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Projet de loi no 57 Présentation de
mémoires
(Quatorze heures quatorze minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des affaires municipales est réunie cet
après-midi et ce soir pour étudier article par article le projet
de loi no 57, mais avant, selon la demande du leader du gouvernement, avis a
été donné afin d'entendre, à partir de maintenant
jusqu'à 18 heures, trois groupes qui sont l'Union des conseils de
comté du Québec, l'Union des municipalités du
Québec et la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec.
Les membres de cette commission sont M. Brassard (Lac Saint Jean)
remplacé par M. Beau-séjour (Iberville), M. Caron (Verdun), M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe)...
M. Lalonde: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui?
M. Lalonde: M. Caron (Verdun) est remplacé par M. Lavoie
(Laval).
Le Président (M. Jolivet): M. Lavoie (Laval) remplace M.
Caron (Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes) remplacé par M. Rancourt (Saint-François), M.
Gratton (Gatineau) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Guay (Taschereau), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie). Comme intervenants: M. Alfred
(Papineau), M. Charbonneau (Verchères) remplacé par M. Parizeau
(Assomption), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska) remplacé par M. Russell
(Brome-Missisquoi), M. Marx (D'Arcy McGee) remplacé par Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), M. Lacoste (Sainte-Anne) remplacé par M. Morin
(Sauvé), M. Léonard (Laurentides-Labelle) remplacé par M.
Grégoire (Frontenac), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Vaugeois (Trois-Rivières)
remplacé par M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Bertrand (Vanier).
Comme rapporteur de cette commission, cela me prendrait une personne qui est
membre de la commission.
M. Lalonde: Si vous me le permettez, il est possible que ce soir,
étant donné qu'on va s'attaquer à une autre étape,
on ait peut-être d'autres changements. Si on peut d'avance...
Le Président (M. Jolivet): On pourrait tenir comme acquis
que...
M. Lalonde: ... avoir un consentement qu'il pourrait y avoir des
changements à 20 heures ce soir...
Le Président (M. Jolivet):... des changements pourraient
se faire à 20 heures ce soir. Il n'y a pas de problème.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais proposer
M. Ouellette (Beauce-Nord) comme rapporteur de la commission.
Le Président (M. Jolivet): Donc, M. Adrien Ouellette
(Beauce-Nord) est rapporteur de la commission.
Actuellement, il y a quelques petits problèmes du
côté de l'avion pour le ministre des Affaires municipales. On a
demandé quand même de commencer, compte tenu du fait que la
convocation avait été faite pour 14 heures. J'appelle, pour les
besoins du journal des Débats, d'abord l'article premier du projet de
loi 57, en sachant que nous avons à entendre des groupements. Pour les
besoins du temps aussi, compte tenu des exposés de part et d'autre, je
pense qu'on pourrait se réserver un moment comme exposé de
départ et, ensuite, accorder la parole à chacun des groupes qui
sont ici présents, selon l'ordre de présentation suivant: la
Fédération des commissions scolaires, l'Union des conseils de
comté et l'Union des municipalités du Québec, partageant
le temps de façon équitable, soit une heure pour chaque
groupement, à moins que les gens de la commission n'en décident
autrement. Je pense que ce serait une répartition qu'on pourrait vous
suggérer.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Vanier.
M. Bertrand:... on s'entend bien au départ, je crois, pour
que nous puissions entendre les trois mémoires: premièrement, de
la Fédération des commissions scolaires, deuxièmement, de
l'Union des municipalités et, troisièmement, de l'Union des
conseils de comté du Québec. Par la suite, selon le temps qu'il
restera à notre disposition d'ici 18 heures, en répartissant
équitablement la période des questions, on pourra aussi les
adresser aux personnes qu'on voudra. Je pense qu'il y avait, M. le
Président, entente pour d'abord recevoir les trois mémoires et,
ensuite, procéder aux questions.
M. Lalonde: M. le Président, nous serions consentants
à une formule qui pourrait accélérer les travaux.
Maintenant, je trouve assez difficile à comprendre cette suggestion.
Couper la lecture du mémoire d'une période, pendant une heure
pour la présentation d'autres mémoires, avant de revenir aux
questions, m'apparaît très difficile à concevoir pour
l'intérêt et l'efficacité de la discussion. Je pense qu'on
devrait plutôt passer aux mémoires et aux questions et s'entendre
sur une période de temps, sans trop se lier les mains, de façon
à permettre à tous les organismes d'être entendus d'ici 18
heures.
M. Bertrand: Si j'ai bien compris le député de
Marguerite-Bourgeoys, sa suggestion serait qu'on entende d'abord le
mémoire de la Fédération des commissions scolaires et
qu'on procède immédiatement aux questions...
M. Lalonde: Aux questions.
M. Bertrand: ... pour ensuite entendre le mémoire de
l'autre organisme et procéder aux questions.
M. Lalonde: Comme on fait d'habitude.
M. Bertrand: M. le Président, pour ne créer aucun
problème, nous serions prêts à procéder de cette
façon.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. Maintenant, avant
d'entendre le premier mémoire, qui serait celui de la
Fédération des commissions scolaires, je demanderais au ministre
des Affaires municipales, qui est maintenant arrivé, s'il a quelques
propos à tenir au début de cette commission.
Remarques préliminaires
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il serait
préférable, dans les circonstances, de procéder
immédiatement à l'audition des mémoires, attendu que les
principes du projet de loi no 57 sont bien connus des membres de cette
commission et des intervenants. Somme toute, il s'agit de recevoir les
représentations des trois organismes pour que les membres de cette
commission soient mieux informés qu'ils ne le sont, si la chose est
possible, c'est-à-dire les représentations des trois groupes les
plus particulièrement touchés par ce projet de loi, si bien, M.
le Président, que, selon l'ordre des travaux sur lequel il semble
déjà y avoir un consensus, nous procéderons
immédiatement, quitte à faire ultérieurement certaines
mises au point.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président,
je veux dire que nous acceptons très mal l'étude et l'adoption
d'une loi aussi capitale, qui a des implications pour tout le monde, vers
quelque point cardinal qu'on se dirige au Québec, et que nous ayons un
délai d'à peine une dizaine de jours, même pas, pour nous
diriger vers la sanction de cette loi.
Je peux difficilement comprendre que le ministre prenne la
responsabilité de faire adopter une loi nous n'avons pas à
ménager nos mots - vraiment à la vapeur, une loi qui a autant
d'importance et d'implications. Il y a des lois beaucoup moins importantes,
tout en considérant que toutes les lois en général sont
importantes, mais qui ont beaucoup moins d'implications, pour lesquelles il y a
des auditions et où on met en marche le mécanisme des commissions
parlementaires suivant des règles normales, avec un avis dans la Gazette
officielle donnant 30 jours aux gens pour préparer leur mémoire,
et venir nous donner leur son de cloche, faire leurs représentations.
C'est pourquoi le mécanisme des commissions parlementaires a
été mis en place depuis une dizaine d'années, si on veut
vraiment inviter la population à participer à
l'élaboration des lois.
À ma connaissance, c'est la loi qui crée le plus de
chambardement, le plus de remue-ménage dans des institutions comme les
commissions scolaires, les 1600 municipalités du Québec. Et
malgré des demandes répétées nous sommes
limités dans le temps cet après-midi, c'est la raison pour
laquelle mes propos seront très courts je suis surpris qu'on ait
accepté d'entendre uniquement trois organismes, à savoir: la
Fédération des commissions scolaires, l'Union des
municipalités et l'Union des conseils de comté. Il aurait
été fort utile pour les membres de la commission, pour les
parlementaires je ne dis pas utile, mais nécessaire
d'entendre d'autres personnes même qui ne font pas partie
nécessairement de groupes organisés; il y a la ville de
Montréal, il y a les communautés urbaines, il y a d'autres villes
au Québec. En étudiant encore, en fin de semaine, le dossier,
toutes les implications, je constate, et cela n'avait pas été
directement prévu, qu'on change complètement la Loi de
l'évaluation foncière, il y a 200 articles dans cela qui touchent
l'évaluation foncière, non seulement foncière, mais
également l'évaluation avec le nouveau concept de la valeur
commerciale suivant la valeur locative.
Je ne veux pas capituler, mais je sens que nous n'avons pas suffisamment
d'outils pour qu'on puisse, en toute lucidité, en toute
tranquillité et en toute bonne foi, jouer notre rôle de
parlementaires. C'est impossible et, si brillant qu'il puisse être, vous
ne me ferez pas croire que le ministre possède son dossier de A à
Z avec toutes les simulations qu'il y a dans ce projet de loi, avec toutes les
implications qui touchent tout le monde, avec cette amplitude de la question.
C'est le regret, en somme, que j'exprime. Nous allons apporter notre
contribution au maximum; s'il faut siéger quinze heures par jour, nous
allons le faire. On n'est pas ici pour bloquer des lois. On va apporter notre
contribution, mais on se sent joliment limité pour adopter un tel projet
de loi dans un si court laps de temps.
D'ailleurs, le ministre l'a dit, vous allez entraîner le Parlement
et la machine parlementaire moi, je vous le dis dans une grande
aventure avec tout ce qu'une aventure représente, avec ses bons et ses
mauvais côtés, si vous nous forcez à adopter cette loi
d'ici au 22 décembre. C'est une multitude de regrets que j'exprime
à l'adresse du ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Au nom de l'Union
Nationale, nous pouvons vous assurer de notre entière collaboration pour
l'étude de ce projet de loi. Par contre, à notre tour, nous
devons
déplorer le peu de temps mis à la disposition de cette
commission pour l'étude article par article de ce projet de loi qui
comporte 543 articles principaux sans compter plusieurs articles secondaires.
C'est bien sûr que nous sommes devant un travail gigantesque à
accomplir en si peu de temps. D'ailleurs, vendredi passé, je crois que
les administrateurs municipaux se sont réunis et ont
étudié ce projet de loi. On m'informait en fin de semaine
qu'eux-mêmes ont à déposer un mémoire parce que
réellement il y a beaucoup d'articles qu'ils ne comprennent pas enfin,
qui vont compliquer leur travail d'administrateurs dans chaque
municipalité et l'inquiétude règne de ce côté
également. Je ne veux pas prendre plus de temps de la commission
étant donné que nous sommes ici pour entendre ceux qui ont
à présenter des mémoires, mais, à mon tour, je
déplore le manque de temps mis à la disposition de cette
commission par le gouvernement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Avant de les entendre, je voudrais dire
immédiatement que nous n'avons pas l'intention de soulever quelque
question de règlement que ce soit sur la répartition du temps. Je
pense que c'est votre responsabilité comme président de voir
à ce que les trois groupes puissent être entendus dans la
période qui nous a été allouée cet
après-midi. Je dis d'avance que nous n'aurons pas objection aussi
à poursuivre, s'il le fallait, après 18 heures s'il nous manquait
quelques minutes pour qu'on puisse véritablement laisser la chance
à ces gens de parler.
Le Président (M. Jolivet): J'invite donc la
Fédération des commissions scolaires du Québec à se
présenter à l'avant, et j'inviterai le responsable à
s'identifier et à identifier les personnes qui se trouveront avec
lui.
Mémoires
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec
M. Mongeau (Jacques): M. le Président, madame et
messieurs, Jacques Mongeau, président de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec. À ma droite, Mme
Jean Miller, présidente du QAPSB, que j'ai invitée à venir
avec nous pour traiter de ce problème; à sa droite, Mme Estelle
Gobeil, vice-présidente de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec; à ma gauche, M. Jacques Audy,
directeur général de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec; à sa gauche, M. Hudon,
conseiller-cadre à la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec, et, à mon extrême droite, M. Marcel
Fox, directeur général du Bureau des écoles protestantes
du Grand Montréal.
Avant de commencer la lecture de ce mémoire qu'on a
préparé spécialement à votre intention, cet
après-midi, j'aimerais dissiper une impression qui semble courir lorsque
j'entends certaines déclarations d'ordre ministériel, à
savoir que les commissions scolaires du Québec auraient souhaité
maintenir le statu quo, c'est-à-dire garder ce qu'on appelle
l'impôt foncier normalisé.
À cet effet, bien sûr, on dit que l'impôt foncier
normalisé ne garantissait plus aucune autonomie aux commissions
scolaires et le fait de les transférer aux municipalités
n'affecte donc en rien leur autonomie. Je dois dire, M. le Président,
que ce raisonnement est fort logique et que nous avons toujours
été d'accord sur ce point.
Ce que nous avons demandé et ce que nous réclamons, ce
n'est pas de garder l'impôt foncier normalisé; nous avons
proposé au congrès Québec-commissions scolaires une
nouvelle formule de financement des commissions scolaires du Québec qui
changeait du tout au tout ce qui existait jusqu'à aujourd'hui et qui
garantissait l'autonomie des institutions scolaires du Québec. (14 h
30)
Cette formule, je l'admets et je le dis, nous ne l'avons pas
inventée, nous l'avons prise et trouvée dans le livre vert du
ministre de l'Education, à la page 117, article 4.36, dans le haut de la
page. C'était une des formules, a-t-on cru du moins à ce
moment-là, privilégiées par le ministère de
l'Education et qui nous allait fort bien, en vertu de laquelle il
n'était plus question d'impôt foncier normalisé, mais de
financement du système scolaire qui se partageait plus ou moins
également entre les contribuables du Québec et le gouvernement du
Québec, selon une certaine courbe qu'il restait à
délimiter après négociation avec le gouvernement du
Québec.
Cette formule privilégiée dans le livre vert, sur lequel
nous avons été consultés, de l'enseignement primaire et
secondaire, nous l'avons adoptée, nous la chérissons toujours et
c'est celle que* nous privilégions toujours. C'est celle d'ailleurs, si
ma mémoire est bonne, que le ministère de l'Education
privilégiait encore dans une lettre qu'il nous faisait parvenir en
décembre 1977, soit juste un mois avant l'annonce par le ministre des
Finances du Québec de la formule qui est maintenant
privilégiée dans le projet de loi no 57.
Je tenais à faire cette mise au point afin de bien faire
comprendre à la population du Québec que nous ne nous accrochons
pas et que nous ne nous accrochions pas à la formule de l'impôt
foncier dit normalisé parce qu'il est vrai qu'il ne garantissait aucune
autonomie des commissions scolaires. La nouvelle formule prévue par le
livre vert garantissait, elle, l'autonomie des institutions scolaires tout
autant que l'autonomie d'autres instances de gouvernement local du
Québec.
M. le Président, les commissions scolaires se réjouissent
de la décision du gouvernement du Québec de tenir une commission
parlementaire sur le projet de loi no 57, sur la fiscalité
municipalité, ainsi que de l'invitation à exposer leur point de
vue. Le gouvernement du Québec a clairement énoncé les
objectifs qu'il entend réaliser par la réforme fiscale contenue
dans ce projet de loi. Les commissions scolaires sont conscientes de ceux-
ci; elles considèrent toutefois que des changements devraient
être apportés aux moyens qui sont proposés par le
gouvernement du Québec pour arriver à ces fins. Ces modifications
devraient permettre aux commissions scolaires de remplir pleinement les
objectifs qu'elles se sont fixés en éducation.
Le projet de loi no 57 effectue un transfert du champ d'impôt
foncier scolaire dit normalisé en omettant, en contrepartie, d'organiser
rationnellement le financement des commissions scolaires qui se voient
spoliées d'une source importante de leurs revenus. Bien plus, les
commissions scolaires constatent avec étonnement que le gouvernement du
Québec s'acharne à limiter indûment le champ d'impôt
foncier laissé, après coup, aux commissions scolaires, mettant
ainsi en péril la planification de leur organisation, le
développement des services qu'elles offrent et la satisfaction des
besoins locaux d'éducation.
Le projet de loi no 57 prend un soin méticuleux à assurer
le transfert du champ d'impôt foncier normalisé aux
municipalités. Cependant, nous déplorons que le gouvernement
n'ait pas déployé la même attention pour remplacer la
source de financement que les commissions scolaires perdront par une autre
offrant les mêmes garanties statutaires. Le gouvernement du Québec
se fait fort de dire à qui veut l'entendre que, désormais, les
commissions scolaires seront subventionnées. Toutefois, la lecture du
projet de loi no 57 n'est pas de nature à nous rassurer. En effet, ce
projet de loi, à notre avis, ne vient que réaffirmer l'attitude
de discrétion d'un gouvernement ou d'un ministre en matière de
subventions.
Le projet de loi apporte il faut l'avouer un
élément nouveau intéressant. L'article 324 établit
le principe du versement d'une subvention de péréquation suivant
une formule qui est louable par sa simplicité. Néanmoins, il est
regrettable que le montant de cette subvention demeure si
discrétionnaire puisqu'il pourra varier selon les volontés du
gouvernement. Cette année, le gouvernement fixe cette subvention entre
$7 millions et $13 millions. Peut-on dire qu'elle sera équivalente l'an
prochain? Rien ne le garantit.
Cette affirmation vaut également pour une large part du
financement des commissions scolaires. Présentement, peu de subventions
versées aux commissions scolaires reposent sur des assises juridiques
précises. Pour en mentionner quelques-unes, rappelons qu'en vertu de la
Loi sur les subventions aux commissions scolaires, chapitre F-36, les
commissions scolaires peuvent réclamer au gouvernement des sommes
précises sous divers chapitres, frais d'administration, d'entretien,
livres de classe, transport, etc. La majeure partie du coût de
l'éducation estimée à plus de $2 milliards, ne provient
pas de subventions de type statutaire, mais plutôt d'une source de
financement discrétionnaire. Le projet de loi no 57 renforce ce concept
de la discrétion puisque, comme l'affirme l'article 324 du projet de
loi, c'est le ministre qui détermine annuellement les règles
budgétaires et qui les fait approuver par le Conseil du
trésor.
L'Assemblée nationale n'a rien à voir dans ces
décisions.
Nous sommes amenés à considérer que cette
discrétion a entraîné les situations suivantes. Nous
estimons que pour les trois dernières années seulement, soit de
1975 à 1978, les commissions scolaires ont perdu, du fait d'une
non-indexation adéquate de leur budget, un montant de $20 millions. En
effet, le pourcentage d'augmentation des dépenses pour les autres
coûts pour les cinq dernières années montre un taux global
de 41%, alors que les règles budgétaires n'ont à peu
près pas varié. Ainsi, nous constatons les augmentations
suivantes des règles budgétaires pour cette même
période: 1975-1976, nulle, 1976-1977, nulle, 1977-1978, 6%, 1978-1979,
2,98%, 1979-1980, 0,022%. À la lecture de ce tableau, il nous est permis
de nous interroger pour savoir quelle sera la variation que
décrétera le gouvernement pour l'année 1980-1981.
Les commissions scolaires considèrent que les règles
doivent être clairement établies entre les parties. Elles
préconisent donc un financement basé sur des subventions
statutaires qui auraient pour objet de couvrir un certain nombre de services
éducatifs assurant une chance d'éducation égale à
tous. À ces subventions statutaires doivent s'ajouter la
péréquation et l'indexation pour que les commissions scolaires
puissent maintenir la qualité des services en éducation.
Les commissions scolaires considèrent qu'une telle formule de
financement leur donnerait une marge de manoeuvre raisonnable tout en leur
permettant de planifier, voire, d'innover. De plus, cette formule tiendrait
compte des objectifs d'autonomie et de décentralisation annoncés
par le ministre de l'Education, M. Jacques-Yvan Morin, et confirmés par
le ministre des Finances, M. Jacques Parizeau. Ainsi, les commissions scolaires
n'auraient pas à contester continuellement l'arbitraire gouvernemental
si elles avaient un budget global basé sur des subventions
statutaires.
La position des commissions scolaires est d'autant plus
véhémente qu'en plus de ne garantir d'aucune façon les
subventions qui seront accordées aux commissions scolaires, le
gouvernement s'est appliqué à élaborer un mécanisme
de freinage qui s'attaque au peu de marge de manoeuvre qui est laissé
aux commissions scolaires. Ce frein met également en cause pour
plusieurs commissions scolaires le maintien d'un certain nombre de services
qu'elles offrent à leur clientèle et qui sont le voeu de la
population. Les commissions scolaires n'acceptent pas le principe d'un
freinage, tel que proposé dans le projet de loi no 57.
Le gouvernement du Québec justifie sa position du fait
qu'à cause du transfert du champ d'impôt foncier normalisé,
il ne désire pas que les commissions scolaires reprennent le champ
d'impôt foncier puisque celui-ci appartiendra désormais aux
municipalités. L'expérience des dernières années
nous montre que, malgré la non-indexation de leur budget, les
commissions scolaires n'ont pas occupé ce champ de façon anormale
ou abusive. Cependant, si les commissions scolai-
res devaient accaparer plus largement le champ d'impôt foncier, ce
serait dû au fait que les subventions versées aux commissions
scolaires par le gouvernement du Québec ne répondent pas à
leurs besoins.
