Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je rappelle que la commission de l'aménagement et des
équipements va étudier article par article le projet de loi 79
Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités.
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements à
nous annoncer?
Le Secrétaire: Un remplacement, M. le Président. M,
Garon (Lévis) sera remplacé par M. Claveau (Ungava).
Projet de loi 79
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci. J'aimerais
qu'on puisse passer immédiatement aux remarques préliminaires sur
le projet de loi 79. M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Bourbeau: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet de prévoir une disposition transitoire pour la tenue
d'élections aux postes de conseiller municipal dans certaines
municipalités avant la tenue des élections
générales dans celles-ci.
M. le Président, nous avons longuement discuté lors de
l'étude du principe de ce projet de loi à l'Assemblée
nationale et je ne crois pas utile de reprendre ici tous les propos que j'ai
tenus à ce moment-là.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela complète
les remarques du ministre. En tant que porte-parole de l'Opposition, M. le
député de Jonquière, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Dufour: Ce sont des mesures transitoires, donc, ce n'est pas
un projet de loi qui, à mes yeux, va changer tellement la nature des
choses, si ce n'est de permettre à des municipalités de faire des
élections en temps et lieu. Je voulais juste dire, comme remarques
générales, que le ministre nous a "filibusté" 20 minutes,
parce qu'on a commencé en retard.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'était
sûrement pour, une bonne cause. Étant donné que les
remarques préliminaires... À moins qu'il y en ait d'autres qui se
manifestent... Il n'y a pas d'autres remarques préliminaires, j'appelle
donc l'article 1 du projet de loi 79.
Étude détaillée M. Bourbeau: L'article 1 introduit
une exception à la règle voulant que le mandat de tout membre
d'un conseil municipal en fonction le 31 décembre 1987 soit
prolongé ou réduit pour tenir compte de la première
élection générale, selon la nouvelle Loi sur les
élections et les référendums dans les
municipalités. Cette première élection, rappelons-le, a
lieu à l'automne de l'année où devait avoir lieu, selon
les dispositions législatives abrogées par la nouvelle loi, la
première élection régulière à la mairie,
après le 1er janvier 1988.
L'exception introduite par l'article 1 concerne le cas prévu par
l'article 2, c'est-à-dire que le mandat des conseillers en fonction le
31 décembre 1987 n'est pas prolongé jusqu'à la
première élection générale, selon la nouvelle loi,
si leur poste doit être ouvert aux candadidatures auparavant, lors d'une
élection tenue en vertu de l'article 2. Cette exception évite,
pour prendre un cas extrême, que des conseillers élus pour trois
ans en 1985 ne soient maintenus en poste sans l'accord de l'électoral
jusqu'à l'automne 1990. Ce serait le cas d'une municipalité
où le tiers du conseil est renouvelé chaque année et
où la dernière élection à la mairie a eu lieu en
1987.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 1?
M. Dufour: J'ai peut-être juste une question.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que cela donne suite à la loi qu'on a
adoptée concernant la division de municipalités en quartiers, pas
de quartiers... Il y avait des choix à faire. On fait ajuster des
élections en cours de route. Cela n'a pas affaire à cela?
M. Bourbeau: II faut dire que c'est à la suite de la Loi
sur les élections et les référendums dans les
municipalités.
M. Dufour: La loi 100? C'est celle-là dont je voulais
parler.
M. Bourbeau: Oui.
M. Dufour: C'est quand des gens décident tous ensemble de
fixer une élection et il y a des ajustements qui se font à
travers cela.
M. Bourbeau: La loi qu'on a adoptée l'an dernier
édicté qu'à compter du 1er janvier 1988 les
élections ont lieu tous les quatre ans.
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Et dans le cas d'une municipalité qui avait
des élections qui se tenaient en deux phases, le conseil étant
renouvelé pour moitié à une époque et pour
moitié à une autre, ou même parfois pour un tiers à
une époque et un tiers à une autre et un troisième tiers
à une autre époque, il avait été dit que
l'élection générale aura lieu l'année où
devrait avoir lieu la première élection générale
à la mairie. Or, il arrive que, justement, lorsque le maire a
été élu en 1987, par exemple, la première
élection générale à la mairie aurait lieu en 1990.
Il y a des cas où il n'y aura pas d'élection en 1990. Si un
conseiller a été élu, par exemple, en 1985 pour trois ans,
on avait cette situation un peu aberrante où un conseiller élu
pour trois ans aurait dû siéger cinq ans. Ce sont des mesures
transitoires pour faire en sorte que des élections partielles, si je
peux dire, aient quand même lieu avant l'élection
générale.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela va, M. le
député de Jonquière? Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Adopté. J'appelle
l'article 2.
Dispositions transitoires
M. Bourbeau: L'article 2 reproduit dans la nouvelle loi
l'obligation que les dispositions législatives abrogées par
celle-ci font à certaines municipalités de tenir des
élections régulières à des postes de conseiller
avant l'année où est prévue la prochaine élection
générale à la mairie. Par exemple, prenons le cas d'une
municipalité, qui, en vertu du Code municipal du Québec, tient
des élections chaque année, à deux de ses six postes de
conseiller en alternance. Supposons que la dernière élection
à la mairie a eu lieu en 1987. Si ce code continuait de s'appliquer,
deux postes de conseiller feraient l'objet d'une élection en 1988 et
deux autres en 1989 avant la prochaine élection à la mairie et
aux deux derniers postes de conseiller en 1990. La nouvelle loi prévoit
déjà qu'en 1990, tous les postes du conseil de cette
municipalité seront ouverts aux candidatures lors de la première
élection générale selon le nouveau régime. Ce que
prévoit l'article 2, c'est que les élections de 1988 et de 1989
au poste de conseiller de cette municipalité auront également
lieu malgré l'abrogation des dispositions de pertinence du Code
municipal du Québec.
L'article 2 préserve donc les occasions déjà
prévues pour l'électorat de se prononcer avant la première
élection générale selon la nouvelle loi. Cet article
prévoit qu'une telle élection au poste de conseiller est une
élection régulière au sens de la nouvelle loi, mais que
les articles de celle-ci traitant de l'époque de l'élection ne
s'y appliquent pas. Ainsi, la date du scrutin de cette élection sera
celle prévue par fa disposition législative abrogée par la
nouvelle loi. Par exemple, dans une municipalité de villégiature
dont la charte le prévoyait, le scrutin aura lieu en été
plutôt qu'en automne. Pour tenir compte de cette
éventualité, l'article 2 prévoit que si la date du scrutin
n'est pas le premier dimanche ou lundi de novembre, l'élection est
traitée comme une élection partielle afin de remplacer la date du
1er septembre par celle de la publication de l'avis d'élection comme
point de référence pour déterminer le droit d'être
inscrit sur la liste électorale, l'éligibilité et le
début de la confection de la liste.
Enfin, l'article 2 prévoit une règle identique à
celle que prévoit déjà la nouvelle loi quant à la
première élection générale; à savoir qu'en
cas de divergence entre la périodicité électorale suivie
par la municipalité et celle prévue par l'ancienne loi, on donne
préséance à la première. Cela permet
d'éviter un chambardement et assure des assises juridiques
incontestables aux futures élections.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Jonquière, est-ce que vous avez des questions?
M. Dufour: Seulement une question. Concernant les
municipalités de villégiature, j'écoutais votre
explication. C'est possible que les élections aient lieu durant
l'été et non pas dans le mois de novembre.
M. Bourbeau: C'était possible avant la nouvelle loi...
M. Dufour: Avant.
M. Bourbeau:... sur les élections et les
référendums.
M. Dufour: Le changement qu'on apporte va s'appliquer à
partir du 1er janvier 1988?
M. Bourbeau: La nouvelle loi, la loi 100 s'applique à
partir du 1er janvier 1988.
M. Dufour: 1988, bon, d'accord. Supposons que la personne a
été élue durant l'été, au mois de juin,
juillet ou août, à quelque part dans cela, les mois qui vont
être allés jusqu'au 1er dimanche de novembre, est-ce prévu
par cela?
M. Bourbeau: Quelle année?
M. Dufour: Supposons que c'était en rotation, si l'on
veut. Même si ce n'est pas en rotation, cela ne change pas grand-chose au
point du vue du principe. Par exemple, l'élection a eu lieu au mois
d'août 1987. Donc, il y a une élection générale qui
va se produire au mois de
novembre. Est-ce que cet article-là prévoit cela?
M. Bourbeau: En vertu de la nouvelle loi, les élections
auront lieu le premier dimanche de novembre tous les quatre ans. Dans le cas
des municipalités qui élisaient leur conseil par rotation, on a
prévu que la première élection générale sera
celle où aurait eu lieu normalement l'élection à la
mairie.
M. Dufour: D'accord, cela va pour cela.
M. Bourbeau: Dans le cas où des élections devront
avoir lieu à des postes de conseiller entre-temps, en vertu de la loi
que nous avons devant nous, nous allons conserver l'ancienne façon de
faire les choses qui existaient avant la loi 100, de sorte que si une
municipalité de villégiature tenait des élections à
la fin de l'été, sous l'ancienne loi, avant la loi 100, elle va
continuer à les tenir à la même époque,
jusqu'à ce qu'ait lieu la première élection
générale sous le nouveau régime.
M. Dufour: Je comprends que vous me dites que l'élection
sera basée sous l'élection du maire, donc si elle devait se tenir
au mois d'août, avec cela, elle va tomber au premier dimanche de
novembre. Il y aura donc une prolongation de mandat de deux ou trois mois,
selon le cas.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que... M. Dufour: Cela
marche?
M. Bourbeau:... l'élection générale aura
lieu le premier dimanche de novembre...
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau:... de l'année où aurait eu lieu
normalement l'élection à la mairie...
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau:... sous l'ancien régime. Sauf que ce que nous
proposons ici, ce sont des élections partielles pour des postes de
conseiller et non pas l'élection générale. Ces
élections partielles à des postes de conseiller auront lieu
à la même date qu'elles auraient eu lieu si la nouvelle loi
n'avait pas été adoptée.
M. Dufour: Oui, mais comme... En tout cas, à moins que je
ne me trompe, il me semblait que la loi 100 prévoyait qu'à
l'avenir, toutes les élections se tiendraient le premier dimanche de
novembre. Cela va?
M. Bourbeau: C'est cela,
M. Dufour: Donc, s'il y avait un élection dans une
municipalité de villégiature, mettons au mois d'août 1987 -
je ne suis pas sûr de ce que j'avance, mais - donc, dans ce
temps-là, le conseil était élu pour trois ans; dans une
municipalité de villégiature, c'est trois ans. Cela voudrait dire
qu'en 1990, normalement, le maire serait retourné en élection le
premier dimanche d'août - Je le donne toujours sous toutes
réserves - là, ce serait le premier dimanche de...
M. Bourbeau:... novembre...
M. Dufour:... novembre 1990.
M. Bourbeau: C'est cela, c'est exact.
M. Dufour: Donc, le bout du 1er août au 1er novembre 1990,
il n'y a pas de vide là-dedans, c'était cela le sens de ma
question.
M. Bourbeau: Non, il n'y a pas de vide. Ceux qui ont
été élus en 1987... le maire qui a été
élu en 1987 voit son mandat prolongé jusqu'au 1er dimanche de
novembre 1990. Je parle du maire.
M. Dufour: D'accord, c'est cela.
Le Président (M. Parent, Bertrand): D'autres questions sur
l'article 2? M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Quand vous parlez d'élection
générale, cela veut dire qu'à partir du moment de la
première année de l'élection du maire, tous les
conseillers qui sont en poste, même si cela fait seulement quelques mois
et qui ont été élus eux aussi pour trois ans, avant
l'adoption de la nouvelle loi, cela veut dire qu'ils ne peuvent pas se
prévaloir du fait qu'ils ont été élus sous une
autre loi et leur mandat est terminé par le fait même au moment de
l'élection générale.
M. Bourbeau: Pour reprendre l'exemple dont parlait le
député de Jonquière, un maire qui a été
élu sous l'ancienne loi, disons à la fin de l'été
1987, la nouvelle élection générale aurait lieu le premier
dimanche de novembre 1990 et, à ce moment, tous les membres du conseil
seront réélus pour quatre ans, maire et conseillers municipaux,
à moins que cette municipalité se soit prévalue des
dispositions de la loi 100 qui respectaient certains droits acquis en faveur de
certaines municipalités qui avaient déjà le droit à
la rotation, elles pourraient continuer le droit à la rotation mais sur
une base biannuelle.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela répond à
votre question, M. le député d'Ungava. L'article 2 est
adopté.
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Parent, Bertrand): J'appelle donc
l'article 3.
M. Bourbeau: L'article 3 concorde avec
l'article 2. Comme celui-ci prévoit que la date du scrutin
prévue par les dispositions abrogées par la nouvelle loi
continuent de s'appliquer aux élections visées à l'article
2, l'article 3 crée une exception à la règle voulant que
soit inopérant tout règlement municipal fixant au premier lundi
de novembre la date du scrutin, Cet article apporte également des
modifications de forme.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je vais seulement le faire reconfirmer et je pense que
le ministre connaît le cas que je veux soulever. Il y a un endroit, en
tout cas, qu'on connaît au Québec où le maire fixait par
règlement - je pense que c'était légal - le lundi. Cela va
être fini, il n'en est plus question, cela est bien clair.
M. Bourbeau: Oui, on me dit qu'il y a quatre ou cinq
municipalités comme cela dans l'ouest de l'île de Montréal.
Cette possibilité-là va s'éteindre avec la première
élection générale en vertu de la nouvelle loi.
M. Dufour: D'accord. Vis-à-vis de cette probalité,
même Montréal et Québec sont aussi astreintes à
cette loi générale, si je ne me trompe pas, à
l'avenir?
M. Bourbeau: Vous parlez de la loi 100?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: Oui, oui, toutes les municipalités du
Québec, oui.
M. Dufour: Toujours le 1er novembre. Non, auparavant,
Montréal avait droit à quinze jours plus tard, Québec
aussi.
M. Bourbeau: C'est le premier dimanche de novembre, pas le 1er
novembre, oui.
M. Dufour: Premier dimanche de novembre. Mais avant, elles
avaient le droit quinze jours après. Maintenant, tout le monde en
même temps.
M. Bourbeau: Premier dimanche de novembre.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela répond
à vos questions? L'article 3 est adopté.
M. Dufour: D'accord.
Le Président (M. Parent, Bertrand): J'appelle donc
l'article 4.
M. Bourbeau: L'article 4 prévoit que le présent
projet de loi entre en vigueur le 1er janvier 1988, soit en même temps
que la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipali- tés.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce qu'il y a des
questions? Adopté? L'article 4 est donc adopté. Est-ce que le
titre du projet de loi 79 Loi modifiant la Loi sur les élections et les
référendums dans les municipalités est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Adoption
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que le projet
de loi 79 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Adopté. On va
donc suspendre quelques minutes, quelques secondes.
(Suspension de la séance à 15 h 37)
(Reprise à 15 h 39)
Projet de loi 72
Le Président (M. Parent, Bertrand): Nous reprenons
immédiatement les travaux. La commission de l'aménagement et des
équipements va maintenant étudier le projet deloi 72, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur la Commission municipale.
Remarques préliminaires, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet de modifier la Loi sur la Commission municipale pour permettre à
la commission d'intervenir, sur demande des parties, comme arbitre dans un
conflit opposant deux organismes municipaux ou plus. Il permet également
au gouvernement de décréter, à la fin de la tutelle d'une
municipalité découlant d'une enquête de la commission qu'il
a demandée, que certaines dispositions propres à la tutelle
soient maintenues ou de réserver à la commission un pouvoir de
désavouer certaines décisions du conseil. Le gouvernement
décide de la durée du contrôle de la commission.
D'autre part, la commission se voit accorder, à l'égard
des fonctionnaires et des employés d'une municipalité en tutelle,
les mêmes pouvoirs en matière de suspension sans traitement que
ceux qu'elle peut exercer en matière de destitution.
Enfin, le projet de loi reconnaît des pouvoirs mieux
définis à la commission à l'égard
d'une municipalité dont fe conseil ne peut plus siéger
valablement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que cela va
pour les remarques préliminaires? M. le député de
Jonquière, dans les remarques préliminaires.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Par rapport à ce projet de loi, c'est certain
qu'on a mis beaucoup d'emphase sur la tutelle, ou la fevée partielle de
la tutelle, par la Commission municipale. Nous croyions à ce moment,
lors du dépôt de ce projet de loi, que les municipalités ne
peuvent pas être gardées comme des délinquantes
indéfiniment, je pense que ce projet de loi permet à la
Commission municipale d'être plus ou moins au travail, concernant la
tutelle.
Je pense qu'il n'y a pas cinquante-six choix. On est pour la tutelle ou
on est contre. Quand on la lève, on la lève. Ce n'est pas
à la moitié, ni aux trois quarts. C'est pour cela que
l'Opposition a manifesté beaucoup de réticence.
Un autre point que nous n'avons pas soulevé à
l'Assemblée nationale mais qui, je pense, sera de plus en plus
réel, on s'apprête à donner par d'autres projets de loi -
et je fais aliusion au projet de loi 96 - d'autres pouvoirs à la
Commission municipale concernant la division de la municipalité en
quartiers, ce qui fait qu'elle sera juge et partie.
