la tête, dans une
perspective où on ouvre totalement les portes du Québec dans le
cadre du libre-échange, dans le décloisonnement et le
libre-échange, c'est l'expéditeur, qui "call les shots". J'ai
hâte de voir cela fonctionner. J'ai l'impression que le passé ne
sera pas garant de l'avenir.
Au contraire, à ce moment-là, nous serons dans un cadre
complètement nouveau et ce sera toujours l'expéditeur qui
commandera et l'expéditeur, à ce moment-là, aura un plus
gros mot à dire - vis-à-vis de l'organisation de grandes
entreprises et de la concentration des entreprises. Ceux qui pensent que la
concentration des entreprises se fera avec les compagnies de l'Ontario vont
devoir peut-être penser que cela se fera avec les compagnies
américaines qui font du transport avec Montréal. Je n'ai pas peur
que ce soit entre Saint-Pacôme et Kamouraska ou
Saint-Michel-de-Bellechasse et La Durantaye, je pense bien que ce ne sera pas
là que cela va se jouer. Ce sera entre les grands centres et avec les
gros volumes de transport. Le marché peut être
écrémé si on ouvre nos portes totalement.
Ce que les camionneurs nous ont dit tout à l'heure, ce qu'on
entend dire sur le libre-échange actuellement, c'est qu'on ouvrira nos
portes totalement alors que les Américains n'ouvriront pas les leurs
davantage. Je dis au ministre qu'il y a une question de prudence
élémentaire et que vouloir procéder cette semaine, alors
que l'accord sera rendu public jeudi, je trouve que c'est de l'imprudence.
C'est libre au gouvernement, ils sont 99. Cela veut dire qu'ils peuvent
faire, à toutes fins utiles, presque tout ce qu'ils veulent, pas tout
à fait, mais presque et, par ailleurs, comme le dit le ministre
également, les gens devront assumer leurs responsabilités. Alors
moi, j'ai toujours la prudence de voir les choses avant de... M. le ministre
dit: Moi, je n'ai pas besoin de voir l'entente sur le libre-échange pour
procéder, je n'ai pas besoin de voir la loi de l'Ontario pour
procéder. C'est libre à lui...
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas ce que le
ministre a dit.
M. Garon: II y a un jeu qui s'appelle comme cela, c'est d'essayer
de mettre la queue de l'âne à la bonne place, les yeux
bandés...
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
M. Garon: Ce n'est pas souvent la meilleure façon
d'administrer.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
m'excuse, mais il y a des choses qui doivent être dites. Ce n'est pas ce
que le ministre a dit. Je pense que je prête au moins un minimum
d'intelligence au député de Lévis pour ne pas charrier
à ce sujet-là. Ce n'est pas ce que le ministre a dit, mais il y a
un bout que vous ne semblez pas comprendre, vous. Je vais vous l'expliquer
très rapidement, vous êtes capable de comprendre cela. Ou le
député de Lévis tombe dans ses retors ou il se cherche un
bon combat.
La loi C-19, c'est une réalité...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...les règlements
seront publiés dans la Gazette officielle le 16 décembre
et seront en application le 1er janvier 1988. Cela touche 70 % du camionnage,
que vous le vouliez ou non. Vous, comme député de Lévis,
je comprends que vous êtes indépendantiste et que, finalement, si
le Québec était séparé, cela réglerait un
problème, mais vous êtes à l'intérieur du Canada
encore jusqu'à maintenant et, à l'intérieur du Canada, la
juridiction est fédérale en ce domaine. Ils la mettront en
application le 1er janvier 1988. Vous faites quoi? Vous allez crier parce que
le libre-échange changera tout cela et vous allez crier à
Ottawa?
M. Garon: Ce n'est pas ce que je dis. J'ai dit, le petit bout que
vous menez dans le cadre actuel, essayez donc de le mener au lieu de le laisser
aller sur le pilote automatique. Vous en menez un petit bout, il y a un grand
bout que vous ne menez pas, mais il y a un petit bout que vous menez...
M. Côté (Charlesbourg): II ne va pas...
M. Garon: Comme aux États-Unis, les États
américains ont un petit bout qu'ils mènent.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Côté (Charlesbourg): II ne va pas sur le pilote
automatique, d'après l'expérience de ceux qui exercent, parce
qu'on a entendu deux groupes ce matin.
M. Garon: Oui, mais vous n'êtes pas obligés
d'adopter le projet de loi, c'est une affaire... Le Président (M.
Saint-Roch): M. le ministre et M. le député de
Lévis...
M. Côté (Charlesbourg): Maintenant qu'on a
dépassé l'heure, on va prendre le temps de régler les
choses, parce qu'on ne traînera pas... Mon objectif n'a jamais
été, M. le Président...
M. Garon: Si vous le voulez, M. le Président, je vais
finir mon temps de parole, le ministre s'expliquera après...
Le Président (M. Saint-Roch): Justement, M. le
député de Lévis, le temps de parole des deux formations
est maintenant écoulé.
M. Garon: Mais j'étais en train de terminer. Je voulais
terminer.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je veux dire au
député de Lévis, c'est que, au sujet des propos qu'il a
tenus, si le gouvernement avec 99 a la majorité, s'il veut, il finira
par le faire adopter. Non, est-ce clair là? SI vous voulez un
débat dans une semaine, vous n'en aurez pas parce que cela ne prendra
pas une semaine pour l'adopter, mais vous en porterez toute la
responsabilité à partir du moment où vous aurez
l'information, est-ce clair là? Ne vous attendez-vous pas d'avoir un
débat dans une semaine et de retarder cela d'une semaine pour avoir
supposément bien des arguments pour être capables de mener une
bataille encore pendant une semaine pour faire en sorte de le bloquer. Ne
comptez pas sur moi là-dessus. Est-ce clair? Ne comptez pas sur le
ministre des Transports pour forcer la machine. Chacun portera la
responsabilité des gestes qu'il pose et vous, le premier.
M. Garon: J'ai dit, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...que l'entente sur le libre-échange sera rendu
publique jeudi, cela a été dit ce matin, à
l'Assemblée nationale, par votre ministre provincial du Commerce
extérieur. Il serait normal d'attendre le dépôt de cette
entente pour que les gens puissent la voir avant de procéder.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, en contrepartie, si le
ministre des Transports...
M. Garon: Deuxièmement... Attendez un peu!
M. Côté (Charlesbourg): Non, laissez-moi finir.
M. Garon: À Ottawa, le projet de loi a été
déposé en mai ou juin 1986 et adopté en août 1987,
quinze mois plus tard. Vous avez même dit que les règlements sont
connus actuellement.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais poser une
question.
M. Garon: Vous avez déposé votre projet de loi le
12 novembre 1987 et vous n'avez pas encore déposé vos
règlements. On n'a aucune idée de quoi il s'agit.
M. Côté (Charlesbourg): Non, un instant! On va se
parler tout de suite, on va en "clairer le plus large possible".
M. Garon: C'est vrai, ce que je vous dis.
M. Côté (Charlesbourg): On va en "clairer le plus
large possible". C'est enregistré, là?
Une voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Une chose est certaine,
c'est que le projet de loi 76 va dans la ligne de pensée du projet de
loi C-19. Donc, tout
ce qui a été dit là-bas n'a pas besoin d'être
repris de mur à mur ici. Je pense que l'esprit du projet de loi 76 va
dans l'esprit du projet de loi C-19. La réglementation
fédérale sera rendue publique dans les prochains jours. Si le
nôtre n'a pas été déposé avant, c'est qu'on a
dû attendre après certains règlements du gouvernement
fédéral, auxquels on a collaboré, à part cela,
encore la semaine dernière.
Ce que je veux dire au député de Lévis, c'est: Vous
voulez attendre le texte sur le libre-échange et qu'on procède la
semaine prochaine? Est-ce que vous allez adopter le projet de loi article par
article avant qu'on parte à la fin de la session si on attend le texte
sur le libre-échange la semaine prochaine pour en discuter?
M. Garon: Cela dépend. S'il ne pose pas de
problème. J'ai dit que le projet de loi la Loi sur le camionnage,
n'était pas une question théorique ni idéologique. C'est
une question à savoir si cela marche ou non. Si l'entente sur le
libre-échange sort jeudi et que les gens disent et les gens du milieu
nous diront essentiellement qu'avec cette entente qui sort sur le
libre-échange, on pense qu'il doit y avoir des dispositions
additionnelles dans la loi. Je pense que c'est un peu exceptionnel, le
libre-échange, cela n'arrive pas tous les jours. À ce
moment-là, s'il y a des mesures additionnelles qui doivent être
mises dans le projet de loi, on va marcher en consultation avec les gens...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
que...
M. Garon: Mais si les gens nous disent qu'il y a plus de
désavantages que d'avantages à laisser passer Noël ou s'ils
disent le contraire, par exemple, que c'est tellement disproportionné ce
qu'il y a dans le libre-échange qu'on est mieux d'attendre pour ajouter
des clauses, même s'il faut revenir en janvier ou en février. Je
pense qu'on est dans un cadre bien spécial dans le cadre du
libre-échange. C'est quelque chose d'exceptionnel. À ce
moment-là, il faut que les gens aient la chance de voir venir cela.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que le
député de Lévis se place dans la situation...
M. Garon: Pensez-vous que je vais bloquer un projet de loi que
les gens du milieu souhaitent voir adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Un instant, là. Il
faut quand même savoir.
M. Garon: Moi non plus, je ne suis pas tombé sur la
tête.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il faut quand
même savoir... Ce que j'ai compris de l'ACQ, c'est que les
problèmes découlant du libre-échange ne sont pas
nécessairement les plus importants comme les mesures prises par les
Américains concernant le carburant, concernant une taxe spéciale.
C'est davantage cela qu'il faut tenter d'aller régler, d'après ce
que j'ai compris de l'ACQ, que de voir le texte du libre-échange. Si
j'ai bien compris, c'est un peu cela. Il y a d'autres choses qu'il faut
régler pour être capables de favoriser nos camionneurs qui ont
effectivement, à certains égards, une certaine concurrence
déloyale de la part de certains Américains compte tenu des lois
américaines. C'est davantage là-dessus que les gens ont
posé des questions tantôt et se sont interrogés. Dans ce
sens-là, je me dis...
M. Garon: Je suis d'accord, mais, en même temps, il y a des
articles qui pourraient rester sur le carreau. Au lieu de les adopter et de
dire qu'on va les mettre en vigueur plus tard, des articles pourraient rester
sur le carreau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis...
M. Garon: On pourrait dire qu'on ne les adopte pas parce qu'on ne
veut pas être pris là-dedans.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, je m'excuse, mais nous avons maintenant dépassé
notre temps de quinze minutes et la commission doit reprendre ses travaux
à 15 heures.
M. Côté (Charlesbourg): Je m'excuse, M. le
Président, de toute façon, cela fait longtemps qu'on a
dépassé l'heure, entre nous. Cela fait peut-être chacun
quinze minutes, mais cela fait longtemps qu'on a dépassé. Je vous
le dis, je ne viendrai pas ici passer une semaine avec des mesures dilatoires.
Il y a d'autres choses plus importantes à faire ici que de passer des
mesures dilatoires pour être capables d'étendre et d'étirer
le sujet. Il y a d'autres projets de loi devant l'Assemblée qui
méritent l'attention des commissions parlementaires. Je ne viendrai pas
occuper le temps de la commission avec toutes sortes de mesures qui vont faire
en sorte qu'on va s'écraser ici pendant dix ou douze heures par jour
à attendre le dénouement de... Si c'est la situation, qu'on le
dise dès maintenant. C'est aussi clair que cela, chacun va prendre ses
responsabilités. Dans ces conditions-là, M. le Président,
je ferai rapport au leader si c'est cela.
Si on veut analyser et adopter le projet de loi article par article en
deuxième lecture pour être capables de voir ses vertus et ses
défauts et qu'on veut effectivement corriger un certain nombre de ses
défauts, soit, mais qu'on commence. Si on vise à attendre le
début de l'étude du projet de loi article par article la semaine
prochaine, à partir du moment où on sera en
pleine connaissance du texte sur le libre-échange soit. Mais,
qu'on le dise dès maintenant de façon à ce qu'on n'ait pas
à perdre de trois heures à six heures, et de huit heures à
minuit. Il y a d'autres choses à faire que cela et, dans ce
sens-là si c'est là la volonté du député de
Lévis, qu'on le dise dès maintenant, on va régler cela
tout de suite.
M. Garon: Je vous l'ai dit clairement. Je souhaite qu'on attende
la semaine prochaine.
M. Côté (Charlesbourg): Mais cela signifie que si on
abordait l'étude article par article en après-midi, il n'y aurait
pas de progrès. On pourrait s'asseoir sur l'article 1 pendant
longtemps.
M. Garon: Lequel? La semaine prochaine.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, si on revenait cet
après-midi.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Côté (Charlesbourg): On va faire le test à
trois heures, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Mme la
présidente, pour un mot de conclusion.
Mme Pelletier: Merci de votre temps et de votre attention et nous
acceptons sûrement l'invitation du ministre des Transports pour
janvier.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie l'Association du
camionnage du Québec inc. pour la qualité de la
présentation aux membres de cette commission. Sur ce, la commission
ajourne ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 14 h 16)
(Reprise à 15 h 56)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi
76, Loi sur le camionnage. Est-ce que nous avons des remplacements, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Aucun remplacement ne m'a été
signalé, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires. M. le
ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va. M. le
député de Lévis, est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires?
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Je serais prêt
à ce qu'on puisse discuter de manière un peu plus
générale, au départ, pour tenter de répondre
à certaines questions que le député de Lévis aurait
et qui se dégageraient à la suite des interrogations qu'on a eues
ce matin et, par la suite entamer l'article 1, dans la mesure où cela
lui convient.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
discussions préliminaires, M. le député de
Lévis?
M. Garon:...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous cède la
parole, M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais, si possible regarder, dans l'ensemble, la
façon dont on pourrait fonctionner. Vous avez mentionné tout
à l'heure que vous seriez disposé à ce qu'on puisse faire
en sorte - j'aime autant en parler au début pour que les avocats voient
comment cela peut être rédigé et si vous avez bien compris
- d'indiquer, dans des mesures transitoires ou dans les derniers articles, que
certains articles...
M. Côté (Charlesbourg): Entreraient en
application.
M. Garon: On pourrait indiquer dans les mesures transitoires que
certains articles ne seraient pas mis en vigueur, sans une commission
parlementaire sur ces articles, et mentionner lesquels.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrai fournir les
articles en question. On me dit qu'il y en a à peu près cinq ou
six qui pourraient entrer en application ultérieurement et qui
concernent l'intérêt public. À la lumière de cela,
tel que je l'ai fait comme ouverture au député de Lévis,
compte tenu du fait que l'Ontario va déposer, d'ici les fêtes,
semble-t-il - après vérification, sur le coup de midi - son
projet de loi devant la...
M. Garon: Quand?
M. Côté (Charlesbourg): Avant les fêtes, le
déposer pour l'adopter après les fêtes. Il est clair dans
notre esprit que ces articles, les cinq ou les six qu'on vous mentionnera tout
à l'heure feront en sorte que...
M. Garon: Une alarme pour le feu, je pense.
M. Côté (Charlesbourg): Ils ne pourront pas
être en application, tant et aussi longtemps que l'Ontario n'aura pas
décidé ce qu'il fait. L'ouverture que j'ai faite au
député de Lévis c'est qu'on puisse, à la
lumière du projet de loi adopté par le Parlement ontarien, avoir
une commission parlementaire pour voir les impacts de tout cela avant la
promulgation des articles. Je suis très ouvert à cela.
M. Garon: Vous voulez dire après le libre-échange.
Mais on va le savoir jeudi, normalement, pour ce qui est du
libre-échange.
M. Côté (Charlesbourg): C'est forcément
après le libre-échange.
M. Garon: Puis l'Ontario, pour que la commission
parlementaire...
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais dire au
député de Lévis: Voici les articles qui vont entrer en
application le 1er janvier. Voici les articles qui seront en vigueur
ultérieurement. Cela dépendra du moment où l'Ontario sera
prêt. Avant même de les promulguer, on pourra avoir une commission
parlementaire pour revoir la situation. Je n'ai pas de...
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait indiquer qui on entendrait
à ce moment-là?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas impossible. Je
pense qu'on pourrait réentendre les gens qu'on a entendus ce matin
peut-être, avec les usagers aussi, quelques usagers, pour autant qu'on
puisse les limiter en termes de temps pour qu'on ne passe pas une semaine ou
deux semaines là-dessus. Si le principe est acquis qu'on peut les
limiter dans le temps, et que c'est sur invitation, il n'y a pas de
problème à cela.
M. Garon: Sur invitation. Je suppose que vous avez pensé
aux deux groupes de ce matin, plus...
M. Côté (Charlesbourg): L'Association des
manufacturiers canadiens, par exemple, qui a été à la base
de la demande de la déréglementation. On peut faire cela.
M. Garon: Au fond, cela peut prendre à peu près une
journée, n'est-ce pas?
M. Côté (Charlesbourg): Une journée. M. Garon:
Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être une
Journée. Dans une journée, on a le temps de faire le tour du
jardin.
M. Garon: Si les gens sont avisés d'avance, par le fait de
le dire aujourd'hui, ils savent donc que le texte du libre-échange va
sortir jeudi, d'après ce qu'on a dit ce matin.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Et que le projet de loi de l'Ontario va être
déposé avant Noël.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Donc, il y a aussi, possiblement, les règlements
de l'Ontario qui seront peut-être connus avant l'adoption.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. Mais il est
clair que tous ces articles ne seront pas promulgués tant qu'on n'aura
pas la commission parlementaire et tant et aussi longtemps que l'Ontario n'aura
pas donné la date à laquelle ils vont s'appliquer, pour faire
coïncider la date d'application au Québec avec celle de l'Ontario
et du Nouveau-Brunswick.
Au moment où on se parle, j'ai eu un bilan de chacune des
provinces. C'est peut-être une information pour M. le
député de Lévis.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Pour l'Alberta, c'est
déréglementé.
M. Garon: Ils n'ont rien.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il y
a inversement du fardeau de la preuve.
M. Garon: Oui, oui. D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une partie de
l'essence. Pour la Saskatchewan, l'inversion du fardeau de la preuve est faite
depuis le quatrième mois, donc avril 1986. Au Manitoba, c'est le statu
quo. Je pense que ce n'est un secret pour personne. En Ontario, la date
possible qu'on avait, c'était mars ou avril 198...
M. Garon: C'est le statu quo dans quel sens? Ils ne s'harmonisent
pas?
M. Côté (Charlesbourg): Ils ne s'harmonisent
pas.
M. Garon: Mais eux, ils sont contre le libre-échange.
M. Côté (Charlesbourg): Le Manitoba. M. Garon:
Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Mais pour des raisons qu'on
a expliquées, il y a beaucoup de sièges sociaux - neuf - de
compagnies de trans-
port au Manitoba. Ce que craignait depuis le début le Manitoba,
ce sont des effets négatifs quant à l'emploi chez eux.
Alors, le Nouveau-Brunswick...
M. Garon: Ah! ils trouvent que cela peut être
négatif quant à l'emploi chez eux. Donc, ils ne s'harmonisent
pas.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire en ce
qui concerne les sièges sociaux en particulier.
M. Garon: Mais nous, on a toujours pensé que les
libéraux tenaient aux sièges sociaux au Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais on n'est pas dans
la même situation que le Manitoba. Le Manitoba, étant au centre du
pays, a, au fil des ans, obtenu chez lui des sièges sociaux en termes de
transport qui sont plus importants que ce qu'on a au Québec.
Donc, l'Ontario, selon les dernières indications qui peuvent
toujours être sujettes à changement, c'est prévisible pour
mars ou avril 1988. Le Nouveau-Brunswick, c'est le 1er janvier 1988.
L'île-du-Prince-Édouard, l'inversion est faite depuis avril
1987.
M. Garon: Le Nouveau-Brunswick, le 1er janvier 1988?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, le 1er janvier 1988 qui
s'en vient.
M. Garon: Qui sera déposé.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Ils s'harmonisent,
ils mettent la loi en vigueur. La loi est adoptée. Ce sera en vigueur le
1er janvier 1988.
M. Garon: Elle est déposée?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Au Nouveau-Brunswick?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Moi, j'ai entendu dire qu'ils attendaient de voir ce
qu'on faisait pour...
M. Côté (Charlesbourg): La mise en vigueur.
Effectivement, c'est que tout le monde s'attend. Dans l'état actuel des
choses, bien sûr que si nous ne voulons pas procéder parce que
l'Ontario ne procède pas, il en va de même pour le
Nouveau-Brunswick. Alors, nos intérêts sont ceux du
Nouveau-Brunswick sur le plan individuel, sur le plan provincial. À ce
niveau, à partir du moment où nous procédons, le
Nouveau-Brunswick va procéder. Je suis convaincu que si le Québec
dit: Nous allons mettre en application un certain nombre de mesures à
partir du moment où l'Ontario le fera, le Nouveau-Brunswick va suivre.
C'est clair. Mais eux, ils sont prêts pour le 1er janvier 1988. À
l'île-du-Prince-Édouard, l'inversion du fardeau de la preuve est
faite depuis avril 1987. À Terre-Neuve, l'inversion est prévue
pour juillet 1988.
Mais on l'a dit, quant à la Colombie britannique et à
Terre-Neuve, les deux extrêmes, cela a plus ou moins d'effet, le coeur
étant l'Ontario, le Québec et le Nouveau-Brunswick quant à
nous. Alors, on est dans une situation où plusieurs provinces y sont
déjà. Il reste l'Ontario qui va déposer avant les
fêtes, son projet de loi qui sera éventuellement en application,
selon les prévisions actuelles, en avril 1988. Dans ce contexte, la
proposition du député de Lévis tient, à savoir
qu'on ait une commission parlementaire avant la promulgation des articles qui
seraient suspendus. On donnera tout à l'heure les articles qui le
seraient. A ce moment, les effets de la signature du libre-échange
seront connus. Au moins, on aura un texte.
M. Garon: Le texte sera connu.
M. Côté (Charlesbourg): Le texte sera connu. On
connaîtra les effets plus tard. On pourra entendre l'ACQ, les voituriers
et l'Association des manufacturiers canadiens, la même
journée.
M. Garon: Cela va. Vous avez dit que le Manitoba ne
s'était pas harmonisé, qu'il n'avait pas voulu s'harmoniser et
qu'il y a beaucoup de compagnies de transport qui sont là.
M. Côté (Charlesbourg): Qui sont là?
M. Garon: Leur siège social.
M. Côté (Charlesbourg): Neuf au Manitoba.
M. Garon: Sur?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay (Pierre): C'est neuf sièges sociaux
d'importantes compagnies de camionnage. Ce sont des compagnies
fédérales, d'ailleurs. Une des différences pour laquelle
le Manitoba n'a pas l'intention de s'harmoniser à l'intraprovincial,
c'est que les relations de transport du Manitoba, au niveau local, c'est plus
nord-sud - vers Flin Flon, ce sont des petites régions
éloignées - alors que, dans la plupart des autres provinces, les
relations de transport dites extraprovinciales et locales sont sur le
même axe est-ouest, comme en Ontario, au Québec ou dans les autres
provinces.
M. Garon: À part Flin Flon, il n'y a pas beaucoup de
villes importantes au Manitoba.
M. Boulay: C'est essentiellement du transport extraprovincial au
Manitoba.
M. Garon: Winnipeg, Saint-Boniface.
M. Després: C'est ça. C'est essentiellement du
transport extraprovincial. Alors, il reste très peu de choses au niveau
local.
M. Garon: Brandon et Flin Ron.
M. Boulay: D'ailleurs, la plupart des provinces qui ont une
population assez réduite, qu'ils fassent des choses différentes
pour le transport intraprovincial que pour l'extraprovincial, cela a finalement
peu de conséquences. Il y a 70 % du camionnage au Canada qui se fait au
Québec, en Ontario et en Alberta. Pour les autres, c'est
résiduel, à toutes fins utiles. Alors, qu'une province veuille
faire des règles différentes, plus sévères pour le
local, cela a peu de portée. Cela a une portée, par exemple, au
Québec, en Ontario et en Alberta parce que ce seraient les mêmes
camionneurs qui seraient sujets à des règles différentes.
C'est très pénalisant. Ce matin, on les a entendus dire que ce
n'est pas ce qu'ils voulaient du tout.
M. Garon: Pardon?
M. Boulay: Ce matin, on a entendu l'Association du camionnage
dire que ce n'est pas du tout ce qu'ils voulaient, avoir des règles
différentes pour le local et pour l'extraprovincial. Cela les
pénalise, cela les mêle et c'est déjà très
complexe.
M. Garon: Pour vous, l'Association du camionnage
représente les gros transporteurs, les moyens, les petits ou...
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, si je ne
m'abuse, et si je fais erreur, on me le dira, je pense que les voituriers qui
sont une jeune association représentent quand même tout
près de 200 personnes. C'est déjà tout un exploit pour
à peine six mois d'existence. L'ACQ représente globalement assez
bien l'ensemble des transporteurs. Il y en a de gros, il y en a de moins gros.
J'ai eu l'occasion d'aller au congrès de l'ACQ à quelques
occasions, en particulier celui du printemps 1986 où c'était pour
l'ACQ, un record d'assistance d'à peu près tous les temps face
à la déréglementation. Je pense que, globalement, les gens
se retrouvaient à l'intérieur de l'ACQ pour défendre leur
intérêt devant la déréglementation.
M. Garon: Le record?
M. Côté (Charlesbourg): Le?
M. Garon: Le record, c'était quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Le record, ce qui
représente en termes...
M. Garon: D'assistance? C'est ce que vous avez dit. Vous avez dit
que c'était un record d'assistance.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, pour l'ACQ, un record
de tous les temps. C'était une salle bondée à pleine
capacité. Ils avaient même refusé du monde au Hilton
à l'époque.
M. Garon: À Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Parce que vous étiez le conférencier?
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas
nécessairement. Je pense que ce n'est pas parce que le ministre actuel
était conférencier, bien sûr. Il l'était
l'année précédente et il y avait une bonne participation,
mais pas de cette nature. C'était le même gars qui était
là, sauf qu'il y avait le thème de la
déréglementation qui était au coeur des
préoccupations des camionneurs, davantage ça qu'autre chose.
M. Garon: Maintenant, vous m'avez remis un gros cahier. Vous avez
dit que là-dedans il y avait le projet de loi, mais pas les
règlements.
M. Côté (Charlesbourg): Non, il n'y a pas les
règlements, bien sûr.
M. Garon: Vous aviez dit que tout était là-dedans,
mais...
M. Côté (Charlesbourg): Non. J'ai dit qu'à
l'intérieur de la loi il y a beaucoup de choses. La
réglementation se retrouve, dans bien des cas, à
l'intérieur du texte de loi. C'est pour cela qu'on a tenté d'en
introduire le plus possible.
M. Garon: Les pouvoirs réglementaires sont quand
même importants. À l'article 79, il y a, entre autres, un grand
nombre de pouvoirs réglementaires.
M. Côté (Charlesbourg): Le principal
règlement qui va découler de tout cela, c'est le règlement
sur les permis. Quant à d'autres règlements, il peut y en avoir
quelques-uns, très limités, mais qui ont des portées
beaucoup plus minimes. Le règlement Important, ce sera celui sur les
permis.
M. Garon: Bien, une grande partie des choses tourne autour des
permis.
M. Côté (Charlesbourg): On me dit qu'il y a des
textes de règlements rendus à mon bureau pour que je puisse en
prendre connaissance. C'est une question de jours avant que ce soit
terminé et qu'on puisse en donner des copies au
député de Lévis. Même si ce n'est pas dans la forme
finale, je n'aurais même pas d'objection à ce que l'on puisse en
donner, sous une forme préliminaire, au député de
Lévis.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas pour faire de
l'argumentation...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
M. Garon: ...sur les règlements. Ce n'est jamais cela,
d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je comprends, le
principal étant celui sur les permis. Demain, Je pourrai peut-être
en donner une copie au député de Lévis, en tenant pour
acquis que ce n'est pas la forme finale, qu'il...
M. Garon: Non, non, d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): ...faudra qu'on prenne le
temps de les analyser, mais cela vous donnera un peu l'esprit de cela.
M. Garon: Quand vous vous êtes entendus avec Ottawa, vous
êtes-vous entendus sur un texte précis ou sur des principes?
M. Côté (Charlesbourg): Sur des principes.
M. Garon: Alors, vous avez vu leur projet de loi; vous avez fait
des représentations sur leur projet de loi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, assurément par
la suite. Il y a eu des choses de changées à la suite de nos
revendications faites lors de multiples rencontres qui ont eu lieu avec les
autorités du ministère, la Commission des transports, la
Régie de l'assurance automobile, le CCATM. Et encore la semaine
dernière, ils sont venus au Québec pour vérifier un
certain nombre de choses sur le plan de la réglementation. Ils sont
venus pendant deux jours encore la semaine dernière, au moment où
nous étions à analyser le projet de loi 73, article par article,
eux étaient avec les autorités du ministère pour tenter de
bonifier certains de leurs règlements. Ils viennent chercher davantage
d'expertise au Québec qu'ailleurs.
M. Garon: Ailleurs, il n'y en a pas beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il faut dire que
l'expertise, dans le domaine du transport, ne se retrouve pas
nécessairement au fédéral non plus, vu que c'est un
pouvoir qui a été délégué aux provinces
pendant de nombreuses années. C'est davantage en Ontario et au
Québec qu'ils retrouvent l'expertise et que le fédéral
vient consulter. Heureusement qu'ils sont venus! On a pu corriger un certain
nombre de choses, me dit-on, dans leurs règlements. C'est de bonne
grâce qu'ils se sont plies à tout cela, compte tenu de
l'expérience qu'on a.
M. Garon: Quelles sont les dispositions que vous avez
souhaitées et qui ont été adoptées par le
gouvernement fédéral? Quels sont les points sur lesquels ils
n'ont pas voulu écouter vos représentations, si c'est
possible?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, il y a deux
points essentiels: le test d'intérêt public, parce que le principe
de l'entente de Vancouver du 25 février 1985 faisait en sorte que
c'étaient les provinces qui allaient légiférer et que, par
la suite, le gouvernement fédéral a légiféré
lui-même, a pris l'initiative de légiférer. Au moment
où le premier texte de loi a été déposé au
fédéral, il n'était pas question que ce soient les
provinces qui définissent le test d'Intérêt public. Par
la suite, c'est un morceau qu'on est allés chercher le 26 mars et
que M. Crosbie, au nom du fédéral, a accepté de donner,
premièrement.
Deuxièmement, la mesure permettant au Canada de répliquer
aux Américains dans la mesure où ceux-ci seraient trop voraces et
un peu discriminatoires à l'égard des Canadiens, c'est nous qui
l'avons fait inscrire. (16 h 15)
Troisièmement, alors que le fédéral souhaitait une
période de trois ans, nous avons déterminé que ce seraient
cinq ans et le fédéral s'est plié aux cinq ans. On va
être capables de voir les effets à ce niveau-là.
L'autre mesure qui touche davantage le projet de loi 73 mais qui avait
des effets sur la sécurité publique a été de faire
payer au fédéral l'implantation du système informatique
appliqué dans chacune des provinces de même que le coût
d'exploitation défrayé pour cinq ans par le
fédéral.
Globalement, ce sont les points sur lesquels il y a eu beaucoup de
discussions et sur lesquels le fédéral s'est rendu de bonne
grâce, mais avec une certaine argumentation, aux demandes du
Québec.
M. Garon: Donc, vous n'avez pas eu de misère à les
convaincre.
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Lévis a trop d'expérience sur le plan des relations
fédérales-provinciales pour savoir que ce qu'on gagne au
fédéral, on le gagne chèrement.
M. Garon: Vous avez dit qu'ils venaient chercher ici l'expertise
qu'ils n'avaient pas et que c'est quasiment vous qui leur avez dit comment
rédiger leur projet de loi, ou vos experts.
M. Côté (Charlesbourg): On ne leur a pas dit comment
rédiger leur projet de loi. Ce qu'on
a fait, c'est d'ajouter certains éléments auxquels le
Québec tenait pour une plus grande sécurité et pour faire
en sorte que ce soit le plus applicable possible. Quant à la
réglementation, effectivement, ils sont venus vérifier un certain
nombre de choses chez nous et, l'expérience de nos légistes,
l'expérience de ceux qui ont vécu l'application du transport des
marchandises au Québec, a été très profitable pour
leur règlement et pour eux.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Cela m'a l'air de faire le tour des questions
préliminaires, je crois bien. Avez-vous autre chose?
Une voix: Non, cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): J'en conclus qu'il n'y a pas
d'autres remarques préliminaires.
M. Garon: Cela va pour les remarques préliminaires.
Étude détaillée
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis.
J'appelle maintenant l'article 1 et nous avons un amendement.
Champ d'application
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. M. le
Président, à l'article 1, remplacer le paragraphe 7° du
deuxième alinéa de l'article 1 du projet de loi par le suivant:
"7° au transport de véhicules à l'occasion d'un service de
remorquage effectué au moyen d'une dépanneuse;"
Remplacer aussi le paragraphe 11° du deuxième alinéa
de l'article 1 du projet de loi par le suivant: "11° au transport de biens
par véhicule automobile ou ensemble de véhicules routiers pour la
modification duquel la Régie de l'assurance automobile du Québec
a donné son approbation en vertu du paragraphe 2° de l'article 214
du Code de la sécurité routière."
M. Garon: Maintenant que cela a été
déposé, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de procéder
point par point?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, M. le
Président, il n'y a pas de problème.
M. Garon: Cela va aller plus vite de cette façon.
Autrement...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Au sujet de
l'amendement...
M. Garon: Si on voulait, on passerait en revue les points un par
un.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! qu'on dépose
l'amendement quand on y arrivera, parfait! Pas de problème!
M. Garon: Chacun, oui, pour...
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement.
J'appelle maintenant le paragraphe 1°.
M. Côté (Charlesbourg): Aux entreprises de
camionnage extra... Il faudrait peut-être commencer à l'article
1.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): "La présente loi
s'applique aux services rémunérés de camionnage; y sont
assimilés les services rémunérés de tirage de
remorques et de semi-remorques. "ElIe ne s'applique pas: "1 aux entreprises de
camionnage extraprovinciales au sens de la loi de 1987 sur les transports
routiers, sauf dans la mesure prévue par cette loi et ses
règlements d'application".
Dans ce cas-ci, c'est un article qui n'est pas amendé... Dans ce
cas-ci, au paragraphe 1°, on l'exclut parce que c'est la loi C-19 qui
couvre les entreprises de camionnage extraprovinciales.
M. Garon: Extraprovinciales au sens de la jurisprudence
donnée par la Cour suprême: une entreprise fédérale
qui oeuvre...
M. Côté (Charlesbourg): C'est le jugement Winner de
1954.
M. Garon: Quand vous dites: "Sauf dans la mesure prévue
par cette loi et ses règlements d'application", à quoi vous
référez-vous?
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: Quand vous dites: "Sauf dans la mesure prévue
par cette loi et ses règlements d'application", à quoi vous
référez-vous?
M. Côté (Charlesbourg): À la partie III de la
loi fédérale.
M. Gonthier (Gilles): La partie III de la loi
fédérale précise que les entreprises de transport
extraprovinciales doivent se soumettre à la législation des
provinces lorsqu'elles effectuent des mouvements de transport intraprovinciaux.
Donc, à ce moment-là, le projet de loi 76 s'appliquera aux
entreprises de transport extraprovinciales lorsque ces entreprises voudront
faire au Québec des mouvements de transport intraprovinciaux.
M. Garon: Vous vous référez à l'article 76?
M. Gonthier: Non, au projet de loi 76. M. Garon: Ah bon!
M. Gonthier: Le projet de loi sur le camionnage. Je vous
réfère à la partie III de la loi fédérale
que vous avez au début, dont on vous a donné une copie plus
récente, notamment aux articles 11 et suivants qui stipulent qu'une
entreprise de transport extraprovinciale qui, normalement, échappe
à la législation provinciale sera assujettie à cette loi
lorsqu'il s'agira de faire des mouvements de transport intraprovin-ciaux. Par
exemple, un mouvement Montréal-Québec fait par une entreprise de
transport extraprovinciale...
