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Etude des projets de loi nos 272, 106, 268 et
209
(Dix heures quarante minutes)
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je m'excuse de ce retard. Quelqu'un qui devait présider cette
commission ne s'est pas présenté. Alors, nous allons quand
même tenter de vous aider. C'est la commission des affaires
municipales.
Les membres de cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Caron (Verdun).
M. Goldbloom: Remplacé par M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. Caron (Verdun),
remplacé par M. Goldbloom (D'Arcy McGee), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe),
M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Gratton (Gatineau).
M. Lavoie: II sera ici un peu plus tard.
Le Président (M. Cardinal): M. Guay (Taschereau), M.
Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Roy (Beauce-Sud), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères), M. Dubois (Huntingdon), M. Goldbloom (D'Arcy McGee) qui
devient membre, remplacé par...
M. Goldbloom: M. Lavoie (Laval).
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Vaugeois
(Trois-Rivières).
M. Lavoie: M. le Président, je demanderais le
consentement...
Le Président (M. Cardinal): Oui, monsieur.
M. Lavoie: ... de la commission, si les membres étaient
d'accord, pour que cet après-midi, pas nécessairement lors de
l'étude du projet de loi de Laval, mais de la question de la subvention,
la question en litige sur une certaine ou une subvention certaine je ne
sais pas la permission puisse être accordée à M.
Garneau (Jean-Talon) et à M. Mailloux (Charlevoix) de prendre part
à la discussion.
Le Président (M. Cardinal): A titre d'intervenants.
M. Lavoie: A titre d'intervenants.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Cordeau: Consentement accordé. Le Président
(M. Cardinal): D'accord. M. Gosselin: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Sherbrooke.
M. Gosselin: ... je demanderais le consentement de la commission
également pour que la ville de Sherbrooke soit entendue
immédiatement à cause de situations d'urgence qui fait que les
gens doivent retourner le plus rapidement possible à Sherbrooke.
M. Goldbloom: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Consentement pour
étudier tout d'abord le projet de loi privé 272, Loi modifiant la
charte de la ville de Sherbrooke. Oui, M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Un instant, il faudrait
auparavant, je m'excuse, qu'un rapporteur soit nommé.
Une Voix: M. Lévesque.
Le Président (M. Cardinal): M. Lévesque, vous
acceptez d'être rapporteur? M. Lévesque est nommé
rapporteur de la commission. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, d'abord, je voudrais souhaiter
la bienvenue aux maires et conseillers municipaux qui sont ici avec nous, ce
matin, ainsi qu'à leurs délégations.
Je suis tout à fait d'accord avec la suggestion du
député de Sherbrooke, à savoir que nous pourrions passer
cette municipalité avant, étant donné que le maire et les
membres qui l'accompagnent doivent retourner à Sherbrooke d'urgence. Si
la commission était d'accord, nous pourrions nous proposer, comme ordre
d'appel des projets de loi ce matin, la ville de Sherbrooke d'abord; le projet
de loi 106 de la ville de Saint-Eustache, suivi de Varennes...
Le Président (M. Cardinal): No 268.
M. Tardif: C'est cela, M. le Président. Cela pourrait
faire une matinée bien remplie. On pourrait ainsi libérer, ce
matin, les gens de Laval et de Beauport qui pourraient, dans le cas de Laval,
être appelés à 15 heures et ceux de Beauport à 20
heures, de façon que ces gens n'attendent pas ici indûment, si la
commission était d'accord.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Goldbloom: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): II y a consentement et je
pense que tous ont compris que nous allons donc procéder, tout d'abord,
à l'étude du projet de loi privé no 272, puis au projet de
loi public no 106 concernant la ville de Saint-Eusta-che et,
troisièmement, ce matin, au projet de loi privé no 268, Loi
modifiant la charte de la ville de Varennes. Les autres sont
libérés pour le moment.
Est-ce que je pourrais poser une autre questions aux membres de cette
commission? Nous avons devant nous des projets de loi privés et publics
théoriquement à étudier article par article. Est-ce que je
pourrais savoir quel est le processus que la commission entend suivre? (10 h
45)
M. Tardif: M. le Président, nous avons un projet de loi
public et quatre projets de loi privés. Le projet de loi public est un
projet de loi public de nom, mais qui aurait fort bien pu être un projet
de loi privé n'eût été le fait que des
événements d'une urgence que personne ne niera ont
empêché la municipalité de procéder selon le rituel
voulu, selon la liturgie prévue pour l'inscription des projets de loi
privés; deuxièmement, que les coûts afférents
à la présentation d'un projet de loi privé seraient venus
ajouter aux dépenses déjà considérables d'une
municipalité déjà éprouvée par les
événements que l'on sait, si bien que, M. le Président,
c'est en réponse à une résolution du conseil que le
ministre des Affaires municipales a présenté un projet de loi
public dans ce cas. L'ordre de la Chambre, si ma mémoire est bonne,
était enfin, c'est la solution que j'avais proposée dans
la nuit de la semaine dernière d'entendre les
représentants de la municipalité de Saint-Eustache. Un peu comme
on le ferait...
Le Président (M. Cardinal): ... dans les autres cas.
M. Tardif: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de DArcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis d accord avec
l'interprétation que donne le ministre à l'ordre de la Chambre,
d'autant plus que la Chambre n'a pas adopté le projet de loi en
deuxième lecture. Il nous serait donc, à mon sens, difficile
d'étudier le projet de loi article par article, mais si le ministre veut
nous parler de certains articles et faire des suggestions quant à une
rédaction différente, nous donnerons facilement notre
consentement.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Maintenant, nous
pouvons commencer, je pense. Oui, M. le député de Taschereau.
M. Guay: Avec le consentement de la commission, est-ce que nous
pourrions annuler ce que nous avons fait précédemment et que M.
Mercier soit effectivement rapporteur de la commission et non pas M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)?
Le Président (M. Cardinal): Avec le consentement.
M. Goldbloom: Certainement.
Projet de loi no 272
Le Président (M. Cardinal): Un instant. M. Mercier
(Berthier) sera membre. Est-ce que M. Lévesque sera intervenant?
D'accord, merci. J'invite les représentants de la ville de Sherbrooke,
je pense qu'ils l'ont déjà fait, à s'installer devant
nous. Je pense qu'il s'agit de M. le maire Jacques O'Bready, de Me Pierre
Huard, qui est procureur, et M. Frank Mascolo, qui est directeur
général de la ville. Je vous accorde la parole. Lequel doit
commencer?
M. O'Bready (Jacques): M. le Président, le procureur de la
ville, Me Huard, va exposer les justifications aux différents articles
du bill.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Me
Huard, vous avez la parole.
M. Huard (Pierre): Merci, M. le Président. Il s'agit d'un
petit bill privé de cinq articles. L'article 1, c'est un article de
concordance. La ville de Sherbrooke, en 1974, dans sa charte, par le chapitre
101, avait obtenu un pouvoir relativement à la commission de
contrôle des permis d'alcool. En 1975, la Loi des cités et villes
a été amendée et, par l'article 73, cela a
été donné à toutes les municipalités. On n'a
plus besoin de ce pouvoir et on demande que cet article de notre charte soit
abrogé.
Le Président (M. Cardinal): D'accord? M. le ministre
avez-vous des commentaires?
M. Tardif: Adopté en autant...
M. Goldbloom: II n'y a aucun problème, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. C'est fait,
monsieur.
M. Huard: Je continue. A l'article 2, on demande d'amender
l'article 385 de la Loi des cités et villes pour la ville de Sherbrooke
de façon à éviter que les règlements soient lus au
complet pendant les assemblées du conseil. On s'impose à ce
moment certaines normes qui sont plus restrictives, à notre avis, c'est
qu'on va mettre en disponibilité des copies de règlement pour le
public qui assiste aux assemblées, et également des copies seront
disponibles, au moins deux jours avant la réunion du conseil, pour le
public.
Chaque copie de règlement sera remise aux membres du conseil, au
moins 48 heures à I'avance, de façon qu ils puissent en prendre
connaissance et, lors de l'assemblée, le greffier fera un bref
résumé sur l'objet ou la portée du règlement, le
montant de l'emprunt, s'il y a lieu, et le mode de financement. Nous sommes
d'avis qu'un simple résumé sera plus bénéfique pour
les gens dans la salle que d'entendre la lecture d'un règlement de 50 ou
60 articles qui, la plupart du temps, contiennent à peu près les
mêmes clauses.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux
problèmes que semble poser la nouvelle rédaction proposée.
D'abord le fait de pouvoir lire un règlement lors d'un ajournement. Si,
par exemple, une séance du conseil se poursuit pendant un lundi soir et
qu'à un moment donné les membres du conseil décident
d'ajourner leurs travaux jusqu'au lendemain, le lendemain soir, 24 heures plus
tard, suivant la rédaction ici, le règlement pourrait être
adopté. L'opinion publique n'aurait pas eu l'occasion d'en être
grandement, largement informée.
Le deuxième problème est de concordance avec le premier.
Il est indiqué que deux jours francs doivent s'écouler entre la
date de la présentation de l'avis de motion et celle de l'adoption du
règlement par le conseil. Mais il est prévu que deux jours soient
accordés aux intéressés pour prendre connaissance du texte
du règlement. Comment concilier les deux jours d'avis avec le seul jour
franc entre la présentation de l'avis de motion et l'adoption du
règlement?
Le Président (M. Cardinal): Me Huard.
M. Huard: Je pense que, la plupart du temps, les
règlements sont préparés en même temps que l'avis de
motion, et, à chaque fois en tout cas à Sherbrooke
que l'avis de motion d'un règlement est donné, les membres du
conseil reçoivent également une copie du règlement.
M. Goldbloom: Si vous dites que le règlement est
préparé en même temps que l'avis de motion, que le
règlement doit être disponible, que le greffier doit en
délivrer une copie à tout contribuable sur demande faite dans les
deux jours juridiques précédant la tenue de cette séance,
comment concilier cela avec les 24 heures entre l'avis de motion et l'adoption
du règlement? Il faut qu'il y ait au moins deux jours, deux jours
juridiques à part cela, entre la publication du règlement et son
adoption.
M. Huard: J'ai mal compris. Avez-vous dit entre la publication de
l'avis de motion?
M. Goldbloom: La publication du règlement. Le
règlement devient un document public et le greffier a l'obligation d'en
fournir une copie à tout citoyen qui en fait la demande. A partir de ce
moment-là, à partir du moment où le document devient
public, il faut au moins deux jours juridiques avant que le conseil ne puisse
procéder à l'adoption de ce règlement. Pourtant, le jeu de
l'avis de motion et de l'adoption du règlement ne prendrait, selon la
rédaction de cet article, qu'un seul jour franc.
M. Huard: On pourrait amender l'article 2 en ajoutant "un
délai de deux jours francs doit s'écouler entre la date de la
présentation de l'avis de motion et celle de l'adoption du
règlement par le conseil".
M. Goldbloom: Ne serait-il pas nécessaire d'inscrire "deux
jours juridiques" pour être en concordance avec l'autre?
M. Huard: "Deux jours juridiques", oui.
Le Président (M. Cardinal): Vous proposez je vais
essayer de voir où nous allons et un député fera la motion
vous suggérez à la commission que dans l'article 385,
à la quatrième ligne, les mots "un délai d'un jour franc
doit s'écouler soient remplacés par les mots "un délai de
deux jours juridiques doit s'écouler".
M. le député de Sherbrooke.
M. Gosselin: Je propose la motion, à moins que le
député de D'Arcy McGee... D'accord, je fais cette
proposition.
Le Président (M. Cardinal): Sur la motion, M. le
député de Sainte-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'appuie cette motion parce que cela vient clarifier
le texte de cet article, ce qui était indispensable.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Tardif: Je dois souligner la vigilance du député
de D'Arcy McGee, ex-ministre des Affaires municipales sur ce point. En effet,
cette procédure, qui vise à dispenser de la lecture fastidieuse
d'un règlement en début de séance... ceci vient presque
automatiquement empêcher la soumission d'un règlement au cours
d'une même session ou le report d'une session du conseil au jour suivant,
mais cela...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je remercie d'abord le
ministre de son compliment, mais je dois le transmettre à
l'équipe de recherches du Parti libéral du Québec. C'est
sa vigilance qui a décelé le problème.
M. le Président, le ministre nous indique qu'il aimerait demander
à ses conseillers juridiques de rédiger un papillon, mais il
vient de soulever une question lui-même. Je pense que le manque de
concordance que nous trouvions dans l'article tel que
rédigé aurait pu se résoudre de deux façons: ou
bien en mettant deux jours juridiques à chaque endroit ou bien en
mettant un délai d'un jour franc à chaque endroit. J'aimerais
demander au ministre quel précédent on peut trouver pour
l'obligation qui est imposée au greffier de délivrer copie du
règlement pendant les deux jours juridiques précédant la
tenue de la séance. Si c'est déjà un
précédent, une chose qui se trouve assez largement dans nos
lois...
M. Tardif: II y a un précédent. C'est la ville de
Longueuil, M. le Président. Oui, c'est exact. Il n'y en a qu'un
seul.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Tardif: Par ailleurs, on me dit que la ville de Varennes, que
nous allons voir tantôt, demande la même chose.
M. Goldbloom: J'avais remarqué cela, M. le
Président. C'est une coïncidence qui me fait poser des questions,
mais pas des questions très désobligeantes, simplement pour avoir
des renseignements.
Si l'effet du projet de loi était d'éliminer la lecture
qui peut être fastidieuse, mais qui a quand même son
importance du projet de règlement, il me semble que l'on serait
mieux de pécher par une prolongation légère du
délai, plutôt que par son raccourcissement. Le principe est que
l'opinion publique doit être au courant de ce que fait le conseil.
M. le Président, pourrai-je offrir une autre considération
à l'attention du ministre? J'attendrai quelques secondes qu'il ait
terminé ses consultations.
M. Tardif: M. le Président, il est bien évident
qu'à partir du moment évidemment où la ville de Longueuil
a fait cette demande et on voit maintenant, cette année, que deux
autres municipalités en font la demande probablement, nous
devrons amender la loi générale à ce sujet et s'assurer de
cette espèce de concordance qu'il doit y avoir. Il me semble que la
solution proposée ici d'un délai de deux jours francs, tel que
proposé par le député de D'Arcy McGee, est tout à
fait acceptable en ce sens qu'elle amène la concordance, le délai
qui doit s'écouler entre la date de présentation de l'avis de
motion et l'adoption du règlement et les 48 heures prévues dans
l'alinéa suivant, comme mesure de transition jusqu'à ce que la
loi générale soit possiblement amendée pour l'ensemble des
cités et villes du Québec.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez M. le
ministre, je n'ai pas à participer au débat, mais ce sont deux
jours juridiques qui sont proposés.
M. Tardif: Oui. D'accord.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que la suggestion
du ministre est heureuse, il est en train de revoir les procédures au
niveau des conseils municipaux. Si nous pouvons aider la ville de Sherbrooke
à simplifier ces procédures et la ville de Sherbrooke n'en
est certainement pas la moindre du Québec même si nous ne
sommes pas prêts à généraliser cette
procédure à toutes les municipalités, je ne voudrais quand
même pas que notre accord soit un précédent pour le
débat que nous aurons un peu plus tard sur le projet de loi de Varennes.
Il faudra que nous examinions la justification qu'il y aurait de faire de
même dans le cas d'une ville d'une taille différente. Mais ce que
je voulais porter à l'attention du ministre c'est le fait que dans le
premier alinéa de l'article 385, tel qu'il existe en ce moment dans la
Loi des cités et villes, un principe est consacré qui est
analogue à celui qui régit les procédures de
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire qu'on ne fait pas deux
lectures d'un projet de loi le même jour. Voilà que l'avis de
motion et l'adoption du règlement, la lecture du règlement
suivant le texte actuel, la ville serait exemptée d'en faire la lecture
comme telle par ce qui est proposé, d accord, mais le principe est
là I avis de motion et l'adoption ne doivent pas avoir lieu le
même jour, pas plus que la première lecture d'un projet de loi qui
en fait un document public, et la deuxième lecture et la
troisième. (11 heures)
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur la motion du député de Sherbrooke? Est-ce que
cette motion d'amendement est adoptée?
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Motion adoptée.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... quant à nous, l'article 2 pourrait
être adopté si nous avions la réponse à une seule
petite question. Au dernier alinéa, on introduit les mots "subdivision
et "utilisation de terrain". J'aimerais avoir des explications sur
l'utilité, voire même la nécessité de ces mots.
Quelle est leur raison d'être?
Le Président (M. Cardinal): Me Huard.
M. Huard: En ce qui concerne les mots "de subdivision", je viens
de parler avec Me Jacques Lanctot du contentieux des Affaires municipales. On
n'a pas d'objection à enlever ces deux mots "de subdivision". Pour ce
qui concerne l'utilisation de terrain, il peut y avoir des utilisations qui ne
nécessitent pas de construction. Il pourrait y avoir lieu de modifier un
règlement de zonage et ce serait pour... De toute façon, je pense
bien que l'utilisation de terrain est comprise dans l'exécu-
tion de travaux, s'il y a des travaux. C'est pour prévoir au cas
où il n'y aurait pas de travaux nécessairement pour utiliser un
terrain en regard du règlement de zonage.
Le Président (M. Cardinal): Me Huard, est-ce que je peux,
à la suite de votre suggestion, souligner ceci? Vous suggérez
que, dans la troisième ligne du dernier alinéa du nouvel article
2, il soit enlevé, non pas deux mots, mais plus que cela? On pourrait
dire "aucun plan" et enlever "de subdivision ou". On pourrait enlever trois
mots.
M. Huard: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): II n'y a pas encore de motion.
Oui, M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, si vous me le permettez.
Justement, les avocats du ministère s'étaient entretenus avec les
procureurs de la municipalité quelques instants avant la commission. Ils
suggèrent, en effet, de modifier le dernier alinéa de l'article 2
à partir du chiffre 426 à la troisième ligne, qui serait
remplacé par la phrase suivante: "Aucun plan de construction ne peut
être approuvé, aucun certificat d'approbation ou permis de
construction ne peut être accordé soit pour l'exécution de
travaux..." Est-ce qu'on a une copie de ce texte?
Le Président (M. Cardinal): Justement comme
président j'en ai demandé une copie.
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, je voudrais avoir
un texte précis devant moi.
M. Goldbloom: M. le Président, si...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... les copies ne sont pas disponibles, nous
pouvions accepter la suspension de l'article pour quelques minutes. Il y en a
trois autres et nous pourrions revenir à cela.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Nous pourrons tout
simplement...
M. Tardif: Je pourrais remettre notre copie, mais on va en faire
faire ici.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez, nous
ne suspendrons pas la séance, nous suspendons le dernier alinéa
de l'article 2 le temps nécessaire pour que les membres de la commission
et surtout la présidence en aient copie. J'appelle donc l'article 3. M.
le ministre ou Me Huard.
M. Huard: A l'article 3, on demande l'abrogation de l'article 9
du chapitre 101 des Lois de 1974 c'est notre charte en
retranchant le paragraphe b), étant donné que la Loi des
cités et villes a été amendée et a repris le
pouvoir qu'on avait eu en 1974, en augmentant toutefois l'amende qu'on peut
donner pour les billets de stationnement. On demande de revenir à la Loi
des cités et villes.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre. M. Tardif:
Aucune objection, M. le Président. M. Goldbloom: Ni de notre
part.
Le Président (M. Cardinal): Alors, c'est adopté?
Adopté. L'article 4?
M. Huard: II s'agit d'un pouvoir d'acquisition, de gré
à gré ou par expropriation, d'immeubles pour fins de
réserve foncière ou d'habitation et pour les travaux connexes
à ces fins, ainsi que de tout immeuble dont l'occupation est
jugée désuète ou nocive.
Présentement la Loi des cités et villes permet à
toutes les municipalités à Sherbrooke également
d'acquérir tout immeuble dont elle a besoin pour ses fins
municipales, mais en aucun endroit, dans la Loi des cités et villes, on
ne reconnaît à la ville de Sherbrooke des fins municipales pour
acquérir des immeubles pour fins d'habitation sociale, de recyclage de
vieilles industries, de réaménagement de voies ferrées ou
de gares de triage dans le secteur et également pour protéger un
certain territoire. Il n'est pas permis à la ville d'acquérir des
lots, à moins qu'elle n'ait une fin municipale; par contre cela pourrait
être très important d'en acquérir pour protéger son
développement dans certains secteurs et consacrer la planification de la
municipalité. On demande un tel pouvoir. Il a été
accordé à la ville de Sainte-Foy, mais il y a une seule
différence dans l'article; la ville de Sainte-Foy, elle, n'avait pas
à soumettre aux propriétaires les règlements d'emprunt,
mais la ville de Sherbrooke devra soumettre tout règlement d'emprunt
à l'approbation des propriétaires.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs les membres de la
commission. M. le député de Sherbrooke.
M. Gosselin: M. le Président, cette disposition me semble
à tout pris indispensable dans la vocation que veut se donner une ville
de protéger ses sols et d empêcher, ou en tout cas de
prévoir les emplacements nécessaires pour des projets
d'habitation ou pour le recyclage, comme on le disait tout à l'heure,
d'usines désaffectées. On a quelques exemples très
patents, à Sherbrooke, où on est paralysé dans des projets
qu'on devrait pouvoir faire. Cet article corrige cette situation.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec les principes énumérés à cet article,
parce que je crois qu'actuellement, avec le projet de loi 90 sur le zonage
agricole, la construction des habitations en périphérie,
c'est-à-dire le long des routes, va être défendue là
où il n'y aura pas de service d'égout et d'aqueduc.
Ce pouvoir accordé à votre ville vous permettra
certainement d'acquérir, peut-être par voie d'expropriation, des
terrains pour fins d'habitation, ce qui va peut-être empêcher
l'inflation galopante des terrains vacants. Cela va contrer un peu, donner un
certain équilibre à ceux qui devront se construire maintenant
dans les villes ou dans les municipalités, étant donné que
la Loi du zonage agricole va leur interdire la construction dans les zones
vertes. Je pense bien que même ce pouvoir accordé à votre
ville devrait être accordé à toutes les
municipalités du Québec, pour fins d'habitation, étant
donné qu'elles l'ont déjà pour fins industrielles et
commerciales.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, nous n'avons pas
nécessairement d'objection à l'adoption de cet article. Il y a
cependant deux ou trois questions que j'aimerais poser.
Je voudrais d'abord enchaîner avec l'honorable
député de Saint-Hyacinthe qui vient de suggérer au
ministre que les pouvoirs prévus à l'article 4 de ce projet de
loi soient étendus à toutes les municipalités ou, au
moins, peut-être à toutes les villes importantes. Le procureur de
la ville de Sherbrooke nous a souligné le précédent qui
existe dans la charte de la ville de Sainte-Foy, qui est certainement une ville
de taille comparable; je pense que Sherbrooke a quelques milliers de population
de plus, mais nous avons au moins un précédent qui est tout
à fait comparable. A cet égard, je n'ai pas d'objection non
plus.
Mais ce que j'aimerais demander est ceci: Si ma mémoire est
fidèle, il y a trois ou quatre ans, la ville de Sherbrooke a obtenu de
l'Assemblée nationale, par le truchement de cette commission
parlementaire, une refonte en profondeur de sa charte en demandant des pouvoirs
très larges dont elle voulait se servir pour refaire son
centre-ville.
La commission parlementaire a eu des hésitations importantes,
trouvant que ces pouvoirs étaient vraiment trop larges. Je ne voudrais
point être méchant, tel n'est pas le but de ma question; je
voudrais simplement comprendre comment les pouvoirs qui sont demandés
à l'article 4 concordent avec les pouvoirs qui étaient
demandés à l'époque et qui étaient jugés un
peu trop larges. Je ne voudrais pas que nous soyons pris aujourd'hui à
accepter quelque chose qui ne nous semblait pas tout à fait acceptable,
il y a un certain temps, sans comprendre exactement ce qu'il y a
derrière la demande de ces pouvoirs.
M. Huard: En 1974, effectivement, on a de- mandé un
pouvoir pour protéger un certain secteur dans le centre-ville. A ce
moment, la grosse différence qui existait avec aujourd'hui, c'est qu'on
n'avait pas à demander l'approbation des propriétaires et on
pouvait, simplement avec I approbation de la Commission municipale et du
ministre des Affaires municipales, acquérir des terrains de gré
à gré ou par expropriation. C était la grosse
différence. Aussi, à l'époque, il y avait un certain
secteur; on n'avait pas de politique définie encore, on ne savait pas
exactement de quelle façon on voulait acquérir cela, mais on
voulait tout de même se protéger. Avec l'article
présenté aujourd'hui, c'est entendu que certains buts
visés en 1974 vont pouvoir être atteints s'il y a des
problèmes spéciaux qui se présentent et qu'on veut
acquérir des propriétés pour protéger le
territoire, tel que c'est dit à l'article 4.
M. Goldbloom: Les explications de Me Huard me satisfont et, si le
ministre nous indique qu'il se penchera favorablement sur l'opportunité
d'accorder de tels pouvoirs à des villes de cette importance au moins,
nous n'aurons pas d'objection à l'adoption de l'article.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, c'est évidemment avec
un intérêt très grand que j'accueille la demande de
Sherbrooke, dans la mesure où déjà, par les lois 54 et 55
amendant la Loi des cités et villes et le Code municipal l'an dernier,
le pouvoir d'acquérir des immeubles par les municipalités avait
été étendu à toutes les cités et villes et
à toutes les municipalités régies par le Code municipal.
Il s a-gissait d'acquérir des immeubles dans le cadre de I application
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux et ceci
tenait compte du fait que certaines municipalités étaient
intéressées à construire un CLSC, par exemple, sur leur
territoire. J'avais, à ce moment, demandé à mes
légistes de voir si on ne pouvait pas par la même occasion
étendre ce pouvoir pour des fins d'habitation également autrement
que par le biais de la Loi de la Société d'habitation du
Québec qui est, somme toute, très restrictive dans la mesure
où la municipalité peut acquérir un immeuble pour tel
projet d'habitation bien défini, bien précis ou dans le cadre
d'un programme d'amélioration de quartier bien cerné, bien
délimité.
Tout en étant très favorable à l'idée, M. le
Président, la seule raison pour laquelle cela n'a pas été
mis dans la loi générale jusqu'à maintenant, c'est qu'on a
pensé préférable de voir dans quelle mesure les quatre
municipalités au Québec qui ont déjà de tels
pouvoirs, à savoir Montréal, Québec, Sainte-Foy et
Longueuil, les ont utilisés dans les faits. J'ai déjà un
premier document qui m'a été remis qui indique, somme toute, que
certaines des appréhensions que des gens du ministère pouvaient
entretenir n'étaient pas nécessairement fondées, que le
spectre de voir des municipalités acquérir des terrains à
fort prix pour les céder par la suite à vil prix à des
promoteurs et
autres dont les projets ne se sont pas matérialisés dans
le cas des quatre municipalités qui ont exercé un tel pouvoir de
réserve foncière. (11 h 15)
D'autres études sont en cours pour des expériences
similaires qui ont eu lieu dans d'autres provinces du Canada, si bien que,
lorsque j'aurai ce document, il se peut fort bien que je l'étende
à l'ensemble des municipalités du Québec.
Ceci dit, je pense qu'il ne serait pas sage de priver la
municipalité de la ville de Sherbrooke qui désire se
prévaloir de ces dispositions, vu son intérêt en
matière d'habitation particulièrement. Je suis tout à fait
disposé à accorder ce pouvoir à la ville de Sherbooke, en
lui demandant cependant si elle aurait objection à introduire, comme on
l'a fait, la semaine dernière, pour la municipalité de
Chicoutimi, un petit alinéa additionnel, puisqu'à l'heure
actuelle, la Loi des cités et villes dit que la municipalité ne
peut aliéner un terrain ou un immeuble autrement que par enchère,
par soumissions publiques ou de gré à gré, avec le
consentement de la commission, mais à titre onéreux, ce qui
implique qu'il ne peut pas être cédé à un prix
moindre que celui de l'acquisition.
M. le Président, certaines municipalités, parfois, me font
des offres que je suis obligé de refuser malgré moi. Les
municipalités me disent: M. le ministre, nous avons un résidu de
terrain qui était destiné à un parc, à un garage
municipal, nous serions prêts à vous le céder pour faire un
HLM dans notre municipalité, mais la Loi des cités et villes nous
empêche de le faire. Comme je m'en voudrais de réprimer un tel
élan de générosité de la part des
municipalités, je me demande si la municipalité de la ville de
Sherbrooke aurait intérêt à ajouter que la ville peut
aliéner, à titre gratuit ou pour un prix inférieur
à celui prévu au présent article, un tel immeuble en
faveur du gouvernement ou l'un de ses organismes ou une corporation
scolaire.
Remarquez que c'est un peu la contrepartie du fait que le gouvernement
autorise maintenant les commissions scolaires à céder aux
municipalités des immeubles scolaires désaffectés pour $1
et autres considérations. Avec...
M. O'Bready: Pour autant que ce n'est pas "doit" céder,
mais "peut" céder...
M. Tardif: Non, non, "peut", M. le maire. M. O'Bready: ...
on n'a pas d'objection.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, est-ce que
vous en faites une motion formelle?
M. Tardif: Oui, je fais une motion formelle.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que je pourrais avoir
le texte, s'il vous plaît!
M. O'Bready: On n'a pas d'objection, selon le paragraphe que vous
avez lu, M. le ministre.
M. Tardif: Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Merci. Nous entendons bien:
sera ajouté à l'article 4, un dernier alinéa qui se lirait
comme suit...
M. Lavoie: L'avant-dernier. M. Tardif:
L'avant-dernier.
Le Président (M. Cardinal): Je vous pose la question.
C'est-à-dire entre les mots "dans la municipalité" et les mots du
dernier alinéa du présent article, s'ajouterait un nouvel
alinéa qui se lirait comme suit: "La ville peut aliéner, à
titre gratuit ou pour un prix inférieur à celui prévu au
présent article, un tel immeuble en faveur du gouvernement, l'un de ses
oganismes ou une corporation scolaire."
Cela convient aux représentants de Sherbrooke?
M. O'Bready: Cela nous convient, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cette motion sera
adoptée en commission?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Motion adoptée.
L'article 4 est donc amendé. Est-ce qu'il y a d'autres questions sur
l'article 4? Est-ce que l'article 4 serait maintenant adopté tel
qu'amendé?
M. Goldbloom: Adopté. M. Cordeau:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté tel
qu'amendé. Article 5.
M. Goldbloom: Cet article requiert un mot d'explication, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): Me Huard.
M. Tardif: M. le Président, j'allais le demander aux
représentants de la ville de Sherbrooke.
M. Huard: Je pourrais vous donner des explications.
Dans la ville de Sherbrooke, il y a deux genres d'organismes qui
tiennent des bingos; il y a l'association agricole, qu'on appelle l'ETAA, et
les fabriques. La loi actuelle, à l'article 5, la Loi des droits sur les
divertissements, date de 1941. On peut reconnaître dans la loi que le
législateur a un jour voulu donner la possibilité aux
municipalités de ne pas charger de taxe d'amusement aux organismes sans
but lucratif qui font des activités comme les bingos. Maintenant, la
jurisprudence reconnaît que le bingo est un amusement au sens de la Loi
des droits sur les divertissements et que non seulement on doit charger une
taxe d'amusement sur le prix d'entrée, mais également sur les
cartes vendues à l'intérieur.
Je vous fais lecture de l'article 5 du chapitre 76 des statuts de 1964
pour vous démontrer comment le législateur à
l'époque, en 1941, a voulu permettre ce genre d'exemption aux organismes
sans but lucratif. On dit: "Le droit est exigible dans tous les cas, sauf quand
un amusement est donné sous les quatre conditions suivantes, savoir: a)
par des organisateurs et amateurs résidant dans la province qui ne
reçoivent aucune rémunération quelconque pour leurs
services à cette occasion: b) dans une église ou une salle
ouvrière ou paroissiale pour l'usage de laquelle aucun loyer n'est
payé ni aucune autre rémunération n'est accordée
pour cette fin; cependant et c'est là notre problème
n'est pas considéré comme une rémunération
le paiement par les organisateurs au propriétaire de la place
d'amusements du coût exact de l'éclairage, du chauffage et du
nettoyage de la place d'amusements occasionné par la
représentation, pourvu que ce coût ne dépasse pas $20 dans
les municipalités locales dont la population dépasse 25 000
âmes". On dit à c) également: "Lorsque le total du revenu
brut qui en revient est consacré exclusivement à des fins
charitables, agricoles ou religieuses".
Je disais tout à l'heure que ce sont les fabriques qui organisent
les bingos ou l'ETAA. L'ETAA est un organisme qui est subventionné en
partie par la ville de Sherbrooke et les fabriques ne le sont pas encore.
Plusieurs fabriques bouclent une partie de leur budget avec les bingos qu'elles
organisent. C'est entendu que la perception de la taxe d'amusement,
étant donné que la jurisprudence reconnaît qu'on doit
charger une taxe d'amusement non seulement sur le prix d'entrée, mais
sur les cartes vendues à l'intérieur, cela rend pas mal plus
compliquée l'application de cette loi. Le coût de
l'administration, pour percevoir la taxe, devient tellement élevé
que c'est du travail pour rien. Dans le fond, on enlève aux fabriques
leur profit, si elles réalisent 10% ou 15%.
Avec la loi, si les coûts d'électricité, de
chauffage et de nettoyage de la salle étaient toujours inférieurs
à $20, on n'aurait pas à leur charger cette taxe d'amusement.
D'un autre côté, auparavant, dans les bingos, les paroises
recevaient des prix à donner, à titre gratuit, de certains
fournisseurs; maintenant, elles doivent payer. Dès qu'un prix en argent
est offert, ne serait-ce que $1, on ne peut plus satisfaire aux dispositions de
l'article 5 parce qu'à ce moment-là on dit: "Le total du revenu
brut qui en revient est consacré exclusivement à des fins
charitables, agricoles ou religieuses". Dans les cas qui nous
intéressent à Sherbrooke, administrativement, c'est très
difficile. On voudrait tout de même conserver ces dispositions parce
qu'il y a toujours un pouvoir discrétionnaire d'appliquer ou de ne pas
appliquer la Loi des droits sur les divertissements; si on n'avait pas de
règlement, on n'aurait pas à percevoir cette taxe, mais c'est
quand même une taxe assez importante. Cela ne dépréciera
pas l'importance de cette taxe si on n'impose plus la taxe sur les bingos, ce
qui représente une petite partie de la taxe qu'on doit charger. En fait,
on demande que l'article 5, qui n'est pas à jour présentement, ne
soit pas appliqué pour les bingos qui auront lieu dans la ville de
Sherbrooke pour ces deux organismes.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article 5...
M. Cordeau: Un moment, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce que cette disposition ne s'appliquera
qu'à l'exposition et aux bingos dans les fabriques?
M. Huard: Elle va s'appliquer à tous les bingos tenus dans
la ville de Sherbrooke.
M. Cordeau: Pour quelque fin que ce soit? M. Huard: Pour
quelque fin que ce soit.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs les membres de la
commission, est-ce que l'article 5 sera adopté?
M. Lavoie: Si l'interprétation qu'en donne Me Huard est
fondée ce dont je ne doute pas est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu de le mettre dans la Loi des cités et villes pour toutes les
municipalités?
M. Tardif: M. le Président, c'est toujours le
problème que nous avons lorsqu'une demande est faite par une
municipalité. Une municipalité en particulier demande un pouvoir
donné et, l'année qui suit, deux ou trois arrivent et, par la
suite, la loi générale est amendée. Dans ce cas-là,
on n'a aucun précédent. Sherbrooke est vraiment la
première à libéraliser ainsi le bingo ou, en tout cas,
à le soustraire de cette taxe. Je pense qu'il y aurait peut-être
lieu d'attendre avant d'aller introduire cela dans la loi
générale. Si d'autres demandes étaient faites en ce sens,
il faudrait voir.
M. Lavoie: Mais vous n'avez pas d'objection à ce
que...
M. Tardif: Les avocats du ministère me font remarquer que
la question à savoir si, effectivement, les jeux de bingo sont
assujettis ou pas à cette taxe est une question qui est encore
conten-tieuse, même si, en effet, il y a eu un jugement qui est
cité... Un ou deux, en tout cas, on me parle ici de la cité de
Verdun contre la Royal Canadian Legion. Mais là, M. le Président,
le fait de l'introduire ainsi dans la loi générale viendrait
presque éliminer toute possibilité de contestation de ce
jugement. Donc, c'est peut-être mieux de laisser le problème
circonscrit pour l'instant à la demanderesse, la ville de
Sherbrooke.
Le Président (M. Cardinal): Suite à ces remarques,
est-ce que l'article 5 sera adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Avant que nous ne prenions
l'article 6, j'aurais deux faits à souligner. D'abord, même si
ceci paraît peut-être un peu irrégulier, c'est pour vous
aider tous que je fais une suggestion. Nous avons adopté tantôt
l'article 4 amendé et l'amendement alors proposé se lisait comme
suit: "La ville peut aliéner à titre gratuit ou pour un prix
inférieur à celui prévu au présent article un tel
immeuble en faveur du gouvernement, l'un de ses organismes ou une corporation
scolaire". En vertu de l'article 65.2, le président aurait pu, à
ce moment, s'il avait réagi assez rapidement, modifier l'amendement pour
que la phrase soit française et que l'amendement se lise ainsi. Je ne
lis que la fin. "... un tel immeuble en faveur du gouvernement, de l'un de ses
organismes ou d'une corporation scolaire ".
S'il y avait consentement de la ville de Sherbrooke et de tous les
membres de la commission, nous pourrions...
M. Goldbloom: Vous avez le mien, M. le Président. C'est
moi qui vous l'ai suggéré.
Le Président (M. Cardinal): Exactement, et je voulais en
donner le crédit à M. le député de D'Arcy McGee
qui, avec son bilinguisme habituel, a bien saisi le génie de la langue
française dans cet amendement.
J'ai une autre chose à souligner. Nous avons suspendu
tantôt un amendement à l'article 2 du projet de loi,
c'est-à-dire à l'alinéa 5. Un nouveau texte nous est remis
et je le lis en entier. Donc, l'article 2 de la Loi modifiant la charte de la
ville de Sherbrooke est modifié en remplaçant le cinquième
alinéa par le suivant... Je demanderai peut-être à M. le
député de Sherbrooke de faire formellement la motion d'amendement
tantôt lorsque j'aurai lu le texte qui est devant moi: "Lorsqu'un avis de
motion a été donné à l'effet de modifier un
règlement de zonage adopté en vertu du paragraphe 1 de l'article
426, aucun plan de construction ne peut être approuvé, aucun
certificat d'approbation ou permis de construction ne peut être
accordé soit pour l'exécution de travaux, soit pour l'utilisation
d'un terrain qui, advenant l'adoption du règlement de modification,
seront prohibés dans la zone ou le secteur concerné. Cependant,
si le règlement de modification n'est pas adopté et mis en
vigueur dans les trois mois de la date de l'avis de motion, la prohibition
édictée par le présent alinéa cesse alors
d'être applicable". D'autres commentaires? Amendement adopté? (11
h 30)
M. Goldbioom: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Est-ce que je
peux maintenant demander si l'article 2 du projet de loi, tel qu'amendé,
sera adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Cette motion de
M. le député de Sherbrooke adoptée et l'article
adopté tel qu'amendé, nous en arrivons à l'article 6.
M. Tardif: Adopté, M. le Président. Des Voix:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Dans ce cas, je
constate que le projet de loi est adopté avec amendements. C'est un
projet de loi privé, la commission fera rapport à
l'Assemblée nationale. Je remercie M. le maire, Me Huard et M. le
directeur général de la ville de Sherbrooke.
M. O'Bready: Vous me permettrez, M. le Président,
d'adresser également mes remerciements à vous, M. le
Président, à M. le ministre, de même qu'aux membres de la
commission pour, d'une part, nous avoir entendus en premier lieu sur l'ordre du
jour, étant donné qu'on doit retourner pour des raisons assez
sérieuses et, deuxièmement, pour votre compréhension de
nos demandes quant à ce projet de loi. Je remercie aussi M. Gos-selin,
le député de Sherbrooke, qui a bien voulu parrainer le projet de
loi au nom de la ville de Sherbrooke. Je vous remercie, messieurs.
M. Gosselin: II nous reste à souhaiter bonne chance
à la ville de Sherbrooke dans ses négociations.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Au revoir.
M. O'Bready: Je vous remercie.
Projet de loi no 106
Le Président (M. Cardinal): J'appelle donc, tel que
convenu à cette commission les représentants de la ville de
Saint-Eustache.
Il s'agit du projet de loi 106. Comme je l'ai souligné
tantôt, sans en faire un débat de procédure, c'est un
projet de loi public et nous sommes après la première lecture,
mais il y a consentement de la commission pour que nous procédions de la
même façon que pour les autres projets devant la commission
parlementaire aujourd'hui, pour autant que faire se peut. L'article 113-A ne
s'applique pas, M. le député de Laval, à un projet de loi
public. Vous êtes d'accord?
M. Lavoie: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): C'est purement pour fins
techniques pour que le rapport de la commission soit bien rédigé.
Je n'ai ici que le nom de M. ... Non, je n'ai aucun nom comme
représentant. Est-ce que je peux vous demander de vous identifier?
M. Bélisle (Guy): J'ai, à ma gauche
immédiate, Me Richard Lacharité qui est procureur de la ville; M.
Ronald Biard, qui est directeur général et M.
Bertrand Samson, qui est directeur des services techniques.
Moi-même, je suis Guy Bélisle et je suis maire de la ville de
Saint-Eustache.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le maire.
M. Renaud (Gilles-Y.): M. le Président, s il vous
plaît, est-ce que je pourrais m'identifier également?
Le Président (M. Cardinal): Certainement, je m'excuse.
M. Renaud: Gilles Renaud, avocat. Je représente des
parties qui sont impliquées dans cette affaire de Saint-Eustache, dont
le garagiste en particulier.
Le Président (M. Cardinal): J'ai un problème. A
moins que la commission ne consente à vous entendre, M. Renaud, l'ordre
de la Chambre était que nous entendions les représentants de la
ville de Saint-Eustache. Je ne voudrais absolument brimer aucun de vos droits
ou de ceux que vous représentez, mais ce sera à la commission de
décider de sa façon de procéder.
M. Renaud: C'était pour signaler ma présence.
Le Président (M. Cardinal): Parfait. C'est
déjà enregistré au journal des Débats.
M. Renaud: Merci.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, évidemment le fait
d'introduire ainsi, au cours d'une commission parlementaire destinée
à étudier des projets de loi privés, un projet de loi
public requiert des explications. Ces explications sont les suivantes.
D'abord, il aurait pu fort bien s'agir, dans ce cas-là, d'un
projet de loi privé puisqu'il s'agit d'une affaire concernant une
municipalité au Québec et non pas l'ensemble des
municipalités. C'est la municipalité de Saint-Eustache qui, comme
chacun le sait, a été le site d'un désastre ou d'un
sinistre, au mois d'avril de cette année. Il se posait donc, M. le
Président, des problèmes de délai en ce qui concerne
l'inscription de ce projet de loi privé, d'une part. D'autre part, il se
présentait également des problèmes de coûts,
étant donné que la présentation d'un projet de loi
privé entraîne toujours des coûts à la
municipalité qui en fait la demande. Dans le cas de Sainte-Eustache,
s'agis-sant d'une municipalité déjà
éprouvée, il nous semblait normal que le gouvernement
présente ce projet de loi à la demande, d'ailleurs, du conseil
municipal, par une résolution datée du 10 juillet 1978,
résolution no 78408.
Le projet de loi vise donc à mettre à l'abri les personnes
et non pas la municipalité comme telle les personnes,
c'est-à-dire les membres du conseil et les fonctionnaires contre
des poursuites découlant de gestes posés dans l'exercice de leurs
fonctions et qui auraient normalement dû être entourés d'un
minimum de règles, que ce soit en vertu de la Loi des cités et
villes, la Loi des travaux municipaux, la question des soumissions publiques et
autres.
M. le Président, le débat s'étant engagé en
Chambre sur "l'immunité" que conférait un article en particulier
du projet de loi 106, il a été résolu, d'une part, ou
suggéré d'entendre la ville de Sainte-Eustache en commission
pour, sans doute, apporter un certain nombre de réponses aux questions
que l'Opposition officielle et l'Union Nationale ont posées lors du
débat en deuxième lecture, et essentiellement de voir à
restreindre la portée de l'article 2 à ce qui est vraiment
recherché, c'est-à-dire éviter, en quelque sorte, des
inconvénients posés par l'application des lois ou la
non-observance des lois régissant l'administration municipale comme
telle.
Là-dessus, nous pourrions peut-être entendre les
représentants de la ville de Sainte-Eustache, laisser les membres de la
commission poser des questions et...
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Je rappelle que nous
sommes à la première lecture d'un projet de loi public. On
pourrait peut-être entendre les gens de la municipalité.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais quand même
intervenir parce que, si j'ai bien compris la suggestion que le ministre vient
de faire, la commission n'entendrait que les représentants de la
municipalité et n'entendrait pas d'autres personnes. Pourtant, l'effet
du projet de loi, I'effet de la loi si elle était adoptée, serait
de mettre fin à certaines causes qui sont apparemment devant les
tribunaux. Si tel est effectivement le cas, il me semble que les
intéressés, dans ces causes, des deux côtés,
devraient avoir le droit de se faire entendre. Si le ministre peut m'assurer
que tel n'est pas le cas, il rassurera en même temps les
intéressés qui ont intenté des poursuites devant les
tribunaux.
Notre acceptation de la suggestion du ministre que seuls les
représentants de la ville soient entendus dépendra de la
réponse qu'il nous donnera à cette question que je viens de
soulever.
M. Tardif: M. le Président, d'une part les légistes
du ministère m'informent que le projet de loi ne vise pas à
arrêter les poursuites en cours et que, d'autre part, il ne saurait
être question de transformer cette commission en Cour
supérieure.
De toute façon, je pense que le papillon qui a été
remis restreint la portée du projet de loi et nous pourrions
peut-être entendre, à ce moment-ci, les gens de la
municipalité de Saint-Eustache.
Le Président (M. Cardinal): Si vous permettez, M. le
ministre. Justement, un papillon a été distribué, qui,
dans le fond, est un nouveau texte. Je ne peux pas le recevoir comme un
amendement
au projet de loi, alors que nous sommes en commission pour la
première lecture; à moins qu'on en fasse une espèce de
réimpression, mais, justement, c'est important. J'espère que les
membres qui représentent la ville de Saint-Eustache... Vous n'avez pas
ce texte? Je veux être sûr que tout le monde a reçu ce
texte.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Le texte a effectivement été
distribué aux membres de cette commission et j'espère qu'il le
sera aux autres intéressés.
Il me semble que, si le ministre nous faisait part de son intention, le
moment venu et ce n'est pas à ce moment-ci de
présenter un amendement au texte imprimé du projet de loi, la
discussion serait éclairée si nous pouvions, au moins, en prendre
connaissance autour de la table et savoir de quoi nous allions parler. Il
serait injuste aux opinants qu'ils se prononcent sur un texte autre que celui
que le ministre aurait l'intention de présenter.
Je voudrais prier le ministre, en nous faisant part officiellement de
son intention de modification, de nous expliquer ceci: II y a, au début
du texte, une allusion à la déclaration d'inhabilité d'un
membre du conseil ou d'un fonctionnaire municipal de continuer d'exercer ses
fonctions; c'est une chose. Ensuite, vient une allusion à des actions en
responsabilité civile contre de telles personnes. Je conçois
facilement que le législateur veuille dire: Devant un état
d'urgence il a fallu que les responsables interviennent; on ne voudrait pas
qu'ils puissent être démis de leurs fonctions parce que, dans cet
état d'urgence, ils ont posé des gestes qui n'étaient pas
strictement conformes aux exigences de la loi.
Je suis tout à fait d'accord avec cela; mais, quand il s'agit de
responsabilité civile, c'est là, si je comprends bien, où
interviennent les causes qui sont présentement devant les tribunaux. Il
y a des réclamations qui sont faites. (11 h 45)
Je note que le texte de l'article soit le texte actuel, soit le
nouveau texte que le ministre a fait distribuer ne dit pas qu'aucune
action en responsabilité civile ne serait possible. Le texte dit
seulement qu'aucune action en responsabilité civile ne pourrait
être fondée sur le motif d'absence d'habilitation
législative ou sur le motif d'omission d'une formalité, et le
reste.
C'est là où j'aimerais avoir des explications, M. le
Président. Je pense que si l'on donne à ce texte
l'interprétation suivante, à savoir que les
intéressés qui se croient lésés par des actions
pourront toujours aller devant les tribunaux, mais que les motifs de telles
actions seront restreints, ces personnes, devant les tribunaux, ne pouvant
invoquer l'absence d'habilitation législative et les autres
considérations. Si c'est précisément cela, je pense que
nous aurons un éclaircissement consi- dérable et très
utile. J'aimerais que le ministre puisse nous confirmer ou infirmer
l'interprétation que je viens de donner.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, d'abord c'est clairement mon
intention de déposer un tel amendement au moment opportun.
Deuxièmement, M. le Président, l'interprétation à
donner à cet article est précisément celle dans laquelle
s'est engagé le député de D'Arcy McGee; c'est que ce n'est
pas toute action en responsabilité civile qui est annulée, mais
uniquement celles fondées sur les motifs d'absence d'habilitation,
d'omission d'une formalité et d'inobservation de disposition
législative, et encore là, c'est encore plus restreint,
c'est-à-dire que c'est concernant l'administration municipale. Donc,
c'est vraiment essayer de cerner encore plus ce que l'on voulait atteindre au
début, ce qui ne l'était peut-être pas de façon
assez explicite.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, nous comprenons que les
autorités de Saint-Eustache ont certainement agi de bonne foi quand, au
mois d'avril dernier, devant la catastrophe à laquelle vous avez eu
à faire face, vous avez pris des décisions rapidement, pour la
protection de vos citoyens. Si nous posons des questions, quelque chose comme
cela, ce n'est pas dans le but de discréditer votre travail, mais au
contraire, c'est afin de protéger tous les gens. M. le ministre, est-ce
que, actuellement, il y a eu déjà des actions prises contre la
municipalité et les autorités en place? Est-ce que les
autorités sont incluses dans les actions qui ont été
prises?
M. Tardif: Je ne pourrais vous informer que de deuxième
main.
M. Cordeau: Je peux poser la question...
M. Lacharité (Richard): Je peux répondre à
la question, si on me le permet.
M. Cordeau: Oui.
M. Lacharité: Actuellement, il y a eu 24 dossiers
d'ouverts, des actions intentées contre la ville de Saint-Eustache et
certaines autres personnes, notamment un garagiste de la ville de
Saint-Eustache, dans certains cas, une compagnie pétrolière, et
dans certains autres cas, contre le procureur général. Le total
des actions, en en excluant une sur laquelle je reviendrai tout à
l'heure, contre la ville de Saint-Eustache seulement, je ne parle pas du maire,
des conseillers ou autres fonctionnaires, contre la ville, corporation
municipale, est de $1 956 632. Il y a une action d'un type particulier, en
dehors des autres; c'est l'action que M. Roméo Goyer a, lui,
intentée à la ville de Saint-Eustache, au maire Guy
Bélisle et aux deux enquêteurs
chargés du dossier. Cette seule action est pour un montant de S1
459 080.
Maintenant, toutes les actions qui sont dirigées à la fois
contre la ville de Saint-Eustache et contre d'autres compagnies ou
entités légales ont pour base, je pense, à mon point de
vue je les ai avec moi des arguments communs, des
allégations similaires: ce sont des allégations de faute
découlant de l'application de l'article 1053 du Code civil. On
allègue, à titre d'exemple, que la ville de Saint-Eustache
connaissait la situation, qu'elle n'en aurait pas informé ses
contribuables en temps utile, qu'elle n'aurait pas pris les moyens
appropriés pour remédier au problème.
Jusqu'à ce jour, c'est le genre d'allégations qui sont
faites dans chacun des dossiers en question. Je pense que la loi que vous avez
à étudier n'a pas pour effet, d'aucune façon, de mettre de
côté quelque action en cours, puisque les actions d'abord sont
dirigées contre la ville et non pas contre quelque individu en
particulier et qu'elles ne sont pas fondées sur les motifs qui sont
clairement établis à l'article 2.
Quant à l'action de M. Goyer actuellement, c'est la seule
qui est devant les tribunaux contre le maire en particulier et contre
deux enquêteurs, encore là, les allégations ont pour base
des fautes qui sont reprochées personnellement aux individus en
question, mais suivant le régime normal de la loi, c'est-à-dire
que, ayant commis une faute, selon ces allégations, il s'ensuit une
responsabilité légale et un recours en
dommages-intérêts.
M. Cordeau: Pas de question.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que nous avons
maintenant obtenu d'importants éclaircissements. Si je comprends la
situation, celui qui n'est pas heureux de ce qui a été fait
demeurerait libre d'intenter les actions qui lui sembleraient justifiées
en disant: Le travail n'a pas été fait correctement, le jugement
appliqué dans l'exercice des fonctions des personnes responsables n'a
pas été ce qu'il aurait dû être, mais ces personnes
n'auraient pas la liberté d'imputer une faute aux responsables par
rapport à l'habilitation législative ou aux autres
considérations.
J'aimerais, pour moi, une dernière fois, que le ministre confirme
que cette commission parlementaire et l'Assemblée nationale comme telles
ne se substituent pas, par l'adoption de ce projet de loi au système
judiciaire et aux tribunaux de la province. Avec cette assurance...
M. Tardif: M. le Président, de l'avis des gens du
contentieux du ministère des Affaires municipales qui ont examiné
chacune des actions présentement inscrites devant les tribunaux, aucune
de ces actions c'est leur avis n'est fondée sur l'un des
motifs invoqués à l'article 2 tel que proposé dans le
papillon. Je pense que cela répond à certaines des objections
soulevées. J'ai ici un rapport du contentieux quant à la
série des gestes qui pourraient entraîner une requête en
disqualification des élus ou des fonctionnaires municipaux. Toutes les
mesures prises quant à l'évacuation, le relogement, le fait pour
le conseil de payer les chambres d'hôtel, de motel, des repas aux
personnes évacuées ou à des bénévoles qui
ont travaillé, le fait d'engager des consultants, d'entreprendre des
travaux, de forer des puits même sur la propriété
privée pour faire évacuer les émanations d'essence, etc.
Enfin, bref, il y a une série de gestes qui ont dû être
posés, comme l'engagement de pompiers et de policiers
bénévoles au-delà de ce que permet la Loi de police, soit
pour sept jours seulement en période d'urgence; des constables
spéciaux comme on les appelle dans la Loi de police; les autorisations
de règlements d'emprunt également, M. le Président. Or,
toutes ces mesures sont celles qui sont visées véritablement par
le projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): Messieurs. Alors, il nous faut
résumer comme ceci: nous avons devant nous maintenant une intention
formelle du ministre.
M. Tardif: Est-ce qu'on pourrait peut-être demander
à M. le maire s'il désire ajouter quelque chose pour le
renseignement de la commission?
Le Président (M. Cardinal): M. le maire.
M. Bélisle: Avec plaisir, M. le Président. Nous, de
la façon qu'on entrevoyait cette loi spéciale, ce n'était
pas d'aucune façon d'obtenir un pardon, comme il a été dit
à l'Assemblée nationale la semaine dernière. On n'a rien
à se faire pardonner. En tout cas, on ne pense pas avoir rien à
se faire pardonner. Il s'agit tout simplement de rendre légaux des
gestes qui sont, jusqu'à aujourd'hui, encore illégaux, qui ont
été posés et causés par l'état d'urgence. Le
fait d'avoir posé ces gestes a entraîné, dans la pratique
normale de l'administration municipale, des irrégularités
à cause desquelles il est nécessaire maintenant de
légiférer. Si jamais cela n'était pas fait,
nécessairement tous les membres du conseil municipal se trouveraient
sujets à une disqualification et très facilement.
La population elle-même l'a comprise, je pense bien, cette
irrégularité, de même que le fait qui nous place dans une
position délicate. La population n'a même pas, elle qui en a
été la victime, cru bon jusqu'à présent de
poursuivre directement ou personnellement des membres du conseil municipal,
sauf une personne qui avait peut-être plus de raisons que d'autres de le
faire et qui a pris une action contre le maire. Le maire,
précisément, et pour des motifs tout autres que
l'inhabilité ou l'irrégularité des actes posés.
Le Président (M. Cardinal): M. le maire, je m'excuse de
vous interrompre, mais vous parlez d'une question qui est sub judice.
M. Bélisle: Oui, mais, en fait...
Le Président (M. Cardinal): Pour vous proté-
ger, je vous inviterais à demander ma protection, que je puis
vous accorder.
M. Lavoie: Celle de la commission!
Le Président (M. Cardinal): Celle de la commission,
pardon, puisque je représente la commission, afin que vous puissiez
bénéficier de l'immunité parlementaire.
M. Bélisle: Je vous la demande, M. le
Président.
Le Président (M. Cardinal): La commission l'accorde?
Une Voix: Volontiers.
M. Bélisle: De toute façon, je n'avais pas
l'intention d'aller plus loin. Je ne me sens pas tellement à l'aise pour
parler de ce cas particulier, de cette action particulière. Je voulais
simplement vous souligner que la population sait que les membres du conseil
municipal, comme toute l'administration de la ville comme telle, ont fait le
nécessaire et l'impossible également pour réduire au
minimum les effets néfastes de l'infiltration de produits
pétroliers dans son sous-sol.
Je vous avoue qu'on a été quand même assez surpris
de voir de quelle façon le projet de loi était perçu
puisque ce projet de loi était uniquement, en tout cas à notre
avis, pour légaliser des actes illégaux. Normalement, dans
l'administration d'une ville, si ces actes avaient eu à être
posés, ils auraient pu l'être de façon légale en
autant qu'on suive les procédures édictées par la Loi des
cités et villes. C'est de cette façon qu'on perçoit cette
loi.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: L'étude de ce projet de loi aura
été pour nous tous fort instructive. Même s'il s'agit d'un
projet de loi public, il y a une considération qui s'apparente à
celle que nous invoquons très souvent pendant l'étude des projets
de loi privés, c'est-à-dire que voici un projet de loi qui porte
sur une seule municipalité du Québec et pourtant, le même
genre de problème pourra se présenter n'importe où
à n'importe quel moment. Les mêmes difficultés pourront se
présenter à cause d'un événement imprévu qui
mettrait en danger la santé ou les biens de citoyens de ces
municipalités. (12 heures)
J'aimerais peut-être souligner deux aspects d'une
éventuelle loi générale qui pourrait être
adoptée. Il y a, d'un côté, l'établissement d'un
cadre d'action pour les dirigeants municipaux qui doivent faire face à
des urgences et qui ne peuvent procéder de la façon normale avec
des avis de convocation de réunions, des avis de leurs actions et tout
cela. Il y a aussi une question beaucoup plus complexe qui s'apparente à
ce que l'on a essayé de régler par des lois dites lois du bon
Samaritain dans divers Etats américains, notamment, pour protéger
les personnes qui portent secours aux accidentés, par exemple.
M. Le Président, j'aimerais prier le ministre de bien vouloir se
pencher sur l'opportunité d'une législation
générale, parce que le problème est très
réel. Je pense que si nous avions eu toutes les explications, toutes les
précisions... Entre parenthèses, M. le Président, le
ministre a reçu un télégramme du Barreau du Québec
dont j'ai copie devant moi. Donc, les membres de l'Assemblée nationale
qui se sont opposés à l'adoption du projet de loi l'autre jour
n'étaient pas seuls à entretenir des inquiétudes. Mais je
pense que, si nous avions compris mercredi soir et jeudi matin ce que nous
comprenons aujourd'hui, nous aurions eu un débat plus facile à ce
moment-là. Je l'admets volontiers.
Le Président (M. Cardinal): A une autre heure, ce
débat aussi...
M. Tardif: A un autre moment, cela aurait
été...
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! M. le
député de Laval et, ensuite, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Lavoie: M. le Président, il y a une autre personne ici
Me Renaud qui représente, d'après les documents que
j'ai devant moi, un demandeur dans une action assez complexe contre le maire,
la ville de Saint-Eustache, deux policiers de la Sûreté municipale
de Saint-Eustache. Le client de Me Renaud, à mon avis, à la suite
des explications qui ont été données, n'est pas
brimé dans ses droits en action en libelle contre le maire parce
qu'il semble y avoir un élément de libelle action en
dommages autant contre le maire que contre les policiers et la
municipalité. Mon interprétation, suite à l'amendement qui
a été apporté, est que ces droits ne semblent
brimés d'aucune façon, à mon avis. Mais, pour avoir un
éclairage complet, je proposerais j'imagine que cela ne
retarderait pas les travaux de cette commission si cette personne
désire se faire entendre, qu'on ne le refuse pas.
Le Président (M. Cardinal): Si vous le permettez, il
faudrait je pense à deux choses, M. le député de
Laval que j'aie tout d'abord le consentement des membres de la
commission. Même si on adoptait une motion, cela viendrait à une
autre séance. Deuxièmement...
M. Lavoie: Sans aller au fond de la question, cela vaudrait la
peine...
Le Président (M. Cardinal): ... il ne faudrait pas que la
commission devienne la Cour supérieure. Si vous le faites de
façon informelle puisque la commission est d'accord, je peux tout
simplement me retirer. Il y aurait suspension technique pour quelques minutes
et les membres de la commission pourraient entendre Me Renaud.
M. Lavoie: Désirez-vous vous faire entendre? Si vous ne le
désirez pas, on ne discutera pas.
M. Renaud: M. le Président, je m'excuse. Il y aurait un
point sur lequel j'aimerais attirer l'attention de la commission. Comme vous
l'avez mentionné, ce n'est pas l'endroit pour discuter ce que nous irons
discuter devant la Cour supérieure.
Le Président (M. Cardinal): Avant de vous entendre, est-ce
que je peux demander quel est le sentiment de la commission, s'il vous
plaît?
M. Goldbloom: J'aimerais suggérer que nous accordions deux
ou trois minutes à Me Renaud par consentement des membres de la
commission, même si le libellé de l'ordre de la Chambre
n'était pas aussi large. Je pense qu'il ne serait pas juste que cette
partie, si nous acceptons de l'entendre, ne soit pas inscrite au journal des
Débats.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Peut-être qu'une explication de plus peut nous
éclairer sur le dossier complet. Pas d'objection.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que...
M. Tardif: On ne s'embarquera pas dans tout cela.
M. Cordeau: Non, non.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Me Renaud est
avocat, je pense qu'il connaît un peu notre façon de
procéder. Sur consentement de la commission nous allons vous entendre
quelques minutes.