Compte tenu de la moyenne provinciale d'occupation du champ
d'impôt foncier, aucune raison valable ne justifie le mécanisme de
freinage que le gouvernement du Québec veut imposer aux commissions
scolaires. Nous considérons cette mesure prématurée. Si
jamais les commissions scolaires cherchaient à réoccuper le champ
d'impôt foncier d'une façon inconsidérée, il serait
toujours temps alors d'imposer un frein, mais tel n'est pas le cas
présentement.
Certains propos ont laissé croire que la formule de freinage
n'affecterait que quelques commissions scolaires. Nous nous
référons à l'annexe 1 pour démontrer qu'un examen,
basé sur l'année scolaire 1978-1979, révèle que 68
commissions scolaires ou commissions scolaires régionales seraient
directement touchées par le mécanisme de freinage proposé.
Plus précisément, 31 de ces commissions scolaires seraient
directement affectées par les deux limites inscrites dans le projet de
loi no 57: 20 d'entre elles par la limite relative au taux d'évaluation,
les $0.25, et 17 par le frein de 6% de leurs dépenses nettes. À
notre avis, il est faux de prétendre que le frein n'affecte que peu de
commissions scolaires.
La réduction du champ d'impôt foncier scolaire par le
projet de loi no 57 influe sur les dépenses hors normes encourues pour
les services dont désire se doter le milieu. Ces dépenses ne sont
pas reconnues pour fins de subventions ou acquittées entièrement
par celles-ci. Il faut noter que les commissions scolaires qui sont
affectées par le freinage imposent un taux moyen de cotisation de $0.42
des $100 d'évaluation. Compte tenu de la limite de $0.25 inscrite dans
le projet de loi no 57, ces commissions scolaires devront réduire
certains de leurs services si elles ne veulent pas avoir à recourir
annuellement à un lourd et coûteux processus
référendaire.
Dans le projet de loi no 57, le gouvernement du Québec propose
que le freinage s'effectue par le biais d'un référendum lorsque
des seuils indiqués dans le projet de loi sont atteints. Le
référendum sera automatique. Les commissions scolaires ont
déjà repoussé cette formule qui leur semble illogique. Le
référendum, tel qu'il est utilisé par les
municipalités, a pour but de recevoir des autorisations sur des
questions très précises: emprunts, règlements de zonage,
etc. En aucun moment, les élus municipaux n'ont à faire autoriser
l'ensemble de leur budget d'opérations courantes.
Le gouvernement du Québec veut pourtant imposer aux commissions
scolaires une autorisation annuelle sur un budget qui dépasserait les
limites du projet de loi no 57. Ce budget, même identique, qui
dépassera la limite fixée par la loi, devra être
obligatoirement soumis annuellement au processus référendaire.
Nous ne pouvons affirmer qu'une telle situation brille par sa logique.
Le coût du référendum, tel que proposé par le
projet de loi no 57, est en contradiction avec l'esprit même de la
mesure. En effet, le processus référendaire nous apparaît
passablement dispendieux. Il nous est permis d'évaluer à $1 par
électeur le coût du référendum. On peut constater
qu'il en coûtera fort cher, par exemple, sur le territoire d'une
commission scolaire régionale pour peut-être répondre
affirmativement. Que de sommes dont il aurait pu être fait meilleur
usage! Le fait que l'on pénalise les citoyens qui ont
décidé de se doter de services hors normes ne semble pas
influencer outre mesure le gouvernement du Québec car il faut ajouter
que le tout se répétera annuellement. (14 h 45)
Le ministre de l'Education, M. Jacques-Yvan Morin, déclarait
récemment qu'il espérait que les commissions scolaires
n'utiliseraient pas le référendum si les coûts de ces
derniers étaient supérieurs aux sommes que la commission scolaire
entendait faire autoriser. C'est donc dire, si l'on doit interpréter les
propos du ministre, que le conseil de l'île de Montréal ne devrait
faire de référendum que si les dépenses qu'il entend faire
autoriser étaient de $3 millions, soit le coût du
référendum. N'est-ce pas là un aveu de manque de mesure du
mécanisme proposé par le gouvernement du Québec? Nous
constatons donc que le processus référendaire automatique, tel
que proposé par le projet de loi no 57, est un non-sens qui ne respecte
aucunement la volonté du milieu, alors que celui-ci se voit imposer une
mesure disproportionnée. Bien que le gouvernement du Québec
déclare à grands cris que le projet de loi no 57 sur la
fiscalité municipale a fait l'objet de consultations auprès des
commissions scolaires, nous répétons qu'il n'en est rien. Devant
les participants de la conférence Québec-municipalités en
juin 1978, le gouvernement a annoncé qu'il réaliserait le projet
énoncé par le ministre des Finances dans ses budgets du
Québec des années 1977 et 1978 en retirant aux commissions
scolaires le champ d'impôt foncier normalisé.
Aux commissaires d'écoles réunis lors de la
conférence Québec-commissions scolaires, en janvier 1979, les
ministres des Finances et de l'Education ont affirmé à nouveau
que la politique fiscale était définitivement
arrêtée concernant le pouvoir de taxation des commissions
scolaires. C'est à partir de ces décisions sur lesquelles les
commissions scolaires n'ont jamais été consultées que les
représentants de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec au sein du comité mixte et du
sous-comité du financement se sont acharnés à obtenir des
garanties quant aux subventions de diverses natures, à réclamer
un budget global et un pouvoir de taxation sans plafond et sans frein.
Les commissions scolaires, tel qu'elles l'ont prouvé par leur
présence au comité mixte et au sous-comité du financement,
sont disposées à discuter avec le gouvernement des modes de
financement ou des règles qui sont clairement établies. Les
commissions scolaires ne peuvent accep-
ter le transfert de l'impôt foncier normalisé avant que
cette étape n'ait été réalisée. De plus, les
commissions scolaires refusent le plafond et le frein que veut instaurer le
projet de loi no 57. Les commissions scolaires rejettent donc le projet de loi
no 57 qui n'offre pas un mode de financement donnant des garanties de
subventions favorisant la décentralisation.
Vous me permettrez, M. le Président, avant de terminer, d'attirer
l'attention des membres de cette commission sur deux articles en particulier
qui touchent l'île de Montréal.
L'article 471 abroge l'article 26 de l'ancienne loi et l'article 26 de
l'ancienne loi touche la commission scolaire de Lakeshore dont une partie du
territoire est en dehors de l'île de Montréal, et qu'on appelle
communément Harwood.
En vertu de la loi actuelle, l'article 26 dit que la commission scolaire
de Lakeshore taxe elle-même son secteur de Harwood, qui est en dehors de
l'île de Montréal puisque le Conseil scolaire de l'île de
Montréal n'a pas de juridiction en dehors de l'île. En vertu de
l'article 471 qui abroge l'article 26, il appert que, dorénavant, la
commission scolaire de Lakeshore ne pourra plus taxer le territoire de Harwood,
et que, par conséquent, il y aura un territoire rattaché à
une commission scolaire de l'île de Montréal qui ne paiera pas de
taxes, mais pour lequel la commission scolaire de Lakeshore aura à
dispenser des services. Nous croyons que c'est un manque dans la loi, un oubli,
fort probablement, mais nous tenons à le souligner.
Un deuxième problème, M. le Président, qui touche
le Conseil scolaire de l'île de Montréal et ses commissions
scolaires vient des articles 474 et 475. Vous savez qu'en vertu de la loi qui a
créé le Conseil scolaire de l'île de Montréal ce
dernier doit fixer ses taux de taxes avant le 1er juin de chaque année.
Or, bien sûr, cette année, en 1979, lorsque nous avons fixé
les taux de taxes, nous ne connaissions pas encore le projet de loi no 57 et
encore moins ses articles 474 et 475. Or, il appert que le ministre des
Finances venait à peine de livrer son discours sur le budget,
énonçant les grands principes de la réforme fiscale
municipale, mais non pas dans ses détails. Nous nous sommes servi alors,
pour les fins de taxation sur l'île de Montréal, de l'esprit du
discours du ministre des Finances, en nous disant qu'il fallait réduire
de moitié le taux de la taxe que nous aurions à établir et
ceci, pour l'année 1979-1980. Nous avons donc établi à
$0.57 1/2 pour les particuliers et à environ $1.50 pour les corporations
les taux de taxes sur l'île de Montréal et ce, jusqu'au 30 juin
1980 et non pas jusqu'au 31 décembre 1979. Je dois vous dire,
d'ailleurs, que cette façon de procéder et ces taux de taxes ont
dûment été autorisés par le ministre de l'Education
du Québec. Alors, je pense que nous sommes en bonne compagnie.
Mais il appert que, si nous devions respecter les articles 474 et 475 du
projet de loi no 57, le Conseil scolaire de l'île de Montréal
devrait remettre à ces contribuables une somme d'environ $50 millions en
différents chèques; on ne sait pas trop encore à qui et
pour quel montant. Cela, évidem- ment, administrativement parlant, je
pense, devient impensable. Etant donné que le ministre de l'Education
avait déjà autorisé cette façon de procéder
sur l'île de Montréal et autorisé les taux de taxes que
nous avons émis, nous demanderions que la loi soit amendée dans
ce sens, du moins en ce qui concerne le territoire de l'île de
Montréal, de la même façon que pour l'article 471 qui
abroge l'article 26.
Je voudrais aussi que, sur le temps de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec, Mme Miller, de la
Québec Association of Protestant School Boards, vous dise quelques mots
qu'elle a préparés à cette fin.
Le Président (M. Jolivet): Avant que Mme Miller prenne la
parole, je ne peux malheureusement accéder à votre demande,
compte tenu que l'avis de la Chambre est bien clair; c'est la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
qui est convoquée ici devant cette Assemblée.
Ce n'est ni à vous, ni à moi de prendre cette
décision. Je suis dans l'obligation de vous dire que, votre rapport
étant celui qui devait être entendu, je ne puis entendre, comme
président, d'autre groupement que celui qui avait été
convoqué devant cette Chambre.
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, pour faciliter encore une
fois le travail de la commission et surtout pour ne pas créer
d'embêtements inutiles, nous serions prêts, sans problème,
à recevoir ce mémoire en comprenant, bien sûr, qu'il s'agit
de la période dévolue aux commissions scolaires du Québec.
Nous n'avons aucune objection.
Le Président (M. Jolivet): Donc, vous avez la parole, Mme
Miller.
Québec Association of Protestant School
Boards
Mme Miller (Jean): M. le Président, la Québec
Association of Protestant School Boards appuie totalement la position
énoncée par le président de la Fédération
des commissions scolaires catholiques du Québec, qui a
précisé clairement les raisons pour lesquelles les commissions
scolaires doivent maintenir le droit de taxation sans restriction. En outre,
nous aimerions identifier les autres domaines dans lesquels le projet de loi no
57 est préjudiciable à la capacité des commissions
scolaires d'offrir des services éducatifs à leur milieu. La
limitation à 6% ou $0.25 les $100 d'évaluation empêcherait
les commissions scolaires présentement à ce niveau de taxation
d'introduire de nouveaux programmes car les fonds nécessaires pourront
être refusés par suite de la tenue d'un référendum
obligatoire.
Le fait de réduire le niveau de surtaxe à 6% ou à
$0.25 sur une période de cinq ans ne permettrait aucunement aux
commissions scolaires qui excèdent ce montant à présent de
maintenir les ser-
vices qu'elles offrent maintenant. À cause de la diminution de la
clientèle, les fonds que les commissions scolaires reçoivent du
gouvernement sont réduits mais cela ne devrait pas avoir d'effet sur la
qualité de tels services. Le droit de percevoir des taxes
adéquates est donc essentiel.
Dans les commissions où le niveau de taxation excède $0.25
les $100 pendant un nombre d'années, les limites imposées par le
projet de loi no 57 occasionneraient l'abandon de programmes et le
congédiement de personnel au hasard.
Par exemple, dans une commission scolaire à l'extérieur de
l'île de Montréal, l'allocation budgétaire de 1979-1980
pour les services de consultation et d'animation est de $1 500 000, et ce dans
un domaine pour lequel le gouvernement prévoit des sommes très
restreintes. L'élimination de ce service important et essentiel au
milieu scolaire signifierait que la commission scolaire perdrait 61 membres de
son personnel.
Les commissions scolaires protestantes desservant une clientèle
principalement anglophone considèrent qu'il est essentiel d'allouer des
sommes supplémentaires aux domaines tels que les bibliothèques,
l'orientation, les services aux étudiants et les activités de
récréation. Dans ces domaines, aucune subvention adéquate
n'existe ni du ministère de l'Education, ni du ministère des
Affaires sociales. Le paragraphe 19 de l'article 19 de la Loi modifiant de
nouveau la Loi sur l'instruction publique projet de loi 71 confie
aux commissions scolaires la responsabilité de dispenser des services
éducatifs et culturels aux enfants soumis à leur
compétence et aux adultes domiciliés dans leur territoire. Les
subventions accordées présentement ne sont pas suffisantes pour
offrir la qualité des services que nous croyons être
nécessaires, surtout vu l'inflation, et nous ne pourrons pas remplir
notre devoir à l'avenir si notre droit de taxation est restreint.
Il semblerait que dans les cas de la diminution de l'évaluation
imposable, une commission scolaire serait obligée de tenir un
référendum afin de maintenir ses revenus totaux provenant de la
surtaxe puisque le taux de $100 d'évaluation devrait être
augmenté. Je tiens à souligner le fait que la tenue d'un
référendum occasionnerait des dépenses
considérables. Il faudra percevoir des taxes supplémentaires afin
de couvrir les coûts des mécanismes visés au projet de loi
57. De récentes augmentations des taux d'imposition municipale
applicables aux immeubles scolaires ont été subventionnées
par le gouvernement à raison d'un tiers du coût réel
encouru par les commissions, les revenus de la surtaxe devant couvrir les
autres deux tiers. Toute fonction administrative additionnelle imposée
aux commissions scolaires en vertu de la législation gouvernementale
telle que l'établissement du conseil d'orientation, l'inscription
d'élèves en conformité avec la loi 101 et les
procédures de francisation consument des sommes et des heures
précieuses au grand détriment de ce qui nous concerne le plus,
l'instruction.
Nonobstant toute garantie faite par le gouvernement à la suite de
cette séance à l'égard des subventions et de l'indexation,
les commissions scolaires protestantes croient que la survie de notre
système scolaire ne peut pas être assurée sans le maintien
du droit de taxation sans restriction, car les fonds seront soumis aux pouvoirs
discrétionnaires du gouvernement sur une base annuelle. Nous avons
inclus à ce mémoire une annexe qui démontre les objets
précis pour lesquels le Bureau des écoles protestantes du Grand
Montréal utilise les revenus de la surtaxe. Je vous remercie. (15
heures)
Le Président (M. Jolivet): Merci, madame. M. le ministre
de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
remercier le président de la Fédération des commissions
scolaires ainsi que la présidente de l'Association des écoles
protestantes d'avoir bien voulu nous faire entendre, une fois de plus, les
arguments qui étaient déjà ceux de la grande rencontre
Québec-commissions scolaires du mois de janvier 1979, il y aura
bientôt un an.
Je n'ai pas été sans reconnaître également
des arguments parfois importants qui ont été entendus au
comité mixte lorsque nous avons discuté par le menu les diverses
hypothèses qui étaient évoquées pour le financement
des commissions scolaires. Il était sans doute utile que nous fassions
une fois de plus le tour de ces arguments et que nous entendions
également, comme nous le ferons tout à l'heure, les
municipalités du Québec, de façon à nous faire une
idée, et l'idée la plus juste possible, des positions respectives
des parties avant d'adopter ce projet de loi.
M. le président de la fédération a fait allusion,
au début de son mémoire, aux hypothèses qui étaient
mentionnées dans le livre vert quant au financement des commissions
scolaires. Effectivement, on se souviendra que trois hypothèses de
travail étaient mentionnées, dont l'une était celle qui a
été évoquée par M. Mongeau et dont une autre
était tout à fait inacceptable aux commissions scolaires.
On s'en souviendra, c'était celle de l'intégration, si je
puis utiliser ce mot, des commissions scolaires dans les organismes
régionaux. Par la suite, le gouvernement a dû faire un choix entre
ces diverses hypothèses. Il importe de rappeler que c'étaient des
hypothèses, puisque le livre vert était un document de
consultation. Le gouvernement a décidé d'écarter
l'hypothèse de l'intégration des commissions scolaires aux
organismes régionaux. Il a également décidé
d'écarter l'hypothèse à laquelle M. le président se
référait et qui était celle d'un partage des
dépenses entre commissions scolaires et gouvernement. Il l'a fait parce
qu'un autre dossier majeur du gouvernement a abouti sur la table du Conseil des
ministres au même moment: c'était le dossier de la réforme
de la fiscalité et, en particulier, de la fiscalité municipale et
scolaire. Le gouvernement a décidé
de procéder à cette grande réforme il ne
faut pas se cacher que c'est une grande réforme compte tenu du
fait qu'on en parlait depuis déjà une bonne trentaine
d'années, compte tenu également du fait que le gouvernement
précédent, pour sa part, avait déjà commencé
à préparer l'évacuation des commissions scolaires du champ
d'impôt foncier normalisé en enlevant chaque année, $0.05,
$0.10, selon les décisions du ministre des Finances de l'époque,
de sorte que, si ma mémoire est bonne j'ai été
témoin moi-même de ces événements à
l'Assemblée nationale le taux de l'impôt foncier
normalisé était déjà tombé de $1.40 à
$1. Le phénomène, la politique que le gouvernement présent
a décidé de confirmer se trouvait donc déjà en
marche, mais aucun gouvernement n'avait voulu prendre sur lui de décider
de cette réforme de la fiscalité une fois pour toutes.
Une fois que le gouvernement se fût déterminé
à procéder à cette réforme, se trouvait
soulevé le problème de la place des commissions scolaires dans
l'impôt foncier.
Il fallait, à mon sens, s'assurer de deux choses, à
compter du moment où cette décision était prise, à
compter du moment où ce projet de loi avait fait l'objet d'une
décision de principe. Il fallait, en premier lieu, s'assurer que les
commissions scolaires conservent l'accès à l'impôt foncier,
non plus normalisé, mais à l'impôt foncier. Cela me
paraissait fort important et a paru suffisamment important au gouvernement pour
qu'il décide, quoi que les municipalités aient pu lui dire par
ailleurs, qu'il fallait conserver cette marge de manoeuvre aux commissions
scolaires. Et le gouvernement... Je dois dire, pour une part, à la suite
des représentations que j'ai pu faire, je puis dire à M. le
président que plusieurs des représentations et des messages qui
m'ont été confiés par la fédération et par
ses prédécesseurs en particulier, sont parvenus fidèlement
jusqu'au Conseil des ministres.
Le gouvernement a décidé, et le premier ministre
lui-même est venu le confirmer au congrès de la
fédération l'an dernier, que les commissions scolaires
étaient là pour rester et qu'il fallait donc leur garder cette
marge de manoeuvre dans l'impôt foncier. C'était une
première décision et on avouera qu'elle était
d'importance.
Une seconde décision a été prise à
l'égard de l'accès quantitatif des commissions scolaires à
l'impôt foncier. Fallait-il permettre aux commissions scolaires de taxer
"ad libitum", sans frein? Le gouvernement s'est longuement interrogé
là-dessus. Il était à craindre, et je pense que quiconque
a pour trois sous de réalisme dans la tête ne peut pas
écarter cette hypothèse, que de nombreuses commissions scolaires,
voyant que, de toute façon, le compte de taxes scolaires était
radicalement diminué, n'éprouvent la tentation de l'augmenter
rapidement et cela aurait d'ailleurs été légitime s'il n'y
avait pas eu de frein. Les commissions scolaires auraient pu penser que,
étant donné que le compte de taxes scolaires avait
été réduit dramatiquement, elles pouvaient se permettre
d'en réoccuper peut-être une part assez subs- tantielle et le
danger était, bien sûr, qu'en deux ans, en trois ans ou en cinq
ans, le bénéfice du transfert de l'impôt normalisé
aux municipalités eût été, à toutes fins
utiles annulé, pour les municipalités, au détriment des
municipalités.
Il a donc fallu que le gouvernement prenne une décision. Elle n'a
pas été facile, mais elle devait être prise, je pense, une
fois acquis le principe du transfert. Autant il était essentiel que les
commissions scolaires conservent l'accès à une forme de taxation
autonome, et on ne voyait pas autre chose après étude au
comité mixte, on ne voyait pas autre chose que l'impôt foncier
puisque nous avons étudié une dizaine de modes de taxation pour
les écarter les uns après les autres, parce qu'ils ne convenaient
pas aux commissions scolaires et au type de perception que les commissions
scolaires doivent effectuer pour offrir des services à la population, de
sorte que, autant il était important d'assurer aux commissions scolaires
cet accès à l'impôt foncier, autant il importait de
s'assurer que par ce truchement les commissions scolaires n'envahiraient pas ce
que le ministre des Finances leur avait demandé d'évacuer.