M. Côté (Charlesbourg): De l'Ontario. M.
Gonthier: ...de l'Ontario.
M. Côté (Charlesbourg): De l'Ontario ou du
Nouveau-Brunswick.
M. Garon: J'avais demander le cas...
M. Côté (Charlesbourg): Ou même un
transporteur du Québec qui aurait un permis fédéral.
M. Garon: J'avais demandé de rencontrer vos fonctionnaires
pour un cas. Je ne sais pas s'ils peuvent répondre aujourd'hui,
peut-être plus dans quelques jours. Prenons le cas où, dans le
cadre du libre-échange, un barrage additionnel est fait à la Baie
James, on demande de la fourniture de ciment et d'acier, des matériaux
lourds en grande quantité. Les règlements sur l'achat chez nous
ne pourront plus s'appliquer dans le cadre du libre-échange. Supposons
qu'une compagnie américaine obtient le contrat pour la fourniture du
ciment et de l'acier et que, dans sa soumission, vous demandez un prix
livré et qu'elle fait un prix livré...
M. Côté (Charlesbourg): Livré par des
Américains à la Baie James.
M. Garon: Elle soumissionne à un prix livré, mais
comme vous n'avez pas le droit de faire de discrimination dans le cadre du
libre-échange, elle dit: Livré à tel prix à la Baie
James, et c'est elle qui obtient la soumission. Elle est le plus bas
soumissionnaire pour les matériaux livrés à la Baie James.
Est-ce que, dans ce cadre, l'entreprise pourrait prendre n'importe quelle
entreprise américaine qui livrerait les matériaux des
États-Unis à cet endroit et se greffer un voyage de retour, de
l'Abitibi, cela pourrait être du bois de sciage, vers les
États-Unis...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Garon: ...ou vers Montréal, etc., puis-qu'elle a
déjà ses camions pour aller à la Baie James.
M. Boulay: D'abord, la question à se poser: la compagnie
qui fait le camionnage de cela, est-ce une compagnie qui transporte ses propres
produits? Est-ce le manufacturier qui transporte ses propres produits? Si c'est
oui,...
M. Garon: Cela peut être les deux cas.
M. Boulay: S'ils livrent leurs propres produits...
M. Garon: C'est une question de coût au fond. Il va prendre
celui qui va...
M. Boulay: ...ce n'est sujet ni à la loi C-19 ni à
cette loi. C'est simplement sujet aux conditions de sécurité
routière. Si c'est, par contre, le cas qui nous intéresse ici,
une compagnie de transport contre rémunération, alors vu que
c'est une compagnie de transport contre rémunération qui prend
des matériaux des États-Unis, une compagnie américaine, et
qui s'en va les porter à la Baie James, à ce moment-là,
elle fait un mouvement international et doit obtenir un permis de la Commission
des transports du Québec qui est agent fédéral, dans ce
cas-ci, un permis en vertu de la loi C-19. Notre loi n'est absolument pas
impliquée à ce moment-ci.
Si c'est une compagnie américaine, elle fait un mouvement
international, c'est la loi C-19.
M. Garon: Puis en revenant?
M. Boulay: En revenant, si elle prend des produits
d'Abitibi...
M. Garon: Disons d'Abitibi.
M. Boulay: Où les apporte-t-elle?
M. Garon: A Montréal ou aux États-Unis.
M. Boulay: À Montréal? À ce
moment-là, c'est un mouvement intraprovincial. Il faut qu'elle aille se
chercher un permis pour faire ce mouvement encore une fois à la
Commission des transports du Québec. C'est un permis en vertu de la loi
C-19, mais qui est à l'image de ce qui est écrit dans notre loi
provinciale.
M. Garon: Mais il n'y a rien qui peut l'empêcher à
ce moment-là.
M. Boulay: C'est-à-dire qu'elle demande son permis, il y a
l'inversion du fardeau de la preuve.
M. Côté (Charlesbourg): II y a quelque chose qui
peut l'empêcher, mais la loi faisant en sorte que c'est plus ouvert, on
peut présumer qu'il y aurait un permis, à moins que le ministre,
par son article 15.2, la clause "basket", ou par ses directives, puisse faire
en sorte que cela ne se passe pas. Ce n'est pas impossible. Ce n'est pas pour
rien que cette donnée est là, c'est pour être capables de
s'en servir si cela devait se faire au détriment des transporteurs
québécois. Mais il faudra l'utiliser avec parcimonie si jamais on
l'utilise.
M. Boulay: Ce qui peut être très probable aussi,
c'est que cette compagnie, au lieu de prendre un voyage en Abitibi pour
l'amener à Montréal, le prenne à Montréal pour
l'amener aux États-Unis, plus profondément aux États-Unis,
pour maximiser son millage, n'étant pas à vide.
M. Garon: Je pensais à du transport d'Abi-tibi parce qu'il
y a du bois de l'Abitibi qui est transporté en grande quantité.
Elle pourrait être dans une situation avantageuse parce qu'elle est
déjà rendue là. Elle doit revenir avec son camion, de
toute façon. Aussi bien charger quelque chose même si ce n'est pas
cher.
Une voix: C'est ce qu'on fait.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Garon: Allez-y.
M. Côté (Charlesbourg): Vous demanderez au
député d'Orford s'il a des permis pour transporter aux
États-Unis.
M. Garon: Quand vous transportez des arbres de Noël aux
États-Unis, parce que vous en transportez aux États-Unis... Vous
revenez avec des boulesl
M. Vaillancourt: Quand on fait du camionnage, il faut avoir des
retours, autrement ce n'est pas payant. Pour les arbres de Noël, on n'a
pas de retour parce que cela se fait trop vite, on n'a pas le temps d'aller
chercher des retours. Il faut que ce soit livré avant Noël.
M. Côté (Charlesbourg): Imaginez-vous comment c'est
payant les arbres de Noël. On peut revenir allègesl
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 1°?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas du
député d'Orford, il encaisse.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 1°?
M. Garon: Quand le député de Saint-Hyacinthe a
donné un chien au président de la France, je pensais qu'il
voulait se lancer dans le commerce des chiens et que c'était une
façon de se faire de la publicité.
Le Président (M. Saint-Roch): Je pense que c'est plus
qu'interprovincial.
Des voix: Ha, ha, ha! (16 h 30)
M. Garon: Son problème, c'est qu'il n'est pas venu. Ha,
ha! Il est resté avec le chien au début. Son voyage a
été remis. Ce n'est pas l'objet de notre propos. On pourrait
procéder. Le premier paragraphe est correct.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: C'est clair. On voit à quoi cela s'applique.
Le Président (M. Saint-Roch): Le 1° paragraphe est
adopté, M. le député de Lévis?
M. Garon: Non. "1. La présente loi s'applique aux services
rémunérés de camionnage; y sont assimilés les
services rémunérés de tirage de remorques et de
semi-remorques."
On continue, on passe de paragraphe en paragraphe.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: On dit: "Elle ne s'applique pas: "1° aux
entreprises de camionnage extraprovinciales au sens de la loi de 1987 sur les
transports routiers." La loi sur les transports routiers, c'est la loi C-19.
..."sauf dans la mesure prévue par cette loi et ses
règlements..."
C'est correct. Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, adopté.
Deuxième.
M. Garon: Deuxièmement.
Le Président (M. Saint-Roch): Deuxièmement.
M. Côté (Charlesbourg): "2° au transport d'une
matière en vrac au sens de la Loi sur les transports et de ses
règlements, sauf dans la mesure prévue par la présente loi
et ses règlements d'application."
C'est tout le vrac qui est exclu de l'application, on l'a toujours dit
depuis le début, dans la mesure où il est intraprovincial. C'est
très clair. Ce sont les artisans qu'on connaît, les membres de
l'ANCAl ainsi que d'autres propriétaires de VR, qui ne sont pas
touchés par cette
mesure, dans la mesure où le transport se fait à
l'intérieur des limites du Québec.
M. Garon: On ne sait plus comment va marcher le camionnage en
vrac. Vous avez fait des consultations.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait peut-être
donner l'information au député de Lévis tout de suite. On
a effectivement fait des consultations auprès des représentants
de postes et sous-postes, de même qu'une enquête menée
auprès de 2000 répondants, propriétaires et
détenteurs de VR, qu'on a rendue publique et qui a été
très largement acceptée par le milieu en termes de conclusion.
Nous sommes en train de fignoler ce que serait le nouveau règlement sur
le transport du vrac. On s'est adjoint la collaboration d'un spécialiste
de la Commission des transports du Québec. Aussitôt le dossier
dont on se parle réglé, ce sera ce dossier qui, au cours du mois
de janvier ou du mois de février, retiendra notre attention, pour qu'on
soit capables de compléter ce dossier très rapidement.
Normalement, en février, on devrait être en-mesure de livrer ce
dossier-là aussi.
M. Garon: Est-ce que vous avez l'intention d'aller vers une
perspective de déréglementation...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: ...ou de décloisonnement, dans ce secteur?
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas de
déréglementation dans ce secteur. C'est un secteur encore trop
fragile où il doit y avoir une cohabitation encore plus évidente
entre le donneur d'ouvrage et le demandeur d'ouvrage. Comme ces gens-là
sont répartis sur tout le territoire du Québec, il faut s'assurer
que la distribution du travail se fasse de manière équitable, un
peu partout au Québec, par une instance qui aura une portée
régionale. Il y a assurément encore du travail à faire
dans ce domaine, le premier principe étant la loi que nous avons
adoptée au printemps dernier qui fait en sorte de reconnaître le
75-25 dans une loi, puisqu'il avait été cassé devant les
tribunaux, puisque c'était inclus dans des contrats, mais sans valeur
légale. On l'a fait. Il nous reste maintenant à
dépoussiérer le règlement, le rendre applicable pour les
années quatre-vingt dix et voir tout le travail qu'on peut faire pour
ces artisans.
M. Garon: Je ne veux pas passer beaucoup de temps
là-dessus. Comment envisagez-vous...
M. Côté (Charlesbourg): Non, je ne suis pas...
M. Garon: Seulement une question. Envisagez-vous de maintenir les
postes et sous-postes?
M. Côté (Charlesbourg): Un certain nombre de
recommandations vont m'être faites en janvier, par ceux qui travaillent
au dossier actuellement, dont une personne qui s'est adjointe au groupe de
travail récemment. Ce sont des décisions que j'aurai à
prendre au mois de janvier quant à l'orientation que je veux donner. Je
ne peux pas vous dire, à ce moment-ci, si les postes ou les sous-postes
vont être maintenant les deux ou s'il y en un qui va disparaître au
profit de l'autre. Nous sommes dans cette phase et des fonctionnaires
travaillent actuellement pour me faire des recommandations que j'analyserai
très tôt au début du mois de janvier. En ce moment, mes
préoccupations sont forcément ailleurs pour être capable de
livrer autre chose. À partir du moment où janvier arrivera, on se
penchera sur les recommandations qu'on va faire dans ce sens. Toutes les
hypothèses sont possibles à ce moment-ci.
M. Garon: Cela marche.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le paragraphe
2° est adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Paragraphe 3°?
M. Côté (Charlesbourg): "3° au transport
visé par l'article 11 de la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés."
C'est le transport de produits laitiers, de produits pétroliers,
de déchets, de périodiques, de véhicules dans le cadre
d'un service de remorquage à l'aide d'une dépanneuse, d'engrais,
lesquels étaient déjà exclus du champ d'application de
l'ordonnance générale sur le camionnage à l'exception du
transport d'engrais chimiques pour lequel il n'est plus jugé pertinent
de délivrer des permis, compte tenu du caractère saisonnier de
cette activité.
M. Garon: Vous m'avez eu là. On était au paragraphe
3° sur les produits laitiers et vous m'avez parlé de toutes sortes
d'affaires. J'ai trouvé qu'il y avait une extension aux produits
laitiers.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. J'étais
bien parti, j'étais en train de tout vous donner en même
temps.
M. Garon: Qu'est-ce que c'est cela? C'est parce que l'explication
ne marche pas avec les paragraphes.
M. Côté (Charlesbourg): Je viens de me faire
prendre. Je pensais que les paragraphes allaient avec les explications. J'en ai
donné plus que le client n'en demandait là.
M. Garon: Je suppose que vous excluez le transport visé
par l'article 11.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: C'est sur quoi l'article 11 de la loi sur les produits
laitiers?
M. Côté (Charlesbourg): Allez-y.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Orolet.
M. Drolet (Michel): C'est le transport de produits laitiers de la
ferme à l'usine de transformation.
M. Garon: Ah! ce sont des citernes de lait. M. Drolet:
C'est ça.
M. Garon: "Et leurs succédanés"? C'est la Loi sur
les produits laitiers et leurs succédanés. D'accord. Alors, ils
font venir le lait des usines vers les usines de transformation. D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un milieu que vous
connaissez bien.
M. Garon: Je ne connais pas seulement ce milieu-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Pour y avoir oeuvré
pendant neuf ans. Vous n'avez pas eu le temps de faire beaucoup d'autres choses
à part cela.
M. Garon: Ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): C'était une "job"
à temps plein, cela.
M. Garon: Mais j'avais le temps de m'intéresser à
d'autres choses comme le Nid-de-Corbeau, les chemins de fer. Cela marche.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lotbinière.
M. Camden: Qu'arrive-t-il pour le transport du lait entre les
usines? C'est la même chose?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, il est
réglementé entre les usines. C'est de la ferme à l'usine
que ce n'est pas réglementé.
M. Garon: Mais il n'y a pas beaucoup de transport de lait entre
les usines. C'est plutôt de la ferme à l'usine parce qu'ils vont
se dire: Envoie le camion à tel ou tel endroit, parce que cela ne
donnera rien de l'envoyer à l'usine et ensuite, de l'envoyer à
une autre usine.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lotbinière.
M. Camden: C'est une chose connue que le lait se transporte et
transite entre les usines, d'ailleurs, sur des distances relativement grandes
dans bien des cas et selon des périodes de l'année. C'est
d'ailleurs connu des agriculteurs.
M. Vaillancourt: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Cela se fait entre les usines. Chez nous, dans
la région de Coaticook, il y a des camions qui ramassent le lait sur les
fermes. L'entrepôt de Coaticook a de gros bassins. Il y en a un plus gros
qui fait son chargement là et va porter cela à Granby ou
ailleurs. Donc, cela se fait entre les usines.
M. Côté (Charlesbourg): Mais non. Il n'y a pas
d'usine à Coaticook.
M. Vaillancourt: Disons que ce n'est pas une usine, mais un
entrepôt.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais ce n'est pas une
usine. C'est entre usine et usine là...
M. Vaillancourt: C'est vrai, ce n'est pas une usine.
M. Garon: II n'y a pas beaucoup d'intérêt à
faire cela, sauf comme cela...
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de surplus
d'approvisionnement en lait, peut-être qu'il y a un transfert d'une usine
à l'autre, mais cela demeure toujours du transport du lait. Ce serait du
transport pour son propre compte plus souvent qu'autrement.
M. Garon: C'est ce que je pense. C'est cela. Cela ne doit pas
être contre rémunération à ce moment-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 3°?
M. Côté (Charlesbourg): Cela va, M. le
Président.
M. Garon: Cela coûte cher, faire cela. C'est le
transbordement là-dedans...
M. Côté (Charlesbourg): C'est le transbordement qui
coûte très cher.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le paragraphe
3° est adopté?
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle le
paragraphe 4°.
M. Côté (Charlesbourg): "4° au transport de
produits pétroliers par véhicule citerne muni d'un compteur et
d'une capacité maximale de 18 200 litres."
C'est déjà exclu de l'ordonnance.
M. Garon: Pourquoi?
M. Côté (Charlesbourg): C'est de la livraison
à domicile.
M. Garon: C'est régi ailleurs? Ce n'est pas contre
rémunération, je suppose?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont les produits
pétroliers pour livraison à domicile.
M. Garon: C'est parce que ce ne sont pas des services
rémunérés, le camion appartient à celui qui
fait...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: C'est cela?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: II facture pour l'huile, cela comprend le
pétrole et le camion...
M. Côté (Charlesbourg): Le camion aussi et le
coût du transport.
M. Garon: Le transport est inclus. Cela marche.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 4" est
adopté. J'appelle le paragraphe 5°.
M. Côté (Charlesbourg): "5° au transport de
carcasses d'automobiles et de déchets, même recyclables."
M. Garon: Pourquoi est-ce exclu?
M. Côté (Charlesbourg): C'était
déjà exclu. On maintient le statut qu'ils connaissaient.
M. Garon: Quand vous dites que cela l'était
déjà, que voulez-vous dire?
M. Côté (Charlesbourg): Par l'ordonnance.
M. Garon: L'ordonnance?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: En vertu de la Loi sur les transports, cela prend un
permis pour faire du transport à la condition qu'on ait un permis qui
soit prescrit par un règlement ou, dans le cas du transport
général, par l'ancienne ordonnance générale sur le
camionnage qui est toujours en vigueur. Or, cette ordonnance, qui couvre une
multitude de commodités qui peuvent être transportées,
exclut de façon expresse certaines commodités dont
celle-là, de sorte qu'il n'est pas nécessaire d'avoir de permis
pour faire ce genre de transport, à l'heure actuelle.
M. Garon: Pour les carcasses d'automobiles,, je comprends, mais
les déchets, ce n'est réglementé d'aucune
façon?
M. Drolet: II y a déjà eu un règlement qui a
été abrogé sur le transport de déchets.
M. Garon: Pourquoi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: II y a eu une longue polémique
là-dessus. Au fond, le règlement sur les déchets ne visait
pas le caractère économique de ce type de transport, cela visait
uniquement des conditions reliées à l'environnement et il y a des
dispositions par rapport à l'environnement qui en tiennent compte. C'est
la raison pour laquelle il n'y avait aucun critère relié au
caractère économique dans la question du règlement sur les
déchets. À l'époque, des pressions avaient
été faites par les entrepreneurs de services sanitaires pour
réglementer les déchets. Mais, au fond, il n'y avait aucune
disposition à cet égard. Cela procédait, à part
cela, par appel d'offres par les municipalités.
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 5° est
adopté. Paragraphe 6°?
M. Côté (Charlesbourg): "6° à la
livraison de périodiques au consommateur, au camelot ou à un
point de vente".
M. Garon: Vous êtes plus généreux que le
ministre responsable des institutions financières parce que les camelots
devront s'enregistrer. Les renseignements sur les compagnies, apparemment, vont
couvrir les camelots. Ce sera quelque chose! C'est un ministre qui vient
d'Outremont, qui est loin des camelots. Une représentation faite par le
Barreau disait que c'était un peu abusif que les camelots soient
obligés de faire une déclaration de renseignement sur les
compagnies pour pouvoir faire affaires comme camelots. Je vous
dis cela aussi, vous êtes un homme de terrain, ce serait
peut-être bon de lui parler.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Une fois que la loi sera adoptée, je vais
demander à mon camelot s'il a son permis. Je vais lui demander sous quel
nom il fait affaires, s'il fait affaires seul ou avec son père. Il y a
le père qui passe les journaux à la place du garçon. Je ne
sais pas si cela va être couvert aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 6°?
M. Garon: Non, mais c'est bon quand même! C'est pour cela,
quand on fait une loi, qu'il faut faire attention. Parfois, on prend plus de
monde qu'on ne pense en prendre. "À la livraison de périodiques
au consommateur, au camelot ou à un point de vente", cela aussi, c'est
exclu.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: "La livraison de périodiques au consommateur",
il n'y a pas de transport là-dedans, c'est une trottinette ou un sac sur
le dos. Je ne comprends pas trop l'affaire. Il ne fait pas cela en camion. Quel
est le but d'écrire cela ainsi?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: II y en a qui transportent cela dans des "station
wagons", des automobiles.
M. Garon: Quand ils apportent cela chez le camelot.
M. Boulay: Oui, au camelot. Au consommateur, il y en a qui font
le tour en auto. (16 h 45)
M. Garon: Ce n'est pas réglementé.
M. Boulay: Cela dépend. Dans les quartiers
résidentiels, les gens peuvent faire cela en trottinette, mais, dans des
endroits où il y a une densité de population moindre, les gens
peuvent faire cela en auto.
M. Garon: Ah bon! Cela ne s'applique pas parce que ce n'est pas
réglementé.
M. Côté (Charlesbourg): Cela n'est pas
réglementable non plus.
M. Boulay: Ce serait illusoire.
M. Garon: Quand le monde veut réglementer, vous savez...
D'accord. Paragraphe 7°?
Le Président (M. Saint-Roch): Paragraphe 7°? Et nous
avons un amendement.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Remplacer le paragraphe 7° du deuxième alinéa de l'article 1
du projet de loi par le suivant: "7° au transport de véhicules
à l'occasion d'un service de remorquage effectué au moyen d'une
dépanneuse."
Il a été porté à notre attention qu'en
raison du libellé actuel du paragraphe 7° du deuxième
alinéa de l'article 1 du projet de loi, il serait nécessaire
d'être titulaire d'un permis de camionnage pour remorquer des
véhicules automobiles illégalement stationnés. C'est pour
cela qu'on a introduit le papillon.
M. Garon: Ce serait une bonne affaire, cela.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, pour être capable
de...
M. Garon: Le remorquage québécois à vos
frais...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Moi, je me suis déjà fait poigner
là-dedans sur un terrain de stationnement privé. Les gens
prennent votre automobile et partent avec. Cela devrait être
réglementé au plus sacrant, parce que cela n'a pas de bon sens.
Avez-vous l'intention de réglementer cette affaire de remorquage? Les
gens, sur les terrains privés...
M. Côté (Charlesbourg): C'est M. Marx qui a
annoncé cela, compte tenu des problèmes qu'il y a eu...
M. Garon: À Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): ...en particulier à
Montréal, comme ministre responsable de la Protection du consommateur,
il y aura une réglementation.
M. Garon: Ils vous amènent à la fourrière la
plus loin possible. Moi, je me suis déjà fait prendre sur le
terrain de stationnement de Radio-Canada et on a emmené ma voiture
jusqu'au boulevard Métropolitain; cela fait un petit remorquage de 70
$.
M. Côté (Charlesbourg): Radio-Canada n'était
pas accueillant, ils ne fournissaient pas le stationnement?
M. Garon: Apparemment, ils ne fournissent pas le
stationnement.
M. Côté (Charlesbourg): Était-ce durant la
course au leadership?
M. Garon: Non. J'étais seul dans le station-
nement à part cela, il n'y avait pas un chat. Apparemment,
il y avait ce gars-là qui surveillait quelque part.
M. Côté (Charlesbourg): C'était
peut-être dans le temps du leadership...
M. Garon: Non.
M. Côté (Charlesbourg): ...parce que vous aviez dit,
à l'époque, que les médias favorisaient vos
adversaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: J'avais dit quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Que les médias
favorisaient vos adversaires.
M. Garon: Non, je n'avais pas dit "les médias".
M. Côté (Charlesbourg): Non?
M. Garon: Vous n'aviez pas écouté comme il
faut.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'amendement?
M. Garon: J'avais dit un média, entre autres. Mais ils
sont devenus corrects après cela.
M. Côté (Charlesbourg): Après, il est trop
tard.
M. Garon: Non, pas nécessairement. Vous avez entendu cela
où?
M. Côté (Charlesbourg): Je suivais cela un peu,
comme un homme politique intéressé à tout ce qui se passe
sur le plan politique. J'ai manifesté, à notre émission de
radio, la semaine dernière, quelques éléments de mon
intérêt. J'ai toujours suivi cela...
M. Garon: C'est parce que vous voulez savoir ce qu'il faudrait
faire et ne pas faire quand vous allez vous présenter
vous-même.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Garon: Vous voulez savoir ce qu'il faut faire ou ne pas faire
quand vous allez vous présenter vous-même.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas les mêmes
ambitions que le député de Lévis. Je connais mes
limites.
M. Garon: Je ne sais pas. Il paraît que l'appétit
vient en mangeant.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, finalement, il faut
vouloir manger de cette sauce. Alors, je me contente de celle que j'ai et c'est
suffisamment selon mes capacités.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, si on ne veut pas
avoir une dépanneuse pour vous ramener à l'amendement, est-ce
qu'il y a d'autres interventions?
M. Garon: "Au transport de véhicules à l'occasion
d'un service de remorquage effectué au moyen d'une
dépanneuse".
Cela veut dire que celui qui vient vous dépanner n'est pas
couvert. Tout ce que vous vouliez couvrir avant... Vous aviez écrit: "Au
transport de véhicules abandonnés, accidentés ou en
panne". Alors, vous pensez les avoir... Cela, c'est clair aussi. Amendement
adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 7° tel
qu'amendé est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant le
paragraphe 8°.
M. Côté (Charlesbourg): "8° au transport
d'engrais naturel ou chimique et de toute substance destinée à la
fertilisation ou à l'amélioration des sols."
M. Garon: C'est surprenant, vous dites: "Au transport d'engrais
naturel ou chimique et de toute substance destinée à la
fertilisation ou à..."
Celui qui transporterait, par exemple, des sacs d'engrais chimique entre
l'usine et les concessionnaires, est-ce qu'il serait couvert ou cela ne
s'applique pas?
M. Drolet: Cela ne s'applique pas.
M. Garon: On ne s'occupe pas des engrais chimiques, d'aucune
façon. Pas seulement quand on amène cela sur la terre ou sur la
ferme, ce n'est couvert d'aucune façon.
M. Drolet: D'aucune façon.
M. Garon: La chaux non plus. Transport de chaux.
M. Boulay: II y a une période pendant l'année
où il y a un besoin accru. C'est la raison pour laquelle on veut
déréglementer. C'est un dossier qui traîne depuis
longtemps. Pendant une très courte période de l'année
où on veut fertiliser les sols, on a besoin de beaucoup de transport. Si
on dit que ça prend un permis pour
faire ce type de transport alors que c'est un type de transport
utilisé pour une période de l'année très
circonscrite, à ce moment, cela contribue à faciliter. Mais quand
on dit déréglementer, tous les autres règlements
s'appliquent et bien sûr, la sécurité. Quand on parle de
déréglementer ou de ne pas réglementer, cela ne veut pas
dire que ce n'est pas sécuritaire. Il n'est pas sujet à la loi
économique.
M. Garon: Non, non. Est-ce qu'il était couvert
jusqu'à maintenant?
M. Boulay: Une partie l'était. Là ce qu'on fait, on
règle le cas une fois pour toutes.
M. Garon: Vous excluez les engrais naturels ou chimiques, toutes
les substances destinées à la fertilisation ou à
l'amélioration des sols.
M. Boulay: Cela se fait dans une période assez
circonscrite dans la loi.
M. Garon: La marne va-t-elle être couverte?
M. Boulay: Elle ne l'était pas avec l'ordonnance et elle
ne continuera pas de l'être non plus. Elle ne le sera pas.
M. Garon: Le ministre doit connaître la marne?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, certainement. M.
Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Il y avait dans mon
coin natal le lac de la Marne qui servait à alimenter bien des
cultivateurs.
M. Garon: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une chose qui est bien
connue.
M. Garon: C'est une chose qu'il y avait en Gaspésie et
qu'il n'y avait pas dans la région de Saint-Hyacinthe.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. La
marne.
M. Garon: Je ne sais pas pourquoi, on parlait de la bataille de
la Marne en France, c'est parce qu'il y avait beaucoup de marne dans ce coin.
Bon, c'est intéressant à voir. Tout ça n'est pas couvert.
Cela doit être couvert, j'imagine, par le ministère de
l'Environnement pour les conditions dans lesquelles le transport a
été effectué. Prenons les citernes à purin, les
engrais naturels, prenons le cas d'une citerne à purin qu'il
transporterait de la fosse de l'éleveur jusqu'à un terrain, ce
n'est pas couvert?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il
faut voir l'esprit de la loi. C'est une loi à caractère
économique dans ce cas-ci. Les autres mesures seraient normalement
couvertes soit par l'Environnement ou, dans certains autres cas, couvrant le
véhicule lui-même qui doit transporter les matières
dangereuses, par le ministère.
M. Garon: Moi, je pose plus de questions. Ce matin, vous avez dit
que j'étais jeune dans le transport. Vous allez certainement accepter de
m'expliquer certaines choses puisque vous êtes plus vieux dans le
transport.
M. Côté (Charlesbourg): A peine plus vieux.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Garon: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article est-il
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Article 9. "Au tirage de
maisons, de bureaux ou d'usines sur roues."
M. Garon: On arrive à quelque chose d'important.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a jamais eu de
permis, de toute façon, dans ces cas.
M. Garon: Les maisons, les bureaux ou les usines sur roues. Les
tirages de maisons, on connaît ça. Tirer, c'est plutôt
transporter une maison, j'imagine. Les bureaux. Il n'y a pas de permis pour
cela.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il n'y en a jamais
eu.
M. Garon: C'est plutôt un permis d'Hydro-Québec, je
suppose, pour couper les fils.
M. Vaillancourt: Un droit de passage. M. Garon:
Pardon?
M. Vaillancourt: On demandait toujours la permission au
ministère des Transports pour avoir la surveillance de la
Sûreté du Québec. C'est large ça.
M. Garon: Ce n'est pas du tout couvert?
M. Côté (Charlesbourg): C'est permis uniquement par
le permis spécial de circulation délivré par la
Régie de l'assurance automobile. Par exemple, il y a des permis
spéciaux qui sont
délivrés pour le transport des roulottes, mais qui ne
doivent pas excéder telle largeur, ne peuvent pas excéder telle
longueur, de façon que ce soit sécuritaire. On a vu cela à
plusieurs occasions. Je me souviens avoir eu des demandes spéciales de
gens de Victoriaville pour une "surlargeur" de roulotte qui faisait qu'on
pouvait construire des maisons en deux parties, mais plus larges que
d'habitude. Il y avait un marché pour cela. Cela devait se faire dans
des conditions telles que cela ne mettait pas en danger le public, la
circulation sur les routes et ça relevait du Code de la
sécurité routière.
M. Vaillancourt: Mais est-ce que cela va continuer à
exister?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais par le code...
Une voix: Par la régie.
M. Côté (Charlesbourg): ...par la régie.
M. Garon: En vertu des autorisations que cela prend pour faire
cela.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 9°,
adopté. Le paragraphe 10°.
M. Côté (Charlesbourg): "Au transport ou au tirage
de véhicules attelés selon la technique appelée "dos
d'âne".
M. Garon: Je ne suis pas familier avec cette technique. Est-ce
que vous êtes au courant de la technique?
M. Côté (Charlesbourg): Je m'informe. Le
Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: Quand un camion tire un autre camion...
M. Garon: Je connaissais la technique du ventre de boeuf, mais la
technique du dos d'âne...
M. Boulay: Le devant est sur l'arrière de l'autre
camion.
M. Côté (Charlesbourg): Je connaissais la situation,
mais je ne connaissais pas l'appellation de "dos d'âne".
M. Garon: Comment?
M. Côté (Charlesbourg): Lorsque le devant du camion
est sur le derrière d'un autre et qu'il y a uniquement les roues
arrière du camion qui traînent à l'arrière, cela
s'appelle le transport à dos d'âne.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Est-ce que c'était
réglementé, M. le ministre, autrefois?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Le devant était accoté sur le
derrière du véhicule d'en avant, c'est la technique du dos
d'âne. Pour quelle raison est-ce qu'on appelle cela comme cela?
Une voix: C'est parce qu'on n'a pas trouvé d'autre
nom.
M. Boulay: Je pense que c'est une traduction de l'anglais
"donkey".
M. Garon: Ah oui!
Une voix: Pourquoi "donkey"?
M. Garon: Vous avez raison. Oui, "donkey", j'ai entendu cela.
M. Côté (Charlesbourg): En anglais, c'est
"piggyback".
Une voix: "Piggy"?
M. Côté (Charlesbourg): "Piggyback".
M. Garon: Là, cela veut dire que c'est un anglicisme. Ah!
Ah! Cela vaudrait peut-être la peine de demander cela. On le voit, entre
guillemets, là-dedans, c'est une traduction littérale de
l'anglais. Ce serait peut-être bon de le demander à l'Office de la
langue française pour connaître le vrai terme.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que cela a
été fait?
Une voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Cela a été
fait.
M. Garon: Oui?
M. Vaillancourt: II faudrait vérifier le texte
anglais.
M. Garon: On ne l'a pas.
Une voix: "Piggyback".
Une voix: II doit y en avoir ici.
M. Côté (Charlesbourg): Cela a été
vérifié,
semble-t-il, à l'Office de la langue française. C'est
notre traduction... Même notre traduction anglaise n'est pas correcte, il
faudra la changer d'ici...
M. Garon: Non?
M. Côté (Charlesbourg): ...la fin de la
commission.
M. Garon: "Piggyback", cela ne veut pas dire cela.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Boulay: Ferroutage.
M. Garon: Je ne comprends pas.
M. Boulay: Ferroutage, du "piggyback". "Piggyback", c'est une
remorque qui est sur un wagon de chemin de fer, une plate-forme de chemin de
fer. C'est cela, du "piggyback".
M. Garon: Ah oui!
M. Boulay: Le terme français de "piggyback", c'est
ferroutage, "fer-route-ferroutage".
M. Garon: Et le dos d'âne?
M. Bouiay: C'est dos d'âne, sauf que...
M. Garon: C'est le mot anglais qui n'était pas bon.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Boulay: Oui,
c'est cela. M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. M.
Garon: C'est rare.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. On va le
vérifier pour que notre traduction anglaise-Le Président (M.
Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres interventions au paragraphe 10?
M. Garon: J'aurais un autre terme pour décrire cette
formule, mais j'aime autant ne pas la dire.
M. Côté (Charlesbourg): II ne serait pas
parlementaire?
M. Garon: II serait peut-être parlementaire, mais j'aime
autant ne pas prendre de risque. Le député de Saint-Hyacinthe a
sûrement une proposition à nous fournir. Puisque vous le
dites...
M. Côté (Charlesbourg): On va revenir avec la
traduction... En français, c'est correct, c'est en anglais que...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 10?
M. Garon: L'article 10 me paraît correct.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 10°.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
M. Garon: Pourquoi ne voulez-vous pas réglementer cela: le
transport, le tirage d'un véhicule selon la technique appelée
"dos d'âne"? Cela doit être dangereux un peu...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais... M. Garon:
...de transporter de cette façon.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, à ce
moment-là...
M. Garon: Ah! cela rentre par la sécurité, encore
là.
M. Côté (Charlesbourg): La sécurité,
c'est cela.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 10° est
adopté.
M. Garon: Ah oui! C'est parce que vous ne considérez pas
cela comme du transport.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Vous considérez cela comme une méthode de
transport...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: ...qui a des effets sécuritaires. D'accord.
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Paragraphe
11° et nous avons un papillon. (17 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Remplacer le paragraphe
11° du deuxième alinéa de l'article 1 du projet de loi par le
suivant: "11. au transport de biens par véhicule automobile ou ensemble
de véhicules routiers pour la modification duquel la Régie de
l'assurance automobile du Québec a donné son approbation en vertu
du paragraphe 2° de l'article 214 du Code de la sécurité
routière."
Alors, c'est clair qu'il faut être conformes à ce qu'on a
adopté la semaine dernière pour le code. C'est l'effet
recherché. Ce sont des permis
expérimentaux dont on a discuté avec le
député de Lévis lorsqu'on a adopté cet article.
M. Garon: Mais vous enlevez cela?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, parce que c'est
davantage utilisé par la sécurité routière que par
un moyen de transport. Ce n'est pas économique, c'est une
expérience. L'expérience doit davantage viser la
sécurité.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Garon: Alors, c'est la régie qui va régir
cela?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Qui va donner des permis de transport?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela, mais pour fins
expérimentales, tel qu'on les a discutées au moment où on
a adopté l'article 214.
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement du paragraphe
11° est-il adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'ensemble de l'article 1, tel qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Adopté. M. Côté (Charlesbourg):
Adopté.
Permis de camionnage
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 2.
Dispositions générales
M. Côté (Charlesbourg): "Nul ne peut offrir ou
fournir un service rémunéré de camionnage, à moins
d'être titulaire d'un permis de camionnage délivré par la
Commission des transports du Québec."