M. Renaud: Merci, M. le Président. C'est simplement un
point sur lequel je voudrais attirer l'attention. On a mentionné qu'il
n'y a aucune action en responsabilité civile contre un membre du conseil
ou un fonctionnaire municipal. Il ne faut pas oublier l'article 1054 du Code
civil selon lequel une municipalité peut être responsable pour ses
préposés, ses employés, dont les employés
municipaux. A ce moment, si on met de côté la
responsabilité des employés municipaux, la ville ne peut
être responsable que pour autant que les employés sont
responsables. Si on met les employés de côté, à ce
moment, on met également de côté la ville de
Saint-Eustache.
Il y a un autre point sur lequel je voudrais attirer l'attention; c'est
qu'on dit que les actions jusqu'à ce jour il y en a pour $6
millions ne cadrent pas, si l'on veut, dans le projet de loi no 106. Or,
si on regarde M. le ministre a une copie de cette action, de même
que les membres de l'Opposition dans la déclaration, et j'en
prends une au hasard, celle de Vianney Léonard et al., où il y a
36 ou 38 personnes qui se sont groupées pour faire une
réclamation, au paragraphe 3, on mentionne: En raison de ladite
évacuation et des travaux de forage effectués près des
propriétés des demandeurs. Evidemment, ce sont tous des faits qui
découlent de l'application du projet de loi no 106. Si on les met de
côté, toutes ces actions seront réduites à
néant. C'est mon interprétation et c'est ce que je voulais
souligner à la commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Cardinal): Me Renaud. Est-ce qu'il y a
d'autres...
M. Renaud: II y en a beaucoup d'autres évidemment, mais ce
n'est pas la place.
Le Président (M. Cardinal): Je comprends. D'accord. Est-ce
que quelqu'un d'autre a demandé la parole?
M. Lacharité: Rapidement, je ne veux pas faire
évidemment un débat...
Le Président (M. Cardinal): Voudriez-vous pour les fins du
journal des Débats, vous identifier?
M. Lacharité: Richard Lacharité, procureur de la
ville de Saint-Eustache.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Lacharité: Je pense que le projet de loi est
très clair. C'est qu'on ne peut pas fonder une action en
responsabilité civile, puisque c'est de cela qu'on parle, contre un
membre de la ville de Saint-Eustache, un employé ou un fonctionnaire,
qui est basée et le texte le dit catégoriquement, sur le motif de
l'absence d'habilitation législative ou sur le motif de l'omission d'une
formalité même impérative. Cela laisse le champ
entièrement libre à toutes les autres allégations du Code
civil, et notamment à celles des articles 1053 et 1054. Si on
allègue que la ville et quelques-uns de ses employés ont mal
exécuté leur mandat, ville qui, par cette loi, maintenant est
réhabilitée législativement, les recours demeurent
entièrement ouverts. J'ai constaté tout à l'heure dans la
plupart des cas, entre autres, celui auquel on faisait référence,
celui de Vianney, qu'on allègue des fautes spécifiques
vis-à-vis de la ville de Saint-Eustache et ou de ses employés. Je
pense que ces actions demeurent. Elles seront entendues en temps et lieu par la
Cour supérieure qui aura à décider s'il y aura ou non
responsabilité civile de la ville de Saint-Eustache.
Brièvement, je vais vous donner le point de vue de la ville de
Saint-Eustache. Quand la ville de Saint-Eustache a eu à prendre les
décisions dramatiques qu'elle a du prendre, il n'y avait pas
malheureusement, comme M. le député de D'Arcy McGee l'a
souligné, de cadre légal dans lequel elle pouvait le faire. Il
n'y avait même pas à ce moment-là l'article 600b de la Loi
des cités et villes qui permet maintenant à un maire, dans
certains cas urgents, de prendre certaines décisions, d'ef-
fectuer certaines dépenses, puisque l'article en question, bien
qu'adopté au mois de décembre 1977, n'est entré en vigueur
qu'au mois d'août de cette année. Il n'y avait pas non plus le
cadre qu'on se propose de donner maintenant avec le projet de loi 94; Loi sur
la protection des personnes et des biens en cas de sinistre. Si on avait quand
même eu ce genre de cadre...
M. Lavoie: II n'est pas encore adopté.
M. Lacharité: C'est pourquoi je l'ai appelé projet
de loi.
M. Tardif: C'est urgent de le faire.
M. Lacharité: Alors, quand on parlait tout à
l'heure justement de cela...
M. Goldbloom: C'est encore plus urgent de l'améliorer.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, j'aime bien vous entendre plaider, mais ce sera la
première fois qu'une cour aura été présidée
par un notaire.
M. Lacharité: Ce que les membres du conseil municipal et
les employés fonctionnaires craignaient et craignent encore, c'est
l'application de la Loi des travaux municipaux qui impose des amendes
très pénibles, $5000, qui impose aussi une disqualification pour
cinq ans. Dans certains cas je vous cite l'article 604 de la Loi des
cités et villes on parle même de responsabilité
personnelle des élus municipaux si les formalités, par exemple,
d'un règlement d'emprunt ne sont pas observées.
C'est tout ce que la ville de Saint-Eustache recherchait. Je dois dire
également que, avec les contacts que nous avons eus avec les
légistes du ministère des Affaires municipales dont nous avons pu
apprécier la compétence, l'objectivité et le
dévouement, c'est tout ce que le ministère des Affaires
municipales recherchait également, quant à nous. Je pense que
cela apparaissait clairement dans le projet de loi tel que déposé
et encore peut-être plus clairement avec les modifications qui sont
apportées ce matin.
Personnellement, c'est l'information que je donne à la
commission. Je ne vois pas pourquoi les recours normaux suivant le Code civil
seraient brimés vis-à-vis de toute personne.
Le Président (M. Cardinal): Merci, Me Lacharité. Y
a-t-il d'autres commentaires? M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je vais poser un des gestes
les plus téméraires que j'aie jamais posé de ma vie. Je
vais me déclarer en désaccord avec le Barreau du Québec.
C'est extrêmement téméraire de ma part, n'étant pas
avocat.
J'ai devant moi le texte du télégramme, daté du 8
décembre, adressé au ministre des Affaires municipales, au
ministre de la Justice et à certaines autres personnes. A la fin du
troisième alinéa, je note que le Barreau exprime son avis qu'il
n'y a "aucune mesure entre la portée heureusement restrictive de
l'article 3 et la portée beaucoup trop large de l'article 2".
Voilà le lieu de mon désaccord, M. le Président. Je
pense qu'avec les explications que nous avons reçues ce matin et encore
davantage avec les modifications que propose le ministre à l'article 2
la portée de cet article n'est quand même pas aussi large que l'on
aurait pu le croire en le lisant la première fois.
Par contre, M. le Président c'est le point que je veux
souligner mon désaccord avec le Barreau est encore plus important
en ce qui concerne l'article 3, parce que je ne le trouve pas "heureusement
restrictif". Au contraire, je le trouve beaucoup trop général et
cela, à cause d'un seul mot. Ce mot se trouve à la
troisième ligne et c'est ie mot "notamment". Je pense que, s'il y a lieu
d'exempter certains actes qui ont pu être posés je ne sais
pas si "exempter" est le bon mot s'il faut un article qui porte sur
certains règlements et certaines résolutions, il faudra que cet
article soit précis. Le mot "notamment" n'a rien de précis, n'a
rien de restrictif; au contraire.
M. Tardif: M. le Président, si on me le permet. Le
Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Tardif: Je vais me permettre d'être en désaccord
avec le député de D'Arcy McGee...
M. Guay: D'accord avec le Barreau.
M. Tardif: Non, pas plus avec le Barreau... puisque l'article 3
ne constitue en réalité qu'un exemple de ce que l'article 2
permettait. (12 h 15)
Si le député de D'Arcy McGee est satisfait de l'article 2,
tel qu'il sera rédigé après l'adoption du papillon, il
verra parce que l'article 3 commence au bas de la première page
"Les règlements, résolutions, procès-verbaux et
autres ordonnances et les décisions visés à l'article 2
ce n'est donc pas n'importe quels résolutions,
procès-verbaux et ordonnances, mais bien ceux visés à
l'article 2, ceux dont il dit d'ailleurs maintenant qu'il est satisfait de les
voir aussi bien circonscrits se rapportent notamment aux actes suivants
". C'est sûr que ce n'est pas une nomenclature exhaustive qui est faite
là, je pense que cela couvre les principaux actes mais 3
ne peut pas aller plus loin que 2 et il se dit satisfait de 2.
M. Goldbloom: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Je ne suis quand même pas satisfait des
explications que vient de fournir le ministre. De deux choses l'une; ou bien il
faut pré-
ciser, ou bien on n'a pas besoin de préciser. S'il faut
préciser, précisons; si l'on n'a pas besoin de le faire, on n'a
pas besoin d'un article qui indiquerait quels règlements, quelles
résolutions, quels procès-verbaux, quelles autres ordonnances,
quelles décisions. Si l'on est pour les préciser,
précisons-les et laissons de côté le mot "notamment" qui
enlève toute précision.
M. Tardif: M. le Président, le but de l'article 3 n'est
pas de préciser, dans le menu détail, quel type d'actions serait
avalisé, recevrait le grand pardon par cette loi, mais bien d'illustrer
à quoi pourrait s'appliquer cette loi, de sorte qu'on pourrait,
théoriquement, sans changer le principe même de la loi,
éliminer l'article 3 complètement.
M. Goldbloom: C'est ce que je suis en train de suggérer au
ministre, mais ce n'est pas le moment...
Le Président (M. Cardinal): Non, ce n'est pas le
moment.
M. Goldbloom: ... de prendre cette décision. Je voulais
simplement attirer l'attention du ministre sur l'effet du mot "notamment".
Le Président (M. Cardinal): Puis-je souligner deux points?
Tout d'abord, nous ne sommes pas à l'étude article par article et
il y aura toujours lieu de proposer un amendement.
Deuxièmement, c'est très intéressant qu'une
commission soit maintenant rendue à s'interroger sur l'intention du
législateur dans ses moindres précisions.
M. le député de Saint-Hyacinthe a un mot à
ajouter.
M. Cordeau: M. le Président, j'appuie la suggestion du
député de D'Arcy McGee, à l'effet que le gouvernement
établisse un cadre d'action pour les autorités municipales en cas
d'urgence. Je crois que cela protégerait les autorités
municipales, en cas de catastrophe ou un cas semblable à celui auquel
ont eu à faire face les autorités de Saint-Eustache. Cela les
couvrirait.
Egalement, je crois que les explications des autorités de
Saint-Eustache, l'amendement apporté par le ministre, ce matin, vont
être des renseignements qui vont nous permettre de mieux
apprécier, de mieux légiférer, en deuxième lecture,
sur ce projet de loi.
Le Président (M. Cardinal): En terminant, il n'y a rien
à adopter, ce n'était qu'une audition. Je voudrais remercier ceux
qui se sont...
M. Lavoie: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Une question, pour mon information personnelle.
Lorsqu'il y a de tels sinistres ou désastres cela arrive à
l'occasion, j'espère le moins souvent possible, il y a eu
Saint-Jean-Vian-ney, il y a eu des tornades à certains endroits, dans
certaines municipalités dans le passé, qui a
été le maître d'oeuvre du rétablissement de l'ordre?
Comme à Saint-Jean-Vianney, est-ce que cela avait été la
municipalité ou le gouvernement provincial? Ainsi que dans d'autres
petites ou moyennes municipalités?
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'impression qu'il y a eu
une espèce de partage des fonctions. Le gouvernement est intervenu dans
presque tous les cas par le biais de l'organisation des mesures d'urgence. La
Société d'habitation du Québec est intervenue pour fournir
le gîte temporaire et même permanent et relocaliser des sections
complètes de municipalité; je pense au cas d'Asbestos, notamment,
où une partie du quartier Mitchell a été
réaménagé. Cet été, je suis allé
à Buckingham, à la suite de cette tornade qui avait
dévasté environ une soixantaine de maisons.
Donc, c'est l'intervention du gouvernement qui s'est manifestée
dans à peu près chaque cas. Mais ce qu'on a souligné
tantôt, à bon droit, je pense, c'est l'absence d'une loi-cadre
permettant ce genre d'intervention. Je constate que le député de
D'Arcy McGee et le député de Saint-Hyacinthe nous ont
invités à présenter une loi-cadre; je dis qu'il y en a une
présentement devant l'Assemblée nationale. Elle n'est
peut-être pas celle qu'on souhaiterait avoir du côté de
l'Opposition. Si tel est le cas, on recevra volontiers ses suggestions. Cela
s'appelle le projet de loi no 94, Loi sur la protection des personnes et des
biens en cas de sinistre. Et on verra à l'article 21...
M. Lavoie: Une définition du mot sinistre. M. Tardif:
J'en ai proposé une.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît! Nous ne sommes pas à cette commission.
M. Tardif: C'est important, M. le Président, puisque nous
en sommes au principe même d'une action ponctuelle.
M. Lavoie: II ouvre la porte.
Le Président (M. Cardinal): Pourvu que cela ne devienne
pas un débat. Je viens de dire: A l'ordre!
M. Guay: Le ministre n'a pas inclus le congrès du Parti
libéral.
Le Président (M. Cardinal): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: C'est la porte vraiment étroite du
député de Taschereau.
M. Cordeau: J'aime mieux une porte entrouverte qu'une porte
fermée.
Le Président (M. Cardinal): II y a une réponse qui
est donnée au député de Laval. Est-ce qu'on pourrait
revenir au projet de loi à ce moment?
M. Tardif: M. le Président, les intervenants, à la
fois de l'Opposition officielle et de l'Union Nationale, ont invoqué la
nécessité d'avoir une loi-cadre qui empêche de
légiférer ad hoc pour chaque tornade qui se présente au
Québec ou chaque glissement de terrain ou chaque inondation ou chaque
infiltration de produits pétroliers. Je dis: II y a présentement
une loi devant l'Assemblée nationale, c'est la loi 94, qui permet au
ministre de la Justice et aux maires des municipalités de
décréter l'état d'urgence et d'adopter la plupart des
mesures qui ont été prises dans le cas de Saint-Eustache, mais de
le faire légalement. Quant à la définition du sinistre, on
n'entrera pas là-dedans, M. le Président.
M. Lavoie: Le but de ma question, c'est que j'imagine que, pour
la ville de Saint-Eustache qui est une municipalité de grandeur moyenne,
une situation de la sorte doit avoir causé des problèmes assez
énormes. Entre autres, est-ce que je pourrais vous poser une question?
Pour les emprunts temporaires, est-ce que vous avez eu des emprunts temporaires
à négocier aux différentes institutions bancaires?
M. Bélisle: Oui, on a eu des emprunts bancaires à
négocier pour près de $2 500 000 jusqu'à maintenant.
Maintenant, on attend une réponse définitive, on a eu la
réponse définitive du gouvernement concernant l'aide
financière. Il nous reste à recevoir l'arrêté en
conseil, qu'on espère recevoir avant le 31 décembre pour que ces
emprunts temporaires disparaissent de nos états financiers pour
l'année 1979.
M. Lavoie: Combien cela vous a coûté jusqu'à
maintenant ce sinistre?
M. Bélisle: Jusqu'à ce jour, cela nous a
coûté environ $2 600 000, peut-être $100 000 en plus ou en
moins, mais environ c'est cela.
M. Lavoie: Est-ce que le gouvernement entend rembourser la
municipalité en totalité?
M. Tardif: M. le Président, il y a un projet
d'arrêté en conseil qui est présentement devant le Conseil
des ministres qui comprend une très forte proportion du montant
mentionné par M. le maire.
M. Lavoie: Une municipalité ne peut pas se permettre...
Quelle est la population de Saint-Eustache?
M. Bélisle: Nous sommes 25 000 environ, peut-être un
peu plus. C'est sûr que, financièrement, la municipalité ne
peut absolument pas absorber, même temporairement, des dépenses de
cet ordre, de cette envergure parce que cela aurait pour effet de geler
l'administration financière de beaucoup d'autres domaines municipaux
dans la ville. On espère grandement que le gouvernement prendra nos
demandes en sérieuse considération. Je pense que c'est
déjà fait. Quant à nous, on espère être
remboursés à 100% des dépenses faites parce que
déjà seulement les énergies déployées
à tous points de vue ont fait en sorte que l'administration de la ville,
durant un certain temps, a été ralentie énormément.
Précisément, durant la période commençant le 11
avril jusque vers la fin de juillet. Il nous reste encore même d'ailleurs
certains travaux à faire.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de déplorer
le fait que toute la discussion autour du projet de loi no 106 a eu pour effet
de semer une certaine idée dans la population, à savoir que les
administrateurs municipaux et les membres du conseil municipal avaient peur et
voulaient maintenant se faire blanchir de certains actes qu'ils ont
posés. Ce n'est pas cela du tout. Je vous avoue que cela a
provoqué des réactions plus ou moins agréables chez les
membres du conseil, c'est-à-dire les questions de la population ou
même de gens qui n'étaient pas de nos citoyens et qui nous
disaient tout simplement: Vous commencez à avoir peur, vous voulez avoir
une loi spéciale, alors que l'esprit de la loi n'était pas cela
du tout. L'esprit de la loi est simplement de légaliser des actes
posés qui sont illégaux. Une fois que ces actes sont rendus
légaux, si la population, si certains citoyens trouvent qu'on les a mal
faits, ces actes, il demeure qu'ils ont toujours le droit de poursuivre. Je
pense que cela s'imposerait de faire les rectifications requises pour bien
situer le débat dans son vrai contexte et ne pas laisser l'impression
que les membres du conseil municipal de Saint-Eustache sont traqués et
qu'ils ont absolument besoin d'une loi spéciale pour se sauver.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me permettez, M. le
maire, sans toucher au fond du débat, vous avez ici une loi publique,
comme vous on l'a indiqué tantôt; c'est donc une loi qu'on
pourrait appeler, dans un sens, générale. D'autre part, il y aura
un débat de deuxième lecture. Pour les fins d'ailleurs du
secrétariat des commissions, j'indique une fois de plus que l'article
113a ne s'applique pas à ce projet de loi et qu'il y aura débat
de deuxième lecture à l'Assemblée nationale lorsque la
commission fera rapport.
Sur ce, je veux vous remercier, M. le maire.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): II faudrait la permission de
la commission.
M. Guay: M. Gratton est membre. M. Lavoie: M. Gratton est
membre.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce qu'il a
été nommé?
M. Goldbloom: II est membre.
M. Lavoie: C'est un membre permanent.
Le Président (M. Cardinal): Vous avez raison, M. le
député de Gatineau est un membre permanent.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Merci, M. le Président, très
brièvement, pour réagir aux propos que vient de tenir M. le maire
de Saint-Eustache, si le débat de deuxième lecture a
créé l'impression dont le maire a parlé tantôt,
quant à nous de l'Opposition officielle, ce n'était
sûrement pas le résultat que l'on recherchait. Au cours de la nuit
de mercredi dernier, au moment où nous avons étudié le
projet de loi no 106, il nous était impossible d'obtenir ce qui nous
paraissait être des informations essentielles pour adopter en
deuxième lecture le projet de loi. Il y avait la question des assurances
de la municipalité qui, me dit-on, n'a pas été
touchée ce matin. Je pense que cela devient moins important, compte tenu
de l'explication que vous avez fournie ce matin. Mais le fait demeure qu'il
nous semblait nécessaire d'obtenir certaines informations de base avant
de voter la deuxième lecture. Compte tenu des informations qu'on a
obtenues ce matin, ici en commission parlementaire, je pense pouvoir parler au
nom de mes collègues de l'Opposition officielle pour dire que le
débat de deuxième lecture sera beaucoup plus court et beaucoup
moins violent qu'il ne l'a été durant les trois premières
heures de jeudi matin de la semaine dernière.
Le Président (M. Cardinal): Merci, M. le
député de Gatineau.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre.
M. Tardif: Un dernier mot là-dessus, si vous me le
permettez.
Le député de Laval a posé la question quant
à la contribution ou l'aide gouvernementale. Je tiens à dire ici
que le sinistre s'étant produit le 11 avril, soit un mardi, le conseil
des ministres, dès sa réunion du lendemain, le mercredi, adoptait
le principe d'une aide à Saint-Eustache et cela était rendu
public. J'ai ici la décision du conseil des ministres adopté
formellement le 20 avril, sur rapport du ministre de la Justice, d'accepter que
le gouvernement du Québec apporte une aide financière à la
municipalité de Saint-Eustache pour couvrir les coûts
engendrés par l'infiltration de substances gazeuses et explosives dans
le secteur centre de cette municipalité; deuxièmement, de verser
cette aide financière selon des modalités à être
précisées dès que la nature et l'étendue des
dommages auront été établies; troisièmement, de
fournir par l'entremise des ministères et organismes du gouvernement
tout le support technique ainsi que le personnel requis pour aider cette
municipalité à résoudre ce problème. C'est ce qui a
été fait.
Le Président (M. Cardinal): Merci.
M. Guay: C'est un bel exemple de la collaboration entre le
gouvernement et les municipalités. (12 h 30)
Le Président (M. Cardinal): D'accord, M. le
député de Taschereau.
M. le maire.
M. Bélisle: Une dernière remarque, si vous voulez,
à la suite de l'intervention de M. le député de Gatineau.
Cette impression qui s'est développée dans le public a fait en
sorte que même le Barreau est tombé dans le panneau, finalement,
et n'a pas compris l'esprit même du projet de loi. Je vous demanderais,
si c'est possible, lors des discussions en deuxième lecture, de faire en
sorte que ce soit clair et net qu'il ne s'agit pas, pour les membres du conseil
municipal, d'obtenir je m'excuse de l'expression, c'est parce qu'elle a
été employée la semaine dernière un pardon
parce qu'on n'a rien à se faire pardonner.
Le Président (M. Cardinal): Je vous remercie, M. le maire,
Me Lacharité, Me Renaud et ceux qui vous accompagnent. Je vais
maintenant vous laisser aller et appeler les représentants de la ville
de Varennes pour le projet de loi privé no 268.
Projet de loi no 268
Le Président (M. Guay): Le calme étant revenu, nous
allons aborder le projet de loi no 268, Loi modifiant la charte de la ville de
Varennes. Nous avons devant nous le gérant de la ville, M. Champoux.
Non?
M. Viau (Pierre): M. Champoux est malheureusement absent ce
matin.
Le Président (M. Guay): Pourriez-vous, dans ce
cas-là, vous identifier et identifier vos collaborateurs?
M. Viau: Oui. Mon nom est Pierre Viau, avocat; Me Conrad Delisle,
avocat, et M. le maire Jean De Martel. Nous représentons la ville de
Varennes.
Le Président (M. Guay): Peut-être, M. le maire ou M.
Viau, voudriez-vous nous expliquer ou expliquer à cette commission les
raisons d'être de ce projet de loi.
M. Viau: Oui, voici, c'est assez simple, d'ailleurs, et ce n'est
pas un précédent à Varennes. Si on se réfère
aux années antérieures, dès 1957, par un projet de loi qui
avait été qualifié d'assez révolutionnaire à
l'époque, la paroisse de Varennes, qui ne comptait que quelque centaines
d'âmes, avait déjà obtenu des pouvoirs considérables
vu la venue d'industries importantes. Effectivement, aujourd'hui, à
Varennes, vous avez pour $40 millions à $45 millions d'industries
importantes sur une centaine de millions de dollars d'évaluation.
Ce qui est survenu par la suite, c'est que, vers la fin de 1971, la
paroisse et le village ont fusionné en vertu des lois du temps, ce qui a
créé un territoire considérable, c'est-à-dire que
Varennes possède un territoire d'environ 60 milles carrés avec
une petite population, mais avec tous les problèmes à
régler sur un immense territoire, incluant des îles dans le
fleuve, d'ailleurs. De ce fait, elle a connu effectivement des problèmes
d'ordre juridique, d'ordre administratif et d'ordre financier. Ce n'est pas une
ville-dortoir; effectivement, les citoyens qui vivent à Varennes
travaillent généralement aux usines de Varennes. Même si la
population est petite, les problèmes ne sont pas moins importants que
dans une grande ville; au contraire, dans certains cas, ils sont même
plus importants que ceux qu'on retrouve dans certaines villes dont la
population est élevée.
Le but du projet de loi est évidemment d'obtenir un ensemble de
mesures à la suite de cette fusion et de ce développement rapide
dans Varennes, qui va permettre un meilleur contrôle tant du
développement de certains terrains parce qu'il y a eu une
spéculation considérable que des mesures qui vont
permettre un meilleur contrôle des aspects financiers. Vous retrouverez
effectivement, dans les différentes clauses que nous pouvons expliquer,
ces mesures.
Le Président (M. Guay): Avant de poursuivre, si la
commission y consent, M. Gagnon (Champlain) serait prêt à
remplacer M. Brassard (Lac Saint-Jean).
M. Goldbloom: D'accord.
Le Président (M. Guay): Nous allons aborder ce projet de
loi, article...
M. Viau: L'article...
Le Président (M. Guay): Oui, allez-y.
M. Viau: Je m'excuse. L'article no 1 vise
précisément des questions d'avis de motion. Il y a deux buts
effectivement. Vous connaissez d'ailleurs la jurisprudence assez récente
où des règlements ont été cassés par les
tribunaux sur l'avis de motion. Donc, il faut s'attendre à ce que
certaines difficultés d'ordre judiciaire soient soulevées
à la suite de l'avis de motion. Quant à Varennes, dès le
mois de novembre cette année, ils ont adopté un règlement
considérable concernant le zonage. A la suite de cette fusion d'il y a
cinq ou six ans, la ville est en train de refondre effectivement plusieurs
règlements, qu'il s'agisse de zonage, de circulation, etc. Or, il nous
semble qu'il serait plus approprié d'avoir des pouvoirs semblables
à ceux que nous demandons à l'article 1, puisqu'on doit
déposer le règlement lors de l'avis de motion, qu'on doit
délivrer copie de ce règlement, que l'absence de lecture du
règlement est constatée lors de l'assemblée, que les
membres déclarent l'avoir lu, et qu'on est obligé d'en
résumer tant les coûts que le financement, etc., dans le cas de
règlement d'emprunts. Il me semble que cet article est assez
sévère. Nous avons voulu y inclure des clauses qui nous semblent
assez sévères, d'une part, pour que la population soit bien
informée, mais, d'autre part, pour éviter les contestations qui
surgissent maintenant sur les avis de motion. C'est le but de l'article 1, M.
le Président.
Le Président (M. Guay): Si je comprends bien, M. le
ministre des Affaires municipales a un amendement à proposer au premier
paragraphe de l'article 1.
M. Tardif: Oui, M. le Président. Pour être conforme
à ce qui a été adopté ce matin, plus tôt,
dans le cas de la ville de Sherbrooke, les légistes du ministère
ont préparé un papillon comme cela qui remplacerait le premier
alinéa, en fait, de l'article 385...
M. Viau: Est-ce qu'on vous en a remis des copies?
M. Tardif: ... et qui a été distribué, je
crois.
M. Viau: Oui? Je vais en prendre connaissance. Est-ce que je puis
ajouter quand même un mot, M. le Président? Je m'excuse
d'interrompre.
Le Président (M. Guay): Si vous voulez.
M. Viau: Pour finir l'explication quant au deuxième ou
à la fin de l'article, parce que je sais que l'autre a été
rédigé. Par la suite, je pourrai continuer.
Le Président (M. Guay): Oui, M. le député de
D'arcy McGee.
M. Goldbloom: J'aimerais demander quelle est la population de
Varennes.
M. Viau: La population de Varennes actuellement est de 7500
âmes. Comme je le disais tantôt, M. le Président, c'est une
petite population dont le conseil administre un immense territoire avec des
problèmes qui sont souvent considérables aussi à
régler.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais poser au
ministre, par votre intermédiaire, la question suivante: Si nous
adoptons pour la ville de Varennes un article 385 modifié comme celui
que nous avons adopté pour Sherbrooke plus tôt ce matin et
j'ai pris le soin de l'accepter pour Sherbrooke sans accepter que ce soit un
précédent pour d'autres municipalités combien de
municipalités au Québec seraient régies par l'article 385,
tel que rédigé actuellement, et combien par la formule que nous
avons adoptée pour Sherbrooke?
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir indiqué,
dans le cas de l'étude du projet de loi 292
concernant Sherbrooke, que cette modification avait déjà
été accordée à la ville de Longueuil, si bien
qu'effectivement Longueuil, Sherbrooke, depuis ce matin, et maintenant Varennes
seraient dans ce cas. Evidemment, le problème se pose de savoir si,
d'une part, ce pouvoir devrait être étendu d'une façon
générale à l'ensemble des cités et villes du
Québec ou, sinon, devrait-il être limité aux
municipalités dont la taille ou le volume des règlements peut
requérir une procédure disons "exceptionnelle"? Je pense que le
débat est ouvert. J'aimerais entendre là-dessus ce que les
procureurs de la municipalité ont à dire, puisque, encore une
fois, c'est la deuxième année qu'on nous demande un tel
amendement. L'an dernier, Longueuil, cette année, Sherbrooke, et on voit
maintenant Varennes, qui n'est pas de la même taille que les deux autres
requérantes.
M. Goldbloom: M. le Président, avant que vous n'accordiez
la parole à Me Viau, j'aimerais ajouter une considération. Si
l'Assemblée nationale crée un précédent de cette
nature et ne le limite pas à des municipalités d'une taille
importante, elle place les autres municipalités dans la situation
suivante: Si ce qui est créé pour Longueuil et maintenant pour
Sherbrooke paraît intéressant à d'autres
municipalités, elles seront obligées de dépenser pour la
présentation d'un projet de loi privé pour l'obtenir, ce qui ne
me semble pas juste. S'il s'agit d'un problème très particulier
à une municipalité, quelle que soit sa taille et il y a un
problème très particulier qui concerne Varennes, qui est
touché par ce projet de loi on peut accepter qu'un régime
d'exception soit créé. Mais, quand il s'agit d'une façon
de traiter les avis de motions et les règlements, toutes les
municipalités doivent passer par là. Je ne me prononce pas sur
l'opportunité d'accorder le pouvoir à Varennes, mais j'attire
l'attention du ministre sur la nécessité pour lui de prendre
position sur la question en général, afin d'être juste
à l'égard des municipalités.
Le Président (M. Guay): Me Viau.
M. Viau: Voici, M. le Président, comme je l'expliquais
dans mon résumé du début, et là je m'avance
peut-être un peu, je pense qu'on peut dire que Varennes a probablement le
plus vaste territoire dans le triangle entre Sorel, les lignes
américaines, le Richelieu et le Saint-Laurent. Il y a pratiquement dix
milles de territoire le long du fleuve et six milles en profondeur. Cette
situation seule produit déjà des problèmes assez
importants, qu'on retrouvera d'ailleurs dans le reste du bill. Le fait que
cette ville a fusionné d'ailleurs le territoire est plus vaste
que celui de Longueuil, à ma connaissance la force maintenant
à prendre des mesures pour vivre comme une ville, et une ville
importante, puisque c'est un des deux gros centres industriels de cette
région-là.
Il nous semble que, à l'étape où nous sommes rendus
dans l'évolution de cette ville, avec la refonte de règlements
importants tels que ceux du zonage, de la circulation et de toute la
réglementation d'ordre administratif, l'on doive au moins donner la
chance aux gens de savoir exactement ce qui se passe, mais aussi éviter
que toute cette réglementation soit attaquée devant les
tribunaux. D'ailleurs, pour une ville à petite population, un grand
territoire fortement industrialisé et aussi comportant des
résidences, ce serait à tout le moins une expérience
pilote dans ces domaines-là, puisque nous avons les obligations des
villes importantes et, dans certains cas, plus d'obligations, à cause du
territoire et de la faible population. Il me semble que cela est
nécessaire dans ce cas-là, M. le Président. (12 h 45)
Le Président (M. Guay): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, concernant ces lectures de
règlements aux assemblées de conseil, je peux vous donner un peu
l'expérience de la ville de Saint-Hyacinthe qui est tenue actuellement
de lire toute la réglementation. Etant donné que les
débats ou les séances du conseil sont
télédiffusés sur le poste local à Saint-Hyacinthe,
les commentaires des téléspectateurs sont que c'est très
ennuyant lorsqu'ils écoutent la lecture de ces règlements, tant
pour ceux qui les écoutent...
M. Goldbloom: Seulement cela?
M. Cordeau: Mais enfin, on est sur cet article-là. Je ne
voudrais pas sortir des cadres de la discussion. Egalement, aux séances
du conseil, où la même la population n'est pas très
nombreuse, lorsqu'elle doit écouter presque pendant trois quarts
d'heures la lecture des règlements, on en perd même avant la
fin.
Pour ces motifs, pour autant que le citoyen est bien informé par
au moins un résumé très complet à la séance
du conseil et que ces règlements sont à sa disposition chez le
greffier, je ne peux m'opposer à l'acceptation d'accorder un droit
semblable aux municipalités.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais demander au
procureur de la ville de Varennes combien de règlements le conseil peut
adopter dans une année. Est-ce qu'il s'agit d'un volume qui est
démesurément important?
M. Viau: Les règlements de refonte, ce n'est pas un grand
nombre de règlements. Par exemple, le règlement 170, qui a
modifié ou qui a refondu toute la réglementation en
matière de zonage n'était qu'un seul règlement, mais c'est
un des règlements les plus délicats vous le savez
adoptés par un conseil municipal. Je ne pense pas qu'on puisse parler du
nombre. Le maire peut répondre là-dessus. Quand bien même
il y aurait une dizaine, une vingtaine, une centaine de règlements, si
nous sommes à la période de refonte des règlements, c'est
là que c'est délicat.
D'ailleurs, si vous regardez dans notre texte, on a forcé et on
force le dépôt du règlement en même temps que celui
de l'avis de motion. Les copies doivent être disponibles au conseil. Le
maire me soulignait que les assemblées du conseil de Varennes sont fort
bien suivies, tant par la population que par les media d'information. Il me
semble que l'information est meilleure comme cela. Maintenant, monsieur, est-ce
que vous vouliez ajouter quelque chose à ce sujet? Je comprends que je
n'ai pas donné le nombre exact. Combien y en a-t-il eu l'an
passé? Disons une cinquantaine.
Ce n'est pas le nombre qui importe. Comme je le disais tantôt,
à mon point de vue toujours, on peut adopter dix règlements
d'emprunt le même soir et cela peut avoir une importance mineure, si ce
sont de petits règlements, mais on peut adopter un règlement
important concernant, par exemple, le zonage, la circulation ou l'aqueduc. On
connaît les chicanes que suscitent des règlements concernant la
gestion d'un aqueduc, par exemple, ou la protection de l'environnement,
puisqu'on va vous demander des pouvoirs, tantôt, concernant la protection
de l'environnement. Vous pouvez être certains que ce genre de
réglementation, vous en votez une par 25 ans, mais les années
où vous passez dedans, c'est complexe et c'est important. C'est surtout
là-dessus que nous tablons pour faire notre demande.
M. Gratton: Parmi cette cinquantaine de règlements l'an
dernier, par exemple, combien ont été contestés?
M. Viau: II n'y a pas eu de contestation sur la
réglementation, à Varennes, devant les tribunaux sauf qu'il y a
un projet qui a été retiré à la suite de...
M. De Martel (Jean): A la suite d'un sondage que nous avons fait
auprès de la population, à la suite d'une consultation maison, on
a retiré le projet dans le cas de la rénovation de l'hôtel
de ville. Disons que c'est le seul sur lequel on sentait peut-être venir
une contestation.
Le Président (M. Guay): Pour les fins du journal des
Débats, c'était M. le maire, de Martel. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je pense que dans le cas qui
nous intéresse ici, celui de Varennes, on peut invoquer ce qu'a dit le
député de D'Arcy McGee tantôt, à savoir qu'en effet,
si un tel amendement est bon pour la municipalité de Varennes, il
devrait également l'être pour les autres municipalités de
même taille et même de taille plus grande encore et que c'est par
le biais d'un amendement à la loi générale que nous
devrions statuer sur cette question. Déjà, deux
municipalités l'ont; enfin, une depuis ce matin seulement; ceci peut, je
pense, nous permettre d'évaluer le fonctionnement de cette nouvelle
procédure à Longueuil depuis un an et à Sherbrooke au
cours des prochaines semaines. Nous pourrions très bien, dans une
série d'amendements, comme il est de coutume d'en présenter
à la Loi des cités et villes, revenir à la prochaine
session avec un amendement dans ce sens à la Loi des cités et
villes, si bien que, si la municipalité n'y voyait pas d'objection, nous
pourrions reporter ceci en attendant un amendement à la loi
générale.
Le Président (M. Guay): Oui, Me Viau.
M. Viau: Je comprends que la commission désire
plutôt référer ce genre d'amendement à la
législation générale et serait plutôt portée
à nous demander de considérer cette possibilité. C'est ce
que je comprends?
M. Tardif: C'est exact, M. le Président.
M. Viau: Evidemment, cela ne nous rendra pas beaucoup plus
malheureux de nous référer à la loi générale
quant à cet article, sauf que les points que nous avons fait valoir
demeurent quand même valables. Evidemment, c'est valable pour d'autres
villes aussi, mais nous n'avons pas à représenter d'autres villes
ici; nous devons expliquer notre point de vue quant à la
municipalité telle quelle.
Le Président (M. Guay): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il me semble justement que,
si les arguments avancés par Me Viau sont valables, ils le sont pour
l'ensemble des municipalités de taille comparable.
Si le ministre était prêt à déclarer
aujourd'hui qu'il modifiera la loi générale dans le sens
prévu ici, je pense que nous pourrions l'appuyer. Mais si le ministre ne
se sent pas en mesure de donner un tel engagement aujourd'hui,
préfère observer les résultats de cette mesure d'exception
dans les deux villes que l'on connaît, je pense que nous serions avec lui
et que nous l'appuierions dans cette décision.
M. Tardif: M. le Président, je ne peux pas m'engager
à reprendre cet article mot à mot dans la loi
générale. Peut-être que l'esprit y sera. Encore une fois,
j'aimerais voir dans les faits comment a fonctionné cette
procédure à Longueuil et, dans les semaines qui viennent,
à Sherbrooke, et présenter quelque chose dans le même sens
au cours de la prochaine session.
Le Président (M. Cardinal): Qu'arrive-t-il de la motion
d'amendement?
M. Tardif: Elle a été mise là uniquement par
souci de cohérence avec ce que nous avons fait deux heures plus
tôt.
Le Président (M. Cardinal): La motion d'amendement est
retirée, de consentement de la commission, puisqu'elle a
été débattue. Nous en sommes encore à l'article 1,
par conséquent.
M. Tardif: L'article 1 est également retiré.
Le Président (M. Cardinal): L'article 1 est
également retiré. J'appelle donc l'article 2.
M. Viau: Voici, l'article 2, cela se retrouve actuellement dans
plusieurs municipalités, je pense bien, et à Varennes, voici ce
qui se passe. Le territoire est assujetti à la Cour municipale de
Boucherville. Actuellement, plusieurs demandes venant de Boucherville nous ont
indiqué de bien vouloir nous organiser avec une autre Cour municipale.
Les billets d'infraction et les normes d'infraction en 1977, se chiffraient
entre $2000 et $3000. Cette procédure est simple, c'est-à-dire
qu'elle est plutôt après l'avis de contravention. Plutôt que
d'aller sur une sommation devant la Cour municipale, on procède par voie
d'avis sommaire. Il me semble que, dans notre cas comme dans le cas des autres,
d'ailleurs, c'est une procédure qui évite des coûts assez
importants à la municipalité concernant les billets d'infraction
à la circulation.
Je n'ai pas d'autre raison particulière là-dessus, mais
chez nous, c'est un des points majeurs actuellement dans les discussions entre
les villes avoisinantes. Il nous semble que c'est une procédure simple,
peu coûteuse et efficace.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, encore là, je suis
obligé de faire le même raisonnement. Sur le fond, je comprends
très bien les motifs qui poussent la municipalité de Varennes
à demander un tel pouvoir. Je m'interroge cependant sur la confusion qui
ne pourrait manquer de résulter pour l'automobiliste avec, disons, des
procédures assez différentes d'une municipalité à
l'autre.
Encore une fois, il me semble qu'il s'agit là,
c'est-à-dire le pouvoir d'envoyer par la poste un avis sommaire de
demande de paiement avec frais pour contravention aux règlements
municipaux relatifs à la circulation, au stationnement et à la
sécurité publique, d'un pouvoir qui pourrait être
donné à l'ensemble des cités et villes du
Québec.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, si je comprends bien, la
ville de Varennes fonctionne présentement par entente avec la ville de
Boucherville pour la Cour municipale. Pourtant, devant certaines
difficultés qui semblent se présenter, la ville de Boucherville
trouve sa Cour municipale trop chargée, apparemment, pour accepter les
causes qui proviennent de Varennes, mais la ville de Varennes
préfère ne pas constituer une Cour municipale
elle-même.
M. Viau: Je m'excuse, M. le Président, M. le
député de D'Arcy McGee.
Le Président (M. Cardinal): M. Viau.
M. Viau: C'est à cause de l'ordre des articles de la Loi
des cités et villes que j'ai été obligé de mettre
celui-ci devant l'article, tantôt, qui va traiter de la Cour
municipale.
M. Goldbloom: Ah bon!
M. Viau: Cela m'a forcé de procéder de cette
façon.
C'est qu'effectivement la majorité des causes entendues à
Boucherville viennent de Varennes, et cela a surchargé la cour. Ils nous
ont demandé de nous organiser avec notre Cour municipale. En
procédant de cette façon, cela élimine déjà
une série de plaintes à être portées devant la Cour
municipale. D'ailleurs, nous allons demander tantôt de bien vouloir nous
aider à organiser une Cour municipale régionale, en incluant les
municipalités rurales qui voudront bien participer à cette cour.
Mais, à ce moment, il nous semble que c'est une des procédures
élémentaires. D'ailleurs, ce n'est pas de cette année que
nous avons procédé... Je ne pense pas que les automobilistes
je m'excuse envers le ministre des Affaires municipales vont
être confus de recevoir un avis sommaire. C'est une procédure fort
connue qui élimine un paquet de procédures autrement faites
devant une Cour municipale. Nous allons demander d'organiser une Cour
municipale commune. Mais il me semble que c'est un bon départ, tout en
formant une cour, de ne pas la surcharger comme c'est devenu le cas à la
ville voisine. C'est le but de notre demande. 'Il me semble que les
automobilistes québécois sont bien au fait de ce genre de
procédure maintenant. Cela leur évite des problèmes,
souvent.
Le Président (M. Cardinal): Autres commentaires?
Est-ce que l'article 2 sera adopté?
M. Tardif: M. le Président, il y a également un
autre point, c'est que les trois municipalités du Québec qui
possèdent semblables pouvoirs présentement, la ville de
Montréal, la ville de Hull et la ville de Québec
prévoient, dans le cas de Hull, un montant fixe de $2, dans le cas de
Montréal et Québec, un montant de $2 également de frais,
qui peut être augmenté par résolution du conseil alors
qu'ici on demande des frais de $5 pour l'envoi de ces procédures.
M. Viau: Nous n'avons pas d'objection à inscrire $2,
quitte à l'amender par résolution. C'est blanc bonnet, bonnet
blanc. Nous n'avons pas d'objection à cela.
Le Président (M. Cardinal): C'est une question de
concordance.
M. Viau: De concordance.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre en fait-il une
motion?
Dans ce cas, M. le ministre, MM. les membres de la commission et MM. de
la ville de Varennes,
comme il est 13 heures et que l'ordre de la Chambre me demande de
suspendre à cette heure, nous pourrions reprendre sur cet article 2
à 15 heures, au même endroit.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton:... puis-je suggérer au ministre, s'il ne l'a
pas déjà fait, qu'il serait peut-être utile de consulter le
ministre de la Justice par rapport à cette demande de la ville de
Varennes parce qu'il s'agit effectivement de l'administration de la justice. On
pourrait faire cela durant la suspension.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Suspension des
travaux de cette commission jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 heures
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales poursuit l'étude article
par article du projet de loi privé no 268, Loi modifiant la charte de la
ville de Varennes.
L'article 1 a été retiré et nous sommes rendus
à l'article 2.
M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, il y a une question qui a
été posée par le député de D'Arcy McGee,
à savoir si le ministère de la Justice avait été
consulté dans ce cas-là. Je dois dire que nous n'avons pas eu le
temps de procéder à ces consultations et que, sur le fond, encore
une fois, nous pouvons être d'accord avec le principe de l'envoi d'avis
sommaires par la poste, sauf, encore une fois, qu'il nous semblerait que c'est
là le genre de procédure qui devrait être permise par la
loi générale pour l'ensemble des cités et villes. Je pense
que je pourrais, après consultation avec le ministère de la
Justice, proposer un amendement dans ce sens-là à la loi
générale.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je n'ai pas de commentaires, M. le Président,
sauf pour demander au ministre si, à ce moment-là, on adopterait
l'article 2 ou s'il serait retiré du projet de loi de la ville de
Varennes.
M. Tardif: Je crois plutôt qu'il devrait être
retiré et introduit dans la loi générale pour l'ensemble
des cités et villes.
Le Président (M. Marcoux): Je crois que le
représentant, M. Viau, a demandé à s'exprimer sur
l'article 2.
M. Viau: Oui. Nous sommes prêts à retirer l'article
si la commission insiste. Ce n'est pas la première fois qu'en commission
parlementaire on prétend que la législation
générale va être modifiée sur certains points comme
celui-là. Disons que dans ce cas-ci j'aurais aimé à avoir
le pouvoir parce que cela aurait complété ce que nous allons vous
demander tantôt pour la Cour municipale. Mais la ville de Varennes
continuera à assumer les coûts plus élevés
qu'entraîne cette disposition de la loi générale. Alors, on
retirera l'article.
Le Président (M. Marcoux): Alors, article 2
retiré.
Article 3?
M. Viau: L'article 3 concerne une demande relativement aux
panneaux-réclame. Dans ce cas-ci, je pense que la commission devrait
nous prêter une attention tout à fait spéciale, puisque,
depuis la construction de la route 30, Varennes est traversée par deux
routes provinciales, la 132 et la 30, et par plusieurs montées. Comme je
le disais ce matin, il y a une dizaine de milles d'étendue de territoire
le long de ces routes. Plusieurs demandes sont faites présentement pour
l'installation de panneaux-réclame. Cela cause des problèmes
importants vous le savez, quand on vient pour régler le cas par la
réglementation actuelle des panneaux-réclame. D'une part, les
amendes souvent ne sont pas assez élevées et, d'autre part, la
mesure la plus efficace qui a déjà été
adoptée ailleurs consiste, au bout de la ligne, une fois le
règlement appliqué, à faire enlever ces panneaux s'ils
sont en contravention des règlements.
Si le propriétaire, souvent difficile à rejoindre, ne veut
pas les enlever, la ville peut le faire et cela devient une taxe imposée
sur le terrain. C'est la seule mesure efficace concernant ce genre
d'installations, sinon on tombe dans des procédures judiciaires
interminables et surtout dans des procédures judiciaires qui ne
règlent pas nécessairement le problème dans le domaine des
panneaux-réclame. Il faut ajouter aussi que la ville de Varennes
possède plus de 40 milles de routes municipales, de chemins municipaux.
C'est déjà un problème dans un vaste territoire, une
vingtaine de milles ou vingt-cinq milles de routes provinciales qui sont
retournées tranquillement aux municipalités, tout le monde sait
cela. C'est un point important pour nous, ici, si on veut protéger un
peu, au moins d'une façon efficace, l'environnement de ce territoire.
Plusieurs demandes sont faites actuellement pour les panneaux-réclame,
c'est difficile à contrôler efficacement par la législation
actuelle, tout le monde sait cela. Avant qu'on soit pris dans un an, deux ans
ou cinq ans avec des problèmes pratiquement insolubles, on demande de
pouvoir immédiatement les régler.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre...
M. Tardif: M. le Président, cet article ressemble,
à peu de chose près, à des pouvoirs similaires qui ont
été accordés déjà à la ville de
Québec en 1973, à la ville de Sherbrooke, en 1974, et à
Lon-gueuil en 1977. Evidemment, on peut se poser peut-être une question,
en fait, deux questions face à cet article, trois, même. D'une
part, est-ce que ce n'est pas là aussi un article qui pourrait
être inclus dans la loi générale? D'autre part, dans quelle
mesure ceci peut-il constituer une espèce d'entrave à la
liberté d'afficher? D'autre part, il y a aussi une disposition, en tout
cas, indépendamment de cette question de fond, qui nous apparaît
plus difficilement acceptable, et c'est le dernier alinéa où on
dit: "Le coût des travaux de démolition, d'enlèvement et de
réparations encouru par la municipalité lors de l'exercice des
pouvoirs prévus au présent article constitue contre la
propriété visée une charge assimilable à la taxe
foncière ei est recouvrable de la même manière". Donc,
vente, etc., en cas de non paiement et tout. Je voudrais savoir des procureurs
de la municipalité pourquoi avoir ajouté, entre autres, ce
dernier alinéa. (15 h 15)
M. Viau: M. le ministre, je crois que, si on vérifie ce
qui a été adopté dans le cas de Québec, Longueuil
et Sherbrooke, ce genre de pouvoirs a été inclus pour la bonne
raison et, depuis quelques années, on est obligé de
l'inclure; d'ailleurs, dans les questions de démolition, sous la Loi des
cités et villes, on est allé, à peu de chose près,
à cette possibilité qu'on ne peut pas, bien souvent,
réclamer le montant. On l'a vu, en pratique, dans certaines villes
où, une fois même certaines requêtes en démolition
accordées, la ville ne pouvait même pas réclamer le montant
parce que le propriétaire était disparu. A plus forte raison dans
le cas des panneaux-réclame; on ne peut même pas les atteindre.
C'est aussi parce que la ville était obligée, si elle voulait
mettre de l'ordre sur son territoire, de faire elle-même les travaux. La
seule façon raisonnable d'aller percevoir les coûts, à ce
moment-là, c'est d'en faire une imposition sur l'immeuble. Vous pouvez
être certains que cela va finir par être réglé. Si ma
mémoire est fidèle, dans Longueuil, cela a été
accordé tel quel. Je pense qu'à Sherbrooke cela a
été accordé tel quel, et Québec aussi. L'article
518a de la Loi des cités et villes prévoit un pouvoir exactement
semblable. Le coût des travaux de démolition, de
réparation, d'altération et de construction encouru par une
municipalité, etc., constitue, contre la propriété, une
imposition assimilée à la taxe foncière et recouvrable de
la même manière. Ce principe est déjà dans notre
législation depuis 1974, au moins, dans le cas des travaux de
démolition. Or, on se trouverait moins bien pourvus dans le cas de ce
genre de construction ou d'édifice qu'on ne le serait dans le cas d'une
construction ordinaire, où, quand même, les tribunaux sont assez
sévères pour la preuve.
M. Tardif: Les légistes du ministère m'informent,
M. le Président, qu'effectivement Longueuil a eu ce pouvoir, mais ce ne
serait pas le cas pour les villes de Sherbrooke et de Québec. Ce pouvoir
général qu'ont les municipalités de démolir est
quand même, dans la Loi des cités et villes, circonscrit aux
immeubles qui pourraient être érigés et non conformes. On
parle ici d'affiches.
M. Viau: Je vous prierais de noter, M. le Président, que
l'article prévoit d'ailleurs un recours devant un juge de la Cour
supérieure. La ville ne procède pas, proprio motu, à
l'enlèvement d'affiches. Lorsque la construction de
panneaux-réclame ou enseignes n'est pas conforme, il faut s'adresser aux
juges de la Cour supérieure, obtenir une ordonnance et faire enlever
l'affiche.
D'ailleurs, on sait quels sont les problèmes que même le
gouvernement provincial a eus et a encore le long de ses routes provinciales
avec les affiches. On ne veut pas tomber dans le même panneau; c'est
simple. C'est une mesure de prévention vraiment essentielle dans un
territoire de 60 milles carrés, comme Varennes, qui est en plein
développement.
M. Tardif: M. le Président, ce qui crée un
problème, de l'avis de nos légistes, c'est le fait d'assimiler
cela à une taxe foncière et d'amener quand même la saisie
d'un immeuble uniquement pour la destruction d'une affiche. C'est ce qui semble
exorbitant.
M. Viau: Si c'est le seul point qui préoccupe les membres
de la commission, nous sommes bien prêts à laisser tomber ce
moyen, qui est le dernier alinéa; sauf que nous disons à la
commission que c'est vraiment le seul moyen efficace connu et accepté
dans la législation générale depuis 1974. Au pis aller, on
va accepter de laisser aller le dernier alinéa et on s'organisera pour
poursuivre les propriétaires. Cela sera plus compliqué et
coûtera plus cher.
M. Tardif: Si les requérants étaient d'accord, I
article serait modifié en retranchant le dernier alinéa.
M. Viau: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement est
adopté? Oui. Est-ce que l'article 3 tel qu'amendé est
adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 4.
M. Viau: L'article 4 est vraiment particulier ici. Ce qui arrive,
dans Varennes, c'est que certaines entreprises et vous avez là
des entreprises pétrochimiques exigent un système de
sécurité différent pour la protection contre les
incendies. Or, on a dû et on doit prévoir d'ailleurs on le
fait
actuellement des conduites particulières, par exemple un
tuyau de six pouces qui ne sert absolument pas régulièrement,
sauf qu'il doit être là pour la prévention des
incendies.
Ce que nous visons par cet article j'admets que la
rédaction pourrait être bien différente et être
présentée d'une autre façon c'est d'établir
certains tarifs minimaux suivant les catérogies d'usagers dans le cas de
la taxe d'eau, ce qu'on ne peut pas faire actuellement. Cela veut dire que vous
pouvez avoir une industrie qui ne requiert pas autre chose qu'un tuyau
ordinaire pour desservir une entreprise ordinaire et une autre qui le requiert
et qui, elle, est prête à le payer et qui, en pratique, à
moins de faire erreur, le paie. La légalité peut être plus
ou moins douteuse dans ces cas, mais personne n'est contre cela; tout le monde
est favorable à cela. D'ailleurs, cela a été
demandé et cela a été accordé pour des raisons de
protection contre les incendies.
Ce que cet article nous permettrait, c'est d'établir des
catégories entre les usagers et ces usagers assumeront une charge un peu
plus lourde, ce qu'ils font habituellement effectivement. C'est ce qui se fait,
mais il me semble qu'il faudrait corriger le texte de loi.
M. Tardif: Si je comprends bien les raisons qui amènent la
ville de Varennes à demander ceci, c'est en raison, me dit-on,
d'industries. Alors, est-ce qu'on aurait objection à ajouter "des tarifs
minima pour chaque catégorie d'usagers industriels qu'il
détermine"?
M. Viau: Industriel ou commercial, peut-être? C'est surtout
industriel, je l'admets.
M. Tardif: Commercial, c'est différent. Mais industriel,
si on voulait se limiter à cela, d'accord.
M. Viau: Effectivement, actuellement, il y a au moins trois
industries qui sont dans ce cas. Personne ne conteste cela, sauf qu'on ne veut
pas qu'un jour ce soit contesté.
M. Tardif: Industriel. Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Article 4, adopté tel
qu'amendé?
M. Tardif: En ajoutant, après le mot usagers,
industriels.
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Article 4,
adopté tel qu'amendé. Article 5?
M. Viau: M. le Président, dans Varennes encore, avec le
territoire que nous avons, sur le bord zone agricole avant même
les projets connus aujourd'hui, il y avait une zone agricole quand même
assez étendue chez nous à cause des nombreuses industries
qu'on connaît, nous avons un problème assez sérieux de
dépotoirs et de rebuts, comme de vieilles voitures, etc. Vous savez quel
trouble ce genre de situation peut causer à une municipalité
comme la nôtre et, encore là, peut-être que notre petite
population ne nous aide pas à régler ce genre de problèmes
du fait que, devant cette étendue de terrain à plus de cinq ou
six milles du fleuve, c'est très fréquent qu'on aille
déposer là toutes sortes de déchets, etc. Encore
là, on me dira peut-être que la sanction peut sembler
sévère quant à la taxe, quant à la
réclamation faisant l'objet d'une taxe foncière, mais,
malheureusement, je dois dire que c'est encore dans ce genre de choses et
à plus forte raison dans le cas des déchets une des seules
mesures vraiment efficaces.
Nous avons déjà des problèmes, non seulement sur la
terre ferme mais sur les îles aussi et notamment l'île
Sainte-Thérèse où on m'informe que des gens se font une
spécialité de ramasser les rebuts et les transporter là.
Nous avons juridiction sur ce territoire, nous sommes pris avec cela.
D'ailleurs, ces îles font partie des projets d'aménagement
provinciaux pour la protection de l'environnement. Mais nous avons des
problèmes avec ce genre de situation. Les deux articles qui se suivent,
5 et 6, se ressemblent quant à la demande. Celui-là concerne les
dépotoirs, et l'autre, les vieux véhicules qui excèdent
sept ans. Nous avons effectivement des problèmes sérieux
là-dessus. Nous avons dû envoyer plusieurs avis de poursuite et,
dans certains cas, intenter des poursuites. Comme vous savez qu'on doit souvent
procéder par voie d'injonctions ou par voie d'actions personnelles
contre les individus, il n'y a rien de moins efficace, dans le cas de ce genre
de trouble, que ces procédures. Je pense que ce serait
apprécié que nous puissions procéder de façon plus
efficace avec ce pouvoir.
M. Tardif: M. le Président, puisque le procureur a fait
allusion aux deux articles 5 et 6 qui sont assimilables à ce qu'on a
appelé déjà des règlements "antiminounes",
étant donné que des pouvoirs semblables ont déjà
été conférés aux municipalités de Sainte-Foy
et de Longueuil, notamment, et pour l'article 5 et l'article 6 dans le cas de
Sainte-Foy, Bromont et Longueuil une nouvelle fois, la même remarque
générale s'applique, à savoir que de telles dispositions
pourraient être introduites dans la loi générale. Je n'ai
pas d'objection de principe à ce qu'on le reconnaisse à Varennes
de façon immédiate, en attendant de procéder par
amendement à la loi générale. Cependant, les mêmes
commentaires s'appliquent en ce qui concerne le dernier alinéa de chacun
de ces articles qui fait, des sommes dues à la municipalité pour
l'enlèvement de tels déchets, des frais assimilables à une
taxe foncière. Si la ville était consentante à retirer le
dernier alinéa de l'article 5 et l'avant-dernier alinéa de
l'article 6, on pourrait peut-être procéder un par un.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous êtes
d'accord?
M. Viau: Avec les mêmes explications que tantôt,
évidemment on peut difficilement s'opposer à cela.
Le Président (M. Marcoux): A l'article 5, on biffe le
dernier alinéa.
M. Viau: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 5 serait
adopté tel qu'amendé. D'accord? Article 6. Une question?
M. Cordeau: J'ai une question à poser. En ce qui regarde
les dépotoirs, les vidanges, si une personne charge un camion de
déchets étant donné qu'il y a beaucoup de fermes
non cultivées et va verser cela sur une autre
propriété, le type va être obligé lui-même de
payer pour faire enlever les déchets qui ont été
déposés par une autre personne, n'est-ce pas?
M. Viau: Le problème que nous avons dans ce genre de
réglementation, on l'a aussi sous certains aspects dans d'autres
sections des lois générales, est qu'on est bien obligé, au
bout de la ligne, d'atteindre l'occupant; sans cela, les déchets vont
rester là indéfiniment. Malheureusement, c'est vrai. La loi,
même au niveau fiscal, va finir par viser un occupant au bout de la ligne
parce qu'il n'y a pas d'autre moyen, sauf qu'avec un pouvoir de
réglementation plus serré on pourra un peu prévenir les
coups. C'est ce que nous visons à faire.
M. Cordeau: Parfait.
M. Tardif: Sauf que dans le cas des véhicules moteurs on
dispose quand même d'une autre source pour retracer la personne, le
Bureau des véhicules automobiles.
M. Viau: II y a cela, oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 5 sera adopté
tel qu'amendé.
L'article 6 sera adopté tel qu'amendé, c'est-à-dire
en biffant...
M. Tardif: L'avant-dernier alinéa.
Le Président (M. Marcoux): ... l'avant-dernier
alinéa de l'article 6. Article 7.
M. Viau: L'article 7, c'est vraiment du droit nouveau. On vise
ici à obtenir des garanties supérieures à celles que la
loi générale permet d'obtenir dans le cas de règlements
qui visent à modifier le zonage et de règlements qui visent
à exécuter des travaux, ce qu'on appelle des améliorations
locales. Pourquoi demandons-nous cela? Dans une ville comme chez nous, le
développement se fait quand même assez rapidement. Les
modifications aux règlements de zonage sont généralement
demandées par un promoteur ou deux pour leurs propres fins. On ne voit
pas pourquoi, à ce moment-là, ce serait toujours le fonds
général qui irait absorber les frais de mise en oeuvre de ces
modifications. (15 h 30)
Par exemple, aujourd'hui, avec les prévisions de la Loi des
cités et villes, on doit passer par trois avis publics avant de modifier
un règlement. D'ailleurs, il y a la tenue du registre dans une ville
comme Varennes, l'avis du règlement, l'entrée en vigueur, etc.,
la modification aux plans. Souvent, après que tout cela est fait, ou le
règlement bloque, ou la personne n'est plus intéressée
à poursuivre son projet, et c'est quand même une des
dépenses importantes. Dans le cas des travaux municipaux, c'est le
même principe.
C'est-à-dire que si une personne veut obtenir un
développement ou des travaux dans un secteur donné, on ne voit
pas pourquoi le fonds général serait toujours appelé
à porter cela. Chez nous, cela se développe par secteur. Si je
comprends bien le système que M. le maire m'a expliqué, c'est par
secteur et les taxes sont zonées. A ce moment-là, les gens
s'attendent à payer pour le développement d'un secteur. Dans le
fond, c'est refilé dans le coût des terrains. Mais ce n'est pas le
fonds général qui va porter cela.
M. Tardif: M. le Président, le procureur de la ville de
Varennes a pris soin de souligner qu'il s'agissait là de droit nouveau,
même si, dans les faits, on sait que des municipalités ont pris
sur elles, parfois, d'exiger des promoteurs une contribution à
l'exécution des travaux. Déjà, j'ai soumis à
l'Union des municipalités et à l'Union des conseils de
comté un projet qui viserait à amener les promoteurs à
contribuer à une partie du coût des infrastructures, sans
toutefois aller jusqu'à la situation qu'on retrouve notamment en Ontario
et dans les autres provinces où le promoteur et, finalement,
l'acquéreur de la propriété assument la totalité du
coût des infrastructures, ce qui produit inévitablement une hausse
considérable du coût de la construction et a pour effet secondaire
non négligeable de concentrer l'industrie de la construction entre les
mains des seuls promoteurs qui ont les reins assez solides pour assumer le
coût des infrastructures. Je disais récemment en Chambre,
justement à propos de la loi 90, que l'on évalue aujourd'hui
à $6700 le coût de viabilisation d'un terrain de 60 pieds de
façade. Ce sont donc des coûts assez élevés
lorsqu'on pense à un développement d'une certaine envergure.