Je voudrais maintenant aborder un autre point également important
qui va me mener à poser une ou deux questions et à apporter une
ou deux réponses également à M. le Président, des
questions qu'il a soulevées dans son exposé de tout à
l'heure. Je lui dirai d'abord rapidement, pour ne pas avoir à y revenir,
que nous sommes sensibles à ce qu'il nous a dit au sujet de la
commission scolaire de Lakeshore et que nous avons l'intention d'apporter une
modification au projet de loi pour répondre à cette question et
pour que les articles 39, 391, 393 et 394 s'appliquent au Conseil scolaire de
l'île de Montréal. C'est un problème dont on nous avait
saisis d'ailleurs et auquel nous apportons une solution. Pour ce qui est du
problème que vous avez soulevé au sujet de l'article 474, M. le
Président, je puis vous dire que nous allons également
répondre à cette question. Elle nous paraît fondée
et nous allons ajouter à l'article 475 du projet de loi le dispositif
que je pourrai vous montrer si vous le désirez, qui permettra de
régler ce problème. Mais c'étaient là des questions
de détail. Ce qui est beaucoup plus important, c'est évidemment
la question du frein et je voudrais l'explorer un peu avec vous.
Le gouvernement a décidé je vous le fais remarquer
parce que cela a été en balance pendant un certain temps
de ne pas imposer de plafond, parce qu'il aurait pu y avoir un plafond
également. À partir du moment où on veut transférer
l'impôt foncier normalisé et où on veut être
sûr que la décision est efficace, qu'elle tient et qu'elle n'est
pas remise en question en quelques années, on pouvait se demander si un
plafond n'était pas nécessaire. J'ai fait des
représentations avec certains de mes collègues pour qu'on
remplace le plafond par un mécanisme qui permettrait d'aller
au-delà de 6% et qui permettrait aux commissions scolaires de taxer,
selon leurs besoins, mais avec un contrôle et un contrôle
éminemment démocratique.
La première question que je vous poserais est celle-ci:
Êtes-vous bien conscients qu'il n'y a pas de plafond absolu? Et
préférez-vous que le gouvernement retire le mécanisme du
référendum ou le mécanisme de contrôle et impose un
plafond? C'est concevable que nous disions: II y aura un frein à 6%, il
y aura un plafond à 7% ou 8% ou on enlèvera le frein et on mettra
un plafond à 7% ou 8%. J'aimerais aussi vous poser cette question:
Comment le gouvernement peut-il s'assurer que la réforme de
l'impôt foncier n'est pas remise en question par les commissions
scolaires?
M. Mongeau: M. le Président, la réponse à
cette question, c'est par la confiance que vous pouvez apporter aux membres
élus des commissions scolaires du Québec, à leur sens des
responsabilités qu'ils ont toujours démontré dans
l'administration de chacune de leurs commissions scolaires. Tout ce que nous
demandons au gouvernement du Québec, c'est de nous faire confiance.
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre. Je comprends
vos sentiments, mais je tiens à faire remarquer que, comme
président, je suis dans l'obligation de vous demander de ne pas
manifester pour la bonne poursuite des activités et pour ne pas gruger
sur le temps qui est donné à chacune des instances pour se
prononcer. Donc, je suis sûr de votre collaboration à cet
effet.
M. Mongeau: M. le Président, j'aurais deux remarques, si
vous voulez le mot est mal choisi en réponse à
l'exposé fait par le ministre de l'Education. Premièrement, M. le
ministre de l'Education a soulevé que, dans le livre vert, il y avait
trois hypothèses. Il a entièrement raison, bien sûr, mais
ce que je voudrais dire, là-dessus, c'est que ce qui a été
véritablement notre révolte et je pense que le mot est
bien employé c'est qu'au moment même où le ministre
de l'Education nous consultait sur une de ces trois hypothèses de
financement, le gouvernement avait déjà arrêté sa
décision avant même d'avoir reçu le résultat de la
consultation. Cela, je pense que c'est primordial.
Le Président (M. Jolivet): Comme ancien professeur, je
vais répéter ma question de tout à l'heure et vous
demander de me donner l'exemple, en tant que dirigeants des commissions
scolaires, je l'espère. (15 h 15)
M. Mongeau: Et de plus, M. le Président, si vous me
permettez, je pense véritablement je l'ai déjà dit
en d'autres mots, en d'autres lieux, et je vais le répéter
pour moi, le fond du débat, c'est une question d'idéologie. Si
vous saviez, M. le Président, combien j'ai admiré les textes qui
ont été soumis par le ministre des Affaires municipales du
Québec aux municipalités lorsqu'il a établi son syllogisme
au niveau de l'autonomie. Les municipalités doivent être
complètement autonomes. Pour être complètement autonomes,
elles doivent avoir une source de revenus autonome, et la meilleure source de
revenus autonome, c'est la taxation foncière. On retrouve cela dans une
des plaquettes que le ministre des Affaires municipales a soumises aux
municipalités, et c'est cela, le fond du débat. Pour les
municipalités, on est d'accord et je n'ai rien contre, remarquez
bien, Dieu m'en garde mais pour les commissions scolaires, on n'est pas
d'accord. Pour moi, cela veut dire qu'on n'est pas d'accord que les commissions
scolaires soient autonomes, qu'elles aient une source de revenus autonome et
qu'elles exercent leur pleine autonomie.
Cela, c'est une question d'idéologie. On veut aller plus loin que
le mouvement entrepris, je l'admets, il y a bien au-delà de six, sept ou
huit ans vers une étatisation ou une nationalisation du système
d'éducation au Québec. Pour moi, le projet de loi no 57
démontre clairement cet esprit vers lequel, non pas on s'en va parce
qu'on était déjà parti, mais on achève cette
idéologie. Voilà.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, si vous me
permettez un bref commentaire, il est évident que du jour où
l'État a décidé, au début des années
soixante, au moment de la réforme scolaire, et dans le cadre de ce qu'on
appelait la Révolution tranquille, à compter du moment où
l'État a décidé de créer un ministère de
l'Education et a décidé de faire en sorte que tous les
Québécois aient accès à l'enseignement secondaire,
notamment, et au collège et à l'université, l'État
se devait de prendre un certain nombre de responsabilités dans ce
domaine. À compter de ce jour-là, un nouvel équilibre a
dû être trouvé entre les commissions scolaires et
l'État. Cet équilibre, nous l'avons trouvé, mais nous le
cherchons encore, dans une certaine mesure.
Je voudrais dire, M. le Président, qu'en ce qui nous concerne, en
ce qui concerne le gouvernement, ce n'est pas du tout une question de
confiance, parce que cette confiance, nous allons la témoigner en
définissant de façon beaucoup plus précise, comme vous
nous l'avez demandé, les responsabilités des commissions
scolaires dans un autre projet de loi qui a été soumis à
l'Assemblée la veille ou le lendemain, je ne sais plus, du
dépôt du projet de loi dont nous parlons.
La confiance du gouvernement est d'autant plus acquise aux commissions
scolaires qu'on ne peut pas administrer 3000 écoles au Québec
sans les commissions scolaires. C'est impossible. La décentralisation
administrative est absolument essentielle. Je pense que le gouvernement s'en
rend parfaitement compte et qu'il accepte ce fait. Ce n'est pas seulement une
idée, cela ne dépend pas d'une idéologie, c'est un fait
brutal. Nous avons besoin des commissions scolaires pour administrer 3000
écoles. La question du financement n'est pas une question de confiance,
c'est une question d'ordre administratif. Il s'agit de trouver le meilleur
moyen de financer l'enseignement, les municipalités et tous les services
publics québécois.
Vous vous souviendrez que les municipalités auraient voulu que le
gouvernement aille encore plus loin. Je pense que vous êtes conscients de
la chose. Les municipalités auraient voulu voir les commissions
scolaires complètement évacuées de
l'impôt foncier et de leur donner au plus cinq ans pour
disparaître du champ de l'impôt foncier normalisé ou autres.
Le gouvernement a marqué quand même l'importance qu'il accorde
à cette autonomie en maintenant je le répète
en maintenant l'accès à l'impôt foncier. La marge de
manoeuvre qui est dégagée, 6% des dépenses nettes, est
plus considérable que celle dont le gouvernement du Québec
lui-même peut jouir année après année. La marge de
manoeuvre du gouvernement du Québec est de 3% ou 4% je pense bien
qu'on peut dire 4% peut-être à l'heure actuelle par rapport
à ses revenus. Les revenus du gouvernement québécois ne
sont pas illimités non plus, pas plus que ceux des commissions scolaires
ou des municipalités.
Donc, le gouvernement donne littéralement aux commissions
scolaires encore plus de marge de manoeuvre qu'il n'en possède
lui-même dans ses budgets. Je ne voudrais pas non plus que cela se
transforme trop en dialogue. Je voudrais plutôt donner l'occasion au
président de répondre à une autre question qui
découle de son exposé, à la page 3, où je voudrais
lui donner l'occasion de clarifier sa pensée. Lorsqu'il nous dit que le
ministre j'imagine qu'il s'agit du ministre des Finances
détermine annuellement les règles budgétaires et les fait
approuver par le Conseil du trésor, cela pourrait aussi être une
allusion au ministre de l'Education, puisque les deux interviennent dans le
dossier. Il ajoute que l'Assemblée nationale n'a rien à voir dans
ces décisions. Je suis un peu interloqué de cette affirmation,
parce que, comme vous le savez, le Conseil du trésor ne prend pas des
décisions définitives. Le ministre des Finances doit se
présenter chaque année avec un budget qui est soumis à
l'Assemblée nationale et qui est examiné en commission
parlementaire pendant deux semaines. On a même vu, pour l'étude
des crédits de l'Education, trois semaines avant que ce ne soit
approuvé.
Le ministre de l'Education comme le ministre des Finances doivent
défendre ce budget, défendre chaque chiffre, et Dieu sait que
c'est de bonne guerre. L'Opposition ne manque pas l'occasion d'interroger
longuement le gouvernement sur ses intentions. Donc, il y a un contrôle
de l'Assemblée nationale sur le Conseil du trésor et sur les
règles budgétaires, contrôle qui est extrêmement
étroit. Quand je pense aux trois semaines où j'ai pu avoir
à défendre le budget de l'Education l'an dernier, je puis vous
assurer que ces questions sont évoquées et publiquement. C'est
dans le journal des Débats. Pourriez-vous me préciser votre
pensée lorsque vous dites que l'Assemblée nationale n'a rien
à voir dans ces décisions?
M. Mongeau: Je pense qu'il faut y voir l'esprit et non pas la
lettre. Si on prenait l'article 15.1 du projet de loi no 57, lorsque l'on dit:
"Le ministre doit établir annuellement et soumettre à
l'approbation du Conseil du trésor des règles budgétaires
pour déterminer le montant des dépenses admissibles aux
subventions à verser aux commissions scolaires, aux commissions
régionales et au Con- seil scolaire de l'île de Montréal."
Je pense que c'est de là que cela vient. C'est surtout l'esprit qu'il
faut regarder. L'esprit est dans le sens que nous ne retrouvons rien dans le
projet de loi no 57 qui garantisse que le gouvernement du Québec va
continuer de financer ou va financer les commissions scolaires du
Québec.
Il n'y a absolument aucun énoncé de principe. D'un
côté, on vous dit: On vous enlève le champ de l'impôt
foncier normalisé, de l'autre côté, il devrait y avoir une
contrepartie, au moins de principe, et cette contrepartie de principe n'y est
pas, tout ce qu'on retrouve, c'est véritablement l'article 15.1 qui dit:
"Le ministre doit établir annuellement et soumettre à
l'approbation du Conseil du trésor..." Alors, je pense que c'est de
là que ça vient.
M. Lavoie: C'est une question d'éclaircissement. Il est
vrai que les crédits sont étudiés par l'Assemblée
nationale et par les commissions de l'Assemblée nationale, mais le
ministre sait fort bien que, même si l'Opposition jugeait que certains
crédits adjugés dans le budget aux commissions scolaires sont
insuffisants, nous n'avons aucun pouvoir de proposer une augmentation.
M. Morin (Sauvé): Assurément, mais la question,
c'est que tout ça est débattu publiquement et que si le
gouvernement ne rend pas justice aux commissions scolaires, ça va se
savoir, d'une manière ou d'une autre.
M. Lavoie: C'est ça qu'on apprend aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, il
ne faudrait pas...
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je me rends
compte que le temps passe, il y aurait sans doute d'autres questions, mais je
voudrais donner la chance à l'Opposition de se faire valoir. Pour
l'instant, j'arrête donc mes questions et j'y reviendrai peut-être,
s'il y a du temps, par la suite.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys. J'ai cru comprendre...
M. Mongeau: M. le Président, je m'excuse, pendant que j'y
pense, il y avait aussi un autre petit détail concernant le Conseil
scolaire de l'île de Montréal. À l'article où on
parle des subventions de péréquation, on dit: "Les commissions
scolaires et les commissions scolaires régionales", mais on ne parle pas
du Conseil scolaire de l'île de Montréal comme pouvant recevoir
des subventions de péréquation.
Le Président (M. Jolivet): On en reparlera tout à
l'heure. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'espère que vous
serez indulgent, étant donné que le gouvernement et le ministre
en particulier ont pris 25 minutes du temps...
Le Président (M. Jolivet): On est un peu élastique
là-dessus.
M. Lalonde: Alors, prenez le même élastique pour
nous, M. le Président!
Je veux remercier le président, ainsi que la
Fédération des commissions scolaires, pour leur mémoire.
Il ne laisse place à aucun doute quant à l'endroit où il
se loge en regard du projet de loi no 57. J'avais des questions d'ordre
général que je me proposais de vous poser, mais auxquelles vous
avez répondu, je pense, d'une façon éloquente. J'aurai
d'autres questions un peu plus précises. Vous avez parlé de
consultation, mais vous savez que la consultation est dangereuse. On a
réussi à arracher au gouvernement, de peine et de misère,
en faisant presque des menaces, une consultation limitée à
laquelle vous participez aujourd'hui. Vous êtes arrivés ici avec
un frein et vous avez failli partir avec un plafond.
Le ministre, dans sa grande générosité, vous a
donné le choix. C'est dangereux, la consultation, même si elle est
"ad nauseam". Justement, en parlant de ça, le ministre est quand
même en assez bonne santé. Une autre consultation et pas de
nausée, imaginez-vous!
Non, s'il arrive, dans son mini-discours de troisième lecture
qu'il vous a servi, en réponse à votre mémoire, le
ministre, au fond, a fait un aveu de défaite. Il a dit: On avait fait
des propositions, mais, que voulez-vous, sur la table du Conseil des ministres
est tombée la réforme de la fiscalité municipale.
Là, dans une confrontation avec, d'une part, le ministre des Finances et
le ministre des Affaires municipales et, d'autre part, le ministre de
l'Education, vous devinez qui a gagné; avouez qu'il ne faisait pas le
poids.
Je n'aurais pas d'objection, en principe, mais je n'aime pas que
ça se fasse au détriment du monde scolaire et c'est ça que
votre mémoire illustre aujourd'hui, sans toucher, sans affecter le
bien-fondé de la réforme municipale et on peut déplorer
que les articles qui vous concernent dans la loi soient dans cette
loi-là. Cela aurait été un peu plus courageux, je pense,
et sûrement beaucoup plus facile pour la délibération de
prendre ces articles et de les mettre dans la loi 71. Cela aurait pu se
discuter de façon beaucoup plus articulée et logique. Sans mettre
en doute donc, sans parler du mérite de la réforme municipale, on
doit avouer, on reconnaît maintenant dans cette dernière
consultation, que c'est le monde scolaire qui a été
sacrifié.
C'est la raison pour laquelle nous avons voté contre ce projet de
loi; une des raisons en particulier, mais une raison importante pour laquelle
nous avons voté contre le projet de loi, même au niveau du
principe.
Vous avez porté tantôt une accusation très grave
contre le ministre, M. Mongeau, lorsque vous avez dit qu'au moment même
où il vous consultait, la décision avait été prise.
Le ministre n'a pas cru bon d'y répondre. Je pense que lorsqu'on a des
attitudes qui manquent de franchise à l'égard de la population en
général et des clientè- les en particulier, on s'isole et
on en voit les résultats un peu partout.
M. le Président, à la suite de ces remarques, j'aimerais
que M. Mongeau nous dise ce qui en est des pourcentages actuels en tenant
compte des données qui sont incluses dans la loi, les pourcentages
actuels des non-admissibles. Le ministre a affirmé et il me
corrigera si je fais erreur, parce qu'il y a eu beaucoup de chiffres qui ont
été lancés à gauche et à droite
qu'actuellement ça se logerait autour de 4.5%. Est-ce exact? Dans
l'ensemble, je parle d'une moyenne générale, et compte tenu de la
définition des dépenses telle que contenue dans la loi.
M. Mongeau: Nous n'avons pas de raison de croire que ce n'est pas
exact. Nous n'avons pas véritablement contrôlé dans toutes
et chacune des commissions scolaires parce que c'est assez difficile pour nous
de le faire. Le gouvernement, autorisant les taux de taxe et approuvant les
budgets de toutes les commissions scolaires du Québec, était
sûrement mieux placé pour le faire, je pense, et nous n'avons pas
de raison de croire que ce n'est pas exact. Mais pour nous, évidemment,
c'est une raison de plus pour dire que si, depuis le nombre d'années
qu'existe ce pouvoir de taxation pour les dépenses hors norme, nous n'en
sommes qu'à 4.5%, il n'y a pas lieu de craindre pour l'avenir. (15 h
30)
M. Lalonde: Autrement dit, pourquoi vous interdire vos
prodigalités présumées par le frein et le
référendum, alors que vous vous êtes conduits quand
même comme des administrateurs responsables de par, justement, les 4.5%
qui sont mentionnés. C'est ça que vous voulez dire?
M. Mongeau: C'est ce que nous croyons.
M. Lalonde: J'aurais deux autres questions. Une concerne
l'objection au niveau constitutionnel que vous avez soulevée dans le
mémoire que vous aviez distribué à tous les
députés, je crois, le 4 décembre 1979. Vous avez
soulevé des aspects constitutionnels. Est-ce que vous pourriez
élaborer là-dessus ou si vous avez choisi de l'enlever du
débat?
M. Mongeau: C'est-à-dire que, pour l'instant, nous
n'aimerions pas en faire un débat public ici, cet après-midi,
nous gardons ces arguments-là pour une autre place s'il y a lieu.
M. Lalonde: Je veux en venir à votre proposition qui
était contenue dans le livre vert, mais que vous n'avez pas
expliquée. Je comprends que c'est une proposition qui pourrait prendre
beaucoup de temps à décrire. Pourriez-vous quand même en
donner les éléments les plus importants pour qu'on puisse ici, en
commission parlementaire, en prendre connaissance, pour les fins du journal des
Débats surtout?
M. Mongeau: Je pense qu'en gros et je pourrais lire
textuellement le livre vert là-dessus, la
page 117, article 4.36 les dépenses au niveau de
l'éducation se partageaient entre le gouvernement du Québec et
les milieux respectifs, c'est-à-dire les territoires des commissions
scolaires, selon une certaine ligne qu'on appelait la pente, ou une courbe,
comme le dit le livre vert, qu'il restait quand même à
déterminer. Ceci veut dire qu'en pratique, chaque population du milieu
en prenait sa part selon sa richesse relative et le gouvernement du
Québec prenait sa part aussi. Je pense qu'il faut être quand
même réaliste et, en tant que citoyen, j'oserais même aller
plus loin; tout le monde sachant que l'impôt foncier est quand même
un impôt régressif et non pas un impôt progressif, il y a
une limite à taxer les gens. Je pense qu'il faut quand même le
reconnaître, que ce soit au niveau municipal, que ce soit au niveau
scolaire, que ce soit au niveau national, il y a une limite à taxer les
gens. Il est évident que, quand on tombe au niveau des gouvernements
locaux, il doit y avoir un partage dans les dépenses entre le
gouvernement de la province et les gouvernements locaux que constituent les
municipalités et les commissions scolaires.
Nous croyions et nous croyons encore, d'ailleurs, que cette formule
pouvait s'appliquer au niveau de tous les gouvernements locaux, partant de
là, où chaque milieu, selon sa richesse relative, aurait
payé de ses propres deniers directement pour ces priorités qu'il
veut bien s'attribuer et sa partie des responsabilités au niveau de
l'éducation. Le gouvernement, d'autre part, selon sa partie à
lui, comblait le reste. De cette façon, grosso modo, on aurait pu
établir une ligne de partage qui aurait pu se situer, selon les milieux,
autour de 40%, 60% et même on aurait peut-être pu arriver, dans une
place comme l'île de Montréal, à 50%. Parce qu'il faut
quand même dire une chose, même encore cette année, si on
inclut le champ de l'impôt foncier normalisé, les contribuables de
l'île de Montréal paient encore 45% des dépenses
d'éducation sur l'île de Montréal et le gouvernement n'en
paie que 55%. Ailleurs, dans la province, c'est 35%, c'est 25%, c'est 20%,
dépendant de la richesse relative de chaque milieu. Alors, en vertu de
cette formule, je pense qu'elle avait assez de flexibilité pour laisser
la responsabilité à chacun des milieux de payer sa part et au
gouvernement du Québec et au ministère de l'Education, qui a
quand même la grande priorité d'établir les objectifs
prioritaires dans la province, à ce moment-là, bien sûr, de
combler selon ces objectifs. Je pense que c'était une formule assez
simple en soi, flexible et qui faisait participer tout le monde d'une
façon plus ou moins égale, dépendant de la richesse
relative des milieux.