De plus en plus, la Commission municipale devient un organisme
d'arbitrage comme un arbitre de surveillance. Je me demande jusqu'à quel
point on sera capable de déterminer clairement quels sont les pouvoirs
de la Commission municipale. J'ai l'impression qu'avec le temps, nous sommes en
train de tout remanier cette loi sous le couvert de petites lois qu'on
introduit ici et là. Je pense que ce serait peut-être le temps que
nous regardions en profondeur où on s'en va avec ces
choses-là.
Mais ce qui ne change rien avec le projet de loi que nous avons devant
nous à l'effet que c'est une intrusion de la Commission municipale
à travers les actions directes de la municipalité. À mes
yeux, ce serait plus facile de mettre une tutelle si on sait qu'on peut la
lever à peu près n'importe quel temps et qu'on peut la lever
seulement en partie. Donc, dépendant de l'humeur des commissaires ou du
temps qu'ils auront à disposer par rapport à une
municipalité, il n'y aurait peut-être pas besoin d'ailler aussi
loin.
Je prends le cas de Bromont qui est vraiment à l'orgine de ce
projet de loi où on aurait pu avoir de drôles de problèmes,
parce qu'on a levé la tutelle. On aurait voulu la garder encore un peu
et je pense que de côté-là... La Commission municipale n'a
peut-être pas tort de vouloir garder les pieds dans la porte dans le cas
de Bromont, mais elle aurait eu tort.. Le tort, ce n'est pas de garder les
pieds dans la porte, c'est la question réelle qu'on devait se poser dans
ce cas-là: Est-ce qu'on devait lever la tutelle ou la maintenir? Donc,
je pense que si la Commission municipale pose des gestes, il faudrait qu'elle
garde la responsabilité de ses gestes comme la responsabilité de
ses actions. Si elle la fève, bien, qu'elle la lève vraiment. SI
elle ne la lève pas, bien qu'elle la laisse là. Je ne pense pas
qu'on doive - j'insiste sur ce côté-là - garder les villes
en liberté surveillée, comme en surveillance. On enlève
une partie, on en garde un morceau et, à ce moment-là, moi, j'ai
l'impression qu'on n'a pas besoin d'être très difficile sur notre
travail. Ce n'est pas nécessaire d'aller en profondeur, on regardera
cela une autre fois. La Commission municipale pourrait être portée
à dire: Ce n'est pas tellement grave de mettre la tutelle, parce que
dans un ou deux mois, on nous enlèvera une petite partie, on cachera des
petits morceaux au fur et à mesure. Cela invite, à mes yeux, un
certain laxisme et une certaine invitation à garder une mainmise sur les
municipalités. Parce que les municipalités, depuis quelques
années, on a décidé ou on pense qu'on devrait les
considérer surtout avec beaucoup plus d'autonomie qu'avant. On pense que
les municipalités seront devenues suffisamment autonomes pour qu'on
puisse les considérer comme cela dans tous les domaines, pas seulement
dans les domaines particuliers ou quand cela fait notre affaire. Ce projet de
loi qu'on a devant nous, à mes yeux, est justement une façon de
garder les municipalités comme des entités non responsables. Si
ce sont des municipalités responsables, II faudrait considérer
que la Commission municipale ne les considère pas comme des
entités autonomes et en même temps aussi responsables que la loi
qui les a mises au monde.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires? Cela va. Alors, avant de passer
à l'article 1, je rappellerai aux membres de cette commission qu'il est
toujours défendu de fumer en commission, particulièrement dans
une salle comme celle-ci. Je sais qu'il y en a au moins trois qui enfreignent
ce règlement. J'aimerais qu'ils s'y conforment, sinon, qu'ils aillent
faire un petit tour. J'appellerai donc l'article 1 du projet de loi 72. M. le
ministre.
Étude détaillée
M. Bourbeau: L'article 1 a pour objet de confirmer le pouvoir de
la Commission municipale d'assortir son rapport d'enquête de
recommandations. Il vise également à spécifier le contenu
des recommandations qui portent sur l'application par une municipalité
de sanctions disciplinaires. Enfin, la modification apportée par
l'article 1 consacre dans cette loi l'obligation de la Commission municipale
d'entendre ou de donner la chance de se faire entendre à une personne
dont la conduite doit faire l'objet d'un blâme dans le
rapport de la commission ou d'une recommandation de sanctions
disciplinaires.
Ces modifications ne changent pas, dans les faits, les modalités
d'intervention de la Commission municipale dans les dossiers d'enquête
sur l'administration d'une municipalité, mais elles en garantissent de
façon incontestable la légalité. Il est à noter que
la Commission de police fonctionne déjà à partir de
pouvoir de recommandations ainsi balisé dans la Loi sur la police.
Dans le contexte juridique actuel, c'est par une interprétation
des articles 72 de la Loi sur les cités et villes et 181 du Code
municipal que les tribunaux reconnaissent le pouvoir de la Commission
municipale de faire des recommandations de destitution, de suspension sans
traitement et de réduction de traitement d'un fonctionnaire ou d'un
employé municipal. Cette source habilitante demeure trop précaire
pour répondre adéquatement aux normes de sécurité
juridique nécessaires à l'exercice de pareil pouvoir.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est évident que c'est un nouveau pouvoir.
Mais quand vous nous comparez avec la Commission de police, par exemple, le
pouvoir de recommandation n'est pas fort, que je sache. À venir
jusqu'à maintenant, à la Commission de police, une
municipalité n'est pas obligée de la suivre. Je pense que la
Commission municipale a des pouvoirs beaucoup plus forts que la Commission de
police et c'est une différence assez importante. Je veux juste remettre,
juste dire que... en fait, expliciter ce que vous nous dites, que ce n'est pas
tout à fait comme ça dans la réalité.
M. Bourbeau: Est-ce que je peux simplement interrompre le
député?
M. Dufour: Oui.
M. Bourbeau: C'est comme ça dans la réalité.
La Commission municipale n'a que des pouvoirs de recommandations. Elle ne peut
pas aller plus loin.
M. Dufour: Oui, mais à cause de sa nature, à la
Commission municipale, en règle générale, c'est suivi de
recommandations. Je regarde, par exemple, des recommandations qui sont faites
aux municipalités par rapport à la Commission municipale. Il n'y
a pas beaucoup de municipalités qui passent outre à ces
recommandations, tandis que celles de la Commission de police, cela tombe
régulièrement dans le vide.
Les municipalités ne veulent même pas s'appuyer sur des
recommandations de la Commission de police. Je connais des cas à ta
dizaine.
M. Bourbeau: Je dois dire que sur le plan juridique, c'est
identique à la Commission de police mais, en pratique, il est probable
et il est possible que les municipalités aient plus tendance à
suivre les recommandations de la Commission municipale que celles de la
Commission de police, quoiqu'elles ne sont pas obligées.
M. Dufour: D'accord. Quand vous nous dites au troisième
paragraphe "Elle peut notamment recommander", le "notamment", ce n'est pas
exclusif. Cela veut dire qu'elle peut le faire encore plus largement. Le
notamment, est-ce que cela veut dire que c'est un nouveau pouvoir qu'on lui
accorde? Cela comprend quoi exactement?
M. Bourbeau: Notamment, cela veut dire "entre autres choses".
Cela veut dire, effectivement, que ce n'est pas exclusif.
M. Dufour: Mais est-ce que ça pourrait être d'autres
choses que les sanctions qui sont énumérées?
M. Bourbeau: Dans son rapport, la commission fait constatations.
Elle fait un rappel des faits. Elles peut énoncer des principes. Elles
peut faire état de sa perception des choses et, finalement, elle peut
faire des recommandations. Alors, quand on dit: Elle peut "notamment
recommander", c'est parce que le rapport contient d'autres choses que les
recommandations.
M. Dufour: Est-ce que...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
M. Bourbeau: Le paragraphe en question dit: Elle peut notamment
recommander qu'une sanction soit imposée. Mais, évidemment, elle
peut faire d'autres recommandations qui ne sont pas de la nature d'une
sanction, d'une réprimande ou d'une suspension. Elle peut recommander
à un conseil municipal de tenir ses registres différemment, de
modifier ses pratiques administratives, sans qu'elle recommande une sanction,
une réprimande ou une suspension. C'est pour cela qu'on emploie le mot
"notamment".
Les recommandations peuvent porter sur autres choses que ce qui est
compris au paragraphe 2.
M. Dufour: Si vous donnez le pouvoir à la Commission
municipale de blâmer, d'avertir, diminution de traitement, etc., de
quelle façon la municipalité peut-elle se reconnaître
à travers ça? Ce n'est pas un tribunal d'arbitrage, que je sache,
la Commission municipale. Il y a des recours par la loi contre cela. Comment la
municipalité va-t-elle se reconnaître par rapport à
cela?
M, Bourbeau: La municipalité lit le rapport et la commission lui
recommande une suspension ou une destitution, par exemple. La
municipalité peut suivre la recommandation ou non. C'est à elle
à prendre ses décisions.
M. Dufour: Comme on connaît le pouvoir moral de la
Commission municipale, la municipalité peut être prise pour
prendre... Si elle ne la prend pas, il y a l'opinion publique qui bouge
très fortement par rapport à cela. Cela dérange, bien
sûr, le conseil municipal et les citoyens s'appuient là-dessus
comme une arme assez forte. Si la municipalité la suit et si la
Commission municipale erre dans son jugement? Comment le voyez-vous?
M. Bourbeau: Je tiens pour acquis que la Commission municipale
est une institution qui fait bien son travail, qui est qualifiée, qui
fait de bonnes recommandations. Si la municipalité suit les
recommandations de la Commission municipale, d'une façon
générale, elle devrait ne pas avoir trop de problèmes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Je comprends l'esprit de
l'article qui dit que la Commission municipale peut faire des recommandations
à un conseil municipal pour qu'il modifie certaines techniques ou
certaines façons de faire, etc., mais dans la mesure où dans le
cas de municipalités où il y a une certaine connivence dans la
pratique qui s'est établie depuis plusieurs années, un Jour il y
a un citoyen qui s'élève contre cela et qui dit: J'en appelle
à la Commission municipale. On va faire enquêter là-dessus
parce qu'il me semble que cette pratique n'est pas légale, ou: je me
sens lésé dans mes droits parce que vous agissez de cette
façon-là même si cela fait des années que cela se
passe de la même façon et qu'il n'y a jamais personne qui s'en est
plaint.
Le fait de dire qu'il y a un pouvoir de recommandation et que la
Commission municipale va enquêter là-dessus, on peut vous dire
quoi faire, mais qu'il n'y ait pas vraiment une obligation coercitive de
modifier le fonctionnement, cela me semble, à mon avis, un voeu pieux.
Si le conseil de ville, sachant que l'ensemble des contribuables de toute
façon acceptent cette façon de faire et continueront de
l'accepter et disent: La Commission municipale peut nous recommander ce qu'elle
voudra. Dans le fond, si elle fait une assemblée de conseil où
tout le monde se met d'accord et dit: C'est bien dommage, on continue comme on
faisait avant... C'est quoi le pouvoir du citoyen de revenir contre cela et de
s'assurer que ses droits ne sont pas lésés si vraiment il croyait
qu'ils l'étaient? N'y aurait-il pas moyen... Il me semble que le fait
d'ajouter, "peut faire des recommandations" dans un article de loi, dans la
mesure où cela se fait de toute façon actuellement dans la
pratique, la Commission municipale ne changera pas sa façon de faire
avec cela. Je ne vois pas, à première vue, l'intérêt
de ça.
M. Bourbeau: II me semble que les propos du député
d'Ungava contredisent un peu ceux du député de Jonquière
qui, tout à l'heure, nous disait qu'en pratique quand la Commission
municipale fait une enquête, ces recommandations sont suivies par les
municipalités. La raison d'ailleurs dans cette appréciation des
faits a un pouvoir moral important, cela éclaire la population sur la
conduite des membres du conseil municipal ou la conduite des fonctionnaires de
la municipalité. Cela permet à la municipalité
d'être mieux éclairée pour pouvoir prendre des
décisions Et si jamais il arrivait que la Commission municipale
identifie clairement des malversations de la part des fonctionnaires et que le
conseil municipal refuse de donner suite aux recommandations de la Commission
municipale, je pense que les électeurs seraient là pour ramener
le conseil municipal à l'ordre rapidement lors de la prochaine
élection. Si les cas soulevés étaient d'une gravité
telle qu'on puisse penser, par exemple, à des procédures
criminelles, à ce moment-là, rien n'empêche le Procureur
général de se mêler de l'affaire et de prendre des
procédures.
M. Claveau: Mon propos ne se rapporte pas à des cas graves
qui peuvent aller au criminel. Il est bien évident qu'à ce
moment, il y toute un mécanisme de poursuite, s'il y a vraiment fraude,
détournement de fonds, abus de pouvoir et tout ce que vous voulez. Mais,
dans la pratique, dans la gestion quotidienne d'une municipalité,
certaines municipalités vont établir des mécanismes de
fonctionnement, si vous voulez, une espèce de consensus dans le milieu
qui n'est peut-être pas vraiment ce qui est demandé dans la lettre
de la Loi sur les cités et villes et qui n'est pas une malversation pour
autant, qui n'a pas vraiment des effets criminels, mais qui peut, à
l'occasion, dans certaines circonstances, en arriver à léser
certains contribuables de leurs droits. Il y a des gens qui vont en appeler de
cela. Dans la mesure où la Commission municipale peut faire des
recommandations pour modifier telle ou telle technique de fonctionnement qui
n'est peut-être pas dans la lettre de la loi et qui pourrait
s'avérer, en même temps, peut-être un peu discriminatoire
envers certains citoyens, si la Commission municipale, face à cela, n'a
pas autre chose qu'un pouvoir de recommandation qui peut être
rejeté par le conseil ou que le conseil dise: D'accord et ce n'est pas
plus compliqué que cela... Dolbeau est un cas. Il y a des cas comme
celui-là qu'on connaît. Comment peut-on s'assurer à ce
moment-là... Pas nécessairement comment on peut s'assurer, mais
de quelle façon, ce que vous introduisez dans la loi va-t-il faire
en sorte de modifier les choses? Les explications que vous m'avez
données jusqu'à maintenant me font croire qu'il n'y a aucune
possibilité de modifier les choses, puisque le conseil peut toujours
refuser la recommandation qui va être faite.
M. Bourbeau: Le projet de loi a pour objet de confirmer ce que
fait déjà la Commission municipale en vertu d'autres pouvoirs -
comme je vous l'expliquais tout à l'heure - en vertu des pouvoirs que
lui conféraient la Loi sur les cités et villes et le Code
municipal. On ne fait que confirmer ce pouvoir de la Commission municipale de
faire des recommandations. Cela donne une meilleure assise juridique à
la Commission municipale qui, actuellement, le fait par le biais des deux lois
dont je viens de parler.
Deuxièmement, ce qu'on améliore dans le projet de loi
actuel par rapport à la situation précédente, c'est que si
la commission veut blâmer une personne ou recommander des sanctions
contre elle, elle ne peut pas le faire à moins de lui avoir permis
d'être entendue sur ce sujet. Je pense que c'est un pas en avant dans le
sens d'apporter un meilleur éclairage sur un dossier. On n'a pas la
prétention de régler d'une façon définitive et
absolue tous les cas de litige qui vont se présenter dans les villes.
Mais on ne nous demande pas non plus de permettre à la Commission
municipale d'avoir un pouvoir exécutoire à l'endroit du
fonctionnement des villes. On verrait à ce moment-là une
levée de boucliers de la part de ceux qui prônent l'autonomie
municipale qui diraient: Ce sont des pratiques administratives, ou bien c'est
correct, ou bien ce n'est pas correct. Si ce n'est pas correct, il y a des
procédures en cours qu'un citoyen peut prendre. La Commission municipale
peut s'amener dans une municipalité et constater un laxisme dans
l'administration sans pour autant que ce soit criminel, etc C'est ce genre de
choses que la Commission municipale peut faire redresser par des
recommandations. Maintenant, si la Commission municipale en vient à la
conclusion qu'une personne doit être suspendue, destituée ou
qu'elle ait les autres sanctions mentionnées dans l'article, encore
là, c'est une recommandation qu'elle fait à la
municipalité, cette dernière étant souveraine et
n'étant pas en tutelle à ce moment-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je pense que mon collègue n'était pas en
désaccord avec ce que j'avais dit auparavant. On sent dans cet
article... Il se peut que ce soit un suivi de ce qui existait
antérieurement. Je pense que c'est vrai. Quand vous dites cela, on ne
peut pas dire que ce n'est pas cela. C'est exactement le suivi de ce qui s'est
passé antérieurement concernant les pouvoirs ou les
recommandations de la Commission municipale. (16 heures)
Le problème qui se pose est qu'il arrive assez souvent que les
municipalités vont suivre les recommandations... En ce sens, je ne vais
que nommer le cas de Dolbeau où le secrétaire-trésorier a
fait l'objet d'une enquête pour savoir si le
secrétaire-trésorier était qualifié pour faire son
travail. Il y a eu des pertes d'argent quelque part. En tout cas, la
recommandation du conseil municipal de la ville de Dolbeau était de le
mettre à pied. Il a entrepris des procédures. Cela a
coûté pas mal d'argent à la municipalité. Il est
évident qu'il y a le pouvoir moral d'un côté. Le conseil
municipal peut toujours dire: La Commission municipale nous a dit qu'il fallait
fonctionner à peu près comme cela. La cour vient Infirmer ou
réduire la sentence. Il y a quand même quelque chose qui est un
peu en suspens. Est-ce qu'on peut pallier cela par d'autres façons? Je
ne le sais pas. Tout ce que je veux dire, c'est qu'il y a quelque chose qui
pourrait appeler à faire des litiges assez profonds. Il y a des
coûts à défrayer par les contribuables. Je ne sais pas s'il
y a d'autres façons de procéder mais je me dis que c'était
comme ça avant.
