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(Douze heures et une minute)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je rappelle le mandat de la commission pour les présents travaux.
Il s'agît de l'étude du projet de loi 88, article par article, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, la Loi sur les
cités et villes et le Code municipal du Québec.
Je demanderai à M. le secrétaire de nous annoncer les
différents remplacements pour cette séance.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Charbonneau
(Verchères) sera remplacé par M. Perron (Duplessis), M. Garon
(Lévis) par M. Gauthier (Roberval), Mme Juneau (Johnson) par M. Blais
(Terrebonne). C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous remercie.
J'inviterai immédiatement les membres de cette commission, ceux qui sont
intéressés à faire des remarques préliminaires sur
le projet de loi 88 Je commencerai par vous, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, nous avons dit beaucoup de
choses en commission parlementaire, lors de l'adoption de principe du projet de
loi. C'est un projet de loi important, qui, à toutes fins utiles, va
déterminer l'avenir des MRC. Je pense que c'est un projet de loi qui
constitue une étape dans l'évolution de nos structures
municipales. C'est le deuxième souffle, la nouvelle vie, la
deuxième vague des MRC. On doit signaler avec beaucoup d'enthousiasme la
venue de ce projet de loi. Ne voulant pas retarder davantage les travaux de la
commission, étant donné que le projet de loi contient, quand
même, un certain nombre d'articles, je serais d'accord, avec le
consentement de l'Opposition, de passer immédiatement à l'article
1, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous remercie, M.
le ministre. M. le critique de l'Opposition, député de
Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: M. le Président, sous le couvert d'une fin de
session, ou de l'importance d'une loi, je ne pense pas que nous soyons
habilités ou que nous ayons le droit d'adopter en vitesse un projet de
loi qui est aussi fondamental, qui touche aussi le vécu de l'ensemble
des municipa- lités du Québec, à l'exception de
Québec, Montréal et une partie de la région de
l'Outaouais. Donc, on parle de 95 municipalités régionales de
comté. Même la ville de Laval est considérée comme
une municipalité régionale de comté. Lorsqu'on parle d'un
projet de loi, on a l'impression que les intervenants, sûrement, mais
aussi l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec, connaissent
de fond en comble la loi 125. On parie de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme comme d'une loi connue, qui a été travaillée
régulièrement et sur laquelle il peut y avoir un consensus. Il
faut peut-être profiter de ce projet de loi, M. le Président, pour
en rappeler l'importance et qu'elle a été adoptée par le
gouvernement du Parti québécois, il y a déjà
quelques années. Ce projet de loi revêtait toute son importance,
puisqu'il donnait suite à un ensemble de discussions, en passant par le
rapport LaHaye, le choix des régions, un certain nombre de mises en
place de projets, d'études, à l'effet que le Québec devait
avoir une loi qui traiterait de l'aménagement et de l'urbanisme pour
l'ensemble du territoire. Cette loi a fait l'objet de larges consultations de
l'ensemble des intervenants du Québec, larges consultations qui ont
soulevé beaucoup de questions chez les élus municipaux, mais qui
- il ne faut pas se le cacher - apportaient un certain nombre
d'éléments nouveaux qui ont abouti à des discussions au
cours de la mise en application de cette loi, qui demeure toujours très
importante. Même ceux qui l'ont planifiée et qui l'ont mise en
place étaient conscients que cette loi-là apporterait, avec le
temps et dans le temps, un certain nombre de discussions. Donc, ces
vécus-là et ces ensembles de discussions ont eu lieu et ont
encore lieu par les élus municipaux.
On a pris conscience, et cela, je pense, est l'importance de cette
loi-là, et les élus municipaux, surtout, ont pris conscience que
l'aménagement était un élément très
important de leur vécu et que cela pouvait apporter des décisions
intéressantes pour le développement de leur territoire.
C'est peut-être la première fois que les élus
municipaux sont devenus conscients que le territoire faisait partie
d'eux-mêmes et aussi qu'ils avaient des droits sur ce territoire qu'ils
pouvaient mieux gérer, mieux exploiter et mieux connaître. C'est
ce qu'a fait le plan d'aménagement d'urbanisme pour l'ensemble du
territoire du Québec et l'application, c'est-à-dire
l'élaboration des schémas d'aménagement.
Donc, après huit ans, on se rend compte que des modifications
sont souhaitées par le monde municipal, comme probablement par le
ministère, pour apporter certains changements et pour faciliter, aussi,
le fonctionnement de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Le projet de loi 88 qui est devant nous, Loi
modifiant la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, contient un
certain nombre d'éléments qui peuvent répondre en partie
à des demandes des municipalités mais qui, par contre, causent un
certain nombre d'irritants à travers le paysage du Québec.
Rappelons-nous que, d'une part, le président de l'Union des
municipalités régionales de comté a demandé que ces
municipalités aient plus de place et qu'on les respecte plus dans
l'élaboration de ce schéma comme dans l'application de leur
schéma sur leur territoire. Cela a fait l'objet de discussions et aussi
d'un large consensus de la part des élus municipaux à
l'intérieur des municipalités régionales de comté.
Cela est un des premiers points, c'est une philosophie de base.
Il y a une question de financement qui, je pense, est
réglée, qui est peut-être sous-réglée mais
qui est réglée en partie. L'Union des municipalités du
Québec, elle aussi, a trouvé un certain nombre d'irritants en ce
sens qu'elle n'occupait pas le poids proportionnel au point de vue des
décisions comme de l'adoption des budgets des municipalités
régionales de comté. Donc, ce sont des éléments
importants, ce sont des éléments de discussions qui sont
supposés avoir trouvé réponse les 5 et 6 août et qui
nous sont transmis dans ce projet de loi. Mais il n'y a pas seulement cela qui
est apporté, il y a un autre élément extrêmement
Important qui s'appelle l'agriculture, le zonage, la Commission de protection
du territoire agricole, le zonage vert, dans les municipalités qui,
aussi, font problème. Cela amène d'autres ministères
à intervenir sur le territoire, à vouloir trouver à
l'intérieur de cette loi, peut-être, une façon nouvelle
d'entrer carrément et d'appliquer ou de s'appuyer pour améliorer
les relations entre les différents intervenants. Ces
éléments-là ne font pas l'objet d'un consensus
extrême de la part des intervenants, que ce soit l'Union des
municipalités de comté, que ce soit l'Union des
municipalités régionales de comté. Des divergences
importantes se manifestent, à ce moment précis, par rapport
à ce projet de loi qui font qu'on pourrait peut-être se pencher et
réfléchir sérieusement sur ce qu'on pourrait faire pour
améliorer ce projet de loi. Je ne suis pas près d'accepter qu'il
y ait eu des consultations très grandes Jusqu'à maintenant et je
ne suis pas près d'accepter que le projet de loi qu'on a devant nous
puisse passer comme lettre à la poste avec l'accord de tous les
partenaires. Il y a un élément extrêmement important qui
s'appelle...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je m'excuse, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'on pourrait avoir un peu
plus d'attention? On a du mal à s'entendre dans cette salle.
M. Dufour: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
rappeler qu'un élément nouveau a été apporté
à ce projet de loi, le Comité de concertation agricole. Ce
comité est une nouvelle façon de procéder, à
laquelle les municipalités ne sont pas habituées. Je m'interroge
sérieusement, à savoir: Est-ce que les municipalités ont
vraiment été consultées? Est-ce que ce n'est pas seulement
le fruit de discussions internes entre un ministère et le COMPADR, qui
ont fait que ce nouveau comité de concertation soit mis sur pied? On
vient chambarder le vécu, ou le continuum des municipalités, la
façon de procéder en apportant des éléments
nouveaux et importants, sur lesquels il n'y a pas de consensus. C'est clair.
Oui, II y a un consensus des unions qui s'opposent fortement, radicalement,
à la mise sur pied de ce comité de concertation. Le ministre ne
peut pas dire: Je ne suis pas au courant que des gens s'opposent à cela.
Cela s'est dit publiquement, les deux unions s'opposent carrément, et
l'Union des producteurs agricoles n'est pas très chaude - à ce
que je sache -concernant ce comité. Elle, aussi, trouve qu'il y a des
éléments de désaccord qui pourraient être mieux
expliqués, mieux compris, qui ne sont pas dans la loi.
Donc un ensemble d'intervenants nous disent que ce projet de loi ne fait
pas le consensus. Il ne faut pas être surpris que, nous, de l'Opposition,
nous fassions les interprètes de ces différents groupes pour dire
que cela ne marche pas, que quelque chose ne marche pas. Contrairement à
ce que les ministres nous ont dit dans une conférence de presse, que
tout le monde était heureux, tout le monde s'entendait, tout le monde
était sur la même longueur d'onde, on se rend compte qu'il y a de
plus en plus de discussions, de réticences envers ce projet de loi. Il
est évident que certaines parties de ce projet de loi font sans doute
l'affaire des municipalités, qu'elles ont été
demandées, qu'elles sont attendues par les municipalités.
Mais, est-ce que, parce qu'il y a des points positifs, cela va nous
obliger, comme Opposition, à nous faire passer sur le corps et nous
faire dire: II faut que cela soit absolument adopté? Il y a des gens qui
ne sont pas nécessairement heureux de la tournure de ce projet de loi,
de la façon dont il a été rédigé, et de la
façon dont il va être adopté. Il y a beaucoup de raisons
pour que l'Opposition comme le ministre disent: N'y allons pas trop vite,
examinons s'il n'y a pas des moyens d'améliorer, de bonifier cette
loi.
Il faut bien penser que le monde municipal a cru, est encore en droit de
croire, que le projet de loi 125, la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, était une loi qui augmentait l'autonomie municipale.
D'après la teneur des amendements proposés, je suis loin
d'être convaincu que cette autonomie est renforcée. Au contraire,
j'ai l'impression qu'on a coupé la poire en deux, on a presque
noyé le poisson. En voulant contenter tout le monde, on va
réussir - et cela est un tour de force - à mécontenter
tout le monde. Il n'est pas possible, dans un projet de loi aussi fondamental,
qui a fait l'objet d'autant de
discussions, qu'on arrive à un consensus parlait. Le ministre se
fait des illusions à penser cela. Cela ne marche pas comme ça
dans la société. Il n'est pas nécessaire, non plus, que
tout le monde ait le même air de violon, quand des choses doivent se
faire, doivent se passer. Il peut y avoir des divergences sans qu'il y ait une
guerre chaque fois. Des petites batailles, ce ne sont pas des guerres à
n'en plus finir, tout le temps. Il ne faut pas se scandaliser. Il y a des
groupes qui ont le pouvoir. Il y a des groupes qui administrent des lois. Il y
en a d'autres qui doivent gérer tous les jours sur leur territoire avec
un ensemble d'intervenants, qui doivent voir des gens de certains
ministères se promener sur leur territoire et poser des gestes qui ne
sont pas nécessairement à rencontre des municipalités.
Cela demanderait qu'on prenne un peu plus de temps pour comprendre ce qui se
passe et accorder tout ce monde-là. Il ne faudrait pas se surprendre que
cela crée des réticences. Des changements de mentalité,
cela ne se fait pas comme cela en criant "ciseaux". (12 h 15)
II ne faut pas se surprendre de ce qui se passe, il ne faut pas se
scandaliser. Il faudrait surtout que le ministre perde ses illusions en ce sens
que, quand il y a consensus, c'est toujours le même air de violon qui
jouera. Il arrive des fois que dans un orchestre on est obligé
d'accorder et que de temps en temps on est obligé de dire au violon: Tu
ne joueras pas cette partition parce que tu n'es pas prêt. C'est un peu
ce qui est arrivé. Dans cette partition qui nous a été
donnée, le chef d'orchestre a voulu aller un peu trop vite et les
ministres ont crié victoire trop vite. On a quelque chose de bien
correct, on va organiser tout cela. On vous l'a promis, on vous l'a
donné. Cela a pris pas mal de temps, il ne faut pas se le cacher, cela a
pris un an pour aboutir à cela. Je mets encore en doute la façon
de traduire ces attentes, si elle est correcte ou pas. Ne cherchons pas. Il y a
des changements de façon de procéder comme de vivre qui sont
amenés dans ce projet de loi, pas nécessairement par son
épaisseur, mais surtout dans la façon de faire des
municipalités qui sera changée et qui va amener certains
problèmes de fonctionnement aux municipalités. Si le ministre a
pensé qu'en assurant la vie des municipalités ou qu'en
subventionnant les municipalités à 70 000 $ chacune il achetait
leur silence, je ne pense pas que ce soit rendu aussi loin que cela.
Il y a d'autres éléments aussi, il y a des votes à
plusieurs paliers qui sont nouveaux. C'est une nouvelle façon de
procéder et encore là, concernant ces changements pour le budget,
rappelons-nous que certains problèmes sont soulevés. Je ne sais
pas si le ministre a apporté ou sera tenté d'apporter des
amendements, je vous dis carrément que les deux unions sont en
désaccord là-dessus: l'une préconise une façon et
l'autre en préconise une autre. Il y a pas mal de monde. Que ce soit
l'une ou l'autre, peut-être qu'on a intérêt à
chercher un terrain d'entente. Durant l'étude du projet de loi, est-ce
que le ministre sera tenté de présenter des amendements pour
améliorer la façon d'adopter les budgets des municipalités
régionales? Je le souhaite parce que le but de l'Opposition, c'est
d'aider à faire la meilleure loi possible. Là il y a
peut-être moyen de trouver un terrain d'entente et je le souhaite. Mais,
quant à ce qui concerne le Comité de concertation agricole, je
suis loin d'être convaincu et, au contraire, ce nouveau mécanisme
introduit dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme est en train de
remanier de fond en comble cette loi, Là on parle du Comité de
concertation agricole, on n'insistera jamais assez pour dire que, si on traite
un groupe d'une façon, il ne faudra pas se surprendre - le signal est
clair - que d'autres groupes arriveront à la même conclusion. Je
le soulignais, dans mon discours sur l'adoption du principe, qu'au
départ - il ne faut pas se le cacher - les syndicats de producteurs
forestiers pourraient avoir les mêmes attentes, les mêmes droits,
les mêmes idées ou les mêmes volontés que le groupe
de concertation agricole pour qu'eux aussi aient le droit de parole et leur
petit comité.
Si c'est vrai pour les forestiers, pour les agriculteurs, cela pourrait
être vrai pour d'autres ministères en régions. Il y a
beaucoup de syndicats. Pourquoi ne le ferait-on pas? Je vais plus loin que
cela, on pourrait même avoir un comité pour les associations qui
pourrait dire chaque fois qu'il y a une loi qui nous touchera: On aimerait bien
être consulté d'une façon particulière,
privilégiée. Lorsqu'on commence à disséquer une
population locale municipale en tiroirs, ces tiroirs ont besoin d'avoir chacun
une réponse. Là on commence à cataloguer et à
catégoriser du monde dans les municipalités. Je pensais qu'une
municipalité, c'était assez homogène D'abord, c'est un
territoire. Sur ce territoire-là il demeure des gens. Ces gens-là
regroupent l'ensemble des intervenants du milieu puis en même temps,
c'est le reflet de notre société. Donc, à travers la
municipalité, il y a des cultivateurs, bien sûr, II y a des
agriculteurs, il y a aussi les forestiers; il y a des gens qui travaillent dans
des usines; il y a des gens qui travaillent dans des commerces. Il y a en fait,
toute la panoplie des métiers, des gens qualifiés et il y a la
qualité de la vie. Il y a même des environnementalistes, puis, il
peut aussi y avoir des communicateurs, il peut y avoir à peu près
tout le monde.
Donc, si elle regroupe tout ce monde régi par une loi qui
s'appelle la loi 125 à venir jusqu'à maintenant, ces gens qui
habitent dans la municipalité sont régis par la loi 125 qui parle
d'aménagement et d'urbanisme. Quand on parle d'aménagement et
d'urbanisme et qu'on fait une loi pour l'aménagement, une loi de zonage
et de construction, cela s'adresse à tout le monde. Ce n'est pas une loi
pour l'un et une loi pour l'autre. Ce ne sont pas des lois
séparées. C'est
une loi générale qui regroupe tout ce monde-là. Le
ministre vient de faire la trouvaille du siècle. Ce sont les ministres,
pas juste un. Si c'était juste un, je dirais: Coudon, il a fait erreur.
C'est un ensemble de ministres qui ont fait le travail et qui ont
décidé, par le biais du COMPADR, de dire: À partir de
maintenant, nous autres, on va catégoriser les gens par des cases
spéciales, par des petits tiroirs, et on va leur donner un comité
chacun. Donc, on est arrivé, par ce biais, à vouloir susciter de
nouvelles attentes pour d'autres groupes et je vous dis qu'il y a des
coûts qui sont rattachés à l'application. Si on parle de
donner encore une facture supplémentaire aux municipalités, non
seulement il y a des coûts directs, mais il y a aussi des coûts
indirects. Quand on suscite des comités, cela suscite des discussions.
Je me demande quand on va trouver des règlements quelconques qui vont
être adoptés parce qu'à chaque fois que quelqu'un va
être touché, que ce soit un doigt ou le bras qu'on coupe, ce sera
probablement le même cri qu'on va entendre et ce seront probablement les
mêmes problèmes qui ont être suscités. Cela va
prendre à peu près le même temps pour les régler.
À mes yeux, c'est une perte de temps et on n'est probablement pas
mûrs pour adopter cela dans l'immédiat.
Maintenant, à la fin de mon intervention, M. le Président,
je voudrais vous indiquer, après que mes collègues ou d'autres
seront Intervenus, que j'aimerais revenir à l'article 1. 1 pour faire
une résolution que je présenterai tout à l'heure. Mes
collègues auront certainement des remarques à faire et, à
la fin de leurs remarques, je reviendrai à la charge avec une
motion.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. le ministre, est-ce que vous avez des questions ou des commentaires?
Pas de commentaires?
M. Bourbeau: M. le Président, je vais laisser
l'Opposition, enfin les députés qui veulent faire des
interventions préliminaires, s'exécuter, après quoi je
dirai peut-être quelques mots.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci.
M. Bourbeau: C'est pour ne pas retarder indûment le
débat, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Très bien. On
apprécie votre collaboration, M. le ministre.
J'aimerais rappeler que, pour chacun des intervenants de chaque
côté, il y a un bloc de 20 minutes d'alloué pour
l'intervention, considéré pour une seule intervention.
M. le député de Terrebonne avait demandé la
parole.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je remercie le
ministre de nous donner la parole. Il nous t'a donnée d'une façon
ambiguë. Il a demandé aux députés de
s'exécuter. J'espère que c'est dans le sens primaire du mot et
non pas dans le sens de pendaison. Je refuse, dans le contexte actuel de ta
discussion que nous avons, de m'exécuter moi-même. Je suis contre
le suicide. Je suis contre le suicide ou contre l'assassinat des MRC que ce
projet de loi 88 nous amène. C'est avec le sens du devoir et de la
défense des municipalités régionales de comté que,
M. le Président, je suis très heureux de prendre la parole
à cette commission parlementaire.
Il y a deux choses dans la vie. D'abord, c'est de dire la
vérité et, quand on dit la vérité, c'est aussi
lorsqu'on pose des actes, et que nos actes aient au moins l'image de la
vérité. Ce projet de loi, sous le couvercle d'apparence
généreuse où l'on veut laisser croire que les MRC auront
plus de pouvoirs dans le futur, c'est tout simplement un leurre, une tromperie
de la part du gouvernement actuel. En fait, c'est une manifestation
réelle d'une volonté que concrétise ce projet de
réduire les MRC à leur plus strict minimum ou d'en voir leur
disparition sous peu. Je m'en veux de prendre pour exemple les paroles
mêmes du ministre actuel des Affaires municipales et aussi des
représentants, des édiles municipaux, autant les MRC que l'UMRCO,
devant la réaction qu'ils ont eue devant ce projet. On ne peut pas, d'un
côté, dire que nous voulons que les MRC aient des pouvoirs
énormes tout en disant dans les journaux qu'on veut les réduire
à leur plus simple expression. C'est, d'une part ou d'une autre, qu'au
moins nous, nous comprenons mal la position gouvernementale. C'est pour cela
que nous prenons la peine ici de parler pendant quelques minutes pour demander
aux députés ministériels de nous expliquer la situation et
la position de leur gouvernement face à l'autorité actuelle des
MRC et face à l'autorité en devenir que le gouvernement veut leur
donner de façon réelle. Non pas, de façon seulement
apparente, donner l'image d'une générosité et, dans nos
projets de loi, être excessivement mesquins et restreints.
Je prendrais, comme exemple, le ministre des Affaires municipales
à la fin d'octobre, et cela a paru dans différents journaux, j'en
prends un extrait ici, dans La Presse, où M. Bourbeau dit qu'il
entend renforcer les MRC - d'accord, c'est de bon aloi - et, offrir un droit de
retrait aux municipalités en même temps au sein des nouveaux
pouvoirs que les MRC auront.
On ne peut pas être en faveur de donner des pouvoirs plus
puissants et plus forts à une institution tout en permettant à
ceux et à celles qui en sont membres d'en sortir et d'avoir leur pleine
autonomie. On ne peut pas avoir les deux
en même temps, c'est strictement Impossible. Le plus ne peut pas
sortir du moins, disait saint Thomas.
Le ministre des Affaires municipales, M. André Bourbeau,
proposait en novembre cette loi pour faire des changements. Il dit:
...permettrait d'abord aux MRC de gérer des ententes intermunicipales
tout en accordant aux municipalités locales une plus grande autonomie.
Je ne dirai pas que c'est superfétatoire, mais c'est impossible de
laisser dans le même membre de phrase deux choses aussi divergentes par
leur essence.
Je sais que le ministre des Affaires municipales est un ministre qui
écoute très bien. Je tiens à dire qu'il écoute
toujours très bien nos Interventions, parce qu'il sent une richesse de
verbe et d'idées dans ce que nous exposons et on voit que son ouïe
en jouit, on le sent. Vu que son ouïe en jouit, on fait des interventions
pour qu'il fasse des corrections dans ce que, visuellement, nous croyons
difficilement acceptable et rationnellement recevable dans les MRC comme
coupure réelle de pouvoir.
Vous dites, dans un discours que vous avez fait vers la fin d'octobre:
La réforme - une réforme des structures - permet aux MRC de
rouvrir leurs lettres patentes, vise une consolidation de la vocation. Ce sont
les termes exacts... Je ne doute pas de votre bonne volonté verbale:
...vise une consolidation de leur vocation. Et, un peu plus loin, vous dites
cependant: À partir de maintenant, les municipalités locales
décideront de ce qu'elles confient aux MRC. Comment peut-on dire qu'une
municipalité locale... Je ne porte pas de jugement, je ne fais que
reprendre textuellement vos paroles qui sont citées entre guillemets
dans les journaux. Vous dites: Nous visons à la consolidation de la
vocation des MRC, d'une part, et, d'autre part, vous dites: À partir de
maintenant, les municipalités locales décideront de ce qu'elles
confient aux MRC. Cela pourrait, à la rigueur, aller. Mais on dit:
À la limite, certaines municipalités ou certaines MRC ne
pourraient avoir, comme tout pouvoir, que le schéma
d'aménagement.
Écoutez, c'est dénudé. - surtout à
l'époque des fêtes, les fêtes qui viennent - Les
municipalités sont sensées, depuis leur création... On
leur a donné un premier but, un premier pouvoir, une première
charge: l'aménagement du schéma, l'aménagement du
territoire. C'était le point de départ pour que ce soit "une
sorte de décentralisation" d'un gouvernement régional. Comme une
municipalité, c'est un gouvernement décentralisé à
qui Québec confie des pouvoirs. Pour les municipalités, le
gouvernement central, c'est Québec, et pour que le gouvernement central
de Québec donne aux municipalités régionales de
comté d'autres pouvoirs, on leur avait dit: Préparez un
schéma d'aménagement et après, on vous donnera les
pouvoirs de gérer ensemble ce territoire. (12 h 30)
Là, on dit: ...vise une consolidation de leur vocation. C'est
très beau à entendre. C'est très beau à lire,
c'était même très bien dit. On arrive à: À la
limite, les municipalités peuvent en sortir. Mais à la limite,
les MRC ne seront que des gérants de schémas d'aménagement
déjà définis. On dit que c'est une consolidation. Je le
croirais, M. le ministre, que c'est une consolidation des pouvoirs des MRC,
mais une consolidation dans un seul rôle, celui de surveiller
l'aménagement du territoire. Les MRC ne veulent pas être
réduites à ce rôle. Ce rôle peut être
amplifié, elles peuvent avoir d'autres pouvoirs tout en respectant le
pouvoir local municipal. On peut le faire.
On voit des réactions très vives et très
significatives. M. Roger Nicolet n'est tout de même pas un type pour qui
la chose municipale passe 25 pieds par-dessus la tête. C'est un homme qui
a les pieds dedans et qui travaille à l'UMRCQ. M. Nicolet a toujours
été un homme assez calme, il parle avec fermeté,
mais c'est rare qu'il hausse la voix. Là, on dit: Dans un vibrant
plaidoyer, un très vibrant plaidoyer en faveur du respect de l'autonomie
des régions, le président de l'UMRCQ, M. Roger Nicolet a
dénoncé le comportement centralisateur de certains
ministères sectoriels, comme si les MRC n'existaient pas.
Il faut que je croie que les députés ministériels
et le ministre regardent, écoutent et lisent ces déclarations
venant d'une autorité municipale au plus haut niveau, pour que leurs
sentiments d'affinité envers les municipalités se mettent
à vibrer sur un autre ton. On traite le gouvernement actuel du
Québec de centralisateur. J'entendais dire cela du fédéral
avant. Est-ce qu'on serait rendu à un gouvernement à ce point
fédéraliste qu'on voudrait fédéraliser à
l'intérieur du Québec et centraliser tout à Québec?
Il y a des limites à prouver qu'on est antisouverainistes. Il y a des
limites. Le président de l'UMRCQ, ici, nous le laisse voir, sans l'ombre
d'un doute.
Je vais citer un autre bout de phrase - c'est entre guillemets dans
l'article de M. Roger Nicolet: Incompréhension des demandes municipales,
refus d'accepter le concept d'aménagement Issu de la loi 125, opposition
systématique aux volontés du milieu, vision étroite des
objectifs à privilégier, autant de symptômes de ces
réflexes d'une fonction publique qui vit encore dans une autre
ère, celle du centralisme qui répond à un concept
dépassé de la société québécoise de
la part du gouvernement. - Cela ne peut pas être plus clair.
Normalement, quand on arrive à la période des fêtes,
c'est une période de joie, de compréhension, de
réjouissances. C'est pour cela que je demandais la compréhension
du ministre Ici. Écoutez l'appel vibrant - pour faire une image de
Noël - écoutez le "gorlot" de la cloche de M. Roger Nicolet.
Écoutez vibrer son grelot dans votre oreille - pour essayer de donner un
petit ton de Noël à mon intervention - pourquoi son grelot ne
serait-il pas entendu, comme les autres
grelots de réjouissance en cette période de Noël?
Non, votre ouïe reste insensible. On n'entend que votre non. L'histoire
retiendra votre nom comme ministre des Affaires municipales si vous atrophiez
les MRC des pouvoirs nouveaux qu'elles sont en droit d'attendre. Elles n'ont
pas été créées que pour faire un
aménagement, on aurait mis un comité consultatif régional
ou à l'échelle du Québec. Ils auraient fait leur dessin et
ils auraient amené cela à Québec. Cela aurait
été fini. On n'a pas divisé, mis des élus,
payé du monde et organisé des territoires que pour les laisser
faire un simple dessin d'aménagement que Québec retarde encore,
dans certains cas, à approuver. C'était une volonté ferme
d'un gouvernement antérieur, bien sûr, qui était
décentralisateur par son essence et par principe.
Je trouve que le ministre semble vouloir demeurer sourd à mes
demandes et aux demandes des élus de l'UMRCQ et de son président.
Ce dernier dit aussi: L'utilisation de critères mal ajustés aux
réalités régionales pénalise le
développement de certaines régions. Autrement dit, il dit au
ministre, aux 99 qui gouvernent actuellement: Pourquoi ne continuez-vous pas ce
qui avait été si bien entamé par le gouvernement
précédent, cette création de MRC et cette
délégation de pouvoirs à ceux qui, sur le territoire, sont
plus proches des problèmes et comprennent mieux la
réalité. À Québec, on est loin des ponceaux et des
bouts de tuyaux à remplacer dans les villes. On en est très foin.
Qui mieux que les municipalités et l'Union des municipalités pour
voir aux problèmes directs qui concernent les gens?
Alors, d'une part, M. le ministre, je vous sens sourd et je sais que...
Je vais vous le dire, j'ai parlé du grelot de M. Nicolet, on est
à l'approche des fêtes, j'aimerais que vous fassiez, en cette
période de Noël, un don aux MRC en leur donnant un peu plus de
pouvoir. Et, vu qu'on est à l'approche de Noël, si vous ne voulez
pas faire un don, je vais vous rappeler qu'elles sont dignes d'un don. Je vais
vous le rappeler et je vais vous le dire jusqu'à Noël s'il le faut.
Elles ont le potentiel pour recevoir un don du gouvernement, une concession de
pouvoirs et les élus des MRC en sont dignes. C'est pour cela que je vous
dis: Elles sont dignes d'un don. J'aimerais que le ministre, à
l'approche de Noël, y pense de façon très sérieuse.
J'espère que j'éveille en lui une cloche vibrante de
compréhension et aussi un élargissement de son pouvoir
centralisateur vers d'autres qui sont un peu plus connaisseurs à cause
du milieu qu'ils habitent.
Demandez à vos députés s'ils connaissent mieux leur
comté et les villes de leur comté que vous comme ministre des
Affaires municipales. C'est sûr qu'ils vont tous vous répondre
oui. Pourquoi n'en serait-il pas vrai des élus des MRC et des
élus municipaux? Voyons donc! C'est normal. Lorsqu'on a une philosophie
de centralisateurs "coast to coast", on essaie d'abord de centraliser à
Québec pour être un peu mieux représentatif d'une
philosophie médiévale, ancestrale et de l'homme des cavernes.
Je vais terminer mon intervention - II me reste une minute - en citant
ici M. Albert Juneau, quelques extraits de son Bloc-notes. Il dit: "Les 94
municipalités régionales de comté viennent de terminer
avec succès le premier mandat de leur courte histoire - Ce premier
mandat, c'est nous qui le leur avions confié dans le temps. - Avec la
patience et l'ordre qui caractérisent le milieu municipal, elles ont
réussi une opération sans précédent au
Québec: mettre au point des schémas d'aménagement
opérationnels pour l'ensemble du territoire habité du
Québec. " Un peu plus loin, il ajoute: "Une telle opération n'a
pas manqué de perturber la douce quiétude des ministères,
de mettre à l'épreuve la coordination intersectorielle et
interministérielle. Alors, ce schéma d'aménagement
commandé par le gouvernement péquiste antérieur a une
réception au ministère actuel des gouvernements qui est
perturbatrice d'une douce quiétude", dit-il. Votre douce
quiétude, c'est celle que nous voulons ébranler pour que, dans
vos lois, des pouvoirs réels soient donnés aux régions,
aux élus municipaux, des pouvoirs réels. - C'est ainsi que le
dernier congrès de l'Union des municipalités régionale de
comté, l'UMRCQ, qui a eu lieu il y a quelques jours - c'est en septembre
que cela a été écrit - II y a une semaine, à
Montréal, a été surtout marqué par des
récriminations contre l'indécision gouvernementale. - Cette
indécision, c'est-à-dire que, dans un discours, il nous dit. Nous
allons donner des pouvoirs aux MRC, d'un autre côté, nous allons
donner des pouvoirs aux municipalités, l'une combattant l'autre, les
deux vont se retrouver dans un état négatif pour leurs citoyens.
Ce n'est pas ainsi que l'on gouverne, c'est de l'indécision et c'est
pour cela qu'ils ont de la récrimination à votre endroit. - Cette
attitude est compréhensible, à quoi auront servi ces
années de travail des MRC si le gouvernement se replie et se renferme
obstinément sur ces politiques actuelles.
Alors, je vous demande, M. le ministre, en terminant cette intervention
préliminaire, de regarder et de reconsidérer le fond de votre
pensée. Faites que ce que vous mettez dans les lois reflète
certains discours que vous avez eus avant d'occuper le poste que vous avez, et,
à ce moment-là, nous ne nous opposerons pas aux lois mais nous
serons de tout coeur avec vous pour qu'elles soient adoptées, pour le
plus grand bien des MRC, des municipalités, des citoyens et des
citoyennes du Québec. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M. le
député de Terrebonne. Alors, je rappelle aux membres de cette
commission qu'on est toujours au stade des remarques préliminaires.
J'aimerais savoir s'il y en a d'autres qui aimeraient intervenir. M. le
député de Dubuc,
allez-y, vous avez droit à 20 minutes dans un seul bloc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Dans un seul bloc, tout d'un coup. Merci, M. le
Président. Je pense que, finalement, le projet de loi du ministre sur
l'aménagement et l'urbanisme... Le ministre veut prendre la parole, M.
le Président?
M. Bourbeau: M. le Président, je suis tout ouïe.
M. Desbiens: Ah, tout ouïe.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, M. le
député de Dubuc, votre temps est déjà
enclenché, vous avez droit à 20 minutes, allez-y.
M. Desbiens: M. le Président, la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme touche, |e pense, à ce qu'il y a de
plus fondamental pour les citoyens du Québec et la loi 125, lorsqu'elle
a donné le pouvoir aux MRC, d'établir des schémas
d'aménagement, l'avait fait avec un objectif bien précis qui en
était un, finalement, de décentralisation. Il faut remonter,
peut-être, à la révolution tranquille pour constater tout
le phénomène de centralisation qui s'est produit vers les
autorités gouvernementales du Québec, pour permettre à la
société québécoise de se donner des instruments
collectifs qui puissent se répartir et s'appliquer à la grandeur
du territoire du Québec.
Ce mouvement de centralisation vers les autorités
gouvernementales, je pense, a produit ses effets bénéfiques. Je
crois que cela a été une période heureuse pour la
société québécoise, mais aussi, on constate de plus
en plus - et je relirai certains passages, tantôt du discours du
président de l'Union des municipalités régionales de
comté qui nous le démontre très bien, qui nous le dit
très clairement aussi - que ce mouvement, ce qu'on pourrait appeler
l'aménagement du territoire et les politiques globales que les
Québécois ont voulu se donner au cours de ces années ayant
maintenant été clairement établies, il est temps de
revenir vers le citoyen pour tenir davantage compte de ses besoins
spécifiques, à l'intérieur de ces grands cadres qui ont
été créés selon la volonté de la population,
également. (12 h 45)
Alors, quant à moi, la loi 125 est une mesure de
décentralisation, parce qu'elle donnait à un organisme qui a
été créé à cette époque, à
cette fin-là, parce qu'il n'existait pas, les municipalités, par
la taille de certaines, n'étant pas en mesure de réaliser sur le
territoire même, de se donner ces schémas d'aménagement,
pour prendre l'objectif lui-même. Le gouvernement, à
l'époque, a créé ces unités qu'on appelle
sous-régionales, les MRC, et à qui il a donné le pouvoir
de réaliser les schémas d'aménagement. Quand on sait toute
l'importance du territoire - enfin, on vit sur un territoire - sur notre vie de
citoyen.
Vous savez comment on est attachés à une région. On
dit que, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ils se comportent de
telle façon, même qu'ils ont des façons de parler qui sont
différentes d'une autre région. C'est la même chose en
Gaspésie. Le territoire, donc, est le milieu où les gens vivent,
il a une importance considérable. Peut-être à la blague,
vous savez, cela s'illustre bien par Mad Dog Vachon qui, lorsqu'il s'adressait
à ses adversaires, disait: Ne venez pas toucher à mon territoire.
Je ne pourrais pas le dire avec sa voix.
Le territoire a une importance extrême pour les citoyens et les
citoyennes québécoises. Je pense, d'ailleurs, qu'il y a une prise
de conscience de plus en plus forte des citoyens et citoyennes du
Québec, de leur entourage géographique, le territoire même
où ils habitent et où ils évoluent, aussi une prise de
conscience très Importante de ce que doit devenir ce territoire, ce
milieu de vie qui va leur permettre d'évoluer et de se développer
comme citoyens et citoyennes Cette prise de conscience, elle doit et elle s'est
exprimée, je pense, justement, par les schémas
d'aménagement.
Ces schémas d'aménagement reflètent - en tout cas,
si la procédure, évidemment, a pu suivre - tout le cheminement
que les fonctionnaires, autant des MRC et des municipalités, ainsi que
les élus ont fait depuis ces années pour arriver à
déceler la volonté véritable des citoyens et des
citoyennes du Québec, dans ce milieu de vie où, encore une fois,
ils et elles évoluent Cependant, il faut croire que chaque MRC ayant pu
terminer la réalisation de son schéma d'aménagement,
chaque shéma d'aménagement, donc, représente assez
fidèlement la volonté et les désirs des citoyens de chaque
milieu donné, de ces populations.
Ce faisant, on constate, en cours de route, que les volontés des
populations en régions, dans les municipalités, dans les MRC,
viennent, dans certains cas, en contradiction avec les volontés
exprimées ou déterminées par le sommet de la pyramide,
c'est-à-dire le gouvernement du Québec, ses ministères,
sectoriels ou autres. Là, il y a le choc. Les ministères
sectoriels voulant influencer, ayant aussi la force, la capacité
d'influencer fortement encore les milieux démocratiques de base, il est
bien certain qu'ils se sont rendu compte maintenant que la population du
Québec avait une volonté très ferme, qu'elle avait
vraiment pris conscience de l'Importance de son territoire et aussi de son
droit de s'exprimer et d'exiger de ces élus, tant municipaux que
provinciaux, qu'il y art un respect de sa volonté dans
rétablissement, le développement et l'aménagement de
l'ensemble de ce territoire.