Maintenant, tout en reconnaissant que l'on doive s'acheminer vers une
certaine réglementation, un certain partage des coûts, je dois
dire qu'étant donné les consultations en cours avec l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté, d'une part, et
diverses associations de constructeurs d'habitations, d'autre part, il me
semblerait prématuré, dans le contexte actuel, de faire droit
à cette requête de la ville de Varennes. Mais je puis dire au
procureur de la municipalité que je suis très conscient des
problèmes que cet article vise à résoudre et que, si une
action s'impose dans ce domaine, je préférerais la prendre
après que nous aurons eu la position des deux unions à ce
sujet.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 7
sera...
M. Viau: M. le Président, j'y tiens un peu à cet
article. Je comprends la situation que le ministre vient de décrire,
mais il me semble que cette situation vaut pour le dernier alinéa de cet
article où on visait à exiger un paiement comptant
n'excédant pas 20%. Le début de l'article vise à
augmenter, au fond, la garantie que la loi permet déjà. A
Varennes, contrairement à ce qui a pu se faire ailleurs, on n'a jamais
exigé de dépôt par-dessus ce que la loi nous permettait,
sauf que nous voudrions bien arriver à circonscrire ce genre
d'opérations et à exiger une garantie plus sérieuse,
puisque cela rentre dans les politiques de gestion un peu plus serrée au
niveau municipal actuellement. Je comprends que, sur la question
générale du paiement de 20%, peut-être qu'avant d'en
arriver là il faudrait laisser aller les consultations. Mais, dans la
première section de l'article, les premiers alinéas, il me semble
que ce n'est pas trop demander d'insister pour que nous puissions obtenir des
garanties plus solides. Au fond, dans une ville comme celle-ci où vous
avez peut-être 3000 comptes de taxes locaux et 3500 comptes de taxes
d'étrangers et du développement, c'est un peu difficile de
refuser les projets de développement et de refiler aux citoyens qui sont
là les coûts de ces développements. Mais, quant au dernier
alinéa où on parle de 20%, je comprends l'attitude et les
consultations en cours.
M. Tardif: M. le Président, mes réserves ne sont
pas uniquement à l'endroit du dernier alinéa en ce qui concerne
le 20% des travaux, mais il suffit de regarder au quatrième
alinéa au bas de la page 6 où on dit: "Ces garanties peuvent
comprendre le dépôt d'un montant estimé donc,
estimé suffisant pour compenser les déboursés
pouvant éventuellement être encourus par la municipalité en
raison de l'application des articles 398a à 398o et 399 à 410, y
compris les frais de tous les avis publics." Cela peut quand même avoir
le même effet que j'ai mentionné tantôt que finalement seuls
les promoteurs ayant les reins assez solides pour assumer le coût de la
consultation, de référendum et autres, pourraient faire du
développement dans une municipalité. Je pense que ceci a ou peut
avoir un impact non négligeable sur l'industrie de la construction et je
ne suis pas en mesure présentement d'accepter un tel article dans un
projet de loi privé.
Le Président (M. Marcoux): L'article 7 sera
rejeté?
M. Viau: Dans les circonstances, plutôt que de le faire
rejeter, on va le retirer, suivant la tradition.
Le Président (M. Marcoux): Article retiré. Article
8, s'il vous plaît.
M. Goldbloom: Me permettriez-vous de faire un seul commentaire
à la suite des remarques que le ministre a faites il y a quelques
instants? Ce n'est pas le fait de faire assumer le coût de
l'infrastructure par le développeur et, donc, éventuellement par
l'acheteur qui augmente le coût réel de la maison. Le coût
de l'infrastructure étant ce qu'il est, qu'il soit payé en taxes
ou qu'il soit payé dans le prix de la maison, c'est essentiellement le
même montant. Ce qui fait la différence, cependant, c'est le
phénomène auquel le ministre a fait allusion: la concentration de
l'industrie de la construction entre les mains de peu de compagnies qui peuvent
alors demander ce qu'elles veulent. Le ministre en est conscient, mais je
voulais simplement renforcer cette considération.
Le Président (M. Marcoux): L'article 7 est-il
retiré?
Des Voix: Retiré.
Le Président (M. Marcoux): Article 8.
M. Viau: M. le Président, l'article 8 va de pair avec ce
que je mentionnais au début de la présentation du projet de loi
ce matin? C'est d'exiger un certificat du trésorier pour des
dépenses attestant qu'il y a des fonds disponibles pour le service et
les fins pour lesquelles la dépense est projetée. Je sais que
cela a déjà été accordé. Voici pourquoi nous
le demandons à Varennes. Présentement, et sans vouloir
dévoiler la preuve et la poursuite de ces travaux, une enquête est
en cours, présidée par le maire et par des conseillers sur
certaines difficultés financières sérieuses dans un ou
deux départements de la ville. Mais sans aller plus loin, je pense qu'un
contrôle est nécessaire et serait approprié dans les
circonstances, au moins pour les dépenses. C'est un peu le principe
qu'on connaît au niveau provincial.
Le Président (M. Marcoux): L'article 8 sera-t-il
adopté?
M. Tardif: M. le Président, il va de soi que je suis tout
à fait d'accord avec cet article. Je félicite la ville de
Varennes de prendre une telle initiative.
Le Président (M. Marcoux): Article 9.
M. Viau: L'article 9 modifie l'article 516. Le premier
alinéa est le même que celui existant actuellement dans la loi.
C'est curieux. On oublie souvent qu'une ville peut ajouter 10% pour le
recouvrement des taxes. Le deuxième alinéa est nouveau. En voici
le but. Nous avons chez nous et cet article est relié à
celui que nous verrons tantôt, l'article 17 des terres appartenant
à des non-résidents, ou de petits lopins de terre de 25 par 100
appartenant à des non-résidents. Sur 6000 comptes de taxe, vous
avez au moins 2000 comptes de taxe à Varennes qui sont entre $2.50 et
$3. Cela ne vaut même pas le coup d'envoyer le compte pour les
récupérer. L'idée ici est de mettre
un montant. Nous avions suggéré $10 pour un compte
inférieur à $5 ou $7. On peut dire $10 ou on peut dire $5. Ce
n'est pas le quantum qui est important, c'est le principe. La ville ne peut pas
refuser de percevoir ses taxes. Par contre, si elle envoie ce compte de taxes
à l'autre bout du monde pour $2.50, nous verrons tantôt et
je peux le dire tout de suite ici qu'il y a la moitié de ces
comptes qui ne sont jamais payés et qui entraînent une perte de
$20 000 à $25 000 par année à la ville, au fond, ce genre
de compte et d'autres comptes. Ce que nous disons, c'est qu'en bas de $5 il n'y
a pas grand-chose qu'il nous reste à faire sur ces comptes.
Malheureusement, nous sommes obligés de tenir une série de livres
pour ce genre de comptes de taxes qui sont aussi importants et même plus
importants que les livres que nous tenons pour le reste des contribuables de la
ville, de sorte que ce sont les contribuables locaux de Varennes qui paient, au
fond, ces mauvaises créances. Si on ajoute 10% à ce genre de
comptes de taxes, cela nous donne $0.25. Cela n'aide pas. En somme, la loi
générale, dans ce genre de cas particuliers chez nous, ne nous
aide pas du tout, au moins pour 2500 comptes de taxes, soit plus du tiers des
comptes de la municipalité.
M. Tardif: M. le Président, j'ai entendu le procureur de
Varennes nous dire que ce n'est pas une question de quantum, mais que,
finalement, c'est le principe qui compte. Cependant, je me permets de
différer d'opinion ici, dans la mesure où, finalement, ce qu'on
nous demande, c'est de permettre à la municipalité, pour un
compte de taxes inférieur à $5, d'imposer des frais
d'administration de $10. J'ai l'impression que le quantum y est pour beaucoup
là-dedans et qu'on peut être tout à fait d'accord pour
relever le plafond de 10% qui, sur un compte de $5, ne représente que
$0.50, mais de là, quand même, à permettre l'imposition
d'un droit de perception, en quelque sorte, de $10 sur un compte de $5, cela
m'apparaît vraiment exorbitant.
M. Viau: M. le Président, on peut certainement
suggérer un montant fixe sur tous les comptes municipaux, mais encore
là, cela peut être un montant de $5 ou $10. Ceux qui auront des
petits comptes vont être plus affectés, évidemment, que
ceux qui vont en avoir des gros. Mais c'est justement eux qui causent des
problèmes. C'est justement ce genre de comptes qui les amènent.
D'ailleurs, cela existe ailleurs, mais chez nous, cela affecte le tiers de la
perception des comptes. Alors, cela commence à être assez
important. On ne va pas aux petites créances, dans une ville.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Comment se fait-il que vous ayez des comptes si peu
élevés?
M. Viau: C'est simple. Autant l'expliquer tout de suite.
Tantôt, nous allons demander un pouvoir vraiment particulier qui vise
à régler le cas de 3500 petits lopins de terre qui ont
été vendus à des gens aux quatre coins du monde, des lots
de 25 par 100 ou 25 par 50. C'est un peu le jeu des orangeraies en Floride,
quoique un peu plus au nord. (15 h 45)
Ces gens, au début, se sont mis à payer des taxes et se
sont aperçus, avec le temps, qu'ils s'étaient fait rouler et ont
cessé de payer des taxes. Certains comptes ne sont pas payés
depuis cinq et six ans. Certains paient quand même, après avoir
reçu des mises en demeure et avis de la municipalité. Ce genre de
lot se trouve dans le fond des terres, chez nous, et les taxes sont une partie
de la taxe générale, il n'y a pas d'amélioration locale.
Or, nous sommes obligés, en vertu de la loi, d'envoyer des comptes, nous
sommes pressés de percevoir des comptes infimes de $2.50, $3, $5 ou $10
au maximum. Cela coûte plus cher d'envoyer le compte de taxe que de
l'oublier.
Mais allez refuser de percevoir votre taxe et vos citoyens vont
être à l'hôtel de ville le lendemain matin pour vous dire
que les étrangers ne paient pas leurs taxes, mais qu eux les paient par
exemple.
M. Tardif: Mais, M. le Président... Je m'excuse, M. le
député de Saint-Hyacinthe avait une question.
M. Cordeau: Est-ce que, d'après le projet de loi 90 sur la
protection des terres agricoles, ces terrains sont dans une zone verte
actuellement?
M. Viau: Sans vouloir aller trop loin là-dessus,
même toutes nos usines sont dans la zone agricole; alors, cela ne
règle pas mon problème.
M. Tardif: Mais l'article proposé, non plus, ne le
réglera pas. Précisément, pour ces cas, puisqu'il s'agit
de gens qui ne paient pas de compte de taxes, le fait de prévoir un
paiement de $10 ne les amènera pas plus à payer leur compte de
taxes.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Viau: Que voulez-vous que nous essayons comme tentative? Ce
qu'on est obligé de dire c'est qu on ne percevra pas ces comptes de
taxes et qu'on en subira les pertes. C'est assez difficile à accepter
pour une ville, surtout quand ses contribuables locaux les paient. Si on
arrêtait en disant: Une somme n'excédant pas $10, sur un compte de
taxes, vous couvririez tous les comptes de taxe des municipalités,
incluant ceux-là. Je sais que c'est embêtant, mais c'est aussi
embêtant pour la ville de refuser de percevoir, d'ailleurs, elle ne peut
pas refuser légalement. Et, si elle ne les perçoit pas,
mettez-vous dans la position du conseil municipal devant ses contribuables qui,
eux, paient leur compte de taxes. Ou bien le pouvoir d'annuler tous les comptes
en bas de $10.
M. Gratton: M. le Président, quant à moi, je
verrais cela comme étant plus efficace que ce que vous proposez dans le
projet de loi, parce que, effectivement, comme le disait le ministre, à
moins que vous ne me disiez que cela pourrait avoir une influence... Si
j'étais en Floride et que je recevais un compte de taxes de $5, ce n'est
pas parce qu'on me dirait que ce n'est plus $5, que c'est $10 avec les frais
que je le paierais plus vite.
M. Viau: A ce moment, M. le Président, très bien.
Au moins légalement le conseil serait habilité à laisser
aller des comptes en bas de $10, mais actuellement il ne peut même pas le
faire; en vertu de la loi, il est obligé de percevoir ses taxes. C'est
vrai, sur le plan de l'efficacité, ce sera plus efficace, mais c'est un
principe dangereux à mettre dans une loi, je le comprends.
M. Tardif: Peut-être qu'on pourrait suspendre
l'étude de cet article étant donné qu'à l'article
17 la ville de Varennes nous demande des pouvoirs spéciaux d'envois en
possession provisoire, précisément pour ces cas.
M. Viau: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Je prends en note que c'est
suspendu. Article 10.
M. Viau: A cette condition, l'article 10 est directement
rattaché à l'article 17; encore là, c'est à cause
de la numérotation, cela change la prescription et cela affecte ce qui
existe dans le Code civil. D'accord?
M. Tardif: Non, l'article 10 est quand même plus
général que cela. C'est que l'article en question, qui modifie
l'article 519 de la Loi des cités et villes, veut ou voudrait que les
arrérages de taxes se prescrivent par cinq ans au lieu de trois ans.
Actuellement, seules deux villes, par leu'r charte, ont des pouvoirs
spéciaux de cette nature, c'est Montréal et Québec; la
question qui est posée au ministère, c'est dans quelle mesure il
ne devrait pas en être plutôt de même pour Montréal et
Québec. Je ne peux pas préjuger de ce qui pourra être fait
dans le cas de ces deux municipalités, mais c'est pour indiquer que la
tendance n'est pas une extension de ces délais.
M. Viau: Le but, ici, c'est de viser ce qu'on retrouve à
l'article 17. C'est-à-dire que nous avons prévu un système
qui va de deux tours de cinq ans à l'article 17.
Par contre, si on fait cela et qu'on joue avec la prescription de trois
ans, cela ne me fait rien de mettre trois ans à l'article 17, mais cela
va faire un délai un peu plus court pour les gens qui voudront
récupérer leur propriété. J'admets que c'est
peut-être trop général, la façon dont c'est
présenté mais on voudrait bien le rattacher au cas de l'article
17 parce que ou bien on joue avec la prescription de cinq ans ou avec celle de
trois ans. Si on joue avec celle de trois ans, on jouera trois ans, trois ans,
à l'article 17, au lieu de cinq ans, cinq ans. Parce que ce que nous
avons prévu à l'article 17, c'est un mécanisme qui
permettra aux gens qui auront laissé échapper leurs
propriétés de revenir les reprendre.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: A titre de suggestion, possiblement que l'article 10
tel qu'il apparaît pourrait être retenu en spécifiant, soit
à l'article ou en annexe, les numéros de lots auxquels cela
s'applique.
M. Viau: Oui, nous avions examiné cette question parce que
cela nous avait été demandé quant à l'article 17 en
disant: Visez donc les lots que vous voulez viser. Théoriquement, il n'y
a pas de problème à cela, mais il y a un méchant paquet de
lots qui sont des parties de lots, des résidus de lots. Par exemple,
j'ai la description d'une partie du lot 207, et vous savez les problèmes
que nous avons avec les descriptions de lots? C'est une vingtaine de pages. Les
descriptions techniques, dans ces cas, c'est quelque chose à faire.
C'est justement pour cela qu'on s'en vient demander un pouvoir spécial
à l'article 17. Peut-être qu'on pourrait inverser et parler tout
de suite de ce fameux article. Cela réglerait peut-être d'autres
articles, si vous voulez.
M. Tardif: L'article 10, quand même, tel qu'il est
libellé présentement est de portée très
générale et s'applique à tous les comptes de taxes
municipaux et non pas seulement à ceux qui sont prévu à
l'article 17. Je pense que ce serait vraiment là élargir la
portée de l'article 519. Il n'est pas du tout incompatible de faire
sauter l'article 10 tel que libellé et de garder l'article 17 avec les
délais de cinq ans avant l'envoi en possession provisoire.
M. Viau: C'est-à-dire qu'on pourrait quasiment faire un
alinéa de l'autre article plus loin pour ne pas faire revivre des taxes
prescrites.
M. Delisle (Conrad): Les taxes vont être prescrites
à ce moment par l'application des 3 ans lorsqu'on va se faire envoyer en
possession provisoire. On va envoyer, en possession provisoire, des taxes sur
lesquelles il y a deux ans de prescription. Il va falloir les faire revivre
pour l'article 17. Je pense qu'il y a d'autres municipalités qui ont
cinq ans. De mémoire, je pense qu'Iberville ou Saint-Jean, de
mémoire...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
d'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, la ville de Varennes a un
problème particulier. Même si la description technique des lots
est difficile, il faut qu'elle soit possible, ou bien il n'y a pas moyen
d'agir de quelque façon que ce soit si l'on veut envoyer des
comptes de taxes. Il faut savoir sur quelle terre ou quel terrain précis
on envoie le compte de taxes. Le ministre avait suggéré, il y a
quelques minutes ou peut-être une autre personne, je ne me
rappelle pas il a été suggéré, dis-je, il y
a quelques minutes que nous laissions l'article 10 en suspens jusqu'à ce
que nous ayons disposé de l'article 17. Si c'est une façon de ne
pas trop compliquer nos travaux.
M. Tardif: Je n'ai pas d'objection à cela. Le
Président (M. Marcoux): L'article 11?
M. Viau: Voici, M. le Président, l'article 11 aussi, c'est
nouveau. Il s'agit de demander le pouvoir d'établir une compensation
pour les opérations relatives à la tenue à jour du
rôle d'évaluation. Voici ce qui se passe. Par exemple, ici, sur le
lot 209, il y a eu plus de 1000 transactions. C'est dans le cas des lots encore
visés. Je comprends que c'est un article à portée
générale, mais ce genre de problème actuellement que nous
avons fait que, lorsqu'on subdivise un lot, lorsqu'on veut vendre une partie de
lot subdivisé, l'évaluateur va faire une fiche. Il y a un tarif
du ministère, je pense que c'est $15 pour la fiche dans un cas de
révision, de mise à jour d'un rôle. Juste pour ces petits
lots, entre autres, il faut annuler la première entrée, il faut
faire une nouvelle fiche, souvent faire une fiche pour les résidus.
Ceux qui paient cela, ce sont les gens qui paient dans le fonds
général. Encore là, vous avez le tiers des
opérations immobilières et des entrées, des mises à
jour du rôle qui sont portées par le fonds général.
Il me semble qu'une compensation pourrait être établie pour
couvrir cela.
Evidemment, cela fait un changement à la loi
générale, sauf que cela nous permettrait au moins de faire porter
par ceux qui sont responsables de ces modifications dans les opérations
générales d'une ville les coûts. C'est la tarification des
services; c'est populaire aujourd'hui, la tarification des services, on sait
cela.
M. Tardif: M. le Président, évidemment, on peut
parler de tarification des services lorsqu'il s'agit de services
dispensés à la clientèle et je pense surtout lorsqu'on
parle de tarification simple. Mais, dans le cas qui nous intéresse ici,
si la ville de Varennes avait les pouvoirs demandés à l'article
11, on pourrait théoriquement imposer quatre types de taxes à ce
moment. Il y a déjà la taxe foncière
générale qui couvre les frais d'administration
généraux de la municipalité, la taxe d'affaires qui
pourrait frapper les immeubles industriels et commerciaux, la taxe sur les
mutations immobilières qui vient frapper justement le transfert d'un
titre de propriété et, maintenant, on demanderait une
espèce de taxe de compensation pour la mise à jour du rôle
d'évaluation. Il me semble que ça fait beaucoup de taxes et que
ça fait précisément double emploi avec les taxes
générales existantes et particulièrement avec la taxe sur
les mutations immobilières. Pour ces raisons, M. le Président, il
me semble que cet article ne saurait être retenu.
M. Viau: Seulement une précision, M. le Président.
Toutes ces transactions sur ces petits lots sont généralement en
bas de $5000, presque toutes. Alors, ce n'est pas couvert par la taxe sur les
mutations de propriété.
Encore là, nous sommes pris avec le même genre de
problème que j'ai expliqué depuis le début sur ce genre de
terrains. Je comprends que c'est difficile dans une loi particulière
d'aller comme cela modifier des principes fondamentaux ou des principes de la
loi générale, mais nous voulions au moins exposer au Parlement et
à la commission ce genre de problème et un des moyens que nous
avions trouvé pour le résoudre, c'est tout.
Si la commission n'est pas encline à accepter ce genre de taxe
qui est nouvelle vraiment, nous retirerons notre article, sauf qu'à
notre point de vue ce n'est pas un moyen démesuré d'aller faire
payer les modifications à des rôles d'évaluation par ceux
qui les causent, tandis que les autres contribuables se trouvent à les
payer à même leurs taxes générales.
M. Tardif: M. le Président, je comprends que toute cette
série de demandes découlent de la situation particulière
de Varennes et de ce problème des transactions de terrains, mais il y a
quelque chose d'un peu odieux à aller réclamer, en sus des taxes
existantes, précisément une taxe de perception. C'est un peu
comme si le fisc québécois, après m'avoir cotisé
pour fins d'impôt, me demandait, en plus de cela, de payer le timbre qui
a servi à m'envoyer l'avis de cotisation ou les autres frais. Je
trouverais cela un peu exagéré. J'ai l'impression que c'est un
peu la même chose ici.
M. Viau: On le paie quand même, à tout
événement, le timbre.
M. Tardif: Oui, mais ce n'est pas nécessaire
d'ajouter.
M. Viau: Cela m'embête de faire porter plus du tiers des
modifications à un rôle d'évaluation, dans une
municipalité de 7000 de population, à même le compte
général des gens. Evidemment, si on avait pu trouver un autre
moyen que celui-là, on l'aurait probablement inscrit dans le projet de
loi, mais on n'en a pas trouvé d'autre.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais bien
comprendre. Me Viau a-t-il indiqué que cet article aussi vise le
règlement du fameux problème des 3500 lots?
M. Viau: Peut-être l'avons-nous rédigé avec
une portée trop générale, mais c'est difficile
d'établir une taxe nouvelle en visant simplement une catégorie
d'individus. C'est rattaché à ce problème, oui, mais ne
serait-ce pas plus odieux
de demander une taxe nouvelle simplement pour une catégorie de
propriétés de la municipalité? C'est pour cela qu'on l'a
mise sous la forme d'une taxe générale, de compensation
générale.
M. Goldbloom: Nous sommes tous conscients du problème
presque unique qui afflige la ville de Varennes. Je pense que nous sommes tous
désireux de trouver une solution à ce problème. J'ai
l'impression ce n'est pas désobligeant, ce que je veux dire
que nous sommes en train d'examiner à la pièce des
éléments d'une solution en nous disant que c'est à
l'article 17 que nous connaîtrons enfin la vraie nature de la solution
globale. Serait-il ridicule de suggérer que nous demandions aux
porte-parole de la ville d'exposer la solution avec tous ses
éléments pour que nous puissions voir plus clairement
l'importance de chacun des éléments exposés aux articles
9, 10, 11,12? L'article 12 également porte sur la solution du
problème, c'est un élément de la solution. Il me semble
que nous serions mieux placés pour juger de la nature indispensable ou
non de chaque article si nous connaissions la solution globale.
M. Viau: Si la commission n'a pas d'objection... Je m'excuse.
M. Tardif: Je n'ai pas objection, M. le Président, qu'on
passe immédiatement à l'article essentiel de ce projet, les
autres étant des accessoires, mais des accessoires qui ont une
portée à ce point générale qu'ils visent tous les
immeubles dans Varennes. Qu'on suspende l'étude de cet article pour
aller voir immédiatement l'article 17, je n'ai aucune espèce
d'objection.
Le Président (M. Marcoux): Nous allons passer
immédiatement à l'article 17.
M. Viau: Voici, c'est le problème dont nous parlons depuis
ce matin. Vers la fin des années soixante, vous avez eu des compagnies
étrangères qui ont acheté plusieurs terrains dans
Varennes. Comme vous le savez tous, nous ne sommes pas obligés, au
Québec, de faire cadastrer un lot lorsque nous l'achetons. Donc, il y a
eu une série de petits lots nous pourrions peut-être vous
l'expliquer tout de suite avec le plan une série de petites
portions de lots, souvent de 25 pieds par 100 pieds, qui ont été
vendues aux quatre coins du monde. Notamment, sur 1000 transactions, il y en a
peut-être de 200 à 220 où le vendeur, comme exemple,
était Global Enterprise, boîte postale 4194, Nassau, Bahamas. Vous
savez comme c'est facile d'aller régler ce genre de problèmes!
C'est ce genre de transactions qui ont été faites sur ces lots.
Nous nous retrouvons donc aujourd'hui avec environ 3300 ou 3500 petites
portions de terrain comme ça, loin des services publics, dans le fond
des terrains, ce qui a pour effet de bloquer tout ce qui peut survenir autour
de ces lots. Peut-être que là-dessus Me Delisle, qui a
analysé...
M. Delisle: II faudrait procéder par ordre.
M. Viau: Là-dessus, je dois dire que nous avons dû
travailler avec les gens du ministère de la Justice du Québec et
les gens du ministère de la Justice des Etats-Unis puisque le
ministère de la Justice de Washington a l'intention d'intenter des
poursuites contre certains de ces vendeurs; l'enquête doit avoir lieu
à Boston dans les mois qui viennent et on attend les mesures qui
pourront être prises ici avant d'aller plus loin là-dedans. C'est
de concert avec la justice québécoise et américaine que
nous avons pu, après plusieurs années même, relever toute
cette série de questions.
Quels sont les pouvoirs que nous demandons? La commission
apprécierait-elle avoir des détails sur le plan et les lots? Je
pense que le problème est connu du ministère depuis longtemps. Le
but de l'article 17 est le suivant, plutôt que de procéder par une
vente pour taxes. Et on sait ce que cela va vouloir dire! La
municipalité va être obligée de les acheter et de les
remettre en vente l'année d'après, payer des descriptions
techniques, des avis. Nous avons calculé qu'il y avait là de $30
000 à $40 000 de dépenses, facilement, pour ne rien
régler, à tout événement. Qui va aller acheter un
terrain de 25 par 100? Personne ne peut construire là-dessus, personne
ne peut avoir de permis, etc.
Ce que nous avons imaginé comme solution, c'est de dire:
Plutôt que de procéder comme cela, demandons le pouvoir de
procéder, un peu avec ce que nous retrouvons dans le Code civil
lorsqu'une personne est absente, suivant la théorie des biens des
absents. C'est-à-dire qu'on peut s'adresser au tribunal et dire:
Envoyez-nous en possession provisoire de ces terrains-là. Par contre,
cette possession provisoire pourrait durer cinq ans, comme nous le
suggérons; nous voulons quand même laisser un délai
suffisant parce que, si jamais les gens veulent reprendre leur magnifique
terrain de 25 par 100, qu'ils puissent le faire! Après la possession
provisoire de cinq années, nous pourrions, une fois le jugement
possessoire obtenu, laisser une période de cinq années aux
personnes pour revenir reprendre leur propriété et payer les
taxes, si elles le veulent bien. Sinon, la ville entrerait en possession
définitive. C'est ce genre de mécanisme.
Il y a plusieurs autres hypothèses qui ont été
envisagées, par exemple une simple appropriation des biens, etc., mais
il nous semblait que dans le contexte actuel ce ne sont pas des
propriétaires québécois, c'est difficile d'aviser ces
gens-là, on ne peut toujours pas les aviser un à un. Nous avons
vérifié le système d'avis public aux Etats-Unis; il aurait
fallu donner des avis dans tous les Etats. Ce que nous avons
suggéré était ce système: l'envoi en possession
provisoire, puis un retour possible dans les cinq ans qui suivent. Lorsque les
taxes n'ont pas été payées pendant cinq années, la
ville pourrait dire: Vous n'avez pas payé vos taxes depuis cinq ans,
nous demandons
l'envoi en possession provisoire. Après cela, une fois le
jugement obtenu, les personnes auraient cinq autres années pour revenir
prendre leur propriété et payer les taxes accumulées.
Pourquoi avions-nous demandé, tantôt, la prescription de
cinq ans? Je n'ai pas d'objection à ce qu'on dise trois ans,
qu'après que les taxes n'ont pas été payées pendant
trois ans on demande l'envoi en possession provisoire. Si on passe à
cinq ans ici et qu'on ne corrige pas la prescription, cela veut dire que nous
ferions revivre pour deux ans de taxes déjà prescrites. Il me
semble. C'est le seul but, sinon la prescription resterait comme cela, à
trois ans. Ce que nous voulons, c'est que s'il y a eu cinq ans de taxes non
payées, théoriquement, en vertu des lois actuelles, il y a deux
ans de taxes qui devraient être disparues rendu là, parce que le
prescription est de trois ans. A ce moment-là, la ville pourrait
demander l'envoi en possession provisoire, et cinq autres années
coureraient. A ce moment-là, s'il n'y a rien eu de fait, la ville reste
propriétaire des terrains. Elle pourrait facilement les remembrer et en
disposer avec l'autorisation de la commission. Vous savez qu'on a
été obligé de le faire à Longueuil en 1972 ou 1973,
il fallait faire le remembrement de lots de 25 par 50 que personne ne pouvait
acheter. C'est le problème de base.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, suite aux explications que
vient de fournir Me Viau, je pense que cela se tient quand même
très bien logiquement et la démarche de la ville de Varennes est
tout à fait conforme avec ce qu'il faut faire. Sauf que, Me Viau, je
suis sûr que vous en convenez, de ne pas limiter la portée de tout
ce processus qui est inclus aux divers articles pose un sérieux
problème pour ceux qui ne sont pas propriétaires des terrains
dont vous parlez. A moins que quelqu'un ait une suggestion autre que
celle-là, il me semble que la seule solution est de revenir à la
description des lots que visent ces dispositions et, si on pouvait l'inclure
dans la loi, à ce moment-là le problème serait
réglé. Cela impose peut-être un travail plus
onéreux, au départ, mais une fois ce travail fait tout le reste
pourrait s'ensuivre et on pourrait en arriver à régler le
problème de Varennes une fois pour toutes.
M. Viau: Si vous me le permettez, Me Delisle, qui a
travaillé avec les gens de la Justice ici et avec ceux de là-bas
sur cette histoire de lots, qui va probablement être pris pour aller
témoigner à Boston sur les plaintes pour expliquer le
système qu'on a mis sur pied et expliquer pourquoi nous avons
procédé comme cela, avec la permission de la commission...
M. Delisle: Nous avions examiné en fait les principales
terres, et le plan que le ministre des Affaires municipales avait en main
tantôt, ce sont les principales terres visées. Il y a une
trentaine de terres au moins de visées. En gros, il y en a plus que
cela. On aurait pu peut-être les décrire, mais on a essayé
de faire des descriptions techniques de ces lots et, entre autres, pour une
seule terre, la description technique a 21 pages. Alors, on les a
décrits d'une façon spéciale, parce que ce sont tous des
lots, des morceaux de 2500 pieds carrés bornés par trois autres
morceaux de 2500 pieds carrés, portant un numéro sur le plan du
vendeur. Le plan du vendeur, on ne l'a pas. Au bureau d'enregistrement, la
description de la plupart des terrains se limite à ceci, par exemple:
partie du lot no 209, mesurant 25 X 100, bornée par quatre autres
parties et portant le numéro 190 sur le plan du vendeur. La
majorité des adresses des acheteurs, c'est une boîte postale
à Nassau aux Bahamas. On a retrouvé des gens qui viennent
s'informer où sont leurs terrains. On a encore une série de
personnes dont on n'a même pas les adresses, sauf une boîte
postale. Cela est peut-être possible.
M. Gratton: Je ne veux pas être malin, mais on me
suggère qu'il serait peut-être plus facile d'exclure les lots qui
ne sont pas dans ces conditions. Il doit sûrement y avoir un moyen
je ne suis pas légiste et je ne vise pas à le devenir, jamais
pour les requérants de préparer un plan auquel on pourrait
se référer par un système de numérotage quelconque
et qui pourrait servir les fins, l'objectif que vise la ville de Varennes.
M. Viau: Théoriquement, ce que nous pouvons faire avec la
liste, ici, des numéros de lots principaux, c'est dire: pour le lot 167,
il y a 95 propriétaires dont 49 n'ont pas payé depuis cette
période-là, etc., les autres ont payé. C'est quasiment le
plus loin qu'on peut aller, sinon... A moins de refaire toutes les
descriptions, mais, à tout événement, lorsque nous nous
adresserons aux tribunaux, on va être obligé de viser les
terrains. Or, on peut certainement produire une liste des lots, en annexe.
Est-ce qu'on devrait aller jusqu'à tous les décrire? Il me semble
que là c'est considérable. Mais la liste des lots visés,
c'est possible.
M. Tardif: M. le Président, justement, les gens du
ministère m'informent que nous nous attendions, en quelque sorte
à avoir aujourd'hui, sinon une description complète de tous les
lots, à tout le moins, qu'on ait défini des
périmètres qui tentent de circonscrire à ces biens la
portée de l'article 17. Je ne connais pas la nature du document auquel
on fait allusion, mais...
M. Delisle: Nous avons l'énumération des lots, mais
on n'a pas de description. Je pense qu'il faut s'entendre. Si c'est une
énumération de terres, de lots originaires, on peut fournir cela
en annexe, mais on ne peut pas les décrire. Vous avez vu le plan
où il y a taches rouges un peu partout à travers ce plan. Pour
une description cela serait peut-être difficile, mais qu'on fournisse une
énumération des lots originaires, c'est possible.
M. Viau: Avec le plan. Le plan ne serait pas annexé au
projet de loi, mais il pourrait peut-être faire partie des documents au
moins avec l'énu-mération des lots. En somme, on rejoindrait avec
cela l'inquiétude que vous avez que cette clause ne s'étende
à tout le monde dans la ville. On dirait, par exemple: le lot 169, tel
qu'apparaissant au plan produit, comme document.
M. Tardif: M. le Président, les légistes du
ministère m'informent que nous pourrions en effet accepter une
énumération des lots fournie par la municipalité, mais il
faudrait que ceci soit annexé au projet de loi comme en faisant partie
et sujet à vérification par le ministère des Terres et
Forêts.
M. Viau: On n'a pas d'objection, tout cela peut être fait
avec les gens des Terres et Forêts. Ce qu'on veut bien faire comprendre,
c'est que cela ne serait pas une description. Par exemple, une des
séries de lots porte sur le lot 207 et a 21 pages. Je pense bien que
c'est impossible de reproduire tout cela dans un projet de loi. Vous allez
avoir un volume des statuts exprès pour cela; mais viser le plan et
faire l'énumération des lots sur lesquels la loi porte, cela peut
se faire facilement en annexe.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Quel prix les gens ont-ils payé pour ces
terrains de 25 X 100 à peu près?
M. Delisle: Ils ont payé $0.40 le pied carré. On
les a mis au rôle d'évaluation à $0.30. Il y a eu à
ce moment-là, une contestation dans un cas et ils ont été
baissés à $0.10; plusieurs personnes n'en donneraient même
pas $0.03 et le promoteur les avait achetés à un demi-cent. Il
les a payés un demi-cent le pied carré et les a vendus $0.40 en
l'espace d'un an. (15 h 15)
M. Cordeau: A peu près les $0.30 que vous avez
mentionnés.
M. Delisle: Cela s'est déroulé en deux ou trois
ans, tout cela. Cela a causé un rôle d'évaluation
composé de 6000 comptes de taxes, dont 3500 sont des cas comme cela.
C'est pour cela que la taxe sur le rôle d'évaluation qui est
prévue vise un peu à essayer de faire payer ceux qui causent la
mise à jour du rôle. Il y a encore des transactions
là-dessus.
M. Gratton: Cela s'est fait en quelle année?
M. Delisle: Cela s'est fait à partir de l'Expo, de 1967
à 1972.
M. Gratton: Une autre retombée de l'Expo 67!
M. Cordeau: M. le ministre, je ne voudrais pas être malin,
mais il y a un ministre qui trouve les choses tout à fait simples tout
le temps. C'est le ministre de l'Agriculture. On pourrait peut-être lui
suggérer d'acquérir toutes ces terres pour sa banque.
M. Tardif: Si la loi 90 avait existé à
l'époque, on n'aurait peut-être pas ce problème.
M. Cordeau: Pour constituer sa banque, le ministre de
l'Agriculture pourrait prendre tous ces terrains et régler le
problème de Varennes.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il faudrait
effectivement ajouter à l'article 17 d'abord peut-être le
prendre alinéa par alinéa à tout le moins, un
paragraphe, peut-être le dernier alinéa, qui dirait: "Le
présent article ne s'applique qu'à l'égard des immeubles
compris dans le secteur décrit à l'annexe", qui serait celui de
la nomenclature des lots, et ajouter également que "cette description
est sujette à approbation ou à vérification par le
ministère des Terres et Forêts."
M. Viau: Est-ce qu'on pourrait en arriver à un compromis
là-dessus? Je n'ai pas d'objection à faire les descriptions.
M. Goldbloom: Je pense que nous n'avons pas à prolonger la
discussion quant à la nature des documents techniques, si nous sommes
d'accord qu'il en faut et qu'il en faut à la satisfaction du ministre
des Affaires municipales et à la satisfaction du ministre des Terres et
Forêts. Si nous tenons pour acquis qu'il y aura une description
technique, que la loi sera rédigée de façon à
accorder à la ville de Varennes des pouvoirs exorbitants par rapport
à ces terrains seulement, nous, de notre côté, nous serions
d'accord pour revenir sur les articles pour voir si tels pouvoirs devraient
être accordés ou non. La troisième lecture du projet de loi
pourrait avoir lieu avant l'ajournement une fois que le ministre et son
collègue des Terres et Forêts seront satisfaits.
M. Viau: Quant à nous, cette solution nous conviendrait:
une énumération des lots avec des plans, à la satisfaction
des deux ministres. D'accord avec la restriction suggérée par le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, on propose également un
amendement au troisième alinéa de l'article 17. L'article 17, tel
que libellé dit: "La demande d'envoi en possession ne peut être
accordée qu'après publication dans la Gazette officielle du
Québec d'un avis requérant toute personne qui peut avoir des
droits contre ces immeubles de présenter sa réclamation devant un
juge dans le délai indiqué." Nos légistes aimeraient que
ce délai soit précisé dans la loi. Donc, il s'agirait
d'enlever "le délai indiqué" pour le remplacer par "les six mois
suivant cette publication." Cela va?
M. Viau: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Cette publication ou la
publication?
Une Voix: Cette...
M. Tardif: II y a également un autre amendement
proposé à l'article 17, cette fois au sixième
alinéa, puisque, de l'avis des légistes du ministère, en
vertu des articles 96 et 97 du Code civil, les immeubles à
l'égard desquels une personne s'est fait envoyer en possession
provisoire ne peuvent être aliénés; alors qu'ici,
précisément, on demande le pouvoir d'aliéner, donc de
vendre ces immeubles, ce qui irait à l'encontre d'une des dispositions
du Code civil. On demande de pouvoir biffer cet article, attendu que la
municipalité ne pourra aliéner ces immeubles qu'après
l'expiration des délais prévus dans l'article 17
lui-même.
M. Viau: Vous reculeriez cela après la possession
définitive? D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Alors, l'alinéa qui
commence par: "La municipalité pourrait...
M. Viau: D'ailleurs est-ce qu'elle pourrait acquérir, dans
le délai? Non plus, évidemment. Tout cela serait reporté,
cela pourrait causer...
M. Tardif: C'est l'envoi en possession provisoire, il faudra
attendre l'envoi en possession définitive.
M. Viau: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Alors, l'alinéa qui
commence par: "La municipalité peut, avec l'autorisation du tribunal,
aliéner..." jusqu'à: "... au greffe du tribunal", serait
biffé. Le sixième alinéa est biffé.
Est-ce que l'amendement proposé par le ministre: "... les six
mois suivant cette publication." est adopté? Est-ce que vous avez
d'autres modifications?
M. Tardif: Nous venons de biffer le sixième alinéa.
Le septième alinéa, cela va, le huitième également,
le neuvième aussi. Le dixième alinéa, nous aimerions avoir
des explications des procureurs de la municipalité. Que veut-on dire par
cet alinéa?
M. Delisle: C'est qu'il arrive qu'il y a des
propriétaires, des anciens cultivateurs, qui ont retenu certains droits
sur ces terrains. C'est simplement une précaution supplémentaire
pour dire que s'il y avait d'autres droits que les droits de
propriété que l'on connaît, peut-être des servitudes
ou choses semblables, on voudrait que ce soit tout simplement transformé
en créance personnelle. C'est une précaution additionnelle tout
simplement.
M. Tardif: Si on enlevait cet alinéa, est-ce que cela
causerait des problèmes à la municipalité?
M. Delisle: Non, c'était au cas où il y aurait un
démembrement de droits de propriété qui appartiendraient
encore à quelqu'un, des genres de servitudes, à ce moment on
aurait pu éclaircir les titres. C'est une clause peut-être de
prudence extrême.
M. Tardif: C'est peut-être un peu annulé par le
premier membre de l'alinéa: "Si un droit de propriété est
reconnu", d'une part, et retournée au huitième alinéa:
"... après cet enregistrement, si quelque personne prétend
qu'elle peut réclamer en justice quelque droit sur ces immeubles, sa
réclamation est convertie en une réclamation personnelle contre
la municipalité."
Le Président (M. Marcoux): Alors... M. Delisle: On
va l'enlever.
Le Président (M. Marcoux): Tout le monde est d'accord pour
biffer le troisième alinéa de la page 12: "Si un droit de
propriété est reconnu à quelque personne..."
jusqu'à: "... à ces fins par le tribunal d'expropriation."
M. Tardif: Cela va, M. le Président, pour les trois
derniers alinéas, avec, évidemment le fait qu'il ne faut pas
oublier d'ajouter un dernier alinéa qui est celui que j'ai
mentionné tantôt, à savoir que le présent article ne
s'applique qu'à l'égard des immeubles compris dans le secteur
décrit à l'annexe.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez le
relire?
M. Tardif: Un alinéa additionnel à la fin de
l'article 17 et qui dirait: "Le présent article ne s'applique
qu'à l'égard des immeubles compris dans le secteur décrit
à l'annexe."
Une Voix: Ce n'est pas plutôt les lots?
M. Tardif: Je m'excuse, je reprends: "Le présent article
ne s'applique qu'à l'égard des immeubles compris dans le secteur
décrit à l'annexe."
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Gratton: Je présume que ce secteur qui sera compris
dans l'annexe est un tout, qu'à l'intérieur de ce secteur il ne
se trouvera pas...
M. Delisle: Cela nous convient de cette façon parce qu'en
décrivant un secteur c'est le périmètre. Ce qu'on ne
pouvait pas faire, c'est la description des lots qui à ce moment
était un travail qu'on voulait éviter par ce projet de loi. En
décrivant les limites, il n'y aura pas de problème.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel alinéa est
adopté?
M. Tardif: M. le Président, si on me permet rapidement de
revenir en arrière...
Le Président (M. Marcoux): L'annexe 1.
M. Tardif: Non, à l'annexe. Il n'y en a qu'un à
l'annexe. M. le Président, je veux revenir au 7e alinéa pour
corriger une faute de français à la quatrième ligne. C'est
la municipalité qui est le sujet du verbe et le verbe, à la
quatrième ligne, est donc au singulier. Les imposent, enlever le nt. La
municipalité fait inscrire, en son nom, ces immeubles sur le rôle
d'évaluation et les impose. La municipalité les impose.
M. Gratton: J'en ai vu un autre tantôt.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article, le nouvel
alinéa à la fin est adopté? L'amendement biffant le
pluriel d'impose est adopté? L'article 17 sera-t-il adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Tel qu'amendé.
Là, on va revenir en avant.
M. Viau: Si la commission me le permet, M. le Président,
on comprend peut-être un peu le but visé quand nous parlions des
cinq ans. Evidemment, si on a restreint, on a décrit le
périmètre des lots visés, il nous semble qu'à ce
moment on pourrait parler d'une prescription de cinq ans dans ce
périmètre. Ce qui nous embête, c'est que les taxes
municipales sont prescrites par trois ans. Par contre, la loi prévoit
que, si un individu a payé des taxes par défaut de droit ou de
fait, il peut réclamer sur cinq ans. En somme, la municipalité au
bout de trois ans perd ses taxes, mais un individu peut revenir cinq ans
derrière pour réclamer des taxes payées par erreur de
droit ou de fait. Ce que nous nous sommes dit ici, puisque nous parlons d'un
délai de cinq ans pour aller réclamer des terrains en possession
provisoire, il me semble qu'il faudrait faire concorder la prescription parce
que sans cela, au-dessus des trois ans, on se ferait envoyer en possession
provisoire pour deux ans de taxes prescrites. Voyez-vous? Il me semblait que
nous avions ce genre de problème sur les bras.
M. Tardif: M. le Président, c'est qu'encore une fois il
n'y a pas incompatibilité entre l'adoption de 17 tel qu'on vient de le
faire et le fait de rejeter l'article 10. En réalité, ce que nous
faisons, c'est que nous créons par l'article 17 un pouvoir exceptionnel,
nous donnons à la municipalité un pouvoir vraiment exceptionnel
de reprendre possession de terrains. Que, dans ce cas, on ajoute une
espèce de garantie additionnelle, c'est-à-dire qu'en plus des
trois ans, donc, avant le délai de prescription, qu'on dise, avant de
pouvoir se faire envoyer, je ne sais pas l'expression, en possession
provisoire, que la municipalité attende deux ans. Cela me semble
être une garantie additionnelle pour tes personnes dont on va finalement
les priver de leur droit de possession. Ce n'est pas incompatible.
M. Viau: On n'a pas d'objection à cela. La seule chose,
c'est qu'on voyait concordance entre les deux articles. C'est tout. On n'a pas
d'cbiec-tion. Mais il me semble qu'au bout de la ligne on n'y reviendra
pas il y a quelque chose qui accroche pareil, que d'aller chercher sur
cinq ans des taxes prescrites. Mais peu importe. Or, on peut retirer le 10.
M. Delisle: C'est dans le cadre d'un article
général; alors, à ce moment, il ne s'applique plus.
Le Président (M. Marcoux): L'article 10 est retiré.
Avant de revenir à 9, je voudrais vous informer d'un amendement que
l'Opposition serait prête à adopter à l'article 5, 5e
ligne, une faute de français. Sont au lieu de son. Est-ce que
l'amendement sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 5, 5e ligne;
où des objets de rebus sont déposés. Ils seraient mieux
déposés avec le verbe être, troisième personne du
pluriel. C'est adopté; donc, je peux apposer les initiales. C'est de
l'Opposition constructive. Article 9. Article 10 est retiré. Article 9
est retiré? (16 h 30)
M. Viau: Non, il n'était pas retiré encore.
L'article 9 était suspendu, à ma connaissance.
Le Président (M. Marcoux): II était suspendu, mais
je pose la question.
M. Delisle: Pour les Américains, c'est-à-dire ceux
qu'on appelle les Américains, mais les étrangers, actuellement,
sur les 3500 comptes de taxes, il y en a peut-être environ 2000 qui sont
en bas de $5. Alors, il y a le travail que cela demande sur le plan de
l'évaluation foncière. Sur 6000 fiches d'évaluation
foncière dans la municipalité, il y en a 3500 affectées
par ces cas. A ce moment, cela permettrait d'avoir un compte de taxes qui
vaudrait la peine d'être envoyé. Autrement dit, il y aurait les
frais d'envoi de compte, les frais d'évaluation qui sont rajoutés
et tout cela permettrait d'avoir un compte de taxes qui vaudrait la peine.
C'est un peu le but. L'article 9 pourrait peut-être être
généralisé en disant que pour tout compte de taxes le
conseil peut ajouter des frais d'envoi de $5, par exemple, soit tout simplement
une base qui s'appliquerait à tous les comptes de taxes; même pour
le compte de taxes de $1000 il y aurait des frais d'envoi. Il y avait
déjà cela dans le Code municipal qui a été
abrogé il y a une couple d'années où le secrétaire
trésorier ajoutait un montant fixe de frais d'envoi de compte.
M. Tardif: C'était son salaire.
M. Delisle: C'était spécial.
M. Tardif: II était payé à l'acte.
M. Delisle: Comme ici, au moment de l'enregistrement de ces lots,
le registrateur était à honoraires.
M. Tardif: M. le Président, cela me paraît encore
une fois abusif d'exiger quand même un compte d'honoraires de $10 pour
une facture en souffrance de $5. A la rigueur, je dirais que si on voulait
limiter cela aux terrains décrits à l'annexe, ce serait
déjà quand même plus acceptable.
Une Voix: D'accord.
M. Tardif: Mais la municipalité vient se faire donner un
pouvoir vraiment assez "massue" c'est-à-dire de reprendre possession de
ces terrains pour un compte de taxe de $5 non payé. Alors, je dis
finalement qu'au bout du compte, la municipalité ne sera pas perdante.
Il me semble qu'on introduit un dangereux précédent, puis on sait
la tendance des fois d'avoir des "bills carbones", et qu'on pourrait avoir la
même demande une autre année.
Le Président (M. Marcoux): Si j'ai bien compris vous
acceptez le retrait.
M. Viau: Oui, on va le retirer, d'accord.
La municipalité ne sera peut-être pas heureuse de garder
les terrains, mais elle n'aura pas le choix.
Le Président (M. Marcoux): Elle les remettra au ministre
de l'Agriculture.
M. Viau: Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse.
Le Président (M. Marcoux): Pour la banque de terres.
M. Cordeau: Pour la banque de terres du ministre.
M. Tardif: Où est-ce qu'on était rendu.
Le Président (M. Marcoux): On est rendu à l'article
11, M. le ministre.
M. Viau: Mais c'est assez étroits comme terrains.
Le Président (M. Marcoux): A l'article 11, on a les
mêmes dispositions.
M. Tardif: La même chose, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): Retiré? Des Voix:
Retiré.
Le Président (M. Marcoux): Article 11, retiré. Les
articles 9, 10 et 11 sont retirés.
M. Viau: Articles 9, 10 et 11, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Article 12, même
disposition.
M. Viau: Non, l'article 12 c'est une autre affaire. D'ailleurs
vous l'avez accordé déjà. L'article 12, c'est le droit de
porter son enchère jusqu'au montant...
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12 est
adopté.
M. Viau: Merci.
Le Président (M. Marcoux): Article 13.
M. Viau: L'article 13 c'est celui qui dit que dès que la
municipalité retient définitivement les immeubles acquis... Non,
c'est que les immeubles ne sont plus sujets aux taxes lorsque la
municipalté...
M. Tardif: M. le Président...
M. Viau: La taxe scolaire. Ce qui est arrivé, pas à
Varennes, mais on l'a vu par expérience dans d'autres villes, c'est
qu'une fois que la municipalité eut retenu les taxes, plusieurs
années après, la commission scolaire a perçu ces taxes et
la municipalité a été obligée de les payer. Elle
n'a pas eu le choix.
Actuellement, chez nous on n'a pas ce problème avec le scolaire,
mais on ne peut pas dire qu'on ne l'aura pas. On n'insistera pas plus que
cela.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'on peut dire que
vous ne l'aurez pas pour longtemps en tout cas avec la réforme de la
fiscalité, puisqu'il n'y aura plus d'impôt foncier scolaire. Pour
ces raisons, je pense qu'il faudrait retirer l'article.
M. Viau: Compte tenu de ce que la réforme serait
censée être en vigueur assez vite, on va le retirer.
Le Président (M. Marcoux): L'article 13 est retiré.
Article 14.
M. Viau: Voici, à l'article 14, comme nous devons nous
organiser avec notre Cour municipale chez nous bientôt, ce n'est pas la
première fois qu'on nous le demande, à Boucherville, il va
falloir régler le problème. La loi est curieusement faite,
c'est-à-dire qu'on permet des ententes municipales. Par exemple, en
vertu de la Loi de la police une municipalité rurale peut organiser et
maintenir un corps de police, mais elle n'a pas le droit d'organiser une cour
municipale. Ce que nous
visons par là, c'est que Varennes veut s'entendre avec les
municipalités autour de chez elle, dont trois ou quatre sont rurales,
pour organiser une cour en commun. C'est le but de cet article, permettre
d'assujettir ce territoire à la cour de Varennes et, par entente avec un
comité intermunicipal, de faire fonctionner la cour.
M. Tardif: M. le Président, l'idée part sans doute
d'un bon naturel de vouloir justement créer une espèce de "cour
de comté", comme on pourrait l'appeler entre guillemets...
M. Viau: Non, non, c'est la cour de Varennes. Je ne voudrais pas
me retrouver dans des problèmes encore plus compliqués
après qu'avant.
M. Tardif: Cela m'a échappé. Le fait est que, si on
voulait se limiter aux dispositions de la Loi des cités et villes
actuelle, l'article 693 limite une telle extension de juridiction aux
municipalités situées dans un rayon de dix milles, d'accord, mais
ce n'est pas ce qu'on demande ici. On vise finalement à étendre
la juridiction de la future cour municipale de Varennes à tout le
district judiciaire.
M. Viau: C'est-à-dire que nous visons à nous
entendre avec des municipalités situées uniquement dans le
district judiciaire où est Varennes pour une bonne raison: je me demande
même si le juge de la cour de Boucherville a juridiction quand il entend
des causes de Varennes, puisque les citoyens de Varennes ne sont pas dans son
district judiciaire. C'est contesté présentement. C'est le seul
but de parler du district judiciaire. On peut bien l'enlever, si vous voulez,
cela ne me dérange pas. Je me demande si on ne dira pas que le juge
municipal n'a pas juridiction. Personnellement, je plaiderais bien qu'il n'a
pas juridiction. On est obligé de plaider le contraire, à tout
événement, quand on représente Varennes devant la cour de
Boucherville, mais cela ne veut pas dire que cela confère juridiction
à un juge qui est assermenté pour le district d'à
côté. C'est le problème. Si vous voulez l'enlever, on va
l'enlever.
M. Tardif: On comprendra qu'il m'est difficile, sans consultation
avec la Justice, surtout à la lumière de ce que vient de dire le
procureur, soit qu'on s'interroge même sur la juridiction du juge qui
entend ces causes-là, de déroger aux dispositions
générales de la Loi des cités et villes. La
municipalité peut se prévaloir de l'article 693 actuellement;
elle peut commencer par cela et on verra après consultation avec la
Justice.
M. Viau: On va le retirer. Cela ne réglera pas notre
problème, mais on va le retirer.
Le Président (M. Marcoux): Article 15?
M. Viau: Voici ce qui arrive. On sera peut-être
étonné de voir une clause quand même importante qui n'a pas
été accordée qu'à titre d'exemple à
Longueuil l'année dernière concernant des ques- tions de
pollution. Ce que nous avons présentement chez nous comme
problèmes nous a décidés à nous inspirer de ce qui
a déjà été accordé à la ville
d'à côté. Varennes, les problèmes existent depuis
longtemps. D'ailleurs, le ministère de l'environnement est bien au
courant de ce genre de problèmes. La pollution de l'eau existe chez nous
à cause de certaines usines de produits chimiques. C'est sérieux
et, dans certains cas, ce n'est pas déversé directement à
l'égout de la ville, souvent, pas du tout, mais par le biais des
fossés ouverts. D'ailleurs, des études de différents
ministères ont établi cela.
Le maire de Varennes aimerait peut-être expliquer comment la ville
a abordé cette question par le biais d'un comité de protection de
l'environnement où des représentants de l'industrie ont
siégé et où on retrouve un certain accord là-dessus
ou un certain consensus. C'est le genre de travail que nous avons. Est-ce que
vous permettriez à M. le maire De Martel d'exposer l'approche qu'ils ont
utilisée chez eux à ce sujet?
M. De Martel: Merci, M. le Président. On connaît
évidemment le fait que Varennes est une ville fortement
industrialisée. A la suite du projet présenté par
l'honorable Léger concernant le problème de l'épuration
des eaux, vous retrouverez deux de nos usines qui ont l'honneur de figurer
parmi les grands pollueurs du fleuve Saint-Laurent. Je ne les nommerai pas ici,
mais cela donne une idée de l'ampleur du problème chez nous.
Pour combattre ce fléau parce que c'en est un nous
sommes même une des rares villes du Québec à s'être
dotées d'une commission ou d'un comité de protection de
l'environnement qui est composé de deux membres du conseil et de sept
citoyens, dont deux représentants de l'industrie. Je dois dire que ce
comité est extrêmement actif et nous sommes allés chercher
la collaboration très intense des Services de protection de
l'environnement et également de l'industrie. Devant le
développement de Varennes, on peut facilement entrevoir à assez
brève échéance le fait que nous devrons nous doter d'une
usine d'épuration des eaux. Vu que les eaux sont déversées
directement dans le fleuve ou dans la rivière Saint-Charles il y
a déjà trois cas devant les Services de protection de
l'environnement, des plaintes on aura de très sérieux
problèmes avec cette usine d'épuration. Il va falloir
prévoir une grandeur additionnelle parce qu'on ne veut pas qu'elle soit
surchargée par ces eaux. Evidemment, cela va provoquer des coûts
additionnels pour l'épuration des eaux.
Je sais bien qu'on ne peut pas régler tous les problèmes
en même temps, M. le Président, mais je pense qu'on a certainement
un combat à mener chez nous et il faut se donner des outils et des
moyens pour en venir à bout.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: A première vue, il me semble qu'il y a des
choses intéressantes dans cet article. Mais tout comme nous avons
demandé au ministre, au sujet dun autre article, si son collègue
de la Justice avait donné son assentiment, il me semble que ce qui est
proposé ici constituerait un précédent quant à des
mesures qui seraient mises en application pour obtenir des paiements de
redevances de la part des industries. J'ai cru comprendre que l'actuel ministre
délégué à l'environnement s'est exprimé
favorablement à cette idée. Si le ministre confirme que tel est
le cas, je pense que, du point de vue de l'Opposition libérale, nous
n'aurons pas d'objection à nous joindre au ministre pour accepter
l'article.
M. Cordeau: Je crois même que cet article-là est
plus sévère que la Loi sur la qualité de l'environnement
que nous sommes à étudier présentement et qu'elle va
au-devant des désirs du ministre délégué à
l'environnement. Etant donné qu'il semble y avoir unanimité entre
les membres du comité... Il y a eu des industriels aussi, dans votre
comité?
M. De Martel: II y a un représentant de la compagnie Gulf
qui siège à ce comité, et un représentant de la
Canadian Titanium Pigments Ltd qui est une des usines mentionnées.
M. Cordeau: Cet article a été accepté par le
comité?
M. De Martel: C'est-à-dire que nous avons établi
des visites dans toute l'industrie et nous avons abordé ce sujet. On ne
pouvait évidemment pas leur dire que ce serait établi tant et
aussi longtemps que les pouvoirs ne nous en avaient pas été
donnés par le Parlement. Ils ont été prévenus qu'il
pourrait y avoir de tels...
M. Cordeau: Je ne veux pas m'opposer.
M. Tardif: Ai-je bien compris le député de
Saint-Hyacinthe quand il a dit qu'il voterait pour un tel article qui va plus
loin que la loi du ministre délégué à
l'environnement, alors qu'il a voté, en Chambre, contre la Loi de la
qualité de l'environnement?
M. Cordeau: Je dois vous informer que je n'étais pas en
Chambre lorsque le vote a été pris.
M. Tardif: Ah bon!
M. Guay: M. le Président, l'Union Nationale n'est pas
unanime quant à...
M. Cordeau: Je n'étais pas en Chambre lorsque le vote a
été pris!
M. Guay: Bon. Pour revenir à la demande qui est devant
nous, M. le Président, ce qu'on demande ici, c'est de pouvoir imposer
une taxe de pollution à toute personne ou entreprise qui en serait la
cause. On a souligné, à juste titre, que l'an dernier la ville de
Longueuil s'était vu accorder, pour la première fois au
Québec, un tel pouvoir. Evidemment, on a dit et j'ai le journal
des Débats, à la page B/5040, devant moi que ceci
était conféré à la ville de Longueuil à
titre d'expérience pilote puisque nous n'avions pas de
précédent ici au Québec. Renseignements pris, ces jours
derniers, auprès de la ville de Longueuil, le directeur du contentieux
de cette municipalité nous informe que le pouvoir de la ville de
Longueuil n'a pas encore été exercé, n'avait pas encore
été exercé, en tout cas, en date du 7 décembre, et
que le conseil, avant d'adopter un règlement, avait
délégué des gens de la municipalité dans
différentes villes de l'Ontario, notamment où on avait
donné une telle réglementation. Nous nous trouvons donc,
après un an, avec une ville qui a été habilitée
à réglementer ce secteur, qui n'a pas exercé ce pouvoir,
de sorte qu'on ne peut rapporter aucun résultat de cette
expérience pilote. (16 h 45)
Je me demande dans quelle mesure il ne serait pas sage, d'une part,
compte tenu de l'adoption récente de la Loi de la qualité de
l'environnement et des pouvoirs de réglementation qui appartiennent au
gouvernement en cette matière, à tout le moins de consulter mon
collègue de l'environnement et de demander à la
municipalité, encore une fois tout en la félicitant pour son
intérêt quant à la sauvegarde de la qualité de
l'environnement, de retirer cet article pour les raisons mentionnées,
puisqu'il semble, de l'avis même d'une ville qui a ce pouvoir, que sa
mise en oeuvre est plus compliquée qu'on ne le croirait à prime
abord.
M. Viau: Est-ce que je peux me permettre, M. le Président?
Ce qui m'embête toujours sans préjuger des actes des
municipalités, c'est pourquoi cela n'a pas été
adopté. Je sais qu'il y a eu une élection à Longueuil,
parfois cela n'aide pas à régler certaines sortes de
problèmes, mais mettons cela de côté. Il reste un fait,
c'est qu'à Varennes, d'une part, on va bientôt être
obligé d'aller vers une usine d'épuration; il faudra que
quelqu'un paie cela. Le comité fonctionne et on a déjà
reçu des plaintes aux Services de protection de l'environnement contre
deux ou trois industries actuellement. Tout cela est déjà mis en
branle. Il me semble qu'il n'est pas exagéré de demander au
Parlement d'aider cette municipalité à aller un peu plus de
l'avant avec les pouvoirs qu'elle a en cette matière.
Je m'excuse, mais je peux difficilement accepter que, parce qu'une
municipalité, pour certaines autres raisons dont certaines
peuvent être connues et d'autre moins bien n'a pas cru bon d'agir,
on refuserait, à une ville comme Varennes qui a un problème
urgent à régler et qui a déjà mis en branle des
structures pour les régler, de procéder.
Deuxièmement, je pense que quand on parle d'une taxe permettant
de polluer ou d'une taxe à
un pollueur, c'est l'inverse, au fond, qui est visé. Cet
argument, on l'a entendu à plusieurs reprises, mais ce qu'on vise, c'est
de faire payer plus cher le plus grand pollueur et, de cette façon,
constituer un fonds spécial cela apparaît dans l'article
uniquement réservé à l'épuration des eaux.