Quand on s'interroge et à chaque fois que l'on examine une loi,
cela nous permet d'aller un peu plus en profondeur et de regarder le
vécu... Il y a le cas de Saint-Émile aussi, qui n'est pas
tellement loin de la région de Québec, où quelque chose
s'est passé impliquant un directeur général. Sans dire les
faits précis, je sais que le conseil municipal a eu des problèmes
assez sérieux. Vous avez aussi la ville de Lévis qui est un
exemple assez important où le directeur général a eu des
problèmes avec le conseil municipal. Cela a coûté quelques
dollars, en tout cas, pour trouver un règlement acceptable.
Il y a donc plusieurs éléments soulevés par rapport
à cet article. Il est vrai que vous le confirmez parce que personne ne
pourrait aller à rencontre, même en suivant les recommandations de
la Commission municipale, personne ne pourrait contester ou personne ne
pourrait poursuivre la Commission municipale pour l'action posée. C'est
probablement ce que vous voulez protéger. Parce que si la Commission
municipale fait une enquête ou fait une recommandation qu'on n'est pas
obligé de suivre ou qu'on est obligé de suivre selon l'action ou
de la décision du conseil municipal, il y a toujours une certaine
autonomie. Mais si on suit la recommandation du conseil municipal et qu'il y a
une poursuite pour dire que ce n'est pas tout à fait correct et que ce
n'est pas ainsi que cela doit être fait, la municipalité est prise
avec son problème. Elle ne peut pas revenir contre la Commission
municipale. Dans un cas, on dit que cela a bien du bon sens mais, de l'autre
côté, il faut vivre avec.
En tout cas, jusqu'à maintenant, les municipatités ne se
sont pas plaintes de cela, mais je dis que c'est peut-être un point sur
lequel on devrait s'interroger tout de même, à savoir que ces
pouvoirs, parce que c'est un peu assez
souvent un tribunal d'arbitrage au fond... Dans d'autres cas, cela peut
être aussi pour des questions administratives.
Peut-être pouvez-vous réagir par rapport à cela,
mais je vais vous poser une question aussi dans le quatrième paragraphe.
Vous dites que l'obligation cesse, en fait c'est concernant la conduite avant
que les sanctions ne soient prises, etc. "Cette obligation cesse si cette
personne a été invitée à se présenter devant
la commission dans un délai raisonnable". Qu'est-ce qu'un délai
raisonnable par rapport à cela?
M. Bourbeau: Je présume qu'il faudrait, pour que le
délai soit jugé raisonnable, que la commission art
signifié à la personne l'invitation de se présenter, que
la personne ait vraiment reçu l'invitation, qu'elle ait eu le temps de
se préparer et de se présenter.
Par exemple, si on envoyait une invitation à un individu alors
qu'il est en vacances annuelles et qu'au bout de deux semaines, l'on dise que
cette personne ne s'est pas présentée alors qu'elle est encore en
vacances, cela ne serait pas raisonnable. Il faut lui laisser le temps. Il faut
être certain qu'elle a eu le temps, qu'elle pouvait se présenter
et qu'elle n'a pas voulu se présenter. C'est donc une question
d'appréciation dans tous les cas. Je tiens pour acquis que la Commission
municipale va être plus prudente que moins là-dedans et qu'elle va
se protéger pour pouvoir faire la preuve précisément que
la personne a eu les délais raisonnables et qu'elle n'a pas jugé
bon de se présenter.
Pour répondre maintenant à l'autre question du
député tout à l'heure, au sujet de la Commission
municipale qui pourrait aller plus loin, je pense que la Commission municipale
ne peut aller plus loin que ce que lui interdit de faire l'autonomie
municipale, de sorte que si la Commission municipale décidait en lieu et
place de la municipalité de la suspension d'un individu par exemple, on
dirait que c'est effectivemnt l'équivalent d'une tutelle. Comme la
Commission municipale ne doit pas mettre en tutelle les municipalités
pour rien, je pense qu'il faut reconnaître qu'à partir du moment
où elle a fait des recommandations, il appartient à la
municipalité de prendre ses décisions.
M. Dufour: Ces recommandations, de quelque façon que ce
soit, la municipalité est obligée de les suivre, c'est bien
clair. Elle n'est pas obligée de suivre ces recommandations mais si elle
ne les suit pas, elle subit une moyenne pression morale. Si, effectivement,
elle les suit puis la cour lui dit avec le temps que ce n'était pas la
bonne décision, il n'y a aucun recours de la part de la
municipalité. Comment peut-on réparer cette action qui serait
causée par cène recommandation ou cet éclairage qui a
été donné?
M. Bourbeau: Dans un cas comme cela, ce serait que le tribunal
n'était pas du même avis que la Commission municipale puisque ta
municipalité aurait suivi la suggestion ou la recommandation de la
Commission municipale. Ce ne serait pas la première fois que cela arrive
que deux tribunaux ne soient pas du même avis. Chaque fois qu'un tribunal
d'appel renverse une décision d'un tribunal inférieur, on a des
cas où deux juges ne s'entendent pas du tout sur un même point. La
justice est ainsi faite.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Quand il s'agit de la conduite de personnes, ce n'est
pas l'administration municipale comme telle. L'administration municipale, et le
pouvoir d'enquête de la Commission municipale c'est assez reconnu et
assez clair, je pense bien. Il me semble que tout le monde va admettre cela
facilement. Quand cela devient sur des questions d'individus, je trouve qu'on
met un peu les municipalités dans l'embarras. Même si ce sont des
cadres, c'est un peu embarrassant pour la municipalité. Cela pourrait
être une enquête qui est faite non pas nécessairement
à la demande de la municipalité, mais le fait que la Commission
municipale a le pouvoir de faire des recommandations. Supposons un cas
précis. On peut le prendre de deux façons. Supposons que la
municipalité demande à la Commission municipale de venir
enquêter et d'examiner ce qui se passe sur le terrain concernant la
conduite d'un ou de deux employés. Il y aurait d'autres "
méthodes pour la municipalité de faire une enquête. Elle va
chercher la Commission municipale, ce qui n'est pas son rôle
nécessairement précis. C'est un deuxième rôle. Elle
a le rôle de regarder ce qui se passe globalement au point de vue de
l'administration, des règlements etc., et en même temps on lui
donne le pouvoir d'enquêter sur la conduite d'employé. Cela
pourrait se faire différemment. Mais qu'on fasse l'enquête et
qu'on dise: Oui, il y a des choses qui sont anormales. On pourrait
déceler un certain nombre d'anomalies. C'est le résultat de
l'enquête. Là, on donne le pouvoir d'aller plus loin. On va aller
jusqu'au pouvoir de recommander des sanctions ou des avis des individus. Cela
va plus loin que le pouvoir global au point de vue administratif. C'est
là que je trouve que... Si la municipalité qui a demandé
l'enquête ne suit pas les recommandations, elle est "pognée" avec
son histoire. Si elle les suit et cela n'arrive pas comme cela devrait arriver
et qu'il y a des disputes, des contre-propositions ou des contre-analyses par
rapport à la cour, cela va être cela, la municipalité est
"pognée" avec son affaire. Je ne sais pas s'il y a des moyens de se
sortir différemment de cela. Quant à la Commission municipale,
peut-être que c'est son rôle avec le temps, je ne sais pas à
quel temps a commencé cette histoire, mais au début, la
Commission municipale jouait un rôle plutôt de surveillance au
point de
vue de l'ensemble de la municipalité dans les actes
administratifs. Vis-à-vis des individus comme tels, cela va beaucoup
plus dans le particulier, on lui donne un pouvoir de recommandations. La
municipalité n'est pas obligée de tes suivre. Mais comment une
municipalité pourrait-elle ne pas suivre ces recommandations. Si elle ne
les suit pas et que ce n'est pas correct, la municipalité est
"pognée" avec cela. Cela va. Je ne sais pas s'il y a moyen de s'en
sortir. Il y a des tribunaux d'arbitrage normalement pour des gens, quand ce
n'est pas correct. Ce sont eux qui peuvent se prononcer, c'est leur rôle,
toujours de la même façon. Ils se prononcent sur des cas, si leur
expertise leur dit que c'est comme cela que cela doit fonctionner. Tandis que
là, on va plus loin mais c'est contestable. À ce moment...
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Je voudrais dire que j'appuie à 100 % les
propos de mon collègue de Jonquière sur cela, quand il s'agit de
blâmer ou de prendre des mesures contre un cadre, cela peut être
aussi contre un syndiqué. Rien ne dit là-dedans qu'une erreur
administrative ou une erreur de fonctionnement ou que quelque problème
dans la municipalité découle, par exemple, des travailleurs
syndiqués. La Commission municipale arrive à cette conclusion et
elle demande de porter des blâmes ou de prendre des sanctions contre des
travailleurs syndiqués. À ce moment, on se retrouve dans une beau
méli-mélo au niveau des conventions collectives et cela risque de
coûter une fortune aux municipalités. Pour la Commission
municipale, c'est facile de faire ses recommandations tout en les faisant
sérieusement; d'ailleurs, ce n'est pas le travail du commissaire de la
Commission municipale qui est blâmé là-dedans, sauf qu'une
fois la recommandation faite, elle devient publique et la population est au
courant de la recommandation, mais lui retourne chez lui et ses
problèmes sont finis. Si la municipalité ne suit pas la
recommandation parce qu'elle sait que cela va. lui coûter une fortune ou
qu'elle sera prise dans une imbroglio juridique ou un problème
d'interprétation de convention collective ou un problème aussi au
niveau des cadres administratifs... parce que vous devez savoir, M. le
ministre, qu'il n'est pas facile, pour une municipalité, de tasser ou de
changer Des conditions de travail ou les droits acquis des cadres
administratifs, elle se retrouve en cour à toutes les fois. La
Commission municipale n'a plus aucune responsabilité face à cela
et on se retrouve dans une situation de conflit éventuellement entre une
population ou une partie de la population qui va demander l'application d'une
telle sanction ou d'un tel blâme envers une personne ou un individu et
une municipalité ou un conseil de ville qui, lui, est pris devant le
fait qu'il sait que, pour d'autres raisons, il ne pourra pas les appliquer
à moins que cela ne lui coûte une fortune et il sera alors
obligé d'augmenter ses taxes l'année suivante pour payer ses
frais. C'est encore lui qui aura l'odieux du geste posé. Au niveau de la
Commission municipale, il me semble, comme l'a dit mon collègue de
Jonquière, que c'est peut-être là un droit, c'est
peut-être souhaitable que cela se fasse dans la lettre, mais dans ta
pratique, on sait que c'est inacceptable ou inapplicable, sans encourir des
frais énormes pour une municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il est sûr que quand
un conseil municipal décide qu'il veut renvoyer, destituer ou suspendre
un employé, il y a toujours possibilité d'un appel de cet
employé devant une instance supérieure avec la possibilité
également que cette instance supérieure réhabilite le
fonctionnaire rétroactivement parfois, avec plein salaire. Il
m'apparaît que la municipalité est mieux placée pour poser
ce geste lorsqu'il fait suite à une recommandation de la Commission
municipale que si elle le fait de son propre chef, sans autre forme
d'enquête. Au moins la Commission municipale étant un organisme
neutre et qui possède une bonne réputation, une bonne
expérience dans le domaine de la gestion municipale, il m'apparaît
que le conseil municipal prendra une décision plus
éclairée s'il le fait à la suite d'une recommandation de
la Commission municipale. Maintenant, on ne peut jamais préjuger du
jugement des Cours supérieures. On a porté récemment
à mon attention le cas d'un jugement où la cour a ordonné
à la Société des alcools du Québec de
réembaucher quelqu'un qui avait été pris en flagrant
délit de vol et qui avait d'ailleurs confessé avoir volé
des produits. La cour a ordonné la réintégration de
l'individu parce qu'il avait volé alors qu'il était malade et
qu'il souffrait de toxicomanie et d'alcoolisme.
Quand on voit des situations comme celle-là se produire, tout
peut arriver. Mais cela ne veut pas dire que la municipalité qui
décide de suspendre un employé ou de le révoquer, parce
qu'elle juge à propos de le faire, n'a pas de raison de le faire. Si un
tribunal supérieur annule éventuellement la décision du
conseil municipal, c'est au tribunal supérieur à prendre la
responsabilité du geste.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. J'aurais envie de vous
demander, M. le ministre, en tant qu'ancien maire aussi, seriez-vous prêt
à faire en sorte que lorsque la Commission municipale recommande
à la municipalité d'exercer un blâme ou une sanction
à l'endroit de l'un de ses
employés, ce soit la Commission municipale ou le ministère
des Affaires municipales qui se rende responsable de tous les frais qui
pourraient découler de cette recommandation? Je pense que vous verriez
alors l'affaire d'un autre oeil, parce que vous savez, vous êtes le
premier à savoir que cela peut être extrêmement
coûteux, vous venez de le dire, tout à l'heure. Mais quand vous
faites cela envers un conseil municipal, vous le mettez entre l'arbre et
l'écorce et vous l'obligez finalement, à la limite, qu'il aille
de l'avant dans quelque chose qui, il le sait, va s'avérer
coûteux. Si la Commission municipale est si sûre de ce qu'elle
avance, pourquoi ne se rendrait-elle pas responsable elle-même de toutes
les dépenses qui pourraient être encourues par une telle
recommandation?
M. Bourbeau: La Commission municipale... Le gouvernement n'a pas
à supporter le coût des décisions d'un conseil municipal
puisque, justement, les recommandations ne sont pas obligatoires. La Commission
municipale vient là pour éclairer un conseil municipal, pour
l'aider à prendre une décision. Maintenant, le conseil municipal
est libre de prendre la décision ou de ne pas la prendre et, s'il la
prend, il est responsable, bien sûr, des coûts de cette
décision. (16 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Moi, je veux juste renchérir sur la discussion
qu'on a, qui me semble intéressante, parce que cela nous permet de
regarder ou d'examiner. Là, ce qu'on lui donne comme pouvoir de
recommandations... C'est vrai que la Commission municipale va faire des
recommandations et c'est aussi vrai que la municipalité n'est pas
obligée de les suivre. Mais connaissant la valeur morale de la
Commission municipale et l'importance qu'on lui a attachée dans le
passé, parce que c'est une institution qui existe depuis assez
longtemps, cela oblige pratiquement le conseil municipal à les
suivre.
Je prétends que la Commission municipale peut avoir le pouvoir
d'enquête, bien sûr, le pouvoir également de
déterminer ce qui se passe dans la municipalité au point de vue
administratif. Quand ça vient dans des cas d'individu, il me semble que
ça voudrait être logique. Il ne faudrait pas...
La commission pourrait dénoncer des choses qui sont faites sur le
rapport d'enquête, mais de là à lui donner le pouvoir de
recommander des sanctions, je pense que c'est là qu'est tout le
problème. Dans le fond, il faudrait que le conseil municipal soit assez
adulte, assez mature ou assez responsable pour voir à travers les
énoncés, l'étude que la Commission municipale 'fournit au
conseil municipal pour voir à étudier plus profondément et
à prendre des sanctions, s'il y a lieu, contre les individus sans que la
Commission municipale s'engage.
Le problème, c'est que, d'une part, la Commission municipale
donne une recommandation et, là, vous engagez pratiquement la
municipalité à la suivre, tandis que si c'est un
résultat... J'imagine que le rapport de l'enquête de la Commission
municipale pourrait dire: Ah, il semble que dans le domaine de la
trésorerie, par exemple, il y a du laxisme, qu'il y a des reçus
qui sont émis qui ne correspondent pas à la réalité
ou il y a des reçus qui ne sont pas émis, les livres sont mal
tenus, les rapports n'entrent pas à temps. Je pense qu'à ce
moment-là, la municipalité qui recevrait un tel rapport aurait
à déterminer clairement ce qu'elle fait avec
l'employé.
Mais, là, vous allez plus loin. Le commissaire dit: Bien oui,
mais non seulement l'employé ne fait pas son travail comme il faut, mais
on recommande qu'il soit en réserve pendant un mois, sans traitement, ou
même de diminuer son échelle de salaire et dire: payez-le moins
cher. Quand on sait, par exemple, qu'à la Commission municipale, en
règle générale, l'enquête porte sur des
employés-cadres. Ce ne sont pas des employés qui sont
régis par les conventions collectives.