Nous en avons un bel exemple aujourd'hui même, que je cite
à titre de critique de l'Opposition en matière de chasse et de
pêche, donc, de toute exploitation de la faune au Québec, ce
qui inclut [es réserves fauniques, tes refuges, les habitats,
avec le projet que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
présente à la population. Celui-ci propose de découper 150
000 kilomètres carrés de réserves fauniques pour n'en
garder que 40 000 environ, en remettant au-delà de 40 000 à un
système de pourvoiries et en remettant à peine quelques centaines
de kilomètres carrés aux zones d'exploitation
contrôlée. On voit que, partout sur le territoire du
Québec, les citoyens et les citoyennes réagissent de façon
fort négative à cette volonté du ministre. En même
temps qu'il touche à ce qu'il appelle ses réserves fauniques, il
touche justement, puisque cela se situe très souvent dans les
territoires non organisés, aux responsabilités des MRC, des
municipalités régionales de comté. Cela indique
très bien qu'il y a des ministres sectoriels qui sont conscients de
cette nouvelle volonté, qui discutent sur les schémas
d'aménagement avec les MRC en tenant compte au maximum de cette
volonté, qui tiennent compte des résultats. Non seulement
certains ministres n'en tiennent pas compte du tout, mais, comme le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, semblent ignorer tout à fait
cette réalité nouvelle pour la population du Québec
puisqu'il n'y a jamais eu cette discussion, puisqu'il n'y a jamais eu, de sa
part, ce soin de vérifier au départ, avant même de toucher
aux territoires, auprès des municipalités régionales de
comté, quelle était la volonté de la population en termes
d'aménagement de ces régions, en termes de ressources et de
territoires fauniques.
Il y a aussi un exemple qui touche les terres et forêts et toute
la politique sur la forêt. Il y a la loi sur les terres qu'on est en
train de modifier. Il y a l'exploitation forestière. Il y a le
ministère de l'Environnement. Il y a donc toute une série de
ministères qui ont à travailler et qui, si on vit vraiment en
régime démocratique, se doivent absolument de... Sans compter les
mines sur les territoires. Si c'est véritablement une volonté
gouvernementale d'action et non pas une volonté de paroles, une
volonté verbale, comme disait mon collègue de Terrebonne
tantôt, de dire une chose et de faire l'autre ou de continuer à
faire ce qu'on a dans la tête de faire, s'il y a une véritable
volonté gouvernementale de ramener vers les régions, vers les
citoyens, vers les élus municipaux qui constituent, quant à moi
et quant au parti auquel j'appartiens, la base de l'action
démocratique... Ces gouvernements, qui sont véritablement les
plus rapprochés des citoyens, sont en mesure de mieux comprendre,
puisque vivant constamment dans le milieu et ayant les mêmes
préoccupations, et de connaître de quelle manière il est
possible de développer chacun, selon sa façon d'envisager les
choses, dans les régions mêmes et dans les municipalités
encore davantage, donc, d'aménager ce territoire au profit des
générations aussi qui vont suivre. S'il y a vraiment cette
volonté gouvernementale de décentraliser, autrement dit. C'est
véritablement, au fond, ce que dit le président de l'Union des
municipalités. Et l'article de La revue municipale de novembre rapporte,
je pense, et qualifie les propos du président de l'Union des
municipalités du Québec quand il dit: Dans un vibrant plaidoyer.
Ce n'est pas qu'un plaidoyer, c'est un vibrant plaidoyer, un plaidoyer qui est
senti dans les tripes du président de l'Union des municipalités
régionales de comté, qui représente les
municipalités du Québec. On ne peut pas s'empêcher de lire
et d'approfondir cet article, et j'espère que le ministre en sera
influencé et le gouvernement aussi, quand il dénonce le
comportement centralisateur de certains ministères sectoriels qui
agissent comme si les MRC n'existaient pas: Incompréhension des demandes
municipales, refus d'accepter le concept d'aménagement issu de la loi
125, opposition systématique aux volontés du milieu, vision
étroite des objectifs à privilégier.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président {M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: On est présentement aux remarques
préliminaires d'un projet de loi et j'ai l'impression que les
députés ne parlent pas du tout sur le projet de loi dont il est
question. Tout à l'heure II y a un député qui est venu
parler d'un ding, dang, dong, qui est venu faire des blagues sur un sujet qui
est très sérieux. J'aimerais quand même, M. le
Président, que les discours portent sur l'objet du projet de loi. Nous
avons un projet de loi devant nous ici, qui, à toutes fins utiles, vient
assurer d'une façon définitive l'avenir des MRC et je pense que
les députés de l'Opposition ont l'obligation de parler sur le
projet de loi comme tel.
On a un projet de loi, M. ie Président, qui signifie, pour les
MRC, des avantages considérables par rapport à ce qui existait
présentement, par exemple, il y a le financement des MRC qui est
assuré à long terme. Un exemple, M. le Président, et je
vais conclure, parce que c'est important...
M. Desbiens: M. le Président.
M. Bourbeau:... que les députés de l'Opposition
prennent note de l'importance de ce projet de loi...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Un instant, restez
calmes seulement un instant. Alors, M. le ministre, vous avez demandé,
sur une question de règlement, de pouvoir intervenir, strictement sur
une question de règlement et, si j'ai bien compris, vous voulez
intervenir sur la question de la pertinence des députés...
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais simplement que
les députés de l'Opposition reviennent à la pertinence du
débat et j'étais en train de dire exactement que le projet de loi
que nous avons devant nous est un projet de loi essentiel pour l'avenir des MRC
et que je pense que c'est là-dessus que devraient porter les
interventions des députés de l'Opposition. À partir de
maintenant, les MRC ont le droit de faire des choses qu'elles n'avaient pas le
droit de faire auparavant, donc, c'est une ouverture importante sur l'avenir.
Je pense que les députés de l'Opposition ont le devoir de se
pencher sur cet aspect de cette question et non pas de faire des blagues de
ding, dang, dong, de cloches et je ne sais quoi. Oui, mais cela nous regarde
certainement, le sujet est trop important, beaucoup trop important pour faire
des blagues.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre, ce
n'est pas sur le fond, c'est sur une question de règlement que vous
devez faire votre remarque et je peux dire que les propos qui ont
été apportés avaient trait à la pertinence, si vous
avez bien suivi, même s'ils comportaient des à-côtés,
ils touchaient quand même le projet de loi 88, alors, je pense qu'ils
étaient tout à fait pertinents...
M. Bourbeau: Sur la question de règlement, M. le
Président. Est-ce que la présidence est en train de nous dire que
l'Opposition peut venir ici lors d'une commission parlementaire aussi
importante que celle que nous vivons présentement, et passer une grande
période de temps à faire des blagues du genre de celles qu'on a
entendues tout à l'heure de la part du député de
Terrebonne. J'aimerais savoir si la présidence est d'avis que ces
propos-là sont pertinents.
M. Dufour: M. le Président...
M. Bourbeau: C'est important de le savoir. Si c'est ce genre de
propos que la présidence entend permettre, à ce moment-là,
on va voir ce qu'on peut faire, mais, de ce côté-ci, on pense que
le sujet est trop important, M. le Président, pour permettre des
interventions du genre de celles qu'on a entendues tout à l'heure.
Le Président (M. Parent, Bertrand): II est 13 heures, on
va devoir... Une voix: II n'est même pas intervenu
tantôt...
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît!
Il est 13 heures et on va...
Une voix: II n'y a pas de consentement pour continuer.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Ah, il n'y a pas de
consentement pour continuer. Alors, i! est 13 heures. On va suspendre les
travaux Jusqu'à 15 heures, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 16 h 42)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
donc ses travaux qui avaient été suspendus. Nous étions
donc au temps de parole du député de Dubuc à qui il
restait encore cinq minutes 20 secondes pour les remarques préliminaires
sur son bloc de 20 minutes. Alors, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Cinq minutes 20
secondes, le temps pris pour les impertinences du ministre n'a pas
été enlevé sur mon temps?
Le Président (M, Parent, Bertrand): M. le
député de Dubuc, vous avez cinq minutes 20 secondes.
M. Desbiens: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, je vous prierais de rappeler
le député de Dubuc à l'ordre, s'il vous plaît!
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre, tout
est dans l'ordre. Alors, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, je vais essayer de rappeler,
je pense, les principes fondamentaux dans le domaine de l'aménagement et
de l'urbanisme, de rappeler la base de toute cette politique, de cette loi. Je
vais essayer, dans le peu de temps qu'il me reste, de refaire une
synthèse pour nous remettre dans le sujet. M. le Président...
M. Bourbeau:...
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Desbiens: Voulez-vous rappeler le ministre à l'ordre,
s'il vous plaît? Oui. Merci.
M. le Président, rapidement, je pense qu'au Québec la
population a voulu, à un moment donné, que le gouvernement prenne
en main certaines des orientations sociales, politiques et économiques
afin de pouvoir donner de façon bien répartie et équitable
sur l'ensemble du territoire québécois des orientations, donc,
politiques et sociales qui soient les plus unifor-
mes possible et qui puissent répondre, en tout cas, aux
aspirations de l'ensemble de la population québécoise. Cela a
été la période de centralisation qu'on a connue ou la
révolution tranquille, je pense, où le gouvernement provincial a
pris énormément d'envergure, c'était nécessaire et
c'était voulu par la population pour pouvoir répartir la richesse
de façon équitable et profitable pour tous.
Une fois ces grandes missions de l'État central du Québec
établies et réparties, en tout cas, au mieux de ce qu'on pouvait
espérer, on s'est rendu compte, à un moment donné, que,
quand venait le temps d'appliquer les politiques qui découlaient de ces
grandes missions et de ces grandes orientations territoriales à
Sainte-Rose-du-Nord - pour prendre une petite municipalité de mon
comté, de 500 habitants - et qu'on voulait appliquer la même chose
à Montréal, cela ne "fittait" plus du tout et qu'il y avait des
disparités territoriales et des disparités aussi de population
qui font en sorte qu'on ne peut pas appliquer une même mesure, un
même programme, un même projet de façon identique sur tout
l'ensemble du territoire québécois. (16 h 45)
Donc, on a passé après - et on pourrait ici le rappeler au
ministre - le livre blanc. Mais il n'a jamais été publié,
il ne l'a peut-être jamais vu, mais il aurait grand intérêt
à le faire, cela lui ouvrirait des horizons dans le sens de ceux qui ont
été soulevés par le président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec. Donc,
on s'est rendu compte qu'il est Impossible d'appliquer toutes ces politiques de
façon véritablement efficace et équitable, selon les
territoires et selon les populations, d'où la volonté maintenant
d'un retour vers la base, vers la population elle-même, vers les
citoyens.
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît!
Un peu d'ordre, si on veut que cela se déroule très bien.
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je prierais tout le
monde de se rhabiller, s'il vous plaît!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Est-ce qu'il y en a qui ont leur casquette?
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est adressé
à ceux à qui le chapeau fait. Je n'ai adressé cela
à personne, c'est à tous les parlementaires.
M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: La loi 125 sur l'aménagement et l'urbanisme,
M. le Président, c'est, en fait, une volonté de
décentralisation très clairement établie par l'État
québécois, une mesure de décentralisation, puisqu'il n'y
avait pas, dans le territoire québécois, dans les régions,
de possibilité de faire appliquer certaines mesures, de
décentraliser certaines mesures, les municipalités étant
trop petites pour qu'elles puissent être applicables directement par le
milieu concerné, d'où la création des MRC, finalement.
Dans un premier temps, on a voulu accorder aux MRC ce premier devoir de
décentralisation en faisant décider de l'aménagement du
territoire, en demandant directement aux citoyens ce qu'ils voulaient faire de
leur territoire, comment ils le voyaient, comment ils voulaient le
développer pour créer un milieu qui leur soit propice, qui
réponde à leurs aspirations. Alors de toucher à cette
politique d'aménagement, nécessairement, il y a un choc
maintenant qui se fait entre la volonté de la population à la
base et l'application pratique et l'habitude d'application de certains
ministères. C'est un choc normal, mais c'est un choc qui ne doit pas
aller à ['encontre de la volonté de décentralisation
exprimée par la loi 125.
Le projet de loi du ministre, pour conclure le plus rapidement possible,
ne va pas nécessairement dans le sens d'une entente qui permettrait de
résoudre ce choc entre des volontés populaires directement
à la base des citoyens et l'habitude d'exécution des grandes
politiques, des grandes missions de l'État québécois. Le
projet de loi actuel ne va pas dans ce sens-là, je ne crois pas Nous
pourrons de toute façon en discuter plus à loisir dans les
minutes et les jours qui viennent. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Vous avez
terminé. Votre temps était écoulé.
M. Desbiens: Malheureusement, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, les remarques
préliminaires sont maintenant terminées de la part du
député de Dubuc. Est-ce qu'il y en a d'autres qui aimeraient
Intervenir?
M. Blais: M. le Président, je demanderais la parole, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Conformément à l'article 244 de notre
règlement, que la commission tienne des consultations
particulières sur le projet de loi 88, Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, la Loi sur les cités et villes et
le Code municipal du Québec, et qu'à cette fin, elle
entende l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, la motion est
recevable puisqu'elle se réfère au deuxième paragraphe de
l'article 244. Je rappelle donc au porteur de cette motion, M. le
député de Terrebonne...
M. Paradis (Matapédia): M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): J'aimerais savoir s'il restait du
temps au député de Terrebonne pour pouvoir déposer sa
motion? C'est une motion qu'on dépose là.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Une décision a
déjà été rendue dans ce sens-là» M. le
député de Matapédia, qui fait en sorte que lorsque les
premières procédures, soit les remarques préliminaires,
sont terminées, cela enclenche par la suite les procédures de
motion qui peuvent venir et, même si un député n'a plus de
temps, il peut déposer une dite motion en vertu d'une décision
qui a été rendue le 2 décembre 1986 par le
président de la commission de l'économie et du travail, M.
Jean-Pierre Charbonneau, et qui a été
répétée à plusieurs exemplaires.
M. Paradis (Matapédia): Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, M. le
député de Terrebonne, vous avez donc une période de 30
minutes et chacun des autres parlementaires, qui voudront intervenir sur cette
dite motion, auront le droit à une période de dix minutes et M.
le ministre a ses 30 minutes qu'il pourra exercer. Maintenant, pour la bonne
conduite des travaux, j'aimerais beaucoup qu'on puisse entendre ce qui se
passe, parce que ce n'est pas facile lorsque trois ou quatre conversations se
tiennent en même temps. D'ailleurs, je l'ai toujours
déploré dans toutes les commissions et je pense que c'est mon
rôle comme président de cette commission de m'assurer que cela se
passe le mieux possible, même si ce que les gens disent
n'intéresse pas tout le monde, ceux qui ont des conversations à
tenir, je prierais qu'ils les tiennent le plus doucement possible afin de ne
pas... parce que pour celui qui s'exprime, c'est très difficile
d'être capable de poursuivre son travail. Alors, je demanderais la
collaboration de tout le monde pour que cela se passe le mieux possible, afin
que chacun des parlementaires de chacun des côtés essaie de faire
son travail le mieux possible. Alors, dans ce sens-là, M. le
député de Terrebonne, vous avez donc la parole pour 30 minutes.
Avant, j'ai une demande de M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, oui. Est-ce qu'on aura une
copie de la motion, s'il vous plaît?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Certainement, il y
aura une copie de cette motion qui va vous être acheminée dans
quelques minutes afin que tout te monde ait le texte en main.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, sans plus
tarder, je donne la parole au député de Terrebonne. À
vous.
Motion proposant de faire témoigner l'Union des
municipalités régionales de comté
du Québec
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. La vie
parlementaire a ses obligations. Je ne veux pas parler d'une façon
très longue de la vie parlementaire, mais, comme préambule,
j'aimerais bien dire qu'elle porte des obligations et l'une de celles-ci, c'est
de lire les journaux. À la lecture des journaux depuis quelques mois,
nous nous rendons compte que le président de l'UMRCQ, autant que celui
de l'UMRC, que les agents municipaux, portent dans leurs propos des accusations
à peine voilées contre le ministère des Affaires
municipales. Dans notre vie parlementaire - nous sommes une dizaine de
députés autour de cette table - je suis persuadé, tous
tant que nous sommes, même si c'est une période, comme vous dites,
de session intensive, tous les députés se font un devoir de lire
les journaux. Je ne brandirai pas, ici, à la face de la
présidence, tous les articles de journaux qui ont paru pour des
contestations, parce que je suis persuadé que tous autour de la table
les ont lus. J'ai l'impression que, selon le côté de la table
où nous nous trouvons dans cette période troublée de fin
de session, nous n'interprétons pas les journalistes de la même
façon. Ceux qui sont de l'Opposition, bien sûr, regardent les
anomalies des lois qui sont présentées, tandis que ceux qui sont
du côté du pouvoir regardent plutôt les bouts des articles
où l'encensoir se promène de façon fumante.
Je veux bien croire qu'à l'approche de la fabrication des sapins
de Noël et des crèches, on peut être plus porté du
côté du gouvernement à regarder l'encensoir fumant, mais,
de mon côté, mon devoir est de regarder les orifices non
bouchés par la loi. Je regarde aussi les revendications des élus
municipaux devant le gouvernement, donc l'Opposition, pour que les choses
qu'ils trouvent d'une valeur Intrinsèquement indissociable de leurs
rôles comme élus, le ministère les fasse siennes,
quelques-unes au moins. Dans cette loi, le président de l'UMRCQ n'a pas
beaucoup d'éloges pour le ministre et ceux qui lui ont écrit
cette loi, à sa commande.
Et, le président, M. Roger Nicolet, a laissé entendre et a
dit, de façon assez franche quand même que dès
l'arrivée des libéraux, en 1986, les MRC ont, tout d'abord,
vécu une période d'incertitude Intolérable sur leur
existence future. Ensuite le ministre est venu leur offrir une maigre pitance
de 70 000 $ par année, de façon générale, pour les
cinq années à venir et ces gens-là ont dit: On va examiner
la chose. Le ministre, dans sa tête, par 70 000 $ voulait dire un 70 000
$ pendant cinq ans de temps, donc 350 000 $. Les municipalités, les MRCQ
n'ont pas pris cela de la même façon. Elles ont dit: Nous
examinons. Elles sont revenues en disant que c'était trop peu et le
ministre veut faire sienne comme s'il y avait une acceptation totale.
C'est bien sûr que le devoir d'un ministre, fut-il en tête
des municipalités du Québec, à cause du rôle que son
premier ministre lui a donné, consiste bien sûr, à
accomplir son devoir et essayer aussi de plaire aux autres ministres, comme le
président du Conseil du trésor qui lui dit: Bien, je te donne 70
000 $, les cinq prochaines années. Il part avec cela. Mais, M. Nicolet a
dit à Joliette que M. Chevrette demandait une plus grande assiette pour
les municipalités. Alors il y a une complication entre le devoir de
fidélité intrinsèque financière au décret du
président du Conseil du Trésor, les besoins réels sur le
terrain des municipalités, et l'autorité chancelante entre les
municipalités et le Con-seil du trésor, que le ministre des
Affaires muni-cipales représente. Il est placé comme - on
pourrait dire - le balancier dans une horloge. S'il va trop loin, il se frappe
la rotule sur le Conseil du trésor et de l'autre côté, il
se frappe l'autre rotule sur l'Union des municipalités de
comté.
Notre devoir, nous, c'est au moins de dire qu'il peut y avoir un
entre-deux et que la cloche de la compréhension pourrait, après
plusieurs balancements, sortir le coucou. J'ai dit au ministre, ce matin, et je
sais qu'il l'a noté - je l'ai vu à l'époque quand j'avais
prononcé ce beau discours - je l'ai vu noter cela et je suis
persuadé qu'il y réfléchit beaucoup, parce que c'est
normal, dans un vibrant plaidoyer, et j'insistais sur le mot "vibrant"
plaidoyer, en faveur du respect de l'autonomie, régionale, qu'on
semble...
M'entendez-vous bien, M. le député? Vous m'entendez bien,
moi aussi. L'autonomie des régions n'était pas respectée
dans ce projet de loi. C'est parce que c'est un projet de loi tellement
difficile intellectuellement à déchiffrer, que je m'excuse devant
mes confrères. Lorsqu'il y a des murmures un peu trop intempestifs, cela
dérange la bonne marche de la discussion et je vois que M. le ministre
suit de façon très, très attentive. Je ne voudrais pas
qu'il perde un Iota de mon plaidoyer en faveur des municipalités. (17
heures)
Alors, dans un vibrant plaidoyer qu'il faisait à son tour en
faveur de l'UMRCQ, M. Roger
Nicolet dénonçait le comportement centralisateur de
certains ministères sectoriels. "Certains ministères", c'est un
terme poli pour dire que le ministre des Affaires municipales laissait les
autres ministères mettre trop la main sur le pouvoir municipal. On sait
qu'il y aura toujours entre les MRCQ, l'agriculture et le ministre de
l'Agriculture, des zones grises, et vous essayez aussi d'en parler
là-dedans. Entre les zones blanches et les zones vertes, il y a une
période de zones grises. Il y a toujours eu des chicanes pour voir si
ces zones grises verdiraient ou si les vertes blanchiraient. C'est comme la
naissance des abeilles. Par exemple, sur un territoire, un apiculteur
possède des ruches. Les abeilles ont un trajet à faire pour aller
chercher ce qu'il leur faut pour s'alimenter et fabriquer du miel. Elles sont
dans une zone verte, mais elles traversent une zone blanche urbaine, par
exemple, pour se rendre sur une île, pour chercher ce qu'il leur faut et
elles reviennent. Je ne sais pas si vous le savez, mais j'ai ce problème
chez nous. On ne peut pas contrôler la naissance des abeilles, c'est
sûr, ni leur trajet pour chercher leur alimentation pour la fabrication
du miel. Mais, lorsque les zones urbaines et les zones agricoles sont
très près, sans zone intermédiaire, eh bien les abeilles,
par leur volée en bloc, laissent sur leur chemin des traces - vous savez
ce que je veux dire par des traces - et les urbains en souffrent. Je sais qu'il
est difficile de légiférer dans ce domaine. C'est un des seuls
domaines où je n'ai jamais vu de loi, sur ce que les abeilles pourraient
laisser en route vers leur alimentation. C'est difficile de
légiférer, mais il demeure, lorsque les zones sont proches les
unes des autres, la zone urbaine étant collée sur une zone d'un
apiculteur ou d'un aviculteur, etc., c'est soit par la senteur... les abeilles,
c'est surtout par leur dépôt lorsqu'elles sont en vol. Cela nuit
beaucoup à la vie urbaine. Certaines MRC urbaines s'en plaignent et,
d'un autre côté, le ministre de l'Agriculture défend les
éleveurs d'abeilles qui sont nécessaires. Le ministre des
Affaires municipales est pris, il ne sait pas s'il devrait prendre pour
l'abeille, pour l'urbain, pour l'agriculteur ou pour le miel. C'est
compliqué. Je le dis de façon peut-être un peu
évasive...
Une voix: Si peu.
M. Blais:... mais c'est tout de même un problème que
l'UMRCQ...
Une voix: Quand ce sera le temps de sourire, vous nous le
direz.
M. Blais:... est obligée de régler avec le
ministre. Ce n'est pas aux MRCQ ou au ministre. On ne peut pas vous
décrire tous les maux qui existent aujourd'hui. J'ouvre une petite
parenthèse. Je mangeais des moules ce midi et il y en a qui me disaient:
Tu as pris ma moule; non, c'est ta moule; elle est toxique... C'est une
parenthèse pour dire qu'aujourd'hui on a un problème
même avec les moules. En tout cas, je dis cela comme ça, en
passant, pour dérider l'assemblée.
Je tiens d'abord à dire, M. le Président, une chose
très importante. En créant les MRC, les municipalités
régionales de comté, au début des années
quatre-vingt, sous la gouverne du gouvernement péquiste et du
regretté et patriote M. René Lévesque, le gouvernement du
Québec s'était engagé à financer entièrement
la (onction aménagement assumée par ces organismes
supra-municipaux pour une période minimale de cinq ans, soit pour la
durée et la confection des schémas d'aménagement du
territoire. Cette période de cinq ans étant terminée, la
plupart des 94 MRC ont remis au ministre leur schéma
d'aménagement. Vous savez, M. le ministre, que nous essayons ici
désespérément. Je suis persuadé que vous comprenez
notre attitude, Vous savez les heures que nous mettons ici à vouloir
défendre les municipalités, on le voit que c'est du
côté de l'Opposition qu'il semblerait y avoir plus de paroles
dites pour défendre les municipalités et je conseillerais
à ceux qui veulent réviser nos salaires de nous payer aux mots
qu'on dit et non pas à l'absence... Et non pas à essayer de
gagner un salaire plus élevé en étant plutôt une
réclame de Monsieur Muffler plutôt que d'être quelqu'un qui
parle de temps en temps pour essayer de défendre ceux qui ont besoin
d'être soutenus.
M. Bourbeau: Vous parlez et nous agissons.
M. Blais: C'est bien, c'est bien mais nous aimerions que vous
agissiez bien. C'est cela, on trouve qu'il y a des failles dans vos
agissements. Vous savez, on peut avoir un permis de conduire et passer son
temps à frapper des poteaux de téléphone. On peut
être ministre et toujours être dans le fossé aussi. Alors,
on va essayer de vous redresser. Les 94 municipalités régionales
de comté viennent de terminer avec succès le premier mandat de
leur courte histoire. Vous savez, c'est court, dans l'histoire d'un peuple,
cinq ans. Cinq ans, ce n'est pas long Pour l'aménagement et la
décentralisation des pouvoirs, je sais qu'une période de cinq,
six ou sept ans, ce n'est pas beaucoup parce que les structrures que nous
mettons en place, il faut les surveiller de très près et ne pas
laisser adopter des lois qui pourraient atrophier dans leur travail ceux qui
sont élus par l'ensemble des citoyens. Cela vaut autant pour les
députés de prendre la parole quand c'est le temps que pour les
élus municipaux, à leurs propres conseils. Alors, cinq, six et
sept ans pour une structure, ce n'est pas très long. C'est pourquoi
certains schémas d'aménagement ne sont pas encore
réglés. Mais de là à dire que vu que le premier
but, le premier objet de la création, le premier pouvoir qui a
été donné aux MRC était de dresser les plans des
schémas d'aménagement, de là à ne leur laisser que
ce pouvoir, il y a tout de même ce qu'on appelle ici des MRC sur des
béquilles. On leur donne deux béquilles et le schéma
d'aménagement et on leur dit: Maintenant, marchez sans boiter et on ne
leur donne aucun autre pouvoir. Cependant, le ministre semblerait vouloir leur
en donner. C'est là qu'il y a un hiatus entre nos deux
idéologies. Moi, je serais pour une distribution synchrone des sommes
à donner et le ministre est plutôt de la philosophie tautochrone.
La différence entre synchrone et tautochrone, c'est une
différence philosophique dans la distribution de l'argent qui est d'une
importance capitale. Tautochrone veut dire de donner de façon fixe
à des temps fixes. Synchrone cela voudrait dire à des
périodes égales entre les versements.
Une voix: C'est une "run* de lait.
M. Blais: C'est une "run" de lait quand on regarde... mais
j'aimerais dire qu'à 70 000 $ par année pendant cinq ans, c'est
une distribution synchrone de 70 000 $ à montant fixe. Et ce n'est pas
cela. Nous aimerions que le ministre adopte une philosophie tautochrone et la
tautochronie, dans cela, ce serait de verser à des périodes qui
ne sont pas peut-être égales entre elles mais cela
représenterait les besoins d'une année à l'autre qui
peuvent changer dans les municipalités. C'est cela que le
président des MRCQ veut stigmatiser par sa sortie vibrante qu'il a faite
devant ces 3000 élus de la région du grand Montréal en fin
de septembre, il n'y a pas tellement longtemps, et, je suis persuadé que
le ministre connaît, ayant peut-être même assisté
à ce vibrant discours qu'il a fait à cette
période-là.
Beaucoup de gens... C'est curieux, c'est curieux. Moi, je suis un
parlementaire qui ne doute jamais de la bonne volonté du
législateur. C'est tout de même une belle base de discussion. Je
ne doute jamais de la bonne volonté. I! y a le deuxième principe,
le deuxième axiome de mon engagement, c'est que personne n'est en
possession tranquille de la vérité, fut-if Lesage à son
époque. Alors, vu que personne n'est en possession tranquille de la
vérité, je crois qu'il est bon d'avoir des discussions parfois un
peu plus prolongées que désiré, parce que parfois on a de
la difficulté à faire comprendre le but de nos interventions et
le but de nos interventions ici c'est qu'on veut faire venir l'UMRCQ pour
qu'elle nous étale, ici, devant les élus des deux
côtés de la Chambre, les modifications qu'elle aimerait voir
apporter à ce projet de loi, qui, en soi, ne sort pas de mauvaises
Intentions. La façon dont il a été rédigé
est peut-être inacceptable pour l'Opposition. Nous avons peut-être
tort. Vous savez qu'il est très dur pour un élu d'admettre qu'il
peut avoir tort. Mais, nous, de ce côté, nous vous disons, M. le
ministre, en toute humilité: II est possible que nous ayons tort en
voulant vous demander des changements. Vous nous dites; J'ai raison sur toute
la ligne et la loi doit passer comme elle est écrite. Vous
avez peut-être raison, mais j'aimerais que vous me disiez qu'il
serait possible que, vous aussi, soyez faillible. Comment peut-on arbitrer seul
des raisonnements aussi diamétralement opposés? Voilà
pourquoi ta lumière de l'UMRCQ, pour venir arbitrer les deux positions
qui sont défendues devant cette table, serait absolument
nécessaire. Dans le doute, on consulte. Quand on ne consulte pas, on
redoute la consultation.
Je ne crois pas que le ministre des Affaires municipales - qui est,
d'ailleurs, un ancien maire, un ancien maire! - redoute la consultation des
élus municipaux, à moins qu'il pense - comme je le disais
tantôt - à cause de son passage à la tête d'une
municipalité, qu'il a une sorte de science infuse qui lait que les
projets qu'il présente sont posés sur la table comme s'il
était le pape municipal et qu'il parlait ex cathedra. S'il pense que
c'est cela, on a vraiment besoin, M. le Président, de l'union des
municipalités. On en a absolument besoin.
M. Roger Nicolet est une sommité dans le domaine et passe pour un
type qui fait des critiques constructives. Ce n'est pas un personnage qui, sur
le territoire québécois, a la réputation d'être
farfelu. Ce n'est pas un personnage qui a la réputation de dire qu'il
s'oppose pour s'opposer. Ce n'est pas un personnage qui a fait des impairs
quand il s'est opposé à certaines lois dans le passé.
C'est un type qui a un curriculum vitae qui parle en sa faveur. Il a toujours
été un grand démocrate, un type qui aimait la
consultation. Quand il donnait son opinion, s'il pensait qu'il avait raison, il
y allait. Après discussion, il pouvait même retirer ses
propositions. C'est un homme à qui on peut faire confiance. Ce n'est pas
un entêté, un têtu, ni un perturbateur du
législateur. C'est un type qui veut être un éclaireur, tout
en voulant être éclairé par les élus. Et c'est tout
en son honneur. On a beaucoup d'hommes de cette trempe au Québec. Nous
avons la chance d'en avoir un. Pourquoi refuserions-nous? En n'acceptant pas
immédiatement la proposition que j'ai faite de recevoir l'UMRCQ, cela
veut dire que le gouvernement actuel, le Parti libéral, s'oppose
à consulter l'UMRCQ sur ce projet de loi. Sinon, nous arrêterions
de discuter tout de suite.
C'est un homme d'une telle valeur, M. le Président, qui dit ceci;
Incompréhension des demandes municipales, refus d'accepter le concept
d'aménagement Issu de la loi 125, opposition systématique aux
volontés du milieu - par le milieu, il veut dire le milieu municipal,
c'est grave - vision étroite des objectifs à privilégier.
Je me sentirais chatouillé dans mon faible intérieur, si le
président de l'UMRCQ me disait cela, si j'étais ministre des
Affaires municipales. Je ne ronronnerais pas, je sentirais mon faible
intérieur vibrer, mais non, il dit: Mes propositions semblent calmer la
quiétude douteuse des Affaires municipales. Tout se passe en ronrons. Et
vogue la galère! Et il continue: Autant de symptômes de ses
réflexes d'une fonction publi- que qui vit encore dans une autre
ère, celle du centralisme, qui répond à un concept
dépassé de la société québécoise. (17
h 15)
Lorsqu'on est législateur, il faut veiller à tout ce qui
se dit. I! ne faut pas, par certains gestes que l'on pose, donner raison aux
représentants de l'UMRCQ ou des MRC qui nous disent que le ministre dort
sur son projet de loi. Il ne faut pas que, physiquement, on en voie les
symboles. Ce serait lui donner raison. Je fais tout en mon pouvoir pour tenir
l'éveil intellectuel du ministre en éternelles vibrations de
compréhension, mais je ne suis tout de même pas un vibrateur de
consciences.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Je veux essayer de faire ma part pour qu'il comprenne
les revendications des élus à l'extérieur de cette
Assemblée nationale. Mais l'UMRCQ stigmatise le comportement de certains
ministères par décence professionnelle. Je n'irai pas plus loin,
c'est normal d'ailleurs et de bon aloi.
Écoutez bien, mon intervention est celle du président, M.
Nicolet. Albert Juneau dit ceci et je pense que mon intervention devrait avoir
le même effet: Une telle opération n'a pas manqué de
perturber la douce quiétude du ministère des Affaires
municipales, une espèce de semi-sommeil devant les revendications des
élus. Il y a 1600 municipalités qui vous regardent d'un oeil
attentif, qui réclament, qui veulent que vous soyez vigilant. Vous
êtes leur étoile de Bethléem qui les guide vers le
succès de leur crèche municipale. Allez-vous vous éteindre
derrière le nuage de l'indifférence? Je crois qu'en cette
période de Noël, c'est le temps d'écouter, d'être
compréhensif. Le message du Christ est un message de
compréhension. Alors, à l'époque de Noël, il me
semble que l'on ne doit pas refuser au moins le jeu primaire de la
démocratie qu'est la consultation. Vous savez que le boeuf va manquer de
souffle si la consultation ne vient pas.
M. le ministre, je vous fais une invitation pressante de recevoir
l'UMRCQ. Pourquoi? Parce qu'on dit qu'il y a deux thèses qui
s'affrontent ici et qui semblent difficiles à réconcilier: Deux
thèses se sont affrontées hier à l'ouverture du
congrès de l'union des municipalités - c'est un rapport - tandis
que l'UMRCQ réclamait du Québec une réponse en profondeur
de l'administration des régions. On demande une réponse en
profondeur de l'administration des régions et le ministre semble sourd
aux revendications de l'UMRCQ. Il semble sourd, sourd, sourd, mais le pire,
c'est qu'il semble Indifférent à l'argumentation de l'Opposition.
Ce qui peut nous faire entrer, en cette période-ci, dans une
période de vexation et nous aurons des réflexes face à la
compréhension que vous avez ou que vous n'avez pas envers nous.
Vous savez qu'à la fin, dans une période comme celle-ci,
le gouvernement désire, le gouvernement soupire, mais c'est nous qui
tranchons, c'est nous qui disons quelle loi va être adoptée. Vous
le savez d'ailleurs, c'est l'Opposition qui gouverne le dernier mois de
l'année et durant le mois de juin. C'est l'Opposition qui dirige
totalement la Chambre. C'est le "miss" total, ce n'est pas le "middlemiss",
c'est le "miss" total et la perte totale pour le gouvernement - excusez
l'anglicisme - c'est la perte totale. "It is impossible to miss it. " Vous
devez absolument mettre le cap sur la compréhension avec l'Opposition,
parce que les représentations qui sont faites et qu'on voudrait voir
faire de façon officielle...
Nous avons des gens, ici, de l'UMQ et des MRC qui viennent voir ce qui
se passe. Ah oui, il y a des gens qui sont venus voir, ils sont là. Ils
vont rapporter à M. Nicolet et aux autres cette sorte
d'indifférence blafarde qu'on voit devant nous. On dirait qu'il y a un
nuage opaque entre la compréhension et ceux qui siègent devant
nous. J'aimerais qu'une coopération et qu'une convention
élaborées se fassent. Et c'est avec une compréhension
avouable et avouée que nous allons coopérer à
l'amélioration de ce projet de loi, mais vu qu'il y a restriction de
votre part, nous aimerions qu'on éclaire les deux côtés de
la table en faisant venir l'UMRCQ.
M le Président, mon temps est écoulé et Je vous
remercie.
Le Président {M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M. le
député de Terrebonne. Il vous restait encore quinze secondes.
Alors, M. le ministre, est-ce que vous voulez répliquer?
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, je veux simplement
féliciter le conférencier pour son magnifique exposé sur
la situation. Je peux lui dire que PUMRCQ a été amplement
consultée depuis des mois, des mois et des mois. D'ailleurs, le
porte-parole de l'Opposition officielle a même fait un reproche au
ministre de trop consulter. Il lui a dit qu'il était un ministre qui
n'arrête pas de consulter. C'est un ministre qui ne prend pas de
décision, disait-il. Alors, on entend des langages contradictoires quand
on entend le député de Terrebonne et le député de
Jonquière. L'un dit que le ministre consulte trop, l'autre dit que le
ministre ne consulte pas assez. Il faudait qu'on se décide de l'autre
côté pour savoir exactement ce qu'on veut.
Ce que" je peux dire, c'est que, quant à nous, nous avons fait
longtemps la consultation de plusieurs façons, soit par des
conversations ou des rencontres privées, soit par le biais de la table
Québec-Municipalités, soit par les assises du mois d'août
dernier, sort par de nombreuses rencontres avec les fonctionnaires, qui se font
encore journellement, je dois le dire, M. le Président. Il vient un
temps où il faut trancher et ce temps-là est arrivé. Je
pense que les députés doivent prendre leurs
responsabilités de quelque côté de la table qu'ils soient.