Nous irons ce n'est pas une question de mois, mais d'ici quelques
années construire une usine d'épuration. Cela nous
permettrait déjà de constituer un fonds spécial, et
certaines industries ne polluent pas autant que d'autres. Pourquoi la personne
qui est propriétaire d'une résidence irait payer, à
même ses taxes générales, des travaux qui sont
causés par les pollueurs? C'est le principe du pollueur payeur. On peut
regarder cela des deux côtés; on peut dire que c'est obtenir un
permis de polluer. Ce n'est pas cela du tout, cela ne va pas à
l'encontre des lois de la protection de l'environnement.
Ce n'est pas parce qu'on obtient un tel pouvoir que le ministre de la
protection de l'environnement ne procédera pas sur des plaintes. Mais
cela va nous permettre d'accumuler des fonds rapidement et de consolider une
entreprise déjà en place. C'est l'inverse de ce qui se passe
à Longueuil, à Varennes; c'est déjà en marche chez
eux et on va être obligé de payer, bientôt. C'est pour cela
qu'on demande le pouvoir.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Nous nous trouvons ici devant un vrai dilemme,
parce que l'article est d'un intérêt certain. C'est un article qui
est progressiste et qui a un précédent. J'avais oublié,
quand j'en ai parlé il y a quelques instants, que le même pouvoir
avait été accordé à la ville de Longueuil l'an
dernier. Il me semble que, si le gouvernement a accepté d'accorder le
pouvoir à la ville de Longueuil l'an dernier, il doit avoir
examiné la portée de son geste et tiré la conclusion que
ce geste était justifié.
On pourrait dire que Varennes n'est pas Longueuil; Longueuil a plus de
100 000 habitants et Varennes n'en a que 7000. Pourtant, Varennes et Longueuil
sont presque contiguës; il n'y a que Boucherville entre les deux et
Boucherville est à caractère résidentiel, n'a pas le
caractère industriel de Varennes.
Il ne me semble pas du tout désirable que des industries,
cherchant un endroit sur la rive sud où il serait attrayant de
s'implanter, voyant dans la charte de la ville de Longueuil un tel article, ne
le trouvant pas dans celle de la ville de Varennes, s'en aillent dans Varennes
et imposent à la ville de Varennes tout ce fardeau. Donc, je suis, comme
je l'ai dit auparavant, porté à être favorable à
l'adoption de cet article.
Mais voici où le dilemme entre en ligne de compte. C'est que le
ministre des Affaires municipales nous fait rapport de ses consultations avec
la ville de Longueuil. Il nous dit: L'article n'a pas été mis
à l'épreuve, n'a pas été utilisé. Donc, nous
n'avons pas de comparaison facile. Nous ne pouvons invoquer l'expérience
de Longueuil pour accepter ou rejeter la demande de Varennes.
M. le Président, je ne peux m'empêcher de commenter le fait
qu'il n'y a pas eu de consultation avec le ministre
délégué à l'environnement...
M. Tardif: M. le député de D'Arcy McGee ne
permettra-t-il d'intervenir à ce moment-ci, ce qui éviterait
peut-être un long débat? Le Québec est assez grand pour se
permettre d'avoir plus d'une expérience pilote et je serais prêt
à accepter l'article 15, tel que proposé, en ajoutant, toutefois,
au premier alinéa: "Le conseil peut, avec l'approbation du ministre
délégué à l'environnement, faire des
règlements..." Cela irait?
M. Goldbloom: M. le Président, j'accepte. Je terminerai
quand même ma phrase. J'allais dire que de 1973 à 1976, le
problème de la consultation entre le ministre
délégué à l'environnement et le ministre des
Affaires municipales ne se posait pas.
M. Tardif: II n'y avait pas eu d'article semblable
d'adopté non plus.
M. Goldbloom: Une bonne loi d'adoptée, par exemple.
M. Tardif: M. le Président, je suis donc d'accord...
Le Président (M. Marcoux): "Le conseil peut, après
l'approbation...
M. Tardif: ... avec l'approbation du ministre, etc.
Le Président (M. Marcoux): ... avec l'approbation du
ministre délégué à l'environnement, faire des
règlements, etc.
M. Tardif: ... règlements, etc., et enlever à la
page suivante l'alinéa h) qui dit justement que c'est assimilable
à une taxe foncière, comme on l'a fait dans les autres cas.
Le Président (M. Marcoux): Biffer l'alinéa h).
M. Tardif: Si on veut respecter l'appellation
contrôlée, ici, c'est: Le ministre responsable de l'application de
la Loi de la qualité de l'environnement.
Le Président (M. Marcoux):... avec l'approbation du
ministre responsable de l'application de la loi de la qualité de
l'environnement. D'accord.
M. Tardif: II faut numéroter de nouveau les paragraphes si
on en fait sauter un, mais cela, on n'a pas besoin de le dire.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement est adopté.
L'alinéa h) est biffé. L'article 15, tel qu'amendé, est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 16.
M. Viau: M. le Président, j'aimerais expliquer l'article
16, mais nous n'insisterons pas plus avant. Un mécanisme semblable
existait déjà dans la charte de l'ancienne paroisse de Varennes,
le chapitre 126, article 4, qui permettait aux gens de demander à la
municipalité, parfois, d'être d'accord pour faire des travaux
d'amélioration locale et une fois l'acte d'accord signé, le
conseil pouvait voter le règlement et cela évitait tout le
processus du référendum.
C'est la procédure inverse. Ce que nous demandons ici, c'est que,
s'il y a une demande faite par les trois quarts des personnes concernées
et habiles à voter, qui vont payer pour les travaux, le conseil vote le
règlement et qu'on élimine tout le reste de la
procédure.
Je comprends qu'on va aussi toucher à la loi
générale. Par contre, dans l'affaire de Lamoureux contre la ville
de Beaconsfield, on a permis une procédure qui va aussi loin que cela
pour une modification au règlement de zonage dans le cas des stations
d'essence, avec le texte de la loi actuelle en matière
d'aménagement. Or, nous voulions avoir un pouvoir plus précis que
cela quant aux travaux publics. Mais je sais qu'on avait des objections
à certains endroits dans le ministère.
M. Tardif: M. le Président, le député de
D'Arcy McGee, lorsqu'il était ministre des Affaires municipales, a
piloté un projet de loi amendant la Loi des cités et villes et le
Code municipal en ce qui concerne la consultation populaire par
référendum dans le monde municipal. Ceci a été fait
au mois d'octobre 1975, si ma mémoire est bonne; cela fait à peu
près deux ans. J'ai demandé aux gens de mon ministère de
procéder à une étude empirique de l'effet de cette
législation, deux ans avant et deux ans après; j'ai
déjà eu des résultats de ce premier relevé. Il me
semble que la procédure ne va pas si mal et que, de toute façon,
dans le cadre du projet de réforme...
Une Voix: Ai-je bien entendu?
M. Tardif: Oui, quand cela va bien, il faut le dire, pas
uniquement dire que cela va mal.
Donc, dans le cadre du projet de réforme sur la démocratie
municipale, nous aurons très certainement des mesures à ce sujet.
Je comprends bien que la municipalité n'insiste pas; donc, l'article 16
est retiré.
Le Président (M. Marcoux): L'article 16 est retiré,
17 est adopté. Alors, nous nous en allons joyeusement vers 18.
M. Viau: M. le Président, à l'article 18 et
là je me réfère un peu aux représentations que j'ai
faites, tantôt, à l'article 8 concernant les certificats du
trésorier ce que nous voulons, sur le plan de l'administration
interne, à Varennes, c'est resserrer, par voie de budgets quinquennaux,
les dépenses concernant le déneigement et surtout 18 et 19
vont un peu de pair, si vous voulez les dépenses concernant
l'achat et le renouvellement de la machinerie.
Le problème que nous avons vécu et que nous vivons
présentement chez nous fait l'objet d'une enquête interne. Ce sont
les problèmes qu'ont vécus à peu près toutes les
municipalités fusionnées avec un grand territoire en
développement.
Evidemment, les structures de gestion n'étaient peut-être
pas tout à fait à point. Nous avons eu des problèmes
considérables et nous visons à stabiliser cette administration.
Nous demandons donc ces pouvoirs. Quant aux dépenses de
déneigement, vous connaissez la clause; quelques villes l'ont
déjà obtenue. On sait ce que cela veut dire dans une telle
municipalité.
Le Président (M. Marcoux): Retiré, adopté ou
amendé?
M. Tardif: Ces pouvoirs ont été refusés, en
1975, à la ville de Hull, en 1974, à la cité de LaSalle,
à Verdun, à Lachine, à LaPrairie; en 1971, toutefois, cela
avait été reconnu à la ville de Longueuil.
Il s'agit là, finalement, du genre de pouvoirs qui, encore une
fois, s'ils devaient être reconnus, devraient être accordés
à l'ensemble des cités et villes par amendement à la loi
générale. Déjà, par l'introduction de la loi 54,
les municipalités se sont vu imposer l'obligation de faire un programme
triennal d'immobilisations.
M. Viau: Retiré.
M. Tardif: Retiré? Bien.
Le Président (M. Marcoux): L'article 18 est retiré.
Il y a beaucoup de références à la loi
générale. Article 19?
M. Viau: Si cela peut aider la législation
générale, on est bien d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Si cela peut aider, on
retire?
M. Tardif: C'est bien!
Le Président (M. Marcoux): Article 19?
M. Viau: Même chose. Je présume qu'à 19 les
objections vont être les mêmes, bien que, chez nous, c'est la ville
qui est propriétaire des équipements, contrairement à ce
qui se passe dans d'autres villes. Mais, si vous avez les mêmes
objections, on va être obligé de faire le même retrait.
Le Président (M. Marcoux): 19, retiré? M.
Tardif: 19, retiré.
M. Viau: Le 20, par exemple, on voudrait le garder.
Le Président (M. Marcoux): Un sur trois, ce n'est pas
mal!
M. Viau: Au baseball, cela fait 300. L'article 20. C'est bien
simple, lorsque la fusion a eu lieu, dans les lettres patentes, on a
gelé le salaire du maire et des conseillers, ce qui existait dans un des
règlements de l'ancienne municipalité de Varennes. A Varennes,
les conseillers gagnent actuellement $1500, et le maire $2600. En revenant
à la loi générale, cela fait le salaire fabuleux de $3300
par année. On ne pense pas que cela est exagéré. (17
heures)
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, M. le maire.
Est-ce que l'article 21 sera adopté?
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté.
M. Viau: M. le Président, est-ce que je peux demander
à la commission un renseignement? C'est qu'il y a un délai, on
doit faire parvenir les textes, est-ce que tout cela c'est la quincaillerie que
nous allons régler avec les gens du ministère, je
présume?
M. Tardif: Je m'excuse.
M. Viau: Je m'excuse, M. le ministre. Tout le reste des
descriptions, je comprends que c'est de la technique, mais il y a un
délai pour la troisième lecture? On vous fera parvenir cela ou on
s'entendra avec les gens de votre ministère pour le reste?
M. Tardif: Le délai, je pense, c'est le 21 décembre
à minuit, monsieur.
M. Viau: Bien que je sois déjà revenu chez moi pour
la messe de minuit, mais apparemment, cela s'est amélioré.
M. Gratton: Ce n'est pas surtout de vous qu'on s'inquiète,
c'est de nous.
M. Viau: D'accord, nous allons régler ces détails.
Personnellement, je vous remercie beaucoup de votre attention. J'aimerais
laisser la parole à M. le maire, en terminant.
M. De Martel: M. le Président, au nom des citoyens de
Varennes, j'aimerais remercier les membres de la commission de leur courtoisie,
de leur gentillesse et aussi de nous avoir fourni quelques outils pour
régler quelques-uns de nos problèmes. Encore une fois, je ne peux
que vous dire merci.
Le Président (M. Marcoux): Le projet de loi privé
no 268, Loi modifiant la charte de la ville de Varennes, est adopté avec
amendements. Nous vous remercions beaucoup de votre collaboration.
Je vais maintenant appeler, pour étude article par article, le
projet de loi no 209, Loi modifiant la charte de la ville de Laval.
J'inviterais les représentants de la ville de Laval à
s'approcher.
Projet de loi no 209
A l'ordre. En plus des membres et des intervenants réguliers de
la commission des affaires municipales, il y a consentement de la part de
l'ensemble des partis pour que les députés impliqués, qui
représentent les citoyens de Laval, aient tous le droit de parole, ainsi
que le député de Jean-Talon, le député de
Charlevoix et le parrain du projet de loi, le député de
Terrebonne, ainsi que le ministre des Finances, le député de
l'Assomption.
M. Fallu: Merci, M. le Président. Nous avons donc
réglé une grande partie de nos courroies de transmission, nos
poulies sont en place. On va attendre pour voir si tout est bien huilé,
s'il n'y a rien qui grince.
M. le Président, au départ, j'aimerais souhaiter la
bienvenue à M. le maire, ainsi qu'à ses conseillers, ses
procureurs et à un public nombreux qui est venu soutenir des causes,
j'imagine, très justes.
Il m'a fait plaisir de présenter, au nom de la ville de Laval, le
projet de loi privé no 209 modifiant la charte de la ville de Laval, qui
est en fait un projet de loi relativement simple dans sa présentation
actuelle. J'avouerai publiquement que je suis plutôt un porte-parole
qu'autre chose. Mes collègues, les députés de Fabre et de
Mille-Isles occupant des postes ministériels, ce que je n'ai pas la
chance de faire, je peux donc, comme député de
l'arrière-ban, avoir le privilège de présenter des projets
de loi privés. C'est donc fort de ce privilège que je
représente la ville de Laval aujourd'hui.
Le projet de loi privé que nous avons est, comme chacun l'aura
vu, relativement mince, alors qu'il aurait pu être beaucoup plus
épais. C'est un projet de loi privé qui a été
dégraissé, comme on l'a dit dans notre jargon, il y a quelques
semaines. Il a été dégraissé parce qu'il nous donne
à la fois l'occasion de faire des amendements à la charte de la
ville de Laval qui s'imposent certainement, d'une part, mais aussi il nous
fournit l'occasion d'une rencontre, ici à l'Assemblée nationale,
entre ce qui n'est pas vraiment deux niveaux de gouvernement, mais ce qui est
pour le moins deux instances élues.
Il est de notoriété publique, uniquement à voir les
journalistes de Laval qui se sont déplacés, qu'outre le projet de
loi no 209 il nous sera permis de parier abondamment, j'imagine, d'autres
choses. A partir de maintenant, je vais m'adresser à M. le
président et à mes collègues qui nous entourent ici
à cette table de la commission pour qu'on s'entende un peu sur
l'orchestration de nos travaux.
Je voudrais vous proposer à chacun qu'un peu à l'image de
ce qui s'est passé ce matin,
lorsqu'il a été question du projet de loi public
relativement à la ville de Saint-Eustache, avant d'aborder de plein
fouet, article par article, le projet de loi no 209, nous puissions entretenir
un débat peut-être plus large je crois qu'il est
souhaité d'ailleurs par chacun dans les circonstances qui nous
permettrait de faire le point sur une série de relations directement
reliées à ce projet de loi ou plus indirectement reliées
aux débats qui ont surgi récemment pour enfin, après une
période un peu lâche, qui pourrait durer une heure ou une heure
trente, quelque chose de semblable, aborder le projet de loi article par
article.
M. Tardif: M. le Président.
M. Lavoie: M. le Président, suite à des
conversations, à des propos qui se sont tenus ce matin et même
à l'ordre de l'Assemblée de déférer à la
commission parlementaire des affaires municipales l'étude du projet de
loi no 209, je crois qu'il avait été convenu avec le ministre
qu'on procède d'abord à l'étude du projet de loi article
par article, parce qu'il s'agit d'une chose tout à fait
différente du projet de loi de Saint-Eustache, qui était un
projet de loi public présenté par un ministre, alors qu'il s'agit
ici d'un projet de loi privé à la demande d'une
municipalité.
A moins que je me trompe, il avait été convenu
d'étudier le projet de loi et après cela, une fois que le projet
de loi aurait été considéré, qu'on aborde la
question qui a fait l'objet de discussions à l'Assemblée,
l'octroi de la subvention de $4,5 millions pendant un certain nombre
d'années. C'est cela qui avait été convenu, à moins
que vous désiriez changer le processus.
M. Tardif: Effectivement, c'est ce qui avait été
convenu ce matin en considérant, entre autres, le fait que le
député de Jean-Talon ne pourrait pas être ici avant 16
heures, à peu près. On pensait, à ce moment-là,
pouvoir commencer à étudier le projet de loi article par article
à 15 heures, possiblement se rendre jusqu'à 16 h 30 et,
après, commencer la question de l'aide gouvernementale à la ville
de Laval. A cause des délais survenus dans l'étude des autres
projets de loi, nous nous trouvons dans la situation où nous pourrions,
si tout le monde était d'accord, commencer par l'étude de l'autre
question qui, une fois vidée, pourrait nous permettre d'étudier
article par article le projet de loi qui est devant nous. Je n'ai pas
d'objection à m'en tenir à ce qui avait été convenu
ce matin, attendu, encore une fois, que cette décision avait
été prise pour ce fait précis.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il moyen d'en arriver
à un accord?
M. Lavoie: Aussi bien s'en tenir à l'entente. Nous avons
ici un texte de loi. C'est quelque chose de certain, et on peut en discuter
article par article. Le projet de loi lui-même ne soulève pas
tellement de difficultés à ma connaissance. C'est un projet de
loi comme d'autres municipalités en présentent à
l'Assemblée. L'autre débat je n'appelle pas cela un
débat, mais une réouverture de cas pourra se faire
après. C'est ce qui avait été convenu, je crois.
Le Président (M. Marcoux): Comme il y a accord pour
commencer immédiatement, je vais vous demander, M. le maire, si vous
voudriez faire une présentation générale des buts du
projet de loi avant qu'on entre dans l'étude article par article. Vous
pourriez présenter les collègues qui vous accompagnent. Je
voudrais évidemment vous souhaiter la bienvenue au nom de tous les
membres de la commission, vous qui êtes régulièrement dans
nos murs depuis quelques jours.
M. Paiement (Lucien): Merci beaucoup, M. le Président. Je
voudrais d'abord présenter les intervenants possibles: Me Jean Allaire,
conseiller juridique de la ville de Laval; M. Marc Perron, gérant de la
ville de Laval, et M. Bernard Langevin, trésorier de la ville de Laval,
ainsi que moi-même.
M. le Président, M. le ministre des Affaires municipales, M. le
député de Terrebonne et parrain du projet de loi, MM. les membres
de la commission parlementaire des affaires municipales, je veux d'abord vous
remercier et remercier le gouvernement et le ministre des Affaires municipales
qui ont bien voulu accepter de recevoir la ville de Laval à cette
commission. J'aimerais remercier de façon particulière le parrain
de ce projet de loi no 202, M. Elie Fallu, député de Terrebonne.
M. Fallu, en plus d'accepter notre invitation à parrainer ce projet de
loi, a facilité la démarche de la ville de Laval et a
participé de façon efficace au cours de son cheminement. Je tiens
d'autre part pour acquis que tous les membres de cette commission connaissent
bien Laval, ses démarches, ses orientations, son évolution et
surtout ses résultats. Je vous exposerai donc très
brièvement l'objet de ce projet de loi. La charte de la ville de Laval a
été modifiée pour la dernière fois en 1971.
L'évolution rapide de cette ville au cours des sept dernières
années a incité l'administration à mettre sur pied une
stratégie de développement efficace basée sur une
planification sérieuse et des techniques de gestion modernes et
articulées. Nous croyons donc que la charte de la ville doit
refléter cette préoccupation et s'ajuster à la
réalité de 1978. Nous traiterons donc de problèmes
administratifs, de questions d'aménagement du territoire et de
concordance économique.
En somme, le présent projet de loi vise essentiellement une
gestion encore mieux ajustée aux besoins de la collectivité
lavalloise. Je demanderais à M. Allaire, notre conseiller juridique, de
présenter, article par article, les amendements prévus dans le
projet de loi no 209.
Le Président (M. Marcoux): Voulez-vous les
présenter tout de suite ou article par article?
M. Allaire (Jean): Article par article.
Le Président (M. Marcoux): Article par article, bon.
J'appelle immédiatement l'article 1.
M. Allaire: Cet article 1 du projet de loi no 209 traite de
l'article 51a qui est spécial à la ville de Laval; plus
particulièrement, il traite du paragraphe 12 de la charte de la ville de
Laval. Je veux souligner brièvement que cet article 51a traite de la
formation du comité exécutif de ville de Laval et traite
également des différents pouvoirs et responsabilités du
comité exécutif. (17 h 15)
Cela étant dit, je désire porter à l'attention de
la commission que les premiers mots de l'article 51a paragraphe 12, tel que
vous l'avez à la première page, soit les mots "sous
réserve de" qui ont été imprimés, ne
représentent pas ce que nous avions soumis. Nous avions soumis les mots
suivants: "Nonobstant les dispositions de l'article 64." Je vais vous expliquer
brièvement la différence. En fait, le but de cet article est de
donner le pouvoir à la ville de Laval, par son comité
exécutif, de nommer le président du comité
d'administration du régime de rentes de Laval, qui est
déjà établi en vertu de son règlement no 2347,
article 1602a. Or, ce règlement et cet article prévoient
spécifiquement que le président de ce comité doit
être un représentant du conseil municipal nommé par le
comité exécutif, c'est-à-dire que le président
lui-même est un membre du conseil nommé par le comité
exécutif. Donc, c'est déjà prévu à notre
règlement que c'est obligatoirement un membre du conseil nommé
comme je viens de vous le dire. Quant à l'Office municipal d'habitation
de Laval qui n'est pas encore formé, ville de Laval voudrait avoir le
même pouvoir que celui qui est mentionné à l'article de
notre règlement que je viens de vous donner et que le président
de l'Office municipal d'habitation de Laval soit également un conseiller
municipal.
Evidemment, avec les mots du deuxième paragraphe que je vous ai
soulignés et qui ne sont pas les mots que nous avions soumis au
début, cela représente toute la différence au monde. En
effet, l'article 64 de la Loi des cités et villes, pour la ville de
Laval, mentionne que les membres du comité exécutif, les membres
du conseil ne reçoivent pas d'autre rémunération que celle
qui est mentionnée audit article. Or, la ville de Laval veut avoir le
pouvoir de nommer le président de ces deux comités ou offices et
de les rémunérer. Pourquoi? Parce que et je vais commencer
par l'administration du régime de rentes il s'agit d'un fonds
d'administration qui administre plus de $10 millions. Cela demande une
attention beaucoup plus constante. Il s'agit de postes vitaux qui
débordent les cadres normaux des fonctions d'un conseiller municipal,
donc beaucoup plus de travail pour quelqu'un qui veut faire un travail
réellement sérieux et efficace.
Dans le cas de la fonction du président de l'Office d'habitation
de Laval à être formé, cela impliquerait, dès sa
création, l'administration possible de plus de 1000 logements
municipaux. C'est la raison pour laquelle nous demandons l'adop- tion de cet
article dont la première ligne du deuxième alinéa du
paragraphe 12 devrait se lire comme je vous l'ai mentionné tout à
l'heure, c'est-à-dire "Nonobstant l'article 64 de la Loi des
cités et villes" au lieu de ce qui est mentionné,
c'est-à-dire "Sous réserve de l'article 64".
M. Tardif: M. le Président, on attire mon attention ici,
d'une part, sur un jugement de la Cour d'appel du 2 mai 1977, Charpentier
versus Ville-Lemoyne. Ce jugement établissait que les membres d'un
conseil sont disqualifiâmes s'ils reçoivent une quelconque
rémunération additionnelle à titre de membres ou officiers
d'un office municipal d'habitation à moins, évidemment, que la
rémunération des membres du conseil ne soit augmentée
suivant les dispositions de l'article 64 de la Loi des cités et
villes.
D'autre part, on connaît ces dispositions de l'article 64 de la
Loi des cités et villes qui disent que la municipalité verse au
maire, comme rémunération pour tous les services qu'il rend
à la municipalité, à quelque titre que ce soit, et pour le
dédommager d'une partie des dépenses inhérentes à
sa charge, une somme annuelle minimale calculée selon la population,
etc. Evidemment, le dernier alinéa de cet article 64 de la Loi des
cités et villes dit: "Le présent article s'applique à
toutes les municipalités de cités ou de villes, même
à celles qui ne sont pas visées par l'article 1 de la
présente loi, à l'exception des villes de Montréal,
Québec et Laval." Dans le cas de Laval, cela nous renvoie à un
article de sa charte qui reprend substantiellement les mêmes dispositions
que la loi générale.
Il y a également le règlement de la Société
d'habitation du Québec qui, à l'article 5, prévoit que
"pour les fins de l'application de la loi, la société peut
reconnaître comme organisme sans but lucratif toute association,
coopérative d'habitation et toute corporation dont aucune partie du
revenu ou du trop perçu n'est payable à quelque
propriétaire, membre ou actionnaire de ladite corporation mise à
sa disposition pour son avantage personnel." Ce qui implique donc cette
restriction qui est à la fois dans les règlements de la
société et dans la loi générale des cités et
villes.
Il est bien évident que la loi générale, telle
qu'elle est formulée, prévoit que le conseil peut voter pour ses
membres une rémunération excédant celle prévue dans
la loi, mais là, évidemment, en suivant la procédure
décrite. Finalement, ce que nous demande la ville de Laval, c'est de
déroger à ces dispositions générales et de
prévoir, pour le président du Comité d'administration du
régime de rentes et de l'Office municipal d'habitation un
supplément de rémunération.
Je me demande, compte tenu des décisions qui ont
été rendues dans ce cas, ce que risquerait de provoquer
l'addition d'une telle mesure dans le cas de Laval pour des postes semblables.
Je conçois que le directeur d'un office municipal d'habitation,
évidemment, qui est l'équivalent d'un directeur de service
c'est différent le fait pour un élu de siéger
à un comité, si on multipliait
cela et qu'on avait un élu au sein d'une commission de transport,
d'une commission d'urbanisme, d'une commission de police, par exemple, est-ce
que d'autres mesures semblables seraient demandées ou
prévues?
M. Allaire: Vous me posez une question? Je vais y répondre
brièvement. En premier lieu, c'est évidemment la raison pour
laquelle nous demandons un amendement. Quant au jugement que vous mentionnez,
il est clair que la ville en question n'avait pas le règlement que nous
soumettons. C'est la raison pour laquelle la Cour d'appel s'est
prononcée sur le sujet, c'est donc la raison pour laquelle nous sommes
devant vous aujourd'hui.
En second lieu, lorsque vous mentionnez que la Société
d'habitation du Québec ne semble pas entériner ce genre de
rémunération ou de poste, ce n'est évidemment pas la
Société d'habitation du Québec qui paierait la
rémunération en question; cette rémunération serait
prise à même le budget de la ville. Donc, la loi de la
Société d'habitation du Québec ne s'appliquerait pas dans
un tel cas.
Enfin, je souligne que, dans différentes villes, vous avez
déjà des rénumérations supplémentaires
prévues pour les conseillers, par exemple, qui siègent à
la commission de police ou à la communauté urbaine. Cela existe
déjà à différents endroits. En plus, je vous ai
évidemment mentionné le volume administré par le
régime de rentes en question qui est au-delà de $10 millions et
qui n'est peut-être pas comparable à d'autres villes qui ont
peut-être à administrer des fonds semblables, mais de bien moindre
importance.
M. le Président, si je pouvais me permettre d'ajouter que j'ai
quelques chiffres ici et une illustration, par exemple, pour la ville de
Lachine, où vous avez une rémunération prévue pour
le maire, une rénumération supplémentaire prévue
comme membre du conseil de la CUM et une autre rémunération
prévue comme membre du conseil de sécurité. C'est la
même chose pour beaucoup d'autres villes que nous avons ici. Par exemple
LaSalle.
M. Tardif: M. le Président, ce n'est quand même pas
tout à fait le même principe puisqu'il ne s'agit pas de
"créatures", entre guillemets, du conseil. Il s'agit d'organismes comme
la Communauté urbaine de Montréal, le Conseil de
sécurité publique, créés par une loi de
l'Assemblée nationale. Je ne veux pas qu'on pense que je veuille imputer
des motifs à la ville de Laval. Ce n'est pas le cas du tout. Mais on
serait face à une situation où une municipalité, un
conseil pourrait décider de lui-même, proprio motu, de
créer une série de commissions, ce qui aurait automatiquement
pour effet de conférer aux membres du conseil siégeant aux
commissions un supplément de traitement. Or, on sait que le traitement
des maires et conseillers présentement est ainsi fait qu'il est pour un
tiers exempt d'impôt. Donc, ces frais de déplacement et autres...
Je regarde ici le projet de loi 200 qui a amendé la charte de la ville
de Montréal l'an dernier. Dans le cas du maire de Montréal, son
indemnité est fixée à $26 667 par année, plus une
somme de $13 333 annuellement pour frais de déplacement et autres
dépenses comme membre du comité exécutif et comme maire.
C'est la différence qu'il y a à établir entre des
organismes créés par une loi de l'Assemblée nationale et
d'autres qui seraient créés par le conseil lui-même.
M. Lavoie: M. le Président, avec l'expérience que
les fonctionnaires ont au ministère des Affaires municipales, est-on
totalement en droit nouveau, est-ce qu'il n'y a pas d'autres
municipalités, soit Québec, Longueuil ou Montréal,
où il y a des membres du conseil municipal qui dirigent des organismes
de la sorte et qui ont des rémunérations additionnelles?
M. Tardif: Actuellement, on me dit qu'il n'y a aucune exception,
sauf celle prévue dans la loi pour les membres de l'exécutif ou
d'un organisme comme les communautés urbaines, par exemple.
M. Lavoie: Supramunicipal. M. Tardif: Supramunicipal.
M. Lavoie: En premier lieu, est-ce que je pourrais demander au
maire si, actuellement, en pratique, c'est un membre du conseil qui est
président du comité d'administration du régime des rentes?
Est-ce que c'est un membre du conseil municipal?
M. Paiement: En effet, c'est un membre du conseil municipal. Je
dois ajouter que la ville contribue pour un minimum de 50% dans ce fonds, ce
qui veut dire que le volume, évidemment, augmente rapidement. (17 h
30)
C'est un fonds qui, au départ, en 1968, est parti avec $800 000
et qui augmente extrêmement rapidement, ce qui implique une
quantité de temps considérable, qui pourrait aller de 15 à
20 heures par semaines, si on veut vraiment y faire un travail sérieux.
Or, je ne comprends pas qu'un échevin qui est à temps partiel,
puisse à la fois maintenir un travail pour assurer la subsistance de sa
famille et donner 15 ou 20 heures pour le fonds de retraite, en plus de ses
fonctions municipales. Sans rémunération, cela crée de
très sérieux problèmes.
M. Lavoie: Je comprends, c'est du droit nouveau et c'est une
ville d'une certaine importance, mais si le ministre et la commission
étaient d'accord, il faudrait peut-être faire une distinction,
à savoir si c'est strictement un échevin ou si c'est un membre du
comité exécutif, parce qu'ils n'ont pas les mêmes salaires;
il faudrait, au départ, faire cette distinction, si la commission
était favorable à accepter la demande de la ville de Laval, parce
que les échevins ont un salaire suivant le rôle
qu'ils jouent et les membres de l'exécutif ont un autre
traitement.
M. Allaire: M. le Président, est-ce que je pourrais, dans
la même veine que M. Lavoie, suggérer que, si telle est la
volonté du ministre, on pourrait ajouter, à la fin de ce
deuxième paragraphe, les mots suivants: "... qui ne doivent pas
être des membres du comité exécutif", ce qui
compléterait peut-être la suggestion qui est faite... Ou les mots:
"... lorsqu'ils ne sont pas membres du comité exécutif".
M. Lavoie: "... en autant qu'ils ne soient pas membres du
comité exécutif.", tel que suggéré par te parrain
du projet de loi.
M. Tardif: Peut-on, M. le Président, laisser cet article
en suspens, pendant que nos légistes procèdent à certaines
vérifications, s'il vous plaît?
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Alors, j'appelle
l'article 2.
M. Lavoie: L'article 1.13 M. Allaire: M. le
Président...
Le Président (M. Marcoux): On continue avec l'article 1,
mais...
M. Tardif: II n'y a que l'alinéa 12 qui est suspendu pour
l'instant, pendant que l'on procède à...
M. Allaire: M. le Président, cet alinéa 13 fait
toujours partie de l'article 51a sur les pouvoirs du comité
exécutif, et il doit être lu en même temps que
l'alinéa 14. Tout le monde est au courant du projet de loi 54 qui a
établi de nouveaux montants: c'est-à-dire, jusqu'à $1000,
pas de soumissions; de $1000 à $10 000, vous devez demander des
soumissions à au moins deux entrepreneurs; au-delà de $10 000,
vous devez demander des soumissions publiques.
Nous avons pris les deux articles de notre charte et je pense que
ceci est important tels qu'ils existaient, c'est-à-dire les
paragraphes 13 et 14, qui mentionnaient une limite de $3000, avant l'adoption
du projet de loi 54, et nous y avons substitué, sans rien changer
d'autre, le chiffre de $10 000...
Nous soulignons que cet article, qui comprenait une espèce de
franchise jusqu'à $3000, date de 1965. L'effet de ce projet de loi no 54
a été assez étrange pour la ville de Laval parce que cette
espèce de franchise qui existait jusqu'à une somme de $3000 a
été réduite. Avant et depuis 1965, je le
répète, nous avions une franchise de $3000. Tout ce que nous
avons fait, c'est que nous avons substitué le chiffre de $10 000
à $3000 que nous avions dans notre charte. C'est tout ce que nous avons
changé dans ce que vous avez devant vous. Maintenant, nous vous
soulignons que, depuis 1965, nous avons connu la même spirale
inflationniste que tout le monde dans les coûts et nous demandons
aujourd'hui, pour fins d'efficacité administrative, que cette franchise
que nous avions de $3000 soit portée à $10 000.
Cela revient à dire qu'évidemment les articles 610 et
suivants demeureraient les mêmes c'est-à-dire soumissions
publiques à partir de $10 000. Alors, nous avons eu cette franchise de
$3000 et elle a été tout à coup réduite d'une
façon, enfin pour Laval, peut-être un peu incongrue et nous
demandons une franchise de $10 000, M. le Président.
M. Tardif: M. le Président, je comprends le sens de la
demande de la ville de Laval, mais j'aimerais aussi peut-être exposer
l'esprit général de la loi 54 qui permet finalement des achats
sans soumissions publiques jusqu'à concurrence de $10 000, avec cette
réserve que les achats entre $1000 et $10 000 doivent se faire par le
biais, par le moyen de soumissions sur invitation, alors que pour celles de
moins de $1000, il n'en est pas question. Je suis bien d'accord que nous
pourrions peut-être réviser ce plancher de $1000 dans le cas de
Laval, mais l'idée des soumissions sur invitation pour des achats de
$5000, $6000, $7000, c'est tout simplement de demander aux municipalités
d'avoir le même comportement économique qu'un individu aurait
lorsqu'il décide de faire un achat de cet ordre et d'obtenir des prix,
par téléphone ou autrement, de deux fournisseurs. Un magasinier
peut très bien s'enquérir auprès de deux ou trois
fournisseurs de façon très sommaire ce n'est pas une
longue procédure, ce n'est pas une procédure compliquée
obtenir comme cela deux ou trois prix et choisir finalement celui qui
est le plus bas soumissionnaire.
Ce n'est pas une procédure restrictive en soi. Elle nous semble
aller de soi, du moins selon les contacts que nous avons eus avec des gens du
monde municipal qui nous ont dit: De toute façon, nous le faisions. Il
s'agissait uniquement de relever ce plafond à $10 000 pour permettre
cette procédure par soumissions sur invitation entre $1000 et $10 000.
Si on nous dit, dans le cas de Laval, $1000, c'est trop bas, on pourrait
imaginer jusqu'à, je ne sais pas, $5000, par exemple, sans aucune
formalité et, entre $5000 et $10 000, une procédure semblable sur
invitation et, au-delà de $10 000, soumissions publiques. Je serais tout
à fait d'accord si cela convenait à la ville de Laval.
M. Allaire: M. le Président, je pense que la suggestion
est acceptée. Il y aurait lieu, cependant, de faire la concordance
à l'article 14 en ajoutant peut-être les mots suivants qui
seraient semblables au pouvoir accordé à la ville de
Montréal: "Pour les dépenses excédant $5000, mais
inférieures à celles requérant la formalité des
soumissions publiques". Ce sont exactement les termes de l'article 107a de la
Charte de la ville de Montréal qui a été accordé en
1977.
M. Tardif: M. le Président, je veux bien passer au
paragraphe 14 dans un moment, quitte, en
attendant, à demander à nos légistes
d'écrire l'amendement au paragraphe 13.
Maintenant dans le cas de l'article du paragraphe 14... Je m'excuse,
est-ce que j'ai bien compris le procureur de la ville de Laval lorsqu'il nous
dit que ce qui est demandé à l'article 14, c'est
l'équivalent de ce qui a été accordé à la
ville de Montréal?
M. Allaire: Voici, je prends la suggestion, M. le ministre, que
vous avez faite, et au lieu de $10 000 ce serait $5000, n'est-ce pas, à
l'article 13? Et à l'article 14, vu que nous n'avons rien changé
d'autre aux pouvoirs que nous avons déjà dans notre charte, nous
substituons également le chiffre $5000 à $10 000. Mais pour faire
la concordance avec ce que vous avez dit et avec l'article 610a, nous
suggérons que la dernière phrase de l'article 14
suggéré se lise: L'article 610a ne s'applique pas à la
ville de Laval, sauf, et les mots que je vous soumets.
M. Tardif: M. le Président, on a invoqué le fait
que ce pouvoir existait à Montréal. Si ma mémoire est
bonne, le projet de loi no 200 a fait exactement le contraire de ceci,
c'est-à-dire n'a pas permis... Je vais le lire, de toute façon,
c'est peut-être préférable: "Le comité
exécutif ne peut adjuger aucun contrat comportant une dépense
supérieure à $10 000 pour l'exécution de travaux, la
fourniture de matériel ou de matériaux, la fourniture de services
autres que des services professionnels, sans avoir au préalable
demandé des soumissions publiques. Le conseil peut toutefois, par
règlement, autoriser le comité exécutif à adjuger
sans soumissions des contrats pour le montant indiqué aux
règlements pourvu que ce montant n'excède pas $20 000."
Il y a effectivement quelque chose qui ressemble à cela dans la
charte de Montréal, mais c'est plafonné à $20 000, tandis
que l'article 14 tel que libellé, avec l'autorisation du conseil, le
comité exécutif pourra donner un contrat de $1 million sans
soumission, si je le lis comme il faut.
M. Paiement: Ce n'est pas notre intention, M. le ministre.
M. Tardif: Mais tel qu'il se lit: "Sauf les cas d'urgence, le
comité exécutif doit demander des soumissions dans les cas
où la dépense encourue excède $10 000, à moins d'en
être dispensé par le conseil, à la suite d'une
recommandation du gérant." Donc, s'il y a une dispense du conseil.
M. Allaire: Voici, M. le Président, évidemment
l'article 14, comme je vous l'ai mentionné, nous l'avons pris tel qu'il
existait et qu'il existe encore dans notre charte. Je vous souligne que nous
n'avons fait que substituer le montant de $10 000 à celui qui
était là auparavant, c'est-à-dire $3000. Nous n'avons fait
aucun autre changement à cette phraséologie.
M. Tardif: Oui, mais cet article de la charte de Laval est devenu
caduc par un amendement à l'article 610c qui dit: "Les articles 610,
610a et 610b s'appliquent à toutes les municipalités de
cités ou de villes quelle que soit la loi qui les régit,
même à celles qui ne sont pas visées par l'article 1, sauf
à la ville de Montréal". On a vu que pour la ville de
Montréal il y a une exception, mais elle est plafonnée à
$20 000. "Ils prévalent sur toutes dispositions inconciliables d'une loi
spéciale ".
M. Allaire: Ce que vous lisez, M. le ministre, c'est l'article
107, mais vous avez également l'article 107a de Montréal qui est
différent. C'est à cela que je référais pour faire
la concordance avec ce que nous avions déjà. (17 h 45)
M. Tardif: Encore là, on me met sous les yeux l'article
107a qui dit que l'adjudication de tout contrat pour l'exécution de
travaux ou la fourniture de matériel et matériaux, pour la
fourniture de services autres que des services professionnels et comportant une
dépense excédant $5000 mais inférieure à celle
requérant la formalité des soumissions publiques doit être
précédée d'une demande de soumission faite par voie
d'invitations auprès d'au moins deux entrepreneurs, etc., mais
inférieure à celle requérant la formalité des
soumissions publiques. On sait que celle requérant l'utilisation des
soumissions publiques c'est $10 000 sans le placet du conseil et c'est $20 000
avec l'autorisation du conseil.
Personnellement, je n'aurais pas d'objection à accorder à
la ville de Laval des pouvoirs similaires à ceux de la ville de
Montréal, mais certainement pas le pouvoir de donner, sans soumissions,
avec résolution du conseil, des contrats pour tout montant.
M. Allaire: Nous acceptons votre suggestion, M. le ministre, il
s'agirait de faire la concordance.
M. Tardif: Là aussi, il y a un travail de rédaction
à faire.
M. Allaire: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12 est suspendu;
l'article 13 est à modifier; l'article 14 est à modifier. Les
articles 12, 13 et 14 sont suspendus tant qu'on n'aura pas les textes. Article
16.
M. Allaire: L'article 16 doit être lu. Evidemment, il
s'agit de donner la permission aux greffiers adjoints je dis bien au
pluriel de pouvoir également signer pour et au nom de la ville
comme le greffier les contrats mentionnés à l'article en
question. Pour comprendre l'article, il faut lire l'article 3 du présent
projet de loi qui remplace, pour la ville, l'article 92 de la Loi des
cités et villes et qui permet à la ville de Laval si ledit
article est accepté de nommer des greffiers adjoints avec les
mêmes droits, pouvoirs et privilèges que le greffier.
Evidemment, c'est pour être efficace, encore une fois. Nos
greffiers n'ont sûrement pas le don d'ubiquité et assez souvent
ils sont retenus soit à l'extérieur pour des contrats
notariés ou en cour
alors qu'ils témoignent ou pour donner des copies conformes
à différents endroits. Pendant ce temps-là, la ville de
Laval aurait besoin de greffiers adjoints avec les mêmes pouvoirs. C'est
tout simplement pour avoir la permission de nommer plus d'un greffier
adjoint.
M. Fallu: Une toute petite question. Il s'agit en fait de la
délégation de signature parce que non seulement il y a les
greffiers et les assistants-greffiers, mais il faut également lire au
paragraphe 16 ce qui suit: "Le président il s'agit donc du
président du comité exécutif, en l'occurrence, c'est bien
ainsi qu'il faut le lire...
M. Allaire: Oui, M. Fallu. Nous n'avons pas changé ce qui
existe déjà dans cet article de la charte. Tout ce que nous avons
changé, ce sont les mots "ou le ou les assistants-greffiers", c'est tout
ce qui est nouveau.
M. Fallu: D'accord. J'avais mal souligné mon texte.
Ça va.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le paragraphe 16 est
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Paragraphe 17?
M. Allaire: II s'agit en fait dans cet article d'amender
seulement le montant déjà prévu à la charte de la
ville de Laval, c'est-à-dire de porter de $10 000 à $25 000 le
montant déjà mentionné dans notre article 17. Le seul
changement concerne les $25 000, évidemment, à cause des
coûts d'exécution de plus en plus considérables, de la
spirale inflationnaire dont nous avons parlé tout à l'heure. Il
n'y a pas d'autre changement à cet article. Comme
référence, vous avez la ville de Charlesbourg qui a obtenu un
pouvoir semblable en 1977.
M. Tardif: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Paragraphe
24?
M. Allaire: II y a une légère faute d'orthographe
à l'avant-dernière ligne de ce paragraphe où il faut lire
le mot "officiers". Nous soulignons qu'à la cinquième ligne de ce
paragraphe on a changé à l'imprimerie, il s'agit fort
probablement d'une coquille ce qui existait dans notre projet tel que
soumis. En effet, dans notre projet, au lieu de dire "à la
majorité des membres du conseil", nous avions indiqué "à
la majorité de tous les membres du conseil". Je pense que ceci est
important. Le texte que nous avions soumis nous semblait plus clair pour
indiquer qu'il s'agissait là d'une majorité à être
calculée sur le nombre total des conseillers formant le conseil et non
pas la majorité des conseillers présents à une
assemblée. Si nous ne mettons pas le mot "tous", une telle
interprétation pourrait être possible et il nous semble qu'en
ajoutant "tous les membres du conseil" ceci clarifie la situation et indique
bien qu'il s'agit de la majorité de tous les membres du conseil
municipal. Je vais vous donner un exemple. La majorité du conseil est
actuellement de 12, suivant l'article 356 de la Loi des cités et villes.
Nous ne voudrions pas que l'article 356 de la Loi des cités et villes
s'applique, c'est-à-dire la majorité des membres présents
à une séance.
Nous avons le mot "tous" dans notre charte; on l'a enlevé et nous
aimerions le garder, car il s'agit d'une protection déjà
existante pour les personnes, les employés de la ville de Laval qui sont
déjà mentionnés dans cet article 51a, paragraphe 24.
D'ailleurs, la même remarque s'applique au paragraphe 24a, à la
deuxième ligne. En fait, il s'agit d'institutionnaliser ce qui est
déjà en pratique à l'autre paragraphe.
M. Tardif: M. le Président, la question que je pose dans
ce cas est peut-être tout à fait l'inverse de celles qu'on a pu
poser jusqu'à maintenant: Pourquoi avoir cela dans la loi? C'est une
question de régie interne. La ville de Laval pourra décider de se
donner cela comme règle de fonctionnement.
M. Lavoie: Le but de l'article 24, ce n'est pas de
reconnaître les gérants adjoints? Vous n'en aviez qu'un avant.
M. Allaire: Oui, nous avions...
M. Lavoie: Est-ce que c'est le but de l'article 24 d'avoir
plusieurs gérants adjoints?
M. Allaire: II y a deux buts, le but que vous venez de mentionner
et le but, également, que le rapport en question ne puisse être
amendé qu'à la majorité de tous les membres du
conseil.
M. Lavoie: Cela existait avant.
M. Allaire: Cela existait avant. Nous ne demandons rien d'autre,
mais, à l'imprimerie, on n'a pas pris le mot "tous". Ce qui est nouveau,
ce sont les adjoints au gérant. En fait, il s'agit d'institutionnaliser
ce qui existe déjà. A la gérance, pour fins
d'efficacité administrative, il y a eu des modules ou des sections,
appelez cela comme vous le voudrez. Au point de vue de l'efficacité
administrative, cela était important. Comme le gérant est le
pivot central de toute l'administration qui, dans une ville comme Laval, est
complexe, il a besoin d'aide pour le seconder dans son travail de
gérant. Il s'est choisi des aides en séparant les services
administratifs en quatre grands départements ou modules. Cette formule a
déjà fait ses preuves et nous aimerions que ce soit
institutionnalisé et qu'on permette, nommément, qu'il y ait
plusieurs adjoints au gérant, évidemment sur la recommandation de
ce dernier, tel que mentionné à l'article en question.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ... pendant qu'on discute de l'autre
côté, est-ce que c'est sciemment qu'on a laissé tomber le
droit d'appel de ces personnes?
M. Allaire: II n'y a pas de droit d'appel d'enlevé.
M. Gratton: Dans le texte original, on disait: "Ces officiers
peuvent, dans les huit jours, interjeter appel d'une telle décision
à la Commission municipale du Québec qui décide en dernier
ressort après enquête". C'était dans le texte de l'article
24 auparavant.
M. Allaire: M. le député, c'est un oubli et cela
devrait être imprimé tel quel parce que cela n'était pas du
tout l'intention d'enlever le droit d'appel à qui que ce soit. Au
contraire, nous voudrions que le mot "tous" demeure pour que ce soit une
protection pour les employés afin de ne pas être à la
merci, par exemple, de neuf conseillers qui, étant présents
à une assemblée, décideraient, à la
majorité, de les muter ou, enfin, de les déplacer, de les
congédier, de diminuer leur traitement. Nous voulons que le paragraphe
que vous avez mentionné demeure évidemment.
M. Lavoie: II faudrait ajouter "tous" au nouvel article 24.
M. Alllaire: Oui, c'est évident. En insistant pour avoir
le mot "tous", c'est pour avoir une protection supplémentaire.
M. Lavoie: Ce sont tous des gérants adjoints.
M. Tardif: M. le Président, je remercie le
député de Gatineau d'avoir souligné ce fait. J'avais la
note ici. Cependant, il y a une autre technique par laquelle on peut parvenir
au même objectif et qui consisterait à modifier le paragraphe 24
en enlevant la phrase qui commence par: "Ce rapport ne peut être
amendé; il ne peut être rejeté qu'à la
majorité des membres..." En enlevant ce membre de phrase, on
conserverait en réalité de l'article 24: "Sauf le gérant,
tous les chefs de service, leurs adjoints et tous les adjoints au gérant
sont nommés par le conseil sur rapport du comité exécutif
et recommandation du gérant dans le cas de ses adjoints". En enlevant ce
membre de phrase, on préserve les droits d'appel de ces gens à la
commission municipale. Ce sera différent tantôt dans le cas de
l'article 24a. Si c'était accepté par la ville de Laval, il
faudrait donc modifier l'article 17c pour dire: "... par le remplacement de la
première phrase du paragraphe 24 par la suivante" et non pas "par les
suivantes".
M. Allaire: C'est une phraséologie complètement
nouvelle, M. le ministre. Est-ce que vous faites sauter à moins
que je ne vous aie pas compris le paragraphe qui existe à l'heure
actuelle dans le charte de ville de Laval qui donne une protection tout de
même au gérant et ses adjoints parce qu'il est question des deux
tiers des membres, à la troisième phrase de ce paragraphe 24?
Nous pensons que la protection qu'il y avait là pour le gérant et
son adjoint devrait demeurer telle quelle, parce que c'était une bonne
protection, mais qu'on donne nommément le pouvoir de nommer plus d'un
adjoint. C'était cela, le but. On ne voudrait pas diminuer les garanties
des adjoints, au contraire. Nous aimerions que l'article demeure tel quel, mais
que nous puissions nommer plus d'un adjoint. C'est tout.
M. Lavoie: M. le Président, je crois qu'on devrait garder
la phraséologie. Si on fait sauter la dernière phrase du premier
alinéa, cela voudrait dire que les hauts fonctionnaires de la
municipalité pourraient être nommés par une minorité
du conseil. S'il n'y a que quatorze échevins qui siègent ce
soir-là, ils pourraient être nommés par huit
échevins, ce qui est une minorité parce que le conseil a 21
membres. Je crois qu'en gardant le dernier membre de phrase il est important
que les chefs de service et les gérants adjoints soient nommés
par la majorité du conseil au complet, pour qu'ils aient vraiment la
confiance du conseil en somme, car ce sont des postes...
M. Tardif: M. le Président, on va essayer de se
comprendre; ce qui est proposé ici, à c), tel que je l'ai
mentionné, ce serait le remplacement de la première phrase du
paragraphe 24 par la suivante suit alors cette phrase qui se lirait
comme suit: "Sauf le gérant, tous les chefs de service, leurs adjoints
et tous les adjoints au gérant sont nommés par le conseil, sur
rapport du comité exécutif et recommandation du gérant
dans le cas de ses adjoints." Suit, après, le reste de l'article 24 de
la charte actuelle de Laval.
M. Allaire: D'accord, je pense que cela irait, à condition
de bien dire: "... à la majorité de tous les membres du conseil."
C'est bien cela?
M. Tardif: C'est d'ailleurs ce que dit votre texte.
M. Allaire: Je voulais qu'on se comprenne.
Le Président (M. Marcoux): Alors, le texte final se
lirait... (18 heures)
M. Tardif: Je m'excuse, M. le Président, mais le
deuxième alinéa de 24 reste, à savoir: "... que ces
officiers peuvent, dans les huit jours...". En réalité, ce qu'on
a remplacé, c'est la première phrase de 24, le reste restant tel
quel. D'accord?
M. Allaire: D'accord, c'est cela, M. le ministre.
Le Président (M. Marcoux): c) se lirait: "Par le
remplacement...
M. Gratton: ... par la suivante.
M. Tardif: On ne remplace que la première phrase de 24, de
sorte que, dans le projet comme tel, il faut biffer les mots: "... ce rapport"
jusqu'à "... destituer..."; d'accord?
Le Président (M. Marcoux): Remplacement de la
première phrase du paragraphe 24 par la suivante telle que soumise, et
en biffant "ce rapport ne peut être amendé" jusqu'à "leur
traitement...'. Pour être sûr qu'on s'entend tous, c'est le
remplacement de la première phrase du paragraphe 24 par la suivante;
"24. Sauf le gérant, tous les chefs de service, leurs adjoints et tous
les adjoints au gérant sont nommés par le conseil sur rapport du
comité exécutif et recommandations du gérant dans le cas
de ses adjoints." Après on passe à 24a.
M. Gratton: Ces officiers peuvent, dans les huit jours,
interjeter-Une Voix: C'est dans la Loi!
M. Tardif: Etant donné qu'on n'a modifié que la
première phrase du paragraphe 24a de la charte, tout le reste du
paragraphe 24 demeure.
M. Gratton: M. le ministre, il y a longtemps que j'ai compris
cela, mais le président insiste pour amender le projet de loi et non pas
le texte de la loi originale. C'est ainsi qu'il spécifie qu'on biffe la
deuxième phrase du premier alinéa. Si le président insiste
pour spécifier qu'on biffe ces mots, il faut alors également
spécifier que le droit d'appel...
M. Tardif: Non, parce que ce deuxième membre de phrase, la
deuxième série...
M. Gratton: D'accord, vous avez raison. M. Tardif: ... est
déjà dans la loi actuelle. M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Puisque tout le monde se
comprend maintenant, on peut passer au paragraphe 24.
Une Voix: Paragraphe 24 adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Marcoux): Tel qu'amendé.
M. Allaire: M. le Président, ce paragraphe 24a est
évidemment le pendant de l'autre, mais c'est nouveau en ce sens qu'il
doit se lire en premier lieu comme suit: "Sur rapport du comité
exécutif, le conseil peut, par le vote de la majorité de tous ses
membres..." encore une fois, n'est-ce pas? C'est important, cela doit se lire
comme suit: "... muter tout adjoint au gérant, tout chef de service ou
tout adjoint à un chef de service." II s'agit de prévoir en fait
d'une façon claire le pouvoir à être exercé
possiblement par le conseil à la majorité de tous ses membres, de
muter, c'est-à-dire de changer, pour le plus grand bien de la ville et
de l'administration, de muter tout adjoint ou chef de service ou adjoint au
chef de service à un autre poste. Avant ce n'était pas trop clair
et cela pouvait créer des situations quelquefois un peu pénibles
alors qu'on disait: Vous n'avez peut-être pas le droit de muter, etc. Je
pense que ce pouvoir est nécessaire au bon fonctionnement de toute
entreprise et de toute ville, comme la ville de Laval.
M. Tardif: M. le Président, puisque le procureur
lui-même a fait la relation entre les articles 24a et 24, je voudrais
qu'elle soit complète, cette relation, et ajouter "sous réserve
du droit d'appel prévu à l'article 69a de la Loi des cités
et villes".
M. Allaire: Nous acceptons votre suggestion.
Le Président (M. Marcoux): Qui serait ajouté
après "un chef de service"?
M. Tardif: Là, on parle des nominations, tandis qu'ici on
parle des mutations.
Le Président (M. Marcoux): Qui serait ajouté
après le mot "service"?
M. Tardif: Après "service", ajouter "sous réserve
du droit d'appel prévu à l'article 69a de la Loi des cités
et villes".
M. Lavoie: Même s'il n'y a pas de diminution de salaire ou
quoi que ce soit.
M. Tardif: Un droit d'appel tel que prévu à
l'article 69a. A l'article 69a, qu'est-ce que c'est? C'est dans le cas de
congédiement et de diminution de traitement. Le bonhomme tabletté
sans diminution, c'est une autre affaire.
M. Allaire: M. le Président, je souligne qu'en principe
nous n'avons pas d'objection, mais que cela alourdirait peut-être le
processus d'efficacité administrative que je vous ai mentionné
tout à l'heure. Nous avons tenu à mentionner qu'il s'agissait
simplement d'une mutation et non pas d'une rétrogradation ou d'une
diminution de salaire, ce qui est déjà prévu à
l'article 24. Je pense que c'est simplement pour fins d'efficacité
administrative. Ce qui pourrait se passer, c'est que, si nous voulons muter
quelqu'un évidemment, c'est parce qu'il y a d'excellentes raisons
et c'est peut-être même dans l'intérêt du bonhomme en
question il ne verra pas son salaire diminué en aucune
façon.
M. Tardif: Alors, là, on pourrait forcément
invoquer que quelqu'un qui est "red circled", tabletté, enfin toutes ces
expressions qui ont cours dans l'administration publique et qui fait l'objet
d'une telle "mutation", entre guillemets, sans perte de salaire n'aurait
peut-être pas droit je le dis sous toutes réserves
de recours en
vertu de l'article 69a, ce qui n'alourdirait pas la procédure
prévue en l'occurrence.
M. Allaire: Si vous ne le mentionnez pas, M. le ministre, je
crois que, pour une mutation qui est un acte administratif assez courant, du
moins quand il le faut, il n'aurait même pas besoin de droit d'appel. A
ce moment, peut-être que justement cela évite un
congédiement ou, parfois des tablettes.
M. Tardif: Encore une fois, peut-être qu'on se rejoint sans
tout à fait se comprendre. Finalement, l'article 69a délimite de
façon très précise son champ d'application. On parle de
destitution ou de réduction de traitement.
M. Paiement: Ni l'un ni l'autre.
M. Tardif: Si ce n'est pas cela, donc, il n'y aurait pas
apparence de droit, de prime abord, pour loger un appel devant la commission
municipale.
M. Allaire: Pour sa mutation? Non, M. le Président.
M. Tardif: Donc, cela ne serait pas un empêchement majeur,
pour la municipalité, que d'avoir cette réserve si la mutation
devait s'accompagner, par exemple, d'une diminution de traitement.
M. Allaire: Oui, mais il ne s'agit pas de cela, dans l'article
24a.
M. Tardif: J'en conviens, mais il reste qu'il serait
peut-être bon de sauvegarder le droit d'ap-pel.
M. Allaire: Un droit d'appel, c'est une question administrative,
M. le ministre.
M. Tardif: Pardon?
M. Allaire: C'est une question administrative. On ne fait perdre
aucun droit, aucun salaire, aucune ancienneté, absolument pas. On prend
un bonhomme qui n'est peut-être pas aussi efficace à un endroit
qu'il le serait à un autre et on lui dit: M. Untel, vous êtes
muté à un tel endroit. Peut-être qu'au début il
n'aimera pas cela, mais après un certain temps, il va peut-être
s'apercevoir que cette mutation a été non seulement
bénéfique pour la ville, mais également
bénéfique pour lui parce qu'au premier endroit il n'était
pas efficace; mais il n'a rien perdu, absolument rien.
La diminution de salaire, M. le ministre, est prévue à
l'article 24.
Le Président (M. Marcoux): Je pense que nous allons
suspendre nos travaux.
M. Lavoie: II ne faut pas alourdir l'administration.
M. Tardif: Je ne veux pas l'alourdir, mais je voudrais quand
même... Est-ce qu'on peut suspendre là-dessus?
Le Président (M. Marcoux): Oui. La commission des affaires
municipales suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance 18 h 10
Reprise de la séance à 20 h 17
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales reprend ses travaux. Avant de
continuer l'étude article par article du projet de loi no 209, le
président de l'Assemblée nationale...
M. Richard: Le député de Montmorency.
Le Président (M. Marcoux): ... et député de
Montmorency, c'est son plus beau titre, désirerait parler à cette
commission.
M. Lavoie: Ce ne serait pas une contestation? M. Richard:
C'est encore une contestation.
Le Président (M. Marcoux): Je souhaite qu'il y ait
consentement. Est-ce qu'il y a consentement?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): II désire
évidemment nous entretenir de la belle ville de Beauport.
M. Richard: Merci, M. le Président, d'avoir
sollicité pour moi le consentement de mes collègues qui ont eu,
ce matin, de vaines espérances, c'est-à-dire que tout le monde
était d'accord...
Le Président (M. Marcoux): C'est parce que ce n'est pas
à tous les jours que j'ai l'occasion de vous présider.
M. Richard: Tout le monde pensait qu'on pourrait réussir
à adopter dans le courant de la soirée le projet de loi no 215
qui concerne la charte de la ville de Beauport; or, il semblerait qu'il ne sera
pas possible ce soir, à une heure décente, d'adopter ce projet de
loi. Je solliciterais le consentement de tous mes collègues pour
libérer, sans cautionnement, ce que le grand poète
français aurait appelé "mon tendre ennemi", le maire de Beauport,
et ses collègues, puisqu'il est là depuis ce matin. Comme il
semblerait qu'il soit possible de revenir devant la commission des affaires
municipales lundi ou mardi, je sais que le maire de Beauport me vouera une
reconnaissance éternelle si j'obtiens cela de la commission.
Le Président (M. Marcoux): Le député de
Gatineau désire s'exprimer sur le sujet.
M. Gratton: M. le Président, tel que nous l'avons
indiqué au président, nous sommes d'accord, mais à une
condition. S'il devait y avoir d'autres projets de loi à étudier,
bills privés, ou plus probablement lois publiques, à ce
moment-là il faudrait qu'on s'entende pour que ce soit le projet de loi
de la ville de Beauport qui soit le premier à être
étudié et à être adopté avant que l'on passe
à l'étude d'autres projets de loi, de peur qu'on se retrouve dans
l'obligation de remettre le maire de Beauport en liberté une
deuxième fois, et ses conseillers. Est-ce qu'on s'entend
là-dessus!
M. Cordeau: Consentement.
M. Tardif: Consentement, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): II y a unanimité des
membres de cette commission sur la condition que propose le
député de Gatineau. Y a-t-il autre chose à ajouter sur le
sujet?
M. Richard: Je voudrais simplement signaler que le maire de
Beauport ne pourra plus prétendre que je n'ai rien obtenu pour
Beauport!
Le Président (M. Marcoux): Le moins qu'on puisse dire
c'est que vous avez eu le mot de la fin!
Maintenant, je vais rappeler le projet de loi 209, Loi modifiant la
charte de la ville de Laval. Nous en étions à l'article 240.
Est-ce que la suspension nous a permis de clarifier cet article?
M. Tardif: M. le Président, j'aimerais savoir si la ville
de Laval a encore des objections à maintenir ce droit d'appel, attendu
qu'il y a cette restriction, finalement, dans l'article 69a en ce qui concerne
le champ d'application, à savoir destitution ou diminution de
traitement.