Alors, je vois mal la Commission municipale venir recommander, par
exemple, que le greffier qui gagne tel salaire, qui a un adjoint, subisse une
diminution de son salaire qui tombera en bas de celui de l'assistant. Il y a
quelque chose là-dedans où, à mes yeux, on va un peu loin,
même si cela existait dans l'ancienne loi. Cela ne veut pas dire que
c'est pour ça qu'on est Ici, pour regarder ce qui se passait avant par
rapport à aujourd'hui. C'est le fait qu'on donne le pouvoir de
recommandation à la Commission municipale sans qu'il soit assorti d'une
responsabilité correspondante.
À ce moment-là, on n'atteint pas le but visé, si ce
n'est qu'on met une pression morale plus forte sur les administrateurs
municipaux qui se sentent régulièrement obligés de suivre
des recommandations. S'ils perdent en cour, ils peuvent toujours vous dire:
Nous, ce n'est pas de notre faute. C'est la Commission municipale qui nous
avait dit ça. On dirait qu'on vient de donner un certificat en blanc
à la municipalité. Qu'il arrive n'importe quoi, l'administrateur
municipal pourrait toujours être dégagé de sa
responsabilité, parce qu'il va dire: Ecoutez un peu, c'est la Commission
municipale qui nous a dit ça. Vous n'avez pas à faire
d'enquête plus profonde. La Commission municipale nous a dit: Le gars, tu
le jettes dehors. Alors, on l'a sacré dehors; on a suivi ça
aveuglément et c'était ça.
Là, au bout d'un an, deux ans, la personne va revenir à la
charge. On est obligé de l'engager. L'administrateur municipal,
qu'est-ce qu'il va dire pour se défendre? Moi, je n'ai rien fait; j'ai
seulement appliquer le rapport. S'il n'a pas suivi la recommandation, les gens
vont se poser la question et vont dire: Comment se fait-il que ce gang..,
L'administration municipale n'est
toujours pas correcte. Elle ne l'a pas mis dehors. Tandis que
c'était contenu à l'intérieur d'un rapport
d'enquête, le conseil municipal donne sa responsabilité à
partir de a jusqu'à z, jusqu'au bout.
En fait, il n'y a pas de recommandation précise. Le conseil
municipal doit aller plus loin. À ce moment-là, il prendra les
mesures. Cela pourrait être des comptables comme ça pourrait
être des spécialistes en administration qui viendraient voir ce
qui se passe dans le milieu. Par la suite, le conseil prendrait les
décisions sur les recommandations très précises de
personnes en dehors du secteur municipal comme tel ou qui seraient directement
concernées.
Je trouve que cet article est peut-être la reconduction de ce qui
existait dans le passé avec le poids de la suspension
supplémentaire qu'on accorde. Mais si on veut être vraiment
logique et conserver l'essentiel, que la commission municipale ait un pouvoir
d'enquête, mais quant au pouvoir de recommandation concernant les
individus, j'ai l'impression qu'on touche à l'autonomie des
municipalités et qu'on enlève en même temps la
responsabilité là où elle doit être,
c'est-à-dire que les administrateurs municipaux devraient pouvoir garder
leur pleine prérogative et leur pleine responsabilité concernant
leurs décisions dans l'administration de la muncipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va? M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M, Claveau: Je voudrais seulement revenir sur ce que disait mon
collègue de Jonquière en ce qui concerne les cadres
administratifs non syndiqués, etc. Quand j'ai parlé tout à
l'heure des travailleurs syndiqués, il y a des cas qui existent
où des travailleurs syndiqués ont aussi des
responsabilités parce que je connais des municipalités où
le greffier adjoint le trésorier adjoint ou encore le directeur des
services aquatiques d'une municipalité sont des travailleurs
syndiqués. Il y a aussi le contremaître ou le responsable des
activités des arenas qui est un travailleur syndiqué qui a, en
même temps, une tâche administrative à remplir. Ce sont des
postes de responsabilité avec gestion d'un budget dans certaines
municipalités. Ce sont surtout des petites municipalités
où il n'y a pas toujours un personnel important, il faut alors combiner
des postes ensemble. On se retrouve donc avec des gens en position de
responsabilité avec des budgets à gérer et qui sont en
même temps régis par la convention collective. De plus, s'il faut
que des recommandations dans ce style touchant des personnes semblables
s'attaquent à toute la dynamique de la convention collective, cela met
les élus municipaux entre l'arbre et l'écorce.
Comme le disait mon collègue de Jonquière, dans la mesure
où une recommandation est là, si elle identifie ou si elle pointe
du doigt tel ou tel individu avec telle ou telle sanction, si tu ne l'appliques
pas, tu passes pour un pas bon. Les gens vont dire: Mets tes culottes et
applique-là. Si tu l'appliques, tu te retrouves dans une situation
où tu risques de te retrouver dans un fouillis monumental. La population
va dire: Comment ça se fait? Vous auriez dû y penser avant de vous
embarquer là-dedans.
Tout ce qui reste pour se défendre, c'est de dire que c'est la
Commission municipale qui a dit de faire cela. Mais la Commission municipale,
elle, s'en lave les mains. Elle dit: Je l'ai dit, mais elle n'était pas
obligée de le suivre. Ce n'est pas moi qui vais payer la note. Je
continue à croire que c'est de placer les administrateurs municipaux
dans une situation intolérable et invivable. Des cas semblables
n'arriveront probablement pas 500 fois par année, mais il s'agit que
cela n'arrive qu'une fois ou deux dans une année, dans deux ou trois
municipalités et le ministre va trouver le temps long. Il y a des gens
qui vont rebondir à son bureau pour dire: Votre projet de loi 72, on
commence à l'avoir de travers.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: Cela ne fait que confirmer ou prolonger ce qui se
passe actuellement. On n'invente rien. On ne fait que continuer la situation
actuelle qui prévaut depuis les neuf dernières années
durant lesquelles le gouvernement du Parti québécois était
au pouvoir.
On n'est pas en train de réinventer la roue. On maintient le
statu quo en l'améliorant un peu, en ce sens qu'on donne la
possibilité à un individu qui est pour être
blâmé par la commission, de venir faire valoir son point de vue.
C'est tout ce qu'on change.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je suis convaincu que cela existait avant que le Parti
québécois soit au pouvoir.
M. Bourbeau: Également. M. Dufour: Remarquez bien...
M. Bourbeau: Je voudrais amender mes propos, M. le
Président...
M. Dufour: Bon.
M. Bourbeau:... pour dire que cela existait même avant la
venue du Parti québécois.
M. Dufour: Le seul point qui est clair - on ne
s'éternisera pas là-dessus - c'est qu'on donne
un pouvoir de recommandation à la municipalité.
Peut-être que cela a glissé dans le temps, de la part des
législateurs et qu'ils ont donné ce pouvoir mais, avec le temps
et à l'usage, on se rend compte qu'il y a parfois des choses qui peuvent
causer des problèmes et qui peuvent amener les administrateurs
municipaux dans des culs-de-sac par rapport aux recommandations. On ne
blâme pas )e ministre d'apporter cet amendement, mais on dit qu'il y
aurait peut-être eu moyen de l'améliorer. Quant à nous et
avec la discussion qu'on vient de faire, cela nous semble inacceptable. Je
pense que c'est ce qu'on doit faire comme travail. Il ne s'agit pas seulement
de reconduire ce qui existait dans le passé. Sans cela, on n'a pas
raison d'être ici. On fait seulement poser ces questions, à
savoir: Est-ce qu'on aurait pu aller plus loin? Est-ce qu'on aurait pu chercher
si cela allait dans la même direction que les points de vue que j'ai
exprimés? Est-ce que ce ne serait pas le temps qu'on regarde la
Commission municipale et où on en est rendu avec cet organisme?
Ce serait peut-être le temps qu'on examine en profondeur, en
largeur et en hauteur ce qu'il se produit à la Commission municipale.
Est-ce qu'il n'y a pas des conflits actuellement latents? Tantôt, on la
met comme enquêteur, tantôt on la met comme juge, et tantôt
on la met comme arbitre. À un moment donné, il va falloir se
poser des questions. Je suis prêt à m'interroger sur cela. Je vous
le dis, je ne m'en cache pas. Depuis un an et demi, je m'interroge
sérieusement sur le rôle de la Commission municipale parce qu'on
peut y créer des conflits Le fait que cela a existé depuis
toujours, c'est tentant de continuer et qu'on fasse seulement la prolongation
de ce qui existait dans le passé. On dit: On devrait peut-être
aller un peu plus loin et s'interroger encore une autre fois par rapport
à cela. Cela pourrait amener des décisions intéressantes,
en tout cas, des choses beaucoup plus claires. Même les administrateurs
municipaux ne s'en rendent peut-être même pas compte. Ce n'est pas
parce qu'ils sont niais qu'ils font cela. Ils sont habitués comme cela.
Cela fonctionnait ainsi. Si jamais personne ne se posait des questions, dans la
vie courante, pourquoi telle chose se produit d'une façon plutôt
que d'une autre? Bien souvent, il y a quelqu'un qui dit: Ce n'est pas tout
à fait comme cela que cela devrait être. Là, on apporte des
améliorations tangibles et sensibles. Je vous dis que vis-à-vis
de cet article, je pense, qu'on en a parlé suffisamment. H n'est pas
question de le bloquer. On va vous laisser prendre votre responsabilité.
Quant à nous, nous allons voter contre pour les raisons qu'on vous a
énumérées. Ce n'est pas parce qu'on vous dit que vous
n'avez pas fait votre travail. Ce n'est pas cela que je vous dis.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, cela vaudrait
peut-être la peine éventuellement, à la suite de ce que
vient de dire le député, que lorsque la commission aura un peu de
temps libre, si cela arrive à l'occasion, si vous souhaitez un mandat
d'initiative, on pourrait peut-être convoquer la Commission municipale
devant la commission de l'aménagement et des équipements pour
examiner son rôle et voir dans quelle mesure on pourrait modifier ce
rôle. La commission parfois se cherche du travail, ce serait une bonne
Idée, je crois.
Le Président {M. Saint-Roch): M. le ministre, je retiens
votre suggestion d'autant plus que la commission aura à se choisir un
mandat de surveillance d'un organisme en 1988. Alors, tout sera possible
à ce moment.
M. Bourbeau: Voilà!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 2.
De l'arbitrage conventionnel par la commission
M. Bourbeau: M. le Président, nous aurons une modification
à cet article. Avant de parler de la modification, j'aimerais introduire
l'article 2 lui-même qui a pour objet d'attribuer à la Commission
municipale la compétence d'intervenir par un de ses membres comme
arbitre dans un conflit qui oppose deux organismes municipaux ou plus. Il ne
s'agit toutefois pas d'une intervention forcée de la commission puisque
le recours à l'arbitrage d'un conflit par la commission doit être
voulu par toutes les parties. La matière qui peut faire l'objet d'un
arbitrage par la commission doit en être une qui peut être
portée devant un tribunal judiciaire. Il n'est pas question Ici de faire
intervenir la commission pour arbitrer un secteur contentieux qui doit
être décidé par une autorité administrative
désignée spécifiquement par la loi. Par exemple, il
appartiendra toujours, malgré les dispositions sur l'arbitrage, au
ministre de l'Environnement, de décider de la répartition du
coût des travaux à incidence intermunicipale du réseau
d'aqueduc entre la Communauté régionale de l'Outaouais et les
municipalités de son territoire. Par exemple, tel
qu'édicté à l'article 114 de la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais, Chapitre C-37-1. Ces
nouvelles dispositions ne permettront pas non plus à la Commission
municipale d'intervenir suivant cet -arbitrage à l'égard d'un
conflit qui doit être décidé par la commission selon un
mécanisme établi différemment par la loi. Par exemple, le
règlement d'un différend découlant d'une entente
intermunicipale devra suivre le
mécanisme prévu par la Loi sur les cités et villes,
article 468.53 et non celui de l'arbitrage conventionnel qu'introduit l'article
2 du présent projet de loi. Les articles 24 à 24.4 que l'article
2 du projet de loi introduit dans la Loi sur la Commission municipale
établissent les règles qui gouvernent cette formule
d'arbitrage.
L'article 24 précise que la commission peut non seulement
être appelée par les parties à entendre un différend
né et actuel, mais qu'elle peut être par convention
désignée comme arbitre éventuel d'un conflit qui pourrait
opposer deux organismes municipaux ou plus.
L'article 24.1 établit le cadre juridictionnel de la commission
en matière d'arbitrage conventionnel. Une matière qui peut
être soumise à un tribunal judiciaire pourrait être
décidée par la commission par la voie de l'arbitrage. Seront donc
exclues de cette formule d'arbitrage, les matières qui font l'objet
d'une juridiction administrative. (16 h 30)
L'article 24.2 prescrit que le président de la commission
désigne le membre qui procédera à l'arbitrage. Cette
nomination se fait dans les 30 jours de la demande conjointe des parties.
L'article 24.3 a pour objet de rendre applicable à l'arbitrage
conventionnel de la commission, les règles prévues par le Code de
procédure civile en matière d'arbitrage. Les règles du
Code de procédure civile concernant la nomination et la
récusation des arbitres ne sont pas déclarées applicables
à l'arbitrage conventionnel par la commission puisque, en cette
matière, la Loi sur la Commission municipale prévoit
déjà le mécanisme de nomination et de récusation
d'un membre par le président de la commission.
On notera que la décision de la commission sur le litige
porté en arbitrage devra être homologué par le tribunal qui
aurait été compétent à entendre le litige. Dans ce
cas, le tribunal ne peut pas revoir le fond du litige, il ne peut qu'en
examiner le cadre d'exercice c'est-à-dire vérifier si les
règles accordant juridication à l'arbitre ont été
respectées. Après homologation, la sentence arbitrale devient
exécutoire comme tout jugement du tribunal.
On doit enfin retenir du processus d'arbitrage que la décision de
la commission agissant en arbitrage n'est pas susceptible d'appel devant les
tribunaux. Le seul recours à rencontre de celle-ci est d'en attaquer la
validité par une demande en annulation et cela, dans un cadre qui
demeure très limité. Dans un tel cas, on ne s'en prend pas au
fond de la décision, mais au contexte dans lequel elle a
été rendue.
L'article 24.4 définit ce qu'il faut entendre par organismes
municipaux afin de connaître les entités municipales qui peuvent
s'adresser d'un commun accord à la commission pour arbitrer un
différend qui les oppose. Voilà.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
L'amendement, dans un premier temps...
M. Bourbeau: M. le Président, si vous le voulez bien,
j'aimerais faire une petite remarque sur l'amendement. L'article 2: La
modification que nous proposons vise à corriger une erreur d'impression
du texte législatif.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, c'est remplacer "des"
par le mot "de". L'amendement est-il adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Nous en
revenons maintenant à l'article 2. Y a-t-il des interventions?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M, Dufour: On voudrait l'étudier paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord. L'article 2,
paragraphe 24.
M. Dufour: Paragraphe 24: "Deux organismes municipaux ou plus
peuvent convenir de soumettre à l'arbitrage de la commission un
différend né ou éventuel."
À ce moment-là, la commission est-elle obligée de
siéger'? Y a-t-il des règles prévues dans sa loi ou
autrement qui nous disent combien de commissaires vont siéger dans un
cas comme cela si, par exemple, il y a deux municipalités qui soumettent
un différend?
M, Bourbeau: Là, on prévoit un seul
commissaire.
M. Dufour: Sur ce qui est soumis à l'arbitrage, il n'y a
pas de possibilité de contestation de la part des deux
municipalités qui auront soumis leur différend.
M. Bourbeau: Pas sur le fond, non; elle ne peut pas en appeler
sur le fond.
M. Dufour: Cet article, selon nos Informations, existait dans le
passé et il a été enlevé. Y avait-il des raisons
pour l'enlever? Quelles sont les raisons pour lesquelles on ramène cet
article?
M. Bourbeau: M. le Président, voulez-vous qu'on demande
à quelqu'un qui était là longtemps avant le ministre, qui
était là d'ailleurs probablement au début du
siècle, de nous dire ce qui est arrivé dans le passé, Me
Couture?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Couture.
M. Couture (Robert): II y avait un pouvoir d'arbitrage qui
existait en 1975 pour la Commission municipale et qui lui permettait d'entendre
des conflits relevant d'ententes intermunicipales, d'ententes entre deux
municipalités. Mais quand, en 1979, on a adopté des dispositions
spécifiques concernant les ententes intermunicipales, on a prévu,
comme mécanisme de règlement d'un différend né de
l'entente, comme première étape, la conciliation entre les
parties à l'entente et, en second lieu, s'il n'y avait pas eu accord
à ce moment-là, on allait en arbitrage devant la Commission
municipale. C'est pour cela que, finalement, l'article 24 a été
suprimé, mais d'un autre côté, il a été
déplacé dans la Loi sur les cités et villes et dans le
Code municipal. Mais il était limité uniquement aux ententes
intermunicipales, entre les municipalités.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va? Est-ce que...
M. Claveau: Cela pourrait être extrêmement
coûteux, vous venez de le dire tout à l'heure. Mais quand vous
faites ça envers un conseil municipal, vous le mettez entre l'arbre et
l'écorce et vous l'obligez, à la limite, qu'il aille de l'avant
dans quelque chose qu'il sait va s'avérer coûteux. Si la
Commission municipale est si sûre de ce...