C'est pour cette raison-là que J'incite les membres de l'Opposition
à se joindre à la partie gouvernementale pour passer à
l'article 1 du projet de loi, M. le Président, dans les meilleurs
délais possible.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, merci, M. le
ministre. M. le critique de l'Opposition, M. le député de
Jonquière, vous avez droit à dix minutes seulement sur la
motion.
M. Bourbeau: Seulement.
M. Francis Dufour
M. Dufour: On verra après, on a du temps. J'ai encore 35
minutes, toute la veillée et demain. Je ne suis pas pressé. Il y
a de l'ouvrage à faire et on va le faire. Donc, sur cela, je voudrais
renchérir sur les propos de mon collège et sur la proposition
qu'il a faite, à savoir qu'on devrait entendre d'une façon
sérieuse l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec. Puisque
c'est un projet de loi, le ministre peut bien dire qu'elles ont
été consultées, mais il y a des façons de faire qui
sont loin d'être des consultations, cela ressemble à du tordage de
bras.
Je veux seulement tenir pour acquis qu'au mois d'août 1987, la
ministre des Affaires municipales a convoqué les assises
Québec-Municipalités, assises qui devraient produire des
résultats extraordinaires, puisqu'au printemps 1987, il avait averti les
membres de l'Opposition, dont celui qui vous parle, en particulier, qu'ils
verraient des choses extraordinaires. Donc, c'était la lumière
totale ou l'éblouissement total par rapport à ce qui se
passerait. Il m'avait dit: Attendez, vous aurez à nous féliciter
pour le travail qu'on aura fait.
Mais, c'est un ministre peureux qu'on a devant nous et je vais vous dire
pourquoi. J'avais demandé, comme représentant de l'Opposition, si
je serais invité à assister comme observateur aux assises
Québec-Municipalités, non pas comme personne qui
écouterait ce qui se dirait, non pas pour parler à leur place,
mais pour regarder ce qui se passerait, Le ministre a bien pris soin de dire
qu'il ne savait pas trop ce qui se passerait et m'avait dit à ce
moment-là: On verra. Il a fait ses assises
Québec-Municipalités. Il y avait à peu près 25
élus municipaux, des élus choisis sur le haut volet: On prend des
gens de l'UMRCQ, des gens de l'UMQ, on va s'entourer de quelques
députés de ma formation. C'est pour entourer les élus. Il
ne faut pas les échapper. Il faut les accrocher quelque part. En
même temps, il a invité 20 à 25 fonctionnaires. Donc, il y
en avait deux pour un, pour être bien sûr qu'on les aurait par la
gorge et que c'est ce qui se passerait.
I! n'a pas mal réussi son opération parce qu'il y a eu,
semble-t-il, un communiqué conjoint qui est sorti à la fin des
assises Québec-Municipalités, mais, avec le temps... Le temps
étant un guérisseur ainsi qu'une façon de mieux
réfléchir. C'est pour cela, peut-être, qu'on va donner au
ministre une chance de réfléchir. C'est pour cela qu'on parle.
C'est pour essayer de lui donner un peu de temps pour le faire retomber sur ses
pattes et lui faire comprendre qu'il n'a pas le droit de rester insensible
devant les tractations, devant les demandes pressantes des municipalités
et même, l'union d'autres organismes et d'autres groupes.
Le ministre est insensible à cela. Il rit, comme d'habitude. Un
rire qui ne signifie à peu près rien. Je ne sais pas si c'est le
sourire de la Joconde ou bien celui d'une personne qui n'a rien à dire.
En tout cas, cela me surprend tout le temps et cela me semble presque de
l'arrogance par rapport à ces Intervenants. Il semble insensible
à tout ce que l'Opposition pourrait dire. Il a la vérité
tranquille, comme disaient certaines personnes. Moi, je ne peux pas accepter
cela.
Je pense que l'Union des municipalités régionales de
comté a prouvé, dans le passé-.. Cela représente au
delà de 1200 municipalités au Québec. Ce n'est pas
Saint-Clin-Clin, ce n'est pas un syndicat. Vous pourriez peut-être dire:
C'est un syndicat qui représente un petit groupe, mais non, ce sont 1200
municipalités. Au delà de 80 MRC font partie de leur cadre. Il me
semble que cela représente quelque chose de sérieux. Ils ont un
président Ils ont des représentants de toutes les régions.
Régulièrement, ces gens-là se réunissent autour
d'une table et discutent des problèmes des municipalités. C'est
tellement sérieux que même le ministre trouve moyen de
subventionner l'Union des municipalités régionales comme l'Union
des municipalités du Québec, parce qu'il veut les
considérer comme des intervenants sérieux. Est-ce que le ministre
veut subventionner en disant: Là, je subventionne à condition que
vous pensiez comme moi, ou si, à chaque fois qu'ils vont parler et
qu'ils vont dire des choses, s'ils ne pensent pas comme le ministre, ce dernier
va les traiter comme des quantités négligeables.
Je ne peux pas accepter cela. Il me semble qu'il y a un projet de loi
important. On ne joue pas avec des projets de toi. Cela fait sept ans que la
loi 125 est adoptée. Sept ans que les municipalités, les membres
qui la composent... Les municipalités, cela ne veut rien dire, ce sont
les membres qui sont à l'intérieur de ces municipalités
qui représentent quelque chose. Ces gens-là, cela fait sept ans
qu'on les fait travailler à des plans et à des projets. On arrive
au bout de la course ou à peu près et on commence à
vouloir changer les règles du jeu. On commence à leur dire: Cela
ne marche pas. Cela ne marchera pas comme cela. Mais surtout, on ne veut pas
trop les consulter.
C'est quoi cette histoire-là qu'on ait eu un communiqué,
à un moment donné, du COMPADR et d'ententes? On y dit: L'entente
ministérielle sur la limitation des pratiques et usages agricoles en
zone agricole. Cela faisait référence à quelque chose, au
projet de loi qu'on est en train d'étudier: Entente parfaite, entente
totale. Si c'est vrai qu'ils s'entendent, pourquoi te ministre n'est-il pas
prêt à accepter que ces gens-là viennent nous le dire? Je
n'ai pas assisté aux assises Québec-Municipalités.
Peut-être que" toute la discussion qu'on a n'aurait pas lieu si on y
avait assisté et si on avait vu le climat qui s'en est
dégagé et de quelle façon on avait discuté, lorsque
les assises Québec-Municipalités se sont déroulées.
Peut-être que si on avait été des observateurs et qu'on
avait écouté ce qui s'est passé, on pourrait faire
confiance au ministre, mais on ne peut pas se fier à cela.
Il y a trois ministres qui nous disent une chose qui est
contestée et qui est contestable. On a des communications directes avec
ces gens-là, qui nous disent: Cela ne marche pas. Ce n'est pas ainsi que
cela s'est passé. Ce n'est pas tout à fait comme cela. On n'est
pas prêts à accepter cela. Si c'était le contraire et que
je m'appelais le ministre, je serais content de dire: Amenez-les. Venez me
confronter et me dire que ce n'est pas correct. Mais non, le ministre est
confiant: C'est la crise en dehors, mais ce n'est pas grave. Moi, j'ai raison.
Il y a seulement moi qui ai raison et {'ai le droit, parce que c'est nous, la
loi. (17 h 30)
Déjà, le ministre ne répond même pas à
ces municipalités. Cela fait seulement deux ans qu'il est là et
il a déjà oublié que son travail essentiel, c'est de
défendre la position des municipalités. Ce n'est pas seulement
sur un point que les municipalités ne sont pas d'accord. S'il n'y avait
qu'un seul point, on verrait que c'est du "zigonnage", des choses pour
s'amuser, des mesures dilatoires, qu'elles veulent laisser filer le temps. Ce
n'est pas cela que les municipalités nous disent. Les
municipalités disent: Il y a des points très précis sur
lesquels on ne s'entend pas. Comme Opposition, on serait prêt à
les entendre, on serait même prêts à jouer le rôle de
conciliateur, pour essayer d'amener le ministre à mettre de l'ordre et
à faire travailler les gens ensemble. Mais non, le ministre reste coi.
Il reste coi, coi, coi. Il a l'air d'un petit canard là-dedans. Je pense
que ce n'est pas correct. Il ne faut pas que ce qu'on lui dit lui coule sur le
dos comme sur le dos d'un canard. Il faudrait qu'il réfléchisse
à cela.
Je parle d'entités sérieuses, d'entités qui
dépendent du gouvernement du Québec et directement de son
ministère. Il faudrait qu'il accepte que tes municipalités
viennent nous dire ce qu'elles pensent du projet de loi, en quoi elles ne sont
pas d'accord et aussi, en quoi elles pourraient accepter des compromis. Je
pense qu'on est là pour cela. On est là pour accepter
que, parfois, il y ait des compromis qui se fassent. Pourquoi serait-ce
seulement le ministre des Affaires municipales qui pourrait faire les compromis
par une loi en disant: C'est de même que ça se passe?
Il oublie complètement de quelle façon on devrait traiter
ces gens-là. Il oublie qu'il y a une table
Québec-Municipalités. Eux-mêmes nous disent qu'ils n'ont
pas été consultés sur certaines choses. Le comité
de concertation agricole, c'est quelque chose de nouveau. Cela n'a pas
été discuté aux assises
Québec-Municipalités. On a dit: On va essayer de leur en passer
une. On leur passe autre chose. On ne leur a pas demandé ce qu'ils en
pensaient à ce moment-là. Cela vient d'une étude
spéciale qui vient de se faire, cela tombe comme cela sur la table:
Vous, vous n'avez pas le choix. On va faire cela, on va vous faire
débourser de l'argent, cela va vous coûter quelque chose, mais on
ne vous dit pas pourquoi et vous allez embarquer dans le moule parce qu'on a
décidé que c'était comme cela.
Il y a des gens qui ont décidé que la municipalité,
il faudrait faire cela par morceau. De temps en temps, c'est un groupe, de
temps en temps, c'est un autre groupe et c'est fini. La cohérence et
l'unité de pensée qui doivent exister dans les
municipalités, le ministre des Affaires municipales met cela de
côté parce qu'il faut faire marcher cela comme un gouvernement, il
faut que cela marche par ministère Je ne sais pas de combien de maires
on va avoir besoin: un maire rural, un maire de ville, un maire de la
forêt, un maire de l'agriculture et un maire des associations. Je ne
comprends plus rien. Le ministre dit que c'est vrai qu'il consulte trop, mais
consulter, cela veut dire écouter et transférer. Cela veut dire
faire quelque chose.
Là-dessus, comme il n'a pas l'air de vouloir donner suite
à notre demande pressante de recevoir l'Union des municipalités
régionales de comté, je voudrais proposer un amendement:
Que la motion pour tenir des consultations particulières soit
modifiée en ajoutant, à la fin, les termes: "l'Union des
municipalités du Québec".
Le Président (M. Parent, Bertrand): L'amendement proposé
par le député de Jonquière est recevable.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre, sur une
question de règlement.
M. Bourbeau: Si je comprends bien, on vous propose une motion
pour amender la motion précédente.
Le Président (M. Parent, Bertrand): En y ajoutant...
M. Bourbeau: Comment sait-on que le parti gouvernemental n'est
pas d'accord avec la motion précédente? On n'a pas pris le
voté, si je me souviens bien. N'est-ce pas plutôt souhaitable que
l'assemblée décide de la motion principale avant de l'amender?
Tout à coup, M. le Président, que l'assemblée serait
d'accord avec la motion principale?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que vous avez des
remarques à faire, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: Oui, je voulais simplement, en tant que porte-parole,
insister pour dire qu'au moment où je fais la proposition, j'ai le droit
de faire un amendement. Je ne pense pas qu'on puisse revenir à la
proposition principale avant que l'amendement soit reçu et que j'aie eu
le temps d'en discuter.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Maintenant qu'un amendement
à la motion principale a été déposé, on doit
discuter de l'amendement et, ensuite, lorsque tous les amendements auront
été discutés et que les temps de parole auront
été épuisés, on pourra prendre le vote.
M. Bourbeau: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est simplement pour signaler l'incohérence,
mais vraiment l'incohérence de la démarche de l'Opposition qui
nous dit. en fin de propos: Étant donné que la partie
gouvernementale ne veut pas accepter l'amendement, on va l'amender, on va faire
un sous-amendement. Comment le député peut-il affirmer que la
partie gouvernementale n'est pas d'accord avec la propostion principale, alors
que le vote n'a même pas été pris? C'est une
démarche qui ne se justifie pas. M le Président, le ministre a
laissé entendre, tout à l'heure, qu'il n'était pas
très en faveur de la proposition, mais les autres députés
ne se sont pas exprimés. Je trouve que l'Oppo-siton agit d'une
façon tout à fait incohérente de présumer de la
décision de cette commission avant même qu'elle ne se soit
prononcée. On amende une proposition parce que, semble-t-il, elle n'est
pas recevable pour les autres députés, mais ceux-ci n'ont pas
voté sur la question. Je pense que l'Opposition mériterait de
réfléchir un peu sur la question avant d'amender sa propre
proposition.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Jonquière, sur une question de règlement.
M. Dufour: M. le Président. Pour autant que je sache, il y
a des principes d'alternance.
Lorsque mon collègue a terminé sa proposition, l'autre
côté aurait pu parier, Il n'a pas parlé. J'ai pris la
parole, je fais ma proposition, j'insiste et je maintiens que ma proposition
est recevable. Je voudrais rappeler au ministre qu'il n'a probablement en
mémoire que les deux dernières années, mais pas avant,
parce qu'il semble qu'il vient de découvrir l'Incohérence et
qu'eux étaient toujours cohérents. Je n'ai pas de leçon
à recevoir sur la cohérence ou l'incohérence. On a des
représentations à faire, on va les faire. On va lui donner le
temps de réfléchir. Quand on aura ajourné, il aura deux
heures pour penser. S'il a des propositions à faire à
l'Opposition, il viendra s'asseoir avec nous et on en parlera.
M. Bourbeau: M. le Président, toujours sur la question de
règlement. Ce n'est pas parce que les députés de la partie
gouvernementale n'ont pas pris la parole sur la proposition du
député de Terrebonne, tout à l'heure, que cela signifie
nécessairement qu'ils sont contre la proposition. Au contraire, on
pourrait insinuer que s'ils n'ont pas pris la parole - on dit souvent qui ne
dit mot consent - c'est peut-être parce qu'ils sont d'accord avec la
proposition. D'où la démarche tout à fait
incohérente - je le répète encore - d'un
député qui décide d'amender sa proposition parce qu'elle
n'est pas recevable, alors qu'on ne sait même pas si elle n'est pas
recevable. Je signale, tout simplement, que la démarche est
incohérente et absolument incompréhensible, Je le
répète.
Le Président (M. Parent, Bertrand): L'amendement de la motion est
recevable, comme je l'ai mentionné. J'aimerais seulement préciser
que, M. le ministre, vous aviez, en tant que ministre, 30 minutes de
réplique à la première motion qui était
présentée Ce temps-là n'a pas été
utilisé à toutes fins utiles, comme par vos autres
collègues qui ont tous 10 minutes de réplique. À ce stade,
comme je pense que cet amendement à la motion principale est recevable,
je me dois, en vertu de nos règlements, de donner la parole à M.
le député de Jonquière, pour 30 minutes.
Motion d'amendement proposant de faire témoigner l'Union des
municipalités du Québec
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je vous remercie beaucoup, M. le Président. Je
pense bien que, certainement, le temps qu'on prendra va permettre au ministre
d'ouvrir ses petites oreilles, si ce n'est pas ses grandes oreilles, pour
écouter ce que l'Opposition a à dire et pour lui
démontrer, hors de tout doute, que la demande qu'on fait n'est pas une
demande farfelue.
Rappelons-nous donc, une fois pour toutes, qu'il y a sept ans, un
gouvernement a mis en marche une loi, la loi 125, la Loi sur l'aménage-
ment et l'urbanisme qui mettait sur pied les municipalités
régionales de comté. C'était un phénomène de
faire accepter cela par des municipalités. Cela ne s'est pas fait dans
la chicane, la bataille. Il y a eu de bonnes discussions, des discussions
sérieuses Les municipalités régionales de comté ont
été mises sur pied. Les municipalités qui avaient
contesté le plus cette structure au départ forment actuellement
l'union la plus favorable aux municipalités régionales de
comté. Elles ont compris que la municipalité régionale de
comté était une structure de services qui pouvait aider les
municipalités, d'abord parce que cela leur donne un instrument de
concertation, de développement. Je pense que les députés
qui sont ici, en face, font presque tous partie des régions et doivent
être en état de comprendre que les municipalités
régionales de comté sont un instrument très important dans
les régions. Il y a même des anciens préfets autour de la
table, ils doivent comprendre beaucoup plus facilement de quoi je parle que le
ministre, qui semble au-dessus de la mêlée, au-dessus même
de la réalité.
La municipalité régionale de comté est une
structure qui a vécu depuis sept ans, bien sûr, avec certains
problèmes, avec certains phénomènes qui se sont
passés autour de la même table, où il y a eu des
élus municipaux qui ont engagé des débats
extrêmement importants et intéressants. Il ne faut pas regarder
seulement les points de divergence, il y a eu aussi de la convergence.
Actuellement, beaucoup de plans et de schémas d'aménagement sont
déposés où il ne reste que l'approbation du
ministère des Affaires municipales qui ne vient pas trop vite et qui
laisse encore ces gens-là dans l'incertitude. Donc, vis-à-vis de
ces demandes pressantes, vis-à-vis de ces problèmes, bien
sûr que c'est important de trouver une solution et le projet de loi qu'on
a devant nous, la loi 88 se veut l'élément de solution. Je
persiste à dire et à démontrer que ce n'est
peut-être pas la vraie solution aux problèmes auxquels les MRC
sont confrontées depuis le début. Il faut reconnaître d'une
façon claire, nette et précise qu'aux assises
Québec-Municipalités il y a eu des discussions. Mais, il y a
aussi des éléments, qui ont été amenés dans
cette loi qu'on a à discuter aujourd'hui, qui n'étaient pas sur
la table au moment où il y a eu un communiqué conjoint.
Il faut se méfier des gens qui disent: II y a unanimité.
Vous savez, on pourra bien créer le traité qu'on voudra mais,
tant qu'il n'est pas écrit, tant qu'il n'est pas ratifié, ce
n'est pas un traité, cela devient juste un morceau de papier. Ce sont
des puretés d'intention qu'on peut manifester.
Je pense que le ministre, à ce moment-là, est passé
maître dans l'art de tirer la couverte de son côté et de la
poigner toute ensemble et, en même temps, il ôte la couverte
à tout le monde. Donc, il veut se couvrir parce qu'il fait partie d'un
gouvernement qui ne veut pas faire
de vent ou brasser trop trop la cage. Donc, à ce
moment-là, il ramasse toute la couverte, il en donne à tout le
monde et quand c'est le temps il la ramasse toute pour lui et la garde pour
faire un bon job. Ce qui presse pour lui, c'est d'aller dire à ses
collègues: Regardez comment je trime le monde municipal et comment
j'organise tout cela. Ce n'est peut-être pas un mauvais
négociateur. On pourra peut-être lui accorder cela, pas avec
Ottawa mais vis-à-vis des gens qu'il peut tenir, de temps en temps, avec
des subventions, avec des interlocuteurs réguliers, il finit
peut-être par s'en tirer passablement. Mais je ne pense pas qu'il puisse
s'en tirer élégamment, quand il met devant nous un projet de loi
qui, déjà, suscite la contestation de deux unions.
Tout à l'heure, on insistait pour amener l'Union des
municipalités régionales de comté et les
communautés locales en commission parlementaire. Actuellement, j'insiste
pour dire que l'Union des municipalités du Québec, qui a fait ses
preuves dans plusieurs domaines et qui a montré son sérieux dans
plusieurs dossiers, pourrait, elle aussi, être invitée et
mériterait d'être écoutée parce que, malgré
les divergences, bien sûr, il y a des éléments où
les deux unions sont complètement d'accord.
Quand on parle du Comité de concertation agricole, les deux
unions demandent qu'on retire ce dossier de cette loi-là. Je pense que
le ministre aurait intérêt à ce moment-là à
le retirer. Les municipalités peuvent vivre encore sans cette partie de
la loi. Le comité de concertation va engendrer des discussions, cela va
engendrer des coûts vis-à-vis des municipalités. On met sur
pied un comité pour un groupe particulier de la société
qui s'appelle la classe agricole non parce qu'ils n'ont pas une loi importante,
mon argument est à l'effet que les agriculteurs font aussi partie des
municipalités. Donc, ces gens on va leur créer une classe
spéciale, un comité parallèle d'urbanisme - l'un à
côté de l'autre - et chaque fois que la municipalité va
avoir à toucher en pensée ou en action le territoire agricole le
territoire agricole la municipalité sera obligée de soumettre des
plans, de remettre tous les projets à ce Comité de concertation
agricole qui, lui, va se pencher là-dessus.
Regardons la formation de ce comité. Le comité va
être formé sur la recommandation, bien sûr, du ministre qui
va nommer le nombre de participants qui est à peu près
égal, la municipalité va nommer d'autres personnes. Ce
comité va avoir des exigences. Qu'arrivera-t-il dans les faits au point
de vue pratique? Souvent et régulièrement il pourrait ne pas
être d'accord avec la commission d'urbanisme de la municipalité ou
avec le conseil municipal ou finalement avec personne parce qu'eux ont une
certaine autonomie de pensée parce qu'ils seront à
l'intérieur de la loi. C'est aussi une particularité importante
de ce projet de loi, ce Comité de concertation agricole. C'est nouveau.
Les municipalités n'ont jamais vécu avec cela, deux sortes de
commissions d'urbanisme une pour l'agriculture et l'autre pour les autres.
Après toutes les tractations, cela n'avancera pas les affaires, cela
n'ira pas plus vite, vous savez. Je fais appel à votre jugement et
à votre expérience, M. le Président, vous savez ce que
cela veut dire des plans d'urbanisme dans une municipalité quand les
gens ne sont pas d'accord, il faut passer toutes les étapes. En fin de
compte, si cela ne marche pas, il y a souvent des référendums, il
y a des coûts dans cela, il y a une consultation publique, une
consultation particulière, une détermination des endroits
touchés par ces plans d'urbanisme et Dieu sait s'il y a un certain
nombre de contraintes vis-à-vis du contribuable, des personnes qui
veulent soit amender le plan d'urbanisme ou faire des changements. Cela ne va
pas vite. (17 h 45)
Pour des gens à l'esprit pratique qui veulent faire des
investissements dans les municipalités, en supposant que des changements
devraient être apportés au plan d'urbanisme des
municipalités, cela prend une éternité et, assez souvent,
des projets tombent en cours de route, parce que les gens d'affaires n'ont pas
le temps d'attendre ça. De ce côté-là, j'admets que
c'est une contrainte, mais une contrainte nécessaire. Les
éléments sérieux, une volonté sérieuse de
développement, on peut exiger qu'on mette un peu de temps
là-dedans. Les gens d'affaires doivent se contraindre à ces
règles du jeu qui sont bien connues de l'ensemble de la population,
d'ailleurs Au Québec on peut faire des amendements dans les plans de
zonage en dedans de trois mois, tandis qu'en Ontario, cela peut prendre de deux
à deux ans et demi. Donc, il y a des différences notables entre
un endroit et un autre.
En introduisant la notion du Comité de concertation agricole, je
suis convaincu qu'on vient d'allonger les délais, de les doubler et de
les tripler. Un comité d'urbanisme a un pouvoir de recommandation devant
le conseil municipal, mais le conseil municipal n'est pas obligé de
suivre les recommandations du comité et il n'est pas obligé de
faire une consultation particulière après que la commission
d'urbanisme ait donné son avis.
Le comité de concertation agricole - et c'est sa
particularité - si, à la fin, il n'est pas d'accord avec le
conseil municipal, après toutes les étapes qui auront
été maintenues, le conseil municipal devra obligatoirement, s'il
veut poursuivre son idée, mettre ce rapport ou ce changement en
consultation. Donc, comprenons-nous, cela vient de mettre une contrainte
sérieuse. Cela va exiger des administrateurs municipaux des contorsions,
et cela nous démontre, hors de tout doute, qu'actuellement il y a une
classe dans la société qui fait partie de la municipalité.
Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas importante, ce n'est pas parce que les
lois qui la régissent ne sont pas Importantes, c'est que cela va
obliger des gens à des contraintes par rapport à un groupe
en particulier. Ce qui me fait dire et que je persiste à dire: On est
rendus qu'on fait des cases particulières pour des gens, à
condition qu'ils soient forts. Si un groupe est fort et bien structuré,
on va l'inviter à l'avenir. C'est le signal que le gouvernement vient de
donner par la loi 88, il va dire: Exigez et vous aurez. Cela signifie qu'on
vient d'enlever l'autonomie aux conseils municipaux.
Comment peut-on dans un même discours dire: On croit à
l'autonomie des municipalités, quand, dans un même souffle, on
vient de lui en enlever? Y a-t-il quelqu'un autour de la table qui peut
accepter ou comprendre qu'on vient de renforcer l'autonomie municipale en
mettant un comité de concertation qui peut avoir des exigences
vis-à-vis d'un conseil municipal? Il y a assez de maires autour de la
table qui doivent réfléchir là-dessus et jamais vous ne me
ferez croire qu'on vient de renforcer l'autonomie municipale quand on vient de
mettre des contraintes aux conseils municipaux. Il ne faudrait pas oublier du
jour au lendemain parce qu'on est des élus provinciaux, le gouvernement
du Québec, qu'on vient de faire accroire au monde que c'est fini
à partir de nous, cela vient d'être classé. Ce n'est pas
vrai, il faut accepter les règles du jeu qui sont: II y a un conseil
municipal. On y croit ou on n'y croit pas.
Le conseil municipal, ce sont des élus et il n'y a pas deux ou
trois classes d'élus au Québec. Ce sont des élus comme
nous mais pour d'autres dossiers, d'autres domaines, d'autres facteurs. Donc,
si c'est vrai que ces gens-là sont élus, respectons-les,
acceptons que des règles s'appliquent pour l'ensemble du territoire
comme pour nous, mais, qu'on puisse les baliser différemment.
Il y a des commissions d'urbanisme dans les municipalités au
Québec et rien n'empêche les ruraux d'en faire partie; on devrait
même exiger qu'ils en fassent partie. Je prétends que les maires
et les mairesses - je ne sais pas comment dire cela: les maires au masculin et
au féminin - quels qu'ils soient, s'ils ne sont pas capables de
comprendre que dans leur municipalité, les agriculteurs doivent
être protégés, à mes yeux ils ne méritent pas
d'être maires. Ce ne sont pas de bons maires et il y a une solution pour
cela. Les législateurs, si ce sont des cas trop probants, devraient
trouver des moyens pour les mettre au pas, Si ça ne marche pas, il y a
des électeurs quelque part qui devraient penser de les "sacrer" dehors.
C'est la règle du jeu. C'est la démocratie. Dans la
démocratie il y a un prix, c'est le jour du vote où le monde
s'exécute et dit: On est d'accord ou on n'est pas d'accord. En dehors de
cela, il faut leur laisser une certaine marge de manoeuvre. C'est bien
sûr qu'ils ne peuvent pas passer au jugement de la populace ou du public
tous les jours. Mais, les élus municipaux, par cette contrainte qu'on
vient de mettre là, on vient de leur enlever un sapré pouvoir et
à mes yeux c'est trop onéreux et on n'a pas le droit de faire
cela, parce qu'on est en train de fausser les règles du jeu. On est en
train de démantibuler l'institution qui est plus vieille que le
gouvernement du Québec. Les municipalités, c'est plus vieux que
le gouvernement du Québec. Même à Rome, avant qu'un pays
n'existe, il commence par y avoir des municipalités. On n'a pas le droit
de jouer au yoyo avec cela en disant: Tantôt, vous êtes correct et
tantôt, vous ne l'êtes pas. Ce n'est pas le balancier ou le coup de
pied, ou fais ceci, fais cela, ce n'est pas comme cela que ça doit
fonctionner. Je pense qu'on doit respecter nos interlocuteurs et ces
Interlocuteurs étant des élus, on doit, effectivement, les
protéger. Ce n'est pas trop onéreux, ce qu'ils demandent. Ils
demandent d'être consultés. Ce que l'Opposition demande et exige,
c'est que ces gens-là viennent nous dire ce qu'ils pensent de la loi
qu'on a devant nous. Là, on parle vraiment du coeur de cette
loi-là qui, effectivement, touche un élément essentiel.
Qu'est-ce qu'un plan d'urbanisme? Qu'est-ce que cela fait, un plan d'urbanisme?
On a des exemples. Cela prévient et c'est pour prévenir, agir et
prévoir. Donc, il y a des éléments...
Une voix: Baie-Comeau, Hauterive.
M. Dufour: Cela n'a pas d'affaire. Je ne sais pas ce que
Baie-Comeau et Haute-Rive viennent faire dans notre affaire. Pour moi, c'est
cela. Un plan d'urbanisme, ce n'est pas un plan d'urbanisme...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Monsieur...
M. Dufour: Moi, je parle d'un plan d'urbanisme.
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît, s'il
vous plaît!
M. Dufour: M. le Président, je demanderais que, si on
entend des chuchotements ou des jappements, vous les fassiez arrêter.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député...
Vous pouvez continuer, M. le député de Jonquière. Je
fais...
M. Dufour: Je ne parle pas de... Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je fais appel à tous
les parlementaires pour que M. le député de Jonquière, ou
n'importe quel autre parlementaire qui a à s'exprimer ici, soit
respecté. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: C'est cela, M. le Président. Je ne voulais pas
parier de démocratie - il faudrait peut-être faire attention -
j'ai parlé d'autonomie municipale. J'ai parlé de
démocratie au point de vue du vote. Je n'ai pas dit: On n'est pas
ici
pour juger ce qui se passait dans l'autre gouvernement ou pas. Je pense
que ce gouvernement a été battu, laissez-le tranquille. On va
revenir un jour, on vous montrera ce qu'est gouverner et ce qu'est passer des
lois. Apprenez-le et faites-le. Vous avez le pouvoir, faites-le. Ne faites pas
ce qu'on a fait mal. Je n'admets pas qu'un gouvernement vienne nous dire en
s'excusant: On ne fait pas pire que vous, on n'est pas mieux que les autres.
Voyons! Arrêtez-moi cela. Ça c'est de la partisanerie partisane.
Ce n'est pas de cette façon qu'on va régler le problème du
Québec. Ce n'est pas de cette façon non plus qu'on va
régler le problème de la loi 88, qui est une loi de zonage et
d'urbanisme. Je peux vous en parler, parce que je l'ai vécu de A
jusqu'à 2. J'en ai fait partie des MRC. J'en al fait partie des
municipalités et j'ai été le principal porte-parole de
l'Union des municipalités quand la loi 125 a été
adoptée, Ici, par le gouvernement du Québec. Je pense que cela me
donne des droits plus grands que ceux du ministre qui est là, devant
nous.
Je n'accepterai pas facilement qu'on vienne nous défaire, nous
débâtir une loi pour laquelle on a travaillé et en laquelle
on a cru et pour laquelle on a mis autant d'argent. Est-ce que vous pensez,
quand on vient toucher à cette loi-là, par des lois comme on a
là, aux montants d'argent que vous avez investis et engloutis, et les
efforts de tous ces gens-là qui y ont travaillé et qui y ont cru?
Là, vous êtes prêts à enlever tout cela, comme cela,
sans tenir compte de la volonté de ces gens-là, sans tenir compte
de ce qu'ils pensent et ce à quoi ils croient. Fondamentalement, ils ont
appris, eux, à gérer, surtout qu'il y a des gens autour de la
table, surtout des petites municipalités. Ce sont encore eux qui sont
encore plus forts, ils y croient encore plus fort aux MRC.
J'inviterais les députés qui ont beaucoup de petites
municipalités dans leur comté d'être très attentifs
et très prudents lorsqu'on touche à une institution qui a
seulement sept ans et qu'on voudrait souvent voir courir mais qui,
effectivement, demande encore d'être touchée tranquillement,
surveillée et aussi aidée. Il ne faut pas se gêner pour
faire cela. Un schéma d'aménagement, ce n'est pas sorcier mais
cela demande de la discipline, cela demande de la volonté et cela peut
aider à développer une région, cela peut aider à
développer des municipalités. Ce n'est pas une question de
caprice, quand on demande en commission parlementaire des consultations
particulières, qu'on demande d'écouter des gens qui s'appellent
l'Union des municipalités régionales de comté, comme
l'Union des municipalités du Québec, à venir se faire
entendre, je pense qu'on parle avec des intervenants de qualité, des
intervenants qui ont vécu avec ces dossiers-là et qui pourraient
nous dire, à leur façon, que l'autonomie, ce ne sont pas
seulement des mots, ce sont aussi des éléments importants. Cela
parle de planification du territoire, cela parle de stratégie de
développement et d'aménagement, cela parle de consultation, de
concertation de groupes et d'individus, tant du côté politique que
privé. Eux font partie des décisions et, en même temps, et
c'est la fin de tout plan d'urbanisme dans le fond, c'est d'arriver à
établir pour les gens qui y habitent un milieu de vie plus humain, un
milieu de vie qui leur ressemble et qui les rassemble. Je pense que c'est
important cela. Je pense bien qu'on ne dit pas des choses que le monde, autour
de la table, n'est pas capable de comprendre. Je ne pense pas qu'on fasse des
discours qui n'ont ni queue ni tête. Quand on regarde ce qui s'est fait
sur le territoire du Québec, depuis sept ans, quand on voit tout te
mécanisme de concertation, d'actions, je pourrais dire, d'éveil
de conscience des gens vis-à-vis leur environnement, cela n'est pas
arrivé par accident. Quand on parle d'environnement, on parle de
gérer son territoire et quand on parle de développer son
territoire, les lois de l'aménagement et de l'urbanisme y sont pour
beaucoup, parce que c'est un élément-clé, parce que, avec
ces éléments, on peut en amener d'autres à s'additionner,
à avoir des forces nouvelles.
Les gens pourraient bien venir nous dire, par rapport au Comité
de concertation: Vous nous enlevez beaucoup trop de pouvoirs. Vous nous donnez
d'une main, pour nous l'ôter de l'autre Qu'est-ce qui empêcherait,
demain matin, les gens de l'Énergie et Ressources, d'avoir aussi leur
propre comité, puisque Énergie et Ressources, cela passe sur le
territoire? Il y a du monde qui travaille là, qui pourrait dire: Demain
matin, nous autres aussi, on veut être concertés en particulier,
parce que tout ce qui pourrait être susceptible de toucher nos
équipements, vous ne touchez pas à cela. Il faudrait être
consultés. Cela pourrait être le MLCP, pourquoi pas? Les
ressources fauniques. J'ai un collègue, s'il était assis à
la table, it pourrait vous en parler beaucoup mieux que moi, avec beaucoup plus
d'autorité que moi, afin que le sujet ne soit pas seulement
effleuré.
Je suis convaincu que les ressources fauniques, il pourrait bien dire:
Nous autres aussi, on veut être consultés. Ceux qui s'occupent du
patrimoine, les gens qui s'occupent des cours d'eau... Pourquoi est-ce que les
gens du patrimoine n'auraient pas leur comité pour surveiller? C'est
vrai que la culture, vous autres, cela ne vous touche pas beaucoup. Mais,
supposons que des gens seraient préoccupés par le patrimoine au
Québec, ces gens-là pourraient bien dire: Nous autres aussi, on
veut avoir un comité pour être consultés, parce qu'à
chaque fois que vous allez parler, si cela touche notre patrimoine, nous aussi,
on veut avoir un comité de concertation. Ce serait le Comité de
concertation du patrimoine. Cela pourrait être le Comité de
concertation de l'Énergie et des Ressources, de la faune. Mettons-en. Ce
qui fait qu'il peut y avoir autant de comités de concertation...
Voyez-vous le précédent qu'on est en train
de créer, par rapport à ce comité de concertation?
On a l'air à charrier quand on dit cela. Cela n'a pas l'air vrai. Cela
ne peut pas arriver que ce comité de concertation, cela ne peut pas se
multiplier par d'autres sortes de comités? Moi, je ne suis pas
convaincu. Il n'y a rien comme un message donné pour que les gens en
profitent. Vous savez, quand on commence à faire de l'émulation
et a donner des pouvoirs particuliers à un groupe, il n'y a rien qui
empêche d'autres groupes d'avoir les mêmes exigences. Surtout, il
n'y a rien qui peut ou qui doit empêcher de le faire. Je ne vois pas
pourquoi, si l'on est capable d'astreindre, aujourd'hui, les
municipalités à un groupe qui s'appelle les agriculteurs, je ne
vois pas pourquoi, demain, on n'aurait pas un autre groupe auquel il serait
astreint.
Ils font partie aussi de la même municipalité et ces droits
et pouvoirs devraient être "at large", sans cela, reconnaissons une fois
pour toutes que ce n'est pas correct ce qu'on est en train de faire là.
On est en train de défaire ce qu'on a toujours fait. On a dit: Les
municipalités ont des pouvoirs d'administrer le territoire. Elles ont
des pouvoirs reconnus dans la loi. C'est très balisé et il y a
des codes et on est en train de les refondre: Code municipal, code des
cités et villes, qui leur donnent ces pouvoirs. Là, on est en
train, par d'autres lois, de les défaire ces pouvoirs. On est en train
de leur dire: Vous n'avez pas le droit d'exister de cette
façon-là. Donc, on va arriver avec des façons autres, pour
arriver à des résultats, à mes yeux, on est en train de
"bordaliser". Ce n'est pas compliqué, on "bordalise" ce qui existe
actuellement. Où il y a de l'ordre, on va mettre du désordre.
Où il y a des moyens de concertation, des moyens de discussion, on va
les amener avec des points de chicane. Cela va être des batailles
ouvertes. il ne faut pas se le cacher. Les municipalités n'endureront
pas, avec les pouvoirs qu'elles ont, pas plus que les cultivateurs...