M. Lalonde: Je vous remercie. Pour laisser encore du temps,
surtout aux autres intervenants, je pense que votre mémoire est
très éloquent. Je crains fort toutefois que cette dernière
consultation que nous avons exigée nous-mêmes ne vous fasse
accomplir de grands progrès.
On a vu jusqu'à quel point le ministre n'est pas prêt
à faire les ouvertures nécessaires concer- nant le frein et je le
répète, il a simplement suggéré de l'enlever et de
vous bâillonner complètement avec un plafond absolument
inamovible. Je pense que le ministre de l'Education a capitulé depuis un
bon bout de temps et qu'il a abandonné simplement le principe de
l'autonomie véritable du monde scolaire dans ses administrateurs.
Nous allons continuer, quant à nous, à profiter des
éclairages que vous nous avez apportés à la commission
parlementaire pour tenter d'amener le gouvernement à
réfléchir et à faire les changements
nécessaires.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. À mon tour, je
tiens à vous remercier pour votre participation à cette
commission et pour l'éclairage que vous apportez aux membres. Je
voudrais maintenant vous poser quelques questions spéficiques. Est-ce
que l'apport du gouvernement a été suffisant dans le passé
en ce qui regarde l'indexation des dépenses fixes, soit
l'éclairage, le chauffage, ainsi de suite? Je crois que si l'indexation
du gouvernement n'est pas assez forte, vous devez aller devant les
contribuables pour avoir un excédent de revenus.
Alors, j'aimerais que vous fassiez connaître votre point de vue
sur l'apport du gouvernement et sur les dépenses fixes.
M. Mongeau: Je pense que la réponse est facile, c'est non.
Nous le soulignons d'ailleurs dans notre mémoire. Nous donnons
véritablement à la page 4 de notre mémoire, à
partir des années 1975/76, jusqu'à 1979/80 l'indexation. En
1975/76, cela a été nul et en 1876/77, cela a été
nul, en 1977/78, c'est 6%, en 1978/79, c'est 2,98%, cette année, c'est
0,22%. Quand on connaît l'augmentation du prix de l'huile à
chauffage cette année, toutes les commissions scolaires du Québec
connaissent une augmentation du coût de l'huile à chauffage d'au
moins 25%, c'est véritablement le minimum et ça va beaucoup plus
haut pour d'autres.
On ne sait pas encore comment on va faire pour payer l'huile à
chauffage. C'est clair.
M. Cordeau: Automatiquement, il faut que vous vous adressiez aux
contribuables par le biais des dépenses subventionnées,
c'est-à-dire que vous englobez ça dans les dépenses non
subventionnées?
M. Mongeau: C'est-à-dire qu'à partir de ce
moment-là, on a deux façons possibles de procéder, celle
de réduire des services au niveau de l'enseignement ou de
l'éducation en général ou encore de se servir du pouvoir
de taxation hors norme. On a ces deux possibilités, on a le choix.
M. Cordeau: Vous n'avez pas grand choix. Le choix est
limité. Une autre question, M. le Prési-
dent, dans les mémoires que les commissions scolaires du
comté de Saint-Hyacinthe m'ont fait parvenir, dans le vôtre aussi,
vous dites que "les services minima devraient être mieux définis".
Voulez-vous expliciter mieux votre pensée là-dessus?
M. Mongeau: Evidemment, ça, ce n'est pas facile, je dois
vous le dire. Je pense qu'il faut quand même être bien franc
là-dessus. Ce qu'on veut dire par services minima, c'est de permettre
à chaque étudiant ou à chaque jeune au Québec
d'avoir la même chance, la même égalité de chance
à l'éducation, parce qu'on sait que, selon les milieux, souvent,
les gens n'ont pas exactement la même égalité de chances au
niveau de l'éducation. Cela a d'ailleurs fait l'objet de la
réforme qu'on a connue à l'éducation, c'était
l'objectif. Mais je ne pense pas qu'on puisse dire, encore aujourd'hui, que cet
objectif a pu être obtenu à 100%. Il y a toujours place pour
l'amélioration.
Nous ne voudrions surtout pas qu'à cause de la réforme
proposée par le projet de loi 57, ce qui a été fait
jusqu'à maintenant, durant les quinze dernières années
à ce niveau, soit mis en péril à cause de ça. Je
pense que c'est important.
M. Cordeau: Je voudrais revenir à la question du
référendum, parce que là aussi, il y a beaucoup de points
d'interrogation. Vous demandez qu'il n'y ait pas de frein, mais, par contre, si
le gouvernement maintient sa position de vous imposer des freins, vous faites
aussi mention dans votre mémoire, des pouvoirs des cités et
villes, des municipalités concernant le référendum.
Dans les mémoires que les commissions scolaires m'ont fait
parvenir, dans mon comté, elles seraient peut-être prêtes,
au pis aller, à accepter les modalités reconnues par les
municipalités, c'est-à-dire qu'il y aurait un livre où les
citoyens pourraient indiquer qu'ils demandent un référendum et
que, s'il n'y a que cinq, dix ou quinze citoyens qui s'opposent, il n'y aurait
pas de référendum; il y aurait certaines balises à y
placer, mais que les commissions scolaires ne soient pas obligées
d'aller au référendum si elles veulent imposer $0.01 ou $0.02 de
taxe de plus. À ce moment-là, le coût du
référendum dépasserait presque les recettes
escomptées par cette taxe additionnelle.
J'aimerais que vous nous fassiez part des points de vue de votre
organisme concernant le référendum.
M. Mongeau: Disons ceci sur le référendum
automatique. Bien sûr, d'abord, en principe, nous nous y opposons, et je
pense que nous maintenons cette position pour les raisons déjà
énoncées. Nous nous sommes servis de la comparaison avec les
municipalités, même si cette comparaison est boiteuse, parce que,
encore une fois, les municipalités ne vont pas en
référendum pour leur budget d'opérations courantes, mais
uniquement lorsqu'elles font un règlement d'emprunt ou qu'elles veulent
modifier leur règlement de zonage, ou des éléments aussi
particuliers que ceux-là.
On se disait: Même dans ces cas-là, ce que le gouvernement
du Québec a toujours fait, c'est qu'il n'impose pas de
référendum automatique. Il me semble que le raisonnement
derrière cela se comprend bien. D'abord, il faut savoir un peu à
l'avance si les gens vont être favorables ou non à cette mesure
qui est prônée. De là la mesure qui fait qu'on demande que
tant de citoyens viennent s'opposer avant de décréter un
référendum, et ce qui fait aussi qu'en pratique, souvent, lorsque
le nombre de citoyens est atteint, des citoyens s'opposant à la pratique
et réclamant un référendum, la municipalité va
reculer et va changer, va retirer son règlement d'emprunt ou va le
modifier, parce que la municipalité agit comme une administration saine
et sage.
Nous, on ne nous permet même pas d'agir de la même
façon avec les conséquences pratiques que ça peut avoir.
Par exemple, disons que la loi est adoptée telle quelle, et que, cette
année, au mois de juin, une commission scolaire se voit dans
l'obligation, afin de donner les services requis, de dépasser de 6%.
Elle doit automatiquement aller en référendum et, par
conséquent, payer une certaine somme d'argent uniquement pour faire le
référendum. On évalue cela, grosso modo, à environ
$1 par électeur, et cela ne comprend pas les frais indirects.
C'est-à-dire que si on veut que le référendum passe, parce
qu'on croit à notre cause, on va mettre des annonces dans les journaux,
on va faire de la publicité, organiser des réunions, cela ne
comprend même pas ces coûts, et c'est $1 par électeur.
Admettons que, cette année, la population soit d'accord, vote
pour l'augmentation de 6% à 6,25%. L'an prochain, même si on ne
veut pas l'augmenter à plus de 6,25%, il va quand même falloir
retourner en référendum uniquement pour le maintenir à
6,25%, et dépenser encore au moins $1 par électeur pour demander:
Êtes-vous d'accord, encore cette année, pas qu'on augmente, mais
qu'on demeure là où vous nous avez permis d'aller l'an dernier,
et ainsi d'année en année?
M. Lalonde: Avec un livre blanc chaque fois, ça va
coûter cher.
M. Lavoie: Cela coûte cher, un livre blanc pour un
référendum.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe, la parole est à vous.
M. Cordeau: M. le Président, il avait la parole.
M. Mongeau: Je pense qu'on voit tout de suite qu'au niveau
pratique, on se dit qu'on est contre tout référendum, mais, au
moins, au pis aller, qu'il y ait des mesures comparables. C'est cela.
M. Cordeau: M. le Président, j'aurais maintenant une
question à poser à Mme Miller. Dans votre mémoire,
à la page 2, vous mentionnez, concernant les fonds alloués dans
des domaines tels que les bibliothèques, l'orientation et les services
aux étudiants et les activités de récréa-
tion: "Dans ces domaines, aucune subvention adéquate n'existe ni
du ministère de l'Education, ni du ministère des Affaires
sociales." Est-ce que votre intention serait de demander aux ministères
concernés d'augmenter leur subvention? Pouvez-vous expliciter un peu
votre pensée à ce sujet? (15 h 45)
Mme Miller: That was not the intention in the brief. The
intention was to demonstrate that we have had to provide services in the
communities. Many times, the library in an English school is the only English
library available to the media. Many times, we provide services such as speech
therapy, guidance counsellors and other people who could perhaps have been
provided by the Ministry of Social Affairs but were not available to the
English milieu. It was to demonstrate that that is what we are paying for.
M. Cordeau: O.K. Thank you.
M. Fox (Marcel): Un des exemples que je pourrais vous donner,
c'est l'appui donné aux écoles dans les milieux
défavorisés de Montréal qui vient des fonds
d'éducation, pour remédier à un problème social.
À notre avis, si on voulait être juste, c'est de l'argent qui
vient de la surtaxe de Montréal, de l'île de Montréal, qui
est réparti dans les milieux défavorisés. Le programme que
nous avons est entièrement justifié et c'est un des meilleurs qui
existent dans la province, mais je dis quand même que ce sont des
subsides d'éducation qui sont donnés à des fins sociales
pour régler un problème social qui devrait dépendre du
ministère des Affaires sociales et non point des commissions scolaires
de l'île de Montréal.
M. Cordeau: Avec les modalités du présent projet de
loi, allez-vous être en mesure de donner les mêmes services que
vous donnez actuellement ou allez-vous être dans l'obligation de diminuer
le pourcentage de taxes que vous imposez sur les dépenses non
admissibles?
Mme Miller: Non, on ne peut pas le faire à l'avenir, si on
diminue les taxes.
M. Mongeau: Je pense qu'il faut être juste. Je pense qu'il
faut dire que ce que nous disons, ce n'est pas qu'automatiquement, dès
le mois de juin prochain, nous allons être obligés de couper des
services. Je pense qu'il faut quand même s'entendre sur cela. Mais nous
disons qu'à plus ou moins long terme, il est évident qu'avec des
mesures comme celles que nous retrouvons dans le projet de loi 57, s'il est
adopté tel quel, on risque de mettre en péril certains services
que nous donnons. Nous avons dressé à la fin de notre
mémoire la liste de ce que nous payons avec le produit de la taxe hors
normes. C'est important, parce qu'encore là, trop souvent, moi en tout
cas et mes collègues, nous entendons dans des déclarations faites
à la radio, à la télévision, dans les journaux que
ce sont des dépenses de luxe que nous nous payons, que c'est du
superflu. Ce n'est pas du luxe et ce n'est pas du superflu. J'aimerais ici
faire un appel particulier, par exemple, dans la liste que nous avons soumise,
sur la mise en pratique de la politique du ministre de l'Education sur la
dernière école de quartier ou de village où on doit se
servir de ce produit de la taxe hors normes pour pouvoir maintenir cette
dernière école de quartier. Je sais, parce qu'on me l'a
souligné, que ce problème est très aigu
présentement, particulièrement à la CECQ, ici à
Québec. On en a besoin pour cela. Ce ne sont pas des dépenses de
luxe ou superflues.
M. Cordeau: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, seulement avant que...
M. Cordeau: Avez-vous l'impression, dans certains cas, que le
gouvernement se retranche derrière ce pouvoir que vous avez d'imposer
une taxe pour les dépenses non admissibles pour ne pas subventionner
dans des dépenses admissibles certains projets que vous avez qui sont
absolument nécessaires dans certains milieux, certains services?
M. Mongeau: Je ne crois pas qu'on puisse affirmer cela d'une
façon aussi catégorique. Je pense véritablement
personnellement, je suis l'un des partisans de cela et c'est pourquoi
d'ailleurs je prônais, nous prônions la formule de financement
à laquelle j'ai fait référence tantôt qu'il
faut absolument que le milieu participe non seulement au niveau des
idées, non seulement au niveau des moyens, mais aussi au niveau du
financement, à l'évolution du système d'éducation
sur le territoire de sa commission scolaire.
Nous reconnaissons, bien sûr, au gouvernement du Québec et
au ministère de l'Education en particulier l'obligation de
définir les objectifs prioritaires d'éducation au Québec.
Nous reconnaissons, bien sûr, au ministère de l'Education de
définir les grandes finalités, mais nous voulons que chacun des
milieux puisse à l'intérieur de cela définir ses propres
objectifs et ses propres finalités. Comme je le disais au congrès
de la Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, je suis tout autant en faveur du ministère de l'Education
du Québec que le premier ministre est en faveur du maintien des
commissions scolaires.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des Finances, en
vous demandant de pouvoir terminer, si c'est possible, vers 16 heures de
façon à pouvoir passer à l'autre organisme.
M. Parizeau: M. le Président, j'entendais tout à
l'heure le député de Marguerite-Bourgeoys dire que le ministre de
l'Education, en somme, va abandonner l'autonomie des commissions scolaires ou
son principe. Cela me servira d'introduction pour un certain nombre de
remarques que je voudrais
ajouter à celles qu'a présentées le ministre de
l'Education.
L'autonomie des commissions scolaires a été, dans son
principe, abandonnée au début des années soixante. Il fut
un temps où les commissions scolaires avaient une latitude
considérable quant à la nature des services qu'elles pouvaient
offrir, ne serait-ce que sur le nombre d'années d'études qu'elles
pouvaient offrir sur leur territoire. Dans les années soixante, la
caractéristique principale qui a découlé de l'action du
ministère de la Jeunesse, comme on l'appelait on remonte loin en
arrière, du ministère de l'Education quand il a été
mis en place, et du rapport Parent c'est qu'il y aurait d'abord un
budget normalisé dans les commissions scolaires. L'existence même
d'un budget normalisé était une atteinte foudroyante à
l'autonomie des commissions scolaires. On déterminait, aux fins de
subventions par le gouvernement, ce qui serait considéré comme
dépenses admissibles. On n'aura jamais vu cela à l'égard
des municipalités.
Deuxièmement, si je me souviens bien je parle de
mémoire vers 1965 ou 1966, on a établi un impôt
foncier normalisé pour les commissions scolaires. Jamais on n'a vu cela
à l'égard des municipalités. Cet impôt
normalisé était déterminé par le ministre des
Finances chaque année. Il déterminait le rôle, de combien
il augmenterait, le taux, combien de cents par $100 d'évaluation et
combien de dollars. Cela n'était pas discutable. En fait, c'était
une taxe imposée par le gouvernement du Québec par le truchement
des commissions scolaires. On sait bien que les gens de l'époque
je parle de la fin des années soixante ont été
profondément troublés par ce divorce entre les commissions
scolaires de plus en plus orientées par les gouvernements cela
concerne les gouvernements de nos amis d'en face à part égale
et, d'autre part, ce qui se passait du côté municipal, qui
était fort différent où le gouvernement adoptait
plutôt la formule qu'on aurait appelée, au niveau
fédéral, celle des plans conjoints. Le gouvernement disait, en
somme: Si vous faites tel genre de travaux, j'en subventionnerai une partie,
mais vous êtes libres d'accepter ou de refuser.
On retrouvera, si ma mémoire est fidèle, dans le discours
du budget de M. Paul Dozois en 1969 l'expression la plus claire de ce dilemme
entre une autonomie des commissions scolaires qui est déjà,
à cette époque on parle d'il y a dix ans en train
d'être considérablement restreinte et cette tentation du
gouvernement de l'époque de dire: Au niveau local, au moins, on
consolidera l'autonomie des municipalités. Le dialogue que je tiens
maintenant, tous les gouvernements l'ont tenu. Il est parfaitement inutile
aujourd'hui de dire: Est-ce qu'on pourrait faire en sorte, par le projet de loi
que nous présentons, en y apportant un certain nombre d'amendements, de
rétablir l'autonomie des commissions scolaires telle qu'elle existait
à la fin des années cinquante, l'autonomie véritable des
commissions scolaires. Cela fait maintenant presque vingt ans que cela a
été considérablement restreint. Je pense qu'il est inutile
de se gargariser de mots; la réalité est là depuis presque
une génération.
Le président de la Fédération des commissions
scolaires catholiques disait tout à l'heure: C'est l'esprit de la chose
qui nous est important, ce qui manque, c'est un énoncé de
principe. Il faut bien comprendre que l'énoncé de principe ne
pourrait jamais être celui qu'il tirait d'une des brochures
publiées par le ministre des Affaires municipales, parce que le principe
est fort différent. Entre l'autonomie fiscale des municipalités,
que nous consacrons davantage par le projet de loi 57, et ce qu'on peut appeler
l'autonomie des commissions scolaires, enfin le champ d'autonomie des
commissions scolaires en date d'aujourd'hui, le divorce est énorme, de
toute façon.
Il faut faire attention au jeu sur les mots, les réalités
sont extraordinairement différentes. Je ne suis d'ailleurs pas toujours
certain dans quelle mesure c'est perçu ça. Dans l'introduction,
M. le président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques notait bien le caractère de l'impôt foncier
normalisé, et déjà, dans son texte à la page 2, on
trouve presque une contradiction par rapport à ce qu'elle amenait dans
son introduction. Lorsqu'on dit: "Cependant, nous déplorons que le
gouvernement n'ait pas déployé la même attention pour
remplacer la source de financement que les commissions scolaires perdront
donc, l'impôt foncier normalisé par une autre
offrant les mêmes garanties statutaires." Mais il n'y a jamais, depuis
quinze ans, eu de garantie statutaire quant à l'impôt foncier
normalisé. C'est le ministre des Finances, chaque année, qui
encore une fois fixait l'augmentation du rôle et l'impôt; il n'y a
jamais eu de garantie statutaire là-dedans depuis bien longtemps.
Ce que le projet de loi précise, c'est quand même qu'il
restera une marge de taxation; les commissaires d'écoles étant
élus, ils doivent être en mesure de taxer. Alors, on nous disait
tout à l'heure: Mais les commissions scolaires en moyenne encore
que les divergences d'une commission scolaire soient considérables
ne prennent pas plus de 4,5% des dépenses nettes en taxation pour
les dépenses non admissibles aux subventions. Donc, pourquoi mettre un
plafond à 6%?
Il faut bien comprendre les discussions qui ont eu lieu autour des 6%.
On a parfaitement raison de souligner que la taxation pour des dépenses
dites non subventionnables voyez, M. le Président, que j'ai perdu
l'habitude de dire les "inadmissibles" qu'à 4,5% on n'avait pas
exagéré par rapport au plafond de 6%, mais il y a eu une
discussion prolongée chez nous quant à savoir si ça
n'aurait pas dû être 5%. En mettant 6%, on se dit: On laisse quand
même un peu de marge sur la moyenne. Nous, on pensait qu'en passant de 5%
à 6%, on augmentait les marges.
Je dirais maintenant deux mots sur l'Assemblée nationale, qui n'a
rien à voir avec les décisions quant au budget des commissions
scolaires. Le député de Marguerite-Bourgeoys disait tout à
l'heure... Non, c'était le député de Laval, je m'excuse:
Mais, l'Opposition ne peut pas proposer
d'amendement à des projets de loi de crédits. Bien
sûr, mais on pourrait en dire autant de toutes les dépenses du
gouvernement à l'égard de tous les citoyens. Ce sont les
règles du parlementarisme britannique et j'espère qu'on ne
s'attend pas de moi que j'en fasse un long panégyrique, même si
j'en suis convaincu. Il n'en reste pas moins qu'à cet égard les
commissions scolaires ne sont pas traitées différemment de tous
les programmes de dépenses s'appliquant à tous les citoyens du
Québec.
Une observation quant à ce que le président des
commissions scolaires catholiques disait des subventions, c'est-à-dire
de l'indexation des subventions applicables aux autres dépenses, aux
dépenses non salariales.
Je vous avouerai que je suis un peu étonné de voir qu'il
les établit comme étant nulles en 1975/76, nulles en 1976/77 et,
en somme, depuis que nous sommes au pouvoir, plus que zéro. Moi,
j'étais, de mon côté, persuadé que j'avais
suggéré 4% en 1977/78 et zéro par la suite. C'est donc
que, quelque part dans l'administration du système, je me suis
peut-être fait avoir, je pensais avoir été moins
généreux!