C'est la reproduction, finalement, de l'article 36 de la Loi sur les
transports actuelle et de l'article 6 de l'ordonnance
générale.
M. Garon: La Loi sur les transports n'est pas affectée par
cette loi?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
qu'auparavant le transport par camion était inclus à
l'intérieur de la Loi sur le ministère des Transports; maintenant
il y aura une loi pour le transport des marchandises qui est sortie de la Loi
sur le ministère des Transports.
M. Garon: Une loi sur la marchandise et une loi sur le
camionnage, qui est celle-là.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le camionnage, c'est
cela.
M. Garon: Qu'est-ce que la Loi sur les transports va couvrir une
fois qu'on aura sorti les marchandises puis les camions?
M. Côté (Charlesbourg): Le vrac et l'autobus. Le
taxi, on l'a sorti.
M. Garon: Mais si vous sortez tout, vous n'aurez plus...
M. Côté (Charlesbourg): C'est un ménage qui
s'imposait. Chaque fois, on était obligés d'intervenir par la Loi
sur le ministère des Transports et il y a toute une série de
choses comme celles-là. Chaque chose doit être à sa place.
Maintenant, ce sera plus facile et plus clair aussi pour celui qui va
l'utiliser et qui en a besoin. Chaque personne qui avait à travailler
avec cette loi était obligée de fouiller à
l'intérieur de la loi au complet, alors qu'il y a des parties ne nous
concernant pas. Il y a la Loi sur les chemins de fer, éventuellement,
qui n'est pas sortie.
M. Garon: La loi sur quoi?
M. Côté (Charlesbourg): La sécurité
des chemins de fer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Est-ce que cela veut dire que ceux qui font du
transport entre Sherbrooke, Montréal, Québec, n'auront pas besoin
de permis de transport général?
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui, cela veut dire
qu'ils ont besoin d'un permis.
M. Vaillancourt: Ils vont avoir besoin d'un permis. Ce n'est pas
enlevé.
M. Côté (Charlesbourg): Tous ceux qui transporteront
contre rémunération.
M. Garon: En vertu de cette loi. M. Côté
(Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: La Loi sur le camionnage qu'on est en train
d'adopter.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. Cela va prendre
un permis.
M. Garon: Ce sera cela la Loi sur le camionnage en
général. Vous avez sorti tous les transports particuliers, les
exceptions qu'on vient de mentionner, il resterait la loi sur le transport
général contre rémunération et le tirage de
remorques qui fera partie du camionnage général.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Vaillancourt: Est-ce que cela prendra des audiences, comme
dans le passé, pour avoir un permis ou si...
M. Côté (Charlesbourg): Si le député
d'Orford reste avec nous, il verra le processus se dérouler au fur et
à mesure des articles qui seront adoptés.
M. Vaillancourt: Ce sera plus loin? M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Vaillancourt: D'accord. C'est parce que je veux aller trop
vite.
M. Côté (Charlesbourg): Probablement que le
député de Orford commence à envisager une nouvelle
carrière.
M. Vaillancourt: Pas nécessairement.
M. Garon: Maintenant qu'il vend assez d'arbres de Noël, il
peut lancer une compagnie de camionnage.
M. Côté (Charlesbourg): C'est déjà
fait.
M. Garon: Cela ne m'étonnerait pas, parce qu'avec les
arbres de Noël se sont greffées les couronnes maintenant.
M. Côté (Charlesbourg): Cela fait longtemps que le
député d'Orford m'a expliqué que les couronnes,
c'était aussi payant que les arbres.
M. Vaillancourt: En voulez-vous une? Je vais vous faire un
cadeau.
M. Garon: Arrêtez donc! C'est beau? M. Vaillancourt:
C'est beau.
M. Garon: J'Imagine que je n'ai pas le droit d'accepter de cadeau
en commission parlementaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Disons que le député de Lévis fait
signe que oui de la tête.
M. Garon: Comme échantillon, le député
d'Orford qui fait des couronnes, ça me ferait plaisir de voir quel genre
de couronnes il fabrique.
M. Vaillancourt: Ce serait seulement pour votre information.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 2?
M. Garon: C'est certain que le ministre des Transports aimerait
en avoir une aussi. Une petite.
M. Côté (Charlesbourg): Tout ce qui peut me
rapprocher du député de Lévis et rapprocher le
député de Lévis de moi dans ces circonstances, je suis
prêt à l'accepter, M. le Président.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Côté (Charlesbourg): "Le permis de camionnage est
un document constatant l'existence d'un privilège conféré
par une décision de la commission. "Il se rapporte à un
territoire correspondant à celui d'une municipalité
régionale de comté constituée en vertu de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, à celui d'une communauté
urbaine ou régionale, à un regroupement de tels territoires
prévus par règlement du gouvernement ou à tout autre
territoire décrit par ce règlement."
Je pense que c'est clair. On vient de faire une limitation
géographique et en se basant sur le territoire des MRC.
M. Garon: Est-ce qu'il y a une correspondance là-dedans
avec la loi fédérale?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Je veux parler de la notion de privilège. Je
comprends bien ce que vous dites, ce n'est pas un droit, c'est un
privilège que vous donnez... Ça me fait penser au permis de
pêche du gouvernement fédéral. C'est un privilège,
personne n'a droit à ça. On considère que le permis de
camionnage n'est pas un droit mais un privilège qu'on confère. Il
me semble que ce n'est pas beaucoup dans l'esprit du décloisonnement et
du libre-échange. Il me semble que la notion de privilège n'est
pas une notion qui s'inscrit dans le décloisonnement et le
libre-échange. J'aurais pensé que vous auriez parlé d'un
droit.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais peut-être
donner l'explication...
M. Garon: C'est parce que je suis familier avec ces
notions-là et...
M. Côté (Charlesbourg): C'est bien plus une
explication...
M. Garon: ...ça donne beaucoup de droits à
l'administration, ça ne donne pas beaucoup de droits au public.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il y
a deux explications. Une première, qui relève du jugement des
tribunaux quant à l'interprétation d'un droit relativement
à un privilège.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Bien qu'il y ait encore une certaine querelle
doctrinale sur la question de la qualité du permis, à savoir si
c'est un droit ou un privilège, il demeure que la majorité des
décisions des tribunaux indique que les autorisations
conférées, que ce soit pour conduire ou pour exercer certaines
activités, et que l'on définit comme des permis, sont
effectivement des privilèges conférés. C'est-à-dire
que vous n'avez pas le droit d'obtenir nécessairement l'autorisation en
question. Une fois que vous l'avez, ça vous confère le droit
d'exercer certaines activités, bien sûr, mais il demeure que vous
n'avez pas nécessairement le droit d'obtenir cette
autorisation-là, à moins que vous ne l'assujettissiez uniquement
au fait de rencontrer certaines conditions bien précises, en dehors
desquelles vous ne pouvez pas l'obtenir, de sorte qu'à ce
moment-là vous n'avez pas besoin quand même d'un organisme quasi
judiciaire pour délivrer ce genre d'autorisation-là. Vous
rencontrez les conditions et vous l'avez automatiquement.
M. Garon: Le privilège?
M. Drolet: On parle de notion de droit. C'est là-dessus
que ça joue.
M. Garon: De droit? Oui, mais même si je remplis toutes les
règles et les conditions, je pourrais ne pas l'avoir.
M. Drolet: II y a toujours une discrétion de la part de
l'organisme qui délivre le permis, à savoir qu'il pourrait le
refuser, sauf qu'on sait très bien qu'a partir du moment où vous
remplissez ces conditions-là, surtout de la façon dont le projet
de loi est rédigé, dès que vous rencontrez certaines
conditions établies par règlement, il faut qu'un opposant se
montre et dise que c'est aller à l'encontre de l'intérêt
public de délivrer ce permis. Il reste que l'organisme qui va
délivrer le permis a une discrétion à exercer, à
savoir si effectivement l'intérêt public est en jeu. Il a une
appréciation à faire, de sorte qu'il est abusif de parler de
droit à l'obtention d'un permis.
M. Garon: Sauf que la jurisprudence concernant
l'intérêt public, concernant les privilèges, ne va pas dans
le même sens. Vous voulez couvrir l'accotement des deux
côtés du chemin.
M. Drolet: Je peux, peut-être, ajouter aux explications.
Effectivement, dans la jurisprudence qui a été établie,
chaque fois que vous avez une autorisation de ce genre qui peut être
révoquée ou suspendue, la jurisprudence le considère comme
un privilège et non pas un droit. Or, dans le présent cas, vous
avez des pouvoirs...
M. Garon: Vous vous donnez tous les droits.
M. Drolet: ...de révocation et de suspension.
Il y a quand même des motifs qui sont énoncés dans
la loi pour lesquels vous pouvez révoquer ou suspendre un permis. Vous
avez toujours le pouvoir d'appréciation d'un organisme quasi judiciaire
qui est là justement pour...
M. Garon: ...une durée d'un an, je suppose. M. Drolet: II
n'y a pas de durée déterminée.
M. Garon: II n'y a pas de durée. Un privilège, au
bon plaisir du souverain qui a eu la gentillesse de vous le donner et quand
cela lui plaira de vous l'enlever, il vous l'enlèvera.
M. Drolet: C'est plutôt vu comme le cas contraire parce que
le permis se trouve permanent tant que vous n'avez pas une cause à la
révocation ou à la suspension de votre permis, causes qui sont
précisées dans la loi.
M. Garon: II n'y a aucune durée.
M. Drolet: La seule chose qu'apporte cet article, en fin de
compte, en plus de ce qu'on connaît à l'heure actuelle des
décisions des tribunaux, c'est de faire la distinction nette et
précise entre la décision de la commission qui autorisera la
délivrance d'un permis et le permis lui-même qui sera le document
constatant la décision de l'organisme quasi judiciaire, soit la
Commission des transports du Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, si on fait
le lien avec la loi 73, le permis pourrait être révoqué
dans la mesure où il y a des causes. Un permis de conduire par exemple,
est révoqué quand vos 12 points sont perdus. Il est
délivré jusqu'à ce que des causes de santé fassent
en sorte qu'après un examen médical on puisse rappeler le permis
ou que vous ayez perdu 12 points. À l'article 38 on va voir des causes
qui pourraient...
M. Garon: II n'y a pas de durée. M. Côté
(Charlesbourg): Non.
M. Garon: II y a un droit payable chaque année.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas de droit
payable chaque année.
M. Boulay: Le principe de ce projet de loi c'est que ce sera
beaucoup plus facile d'entrer sur le marché du camionnage, mais cela va
être beaucoup plus difficile d'y demeurer aussi. Cela va être
difficile d'y demeurer parce qu'il va falloir satisfaire à de nombreuses
conditions touchant à la sécurité entre autres. C'est
sûr que pour la personne qui ne fera plus de camionnage, son permis sera
annulé, révoqué. Un permis est associé à un
individu ou à un groupe d'individus.
M. Garon: Est-ce que, avant, c'était
considéré comme un privilège? Ou est-ce que c'est
nouveau?
M. Drolet: En regard du camionnage, c'est peut-être un peu
nouveau parce qu'il faut dire que, comme tous les permis de transport, la
question ne s'est jamais posée à savoir si c'était un
privilège ou un droit. Sauf qu'on avait des dispositions dans la loi et
dans les règlements qui traitaient des transferts de permis. Une
personne qui ne respectait plus les conditions de son permis se
présentait à la Commission des transports et demandait le
transfert de son permis, moyennant rémunération, à une
autre personne. Cet espèce de marchandage de permis, de coût, de
montant rattaché au permis, on n'aura pas cela dans le camionnage. Dans
ce sens, oui, c'est nouveau.
M. Garon: Non, mais vous allez donner un pouvoir beaucoup plus
grand à l'administration.
M. Drolet: À la Commission des transports qui est un
organisme quasi judiciaire. (17 h 15)
M. Garon: La personne, en ce qui concerne son permis, aura
beaucoup moins de droit. C'était un droit plutôt que la
constatation de l'existence d'un privilège. J'imagine que la
jurisprudence qui a été établie dans ce genre de permis,
dans le domaine des pêches, va valoir dans ce cas aussi puisqu'on dit que
c'est un privilège. Quand on dit qu'un permis reconnaît un
privilège, cela veut dire qu'on le fait disparaître quand on veut.
On a été assez bon pour me le donner. C'est un peu comme Job dans
l'Évangile: Dieu m'a tout donné, il m'a tout enlevé, que
Son Saint Nom soit béni. Cela revient à dire ça,
reconnaître un privilège.
M. Drolet: En fait, ce qui est retiré par le projet de loi
76, c'est la valeur marchande du papier qui s'appelle le permis. On ne parle
pas des actifs. A l'heure actuelle, il y a des permis de transport qui ont une
valeur marchande très élevée avec des actifs à peu
près nuls. Cela se limite vraiment à pas grand-chose, la valeur
du matériel roulant, par exemple, alors que les permis eux-mêmes
peuvent valoir plusieurs milliers de dollars. Cela dépend de quoi? Cela
dépend du fait, en particulier, qu'on autorisait les transferts de
permis et surtout qu'on a empêché, par une
réglementation...
M. Garon: Ce -n'est pas ça. C'est plus compliqué
que cela. Je fais le rapport avec le domaine des pêches que je connais
mieux. Quand j'ai vu cela, j'ai été surpris. J'aimerais voir la
disposition qu'il y avait antérieurement parce que la notion de
privilège est beaucup plus... Comme vous venez de le dire, au fond vous
l'avez bien expliqué, celui qui a un permis, à toutes fins
utiles, n'a pas de droit. Si on le lui enlève demain matin et qu'on le
donne à quelqu'un d'autre, il n'a rien à dire. Il n'a pas
grand-chose à dire. Exemple, dans le domaine des pêches, quelqu'un
se retire de la pêche; il n'a plus besoin de permis, il ne pêche
pas. Ce n'est pas lui qui transfère son permis. C'est l'administration
qui décide à qui elle va donner le permis.
Sauf que le pêcheur a son bateau. S'il vend son bateau, le permis
ne suit pas. Il peut avoir beaucoup de problèmes à vendre son
bateau, c'est beaucoup d'argent. Si vous avez quelqu'un qui a un permis de
camionnage, qui veut vendre son camion, évidemment, il va pouvoir vendre
son camion sans vendre son permis parce qu'il y a peut-être plus
d'acheteurs dans ce domaine. Mais, avant, quelle était la disposition,
comment était rédigée la disposition avant?
M. Drolet: II n'y avait pas de disposition particulière.
D'ailleurs, on confondait beaucoup la décision de la commission et le
permis lui-même au point que les permis des camionneurs, des
transporteurs généraux, c'était assez épais.
C'était chacune des décisions colligées au fil des ans
avec peut-être 75, 90, parfois 100 clauses dans le permis sur les
mouvements de transport que vous pouviez faire ou pas. Clauses qui souvent
avaient été octroyées par l'organisme qui s'appelait la
Régie des transports dans le temps et, par la suite, la Commission des
transports, ou encore qui avaient été achetées d'autres
transporteurs.
M. Garon: II devait quand même y avoir une
définition du permis dans la loi... Le pouvoir habilitant ne disait
pas...
M. Drolet: Nulle part dans la Loi sur les transports.
M. Garon: On donne un permis. Je suis un peu surpris. Cette
distinction n'était pas faite aux Transports. Cela fait longtemps
qu'à l'Agriculture et aux Pêches ils la font.
M. Côté (Charlesbourg): Vous ne venez pas nous dire
que les premiers ministres qui ont précédé M. Bourassa
auraient dû vous affecter
aux Transports.
M. Garon: Vous êtes en train de ne rien dire. Je ne suis
pas convaincu, par exemple, que ça donne plus de droits aux gens. Cela
en donne plus à l'administration.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Si on n'avait pas les causes de suspension ou de
révocation de permis dans la loi, c'est sûr qu'on pourrait dire a
ce moment-là que l'administration a la discrétion et peut faire
un peu ce qu'elle veut avec les permis qu'elle délivre; sauf que
là, dans la loi à la section IV, vous avez toutes les clauses de
révocation et de suspension des permis, de sorte qu'une personne qui se
verrait enlever ou suspendre son permis pour un motif qui n'apparaît pas
dans la loi, il y a de fortes chances que cette personne conteste, et avec
succès, devant les tribunaux.
M. Côté (Charlesbourg): C'est quand même
balisé.
M. Garon: Mais vous admettez, au fond - peu importe, je ne porte
pas de jugement - que quelqu'un ne pourra pas transférer son permis, que
son permis va être annulé et que vous allez le délivrer
à quelqu'un d'autre; c'est limité à un nombre
précis.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas limité
à un nombre, il n'y a pas de nombre. On verra à l'article 4 la
suite logique de cela. C'est que le test d'aptitude est passé par un
individu. C'est pour cela que le permis ne sera pas transférable pour la
simple et bonne raison que c'est l'individu qui passe le test d'aptitude et non
pas la compagnie.
M. Garon: Il y a autant de permis qu'il y a de camions.
M. Côté (Charlesbourg): Par entreprise.
M. Garon: Un permis par entreprise. Il appartient à
l'entreprise; il n'appartient pas au camionneur.
M. Côté (Charlesbourg): Mais c'est un
individu...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...qui fait la demande et le
test d'aptitude ne peut pas être passé par le camion ni par la
compagnie, parce que ce n'est personne. Le test d'aptitude... Oui?
M. Garon: Non, mais supposons que j'ai 100 camions; j'ai besoin
d'un permis pour mes 100 camions, un permis pour faire du camionnage. Si j'ai
seulement un camion, j'ai besoin d'un permis aussi.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Mais si je vends mon entreprise, à un moment
donné, il faut que je la vende à quelqu'un qui a un permis, c'est
tout, ou à quelqu'un qui va...
M. Côté (Charlesbourg): II va aller se chercher un
permis.
M. Garon: C'est cela que je veux dire, quelqu'un qui a son permis
ou qui en obtient un.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Boulay: Si je peux ajouter quelque chose, la différence
entre le système actuel, celui qui prévaut à l'heure
où on se parle, et le système prévu dans le projet de loi,
c'est que le système actuel en est un de nécessité
publique. Celui qui veut avoir le permis doit faire la preuve que le service
est nécessaire et requis. C'est assez onéreux à prouver.
Il y a un système d'opposition; cela donne un caractère
monopolistique à ce permis. C'est pour cela qu'on parlait de transiger
des valeurs de permis, alors que le système vers lequel on se dirige est
un système où celui qui veut un permis doit d'abord
démontrer qu'il est apte, qu'il est sécuritaire, qu'il a un bon
comportement.
M. Côté (Charlesbourg): II ne peut pas passer de
test d'intérêt public s'il n'a pas passé le test
d'aptitude. C'est une condition très claire. Dans le cas de l'intra,
c'est uniquement le test d'aptitude qu'il a à passer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: Est-ce qu'il doit faire une liste de ses
équipements?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: La discussion m'a éclairé.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Garon: Attendez un peu. Dans le deuxième alinéa,
vous parlez d'une nouvelle base territoriale pour les permis.
M. Côté (Charlesbourg): La base des MRC. M.
Garon: Avant, c'était...
M. Drolet: II y avait 56 façons de fonctionner. Il y avait
des routes restreintes, c'est-à-dire qu'à partir de tel endroit
tu pourrais te rendre à tel autre endroit en passant par tel chemin et
sur tel bout de chemin tu n'avais le droit ni d'embarquer ni de
débarquer des marchandises. D'autres permis qui étaient
délivrés étaient des permis de rayon, c'est-à-dire
que tu avais droit à une municipalité et à un rayon de 30
milles autour. Il y avait d'autres permis...
M. Côté (Charlesbourg): Un côté de rue.
M. Drolet: Ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): Tu avais le droit de livrer
à droite mais pas à gauche ou à des chiffres pairs et non
impairs.
M. Drolet: C'est très compliqué.
M. Côté (Charlesbourg): Personne ne pouvait
contrôler cela; cela n'a pas de bon sens.
M. Garon: Moi, si je veux avoir un permis comme cela de
Québec à Montréal, je vais avoir le droit à toutes
les MRC qui vont de Québec à Montréal. C'est cela que vous
voulez dire ou si cela ne marchera pas comme cela?
M. Drolet: Pas nécessairement. Le territoire de base d'un
permis d'un transporteur sera le territoire d'une MRC. Maintenant, comment vont
s'articuler les droits autour de cela? Cela peut être, par exemple, comme
ce qu'on connaît dans le camionnage en vrac. Vous pouvez, à partir
de ce territoire de base, aller mener des marchandises n'importe où au
Québec et les rapporter du moment que votre mouvement de transport est
rattaché au territoire de base. Cela peut être cela.
M. Boulay: Autrement dit, on peut faire du transport à
l'intérieur d'une MRC, si on a cette MRC, et l'exemple
Québec-Montréal que vous donniez...
M. Garon: Je pensais... M. Boulay: Bon!
M. Garon: Parce qu'on parlait de routes avant, il me semble, mais
aussi de territoires...
M. Boulay: Oui.
Quelqu'un peut avoir le grand Montréal et la communauté
urbaine parce qu'on parle de communautés urbaines dans le cas de
Montréal et de Québec. En fait, c'est la notion économique
qui se regroupe autour d'un pôle de croissance ou un pôle
économique. Une personne qui aura, dans son permis, Québec et
Montréal pourra faire ce qu'elle veut à l'intérieur du
territoire de Montréal et à l'intérieur du territoire de
Québec et pourra faire du transport entre les deux. Si elle n'a pas
Trois-Rivières, par exemple, elle ne pourra pas arrêter à
Trois-Rivières, mais elle peut le demander.
M. Garon: Cela déréglemente pas mal, un article
comme cela.
M. Côté (Charlesbourg): Cela
déréglemente? M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair. C'est le
but.
M. Garon: Est-ce que les gens sont au courant de cela?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que l'industrie est
pas mal au courant que c'est ce qui s'en vient. Il y a une liberté pas
mal totale dans ce domaine.
M. Garon: Je comprends parce que les explications sont
très claires. J'avais un peu une idée de comment cela marchait
avant, sans être un expert dans le transport...
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas pour rien que
cela coûtait des fortunes aux gens qui allaient devant la Commission des
transports, non pas en frais de la commission, mais en frais d'avocat, pour
être capables d'obtenir un permis que, parfois, ils n'obtenaient pas. En
plus de la preuve qui devait être faite par le demandeur.
M. Garon: Avez-vous fait une étude d'impact sur la baisse
de revenus des avocats avec la mise en application de votre loi?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que le groupe
d'avocats qui plaident devant la Commission des transports n'est pas
très nombreux. Cela aura certainement un impact, mais je me fie sur eux
pour être capables de trouver des moyens pour combler les pertes
potentielles. C'est déjà en marche d'ailleurs.
M. Vaillancourt: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: ...cela veut dire qu'à l'avenir, pour
obtenir un permis de transport, il s'agira de faire la preuve qu'il a
l'équipement nécessaire pour faire ce transport-là et il
n'aura pas besoin d'avocat auprès de la Commission des transports pour
aller défendre sa cause étant donné que personne ne pourra
avoir d'objection.
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne veut pas
nécessairement dire cela. Cela veut dire que, dans un premier temps, il
devra satisfaire à un
test d'aptitudes qui relève de certaines exigences sur le plan de
la sécurité, de la connaissance du métier qu'il entreprend
avec toutes les conséquences, et de la connaissance du code canadien de
la sécurité. Cela, c'est pour le test d'aptitudes. Quant à
l'autre, c'est le test d'intérêt public qui se fera devant la
Commission des transports du Québec et, dans la mesure où il y a
de l'opposition, c'est à ce moment-là que la commission jugera si
elle est futile ou non. Si elle ne l'est pas, il y aura audience et c'est
à celui qui s'opposera dorénavant à la délivrance
d'un permis, parce que cela pourrait desservir l'intérêt public,
de faire la preuve que la commission ne devrait pas l'émettre. C'est un
renversement du fardeau de la preuve. Finalement, cela ne veut pas dire qu'un
transporteur voulant obtenir un permis n'aura pas besoin de se faire
défendre par un avocat. Il y aura encore du travail pour les
avocats.
M. Vaillancourt: Qu'est-ce qui va arriver pour une compagnie, par
exemple? La description que vous donnez concerne un individu. Pour une
compagnie, ce sont des chauffeurs multiples.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la même
chose.
M. Vaillancourt: II faudra que les chauffeurs soient
questionnés et qu'on connaisse leur capacité de conduire,
etc.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la compagnie qui doit
répondre et elle doit s'assurer, en engageant un conducteur, qu'il a les
permis, qu'il respecte les règles, les lois, le Code de la
sécurité routière.
M. Garon: C'est un peu comme quelqu'un qui veut conduire une
automobile. Le permis de camionnage, au fond, donnera le droit de conduire un
camion pour telles fins, contre rémunération, etc., à la
condition de savoir conduire un camion, de connaître le Code de la
sécurité routière de la même façon que
quelqu'un qui passe un permis de conducteur d'automobile. Cela ne lui donne pas
une automobile, cela lui donne un permis de conduire à la condition
d'acheter une automobile et s'il connaît les règles du jeu dans le
domaine de la conduite automobile.
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas du permis de
conduire c'est mesuré par un examen.
M. Garon: Oui, là, c'est un test d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Alors que, dans ce cas-ci,
c'est un test d'aptitude.
M. Garon: C'est-à-dire que conduire un camion, ce n'est
pas tout à fait comme conduire une automobile.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Vous allez faire un test écrit et un test sur la
route.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que,
pour obtenir un permis pour conduire un camion, le gars est toujours soumis aux
règles de la Régie de l'assurance automobile pour l'obtention
d'un permis.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Pour le permis de conduire.
C'est différent d'un permis de transporteur. Pour le permis de
transporteur, il devra venir faire la démonstration, par le test
d'aptitude, qu'il connaît ce dans quoi il s'embarque. Par exemple, les 20
éléments du code de sécurité qu'on vous a
expédié. Je pense que vous avez cela à
l'intérieur.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est à cela qu'il
devra répondre, mais non pas par un examen. C'est par de l'information,
finalement. Dans un premier temps, c'est de l'information, aviser l'individu
pour savoir dans quoi il s'embarque, pour qu'il ne puisse pas plaider
l'ignorance par la suite. Dans ce cas-ci, c'est à la fois au
privé et au public; les deux doivent passer le test d'aptitude.
M. Garon: Au privé et au public.
M. Côté (Charlesbourg): Au public, pour celui qui
fait du transport contre rémunération et, au privé, pour
celui qui le fait sans rémunération; mais qui est quand
même sur la route avec un camion.
M. Garon: II ne passe pas ce test-là, ce n'est pas
celui-là.
M. Côté (Charlesbourg): D'aptitude. M. Garon:
Le test d'aptitude aussi... M. Côté (Charlesbourg):
C'est cela.
M. Garon: ...mais pour avoir son permis de conduire...
M. Côté (Charlesbourg): Non. Le permis de... M.
Garon: ...pour l'entreprise.
M. Côté (Charlesbourg): Le permis de transporteur.
Le permis de celui...
M. Garon: En vertu de quelle loi?
M. Côté (Charlesbourg): ...qui conduit, c'est
un permis de conduire qui est fait...
M. Garon: Ah oui! Là, j'ai compris. En vertu de quelle loi
pour le privé?
M. Côté (Charlesbourg): La loi 73, il devra passer
le test d'aptitude sur le plan de la sécurité publique.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Côté (Charlesbourg): Simplement pour tenter de
faire la boucle, si le transporteur public met un camion sur la route, on dit
qu'il peut y avoir des dangers; que le transporteur privé mette le
même camion sur la route, il peut y avoir les mêmes dangers.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, sur le plan de la
sécurité publique, c'est la même chose. Il faut que ces
gens-là soient sur le même pied d'égalité. On a
prolongé l'application à ces gens-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: La Commission des transports a à prendre une
décision. Cela revient un peu à la notion de privilège. Si
le transporteur, qui veut obtenir son permis de transporteur, est en mesure de
répondre aux 20 questions du test d'aptitude et qu'il y en a 10 ou 20
comme cela dans une même MRC qui veulent avoir leur permis de
transporteur et que les 20 répondent bien à ces critères,
qu'est-ce qui arrive?
M. Côté (Charlesbourg): Elle délivrerait 20
permis, à ce moment-là.
M. Desbiens: 20 permis de transporteur. Alors, il n'y a plus
aucun... Il me semble...
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que le
test...
M. Desbiens: ...que je ne peux pas avoir un permis de
transporteur, actuellement, s'il y en a déjà un certain nombre.
Non? Est-ce que cela n'existe pas présentement?
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Desbiens: Est-ce qu'il n'existe pas une limitation?
M. Côté (Charlesbourg): Ah non! Mais quand on parle
de déréglementation, il n'est plus question de limiter. C'est
que, par la suite, il y a le critère d'intérêt public.
Ayant passé le test d'aptitude...
M. Desbiens: D'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): ...après cela, il
reste le test d'intérêt public.
M. Desbiens: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): À ce
moment-là, vous êtes un individu, il y en a dix autres comme vous
dans votre MRC qui demandent un permis. Donc, vous faites la demande à
la Commission des transports du Québec. Après avoir jugé
de l'aptitude, elle publie la demande. À ce moment-là, il peut y
avoir de l'opposition. S'il y a de l'opposition de la part d'un individu, c'est
la Commission des transports qui va juger si elle est futile ou non, parce
qu'il peut y avoir de l'opposition futile.
Dans la mesure où elle n'est pas futile, la commission va
convoquer les parties. Au lieu de se passer ce qui se passe actuellement, que
ce soit vous, demandeur d'un permis, qui ayez à faire la
démonstration que cela va servir l'intérêt public de
délivrer un autre permis, c'est celui qui aurait déjà un
permis actuellement qui dirait: Lui, il va venir jouer dans mes plates-bandes,
cela n'a pas de bon sens et cela va desservir l'intérêt public,
qui devra venir faire la preuve que, vous délivrer un permis, cela
desservirait l'intérêt public ou que cela irait contre
l'intérêt public.
Alors, cela va se traduire par l'émission d'un peu plus de
permis.
M. Desbiens: C'est donc dans ce sens-là qu'était
l'explication tantôt sur la discrétion de la commission... La
discrétion de la commission, c'est là qu'elle s'exerce
finalement, dans son jugement à partir...
M. Côté (Charlesbourg): À partir... M.
Desbiens: ...d'une cause entendue.
M. Côté (Charlesbourg): ...d'un certain nombre
d'éléments qu'on va retrouver dans les articles
subséquents quant à l'intérêt public.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt: M. le Président, un permis qui sera
accordé à une compagnie, est-ce qu'il sera accordé pour un
certain nombre de camions ou bien si elle va pouvoir en ajouter selon ses
besoins?
M. Côté (Charlesbourg): C'est un permis qui est
donné au transporteur peu importe le nombre de camions. Le nombre
d'unités fera référence davantage à la loi 73 qu'on
a adoptée la semaine dernière et qui va faire en sorte qu'il y
ait un
certain nombre de points d'aptitude ou d'inaptitude au dossier. Ces
points vont tenir compte du nombre de camions. Par exemple, de un à cinq
camions, vous avez 50 points; de 5 à 20 ou 25, ce sera 75; et plus que
cela, ce sera 100 points. Il y a une classification en trois niveaux, qu'eux,
tiennent compte de la flotte. De 1 à 20 camions, ce sera 50 points; de
21 à 50, ce sera 75 et 51 et plus, ce sera 100 points au dossier.
M. Vaillancourt: Maintenant, pour récapituler. Un type va
avoir un permis de transport, disons qu'il a dix camions. Est-ce que chaque
conducteur est obligé de passer devant la Commission des transports pour
avoir un permis spécial? Ou bien si c'est son permis de chauffeur qui va
faire foi de tout dans cela?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Le permis de chauffeur
s'adresse à un individu. D'accord? Le permis de chauffeur, à
partir du moment où il est à l'individu, il ne faut pas le
mêler avec les camions. C'est une autre affaire. Le permis de conducteur
ou de chauffeur est délivré par la Régie de l'assurance
automobile, alors que le permis s'adressant au transporteur, lui, sera
délivré par la Commission des transports.
M. Vaillancourt: Ce qui veut dire que la compagnie de
transporteurs va pouvoir engager ses chauffeurs pour autant qu'ils
détiennent un permis qui a été accordé par la
régie de l'assurance automobile.
M. Côté (Charlesbourg): De la même
manière que c'est fait aujourd'hui. C'est cela.
M. Vaillancourt: II faut être bien certain. On est
appelés à l'expliquer cela, nous.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 3?
M. Desbiens: Le ministre m'a dit tantôt...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: ...qu'au fil des articles, on aurait les
éléments qui vont démontrer sur quoi la commission va
avoir à dire ou faire la preuve que c'est d'intérêt public.
C'est bien ce que j'ai compris?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ce que vous avez
compris et c'est ce que j'ai dit.
M. Desbiens: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 3?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on
peut peut-être attendre le député de Lévis avant
d'adopter l'article 3.
M. Desbiens: Si vous voulez, le député de
Lévis va revenir dans quelques secondes.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le ministre.
Je pensais que M. le député de Lévis avait
délégué ses pouvoirs.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il manque de
"fuel".
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 37)
(Reprise à 17 h 38)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 3?
M. Garon: Je demanderai au ministre s'il serait d'accord pour
dire que, si on comparait cela aux quotas dans l'agriculture, qui sont des
droits de produire, et si on voulait que les quotas n'aient plus de valeur, on
pourrait dire, à l'avenir, que ce sont des privilèges de
produire? Au fond, le ministre des Transports donne l'indication aux
députés qui parfois se demandent comment il se fait que les
quotas ont de la valeur ou non pour être transférés. Cela
serait assez simple au fond de dire simplement que le quota est un
privilège de produire plutôt qu'un droit. Qu'est-ce que vous en
penseriez?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le domaine du
transport, il n'y a pas de quota.
M. Garon: II n'y a pas de volume.
M. Côté (Charlesbourg): Alors que, en agriculture,
il y a effectivement des quotas.
M. Garon: II y a aussi des limites de volume dans le domaine du
transport?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Les quotas, à l'heure actuelle, sont sur la
quantité de permis.
M. Garon: Quantité de permis, premièrement. En
plus, votre camion ne peut pas transporter plus que telle quantité selon
le nombre d'essieux ou la prise en charge...
M. Côté (Charlesbourg): Cela reste.
M. Garon: Oui, deuxièmement. Après cela, le
conducteur ne peut pas faire plus que tant d'heures, à moins qu'on
remplace le conducteur pour faire marcher les camions 24 heures par jour. Il y
a une certaine limitation dans le volume. Évidemment, c'est plus
aléatoire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est plus l'aspect
sécuritaire qui vient en ligne de compte.
M. Garon: Oui. De toute façon, je n'attendais pas de
réponse.
Je vous demanderai simplement s'il n'y a pas d'objection à ce
qu'on suspende pour le vote, mais non pas pour reprendre la discussion.
Simplement, c'est une nouvelle façon de procéder par la
constatation des privilèges.
M. Côté (Charlesbourg): Suspendre pour le vote,
parfait
Le Président (M. Saint-Roch): La discussion étant
close, nous allons suspendre l'adoption de l'article 3 pour passer...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on
pourrait peut-être, dès 20 heures, voter de façon...
M. Garon: L'autre fois, on avait recommencé à la
fin, pour le projet de loi 73.
M. Côté (Charlesbourg): A la fin et on ne se
souvenait plus de l'essence. Parfait. Pas de problème, à la
fin.
M. Garon: Je pense qu'il n'y aura pas...
Le Président (M. Saint-Roch): Les discussions sont closes.
L'adoption est suspendue. J'appelle l'article 4.
M. Côté (Charlesbourg): "Le permis de camionnage est
incessible."
M. Garon: Le but?
M. Côté (Charlesbourg): Le but est clair, M. le
Président. Comme c'est l'individu qui vient passer le test ou qui
passera le test d'aptitude, il m'apparaît évident qu'on doive
adopter l'article 4.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: C'est incessible, mais celui qui veut l'acheter.
M. Côté (Charlesbourg): Non. On ne peut pas vendre
son permis à quelqu'un d'autre. À partir du moment où on
abandonne, c'est fini. Il faut retourner devant la Commission des
transports.