Là, c'est beau, c'est l'UPA, ce sont les agriculteurs locaux, mais ces
agriculteurs locaux, ils ont tendance à aller consulter le
régional, et le régional consulte le provincial. Donc, voyez-vous
le beau problème? Cela va être Québec qui va "runner" dans
le domaine municipal du fjord, du Lac-Saint-Jean et dans le Bas-du-Fleuve. Moi,
je pense que de ce côté-là, je vous dis: Attention, il
faudra allumer nos lumières. M. le Président, je comprends qu'il
est environ 18 heures. Je n'ai pas fini mon intervention, donc je me
réserverais pour l'ouverture à 20 heures.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, la commission
va suspendre ses travaux jusqu'à 20 heures, M. le député
de Jonquière, il vous restera du temps sur votre amendement. Les travaux
de la commission sont donc suspendus.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Les travaux de la commission de l'aménagement et des
équipements reprennent donc. Alors, nous en étions aux propos du
député de Jonquière sur un amendement à une motion,
qui avait été déposé par le député de
Jonquière et pour lequel il avait droit à une période de
30 minutes Je vous avise donc, M. te député de Jonquière,
qu'il reste, sur cette première banque de temps qui est prenable en un
seul temps, huit minutes 40 secondes.
M. Dufour: Pas plus que cela.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous invite, donc,
immédiatement à procéder.
M. Dufour: Merci, M. le Président. C'est évident
que lorsque la séance a été levée, j'avais
axé surtout mon exposé sur l'importance d'avoir les deux unions
en consultation, d'abord, la première union qui a été
proposée par mon collègue, l'Union des municipalités
régionales de comté et des communautés locales, et en
même temps l'Union des municipalités du Québec, ce qui
était mon amendement. Mon amendement se posait en ce sens que, oui, il y
avait un consensus de la part de ces deux unions et ce consensus était
à savoir qu'on devrait faire sauter complètement le Comité
de concertation agricole concernant l'application de la loi de zonage et
d'aménagement qui, effectivement, est de nature à enlever de
l'autonomie aux municipalités. Si on accepte que les agriculteurs aient
une place privilégiée à une table spéciale, il n'y
a rien qui empêche demain matin que le ministre de l'Environnement, comme
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, comme n'importe quel
ministre, pourrait avoir son propre comité et même les Affaires
culturelles, parce qu'il y a des questions de patrimoine dans cette
loi-là et Dieu sait si on devra porter une attention spéciale
pour, protéger le patrimoine des municipalités. Donc, c'est
important à mes yeux que cette disposition de la loi soit
enlevée. D'abord, il y a de bonnes raisons, des raisons que,
probablement, les municipalités régionales de comté ou
l'Union des municipalités du Québec viendraient nous dire, ici.
Cela touche l'autonomie des municipalités et, en même temps, elles
peuvent vivre comme elles sont là. Même si on prenait un peu plus
de temps pour se faire une bonne loi, je suis convaincu qu'on aurait plus de
chance d'arriver à un consensus et on arrêterait de traiter les
gens dans leur municipalité comme des numéros ou comme des gens
dans un tiroir en ce sens que, parce qu'on occupe une fonction
spécifique, on n'est pas des gens comme les autres, et c'est vrai pour
l'ensemble.
Un autre point sur lequel il y a une
divergence assez importante entre les deux municipalités, c'est
pour l'adoption du budget. On est conscients que c'est une nouvelle formulation
parce que, en règle générale, dans les
municipalités, le budget est accepté à la majorité
simple des intervenants. En ce qui concerne les MRC, je comprends qu'il y a eu
soit des abus, soit des décisions prises où il n'y a pas eu
tellement de concertation, mais surtout des décisions dans le sens que
les budgets des municipalités régionales de comté ont
été adoptés avec des majorités simples et qu'il y a
eu un problème de ce côté-là. Il y a même des
municipalités régionales de comté qui se sont rendues
à la cour parce que des gens ont poursuivi la municipalité
régionale de comté. Il y a probablement un problème dans
ce dossier-là. Ce n'est pas parce qu'il y a un problème qu'on est
obligés de trouver une solution qui va créer deux (ois plus de
problèmes. Je pense que cela demande plus de doigté et plus de
précaution pour trouver une solution réelle au problème de
budget. Il y a même trois positions On parle de deux, mais il y en a
trois. Au départ, il y avait une première position de l'Union des
municipalités qui disait: Les représentants de 75 % de la
population devraient pouvoir accepter le budget. Le rapport Parizeau
mentionnait même 90 %. On voit qu'il y a une marge de manoeuvre. Le
ministre tranche la poire en deux en disant: II doit y avoir 66 %. L'Union des
municipalités régionales de comté dit: 50 % plus 1. On
voit qu'entre 50 % et 90 %, on peut jouer pas mal. Ce n'est pas parce que le
ministre décide que c'est 66 2/3 % que tout le monde doit dire que c'est
ainsi que cela doit se passer. Je pense qu'il faudrait réfléchir
un peu plus là-dessus et essayer d'amener les intervenants... Je suis
convaincu qu'il y a moyen de trouver des positionnements où tout le
monde va être content.
M. Bourbeau:... les trois quarts...
M. Dufour: Le ministre pariera quand ce sera son tour. Je suis
obligé de lui rappeler que c'est moi qui ai le droit de parole et je
vais l'utiliser. Je vais lui dire qu'il y a autre chose que 66 2/3 %, par
exemple, pour que les municipalités puissent adopter leur budget. Je
peux vous dire qu'il y a probablement des compromis sur la table. Le ministre
peut jouer au naïf là-dedans. Je suis convaincu qu'il a les
solutions dans ses poches. Il a les solutions dans ses poches, mais, comme
d'habitude, il va jouer et il va peut-être nous sortir cela comme un
lapin, à la fin de la commission parlementaire. Il va peut-être
nous sortir cela comme un petit lapin, mais le lapin va être
"plumé" pas mal quand il va le sortir. Dans le fond, il y a des choses
qu'on comprend et il y a des façons d'accepter un budget qui sont autres
que 66 2/3 % purement et simplement, ou si on le fait... En tout cas, je sais
les étapes qui pourraient être faites. Je ne pense pas que le
ministre nous invente des solutions d'ici à la fin de la commission
parlementaire. J'aimerais qu'il nous dise qu'il est prêt à
regarder tout cela, mais j'aimerais surtout que les unions viennent nous dire
ici, en commission parlementaire, comment elles voient le problème. Le
ministre peut être plus fin que les autres s'il a plus d'information,
mais c'est la façon dont on traite l'information qui est importante.
J'ai l'impression qu'il ne la1 traite pas correctement. Il ne
transmet pas bien le message que les gens lui font.
À cet égard, dans le budget, une chose est certaine: les
deux unions ne sont pas d'accord. On n'a pas intérêt au
Québec a régler les problèmes entre les
municipalités à coups de projets de loi et à coups de
décisions gouvernementales. On aurait parfois intérêt
à les amener à discuter ensemble. Le ministre n'a pas
réussi; il a manqué son coup. Il faudrait qu'il l'admette. Il
faudrait qu'il nous le dise quand les gens seront devant nous, quand Ils
viendront nous dire ce qu'ils pensent de cela, comment ils pourraient arriver
à un compromis équitable. Un compromis, ce n'est pas en
écraser un par rapport à un autre et dire: Je choisis; j'en
contente 50 % et je vais mécontenter les autres 50 %, un à un. Ce
n'est pas de même que cela fonctionne. Je ne pense pas que cela devrait
fonctionner de cette façon. Le ministre dit: Je vais régler cela
à 66 2/3 %. Je sais une chose, il va probablement contenter l'Union des
municipalités du Québec, mais l'Union des municipalités
régionales de comté va être fâchée, ne sera
pas contente, parce que ce n'est pas cela qu'elle demande. Brimé par un
ou brimé par l'autre, mordu par un chien ou mordu par une chienne, c'est
mordu pareil. Je pense bien qu'on ne s'en sortira pas. D'une façon ou
d'une autre, c'est mordu. Ce n'est pas de cette façon qu'on doit faire
cela et j'invite les collègues du ministre à lui rappeler que
c'est important de garder le monde municipal de bonne humeur. C'est un
gouvernement. C'est Important de les traiter équitablement.
Il faut arrêter de faire accroire aux gens qu'on est pour
l'autonomie municipale quand on n'y pense pas et qu'on n'y croit pas du tout.
Le dictionnaire est plein de mots qui veulent dire toutes sortes de choses,
mais cela ne veut pas dire que, parce que je lis le dictionnaire, je comprends
tout ce qu'il y a dedans, que je suis prêt à croire tout ce qu'il
y a dedans et que c'est exactement cela qui doit se passer. Ce n'est pas comme
ça que cela doit se passer. Je pense que si le ministre n'est pas Imbu
d'une certaine philosophie, à l'effet que les municipalités
doivent être autonomes. Il y a plusieurs façons de leur donner de
l'autonomie et c'est, d'abord, de les respecter dans la juridiction de leurs
pouvoirs. Quand le gouvernement du Québec donne un pouvoir à une
municipalité, les municipalités sont jalouses de ce pouvoir.
Quand elles l'ont exercé, quand elles ont appris à le
gérer
comme it faut, on doit leur dire bravo. On doit les soutenir. Ce n'est
pas ce que le ministre vient de nous dire. II nous dit que, même si on
leur en a donné, on peut leur en enlever. On peut jouer avec cela. Il a
peur de tout le monde. Il a peur de ses collègues, il a peur du ministre
de l'Agriculture. Il décide, lui, que ce sont les autres qui vont mener.
Si on veut avoir une bonne compréhension de ce projet de loi, si on veut
l'avancer, si le ministre est sincère, s'il veut trouver les compromis
équitables, s'il veut rendre le monde heureux, s'il veut respecter les
municipalités, une des bonnes façons de le faire, c'est d'inviter
l'Union des municipalités du Québec comme l'autre union à
venir s'expliquer, à nous donner son point de vue, ce qu'elle pense de
ce projet de loi et ce qu'on pourrait faire pour le bonifier. C'est ce qu'on
doit rechercher, il y a des éléments de base que l'on
reconnaît au départ. Il y a des problèmes à certains
endroits et pour les régler, on ferait mieux de le faire avec la
collaboration des unions qui ont prouvé leur sérieux dans le
passé. Elles ont aussi prouvé leur sens des
responsabilités et leur sens de l'engagement. On ne peut pas leur
reprocher cela. On doit les reconnaître comme des organismes valables,
fiables, qui ont prouvé leur sens de l'engagement et des
responsabilités envers l'ensemble des citoyens du Québec.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement de la motion? Je rappellerai à M. le
député de Terre-bonne que vous avez droit à une
période de 10 minutes maximum. M. le député de
Terrebonne.
M. Bourbeau: Vous n'êtes pas obligé de la
prendre.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je sais que je
ne suis pas obligé de parler, mais du côté
ministériel on demeure tellement coi que je me demande pourquoi ils sont
Québécois et ne défendent pas une loi qui touche tout le
peuple québécois. Concernant cette loi, mon confrère vient
d'apporter une idée que je trouve merveilleuse, soit de demander
à l'UMQ de venir ici renseigner le ministre responsable. Il est curieux
pour ne pas dire plus - le qualificatif est très faible - il est presque
horripilant de voir que le ministre fait fi de nos demandes de recevoir ici
l'UMQ, puisqu'il en est le ministre responsable. Il peut jouer au type qui a
consulté, qui a vu. Mais seulement, vous savez que la consultation n'a
jamais fait de tort à personne. Les deux unions regardent ce projet de
loi avec un oeil plus ou moins satisfait. Pour résumer plus ou moins la
pensée de l'UMQ, je vais vous la dire dans des phrases très
courtes qu'on appelle des idées jetées à la saute-mouton,
pour que vous saisissiez de façon très vive. Je vais essayer
d'être assez perspicace pour vous faire lever l'oeil de mon
côté de temps en temps.
L'UMQ dit que la MRC, une structure administrative régionale, ne
doit pas dominer les municipalités membres qui la composent, elle doit
plutôt être à leur service. J'ai bien l'impression, comme
ministre des Affaires municipales, si vous croyez que l'UMQ croit que les MRC
vont dominer de façon totale vos villes, j'oserais croire que vous
aimeriez les rencontrer pour leur demander ce qui, dans cette loi, peut leur
laisser croire que les MRC les goberaient. Il me semble que le ministre devrait
demander aux municipalités comment elles voient dans cette loi que les
MRC les goberaient. (20 h 30)
La MRC doit rester sous le contrôle des municipalités
locales membres et des citoyens de ces municipalités. Deuxième
axiome de la position de l'UMQ. Premier axiome, la MRC, structure
administrative régionale, ne doit pas dominer les municipalités
membres qui la composent, mais doit plutôt être à leur
service, Deuxième axiome qui guide les Idées
énoncées par l'UMQ, c'est que la MRC doit rester sous le
contrôle des municipalités locales membres et des citoyens de ces
municipalités.
Je suis persuadé que le ministre est complètement d'accord
avec ces deux axiomes. Comment se fait-il maintenant que les MRC trouvent dans
ce projet de loi assez de matériel pour penser qu'elles sont
menacées dans le rôle exclusif d'être les gardiennes du
schéma d'aménagement seulement et que, d'un autre
côté, les municipalités pensent que les MRC viendraient les
dominer s! cette loi est adoptée? Il y a certainement un malentendu
quelque part. Le législateur - je vais vous laisser dire cela, vous avez
le tour - se doit de faire la conciliation et, par législateur,
j'entends celui qui est responsable du projet de loi en cours
On a la chance, M. le ministre, d'avoir de votre côté ce
soir une personne qui siège en cette Chambre depuis 31 ans ou 32 ans,
qui a durant sa carrière de parlementaire vu des arbitrages faits par
des ministres des Affaires municipales beaucoup plus difficiles à faire
que celui de ce soir et je suis persuadé qu'il nous écoute
discuter de ce projet de loi et qu'il a peine à croire que de son
côté de la table siège un ministre qui ne voudra consulter
ni les MRC ni l'Union des municipalités du Québec. En grand
démocrate qu'il est, sa longévité d'élu nous prouve
que la démocratie, il a su la traiter à bon escient. Je suis
persuadé qu'il prendra la parole après et qu'il vous dira qu'il
croit que vous devriez être l'arbitre, d'après votre rôle,
entre l'UMQ et les MRC.
Troisième axiomes, le budget de la MRC devrait être
détaillé par poste et par compétence afin de lui assurer
le plus de transparence pour que les citoyens sachent exactement ce pour quoi
ils paient. Il faut absolument que le citoyen sache exactement pourquoi il
paie. Donc, le
budget de la MRC - c'est toujours Î'UMQ qui lâche son
troisième axiome - I'UMQ, et c'est important, dit que le budget devrait
être détaillé par poste pour que les citoyens voient
exactement pourquoi ils paient et pourquoi ils ont élu des gens. Il faut
qu'ils volent ce que les gens qu'ils ont élus font. Ce n'est pas comme
quand on entre dans une église: Qu'est-ce qu'y font les gens? On sait
que ce sont les chandelles qui fondent. Ce n'est pas cela, on demande:
Qu'est-ce que les gens élus font?
M. Bourbeau: C'est le fond qui manque te moins.
M. Blais: C'est exact, disait Lafontaine, mais on vous
demanderait d'étudier à fond ce projet de loi pour voir qu'il a
vraiment des manques et que ce sont les manques qui manquent le moins. C'est ce
qu'il faudrait regarder.
Quatrième axiome de l'Union des municipalités, la
décision relative au budget devrait recevoir l'approbation d'une
très grande majorité, soit ultimement de 75 % de la population.
Cela voudrait donc dire qu'au sein de l'UMQ, s'il y a moins de 75 % des gens
qui sont membres de l'UMQ... Supposons qu'à 75 % on voterait le budget
en cours, etc., et que 40 % des élus, c'est-à-dire des gens qui
représentent 40 % des élus, diraient non, le budget ne passerait
pas.
M. Bourbeau: Cela prend 75 %?
M. Blais: Au moins 75 %. Je vous pose la question. Je ne suis pas
législateur. Oh! que j'aimerais l'être, M. le ministre. Comme vous
sauriez que l'UMQ serait ici pour nous dire sur quoi elle n'est pas d'accord
avec les MRC, sur quoi elle n'est pas d'accord avec le projet de loi 88 qui
contient justement 88 anomalies législatives devant être pendant
88 minutes discutées pour qu'enfin vous compreniez qu'on doit faire
absolument des rectifications à ce projet de loi.
M. Bourbeau: M. le Président, si le député
continue comme cela, on va finir en l'année 88 aussi.
M. Blais: C'est fort possible, mais on aura au moins tenu notre
bout et les gens qui ont été démocratiquement élus
dans d'autres secteurs, soit l'Union des municipalités ou les MRC, nous
le revaudront bien, parce que nous aurons accompli notre devoir en essayant de
vous dire qu'il y a une impasse entre l'UMQ et les MRC. Ce n'est pas à
l'Opposition de se poser en arbitre. Tout ce que nous pouvons faire, c'est de
vous supplier de recevoir ici les municipalités, l'UMQ, pour qu'on
puisse nous éclairer.
M. le Président, vu que le ministre ne semble pas vouloir
recevoir l'UMQ, j'aimerais, pour sous-amender la motion d'amendement - je
voudrais faire un sous-amendement - que la motion d'amendement soit
modifiée en ajoutant à la fin les termes: recevoir l'Union des
producteurs agricoles du Québec,
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce qu'on pourrait
m'acheminer cela, s'il vous plaît, M. le député de
Terrebonne?
M. Blais: Aimeriez-vous cela qu'elle vienne?
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Terrebonne, s'il vous plaît!
M, Blais: Si c'est elle que vous voudriez recevoir ou une autre, on peut
changer la motion.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre, alors la
motion amendée ou le sous-amendement proposé et
déposé par le député de Terrebonne est acceptable.
Alors, M. le député de Terrebonne, en tant que proposeur de cette
motion, vous avez donc droit à une période de 30 minutes.
Oui, M. le député de Dubuc, avant.
M. Desbiens: Pour le sous-amendement, est-ce que les
règles sont les mêmes? J'ai compris que mon collègue, en
proposant la motion de sous-amendement, avait droit à 30 minutes et pour
chacun des autres membres de la commission c'est comme pour un amendement
Est-ce exactement la même règle?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Effectivement, chacun des
membres de cette commission, de quelque côté que ce soit, a 'une
période de dix minutes sur le sous-amendement proposé par le
député de Terrebonne et le proposeur a, lui, une période
de 30 minutes, comme M. le ministre a aussi à sa disposition une
période de 30 minutes. Mais je rappelle aux membres de la commission,
que ce soit pour les 30 minutes pour le proposeur d'une motion ou d'un
amendement, autant pour les dix minutes de tous les membres de cette commission
qui veulent intervenir, qu'ils doivent être pris dans un seul bloc, dans
une seule intervention. Cela ne peut pas être cumulatif selon la
répartition du temps.
Oui, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, une dernière
information. L'intervention du ministre doit-elle nécessairement se
situer immédiatement après celle du proposeur?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Pas nécessairement. Ce
sera quand le ministre voudra bien demander la parole. Dès que le
ministre se manifestera, on lui donnera la parole.
M. Desbiens: Je vous remercie, M. le Président.
Une voix: Vous appliquez l'alternance quand
même.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Pas
nécessairement. M. le ministre, ce que je disais à la question
posée par le député de Dubuc à savoir à quel
moment le ministre pouvait intervenir, c'est qu'il peut intervenir... lorsque
vous vous manifesterez. C'est une période de 30 minutes sur le
sous-amendement à laquelle vous avez droit, mais en un seul coup.
M. Bourbeau: Soyez sans crainte, M. le Président. Je n'ai
pas l'intention d'intervenir...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je ne crains pas que
vous veilliez au grain. Alors, cela répond-il à vos questions, M.
le député de Dubuc?
M. Bourbeau: J'interviendrai à loisir.
Le Président (M. Parent, Bertrand): À loisir.
M. Bourbeau: Selon l'alternance.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que Je dois comprendre des propos du ministre
qu'il refuse de recevoir l'UPA? D'après ce que je comprends, si le
ministre acceptait immédiatement, on n'aurait pas besoin de discourir
pour essayer de l'en persuader. Peut-être, est-il déjà
convaincu de la nécessité de recevoir l'UPA?
M. Bourbeau: II faudrait qu'on entende les arguments de
l'Opposition pour voir si on peut être convaincu ou non.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je suggère donc
au proposeur de cette motion...
M. Bourbeau: Sur l'opportunité d'entendre l'UPA, on
voudrait entendre...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Le ministre a besoin
de se sentir convaincu. Alors, M. le député de Terrebonne.
M. Bourbeau: Surtout, M. le Président, qu'on ne voudrait
pas se priver du plaisir d'entendre le député de Terrebonne.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Étant
donné que le ministre a besoin en cette période des fêtes
d'entendre beaucoup, M. le député de Terrebonne, vous avez donc
une période de 30 minutes mise à votre disposition et je suis
sûr que tous les parlementaires vont vous écouter avec beaucoup
d'attention et beaucoup d'à-propos.
Motion de sous-amendement proposant
de faire aussi témoigner l'Union des
producteurs agricoles
M. Yves Biais
M. Blais: Je vous remercie beaucoup de votre appréciation
de mes Interventions, M. le Président. C'est très revalorisant
pour un député de voir qu'il est apprécié quand il
parte. Je jubile quand les gens sont heureux surtout lors de la période
de Noël et je veux que le tout se fasse d'une façon constructive.
Autant que possible, je veux que l'hilarité soit de mise et que, de
temps en temps, on ait un petit rictus facial qui fasse que notre expression de
jovialité soit au moins apparente de temps à autre durant cette
période des fêtes. Une bonne fois, comme me le propose la
députée de Dorion, je devrais chanter une proposition, mais je
vais réserver cela pour quand les cloches de Noël seront un peu
plus près de nous.
M. le ministre, d'abord, quelle est la nécessité que l'UPA
vienne nous voir? Pourquoi? Parce que, par son essence, la loi sur le zonage
agricole, avec la loi 101 sur la langue, est un des plus beaux joyaux
législatifs que le Parlement du Québec ait voté. C'est un
joyau législatif. Si on analyse la loi sur le zonage agricole, la seule
chose qu'on puisse reprocher à cette loi, c'est qu'elle ait
tardé, au cours des décennies, à être votée
par l'Assemblée nationale. Si j'ai bonne souvenance, ils avaient
voté contre.
Une voix: Comme d'habitude.
M. Blais: Si j'ai bonne souvenance, et j'ai bonne souvenance, le
Parti libéral de l'époque a voté contre. C'est vrai que ie
Parti libéral de l'époque était un dérivé
d'un extraordinaire gouvernement que nous avions eu de 1960 à 1966, soit
le gouvernement Lesage. Après la défaite de 1966, le Parti
libéral s'est effrité de ses plus beaux esprits et le bien commun
n'était pas loi dans l'équipe restante du Parti libéral de
1966 entre 1970 et 1976. Quand on est arrivés au pouvoir en 1976 -
c'était presque en 1977; c'était le 15 novembre - quand on a pris
le pouvoir en 1977, Immédiatement, on a voté les deux grands
joyaux législatifs québécois - l'histoire le prouvera - la
loi 101 et la loi sur le zonage agricole. La protection de la langue d'abord et
la protection des terres nourricières. La protection des terres
nourricières, par son essence, c'est un geste de noblesse envers
l'agriculteur qu'on a posé en reconnaissant là l'un des plus
glorieux métiers que le monde connaisse. C'est pour cela que c'est, en
soi, un Joyau. On s'en allait dans tout le Québec en développant
par-ci par-là. Je vais vous donner un exemple. Il y a une ville dans mon
comté qui s'appelle Mascouche. Son étendue est plus grande que
celle de la ville de Montréal. Il n'y a que 21 000 habitants dans ce
grand territoire qu'est la ville de Mascouche. Il
y a de tout petits îlots de personnes qui y demeurent. Ce sont
toutes des touffes; on devrait appeler la ville "Mastouffe".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Ce sont plusieurs touffes l'une à
côté de l'autre. Il y a plusieurs touffes habitées l'une
à côté de l'autre à la ville de Mascouche. Mais
pensez à la difficulté administrative à cause d'une
non-planification. La non-planification, c'est cela le problème. Une
chance que la loi sur le zonage agricole est arrivée pour mettre fin
à ce développement sauvage. Il y avait un développement
sauvage dans tout le Québec. On développait n'importe où.
Sur les terres les plus productives, on bâtissait des maisons, on
édifiait des manufactures. Alors qu'il n'y a que 3, 7 % du territoire
québécois qui est cultivable, nous en avons gaspillé 1, 2
% à cause d'un manque de planification dans l'implantation des
habitations pour la population, et j'ai raison. C'est malheureux. (20 h 45)
On en voit encore qui viennent revendiquer pour qu'on enlève des
zones vertes au Québec. M. le Président, juste le fait d'y penser
est tellement répugnant à l'esprit que je vois ces demandes comme
des sacrilèges au patrimoine collectif, et c'est vrai.
M. le Président, vous n'êtes pas sans savoir qu'au
Québec, actuellement, il y a, sur les zones blanches, 1 400 000 lots non
bâtis. Il y a actuellement, au Québec, 1 400 000 lots non
bâtis sur les zones blanches. Comptez trois personnes dans une maison,
par lot - la moyenne est plus élevée au Québec, c'est 3, 4
personnes - cela veut dire 5 200 000 personnes. Le Québec peut doubler
sa population sans toucher à un iota des zones vertes et qui plus est,
M. le Président, sur ces 1 410 000 lots en fait, il y en a près
de 400 000 qui sont déjà viabilisés. Quand on sait les
sommes énormes qu'on doit consacrer en 1987 pour viabiliser des lots qui
ne le sont pas, comment peut-on, de façon décente, penser qu'il
pourrait se trouver encore des gens pour défendre un "dézonage"?
Cela répugne à l'esprit. Cela ne résiste pas à
l'analyse la plus primaire, quand on a le respect de la collectivité et
le respect des biens qui appartiennent à la collectivité. Le seul
défaut de ce bijou législatif qu'est la loi sur le zonage
agricole, c'est qu'elle a tardé à prendre forme, parce que cela a
pris beaucoup de décennies avant qu'un parti représentant les
aspirations les plus - c'est le temps de le dire - terre à terre de la
population vienne au pouvoir et ait* le courage, le courage politique de le
faire. Lorsque je vois une loi, si anodine soit-elle, venir porter ombrage
à ce joyau, vous pouvez être sûrs que j'y mettrai toutes les
perles verbales pour empêcher que ce projet ne prenne forme de
façon définitive.
Il se trouve des gens pour venir demander aux législateurs de
remettre toutes les terres du
Québec en vente et de repartir te "spot zoning", les
développements de masses de touffes d'habitations dans tout le
Québec. Jamais en Europe, une population, beaucoup plus vieille bien
sûr... On grandit, on prend un consensus social et de la maturité
au fur et à mesure que les ans s'égrènent. Vous savez, la
maturité d'un peuple, c'est comme le déroulement d'un rosaire.
C'est petit à petit qu'on arrive à le compléter. Parfois,
on le trouve fastidieux, mais il est là. En Europe, ils ont fait souvent
le tour du rosaire. Ici, nous en sommes à peine à la
première dizaine de notre évolution sociale. Mais, dans cette
première dizaine, est arrivé un parti qui a fait le Gloire soit
au Père qui s'appelle gloire à la terre, et c'est le zonage
agricole. Il s'en trouve encore pour être rébarbatif à
l'idée que la spéculation des gros a assez duré. J'ai ici
une lettre qui est parue dans La Presse au mois de novembre. C'est un
monsieur qui a ' intitulé son article de façon très
originale: Le zonage agricole. Cela a captivé mon esprit et j'ai
regardé immédiatement...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Terrebonne, je m'excuse de vous arrêter mais,
étant donné qu'en commission il faut respecter les
règlements, on n'a pas le droit de fumer dans cette salle.
M. Blais: Oh! Excusez-moi.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous prierais
d'éteindre et de continuer verbalement.
M. Blais: Merci beaucoup, monsieur. M. Dufour: A-t-on le droit de
mâcher?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je m'excuse, ce sont
les mêmes règles du jeu pour tout le monde.
M. Blais: Non, non, d'accord, je vous remercie beaucoup. Je vais
rester "pompier" bon oeil quand même. La lettre s'adresse à M.
Michel Pagé, ministre de l'Agriculture. Les politiciens qui vous ont
précédé - c'est-à-dire les péquis-tes - ont
commis une grave erreur en accordant un monopole absolu à l'industrie de
l'agriculture sous la quasi-totalité du territoire rural du
Québec. Je vous dis cela, parce qu'il y en a encore, et je trouve cela
d'un farfelu énorme, qui aimeraient que nous ouvrions la machine et qui
sont automatiquement d'accord avec la loi 88 qui, au moins, met la clé
dans le moteur.
Si la Commission de protection du territoire agricole, véritable
gouvernement supermunicipal, continue à interdire en zone verte toute
autre activité, sauf l'agriculture, c'est tout le développement
économique du Québec qui en souffrira, y compris l'industrie
agricole. A-t-on déjà vu pareil blasphème patrimonial?
C'est un blasphème patrimonial.
À la campagne, la petite entreprise, importante créatrice
d'emplois, souvent naît et grandit dans un sous-sol de résidence
ou dans un autre bâtiment quelconque et non dans un parc industriel. Les
agriculteurs eux-mêmes ne s'opposeraient pas. C'est incroyable! Il ose
dire que les agriculteurs ne s'opposeraient pas à un "dézonage at
large" - comme on dit en bon français au Québec - comme
c'était avant le gouvernement sérieux que nous avons eu de 1977
à 1985. Incroyable!
D'aucuns s'attendaient à ce que le Parti libéral
assouplisse - à cause de sa tradition de mollesse - la loi sur le zonage
agricole pour corriger pareil non-sens entre autres. Eh bien! Je vais dire
à ce monsieur, M. Rodrigue Leblanc de Joly, Lotbinière, que son
voeu, par cette loi, commence à trouver preneur. Nous désirerions
de notre côté que l'UPA vienne devant cette commission pour dire
au ministre des Affaires municipales que la terre nourricière
québécoise est intouchable.
Nous avons une façon de vivre en Amérique du Nord qui
consiste à se faire des îlots, bien sûr, à prendre
maison. Les cultivateurs, tout le long des rangs - on appelle cela des rangs au
Québec - ont leur résidence. Vous savez qu'en Europe, on n'a
même pas cela. On a tellement le respect du territoire cultivable que les
cultivateurs n'habitent pas leur terre. Je suis persuadé que le ministre
sait cela, c'est un homme d'une grande érudition. En Europe, les gens
n'habitent pas sur leur terre. Il y a un petit village où on a
l'église, l'école, tous les magasins et tous les habitants.
À la ronde, il n'y a aucune habitation, il n'y a que des chemins
très secondaires pour se rendre semer et on revient tous coucher au
village. Ici, on a trouvé une nouvelle forme de développement
Mais, mon Dieu, c'est pour cela qu'elle est beaucoup plus coûteuse.
Là, vous avez tout le monde dans un même petit rayon, pas de
transport scolaire, pas de construction de routes ou si peu. Il y a des routes
entre les différents hameaux, les différents villages. Tout le
monde est sur place, l'église est là, les médecins, tout
le monde est sur place et c'est le cultivateur qui se déplace- le matin
pour se rendre à cinq, dix, quinze ou vingt kilomètres travailler
sur sa terre, tout cela par respect de la terre nourricière.
Et quand je vois, en 1987, des gens écrire dans les journaux qui
croyaient, à cause de la mollesse proverbiale de ceux qui sont au
pouvoir... Au contraire, on aurait cru que le Parti libéral aurait
assoupli.. Eh bien, on voit là le début d'un assouplissement au
zonage agricole et nous trouvons, nous, comme défenseurs tant de la
terre québécoise que de la langue qu'on y parle, que c'est
inacceptable.
M. Desbiens: M. le Président. Je m'excuse d'interrompre
mon collègue.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que c'est une question
de règlement, monsieur?
M. Desbiens: C'est une question de règlement. Je constate
que le député de Duplessis ne se conforme pas à la
règle que vous avez établie tantôt.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je ne l'avais pas vu.
M. le député de Duplessis, c'est la même règle pour
tout le monde.
M. Desbiens: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci.
M. Perron: Je vais revenir quand J'aurai fini ma cigarette, M. le
Président.
M. Bourbeau: Je savais qu'il y avait de la discorde dans le camp
ennemi, mais pas tant que cela.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre, je
vous en prie, gardons notre bonne humeur. M. le député de
Terrebonne, il vous reste à peine 15 minutes.
M. Blais: Mon Dieu, que le temps coule, on le voit à peine
fuir. On essaie de l'attrapper et tous ensemble, sans que nous le voulions,
nous vieillissons. C'est ce qui est malheureux. À ce moment-ci de
l'année, ce n'est plus le temps. Quand on est sur le trottoir, on dit:
Ô sloche, suspends ton vol! Cela nous arrive plus souvent de ce temps-ci
de recevoir de la sloche que du temps
M. le Président, je trouve regrettable qu'on ne veuille pas
demander à nos agriculteurs, surtout par l'UPA, leur syndicat, de venir
nous voir et nous dire que, quelle que soit ta parcelle que le
législateur enlève à la zone verte du Québec, il
commet des erreurs. S'il y avait pénurie de zone blanche et que la
population était tassée, même comme au Japon, mais ce n'est
pas le cas. Il reste des lots à bâtir dans les zones blanches pour
au moins 5 000 000 d'habitants au Québec. M. Rodrique Leblanc dit au
Parti libéral: Au contraire, vous avez allongé les dents en
rendant effective une disposition odieuse de la loi du zonage agricole,
Interdisant à tout propriétaire d'avant la loi d'un lot vacant en
milieu agricole de se construire à partir de Juillet 1988. On voit qu'il
ne connaît pas son dossier, mais on ne peut pas lui demander de le
connaître. Dans le zonage agricole, il y avait des droits acquis et,
quand le zonage agricole est passé, il y avait des dispositions selon
les zones, les grandes zones, qui étaient déjà
établies. Il y avait aussi quelques "bébés-zones", de
petites zones. Dans d'autres zones, on a permis, selon l'année, cinq ans
pour que les gens puissent profiter de leurs droits acquis. Ensuite, on a fait
une extension de deux ans et le Parti libéral l'a allongée d'un
an. Pour 90 % des droits acquis sur
les terres agricoles, cela fait déjà près de huit
ans de suite qu'on fait des extensions, Si ce monsieur trouve que ce n'est pas
encore suffisant pour respecter les droits acquis, je ne sais pas qui le
fera.
D'autant plus, M. le Président, que dans cette loi, nous parlons
des zones tampons. On dit qu'à partir de l'entrée en vigueur de
la loi prévue pour janvier 1988, les zones tampons ne seront permises
que pour assurer la protection contre la pollution de l'air provenant des
établissements de production animale ou la protection d'une source
d'approvisionnement en eau. Pourquoi ferions-nous subir aux agriculteurs une
injustice que nous ne faisons pas subir aux grands industriels? Si vous
appliquiez, dans la zone de Windsor, à l'industrie qui est là,
Domtar, les mêmes principes que vous voulez appliquer pour les
agriculteurs devant les urbains, il n'y aurait personne à cinquante
milles à ia ronde de l'industrie. On voit qu'il y a un illogisme. Je
vois que le ministre est très attentif, qu'il prend beaucoup de notes.
Je suis persuadé que les amendements, quand on arrivera aux articles,
vont être faciles à discuter et que nos renseignements auront
donné tout au législateur pour que nous ne passions pas beaucoup
de temps à l'étude article par article. Mais, au cas où il
manquerait quelques renseignements, je vous répète, M. le
ministre: La loi concernant les zones tampons, les lois entre la zone blanche
et la zone verte, qui est une zone grise, devient une zone tampon pour le
besoin du législateur. (21 heures)
On dit: Les zones tampons ne seront permises que pour assurer la
protection contre la pollution de l'air provenant des établissements de
production animale ou la protection d'une source d'approvisionnement en
eau.
M. le ministre, si on avait ce même principe devant les
industriels: la mine Noranda, les raffineries de l'est de Montréal, il
n'y aurait personne sur toute l'île. Parce que c'est un Industriel, on
laisse passer la senteur et on laisse passer la Domtar à Windsor pour en
prendre d'autres et tout ce coin-là, c'est incroyable! Alors, il n'y
aurait pas de monde à 50 milles à la ronde. On permet cela et
avez-vous déjà vu une ville crier sur les industriels qui ont une
pollution nasale - je ne sais pas si ça se dit - disons
"malodoriférante".
Une voix: Malodorante.
M. Blais: Malodorante ou "malodoriférante", c'est pour la
chose. Malodorante pour une personne ou odoriférante pour une chose. En
tout cas, ce n'est pas Important, ce n'est pas un cours de français.
Mais est-ce qu'on le voit pour les industriels? Pas du tout. Personne ne
maugrée, personne ne met d'objection. Pourquoi aurait-il un esprit aussi
rébarbatif devant le législateur d'une certaine senteur - il faut
le dire - de crottin agricole ou de purin des agricoles?
Mais c'est la nature. L'homme a des moyens beaucoup plus simples que
l'animal pour se débarrasser des odeurs. Je ne pense quand même
pas que les mêmes moyens soient employés dans les étables.
Mais pourquoi une telle sévérité devant la senteur
agricole? On n'a pas cela. On l'a pour les établisements comme Alex
Couture du côté environnemental, mais pour les industriels, on les
laisse aller et c'est beaucoup moins naturel que l'odeur du cultivateur ou de
ses bêtes que l'on sent à quelques centaines de pieds à la
ronde. Ce n'est pas toxique que je sache. Ce n'est pas la fumée des
mines Noranda, ni l'odeur de la Domtar à Windsor. Ce n'est pas l'odeur
qui se dégage des fermes qui fait mourir les érables, qui fait
pâlir tout jeunes nos plus beaux arbres dans la forêt, ce sont
beaucoup plus les odeurs qui sortent des cheminées de mines Noranda ou
des compagnies comme Domtar. ou toutes les compagnies de bois, de pulpe, etc.,
en général.