Une voix: II y a des notes qui se prennent!
M. Parizeau: II y a des notes qui se prennent; des deux
côtés d'ailleurs!
Mais, pourquoi fait-on ça? J'ai eu l'occasion, lors des
discussions de Québec-commissions scolaires, d'expliquer pourquoi. C'est
que tout est sur le plan des effectifs, sur le plan des salaires tout est
"normé" ou déterminé pas les conventions collectives ou
par des normes assez précises du ministère de l'Education, mais
dès qu'on sort du champ de l'enseignement proprement dit, les effectifs
ne sont pas "normés". (16 heures)
Or, on reconnaîtra que le coût de la masse salariale par
étudiant au Québec, si on la compare aux autres provinces
canadiennes, et singulièrement à l'Ontario, est très
élevé. On aura peut-être l'occasion d'en discuter davantage
dans les jours qui viennent. Il faut bien comprendre: les salaires payés
par étudiant au Québec, quand on les compare à ceux de
l'Ontario, sont très élevés. Or, le gouvernement n'a
jamais pris les mesures nécessaires pour "normer" les dépenses de
personnel autre qu'enseignant. Et, dans ces conditions, le gouvernement qui
nous a précédés, comme le nôtre, ça changera
peut-être, nous avons placé les commissions scolaires devant une
sorte d'affreux dilemme. On indexe à presque rien les dépenses
autres que les salaires, de façon que, pour le personnel non enseignant,
vous vous posiez des questions quand il s'agit d'embaucher d'autre
personnel.
Et on sait bien que la soupape pour ces dépenses autres que les
salaires non indexés a été peut-être de
réduire les services, comme le disait le président de la
Commission scolaire catholique, cela a été, parfois, de recourir
aux inadmissibles, mais cela a été, surtout, de maintenir un
frein sur les dépenses de personnel autres que le personnel
enseignant.
Encore une fois, ce n'est pas une mesure qui a été
inventée par le précédent gouvernement. Nous avons en page
4 du mémoire des commissions scolaires catholiques l'indication
très claire que nous procédons et continuons de procéder
selon une procédure solidement établie. J'ai eu l'occasion de
dire que ça me paraissait loin d'être idéal et, si on me
passe l'expression, que c'est fait un peu sur la gueule. Mais il faut
reconnaître aussi que cela n'a pas été totalement
inefficace.
J'en viens à la question du référendum. Il faudrait
peut-être réconcilier l'arithmétique. Peut-être que
M. Mongeau aurait quelques commentaires à faire là-dessus, mais
j'ai de la difficulté à faire cette réconciliation. Si
c'est $1.00 par électeur, ça peut difficilement coûter $3
millions, comme on l'indique en page 9, pour le conseil de l'île. On a
déjà connu une époque au Québec où on
faisait voter les morts, mais j'espère qu'on ne fait pas voter les
nourrissons! Ce doit être moins que ça, ce doit être de
l'ordre de $1,5 million ou $2 millions, j'imagine, $1,5 million ou $2
millions... Mais c'est un détail. Il reste néanmoins qu'on nous a
suggéré, à l'occasion des rencontres que nous avons eues
avec les commissions scolaires, un référendum qui ne serait pas
automatique, et c'est vrai qu'il y a plusieurs formules possibles. On peut
imaginer, par exemple, le registre des électeurs, dont notre
collègue de Saint-Hyacinthe parlait tout à l'heure. Ceux qui
seraient contre une augmentation de taxes s'inscrivent et, lorsqu'un certain
nombre de signatures a été ramassé, le vote se prend. Il y
a cependant un problème là-dessus, c'est qu'il faut bien
reconnaître que la taxe foncière scolaire à 6% ou $0.25
n'est pas susceptible d'amener des citoyens à s'organiser sur une
très grande échelle pour faire battre une taxe
supplémentaire de $0.05 car, $0.05 sur une maison de $20 000 ou $30 000,
il n'y a pas vraiment de quoi se battre dans les autobus.
On a imaginé une autre possibilité, c'est-à-dire
qu'un conseil, une commission scolaire devrait, pour éviter le
référendum, ramasser un certain nombre de signatures positives
cette fois-ci, c'est-à-dire se présenter avec un certain nombre
d'électeurs qui reconnaissent, qui acceptent, en somme, la proposition,
s'il y en a un assez grand nombre, il n'y a pas de référendum.
C'était une autre possibilité qui a été
évoquée d'ailleurs assez longuement dans les rencontres que nous
avons eues avec les commissions scolaires.
Tout ça pour vous dire, M. le Président, que lorsqu'on
parle de consultations, il y en a eu et pas mal. Cette forme de
référendum présente cependant un inconvénient, ce
sont les mêmes inconvénients que la première formule, un
peu atténués cependant, je le reconnais.
L'idée fondamentale de la mesure et du plafond sujet au
référendum, c'est qu'il ne doit pas être trop facile. Je le
reconnais ici en toute candeur. Il faut un frein et un frein assez substantiel.
Est-ce qu'il y a, dans nos façons de procéder sur le plan
budgétaire, sur le plan du partage
des impôts, des précédents à cela? Oui, bien
sûr, il y a des précédents. Ce que le gouvernement de
Québec applique aux commissions scolaires par la loi 57, c'est
très exactement le cadre dans lequel nous avons très longuement
vécu avec le gouvernement fédéral. On se partage les
impôts avec un plafond. Nous avons connu cela pendant des années.
Je ne dirai pas que c'est très agréable, j'en conviens, mais
à l'époque où il y avait 100 points d'impôt sur le
revenu des particuliers, on se les partageait, tant de points au
fédéral et tant de points au provincial. Qu'est-ce que
c'était sinon cela? Remarquez bien, comme le disait le ministre de
l'Education tout à l'heure, ce qui aurait vraiment correspondu à
cette structure de partage des impôts, cela aurait été un
plafond, 6%, rien de plus. C'est déjà une amélioration
considérable par rapport à des formules
fédérales-provinciales que nous avons bien connues. Il y a un
plafond, mais il peut être levé par référendum. Soit
dit en passant, nous n'avons jamais eu la possibilité de faire cela avec
le gouvernement fédéral. Il ne nous donnait même pas le
droit au référendum. Remarquez que c'est terminé. Depuis
quelques années, les deux niveaux de gouvernement, à ce niveau,
taxent comme ils le désirent. Si on veut faire une analogie historique
c'est avec cela. Maintenir en somme le droit d'une taxation locale, pas
très considérable, parce que depuis 20 ans, enfin au moins 15
ans, parce que le degré d'autonomie des commissions scolaires n'est pas
non plus, reconnaissons-le, si on veut être de bon compte, très
considérable. C'est une question de dosage de certains pouvoirs de
taxation avec des pouvoirs réels d'administration, et d'autre part la
consécration que cette autonomie municipale, qui elle n'a jamais
été atteinte par les mêmes règles, est enfin
consacrée sur le plan fiscal. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le président.
M. Mongeau: M. le Président, j'aimerais relever certaines
remarques du ministre...
Le Président (M. Jolivet): Avant de continuer, on
s'était fixé à peu près quatre heures, parce que je
sais que c'est l'organisme principal qui a demandé la consultation
d'aujourd'hui, je m'étais fixé une heure et demie dans votre cas,
mais je vous demanderais d'être le plus bref possible.
M. Mongeau: Bien. M. le Président, j'aimerais juste
répondre à certaines remarques du ministre des Finances. D'abord,
le ministre des Finances a commencé encore une fois en parlant du peu de
degré d'autonomie que les commissions scolaires avaient depuis 1960 et
que, de gouvernement en gouvernement... Je pense qu'on a admis cela. Nous ne
sommes pas ici et je tiens à être clair là-dessus
pour énoncer une position qui soit de partisanerie politique.
Quel que soit le gouvernement en place, le mémoire que j'ai
présenté, je l'aurais présenté. Je pense qu'il faut
être bien clair là-dessus. Mais pour moi, ce n'est pas une raison,
parce que des gouvernements antérieurs, de quel- que couleur
fussent-ils, nous ont enlevé l'autonomie degré par degré,
pour que finalement le gouvernement actuel nous achève. C'est cela notre
position.
Deuxièmement, le ministre des Finances a parlé des 4,5% et
qu'en les fixant à 6% on croyait réellement donner une marge.
À moins que je ne comprenne mal, ce qui est toujours possible, remarquez
bien, les 4,5% s'établissent sur le budget total des commissions
scolaires présentement et non pas sur les dépenses nettes
globales. Nous avons produit en annexe 1 la liste des commissions scolaires
affectées, parce que si on prend les dépenses nettes globales, la
moyenne n'est plus de 4,5%, elle dépasse de beaucoup. Elle
dépasse dans beaucoup de cas les 6%. Je m'excuse de revenir à mon
exemple, parce qu'on prend toujours le milieu qu'on connaît le mieux et
le milieu que je connais le mieux présentement demeure l'île de
Montréal. Présentement, notre moyenne est à 5,4%.
Seulement, si on prend les dépenses nettes globales, c'est 7,5%. Ce
n'est pas la même chose. Il faudrait comparer, je pense, les deux
mêmes choses.
Troisièmement, le ministre a parlé de contradictions
possibles. Je pense qu'il n'y a pas de contradiction. J'ai fait au
départ un énoncé de principe que nous avons toujours
soutenu. Seulement, cet après-midi, nous avons quand même voulu
discuter de la loi 57 avec les articles tels qu'ils sont inscrits dans la loi.
Il ne faudrait pas y voir là de contradiction.
Ensuite, le ministre a parlé des $3 500 000 sur l'île de
Montréal. Je pense que tantôt, j'en avais parlé. Quand je
dis $1 par électeur, on parle de coûts directs, on ne parle pas
des coûts indirects, comme la publicité ou ces choses-là.
On a calculé qu'un référendum sur l'île de
Montréal, et même dans n'importe quelle commission scolaire du
Québec, ça va être le même coût qu'une
élection. Une élection cette année, on va en avoir une au
mois de juin. On a déjà des prévisions de $3 000 000
à $3 500 000. C'est clair que s'il fallait tenir un
référendum l'année prochaine, comme il n'y aura pas
d'élection, ce sera encore $3 000 000 ou $3 500 000, si on inclut tous
les frais directs et indirects, et on ne fera pas voter de nourrissons.
Enfin, sur la question des référendums, je pense
véritablement que si on prend uniquement cet angle, il est
évident quant à nous je pense que le ministre des Finances
l'a confirmé par son exposé que dans le fond, le but plus
ou moins avoué, et je dirais maintenant avoué, puisque c'est le
ministre des Finances qui l'a dit, en imposant cette mesure, c'est qu'on ne
veut pas qu'on dépasse le plafond de 6%. J'aimerais mieux qu'on le dise
clairement à ce moment-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, avant de vous
faire répondre, j'ai une question de règlement de la part...
M. Lalonde: Dans l'oraison funèbre du ministre des
Finances sur les commissions scolaires, M. le Président on
pensait qu'elles étaient mori-
bondes, mais il vient de nous délivrer le certificat de
décès il a fait une analogie entre... C'est pour ça
que je voudrais rétablir les faits, je sais que ce n'est pas de son
intention de tromper les membres de la commission, mais l'analogie qu'il a
faite avec les points d'impôt qui sont transférés entre le
fédéral et le provincial ne tient pas, parce qu'il n'y a rien qui
empêche une province d'augmenter les impôts sans
référendum.
M. Lavoie: II y a tellement d'autres variétés
d'impôt, on le sait d'ailleurs.
M. Lalonde: II y a d'autres sources de revenus. Le
Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je commence par la fin,
jusqu'en 1967, pour les trois grands impôts directs, ce n'était
pas le cas, c'était rigoureusement divisé en fonction d'une
échelle de 100 points, rigoureusement.
M. Lavoie: Vous avez d'autres champs de taxation, alors que les
commissions scolaires n'ont strictement que celui-là.
M. Parizeau: Sans doute, sans doute.
M. Lavoie: Vous aviez une plus grande latitude au point de vue
provincial.
M. Parizeau: Je voudrais revenir, M. le Président,
à certains chiffres amenés par M. Mongeau. Quand il disait qu'il
faut comparer des choses analogues, je suis bien d'accord avec lui, il faut
comparer des choses analogues. Je précise tout de suite que pour ce qui
a trait aux dépenses, c'est-à-dire à la proportion des
taxes foncières perçues pour les dépenses non
subventionnées, sur une base nette, les dépenses nettes, c'est
bien 4,6%, pas 4,5%,mais 4,6%.
En ce qui a trait au Conseil scolaire de l'île de Montréal,
il est exact que c'est 7,5% des dépenses nettes, mais pour
l'année 1978/79. Pour l'année 1979/80, c'est 5,8%. Vous approchez
de 6%, mais vous n'avez pas dépassé 6%, pour l'ensemble du
conseil scolaire. Je ne cacherai pas à M. Mongeau, M. le
Président, que le fait que le Conseil scolaire de l'île de
Montréal soit à 5,8% cette année a eu une certaine
influence pour la détermination du niveau de 6%. Je serais moins que
candide, comme on dit en anglais, si je ne le reconnaissais pas.
Voilà, à peu près, sur le plan des chiffres, ce que
je voulais dire en conclusion.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: De façon très rapide, je voudrais
d'abord remercier le gouvernement pour avoir eu cette délicatesse de
répondre à la demande de l'Opposition de vous inviter ici
aujourd'hui. Je vois que le temps s'écoule et on veut limiter le temps,
mais il y a des points sur lesquels je m'interroge. Je sais qu'il y a eu
beaucoup de communications entre le gouvernement et la fédération
pour essayer d'établir un dialogue pour en venir à une entente.
Est-ce que je dois comprendre, suivant l'exposé de votre mémoire,
que la Fédération des commissions scolaires serait satisfaite si
on enlevait ce point de référendum? Parce qu'on sait qu'un
référendum, du moins dans tous les statuts que je connais, cela a
été établi lorsqu'il s'agit d'une dépense capitale,
non pas d'une dépense administrative.
Dans votre mémoire, aussi bien que dans la loi, il s'agit de
dépenses administratives. Si cette rigidité était
enlevée, les commissions scolaires auraient moins d'objections à
l'adoption de la loi? Est-ce que je dois déduire? (16 h 15)
Est-ce qu'il y a d'autres points sur lesquels vous n'avez pas
été d'accord à l'occasion de discussions, ou si vous vous
êtes entendus sur tous les points, sauf celui-là?
M. Mongeau: Je pense que ce serait inexact de dire que nous
serions satisfaits, je pense que je l'ai assez démontré. Non,
nous ne serions pas satisfaits, mais disons que, dans la pratique, on
trouverait cela moins grave. Je tiens à être clair
là-dessus. Ce qui nous satisferait, ce serait véritablement de
reprendre la réforme au complet dans le sens que je le mentionnais dans
mon énoncé de principe au départ.
M. Russell: Est-ce qu'on arrive à un principe qui ne
devrait normalement, à mon sens, jamais exister, dire que l'argent qui
est perçu par un gouvernement et dépensé par un autre est
un faux principe? Les commissions scolaires voudraient revenir à un
statut pour se dire que l'argent qu'on va dépenser devrait être
imposé par nous-mêmes directement aux contribuables. Est-ce que
c'est cela votre conception de la perception des impôts?
M. Mongeau: Je pense qu'en saine démocratie, les milieux,
à quelque niveau de gouvernement qu'on soit, doivent définir
leurs priorités et doivent être en mesure d'en financer le
coût.
Le Président (M. Jolivet): Je vous remercie, M. le
Président, ainsi que les personnes qui sont avec vous aujourd'hui.
J'invite l'Union des conseils de comté à s'avancer à la
table.
Je demanderais à l'assistance de bien vouloir nous permettre de
continuer nos travaux, je demanderais à M. Moreau de s'identifier, de
donner les noms de ses acolytes.
Union des conseils de comté
M. Moreau (Jean-Marie): Merci, M. le Président. Je suis le
président de l'Union des conseils de comté du Québec.
À ma gauche, Me Pierre Viau, conseiller en matière juridique de
l'Union des conseils de comté; à mon extrême droite, M.
Claude Caumartin, conseiller en évaluation, et
immédiatement à ma droite, M. Eugène Letendre,
vice-président de l'Union des conseils de comté. Avant de lire le
mémoire, je voudrais tout de même vous remercier pour nous avoir
permis de nous exprimer ici...
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, M. Moreau. Je
demanderais encore, s'il vous plaît, de nous permettre de continuer nos
travaux, parce qu'il y a un bourdonnement qui nous empêche d'entendre
convenablement la personne qui parle. Merci.
M. Moreau: Afin d'éliminer toute ambiguïté
quant à la position de l'Union des conseils de comté du
Québec, j'aimerais dire que cette position en matière de
fiscalité n'est pas d'hier. Elle remonte à une dizaine
d'années, alors que nous avons demandé, lors de tous les
congrès et devant tous les médias d'information, le transfert du
champ foncier intégralement aux municipalités. C'est pour
être bien clair et pour dissiper toute ambiguïté quant
à des connivences ou quoi que ce soit au niveau des partis
politiques.
Sans plus tarder, M. le Président, je vous fais lecture de ce
mémoire qui s'intitule "Mémoire présenté à
la commission parlementaire des affaires municipales sur le projet de loi no 57
intitulé Loi sur la fiscalité municipale et modifiant certaines
dispositions législatives." Il y a une erreur, ici, c'est écrit
le 12 décembre, je pense que c'est le 10 décembre, aujourd'hui.
Vous voudrez bien le noter.
Pour ce qui concerne les avant-propos, le projet de loi no 57 a
été adopté en deuxième lecture au cours de la
semaine dernière. À moins de changements majeurs à la
procédure parlementaire, nous devons considérer que le
débat sur le principe même du projet est clos.
Nous référons donc la commission aux textes que nous avons
déposés le 4 décembre dernier et qui expriment les
inquiétudes de l'union face à ce projet de loi. Ces textes sont
produits en annexe au présent mémoire.
Les municipalités insistaient auprès du gouvernement du
Québec pour que ce dernier réforme en profondeur la
fiscalité municipale de façon a leur accorder plus de revenus
autonomes.
Dès 1965, la commission Bélanger, suite à une
analyse des finances municipales portant sur la période 1954 à
1963, constatait ce qui suit: "II ressort déjà nettement de cette
brève description que les revenus des municipalités
étaient, pendant cette décennie, nettement insuffisants par
rapport à leurs dépenses." Vous allez retrouver ces articles
à la page 265 du rapport de la commission Bélanger.
Le manque chronique de revenus des pouvoirs locaux les rendait de plus
en plus dépendants des subventions conditionnelles et
inconditionnelles.
On avait bien tenté de corriger la situation par certains
paiements de transfert, comme le retour de la taxe de vente et des subventions
per capita, mais le mal persistait.
En 1978, les municipalités et le gouvernement
décidèrent, à la suite de la conférence
provinciale-municipale de mai, de mettre sur pied un comité
chargé spécialement de préparer une proposition de
réforme fiscale.
Les rapports de ce comité et le projet de loi sont maintenant
connus et nous avons démontré dans nos précédents
textes l'écart existant entre les recommandations du comité et le
projet de loi.
Sans revenir sur ce que nous avons déjà expliqué,
nous espérons que la version finale de la loi contiendra des
dispositions permettant de consacrer clairement les principes essentiels
susceptibles d'assurer aux municipalités une fiscalité de plus en
plus autonome.
Pour ce qui concerne l'exclusivité du champ foncier, l'un des
objectifs principaux de la réforme est de confier aux
municipalités l'exclusivité du champ de l'impôt
foncier.
Cette source de revenus traditionnellement réservée aux
municipalités avait, au cours des dernières années,
été sérieusement entamée par les commissions
scolaires.
L'union a démontré, au cours des travaux du comité,
qu'en milieu rural, près de 70% des taxes foncières payées
par nos contribuables étaient des taxes scolaires.
Cet effritement de l'assiette fiscale locale ne pouvait se poursuivre
sans ruiner du même coup nos chances de rétablir
l'équilibre entre nos revenus locaux autonomes et les paiements de
transfert.
Mais jamais nous disons bien "jamais" les
municipalités ont-elles voulu insinuer qu'elles désiraient la
disparition des commissions scolaires.
Bien au contraire, nous avons toujours cru et nous croyons encore que
notre société a besoin d'instances locales fortes et autonomes
capables de faire contrepoids à une trop grande concentration des
pouvoirs publics entre les mains d'une seule autorité. C'est le sort
même de la démocratie qui l'exige.
Il est possible d'assurer plus d'autonomie aux commissions scolaires en
leur garantissant des sources de revenus autonomes. L'union est prête
à collaborer avec tout organisme chargé d'examiner cette
question.
Pour ce qui est de l'impôt foncier, par ailleurs, notre position
est bien claire: Tout ce champ doit tôt ou tard appartenir exclusivement
aux municipalités.