M. Allaire: M. le Président, je ne peux que
répéter que, en fait, la meilleure protection pour
l'employé en question se trouve déjà à l'article 24
lorsqu'on a précisé "la majorité de tous les membres du
conseil" et, par la suite, que toute diminution de traitement ou destitution ne
pouvait pas être obtenue toujours à l'article 24
sans le vote des deux tiers de tous les membres du conseil. Il y a le droit
d'appel en plus qui est déjà mentionné dans la loi. Pour
la mutation, je soumets respectueusement que cela ne serait pas
nécessaire, enfin, à mon humble avis.
M. Gratton: M. le Président, très
brièvement, il me semble que dans le cas des diminutions de salaire,
aussi bien que dans le cas des nominations, il est déjà
prévu à l'article 24 qu'il y a un droit d'appel. Je ne vois
réellement pas... Je comprends que le ministre insiste, mais, à
toutes fins utiles, c'est redondant de répéter, à
l'article 24a, ce droit d'appel pour une personne qui est mutée tout
simplement. A partir du moment où une personne est mutée et qu'il
en résulte une diminution de salaire, c'est en vertu de l'article 24
qu'elle a droit d'appel devant la commission. Pour une simple mutation, je vois
mal pourquoi on alourdirait à ce point le processus administratif.
M. Lavoie: L'article 24 parle de diminution de traitement ou de
destitution.
Il faut garder à l'administration le pouvoir de mutation. Vous
l'avez. Il s'agit des hauts fonctionnaires de la ville. Vous le faites
couramment. Vous changez un sous-ministre adjoint des Communications et vous
pouvez l'envoyer aux Affaires municipales. Il faut quand même garder une
certaine latitude à l'administration, surtout que l'employé ne
souffre aucun préjudice. Il n'y a pas de destitution. Il n'y a pas de
suspension. Il n'y a pas de diminution de salaire.
M. Landry: Dans le cas de mutation, c'est une question de
facilité d'exercice du droit de gérance.
M. Lavoie: Pour améliorer l'administration et l'exercice
du droit de gérance.
M. Landry: La pénalité pour l'administration
d'ouvrir une tablette, c'est de payer inutilement un homme à ne rien
faire, ce qui fait réfléchir deux fois en cas de mutation
intempestive.
M. Tardif: D'accord. Adopté.
M. Lavoie: Article 24a, adopté. M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! L'article 24a est-il
adopté tel quel?
M. Tardif: II y a les mots "de tous", "de tous ses membres".
Le Président (M. Marcoux): "De tous ses membres".
M. Lavoie: C'est une autre garantie, en plus de cela.
Le Président (M. Marcoux): L'article 24a est
adopté, tel qu'amendé.
M. Lavoie: Suivant.
Le Président (M. Marcoux): Article 2, paragraphe 64.
M. Allaire: M. le Président, est-ce que nous avons
fait un peu de charcuterie légale tout à l'heure, nous, les
avocats vous avez l'intention d'attendre à la fin ou si nous
pourrions régler ce qui peut être réglé plus
rapidement ou...
Le Président (M. Marcoux): Je pense que l'impression de
tous les amendements n'est pas encore prête, alors...
M. Tardif: On pourrait y revenir, avant la fin même.
Le Président (M. Marcoux): Article 2.
M. Allaire: M. le Président, avant d'entrer dans le vif du
sujet, nous désirons attirer votre attention sur le troisième
paragraphe de cet article qui, entre parenthèses, existe
déjà dans notre charte. Les chiffres en sont évidemment
changés. A la huitième ligne de ce troisième paragraphe
nous avons employé le mot "vice-président", ou, le mot
"vice-président" avait été employé dans cet article
parce que nous avions un autre article à soumettre et qui n'a pas
été imprimé, donc que vous n'avez pas devant vous. Alors,
pour qu'il y ait concordance entre les articles actuels de la charte, il
faudrait non pas employer le mot "vice-président", mais
"président intérimaire", pour continuer la même appellation
qui existait dans notre charte à l'origine.
Le Président (M. Marcoux): A la deuxième
ligne...
M. Allaire: A la deuxième ligne et à la
huitième ligne, M. le Président.
De plus, M. le Président, vous avez à la huitième
ligne, toujours du même paragraphe, à la dernière partie de
cette ligne, au lieu de dire: "... à chacun des membres...", je crois
qu'on devrait dire et c'était dans notre projet, cela a
été oublié à l'imprimerie "... à
chacun des autres membres...", de façon qu'il n'y ait pas
d'ambiguïté et aucune interprétation possible de double
rémunération. C'est la dixième ligne ou la
quatrième avant-dernière ligne, si vous préférez,
du même paragraphe.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ces deux amendements
sont adoptés? Le président intérimaire, d'abord.
M. Gratton: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Autres membres,
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Allaire: M. le Président, quant au reste c'est
l'article in extenso qui existait déjà dans notre charte,
évidemment, en changeant les montants qui y sont mentionnés. Je
désirerais souligner que, depuis 1971, il n'y a eu aucun rajustement
à cette rémunération qui est prévue. C'est tout
simplement dans le but de réviser ladite rémunération
selon des échelles équitables et raisonnables et en tenant compte
des responsabilités de chacun aux postes en question. (20 h 30)
M. Tardif: Concrètement, est-ce que vous pourriez nous
dire ce que cela représente par rapport aux traitements actuels et
demandés de chacun des titulaires?
M. Allaire: Oui, M. le Président. En commençant par
le maire de Laval, l'actuelle rémunération est de $31 120 et la
rémunération proposée est de $55 740. Pour le
président intérimaire du comité exécutif,
l'actuelle rémunération est de $18 296; celle proposée,
$34 696. Pour les membres du comité exécutif, l'actuelle
rémunération est de $18 296; celle proposée, $29 772. Pour
le président du conseil, cela est $14 641; celle proposée, $17
886. Les membres du conseil, $6910; celle proposée, $11 924.
M. Tardif: Voulez-vous répéter, s'il vous
plaît?
M. Allaire: Membres du conseil?
M. Tardif: Président du conseil, pardon.
M. Allaire: Président du conseil, $14 641 et $17 886.
M. Tardif: A quand remonte la dernière augmentation, M. le
Président?
M. Allaire: A 1971, M. le Président.
M. Lavoie: Sur quelle base de population avez-vous...
M. Allaire: La population de Laval est près de 250
000.
M. Lavoie: Je pense que c'est plus que cela, 260 000, je
pense.
M. Joron: La base qui a servi au calcul des chiffres que vous
venez de nous donner, quelle est-elle?
M. Allaire: La base, M. le député, est tirée
de Statistique Canada. C'est la variation de l'indice des prix à la
consommation pour la région de Montréal, avec une base, pour
1971, de 100% et l'augmentation en septembre 1978 était de 173,1.
M. Joron: Mais comme ces salaires sont des multiples de X fois la
population, quel est le chiffre de la population employé pour arriver
aux chiffres que vous nous avez donnés?
M. Allaire: Pour 1971, j'ai un chiffre ici, avec
vérification que le gérant est en train de faire, de 228 000 de
population; en 1978, plus de 246 000.
M. Tardif: Le recensement fédéral de 1976 donnerait
246 000 de population, me dit-on, si bien que le chiffre pourrait être
à peu près entre cela et 250 000.
Evidemment, nous avons procédé, lors d'amendements
à la Loi des cités et villes et au Code municipal, à un
rajustement des salaires des maires et conseillers municipaux. Dans la
plupart
des municipalités du Québec, et d'une façon
particulière dans le cas de Montréal lors de l'étude de sa
charte l'an dernier, pour des raisons qu'il ne m'appartient pas de
préciser tellement, le salaire du maire et des conseillers de la ville
de Montréal qui n'avait pas fait l'objet de rajustements depuis le
début des années soixante environ et qui ne faisait l'objet
d'aucune demande officielle lors de l'étude de la charte l'an dernier,
même si officieusement un certain nombre de conseillers étaient
venus me voir. Le salaire du maire de Montréal a donc été
porté à $40 000 et celui des conseillers à $10 000.
Ce traitement du premier magistrat de la métropole comme celui de
tous les maires et conseillers du Québec implique que le tiers de cela
est finalement exempt d'impôt, ce qui fait que le salaire réel est
quand même plus élevé que ce montant de $40 000. Il faut
également tenir compte du fait que le maire, ainsi qu'un certain nombre
de membres de l'exécutif et même du conseil, lorsqu'ils
siègent à la communauté urbaine, ont droit à une
rémunération à ce titre.
Dans le cas de la ville de Québec, le traitement du maire est de
$32 400 par année et celui des conseillers, incluant leur allocation,
est de $7 560. En prenant ces deux critères de comparaison,
évidemment, celui du maire de Montréal à $40 000, celui du
maire de Québec à $32 400, et en appliquant un peu le même
ratio qui existe entre le traitement du maire et des conseillers dans ces deux
villes, on se rend compte que celui du maire représente à peu
près quatre fois le traitement des conseillers, celui des conseillers
étant de $10 000 et celui du maire de $40 000; dans le cas de la ville
de Québec, c'est à peu près le même ratio de 1
à 4, d'une part, quant à la relation interne entre tous ces
traitements.
Pour ce qui est des comparaisons intervilles, il y a un maire, en fait,
au Québec dont le traitement est plus élevé que tous les
autres. C'est qu'il a décidé de se prévaloir des
dispositions de la Loi des cités et villes qui dit bien que ces
traitements fixés dans la loi sont des traitements minimum et que le
conseil peut toujours, par voie de référendum, se voter des
traitements plus élevés que ceux définis dans la loi.
Evidemment, si on essaie de garder une certaine cohérence dans
cette échelle de traitement des maires et conseillers en fonction de la
taille des municipalités, il est bien évident que le
conditionnement sur ce continuum, enfin, à l'extrémité du
continuum du maire de Montréal et des conseillers, implique presque que
les autres se situent à l'intérieur de ces maximums. Je ne sais
pas comment les membres de la commission, maintenant, ayant ces standards de
comparaison, réagissent à cette situation. Je ne sais pas s'il y
a des questions.
M. Lavoie: En ce qui concerne le maire de Montréal, c'est
$40 000. Pourriez-vous m'indiquer quelles sont les autres
rémunérations qu'il a pour d'autres rôles qu'il joue, soit
à la communauté urbaine ou d'autres activités municipales,
supra-municipales ou autres?
M. Tardif: Pour siéger à la Communauté
urbaine de Montréal, le maire de Montréal aurait droit,
théoriquement, à $9000, mais il y a un arrêté en
conseil qui fait que toutes ces rémunérations cumulées ne
peuvent pas excéder $45 000. Je donne cela de mémoire. J'avais un
document avec moi, mais...
M. Lavoie: En ce qui concerne le maire de Québec, pour
siéger à la communauté urbaine?
M. Tardif: Je crois que dans son cas c'est $41 400.
M. Lavoie: Le total?
M. Tardif: C'est cela. Donc, lui aussi peut obtenir, en sus de
son traitement à la mairie, $9000 de la communauté.
M. Lavoie: En ce qui concerne les autres membres de
l'administration, l'avez-vous à Montréal et Québec, en ce
qui concerne les membres de l'exécutif?
M. Tardif: Dans le cas de la ville de Montréal, je l'ai
dit tantôt. Le maire, traitement de base, $26 667; allocation non
imposable, $13 333; total, $40 000. Président'du comité
exécutif, $24 000, traitement; allocation, $12 000; total, $36 000.
Vice-président du comité exécutif, $21 333, traitement;
plus $10 667, allocation; pour un total de $32 000.
M. Lavoie: Toujours à Montréal?
M. Tardif: Toujours à Montréal. Membre de
l'exécutif, $16 000, $8000 d'allocation pour un total de $24 000.
Conseiller municipal à Montréal, $6667 plus $3333, ce qui donne
les $10 000. J'ai également les renseignements pour la ville de
Québec, pour ceux que cela intéresse. Vous voulez les chiffres
pour la ville de Québec?
M. Lavoie: Oui, si c'était possible.
M. Tardif: Dans le cas de la ville de Québec, dans le cas
du maire, la formule est un peu plus compliquée parce que c'est le cumul
du salaire de conseillers, membre de l'exécutif, président de
l'exécutif et maire, mais le tout donne $32 400.
M. Lavoie: Plus les $9000 pour la communauté urbaine.
M. Tardif: Plus, évidemment, ce qu'il reçoit pour
siéger à la Communauté urbaine de Québec. Les
membres du comité exécutif reçoivent, à
Québec, $18 900, le président du conseil reçoit $9180 et
les conseillers je l'ai dit tantôt $7560.
M. Lavoie: Pourriez-vous répéter pour
l'exécutif, s'il vous plaît?
M. Tardif: Pour le simple membre de l'exécutif? Il
reçoit $18 900.
M. Lavoie: Par contre, ont-ils droit à une
rémunération additionnelle pour siéger à la
communauté urbaine également?
M. Tardif: Oui, c'est ce que j'ai indiqué tantôt.
Pour siéger à la communauté urbaine, dans le cas du maire
de Montréal, théoriquement c'est $9000, mais il y a ce plafond de
$45 000; je crois que le traitement est de $2500 comme membre du conseil de la
CUQ et de $6500 comme membre de l'exécutif de la CUQ, ce qui donne
$9000.
M. Lavoie: Pour les membres du comité exécutif de
Québec, est-ce qu'il y en a qui siègent également à
la communauté urbaine?
M. Tardif: Oui.
M. Lavoie: A combien s'élève le traitement
additionnel auquel ils ont droit? (20 h 45)
M. Tardif: Si ma mémoire est bonne je n'ai pas le
document devant moi c'est la même échelle que dans le cas
de Montréal, je le crois; je pourrai l'indiquer, c'est $2500 comme
conseiller de la CUQ, plus $6500 comme membre de l'exécutif, mais je
peux vous le donner de façon plus précise: Dans le cas des
membres, c'est $2500; membre du conseil de la CUQ, $2500; membre de
l'exécutif, $7500, et cela comprend la rémunération comme
membre du conseil. C'est donc dire, que, pour siéger à
l'exécutif de la CUQ, c'est $5000, en réalité, plus $2500
comme membre du conseil, ce qui fait $7500. C'est dans le cas du
vice-président de l'exécutif que le traitement est de $9000 pour
siéger à la CUQ.
M. Paiement: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose? M. le
Président, si je nous prends comme exemple évidemment,
c'est parfois odieux de parler de son salaire, mais je voudrais vous dire que
je me sens très à l'aise M. Allaire a expliqué tout
à l'heure que nous n'avions pris, somme toute, que l'indexation au
coût de la vie pour maintenir un pouvoir d'achat et un salaire quit
à toutes fins utiles, entrera en vigueur en 1979. Les salaires dans des
villes comme Laval on s'en rend compte ne s'ajustent pas
annuellement au coût de la vie. Bien sûr, je ne réclame pas
de rétroactivité et, partant, ce qui a pu être perdu chemin
faisant. Il est logique de penser que ces salaires ne seront pas
nécessairement changés à tous les ans. L'expérience
prouve que tel n'est pas le cas.
Si je regarde la ville de Longueuil, pour l'année 1979, je
retrouve $43 741. Pour la ville de Québec, on a mentionné tout
à l'heure le salaire pour l'année 1978 et on parle de $41 400.
Bien sûr, on a fait une exception dans le cas de Sherbrooke,
démarche qui est difficilement applicable dans le cas de Laval. Un
référendum à Laval implique plusieurs centaines de
milliers de dollars, ce qui devient, à toutes fins utiles, un handicap
majeur et impensable. On a parlé également vous savez sans
doute que la ville de Laval est la deuxième ville du Québec, je
ne vous apprends rien de
Montréal qui est, sur le plan de la population, bien sûr,
la première. Le maire de Montréal a toute ma sympathie, mais en
toute honnêteté, je pense que tout le monde reconnaît que le
maire de Montréal ne reçoit pas le salaire qu'il devrait
recevoir. M. Tardif l'a souligné tout à l'heure, n'eût
été son intervention, il serait peut-être encore à
$20 000 ou à $25 000, je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui motive le
maire de Montréal. C'est bien sûr son affaire, mais j'ai bien
l'impression qu'il ne s'ajuste pas au coût de la vie.
Je n'ai pas l'intention non plus de faire de la fausse pudeur. Nous
avons indexé le salaire de 1971. Si, en 1971, à Laval, cela
valait $31 000, je pense qu'en 1978, cela vaut encore $31 000 indexés.
Je voudrais faire remarquer aux membres de cette commission que le maire de
Laval est en même temps président du comité
exécutif. Le maire de Montréal n'est pas le président du
comité exécutif. C'est une nuance qui, à l'occasion, peut
sans doute apporter beaucoup de charges supplémentaires.
Ce sont les remarques que j'avais à apporter sur cette
question.
M. Tardif: II est bien évident que, de toute façon,
l'utilisation d'une échelle de population ainsi qu'on l'a encore pour
les municipalités d'une certaine taille n'a plus tellement de sens
puisque le critère, à partir d'un certain seuil, est: Est-ce que
la fonction est à temps plein ou pas? Cela, je pense, devrait être
l'un des critères. Maintenant, c'est vrai que, dans le cas de la ville
la plus importante au Québec, il y a un affaissement de la courbe, enfin
toutes proportions gardées, pour les raisons qu'on a
évoquées tantôt. Là-dessus, M. le maire disait:
Après tout, Laval, c'est la deuxième ville en importance. Est-ce
qu'il semblerait raisonnable, compte tenu du tiers non imposable qui fait un
salaire réel supérieur à $40 000, d'ajuster purement et
simplement Laval sur la première ville en importance au Québec
qui serait Montréal?
M. Paiement: Est-ce que vous parlez, à ce moment, de $49
000?
M. Tardif: Est-ce qu'on doit en conclure que Laval est
prête à entrer dans la communauté urbaine?
M. Paiement: II ne faudrait pas tirer des conclusions trop vite,
cela pourrait créer de l'ambiguïté. Mais je pense que $49
000, si j'ai bien saisi, est le salaire de 1978. Je suppose que vous allez
l'indexer en 1979, puisqu'on commence l'année. Si vous voulez donner
l'indexation de $49 000, pour 1978, on pourrait peut-être discuter.
M. Tardif: En fait, le traitement de base du maire de
Montréal, comme maire, comme président de son conseil, est de $40
000 et non pas de $49 000.
M. Paiement: Je vous ferai remarquer, M. le ministre, que le
maire de Laval est en même temps président du comité
exécutif et président d'une
communauté urbaine qui dans les faits n'a pas le même
statut légal, tout simplement. Or, si vous voulez additionner le salaire
du président de la communauté urbaine, du président du
comité exécutif et du maire, on peut peut-être se trouver
un chiffre intéressant!
M. Lavoie: Quel est le budget de Laval cette année, en
1979? On ne le connaît pas encore, mais...
M. Paiement: Je ne voudrais pas dévoiler trop vite les
taux de taxes, on aura sûrement l'occasion d'en reparler, mais je pense
qu'il est vraisemblable de parler d'un budget qui je vois les
journalistes qui prennent des notes sera entre $115 millions et $120
millions. Là, on parle du budget de fonctionnement. Nous aurons
vraisemblablement un budget de capitalisation qui varie entre $40 millions et
$55 millions. En additionnant, cela veut dire $165 millions ou $170 millions.
Evidemment, je n'inclus pas le budget de la CTL, même si nos pouvoirs de
gestion sur la CTL sont encore assez limités, mais il peut quand
même s'additionner si on calcule que nous devons absorber les
déficits, bien sûr, partagés avec la province. La
Commission de transport de Laval aura un budget de $26 millions.
M. Fallu: M. le Président, dans la charte de la ville de
Laval, il y a une façon d'ajuster le salaire du maire et des
conseillers. Je lis: "Par un règlement adopté par le vote de deux
tiers des membres du conseil et soumis à l'approbation des personnes
inscrites au rôle d'évaluation comme propriétaires ou
locataires..." Voilà donc une première façon d'ajuster les
salaires du maire et des conseillers, à savoir un règlement,
suivi, si la population le désire, c'est-à-dire que, s'il y a un
minimum de 500 électeurs inscrits au rôle d'évaluation
comme propriétaires ou locataires et qui contestent, il y a donc
référendum. Voilà une première méthode.
D'ailleurs, on se souviendra que, récemment, le maire de
Sherbrooke a choisi comme méthode de s'autoriser par règlement un
salaire de tout près de $50 000, plus précisément $49 861.
Il y a une seconde méthode, c'est celle de se présenter en
commission parlementaire et de se faire voter par d'autres un ajustement de
salaire, à savoir, en l'occurrence, sur la base de 246 200 citoyens pour
1978, un salaire qui donnerait $55 740. Qu'est-ce qui vous a amené
à choisir la seconde des deux méthodes?
M. Paiement: La première est impraticable à Laval,
lorsque vous avez une population de 250 000 à 260 000 ou un chiffre
entre les deux, d'une part. Nous avions, à la dernière campagne
électorale en 1977, 170 000 électeurs. Vous comprendrez qu'un
référendum dans une ville comme Laval peut facilement
coûter $400 000, $450 000. Je serais très mal à l'aise, et
je pense que tout le monde serait dans la même position, d'engager une
dépense publique de $450 000 pour augmen- ter le salaire des élus
de quelques milliers de dollars. Mieux vaudrait prendre immédiatement
l'augmentation et oublier le référendum; cela coûte moins
cher.
M. Fallu: Bref, ce que vous nous demandez aujourd'hui, c'est de
vous autoriser un salaire de $55 740 par mesure d'économie à la
ville de Laval.
M. Paiement: Non, ce n'est pas particulièrement par mesure
d'économie, c'est par mesure d'économie personnelle et familiale.
Je considère que je fais le travail, et je pense bien qu à Laval
personne ne doute que je sois le maire à temps plein et un petit peu
plus. Je pense que la fonction vaut cela, en toute honnêteté. Je
considère, malheureusement, que le maire de Montréal, lui,
d'après ce qu'on a dit tout à l'heure, n'était pas assez
payé. Au fond, c'est le problème que cette situation peut causer
en arrière de cela. Nous avons tout simplement pris le salaire de 1971,
nous avons fait la même démarche que l'Assemblée nationale
a faite, les députés, les ministres et tout le monde au
Québec, on s'est tous un petit peu ajustés, compte tenu de
l'économie et compte tenu du pouvoir d'achat. Je pense qu'on doit
simplement se mettre un peu au même diapason.
M. Fallu: M. le maire, vous savez que vous nous mettez dans un
grand embarras du fait que, depuis 1973 ou 1974, la Loi de la
législature prévoit effectivement l'indexation sur la base
d'ailleurs sur laquelle vous-même vous avez calculé les
augmentations de salaire. Toutefois, il y a deux ans, nous avons
été plus modestes et nous avons accepté une augmentation
qui est moins que la moitié de l'augmentation prévue. L'an
dernier, nous avons strictement refusé toute forme d'indexation, toute
forme d'augmentation sous quelque forme que ce soit et nous nous proposons,
d'ailleurs, ce sera sans doute demain, d'appeler un projet de loi augmentant
les salaires, non pas selon l'échelle d'indexation qui est toujours
prévue à la Loi de la législature, mais bien par un
amendement à ne nous accorder qu'une augmentation de 6%. J'avouerai
franchement que je suis un peu gêné, comme parti
ministériel, à voter pour des élus quelque chose qui soit
dans une ligne, une tendance qui soit aussi forte. Je n'ai pas de proposition,
mais à titre de réflexion, est-ce que l'équivalent d'une
augmentation de celle que les parlementaires ont eue vous semblerait à
peu près convenable? (21 heures)
M. Paiement: Dans le cas de Laval, il est clair qu'il y a du
rattrapage à faire. Je pense que 1971, bien sûr il y avait de
l'inflation en 1971, mais les périodes fortement inflationnistes sont
arrivées par après. Laval n'a jamais fait de rattrapage.
Si vous me dites: A compter de 1979, je suis prêt à
proposer une base analogue à celle de l'Assemblée nationale, je
vous dis: Bien sûr, et suivre le même tempo. Mais encore
faudrait-il faire le rattrapage qui, dans le cas de Laval, n'a pas
été fait. Mais une fois le rattrapage fait, se mettre au
même diapason, bien sûr. Mais l'histoire nous prouve que,
dans une ville comme Laval, il n'y a même pas d'indexation. L'indexation
est à toutes fins pratiques zéro ou tout près de
zéro, ce qui veut dire que le salaire décidé aujourd'hui
risque fort bien, pour les trois, quatre, cinq prochaines années, de
rester à la même heure. Il faudrait d'abord se remettre au
même niveau et cheminer ensemble; nous n'avons pas d'objection.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, décidément on
est voué à l'Assemblée nationale à discuter de
salaire, cette semaine, puisque demain on discutera du salaire des
députés et des ministres. Ce soir, nous nous retrouvons devant la
commission parlementaire pour discuter du salaire du maire et des conseillers
de Laval.
Je vous dirai, M. le maire, que je trouve cela très ingrat et
très délicat la position dans laquelle vous vous trouvez. Je ne
voudrais pas être dans vos souliers et devoir, sinon justifier, tout au
moins donner les explications quant au salaire que vous recevrez, salaire, en
tout cas, sur la base de $31 000 que vous avez sûrement chèrement
gagné au cours des sept dernières années. Effectivement,
demain on parlera de salaires plus élevés que les $55 740 dont on
parle ce soir dans le cas du maire de Laval. Il s'agit des salaires des
ministres. On parlera également des salaires beaucoup moins
élevés, c'est-à-dire ceux des députés.
Ce qui est intéressant, c'est que, si le maire de Laval n'avait
pas de charte et si effectivement il recevait ce que la Loi des cités et
villes prévoit, il recevrait déjà quelque $2000 de plus
que ce qu'il a reçu depuis sept ans. A titre de président du
comité exécutif, si j'ai bien compris, il s'agit d'un
supplément de $14 000 à $15 000, là où il y en a
un. On serait tout de suite rendu de $33 250 que prévoit la Loi des
cités et villes, sur la base de la population que vous nous avez
donnée tantôt, à $15 000 de plus, soit $48 000.
Personnellement, je n'ai pas de proposition à faire, mais je
dirai tout simplement que proposer un salaire de $55 740 pour le maire de
Laval, cela ne me renverse pas, lorsqu'on sait, par exemple, que le directeur
du service du personnel d'un ministère québécois gagne $50
000, plus tous les avantages sociaux qui ne sont pas nécessairement
afférents au poste de maire de Laval.
M. Lavoie: Et la sécurité d'emploi.
M. Gratton: Et la sécurité d'emploi, bien entendu,
on n'en parle même pas.
La demande de la municipalité, il relève du ministre et du
gouvernement de la juger à sa valeur. Quant à moi, je ne pense
pas que le salaire du maire de Laval devrait faire l'objet de marchandage:
Es-tu prêt à me céder une couple de milliers de dollars
là pour qu'on puisse te rembourser d'une autre façon? Ce qui
m'inquiète un peu de la formule proposée c'est qu'elle est
fonction de la population, ce qui est tout à fait normal dans certaines
circonstances, mais, dans le cas de Laval, je ne connais pas les
prévisions du développement éventuel. Il me semblerait
personnellement...
M. Paiement: Nous sommes zonés agricoles à 55%.
M. Gratton: Peut-être bien que vous seriez mieux de
demander un salaire fixe, de peur que la population décroisse.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, je pense que cela ne devrait
sûrement pas faire l'objet d'une négociation publique. Les
explications du maire quant au recours à un règlement pour
augmenter les salaires, moi, je ne lui suggérerais pas d'y aller de
cette façon. J'espère donc qu'il sera possible de trancher dans
les minutes qui viennent de façon qu'on puisse passer aux autres
articles du projet de loi.
M. Lavoie: Je voudrais seulement corriger un énoncé
du député de Terrebonne lorsqu'il a dit tout à l'heure que
le leader parlementaire du gouvernement propose actuellement une indexation
pour l'année prochaine de six pour cent. Cela va aller, en somme, du
salaire de 1977 au salaire de 1979. Il ne faudrait pas oublier que les
députés ont également eu une certaine indexation en 1974,
ce que le maire de Laval n'a pas eu depuis 1971. Les députés, en
1971, gagnaient $15 000 plus $7000, ce qui faisait $22 000. Aujourd'hui, avec
l'indexation que vous nous proposez pour demain, les députés vont
avoir environ $30 000 plus $7500, soit $37 500 à comparer avec $22 000
en 1971. Cela veut dire que les députés ont eu une indexation
assez décente, normale, entre $22 000 et $37 500, alors que le maire de
Laval, les échevins et les autres membres du comité
exécutif n'ont rien eu depuis 1971. Ce serait intéressant d'en
faire l'étude. Je pense que cela se compare pas mal au traitement que
les députés auront à partir de la loi qui sera
étudiée demain.
M. Tardif: A l'occasion de l'étude du projet de loi 200 de
la ville de Montréal, j'ai mentionné tantôt que n'ayant eu
aucune requête officielle de la part du conseil de ville de
Montréal de modifier l'échelle de traitement du maire et des
conseillers, mais plutôt des représentations officieuses de
membres du conseil, j'avais pris sur moi d'introduire à ce
moment-là un amendement au projet de loi qui nous était
proposé en disant que je croyais c'est encore vrai aujourd'hui
que les élus devaient être rémunérés
de façon convenable si on ne voulait pas accréditer dans la
population l'idée que peut-être ils peuvent se contenter de
traitement dérisoire parce qu'ils ont d'autres façons d'arrondir
leur traitement. Cela m'apparaît un point de vue important et, compte
tenu de la demande qui est devant nous de ce besoin d'avoir quand même
une certaine cohérence, je me demande dans quelle mesure on ne pourrait
pas, finalement, en arriver à une formule qui serait à
peu près la suivante, c'est-à-dire que le salaire du
conseiller serait de $12 000; celui du membre de l'exécutif de deux fois
celui du conseiller, donc $24 000; celui du maire de trois fois celui du
conseiller, c'est-à-dire $36 000, et celui du maire président de
l'exécutif de quatre fois celui du conseiller, c'est-à-dire $48
000 par année.
Cette échelle, qui est en substance contenue dans la loi 44 et
qui pourrait être éventuellement reprise dans une loi de refonte
sur la démocratie municipale, garderait une certaine cohérence
avec ce qui existe présentement, situerait le maire de la
deuxième ville en importance à peine à $1000 de moins que
la maire de la première ville en importance, et l'ordre de grandeur
serait à peu près raisonnable et respecté.
M. Gratton: M. le ministre, est-ce que vous pourriez nous dire
où vous situeriez le président du conseil dans votre
échelle? Il faudrait qu'il soit à $18 000 à ce
moment-là.
M. Tardif: C'est un poste qui n'existe pas dans le cas de la
ville de Montréal.
M. Gratton: Non, mais il existe à Laval.
M. Tardif: C'est l'équivalent d'un membre de
l'exécutif, c'est-à-dire le double du traitement.
Une Voix: Est-ce un poste honorifique? M. Gratton: $24
000.
Une Voix: Non, il dirige les assemblées du conseil.
M. Tardif: Un multiple de un et demi, alors.
M. Gratton: On voit que ce qui était proposé dans
le projet de loi était $17 886.
M. Allaire: Pourrions-nous avoir à nouveau les chiffres
que vous avez mentionnés il y a quelques secondes?
M. Tardif: Alors, je reprends. Le salaire de conseiller à
$12 000; celui d'un membre de l'exécutif, deux fois celui du conseiller,
soit $24 000; celui de maire, trois fois celui de conseiller,
c'est-à-dire $36 000 par année et celui de maire président
de l'exécutif, quatre fois celui de conseiller, ce qui donne $48 000 par
année. Le cas du vice-président de l'exécutif ou du
président intérimaire serait l'équivalent de trois fois
celui de conseiller, c'est-à-dire $36 000 par année, et celui de
président du conseil de une fois et demie, c'est-à-dire $18
000.
M. Allaire: M. le Président, je vous fais remarquer
qu'avec ces chiffres la rémunération du membre du conseil est
légèrement supérieure, de $100, à ce que nous
avions proposé. Même chose pour le président du conseil.
Pour le membre du comité exécutif, c'est légèrement
inférieur; pour le président intérimaire, supérieur
et pour le maire, évidemment, assez inférieur à ce que
nous avions proposé. Alors?
M. Tardif: M. le Président, évidemment, les
chiffres que nous avions étaient basés sur cette formule pour le
moins complexe à moins d'avoir une calculatrice et de faire des
chiffres, à savoir que, pour la première tranche de X mille
habitants, c'est $0.10 et qu'après cela c'est $0.06, qu'après
cela c'est $0.02 et trois quarts, etc. Cette formule-ci a l'avantage
d'être beaucoup plus facile. Et les différences, selon qu'on s'est
basé sur les chiffres de population du recensement de 1976 ou d'autres
ne varient pas tellement de ce qu'on a demandé, sauf dans le cas du
maire, évidemment.
M. Allaire: M. le Président, pourrais-je vous faire
remarquer que la façon d'arriver à ces chiffres pour la ville de
Laval, c'est sur des nombres de sous par population et tout cela, tandis que,
là, ce que vous mettez, ce sont des chiffres au total qu'il faudrait
redécomposer pour arriver à la base de calcul qui est contenue
dans la charte?
M. Tardif: Cela la fait sauter.
M. Allaire: Ce qui veut dire qu'à ce moment-là non
seulement vous réduiriez le montant proposé, mais, même
s'il y a augmentation de population et de services rendus etc., il n'y aura
plus aucune indexation de quelque genre que ce soit; il n'y aura plus
d'augmentation.
M. Tardif: II n'y a jamais eu d'indexation comme telle dans la
loi, sauf des ajustements sur la base de...
M. Allaire: De la population.
M. Tardif: ... la population, ce qui n'est pas le cas à
Montréal et à Québec.
M. Allaire: C'est la remarque que je voulais vous faire.
Le Président (M. Marcoux): M. le maire.
M. Paiement: M. le Président, je pense qu'au fond, quand
on parle de salaires, on cherche l'équité le plus possible. Je
tiens à vous rappeler que les membres du comité exécutif
de Laval exercent leurs fonctions à temps plein et $24 000 me paraissent
insuffisants en termes d'augmentation du salaire des membres du comité
exécutif. Je ne pense pas qu'un membre du comité exécutif,
à temps plein, qualifié puisse gagner strictement $24 000. (21 h
15)
Si on parlait, pour les membres du comité exécutif, de
deux fois et demie, cela me paraîtrait correspondre davantage à la
réalité économique de ces individus.
M. Gratton: Est-ce que le journal des Débats capte bien
tous les calculs, M. le Président?
M. Lavoie: Je m'adresse à vous ou au gérant de la
ville. Vous avez, à Laval, une quinzaine de services municipaux.
M. Paiement: Nous en avons 19.
M. Lavoie: Je ne demanderai pas le traitement des plus hauts
fonctionnaires de la ville, mais on pourra faire une extrapolation. Combien
gagneront, en 1979, ces directeurs des 19 services municipaux?
M. Paiement: Pour 1979, le salaire n'est pas encore
établi; je vais vous donner les salaires de 1978.
M. Lavoie: Pour les chefs de service, les directeurs de
service.
M. Paiement: Le gérant de la ville gagne $56 433, les
gérants adjoints gagnent $46 632 et vous avez l'échelle, $43 900,
$43 000, $42 000 et ainsi de suite.
M. Lavoie: Les chefs de service comme le directeur du service de
la police...
M. Paiement: $40 000 pour le service de la police; le service du
génie; $42 000; le service de la trésorerie, $43 000; le service
d'estimation, $41 745. La moyenne pour l'ensemble des principaux services est
d'environ $41 000.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: M. le Président...
M. Tardif: Voulez-vous parler des salaires à
Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: M. le Président, j'ai additionné ce que
la ville demande, d'après le barème, ce que vous offrez, et il y
a une différence de $6000, tout simplement. Après avoir pris
connaissance des salaires qui sont payés aux plus hauts fonctionnaires,
je serais tenté d'accepter la suggestion telle que
spécifiée dans le projet de loi.
M. Tardif: Sauf, M. le Président, que dans le cas des
hauts fonctionnaires, tout est imposable; dans le cas des élus, il y a
un tiers qui est non imposable.
M. Cordeau: II y a certaines dépenses auxquelles un
élu doit faire face et on le sait, nous et il y a une
grande partie du montant non imposable qui doit être utilisée pour
les frais de représentation, ainsi de suite, des dépenses
inhérentes directement à la charge. Je vous assure que sur les
$7000 non imposables que nous avons actuellement, il y a une grande partie qui
est employée pour des souscriptions, des billets de $100, $50 et ainsi
de suite. Je crois que c'est à considérer.
M. Lavoie: M. le Président, une suggestion.
Considérant le fait qu'il y a une partie, un tiers, non taxable, ce que
les députés et même les ministres n'ont pas les
députés et les ministres ont $7000 ou $7500 non taxables
il faut par contre considérer également qu'ils sont
sollicités constamment de tous bords, tous côtés; ils ont
des frais de représentation également comme les élus. Je
ne sais pas, mais $50 000 au moins pour le maire, $36 000 pour le
président intérimaire, $30 000 pour les membres de
l'exécutif, $18 000 pour le président du conseil et $12 000 pour
les échevins, je pense que cela pourrait... On n'a pas à comparer
avec le maire de Montréal, d'abord. Le maire de Montréal
mériterait autant qu'un ministre à Québec qui a environ
$65 000. Il faut bien être honnête avec cela.
M. Lamontagne: Le maire de Montréal devrait être
ajusté d'office.
M. Tardif: Oui, mais on ne peut pas tordre les bras.
M. Lamontagne: II le donnerait aux pauvres. M. Lavoie: Ou
au déficit olympique...
M. Tardif: Finalement, le principal point de divergence est le
salaire des membres de l'exécutif qui, selon la formule proposée,
serait de l'ordre de $24 000 par année, ce qui, je le rappelle, est
identique à ce que les membres de l'exécutif de la ville de
Montréal reçoivent.
M. Lavoie: Les membres de l'exécutif de la ville de
Montréal ont $32 000, je crois.
M. Tardif: Non. Les membres de l'exécutif ont $24 000
à Montréal. C'est le vice-président du comité
exécutif qui a $32 000.
M. Lavoie: Oui, mais ils ont un sous-traitement, peut-être
en comparaison avec le maire de Montréal également. Donnez-leur
ce qu'ils méritent, c'est tout.
M. Lamontagne: M. le Président, on pourrait
peut-être avoir l'avis des deux ministres que Laval doit...
M. Landry: Je trouve que...
M. Lamontagne: Je pense que c'est une bonne idée que vous
donniez votre avis.
M. Landry: Voici ce que je pense. Je ne suis pas membre de la
commission, mais j'ai le droit de parler.
M. Lamontagne: Oui, vous avez le droit.
M. Landry: Je vous remercie de votre offre. Je me demande si
cette tradition du droit municipal d'attacher la rénumération au
nombre d'administrés était bien sage, somme toute. A partir d'une
certaine échelle, qu'il y ait 250 000 habitants ou qu'il y en ait un
million, véritablement, en heures travaillées, cela ne change
rien. Le maire de Laval a aussi évoqué brièvement un
argument presque à la blague, mais je pense que son argument est
sérieux. Laval, à cause de son histoire de regroupement, de ville
à faire, de ville à bâtir où il faut créer un
esprit, etc., procède un peu d'une communauté urbaine, et c'est
vrai. Elle est à consolider comme la Communauté urbaine de
Montréal est à consolider. De ce point de vue, je pense que pour
la population de Laval et la population du Québec il y a une
question de justice distributive, les parlementaires parlent pour tout le
monde. Ce qui a été proposé pour le maire, $50 000, serait
acceptable à mes yeux, avec l'échelle dégradée pour
le reste et les ajustements. Je me rallierais, en d'autres termes, à la
proposition de mon voisin de l'ouest, ce qui n'est pas usuel de ma part
d'être d'accord avec lui, mais sur cette question je le serais. La
solidarité lavalloise avant la solidarité
québécoise.
M. Lamontagne: Nous prenons des notes pour d'autres
régions.
M. Landry: C'est enregistré pour Roberval.
M. Tardif: Un fonds multiple.
M. Joron: C'est un fonds multiple. C'est cela?
M. Tardif: Cela me semblait plus simple de rédiger la loi
de cette façon.
M. Joron: Oui.
M. Tardif: Si on voulait se rallier à la proposition qui
est devant nous, à partir du salaire de base d'un conseiller à
$12 000 par année, nous aurions la gradation suivante: à savoir,
celui de conseiller: $12 000; celui de président du conseil, multiple de
1,5, ce qui donnerait $18 000 par année; celui de membre de
l'exécutif, multiple de 2,5, ce qui donnerait $30 000 par année;
celui de maire, multiple de 3, soit $36 000; celui de président
intérimaire, également 3 fois celui de conseiller, ce qui
donnerait $36 000 et celui de maire président de l'exécutif,
quatre fois celui de conseiller, ce qui donne $48 000. C'est cela?
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a consensus sur
cette formule?
M. Lavoie: Ce n'est pas dans la loi, de toute façon.
M. Allaire: M. le Président, le premier problème
qui me vient à l'idée, c'est que cette rémunération
remplacerait les trois premiers paragraphes de l'article 64, n'est-ce pas?
Demeureraient, évidemment, les trois derniers.
M. Tardif: Exact.
M. Allaire: Je me permets de faire une suggestion, qui n'est
peut-être pas une formule mathématique, mais je pense que pour le
maire de la ville de Laval je ne veux pas parler des autres il
devrait y avoir une plus grande différence et qu'au lieu d'un multiple
fixe, on pourrait peut-être arrondir à $50 000 ou à $52
000. Je crois que ce serait raisonnable, plus juste et peut-être plus
dans la note eu égard à tout le reste, au fait qu'il est
président du comité exécutif, etc.
M. le Président, une dernière remarque. Il n'y a plus
d'indexation, n'est-ce pas? En plus de cela, je souligne qu'avec ce que nous
proposions, c'est seulement le maire qui a moins que ce que nous proposions. Je
pense que c'est injuste. C'est le but de ma remarque qui est la
dernière. (21 h 30)
M. Lavoie: Vous aimez les multiples; mettez 4,2 pour le maire,
cela fait $50 400.
M. Cordeau: C'est cela.
M. Lavoie: On va passer le chapeau et on va continuer à
l'autre article. Je pense que nous serions solidaires dans Laval, les trois,
une famille disparate.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Je vois que la différence existe avec $50 000
et que les autres chiffres sont tous plus élevés que ce que Laval
a demandé. Si on regarde ce qui a été proposé dans
le projet de loi, on arriverait exactement pareil. Si la population augmente,
le salaire augmentera et, si elle baisse, il baissera.
M. Tardif: Ecoutez, il reste, M. le Président, que je dois
penser aussi à d'autres demandes qui sont à peu près
pendantes au ministère pour rouvrir des dossiers. Nous avions
pensé partir d'une formule simple, le salaire de base d'un conseiller,
pour en arriver à déterminer celui des autres membres du conseil
ou détenant des postes à l'exécutif. Puisqu'on semble
s'entendre sur un traitement, dans le cas du maire, de l'ordre de $50 000,
j'aurais tendance à proposer que l'on revienne à une base qui va
nous éviter un paquet de chinoiseries avec des décimales, des
multiples et des sous-multiples et que l'on parte plutôt d'une base de
$12 500 et qu'on fasse, 1, 2, 3, 4, ce qui nous amène à $50 000
dans le cas du maire.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a consensus
auprès des membres de cette commission? M. le député de
Mille-lsles.
M. Joron: Si je comprends bien, c'est décidé, il y
a consensus. Ce n'est pas là-dessus que je veux parler. Tout ce que je
voulais ajouter, c'est que je trouve cette façon de déterminer
les salaires des officiers municipaux particulièrement odieuse et j'ai
un souhait à exprimer; c'est une
demande que j'adresse au ministre des Affaires municipales. Je ne sais
pas s'il y aurait moyen de penser à un système quelconque autre
qui ferait qu'une commission parlementaire d'élus n'aurait pas à
faire le travail qui, somme toute, je pense, ne nous appartient pas, mais qu'on
a dû faire ce soir.
M. Gratton: Le ministre ne veut sûrement pas parler d'une
formule semblable à celle que l'Assemblée nationale avait
adoptée en 1975 pour les députés, parce qu'on sait qu'on
pensait avoir trouvé la formule magique et cela ne l'a pas
été.
M. Joron: Elle s'est révélée malencontreuse
également, mais peut-être qu'en se creusant la tête on
pourrait trouver quelque chose de plus brillant que ce qu'on vient de faire
depuis une heure et demie.
M. Gratton: Je dirais, M. le Président, que moi aussi, je
trouve cette pratique odieuse. J'espérerais qu'il y en ait une autre,
mais, comme le ministre l'a dit, on ne l'a pas trouvée encore.
M. Tardif: II y en a une dans la loi qui est la consultation des
électeurs, mais cela aussi à son petit aspect...
M. Gratton: C'est encore plus odieux.
Le Président (M. Marcoux): M. le maire veut ajouter un
mot.
M. Paiement: Je voulais avoir les vrais chiffres. On a
parlé de plusieurs multiples, le dernier dont on avait parlé
était $12 000, là on vient de mentionner $12 500, on avait
parlé de 2,5 je pense.
M. Lavoie: C'était $12 500 pour les échevins; $18
750 pour le président du conseil, ce qui est une fois et demie; un
membre de l'exécutif, $31 250, ce qui est deux fois et demie; le
président intérimaire, trois fois, cela donne $37 500; et le
maire, quatre fois, ce qui fait $50 000.
Le Président (M. Marcoux): Pendant que les légistes
procèdent à la rédaction d'un papillon pour remplacer les
trois premiers paragraphes de l'article "64, est-ce que nous pourrions passer
aux quatrième, cinquième et sixième paragraphes de
l'article" 64?
M. Cordeau: Ce que nous venons d'adopter, nous venons
d'épargner $18 à la ville de Laval avec le barème qu'on
nous avait suggéré.
M. Gratton: M. le Président, on me dit que plusieurs
épouses de conseillers municipaux de Laval appellent à la console
présentement; elles veulent parler à leur mari
immédiatement, urgence.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe 4 est-il
adopté?
M. Allaire: M. le Président, je vous souligne que c'est
simplement la répétition de ce qui existait auparavant, les trois
autres paragraphes.
Le Président (M. Marcoux): Les paragraphes 4, 5 et 6
seront adoptés sans amendement?
Une Voix: On n'a rien à dire...
Le Président (M. Marcoux): Les paragraphes 4, 5 et 6
restent tels quels.
L'article 3, avant que les papillons de l'article 1 soient prêts.
Est-ce que les papillons de l'article 1 sont prêts?
M. Tardif: Les papillons de l'article 1 ?
Le Président (M. Marcoux): Les paragraphes 12, 13 et
14.
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le papillon no 13, on va
commencer par celui-ci. Je vous lis ce qui serait proposé: Le
comité exécutif peut adjuger tout contrat pour l'exécution
de travaux ou la fourniture de matériel ou de matériaux ou pour
la fourniture de services autres que les services professionnels et comportant
une dépense excédant $5000 mais inférieure à celle
requérant la formalité des soumissions publiques. Une telle
adjudication doit être précédée d'une demande de
soumission faite par voie d'invitation auprès d'au moins deux
entrepreneurs ou, selon le cas, deux fournisseurs. Aux fins du présent
paragraphe, un contrat pour la fourniture de matériel s'entend aussi de
tout contrat de location d'équipement assorti d'une option d'achat.
Le paragraphe 14 serait retranché.
M. Allaire: M. le Président, nous sommes d'accord sur la
suggestion du ministre.
Maintenant, je ferais remarquer, M. le ministre, que vous nous aviez,
à ce moment, référé aux articles correspondants de
la charte de la ville de Montréal. Alors je suis d'accord sur l'article
13 que vous venez de mentionner. Quant à l'article 14, la correspondance
pour Montréal, c'est seulement le premier paragraphe de cet article 707
qui se lit comme suit, et c'est le pendant de notre article 14. Je le lis
rapidement, si vous me le permettez, M. le Président, ou si M. le
ministre veut le lire, je pense que c'est M. le ministre Tardif qui a fait la
proposition à laquelle nous avons acquiescé cet
après-midi.
C'est seulement le premier paragraphe de 107 qui remplacerait 14. Le
paragraphe se lit comme suit: Le comité exécutif ne peut adjuger
aucun contrat comportant une dépense supérieure à $10 000
pour l'exécution de travaux, la fourniture de matériel ou de
matériaux, ou la fourniture de services autres que des services
professionnels, sans avoir, au préalable, demandé des soumissions
publiques. Le conseil peut, toutefois, par
règlement, autoriser le comité exécutif à
adjuger, sans soumissions, des contrats pour le montant indiqué au
règlement pourvu que ce montant n'excède pas $20 000. Cela
remplacerait à toutes fins que de droit le paragraphe 14 qui
était M. le ministre l'a souligné cet après-midi
trop large et qui devait disparaître dans sa forme actuelle. C'est
là que nous avions été référés aux
deux articles de la charte de la ville de Montréal.
Le Président (M. Marcoux): M. Allaire.
M. Allaire: C'est simplement pour souligner que l'article 610,
premier paragraphe, pour Laval serait remplacé par celui que je viens de
lire. Il s'agirait de faire la concordance vu que, par l'article 610, nous ne
sommes pas exclus comme Montréal l'est de l'application de cet
article.
M. Tardif: Montréal n'est pas régie par l'article
610; elle est régie par sa charte tandis que Laval l'est. Compte tenu
des amendements qui viennent d'être apportés, ne serait-il pas
quand même possible que Laval puisse fonctionner avec cela et que l'on
voie précisément comment tout ceci fonctionne? Si besoin
était, on pourra toujours revoir l'addition d'un tel article. Il me
semble, surtout compte tenu des autres dispositions qui ont été
édictées par la loi 54 en ce qui concerne les travaux d'urgence
qui pourraient être décrétés, qu'on pourrait
peut-être essayer de vivre avec cela pendant un certain temps.
M. Allaire: Nous acceptons la suggestion du ministre.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe 13 serait
adopté tel qu'amendé et le paragraphe 14, biffé.
M. Allaire: Nous préférons le retirer, M. le
Président, selon la coutume.
Le Président (M. Marcoux): Oui, retiré. A l'article
12, est-ce que vous avez, nonobstant ou... (21 h 45)
M. Tardif: M. le Président, les légistes ont
rédigé les papillons en ce qui concerne les traitements et il a
été proposé de maintenir l'article 12 tel quel,
c'est-à-dire sous réserve de l'article 64 de la Loi des
cités et villes, et d'inclure le traitement additionnel qui pourrait
être accordé au président du comité d'administration
du Régime des rentes et de l'Office municipal d'habitation de Laval dans
les trois premiers alinéas de l'article 64 et de l'accrocher
également au traitement de base dont on a discuté
tantôt.
Maintenant, j'aimerais cependant entendre les représentations de
la ville de Laval, parce qu'il s'agit là d'un précédent,
sur le quantum qui pourrait être établi pour les titulaires de ces
fonctions.
M. Paiement: M. le Président, le quantum devra, à
notre avis, s'appuyer sur un certain nombre de critères. Si je prends le
fonds de retraite, entre autres, je pense que l'actif global du fonds de
retraite est un facteur; un autre facteur est le nombre de participants
à ce fonds de retraite, le nombre, également, de gens qui ont
déjà des crédits de rentes, et le volume. Nous pensons que
ce sont les principaux critères en ce qui concerne le fonds de retraite
et, bien sûr, le conseil devra au départ les établir de
façon très claire. Nous pensons également qu'il devrait y
avoir un montant maximal et que le conseil ne devrait pas avoir la
possibilité de donner $50 000 au président du fonds de retraite.
Il devrait y avoir un montant maximal. Nous avions pensé à un
montant n'excédant pas $10 000. Cela ne veut pas dire que cela sera $10
000. Cela pourra être $4000, $5000, $6000; tout dépendra de
l'évaluation du conseil. C'est un peu le même raisonnement dans le
cas de l'Office municipal d'habitation. Compte tenu du nombre de logements
à administrer, la clause devrait contenir un maximum à
l'intérieur duquel le conseil pourrait se prononcer, s'ap-puyant
également sur un certain nombre de critères qui ne sont pas, de
fait, arrêtés.
M. Tardif: Si on établissait que pour ces
fonctions-là le montant maximal on va rester à
l'intérieur des échelles qu'on a adoptées tantôt
que la municipalité verse aussi au président du
comité d'administration du Régime des rentes et au
président de l'Office municipal d'habitation de Laval, pour les services
qu'ils rendent à ce titre, est une somme annuelle maximale égale
à la moitié de la rémunération attachée
à la fonction de conseiller si ces postes sont occupés par des
conseillers.
M. Paiement: Je pense que ce serait acceptable, M. le
ministre.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut avoir le
texte qui remplacerait tout l'article 12?
M. Tardif: L'article 12 reste là, tel quel, à ce
moment-là. C'est par le biais des amendements des trois premiers
alinéas de l'article 2 qui modifie l'article 64 que ceci est introduit
avec le salaire du maire et des conseillers.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12 reste tel que
proposé, sous réserve de l'article 64 de la Loi des cités
et villes.
M. Tardif: C'est cela. Alors, on peut faire des photocopies de ce
papillon qui remplace les trois premiers paragraphes.
Le Président (M. Marcoux): L'article 12 est adopté
tel quel; l'article 13 est modifié, l'article 14 est retiré, les
articles 16 et 17 ont été adoptés, les articles 24 et 24a,
c'est réglé. Nous allons remplacer les trois premiers paragraphes
de l'article 64. Nous sommes rendus à l'article 3.
M. Gratton: Pas de commentaires, quant à nous, M. le
Président.
M. Allaire: M. le Président, pour l'article 3, nous
avons...
M. Tardif: Pas de commentaires. Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Je voudrais indiquer que
l'article 1 est adopté avec amendements.
M. Tardif: L'article 3 est adopté. L'article 4.
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 3 est adopté.
L'article 4 est adopté. L'article 5?
M. Allaire: M. le Président, je vous ferai remarquer qu'il
manque un mot au paragraphe 4b. Lorsqu'on parle d'incapacité du
gérant, je pense qu'il y a une coquille; c'est l'incapacité
d'agir, il y a une grande différence. J'entends le gérant qui
proteste.
M. Lavoie: Je peux témoigner qu'il est très
capable.
M. Allaire: Après le mot "incapacité", il faudrait
ajouter "d'agir".
Le Président (M. Marcoux): Adopté tel
qu'amendé. L'article 5?
M. Allaire: A l'article 5, M. le Président, il s'agit de
corriger quelque chose qui existait depuis le début dans notre charte.
Je vous ai mentionné, ce matin, que le pivot central de
l'administration, c'était le gérant. A cet article, il
était mentionné que le trésorier, avec le gérant,
veillait à l'utilisation des fonds. Maintenant, cet article existe
depuis le tout début et, avec les nouvelles structures qui se
développent, c'est un peu incongru. En effet, c'est le gérant qui
a la responsabilité générale de toute l'administration,
comme je vous l'ai dit, et les responsabilités des chefs de service
doivent être définies par règlement, mais elles ne sont, en
fait, qu'un prolongement ou une délégation de certains
pouvoirs...
M. Lavoie: Adopté, avant qu'on change d'idée.
M. Gratton: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 6?
M. Allaire: A l'article 6, M. le Président, c'est
simplement pour changer un chiffre, remplacer $15 par $35 parce que c'est
l'augmentation du coût de la vie et c'est simplement pour
récupérer le coût réel du touage.
M. Tardif: M. le Président, si l'objectif est de
récupérer le coût réel du touage ou du remorquage,
pouquoi ne ferait-on pas comme on l'a fait en bas, c'est-à-dire à
la dernière ou à l'avant-dernière ligne où on parle
du taux courant pour ce qui est du remisage ou de l'entreposage? Pourquoi ne
parlerait-on pas également du taux courant pour le touage, de sorte
qu'il y aurait plus de quantum fixé dans la loi?
M. Allaire: Nous acceptons la suggestion, M. le ministre.
Le Président (M. Marcoux): Cela se formulerait?
M. Tardif: A ce moment-là, l'article se formulerait comme
suit, si je prends les trois dernières lignes: "... sur le paiement des
frais de touage et de remisage qui ne doivent pas excéder..." Je
m'excuse, on va laisser les gens dont c'est le métier de faire cela. On
ne peut pas comprimer cela de cette façon; il faudrait ajouter une
périphrase. "... les frais de touage qui ne doivent pas excéder
le taux courant."
M. Paiement: M. le Président, la difficulté, c'est
d'établir le taux courant. Qu'est-ce que le taux courant? Ce n'est pas
toujours facile à établir. Il me semble qu'il serait plus sage de
mettre un maximum, tout au moins, parce qu'il peut arriver que...
M. Tardif: M. le maire, vous passez de $15 à $35 pour le
touage. Si on mettait $25 comme à Montréal, puisqu'on semble
s'aligner sur Montréal à plusieurs points de vue?
M. Paiement: Dans certains cas, on perd de l'argent.
L'idée est que ce soit une opération non déficitaire pour
la ville. On prend ce qui est bon à Montréal. Ce qui est moins
bon, on aime mieux le laisser.
M. Cordeau: Dans certains cas, vous...
M. Paiement: C'est pour faire nos frais. C'est cela qu'on
cherche, mais $35 nous paraissait raisonnable pour faire nos frais. Mettez-le
comme maximum. C'est possible que le taux courant, à un moment
donné, soit $30. Tant mieux!
M. Tardif: A Québec, dans la charte, c'est le taux courant
dont on parle.
M. Paiement: Oui. Il faut comprendre également, M. le
ministre, que la ville de Laval a 20 milles de longueur, et la distance devient
un facteur important dans notre cas.
M. le Président, entre $35 et $25, si on mettait $30, est-ce
qu'on règlerait la question?
M. Tardif: Réglé. $30 adopté. Vendu.
Le Président (M. Marcoux): L'article 6 est adopté
tel qu'amendé. Je posais la question.
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 7.
M. Allaire: A l'article 7, M. le Président, il s'agit
d'établir une façon d'arriver aux frais de vente des immeubles
pour taxes. Depuis quelques années, la ville de Laval a adopté
une nouvelle politique qui a fait ses preuves et qui va bien. Elle
procède directement...
Le Président (M. Marcoux): L'article 7 est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 8 sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Oui, M. le Président. Pas de commentaires.
M. Tardif: J'espère qu'ils seront d'accord avec ce qu'on
proposait.
M. Allaire: Nous sommes d'accord, M. le Président, avec le
papillon qui, je pense, a été examiné par M. le ministre.
Nous avons fait, comme je vous l'avais dit, un peu de charcuterie
légale, ce qui remplacerait les articles 8 et 9.
M. Tardif: Est-ce que ce papillon a été
distribué?
Des Voix: Non.
M. Tardif: Est-ce qu'on pourrait en faire des copies? Est-ce
nécessaire de le lire, M. le Président?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Tardif: Alors, on va en faire la lecture. "M. le
Président, il est proposé, à l'article 8: l'article 572 de
ladite loi est remplacé, pour la ville, par le suivant: Lorsque les
immeubles situés dans une cité ou une ville sont mis en vente
pour taxes municipales et scolaires, la municipalité peut
enchérir et acquérir ces immeubles par l'entremise du maire ou
d'une autre personne sur autorisation du conseil sans être tenue de payer
immédiatement le montant d'adjudication. La municipalité peut
aussi enchérir et acquérir ces immeubles à toute vente du
shérif ou à toute autre vente ayant l'effet d'une vente du
shérif. Lors de l'adjudication, la ville n'est pas obligée de
faire remise des taxes scolaires échues. L'enchère de la
municipalité ne doit cependant, en aucun cas, dépasser le montant
des taxes en capital, intérêts et frais plus un montant suffisant
pour satisfaire à toute dette privilégiée
antérieure ou égale à celui des taxes municipales.
Cependant, la ville peut, avec l'autorisation préalable de la Commission
municipale de Québec, lorsqu'il s'agit d'acquérir un immeuble
pour fins municipales, porter son enchère jusqu'au montant de
l'évaluation municipale..." Et cela continue. (22 heures)
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ce nouvel article 8
sera adopté?
M. Allaire: En fait, M. le Président, cela combine 8 et
9.
Le Président (M. Marcoux): On va adopter celui-là
et après on va retirer l'autre, cela va aller...
M. Allaire: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que 8 est
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que 9 sera
retiré? Article 10?
Une Voix: L'article 10 devient 9, M. le Président.
M. Allaire: L'article 10 est dans la même idée,
parce que 8, 9, 10, et 11 sont un tout. C'est pour spécifier que, lors
de la signature de l'acte de vente, la ville n'est pas obligée de faire
remise des taxes scolaires échues. En fait, lorsqu'il se fait une vente
pour taxes, il y a, comme vous le savez, un droit de retrait qui existe en
faveur du propriétaire pour récupérer son immeuble. Alors,
l'acte de vente dont il est question...
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 10 est adopté?
Article 11, qui devient 10?
M. Tardif: Article 11, adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 11, qui est devenu
l'article 10, est adopté. Article 12, qui devient l'article 11,
adopté?
M. Allaire: A cet article 12, maintenant 11, il s'agit en fait
d'amender un article qui existe déjà à la charte de Laval.
En 1971, la ville obtenait le pouvoir d'exécuter des travaux
d'égout, d'aqueduc, de pavage, de chaînes de rues, de trottoirs et
d'éclairage, sans être tenue de suivre la procédure
visée aux articles 593 et 99 de la Loi des cités et villes; cet
article, comme je vous le dis, existe depuis 1971.
Il s'agirait d'amender comme suit. En premier lieu, il s'agit d'ajouter
aux travaux déjà énumérés la signalisation
routière, qui n'était pas prévue spécifiquement et
qui est en fait le pendant logique de ce que je vous ai
énuméré en haut, chaînes de rues, trottoirs,
éclairage; il s'agirait simplement de compléter avec la
signalisation routière.
En second lieu, d'obtenir que l'acquisition de gré à
gré ou par expropriation de terrains ou de servitudes requis pour
l'exécution de ces travaux permanents soit soumise à la
même procédure que lesdits travaux permanents, comme je viens de
le mentionner. C'est une concordance qui nous apparaît logique du point
de vue juridique.
En troisième lieu, de porter le montant autorisé des
emprunts temporaires pour l'exécution des
travaux permanents en question de $10 millions à $20 millions,
toujours pour les mêmes raisons; depuis 1971, évidemment,
l'inflation, les montants ont changé, etc. Souvent nous arrivons au bout
de ces $10 millions et nous sommes bloqués. C'est simplement une
concordance.