En plus d'être inacceptables à l'odorat, ces destructeurs
de la nature, pourquoi cet empressement à venir régler
immédiatement ces zones d'odeur de l'urbain? Je ne dis pas que c'est
agréable. Est-ce la première odeur qu'on se doit de régler
au Québec? Pourquoi celle-là? Eh bien, les cultivateurs
viendraient certainement éclairer nos esprits à ce sujet.
M. le Président, je suis complètement déçu
que le ministre ne donne même pas1 de signe approbatif pour
recevoir l'Union des producteurs agricoles. Il a dit au tout début,
avant que nous demandions de recevoir les producteurs agricoles: Je vais
écouter avec beaucoup de soin les interventions de l'Opposition et je me
ferai une idée si les agriculteurs sont persona grata à cette
commission. Il semblerait que je ne sois pas très convaincant. Pourtant,
j'essaie d'y mettre toute l'âme et le coeur et la volonté que je
peux, mais rien n'y fait. On dirait que c'est comme certaines maladies: On ne
peut trouver remède Je trouve cela malheureux.
M. le Président, il y a certaines personnes qui réagissent
à cette loi et aux zones tampons en disant, dans la presse: Les
agriculteurs, rivés à leur campagne. Le gouvernement du
Québec promet la mise en vigueur d'un règlement d'ici un an pour
régir la distance entre les exploitations agricoles et les secteurs
résidentiels.
Le gouvernement québécois en a annoncé une nouvelle
hier. Hier, c'était le 20 novembre 1987. Ce règlement mettra fin
aux conflits entre les municipalités et les agriculteurs. Avez-vous
entendu cela? Ce règlement mettra fin aux conflits entre les
municipalités et les agriculteurs, c'est-à-dire qu'on va adopter
une loi et qu'on va dire que telle étable ne puera plus. Telle
étable ne puera plus. Vraiment, M. le député de
Jonquière, croyez-vous qu'on peut légiférer qu'une
étable ne puera plus? Il me semble que c'est impossible. C'est comme si
un gouvernement disait: Nous allons légiférer et, à
compter de 9 h 7 en commission parlementaire, personne ne pourra penser.
Cela ne se légifère pas la pensée. Cela ne se
légifère pas. On aura toujours le droit de penser comme
opposition et le gouvernement de dépenser comme majoritaire. On pense,
le gouvernement dépense.
Des municipalités avaient, en effet, adopté des
règlements interdisant les odeurs polluantes, ce qui avait causé
la fermeture et compromis la rentabilité de certaines fermes
d'élevage de porcs.
Les règlements du ministère de l'Environnement sont
souvent contradictoires avec les règlements du ministère de
l'Agriculture et, souvent, le ministre des Affaires municipales est
obligé d'arriver comme arbitre. Alors, regardez bien le service
inestimable que nous essayons de vous rendre par cette journée,
où nous vous demandons des consultations. Nous avons demandé que
l'UMQ vienne, les MRC, l'UMRCQ et, là, nous demandons que les
agriculteurs viennent, quelle belle panoplie de consultants vous auriez eue,
quelle belle kyrielle d'experts, quelle belle kyrielle d'experts!
Une voix: Gratis, de vrais travailleurs
bénévoles.
M. Blais: Oui, et ils seraient venus bénévolement,
avec empressement et avec joie. Le ministre se refuse, le ministre se refuse.
J'ai beaucoup de difficulté à croire que le ministre ne
concède pas, à la fin de mon intervention, de recevoir au moins
les agriculteurs par respect pour Louis Hébert qui a fondé
Québec - nous sommes dans la ville de Québec - en 1608. Le
premier agriculteur, c'est lui qui a fondé vraiment Québec. Le
fondateur de Québec c'est Champlain, je le sais. Le premier agriculteur
c'est Louis Hébert.
Une voix: Ti-Louis.
M. Blais: C'est le premier qui a mis le sillon en marche, le
premier qui a donné le goût, qui a fendu les terres de ce
continent pour une grande productivité. Alors, M. le Président,
je ne sais pas si vous avez le droit de m'aider dans mon intervention. J'ai
l'impression que le Président, dans nos nouveaux règlements,
n'est- pas neutre et pourrait parler pendant 10 ou 20 minutes, je pense. Je ne
connais pas assez les règlements, pour savoir la longueur de temps,
mais, M. le Président, vous avez droit à 10 minutes Je connais,
M. le Président, votre sens de protection des matières
premières québécoises, c'est-à-dire nos terres et
je suis persuadé, M. le Président, que vous allez appuyer cette
recommandation que l'UPA vienne et que vous avez droit à 10 minutes et
que vous allez prendre le temps de dire à cette commission que vous,
comme Président, et c'est vous qui avez le plus gros rôle, la plus
grande responsabilité et la plus reconnue par notre institution
parlementaire.
Certainement que vous aiderez le député de Terrebonne
à convaincre le député de Laporte à ouvrir la porte
aux agriculteurs. J'essaie d'ouvrir la porte du député, qui est
ministre des Affaires municipales. Vous, comme président, je suis
persuadé que vous voulez insister pour qu'on ouvre la porte à
l'UPA et qu'ils viennent essayer de nous convaincre que, si on est fautifs, Ils
nous remettront sur la bonne voie et, si on a raison, qu'ils nous aideront, M.
le Président, mon temps est terminé. Je vous demande, M. le
Président, en tant que président, et il est bien sûr que
vous êtes libre de vos actes, mais j'aimerais beaucoup que vous nous
aidiez à convaincre le ministre, par votre intervention, qui serait
certainement très efficace. Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M. le
député de Terrebonne. Je dirai tout simplement, à ce
stade, que je trouve que le travail de conviction vous va à merveille.
Je n'ai pas l'intention, pour l'instant, comme député,
président de cette commission, de plaider quelque faveur que ce soit.
Cependant, je suis très attentif à tous les propos qui ont
été dits à cette commission, puisque M. le
député de Terrebonne, vous savez que j'ai eu à vivre,
comme maire d'une municipalité toute l'implantation des MRC et j'ai eu
à vivre toutes ces étapes. Je sais, de par les propos qui ont
été tenus, par les gens ici, ce que cela représente. Je
suis très sensibilisé. Étant donné que les propos
que j'aurais à dire à ce stade n'apporteraient rien de plus au
débat, je laisse tout simplement les parlementaires exercer leur droit
de parole - cependant, en temps et lieu, comme tout président pourrait
le faire - intervenir, comme je l'ai fait, d'ailleurs, même si je ne
siège comme président que depuis une semaine, je suis intervenu,
pour apporter certaines lumières ou certaine expertise à certains
propos. À ce stade-ci, je vous remercie de l'invitation que vous me
faites, M. le député de Terrebonne, et je prendrai d'autres
commentaires d'autres députés, à moins que M. le ministre
ne veuille intervenir pour apporter davantage de lumière à cette
commission.
M. le ministre, vous avez le droit à un coup de trente minutes,
je vous prierais d'utiliser ce grand coup.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, rassurez-vous, je n'ai pas
l'intention de parler si longuement, mais je pense qu'il serait peut-être
souhaitable, à ce moment-ci, qu'on fasse le point sur l'état
d'avancement du projet de loi 88, pour constater, comme moi, M. le
Président, que nous siégeons depuis le début de
l'après-midi, en commission parlementaire, pour faire l'étude,
article par article, du projet de loi 88, un projet de loi qui comporte, en
tout, 54 articles.
Nous avons déjà annoncé la possibilité de
quelques modifications. Je dois constater, avec beaucoup de détresse, M.
le Président, que nous n'avons pas encore attaqué l'article 1 du
projet de loi. Je suis extrêmement déçu de voir que nos
travaux progressent si lentement et qu'au rythme où nous progressons, il
me semble évident que la prophétie du député de
Terrebonne se réalise et que nous terminerons nos travaux en
l'année 1988, comme il l'a dit tout à l'heure. Quant à
moi, je le déplore, parce que j'estime que ce projet de loi est
suffisamment important pour qu'il soit adopté au cours de la
présente session. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est un projet de
loi qui assure l'avenir des MRC, qui fait en sorte de prévoir, pour les
MRC, des jours meilleurs - si je peux m'exprimer ainsi - en ce sens que les MRC
qui étaient limitées jusqu'à maintenant à pouvoir
exercer un nombre limité de responsabilités, pourront, dans
l'avenir, à cause du projet de loi 88, et du décloisonnement
qu'il va provoquer à l'égard des MRC, exercer des
responsabilités accrues, beaucoup plus importantes que celles qu'elles
exercent présentement, à la condition, bien sûr, que les
municipalités locales, veuillent bien leur confier des
responsabilités additionnelles. J'ai dit précédemment - et
je le répète - que l'ensemble des mesures contenues dans le
projet de loi 88, a fait l'objet de nombreuses discussions, de nombreuses
rencontres. Tous les groupes dont parle la motion de l'Opposition, l'amendement
et le sous-amendement, soit l'UMRCQ, l'UMQ ou l'UPA, ont tous été
consultés à de nombreuses reprises, soit individuellement, soit
par le ministre ou les ministres respectifs, soit par les fonctionnaires. De
nombreuses rencontres ont eu lieu au sein des comités techniques, au
sein des comités interministériels. Bref, on ne peut pas
consulter davantage ces organismes-là qu'ils ne l'ont été.
(21 h 15)
J'ai entendu, tout à l'heure, le député de
Terrebonne, faire état de problèmes entre le monde agricole et le
monde municipal, parler des zones tampons et de sujets connexes. Je voudrais
simplement rappeler que ces problèmes qui existaient, il y a quelques
mois, sont maintenant, pratiquement réglés. SI l'on veut parlez
des zones tampons, je pense que le député n'était
peut-être pas tout à fait au courant des derniers
développements dans ce dossier-là. Mais on se rappellera que ce
n'est pas de gaieté de coeur que les municipalités avaient
imaginé ou décidé d'utiliser le concept des 2ones tampons
pour éviter que certains agriculteurs ne dressent en zone agricole,
à proximité des zones résidentielles, des usines -
puisqu'on parle des agriculteurs dans certains cas, comme des industriels de
production animale en batterie ou en - réclusion - des endroits
où l'on élève des animaux, soit des porcs, des veaux ou
des poulets.
Ce qui, évidemment, avait pour effet de causer une certaine
pollution par l'air. Or, des municipalités ont décidé,
pour tenter de contrer ce phénomène-là, de créer en
zone agricole, des zones tampons, des zones spéciales, par
règlement municipal. Ce qui a eu pour effet de provoquer,
évidemment, une réaction dans le monde agricole. Or, nous ne
sommes pas restés indifférents à ce problème. Nous
avons rencontré tant les agriculteurs que les élus municipaux,
pour les convaincre d'utiliser, pour régler ce problème, la norme
ou les directives du ministère de l'Environnement, qui édicte des
distances minimales à respecter entre ces établissements de
production animale et les zones résidentielles.
Je dis cela pour qu'on comprenne que les groupes tant agricoles que
municipaux, ont été largement consultés dans la recherche
d'une solution aux divers problèmes évoqués. Afin de
trouver cette solution-là, au Comité interministériel, et
le ministre des Affaires municipales a décidé d'accepter le
règlement de contrôle intérimaire dans un cas type. On a
entendu parler, je crois, du cas de la municipalité de
Saint-Louis-de-Pintendre, qui a été, d'une certaine façon,
la cause type dans ce dossier-là.
C'est une municipalité qui avait justement décidé
d'utiliser le concept des zones tampons pour régler le problème.
À la suite des tollés qu'a provoqués cette
décision-là, les négociations ont été
menées et, finalement, la municipalité a accepté de
retirer ces zones tampons et de remplacer cela par une réglementation
qui établit des distances entre les unités de production animale
et la zone résidentielle. Ces distances, bien sûr, étant
les mêmes que celles prévues par la directive du ministère
de l'Environnement, avaient pour but de réduire au minimum la pollution
par l'air. La solution qui a été appliquée dans la
municipalité de Saint-Louis-de-Pintendre a été tellement
bien reçue, et par les uns et par les autres, que, finalement, il a
été décidé d'exemplifier, si je peux dire, la
solution de Pintendre à l'ensemble des municipalités du
Québec. On a fait en sorte que le compromis, auquel le Comité
interministériel en est venu, soit appliqué à l'ensemble
du Québec.
De sorte que, Pintendre est devenu un peu le bateau-amiral - si je puis
m'exprimer ainsi - des villes rurales du Québec. C'est un bateau qui a
ouvert une brèche dans la zone agricole et qui fait en sorte que,
■ par cette brèche, l'ensemble des municipalités du
Québec pourra, dorénavant, faire en sorte de régir la
venue, sur leurs territoires ou l'implantation sur leurs territoires,
d'unités de production animale, qui serait susceptible de causer de la
pollution par l'air. Je pense qu'on doit conclure, de ce que je viens de dire,
que les groupes qu'on veut inviter à cette commission, que ce soit les
groupes du secteur de l'agriculture, que ce soit l'UPA, que ce soient les
unions des municipalités ont tous été consultés et
ils ont tous participé à l'élaboration de solutions, les
solutions qui ont été apportées à l'ensemble des
problèmes qui ont été suscités.
M. le Président, pour bien prouver que le ministère des
Affaires municipales a fait un bon travail dans le dossier dont on parle
présentement, j'aimerais faire lecture d'une lettre qui a
été adressée au ministre des Affaires municipales par le
maire de Pintendre, M. Roger Lachance, M. Lachance étant, comme
l'Opposition le sait bien...
M. Dufour:...
M. Bourbeau: Pardon?
M. Dufour: Quand vous l'engueulez...
Une voix: M. le député de Jonquière.
M. Bourbeau:... bien connu du député de
Lévis et critique de l'Opposition en matière de transport. Je ne
pense pas qu'on puisse accuser M. Lachance d'être un ami du parti
gouvernemental. Qu'est-ce que M. Lachance, maire de Pintendre, dit? Je pense
qu'il serait intéressant qu'on en prenne connaissance. Il dit: "C'est
avec beaucoup de satisfaction que j'ai appris, au cours des dernières
semaines, votre décision d'approuver le règlement de
contrôle intérimaire R028 de la MRC de Desjardins. Je comprends
que cette décision de votre part, bien qu'indicative de ce que pourrait
être à l'avenir la position du gouvernement en matière de
gestion du territoire municipal, devra faire l'objet d'une décision
finale du Comité ministériel permanent sur l'aménagement
et le développement régional. " Je vous signale, M. le
Président, que, subséquemment à cette lettre, le
comité ministériel permanent a pris la décision
d'étendre à l'ensemble du monde municipal la décision qui
avait été rendue dans le cas de Pintendre.
M. le Président, je vais être obligé de faire un
accroc à mon humilité naturelle et à ma modestie pour
continuer la lecture de la lettre. Vous me le permettrez. "Votre travail
acharné et votre approche rationnelle de la question ont
été, à mon point de vue, les éléments les
plus positifs dans la recherche d'un compromis viable entre les exploitations
agricoles et les résidents ruraux ou urbains environnants. Il nous est
permis à ce stade de conclure que votre intervention a permis de
protéger la qualité de vie des citoyens de Pintendre et, par
effet d'entraînement, d'une multitude de municipalités de la
province de Québec. De nombreuses demandes nous sont adressées
par les édiles municipaux afin d'obtenir copie de notre règlement
de contrôle intérimaire. Soyez persuadé que nous nous
empressons toujours d'y répondre. "Les déclarations fracassantes
du ministre de l'Agriculture et la campagne de désinformation
menée par l'UPA, laquelle poussa même ses dirigeants à
l'indécence d'écrire dans certains journaux que la MRC de
Desjardins avait dû, avec le ministère des Affaires municipales,
investir quelques millions de dollars dans la recherche d'une solution à
un problème ponctuel, ont eu pour effet de créer beaucoup de
confusion parmi la population. Les éléments contenus dans la
réglementation qui s'applique désormais sont pourtant très
clairs et leur principal effet, loin de nuire à l'évolution du
secteur agricole, protégera sans contredit les Investissements des
agriculteurs en évitant de les placer dans des situations conflictuelles
intenables. "À l'instar du zonage dans le secteur urbain, le zonage dans
le secteur agricole pourra, grâce à votre compréhension du
problème, être utilisé dans la recherche de
l'optimalisation des exploitations agricoles en ayant toujours à
l'esprit que le souci du gouvernement municipal doit être avant tout de
protéger la qualité de vie des citoyens formant la
communauté. "Les résidents de Pintendre, le conseil municipal et
le maire vous prient donc d'accepter leurs plus chaleureux remerciements pour
votre implication compétente dans ce dossier. "Veuillez agréer,
M. le ministre, l'expression de nos salutations distinguées. "
M. le Président, il arrive parfois qu'en tant que ministre on
reçoive des lettres qui ne soient pas de celles qui nous plaisent
toujours. En voilà une qui provenait d'un acteur qui a été
au centre du débat, mais vraiment au centre du débat dont on
parle présentement, qui n'est certainement pas un ami, un proche du
gouvernement, et qui a rendu un témoignage quant à l'action du
gouvernement dans le dossier dont on parle. On pourrait inviter d'autres
représentants du monde municipal. On pourrait inviter l'UPA. On pourrait
inviter l'UMRCQ.
En conclusion, Je pense que tous ces groupes ont été
entendus à plusieurs reprises, ont fait connaître leur point de
vue. Quant à moi, M. le Président, je ne peux pas croire que la
motion de l'Opposition ait vraiment pour but de faire avancer le dossier. Je
suis plutôt d'avis que c'est une motion dilatoire et cela nous
apparaît évident à ce stade-ci. Cette motion n'a pour but
que de faire perdre du temps à cette commission, pour faire en sorte que
le projet de loi ne puisse pas être adopté avant la fin de la
présente session. En conséquence, M. le Président, quant
à moi, en tout cas, je ne suis pas d'accord pour voter en faveur de la
proposition qui est devant nous.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, peut-être, juste
un instant, M. le député de
Dubuc. M. le ministre vous avez utilisé 12 minutes sur les trente
minutes à votre disposition.
M. Bourbeau: C'est suffisant, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, on est encore sur le
sous-amendement de la motion qui a été proposée. Question
de directive, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, une question de directive.
Je ne sais pas si la procédure qu'on suit, ici, en commission
parlementaire... On dit souvent que c'est la même chose ici qu'à
l'Assemblée nationale. Cela s'applique... Ce qui n'est pas inscrit comme
tel au règlement s'applique de la même façon et, lorsqu'un
ministre, par exemple, à l'Assemblée nationale, cite un document,
on peut lui demander d'en faire le dépôt. Alors, est-ce que c'est
la même règle qui s'applique dans ces cas-là, à la
commission?
Une voix: À moins qu'il juge que ce n'est pas
d'intérêt public.
M. Bourbeau: Cela me ferait plaisir d'en distribuer une copie
à chaque membre présent, si tel est leur bon désir.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Si je comprends bien, la
demande du député de Dubuc, vise à faire déposer le
document de la lettre du maire de Pintendre, si j'ai bien compris. Alors, je
pense que c'est à la discrétion du ministre, s'il le juge
d'intérêt public, de le déposer, ici, en commission.
M. Desbiens: C'est comme à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Parent, Bertrand): À la discrétion
du ministre. Si j'ai bien compris, le ministre a décidé, M. le
député de Dubuc, d'informer tous les membres de cette
commission.
M. Bourbeau: De toute façon, elle a été
publiée dans les journaux.
M. Desbiens: Oui, mais pour être bien certain de ce point,
M. le Président, est-ce que, à l'Assemblée nationale, le
ministre, à moins qu'il considère que ce n'est pas
d'intérêt public, comme vous le dites. Ce n'est pas à sa
discrétion, II est obligé de le déposer à
l'Assemblée nationale.
M. Bourbeau: M. le Président, d'après mes
informations, la lettre a déjà été publiée
dans Le Soleil, le journal Le Peuple-tribune et Rive-sud-express. Alors, je
pense bien que c'est déjà un document public.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, je vous rappellerai
tout simplement l'article 214 de notre règlement. "Lorsqu'un ministre
cite, même en partie, un document, tous les députés peuvent
lui demander de le déposer immédiatement. Le ministre doit
s'exécuter, sauf s'il juge que cela serait contraire à
l'intérêt public. " C'est le même règlement
qu'à l'Assemblée nationale, qui est ici, en commission, qui
s'applique, soit l'article 214. Le ministre a quand même
décidé de donner suite à votre demande, M. le
député de Dubuc. Est-ce que vous avez d'autres questions?
M. Desbiens: Non, c'est-à-dire que, là, je constate
que le service de presse du ministre est très rapide. On a
déjà chacun une copie entre les mains. Est-ce que c'était
prévu? Est-ce que c'est une lettre plantée, M. le
Président? M. le Président, j'avais une question concernant le
règlement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est parce que le ministre a
décidé de se rendre à toutes vos demandes, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: J'espère qu'il sera toujours aussi
rapide.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est parce que, après
9 heures, le ministre ramollit.
M. Desbiens: M, le Président, maintenant, j'aurais une
question concernant le règlement,
M. Bourbeau: Je m'inscris en faux contre la remarque du
Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Vous avez bien compris que ce
n'était pas sérieux. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Alors, M. le Président, j'aurais une question
concernant le règlement. Cela fait deux fois depuis cet
après-midi que j'entends le ministre dire que l'UMRCQ a
été consultée pendant des mois, des mois et des mois, a
été consultée pendant longtemps; même chose pour
l'UMQ. Nous avons consulté, nous avons consulté, a-t-il dit. Il a
répété la même chose encore tantôt. Je ne sais
pas si c'est à vous de rappeler ce fait au ministre, sauf que, nous
sommes en commission parlementaire, ici. Nous ne sommes pas au cabinet du
ministre, et ses collègues aussi bien que les autres
députés de l'Assemblée nationale, eux, n'ont pas
consulté,, consulté, consulté, comme il l'a dit cet
après-midi et longtemps, longtemps, longtemps, comme II l'a
répété. (21 h 30)
II me semble que, d'une certaine façon, c'est faire peu de cas de
ses collègues comme des autres membres de l'Assemblée nationale
qui, eux, n'ont pas eu le loisir de consulter, consulter, consulter. C'est
nous, comme députés, membres élus de la population, qui
avons à prendre une décision en adoptant les articles et le
projet de loi que le ministre nous soumet. Nous devons le faire avec le plus
d'éclairage possible. Donc, je trouve l'attitude du ministre un peu
arrogante, II dit: Nous autres, on a consulté, et, vous, arrangez-vous
avec la balance.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à ce stade-ci sur le sous-amendement qui a
été déposé précédemment? M. le
député de Duplessis - j'allais dire le
député de Perron - vous avez le droit à dix
minutes.
Une voix: Cela va venir.
Une voix: Ils vont changer le nom de son comté.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Vous avez droit
à dix minutes sur le sous-amendement qui, je le rappelle, est d'ajouter
l'Union des producteurs agricoles dans les consultations.
M. Perron: Pour autant que ce n'est pas le perron de la
porte.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
Une voix: Cela va être la porte du perron.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, on reviendrait,
s'il vous plaît, à l'intervention de M. le député de
Duplessis, qui a demandé la parole et pour laquelle vous avez droit
à une période d'intervention de dix minutes dans un seul
bloc.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M le Président. Cette loi 88 que nous
avons devant nous, c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, la Loi sur les cités et villes et
le Code municipal, nous amène aux faits suivants. D'abord, l'Opposition
a demandé à entendre divers organismes, incluant l'Union des
municipalités* régionales de comté et, maintenant, nous en
sommes à demander la présence en commission parlementaire de
l'Union des producteurs agricoles^
Lorsqu'on regarde un projet de loi comme celui-là, qui amende
trois lois du gouvernement, on est en droit de se poser des questions, M. le
Président, à savoir pourquoi les ministériels
n'interviennent-ils pas plus qu'il ne faut dans un domaine aussi important que
celui-là? On se demande aussi pourquoi les ministériels, le
ministre inclus, ne pourraient pas se rendre à notre demande pour qu'on
puisse entendre, en commission parlementaire, les représentants de
l'Union des producteurs agricoles, comme d'ailleurs les représentants de
tous les organismes mentionnés antérieurement.
Dans son exposé, le ministre a parlé de progression trop
lente de l'étude de la loi 88, ici en commission parlementaire. Il dit
qu'on n'était même pas rendus à l'article 1. Cela, j'en
conviens, tout comme mes collègues de l'Opposition, Mais il faudrait
peut-être que le ministre se rende compte, ainsi que ses collègues
ministériels, que, lorsqu'on arrive à un projet de loi qui amende
trois lois du Québec, on serait en droit de connaître les
impressions, les voeux, les pour et les contre de l'ensemble des organismes que
nous proposons d'amener devant la commission parlementaire.
Si le ministre veut accélérer les choses, il peut
peut-être nous permettre, à nous de l'Opposition autant qu'aux
ministériels que nous avons en face de nous et qui ne disent pas
grand-chose dans cette commission parlementaire, de poser des questions
à ces organismes. Il pourrait se rendre à notre demande pour
accélérer le processus parlementaire, d'une part. D'autre part,
le ministre a mentionné les nombreuses rencontres qu'il avait eues avec
les organismes concernés devant cette commission parlementaire et, en
particulier, l'Union des producteurs agricoles. À ce que Je sache, ces
rencontres n'ont pas eu lieu en présence des membres de l'Opposition, en
présence des ministériels, qui sont aussi en face de nous
à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire Ici.
À ce que je sache, aucune question n'a été posée de
part et d'autre. Je pense qu'il serait important qu'on puisse regarder ensemble
et poser toutes les questions nécessaires sur des sujets aussi
importants.
Lorsqu'on regarde, par exemple, le projet de loi lui-même, et
avant de passer directement au projet de loi, M. le Président,
concernant la formation du Comité de concertation agricole, je voudrais
mentionner - et pour cela je reviens en arrière, en juin 1986 - que si
le ministre avait voulu, dans le temps - je dis bien avait voulu - entendre
certains organismes que nous avions demandés lors de la commission
parlementaire sur Schefferville, on n'en serait pas là, avec les
problèmes que nous avons actuellement et que les résidents et les
résidentes de Schef-fervitle ont actuellement. Ils sont dans quatre
pieds de neige et le ministre n'a pas encore réglé leurs
problèmes. Les commerçants sont toujours en attente. Le conseil
municipal est toujours sous la tutelle gouvernementale. Je reviens à la
question des organismes qu'on demande ici, cela ressemble à peu
près à la même chose. Si le ministre nous l'a refusé
dans ce cas-là, s'il a fait des erreurs par la suite et si le dossier
n'est pas avancé, cela risque de faire exactement la même chose,
si on n'entend pas des organismes ici. Le ministre, on peut lui faire confiance
jusqu'à une certaine limite, mais pas plus que cela. J'ai
déjà vu ce qu'il a fait dans d'autres dossiers, que ce soient des
dossiers d'aménagement, des dossiers municipaux ou des dossiers
législatifs qui sont amenés à l'Assemblée
nationale, comme par exemple le logement. Je pense qu'il est là surtout
pour causer des problèmes à la population du Québec et
à certains groupes qui représentent des personnes de la
population du Québec. C'est à peu près tout ce qu'il
représente. En d'autres mots, ce qu'il essaie de faire depuis qu'il est
ministre des Affaires municipales, c'est de "foutre le bordel" à peu
près partout, incluant des villes et des villages de l'ensemble du
Québec.
Alors, M. le Président, je viens d'entendre le ministre sur une
question personnelle qui me concerne. Je l'inviterais à faire attention
à ce qu'il dit et je vais vous dire pourquoi. Quand viendra le jour
où il passera par là, peut-être qu'il pensera autre chose.
Alors, s'il parle de maladie, qu'il me laisse tranquille. D'accord?
M. le Président, ce qui m'intéresserait, c'est d'entendre
l'Union des producteurs agricoles sur certains articles de cette loi qui
concernent, par exemple, le territoire agricole, le tourisme, l'environnement
et l'assainissement des eaux et qui concernent encore un paquet de secteurs qui
sont touchés par cette loi qui, d'ailleurs, en amende trois, je le
répète. Lorsqu'on forme le Comité de concertation
agricole, on mentionne à l'article 148. 1: "Lorsque le conseil d'une
municipalité projette d'adopter une modification au règlement de
zonage ayant effet sur un territoire ou une zone visé au paragraphe
5° de l'article 5 ou au paragraphe 1° de l'article 84 et faisant partie
de la zone agricole au sens de la Loi sur la protection du territoire agricole,
il doit, avant de tenir la consultation prévue aux articles 124 à
130, consulter le comité de concertation agricole. " J'aimerais bien que
l'UPA m'explique de quelle façon elle voit la formation de ce
Comité de concertation agricole. J'aimerais bien aussi que l'UPA et
d'autres organismes aussi, qui ont été mentionnés
antérieurement et qui vont être mentionnés plus tard au
cours de cette commission parlementaire, viennent devant nous et nous
expliquent leur position quant à la formation du conseil à
l'article 148 2, premier alinéa, lorsqu'on mentionne qu'"au moins la
moitié des membres du comité doivent être des producteurs
agricoles qui résident sur le territoire de la municipalité et
qui ne sont pas des membres du conseil".
J'aimerais entendre ce que ces gens-là ont à dire
là-dessus. J'aimerais entendre toutes les parties, j'aimerais entendre
aussi ce qu'aurait à dire là-dessus le président de
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec. Vous savez, lorsque le président de l'union, M. Nicolet,
a remis son rapport annuel, il a parlé, à un certain moment, d'un
zonage agricole mal dosé, d'un frein au développement
économique des régions. Antérieurement à ce qu'il
disait, il mentionnait ceci au sujet du gouvernement: incompréhension
des demandes municipales, refus d'accepter le concept d'aménagement Issu
de la loi 125, opposition systématique aux volontés du milieu,
vision étroite des objectifs à privilégier, autant de
symptômes de ces réflexes d'une fonction publique qui vit encore
dans une autre ère, celle du centralisme qui répond à un
concept dépassé de la société
québécoise. On sent une chose, c'est que, d'une main, le
gouvernement décentralise. C'est sûr, il décentralise pour
s'enlever des responsabilités. D'autre part, il centralise dans
d'autres, là où il peut agir à sa façon et comme il
le veut, et cela en passant sur le dos de tout le monde, en "bulldozant"
à peu près tout le monde qui est dans le paysage. C'est surtout
au sujet de ces questions Importantes qu'on devrait faire en sorte que des
organismes, des représentants d'organismes soient invités ici en
commission parlementaire.
On sait très bien que ce gouvernement, depuis de nombreuses
années, c'est-à-dire depuis deux ans qu'il est au pouvoir, pas
depuis de nombreuses années, se refuse à toute consultation,
lorsque les membres de l'Opposition sont présents, à moins que ce
soit sur un petit projet de loi ou une petite "gamique" qu'il veut organiser ou
quelque chose du genre. Quand iI s'agit de quelque chose de potable à
présenter, de quelque chose capable d'apporter des améliorations
à l'intérieur de la législation et même de la
réglementation, il n'est pas question pour le ministre et pour ce
gouvernement d'écouter quoi que ce soit en provenance des organismes du
milieu, surtout des organismes comme ceux-là. Lorsqu'on parle de l'UPA,
ce n'est pas de la petite bière. Lorsqu'on parle de l'UMRCQ, ce n'est
pas de la petite bière non plus. Lorsqu'on parle de l'Union des
municipalités du Québec, ce n'est pas de la petite bière;
c'est 1600 municipalités au Québec.
Une voix: Mais le maire de Pintendre, ça, c'est
quelqu'un.
M. Perron: En parlant du maire de Pin-tendre, lorsque le ministre
vient nous déposer une lettre ici, en commission parlementaire -
d'ailleurs, il avait assez de copies pour en distribuer à presque tout
l'ensemble du personnel du Parlement - je pense qu'il a déjà
préparé son coup d'avance de toute façon. Il avait
préparé son coup d'avance et il n'y a rien qui nous dit à
nous autres que ce n'est pas une lettre qui a été
"plantée" par le ministre.
M. Bourbeau: Un organisateur péquiste.
M. Perron: II n'y a rien qui nous dit que cette lettre a
été rendue publique avec l'assentiment du maire de Pintendre.
M. Bourbeau: Regardez-la donc; elle est publiée dans Le
Soleil.
M. Perron: Peut-être même, sans l'assentiment du
maire de Pintendre. Je ne sais pas, je n'ai pas eu le temps de la regarder
encore. Le ministre l'a entre les mains cela fait quelque temps.
M. Bourbeau: Je l'ai demandée au Soleil.
M. Perron: Tout cela, M. le Président, pour vous dire que,
lorsqu'on regarde les amendements qui sont...
M. Bourbeau: C'est l'heure!
M. Perron: M. le Président, tout cela pour
dire que, lorsqu'on regarde les amendements qui sont apportés
à trois lois du Québec, lorsqu'on regarde des choses aussi
importantes qui amendent des articles aussi Importants, qui amendent la loi sur
le territoire agricole, on est en droit d'entendre ce que tes gens ont à
dire là-dessus, et non seulement dans ce domaine, mais dans tous les
autres domaines. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Votre temps est
maintenant écoulé, M. le député de Duplessis.
M. te député de Dubuc a demandé la parole pour
intervenir sur le sous-amendement. Je vous rappelle, M. le député
de Dubuc, que vous avez droit à un temps de parole de dix minutes.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Je vous remercie, M. le Président. J'ai
attendu pour vous demander la parole sur le sujet, parce que, tantôt,
pendant l'exposé de mon collègue, le député de
Terre-bonne, avec toute l'éloquence et le brio qu'on lui connaît,
et toute l'âme avec laquelle il présente son argumentation, j'ai
vu le ministre se mettre à écrire tout à coup sur son
calepin. Je me suis dit: Mon Dieu, je crois bien que le ministre, finalement,
sera convaincu par l'argumentation du député de Terrebonne et va
se rendre au désir qui est exprimé par le député de
Terrebonne, dans son cas de façon certaine, souhaité et voulu par
les députés de l'Opposition de façon aussi
annoncée, et sans doute, je le croirais à prime abord, voulu par
nos collègues ministériels. On sait qu'on n'a jamais trop
d'explications. On ne peut jamais trop comparer les points de vue pour
s'assurer qu'une loi, qu'une mesure puisse répondre vraiment aux
objectifs que le gouvernement, par l'intermédiaire des membres de
l'Assemblée nationale, détermine par nos lois Je me disais: Mon
Dieu, si le ministre se décide enfin, tant mieux, on pourra ainsi gagner
beaucoup de temps. Comme on est impatient, de ce côté-ci, de
commencer l'étude du projet de loi article par article le plus tôt
possible, je me disais qu'on allait enfin pouvoir commencer l'étude de
ce projet de loi auquel le ministre semble tenir beaucoup, car c'est sans aucun
' doute un projet de loi important. Mais non, ce n'est pas le cas. Le ministre,
au contraire, a dit qu'il avait lui-même consulté, consulté
et consulté tous ces gens-là, l'Union des municipalités,
l'Union des municipalités régionales de comté, les
producteurs, l'Union des producteurs agricoles, qu'il se sentait bien
informé, qu'il n'avait pas besoin d'être informé davantage,
oubliant du même coup tous ses collègues ministériels et
oubliant aussi tous les députés de l'Opposition qui, eux, n'ont
pas le même éclairage - c'est bien évident - que celui que
le ministre peut avoir et qui ne savent pas non plus, n'ayant pu accueillir et
les membres de l'Union des municipalités régionales de
comté, les membres de l'UMQ et les membres de l'Union des producteurs
agricoles, qui sont, évidemment, les organismes et les citoyens les plus
intéressés et qui ont le plus fouillé cette question pour
s'assurer que les principes auxquels ces groupes de citoyens tiennent -
puissent être sauvegardés dans l'écriture de la loi que le
ministre présente. (21 h 45)
Alors, M. le Président, je veux joindre ma voix à celle de
mes autres collègues pour tenter d'infléchir la décision
du ministre en notre faveur, en faveur des membres de l'Assemblée
nationale qui ont, je pense, tout comme lui le droit de pouvoir entendre,
discuter et connaître exactement quelle est la position de l'Union des
producteurs agricoles, par exemple, sur le sous-amendement
présenté par mon collègue de Terrebonne.
On le sait, le ministre nous a distribué tantôt une lettre
circulaire, presque publicitaire, qui nous indique qu'un maire, en tout cas,
est satisfait. Nous savons aussi que l'Union des producteurs agricoles, dans un
premier temps, s'est montrée elle aussi satisfaite, sans
considérer cela comme étant la meilleure solution à ses
yeux. Ils se sont montrés satisfaits. Je pense que M. Jacques Proulx, le
président de l'Union des producteurs agricoles, s'est montré
satisfait de la façon dont le gouvernement québécois
procédait. Cela, c'est une première réaction. C'est un peu
toujours comme cela, si vous le remarquez, M. le Président. Vous avez
quand même une certaine expérience. Quand une mesure
gouvernementale ou un projet gouvernemental est présenté par un
ministre, à première vue, on est tous un peu sous un effet de
charme. On a tous l'impression de trouver cela très beau au
départ. J'ai vécu cela plusieurs fois, J'ai vu cela plusieurs
fois, de très beaux projets au départ. Par exemple, j'ai vu celui
de mon collègue, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, être présenté dans des formes admirables, sous
des dehors étincelants. C'est un projet de remise en question des
pourvoiries et des réserves fauniques du Québec. Au premier
abord, on est éblouis par les paroles du ministre et par sa façon
d'expliquer qui, évidemment, font ressortir toutes les beautés -
qu'on trouve maintenant cachées - de ce fameux projet, mais, quand
même, sous le charme de la présentation, de la rencontre avec le
ministre entouré d'une foule de fonctionnaires, la première
réaction des Journalistes - je pense que c'est normal - la
première réaction des chroniqueurs, la première
réactions des membres des organismes socio-économiques
reliés à la faune a été favorable. Ils ont
trouvé que cela avait l'air bien. En tout cas, c'était bien
présenté, c'était beau. Il y avait de beaux cartables, et
tout cela.