M. Couture:... il a été supprimé, mais il a
été déplacé d'un autre côté dans la
Loi sur les cités et villes et dans le Code municipal. Mais il
était limité uniquement aux ententes intermunicipales, entre les
municipalités.
Le Président {M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: De la façon que c'est rédigé, il
n'y a pas beaucoup de problèmes qui ne peuvent pas être soumis
à la Commission municipale. En fait, est-ce que, automatiquement, il y a
deux municipalités, il y a des organismes municipaux qui sont en conflit
éventuel ou autrement, à peu près dans n'importe quoi,
pourraient-ils intervenir devant la Commission municipale, à condition
que les deux groupes soient d'accord?
Ils pourraient être trois aussi, s'ils sont d'accord. Il faut
qu'il y ait d'abord unanimité des parties. Je pense que c'est ça,
au départ, qu'il nous lit. C'est clair dans l'article que c'est ce que
cela veut dire. Une fois que c'est accepté, ils pourraient aller en
arbitrage par la Commission municipale à peu près sur n'importe
quoi, tout ce qui pourrait faire l'objet d'une entente quelconque.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Bourbeau: En réponse à la question du
député, les matières qui peuvent être soumises en
arbitrage sont celles qui pourraient normalement faire l'objet de contestation
devant les tribunaux.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 24?
M. Dufour: La Commission municipale, lorsqu'elle va aller
à la demande d'un groupe, est-ce qu'elle est soumise à des
règles très précises? Par exemple, est-ce qu'elle est
soumise à des règles d'écouter les parties directement?
Parce qu'on pourrait lui demander de se prononcer. On pourra faire des
plaidoiries écrites, envoyer ça à Québec. Eux
autres, ils vont décider. Est-ce qu'ils sont obligés... Est-ce
qu'on va les obliger de siéger? Est-ce qu'ils seront obligés
d'entendre les parties? Est-ce qu'ils ont un délai dans lequel ils
doivent se prononcer?
M. Bourbeau: Je réfère le député
à l'article 24. 3 du projet de toi qui dit que "Les articles 940
à 940. 6, 943 à 943. 2 et 944. 1 à 947. 4 du Code de
procédure civile et les dispositions de ce code auxquelles ces articles
renvoient s'appliquent, compte tenu des adaptations nécessaires,
à l'arbitrage prévu à la présente section. "
Toute la procédure d'arbitrage est prévue dans ces
articles.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, est-ce que la Commission
municipale peut refuser d'arbitrer si demande lui en est faite?
M. Bourbeau: On m'indique que si les parties ont convenu d'aller
en arbitrage à l'égard d'une matière qui est susceptible
d'aller en arbitrage, la commission ne pourrait pas refuser de faire
l'arbitrage.
M. Claveau: Est-ce qu'il ne s'agit pas là d'une mesure qui
pourrait devenir très rentable? J'en serais content, d'ailleurs, pour
les municipalités dans la mesure où au lieu d'aller en cour et de
se payer des avocats souvent très coûteux chaque fois qu'il y a un
litige entre les municipalités, les municipalités vont s'entendre
pour aller en arbitrage, faire faire le job par la Commission municipale aux
frais du gouvernement qui va en arriver à une conclusion et que chacun
s'entend qu'il va utiliser cette conclusion plutôt que d'aller devant un
juge. Est-ce que cela ne pourrait pas devenir une nouvelle façon qui
pourrait se généraliser pour les municipalités de
régler leurs litiges en dehors du processus judiciaire normal?
M. Bourbeau: Cela m'apparaît être effectivement une
excellente façon de régler un litige sans avoir à passer
par les tribunaux.
M. Claveau: À ce moment-là, cela
représen-
te une surcharge de travail au sein de la Commission municipale et je
suppose les budgets qui vont aller avec pour avoir plus de monde pour
travailler là-dessus.
M. Bourbeau: On m'indique que la Commission municipale est
capable de faire ce travail sans effectifs additionnels.
M. Claveau: J'avais une autre question. Est-ce que les
décisions qui vont être prises par la Commission municipale sont
exécutoires? Est-ce que les municipalités vont devoir s'y plier
ou, si elles ne sont pas satisfaites de la réponse de la Commission
municipale après l'arbitrage, elles peuvent décider d'aller quand
même devant les tribunaux?
M. Bourbeau: Non. Précisément là-dessus,
c'est que les sentences arbitraires sont exécutoires et ne sont pas
appelables quant au fond du litige. J'ai donné les explications tout
à l'heure. Il ne pourrait y avoir d'appel que sur des questions
accessoires comme, par exemple, le tribunal d'appel ne pourrait examiner que le
cadre d'exercice, c'est-à-dire vérifier si les règles
accordant la juridiction à l'arbitre ont été
respectées. Après que le tribunal supérieur aura
homologué la décision, la sentence arbitrale deviendra
obligatoire comme tout jugement de ce tribunal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Là, cela va peut-être pas pire. Il faut
que les groupes le demandent. Mais dans la loi 88, où il y a des
questions de redécoupage, de représentativité et de
responsabilité, la Commission municipale va être l'arbitre
là-dedans aussi. Il ne faut pas qu'ils le demandent
nécessairement pour autant que la...
M. Bourbeau: La loi 96.
M. Dufour: Non, non. Je ne parle pas de la loi 96, je parle de la
loi 88. Quand vous parlez d'ouvrir des lettres patentes, la Commission
municipale va faire le tour...
M. Bourbeau: Ah oui! La médiation... M. Dufour:...
de telle autre loi...
M. Bourbeau: Oui. C'est parce qu'il y en a une autre.
M. Dufour: J'avais bien compris. C'est correct. C'est que vous
lui donnez la fonction, mais ce n'est pas à la demande des parties.
C'est obligatoire. Si le projet de loi 88 est adopté sans amendement,
tel que! devant nous, si c'est la Commission municipale qui va jouer le
rôle d'arbitre, obligatoirement...
M. Bourbeau: Non, la Commission municipale ne jouera pas un
rôle d'arbitre dans ce cas-là. Ce sera plutôt un rôle
de médiation. Elle va entendre les parties...
M. Dufour: Elle va décider...
M. Bourbeau: Absolument pas...
M. Dufour: Elle va recommander puis...
M. Bourbeau: Non. Je regrette. La Commission municipale ne
décidera rien. Elle va simplement entendre les parties et faire
connaître au ministre son point de vue sur la question, comme elle le
fait d'ailleurs dans plusieurs cas. Le pouvoir de décision appartient au
ministre, qui n'est pas obligé dans ces cas-là de suivre les
recommandations de la Commission municipale. Il s'agira pour la Commission
municipale de faire simplement une médiation auprès des parties
pour faire connaître éventuellement au ministre ses
recommandations.
Le Président (M. Saint-Roch): Cela va?
M. Dufour: Je n'ai pas le projet de loi devant moi. Il faudrait
que je le regarde...
M. Bourbeau: On en reparlera lors de l'étude du projet de
loi 88.
M. Dufour: Oui, oui. Je suis bien prêt. Il va falloir
attendre... On ne fera pas l'étude par ta bande... Ce n'est pas mon but.
J'avais l'impression qu'il y avait un certain pouvoir de recommandation.
M. Bourbeau: Dans le projet de loi 88, il ne s'agit pas d'une
enquête. Il s'agit seulement d'entendre les parties.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que cela
complète le paragraphe 24? M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que ce nouveau pouvoir d'arbitrage à la
Commission municipale est quelque chose de demandé par les
municipalités d'une façon très précise?
M. Bourbeau: C'est ce qui est demandé en premier lieu par
la Commission municipale elle-même, parce qu'elle est souvent pressentie
par des municipalités pour jouer ce rôle. D'ailleurs, il y a une
lettre au dossier du président de la Commission municipale qui fait
état de ces nombreuses demandes que la Commission municipale
reçoit de municipalités qui voudraient justement confier à
la Commission municipale ce rôle d'arbitre.
Effectivement, on demande même à la Commission municipale,
dans le régime actuel, d'agir comme médiatrice. Mais la
Commission
municipale ne peut pas agir comme arbitre. C'est pourquoi elle a
demandé de voir ce rôle de médiation qu'elle pratique
présentement amplifié pour devenir un rôle d'arbitrage dans
le cas où les municipalités ou les organismes voudraient confier
ce rôle à la Commission municipale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que la Commission municipale, dans les ententes
actuelles ou dans l'état actuel des choses, n'a pas effectivement le
pouvoir de faire ces enquêtes? Par exemple, dans les ententes
intermunicipales sur la fourniture de l'eau comme dans les ententes
intermunicipales qui pourraient se faire sur l'enfouissement sanitaire ou la
disposition des ordures ménagères, est-ce que la Commission
municipale n'a pas actuellement ce pouvoir de le faire? Si elle ne l'avait pas
dans d'autres domaines, est-ce que le ministre pourrait lui confier cette
responsabilité sans le projet de loi actuel qu'on est en train
d'étudier? (16 h 45)
M. Bourbeau: M. le député veut savoir si la
commission peut agir comme arbitre présentement.
M. Dufour: Dans l'état actuel des choses, la Commission
municipale peut intervenir sur certaines ententes, par exemple, il y a un
problème d'approvisionnement d'eau, il y a une entente intermunicipale.
Le problème se soulève, la Commission municipale peut fixer des
taux, elle peut aider, elle étudie et elle se prononce là-dessus.
La loi 10, je n'en parlerai pas, c'est pour les organismes sans but lucratif,
ils le font. C'est différent, elle n'interdit pas. Ce n'est pas . tout
à fait de cela que je voulais parler.
S'il y a des ententes Intermunicipales concernant les ordures
ménagères, s'il y avait des problèmes, fa Commission
municipale actuellement, que je sache, peut intervenir ou peut servir
d'intermédiaire par rapport à cela, même sans cette
loi.
M. Bourbeau: Me Couture a mentionné tantôt que dans
la Loi sur les cités et villes lorsqu'on prévoit qu'il y a des
ententes intermunicipales et que le mécanisme prévu à
l'entente ne fonctionne pas, la Commission municipale peut agir comme arbitre
dans la Loi sur les cités et villes actuellement à l'égard
des ententes intermunicipales.
M. Dufour: Donc cela peut se faire.
M. Bourbeau: Cela se fait déjà dans ces
cas-là.
M. Dufour: Quand on ajoute cet article, qu'est-ce qu 'on ajoute
de plus?
M. Bourbeau: Là, on étend le pouvoir d'arbitrage
à autre chose que les ententes intermunicipales. Il peut y avoir des
conflits qui naissent entre les deux municipalités et qui ne naissent
pas à partir d'une entente existante: toute autre matière qui
Implique les municipalités et qui serait sujette à contestation
devant les tribunaux.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Dans l'application
pratique, tout à l'heure j'ai ouvert une petite porte au ministre en
demandant s'il allait avoir le budget pour avoir du personnel
supplémentaire pour faire cela. D'après ce que je peux
comprendre, vous m'avez dit qu'il y avait énormément de
municipalités qui avaient demandé à la Commission
municipale de faire ce travail. On sait que cela demande un minimum
d'enquête, de préparation, de réflexion et d'étude,
tout ce que vous voulez de consultation. Il y aura du personnel
spécialisé à la Commission municipale là-dedans
parce que je suppose que les demandes iront en augmentant tout le temps, ou
est-ce que les commissaires feront cela entre une tutelle et une enquête
ici et une vérification là? Tout à coup on prendra dix
minutes pour faire un peu d'arbitrage Comment cela va-t-il se faire entre les
approbations de règlement d'emprunt et tout? Va-t-il y avoir un bureau
spécialisé à l'intérieur de la commission avec
deux, trois ou quatre individus qui travailleront là-dessus plus
spécifiquement? J'aimerais savoir comment cela va marcher. À mon
avis, ce que vous dites dans votre article 2 de la loi représente des
coûts.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais corriger le
député d'Ungava, je n'ai pas dit qu'il y avait eu
énormément de demandes, j'ai dit que la Commission municipale
avait fait la demande et qu'elle prétendait avoir de son
côté des municipalités qui lui demandaient... mais de
là à dire énormément, il y a une nuance. Le
député en conviendra.
M. Claveau: On vérifiera dans les galées le terme
que vous avez utilisé.
M. Bourbeau: Deuxièmement, pour ce qui est de la
compétence des membres de la Commission municipale, elle dispose du
personnel suffisamment qualifié pour faire ce travail d'arbitrage. Elle
a des gens habitués à faire ce genre de travail, étant
presque tous issus du milieu municipal, à quelques exceptions
près, que vous connaissez sûrement d'ailleurs autant que moi.
À titre d'exemple, l'ancien maire de Longueuil, que vous connaissez
bien, M. Robidas, qui est sûrement capable de...
M. Dufour: L'ancien député de Verdun.
M. Claveau: L'ancien député de Verdun, oui.
M. Bourbeau:... faire ce travail. Nous connaissons mieux l'ancien
maire de Verdun qui lui-même a aussi une certaine expérience dans
le domaine. Ce sont des gens qui ont fait leurs preuves dans la gestion et
l'administration municipale et qui peuvent sûrement très bien
effectuer ce travail.
M. Claveau: Ce ne sont pas nécessairement des arbitres
pour autant.
M. Bourbeau: Tels qu'ils sont nommés normalement dans les
différents tribunaux d'arbitrage, les arbitres ne sont pas plus
compétents que des anciens maires. Je suis convaincu que les membres de
l'Opposition ne discuteront cette prémisse.
M. Claveau: Alors, vous nous dites qu'il y aura des gens à
l'intérieur du personnel actuel de la Commission municipale qui se
verront greffer une médaille additionnelle à leur titre actuel,
celle d'arbitre dans des cas de litige.
M. Bourbeau: C'est-à-dire que le président de la
Commission municipale, quand des dossiers comme ceux-là surgissent,
détermine lui-même lequel parmi les membres siègera en
arbitrage dans tel et tel dossier. Le président de la Commission
municipale connaît les compétences propres de chacun de ses
commissaires et les utilise au meilleur de ses capacités.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 24? Est-ce que le paragraphe 24 est
adopté? Adopté. Article 24. 1.
M. Bourbeau: On est seulement à 24. 1. Je pensais que
c'était tout l'article qui était adopté.
M. Dufour: Bien non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière a manifesté le désir de procéder
paragraphe par paragraphe. Est-ce qu'il y a des interventions à
l'article 24. 1?
M. Dufour: Non.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Article 24. 2?
M. Dufour: II y a seulement un membre de la commission qui va
siéger. Il ne faut pas oublier que cela lie les parties et les parties
n'ont pas le droit d'aller plus loin. Je pense que si on veut être
conséquent là-dessus, il faudrait qu'il y ait deux commissaires
qui siègent. D'après moi, on leur donne un pouvoir très
fort. Ces gens vont siéger, vont écouter. Une personne va
décider. Si on veut que ce soit efficace et que les gens aillent
à cela... À moins qu'on mette cela en place et qu'on ne veuille
pas que les gens s'en servent. Deux ou trois décisions qui ne sont pas
bonnes et c'est fini. Les municipalités n'iront plus là-dedans.
Si on veut que cela ait de l'efficacité. C'est cela, le problème
qu'on rencontre. On donne un pouvoir à des commissaires, pouvoir
où il n'y a pas de droit de rappel. Qu'il y ait une ou deux sentences
qui ne soient pas bonnes, les gens vont dire: C'est juste une personne qui
détermine... À ce moment-là, ils vont dire: On n'aura plus
recours à cela. C'est surtout ce danger-là. Il faut penser qu'il
y a au moins deux organismes qui sont en cause. Les deux ne viennent pas... Le
tiers vient juger, mais le tiers, c'est une personne seule. Je vous fais une
prédiction: s'il y a seulement un commissaire et qu'il y a une ou deux
sentences qui ne sont pas assorties... Je veux bien croire au bon jugement du
commissaire, mais deux sont supposés avoir plus de jugement qu'un.
À ce moment-là, cela pourrait amener une meilleure entente. Vous
avez le droit d'en faire ce que vous voulez. Je vous fais cette suggestion. Je
vous le dis bien honnêtement; être un organisme et avoir juste une
personne qui vienne porter un jugement, cela m'inquiéterait au
départ.
M. Bourbeau: On s'est posé la question suivante: Est-ce
que le tribunal devrait être constitué d'un, de deux ou de trois
membres? On a écarté au départ un arbitrage de deux
membres parce que c'est inconciliable avec le processus quasi judiciaire et
également contraire aux règles du Code de procédure civile
en cette matière. Il faut bien penser qu'en cette matière, le
Code de procédure civile se réfère à un arbitre ou
à trois arbitres, puisque dans tous les cas on veut avoir une
décision. S'il y avait deux arbitres, on pourrait avoir des arbitres qui
ne s'entendent pas, chacun prenant une décision contraire à celle
de l'autre, de sorte que l'arbitrage ne pourrait pas produire une
décision.
Maintenant, pourquoi avons-nous opté pour un membre plutôt
que trois? D'abord, le président de la Commission municipale, qui a une
certaine expérience dans ce domaine, a recommandé que l'arbitrage
ne se fasse que par un seul membre. Également, on estimait qu'un
arbitrage de trois membres comme règle générale pourrait
trop accaparer la commission et les commissaires sur cette seule juridiction.