M. Desbiens: C'est fini, il faut que l'autre recommence la
procédure au complet.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. M. Desbiens:
Avant d'acheter...
M. Côté (Charlesbourg): Celui qui est venu
démontrer l'aptitude, c'est Georges Vaillancourt, individu transporteur,
qui vient, lui, passer le test d'aptitude. Ce n'est pas la compagnie, elle
n'est pas capable de passer le test; ce n'est pas le camion, il n'est pas
capable de passer le test. C'est l'individu responsable de ce permis qui vient
dire à la commission: Oui, je suis en pleine connaissance de mes
obligations quant au code canadien de sécurité. Et, dans ce
sens-là, c'est lui qui est la caution de la connaissance et du
permis.
M. Desbiens: Si je veux acheter la compagnie de Georges
Vaillancourt, je ne pourrai pas le faire ou, si je le fais, ce sera à
mes risques et périls, parce qu'il faudra que j'aille d'abord devant la
commission pour obtenir un permis de transporteur.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Desbiens: Si j'ai déjà un permis de
transporteur, est-ce que cela entre en ligne de compte quand même?
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, il faut
quand même se dire que, si on était dans la situation actuelle, il
y ■ aurait beaucoup plus de risques alors que, dans la nouvelle
situation, comme c'est une loi qui vise à libéraliser, à
ce moment-là, l'obtention du permis sera facilitée d'autant.
M. Desbiens: SI je suis déjà un transporteur, si
j'ai déjà un permis de transporteur?
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes
déjà apte. Alors, c'est réglé.
M. Desbiens: Je peux l'acheter sans... M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Desbiens: Donc, il devient cessible à ce
moment-là.
M. Côté (Charlesbourg): Les actifs, les
équipements.
M. Desbiens: Les équipements, pas le permis. D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Orford.
M. Desbiens: Oh!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: S'il fait affaires dans une MRC et que j'ai mon
affaire dans une autre MRC, cela ne peut pas fonctionner.
M. Côté (Charlesbourg): Cela prendrait une
modification...
M. Desbiens: Même si je suis transporteur et apte?
M. Côté (Charlesbourg): Cela prendrait une
modification au permis, au territoire.
M. Desbiens: Avant de pouvoir l'acquérir. M.
Vaillancourt: Cela répond à ma question.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela répond à
votre question, M. le député d'Orford. M. le député
de Lévis.
M. Garon: Si j'ai un permis pour faire affaires dans tout le
Québec, c'est possible?
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui. M. Garon:
Est-ce qu'il y en a?
M. Côté (Charlesbourg): Cela pourrait être le
cas. Vous faites l'addition des territoires des MRC.
M. Garon: Je pourrais actuellement avoir un permis pour faire du
transport dans tout le
Québec. Est-ce que, à ce moment-là, sur le
même permis, je pourrais théoriquement acheter n'importe quelle
compagnie ou même, toutes les compagnies parce que j'ai un permis de
transporteur dans tout le Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Les actifs des
compagnies.
M. Garon: Oui, les actifs.
M. Côté (Charlesbourg): C'est possible.
M. Garon: Je suis qualifié comme transporteur; donc, ce
n'est plus une question de nombre, mais de territoire à couvrir
où j'ai le droit de faire affaires.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: C'est en vertu de l'article 3, paragraphe 2, qui se
rapporte au territoire. Par exemple, si ces territoires couvrent toutes les MRC
de la Gaspésie...
M. Côté (Charlesbourg): À ce
moment-là...
M. Garon: ...je pourrais théoriquement, avec le même
permis, acheter toutes les compagnies...
M. Côté (Charlesbourg): Toutes les compagnies de la
Gaspésie.
M. Vaillancourt: II faut que vous fassiez la preuve que c'est un
besoin.
M. Garon: Non, j'ai mon permis; je l'ai déjà
faite.
M. Côté (Charlesbourg): Déjà,
l'intérêt public a été...
M. Garon: J'ai déjà démontré mes
aptitudes et mon intérêt public, autrement, je n'aurais pas eu
mon permis. Mais une fois que j'ai mon permis, c'est une question de
territoire à couvrir.
M. Vaillancourt: Mais le permis d'intérêt public,
c'est pour un territoire donné?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Garon: Non, on est dans une phase de
déréglementation.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends la
question.
M, Garon: Je me pose des questions. Ce n'est pas pour
l'embêter. Je veux voir comment cela marche.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est clair. Comme on
est au début de la loi... Tantôt, on va entrer dans la
mécanique. Là, on commence. On est à l'article 4.
Tantôt, vous obtiendrez bien des réponses par l'adoption de
certains articles qui vont donner automatiquement réponse à la
question que vous posez à ce moment-ci. Au fur et à mesure que
cela va se dérouler, tout le processus sera clarifié.
Si besoin est, à chacun des articles, qu'on doive revenir, je ne
vois pas de problème à cela. Il faut qu'on se comprenne bien et
qu'on soit capables de mesurer les effets. Il n'y a pas de problème.
S'il faut revenir, on reviendra.
M. Garon: Non, il y a des raisons quand on dit "incessible". Je
comprends les raisons qu'on peut donner quand on dit "incessible".
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 4?
M. Garon: Vous ne voulez pas qu'il y ait de spéculation
sur les permis, au fond. C'est comme s'il était attaché à
la personne qui qualifie l'entreprise.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
non...
M. Garon: Est-ce l'entreprise ou la personne qui qualifie?
M. Côté (Charlesbourg): À ce
moment-là, si j'ai une compagnie incorporée, admettons, Cabano
Transport ou Expeditex, est-ce la compagnie qui a le permis ou est-ce le
président-directeur général? C'est accroché
à une personne?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: On va le voir, probablement, dans le cadre de
l'article 12 qu'une personne... Un requérant, Cabano par exemple, ce
n'est pas Cabano, c'est M. Émond c'est une personne ou un officier
responsable dans sa compagnie qui demande le permis.
M. Garon: Et s'il meurt?
M. Boulay: II y a d'autres dispositions plus loin qui disent que,
dans le cas de décès... Il y a des cas spéciaux qu'on
prévoit dans le projet de loi, un peu plus loin aussi.
M. Côté (Charlesbourg): II y a des dispositions
transitoires.
M. Boulay: Oui.
M. Garon: Le fait que le permis soit incessible...
M. Boulay: C'est un bon exemple, justement, où...
M. Garon: Bien oui, mais si la personne ne se qualifie pas...
M. Boulay: II faut que la compagnie continue à rouler dans
le cas d'un décès. Il y a deux ou trois autres cas aussi
où il y a des dispositions spéciales.
M. Garon: À quel article?
M. Boulay: Bien, je parlais de l'article 12. À l'article
12, on explique le test d'aptitude et, plus loin...
M. Garon: A l'article 12, c'est le test d'aptitude, oui. À
l'article 15, l'intérêt public. Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): À l'article 24, on
parle de l'exploitation temporaire d'un permis, au premier alinéa,
premier paragraphe.
M. Garon: C'est temporaire.
M. Vaillancourt: C'est un permis temporaire. On l'attribue
à la personne.
M. Garon: Je comprends leur affaire, ils l'attribuent à la
personne et non pas à l'entreprise. C'est une personne physique qui
qualifie l'entreprise.
Cela fait drôle, quand même, qu'une entreprise qui a
peut-être 50 camions... Cela fait drôle. C'est un permis
d'entreprise au fond.
C'est beaucoup plus un permis d'entreprise qu'un camionnage... On peut
parler d'une entreprise... Dans vos notes explicatives, vous parlez de
références à l'article 18 de la Loi sur la transformation
des produits marins.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Le permis est délivré au nom de la
personne morale qui est l'entreprise. Lorsque cette personne morale va passer
pour remplir les papiers ou les tests d'aptitude, elle devra être
représentée par un de ses officiers, c'est bien évident
mais c'est l'entreprise qui va être titulaire du permis.
M. Garon: Ah bon! Ce n'est pas ce que je demandais, tantôt.
Tantôt, j'ai demandé si c'était la personne morale ou la
personne physique, j'ai compris que c'était la personne physique. Je
trouvais cela curieux. Chaque fois que le requérant meurt...
M. Drolet: C'est la personne morale.
M. Garon: Si c'est la personne morale, il n'y a pas de
problème.
M. Côté (Charlesbourg): 12.2°. S'il s'agit d'une
personne morale, son acte constitutif, la liste de ses administrateurs et
officiers, une copie de l'acte - c'est ce que M. Boulay disait tantôt -
autorisant la présentation de la demande, ainsi que les nom et adresse
de toute autre personne morale qui lui est affiliée;".
Une voix: Cela simplifie la tâche.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. L'article 24
répond à des situations temporaires: la dissolution de la
compagnie, la liquidation.
M. Garon: C'est un changement de personnalité morale.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: À ce moment-là, doit-il y avoir
réattribution du permis ou si c'est automatique?
Bien non, on dit que c'est incessible. Cela veut dire que, chaque fois
que la personne morale change, c'est comme si la personne physique mourait.
Cela doit recommencer avec la nouvelle. Un exemple: Moi, si je fusionne mes
actifs et vos actifs, il n'y a pas de problème, je continue la
personnalité morale, ce sont vos
actifs qui entrent dans mon avoir?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Mais si on se fusionne tous les deux pour former une
nouvelle compagnie comme, par exemple, je ne sais pas si c'est Cabano ou
Expeditex mais c'est devenu Cabano Expeditex. S'il y a une nouvelle
personnalité morale, les deux permis tombent en faveur d'un nouveau
permis qui est demandé.
M. Drolet: Entre temps, il pourrait y avoir l'exploitation avec
l'autorisation de la commission, l'exploitation temporaire des deux permis.
M. Garon: Cela vous donne le pouvoir d'intervenir chaque fois
qu'il y a cession du permis, non pas cession, mais...
M. Drolet: La cession des actifs.
M. Garon:...les actifs qui sont dans une entreprise vont dans une
nouvelle entité morale.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Là, la commission peut se prononcer sur
l'intérêt public. Non?
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'aptitude. M.
Garon: C'est seulement sur l'aptitude?
M. Côté (Charlesbourg): L'exemple que donne le
député de Lévis, c'est Cabano qui disparait et Expeditex
qui disparait pour former une nouvelle entité qui portera le nom qu'elle
voudra. Dans ces conditions, cela prend de nouveau le test d'aptitude et le
test d'intérêt public.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 4? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Et, entre temps, les deux... par une permission
spéciale de la commission peuvent continuer en vertu de la loi?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela, en vertu de
24.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions. M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt: M. le Président, cela prend un nouveau
test d'aptitude. S! des personnes fusionnent deux compagnies ensemble et
forment une autre compagnie, les tests d'aptitude sont assez faciles à
prouver. Ce sont des personnes qui détenaient déjà un
permis. Est-ce qu'il faut qu'elles recommencent tout depuis le
début?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, parce que,
finalement...
M. Garon: Cela veut dire le test d'aptitude et le test
d'intérêt public?
M. Côté (Charlesbourg): D'intérêt
public, oui. Peut-être que l'exemple n'est pas parfaitement analogue,
mais pour un bar qui veut obtenir un permis d'alcool, une personne doit mettre
son nom pour obtenir le permis. Si l'individu quitte l'établissement, il
doit y avoir changement de personne responsable. Si le propriétaire du
bar en question a un permis, vend son commerce et s'en va en ouvrir un autre,
ailleurs, cela lui prend un nouveau permis. Il faut qu'il fasse la
démarche pour obtenir un nouveau permis.
M. Vaillancourt: S'il reste dans le même territoire, la
preuve des besoins est là.
M. Côté (Charlesbourg): Si c'est un nouvel
établissement qui est là, si c'est un gars qui repart un
commerce, sous un autre titre ou une autre compagnie, il faut qu'il refasse,
à la fois, le test d'aptitude et celui d'intérêt
public.
M. Vaillancourt: L'intérêt public est là, les
compagnies étaient là. C'est ni plus ni moins qu'un changement de
nom de compagnie.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est important ce
pourquoi il change. Cela lui donne l'occasion de vérifier,
effectivement, un certain nombre de choses qui autrement ne l'auraient pas
été.
M. Vaillancourt: C'est compliqué.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non ce n'est pas
compliqué, c'est simple. C'est tellement simple qu'à un moment
donné il faut se l'expliquer longtemps. Et au fur et à mesure
qu'on va progresser à l'intérieur de tout cela, à
l'intérieur du projet de loi... On veut tenter de répondre
à l'ensemble par quatre articles...
M. Garon: Non, ce n'est pas cela.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. On se trouve à
discuter de cet article et un peu du précédent aussi...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: ...les articles 15 et 12, en même temps.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Tout cela va jouer ensemble.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Au fond, c'est déréglementé et,
avant, c'était réglementé...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: C'est un cadre difficile à
pénétrer. Au fond, on essaie de savoir de quelle façon
cela va fonctionner c'est-à-dire si ce sera aussi facile à
pénétrer par le fait qu'on a un test d'aptitude. Les tests
d'aptitude, normalement, ne sont pas compliqués. Une personne en
affaires qui a quelques camions et qui se présente, j'imagine qu'elle va
passer le test d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, et on va voir
tantôt les conditions qui font que...
M. Garon: C'est l'intérêt public qui est plus
compliqué et c'est le territoire.
M. Côté (Charlesbourg): L'intérêt
public n'est pas plus compliqué. Il est beaucoup plus simple qu'il ne
l'était. On va le voir aussi, tantôt, quand on va arriver à
la définition du test d'intérêt public. Effectivement, vous
avez raison, on essaie de régler tous les problèmes en même
temps.
M. Garon: Au fond, on dit que le but de la
déréglementation, cela amène la concentration. C'est que
les règles limitant les territoires d'activité, limitant la
concurrence et protégeant ceux qui ont déjà des permis,
sont réduits au maximum, de sorte que la concentration est beaucoup plus
facile. Les plus efficaces vont faire disparaître ceux qui sont moins
efficaces assez facilement.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. C'était
une question d'efficacité, bien sûr, comme c'est un peu le cas
aussi, aujourd'hui. Le problème est fondamental. On a une série
de personnes qui, actuellement, font du transport et qui n'ont pas de
permis.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Actuellement, il y a une
série de personnes qui font du transport sans permis.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Quand vous vous posez la
question: Pourquoi ces personnes font-elles du transport sans permis au risque
de se faire prendre? Aujourd'hui, pour être capable d'obtenir un permis
de la Commission des transports du Québec, cela coûte une fortune.
On connaît des individus à qui cela a coûté un bras,
un bras et demi dans le langage du métier pour obtenir un permis
après un an et demi, deux ans de débats presque interminables
compte tenu du fait qu'il faut plaider l'intérêt public. Une
voix:...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela, la
nécessité du service. Alors, dans ce cas, actuellement, il est
clair que cela coûte très cher. La loi qu'on est à adopter
devrait normalement faire en sorte que cela coûte pas mal moins cher
puisque le fardeau de la preuve sera à celui qui s'opposera au permis.
Donc, il devrait y avoir plus de permis.
Ceux qui, auparavant ou actuellement, font ce métier sans permis,
devraient normalement aller devant la Commission des transports se chercher un
permis et devenir des transporteurs qui vont respecter les lois et les
règlements.
Il faut dire que certains n'ont pas intérêt à avoir
des permis parce que cela peut lui permettre de transgresser toute une
série d'autres lois qui, autrement, feraient appel à leur
portefeuille. Il est clair que c'est la situation actuelle. Maintenant, les
gens ne pourront plus plaider qu'il n'est pas possible d'avoir des permis et
que cela coûte trop cher. Comme c'est libéralisé,
normalement, ce sera plus facile d'obtenir le permis.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 4? Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté, M. le
Président.
Une voix: Un peu plus loin, on va avoir d'autres
éclaircissements.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 4 est-il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): II est près de 18
heures. S'il y a consentement, nous allons ajourner nos travaux jusqu'à
20 heures, ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 31)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 76, Loi
sur le camionnage. Au moment de la suspension, nous en étions à
l'article 5.
M. Côté (Charlesbourg): "Le permis indique: 1°
le nom de son titulaire; 2° l'adresse du domicile ou du siège social
de son titulaire; 3° la date de sa délivrance; 4°
l'énoncé du privilège
conféré; 5° la période pendant laquelle le
permis peut être exploité, le cas échéant.
Lorsque le domicile ou le siège social du titulaire est
situé hors du Québec, le permis indique de plus l'adresse de son
établissement au Québec ou les nom et adresse de son fondé
de pouvoir."
C'est assez clair. Cela vise à avoir certaines indications sur le
demandeur alors que le deuxième alinéa vise quelqu'un qu'on peut
qualifier d'étranger.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Garon: Y a-t-il une disposition qui l'oblige à avoir un
établissement au Québec?
M. Côté (Charlesbourg): II n'y en a pas.
M. Garon: C'est indiqué: "Le permis indique de plus
l'adresse de son établissement au Québec".
M. Côté (Charlesbourg): "Ou les nom et adresse de
son fondé de pouvoir".
M. Garon: D'accord, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 5 est-il
adopté?
M. Garon: Attendez un peu. Quand vous dites
"l'énoncé du privilège conféré", au fond,
c'est l'étendue du...
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont les
privilèges dont on a discuté à l'article
précédent. Si je ne m'abuse, c'est à l'article 4.
M. Garon: L'énoncé, c'est quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont les activités
autorisées au Québec.
M. Garon: Cela s'énonce comment? Est-ce seulement le
territoire? Il va y avoir des limites sur quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Sur les marchandises.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: Actuellement, les permis sont libellés suivant
les territoires; on parle de portions de territoire. On peut aussi
conférer à un transporteur le transport de certaines
marchandises. L'esprit de la réforme va faire qu'il pourra y avoir des
marchandises qui seront spécifiées au permis, pas uniquement un
territoire.
M. Garon: Comme quoi? Quelles sont les marchandises?
M. Boulay: Cela peut être, par exemple, le secteur
agricole, le secteur forestier.
M. Garon: Ah, oui!
M. Boulay: Dans les permis actuels, il peut y avoir des limites.
On restreint les permis à certaines marchandises.
M. Garon: Qu'est-ce qui donne ouverture à cela?
M. Boulay: II y a une ouverture dans le nouveau projet de
loi...
M. Garon: Celui-là?
M. Boulay: Oui.
M. Garon: Où?
M. Boulay: On va permettre des catégories de marchandises.
Au lieu d'avoir des marchandises très précises, ce sera
plutôt des catégories de marchandises.
M. Garon: Mais à quel article?
M. Boulay: Cela va se retrouver principalement dans le
règlement sur les permis.
M. Garon: II y a un article?
M. Boulay: II y a un article où on parle...
M. Garon: Les catégories de permis réfèrent
à des marchandises?
M. Boulay: Cela peut référer à des
marchandises.
M. Côté (Charlesbourg): À l'article 79?
M. Garon: 79.1. Quand il spécifie des catégories,
le règlement spécifie des marchandises. Les catégories
visent-elles seulement des marchandises ou autre chose?
M. Drolet: Elles peuvent viser les marchandises; elles peuvent
viser, aussi, les clientèles desservies. Vous pouvez avoir un permis qui
s'adresse à tout le public en général. À ce
moment-là, vous pouvez transporter les marchandises que vous confie
toute personne ou le public en général.
Dans d'autres cas, par exemple, cela pourrait être le cas de
certaines catégories de clients où vous avez à ce
moment-là une clientèle captive, il est alors
précisé dans votre permis que vous pouvez transporter les
marchandises de telle entreprise.
M. Garon: Dans une perspective...
M. Drolet: Actuellement, il y a des catégories...
M. Garon: Oui, mais dans...
M. Drolet: ...qui font référence au territoire, aux
marchandises, à la clientèle. Il y a plusieurs
éléments possibles.
M. Garon: Oui. Dans l'article qu'on a vu cet après-midi,
j'ai eu le sentiment qu'on faisait plutôt référence au
territoire dans le permis.
Maintenant, on va continuer de faire référence aux
marchandises.
M. Drolet: II y a toujours la référence au
territoire...
M. Garon: Oui.
M. Drolet: ...puisque là, c'est précisé dans
la loi.
M. Garon: Cela a été élargi...
M. Drolet: Oui. Si, par exemple, vous avez des catégories
de marchandises qui peuvent être transportées suivant un permis,
cela va quand même toujours faire référence au territoire
que vous êtes autorisé à desservir. À titre
d'exemple, on pourrait faire une catégorie de transport pour des
marchandises dangereuses et, à ce moment-là...
M. Garon: Oui, J'ai compris cela.
M. Drolet: ...vous avez des personnes spécialisées
dans le transport de marchandises dangereuses.
M. Garon: Cela est à part, parce que les conditions sont
différentes, il y a des questions de construction, de
sécurité routière etc. Mais après cela, quelqu'un
qui veut transporter du bois, des meubles ou des produits agricoles - on a
écarté les produits laitiers - mais les produits agricoles, cela
dépend. Il y aurait des catégories aussi spécifiques que
cela, dans l'avenir?
M. Drolet: C'est possible en vertu de la réglementation,
effectivement.
M. Garon: Là, on ne le sait pas. On n'a pas vu la nouvelle
réglementation. C'est général quand on parle du pouvoir
réglementaire, alors on ne sait pas si ce sera différent de ce
qu'il y a maintenant. On ne peut pas le voir à la lecture des
articles.
M. Côté (Charlesbourg): Une chose est certaine: il
ne faut jamais oublier que, dans cinq ans, il n'y en aura plus de...
M. Garon: ...de...?
M. Côté (Charlesbourg): ...tests
d'intérêts publics. Ils diparaîtront, c'est prévu.
C'est cela. Pour ce qui est du transport extraprovincial, il n'y aura
uniquement que le test d'aptitude. Cela aura des effets très importants,
mais cela... Nous autres, au moins, on s'est donné l'obligation de
revenir devant le Parlement pour être capable de mesurer les effets de
cette réglementation avant de tout faire sauter.
M. Garon: Après cela, il n'y en aura plus... Ce
sera...
M. Côté (Charlesbourg): Au niveau
fédéral, c'est clair.
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): Cela dépend, on
verra. C'est l'expérience qui va nous le dire. Je pense que, nous, au
Québec, on a fait le choix d'une vigilance qui nous a incités
à la prudence. C'est un peu ce qu'on a fait à l'intérieur
du projet de loi, alors qu'au gouvernement fédéral, on a
décidé que, dans cinq ans, ce serait fini.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 5?
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 5 est
adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Côté (Charlesbourg): Le permis doit porter la
marque d'identification de la commission ou la signature du président,
d'un vice-président ou du secrétaire.
Le gouvernement peut permettre, aux conditions qu'il fixe, qu'une telle
signature soit apposée au moyen d'un appareil automatique ou qu'un
fac-similé de cette signature soit apposé sur les permis, ce
fac-similé ayant la même valeur que la signature
elle-même."
M. Garon: C'est le petit bras.
M. Côté (Charlesbourg): Le petit bras.
M. Garon: Vous servez-vous de cela?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Vous êtes trop méfiant.
M. Côté (Charlesbourg): Non, le ministre des
Transports signe environ 60 000 documents par année et il les signe
lui-même. Il n'a pas de petit bras qui vont signer à sa place.
M. Garon: 60 000, cela veut dire... C'est
quasiment 200 à 250 par jour. Qu'est-ce que vous signez tant que
cela? Signez-vous les accusés de réception.
M. Côté (Charlesbourg): Ah!... Même
très souvent.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres...
M. Côté (Charlesbourg): Actuellement, ce sont les
permis spéciaux. On en délivre 700 ou 800 par année
actuellement, ils doivent être signés par le ministre des
Transports.
M. Garon: Cela est correct, 700 ou 800, c'est pas pire, mais 60
000, c'est une autre affaire.
M. Côté (Charlesbourg): Non, 700 ou 800, cela fait 1
/60 de ce que je signe.
M. Garon: Moi, je ne les ai jamais comptés.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 6?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont des règles
normales dans ce cas-là.
M, Garon: Vous êtes pire que le lieutenant-gouverneur!
M. Côté (Charlesbourg): Dans quel sens?
M. Garon: Parce que 60 000 signatures, c'est beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, de ce temps-ci, on
parle du petit bras de la commission.
M. Garon: J'ai compris le petit bras de la commission, oui!
M. Côté (Charlesbourg): Le petit bras du
président.
M. Garon: Cela peut être le président, le
vice-président ou le secrétaire.
M. Côté (Charlesbourg): Ou le secrétaire.
C'est cela.
Une voix: Adopté. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 6 est
adopté.
J'appelle maintenant l'article 7.
M. Côté (Charlesbourg): "Le privilège
conféré conformément à l'article 3 peut être
modifié par une décision de la commission; elle délivre
alors un nouveau permis en remplacement de l'ancien, lequel doit lui être
remis par le titulaire."
Finalement, l'explication qu'on a ici, c'est que cet article
précise que tout changement aux privilèges accordés
à un titulaire par une décision de la commission ne peut
être apporté que par une nouvelle décision de cet
organisme. Tout nouveau permis délivré consécutivement
à une telle décision annule et remplace le
précédent.
M. Garon: Quand on dit, ici, dans les notes explicatives: cet
article précise que tout changement aux privilèges
accordés à un titulaire par une décision de la commission
ne peut être accordé que par une nouvelle décision de cet
organisme, il faut que ce soit à la demande de quelqu'un, pas
d'elle-même?
M. Côté (Charlesbourg): A la demande du titulaire du
permis.
M. Garon: À la demande du titulaire du permis qui demande
que son permis soit modifié. Ce n'est pas la commission,
elle-même, qui va changer...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que la commission initie
elle-même, ce sont des cas de révocation ou de suspension de
permis, selon certaines règles qu'on va voir ultérieurement.
M. Garon: Cela marche. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 7 est
adopté.
J'appelle maintenant l'article 8.
M. Côté (Charlesbourg): "Le titulaire d'un permis
illisible ou endommage doit en demander le remplacement."
M. Garon: C'est fait comment? C'est un morceau de papier ou si
c'est plastifié?
M. Côté (Charlesbourg): C'est un peu comme le permis
de conduire actuel. Dans la mesure où cela devient illisible ou
l'immatriculation...
M. Garon: Ah oui?
Une voix: II n'y a plus de contrôle possible, à ce
moment-là.
M. Garon: Vous n'avez pas fait des permis plastifiés?
M. Côté (Charlesbourg): ... Mais, aujourd'hui, si on
avait à plastifier les permis, ça coûterait cher de
plastic.
M. Garon: Mais il n'y a pas un endroit où on dit que le
permis doit être affiché? Un
permis d'automobile, ce n'est pas pareil. Vous l'avez dans vos poches et
tout cela. Mais il y a certains types de permis, comme un permis de restaurant,
qui doivent être affichés.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, un permis de taxi, par
exemple.
M. Garon: Oui, cela doit être affiché.
M. Boulay: Mais, dans ce cas-ci, non. Chaque camion doit avoir un
permis à l'intérieur. C'est le transporteur qui est responsable
de reproduire par reprographie le document que la commission émet. La
Commission des transports du Québec émet un document.
M. Garon: Ah, elle n'émet pas des duplicata du même
document?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Finalement, la question
qu'on pourrait se poser, c'est que... Par reprographie, cela pourrait
être falsifié. Pour l'individu qui est arrêté par la
police, alors, il y a vérification automatique par l'informatique.
À ce moment-là, il y a conformité ou
non-conformité. Alors, la personne peut toujours être... Pensons
à une firme de transport de 2000 unités. Cela veut dire que cela
prendrait 2000 copies de permis. Si elle change le permis, il faut
recommencer.
Par ces conditions, on vise que toute compagnie ait le permis de tout
véhicule qu'elle confie à une personne. Alors, par reprographie,
on peut le démontrer à l'agent qui se présentera pour
vérification, ou au mandataire.
M. Garon: Ils mettent ça dans le camion?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça ou au
mandataire. Sur le plan de l'informatique, il y a possibilité de
vérifier.
M. Garon: ...pour une feuille de papier... Est-ce qu'il doit
être à la vue ou quelque chose, non? (20 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Pas nécessairement.
Il faut qu'il soit à la disposition du mandataire qui aura à
exécuter un certain nombre de vérifications. Par
règlement, on ajouterait l'obligation d'avoir sur la porte, comme
actuellement, le numéro du permis.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 8 est
adopté. Article 9?
M. Côté (Charlesbourg): "Sur déclaration
qu'un permis est illisible ou endommagé, a été
détruit, perdu ou volé, la commission en effectue le remplacement
sur paiement des frais fixés par règlement du gouvernement."
C'est le complé- ment. "Illisible" mais aussi "volé, perdu ou
détruit", celui-ci est remplacé.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 9 est
adopté. Article 10?
Délivrance du permis
M. Côté (Charlesbourg): "La commission
délivre un permis de camionnage lorsque le requérant satisfait
aux conditions prescrites par la présente loi et ses règlements,
s'il en est, et possède les aptitudes requises pour exploiter ce permis,
à moins qu'une personne intéressée et opposée
à cette délivrance ne démontre que l'exploitation de ce
permis serait susceptible de nuire à l'intérêt public." Ce
qu'on peut voir, c'est le test de l'intérêt public qui commence
à se définir ici.
Cette disposition énonce les conditions d'entrée dans
l'industrie du camionnage contre rémunération. Ainsi, outre le
fait que le requérant doive remplir les exigences établies par
les lois et les règlements, deux étapes sont prévues afin
d'avoir accès à l'industrie: une étape obligatoire,
communément appelée le "test d'aptitudes", qui est suffisante en
soi pour obtenir un permis dans la mesure où il n'y a pas d'opposition
et une étape additionnelle de test d'intérêt public
lorsqu'il y a opposition; cette opposition pouvant, comme on le verra plus
loin, mener à la tenue d'une audience publique. Mais ce n'est pas
automatique. Il faut nécessairement qu'il y ait opposition pour qu'il y
ait audience publique. Il faudra aussi que la commission juge que l'opposition
n'est pas futile.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Côté (Charlesbourg): On en avait discuté
avec le député de Lévis. C'est un élément de
la loi C-19. La Commission des transports du Québec est le mandataire du
gouvernement fédéral pour exercer ce droit ou ce privilège
de l'article 8 de la loi fédérale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: C'est l'intérêt public. Le fardeau de la
preuve est à celui qui s'oppose.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Je le vois, les explications sont correctes. Je
comprends comment cela fonctionne. Disons que c'est un vote en suspens...
M. Côté (Charlesbourg): On prendra le vote à
la fin, là-dessus.
M. Garon: Oui, parce que j'aurai toutes les explications pour
avoir un vote cohérent, etc.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je comprends qu'il
restera le vote à prendre à l'article 10.
Le Président (M. Saint-Roch): Les discussions sont
terminées. L'article est laissé en suspens pour adoption.
J'appelle maintenant l'article 11.
M. Côté (Charlesbourg): "Pour obtenir un permis, le
requérant ne doit pas: 1° être titulaire d'un permis de
camionnage faisant l'objet d'une suspension; 2° avoir été
titulaire d'un permis de camionnage ayant fait l'objet d'une révocation
au cours des deux dernières années."
En termes clairs, si des permis ont fait l'objet de suspension ou de
révocation et qu'une demande était instituée devant la
Commission des transports, celle-ci déciderait de ne pas donner de
permis à partir du fait que des permis sont déjà suspendus
ou révoqués et s'ils le sont, ils le sont pour cause,
forcément.
Tout cela pour vous dire que l'attitude démontrée au
moment d'entrer dans l'industrie doit toujours être
démontrée et toujours être présente. Si, en cours de
route, quelqu'un ne satisfait plus à l'aptitude, cela pourrait
être un permis révoqué. À ce moment-là, les
deux années sont importantes.
M. Garon: Est-ce un permis autre que celui qui fait l'objet d'une
suspension ou celui qui a été révoqué? C'est pas
mal général. Si, par exemple, quelqu'un qui a eu des permis dans
le domaine alimentaire lesquels pour une raison ou une autre ont
été révoqués - dans le domaine alimentaire cela
prend des normes sanitaires, etc., - et qu'il demande un permis dans le domaine
du bois, par exemple, cela ne demande pas les mêmes qualifications dans
le domaine alimentaire que dans le domaine du bois?
M. Côté (Charlesbourg): Peu importe si c'est
l'alimentation ou le bois, c'est un permis de camionnage. Les conditions sont
les mêmes pour l'aptitude.
M. Garon: Oui, l'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Quant à certains
autres éléments de salubrité ou de ces choses-là,
il y a des éléments qui relèvent d'autres juridictions et
d'autres compétences, soit celle de l'environnement, soit celle du Code
de sécurité routière.
M. Garon: Vous ne dites pas en quoi son permis a
été modifié. Vous dites qu'il a été
modifié, point. Il a été suspendu ou il a
été révoqué? Il aurait pu être suspendu, par
exemple, pour des questions qui ne sont pas pertinentes au camionnage
lui-même, plutôt qu'à d'autres dispositions dans le cadre du
camionnage qu'il n'aurait pas respectées.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Alors à la
section IV on a les raisons pour lesquelles un permis peut être
révoqué ou suspendu. Alors, ce n'est pas à n'importe
quelle condition qu'il peut être révoqué ou suspendu.
M. Garon: Quel article?
M. Côté (Charlesbourg): Regardons à titre
d'exemple l'article 35: "La commission peut suspendre ou révoquer un
permis si elle juge que son titulaire: 1° l'a obtenu à la suite de
fausses représentations; 2° ne satisfait plus aux conditions
prescrites par la présente loi ou l'un de ses règlements pour sa
délivrance; 3° ne respecte pas les obligations
déterminées par la présente loi ou l'un de ses
règlements." Alors ce sera dans des cas très précis.
M. Garon: Est-ce qu'un permis peut être suspendu ou
révoqué par quelqu'un d'autre que la commission?
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. Garon: Pour
d'autres raisons?
M. Côté (Charlesbourg): La seule qui a
l'autorité de le défaire, c'est celle qui le fait, c'est la
commission.
M. Garon: La régie ne peut pas?
M. Côté (Charlesbourg): Non. La régie, sur sa
table de points d'inaptitude, ce sont des pénalités, des amendes
de 5000 $, 10 000 $, 20 000 $, 40 000 $ et 40 000 $ à
répétition. On verra un papillon à l'article 26.1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Le seul autre recours où on prévoit
qu'un type cessera d'avoir son permis, hors les cas de révocation et de
suspension, c'est prévu par un papillon qui serait apporté. C'est
le titulaire du permis de camionnage qui cessera ses activités et qui
devra retourner son permis. À ce moment-là, comme il ne s'agit
pas d'une suspension ou d'une révocation, s'il le retourne, trois mois
après, il pourra en redemander un autre. Le cas d'une suspension ou
d'une révocation est vraiment le cas où un titulaire de permis de
camionnage s'est rendu coupable d'infraction à la loi ou encore a obtenu
le permis sous de fausses représentations où on l'empêche
d'obtenir un nouveau permis en dedans de deux ans.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 11 est
adopté. Article 12?
M. Côté (Charlesbourg): "Le requérant d'un
permis de camionnage doit établir qu'il possède les aptitudes
requises pour exploiter ce permis en fournissant à la commission,
à l'aide de la formule de demande prescrite par celle-ci, les
renseignements et les documents suivants:". C'est le test d'aptitudes.
Premièrement...
M. Garon: Y a-t-il moyen de le lire au complet?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Pour ensuite procéder par...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. On reviendra par la
suite, par éléments.
