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(Onze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Projet de loi 76
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 76, Loi
sur le camionnage. S'il y a consentement, nous avons maintenant le papillon
pour l'article 125 qui avait été laissé en suspens. Alors,
je vais appeler de nouveau l'article 125.
M. Garon: Pourvoir l'amendement.
Dispositions diverses et transitoires (suite)
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord. Pour se
rendre à la demande du député de Lévis, remplacer
dans l'article 125 du projet de loi les mots "au ministre dans l'année
qui suit" par les mots ", dans les quatre mois qui suivent la fin de
l'année, au ministre qui dépose ce rapport à
l'Assemblée nationale le mois suivant".
M. Garon: Est-ce que je pourrais en avoir une copie, s'il vous
plaît?
M. Côté {Charlesbourg): C'est pour faire suite
à votre demande, hier, que le rapport annuel préparé dans
ce cadre-là soit déposé le plus rapidement possible
à l'Assemblée. On a dit quatre mois hier, plus un mois de
transmission pour le déposer à l'Assemblée.
Le Président (M. Saint-Roch): Des questions sur
l'amendement?
M. Garon: Non, mais j'essaye de le comprendre. Vous remplacez,
à l'article 125 du projet de loi, les mots "au ministre dans
l'année qui suit" par les mots ", dans les quatre mois qui suivent la
fin de l'année, au ministre qui dépose ce rapport à
l'Assemblée nationale le mois suivant".
Normalement, la formule usuelle, c'est "dans les quinze jours".
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. M. Garon: Ce n'est
pas dans le mois.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas de
problème avec cela, moi, vous savez. Dans les quinze jours suivants, il
n'y a rien là.
M. Garon: Bien, je vais faire un sous-amendement pour amender ce
bout-là, pour être dans les formes.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, je vais prendre le
premier amendement.
M. Garon: Je vais accepter l'amendement, mais je vais proposer un
sous-amendement.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais
considérer, M. le Président, que c'est dans les quinze jours.
M. Garon: Oui, mais là il ne sera pas
rédigé. On pourrait faire des erreurs.
Une voix: Corrigez-le.
M. Garon: On en discutera avec l'amendement sous les yeux.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait relire
l'amendement. Remplacer, dans l'article 125 du projet de loi, les mots "au
ministre dans l'année qui suit" par les mots ", dans les quatre mois qui
suivent la fin de l'année, au ministre qui dépose ce rapport
à l'Assemblée nationale dans les quinze jours suivants."
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'amendement?
M. Garon: Non, je vais avoir des commentaires. ,
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Garon: Non, je vais parier un peu sur l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous reconnais, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je pense que cet amendement est
important. Autrement, si on avait laissé un mois, cela aurait voulu dire
que le rapport aurait été présenté au ministre
à la fin d'avril et déposé à la fin de mai.
Ensuite, on entre dans la session intensive, au mois de juin. Cela veut dire,
au fond, qu'avec les procédures de la session intensive il est à
peu près Impossible de pouvoir faire des commentaires ou de pouvoir
analyser. L'Assemblée nationale est saisie théoriquement mais,
comme les règles de procédure habituelles ne s'appliquent pas au
cours du mois de juin ou au cours du mois de décembre, à
ce moment-là il y a un dépôt mais, dans le brouhaha
de la fin de session, le rapport perd de son Importance et le public n'est pas
informé. Dans les fins de session, vous savez comme moi que les rapports
des commissions parlementaires arrivent sous forme de galées parfois
quelques semaines plus tard. Il y a des commissions dont on ne reçoit
même pas les galées. C'est très long. Cela dépend de
la directive qui est donnée à ce moment-là par le leader
du gouvernement. Il y a des journées où on siège à
l'Assemblée nationale et où des commissions parlementaires ne
sont même pas entendues par la presse.
Habituellement, je fais partie des commissions parlementaires qu'on
envoie dans le 101-B; je ne sais pas si c'est parce que le président de
la commission ne s'affirme pas assez auprès de son leader. Par exemple,
la commission du budget et de l'administration a l'insigne honneur d'être
envoyée dans le placard du 101-B régulièrement, de sorte
que la presse ne peut pas entendre, sur les "perroquets", ce qui se dit devant
cette commission. Les enregistrements qui se font à la salle 101-B ne
sont pas diffusés auprès des journalistes. Ce sont la salle de
l'ancien Conseil législatif - le salon rouge - la salle
Louis-Jo-seph-Papineau et la salie Louis-Hippoiyte-Lafontaine dont les
débats sont diffusés immédiatement dans les locaux des
médias.
Il est très important que, sur le plan de la procédure,
ces rapports soient diffusés en temps utile parce que les travaux ne
sont pas suivis. Il ne faut pas se faire d'illusions, actuellement une
commission parlementaire comme la nôtre est à peine suivie. Il y a
trop de choses qui se passent en même temps et les journalistes ne
peuvent pas se diviser en plusieurs parties et suivre tous les travaux des
différentes commissions parlementaires. On assiste, par exemple,
à des commissions parlementaires dont les galées sont
corrigées, imprimées et expédiées parfois plusieurs
semaines plus tard. Je serais curieux de savoir à quelle époque
on reçoit, par exemple, les commissions parlementaires qui ont
siégé au cours des mois de décembre et de juin. Des fois
on reçoit des papiers, les transcriptions officielles corrigées,
plusieurs semaines plus tard. Alors, comme certains journaux ou certains moyens
de communication n'ont pas plus... Je pense qu'il n'y en a aucun qui a plus de
trois journalistes, de sorte que les travaux des commissions qui ne sont pas
choisies ne sont pas couverts. Il arrive, M. le Président, que ces
personnes viennent faire un tour. Comme on l'a vu depuis le début de
notre commission qui siège depuis lundi, il y a un journaliste de La
Presse canadienne, M. Delisle, qui est venu faire un petit tour. Il est
resté peut-être dix minutes à un quart d'heure et il est
allé vaquer à d'autres occupations en fonction des affectations
qu'il a eues de son chef de pupitre.
Alors, vous comprendrez, M. le Président, que dans ces conditions
l'amendement disant que les travaux de la Commission des transports du
Québec va présenter son rapport dans les quatre mois est
important parce que les quatre mois de la fin de l'année, cela veut dire
au plus tard à la fin d'avril. Ensuite, après la fin d'avril, le
ministre devra déposer dans les quinze jours. Cela nous mène
à la mi-mai. Il y a au moins une période de quinze jours qui peut
faire l'objet de débats ou qui reçoit davantage l'attention de
ceux qui doivent couvrir les événements publics.
Vous savez que dans les commissions parlementaires, dans tous ces
organismes, il y a une procédure très stricte qui est suivie
même si, pour les gens de l'extérieur, cela a l'air d'un brouhaha.
Il y a des ententes qui sont prises, qui sont respectées parfois et qui,
souvent, ne le sont pas. À ce moment-là, il est à peu
près impossible de faire respecter ces ententes qui ne sont pas
respectées lorsqu'il n'y a pas d'ordre formel de la Chambre. Trop
souvent, on est obligé de se fier sur la parole de ceux qui nous la
donnent pour dire qu'il va arriver telle chose à tel moment ou à
telle heure même si, ensuite, on se rend compte que cela se passe
différemment.
Je vais vous donner un exemple. J'avais été avisé
que je n'aurais pas de commission parlementaire aujourd'hui. J'ai
organisé ma journée en tenant compte du fait que je n'aurais pas
de commission parlementaire, et là je me retrouve en commission
parlementaire ce matin. Alors, c'est indicatif, M. le Président, qu'il
est très important d'avoir des textes écrits, de ne pas seulement
se fier à ce que les gens nous disent parce que, de bonne foi ou
autrement, cela peut être des propos mal interprétés ou mal
formulés. Je pense que la meilleure façon de procéder,
c'est de suivre le règlement et d'aller le plus, comme on disait
autrefois... Me Rémillard se rappelle sûrement quand on disait d'y
aller par le livre, "by the book". Alors, personne ne se trompait parce que le
livre était connu de tous et, en y allant par le livre, les gens
connaissent les règles du jeu. Alors que, par consentement, parfois on
s'imagine faire des consentements où il semble qu'il n'y en ait pas eu,
ou encore des consentements ont été exprimés et, pour une
raison ou pour une autre, on se retrouve devant une application
différente de ce qu'on avait appris sur la façon dont les choses
se dérouleraient.
M. le Président, je sais à quel point, comme
président, votre fonction est de faire respecter le règlement, de
faire respecter les règles du jeu et vous savez comme moi que la
meilleure façon pour que les choses se passent correctement, c'est
qu'elles soient rédigées correctement. C'est pour cela qu'il ne
faut pas faire d'imprécisions. Il faut que les textes soient
précis. Dans la formule que l'on vient de dégager, que l'on vient
de proposer comme amendement, je voulais absolument que ce soit quinze jours
plutôt qu'un mois. Si cela avait été un mois cela aurait
été... Encore là, même en fonction des règles
du jeu de l'ensemble du règlement, l'objectif recherché
n'aurait pas été nécessairement atteint. Le cadre
dans lequel tout cela se serait déroulé n'aurait pas pu
être véritablement pratiqué, même si le ministre des
Transports responsable de l'application de la loi l'avait voulu. Pour des
raisons supérieures, pour d'autres motifs, les gens auraient pu dire
qu'ils avaient besoin d'autre chose. C'est pour cela que les ententes verbales
sont toujours dangereuses. Le ministre peut changer, la personne qui fait les
ententes peut être soumise à d'autres conditions. Il peut arriver
toute sorte de choses. À ce moment-là, on se retrouve devant des
situations qui n'ont pas été recherchées.
Quelqu'un peut vous dire: Le ministre m'a donné sa parole, ou
telle personne m'a donné sa parole. Sauf que, quand arrivent d'autres
décisions, la personne peut ne pas être là. La personne qui
lui succède peut dire: Je ne suis pas au courant de cela. J'ai vu
souvent des situations où vous avez eu une entente avec quelqu'un, et,
une fois que vous voulez faire respecter l'entente, celle-ci - sinon la
personne - se déguise en courant d'air. Vous n'êtes pas plus
avancé que s'il n'y avait pas eu d'entente ou de consentement.
C'est pourquoi, M. le Président, les gens prudents - on ne l'est
jamais assez... Je m'aperçois que je me fais encore prendre des fois au
jeu de la confiance, alors qu'on ne devrait pas faire confiance dans les choses
publiques. On devrait toujours aller par le livre et faire en sorte que les
écrits constatent, de façon formelle, toutes les choses qu'on
veut voir appliquées. Je suis persuadé que le conseiller du
ministre, un avocat qui a de longues années d'expérience, et ceux
qui l'entourent savent que, même si on a le meilleur droit et qu'on n'est
pas capable de le prouver, c'est comme si on n'en avait pas. Il faut toujours
se mettre dans des conditions pour offrir la meilleure preuve possible.
D'ailleurs, il y a un texte dans le projet de loi qu'on vient d'adopter
stipulant que la preuve doit être la meilleure dans les circonstances et
que, s'il y a une preuve écrite, c'est elle qui va prédominer.
Mais, quand il n'y a pas de preuve écrite, souvent on est incapable de
faire une preuve ou encore, s'il s'agit de ce que certains appellent des
paroles verbales, quand il s'agit de mots, on peut toujours dire qu'on a mal
compris, que c'était des constatations verbales. Souvent, devant des
accords verbaux, les parties sont mal placées et ne peuvent pas prouver
leurs droits.
Le conseiller du ministre ne lui conseillerait pas de faire des accords
verbaux. Il lui dira toujours de faire des accords écrits, pour qu'ils
soient facilement prouvables. Tandis que, ici au Parlement, on fonctionne
très souvent avec des accords verbaux. Il arrive, à l'occasion,
qu'on se fasse prendre. (11 h 45)
M. le Président, je remercie le secrétaire de me donner la
copie écrite de l'amendement.
Encore là, c'était par largeur d'esprit que j'avais
commencé le débat avant d'avoir eu cette copie. J'aurais dû
attendre cette copie avant de commencer mon propos, puisque les amendements,
normalement, doivent être présentés par écrit et les
amendements ne sont pas des amendements verbaux. La plus grande prudence aurait
voulu que je reçoive d'abord le texte écrit pour qu'on fonctionne
avec celui-ci. Je ne voulais pas faire cette Insulte au ministre puisqu'il
avait eu fa gentillesse de me montrer te texte et, l'ayant vu, je ne pouvais
pas et ne voulais pas supposer que ce ne serait pas le même texte dont on
me remettrait un peu plus tard la copie. C'est pourquoi j'ai commencé
à discuter de l'amendement avant même d'avoir eu un texte
permanent entre les mains et seulement en avoir vu, pendant quelques secondes,
le libellé qui correspondait à ce qui était
indiqué. Mais je voulais dans mon argumentation, faire valoir le point
pour le ministre qui a souligné à plusieurs reprises au cours de
nos dernières heures de délibération qu'il n'était
pas juriste. Actuellement, il est dans une position de force pour faire
entériner ses paroles, ses consentements verbaux, beaucoup plus que je
le suis. Comme ministre fort du gouvernement, quand il veut mettre en oeuvre ce
dont il a parlé, il a des moyens très forts dont je ne dispose
pas, dont j'ai déjà disposé mais dont je ne dispose plus
maintenant Je dois me contenter toujours de la bonne foi et je dois vous dire
que la bonne foi, même si elle doit être supposée - en droit
on doit supposer la bonne foi de chacun - dans les jours, dans les temps qui
passent la bonne foi n'est pas la marchandise la plus courante. Trop souvent il
faut être dos au mur de peur de se faire attaquer de front et
d'arrière. C'est pourquoi je veux m'en tenir davantage à des
textes écrits parce que des expériences très
récentes m'indiquent qu'encore là, même en vieillissant, on
devient... souvent on ramollit, on devient confiant et on ne devrait pas
l'être. Il faut toujours agir avec la plus grande prudence. Je ne veux
pas dire de ne pas agir. Je me rappelle le père Georges-Henri
Lévesque, mon professeur en sciences sociales, dans le dernier cours
qu'il a donné qui s'appelait Morale et techniques de l'action, il nous
disait: L'homme prudent ce n'est pas celui qui n'agit pas, c'est celui qui agit
mais qui prend toutes les précautions pour que son action se fasse de la
façon dont il l'a prévue et pour que les objectifs
recherchés soient réalisés.
Alors, M. le Président, je viens de voir arriver le
député de Desbiens - de Dubuc, pardon - un jour ce cera
peut-être le comté de Desbiens, représenté par un
dénommé Dubuc. Je voudrais dire qu'il s'agit d'un amendement dont
on a discuté hier, le député de Dubuc était ici
présent et, avant qu'il arrive, le ministre a déposé un
amendement qui allait dans le sens des propos que nous avons tenus hier mais il
avait mis "le mois suivant" et nous avons dû faire des
changements pour indiquer "dans les quinze jours suivants". Alors, le
rapport terminé en fin d'année, pour les années 1988, 1989
et 1990, sera remis dans les quatre mois, c'est-à-dire au plus tard
à la fin d'avril de l'année suivante, et le ministre devra
déposer à l'Assemblée nationale dans les quinze jours qui
suivent plutôt que dans le mois qui suit, c'est-à-dire au plus
tard à la mi-mai plutôt qu'à la fin de mai, pour qu'il
puisse y avoir une période de quinze jours et en dehors du brouhaha de
la fin de session du mois de juin. Alors, je suis persuadé que le
député de Oubuc va vouloir commenter ces dispositions importantes
pour la publicité des débats, la publicité des rapports et
pour l'information du public puisqu'on dit qu'une démocratie fonctionne
bien lorsque les gens sont bien informés et que la publication des
choses publiques est bien faite. Mais il arrive souvent que les choses
publiques ne sont pas rapportées comme elles devraient l'être, que
le tout est escamoté.
Je sais gré au ministre d'avoir... Jusqu'à maintenant, je
ne connaissais pas beaucoup le ministre. Je le connaissais comme quelqu'un qui
était malin. Maintenant qu'il est au pouvoir, il est beaucoup moins
prompt et il accepte de rendre publics des documents, assez facilement
plutôt qu'avec réticence. Je lui sais gré de cette attitude
qui n'est pas la marque de commerce de tous les ministres avec lesquels on doit
travailler. Alors, je dois vous dire que j'ai l'intention, personnellement, de
concourir à l'adoption de cet amendement,
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je m'excuse, M. le député
de Dubuc. En respectant, comme le député de Lévis l'a
fortement suggéré dans son exposé, l'alternance, M. le
ministre, est-ce qu'il y a des commentaires à l'exposé de M. le
député?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, nous
avons agréé à l'essentiel de la demande du
député de Lévis, quant au dépôt et à
la publication, et nous avons acquiescé aussi à la
réduction du délai d'un mois à quinze jours. Je pense
qu'on répond à l'essence de la .demande, même presque en
totalité, du député de Lévis. Pas de
commentaires.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, c'est uniquement pour
souligner l'importance, d'une part, de la tenue des commissions parlementaires,
de l'étude article par article des projets de lois. Cela permet à
tout le monde de mieux saisir la portée exacte des projets et aussi de
souligner le rôle positif de l'Opposition qui met en éclairage
certaines situations et, finalement, assure au ministre de repartir avec une
loi qui est encore meilleure et améliorée. Évidemment, je
trouve très sage que le ministre ait accepté ces amendements
auxquels je concours, de toute évidence.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Dubuc. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je voudrais présenter un autre amendement, M. le
Président, qui ajouterait un deuxième alinéa à
l'article 125. Je vais remettre la rédaction au secrétaire.
À l'article 125, ajouter un deuxième alinéa, qui se lirait
comme suit: Le ministre pourra demander en cours d'année à la
commission des renseignements particuliers qu'il souhaite voir écrits au
rapport. On voit cette disposition, habituellement, où un ministre peut
demander dans un rapport des renseignements. Si vous voulez me donner quelques
secondes, je vais le rédiger pour qu'on puisse en donner des copies
à chacun.
Le Président (M. Saint-Roch): J'attends votre texte, M. le
député de Lévis.
La commission suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 56)
(Reprise à 12 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. M. te député de
Lévis.
M. Garon: Alors, l'amendement pourrait se lire comme suit:
À l'article 125, ajouter un deuxième alinéa, ouvrez les
guillemets "Le ministre pourra demander en cours d'année à la
commission d'examiner une question particulière et de fournir les
renseignements indiqués dans le rapport à remettre."
Une voix: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Votre amendement est
recevable, M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, le but de l'amendement est de
permettre plus de souplesse au ministre. C'est habituellement une disposition
que l'on trouve dans les projets de loi, mais peut-être pas
rédigée dans les termes exacts que j'ai soumis. Il m'est apparu
évident, en revoyant l'article, qu'il y avait une lacune et qu'il
fallait permettre au ministre, comme II s'agit d'un rapport où on va
vouloir analyser le fonctionnement, les dispositions de la loi. de voir
quels
sont les changements qui pourraient être apportés. On a vu,
entre la troisième et la quatrième année de
l'entrée en vigueur de la loi... Le ministre pourra avoir à
demander que certaines questions soient analysées par la commission.
M. Côté {Charlesbourg): Adopté.
M. Garon: II faut, à ce moment-là, faire en sorte
que ces possibilités soient analysées et qu'elles soient
contenues dans un rapport.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, je m'excuse, j'aurais besoin d'une directive de votre part.
Est-ce que vous désirez écouler vos 20 minutes sur votre
amendement? M. le minisire a signifié son intention d'accepter et
d'adopter votre amendement.
M. Garon: Le ministre ne peut pas faire cela car il n'a pas la
parole, c'est moi qui ai la parole. Alors, comme j'ai...
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, je vous demande une
directive, M. le député de Lévis.
M. Garon: ...la parole, il faut que je donne mon explication sur
mon amendement pour ceux qui vont vouloir savoir pourquoi tel amendement a
été ajouté, quelles sont les raisons qui ont motivé
l'ajout de cet amendement. Alors, je n'ai pas l'intention de prendre
nécessairement tout mon droit de parole parce que l'amendement parle
plus par lui-même que l'amendement précédent qui, lui,
devait tenir compte d'un contexte.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, si c'est le cas, M.
le député de Lévis, vous pouvez poursuivre.
M. Garon: Alors, M. le Président, ce que je veux
essentiellement indiquer, c'est qu'il est important de donner au ministre le
pouvoir de demander des renseignements additionnels. Comme il s'agit d'un
article dont les effets vont durer pendant trois ans; il faut que le ministre
puisse demander des renseignements en cours d'année, si on l'avise, par
exemple, que telle question devrait être étudiée et qu'il
serait pertinent de demander à la commission d'étudier telle ou
telle question et de répondre à l'examen de cette question dans
un rapport. Il est évident que c'est beaucoup plus fort pour le ministre
s'il a demandé des renseignements à une commission qui les
fournit dans un rapport; il y a le caractère de publicité,
d'engagement et de liberté qu'on trouve beaucoup plus dans un rapport de
cette nature que dans un rapport privé, qui ne sera pas mis en question.
Or, comme il s'agit d'un rapport qui va être remis à
l'Assemblée nationale, toute question posée par le ministre
à la commission va avoir un effet beaucoup plus grand parce qu'on va
permettre, à ce moment-là, à la commission
d'étudier cette question et de la soumettre à l'analyse publique
des députés de l'Assemblée nationale, qui vont pouvoir
lire ce rapport et en discuter.
Alors, c'est pourquoi, M. le Président, j'ai
présenté cet amendement pour permettre une plus grande latitude
au ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, est-ce que
l'amendement proposé par le député de Lévis est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'article 125 tel qu'amendé est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Or, nous allons maintenant
poursuivre et reprendre les discussions à l'article 126. Est-ce qu'il y
a des interventions à l'article 126?
M. Garon: Pour moi, il va y avoir des interventions et il va y
avoir des amendements aussi, je pense bien, éventuellement. Nous avons
commencé à analyser l'article 126 hier et nous avons
constaté que le ministre n'avait pas besoin d'une telle disposition
puisqu'on comprend qu'il y a déjà sept membres dont le mandat est
terminé et sept membres dont le mandat n'est pas terminé mais
dont le mandat se termine à brève échéance. Cela
veut dire qu'en réduisant la commission de quatorze membres à
neuf membres le ministre a, actuellement, toute la latitude de renouveler ou de
ne pas renouveler les membres dont le mandat est échu ou de les
remplacer par des gens dont il va renouveler le mandat, ou des personnes qui
vont être nommées à nouveau. Pour les autres personnes dont
le mandat n'est pas terminé et qui se termine, on me dit qu'il y en a un
en juin 1988, deux en janvier 1989 et deux en 1990... Cela veut dire
qu'à peu près tous les mandats sont venus à
échéance dans les deux ans, y compris les sept membres qui
restent, dont le mandat n'est pas encore échu. Nous estimons que le
ministre n'a pas besoin d'une disposition aussi rigoureuse. Il
référait à une situation de 1981, hier. Mais est-ce que ta
situation de 1981 était Identique? Je ne le sais pas. Est-ce que,
à ce moment-là, les membres étaient nommés pour
cinq ans, dix ans? Je sais qu'à ce moment-là II y a plusieurs
organismes dont le mandat était de dix ans, de sorte qu'il est possible
qu'en 1981... J'aimerais le savoir, je vais le demander comme information au
ministre. En 1981, le mandat des membres de la commis-
sion était-il de cinq ans ou de dix ans, en vertu de la loi?
Le Président (M. Saint-Roch): Vous pouvez poursuivre, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Je pose des questions. Il ne veut pas
répondre?
Le Président (M. Saint-Roch): Non, mais vous avez fait
appel, M. le député de Lévis, au respect intégral
du règlement dans votre long plaidoyer au début du
sous-amendement de l'article 125.
M. Garon: Oui, mais mes 20 minutes peuvent se prendre en une ou
plusieurs parties, justement en vertu du règlement. Je ne suis pas
obligé de prendre mes 20 minutes d'une claque.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, mais, monsieur...
M. Garon: Je peux prendre 30 secondes, 30 secondes, 30
secondes.
Le Président (M. Saint-Roch): Je suis d'accord avec vous,
M. le député de Lévis, pour autant que quelqu'un se
manifeste pour prendre la parole ou qui l'indique. Sinon, vous utilisez vos 20
minutes et quelqu'un répond à la question...
M. Garon: Je n'ai pas eu de réponse. Je pose une question.
Le ministre dit: Je refuse d'y répondre ou j'y réponds. C'est lui
qui décide, mais...
M. Côté (Charlesbourg): J'y répondrai dans ma
propre période de 20 minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): Les indications que j'ai, M.
le député de Lévis, sont que M. le ministre prend avis de
vos questions et il vous répondra lors de sa période de 20
minutes qu'il a en droit de réplique, à la suite de votre
intervention. Je me dois de faire reconnaître le droit de parole et
d'interpréter le règlement. M. le député de
Lévis, vous pouvez poursuivre.
M. Garon: M. le Président, je vais immédiatement
présenter un amendement, puisque le ministre ne veut pas me donner
d'indication quant à la question que je lui pose. Je vais faire un
amendement immédiatement, ce qui va nous permettre de procéder
plus rapidement.
Alors, je vous demanderais, à l'article...
Le Président {M. Saint-Roch): Est-ce que je peux recevoir
votre amendement?
M. Garon: Oui. À l'article 126, rayez le deuxième
alinéa...
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, M. le
député de Lévis, je me dois aussi de vous signaler, dans
le respect de vos droits, que le temps que vous prenez à rédiger
vos amendements est considéré dans le temps de parole de
l'article.
M. Garon: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M, le
député de Lévis.
M. Garon: Alors, si vous voulez suspendre, je vais
l'écrire correctement, sur mon temps. Est-ce que vous voulez?
Je vais l'écrire sur mon temps, il n'y a pas de problème.
Le consentement, on n'en a pas besoin. (12 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement de M. le
député de Lévis se lit comme ceci: À l'article 126,
supprimer le deuxième alinéa.
L'amendement de M. le député de Lévis est
recevable. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, comme il y a déjà
sept membres à la commission dont le mandat est expiré, avec le
premier alinéa qui dit que les membres de la commission dont le mandat
est expiré à la date de l'entrée en vigueur de l'article
110 doivent cesser leurs fonctions à cette date et que l'article 100
doit entrer en vigueur le 1er janvier 1988, cela veut dire qu'à toutes
fins utiles il y aura sept postes de comblés et deux qui ne seront pas
comblés. Il y. aura donc sept postes de comblés sur neuf et deux
à combler, et le deuxième alinéa, qui, au fond, donne au
gouvernement la possibilité de faire disparaître les autres
postes, est abusif. Les gens ont été nommés
régulièrement, ils occupent leurs fonctions et leur mandat est
régulier. Le ministre n'a pas besoin de supprimer quatorze postes; s'il
veut réduire le nombre de postes de la commission de quatorze à
neuf, le premier alinéa de l'article lui suffit amplement.
Alors, c'est le but de l'amendement que je lui ai
présenté, pour qu'il y ait seulement l'amendement
nécessaire et qu'il se retrouve compris à l'article 126.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'hier soir on a eu l'occasion d'expliquer les raisons pour lesquelles
cette disposition est là, telle quelle. Quant à nous, c'est tout
ce que nous avons à dire, pour le moment, en souhaitant le vote sur
l'amendement le plus rapidement possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement? M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, quand on dit: "Les membres de
la commission dont le mandat n'est pas expiré à cette date le
demeurent pour la durée déterminée par le gouvernement",
le gouvernement essaie de se faire donner par l'Assemblée nationale un
pouvoir qu'il a déjà exercé en vertu de la loi. Le
ministre ne nous indique aucune raison de faire abolir des fonctions,
c'est-à-dire de donner le pouvoir au gouvernement de ne pas respecter
les mandats qui ont déjà été consentis à des
membres de la commission. Le ministre ne donne aucun argument, sauf qu'il dit
sans le dire - c'est comme cela qu'il faut interpréter ses propos - que
tous les postes de la commission doivent expirer sur le bon vouloir du
gouvernement alors que, en vertu de la loi, il y a des gens qui ont
été nommés à ces fonctions et dont le mandat n'est
pas expiré. Il m'apparaît irrégulier que le gouvernement
veuille présenter une disposition dans une loi qui aura pour effet de ne
pas permettre aux membres de la commission de terminer leur mandat, sans raison
aucune.
Un gouvernement est lié par les mandats qu'il a donnés.
Normalement, le gouvernement ne peut pas ne pas respecter ses mandats. Parce
que, si le gouvernement, d'une façon, ne respecte pas ses mandats, c'est
que la crédibilité du gouvernement dans son ensemble va
être mise en cause et il va arriver que des gens qu'on voudrait avoir
à des fonctions importantes au gouvernement ne voudront pas les assumer
parce qu'ils se diront que le gouvernement, quand il nomme quelqu'un a des
fonctions pour une durée déterminée, ne respecte pas, par
la suite, ses engagements. Je pense que ce n'est pas une question de parti
politique, c'est une question de crédibilité du gouvernement dans
le cadre des mandats qu'il confie à des fonctionnaires ou à des
gens qu'il affecte à des fonctions.
Quand on affecte des gens à des fonctions, pour une
période donnée, habituellement, il ne s'agit pas de gens qui
commencent une carrière, mais de gens qui sont en plein milieu dans leur
carrière. On leur fait abandonner d'autres fonctions pour leur demander
de venir rendre service au gouvernement, et le gouvernement, après cela,
va mettre des dispositions dans la loi pour dire qu'on ne respecte pas ces
engagements-là, on ne respecte pas ces mandats et on va pouvoir faire ce
qu'on veut. Imaginez quelle crédibilité ils auraient s'il fallait
nommer les juges de cette façon. Il faut bien savoir qu'à la
Commission des transports du Québec ce sont des gens qui assument des
fonctions quasi judiciaires, administratives. -
S'il fallait nommer les juges de cette façon, M. le
Président, quelle crédibilité auraient les Juges? Il ne
s'agit pas de n'importe quelle fonction. Il ne s'agit pas d'une fonction
administrative. Il s'agit d'une fonction quasi judiciaire et il va y avoir une
épée de Damoclès sur la tête des gens de cette
commission, pour leur dire: En tout temps, le gouvernement va pouvoir
résilier vos fonctions et vous congédier. SI le gouvernement
Inscrit dans des lois des périodes de temps pour des mandats, c'est
justement pour faire en sorte que les gens sachent qu'ils sont là pour
une période de temps, qu'ils ont toute la liberté d'esprit que le
mandat d'un certain nombre d'années leur donne. On a vu, dans certaines
dispositions, que les mandats étaient de cinq ou de dix ans, justement
pour garder cette liberté.
Dans le cas des juges, cela va plus loin encore, M. le Président.
Ils sont nommés à vie, jusqu'à leur retraite, à un
âge avancé. Pourquoi?
Une voix: 75 ans.
M. Garon: Pardon? 75 ans, oui. Pour justement que le juge ne soit
pas l'objet de pressions, ne soit pas l'objet de manipulations, ne soit pas
l'objet de menaces s'il voyait son mandat se terminer et pour qu'il ait toute
la liberté d'esprit, pour faire en sorte que son mandat soit bien fait.
Alors, dans ce cas-ci, la disposition que nous voulons faire rayer, si elle
était maintenue, voudrait dire que le mandat peut expirer quand le
gouvernement va le décider. Comment voulez-vous que des gens rendent des
jugements avec la quiétude d'esprit, quand ils sont obligés de
penser à leur propre situation, à leur propre emploi? Comment
vont-ils pouvoir rendre des décisions en se disant que, s'ils rendent
telle décision, ils pourraient déplaire aux ministres, ils
pourraient déplaire au gouvernement? S'ils ont entendu dire que le
souhait du gouvernement va dans telle direction, alors, s'ils rendent telle
décision, ils risquent de mettre en cause leur propre
sécurité et leur propre emploi. (12 h 30)
Vous comprendrez, M. le Président, que ce ne sont pas des
conditions très faciles pour les gens qui vont exercer des fonctions
quasi judiciaires et que toutes les dispositions de notre droit vont exactement
dans le sens contraire, non pas dans le sens de donner de
l'insécurité à ceux qui assument des fonctions quasi
judiciaires, au contraire, les conditions leur donnent un maximum de
sécurité pour qu'ils aient tous la quiétude d'esprit
nécessaire pour assumer ces fonctions.
C'est pourquoi, M. le Président, il m'apparaît important
que cet alinéa soit rayé pour que l'article 126 reste dans sa
teneur. Il m'apparaît important que les gens dont le mandat est
expiré cessent d'exercer leurs fonctions, ce qui nous apparaît
correct puisque leur mandat est terminé et ils ne s'attendaient pas
nécessairement à un renouvellement. Tandis que, dans le cas du
deuxième alinéa: "Les membres de la commission dont le mandat
n'est pas expiré à cette date, " eux devraient pouvoir terminer
leur mandat pour que la crédibilité du gouvernement soit intacte
et le sens de la responsabilité du gouvernement vis-à-vis des
personnes qui assu-
ment des mandats quasi judiciaires soit totale. Si les gens rendent des
décisions qui ne plaisent pas au ministre et au gouvernement, mais qui,
dans leur esprit, sont les décisions qui doivent être rendues,
qu'ils ne s'attendent pas à être pénalisés afin
qu'ils n'aient pas peur d'être pénalisés et qu'ils puissent
exercer leurs fonctions avec toute la quiétude d'esprit qui leur est
nécessaire. Ce sont des dispositions fondamentales.
M. le Président, il n'y a pas beaucoup de dispositions dans notre
droit qui sont aussi fondamentales que celles-là. Ce sont des
dispositions qui assurent la permanence de la fonction judiciaire, une certaine
permanence de la fonction judiciaire ou quasi judiciaire. Ces quelques
dispositions font en sorte que ceux qui se présentent devant la
commission sont assurés au maximum que ceux qui vont rendre des
décisions n'ont pas peur d'être bousculés et de rendre les
meilleures décisions sans pression d'aucune sorte. Autrement, il peut
bien arriver que, devant la commission, il soit Indiqué que le
gouvernement ou le ministre souhaiterait que la décision aille dans tel
sens.
Vous savez que ces messages peuvent passer très facilement. Il
faut que les dirigeants d'une commission soient au-dessus de tout
soupçon pour que la justice - on dit que la justice doit respecter le
droit, mais aussi l'apparence de droit. Dans un système judiciaire ou
quasi judiciaire où les gens n'auraient pas confiance que ceux qui
rendent des décisions ont toute la latitude d'esprit sans être
assujettis aux menaces, menaces qui peuvent être de toute nature... Cela
peut être des pressions trop fortes exercées sur le ministre, cela
pourrait être des groupes trop puissants qui feront des pressions en tel
sens, et ceux qui ne feront pas partie des groupes puissants pourraient se
trouver dans la position de dire: De toute façon, on n'aura pas justice
parce que les groupes qu'on va affronter devant la commission ne vont pas dans
le sens de notre force. Nous devons affronter des groupes trop puissants.
Prenons, par exemple, les transporteurs d'automobiles On sait que, de
tout temps, ceux qui font le transport d'automobiles ont été
choisis par les expéditeurs de l'Ontario et ils ont choisi des gens de
l'Ontario. Les gens de l'Ontario partent avec leurs camions pour venir chercher
des véhicules qui vont être déchargés à
Charny. Immaginez-vous si le transport à partir de Charny à
destination du Lac-Saint-Jean, du Bas-Saint-Laurent ou de la vallée de
la Matapédia appartient aux gens de l'Ontario! On sait les principaux
points de débarquement des automobiles qui viennent de l'Ontario vers le
Québec par le train. À partir de la ligne principale, elles sont
transportées vers des points plus locaux, plus régionaux. On sait
que depuis tant d'années ce sont les transporteurs de l'Ontario qui
exercent un quasi-monopole sur ces fonctions de transport d'automobiles. Alors,
c'est le consom- mateur qui paie. Quand vous voyez une facture d'automobile, on
marque: tel prix, transport en sus. Il serait peut-être normal que ce
soit le client qui choisisse le transport pour les mêmes raisons qu'on a
indiquées dans le passé, pour l'urgence et la
nécessité de desservir selon les méthodes
souhaitées. Ce n'est pas seulement le manufacturier qui a un mot a dire,
mais aussi le consommateur ou l'acheteur. Il faudrait que les gens puissent le
faire, que les Québécois qui vont vouloir avoir des permis
puissent dire: Normalement, ce transport nous appartient. II s'agit de 160 000
000 $ de transport d'automobiles, à ce qu'on me dit.
Si, par ailleurs, ils arrivent devant la commission, se disant d'avance
que le lobby des transporteurs de l'Ontario est tellement puissant que,
historiquement, ce sont les gens de l'Ontario qui ont fait le transport,
même à partir de points de débarquement de chemins de fer
situés au Québec, à ce moment-là, M. le
Président, il est important que les gens qui veulent faire ce combat
devant la commission, qui veulent présenter une cause équitable,
qui s'attendent à avoir justice, qui s'attendent que la question soit
tranchée dans le sens de l'économie, de l'emploi et du maximum de
retombées économiques chez nous puissent savoir que la commission
n'est pas dans une position où ses membres peuvent en tout temps partir
et ne peuvent pas prendre une décision sans avoir peur pour leur propre
emploi de commissaire.
Cette disposition est fondamentale. J'aimerais que le ministre ne la
prenne pas à la légère et qu'il ne puisse pas se reposer
sur une situation en disant: En 1981, une disposition semblable avait
été adoptée. Cela peut être dans une situation
complètement différente. J'ai posé des questions au
ministre là-dessus. Il n'a pas voulu me répondre directement. On
peut se retrouver devant des situations qui ne sont pas nécessairement
recherchées. Je dis au ministre qu'il a été
compréhensif sur plusieurs projets de loi jusqu'à maintenant,
mais il semble se raidir un peu. Il a été compréhensif sur
plusieurs projets de loi. Il doit continuer à être
compréhensif parce que c'est important.
Quand quelqu'un occupe la fonction de ministre, il veut laisser le
meilleur héritage possible; il veut que sa période soit
considérée comme historiquement la meilleure dans son domaine. Je
suis persuadé que le ministre, qui travaille très fort, souhaite
qu'un jour on dise qu'il a été un des meilleurs ministres,
peut-être le meilleur ministre des Transports que le Québec ait
connu. Il travaille pour prendre des décisions qui ne sont pas toujours
faciles. Il ne faudrait pas, parce qu'il y a une telle condition dans le projet
le loi, qu'elle entache la crédibilité de la commission. Je dis
au ministre: Un alinéa comme l'alinéa 2 de l'article 126 va
entacher la crédibilité de la commission parce qu'elle ne gardera
pas la quiétude d'esprit. Pourquoi faire cela alors que, sur les sept
membres dont le mandat n'est
pas terminé, un va terminer en 1988, deux en 1989, deux en 1990?
Cela veut dire, à toutes fins utiles, au cours des deux ans et demi qui
viennent, que presque tous les mandats auront été expirés,
à ce qu'on nous a dit, à l'exception de deux.
M. le Président, je sais que vous êtes en train de lire les
pages du règlement. Vous pouvez demander si j'ai fini ma plaidoirie. Les
termes que j'ai employés pour convaincre le ministre me semblent
suffisamment convaincants. J'aimerais beaucoup que le ministre acquiesce
à notre demande. Cela irait dans le sens d'une bonification du projet de
loi. Souvent, les ministres sont bien plus mal pris qu'autrement pour nommer
des nouveaux commissaires. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas qui sont
suggérés de tous bords, de tous côtés, mais trouver
de bons commissaires, ce n'est pas toujours facile. Sept commissaires ont
terminé leur mandat, sept n'ont pas terminé. Le ministre a toute
la marge de manoeuvre, sans le deuxième alinéa de l'article 126.
Je souhaite qu'il acquiesce à notre demande et n'entache pas la
crédibilité de la commission et qu'il accepte de supprimer te
deuxième alinéa de l'article 126, ce qui lui permettrait de
démontrer, encore une (ois, l'ouverture d'esprit dont il aime se
réclamer. Je suis à même de constater depuis le mois
d'août dernier, à travailler avec lui, qu'il est possible de faire
un travail constructif à l'Opposition plutôt qu'un travail
stérile.
Il est malheureux que le ministre et moi devions nous retrouver dans des
ententes qui, parfois, sont en dehors de nous-mêmes. J'ai remarqué
que, chaque fois que nous avons discuté des choses, cela a
été beaucoup plus facile dans l'avenir. Il sera plus facile de
procéder en nous entendant sur notre façon de procéder en
dehors des stratégies incompréhensibles, inconnues et
impénétrables situées à d'autres niveaux. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'amendement de l'article 126?
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement, M. le Président. Hier soir, j'ai eu l'occasion,
puisqu'il était 23 h 30, d'expliquer les motifs qui font que nous
reconduisons dans ce projet de loi les articles 36 et 37 du chapitre VIII,
adopté en 1981, du ministère des Transports. Je comprends les
motifs de fond qui poussent le député de Lévis à
poser certaines questions. Probablement qu'ils étaient partagés
par l'Opposition à l'époque, en 1981. Ma connaissance du milieu
parlementaire et mon sens du parlementarisme me poussent à dire que cela
devait être à peu près les mêmes mots aux mêmes
fauteuils, mais vous n'avez pas la même personne, ni le même parti.
Malgré tout cela, celui qui, aujourd'hui, se retrouve dans le fauteuil
de l'Opposition, quand il était au pouvoir, a quand même fait
adopter au chapitre VIII de 1981, aux articles 36 et 37, la mesure qui est
là. J'imagine qu'à l'époque les raisons qui avaient
été évoquées par le gouvernement pour les adopter
étaient suffisantes pour répondre à toutes les questions
qu'a pu se poser le député de Lévis quant aux
possibilités d'application et d'interprétation, quant à la
quiétude d'esprit des commissaires qui, éventuellement, devraient
siéger en toute quiétude. C'est l'objectif que tout le monde
recherche. Dans ce sens-là, compte tenu d'autres possibilités
d'interprétation... On a vu, dans le cas de Mme Cuerrier, que ce
n'était pas toujours très clair. Mme Cuerrier a fait valoir ses
droits et, finalement, elle est encore commissaire. Le droit fait en sorte
qu'elle est là et tant mieux pour elle.
Ce que nous faisons ici, c'est que nous reproduisons l'article tel
qu'adopté par le gouvernement précédent, en 1981, et il
sera appliqué avec autant de parcimonie, autant de sens de justice qu'il
l'a été par ceux qui l'ont adopté en 1981 et qui ont eu
à l'appliquer de 1981 à 1985.
Dans ce sens-là, cela ne vise nullement à brimer quelqu'un
dans ses droits. Je comprends qu'il puisse y avoir une liste de commissaires
qui termineront en juin 1988, en 1989 et 1990. J'ai expliqué hier une
des raisons purement hypothétiques. En termes de volume de travail,
à la Commission des transports, il n'y a rien qui nous dit que dans un
an, un an et demi, compte tenu de l'amendement qu'a fait adopter le
député de Lévis à l'article précédent
sur le fait que le ministre peut demander au président de la Commission
des transports de lui faire un rapport sur un certain état de
situation... Il peut bien arriver, dans ces rapports, que le président
me signale qu'avec neuf commissaires il y en a beaucoup trop pour faire le
travail et que l'on puisse en réduire ainsi le nombre sans être
obligés d'amender la loi, en mettant fin à certains mandats.
Cela ne veut pas dire que ce serait le cas, mais cela pourrait
être une des recommandations de la part du président de la
Commission des transports du Québec.
Dans ce sens-là, M. le Président, nous serions prêts
à voter immédiatement sur l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
proposé par... M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: II y a plusieurs ministères qui ont des
commissions comme cela. Est-ce que le même genre d'article existe
ailleurs qu'au ministère des Transports? (12 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Je ne peux pas
répondre de manière exhaustive, mais cela existe dans d'autres.
Je ne peux pas vous dire que cela existe dans tous les cas, mais cela existe
dans d'autres cas. Quant à nous, notre intention,
c'était de reproduire ce qui existe déjà à
la Commission des transports.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions? Est-ce que l'amendement proposé par M. le
député de Lévis à l'article 126 est
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Vote, M. le
Président.
Une voix: Adopté.
M. Garon: On demande un vote nominal.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Pour ou en
faveur de l'amendement. M. Côté (Charlesbourg)?
M. Côté {Charlesbourg): Si cela ne vous fait rien,
"pour" ou "en faveur", on va avoir des problèmes! Contre.
Le Secrétaire: Je m'excuse. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est probablement
l'émotion du premier vote. Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
Mme Bélanger: Contre.
Le Secrétaire: M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Middlemiss (Pontiac)?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: En faveur.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour et en faveur.
M. Côté (Charlesbourg): Cela fait deux votes!
Le Secrétaire: M. Saint-Roch (Drummond)?
Le Président (M. Saint-Roch): Abstention, M. le
secrétaire.
M. Garon: C'est là un geste d'une grande sagesse.
Le Secrétaire: Six contre, deux pour.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est donc
rejeté. Nous revenons à l'article 126. Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions? Je vous rappelle, M. le député de Lévis,
qu'il vous reste une minute vingt.
M. Garon: II me reste une minute vingt.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, sur l'article 126.
M. Garon: Parce que c'est le temps de rédaction des
amendements, je suppose?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, votre plaidoyer formidable m'a influencé, l'amendement
de l'article 125, sur le respect de nos règlements et nos
procédures; c'est pour cela que je vous avais demandé la
directive...
M. Garon: Non, non...
Le Président (M. Saint-Roch): ...sur l'article 126. Alors,
je me dois...
M. Garon: Je pense qu'il est...
Le Président (M. Saint-Roch): ...par suite de vos
convictions et de votre plaidoyer si brillamment fait, d'exécuter. Je
reconnais M. le député de Lévis, pour une minute et
vingt.
M. Garon: Je dois dire que les présidents font l'un ou
l'autre: ils comptent le temps pris pour la rédaction d'un amendement ou
bien ils suspendent la commission. Mais, les règles du jeu étant
déterminées, on peut jouer d'une façon ou de l'autre. Il
s'agit que les règles du jeu soient déterminées.