Donc, ne voulant pas créer un tribunal qui ne serait pas en mesure de
trancher et ayant le choix entre un membre ou trois membres, nous avons
opté pour un seul membre, étant entendu que si jamais les
prédictions du député de Jonquière se
réalisaient, il y aurait toujours possibilité
éventuellement de modifier l'arbitrage et de passer de un membre
à trois membres. Mais ce serait quand même assez exorbitant que
d'avoir
trois membres.
M. Dufour: À trois, je vais vous donner ma réaction
et un peu de mon expérience. Je me dis qu'un, ce n'est pas suffisant et,
trois, je suis en peu d'accord avec vous, il ne faut pas monopoliser du
personne! pour monopoliser du personnel. Mais, deux membres, voici comment je
pensais que cela pourrait fonctionner. Il est sûr que cela prend une
sentence qui fasse l'objet d'un consensus entre les deux commissaires. Mais,
s'il n'y a pas de consensus entre les deux... Je sais comment cela fonctionne
et vous ne devez pas l'ignorer non plus. Le président ou le
vice-président de la Commission municipale pourrait alors intervenir
pour accorder les violons. Je pense que, de ce côté-là,
cela donnerait une meilleure satisfaction aux parties. C'est dans ce sens que
je faisais la suggestion.
M. Bourbeau: On me signale que le président ou le
vice-président de la Commission municipale n'aurait pas le droit
d'intervenir, comme dit le député de Jonquière, et tenter
d'influencer l'un des deux commissaires d'accorder son violon, pour employer
l'expression, avec l'autre parce que, le cas échéant, ce serait
une ingérence dans le processus judiciaire ou quasi judiciaire.
M. Dufour: Est-ce que cela ne serait pas un tribunal de trois,
mais dont deux devraient siéger obligatoirement?
M. Bourbeau: Comment le troisième peut-il rendre jugement
s'il n'entend pas la cause?
M. Dufour: Cela ne pourrait pas être trois personnes qui
sont nommées au tribunal, mais qu'il y en ait deux obligatoirement qui
soient obligées de siéger?
M. Bourbeau: À ce moment-là...
M. Dufour: Cela permettrait au délibéré,
comme cela se passe dans de tels endroits.
M. Bourbeau: Ce qui arriverait s'il y avait deux des arbitres qui
n'étaient pas du même avis, c'est que celui qui devrait trancher,
soit le troisième, c'est justement celui qui n'aurait pas entendu la
cause, et il aurait pour mandat de trancher le débat. Donc, ce serait
particulièrement odieux d'avoir à demander à quelqu'un qui
n'a pas entendu les témoins ou le témoignage de venir rendre -un
jugement, de venir trancher un jugement.
M. Dufour: Donc, si je comprends bien, vous êtes mieux de
prendre le risque d'avoir un commissaire qui se trompe, qui fasse une erreur
parce qu'il pourrait se prononcer de n'importe quelle façon, parce que
la cour est bien protégée par cet article. Il n'y a pas de
contestation...
Vous aimez mieux accepter qu'une personne se trompe que deux soient en
désaccord et qui, en même temps, pourraient amener un consensus
à trois. C'est un peu cela qui se pose comme question. Je ne sais pas si
je m'exprime clairement.
M. Bourbeau: En fait, ce qui...
M. Dufour: Je vois bien que s'il y a juste un individu qui se
prononce, il pourrait être dans l'erreur et il pourrait ne pas donner la
bonne sentence, mais il est lié. Donc, vous acceptez que cela se fasse
ainsi.
M. Bourbeau: Mais le député... M. Dufour:
Non, non, mais...
M. Bourbeau:... semble oublier que toutes les cours de justice
siègent avec un seul juge. Cela est fréquent. Le seul cas,
à ma connaissance, n'étant pas moi-même un expert en la
matière, où...
M. Dufour: La Cour d'appel.
M. Bourbeau:... il y a un banc de trois personnes, c'est...
M. Dufour: La Loi d'appel.
M. Bourbeau:... la Cour d'appel, je crois. Donc, tous les... Mais
oui, évidemment la Cour suprême en a neuf, je crois ou cinq.
M. Dufour: II y a la Loi d'appel. Dans cela, il n'y a pas de
doute.
M. Bourbeau: Oui, je comprends. Mais, il reste quand même
que la norme, la règle générale, c'est que les tribunaux
ont un juge qui, dans la majorité des cas, Je présume, rende un
jugement équitable Le tribunal à trois, parce qu'en fait, on
devrait parler de trois si on ne parle pas de un, c'est exceptionnel. Cela
n'existe que dans les cas où on est en appel d'un jugement d'une cour
inférieure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, M. le ministre, lorsqu'une
municipalité est devant la Commission municipale, je ne pourrais pas
vous dire, mais on m'informe qu'ils sont souvent deux commissaires pour
entendre le dossier. Est-ce que c'est un, deux ou trois? Quelle est la pratique
à la Commission municipale à cet effet? On me dit qu'ils sont
deux.
M. Bourbeau: Oui. On me dit que lorsque la Commission municipale
fait des enquêtes...
M. Bissonnet: Oui.
M. Bourbeau: ...la plupart du temps, elle a deux enquêteurs
en même temps.
M. Bissonnet: Elle a deux commissaires.
M. Bourbeau: Elle a deux commissaires qui font faire des
enquêtes. Ce sont des enquêtes qui demandent un certain temps et
où les commissaires font éventuellement rapport au ministre et au
gouvernement.
M. Bissonnet: Et quand les deux commissaires, M. le ministre, ne
sont pas d'accord, que se passe-t-it, quand il y en a un qui dit oui et l'autre
dit non?
M. Bourbeau: À ce moment-là, ils font un rapport
minoritaire au ministre. Chacun est minoritaire ou majoritaire...
M. Bissonnet: C'est cela.
M. Bourbeau: ...et fait valoir son point de vue. Mais, ce ne sont
pas des sentences. Ils ne sont pas obligés...
M. Bissonnet: Ce sont des recommandations qu'ils font.
M. Bourbeau: La Commission municipale ne rend pas de
décisions exécutoires à ce "moment-là. Ce n'est pas
la même chose.
M. Bissonnet: Tandis que là, c'est exécutoire,
alors que la commission fait des recommandations que deux commissaires ont
entendues.
M. Bourbeau: Si le ministre a deux commissaires qui ne s'entedent
pas et qui font des recommandations contradictoires au ministre...
M. Bissonnet: Le ministre ne fait pas grand-chose là.
M. Bourbeau: ...le ministre est bien embêté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Peut-être que mon collègue veut
intervenir avant. J'interviendrai après.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Dans le même ordre d'Idée, je voulais
dire qu'on donne des tutelles aussi à deux commissaires. J'ai le cas
actuellement - le ministre doit sûrement le connaître - de la ville
de Chibougamau où il y a deux tuteurs qui sont nommés et qui ont
des décisions exécutoires à prendre par rapport à
l'administration municipale.
C'est bien clair que lorsque toutes les résolutions du conseil,
toutes les dépenses, que tout doit passer entre les mains des tuteurs,
ils sont deux et ils réussissent à s'entendre, que je sache.
S'ils ne s'entendaient pas, on serait devant le même conflit et il doit y
avoir des rapports de force qui font en sorte que les tuteurs finissent pas
s'entendre. Il me semble que c'est tout aussi exécutoire et tout aussi
Important dans l'avenir de la gestion municipale à long terme que peut
l'être une décision semblable de la part d'un tribunal
d'arbitrage. (17 heures)
M. Bissonnet: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Un instant, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bourbeau: Quand la Commission municipale fait une
enquête dans une municipalité ou que la municipalité est
mise en tutelle, comme c'est le cas dans Chibougamau, c'est toujours deux
membres qui se déplacent à ce moment, de sorte que le
député a raison de dire que dans le cas de Chibougamau, il y a
sûrement deux tuteurs. Je ne sais pas qui sont ces tuteurs, mais il y a
sûrement deux tuteurs à Chibougamau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, lorsqu'un cadre municipal a
fait un appel devant la commission parce qu'il a été
congédié, est-ce que l'étude de son dossier se fait devant
un seul ou plusieurs commissaires?
M. Bourbeau: Deux, M. le Président.
M. Bissonnet: Qu'est-ce qui différencie, M. le ministre,
la restriction qu'on veut avoir à l'article 24.2 par rapport à ce
genre d'appel et ie genre d'appel d'un cadre qui est congédié?
Est-ce qu'il y a une distinction? Évidemment, je vois que c'est une
dérogation à l'article 7 qu'on demande par l'article 24.2.
J'aimerais savoir exactement pourquoi on demande cette dérogation.
M. Bourbeau: C'est le juge Beaulieu qui a demandé... C'est
le voeu de la Commission municipale exprimé par le président de
la Commission municipale de faire intervenir un seul membre, plutôt que
la règle normale de deux, étant donné qu'il s'agit d'un
arbitrage et qu'on se réfère au Code de procédure civile
dans cette loi.
Dans le Code de procédure civile, il est dit que les arbitres
sont au nombre de trois ou un seul arbitre possible. C'est trois ou un.
Puisqu'on fait référence au Code de procédure civile pour
les fins de l'arbitrage ici, on doit suivre les règles du Code de
procédure civile. C'est pourquoi on demande une dérogation
à la règle
voulant qu'en général la Commission municipale agisse par
deux membres. Je vous réfère entre autres à l'article
1926. 1 du Code civil du Québec qui traite justement de la convention
d'arbitrage et qui dit: Là convention d'arbitrage est un contrat par
lequel les parties s'engagent à soumettre un différend né
ou éventuel à la décision d'un ou de plusieurs arbitres,
à l'exclusion des tribunaux.
Alors, le président de la Commission municipale, voulant que le
processus d'arbitrage devant être prévu à la Loi sur la
Commission municipale soit axé sur le Code de procédure civile, a
demandé qu'on n'ait qu'un seul article plutôt que deux.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Y
a-t-il d'autres interventions? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'insiste auprès du ministre des Affaires
municipales pour lui dire que normalement la municipalité s'est
habituée avec deux commissaires. Je pense aussi que quelle que soit la
sentence, elle sera donnée de façon unanime. C'est clair, elle
sera donnée quelque part, de façon unanime. Qu'il y ait eu des
consensus ou des concertations de la discussion entre les deux commissaires,
cela ne me dérange pas du tout. Parce que c'est à la demande du
président de la Commission municipale, cela ne me convainc pas
nécessairement ni obligatoirement. Je n'ai rien contre le
président de la Commission municipale. Je veux juste dire que si on veut
que ce tribunal qu'on met là, qui est exécutoire, où il
n'y a pas de droit d'appel... Contrairement à ce qu'on dit dans d'autres
domaines où il y a des juges... Ce sont des gens très
spécialisés dans des problèmes très techniques et
qu'on peut examiner. Quelqu'un qui va à un tribunal civil ou à un
tribunal judiciaire, c'est dans un cadre très précis. On voit
bien comment cela fonctionne. Tandis que là, ce sont des ententes, ce
sont des discussions qu'on soumet. C'est un conflit. Il n'est pas né, le
conflit. On dit: Même un conflit éventuel, on peut le soumettre.
Donc, ce n'est pas dans des cas définis. Je pense que ce tribunal va
agir, à cause de la formation des commissaires... Cela va jouer dans le
cadre du gros bon sens, régulièrement. Je pense que c'est ainsi
que cela va fonctionner. Donc, il y a plus de gros bon sens dans deux que dans
un. Je vois cela ainsi. Je ne vois pas pourquoi le ministre n'accepterait pas
de mettre deux personnes. Il est bien protégé. Dans le projet de
loi, on dit qu'il n'a pas droit d'appel s'il accepte les deux volontairement.
On les accepte comme cela. Je dis que si on veut que la loi porte fruit ou si
on veut que ces articles soient bien acceptés des municipalités
et qu'il ait le moins de contestations possible... Le fait qu'on donne un
pouvoir où il n'y a pas de droit d'appel exige beaucoup de doigté
et beaucoup plus de sérieux. À mes yeux, deux arbitres pourraient
donner une réponse bien claire à cela.
Je pense qu'on pourrait avoir deux membres qui siègent à
la demande d'organismes municipaux et ce ne serait pas trop de
problèmes. Je ne veux pas causer de problèmes, je veux m'assurer
que le tribunal va avoir ses effets et que tes gens vont l'accepter comme il
faut par rapport aux actions qui vont être posées. Cela dit, je
n'interviens pas plus que cela. À moins que mon collègue veuille
intervenir plus à fond.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 24. 2
est adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 24. 3.
M. Dufour: Là, si on maintient qu'on peut siéger
avec un membre, parce ce que c'est cela qu'on dit, ce sera sur division. Je
n'ai pas d'intervention précise... Le Président (M.
Saint-Roch): L'article 24. 3 est adopté sur division.
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle l'article 24. 4
qui a déjà été amendé L'amendement avait
pour but de remplacer "des" par "de".
M. Dufour: Au deuxième point: "2° la Communauté
urbaine de Montréal, la Communauté urbaine de Québec, la
Communauté régionale de l'Outaouais, les organismes
institués en vertu des lois constitutives de ces communautés
ainsi que la Société de transport de la ville de Laval, la
Société de transport de la rive sud de Montréal et
l'Administration régionale Kativik. "
Pourquoi a-t-on exclu la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal?
Une voix: Et Québec.
M. Dufour: Et de Québec, oui. Elle n'est pas là non
plus.
M. Bourbeau: On me dit que la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, c'est la même chose pour la
Communauté urbaine de Québec et celle de l'Outaouais
sûrement, ce sont des organismes qui ont été
Institués en vertu des lois constitutives de ces communautés.
C'est la raison pour laquelle elles ne sont pas nommées
spécifiquement.
M. Dufour: Autrement dit, vous considérez que la
Commission de transport de Sherbrooke, comme la Commission de transport du
Saguenay et de Trois-Rivières, seraient couvertes.
M. Bourbeau: Ces organismes sont créés en
vertu de la Loi sur les corporations municipales et intermunicipales de
transport et sont considérés comme agents d'une
municipalité à cause de leur mode de constitution et de
fonctionnement. Ils sont donc inclus au sous-paragraphe 1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Quand vous parlez de la Communauté urbaine de
Montréal, de la Communauté urbaine de Québec, de la
Communauté régionale de l'Outaouais, cela inclut les commissions
de transport?
M. Bourbeau: Oui, parce que ces organismes sont constitués
en vertu des lois qui ont constitué les communautés et la
Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Dufour: M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: ...concernant vos explications, quand je regarde le
fait que vous acceptez qu'un commissaire aille siéger pour
déterminer tous ces problèmes, je pense que j'avais doublement
raison de voter contre les articles parce que mettez-vous dans l'idée
qu'il y a des problèmes quelque part dans les corporations de transport
comme il peut y en avoir dans les communautés. Des problèmes
entre deux petites municipalités, ce n'est pas si pire. Mais la, vous
arrivez avec cet article et je veux vous rappeler que ce qu'on vous a dit tout
à l'heure, cela prend d'autant plus d'acuité qu'en acceptant ces
articles par rapport à ce qu'on vous a dit tout à l'heure... Je
pense que vous ne pouvez pas juste hausser les épaules, parce que vous
pouvez dire que, comme ministre responsable de la corporation, vous avez votre
mot a dire. Je ne pense pas que c'est le président de la Commission
municipale qui devrait vous dire quoi faire. Vous devriez dire comme ministre:
Oui, je me rends aux arguments de l'Opposition et même d'un
collègue qui, je sais, a voté par solidarité. Quand je
regarde la nature des problèmes que vous soulevez dans l'article 24.4,
il y a des gens autour de la table qui ont de l'expérience comme maire,
et ils devraient se le rappeler.
M. Bissonnet: M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: ...sans qu'on ait touché à moi parce
que j'ai été un des rares à intervenir...
M. Dufour: Je n'ai nommé personne.
M. Bissonnet: ...je tiens à vous dire que j'ai simplement
posé des questions pour bien apprécier les réponses du
ministre.
M. Dufour: Vos questions étaient bonnes.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie de votre
intervention, M. le député de Jeanne-Mance.
Est-ce qu'il y a d'autres Interventions à l'article 24.4?
M. Dufour: Je trouve que le ministre est intransigeant par
rapport aux questions qu'on lui pose. Il va vivre avec ses propres
problèmes. À ce moment, on va voter encore sur division. On ne
peut pas accepter décemment qu'un commissaire aille décider pour
des corporations aussi grosses qui ont des problèmes. Je vais vous dire
une chose: Vous allez voir qu'ils n'auront pas beaucoup de travail parce que
jamais ces organismes ne vont faire confiance à une personne pour venir
régler leurs problèmes, surtout s'ils ne sont pas capables de les
régler entre eux. Donc, s'il n'y a pas de changement, c'est sur
division.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président...
Le Président (M. Saint-Rock): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): ...quand on parle de l'article
24.4, on parle des municipalités régionales de comté,
est-ce que cela peut être une municipalité régionale de
comté et une municipalité? Oui?
M. Bourbeau: Oui, oui. Une voix: On pourrait le faire.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que cela pourrait toucher
les articles du projet de loi 88?
M. Bourbeau: Le député veut dire que lorsque la
Commission municipale va être mandatée pour faire une
médiation lors...