C'est pour vous dire, M. le Président, qu'il y a toujours une
première réaction. Tout projet est présenté
évidemment de la façon la plus positive possible par le ministre
responsable. Donc, à première vue, on voit cela tout beau,
tout bleu, tout gentil, tout rouge dans le cas du parti
ministériel, et tout agréable. J'ai l'impression que cela a
été aussi un peu la réaction de l'Union des producteurs
agricoles à la décision du ministre qui semblait vouloir se
porter, justement, aux raisons qui avaient été exprimées
par l'Union des producteurs agricoles concernant cette question. Mais, si les
rumeurs sont fondées, à ce qu'on me dit, l'Union des producteurs
agricoles exprimerait maintenant certaines réserves. Je ne sais pas s'il
y a de mes collègues du parti ministériel qui ont pu aussi
entendre parler de cette question, mais il semblerait qu'elle aurait maintenant
certaines réserves. Après l'avoir bien décanté, le
temps ayant passé, elle a pris le temps de lire exactement le projet de
loi et de voir la situation telle qu'elle se vivrait probablement si la loi
était adoptée. Est-ce seulement une rumeur, M, le
Président? Je l'ignore. Je l'ignore, mais il me semble que, comme membre
élu d'une Assemblée législative qui a à voter un
projet de loi qui sera en application dans les prochains mois, dans les
prochaines années, projet qui aura une Importante influence sur l'avenir
des municipalités régionales de comté, sur l'avenir aussi
de la Loi sur la protection du territoire agricole, la loi 90, eh bien, M. le
Président, je me sentirais un peu mal à l'aise, pour ne pas dire
très mal à l'aise, d'adopter le projet tel qu'il nous est
présenté par le ministre des Affaires municipaies, surtout la
partie qui touche l'Union des producteurs agricoles, le zonage agricole.
Je me sentirais très mal à l'aise de voter comme cela, les
yeux fermés, presque sans pouvoir me faire donner des garanties qui
soient autres que celles du ministre. Lui, on sait quel est son avantage et ce
qu'il recherche. Je pense que, pour les ministres, c'est toujours un peu la
même chose Quand ils ont un projet de loi, ils croient, honnêtement
je pense, que c'est la meilleure façon de procéder et ils veulent
que cela passe le plus rapidement possible aussi. On sait que c'est toujours
pénible pour les ministres de devoir se présenter devant
l'Assemblée nationale et puis de devoir expliquer en long et en large
leurs intentions et les objectifs qu'ils visent. Mais, comme parlementaire, je
crois qu'il serait absolument important pour que j'aie l'âme en paix que
je sois bien certain que l'Union des producteurs agricoles est vraiment
derrière ce projet de loi à 100 %, comme semble le laisser croire
le ministre. Toutefois, les rumeurs que j'ai entendues me portent plutôt
à croire qu'il y a des réticences maintenant et qu'il serait
important que l'Union des producteurs agricoles puisse venir les exprimer et
les faire connaître à chacun des membres de l'Assemblée
nationale.
Le ministre n'est qu'un député comme les autres, une fois
qu'il est rendu ici. Il ne faut pas vous laisser impressionner par cela. C'est
pourquoi, M. le Président, j'appuie la motion. Étant donné
que mon temps est terminé, j'aurais aimé apporter peut-être
encore d'autres argumen- tations, mais je vais laisser la parole à un
autre de mes collègues. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, est-ce qu'il y a des
députés de ce côté-ci qui ont des commentaires
officiels à faire?
Une voix: Officiels? Non.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, je vous prierais
à ce moment-là de laisser faire ceux qui veulent en faire de
moins officieux. M. le député de Roberval, vous avez
demandé la parole. Je vous rappellerai qu'en vertu de notre
règlement vous avez droit à une Intervention de 10 minutes dans
un seul bloc sur le sous-amendement et, de ce fait, je vous cède ta
parole. Une question de règlement, M. le ministre.
M. Bourbeau: Étant donné que c'est la
première fois que nous avons l'honneur de voir le député
de Roberval en cette enceinte, je voudrais savoir si vous pouvez nous confirmer
que le député de Roberval est vraiment membre de la
commission.
Le Président (M. Parent, Bertrand): il est effectivement membre,
M. le ministre.
M. Bourbeau: Est-ce que vous pourriez nous dire qui il
remplace?
Le Président (M. Parent, Bertrand): II remplace le
député de Lévis.
M. Bourbeau: Ah, c'est triste! On aurait
préféré le député de Lévis, mais on
va écouter le député de Roberval quand même, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, M. le
député de Roberval, vous êtes membre à part
entière, puisqu'on a annoncé dès l'ouverture, cet
après-midi, que vous étiez le remplaçant du
député de Lévis. Alors, on vous reconnaît. Est-ce
que, M. le ministre, vous avez autre chose à ajouter?
M. Bourbeau: Je disais qu'on va boire le calice jusqu'à la
lie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, cela fait partie de
vos trente minutes. M. le député de Roberval, je vous reconnais
donc pour un gros maximum de 10 minutes.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Oui. M. le Président, je vous remercie.
D'entrée de jeu, je voudrais saluer personnellement le ministre,
étant donné que c'est la première fois que j'ai
l'agréable plaisir de travailler avec lui à une commission
parlementaire comme celle-ci. Cependant, je laisse, et j'ai toujours
laissé d'ailleurs, avec beaucoup
d'agrément et beaucoup de respect ce grand plaisir à mon
collègue de Jonquière, un député qui a dans le
domaine municipal une expérience à côté de laquelle
je n'oserais mettre la mienne. Cependant, je m'aperçois que l'accueil
n'est pas particulièrement chaleureux et je voudrais (aire partager...
Je me réjouis de voir que le ministre n'a pas l'appui des
députés de sa formation au sujet des propos qu'il a tenus
à mon endroit tout à l'heure. Mais je voudrais simplement vous
dire combien je suis déçu, pour une première apparition
à cette commission parlementaire, d'entendre le ministre nous dire qu'il
ne souhaite pas, semble-t-il, ou de voir qu'il n'a pas l'air de vouloir se
rendre à nos arguments à l'effet qu'on devrait rencontrer l'Union
des producteurs agricoles pour étudier ce dossier, cet important projet
de loi qu'il nous soumet.
M. le Président, il faut remonter dans l'histoire récente
pour voir comment les gens du parti ministériel d'aujourd'hui se sont
comportés au moment où la loi 125 sur l'aménagement et
l'urbanisme a été créée. Il faut aussi comprendre
tous les efforts qui ont dû être fournis par les
députés ministériels d'alors pour expliquer à ces
gens-là l'importance de faire de l'aménagement et l'importance de
donner, en quelque sorte, aux gens du milieu des responsabilités en
matière d'aménagement du territoire. Il fallait aussi être
là, sinon il faudrait lire les galées de l'époque et se
demander comment il se fait que des parlementaires, dans le contexte des
années 1976-1980, dans cette période d'effervescence sur le plan
politique, bien sûr, mais aussi sur le plan de l'organisation de notre
société, n'ont pas pu accepter qu'on puisse aménager le
territoire et ne pas comprendre comment c'était important, ce que cela
pouvait à court terme, mais davantage à moyen et à long
termes, représenter d'économie d'efforts, ce que cela pouvait
représenter d'erreurs évitées dans l'aménagement de
notre territoire, ce nécessaire exercice de la discussion au sein des
élus municipaux dans nos régions, ce nécessaire exercice
d'établissement des consensus, sort de s'entendre pour écrire un
plan, pour mettre sur papier la vision de l'avenir. Il fallait être
à courte vue pour ne pas comprendre qu'il était important de
mettre en place une structure et de donner à cette structure une loi qui
lui permette d'exercer des pouvoirs.
Une fois passé sur les banquettes ministérielles et
après avoir vu comment les MRC ont fonctionné de façon
positive et de quelle manière elles ont répondu avec satisfaction
aux attentes de ceux qui croyaient impossibles les consensus dans les
régions entre des maires de petites municipalités et des maires
de grandes municipalités, avec un rapport de forces qui était
différent de celui de la population réelle ou de
l'évaluation foncière représentée, après
avoir vu comment ces gens-là, au cours des mois et des années,
ont fait ce difficile exercice de s'entendre entre eux et de s'entendre surtout
sur des priorités d'aménagement et de développement,
j'aurais cru que le ministre aurait pu accepter d'entendre les MRC. C'est, en
quelque sorte, quelque chose qui pouvait fonctionner, qui avait fait la preuve
de son utilité, et le ministre aurait pu, il me semble, éviter,
dès qu'il est arrivé à la tête du
ministère... D'ailleurs, on se demande s'il est arrivé à
la tête du ministère, parce que, parfois, on a l'impression que te
ministère est dirigé un peu par toutes sortes de gens. On ne sent
pas de leadership, mon collègue de Jonquière l'a dit souvent. On
ne sent pas de ligne directrice, On a l'impression que la gouverne du
ministère, la direction du ministère est assurée par
quelqu'un qui, tantôt penche à droite, tantôt penche
à gauche et tantôt n'a pas d'opinion. Difficilement peut-on cerner
le ministre et difficilement peut-on savoir où il s'en va.
Aujourd'hui, on en a un bel exemple: le ministre refuse d'entendre
l'UPA. Quoi de plus légitime de ce côté-ci, M. le
Président, que de demander que l'UPA, l'Union des producteurs agricoles,
vienne faire une présentation à cette commission
parlementaire...
M. Desbiens: C'est élémentaire.
M. Gauthier: ...vienne faire entendre son point de vue sur le
projet de loi, puisque, enfin, le ministre se décide à
légiférer, à préciser des choses. Je reviendrai
tout à l'heure sur le flottement dans lequel il a gardé les MRC
pendant plusieurs mois. Leur vie était suspendue à un fil avec
des subventions prolongées, je ne dirai pas de mois en mois, mais de six
mois en six mois, avec des permanents qui travaillent dans la boite, mais qui
ne peuvent pas mettre leur pleine compétence en tout dégagement
au service des objectifs qui sont poursuivis par les maires qui, eux, depuis
quelques années, font cet exercice, quand ils ne savent pas si, le
lendemain matin, Ils auront encore un travail et quand les maires
eux-mêmes ne savent pas si tout ce travail qui a été fait
depuis des années dans les milieux partout au Québec et
après des luttes, disons-le, épiques pour diviser les territoires
des MRC et pour réussir à regrouper ce monde-là en une
unité qui pouvait correspondre à un milieu de vie réel.
(22 heures)
Quand on pense que ces gens-là avalent au-dessus de leur
tête une épée de Damoclès qui était suspendue
à l'effet que le ministre n'osait pas leur dire si, oui ou non, il
allait les laisser survivre, alors qu'aujourd'hui il décide de poser un
geste législatif, geste législatif qui a des conséquences
énormes, entre autres choses, entre autres aspects, sur l'administration
de la loi du zonage agricole et sur la cohabitation difficile,
nécessaire et cependant souhaitable des agriculteurs, dans nos villes ou
en périphérie de nos villes, de nos villages, avec la population
en général et avec les développements résidentiels.
Qu'aujourd'hui, le ministre ne veuille pas même s'ouvrir à des
revendications qui pourraient être
faites ici, au premier chef, par les gens qui sont
intéressés par le projet de loi, M. le Président, c'est
renversant! C'est surprenant et J'oserais même dire
déconcertant.
Mme Trépanier: Rien que cela.
M. Gauthier: Je ne vous le fais pas dire, Mme la
députée de Dorion, c'est décevant. Vous remarquerez que,
même de l'autre côté, les interventions de ce
côté-ci vont finir par porter fruit.
Une voix: C'est le ministre qui lui a soufflé les
mots.
M. Gauthier: M. le Président, si le ministre est rendu
auto-flagellateur, là vraiment, on aura tout vu en cette commission
parlementaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gauthier: Mais je vous promets cependant, étant
donné ses attitudes...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Roberval, vous avez toujours la parole. Cependant, je
ferais appel aux autres députés. M. le ministre, si vous voulez
intervenir tantôt, après, vous en aurez le droit. Alors, M le
député de Roberval, vous aviez donc la parole. Je sens qu'il y en
a d'autres qui veulent intervenir; ils pourront le faire après.
M. Gauthier: M. le Président, je vais faire plaisir au
ministre aujourd'hui. Puisqu'il veut absolument me garder, je vais rester et je
vais rester pour toute la commission parlementaire en plus de cela. Je vais
jaser avec le ministre, parce que cela fait un petit bout de temps qu'on m'a
malheureusement - eh bien malheureusement confié des dossiers d'un autre
ordre, alors que j'aurais aimé travailler avec le ministre. Puisqu'il
m'en donne l'occasion, qu'il m'invite et qu'il souhaite ma présence Ici,
comme je l'ai compris, je ferai la commission parlementaire avec mon
collègue de Jonquière avec plaisir. Il va entendre parler de nous
autres longtemps, parce qu'on a des choses à lui dire. Imaginez que cela
fait deux ans, M. le Président, que je regarde aller ce ministre. J'ai
parlé tout à l'heure du flottement dans lequel il avait
laissé les MRC, du bouleversement psychologique que cet homme a
créé au sein du personnel des MRC et au sein des élus qui
siègent aux MRC. Aujourd'hui, ce même homme, qui semblait
repentant d'une attitude aussi" désinvolte à l'endroit des
structures municipales du Québec, se montre maintenant tout aussi
indépendant à l'endroit...
Une voix:...
M. Gauthier: Ce n'est pas vrai. Il ne me reste pas
déjà juste une minute.
M. Bourbeau: S'il reprend, j'aurai un démenti.
M. Gauthier: M. le Président...
M. Bourbeau: II vous reste à peine une minute,
monsieur.
M. Gauthier: M. le Président, j'avais quelques pages de
notes. Enfin, j'en suis au premier point, mais tout de même. J'aurai
très certainement l'occasion d'en dire plus au ministre au cours de
cette soirée, mais, hélas, elle devra se terminer relativement
tôt. Enfin, on se reprendra. Je voulais dire au ministre que, son
attitude envers les MRC, on la revoit retransposée aujourd'hui, quand on
veut - c'est mon collègue de Terrebonne, je pense, qui a
présenté l'amendement - lui faire écouter l'UPA. On revoit
le même homme intransigeant. M. le Président, une loi comme
celle-là, quand on sait que M. Nicolet, le président de l'Union
des municipalités régionales de comté, souhaitait en
septembre dernier qu'on développe des mécanismes à travers
lesquels la réalité des régions pourrait se
refléter dans la loi même qui les encadre...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Roberval, vous devez conclure, votre temps est
terminé.
M. Gauthier: M. le Président, en conclusion, je suis
déçu que le ministre refuse...
Une voix: Consentement pour 30 secondes. M. Gauthier:
Consentement?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Encore 30
secondes.
M. Gauthier: Ce n'est pas suffisant. M. le Président, je
suis très déçu que le ministre refuse d'entendre l'UPA. Il
me semble que cela aurait été tout à fait normal, mais,
enfin, il portera ses responsabilités à ce sujet.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous remercie
beaucoup, M. le député de Roberval. Soyez assuré qu'avec
les propos qu'a tenus le ministre tantôt, vous aurez la chance au cours
des prochains jours de faire valoir tous vos points de vue.
M. Gauthier: Très certainement.
M. Bourbeau: Effectivement, M. le Président, vous
êtes censé empêcher une motion tantôt.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions
avant que nous appelions... M. le député de
Jonquière, vous n'êtes pas encore intervenu, à ce que je
sache, sur cette motion, sur ce sous-amendement. Vous avez donc droit à
dix minutes.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Je vous remercie, M. le Président. Concernant
cet amendement, je pense bien qu'on peut facilement se rendre compte que le
ministre, lui, fait seulement transmettre les commissions. Il a un message
qu'il nous transmet sans parole, parce qu'on voit bien qu'il a reçu un
ordre de ses collègues pour rester insensible à autant
d'éloquence et de raisons valables qui lui expliquent en long et en
large pourquoi il devrait écouter ce que les gens ont à dire.
Mais je comprends le ministre. Tout le monde dit quelque chose et il trouve une
lettre qui semble lui donner raison, alors il oublie tout le monde. On voit
cela facilement. On dit, d'une part, il y a l'Union des municipalités du
Québec, l'Union des municipalités régionales de
comté, l'Union des producteurs agricoles, les aménagistes
régionaux...
M. Lefebvre: Les Abénaquis.
M. Dufour: II y a beaucoup de gens qui... M. le Président,
j'aimerais que vous rappeliez à l'ordre le leader adjoint du
gouvernement...
Le Président (M. Saint-Roch): Monsieur...
M. Dufour:... parce qu'il devrait donner l'exemple. Je pense que
ce n'est pas une foire. Si nous, on travaille, lui, peut-être qu'il vient
s'amuser, mais nous, on a de l'ouvrage à faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, vous avez la parole.
M. Dufour: Je pense que, aussi, ce même message pourrait
être transmis au ministre, soit de bien vouloir respecter le temps de
parole des gens qui sont en face. Je pense que ce serait important qu'il le
fasse et qu'il le fasse dans l'ordre.
Donc, j'essaie de dire qu'il y a beaucoup plus de gens qui semblent en
désaccord, alors qu'il n'y a qu'une seule lettre qui est d'accord avec
lui. Je voudrais simplement lui citer une partie d'une communication de l'Union
des municipalités du Québec où le maire Pelletier, qui est
président de l'Union des municipalités, s'est dit, par ailleurs,
étonné et déçu, d'apprendre par un
communiqué officiel - parce que le ministre nous dit toujours: Ah bien
moi, je l'ai entendu, on a consulté, on a vu des choses - qu'une entente
avait été conclue entre les membres du comité permanent de
l'aménagement et du développement régional quant à
la responsabilité des municipalités en zone agricole. À
cet égard, il a rappelé au ministre Côté que, lors
de la table Québec-Municipalités du 22 octobre 1987, ce dernier
avait souligné l'importance de la consultation et de la concertation,
reconnaissant que tout dossier gouvernemental ayant une incidence municipale
devrait être préalablement discuté à cette
table.
Qui dit vrai dans ces choses? D'un côté, II y a des gens
qui nous répètent que cela ne marche pas, qu'il n'y a pas eu de
consultation et, de l'autre côté, on a les ministres qui nous
disent: II y a eu de la consultation. La grosse preuve évidente qu'ils
nous apportent, c'est la municipalité de Pintendre. Cela doit être
gros. Une grosse municipalité qui vient nous dire: Le ministre est fin
et bien correct. Bravo! Alleluia!.
Donc, moi, je ne peux pas accepter que les gens viennent seulement nous
dire: Oui, cela va bien, Ce n'est pas la peine d'écouter. Le ministre
est tellement sûr de lui qu'il ne veut écouter personne. Si c'est
vrai dans leurs communiqués - parce qu'eux aussi, le gouvernement,
parlent par communiqués - si c'est vrai que le monde est d'accord,
pourquoi le ministre a-t-il peur de rencontrer tout ce monde-là pour
qu'il vienne nous dire ce qui se passe dans les faits et dans la
réalité? Pourquoi le ministre a-t-il peur d'écouter ces
gens-là, s'ils disent qu'ils sont d'accord? Moi, je dis qu'ils ne sont
pas d'accord. On a des preuves de cela. Pourquoi refuse-t-il de les entendre?
La seule raison qui me paraît évidente, c'est que le ministre est
porteur des commissions des autres ministères qui lui disent: Tu ne
bouges pas. Il ne bouge pas et II est à la merci de tout le monde. C'est
le petit gars de la maison, à qui le ministre de l'Agriculture,
tantôt, dit quoi faire et il y a d'autres ministères qui font la
même chose. Je suis déçu de ce côté-là
et je pense que le ministre, à ce moment-là, ne remplit pas 100 %
de son mandat, puisqu'il ne défend pas les municipalités.
Il faut bien comprendre que l'Union des producteurs agricoles... Je ne
sais pas ce qu'ils pourraient nous dire par rapport à cela, mais je sais
une chose, c'est qu'ils font des communications actuellement. Ils discutent et
ils ne sont pas d'accord avec le projet de loi actuel. Ils voudraient que cela
aille plus loin, probablement. Je ne dis pas qu'on devrait leur donner raison.
Je dis seulement une chose, c'est qu'on devrait accepter au moins de les
écouter, qu'ils viennent nous dire ce qui va ou ce qui ne va pas. Il me
semble que c'est important que ces gens-là viennent nous le dire.
L'Union des producteurs agricoles, normalement, est un organisme qui est
reconnu et qui, sur le territoire du Québec, a fait des choses. On ne
peut pas dire que tes municipalités ont toujours été
d'accord avec les positions de l'UPA. On ne peut pas dire qu'elles ont toujours
été en désaccord, parce que ce sont des cheminements qui
sont convergents, qui vont à la même place. C'est Important pour
les municipalités que les agriculteurs aussi trouvent une façon
de vivre dans les schémas d'aménagement.
On a une chance en or d'entendre les agriculteurs venir nous dire ce
qu'ils pensent du projet de loi. On a une chance d'entendre dire par les
principaux intervenants, les principaux acteurs, soit ceux concernés par
la Loi sur l'aménagement et de l'urbanisme, soit ceux concernés
par le zonage agricole, ce qu'ils pensent de ce projet de loi, plutôt que
d'écouter le ministre nous dire ce qu'il entend, ce qu'il pourrait faire
et ce que lui croit qu'il devrait faire. Il devrait peut-être accepter,
avec nous, de prendre quelque temps - cela ne prend pas beaucoup de
journées - pour écouter ces gens nous dire ce qu'ils pensent.
Cela pourrait nous permettre d'avoir un meilleur éclairage comme
Opposition, peut-être aussi d'amener une meilleure compréhension
entre les groupes, parce qu'on l'a fait dans le passé. C'est
arrivé que l'Opposition a aidé le gouvernement. D'ailleurs, le
ministre, chaque fois qu'il parle, demande la collaboration de l'Opposition
parce qu'il a besoin de nous. On est sa béquille, il a besoin qu'on
l'aide parce qu'il n'est pas capable de porter le dossier tout seul. Alors, ce
que je lui ai offert à l'Assemblée nationale déjà,
c'est qu'on l'aide à se défendre contre ses collègues.
C'est dur à dire, mais l'Opposition est obligée de faire
une partie du travail du ministre dans ses dossiers parce qu'il est mauvais
porteur du ballon. Normalement, on envoie des gens comme cela sur le banc. J'ai
compris que, dans une équipe, s'il y a des gens qui sont trop faibles
pour se porter pour aller de l'avant, on va être obligés de les
aider, c'est ce qu'on essaie de faire, ou il va y avoir d'autres solutions
à apporter. Et là, je ne fais pas nécessairement
référence au premier ministre, mais il va comprendre un jour que
les dossiers qu'il lui a confiés ne sont pas menés à terme
et ne rencontrent pas les besoins et les désirs de l'ensemble de la
population.
Quand on parle de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, ce
n'est pas une loi mineure. Mon collègue de Terrebonne disait, dans son
exposé, que les joyaux des lois que le gouvernement du Parti
québécois avait passées, c'étaient, d'abord, la loi
101 qui s'occupait de la langue, donc, de la culture et celle sur le zonage
agricole, qui était la loi de l'agriculture. Donc, c'étaient les
deux joyaux. Je peux dire qu'il y en avait d'autres qu'on pourrait ajouter qui
ont eu des effets extraordinaires, la loi 125 s'inscrit dans cette
démarche comme la Loi sur la fiscalité municipale...
M. Bourbeau: La loi sur...
M. Dufour M. le ministre, si vous voulez parler, vous
interviendrez à votre tour. Je pense que je suis obligé de vous
le rappeler et ne pensez pas que je vais accepter que vous m'interpellez
à chaque fois...
M. Bourbeau:...
M. Dufour: On vous laisse parler même quand cela ne fait
pas notre affaire. On est plus démocrates que vous l'êtes, dans le
fond, on n'a pas l'arrogance que vous avez et on a surtout des oreilles pour
écouter...
M. Thérien: On a vu cela avec votre chef.
M. Dufour:... et quand on vous écoute... Je n'ai pas
d'affaire dans cette histoire, M, le député de Rousseau. Je pense
que vous n'avez pas de conseil à me donner. On a travaillé
ensemble et votre attitude est contraire à ce que vous avez fait quand
vous étiez maire. Je peux dire que vous avez perdu définitivement
le sens de la proportion parce que cela vous a gonflé... Des
poupées gonflables...
Des voix: Oh! Ha, ha, ha!
M. Dufour:... des poupées gonglables, c'est ce que vous
êtes.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Jonquière, si vous me permettez, je rappellerais
à tous les députés l'article 36 qui stipule: Aucun
député ne peut interrompre celui qui a la parole. Alors,
j'apprécierais que tous les parlementaires le respecte. Je pense que,
lorsque le ministre s'est adressé à la commission, il a
été écouté, alors, j'apprécierais que chacun
des députés ait la chance de s'exprimer. Vous avez la parole, M.
le député de Jonquière.
M. Dufour: Merci, M. le Président. Je pense que c'est bon
de rappeler, de temps en temps, aux parlementaires que le respect s'exerce des
deux côtés. Je vous dis que, dans mon intervention, je n'ai pas
fait d'attaques personnelles et j'ai laissé parler qui veut parler, mais
il y a des gens ici qui sont frustrés parce que le ministre les tient
sous sa coupole et les empêche de parler ou qui n'ont rien à
dire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour:... ils seraient mieux de ne pas parler. Je pense que
c'est cela, ils n'ont rien à dire, mais ils auront des comptes à
rendre un jour, parce que ces gens vivent dans des municipalités,
même si on est député, on reste quelque part, sur un
territoire. Le territoire où on demeure, c'est notre municipalité
et je pense que, de ce côté-là, il y a un mandat
très clair qui vient de la population. C'est le même mandat, c'est
un mandat qui vient de la même population. Alors, lorsqu'on veut
discréditer les propos de l'Opposition qui fait appel au sens
démocratique des élus du gouvernement du Québec, je pense
que, de ce côté, on n'est pas en dehors de notre mandat, on fait
appel au bon sens
On dit au ministre des Affaires municipales: C'est malheureux que vous
acceptiez des ordres
d'autres ministères parce qu'on voit bien que vous ne voulez pas
bouger, ce n'est pas parce que les arguments ne se tiennent pas et n'ont pas
d'allure, vous êtes en frais d'ôter aux municipalités le
pouvoir qu'elles ont. D'un côté, vous faites croire aux gens que
vous croyez à l'autonomie des municipalités quand, d'autre part,
vous êtes prêt à la leur enlever parce que vous ne voulez
pas affronter et discuter avec vos collègues. Vous êtes le petit
mouton dans ce dossier et les municipalités avaient raison de le dire,
elles l'ont dit dans des assemblées et j'ai eu connaissance qu'elles
l'ont dit. Il n'était pas si gros, le maire de Pintendre, quand il est
venu vous dire que vous faites une bonne "job" dans ce dossier. Je me souviens
qu'il l'a fait à force de bras parce que, lorsqu'il était au
Hilton, au moment où il y a eu une rencontre, si vous aviez eu des
fusils dans les yeux, pour mol, II n'y aurait rien resté du petit maire.
Il aurait disparu de la surface de la terre parce que cela ne faisait pas votre
affaire parce qu'il est venu vous rappeler à votre devoir. C'est lui qui
s'est battu avec le ministre de l'Agriculture, ce n'est pas le ministre des
Affaires municipales. Le ministre des Affaires municipales, c'est le "rubber
stamp" de tout ce qui se passe. Si cela a du bon sens, si vous êtes
d'accord, on va mettre le "rubber", on va mettre notre imprimatur
là-dessus C'est Dieu le Père. 22 h 15)
M. Bourbeau: Je prends des décisions.
M. Dufour: Des décisions? Pas trop. Moi, je vous
appellerais André Penché. On a la chanson de Méo
Penché, vous, c'est André Penché.
Des voix: Ha, ha, ha!
M, Dufour: On a déjà eu un ministre des Affaires
municipales qui vous ressemblait, mais il avait d'autre chose par exemple. Je
peux dire une chose: il avait l'air de prendre cela à coeur. Vous, vous
avez l'air de rire de l'Opposition. Vous avez déjà oublié
le sens de l'écoute, le sens de la responsabilité par rapport aux
municipalités. Je pense que les municipalités méritent
mieux que cela, à mon point de vue. Les municipalités
méritent d'avoir un ministre qui se tient debout et qui croit à
leur vocation. Il faut d'abord croire à ce qu'on fait. Quand on veut
défendre des organismes ce qu'on représente, il faut d'abord
vouloir le faire. On ne sent pas de volonté de votre part. On sent une
seule volonté: ne pas faire de vagues. Vous êtes à la
hauteur du peu de frisson qui peut être apporté sur l'eau. Il
s'agit seulement d'un petit vent, d'une petite brise, même pas du nord,
même pas du sud, je pense qu'elle vient de nulle part, c'est un petit
souffle de voix très très doux, pour que personne ne
l'entende.
M. le ministre, je vous rappelle qu'il y a une proposition, un
sous-amendement, qui vous invite à écouter les groupes. L'Union
des produc- teurs agricoles vous en saurait gré si vous acceptiez de la
rencontrer.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Jonquière, je vous remercie. Est-ce qu'il y en a d'autres qui
désireraient intervenir sur le sous-amendement? S'il n'y en a pas
d'autres, en fonction de l'article 201 de notre règlement, on va
maintenant appeler les mises aux voix sur le sous-amendement. J'aimerais,
puisqu'il s'est passé un certain laps de temps entre le moment de la
proposition de ce sous-amendement et maintenant, le relire avant que la
commission puisse se prononcer. C'est: "Que la motion d'amendement soit
modifiée en ajoutant, à la fin, les termes: "Union des
producteurs agricoles du Québec. "
Alors, est-ce qu'on est en faveur de cet amendement?
M. Gauthier: M. le Président, on voudrait faire un vote
nominal.
Vote sur la motion de sous-amendement
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, on demande un vote
nominal. M. le secrétaire, s'il vous plaît. Il y a un vote nominal
qui est demandé, c'est cela?
Une voix: On aimerait savoir qui est contre et qui est pour.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Jonquière... Alors, M. le secrétaire, s'il vous plaît,
appelez le vote.
Le Secrétaire: Pour ou contre la motion de sous-amendement. M.
Bourbeau (Laporte).
M. Bourbeau: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: MmeTrépanier (Dorion).
Mme Trépanier: Contre.
Le Secrétaire: M. Saint-Roch (Drummond).
M. Saint-Roch: Abstention, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière).
M. Camden: M. le Président, avant que je ne me prononce,
voudriez-vous prévenir nos collègues d'en face qu'il n'y a pas de
commentaires lors d'un vote, s'il vous plaît, question de
décorum.
Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet).
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau).
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc).
M. Desbiens: Pour et en faveur, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval). M. Gauthier: Pour, M. le
Président. Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière). M.
Dufour: Pour. Le Secrétaire: M. Parent (Bertrand).
Le Président (M. Parent, Bertrand): Abstention.
Le Secrétaire: 6 contre, 3 pour et 2 abstentions.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, le sous-amendement est
donc rejeté sur division. On revient maintenant à l'amendement.
Oui, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je pense que j'ai un droit de parole sur
l'amendement, n'est-ce pas? C'est cela?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Sur l'amendement, vous
n'étiez pas intervenu. Je pense que vous avez droit à dix
minutes, M. le député de Dubuc, sur l'amendement. On se
souviendra que l'amendement était: "Que la motion pour tenir des
consultations particulières soit modifiée en ajoutant, à
la fin, les termes: "Union des municipalités du Québec"."
Alors, M. le député de Dubuc, vous avez droit à dix
minutes, d'un seul bloc.
Motion d'amendement (suite) M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, M. le Président.
Si le parti ministériel n'a pas accepté d'entendre l'Union
desproducteurs agricoles, on va essayer, en tout cas, de notre mieux, de le
convaincre de la nécessité et de l'importance, je pense, pour
chacun des membres de cette commission, de pouvoir, de la façon la mieux
éclairée possible, procéder aussi le plus rapidement
possible. Nous sommes très anxieux, mes collè- gues et
moi-même, de pouvoir procéder te plus rapidement possible à
l'étude de ce projet de loi. Alors, si on pouvait le plus rapidement
possible convaincre le ministre et ses collègues députés
de la nécessité d'être éclairés d'une
façon convenable, à tout le moins, sur certaines
appréhensions et certaines questions que nous nous posons, de ce
côté-ci sûrement et probablement aussi du côté
ministériel, concernant certains articles, certaines acceptations qu'on
a entendues mais pour lesquelles les rumeurs ont, par la suite, couru disant
que, peut-être, il y aurait maintenant des inquiétudes concernant
les propositions du ministre par sa loi.
Donc, on va essayer de convaincre nos collègues de la
nécessité d'entendre l'Union des municipalités du
Québec. Je croyais que l'Union des producteurs agricoles, étant
directement touchée par la Loi sur le zonage agricole ainsi que par ce
projet de loi, aurait à coup sûr pu nous donner des informations.
Maintenant, la majorité a décidé autrement et comme' il
faut, en démocratie, respecter cette majorité, je vais demander
d'autant plus fermement au ministre de nous permettre, au moins, d'entendre
l'Union des municipalités du Québec.
Je pense que si, à la rigueur, le ministre juge bon de ne pas
nous permettre de questionner et d'écouter les membres de l'Union des
producteurs agricoles, il nous permettra, au moins, d'entendre les maires, les
citoyens élus les plus directement touchés parce qu'ils sont
appelés à administrer les MRC, entendre les maires qui forment
l'Union des municipalités du Québec.
Je me dois de le rappeler, parce qu'il semble bien qu'à force de
rappeler , l'importance et le but, nous parviendrons à toucher le
ministre ou à se faire écouter du ministre, il faut se rappeler
que - je l'ai dit lors d'une première intervention cet après-midi
- la formation des MRC, des municipalités régionales de
comté, constitue une volonté de la part des membres de
l'Assemblée nationale, mais du gouvernement antérieur, du
gouvernement du Parti québécois, de décentraliser. La loi
125 qui a procédé à la mise sur pied et au
développement des MRC est une loi qui exprime une véritable
volonté de décentralisation et cette volonté de
décentralisation, je le répète aussi puisqu'il semble bien
qu'on a... M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Mi le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je pense que, tantôt, on nous a fait remarquer
qu'on n'avait pas droit de faire des remarques pendant un vote, mais on n'a pas
davantage le droit non plus de parler ou de déranger celui qui
intervient pendant son temps.
Une voix: Très juste, très juste.
!
M. Bourbeau: M. le Président, sur la
question de règlement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Je trouve que le député de
Dubuc...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, M. le
député de Lotbinière, la parole est à M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je considère que le député de
Dubuc est d'une susceptibilité à outrance, M. le
Président, parce que, de ce côté-ci, on écoutait
attentivement les propos du député de Dubuc. Il y a
peut-êre une souris qui est passée par terre a un moment
donné qui a fait un peu de bruit, mais, de façon
générale, je peux dire au député de Dubuc que la
partie gouvernementale, et qui est en opposition évidemment à la
théorie du député de Dubuc, écoute avec beaucoup
d'attention ces propos, par ailleurs, très intéressants.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc, je vais vous recéder la parole mais,
avant de le faire, je vous demanderais, s'il vous plaît, de respecter les
droits fondamentaux des parlementaires, soit le droit de parole.
M. Desbiens: Oui, je viens de voir sortir la queue de la souris
par l'oreille gauche du ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Alors, Merci, M. le Président. Si le ministre
en est rendu à voir des souris.
Une voix: C'est inquiétant. M. Desbiens: C'est
inquiétant en grand. Une voix: II ferait mieux de grimper. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Desbiens: Je l'engage très rapidement à recevoir
l'Union des producteurs agricoles, parce que, quand quelqu'un voit des souris
et des rats comme cela, il me semble que... Ce n'est pas quand on est dans des
"delirium tremens"? Ce n'est pas comme cela qu'ils appellent cela?
Une voix: C'est en phase terminale.
M. Desbiens: C'est en phase terminale. Alors, M. le
Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Continuez, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens:... je disais donc que la loi 125, qui a permis la
création des MRC, est une loi qui a marqué une volonté
totale de la part du législateur, au Québec, de
décentraliser, c'est-à-dire de rapprocher les citoyens. Comme on
l'a dit et répété - et il semble que ce soit
nécessaire de le dire encore, puisque nos collègues ne semblent
pas convaincus - cette loi 125 est absolument importante. Elle concerne la
création des MRC, à qui on a confié, comme premier mandat,
de procéder à l'aménagement du territoire.
Alors, quand on parle d'aménagement du territoire, il est
évident que le projet de loi 88 qu'on étudie présentement
se rapportant directement aux MRC... Les membres de ces MRC,
particulièrement les villes, sont touchées par l'article 22,
à cause de la proximité des territoires agricoles avec les
territoires urbanisés et, autant donc, ces municipalités sont
touchées, autant il est important qu'elles puissent venir
éclairer, ici, les membres de l'Opposition. Cela m'apparaît de
plus en plus évident également.
Il est absolument nécessaire que les maires, via leur
représentante, l'Union des municipalités, puissent aussi venir
éclairer nos collègues, les députés
ministériels, les députés libéraux. Au fur et
à mesure que le temps passe, nous sommes déjà rendus
à 22 h 30 et nous avons commencé l'étude du projet en
après-midi... Depuis cet après-midi que nous tentons de les
convaincre de cette nécessité et pas encore une seule fois on a
entendu des réflexions, mais jamais on ne les a entendus, sauf le
ministre à quelques reprises, nous faire part de leur volonté et
de leur désir de recevoir et d'entendre, eux et elle aussi, ces
mêmes représentants de l'Union des municipalités du
Québec.