Alors, M. le Président, à propos du règlement
à l'article 126, j'avais posé des questions au ministre, mais il
n'a pas répondu. J'avais demandé si, en 1980 ou en 1981, ou dans
d'autres cas... Je sais que ses conseillers juridiques lui ont dit qu'il est
arrivé que ces dispositions étaient adoptées. Cela peut
arriver dans certains cas où c'est nécessaire et où il n'y
a pas la marge de manoeuvre mais là le ministre est dans une situation
où il a la marge de manoeuvre. Par exemple, par suite de la fusion de
deux organismes, il va y avoir moins de monde s'il y a seulement un organisme.
Là, la marge de ma-noeure est nécessaire à cause des
mandats qui
ne sont pas expirés, qui sont plus nombreux que les postes
à combler.
Oans ce cas-ci, le ministre a la marge de manoeuvre puisque, sur
quatorze personnes, il y en a déjà sept dont le mandât est
expiré. Alors, si le mandat est expiré dans sept cas, il n'a pas
besoin de faire expirer ceux des autres pour pouvoir fonctionner. Il y a
déjà même deux postes de vacants et la -plupart des autres
postes vont devenir vacants en l'espace de douze ou treize mois; trois postes
vont devenir vacants. Alors, cela donne une très grande marge de
manoeuvre et, pour les fins de continuité, il n'est pas mauvais,
à ce moment-là, qu'on puisse compter sur un certain nombre de
commissaires qui sont déjà en place. J'estime, M. le
Président, qu'il n'est pas nécessaire d'avoir les dispositions
que l'on trouve dans l'article que propose le ministre, il serait
peut-être possible de présenter un autre amendement qui serait
moins radical que de rayer le deuxième aliéna et de faire en
sorte que la marge de manoeuvre du ministre soit plus grande sans être
aussi large que celle qui est mentionnée ici. Mais, à ce
moment-là, il faudrait que le ministre nous indique ce qu'il souhaite
lui-même pour que ça ne soit pas un mandat faisant en sorte qu'il
n'y ait plus de mandat pour quatorze personnes. Si le ministre voulait
restreindre de lui-même la portée du deuxième alinéa
de l'article 126, à ce moment-là, il pourrait peut-être
atteindre les fins qu'il recherche. Mais on ne l'a su à aucun moment,
à part de savoir qu'il veut avoir, à toutes fins utiles, quatorze
personnes sans mandat, avoir la possibilité d'avoir quatorze personnes
sans mandat pour recommencer complètement à zéro. Je pense
que ce n'est pas sage de faire ça avec des personnes qui assument des
fonctions quasi judiciaires.
Si le ministre le faisait avec des sous-ministres, des sous-ministres
adjoints, ça c'est une autre affaire parce qu'il peut faire des
réaffecta- lions, tout ça.
Le Président (M. Saint-Roch): Votre temps est
écoulé, M. le député de Lévis.
M. Garon: Mon temps est écoulé. J'arrête de
parler.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, une
question a été posée. Est-ce qu'on se retrouve dans une
situation similaire à celle de 1981 par rapport à aujourd'hui? Ce
n'est pas moi qui vais commencer à cacher des situations ou des faits
pour tenter de passer un article. J'ai dit qu'on se retrouvait avec le chapitre
VllI des lois de 1981. Aux articles 36 et 37, on reproduisait exactement le
même paragraphe dans le même esprit. Je vais répondre
très honnêtement au député de Lévis
qu'après une vérification sommaire il s'avère que sa
question sur la durée du mandat est effectivement un mandat qui
était de dix ans au lieu d'un mandat de cinq ans. Alors, c'est
ça. L'esprit de la loi est toujours le même. Quant à nous,
M. le Président, nous sommes disposés, à ce moment-ci,
à prendre le vote sur l'article.
M. Garon: Vous n'avez pas répondu à la question.
Vous avez dit que vous répondriez. En 1980-1981, c'était quoi
le...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'était dix ans.
De ramener de dix ans à cinq ans. Non, non, je l'ai dit.
M. Garon: Plusieurs personnes avaient un mandat qui
n'était pas terminé. Il n'y avait pas de marge de manoeuvre pour
faire ça, j'imagine.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Mais, au-delà de
ça, le nombre de commissaires passait de 18 à 14.
M, Garon: Oui, mais il y avait des mandats plus longs. Là, ils
sont finis.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions.
Une voix: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 126 est
adopté?
M. Garon: Un vote nominal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Sur l'article 126. Pour ou contre l'adoption. M.
Côté (Charlesbourg)?
M. Côté (Charlesbourg): Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger (Mégantic-Compton)?
Mme Bélanger: Pour.
Le Secrétaire: M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt: Pour.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Pour.
Le Secrétaire: M. Middlemiss (Pontiac)?
M. Middlemiss: Pour.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: M. Oesbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Secrétaire: M. Saint-Roch (Drummond)?
Le Président (M. Saint-Roch): Abstention, M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Pour: 6
Contre: 2
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'article 126
étant maintenant adopté, j'appelle l'article 127 et nous avons un
papillon.
M. Côté (Charlesbourg): Remplacer le deuxième
alinéa de l'article 127 du projet de loi par le suivant: 11 en est de
même de tout premier règlement modifiant ou abrogeant un
règlement pris en vertu de la Loi sur les transports ou une ordonnance
visée au deuxième alinéa de l'article 89 de cette loi pour
assurer la concordance des dispositions réglementaires prises en vertu
de cette loi avec la présente loi et ses règlements."
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Côté (Charlesbourg): Le commentaire est le
suivant...
M. Garon: Est-ce que le ministre peut nous présenter son
amendement, on va pouvoir un peu...
M. Côté (Charlesbourg): Dans les commentaires qu'on
me fournit, c'est une... La modification proposée au deuxième
alinéa précise le cas du règlement d'abrogation et
améliore la rédaction, M. Drolet.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Drolet.
M. Drolet (Michel): Le texte proposé par le projet de loi
dans le deuxième alinéa de l'article 127 ne traite que des
premiers règlements qui modifient un règlement adopté en
vertu de la Loi sur les transports. Or, dans les documents qui vous ont
été transmis, vous pourrez constater qu'il y a au moins quatre
règlements d'abrogation. Ces règlements-là, aussi,
devraient pouvoir, en tant que premiers règlements de concordance, ne
pas devoir être publiés en préprojets à Ea
Gazette officielle.
M. Garon: Oui, vous présentez ça comme un
règlement de concordance, mais la loi ne dit pas ça. Ah oui! la
loi le dit Ici. Seul le deuxième alinéa le dit.
M. Drolet: C'est exact. Il en est de même... M. Garon:
Seulement dans ces cas-là.
M. Drolet: "II en est de même de tout premier
règlement modifiant..." Or, il y a aussi les règlements
d'abrogation.
M. Garon: Oui, mais c'est seulement pour le deuxième
alinéa qu'on parle de concordance. Pour le premier alinéa, on ne
parle pas de concordance.
M. Drolet: II n'y a pas de modification au premier
alinéa.
M. Garon: Pardon?
M. Drolet: C'est qu'on remplace uniquement le deuxième
alinéa dans l'amendement proposé.
M. Garon: Non. Dans ce que vous proposez, il s'agit de
concordance seulement là, à cet endroit-là.
M. Drolet: C'est exact.
M. Garon: Dans votre amendement. Pour cela, il n'y a pas
d'objection.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopte?
M. Garon: L'amendement au deuxième alinéa est
adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement est
adopté. Nous en revenons à l'article 127, tel
qu'amendé.
M. Garon: À l'article 127, M. le Président, je ne
vois pas trop pourquoi - je comprends que le ministre va nous dire que c'est
parce qu'il est pressé par le temps - on dit: Tout premier
règlement qui pourra être édicté par le gouvernement
en vertu de l'article 79 pourra l'être, sans qu'un projet de ce
règlement ne soit publié à ta Gazette officielle du
Québec". Je sais que, quand le ministre de la Justice avait
présenté sa Loi sur les règlements, j'étais un de
ceux qui lui disaient: Présentez une Loi sur les règlements pour
des méthodes de publication, de consultation et vous serez le premier
à ne pas la respecter et à passer votre temps à permettre
des exceptions, parce que vous ne serez pas capable d'administrer une telle
loi.
Cela paraissait bien de faire une loi avec des délais de
publication de 45 jours, de la consultation, etc. Sauf que je me rappelle mon
discours. Et à tel point que le ministre de la
Justice avait voulu envoyer les huissiers pour aller me chercher pour
que je vienne voter sur son projet de loi. Ceux qui se rappellent, en Chambre,
cela avait duré quasiment cinq ou dix minutes. Le ministre de la Justice
voulait m'obliger à voter de force, manu militari, parce que je lui
avais dit que son projet de loi n'était pas mauvais, sauf qu'il ne
l'appliquerait pas, qu'il ne serait pas applicable et qu'il ne fonctionnerait
pas. De sorte qu'on se retrouverait avec toutes sortes de mesures d'exception.
Alors, pourquoi voter une loi de principe alors que les principes se trouveront
dans la théorie, mais les avantages dans les exceptions? Cela n'a pas de
bon sens. Le jupon dépasse. J'ai dit, à ce moment-là, au
ministre de la Justice: Cela ne vous donne rien de présenter une telle
loi qui paraît bien, mais qui ne sera pas appliquée.
Vous voyez cela déjà tout de suite. Le projet qu'on a
devant les yeux est une exception à la Loi sur les règlements
pour faire en sorte que le règlement de l'article 79 - c'est un
règlement adopté par le gouvernement en vertu de l'article 79 -
ne puisse pas, M. le Président, être publié à la
Gazette officielle pour consultation, être là pendant 45
jours et permettre à tout le monde de connaître le
règlement. D'autant plus qu'il s'agit d'un premier règlement qui
va affecter toute l'industrie du camionnage, qu'il s'agit d'une harmonisation
avec le gouvernement fédéral et que le gouvernement
fédéral, lui non pius, n'a pas encore publié ses
règlements. À ce que je sache, la loi vient d'être
adoptée. La loi a été déposée en mai ou juin
1986 et adoptée au mois d'août 1987. Elle a été
quinze mois dans le décor. Les règlements doivent sortir
incessamment, pour être en vigueur le 1er janvier. Le ministre, lui, a
déposé sa loi seulement le 12 novembre 1987. Là, on est
rendus au 8 décembre et il est impatient de voir sa loi adoptée
le plus rapidement possible, alors qu'il s'agit de quelque chose de neuf. On
dit, à plusieurs endroits, qu'il s'agit de droit nouveau. Les
explications qui nous ont été données par les avocats nous
disent: On est dans le domaine du droit nouveau. À plus forte raison,
d'agir avec prudence et que les règlements de publication
s'appliquent.
M. le Président, on vous demande que les règlements ne
s'appliquent pas, alors que la population, les gens concernés, les
milliers d'entreprises qui vont être touchées par un tel
règlement, par une telle loi, n'auront eu qu'une période de temps
très courte. À toutes fins utiles, ils n'auront pas
véritablement eu le temps d'être au courant de ce qui se
passe.
Le ministre nous a proposé un projet, Je ne le blâme pas,
à part cela. Il a une ouverture d'esprit en proposant un projet qui
n'est pas final. Il le dit lui-même: son projet n'est pas final. On n'a
pas voulu en abuser non plus et on a travaillé de bonne foi avec lui
dans le cadre d'un projet de règlement. Mais même son projet n'est
pas fini. On est rendus au 6 décembre. Les gens de l'Industrie vont voir
arriver sur leur tête, au 1er janvier 1988, une loi et un
règlement qu'ils n'auront pu discuter d'aucune façon, qu'ils
n'auront pas connus et qui n'auront pas été publiés
à la Gazette officielle. Vous comprenez, M. le Président,
que ce n'est pas normal. Or, comme il est 13 heures, M. le Président, je
vais demander l'ajournement de la séance.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
(13 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je pourrais
proposer au député de Lévis, avec son consentement, qu'on
poursuive un certain temps dans le but de terminer comme on est à la
phase finale de l'adoption le projet de loi article par article?
M. Garon: Cela ne donnera rien au ministre. Au fond, si on
revient demain ou vendredi, comme il voudra, son projet de loi va être
adopté pour l'ajournement de la session de la même
façon.
M. Côté (Charlesbourg): Ce peut être ce
soir.
M, Garon: Cela peut être ce soir. Mais je pense que ce
n'est pas en travaillant de cette façon que le ministre... Il y a des
délais qu'il faut respecter. Il y a des ententes... En tout cas, il n'y
a plus d'entente possible apparemment. Cela marche sur le pilote automatique.
Je pense que ce n'est pas la meilleure façon de procéder. Le
ministre a adopté, dans un temps qui n'est pas très long, trois
projets de loi en commission parlementaire. On a essayé de collaborer au
maximum, mais...
M. Côté (Charlesbourg): S'il y en a un qui n'a pas
de leçon de collaboration à recevoir de ce temps-là, c'est
bien le ministre des Transports actuel. Je pense que j'ai fait tout ce qui
était humainement possible et vous l'avez reconnu à plusieurs
occasions.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous ai fourni
tout ce qui était susceptible de vous aider, j'ai accepté
à plusieurs occasions des amendements que je jugeais fondés par
la présentation que vous avez justifiée; je vous ai fourni les
règlements, comme vous l'avez dit tantôt, qui ne sont pas finals,
mais qui sont dans une phase finale, pour vous donner une idée du type
d'orientation qu'on prend. Je pense avoir démontré une ouverture
d'esprit assez large. Vous l'avez dit et admis à plusieurs reprises
aussi.
Mon but n'est pas de pousser sur le rouleau
Mon but n'est pas de pousser sur le rouleau pour qu'on adopte
absolument, mais, dans l'état actuel des choses, il nous reste quelques
articles. J'aurais espéré ce matin, dans l'heure et demie qui
nous était impartie, pouvoir le faire. Ce dont je me rends compte, c'est
que ce sont des facteurs extérieurs à la bonne entente et
à la bonne discussion qu'on a eues jusqu'à maintenant qui font en
sorte qu'on ne peut pas finir. Vous l'avez un peu signalé et
effleuré à l'occasion, j'ai pu le lire à travers les
propos du député de Lévis.
Il y a un certain nombre d'articles qui sont suspendus uniquement pour
le vote. Il reste quelques articles en discussion et on pourrait
facilement,..
M. Garon: II y en a d'autres qui ne sont pas suspendus pour le
vote.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord. Je comprends.
Il y a...
Le Président (M. Saint-Roch): En récapitulation,
nous avons les articles 3, 10, 14 et 15 de suspendus pour le vote. L'article
20, paragraphes 6° et 7°, et l'article 87 sont en suspens. Nous avons
deux articles en suspens pour discussion.
M. Garon: I! y a l'article 79.8° aussi. Une voix: Pardon?
M. Garon: J'ai ici l'article 79.8°. M. Côté
(Charlesbourg): Non. Le Président (M. Saint-Roch): Non. M. Garon:
On y est revenus?
Le Président (M. Saint-Roch): On y est revenus. Il a
été...
M. Côté (Charlesbourg): On y est revenus.
Le Président (M. Saint-Roch): ...amendé.
Cela a été adopté. Ce sont les articles qui nous
restent à l'heure actuelle, soit quatre pour le vote et deux pour...
M, Côté (Charlesbourg): II reste les articles 127 et 128.
Finalement, il y a un de ces articles où je me rends à la demande
du député de Lévis où on s'est entendus qu'il y ait
des articles qui ne seraient promulgués que dans la mesure où on
a une commission parlementaire ici et à partir du moment où
l'Ontario s'embarque. Je ne sais pas ce que je peux donner de plus au
député de Lévis pour qu'on puisse conclure d'une
manière qui soit à la hauteur de tout ce qu'on a fait pendant
cette commission quant aux articles. I! y a d'autres problèmes
extérieurs qui viennent troubler la quiétude de nos rapports et
l'ouver- ture d'esprit de part et d'autre. Je ne voudrais pas que le projet de
loi en soit entaché.
M. Garon: Non, mais il y a une chose qui est claire, par exemple.
On m'avait dit qu'il n'y aurait pas de commission parlementaire aujourd'hui
là-dessus. Le ministre espérait très peu qu'on finisse
hier soir. I! m'a dit....
M. Côté (Charlesbourg): J'ai même
offert...
M. Garon: Comme on a procédé avec diligence, il a
vu qu'il restait seulement quelques articles, il veut "bulldozer". Alors que,
s'il était resté 30 articles, i! n'aurait pas pensé du
tout à "bulldozer" aujourd'hui.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas.
M. Garon: Parce qu'on a trop collaboré, il semble
que...
M. Côté (Charlesbourg): Non, je pense que...
M. Garon: Non, c'est une leçon que je prends,
M. Côté (Charlesbourg): Non. Je m'excuse. Il y a
peut-être des ententes que le député de Lévis a eues
avec quelqu'un d'autre, mais ce n'est pas avec moi. J'ai respecté les
ententes que le député de Lévis a eues avec moi. Le
député de Lévis peut le confirmer.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Dans mon idée, il ne
s'agit pas de "bulldozer". Au contraire...
M. Garon: Je n'en ai pas pris.
M. Côté (Charlesbourg): ...tout ce que je...
M. Garon: On m'a avisé...
M, Côté (Charlesbourg): Au contraire, vous avez
proposé un amendement ce matin pour ramener d'un mois à quinze
jours le dépôt à l'Assemblée. Cela a pris 20 minutes
et on a dit oui. Ce n'est pas du "bulldozage". Je pense que cela ne ressemble
pas à du "bulldozage" du tout. Ce n'est pas l'esprit du "bulldozage". Je
pense que, dans un délai normal, on peut compléter le plus vite
possible ce qui nous reste à faire. Quand c'est fini, c'est fini et on
passe à d'autres étapes. C'est un peu cela que je souhaitais. Il
reste quatre articles pour lesquels on a seulement à prendre le vote et
c'est un, deux, trois, quatre.
M. Garon: Oui, mais vous savez... M. Côté
(Charlesbourg): II reste...
M. Garon:... que l'article 20, paragraphe 7°, est très
important.
M. Côté (Charlesbourg): Les paragraphes 6° et
7°.
M. Garon: II s'agit d'une industrie de 160 000 000 $ pour le
Québec...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il reste...
M. Garon:... qui est actuellement entre les mains de
l'Ontario.
M. Côté (Charlesbourg): II reste les articles 20.
6° et 20. 7°, 87, 127 et 128. Il reste, à vrai dire, quatre
articles dont l'article 127 qui deviendra 173. 1°, c'est un peu à la
demande et pour calmer les inquiétudes du député de
Lévis qu'on le fait. Alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous donne
de plus?
M. Garon: Je voulais dire qu'en procédant trop rapidement
je pense que vous n'aidez pas à l'approbation de l'article 20,
paragraphe 6° ou 7°, sur Ee transport des véhicules automobiles
au Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Au contraire. Dans
l'état actuel du dossier, il est important que la Commission des
transports du Québec puisse procéder le plus rapidement possible
pour donner un permis au requérant dans la mesure où elle juge
qu'elle peut le donner parce qu'il remplit les conditions.
Dans l'état actuel du dossier, vous le connaissez encore mieux
que moi pour en avoir discuté hier, publiquement et en privé, ce
n'est pas dans deux semaines qu'il doit se régler. C'est maintenant.
S'il ne se règle pas maintenant, l'objectif et les buts souhaités
par le député de Lévis risquent très certainement
d'avoir l'effet contraire. Dans la mesure où, effectivement, il y a cet
article 20, paragraphes 6° et 7° à régler, je pense que
c'est à l'avantage de tout le monde qu'on le règle le plus
rapidement possible. Si on peut le faire aujourd'hui...
M. Garon: Ce que je ne comprends pas, je vais vous dire une
chose. Je vais poser la question directement. On ne devait pas procéder
avant demain, de la part de la commission parlementaire, c'est ce qu'on m'a dit
aujourd'hui.
On sait que l'entente sur le libre-échange va devenir publique
demain. Pourquoi voulez-vous procéder absolument ce soir? Cela me
paraît curieux.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il n'y a aucun
lien, dans mon esprit, entre ce que nous faisons aujourd'hui....
M. Garon: C'est seulement mardi qu'on a appris que ce serait
finalisé.
M. Côté (Charlesbourg): On m'a toujours dit qu'on
siégeait ce matin. C'est à ma grande surprise, et le
député de Lévis s'en est rendu compte à 11 h 30...
Il est arrivé un peu marabout. Ce n'était pas son humeur des
derniers jours. C'est là que j'ai appris, à ma grande surprise,
qu'il y avait soi-disant des ententes ailleurs selon lesquelles on ne devait
pas siéger ce matin. Je pense que ma réaction a été
très claire. J'ai été étonné. Pour moi, il a
toujours été question de siéger.
Ce n'est pas un reproche que je fais au député de
Lévis. Si on avait occupé tout le temps, mais on l'a fait avec
diligence, on aurait probablement fini à ce moment-ci.
M, Garon: II est très important... Je vous ai dit que je
ne voulais pas bloquer votre projet de loi. On a avancé correctement. Je
pense que vous voyez où on est rendus. Normalement, vous avez de bonnes
chances de voir votre projet de loi adopté avant l'ajournement.
Par ailleurs, l'entente sur le libre-échange va être rendue
publique.
M. Côté (Charlesbourg): Elle ne sera pas rendue
publique demain.
M. Garon: Bien oui.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il faut faire
attention. Les textes vont être disponibles pour les provinces demain.
Cela ne veut pas dire que les textes vont être rendus publics. Cela ne
veut pas nécessairement dire cela.
M. Garon: Normalement, vous en aurez et nous en aurons des copies
demain.
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne veut pas dire que
les textes vont être rendus publics. Il ne faut pas tenir pour acquis que
les textes vont être rendus publics demain,
M. Garon: À une question que j'ai posée au ministre
du Commerce extérieur au début de la semaine, il m'a
lui-même répondu que Je pourrais lire l'entente en même
temps que lui jeudi. Je suis obligé de prendre sa parole en vertu du
règlement. J'ai pris sa parole que je pourrais lire l'entente jeudi. Je
me dis: Qu'est-ce que cela donne au ministre de vouloir.,. Alors que vous
dites...
M. Côté (Charlesbourg): On s'en pose des questions.
Je vais vous en poser une, moi.
M. Garon: Quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que le
député de Lévis ne veut pas adopter les articles avant
même d'avoir pris connaissance de l'entente? Est-ce que c'est cela?
M. Garon: Je n'avais même pas besoin de me poser la
question parce qu'on m'a dit qu'on ne siégerait pas mercredi, Alors,
j'ai dit: On est rendus à tel stade mardi soir. On ne siégera pas
avant jeudi ou vendredi. À ce moment-là, on va avoir le temps de
prendre connaissance des ententes et tout va arriver correctement. Si les
ententes rendent nécessaires certains amendements, on va être
encore dans l'ordre des choses. Alors, pourquoi brusquer cela et vouloir
adopter cela ce soir? Cela ne vous donne rien de plus au point de vue de
l'adoption du projet de loi avant Noël.
M. Côté (Charlesbourg): Tout simplement, il y a une
question d'organisation des travaux, pas seulement des travaux de la
commission, des miens aussi. Je pense que ce n'est pas au député
de Lévis que je vais apprendre comment cela se passe dans les
ministères et qu'à l'occasion il faut être là,
surtout dans un ministère comme celui des Transports. Alors, c'est une
question d'organisation d'horaires.
M. Garon: Vous savez comme moi que le vendredi, habituellement,
les partis cherchent plutôt à avoir des gens de la région
de Québec. Vous êtes de la région de Québec. Je suis
de la région de Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Dois-je comprendre que, si
cela ne siégeait pas mercredi, cela siégerait jeudi?
M. Garon: Ce serait encore mieux vendredi, parce qu'on est tous
les deux de la région de Québec. Ils vont chercher surtout
à avoir des gens de la région de Québec.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai déjà un
vendredi qui est très bien occupé et je ne peux pas être
occupé par autre chose que ce que j'ai déjà
planifié.
M. Garon: Moi, je l'avais gardé libre pour vous.
M. Côté (Charlesbourg): - On pourra se rencontrer
quand même, pour parler d'autre chose.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour continuer les travaux?
M. Garon: On ajourne.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous ne donnez pas votre
consentement, M. le député de Lévis?
M. Garon: Non. On ajourne.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 11)
(Reprise à 15 h 21)
Projet de loi 87
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 87, Loi modifiant
la Loi sur la Régie du logement et le Code civil. Au moment de
l'ajournement de nos travaux, nous en étions à l'article 4.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Parent
(Bertrand) sera remplacé par M. Paré (Shefford).
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Alors, nous en étions à l'article 4 et la
parole était à M. le député de Shefford.
Loi sur la Régie du logement (suite)
Dispositions pénales (suite)
M. Paré: Merci, M. le Président. Elle était
et elle n'était plus au député de Shefford, si je me
rappelle bien. J'avais posé une question au ministre concernant le
harcèlement et j'avais conclu en disant: J'attends la réponse et
on devra attendre à la prochaine rencontre. La question, je la
répète de laçon très courte, de façon
à me garder du temps pour revenir sur ce sujet qui m'intéresse
grandement, c'est: Est-ce que, dans l'esprit du ministre, l'achat du droit de
départ par un locateur est considéré comme du
harcèlement?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est une question
piégée que me pose le député de Shefford. Est-ce
que le fait pour un propriétaire de négocier l'achat du droit du
locataire, son droit au maintien dans les lieux, peut constituer du
harcèlement? Je pense que c'est une question de fait. Il faut examiner
les circonstances qui entourent l'achat par le propriétaire du droit du
locataire. Il peut arriver des cas où cela peut être
équivalent à du harcèlement. Il peut arriver des cas
où c'est tout à fait une transaction normale, faite dans le cours
normal des affaires où les parties peuvent se déclarer totalement
satisfaites de la transaction. Je pense que ce
serait adopter une attitude tout à fait paternaliste pour le
législateur que de dire: Nous allons faire en sorte de venir au secours
des locataires qui pourraient accepter de vendre leur droit d'être
maintenus dans les lieux contre une somme d'argent. Je pense qu'il doit y avoir
un grand nombre de locataires qui sont de grands garçons et qui sont
capables d'évaluer eux-mêmes l'importance de leur droit et de le
monnayer, si tant est qu'ils le désirent. On pourrait, par exemple,
penser à un locataire qui voudrait accéder à la
propriété d'un autre logement et qui aurait besoin, je ne sais
pas, d'une somme de 5000 $ en guise de dépôt pour acheter un
logement ailleurs. Il serait possible que son propriétaire vienne le
voir et lui offre justement 5000 $ pour mettre fin à son bail. On
pourrait penser qu'un locataire pourrait accepter un dédommagement,
quitter son loyer et utiliser cette somme-là pour s'acheter un logement
ailleurs. Je pense qu'il ne nous appartient pas, en tant que
législateur, de venir nous ingérer dans l'administration du
patrimoine des locataires et d'étendre la protection de la loi à
un degré tel que, finalement, on va gérer leurs propres
finances.
Maintenant, ceci dit, il peut y avoir des cas où des locataires -
surtout des personnes âgées - pourraient subir des pressions
indues visant à leur faire vendre pour un plat de lentilles leur droit
de locataire. À ce moment-là, je pense qu'il faudrait qu'on
regarde cela comme des cas d'espèce. Il faudrait que le tribunal ou la
Commission des droits de la personne, si elle est saisie du dossier, se penche
sur chacun des cas afin de voir si vraiment le locataire a agi en toute
connaissance de cause, étant pleinement en possession de ses
facultés et de ses droits. Je ne pense pas, en définitive, qu'on
puisse répondre à la question du député d'une
façon simple. C'est une question qui est peut-être posée
rapidement, mais qui est complexe et qui demande une réponse
détaillée.
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Justement, c'est ce genre d'ambiguïté
qui crée des situations embêtantes. Plus on en discute, j'ai
l'impression, moins on est clair et précis face aux gens qui vont
devoir, à un moment donné, nous lire et nous écouter pour
être capables d'interpréter l'application qu'on veut bien donner
à l'article qu'on est en train d'étudier. Je vais juste vous
rappeler qu'en commission parlementaire, beaucoup de gens ont
dénoncé ce pouvoir qu'utilisent déjà
énormément de gens pour être capables de libérer
leur' loyer alors que la loi n'est même pas en vigueur. Malgré le
moratoire, c'est un des moyens utilisés par les propriétaires au
moment où on se parle.
En commission parlementaire, les gens sont venus se plaindre
là-dessus. Ce qui m'a frappé surtout, c'est que le
président de la Commission des droits de la personne a
déclaré que, selon son interprétation, l'utilisation de
cette façon de libérer un logement était du
harcèlement. C'était clair, c'était net, je me le
rappelle. Si on sortait le Journal des débats de la commission du
mois d'août qui s'est tenue à Montréal, on verrait que le
président a déclaré que, pour lui, le geste de proposer
l'offre, le fait d'offrir d'acheter ce droit était du
harcèlement,
La semaine passée ou il y a deux semaines, je ne me souviens
plus, mais il y a à peu près une dizaine de jours, le même
président de la Commission des droits de la personne est venu nous dire
qu'il considérait - c'est l'interprétation que j'en fais, en tout
cas - que le fait d'utiliser ce moyen pour expulser ou obtenir le départ
des locataires était du harcèlement. Il a même pris
l'engagement d'émettre un avis dans ce sens-là, un avis pour
définir ce que la Commission des droits de la personne interprète
comme du harcèlement. À l'intérieur de cet avis devrait
être inclus un paragraphe ou un article disant qu'acheter le droit de
départ d'un individu est du harcèlement.
Si la Commission des droits de la personne dit que c'est du
harcèlement, ici, en commission parlementaire, on dit que cet achat de
départ fait partie de la libre entreprise, d'un droit ou d'un pouvoir
qu'a le propriétaire. Vous êtes allé jusqu'à dire
que cela pourrait être un dédommagement pour le citoyen ou
même un avantage parce que cela lui permettrait d'obtenir un certain
montant pour avoir du comptant. Cela devient, pour vous, non pas du
harcèlement mais un avantage ou un dédommagement. Vous avez
utilisé les mots monnayer leur droit s'ils le désirent, donc le
pouvoir de marchander ce que fa loi leur donne, non pas comme un bien mais
comme un droit. C'est là que la perception va être
complètement différente entre ce qu'on discute ici et ce qui se
discute à la Commission des droits de la personne.
Est-ce que c'est un droit ou un bénéfice monnayable? C'est
toute la différence. Cela va faire toute la différence, aussi,
dans l'application de la loi; c'est évident, étant donné
l'avantage pécuniaire, l'avantage financier. Un propriétaire qui
veut transformer, bien, il va être prêt à payer. Je peux
vous dire que dans certains cas que je connais, on monnaie, à l'heure
actuelle, ce droit qui n'existe même pas. Là, on va le
reconnaître avec ce qu'on discute Ici. Si on reconnaît ce droit
comme n'étant pas du harcèlement mais un droit monnayable, cela
va devenir maintenant de la négociation. Au moment où on se
parle, il y a des gens qui se sont fait offrir 3000 $. Vous avez utilisé
5000 $ dans votre exemple. Je dois vous dire que si on est pour faire de la
spéculation là-dessus, je vais lancer tout de suite le message
suivant aux locataires- à Montréal, il y a des gens qui offrent,
au moment où on se parte, jusqu'à
9000 $ pour qu'un locataire quitte son loyer afin d'être capable
de le transformer. (15 h 30)
Si Je peux lancer le message, ils pourront faire de l'argent. On
pourrait commencer les mises à 9000 $, si on accepte ce principe. On
offre jusqu'à 9000 $ au moment où on se parle; peut-être
plus que cela, mais de connu 9000 $ pour qu'un locataire quitte son logement.
Cela fait un bon comptant sur une maison, je suis d'accord. Pour quelqu'un qui
n'est pas capable, de toute façon, qui est bénéficiaire de
l'aide sociale, même s'il a 9000 $, ce n'est pas vrai qu'il va donner un
comptant sur son logement. Il va s'en aller, il va le dépenser pour
s'acheter des choses. Pendant un certain temps ce ne sera pas trop pire si cela
ne vient pas lui couper son aide sociale, entre-temps, et lui causer plus de
problèmes que d'avantages. C'est, aussi, une affaire à
considérer.
Si ce n'est pas du harcèlement, si on accepte cela, on le prend
plutôt à l'inverse et, à l'inverse, je sens que c'est la
façon dont le ministre le considère. C'est ce qu'il a dit en
conférence de presse en juin 1986, ce qu'il a
répété en commission parlementaire en août 1987 et
ce qu'il vient de répéter. Loin de considérer cela comme
du harcèlement, pour lui, c'est plutôt un droit monnayable, un
avantage que possède le locataire et une possibilité qui est
donnée au propriétaire. Je veux juste qu'on soit clair.
Est-ce que, selon votre perception des choses, M. le ministre, ce droit
ou ce privilège du locataire au maintien illimité dans son
logement, vouloir acheter ça, pour vous c'est du harcèlement ou
si c'est un avantage monnayable?
M. Bourbeau: Je crois que la question ne se pose pas exactement
comme le fait le député de Shefford. Il est indéniable que
le droit au maintien dans les lieux est un droit nouveau que nous
conférons au locataire. J'ai souvent dit que cela lui conférerait
ce que j'ai appelé un "bargaining power", un pouvoir de marchandage, si
jamais il marchandait avec son propriétaire l'achat de son logement.
C'est bien évident que, si le locataire a le droit d'être maintenu
indéfiniment dans les lieux, cela a une certaine valeur marchande
advenant le cas où il veuille acheter son logement parce que le
propriétaire ne peut pas vendre le logement à un tiers qui
voudrait occuper le logement.
Donc, cela confère un droit au locataire. Ce droit, il peut
s'évaluer. On peut, à l'occasion, être tenté de
dire: Est-ce que ce droit-là vaut quelque chose? C'est bien
évident que cela vaut quelque chose. Cela pourrait valoir une
réduction du prix de vente advenant qu'il veuille acheter l'appartement
puisque ça constitue comme une charge contre l'immeuble, un genre de
servitude contre l'immeuble, toujours au profit du locataire.
Maintenant, le député de Shefford lui - c'est sa
façon de voir les choses, sem- ble-t-il - semble adopter une attitude
paternaliste. Il semble nous dire qu'il faut protéger les locataires
même contre la possibilité qu'ils puissent avoir l'envie de vendre
leur droit, de monnayer leur droit au maintien dans les lieux contre une somme
d'argent parce que, nous dit-il, peut-être que les 9000 $ qu'ils
pourraient retirer, ils ne les utiliseraient pas pour acheter un logement;
peut-être qu'ils les dépenseraient pour autre chose.
Peut-être qu'ils se paieraient un voyage. Peut-être qu'ils
s'achèteraient une voiture. Peut-être que...
Mol, je dis: ou bien on va faire confiance aux individus, ou bien on ne
leur fera pas confiance. Si on adopte une attitude aussi paternaliste que
celle-là, je ne vois pas pourquoi le député de Shefford
aurait le droit de déposer son salaire à la banque et d'en faire
ce qu'il veut. L'État pourrait dire: M. le député de
Shefford, on va vous payer votre salaire, mais on va en prendre une partie pour
payer l'hypothèque de votre maison. On va envoyer une autre partie de
votre salaire à votre femme pour être sûr que vous allez lui
donner son allocation hebdomadaire, si tel est le cas. On va en distraire une
autre partie au profit de votre plan de retraite au cas où vous ne
seriez pas assez prudent pour vous mettre de l'argent de côté. On
va aussi acquitter vos assurances. Bref, l'État va devenir un genre de
tuteur au bénéfice des individus
C'est la même chose ici. Si, dans le projet de loi, on dit: Bon,
étant donné que le législateur veut protéger le
locataire contre la possibilité qu'il dépense frivolement une
allocation ou une indemnisation qu'il pourrait recevoir, on va le mettre en
tutelle, moi, ce n'est pas ma façon de voir les choses. Il y aura
peut-être des cas d'abus, c'est possible. Dans ces cas, la Commission des
droits de la personne peut intervenir et on peut faire la preuve de
harcèlement, s'il y en a, si c'est le cas. Mais il y a pas mal de
circonstances, je pense, où ce droit va être utilisé par
les locataires à leur profit soit pour acheter le logement, s'ils
veulent l'acheter, en obtenant des réductions substantielles de leur
prix d'achat, soit en décidant tout simplement de demeurer dans les
lieux et de consommer leur droit au maintien dans les lieux sur la
période de temps que cela prendra, aussi longtemps qu'ils le voudront.
C'est ma façon à moi de voir la chose. Je conçois que le
député de Shefford a une vision un peu plus paternaliste. On volt
sur la terre toutes sortes de choses, et en commission parlementaire aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Shefford.
M. Paré: II est évident qu'on ne voit pas cela du
tout de la même façon. Je pense que, moi, je tiens le même
discours à tous les articles et ce, depuis le début de cette
commission.
M. Bourbeau: Et moi aussi.
M. Paré: On dit qu'un des buts de ce projet de loi est de
préserver le stock de logements locatifs. Cela veut dire garder la
même quantité de logements locatifs que celle qu'on retrouve
aujourd'hui, alors que là c'est un trouble de faire en sorte que ce ne
soit pas cela. Quand on regarde tout le cheminement et les réponses
qu'on a depuis le début, en fait, le moratoire est levé partout,
Vous allez me dire qu'il ne l'est pas à Montréal sauf
qu'après les discussions qu'on a eues, il va l'être rapidement, et
facilement, en tout cas, par secteur, par environnement, par bâtisse, cas
par cas. Et, pour être bien sûr qu'on va pouvoir y aller cas par
cas encore plus rapidement, on n'aura plus besoin de passer au conseil
municipal de Montréal mais juste à un comité restreint de
cinq députés qui pourra régler cela cas par cas.
On avait dit: On a l'article 112.4 - c'est l'article 4 du projet de loi
- qui protège; il n'y aura pas d'expulsion, vous allez voir, il n'y aura
plus de harcèlement. Sauf qu'on dit maintenant que l'achat de
départ, ce n'est non seulement plus du harcèlement, mais un
pouvoir qu'on donne au locataire de faire de l'argent avec un droit. Vous savez
que la plupart des droits, en législation, ne sont pas monnayables. Cela
fait partie des droits qui appartiennent à tout le monde. Un droit,
habituellement, on ne monnaie pas cela. Un bien, c'est vendable, mais un droit,
c'est autre chose. Quand on joue avec un droit semblable, cela veut dire que,
dans un même édifice, le fait que quelqu'un profite de la vente de
ce droit, et non pas de ce bien qu'il possède, va faire en sorte que les
autres locataires vont en subir les conséquences. II est évident
que si on achète le droit de départ d'un locataire, c'est pour la
transformation en copropriété. Donc, s'il en part un, s'il en
part deux, c'est la transformation qui se fait au détriment de ceux qui
vont devoir subir des augmentations importantes de loyer. Cela n'est pas
contestable, tout le monde l'a dit, tout le monde l'a reconnu. Transformation
équivaut à augmentation du loyer pour ceux qui demeurent. Donc,
cela veut dire que ce droit qu'un individu ou qu'un couple utilisera aura des
répercussions négatives sur les autres. Cela pourrait même
permettre, et cela va certainement le permettre dans certains cas, la
transformation de l'immeuble qui ne se serait pas faite sans cela. Si la
municipalité décide que, dans sa réglementation, pour
permettre la transformation d'un édifice, il faut qu'il y ait la
moitié des locataires qui y adhèrent, on achètera ce qui
manque ou on fera partir les gens qui sont réticents pour permettre
d'obtenir, justement, cette possibilité de transformation.
Ce qu'on est en train de donner, c'est que c'est une possibilité
de plus pour transformer. L'article 112 qui semblait, pour la plupart des
intervenants, quelque chose de très Important, perd beaucoup de son
importance. Premièrement, il faut prouver qu'il y a du
harcèlement; c'est déjà quelque chose. Il faut que ce soit
du harcèlement fait absolument dans le but de convertir un immeuble
locatif en propriété divise. C'est ce qu'on dit: "Quiconque, en
vue de convertir un Immeuble locatif en copropriété divise ou
d'évincer un locataire de son logement, use de harcèlement..."
C'est dans une loi qui va dans le sens de la conversion en
copropriété divise.
Je vais vous dire que les 5000 $ ou les 25 000 $, quand on voit à
quel point les gens sont prêts à acheter... On va les inciter
davantage à utiliser leurs 5 000 $ pour acheter un droit de
départ que de risquer d'être pris dans des cas de
harcèlement. Je n'ai pas eu vos commentaires là-dessus. On n'en a
pas entendu parler beaucoup.
Vous savez, acheter des droits de départ, ce n'est pas bien
inquiétant, quand on voit ce qui se passe juste ici, rue Saint-Cyrille,
derrière le parlement. Vous avez certainement vu cela. On n'est plus
rendu à 5 000 $, mais à 16 000 $ offerts à des locataires
pour évacuer les lieux en silence, pour qu'ils se la ferment; 16 000 $
par logement pour être capable d'acheter encore des quartiers centraux
où II y a des résidences afin de faire place à autre
chose. Vous allez me dire: Ce n'est pas pour faire place à des
condominiums, c'est pour faire place à des édifices à
bureaux. Peut-être, au-dessus des édifices, y aura-t-il une couple
d'étages qui seront transformés en condominiums, on verra. Mais
on sait que, là, on n'est plus rendu à 5000 $, mais à 16
000 $ pour que des locataires gardent le silence, qu'ils ne se battent pas trop
fort.mais qu'ils quittent les lieux, par exemple. On en est rendu là
dans la région de Québec; je ne parle pas juste de
Montréal.
Pour Québec, le moratoire est levé. Combien est-ce que
cela va coûter aux gens des alentours pour être capables de
transformer? Combien vont-ils payer leurs locataires pour qu'ils S'en aillent?
Est-ce que cela va être 5000 $ ou 6000 $? Qui va payer? Ce n'est pas vrai
que les gens ne sont pas là pour faire des profits. Les
spéculateurs, et même ceux qui ne sont pas spéculateurs,
les propriétaires de maisons qui veulent transformer, veulent aussi
faire des profits; sinon, Ils ne transformeraient pas. On ne transforme pas
pour le plaisir de transformer, c'est pour faire des profits.
Si on commence à dire: Le droit qu'on vous donne, c'est un
bénéfice monnayable, vous devriez en profiter pour faire de
l'argent - c'est un peu cela, le discours - imaginez-vous que la transformation
va se faire, mais ce sont des coûts de plus qui s'ajoutent, des frais
supplémentaires. Il y a quelqu'un qui va payer pour et ce seront les
futurs petits propriétaires qui vont vouloir acheter car cela va
être inclus dans le prix. Quand on va avoir payé un Individu 5000
$ pour qu'il quitte, quand on va vouloir vendre au remplaçant, on va
tenir compte de ce que cela aura coûté. Et, pour les locataires
qui vont
rester sur place, dans le même édifice, qui vont essayer de
conserver leur droit et non pas leurs biens - leur droit au maintien dans les
lieux - cela va se refléter, c'est évident. Cela veut dire des
incitatifs de plus pour ces gens-là à quitter parce que cela va
coûter trop cher. Finalement, ce n'est pas vrai qu'on veut garder les
gens dans leur quartier, dans leur édifice parce que, dans le terme
"harcèlement", maintenant, on refuse de reconnaître ce qui
semblait se dégager à la commission parlementaire du mois
d'août: reconnaître que l'achat de départ, c'est du
harcèlement. Vous venez de le dire franchement, je dois vous rendre, au
moins, témoignage là-dessus. Au moins, vous êtes franc
là-dessus. Ce que je veux le plus, c'est que les gens sachent exactement
où ils s'en vont. À l'heure actuelle, on sait vers quoi on s'en
va, c'est la vente de ce droit. Tout le reste s'en va dans le sens de faciliter
la conversion et non pas de l'empêcher.
Dans le projet de loi dont on parlait encore ce matin, le projet de loi
82, si je me rappelle bien, on disait qu'il va y avoir un plafonnement des
taxes. Il va y en avoir un, mais pas sur la copropriété. Donc,
s'il n'y en a pas là-dessus, cela veut dire que, dès qu'il va y
avoir augmentation de l'évaluation, cela veut dire augmentation des
taxes; augmentation des taxes veut dire augmentation de loyer; augmentation de
loyer veut dire incitatif de plus au départ. Tout va se faire
exactement, dans le sens de la conversion autant sinon plus qu'avant, non
seulement d'une façon plus civilisée, mais d'une façon
simplifiée. C'est comme cela que je le vois. C'est pour cela que je
m'Inquiète de vos commentaires - on me dit que je n'ai plus de temps,
malheureusement -du fait qu'ici, à Québec, boulevard
Saint-Cyrille, cela coûte maintenant non pas 5000 $, mais 16 000 $ pour
laisser un logement.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas si c'est un
bon coup ou non pour un locataire d'accepter une offre de 16 000 $ pour quitter
son logement, mais j'aime mieux me faire dire qu'un locataire a accepté
une offre de 16 000 $ pour quitter les lieux que de me faire dire qu'il a
dépensé 16 000 $ d'avocat pour se défendre contre un
propriétaire qui a tenté de le harceler pour l'évincer,
comme cela se fait présentement.
Le député se fait très critique à
l'égard du projet de loi que nous avons devant nous, où on tente
de régler, d'une façon équitable, la question du
harcèlement. Je signale au député que, jusqu'à
maintenant, il ne s'était rien fait dans te domaine. C'est facile de
critiquer un projet de loi qui tente de bonifier une situation quand on n'a
strictement rien fait avant pour régler la situation qui existe.
Peut-être qu'on pourrait faire encore mieux, c'est possible. Mais, au
moins, le député devrait reconnaître qu'on fait quelque
chose de positif, qui a d'ailleurs été reconnu comme tel par la
majorité des observateurs non partisans.
Maintenant, est-ce qu'on doit conserver le statu quo? Je pense que non.
Je pense qu'on doit aller de l'avant avec les mesures que nous avons visant
à contrer le harcèlement.