Nous croyons qu'à ce chapitre, le projet de loi 57 constitue un
pas en avant en éliminant la taxe foncière scolaire pour les
dépenses normalisées. Il est de notoriété publique
d'ailleurs que le taux de cette taxe était fixé non pas par les
commissions scolaires, mais par le ministre de l'Education. Prétendre
que sa disparition entame l'autonomie locale relève de la plus pure
fantaisie, car personne ne peut prétendre qu'à agir comme
percepteur d'une taxe, on possède une liberté autre que celle de
suivre les directives décrétées par son
supérieur.
Quant à l'impôt foncier sur les dépenses non
admissibles, nous croyons qu'il devrait aussi disparaître. Nous vous
reportons à ce sujet aux remarques contenues en annexe à ce
mémoire. Elles montrent les dangers du mécanisme proposé.
Il faudra sûrement vérifier les freins dont on l'a pourvu. Leur
faiblesse nous inquiète.
En ce qui concerne l'intégrité de l'assiette fiscale
également, le gouvernement nous dit qu'il désire devenir
contribuable municipal à part entière. Le projet contient
certaines dispositions intéressantes à ce sujet, mais trop
d'exclusions demeurent. Nous reviendrons tantôt sur cette question. Mais
il y a plus. Nous voulons bien croire aux bonnes intentions des gouvernements,
mais l'expérience des années antérieures nous incite
à la prudence. Les intentions, comme les paroles, finissent un jour par
s'envoler et nous restons avec les écrits, c'est-à-dire les lois,
dans le cas qui nous occupe. Or, certaines lois actuelles avaient l'avantage
d'assurer aux municipalités d'importants revenus, leur provenant de
paiements de transfert. C'est dans une loi qu'était prévue la
portion de la taxe de vente à être versée aux
municipalités. C'est dans une loi aussi que se trouvaient les
subventions basées sur la population. C'est ce que nous appelons une
garantie législative. Ces dispositions sont abrogées par le
projet. Leur contrepartie est constituée de versements tenant lieu des
taxes qu'aurait payées le gouvernement s'il était un contribuable
ordinaire, mais ces versements ne sont pas décrétés par la
loi, comme c'était le cas pour les taxes de vente et pour les
subventions per capita.
L'article 247 de la loi ne mentionne qu'une seule obligation: Verser une
somme d'argent tenant lieu des taxes foncières municipales ou de taxe
d'affaires. Le quantum du montant relève toutefois d'un simple
arrêté en conseil. Nous insistons pour qu'une garantie minimale
soit accordée aux municipalités dans le texte même de la
loi. Jamais nous n'avons voulu troquer la protection que nous accordaient les
lois actuelles pour des subventions déterminées de façon
discrétionnaire par un gouvernement.
En ce qui concerne l'évaluation foncière, nous
déplorons le fait que l'on ait profité de la réforme
fiscale pour réintroduire dans les systèmes de
l'évaluation foncière des notions abandonnées en 1973,
à la suite de négociations longues et laborieuses entre le
gouvernement provincial et le monde municipal. Sur ce point, c'est un retour en
arrière. Les municipalités perdent à peu près toute
compétence, sauf celle de payer le coût de la confection des
rôles. Loin de simplifier l'administration locale, on la complique
à un point tel que l'on rate complètement un des objectifs
majeurs de la réforme, la simplicité administrative.
Voici une liste incomplète, il va sans dire, des articles qu'il
faudra récrire pour alléger un peu le fardeau administratif des
municipalités. Certaines définitions, notamment celles des mots
"boisé", "ferme", "bureau" qui élimine les bureaux de
comté, "valeur réelle", "valeur locative", "revenu brut et revenu
brut imposable", "unité d'évalua- tion", "introduire à
nouveau l'assistant à l'évaluateur".
À l'article 27, "introduire à nouveau les principes de
l'actuel article 8". À l'article 80, bureau de révision et ses
pouvoirs qui devraient se limiter à décider des plaintes".
À l'article 140, "la preuve d'un préjudice réel à
la nouvelle norme du plus ou moins 10%." À l'article 146, "les
corrections d'office qui peuvent conduire à une nouvelle
évaluation". À l'article 180, "le rôle de la valeur
locative afin qu'il porte sur la valeur locative brute".
Des modalités d'application et des nouvelles dispositions: outre
les difficultés qu'entraînent les nouvelles mesures relatives
à l'évaluation, nous désirons que d'autres articles soient
modifiés afin de faciliter la mise en marche du nouveau régime,
tout en protégeant l'autonomie des municipalités.
À l'article 251, au sixième paragraphe, ces pouvoirs
devraient être exercés, non pas uniquement par un ministre ou par
le gouvernement, mais par un comité formé de représentants
du gouvernement et des municipalités. Cela couvre les articles 251, 252
et 253, pouvoirs de réglementation.
À l'article 252, paragraphe 3, ces questions devraient relever
des municipalités seules. À l'article 252, paragraphe 5, si le
gouvernement insiste pour maintenir cette disposition, un montant de $750
devrait y apparaître. Il constituerait un plancher au-dessus duquel les
municipalités doivent faire parvenir deux comptes de taxes.
À l'article 509, il faut trouver une méthode permettant
d'éviter des difficultés inhérentes à l'application
de cet article dans les municipalités qui viennent de confectionner un
nouveau rôle.
À l'article 515, le compte provisoire devrait être
basé sur un pourcentage des dépenses de l'année
précédente. (16 h 30)
Article 535, prévoir les modes d'évaluation des
rôles de valeur locative actuels si l'on maintient le critère de
valeur locative nette.
Enfin, l'analyse de la loi actuelle et du projet de loi no 57, portant
sur les biens exclus du rôle ou exempts de taxes.
Nous avons préparé un schéma de certaines
dispositions législatives concernant les exclusions visées par la
Loi sur l'évaluation foncière et celles prévues au projet
de loi no 57. Le document produit sous la cote À vous l'avez en
annexe du présent mémoire présente un
résumé comparatif des exemptions prévues dans les lois des
provinces de Québec, d'Ontario et du Nouveau-Brunswick. Quant au
document produit sous la cote B, qui est également annexé, il
contient un tableau comparatif entre les exclusions et les modes de taxation
actuels et ceux prévus dans le projet de loi. Nous sommes à votre
disposition, M. le Président, pour vous fournir de plus amples
explications sur ces documents.
En conclusion, nous insistons à nouveau sur l'importance
d'inclure dans le projet de loi des dispositions entérinant les
recommandations du comité conjoint sur l'exclusivité et
l'intégrité de l'assiette foncière des
municipalités. Les règles re-
latives à l'évaluation doivent absolument être
simplifiées et les municipalités doivent participer aux
décisions concernant les indices, facteurs et principales normes
affectant les rôles et la fiscalité. Des garanties
législatives doivent être accordées au chapitre des
versements de sommes tenant lieu de taxes. Enfin, toute la mise en marche de la
réforme doit être dirigée par le comité conjoint,
afin d'apporter les corrections de parcours nécessaires à sa
réalisation.
Sujet au respect des demandes que nous avons apportées, M. le
Président, nous appuyons le gouvernement sur les principes fondamentaux
de la réforme fiscale, suite logique des travaux et des deux rapports du
comité conjoint où siégeaient le gouvernement et les
municipalités. Nous appuyons aussi l'engagement pris par le gouvernement
de mettre en marche cette réforme dès 1980. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je désire remercier
l'Union des conseils de comté et son président, M. Moreau, pour
cette présentation. Je voudrais aussi profiter de l'occasion pour
remercier tous les représentants du monde municipal qui ont bien voulu
se présenter à cette commission aujourd'hui. On me signale, entre
autres, la présence à cette commission de son honneur le maire de
Montréal, M. Jean Drapeau, du président du comité
exécutif de la ville de Montréal, M. Lamarre, du président
de l'Union des municipalités du Québec et maire de Sherbrooke, M.
O'Bready, ainsi que de M. Corbeil, maire d'Anjou et président de la
Conférence des maires de banlieues, de M. Dufour, vice-président
de l'Union des municipalités et maire de Jonquière et de Mme
Trépanier, maire de Valleyfield. Je ne sais pas si le compte y est,
mais, à tout événement, je remercie tous les
représentants du monde municipal qui sont venus aujourd'hui nous faire,
par le truchement des mémoires des deux unions, leurs
représentations.
M. le Président, j'ai pris évidemment bonne note non
seulement du contenu du mémoire de M. le président de l'Union des
conseils de comté, mais également des représentations qui
ont été faites antérieurement au sein du comité
technique mis sur pied pour recevoir les représentations de diverses
sources en rapport avec la loi 57 et également des contacts et
rencontres privées que j'ai eus avec les deux unions.
Sans vouloir reprendre les points un à un, je pense qu'il est
possible, néanmoins, de constater ou de commenter, à tout le
moins, les trois grands chapitres esquissés dans le mémoire
présenté par M. le président de l'Union des conseils de
comté.
Le premier point, c'est évidemment celui de l'exclusivité
du champ d'impôt foncier qui, ainsi qu'on l'a vu par les intervenants
antérieurs, est une question qui est pour le moins non partagée
par eux et du moins en ce qui concerne la partie des dépenses dites
inadmissibles aux subventions puisque j'ai retenu de la présentation du
mémoire du président de la Fédération des
commissions scolaires que, pour ce qui est du normalisé, on en convenait
en toute objectivité, il ne s'agissait en fait que d'une taxe
provinciale perçue localement.
Cependant, sur la question de l'exclusivité du champ et celle,
entre autres, des dépenses dites inadmissibles aux subventions, je
retiens du mémoire de l'Union des conseils de comté que celle-ci
n'en a pas et le monde municipal, je pense, d'une façon
générale, n'en a pas contre les commissions scolaires, n'en a pas
contre l'existence de certaines dépenses supplémentaires ou dites
non admissibles aux subventions, mais je pense que le monde municipal en a
contre l'utilisation du champ d'impôt foncier pour de telles
dépenses. Je pense que la nuance est importante, à partir du
moment où la filiation, la relation entre les besoins en
éducation et la richesse foncière d'une municipalité ou
d'un individu, cette filiation, dis-je, ne saute pas aux yeux d'emblée,
alors que pour la municipalité qui, elle, doit fournir des services
à la propriété, services d'égouts, d'aqueduc, de
trottoirs, de rues, de protection contre l'incendie, de protection contre le
vol, eh bien, la relation, la filiation entre cette assiette foncière,
d'une part, et les services à donner à la population, cette
filiation est, je pense, directe. Elle est non seulement directe, mais elle est
fonction de ce que les populations locales veulent se donner comme services,
quant à la nature de ces services, quant à leur quantité
et quant à leur qualité.
M. le Président, ceci dit, au niveau des principes, le
gouvernement a effectivement fait le choix de maintenir à l'intention
des commissions scolaires, une marge d'emploi de ce secteur, de ce champ de
l'impôt foncier, mais en y mettant des balises qui font justement, qui
peuvent permettre le financement d'une proportion de ces dépenses dites
inadmissibles. Personnellement, je pense que ce point de vue a toujours
été clair, y compris à la Conférence
Québec-municipalités du mois de juin 1978, où,
contrairement à ce qui est affirmé peut-être dans le
mémoire du président de la Fédération des
commissions scolaires, le monde scolaire a été invité
à cette occasion et la tribune lui a été fournie de
s'exprimer et je pense que, là-dessus, que ce soit devant le monde
scolaire ou devant le monde municipal, la position du gouvernement a
été la même sur cette question.
M. le Président, le deuxième point de
l'intégrité de l'assiette, c'est-à-dire une fois qu'on a
consacré la quasi-exclusivité de cette assiette à
l'intention du monde municipal, reste la question de l'intégrité.
Cette intégrité qui fait qu'à peu près le quart des
biens fonciers au Québec n'est pas imposé par le monde municipal
et donc, que les trois quarts des autres doivent assumer finalement le fardeau
que ce quart-là ne paie pas.
Alors, de quoi est-il composé, ce quart? Il était
composé essentiellement des biens des gouvernements, des biens du
gouvernement du Québec, qui, dans ce projet de loi, s'engage à
devenir un contribuable à part entière et à payer ses
taxes à 100% sur la valeur de ses immeubles à lui, à 80%
sur la valeur des immeubles des réseaux de l'éducation et de la
santé, des CEGEP, universités et
autres, et à 40% des écoles élémentaires et
secondaires et, en plus, de payer la taxe d'affaires sur ses immeubles.
Je reviendrai tantôt sur la question du délai que nous nous
donnons pour atteindre ce seuil de 100% pour les écoles
élémentaires et secondaires et de 100% pour les immeubles des
réseaux de l'éducation et de la santé. Il y a une
décision du conseil des ministres, donc du gouvernement, qui est
arrêtée à l'effet de porter ces quanta à 100% sur
une période de cinq ans, M. le Président.
J'ai pris bonne note de la demande du président de l'Union des
conseils de comté de faire en sorte que ceci soit inclus dans la loi. Je
transmettrai très certainement à mes collègues du cabinet
ce voeu du monde municipal que ce soit inscrit dans la loi. Mais, ceci dit, M.
le Président, si le gouvernement du Québec veut donner l'exemple
en devenant un contribuable à part entière, il reste quand
même un certain nombre d'autres biens qui ne sont pas dans cette
situation et je pense entre autres à l'ensemble des édifices, des
immeubles du gouvernement fédéral qui, présentement, fait
l'objet d'un projet de loi devant la Chambre des communes à Ottawa et
qui est loin de se conformer à cette règle et ce, d'ailleurs,
contrairement non seulement aux revendications du Québec, mais aux
revendications unanimes des dix provinces et des deux territoires,
c'est-à-dire les Territoires du Nord-Ouest et du Yukon, qui ont
demandé, justement, qu'on en vienne à ce que le
fédéral soit un contribuable à part entière et
qu'il paie 100% des taxes sur ses immeubles partout au Canada.
Or, M. le Président, à titre d'illustration, j'avais
évidemment l'occasion d'indiquer qu'avec le projet qui est
présentement devant la Chambre, on va être extrêmement loin
de ceci et non seulement, M. le Président, décidera-t-on de ne
pas payer ces taxes foncières dans ce cas-là, mais encore on va
décider unilatéralement de la valeur alors que, dans le cas du
projet de loi du gouvernement du Québec, les immeubles du gouvernement
seront évalués par les services d'évaluation des
communautés urbaines et des conseils de comté. Donc, le
gouvernement se soumet comme tel à cette évaluation et, en cas de
litige, à la compétence, à la juridiction du Bureau de
révision de l'évaluation foncière.
Il y a évidemment, M. le Président, un certain nombre
d'organismes qui continuent, c'est un fait, de par la loi de
bénéficier d'exemptions. Evidemment, les édifices des
réseaux d'électricité, de télécommunication,
de réseaux de gaz sont maintenant assujettis à une forme de
taxation beaucoup plus substantielle que ce n'était le cas auparavant.
Un paquet d'exemptions sont levées également à l'endroit
de certains groupes. Il y a évidemment cette assiette foncière
qui n'est pas tout à fait complète, puisque c'est vrai que des
privilèges sont maintenus à l'égard, par exemple, des
endroits du culte et des cimetières. C'est une règle qui existe
également dans les autres provinces et on ne voit pas pourquoi on les
aurait inclus ici. C'est un fait également, M. le Président, que
des organismes dits sans but lucratif, des organismes à fins
caritatives, continueront de bénéficier de certaines exemptions,
sauf que, contrairement à ce qui était le cas auparavant, alors
que c'était une décision unilatérale de la Commission
municipale du Québec d'accorder ou pas une exemption à ces
organismes, dorénavant, de par la loi même, la commission ne
pourra se prononcer que sur avis de la municipalité où sont
situés ces immeubles, ceci, d'ailleurs, en conformité avec les
recommandations du comité conjoint. C'est un fait également que
certains privilèges sont maintenus, notamment en matière
d'agriculture, M. le Président, mais je tiens à le souligner
immédiatement, ceci ne se fait pas au détriment des
municipalités, puisque tout agriculteur qui est zoné agricole et
qui se voit par le fait même plafonné pour des fins
d'évaluation à $150 l'acre et à $1 avec la taxe scolaire
à $2 les $100 d'évaluation, M. le Président, la loi
prévoit que le gouvernement va compenser à la municipalité
le manque à gagner dû à ce double effet de plafond. Si
bien, M. le Président, que si on n'a pas atteint
l'intégrité de l'assiette foncière, je pense qu'on est
passé d'une assiette passablement petite à ce que j'appellerais
une assiette très élargie. Voilà donc ce que j'avais,
très brièvement, à dire sur cette question de
l'intégrité.
Je pense d'ailleurs que, sur ce point, hormis les énoncés
de principe qui sont de mise dans des circonstance semblables, bon nombre des
représentations, du moins si j'en juge par celles que j'ai eues
auparavant, M. le Président, et celles que j'ai maintenant, de l'Union
des conseils de comté, portent sur la Loi de l'évaluation
foncière et des amendements qui y ont été apportés.
D'ailleurs, j'aurai des questions à poser au président de l'Union
des conseils de comté, à ce sujet, tout à l'heure. (16 h
45)
Je voudrais néanmoins lui dire immédiatement que c'est un
fait: cette Loi de l'évaluation foncière qui a été
votée par l'Assemblée nationale à l'automne de 1971 et qui
est entrée en vigueur en 1972, a connu au moins huit amendements depuis
cette époque et nous nous trouvons aujourd'hui devant la situation de
devoir refondre cette loi, même si un bon nombre des articles de la loi
actuelle sont repris mot à mot ou à toutes fins utiles dans le
projet de loi actuel, si bien que ce n'est pas entièrement du droit
nouveau que nous avons devant nous.
Je conviens qu'il y ait des problèmes de définition
à revoir et là-dessus, on a mis sur pied un comité
technique pour nous aider à ces fins. Je conviens que la distinction
entre revenus nets et revenus bruts ou encore entre valeur locative nette et
valeur locative brute dans le cas de la taxe d'affaires, est notamment un
problème technique sur lequel nous serons heureux de profiter de
l'éclairage technique des deux unions.
Je conviens également que nous pourrions le faire, en ce qui
concerne l'universalisation du bureau de révision d'évaluation
foncière qui, à l'heure actuelle, entend les plaintes en
révision d'à peu près 5 millions de
Québécois sur 6 millions
alors que pour les autres, les conseils de comté continuent de
faire office, dans une trentaine de cas, d'agents de révision; j'ai pris
bonne note de cette demande de l'Union des conseils de comté.
Je voudrais souligner une chose qui a été avancée
de façon, j'allais dire, un peu trop facile, pas par l'Union des
conseils de comté, pas par le monde municipal, mais par l'Opposition.
L'Opposition qui a vu dans la réglementation prévue aux articles
251 et 252 une série de règlements qui viendraient, selon elle
et j'en vois malheureusement quelques reflets dans le mémoire du
président de l'Union des conseils de comté - restreindre
l'autonomie municipale en matière d'évaluation
foncière.
Or, nous pouvons prendre les règlements un à un et nous
rendre compte que la plupart des règlements qui sont prévus
là contraignent non pas le monde municipal, mais le gouvernement
lui-même. Ces règlements disent comment le gouvernement devra
procéder pour redistribuer, par exemple, le produit de la taxe des
immeubles du gouvernement, comment il devra procéder pour faire la
péréquation, comment il devra procéder pour redistribuer
les revenus provenant de la taxation des réseaux
d'électricité, de gaz et de télécommunication, si
bien que cette forme de réglementation qui contraint l'exécutif
dans sa marge de discrétion ou d'emploi des deniers ou de
redistribution, je pense que ce n'est pas tout à fait celle dont viendra
se plaindre le monde municipal ni l'Opposition en particulier, pour peu qu'ils
aient pris connaissance de cette réglementation.
M. le Président, je note également au tout début du
mémoire du président de l'Union des conseils de comté, que
par suite des amendements, dit-il je pense que c'est à la page 5
de son mémoire les municipalités perdent à peu
près toute compétence, sauf celle de payer le coût de la
confection des rôles. Evidemment, j'aimerais que le président de
l'Union des conseils de comté nous décrive comment les
municipalités perdent la compétence en matière
d'évaluation, mais une chose est certaine, c'est que le programme PAIRE
qui fait que le gouvernement du Québec paye la moitié de la
confection des rôles d'évaluation demeure. Si bien que ce n'est
même pas, en matière de financement, l'exclusivité, si vous
voulez, gouvernementale ou même du monde municipal qui est en cause,
puisqu'il y a un programme à frais partagés dans ces
cas-là, et qui demeure lui, nonobstant l'entrée en vigueur de la
réforme.
M. le Président, je pense que ces remarques étant faites,
je conviens, encore une fois, que sur le plan technique, nous pouvons
procéder à une foule d'examens et d'analyses. D'ailleurs, je
remercie l'Union des conseils de comté de nous avoir transmis ses
commentaires sur un certain nombre de ces questions.
J'aimerais savoir, après avoir pris bonne note de l'accord de
principe de l'Union des conseils de comté au projet de loi
lui-même, d'une part, et, d'autre part, à la détermination
du gouvernement qu'il entre en vigueur le 1er janvier. Après avoir
noté ceci, j'aimerais que le président de l'Union des conseils de
comté nous informe de ce qui l'amène à dire, à la
page 5 de son mémoire, que certaines des modalités du projet de
loi, en ce qui a trait, à tout le moins, à l'évaluation
foncière, constituent un retour en arrière.