Je suis convaincu que les députés ministériels
aussi bien que les députés de l'Opposition sont désireux
de porter un jugement de valeur sur le projet de loi du ministre et qu'il est
aussi important pour eux de connaître quelle est exactement sa
volonté. Parce que tout ce qu'on a à faire lorsqu'on est ici,
comme élus de la population, c'est de s'assurer que les projets qui sont
préparés et présentés, dont la première
étude, si l'on peut dire, a été réalisée par
un ministre ou par le gouvernement... Lorsqu'ils ont soumis aux membres de
l'Assemblée nationale, c'est pour que ces mêmes Individus
puissent, au nom de la population du Québec, porter un jugement sur les
projets qui sont soumis par l'administration, représentée par la
personne d'un ministre.
En l'occurence, dans le cas du projet de loi 88 sur l'aménagement
et l'urbanisme... Pas déjà, vous n'avez pas enlevé, M. le
Président, le temps qui m'a été soufflé par les
interventions de... Il ne me reste qu'une demi-minute malgré tout
cela?
Le Président (M. Saint-Roch): Arrêtez le
chronomètre.
M. Desbiens: Ah, une minute et demie.
Alors, merci, M. le Président.
Donc, je disais qu'il était important, pour les
députés ministériels aussi bien que pour nous, pour porter
un jugement éclairé sur les propositions de l'administration, que
nous ayons toutes les interventions possibles et que nous puissions faire
appel, aussi, à des personnes de l'extérieur. Comme l'Union des
municipalités du Québec est un de ces organismes et qu'il semble
que le ministre n'acceptera pas non plus cette proposition, je vais lui en
faire une autre. J'aimerais présenter la motion de sous-amendement
suivante, M. le Président:
Que la motion d'amendement soit modifiée en ajoutant, à la
fin, les termes: "Association des aménagistes régionaux du
Québec". (22 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a quelques
remarques sur la recevabilité de l'amendement? Aucune remarque.
M. Bourbeau: M. le Président, je veux simplement
dire...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau:... que nous sommes étonnés de cette
tactique de l'Opposition. On aurait cru qu'après les trois premiers
groupes, l'Opposition avait compris que la partie gouvernementale était
intéressée à procéder à l'étude de
l'article 1. M. le Président, on ne demande pas beaucoup à
l'Opposition, seulement l'article 1. Il me semble que ce serait normal
qu'après un débat de cinq heures, on finisse par arriver à
l'article 1 du projet de loi, au moins pour donner un peu d'encouragement
à la partie gouvernementale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, j'avais
demandé quelques remarques sur la recevabilité du
sous-amendement.
M. le député de Jonquière, sur la
recevabilité du sous-amendement.
M. Dufour: Le ministre n'a pas le droit de nous prêter des
intentions. Il a peur et il est tout le temps inquiet. Il pleure à tout
le monde: Est-ce qu'on va l'avoir? Je ne sais pas s'il fait cela au Conseil des
ministres, mais ici, il est en commission parlementaire et on est en train
d'étudier le principe.
M. Bourbeau: Comment le principe? Il est fini le principe.
M. Dufour: Donc, il va se libérer. Il va se tranquilliser.
On va l'étudier. Quand ce sera le temps, on fonctionnera, mais on va
essayer de lui faire comprendre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière...
M. Dufour: il n'y a pas plus sourd que quelqu'un qui ne veut pas
entendre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, excusez-moi. On n'en était pas à ta
recevabilité du sous-amendement. Sur ce, je suis prêt à
rendre ma décision. Le sous-amendement est recevable.
M. Bourbeau: Ah! On est bien surpris de cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc, vous avez maintenant 30 minutes à votre disposition.
Motion de sous-amendement proposant
de taire témoigner l'Association des
aménagistes régionaux du Québec
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Je vous remercie, M. le Président. Un
philosophe anglais, Bertrand Russell, disait que l'individu ne peut
s'épanouir que quand il jouit de la liberté, mais qu'il ne peut
vraiment jouir de cette liberté qu'à l'Intérieur d'une
société avec des règles pour que la liberté des uns
ne touche pas celle des autres. On est au coeur de la loi 125 et des objectifs
poursuivis par la loi 125. En fait, c'est la continuation d'un processus qui
s'est engagé, d'après moi, à partir de 1960, au moment de
la révolution tranquille, lorsque la population du Québec a
accepté des propositions, à savoir que son gouvernement
centralise, ramène à l'État du Québec une foule de
décisions.
Les mesures qui existaient auparavant étaient des mesures qu'on
pourrait qualifier de ponctuelles, qui ne s'adressaient qu'à des groupes
restreints d'individus, Vous vous souvenez comment la politique se jouait
à l'époque. C'était pour répondre à des
situations qui se produisaient. On appelait cela une politique de cataplasme.
Une nécessité, une volonté s'est exprimée à
ce moment-là, de la part des citoyens du Québec, qui a
été assez forte et qu'on a appelée une révolution.
Même si elle a été tranquille, cela a été une
véritable révolution, M. le Président, vous le savez comme
moi, qui a fait en sorte que le gouvernement du Québec, pour
répondre aux voeux de l'ensemble de la population, a établi sur
l'ensemble du territoire du Québec toute une série de mesures:
l'assurance-maladie, l'électricité, l'assurance-santé, les
moyens économiques aussi pour réaliser le développement du
Québec par une participation de l'État. Tout cela, je pense, a
été réalisé au fil de ces années. Les
grandes missions que l'État s'est données dans le domaine social
et dans le domaine économique ont été
réalisées ou sont en voie de l'être. Quand est venue, pour
les gouvernements, la nécessité d'appliquer certaines de ces
mesures... Je faisais, cet après-midi, la comparaison
de milieux de vie entre des municipalités, par exemple et une
très petite municipalité dans mon comté qui compte 500
habitants. Quand on arrivait pour établir et appliquer tes mêmes
principes dans un milieu de vie aussi restreint, de la même façon
qu'on pouvait les appliquer à Chicoutimi, à Québec ou
à Montréal, le gouvernement s'était vite rendu compte que
cela ne pouvait pas véritablement fonctionner aussi bien pour assurer
aux citoyens l'équité, pour les faire jouir des mêmes
mesures d'équité observées dans les grands centres. C'est
progressivement que la population en a pris conscience et en est venue à
décider, d'une certaine façon, à exiger, à
demander, à vouloir le renversement de la vapeur c'est-à-dire un
retour vers la base, vers le peuple, vers les citoyens, vers la population
elle-même. C'est alors, M. le Président, que, progressivement, ces
dernières années, on a vu naître ce courant nouveau de
pensée qui réclamait et réclame de plus en plus vivement
un retour ver les élus locaux, vers les régions. Au cours de 1975
et de 1976 à 1980, il y a eu la mise en place, la préparation
d'un livre blanc qui a servi à...
M. Dufour: ...il y a quelques souris. M. le
Président.,.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce une question de
règlement?
M. Dufour: Oui, c'est une question de règlement. On
pourrait peut-être faire venir l'exterminateur. Il y a beaucoup de souris
qui font du bruit dans la salle. Je demanderais que mon collègue puisse
intervenir en paix.
Le Président (M. Saint-Roch): Je comprends votre question
de règlement, M. le député de Jonquière, mais je
dois admettre que la première partie était un peu ambiguë Je
demanderais donc la collaboration de tous les parlementaires, des deux
côtés, pour qu'on puisse entendre et comprendre le
député de Dubuc. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Je disais donc qu'il
s'est créé, ces dernières années, un courant qui a
fait en sorte que le gouvernement, l'État central du Québec, a
dû se pencher, procéder, d'une façon importante, à
une étude approfondie du phénomène nouveau, qui semblait
être reconnu à la grandeur du Québec, voulant ramener vers
la population certaines décisions de façon à permettre
qu'au niveau local, au niveau municipal, il y ait des programmes et que
l'application de certains programmes puisse être assurée par un
gouvernement local, donc beaucoup plus rapproché de la population, et
qu'il puisse agir. Un livre blanc a même été
préparé sous le gouvernement précédent qui en est
venu exactement à cette conclusion très nette, très
claire, de la nécessité de décentraliser l'administration
québécoise, donc de retourner certains pouvoirs entre les mains
de la population et du gouvernement qui en était le plus près,
c'est-à-dire le gouvernement municipal. C'est à partir de cette
constatation qui a été faite dans ce livre blanc qu'on a
imaginé, prévu, étudié, examiné la
possibilité que des pouvoirs puissent être remis entre les mains
de la population du Québec, c'est-à-dire entre les mains d'un
niveau de gouvernement qui soit très proche de la population dans les
régions. Ce qu'on a constaté évidemment, à cause de
la diversité de taille qui existe entre nos municipalités, il
était absolument impossible, de façon pratique, de pouvoir
remettre de façon uniforme à toutes les municipalités du
Québec les mêmes pouvoirs. Pour cause de population, pour cause
aussi, évidemment, de ressources financières, de
possibilités techniques, même, pour certaines municipalités
de très petite taille, de pouvoir offrir un service à une
population, un service dont une municipalité de plus grande taille
pourrait s'occuper, on a cherché un nouveau niveau de gouvernement, on a
cherché une formule qui pourrait recevoir justement ces pouvoirs
nouveaux qui pourraient se rapprocher de la population. C'est de cette
volonté-là que sont nées les MRC. C'est la loi 125 sur
l'aménagement et l'urbanisme qui a marqué, justement, cette
volonté politique de l'État québécois de remettre
entre les mains de citoyens élus, plus près de la population, une
série de pouvoirs qui pourraient, de façon meilleure parce que
beaucoup plus près de la réalité quotidienne,
répondre ainsi beaucoup mieux à ce que les citoyens, en
général, désirent obtenir de l'administration des
programmes, des projets et des lois gouvernementaux. On a créé
les MRC. Évidemment, on aurait très bien pu parler, cela a
d'ailleurs été une formule qui a été (...), qui a
été discutée à l'époque, de gouvernements
régionaux. Cette volonté de décentralisation aurait pu
s'affirmer par une création de gouvernements régionaux, sauf
qu'il faut toujours, dans la société, fonctionner à la
vitesse à laquelle cette société veut bien avancer. Il a
semblé évident que la formation de gouvernements régionaux
n'était pas encore mûre et que la population non plus
n'était pas prête à recevoir une telle formule de
décentralisation.
Les MRC ont donc reçu ce mandat, plutôt que ce soit
accordé à un gouvernement régional. Seulement, la formule
des MRC n'est sans doute pas la formule idéale. Quant à moi, il y
a beaucoup de choses à l'intérieur, dans les objectifs et dans le
fonctionnement qui méritent d'être améliorées. Il
faut reconnaître que les municipalités - mon collègue, le
député de Roberval, l'a très bien exprimé il y a
quelques minutes - les MRC ont joué depuis leur création un
rôle extrêmement Important, ne serait-ce que pour développer
entre les municipalités du Québec un terrain d'entente, des
formules pour obliger et assurer que les municipalités, sur un
territoire qu'on appelait d'ailleurs le territoire d'appartenance - je me
souviens de ta création
des MRC et chacun, sans doute, s'en souvient dans sa région - que
des municipalités jouent ce rôle de gouvernement
intermédiaire à l'intérieur d'une MRC et les MRC ont, Je
pense, joué ce rôle d'unificateur. Elles ont appris aux maires,
qui sont les représentants des municipalités composantes,
à se parler, à considérer des objectifs communs et
à tenter aussi d'atteindre ces objectifs communs en collaborant. C'est,
je pense, un apport positif que les MRC ont eu à cet égard, Pour
ne pas dire la seule responsabilité, en tout cas la grande
responsabilité qui a été confiée à ces
municipalités régionales de comté, cela a
été l'aménagement du territoire, l'aménagement et
l'urbanisme. L'aménagement du territoire, M. le Président, c'est
véritablement le fondement. C'est presque la raison d'être, on
peut dire, des municipalités régionales de comté que
touche le présent projet de loi et quand on parle d'aménagement
et d'urbanisme, nécessairement, on touche directement à la
population. Et la formule qui a été consacrée par la loi
125, pour que les municipalités régionales de comté
procèdent à leur schéma d'aménagement,
était, souvenons-nous en bien, une procédure très
complète, qui amenait tes MRC à se rapprocher de la façon
la plus complète possible, la plus entière possible, des citoyens
eux-mêmes. (22 h 45)
Je me souviens très bien des procédures de
présentation de projets, directement aux citoyens, dans des
séances d'information, de référendum, selon la
volonté des citoyens Alors, cela a été et cela continue
d'être - parce que ce n'est pas entièrement terminé - la
manière pour les MRC, de faire prendre conscience au citoyen, dans son
milieu immédiat de vie, du pouvoir qu'il a d'influencer son devenir et
le devenir de sa communauté. C'est comme cela qu'on a
procédé et c'est comme cela qu'on peut s'assurer aussi, le mieux
possible, de cette véritable politique de décentralisation que
sous-tend l'entièreté, si je peux dire, de la loi 125, de
permettre au citoyen, dans son milieu, de déterminer, de dire exactement
comment il entrevoit, comment, lui, personnellement, peut désirer que se
développent, par exemple, des services, dans les domaines très
divers de sa vie quotidienne.
C'est un acte démocratique, je pense, poussé à sa
limite. Quand on en est rendus comme cela, à se rapprocher de cette
façon du citoyen, moi, je dis donc, que c'est l'acte démocratique
ultime, celui qui va toucher le citoyen dans son milieu de vie direct, et que
cet acte démocratique a été rendu possible grâce
à une loi, la loi 125. Eh bien, il est absolument important que nous
puissions, avant de toucher, de modifier, d'intervenir, pour changer des
parties de cette loi, que nous ayons toutes les garanties possibles qu'elle
continuera et qu'elle permettra encore mieux, lors de son application future,
aux citoyens directement touchés et aux élus municipaux, via les
MRC, qui ont la responsabilité de son application, de s'assurer qu'elle
permettra vraiment la réalisation des objectifs de la loi.
Comment pourrait-on nous prononcer, comme députés
siégeant à l'Assemblée nationale, n'ayant pas eu, comme le
ministre, l'opportunité - parce que dans l'administration, je conviens
bien que te ministre a eu et a consulté, a discuté de long en
large et avec une foule, peut-être pas lui, mais ses fonctionnaires
sûrement, - donc, avec les groupes intéressés, on a
parlé beaucoup de l'Union des municipalités régionales de
comté, de l'Union des municipalités du Québec, on a
parlé aussi, - cela a été refusé par le ministre,
mais quand même - on a discuté tantôt, ces dernières
heures aussi, de l'Union des producteurs agricoles. Donc, je conviens que dans
son ministère, il y a eu certainement beaucoup d'études
menées et de rencontres qui ont eu lieu avec les gens de ces
milieux-là, sauf que le ministre semble oublier maintenant que pour
-nous, membres députés de l'Assemblée nationale - des deux
côtés d'ailleurs de l'Assemblée nationale - on a maintenant
à se prononcer sur ce projet de loi.
On a à mesurer la valeur de ce projet de loi. On a à
déterminer cela avec lui et à la lumière de ses
explications, mais aussi je pense, à la lumière de toutes les
informations qui peuvent nous parvenir de quelque part que ce soit. On fait la
proposition au ministre que ce soient l'Union des municipalités
régionales de comté, l'Union des municipalités du
Québec, et l'UPA parce que ce sont des regroupements Ils ont à
appliquer la loi et se retrouvent à l'intérieur de la loi; donc,
ils jouent un rôle particulièrement important et il est
abosolument nécessaire sinon essentiel pour les membres de
l'Assemblée nationale, pour se prononcer en toute sûreté
pour produire, comme c'est la volonté du ministre, le meilleur projet de
loi. C'est aussi, je pense, la volonté des élus de produire et
d'accepter de voter un projet de loi qui soit le reflet le plus fidèle
possible de la volonté exprimée par les citoyens et au
bénéfice de ces citoyens. Toute loi votée, ici, à
l'Assemblée nationale, doit être adoptée pour satisfaire
les besoins de la population du Québec. C'est pourquoi il
m'apparaît évident qu'il ne peut pas y avoir d'organisme plus
approprié pour apporter un éclairage au moins suffisant - on peut
le qualifier d'au moins suffisant - aux membres de cette assemblée que
l'Association des aménagistes régionaux du Québec.
Voilà les spécialistes, les aménagistes régionaux,
qui connaissent vraiment ce qu'est... C'est leur profession de faire de
l'aménagement de territoires en plus de le faire en régions.
Donc, s'il y a un groupe dont le ministre ne peut pas nous refuser la venue ici
en commission, il m'apparaît, de toute évidence, que ce doit
être l'Association des aménagistes régionaux. N'oubliez pas
ce que le président de l'Union des municipalités
régionales de comté vous a dit, M. le ministre... Vous avez
semblé, en tout cas, pour une partie, accepter ses remar-
ques. Je rappelle le terme parce que cela indique bien clairement,
aujourd'hui, à la population par la voix de ses représentants
municipaux jusqu'à quel point il y a une sensibilisation de la
population à la nécessité de l'aménagement et du
respect des régions.
C'est donc l'auteur, le journaliste, qui rappelle que c'est dans un
vibrant plaidoyer pour l'autonomie des régions que le président
de l'UMRCQ, M. Roger Nicolet, a dénoncé le comportement
centralisateur de certains ministères sectoriels qui agissent comme si
les MRC n'existaient pas. "Incompréhension des demandes municipales,
refus d'accepter le concept d'aménagement issu de la loi 125 - alors, il
y a certainement un rapport direct avec la motion de sous-amendement que je
fais concernant l'aménagement de territoire - opposition
systématique aux volontés du milieu, vision étroite des
objectifs à privilégier. Autant de symptômes de ces
réflexes d'une fonction publique qui vit encore dans une autre
ère, celle du centralisme, qui répond à un concept
dépassé de la société
québécoise."
Il y a un point sur lequel je ne serai pas tout à fait d'accord
avec les propos de M. Nicolet, je le souligne en passant. On a facilement aussi
cette façon... Dès que quelque chose ne va pas correctement, on
remet cela sur le dos des fonctionnaires, sauf que je dis toujours: Ce ne sont
pas les fonctionnaires qui sont responsables. Il y a des fonctionnaires
compétents un peu partout dans l'administration publique
québécoise et même très compétents, de
supercompétents. Je crois que tout fonctionnaire agit toujours sous les
ordres d'un patron. Ce patron, c'est un patron politique, c'est un ministre
politique qui demande et exige - et c'est son droit, remarquez - de ses
fonctionnaires de poser des gestes, d'accomplir des actions sur le territoire.
Je suis convaincu que les fonctionnaires du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche sont très compétents et qu'ils sont
dans l'obligation - c'est leur fonction, c'est leur rôle; on n'a donc pas
à le leur reprocher - de suivre les ordres qu'ils ont reçus de
leur ministre: de dilapider nos réserves fauniques, de les transformer,
de privatiser cette richesse collective, ce patrimoine collectif du territoire*
québécois en pourvoiries privées. Mais ce ne sont pas les
fonctionnaires qui sont responsables de cela. Ils sont soumis. Comme tout
fonctionnaire, ce sont des employés d'un ministre et ils doivent donc
voir à l'application des règlements. C'est pour cela que je fais
même la remarque...
Une voix: Ils n'ont pas le choix.
M. Desbiens: ...soit dit en passant, ils n'ont pas le choix.
C'est leur gagne-pain et ils le font de façon professionnelle
malgré tout. C'est pour cela que je note ce petit désaccord par
rapport à ce que M. Nicolet dit, en mettant cela sur le dos des
fonctionnaires. Je crois que M. Nicolet devrait tout simplement dire:
Incompréhension des demandes municipales, refus d'accepter le concept
d'aménagement issu de la loi 125, opposition systématique aux
volontés du milieu, vision étroite des objectifs à
privilégier, autant de symptômes de ces réflexes d'un
ministre - ou d'un gouvernement, peut-être - qui vit encore dans une
autre ère. Le gouvernement vit encore dans cette ère du
centralisme, qui répond à un concept dépassé de la
société québécoise.
Je pense qu'il est temps .que le gouvernement comprenne que les
régions du Québec, par le biais de leurs instances politiques
municipales... C'est très important. Le ministre Ta entendu, mais je
pense qu'il ne l'a pas encore accepté. I! n'a que la volonté
verbale, comme a dit mon collègue de Terrebonne. Il n'a pas encore la
volonté véritable d'agir en fonction de cette volonté, de
reconnaître les instances politiques municipales qui entendent dialoguer
pour tout ce qui touche leur domaine de compétence dans la
dignité et le respect, comme l'a dit le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, dans tous les domaines
qui touchent précisément cette volonté, les aspirations de
la population québécoise d'organiser, de travailler et de
contribuer au mieux-être de sa collectivité par
l'intermédiaire de leur gouvernement local, celui qui est le plus
près d'elle, à qui elle peut s'adresser le plus facilement, le
plus directement, le plus quotidiennement, pour s'assurer de l'organisation de
ce milieu et de le développer, d'accélérer ou de cadrer sa
croissance le mieux possible.
C'est cela l'aménagement du territoire. C'est ce qu'on souhaite
comme députés de l'Opposition, et le plus rapidement possible,
pour qu'on puisse procéder au plus tôt, comme le désire et
l'a exprimé, il y a encore quelques minutes, le ministre. On a
hâte de procéder. Aussitôt qu'on aura les renseignements
dont on a besoin, on pourra procéder très rapidement à
l'étude du projet de loi article par article. Avec l'éclairage
que pourrait nous apporter l'Association des aménagistes
régionaux du Québec, on serait beaucoup plus rapidement en mesure
d'étudier le projet de loi article par article, de le modifier selon
l'éclairage nouveau que les aménagistes régionaux du
Québec auraient pu nous apporter et apporter aussi au ministre.
Il y a peut-être certains aspects qu'il n'a pas vus ou que ses
fonctionnaires n'ont pas vus et une dernière rencontre, une ultime
rencontre avec l'Association des aménagistes régionaux du
Québec lui permettrait de le vérifier, lui évitant ainsi
des erreurs lourdes de conséquences parce que cela va se
répercuter dans l'ensemble du territoire du Québec, sur toute la
population du Québec. Quand on dit que l'aménagement, cela touche
les 6 500 000 Québécois et Québécoises, il est
d'autant plus important de prendre toutes les précautions possibles pour
que le projet de loi réponde vraiment aux volontés populai-
res.
(23 heures)
Le ministre ne pourra pas, cette fois-ci, dire qu'il a
déjà entendu les représentants de l'Association des
aménagistes régionaux du Québec. Je ne le crois pas, parce
que le président de l'association. M, Marcel Chiasson, qui est
urbaniste, a fait parvenir à mon collègue, porte-parole à
cette commission, une copie du télégramme qui a été
envoyé au ministre des Affaires municipales, M. André Bourbeau.
C'est bien celui qui est ici, oui? Alors, dans le télégramme, il
est écrit ceci: "M. le ministre, La présente est pour vous
demander - ce n'est pas juste l'Opposition qui fait la demande - d'être
entendu par la commission parlementaire qui traitera du projet de loi 88. " Il
n'y a pas que l'Opposition; des fois, il y a des députés
ministériels qui s'imaginent qu'on veut perdre notre temps en demandant
cela. C'est l'Association elle-même qui demande au ministre à
être entendue par la commission parlementaire qui traitera du projet de
loi 88. Le télégramme se continue ainsi: "Dans l'attente d'une
réponse favorable à notre requête, veuillez agréer,
M. le ministre,... " C'est signé par le président de
l'Association des aménagistes régionaux du Québec.
Hélas! il ne me reste qu'une minute Alors, M. le
Président, il m'apparaît que c'est un télégramme que
le ministre a reçu en date du 19 novembre. Vous vérifierez quand.
À entendre le ministre, il m'apparaît qu'il n'aurait pas
reçu son télégramme. Il ne l'aura pas lu, sans doute, je
ne sais pas s'il dépouille son courrier comme cela tous les jours. J'ai
l'impression qu'il y a beaucoup de retard dans son courrier parce qu'il est en
train d'en signer depuis tantôt.
M, Dufour: II est penché.
M. Desbiens: II aurait dû se pencher aussi sur le
télégramme de l'Association des aménagistes
régionaux du Québec, qui veut se faire entendre sur
l'étude du projet de loi que vous nous présentez
présentement. M. le Président, je demande donc au ministre qu'on
puisse entendre l'Association et son président, qu'on puisse profiter de
leur lumière pour procéder ensuite le plus rapidement possible
à l'étude article par article de son projet de loi
Je vous remercie, M. le Président.
Une voix: Bel effort!
M. Bourbeau: J'écoute d'une oreille et je signe de
l'autre.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Dubuc. À l'ordre, s'il vous plaît! Je vais
faire reconnaître avec plaisir M. le député de
Roberval.
M. Dufour: Donnes-y la claque!
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. L'accueil est
chaleureux dans cette commission. Tantôt, c'était le ministre qui
me gratifiait de son accueil; maintenant, c'est vous qui me dites que vous
m'écouterez avec plaisir.
M. le Président, malheureusement, je n'aurai pas de mots plus
gentils qu'il ne le faut pour le ministre parce que je m'Inquiète. Je
m'inquiète de sa carrière et je vais vous dire pourquoi.
M. Dufour: Vous avez bien raison.
M. Gauthier: Le ministre, M. le Président, en refusant -
parce que c'est de cela qu'on parle - d'écouter des groupes aussi
reconnus que l'UPA, tout à l'heure... On n'a pas eu l'occasion d'en
parler longtemps, l'UMQ. Je vais avoir l'occasion de revenir sur la motion tout
à l'heure. Maintenant, c'est l'Association des aménagistes
régionaux du Québec. M. le Président, en refusant
d'écouter des groupes qui ont leur crédibilité, des
groupes qui portent, je dirais, à l'intérieur de leurs
structures, des hommes et des femmes qui ont acquis, au cours des
années, une compétence certaine dans le principal domaine qui
intéresse les municipalités, les MRC, et qui devrait, par
conséquent, intéresser le ministre lui qui prétend
légiférer dans le domaine. Ce sont bien ces gens-là.
M. le Président, le ministre semble avoir une conception - je
vais choisir mon terme pour éviter d'être disgracieux à son
endroit, lui qui m'a si bien accueilli tout à l'heure -...
M. Bourbeau: Cela risque de ne pas durer.
M. Gauthier: Voilà! Il vient de perdre son mérite.
Donc, je ne me gênerai pas.
Des voix: Ha! Ha!
M. Gauthier: Je ne me gênerai pas, M. le Président.
Le ministre est plutôt dépassé dans sa conception d'un
rôle politique. En effet, on a l'impression, à le voir aller, de
reculer à une époque assez lointaine puisque que,
déjà, au début des années soixante au
Québec, avec l'arrivée de la révolution tranquille, les
ministres et les hommes politiques ont appris cette sage voie de la
consultation. Pas un parlementaire de ceux qui sont dans cette salle,
aujourd'hui, ne peut prétendre à une élection et surtout
pas à une réélection s'il n'a pas cette écoute
attentive non seulement de la part du milieu, des gens qui les élisent -
je pense que la députée conviendra que ce que je dis est
sensé - de la part des gens qui les entourent, mais aussi une
écoute concernant différentes questions auxquelles on est
confrontés quotidiennement, écouter des spécialistes, des
gens qui ont la formation que le ministre n'a pas et que les
députés autour de cette table n'ont pas. M. le Président,
ce serait
bien gentil, bien charmant si on pouvait trouver des ministres qui
possèdent toutes les compétences requises dans tous les domaines,
mais cela n'existe pas. Celui qui prétendrait les avoir serait
plutôt jugé bizarrement par ses collègues puisqu'on sait,
le champ des connaissances étant ce qu'il est, qu'il est impossible de
posséder toutes les connaissances,
Donc, au début de la révolution tranquille, c'était
un gouvernement libéral qui était au pouvoir. J'aurais cru que le
ministre aurait pris des leçons de ce gouvernement libéral des
années soixante alors que les politiciens ont commencé à
être davantage à l'écoute de la population, où on a
cessé, au Québec, cette période où la gestion des
affaires de l'état se faisait en catimini, dans les murs, j'oserais dire
dans le cloître que représentait le Parlement à
l'époque, sans la télédiffusion des Débats, avec
des médias d'information qui n'avaient pas les installations qu'ils ont
aujourd'hui pour nous présenter ce qui se passe dans ce Parlement. Au
début des années soixante, on a appris les vertus de la
consultation. On a appris qu'on ne pourrait plus diriger le Québec sans
pour autant prendre au moins un peu de temps, un peu de ce temps qui est le
nôtre, mais qui, dans le fond, est celui de nos concitoyens qui nous
envoient ici, pour vérifier ce que les experts et ce que les gens ont
à dire. Avec une attitude comme celle-là, le ministre nous situe
à une époque d'avant les années soixante. C'est
inquiétant et je m'inquiète pour sa carrière politique
puisqu'il ne saurait diriger son ministère de cette manière bien
longtemps.
Vous savez, M. le Président, à tort on a toujours
cité Machiavel comme étant quelqu'un de bien méchant et,
le seul nom de Machiavel a une connotation péjorative en politique. Il
faut se rappeler que Machiavel était un observateur absolument
extraordinaire de la scène politique et des phénomènes
sociaux. Machiavel a beaucoup prêché les vertus de la
consultation. Le ministre, qui semble m'écouter très
religieusement, devrait prendre le temps de relire quelques ouvrages, dont Le
Prince. Si ma mémoire est exacte - vous comprendrez, M. le ministre, que
depuis les nombreuses années que je siège dans ce Parlement, mes
lettres se perdent quelque peu - il me semble que c'est dans Le Prince, je
n'oserais pas citer la page, qu'on parle des vertus de la consultation. Le
ministre devra comprendre que, comme homme politique et comme homme politique
possédant maintenant une responsabilité plus grande que celle
qu'il a eue jusqu'à présent au cours de sa carrière -
même s'il a été maire, même s'il a été
député, on respecte tous ces postes, et on respecte le ministre
à ce titre - il a maintenant une responsabilité qui est
extrêmement large, c'est celle de répondre non pas au nom de ses
15 000, 20 000, 30 000 ou 60 000 électeurs, je ne sais trop, au moment
où il était maire et quand il était
député... Il n'a pas à répondre non plus
qu'à un groupe de militants, à des groupes de pression ou
à des gens qui viennent à son bureau de comté. La
responsabilité que lu! a confiée M. le premier ministre lors de
la formation de son cabinet, c'est de voir à administrer les lois qui
gèrent le monde municipal au Québec.
M. le ministre, vous connaissez la complexité du monde municipal.
Vous avez une expérience comme maire. Vous êtes parmi ceux et
celles, comme mon collègue, qui ont eu la chance d'administrer une
ville, une municipalité d'importance. J'essaie de comprendre ce que le
premier ministre a dû faire comme raisonnement. Quand quelqu'un a une
expérience municipale importante et une expérience parlementaire
comme celle du député de Laporte, après des années
dans l'Opposition qui auraient d'ailleurs dû le rendre plus sage -
ça, c'est inquiétant aussi; le peu d'apprentissage qu'il a fait
durant ces années - un jour, il devra rendre compte de cette attitude
qui est la sienne. Enfin, compte tenu, inévitablement, de la culture que
le ministre doit avoir, puisque c'est un homme, Je pense, qui a poursuivi des
études intéressantes et qui a une profession intéressante,
on ne comprend pas. Il est doublement responsable, ce ministre.
M. Dufour: II est irresponsable. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Gauthier: Est-ce que cela se peut? Le ministre est doublement
responsable, M. le Président, blague à part. C'est parce que le
ministre me distrait et dans le fond, je sais que le discours porte. Le
ministre est doublement responsable parce qu'il a l'expérience, il a la
culture. Il a l'expérience comme député et on lui a
confié, dans le fond, des responsabilités très grandes
Aujourd'hui, il refuse. Ce ministre, cet homme qui, disons-le, avait presque
tout pour réussir, ne réussira pas, M. le Président, parce
que le ministre refuse tout simplement de s'ouvrir.
Ce n'est pas compliqué. On en rit parce que finalement, j'ai bien
l'impression de lui faire une leçon de morale. Cela me va si peu, moi
qui suis beaucoup plus jeune que lui, cela me va si peu de lui faire une
leçon de morale. Mais, M. le Président, le ministre refuse l'UPA,
refuse l'UMQ, refuse les aménagistes. Bref, cela ne l'intéresse
pas de rencontrer personne, cela ne l'intéresse pas de consulter
personne. J'ai bien l'impression que tout ce travail qu'on fait depuis tout
à l'heure porte très peu de fruits. Mais, au moins, on aura le
plaisir, on aura l'occasion - je n'oserais pas dire le plaisir - mon
collègue de Jonquière aura l'occasion de dire à tous ces
groupes - vous n'êtes pas d'accord...
Le Président (M. Saint-Roch): La conclusion, M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, je conclus. De dire à tous ces groupes
que le ministre refuse, le ministre
n'est pas intéressé, le ministre ne veut rien savoir. Il
faudra en parler aussi au premier ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Roberval. Mes signes de tête n'étaient pas
pour renier ou dénier, M. le député de Roberval, ils
étaient simplement pour essayer de relier votre discours à
l'amendement qui était l'Association des aménagistes
régionaux du Québec. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Jonquière pour 10 minutes.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Bon. Je pense qu'à l'heure qu'il est rendu, il
faut peut-être se rappeler qu'on parle actuellement du schéma
d'aménagement ou de la loi qui va amender le schéma
d'aménagement et d'urbanisme, la loi 88. Donc, c'est quoi,
essentiellement, cette loi? C'est une loi qui touche l'ensemble des
municipalités au Québec, qui touche l'ensemble des citoyens, qui
touche aussi, même les territoires non organisés. Cela veut dire
que, même où il n'y a pas d'individus, il y a soit de la faune,
soit de la forêt et ensemble, toutes les richesses qui existent sur le
territoire du Québec sont touchées par cette loi.
Donc, c'est une loi importante et cette loi importante est
appliquée par du monde. Ce monde-là, il s'appelle, tantôt
l'Union des municipalités du Québec, tantôt l'Union des
municipalités régionales de comté, tantôt l'Union
des producteurs agricoles et tantôt, les aménagistes qui, eux, ont
à vivre avec cette loi. Cela fait sept ans, actuellement, que cette loi
porte des effets dans le milieu. Cela fait sept ans, que des gens travaillent,
qu'ils ont appris à gérer et qu'ils ont appris à
travailler avec cette loi pour faire avancer la cause municipale. En faisant
avancer la cause municipale, ils font aussi avancer la cause du Québec
parce que les municipalités sont aussi rattachées au territoire
de l'ensemble du Québec.
Donc, on doit d'abord se féliciter d'avoir des élus dans
le Québec ou dans tout le Québec, qui ont travaillé et qui
ont compris qu'on a besoin de plans pour se développer. Contrairement
à ce qu'on était habitués de voir depuis deux ans, au
gouvernement actuel, un plan d'urbanisme cela planifie et cela prévoit
des années d'avance. C'est ce qu'on ne sent pas de la volonté de
la part du gouvernement, ni surtout de la part du ministre, qui, toujours, nous
fait du cas par cas et essaie de faire avancer la province en jouant au
pompier. Pompier dans" la réalité, ce n'est pas ce qu'on doit lui
souhaiter, parce que les feux sont pris, quand on a besoin d'un pompier. Moi,
j'aime mieux les gens qui font la formation des pompiers pour éteindre
les feux, au cas où il y en aurait. (23 h 15)
Ce qu'on demande dans ce projet de loi, nous autres, comme Opposition,
c'est d'entendre des gens qui pourraient venir nous aider et éclairer le
travail de l'Opposition, et aussi certifier les paroles ou ce que les ministres
leur ont dit, à l'effet que tout le monde était d'accord sur ce
projet de loi. Ce serait intéressant de venir entendre des gens qui
viennent nous dire: Oui, on est d'accord avec le gouvernement. Là,
l'Opposition serait confondue par les propos des Intervenants qui viendraient
nous dire qu'on a erré et que c'est le gouvernement qui a raison.
Je pense que la crainte que le ministre manifeste, en ne bougeant pas,
c'est effectivement qu'il a raison de ne pas bouger, probablement parce qu'il a
peur. Ce n'est probablement pas l'Opposition qui serait confondue, mais ce
serait le ministre et ses acolytes qui seraient confondus en regard des propos
des intervenants qu'on invite à venir se faire entendre ici, à la
commission parlementaire, pour nous dire ce que ces groupes pensent par rapport
aux amendements proposés. Je pense que ce qu'on fait et ce que le
ministre est en train de nous faire, là comme ailleurs, c'est de semer
des graines de zizanie et de discorde dans le milieu. C'est cela qu'il vient
faire. Il va faire la preuve, à la longue, qu'il n'a pas la
compétence nécessaire pour gérer ces lois-là. C'est
peut-être sa formation qui veut cela, ce n'est pas lui qui l'a faite,
donc ce n'est pas bon, la loi. C'est un peu comme ça même qu'il a
réagi. Je regarde ses réactions, j'essaye de voir son fil
conducteur ou son fil directeur, je regarde plutôt ses frères
directeurs, parce que ce sont ses collègues qui le dirigent.
Donc, il n'y a pas de "driveway" ou de place où on peut
l'accrocher à quelque part, parce qu'il joue du cas par cas, il joue
à l'oreille. Tantôt à l'oreille, tantôt il est
penché, tantôt il donne des réponses à
l'Assemblée nationale: il est pour, il n'y a pas de problème. Il
y a des problèmes, au cas où il y aurait des problèmes. En
tout cas, je pense qu'il n'y a que lui qui peut comprendre son cheminement.
Peut-être que si on était notaire... Je ne sais pas si c'est
à cause de sa formation de notaire, mais moi j'ai des doutes que ce soit
sa formation qui fasse cela. Normalement, il devrait être très
cohérent puisqu'il a à rédiger des contrats. Il n'est
même pas capable de nous rapporter ce qu'il a entendu en deux jours,
à Québec, aux assises de Québec-Municipalités. Il
est tellement peu intéressé, qu'il ne reste même pas
à sa place pour écouter. C'est le respect que le ministre a des
parlementaires. On fait des commissions et ce n'est pas pour lui, c'est pour
les autres. Le ministre, je l'ai dit tout à l'heure, il n'y a pas plus
sourd que les gens qui ne veulent rien entendre.