Maintenant, le député nous dit que, dans son esprit,
acheter te départ d'un locataire équivaut à du
harcèlement. Il nous demande de reconnaître cela dans la loi. Le
député nous affirme qu'il a toujours été constant
dans cette prétention. Je lui en rends également hommage. Il a
toujours soutenu le même point de vue, mais il reconnaîtra
également que je ne l'ai jamais accepté et que je ne l'accepte
pas plus aujourd'hui. C'est pour moi une question de principe également.
(15 h 45)
Je veux que nous instaurions un système de liberté, et non
un système de servitude. Je ne crois pas qu'il nous appartienne de dire
dans un projet de loi qu'un locataire, qui accepte une somme d'argent
volontairement... On parle d'individus qui sont majeurs, adultes, consentants,
en pleine possession de leur liberté et de leurs facultés
intellectuelles, et qui décident d'accepter une somme de 16 000 $
moyennant l'annulation d'un bail. Je dis que ces gens exercent la
liberté qu'ont les individus de faire ce qu'ils veulent. Je ne vois pas
pourquoi l'État viendrait interdire à un individu de poser un tel
geste. Maintenant, est-ce que ce sera profitable ou non pour l'individu? Je ne
le sais pas.
Le député de Shefford me fait penser à l'ancien
député de Lotbinière qui était ministre de
l'Industrie et du Commerce - on peut le nommer maintenant qu'il n'est plus
député, Rodrigue Biron - qui m'avait dit un jour en commission
parlementaire - et je suis presque tombé en bas de ma chaise le jour
où il m'a dit cela - qu'il ne fallait pas faire la vente des boissons
alcooliques dans les magasins. Si on vendait une bouteille de gin -
c'étaient ses mots mêmes - qui se vendait alors 20 $ la bouteille
et qu'on l'offrait à 10 $, que vous aviez un travailleur qui, rentrant
chez lui en fin d'après-midi, voyait une bouteille de gin en vente
à 10 $ dans la vitrine, il était possible qu'il entre parce que
cela coûte moins cher, qu'il achète la bouteille de gin et qu'il
prive sa femme et ses enfants de pain et de beurre pour souper parce qu'on aura
baissé le prix de la bouteille de gin. L'ancien ministre disait: II ne
faut absolument pas faire de vente dans les magasins au cas où on
inciterait un pauvre travailleur à boire du gin à 10 $ la
bouteille.
Évidemment, vous pouvez penser ce que j'ai pensé de cette
façon de voir les choses. C'est une philosophie tout à fait
paternaliste, étatiste, où l'État vient au secours de
l'individu, lui dit quoi faire et ne pas faire. Je pense qu'on vit dans une
société de liberté où les gens qui ne sont pas
interdits, en prison ou dépourvus de
leurs droits civils ont le droit d'exercer leurs droits, de faire ce que
bon leur semble avec leur patrimoine. Le droit au maintien dans les lieux, cela
fait partie du patrimoine d'un individu au même titre que son automobile
ou ses vêtements. S'il décide d'aliéner ce droit, c'est son
droit le plus strict, il peut l'échanger contre un autre droit. Il peut
le vendre, il peut le conserver, mais, jusqu'à nouvel ordre, les
citoyens au Canada et au Québec ont décidé de vivre dans
un État libre où l'État et les chartes garantissent ces
libertés.
Maintenant, la Commission des droits de la personne nous dit que, dans
certains cas, le fait de vendre ce droit peut être la conséquence
d'un harcèlement. Cela est autre chose. Je dis au député
que, si, à la suite de harcèlement, une personne est
amenée à vendre son droit au maintien dans les lieux contre un
plat de lentilles, pour employer l'expression que j'employais
précédemment, là, il y aurait ouverture à recours.
Le harcèlement peut avoir d'autres conséquences aussi. La
personne peut décider de quitter les lieux sans même aucune
compensation. C'est également du harcèlement. Cela peut
être contre une compensation dérisoire et cela peut être le
résultat du harcèlement, mais cela peut aussi ne pas être
du harcèlement. Il ne faut pas mettre toutes les situations dans le
même panier et conclure qu'il y a toujours du harcèlement parce
qu'une personne a décidé de monnayer son droit au maintien dans
les lieux. En vertu de la charte, on parle également de l'exploitation.
Toute personne âgée ou toute personne handicapée a le droit
d'être protégée contre toute forme d'exploitation. Cela
peut arriver, cela peut être le cas. Dans ces cas, la loi protège
les personnes contre des situations semblables.
M. le Président, je pense que j'ai exposé mon point de vue
sur la question. Le député en a un qui est différent.
J'aimerais faire deux ou trois remarques additionnelles au député
de Shefford à la suite de ses propos. Je signale d'abord au
député que ce que nous étudions présentement, c'est
la Loi sur la Régie du logement, et non une loi visant à
permettre la conversion en copropriété. C'est la Loi sur la
Régie du logement et l'article 112.1 dit bien: Quiconque, en vue
de convertir un immeuble locatif en copropriété divise ou
d'évincer un locataire", et non pas "et d'évincer un locataire".
C'est donc que te harcèlement peut se produire même en dehors
d'une conversion. On peut avoir des cas où il n'y a absolument aucune
conversion, où on n'est pas en situation de conversion d'immeuble mais
dans un immeuble locatif ordinaire, et qu'un propriétaire pose des
gestes qui équivalent à du harcèlement. Dans ce cas,
même dans un cas où il n'y a absolument pas de conversion, un
locataire peut subir du harcèlement de la part d'un propriétaire
en vue de l'évincer. Ce dernier peut être condamné, non pas
à la peine capitale, mais à une peine de 5000 $ à 25 000
$, telle que prévue dans le projet de loi 87.
M. le Président, je pense que j'ai fait le tour des observations
qu'a faites le député de Shefford et que les points de vue sont
bien campés entre le député de Shefford et
moi-même.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Paré: Est-ce que j'avais terminé mon temps?
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste quelques
secondes.
M. Paré: Quelques secondes? Je reviendrai à
l'article 5, qui se rattache à l'article 4 de toute façon. Je
vais voter en faveur parce qu'il y a 5000 $ et 25 000 $. C'est quand même
- cela a été reconnu - un avantage, même si on ne va pas
assez loin dans la reconnaissance du morcellement qui permettrait de
compléter les choses. Je vais revenir à mes arguments à
l'autre article,
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M, Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 5.
M, Bourbeau: M. le Président, cet article vise à
préciser que les poursuites pénales pour harcèlement
prises en vertu de l'article 112.1 seront intentées par le Procureur
général.
M. Paré: Ici, il s'agit d'un article de concordance,
finalement, avec l'article 4 qui précède. Mais, à
l'article 4, les infractions sont reliées à ce dont on a
discuté tantôt. On détermine une infraction en fonction de
ce qu'on pourrait considérer comme du harcèlement. Je vais
revenir là-dessus parce que c'est directement relié à ce
qu'on va interpréter comme du harcèlement. Cela nous permettra
des peines de 5000 $à25 000 $.
M. Bourbeau: Cela va permettre au député de
Shefford de harceler le ministre encore pendant 20 minutes, M. le
Président.
M. Paré: Oui, malheureusement...
Le Président {M. Saint-Roch): M. le ministre, tant que le
député de Shefford demeure dans la pertinence du débat, je
me dois de l'écouter religieusement. M. le député de
Shefford.
M. Paré: C'est là qu'on va voir si les mesures qui
protègent les parlementaires sont adéquates ou non. Si vous
êtes trop magané à la fin des 20 minutes, on pourra
suspendre, mais je ne le pense pas. Je vais parler sur le fond du
dossier, encore une fois.
M. Bourbeau: De toute façon, M. le Président, je
n'ai pas trop de crainte, sur quetque aspect que ce soit.
Le Président (M. Saint-Roch): En ma qualité de
président, je jugerai si les parlementaires sont en mesure de continuer
les débats après l'intervention du député de
Shefford. M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Vous avez
donné des exemples tantôt en disant qu'on était trop
paternaliste. Il y a une différence entre être paternaliste et
être prévoyant ou prudent. Non, je n'ai pas le goût de faire
le budget de tous les locataires du Québec et je n'y suis pas
intéressé, sauf qu'on sait que c'est un moyen qui est
utilisé au moment où on se parle. Cela fait même les
manchettes des journaux. C'est tout à fait d'actualité. Le Soleil
du mardi 17 novembre 1987: "16 000 $ offerts à des locataires pour
évacuer les lieux en silence. " Regardez cela, M. le Président,
vous alie2 être estomaqué. Vous allez être obligé de
prendre la parole pour intervenir dans le même sens que moi après
cela, j'en suis sûr. Cela se produit. On peut bien dire: II en reste
quelques-uns, les autres ont accepté, mais, du fait que les autres aient
accepté, par exemple, est-ce que ce droit qui est donné ou qui
sera donné ne vient pas enlever le droit à d'autres personnes?
Vous avez dit: On ne fera pas le budget des locataires. Moi non plus, je ne
suis pas intéressé à faire leur budget, mais, quand on
donne un droit à quelqu'un, ce n'est pas la possession d'un bien en soi,
c'est un droit qui est rattaché au logement, ce sont des moyens de se
défendre pour le maintien dans son logement. Maintenant, si on le vend,
je l'ai dit tantôt, à court terme, oui, on peut avoir un
bénéfice, mais, collectivement, les locataires, et c'était
un des buts de votre projet de loi, le maintien du stock de logements locatifs,
si on se met à vendre ses droits, cela veut dire que le stock va
diminuer. Si cela pouvait me garantir que cela va permettre d'acheter et
devenir propriétaire, ce serait déjà un grand pas, et je
dirais que c'est une mesure d'accès à la propriété,
' que c'est extraordinaire et que le ministre vient de trouver le meilleur
programme d'accès à la propriété qui ne coûte
rien à l'État. Bravo et chapeau! Parce que c'est le
propriétaire qui permet l'accès à la
propriété. Cela coûte moins qu'on pensait, en tout cas.
mais ça ne coûte rien à l'État comme tel. Ce serait
extraordinaire, sauf que ce n'est pas cela que ça va amener. On en est
bien conscient, ce n'est pas cela que ça va amener. Cela va amener des
départs. Ce que nous essayons de faire valoir... Vous avez dit aussi:
J'aime mieux que des gens reçoivent 16 000 $ en vendant leurs droits que
de prendre les 16 000 $ pour se défendre.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député? En quoi les propos qu'il tient sont-ils
reliés à l'article 5 que nous étudions
présentement?
M. Paré: Oui. Je vais vous le dire, question de
privilège là-dessus. L'article 5 dit: "L'article 116 de cette loi
est modifié par l'insertion, dans la première ligne du
deuxième alinéa, après le mot "infraction", des mots
"à l'article 112. 1 de la présente loi et". L'article 4 touchait
aussi l'article 112. 1. C'est indirectement l'article 112. 1. Donc, l'article
est cité ici et les Infractions seront directement rattachées
à cela.
M. Bourbeau: Je comprends, M. le Président, mais c'est une
référence qui n'a rien à voir avec le sens de l'article.
L'article dit que, finalement, c'est le Procureur général qui
intentera les poursuites en vertu de l'article 112. 1. Que le
député nous tienne un discours sur les pouvoirs du Procureur
général ou sur l'opportunité que le Procureur
général puisse ou ne puisse intenter de poursuites en vertu de
l'article, je veux bien entendre le député 20 minutes sur cette
opportunité pour le Procureur général, mais que le
député ne refasse pas le débat qu'il vient de faire sur
l'article 4, d'autant plus qu'il a voté en faveur.
M. Paré: Le Procureur général pourra
intenter des poursuites en fonction de l'article 112. 1 et émettre des
infractions qui concerneront justement le harcèlement. Je pense que, si
on peut l'éclairer maintenant... Je ne suis pas sûr que le
procureur va être Intéressé à nous lire, mais, en
tout cas, on lui donnera cette chance. Je me sens tout à fait
légitimé de reprendre, surtout le dernier bout de phrase que vous
avez utilisé comme argument: J'aime mieux voir te locataire partir avec
16 000 $ en poche que d'utiliser pour 16 000 $ de frais d'avocat. C'est
justement dans les poursuites.
M. Bourbeau: Et se faire évincer.
M. Paré: Et se faire évincer. Moi aussi, j'aime
mieux que quelqu'un fasse de l'argent plutôt qu'il en perde. Mais est-ce
que pour nous, législateurs, il n'y a pas moyen d'essayer
d'épargner des frais aux gens en étant plus clairs? La
clarté, c'est ce qui empêche l'interprétation qui fait que
des gens ont des problèmes et d'autres en ont moins. Je ne suis pas
sûr qu'on soit très clair quand on dit: Le harcèlement
n'est pas permis, mais le droit de rachat, non seulement ce n'est pas du
harcèlement, mais c'est un avantage pour les parties, c'est la libre
entreprise, c'est une possibilité pour que des gens fassent de l'argent
des deux côtés, celui qui s'en va et celui qui vend.
Vous avez dit: II y aura toujours moyen de regarder si le montant est
trop bas. Mais qui va être en mesure d'évaluer en fonction
d'un
montant qui est offert si c'est du harcèlement ou non, si le
montant est équitable et juste, s'il est trop élevé? Si on
voulait charrier, est-ce qu'à un moment donné quelqu'un qui
empêcherait la conversion et qui serait rendu à demander 50 000 $
pour le départ, c'est lui qui ferait du harcèlement sur son
propriétaire?
Vous avez dit tantôt, dans votre dernier bout de phrase: Cela
pourrait être du harcèlement si le montant est trop bas. Je l'ai
noté parce que je trouvais que cela n'avait pas de bon sens. Comment un
procureur va-t-il pouvoir décider que c'est du harcèlement parce
qu'on n'a pas donné assez à un pour la vente de son droit, alors
qu'il y en a qui n'auront même pas d'argent pour partir? (16 heures)
M. Bourbeau: M. le député, ce n'est pas ce que j'ai
dit. Le député cite mes propos hors contexte. Je n'ai pas dit si
le montant est faible, c'est du harcèlement et, s'il est fort, ce n'est
pas du harcèlement. Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que, dans
l'étude d'un dossier de harcèlement, il est possible qu'en
tentant de prouver le harcèlement, on voit que le locataire est parti
sans aucune compensation ou avec une compensation ridicule et que ce soit un
des éléments qui nous permette de faire la preuve qu'il y a eu du
harcèlement. Mais je ne dis pas qu'à partir d'un tel montant il
n'y a pas de harcèlement et qu'en bas de te! montant il y a du
harcèlement.
M. Paré: Je vais reprendre vos dernières phrases:
Cela pourrait nous permettre de prouver qu'il y a eu du harcèlement si
quelqu'un est parti...
M. Bourbeau:... sans compensation.
M. Paré:... sans compensation ou avec un petit montant.
Cela n'est pas vrai dans mon interprétation à moi. Quelqu'un peut
être parti sans montant et ce n'est absolument pas du harcèlement
alors qu'une personne peut partir avec 16 000 $ et c'est du
harcèlement.
M. Bourbeau: Je suis tout à fait d'accord avec le
député, absolument d'accord avec lui.
M. Paré: Donc, cela veut dire que ce moyen utilisé
pour expulser des gens, parce que c'est ça, si on offre l'achat de ce
droit, si ce n'est pas du harcèlement ce sont des pressions, en tout
cas, c'est un moyen qu'on utilise pour libérer l'appartement. C'est
évident. Si on offre de l'argent, c'est pour qu'il s'en aille. Donc, on
dit: Là, on prend de l'argent pour le harceler au lieu de faire des
menaces ou autre chose.
Vous dites: Non, au contraire. On est en train de lui faire un cadeau,
du "bargaining power" ou du monnayage, tous les termes que vous avez
utilisés tantôt. Cela veut dire que le montant n'est pas Important
en soi. Au contraire, je viens de vous le dire: Un gros montant peut vouloir
dire beaucoup plus de harcèlement. Cela voudrait dire qu'on va commencer
à offrir 100 $ à quelqu'un. On peut se ramasser jusqu'à 16
000 $ en ne le lâchant pas et en le harcelant régulièrement
tous les jours. À un moment donné, on peut avoir une date
à respecter, on peut avoir toutes sortes de raisons qui justifient que
ça presse et on a hâte qu'il parte et on le harcèle.
Vous allez me dire: C'est le "fun" de se faire harceler en se faisant
offrir 100 $ par jour. C'est une façon de le voir. Sauf que c'est du
harcèlement parce qu'on va en offrir, on va en ajouter, on va en
remettre tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas atteint l'objectif qu'on
s'est fixé, c'est-à-dire libérer le logement. C'est le
discours que beaucoup de gens tiennent. C'est l'inquiétude que beaucoup
de gens ont manifestée et que je veux ramener ici aujourd'hui. Je sais
que ce n'est pas drôle, 20 minutes, M. le ministre, sauf que c'est
probablement un des derniers articles, ou le seul, où vous allez me
permettre de parler de harcèlement. Le harcèlement, on sait qu'il
n'y a pas que le droit de rachat qui est du harcèlement. Sauf que cela
en est un qui est connu et qu'on n'interprète pas tous de la même
façon, y compris ici à la même table, avec le
président de la Commission des droits de la personne; je ne suis pas
sûr qu'il tienne le même discours et fa même
Interprétation que vous. Je suis convaincu que cela va être
énormément difficile.
Le harcèlement, ce n'est déjà presque pas
prouvable. C'est tellement compliqué que cela n'a pas de bon sens.
Là, avec le discours qu'on tient, c'est un pouvoir monnayable que
possède le locataire, mais en même temps, un droit qu'a le
propriétaire de faire cette offre; cela veut dire que, finalement,
ça va être monnaie courante. Cela va se faire. Finalement,
ça va être une négociation qui ne sera pas facile. On va
essayer d'avoir de plus en plus d'argent. Je ne suis pas sûr que cela va
régler les problèmes qu'on connaît, entre autres, au
chapitre de la spéculation et des augmentations vertigineuses qui nous
obligent à amener des lois 82.
Cela va certainement se répercuter quelque part. Ce n'est pas
vrai qu'on va donner 16 000 $, j'espère que ça va être
rare, des cas semblables. En tout cas, quand c'est pour acheter le silence,
comme je vous le disais, il y a des cas de 5000 $, 7000 $ et 9000 $ que moi, je
pourrais vous identifier. Une somme de 9000 $ par logement, c'est sûr que
cela va avoir des effets sur le prix pour celui qui va acheter en
copropriété par la suite, parce que c'est sûr que le
propriétaire va le refiler à un moment donné. Donc, ce
sont des augmentations qui vont être amenées par cette mesure. Le
fait qu'on est dans le harcèlement et que c'est une négociation,
on peut dire que ce n'est pas du harcèlement, c'est une
négociation, mais une négociation de droit de départ, moi,
je considère que c'est du harcèlement. Je vous le dis tel que je
le pense. Je
ne changerai pas de discours non plus.
Ça va être du harcèlement pour la personne qui dit:
Non, je ne m'en vais pas, qui décide de rester en place et le moyen qu'a
le propriétaire pour ne pas la lâcher, il va faire attention, 11
ne fera pas comme on a déjà vu, couper l'eau ou
l'électricité ou bien libérer tout le tour et s'arranger
pour que les portes ne ferment plus; là cela va être d'aller la
voir régulièrement et de faire des offres qui n'en finiront plus.
Je vous dis qu'à mon avis pour ces personnes ça va devenir aussi
énervant ou aussi traumatisant que d'autres moyens qui sont
utilisés présentement. Avec le discours qu'on tient et si on
l'adopte comme cela, cela va même être sécurisant pour celui
qui va offrir l'achat parce que ce n'est pas du harcèlement: "Je viens
vous voir, j'ai quelque chose à vous offrir." "Je ne veux pas - une
personne peut bien dire cela n'importe quand - je ne suis pas
intéressée". Bien, ils vont revenir tant et aussi longtemps
qu'ils ne l'auront pas obtenu. À mon avis, on va harceler les gens pour
qu'ils partent. Cela devient une négociation, presque un marchandage. Un
marchandage sur un droit qui est en soi collectif. Si on le prend en termes de
maintien du stock locatif, cela veut dire que l'objectif collectif qu'on s'est
fixé va être réduit à un pouvoir individuel des
citoyens pour faire de l'argent. C'est une vision que vous ne partagez pas, je
ie sais, mais je vais vous la passer. Je ne vous étirerai pas pour le
plaisir de vous étirer, je vous l'ai dit, je tenais à vous le
rappeler. Je ne trouve pas correct de ne pas considérer cela comme du
harcèlement, sachant très bien que cela va être
utilisé, sachant très bien que c'est largement utilisé
présentement.
Les bouts de phrases que vous avez dits tantôt, à savoir
qu'on pourrait considérer cela comme du harcèlement si quelqu'un
est parti sans montant ou avec un petit montant, ce n'est pas vrai qu'on peut
l'évaluer en termes de montants. Qui va se mettre à
évaluer ce droit en fonction de la valeur de la bâtisse, du
terrain, de la grosseur de la maison, de ce qui a été payé
à l'autre, à côté? Imaginez-vous les
problèmes qu'on pourrait avoir à un moment donné si, dans
un immeuble d'habitation... Comment va-t-on interpréter cela? Le
procureur va être pris avec un problème semblable. Dans un
immeuble, à un moment donné, on offre 100 $ à quelqu'un
pour qu'il parte et il décide de partir et l'autre, à
côté, finit par se ramasser avec des sommes de 7000 $, 8000 $ ou
10 000 $, parce que c'est un des derniers qui restent là. Si les
premniers l'apprennent et qu'ils décident d'aller se plaindre de
harcèlement: Bon, on m'a achalé pour que je parte, on m'a
même donné 100 $... Alors que ce sera peut-être celui qui a
eu 10 000 $ qui a été harcelé, mais cela peut être
l'autre. Comment va-t-on évaluer cela en fonction de ce que vous avez
dit tantôt? Quelqu'un qui est parti sans montant ou avec un petit montant
peut être victime de harcèlement, alors que c'est le contraire.
Mais là, il reviendra en disant: On m'a harcelé, on m'a
même donné 100 $ pour que je m'en aille. Ceci, dans le but,
peut-être, d'aller en chercher plus. Le procureur va-t-ll finir par dire:
C'est vrai qu'il y a injustice là-dedans, il y a eu harcèlement
et si cela valait 9000 $ pour le dernier, cela vaut 9000 $ pour ceux qui sont
partis aussi?
Ce sont des craintes que j'ai, que je vous apporte, M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que le député de Shefford me
permet de lui poser une question? Qu'est-ce que le député de
Shefford propose pour corriger la situation?
M. Paré: Je vous l'ai dit, M. le ministre, on devrait ne
pas permettre le droit... On devrait considérer l'achat du droit de
maintien dans les lieux comme du harcèlement.
M. Bourbeau: Est-ce que le député veut dire qu'on
devrait mettre dans la loi qu'il est interdit de vendre ou d'acheter le droit
au maintien dans les lieux ou qu'on devrait dire que tout achat de droit de
maintien dans les lieux est considéré comme étant du
harcèlement?
M. Paré: Oui.
M. Bourbeau: Lequel des deux? Les deux?
M. Paré: Moi, je serais pour le dernier, étant
donné qu'on parle de harcèlement. Je vous disais au tout
début de l'article, si on avait une définition du
harcèlement... Je vous disais cela, pas aujourd'hui, mais la
dernière fois, quand on a... Si on avait une description du
harcèlement et si on spécifiait que l'achat du droit de maintien
dans les lieux ou l'offre plutôt - offrir d'acheter - c'est du
harcèlement.
M. Bourbeau: Qu'est-ce qui arriverait, par exemple, si on faisait
comme le dit ie député de Shefford et que, tout à coup, un
bon jour, on se rend compte qu'un propriétaire et un locataire ont
transigé ensemble pour faire en sorte que le locataire vende pour la
somme de, je ne sais pas, 16 000 $, suivant l'exemple du député,
son droit de maintien dans les lieux, son droit de locataire? Les deux ont
transigé, ils sont parfaitement satisfaits. Tout à coup, on se
rend compte que c'est en contravention de la loi. Je présume que ce
n'est pas le locataire qui prendrait la poursuite puisqu'il est parfaitement
d'accord. Alors, une tierce personne, le Procureur général ou je
ne sais pas, peut-être le député de Shefford, prendrait
action contre le propriétaire et le locataire pour avoir enfreint la
loi. Ce qu'on dirait pour faire la preuve, c'est que le locataire a
été harcelé. Le locataire viendrait comme témoin et
dirait: Je n'ai absolument pas été harcelé, j'ai fait cela
de mon plein droit, en pleine connaissance de cause. Je suis parfaitement
satisfait de la situation. Je ne vois pas
pourquoi je serais condamné, ou te propriétaire, puisque
je suis très heureux de la situation. Comment est-ce qu'on pourrait s'en
sortir? On décrirait une situation de harcèlement qui n'en est
pas une. On ne serait manifestement pas devant une situation de
harcèlement. Ce serait une fiction de la foi que de dire que les parties
sont présumées avoir été en situation de
harcèlement alors qu'elles ne le seraient pas. Est-ce que le
député ne voit pas, justement par l'exemple que je lui donne, que
ce serait un peu ridicule de tenter, par la loi, de mentionner ou de
prévoir que constituera du harcèlement une situation qui pourrait
fort bien ne pas en être une du tout et qui probablement n'en sera pas
dans la majorité des cas? Il me semble que ce n'est pas praticable. Je
ne vois pas comment on pourrait mettre cela en pratique et inscrire dans la loi
une clause semblable.
M. Paré: Cela voudrait dire que c'est une interdiction
d'offrir, donc, une interdiction d'accepter.
M. Bourbeau: Si les parties l'acceptent, qu'est-ce qu'on fait? On
va mettre le locataire ou le propriétaire en prison? On va emprisonner
le locataire pour avoir accepté de vendre son droit de locataire?
M. Paré: S'ils n'ont pas le droit, cela voudrait dire...
S'ils veulent le faire légalement sur papier, ce n'est pas possible.
S'ils le font indirectement, ils auront à le prouver, sauf qu'ils n'ont
pas le droit d'accepter de l'argent pas plus que l'autre n'a le droit de
l'offrir.
M. Bourbeau: Mats, s'ils le font légalement devant notaire
avec papiers à l'appui, ce serait correct?
M. Paré: Normalement, on n'a pas le droit de l'accepter
si, dans la loi, on dit que c'est défendu. Si on défait cette
possibilité d'offrir, c'est que, dans la loi de façon claire et
précise, c'est défendu.
M. Bourbeau: Je comprends que, s'il y a Interdiction d'offrir, il
y a aussi interdiction d'accepter.
M. Paré: C'est évident.
M. Bourbeau: Donc, les deux parties seraient aussi coupables
l'une que l'autre...
M. Paré: Oui.
M. Bourbeau: ...et on se retrouverait dans une situation
absolument aberrante où un locataire parfaitement satisfait d'avoir fait
une transaction, en adulte consentant, en possession de ses droits, viendrait
témoigner devant un Juge pour dire qu'il n'a jamais été
harcelé de sa vie, que c'est peut-être lui-même qui a
insisté auprès du propriétaire pour lui vendre son droit -
c'est une situation qui pourrait arriver - et le juge dirait; Monsieur, vous
avez été victime de harcèlement et je vous condamne comme
victime, conjointement et solidairement avec le violeur, à une amende de
10 000 $. Ce serait la situation la plus Invraisemblable qu'on puisse
imaginer.
M. Paré: Oui, vous pouvez donner des exemples de
circonstances qui semblent absurdes. Je pourrais vous donner des exemples aussi
absurdes avec ce qu'on est en train de voir, entre autres les 16 000 $. Ce sont
des montants Importants, sauf qu'on pourrait prouver, si les gens vont se
plaindre, que c'est du harcèlement. Pourtant, c'est 16 000 $ que
quelqu'un refuse. Moi, je vous dis que c'est pour une question de clarté
et que, si on le défait, il y a bien des lois qui sont des interdictions
de faire des choses et qui, finalement, pénalisent d'autres personnes.
Habituellement, s'il y a des lois qui sont contournées, c'est que, ce
qui nous semble incorrect, il y a des gens qui en ont profité. Cela,
c'est la même chose. Ce que je vous demande, c'est de la clarté.
Si on dit que c'est du harcèlement, c'est que cela ne devrait pas se
faire.
M. Bourbeau: M. le Président, je pense, encore là,
que les points de vue sont toujours les mêmes. On s'entend pour dire
qu'on ne s'entend pas, mais je respecte le point de vue du
député.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 5?
M. Paré: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Paré: Adopté.
M, Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
J'appelle l'article 6.
M. Bourbeau: Cet article propose d'abroger les articles actuels
de la Loi sur la Régie du logement sur lesquels se fondaient les
propriétaires Indivis d'immeubles comportant au moins quatre logements
pour reprendre possession d'un logement. L'achat en indivision dans les
immeubles de quatre logements ou moins a connu une popularité
grandissante au cours des dernières années,
particulièrement dans ies quartiers centraux des grandes villes. La
concentration du phénomène de la reprise de possession par des
propriétaires indivis et l'utilisation de cette formule comme
échappatoire au moratoire sur la conversion en copropriété
divise exigent main-
tenant d'interdire la reprise de possession aux propriétaires
indivis d'un immeuble, peu importe le nombre de logements que l'immeuble
comporte, et ce, depuis le 10 novembre, date de présentation du
présent projet de loi. Des mesures transitoires sont prévues
à l'article 9 du projet afin de garantir a ceux qui ont acheté en
toute bonne foi l'exercice d'un droit que la loi leur reconnaissait
jusqu'alors.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 6?
M. Paré: Cela va. Article 6, adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 6 est
adopté.
Annexes
J'appelle l'article 7 et nous avons un papillon à l'annexe I. (16
h 15)
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, cette annexe vise
à informer de ses droits le locataire d'un logement situé dans un
immeuble que le propriétaire désire convertir en
copropriété divise. Le propriétaire ne pourra rien
entreprendre concernant la conversion à moins d'avoir donné aux
locataires un avis d'Intention dont le texte a pour but de sécuriser les
locataires et de les Informer particulièrement de leur droit de demeurer
dans leur logement. La modification ou le papillon, comme on dit dans le jargon
des commissions parlementaires, vise à remplacer, sous les mots
"Mentions obligatoires", les paragraphes 2 et 3 du premier alinéa et
l'alinéa 3 par les paragraphes et alinéa suivants: "le locateur
doit obtenir l'autorisation de la régie pour effectuer des travaux
autres que des travaux d'entretien ou des réparations urgentes et
nécessaires à la conservation de l'immeuble. Si la régie
autorise l'exécution des travaux nécessitant l'évacuation
temporaire du locataire, elle fixe le montant de l'indemnité que le
propriétaire devra payer au locataire pour le dédommager des
dépenses raisonnables que le locataire devra assumer en raison de cette
évacuation; "l'interdiction de reprendre possession d'un logement, de
même que celle de faire des travaux cesse si le propriétaire avise
par écrit le locataire qu'il n'a plus l'intention de convertir
l'immeuble si aucune demande n'est produite à la régie dans le
délai requis ou si la déclaration de copropriété
n'est pas enregistrée dans le délai prévu par la loi ou
fixé par la régie; "Avant de vendre un logement pour la
première fois à une personne autre que le locataire, le
propriétaire devra l'offrir au locataire aux mêmes prix et
conditions que ceux convenus avec cette autre personne. La formule que doit
utiliser le propriétaire pour faire son offre est prévue par la
loi. "
Je vous signalerai que les modifications que j'ai proposées sont
techniquement nécessaires pour assurer la concordance du texte des
mentions obligatoires de l'avis au texte de loi. Au deuxième paragraphe
de l'alinéa 1, nous avons enlevé le mot "seul", au début,
puisque les travaux dans les logements occupés par des
copropriétaires ne sont pas soumis à l'autorisation de la
régie. Cette information n'est cependant pas nécessaire au
locataire au stade de l'avis d'intention.
Au troisième paragraphe de l'alinéa 1,
premièrement, remplacer, à la deuxième ligne, le mot
"réparations" par le mot "travaux". C'est de concordance avec le terme
utilisé à l'article 53. Le mot "travaux" englobe également
les améliorations. Deuxièmement, à la fin, ajouter "ou si
la déclaration de copropriété n'est pas enregistrée
dans le délai". C'est une concordance avec l'article 54. 4. 1.
Finalement, au troisième alinéa, ajouter, à la
première ligne, les mots "à une personne autre que le locataire"
après les mots "première fois" et, deuxièmement, remplacer
les mots "un autre acheteur" par les mots "par cette autre personne". C'est
également une concordance avec l'article 54. 6.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que vous avez
appelé uniquement l'annexe I ou si vous avez aussi appelé
l'annexe II?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, de
consentement avec les membres de la commission et pour clarifier le
débat, nous pourrions d'abord étudier l'annexe I et aller ensuite
à l'annexe II. Est-ce qu'il y a consentement, M. le député
de Shefford...
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch):... pour nous faciliter la
tâche? Nous en sommes maintenant à l'amendement à l'annexe
I.
M. Paré: Là-dessus...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré:... dans les mentions obligatoires, c'est de
l'information qu'on donne au locataire. J'ai posé une question au tout
début, mais étant donné que je ne l'ai pas posée
à la fin d'une intervention, je n'ai pas eu de réponse. Je vais
vous la poser de nouveau parce qu'elle Intéresse beaucoup de gens. On
sait que cette loi est complexe et que, si les gens ne sont pas satisfaits, ils
doivent avoir recours à la Régie du logement. De toute
façon, on doit déposer des avis, et ainsi de suite. Pour les
gens, souvent, pour savoir si c'est du harcèlement, quels sont
leurs recours, ils préfèrent s'adresser à des
associations de locataires, des gens qui sont près, des gens qui sont du
miiieu. Une demande a été faite dans ce sens par plusieurs
groupes dont la CSN, la FTQ et d'autres groupes dans le but qu'une aide
financière soit apportée aux associations de locataires. Que
pensez-vous de cette demande? Dans votre esprit, est-ce une chose pour laquelle
on peut espérer une réponse positive? Le rôle joué
par ces gens-là est essentiel. Ça pourrait permettre un
désengorge-ment à la régie, exempter des problèmes
autant en empêchant des choses illégales qu'en donnant les bons
conseils aux locataires, ce qui pourrait faire en sorte d'exempter d'autres
genres de problèmes. Si on accepte de reconnaître que ces
associations ont un rôle important à jouer dans la
société, que ce sont des intervenants très importants,
impliqués dans leur milieu, je pense qu'au-delà de la parole, on
devrait maintenant non seulement - peut-être, je ne le sais pas et j'y
reviendrai tantôt - grossir les effectifs et les budgets pour la
Régie du logement pour tenir compte de l'achalandage potentiel plus
grand que peut amener la loi 87, qui a un rôle curatif ou plus de...
Est-ce qu'on ne pourrait pas prévoir donner une aide quelconque aux
associations de locataires dans ces cas-là?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le propriétaire... M. le
Président...
M. Paré: C'est significatif.
M. Bourbeau: ... j'estimais que le président était
un peu comme un propriétaire de l'Assemblée. La Régie du
logement a des devoirs et à l'endroit des propriétaires et des
locataires. Dans l'esprit du député, si on venait en aide aux
locataires, est-ce que la régie devrait également venir en aide
aux associations de propriétaires ou si c'est seulement aux associations
de locataires?
M. Paré: II pourrait y avoir les deux, sauf qu'il semble
que les propriétaires ont quand même déjà des
structures. Il y a des associations, il y a la CORPIQ ici à
Québec. Normalement, ces associations sont plus en moyens - globalement
en tout cas, les propriétaires de gros immeubles - de se structurer.
Sinon, on pourrait regarder pour les aider aussi, sauf que, comme on permet
maintenant la levée du moratoire sur la conversion, c'est une
décision du propriétaire. Ce n'est donc pas une décision
des locataires, qui risquent d'être victimes d'une décision des
propriétaires. Ils doivent être capables de se
référer à quelqu'un, non pas nécessairement tout de
suite à la régie comme un tribunal ou comme une lutte. Ils
pourraient s'adresser aux associations de locataires pour recevoir des conseils
et de l'aide. Nous, comme État, si de l'aide est fournie là,
ça peut nous coûter moins cher que l'aide qui sera fournie par la
Régie du logement. il y a déjà beaucoup d'associations de
locataires en place, spécialement dans les milieux où le besoin
se fait sentir. Ces gens-là travaillent déjà dans le
milieu. Ils sont venus nous dire en commission parlementaire qu'ils avaient
besoin d'aide financière pour être capables de donner, même
au moment où on se parle, l'aide requise pour les problèmes
vécus par l'ensemble des locataires dans les milieux où ils se
trouvent et qui risquent d'avoir plus de boulot parce qu'ils risquent d'avoir
plus de problèmes avec l'application de la loi 87.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. *
M. Bourbeau: De toute façon, il ne serait pas question que
ce soit la Régie du logement qui puisse venir en aide à des
associations de locataires parce qu'elle pourrait être accusée de
prendre partie pour un groupe par rapport à l'autre groupe, d'être
à la fois juge et partie. On sait qu'elle a régulièrement
à trancher des litiges entre des groupes de locataires et des groupes de
propriétaires. Elle ne pourrait certainement pas offrir des subventions
ou venir en aide à l'un des deux groupes sans faire la même chose
pour l'autre.
Pour ce qui est du gouvernement, évidemment celui-ci a des moyens
limités. Le député de Shefford sait qu'avec les mesures
que nous voulons instaurer avec le projet de loi 87 cela impliquera
probablement des frais supplémentaires au gouvernement pour, par
exemple, mettre sur pied le guichet spécial pour les personnes qui
pourraient être victimes de harcèlement, pour les locataires qui
auraient besoin d'être renseignés pour un immeuble en voie de
conversion, etc.
Je pense que nous devons d'abord nous assurer que la Régie du
logement est elle-même en mesure de bien renseigner les locataires et
qu'elle fera un travail correct sur ce plan-là avant de venir en aide
à des associations de locataires qui feraient le même travail que
la régie. Je sais que parfois les locataires préfèrent
aller voir des associations de locataires et c'est peut-être justement
parce que la régie n'est pas suffisamment bien équipée
pour faire ce travail d'information auprès des locataires. Si la
régie est bien pourvue et si elle peut faire un travail valable, dans le
sens d'informer correctement les locataires, peut-être, à ce
moment-là, les locataires viendront-ils spontanément à la
régie.
M. Paré: Je ne pense pas que les associations jouent
exactement le même rôle que la régie. La régie est un
peu l'arbitre entre locataires et propriétaires alors que l'association
de locataires est l'appui, le soutien aux locataires mal pris. Habituellement,
ces associations se retrouvent au plein centre des quartiers où habitent
les gens qui ont besoin d'aide. À mon
avis, les associations de locataires jouent un rôle essentiel et
très important. Elles sont implantées directement dans le milieu
qu'elles veulent aider. Elles jouent un rôle déjà
reconnu.
Si on les aide, à mon avis, c'est une économie. Il en
coûte certainement moins cher à l'État d'aider des
associations déjà en place qui consacrent des heures presque
illimitées et qui, pour la plupart, travaillent presque
bénévolement par moments. Même à l'intérieur
des associations, il y a des gens qui travaillent bénévolement.
À mon avis, ce serait une économie pour l'État. Cela vient
compléter le travail des gens de la régie. Cela vient
préparer des dossiers. Le conseil est donné dans une vision
d'aide aux locataires et pas nécessairement comme la régie, qui
doit être un arbitre - donc, pas nécessairement l'un par rapport
à l'autre - un médiateur ou un conciliateur entre les deux
parties.
Je pense que les associations ont leur raison d'être, tellement
que - je vais vous donner un exemple - l'État a considéré
qu'il était important de donner de l'aide aux ACEF, aux Associations
coopératives d'économie familiale, par l'entremise de l'Office de
la protection du consommateur. Pourquoi? Parce que le consommateur a besoin que
des groupes s'en occupent pour permettre aux gens d'être capables de se
référer... Même si l'office existe, même si le
gouvernement est là et qu'il y a un ministre responsable, cela
n'empêche pas qu'on sent l'obligation de subventionner des associations
sur le terrain pour donner un meilleur service, en fait, pour aider l'ensemble
de la société.
Pourtant, on aide les ACEF, mais on n'aide pas les producteurs. On
n'aide pas de la même façon ou au même niveau, en tout cas,
les commerçants et les industriels. On les aide, d'accord, en
subventions de développement et de recherche dans d'autres programmes
qui vont dans le sens du développement économique, mais quant aux
produits comme tels, on aide le consommateur indirectement par les ACEF, par
tous les organismes qui sont sur le terrain 'et qui sont là pour la
défense des consommateurs. Si on trouve important d'aider le
consommateur en subventionnant les associations locales, pourquoi ne
trouverait-on pas important, de la même façon, d'aider les
locataires en aidant leurs associations locales ou de quartier?
M. Bourbeau: M. le Président, tout en signalant au
député que nous sommes toujours à l'annexe I et l'avis
d'intention de convertir...
Le Président (M. Saint-Roch): Nous sommes à
l'amendement à l'annexe I, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, l'amendement à l'annexe I, d'accord. Je
lui dirai que je vais réfléchir à la question; ce n'est
pas inutile d'en parler. Sauf que le problème qui pourrait se poser,
c'est de savoir lesquelles, parmi les associations de locataires, devraient
être aidées et lesquelles ne devraient pas l'être. Elles ne
sont pas toutes aussi représentatives et pas toutes aussi bien
inspirées par les objectifs magnanimes qui animent le
député de Shefford. Il faudrait, à ce moment-là,
s'assurer qu'on viendrait en aide à des groupes qui ont vraiment pour
objet de défendre les intérêts des locataires et non pas
faire la publicité personnelle de certains dirigeants, comme cela
pourrait arriver à l'occasion.
Maintenant, en ce qui concerne les ACEF, j'aimerais souligner au
député que, quand on les subventionne, on les subventionne pour
des projets précis et non pas d'une façon globale,
perpétuelle et récurrente, comme le souhaite le
député. (16 h 30)
M. Paré: Vous savez très bien que les ACEF, pour
des dossiers précis... Si on recule de quelques années, on
constate que les ACEF qui ont reçu des subventions, il y a quatre ans,
en ont reçu il y a trois ans, en ont reçu il y a deux ans, en ont
reçu il y a un an et encore cette année. Il y a ce financement
annuel qui revient pour ces associations, même si on y met des mandats,
même si on y met des contraintes. Il s'agirait de faire la même
chose. Je pense que ces associations sont essentielles et indispensables, ne
serait-ce que pour s'assurer qu'il va y avoir moins de harcèlement.
C'est un service qu'on va se rendre comme société et qu'on va
surtout rendre aux individus qui sont touchés. Je pense que cela devrait
être cela.
Je reviens là-dessus parce qu'on parle de modification à
l'annexe. Vous ne changez toujours pas d'idée sur le fait que l'annexe
devrait être une formule unique, celle qu'on retrouve en annexe. Pourquoi
n'accepterait-on pas - je reviens là-dessus parce que je trouve cela
important pour être sûr qu'on n'aura pas des interprétations
différentes - des contenus qui disent la même chose mais qui
pourraient être formulés de façon différente sans
amener de la complexité? Essayons donc d'être, au moins
là-dessus, le plus clair, le plus simple possible pour permettre aux
gens de comprendre rapidement, permettre aussi aux gens qui vont travailler
à la Régie du logement de leur simplifier la tâche pour
faire en sorte qu'ils n'aient pas à interpréter toutes sortes de
formules. On pourra mettre n'importe quoi là-dessus.
Vous l'avez dit, chaque compagnie va pouvoir mettre son emblème,
ses gros ou ses petits caractères, tout le kit au complet. Pour quelle
raison n'aurait-on pas une formule unique étant donné que ce
n'est pas compliqué? Quand on relit dans l'annexe, cela prend juste -
page 11, page 12 - une description très sommaire et on arrive à
"Mentions obligatoires". On oblige à mettre telle chose qui va respecter
cet article, il s'agirait probablement d'une page de 8 1/2 sur 14 sur laquelle
il y aurait, en haut, ce qu'on retrouve ici: la date, le nom, l'adresse, le
titre
de propriétaire d'immeuble, l'adresse, la signature et ensuite
les mentions seraient là. On les décrit et ce serait la
même chose pour tout le monde. On ne risque pas, comme dans les polices
d'assurance, d'avoir des histoires de cinq, six et dix pages avec des gros
caractères, des petits caractères et des textes, finalement,
qu'on complique souvent pas par mauvaise volonté.
Je ne veux surtout pas dire que c'est fait volontairement, mais nous
n'avons pas à courir de risques. Pourquoi ne simplifie-t-on pas cela
pour que l'ensemble des gens comprennent la même chose? Pourquoi
n'utilise-t-on pas une formule unique? C'est à nous de décider.
C'est l'invitation que je vous relance parce qu'on en avait déjà
parlé je ne me souviens plus à quel article, mais on a l'occasion
maintenant de dire qu'on devrait avoir une formule unique. Ce n'est pas
compliqué.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le député a fait un long plaidoyer sur
la question, lors de l'étude d'un article précédent, je
lui ai fait une longue réponse. Ce sont les mêmes arguments qui
reviennent. Je le réfère à ma réponse
précédente. Pour les mêmes raisons que je lui ai
déjà énoncées, je ne pense pas qu'il soit opportun
d'accéder à cette demande.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je comprends qu'il y a eu probablement suffisamment de
discussions entre les parties. Je suis un peu d'accord pour le peu d'articles
qui seraient nécessaires. Cela arrive parfois que le gouvernement
fournisse des formules sur lesquelles on peut s'entendre au départ. Ces
formules sont uniformes et personne ne peut jouer avec. Je pense bien que cela
ne prend pas un grand cours pour comprendre que, si ce qui est écrit
dans la loi est écrit aussi dans les mentions obligatoires, cela oblige
tout le monde à passer dans le même moule. À ce moment, je
ne vois pas la réticence du ministre à fournir cela. Pour moi, il
me semble que ce n'est pas une grosse demande de l'Opposition. Je pense que
c'est de nature à rassurer tout le monde.