M. Paradis (Matapédia): Oui, exact.
M. Bourbeau: ...de l'émission des lettres patentes. Non.
On en a parlé tout à l'heure. Dans le cas dont vous parlez, ce ne
sera pas un arbitrage, ce sera une médiation, la décision
étant laissée au ministre, alors que dans un arbitrage, la
décision est laissée aux arbitres.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que l'article 24.4 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté.
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch}: Sur division. Est-ce que
l'ensemble de l'article 2 est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
maintenant l'article 3.
De l'assujettissement d'une municipalité au
contrôle de la commission
M. Bourbeau: L'article 3 vise à permettre au gouvernement
de décréter, après réception du rapport
d'enquête de la Commission municipale rédigé à la
suite d'une enquête menée à la demande du gouvernement, que
la municipalité demeure, pour la période qu'il détermine,
assujettie à certaines mesures de contrôle de la commission
prévues à l'égard des municipalités en
défaut.
Cette décision pourra en cours d'exécution être
modifiée par le gouvernement. Cette modification est Justifiée
par le fait que la commission peut, au cours d'une tutelle
déclarée par un juge de la Cour supérieure, ne limiter son
contrôle sur la municipalité qu'à certaines interventions
seulement si elle juge inutile la complète tutelle. Cette tutelle
partielle n'est actuellement pas possible après le dépôt du
rapport de la commission faisant suite à une enquête
demandée par le gouvernement. Au-delà du dépôt de ce
rapport, le gouvernement ne peut que maintenir une tutelle complète de
la commission ou laisser l'écoulement du délai de 30 jours du
rapport mettre fin à !a tutelle.
Dans plusieurs cas d'enquête de cette nature, il aurait
été souhaitable de ne maintenir qu'une tutelle partielle de la
commission sur l'administration municipale après le dépôt
du rapport de la commission. {17 h 15)
M. le Président, je vous souligne donc que la Commission
municipale peut agir comme tuteur dans deux cas: soit lors d'une tutelle
décrétée par la Cour supérieure ou tutelle
décrétée par le gouvernement.
Dans le premier cas, la commission peut exercer la tutelle partielle
quand celle-ci a été commandée par la Cour
supérieure. Mais ce pouvoir d'exercer une tutelle partielle, la
Commission municipale l'a dans le cas des tutelles
décrétées par la Cour supérieure. Elle ne l'a pas
dans le cas des tutelles décrétées par le
gouvernement.
Or, il s'est avéré à l'usage que cette tutelle
partielle est bien utile parce qu'elle permet à la Commission municipale
de desserrer tranquillement son contrôle sur une municipalité, au
fur et à mesure que la municipalité en question fait
l'apprentissage - si je peux m'exprlmer ainsi - de l'administration.
Ce serait le cas par exemple d'une municipalité où un
nouveau conseil municipal a été élu et n'est pas
très familier avec les détails administratifs, la Commission
municipale pouvant tranquillement permettre à la municipalité de
se familiariser avec les questions administratives.
Cela permettrait également à la Commission municipale de
ne pas conserver aussi longtemps qu'elle devait le faire autrement, une tutelle
complète puisqu'elle pourrait déjà commencer à
relaxer la tutelle dans les cas où elle ne devrait la maintenir que sur
certains aspects de son administration.
C'est la raison pour laquelle nous avons jugé bon
d'étendre aux cas de tutelles décrétées par le
gouvernement la notion de tutelle partielle qui existe depuis 1932, en ce qui
concerne les tutelles décrétées par la Cour
supérieure.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
Interventions à l'article 3? M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: J'imagine qu'on peut continuer à intervenir,
encore là, par rapport au principe de la loi telle qu'elle a
été adoptée à l'Assemblée nationale sur
division. On a fait valoir des points de vue assez importants. Je pense que
c'est défendable.
Je sais que l'Union des municipalités du Québec... Le
ministre a souvent tendance à s'appuyer sur l'unanimité des
organismes municipaux. Dans ce cas, il y a un organisme municipal qui est
effectivement contre cette disposition. C'est l'Union des municipalités
du Québec. Elle a fait connaître au ministre sa
désapprobation concernant cet article.
Personnellement, j'ai depuis le début manifesté un
désaccord évident parce qu'il y a des questions de principe
à travers cela. Il faut bien se rendre compte que la tutelle est
imposée d'une façon... Quand on l'impose, c'est qu'il y a eu une
enquête et des décisions très sérieuses. Et en
même temps qu'on impose la tutelle, on impose aussi le suivi,
c'est-à-dire que la Commission municipale est toujours à
l'intérieur des actions.
Donc, la Commission municipale devrait, après un certain temps -
et elle l'a toujours fait dans le passé - décider ou recommander
au ministre ou au gouvernement de lever la tutelle parce que la
délinquance a cessé. La municipalité est capable de
s'administrer et de fonctionner normalement. Ce qu'on voit, c'est que - j'aime
bien l'expression du ministre de "desserrer quelque peu" - dans la vie, on
souffle ou on ne souffle pas. Je pense qu'on ne peut pas donner de
l'oxygène juste au fur et à mesure. Il faut accepter de desserrer
le noeud pour garder en vie jusqu'au bout, on va le trouver correct ou pas.
Je regarde ce qui se passe. Dans le fond, ce que nous sommes en train de
donner, c'est un tribunal de libération conditionnelle. C'est un peu ce
qu'on fait avec les municipalités, On dit: Vous êtes des
délinquants. On établit par enquête que la
municipalité doit devenir en tutelle parce qu'elle ne s'est pas
conformée à certaines réglementations ou qu'elle a
posé des gestes non légaux. Donc, à ce moment, on dit:
Vous êtes des délinquants, donc on vous met en tutelle. C'est un
geste sérieux.
Avec cet article, nous sommes en train de banaliser la tutelle. On est
en train de dire que la tutelle, ce n'est pas si grave que cela parce qu'au
moment précis où cela nous tentera, le gouvernement pourrait...
Parce que ce n'est pas la Commission municipale, le gouvernement peut dire
après un certain temps. On vous lève la tutelle mais on vous la
laisse pour un autre temps. Donc, à ce moment-là, on la
maintient. Et cela pourrait être une décision même politique
de garder une municipalité en tutelle partielle. Donc, ce qu'on fait,
c'est dire à la municipalité: Vous êtes des
délinquants. Et après, on va vous tenir en liberté
surveillée. Vous allez être surveillés mais dans tel
domaine, vous n'avez pas ce pouvoir. Quand on va l'enlever et de quelle
façon cela va-t-il se faire? C'est qu'on n'est pas obligé d'aller
aussi loin dans notre recherche de correctifs à apporter à la
municipalité; parce qu'auparavant, lorsque la tutelle était
levée, c'est que la municipalité n'était plus
délinquante du tout. Mais, si on peut lever une partie de la tutelle,
cela veut dire que la Commission municipale n'a pas besoin d'aller
étudier aussi en profondeur. À mes yeux, cela banalise
définitivement ce qu'une tutelle veut dire. Une municipalité qui
vit en tutelle, cela veut dire des choses. Cela veut dire qu'au point de vue de
ses affaires, de ses transactions, elle est dérangée quelque
part. Elle n'est pas dérangée par rapport à cette action.
Je vous dis que la tutelle partielle est une patte en l'air et une patte
à terre. On est dans l'espace. Il n'y a pas de milieu où on est
vraiment... Il n'y a pas de situation claire. Pour ma part, je ne pourrai pas
être favorable à ce que des organismes qui sont là par la
loi, par la volonté du législateur, des institutions qui existent
même avant le gouvernement du Québec, je n'accepterais pas
facilement qu'on puisse les mettre en tutelle d'une façon partielle. Je
maintiens que ces municipalités doivent être mises en tutelle ou
on doit enlever la tutelle purement et simplement. Je ne vois pas de quelle
façon on peut se justifier de garder les municipalités dans un
état de dépendance, dans un état de sentence suspendue
pendant des mois et des mois. Pour ces raisons, on ne pourra pas concourir
à l'adoption de cet article. C'est le fond de la loi comme telle, du
projet de loi qu'on a devant nous.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le ministre avait demandé...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions? Non.
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Je pense qu'on pourrait en dire effectivement
très long là-dessus. Je vois cela comme une façon pour le
gouvernement de rendre la chose moins compromettante, parce que ce n'est quand
même pas facile pour le gouvernement ou pour la Commission municipale.
C'est une responsabilité grave, comme disait le député de
Jonquière, que de mettre une ville en tutelle parce qu'à ce
moment-là, c'est tout ou rien. Dans la mesure où c'est une
activité, où c'est un événement, si vous voulez,
dans la conduite des activités d'une municipalité qui prend une
importance énorme, à ce moment-là, on fait beaucoup plus
attention et la Commission municipale est obligée de faire très
attention, d'être très alerte quant à l'opportunité
ou non de décréter une tutelle pour une municipalité.
Mais, si on introduit la notion de la tutelle partielle, à ce
moment-là, cela devient beaucoup moins compromettant, cela devient
beaucoup plus facile et on peut l'utiliser à toutes les sauces pour un
rien.
Par exemple, on va avoir dans une municipalité où le
service des loisirs va être en tutelle tandis que les travaux publics ne
le seront pas; on va avoir une tutelle qui peut s'appliquer - je ne sais pas -
dans le règlement de zonage et qui ne s'appliquera pas aux
règlemnts d'emprunts. On va être obligé de faire approuver
les budgets par le gouvernement alors que d'autres activités de la
municipalité ne seront pas sujettes à cela. À ce
moment-là, cela devient vraiment une façon banale d'intervenir
dans la gestion courante d'une municipalité. On peut la
décréter pour toutes sortes de raisons à partir du moment
où, par exemple, un citoyen qui n'est pas satisfait de telle chose fait
une plainte ou un certain nombre de plaintes répétées dans
certains domaines, on va pouvoir utiliser cela comme une arme, une
espèce d'arme de dissuasion continuellement devant les
municipalités. Attends un peu. Tu ne fais pas attention, on va te mettre
en tutelle dans ce secteur ou on va t'obliger à agir comme cela.
Pour ma part, je vols cela comme étant très difficile
d'application et très arbitraire, très suggestif comme
façon de s'immiscer dans l'administration municipale, d'autant plus
qu'on veut avoir des municipalités qui sont responsables et qui,
jusqu'à maintenant, ont prouvé dans l'ensemble qu'elles
étaient responsables, qu'elles étaient capables.
Quand le ministre dit: Bon, cela peut aider de nouveaux administrateurs
municipaux à voir un peu où ils s'en vont et
éventuellement, les suivre plus dans des choses que dans d'autres. Je
peux vous dire que, personnellement, j'ai été un
nouvel administrateur municipal et je suis arrivé dans
l'administration municipale comme maire avec un conseil flambant neuf dans
lequel personne n'avait touché à l'administration municipale et
on n'a pas eu besoin d'une tutelle pour s'en sortir et pour apprendre comment
cela fonctionnait. Il faut faire preuve d'une certaine capacité de la
part des élus municipaux, d'un choix d'une population à
s'administrer et à aller chercher des informations dont on a besoin au
bon moment là où elles sont, entre autres, à la Commission
municipale.
Actuellement, les municipalités sont déjà à
bien des égards sous une certaine tutelle, j'oserais dire, de la
Commission municipale. Je l'ai déjà vécu et je l'ai
souvent vu comme ça. Vous n'êtes pas capable de faire un
règlement d'emprunt sans avoir l'approbation du ministère des
Affaires municipales qui étudie à la loupe tout votre
comportement financier, votre pourcentage. Vous n'êtes pas capable de
toucher un règlement de zonage sans avoir l'approbation des Affaires
municipales. Il y a un paquet de choses où déjà il faut
que vous alliez au ministère des Affaires municipales, par exemple, la
Loi sur les cités et villes et regarder tous les articles qui nous
obligent à avoir des approbations du ministère des Affaires
municipales pour que tel ou tel règlement entre en application. J'ai
déjà considéré cela comme une tutelle et je suis
sûr qu'il y en a plusieurs qui le considèrent ainsi. Cela en est
déjà, à toutes fins utiles, des tutelles partielles.
Alors, pourquoi va-t-on être obligé maintenant, comme le disait
mon collègue de Jonquière, de vivre une patte en l'air et une
patte à terre? On est sous tutelle, mais on ne le sait pas trop, est-ce
qu'on l'est ou on ne l'est pas? On va la suspendre ici, on va l'intensifier
là. Personnellement, j'ai l'impression que ça peut être une
notion d'ingérence dans les activités municipales qui serait bien
mal vue et qui peut mettre le conseil dans des situations très
difficiles et très précaires. Un conseil, normalement, devrait
être capable de se gérer par lui-même.
À la suite de cette petite réflexion, j'en arrive à
poser cette question au ministre: Est-ce seulement sur la base d'une
considération philosophique? Qu'est-ce qui l'amène à dire:
Depuis 1932, quand c'est la cour qui décrète une tutelle, on peut
l'appliquer d'une façon partielle, c'est parce que c'est grave? Il y a
eu tout un processus mis en place et la cour en est arrivée à
décréter une tutelle. Le gouvernement par contre, par le biais de
ses commissaires, peut décréter une tutelle beaucoup plus
facilement. Est-ce que c'est juste par simple considération
philosophique de dire: Pourquoi ne s'harmoniserait-on pas? C'est vrai, cela se
fait déjà quand c'est la cour qui décrète la
tutelle. Pourquoi le ferait-on? Ou si vraiment il y a un besoin vécu
ressenti? Est-ce que les municipalités ont fait pression par milliers au
bureau du ministre pour que les tutelles partielles existent?
Je ne le sais pas. Qu'est-ce qui amène le ministre à
penser qu'aujourd'hui il devrait faire cela, alors que depuis au-delà
d'un siècle les municipalités s'administrent pas si mal
malgré tout et à bien de égards mieux qu'un gouvernement,
sans qu'on ait besoin d'avoir des tutelles partielles?
Le Président (M. Saiint-Roch): M, le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, il n'y a pas eu de milliers
de municipalités qui ont demandé cette modification. Je rassure
le député tout de suite. C'est à la demande de la
Commission municipale elle-même que nous avons décidé d'y
introduire cette modification, afin que l'administration des tutelles puisse se
faire de la même façon, peu importe qu'elle soit
déclarée par la Cour supérieure ou
décrétée par le gouvernement.
Le député de Jonquière tout à l'heure
parlait du cas de Bromont. Alors si on prend Bromont comme exemple, la
Commission municipale n'aurait pas demandé le maintien de la tutelle
totale s'il avait été possible pour le gouvernement de garder sa
tutelle en vigueur seulement pour l'adoption du budget de l'année 1987.
Et il y a tout lieu de présumer que la Commission municipale aurait mis
fin à sa tutelle partielle dès l'adoption du budget, mais comme
on n'avait pas à ce moment-là la possibilité de maintenir
une tutelle partielle, il fallait maintenir la tutelle totale. On a
été obligé de garder la tutelle plus longtemps, uniquement
parce que la Commission municipale voulait s'assurer de préparer
elle-même et de déposer le budget de l'année 1987 pour la
municipalité de Bromont. Cela a été ainsi d'ailleurs dans
d'autres situations où la tutelle partielle aurait permis
d'alléger un contrôle qui n'aurait pas eu besoin d'être
aussi étendu à un certain moment, mais qui devait demeurer total,
puisque la loi ne permet pas de décréter une tutelle partielle
dans les cas où la tutelle provient d'une décision
gouvernementale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre nous parle encore de sa concordance entre
ce qui se fait quand c'est une tutelle de la Cour supérieure ou une
tutelle décrétée par la Commission municipale. Quel est le
pourcentage au cours des dernières années? Les chiffres, vous
devez les avoir. Combien y a-t-il de tutelles décrétées
par la Cour supérieure en comparaison des tutelles
décrétées par la Commission municipale? (17 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, je ne saurais pas
répondre à cette question maintenant. Mais je crois que le
président de la Commission municipale sera ici un peu plus tard. Il
pourra probablement répondre à cette question, si le
député veut la reprendre à ce moment-là.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Si le président de la Commission municipale
vient, ce n'est pas à notre demande.
M. Bourbeau: Non, c'est à la demande du ministre.
M. Dufour: Ah bon! Est-ce parce qu'il y a des réponses qui
sont en suspens par rapport à ce projet de loi, d'après vous?
M. Bourbeau: Disons... M. Claveau: II y en a une.
M. Bourbeau: Le député nous demande combien de
tutelles ont été décrétées au cours des
dernières années. Je n'ai pas les statistiques avec moi, mais je
pense que le président de la Commission municipale...
M. Dufour: II n'y en a pas des centaines.
M. Bourbeau: ...pourrait répondre à cette
question.