M. Garon: D'accord. Cela ira plus vite.
M. Côté (Charlesbourg): "1° son nom et celui de
son fondé de pouvoir, s'il y a lieu, l'adresse de son domicile ou de son
siège social et, s'il y a lieu, l'adresse de son établissement au
Québec ou celle de son fondé de pouvoir; "2° s'il s'agit
d'une personne morale, son acte constitutif, la liste de ses administrateurs et
officiers, une copie de l'acte autorisant la présentation de la demande,
ainsi que les nom et adresse de toute autre personne morale qui lui est
affiliée. "3° les nom et adresse de son représentant
autorisé; "4° une copie de tout permis, dont il est titulaire,
l'autorisant à fournir un service rémunéré de
camionnage; "5° une description des services fournis au moment de la
demande, autrement qu'en vertu du permis visé au paragraphe 4°,
ainsi que le nombre et le type de véhicules routiers dont il dispose
pour ce faire, à titre de propriétaire ou locataire; "6" une
déclaration de toute faillite du requérant ou de l'un de ses
administrateurs ou officiers en cours ou survenue dans les cinq années
précédant la demande, à laquelle doit être jointe
une copie du jugement de libération, s'il en est; "T une description de
l'expérience acquise en matière de camionnage ou dans un secteur
connexe; "8° une attestation d'assurance couvrant tous les dommages
matériels, y compris ceux que pourraient subir les biens
transportés accompagnés d'un engagement de l'assureur à
aviser la commission en cas d'annulation, de non-renouvellement ou de
réduction de la couverture ou un certificat délivré par un
assureur attestant que le requérant est assurable en regard de tels
dommages; "9° une description complète des services proposés,
notamment les territoires qui seront desservis, les biens qui seront
transportés de même que le nombre et le type de véhicules
qui seront utilisés; "10° tout autre renseignement ou document
destiné à établir son aptitude et prescrit par
règlement du gouvernement.
De plus, la Régie de l'assurance automobile du Québec doit
avoir attesté auprès de la commission que le requérant:
1° n'est pas sous l'effet d'une pénalité non acquittée
au sens du chapitre V du titre VIII. 1 du Code de la sécurité
routière, édicté par la Loi modifiant le Code de la
sécurité routière et la Loi sur l'assurance automobile;
2° a été informé des règles contenues dans ce
titre, des règlements qui y sont visés et, le cas
échéant, des règles relatives au transport des
matières dangereuses. Les renseignements et les documents fournis par le
requérant en vertu du présent article sont publics."
Le Président (M. Saint-Roch): Nous revenons au premier
paragraphe.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des amendements ou bien si...
M. Côté (Charlesbourg): C'est tout simplement,
qu'après le deuxième alinéa, au point 1, on a parlé
de la Loi modifiant le Code de la sécurité routière et de
la Loi sur l'assurance automobile, vous vous souviendrez que, vendredi dernier,
on a amendé le titre de la loi. Il faut le rendre conforme.
Le Président (M. Saint-Roch): Cette modification est au
paragraphe 1.
M. Garon: Je voudrais lire les notes explicatives parce qu'on les
a eues juste avant le début des travaux de la commission. Cela ne sera
pas long.
M. Côté (Charlesbourg): Je peux lire les notes
explicatives, si vous voulez.
M. Garon: D'accord, oui. C'est aussi bien. (21 heures)
M. Côté {Charlesbourg): Cet article s'inspire
largement d'un texte du comité permanent sur les transports routiers du
Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé, le CCATM. Il
prévoit que le requérant d'un permis de camionnage devra se
soumettre à un test d'aptitudes. Ce test, qui sera administré par
la commission, porte principalement sur l'identification du demandeur, sa
capacité d'offrir des services de camionnage adéquats et la
description des services qu'il se propose d'offrir. La Régie de
l'assurance automobile du Québec devra, pour sa part, attester
auprès de la commission que le requérant a une connaissance
suffisante des règles de sécurité routière, y
compris celles concernant le transport des matières dangereuses
et que son comportement antérieur, à cet égard, est
irréprochache. Le tout, selon les prescriptions de la Loi mofifiant le
Code de la sécurité routière et la Loi sur l'assurance
automobile. C'est donc le projet de loi 73 dont nous avons adopté les
articles, la semaine dernière.
On permettra ainsi à la commission de s'appuyer sur l'expertise
de la régie en ce qui a trait au profil routier du requérant et
à son degré de sensibilisation aux règles de
sécurité routière. Cette approche a l'avantage
d'assujettir les entreprises de camionnage public aux mêmes règles
que les entreprises de camionnage privé. Elle permet également
d'Informer tant les entreprises de camionnage extra-provincial que local des
règles de sécurité et des conséquences de les
transgresser.
Afin qu'un éventuel opposant puisse prendre connaissance des
diverses informations à caractère nominatif obtenues par la
commission en application de cet article, son dernier paragraphe déclare
publics les renseignements et documents fournis par le requérant.
M. Garon: Nous commençons après...
Le Président (M. Saint-Roch): Nous en sommes maintenant au
paragraphe 1°.
M. Garon: On va passer les articles un par un.
Le Président (M. Saint-Roch): Si c'est votre choix.
M. Garon: Cela va aller plus vite. D'accord. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 1° est
adopté. Paragraphe 2°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Paragraphe 3°?
Adopté?
M. Garon: Attendez un peu. Pourquoi demandez-vous les nom et
adresse de "toute personne morale qui lui est affiliée"?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Au paragraphe 3°,
ce sont "les nom et adresse de son représentant autorisé".
M. Garon: Non, on est au paragraphe 2°?
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Je pensais que le
paragraphe 2° était adopté.
M. Garon: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Excusez-moi. Est-ce que le
député de Lévis pourrait répéter sa
question?
M. Garon: "Les nom et adresse de toute personne morale qui lui
est affiliée". Toutes les compagnies...
M. Côté (Charlesbourg): C'est finalement pour
éviter que quelqu'un puisse se cacher derrière le voile
corporatif.
M. Garon: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Paragraphe
3°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Paragraphe
4°?
M. Garon: L'expérience, là... Quand un permis est
accordé à toute compagnie ou titulaire autorisé à
fournir un service rémunéré de camionnage, y a-t-il des
compagnies qui ont plus de permis ou qui ont un grand nombre de permis?
M. Côté (Charlesbourg): Dans l'état actuel de
ce projet de loi, à partir du moment où il sera en vigueur, les
transporteurs n'auront droit qu'à un seul permis. Dans ce cas, quand on
parle de "tout permis", cela pourrait être un permis de l'Ontario, un
permis du Nouveau-Brunswick ou d'autres provinces.
M. Garon: Ah oui? Je pensais que c'étaient des permis de
marchandises et que les gens pouvaient avoir plusieurs permis pour des
marchandises différentes. Quand vous parlez des catégories de
permis...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Effectivement, cela peut être les deux cas. Cela
peut être un permis du Québec qu'il détient
déjà l'autorisant à transporter certaines marchandises
particulières. À ce moment-là, sa demande de permis pour
d'autres marchandises constituera une demande de modification du permis
existant pour lequel il lui faudra remettre son permis à la commission
qui lui en délivrera un nouveau.
M. Garon: II y a un seul permis avec plusieurs conditions...
M. Drolet: Cela pourrait être un seul permis.
M. Garon: ...plusieurs catégories ou plusieurs
territoires, mais il n'y aurait pas plusieurs permis.
M. Côté (Charlesbourg): De ce que je peux
comprendre, il y aurait au Québec un seul permis.
M. Drolet: Mais l'information demandée au paragraphe 4
couvre autant les permis qu'il détient à l'extérieur du
Québec si c'est un transporteur de l'Ontario ou des États-Unis.
Ce qui va permettre quand même à la commission de connaître
quels services il est autorisé à fournir à partir d'une
autre province ou des États-Unis.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions au paragraphe 4°?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Paragraphe
5°.
M. Garon: Description des services fournis au moment de la
demande, autrement qu'en vertu du permis utilisé au paragraphe 4°.
Cela comprend quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Compte propre. Sears, par
exemple, a sa propre flotte. C'est du transport qui pourrait être
exempté.
M. Garon: Exempté en vertu de quoi?
M. Côté (Charlesbourg): En vertu de l'article 1
qu'on a adopté précédemment.
M. Garon: Ah oui, qui n'est pas couvert par la loi.
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Paragraphe 6?
Y a-t-il des interventions?
M. Côté (Charlesbourg): Le paragraphe 6° vise la
solvabilité.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Le paragraphe
7°.
M. Côté (Charlesbourg): Cela vise
l'expérience du transporteur, de celui qui est requérant.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Le paragraphe
8°?
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'attestation
d'assurance dont on a augmenté finalement de 50 000 $ à 1 000 000
$. Il y a 2 000 000 $ pour le transport de matières dangereuses.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Paragraphe
9°?
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, c'est le
territoire qu'il veut desservir plus les matières qu'il veut
transporter, donc l'objet du permis.
M. Garon: "...les biens transportés de même que le
nombre et le type de véhicules qui seront utilisés". Pourquoi
demandez-vous le nombre et le type de véhicules qui seront
utlisés?
M. Côté (Charlesbourg): C'est important. Finalement,
si vous dites: On va donner le service de la MRC de Desjardins à
Montréal et qu'on veut faire cela avec un camion, cela va donner une
idée de l'ampleur du service qu'ils vont donner. Si, en fin de compte,
c'est 10, 20 ou 100 camions, ce n'est pas pareil.
M. Garon: Est-ce qu'il va devoir toujours garder le nombre de
véhicules à date ou bien...
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que,
là où il devra le faire, c'est à l'égard du Code de
la sécurité par la vérification mécanique, la
vérification du véhicule avant départ, etc., pour la table
de points d'inaptitude du transporteur.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des
interventions?
M. Garon: Comment sont décrits les services
proposés?
M. Côté (Charlesbourg): Les services
proposés, cela...?
M. Garon: Comment sont-ils décrits? À quoi vous
attendez-vous comme description?
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. C'est dans la
formule de la commission, où il y aura un certain nombre de questions
auxquelles il faudra répondre, le plus simplement du monde possible. On
sait que des formules, c'est toujours compliqué. Le plus simplement
possible sur le service qui sera donné de Lévis à
Montréal...
M. Garon: Oui, mais c'est tout cela. Vous avez dit que des
territoires seraient desservis.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, des territoires.
Ce sera le territoire de la MRC; dans le cas de Lévis, c'est
Desjardins.
M. Garon: Je ne comprends pas les services proposés parce
que... Ah bon, c'est notamment... Oui. Cela veut dire que, normalement, vous
allez couvrir tel territoire pour tel type de biens.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. M.
Rémillard (Louis): M. le député... Le
Président (M. Saint-Roch): Bonsoir, M. le
président, on vous cède la parole.
M. Rémillard (Louis): Merci. Dans la formule que nous
entendons proposer au requérant, nous allons, dans la mesure du
possible, tenter de faciliter cette description-là. Je dois d'abord dire
que la formule s'inspire de celle de l'Ontario; on essaie d'avoir des formules
à peu près identiques. Elles s'inspirent aussi des dispositions
du règlement fédéral parce que le règlement
fédéral a certains impératifs, notamment au plan de
l'assurance et de la sécurité. (21 h 15)
Lorsqu'on arrivera à la description des services, notamment les
territoires, on proposera à celui qui la remplira de nous indiquer, soit
que c'est toute la province de Québec, soit que c'est une MRC en
particulier, une communauté urbaine, le territoire au nord d'un
parallèle donné, je présume que c'est le territoire de la
Baie James. Il y a une autre description territoriale qui m'échappe
maintenant.
On va indiquer sur la formule un choix au requérant et, à
l'endos, on va indiquer que telle MRC correspond à tel numéro et
ainsi de suite. Alors, il l'écrira avec des numéros, et, toujours
pour compléter la description du territoire, il pourra dire à
l'intérieur, ou de, à ou tel tel tel territoire, ainsi de suite.
C'est la même chose pour les biens; il y a un code qui va identifier par
deux chiffres une série de produits, de manière qu'il indique ce
qu'il a l'intention de transporter, les véhicules et le nombre de la
même manière. On va lui faciliter les choses de cette
manière-là.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 9 est
adopté. J'appelle le paragraphe 10.
M. Garon: Qu'est-ce que le gouvernement par règlement
pourrait demander d'autre?
M. Rémillard (Louis): Je ne veux pas intervenir tout le
temps, mais, vous savez, quand on donne la parole à un avocat, c'est
parti.
On pourrait concevoir, à la limite, que le gouvernement du
Quéfbec juge à propos d'obliger les requérants à
fournir soit des affidavits ou ce qu'on appelle en anglais des "support
documents", c'est-à-dire des documents émanant de
requérants de service attestant que celui qui veut faire le transport
est compétent, qu'ils en ont besoin, et ainsi de suite. C'est un peu des
documents de support.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous passons
maintenant au premier sous-paragraphe de 10 et nous avons un papillon.
M. Côté (Charlesbourg): "Remplacer, dans le
paragraphe 1° du deuxième alinéa de l'article 12 du projet de
loi les mots "Loi modifiant le Code de la sécurité
routière et la Loi sur l'assurance automobile" par les mots "Loi
modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres
dispositions législatives*.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté. Est-ce que le premier paragraphe est adopté tel
qu'amendé?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Garon:
Attendez un peu.Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle le
deuxième paragraphe du paragraphe 10°.
M. Garon: Vous dites que le requérant à la
régie doit avoir attesté, auprès de la commission, qu'il a
été informé. Qu'est-ce que cela peut bien faire que la
régie vienne attester que quelqu'un a été informé
des règles contenues en ce titre? Pour quel titre? Je voudrais savoir
quel titre. "...des règlements qui y sont visés et, le cas
échéant, des règles relatives au transport de
matières dangereuses".
M. Côté (Charlesbourg): Dans un premier temps, vous
vous souviendrez qu'en 1973 on a adopté toutes les mesures du Code
canadien de la sécurité. C'est la matière grise du test
d'aptitudes. Alors, on dit ici que l'individu a été
informé des règles contenues dans ce titre, le titre VIII, qui
fait que ce sont ces règles dont il doit être informé.
Quand on parle du test d'aptitudes, dans les tableaux qu'on a
distribués, c'est 20 points particuliers au niveau du Code canadien
quant à l'information de l'individu qui entreprend ou qui poursuit une
carrière. Ce sont ces normes qui ont été
distribuées.
M. Garon: II n'est pas supposé les connaître?
Pourquoi...
M. Côté (Charlesbourg): Un individu pourrait se
retrouver, dans la situation actuelle, faire du transport et ne pas les
connaître. On a réfléchi tout haut et on s'est dit: Si on
veut prendre les mesures de sécurité par la loi 73 et faire en
sorte que ce ne soient pas les citoyens qui circulent sur les routes du
Québec qui soient un peu les victimes de la
déréglementation, il faut informer ceux qui, demain, vont
devenir, en vertu de la nouvelle loi, des transporteurs dans tout le
Québec. Il faut les informer des obligations qu'ils ont et en
particulier des obligations relatives à la sécurité
routière et, en particulier en ce qui a trait au Code canadien de la
sécurité. C'est extrêmement important. Il y a aussi le fait
qu'un transporteur, dorénavant, aura des
points d'inaptitude et qu'il y a des conséquences au bout de la
ligne. Comme il y a des nouveautés puisque la table de points
d'inaptitude pour un transporteur c'est 9, c'est nouveau à ce
moment-là et les gens seront bien conscientisés dans quoi ils
s'embarquent. Personne ne pourra éventuellement plaider l'ignorance.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Cela fait curieux, c'est parce que le requérant
doit avoir été informé par la régie du droit, des
règles de droit qu'il vise. Cela fait drôle. C'est un pauvre
diable et il est censé connaître tout le droit qui s'applique
à lui. Les transporteurs qui vont avoir 50 camions ou 100 camions
vont...
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas un test de
connaissances, c'est un test de sensibilisation. Si c'était un test de
connaissances, ce serait sanctionné par un examen comme celui qui est
titulaire d'un permis de conduire. À ce moment-là, c'est l'examen
qui fait que tu tasses la rampe ou pas. Mais cela, ce n'est pas un test de
sensibilisation c'est un test de connaissances par un examen. Alors, dans ce
cas-ci, les normes contenues à l'intérieur de C-19 et des
règlements, c'est un test d'aptitudes auquel il faut sensibiliser les
gens.
Évidemment, lorsqu'on en a discuté à plusieurs
reprises, on s'est dit: II faut faire tout ce que la régie peut faire
pour former des gens. Au-delà de cela, on dit: Le moyen qu'on
connaît en ce qui a trait au permis de conduire, c'est de passer
l'examen, on ne peut pas s'embarquer dans un exercice comme celui-là.
Avec le code on a dit: Parfait, on va mettre davantage d'accent sur la
formation, sur l'éducation des gens et on a déjà le
concours assuré des associations de transporteurs comme l'ACQ et
d'autres personnes, d'autres organismes qui vont nous aider à former
l'individu et les sensibiliser à leurs responsabilités.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: La régie peut-elle attester auprès de la
commission que le requérant était informé?
M. Côté (Charlesbourg): Par la séance de
formation, par la séance de sensibilisation, où les gens vont
être convoqués à une rencontre où vous allez dire:
Voici maintenant vos obligations et la commission pourra attester avoir
rencontré l'individu qui est le requérant.
M. Garon: Ce n'est pas très contraignant.
M. Côté (Charlesbourg): Sauf qu'autrement on est
obligés d'embarquer dans une règle où on doit passer des
examens, mais je pense que la démonstration est faite, aujourd'hui, dans
le cas des permis de conduire. On n'apprend pas le Code de la
sécurité routière, oh apprend des réponses à
certaines questions qui pourraient être posées à l'examen.
Alors, on n'a pas une connaissance globale du Code de la sécurité
routière pour ce que le Code de la sécurité
routière contient, mais davantage orienté vers des questions qui,
éventuellement, pourraient être posées.
M. Garon: Ah, oui! Mais, à ce moment-là, vous
pourriez dire la même chose pour tous les étudiants qui passent
des examens qu'ils s'orientent en fonction des questions qui peuvent leur
être posées.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. M. Garon:
Cela ne veut rien dire.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est davantage en
fonction de la connaissance de la matière, mais c'est un autre
débat dont on aura peut-être l'occasion de se parler lorsqu'on
abordera les cours de conduite automobile. Il y a peut-être quelques
petits problèmes, là. Finalement, l'examen est sur la route.
C'est M. Drolet qui m'a fait part de cela et il a définitivement raison.
L'examen qui est à passer, c'est sur la route. Tu ne pourras pas, sur la
route, plaider l'ignorance et c'est pour cela qu'on dit: Parfait! Sensibilisons
l'individu qui va devenir transporteur demain à ses obligations en
faisant ce qu'on n'a jamais fait, une séance de formation et
d'information de l'individu, avant même qu'il prenne la route. Quand il
sera sur la route, bien sûr, il aura à respecter le code, comme
chauffeur et, comme transporteur, certaines mesures du code. Cela nous
apparaît très clair.
M. Garon: Oui, mais ce n'est pas très contraignant. Entre
vous et moi, c'est...
M. Côté (Charlesbourg): Cela va l'être dans
l'exercice. C'est l'exercice, avec les points d'inaptitude, qui vont faire en
sorte que l'individu qui n'aurait pas pris au sérieux...
M. Garon: Voyez-vous, quelqu'un qui veut conduire une automobile,
on lui fait passer des tests, on lui fait passer des examens, et tout cela.
Là, c'est une compagnie qui vient passer un test d'aptitude. Tout ce
qu'elle donne, c'est son nom, son siège social. Elle donne des adresses,
elle donne...
M. Côté (Charlesbourg): Des assurances.
M. Garon: ...des permis, une assurance...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais...
M. Garon: ...mais elle n'est pas obligée de
savoir comment cela fonctionne.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Un instant!
M. Garon: C'est ce que vous nous avez dit. Elle devait savoir
comment cela fonctionne, mais on voit que c'est seulement qu'il faut l'avoir
informée.
M. Côté (Charlesbourg): II faut distinguer deux
choses. Il faut faire la distinction entre celui qui va conduire le camion, qui
a déjà passé au préalable des tests comme
chauffeur, premièrement... Deuxièmement, demain matin, vous
seriez la personne qui demande un permis pour votre compagnie, pour 1200
camions, vous ne conduirez pas les 1200 camions, vous n'en conduirez pas un.
C'est le conducteur qui va être sur la route.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Quant à lui, le
conducteur aura des obligations...
M. Garon: II y a les obligations du transporteur.
M. Côté (Charlesbourg): Le transporteur a des
obligations et c'est pour cela que, dans cette période de
sensibilisation, il y a ces mesures très claires qui sont
expliquées à l'individu. C'est au-delà de ce qu'on fait
actuellement. Actuellement, un individu peut aller à la Commission de
transport du Québec, demander un permis et ne pas connaître un
traître pouce de ce qu'est le Code de la sécurité
routière. Il est transporteur demain matin et on ne fait pas de
formation. Dans ce cas-ci, on fait de la formation. On sensibilise l'individu
à ses responsabilités. Demain, à partir du moment
où quelqu'un qui a un permis de conduire conduira pour lui son
véhicule qui devrait être en bonne condition, et mettez-en...
C'est aller plus loin que ce qu'on connaît maintenant et c'est dans
l'esprit de C-19 aussi, il ne faut pas l'oublier.
M. Garon: C'est à quel article, C-19?
M. Côté (Charlesbourg): C'est dans les
règlements, C-19. Ils ont d'ailleurs été modifiés,
dans certains cas, la semaine dernière, lors de la visite à
Québec, pour inclure le deuxième élément.
M. Garon: Moi, je suis un camionneur qui demande ces permis. Il
va falloir que je passe des examens. Je ne serai pas juste informé et,
ensuite, on me donnera mon permis. Quand c'est le transporteur qui a besoin
d'un permis de camionnage, il n'a plus besoin de passer des examens.
M. Côté (Charlesbourg): Le transporteur, en fin de
compte, peut être une personne qui n'ira jamais sur la route.
M. Garon: Je comprends cela, mais ce n'est pas pour passer le
permis d'un camionneur, cela; c'est un permis de camionnage.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un permis de
camionnage et...
M. Garon: Pour l'informer de toutes sortes de règles.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. Les
règles sont dans le Code de la sécurité routière
et, à ce moment-là, il doit les respecter. Elles sont ici, le
code...
M. Garon: Et vous ne l'obligez pas à passer d'examen, pour
voir s'il les connaît?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Qu'est-ce que c'est, le test d'aptitude, à ce
moment-là? Sur quoi porte le test d'aptitude?
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: II n'y a plus aucun contenu au test d'aptitude,
à ce moment-là.
M. Côté (Charlesbourg): II y a le contenu de la
connaissance et de la sensibilisation des éléments qui sont
là, de l'assurance...
M. Garon: Où sont-ils?
M. Côté (Charlesbourg): ...d'aujourd'hui.
M. Garon: La connaissance des éléments qui sont
là. Vous ne lui demandez rien de cela. Vous lui demandez son nom, son
adresse et le nom de son représentant.
M. Côté (Charlesbourg): Un instant! Il ne faut pas
se méprendre. C'est à l'intérieur de la loi 73 qu'on a
adoptée. Vous vous souvenez que, quand on a adopté l'article
519.1, si je ne m'abuse, jusqu'à 519.62 - 62 articles, est-ce que c'est
cela? C'est cela, 62 articles - on les a adoptés ensemble, la semaine
dernière. C'est le code canadien de la sécurité.
M. Garon: Est-ce qu'il avait un examen à passer
là-dessus ou s'il était juste informé?
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas d'examen. Cela
fait partie du Code de la sécurité routière. L'individu
qui demande un permis devant la commission doit passer un test d'aptitude et le
test d'aptitude demande les noms...
M. Garon: C'est un euphémisme, on lui
demande son nom.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas seulement...
M. Garon: C'est une grande aptitude, donner son nom.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas seulement le nom.
Écoutez!
M. Garon: Quoi? En quoi est-ce un test de... Je comprends
qu'"aptitude", cela veut dire "capacité", être apte.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Un test...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, mais...
M. Garon: ...c'est pour montrer qu'on est apte.
M. Côté (Charlesbourg): ...on vient de...
M. Garon: Qu'est-ce qu'il a à déclarer
là-dedans pour montrer qu'il est apte?
M. Côté (Charlesbourg): On vient de les passer, il y
en a dix: solvabilité, assurances...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, écoutez, 1
000 000 $ demain matin, il faut que quelqu'un paie cela, 1 000 000 $
d'assurances ou 2 000 000 $ pour matières dangereuses. Là, on en
arrive à l'élément du Code canadien de la
sécurité où il doit y avoir une connaissance de ce
code.
(21 h 30)
M. Garon: Pour être apte, il faut avoir l'argent pour
payer.
M. Côté (Charlesbourg): Non, plus que cela parce que
finalement...
M. Garon: Ce n'est pas un test d'aptitude, c'est un
euphémisme un test d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Non. En fin de compte, il y
a un élément qui dit que l'on ne doit pas avoir une
déclaration de faillite du requérant ou de l'un des
administrateurs ou officiers, au cours des cinq dernières années.
Le véritable test d'aptitude sera sur la route avec la table de points
d'inaptitude qui est sentencée par des amendes assez importantes.
M. Garon: Des gens nous ont bien dit, à midi, que juste
informer ce n'était pas assez. Il faut mentionner cela.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que les
voituriers - c'est le message que j'ai compris à tout le moins -
c'était, pour eux, d'être davantage supportés dans la
conversion d'un voiturier artisan à un voiturier entrepreneur ou c'est
de passer de ce qui est artisanal à devenir un entrepreneur, donc un
gestionnaire. C'est davantage dans ce sens-là qu'ils ont demandé
d'être... Ne vous en faites pas, les voituriers les connaissent les
règles du Code de la sécurité routière. Ils les
connaissent pas mal parce qu'ils les vivent tous les jours. Ce n'est pas
là-dessus qu'ils ont demandé de l'aide, ce matin. Ils disent: On
a toujours été habitués d'avoir le volant dans les mains,
la transmission, puis de faire des heures. Il y a de l'argent qui rentre dans
le compte de banque, puis il y a de l'argent qui en sort. On dit: On devient
maintenant entrepreneur. Ce que l'on veut, c'est de l'appui pour être
capables de devenir entrepreneurs en termes d'encadrement. C'est davantage le
message que j'ai compris ce matin. Le ministère des Transports va leur
apporter un appui assez exceptionnel dans cette démarche.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Garon: Pourquoi appelez-vous cela des...? C'est de
l'impropriété de termes quand on dit: "possède les
aptitudes requises pour exploiter ce permis". C'est plutôt: remplit les
conditions requises pour exploiter ce permis, parce que ce n'est pas un test
d'aptitude. Les mots veulent dire quelque chose en français. Vous dites:
"possède les aptitudes requises."
Le Président (M. Saint-Roch): C'est au premier
alinéa de l'article 12.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): L'article 9.2 du
gouvernement fédéral: "Les critères d'aptitudes du
demandeur visés à l'alinéa 1 doivent comprendre les
éléments relatifs à la sécurité ou
assurance. Ils peuvent comprendre les éléments relatifs au
cautionnement ou à toute autre exigence concernant l'aptitude du
demandeur à être un titulaire de licence."
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Je n'ai jamais vu cela jusqu'à maintenant. "De
plus, la Régie de l'assurance automobile du Québec doit avoir
attesté auprès de la commission que le requérant a
été informé des règles contenues dans ce titre, des
règlements qui y sont visés et, le cas échéant, des
règles relatives au transport de matières dangereuses." Il est
informé de cela. Comment allez-vous faire pour satisfaire...?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
qu'à ce moment-ci, la régie n'aura pas à juger si elle est
satisfaite de la connaissance...
M. Garon: Non.
M. Côté (Charlesbourg): ...du transporteur.
M. Garon: Cela aurait été l'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Ce n'est pas
l'objectif du projet de loi C-19.
M. Garon: L'aptitude à passer l'examen.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. La régie
aura à dire: Oui effectivement un individu X requérant de permis
qui s'est présenté à la Régie de l'assurance
automobile...
M. Garon: Puis il a pris le papier.
M. Côté (Charlesbourg): II n'a pas seulement pris le
papier, parce que l'on veut aller définitivement plus loin que cela. Il
a reçu la formation ou l'information à telle date, telle heure,
pendant tant de temps sur le Code canadien de la sécurité
routière et les éléments qui le concernent. À
partir de cela, c'est fait.
M. Garon: Oui, mais on est plus exigeant que cela pour n'importe
quel citoyen. S! vous achetez une carabine pour aller à la chasse, on
vous donne un cours et on vous fait passer des examens. Ils ne sont
peut-être pas compliqués, mais on vous fait passer des examens
pour voir si vous êtes apte; vous savez, votre permis de chasse, il y a
une petite perdrix dessus. Il faut passer un examen pour le maniement des armes
à feu pour prouver qu'on est capable... Cela ne veut pas dire que celui
qui passe les examens est capable beaucoup, mais, en tout cas, il tire. Il a un
petit permis pour avoir le droit de chasser. C'est un test d'aptitudes pas
très fort sur le maniement des armes à feu. C'est bien fait,
regardez bien, c'est bon. C'est écrit: "Cette carte constitue la preuve
que vous avez réussi un cours de sécurité dans le
maniement des armes à feu. Elle n'est pas un permis, mais elle autorise
son titulaire à obtenir le permis de chasse désiré. Nous
suggérons fortement que le porteur..." etc. La carte est la
propriété du ministère à part cela. Donc, un test
d'aptitudes a été passé parce que quelqu'un qui a suivi un
cours a passé un examen pour montrer qu'il était capable de
manier une arme à feu sans se tirer ou tirer sur ses voisins.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que le
député de Lévis a choisi le bon terme: passer un
examen.
M. Garon: Un test d'aptitude, habituellement...
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, quand on
regarde l'article 9.2, il n'est pas question d'un examen, mais il est question,
dans les critères d'aptitude, d'une connaissance de ce à quoi les
gens devront se conformer. Il y aura une séance de formation de la part
du demandeur, donnée par la Régie de l'assurance automobile, pour
être capable de certifier que les gens ont reçu effectivement la
formation et l'information les visant et qu'ils doivent transmettre à
chacun de leurs chauffeurs ou à chacune des personnes visées par
le transport.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Le deuxième
paragraphe est adopté sur division. Est-ce que l'ensemble...
M. Garon: II en reste un autre. Une voix: Le
troisième alinéa.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté sur
division?
M. Garon: Sur division. On est rendu au suivant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis veut entendre les commentaires sur le dernier alinéa qui
est le suivant: "Les renseignements et les documents fournis par le
requérant, en vertu du présent article, sont publics."
M. Côté (Charlesbourg): C'est public.
M. Garon: Cela veut dire que la Loi sur l'accès à
l'information ne les couvre pas. Donc, on peut aller les... Est-ce que c'est
cela?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont des documents qui
peuvent être publics. Demain matin, dans la mesure où quelqu'un
veut s'opposer, il faut au moins qu'il ait accès à un minimum de
documents pour être capable de s'opposer. C'est un peu dans ce sens.
M. Garon: Est-ce que cela veut dire qu'ils ne sont pas couverts
par la loi sur l'accès à l'information et que toute personne
peut, en demandant une copie, les connaître et être au courant des
renseignements et des documents fournis par le requérant, en
vertu du présent article?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. Cela mène
directement à un test d'intérêt public, par la suite. Et,
dans la mesure où il y a le test d'intérêt public, cela
doit être...
M. Garon: Je ne le sais plus. Les mots n'ont pas l'air de dire
vraiment ce qu'ils disent. Une séance d'information devient un test
d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas uniquement
la séance d'information qui devient un test d'aptitude. C'est une
série d'autres mesures sur la solvabilité, sur
l'assurabilité. C'est l'ensemble, finalement, qui répond à
la condition d'aptitude.
M. Garon: Si c'est un camionneur qui veut avoir son permis de
camionneur, il va falloir qu'il montre qu'il sait conduire un camion. Il va
falloir qu'il montre qu'il connaît les règles. Il n'y aura pas
seulement une séance d'information pour l'informer et, ensuite, on va
lui dire: On considère que vous êtes Informé, c'est
parfait, vous pouvez partir, allez-y avec votre camion.
M. Côté (Charlesbourg): Sauf qu'il y a une
différence entre...
M. Garon: II aura un test d'apitude à passer, et un vrai.
Tandis que le patron n'aura pas besoin d'en passer, il aura juste besoin
d'être informé.
M. Côté (Charlesbourg): II y a quand même une
distinction très nette entre celui qui conduit et celui qui demande un
permis pour une compagnie et qui ne conduira peut-être jamais.
M. Garon: II serait peut-être bon qu'il connaisse ses
devoirs.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il va
véritablement les connaître par... Actuellement, ce n'est
même pas fait. Actuellement, un Individu peut avoir un permis de
transporteur et ne rien connaître de ces obligations-là.
M. Garon: Sauf qu'auparavant, pour l'obtenir, c'était
assez compliqué, il fallait qu'il connaisse quelque chose pour l'avoir.
Tandis que là, il va pouvoir l'avoir sans rien connaître ou
à peu près. Les exigences...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: ...seront à peu près nulles.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
l'individu qui ne sera pas passé par la Régie de l'assurance
automobile pour le test d'aptitude, donc pour les connaissances de
sensibilisation des normes minimales du Code canadien de sécurité
et des règles, les exigences du Code de la sécurité
routière, s'il n'a pas passé là, il ne passera pas. Il va
falloir qu'il passe là.
M. Garon: Passé quoi?
M. Côté (Charlesbourg): ...qu'il passe à la
régie pour être informé de ses devoirs, de ses
obligations.
M. Garon: Une séance d'information.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'il faut comprendre de
tout cela, c'est dans la pratique, à partir du moment où les
camions vont rouler sur la route, que le transporteur va subir le test
quotidiennement, chaque demi-heure, chaque heure, chaque minute, sur la
route.
M. Garon: Le camionneur.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais le camionneur qui
le fait pour un transporteur. Et le camionneur, lui, a passé les tests
du Code de la sécurité routière, l'examen dont on parle.
Est-ce que, pour autant, test signifie examen?
M. Garon: Oui, mais est-ce que le transporteur a passé un
examen pour connaître toutes ses obligations par rapport à ses
camionneurs, par rapport à toutes les règles dont vous avez
parlé? Il n'aura passé aucun examen là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Non, parce qu'il n'est pas
conducteur.
M. Garon: II est au-dessus de cela. Il n'est pas normal que tous
les employés devront être qualifiés, mais que le patron
aura un fondé de pouvoir ou il aura... On a dit: "La liste des
administrateurs et officiers, son représentant autorisé, son
fondé de pouvoirs, s'il est ailleurs..." Mais il n'aura rien à
passer, lui. À ce moment-là, toutes les obligations reposent sur
le petit, mais celui qui est en charge du petit n'a aucun examen à
passer.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas... Cela
dépend un peu comment on voit cela. Dans mon livre...
M. Garon: Les gens nous disaient aujourd'hui qu'ils craignaient
justement que les gens ne soient pas au courant de leurs
responsabilités.
M. Côté (Charlesbourg): Ah oui, mais cela l'est;
c'est le cas actuellement pour certains transporteurs qui n'ont même pas
l'obligation de connaître le Code de la sécurité
routière. Alors que, dans ce cas-ci, on franchit un pas en obligeant les
gens à venir se former et ce ne sera pas de la petite bière.
J'invite le député pour qu'on aille ensemble passer le premier
test d'aptitude.
M. Garon: Bien, je ne pourrais pas le passer parce qu'il va
falloir que je donne un indice d'assurance ou des choses comme cela. Sauf que
si j'avais à remplir... Voyez-vous, l'article 1, si je remplis les
formules, je suis capable de donner
mon nom.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais le
député de Lévis...
M. Garon: Je pourrais vous donner aussi l'adresse de mon
domicile, de mon siège social et l'adresse de mon établissement
au Québec. Si je suis une personne morale, je n'ai qu'à dire mon
acte constitutif, ce n'est pas bien compliqué.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Le
député de Lévis charrie là.
M. Garon: Non, non, je lis les articles qu'il y a là, je
suis capable de remplir tout cela.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais je parlais du
code; je parlais d'aller ensemble à la régie pour voir comment va
se dérouler la formation qui sera donnée aux gens qui vont
demander un permis demain matin; je suis prêt... On verra cela ensemble.
On va aller se mêler à une "gang" de gars qui vont le demander. On
va voir comment cela se passe. La Régie de l'assurance automobile du
Québec s'est fait un nom à travers tout le Canada pour son
sérieux sur le plan de la sécurité routière, sur la
qualité du travail fait jusqu'à maintenant. Ce ne sera pas
différent dans ce cas-là, puisque c'est elle qui est le porteur
de ballon en ce qui concerne la sécurité routière et quant
aux exigences du Code canadien de la sécurité. On est même
en avance sur plusieurs autres provinces du Canada et même en avant de
l'Ontario - ce qui n'est pas peu dire - qui est partie avant nous, sur tout ce
mécanisme-là. Dieu sait qu'elle a joué un rôle
très important dans l'organisme canadien qui a planifié un
certain nombre de choses.