Ce gouvernement n'a même pas deux ans, cela fait seulement deux
ans qu'il est élu et il a les oreilles bouchées. Cela va
être des débou-cheurs dont on va avoir besoin tout à
l'heure parce qu'ils ne comprennent pas, ils ne comprennent pas. Ceux qui
pourraient comprendre sont
attachés à quelque part, parce qu'ils ne peuvent pas
parler. On sent bien qu'ils ont la main haute un peu partout. Ils ont
l'obligation de ne pas faire de vagues, comme je le disais tout à
l'heure. 'Ce sont de simples frissons sur l'eau. Je ne suis même pas
sûr que ce ne soit pas en dessous des vagues. il y a des gens qui disent
que le gouvernement actuel travaille et ne veut pas faire de vagues. Moi, je
dis qu'il travaille en dessous des vagues. Donc, on est certains de ne pas les
voir mais quand ils font quelque chose, ils font surtout du mal. Ils font des
ballounes, c'est cela, des poupées gonflables. Donc, Ils se gonflent et
se dégonflent.
Dans ce projet de loi qu'on a devant nous, on demande d'entendre des
groupes sérieux, des groupes qui ont vécu avec la loi, des
groupes qui ont à gérer cette loi-là. Alors s'il y a des
gens compétents qui savent les effets des articles qui sont devant nous,
qu'on aura à rejeter ou en tout cas au moins à discuter, on
aurait la chance d'avoir des gens extrêmement compétents qui
viendraient nous dire: Qu'est-ce que cela fait sur le terrain, un
aménagiste? Qu'est-ce que cela fait, un plan d'aménagement?
Qu'est-ce que cela fait quand on donne des pouvoirs à l'un et à
l'autre, les uns par rapport aux autres? Des groupes nous ont rappelé
qu'il y a des effets de dominos à quelque part. Quand on commence
à ouvrir les vannes, ces vannes-là continuent à s'ouvrir
et cela peut causer des dommages beaucoup plus que de bien. C'est ce qu'on sent
à travers ce projet de loi. Je ne comprends pas la peur, la crainte, la
sainte crainte du ministre d'entendre les groupes venir nous dire ce qu'ils en
pensent.
Il semblerait qu'avec ce gouvernement il y a juste le gouvernement qui a
le droit d'avoir de l'information. Il n'y a qu'eux qui ont le droit de
consulter, Pour la consultation, on va être obligés de prendre
leur parole comme de quoi c'est la stricte vérité. On ne pouvait
pas la transférer ou la transposer d'une façon autre que ce
qu'ils veulent bien nous dire. Je suis déçu de la façon
dont le ministre procède et surtout de sa façon de traiter avec
l'Opposition. Je pense qu'il voit cela comme des adversaires. Il n'a pas
pensé qu'il était au pouvoir. Il se comporte comme s'il
était dans l'Opposition, ce ministre-là. Il a peur de prendre ses
responsabilités.
Il nous donne des centaines de raisons de le critiquer et de le coller
au pied du mur, parce qu'il ne fait pas son job. Je le dis et je n'ai pas
besoin de me cacher. Par rapport à cette loi-là, quand trois ou
quatre ministres viennent nous dire que tout le monde est d'accord et qu'au
cours de l'étude de la loi on se rend bien compte qu'il y a de
l'Opposition et des restrictions de la part des groupes, la meilleure
façon de faire tomber ces barrières qui existent entre les uns et
les autres c'est de les amener à une commission parlementaire pour leur
faire dire ce qu'ils pensent, qu'on puisse les questionner, qu'on puisse
s'éclairer les uns les autres, c'est cela. Il me semble que c'est de
bonne guerre et ce serait de nature à améliorer les relations
avec les groupes et peut-être aussi à rendre l'Opposition plus
vivable. Le ministre est le premier à mettre de l'huile sur le feu et
à provoquer l'Opposition en ne se rendant jamais aux demandes. Il aime
mieux dire non devant nous autres et il court les journalistes pour leur dire
ce qui va se passer le lendemain. L'Opposition pour lui n'existe pas, c'est de
deuxième zone, cela l'embarrasse, l'Opposition. Mais, II faudrait
rappeler que l'Opposition a un travail à faire et le travail qu'on a
c'est de les éveiller et de les tenir réveillés par
rapport à leurs responsabilités. Leurs responsabilités
c'est de ne pas jouer avec les lois comme ils s'apprêtent à le
faire, ce n'est pas de faire des changements sur les lois comme si
c'était un travail bâclé, "botché" et pour s'en
débarrasser. Ce n'est pas comme ça qu'on administre. Il faut
avoir le courage et la volonté d'aller au fond des choses et on ne l'a
pas fait. Bien non, ce n'est pas lui qui a fait la loi 125, le ministre des
Affaires municipales, donc ce ne doit pas être une loi bien importante.
Même si les édiles municipaux et si l'ensemble du monde municipal
lui disent que c'est une loi importante, pour lui, ce n'est pas bien important.
On peut jouer avec cela comme au yo-yo et à l'élastique et on
reviendra au prochain numéro parce qu'il travaille comme un roman
feuilleton. Il fait des lois et il les défait après la session
suivante. On peut se tromper, on peut changer...
Une voix:...
M. Dufour:... il n'est pas éternel le ministre et il va
falloir, à un moment donné, qu'il soit sérieux quand il va
présenter des lois. Il faut qu'il présente une loi comme
étant la loi la meilleure au moment où il la fait. Ce qu'il nous
présente là, c'est une loi qu'on sait déjà qu'elle
est dépassée; elle est dépassée avant d'être
adoptée parce qu'elle ne répond pas aux besoins des gens, aux
besoins du milieu. Donc, ce qu'on demande au ministre c'est de réviser
ses positions. Qu'il arrête donc d'être à la merci, à
la remorque de tout le monde. Il ne peut pas faire un bon job. Il essaie, il
est comme le vent, il est comme le roseau, il penche de tous les bords de tous
les côtés, il ne casse pas, par exemple, mais iI plie.
Une voix: iI consulte aussi.
M. Dufour: iI consulte mais il ne sait pas ce que cela veut dire,
parce que consulter veut dire aussi, à partir de la consultation,
transmettre ce qu'il a reçu dans des lois Intelligentes, bien faites et
il ne veut même pas écouter ses intervenants. Je trouve que de ce
côté-là le ministre fait fausse route. Il ne donne pas un
bon exemple de la démocratie comme telle, ni de la démocratie
municipale purement, dans son essence même. Donc, le ministre aurait
peut-être
intérêt à écouter les voeux
répétés de l'Opposition, s'asseoir, accepter de consulter
et après, avec les consultations, si c'est l'Opposition qui s'est
trompée on sera capables de l'admettre et si c'est lui qui n'a pas
été à la hauteur, il devrait être capable de se
corriger...
Le Vice-Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour:.. et de corriger la loi en conséquence. Donc,
je pense que c'est une invitation pressante que je fais au ministre. On est en
train de lui dire - j'espère qu'il finira par comprendre - qu'il est
là, il est là pour faire un job et le job c'est de servir la
municipalité et non pas se servir.
Vote sur la motion de sous-amendement
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Sur ceci, la commission va suspendre
ses travaux pour quelques brefs moments.
(Suspension de la séance à 23 h 24)
(Reprise à 23 h 25)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre! Les
membres de ia commission sont priés de retourner à leur
siège. Nous devons maintenant voter sur la motion de sous-amendement
présentée par M, le député de Dubuc, qui se lit
comme suit: "Que la motion d'amendement soit modifiée en ajoutant,
à la fin, les termes "Association des aménagistes
régionaux du Québec". Est-ce que le sous-amendement est
adopté?
Une voix: Adopté M. Dufour: Adopté.
Une voix: Vote nominal.
Le Président {M. Saint-Roch): Vote nominal M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Pour ou contre la motion? M. Bourbeau
(Laporte)?
M. Bourbeau: Contre, voyons donc!
Le Secrétaire: Mme Trépanier (Dorion)?
Mme Trépanier: Contre.
Le Secrétaire: M. Middlemiss (Pontiac)?
M. Middlemiss: Contre.
Le Secrétaire: M. Vaillancourt (Orford)?
M. Vaillancourt: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M, Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
Une voix:...
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Gauthier (Roberval)?
Des voix:...
Le Président (M. Saint-Roch}: À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gauthier: Pour
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour
Le Secrétaire: M. Saint-Roch (Drummond)?
Le Président (M. Saint-Roch): Abstention, M. le
secrétaire
Le Secrétaire: Contre, 7; pour, 3; abstention, 1.
Le Président (M. Saint-Roch): Le sous-amendement est donc
rejeté.
Nous revenons à l'amendement...
M. Dufour: M. le Président, avant de poursuivre...
Le Président (M, Saint-Roch): M. le député
de Jonquière
M. Dufour:... je voudrais faire une réflexion tout haut
qui ne prendra pas beaucoup de temps. J'ai de la difficulté à
comprendre l'attitude du ministre par rapport à ce projet de loi. Il
semble que son attitude exprime... Le Président (M. Saint-Roch):
M. le député de Jonquière, excusez-moi, mais, à
ce moment-ci, nous en sommes à l'amendement. Loin de moi l'idée
de vouloir brimer vos droits de parlementaire, mais nous en sommes à
discuter de l'amendement. Vous ne soulevez pas de question de
règlement. Vous ne parlez pas sur l'amendement...
M. Dufour: C'est une question de privilège, par
exemple.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Saint-Roch): À ce
moment-là, sur une question de privilège...
Des voix: II n'y en a pas.
Le Président (M. Saint-Roch):... il n'y en a pas, M. le
député de...
Une voix: En commission, il n'y en a pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela prendrait le
consentement des membres de la commission pour vous reconnaître à
ce moment-ci.
Mme Trépanier: Est-ce qu'il y a une autre sorte de
question?
Une voix: Lundi.
M. Bourbeau: La semaine prochaine.
Une voix: Déclaration ministérielle.
Le Président (M. Saint-Roch): Vu qu'il n'y a pas de
consentement, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement?
M. le député de Roberval, vous aviez demandé la
parole. Je vous reconnais maintenant pour dix minutes.
M. Gauthier: Avec plaisir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Roberval, madame et messieurs les membres de la commission, nous en sommes
maintenant à l'amendement qui se lit comme suit: "Que la motion pour
tenir des consultations particulières soit modifiée en ajoutant,
à la lin, les termes: "l'Union des municipalités du
Québec". "
Motion d'amendement (suite) M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Vous savez, M. le Président, je suis
très peiné. Je suis peiné. Cela fait à peu
près trois sous-amendements qui proposaient de consulter des groupes
sérieux. Là, on parle de l'amendement, de l'Union des
municipalités du Québec. Malheureusement, il ne semble pas que
notre travail réussisse à infléchir la décision des
membres du gouvernement. Je ne comprends pas qu'on ne puisse pas - j'en
étais là tout à l'heure - quand on est ministre et qu'on a
une telle responsabilité, qu'on ne puisse pas à la limite vouloir
entendre ou qu'on ne soit pas sensible aux arguments de l'Union des produc-
teurs agricoles, passe toujours. On peut se dire que le ministre manque de
sensibilité à l'endroit des agriculteurs. On peut dire que le
ministre est préoccupé par ses dossiers, ne veut pas s'occuper
des dossiers de son collègue. (23 h 30)
On se dit que les arguments de l'Opposition n'ont peut-être pas
été assez convaincants, quand on voit le ministre s'opposer au
fait qu'on écoute ici en commission parlementaire des groupes
sérieux, des groupes qui connaissent cela, comme l'Association des
aménagistes régionaux. Écoutez, on vient de discuter de la
motion. On a fait l'impossible pour expliquer au ministre que c'est Important.
Peut-être qu'on n'a pas assez parié des qualités de ces
gens-là sur le plan professionnel, mais il me semble que mon
collègue de Dubuc, qui avait amené la motion, avait
insisté longuement, très longuement, sur la
nécessité d'écouter ces gens-là, qui sont les
spécialistes de l'aménagement en région. Mais, le ministre
dit toujours non. Je vais finir par être convaincu, comme mon
collègue qui est porte-parole en matière d'affaires municipales,
que le ministre - je ne sais pas si c'est parlementaire-- serait de mauvaise
foi. Il serait de mauvaise foi, M. le Président, dans son
entêtement à ne vouloir écouter personne.
On a eu beau lui expliquer que les principes élémentaires
de la démocratie exigeaient une écoute attentive de sa part. On a
eu beau lui dire que personne n'aurait confiance en lui s'il n'acceptait pas
d'écouter personne. On a beau lui dire, et mon collègue
s'évertue à lui dire depuis deux ans à l'Assemblée
nationale que le meilleur moyen, pour un ministre, de ne pas pencher
tantôt à gauche, tantôt à droite, s'en aller un peu
n'importe comment, dire n'importe quoi et faire n'importe quoi surtout dans le
monde municipal, que le meilleur moyen serait peut-être d'écouter
ses conseillers autour de lui, d'écouter au-delà de cela, ses
collègues députés bien sûr qui, au premier chef,
doivent lui apporter les informations, le nourrir de ce que les citoyens leur
disent dans leurs bureaux de comté.
Le ministre devrait, à la limite, écouter l'Opposition,
des gens d'expérience, des gens qui sont élus, des gens qui ont
aussi cette responsabilité de véhiculer auprès du ministre
les préoccupations de nos bons citoyens. Le ministre devrait
écouter les groupes. Il devrait écouter les aménagistes.
Il devrait écouter l'UPA. Il devrait écouter l'Union des
municipalités du Québec, au moins. " Comment pouvons-nous penser
qu'il y a une once de bonne volonté dans l'attitude du ministre qui dit:
Je fais une loi extrêmement importante et les MRC, moi cela ne me tente
pas de les entendre, l'Union des municipalités non plus. L'UPA et les
aménagistes, en tout cas, à la limite, passe toujours. Mais
l'Union des municipalités, y a-t-il quelqu'un au Québec qui ait
plus d'expérience et qui pourrait - j'utilise mon expression - mieux
nourrir le ministre sur le plan du contenu à mettre dans un
projet de loi comme celui-là que l'Union des
municipalités?
Ce qui est encore plus grave, M. le Président, c'est que le
ministre a déjà fait partie de l'Union des municipalités
du Québec. Le ministre a été maire d'une
municipalité et donc, à ce titre, il a fait partie, j'imagine, de
l'Union des municipalités. Peut-être n'a-t-il pas collaboré
aux travaux de l'Union des municipalités? Peut-être
n'était-il pas le plus assidu des maires? Je ne sais pas.
Peut-être faisait-il, dans ce temps-là, la sourde oreille à
ses collègues, parce que c'est un organisme de concertation des maires.
Quand on voit l'attitude qu'il a ici en commission parlementaire, il n'a pas
envie de se concerter avec personne. À le voir aller, on a l'impression
qu'il a la vérité et peut-être qu'à ce
moment-là agissait-il ainsi à l'Union des municipalités du
Québec, c'est possible que ce soit cela. C'est possible mais, si c'est
cela, ce serait bien triste. Ce serait bien triste parce que je pense qu'il va
traîner longtemps, dans son passé politique, cette décision
qu'il prend ce soir. Le ministre ne veut pas. Je ne crois pas que le maire de
Québec, par exemple, qui est président de l'union, et d'autres
maires qui ont une très grande importance et qui travaillent
quotidiennement, hebdomadairement, dans l'Union des municipalités, je
pense que ces gens-là ne seraient évidemment pas très
heureux de voir que leur ministre - c'est de moins en moins leur ministre, mais
en tout cas - ne veut pas les écouter. Et moi, j'ai hâte de voir,
je terminais tout à l'heure, en disant qu'il faudra même,
éventuellement, en parler au premier ministre. Je ne sais pas si le
premier ministre est conscient de ce que son ministre est en train de faire. Je
ne sais pas si le premier ministre serait fier de voir son ministre des
Affaires municipales présenter une loi de cette importance et refuser
d'entendre l'Union des municipalités du Québec.
J'ai l'impression que cela ne serait pas très bon pour sa
carrière, parce que là, il n'a plus d'appui en arrière.
Les citoyens ne l'aiment pas beaucoup. Les maires l'aimeront moins à
partir de ce soir, j'en suis assuré, si ce n'est pas déjà
fait. Il y a, évidemment, des problèmes dans son autre
ministère. Quand il s'occupe du logement, évidemment, ce n'est
pas un succès, à ce qu'on sait. Et là, en plus, il va
avoir des problèmes avec le premier ministre, quand le président
de l'Union des municipalités, M. Jean Pelletier, dira au premier
ministre que son ministre a refusé de les entendre.
M. le Président, on en rit, mais on en rit parce que l'on se
réjouit, nous, de notre part, de voir ce ministre dont, vraiment, la
carrière est littéralement finie et peut-être qu'on pourra,
M. le Président, travailler avec un autre ministre. Il y a là des
députés tout prêts à prendre la place du ministre.
Ils en meurent d'envie. Ils sont ici à 23 h 35, M. le Président.
Ils ont hâte de prendre la place du ministre et là,
peut-être qu'on pourra, à ce moment-là, travailler posi-
tivement. Peut-être que...
M. Bourbeau: II y en a un, en face de nous, qui a encore plus
hâte de prendre cette place.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, d'autant plus qu'il va falloir qu'on se
branche. Tantôt, on me nomme directeur. Tantôt, on me nomme
ministre. Je veux bien croire qu'on est capables, de ce côté-ci,
de remplir bien des postes, mais n'en mettez pas trop. Choisissez-en un.
Branchez-vous et on va peut-être bien discuter avec vous. Mais, en
attendant, M. le Président, je ne peux pas me rendre à
l'évidence que le ministre n'acceptera pas d'écouter l'Union des
municipalités et je pense qu'il y a d'autres personnes, aussi, qui
mériteraient l'écoute du ministre. Alors, je suis obligé
d'insister. M, le Président, pour déposer un sous-amendement qui
pourrait se lire comme suit:
Que la motion d'amendement - d'écouter l'Union des
municipalités du Québec - soit modifiée en ajoutant,
à la fin, les termes: "Corporation des secrétaires municipaux du
Québec".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Roberval, votre motion étant recevable, je vous cède
maintenant la parole pour 30 minutes.
M. Gauthier: Je n'utiliserai pas, évidemment, tout
à fait mes 30 minutes, compte tenu de l'heure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Roberval, je constate que vous en êtes à votre première
présence à la Commission de l'aménagement et des
équipements. Je suis sûr et certain qu'il y aura consensus,
après minuit, pour entendre la fin de votre plaidoyer.
M. Gauthier: C'est trop de bonté de votre part.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Roberval.
Motion de sous-amendement proposant de faire témoigner la
Corporation des secrétaires municipaux du Québec
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: M. le Président, c'est vraiment trop de
bonté de votre part. J'étais en train de discuter de la question
des municipalités et II me semble, en tout cas, que le ministre, avant
de rejeter définitivement cet amendement, devrait considérer
également le groupe que j'ai porté à son attention.
Vous savez, les secrétaires municipaux du Québec,
peut-être que le ministre n'accorde pas beaucoup d'importance à ce
groupe, Je ne sais trop, mais ce sont des gens qui ont déjà
signifié au ministre leur intention d'exprimer des points de vue
concernant une loi comme celle-là, parce qu'ils sont touchés de
bien des façons. Ils sont touchés, disons-le d'abord, parce que
la loi modifie substantiellement, en quelque sorte, le rapport de forces et
menace d'une certaine façon - c'est l'inquiétude, en tout cas,
qui les anime - l'autonomie municipale, et toute la question de l'autonomie
municipale est évidemment quelque chose dont on pourrait parler bien
lontemps. Mais, depuis fort longtemps et depuis même la venue de la loi
125, la mise sur pied, la rédaction de la loi 125, les élus
municipaux ont été inquiets d'une certaine manière, ils
ont eu besoin d'être rassurés à certaines époques
concernant l'autonomie municipale.
Aujourd'hui, cette inquiétude dure toujours même si elle
s'est quelque peu atténuée au cours des années. Le
ministre aurait dû normalement faire comme on s'attend de lui, faire en
sorte que l'agitation qui existe au sein du monde municipal lorsqu'on parle de
toucher aux pouvoirs municipaux... Elle est bien légitime, elle est
normale, elle est compréhensible, elle est acceptable et elle
mérite aussi considération. Et quand les maires,
évidemment, sont inquiets de ia manière dont cela bouge dans le
monde municipal, inquiets d'autant plus qu'il n'y a pas beaucoup de
concertation, on le rappellera, entre le ministre et les maires, inquiets aussi
parce qu'ils sont peu habitués d'être si peu écoutés
par un ministre des Affaires municipales, inquiets aussi parce que, finalement,
seule l'Opposition actuellement se fait le porte-parole de ces maires-là
ici, au Parlement, le ministre devrait comprendre que ses décisions de
tout à l'heure et la décision qu'il s'apprête à
prendre concernant l'Union des municipalités du Québec sont de
nature à augmenter, à accroître cette inquiétude,
à accroître ce sentiment d'insécurité. Parce que le
phénomène de la résistance au changement est une chose qui
est bien connue en psychologie industrielle, par exemple, le
phénomène de la résistance au changement en psychologie
tout court.
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Gauthier: ...fait en sorte que toute personne placée
devant une situation qui est en voie d'être modifiée, M. le
Président, éprouve nécessairement un sentiment
d'insécurité et a besoin évidemment d'une attention
spéciale.
Or, les maires quand on les place dans le contexte d'une nouvelle loi,
la loi 125, ce n'est pas si vieux que cela, commencent à s'habituer
à vivre avec cette loi, commencent à reprendre un peu pied dans
le monde municipal, à se rétablir et à comprendre comment
le rapport de forces va jouer, à comprendre comment la dynamique va
s'exercer dans les milieux et à comprendre que le pouvoir est
intéressant à partager et, aussi, qu'il fait bon de le garder
chez soi. Les maires sont maintenant confrontés à un autre
changement, mais il est important, pour éviter un
phénomène de rejet, qui suit le phénomène de
l'insécurité, de la résistance au changement, le
phénomène de rejet est une conséquence de la
résistance au changement... M. le Président, le ministre devrait
donc être plus près d'eux, il devrait donc les rassurer, les
entendre et accepter qu'ils aient une part, disons, plus active à la
rédaction du projet de loi.
Quand l'Opposition demande que les secrétaires municipaux du
Québec viennent Ici, c'est parce que ce sont des gens qui sont
évidemment très près des maires, ce sont, dans bien des
cas, les seuls officiers municipaux dans les plus petites municipalités.
Ce sont des gens qui ont fait profession non pas de faire des lois comme nous,
mais plutôt d'assister avec dévouement, comme greffiers, aux
travaux du conseil municipal et aussi comme gérants trésoriers,
hommes à tout faire en quelque sorte, personnes-ressources, dans chacun
des milieux. Ce sont des gens qui se sont imprégnés de leur
municipalité, ce sont des gens qui survivent et qui, parfois, permettent
à leur municipalité de mieux survivre, de mieux surnager dans
tout le flot de réglementations et de lois qui les affectent. Ce sont
des gens qui sont habilités par leur formation sinon par leur
expérience parce que, dans bien des cas, leur vie, c'est d'être
secrétaires municipaux. Ce sont des gens qui sont tous en mesure de nous
exprimer les inquiétudes, les préoccupations, les dangers, les
écueils qui guettent te ministre quand il fait une loi comme
celle-fà. (23 h 45)
II nous apparaîtrait tout à fait normal, sensé,
souhaitable, bref, on serait prêts à - finalement, je n'oserais
pas dire pardonner au ministre parce qu'il nous aura fait travailler
très fort - être tolérants, en tous cas, à l'endroit
du ministre, s'il acceptait de recevoir la Corporation des secrétaires
municipaux du Québec. Forcément, ces gens-là, qui font
partie de ceux et celles qui rédigent constamment les résolutions
et qui en envoient au ministre, sont sensibles au fait que tous les
échevins, tous les maires, leur maire, en tous cas, s'inquiètent,
s'interrogent, exigent, réclament du ministre des présences. ils
sont aussi témoins de ces échanges parfois difficiles entre les
maires et les échevins concernant des réformes qui sont
proposées. Ils sont aussi parfois pris au coeur de polémiques
politiques, parce qu'on sait comment, dans les municipalités, parfois,
au sein du conseil municipal, la politique joue un rôle important. Non
seulement la politique municipale qui doit être le lot,
évidemment, de la vie du conseil municipal, mais la politique
provinciale aussi et la politique fédérale. Alors, ces sont des
gens qui, pris au coeur de toutes ces tensions, sont des témoins actifs
de notre vie sociale et communautaire
depuis des années, au Québec.
Ce sont des gens, les secrétaires municipaux, qui ont de l'ardeur
au travail et un dévouement tout entier à leur cause, ce
dévouement, d'ailleurs, qui les fait sacrifier parfois des conditions de
travail bien supérieures ailleurs, dans d'autres emplois, pour se
dévouer pour leur municipalité. Ce sont des gens qui
mériteraient un peu plus de considération et qui pourraient nous
apporter un éclairage intéressant. Ce sont des gens qui
pourraient nous expliquer, entre autres, comment le fameux comité du
ministre, le comité de concertation, composé d'agriculteurs,
pourrait être opérationnel et efficace dans la structure
municipale.
Je ne pense pas que le ministre, tout ministre soit-il, de son bureau,
avec son entourage, le regroupement des attachés politiques et de hauts
fonctionnaires qui l'entourent, des gens compétents - s'ils en sont,
d'accord - mais des gens tout de même qui ne vivent pas ces
insécurités, qui ne vivent pas dans le milieu d'une petite
municipalité, je ne pense pas qu'eux et le ministre sachent toujours
comment peut être difficile, exigeante, voire même parfois
pertubatrice, une consultation en fonctionnement avec un comité qu'on ne
connaît pas encore vraiment. C'est là que se manifeste la
résistance au changement. Parfois, la résistance au changement a
ceci de sain que, lorsqu'elle est acceptée par l'autre partie, celle qui
provoque le changement, cela amène souvent une écoute plus large.
Cela amène une Identification des problèmes. Cela nous
amène à découvrir des éléments
d'insécurité. Cela nous amène à découvrir
des points faibles et à améliorer les lois qu'on fait.
Mais, M. le ministre, je ne sais pas pourquoi, sur quelle base on peut
s'entêter de cette façon à refuser l'écoute, la
participation de gens comme les secrétaires municipaux ou encore l'UPA,
ou encore l'Union des municipalités. Mais quel argument faudra-t-il
utiliser, faudra-t-il apporter sur cette table pour convaincre le ministre?
Mais au moins, en tout cas, peut-être nos discours l'auront-il rendu plus
sensible? J'ai peur Je n'ose pas utiliser le terme, parce qu'il semble,
effectivement, qu'il soit un irréductible.
M. le Président, que le ministre se rende donc à
l'évidence. Tout le personnel qui l'entoure, toutes les
compétences qu'il a pu consulter jusqu'à présent, s! tant
est qu'il l'a fait, parce qu'il semblerait que ce ne soit pas son fort... Si le
ministre veut enfin apporter une mesure législative sur laquelle son nom
sera inscrit, un projet de loi sur lequel ce sera inscrit que M. Bourbeau,
ministre des Affaires municipales a piloté ce projet de loi. Si le
ministre veut - permettez-moi un terme qui n'est peut-être pas tout
à fait exact, mais je vous dirai que, pour l'essentiel, le message
devrait passer et qu'on devrait cesser d'écouter ou de chercher si un
terme ne traduit pas fidèlement la réalité, pour essayer
de comprendre le message que j'essaie de livrer - laisser à
l'Assemblée nationale du Québec et au monde municipal, une loi,
un outil de travail qui soit positif, accepté, aimé,
apprécié et qui règle des problèmes. Si le ministre
ne veut pas créer de comités qui ne fonctionneront pas ou si le
ministre ne veut pas créer, par un mauvais boulot qu'il aurait fait, des
situations conflictuelles dans le monde municipal au Québec, ne
devrait-il pas consulter ceux qui sont la cheville ouvrière des
municipalités du Québec, ceux et celles qui ont cette
préoccupation que cela marche, qui n'ont pas d'autres
préoccupations?
Ils ne sont pas intéressés à faire de la politique
provinciale, dans la plupart des cas, en tout cas...
Des voix: Ha, ha!
M. Gauthier: Ce sont des gens qui ne sont pas
Intéressés à la politique provinciale, ils ne sont pas
intéressés non plus aux performances du ministre, ils n'ont pas
d'attachés de presse, eux, pour se faire valoir. Ils n'ont qu'un seul
but, celui de faire en sorte que, dans leur municipalité, M. le
ministre, cela fonctionne. Donc, ils n'ont aucune espèce
d'intérêt à vous donner un mauvais son de cloche, ces
gens-là n'auront aucune espèce d'intérêt à
essayer de vous faire bousiller un comité ou de vous faire
démanteler une partie de votre loi sous prétexte que, pour eux,
ce serait bien que ce soit ainsi. Ils n'auront pas leur nom inscrit sur le
projet de loi, mais, au moins, si vous ne voulez pas entendre l'UPA, les
secrétaires municipaux présenteront l'angle, le point de vue
municipal quant au fonctionnement des comités, quant à toute la
question des zones de protection, quant à l'aménagement de leur
village, de leur municipalité.
Mais, M. le ministre, il va falloir que vous vous rendiez à nos
arguments et que vous acceptiez que les compétences ne se retrouvent pas
toutes à la même place, II va falloir que vous acceptiez qu'il y a
de ces gens-là qui pourraient vous être utiles. Peut-être
auriez-vous la sagesse d'au moins accepter qu'un humble
secrétaire-trésorier d'une municipalité, d'un comté
comme Roberval ou ailleurs, puisse venir vous dire, M. le ministre, de
façon claire et précise que ce que vous prévoyez
là-dedans ne peut fonctionner, voici les problèmes?
Peut-être pourrait-il vous informer des empêchements, des
problèmes quotidiens qu'ils vivent dans une municipalité, des
difficultés de fonctionnement que peut présenter ce que vous avez
dans votre projet de loi? Peut-être pourrait-il vous convaincre
d'écouter leur maire, d'écouter les échevins de la
municipalité, bref d'écouter ta voix des citoyens?
Je souhaite, et je vais, M. le ministre, terminer là-dessus, que
tous ces télégrammes qui vous sont envoyés, toutes ces
lettres qui parviennent à votre bureau que vous ne lisez pas, je sais,
mais que des gens les lisent pour vous et vous en transmettent l'essentiel, le
contenu, du
moins, je souhaite que ce soit ainsi. D'ailleurs, au lieu de lire un
volume en commission parlementaire, vous devriez peut-être, à la
limite, lire les lettres que les gens vous écrivent. Quand ces gens vous
écrivent et réclament d'être entendus, quand ces gens vous
envoient leurs commentaires, quand ces gens, gracieusement, gentiment et,
parfois, politiquement sympatiques avec vous, vous font profiter de leur
compétence, de leurs connaissances, vous devriez, M. le ministre,
être un peu plus sensible. Vous devriez, si vous ne lisez pas leurs
lettres, dire à vos attachés politiques: Répondez à
ces gens-là que je les entendrai avec plaisir. Je me ferai, moi,
ministre, je m'imposerai de les rencontrer et peut-être serai-je un peu
mieux outillé pour faire une vraie loi, une loi qui réponde aux
besoins de ces gens.
C'est peut-êre un problème d'humilité qu'a le
ministre. Le ministre est peut-être encore dans sa période
euphorique, c'est possiblement cela, cela arrive.
M. Bourbeau: J'ai perdu mes illusions.
M. Gauthier: Bon, le ministre me dit qu'il a perdu ses illusions.
Il n'est pas obligé d'être désabusé au point de
rendre tout le monde désabusé dans le monde municipal, il
faudrait peut-être qu'il garde un minimum de ferveur. Écoute2,
comment peut-on accepter qu'un ministre nous indique avoir perdu ses illusions?
Il est absolument désabusé, il ne lit pas son courrier, il ne
veut consulter personne dans le monde municipal et, en plus, il procède
un peu à la manière d'un bulldozer. Il a un projet de loi: C'est
ce que j'ai pensé, c'est ce que j'ai conçu et signé et
c'est comme cela que vous allez l'adopter.
C'est un ministre qui ne répond pas aux critères. Vous
vous souvenez des critères d'un certain M. Ryan, qui a
déjà été chef d'un parti connu au Québec.
Ces critères-là précisaient qu'il fallait avoir une
certaine ouverture d'esprit. On avait appris à illustrer cela en disant:
Quelqu'un qui lit Le Devoir tous les jours, depuis une bonne vingtaine
d'années, a l'esprit ouvert. Peut-être que le ministre devrait se
mettre à lire Le Devoir tous les jours. Peut-être aurait-il
l'esprit un peu plus ouvert
En attendant, M. le Président, là-dessus, compte tenu de
l'heure et je sais que mon collègue de Jonquière aurait
peut-être un mot à dire, je terminerai donc immédiatement
mon intervention pour permettre une remarque de sa part. Je vous avoue que,
pour ma première journée en commission parlementaire, je suis
déçu de l'attitude du ministre. J'ai été heureux
qu'il m'accueille bien, mais je suis déçu de son attitude. Je me
pose des questions quant à demain. M. le Président, je me pose
des questions parce que j'ai l'impression qu'on a fait tous ces
efforts-là pour arriver à un vote, un peu plus tard ou demain,
qui sera négatif. Au lieu de nous écouter, les gens d'en face
parlent, regardent l'heure, sont prêts à partir, n'écoutent
même plus nos arguments, alors qu'on plaide pour la démocratie,
pour le normal des choses en politique. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Roberval. M. le député...
M. Bourbeau: M. le Président, en vertu de la règle
de l'alternance, j'aimerais prendre la parole, si vous le voulez bien.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous arrivons
à la fin d'une journée de je ne sais pas combien d'heures, sept,
huit ou neuf heures, et nous sommes en commission parlementaire pour
étudier un projet de loi qui s'intitule: Loi modifiant la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, la Loi sur les cités et villes et
le Code municipal du Québec. Alors, M. le Président, vous pourrez
constater avec moi que nous n'avons même pas encore abordé
l'article 1 du projet de loi.
Manifestement, l'Opposition, par des mesures dilatoires, prouve hors de
tout doute qu'elle n'est absolument pas intéressée par le projet
de loi lui-même. Elle n'est intéressée que par la tactique
et, quant au fond, elle n'y est pas intéressée. M. le
Président, elle n'est pas intéressée au fond du
problème, parce que si elle y était intéressée,
elle en discuterait. Mais elle ne veut pas discuter du tout du projet de loi.
Elle discute de motions pour faire entendre des organismes, elle sait fort bien
que ces organismes-là ont été entendus, surentendus. Le
député de Jonquière est venu l'été dernier
aux assises Québec-Municipalités. Il s'est tenu dans
l'antichambre, M. le Président. Il a pris connaissance de tout ce qui
s'est passé. Il sait qu'il y a eu de larges consultations avec
l'ensemble du monde municipal, M. le Président.
M. Dufour: M. le Président, je m'excuse. Le ministre me
met en cause. Je peux lui dire, de mon siège, que je n'y ai
assisté d'aucune façon. Un instant, il me met en cause. Il dit
que j'ai assisté, dans l'antichambre, aux assises
Québec-Municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dulour: Je dis que c'est faux. C'est clair? De mon
siège, je n'étais pas à Québec ces deux
journées-là. Je n'avais pas le goût d'y être non
plus. D'habitude, je vais quelque part quand j'y suis invité.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, M. le Président.
M. Dufour: ...tous des "flos".
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bourbeau: M. le Président, je prends la...
M. Camden: M. le Président, question de règlement,
on ne se fera pas qualifier de "flos" par le député de
Jonquière qu'on vient d'entendre.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Camden: M. le Président, je demande à ce qu'on
retire ces paroles. C'est antiparlementaire.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Camden: C'est un manque de respect à l'égard de
ses collègues.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Bourbeau: Je prends la parole du député de
Jonquière. De bonne fol, je croyais qu'il était à
Québec lors des assises. Mais il reste, quand même, M. le
Président, qu'on assiste présentement et manifestement à
une tactique de la part de l'Opposition pour retarder l'étude du projet
de loi et même, pour faire en sorte que le projet de loi ne soit pas
adopté. C'est malheureux, M. le Président, parce que c'est un
projet de loi important pour l'avenir du monde municipal et pour l'avenir des
MRC.
J'aimerais, en terminant, citer, pour le bénéfice de
l'Opposition, une pensée de Paul Valéry. Évidemment, vous
m'avez vu tantôt jeter un coup d'oeil dans le volume qui est devant moi.
Je m'inspirais pendant que j'écoutais les propos, par ailleurs
séduisants, du député de Roberval qui, avec la verve qu'on
ne lui connaissait pas, mais qu'on a appris à connaître, nous a
montré qu'il avait beaucoup de lettres et d'esprit. Paul Valéry
disait, M. le Président: La tactique ruine la stratégie et la
bataille d'ensemble gagnée sur la carte est perdue en détail sur
les coteaux.
J'aimerais que l'Opposition réfléchisse sur cette
pensée profonde parce que j'ai l'impression que présentement,
elle préfère la tactique à la stratégie. Ils ont
l'impression de faire de la stratégie, M. le Président, mais
c'est de la tactique qu'ils font. Il ne faut pas oublier que la tactique finit
toujours par ruiner la stratégie.
Sur ces paroles, M. le Président, je laisse l'Opposition
réfléchir au cours de la nuit en espérant que, demain
matin, elle sera dans de meilleures dispositions et voudra, dans la
journée de demain, adopter l'ensemble des 54 articles que comporte le
projet de loi 88.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Étant maintenant arrivés à minuit, je me vois dans
l'obligation de demander s'il y a consentement pour poursuivre nos travaux.
Est-ce qu'il y a consentement? Non? Alors, il n'y a pas consentement, M. le
député de Roberval?
Sur ceci, j'ajourne donc nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)