M. Claveau: Si vous me dites que - je ne sais pas - 4 % ou 5 %
des tutelles, au cours des dernières années, ont
été vraiment décrétées par la cour contre un
nombre plus important par la Commission municipale, on peut dire que les
tutelles décrétées par la cour font vraiment
référence, à mon avis - en tout cas, à ma
connaissance - à des problèmes graves, concrets, et où il
n'y a presque pas d'issue autrement que par une tutelle vraiment bien suivie
qui ferait suite à toutes sortes d'actions, comme à
Schef-ferville où il y a vraiment des problèmes substantiels. La
Commission municipale doit aussi s'en aller vers cela. Il est bien
évident que la Commission municipale ne peut pas décréter
de tutelle sans raison grave. Si on Introduit la tutelle partielle à la
Commission municipale et qu'on n'a pas besoin d'aller en cour pour justifier
une tutelle, à ce moment-là, on peut s'imaginer que la
procédure de tutelle deviendra très commune et très
vulgarisée à l'intérieur du fonctionnement des
municipalités et que, pour un tout ou pour un rien, la
municipalité se retrouvera en tutelle partielle pour une raison ou pour
une autre, sans qu'on ait à évaluer globalement le fonctionnement
d'une municipalité.
M. Bourbeau: Je serais porté à raisonner totalement
à l'inverse du député d'Ungava...
M. Claveau: Ce ne sera pas la première fois.
M. Bourbeau: ...et de lui dire que, si le député
considère que les tutelles administrées par la Cour
supérieure sont les plus importantes, les cas les plus lourds et que,
dans ces cas, justement, on prévoit la possibilité d'avoir
éventuellement une tutelle partielle, à plus forte raison,
lorsque les tutelles sont plus légères comme celles
décrétées pas le gouvernement, on devrait également
pouvoir administrer les tutelles partielles, étant donné qu'on
l'a fait dans les cas les plus lourds.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Claveau: Je crois que l'interprétation du ministre ne
va pas dans le même sens que ce que je voulais dire. Il interprète
vraiment à sa façon ce que je voulais dire. Au fond, je veux dire
que, lorsqu'une tutelle est décrétée par la cour, elle
fait vraiment suite à une démarche complète. Et, si la
cour décide de l'appliquer de façon partielle, c'est pour des
raisons bien précises et qui sont véritablement rendues au niveau
judiciaire. Alors que, dans le code, une Commission municipale peut
décider par elle-même, à l'interne, après
consultation ou enquête, à la suite de son enquête à
elle, sans aller plus loin, de mettre une ville en tutelle, dans la mesure
où elle est obligée de la mettre globalement en tutelle, à
ce moment-là, la procédure est beaucoup plus significative pour
elle et elle doit faire bien plus attention. Si elle peut la mettre en tutelle
d'une façon partielle, il est très facile de vulgariser la
démarche. Je ne veux pas dire que cela va se présenter, mais,
dès qu'on ouvre des portes, il y a des possibilités que cela se
présente.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Dufour: Si on veut examiner la tutelle, en tout cas, à
mes yeux, ce sont vraiment des tutelles imposées par la Commission
municipale ou par le gouvernement et ce sont celles-là qui peuvent
intervenir. Quant à une tutelle judiciaire, je ne vois pas le
gouvernement, quel qu'il soit, dire: On va lever cela partiellement. Là,
c'est un jugement de cour si vous êtes obligé de mettre une
municipalité en tutelle. Ce n'est pas pareil. Pour moi, c'est beaucoup
plus grave. Le danger qu'il y a, c'est qu'à un moment donné il
pourrait y avoir de l'Ingérence de la part du gouvernement: On va mettre
une tutelle, ce n'est pas tellement grave, on enlèvera des parties quand
cela fera notre affaire. À ce moment-là, on pourrait la maintenir
dans un état de dépendance très long et politisé.
Et cela banalise de façon définitive, à mes yeux, la
tutelle des municipalités, puisque cela ouvre des portes.
M. Claveau: ...et on la met en tutelle partielle.
M. Dufour: Voilà!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Bourbeau: M. le Président, je ne sais pas si on a bien
compris les dernières remarques du député de
Jonquière. Je présume que j'ai dû mal comprendre, mais le
député de Jonquière a-t-il bien compris que quand c'est
une tutelle décrétée par la Cour supérieure, la
Commission municipale peut décider qu'elle maintient une partie de la
tutelle, cependant.
M. Dufour: J'ai dit que si c'est une décision de la cour,
je verrais mal la Commission municipale enlever des parties de...
M. Bourbeau: C'est ce qu'elle fait. C'est exactement ce qu'elle
fait.
M. Dufour: Vis-à-vis de la cour. Mais ce n'est pas
toujours la cour quand elle est en tutelle...
M. Bourbeau: Non, mais justement, quand ce sont des tutelles
décrétées par la Cour supérieure, la Commission
municipale peut maintenir la tutelle partielle.
M. Dufour: À Bromont, était-ce par la cour?
M. Bourbeau: Non, à Bromont, c'était une tutelle
décrétée par le gouvernement; mais à
Notre-Dame-du-Lac, c'était une tutelle décrétée par
la Cour supérieure.
M. Dufour:.... avec cela.
M. Bourbeau: La Commission municipale a décidé,
vers la fin, de maintenir une tutelle partielle seulement pour les derniers
mois de l'administration. C'était le cas d'une tutelle
décrétée par la Cour supérieure.
M. Dufour: D'accord. J'avais confessé que oui, vous aviez
bien compris mes remarques par rapport à cela. Je les maintiens par
exemple en ce sens que lorsque c'est une décision de la cour, cela veut
dire que c'est un cas très lourd, donc, un cas très grave. Il ne
faut pas banaliser non plus les décisions d'un tribunal. Pour moi,
j'avais l'impression que la Commission municipale n'interviendra pas pour une
levée partielle. Ou elle lève ou elle ne lève pas. Quant
aux propres décisions de la Commission municipale, elle peut
peut-être lever partiellement mais même là, je mets cela en
doute. À mes yeux, on lève la tutelle, ou on ne la lève
pas du tout. Pour moi, on ne peut pas maintenir le raisonnement en ce sens que
les municipalités peuvent être des délinquants
perpétuels comme on les met en tutelle par morceaux. Ou elles sont en
tutelle, ou elles ne le sont pas. Sans cela, on va avoir des problèmes
avec le fonctionnement des municipalités. Les gens qui font des affaires
avec les municipalités vont toujours avoir à se poser cette
question: Est-ce en tutelle ou non? Qu'est-ce qui est en tutelle et qu'est-ce
qui ne l'est pas? Est-ce que cela va donner des garanties suffisantes aux
emprunteurs comme à tous ceux qui vont intervenir auprès des
municipalités? Moi, cela me dérange en tout cas. Je trouve cela
dérangeant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre nous a parlé du cas de Bromont.
Bon, y avait-il moyen de maintenir une tutelle partielle ou pas? Je ne suis pas
en mesure d'en juger. Mais en dehors d'un cas ou deux qui ont pu se
présenter comme cela, quelle serait l'incidence actuellement du nombre
de tutelles qui auraient pu devenir des tutelles partielles dans ce que le
ministre connaît comme fonctionnement municipal des dernières
années? Est-ce un cas au cinq ans ou bien si c'est 75 cas par
année? Est-ce qu'il y a vraiment matière à chambarder le
fonctionnement de 1600 municipalités au Québec qui risquent de se
retrouver dans une situation de tutelle partielle ou de tutelle
appliquée beaucoup plus facilement et plus évasivement que ce qui
se passe actuellement, parce qu'il y a eu un ou deux cas dans l'histoire
récente des municipalités qui auraient éventuellement pu
justifier cela?
M. Bourbeau: Je ne peux pas dire au député combien
il y a eu de tutelles décrétées à la demande du
gouvernement depuis les dernières années. Tout ce que je peux lui
dire, c'est que récemment il y a eu la tutelle de Chibougamau et de
Schefferville. Ce sont les deux cas qui me viennent le plus rapidement à
l'esprit.
M. Claveau: II y a Malartic.
M. Bourbeau: Non. À ma connaissance, Malartic n'est pas en
tutelle. Du moins...
M. Claveau: II y a eu une tutelle à Malartic. Elle est
peut-être levée là.
M. Bourbeau:... ce n'est pas nous qui avons pris l'initiative si
elle l'est. A ma connaissance et à ma souvenance, ce sont les deux seuls
cas de tutelle au cours des deux dernières années. J'oserais dire
qu'il y a probablement une moyenne de une tutelle par année
décrétée par le gouvernement.
M. Claveau: N'y a-t-il pas eu de tutelle à Malartic, il y
a un an environ, quand le conseil de ville avait décidé de
congédier tous ses employés et de fermer tous les services?
M. Bourbeau: Non, pas à ma connaissance, M. le
Président,
M, Claveau: Je me suis peut-être trompé, je
m'excuse. Je vérifierai.
M, Bourbeau: Est-ce dans le comté du député,
Malartic?
M. Claveau: Non, c'est en Abitibi-Est.
M. Bourbeau: Cela aurait été étonnant que le
député ne soit pas au courant si c'était dans son propre
comté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Une voix:....
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 4.
M. Dufour: Je pense qu'on peut regarder l'article 4 globalement.
Il fait seulement s'entendre avec l'article 1. À moins que le ministre
veuille nous apporter des choses différentes dans ses notes
explicatives. Moi, je n'ai pas de question à poser.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 5.
Administration provisoire
M. Bourbeau: L'article 5 qui - modifie l'article 100 de la Loi
sur la Commission municipale, conférant compétence
d'administration provisoire à la commission lorsque le conseil d'une
municipalité ne peut plus siéger, a pour objet de permettre
à la commission d'exercer directement ou de faire exercer par une
personne qu'elle désigne les pouvoirs d'un maire ou d'un maire
suppléant qui ne peuvent agir ou dont le poste est vacant.
Cette modification permettra alors à la commission ou à la
personne qu'elle désigne d'exercer des pouvoirs rattachés
à la fonction de maire qu'autrement personne n'est en mesure d'exercer
en l'absence du maire ou du maire suppléant.
On peut penser, à titre d'exemple, aux pouvoirs de surveillance
et de contrôle du maire sur les employés et les services de la
municipalité.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des Interventions?
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Une question. Quand on dit qu'il peut exercer les
fonctions du maire, j'imagine que c'est avec les avantages qui sont
attachés à la fonction.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que le député veut dire par
"avantages"?
M. Dufour: Par exemple, si la commission décide que c'est
un conseiller ou une conseillère municipal qui agit comme maire,
qui occupe ses fonctions, à ce moment-là, a-t-il le droit au
salaire de la personne qu'il remplace? Le fait qu'il exerce ses fonctions lui
donne-t-il ses avantages?
M. Bourbeau: C'est-à-dire que si c'est la commission
elle-même qui est sur place et qui administre, il n'y a pas de
rémunération additionnelle, les commissaires étant
rémunérés par le gouvernement.
M. Dufour: Oui, mais cela pourrait être une personne du
conseil municipal aussi.
M. Bourbeau: Si la personne qui est désignée par la
Commission municipale est le maire lui-même, selon ce que le
député veut dire, ou un conseiller...
M. Dufour: Bien non, cela ne peut pas être le maire ni le
maire suppléant? "... lorsque le maire et le maire suppléant sont
empêchés d'agir ou que leur poste est vacant, la commission ou la
personne qu'elle désigne à cette fin peut exercer les fonctions
du maire. " Quant à moi, pour la commission, cela ne me dérange
pas, je sais qu'elle est payée. "La personne qu'elle désigne
à cette fin", qui pourrait être cette personne?
M. Bourbeau: Si c'est une autre personne qui vient de
l'extérieur, par exemple, un comptable agréé que ta
commission engagerait à contrat... Dans le cas de Notre-Dame-du-Lac, on
avait engagé une avocate pour agir comme
secrétaire-trésorière et ses émoluments
étaient payés par la commission pendant le temps où la
commission était là pour exercer la tutelle. Cela dépend
des cas. Évidemment, si c'est la commission qui requiert les services
d'un professionnel, elle va le payer.
M. Dufour: Autrement dit, c'est presque exclu dans votre esprit
et dans les faits que cela pourrait être un membre du conseil qui
pourrait agir comme...
M. Bourbeau: Dans les cas que j'ai vus, moi, il n'y avait pas de
membre du conseil, mais il n'est pas impossible que la commission
décide, je présume, de nommer un conseiller municipal. C'est
possible.
M. Dufour: Si elle le nomme, cela veut dire qu'il a des
conditions spéciales ou s'il n'en a pas.
M. Bourbeau: Dans ces cas-là, il agirait comme
employé de la Commission municipale et non pas à titre de
conseiller municipal. La commission qui déciderait si elle...
M. Dufour: Là, il ne serait plus conseiller, c'est
incompatible. Il ne peut pas être payé par la municipalité.
Je pense que ma question est claire, mais peut-être que ce que je propose
ou suggère comme question est impensable ou impossible.
M. Bourbeau: Ou bien la commission nomme un conseiller municipal
et il n'est pas rémunéré autrement que par son simple
salaire de conseiller municipal, ou bien la commission nomme quelqu'un qui
n'est pas du tout un membre du conseil municipal, un membre de
l'extérieur, comme administrateur et il est payé par la
commission. La commission a d'ailleurs des budgets pour ce genre de chose.
M. Dufour: Par exemple, à Schefferville, je sais que la
municipalité est en tutelle, il n'y a pas de maire, mais il y a une
maire suppléante qui occupe la fonction actuellement. Le fait qu'elle
soit maire suppléante, a-t-elle droit à l'indemnité du
maire, à l'indemnité que le maire avait dans le temps? Cela est
un cas précis.
M. Bourbeau: Non, je ne crois pas C'est une conseillère
municipale qui agit comme maire suppléante présentement et elle a
le salaire d'un conseiller municipal qui agit comme maire suppléant
c'est-à-dire le salaire normal d'un conseiller municipal.
M. Dufour: Vous trouvez que c'est correct?
M. Bourbeau: Bien, c'est temporaire, un maire suppléant.
Vous avez été maire suppléant...
M. Dufour: Bien temporaire, pendant un an. On fera la discussion
en temps et lieu, mais je vous dis que le maire suppléant devrait avoir
une certaine rémunération parce qu'il remplit plus de fonctions
qu'un conseiller ordinaire.
M. Bourbeau: Disons que, pour l'instant, les maires
suppléants ne sont pas...
M. Dufour: C'est de la représentation.
M. Bourbeau:... rémunérés autrement qu'un
conseiller, mais il n'est pas impossible que...
M. Dufour: Oui, mais je pensais que, dans ce cas-là, vu
que vous l'aviez nommé. C'est la Commission municipale qui l'a
nommé ou c'est vous, je ne sais pas trop.
M. Bourbeau: Sur toutes réserves, je ne suis pas
absolument certain, parce que je n'ai pas de renseignement avec moi, mais je ne
crois pas que la mairesse suppléante de Schefferville soit payée
plus.,.
M. Dufour: C'est la maire suppléante.
M. Bourbeau: Je ne crois pas que le maire ou la mairesse
suppléant soit rémunéré autrement qu'un conseiller
municipal. Je peux faire des vérifications et je le dirai au
député.
M. Dufour: Ah, c'est pour mon information. M. Bourbeau: On va
s'informer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je voudrais être sûr d'avoir bien compris
Dans sa réponse, le ministre a strictement fait allusion au cas de
tutelle par rapport à cet article-là. Mais dans l'article 100 de
la loi que l'article vient modifier, on ne parle pas nécessairement de
la tutelle, il peut s'agir aussi d'autres cas. Est-ce que c'est bien cela?
Est-ce que c'est dans tous les cas où le maire, pour une raison ou pour
une autre, ne peut pas siéger valablement.. Admettons qu'on ait
découvert, par exemple, que le maire n'aurait jamais dû se
présenter, il y a telle chose et telle chose dans son passé qui
fait en sorte qu'il ne peut pas le faire. Ou bien si c'est huit
assemblées de conseil d'affilée que le maire manque parce qu'il
n'a pas l'air plus intéressé qu'il le faut, il vaque à
d'autres occupations et on doit le démettre de ses fonctions. Cela peut
être toutes sortes d'autres raisons. Est-ce que j'ai bien compris et que
cela s'applique uniquement au cas de tutelle?
M. Bourbeau: L'article dit: "Dans le cas prévu au premier
alinéa. " Bien sûr, on parle de l'article 100. Le premier
alinéa de l'article 100 dit: "Lorsqu'un conseil municipal ne peut plus
siéger valablement, la commission peut, tant que dure la situation,
adopter par résolution toute mesure qu'elle juge nécessaire pour
l'administration de la municipalité. "
M. Claveau: Ce n'est pas nécessairement une tutelle.
M. Bourbeau: Ce n'est effectivement pas
nécessairement une tutelle.
M. Claveau: Parce que dans votre réponse, vous aviez fait
allusion strictement aux tutelles, alors je voulais être certain
que...
M. Bourbeau: Ah bon.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 6.
M. Bourbeau: L'article 6 prévoit que la loi entre en
vigueur à la date de sa sanction, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, à
l'article 5?
M. Dufour: Oui, cela va
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté? D'accord.
L'article 6 Est-ce que l'article 6 est adopté''
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le titre du
projet de loi 72, Loi modifiant de nouveau la Loi sur la Commission municipale,
est adopté?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division
Le Président (M. Saint-Roch): Le titre, sur division?
M. Dufour: Sur division.
Adoption
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 72, Loi modifiant de nouveau la Loi sur la Commission municipale,
est adopté tel qu'amendé?
M. Bourbeau: Adopté. M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. La commission
suspend ses travaux pour quelques instants
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise 17 h 51)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 51)