M. Tardif: M. le Président, en ce qui concerne le premier
amendement, c'est-à-dire d'étendre la portée de l'article
19 à l'éclairage et à la signalisation routière, il
n'y a pas de problème là. Cependant, lorsqu'on demande de porter
de $10 millions à $20 millions le montant prévu à cet
article, ce qu'on demande, en fait, c'est d'autoriser le conseil à
emprunter temporairement ces $20 millions sans l'approbation des
propriétaires et de les dépenser, finalement, de les affecter par
tranches à des travaux, tout ceci en contournant finalement la
procédure normale d'approbation des travaux municipaux. D'accord, la
ville de Laval a déjà cet article dans sa charte et il n'est pas
question de le retirer, mais je ne me vois pas autorisant une extension de ce
pouvoir assez exceptionnel et exorbitant qui finalement enlève aux
populations locales véritablement le contrôle sur ce qui se passe
dans leur municipalité.
Je demanderais plutôt de se limiter à l'amendement
proposé quant à la signalisation routière et de garder le
montant à $10 millions. On en fait des travaux, quand même, pour
$10 millions.
M. Allaire: M. le Président, si je pouvais ajouter le
petit détail suivant... C'est qu'il y a beaucoup de travaux qui se font
en même temps et, avant de décréter un règlement
à long terme remboursable sur 10, 15 ou 20 ans, évidemment, pour
rembourser les emprunts temporaires, il faut que lesdits travaux soient
terminés afin d'en connaître le montant. C'est là la
difficulté. A certains moments, nous arrivons aux limites des $10
millions et nous ne pouvons plus payer les travaux qui se font et qui ont
été adoptés régulièrement. C'était
tout simplement pour nous permettre de faire notre financement, de payer
à terme et de payer à mesure que les factures arrivaient, comme
il se doit. C'était simplement le but des $10 millions, pour
refléter tout simplement la situation économique qui
prévaut maintenant et qui n'est plus la même qu'en 1971.
M. Paiement: De fait, M. le Président, cela
n'enlève proprement rien à la ville comme telle, seulement,
lorsqu'on a des comptes payables, on a toujours $10 millions de travaux en
cours et le problème qu'on a dans le moment, c'est qu'on est
obligé de retarder les paiements, ce qui pénalise ceux qui
travaillent pour la ville parce qu'on est obligé de les payer en
retard.
M. Lavoie:... parfois à certaines occasions qui ne sont
pas propices.
M. Paiement: On fait de plus en plus des travaux importants, $5
millions, même $10 millions, et si on pense entre autres aux travaux
d'épuration qui s'en viennent, etc., les gros collecteurs, alors,
dépenser $5 millions pour des travaux aujourd'hui à Laval c'est
monnaie courante. On est tout de suite rendu à $10 millions. Le
marché, on ne peut pas toujours le mesurer, mais on ne peut pas y aller
plus souvent qu'à tous les trois mois. A l'occasion, on aimerait un peu
profiter d'une fluctuation du marché aussi quand c'est
prévisible. Sur les indications quelquefois du ministre des Finances,
c'est préférable de ne pas y aller trop vite.
M. Tardif: D'après ce qu'on vient de dire, cette limite de
$10 millions pour certains travaux permet quand même à Laval de
fonctionner, enfin pour la plupart des travaux qui sont couverts par cet
article.
M. Paiement: Ce sont des travaux essentiels. On parle
d'égout, on parle d'alimentation en eau, on ne parle pas d'aréna
ou de choses de cette nature. Ce sont des travaux permanents, essentiels.
M. Tardif: Oui, il y a cela.
M. Lavoie: Travaux permanents ou capitalisation par année,
vous l'avez mentionné autour de $40 millions.
M. Paiement: Entre $40 millions et $55 millions, tout
dépend évidemment de l'intensité de la construction, de
l'économie, etc., mais pas en bas de $40 millions. Cela peut aller
à $50 millions. Maintenant, je ne figure pas les travaux
d'épuration des eaux qui, eux, risquent de nous coûter
passablement cher.
M. Tardif: Si on prévoyait trois tranches de $15 millions
au cours de l'année, cela vous permettrait de fonctionner?
M. Paiement: Oui, ce serait déjà un adoucissement,
M. le ministre.
Le Président (M. Marcoux): $15 millions trois fois.
Est-ce qu'il y a d'autres amendements à apporter à
l'article 11 à part le changement de $20 millions à $15
millions?
M. Tardif: Je pense que ce n'est pas 11, c'est 12, M. le
Président. C'est 11 renuméroté; je m'excuse, M. le
Président. Non, il n'y en a pas d'autres.
Le Président (M. Marcoux): II n'y en a pas d'autres.
Adopté avec amendement. Article 13 renuméroté 12?
M. Allaire: M.le Président, avant de parler de cet
article, je désire souligner qu'au paragraphe 3, tout au bas de la page,
la troisième avant-dernière ligne, après le mot
"immeubles", nous avions soumis pour imprimerie et je pense qu'on l'a
oublié les mots "en tout ou en partie".
M. Gratton: Quel alinéa?
M. Allaire: L'alinéa 3, troisième
avant-dernière ligne, en fait, de cette page 8 de notre projet de loi
privé; après le mot "immeubles", "en tout ou en partie", pour que
ce soit plus clair.
M. Tardif: Un instant, M. le Président, on me dit qu'il y
a un papillon sur un de ces alinéas. M. le Président, je
m'excuse, le papillon viendra à l'article 14. Cependant, pour l'article
13, on demande de retrancher le dernier alinéa de l'article 13 qui est
celui qui dit: "La ville peut, avec l'approbation du ministre des Affaires
municipales et celle de la Commission municipale du Québec, emprunter
pour ces fins". Le fait de supprimer cet alinéa, évidemment,
soumet l'acquisition des immeubles prévus à l'article 13,
à la procédure régulière d'approbation des
règlements d'emprunt. (22 h 15)
M. Allaire: Evidemment, M. le Président, nous pensions
qu'avec ce qui était mentionné dans ce dernier paragraphe, le
contrôle du ministre des Affaires municipales et, évidemment,
l'approbation aussi de la Commission municipale du Québec,
c'était amplement suffisant pour un projet de cette envergure. Je
n'argumente pas pour tout l'article, mais simplement pour ce dernier
paragraphe.
M. Tardif: Je remercie beaucoup la ville de Laval de la confiance
qu'elle met dans le ministre des Affaires municipales ou la Commission
municipale, mais je pense que la population de Laval, dans ce cas, est
peut-être intéressée au premier chef. Pour ces raisons, je
préférerais que la procédure régulière de
règlement d'emprunt soit maintenue.
Le Président (M. Marcoux): Le dernier alinéa est
retiré ou biffé? Est-il retiré ou biffé?
M. Allaire: Retiré, M. le Président. Le
Président (M. Marcoux): Retiré.
M. Tardif: M. le Président, j'aimerais quand même
poser une question au maire de Laval. Au paragraphe 5, on nous dit que "la
ville est autorisée à construire tout édifice ou tout
ensemble d'édifices pour fins publiques et gouvernementales, ou pour
fins résidentielles ou commerciales ou pour fins de stationnement et de
garages et; sixièmement, à louer ces édifices, à y
opérer ou à y faire opérer, par voie de concessions, tout
établissement commercial, public et semi-public." C'est quand même
très vaste comme pouvoir, par rapport à ce que l'on retrouve dans
la loi générale des cités et villes à ce chapitre,
M. le maire.
M. Paiement: M. le Président, je pense qu'on
connaît, que M. le ministre connaît déjà ce projet
qui s'inscrit dans le cadre de l'élaboration du centre-ville de Laval.
Le centre-ville de Laval est encore une notion théorique et nous sommes
à peu près la seule ville au Canada, en Amérique du Nord
et peut-être au monde, avec une collectivité de 260 000
âmes, qui n'a pas un centre-ville où peuvent converger
particulièrement les activités culturelles, les activités
sociales, les activités communautaires et les activités de tout
ordre, une sorte d'endroit où se retrouve et converge toute la
population lavalloise.
Nous pensons, à Laval, qu'il ne s'agit pas strictement de
bâtir des égouts et des aqueducs, pour faire une communauté
organisée et structurée sur le plan social et sur le plan
financier ou économique. Ce projet s'inscrit dans un contexte où,
jusqu'à ce jour, la population de Laval a été
privée des grandes institutions auxquelles une telle communauté a
droit. Egalement, le centre-ville de Laval devient et nous apparaît un
impératif pour un développement harmonieux. Laval est un immense
territoire de vingt milles de long par dix milles de large et pour faire un
développement en rayon, un développement qui n'est pas une charge
pour le contribuable mais bien un instrument de mieux-être pour le
contribuable, en d'autres termes, un développement qui est rentable
c'est-à-dire que si la ville investit $1, on peut s'attendre
à retirer $1.25 ou $1.10 et qu'en développant, on n'appauvrit pas
davantage le contribuable nous pensons qu'il faudra, à
très brève échéance, penser à un
développement qui se fasse en rayon et ceci, articulé autour d'un
centre-ville.
Or, c'est dans ce contexte que se présentent ces articles. Ce
centre-ville comprendra, bien sûr, des établissements de nature
commerciale, que ce soit le sport commercial, que ce soit une activité
artisanale à dimension commerciale; c'est dans cet esprit
particulièrement que nous présentons ce projet. On pense entre
autres à un hôtel; je pense qu'il s'agit là d'un commerce
mais qui apporte une dimension d'accueil.
M. Tardif: M. le maire, je m'excuse. Je comprends très
bien tout ce qui est impliqué par l'édification d'un
véritable centre-ville à Laval. La question que je pose est
celle-ci: Est-ce à la ville de faire tout cela, de construire des
immeubles pour des fins résidentielles, pour des fins commerciales,
est-ce à la ville de construire un hôtel? C'est là que j'ai
des questions. Ce n'est pas sur le fait qu'il puisse se faire, dans ce
centre-ville, de tels immeubles, mais bien sur le rôle de la
municipalité à construire un hôtel, des gratte-ciel, des
immeubles à appartements. C'est là-dessus que j'en ai, M. le
maire.
M. Paiement: Nous ne pensons pas que ce soit à la ville de
construire des commerces et de les louer. Par contre, il faut que la loi
permette, par exemple, d'éventuellement construire là un palais
de justice ou un hôtel de ville relié par un mail. Il pourrait y
avoir là des commerces d'accommodation où le propriétaire
foncier pourrait être la ville. La ville pourrait donner des concessions
ou louer. Pour lancer ce genre de projet, souvent, la ville doit être un
peu le moteur. C'est dans cet esprit que nous introduisons la location
d'édifices com-
merciaux. Mais la ville n'a absolument pas l'intention de se mettre
à bâtir des commerces ou de les louer.
M. Tardif: D'accord, M. le maire. Je comprends ce que vous venez
de me dire. Mais si je lis l'article 5, tel quel, la ville est autorisée
"à construire tout édifice ou tout ensemble d'édifices
pour fins publiques et gouvernementales cela va ou pour fins
résidentielles ou commerciales." Résidentielles, passe encore,
entendu que, par le biais de la Loi de la Société d'habitation du
Québec, on pourrait imaginer un rôle de la municipalité
pour des fins d'habitation, mais pour des fins commerciales...
M. Paiement: Ce que nous avons en tête, M. le ministre, ce
sont des petits commerces d'accommodation ou si...
M. Tardif: Oui, mais là ce n'est pas restrictif du
tout.
M. Paiement: Je vais vous donner un exemple plus précis.
Si, à un moment donné, toute la clientèle artisanale de
Laval ou tous les artisans de Laval voulaient exposer leurs produits et les
vendre, il ne nous paraît pas impensable que la ville puisse fournir une
accommodation qui aurait quand même un caractère commercial mais
qui aurait une vocation beaucoup plus large que strictement faire du
commerce.
M. Tardif: M. le maire, je comprends tout cela, mais avec
l'article 5, tel que libellé, rien n'empêcherait la ville de Laval
de bâtir un hôtel de 1000 places dans la place du centre ou dans le
centre-ville.
M. Paiement: Oui, mais... M. Tardif: Non, mais...
M. Paiement: Je pense qu'il va y avoir des assemblées
d'électeurs là-dessus, M. le ministre.
M. Tardif: On se comprend, M. le maire? L'article tel que
libellé permettrait cela. Ce serait plus qu'une espèce de salon
d'artisanat, là... D'accord? Je pense à des
représentations qui nous ont déjà été faites
en ce qui concerne la Place du centre à Hull, notamment, et ailleurs
également. Ne serait-il pas pensable d'essayer de mieux cerner cela ou
de nous revenir avec un projet de loi privé qui spécifie encore
mieux l'objet, ce qui est visé ici précisément?
M. Paiement: M. le ministre, c'est un projet, évidemment
il est peut-être bon de le dire qui ne se réalisera
pas en 1979, mais dans les dix, quinze ou peut-être vingt prochaines
années. De toute façon, il faudrait le faire un jour. On pourra
sans doute se revoir et revenir parce que vous serez probablement encore ici et
que je serai encore maire de Laval! Mais...
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut diviser la question? Je n'ai pas
d'objection que vous soyez là, mais j'en ai peut-être d'autres
à l'égard du ministre!
M. Paiement: Si cela répondait aux vues de cette
commission, si on enlevait le mot "commercial" pour le moment et si nous avions
des propositions particulières, on reviendra devant cette commission et
devant l'Assemblée nationale. Quant au mot "résidentiel", on
aimerait le garder. Il n'est pas impossible ou impensable que ce soit une
maison de personnes âgées ou une maison de cette nature qui
pourrait se situer près de là. On aimerait garder cette...
M. Tardif: M. le maire, étant donné que pour des
fins résidentielles, déjà, par certains pouvoirs contenus
dans la Loi de la Société d'habitation du Québec, la
municipalité peut agir, en tout cas sur le plan de certains types
d'habitations, est-ce qu'on doit quand même garder ceci, à moins
de pouvoir mieux le cerner? Je pense, notamment, qu'il y a eu, dans le cas de
la charte de Montréal l'an dernier, des pouvoirs donnés à
la ville de Montréal pour constituer un organisme sans but lucratif pour
des fins d'habitation autre que l'habitation sociale prévue dans la Loi
de la Société d'habitation du Québec. On peut très
bien l'examiner dans ce sens.
M. Paiement: On parle, ici, d'expropriation et, à ce
stade-ci, cette expropriation nous apparaît essentielle. Si on
n'exproprie pas tout le terrain situé entre le boulevard Saint-Martin,
le boulevard du Souvenir, le boulevard Marois et l'autoroute des Laurentides,
nous risquons de donner une plus-value à ce secteur et de faire profiter
des spéculateurs adjacents. Nous pensons que c'est la
collectivité qui doit profiter de la plus-value qui est donnée
à ces terrains. Tout aménagement dans ce quadrilatère, si
nous ne nous portons pas immédiatement acquéreur de sa
totalité, fera que la plus-value profitera à d'autres et ce sera
la collectivité qui aura payé pour. C'est dans cet esprit qu'on
tente d'élargir la question.
M. Tardif: M. le maire, je voudrais qu'on se comprenne. Le
pouvoir d'expropriation n'est pas en cause ici; c'est celui de construire des
édifices, des immeubles pour des fins résidentielles ou
commerciales. Le pouvoir d'expropriation n'est absolument pas en cause ici.
M. Paiement: M. le ministre, dans le même voyage, lorsqu'on
reviendra pour le commercial, on reviendra pour le résidentiel, si cela
règle le problème.
Le Président (M. Marcoux): Les paragraphes 5 et 6 sont
biffés.
M. Paiement: Non.
Le Président (M. Marcoux): Retirés?
M. Paiement: Non, on retire les mots "résidentielles" et
"commerciales".
Le Président (M. Marcoux): Au paragraphe 5, on lirait:
"à construire tout édifice ou tout ensemble d'édifices
pour fins publiques et gouvernementales, ou pour fins de stationnements et de
garages".
M. Tardif: C'est cela. M. Paiement: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): Le paragraphe 6 se lit comme
suit: "à louer ces édifices, à y opérer ou à
y faire opérer, par voie de concessions, tout établissement
public et semi-public".
M. Tardif: Le paragraphe 6 devient redondant.
M. Paiement: M. le Président, je pense que nous pourrions
cependant louer l'établissement commercial, si ce n'est pas...
M. Allaire: On ne peut pas le construire.
M. Paiement: On ne peut pas le construire, alors,
évidemment, non.
Le Président (M. Marcoux):... On biffe le mot
"commercial". Le paragraphe 5 est adopté tel qu'amendé; le
paragraphe 6 est adopté tel qu'amendé. L'article 12 sera-t-il
adopté tel qu'amendé?
M. Tardif: Un instant!
M. Lavoie: Vous enlevez le mot "commercial"...
M. Tardif: "à louer ces édifices, à y
opérer ou à y faire opérer, par voie de concessions, tout
établissement public..." Cela n'a plus de sens parce que pour
opérer des édifices publics et semi-publics, la ville n'a pas de
permission à demander; cela n'a plus tellement de sens à ce
moment-là.
M. Joron: Pour exploiter un garage ou un stationnement et le
donner en concession?
M. Tardif: La ville peut le faire. Le paragraphe 6 peut
être retiré. La ville ayant déjà le pouvoir
d'exploiter des stationnements, garages et autres, il n'y a pas de
problème là.
M. Allaire: M. le Président, comment pourrions-nous louer
au gouvernement, à ce moment-là, par exemple?
M. Tardif: Est-ce que ce n'est pas couvert par l'article 4?
Est-ce que l'article 4 ne couvre pas ce qu'on demande? (22 h 30)
M. Allaire: Je serais porté, M. le Président,
à dire oui, vu que le mot immeuble est très
général.
Si vous voulez me laisser deux secondes, je relis l'article.
M. Tardif: Si on met le paragraphe 5 avant et le paragraphe 4
après?
M. Landry: Parce qu'autrement...
M. Tardif: A l'article 5, vous avez juste les immeubles
expropriés et on atteint les fins souhaitées. Cela va?
M. Allaire: Très bien, M. le ministre.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on garde le texte,
à ce moment-là: "Les deniers provenant de ces ventes..." ou si on
le biffe également?
M. Tardif: Le paragraphe 6 est biffé, retiré. Le
paragraphe 5 devient le paragraphe 4 et le paragraphe 4 devient le paragraphe
5.
M. Allaire: Sauf, M. le Président, que je ne voudrais pas
que le dernier paragraphe soit dans le paragraphe 6. Il faudra conserver, je
pense...
Le Président (M. Marcoux): Celui qui commence par "les
deniers" demeure.
M. Allaire: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): Une seconde, s'il vous
plaît. Toujours à l'article 13?
M. Fallu: Sur l'article 13 devenu l'article 12. Le
Président (M. Marcoux): Oui, allez-y.
M. Fallu: Me permettez-vous une remarque de nature très
générale sur l'économie de ce paragraphe? Il est
accordé ici à la municipalité la permission d'exproprier.
Or, la notion même d'expropriation ne peut être que pour des usages
publics. C'est l'idée même d'une expropriation. A ce point,
d'ailleurs, on n'a qu'à penser, ici à Québec, au fameux
débat du bois des Franciscaines à côté de
l'Assemblée nationale, au problème de retourner après une
expropriation pour fins publiques à une entreprise privée ces
terrains, strictement en échange d'un terrain. L'expropriation est d'une
nature très particulière. On enlève une
propriété à un individu du fait que la
société la réclame, en a besoin. Or, l'économie
générale de cette mesure est qu'on exproprie et, ensuite, on peut
en faire des trucs commerciaux. Je ne suis pas sûr que c'est
l'intérêt public, à ce moment-là. Le mot
"commercial", on le retrouve partout, dans les articles 2, 3, etc. Cela peut
être pour vendre ces immeubles qu'on vient d'exproprier, les vendre
à l'enchère, donc les changer immédiatement de
destination, pour toute autre fin que des fins publiques, que ce soit pour des
fins résidentielles. Je regrette, mais ce ne sont pas des fins
communautaires ou des fins commerciales même si on
l'enlève ou des fins publiques. Je veux bien. C'est
essentiellement cela, l'économie d'une expropriation. Je suis
très inquiet de l'économie générale de cette
mesure. Cela ressemble étrangement à ce qui s'est passé
ici, je crois, il y a deux ou trois ans, au moment où Ste-Foy
était venue débattre un centre-ville à peu près de
même nature, avec des mesures assez similaires. L'Assemblée
nationale avait refusé à Sainte-Foy une autorisation similaire.
Je ne voudrais pas être odieux dans la comparaison, mais c'était
pour le moins analogue.
M. Allaire: Je m'excuse, M. le Président, mais je pense
que Sainte-Foy avait obtenu à ce moment-là le pouvoir. J'ai
l'article devant moi.
M. Fallu: Mais ils s'étaient fait battre en
référendum par la suite.
M. Allaire: Peut-être. Je ne suis pas ici pour... Donnez
votre avis. C'est parce que je lis l'article 28, chapitre 56, qui avait
été accordé: "Nonobstant toute loi... " On parle
très clairement d'expropriation. Même chose pour...
M. Tardif: L'article 27 de la charte de Sainte-Foy lui permet ce
genre de choses.
M. Lavoie: D'ailleurs, je diffère d'opinion avec le
député de Terrebonne. Il peut y avoir des cas de
rénovation urbaine, de réaménagement urbain où une
ville peut procéder à l'expropriation d'un secteur et, par bail
emphytéotique, peut louer un terrain pour des fins de centre d'achat et
tout.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 12 sera-t-il
adopté avec amendement?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 14
renuméroté 13?
M. Allaire: M. le Président, il s'agit d'un nouvel
article, mais qui se retrouve également dans d'autres lois, en
particulier à Sainte-Foy et Longueuil.
Il s'agit, en fait, de donner le pouvoir à la ville de Laval
d'acquérir, de gré à gré ou par expropriation, aux
fins de constituer une réserve foncière ou d'habitations. Je
pense que le même sujet a été discuté ce matin pour
Sherbrooke, si ma mémoire est bonne.
Nous avons des problèmes semblables à Laval et, en
particulier, une foule de petits lots dont les propriétaires sont un peu
partout dans le monde, ce qui fait que certaines parties de la ville ne peuvent
être développées convenablement. Nous aurons
évidemment besoin de tous les terrains disponibles à Laval, suite
au zonage agricole. Il y a des endroits où nous devrons faire des rues
et des boulevards et, dans le moment, on ne peut pas respecter les
subdivisions, les gens sont dispersés un peu partout dans le monde, il y
a des petits frontages, etc., une foule de problème, et on me dit qu'il
y a environ 20000 petits lots comme cela dans Laval. C'est un problème.
Nous voulons faire du remembrement. Il y a des secteurs qui sont importants
dans Laval et qui couvrent des étendues assez...
M. Tardif: Etant donné que nous avons accordé un
pouvoir similaire ce matin à la ville de Sherbrooke, je suis d'accord
avec l'esprit général de cet article. Cependant, je demanderais
à la ville de Laval d'introduire le même amendement que nous avons
fait ce matin pour Sherbrooke et que nous venons de distribuer sous forme de
papillon, à savoir que la ville peut et ceci serait entre le
deuxième et le troisième alinéa aliéner,
à titre gratuit ou pour un prix inférieur à celui
prévu au présent article, un tel immeuble en faveur du
gouvernement, l'un de ses organismes ou une corporation scolaire. Elle "peut".
D'accord.
M. Allaire: D'accord, M. le ministre.
M. Tardif: Et de faire disparaître l'avant-dernier
alinéa de l'article 14, c'est-à-dire que ce sera la
procédure régulière qui devra être suivie.
M. Allaire: D'accord, M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, encore là, on me dit
que, du point de vue de la langue française, cela devrait être "en
faveur du gouvernement, de l'un de ses organismes ou d'une corporation
scolaire."
M. Allaire: Nous sommes d'accord sur les virgules.
Le Président (M. Marcoux): Alors, article 13 tel
qu'amendé, adopté? Article 15, renuméroté 14.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 16,
renuméroté 15.
Une Voix: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Est-ce que
l'annexe sera adoptée?
Une Voix: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Adopté. Nous allons
revenir à l'article 2.
M. le ministre, si vous voulez bien lire le nouvel article 64.
M. Tardif: M. le Président, l'article 2 modifie l'article
64; les trois premiers alinéas de cet article seront modifiés de
la façon suivante: La municipalité verse à chacun des
conseillers comme rémunération pour les services qu'il rend
à la municipa-
lité, à ce titre et pour le dédommager des
dépenses inhérentes à sa charge, une somme annuelle
minimale de $12 500. La municipalité verse aussi au président du
comité d'administration du Régime de rentes et au
président de l'Office municipal de l'habitation de Laval pour les
services qu'ils rendent à ce titre une somme annuelle maximale
égale à la moitié de la rémunération
attachée à la fonction de conseiller, si ces postes sont
occupés par des conseillers.
La municipalité verse aussi à chacun des membres du
comité exécutif, sauf le président, pour les services
qu'ils rendent à ce titre, une somme annuelle égale à une
fois et demie la rémunération attachée à la
fonctfon de conseiller. Dans le cas du président intérimaire du
comité exécutif, cette rémunération est
fixée à deux fois celle du conseiller. La municipalité
verse aussi au président du conseil pour les services qu'il rend
à ce titre une somme annuelle égale à la moitié de
la rémunération attachée à la fonction de
conseiller. La municipalité verse aussi au maire, pour les services
qu'il rend à ce titre, une somme annuelle égale à deux
fois la rémunération attachée à la fonction de
conseiller. Lorsque le maire occupe la fonction de président du
comité exécutif, il reçoit aussi à ce titre une
somme additionnelle égale à celle d'un conseiller.
M. Allaire: Si on me laissait deux minutes, je pense qu'il y a
quelque chose qui ne marche pas dans les chiffres.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que ces cinq nouveaux
alinéas seront adoptés?
M. Allaire: M. le Président, je pense qu'on fait un peu de
charcuterie là. On commence à être fatigué. Le
dernier paragraphe du papillon que vous avez devant vous parce que le
maire n'est pas conseiller en même temps il faut que cela soit
trois fois la rémunération au lieu de deux fois. (22 h 45)
Cela veut dire trois fois $12 500, donc $37 500, plus les fonctions de
président du comité exécutif, $12 500 comme conseiller...
c'est-à-dire je m'explique mal trois fois la
rémunération d'un conseiller et une autre fois la même
rémunération, vu qu'il occupe la présidence du
comité exécutif. C'est une redondance parce que le maire occupe
toujours la fonction.
Le Président (M. Marcoux): Les cinq nouveaux
alinéas sont-ils adoptés?
Adopté. Alors, le nouvel article 2 est adopté tel
qu'amendé?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le projet de loi no 209, Loi
modifiant la charte de la ville de Laval est adopté avec
amendements.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui, M. le ministre.
Subvention à la ville de Laval
M. Tardif: Je ne sais pas si c'est à ce moment-ci, mais je
pense qu'il y a déjà un papillon qui a été remis
à la ville de Laval et qui touche directement le deuxième sujet
que cette commission doit aborder, à savoir de mettre un terme ou de
corriger en quelque sorte l'irrégularité qui provient du fait que
la ville de Laval n'a pas prélevé la taxe spéciale
imposée par les règlements adoptés en vertu des articles
33, 36, 37, etc., de sa charte.
Je crois que les procureurs de la ville de Laval ont déjà
ce papillon. Je ne sais pas s'il a été distribué. Moi, je
l'ai.
M. Paiement: M. le Président, il s'agit d'une question
assez particulière. Ce papillon touche directement au problème.
Il me semble je n'ai pas de directives à donner, loin de
là qu'il y aurait sans doute intérêt, avant de
procéder à l'adoption de ce papillon, de peut-être se
donner de part et d'autre certaines lumières sur le problème en
question, Peut-être qu'une des conséquences serait le papillon, le
problème étant global.
Avant votre permission, M. le Président, j'aimerais exposer notre
perception des choses.
M. Tardif: Si vous me permettez, je pense que nous pouvons,
à ce moment-ci de nos travaux, demander au président de suspendre
l'étude du projet de loi no 209 qui est présentement devant la
commission, avant de procéder à son adoption comme telle, et
effectivement nous engager dans cette deuxième raison en fait qui nous
réunit ici ce soir, soit l'étude de la question de la subvention
à la ville de Laval.
C'est bien évident que l'amendement, le papillon que j'ai fait
distribuer est directement relié à cette question.
Peut-être qu'on pourrait demander au ministre des Finances, tel qu'il
avait été convenu ce matin, de se joindre à nous pour
l'étude de cette question. Je ne sais pas si à ce moment-ci, les
autres membres de la commission ont des commentaires à faire avant
peut-être d'aborder la question de fond comme telle.
M. Lavoie: Personnellement, je crois qu'il appartiendrait au
maire de Laval d'exposer le problème tel qu'il l'entend, tel qu'il l'a
vécu, tel qu'il le voit.
Suite à la présentation du maire, je crois que soit le
ministre des Affaires municipales ou le ministre des Finances pourrait
intervenir et nous, ensuite, dans l'ordre que vous désirez, mais je
crois qu'on doit établir la situation. Le maire était là
dans ces années-là; le ministre des Finances n'était pas
ministre des Finances; le ministre des Affaires municipales n'était pas
ministre des Affaires municipales. Celui qui a vécu ce problème
c'est bien le maire de la municipalité. C'est à lui d'exposer sa
position.
M. Garneau: M. le Président, au moment où le
ministre des Finances s'assoit à la table, est-ce que je dois comprendre
qu'il serait permis...
Le Président (M. Marcoux): Cela a été fait.
M. Garneau: Cela a déjà été fait.
Le Président (M. Marcoux): II y a eu consentement. Est-ce
qu'il y a une proposition sur la façon de procéder.
M. Tardif: Je proposerais que nous demandions peut-être au
ministre des Finances d'intervenir à ce moment-ci pour, justement,
situer la question et, par la suite, laisser libre cours aux interventions qui
pourraient être faites aussi bien de la commission que des
représentants de la ville de Laval, si on n'y voit pas d'objection.
M. Lavoie: M. le Président, si j'ai fait cette
proposition, je crois que c'est en toute logique et pour faciliter
l'étude de ce dossier; autrement, c'est sûr que le ministre des
Finances a des prétentions que nous connaissons; le ministre des
Affaires municipales a des prétentions que nous connaissons; nous avons
nos prétentions mais la personne qui est toujours en poste, au
même titre, c'est le maire de Laval. Il est le seul survivant de l'amorce
de ce problème... au même titre.
M. Tardif: M. le Président, je soumets que finalement, ce
qui a déclenché un peu cette demande d'élargir le mandat
de la commission à cette question, c'est une décision du
gouvernement d'accorder deux subventions d'un montant de $2 225 000 à la
ville de Laval et c'est pour cette raison que je voulais demander au ministre
des Finances et président du Conseil du trésor, d'établir
ou de lancer la discussion à partir de cette décision
gouvernementale. La position de la ville de Laval ayant été
largement diffusée dans un premier temps, cela n'empêchera pas,
évidemment, que par la suite nous entendions les représentations
du maire de Laval.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je pense que nos
règles de pratique sont assez claires là-dessus. En aucun temps
où une tierce personne ou un groupe de personnes se présente
à une commission parlementaire, il est tout à fait normal
que ce soit pour un projet de loi privé ou quelque discussion que ce
soit d'entendre d'abord les invités pour ensuite laisser un
membre du gouvernement réagir et les membres de l'Opposition par la
suite. Il me semble que ce serait la logique même qui imposerait qu'on
procède de la même façon ce soir.
Je conviens que la position de la ville de Laval a été
bien diffusée mais la position du ministre des Finances aussi bien que
les prétentions des membres de l'Opposition l'ont été
également. Je pense qu'on pourrait demander à M. le maire de
résumer ou de synthétiser ses remarques le plus possible mais je
ne vois pas comment on pourrait faire un débat autour de la ville de
Laval sur une question aussi fondamentale sans qu'au moins le maire dise
quelques mots sur sa conception des choses.
M. Tardif: II n'était pas question du tout
d'empêcher le maire de...
M. Gratton: Dès le début, comme c'est la coutume
depuis que je suis ici, à l'Assemblée nationale.
M. Tardif: La coutume à l'Assemblée nationale a
aussi consisté à donner la parole aux membres de cette commission
et aux intervenants, mais peut-être bien que nous pourrions, en effet,
permettre au maire de Laval de synthétiser la position ou la
représentation de la ville de Laval pour ensuite permettre aux membres
de la commission d'intervenir.
Le Président (M. Marcoux): Y a-t-il consentement?
M. le maire.
M. Paiement: M. le Président, pour aider à la bonne
compréhension chez tous les gens qui participent à cette
discussion, j'ai tenté de résumer tout le problème dans un
petit cahier et j'aimerais vous le remettre. J'ai reproduit dans ce cahier les
pièces qui me paraissaient les plus pertinentes au dossier ainsi que les
chiffres qui appuient les prétentions de la ville de Laval. Avec votre
permission, j'aimerais que tout le monde puisse obtenir copie de ce
résumé. Ceci facilitera la compréhension, je pense, de
part et d'autre.
Je vous remercie, M. le Président, MM. les membres de
l'Assemblée nationale. Je voudrais vous dire que mes collègues du
comité exécutif et du conseil apprécient grandement avec
moi l'occasion qui nous est offerte de venir exposer les faits et d'exprimer
notre point de vue dans un dossier qui, à l'oriqine, était clair
et qui le demeure à nos yeux, même si de nombreuses interventions
ont pu contribuer à l'entourer d'une certaine confusion.
Ce dossier, en plus de recevoir un très large appui des agents
socio-économiques lavallois et de la population de Laval, traduit une
volonté non équivoque, solidaire et unanime du Conseil
municipal.
Au risque de répéter ce qui a déjà
été dit, je crois nécessaire de retracer la chronologie
des événements et d'attirer l'attention des membres de cette
commission sur leur portée et leur signification.
La fusion de Laval, une responsabilité gouvernementale
indiscutable. Il importe de situer la discussion dans son véritable
contexte pour comprendre l'importance que nous accordons à la question.
En 1964-65, la majorité des citoyens de l'île Jésus se
prononçait contre la fusion des 14 municipalités de
l'île.
M. Lavoie: Excusez-moi, mais j'ai pris connaissance de votre
présentation et je voudrais m'inscrire en faux sur certaines
prétentions que vous avez dans votre mémoire, notamment dans le
paragraphe que vous venez de lire! En 1964-65, la majorité des citoyens
de l'île Jésus se prononçait contre la fusion des 14
municipalités de l'île Jésus. J'ai beaucoup de
réserves à ce sujet parce que ce n'est pas prouvé,
même s'il y a eu quelques référendums tronqués dans
certaines municipalités qui existaient avant la fusion. Vous pouvez
continuer, M. le maire.
M. Paiement: Le 6 août 1965, dans un geste
d'autorité sans précédent, le gouvernement provincial, par
un acte législatif, décrétait quand même la fusion
de ces municipalités et créait ainsi Laval. Ce geste
d'autorité, tout en créant une entité politique et
légale, ne créait pas pour autant une collectivité saine
et équilibrée sur le plan économique, financier et
social.
Au lendemain de la fusion, les citoyens de l'île Jésus
n'étaient pas devenus pour autant des Lavallois, chacun continuant
à s'identifier à son ex-ville, tout en regardant avec beaucoup
d'appréhension l'activité dans l'ex-ville voisine.
L'industrie et le commerce ne fournissaient pas plus d'emplois et ne
contribuaient pas davantage à renforcer la trame économique. La
situation financière de la ville était des plus lamentable et le
crédit de la ville faisait dire à plusieurs que cette nouvelle
ville était vouée à la faillite, à plus au moins
longue échéance.
Les réseaux d'égouts et d'aqueduc étaient
insuffisants, disparates et inefficaces; le réseau routier réduit
à sa plus simple expression. Il n'y avait pas de plan directeur
d'aménagement. Le développement se faisait à qui mieux
mieux et, plus souvent qu'autrement, au détriment des
résidents.
La vie communautaire était réduite à sa plus simple
expression, qu'il s'agisse du sport, des loisirs socioculturels, des
bibliothèques, etc.
Les Lavallois du temps ont payé très cher ce geste
législatif et se sont vu attribuer collectivement l'étiquette peu
enviable de ville la plus taxée de la région
métropolitaine. Les Lavallois se souviennent de cela. (23 heures)
Les années 1965 à 1970 auraient eu raison de Laval et des
Lavallois, n'eussent été un dynamisme collectif et une
volonté inébranlable de s'en sortir. Les efforts fournis par les
Lavallois à cette époque, l'énergie
dépensée, le sacrifice que chacun s'est imposé sur le plan
de la qualité des services et de l'environnement socio-communautaires
ont conduit les citoyens lavallois à une profonde réflexion sur
leur milieu et, partant, à une implication collective que peu de
communautés peuvent égaler.
Les Lavallois ont été amenés à
définir leur milieu de vie et à indiquer de façon...
M. Fallu: C'est seulement un point de règlement
auprès du président. Je viens de regarder l'heure; la commission
doit nécessairement lever le siège à minuit. Le texte
qu'on a devant les yeux, si on l'avait eu auparavant, j'imagine que cela aurait
pu simplifier la présentation, d'une part c'était sans
doute une question de stratégie. D'autre part, il me semble que ce qu'on
a demandé tout à l'heure, c'était une présentation
relativement courte. Je vais demander au président de nous donner une
directive relativement à cela. Je ne sais trop si vous avez
minuté le texte, M. le maire, mais j'imagine que cela peut durer une
heure, pour le moins.
M. Paiement: M. le Président, il m'apparaît
essentiel à la bonne compréhension de bien situer le milieu
socio-économique lavallois pour comprendre la réaction de la
population lavalloise. Ensuite, on en arrivera aux pièces qui
m'apparaissent importantes et fondamentales.
M. Lavoie: M. le Président, je vois mal le parrain du
projet de loi bâillonnant son filleul. Donnez la chance à la ville
de s'exprimer. Si on n'avait pas interrompu, on aurait déjà trois
ou quatre pages de parcourues déjà. On en arrive à la
chronologie.
M. Paiement: Les Lavallois ont été amenés
à définir leur milieu de vie et à indiquer de façon
non équivoque quelle sorte de ville ils voulaient bâtir.
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Puisqu'on m'a
posé une question de directive, à savoir si vous auriez le temps
de lire tout le mémoire, je pense qu'il y aurait une question
préalable à trancher, c'est: Quelle est la volonté de la
commission. Les membres de la commission désirent-ils se rencontrer
à nouveau pour approfondir le débat en question ou
désirent-ils qu'on ajourne les travaux sine die sans nouvelle rencontre?
Je pense que si on désire terminer ce soir, à l'heure
prévue par le règlement, à minuit, l'objectif si je
me souviens bien de ce qui a été dit étant qu'il y
ait des échanges entre les membres de la commission et nos
invités, il est évident que, s'il y a lecture du mémoire
au complet, il ne pourra pas y avoir d'échanges.
Donc, l'objectif qui a été fixé à cette
commission, ou l'invitation, ne pourra être atteint. Je pense qu'il y a
une question préalable qui doit être décidée, c'est:
Est-ce que nos travaux se terminent à minuit sans qu'il y ait à
nouveau convocation de la commission parlementaire, soit pour compléter
l'étude du projet de loi, puisqu'on a dit qu'il y aurait possiblement
des amendements, soit pour entendre la municipalité.
J'aimerais avoir l'avis des membres de la commission avant de...
M. Lavoie: M. le Président, je comprends que les
autorités de Laval, aujourd'hui, ont acquiescé à ce que le
retour prioritaire, qui devait avoir lieu dès 10 heures ce matin, ait
été cédé à trois autres
municipalités, soit Sherbrooke, Varennes et Saint-Eustache. En ce qui
nous concerne, étant donné
qu'il y a d'autres travaux demain et que plusieurs personnes de Laval,
membres du conseil, fonctionnaires et autres, sont ici, nous serions d'accord
pour donner notre consentement et dépasser minuit jusqu'à 1
heure, disons. Je pense bien qu'en deux heures, on pourrait faire le tour de la
question. S'il y a consentement de la commission, oui.
Le Président (M. Marcoux): S'il y a consentement de la
commission, la commission a toujours le droit de dépasser les heures qui
lui sont fixées par la Chambre. Est-ce qu'il y a consentement?
M. Lavoie: Cela fait assez longtemps qu'on parle de ce
problème. On est aussi bien de faire le tour de la question une fois
pour toutes. Ce n'est pas un débat de fond. C'est un débat de
fait. C'est de voir ce qui s'est passé. J'espère que tout le
monde veut la vérité.
M. Parizeau: Pour le ministre des Finances, un débat de
fond ou un débat de fait, c'est toujours la même chose.
M. Lavoie: Prenez le terme qui fait votre affaire. Tout le monde
est là. Cela fait assez longtemps qu'on se chamaille sur cette question.
Je pense qu'on pourrait voir le fond des choses.
M. Cordeau: M. le Président, je crois qu'on ne devrait pas
prendre 15 ou 20 minutes pour savoir si on va continuer à les entendre
ou non. On devrait continuer immédiatement et à minuit, voir
où en est le débat et continuer, si on veut.
Le Président (M. Marcoux): Selon la décision qui
sera prise, à savoir poursuivre ou ne pas poursuivre après
minuit, la décision que j'ai à rendre à la suite de la
demande du député de Terrebonne sera différente.
M. Cordeau: Quitte à continuer après minuit, minuit
et quart ou minuit et demi, s'il faut vider la question. Il va falloir
s'habituer. Toute la semaine, on va dépasser minuit, tous les soirs
à l'Assemblée nationale. On est aussi bien de commencer ce
soir.
M. Gratton: M. le Président, du côté de
l'Opposition, il y a consentement. Peut-on savoir du gouvernement s'il entend
donner le consentement pour aller jusqu'à une heure?
M. Lavoie: Je pense bien que mes collègues... Cela fait
assez longtemps, quand même.
M. Landry: Je n'étais pas là.
M. Lavoie: Vous n'étiez pas là. C'est le temps de
vous renseigner sur ce qui s'est passé quand même. Tout le monde
veut la vérité, non? Que justice soit faite.
Commençons.
M. Tardif: ... Sur l'historique de la fusion...
M. Lavoie: M. le maire, pouvez-vous passer à la page 6,
"L'affaire des $4 500 000 ou les taxes ex-ville?
Le Président (M. Marcoux): D'abord, je voudrais avoir une
décision immédiate puisqu'on en a discuté. Est-ce qu'on
accepte de dépasser minuit?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Deuxièmement,
est-ce que la suggestion du député de Laval de poursuivre
jusqu'à une heure est acceptée?
M. Cordeau: Si on peut finir avant... M. Lavoie: Oui, si
nécessaire.
M. Cordeau: Ce n'est pas une obligation de finir à une
heure.
M. Lavoie: Comme M. le ministre des Finances est
considéré comme un homme brillant, je suis convaincu qu'on pourra
le convaincre avant une heure du bien-fondé de nos
prétentions.
Une Voix: Est-ce qu'on peut commencer...
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! Y a-t-il
consentement pour poursuivre jusqu'à une heure? Oui?
M. Lavoie: Commençons.
Le Président (M. Marcoux): M. le maire, je vous
demanderais, pour qu'on puisse avoir la discussion que tout le monde souhaite
depuis un mois, s'il vous est possible de résumer, d'ici 23 h 30, pour
que le débat s'engage.
M. Paiement: Je vais faire mon possible, M. le Président;
le plus rapidement possible. "Le consensus s'est progressivement établi
autour d'un concept d'équilibre..." Sautons le paragraphe. "Laval, qui
risquait au départ, de devenir la ville bâtarde de la
région "...
M. Lavoie: Vous pouvez sauter ce paragraphe aussi. Je n'accepte
pas "la ville bâtarde". D'accord?
M. Paiement: Très bien. La page 5 me paraît
importante. "Si le 6 août 1965, l'Assemblée nationale, agissant au
nom et dans l'intérêt de la collectivité
québécoise, jugeait nécessaire de faire supporter à
cette ville nouvellement créée un fardeau anormalement
élevé, nous comprenons mal qu'au nom de cette même
collectivité québécoise aujourd'hui on ne se sente pas
engagé et qu'on veuille se désister.
C'est à la lumière de ces considérations que
j'aimerais revoir ce qui est maintenant appelé l'affaire des $4 500 000
ou les taxes ex-ville. Son origine juridique; en substance, l'article 33 de
la
charte de Laval énonce le principe que toutes les dettes et
obligations encourues par les municipalités, qui existaient dans le
territoire de la ville avant sa création, sont payables par les
contribuables de chacune de ces ex-municipalités, sauf celles qui ont
été encourues pour le bénéfice de plusieurs ou de
l'ensemble.
Une affaire de $45 millions; il s'agissait de $21 564 000 remboursables
jusqu'en l'an 2008 et un déficit consolidé de $6 664 012
remboursables jusqu'en l'an 2005, pour un total, capital et
intérêts, de $45 millions.
Ces taxes étaient des taxes foncières
prélevées selon la valeur des immeubles imposables dans chacune
des ex-municipalités. Ces taxes étaient prélevées
annuellement jusqu'en 1975 exclusivement, c'est-à-dire jusqu'au moment
de l'entente entre le gouvernement et la ville de Laval.
Ses conséquences pratiques. Des disparités fiscales, un
caractère punitif odieux; un obstacle majeur au développement de
la ville et la persistance, après dix ans, de ces taxes,
l'administration municipale devant continuer de gérer quatorze
municipalités avec toutes les complications administratives qu'une telle
situation pouvait engendrer.
La nécessité d'une intervention gouvernementale. Les
objectifs de la fusion: créer l'unité socio-économique
d'un territoire. L'auteur de la fusion, en page 10 si jamais j'allais
trop vite, vous me le direz, M. le Président la Charte de la
ville est une loi provinciale votée par l'Assemblée nationale et
amendée par cette dernière. Les dispositions législatives
qui ont amené la création des taxes exville étaient
contraires à l'esprit de la fusion, en ce sens qu'elles maintenaient,
car le biais de la taxation, le démembrement engendré par la
création des anciennes municipalités en imposant des taxes
particulières selon les anciens territoires. C'était un paradoxe
qui ne pouvait être corrigé que par l'auteur de la fusion,
c'est-à-dire l'Assemblée nationale.
La dilemme juridico-politique. Un amendement à la charte qui
aurait éliminé les taxes d'ex-municipalité sans
éteindre, en même temps, les dettes particulières qui
avaient engendré ces taxes aurait créé une nouvelle
injustice, puisqu'il aurait obligé l'ensemble des citoyens de Laval
à payer des dettes créées par des anciennes
municipalités pour des biens qui n'avaient pas
bénéficié ou qui ne bénéficieraient pas
à l'ensemble de la ville.
La subvention annuelle de $4,5 millions. La solution pratique la plus
équitable était que la province prenne à sa charge le
service de la dette ayant donné lieu à l'imposition des taxes
ex-ville afin d'éliminer la situation discriminatoire engendrée
par l'Assemblée nationale lors de l'adoption de la Charte de la ville de
Laval.
C'était en même temps une compensation pour l'absence de
subvention spéciale au moment de la fusion et pour les dépenses
supplémentaires occasionnées par des mesures telles que le
retrait de ta Sûreté du Québec du territoire de Laval en
matière d'enquêtes criminelles au lendemain de la fusion ou,
encore, l'abandon de l'entretien de quelque 150 milles de chemins publics par
le ministère de la Voirie entre 1966 et 1971. Je dois dire ici qu'en
1967, la ville de Laval a eu une subvention décroissante, sur une
période de dix ans, de $5,5 millions.
Le gouvernement devait, d'ailleurs, reconnaître le
bien-fondé de notre réclamation. Cette solution, adoptée
par le gouvernement antérieur, a été cause de la
suspension des taxes d'ex-ville, non imposées depuis 1975.
C'est ainsi qu'après de nombreux échanges avec le ministre
des Affaires municipales du temps, je recevais, le 16 décembre 1974, une
lettre m'avisant que le gouvernement accordait, en 1975, une subvention de $4,5
millions. Cette lettre du ministre des Affaires municipales se lisait comme
suit: "II me fait plaisir de vous informer que le gouvernement accordera
à la ville de Laval en 1975 une subvention de $4,5 millions. Cette somme
a été calculée en tenant compte particulièrement de
la dette en capital et intérêts assumée par votre ville
pour les quatorze anciennes municipalités qui l'ont composée et
représente les taxes et déficits de celles-ci. D'ici l'an
prochain, nous étudierons de nouveau cet aspect particulier de votre
problème financier en y cherchant une solution à plus long terme.
J'ai compris avec grande satisfaction que cette subvention vous permettra
d'abolir dans votre prochain budget la taxe des locataires". Signée:
Victor-C. Goldbloom. ministre des Affaires municipales.
Les termes de l'entente. Il est clair, à la lecture de cette
lettre, qu'il s'agit d'une mesure provisoire s'appliquant à
l'année 1975 seulement, mais il est clair également que le
gouvernement se propose d'étudier de nouveau cet aspect particulier de
notre problème financier en y cherchant, pour l'année suivante,
une solution à plus long terme.
La taxe de locataire. Dans sa lettre, le ministre fait également
référence à la taxe de locataire que cette subvention nous
permettrait d'abolir dans le budget de l'année suivante. Je dois
expliquer qu'à cette époque Laval percevait une taxe de locataire
de 4% sur la valeur locative, laquelle taxe causait préjudice aux
locataires et n'était pas plus souhaitée par le gouvernement du
temps que par l'actuel gouvernement. (23 h 15)
Dans le contexte de l'entente qui venait d'être conclue,
l'administration municipale consentait à abolir cette taxe qui
représentait en 1975 $1639 000, et qui représenterait en 1978 $3
571 816. Ce manque à gagner, Laval ne se le serait jamais permis si le
gouvernement ne s'était pas engagé à absorber le service
de la dette des anciennes villes dont il est question dans ce dossier.
La solution à long terme dont parle dans sa lettre le ministre
des Affaires municipales du temps nous était dévoilée
quatre mois plus tard, le 17 avril 1975, dans le discours du budget 1975/76 du
ministre des Finances, M. Raymond Garneau. "Dans certains cas, la fusion de
municipalités peut donner lieu à une taxe "ex-ville" qui a pour
but de financer le service de la dette pour des emprunts
contractés avant la fusion. Dans le cas particulier de la ville
de Laval, certains contribuables locaux ont supporté le fardeau de cette
taxe pendant dix ans. L'an dernier, nous avons versé une subvention de
$4 500 000 pour libérer ces contribuables de cette taxe
particulière. Une subvention sera versée annuellement
jusqu'à la disparition complète de la dette dont la taxe
"ex-ville" finançait le service."
C'était là, de toute évidence, la réponse du
gouvernement à la proposition que j'avais formulée deux mois
auparavant dans une lettre du 25 février 1975 que j'avais
adressée à l'honorable Raymond Garneau et dont voici la teneur:
"Je vous réfère à nos négociations
antérieures au sujet de l'élimination des taxes "ex-ville", sujet
qui revêt une extrême importance pour l'avenir de la ville de
Laval. J'ai également eu le plaisir de rencontrer récemment M. le
ministre Goldbloom avec qui j'ai discuté de la possibilité
d'extension du montant de la subvention déjà accordé
à Laval pour 1975, soit $4 500 000. A la lumière de ces
discussions qui, je le crois, reflètent les politiques de votre
gouvernement, je vous demande officiellement d'absorber le service de la dette
des taxes "ex-ville" jusqu'à extinction complète. Le montant
total est d'environ $45 millions. Peut-être serait-il plus simple et plus
avantageux, et pour le gouvernement et pour la ville, d'établir un
montant forfaitaire pour les dix prochaines années, totalisant $45
millions, réparti au rythme de $4 500 000 par année pendant dix
ans. La décision vous appartient. De notre côté, il nous
semble extrêmement difficile de réinstaller pour les années
à venir ces taxes que nous venons d'éliminer." Lucien Paiement,
maire de Laval.
Ce chapitre du discours du budget traduisait également, de
façon concrète, la décision prise par le ministre des
Affaires municipales, M. Victor Goldbloom, et le ministre des Finances, M.
Raymond Garneau, tel qu'exprimée dans la lettre que ce dernier
m'adressait le 7 mars 1975, et je cite les deux premiers paragraphes de cette
lettre parce que je reviendrai ultérieurement à cette même
lettre. "J'ai reçu votre lettre du 25 février dans laquelle vous
exposiez le problème des taxes "exville" pour les années à
venir. Nous sommes en discussion avec les autorités du ministère
des Affaires municipales et le ministre Victor Goldbloom ou moi-même
pourrons vous informer de la décision qui sera prise en temps
utile."
Le gouvernement admettait donc sa part de responsabilité quant
aux disparités fiscales engendrées par la fusion et quant
à l'illogisme et à l'injustice de cette situation pour les
nouveaux Lavallois. Il reconnaissait également l'effort fait par la
ville en éliminant la taxe des locataires. Cette solution plaçait
tous les contribuables jouissant des mêmes services sur un pied
d'égalité et permettait ainsi de concrétiser, sur le plan
fiscal, l'objectif d'uniformité recherché par la fusion sans
pénaliser aucun contribuable. Le caractère permanent de cet
engagement de la province envers les Lavallois devait se confirmer par la
suite. Pour les deux exercices financiers subséquents,
c'est-à-dire 1976/77 et 1977/78, les discours du budget ont fait
état, en effet, dans une note marginale ou dans les renseignements
supplémentaires, de la subvention spéciale devant être
versée à la ville de Laval. Je recevais, effectivement, le 10 mai
1977 la lettre suivante signée par Guy Tardif, ministre des Affaires
municipales: "Vous trouverez ci-joint un chèque au montant de $4 500
000, représentant une subvention accordée à votre
municipalité en vertu de l'arrêté en conseil numéro
1017-77 du 30 mars 1977 afin d'aider les contribuables de votre
municipalité à financer le service de la dette pour des emprunts
contractés avant la fusion." Signé: Guy Tardif, ministre des
Affaires municipales.
Le cheminement de l'entente. Dans un communiqué émis par
le ministère des Affaires municipales daté du 29 novembre 1978 et
reproduit en annexe, le ministre fait appel à une lettre de Raymond
Garneau, à un énoncé de politique d'aide au transport
urbain de M. Raymond Mailloux et à un chèque de $2,5 millions
versé à la Commission de transport de Laval en 1974.
Cette annexe intégrée dans ce rapport est
extrêmement importante puisqu'elle vient du ministère des Affaires
municipales et elle s'intitule: "Laval: position de Guy Tardif. Québec,
le 29 novembre 1978. Dans un extrait du journal des Débats du 16
novembre 1978, le ministre des Affaires municipales, M. Guy Tardif,
résume l'historique sur la question des subventions qui auraient
été promises à la ville de Laval par l'ancien
gouvernement". "M. Tardif: M. le Président, j'espère qu'on me
donnera une minute de plus, comme on l'a fait pour le député de
Laval". "Avant de commencer le compte à rebours, j'aimerais
préciser que ce dossier est complexe puisqu'il y a des pièces au
ministère des Transports, au ministère des Finances, au Conseil
du trésor, au ministère des Affaires municipales". "M. Tardif
poursuit: "M. le Président la question du député de Laval,
je la comprends; il a fait un historique, c'est normal, il a été
actif dans le dossier de la fusion il y a une dizaine d'années. Et c'est
normal il n'était peut-être pas tellement renseigné
des décisions qui étaient prises au Conseil du trésor et
au conseil des ministres parce que ses fonctions de président de
l'Assemblée nationale l'empêchaient de siéger dans ces
enceintes qu'il n'ait pas été tellement au courant des
décisions qui ont été prises. "Cependant, la
vérité a ses droits, à moins que le député
de Jean-Talon, ex-ministre des Finances, et que le député de
Charlevoix, ex-ministre des Transports, veuillent renier leur signature, ce
qu'ils peuvent toujours faire. Mais ce qu'ils ne peuvent pas faire, c'est de
renier les pièces ou les documents publics, les comptes publics qui
attestent des entrées et des sorties de fonds publics". "Or, je pense
qu'il leur appartient de rétablir la vérité et surtout de
renseigner le député de Laval sur ce qui a été dit,
sur ce qui a été pris comme
décision dans ces dossiers, à moins que la
vérité n'intéresse pas le député de Laval
qui est plus intéressé à faire de la démagogie dans
ce dossier qui est fort complexe, ainsi qu'il l'a souligné. "Je dis que
le député de Laval fait de la démagogie, M. le
Président, quand il. veut se poser en défenseur de la ville de
Laval et faire paraître l'actuel gouvernement comme celui qui fait la vie
dure à cette municipalité, alors que c'est tout le contraire qui
s'est produit. C'est l'Opposition qui a coupé les vivres à la
ville de Laval et c'est l'actuel gouvernement qui est venu en aide à
cette municipalité. J'en veux trois preuves. La lettre du ministre des
Finances du temps, M. Garneau, le 7 mars 1975 qui dit au maire Paiement: "Si ma
mémoire est fidèle, à la suite des rencontres que nous
avons eues avec le ministre des Affaires municipales, il avait
été décidé d'accorder une subvention de $4,5
millions pour les taxes ex-villes pour l'année 1975 et que ville de
Laval pouvait dans ces circonstances prendre la responsabilité
financière du déficit prévu à la Commission de
transport de Laval. "Première pièce. A moins que le
député de Jean-Talon veuille renier sa signature,
évidemment, on pourra mettre cela en doute".
M. Tardif poursuit: "Deuxième pièce, politique
d'aide du gouvernement au transport urbain du député de
Charlevoix, ex-ministre des Transports qui dit ceci, en décembre 1975:
"La Commission de transport de Laval ne bénéficiera des
subventions au déficit que lorsque le programme spécial à
ville de Laval, administré par le ministère des Affaires
municipales aura pris fin. On sait que cette municipalité touche
directement chaque année un montant forfaitaire en paiement des
déficits des anciennes municipalités formant aujourd'hui la ville
de Laval". Deuxième pièce au dossier qui est difficile à
renier". "Evidemment, ce qui est encore plus difficile à renier, c'est
de concilier les chiffres. En 1974, l'ancien gouvernement a émis, pour
les fins du transport en commun à Laval, un chèque de $2,5
millions au titre du transport en commun. En juillet 1975, à la suite de
l'annonce d'un paiement forfaitaire de $4,5 millions pour les taxes ex-villes,
on émettait un chèque de $4,5 millions mais on ne donnait pas un
rond pour le transport en commun, pour bien montrer comment c'était
lié, tout cela". "En 1976, l'ancien gouvernement a donné, pour
les fins du transport en commun, $2 millions mais pas un rond au chapitre du
montant forfaitaire de $4,5 millions. C'est l'actuel gouvernement qui a
versé l'argent au mois de mai 1977. En 1976, sous l'ancien gouvernement,
il n'y a pas eu un cent de donné à la ville de Laval, M. l'ancien
Président". "M. le Président, nous sommes d'accord pour venir en
aide à la ville de Laval. Le fait est que nous l'avons fait alors que
l'ancien gouvernement avait coupé les subventions à la ville de
Laval. Lorsqu'on vient nous dire que la ville devra augmenter ses taxes, je
m'excuse, c'est absolument faux. Nous avons étalé la subvention
de $4 500 000 en deux subventions de $2 250 000 sur deux ans. Il ne sera pas
nécessaire à la ville de Laval d'augmenter ses taxes. Ce trou de
$9 millions n'existe que dans l'imagination du député de Laval et
les prospectus et les ventes d'obligations de Laval peuvent très bien
s'effectuer, puisque cette ville possède une situation financière
fort convenable. ' "La seule raison pour laquelle les subventions ont
effectivement été versées jusqu'à maintenant, c'est
que précisément les pièces étaient
éparpillées dans trois ministères." "La situation est
claire et nette, nous allons aider la ville de Laval jusqu'à ce que la
réforme de la fiscalité soit venue se substituer à ces
méthodes ad hoc, ponctuelles qu'avait l'ancien gouvernement de donner
des subventions dites d'équilibre budgétaire."
J'ai cité cette annexe, M. le Président, parce que je
trouve qu'elle s'inscrit au fond du débat. Or, je reprends les 3
preuves: 1) lettre de M. Garneau du 7 mars 1975, consignée au journal
des Débats.
Je reproduis cette lettre, ainsi que celle adressée à M.
Raymond Mailloux, dont il est fait mention dans la lettre. Les deux premiers
paragraphes, je vous les ai lus. Je cite le troisième paragraphe. Cette
lettre m'est adressée, et elle est signée par Raymond Garneau. "H
y avait, attachée à votre lettre, copie de celle que vous
adressiez à M. Raymond Mailloux, dans laquelle vous lui indiquiez votre
désir d'obtenir une subvention pour le déficit de la Commission
de transport. Si ma mémoire m'est fidèle, à la suite des
rencontres que nous avons eues avec le ministre des Affaires municipales, il
avait été décidé d'accorder une subvention de $4
500 000 pour les taxes ex-ville pour l'année 1975 et que la ville Laval
pouvait, dans ces circonstances, prendre la responsabilité
financière du déficit prévu à la CTL. Il m'est donc
difficile d'expliquer la raison qui motive cette lettre à mon
collègue, le ministre des Transports ".
Et c'est signé: Raymond Garneau.
La lettre, dont il est fait mention dans cette lettre de M. Garneau, et
que j'adressais à M. Mailloux, est la suivante: "Afin de mieux
répondre aux besoins de la collectivité lavalloise, le
gouvernement adoptait en 1971 une loi créant la Commission de transport
de Laval. Cette entreprise fut mise en place au prix de dépenses
exceptionnelles, auxquelles vinrent immédiatement se greffer d'imposants
déficits d'exploitation."
Or, je cite ici les déficits de 1973 et les déficits
budgétés de 1974 et je réclame une subvention au
déficit du transport. "A cette époque, le gouvernement, qui
n'avait pas de politique arrêtée dans le domaine du transport
public, avait tout de même entrepris une action de support auprès
des différentes Commissions de transport du Québec, que ce soit
la CTCUM, la CTCUQ ou la CTCRO, le gouvernement absorbait une large part des
déficits d'exploitation de ces commissions, les montants pouvant
atteindre 50% dans certains cas.
J'étais donc justifié, dans ce contexte, de
réclamer un traitement analogue pour absorber le déficit de la
CTL pour 1975 ainsi que pour 1973 et 1974, années pour lesquelles la
ville n'avait reçu aucune aide, contrairement à ce qui a
été affirmé à l'Assemblée nationale."
"D'autre part, la lettre de M. Garneau affirme clairement que le gouvernement
n'entendait pas absorber le déficit prévu en 1975 au chapitre du
transport public, à Laval. En aucun temps, il ne fut question des
années subséquentes."
L'énoncé d'une politique d'aide au transport urbain, au
Québec, dont il est question dans le communiqué des Affaires
municipales;
En page 11, je cite: "La Commission de transport de Laval ne
bénéficiera des subventions aux déficits que lorsque le
programme spécial d'aide à la ville de Laval, administré
par le ministère des Affaires municipales, aura pris fin. On sait que
cette municipalité touche directement, chaque année, un montant
forfaitaire, en paiement des déficits des anciennes municipalités
formant aujourd'hui la ville de Laval.