Quant à moi, au niveau de la régie, les gens m'assurent
que ce travail va nous permettre de faire bien du chemin. D'ailleurs, l'ACQ,
que nous avons entendue ce matin, a bien dit qu'elle était parfaitement
d'accord avec le projet de loi 73. Le projet de loi 73, c'est tout ce qu'il y a
là, pour 62 articles à l'intérieur de l'article 519. (21 h
45)
M. Garon: Mais ils ne passent pas d'examen sur les 62
articles.
M. Côté (Charlesbourg): L'examen se fera
quotidiennement sur les routes du Québec, du Canada.
M. Garon: Le camionneur aussi a tout cela quotidiennement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Mais il passe un examen en plus. On veut voir s'il
connaît les règles.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais en sa
qualité de chauffeur.
M. Garon: Oui, en qualité de transporteur, il s'agit
d'être informé par la régie sans passer aucun examen.
M. Côté (Charlesbourg): II passe des examens
relatifs à sa qualité de chauffeur. Il ne passe pas un examen sur
la mécanique. Il passe un examen sur la connaissance du Code de
sécurité routière relatif à son rôle de
chauffeur. C'est très important. C'est son devoir et ses
obligations.
Dans le cas du transporteur, encore une fois, il ne faut pas oublier
qu'il peut ne jamais conduire un camion.
M. Garon: On ne lui pose pas de question sur la mécanique,
mais ils doivent passer un petit test de camionnage.
M. Côté (Charlesbourg): De conduite.
M. Garon: Oui, de conduite justement, mais avec toutes les
vitesses, monter des côtes et tout cela, il va falloir qu'il montre qu'il
sait comment conduire parce qu'il aura .un petit problème.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Un gars peut ne
connaître strictement rien à la mécanique et être
capable de changer la transmission. Aujourd'hui, avec tous les
mécanismes qu'ils ont, c'est sur l'automatisme, les gars sont capables
de conduire cela assez aisément. Il était peut-être bien
illusoire de penser qu'un gars qui conduit comme cela et qui fait 150 000
kilomètres par année ne connaisse pas la mécanique un peu.
Mais il n'y a pas de test pour savoir s'il connaît effectivement la
mécanique. Il y a un test pour savoir s'il est capable de changer, sur
le plan pratique, s'il est capable de reculer et d'avancer et, dans ce
sens-là, il n'y a pas de test sur les connaissances
mécaniques.
M. Garon: Un pilote d'avion ne passe pas de test non plus sur la
mécanique, mais il faut quand même qu'il ait une idée de ce
qui se passe.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, s'il
a des problèmes dans les airs, il ne sortira pas sur l'aile pour aller
réparer le moteur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est un peu la même chose dans un camion. S'il
descend une côte et que les freins manquent...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: ...il ne sortira pas sur l'aile pour se prendre
après les poteaux. C'est aussi dangereux un camion chargé avec 50
000 ou 60 000 livres qui descend une côte.
M. Côté (Charlesbourg): On a été
à l'école tous les deux. Je vous demanderai, M. le
député de Lévis, vous qui avez fait des études
universitaires, vous rappelez-vous un peu les tests que vous avez passés
à l'université?
M. Garon: Certains. Pas tous, mais certains.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes aussi
compétent aujourd'hui que vous l'étiez au moment où vous
avez passé les tests, peut-être encore davantage, mais c'est
à l'usage.
M. Garon: Je ne passerais peut-être pas le test
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: Je ne passerais peut-être pas le test et aucun
d'entre nous ne serait capable de le passer aujourd'hui.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais c'est pour
dire qu'un test, c'est la photographie des connaissances d'un moment...
M. Garon: Un test, c'est pour montrer l'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): La photographie d'un moment,
point.
M. Garon: En passant un test, on passe un test d'aptitude. Mais
une séance d'information ne mesure pas l'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais cela fait prendre
conscience à celui qui va être un transporteur demain, qui va
avoir des responsabilités de transporteur, qu'il a, en tant que
transporteur, des obligations qui, dans la mesure où elles ne sont pas
respectées, seront sanctionnées, à partir des articles
519.1 à 519.62 du Code de la sécurité routière, et
qu'il ne pourra pas, à la suite de cela, plaider l'ignorance. Même
si nul n'est censé ignorer la loi, on s'est dit: On va aller un petit
peu plus loin que cela et on va les former et leur dire: Voici vos obligations,
messieurs. Ce qu'on ne fait pas maintenant
M. Garon: Pourquoi n'avez-vous pas dit, à ce
moment-là: Le requérant d'un permis de camionnage doit
établir qu'il a rempli les conditions requises pour exploiter ce permis
en fournissant... Là, vous avez dit qu'il y avait un test d'aptitudes et
il n'y en a pas. C'est à cela que je m'oppose. C'est utiliser des...
M. Côté (Charlesbourg): Non, je pense que la
distinction entre ce que vous pensez et ce qu'on pense, c'est que, pour vous,
un test doit être nécessairement sanctionné par un
examen.
M. Garon: Un test, c'est... Avez-vous la définition du
dictionnaire?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que cela fait
nécessairement...
M. Garon: Un test, cela veut dire quelque chose. Les mots veulent
dire quelque chose en français.
Une voix: Au fédéral, il n'y en a pas. Il n'y a pas
d'examen.
M. Garon: Le fédéral n'est pas un modèle.
Les trois quarts du temps, le français est mal traduit et
incompréhensible. C'est du créole fédéral. Je suis
à peu près convaincu que, quand ils se relisent en
français, ils ne se comprennent pas et qu'il faut qu'ils aillent voir le
texte anglais pour comprendre.
Avez-vous un dictionnaire? Est-ce qu'on pourrait avoir du
secrétaire la définition de "test" ou "aptitude"? Aptitude...
ça ne parle pas de test, par exemple. Il parle de. capacité
acquise, certificat d'aptitude professionnelle. C'est à peu près
ce qui se rattache le plus à ce qui convient là. Les aptitudes,
la capacité acquise, le certificat d'aptitude professionnelle.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que
nécessairement les capacités acquises doivent être
sanctionnées par un test, c'est-à-dire un examen, comme vous le
souhaitez? Pas sûr.
M. Garon: il parle d'un certificat d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Un certificat peut
être obtenu sans qu'on passe nécessairement un examen.
M. Garon: Le député de Dubuc, qui a
été professeur...
Le Président (M. Saint-Roch): Nous en sommes au dernier
alinéa du paragraphe 10° de l'article 12.
M. Garon: Aptitude intellectuelle, la capacité, les
capacités.
M. Côté (Charlesbourg): Quoi donc?
M. Garon: Possède les capacités requises. En tout
cas... Adopté.
L'autre avant on aurait dû dire "sur division", le
deuxième. "Les renseignements et documents fournis par le
requérant sont publics". Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le dernier alinéa
étant adopté, est-ce que l'ensemble de l'article 12 est
adopté, tel qu'amendé?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 13.
M. Côté (Charlesbourg): "Le requérant d'un
permis de camionnage peut remplacer un renseignement ou document visé au
premier alinéa de l'article 12 par celui que prescrit le gouvernement
par règlement."
On dit, par cet article, qu'il est prévu que le gouvernement
pourra, par règlement, autoriser le requérant d'un permis de
camionnage à fournir en lieu et place d'un renseignement ou document
exigé à l'article 12, une information permettant d'y avoir
accès par un autre moyen administratif. Exemple: croisement de fichiers
informatiques.
M. le Président, Me Drolet va nous illustrer ça d'un
exemple.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Drolet.
M. Drolet: Cela pourrait permettre, par règlement, de
demander au requérant de fournir un numéro du registre des
associations et des entreprises où il sera possible d'obtenir la liste
des administrateurs. Par conséquent, on ne sera pas obligés de
demander la liste des administrateurs d'une entreprise de camionnage. Par un
simple croisement de fichiers informatiques, on pourra obtenir les informations
voulues à condition, cependant, que le requérant nous donne le
numéro de son inscription au registre.
M. Garon: Cela veut dire qu'il faut que le registre soit à
jour.
M. Drolet: II est prévu, je pense, dans le projet de loi
54, que ce registre des associations et des entreprises doit être
régulièrement maintenu à jour.
M. Garon: La loi n'est pas adoptée. M. Drolet: Non
mais ça va venir. M. Garon: La loi est juste
déposée.
M. Drolet: Donc, on prévoit immédiatement qu'il
sera possible de changer les informations...
M. Garon: Je ne pense pas qu'il soit question de ça dans
la loi. Je pense qu'il y a 600 articles dans cette loi, la Loi sur le registre
des entreprises. C'est une grosse loi. On peut renverser un renseignement. Ce
n'est peut-être pas la même chose que fournir un renseignement,
s'il vous donne le droit d'aller le chercher.
M. Drolet: Pardon?
M. Garon: Ce n'est pas la même chose que donner un
renseignement soi-même. Je vous donne l'autorisation d'aller le chercher,
mais si vous allez le chercher...
M. Drolet: À ce moment-là, supposons qu'on parte du
registre des entreprises, il faudra que le requérant fournisse le
numéro. À moins qu'il ne préfère fournir sa liste
d'administrateurs, il fournira cette liste, sauf qu'on lui dira qu'en
fournissant un simple numéro d'enregistrement...
M. Garon: Ces affaires-là ne sont pas toujours à
jour.
M. Drolet: ...il ne sera pas obligé de fournir la liste
des administrateurs. Là, on verra, à la pratique, d'après
les...
M. Garon: On adopte des lois sans arrêt pour faire revivre
des compagnies qui sont disparues pendant douze, treize ou quatorze ans parce
qu'elles ne se sont pas donné la peine de remplir le registre.
M. Drolet: C'est, je pense, l'un des défauts que veut
corriger la Loi sur le registre des entreprises et des associations.
M. Garon: Oui, c'est-à-dire qu'elle veut le corriger... Si
les gens ne fournissent pas les renseignements, elle ne peut pas...
M. Drolet: II n'y a pas une procédure d'épuration
des fichiers dans ce projet de loi?
M. Garon: Oui, sauf que si vous ne donnez pas les renseignements
ou si vous laissez traîner des vieux renseignements, cela ne changera
pas. C'est un peu comme le ministre qui est prudent et qui dit qu'il signe
lui-même les documents. Je ne suis pas contre cela, je fais la même
chose. Mais il y en a d'autres qui ont parfois un petit bras et qui font signer
tout le monde. Après, ils ne savent pas quoi au juste ils ont
signé. Le petit bras ne lit pas les documents, lui. Il fait juste
grafigner une signature. Alors quand on commente ces affaires-là...
Finalement, celui qui remplit une formule... En tout cas, c'est seulement cela
que vous avez en vue. Il n'y a pas autre chose que le registre des
entreprises.
Est-ce que ce sont des recommandations faites par les nouveaux avocats
qui rédigent les lois au ministère de la Justice? Est-ce que ce
sont eux qui recommandent des dispositions comme celle-là?
Une voix: II y en a du ministère, aussi.
M. Garon: Non, non, je sais cela. Mais je sais aussi qu'il y a
des avocats au ministère de la Justice qui recommandent toute sorte de
nouvelles formules, mais il y a beaucoup de ces nouvelles formules que l'usage
du temps n'a pas encore éprouvées.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, il y a un
exemple additionnel d'un transporteur américain.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): À 12.4, "une copie de
tout permis, dont il est titulaire, l'autorisant à fournir un service
rémunéré de camionnage". L'exemple de l'Américain
qui donnerait le numéro de permis et, à partir de cela, il aurait
possibilité d'accéder à de l'information. Alors, c'est une
vérification.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant l'article 13?
M. Garon: Je ne sais pas si le député de
Matapédia pourrait nous éclairer là-dessus?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 13?
M. Garon: Non, mais je ne vois pas trop trop l'utilité de
cela non plus "par celui que prescrit le gouvernement par règlement". Je
trouve que cela déresponsabilise les gens. De fournir des renseignements
soi-même, les signer plutôt que de donner les autorisations de
fouiller dans des papiers...
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, tant au
ministère qu'à la Commission de transports, on nous dit
l'utilité de cet article; ce n'est pas la pratique qu'ont ces gens. Il
ne semble pas y avoir d'abus en ce sens-là. Ce n'est certainement pas la
seule loi qui est comme cela. (22 heures)
M. Garon: II n'y en a pas beaucoup, je n'en connais pas moi.
C'est la première fois que je vois une telle disposition.
M. Côté (Charlesbourg): Finalement, l'objectif de
tout cela c'est, bien sûr, d'aider le requérant. Ce n'est pas pour
nuire à personne, mais davantage faciliter l'accès à
certains documents qui pourraient faciliter l'obtention du permis comme... Dans
un des articles précédents, on a parlé de
solvabilité et qu'il fallait fournir le jugement de libération de
faillite.
M. Garon: ...arguments là. M. Côté
(Charlesbourg): Oui. M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14 et nous avons un amendement.
M. Côté (Charlesbourg): Remplacer le deuxième
alinéa de l'article 14 du projet de loi par le suivant. Toutefois, la
commission doit convoquer une telle audience publique."
M. Garon: Pouvez-vous nous dire quel bout est changé, sans
qu'on les mette un à côté de l'autre?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il
faudra, au moins, le lire et le déposer M. le député.
M. Garon: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Alors: Toutefois, la
commission doit convoquer une telle audience publique lorsque la personne
intéressée qui s'oppose à la délivrance du permis
démontre, à la satisfaction de la commission, que l'exploitation
du permis demandé affectera les services qu'elle fournit à des
usagers, en vertu de son permis, à un point tel que cette exploitation
serait susceptible de nuire à l'intérêt public. Cependant,
la baisse d'achalandage et de revenus que pourrait lui causer l'exploitation du
permis demandé ne doit pas être considérée comme
susceptible de nuire à l'intérêt public."
Alors, en ce qui concerne les choses changées, à la
troisième ligne on parle de "démontre" et dans la dernière
ligne "susceptible de nuire à l'intérêt public". La
modification proposée vise à s'assurer de l'uniformité des
expressions utilisées de manière à éviter des
débats d'interprétation inutiles en regard de ce qui pourrait
être considéré comme "contraire à
l'intérêt public" par rapport à ce que serait "susceptible
de nuire à l'intérêt public". M. le Président, au
lieu de "démontre" c'était "allègue".
M. Garon: Vous marquez "à la satisfaction de la
commission" plutôt "qu'avec motifs à l'appui". C'est pour la
satisfaction de la commission.
M. Côté (Charlesbourg): En harmonisation avec le
texte fédéral. On est passé au comité de
législation là-dessus, le comité de législation a
apprécié notre rédaction qui voulait davantage dire des
choses que celle du fédéral.
M. Garon: Ils aimaient mieux la vôtre. M.
Côté (Charlesbourg): Oui. M. Garon: Et, il l'a
changée.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est-à-dire que
ce n'est pas lui, c'est nous qui l'avons changée et on a
sensibilisé le comité de législation à la
clarté de notre texte par rapport à celui du
fédéral. Effectivement, on a dit: Oui, on va le clarifier et,
dans ce cas-ci, on l'a clarifié.
M. Garon: La preuve, ce n'est pas "à la satisfaction de la
commission". Oui, mais la commission peut se satisfaire de très peu.
Elle peut se satisfaire d'une affirmation, c'est large. Quand on dit: Avec
preuve à l'appui, cela prend des preuves.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, dans ce cas-ci, c'est
écrit: "jugée suffisante par l'office". Alors, l'office dans ce
cas-ci, c'est la commission de transports, dans le texte fédéral
à 83 de la Loi sur les transports.
M. Garon: Oui, jugée suffisante par l'office. Il faut
qu'il y en ait une, tandis que là, la satisfaction de la commission, je
ne suis pas capable de prouver grand-chose.
Une voix: C'est une expression française pour traduire une
preuve prima facie ou une preuve, comme c'est mal traduit ici, jugée
suffisante par l'office. C'est ce que nous recommande les experts en
législation.
M. Garon: Je les connais ces experts, je les ai vus à
l'oeuvre et je vous dirai bien franchement que je n'ai pas toujours
accepté leurs formules qui m'apparaissaient souvent vagues,
générales et pas très précises.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai l'avantage, dans tout
cela, de ne pas être... Le député de Lévis est
avocat aussi en plus, n'est-ce pas?
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Lévis est avocat en plus. J'ai l'avantage de ne pas l'être. Alors,
je laisse le débat...
M. Garon: C'est une grave lacune. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Comment? M. Garon:
C'est une grave lacune.
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, parce que nos
traditions parlementaires ont été faites pour les avocats.
M. Garon: Non.
M. Côté (Charlesbourg): On voit la...
M. Garon: Vous savez qu'il n'y a rien de pire que des non-avocats
pour faire des avocas-series.
M. Côté (Charlesbourg): Ah non, au contraire. Je me
regarde...
M. Garon: Dans votre parti, cela discute moins. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): On a vu cela en fin de
semaine que, dans d'autres, cela discutait.
M. Garon: Souvent, on recommande des formules comme cela qui sont
très générales. Ce n'est pas très précis ces
formules, alors que...
C'est un pouvoir, à toutes fins utiles, discrétionnaire,
au fond, qui est donné à la commission. Quelqu'un qui veut se
plaindre de cela, ne peut pas se plaindre de grand-chose parce qu'on dit
"à la satisfaction de la commission". La commission n'a qu'à
dire: J'ai été satisfaite. Il n'a rien dit mais j'ai
été satisfaite quand même. C'est un peu
général. Quand on dit qu'il doit prouver, c'est une autre
affaire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet: Par contre, cela peut être, je pense, une
garantie d'autre part pour la personne qui s'opposera. Elle aura plus de
chance, à ce moment-là, d'obtenir la tenue d'une audience
publique si la commission interprète de manière large. S! elle
est satisfaite de motifs qui ne sont pas très élaborés,
tant mieux, puisqu'à ce moment-là, elle va dire à
l'opposant: Nous allons en audience publique vérifier le fond des
allégués, pour s'assurer qu'effectivement, la délivrance
du permis serait contraire à l'Intérêt public, puisque nous
en sommes uniquement à la décision de la commission de tenir ou
non une audience publique à la face même du dossier, à
savoir si la commission est satisfaite des motifs de l'opposant ou du soutien
de son opposition, si ces motifs sont suffisamment sérieux pour qu'il y
ait tenue d'une audience publique, de manière à approfondir
davantage la notion d'Intérêt public en regard du permis qui
pourrait être délivré. C'est cela.
Alors, plus la commission interprétera de manière
libérale cette disposition, plus il y aura possibilité d'obtenir
des audiences publiques où les parties seront appelées à
débattre leur point de vue avant que la commission rende une
décision. Ce n'est pas nécessairement... Cela m'apparait
être une garantie judiciaire beaucoup plus qu'autre chose.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la situation actuelle,
on sait que cela coûte énormément cher pour quelqu'un qui
veut être capable de passer au travers et qu'il y a effectivement de
l'argumentation futile. Ce que l'on veut tenter d'éliminer par cela,
c'est que l'on pourrait, malgré le fait qu'il y ait l'inversion du
fardeau de la preuve, se retrouver devant la situation où effectivement
il y a de l'opposition futile, de l'opposition pour s'opposer. Alors, ce que
l'on dit à la commission, c'est: On vous donne les pouvoirs de juger si
cette argumentation est futile ou si elle ne l'est pas, mais en tenant pour
acquis que ceux qui auront à exercer ce pouvoir ont du jugement.
M. Garon: Pensez-vous que le mot "démontre", faire une
démonstration - démontre veut dire faire une démonstration
- est aussi fort que prouver ou preuve à l'appui?
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Lévis
a utilisé le dictionnaire tantôt. On va lui mettre cela:
Établir la vérité d'une manière évidente et
rigoureuse. À part cela, c'est le Petit Robert.
M. Garon: C'est parce qu'il est petit. Je me méfie du
Petit Robert. Ha, ha, ha! J'aimerais mieux le gros Larousse.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha!
M. Garon: Qui sème à tout vent.
M. Côté (Charlesbourg): On continue:
"Démontrer par des arguments convaincants, par des preuves
indiscutables. Fournir une preuve de, faire ressortir, établir,
indiquer, montrer, prouver, révéler."
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement?
M. Garon: Mais "démontre, à la satisfaction de la
commission..." Je vais vous poser une question. Quand on dit, à la fin
de ce paragraphe: "Cependant, la baisse d'achalandage et de revenus que
pourrait lui causer l'exploitation du permis demandé ne doit pas
être considérée comme susceptible de nuire à
l'intérêt public", alors qu'on disait avant: "Ne doit pas
être considérée comme contraire à
l'intérêt public", pensez-vous que "susceptible de nuire à
l'intérêt public" et "contraire à l'intérêt
public", c'est aussi fort l'un que l'autre?
M. Drolet: En fait, justement, la modification proposée
veut éviter les problèmes d'interprétation.
Déjà, dans le premier alinéa de l'article 14, on emploie
l'expression "serait susceptible de nuire à l'intérêt
public". Dans la loi fédérale, le projet de loi C-19 - c'est
maintenant une loi - on emploie aussi l'expression "la demande de licence est
susceptible de nuire à l'intérêt public". C'est sûr
que, dans la première rédaction du deuxième alinéa
de l'article 14, alors qu'on emploie l'expression "considérée
comme contraire à l'intérêt public", on risque d'avoir des
interprétations différentes de celles qu'on aura en vertu de la
loi fédérale et de ce qu'on aura même en vertu du premier
alinéa et c'est le but de l'amendement qui est proposé,
d'éviter ces querelles d'interprétation.
M. Garon: Au fond, vous voulez avoir une plus grande marge de
manoeuvre pour évaluer l'intérêt public.
M. Drolet: II n'y a pas grand choix, avec la loi
fédérale où, justement, lorsque la commission devra
délivrer des permis de transport, elle devra se fonder sur le
critère de l'intérêt public quant à savoir si le
permis qui sera exploité est susceptible de nuire ou non à
l'intérêt public. Mais, à ce moment-là, si nous
avons des dispositions qui ne sont pas identiques dans la loi provinciale, on
risque d'avoir des interprétations différentes ou, à tout
le moins, des querelles d'interprétation inutiles et peut-être
très longues devant la Commission des transports.
M. Garon: Je comprends ce que vous dites. Mais "susceptible de
nuire à l'intérêt public", cela veut dire qui peut nuire
à l'intérêt public et "contraire à
l'intérêt public", cela m'apparaît plus fort que
"susceptible de nuire". Mais je comprends que cela va donner une plus grande
marge de manoeuvre pour refuser des demandes.
M. Drolet: Et surtout pour ordonner la tenue d'audiences
publiques.
M. Garon: C'est cela.
M. Drolet: C'est cela, l'article 14.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-là, c'est
l'opposition qui pourrait être futile.
Une voix: C'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la commission qui va
apprécier si l'Opposition est futile ou non et qui va enclencher le
processus d'auditions.
M. Garon: Ah oui.
(22 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Mais le test
d'intérêt public, on l'a à l'article suivant, à
l'article 15. On va rentrer dans la viande...
M. Garon: Ah non! Ce n'est pas cela, c'est parce que je remarque
que vous donnez un pouvoir plus grand à la commission.
M. Côté (Charlesbourg): Mais on se colle dans le
sens de la loi C-19.
M. Garon: Oui, excepté que cela veut dire que la
commission aura beaucoup plus de marge de manoeuvre avec votre amendement que
dans le texte qui était là avant, dans mon esprit.
M. Drolet: Je peux y aller, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Garon: Avant, vous n'étiez pas complètement
harmonisés.
M. Drolet: SI on indiquait... M. Garon: Ha, ha, ha!
M. Drolet: ...les mots "contraire à l'intérêt
public", au lieu de "susceptible de nuire à l'intérêt
public", cela voudrait dire que la Commission des transports du Québec
restreindrait encore davantage le nombre de cas qui pourraient aller en
audience publique, de sorte
que, pour un opposant, il est peut-être préférable
justement que la commission ait moins de pouvoir sur le fait qu'elle puisse
ordonner ou non d'aller en audience publique. Pour un opposant, plus il y aura
d'audiences publiques facilement, mieux ce sera. Là, il est sûr
que la commission a un pouvoir discrétionnaire d'apprécier si les
motifs sont suffisants lorsqu'on invoque le fait que cela pourrait être
susceptible de nuire à l'intérêt public, sauf que cela joue
en faveur de celui qui fait l'opposition.
M. Garon: Sauf que la notion d'intérêt public ne
peut pas être complètement arbitraire, autrement, les tribunaux
vont la rejeter. Si ma mémoire est bonne, la jurisprudence
là-dessus était que si l'encadrement est trop indéfini,
les tribunaux ne reconnaîtront pas ces critères
d'intérêt public.
M. Côté (Charlesbourg): À l'article 15, on va
voir le test d'intérêt public qui est encadré.
M. Garon: C'est très important parce que les gens qui nous
ont vus parlaient justement des critères de l'article 15 qui leur
semblent assez ou pas assez rigoureux devant la concurrence américaine.
C'est ce qu'ils nous ont mentionné aujourd'hui, un encadrement des
critières d'intérêt public. Bon.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 14, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Attendez un peu. On a amendé seulement le
deuxième paragraphe.
Le Président (M. Saint-Roch): Je croyais, M. le
député de Lévis, que beaucoup des interventions avaient
porté sur le premier...
M. Garon: Non, on n'a pas parlé de l'article. On a
seulement...
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'amendement...
M. Garon: On a commencé par l'amendement, on n'a rien fait
sur l'article, on n'a pas regardé l'article du tout. Mais il est
évident que ce qu'on a lu sur le deuxième alinéa... Je
vais lire le premier pour... Alors, c'est le fardeau de la preuve, l'inversion
du fardeau de la preuve, ce à quoi s'opposent les citoyens qui sont
venus.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas compris cela,
moi.
M. Garon: Moi, j'ai compris cela qu'ils...
M. Côté (Charlesbourg): ...qu'ils s'opposaient
à l'inversion du fardeau de la preuve?
M. Garon: Bien, ils s'opposaient... Ils aimaient mieux le
fardeau de la preuve tel qu'il était auparavant.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je comprends, mais
là, ils défendaient leurs intérêts. Il faut bien
comprendre ce jeu-là. L'ACQ représente et défend ses
membres. Donc, pour des membres qui sont actuellement détenteurs de
permis, c'est un peu normal. Mais je n'ai pas compris qu'ils étaient
contre l'inversion du fardeau de la preuve.
M. Garon: Si vous voulez le mettre en suspens pour le vote.
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord, L'article 14
est...
M. Garon: Cela va aller plus vite au fond.
Le Président (M. Saint-Roch): Les discussions sont
maintenant closes. L'adoption étant suspendue, j'appelle l'article
15.
M. Côté (Charlesbourg): On me rappelle
qu'effectivement, ce matin, l'ACQ a dit qu'elle ne voulait pas deux
régimes.
M. Garon: Elle ne voulait pas...
M. Côté (Charlesbourg): Deux régimes.
M. Garon: Ce n'est pas ce qu'elle a dit.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on a parlé de
la situation, à savoir, si on se retrouvait avec un projet de loi qui ne
serait pas adopté, est-ce qu'on pourrait se retrouver avec un projet de
loi qui ne serait pas adopté, est-ce qu'on pourrait se retrouver avec un
ou deux régimes? Ils ont souhaité que ce soit harmonisé
pour qu'on puisse procéder. Alors, l'article 15?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. Article 15?
L'intérêt public
M. Côté (Charlesbourg): "Lorsqu'elle apprécie
l'intérêt public pour décider d'une opposition, la
commission doit: "1° privilégier les intérêts des
usagers des services de camionnage, qu'ils soient fournis par le
requérant ou non, en tenant compte des facteurs suivants: "a) la
possibilité d'avoir accès à des services de camionnage
adéquats, partout au Québec, quelle que soit l'importance
démographique du territoire à desservir; "b) la
possibilité de bénéficier d'un éventail
de services et de prix et même de nouveaux services de camionnage;
"c) l'amélioration de la capacité de l'industrie du camionnage de
s'adapter aux besoins divers des usagers; "d) l'incitation à la
productivité et à l'efficacité des usagers; "e) le
maintien des coûts de camionnage au plus bas niveau possible,
l'utilisation optimale des équipements et l'économie
d'énergie; "f) le maintien du marché à un niveau de
concurrence et de concentration raisonnable, ainsi que la limitation des
risques d'abus; "g) l'élimination de toute discrimination dans les prix
et les services; "h) la protection de la stabilité, de la
fiabilité et de la viabilité de l'industrie du camionnage et de
son infrastructure; "i) la capacité du requérant de fournir des
services de camionnage adéquats; "j) la promotion du
développement économique et social du Québec, y compris
celui de l'emploi et de la productivité dans tous les secteurs de
l'industrie; "k) tout autre facteur complémentaire que la commission
estime propre à privilégier les intérêts des
usagers; "2° s'assurer de l'application des textes relatifs à la
politique du gouvernement en matière de camionnage."
M. Garon: Lisez-vous vos commentaires?
M. Côté (Charlesbourg): Je peux les lire. C'est
quand même un article central et très important du projet de
loi.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Cet article, qui s'inspire
de l'article 8 de la loi de 1987 sur les transports routiers et d'un extrait du
texte de la CCATM cité plus avant, concrétise la notion
d'intérêt public. On sait, en effet, qu'après avoir
convoqué des parties en audience publique, la commission aura, dans le
cadre de celles-ci, à évaluer puis à
délibérer quant au bien-fondé d'une opposition. Pour ce
faire, elle devra, en tenant compte de différents facteurs à
caractère économique conformes aux lignes directrices
émises par les représentants fédéraux et des
provinces de la CCATM, prendre en considération les
intérêts des usagers des services de camionnage.
M. Garon: La CCATM, qu'est-ce que c'est?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la Conférence
canadienne des administrateurs des transports motorisés.
La commission aura, au surplus, la discrétion de
considérer tout autre facteur complémentaire de nature à
privilégier les intérêts des usagers, cela ayant l'avantage
de lui permettre d'évaluer, dans l'avenir, une situation qui ne pourrait
être complètement appréciée à la
lumière des critères qui sont ici proposés. Dans son
appréciation de l'opposition, la commission devra enfin s'assurer de
l'application des textes relatifs à la politique du gouvernement en
matière de camionnage.
En définissant législativement ce que l'on entend par
intérêt public, on peut penser qu'il en résultera une plus
grande équité de traitement dans les dossiers faisant l'objet
d'examen par la commission, équité entre les transporteurs locaux
et extra-provinciaux et équité, également, entre les
demandes de nature similaire présentées par nos transporteurs
locaux.
Précisons enfin qu'alors que, sous l'ancienne loi, il incombait
au requérant de prouver la nécessité publique du service
qu'il proposait, avec la loi actuelle, il revient à l'opposant de faire
valoir auprès de la commission que le service proposé est
susceptible de nuire à l'intérêt public. Il y a donc
inversion du fardeau de la preuve. Ainsi, dans le cas où l'opposition
est rejetée à la suite des délibérations de la
commission, le requérant se voit délivrer un permis. Dans le cas
contraire, c'est-à-dire, si l'opposant réussit à prouver
que le nouveau service est susceptible de nuire à l'intérêt
public, le requérant se verra refuser la délivrance du
permis.
M. Garon: Est-ce qu'on peut suspendre deux minutes?
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 25)
(Reprise à 22 h 31)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Au moment de la suspension,
nous en étions à l'article 15. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions, M. le député de Lévis?
M. Garon: Je pense que, idéalement, ce serait
peut-être mieux de passer les paragraphes un par un.
Une voix: Un par un, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Un par un. Alors, est-ce que
vous voulez avoir le premier alinéa ou si nous allons au premier
paragraphe?
M. Garon: Oui. Commençons à les "éclairer"
un par un.
Le Président (M. Saint-Roch): Comme vous voulez. Le
paragraphe 1°?
M. Garon: C'en est un gros. Pardon?
Une voix: C'est le paragraphe 1°.
M. Garon: C'est le plus gros. Il est plus gros que l'article
12.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, l'article. À
partir du moment où on a passé les articles 12, 13, 14 et 15, on
a passé les plus gros articles du projet de loi, à mon avis.
M. Garon: Mais l'article 15, vous avez dit que c'était
pour cinq ans.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Les dispositions se trouvent...
M. Côté (Charlesbourg): Au
fédéral.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Au
fédéral.
M. Garon: Et vous, ce n'est pas pour cinq ans, c'est pour tout le
temps?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
nous, nous serions obligés de revenir devant le
Parlement pour faire disparaître le test d'intérêt
plublic.
M. Garon: C'est-à-dire que vous n'avez indiqué cela
nulle part?
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas
nécessaire. Alors qu'eux ont inscrit dans la loi qu'au bout de cinq ans,
cela disparaissait
M. Garon: À quel article?
M. Côté (Charlesbourg): C'est à l'article 34
de la loi fédérale, il est bien dit: "Sous réserve des
autres dispositions du présent article, les paragraphes 8°, les
paragraphes 3° à 5° et les alinéas 9, la à d,
cessent d'avoir effet cinq ans après la date d'entrée en vigueur
de la présente loi, à l'exception de l'article 26.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions au premier paragraphe?
M. Garon: Ce ne sera pas long. "La commission doit..." Il y a le
premier paragraphe, après cela il y a a, b, c.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela, oui.
M. Garon: "La commission doit: "1° privilégier les
intérêts des usagers..." Ce sont des expéditeurs.
M. Côté (Charlesbourg): Des expéditeurs.
M. Garon: ..."des services de camionnage"...
M. Côté (Charlesbourg): C'est exactement la
même chose qu'il y a au fédéral, mais c'est davantage
balisé au Québec. Ce qui va un peu dans le sens des souhaits du
député de Lévis, du moins ce qu'on en a perçu.
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez perçu de mes souhaits?
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le premier paragraphe est
adopté. Sous-paragraphe a?
M. Garon: Quand vous dites: "quelle que soit l'importance
démographique du territoire à desservir", que voulez-vous
dire?
M. Côté (Charlesbourg): Qu'il est aussi important de
desservir Rivière-à-la-Martre, avec 300 citoyens en
Gaspésie, que de desservir Matane, qui en a 12 000.
M. Garon: En tenant compte des services offerts en fonction de la
population?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
Sous-paragraphe b?
M. Garon: Comment allez-vous pouvoir évaluer "la
possibilité de bénéficier d'un éventail de services
et de prix et même de nouveaux services de camionnage"? Au fond, c'est la
concurrence, n'est-ce pas?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la concurrence, mais
il y a des gens qui sont prêts à payer plus cher pour avoir une
meilleure qualité de service. Dans la situation actuelle, si vous avez
le choix entre deux menuisiers: le premier qui va vous coûter 17 $
l'heure et l'autre qui vous en coûtera 27 $ ou 28 $, probablement que,
finalement, de par votre expérience, si vous avez employé les
deux, vous direz: Je préfère payer celui à 27 S, parce que
j'ai une garantie de la qualité du service qu'il va m'offrir...
M. Garon: Je n'aurai pas le choix.
M. Côté (Charlesbourg): Vous auriez le choix de
prendre celui à 17 $, mais la qualité du service ne sera
peut-être pas la même.
M. Garon: Non, je n'aurai pas le choix à cause du
décret. Je ne voudrais pas me faire poigner.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je donne l'exemple d'un
menuisier, mais, finalement, dans ce cas-ci, au plan du camionnage, il n'y a
pas de salaire établi.
M. Garon: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'était que pour
donner un exemple en termes de qualité de service.
M. Garon: Mais comment la commission va-t-elle pouvoir
évaluer la "possibilité de bénéficier d'un
éventail de services et de prix et même d'un nouveau service de
camionnage"? Elle pourra estimer qu'il y a des prix et des services trop chers
et qu'il pourrait y avoir des services à meilleur marché, est-ce
bien cela?