S'il y avait des pages et des pages, mais on se rend bien compte que
vous allez avoir un contrat qui va pouvoir se faire et être passé
régulièrement et tout le monde va être heureux. Je pense
que le ministère pourrait s'engager à cela et il ne mettrait pas
en danger le système des finances gouvernementales parce qu'il n'y aura
pas des milliers de conversions de condo a l'avenir. Je pense qu'il y a
suffisamment de contraintes. Ce ne serait pas une grosse demande à faire
en disant qu'à l'avenir ceux qui veulent passer par là devront
prendre ces formules qui sont uniformes. Personne ne pourra jouer
là-dessus, personne ne pourra faire de changements ou quoi que ce soit.
Cela prouve que c'est un cas sérieux. Cela a été
prouvé jusqu'à maintenant. Il y a eu une commission
parlementaire, il y a eu un livre publié, Il y a eu des discussions
amplement débattues, à mes yeux. On s'en vient presque avec une
unanimité, en bout de ligne et, à défaut
d'unanimité, au moins à une compréhension mutuelle de la
complexité du problème. On ne dit pas au ministre que ce n'est
pas compliqué. Je pense que tout le monde l'admet. Il a sûrement
fait un effort sensible pour essayer de trouver une meilleure façon de
contourner ou de trouver une solution à ce problème. Je pense
qu'il y aurait cette formule qu'on aurait trouvée. Ce serait pour le
bien de ('ensemble des intervenants.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président {M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau:... je n'aurais pas d'objection à reprendre
les raisons pour lesquelles nous ne jugeons pas opportun d'accéder
à cette demande, mais je réfère le député de
Jonquière au débat qui a eu lieu sur cette question la semaine
dernière. Il va pouvoir trouver toutes les raisons qui justifient, selon
nous, de ne pas faire une obligation stricte de suivre le mot à mot de
la Formule pourvu que toutes les mentions obligatoires y soient.
M. Dufour: Ce qui veut dire que le ministre accepterait qu'il y
ait autre chose d'ajouté sur les formules.
M. Bourbeau: Oui, c'est sûr. C'est que les formules sont le
minimum. Le propriétaire est obligé de mettre toutes les mentions
obligatoires. Il peut arriver que, dans des cas précis, le
propriétaire juge opportun d'ajouter des choses qui sont
spécifiques à un immeuble donné, qui peuvent renseigner
davantage le locataire. Ce qui est obligatoire, ce sont les mentions qui sont
là et qui doivent toutes être sur l'avis qui est envoyé au
locataire.
M. Dufour: Ne trouvez-vous pas que, du fait de laisser la porte
ouverte comme ça, il y en a qui pourraient être tentés
d'ajouter tellement de texte que tout le monde pourrait... Allez-vous exiger
pendant un an encore, par exemple, que ces mentions obligatoires soient
inscrites dans une section très précise et dire que les autres
sont des demandes faites par...
M. Bourbeau: Non, il n'y aura pas d'encart. Le
propriétaire est obligé de faire parvenir au locataire l'avis qui
est substantiellement sem-
blable ou selon la formule qui est prescrite par la loi. Il n'est pas
coutume dans les lois de ce genre... Le député m'embarque encore
dans toute l'argumentation qu'on va reprendre, encore une fois pour rien, parce
qu'on les a toutes faites.
Il n'est pas question de reprendre mot à mot chacun des mots
là-dedans. Si jamais, par hasard, le propriétaire avait
oublié de mettre un des mots, s'il avait substitué un autre mot
équivalent, on pourrait entacher de nullité toute la transaction
avec tout ce que cela peut impliquer de recours, etc.
Le législateur ne fait pas ce genre de choses et la formule
employée, c'est toujours une annexe où on donne la formule, les
mentions obligatoires. On laisse aux parties le soin de reprendre la formule
dans son essence et celui de la faire parvenir au locataire. Si le
propriétaire fait des changements, que ces changements sont jugés
tellement importants et il ne reprend pas la formule dans son essence, c'est le
propriétaire qui pourra éventuellement voir son titre de
propriété vicié. Connaissant les propriétaires, je
sais qu'ils ne voudront pas courir le risque de voir leurs titres de
propriété et leurs transactions viciés, ils vont s'en
tenir strictement au texte qui est dans la loi, ou à peu
près.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne sais pas si mon collègue a quelque chose
à ajouter là-dessus. Moi, j'aurais aimé discuter, par
exemple, des mentions obligatoires ou du troisième paragraphe de votre
amendement, M. le ministre. "Avant de vendre un logement pour la
première fois à une personne autre que le locataire, le
propriétaire devra l'offrir au locataire aux mêmes prix et
conditions que ceux convenus avec cette autre personne. La formule que doit
utiliser le propriétaire pour faire son offre est prévue par la
loi. Tel que libellé actuellement, je comprends que la personne qui
voudrait vendre son logement va essayer, avec une personne autre que celle qui
est locataire. Elle va aller le voir, il va y avoir des tractations, des
échanges, des montants d'avancés.
Je pense que c'est acceptable. Mais, d'un autre côté,
serait-il possible - et je me demande comment on pourrait le contrôler -
que quelqu'un qui voudrait se débarrasser ou ne voudrait pas que ce soit
le locataire en place qui achète son logement, arrive avec des montants
autres, différents ou plus élevés? Il pourrait dire:
Écoutez un peu, j'ai fait des tractations avec M. X ou Mme Y et je
pourrais obtenir un montant de 45 000 $, par exemple, avec un certain nombre de
conditions. Dans le fond, ce n'est pas le prix auquel II s'attend. Comment
pourrait-on s'assurer que ces montants soient vraiment les montants
négociés que la personne serait prête à payer?
M. Bourbeau: Le député veut savoir ce qui arrive si
le vendeur signifie au locataire une offre d'achat qui n'est pas conforme
à l'offre réelle.
M. Dufour: C'est cela. Il pourrait y avoir une entente avec une
autre personne disant: Ne me démentis pas, on va dire que tu es
prête à me donner 50 000 $. On sait que c'est plus cher que ce que
cela vaut, mais je ne veux pas avoir ce locataire et j'aimerais te le vendre
à toi à un autre prix. Entendons-nous ensemble et disons que tu
es prête à payer 50 000 pour l'achat du logement. Il va voir le
locataire et le locataire dit: Cela n'a pas de bon sens, moi, j'étais
prêt à donner 40 000 $, Je ne suis pas capable de donner 50 000 $.
Je ne peux pas, j'ai eu une offre de 50 000 $.
M. Bourbeau: M. le Président, en réponse au
député, je le réfère à l'article 54. 7 du
projet de loi qui stipule que "Le locataire peut, si la vente est conclue en
violation de son droit de préemption, s'adresser à la Cour
supérieure dans l'année de la connaissance de celle-ci pour en
demander l'annulation. "
C'est une sanction qui est très sévère et qui a
même fait frémir la Chambre des notaires. Cela veut dire qu'il
pourrait rester un doute sur la légalité de la transaction, si
jamais on avait le moindre doute, justement, quant aux gestes qui ont
été posés dans le sens de ce que vient de dire le
député Le vendeur va être extrêmement prudent avant
de faire ce genre de simagrées ou avant de prendre le risque d'induire
un locataire en erreur parce que, si le locataire le sait ou l'apprend, il
pourra faire annuler la vente purement et simplement. Je signale au
député de toute façon que, si la vente a lieu, le
locataire ne perd pas son droit au maintien dans les lieux, il peut toujours
demeurer dans les lieux quand même.
M. Dufour: Mais, comme il y a des montants... Supposons que cela
vaut 40 000 $ et qu'il dit avoir une entente de 50 000 $. On sait que le
montant de 10 000 $ n'est pas excessif quand des gens, pour faire
évacuer les lieux, sont prêts à payer 15 000 $ et
même 20 000 $. Il y a des propriétaires qui sont prêts
à payer cela. Il pourrait dire à ce moment-là, d'une
façon correcte: Je te paierai la différence s'il le faut, je vais
perdre de l'argent, mais il pourrait se faire une transaction tout de
même, en dehors du prix du marché, qui serait difficile à
déceler. S'il y a une entente tacite entre deux personnes, cela pourrait
forcer la main du locataire pour qu'il ne soit pas capable d'acheter. Moi, je
suis convaincu que cela peut se faire. Est-ce qu'il y a d'autres moyens de
contrer cela que ceux qui sont connus, par exemple, aller voir le prix de vente
au Bureau d'enregistrement? On sait que, dans une transaction, il peut se faire
à peu près n'importe quoi. Je pense bien qu'on ne se parie
pas entre enfants d'école, on en a vu passer des choses. Il y a
des gens qui peuvent faire de la spéculation éhontée. Il y
a des passes qui se font en double, un achat, une revente, cela se fait
très rapidement. C'est un dossier complexe et je me demandais s'il n'y
avait pas une autre façon de protéger ou s'il n'y aurait pas
moyen de bloquer le prix quelque part pour que la personne ne soit pas
exploitée ou qu'elle n'ait pas la chance d'exploiter. On pourrait,
même dans le cours normal des choses, trouver quelqu'un qui soit
prêt à payer beaucoup plus cher. À ce moment-là, le
locataire ne pourrait pas miser sur l'achat. Il se pourrait, pour toute autre
raison que celle qu'on pourrait penser, qu'un logement soit
évalué à 30 000 $ et que quelqu'un dise: Je suis
prêt à payer 60 000 $.
On ne connaît pas les raisons, mais il se produit toutes sortes
d'affaires. Le propriétaire dit: On va établir un contrat, je
vais aller voir mon locataire et je vais lui dire: Écoute un peu,
même si cela vaut 30 000 $, moi, j'ai une offre de 60 000 $. Cela se
ferait selon les normes, cela serait bien clair, bien "clean", bien propre, il
n'y aurait pas de malhonnêteté. Comment le locataire pourrait-il
acheter son logement dans de telles conditions? (16 h 45)
M. Bourbeau: M. le Président, si le propriétaire
reçoit une offre d'un tiers à un prix supérieur à
la valeur du logement, on ne peut pas empêcher le propriétaire de
vendre si cela fait son affaire et l'acheteur, d'acheter. Tout ce qu'on peut
faire, c'est déplorer que le locataire ne puisse pas l'acheter
lui-même. Encore là, on vit dans un marché libre et si les
parties décident de vendre ou d'acheter un immeuble ou un appartement
à un prix légèrement supérieur à sa valeur
marchande, on ne peut pas les empêcher de le faire. On peut
présumer que, dans ce cas, le logement vaudrait peut-être un peu
plus cher qu'on ne pense puisqu'un tiers acquéreur de bonne foi est
intéressé à payer un prix un peu plus important. Tout ce
que je peux dire au député de Jonquière, c'est que, dans
ce cas-là, le locataire regardera passer la vente et constatera que
c'est plus cher que ce qu'il voudrait payer. Il aura le droit de ne pas exercer
son droit de préemption - il n'est pas obligé - et il aura
toujours son droit de maintien dans les lieux. Ce sont des droits qui vont lui
rester encore.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement à l'annexe? M. le
député de Shefford.
M. Paré: Au deuxième paragraphe, on a
remplacé le mot "réparations" par "travaux". C'est l'interdiction
pour le locateur de reprendre possession d'un logement de même que celle
de faire des travaux. Est-ce qu'on ne vient pas d'élargir, justement,
parce qu'on ne le limite plus ; aux réparations? Est-ce que ce n'est pas
un élargissement de la possibilité d'intervenir en donnant plus
de pouvoirs au propriétaire que la seule éviction pour des
travaux majeurs? On élargit cette notion. À mon avis, à la
suite d'une lecture rapide, faire des travaux, c'est beaucoup plus important
que de faire des réparations.
M. Bourbeau: M. le Président, c'est par concordance avec
l'article 53 où on emploie le mot "travaux". Par souci d'être
cohérent, on emploie le même mot.
M. Paré: Cela revient exactement à ce que je
disais. On vient confirmer dans l'amendement et dans l'article qu'ils pourront
effectuer tous les travaux qu'ils voudront, sans que ce soit
considéré comme des réparations majeures, sans
l'autorisation de la Régie du logement. Je reviens au premier
paragraphe: "...les travaux d'entretien ou les réparations urgentes et
nécessaires à la conservation des immeubles peuvent être
effectués sans l'autorisation de la Régie du logement." Cela veut
dire, finalement, puisqu'on ne peut pas contester la nature des travaux, qu'on
pourra faire de la modernisation, changer la nature du logement. Juste une
minute parce que c'est probablement une des dernières occasions, sinon
la dernière à ce sujet
Des gens m'ont parlé de cela parce qu'ils sont inquiets,
spécialement des gens de Montréal. On va changer juste le
principe d'un contrat; ce sera un peu cela, aussi. Quand on signe un bail d'un
an pour un logement X à tel prix, d'une qualité plus ou moins
bonne... Supposons un logement d'une qualité pas trop bonne à 250
S par mois. C'est un bail qu'on a signé, c'est une entente qu'on a. On
l'a pris en connaissant très bien le manque de confort - en tout cas,
ça doit être assez limité - mais on l'a accepté
ainsi. En cours d'année, on décide qu'on le transforme, non pas
qu'on le remet en état, l'électricité, il n'y a pas de
danger, l'eau ne coule pas, mais on décide des travaux majeurs pour
moderniser l'appartement. On met les gens dehors et on arrache tout - c'est ce
qui se produit, finalement - planchers, plafonds, armoires, salle de bain. On y
va avec de belles armoires non pas en chêne, mais en "melamine" ou autre
chose. On change les planchers, la salie de bain... On vient de rompre le
bail.
M. Bourbeau: Une question au député. Est-ce que le
député parle des travaux qui sont faits en cours de conversion
alors que l'avis d'intention de convertir a été envoyé ou
pas? Là, on étudie...
M. Paré: On peut avant cela.
M. Bourbeau: Oui.
M. Paré: On va pouvoir aussi, quand il va y avoir une
majorité de propriétaires en place,
M. Bourbeau: Oui, une fois terminés, mais
pendant la conversion. Là, on parie de l'avis d'intention des
travaux qui pourraient être effectués pendant la conversion. Le
député est en train de décrire tout le processus en dehors
de la conversion. On ne parle pas de cela du tout.
M. Paré: Bon! Bien...
M. Bourbeau: On parte des travaux qui pourraient être
autorisés par la régie, parce que cela va prendre l'autorisation
de la régie pour faire des travaux en cours de conversion autres que les
travaux majeurs et urgents ou les travaux d'entretien.
M. Paré: Oui, mais dans le premier paragraphe de votre
amendement on dit: "... les travaux d'entretien ou les réparations
urgentes et nécessaires à la conversion de l'immeuble peuvent
être effectués sans l'autorisation de la Régie du logement.
"
M. Bourbeau: Oui, en cours de conversion.
Une voix: Pour la "conservation" de l'immeuble, pas pour la
"conversion".
M. Bourbeau: La conservation.
M. Paré: D'accord, la conservation de l'immeuble. Mais,
comme on ne peut pas contester la nature des travaux, est-ce qu'on peut aller
jusqu'à faire ce que je suis en train de vous dire: On décide
qu'on rénove même si ce ne sont pas des travaux urgents et
nécessaires? Comme on ne peut pas contester la nature des travaux,
est-ce qu'on n'ira pas jusque-là?
M. Bourbeau: Absolument pas C'est exactement cela qu'on veut
éviter pendant la conversion. On veut éviter, pendant la
conversion, que le propriétaire commence à faire des
travaux importants qui ne seraient pas urgents ou nécessaires, justement
dans le but d'obliger le locataire à partir, dans le but - à ce
moment-là, cela facilite la conversion encore plus - ou dans le but de
faire augmenter le loyer du locataire et le prix de vente,
éventuellement, forcément s'il a investi beaucoup d'argent. On
veut tenter de favoriser l'achat des logements par les locataires. Donc, on ne
veut pas faire en sorte que le prix des logements monte. On ne veut pas faire
en sorte qu'il soit pensé, que les propriétaires s'imaginent que,
pour convertir, il faut nécessairement faire de l'amélioration
des logements - comment dit-on cela en anglais? -de la "gentrification". Il
peut fort bien y avoir une conversion sans qu'il y ait de la gentrification.
C'est cela qu'on veut éviter, qu'il y ait une espèce de tendance
à faire des travaux non nécessaires, non urgents, mais uniquement
parce qu'on pense que c'est mieux pour vendre des logements de les
améliorer. Alors, il sera interdit pendant la conversion de faire tous
travaux qui ne seraient pas des travaux nécessaires à la
conservation de l'immeuble, donc des travaux légers, ou encore des
travaux urgents ou nécessaires. Tous les autres - ceux que le
député vient de décrire sont de cet ordre - seraient
interdits.
M. Paré: Ce que vous me dites... D'accord. Avant l'avis,
on peut et on peut dès qu'il y a une majorité de
propriétaires-résidents. Là, vous me dites qu'on ne peut
pas pendant ce temps-là. Sauf que le deuxième paragraphe de
l'amendement que vous apportez dit, par exemple: Interdiction pour le locataire
de reprendre possession d'un logement de même que celle de faire des
travaux, cessent si le propriétaire avise par écrit le locataire.
Donc, à ce moment-là, s'il envoie un avis qu'il veut faire des
travaux et qu'il ne le peut pas, il a juste à le retirer, c'est ce qu'on
disait. Il peut aussi jouer avec cela. Il avise, par écrit, qu'il n'a
plus l'intention et II fait exactement ce que j'étais en train de vous
expliquer tantôt. Finalement, il revient et, comme on ne peut pas
contester la nature des travaux, il dit qu'il n'en a plus l'intention. Il fait
des travaux ce sont des travaux de modernisation et on ne respecte pas le
contrat signé, c'est-à-dire le bail qui valait pour un certain
type de logement, à tel prix. Le fait qu'on le change
complètement, cela devient un autre type de logement, totalement
différent, ce qui peut faire en sorte de doubler, même, le prix du
logement.
C'est pour cette raison qu'on disait être contre le
deuxième article qu'on retrouve dans l'amendement, où on peut
utiliser ce retrait juste en écrivant. Donc, on envoie un avis, on a
l'intention de procéder; cela ne marche pas, on retire l'avis À
ce moment-là, on devient libre de faire tous les travaux. Cette
liberté de faire tous les travaux va jusqu'au non-respect du bail
signé puisqu'on change la nature même du logement loué.
C'est un départ presque automatique dans la plupart des cas. Les
chiffres nous prouvent que les gens ne reviennent pas dans 95 % des cas. C'est
pour cela que le deuxième paragraphe de l'amendement ne nous satisfait
pas.
M. Bourbeau: M. le Président, Je ne sais pas quoi
répondre au député. Tout ce que je peux lui dire... Si un
propriétaire envoie un avis de son intention de convertir,
qu'après cela, ayant tâté le terrain un peu, il
décide de retirer l'avis, de faire des travaux et qu'après cela
il envoie un autre avis pour convertir, c'est évident que ce
propriétaire va se retrouver devant la Régie du logement qui va
faire une enquête. La régie va en faire dans tous les cas et va se
rendre compte que le propriétaire a joué au yo-yo avec ses
locataires dans le but de tourner autour du pot et de, finalement,
réussir à convertir et à évincer le locataire. La
régie va justement - c'est son devoir, même - refuser la
conversion. Il est indiqué, en toutes lettres, dans le projet de
Loi que c'est dans ces cas que la régie va refuser la conversion parce
qu'elle va réaliser que le propriétaire a usé de
subterfuges pour tenter de convertir l'immeuble, d'évincer les
locataires, qu'il a utilisé, justement, le biais des travaux majeurs et
l'éviction des locataires pour convertir. Ce sont des cas qui sont
prévus dans le projet de loi et qui font en sorte que, dans ces cas, le
propriétaire se verra refuser le droit de convertir. Il ne pourra
même pas se représenter devant la régie avant trois
ans.
M. Paré: Sur le plan strictement juridique - je vous pose
la question - la juridiction de la régie, à ce moment-là,
ne commence-t-elle pas seulement à partir de l'avis? Comment va-t-il y
avoir plainte puisque les personnes seront parties? C'est pour cela qu'on vous
demandait qu'il y ait enregistrement des baux afin d'être capables de
faire l'historique des dix dernières années. Sur cela, vous nous
avez dit qu'il n'était pas question de faire l'enregistrement des baux.
Il n'y a pas d'enregistrement des baux, donc, il n'y a pas d'historique
légal, comme tel. Si le locataire est parti et qu'il n'y a pas de
plainte, sur quoi la régie va-t-elle se baser puisqu'elle commence sur
réception de l'avis à regarder s'il y a illégalité?
Il n'y aura pas d'illégalité à partir de ce
moment-là.
M. Bourbeau: La régie est un tribunal qui fait des
enquêtes, qui convoque des témoins, qui envoie des subpoenas et
qui demandera au propriétaire la liste de ses anciens locataires s'il le
faut. Je réfère le député à l'article 54. 2
qui dit: "La régie doit refuser l'autorisation de convertir lorsque
l'immeuble a déjà fait l'objet de travaux... " On ne dit pas:
Depuis l'envoi de l'avis. Quand on dit "déjà", on se
réfère à ce qui s'est passé autrefois,
antérieurement, si l'immeuble a déjà fait l'objet de
travaux. Cela veut dire: a antérieurement "fait l'objet de travaux en
vue de le préparer à la conversion et d'évincer un
locataire ou lorsqu'un logement a déjà fait l'objet d'une reprise
de possession illégale. " On dit, dans ces cas, qu'une nouvelle demande
ne peut être produite qu'après un délai de trois ans
à compter du refus.
M. Paré: Je reviens à ce que je vous disais. Sur le
plan strictement juridique, vous vous référez à l'article
54. 2: "La régie doit refuser l'autorisation de convertir lorsque
l'immeuble a déjà fait l'objet de travaux en vue de le
préparer à la conversion... " Premièrement, il faudra
prouver tout cela. Ensuite, n'oubliez pas que l'article 54. 2 est relié
à l'article 54 qui commence en disant: "À compter de l'avis
d'intention, le droit à la reprise de possession d'un logement ne peut
plus être exercé à rencontre du locataire... " Donc, c'est
à compter de l'avis.
M. Bourbeau: M. le Président, ce n'est pas
l'interprétation qu'en donnent les juristes qui m'accompagnent. Quand on
dit: "a déjà fait l'objet", on ne pense pas que cela
rétroagit uniquement à compter de l'avis d'intention.
Également, dans le papillon qu'on introduit à l'article 54. 2, au
paragraphe 3, on dit: "La régie doit refuser l'autorisation de convertir
lorsque, dans les cinq années précédant sa demande, le
propriétaire qui est déclaré coupable d'une infraction
à l'article 112. 1 envers un locataire... " Donc, on voit que la
rétroactivité, déjà, ne se réfère pas
seulement à la période de temps qui a pu s'écouler
à compter de l'avis d'intention, mais à une période qui
est beaucoup plus longue, rétroactivement.
M. Paré: L'amendement dont vous me parlez "cinq ans",
est-ce que c'est un amendement qu'on a accepté? Qu'est-ce que vous
êtes en train de nous dire?
M. Bourbeau: M. le Président, il s'agit d'un papillon
qu'on n'a pas encore introduit. Je m'excuse auprès du
député, je croyais l'avoir fait. Je crois que le
député de Shefford a déjà en main ces amendements.
On a distribué tous les amendements ou les papillons, comme on dit. On a
l'intention, un peu plus tard, de présenter cet amendement. (17
heures)
Je signale également au député que l'article 2 de
la loi qui introduit l'article 51 dit que la juridiction de la régie
porte sur "un immeuble comportant ou ayant comporté, au cours des dix
années précédant la demande, au moins un logement. " Donc,
on voit que la Régie du logement a juridiction non seulement pour le
présent, mais également pour les dix années
précédentes.
M. Paré: Un exemple très simple, très clair.
Peu importe qu'il y ait eu avis, retrait d'avis et nouvel avis, supposons
qu'avant l'avis qui permet à la régie de se prononcer, on
décide qu'on entreprend des rénovations majeures, ce que
j'appelle de la modernisation Le locataire s'en va, le locataire est parti. Il
n'a pas fait de problème. On lui a dit: II faut que vous vous en alliez,
on fait des travaux. Ce n'est pas illégal en soi. Tout est correct
même si le but, c'est la conversion. Il lui a dit: Je fais des travaux.
Comme il ne peut pas contester la nature, on entreprend des travaux et on les
effectue.
Pour 95 % des gens, ça fait deux déménagements, des
problèmes et, en plus, on peut lui offrir de l'argent. Le locataire ne
revient pas. Il est parti. Qu'est-ce que la régie va faire quand elle va
recevoir l'avis? Le logement est vide. Est-ce qu'elle va essayer de retrouver
l'ancien locataire et de faire une enquête ou, s'il n'y a. pas de plainte
ou matière à étude quelconque parce que tout le monde
semble content, cela s'effectue? La régie, elle, à compter de
l'avis d'intention, doit surveiller, doit préparer la liste des gens qui
ont un droit de maintien dans les
lieux, etc. Mais, dans ce logement, il n'y a personne, donc, elle n'a
pas à faire d'enquête et à reculer de dix ans à
moins d'avoir une plainte.
S'il n'y a pas de plainte, si tout semble conforme et que rien ne semble
illégal, est-ce que vous êtes en train de me dire
qu'automatiquement la régie va aller voir si l'ancien locataire a
été évincé d'une façon quelconque, s'il y a
eu harcèlement ou quoi que ce soit ou si, tout simplement, comme il n'y
a pas de plainte, qu'il n'y a personne et qu'il n'y a pas d'historique parce
qu'il n'y a pas d'enregistrement des baux, c'est automatique, tout va bien?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, quand la Régie du
logement recevra une demande de conversion, elle va faire une enquête. De
deux choses l'une: ou il y a des locataires en place ou il n'y en a pas. S'il
n'y a pas de locataires en place, la Régie du logement va dire:
Écoutez, pour nous, ce n'est pas habituel de ne pas avoir de locataires
en place. Pourquoi n'y a-t-il pas de locataires en place? Le
propriétaire va devoir donner des renseignements. Ou il va dire: Je n'ai
pas de locataires depuis dix ans; auquel cas, la régie va lui dire:
Très bien, nous n'avons pas juridiction. Ou il va dire: Oui, j'ai eu des
locataires, mais ils sont partis, ils vont demander pourquoi ils sont partis.
Il va dire: J'ai fait des réparations majeures. Est-ce que vous avez
envoyé un avis? Est-ce qu'on peut voir l'avis? Est-ce qu'on peut voir
les baux? La régie va demander au propriétaire de lui fournir des
renseignements sur les anciens locataires. Vous savez qu'on ne peut pas faire
de travaux de quelque nature que ce soit qui impliquent l'évacuation des
locataires sans envoyer un avis préalable. Cet avis doit
également offrir au locataire une indemnité. Si le locataire
n'est pas d'accord, le propriétaire devra s'adresser à la
Régie du logement pour la faire statuer.
La Régie du logement connaîtra déjà
l'immeuble. Elle aura déjà dans ses dossiers les noms des
locataires, s'il y a eu. évacuation. Elle pourra les interroger. S! la
Régie du logement, après avoir fait cette enquête, en vient
à la conclusion que l'immeuble a fait l'objet de travaux en vue de
préparer ta conversion et d'évincer les locataires, à ce
moment, elle refusera l'autorisation. Connaissant l'identité des
locataires, ia régie peut très bien les assigner devant elle, les
interroger, même les contraindre à venir témoigner pour se
rendre compte, pour savoir ce qui s'est passé. C'est, justement, le but
de toute la démarche que nous avons devant nous, d'éviter qu'un
propriétaire ne puisse utiliser ce moyen pour convertir,
c'est-à-dire les travaux majeurs et l'éviction des
locataires.
M. Paré: Dans l'interprétation que don- neront les
gens à la Régie du logement, quelqu'un, sans donner de premier
avis, avant d'envoyer l'avis d'intention sur lequel on discute, décide
qu'il fait des travaux majeurs. Même si on l'avise - parce que là
ça prend le déplacement d'une semaine et plus - et te locataire
ne revient pas. La régie est informée. L'avis d'intention arrive.
Et là elle doit regarder ce qui s'est passé, au moins
dernièrement, surtout si le logement est vide. Le logement étant
vide, la régie sait maintenant qu'il y a eu départ du locataire
à cause de travaux majeurs incontestables, parce qu'on ne peut pas en
contester la nature. Les travaux ont lieu. Les travaux ayant lieu, cela veut
dire qu'il n'y a rien d'illégal en soi, jusqu'à maintenant.
Là, il demande un avis. Il peut attendre un mois, deux mois, six
mois.
L'avis est maintenant envoyé. Le régisseur peut bien dire
au propriétaire: Tu as fait ces travaux dans le but de le transformer.
Si lui dit: Non, mol je l'ai fait parce que je voulais avoir plus cher de
loyer, mais, maintenant que cela m'est permis et, quant à le louer, il
est rendu tellement moderne que je pourrais le vendre maintenant et ça
me tente, comment prouver que son intention c'était, justement, de
rénover en vue de convertir? C'est un contre un, la parole. Donc, c'est
dans l'interprétation que voudra bien lui donner le
régisseur.
M. Bourbeau: Le régisseur va se baser sur les faits. Le
régisseur va dire: Est-ce que, oui ou non, II y a eu des travaux
majeurs? Deuxièmement, y a-t-il eu évacuation des locataires?
Oui. Et est-ce que subséquemment le propriétaire, après
avoir fait évacuer les locataires, se dirige à la régie
pour tenter d'obtenir la conversion? La régie peut fort bien en venir
à la conclusion que c'est exactement ce que le propriétaire a
voulu faire: faire des travaux dans le but d'évincer les locataires et
dans le but de convertir. C'est une situation de fait que devra
apprécier là régie et elle est là pour faire
ça. C'est un tribunal, justement, qui est là et qui a les moyens
de porter des jugements.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui, je voudrais en revenir au premier alinéa
que vous proposez où, si je comprends bien le sens de l'article, c'est
le locateur qui doit, obtenir l'autorisation. D'abord, il a le droit de faire
de l'entretien. Il a le droit aussi de faire les réparations urgentes et
nécessaires à la conversion de l'immeuble. Vous qui êtes
fort sur la conciliation et les consensus, etc., pourquoi donnez-vous à
la régie le pouvoir d'intervenir dans le dossier dans des
réparations autres que l'entretien ou des réparations
nécessaires ou majeures? Pourquoi permettez-vous cela à la
régie? En fait, ce que vous permettez, dans le fond, c'est qu'il y ait
de la modernisation. Y a-t-il d'autres raisons pour que quelqu'un puisse
demander des réparations? Par exemple, mettons-nous à la
place du propriétaire, il dit: II y a des réparations urgentes,
nécessaires et d'entretien. Là, la personne veut aller plus loin.
Quels sont les travaux qui seraient autres que de l'entretien, que ce qui est
nécessaire et majeur? Ce seraient des réparations qui pourraient
être de nature à augmenter la qualité du logement.
Si c'est ça, pourquoi la régie est-elle obligée
d'intervenir? Pourquoi ce ne serait pas le locataire et le locateur qui
s'entendent pour ces choses? Cela pourrait arriver que le locataire ne soit pas
intéressé à ce que ces travaux là se fassent et que
la régie serait intéressée à le faire, et à
faire faire les travaux.
M. Bourbeau: Oui, mais le député n'a pas lu le
projet de loi. Il ne comprend pas. Il n'est pas question de dire à la
régie d'intervenir dans le cas présent. C'est l'inverse qui va se
produire. Elle n'interviendra pas pour faire faire des travaux. Elle va
interdire au propriétaire - oui, c'est ça - de faire des travaux
- demandez au député de Shefford, il va vous expliquer - qui sont
autres que des travaux d'entretien ordinaire et des travaux de
réparations majeures. Toute autre forme de travaux est interdite et la
régie est là pour interdire les travaux, donc, pas pour les
permettre ou pour en juger.
M. Dufour: On pourrait peut-être lire cela ensemble. "Le
locateur - il me semble que c'est celui-là qui est propriétaire
du logement - doit obtenir l'autorisation de la régie pour effectuer des
travaux autres que des travaux d'entretien ou des réparations urgentes
et nécessaires à la conservation de l'immeuble. " Des travaux
autres, c'est quoi?
M. Bourbeau: Ce sont les travaux dont parlait le
député de Shefford, tantôt.
M. Dufour: Ce sont des travaux différents. De la
façon dont c'est écrit, cela veut dire que le locateur pourra
obtenir la permission de la régie de faire d'autres travaux.
M. Bourbeau: Pas "pourra", mais "devra" obtenir.
M. Dufour: II devra. Si c'est écrit comme cela, cela veut
dire que la régie peut donner la permission de faire des travaux autres
que des travaux majeurs, nécessaires et d'entretien. Donc, c'est la
régie qui va donner le O. K.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le principe de base, c'est
que c'est interdit d'en faire et que, si le propriétaire veut en faire
malgré que ce soit interdit, il ne peut pas le faire sans s'adresser
à la régie et demander la permission à la régie
qui, manifestement, ne le permettra que dans des cas exceptionnels, puisqu'il
faut aller devant la régie pour obtenir la permission. À
l'article 53, deuxième paragraphe on dit: Lorsque la régie,
étant saisie d'une demande semblable est appelée à donner
son autorisation, elle considère alors l'utilité immédiate
des travaux pour le locataire. Si elle les autorise, elle peut imposer les
conditions qu'elle estime justes et raisonnables et, si l'évacuation
temporaire du locataire est nécessaire, elle fixe une indemnité
payable par le locateur à la date d'évacuation. Donc, on voit que
c'est balisé, c'est restreint; on cherche manifestement à ne pas
encourager ce genre de travaux.
M. Dufour: Je ne comprends pas le ministre qui me dit que je
n'avais pas compris. J'avais bien compris.
M. Bourbeau: C'est parfait! Si le député a compris,
on est tous d'accord.
M. Dufour: I! me semble qu'on est habitué à lire.
Peut-être qu'on ne s'est pas entendu. Vous n'écoutez
peut-être pas quand on vous parle. C'est peut-être une autre
affaire.
M. Bourbeau: Non, non, si le député a compris,
c'est parfait!
M. Dufour: Moi, j'avais compris exactement ce qui était
écrit dans le texte. Je reviens à la charge, justement, parce que
j'ai compris. J'ai compris ce que vous avez dit et j'ai compris ce que j'ai lu.
Cela dit que, si la personne veut aller plus loin que des travaux
nécessaires, urgents ou d'entretien, elle peut obtenir la permission de
la Régie du logement.
M. Bourbeau: Non pas elle peut, elle doit.
M. Dufour: D'accord, elle doit. Mais si elle doit, de quelle
façon la régie... Vous me dites qu'il y a un certain nombre de
critères sur lesquels elle doit s'appuyer, mais des travaux autres, ce
n'est certainement pas des travaux qui sont bien identifiés comme
urgents, nécessaires et d'entretien. Donc, cela veut dire que ce sont
des travaux de nature à enjoliver, cela peut même être du
caprice, cela peut être n'importe quoi. Peut-être que la
régie n'irait pas jusqu'à dire oui quand même, mais elle a
le pouvoir de le faire et elle peut le faire. C'est là que je dis: Vous
qui êtes fort sur la conciliation, si c'est vrai que le logement doit
être amélioré, qu'il peut être
amélioré, etc., pourquoi ne trouvez-vous pas qu'il devrait y
avoir des règles du jeu qui s'établissent normalement entre le
locateur et le locataire? Il me semble que c'est logique que cela se passe
comme cela. La régie n'aurait pas à intervenir, elle n'aurait
qu'à dire pour le locataire: D'accord pour que tu nous fasses de belles
armoires comme tu pourrais nous faire des portes de meilleure qualité,
tu pourrais faire un plancher, des choses qui ne sont pas nécessairement
urgentes, mais sur lesquelles on
pourrait s'entendre. Pourquoi exigez-vous que la régie
intervienne?
M. Bourbeau: II n'y a pas de problème si le locataire est
d'accord pour que ces travaux soient faits, étant entendu que cela va
provoquer éventuellement des augmentations de loyer. C'est bien
sûr que, si le propriétaire fait des travaux, la régie va
éventuellement reconnaître dans les augmentations de loyer une
partie de la valeur des travaux. Si le locataire est d'accord, la régie
a, justement, les critères sur lesquels elle se base pour accepter. L'un
des critères principaux, c'est l'utilité immédiate des
travaux pour le locataire. Si elle a en main une lettre du locataire qui dit:
Je suis d'accord avec les travaux, elle va accepter, il n'y a pas de
problème.
M. Dufour: Mais si le locataire n'est pas d'accord, qu'est-ce qui
arrive? La régie peut-elle donner son accord?
M. Bourbeau: La régie peut ou ne peut pas, elle a le
loisir de faire l'un ou l'autre. Bien sûr, si la régie n'a pas une
alternative, on n'a pas besoin d'aller devant la régie. La régie
va apprécier la demande du propriétaire de faire des travaux non
nécessaires et non urgents. Si la régie, après avoir
entendu le propriétaire, en vient à la conclusion que, oui,
même s'ils ne sont pas urgents ou nécessaires, ces travaux
comportent une utilité Immédiate pour le locataire, elle peut, si
elle le veut - elle n'est pas obligée - autoriser les travaux, elle peut
également imposer les conditions additionnelles qu'elle estime justes et
raisonnables. La régie a une flexibilité et c'est son rôle,
Je pense, d'apprécier la situation. (17 h 15)
M. Dufour: M. le Président, j'avais compris que le projet
de loi était là pour protéger le locataire, pour
protéger aussi le locateur jusqu'à un certain point,
empêcher l'évacuation et contrôler le coût du
logement. Quand on regarde les articles du projet de loi qu'on a devant nous
où vous protégez le locateur ou le propriétaire du
logement concernant les réparations d'urgence, les réparations
nécessaires, l'entretien, il me semble que vous avez fait votre "job";
le gars est correct, cela va.
Que vous laissiez une ouverture où la régie peut
intervenir sans que le locataire ait donné son accord pour pouvoir faire
les travaux autres que ceux que j'ai énumérés, à ce
moment-là, je dis que vous ouvrez la porte à une certaine forme
d'arbitraire ou à une augmentation de coûts. C'est clair que ce
qu'on essaie de faire - c'était la philosophie des anciens
ministères et j'espère que c'est la philosophie actuelle
concernant le logement - c'est assurer un logement potable, un logement salubre
qui rencontre un certain nombre de critères.
Cela étant dit, ces critères étant
respectés, pourquoi laissez-vous la régie intervenir pour aller
plus loin? Quand on parle de réparations urgentes, nécessaires et
d'entretien, je pense qu'on a rencontré le critère de
salubrité et de qualité de logement normale. Si la régie
va plus loin, je dis que vous ouvrez la porte à des choix où le
locataire n'a pas à décider lui-même, et II pourrait
être pris dans la grande roue, même si on dit plus loin qu'il
pourrait être payé, quoique cela coûte toujours plus cher
que ce que la loi permet.
M. Paré: Juste une dernière courte question sur
l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): On va autoriser la courte
question.
M. Paré: La dernière phrase de l'amendement dit:
"La formule que doit utiliser le propriétaire pour faire son offre (au
locataire) est prévue par la loi. " Est-ce que je dois comprendre que
vous ne répondez pas à la demande que je faisais plus tôt?
On dit: "La formule que doit utiliser le propriétaire - donc, c'est une
formule unique - pour faire son offre (au locataire) est prévue par la
loi. " Comme il ne s'agit pas du contenu de la formule, mais de la formule
comme telle, est-ce que vous ne répondez pas à ma question du
début?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que je vais citer au
député l'article 48 de la Loi d'interprétation - c'est une
loi du Québec - qui, parle, justement de l'emploi des formules.
L'article 48 dit: "L'emploi rigoureux des formules édictées par
une loi pour assurer l'exécution de ses dispositions n'est pas prescrit
à peine de nullité, si les variantes n'en affectent pas le sens.
" Chaque fois qu'on a des formules dans un projet de loi, la Loi
d'interprétation dit qu'on n'a pas à prescrire l'emploi textuel
des formules puisque ce qui est important, c'est que le sens n'en soit pas
altéré. Cela répond peut-être à votre
préoccupation.
M. Paré: À ma préoccupation, mais pas
à mon souhait.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Paré: Est-ce qu'on peut l'adopter sans avoir
adopté l'article 54. 2 qui y est directement relié?
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, rien ne
l'empêche, M. le député.
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté sur division. Nous revenons à l'annexe I. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'annexe I?
M. Paré: À l'annexe I, on retrouve, au dernier
paragraphe, à la page 12: "Le locataire qui désire plus
d'Informations pourra, au besoin, communiquer avec la Régie du logement.
" Premièrement, si vous acquiesciez à ce que j'ai demandé
tantôt, d'aider financièrement les associations de locataires,
cela pourrait dégager la Régie du logement.
M. Bourbeau: J'ai dit au député qu'on allait y
songer, M. le Président.
M. Paré: Vous y songez, mais plus je vais en parler, plus
vous allez y penser et plus il y a de chances que ce soit positif à la
fin. Je vous le rappelle. Deuxièmement, est-ce que la Régie du
logement est prête à absorber tout ce que cela peut amener comme
travail supplémentaire? Avec toutes les nouvelles formules
différentes, avec le guichet spécial qu'on veut implanter
expressément pour l'application de la loi 87, on donne plus de travail
à la Régie du loge* ment - je pense qu'il faut être bien
conscient de ça - non seulement en termes d'informations, ce qui est
important, mais, aussi en termes de surveillance, de recherche probablement.
Comme vous le disiez tantôt, on va apporter un amendement à
l'article 2 qui permet d'aller en arrière, de faire un peu l'historique,
de s'assurer de la conformité des gestes qui ont été
posés avec ce dont on discute dans le présent projet de loi. Tout
ça demande plus, alors qu'on sait qu'il y a eu, sur le budget de
l'année en cours de la Régie du logement, une diminution d'une
personne. Je ne me souviens plus au niveau financier si ce n'était pas
une diminution, ce n'était pas une augmentation, en tout cas. Donc, on
en demande plus à la Régie du logement alors qu'à ma
connaissance... À moins qu'en cours d'année on n'ait
décidé d'augmenter les budgets et le personnel, est-ce qu'ils
sont prêts à absorber ça?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: La Régie du logement est en train de se
préparer. Il y aura certainement quelques réformes
administratives pour s'ajuster à la nouvelle loi. En ce qui concerne les
budgets, l'étude des budgets pour l'an prochain n'est pas encore
effectuée, le budget du Québec et celui de la Régie du
logement ne sont pas encore connus. Tout ça est présentement en
train d'être étudié, débattu et je n'ai aucun doute
que la Régie du logement pourra faire face à ses obligations.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Paré: Dernièrement, il est arrivé un fait
qui était probablement un précédent. Je ne suis pas
sûr si c'était lundi de la semaine dernière ou de cette
semaine où les bureaux de la Régie du logement étaient
fermés pour permettre à l'ensemble du personnel de la
régie de se rencontrer pour discuter. Justement, est-ce que cette
rencontre était directement reliée avec l'entrée en
vigueur de la loi 87 et des nouvelles procédures, fonctions et
tâches qui Incomberont à ce personnel?
M. Bourbeau: Non, pas du tout. C'était, une rencontre qui
avait été planifiée pour permettre aux régisseurs
de se rencontrer, de pouvoir échanger et de pouvoir s'informer. Non
seulement tes régisseurs, mais tout le personnel de la régie a
participé à cette séance d'étude. D'ailleurs, le
ministre a eu l'occasion de s'y rendre également. Cela fait partie de la
nouvelle philosophie instaurée par la nouvelle administration, la
nouvelle présidente de la régie qui vise, justement, à
impliquer davantage tout le personnel de la régie. Je pense que
ça ne peut qu'augmenter la productivité des employés de la
Régie du logement.
M. Paré: Je ne veux pas que ce soit pris comme ça.
Je ne veux pas dénoncer cette façon de faire, de permettre aux
gens de se réunir, au contraire, je pense que c'est même un besoin
de temps en temps, c'est une bonne chose. Est-ce que ça veut dire que
vous devrez le refaire s'il n'a pas été question de cette loi qui
va entrer en vigueur? Je suis convaincu qu'au niveau du fonctionnement
ça va certainement apporter plus de travail, même si c'est en soi
a peu près semblable. En même temps, ça risque d'apporter
plus de recherches et une nouvelle application en concordance avec, entre
autres, les règlements municipaux qui risquent maintenant d'être
différents d'une municipalité à l'autre, d'une
région à l'autre et même à l'intérieur de
Montréal. On dit que la régie devra accepter, autoriser à
la conversion, mais s'assurer de la concordance avec les règlements
municipaux pour toutes les villes à l'extérieur de la
Communauté urbaine de Montréal. Il y a aussi la
réglementation à l'inverse; on utilise d'autres termes, pour le
permettre, au lieu de l'exempter à l'intérieur des
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal. Donc,
elle devra s'assurer de la concordance des règlements municipaux avec la
demande d'autorisation qui sera devant elle. Cela veut dire des recherches plus
nombreuses maintenant avec les municipalités qu'avant. À mon
avis, c'est plus de travail pour la régie. Vous me dites qu'il n'en a
pas été question. Est-ce que vous prévoyez d'autres
rencontres, d'autres réunions ou si ces comptoirs, plus
spécifiquement pour l'application de la loi 87, vont se faire par du
nouveau personnel qui va être embauché?
M. Bourbeau: Écoutez, il y aura certainement d'autres
rencontres, peut-être pas des rencontres où tout le personnel sera
convoqué pour une journée entière, mais il y aura
certainement des rencontres de certains groupes. De
la formation va se donner pour préparer tout le personnel de la
régie à la nouvelle façon de..., enfin le préparer
à pouvoir administrer cette loi.
Maintenant, pour ce qui est de la capacité du personnel de
s'acquitter de cette tâche, je pense qu'il est trop tôt, pour
l'instant, pour conclure. Est-ce que la régie a en main tous les
effectifs? Est-ce que ces effectifs sont suffisamment informés,
suffisamment compétents? Est-ce qu'ils sont suffisamment motivés?
On verra. On a encore un peu de temps. Le député sait qu'il ne
sera pas permis de convertir avant le 1er juillet 1988. D'ici là, il y
aura un budget qui viendra en vigueur au printemps. On pourra s'en reparler
peut-être lors de l'étude des crédits, l'an prochain.