Cette insertion à "l'énoncé d'une aide au transport
urbain au Québec ", tout en confirmant le caractère permanent et
annuel de la subvention de $4,5 millions, introduisait une distorsion et
traitait de problèmes fort différents. C'est pour cette raison
que le 21 janvier 1976, j'adressais à M. Raymond Mailloux une longue
lettre reconstituant les faits et dénonçant ladite insertion.
Voici, d'ailleurs, le contenu des pages 6 et 7 de la lettre que
j'adressais à M. Mailloux: "Après un énoncé de
politique qui se veut clair et cohérent et applicable à toute la
province, je trouve fort curieux, pour ne pas dire davantage, que la ville la
plus importante du Québec par sa population, après la ville de
Montréal, soit considérée comme ne faisant pas partie de
la province en matière de transport en commun, lorsqu'il s'agit
d'appliquer votre nouvelle politique, après avoir admis quelques pages
auparavant, qu'elle était au nombre des cinq commissions de transport
mises en place dans les principales agglomérations urbaines du
Québec." (23 h 30) "Je trouve cette exclusion d'autant plus arbitraire
que le prétexte invoqué n'a rien à voir avec les questions
de transport en commun et que, d'autre part, on semble insinuer que la ville de
Laval est la seule corporation municipale à bénéficier de
subventions du ministère des Affaires municipales. Me
référant à votre déclaration du 17 novembre 1975,
en particulier au paragraphe traitant de l'ensemble des contributions
gouvernementales aux commissions de transport et à la dette du
métro depuis 1973, j'ai cherché une explication à
l'inexplicable en faisant requérir par les officiers de la ville le
détail des contributions versées par le gouvernement aux diverses
commissions de transport et aux communautés urbaines et corporations
municipales responsables, comme la ville de Laval, des déficits
d'exploitation des services de transport en commun dans leur territoire afin de
savoir si la ville de Laval et la CTL auraient reçu quelque traitement
de faveur par rapport à ces organismes, traitement de faveur qui
pourrait justifier une exclusion aussi draconienne d'un programme d'aide
gouvernementale".
Je poursuivais en ces termes: "Pour votre information, je joins à
la présente une série de trois tableaux énumérant
les diverses subventions reçues de votre ministère ou du
ministère des Affaires municipales par les cinq principales
agglomérations ayant donné lieu à la création de la
commission de transport. Votre ministère, s'étant
révélé incapable de nous fournir le détail de ses
déboursés, si ce n'est au chapitre des subventions à
l'achat d'équipement roulant, nous avons dû recourir à
diverses sources, plus particulièrement aux organismes ayant
supposément bénéficié de ces subventions.
Même si ces chiffres obtenus ne correspondent pas exactement à
ceux que vous présentez, nous croyons avoir obtenu une image assez
proche de la vérité pour pouvoir conclure que de toutes les
subventions versées par votre ministère et le ministère
des Affaires municipales depuis 1971, la ville de Laval et la CTL non seulement
n'ont pas reçu de traitement de faveur dans le partage des subventions
provinciales en matière de transport en commun, mais qu'au contraire
elles ont été traitées en parent pauvre n'ayant
touché qu'à peine 0,66% des contributions provinciales, soit la
plus faible proportion des sommes distribuées aux cinq commissions de
transport auxquelles vous faites référence ou aux organismes
municipaux qui en sont responsables financièrement, y compris la
Commission de transport de la rive sud de Montréal, dernière
née des commissions de transport créées par le
gouvernement provincial". "J'estime donc comme non avenue et extrêmement
malheureuse l'insertion à votre énoncé de politique des
deux paragraphes cités plus haut et je me dois de protester, au nom de
la population de Laval, contre le traitement discriminatoire qu'on semble
vouloir réserver à une municipalité qui, par ailleurs,
s'efforce depuis dix ans de relever le défi de l'unification physique
d'un territoire antérieurement soumis au développement
désordonné et qui, de plus, devrait supporter l'odieux fiscal
pour des citoyens jouissant des mêmes services, système qu'a voulu
corriger le ministère des Affaires municipales dans le programme auquel
vous vous référez, comme en fait foi la lettre au
soussigné de l'honorable Victor-C. Goldbloom, ministre des Affaires
municipales et de l'environnement, en date du 16 décembre 1974, ainsi
que le discours sur le budget pour l'exercice 1975/76 prononcé à
l'Assemblée nationale du Québec par l'honorable Raymond Garneau,
ministre des Finances".
Cette mise au point a eu pour résultat que le ministère
des Transports a intégré la CTL et la ville de Laval dans son
programme d'aide au transport en commun dès la première
année de son application, soit 1976. Elle n'a cependant pas
résolu le problème des déficits antérieurs de la
CTL que la ville de Laval a dû absorber seule contrairement à la
pratique suivie pour toutes les autres commis-
sions de transport. Ces déficits portaient sur les années
1973, 1974, 1975 et représentaient un manque à gagner de $4 100
000.
Le 12 mars 1976, dans une lettre adressée au ministres des
Affaires municipales, M. Victor Goldbloom, je résumais la situation
ainsi: "Depuis l'envoi de cette lettre celle que je viens de vous lire
adressée le 21 janvier à M. Mailloux j'ai eu l'occasion de
rencontrer les autorités du ministère des Transports et il semble
maintenant acquis que, dès 1976, la ville de Laval n'aura pas à
souffrir de traitement discriminatoire quant à la politique de transport
en commun que le ministère des Transports se propose de mettre en
vigueur incessamment. La ville de Laval devra donc compter sur une subvention
du ministère des Transports pour partie du déficit à
encourir durant le présent exercice financier ainsi que pour le solde
des $93 000 qui touchaient une étude faite par la firme DeLuc".
En d'autres termes, le ministère des Transports maintient la
politique proposée dans le communiqué du mois de décembre
1975 et admet le bien-fondé de notre argumentation en renonçant
à considérer la ville de Laval comme un cas d'exclusion
temporaire dans l'application de son programme. Il refuse toutefois de
considérer la réclamation de la ville de Laval pour la
période où l'aide financière au transport en commun
était administrée par le ministère des Affaires
municipales.
Dans les faits, le gouvernement nous accordait raison lorsque, en 1976,
il participait au déficit de la CTL sur la même base que les
autres commissions de transport et continuait également de verser la
subvention annuelle de $4,5 millions. En aucun moment, cette participation au
déficit du transport public à Laval n'a été remise
en question.
L'aide au transport en commun en 1974 dont il est question dans le
communiqué du ministère des Affaires municipales. En aucun
moment, en 1974, le gouvernement n'a participé au déficit de la
CTL. En 1974, le déficit de la CTL a été totalement
absorbé par la ville de Laval, soit $3 279 405.
Quand le ministre nous parle de $2,5 millions au titre du transport en
commun en 1974, nous aimerions savoir de quoi il parle.
Rupture unilatérale du contrat. Ce n'était pas la fin de
nos difficultés. Voici, en effet, que malgré le discours du
budget du ministre Jacques Pari-zeau pour l'exercice 1977/78,
déposé le 1er avril 1977 (à la page 30 du document
Renseignements supplémentaires), nous n'avions pas encore touché,
le 22 septembre 1978, la subvention de $4,5 millions applicable à
l'année 1977. Le gouvernement invoqua l'argument des surplus
budgétaires de la ville de Laval pour proposer un arrangement sur la
base d'un montant réduit.
De plus, sans aucune négociation préalable et sans
avertissement, le gouvernement a omis de faire mention de la subvention
spéciale à la ville de Laval dans le discours du budget
1978/79.
Face à cette attitude, je reformulais ma demande de subvention
dans une lettre datée du 22 septembre 1978 adressée au ministre
des Affaires municipales, lui disant: "Votre gouvernement est évidemment
maître de ses décisions et il lui appartient d'instaurer les
politiques qu'il juge les plus justes et les mieux adaptées aux besoins
de la population. Dans le cas présent, toutefois, son attitude ressemble
étrangement à une rupture unilatérale de contrat puisque,
selon la correspondance échangée avec l'ancien ministre des
Finances, la déclaration du discours du budget 1975/76 ne peut
être interprétée autrement que comme un engagement à
verser pendant dix ans une subvention annuelle de $4,5 millions devant servir
au paiement jusqu'à échéance de remboursements de capital
et d'intérêts pour des dettes encourues par les anciennes
municipalités et qu'il ne serait pas équitable de faire payer par
l'ensemble des Lavallois. "Notre erreur est peut-être d'avoir fait
confiance au gouvernement et de n'avoir pas exigé une loi ratifiant
cette entente et annulant l'obligation pour la ville d'imposer les taxes
ex-ville selon les règlements en vigueur. Conformément à
l'entente intervenue et jamais dénoncée jusqu'à ce jour,
la ville de Laval a budgétisé, en 1977 et 1978 un revenu de $4,5
millions sous forme de subvention provinciale et ce manque à gagner
placerait les autorités municipales dans l'obligation d'imposer
rétroactivement ses contribuables, en réinstaurant pour les
années 1977 et 1978 les taxes ex-ville que l'administration a
cessé de percevoir depuis 1975". "Nous n'avons pas d'objection, si tel
est son désir, à ce que le gouvernement cesse cette contribution
annuelle à compter de 1980, pour autant que, dans la réforme
fiscale et le nouveau régime de subventions statutaires proposé,
il tienne compte de ce problème et trouve le moyen de ne pas
pénaliser les Lavallois. Nous croyons toutefois que toute modification
à l'entente antérieurement à cette date serait hautement
injuste pour la ville et pour ses contribuables puisqu'elle aurait pour effet
de perturber les finances municipales et d'obliger la ville à hausser
ses taxes rétroactivement à 1977 et à percevoir ces
hausses durant la même année". "Une telle mesure ne serait
à l'avantage de personne et ne résoudrait pas le problème
des taxes ex-ville pour le futur puisque les règlements qui sont
à leur origine ont toujours vigueur et effet. Nous croyons donc que le
gouvernement devrait prendre des mesures pour qu'une loi spéciale
ratifie l'entente de 1975 et annule l'obligation de percevoir des taxes pour
défrayer les dettes et déficits ex-ville qui ont donné
lieu aux disparités fiscales que notre entente avec le gouvernement
avait réussi à aplanir". "Espérant, M. le ministre, que
votre gouvernement se ralliera à cette solution, je vous
réitère la répugnance du conseil à imposer des
taxes rétroactives et vous prie d'agréer l'expression de mes
sentiments distingués".
Le règlement final. La réponse officielle à cette
dernière demande m'est parvenue dans une lettre datée du 26
octobre 1978. Le ministre
m'indique que le Conseil des ministres a autorisé une subvention
de $4,5 millions qui sera payée en deux versements annuels et
consécutifs de $2 250 000 chacun. Le premier versement applicable
à 1977 a effectivement été versé à la fin de
novembre dernier, le deuxième devant l'être en 1979.
A la page 3 de sa lettre, le ministre Tardif indique: "Votre aide
financière représente donc le règlement final des
engagements pour le moins ambigus du discours du budget 1975/76".
Les arguments du ministre des Affaires municipales. Pour justifier son
refus d'honorer les engagements déjà pris, le ministre me fournit
dans sa lettre les quatre arguments suivants: la situation financière de
Laval est très bonne et les contribuables lavallois n'ont pas
été assez taxés depuis 1972; l'économie lavalloise
va bien, le bilan de la gestion lavalloise est des plus positif.
Je cite textuellement l'argumentation qui appuie ces
énoncés: "La situation financière de Laval s'est
améliorée rapidement au cours des dernières années,
que ce soit au niveau du service de la dette par rapport au budget ou au niveau
de la dette obligataire nette sur l'évaluation imposable. A titre
d'exemple, on peut souligner que cette dette obligataire nette versus
l'évaluation imposable est passée de 15,2% au 31 décembre
1971 à 8,8% au 31 décembre 1976". "L'analyse de la facture
fiscale des taxes municipales révèle un taux d'accroissement
largement inférieur au taux d'accroissement du coût de la vie. En
effet, de 1972 à 1976, la hausse de taxes n'a été que de
29,2% pour les maisons unifamiliales et de 10,7% pour les maisons bifamiliales
alors que la hausse du coût de la vie dans la région de
Montréal s'est chiffrée à 40,9% durant la même
période. Fait à noter: L'augmentation des taxes a
été de 52% en moyenne dans la région métropolitaine
pour les maisons unifamiliales et de 26,6% pour les maisons bifamiliales durant
ces années." "On peut aussi ajouter que les revenus de la taxe de vente
sont passés de $6 100 000 en 1972 à $15 300 000 en 1977. "
"Compte tenu des indicateurs usuels qui révèlent une nette
amélioration de la situation de la ville ces dernières
années, autant au niveau de l'endettement que de l'effort fiscal des
Lavallois, je crois que l'objectif d'une formule recherchée par la
fusion n'a pénalisé aucun contribuable, bien au contraire."
Le dernier paragraphe de sa lettre est également très
éloquent et je cite: "La création de la ville de Laval remonte
maintenant à plus de quinze ans. C'est la deuxième
métropole québécoise et le bilan de cette existence est
des plus positif."
Quant aux taxes ex-ville, le ministre conclut en disant: "Les bilans
financiers de quatorze municipalités au départ sont maintenant
choses du passé."
En d'autres termes, on nous dit que cela va bien à Laval et que
pour cette raison, on est justifié de rompre l'entente intervenue en
1975.
On semble insinuer que les dettes des anciennes municipalités
sont choses du passé. Pourtant, les règlements qui y ont
donné naissance ont toujours vigueur et effet.
D'autre part, la réapparition des taxes ex-ville et ou la
réinstauration de la taxe des locataires sont impensables à moins
d'accepter un net recul.
Les conséquences. Lors de la présentation du budget de
1979 de Laval, si le gouvernement maintient la décision du ministre des
Affaires municipales, je serai en mesure de préciser la charge fiscale
du contribuable lavallois. Je suis cependant en mesure de quantifier dès
aujourd'hui la hausse de taxes imputable à cette perte de
subvention.
L'impact fiscal. Dès 1979, les Lavallois paieront une taxe de
$0.21 du $100 d'évaluation qui s'explique par un manque à gagner
de $4 500 000 incluant un taux d'intérêt de 10%.
Sur la base de l'évaluation actuelle, cette taxe sera
portée à $0.37 du $100 d'évaluation en 1980. Cela
s'expliquera par un manque à gagner de $9 millions plus les
intérêts de 10%. Il faut comprendre que le geste du gouvernement
se reflète directement sur nos finances. Une perte de $2 250 000
à nos états financiers de 1977, une perte de $4 500 000 par
l'année 1978, une perte de $2 250 000 à nos revenus de 1979, une
perte de $22 500 000 pour les années subséquentes, pour une perte
totale de $31 500 000.
Autrement, les Lavallois n'auraient eu à supporter qu'un
léger ajustement au coût de la vie qui aurait tenu compte de la
plus petite hausse de l'évaluation de Laval depuis longtemps, soit 4,5%
et d une inflation prévisible de 8%.
Mesures d'austérité. Nous ne pouvons demander aux
Lavallois d'en supporter davantage. En conséquence, l'administration
municipale présentera dans ce contexte un budget d'une grande
austérité et définira pour l'année 1979 une
politique très conservatrice.
Ce bris de contrat a un impact direct sur notre taxation et nos
finances. Il en a un aussi sur notre avenir. Bref, il nous retarde. Il nous
rend encore plus difficile l'obtention des services et des structures qui
permettraient à Laval de devenir de plus en plus une vraie ville.
Il nous éloigne de notre objectif de bâtir une ville
où il sera de plus en plus possible aux Lavallois d'y vivre, d'y
travailler, de s'y récréer, de s'y éduquer et de profiter
de tous les grands services urbains et sociocommunautaires.
M. le Président, le but de l'exercice se situe au-delà de
nos raideurs réciproques. Ultimement, il ne s'agit pas de
démontrer qu'il n'y a pas eu contrat, donc qu'il ne peut pas non plus y
avoir de bris de contrat. Il ne s'agit pas non plus de faire la preuve ou pas
de l'ambiguïté et de la confusion qui entourent la question, car
une telle démonstration n'atténue en rien la
responsabilité du gouvernement à l'endroit de la fusion des
quatorze municipalités de l'île Jésus.
Cette fusion, je le rappelle, a créé des injustices
fiscales évidentes. Il n'y avait que l'auteur de la fusion qui pouvait
régler cet état de fait, ce qu'il fit en 1975, en prenant
à sa charge les dettes exville.
Si vous jugez, M. le ministre, que le gouver-
nement de l'époque a été ambigu, même si je
suis autorisé de croire qu'il a été clair, vous avez une
magnifique occasion de corriger la situation en confirmant, une fois pour
toutes, la responsabilité gouvernementale par une loi spéciale.
Cette loi reconnaîtra la légitimité de notre demande et
spécifiera clairement que le gouvernement prend à sa charge le
service de la dette des anciennes municipalités.
J'estime que ce faisant le gouvernement témoignera de sa
compréhension, de sa responsabilité et de son sens de la
continuité. Les Lavallois apprécient vivement, M. le ministre,
que vous les aidiez à bâtir la ville que le Québec leur a
imposée et qu'ils commencent à peine à aimer. (23 h
45)
Je m'excuse, M. le Président, d'avoir été un peu
long, mais je trouvais essentiel de résumer les différents
échanges qui avaient eu lieu. Je vous demanderais de ne pas y voir une
agressivité hargneuse, loin de là. Si je peux répondre
à des questions, je suis prêt à le faire.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: ... comme le ministère dont j'avais la charge
à ce moment est mis en cause, ne serait-il pas sage qu'à ce
moment-ci je cherche à élucider quelques interrogations que les
membres dé la commission peuvent avoir à l'esprit, en revenant
sur certains points qui concernent le problème que la commission a
à étudier? Si c'était le voeu des membres, je pourrais le
faire maintenant. Je pense que cela pourrait par la suite permettre aux membres
de la commission d'y aller plus facilement.
M. Parizeau: M. le Président, avant d'aller plus loin,
j'ai un certain nombre de questions précises dont j'aimerais pouvoir
discuter et qui ont trait directement au mémoire que nous avons devant
nous.
Etant donné que ce sont des paragraphes et des phrases
très précis qu'il y a là-dedans, je souhaiterais, si c'est
possible, à la fois pouvoir intervenir le plus vite possible et obtenir
du maire de Laval un certain nombre d'éclaircissements sur son dossier.
Après cela, on pourrait peut-être revenir sur les positions
gouvernementales elles-mêmes.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: En page 29, je vais relire la première
phrase, on indique: "Dans les faits, le gouvernement nous accordait raison
lorsqu'en 1976 il participait au déficit de la CTL sur la même
base que les autres commissions de transport et également continuait le
versement de la subvention annuelle de $4 500 000".
Partout le mémoire est très précis quant aux dates.
Là, il est un peu plus vague. C'est en 1976. Je vais revenir sur les
dates elles-mêmes parce qu'elles ont de l'importance afin
de savoir pourquoi on ne les a pas mises, parce que c'est assez précis.
L'arrêté en conseil qui replace Laval dans la liste des
municipalités qui ont accès aux subventions de transport date du
8 septembre. Ce sera rendu public le 20 septembre 1976. Nous sommes très
proches d'une date que tout le monde connaît bien. J'aurais
souhaité que les dates soient aussi précises, parce que cela a un
sens très précis, si je peux simplement souligner au maire
Paiement que c'est à la fin de septembre 1976 que le revirement de
position quant aux subventions au transport se fait...
Deuxièmement, je continue la phrase... "et également
continuait le versement de la subvention annuelle de $4 500 000". Non, il n'y a
pas eu de versement en 1976. Il n'y en a eu aucun. Je ne me trompe pas en
demandant au maire Paiement de bien confirmer cela. Il n'y a eu aucun versement
en 1976.
M. Paiement: Est-ce que je pourrais répondre?
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Une seconde! Le
ministre des Finances semblait avoir plusieurs questions. Je
préférerais qu'il les énonce toutes, à moins qu'il
accepte plus facilement d'être interrompu à chaque question.
M. Parizeau: Non, j'aimerais descendre un certain nombre de
choses comme cela, et après cela, on pourra ouvrir la discussion.
M. Lavoie: On va prendre des notes. Je pense que je serais
prêt à répondre.
M. Mailloux: Nous n'avons pas d'objection, parce que
l'année financière n'est pas terminée, le 16 septembre, il
n'y a pas de problème. Allons-y.
M. Parizeau: Non, mais tout ce que je veux dire: "... le
gouvernement nous accordait..." Il s'agit d'un gouvernement bien précis.
On continue: "... également continuait le versement". Non. Tant que le
gouvernenent qui a accordé cette subvention aux transports en septembre
1976 a été en place, il n'a pas payé les $4 500 000. On a
ramassé cela après. C'est d'autant plus surprenant que
l'année précédente, la subvention de $4 500 000 avait
été versée en juillet. Et là, on sait quelle
tension il y a eue entre les ministères des Transports et des Finances,
quant au paiement de ces subventions; jusqu'en novembre 1976, les $4 500 000 du
gouvernement de l'époque ne sont pas payés. Ils ne sont pas
versés, alors qu'ils avaient été versés
l'année précédente, en juillet. Et la subvention au
transport vient tout juste avant la date dont je parlais tout à
l'heure.
Troisième chose... En fait, si je fais juste continuer un
instant, c'est le 30 mars 1977, juste avant la fin de l'année fiscale,
quatre mois après qu'on soit arrivé au pouvoir, que nous avons
versé les $4 500 000 avant d'avoir refait le puzzle, parce que le puzzle
de toutes les lettres qui viennent des
Transports, des Finances, du Conseil du trésor, d'un peu partout,
cela a pris des mois à le reconstituer. Donc, comme il y a $4 500 000
prévus dans les crédits, mais qui ne sont toujours pas
versés, ils vont être versés le dernier jour de
l'année financière à une époque où on n'a
pas encore tous ces papiers.
Je vous rappelle qu'un certain nombre de pièces que nous avons
devant nous, qui ont été citées par le maire Paiement, et
que j'ai aussi devant moi, il a fallu les reconstituer une à une. Par
exemple, ne cherchez pas la lettre du ministre des Finances auquel on faisait
allusion tout à l'heure dans les archives du ministère des
Finances. A mon sens, il n'est pas normal, mais il est de pratique
acceptée que les ministres, quand ils partent, partent avec tous leurs
papiers. Le résultat, il faut le voir dans le nombre de mois qu'on prend
pour refaire le puzzle. Là, on a fini par l'avoir, mais des mois plus
tard.
Donc, il y a un versement par notre gouvernement le dernier jour de
l'année fiscale 1977 avec, cependant, un certain nombre d'indications
très claires du Conseil du trésor aux Affaires municipales,
disant: On a l'air d'accumuler des surplus considérables à Laval
grâce à ces subventions, il faudrait y voir les années
ultérieures. Les subventions de ce genre ne sont sûrement pas
faites pour accumuler des surplus.
L'année suivante, on fait référence, toujours en
bas de la page 29, à mon discours du budget; entendons-nous bien, la
référence n'est pas très précise. La
référence aux renseignements supplémentaires, c'est une
note dans le bas d'une page indiquant une longue liste de subventions
municipales sans aucun montant. Je rappelle que dans le discours du budget de
1975 de mon prédécesseur, on disait qu'une "subvention serait
payée à Laval. Il n'a jamais été dit dans le
discours du budget que c'étaient $4 500 000 par année. C'est:
"Une subvention sera payable jusqu'à l'extinction ", etc., On dit "une"
subvention.
Donc, ne cherchons pas dans mon discours du budget où il n'y a
pas un chiffre l'engagement de continuer à procéder au versement
des $4 500 000. Cela n'est pas aux renseignements supplémentaires, il
n'y a pas de chiffres là.
Troisième observation. Lorsque nous constatons les surplus qui
s'accumulent à la ville de Laval, on ne peut s'empêcher de faire
le petit calcul suivant que je soumets là encore pour interrogation. Nos
lois prévoient qu'en cas de fusion, le gouvernement paie $15 per capita.
En pratique, dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, les grandes fusions
se sont faites sur une base de $33. Charlesbourg et Beauport ont
été réglés pour $41 et $42 respectivement. Je ne
sais plus si c'est $41 à Beauport et $42 à Charlesbourg ou le
contraire, mais c'est $41 et $42 respectivement. Advenant que les $45 millions
soient payés à Laval et qu'on tienne compte des $5 500 000 qu'on
aurait payés de façon statutaire au moment de la fusion, cela
ferait sur la base de la population actuelle de Laval $202 per capita. Cinq
fois plus que ce que la fusion la plus coûteuse ailleurs au Québec
a coûté. Il n'y a aucun exemple, aucun parallèle de ce
genre. Absolument aucun.
En supposant qu'on s'arrête à la dernière
proposition, à la proposition la plus récente faite par le
ministre des Affaires municipales, en y ajoutant toujours la subvention
statutaire de 1965 plus les dernières propositions du ministre des
Affaires municipales, on arrive tout de même à $76 per capita.
Encore largement au-dessus, 60% de plus que ce qui a été
payé pour les fusions les plus coûteuses au Québec.
Dans ce sens, je comprends fort bien l'intervention, en page 31, du
deuxième paragraphe, où le maire de Laval nous dit: "Nous n'avons
pas d'objection, si tel est son désir, à ce que le gouvernement
cesse cette contribution annuelle, à compter de 1980, pour autant que,
dans la réforme fiscale et le nouveau régime de subventions
statutaires proposés il tienne compte de ce problème et trouve le
moyen de ne pas pénaliser les Lavallois."
Je pense que là, le maire de Laval, en écrivant cette
lettre, se rend compte qu'effectivement, si le gouvernement continue de payer
en parallèle les subventions au transport et les subventions à la
fusion, il traite Laval comme littéralement aucune autre
municipalité au Québec n'aura jamais été
traitée et vraisemblablement comme aucune ne le serait jamais non
plus.
Il est clair que je pense que ce paragraphe-là le
révèle c'est la combinaison des deux démarches, si
on les garde superposées, c'est-à-dire le montant forfaitaire
chaque année plus la subvention au transport, qui mène et a
mené en fait Laval à des surplus très importants.
Dans ces conditions, je comprends fort mal et c'est
là-dessus que je vais terminer quitte à revenir à la
charge par la suite qu'en page 35 on nous amène des chiffres
d'augmentation de taxes de cette ampleur. S'il n'y avait pas de surplus, si on
ne s'en allait pas à supposer qu'on continue la même
formule vers des surplus annuels, je comprendrais bien. Mais ce n'est
pas cela qui s'est produit. En pratique, il y a eu des surplus et des surplus
considérables d'accumulés.
Les études qui ont été faites aux Affaires
municipales, aux Finances et au Trésor, à cet égard, nous
amènent, nous, au contraire, à un portrait très
différent et que je souhaiterais d'ailleurs examiner avec les
autorités de la ville de Laval, comme d'ailleurs nous avons eu...
et je pense que c'est une chose faisable parce que nous avons eu,
à l'occasion de la réforme fiscale municipale, des tas de
discussions entre les techniciens du ministère des Finances et les
autorités de la ville Laval, un dialogue extrêmement fructueux
pour rapprocher les positions. Je pense que c'est faisable, mais il est
évident que les résultats auxquels nous en arrivons, nous, et les
résultats qu'on voit apparaître en page 35 sont tout à fait
contradictoires.
Hypothèse, par exemple, que les $2,25 millions proposés
par le ministres des Affaires municipales et le Conseil du trésor soient
affectés à 1977 et que les seconds $2,25 millions soient
affectés à 1979 et que l'on budgétise 1979 pour ne
pas faire de surplus, nous arrivons à l'une ou l'autre de deux
conclusions: ou bien pas d'augmentation de taxes ou alors une augmentation de
taxes tout à fait minime de l'ordre de $0.045 ou de $0.04, enfin de cet
ordre. Quand on parle de $0.04, il faut bien comprendre de quoi on parle, on
parle de moins de $20 sur une maison de $40 000. Il est évident que
là il y a opposition très nette entre d'une part l'analyse que
fait le gouvernement des états financiers de Laval et d'autre part
l'espèce de règle de trois qui est faite par Laval et qui dit:
Voici les montants que le gouvernement n'a pas payés; on va traduire
cela automatiquement en taxes. Non seulement je ne suis pas persuadé, il
aurait fallu budgétiser littéralement sans surplus pendant
plusieurs années pour en arriver à ce résultat. Mais
encore une fois, dans la mesure où on peut essayer de réconcilier
les analyses comptables moi j'ai toujours été et ce sont
toujours des exercices que je fais volontiers je reste toujours aussi
disponible à cet égard. (Minuit)
Voilà à peu près ce que j'avais à dire et je
résume donc brièvement. Je crois que l'adjonction des deux
formules, des $4,5 millions payés pendant plusieurs années, et la
subvention au transport était infiniment trop généreuse,
que le précédent gouvernement l'a fort bien compris; qu'il a
accepté, en septembre 1976, de participer au déficit de la
commission de transport, mais qu'il n'a pas versé les $4,5 millions. En
fait, c'est nous qui les avons versés trois ou quatre mois après
être arrivés au pouvoir, dans une espèce de nettoyage de
comptes dont je dois dire qu'on n'avait pas encore compris toutes les questions
de fond que cela soulevait à ce moment. Voilà ce que je voulais
dire dans un premier temps, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, pour une fois depuis que l'on
discute de cette question avec les membres de l'actuel gouvernement, je peux
dire que cette commission aura au moins eu l'avantage de faire sortir le chat
du sac, et c'est ce que vient de faire le ministre des Finances. Pour cela, je
trouve que la commission n'aura pas été inutile, au
contraire.
Son argumentation porte maintenant sur le fond de la question, à
savoir est-ce que l'actuel gouvernement veut, oui ou non, verser à la
ville de Laval les subventions pour l'aider à liquider ses dettes
ex-ville. Toute l'argumentation, si on la répartit en termes de temps,
qu'a faite le ministre des Finances a porté beaucoup plus sur le
deuxième aspect que sur l'aspect technique qu'a chéri d'une
façon particulière le ministre des Affaires municipales en
Chambre et dans son communiqué.
Avant de laisser la parole à d'autres membres de la commission,
et particulièrement à mon collègue de Charlevoix qui a
suivi le dossier de très près, je voudrais reprendre les
arguments dans l'ordre chronologique suivant lequel le ministre des Finances
les a requis. Tout d'abord, il a attiré l'attention sur le fait
c'est le 8 septembre 1976 que des modifications ont été
apportées à l'argumentation concernant la subvention au transport
en commun. Il situait cette date près d'une autre date que tout le monde
se rappelle.
Quelle aurait été, aujourd'hui, l'argumentation du
ministre des Finances si, à cette date, le chèque ou les
jours qui ont suivi de $4,5 millions avait été
expédié à la ville de Laval? Il aurait sans doute
déchiré volontiers son veston en signe d'indignation. L'on sait
très bien que l'année budgétaire d'un gouvernement c'est
du 1er avril au 31 mars. A partir du moment où les élections ont
été déclenchées, en 1976, il est évident que
l'administration a fonctionné beaucoup plus au ralenti. C'est la seule
raison qui explique le retard à payer la subvention qui était
due, qui avait été budgétisée et qui aurait
été normalement versée à la ville de Laval.
En aucun temps, ni de près ni de loin, je n'ai entendu dire, dans
quelque communication verbale ou écrite, qu'en 1976 le gouvernement du
Québec, après la modification à la politique de transport,
songeait de quelque façon à retirer son accord au versement de la
subvention de $4,5 millions qui, comme je viens de le dire, était
déjà au budget, avait été votée par
l'Assemblée nationale et qui, normalement, aurait été
versée suivant les coutumes administratives, suivant l'entente que
prennent régulièrement les ministères et les officiers du
ministère des Finances pour ce qui est de l'agencement des
déboursés au cours des années pour ainsi établir
les versements que l'on doit financer chaque mois en regard des rentrées
fiscales et des emprunts qui sont complétés, ce qui est une
tâche tout à fait normale.
C'étaient les deux points que je voulais surtout souligner. Dans
le busget 1976/77, le montant était inscrit et voté; il aurait
été payé normalement. En aucun moment, il n'était
pas de notre intention de cesser le paiement de cette subvention et je suis
heureux d'entendre les propos du ministre des Finances.
Maintenant, le fond de l'histoire c'est de savoir si le gouvernement
décidera de payer ou non les $4,5 millions à Laval. Sur ce plan,
évidemment, c'est ta responsabilité de l'actuel gouvernement. Si
cette décision est prise, on pourra la commenter après, mais il
est évident que ce n'est pas du tout relié à l'action
prisé par l'ancien gouvernement cela relève plutôt d'une
décision du gouvernement péquiste qui affectera, au premier chef,
les contribuables de la ville de Laval.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, j'attends depuis 10 heures
ce matin pour tâcher de me faire entendre. Et à quelques
occasions, je pense que dans une période de questions, en Chambre, ce
n'est pas facile d'éclairer un dossier qui couvre
plusieurs années. Je pense bien que ce serait quand même le
temps que, étant peut-être un de ceux qui ont été un
acteur dans le dossier en question, je tâche d'éclairer un peu les
membres de la commission, sur les gestes qui ont été posés
par le ministère que je dirigeais à l'époque.
Je voudrais dire au ministre des Finances, avant de commencer, qu'en ce
qui a trait à tous les documents qui proviennent du ministère des
Transports, à mon départ du ministère, je ne sache pas,
qu'en aucune façon, j'aie pris sur moi d'amener ici, à mon bureau
au Parlement, aucun document qui n'était pas des documents tout à
fait publics et qui sont à la disposition de n'importe qui, dans le
Québec, s'il en fait la demande, sauf d'avoir gardé une copie de
la position budgétaire, 2 jours après le 15 novembre, me disant,
comme ex-titulaire des Transports, quelle était la situation
budgétaire sur un budget de $1 milliard et quelque cent millions.
M. le Président, je ne reviendrai pas sur l'ensemble des
documents dont a fait mention, tantôt, son honneur le maire de Laval. Je
voudrais d'abord, en passant quelques lettres au dossier j'avais fait ma
propre chronologie des événements revenir sur la lettre du
25 février 1975 qui m'était adressée et qu'on la relise
tranquillement: "M. le ministre, afin de mieux répondre aux besoins de
la collectivité lavalloise, le gouvernement adoptait, en 1971, une loi
créant la Commission des transports de Laval. Cette entreprise fut mise
en place au prix de dépenses exceptionnelles, auxquelles vinrent
immédiatement se greffer d'imposants déficits d'exploitation. Ces
chiffres parlent d'eux-mêmes: déficit global de la Commission des
transports de Laval, pour 1973: $894,000 je vous fais grâce des
dollars 1974: $3,292,000. En conséquence il n'est pas
question de 1975, c'est 1974 je vous demande officiellement, au nom de
ville Laval une subvention équivalant à 100% du déficit
dans le cas de la partie suburbaine des opérations de la Commission des
transports de Laval et à 75% dans le cas du déficit proprement
urbain." "Je demeure à votre entière disposition pour tout
renseignement complémentaire dont vous pourriez avoir besoin. "Je vous
prie d'agréer, M. le ministre, l'expression de mes sentiments."
Et durant que je faisais la lecture de cette lettre,
immédiatement, mon collègue, à ma droite, me disait:
"1975", et c'est un peu une partie de l'incompréhension qu'on remarquera
dans tout le dossier.
Dans la lettre, le maire de la ville de Laval parle de 1973 et de 1974.
Et je voudrais qu'on relise ensemble, également, la réponse qui a
été envoyée par M. Garneau, à M. Paiement, en date
du 7 mars 1975 où, en vous faisant grâce des 2 premiers
paragraphes, je lis le paragraphe litigieux: "II y avait attachée
à votre lettre copie de celle que vous adressiez à M. Raymond
Mailloux, dans laquelle vous lui indiquiez votre désir d'obtenir une
subvention pour le déficit de la Commission des transports." "Si ma
mémoire m'est fidèle, à la suite des rencontres que nous
avons eues avec le ministre des Affaires municipales, il avait
été décidé d'accorder une subvention de $4,5
millions pour les taxes ex-ville, pour l'année 1975, et que ville Laval
pouvait, dans ces circonstances, prendre la responsabilité
financière du déficit prévu à la CTL ".
Et j'ai souligné le "prévu", parce qu'il
réapparaît aujourd'hui dans votre communiqué de presse et
le "prévu" n'a pas la même signification dans l'esprit de mon
collègue des Finances, à ce moment-là, au moment où
l'on faisait référence à la lettre, que dans votre esprit,
à vous tous, parce que, dans la réponse que faisait mon
collègue, M. Garneau, il faisait référence, quand il
disait "prévu", au déficit d'abord de 1974, parce qu'on
était le 7 mars 1975 et ville Laval n'avait pas encore informé,
pas plus les Transports que mon collègue des Finances, du déficit
final. Et c'est un peu compréhensible quand on pense qu'on est au 7 mars
et qu'avant que tout soit comptabilisé, mon collègue des Finances
ne connaissait pas encore le déficit de 1974.
Dans toutes les autres lettres auxquelles je ferai
référence, il y avait refus de la part du ministre des Finances
de ce moment-là d'absorber les déficits de 1973 et de 1974 et on
verra qu'ultérieurement il y a eu une continuité d'absorber
également le déficit de 1975. Viendra plus tard le fait qu'on
refusera également d'absorber le déficit de 1975 alors
qu'à ce moment-là, il n'était pas du tout question d'un
énoncé quelconque de politique statutaire aux transports en
commun.
Une Voix: Est-ce l'énoncé de la politique en
décembre 1975?
M. Mailloux: Voyons! On n'est pas en décembre 1975. On est
au 7 mars 1975. A ce moment-là, dans l'esprit du ministre des Finances,
dans l'esprit de mon collègue des Affaires municipales, dans mon esprit,
on ne voulait d'aucune façon arriver à la conclusion du maire
à Laval à savoir que d'autres commissions de transport avaient
été privilégiées de subventions
discrétionnaires, que ce soit à la CTCRO, à la CTCUM ou
à la Commission des transports de la Communauté urbaine de
Québec, parce qu'il était déjà question du montant
de $4 millions qui, normalement, absorbait une partie des problèmes.
Je voudrais, si on me le permet... Je m'excuse si je retarde de quelques
secondes... On a mentionné tantôt le discours du budget d'avril,
on pourrait aller à l'énoncé de politique de transport en
commun. Le nom du titulaire a souvent été mis en cause et je
pense que pour une fois, cela ne changera pas les faits. Au moment du
dépôt en Chambre, le 12 décembre 1975, de
l'énoncé d'une politique de transport en commun... C'est un
dossier qui avait été confié au cours des quelques mois
précédents à un de mes collègues qui était
mon ministre d'Etat, M. Paul Berthiaume, qui avait la responsabilité
entière d'inventorier tous les transports en commun que l'on rencontrait
dans le Montréal métropolitain et dans l'ensemble du
Québec, parce que des agglomérations urbaines
nous arrivaient quantité de doléances, que ce soit du
Haut-Saguenay ou d'ailleurs. En faisant le dépôt sans commentaire
en Chambre, quelques instants après, j'avais une demande d'entrevue de
la part de celui qui est à ma droite et qui était à ce
moment président de la Chambre. Quand il a pris connaissance des deux
paragraphes dans lesquels était indiquée l'exclusion en raison de
la subvention de $45 millions de la Commission des transports de Laval qui ne
bénéficierait de subventions aux déficits que lorsque le
programme d'aide à ville de Laval administré par les Affaires
municipales aurait pris fin... On sait que cette municipalité touche
chaque année un montant forfaitaire en paiement des déficits des
anciennes municipalités formant aujourd'hui ville de Laval.
M. le Président, je pense que je n'ai pas besoin de vous dire
qu'assis à mon siège, en Chambre, à ce moment-là,
j'avais, avec mon collègue ministre d'Etat, participé à
une partie de l'étude qui nous était soumise par ville de Laval.
A la suite des conclusions qu'il avait à l'esprit, conclusions des
officiers du ministère des Affaires municipales et de ceux des
Transports qui connaissaient davantage le dossier des transports, je pense que
des informations complètes n'avaient peut-être pas, à ce
moment-là, été mises entre les mains du ministre d'Etat
pour que dans sa déclaration, il exclut de façon tellement
catégorique ville de Laval. Je dirai immédiatement que dans la
même journée, j'ai eu une demande d'entrevue de la part du
président de la Chambre qui demandait de discuter de l'exclusion de
ville de Laval et dans les jours qui ont suivi, les autorités de ville
de Laval ont demandé de revoir l'ensemble des raisons qui avaient pu
motiver la décision du ministère des Transports à exclure
d'une politique de transport en commun statutaire la Commission des transports
de Laval. (0 h 15)
Je vais essayer de remettre mes notes à leur place. Il y a
tellement de dates. Dans les discussions que nous avons entreprises à ce
moment avec les autorités de la ville de Laval, il nous a fallu revoir
l'ensemble des raisons qui avaient d'abord permis la subvention de $45 millions
et pourquoi cette subvention empêchait mon collègue de faire
participer la Commission des Transports de Laval à la subvention des
transports en commun.
Je pense que tantôt on a fait mention et cela a
été la première réflexion faite par le maire de
Laval dans la première discussion que nous avons eue
qu'était attachée de manière conditionnelle à la
subvention de $45 millions l'obligation d'éliminer la taxe de locataire,
qui rapportait environ $1 700 000. Le maire de Laval nous a fait des
projections pour la période de dix ans qui était couverte, quel
montant il faudrait immédiatement déduire des $45 millions en
question pour voir la réalité de la subvention dont on parle
comme étant $45 millions.
Si l'on regarde la progression de cette taxe, en 1975 elle rapportait $1
639 000; en 1976, $2 500 000; en 1977, $3 100 000; en 1978, elle aurait
rapporté $3 500 000 c'étaient les projections qu'on nous
donnait pour les années à venir on en arrive à une
moyenne d'à peu près $2 500 000 par année répartie
sur dix ans. Immédiatement, la subvention de $45 millions a
été réduite à $20 millions du seul fait de la
condition qui était attachée à la subvention de $45
millions.
On refusait également, dans la discussion avec les
autorités de Laval, de revenir sur le refus apporté par le
ministre des Finances d'accorder ce que nous avions accordé
discrétionnairement aux autres commissions de transport, soit 45% ou 50%
des montants de 1973: $900 000 et $3 300 000. En 1975 c'étaient aux
alentours de $4 millions. Si on avait payé 50%, la ville de Laval serait
encore allée chercher $2 millions. Il fallait encore déduire $2
millions de ce qu'on avait déjà déduit pour les taxes
ex-ville.
Il y a un autre élément dont on avait largement
discuté et dont on n'a pas fait mention dans le cours des discussions
actuelles. A mon arrivée au ministère comme adjoint parlementaire
il faudra revenir un peu avant, je ne sais si cela ennuiera le ministre
des Finances mais en 1970, après une étude approfondie du
réseau routier du Québec, des 35 000 milles ou 40 000 milles que
le ministère entretenait, mon collègue du temps, l'honorable
Pinard, s'était aperçu, avec ses officiers, qu'il y avait des
injustices criantes dans certaines villes et municipalités. Parfois, on
traversait une ville où l'entretien était à la charge du
ministère des Transports, contrairement à la ville voisine, qu'on
traversait également, où c'était la municipalité
qui, à même ses ressources fiscales municipales, faisait
l'entretien.
Qu'on le veuille ou non, dans la première tranche des 4000 milles
de route qui ont été remis au Québec par une
décision administrative, la ville de Laval s'est vu remettre environ 150
milles de route, plus, je pense, la partie du pont Viau, ce sera
déjà assez coûteux pour les finances de la ville de Laval.
Je pense que c'est entre $500 000 et $1 million que cela coûtera
annuellement à la ville de Laval pour remplacer l'action du
ministère.
Je voudrais donner des exemples un peu particuliers. En 1973, quand je
suis arrivé au ministère, je voudrais dire ceci au ministre des
Finances: J'avais sous les yeux deux routes qu'il n'a plus à l'esprit,
ici, dans la région de Québec. On venait d'informer la
municipalité de Sillery qu'on lui remettait le boulevard Laurier.
C'était une décision administrative. L'homme politique que
j'étais n'en avait pas été averti préalablement.
Cela n'a pas pris deux jours que j'ai reçu le maire de Sillery qui m'a
dit: "Votre boulevard Laurier, dans l'état qu'il est, vous allez au
moins le remettre dans un état acceptable avant de nous en remettre la
charge."
Le même phénomène s'est produit ici dans Beauport
où on a payé $900 000 dans l'année suivante, je pense, et
le même phénomène se produit durant votre gouvernement,
où dans le même comté, vous êtes obligés pour
une autre remise de route qu'on avait faite à ce moment de
verser une subvention d'au-delà de $1 million versée par
l'actuel ministère, je pense, pour la remise en état d'une route
également, remis à une ville qui n'avait pas la ressource
fiscale.
Tout ceci pour dire que c'est arrivé devant moi au moment
où en 1973, je prenais la succession de M. Pinard, du budget qui,
à ce moment s'élevait à $11 500 000. J'ai sollicité
du ministre des Finances et du gouvernement des budgets qui, en 1974, 1975, se
sont montés à $16 millions, à $19 millions, à $21
millions pour au moins remettre un peu d'ordre dans l'ensemble des 4000 milles
de route qu'on avait remis à la charge de la fiscalité municipale
pour lesquels elle ne percevait pas de taxes.
Le 12 mars, dans une lettre au ministre des Affaires municipales, il
disait qu'il semblait maintenant acquis que Laval ne pourrait souffrir
davantage de l'exclusion. Quand le maire de ville de Laval fait cette
affirmation dans une lettre au ministre des Affaires municipales, je pense que
c'est une indiscrétion qui a été faite à ce moment
par un fonctionnaire ou l'autre parce qu'il n'était pas définitif
que notre décision concluante dans les semaines suivantes serait
à l'effet de finaliser notre programme dans notre politique en incluant
la ville de Laval.
Mais effectivement, dans les semaines qui ont suivi, il y a eu des
rencontres entre tous nos collègues et nous nous sommes aperçus
que les $45 millions qu'au départ la ville de Laval avait perçus
pour le remboursement des taxes ex-ville qu'elle perdait, faisaient partie d'un
immense marché de dupes qu'elle avait passé, un immense
marché de dupes.
Il ne restait qu'environ $12 millions, $15 millions ou $16 millions des
$45 millions au moment où on nous faisait perdre l'ensemble de la taxe
ex-ville, qu'on lui donnait à charge la responsabilité de routes
à entretenir et d'autres subventions dont avait
bénéficié l'autre corporation de transport et dont elle
n'avait pas bénéficié. Il y a eu une décision du
gouvernement. Tantôt le ministre a donné des dates.
Avant de me présenter au Conseil des ministres, je voudrais lui
dire de la part du ministère des Affaires municipales, de mon
collègue des Finances qui était président de la
trésorerie, de mon collègue, M. Berthiaume, de la part du premier
ministre, que nous nous sommes entendus mais non pas en fonction d'une
période électorale que personne ne connaissait encore, pas plus
en 1975 qu'en septembre 1976 parce qu'il me semble que cela ne faisait
même pas trois ans que la dernière élection avait eu lieu.
Dans mon esprit, je mentirais effrontément si je disais qu'un ou l'autre
des gestes qui ont été posés... Contrairement à ce
qu'a dit tantôt le ministre des Finances dont je respecte quand
même normalement la pondération, aucune des mesures qui ont
été annoncées, ou aucun chèque qui a pu être
retardé dans l'année fiscale n'avait comme but ultime de
rechercher une période électorale, de payer avant ou
après, d'aucune façon. Cela n'a jamais été dans
l'esprit de qui que ce soit.
Je voudrais en terminant dire que c'est en fait le 8 septembre, par un
arrêté en conseil, ordonné sur ma proposition, que fut
versée à la commission des transports de Laval la subvention
statutaire dont les autres municipalités pouvaient
bénéficier.
C'est le 15 septembre que l'arrêté en conseil couvrant
toute la politique du transport en commun 15 septembre, j'ai d'ailleurs
ici l'arrêté en conseil, copie 316276 dans lequel on dit:
"II est ordonné en conséquence sur la proposition du ministre des
Transports pour les déficits des transports en commun, pour
l'amortissement de la dette du métro, pour l'achat d'acquisitions de
compagnies, 33%, etc., l'ensemble de la politique du transport en commun."
C'est en date du 15 septembre et vous trouverez, si vous ne l'avez pas, les
modes d'application de la politique de transport. Vous lirez également
en page 4 que toutes les commissions de transport connues au Québec sont
susceptibles de recevoir des subventions.
Quant à moi, à ce moment, je ne voudrais même pas
dire que celui qui était mon collègue a été
imprudent au moment où il a fait un énoncé de politique en
Chambre. Je pense qu'il l'a fait de bonne foi, qu'il n avait pas certains
renseignements sur l'ensemble des problèmes auxquels on fait face dans
le secteur des affaires municipales et dans l'ensemble des secteurs de
transport de quelque nature qu'ils soient; il n'a pas eu certains
renseignements qui ont permis, je pense, ie dépôt d'une intention
de politique de transport en commun annoncée en Chambre à ce
moment et dans laquelle Laval était exclue. Mais de toutes les
discussions qui ont suivi et de toutes les pénalités qui ont
été faites à ville Laval ou des charges qui lui ont
été attribuées et mes collègues pourront
confirmer cela il n'est que juste que les deux subventions, et non pas
une seule, soient budgé-tées, soient payées.
Quant au ministère qui me concerne, je pourrais donner la copie
des sommes qui restaient au moment de la période électorale. Il
est même indiqué pour le transport en commun, au programme 1,
élément 2, que des $75 millions qui avaient été
votés en début d'année, il y avait même un montant
de $3 millions de crédits périmés. Je ne pense pas avoir
défoncé les estimations budgétaires que la Chambre m'avait
accordées, à ce moment.
M. le Président, c'étaient les quelques informations que
j'avais à apporter dans ce dossier. J'espère que cela
éclairera un peu le déroulement des événements qui
rejoignent quand même plusieurs années.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, j'aimerais apporter ma
contribution positive à ce dossier. D'ailleurs, j'ai
préféré les propos du ministre des Finances aux propos que
m'avait destinés ou adressés le ministre des Affaires
municipales. Je suis prêt à passer par-dessus le fait qu'en
Chambre il avait été assez violent à mon égard, me
traitant de
démagogue et tout. Nous sommes habitués à ce jeu.
Je me rends compte que le ministre des Finances connaît très bien
son dossier.
D'ailleurs, j'avais eu l'occasion d'en discuter avec lui durant
l'été, avant de vous faire parvenir le mémo.
Je voudrais rapidement me placer dans le contexte de 1974, parce que
c'est à ce moment que cela s'est négocié. Il est
intéressant de noter que durant les années 1972, 1973, il y a eu
un rapport de fait, cette brique qui est ici, Etude de la situation
financière de ville de Laval préparée par le
ministère des Affaires municipales, document déposé le 21
juin 1973, document sessionnel 101, préparé par les
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales dont M. J.P.
Michel, c.a., Gilles Gauvin, etc.
On y lit à la page 163 la situation suivante, au mois de mars
1973: "A l'analyse de ce tableau, il ressort que Laval se situe au second rang
parmi une liste de sept municipalités du Québec, pour ce qui a
trait aux taxes municipales exigées d'une maison de titres telle que
décrite plus haut. En effet, on exige $621 du contribuable de Laval pour
l'année 1972 contre $725 pour celui de Longueuil pour la même
année. Nous constatons que ce niveau d'imposition est beaucoup
supérieur à la moyenne de $506 pour les sept municipalités
et encore plus si on compare à la moyenne de $439 calculée pour
les cinq municipalités qui restent. De plus, le montant de $621 est
presque le double du montant de $331 exigé du contribuable de
Sainte-Foy. Il est vrai que cette dernière jouit d'une situation
financière favorable, notamment au rendement de la taxe de vente.
Un peu plus loin, la ville de Laval devance même ses consoeurs de
l'île de Montréal par une marge assez considérable,
malgré qu'elle ne partage pas les coûts onéreux de la CUM
et du métro.'' (0 h 30)
En somme, ce rapport dit ce document est public que le
fardeau fiscal des contribuables lavallois en 1973 est un des plus
élevés au Québec. On donne les raisons, on n'a pas
à les cacher: "Cette embauche du personnel cadre compétent,
capable d'assumer les responsabilités à la mesure d'une ville de
la taille de Laval. Deuxièmement, accroissement du personnel, qui
était d'environ 700 à la fusion, jusqu'à plus de 1000. Il
atteint aujourd'hui 1200 personnes, afin de faire face à une demande
accrue de services municipaux. Troisièmement, la syndicalisation de cet
ensemble de fonctionnaires a entraîné une hausse des salaires
jusqu'au niveau de ceux de la ville de Montréal.
On a dû aussi augmenter la quantité des services municipaux
pour réduire les écarts entre les quatorze ex-villes, etc. Le
fardeau fiscal, en 1973 et 1974, faisait de Laval une des villes les plus
taxées au Québec.
A ce moment-là, suite aux représentations que je faisais
au ministre des Finances, il avait apporté certaines mesures, entre
autres, des subventions aux municipalités de 150 000 âmes et plus.
Il y a seulement trois villes au Québec qui ont ce statut particulier,
soit Montréal, Québec et Laval. Elles ont un barème plus
élevé quant aux subventions aux municipalités.
Un autre facteur est assez intéressant. Le ministre des Finances,
à l'époque, avait apporté une mesure, en 1974, pour faire
partager à certaines municipalités, dont ces trois
municipalités, une partie de la taxe sur les repas et les chambres
d'hôtel. Je ne reproche rien à mon collègue, le
député de Jean-Talon, mais on savait que cette mesure
bénéficiait beaucoup plus à Montréal et à
Québec qu'à une ville comme Laval où il n'y a aucun
hôtel. D'ailleurs, les chiffres donnaient, en 1975-1976, pour la taxe sur
les repas, à Montréal $16 millions, à Québec $3
millions et à Laval $1 million. Ce qui ne réglait pas les
problèmes importants auxquels devait faire face la ville de Laval.
Durant les années soixante-quatorze, soixante-quinze, on payait
des sommes énormes c'est vrai que les contraintes étaient
moins sévères pour le ministre des Finances de l'époque,
les rentrées fiscales étant plus généreuses... En
1974, M. le maire de Montréal ou M. Saulnier venait ici chercher pour la
CUM des chèques de $20 millions. La Commission de transport de
Québec avait eu, en 1974, $2,9 millions; la CTCRO, dans l'Outaouais, $1
million. A ce moment-là, la Commission de transport de la
communauté régionale de l'Outaouais était nouvelle. Elle
avait quand même reçu, en 1973, $1,5 million.
En 1975, alors que Laval avait une commission de transport depuis 1971,
elle ne recevait pas un rond au titre de l'aide au transport en commun parce
que la politique statutaire du transport en commun n'existait pas. En 1975, la
CUM est venue chercher des chèques de $45 millions au titre du
déficit du métro et de la construction du métro. La CTCUQ
de Québec, $3,2 millions; CTCRO, dans l'Outaouais, $1,1 million; la
CTRSM, la rive sud, $250 000. Laval: rien. Ce qui a fait l'ensemble de toute la
discussion, c'est justement cette situation.
Durant les années soixante-et-onze à soixante-seize, au
titre du transport en commun, la CUM de Montréal a reçu 86% des
subventions du gouvernement du Québec; la CUQ, 8%; la CRO, 5% et Laval,
qui était toujours la deuxième ville du Québec, moins de
1% au titre du transport en commun. D'ailleurs, je voudrais faire une
correction; j'ai eu le goût et je me suis retenu pour ne pas soulever une
question de privilège en Chambre lorsque le ministre des Affaires
municipales a déclaré, dans sa position, qu'en 1974 la ville de
Laval avait reçu $2,5 millions au titre du transport en commun, alors
qu'elle n'a pas reçu un rond. C'est une erreur qui s'est glissée
quelque part dans la déclaration que vous avez faite en Chambre selon
laquelle Laval aurait reçu $2,5 millions en 1974, alors qu'elle n'a pas
reçu un rond.
Le ministre des Finances mentionnait... je ne sais pas si on a
parlé des $4,5 millions de 1975/76. Il est vrai que le chèque
pour le premier paiement des $4,5 millions a été fait le 29
juillet 1975. Le ministre des Affaires municipales me dit: Laval n'a pas
reçu ses $4,5 millions en 1976 du gouverne-
ment antérieur. C'est vous-même qui l'avez payé,
vous le savez, en vidant les tiroirs du budget de 19766/77 du ministre des
Finances de l'époque. Avant la fin de l'exercice financier, le 31 mars
1977, c'est vous-même qui avez fait parvenir à la ville de Laval
le deuxième versement de la subvention de $4,5 millions, comme vous
l'avez indiqué d'ailleurs tout à l'heure.
Laval n'avait pas sa juste part, ville architaxée, pas un rond de
1971 à 1975 sur le transport en commun, pas un rond. Il y a eu la remise
des routes à Laval, 150 milles de routes, ce qui représentait
près de $500 000, $600 000, $700 000 ou $800 000 par année.
Québec recevait, à ce moment-là et reçoit encore
à titre de capitale, un chiffre de $3 millions à $3,5 millions
annuellement.
La CRO, dans la région de l'Outaouais, se voyait octroyer,
à ce moment-là, $25 millions en cinq paiements annuels de $5
millions, $25 millions, et ce qui a fait l'objet de toutes nos discussions,
cela a été une négociation globale. Laval n'avait pas sa
juste part. Deuxième ville au Québec Laval, architaxée,
faisait face, à la suite de la fusion, à une intégration
d'un territoire de 20 milles de longueur, par 6 milles de largeur, avec
intégration des réseaux d'aqueduc, des réseaux
d'égouts, des plans de planification, des plans d'urbanisme, des
réseaux routiers, etc.
Le ministre des Transports et le ministre des Finances ont exigé,
à ce moment-là, de régler en disant: Les $8 millions de
déficit pour les années 1973, 1974 et 1975, vous allez les
assumer seuls, les $8 millions, alors que les autres municipalités
recevaient des subventions de 50%. Cela veut dire une perte sèche pour
Laval, au titre du transport, de $4 millions pour les années 1973, 1974
et 1975.
A ce moment-là, les subventions, à ma connaissance,
n'existaient pas. La fusion de Laval, en 1965, c'était la
première fusion importante au Québec et je voudrais
répondre au ministre des Finances. Quand même, la fusion de Laval
a été, j'imagine, la plus grosse au Québec, avec 14
municipalités. C'est difficilement comparable, je crois, même si
je respecte les régions du Lac-St-Jean ou de Charlesbourg, ce n'est pas
le même problème. Ce n'est quand même pas le même
problème lorsqu'on intègre 14 municipalités sur un
territoire, à côté de la région de Montréal,
avec toutes les implications. C'était un cas spécial.
L'abolition de la taxe des locataires, cela a été
exigé par le gouvernement d'alors parce qu'on trouvait que
c'était une taxe discriminatoire qui imposait un manque à gagner
de l'ordre de $1 600 000, et on voulait amener la disparition de ces taxes
discriminatoires et punitives. On dit, dans le mémoire du maire, que
c'était un peu aberrant dans une politique de fusion, qui était
de donner l'égalité à tout le monde, de garder cette
politique discriminatoire de 28 taxes spéciales, 2 fois 14 taxes
spéciales dans les 14 municipalités. C'est bien simple, pourquoi
cela a été mis là. C'était à la demande de
toutes les municipalités qui ont fusionné de bon gré ou de
mauvais gré, en 1965, chacune disant: "On veut payer chacune nos dettes,
on ne veut pas payer les dettes des autres". C'est la raison pour laquelle
cette clause a été mise dans la charte de la ville de Laval.
Vimont voulait payer uniquement sa part; Chomedey voulait payer sa part;
Sainte-Rose aussi, et c'est la raison pour laquelle cette clause était
dans le projet de loi.
Je pense bien qu'on tente, sans agressivité d'aucune
façon, de donner un éclairage plus complet. La meilleure preuve,
en somme, c'est que les $4,5 millions ont été payés, sur
le budget de 1975/76, par le gouvernement précédent, a
été payé par vous, sur le budget 1976/77, qui était
le budget de l'ex-ministre des Finances. En 1977/78, chose assez
intéressante, la même note qui apparaissait pour 1976/77,
concernant une subvention à Laval, sans mentionner de montant, tel que
le mentionne le ministre des Finances, apparaîtla même note
au budget de 1977/78, aux sommes votées par la Chambre à
votre budget de 1977/78. Il n'y a rien d'illégal dans cela, mais vous
n'avez rien payé de cette année-là. C'est le
troisième versement que vous payez actuellement, et vous le faites en
deux tranches.
En même temps que vous payez, soit l'ancien gouvernement et le
vôtre, deux fois $4,5 millions, en 1976, tel que l'a expliqué le
ministre des Transports, Laval a été intégrée comme
toutes les autres, les 5 ou 6 autres commissions de transport, et, en 1976, en
1977, en 1978 et en 1979, reçoit sa quote-part du déficit du
transport en commun.
J'apprécie cette discussion. Je vois que le ministre des
Finances, pour la première fois, ne conteste pas cet engagement, comme
l'a contesté, pendant longtemps le ministre des Affaires municipales, et
d'une manière virulente et d'une manière féroce. Le
ministre des Affaires municipales a contesté cet engagement-là,
ce qui n'est pas votre cas.
Dans votre cas, vous dites que la subvention est trop
élevée, que la situation de Laval est très bonne et que la
fusion est un succès. En somme, si l'administration de Laval avait
été mauvaise, s'il y avait eu des déficits, cela donnerait
ouverture à la subvention, d'après votre argumentation. Si la
ville de Laval était en mauvaise posture, si elle était mal
administrée, on donnerait peut-être la subvention. Parce qu'ils
ont bien administré, vous dites: On va vous pénaliser. On ne vous
donne plus de subvention et on met fin à l'entente.
Il y a eu engagement, M. le ministre des Finances et M. le ministre des
Affaires municipales. Il y a eu engagement. Une fois et je termine
le ministre des Affaires municipales m'a dit en Chambre: La ville de
Laval n'aura pas à réimposer cette taxe des ex-villes. J'ai
contesté cela, parce qu'en vertu de l'article 33 de la charte de la
ville de Laval, chaque ancienne municipalité est responsable de ses
dettes. Depuis 1975, cela a été aboli à cause des
subventions de $4 500 000. Aujourd'hui, dans le petit papillon que vous nous
apportiez tout à l'heure, vous reconnaissiez que vous aviez tort
à ce moment-là, parce que ce papillon dit que on l'a ici,
ce papillon le remboursement de ces emprunts, vous voulez
justement le mettre au fonds général, au lieu d'imposer
les taxes ex-ville. C'est déjà un commencement de preuve ou un
commencement d'aveu de votre part.
M. Tardif: Je ne voudrais pas qu'on interprète cet
article. J'ai dit que Laval n'aurait pas à imposer. Ce papillon vise
justement à faire qu'elle n'ait pas à imposer.