M. Côté (Charlesbourg): En aucun temps, la
commission ne va se prononcer sur les tarifs.
M. Garon: C'est ce qui est marqué: "la possibilité
de bénéficier d'un éventail de services et de prix..." Il
va falloir qu'il y ait des prix plus élevés et moins
élevés, si c'est un éventail de prix et de services. C'est
le rapport qualité-prix, c'est le rapport service-prix. Ce sont des prix
différents pour différents services.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Rémillard.
M. Rémillard (Louis): Je voudrais vous donner comme
exemple, M. le député, un article que j'ai lu, il y a quelques
jours, au sujet d'un service qui est fourni maintenant par une compagnie de
l'Ontario et qui s'appelle la Compagnie Frederic. Cette compagnie s'est
procuré l'équipement qui lui permet de suivre ses camions partout
en Amérique du Nord. Ces camions émettent un signal qui est
capté par un satellite qui tourne autour de la terre. Le signal est
envoyé au siège social. Ils ont des ordinateurs qui leur
permettent de suivre leurs camions et de savoir à 1/16e de mille
exactement où est chacun de leurs camions en Amérique du Nord.
Ceci permet évidemment de fournir un service d'une qualité
exceptionnelle pour des gens qui ne veulent pas avoir d'inventaire. Ils veulent
avoir leur marchandise tel jour, à telle heure, etc. Le
répartiteur peut envoyer un camion à tel endroit pour prendre un
chargement et le livrer ailleurs, etc.
Cela me paraît peut-être un exemple de service nouveau avec
des prix évidemment qui vont être supérieurs à celui
qui livre quand bon lui semble et puis un peu n'importe comment. Je donne
ça comme exemple.
M. Garon: C'est parce que vous regardez... Ce qu'on
étudie... Ce que je comprends mal là-dedans c'est: "...en tenant
compte des facteurs suivants: la possibilité de bénéficier
d'un éventail de services et de prix et même de nouveaux services
de camionnage;". Est-ce quand la possibilité est jugée
souhaitable ou est-ce qu'on veut plutôt parler de la
nécessité de bénéficier d'un éventail de
services et de prix. Que ce soit possible, ça veut dire que...
M. Rémillard (Louis): C'est disponible. Possibilité
de bénéficier...
M. Garon: Cela existe.
M. Rémillard (Louis): ...c'est que le service est
disponible. Dans l'exemple que je vous donne, le service est disponible et il
sera amélioré - si le satellite est parti il y a trois jours et
qu'il tourne à l'heure où on se parle - il sera encore meilleur.
C'est un service disponible. Donc, il y a une disponibilité pour un
client de bénéficier d'un éventail de services et de prix
d'un nouveau service de camionnage dans ce sens-là.
M. Garon: Donc, quelqu'un pourrait s'opposer en disant que les
services sont déjà là.
M. Rémillard (Louis): Ou encore, moi je fournis un service
tel que mes concurrents ne peuvent pas le fournir. Alors, à la
commission, vous devez privilégier les intérêts des usagers
parce que, moi, je fournis ou j'offre un service que personne ne peut offrir ou
qu'on ne retrouve pas ce service de livraison à heure fixe ou. à
heure donnée et ainsi de suite.
M. Garon: Mais là il s'agit d'un nouveau service.
M. Rémillard (Louis): C'est ça. Cela serait un
nouveau service.
M. Garon: Mais que veut dire "la possibilité de
bénéficier d'un éventail de services et de prix"? Qu'il y
ait une concurrence suffisante ou... "...en tenant compte de la
possibilité de bénéficier..." C'est drôlement
rédigé, "...la commission doit privilégier les
intérêts des usagers des services de camionnage, qu'ils soient
déjà fournis par le requérant ou non, en tenant compte des
facteurs suivants: la possibilité de bénéficier d'un
éventail de services et de prix...". Qu'est-ce que ça veut
dire?
M. Côté (Charlesbourg): Comme l'a dit Me Drolet, ce
sont des objectifs à atteindre.
M. Garon: Oui, je comprends ça, mais je ne comprends pas
l'objectif. Je comprends que ce sont des objectifs à atteindre. Mais je
ne comprends pas ce qu'on veut dire par ça. À moins qu'on veuille
dire une plus grande concurrence. Mais je ne suis pas sûr. C'est
drôlement dit.
M. Drolet: C'est qu'en regard de chaque demande de permis et de
l'opposition qui est faite...
M. Garon: Oui.
M. Drolet: ...la commission va devoir tenir compte, quand elle va
apprécier l'intérêt public...
Est-ce qu'il est possible, en donnant le permis ou en le refusant, qu'on
bénéficie d'un éventail de services et de prix ou de
nouveaux services de camionnage?
M. Garon: Le nouveau service, j'ai compris ça. C'est un
service qui n'existe pas. On offre un service additionnel comme l'a
mentionné Me Rémillard. Le nouveau service, je comprends
ça.
Mais c'est la possibilité de bénéficier d'un
éventail de services et de prix. Qu'est-ce qu'on veut dire?
M. Drolet: Avoir un éventail de services et de prix, c'est
un objectif à atteindre. Et, en regard de ça...
M. Garon: Est-ce que ça veut dire une plus grande
concurrence? Est-ce que ça veut dire des prix de volume ou des prix de
quoi?
M. Drolet: Si vous avez un éventail de services, c'est que
vous avez un choix de services pour le requérant.
M. Garon: Vous voulez dire qu'il y en a plus qu'un qui...
M. Drolet: Si vous avez un éventail de prix, vous avez un
choix. Donc, à partir du moment où le requérant du service
a des choix, à ce moment-là, c'est avantageux pour lui. S'il n'y
a pas de choix, s'il y a un prix et un service et qu'il n'a pas de choix, qu'il
n'y a pas d'autre choix qui s'offre, est-ce que vraiment, à ce
moment-là l'intérêt public est bien servi?
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais peut-être
dû le faire au départ. À l'intérieur du cahier, dans
la partie où c'est marqué C-19, après la loi
fédérale, il y a le Conseil canadien des administrateurs de
transport motorisé. Ça c'est la réunion des dix provinces
qui se sont rencontrées et qui se sont entendues sur un texte. A la page
2, vous retrouvez le test d'intérêt public avec certains
éléments qu'on a ajoutés et qu'on verra et qui est
essentieilement peut-être mieux rédigé en français
chez nous que là. Mais c'est l'entente qui a été conclue
par les dix provinces au chapitre du test d'intérêt public qui a
été défini à la réunion de septembre,
à Montréal. Cela donne certaines explications, le contexte
à tout le moins. (22 h 45)
M. Garon: C'est bien ce que je pensais. Cela a été
rédigé en anglais, mal traduit en français et vous essayez
de vous ajuster à cela.
M. Rémillard (Louis): Ma compréhension est la
suivante. Lorsque la commission doit prendre une telle décision, la
première chose dont elle doit tenir compte, comme l'article l'indique,
c'est de privilégier les intérêts des usagers. Et,
lorsqu'on a à faire cette évaluation, on doit notamment tenir
compte de la possibilité de bénéficier d'un
éventail de services et de prix. Autrement dit, est-ce que les usagers
peuvent, à l'époque où la demande est faite,
bénéficier d'un éventail de services et de prix? Est-ce
qu'ils ont un choix où si c'est une clientèle captive, en ce sens
qu'ils n'ont pas l'avantage d'avoir un éventail de services et de prix
fournis par plusieurs? S'il n'y a qu'un seul service et qu'un seul prix,
à ce moment-là, la commission devrait, à mon avis,
permettre l'accès au marché parce qu'elle doit privilégier
les intérêts des usagers. C'est un élément parmi
tant d'autres dont elle doit tenir compte. Or s'il n'y a aucun éventail
de services et de prix, elle doit dire: Oh! Un instant! Dans
l'intérêt des usagers, je devrais peut-être permettre
l'accès au marché de ce requérant ou de ce demandeur. En
contrepartie, s'il y a beaucoup de services et beaucoup de prix,
peut-être que je pourrais mettre cet élément de
côté et en considérer d'autres, s'il y a lieu. C'est ma
compréhension de cette phrase. Maintenant, il reste à l'opposant
à faire la preuve.
M. Garon: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le sous-paragraphe b est
adopté. Sous-paragraphe c.
M. Garon: C'est drôlement dit: "l'amélioration de la
capacité de l'industrie...". Qu'est qu'on veut dire? C'est
drôlement dit. L'industrie rend des services ou elle n'en rend pas. On
dit que l'amélioration... Si le fait de l'accepter ou de ne pas
l'accepter améliore la capacité de l'industrie de s'adapter aux
besoins divers des usagers, cela revient un peu à de nouveaux
services.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Rémillard.
M. Rémillard (Louis): Comme vous dites, c'est un peu dans
la même ligne de pensée. C'est un peu redondant, ces
choses-là, d'une certaine manière.
M. Garon: Essayez de mettre ce qui était là,
à b. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
Sous-paragraphe d?
M. Garon: Demandez à M. Ryan si, dans un cours de
français, on va s'exercer là-dessus. Je ne blâme pas vos
avocats, ce n'est pas cela.
M. Rémillard (Louis): Je comprends.
M. Garon: Mais ils sont pris avec des rédactions de textes
de l'entente auxquelles ils essaient de coller...
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, cela a
été le problème du comité de
législation,
lorsqu'on s'est assis pour être capables de voir à... Au
comité de législation, il y avait des interrogations, de la
même manière qu'on en a aujourd'hui. Finalement, on est
obligé de se coller le plus possible au texte fédéral.
C'est un peu ce qui nous a causé certains embêtements.
M. Garon: d!
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté?
M. Garon: Non, attendez un peu! "l'incitation à la
productivité et à l'efficacité des usagers;". Je pensais
que c'était la productivité et l'efficacité des camions,
mais c'est "des usagers". Qu'est-ce que cela veut dire,
concrètement?
M. Rémillard (Louis): Dans le texte ayant servi de base,
à la page 2, on voit qu'on doit tenir compte des effets de
l'exploitation de l'entreprise sur la productivité et
l'efficacité des usagers. Oui, comme on me le souffle, le contrôle
de l'inventaire est peut-être un excellent exemple en ce sens qu'on
incite les usagers à une meilleure productivité, à une
meilleure efficacité.
M. Garon: C'est-à-dire qu'ils auront besoin de faire un
meilleur service, ils auront des inventaires moins élevés.
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Le
sous-paragraphe e?
M. Garon: "e) le maintien des coûts du camionnage au plus
bas niveau possible, l'utilisation optimale des équipements et
l'économie d'énergie." Cela équivaut un peu à ce
que les camionneurs disaient ce matin, dans le fond, "le maintien des
coûts du camionnage au plus bas niveau possible", cela peut être
par des gens qui offrent leurs services en travaillant jour et nuit, à
bas tarif, avec une concurrence qui va au-delà de la
sécurité.
M. Côté (Charlesbourg): Par contre, je ne suis pas
pleinement convaincu que l'application de tout cela, avec les dents et les
exigences qu'on a mis dans le Code de la sécurité
routière, va faire baisser sensiblement les coûts.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ce serait vrai dans la
mesure où on ne se serait pas balisé dans le code, en termes
d'exigences. Comme ces mesures-là s'appliquent à tous ceux qui
circuleront sur les routes du Québec, peu importe si ce sont des
Américains, des gens de l'Ontario ou du Nouveau-Brunswick ou des
Québécois, cela va s'appliquer de manière égale
à tout le monde. À partir de cela...
M. Garon: Oui, mais là, dans l'application
concrète... Vous me disiez, ce matin, que des camions qui n'ont pas de
permis peuvent fonctionner quand même parce que la surveillance n'est pas
assez forte, au fond. C'est pour cela que des camions se promènent sans
permis. Vous dites: Un grand nombre de camions se promènent sans permis.
Alors, si des camions peuvent se promener sans permis, comment pensez-vous
pouvoir contrôler à un point tel que la sécurité
routière soit parfaitement appliquée, non seulement en sachant
s'il a un permis ou non, mais en surveillant son livre, son registre de
voyages.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je veux dire
là-dessus, au député de Lévis...
M. Garon: Parce que surveiller le permis, cela doit être
bien plus simple que de surveiller le livre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Ce que je veux dire
là-dessus au député de Lévis, c'est qu'on a quand
même renforcé les mesures de surveillance au cours des
dernières années sur le plan routier. On a mis un peu plus de
force pour ce qui est de nos pesées. On a implanté une
vérification mécanique un peu plus intensive. Avec
l'arrivée de cette loi, on donne des pouvoirs additionnels aux peseurs
qui deviennent agents de la paix dans l'exercice de leur devoir comme peseurs.
Pour ce qui est de la vérification mécanique, il y a plus de gens
de la Régie de l'assurance automobile qui seront sur le terrain et plus
de gens de la Commission des transports aussi. Donc, c'est une meilleure
concertation entre la Commission des transports, la Régie de l'assurance
automobile, le ministère des Transports et aussi, sur le plan des
effectifs policiers. Loin de moi l'idée de penser que, demain, ce sera
une surveillance parfaite et qu'on sera capables de tout contrôler, je ne
pense pas.
L'Association du camionnage du Québec nous a dit, depuis
déjà deux ans: II faut accentuer les efforts du contrôle
routier. C'est ce qu'on a fait, mais on a fait que des gens qui ne se parlaient
pas avant se parlent. On les a mis ensemble...
M. Garon: Qui a dit cela?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Garon: Qui vous a dit cela?
M. Côté (Charlesbourg): L'Association du camionnage
du Québec, pour tenter d'éliminer ceux qui pratiquaient, qui
faisaient du trafic, du camionnage contre rémunération sans
permis. il reste encore un cran à franchir, celui d'avoir plus de
policiers sur les routes du Québec pour être capable de
contrôler cet aspect. Cela s'en vient. Je pense qu'il y a maintenant une
collaboration plus harmonieuse entre les dif-
férents intervenants. L'été dernier et le printemps
dernier, on a fait des blitz sur les routes du Québec qui ont
donné des résultats assez probants. Il s'agit de continuer dans
ce sens-là. Je ne veux pas prétendre que, demain ou dans un an,
ce sera parfait parce que ce ne sera jamais parfait. Mais on tend à
mettre en application plus de mesures et à donner un meilleur
contrôle. C'est dans ce sens-là qu'on progresse.
Il faut dire que, sur le plan des corps policiers municipaux, avec la
possibilité pour eux d'avoir certaines amendes dans la
municipalité, il y a des corps policiers municipaux qui font beaucoup
plus de travail maintenant qu'auparavant en matière de
sécurité routière. C'est une série de mesures qui
vont dans ce sens-là.
M. Rémillard (Louis): Si vous me permettez, M. le
député, je crois que ces critères doivent être pris
les uns par rapport aux autres en ce sens que, lorsqu'on lit e, on ne doit pas
perdre de vue, à mon sens, les suivants, c'est-à-dire la
protection de la stabilité, de la fiabilité et de la
viabilité de l'industrie; le suivant: la capacité du
requérant de fournir des services de camionnage adéquats. Je ne
pense pas que la commission serait justifiée de se restreindre à
l'étude d'un seul critère et de perdre les autres de vue. Je
pense que ces critères doivent s'apprécier les uns par rapport
aux autres. On ne doit pas mettre l'accent exclusivement sur un,
c'est-à-dire privilégier, au détriment de la
stabilité, etc., de l'industrie, le maintien des coûts de
camionnage au niveau le plus bas possible. Je crois que c'est un ensemble de
critères qui devront être appréciés les uns par
rapport aux autres par la commission lorsqu'elle aura à
déterminer les intérêts des usagers.
M. Garon: Quand les gens sont venus ce matin, ils nous ont
parlé un peu d'avoir un genre de bail, avec un prix...
M. Côté (Charlesbourg): ...un contrat...
M. Garon: ...un contrat avec les normes minimums pour ne pas
justement qu'on abuse du camionneur qui est dans une position de
négociation pas nécessairement privilégiée, alors
que, là, on dit: "...qu'il maintient les coûts de camionnage au
plus bas niveau possible..." Je vais vous dire une chose, si je prends un
exemple très concret dans le domaine agricole - le député
de Lot-binière est parti - l'objetif, c'est de réussir à
faire en sorte que les prix des produits agricoles soient maintenus au plus bas
niveau possible. Je vais vous dire une affaire, il y aurait un rugissement dans
le décor. Les gars diraient: Oui, mais on veut faire face à nos
coûts de production. Les cultivateurs disent dans leurs mots ce que les
camionneurs nous ont dit ce matin, qu'ils veulent avoir leur coût de
production. Ils nous ont dit: Le coût de production, pour nous, quand on
travaille tant d'heures par jour avec un camion qui a telle grosseur, avec les
primes d'assurance et tout cela, on ne peut pas arriver en bas de tant - ils
nous ont donné un prix, je ne me rappelle pas - au kilomètre.
Là, on ne dit pas: le maintien d'un prix raisonnable, mais on dit: le
plus bas possible. Cela veut dire...
M. Rémillard (Louis): L'article ne s'applique pas à
ces messieurs, M. le député. A l'article 19 qu'on voit un peu
plus loin, on dit: "L'article 15 ne s'applique pas lorsque la demande de permis
a pour objet les services de remorquage fournis par une personne physique qui,
avec son tracteur, tire la remorque et la semi-remorque d'un
expéditeur." La commission n'aura pas à appliquer, dans ces
cas-là, le test que nous sommes en train d'étudier. Ces
gens-là négocient leurs conditions de travail avec leur client.
On ne publiera pas ces demandes; elles ne seront pas soumises au test de
l'intérêt public. Ces gens-là vont devoir remplir le test
d'aptitudes, prouver qu'ils sont assurés, etc. Mais à partir de
là, les dispositions que nous sommes à étudier...
C'est-à-dire que les articles 14 et 15 ne s'appliquent pas à eux;
il leur appartient de négocier les meilleures conditions possible avec
ceux qui requièrent leurs services. Je comprends que cela ne
réponde pas tout à fait à votre question, mais il faut se
méfier de penser que l'article 15 s'applique à ces
gens-là, il ne s'applique pas à ces gens-là.
M. Garon: Non, mais si le niveau de concurrence établit
des prix à un tel niveau, ils ne pourront pas y aller en haut de ce
niveau parce que cela fait référence à la substitution et
cela va s'appliquer à eux indirectement, même si cela ne
s'applique pas directement. Si, en dehors de la sous-traitance, ils sont
capables d'arriver à un prix de camionnage à tel niveau, il n'y
aura pas de sous-traitance; donc, l'article 18 ne pourra pas s'appliquer. Qui
va faire des contrats de sous-traitance à un niveau plus
élevé que le prix qu'il peut avoir sans sous-traitance? À
toutes fins utiles, cela ne s'appliquera pas. C'est parce que les objectifs
sont un peu contradictoires. (23 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est-à-dire que
l'objectif est clair, c'est une déréglementation
économique qui vise à favoriser des usagers. On a essayé
de favoriser les usagers en tenant compte des transporteurs, mais en fin de
compte, cela ne passe pas la rampe parce qu'un texte fédéral est
là et il dit: Ce ne sont pas les transporteurs, ce sont les usagers.
Alors, on est collés avec, il est là et on doit composer avec et
vivre avec, on doit, autant que possible, s'harmoniser.
Je pense qu'avec le texte qu'on a actuellement, on est allé
chercher tout ce que l'on pouvait en termes de latitude à
l'intérieur du corridor, un maximum de garanties pour tenter d'aider le
transporteur et ce qui se retrouve à
l'intérieur du Code de la sécurité routière,
c'est selon la volonté des transporteurs d'être capables de se
baliser au moins sur ce niveau-là.
M. Garon: Mais là, vous n'harmonisez pas, vous allez
beaucoup plus loin que le texte fédéral. Le texte
fédéral dit: Les coûts de transport. Ici, vous dites: "Le
maintien des coûts de camionnage au plus bas niveau possible." On disait
que c'était un facteur.
M. Côté (Charlesbourg): Cela veut dire quoi, les
coûts de transport, d'après vous?
M. Garon: Qu'on tient compte des coûts. M.
Côté (Charlesbourg): Oui, mais...
M. Garon: On ne dit pas qu'on tient compte des coûts. On
dit: "Le maintien des prix des coûts du camionnage au plus bas niveau
possible."
M. Côté (Charlesbourg): On tient compte des
coûts de transport parce qu'à la base, c'est l'usager qui doit en
bénéficier. On doit privilégier l'usager.
M. Garon: Oui. Je comprends cela, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Dans ces conditions, la
logique veut que ce soit au prix le plus bas possible, parce que, si on
privilégie l'usager en mettant au prix le plus élevé
possible, je ne suis pas sûr que c'est ce qui est visé par la
loi.
M. Garon: Mais votre critère va beaucoup plus loin que
l'entente. Tantôt, vous avez essayé de coller au point d'avoir des
formules pas très françaises, mais, dans ce cas-ci, vous ne
collez pas. L'article 2 dit: Des coûts du transport et vous dites: "Le
maintien des coûts du camionnage au plus bas niveau possible,
l'utilisation optimale des équipements et l'économie
d'énergie."
Est-ce au détriment de la main-d'oeuvre, au détriment de
la rentabilité de l'industrie? Il faut que l'Industrie ait des
conditions telles qu'elle ne rencontre plus les coûts d'exploitation. Les
coûts les plus bas possible, cela peut vouloir dire en bas du prix
coûtant. Si le prix auquel on arrive est en bas du prix coûtant,
c'est le plus bas possible. Cela n'a pas de bon sens.
M. Côté (Charlesbourg): II y a des
éléments importants, mais si on reliait les sous-paragraphes e et
h: "h) la protection de la stabilité, de la fiabilité et de la
viabilité de l'Industrie du camionnage et de son infrastructure."
Cela réconcilie un peu vos...
M. Garon: Oui, mais je ne suis pas certain qu'on va l'appliquer
dans ce sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): "i) la capacité du
requérant de fournir des services de camionnage adéquats."
C'est globalement. Si on prend seulement un élément, cela
ne marche pas. Il faut prendre...
M. Garon: C'est ce que les gars disaient ce matin. Quand ils me
pariaient, ils disaient: C'est l'expéditeur souvent qui dit: Trouve-moi
qui tu voudras; fais cela comme tu voudras. Je ne veux rien savoir.
M. Côté (Charlesbourg): C'est fini cela.
M. Garon: II est 17 heures. Je veux que ce soit rendu... - On
est, disons, à Gaspé. - Je veux que telle charge de poisson soit
rendue à Montréal demain matin à 6 heures.
Alors, cela veut dire que le gars doit s'en aller charger...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: ...et conduire toute la nuit, le plus vite
possible.
M. Côté (Charlesbourg): La distinction, ce qui
était très évident ce matin chez les voitu-riers, c'est
qu'ils ne font pas affaire avec des expéditeurs. Ce que j'ai compris ce
matin, c'est qu'ils ne font pas affaire avec des expéditeurs.
M. Garon: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Ils font affaire avec des
transporteurs.
M. Garon: Des transporteurs, mais qui sont pris dans un
étau et l'expéditeur dit au transporteur: C'est toi mon
transporteur? Si tu ne veux pas que j'en prenne un autre, fais la "job".
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas
l'expéditeur qui les exploite, c'est le transporteur.
M. Garon: Parce que lui-même se fait exploiter par
l'expéditeur qui lui demande des choses impossibles.
M. Côté (Charlesbourg): Pas
nécessairement.
M. Garon: Ils avaient l'air d'acquiescer tous les deux, j'ai
remarqué, à ce moment-là.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai compris, c'est
que, dans le cas, de l'ACQ, ils disent: Oui, c'est une situation qui existe,
mais ce ne sont pas nécessairement les transporteurs, au sens de l'ACQ,
ce sont peut-être davantage des gens qui font cela pour faire de l'argent
entre les deux. C'est davantage cela. Ce sont davantage les
intermédiaires que l'on visait.
M. Garon: L'intermédiaire, c'est qui?
M. Côté (Charlesbourg): ils n'ont pas trop voulu
nous le dire. Les intermédiaires se sont réservés le
droit...
M. Garon: Avez-vous compris?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que j'ai compris ce
qu'ils voulaient me dire, mais je vais attendre de les rencontrer pour
être bien sûr que j'ai bien compris.
M. Garon: C'est parce que vous n'êtes pas sûr d'avoir
compris, que vous ne voulez pas le dire.
M. Côté (Charlesbourg): Si le député
de Lévis veut que je lui donne certains détails, je lui en
donnerai en dehors du micro...
M. Garon: Mais oui, mais là...
M. Côté (Charlesbourg): ...pour être sûr
que j'ai bien compris, mais effectivement, je pense avoir bien compris.
M. Garon: J'ai bien plus de chances que vous soyez sûr
d'avoir bien compris si vous le dites dans le micro.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au sous-paragraphe e?
M. Garon: Je pense que c'est...
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on prend e avec h et
i...
M. Garon: Vous ne pensez pas que le maintien des coûts de
camionnage devrait être au coût de production, au coût que
cela coûte...
M. Côté (Charlesbourg): C'est...
M. Garon: ...plutôt qu'au coût le plus bas possible?
Le plus bas possible, cela peut être en dessous... Cela n'a quasiment pas
de bon sens. Cela peut être de la concurrence déloyale même.
Un article comme cela...
M. Côté (Charlesbourg): Mais...
M. Garon: ...vise directement la concurrence déloyale, je
pense. Cela veut dire que je vais vous demander un prix, et je vais être
régulier, en dessous du prix coûtant pour vous faire
débarquer du secteur.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Deux choses.
D'abord, on ne peut pas présumer que le coût, pour un
transporteur, que le coût d'Ex-péditex, par exemple, sera le
même que celui de Transport Guilbault. Lequel des deux fait davan- tage
référence à....
M. Garon: Je vous dirais que ce serait le coût qui n'est
pas en dessous du coût réel.
M. Côté (Charlesbourg): Mais qui détermine le
coût réel?
M. Garon: Le coût réel, c'est le coût
d'utilisation d'un camion. Quand les gens disaient: On est obligé de
prendre des dépréciations plus fortes, de changer de camion pour
pouvoir prendre des dépréciations plus fortes pour pouvoir
justifier notre coût. C'est parce que là, ils sont en dessous du
coût réel.
M. Côté (Charlesbourg): Mais cela signifie au bout
de la liste que...
M. Garon: Cela amène des abus.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je comprends le
problème que soulève le député de Lévis.
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. Je vais être bien
franc avec vous. J'ai vécu cela dans d'autres domaines. C'est qu'il y a
des gens qui ne sont pas en position de négociation et il y a des gens
qui sont en position de négociation. Par exemple, je suis un
transporteur dans un domaine où je suis assez fort et par ailleurs, j'ai
un gros client. Je ne veux pas perdre mon gros client. C'est peut-être un
client considérable et... Je vais vous donner un exemple plus simple.
Dans le domaine des abattoirs, j'ai connu des gens qui, lorsqu'ils faisaient
affaire avec leur clientèle normale et régionale, arrivaient.
Quand ils se mettaient à faire affaire avec les grandes chaînes,
au début, ils arrivaient. Mais quand la grande chaîne devenait
leur client, elle fixait le prix et le gars faisait faillite. Je peux vous
nommer des abattoirs qui ont fait faillite parce qu'ils ont fait affaire avec
les chaînes et qu'ils se sont trop spécialisés avec ces
chaînes. Une fois qu'ils étaient pris, la chaîne disait:
Moi, je paie tel prix.
Je vois le député de Lotbinière qui est là
et qui pourrait nommer un certain nombre d'abattoirs qui se sont fait serrer
comme cela. Arrêtez de vendre seulement aux grandes chaînes, ils
vont vous serrés de telle façon que vous allez être
obligés de vendre en dessous du prix coûtant et vous n'arriverez
pas.
Quand un transporteur - j'imagine que c'est la même chose - est
dans une position telle qu'il s'est de plus en plus développé
avec un gros client, celui-ci est dans une position pour dire: Je vous dis le
prix que je paie, c'est tant pour tel et tel volume. Et l'autre est
obligé de serrer un peu partout pour garder son client. Il est
obligé de serrer un peu partout, dans les employés, et d'avoir
des conditions de vie qui n'ont pas de bon sens. C'est un peu cela.
Dans le libre-échange ou le décloisonnement, le danger
c'est que le seul critère est l'efficacité. Mais
l'efficacité poussée au bout, ce n'est plus du monde qu'on a, ce
sont des esclaves. Ce n'est plus...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je pourrais
proposer au député de Lévis qu'on passe
peut-être...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...aux autres
critères, quitte à suspendre temporairement celui-là et y
revenir.
M. Garon: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Lévis soulève des points qui vont nous forcer un peu à
réfléchir sur la portée et voir s'il n'y a pas des
possibilités d'avoir certains adoucissements, quant au libellé,
quitte à consulter nos gens pour qu'ils travaillent un peu
là-dessus. Je comprends le sens de l'intervention.
M. Garon: Même quand on regarde la loi sur les
enquêtes sur les coalitions, sauf que cela n'est pratiquement pas
prouvable, tu n'as pas le droit de vendre en dessous de ton coût parce
que cela peut être une façon de faire une concurrence
déloyale. Mais là, le camionneur peut être placé
dans une situation où il est obligé d'aller en dessous de son
coût. Comme on dit que la loi vise à cela...
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord. Le sous-paragraphe
e est en suspens, j'appelle le sous-paragraphe f.
M. Garon: C'est un objectif qui est meilleur. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: On dit: "Le maintien du marché à un
niveau de concurrence et de concentration raisonnable."
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon dans
les sous-paragraphes f, h et i...
M. Garon: C'est cela, les deux mots vont ensemble.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: S'il y a concurrence, il ne peut pas y avoir trop
grande concentration.
M. Côté (Charlesbourg): Mais les sous-paragraphes f,
h et ] sont dans le même sens et paraissent plus équilibrés
comme critères.
M. Garon: ..."ainsi que la limitation des risques d'abus."
Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, le sous-paragraphe f
est adopté. Sous-paragraphe g?
M. Garon: "L'émination de toute discrimination dans les
prix et les services." C'est correct cela aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté? M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le sous-paragraphe h?
M. Côté (Charlesbourg): "La protection de la
stabilité, de la fiabilité et de la viabilité de
l'industrie du camionnage et de son infrastructure." Cela me paraît un
critère de protection pour l'industrie du camionnage.
M. Garon: "Protection de la stabilité". C'est stable.
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'ACQ qui a
insisté pour cet élément-là. Je pense que
cela...
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Le
sous-paragraphe...
M. Garon: Cela va avec le critère régional
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): "La capacité du
requérant de fournir des services de camionnage adéquats."
M. Garon: Mais là, ce n'est plus seulement le test
d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Cela, c'est le test
d'intérêt public. Celui d'aptitude, on l'a passé. Cela,
c'est le test d'intérêt public.
M. Garon: "La capacité... de fournir des services de
camionnage adéquats."
Qu'est-ce que cela veut dire "des services de camionnage
adéquats"? J'essaie de comprendre.
M. Rémillard (Louis): Si vous me permettez, M. le
député, ce qu'on a un peu à l'idée, du moins
à la commission, c'est l'exemple suivant: celui qui demande tout le
Québec, transport général, et qui se révèle
avoir deux camions. Un opposant pourrait dire que ça n'a aucun sens
commun de demander un tel permis. Manifestement, il n'a pas ce qu'il faut pour
donner le service. Alors, restreignez-le. Tenez compte de son incapacité
manifeste à fournir le service
qu'il demande.
M. Garon: Je vous pose la question suivante! Je ne suis pas assez
familier. Est-ce qu'il pourrait demander le permis pour tout le Québec,
même s'il n'a que deux camions, parce qu'il veut travailler dans tout le
Québec?
M. Rémillard (Louis): Théoriquement, oui.
M. Garon: Mais sans assurer les services de tout le monde. Tirer
son épingle du jeu avec deux camions dans l'ensemble du
Québec.
M. Rémillard (Louis): Oui, mais je veux dire que quelqu'un
pourrait s'opposer avec le motif que, justement, manifestement, il n'a pas la
capacité suffisante pour fournir le service pour lequel il demande un
permis. Alors, on doit toujours privilégier les intérêts
des usagers et on dit: Monsieur, vraiment, là, vous offrez un service
que vous n'êtes pas capable de fournir. Alors cela constituerait,
à mon sens du moins, un élément dont on devrait tenir
compte pour rejeter la demande s'il y avait lieu.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas la
capacité financière.
M. Rémillard (Louis): La capacité
financière...
M. Garon: Ce n'est pas cela qu'on disait. On donnait un exemple
de quelqu'un qui, avec deux camions, demanderait un permis pour tout le
Québec. Il n'est pas capable de desservir tout le Québec. Mais
est-ce que je pourrais, avec deux camions, demander un permis pour tout le
Québec, parce que je dis que je veux faire du camionnage dans tout le
Québec. C'est évident que ce n'est pas moi le camionneur du
Québec, mais je veux pouvoir faire affaire partout. Est-ce que, dans une
perspective de déréglementation, on permettrait cela, oui ou
non?
M. Rémillard (Louis): C'est sûr que je vais vous
répondre que, s'il n'y a pas d'opposition, oui. Parce que nous n'aurions
rien pour refuser une telle demande. Par contre, s'il y avait une opposition de
quelqu'un qui a déjà un permis et qui s'y opposerait justement en
disant: Vous rendez un mauvais service aux usagers parce que vous leur laissez
entendre que tel camionneur peut fournir le service alors que, dans les faits,
il est manifeste qu'il n'est pas capable de le faire, il s'opposerait en
disant: Vous ne privilégiez pas les intérêts des usagers en
accordant un tel permis.
M. Garon: Sauf qu'au bout de cinq ans, au fédéral,
il n'y aura plus un tel critère.
M. Rémillard (Louis): Ah oui, c'est sûr.
M. Garon: Ce sera le test d'aptitude, point. M.
Rémillard (Louis): Absolument.
M. Garon: Remplir les conditions d'aptitude, point. Après
cela, j'ai mon permis pour faire affaire.
Une voix: Au fédéral. M. Rémillard
(Louis): Absolument. M. Côté (Charlesbourg): Cela va.
M. Garon: C'est du stock.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
sous-paragraphe i est adopté?
M. Garon: Adopté. (23 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle le
sous-paragraphe j.
M. Garon: "La promotion du développement économique
et social du Québec, y compris celui de l'emploi et de la
productivité dans tous les..."
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela vient mettre en vigueur quelle
section de votre entente?
M. Rémillard (Louis): Je dirais, M. le
député, que cela veut dire, à mon sens, que si on nous
fait la preuve que l'entrée sur le marché de telle compagnie de
transport est excellente pour les intérêts des usagers parce
qu'elle va couper les prix et donner un bon service, mais que cela peut avoir
en contrepartie, comme conséquence, si vous voulez, de nuire au
développement économique du Québec ou à l'emploi en
ce sens que cela va entraîner la fermeture de localités ou de
terminus ou d'autres conséquences du genre, à ce
moment-là, ce serait un élément dont on devrait tenir
compte, même si les intérêts des usagers étaient
privilégiés par l'arrivée sur le marché d'un tel
transporteur.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant le sous-paragraphe k.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la clause "basket".
C'est ma clause.
M. Garon: C'est la clause "basket"? M. Côté
(Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: J'avais cru comprendre ce matin que la clause "basket"
devait protéger les camionneurs! "Propre à privilégier les
intérêts des usagers."
M. Côté (Charlesbourg): Cela veut tout dire.
M.Garon: Cela ne veut rien dire aussi. M. Côté
(Charlesbourg): En tout cas...
M. Garon: C'est un peu comme le gars qui a le cornet, mais pas la
crème glacée. Il a le cornet pouvant contenir de la crème
glacée, mais il n'a pas de crème glacée dedans.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que ce
qu'on a en fait, on s'est donné une soupape pour être capables
effectivement de s'en servir dans des situations assez difficiles.
M. Garon: Bien non, c'est le contraire.
M. Côté (Charlesbourg): En plus du deuxième
paragraphe...
M. Garon: Cela va permettre de les tordre un peu plus.
M. Côté (Charlesbourg): Les camionneurs?
M. Garon: Bien oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas...
M. Garon: "Tout autre facteur complémentaire que la
commission estime propre à privilégier les intérêts
des usagers."