M. Moreau: En ce qui concerne l'article 8 de l'ancienne loi,
l'article 253 de la présente loi, je vais vous expliquer juridiquement
notre position là-dessus. À un moment donné, il y a eu des
négociations très laborieuses relativement à la loi 50 sur
l'évaluation foncière, où on avait défendu des
positions qui étaient beaucoup plus claires et de beaucoup
préférables pour ce qui concerne l'article 8 de l'ancienne loi et
l'article 253 de la loi actuelle.
M. Viau (Pierre): M. le Président, si on se reporte
à il y a quelques années, quand la Loi sur l'évaluation
foncière a été mise sur la table ici à
Québec, on mettait en jeu deux sortes d'approches pour
l'évaluation foncière: l'approche de l'Ontario, où ils ont
ramassé tout ce qui se faisait en évaluation et ils ont
formé un bureau provincial, ils font l'évaluation sur une base
provinciale, et ce qui existait avant, ici au Québec,
c'est-à-dire que chaque municipalité faisait son
évaluation, révisait les rôles un peu à sa
façon et les commissions scolaires normalisaient. On a dit aux
municipalités: On ne fera pas ce qu'on fait en Ontario, on va adopter un
système où il va y avoir un peu plus de rigueur dans l'approche
de l'évaluation foncière, mais les municipalités vont
s'occuper d'évaluation foncière.
Lors du vote de la première loi et dans les projets de loi qui
avaient été mis sur la table, on parlait même de
municipalités mandataires, c'est-à-dire qu'une des villes ou une
des municipalités d'une région ferait le rôle
d'évaluation et ferait payer cela par tout le monde autour, pour tous
les gens. Cette proposition est arrivée sur la table aux alentours de
1972 et 1973 et, à ce moment-là, suite aux négociations,
on en est venu, premièrement, à préciser ce qui
était évaluable et taxable; c'est de là qu'est venu
l'article 8, c'était bien clair, qui sert à interpréter
cette loi partout, devant les tribunaux, devant les conseils municipaux,
partout. On dit: Sujets aux exceptions, tous les biens immobiliers sont
évaluables et tout ce qui est évaluable est taxable, est
imposable. Cela a trois lignes, c'est clair. Ici, on l'a réparti un peu
partout dans la loi, mais le principe n'est pas établi. À ce
moment-là, on ouvre la porte à de nouvelles
interprétations sur le but même ou sur certains articles de la
loi. Il me semble qu'il serait simple de corriger cette chose.
Deuxièmement, il avait été convenu à
l'époque que, comme les municipalités intervenaient au niveau des
rôles vous avez des comtés qui comportent quinze, vingt,
vingt-cinq, trente municipalités lorsqu'on préparerait les
rôles, les municipalités auraient un adjoint à
l'évaluateur, c'est-à-dire que quelqu'un de la place serait
chargé d'aider l'évaluateur dans le processus
d'évaluation. Cet adjoint est disparu dans le texte qui est
maintenant devant nous. Les bureaux de révision;
évidemment, les comtés avaient le choix de garder leur bureau ou
de se rattacher au bureau provincial. Il en reste une trentaine
présentement; il y a aussi certaines villes qui ont leur bureau de
révision, je présume qu'il y aura des représentations
là-dessus. On ne voit pas pourquoi cela a été
éliminé, il n'y a pas eu de plainte là-dessus, à
notre connaissance, je ne pense pas que vous en ayez eu à Québec
non plus.
Dans le domaine de la réglementation, il faut faire attention. En
vertu de l'article 253, après le dépôt des rôles
d'évaluation, le ministre publie un facteur, c'est-à-dire qu'on
dit aux gens: Voici, dans votre région, le rôle est à 30%,
à 40%, à 50% ou à 60%. Premièrement, avec cela, le
facteur est établi au texte même de la loi, sans consultation,
c'est-à-dire que c'est un pouvoir discrétionnaire donné au
ministre. Ce que les municipalités demandaient, c'était d'avoir
une espèce de comité, si on veut normaliser, une espèce de
comité de normalisation des rôles. Je comprends qu'on fasse une
normalisation des rôles sur le plan provincial, mais il me semble que ce
ne devrait pas être seulement l'autorité provinciale qui le fasse,
parce qu'à ce moment-là, les subventions sont raccrochées
à cela; elle est juge et partie, à un moment donné, en
décidant qu'un rôle ou qu'une région est
évaluée plus ou moins autrement que telle autre région et
qu'elle paie ses subventions là-dessus, c'est un des
problèmes.
C'est un problème qu'on retrouve, parce que vous l'aviez
déjà au scolaire. Le scolaire normalisait des rôles et
ça faisait des chicanes à l'année là-dessus.
D'ailleurs, vous n'avez pas de recours des municipalités ou des
contribuables sur l'établissement de ce facteur. Vous ouvrez la porte,
d'ailleurs, à des contestations, mais le principe de la
réglementation laisse au gouvernement un pouvoir
discrétionnaire.
Vous avez au moins quatre ou cinq points, je ne veux pas
éterniser là-dessus, mais tout le reste, il y a beaucoup de
points techniques, vous l'avez dans les documents qui sont produits ici.
M. Moreau: C'est dans ce sens-là, M. le Président,
qu'on dit que c'est un retour en arrière. Ce n'est pas sur les principes
fondamentaux du projet de loi. On regarde certains articles du projet de loi
actuel qui nécessairement devraient être révisés en
profondeur, ce qui ne change pas le principe de la réforme de la
fiscalité. On est prêt à collaborer là-dessus, si
vous voulez, et à vous donner de plus amples informations sur ce qu'on
croit qui serait préférable pour les municipalités.
M. le Président, pour ce qui concerne la question du
non-admissible, j'ai toujours tenu pour acquis que le gouvernement n'a jamais
dit: Oui, on est d'accord avec cela. Je pense bien qu'on ne veut pas contester
les positions que le gouvernement a adoptées dès le début
des pourparlers sur la réforme fiscale, mais cela ne nous empêche
pas de réitérer on va le faire dans l'avenir et de
demander au gouvernement l'intégrité totale du champ foncier
municipal. Cela n'a rien à voir avec la raison d'être des
commissions scolaires. Cela n'a rien à voir avec la
nécessité. Loin de nous l'idée de bâillonner les
commissions scolaires, qui sont élues au suffrage universel, parce qu'on
veut donner plus aux municipalités. Loin de nous l'idée de dire:
Les commissions scolaires n'ont plus leur raison d'être. Cela serait
parler contre nos propres intérêts. Mais quand on a demandé
l'intégrité du champ foncier, on n'a pas fait cela contre les
commissions scolaires, on a fait cela pour les municipalités et parce
qu'on croit que le champ foncier est relié directement aux services que
donnent les municipalités.
M. Morin (Sauvé): Est-ce que je pourrais, M. le
Président, vous poser une seule question? Vous avez dit tout à
l'heure votre sympathie pour l'autonomie des commissions scolaires; mais,
d'autre part, vous seriez prompt à les expulser totalement du champ
d'impôt foncier. Comment alors assureriez-vous leur autonomie fiscale,
puisque j'imagine que, dans votre esprit, "autonomie" signifie également
au moins une certaine part d'autonomie fiscale? Comment l'assureriez-vous,
parce que je puis vous assurer que nous avons examiné avec les
commissions scolaires toutes les solutions possibles et imaginables, et je dois
dire même inimaginables, pour nous rendre compte que la seule forme
d'impôt foncier pratique, cela demeurait j'entends la seule forme
d'impôt pratique l'impôt foncier, au moins une parcelle de
l'impôt foncier?
J'apprécie beaucoup votre sympathie pour l'autonomie des
commissions scolaires. J'aimerais que vous me donniez quelques détails
sur la façon dont on peut l'assurer.
M. Moreau: M. le Président, je pense bien qu'à
mesure que les hommes se penchent sur des problèmes aussi importants que
l'autonomie des commissions scolaires, que l'autonomie des gouvernements
locaux, que l'autonomie des gouvernements tout court, ce cheminement à
un moment donné qui permet de faire reculer les connaissances et la
vérité... Je pense bien qu'il n'y a personne aujourd'hui qui
puisse se vanter de posséder la science infuse. Je pense bien que la
question de découvrir avec les années, avec les mois, je ne sais
pas, un moyen d'assurer... Je ne veux pas parler au nom des commissions
scolaires. Je m'aventurerais trop loin. Je parle seulement au nom des
municipalités. Je n'ai pas la prétention d'avoir cette science de
savoir ce qu'on va faire avec les commissions scolaires et de quelle
façon elles vont se financer pour devenir autonomes, mais ce que je sais
comme il faut, c'est que les municipalités étaient sur le point
de vivre le même phénomène qu'ont vécu les
commissions scolaires avec les subventions admissibles et non admissibles, les
subventions sans restrictions et les subventions qui devaient se conformer
à certaines normes, à un point tel que
vous avez connu le grignotement du champ foncier municipal, parce que,
si on tient pour acquis que le taux normalisé a commencé à
$300 millions et que, l'an passé, c'était rendu à $600
millions, cela veut dire qu'à un moment donné j'entends au
niveau municipal rural on était à 70% du champ foncier qui
était occupé par les commissions scolaires. Je pense bien
qu'à ce moment-là, les municipalités ont bien fait
je parle de l'ensemble des municipalités du Québec de voir
à ce qu'à un moment donné on arrête cette
saignée. Ce n'est pas dans le sens de prétendre... (17
heures)
Je ne voudrais pas me substituer au gouvernement et à tous les
experts du gouvernement pour trouver des formules de financement des
commissions scolaires. Ce que je dis, c'est que les commissions scolaires, tant
et aussi longtemps qu'elles seront élues au suffrage universel, ont
droit à une certaine norme d'autonomie. Je pense bien que si on se
limite aux $0.25 les $100 d'évaluation ou aux 6% de la valeur nette, ce
n'est pas cela qui va consacrer l'autonomie des commissions scolaires. C'est
dans ce sens que notre action et notre position sont bien claires.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je ne voudrais pas recommencer
le débat de deuxième lecture, où nous avons abordé
toutes les questions de principe et également certaines
modalités. À cause de l'importance de certaines modalités,
en droit parlementaire, cela devient des principes, à l'occasion.
Il est vrai que le dialogue que nous avons actuellement, que nous avons
eu avec la Fédération des commissions scolaires et avec l'Union
des conseils de comté et que nous aurons un peu plus tard avec l'Union
des municipalités, surtout avec les deux derniers organismes, le
vôtre et le suivant, cela va se chevaucher. Je ne voudrais pas faire
perdre le temps de la commission. Je vais me limiter, avec M. Moreau et l'Union
des conseils de comté, à poser je crois que c'est le but
d'une commission parlementaire certaines questions et vous serez sans
doute en mesure d'y répondre. Je partagerai mes points, mes
appréhensions partie pour l'Union des conseils de comté et partie
pour l'Union des municipalités, parce que, souvent, les deux constituent
une même difficulté.
Maintenant, avant de débuter, le ministre devait nous
déposer aujourd'hui, à la suite d'une demande que nous avons
faite à l'Assemblée la semaine dernière, certains
règlements, de nouveaux règlements. Il faudrait comprendre que si
nous devons commencer ce soir l'étude article par article, il y a
certains points de la réglementation qui ont été
soulevés, entre autres, par M. Moreau, qui sont archi-importants. Il ne
faudrait pas attendre. Il faudrait les avoir. On est déjà
à la dernière minute avec tous nos dossiers. On sait que tous ces
organismes ont siégé intensément la fin de semaine
dernière. On avait abordé la deuxième lecture alors qu'on
n'avait pas encore les réactions des groupes concernés, des
municipalités, de l'Union des conseils de comté, des commissions
scolaires, des communautés urbaines et de certaines autres
municipalités. Je trouve cela un peu surprenant qu'on soit encore
obligé aujourd'hui de les exiger. Cela fait trois heures qu'on a
commencé. On devait avoir la réglementation. Le ministre nous
avait dit que certains règlements qui existaient auparavant
subsistaient, mais que de nouveaux règlements devaient nous être
déposés aujourd'hui. Au lieu de nous les apporter à 14
heures, on est à 17 heures et on est encore obligé de les
demander. C'est pour vous montrer l'élément de bousculade qu'il y
a dans l'étude de ce projet de loi. J'imagine que la
réglementation doit être assez importante.
M. le ministre, quand aurons-nous ce projet de
réglementation?
M. Tardif: M. le Président, je ne voudrais quand
même pas qu'on me fasse dire ce que je n'ai pas dit. L'engagement de
déposer la réglementation a été pris après
consultation avec les gens du ministère et avec le leader, pour faire en
sorte que les règlements soient déposés le plus tôt
possible après le début ou au début des travaux de cette
commission.
M. le Président, les articles qui traitent de la
réglementation sont les articles 251 et 252. C'est vrai que cela fait
trois heures que nous siégeons, mais nous n'avons pas vu un seul
article. Je peux assurer les membres de cette commission que, bien avant que
nous arrivions aux articles 251 et 252, la réglementation, du moins pour
celle qui est nouvelle, et celle qui doit entrer en vigueur le 1er janvier en
même temps que la réforme, sera déposée, parce qu'il
y a quand même des règlements dont l'adoption ne presse pas, je
mets tout en oeuvre, en faisant remarquer simplement aux membres de cette
commission que c'est le 20 octobre dernier, à l'occasion du
congrès de l'Union des conseils de comté, que nous a
été remis le deuxième rapport du comité conjoint et
que le projet de loi a été déposé le 20 novembre,
moins de trente jours après. Je pense que tout le monde dans ce dossier,
tant le monde municipal que le gouvernement, a fait son possible et même
l'impossible pour étudier tous les aspects de cette réforme pour
déposer le projet de loi. Je peux seulement assurer les membres de cette
commission que je vais tenter également l'impossible pour déposer
le plus tôt possible cette réglementation.
M. Lavoie: Vous comprenez que ma demande est normale. Il est vrai
que les pouvoirs de réglementation sont surtout prévus aux
articles 251, 252 et 253, mais le ministre sait fort bien qu'il y a des
articles, au tout début du projet de loi, qui ont des implications sur
la réglementation.
M. Tardif: M. le Président, si nous abordions un tel
article et que ça posait des difficultés, il me fera plaisir d'en
reporter l'adoption.
M. Lavoie: Je continue et là, je vais diriger certaines
questions à M. Moreau, libre à vous d'y répondre, mais je
demande votre collaboration pour tenter d'y apporter des réponses.
Vous représentez quelques centaines de municipalités
régies par le Code municipal. Avec la multitude de simulations que nous
avons eues, est-ce que vous croyez que vos municipalités sont en mesure,
aujourd'hui, avec des chiffres qui ont varié au moins quatre fois,
à partir de la conférence Québec-municipalités:
deuxième simulation ou deuxième problématique que l'on a
eue, ce fut à la fin de 1978, lors du premier rapport du comité
conjoint; une troisième simulation, lors du discours du budget du
ministre des Finances, en mars 1979 je crois; une quatrième simulation,
lors du dernier rapport du comité conjoint et une cinquième
simulation lors du dépôt ou pendant l'étude en
deuxième lecture. Est-ce que vos municipalités sont en mesure de
savoir où elles vont actuellement? Même avec le délai de
trois mois pour préparer leurs budgets, croyez-vous que vos
municipalités sont en mesure de savoir où elles vont?
Je voudrais vous donner toutes mes questions, parce qu'autrement ce
serait un peu long. Je vais vous donner toutes mes questions et la commission
entendra les réponses après.
Je ferai remarquer que certaines choses ont varié, certains
titres ou chapitres importants dans ces simulations ont varié en cours
de route, entre autres, le transfert de l'impôt scolaire perçu a
varié de 19% en cours de route, à partir du plus bas montant
donné au plus haut. Les "en-lieu" de taxes ont varié de 61% en
cours de route. Le réaménagement de la taxe d'affaires sur la
valeur locative a varié de 55% en cours de route. Le transfert net de
revenus autonomes a varié de 27%, etc. Cela, ce sont des centaines de
millions de dollars chaque fois. Le gain pour les municipalités du
Québec, en cours de route, pour les cinq simulations, a varié de
62%; le coût aux sociétés, aux entreprises, a varié
de 113% et le coût de la réforme au gouvernement a varié
également de 103% en cours de route, ce qui fait des aléas assez
importants. Première question.
Deuxième question: On sait que dans la loi, il y a une partie
importante qui touche une refonte ou une nouvelle loi de l'évaluation.
Pendant les consultations que vous avez eues, conjointement avec l'Union des
municipalités, avec le gouvernement, est-ce que cette question de
modifier la Loi de l'évaluation foncière a fait l'objet de
consultations? Concernant également cette confection du rôle,
pouvez-vous dire que vos municipalités membres sont
équipées actuellement ou dans quelle proportion elles sont
équipées de rôles d'évaluation acceptables ou
valables, en respectant la valeur réelle sur l'évaluation
foncière et l'autre volet étendu à toutes les
municipalités sur le rôle de la valeur locative également,
qui est la base de la taxe d'affaires?
J'aimerais savoir, si le réaménagement, dans toutes ces
simulations qui ont été faites, entre le gouvernement, les
municipalités, etc., donne quel- que chose au citoyen. Y a-t-il vraiment
une économie pour le citoyen?
Je reviendrai à la fin sur le pouvoir de règlement...
Écoutez, je peux bien vous la poser immédiatement. Ce pouvoir de
réglementation, le ministre a bien beau dire que cette
réglementation est donnée seulement pour créer des
contraintes au gouvernement, je ne peux pas accepter ça, M. le ministre.
C'est vrai que ce sont des contraintes, à savoir comment vous allez
partager les "en-lieu" de taxes, mais il y a un principe assez bizarre dans
cette loi. Le gouvernement dit: J'accepte de payer des taxes, des "en-lieu" de
taxes sur les réseaux, mais laissez-moi déterminer ce que je vais
donner, parce qu'il n'y a aucune garantie dans la loi qui dise que ce sera $200
millions ou $150 millions ou $160 millions. J'aimerais être contribuable
et dire: Je vais payer des taxes, mais je vais vous dire quel montant je vais
payer! C'est exactement la position du gouvernement dans cette
réforme-là, en ce qui concerne entre autres les "en-lieu" et la
péréquation.
La dernière partie: Qu'est-ce que vous pensez du pouvoir
réglementaire du gouvernement de déterminer le potentiel fiscal,
le taux global de taxation de toutes les municipalités et la proportion
médiane de la valeur foncière et la valeur locative qui est
à la base de beaucoup d'autres ressources des municipalités,
entre autres sur les en-lieu", sur la péréquation et sur les
transferts minimaux? C'est déterminé par le gouvernement par
règlements, alors que les municipalités n'ont aucun droit
d'appel, c'est absolument autoritaire, dirigiste et décisionnel de la
part du gouvernement, sans aucun droit d'appel de la part des
municipalités.
Bon! C'est ma première brochette de questions.
M. Moreau: M. le Président, c'est une assez grosse
brochette, mais on va essayer de répondre au meilleur de notre
connaissance. J'ai pris note de votre première question: Est-ce que les
municipalités savent où elles vont? Je pense que c'est
très important de savoir si les municipalités savent où
elles vont et on doit y répondre d'une façon claire et
précise.
Les municipalités et cela ne date pas d'hier, ça
date de la parution du rapport Bélanger sur la fiscalité en 1965
ou 1966 ou le monde municipal, dans ses revendications à partir
de 1966 ça fait toujours bien treize ou quatorze ans a
toujours demandé au gouvernement, peu importent les gouvernements qui se
sont succédé à Québec depuis ce temps-là, le
transfert intégral du champ foncier. À ce moment-là,
j'imagine que si le monde municipal a maintenu depuis cette date jusqu'en 1980
la même position quant au transfert du champ foncier, ils ne doivent tout
de même pas avoir été tous des gens qui ne voyaient pas
à leurs affaires et si le monde municipal insiste encore aujourd'hui
pour l'intégrité du champ foncier, ce doit être, à
mon humble avis, parce que les municipalités vont s'en trouver
mieux.
Je voudrais référer particulièrement à la
dernière conférence provinciale-municipale sur la fis-
calité où il a été bien établi par
tout le monde, par tous les participants, les délégués du
Monde municipal avec un grand "M", pas uniquement le monde rural, que le
transfert du champ foncier n'était pas demandé en fonction d'un
profit ou d'une perte pour les municipalités, il était
demandé en vue d'assurer, dans une proportion améliorée,
l'autonomie des municipalités, parce que les municipalités
donnent un service qui est bien relié au champ foncier. Je ne
prétends pas avoir la réponse à tous les problèmes
municipaux dans l'avenir. Pas du tout. Mais ce que je dirai, c'est que lors de
cette conférence, M. le Président, il y a eu aussi un
comité conjoint qui a été formé et cela n'a pas
été... il n'y a pas eu de complicité là-dedans,
c'est public. La conférence était publique. Le comité a
remis des mémoires qui ont été rendus publics et tout le
monde municipal en avait pris connaissance. Après de nombreuses
simulations, on en est arrivé à certaines formules. (17 h 15)
Je ne vais pas prétendre que cela a été rodé
dans le soc. C'est bien sûr qu'à un moment donné il va
falloir mettre en place la réforme pour savoir si cela fonctionne bien.