M. Paré: Mais, comme c'est à ce temps-ci de
l'année qu'on prépare et qu'on planifie les budgets qui vont
être annoncés au printemps, à combien de personnes ou
à quel montant avez-vous évalué les implications de cette
décision d'avoir des comptoirs d'information pour les locataires et
propriétaires pour l'application de la loi 87?
M. Bourbeau: Oui, M. le Président, on a
évalué cela.
M. Paré: En termes d'individus ou en termes
financiers?
M. Bourbeau: Les deux, M. le Président.
M. Paré: Est-ce qu'on peut avoir une petite
idée?Combien de personnes cela veut dire?
M. Bourbeau: M. le Président, le député sait
fort bien qu'on ne peut pas à l'avance annoncer des mesures
budgétaires. C'est un secret qui est réservé...
M, Dufour: On le dit tout de suite.
M. Bourbeau: ...au ministre des Finances.
M. Dufour: On n'est pas à une fuite près.
M. Bourbeau: II ne doit pas être rendu public et le
député sait ce qui arrive quand les budgets sont rendus publics
avant terme. Alors, il n'est pas question, pour moi, de dévoiler quoi
que ce soit qui pourrait apparaître dans le prochain budget,
M. Paré: Je sais que M. Levesque, excusez, le ministre des
Finances, ne pourrait certainement pas lire son budget ce soir, comme la
dernière fois; ce serait un peu trop à l'avance.
Bon, cela va, pour moi, en tout cas, pour l'annexe I.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'annexe I, telle
qu'amendée, est adoptée? M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
maintenant l'annexe II et nous avons un papillon.
M. Bourbeau: Oui. L'annexe II, d'abord, concerne les
informations dont un locataire a besoin pour pouvoir exercer le droit de
préemption que la loi lui reconnaît. Quant à la
modification, je propose qu'à ta fin du quatrième alinéa
l'on supprime les mots "(si l'Immeuble comporte cinq logements ou plus)". On
comprendra que cette modification en est une de concordance et qu'elle est
rendue nécessaire par l'amendement suggéré à
l'article 54.5 que nous avons concédé au député de
Shefford, après le brillant plaidoyer qu'il nous avait fait en ce
sens.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Paré: Juste un instant que je me retrouve, M. le
Président, (17 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): Peut-être pour
clarifier, M. le député de Shefford, on avait suspendu l'article
54.5 afin de se donner le temps de rédiger le papillon pour enlever
"comporte cinq logements ou plus". C'est l'amendement à l'article 54.5
que vous ave2.
M. Paré: J'aimerais que le ministre relise exactement ce
qu'il a lu comme amendement,
M. Bourbeau: Je propose qu'à la fin du quatrième
alinéa on supprime les mots "(si l'immeuble comporte cinq logements ou
plus)". Je signalerai au député que c'est un amendement qui est
rendu nécessaire à cause de l'amendement que nous avons
accepté à l'article 54.5.
M. Paré: D'accord. C'est une question très
technique. Ce n'est pas sur le fond ou quoi que ce soit. Il y a une
modification qui est apportée à l'article 7, annexe II. Je disais
que je n'ai pas le papillon. Le papillon que j'ai dit que l'article 54.2 est
modifié.
M. Bourbeau: Peut-être le député n'a-t-il pas
le bon document. On a fait circuler l'amendement.
M. Paré: D'accord, cela va, je l'ai.
M. Bourbeau: Bon. On s'excuse, M. le député,
on était de bonne foi.
M. Paré: On n'a pas asse2 de papiers.
M. Bourbeau: C'est le secrétaire de la commission qui
avait intercepté le document, si
je comprends bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, M, le ministre. Je me
dois de rectifier les faits. Je me dois de défendre notre personnel, M.
le ministre. Les membres de la commission avaient reçu tous les
amendements.
M. Bourbeau: Ah, bon! Alors, M. le Président, je retire
mes paroles.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'annexe II est adopté?
M. Paré: J'aurais de la difficulté à
être contre, comme le disait le ministre. Sans vouloir prendre les
fleurs, je suis bien content qu'il ait accepté notre motion. Comme cela
répond à ce qu'on demandait, on ne pourra pas faire autrement
qu'adhérer à cet amendement.
M. Bourbeau: Cela prouve une chose, M. le Président: quand
les amendements sont bons, on les accepte d'où qu'ils viennent.
M. Paré: Là-dessus, je dois dire que vous
êtes en train de m'ouvrir encore une grande porte pour me donner le
goût de parler, sauf que je ne le ferai pas.
M. Bourbeau: Dépêchons-nous de la fermer, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'annexe II telle qu'amendée?
M. Paré: J'aurais envie de revenir sur ce que je disais.
J'aurais aimé qu'il y ait une formule uniforme pour économiser de
l'argent - quant aux nouveaux fonctionnaires, je ne m'en souviens plus, je n'ai
pas très bien saisi tantôt ce que le ministre disait à
propos de l'augmentation du nombre de fonctionnaires à la Régie
du logement - et pour simplifier les choses. Il me semble qu'on a des moyens.
C'est assez complexe, l'appareil gouvernemental, on le sait. Là, par un
moyen technique, facile et simple, on aurait pu rendre les choses moins
compliquées et, probablement, épargner de l'argent, y compris
pour les propriétaires. Chacun a sa formule, ce n'est pas plus facile.
Vous savez, pour l'impôt qui est très complexe, on réussit
à avoir une seule formule, la même pour tout le monde; on
s'habitue à vivre avec et cela aide tout le monde, le citoyen, les
compagnies qui font les rapports d'impôt et les fonctionnaires qui ont
ensuite à faire les calculs, à autoriser le paiement ou à
encaisser l'argent. Là, on aurait la possibilité d'agir sur
quelque chose qui n'est pas complexe en soi, en tout cas, si on voulait. Ce ne
seraient pas des formules complexes, sauf qu'elles pourraient le devenir si
quelqu'un décidait de faire toutes sortes de choses spéciales,
pour autant qu'il respecte, comme vous l'avez dit tantôt, le contenu, en
termes non pas de mots, mais d'esprit. J'aurais aimé cela. Je vous le
répète parce que c'est notre dernière chance, l'annexe II
est la dernière. Je pense que je connais déjà la
réponse du ministre.
M. Bourbeau: Deux observations, M. le Président.
Premièrement, la régie va mettre à la disposition des
intéressés des formules qui pourront être utilisées
et qui vont reprendre essentiellement le texte qui est ici.
Deuxièmement, même si, dans le projet de loi, tel que le souhaite
le député, on faisait une obligation d'employer mot à mot,
virgule pour virgule, la formule qui est dans la loi, l'article 48 de la Loi
d'interprétation nous dit que, malgré cela, il ne serait pas
obligatoire d'utiliser la formule et qu'on pourrait, quand même, en
utiliser une autre, pourvu qu'on n'altère pas le sens. Donc, cela ne
nous donnerait rien de stipuler quelque chose qui ne serait pas légal.
Le député a très bien compris, je crois.
M. Paré: J'espère qu'on va tout faire pour la
favoriser au maximum.
M. Bourbeau: Très bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ces paroles, est-ce que
l'annexe II, telle qu'amendée, est adoptée?
M. Bourbeau: Adopté. M. Paré: Adopté.
Code civil
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous sommes
maintenant à l'article 8. J'attire l'attention des membres de la
commission sur le fait que nous aurons un papillon aux articles 1653. 1. 2 et
1653. 2.
M. Bourbeau: Alors, sur...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le ministre.
Est-ce que l'ensemble de l'article 7, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. Nous revenons
à l'article 8.
Les réparations
M. Bourbeau: S'agissant de l'article 8, M. le Président,
c'est un article qui remplace l'article actuel. Il continue à obliger le
locateur qui désire effectuer une réparation majeure ou une
amélioration majeure autre qu'urgente dans un
logement à en aviser par écrit le locataire. Il resserre,
cependant, les conditions dans lesquelles un propriétaire peut effectuer
ces travaux, s'ils nécessitent l'évacuation temporaire du
locataire.
Trop souvent, un locataire a quitté son logement sans aucune
compensation monétaire. Aussi, l'article introduit-il l'obligation pour
le locateur qui désire effectuer ces travaux nécessitant
l'évacuation temporaire du locataire d'offrir au locataire une
indemnité couvrant les dépenses raisonnables qu'il encourt du
fait de cette évacuation, soit les frais de déménagement,
de réaménagement, de transfert et de rebranchement du service
téléphonique, du service de câblevision, du service postal,
etc. Cette indemnité est payable quelle que soit la durée de
l'évacuation. Le montant doit en être indiqué dans l'avis.
Elle devra être versée avant le départ du locataire.
M. le Président, est-ce qu'on va adopter l'article 1653 et
après les autres?
Le Président (M. Saint-Roch): J'ai besoin de directives
ici des membres de la commission. Oui?
M. Paré: Bien, faisons comme on a fait pour les
autres.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, on va y aller avec le
sous-article 1653, à l'article 8.
M. Paré: Une dernière tentative sur 1653 pour
convaincre le ministre. Quand on le lit, il est dit: 'Une amélioration
majeure ou une réparation majeure autre qu'urgente ne peut être
effectuée dans un logement avant que le locateur n'en ait avisé
le locataire. "
Dans l'avis, on ne peut pas faire autrement que dire: Oui, c'est
important de donner du temps, et là, on en donne plus. Ensuite, on dit:
"une indemnité égale aux dépenses raisonnables". On pourra
revenir à 1653. 1. 1 sur le mot "raisonnables".
Par cela, on donne tout simplement la permission d'évacuer. Donc,
on dit: II faut faire telle chose si vous faites cela, mais on vous donne le
droit de le faire. Ce qu'on ne donne pas te droit au locataire de faire, c'est
de contester la nature ou l'opportunité des travaux.
Je reviens à ce que je disais tantôt. Vous savez
très bien ce que cela veut dire et c'est ce qui se produit dans bien des
cas. Je pourrais vous ressortir le cas des gens de Québec qui a paru je
ne me souviens plus si c'est dans le Journal de Québec ou dans Le
Soleil. C'est maintenant public, on ne s'en cache pas. Comme à
Québec, maintenant, il n'y a plus d'interdiction, cela va pouvoir se
faire à partir de l'entrée en vigueur de la loi. Cela se passait
au moment où il n'y avait pas la loi 87, où on n'avait pas la
pemission de le faire. Malgré le moratoire, cela se faisait. On disait
aux gens: II faut que vous partiez, nous voulons vendre. Et, dans la
majorité des cas, on utilisait des travaux.
Ils nous l'ont fait savoir, vous en avez reçu copie vous aussi,
je pense, M. le ministre. Oui, elle vous était adressée tout
dernièrement, le 26 novembre 1987. Cela ne fait pas longtemps. Cela fait
quelques jours. Cela vient de l'Organisation d'éducation et
d'information logement de Côte-des-Neiges. C'est à
Montréal. C'est ce qu'utilise comme argumentation - pour être bien
sûr que je ne me trompe pas - M. Claude Daigneault. Je ne sais pas si
vous l'avez lue. Si vous ne l'avez pas lue, vous devriez la lire, et
très attentivement. Cela touche exactement au problème le plus
inquiétant pour les locataires, autant de Montréal que
d'ailleurs.
Si je me le rappelle bien, M. Daigneault n'est pas réputé
pour être nécessairement un bon militant péquiste. À
la fin de Ea commission parlementaire, il vous avait même fait des
éloges, Je trouve cela correct. Je n'ai pas d'argumentation
là-dessus. Chacun a droit à ses vues. Sauf que cela ne
l'empêche pas...
M. Bourbeau: Même le député de Shefford m'a
fait des éloges.
M. Paré:... d'affirmer ici ouvertement que ce projet de
loi est dangereux et même de laisser entendre que c'est plus dangereux
après cette loi qu'avant. Cela ne vient pas changer la
possibilité de transformer. L'article 1653 est toujours en place; cela
donne toujours la possibilité de transformer. Mais, quand on parie de
transformer ici, on ne parle pas de remise en état, On parle de
modernisation, de transformation, de bris de bail.
Je vais être obligé de reprendre mon exemple parce que je
vais essayer, jusqu'à la dernière minute, de vous convaincre.
C'est un bris de contrat. L'individu qui signe pour un logement de telle
qualité à tel prix en juillet de chaque année, c'est pour
demeurer à un endroit bien précis et à un prix
négocié, accepté et signé. En cours d'année,
quelqu'un décide qu'il change complètement la nature du logement
et il procède tout simplement en demandant une amélioration ou
des réparations majeures. Sauf que, comme on ne peut pas les contester,
cela devient une modernisation. On vient de changer le visage total de
l'appartement. Évidemment, on vient de changer le montant et cela
oblige, on le sait très bien, un paquet de gens à quitter.
Ceux qui mettent déjà 35 %, 40 % et 50 % de leurs revenus
dans leur logement n'ont pas la capacité d'absorber la moindre
augmentation. Donc, ces gens quittent. C'est ce qu'ils sont venus nous dire en
commission parlementaire, c'est la situation que vivent ces gens. Et là
l'article 1653 vient, si on veut - c'était quoi, le terme qu'on
utilisait? Je ne m'en souviens plus là - rendre peut-être plus
civilisé le départ, mais il va toujours y avoir départ. H
ne faut pas oublier cela.
Quand on dit que 95 % des gens qui doivent quitter ne reviennent pas, je
ne pense pas que l'article qui est là va changer cela. Absolument pas.
C'est vrai que deux déménagements dans l'espace d'un mois, deux
mois, trois mois, c'est difficile à vivre. Les gens aiment mieux en
faire seulement un et partir. Donc, cela va se faire encore et pas pour des
réparations majeures, Cela va se faire pour de ia modernisation. La
modernisation, ceux qui vont la faire, c'est pour transformer en
copropriété ou pour faire plus d'argent et plus d'argent, cela
veut dire qu'on rénove et qu'on demande plus cher de loyer. Si la
personne s'en va, on jette les murs à terre, on retire le logement de la
Régie du logement et là, cela devient un logement qui peut passer
de 250 $ à 500 $. C'est bien plus payant. Cela devient un marché
plus lucratif.
On a le droit de le faire. La preuve, c'est que votre
détermination, en maintenant l'article tel qu'il est là, c'est de
le permettre, d'accepter cette situation qui est dénoncée par des
gens de la Côte-des-Neiges, oui, mais par d'autres aussi qui sont venus
nous le dire en commission parlementaire. Il y a le cas de la ville de
Québec aussi où M. et Mme Dussault ont dit: Cela n'a pas de bon
sens, le prix qu'on demande. On ne pourrait pas acheter cela. Cela ne vaut pas
cela.
Ce qu'on va faire probablement, si on ne veut pas qu'ils utilisent leur
droit de maintien illimité dans les lieux, cela va être tout
simplement de faire des rénovations maintenant. C'est bien simple. C'est
clair. C'est net. C'est ici dans la loi. Vous avez le droit de le faire. Vous
n'avez qu'à payer le déménagement ou des dépenses
raisonnables. On va devoir payer, mais on va libérer le logement pour
être capable de le vendre ensuite deux fois plus cher qu'il vaut en
copropriété. Ce qu'on nous dit ici, c'est que - et vous avez
utilisé vous-même, M. le ministre, cette expression qui nous vient
finalement des gens de l'habitation de Montréal - cela va nous permettre
de civiliser les départs, mais les départs vont s'effectuer quand
même.
Cela inquiète les gens et avec raison. C'est pour cela que nous,
on demandait qu'on ne lève pas le moratoire tant qu'il n'y aura pas de
programme d'aide à l'accès à la propriété ou
une politique globale de l'habitation parce qu'on avait les mêmes
craintes que des gens seront déplacés et que ceux qui seront
déplacés seront les gens les plus mal pris, les plus pauvres
parce que c'est dans ces quartiers que s'effectuent les transformations
présentement, il faut bien le reconnaître. S'il y a d'autres
coins, s'il y a d'autres genres de problèmes, concernant la
copropriété qui sortent, je vais certainement vous en parier un
peu plus loin, je violerais le règlement si je les soulevais maintenant,
parce qu'il ne s'agit pas de travaux majeurs. (17 h 45)
À ces lettres, je n'ai pas vu de réponse, mais c'est vrai
que la dernière est récente, il faut reconnaître cela. Mais
j'espère que vous allez, quand même, en tenir compte, au cas
où vous n'auriez pas eu le temps de la lire, parce que je sais que vous
êtes bien occupé de ce temps-ci, il y a beaucoup de lois dans te
domaine des Affaires municipales et de l'Habitation.
C'est pour cela que je vous en fais part, pour être bien sûr
que vous serez conscient des inquiétudes qui persistent à
Montréal, malgré toutes les discussions qu'on a eues. La preuve,
c'est que c'est daté du 26 novembre, cela veut dire que M. Daigneault et
son groupe, l'Organisation d'éducation et d'information logement de
Côte-des-Neiges, n'ont pas parlé d'à-peu-près ou de
situations qui datent de certaines années, mais de la situation
présente et des inquiétudes manifestées par rapport
à la loi 87 que nous étudions présentement. C'est tout
à fait d'actualité.
Moi, j'ai lu la lettre deux fois, je trouve cela
superintéressant, même si j'en avals discuté et que je
savais ce qu'on pouvait y retrouver. Cela amène de bonnes explications.
L'exemple que nous apportait M. Daigneault, dont il faut tenir compte, c'est
qu'à Montréal, lorsqu'on accepte des programmes de
rénovation, on accepte de subventionner par des programmes d'aide des
travaux qui sont des remises en état en fonction du Code du
bâtiment de Montréal. C'en est une référence pour
accepter des travaux majeurs, le Code du bâtiment, qui établit le
minimum décent d'un logement convenable pour des êtres humains.
Cela existe à Montréal. Si on accepte de subventionner des
travaux de rénovation et de restauration en se référant
toujours à ce Code du bâtiment, pourquoi, dans la loi, pour ce qui
est des travaux majeurs, n'est-on pas capable de mettre cette même
contrainte qui dit que non seulement pour des travaux subventionnés,
mais étant donné qu'il y a des gens qui sont touchés et
qui ne veulent pas déménager on n'acceptera pas qu'il y ait des
travaux autres que ceux qui pourraient se rapporter à un Code du
bâtiment pour des travaux de remise en état de logements
insalubres, dangereux pour toutes sortes de raisons? Ce peut être
l'électricité, ce peut être les tuyaux, l'isolation, ce
peut être toutes sortes de choses. Mais ce n'est pas cela, c'est tout
simplement la porte ouverte aux rénovations.
Je vais conclure là-dessus en disant que lorsqu'on sait que 95 %
des gens ne reviennent pas, je ne pense pas qu'il y ait quelque chose dans la
loi actuelle qui nous donne des indications que ce sera différent. Il y
a peut-être une indication qui nous dît que, même si ce ne
sera pas différent, cela risque d'être un peu plus payant si les
gens savent être patients et sont de bons négociateurs, si les
gens décident qu'ils commencent à jouer à cette
espèce de marchandage, de "bargaining power", comme vous l'avez
appelé tantôt, en disant: Vous voulez me déménager
pour convertir ou je pense que c'est pour convertir, cela marche, je m'en vais,
Je vais revenir et vous allez me payer tous mes déplacements, mais
ensuite, je vais négocier pour
6000 $, 8000 $, 10 000 $ ou 16 000 $ mon départ. Sauf que
l'habitation, cela devrait être autre chose que du marchandage de droit
de demeurer, de droit de déménager, de droit de retour et de
profit pour être capable de céder un droit qui, à mon avis,
est aussi un droit collectif de maintien du stock de logements locatifs. On
semble l'oublier.
C'est sûr que, quand on étudie le projet de loi article par
article, on va au fond de l'article, mais on devrait toujours avoir à
l'idée les objectifs qu'on s'est fixés globalement pour
présenter ce projet de loi. À moins que l'objectif ne soit le
plus de transformations possible et là, on y va, on est en train de s'en
donner les moyens, sauf que ce qu'on a dit, ce n'était pas cela,
c'était préserver le stock de logements locatifs - je me rappelle
vos deux objectifs lors du dépôt du projet de loi - et donner le
plus de pouvoirs possible pour la protection des locataires. Avec des articles
comme ceux-là, on n'atteint pas ces objectifs, à mon avis. On
atteint l'objectif premier dont on ne parle pas, mais qu'on est capable de
déceler facilement, soit la transformation le plus possible en
copropriété, comme une décision qui s'Impose. On avait
décidé que c'était cela. On y revient. On y va de
façon peut-être moins directe qu'on était
déterminé à le faire en juin 1986, on y va d'une
façon plus lente, moins directe et, surtout, par l'entremise des autres,
mais on y va et on va y aller à une allure assez rapide si cela
continue, à mon avis.
C'est pourquoi nous sommes contre l'article 1653, parce qu'il ne donne
aucun moyen de contester ni la nature, ni l'opportunité, donc
d'empêcher que ne se poursuivent les gestes qu'on a connus au cours des
dernières années et qu'on connaît encore. Il n'y a aucune
limite, sauf qu'on civilise, qu'on met un peu d'ordre dans la façon dont
cela se fait et qu'il risque d'y avoir un gain monétaire pour les
victimes d'expulsion. Je dis bien qu'il risque et c'est pour cela qu'on va y
revenir à un autre article, parce qu'il y en aura peut-être pas.
Cela dépendra, il faudra voir si ce qu'on apporte en parlant
d'Indemnité égale aux dépenses raisonnables" est plus
avantageux que ce qu'on a connu en fonction de la jurisprudence lorsqu'on
allait devant la Régie du logement. On doit regarder tout cela, mais on
y reviendra à l'autre article. Celui-là, encore une fois, nous le
dénonçons et nous devons vous dire que vous ne pourrez pas
compter sur notre appui pour cet article.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je dois, quand même,
dire que je suis en admiration devant la persistance du député de
Shefford. Je reconnais qu'il a beaucoup de suite dans les idées. Le
débat de fond qu'on a commencé la semaine dernière a
été fait amplement sur cette question et je constate qu'il y a
deux mondes qui nous séparent, sur le plan idéologique, nous ne
sommes absolument pas sur la même longueur d'onde. Le
député de Shefford continue à prétendre - je
respecte son point de vue - qu'on devrait limiter le droit d'un individu
à faire des travaux sur sa propriété et nous, nous n'avons
pas voulu franchir ce pas et nous rendre aussi loin que de dire que
l'état va interdire à un individu défaire des travaux sur
sa propriété.
Nous n'avons pas voulu permettre à la Régie du logement de
se prononcer sur l'opportunité de faire des travaux. Nous pensons que,
si on commence à entrouvrir une porte comme celle-là, où
l'État vient dire à un individu: Vous ne pourrez pas faire telle
ou telle chose sur votre propriété, on franchit un pas qui est
très lourd de conséquences. C'est une prise de position que nous
avons, qui est de même nature que celle que nous avions tout à
l'heure quand on parlait de l'État qui pourrait, à l'égard
d'un locataire...
M. Paré: Vendre son droit de maintien.
M. Bourbeau:... oui, vendre ou ne pas vendre son droit de
maintien dans les lieux. Pour les mêmes raisons que j'ai
évoquées tout à l'heure au député, soit
parce que je ne pense pas que l'État puisse venir faire le budget d'un
individu et lui dire quoi faire avec son argent, de la même façon,
nous pensons que l'État ne devrait pas dire à un
propriétaire: Vous ne pouvez pas faire des travaux, voici quels sont les
travaux que vous pouvez faire et ceux que vous ne pouvez pas faire.
Cependant, nous permettons à la régie de civiliser le
processus, de dire à un propriétaire: Écoutez, sans nous
mêler de l'opportunité des travaux, nous allons vous dire
qu'à ce moment-ci il est inopportun de faire ces travaux et que vous
devrez les retarder de façon à ne pas pénaliser
indûment le locataire. Nous sommes capables d'aller jusque là.
Dans le cas présent, nous pensons que la façon dont est
structuré le projet de loi cela va favoriser le maintien dans les lieux
du locataire un peu plus, en tout cas, que précédemment. En
inversant la procédure, en obligeant le propriétaire à
venir expliquer à la régie pourquoi il veut évincer un
locataire et en obligeant le propriétaire à offrir au locataire
une indemnité, le locataire, dans ces cas, sera mieux informé que
maintenant de ses droits.
Il est possible que, quand la régie va donner son autorisation
pour l'éviction du locataire, elle fixe des conditions. La lot le dit,
d'ailleurs. Ces conditions pourraient être de nature à favoriser
le retour du locataire. Par exemple, la régie pourrait dire au
propriétaire: Dans le plan d'intervention que vous avez pour faire les
réparations dans vos logements, comme il y a des logements libres,
pourquoi ne permettez-vous pas au locataire de déménager au
deuxième étage alors que vous ferez la rénovation des
logements du premier et, par la suite,
retourner le locataire dans le logement qu'il avait? La régie
pourrait considérer des façons de procéder qui pourront
favoriser le maintien dans les lieux du locataire. C'est pourquoi, je pense
qu'ayant inversé le fardeau de la démarche nous pourrons
favoriser davantage que maintenant le maintien dans les lieux du locataire ou,
en tout cas, le retour dans les lieux du locataire.
Cela étant dit, M. le Président, je sais que je n'ai pas
convaincu le député de Shefford et je renonce à le
convaincre, tout en disant que les débats, pour académiques
qu'ils soient, n'en sont pas moins intéressants.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je pense bien que le débat qui se fait
actuellement a été fait un peu aussi dans le cas des articles
précédents concernant la capacité ou la volonté du
locateur de faire des réparations autres que majeures ou urgentes selon
son inspiration ou selon sa volonté. Parce qu'au départ, c'est
ça, le problème probablement qu'on rencontre. Il aurait fallu que
le ministère nous donne sa philosophie complète de ce qu'il
voulait faire au point de vue du logement. Par exemple, si c'est
protéger le locataire, il faut qu'il le protège. Ce n'est pas
juste une parole. Il faut que cela s'interprète dans les articles de la
loi. Et là, on n'a pas la sensation que c'est le but qui était
visé, selon ce que le ministre nous a déjà affirmé.
On n'est pas sûrs qu'avec cet article-là le droit du locataire est
complètement protégé. C'est évident que le
propriétaire qui voudra forcer la main de son locataire pourra toujours
aller un peu plus loin et le forcer en faisant des réparations qui
auront des répercussions sur le coût du logement. Effectivement,
le locataire aura à payer plus cher. Donc, à la longue, c'est une
façon certaine, nette et précise d'évacuer le locataire de
son logement.
Je pensais qu'avec la loi qui était devant nous il y avait
suffisamment d'éléments pour préserver la qualité
du logement. Je pense qu'il y a suffisamment d'endroits où on peut
retrouver, dans la Loi sur la Régie du logement comme dans les lois
municipales où on dit que la qualité du logement est soumise
à un certain nombre de règles, par exemple, le Code du
bâtiment, le code du Canada, un certain nombre de critères. Il y a
aussi, dans les plans d'urbanisme, un certain nombre d'éléments
qui font que la qualité du logement peut être
protégée suffisamment.
C'est évident que, dans un article comme celui-là, on peut
aller beaucoup plus loin. On peut améliorer le logement. On peut
améliorer sa qualité. On ne peut pas nécessairement le
rendre plus habitable, mais lui donner une qualité plus certaine, donc
une plus-value. Cette plus-value va se traduire par des augmentations du
coût du logement et, à ce moment-là, on obtient d'une
façon directe. Ce qu'on recherche, c'est amener la personne à
délaisser son logement et, en même temps, pouvoir atteindre les
buts contre lesquels cette loi-là essaie de la protéger. Donc, on
obtient le contraire des buts qu'on recherche.
C'est drôlement important. C'est une question de philosophie et
d'approche. Probablement que le ministre a raison en disant qu'il y a tout un
monde qui nous sépare des deux côtés de la table. Mais je
croirais qu'il y a un monde qui nous sépare parce qu'on croyait à
cela, fa qualité du logement. On croyait aussi que les gens avaient
droit à un logement décent. Mais on allait un peu plus loin. On
était prêts à mettre des mesures pour aider ces
gens-là à le faire et à l'obtenir. On avait des programmes
d'accès à la propriété, des programmes
d'amélioration du logement, des règles de mises sur pied pour
empêcher que les coûts n'augmentent Indûment.
Tout cela, c'est une philosophie. C'est une approche globale. On peut
parier de politique familiale comme on peut parler de politique de logement.
Mais II faut que cela rencontre des normes précises et cet
article-là, à mes yeux, ne les rencontre pas.
Je pourrai peut-être reprendre mon propos à 20 heures, cela
dépend de votre côté. Il me semble que le président
nous fait signe qu'il est environ 18 heures. Moi, je suis prêt à
arrêter actuellement.
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste 30 secondes,
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Bon, je veux juste dire que c'est vraiment une
question de philosophie et d'approche du gouvernement. Et ce qui nous divise
justement, ce qui nous éloigne l'un de l'autre, c'est que nous, on veut
protéger le locataire et je pense qu'on s'en tenait, justement, à
ce qui avait été dit en Chambre, à l'Assemblée
nationale, qu'on voulait avoir une protection blindée. Une protection
blindée, c'est permettre au locataire d'avoir son mot à dire et
d'être bien protégé. Donc, on ne rencontre pas cela dans
cet article.
Pour le moment, je dois terminer mes propos. Je vais demander
l'ajournement. On verra à 20 heures si je reprendrai mon propos.
Le Président (M. Saint-Roch): Je n'ajournerai pas, mais je
vais suspendre les travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 heures) (Reprise à 20
h 20)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 87, Loi
modifiant la Loi sur la Régie du logement et le Code civil.
Au moment de notre suspension, nous en étions à l'article
8, sous-article 1653, et la parole était à M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Je vais continuer, M. le Président, sur la
même lancée qu'à la fin de l'assemblée de cet
après-midi concernant cet article qui a des effets assez importants et
concernant les gens qui demeurent dans des logements. Je pense que, de ce
côté-là, on passe un peu à côté de
certains principes qu'on a mis de l'avant au départ, lorsqu'on a
étudié le mandat, à savoir qu'on devait protéger le
locataire.
C'est évident que l'on protège le locataire jusqu'à
un certain point puisqu'on lui donne le droit de péremption, mais il y a
une autre façon d'enlever des droits à ces gens-là, c'est
de permettre au propriétaire ou au locateur de faire des travaux qui ont
pour effet d'augmenter le coût du logement. Je prends à
témoin, et par expérience, le fait que, si le propriétaire
ou le locateur peut faire certains travaux, cela pourra amener certains
problèmes, mais surtout, cela fera augmenter le coût du loyer.
C'est impensable que quelqu'un puisse faire des réparations autres que
majeures sans que cette personne... Parce qu'au départ ce sont des gens
qui veulent garder des logements, mais aussi, s'ils les améliorent, ils
veulent recevoir un retour sur leur investissement, et on ne peut pas les en
blâmer. Si la loi le permet, pour ces gens-là, c'est normal qu'ils
le fassent Si la loi ne le permet pas, à ce moment-là... Et je
pense que c'est à cela qu'on s'était engagés, au
départ, de conserver le parc locatif dans un état acceptable et,
aussi, que ces logements soient à la hauteur des règlements de la
municipalité ou des codes du bâtiment qui permettent à ces
gens-là de demeurer dans des logements conformes et sécuritaires.
C'était cela qui était visé et c'est pour cela qu'il y a
des groupes qui se sont opposés à l'écriture de ces
articles qui font que le locateur peut aller plus loin.
Cela semble anodin. On dit: On peut faire une réparation majeure.
C'est évident, personne ne va s'opposer à cela. On peut faire de
l'entretien, cela aussi c'est un élément Important. Mais, quand
on fait plus que cela, on amène de l'amélioration et des
coûts supplémentaires qui vont se transmettre au locataire, cela
ayant pour effet à la longue de faire hausser le prix du loyer et
probablement d'évincer ces locataires de leur logement.
Donc, pourquoi, dans le projet de loi, n'a-t-on pas prévu de
protéger ces gens-là? Le ministre peut bien argumenter en disant
qu'il est pour l'entreprise privée, qu'il est pour que joue la force du
marché, mais, quand on a assisté pendant une semaine à
l'audition des mémoires qui nous ont été
présentés, surtout dans la section de Montréal, il ne faut
pas se le cacher, il y a des gens qui sont à la merci de leur locateur.
Même avec le moratoire tel qu'on le connaissait avant, qui avait plus de
dents, qui était plus exigeant, on réussissait à
évincer des gens et ces gens-là vivaient dans la crainte et dans
la peur. J'ai l'Impression qu'avec cet article dont nous discutons
actuellement, on va arriver aux mêmes fins.
Donc, il faut protéger d'une façon certaine ces gens qui,
ni par choix ni par goût, sont obligés de rester en logement. Ce
sont normalement des gens à faible revenu, qui n'ont pas
nécessairement tous les moyens de se défendre, mais qui
méritent dans notre société, d'habiter dans des logements
décents et aussi d'avoir un endroit pour demeurer; ce n'est pas
seulement une question de logement, c'est aussi une question d'environnement.
Il faut que ces gens demeurent dans des endroits où ils peuvent se
sentir heureux et en sécurité. Si, par certaines mesures qu'on
adopte actuellement, on force ces gens, par des moyens indirects, à
laisser leur logement, sans leur donner la possibilité de se
défendre, ou si peu, parce que la loi, c'est toujours ce qu'il y a de
plus apparent, ces gens-là étant faibles déjà
vis-à-vis de la loi ils sont encore beaucoup plus démunis. Moi,
je prends certains domaines où l'on a affaire à la loi. Pour nous
qui avons peut-être plus d'avantages que ces gens-là qui demeurent
dans ces logements, on a des difficultés parfois à se
défendre soit contre des ministères, soit contre la loi comme
telle parce qu'on est toujours démunis. À moins d'être
avocat, à moins d'être notaire, à moins d'être un
homme de loi, on est presque toujours mal pris quand il nous arrive un avis
quelconque par la poste. Ces gens sont toujours un peu démunis, mal
pris. Et on n'accepte pas nécessairement que l'association des
locataires les défende comme il faut parce qu'on ne veut pas trop donner
d'argent à ces gens, à ces associations. Donc, les locataires
sont obligés d'aller à la Régie du logement et la
Régie du logement, quant à moi, est peut-être une bonne
corporation ou une bonne façon de défendre le locataire, mais ce
n'est pas la seule façon ni la meilleure. Que je sache, la Régie
du logement va se limiter. Je pense que c'est comme cela que ça se passe
à l'intérieur de la loi qui la régit. On ne pourra pas lui
reprocher de ne pas le faire. Je pense qu'elle va le faire et je vais trouver
que c'est correct parce qu'une régie, comme tous ceux et celles qui ont
à appliquer les lois, doit se maintenir et se tenir à
l'intérieur des lois. On ne peut pas lui demander de dépasser. Ce
n'est pas une question de jugement, c'est une question d'appliquer, à
l'intérieur des lois que le législateur leur a données...
Et Dieu sait si c'est déjà difficile! Même avec la
meilleure volonté du monde, ils la font, mais ils peuvent avoir,
à travers leurs décisions.certaines difficultés.
Il y a des trous dans la loi. Il y a des trous qui disent, d'un
côté, qu'on va protéger les locataires. On va, comme on le
disait à l'Assem-
blée nationale, pas les barder, mais on va les blinder. On va
avoir une protection blindée pour ces gens, et on sent à travers
les articles que plus la loi avance, plus on sent que cela diminue avec le
temps. Au départ, des principes très forts, une position
très énergique et, avec le temps, un peu de mesures un peu plus
faibles, qui permettent à des propriétaires d'entrer dans les
dossiers, de faire des changements. Pas des changements majeurs... En dehors
des changements majeurs, ils pourront continuer à faire des changements,
des améliorations qui se répercuteront dans les coûts qui
feront que les locataires seront obligés d'augmenter leur portion de
loyer. S'ils ne sont pas de bons négociateurs, ils vont se faire avoir
et ces gens, tôt ou tard, seront dans un autre environnement, dans un
autre logement. On peut même les évincer, jusqu'à un
certain point, de leur logement et on dit: On va les payer. Mais les payer
comment? Avec des discussions? Si ces personnes ne sont pas de bons
négociateurs, elles vont se ramasser toujours en perte. Moi, je ne
connais pas des gens, qui... Règle générale, lorsqu'on
déplace des gens, il n'y a jamais de politique qui remet ces gens dans
l'état exact où ils étaient avant que ces
événements ne se produisent Moi, j'ai vécu des
expériences dans d'autres domaines où on a été
extrêmement généreux, et je n'ai jamais eu l'impression que
les gens qu'on a déplacés d'un endroit à un autre en
soient sortis gagnants. Quand on fait de l'expropriation, la personne peut
avoir des montants d'argent normaux pour les biens expropriés, mais, en
étant déplacée, elle subit d'autres inconvénients
et c'est ce que ce projet de loi va causer, en fait
Donc, il y a des groupes qui se sont opposés à cela. M.
Claude Dagneau, de l'Organisation d'éducation et d'information logement
de Côte-des-Neiges, est l'un de ceux-là. Je pourrais reprendre les
propos de mon collègue qui disait cet après-midi qu'il n'est pas
reconnu pour son allégeance péquiste, et c'est vrai Pour l'avoir
entendu parler, loin de là, je pense qu'il ne serait pas heureux si on
lui disait qu'il fait partie du groupe de l'Opposition. Mais il est
peut-être la personne que le ministre pourrait écouter, pour
changer et améliorer son jugement. Je ne dis pas que le' ministre n'a
pas de jugement, je dis qu'on pourrait l'améliorer, parce que, quand
cela vient de l'Opposition, c'est difficile. Moi, je me mets à la place
du ministre. Ce serait difficile d'écouter l'Opposition et de dire: Eux
autres, ils ont raison. Mais, venant d'un gars de sa "gang", un gars de son
groupe, un gars identifié à son groupement, II me semble que
c'est plus facile d'écouter et d'essayer de transmettre ce qu'il dit
dans un projet de loi, surtout que cela a du bon sens ce qu'il dit. (20 h
30)
On ne peut pas dire que ça n'a pas d'allure. C'est un type qui
connaît ça, le logement; il nous a présenté un
excellent mémoire En dehors de toute partisanerie, on peut admettre que,
d'un côté comme de l'autre, lorsqu'on a parlé de logement,
même l'Opposition n'est pas allée très loin, si ce n'est
d'écouter les gens et d'essayer de transmettre leurs desiderata, leurs
attentes et d'examiner dans le projet de loi si cela répond à ce
qui nous a été dit lors de ta commission parlementaire qu'on a
vécue à Montréal.
Dans ce cas-là, ce n'est pas tout à fait ça que les
gens nous ont dit. Je me rappelle que les groupes de Saint-Vincent-de-Paul sont
venus nous dire: Faites attention, il y a des démunis dans la
société. On peut bien aller chercher de l'argent pour aider ces
gens-là, mais c'est une des rares sources qui nous reste. On n'a pas
encore la parité de l'aide sociale, à ce que je sache. Donc, des
gens ont besoin d'aide et de protection.
Cela pourrait être un projet de loi qui, au départ,
s'appuie et s'associe à la politique familiale. Ce n'est pas anormal de
penser que la famille a des besoins pour les enfants, etc., mais ce n'est pas
anormal de penser que le logement fait aussi partie d'une politique familiale,
comme l'environnement dans lequel la famille évolue fait partie d'une
politique globale. Le logement est vraiment l'endroit où la personne
évolue, où la famille vit et où tous les gens peuvent se
rencontrer. Surtout dans des villes comme Montréal, parce que ce projet
de loi touche beaucoup les citoyens de Montréal, les gens ont besoin de
vivre une vie de quartier très Intense. Il faut qu'on retourne aux
valeurs fondamentales II ne faut pas laisser la famille s'effriter. Je pense
que, comme élus, on a la responsabilité d'amener les gens
à vivre une vie de quartier importante et la façon de le faire,
c'est certainement d'accrocher des gens à des racines profondes.
Le logement, c'est tout ce qui préoccupe les gens. C'est vraiment
l'endroit où on est certain que la personne finit par atterrir. On peut
aller manger n'importe où, mais il y a toujours un endroit où il
faut aller coucher, où on peut demeurer, il y a toujours un
environnement où les gens se reconnaissent. Même les gens qui ne
sont pas à 100 % en possession de leurs facultés, règle
générale, ils finissent toujours par revenir où ils
habitent. Je viens d'assister à un congrès à
l'extérieur et on se rend bien compte que le logement est important, On
n'a rien Inventé à Québec. On a une certaine forme de
logement, c'est un ensemble de mécanismes; une politique de logement, ce
n'est pas seulement la politique qu'on a devant nous. Il faut aller beaucoup
plus loin II va falloir amener des gens, et surtout le gouvernement, à
répondre à des besoins et à des attentes
On va à l'extérieur et on regarde les solutions à
des problèmes Je pense que le Québec a innové un certain
temps, mais actuellement on est en train de reculer au chapitre de la politique
du logement. Je sais qu'on a avancé beaucoup de choses au point de vue
de la politique du logement et je sais aussi que le
temps est en train de nous donner raison. Au cours de l'année qui
vient, le temps nous donnera raison sur la politique du logement, sur les
à-côté, sur la façon dont le logement et la
construction se comportent.
Il serait donc difficile pour nous d'accepter cet article de la
façon dont il est rédigé puisque ça donne trop
d'ouverture aux locateurs leur permettant de faire des réparations qui
auraient pour effet d'augmenter te coût des loyers. Cela ne
répondrait surtout pas aux attentes parce qu'on ne peut pas dire qu'on a
été siéger à Montréal pendant une semaine
seulement pour entendre des mémoires. Il faut surtout que ces
mémoires soient transmis à l'intérieur des lois et,
actuellement, je ne sens pas à travers ce projet de -loi toutes les
attentes qui nous ont été manifestées par des groupes
importants, sérieux et qui avaient une expertise extraordinaire aussi.
Ce qui m'a frappé dans tout ça, c'est l'expertise de ces
groupes-là. Même si ce sont des bénévoles, ils
valent même des gens qui sont bien payés.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a des commentaires?
Est-ce que le sous-article 1653 est adopté?
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1653 étant
adopté sur division, j'appelle maintenant le sous-paragraphe 1653. 1.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 1653. 1?
M. Bourbeau: L'article prévoit...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau:... le contenu de l'avis et le délai dans
lequel il doit être donné avant que les travaux majeurs autres
qu'urgents puissent être entrepris. Le délai est maintenu à
dix jours avant la date prévue des travaux, si l'évacuation du
locataire n'est pas nécessaire ou si elle se limite à une semaine
et moins. Afin que les locataires disposent de plus de temps pour trouver une
solution de relogement, lorsque les travaux nécessitent leur
évacuation pour plus d'une semaine, le délai d'avis est
augmenté à trois mois de la date d'évacuation. L'article
prévoit que l'avis doit contenir les conditions de réalisation
des travaux. Dans tous les cas où l'évacuation temporaire du
locataire est requise, le propriétaire devra inscrire le montant de
l'indemnité qu'il offre au locataire et qu'il devra lui verser avant
l'évacuation.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député de Shefford.
M. Paré: Un commentaire et une question.
Que l'on finisse l'article 1653. 1 en disant que l'avis doit être
d'au moins trois mois lorsqu'il y a évacuation d'une semaine et plus,
là-dessus, on est tout à fait d'accord. On a dit qu'on allait
être correct. Quand on pense que c'est bon, on le dit; quand on pense que
ce n'est pas bon, on le dit aussi. Je dois dire que c'est un des points
importants en faveur des locataires et même pour les
propriétaires, pour leur permettre d'avoir une situation plus humaine,
pour donner le temps aux gens de décider de leur avenir, finalement. Il
s'agit de déménager, et ce n'est pas facile.
Une question. À 3°, on dit: "s'il y a lieu, l'avis indique la
période d'évacuation nécessaire et le montant de
l'indemnité offerte". En ce qui concerne l'indemnité, quel est
l'impact qu'on peut prévoir relativement à la jurisprudence? On
va se baser sur quoi? Est-ce que cela va être arbitraire en fonction du
régisseur ou de la personne de la Régie du logement qui aura
à le déterminer, ou si on prévoit qu'il va y avoir une
grille ou des critères quelconques basés sur des facteurs
particuliers? Étant donné que c'est avant la préparation
des factures, si je comprends bien, puisque ce n'est pas... Il faut l'indiquer
avant, donc c'est plus une estimation qu'une réalité. Ce sera
basé sur quel genre de critère? Comme cela ne peut pas être
des factures, on va se baser sur quoi? Est-ce qu'il va y avoir une grille
quelconque?
M. Bourbeau: M. le Président, étant donné
qu'il s'agit de la jurisprudence en vigueur à la régie, si vous
n'avez pas d'objection, la commission pourrait demander à Me Nicole
Archambault, vice-présidente de la Régie du logement, de donner
quelques éclaircissements.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la vice-présidente, on
vous reconnaît.
Mme Archambault (Nicole): Merci. Présentement, il n'y a
absolument rien dans la loi qui oblige le régisseur à accorder
une Indemnité ou qui oblige le locateur à payer une
Indemnité au locataire en cas de réparations majeures.
Évidemment, en ce qui concerne la jurisprudence, dans les cas où
les locataires ont demandé une indemnité pour couvrir les
dépenses qu'ils avaient dû encourir à cause de
l'évacuation, il l'ont obtenue. Il est sûr que ce qu'on a mis dans
la loi présentement,. c'est pour continuer dans la jurisprudence
exactement ce qui s'est fait jusqu'à maintenant. On accorde des
indemnités qui permettent aux locataires d'obtenir le remboursement pour
le préjudice qu'ils subissent, c'est-à-dire les frais de
relogement, la différence entre le loyer actuel et le loyer qu'ils
pourront être appelés à payer, les frais de
déménagement, de réaménagement, les frais de
débranchement et de rebranchement du téléphone. S'il y a
autre chose, il s'agit, pour le locataire, de faire la preuve des dommages
réels et effectifs qu'il
subira; ce sont ceux-là qu'il pourra obtenir. De la même
façon, ce sont les mêmes qu'ils obtiennent présentement. De
toute façon, la réparation, en matière de dommage, c'est
toujours ça. On obtient réparation pour le dommage réel
qu'on a subi et dont on fait la preuve; ce sera la même chose.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui. Étant donné que c'est un avis,
c'est donc avant que cela se produise. L'avis est envoyé trois mois
à l'avance. Cela veut dire que la personne n'a pas encore trouvé
de logement. Si vous décidez à la régie que c'est tel
montant, en espérant qu'ils vont réussir à se trouver un
loyer de 350 $ par mois, et que, finalement, on se rend compte qu'au bout d'un
mois la personne n'a réussi à se trouver un logement que de 400
$, qu'arrive-t-il?