Les intérêts des usagers, ce sont ceux des
expéditeurs. Cela veut dire que c'est pour tordre un peu plus les
camionneurs.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas l'intention de
celui qui a apporté la clause "basket".
M. Garon: Je ne vois rien d'autre, vous ne les aimez donc bien
pas les camionneurs!
M. Côté (Charlesbourg): Non, je les aime bien,
j'essaie de les défendre; d'ailleurs, la plus belle preuve, c'est le
paragraphe 2°.
M. Garon: Paragraphe 2°?
M. Côté (Charlesbourg): Quand on lit le paragraphe:
"2" s'assurer de l'application des textes relatifs à la politique du
gouvernement en matière de camionnage." À 2°...
M. Garon: Je ne vois pas ce que cela veut dire, le paragraphe
2°.
M. Côté (Charlesbourg): Cela veut dire que, demain
matin, si on se rendait compte que...
M. Garon: "...la politique du gouvernement en matière de
camionnage."
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que, ce
que je vous dis, dans la mesure où on se rendrait compte à un
certain moment qu'il y a des problèmes très importants et que
l'industrie québécoise est en train de se faire bouffer, le
gouvernement pourrait intervenir par décret et donner des orientations
dans ce sens-là qui devraient être considérées par
la commission.
M. Garon: Cela ne dit pas cela.
M. Côté (Charlesbourg): "S'assurer de l'application
des textes relatifs à la politique du gouvernement en matière de
camionnage."
M. Garon: Oui, mais les textes viennent d'où? Comment
sont-ils énoncés?
M. Côté (Charlesbourg): Par décret, venant de
la volonté gouvernementale.
M. Garon: Où est-ce marqué?
M. Côté (Charlesbourg): Bien "du gouvernement", qui
est-ce? Ce n'est pas le voisin.
M. Garon: Oui, mais on ne dit pas comment. "S'assurer de
l'application des textes..." Je n'ai jamais vu cela, une rédaction comme
cela. "S'assurer de l'application des textes relatifs..."
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai dit. c'est:
Donnez-moi là-dedans la possibilité d'intervenir et de donner des
directives, à un moment donné, à la Commission des
transports s'il y a des choses qui ne fonctionnent pas, en regard d'une
politique gouvernementale. On m'a dit que l'on faisait cela par
décret.
M. Garon: C'est du "make-up".
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Garon: C'est du "make-up".
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas du
"make-up". Je préfère voir cela au naturel. Du "make-up", je n'en
mets pas. Je ne suis pas intéressé à en mettre.
M. Garon: C'est du fard.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Même du fard.
Prenez tous les qualificatifs qu'il y a, de Lise Watier ou... Mettez tous les
qualificatifs que vous voudrez, mais ce n'est pas cela du tout. Le
fédéral se l'est donné aussi.
M. Garon: Hein?
M. Côté (Charlesbourg): Le fédéral se
l'est donné aussi.
M. Garon: Oui, mais cela ne veut pas dire grand-chose, le
fédéral... Je vais vous dire une affaire. Parfois, il y a des
mots qui ne veulent rien dire. Ils sont là pour la galerie, pour faire
croire au monde qu'il y a quelque chose.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, dans ce cas-ci,
ce n'était pas une situation de faire croire. C'est une situation qui
est bien réelle où on veut se donner...
M. Garon: C'est pour faire voir.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est une situation
réelle où on se donne le pouvoir d'intervenir. On ne peut pas
intervenir n'importe comment et n'importe quand, mais on veut intervenir pour
être capables de protéger certains acquis dans le domaine du
transport, en particulier des transporteurs, s'il y avait des situations qui se
produisaient et qu'on n'aurait pas prévues.
M. Garon: C'est fort en démon, ce cas-là.
Tout autre facteur complémentaire que la commission estime propre
à privilégier les intérêts des usagers."
C'est quoi les intérêts des usagers?
M. Côté (Charlesbourg): Les intérêts
des usagers, c'est d'être desservis par un transport par camion dans une
région. Par exemple, prenons l'usine de Chandler. C'est un coin que vous
connaissez bien.
M. Garon: Laquelle?
M. Côté (Charlesbourg): De Chandler. Je ne parle pas
de l'usine de Newport, mais de celle de Chandler.
M. Garon: L'usine de papier, de bois. M. Côté
(Charlesbourg): Oui, de bois. M. Garon: Puis?
M. Côté (Charlesbourg): Elle est en Gaspésie,
elle n'est pas à la porte.
M. Garon: Ce n'est pas loin la Gaspésie aujourd'hui.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais dans le sens du
transport et à partir du principe que, demain matin, le gouvernement
fédéral...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...déciderait
d'arrêter le chemin de fer, d'abandonner la ligne. Ce n'est pas
impossible. Il s'en parle un peu même. Il y a l'intérêt de
l'usager, de la papeterie, de pouvoir expédier son papier. Il est clair,
quand c'est une grosse entreprise comme celle-là, que les camionneurs
vont se garrocher pour être capables de la desservir mais cela pourrait
vouloir dire effectivement des choses semblables. C'est la clause "basket"
où le gouvernement peut se permettre de faire un certain nombre de
choses. C'est à la commission aussi d'apprécier...
M. Garon: C'est la commission....
M. Côté (Charlesbourg): ...le paragraphe 2°
étant...
M. Garon: On est au sous-paragraphe k, là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord. Dans le
paragraphe 2°, le gouvernement pouvait intervenir. Au sous-paragraphe k,
c'est la commission.
M. Garon: Oui, mais je vous dis que c'est fort en démon.
Je vais vous dire une chose: si vous mettiez une clause semblable dans le
domaine des produits agricoles, vous auriez une révolution dans la
cabane. Parce que, si on met toutes les clauses ensemble, cela fait que...
Fournir au meilleur prix possible, ils font cela en République
dominicaine avec les coupeurs de canne à sucre qui gagnent 0,25 $ par
jour, du lever au coucher du soleil.
M. Côté (Charlesbourg): Là, vous pariez du
sous-paragraphe e et nous allons proposer des adoucissements.
M. Garon: Non, de k.
M. Côté (Charlesbourg): On l'a suspendu
celui-là.
M. Garon: Oui, mais l'autre va dans le même sens.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas dans mon livre.
M. Garon: En tout cas, le sous-paragraphe k est adopté sur
division.
Le Président (M. Saint-Roch): Le sous-paragraphe k
étant adopté sur division, j'appelle le paragraphe 2°?
M. Garon: "2° s'assurer de l'application des textes - quels
textes? - relatifs à la politique du gouvernement en matière de
camionnage."
Parfois, on a vu des articles où il y avait des
énoncés de directives, des énoncés de politique,
mais là, je n'ai rien vu dans ce sens dans le projet de loi. On dit:
"S'assurer de l'application des textes relatifs à la politique du
gouvernement en matière de camionnage."
L'énoncé de politique pourrait être... On a
des lois dans lesquelles il faut que le gouvernement énonce sa
politique tous les ans, tous les deux ans ou tous les trois ans, pour faire
approuver des plans de développement ou toutes sortes de choses, mais
là, on dit: "S'assurer de l'application des textes..."
M. Côté (Charlesbourg): "...relatifs à la
politique du gouvernement en matière de camionnage." Au lieu des
textes...
M. Garon: Ce n'est pas cela. Une politique, il faut que cela
s'annonce d'une certaine manière.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais cela s'annonce par
décret, cela s'annonce par...
M. Garon: Mais là, il faut... J'ai vu des projets de loi,
par exemple... Remarquez bien que c'est difficile à appliquer.
M. Côté (Charlesbourg): Mais l'Idée
derrière tout cela étant que le gouvernement puisse
énoncer...
M. Garon: Donner une orientation.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Donner des
orientations, des politiques et que la commission applique ces... Alors, c'est
comment? C'est par décret? C'est par énoncé? C'est par une
déclaration ministérielle? Si on commence...
M. Garon: Habituellement, c'est écrit dans le projet de
loi. Le gouvernement choisit de quelle façon il va annoncer ses
politiques, s'il veut se référer à une politique. J'ai vu
des projets de loi déjà, dans lesquels le gouvernement devait
approuver un plan de développement ou avoir des énoncés de
politique, mais il fallait que ce soit déposé à
l'Assemblée nationale. Il faut que les gens en prennent connaissance
parce que...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. On me
précise ici que le gouvernement parle toujours par décret, alors
que le ministre peut faire une déclaration ministérielle. Le
gouvernement parle toujours par décret. Alors, dans ce cas-ci, ce serait
par décret
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 2° est
adopté sur division. Est-ce que nous sommes prêts à revenir
au sous-paragraphe e?
M. Côté (Charlesbourg): Au sous-paragraphe e, M. le
député de Lévis, si on remplaçait - c'est une
tentative, si vous en avez une meilleure, on pourrait la regarder - les mots
"au plus bas niveau possible" par "le maintien des coûts de camionnage
à un niveau raisonnable? "Le maintien des coûts de camionnage
à un niveau raisonnable, l'utilisation optimale des équipements
et l'économie d'énergie."
M. Garon: C'est meilleur?
M. Côté (Charlesbourg): C'est meilleur. Est-ce que
ce serait acceptable? On va le déposer si c'est acceptable pour
vous.
M. Garon: Cela n'a pas besoin d'être acceptable, vous
êtes le goouvernement.
M. Côté (Charlesbourg): On veut essayer de traduire
dans nos mots ce qu'on a conclu du député de Lévis et ce
que l'on partage. Alors, est-ce que, dans ce cas-ci, cela correspondrait un peu
au sens?
M. Garon: Cela a plus de bon sens.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. M. le
Président: "Remplacer le sous-paragraphe e du paragraphe 1" de l'article
15 du projet de loi par le suivant: "e) le maintien des coûts de
camionnage à un niveau raisonnable, l'utilisation optimale des
équipements et l'économie d'énergie."
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que le
sous-paragraphe e, tel qu'amendé, est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'ensemble de l'article 15, tel qu'amendé, est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
M. Garon: J'aimerais voir cet article-là aussi suspendu
pour le vote.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, les discussions sont
closes à l'article 15 qui est suspendu pour l'adoption.
M. Garon: Ce n'est pas pour revenir sur le débat, c'est
pour avoir une attitude cohérente dans tout cela.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 16.
M. Côté (Charlesbourg): "Les paragraphes 5°,
6°, 7° et 8° du premier alinéa de l'article 12 ne
s'appliquent pas au requérant dont le domicile ou le siège social
est situé hors du Québec et qui produit, avec sa demande de
permis, un certificat délivré par l'autorité
compétente du lieu de son domicile ou de son siège social
attestant qu'il possède les aptitudes requises pour y exploiter un
permis de camionnage, à la condition qu'un accord soit intervenu
à cet effet en vertu de l'article 93 et que le permis demandé
n'exige pas des aptitudes différentes de celles pour lesquelles il s'est
déjà qualifié.
Dans le commentaire, on dit que cet article prévoit qu'un
transporteur étranger peut, sur la base d'une entente de
réciprocité conclue en vertu de l'article 93, être
exempté de certaines exigences du test d'aptitude. Il n'aura pas, ainsi,
à démontrer sa capacité de fournir des services
proposés autrement qu'en versant au dossier une copie de tout permis
dont il est titulaire ailleurs qu'au Québec, cette capacité ayant
antérieurement fait l'objet d'une évaluation par les
autorités responsables de la juridiction partie à l'entente. Il
devra cependant fournir les renseignements permettant de l'identifier
adéquatement, de même que les informations sur les services qu'il
offre.
Alors, si on signe, demain matin, une entente avec l'État de New
York, j'imagine qu'à l'intérieur de l'entente, les
critères qu'on exige de nos camionneurs seront les critères que
l'on exigera des camionneurs américains de l'État de New York.
C'est dans ce sens et ayant répondu aux critères de l'État
de New York, qu'ils répondraient ainsi aux critères du
Québec. C'est ce qu'on considérait. L'Ontario aussi. (23 h
30)
M. Garon: Attendez donc une seconde.
M. Côté (Charlesbourg): On se comprend bien. Cela
s'applique uniquement quand une entente est signée.
M. Garon: Oui, j'ai compris cela. Je voulais seulement aller voir
l'article 93.
M. Côté (Charlesbourg): C'est celle qui
prévoit l'entente.
M. Garon: Oui, mais c'est seulement au Canada. Je ne sais pas si
c'est assez large dans le cas du libre-échange. Je pense que 93 devrait
peut-être...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Le
ministère des Transports peut, conformément à la loi,
conclure avec tout gouvernement, l'un de ses ministères ou tout
organisme au Canada, un accord relatif à l'application de la
présente loi.
M. Garon: Est-ce tout gouvernement au Canada ou tout gouvernement
n'importe où? Je ne le sais pas. S'il y avait un accord de
récipro- cité entre le Canada et les États-Unis, ce serait
bon.
M. Côté (Charlesbourg): En effet, le
député de Lévis a une très bonne mémoire. Il
y a effectivement une distinction entre ce qu'on a dans le Code de la
sécurité routière où on n'a pas "au Canada", alors
qu'on l'avait introduit à l'intérieur du texte ici. Au moment
où on arrivera là, par un papillon, on fera disparaître "au
Canada" pour être conforme à l'article 629 du Code de la
sécurité routière qui est à peu près
semblable. Je peux vous le lire si vous le voulez.
M. Garon: Envoyez donc, oui.
M. Côté (Charlesbourg): "Le ministre des Transports
peut, conformément à la loi, conclure avec tout gouvernement,
l'un de ses ministères ou tout organisme, un accord relatif à une
matière visée au présent code". On fera l'ajustement
nécessaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 16?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 17 et nous avons un amendement.
M. Côté (Charlesbourg): Ajouter, à la fin de
l'article 17 du projet de loi, l'alinéa suivant: "De plus, le paragraphe
2° du premier alinéa de l'article 12 ne s'applique pas à une
demande de permis au voyage."
M. Garon: Le paragraphe 2 de l'article 12.
M. Côté (Charlesbourg): La modification
proposée a pour but de faciliter l'obtention d'un permis au voyage dont
la demande origine souvent d'un coin de la frontière ou est
arrêté le véhicule d'un transporteur étranger.
M. Garon: Selon le fédéral ou si c'est de...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Garon: Quand les gens demandent des permis au voyage, on dit
que c'est pour des situations d'urgence seulement, des demandes ponctuelles.
Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Rémillard (Louis): Si c'est Pink Floyd qui vient
à Montréal et qui doit transporter 60 caisses de son dans je ne
sais combien de camions, les gens arrivent à la frontière et
demandent un permis au voyage pour entrer.
M. Garon: De son? Ah! Des caisses de son
pour un spectacle.
M. Rémillard (Louis): Je dis des caisses de son, parce
qu'on m'a donné cela comme exemple, à un moment donné.
M. Garon: Je pensais que c'était du son pour faire du
pain.
M. Rémillard (Louis): Non, non. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Garon: J'ai compris quand quelqu'un a dit: Madonna. D'accord.
C'est spécial, je comprends, dans un cas comme celui-là...
Une voix: On ne parle pas de Madonna.
M. Rémillard (Louis): Par définition, c'est un
permis qui a été accordé très peu
fréquemment. Évidemment, lorsque la commission se rendra à
l'évidence qu'on en a fréquemment, elle leur dira d'obtenir un
permis régulier. C'est pour ces cas-là.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté. Nous revenons maintenant à l'article 17, te)
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 17 est
adopté tel qu'amendé. J'appelle maintenant l'article 18.
M. Côté (Charlesbourg): "L'article 15 ne s'applique
pas lorsque la demande de permis a pour objet des services de camionnage
fournis en sous-traitance pour un titulaire de permis de camionnage dans
l'exploitation de son permis selon les conditions établies par
règlement du gouvernement, s'il en est."
Le Président (M. Saint-Roch): M. Rémillard.
M. Rémillard (Louis): M. le député, pour une
meilleure compréhension de cet article et du précédent, je
vous suggère de lire l'article 47 qui édicte, en d'autres termes,
que ces demandes ne sont pas publiées.
M. Garon: Article 47.
M. Rémillard (Louis): Oui. L'article 47 édicte que
l'article 46 qui précède, c'est celui qui impose la publication.
Lorsque la demande concerne un service prévu aux articles 17 à
20, il n'y a pas de publication dans un journal.
M. Garon: Au fond, cela revient à dire que le transporteur
principal, qui demande des services de sous-traitance, agit sur son permis
général...
M. Rémillard (Louis): Absolument.
M. Garon: ...qu'il a déjà obtenu...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: ...d'intérêt public.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: II a besoin de camionneurs additionnels temporairement
pour des fins spécifiques.
M. Rémillard (Louis): Absolument. M. Garon:
D'accord.
M. Rémillard (Louis): C'est ce qu'on appelle des permis
comptoir, si vous voulez. Ils sont délivrés sur vue de la
requête pour permis, mais ils ne sont pas publiés.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 18 est
adopté?
M. Garon: L'article 18 est adopté, oui.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 19.
M. Côté (Charlesbourg): "L'article 15 ne s'applique
pas lorsque la demande de permis a pour objet des services de remorquage
fournis par une personne physique qui, avec son tracteur, tire la remorque ou
la semi-remorque d'un expéditeur."
M. Garon: Pourquoi? Il tire la remorque?
Non, il fournit seulement le tracteur. Mais n'est-il pas couvert? Il est
considéré comme quelqu'un qui...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: C'est considéré comme du transport
privé d'une part, puis d'autre part, cela permet aux voituriers, les
personnes qui ont été représentées par M. Miller,
de se trouver une "job", de se sortir, jusqu'à un certain point, de
l'exploitation dans laquelle ils se trouvent. Ces gens-là peuvent faire
du transport pour un expéditeur, ils peuvent s'associer à un
expéditeur, ils peuvent tirer les remorques au moyen du tracteur qu'ils
ont eux-mêmes.
M. Garon: Je vous demanderais une question. Comme pourriez-vous
fonctionner avec tout cela... non c'est vrai, cela couvre les deux, l'article
73 couvre les deux, privé et public?
M. Boulay: Oui.
M. Garon: Cela veut dire que quelqu'un qui fait les deux, du
public et du privé, cela entre dans le cadre de son registre.
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 19 est
adopté, j'appelle l'article 20 et nous allons procéder paragraphe
par paragraphe et nous aurons un papillon au paragraphe 6.
J'appelle l'article 20, paragraphe I.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on en fait d'abord
la lecture, M. le Président, et on revient par la suite.
Le Président (M. Saint-Roch): S'il vous plait, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): "L'article 15 ne s'applique
pas au transport: "1° de périodiques non visés au paragraphe
6° de l'article 1 ; "2° d'animaux vivants; "3° de fruits et de
légumes, de produits de l'horticulture et de produits originant de la
ferme; "4° d'arbres de Noël naturels; "5" de mousse de tourbe; '6°
de véhicules routiers neufs ou usagés; "7° effectué
par la filiale d'une entreprise pour le compte de cette entreprise ou d'autres
filiales de celle-ci. "Pour l'application du présent article, une
entreprise est considérée comme la filiale d'une autre lorsque
plus de 50 % de ses actions votantes sont détenues par cette autre
entreprise.
M. Garon: Que sont vos amendements, là-dedans?
Le Président (M. Saint-Roch): Les paragraphes 6° et
7° sont remplacés par un nouveau qui se lirait comme ceci:
"effectué par la filiale d'une entreprise pour le compte de cette
entreprise ou d'autres filiales de celle-ci*.
M. Garon: En fait, vous amendez le paragraphe 6°, tout
simplement
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Oui, c'est une façon de faire l'amendement.
Pourquoi avez-vous décidé d'éliminer les véhicules
routiers neufs et usagés?
M. Côté (Charlesbourg): Je vais tenter d'expliquer
cela au député de Lévis. Au lendemain de la publication du
projet de loi, on a eu des représentations de la part des entreprises et
elles nous ont finalement convaincus de faire ce que nous faisons maintenant,
de leur soumettre...
M. Garon: Ah! ce sont les commentaires qu'ils n'ont pas.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Elles ont fait des
représentations partout pour être soumises au test
d'intérêt public, afin de protéger des emplois des
Québécois qui travaillent pour des entreprises qui ne sont pas
québécoises, actuellement. Dans la mesure où ce serait
autrement, donc, accessible à tout le monde, il pourrait y avoir des
compagnies de l'extérieur qui viendraient à nouveau le faire,
mais avec des employés de l'extérieur du Québec. Ce qu'on
vise à protéger par cet article-là, ce sont les emplois du
Québec des personnes qui effectuent ce transport-là pour le
compte d'une compagnie qui n'est pas québécoise. (23 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont plusieurs personnes
qui sont dans ce transport, MacCallum et d'autres de ce genre, sont venues
faire des représentations. C'est pour cela qu'on l'a changé.
M. Garon: Ils voudraient embarquer là-dedans.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: Je pense qu'ils voudraient en faire plus
eux-mêmes.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il faut comprendre
que le transport des automobiles neuves...
M. Garon: On me dit que seule Honda le faisait faire par les
camionneurs québécois. Est-ce vrai?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire Hyundai.
Il y a Hyundai éventuellement qui, à Bromont, pourrait le faire.
Actuellement, il faut dire que les automobiles sont fabriquées en
Ontario. Donc, les gens du Québec pourraient davantage avoir ce
transport-là.
Dans la situation actuelle, ce ne sont pas des propriétaires du
Québec, mais ce sont des Québécois qui font le transport
et ils y gagnent leur vie, passablement. Le danger de ne pas soumettre à
l'intérêt public serait que d'autres personnes, de
l'extérieur, pourraient effectivement venir chercher des permis et faire
le transport avec des gens autres que des Québécois. Cela
protège les emplois des Québécois.
M. Garon: Je vais vous poser une question.
Ce n'est pas tout à fait ce qu'on m'a dit. Je ne nie pas ce que
vous dites là. Les compagnies qui faisaient transporter des automobiles
au Québec prenaient des transporteurs américains et très
peu de Québécois. Elles souhaitaient briser le monopole pour
pouvoir elles-mêmes faire du transport. On m'a dit qu'il y en avait une.
Il me semble que j'avais compris Honda, mais c'est peut-être Hyundai.
Ça ne peut être Hyundai, elle ne manufacture pas.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Prenons un exemple. Un
gars s'est battu pendant treize ans pour obtenir un permis de la Commission des
transports. Initialement, il avait un engagement d'une compagnie qui allait
effectivement lui faire transporter des autos. Il a obtenu le permis et il est
en train de crever parce que pas une compagnie ne lu! donne de transport.
Actuellement, notre permis c'est de concessionnaire, transport de
concessionnaire. Il faut comprendre que le marché, c'est de l'usine de
fabrication distribué un peu partout aux divers concessionnaires. Comme
tout cela est centralisé en Ontario, cela veut-il dire que, demain
matin, un Québécois qui obtiendrait un permis va obtenir, des
gens de l'Ontario, l'autorisation ou les contrats pour transporter des
voitures? Des compagnies actuellement installées au Québec le
font, mais avec des employés québécois et c'est un peu
cela qu'on veut protéger. Autrement, uniquement par le test d'aptitude,
c'est ce qui se passerait; quelqu'un pourrait demander un permis et obtenir
éventuellement ce permis, assez facilement, en passant le test
d'aptitude. Cela pourrait être n'importe qui de l'Ontario ou de
l'extérieur qui ferait le transport, mais qui le ferait avec les gens de
l'Ontario et avec les gens du Nouveau-Brunswick, ce qui, par conséquent,
priverait de leur emploi des Québécois qui travaillent
actuellement. C'est cela, cela va les aider. Au moins, cela donne la
possibilité.
M. Garon: Est-ce qu'on pourrait le laisser en suspens? Je n'ai
pas complété mon information là-dessus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II est clair que, si vous
vous informez au seul transporteur du Québec, il ne sera pas
d'accord.
M. Garon: Pourquoi ne serait-il pas d'accord?
M. Côté (Charlesbourg): II va maintenant falloir
faire la preuve que cela va servir l'intérêt public pour en avoir
d'autres. Mais le problème c'est qu'il va falloir qu'il y ait des
voitures à transporter. C'est cela. Ce n'est pas du fait que...
M. Garon: Mais est-ce que le fait que...
M. Côté (Charlesbourg): ...vous ayez un permis, que
vous allez en transporter.
M. Garon: D'accord. Mais le fait que vous en ayez un qui ne
transporte rien, est-ce qu'il pourrait s'opposer en disant: Moi, )e suis
là et ils ne m'utilisent pas. Pourquoi donneriez-vous un permis à
un autre? Je ne le sais pas. Je me pose la question.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas impossible.
M. Garon: Ah, bon!
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on a tenté de
faire...
M. Garon: C'est pour cela que je dis que cela pourra
peut-être jouer en sa faveur un peu.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Ce qu'on va tenter de
faire, c'est de trouver le moyen d'être capable de protéger les
emplois du Québec. C'est de cela que les gens nous ont convaincus. Moi,
je ne l'étais pas au départ. La plus belle preuve, c'est que ce
n'est pas ce qui était là. On nous a rencontrés et on nous
a informés, on nous a sensibilisés à cela, au fait que
c'étaient très majoritairement des Québécois qui
travaillaient dans ces compagnies. C'était ces emplois qu'on voulait
protéger, autrement ils ne le seraient pas. Ce n'est pas parce que vous
allez avoir un permis du Québec que vous allez automatiquement avoir des
voitures de l'Ontario à transporter. On va être obligés de
vivre avec la réalité. Les voitures sont fabriquées en
Ontario, elles ne sont pas fabriquées chez nous.
M. Garon: On va revenir sur cela.
M. Côté (Charlesbourg): L'amendement et
l'article.
M. Garon: L'amendement, après on va revoir l'article.
Ensuite, cela va être automatique. Cela va être oui.
M. Côté (Charlesbourg): On ferait peut-être
mieux de laisser l'article complet de côté.
M. Garon: Non, j'aime autant qu'on le fasse. On est là, il
arrive là, après cela on ne l'aura pas vu. C'est juste
pour...
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends très
bien.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est en suspens.
Nous en prenons un...
M. Côté (Charlesbourg): On a besoin de
vérifier un certain nombre de choses à un
moment donné, je trouve cela normal.
M. Garon: On va marquer amendement en suspens. Je n'ai pas le
temps de tout faire. Je veux satisfaire aussi le député de
Charlesbourg qui pense que je devrais avoir de plus grandes ambitions. Il
m'oblige à m'interroger là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes allé
quelques fois à Rimouski au cours des derniers temps.
M. Garon: Comment ça?
M. Côté (Charlesbourg): Des visites à
Rimouski... on se demandait s'il n'y avait pas une montée de
fièvre, une "garonite" dans ce coin, un début de 'garonite". La
plus belle fleur a beau avoir les plus beaux pétales, si vous ne lui
donnez pas un petit peu d'amour et si vous ne l'arrosez pas de temps en temps,
je comprends cela, les appuis qu'on peut avoir dans le leadership, il faut les
cultiver de temps en temps, des fois, les solliciter, bien sûr, parce que
cela ne vient pas tout seul.
M. Garon: Les quoi?
M. Côté (Charlesbourg): De temps à autre les
solliciter aussi. Cela ne vient pas toujours tout seul. Il faut les
cultiver...
M. Garon: Ça va!
Le Président (M. Saint-Roch): J'en déduis que
l'article 15 ne s'applique pas non plus à cela.
M. Garon: Vous avez l'air d'avoir de l'expérience
là-dedans. Votre plan de campagne est fait.
M. Côté (Charlesbourg): Non, en organisation de
leadership.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je ne suis pas rendu là.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous voulez quelques
conseils, je suis prêt à vous en fournir. Sur le plan de
l'organisation, je ne suis pas pire.
M. Garon: Voulez-vous être mon organisateur? Est-ce que
c'est une offre comme organisateur?
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez voir très
rapidement qu'il s'agit, dans ces cas-là, de votre présence, de
votre participation; il y va de l'intérêt public. Vous passez
facilement le test d'aptitude.
M. Garon: Ces choses-là sont dites très
élégamment.
Le Président (M. Saint-Roch): J'en déduis donc que
l'article 15 s'applique. Premier paragraphe.
M. Garon: L'article 15 ne s'applique pas au transport.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: Avez-vous des conseils de vos conseillers juridiques
pour ajouter des choses? L'article 15 ne s'applique pas au transport...
Premièrement on dit: le périodique non visé au
paragraphe 6 de l'article 1. Cela s'appliquerait, par exemple, à un gros
camion de La Presse qui descendrait de Montréal à
Québec, à un entrepôt, pour remplir des petits camions qui
repartent pour livrer aux détaillants. Ils doivent prendre leurs propres
camions. Quel cas voyez-vous par périodique non visé au
paragraphe 6 de l'article 1?
M. Côté (Charlesbourg): Distribution.
M. Drolet: Un, c'est la distribution finale. Ce qu'on voit
à l'article 20, présentement, visait seulement le transport
international. Maintenant on l'étend à tous les points du
territoire du Québec...
M. Garon: Au fond, vous dites le reste. À l'article 1,
vous avez dit que les périodiques ne s'appliquaient pas à toutes
les clientèles et que, tous ceux qui ne sont pas dans ce cas, cela ne
s'applique pas non plus. Donc, cela ne s'applique pas du tout aux
périodiques, finalement.
M. Drolet: Effectivement, tous les périodiques ne seront
plus soumis au test de l'intérêt public, sauf qu'il y a une partie
de l'extrémité où, comme on le sait, ce sont souvent des
enfants et même des gens qui le font et qui ne sont pas soumis du tout
à la présente loi. À cet article, par contre, les gens,
qui sont réellement dans le gros du marché, sont soumis au test
parce qu'ils ont plusieurs véhicules. Ils sont soumis au test
d'aptitude.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas à
l'intérêt public mais au test d'aptitude.
M. Drolet: On pense, par exemple, à ceux qui transportent
les journaux, comme vous dites, par gros camions. Par exemple, Le Soleil,
à Québec, qui fait descendre ses journaux dans les points
régionaux, soit en Gaspésie ou soit au Lac-Saint-Jean. Ces gens
continuent d'avoir un permis mais c'est le test d'aptitude qui compte.
M. Garon: Comment, vous ne les excluez pas entièrement? Au
paragraphe 6", on mentionne ceux auxquels cela ne s'applique pas. Là,
à
l'article 20, vous dites que les périodiques ne sont pas
visés au paragraphe 6° de l'article 1.
Donc, si cela ne s'applique pas non plus, il ne reste plus rien.
M. Côté (Charlesbourg): Au paragraphe 6°, c'est
la loi globale qui ne s'applique pas. C'est le cas des camelots.
M. Garon: Vous avez raison.
M. Côté (Charlesbourg): Alors que dans ce cas-ci,
c'est le test de l'intérêt public qui ne s'applique pas alors que
le test d'aptitude va s'appliquer.
M. Garon: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe
I est-il adopté?
M. Garon: Ça c'est le test d'intérêt
public.
IIne s'applique pas. Pourquoi?
M. Côté (Charlesbourg): Le test de
l'intérêt public?
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que dans certains cas,
cela peut être du compte propre...
M. Garon: Le compte propre n'est pas couvert par cela, il ne
compte pas.
M. Côté (Charlesbourg): II est couvert par le test
d'aptitude et non par le test d'intérêt public.
M. Garon: Le compte propre n'est pas couvert du tout.
M. Côté (Charlesbourg): Le compte propre, c'est le
test d'aptitude.
M. Garon: Bien non. C'est dans la définition. Ils
transportent contre rémunération... Qu'est-ce qu'on dit? Je ne
comprends plus. Ce paragraphe s'applique au service
rémunéré de camionnage. Il ne s'applique pas au compte
propre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, le compte propre couvre
de la même manière, mais par le code et avec les mêmes
affaires.
M. Garon: C'est le code, d'accord. M. Côté
(Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Mais ici, l'intérêt public ne
s'appliquerait pas aux périodiques visés au paragraphe 6" de
l'article 1.
M. Rémillard (Louis): C'est comme l'exemple que l'on
donnait tout à l'heure. Le transport de...
M. Drolet: ...l'imprimerie, par exemple, vers les centres
régionaux qui continue à se faire souvent par gros camions ou par
remorques. Ces gens vont devoir détenir un permis, mais seulement le
permis avec le test d'aptitude.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Boulay.
M. Boulay: En fait, la logique de cet article est la suivante:
Actuellement, dans la Loi sur les transports, un règlement
découle de cette loi, c'est le règlement des produits
nommés. Certains produits exigent un transport rapide, que ce soit pour
les produits agricoles, les fruits et légumes ou que ce soit aussi les
publications. On a actuellement les publications. Pourquoi cela prend-il un
transport assez rapide et une offre assez grande de transport? C'est qu'une
publication datée doit être sur le marché très
rapidement. La logique est la même, sauf que là, c'est reconduit
dans la loi. Ce qu'on dit, c'est qu'il y a un certain nombre de produits qui
sont soit périssables par leur nature quand c'est le cas de
légumes, de fruits, etc., ou qui sont périssables parce que c'est
une publication qui a une date et...
M. Garon: Ce n'est pas n'importe qui qui peut le faire.
M. Boulay: II faut que cela aille très rapidement sur le
marché. Par contre, ils sont sujets au test d'aptitude. Ils doivent
être aptes. Ils doivent être sécuritaires, entre guillemets.
C'est la logique de la plupart des articles qui se retrouvent dans l'article
20.
M. Garon: II faut calculer que quelqu'un ne pourrait pas
s'opposer en disant: Moi, je peux le faire, alors qu'il ne serait
peut-être pas organisé pour le faire.
M. Boulay: Oui. Parce que c'est un type de produit qui doit aller
sur le marché très rapidement. Ce n'est pas tout le monde non
plus qui est intéressé à faire ce type de transport.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 1° est
adopté. Paragraphe 2°?
M. Garon: Animaux vivants. Pourquoi dans ce cas-là?
M. Côté (Charlesbourg): Animaux vivants.
M. Boulay: À l'heure actuelle, dans la
réglementation, les animaux vivants ne sont pas
réglementés au complet, en ce sens que tout ce
qui est transport de 250 kilomètres et moins et tout ce qui est
transport intraprovincial ne sont pas réglementés. En ce sens,
c'est une reconduction.
M. Garon: Quand c'est plus de 250 kilomètres. Prenons des
animaux, par exemple, et que je les transporte de Rimouski à
Montréal...
M. Boulay: De Rimouski à Montréal. M. Garon:
Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! C'est cela que vous
étiez allé voir.
M. Boulay: La situation c'est que plusieurs agriculteurs
transportent les animaux pour des voisins. C'est Justement le genre de
transport qu'ils peuvent faire.
M. Garon: Je pensais que c'était un transport un peu
spécialisé parce que ce n'est pas tout le monde qui est capable
de transporter des animaux. Prenez le gars qui arrive avec un boeuf et qui ne
connaît pas ça, les boeufs, il peut trouver cela dur un peu. Quand
j'étais au ministère et quand Rosalie est sortie, le photographe
habituel des animaux a été choisi par Rosalie, à
l'époque. Quand quelqu'un part pour photographier à peu
près 200 animaux pour une revue, il faut que l'animal ait les deux
pattes d'en avant ensemble, les deux pattes d'en arrière ensemble, la
tête au bon niveau, je vous dis que cela ne prend pas n'importe quel
photopraphe pour faire cela. On avait pris une dérogation et on avait
dit: Écoutez, les photographes qui font cela, il n'y en a pas
beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le paragraphe
2° est adopté?
M. Garon: Oui. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Là-dessus, à
moins d'un consentement unanime pour continuer, je me verrai dans l'obligation
d'ajourner nos travaux sine die.
M. Garon: On est aussi bien d'ajourner parce que je vois qu'on va
arriver aux arbres de Noël et comme le député d'Orford est
absent...
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais peut-être
préféré qu'on puisse l'adopter immédiatement pour
qu'il ne soit pas en conflit d'intérêts.
M. Garon: Non, mais il pourrait nous éclairer. Il pourrait
nous indiquer...
Une voix: II pourrait se déguiser en arbre de
Noël.
M. Garon: D'accord. Ajourné. Le Président (M.
Saint-Roch): Bonsoir.
(Fin de la séance à 0 h 2)