M. Lavoie: Légalement parlant, elle devrait imposer.
M. Tardif: L'objectif premier de ce papillon est de
régulariser et de légaliser l'illégalité dans
laquelle est la ville de Laval depuis trois ans en n'imposant pas la
répartition selon l'article 33.
M. Lavoie: Grâce à la subvention qui était
donnée jusqu'à extinction finale de cette date. Je termine, M. le
Président. Je vous remercie de m'avoir enduré aussi longtemps, de
m'avoir permis d'apporter cette contribution, mais je préfère un
gouvernement qui est trop généreux vis-à-vis des
municipalités qu'un autre qui ne l'est pas assez. Je vous remercie, M.
le Président.
M. Tardif: M. le Président, on pourrait évidemment
faire un bilan de ce que les municipalités ont reçu depuis deux
ans seulement et voir où se situe la différence. A tout
événement, la question n'est pas de savoir si Laval était
dans la dèche, à ce moment-là, on se croira obligé
de lui venir en aide mais effectivement la situation de Laval est bonne et non
seulement elle est bonne mais elle permet de réaliser des surplus. La
question est: Est-ce qu'on doit avec les deniers publics financer des surplus
de cette municipalité? Je pense que la situation, si on tente de la
"dédramatiser" parce que je pense qu'elle a été un
peu dramatisée de rattacher le sort de Laval, sa
viabilité, de parler de gravité, d'avenir compromis, est
nettement exagérée.
Le député de Laval a fait état d'une étude
de statistiques faite au ministère en 1973. Or, je lui dirai que la
situation a nettement évolué depuis 1973 puisque depuis cette
année-là, précisément de fait, depuis 1972
la ville de Laval accumule des millions, des surplus, des
excédents, des revenus sur ses dépenses de l'ordre de $2 500 000
par année depuis 1972. J'en veux pour preuve le texte même du
maire rendu public récemment, non pas le texte qui a été
déposé ce soir, où on parle de l'indice des
dépenses qui est de 107 à Laval contre 159 à la ville de
Québec et de 179 à la ville de Montréal. C'est à la
page 9 du discours du maire de Laval il y a quelques temps.
J'en veux aussi pour preuve le fait qu'à la page 13, il fait
aussi état des revenus de transfert du gouvernement du Québec
sous forme de taxes de vente qui sont passés de $6 millions en 1972
à $16 millions en 1977. Non, mais on se base sur une situation
décrite en 1972/73 pour parler de situation financière difficile,
alors que ce n'est plus le cas maintenant.
En page 16 de son discours, M. le maire de Laval fait état d'un
taux d'endettement de 7,5% à Laval en 1977 et ceci, comparativement
à un taux de 11,22% à Longueuil, de 11,54% à
Montréal et de 13,49% à Québec. Donc, sur le plan de
l'endettement par rapport à l'évaluation foncière, encore
là, sa situation n'est pas ce qu'elle était en 1973.
Egalement, en page 17, on fait état d'un service de la dette qui
est passé de 40% en 1972, donc part du budget annuel consacrée au
service de la dette, à 29% en 1977. Donc, encore là,
amélioration notable.
Egalement, en page 19, on parle de réduction du taux de taxe en
1976 par rapport à 1975, et 1977 par rapport à 1976.
Finalement, en page 20, on cite des chiffres pour montrer que dans la
région métropolitaine de Montréal, l'augmentation moyenne
pour les maisons unifamiliales a été de 52%, et pour les maisons
bifamiliales de 26%, contre 29% à Laval pour les maisons unifamiliales
et 10% pour les maisons bifamiliales. (0 h 45)
Evidemment, la question aujourd'hui est: Comment, en fait, concilier ces
données qui, encore une fois, je pense, sont tirées des documents
rendus publics par la ville de Laval, avec ce qu'on nous présente
peut-être comme une vision alarmiste? Je suis d'accord qu'on ait voulu
et c'est ce qu'on cherche par le papillon qui a été
déposé corriger ce qu'on appelle une iniquité dans
des taux différenciés de taxe d'un secteur à l'autre et
aussi ce qu'on appelle le paradoxe de l'injustice, qui consistait à
faire répartir ceci à l'ensemble de la population. Mais, est-ce
qu'on corrige une injustice par une autre, en refilant, finalement, la note
à l'ensemble des Québécois?
Là-dessus, je pense que tant et aussi longtemps qu'on reste
à l'intérieur des règles du jeu actuelles, c'est
évident qu'on peut penser qu'on est acculé à une
espèce d'impasse, mais lorsqu'on envisage ceci dans le cadre de la
réforme de la fiscalité, je pense que tout ceci prend une
nouvelle dimension. Vraiment, avec un budget de l'ordre de $100 millions et un
manque à gagner de l'ordre de $2 250 000 et avec des surplus
accumulés de $10 millions, parler d'avenir compromis et de situation
dramatique me paraît exagéré.
Moi aussi je veux m'employer à trouver une solution à ce
problème avec mon collègue des Finances et avec les
autorités de Laval. J'ai présenté un dossier au Conseil du
trésor et au Conseil des ministres le 29 mars dernier, justement avant
la fin de l'exercice financier, alors qu'il nous manquait toutes ces
pièces au dossier. Elles étaient non seulement éparses au
ministère des Finances, au Conseil du trésor, au ministère
des Transports, au ministère des Affaires municipales mais bien souvent,
elles étaient inexistantes; elles nous ont été fournies
par le maire de Laval lui-même, parce que ces pièces manquaient
également au dossier du ministère des Affaires municipales.
Je voudrais tout simplement dire que je suis
prêt à m'employer pour défendre les meilleurs
intérêts des municipalités et de la ville de Laval en
particulier. Je pense que c'est par le biais de la réforme fiscale qu'on
peut le faire, réforme qui va donner des revenus additionnels autonomes
à la ville de Laval. En attendant, les mesures prises permettent
d'éviter cette augmentation des taxes encore une fois sur laquelle
j'aimerais avoir des explications, de même que pour ce qui est de
l'affectation de ces surplus à la ville de Laval et de ces programmes
qu'on dit devoir couper, par suite de ce manque à gagner ou à
recevoir.
Voilà en gros ce que j'avais à dire, M. le
Président, en conclusion de cette présentation.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, pour revenir sur certaines
choses qui ont été dites, et je l'espère, pour essayer de
clarifier toujours ce dossier, je voudrais dire ceci: Je pense que le
député de Charlevoix a parfaitement raison quand il dit que la
combinaison d'un montant forfaitaire accordé pour plusieurs
années à Laval à la place des subventions pour le
transport, était un marché de dupes. S'il avait fallu que cela se
maintienne pendant un certain nombre d'années avec un déficit sur
le transport qui monte très vite, avec un montant forfaitaire
donné et un déficit non subventionné, il est
évident que la ville de Laval aurait fait passer un marché de
dupes. Dans ce sens, je comprends que le précédent gouvernement
ait été fort embêté par l'énoncé de
politique qu'il a mis sur la table en décembre 1975. De fortes pressions
ont été faites pendant un certain nombre de mois pour essayer de
lui faire changer cela. Je comprends très bien. Mais, dans ces
conditions, il ne faut pas parler de négociation globale, comme le
député de Laval en parlait tout à l'heure. Il n'y a pas eu
de négociation globale pendant deux ans. Il y a eu le plus
extraordinaire zigzag d'engagements contradictoires je reviens sur le
mot "contradictoires" d'un gouvernement qui ne savait pas où il
allait. Bien oui!
M. Lavoie: Est-ce que vous mettez notre parole en doute sur le
"bargaining" total?
M. Parizeau: Non. Je ne parle pas du "bargaining" total. Je vais
y venir. Cela commence en mars et en avril 1975 dans des textes officiels et
cela se poursuivra jusqu'en septembre 1976, dans des textes officiels
toujours.
Quand je parle de zigzags et de choses contradictoires, je dis que ce
n'est pas un engagement global qui a été pris en l'espace de deux
mois. C'est une série de zigzags qui se sont produits pendant deux
ans.
Le député de Laval disait que j'accepte qu'il y ait
engagement. Non, je n'accepte pas qu'il y ait engagement. Ce que j'essaie de
voir depuis le début là-dedans, c'est ce qu'il est raisonnable de
faire...
M. Lavoie: Ce que vous trouvez raisonnable.
M. Parizeau: Vous savez, quand on commence à parler du
raisonnable, c'est toujours...
M. Lavoie: Personnel.
M. Parizeau: Forcément. L'important, c'est de bien
comprendre qu'à partir du moment où la politique de transport a
été changée et où le montant, qui était
budgétisé, comme le disait le député de Jean-Talon
tout à l'heure... les $4 500 000 ont été
budgétisés, mais ils l'ont été en mars 1976. Ils
l'ont été avant que la politique de transport connue à ce
moment elle était connue depuis décembre 1975 avant
que la politique de transport ne soit changée pour la ville de
Laval.
Donc, cela a été budgétisé en mars 1976 et
c'est seulement en septembre 1976 que la politique de transport a
été modifiée. Dans ce sens, compte tenu du fait que le
versement de $4 500 000 n'a jamais été fait par l'ancien
gouvernement, le second versement, je ne sais plus de quel engagement on parle
et je ne sais même plus s'il s'agit vraiment d'engagement.
Troisièmement, je suis tout à fait surpris qu'on ait
invoqué l'obligation de retirer la taxe des locataires. Je vois dans la
correspondance passer une lettre de M. Goldbloom saluant le fait que la taxe
des locataires a été retirée. Nulle part, dans les
documents, je n'ai jamais trouvé une obligation formelle de la part de
Laval de retirer la taxe sur les locataires.
Quant au financement de la taxe sur les locataires, bien sûr, cela
pouvait l'être à partir des $4 500 000, mais cela pouvait
l'être par toute une série de mesures qui, cette même
année, ont été prises pour aider un certain nombre de
municipalités.
Regardez par exemple une autre façon de financer la taxe des
locataires. C'est le même budget, c'est le même discours du budget
du ministre des Finances en 1975-76. Lorsqu'il fait allusion aux subventions
per capita aux municipalités, il donne un exemple à quel point
cela va avantager en particulier les grosses municipalités. Je le cite
à la page 31 de son discours du budget: "Par exemple, une
municipalité de 200 000 habitants combien y a-t-il de
municipalités de 200 000 habitants à ce moment? Laval et
Québec.
M. Lavoie: Laval et Montréal.
M. Parizeau: Au Québec, il y en avait 180 000, j'imagine,
à l'époque. C'est cela.
M. Lavoie: Laval et Montréal.
M. Parizeau: Non, une municipalité de 200 000 habitants,
je ne dis pas de plus. Je dis qu'une municipalité de 200 000 habitants
aurait reçu en 1975, selon le régime actuel, $2 millions, soit
$10 par habitant. Selon la nouvelle formule, elle recevra $3 300 000,
c'est-à-dire la différence qui, soit dit en passant,
représente à peu près la taxe des locataires à ce
moment.
Je n'en suis pas à la taxe des locataires en particulier, mais
quand le député de Charlevoix
dit: "II s'est passé des tas de choses à Laval, comme dans
les autres municipalités. On leur a rendu des routes, elle a
retiré ceci ou ajouté telles dépenses." Oui, mais il n'y
avait pas que les $4,5 millions qui étaient brassés à ce
moment. Il y avait toute une série d'autres améliorations
budgétaires qui visaient des villes justement de cette taille.
Dans ce sens, il ne faudrait pas qu'on essaie d'accrocher aux $4
millions ou de déduire des $4,5 millions toute une série de
dépenses additionnelles que des villes comme Laval pouvaient engager
à la même époque. Elles recevaient dans les mêmes
discours du budget des montants additionnels aussi.
M. Tardif: Est-ce que vous permettez une simple question?
N'est-ce pas également cette année-là que la ville de
Laval décidait de faire passer sa taxe d'eau de $60 à $90 par
logement, dégageant ainsi un revenu possible de l'ordre de $1,2
million?
M. Parizeau: Aussi.
M. Lavoie: Oui, mais les coûts d'administration
augmentaient.
M. Tardif: Je ferme la parenthèse. Cela remplaçait
aussi la taxe de locataire.
M. Parizeau: Tout ce que je voulais dire tout à l'heure,
c'est que les membres de l'Opposition qui sont intervenus avaient tendance,
comme disent les Anglais, à tout lancer dans le pot, y compris
l'évier de la cuisine.
Evidemment, il y a des dépenses municipales. Evidemment, il y a
toutes espèces de portes par lesquelles les gouvernements successifs
augmentent leurs revenus.
Cela m'amène à une dernière considération
avant qu'on puisse conclure. Il est très paradoxal que, depuis deux
heures, on discute de subventions forfaitaires et/ou subventions au transport
alors que dans la très longue présentation que le maire de la
ville de Laval a faite en public il y a quelques jours, dans sa
conférence de presse qui a au moins 50 pages, il ne parle pas du tout de
cette question du transport. Nous discutons depuis deux heures des subventions
au transport et dans 50 pages je n'ai pas vu une seule allusion à cela.
Je me suis peut-être trompé, je n'ai rien vu du tout.
Cela m'apparaît quand même important cette espèce de
divorce qu'il y a dans le dialogue où, s'adressant aux gens de Laval, on
ne leur parle pas du tout du transport. On se rend compte de tout ce zigzag
incroyable du précédent gouvernement autour des subventions de
transport, il les retire, il les redonne et il se demande comment ajuster cela
avec ses $4,5 millions et, d'autre part, nous, pendant deux heures, nous ne
parlons que de cela. Il y a là une réconciliation qu'il faudrait
essayer de faire.
Cela étant dit, je reviens à mon propos originel. Il reste
fondamental de savoir dans quelle mesure les gens de Laval sont ou ne sont pas
placés devant une hausse de taxes. Cela est fondamental parce que le 1er
janvier 1980, si la réforme fiscale entre en vigueur, de toute
façon, on va parler d'un tout autre cadre et d'un cadre qui, au fond,
présente un tas d'intérêts pour Laval. Pour 1979, c'est de
cela dont on discute, il s'agit de savoir si les gens de Laval sont ou ne sont
pas placés devant une hausse de taxes. A cet égard, je suis tout
à fait disposé comme je l'ai déjà
signalé tout à l'heure à examiner conjointement ce
que Laval peut présenter comme projection d'états financiers, ce
que nous avons évidemment sur la base des états financiers
de Laval comme projection, et de voir dans quelle mesure on peut
facilement réconcilier les choses.
Une chose est évidente, c'est qu'entre les projections que nous
faisons au gouvernement à partir des états financiers de Laval et
ceux que le maire de Laval faisait dans sa présentation tout à
l'heure, ce n'est pas qu'une légère opposition; c'est un trou
considérable. Si tant est que cela peut être utile qu'on cherche
à réconcilier les chiffres de chaque côté, je sais
très bien que les gens des affaires municipales seront d'accord et moi,
en tout cas, ce qu'on peut avoir au Conseil du trésor et au
ministère des Finances pour donner un coup de main, on l'utilisera
volontiers.
Une Voix: M. le Président...
Le Président (M. Marcoux): Un instant! Il y a trois
intervenants qui ont demandé la parole: le maire Paiement, depuis
longtemps, le ministre délégué à l'énergie
et le député de Jean-Talon. Par contre, nous avons pris une
décision ensemble, tantôt, qu'à 1 heure il y aurait
ajournement. Avant de céder la parole à qui que ce soit, s'il n'y
a pas d'autre décision, normalement je dois lever l'assemblée,
est-ce qu'il y a consentement pour le prolongement de la séance? Est-ce
qu'on aurait une heure à suggérer?
M. Tardif: Consentement.
Le Président (M. Marcoux): II y a consentement pour le
prolongemment...
M. Lavoie: On va s'entendre pour l'ajournement, j'imagine qu'on
devrait terminer dans quelques minutes.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'on peut s'entendre
sur une heure, c'est parce que cela me guiderait dans la suite des travaux. Une
demi-heure?
Des Voix: Une demi-heure.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous incluez, dans
cette demi-heure, l'étude ou l'analyse du projet qu'on a
distribué tantôt?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): M. le maire Paiement.
M. Paiement: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, j'ai évidemment entendu beaucoup de choses et
j'espère que je n'oublierai pas de questions; si jamais j'en oubliais,
je vous prierais de me le rappeler. J'ai essayé de prendre des notes et
j'ai quatre pages de questions, pour le moment.
Vous comprendrez qu'au départ, j'ai voulu replacer le contexte
social qui pouvait être vécu à ville de Laval dans les
années qui ont précédé la fusion en 1973, contexte
extrêmement difficile, laborieux, coûteux où les gens de
Laval avaient presque honte de vivre à Laval. Ceci a amené
énormément de discussions vous n'en doutez sûrement
pas et a amené évidemment beaucoup de réflexion
également parce que c'est toujours lorsqu'un problème est
posé qu'on se met à réfléchir. Vous savez, c'est
toujours quand un train écrase une auto qu'on met une barrière
avec des lumières; c'est toujours la même chose. C'est pour cette
raison que j'ai voulu rappeler cela. (1 heure)
On a parlé d'un surplus et des fabuleux surplus
budgétaires de la ville de Laval. Au départ, c'était un
péché mortel d'avoir des surplus. Nous avons toujours
pensé que c'était de la saine gestion et nous avons toujours
pensé qu'il ne fallait pas changer le compte de taxes à chaque
tempête de neige. Nous avons pris la saine habitude de tenter de
contrôler nos budgets pour ne pas faire de déficit.
On s'est un peu habitué au Québec, au Canada d'ailleurs,
à voir des déficits des gouvernements supérieurs comme des
états de fait acceptables, même intéressants. Sur le plan
municipal, c'est fort différent. D'ailleurs, la Loi des cités et
villes nous oblige à faire des budgets équilibrés. Partant
de là, elle nous défend de faire des déficits et nous
incite donc à avoir des surplus. Je ne pense pas qu'il y ait un
péché dans tout cela et les nouvelles directives au niveau du
gouvernement même sont d'inciter les municipalités à
contrôler leur budget et, si possible, à avoir un léger
surplus, ce qui constitue, somme toute, une façon de stabiliser, pour
autant que faire se peut, les taux de taxation.
Une des choses les plus désagréables tant pour le domaine
financier que pour les contribuables, est que le taux de taxe joue tous les
ans. Egalement, ces surplus ne sont pas de $10 millions. Si Laval avait un
surplus de $10 millions, je ne serais peut-être pas ici et je ne
réclamerais pas ce que nous pensons nous être dû. Laval,
depuis 1972, traîne un surplus. Ce n'est pas un surplus accumulé.
C'est un surplus reporté.
Tous les ans, Laval ne vient pas additionner $3 millions à un
surplus pour se réveiller au bout de dix ans avec $30 millions de
surplus. On reporte le surplus et, si on a un surplus pour 1977, on le reporte
au budget de 1979 parce que nos états financiers sont connus au cours de
l'année 1978, ce qui fait que nous n'avons pas à taxer pour le
montant qui est reporté de 1977 à 1979.
Il s'agit d'une politique de contrôle budgétaire
serrée et je pense bien qu'on ne nous reprochera pas de contrôler
nos budgets, parce qu'on a vécu à Laval trop de circonstances
tragiques. On n'avait même pas d'argent pour faire la paie des
employés. On allait sur la rue Saint-Jacques et on riait de nous. On ne
pouvait même pas emprunter $0.05. Nous avons pensé que ce
n'était pas tout à fait correct. Chaque fois que nous faisions
des émissions d'obligations, on payait un quart, un demi, si ce n'est
pas trois quarts de point plus cher.
On a décidé d'essayer de maintenir une bonne situation
financière et je suis certain que le ministre des Finances ne nous
blâmera pas d'agir de la sorte. Si toutes les municipalités au
Québec avaient les contrôles budgétaires qu'on a et la
situation qu'on a je l'ai dit dans une conférence à
laquelle on a fait appel, la chaîne n'est pas plus forte que le plus
faible de ses maillons le Québec dans sa globalité serait
plus riche et plus serein, si toutes les municipalités étaient
plus riches et plus sereines.
Je peux parler deux minutes des surplus et voir ce que donnent ces
surplus. Si je prends ici les états financiers au 31 Décembre
1977, on va se rendre compte qu'il y a un solde, au 31 décembre 1977, de
$6 389 000. Mais si je dissèque cela le moindrement, je me rends compte
qu'il y a $3 206 000 qui ont été employés en 1978,
utilisés au budget de 1978, donc sur lesquels nous n'avons pas
imposé de taxe. Il y a $3 100 000 qui vont être reportés
dans le budget de 1979, ce qui va nous éviter d'augmenter les taxes pour
un montant équivalent. Quant aux autres réserves, dans le moment,
elles sont très minces. Il y a un surplus réservé, parce
que ce que nous faisons comme politique budgétaire, nous arrivons
à la fin de l'année, grâce au contrôle du
trésorier, de la gérance et de tout le monde, avec un
surplus.
Une partie de ce surplus est versée aux réserves, ce qui
constitue un surplus réservé que nous approprions. Comment
l'approprions-nous? Pour des contestations d'évaluation qui nous
arrivent en cours de route. On sait que, depuis la Loi sur l'évaluation
foncière, les cotisations d'évaluation sont nombreuses. On a
maintenu cette année le même montant à $150 000, et je
pense qu'il n'est pas invraisemblable de penser que, dans le contexte du zonage
agricole, il y aura suffisamment de contestations pour nous faire perdre au
moins $150 000.
Il n'y a plus de remplacements d'actif et de rénovations. Il n'y
a plus non plus d'installation de feux de circulation, l'argent a
été utilisé au cours de l'année 1978. Le montant de
$415 000 viré au surplus réservé, a été
également viré, c'est un revenu extraordinaire qui nous est
arrivé par la vente d'un immeuble le garage municipal et
qui a été versé au règlement prévoyant la
construction d'un nouveau garage municipal. Il ne reste donc rien là non
plus. Quant au revêtement d'usure et de pavage vous comprendrez
qu'avec le nombre de montées, brisées et cassées et
pleines de trous qu'on a reçues en cadeau du gouvernement du
Québec qui nous ont coûté l'an dernier presque $3
millions et qu'on a été obligé de refaire année
après année en bouchant
les trous parce qu'on n'avait pas les moyens de les refaire, cela nous a
coûté au moins $500 000 par année. C'est un des cadeaux
qu'on a eus.
Dans ce contexte-là, on a évidemment perdu en même
temps les bons cantonniers on en a perdu environ 50 qui s'occupaient des
chemins a Laval et on a été obligé de payer des
employés pour entretenir ces rues.
Ce qui reste ensuite au surplus? Il y a la stabilisation du coût
de l'enlèvement de la neige. Je ne vous ferai pas de discours
là-dessus, il y a $200 000 et on le mange tous les ans. On a
commencé à créer un fonds d'assurance et on se rend compte
d'année en année que cela nous coûtait extrêmement
cher d'assurances. On a commencé il y a cinq ou six ans à tenter
de mettre $100 000 par année pour, éventuellement, arriver
à avoir un montant substantiel et être notre propre assureur, je
pense que c'est de la bonne gestion, plutôt que de prendre l'argent des
contribuables et de le donner aux compagnies d'assurance.
Quant aux projets de rénovation et d'amélioration, on
avait une réserve de $333 000 et $167 000 ont été
dépensés. Il y a une contingence extraordinaire pour
réclamations pour inondations. On a eu un incendie en 1964, on est rendu
en Cour suprême, cela va nous coûter environ $800 000, quand le
jugement va sortir. Si je ne fais pas une prévision, je vais me
retrouver avec un déficit à la fin de l'année. Ce sont
là les surplus de la ville de Laval et il n'y a rien là de
dramatique dans notre esprit.
La ville de Laval, en 1971/1972, a malheureusement et je
n'étais pas maire dans le temps, Dieu merci, emprunté $10
millions en francs suisses, au moment où il était à 0,28
ou 0,29, je ne vous dirai pas, M. le ministre des Finances, ce que vaut le
franc suisse actuellement, mais on doit le rembourser actuellement et cela nous
coûte trois fois plus que ce qu'on a emprunté.
M. Parizeau: Votre réserve pour le fonds étranger,
gardez-la.
M. Paiement: On est au moins d'accord là-dessus! Il y a
des frais de refinancement, les fameuses "ballounes". La grosse période
de construction et de développement à Laval a été
durant les années 1960 à 1966, 1967 ou 1968; on a eu
énormément de construction et, à ce moment-là, on
pouvait encore emprunter à 4% et à 5%. Il arrive que les
années que nous courons, on se refinance à peu près
à 11% ou 10,5%. Quelqu'un doit payer entre les deux, c'est pour cela
qu'on a des escomptes sur le refinancement.
Pour nous, au fond, il n'y a'rien là, mais cela nous évite
de nous réveiller une année avec plusieurs pépins sur la
tête et d'être obligés d'augmenter les taxes de $0.25 les
$100 d'évaluation dans la même année.
Cela explique les surplus et je pense bien, M. le ministre des Finances
et M. le ministre des Affaires municipales, que vous allez inciter les
municipalités à avoir des surplus. Cela va vous créer bien
moins de problèmes.
On a parlé aussi de l'arrêté en conseil de septembre
1976, à la CTL. M. Mailloux a montré cet arrêté en
conseil et j'ai dit dans mon texte que $4 500 000 avaient été
versés en 1976, alors que le chèque a été fait le
10 mai 1977 par M. Tardif... c'est-à-dire que c'est toujours le ministre
des Finances qui fait les chèques; mais il a été
expédié à la ville de Laval par M. Tardif.
J'aimerais aussi rappeler qu'avant que ce chèque ne soit
expédié à Laval, j'avais, bien sûr, rencontré
M. Tardif; je n'avais pas fait de pression, parce que je n'en fais jamais, mais
j'avais expliqué, de la façon la plus claire dont j'étais
capable, à M. Tardif la nécessité de donner $4,5 millions
à la ville de Laval. Je lui avais mentionné à cette
époque que c'était compris dans le budget.
Je le remercie, il avait réussi à convaincre le ministre
des Finances de nous envoyer $4,5 millions pour l'exercice parce que la
ville de Laval fonctionne sur une base d'exercice, et je pense qu'on est
justifié de fonctionner sur une base d'exercice, quand on fait affaire
avec le ministre des Finances et le gouvernement du Québec... Or, nous
avions, dans nos livres, un montant payable sur la base de l'exercice de 1976.
Le chèque nous est arrivé en retard, on a perdu un peu
d'intérêt, mais on n'en a pas parlé, on a encaissé
le chèque. Alors, je considère qu'on a reçu le
chèque en 1976.
Le Président (M. Marcoux): Vous serait-il possible de
raccourcir vos propos? Je sais qu'il y a cinq intervenants qui vous ont
précédés, mais l'objectif étant de terminer
à 1 h 30...
M. Paiement: Je ne voudrais pas, M. le Président, qu'on me
dise que je n'ai pas répondu aux questions et que j'ai laissé
planer de l'ambiguïté, parce que pour moi cela a toujours
été un dossier tellement clair. Je voudrais vous expliquer ce
qu'est Laval. On semble dire: Laval, c'est une ville de millionnaires...
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse, je ne voudrais pas
que mes interruptions vous...
M. Paiement: Je ne veux pas faire un discours là-dessus
non plus, mais... Je m'excuse, messieurs, je sais que vous travaillez
très fort.
La subvention M. Lavoie l'a souligné a
été payée deux fois en totalité, $4,5 millions. La
troisième fois, encore $4,5 millions, divisés en deux. J'aimerais
soulever un point de l'argumentation de M. le ministre des Finances. Vous nous
dites: Laval a reçu, per capita, $66 ou quelque chose du genre...
M. Parizeau: $76.
M. Paiement: On ne se battra pas pour si peu. M. le ministre,
j'aimerais vous rappeler que l'article 66 de la Loi des fusions volontaires
exclut Laval, d'une part, et vous rappeler également qu'à la
ville de Laval cela n'a jamais été une fusion volontaire. Si on
avait voulu, à Laval, faire une fusion volontaire, il n'y aurait jamais
eu de fusion à la ville de Laval.
J'aimerais également vous rappeler certaines choses dans le cas
des fusions volontaires. Quand on fait des fusions volontaires, on prend
d'habitude des villes qui sont contiguës, qui sont très près
l'une de l'autre ou qui s'imbriquent l'une dans l'autre. Or, dans le cas de la
ville de Laval, on a fusionné des villes situées à 20
milles les unes des autres et on s'est retrouvé, à Laval, avec
quatre...
M. Tardif: Là-dessus, on peut s'arrêter; aucune des
fusions n'a été volontaire; Chicoutimi, Jonquière,
Beauport, Charlesbourg, il n'y en a aucune. Ce sont des fictions.
M. Paiement: Alors pourquoi appelle-t-on cela la Loi des fusions
volontaires?
M. Tardif: Ah, ça, M. le maire!
M. Parizeau: C'est pour cela que les $15 ne sont pas
appliqués non plus.
M. Tardif: C'est pour cela, comme le souligne le ministre des
Finances, que les $15 ne se sont pas appliqués et qu'en
réalité le ministère a toujours à peu près
doublé le montant à $30 ou $33.
M. Paiement: De toute façon, ce que je veux vous dire,
c'est que nous pensons que le cas de Laval, à cause des quatorze
municipalités, à cause des quatorze noyaux d'urbanisation plus ou
moins avancée... Chacun avait son système d'égout, son
système d'aqueduc, etc. et cherchait à développer son
propre petit parc industriel et sa petite économie régionale, il
nous a fallu mettre tout cela ensemble, réinstaller des conduites pour
qu'on ne se retrouve pas, à la ville de Laval, avec des citoyens de
première classe, de deuxième classe et de troisième
classe. Il nous a fallu réunir des noyaux épars de
développement, fusionner l'ensemble de nos réseaux:
égouts, aqueducs, routes, etc. Ceci présentait, pour Laval, une
complexité un peu extraordinaire et des coûts qui étaient
passablement extraordinaires.
Or, je n'accepte pas cette argumentation selon laquelle Laval a
reçu plus que je ne sais quelle autre ville. Je pense que chaque cas est
un cas d'espèce et dans le cas de Laval il y a un autre particularisme,
c'est que la fusion s'est faite et on a su, à peu près deux ans
après, ce que coûtait la fusion à Laval. Avant qu'on ait
trouvé tous les comptes, toutes les lettres et tous les échanges,
on s'est réveillé deux ans après et on a trouvé que
cela coûtait bien plus cher qu'on avait pensé. (1 h 15)
Là, je ne veux pas être méchant pour personne, mais
cela, c'est une réalité vécue chez nous. Si on l'avait su
avant, peut-être qu'on aurait pris d'autres précautions qu'on n'a
pas prises et, quoi qu'il en soit, les Lavallois ont largement payé.
Un autre argument que j'aimerais relever... on me dit: Bon, la
collectivité québécoise ne paiera pas pour la bourgeoisie
lavalloise. Là, on semble insinuer une espèce de
péréquation, où la Gaspésie n'a pas à payer
pour la ville de Laval. Bien sûr que la Gaspésie n'a pas à
payer pour la ville de Laval. Mais j'aimerais vous rappeler que les
particuliers de la ville de Laval, au niveau de l'impôt foncier, les
entrées fiscales au trésor, contribuent à 4,7% des
entrées fiscales et c'est probablement la plus haute proportion que vous
trouvez dans les municipalités de la province. Alors, si on parle de
péréquation, je pense que, nous, les Lavallois, nous payons pour
la Gaspésie; non pas la Gaspésie qui paie pour nous.
Egalement, si on veut dire que la collection québécoise
n'a pas à supporter une ville qui va si bien que cela, bien, je pense
qu'en 1965, quand on a fait la fusion de Laval, on l'a faite dans une optique
d'unité, bien sûr, territoriale où on a voulu donner, au
gouvernement du Québec et à la province de Québec, un
partenaire économique efficace, un agent économique important et
intéressant. Alors, si on a jugé, à cette période,
qu'on pouvait faire payer pendant dix ans des citoyens qui ne la voulaient pas,
la fusion, pour constituer un partenaire économique du gouvernement et
qu'aujourd'hui cette ville est devenue un partenaire économique du
gouvernement et de la province et des Québécois, je pense qu'il
faut essayer de maintenir son momentum et son dynanisme, et son énergie.
Alors, j'ai bien de la difficulté à accepter qu'on paie pour les
autres d'autant plus que de 1965 à 1975, il y avait personne qui voulait
payer pour nous, cela, je vous l'assure.
On a parlé, tout à l'heure, d'une situation
d'illégalité dans laquelle se trouvait Laval. Bien sûr,
c'est vrai; situation d'illégalité, mais également
situation d'équité. Nous étions pleinement
justifiés de penser que, quand le ministre des Finances de la province
parle, il dit la vérité et on doit l'écouter et que ses
énoncés de politique font foi. Et, personne n'a le droit,
raisonnablement, de mettre en doute ce que dit le ministre des Finances. Or,
sur des énoncés clairs dans le budget de la province, budget qui
a été adopté, d'ailleurs, par l'Assemblée
nationale, nous, nous avons cru qu'il était équitable de mettre
une prévision, un compte à recevoir, dans notre budget.
Autrement, qu'on le dise, qu'il ne faut pas croire le ministre des Finances
quand il parle.
Quand je vous dis: "L'avenir est compromis." On dit: "Bien oui, le
maire, il charrie, le maire de Laval". Peut-être. Mais la ville de
Laval... Une chose qu'il faut bien saisir: On a parlé du consensus
lavallois, du sentiment d'appartenance, et je reviens avec des notions qui ne
sont pas tellement quantitatives, mais qui sont fondamentales dans notre
communauté. La ville de Laval est la ville qui a la moyenne d'âge
la plus basse. On a, chez nous, des bâtisseurs et il y a une
espèce de "momentum ' engagé, où le leadership est
exercé par l'hôtel de ville, sans aucune espèce de
prétention, mais au départ, il fallait que cela parte comme cela.
Nous étions en marche de façon dynamique.
A la ville de Laval, il nous manque les institutions qui sont propres
à une collectivité organisée de 260 000 âmes.
Trouvez-moi une ville au monde qui n'a rien à peu près comme nous
au
point de vue institutions. Là, on vient d'avoir un hôpital;
il a été ouvert cette année. On vient d'avoir un CEGEP,
mais à part cela, il n'y a à peu près rien. On ne s'est
pas, nous, payé de métro, on ne s'est pas, nous, payé quoi
que ce soit de tout cela, et sans allusion malveillante, on s'est dit: "Non, on
va s'en tirer; on va s'assurer le pain et le beurre dans notre assiette et
quand on aura de l'argent, on s'en paiera". Cela explique, au fond, qu'on se
soit privé et qu'on se prive encore. Vous pouvez toujours me dire:
"Allez chercher vos services communautaires, sportifs, culturels, etc.,
à Montréal". Bien sûr, mais ce n'est pas vrai qu'on va
bâtir une ville strictement avec des bouts de tuyaux. Pour nous, c'est
plus important que cela, l'implication de tout le monde, des hommes d'affaires
et des jeunes hommes d'affaires dans notre communauté.
Et dans ce sens-là, si on brise ce momentum-là, je pense
qu'on compromet ou qu'on retarde tout au moins la démarche de la ville
de Laval. On a fait de très grands efforts de promotion
économique, vous le savez, on a fait de la publicité, etc. On ne
nuisait pas au Québec, à ce moment-là, on pense qu'on
aidait le Québec. On en a fait entrer de l'industrie chez nous, on est
parti de 39% d'emplois qu'on pouvait donner, on est rendu à 55% et notre
objectif, c'est d'arriver à 75%.
Ce momentum-là, nous pensons qu'il faut le maintenir, parce que
s'il y a 20 villes au Québec qui font cela, on va se réveiller
dans un Québec très fort, tout à l'heure.
Je voudrais seulement dire deux mots de l'impact fiscal, parce qu'il
semble qu'on y attache beaucoup d'importance, et je vais me taire après,
M. le Président, si cela ne vous fait rien...
Le Président (M. Marcoux): Allez-y le plus rapidement
possible, parce qu'il y a du...
M. Paiement: L'impact fiscal, pour nous, $4,5 millions, en termes
de transposition de manque à gagner, c'est le calcul qu'on a fait,
représente 17 sous et les autres 4 sous représentent des
intérêts. Quand on n'a pas nos entrées d'argent, nous
allons à la banque, nous empruntons et nous payons bien plus cher que
10%; on l'a figuré à 10%, or, c'est cela qui explique les 21 sous
et les 37 sous.
M. le Président, je m'excuse, mais s'il y a d'autres questions,
je répondrai, plutôt, moi, je voudrais...
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre
délégué à l'énergie.
M. Joron: Moi, M. le Président, je suis comme le maire de
Laval, c'est l'avenir qui m'intéresse ou qui parfois m'inquiète.
Si on a le souci de l'avenir, on devrait se raccrocher à la suggestion
que faisait tout à l'heure le ministre des Finances, et essayer
d'étudier dans le concret, surtout à la lumière des
précisions que M. le maire vient d'apporter quant au surplus de Laval,
à la lumière de ce surplus-là, on pourrait peut-être
scruter la chose un peu plus avant et voir ce qu'on peut faire avec cela comme
accommodement pour l'année prochaine. Parce que, si on s'évertue
à chercher la solution dans le passé, ou dans la politique ou
"les engagements" entre guillemets de l'ancien gouvernement
à cet égard, si c'est là qu'on cherche la solution
à notre problème, j'ai bien l'impression qu'on ne la trouvera
jamais. La meilleure preuve étant que cette politique était
tellement claire et là, je ne partage pas l'avis de M. le maire
c'est que plus de 2 ans après, on se retrouve à cette
table avec les principaux acteurs de l'époque, et on essaie de mettre
les piastres ensemble et il en manque encore. Non seulement il manque encore
des piastres, mais il manque même un montant sur ce soi-disant
engagement. On a dit, à un moment donné, dans certains des
documents parfois contredits par d'autres, qu'une subvention serait
accordée, mais jamais on n'a mis le doigt sur le montant de cette
subvention-là. Et le grand absent, le ministre d'Etat aux Transports, M.
Berthiaume, qui, dans une de ses déclarations venait contredire
carrément... C'est peut-être...
M. Mailloux: Pardon, de quelle subvention, dites-vous que...
M. Joron: Je parle des $4,5 millions.
M. Mailloux: Les $4,5 millions, à quel moment sont-ils
remis en cause?
M. Joron: Nulle part où le montant apparaît une
fois, on paie $4,5 millions, mais on ne dit pas, par la suite, qu'on s'engage
à $4,5 millions. On dit: une subvention; mais de combien? On ne sait
toujours pas de combien.
M. Lavoie: Les tableaux d'amortissement sont tous ici. Cela
représente $45 millions à $50 millions jusqu'à
l'extinction. Ils sont tous là, ils sont tous disponibles, les tableaux.
Tous les règlements sont ici; en voulez-vous une copie de cela, des
taxes ex-ville, de tous les déficits?
M. Joron: Je les connais comme vous. Mais je parle des
engagements de l'ancien gouvernement au chiffre de $4,5 millions.
Celui-là, on ne le retrouve pas. Qu'il ait été payé
une fois, d'accord, mais le chiffre comme tel, à part de dire qu'une
subvention sera payé, on ne retrouve pas le chiffre. Ensuite, il y a M.
Berthiaume qui malheureusement n'est pas ici; c'est peut-être commode,
mais il n'est pas là.
M. Mailloux: Je prends la responsabilité.
M. Joron: II avait fait une déclaration postérieure
à cela qui vous contredisait tous, messieurs.
M. Lavoie: L'ex-ministre en titre...
M. Joron: L'ex-ministre en titre, je veux bien croire, mais
c'était un ministre de votre gouvernement quand même, il
était ministre du gouvernement et il ne savait pas ce qui se
passait?
M. Mailloux: M. le Président...
M. Joron: J'ai tendance à me dire Dieu merci qu'on ait
changé de gouvernement, si c'est comme cela que vous vous compreniez
entre vous.
M. Mailloux: Si le député me le permettait une
seconde, je ne pense pas avoir voulu impliquer mon collègue; j'avais la
responsabilité du ministère des Transports et si j'ai dit qu'un
dossier lui avait été confié et que c'est arrivé,
semble-t-il, au moment où nous nous sommes aperçus que certaines
pièces manquaient au dossier, qu'ensemble nous avons dû les revoir
avec le ministre des Finances et d'autres, je pense que c'est l'exercice qu'on
a fait ensemble à ce moment-là.
M. Joron: Quoi qu'il en soit, M. le Président, mon
intention n'était pas de recommencer encore tout ce procès du
passé; le moins qu'on puisse dire, en tout cas, c'est qu'il persiste une
certaine confusion et que c'est loin d'être clair.
Mon propos est plutôt de regarder vers l'an prochain en attendant
la réforme fiscale qui, on le sait on a vu les évaluations
de ce que cela pouvait donner dans le cas de Laval règlerait
probablement le problème. Cela est au 1er janvier 1980; on est à
douze mois et quelques semaines de cette date. Pour les douze mois qu'il reste
à passer, est-ce qu'un accord, à partir des données que M.
le maire vient de nous présenter sur les surplus de Laval, ne serait pas
possible pour traverser la période qu'il nous reste avant
l'entrée en vigueur de la réforme de la fiscalité
municipale? Ce n'est que cela, le problème, il ne faut pas
ultradramatiser à cet égard. Je ne partage pas le pessimisme de
M. le maire et peut-être que lui-même, au fond, n'est pas aussi
pessimiste qu'il le laisse entendre quand il dit que l'avenir est
compromis.
Ce n'est surtout pas lui, ce n'est surtout pas l'administration de Laval
qu'il faut blâmer d'avoir profiter de la confusion qui régnait
dans l'ancien gouvernement au bénéfice des contribuables de
Laval; ce n'est pas à lui du tout que j'adresse mes reproches.
M. Mailloux: Ne vous arrive-t-il pas de changer d'opinion dans
votre gouvernement? Récemment, à Tricofil, est-ce qu'un mercredi
soir vous n'aviez pas pris une décision pour décider de changer
d'attitude le vendredi soir pour des raisons qui sont les vôtres? Au
moment où nous étions le gouvernement, n'avions-nous pas le
droit, après une réétude du dossier, de changer
également une politique annoncée à l'intérieur de
budget annoncé dans les deux ordres d'idées?
M. Joron: Le moins qu'on puisse dire, c'est que sur ce cas, vous
en avez tricoté un coup parce qu'on ne s'y retrouve plus aujourd'hui. En
regardant vers l'avenir, on a douze mois avant que la réforme de la
fiscalité municipale entre en vigueur, il me semble que oublions
le passé parce qu'il est impossible d'y trouver une solution
compte tenu des précisions que le maire vient d'apporter concernant le
surplus, à partir de cette base, on pourrait se parler et tenter de
trouver un règlement qui fera que ce ne seront pas les citoyens de Laval
qui vont payer pour la confusion qui régnait dans l'ancien
gouvernement.
M. Paiement: M. le Président, je voudrais apporter une
petite précision qui peut être utile à cette discussion.
Avant que le deuxième montant de $4 500 000 ait été
payé, il y a un M. Gauvin, comptable agréé du
ministère des Affaires municipales, qui est venu relever tout le
dossier, refaire complètement l'historique et les recommandations au
ministère des Affaires municipales.
M. Lavoie: Vous avez reçu le chèque par la
suite.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: M. le Président, si le ministre responsable
des questions énergétiques pense qu'on peut balayer le
passé ainsi, je trouve qu'il a une piètre opinion de ce que sont
les engagements. Renier le passé pour les citoyens de la ville de Laval,
vos propres électeurs, cela veut dire...
M. Joron: Vous n'êtes même pas capables de les
retrouver vous-même, vos engagements.
M. Garneau: On va reprendre ces engagements un par un. Si le
gouvernement applique ce que vous avez dit, cela veut dire que vos propres
électeurs, les électeurs de votre voisin de droite se voient
privés d'une somme de $9 millions pour les deux années qui
viennent de passer: pour l'année 1978 qui est en cours et pour
l'année 1979, moins le contenu du règlement que vous voulez
essayer de passer pour tenter de passer l'éponge, et vous dites qu'on
verra cela dans la réforme fiscale.
La réforme fiscale que vous voulez mettre de l'avant, supposons
qu'elle soit bonne, je ne vois pas pourquoi les citoyens de la ville de Laval
et l'administration de cette municipalité n'en profiteraient pas au
même titre que toutes les autres municipalités. Vous allez
pénaliser les citoyens de la ville de Laval parce que dans votre
esprit... peut-être pour des raisons politiques, je ne sais pas, pour
essayer de blâmer l'ancien gouvernement. On est ici depuis deux heures...
depuis 22 heures, nous discutons de cela, on a eu des débats en Chambre
et qu'est-ce que vous tentez de faire? Vous essayez de vous poser la question
à savoir s'il y avait des engagements ou s'il n'y en avait pas. Pourquoi
vous êtes-vous posé la question? Le discours du budget
était très clair, on allait payer jusqu'à l'extinction
complète de la dette ex-ville.
Il m'apparaît que, si le ministre des Finances veut mettre en
doute ce discours du budget, il aura de petits problèmes au cours des
années à venir lorsqu'il fera des déclarations dans son
discours du budget, surtout lors d'un discours qui se termine par une motion
qui constitue et qui est
suivie d'un débat de 25 heures des députés de
l'Assemblée nationale et qui est adopté comme étant la
politique fiscale du gouvernement. Cela est un des aspects de la
fiscalité, de l'ensemble de la fiscalité. Vous allez renier cela,
sous quel prétexte? J'essaie de le trouver, un engagement aussi clair
qui a été suivi ou précédé... tout
dépend si on parle des crédits, du dépôt d'un livre
de crédits dans lequel il y avait des sommes prévues au budget
que vous avez vous-même payées. Qu'on ne vienne pas me dire que
l'ancien gouvernement ne voulait pas le payer parce qu'il a été
retardé. (1 h 30)
Bonjour! On a eu des élections qui ont été
déclenchées le 10 octobre et on a été battus le 15
novembre. Vous êtes entrés en fonction et, probablement le temps
de regarder cela, vous avez dit: Cela a été fait par l'ancien
gouvernement, probablement que c'est mauvais. A un moment donné, vous
avez dit: Peut-être qu'on ne voulait pas payer. Mais cela constitue quand
même un engagement ferme! Vous aviez de l'autre côté ce que
le député de Charlevoix vous a donné tout à
l'heure.
On essaie de nous blâmer en soulignant qu'on a modifié la
politique des transports. Elle a été modifiée une fois
dans un de ses éléments essentiels qui nous intéressait.
Il y a eu un dépôt de documents par le ministre d'Etat aux
Transports, une révision et, finalement, impliqué dans le budget,
un arrêté en conseil et une application de cette chose dans le
secteur des transports.
N'allez pas fouiller de Caïphe à Pilate, mais prenez les
documents officiels, le discours du budget plus la politique des transports
appuyés sur un arrêté en conseil, vous avez là des
engagements de gouvernement.
Que vous décidiez de ne pas les suivre, messieurs les ministres
du gouvernement du Parti québécois, c'est votre
responsabilité. Mais ne venez pas nous mettre cela sur le dos
aujourd'hui en disant: Les citoyens de Laval sont pénalisés. Si
les électeurs du ministre de l'énergie, si les électeurs
du ministre responsable du développement économique sont
pénalisés, cela dépend de l'ancien gouvernement. C'est
semblable à ce que le ministre de l'Agriculture dit: Lorsque les
carottes ne poussent pas, cela dépend du fédéral.
Il y a toujours une maudite limite à rire du monde. Si vous ne
voulez pas payer cela semble être votre décision
prenez-la votre décision, prenez vos responsabilités. N'essayez
pas d'expliquer aux citoyens de Laval et au maire de Laval avec qui j'ai eu des
discussions... D'ailleurs, quand je regardais la lettre qu'il a envoyée
au ministre des Transports, j'étais loin d'être content, parce
qu'il me semblait qu'on avait discuté de bonne foi à partir des
documents qu'on avait. Mais révolution est constante dans les
gouvernements. Je me dis que si vous voulez prendre la décision de ne
pas payer, prenez-la. C'est votre décision. Je peux la critiquer, mais
c'est votre responsabilité. Mais la prendre et essayer de la faire
passer sur le dos de vos prédécesseurs, je trouve que c'est faire
de la petite politique.
Je dis ceci au ministre des Finances, aux électeurs et aux
collègues de cette Assemblée qui représentent des citoyens
de ce comté: Quand vous dites et je vais terminer
là-dessus... je trouve que c'est une aberration, je ne peux pas
comprendre qu'un député représentant des électeurs
qui sont impliqués au premier chef là-dedans dise: On va balayer
cela du revers de la main. Une chatte ne retrouve plus ses petits, pour
employer cette expression, alors que c'est sa perception de la situation de
dire: On va balayer cela.
Quand vous balayez cela, ce sont $45 millions au moins qui ont
été versés, qui sont impliqués pour les citoyens de
Laval.
Je dis que c'est une décision gouvernementale qui est lourde de
conséquences. Vous ne le pouvez pas, à mon sens, si vous voulez
agir en toute justice. C'est un peu comme si vous disiez demain matin: On va
enlever les subventions du transport en commun à la ville de
Québec. On va lui enlever les $3 500 000 pour l'aider à jouer son
rôle de capitale. On va enlever telle autre subvention à la CTCRO
qui avait $25 millions pour l'aménagement de son territoire, parce
qu'à un moment donné on change les finances municipales.
J'ai déjà eu l'occasion de parler de cette réforme
dont on entend quelques bribes ici et là je ne veux pas
entreprendre à 1 h 35 du matin la critique de cette politique
mais je dis et je répète aux citoyens de Laval et à ses
administrateurs, comme à plusieurs autres administrateurs municipaux,
que cette politique, surtout dans les centres développés, peut
facilement être une politique qui, au point de départ, paraisse
intéressante, mais à long terme les taux de rendement des
recettes qu'on change ne seront pas les mêmes et, à très
brève échéance, plusieurs municipalités vont se
retrouver plus maigres après la réforme qu'avant la
réforme. Encore là, c'est un débat qu'on n'entreprendra
pas ce matin, à cette heure-ci, mais je dis encore au gouvernement de
prendre ses responsabilités.
Quant à vouloir mettre cela sur le dos du gouvernement
précédent, on a un budget qui constitue non seulement le discours
d'un ministre, mais le discours d'un ministre adopté par un cabinet,
voté par l'Assemblée nationale. Vous avez une politique de
transport qui a été publiée après l'adoption d'un
arrêté en conseil au mois de septembre 1976. Si vous dites que ce
n'est pas clair, je vous dis franchement que vous pouvez essayez
d'éclair-cir des situations, mais, chose certaine, quand vous serez
battus, à très brève échéance... je ne vois
pas comment les citoyens, les électeurs de Laval vont réagir
à la suite du discours que vous venez de faire, mais il y aura' d'autres
gouvernements après vous.
Si les gouvernements veulent jouer dans vos engagements comme vous
essayez de jouer dans des engagements aussi clairs que ceux-là, le
prochain gouvernement va avoir une belle jurisprudence pour vous dire que tous
vos documents
étaient mêlés, qu'une chatte n'y retrouvait pas ses
petits. Rien qu'à faire le discours que vous venez de faire, M. le
ministre responsable de l'énergie, les prochains gouvernements vont
avoir une belle jambe, beaucoup de facilité pour tout
démolir.
Finalement, les documents aussi officiels que les discours du budget,
les arrêtés en conseil et surtout le fait que des subventions ont
effectivement été versées, je vous dis bien
honnêtement qu'il ne donne rien de discuter de cela. Prenez donc vos
responsabilités! Vous ne voulez pas la verser, alors ne la versez pas.
On aura un débat à un certain moment, dans un autre contexte, qui
sera beaucoup plus intelligent que celui qu on vient d'avoir.
D'ailleurs, j'avais dit à mes collègues au départ:
Vouloir jouer sur leurs terrains, à ces messieurs d'en face... ils
essaient de faire le procès de certains engagements parce qu'ils n'ont
pas le culot de dire à la population qu ils ne veulent plus verser la
subvention à la ville de Laval. Dites-le donc tout de suite et le
problème va être réglé.
Le Président (M. Marcoux): Alors, il n'y a pas d autres
intervenants? Oui, M. le maire.
M. Paiement: ... je suppose que la commission s apprête
à aller dormir là-dessus. Je voudrais remercier le ministre des
Affaires municipales et tous les membres de la commission de part et d autre
qui ont participé à ce débat. Je pense qu'il y a
certainement eu des éclaircissements pour tout le monde. Quant à
nous, de la ville de Laval, si on a pu en apporter quelques-uns, tant mieux! En
terminant j'aimerais savoir, avant que le ministre des Affaires municipales ou
le ministre des Finances ne tire une conclusion, s'il considère opportun
de rencontrer nos fonctionnaires sur cette question ou non?
M. Tardif: M. le Président, il est bien évident que
je suis prêt, comme je l'ai été à chaque fois que le
maire de Laval en a manifesté le désir, de le rencontrer, lui ou
ses fonctionnaires, pour faciliter les contacts avec les gens du
ministère et les siens. Donc, la réponse est oui.
En conclusion, je voudrais, puisqu'on n'a quand même pas
adopté, que je sache, le projet de loi 209, demander si, d'une part, la
ville de Laval a pris connaissance du papillon qui vise d une part à
corriger l'irrégularité qui consistait à ne pas
prélever la taxe déficit ex-ville pour les années
antérieures et si elle est d'accord également, avec le
deuxième alinéa ainsi que le maire l'a manifesté
dans son exposé ce soir dans un texte envoyé déjà
au ministère et dans d'autres documents à faire
disparaître cette obligation, auquel cas le papillon qui a
été distribué deviendrait le nouvel article 15, puisque la
numérotation a été sensiblement changée et il y
aurait quelques mots à ajouter. Je voudrais d'abord savoir sur le fond
s'il y a accord là-dessus?
M. Paiement: Pour répondre à la question du
ministre, bien sûr qu'on est d'accord. C'est clair et je pense que
tout le monde est d'accord qu on ne peut pas retourner aux taxes
ex-ville; ce serait reculer et je pense que personne ne veut cela.
M. Lavoie (Jean-Noël): Question de règlement!
A 1 h 40, je m'excuse, mais je crois que cet amendement n'est pas
acceptable, n'est pas régulier. Il y a des préjudices
énormes en vertu de l'article 33 de la charte de la ville de Laval,
chacune des anciennes municipalités était responsable de ses
propres dettes et le taux pouvait varier en ce qui concerne les taxes
des ex-municipalités dans certaines villes de $0.11 du $100
jusqu'à S0.30. La fourchette était de $0.11 à $0.30
suivant les anciennes municipalités et la taxe de déficit
était de $0.01 à $0.25. La fourchette variait dans
différentes municipalités.
Il y a des préjudices énormes. Si vous ajoutez cela au
fonds général, certains subissent des préjudices, et il
n'y a pas eu avis dans les journaux. On sait que pour les projets de loi
privés, on requiert des avis dans les journaux et je crois que cet
amendement n'est pas recevable, M. le Président. On insiste constamment
sur les lois privées à I effet que tout le monde a le droit de se
faire entendre et qu'on n'a pas le droit de brimer les droits des gens, mais
personne n'a été mis au courant de cela. Tous les citoyens des
quatorze municipalités sont impliqués.
C était une obligation stricte et sévère, lors des
fusions, que chacune des anciennes municipalités soit responsable de ses
propres dettes. Maintenant, vous le mettez dans le "melting pot , et je crois
qu'il y a des citoyens de Laval qui auraient le droit de s'y opposer. Je crois
que c'est irrégulier et je vous demande de ne pas recevoir cet
amendement, M. le Président; c est mon humble avis.
Le Président (M. Marcoux): A nouveau, en invoquant quel
argument?
M. Lavoie: En vertu des projets de loi privés, il doit y
avoir avis dans les journaux pour que les gens qui désirent faire des
représentations puissent être entendus. Ce n'est pas un projet de
loi du gouvernement, ce n'est pas un projet de loi public; le gouvernement
aurait le droit de le faire, mais, ici, c'est un projet de loi privé,
qui doit être précédé d avis dans les journaux. Que
les gens qui subissent des préjudices puissent se faire entendre.
Le Président (M. Marcoux): Si vous le permettez, je vais
suspendre la séance; pas pour longtemps, mais quand même pour
quatre ou cinq minutes, avant de rendre cette décision qui est
importante. J'avais prévu des objections à la présentation
de l'amendement, mais ce n'était pas celles-là.
M. Lavoie: Vous avez peut-être raison de le refuser, libre
à vous de le faire!
Le Président (M. Marcoux): La séance est suspendue
pour cinq minutes au plus.
Suspension de la séance à 1 h 40
Reprise de la séance à 1 h 51
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre, s'il vous
plaît! Avant de rendre ma décision, j'aimerais savoir s'il y a des
membres de la commission qui aimeraient s'exprimer sur le point soulevé
par le député de Laval pour que je sois davantage convaincu de la
décision que je vais rendre.
M. Fallu: M. le Président, permettez-moi de vous
éclairer sur la recevabilité sur deux aspects. Nous
étudions un projet de loi privé. Toutefois, aujourd'hui
même, nous avons accepté des amendements de la part du ministre,
conjointement avec les gens de cette table et avec nos invités. Je
conviendrai que c'étaient, néanmoins des amendements mineurs, et
le principe donc, était reconnu; la possibilité d'apporter des
amendements, de la part du ministre même. Je ne sais trop s'il y en a un
qui n'était pas fondamental, puisque, pour ce qui a eu trait aux
salaires, on engageait très certainement des fonds publics de Laval par
ce biais. M. le député de Saint-Hyacinthe saurait nous dire si
c'est $18 en plus ou en moins.
Deuxième argument, M. le Président: Au-delà de
cette pratique qu'on a vue aujourd'hui, on en a vu une récemment,
c'est-à-dire en 1977, à peu près à cette
époque, l'an dernier, dans un projet de loi privé dans lequel la
ville de Montréal était impliquée. De son propre chef, le
ministre des Affaires municipales a présenté une motion qui,
celle-là vous devez vous en souvenir impliquait
dangereusement les citoyens, les contribuables de la ville de Montréal;
puisque, sans que le maire, sans que la municipalité ne l'ait
annoncé dans la présentation de la première lecture de son
projet de loi privé, le ministre des Finances, ici même à
cette table, faisait de son propre chef une proposition d'augmentation de
salaire des conseillers et du maire de Montréal. Je crois que ce seul
précédent, M. le Président, illustre très bien
qu'au-delà de l'affichage public habituel, un projet de loi privé
peut être amendé en commission, et j'allais dire, même d'une
façon très substantielle.
M. Cordeau: Moi-même, j'ai participé à cette
commission et je puis corroborer les dires du député de
Terrebonne en ce qui regarde les augmentations de salaire qui ont
été données au maire de Montréal; ce
sujet-là n'avait pas été prévu, je crois, dans la
présentation du projet de loi.
M. Tardif: ... M. le Président. C'est non seulement
d'office que j'ai introduit une révision des salaires des conseillers de
la ville de Montréal, mais c'est d'office que j'ai introduit
l'obligation pour le conseil municipal de Montréal de siéger une
fois par mois, sauf pendant la période d'été, alors que sa
charte prévoyait quatre sessions par année; que c'est d'office
que j'ai introduit un article introduisant la fonction de vérificateur
général à la ville de Montréal, M. le
Président, et quelques autres articles d'importance secondaire.
Alors, les précédents sur ce plan existent et, d'ailleurs,
dans d'autres chartes également; je ne m'en souviens plus, j'ai
passé depuis deux ans à peu près une trentaine de lois
privées, mais des précédents semblables existent, alors
dans ce cas... Evidemment, je suis tout à fait d'accord que tout ceci a
toujours été fait avec le consentement des membres de la
commission; ce consentement étant acquis, c'est une chose possible.
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président.
J'ai vécu la fusion de Laval, le chapitre 89 des statuts 1965 où
un article clé de cette loi dit: "Toutes les dettes et cela
était à la demande de toutes les villes et obligations
encourues par chacune des municipalités visées à l'article
2... ces 14 municipalités, à la date de la sanction de la
présente loi, que le montant soit exigible ou non, sont payables par les
contribuables de chacune de ces municipalités, à l'exception de
celles qui ont été encourues pour le bénéfice de
plusieurs municipalités. Dans ce dernier cas, le conseil
détermine par règlement approuvé par le ministère
des Affaires municipales et la commission municipale de Québec, les
biens, fonds assujettis..."
Je dis que c'est l'article clé, l'article de base de la fusion.
Ce n'est pas un détail. Lorsque le ministre me parle du salaire du maire
de Montréal, ou je ne sais, l'argument du député de
Terrebonne lorsqu'on dit qu'on a modifié les salaires, mais dans vos
avis je crois qu'il était question des modifications des salaires des
échevins, des avis dans la Gazette officielle ou dans les journaux. Au
moins, les gens pouvaient être spectateurs et si certains
désiraient s'opposer, ils pouvaient l'être ici.
Dans le cas du salaire du maire de Montréal, c'est à peu
près la même chose. C'est quand même mineur. Ici,
l'implication est de $45 millions; moins les $12 millions qui ont
été payés, il reste quand même $30 millions qui
changent de place, qui sont payés par des contribuables qui ne devaient
pas les payer, qui sont payés pour d'autres, du moins dans l'assiette
fiscale. Le Québec a payé trois montants, $12 500 000, mais $32
millions changent d'assiette fiscale ce n'est pas $32 et ce n'est pas le
salaire du maire de Montréal c'est $32 500 000, en ce qui
concerne Laval, qui changent d'assiette, qui changent de contribuables. Dans
certaines villes, certains contribuables ne devaient pas payer un rond et
d'autres devaient payer beaucoup plus; là, il y a une espèce
d'égalité.
Que vous ayez fixé une assemblée par mois au lieu de
quatre par année, je pense que cela ne cause de préjudice
à personne, au contraire, c'est une amélioration
démocratique pour les citoyens de Montréal, que vous ayez
imposé un vérificateur sous l'administration courante à
Montréal... Le seul moyen d'adopter cette mesure s'il n'y a pas
consentement et je ne donne pas mon consentement c'est par
un projet de loi public. Je ne donne pas mon consentement et le ministre devra
présenter un projet de loi public à cet effet.
M. Tardif: S'il n'y a pas consentement, M. le
Président...
M. Lavoie: Si la ville de Beauport demande la même chose
demain, elle l'a inscrit dans leurs avis dans les journaux.
M. Tardif: S'il n'y a pas de consentement, M. le
Président, le papillon est retiré tout simplement, et la ville de
Laval qui avait manifesté le désir de régulariser cette
situation, on les reverra une autre fois. C'est tout. Je n'ai pas d'autre...
Evidemment, c'est avec consentement que cela est possible.
Le Président (M. Marcoux): Comme I amendement est
retiré, je n'ai pas à rendre de décision. Je
déclare que le projet de loi no 209, Loi modifiant la charte de la ville
de Laval est adopté avec amendements.
La commission des affaires municipales ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 1 h 59