M. Bourbeau: Le député aura sa réponse
à l'article suivant, M. le Président, qui prévoit
justement ce cas: l'article 1653. 1. 1.
M. Paré: D'accord. Je vais revenir maintenant sur ce que
vous avez dit tantôt. Cela éclaircit, parfait! On les
étudie un à un. Vous avez dit tantôt qu'au moment où
l'on se parle les gens bénéficient d'une indemnité sur
demande. Donc, c'est sur demande seulement, mais est-ce que c'est
automatique?
Mme Archambault: Présentement, les régisseurs ne
peuvent pas accorder plus que ce qui est demandé en pratique. Beaucoup
de locataires le savent et, quand ils font leur demande à la
régie, nos préposés leur suggèrent de demander des
indemnités, mais la loi ne le prévoit pas. Alors, quand ils la
demandent, le régisseur apprécie le dommage subi par le locataire
et lui accorde un montant pour compenser ce dommage. Là, on vient
d'Inscrire dans la loi cette obligation pour s'assurer que dans tous les cas il
y ait une indemnité payée au locataire. Il pouvait y avoir des
cas où il n'y en avait pas; il n'y avait pas d'obligation de l'offrir,
tandis que maintenant c'est obligatoire dans tous les cas.
M. Paré: D'accord. Mais, sur demande, c'était
automatique que les gens l'avaient.
Mme Archambault: Finalement, il y en avait peut-être, dans
la vie de tous les jours, qui l'obtenaient sans venir à la régie.
Mais ceux qui l'obtenaient étaient ceux qui passaient par la
Régie du logement, tandis que, maintenant, même ceux qui ne
viendront pas à la régie obtiendront une indemnité parce
que dans l'avis que le locateur leur enverra...
M, Paré: II devra l'indiquer.
Mme Archambault:... Il devra y avoir l'indication du montant de
l'indemnité. En plus, l'indemnité devra leur être
payée avant qu'ils quittent les lieux. À ce moment, lls sont
sûrs au moins d'avoir l'argent.
M. Paré: Donc, étant donné que ceux qui
devront l'appliquer sont les mêmes qui, déjà, au
départ, répondent aux demandes dans ce sens, normalement, on va
quand même se baser sur la jurisprudence.
Mme Archambault: C'est cela. Les mêmes critères de
jurisprudence que ceux qu'on a appliqués jusqu'à maintenant.
M, Paré: D'accord. Cela répond.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On parle de date prévue pour le début et
la durée des travaux. Si cela dure plus longtemps... Il va y avoir un
avis de dix jours pour une semaine, pour moins d'une semaine. Si les travaux
durent plus longtemps, est-ce qu'il y a une pénalité? Comment
cela pourra-t-il se gérer par rapport à ce qui est écrit
là?
M. Bourbeau: Le député va voir à l'article
suivant que, si l'indemnité se révèle insuffisante parce
que les travaux durent plus longtemps, le locataire peut être
remboursé des dépenses raisonnables faites en surplus.
M. Dufour: Merci. Au paragraphe 4°: "diminuer
substantiellement la jouissance des lieux". Quelqu'un qui demeurerait dans un
logement où il se ferait des réparations n'est pas obligé
de déménager, mais cela diminue la jouissance des lieux. Est-ce
qu'il y a des indemnités prévues aussi dans ce cas?
Mme Archambault: Les gens conservent toujours leur même
recours en vertu de la loi sur la régie. Ils peuvent toujours venir
faire une demande de diminution des services s'il s'avérait qu'ils
perdent la jouissance des lieux.
M. Dufour: Mais comment cela pourra-t-il s'appliquer, par
exemple? Quelqu'un pourrait bien dire: Tu restes quand même dans le
même appartement. J'imagine que des frais pourraient être
réclamés par une personne pour le ménage
supplémentaire. Est-ce qu'on pourrait réclamer des frais pour le
bruit, le brassage qui pourrait se faire là, je ne sais trop?
Mme Archambault: Si on n'a pas eu la jouissance paisible des
lieux pendant une semaine, parce que, par exemple, on a coupé l'eau
fréquemment pour faire des travaux de plomberie, à ce moment,
c'est sûr que cela se monnaie par une demande de diminution de loyer
à la régie.
M. Dufour: Quand on parie d'une période
d'évacuation de plus d'une semaine, on dit que moins d'une semaine c'est
dix jours et, plus d'une semaine, c'est trois mois. Il y a une
différence extrême. Cela pourrait être huit jours, par
exemple, mais, là, cela prendrait un avis de trois mois, comme l'indique
le libellé de l'article. Il n'y a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Si
c'est pour une évacuation de moins d'une semaine, cela prend dix jours.
Si une personne avait prévu des travaux, cela pourrait arriver, cela va
sûrement arriver, de huit jours ou neuf jours, vous allez demander un
avis de trois mois.
M. Bourbeau: Oui, c'est la loi. Plus de sept jours, c'est un avis
de trois mois.
M. Dufour: Plus d'une semaine. M. Bourbeau: Plus de sept
jours.
M. Dufour: Sept jours Une semaine ou sept jours...
M. Bourbeau: Cela se ressemble pas mat. Une semaine.
M. Dufour: C'est de la sémantique. En tout cas, on peut
bien..
M. Bourbeau: Une semaine. (20 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de Shefford.
M. Paré: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: La nature des travaux expli-que-t-elle dans les
détails quels sont les travaux qui vont être faits ou si c'est une
description générale? Est-ce que ce serait une description
générale de la nature des travaux? On peut bien dire: On fait des
travaux...
M. Bourbeau: C'est une description des travaux qui devront
être effectués. On va changer les fenêtres, on va changer
les armoires de cuisine, on va changer, je ne sais pas moi...
M. Dufour: Cela peut aller plus loin que des réparations
majeures. Ce dont vous me parlez, ce sont des remplacements. Mais, si quelqu'un
allait jusqu'à faire des améliorations locatives à
l'appartement, des divisions différentes, etc., est-ce que cela Irait,
par exemple, jusqu'à fournir un plan? Cela va plus loin que des
réparations urgentes. Je comprends que les réparations urgentes,
c'est facile à décrire* les travaux pour remplacer telle ou telle
chose.
Mais, si vous voulez aller plus loin, la loi le permet-elle? On en a
parlé tout à l'heure. Si elle va plus loin, est-ce que ça
pourrait aller jusqu'à fournir un croquis des changements qui vont se
produire? Est-ce que vous assimilez cela à la description de la nature
des travaux?
M. Bourbeau: Premièrement, le député parlait
des dépenses locatives. Les dépenses locatives, c'est le
locataire qui les fait. Donc, il n'y a pas de problème. Pas besoin
d'envoyer d'avis, ils le font eux-mêmes. Les travaux qui sont
indiqués ici sont les travaux majeurs. Pour tomber sous l'empire de
l'article 1653, on parle de travaux considérés comme majeurs. Si
ce sont des travaux tellement majeurs que cela implique l'évacuation des
locataires, je ne sais pas, moi, on enlève les planchers, on
défait les murs, à ce moment, l'article n'indique pas que
ça prend un -plan. Ça ne prend pas un plan, ça prend une
description des travaux. On décrit la nature des travaux dont il s'agit,
c'est ça, et le locataire reçoit l'avis.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1653.1 est-il
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 1653.1.1
M. Bourbeau: M le Président, cet article prévoit
que l'indemnité payable au locataire dont l'évacuation temporaire
est nécessaire doit lui être versée à la date
d'évacuation Si elle se révèle subséquemment
insuffisante, le locataire pourra récupérer la différence,
notamment en s'adressant à la Régie du logement. Le locataire
n'aura donc plus, comme cela s'est produit à plusieurs occasions,
à courir après le montant de son indemnité une fois qu'il
aura quitté les lieux soit parce que l'immeuble aura été
vendu dans l'intervalle et que l'ancien propriétaire qui l'a
évincé est introuvable, soit tout simplement parce que le
locateur ne veut plus débourser le montant qu'il s'était
engagé à lui verser. Le locataire pourra refuser d'évacuer
son logement tant que l'indemnité ne lui aura pas été
versée.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: On dit que l'indemnité due au locataire en
cas d'évacuation temporaire est payable à la date
d'évacuation. Si l'indemnité se révèle
insuffisante, le locataire peut être remboursé des dépenses
raisonnables faites en surplus Une petite question. Pourquoi marque-ton: "peut
être"? En fait, c'est plus que peut dans notre esprit, c'est doit
être. On ne peut peut-être pas le changer en termes grammaticaux;
c'est probablement ce qu'on veut dire. Doit être ou peut être
remboursé des dépenses
raisonnables, mais quand, de quelle façon, parce que
l'indemnité est reçue lors de l'évacuation, mais, quand
cela s'avère plus que cela par la suite, il doit réclamer des
frais et le locateur doit payer quand? Dès qu'il reçoit la
facture?
Le Président (M. Saint-Roch): Mme Archam-bautt.
Mme Archambault: "Peut être", c'est soit que le locataire
en fait la demande auprès du propriétaire et, si le
propriétaire consent, il n'y a pas de problème. Autrement, il
devra venir à la régie pour récupérer le
surplus.
M. Paré: D'accord. Donc, ça devient...
Mme Archambault' Au moins, il aura un acquis Avant de quitter les
lieux, il aura le montant prévu dans l'avis et il viendra pour le
surplus à la régie. Présentement, il part avec rien.
M. P«ré: Oui, ça, c'est un acquis.
Effectivement, on le reconnaît, c'est un des bons points du projet de loi
que ça devienne une obligation d'être payé à
l'évacuation. Je suis tout à fait d'accord. Pour la
différence, il doit demander - là, on ne passe plus par ta
régie...
Mme Archambault: II peut passer par la régie.
M. Paré: II peut passer par la régie... Mme
Archambault: Oui, oui.
M. Paré: ...mais, à sa première
démarche, est-ce qu'il doit tout simplement s'adresser à son
propriétaire pour être remboursé? S'il y a refus, cela
devient une demande à la régie?
Mme Archambault: Oui, comme toujours. Normalement, avant de
prendre des procédures judiciaires, on commence par envoyer une mise en
demeure à la personne de qui on veut le remboursement. Dans un premier
temps, on va sûrement le demander au propriétaire et, dans un
deuxième temps, si le propriétaire ne paie pas, on viendra
à la régie.
M. Paré: Juste un petit mot sur ce que vous venez de dire.
Je ne veux surtout pas vous mettre dans l'embarras, je veux seulement que le
ministre écoute Quand vous avez dit: Avant d'entreprendre des
démarches judiciaires, il faut essayer de s'entendre, c'est ce que je
disais tantôt et je reviens là-dessus parce c'est exactement
l'esprit du fonctionnement actuel. Pour les gens, très souvent, la
Régie du logement, c'est une démarche judiciaire où on
règle des problèmes. C'est pour cela que je vous le dis, je passe
encore le message, je trouve cela important. J'espère que vous allez
retenir l'invitation que je vous fais d'aider les groupes de locataires. Ce
n'est pas une démarche judiciaire, mais une démarche
d'information, de confiance et d'appui. C'est pour cela que je trouve important
qu'on retienne cette demande. C'est une question de perception, mais la
perception est très importante. C'est une question de comportement, de
relation entre les individus. Je n'ai absolument rien contre la régie,
au contraire, elle fait un boulot extraordinaire, mais la perception, parce que
c'est la réalité, c'est avant tout de la conciliation, de la
médiation et des décisions Donc, c'est judiciaire, alors que
l'autre intervention est une intervention d'appui et d'aide. C'est pour cela
que je trouve Important qu'on en parle. Moi, je n'ai pas d'autres questions sur
cet article.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Bourbeau: Je veux simplement signaler, M. le
Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Excusez-moi. M. le
ministre.
M. Bourbeau: ...au député que la Régie du
logement joue déjà un rôle de médiateur
auprès des locataires et que la nouvelle politique de la régie
est d'accentuer encore davantage ce rôle de médiation. Pour ce qui
est de l'aide aux locataires, j'attends toujours que le député de
Shefford nous fasse parvenir la liste des organismes qu'il souhaiterait voir
subventionnés, y compris l'Association des locataires de Granby.
M. Paré: M le ministre, je pourrais vous donner une liste
sans difficulté de gens qui sont venus en commission parlementaire et
qui en ont parlé, ces gens-là et les gens qu'ils
représentaient. À mon avis, on pourrait sortir la liste des
associations de locataires actuellement en place et s'assurer qu'elles
répondent à certains critères, et probablement qu'on
pourrait en aider une grande partie. Je ne fais pas la promotion de l'un par
rapport à l'autre. Moi, je me dis que des gens qui travaillent dans des
conditions comme celles dans lesquelles ils travaillent méritent
d'être aidés. Je remarque que vous sortez une petite revue pour
parler d'un groupe en particulier. C'est de bonne guerre, sauf que. moi, je ne
fais la guerre à personne. Je comprends que, dans certaines de ces
associations, ce ne sont pas nécessairement des gens avec qui le
ministre a des relations amicales et fraternelles...
M. Dufour: Privilégiées.
M. Paré: ...sauf que cela n'empêche pas que ces
gens-là font quand même un travail laborieux, souvent dans des
conditions beaucoup plus pénibles que celles qu'on connaît ici.
Ces gens-là
aident les plus démunis dans des contextes qui ne sont pas
faciles. Devant cela, je dois vous dire que c'est peut-être un peu
normal. Vous savez, l'agressivité de certains groupes vient
peut-être de décisions qu'on prend ici, du manque d'écoute
que ces gens ressentent. Ils ont peut-être raison de prendre des moyens
semblables et d'exprimer d'une façon dure, à certaines occasions,
les visions de ces gens-là. On prend les moyens qu'on a à notre
disposition, mais cela ne tue personne de s'exprimer d'une façon, pas
nécessairement tendre, mais dure à certains moments; il faut
prendre les moyens qu'on a à notre disposition. Les moyens qu'on a, ce
sont les moyens du bord. On les utilise passablement bien, parce que, si vous
regardez fa qualité des mémoires qui ont été
présentés en commission parlementaire, des mémoires qu'on
reçoit régulièrement des groupes, je dois dire que la
qualité de ces groupes n'a rien à envier à la
qualité des mémoires présentés par d'autres groupes
qui peuvent se permettre des contentieux complets de conseillers provenant de
tous les domaines.
Donc, ces gens-là font un travail extraordinaire et il va falloir
qu'on le reconnaisse; sinon, on va se ramasser, comme le disait la
vice-présidente de la régie, avec des démarches
judiciaires, et cela, ce sont des coûts pour la société et
c'est souvent attirer plus de problèmes parce qu'on n'a pas
prévenu et qu'on est obligé de soigner, au sens figuré.
C'est ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Comme la régie va probablement appliquer cela
dans les premiers temps... Le locataire peut être remboursé pour
des dépenses raisonnables faites en surplus. Comment allez-vous
interpréter les dépenses raisonnables faites en surplus?
Avez-vous une grille? Avez-vous des critères de base? Tant du repas,
tant pour un déménagement? Est-ce que ce sera basé sur des
chiffres réels? Est-ce que ce sera laissé à votre bon
jugement? Comment allez-vous l'interpréter? Cela dépend toujours
des personnes en cause. Quelqu'un va dépenser d'une façon et un
autre va dépenser d'une autre façon, et on dira que ce n'est pas
raisonnable. Cela dépend. Moi, je ne suis pas capable de juger cela,
mais est-ce que vous avez déjà une grille d'analyse pour
cela?
Le Président {M. Saint-Roch): Mme Archambault.
Mme Archambault: Depuis 1980 que les articles 1653 qu'on a
actuellement sont dans la loi. Depuis les dernières années
surtout, il y a eu beaucoup de demandes dans lesquelles les régisseurs
ont eu à accorder une indemnité, même si la loi ne disait
pas qu'ils devaient en accorder, II y a une jurisprudence qui s'est
développée, que j'énumérais tantôt. C'est
presque systématiquement accordé dans tous les cas où on
conteste un avis de réparations majeures.
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez...
Mme Archambault: II n'y a pas de chiffre, disons, pour un
déménagement de telle à telle rue, 200 $, mais c'est comme
pour n'importe quel juge qui entend... On sait, quand il y a un
déménagement, que cela coûte tant, d'autant plus qu'il y a
quand même possibilité pour les gens, advenant le cas où le
propriétaire donnerait moins, de venir demander le surplus à la
régie.
M. Dufour: Je vais essayer d'apporter un cas fictif, mais qui
pourrait être réel. Si quelqu'un déménage et
décide d'engager une grosse compagnie de transport, cela va coûter
un peu plus cher, mais il aura probablement plus de garanties au cours de son
déménagement et il se sentira plus sécurisé. Une
autre personne va engager une compagnie plus petite et une autre va dire: Je
suis raisonnable, j'ai fait trois demandes de prix et j'ai pris le moins cher,
ou celui du milieu. Cela pourrait être un critère. On pourrait
dire: II y a de la nourriture qu'on a perdue en chemin pour une raison ou pour
une autre; un autre pourrait avoir été obligé de coucher
à un motel en chemin. Est-ce que cela pourrait être
considéré? Si quelqu'un dit: Moi, je suis obligé de
déménager, je ne ferai pas 56 demandes, Je suis habitué de
faire des affaires avec un groupe et je prends la compagnie la plus grosse.
Cela coûte plus cher, par exemple. Comment l'interprétez-vous? Le
locataire qui doit payer cela dirait: Un instant! Je suis bien prêt
à payer, mais j'aurais pu payer moins cher. Comment est-ce que cela
s'applique?
Mme Archambault: Je n'ai pas apporté tous les jugements
qu'il peut y avoir là-dessus, mais il y a beaucoup de cas
d'espèce. Par exemple, souvent, lorsqu'un propriétaire
évince un locataire pour faire des réparations majeures, le
locataire ne s'installera pas dans un autre appartement pendant la
période d'un mois ou deux mois que pourront durer les réparations
majeures. Ce qu'on peut voir dans les décisions à ce
moment-là dépend du cas d'espèce. Cela dépend de la
preuve qui est faite, cela dépend de ce que veut le locataire. S'il veut
s'en aller... Il va arriver des cas, par exemple, où le régisseur
va dire: Les frais de déménagement, dans ce cas-là, sont
à la charge du propriétaire dans le sens qu'il devra entreposer
les meubles dans un local dont il dispose. Il les mettra là, il tes
ressortira et il les déballera quand les travaux seront terminés.
Ce sont vraiment des cas d'espèce. C'est cela qui est Important. Le cas
personne! du locataire sera étudié et il va obtenir des
dédommagements pour couvrir les frais qu'il a dû assumer en raison
des circonstances dans lesquelles se sont faits les travaux.
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez m'affirmer que...
Mme Archambault: Vous dire que c'est 5000 $ ou 200 $, cela
dépendra des cas. Cela peut être 200 $ dans des cas et 5000 $ dans
d'autres.
M. Dufour: S'ils sont bien raisonnables, est-ce que ces gens qui
auront été évincés auront 100 % de leur
réclamation ou s'il y aura toujours des pertes?
Mme Archambault: Je ne peux pas vous le dire...
M. Dufour: Selon votre expérience?
Mme Archambault: Je peux vous dire que, sur les montants des
indemnités, nos décisions sont quand même appelables devant
la Cour provinciale, mais uniquement sur le montant de l'indemnité qui
est accordé. Il n'y a pas beaucoup de locataires qui sont allés
en appel de ce montant à la Cour provinciale; c'est qu'ils ont dû
s'en trouver satisfaits.
M. Dufour: J'accepte que les gens n'aillent pas en appel. Si
quelqu'un perd 100 $, il n'ira peut-être pas en appel pour ces 100 $.
S'il perd 1000 $, il va y aller. Est-ce que cela couvre exactement les
montants? Est-ce que cela arrive, parfois, que vous couvrez 100 %? (21
heures)
Mme Archambault: La loi dit, à l'article 1653, que c'est
censé couvrir les dépenses raisonnables qu'il devra assumer en
raison de cette évacuation. Le principe, c'est que ça devrait
couvrir 100 % des dépenses raisonnables qu'on devra assumer en raison de
l'évacuation. Après, il faudra (aire des cas d'espèce
D'une façon générale, c'est difficile de répondre.
Le principe est bien établi dans la loi et on doit l'appliquer à
chacun des cas d'espèce. Ce sont les dépenses raisonnables qu'on
devra assumer en raison de l'évacuation.
M. Dufour: Que vous me disiez, du même souffle, qu'il n'y a
pas beaucoup de cas qui sont allés en cour, j'en suis convaincu, vous
n'avez pas à en faire la démonstration. On n'a pas de fait
précis non plus, on n'applique pas cette partie de loi, on n'a pas
à l'appliquer, mais je suis convaincu que dans l'ensemble les gens
perdent toujours quelque chose quelque part,
Mme Archambault: En tout cas, au moins, là, il y a une
garantie écrite dans la loi qui leur permettra de revendiquer des
droits.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: On tient compte, dans ces montants-là, du
montant du déménagement, plus les collections de toutes sortes,
et du retour, mais on n'indique pas dans l'avis le montant mensuel du loyer au
retour, au moment où...
Mme Archambault: Non, II ne peut pas changer. En cours de bail,
il y a un principe qui veut qu'un loyer ne peut pas changer. Il n'y aura donc
pas d'augmentation de loyer en cours de bail.
M. Paré: D'accord, ça va aller à la fin du
bail. Mais peut-être que là où il s'est installé le
logement est libre et qu'il décidera de le garder, qu'il ne reviendra
pas. Qu'est-ce qui arrive avec le montant qui lui aura été
payé pour le second déménagement qui n'aura pas
été effectué? Le retour?
Mme Archambault: Ce qu'on lui a offert dans l'avis, il y a eu
comme une transaction là-dessus, on a réglé ça et
il conservera son montant. La seule façon de faire rouvrir le montant de
l'indemnité, c'est pour des dépenses faites en surplus.
M. Paré: D'accord.
Mme Archambault: On ne dit pas que le propriétaire peut
essayer de récupérer la différence advenant le cas
où, finalement, ça aurait pu être moins. Le montant qui est
offert au locataire, il doit le lui payer.
M. Paré: Donc, le locateur n'a pas de recours.
Mme Archambault: II n'y a pas de reddition de compte. Le
locataire n'est pas obligé de faire une reddition de compte pour faire
la preuve de ses dépenses. Advenant le cas où on lui a
donné 2000 $ et que cela arrive à 1700 $, il n'est pas
obligé de rembourser les 300 $.
M. Paré: Quand vous dites qu'il n'est pas
obligé...
Mme Archambault: La loi ne le prévoit pas.
M. Paré: D'accord, il n'est pas obligé de
rembourser, mais est-ce que le locateur peut demander...
Mme Archambault: Non.
M. Paré: Non? D'accord. Ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Supposons que tout le monde est de bonne foi. Le
locateur demande à faire des réparations, le locataire s'en va et
décide de ne
pas revenir pour une raison ou pour une autre. Le locateur garde
toujours son bail. Mais le fait que le locataire a subi des préjudices,
qu'il a changé de place... Ce n'était pas compris dans son bail.
Il avait loué son logement du 1er juillet au 30 juin de l'année
suivante. Dans le milieu de l'année, on l'a sacré dehors pour de
bonnes raisons, avec une protection, pour un mois ou un mois et demi. Il a
changé de place et il ne veut plus revenir. La régie ne
protège pas cette personne-là. Autrement dit, la personne qui est
partie est obligée de revenir à son logement. Elle est
liée par son bail.
Mme Archambault: Elle est liée par son bail.
M. Dufour: On prend toujours le côté extrême,
mais ça pourrait être de l'autre côté aussi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à 1653.1.1?
M. Paré: Non, ça va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que 1653.1.1 est
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1653.1.2. Nous avons un papillon.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. D'abord, un commentaire
d'ordre général sur l'article. Jusqu'à maintenant,
à défaut d'entente entre les parties sur les conditions de l'avis
et notamment sur l'évacuation, c'était le locataire qui devait
s'adresser à la régie pour lui demander de modifier ou de
supprimer une condition qu'il jugeait abusive. Le nouvel article prévoit
l'inversion du fardeau de la démarche en cas de mésentente entre
les parties. Le locataire ayant reçu un avis d'évacuation qui
informe le locateur de son refus ou qui, tout simplement ne répond pas
à l'avis, est présumé avoir refusé de quitter les
lieux. Dans ce cas, le locateur, s'il désire toujours entreprendre des
réparations et faire évacuer le locataire, devra s'adresser
à la régie pour qu'elle statue sur l'opportunité de
l'évacuation et sur les conditions dans lesquelles elle pourrait avoir
lieu.
La modification, M. le Président, consisterait à
remplacer, à la fin du premier alinéa, les mots "de quitter les
lieux" par les mots "d'évacuer les lieux". Cette modification a pour but
d'uniformiser les expressions utilisées dans cet article où l'on
parle d'évacuation.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'amendement?
M. Paré: Non, je n'ai pas de questions sur
l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Dufour: Attendez un peu! Si quelqu'un refuse d'évacuer
les lieux, tel que l'amendement le propose... Est-ce que c'est juste sur
l'amendement qu'il s'est prononcé ou sur l'ensemble?
M. Paré: Sur l'amendement.
M. Dufour: C'est juste sur l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est juste sur
l'amendement. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous en revenons maintenant
à 1653.1.2 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui, j'ai des interventions là-dessus. Sur
le premier paragraphe, si finalement le locataire n'a pas répondu, il
est réputé avoir refusé de quitter les lieux. Sur cela,
j'en suis, pas de problème.
Le deuxième paragraphe: "En cas de refus du locataire, le
locateur peut, dans les dix jours du refus, s'adresser au tribunal pour faire
statuer sur l'opportunité de l'évacuation." Donc, que ce soit le
locateur qui ait maintenant à prouver, j'en suis aussi, mais le tribunal
peut imposer les conditions qu'il estime justes et raisonnables. De ce
côté-là - on le retrouve plus loin - on ne peut pas
s'opposer à la nature et à l'opportunité des travaux.
C'est ce qu'on dit plus loin à l'article 1653.1.5: "Le locataire ne peut
contester la nature ou l'opportunité des travaux." Par contre, ce qu'on
retrouve dans l'article, le présent paragraphe, de statuter sur
l'opportunité de l'évacuation, il faut être bien clair.
C'est pour cela qu'on va revenir plus à l'autre article. Ici, je vais
être court et rapide.
M. Bourbeau: On est déjà revenu trois fois depuis
le début du débat sur l'autre.
M. Paré: On va y revenir ici parce que c'est fondamental.
C'est juste sur l'opportunité de l'évacuation. Je ne le sais pas
et je vais m'adresser à Mme la vice-présidente, si vous
permettez, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui. Si cela peut accélérer les
travaux, M. le Président, je suis prêt à tout.
M. Dufour:... son chemin de Damas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je sais que vous n'êtes pas sérieux,
M. le ministre, quand vous dites cela. Vous avez déjà dit l'an
passé quand on a discuté du projet de loi 137, que vous aviez une
passion pour l'habitation, et je suis sûr que vous êtes content
qu'on en parle à fond ce soir.
M. Bourbeau: Une passion pour l'habitation, mais pas pour les
discours.
M. Paré: Oui, mais quand c'est pour permettre
d'améliorer en général la situation de l'habitation -
habitation avec un grand "h" -avec des gens de la régie qui sont
capables de nous donner des informations très claires, je suis sûr
que cela fait l'affaire de tout le monde, y compris la vôtre, j'en suis
convaincu.
Je reviens maintenant à ma question. D'après votre
expérience - sauf que je ne pense que vous ayez eu à vous
prononcer souvent sur l'opportunité d'évacuer - vous allez vous
baser sur quoi? Je vais prendre l'exemple de mon collègue. Quelqu'un
arrive et décide... Cela va être bien clair, je vais prendre un
exemple dont j'ai été informé. Quelqu'un demeure dans un
logement boulevard Saint-Joseph, à Montréal, un bel
édifice d'un certain âge, ce qu'on connaît: les plafonds ont
à peu près 7 pieds et demi ou 8 pieds de haut. C'est encore ie
style avec les cadres vernis foncés, les fenêtres à
carreaux. L'appartement est sombre, mais la personne est là depuis
à peu près 25 ans avec son mari. Ils sont habitués, c'est
l'endroit où ils veulent vivre. Il n'y a pas de problème,
l'électricité, tout fonctionne bien. Il ne manque jamais d'eau
chaude, c'est suffisamment chaud parce que ce sont des immeubles qui sont tous
reliés, qui se touchent. Le chauffage n'est pas si mal parce que le seul
endroit où le froid pourrait entrer, c'est l'arrière et l'avant,
mais cela a été bien isolé. On décide, à un
moment donné - et cela se produit - qu'on veut changer maintenant. On ne
veut pas faire de mise en état du logement, on veut moderniser, on veut
changer la nature du logement. Cela veut dire que ces gens doivent partir parce
qu'on a décidé qu'on faisait des rénovations. Le salon est
trop grand, il y a une salle à manger. Ce n'est plus à la mode,
on décide de changer cela. On va refaire votre logement. Le locataire ne
répond pas dans les dix jours; cela veut donc dire que l'autre va se
présenter devant vous dans les dix jours. Comme, ce qu'on veut, c'est
refaire planchers, murs et plafonds, cela veut dire que cela va toucher bien
des choses. Comment allez-vous juger de l'opportunité de
l'évacuation?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Archambault.
Mme Archambault: On ne peut pas, en fait... Il y a beaucoup de
choses dans la question. Là, on est dans le chapitre des
réparations ou améliorations majeures. Il ne faut pas oublier
tout le reste des articles du Code civil en matière de
législation de logement locatif. Changer la nature d'un logement en
cours de bail, on ne peut pas faire cela. On ne peut pas décider,
à un moment donné et cela a été
décidé à plusieurs reprises par des régisseurs de
la régie - de changer, par exemple, la configuration d'un logement.
C'est changer fa nature du logement en cours de bail, on ne peut pas faire
cela. De la même façon que, si on veut subdiviser, il y a tout un
mécanisme à suivre: les articles 560 et suivants du Code civil.
Pour que cela tombe dans cela, II faut que cela soit une réparation.
Cela veut dire qu'il faut qu'il y ait quelque chose qui ne soit pas en bon
état et qu'on le répare, et que ce soit une réparation
majeure ou une amélioration majeure. Amélioration veut dire
quelque chose qui donne de la plus-value. On a vu dans des décisions,
par exemple, quelqu'un vouloir changer un plancher de chêne, admettons,
pour mettre à la place de la parqueterie. Il y a des régisseurs
qui ont décidé que cela ne pouvait pas se faire parce que cela
n'était pas une réparation, il n'y avait rien à
réparer. Ce n'était pas une amélioration non plus.
C'était peut-être une question de goût, mais ce
n'était ni une réparation ni une amélioration. Il ne faut
pas oublier qu'à la base il faut commencer par prouver que ce qu'on
fait, c'est une réparation et une amélioration. Si ce n'est pas
cela, cela n'entre pas là.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la
présidente?
Mme Thibault (Louise): Je pourrais ajouter à ce que dit Me
Archambault que M. le député de Shefford pourrait se
référer à l'article 1607 du Code civil qui dit que le
locateur ne peut, en cours de bail, changer la forme ou la destination de la
chose. Cet article-là est rendu d'ordre public en matière de bail
résidentiel par l'article 1664 du Code civil.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui. Je suis content que vous le
spécifiiez, ne serait-ce que pour que les gens soient bien
informés de leurs droits. Le petit bout, le dernier, est nouveau parce
que la loi n'est pas votée, mais les 10 jours, ce n'était pas
faisable. Mais là où on a forcé des gens à quitter,
c'est qu'on n'a pas respecté la loi. Moi, je dois vous dire - je n'ai
pas les papiers ici - qu'il y a des gens de l'avenue Decelles et de la
Côte-Sainte-Catherine à Montréal qu'on renvoie pour faire
de la modernisation de logements. Même si les gens se sont plaints
à la Régie du logement, ils n'ont pas réussi à
empê-
cher que les travaux se fassent. C'est cela la réalité des
choses. Il peut y avoir bien des articles et la meilleure intention du monde,
vous êtes certainement consciente que cela se produit et que, même
si les gens refusent, cela se fait quand même. Les gens sont
délogés et c'est pour cela qu'ils ne reviennent pas. Cela permet
de faire ce qu'on fait avenue Decelles à Montréal. On remplace
tout le monde et, ensuite, on change les gens qui étaient dans les
logements, qui deviennent des logements beaucoup plus modernes. Comment
expliquez-vous cela?
Mme Archambault: C'est parce que la rénovation est
permise, disons, par le propriétaire. Mais à partir du moment
où - je ne connais pas exactement le cas qui s'est produit - par
exemple, une personne veut, à l'intérieur d'une cuisine
déjà existante - une vieille cuisine - faire une cuisine moderne,
cela est considéré comme une amélioration majeure et cela
tombe sous l'empire de cette section de la loi.
Évidemment, si le locataire refuse ou tout simplement ne
répond pas à l'avis qu'il a reçu, ce sera au
propriétaire à faire la démarche à la régie,
à venir nous le demander. Nous, ce qu'on devra faire, c'est statuer sur
l'opportunité de l'évacuation. Ce n'était pas inscrit dans
la loi, mais c'est un peu ce qui s'est déjà fait. On pouvait
quand même, jusqu'à maintenant, s'il y avait des conditions
abusives dans les avis, statuer là-dessus. À ce moment-là,
par exemple, un locataire qui vient d'entrer dans un logement le 1er juillet et
qui reçoit, le 1er août, un avis de réparation majeure,
jusqu'à maintenant, les régisseurs disaient: Écoutez, mon
cher monsieur, vous le saviez avant le 1er juillet que vous alliez entreprendre
des réparations majeures. Attendez à la fin du bail pour les
faire parce que c'était à vous de le lui dire avant qu'il n'entre
dans le logement. Ce sont toutes sortes de choses comme cela que les
régisseurs ont développées au chapitre de la jurisprudence
sur l'opportunité des évacuations.
En ce qui concerne les évacuations dans le temps des fêtes,
je ne pense pas que, si un régisseur a à se prononcer sur
l'opportunité d'une évacuation, il y en ait beaucoup qui vont
statuer pour permettre des évacuations pendant la période des
fêtes. (21 h 15)
M. Paré: Le pouvoir qu'on vous donne par cet article, ce
n'est pas l'opportunité des travaux, c'est l'opportunité de
l'évacuation. Cela veut dire que, dans un cas un peu semblable à
celui que je vous ai apporté tantôt, ce ne sont pas des
réparations majeures, mais ce sont des rénovations. Si les
rénovations qu'on vous propose exigent que les locataires partent parce
qu'on ne peut pas les faire en même temps qu'ils sont sur place,
qu'allez-vous dire en fonction de cet article?
Mme Archambault: II peut arriver des cas où on va dire:
Oui, évacuez, il y a des travaux qui vont se faire. L'évacuation
est nécessaire pour faire ces travaux-là, ne serait-ce que parce
que ce n'est pas possible pour le locataire de rester dans les lieux, le temps
que ces travaux se fassent. Maintenant, peut-être que le
propriétaire aura demandé une évacuation de trois ou
quatre mois et que le régisseur aura dit: Bien, trois ou quatre mois,
c'est pas mal trop pour le type de travaux. Il va exiger la preuve des travaux
qui vont se faire et il va dire: Bon, bien, ce sont des travaux qui ne vont pas
durer plus d'un mois. Je permets l'évacuation, elle est permise, mais
uniquement pour une période d'un mois. Faites vos travaux à
l'intérieur de cette période de temps-là. Si on rapetisse
la période d'évacuation, c'est sûr qu'on a moins de chances
de perdre le locataire. S'il part pendant quatre, cinq ou six mois,
peut-être qu'il ne reviendra pas.
M. Paré: Même si ce n'étalent pas des travaux
majeurs en fonction de l'article 1607, si je me rappelle bien - à se
parler, on finit par se comprendre - cela veut dire que, si ce sont des
rénovations qui viennent changer, vous ne pourrez rien dire,
malheureusement, même si cela fait déménager des personnes.
L'exemple que je vous ai donné est réel: un couple seul dans un
logement pendant 25 ans qui rêvait d'y finir ses jours; tous deux ne
voulaient pas de changement parce qu'ils l'aimaient. On a bien le droit d'aimer
la tapisserie à grosses fleurs rouges et les draperies de velours. Je
n'ai contre, il y a des styles et c'est très beau. La seule chose que
vous aurez le droit de dire, c'est: D'après nous, cela ne prend pas
trois mois, cela peut prendre seulement un mois, un mois et demi ou deux mois,
mais on ne pourra pas empêcher de - je voudrais utiliser un mot que je
n'ai pas le droit d'utiliser - tout défaire cet acquis, ce patrimoine;
on ne peut pas l'empêcher.
Mme Archambault: II va falloir qu'on nous prouve que c'est une
réparation. Si la tapisserie est bien propre, ce ne sera pas une
réparation; donc, l'autorisation pourrait être refusée. Si
ce n'est pas une réparation... Il faut lire chacun des mots. Alors, une
réparation majeure, c'est une réparation, il faut que cela
répare quelque chose. Il faut que quelque chose ait été
brisé avant et qu'on le répare. Une amélioration majeure,
la jurisprudence dit qu'il faut que cela donne une plus-value. De la
décoration pour de la décoration, c'est une question de
goût. Ce n'est pas de la réparation et cela ne donne pas de
plus-value non plus.
M. Paré: C'est sûr que, quand on parle de
tapisserie, c'est très superficiel, c'est le dessus. Si on décide
de refaire la salle de bains mais que cela ne coule pas, là, c'est une
plus-value, à ce moment-là, vous ne pouvez pas l'en
empêcher.
Mme Archambault: Ce qu'on pourra faire, c'est encadrer les
conditions de réalisation des travaux, mais il est permis au
propriétaire de faire la rénovation dans l'immeuble qui lui
appartient.
M. Paré: Si, en cours d'année, on décide, en
janvier, après les fêtes, d'entreprendre ce genre de travaux
majeurs qui dureraient trois mois, à partir du...
Une voix:...
M. Paré: Oui, de trois mois en trois mois, mais, en tout
cas, l'avis aurait été donné assez vite pour qu'ils
puissent partir te 1er février - c'est un exemple. Ce sont des travaux
de trois mois, c'est-à-dire février mars et avril, et le
locataire revient le 1er mai, pour mai et juin. Cela veut dire qu'en juillet il
risque d'avoir une augmentation importante. Là, il risque de subir un
autre déménagement s'il ne peut pas payer son nouveau logement;
c'est le cas du couple de gens dont je vous parle, qui ont seulement leur
pension et qui n'arrivent pas. C'est la situation qui nous inquiète.
Tout ce que je fais, c'est vous faire mes commentaires là-dessus. Je me
rends compte que l'article qu'il y a là, finalement, c'est cela. Je vous
dis qu'on va être pour parce que cela permet au moins que la demande
vienne du locateur...
Mme Archambault: C'est cela.
M. Paré:... et non pas du locataire. Je vais vous dire que
c'est dans le bon sens, sauf que cela ne protège pas suffisamment
à notre goût les gens en place c'est notre inquiétude.
Malgré l'article 1607 et ce que vous dites, on voit très bien que
cela va continuer à se faire.
Mme Archambault: La seule chose que je peux ajouter à
cela, c'est que la question de l'opportunité des travaux n'est pas
née dans les nuages. À la régie, on a fait faire une
étude sur à peu près une centaine d'immeubles sur lesquels
on avait eu des avis de réparations majeures là pour savoir ce
qui était arrivé un an ou deux ans plus tard. Aucun n'avait
été converti en copropriété. Dans les cas où
les locataires étaient venus à la Régie, dans à peu
près 50 % des cas, je pense, on avait refusé l'évacuation
des locataires et, dans les cas où on avait refusé
l'évacuation, dans 80 % de ces cas-là, un an plus tard, les
locataires étaient encore dans la place. Finalement, ce- qui nous a fait
dire que ce à quoi il fallait s'attaquer au plan des réparations
majeures, c'était l'évacuation comme telle. Ce dont les
locataires viennent se plaindre et ce dont ils veulent qu'on discute, ce n'est
pas des travaux qui vont se faire, c'est qu'ils ne veulent pas avoir à
quitter leur logement. C'est la raison pour laquelle on s'est dit qu'il valait
mieux s'attaquer au coeur du problème. C'est la ques- tion de
l'évacuation qui est importante et c'est ce à quoi on va
s'attaquer et qu'on va discuter quand ça va se passer à fa
régie.
En forçant, le propriétaire, s'il sait que c'est juste
pour évincer des locataires qu'il annonce qu'il va faire des travaux
majeurs, il sait que, lorsqu'il viendra à la régie, il devra
d'abord se présenter lui-même, faire la demande et, ensuite, il
aura à prouver que c'est opportun pour lui que l'évacuation du
locataire ait lieu. Il y en a peut-être qui vont s'arrêter entre
les deux, entre le refus qu'il va recevoir de son locataire... Ils diront: On
va attendre avant de faire les travaux.
M. Paré: Je dois dire que c'est un pas dans la bonne
direction. Basé sur l'expérience que vous avez vécue c'est
excellent sauf que ça n'empêche pas la possibilité... Et
"sur l'opportunité", ça veut tout dire, ce qui compte, ce sont
les mots qui suivent. Et là, c'est juste "l'opportunité de
l'évacuation". C'est ce que ça nous dit, et c'est pour ça
qu'on fait le débat qu'on pourra faire à d'autres articles. De ce
côté-là, je voulais juste confirmer ce dont on vient de
parler. C'est très clair. Je vous remercie beaucoup des
explications.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quand on parle du tribunal, est-ce le tribunal de la
régie ou si ça pourrait être un autre tribunal?
Mme Archambault: C'est la Régie du logement.
M. Dufour: Quand vous parlez des "conditions qu'il estime justes
et raisonnables", le fait que la personne a refusé de donner son avis
selon lequel elle partait, cela veut dire qu'elle devient un peu en faute si
elle dit qu'elle ne part pas. Ça pourrait être des motifs futiles
comme des motifs raisonnables. Le locateur passe devant vous, pose des
questions et vous posez des conditions. Est-ce que ça pourrait aller
jusqu'à dire que vous pourriez Imposer des frais de cour par rapport
à ça? Si, par exemple, vous constatez que c'est par
négligence ou pour toutes sortes de motifs autres que des choses bien
sérieuses, les conditions que vous estimez justes et raisonnables,
ça pourrait être juste en fonction qu'elle doit être
évacuée ou non et, si oui, ce sont les conditions qui suivront
comme le déménagement ou d'autres éléments dans
ça.
Mme Archambault: On n'a pas à se prononcer ou à
essayer de chercher pourquoi le locataire a refusé de quitter les lieux
ou pas. C'est un droit qu'il a en vertu de la loi qu'on lui donne. Il
reçoit un avis de réparations majeures,
il peut simplement s'asseoir dessus. En vertu de la loi, il pourrait ne
rien faire et, s'il ne fait rien, il est réputé avoir
refusé de quitter les lieux et on n'a pas à questionner à
savoir pourquoi il a refusé de quitter les lieux, c'est son droit parce
que fa loi lui reconnaît le droit au maintien dans les lieux. Quand on
lui envoie un avis de réparations majeures, ça peut être un
échec ou son droit au maintien dans les lieux. La loi lui dit: Tu restes
dans les lieux et, tant que tu restes dans les lieux et que tu ne
décides pas de quitter, c'est le propriétaire qui devra venir
à la régie faire la démarche.
Est-ce que les conditions sont justes et raisonnables? On peut Imaginer
toutes sortes de choses. Par exemple, supposons qu'en janvier on envoie un avis
de réparations majeures de trois mois et qu'on dit qu'on va commencer
les travaux au mois de mai ou de juin, la lettre est grosse. On peut penser
que, s'il envoie sa lettre de réparations au mois de mai ou juin, c'est
pour préparer le logement pour le 1er juillet ou la période de
renouvellement des baux. On peut dire que les conditions qu'il estime Justes et
raisonnables, c'est de dire: Laissez cette personne-là dans les lieux
finir tranquillement son bail. Si elle décide de quitter, vous ferez les
travaux au 1er juillet et vous rentrerez l'autre locataire après ou, si
la personne décide de ne pas quitter, vous connaîtrez ce qu'elle
fait, à ce moment-là, et vous les ferez là. C'est ce genre
de conditions qu'on peut faire.
M. Dufour: La personne est amenée devant vous autres parce
que le locateur insiste pour dire...
Mme Archambault: C'est ça.
M. Dufour:... qu'il parte, le locataire dit: Je n'ai pas trop
confiance en mes moyens de défense, je me prends un avocat ou une
association de locataires qui, en fait, est un organisme qui pourrait m'aider;
ce pourrait être un individu ou un avocat. Donc, elle va vers vous et
gagne sa cause. En fait, vous décidez qu'elle ne peut pas, mais le
locataire a dû subir des frais.
Mme Archambault: Chez nous, à la régie,
l'introduction de la demande à la régie coûte 20 $ et,
comme elle est introduite par le propriétaire, c'est celui-ci qui va la
payer. Quand le locataire vient à la régie, s'il se
présente lui-même, ça ne lui coûte rien. S'il choisit
de se faire représenter par un avocat, il paie ses frais d'avocat, mais
c'est son choix, il peut très facilement venir à la régie.
C'est loin d'être tout le monde qui est représenté par un
avocat à la régie. On se veut accessible et on favorise que les
gens puissent venir déblayer leur cas tout seuls.
M. Dufour: Supposons que la personne décide de le faire
pour une raison ou pour une autre. Ce n'est pas la première fois qu'elle
se fait traîner en cour et on ne dit pas qu'elle a droit à
seulement une fois. Elle pourrait s'essayer une année et, six mois
après, elle pourrait s'essayer de nouveau. Mais la personne, à un
moment donné, décide qu'elle a besoin de moyens pour l'aider. Il
n'y a aucun recours pour ce moyen de défense et cela devient un peu du
harcèlement. Cela pourrait...
Mme Archambault: Si cela devient du harcèlement, ils
reviendront par le biais de l'article concernant le harcèlement.
Là, c'est un autre article, c'est cela.
M. Dufour: Oui, je comprends, mais...
Mme Archambault: Cela pourrait en être, mais, à ce
moment-là, ils ont aussi des moyens de se prémunir contre le
harcèlement.
M. Dufour: Le droit qui est accordé à la pleine
défense n'est pas nécessairement exécuté dans le
sens que ce n'est pas la personne qui demande d'avoir des réparations,
c'est le locateur qui dit: Je veux faire des réparations. Le locataire
est victime ou subit l'inconvénient de suivre les étapes
prévues dans la loi. Il se présente devant le tribunal - on va
l'appeler par son nom - chez vous, il décide de se protéger et,
en se protégeant, il peut, à ce moment-là, être
amené à payer des coûts sans que lui soit, d'aucune
façon, responsable. Pour lui, il n'y a pas d'autre façon. Il a le
droit de refuser. Il a le droit à un premier refus. Il a le droit de ne
pas parler ou il a le droit de refuser carrément. Cela n'empêche
pas le locateur de continuer sa démarche. S'il veut se défendre
et dire: Moi, je ne veux pas subir l'inconvénient d'être deux mois
dehors, cela est sérieux... Dans son cas, il dit: Moi, je veux me
protéger. Il engage des frais, il peut engager des frais.
Mme Archambault: II a seulement à venir nous dire à
la régie: J'ai reçu un avis... De toute façon, c'est le
propriétaire qui va devoir venir.
M. Dufour: Est-ce qu'il a un droit...
Mme Archambault: Dans la majorité des cas à la
régie, les gens ne sont pas représentés par avocats.
M. Dufour: Oui, mais est-ce qu'il a des droits d'appel si...
Mme Archambault: À la Cour provinciale.
M. Dufour: Là, il est obligé de changer de cour, il
y a toujours des frais tout le temps, quelque part.
Mme Archambault: Mais les frais ne sont
pas à la Cour provinciale, si ma mémoire est bonne, ils
sont sur la même base de frais qu'à la régie. Quand ils
vont à la Cour provinciale, ils ne paient pas les frais normaux que les
gens paient quand ils vont directement à la Cour provinciale.
M. Dufour: En tout cas, je veux Juste essayer de faire ressortir
que la personne peut subir des préjudices. Il n'est pas garanti qu'elle
pourrait avoir 100 % de ses frais, 100 %. C'est seulement dans ce
sens-là qu'était mon intervention. Je voulais essayer de savoir,
par cette démarche-là, de quelle façon le locataire subit
cette démarche. C'est évident que cela pourrait ne rien lui
coûter, mais c'est évident aussi qu'il pourrait y avoir des
préjudices au bout et cela ne lui aurait rien coûté et il
serait obligé de subir les inconvénients. Cela va.
Le Président {M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1653.
1. 2 tel qu'amendé est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1653. 1. 3.
M. Bourbeau: Cet article modifie l'actuel article 1653. 1 du Code
civil. Le locataire conserve ses recours actuels C'est lui qui devra s'adresser
à la Régie du logement dans les cas où, ayant
accepté de quitter temporairement les lieux pour la durée des
réparations, il désire contester une autre condition de l'avis.
S'il n'y a pas d'évacuation prévue à l'avis, le locataire
conserve l'initiative du recours à la régie pour contester une
condition qu'il juge abusive.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford,
M. Paré: Une explication. Dans le cheminement d'un
dossier, le locateur envoie un avis - dix jours - précisant la nature,
la date, s'il y a lieu, la période d'évacuation, plus vos
conditions. On dit, dans l'article 1653. 1. 3: "Le locataire qui accepte
l'évacuation temporaire - donc, celui qui accepte cela et qui signe cela
- ou celui qui a reçu un avis ne prévoyant pas
l'évacuation du logement peut, dans les dix jours de la réception
de l'avis, demander au tribunal de modifier ou de supprimer.... " Dans le
premier cas, celui' qui a accepté, s'il a accepté, il a
accepté dans le sens de ce qui apparaît là-dessus. Que
peut-il contester?
Mme Archambault: Il peut peut-être y avoir d'autres
conditions d'indemnités qui seraient faites. Il ne serait pas d'accord
avec le montant de l'indemnité. Il pourrait y avoir d'autres conditions
qui seraient faites dans l'avis, avec lesquelles...
Une voix:...
Mme Archambault: C'est cela.
(21 h 30)
M. Paré: Vous dites: II peut être d'accord avec
l'évacuation, mais pas avec la date de l'évacuation. Mais la date
prévue pour leur début et leur durée, c'est
déjà dans l'avis. S'il reçoit l'avis et le signe, parce
que, dans les dix jours, il ne donne pas son autorisation cela veut dire que
c'est le locateur qui doit aller chez vous, mais, s'il l'a signée, cela
veut dire qu'il a accepté l'ensemble des conditions qui apparaissent
là-dessus.
Mme Archambault: Non. Tout ce qu'il a à faire, dans 1653.
1. 2, c'est qu'à la réception de l'avis il doit aviser le
locateur de son intention d'évacuer ou non les lieux. L'obligation,
c'est cela. Quand il signe... Il peut même ne pas signer, il peut le
faire par écrit s'il le veut. Il peut même le faire verbalement.
Il peut dire: D'accord, J'accepte de quitter les lieux, sauf qu'on ne veut
quand même pas lui faire perdre de droits. S'il accepte de quitter les
lieux et qu'il y a autre chose qui peut lui causer des problèmes,
à ce moment-là, on se dit: On veut quand même qu'il garde
le droit qu'il avait de venir demander de modifier des conditions qu'il peut
juger abusives. On va lui donner ce choix.
M. Paré: Ne serait-ce pas plus simple que, quand on
accepte, il faut accepter la totalité de ce qui apparaît sur
l'avis? Sinon...
Mme Archambault: Ce serait plus simple, mais le locataire
perdrait un droit. S'il dit: D'accord, je suis prêt ou si, dans tous les
cas, systématiquement il refusait, un des deux... Si c'était en
vue de permettre au locataire - déjà qu'on lui en donne plus - de
conserver le minimum de droits qu'il a présentement... Il pouvait
contester un avis, mais c'était lui qui avait le fardeau de la
démarche, qui devait venir à la régie et qui pouvait
contester les conditions qu'il jugeait abusives. On dit: D'accord, il accepte
de quitter. Cela règle un cas. On s'est entendu sur le fait qu'il va y
avoir évacuation, mais i! y a d'autres conditions qui ne font pas son
affaire et on dit: Celle-là, c'est d'accord, on accepte d'en
discuter.
M. Paré: Cela veut dire... On est d'accord avec ce dont on
vient de discuter avant et on est d'accord qu'il y ait, à partir de
l'article 1653 et dans tout ce qui suit, une Indemnité égale aux
dépenses raisonnables. Ensuite, selon le cheminement, il y a un avis
d'envoyé. Sur l'avis, il y a des indications précises et claires
de façon qu'il sache exactement dans quoi il s'embarque. Ensuite, on
continue. On doit le payer au moment de l'évacuation et, si ce n'est pas
suffisant, il peut ensuite revenir pour les surplus. On y va en disant que ce
n'est même pas lui qui
doit se rendre devant la régie s'il n'est pas d'accord avec
l'évacuation. Il n'a qu'à ne pas répondre et c'est le
locateur qui doit aller devant la régie pour demander que ,son locataire
soit évacué pour une certaine durée et la régie
aura à statuer sur l'opportunité de l'évacuation en termes
de temps; sauf que, là, on se retrouve en disant: Sur les autres
critères - donc, c'est juste l'évaluation - sur la date
prévue, la durée, les montants d'indemnité, ce n'est plus
la même chose. Cela veut dire que, si le locataire n'est pas content, il
doit, contrairement à l'évacuation, entreprendre des
démarches à la régie pour avoir satisfaction.
Mme Archambault: II est dans la même situation où il
est actuellement comme locataire. "On peut penser qu'en pratique, dans les cas
où il ne voudra pas quitter ou qu'il aura quelque chose qui ne fera pas
son affaire, tout simplement il ne répondra pas à l'avis.
À ce moment-là, quand il viendra à la régie
à l'audition, il pourra toujours dire: II y a d'autres conditions, il y
a autre chose et la régie peut fixer les conditions qu'elle estime
justes et raisonnables. On pourra voir cela. Mais on ne voulait quand
même pas - il y a des locataires qui pensent qu'en acceptant
l'évacuation, à ce moment-là, tout ce qui est dans l'avis
est accepté - leur faire perdre des droits qu'ils avaient
déjà depuis 1980.
M. Paré: Je comprends l'esprit. Disons que c'est
acceptable. Par contre, normalement, s'ils refusent l'évacuation, c'est
parce que, ou bien ils pensent qu'ils n'ont pas assez d'argent ou bien que la
date ne fait pas leur affaire. Sur le deuxième point qui dit: "ou celui
qui a reçu un avis ne prévoyant pas l'évacuation du
logement peut", je pense qu'on doit le conserver. J'accepte, à ce
moment-là, ce qu'on retrouve là-dedans, mais pour le premier, le
locataire qui a accepté l'évacuation temporaire, normalement
pensez-vous, selon l'expérience que vous avez dans le domaine, qu'il
pourrait accepter l'évacuation s'il n'est pas d'accord avec le montant?
Normalement ce sont des choses comme cela qui feront qu'ils vont la refuser. Il
y a aussi le déménagement, évidemment. Cela doit
être le gros point: Les gens ne veulent pas déménager, tout
court. En plus de ne pas vouloir déménager, ils vont vouloir
encore bien moins, si la date tombe dans le temps des fêtes ou si
l'indemnité prévue est trop basse. C'est pour cela que je
comprends difficilement qu'on dise qu'on va régler une chose, juste
l'évacuation ou que, dans sa tête, en tout cas, il va accepter
l'évacuation sans avoir réglé tout le reste,
normalement.
Mme Archambault: Oui, mais c'est une mesure de protection presque
double pour le locataire, qui aurait pu, à un moment donné,
accepter l'évacuation et qui, après cela, se dirait: Mon Dieu,
Seigneur, il y a des choses qui ne font pas mon affaire dans les conditions. M.
Paré: Bien.
Mme Archambauft: Puisque c'était déjà
là avant, on s'est dit: Ne nous occupons pas de lois qui existaient
avant et laissons la situation telle qu'elle était...
M. Paré: Je ne vous demanderai certainement pas
d'amendement pour le retirer. Je vais vous dire, ce que je veux, c'est juste
l'éclaircir, pour être bien sûr, si c'est un droit qu'on
conserve, on va être d'accord et même si c'était dans le
sens d'une expression qu'utilise de temps en temps, le ministre...
Mme Archambault: C'est pour conserver un droit.
M. Paré: ...une espèce de police d'assurance, une
garantie.
Une voix: C'est sûr. C'est sûr.
Mme Archambault: C'est cela. Moi, je pense que c'est cela.
M. Dufour: On peut être d'accord avec cela. Mais je vous
ramène le cas précis de quelqu'un qui refuse l'évacuation.
Donc, il ne signe pas et l'un des objectifs pour lequel il refuse, c'est, entre
autres, qu'il trouve que la date ne fait pas son affaire ou que la durée
est trop longue. Est-ce que, à partir de l'article 1653.1.2, vous allez
statuer sur l'ensemble du litige ou juste sur l'évacuation?
Mme Archambault: Mais là, il n'aura pas à venir
à la régie. S'il refuse l'évacuation comme cela, c'est le
locateur qui va devoir venir.
M. Paré: Le locateur.
Mme Archambault: C'est cela.
M. Paré: Bon. C'est cela.
Mme Archambault: À ce moment-là, on va statuer
sur...
M. Paré: L'ensemble.
Mme Archambault: ...l'ensemble et on va fixer les conditions
justes et raisonnables.
M. Paré: Bien, donc...
Mme Archambault: Donc, on va se prononcer sur
l'opportunité. Cela le dit. Quand on dit "opportunité
d'évacuation", cela veut dire qu'on va se prononcer...
L'opportunité, c'est quand cela va se faire dans le temps, quand cela va
être opportun que cela se fasse. Cela le dit, en soi.
La définition d'opportunité" fait qu'on va devoir le fixer
dans le temps, quand va se faire l'évacuation.
M. Paré: Donc, si le locataire refuse parce qu'il n'est
pas d'accord avec l'un des points qui apparaît sur l'avis - pas juste
parce qu'il ne veut pas, il est prêt à accepter
l'évacuation, mais il y a des points là-dedans qui ne sont pas
satisfaisants - le mieux pour lui, c'est de refuser, de façon que la
régie statue immédiatement sur la demande du locateur. Mais
là, le régisseur va s'assurer de régler tous les litiges
possibles, que ce soit le montant, la date ou la durée. On va
s'organiser pour prendre toutes les décisions en vertu de 1653. 1. 2 et
non pas attendre qu'il revienne en vertu de 1653. 1. 3. On s'entend
là-dessus? Bien. Cela répond à ma question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Quand je regarde la teneur de l'article, on parle
toujours de dix jours après la réception. Dix jours de la
réception, cela ressemble beaucoup à quelqu'un qui va
évacuer en moins d'une semaine. On demande dix jours de la
réception ou sept jours, pour satisfaire au ministre, au point de vue de
la précision. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi des avis de
trois mois à des places. Cela veut dire que quelqu'un qui a droit
à un avis de trois mois, il a seulement dix jours pour se
décider. Il y a quelque chose qui ne clique pas très fort dans ma
tête. Une personne peut être obligée d'évacuer
temporairement; elle peut être obligée d'évacuer
temporairement pour quinze jours, comme pour 3 semaines ou pour un mois, mais,
dans le libellé de l'article, moi, je ne vois pas de concordance dans
ces deux cas-là. C'est toujours dix jours. Cela me semble facile. Il y a
trois mois d'avis et vous lui donnez dix jours pour... S'il a trois mois, il a
trois mois. Il devrait avoir trois mois pour s'opposer, au même titre que
celui qui a dix jours a dix jours. Cela me semble une proportion raisonnable.
Dans cet article-là, je ne le vois pas. Cela fait que...
Le Président (M. Saint-Roch): Mme Archambault.
Mme Archambault: Cela ne causera pas de problèmes au
locataire parce que si cela lui prend plus que dix jours pour se faire une
idée, il ne fera rien pendant ces dix jours et c'est le locateur qui va
devoir venir à la régie. Alors, lui, ne perdra pas de droits. Les
dix jours, c'est parce que, justement, les gens sont habitués à
savoir qu'ils doivent réagir dans ce délai, parce que c'est le
délai qui existe déjà dans le Code civil depuis presque
sept ans: pour répondre à des avis de réparations majeures
ou pour venir faire les démarches à la régie, ils avaient
dix jours pour le faire. Maintenant, le locataire, pour venir à la
régie, s'il voulait contester les conditions... Alors, c'est
déjà un délai qui est passé dans les moeurs.
M. Dufour: Oui, mais, c'est...
Mme Archambault: Mais là, lui n'a rien à faire. Il
y a juste le locataire, finalement, qui reçoit son avis et qui ne bouge
pas. Il n'a pas à compter son temps. Il a décidé de ne pas
bouger, lui. Il n'a qu'à attendre de voir si son propriétaire va
faire une demande à la régie.
M. Dufour: Oui, mais il peut demander; sans cela, s'il ne demande
pas, alors, comment va-t-il faire pour avoir une réponse? S'il ne
demande rien, cela va être automatique.
Mme Archambault: Mais il n'a rien à demander, le
locataire, dans le...
M. Dufour:... On écrit cela pour rien. Mme Archambault:
Pardon? M. Dufour: On écrit cela pour rien. Mme
Archambault: Les dix jours?
M. Dufour: S'il n'a rien à faire. Si le locataire est bien
protégé on n'a pas besoin de cet article-là. Il n'a pas
besoin de parler. Pourquoi est-ce qu'on ne laisserait pas les règles
jouer et s'appliquer? Moi, ça me mélange un petit peu
Mme Archambault: II y a un cas où ça c'est
exactement le droit actuel, le cas où le locataire reçoit
présentement un avis de réparations majeures Ce qu'il a à
faire quand il le reçoit, c'est qu'il a dix jours pour se
présenter à la régie s'il juge qu'il y a des conditions
abusives. Et ça, c'est déjà acquis pour la plupart des
gens qui reçoivent des avis de réparations majeures. Ils savent
qu'ils ont dix jours pour se présenter à la régie comme
locataires. Ceux-là vont continuer à avoir exactement... On ne
change rien à la situation actuelle pour ceux qui n'ont pas
d'évacuation prévue dans leur avis. On ajoute une protection pour
ceux - parce que c'est finalement ceux-là qui sont susceptibles de subir
le plus de préjudices - qu'on veut évacuer pendant la
période de réparations. Ceux-là, tout ce qu'ils ont
à faire s'ils reçoivent leur avis et qu'ils décident
qu'ils ne veulent pas évacuer les lieux, c'est de rester là et de
ne rien dire. Ils n'ont pas à compter les dix jours ou pas. C'est le
propriétaire qui va devoir venir à la régie.
M. Dufour: Oui, mais comme il y a du monde qui ne veut pas subir
tous les inconvénients d'aller à la Régie du logement et
d'être obligé de passer par le moule un peu partout,
admettez avec moi que ce n'est pas clair, clair, que l'individu
ça ne lui donne pas beaucoup de temps pour se virer de bord ou s'il a
à changer...
Mme Archambault: II n'a pas à penser lui. Le locataire n'a
à penser à rien. Il n'a pas de jours à compter. Il
reçoit son avis et, s'il ne veut pas quitter les lieux, il ne fait rien.
Il n'a pas besoin de commencer à faire des calculs de jours.
M. Dufour: Oui, mais vous savez qu'il y a des gens qui vont
dire... D'autres qui connaissent bien leurs droits vont dire: C'est correct, on
va laisser filer le temps. Il y en a d'autres qui, en offre de collaboration,
vont trouver une méthode. Cela ne donne pas grand temps à ces
gens-là pour se protéger ou pour prendre des décisions. Il
y a dix jours.
Mme Archambault: Mais c'est quoi? Ils n'ont pas de
décision à prendre si ce n'est que la décision de ne pas
répondre.
M. Dufour: Bien, ça dépend. Si ce sont dix jours et
qu'ils sont passés, est-ce qu'ils peuvent continuer de demander au
tribunal de supprimer ou de modifier une condition abusive?
Mme Archambault: Mais le locateur, lui, par exemple, si les dix
jours sont passés, va devoir venir à la régie s'il veut
toujours évacuer le locataire et entreprendre les travaux. Il pourra
faire son débat à ce moment-là.
M. Dufour: Moi, je ne comprends pas pourquoi on donne ces dix
jours-là si, effectivement, il n'a qu'à se croiser les bras et
à attendre que ça fonctionne tout seul.
Mme Archambault: Mais il y a des cas où il peut vouloir...
Je ne le sais pas, moi. Il peut arriver que je sois un locataire dans un
logement et que mon propriétaire me dise: Je veux faire des
réparations majeures. Je suis contente qu'il fasse ces
réparations majeures-là. Cela va améliorer le logement. Je
dis: C'est correct, je veux bien qu'on fasse les réparations majeures et
je suis prête à quitter les lieux pendant le temps où on va
faire les réparations majeures. Mais je ne suis peut-être pas
prête à le faire dans les conditions qu'il m'a fixées dans
son avis, par exemple. C'est une façon peut-être de favoriser les
bonnes relations entre les parties. Oui, oui, c'est correct. Je suis
prête à quitter, mais il y a des choses qui me conviennent plus ou
moins dans l'avis.
M. Dufour: Mais cette provision qu'on a là dans la
loi...
Mme Archambault: Mais ça ne change rien à ce qui
existe présentement. Cela existe depuis 1980.
M. Dufour: Qu'on traîne par nature. Mme Archambault:
Bien, en tout cas, là...
M. Dufour: C'était là et on continue à
l'amener.
Mme Archambault: Les gens l'ont utilisé. Les gens sont
habitués d'utiliser ce recours-là. Il est utilisé.
M. Dufour: Pas nécessairement, mais en tout cas je suis
obligé d'écouter votre point de vue. Quelqu'un pourrait ne pas
avoir réagi ou II a réagi et il n'a pas évacué, par
exemple, la bâtisse. Supposons qu'il a eu un avis de dix jours - cela,
c'est pour en dedans de sept jours - que par inadvertance cela a duré
neuf ou dix jours. Dans le fond, ce n'est pas difficile pour le locataire de
juger s'il a sept jours pour partir, surtout si' c'est sept jours, ça
pourrait être huit ou neuf jours. Il y en a un pour qui c'est trois mois
d'avis. L'autre, c'est dix jours.
Mme Archambault: Les réparations en bas d'une semaine, il
ne faut pas se leurrer, ce ne sont pas de grosses réparations majeures.
S'il coupe l'eau pour une journée, des choses comme ça. Quand ce
sont vraiment des réparations majeures, en pratique ça va
être plus qu'une semaine. À ce moment-là ça va
être des avis de trois mois qui vont devoir être envoyés au
locataire.
M. Dufour: Quelqu'un qui demeurerait dans le logement et qui
aurait des préjudices ou des inconvénients auxquels il ne
s'attendait pas... On va faire telles choses, mais en défaisant le mur
on trouve d'autres choses. Cela amène une réparation beaucoup
plus grande Donc, il y a des préjudices. Il y a une condition abusive,
à mon sens plus grande que ce qui avait été prévu.
Est-ce que cette personne-là a des recours quelconques aussi dans le
Code du logement, le Code civil? (21 h 45)
Mme Archambault: Oui, elle a tous les recours déjà
prévus de diminution de loyer... Il y a même des ordonnances. Elle
conserve les mêmes recours déjà prévus au Code
civil.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est complet, M. le
député de Jonquière?
M, Dufour: Quand on parte de supprimer une condition abusive, on
pourrait ne pas modifier ni supprimer, cela pourrait être une
compensation qui est accordée pour cela...
Mme Archambault: Oui, oui.
M. Dufour:... ou si c'est vraiment une... Parce que supprimer ou
modifier, cela voudrait
dire que, au lieu de faire telle chose, on peut le faire de telle autre
façon. Vous pourriez aller jusque-là, mais cela pourrait
aussi...
Mme Archambault: Cela donne une grande discrétion au
régisseur pour pouvoir apprécier le cas d'espèce qui est
devant lui.
M. Dufour: Vous pourriez exiger d'améliorer; où il
n'y aurait pas de changement, à ce moment-là, vous pourriez
occasionner des pénalités, c'est cela?
Mme Archambautt: C'est-à-dire qu'on va lui dire qu'il
rembourse le locataire pour les dommages qu'il a subis.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à 1653. 1. 3?
M. Paré: Très rapidement. Je comprends ce que vous
dites et je ne veux pas qu'on l'enlève sauf qu'en termes bien simples
cela veut dire que, s'il ne veut pas être évacué - c'est
sur le principe de l'évacuation - il ne bouge pas. S'il accepte
l'évacuation, mais qu'il n'est pas d'accord avec les montants, la
durée ou la date, ou il ne bouge pas ou c'est lui qui vient à la
régie.
Mme Archambautt: C'est cela.
M. Paré: C'est un pouvoir qu'on lui donne de venir.
Mme Archambautt: C'est pour ne pas lui enlever ce qu'il a
déjà.
M. Paré: Ce qu'il a déjà. On en a
discuté.
Disons que cela se simplifie, mais ce n'est pas nécessairement
facile. D'accord. Cela va, pour ma part.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme Archambault, j'aurais
une question là-dessus. J'ai peut-être un exemple. Est-ce que ce
ne serait pas surtout pour aider la personne âgée qui
reçoit son avis et l'accepte? À un moment donné,
après un temps de réflexion, trois ou quatre jours après,
un de ses enfants vient et lui dit: Maman ou papa, tu n'as pas à
accepter cela. Il y a une condition abusive. Cela donnerait...
Mme Archambault: Cela va donner aussi une ouverture dans ces
cas-là.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est une clause typique
pour aider les personnes âgées?
Mme Archambault: Ce serait une façon d'ouvrir le
débat.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Est-ce que l'article
1653. 1. 3 est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1653. 1. 4?
M. Bourbeau: Les demandes, qu'elles soient produites à la
régie par le locateur ou le locataire, continueront à être
instruites et Jugées d'urgence. Dans tous les cas, elles auront pour
effet de suspendre l'exécution des travaux, sauf si la régie en
décide autrement.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
Interventions sur l'article 1653. 1. 4?
M. Paré: Juste un instant. Qu'est-ce qu'il pourrait faire
si le tribunal en décide autrement?
Mme Archambault: On l'a présentement dans la loi, à
l'article 1653. 1, mot à mot et, à ma connaissance... Il faut
dire que je n'ai pas fait le tour pour savoir si on a déjà
décidé autrement. Il pourrait arriver des travaux où c'est
nécessaire de les faire ou bien, par exemple, s'il s'avérait
qu'un locataire refuse les travaux qui doivent être faits ou des choses
comme cela. En tout cas, cette mesure donne une discrétion au tribunal
et c'est exactement ce qu'on a présentement. Cela n'a jamais
causé de problèmes.
M. Paré: C'est ce qu'on a présentement?
Mme Archambault: Oui. À l'article 1653. 1 du Code civil,
on a exactement cela: "La demande du locataire est instruite et jugée
d'urgence. Elle suspend l'exécution des travaux sauf si le tribunal en
ordonne autrement. "
M. Paré: Je comprends qu'on l'ait, mais j'essaie juste
d'en voir l'utilité. Pour quelles raisons en déciderait-il
autrement?
Mme Archambault: Cela pourrait être plaidé devant
elle, à un moment donné. Je dois vous dire franchement que je
n'imagine pas là les raisons parce que je n'ai pas de cas qui me
viennent à l'esprit sur cela. Je ne sais pas si... Je ne connais pas
d'exemple où cela s'est produit.
M. Paré: C'est pour cela.
Mme Archambault: Sauf que, pour le cas où cela se
présenterait à un moment donné où cela pourrait
être nécessaire, c'est une espèce de formule qu'on utilise
peu - oui et non - mais qui pourrait être d'utilisée. En tout cas,
elle n'a pas été utilisée abusivement jusqu'à
maintenant, sûrement pas.
M. Paré: Parce que c'est juste cela. On dit qu'on n'est
pas censé parler pour rien et écrire
des phrases inutiles.
Mme Archambault: Mais, pour le cas qui se présenterait,
à un moment donné, cela pourrait être très utile de
l'avoir.
M. Paré: Oui, je comprends cela sauf qu'habituellement si
on met dans ta loi - le législateur n'est pas censé parier pour
rien - des choses pour des mesures de sécurité, d'assurance ou de
protection, je peux comprendre et je ne suis pas contre au contraire, à
la condition qu'on puisse au moins... Habituellement, on le met en fonction
d'une possibilité, de quelque chose qu'on imagine et moi, je le regarde
et je n'en vois pas. C'est pour cela que je vous le demande. On a dû le
mettre là pour prévenir un cas particulier ou des cas même
très exceptionnels, mais cela serait quoi? J'aimerais juste avoir une
idée.
Mme Archambault: C'est vraiment une formule habituelle qu'on
retrouve dans toutes les lois où on donne un pouvoir
discrétionnaire de suspendre l'exécution des travaux sauf dans un
cas, à un moment donné, si c'était nécessaire,
à moins que le tribunal n'en décide autrement. On retrouve la
même chose dans la loi à laquelle je pense parce que je la connais
plus, la loi de protection du consommateur, par exemple. Si une décision
suspend un permis, elle reste là, et, si la personne va en appel, cela
maintient la suspension à moins que le tribunal n'en décide
autrement. C'est une espèce de pouvoir discrétionnaire pour
prévoir les cas qui peuvent, mais...
M. Paré: Bon, on ne le changera pas et quand j'aurai la
chance ou l'occasion de le retrouver dans une autre loi, je reposerai la
question pas nécessairement en espérant qu'on trouve une
situation, mais si je pouvais avoir une réponse qui m'éclairerait
pour les autres lois, je ne poserais plus jamais ta question. Ensuite je le
saurais.
Mme Archambault: Si jamais on en a un exemple, on vous
l'enverra.
M. Paré: Je vous remercie. Je lirai cela
attentivement.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1653.1.4 est
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article
1653.1.5.
M. Bourbeau: M. le Président, comme c'est le cas
présentement, le locataire continuera à ne pouvoir contester ni
la nature, ni l'opportunité des travaux. Cependant, il appartiendra
dorénavant au locateur de justifier le bien-fondé des conditions
prévues à l'avis. Auparavant, lorsque la demande était
produite par le locataire, il appartenait à ce dernier de faire la
preuve des conditions abusives.
M, Paré: Vous vous doutez, M. le ministre, que je ne serai
pas d'accord avec celui-là.
M. Bourbeau: Je n'ai qu'à relire les déclarations
du député devant la commission depuis le début pour
comprendre que le député n'est pas particulièrement
d'accord. Mais je signale au député qu'il a déjà
fait la revue de tout le problème, que son point de vue a
été largement exposé à plusieurs reprises et que,
quant à moi, si c'était pour faire plaisir au
député, je serais disposé à adopter le projet de
loi en demandant au Journal des débats de rapporter les discours
antérieurs du député et de les reproduire ici.
M. Paré: Je ne pense pas que ce serait possible parce que,
s'il fallait reprendre toute l'argumentation que j'ai utilisée sur ce
point-là, on dépasserait largement les 20 minutes. J'en suis
convaincu. Je vais quand même...
M. Bourbeau: Je peux t'aider.
M. Paré: Je vais quand même faire un petit bout
là-dessus. En fonction de tout ce dont on a parié depuis quelques
minutes - et j'ai trouvé cela très intéressant, je dois
dire - des exemples qu'on a utilisés et de l'argumentation pour
permettre au locataire de pouvoir contester l'opportunité de
l'évacuation, ce qui n'est pas du tout la même chose que
l'opportunité des travaux... On sait ce que cela veut dire. L'exemple
est tellement frappant, je ne veux pas reprendre toute l'argumentation de M.
Daigneault, parce que c'est lui qui nous amène effectivement la
meilleure argumentation par rapport à ce qui se passe vraiment. On dit
qu'on n'a pas le droit de contester la nature des travaux, mais on permet en
même temps au locateur de changer la nature du logement. À mon
avis, on doit considérer cela comme un bris de contrat. On ne respecte
pas ce sur quoi on s'était entendu avec des personnes de bonne foi qui
ont choisi un quartier, un logement en particulier, en fonction de leurs
besoins. Très souvent, ce ne sont pas des gens qui ont choisi en
fonction de quelque chose, mais ils sont là depuis tellement longtemps
et, finalement, on ne leur permet même pas de pouvoir conserver leurs
acquis. On s'en vient changer leur mode de vie. En fait, il s'agit du milieu de
vie plus que de la qualité du logement. Ce qu'il faut regarder
finalement, au-delà de la qualité du logement, c'est la
qualité du milieu de vie, le choix de vie pour des citoyens et
là-dessus, on a bien des exemples. Vous vous souvenez, en commission
parlementaire, ce qu'on a entendu sur le vécu des gens. C'est bon d'en
parler, c'est bon d'y voir, parce que, lorsqu'on a la préoccupation
d'aider des gens, quand on est dans une période où l'on parie de
qualité de vie, d'envi-
ronnement et de politique de la famille, on ne peut faire autrement que
de se soucier d'une façon importante du logement, de l'habitation en
général, mais du logement et pas seulement de la qualité
du logement, mais de la possibilité de conserver un logement à
son goût, à un prix acceptable.
Ce que je veux dire par la qualité du logement à un prix
acceptable, c'est qu'il y a des gens qui sont dans leur logement depuis
passablement longtemps. C'est sûr que cela fait en sorte que c'est moins
dispendieux parce que, dès que cela a été inscrit à
la Régie du logement, les augmentations annuelles sont acceptables ou
doivent être approuvées; si elles sont exagérées,
elles sont contestables. Une façon de changer cela, c'est de changer la
nature du logement, de faire des travaux qu'on appelle majeurs, non pas de
remise en état, mais d'amélioration en termes de changement. On
change des armoires, on refait la salle de bains au complet, on change des
fenêtres. Quand on a tout changé, on a changé la nature du
logement, c'est un contrat qu'on a changé.
Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission est suspendue
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 58)
(Reprise à 22 h 3)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Au moment de notre suspension, la
parole était à M. le député de Shefford sur
l'article 1653. 1. 5.
M. Paré: Oui. Je vais continuer parce que je ne
répéterai pas tout ce que J'ai dit. Il faut se préoccuper,
quand on parle d'habitation, du milieu de vie des gens, pas seulement de la
qualité globalement, mais du milieu de vie comme tel, du choix que font
les gens. Il faut penser aussi - et cela doit être notre
préoccupation parce que ce n'est pas ceux qui auront de l'argent
à faire qui ont à se préoccuper de cela, c'est nous - il
faut penser à faire passer l'humain avant les profits. Je pense que
c'est important parce que ceux qui risquent le plus d'être
touchés, finalement, ce seront encore une fois les plus démunis
et les personnes âgées. J'aimerais qu'on s'en préoccupe.
C'est la raison pour laquelle je dis; Si on enlevait cet article - je n'en
ferai pas une motion parce qu'elle va être battue de toute façon,
cela va juste amener une discussion inutile - si on retirait cet article, cela
voudrait dire qu'on pourrait aussi contester la nature des travaux et
probablement qu'il se ferait moins d'évictions. On respecterait ainsi
les engagements qu'on a pris ou, en tout cas, les objectifs qu'on s'est
fixés de préserva- tion du stock de logements locatifs et de
véritable protection des locataires en place.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau:... je suis d'accord avec le député
qu'il faut faire passer les humains avant les profits. Cependant, je ne suis
pas d'accord pour retirer l'article.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1653.
1. 5 est adopté?
M. Paré: Rejeté.
M. Bourbeau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, j'en conclus qu'il
est adopté sur division.
M. Paré: Disons qu'il est rejeté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): II est adopté sur
division.
M, Paré: Excusez-moi.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 1653. 2 et nous avons un papillon.
M. Bourbeau: M. le Président, quant à l'article
lui-même dont le principe se retrouve à l'actuel article 1653. 2
du Code civil, c'en est un de concordance. Il est nécessaire, vu les
modifications aux articles 1653 et 1653. 1 prévues au projet et les
amendements apportés à la Loi sur la Société
d'habitation du Québec sanctionnée en mars dernier, l'article 94.
1, entre autres, ayant été abrogé. Quant à
l'amendement, M. le papillon...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau:... M. le Président, quant à
l'amendement, il consiste à: "Insérer - en guise de papillon -
à la première ligne, après les mots "aucune contestation"
les mots "des conditions de réalisation des travaux". Vous aurez
compris, M. le Président, que cette précision est faite pour
indiquer que le locataire ne peut pas contester les conditions de
réalisation des travaux prévues à l'entente tout en lui
conservant quand même le droit de contester d'autres matières.
Le Président (M, Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des interventions
sur l'amendement?
M. Paré: Oui, simplement pour dire très rapidement
qu'il va falloir faire attention à ce que des programmes amènent
les exceptions et fassent en sorte qu'il y ait des clauses spéciales
pour la protection des locataires et qu'on fasse exercer par d'autres des
pouvoirs ou des responsabilités qui, normalement, relèvent de la
Régie du logement. Vous savez très bien ce que je veux dire. Le
programme PARCQ en est un exemple. Cela peut être avantageux à un
moment donné, à d'autres, cela peut l'être moins. Sauf que,
normalement, il y a une institution compétente qui existe et qui
s'appelle la Régie du logement pour les relations locataires-locateurs.
Parce qu'on amène un projet de loi ou plutôt un programme
gouvernemental, on fait en sorte que ces relations soient maintenant
régies par une autre société qui n'a pas pour but premier
de s'assurer de l'harmonisation des groupes et des individus, et il faudrait
sortir ici les buts et les objectifs de la Société d'habitation
du Québec pour s'apercevoir que cela rejoint indirectement la
rénovation, l'accès à la propriété,
l'amélioration du parc immobilier pour les relations entre les citoyens,
locataires et locateurs, il y a une régie qui existe, avec toute son
expertise, pour faire en sorte d'harmoniser les relations et que cela aille
bien. Par un programme, on fait exercer ces pouvoirs par une
société qui n'a pas comme but premier l'harmonisation de ces
relations entre les citoyens.
Il va falloir faire attention à cela, sinon il va y avoir des
exceptions, des dérogations aux lois de base dans les pouvoirs des
régies déjà existantes qui, normalement, doivent avoir
juridiction sur l'ensemble du territoire et des citoyens et non pas être
obligés de fonctionner avec un paquet d'exceptions, seulement parce
qu'un programme est sorti. C'est une inquiétude qu'on a
déjà manifestée et qu'on manifeste encore. La
Société d'habitation du Québec fait aussi un bon boulot,
ce n'est pas que je veux comparer les services l'un par rapport à
l'autre. Je veux seulement dire qu'il faut respecter la juridiction et les
responsabilités de chacune des régies ou des
sociétés du gouvernement et ne pas permettre de compliquer encore
une fois des fonctionnements ou du moins, des décisions que pourraient
prendre des citoyens. On vient dire à des gens: Votre organisme de
recours n'est plus la Régie du logement parce que votre
propriétaire a profité du programme PARCQ. Donc, on s'en vient
mêler et compliquer la vie des citoyens. À cause de cela, on va
être contre l'article 1653. 2.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Paré: L'amendement, oui, parce que cela vient exprimer
ou détailler encore davantage le contenu de l'article.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 1653. 2, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Paré: Adopté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur
division.
Est-ce que l'article 8, tel qu'amendé, est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Paré:
Surdivision.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. Reprise de
possession
J'appelle l'article 9 et nous avons un papillon.
M. Bourbeau: M. le Président, présentement, seuls
les propriétaires indivis d'un logement de quatre logements et moins
peuvent reprendre possession d'un logement. Le changement proposé fait
en sorte qu'un propriétaire indivis ne peut reprendre possession d'un
logement s'y trouvant, quel que soit le nombre de logements qu'un immeuble
comporte, afin d'éviter que les opérations spéculatives et
que les transactions d'achat en Indivision se multiplient entre la date de
présentation du projet de loi et l'entrée en vigueur de la loi.
Cet article ferme dès le 10 novembre 1987, date de présentation
du projet, la possibilité de reprendre possession d'un logement
situé dans un immeuble détenu en indivision.
Cependant, pour ne pas priver des acheteurs indivis de bonne foi de
l'exercice d'un droit que la loi jusqu'alors leur reconnaissait, cet article
prévoit que la reprise de possession dans le cas d'un immeuble
comportant quatre logements et moins pourra être exercée si le
titre de propriété est enregistré avant le 10 novembre
1987 ou s'il l'est avant le 1er juillet 1988 pour autant qu'au 10 novembre 1987
une promesse d'achat ou de vente avec acompte versé a été
signée.
La reprise de possession demeure possible si deux époux ou
concubins achètent conjointement un immeuble. Ce couple est alors
considéré comme un propriétaire unique et, à ce
titre, conserve le droit à la reprise de possession d'un logement pour
s'y loger ou y loger un membre de sa famille ou un parent dont il est le
principal soutien.
M. le Président, j'aimerais également proposer un
amendement à l'article 9 qui est l'article 1659 du Code civil et qui
se lirait comme suit: "a) Remplacer, dans le deuxième paragraphe,
le mot '1°" par le chiffre "15"; "b) Ajouter, à la fin, le
paragraphe suivant: "3° si l'immeuble comporte cinq logements
ou plus et que le titre du propriétaire a été
enregistré avant le 11 juin 1981 ou, dans le cas où ce dernier
était signataire d'une promesse d'achat ou de vente pour laquelle un
acompte ou des arrhes ont été versés antérieurement
à cette date, avant le 16 décembre 1981. "
M. le Président, vous aurez compris que cette modification est
effectuée pour s'ajuster au marché. Plusieurs des acheteurs ne
signent leur contrat de vente qu'à la toute fin de juin pour prendre
possession de l'immeuble en juillet, le délai de 15 jours permettra de
procéder à l'enregistrement et, d'autre part la deuxième
modification, au paragraphe b, est nécessaire pour conserver le droit
à la reprise de possession au propriétaire indivis d'un immeuble
de cinq logements ou plus dont le titre de propriété a
été enregistré avant le 16 décembre 1981. Ce droit
a été auparavant reconnu par l'article 136. 1 de la Loi sur la
Régie du logement et qui est abrogé par le présent projet
de loi. Sans cette modification, le propriétaire perdrait un droit que
le législateur lui avait reconnu en 1981.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. La
commission suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 15)
(Reprise à 22 h 17)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. Nous en sommes à
l'amendement à l'article 9.
M. Paré: Première question, dans l'amendement, afin
de remplacer "1er juillet "par" "15 juillet", je voudrais juste vous demander
d'en expliquer rapidement la raison.
M. Bourbeau: On parle de l'indivision là. Alors, les gens
qui auraient un droit garanti par la loi, un droit acquis, qui auraient
signé une offre d'achat avant le 10 novembre 1987, par exemple, avec un
dépôt d'acompte ou des arrhes, ont jusqu'au 1er juillet 1988 pour
enregistrer le contrat en vertu du projet pour ne pas perdre ce droit acquis.
Or, la Chambre des notaires nous a représenté que très
souvent les offres d'achat se signent quelques mois avant et que les contrats
notariés se signent, évidemment, quelques jours avant la prise de
possession. Comme, dans bien des cas, la prise de possession est le 1er
juillet, il y a beaucoup de contrats qui se signent en juin pour les
déménagements le 1er juillet, les prises de possession le 1er '
juillet. Mais comme, justement, il y a avalanche de contrats à la
même époque, les bureaux d'enregistrement sont parfois
débordés et on retarde de plusieurs jours l'enregistrement parce
que les registrateurs ne suffisent pas à la tâche. Disons qu'un
contrat est signé le 29 juin, il est possible que le notaire ne puisse
pas présenter l'acte à l'enregistrement avant le 3 ou le 4
juillet et qu'il soit indexé ou enregistré seulement deux ou
trois jours après. Alors, pour éviter que ces gens-là ne
perdent leurs droits uniquement parce que le délai d'enregistrement du
1er juillet n'a pas été respecté, on accorde quinze jours
de grâce.
M. Paré: Cela va pour l'amendement.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement à
l'article 9 étant adopté, nous revenons à l'article 9 tel
qu'amendé. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Paré: Une question.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je ne sais pas si c'est parce qu'il est plus de
22 heures et que je suis fatigué ou s'il y a quelque chose qui n'est pas
clair, mais je vais vous demander de m'éclairer.
M. Bourbeau: Vous avez de bonnes chances que ce ne soit pas plus
clair après la réponse.
M. Paré: J'ai confiance qu'il y a des gens autour qui vont
pouvoir nous éclairer. J'en suis convaincu. "2° si l'immeuble
comporte quatre logements ou moins et que le titre du propriétaire a
été enregistré avant le - et ici, c'est la date - 10
novembre 1987 ou, dans le cas où ce dernier était signataire
d'une promesse d'achat ou de vente pour laquelle un acompte ou des arrhes ont
été versés antérieurement à cette date,
avant le 15 juillet. "
Je comprends, à la suite de ce que vous avez dit, ce que cela
veut dire. Bon, antérieur à cette date, le 10 novembre 1987,
avant le 15 juillet 1988. Mais est-ce que c'est écrit comme il faut?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Archambault.
Mme Archambault: Le 10 novembre 1987. Si le titre de
propriété a été enregistré avant le 10
novembre 1987 ou, et là, on enlève ce qu'il y a entre virgules,
avant le 15 juillet 1988. Ce qu'il y a entre virgules, c'est la condition pour
qu'on puisse l'enregistrer uniquement le 15 juillet 1988.
M. Paré: D'accord. Cela marche. C'est le "ou" et ce qu'il
y a entre virgules pour se rendre ensuite à la date du 15 juillet.
Mme Archambault: C'est cela.
M. Paré: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 9, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Paré: Je savais qu'on trouverait quelqu'un pour nous
clarifier cela. Adopté.
M. Bourbeau: II n'y a rien de mieux qu'une avocate, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je le constate, M. le
ministre. Alors, nous sommes à l'article 10 et nous avons aussi un
papillon.
M. Bourbeau: Oui, M. le papillon... M. le Président, c'est
très volage...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau:... à cette heure-ci. J'ai un
président, M. le papillon...
Des voix: Ha, ha, ha!
Conversion d'un immeuble locatif en copropriété divise
(suite)
M. Bourbeau: L'article 10, M. le Président, en est un de
transition et veut assurer aux conseils des municipalités où la
conversion n'est pas Interdite par la loi le temps nécessaire pour
apprécier leur parc de logements et prendre les mesures qui s'imposent
afin de satisfaire aux besoins locatifs de la population. C'est ainsi qu'avant
le 1er juillet 1988 les seuls immeubles locatifs qui pourront faire l'objet
d'une demande de conversion devant la Régie du logement sont ceux dont
tous les logements sont occupés par des propriétaires indivis,
quelle que soit la municipalité où ils sont situés, ceux
situés dans une municipalité de la Communauté urbaine de
Montréal et dont le propriétaire a obtenu une dérogation
du conseil de cette municipalité, ceux situés ailleurs, si la
municipalité a adopté un règlement restreignant la
conversion ou la soumettant à des conditions, dont la
nécessité d'un consentement du conseil municipal.
Maintenant, M. le Président, je m'excuse. J'ai une modification
afin d'ajouter, à la fin du premier alinéa, les mots "de la Loi
sur la Régie du logement". Cette modification apporte une
précision techniquement nécessaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Paré: Sur l'amendement, il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement est
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous en venons à
l'article 10 tel qu'amendé.
M. Paré: Si je comprends bien, cela veut dire que, dans
toutes les municipalités du Québec où on permet la
conversion à l'heure actuelle, il ne peut pas y avoir de transformation
avant le 1er juillet 1988? "Aucun immeuble situé dans une
municipalité autre qu'une municipalité de la Communauté
urbaine de Montréal" - donc, toutes les municipalités du
Québec excepté celles de la Communauté urbaine de
Montréal - "ne peut être converti en copropriété
divise avant le 1er juillet 1988 à moins que la municipalité
n'ait adopté un règlement en vertu de l'article 54. 12. " "Ce que
peut faire une ville en dehors de Montréal par l'article 54. 12, ce
n'est pas permettre, mais c'est limiter? Je veux simplement que ce soit bien
clair. L'article 54. 12 dit: "... le conseil d'une municipalité autre
qu'une municipalité de la Communauté urbaine de Montréal
peut, par règlement: 'déterminer des secteurs ou
catégories d'immeubles, ou une combinaison des deux, où la
conversion en copropriété divise est interdite. " Donc, c'est
permis. Ce qu'ils peuvent faire par l'article 54. 12, c'est l'interdire
à des secteurs ou à des genres d'immeubles.
Deuxièmement, ils peuvent: "soumettre la conversion à des
conditions qui peuvent varier selon les secteurs, catégories
d'immeubles, ou combinaison des deux. " Donc, la conversion est encore
limitée. Et là ce qu'on vient dire, c'est: "Aucun immeuble
situé dans une municipalité autre qu'une municipalité de
la Communauté urbaine de Montréal ne peut être converti en
copropriété divise avant le 1er Juillet 1988. " Donc, cela veut
dire que cette levée de moratoire n'est pas possible avant le 1er
juillet 1988 à moins que la municipalité n'ait adopté un
règlement en vertu de l'article 54. 12. Si l'article 54. 12 est pour
limiter et non pas permettre, qu'est-ce que cela veut dire "à moins que
la municipalité n'ait adopté un règlement"? J'aimerais
essayer de comprendre.
M. Bourbeau: Cela veut dire que, si la municipalité n'a
pas adopté de règlement, si elle n'a rien fait du tout, s'il n'y
a aucune demande de conversion, il n'y a aucune conversion qui va se faire
avant le 1er juillet 1988. Cela, c'est la situation de départ, de base.
Mais, si la municipalité décide de prendre les devants et
d'adopter un règlement municipal avant le 1er juillet 1988, à ce
moment-là, selon le texte qui est devant nous, la Régie du
logement pourrait éventuellement recevoir une demande avant le 1er
juillet 1988, puisque, après, ce serait passé par le tamis de la
municipalité.
M. Paré: Bon. Je dois dire que je comprends très
bien votre premier raisonnement.
M. Bourbeau: Alors, M. le Président, on serait prêt
à accepter l'article 10.
M. Paré: Ah! non. Attendez un petit peu. Moi, j'attendais
toujours, car je pensais que vous étiez en consultation. Je reviens
à ce que j'avais comme questionnement, parce que je l'ai encore. Dans
votre première interprétation, votre première partie de
réponse, je suis d'accord. Cela veut dire que, si les
municipalités en dehors de la CUM ne font rien, il n'y a aucune
conversion possible avant le 1er juillet 1988. Cela veut dire qu'à
partir du 2 juillet 1988, même s'ils n'ont rien fait, toute conversion
est permise.
M. Bourbeau: C'est parce qu'on veut donner le temps aux
municipalités d'adopter un règlement, pour éviter qu'un
propriétaire, disons, qui aurait un immeuble dans une
municipalité qui aurait l'intention d'adopter un règlement se
précipite à la Régie du logement avant que la
municipalité n'ait eu le temps d'adopter son règlement. Donc, on
donne à la municipalité jusqu'au 1er juillet 1988 pour adopter un
règlement. Si, à cette date-là, elle n'en a pas
adopté, on tiendra pour acquis qu'elle n'a pas l'intention d'en adopter.
À ce moment-là, la régie recevra les demandes des
propriétaires.
M. Paré: Là-dessus, on s'entend, aucun
problème. C'est à partir de la dernière partie de
l'article 10, du premier paragraphe qui dit- "... à moins que fa
municipalité n'ait adopté un règlement en vertu de 54. 12.
" Cela voudrait dire un règlement qui permet la conversion. Alors...
M. Bourbeau: C'est-à-dire un règlement qui
restreint la conversion. Parce que la conversion est permise. La
municipalité, tout ce qu'elle peut faire dans 54. 12, c'est restreindre
la conversion. Parce que si..
M. Paré: Bon, c'est justement là que je ne
comprends pas. L'article 54. 12 permet de restreindre la conversion. L'article
10 vient restreindre dans le temps.
Une voix: C'est cela.
M. Paré: Comment, si l'article 10 vient restreindre encore
davantage et que l'article 54. 12 n'est pas pour le permettre, mais pour le
restreindre, peut-on le permettre maintenant? Je ne comprends pas. Je ne sais
pas si c'est l'heure. Dans l'article 54. 12, on dit que c'est permis dans
toutes les municipalités à l'extérieur de la CUM, sauf si
on le limite, on détermine des catégories ou secteurs d'immeubles
où ce n'est pas permis; de plus, on peut soumettre la conversion
à des conditions qui peuvent varier selon les secteurs,
catégories d'immeubles ou combinaison des deux. Donc, ce que l'article
54. 12 fait, il t'empêche dans des secteurs ou des catégories
d'immeubles Cela va? Donc, il s'en vient juste empêcher. Il ne s'en vient
pas donner plus de pouvoirs Mais comment, par des règlements, la
municipalité pourrait-elle le permettre avant le 1 er juillet?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que la règle
générale dans ces municipalités, c'est que c'est permis.
L'article vient dire: Oui, c'est permis, mais pas avant le 1er juillet 1988.
(22 h 30)
Le Président (M, Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je comprends ce sur quoi on veut insister,
finalement, c'est qu'on veut que les municipalités agissent plus vite
pour faire leur réglementation d'une certaine façon si les
pressions sont fortes.
M. Bourbeau: Je ne dirais pas que c'est pour leur permettre
d'agir plus vite, c'est pour éviter que quelqu'un soit plus vite qu'une
municipalité qui agirait normalement. Une municipalité, pour
adopter un règlement semblable, doit prévoir prendre deux, trois
mois pour faire préparer les règlements, envoyer les avis
publics, etc. Donc, cela prend un certain temps pour adopter un
règlement municipal. SI on n'avait pas cette période-là,
un propriétaire rapide pourrait passer en avant; alors, c'est pour lui
donner le temps de..
M. Paré: Là-dessus, je ne reviendrai pas
nécessairement sur le fond du dossier, mais très rapidement sur
une lettre que vous avez reçue. Vous en recevez du courrier, cela doit
être effrayant!
M. Bourbeau: Ce n'est rien, le député ne
reçoit pas copie de toutes les lettres que je reçois.
M. Paré: C'est pour vous montrer à quel point la
copropriété peut amener certains problèmes. C'est une
lettre qui vous est envoyée par l'Association pour la protection de
l'accès au fleuve à Brossard. Vous connaissez certainement
cela.
M. Bourbeau: Dans la banlieue de Saint-Lambert.
M. Paré: Banlieue de Saint-Lambert, tout près de
chez vous. Je ne sais pas si les gens seront contents d'entendre cela comme
réflexion: banlieue de Saint-Lambert.
M. Bourbeau: Ce n'est pas dans mon comté, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Vous voyez qu'il ne s'agit même pas de
conversion, il s'agit tout simplement de construction et c'est sûr que
c'est dans un beau coin avec vue sur Montréal; accès facile
à Montréal donc, on ne peut pas être contre le
développement, on ne peut pas être contre le fait que des
gens veulent profiter au maximum d'avantages semblables sauf qu'il y a des
inquiétudes de qualité de vie pour les gens déjà
installés, les autres résidents de Brossard. Je n'en ferai pas un
débat de 20 minutes, n'ayez pas peur, je veux juste vous sensibiliser au
fait que là on permet la conversion par la transformation. Je me
rappelle les discours qu'on a entendus, on disait qu'il n'y avait vraiment pas
de problème en dehors de la Communauté urbaine de
Montréal, ou beaucoup moins, à part Québec. Dans les
autres villes, on en retrouvait moins. Et là, juste de l'autre
côté de chez vous, vous voyez qu'il y a des problèmes,
même en ce qui a trait aux édifices neufs. La
copropriété c'est un très beau mode d'accès
à la propriété. On a toujours dit qu'on était
favorable à cela à la condition que ce ne soit pas sur le dos des
autres et surtout des plus démunis.
Mais là il y a des problèmes même à
l'extérieur de Montréal, dans la banlieue de Montréal.
Cela veut dire que le fait de diviser, finalement, les territoires:
Montréal contre la banlieue, et tout cela... On vous disait de faire
attention en présentant une loi qui ne s'appliquerait pas de
façon intégrale sur l'ensemble du territoire surtout quand on
connaît l'homogénéité de Montréal et de sa
banlieue immédiate, surtout la rive sud. Les pressions qui vont
être créées, les craintes qu'on va avoir et, en plus,
l'accès à la copropriété dans d'autres
municipalités amènent d'autres genres de problèmes sur
lesquels il va falloir se pencher. À ce moment-ci, ce n'est pas la loi
87 qui inquiète les gens, c'est simplement qu'on permette de la
copropriété nouvelle malgré la protection qu'il y avait.
Comme la vente va bien, on est en train de faire ce que des personnes
dénoncent à New York ou ailleurs.
Je ne sais pas si vous avez lu la lettre - je vous incite à la
lire, elle est récente; elle date du 30 octobre - dans laquelle on dit
que "Brossard détient te seul accès intéressant au fleuve,
le seul accès encore vierge de toute la région
métropolitaine de Montréal. Il serait dommage pour les
générations qui nous suivent qu'au moment où Longueuil,
avec subventions provinciales, investit pour récupérer ses berges
la ville de Brossard surcharge ainsi un site splendide" sous prétexte,
comme le précisait dernièrement la mairesse Mme Lepage, des
apports financiers intéressants que ces investissements
représentent pour la municipalité.
On voit très bien que des municipalités, à mon
avis, vont se dépêcher à adopter un règlement.
Effectivement, pour les municipalités, la copropriété
représente un ajout Important de revenus. J'espère que vous allez
- je ne sais pas si vous pouvez - intervenir directement dans le cas de
Brossard, que vous allez en prendre connaissance le plus vite possible et, s'il
y a matière à intervenir, que vous allez le faire parce
qu'effectivement il y a... Ensuite, quand c'est bâti, il est trop tard
pour récupérer. On mettra beaucoup d'argent pour la
récupération des berges et la qualité de l'environnement.
Il y a des tours qui se bâtissent à Brossard et qui atteignent 8,
10, 12, 15 étages et même plus. Quand le terrain va être
occupé, on va se ramasser avec une qualité de vie qui risque,
pour l'ensemble de la population, d'être détériorée.
Un groupe privilégié, seulement, va avoir accès à
ce lieu réservé, cet accès de vue et cette
possibilité d'accès, même physique, au fleuve.
Je dois vous dire que ce sont des sujets Importants, d'où la
crainte que j'avais et que je continue d'avoir sur le fait que, dans toutes les
municipalités en bordure de la ville de Montréal, il va y avoir
des règlements qui vont passer très rapidement. Il va y avoir
beaucoup de conversions et, en plus d'avoir des conversions, il va y avoir des
pressions sur Montréal. Le comité de quelques conseillers
municipaux membres du comité de sélection vont devoir
réagir rapidement, À mon avis, beaucoup de transformations vont
se faire, même à Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Loin de moi l'Idée de vouloir porter un
jugement sur l'administration de la ville de Brossard, que je connais assez
bien. Personnellement, je connais assez bien l'administration pour pouvoir dire
qu'il m'apparaît que c'est une administration sérieuse qui fait un
bon travail. Ce sont des gens qui ont une commission d'urbanisme dont te
travail est bien apprécié.
Dans le cas des terrains dont on parle, je présume que le zonage
devait prévoir depuis longtemps la construction d'immeubles Bien
sûr, lorsqu'on construit, quel que soit l'endroit, des appartements en
hauteur, il y a toujours des gens à côté à qui cela
ne plaît pas parce qu'il y a toujours une certaine obstruction de vue. Je
ne saurais dire si le zonage prévoyait depuis longtemps des immeubles
semblables mais je prends note des remarques du député à
cette heure tardive de la journée.
M. le Président, Je conclus en disant que j'ai l'Impression que
le député lit ma correspondance encore plus rapidement que je ne
puis le faire moi-même. Si le député voulait s'engager au
cabinet du ministre, on pourrait peut-être lui donner un travail de
rédacteur en chef du courrier du ministre. Peut-être qu'il y
aurait moyen d'organiser cela.
M. Paré: Non, je n'y tiens pas, M. le ministre, je
préfère qu'on se fasse ici, en commission et ailleurs, les
interlocuteurs de gens qui ont des choses à dénoncer. Ce qu'ils
vous demandent, finalement, c'est de vous prévaloir de l'article 158 de
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme en déclarant zone
d'intervention spéciale à des fins écologiques et
récréatives ta zone non construite sur le bord du fleuve.
Comme société, il va falloir se poser la question à
savoir si, pour certains profits, on laisse la construction se faire un peu
partout, pour ensuite être pris à développer ailleurs des
parcs permettant une qualité de vie à l'ensemble des citoyens,
non pas seulement à quelques-uns qui ont la chance ou les moyens
d'accéder à ce genre de propriété. Cela vaut la
peine d'y regarder de près.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas lu
personnellement la lettre dont parle le député, je le ferai
peut-être dans les jours qui viennent, mais, selon ma connaissance de la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, le concept de la zone
d'intervention spéciale n'a pas été prévu pour
s'appliquer à des cas comme celui dont parle le
député.
H. Paré: Je vous invite à le regarder de près pour
le voir. Vous devez y passer régulièrement; même moi qui y
passe moins souvent, je suis très conscient du développement qui
s'effectue là. Vous devez vous assurer, que ce pouvoir existe ou pas, si
jamais il y en avait un, qu'on ne dise pas: J'aurais donc dû, mais qu'on
prévienne plutôt.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 10 tel
qu'amendé est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Paré: II va être adopté sur division parce
que c'est la levée du moratoire qu'on a dénoncée depuis le
début.
Le Président (M. Saint-Roch): II est adopté sur
division.
J'appelle les nouveaux articles 10. 1 et 10. 2.
M. Bourbeau: Je comprends que le député ait
voté contre, non pas parce qu'il est contre le projet de loi, mais pour
être conséquent avec ce qu'il a déjà dit.
M. le Président, j'aimerais ajouter les articles 10. 1 et 10. 2.
L'article 10. 1 qu'on ajouterait après l'article 10, bien entendu, se
lirait comme suit: "La présente loi ne s'applique pas à
l'immeuble faisant l'objet d'un jugement déclaratoire statuant que
l'article 51 de la Loi sur la Régie du logement tel qu'il existait avant
le (indiquer ici la date d'entrée en vigueur de la présente loi)
ne s'y applique pas, pourvu que la requête pour ce jugement ait
été produite avant le (indiquer ici la date d'entrée en
vigueur de la présente loi). Doit être jugée suivant ledit
article toute requête visant l'obtention d'un tel jugement si elle a
été présentée avant... " C'est la même
date.
L'article 10. 2. M. le Président, est-ce qu'on doit lire les
amendements ou si on peut demander à l'Opposition... Si l'Opposition a
pris connaissance des amendements, je me dispense- rais de les lire.
M. Paré: Oui, cela va. Étant donné que c'est
une mesure de transition, il n'y a pas de problème.
M. Bourbeau: Ce que je pourrais dire, M. le
Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que c'est
adopté, M. le député?
M. Paré: À moins que le ministre veuille
compléter quelque chose. Non? Adopté.
Le Président {M. Saint-Roch): L'amendement à
l'article 10. 1 étant adopté, j'appelle l'article 11.
M. Bourbeau: M. le Président, cet article se passe de
commentaires.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 11 est
adopté?
M. Paré: Si on l'adopte, on va pouvoir revenir aux autres
articles sans problème.
Le Président (M. Saint-Roch): Le projet de loi n'est pas
adopté.
M. Paré: Adopté. Vous voyez, M. le ministre, comme
on est collaborateur...
M. Bourbeau: Cela aurait été assez extraordinaire
si le député avait réussi à faire un discours de
vingt minutes sur l'article 11, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Si vous me le permettez, je
vais maintenant rappeler les articles qui étaient restés en
suspens. Je rappelle l'article 54. 1. Nous avons un amendement.
M. Bourbeau: M. le Président, ['article 54. 1 vient
préciser les règles d'introduction...
M. le Président, vous me permettrez de commencer par la
modification de l'article 54. 1; je ferai le commentaire général
après, s'il n'y a pas d'objections.
Le Président (M. Saint-Roch): Je n'ai pas d'objections, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Le papillon qui était très volage, M.
le Président, puisqu'on n'a pas réussi à le faire adopter
à temps, vise à insérer, dans la deuxième ligne,
après le mot "produite", les mots "à la régie" et,
deuxièmement, vise à remplacer, dans la quatrième ligne,
les mots "accordant une dérogation" par les mots "de la
municipalité accordant une dérogation ou une autorisation".
Dans le premier cas, la modification est
techniquement nécessaire pour clarifier le texte. Dans le
deuxième cas, il s'agit d'une modification de concordance avec l'article
54.12 qui précise le pouvoir réglementaire des
municipalités situées à l'extérieur de la
communauté urbaine de Montréal de prévoir que la
conversion peut être soumise à l'autorisation du conseil de la
municipalité.
Quant à l'article, lui-même, il vient préciser les
règles d'introduction d'une demande d'autorisation de convertir un
immeuble locatif en copropriété divise. Il remplace l'actuel
article 52 de la Loi sur la Régie du logement. Seul le
propriétaire de l'immeuble pourra introduire une demande d'autorisation
de convertir à la régie. Nous avons éliminé la
possibilité pour un promettant acquéreur d'un immeuble de faire
cette demande puisque ce dernier n'a aucun lien avec le locataire et que les
obligations et Interdictions qui découlent de l'émission d'un
avis d'intention incombent au propriétaire de l'immeuble et non pas
à un promettant acquéreur. (22 h 45)
L'article précise que la demande doit être
accompagnée de l'autorisation ou du certificat municipal si la
municipalité où est situé l'immeuble a
réglementé la conversion ou de la résolution accordant une
dérogation si l'immeuble est situé dans une municipalité
de la CUM. il précise également le moment où la demande
doit être faite, soit dans les six mois de l'avis d'intention ou, si une
approbation municipale est nécessaire dans les six mois de l'approbation
municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 54.1 tel qu'amendé?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 54.1 étant
adopté...
Une voix: ...tel qu'amendé.
Le Président (M. Saint-Roch): ...tel qu'amendé,
oui, j'appelle maintenant l'article 54.2. Et nous avons un papillon.
M. Bourbeau: L'article 54.2, M. le Président, remplace
l'actuel article 53 pour indiquer dans la loi, et non pas dans le
règlement, les motifs du refus d'une demande d'autorisation de convertir
par la régie. Ces motifs de refus sont les suivants:
Premièrement, l'immeuble a déjà fait l'objet de travaux en
vue de le préparer à la conversion et d'évincer un
locataire; deuxièmement, un logement a déjà fait l'objet
d'une reprise de possession illégale. Si la régie refuse pour ces
motifs, l'immeuble ne pourra faire l'objet d'une nouvelle demande
qu'après un délai de trois ans du refus.
À l'occasion d'une demande, la régie doit tenir une
audition à laquelle sont convoqués les locataires au moyen d'un
avis d'audition que la régie elle-même doit émettre. De
plus, comme il s'agit d'une demande relative à la conversion de
logements locatifs, l'article 70 de la Loi sur la Régie du logement
s'appliquera. Dès que la régie sera saisie d'une demande
d'autorisation de convertir elle devra faire afficher sur l'immeuble un avis,
facilement visible des passants, et pourra faire publier un avis public. Cet
avis indique que toute personne peut faire des représentations
écrites sur la demande. La régie peut également tenir une
audition publique et entendre toute personne qui a fait des
représentations.
Les locataires, voire des anciens locataires, pourraient donc
témoigner de la mauvaise, conduite d'un propriétaire qui aurait
fait des travaux dans le but de convertir et d'évincer les locataires ou
qui aurait repris possession illégalement d'un logement.
Quant au papillon, M. le Président, II vise à remplacer
l'article 54.2 par (e suivant - L'Opposition a déjà reçu
copie du papillon, M. le Président, et je voudrais simplement signaler
que ce qu'on ajoute dans le papillon par rapport à ce que j'ai
déjà dit c'est au paragraphe 2°: "lorsqu'un logement a
déjà fait l'objet d'une reprise de possession Illégale ou
faite en vue de convertir l'immeuble en copropriété divise."
Et on ajoute un troisièmement: "lorsque, dans les cinq
années précédant sa demande, le propriétaire a
été déclaré coupable à une Infraction
à l'article 112.1 envers un locataire d'un des logements de l'immeuble
et pour laquelle il n'a pas obtenu le pardon. Dans ces cas, une nouvelle
demande ne peut être produite qu'après un délai de trois
ans du refus. La régie ne peut refuser l'autorisation pour le motif que
l'intention comporte un vice de forme ou n'a pas été donné
au locataire, si le propriétaire démontre que locataire n'en a
subi aucun préjudice." Et, à ce sujet, il pourrait se produire
des cas où, sans qu'il ait effectué des travaux majeurs ou sans
qu'il ait repris Illégalement possession d'un logement, un
propriétaire puisse néanmoins avoir causé des gestes de
harcèlement envers ses locataires pour obtenir leur départ des
lieux. La régie doit avoir la possibilité de sanctionner de tels
agissements. L'amendement lui permet de refuser son autorisation lorsque le
propriétaire a été condamné au pénal au
cours des cinq ans précédant la demande. Ce dernier devra
attendre trois ans avant de déposer une nouvelle demande concernant cet
immeuble.
L'article est également modifié pour prévoir que la
régie doit refuser son autorisation lorsque la reprise de possession
d'un logement a été effectuée dans le but de convertir
l'immeuble.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il
y a des interventions sur l'amendement?
M. Paré: Disons que l'amendement apporte plus de
détails, donc plus de spécifications à ce qu'on retrouve
déjà dans l'actuel projet de loi. Par contre, on y garde encore,
à mon avis, des lacunes importantes. Entre autres, "la régie doit
refuser l'autorisation de convertir: 1° lorsque l'immeuble a
déjà fait l'objet de travaux en vue de le préparer
à la conversion et d'évincer un locataire; " On en a parlé
tantôt - Je ne me souviens plus à quel article - c'est quand on
parlait de l'annexe I, de ce qui apparaît dans les mentions obligatoires.
II me semblait avoir compris, à ce moment-là, qu'on pouvait y
référer parce qu'on pouvait reculer jusqu'à cinq ans en
arrière. C'est ce que j'avais pu comprendre, lorsqu'il y a des travaux
majeurs qui sont effectués, alors qu'ici, ce n'est pas ce que cela dit:
"Lorsque l'immeuble a fait l'objet de travaux en vue de le préparer
à la conversion et d'évincer le locataire; * il n'y a pas de
prescription dans le temps. À ce moment-là, cela veut dire quoi?
Je reviens à l'argumentation que je tiens depuis le début. Comme
il n'y a pas d'historique parce qu'il n'y a pas d'enregistrement des baux, s'il
n'y a pas de plainte qu'il y a des travaux d'effectués, la régie
va se baser sur quoi pour refuser? Si le locataire a décidé de
partir, le propriétaire a fait les travaux, peut-être même
de bonne foi - je donnais un exemple où il peut l'avoir fait de bonne
foi - et décide que, maintenant, il peut le vendre parce qu'il est
restauré. Quelqu'un le trouve beau: Je t'achèterais cela. Comment
va-t-on prouver, étant donné qu'il n'y a pas d'enregistrement de
baux, qu'il n'y a pas de locataire qui se plaint, donc n'ayant pas de
plainte.,. La régie va se baser sur quoi pour dire que les travaux ont
été effectués et qu'ils ont pu l'être, par contre,
dans le but d'évincer? Il n'y a plus personne pour se plaindre. Comment
la régie pourra dire qu'elle le refuse parce que les travaux ont
été effectués dans le but d'évincer s'il n'y a pas
eu d'avis d'intention qui a été donné avant?
C'est ce que l'on dit. Le propriétaire n'a qu'à faire les
travaux avant d'envoyer l'avis et ce sera très difficile de prouver que
cela a été fait en vue de, même s'il y a un avis qui est
donné tout de suite après. Il faudrait mettre en doute la bonne
foi de l'individu qui a décidé de faire des travaux de
rénovation. C'est ma première remarque.
La deuxième porte sur le deuxième paragraphe: "lorsqu'un
logement a déjà fait l'objet d'une reprise de possession
illégale ou faite en vue de convertir l'immeuble en
copropriété divise; " C'est encore la même chose, Comment
le prouver?
Dans te troisième, les cinq ans qui précèdent, je
pensais le retrouver dans le premier paragraphe qui référait
à l'historique, ou le fait que l'on puisse dire que, s'il y a eu des
travaux majeurs dans les cinq ans, on le refuse. Ce n'est pas cela. On le
refuse seulement si le propriétai- re a été
déclaré coupable d'une Infraction en vertu de l'article 112. 1.
Oui, c'est plus en détail, sauf que cela ne donne pas plus de pouvoir au
locataire et cela ne donne pas à la régie plus d'historique pour
être capable d'y référer. Cela ne permet pas plus au
locataire de se plaindre. Comment pourra-t-on prouver que c'est une reprise de
possession? Ce ne sera pas une reprise de possession, non... On ne pourra pas
prouver que ce sont des travaux majeurs effectués en vue de
convertir.
L'autre argument que j'avais c'est dans le dernier paragraphe, qui se
trouvait être le deuxième paragraphe de l'article 54 actuel,
où on dit: "La régie ne peut refuser l'autorisation pour le motif
que l'avis d'intention comporte un vice de forme ou n'a pas été
donné au locataire, si le propriétaire démontre que le
locataire n'en a subi aucun préjudice. " Il peut bien n'avoir subi aucun
préjudice sauf que, juste le fait qu'il soit parti parce qu'il n'a pas
été avisé, c'est déjà un préjudice,
surtout après la discussion qu'on a eue cet après-midi, s'il peut
exiger jusqu'à 16 000 $ pour son droit de maintien dans les lieux. Si
cela devient un outil de marchandage, du "bargaining power", à ce
moment-là il y a un préjudice presque automatique. Il ne peut pas
l'utiliser parce qu'il n'a pas été avisé.
Comme on retrouve à l'article 52 l'énoncé suivant:
"donner à chacun de ses locataires un avis de cette intention conforme
au modèle... ", on pourrait presque retirer ce dernier paragraphe car,
si c'est conforme, cela veut dire qu'il ne peut pas y avoir de vice de forme.
C'est l'argumentation que je tenais il y a déjà quelques jours et
que je tenais cet après-midi aussi quand on est arrivés à
l'annexe I.
Donc, ce sont mes commentaires. Est-ce que vous en avez sur ce que je
viens de dire? J'en ai plusieurs autres mais je vais essayer de faire cela
vite. Vous ne pouvez pas dire que je suis long.
M. Bourbeau: M. le Président, j'apprécie les efforts de
célérité du député de Shefford mais je
remarque qu'au cours des derniers jours, j'ai déjà répondu
in extenso à toutes ces questions-là, M. le Président. Si
le député de Shefford prend la peine de relire le Journal des
débats dans les prochains jours, il verra que j'ai répondu
complètement à toutes ces questions, enfin, à la plupart.
Il y en a peut-être une qui est nouvelle. Je n'ai pas d'objection
à reprendre encore tout ça mais je présume que le
député se souvient de mes réponses. Est-ce qu'il veut que
je les lui répète encore? Il me semble qu'on pourrait simplement
le référer au texte...
M. Paré: Juste à une question. Vous admettrez avec
moi que s'il n'y a pas de prescription dans le temps le locataire pourra
reculer finalement jusqu'à dix ans. On dit: Si ça ne porte pas
préjudice au locataire. Avec ce dont on a discuté, la
possibilité de vendre son droit, il ne
pourra pas prouver en tout temps qu'il y a eu préjudice. Il a
perdu une occasion de vendre un droit qui lui est accordé en vertu de la
nouvelle loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Archambault.
Mme Archambault: La question du préjudice que le locataire
aurait ou n'aurait pas subi, ça concerne uniquement l'avis d'intention,
ça ne va pas chercher l'acceptation qu'un locataire pourrait faire. Si
un locataire peut vendre son droit au maintien dans les lieux, ça ne va
pas chercher ça là. C'est juste l'avis d'intention. Dans les
autres cas où des travaux majeurs auraient été faits en
vue de convertir et d'évincer le locataire, on ne va pas chercher la
question de préjudice. La régie doit refuser l'autorisation. Pour
couvrir tous les cas de reprise de possession autres que même des
illégales - celles qui auraient pu être, dans un premier temps,
accordées même légalement par la régie et dont il
s'avérait par la suite que cela aurait pu être fait en vue de
convertir - on a justement ajouté ça pour couvrir ces
cas-là s'il s'en présentait.
La défense du préjudice c'est juste pour la question de
l'avis d'intention. C'est ce qu'on retrouve systématiquement dans la Loi
sur la protection du consommateur, entre autres. Il y a un article qui
prévoit des recours dans les cas, par exemple, où les contrats ne
seraient pas respectés. I! y a des contrats qui doivent être
conformes à un règlement. C'est toujours la même chose,
s'il n'y a pas de préjudice subi par le consommateur ou par le
locataire, dans le cas présent, il n'y a pas de recours. Finalement, il
n'a pas subi de préjudice.
M. Paré: Je reviens à ce que je disais
tantôt. Ce que dit le nouvel article 54. 2, c'est que la régie
doit refuser l'autorisation de convertir...
Mme Archambault: Elle n'a pas le choix.
M. Paré: ... lorsque, premièrement, l'immeuble a
déjà fait l'objet de travaux en vue de le préparer
à la conversion et d'évincer un locataire.
Mme Archambault: D'accord.
M. Paré: S'il n'y a pas de prescription dans le temps,
est-ce qu'il n'y a pas un danger?
Mme Archambault: C'est justement pour laisser ça ouvert le
plus possible. Le premier article dit... On peut même donner une
Indication de ça. L'article 51 dit qu'il faut que l'immeuble ait
comporté un logement au cours des dix dernières années. Il
n'est pas utopique de penser que les régisseurs qui siégeront
pourront, s'ils le veulent, remonter jusqu'à dix ans dans l'historique
de l'immeuble, aussi loin que ça. C'est pour laisser la plus grande
discrétion possible afin de remonter dans le temps et aller chercher les
travaux majeurs qui auraient été faits pour évincer des
locataires.
M. Paré: Dans votre esprit, c'est dix ans?
Mme Archambault: Ça peut aller jusqu'à dix ans. Si
j'avais à siéger, ça ne me gênerait pas de remonter
jusqu'à dix ans comme régisseur.
M. Paré: Si on se permet d'être aussi clair dans
l'article 54. 1, pourquoi ne l'est-on pas dans l'article 54. 2 en
matière de prescription?
Je ne l'ai pas lu, mais en vous écoutant vous avez dit: On
retrouve dans 54...
Mme Archambault: Dans 51...
M. Paré: Dans 51, excusez. On retrouve à l'article
51 un délai de dix ans. On est clair à l'article 51 et on ne
l'est pas à 54. En voulant être plus clair, on l'est moins
finalement. Pourquoi ne met-on pas une prescription de dix ans puisque...
Mme Archambault: C'est parce que là, dans tous les cas, il
y a des cas où, finalement-Pratiquement, en audition, comment va-t-on...
Si ça s'arrête à un moment donné dans le temps,
ça ne donne rien de forcer, dans tous les cas, à courir dix ans
en arrière. Si on est satisfait au bout de trois ans, à savoir
que des travaux majeurs ont été faits en vue d'évincer le
locataire, on ne remontera pas dix ans en arrière. On va arrêter
là. Ça va être suffisant pour dire qu'on refuse
l'autorisation.
Il y a une discrétion d'enquête donnée au
régisseur. À partir du moment où il constatera qu'il y en
a eu, il doit refuser l'autorisation.
M. Paré: Je trouve que c'est pas mal
discrétionnaire. À mon avis, l'idéal serait quand
même une prescription dans le temps. C'est probablement pour ça
qu'on va s'opposer. Ça va être adopté sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 54. 2 est adopté?
M. Paré: Sur division. (23 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. Est-ce que
l'article 54. 2 tel qu'amendé... Il est adopté sur division.
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 54. 3 et
nous avons un papillon.
M. Bourbeau: Je commence par le commen-
taire sur la modification, M. le Président. Il s'agit de
remplacer l'article 54.3 par le suivant: "54.3 La décision de la
régie autorisant la conversion de l'immeuble doit Identifier les
locataires à rencontre desquels la reprise de possession ne peut
être exercée." Il s'est avéré inutile de conserver
à la régie te pouvoir d'imposer des conditions
supplémentaires étant donné que les locataires sont
déjà adéquatement protégés par la
législation sur le logement locatif et conservent l'exercice de tous
leurs recours relativement aux droits et obligations résultant du bail
advenant l'inexécution d'une obligation par le propriétaire.
L'article prévoit, M. le Président, que la décision devra
identifier les locataires ayant droit au maintien dans les lieux pour une
période illimitée, c'est-à-dire ceux dont le logement ne
pourra faire l'objet d'une reprise de possession. Il est important que la
décision, qui est un document public et officiel, contienne les noms de
ces locataires. Cette décision devra être annexée à
la déclaration de copropriété pour être
enregistrée au bureau d'enregistrement, comme on l'a vu à
l'article 54.4.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement?
M. Paré: C'est exactement ce qu'on disait. Cela n'a pas
changé le fond du problème comme tel Même si cela identifie
les locataires à rencontre desquels la reprise de possession ne peut
être exercée, cela a beau les identifier, cela n'empêchera
pas de diminuer le stock de logements locatifs. Même s'ils sont
identifiés, dès qu'on a permis la transformation, cela veut dire
une augmentation très importante des coûts pour les locataires en
place. On l'a vu dans la loi, cet après-midi. Dès qu'on permet la
conversion, il y a une augmentation considérable de l'évaluation.
Une maison de trois logements évaluée à 100 000 $ risque
d'être évaluée au-dessus de 200 000 $ parce que chaque
logement devient une entité sur le rôle d'évaluation, une
augmentation considérable. Cela veut dire que même si cela ne
coûte pas plus cher en eau et en vidanges - c'est le même nombre
d'individus qui demeurent dans l'édifice - il y a augmentation des taxes
et des frais de conversion.
Je ne reviendrai pas sur toutes les transformations, mats on sait
qu'elles sont possibles avant l'avis. On sait qu'elles sont possibles
dès qu'il y a une majorité de propriétaires
résidents. Tout cela va faire en sorte que, finalement, tous ceux qui
sont à la limite de leur capacité de payer vont -devoir quitter.
Donc, le droit au maintien dans les lieux, c'est très symbolique. C'est
symbolique dans le sens qu'ils ne pourront pas payer. Donc, on peut le mettre
dans la loi, cela fait un beau discours, mais connaissant, en plus, le nombre
de déménagements annuels des locataires à Montréal
- je pense que c'est 70 000 ou 90 000 par année - il y en a plusieurs
qui vont perdre en déménageant. Comme, de plus, ce n'est pas
transférable, c'est évident que cela va diminuer de plus en plus
et que la conversion va se faire de plus en plus. C'est beau de
reconnaître ces gens-là si cela peut leur permettre, à
partir de ce qu'on a discuté cet après-midi, un droit de
"barguiner" ce maintien - peut-être que quelques-uns vont faire de
l'argent - mais cela ne respectera pas du tout les objectifs qu'on
s'était fixés de conserver le stock de logements locatifs, j'en
suis convaincu. On ne pourra pas être d'accord avec l'article tel
qu'amendé.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 54.3
tel qu'amendé est adopté?
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 54.5.
Nous avons un papillon.
M. Bourbeau: Pour ce qui est de l'article 54.5, M. le
Président, je vous rappelle qu'en 1975 l'absence de règles de
protection des acquéreurs était l'un des facteurs à
l'origine du moratoire sur la conversion des immeubles locatifs en
copropriété divise. Des acquéreurs, par manque
d'information sur la qualité de l'immeuble, se retrouvaient au lendemain
de leur achat devant des dépenses de rénovation qu'ils n'avaient
pas prévues. De plus, il peut être difficile à l'acheteur
d'une unité convertie d'évaluer lui-même la qualité
de l'immeuble et des parties communes. Pour la circulaire d'information, il
s'agit, pour les copropriétés dont l'administration est plus
complexe, de donner des renseignements également sur cette question. Par
la modification ou le papillon, M. le Président, nous voulons remplacer
le premier alinéa par le suivant: "Le propriétaire doit, avant la
première vente de chaque logement de l'immeuble, remettre à
l'acquéreur éventuel un rapport d'expert ainsi qu'une circulaire
d'information."
Vous aurez compris que l'acquéreur d'un logement aura toutes les
informations favorisant une prise de décision éclairée.
Quel que soit le nombre de logements que comporte l'immeuble, le rapport
d'experts et la circulaire d'information devront lui être remis.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions
sur l'amendement?
M. Paré: Adopté avec beaucoup de plaisir.
Le Président (M. Saint-Roch): L'amendement
étant adopté, est-ce que l'article 54.5 tel qu'a^
mendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
À ce moment-ci, j'aurais besoin d'un consentement pour rouvrir
maintenant l'article 54 et introduire un autre amendement.
M. Paré: Est-ce que c'est un amendemeni qui va dans le bon
sens?
M. Bourbeau: Comme toujours. M. Paré: Je pense l'avoir
vu.
M. Bourbeau: Je peux assurer le député que c'est
dans le but de bonifier le projet de loi.
M. Paré: Pour qui?
M. Bourbeau: Pour la société
québécoise en général.
L'Opposition est-elle d'accord? Est-ce qu'on peut...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, l'amendement
à l'article 54.
M. Bourbeau: Je suis prêt. M. le Président, je veux
l'autorisation de la commission...
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez notre
bénédiction.
M. Bourbeau: M. le Président, l'amendement à
54...
Le Président (M. Saint-Roch): Article 54.
M. Bourbeau: Article 54, tout court. ...vise à ajouter,
à la fin, les mots: "Par la régie". Cette modification vise
à préciser que l'autorisation de convertir dont il est question
dans cet article est celle qui doit être accordée par la
Régie du logement.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des
interventions?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 54 tel
qu'amendé étant adopté,..
M. Bourbeau: C'est-à-dire que l'amendement est
adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, l'amendement. L'article
54 tel qu'amendé est-il adopté?
Est-ce qu'il y a consentement pour rouvrir l'article 54.6?
M. Bourbeau: Article 54.6, afin d'ajouter, M. le
Président, à la fin du premier alinéa tel que
modifié, les mots: "et être accompagnée du rapport d'expert
ainsi que de la circulaire d'information". Cette modification a pour but de
rendre clair te fait qu'un rapport d'expert et une i circulaire d'information
doivent être remis au locataire à qui une offre de vente est faite
par le propriétaire. : Le Président (M. Saint-Roch): L'article
54.6 tel que réamendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 54.9. Y a-t-il consentement pour le rouvrir? Oui?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous avons un autre
amendement à l'article 54.9. M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président. À l'article 2
qui introduit l'article 54.9, ajouter à la troisième ligne,
après le mot "illégale", les mots "ou faite en vue de convertir
l'immeuble en copropriété divise". C'est un amendement qui est de
concordance avec l'article 54.2.
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 54.9 tel qu'amendé est
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président {M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble de
l'article 2 tel qu'amendé est adopté?
M. Paré: N'y en a-t-il pas un autre? Le Président
(M. Saint-Roch): Non. M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble de
l'article 2 tel qu'amendé est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce qu'il
y a consentement pour rouvrir l'article 1?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement?
M. Paré: Oui, consentement. J'adopte la
réouverture.
M. Bourbeau: Afin, M. le Président, de remplacer, dans les
première et deuxième lignes du paragraphe 3°, les mots "sauf
à l'article 54. 5, aux troisième et quatrième
alinéas de l'article 54. 6 et à l'article 54. 10" par les
suivants "sauf aux articles 54. 5, 54. 6 et 54. 10 à 54. 13". M. le
Président, vous aurez saisi, d'une façon très subtile, que
le papillon a pour but d'ajouter les articles 54. 11 à 54. 13 à
la liste des recours qui seront exercés devant les autres tribunaux. Ces
articles visent la réglementation municipale sur la
copropriété.
M. Paré: Je voudrais seulement vous demander si vous aviez
vraiment saisi, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Ah, j'ai saisi tout cela, M.
le député de Shefford. Donc, vous devez être d'accord? Moi
aussi.
L'amendement est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi 87, Loi modifiant la Loi sur la Régie du logement et le
Code civil, est adopté?
M, Bourbeau: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aurais besoin, M. le
ministre, d'une motion de renumérotation.
M. Bourbeau: C'est avec un grand plaisir que je la propose, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi 87 tel qu'amendé est
adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce qu'il
y a des remarques de conclusion, M. le ministre?
Conclusions
M. Bourbeau: M. le Président, simplement quelques mots
pour remercier les membres de la commission de leur collaboration et de leur
grande patience, pour remercier l'Opposition du travail constructif qu'elle a
effectué tout au cours de l'étude de ce projet de loi, pour
remercier par contumace le député de Jonquière, qui nous a
quittés prématurément et dont les discours ont servi
à éclairer cette commission, et, finalement, vous remercier
vous-même, M. le Président, pour votre grande patience, votre
célérité, votre compréhension et votre judicieux
jugement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui, très rapidement, moi aussi, pour
remercier les gens de la régie et du ministère qui sont venus
nous éclairer davantage.
Une voix: C'était long.
M. Paré: Ce fut peut-être long à un certain
moment donné mais très instructif. Par contre - je n'ai
pas l'habitude d'être un gars négatif, au contraire - Je suis
obligé de constater que les craintes que beaucoup de gens avaient et
que, mol, J'ai ramenées au nom de beaucoup de groupes et d'individus en
deuxième lecture, je les ai toujours. À plusieurs points de vue,
cela nous a apporté des éclaircissements qui viennent confirmer
les craintes que nous avions. Ce sont des risques qui vont faire en sorte que
des gens aient à en souffrir, j'en suis persuadé. Je ne
reprendrai pas le discours du début, je vais plutôt garder mes
interventions pour la troisième lecture, où on va avoir quelques
minutes pour être capable de ramasser tout cela. Je pourrai être
plus précis à ce moment-là.
Je dois vous dire qu'à 23 h 15, ce soir, je vais aller me coucher
avec les mêmes inquiétudes et avec la certitude que,
effectivement, le moratoire sera levé à une date à venir,
c'est sûr. En principe, il est déjà levé et il y
aura des conséquences néfastes pour plusieurs personnes dans
notre société.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford.
M. Bourbeau: M. le Président, j'avais gardé pour le
dessert la tâche très agréable pour moi de remercier
d'autres personnes qui ont travaillé très fort pour faire en
sorte que ce projet de loi puisse aboutir tel qu'il est. Ce sont les gens qui
m'accompagnent et qui sont les dirigeantes de la Régie du logement.
J'aimerais remercier particulièrement Mme Louise Thibault, la
présidente, qui a piloté ce dossier-là d'une façon
très experte au cours des récents mois, Me Nicole Archambault,
vice-présidente de la régie, qui a eu l'occasion de prendre la
parole assez souvent ce soir et qui nous a montré sa grande science et
sa connaissance du dossier, et, également, Mme Céline Topp, qui
n'a pas pris la parole mais qui a soufflé les réponses à
nombre de ceux qui ont répondu aux questions, qui a probablement
été celle qui a travaillé le plus fort et le plus
régulièrement au projet de loi et à l'ensemble des
documents qui ont accompagné la démarche gouvernementale.
Finalement, j'aimerais aussi remercier les membres de mon cabinet qui
m'accompagnent et qui ont également fait un travail remarquable.
Pour ce qui est des remarques du député de Shefford, quant
à moi, M. le Président, je peux lui dire que je vais dormir sur
mes deux oreilles, et ce soir et dans les nuits à venir. Je suis
convaincu que nous allons atteindre les objectifs que nous nous étions
proposés dès le mois de juin 1986: permettre à certains
locataires - peut-être moins nombreux que nous ne l'aurions
espéré - d'accéder éventuellement à la
propriété de leur logement tout en faisant en sorte que les
autres locataires du Québec puissent voir leurs droits non seulement
maintenus mais consolidés, leurs droits d'être maintenus dans les
lieux, bien sûr, et d'être protégés contre certains
abus qui sont observés, nommément les abus découlant du
harcèlement, de l'intimidation ou des reprises de possession sauvages.
Bref, M. le Président, c'est un projet de loi qui va atteindre ce double
objectif de consolidation des droits des locataires, de protection accrue des
locataires, tout en permettant à certains locataires de pouvoir
accéder à la propriété, ce que je souhaite de tout
coeur.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Si
vous me le permettez quelques instants, premièrement, M. le ministre,
j'aimerais vous remercier, vous, ainsi que les gens qui vous ont
accompagné, de même que M. le critique officiel de l'Opposition et
tous les membres de la commission. J'ai eu le privilège de
présider la consultation générale de Montréal, de
présider aussi l'ensemble du projet de loi 87 ici et, contrairement
à M. le député de Shefford, je pense que nous avons fait
un pas dans la bonne direction. Il y a des démunis qui, à la
suite de l'adoption de ce projet de loi, seront mieux traités dans la
société et c'est avec quiétude que je dormirai ce soir.
Sur ceci, je vous remercie et la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 18)