Je n'ai pas la prétention de dire aujourd'hui que tout ce qui a
été étudié en théorie c'est une
théorie qu'on a mise sur pied va donner des garanties que toutes
les municipalités vont faire de l'argent avec cela. Mais ce à
quoi je voudrais me référer, M. le Président, avec toute
la candeur que cela suppose, c'est la promesse et l'engagement du ministre des
Affaires municipales, du ministre des Finances, qu'il n'y aurait pas de
municipalité perdante. Cela est dit clairement dans le mémoire.
C'est aussi dit clairement, je pense, si je ne me trompe, dans le dernier
discours du budget.
À ce moment-là, je tiens pour acquis que peu importe avec
qui nous travaillons, il faut tout de même accorder une créance
morale aux gens avec qui nous discutons, mais en partant du fait que nous avons
élaboré des théories par des simulations,
évidemment, et que c'est la mise en marche de la réforme qui va
nous le prouver. C'est pour cela que, dans notre mémoire, M. le
Président, on demande un comité conjoint du monde municipal et du
gouvernement pour bien s'assurer que cette réforme soit mise en place de
façon à protéger le monde municipal. Il n'y a pas un
maire, il n'y a pas un administrateur municipal qui, dans ses intentions, et au
cours des années... le cheminement de cette réforme fiscale et
les représentations qui ont été faites par les bureaux de
direction des différentes unions, à partir de résolutions
unanimes de tous les congrès qui se sont succédé depuis
1965, au niveau municipal... Je suis président d'une organisation qui
regroupe 1350 municipalités au Québec et je tiens pour acquis que
c'est une garantie morale que d'avoir derrière soi des gens qui sont
prêts à accrocher le grelot dans cette nouvelle aventure, parce
qu'il faut tout de même constater que c'est une chose qu'on n'a pas
encore vécue, mais on a vécu une théorie. Il va falloir,
à partir de cette théorie, vivre des étapes de mise en
place d'un mécanisme qui est extrême- ment compliqué et
c'est pourquoi nous demandons dans notre mémoire de mettre un peu plus
de "légèreté" dans le projet de loi pour que les gens les
moins informés du monde municipal puissent comprendre ce qu'on disait
là. Je me réfère à Napoléon, le grand
empereur, qui a dit: Je veux que le dernier de mes soldats comprenne le code.
Dans le cas du projet de loi 57, ce n'est pas tout à fait cela, M. le
Président. Sans préjudice, on aimerait que la mise en place du
mécanisme de réforme soit plus léger et plus
compréhensible.
M. Lavoie: J'avais une deuxième et une troisième
question, que je vous ai données tout à l'heure.
M. Moreau: Sur l'évaluation.
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais pas bousculer
personne, mais...
M. Moreau: Ah bon! Est-ce qu'il y a eu consultation en ce qui
concerne l'évaluation. M. le Président, je vous dirai ceci. La
question de l'évaluation n'a pas fait l'objet de consultations au niveau
du comité conjoint comme la réforme fiscale tout en étant
bien conscient, M. le Président, qu'à ce niveau-là
également, parce que la réforme fiscale oblige également
à faire certains amendements à la Loi de l'évaluation, on
est d'accord. Peut-être qu'on s'est permis plus qu'il ne fallait en
faire. Tout de même, cela n'a pas fait l'objet de consultations aussi
élaborées. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de rencontre, mais il
n'y a pas eu de consultation officielle comme celle qu'on a connue au niveau du
comité conjoint sur la fiscalité.
M. Lavoie: Très rapidement. Quelle est la proportion des
municipalités membres de votre association qui ont un rôle
d'évaluation foncière et de valeur locative acceptable pour
mettre en application la réforme?
M. Moreau: En réalité, M. le Président, la
réforme de l'évaluation foncière a débuté en
1973 et ça non plus, ce ne sont pas des choses faciles à mettre
en marche. Il y a eu beaucoup de consultations là aussi, il y a eu un
manuel d'évaluation qui a pris tout le temps qu'il fallait pour sortir
et où les municipalités... tout à l'heure, M. le
Président, on se demandait si les municipalités étaient
prêtes à faire face à des situations comme celle-là.
Je vous dirais que, dans la mise en marche de l'évaluation, ce ne sont
pas les municipalités qui étaient en arrière, ce sont les
municipalités qui ont attendu que le gouvernement sorte le manuel
d'évaluation.
Cela faisait longtemps que les municipalités étaient
prêtes à mettre en place le mécanisme et la
responsabilité des conseils de comté dans l'évaluation
foncière. Il n'y a pas actuellement un conseil de comté qui n'a
pas ou un bureau d'évaluation ou une maison d'évaluateurs. C'est
en marche, ça fonctionne. C'est bien sûr que si on voulait
utiliser les rôles actuels, parce qu'il faut bien
tenir pour acquis que c'est en 1980 ou 1981 que la nouvelle
génération de rôles... 1983, c'est la nouvelle
génération qui part du manuel d'évaluation, qui va prendre
la place. Mais, jusqu'à cette date, il va falloir utiliser les
rôles corrigés que toutes les municipalités
possèdent en ce moment, non seulement les municipalités rurales,
mais l'ensemble des municipalités du Québec.
On a des rôles d'évaluation, M. le Président, vous
savez, qui ont de la barbe et ils en ont pas mal. Ils sont vieux. On n'avait
pas le choix.
M. Lavoie: Dernier point. Pouvez-vous nous donner votre opinion
sur le pouvoir réglementaire réservé au ministre ou au
gouvernement en ce qui concerne le potentiel fiscal, le taux global, la
proportion médiane, les "en-lieu ", la péréquation,
etc.?
M. Moreau: M. le Président, si vous regardez notre
mémoire, vous allez constater que nous ne sommes pas d'accord avec les
pouvoirs discrétionnaires que possède le ministre des Affaires
municipales dans ce domaine, si ce projet de loi est adopté sans
amendement. Si on doit établir un indice ou normaliser, je pense bien
que nous voulons que le gouvernement et le monde municipal soient
représentés au sein d'un organisme qui étudierait la
valeur des rôles, parce que, si on tient pour acquis que le gouvernement
devient, d'une part, contribuable à part entière et, d'autre
part, qu'il est également le pourvoyeur et le distributeur de certains
fonds, il est essentiel, à ce moment-là, qu'il ne soit pas le
seul à établir l'indice de la valeur des rôles.
Cela ne touche pas à la loi dans son essence, mais je pense qu'il
est essentiel qu'on puisse avoir droit au chapitre quant à
l'établissement d'indices de ce genre.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, ce sera très bref. Je
sais que mon collègue de Laval s'est emparé de certaines
questions, les a clarifiées, le président s'en est chargé,
mais il y a encore certaines choses qui nous embarrassent. D'abord, il semble y
avoir des différends. On croyait que vous étiez d'accord avec le
projet de loi 57, mais on voit, par votre mémoire, que vous avez
certains différends, que vous n'êtes pas d'accord. Quant à
la réclamation du changement d'impôt, cela existe depuis les
années cinquante. J'ai vécu les conseils de comté et,
à ce moment-là, on réclamait le transfert total de la taxe
foncière en disant que les taxes de services appartiennent à la
municipalité qui a à donner des services.
Est-ce que vous seriez d'accord pour admettre avec moi que les
commissions scolaires aussi ont certains services à donner comme des
terrains, des bâtisses qui leur appartiennent dans certaines
municipalités? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de leur donner certains
pouvoirs, au moins pour couvrir certaines dépenses occasionnées
pour des immobilisations qui sont faites à l'intérieur d'une
municipalité, dans certains cas, et l'entretien de ces
propriétés, ce qui n'est pas nécessairement de
l'éducation et de la formation?
C'est une des questions que je voudrais vous voir clarifier. L'autre
question, on pourrait peut-être vous demander, pour chacune des
municipalités, du fait que vous preniez toute l'assiette
foncière, si vous seriez prêts à accepter d'autres
responsabilités.
On sait ce qu'on fait dans plusieurs municipalités rurales. Vous
avez des municipalités qui ne font plus d'entretien de routes; l'hiver,
les subventions sont totalement payées par la province. Cela se
résume à peu près à "nil" dans certaines
municipalités. Vous parliez tout à l'heure d'une compensation
garantie par le ministre des Finances ou le ministre des Affaires municipales,
de sorte qu'il n'y aurait pas de réduction de revenus. Je me rapporte
à certaines municipalités qui, actuellement, n'osaient pas
imposer de taxes ou presque pas parce qu'elles avaient trop de revenus de la
taxe de vente. Est-ce que vous seriez d'opinion que ces municipalités
devraient continuer à être compensées pour ces revenus de
taxes provinciales qu'elles avaient?
M. Moreau: M. le Président, je pense bien que les propos
que l'Union des conseils de comté a toujours tenus en ce qui concerne le
champ foncier et le transfert du champ foncier, je ne me reporterai pas
tellement loin en arrière, seulement à la dernière
conférence Québec-municipalités sur la fiscalité,
alors qu'on a dit c'est établi clairement dans le mémoire
qu'en ce qui concerne les responsabilités municipales, le
transfert du champ foncier normalisé, c'était uniquement pour les
responsabilités actuelles des municipalités, ce n'était
pas pour des... À un moment donné, on nous parle de
centralisation, j'espère qu'on va parler de la décentralisation
aussi; cela peut coûter pas mal plus cher que la piastre qu'on va
chercher.
Il est bien clair que les municipalités, dans le sens du
transfert du champ foncier, c'est la responsabilité actuelle des
municipalités, il n'y en a pas d'autres. En ce qui concerne les
municipalités, si j'ai bien compris la question de M. Russell, il y a
des municipalités qui n'avaient pas de budget et qui vivaient de la taxe
de vente. Je pense bien que si on prend pour acquis que les
municipalités doivent accepter l'odieux de taxer, parce que ça ne
fait jamais plaisir à personne de taxer, cela n'a jamais rendu les
gouvernements populaires, peu importe s'ils sont municipaux, scolaires,
provinciaux ou fédéral, mais il reste que vivre uniquement d'une
subvention inconditionnelle sans se donner la peine de prélever de
l'impôt, à mon sens, le transfert du champ foncier
normalisé et le retrait de la taxe de vente pour certaines
municipalités vont tout de même permettre à chacun de
prendre ses responsabilités. Cela, à mon sens, c'est essentiel,
c'est fondamental, si une municipalité veut posséder une certaine
autonomie, il faut qu'elle cesse de vivre de subventions, et uniquement de
subventions, c'est très important.
M. Russell: Pour ce qui concerne les services que les commissions
scolaires donnent, les terrains, les bâtisses qu'elles détiennent
dans chacune des municipalités, est-ce que vous seriez d'accord que ce
soit une taxe foncière ou si vous préférez que ce soit
complètement un autre revenu qui serve à défrayer ces
coûts?
M. Moreau: M. le Président, il faudrait tout de même
savoir ce que le ministre de l'Education subventionne et ce qu'il ne
subventionne pas. Cela n'a jamais été clair dans le compte de
taxes, ce qui est admissible et ce qui est non admissible. On n'a jamais
été capable de disséquer cela. Je tiens pour acquis que
quand une école est construite au niveau élémentaire ou
secondaire, c'est le ministère de l'Education qui décide du
coût du terrain et de la construction de l'école. Je pense bien
qu'à ce moment-là, ce serait, à mon sens, une comparaison
par rapport aux responsabilités municipales; pour ce qui est
relié au bien-fonds, c'est une comparaison qui serait un peu boiteuse.
Je ne veux pas revenir encore sur le sujet à savoir ce qu'est
l'autonomie et ce qui n'est pas l'autonomie, mais on tient pour acquis que,
pour les municipalités, l'autonomie c'est le champ foncier, il n'y en a
pas d'autres; les principes fondamentaux de l'autonomie, c'est le champ
foncier.
Le gouvernement du Québec, comme les gouvernements...
l'autonomie, pour moi, ça ne s'évalue pas au champ foncier pour
les gouvernements. Le gouvernement du Québec, c'est un gouvernement
autonome à ce stade, mais il ne taxe pas uniquement au champ foncier,
cela pourrait être une échappatoire pour les commissions
scolaires. Les municipalités, c'est relié directement aux
services qu'elles donnent aux contribuables dans les implantations
d'infrastructures, c'est essentiel aux municipalités. (17 h 30)
M. Russell: Dernière question, M. le Président. Si
je comprends bien, vous ne seriez pas d'accord qu'il y ait une taxe
foncière. Vous avez demandé qu'elle soit libérée
complètement. Ce serait une question que je pourrais diviser en deux
volets, si vous voulez. Premièrement, seriez-vous prêt à
accepter cette responsabilité des édifices des
municipalités moyennant certaines compensations pour les services qui
pourraient être donnés? Deuxièmement, avez-vous une
suggestion à la taxe foncière pour que les commissions scolaires
gardent leur autonomie? Comme vous êtes jaloux de la taxe, à
l'Union des conseils de comté, quel genre de taxe pourrait s'accrocher
aux commissions scolaires pour qu'elles demeurent autonomes?
M. Moreau: M. le Président, à mon sens il y a
seulement une taxe foncière, et c'est la taxe municipale.
Pour ce qui concerne la possibilité d'accepter les
responsabilités d'équipements des commissions scolaires
cela peut se traduire par cela je pense bien que ce serait anticiper...
Je ne voudrais faire ici de déclarations intempestives qui pourraient
avoir des effets sur l'avenir, quoiqu'on est toujours prêts à nous
asseoir à une table avec des gens pour en discuter.
M. Russell: Je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Jolivet): Avant de céder la parole
au ministre des Finances, compte tenu de l'heure, je tiens à vous
avertir qu'on va terminer avec l'organisme présent. M. le ministre des
Finances, le député de Charlevoix et le député de
Saint-Hyacinthe ont des questions à poser. Après cela, nous
suspendrons les travaux jusqu'à 20 heures pour entendre l'autre groupe
qui reste, l'Union des municipalités du Québec. M. le ministre
des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, l'intervention que je vais
faire, j'aurais pu la faire, j'imagine, au moment où nous entendrons le
mémoire de l'Union des municipalités, mais c'est une intervention
du député de Laval qui m'amène à la faire
maintenant. Je pense un peu préciser le cadre dans lequel nous
fonctionnons.
Si je comprends bien ce que M. Moreau nous dit au fond aujourd'hui,
c'est que, sur les principes, sur l'orientation générale, on est
d'accord. Sur une question fondamentale de principe, on n'est pas d'accord. On
voudrait tout le champ foncier. Le gouvernement nous en donne 94%. D'autre
part, sur un certain nombre de modalités, il y a des choses qui nous
paraissent devoir être corrigées. Je pense que je ne trahis pas la
pensée de M. Moreau en la simplifiant de cette façon.
Le député de Laval disait: Une réforme comme
celle-là va-t-elle profiter aux contribuables et aux
municipalités? Ce n'est peut-être pas mauvais, en faisant
abstraction pour le moment des quelque centaines d'articles du bill 57, de
ramener la question justement à la question posée par le
député de Laval: À qui profite cette réforme de la
fiscalité municipale?
Là, il y a quelques chiffres qui, je pense, peuvent ajouter un
éclairage à toute cette question. La réforme fiscale
municipale apporte d'abord aux contribuables, sans passer par le trésor
des municipalités, elle apporte tout de suite aux contribuables,
à peu près $80 millions de réduction dans la taxe
foncière, en partant.
Pour le trésor des municipalités maintenant, cela leur
donne je pense ici aux conseils de comté comme aux
municipalités, enfin à toutes les municipalités du
Québec ensemble des revenus potentiels additionnels de $365
millions. C'est une des plus grosses ouvertures sur le plan financier jamais
faites à l'égard des municipalités pas seulement au
Québec, mais au Canada. Il est évident que les
municipalités peuvent se servir de toute cette marge de $365 millions ou
ne pas s'en servir. Imaginons qu'elles s'en servent au complet pour augmenter
leurs dépenses en 1980. Les dépenses des municipalités
augmentent de 30%. C'est ce que cela veut dire. Elles ne sont pas
obligées de s'en servir au complet. Imaginons, par exemple, qu'au
contraire, elles redistribuent, elles
ne se servent pas de cette marge du tout, toutes les taxes
foncières au Québec, en plus des $80 millions de réduction
pour les contribuables, tombent de 10%. Ce n'est pas rien. Si vous ajoutez
à cela les $70 millions qu'on va commencer à payer au prochain
remboursement d'impôt au printemps sous forme de crédits
d'impôt pour les locataires et les propriétaires, cela veut dire
que la réforme fiscale municipale complète pour le gouvernement
va coûter presque $500 millions.
Il est évident qu'un pareil déplacement va tirer sur les
ressources disponibles dans le budget de façon telle qu'il y a certains
objectifs que peuvent avoir les municipalités ou que peuvent avoir les
commissions scolaires qui ne peuvent pas être atteints. Cela
coûterait trop cher. Prenons, par exemple, la question qui a
été posée par nos amis d'en face, pour demander à
M. Moreau: Qu'est-ce que vous voyez comme champ de taxation possible pour les
commissions scolaires? Il y a seulement une façon de donner un champ non
foncier aux commissions scolaires, c'est de leur donner une source
d'impôt qui, à l'heure actuelle, serait dans le coffre du
gouvernement provincial.
Si on voulait remplacer les 6% de taxation foncière
concédés aux commissions scolaires pour les dépenses non
subventionnables, si on voulait remplacer cela par une source d'impôt
qui, à l'heure actuelle, entre dans le coffre provincial, ce serait une
source d'impôt qui devrait rapporter $115 millions, mais les $115
millions ne sont pas là. L'effort dont je viens de parler tout à
l'heure est déjà un effort gigantesque, c'est le plus grand qu'on
n'aura jamais fait. Je comprends qu'on voudrait $115 millions de plus, mais ils
ne sont pas là. Nous verrons tout à l'heure avec l'Union des
municipalités une question qui a été soulevée aussi
par l'Union des conseils de comté, qui est celle de dire: Est-ce que le
gouvernement pourra aller plus loin dans le cas des paiements des "en-lieu" de
taxes sur les immeubles de santé ou d'éducation, que les
pourcentages qu'il a décidé d'appliquer dans l'immédiat?
Là encore, c'est une question de fonds, d'argent disponible.
Il est évident qu'à partir d'une transformation pareille,
d'une ampleur pareille dans le domaine municipal, on pourrait toujours dire: II
en faut un peu plus ici et un peu plus là et un peu plus encore. Il faut
simplement plaider que c'est déjà un transfert énorme, le
plus gros qui n'a jamais été fait, et qu'il est évident
qu'en ajoutant plus d'argent, c'est toujours meilleur, mais à un moment
donné, il faut quand même tracer la ligne quelque part.
Voilà ce que je voulais dire, M. le Président.
M. Lavoie: Le ministre des Finances m'a impliqué...
Le Président (M. Jolivet): Vous allez avoir le temps d'y
répondre tout à l'heure.
M. Parizeau: Pour dire à quel point la question du
député de Laval était pertinente.
M. Lavoie: Très bien. Il y a une chose qui doit
éclairer...
Le Président (M. Jolivet): Seulement une minute, M. le
député, c'est parce que votre collègue de Charlevoix et le
collègue de Saint-Hyacinthe m'ont demandé la parole. Je vous
l'accorderai ensuite. M. le député de Charlevoix.
M. Lavoie: D'accord.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais poser ma
question en présence de l'Union des conseils de comté et en
présence du ministre des Affaires municipales et du ministre des
Finances, parce que je pense qu'il y en a un des trois qui peut donner la
réponse à mon interrogation, c'est le ministre des Finances.
Quand le ministre des Finances disait dans le dépôt de son budget
de l'exercice 1979/80, que forcément la réforme serait moins
avantageuse pour certaines petites collectivités que pour des
collectivités plus importantes, je suis de ceux qui croient qu'il avait
parfaitement raison, mais qu'il n'a pas complètement dit toute la
vérité là-dessus. Je vais m'expliquer. Si j'erre le
moindrement, parce que je me servirai essentiellement des tableaux fournis par
le ministère des Affaires municipales à une ville, et à
des municipalités de mon comté, on me dira tout de suite si je
suis dans l'erreur, et si j'induis le public en erreur.
On parle dans la déclaration du ministre des Finances d'environ
250 collectivités qui sont les plus petites de la province de
Québec, que vous représentez. Je voudrais, si vous me le
permettez, donner deux exemples seulement de la réforme fiscale, si je
la comprends bien. Je prendrai d'abord l'exemple d'une ville de 4019 de
population, la ville de Baie-Saint-Paul qui a l'avantage dans la réforme
fiscale d'avoir un hôpital psychiatrique que vous allez évaluer
à $13 millions ou $14 millions, et d'une polyvalente de près de
$3 millions. Je dis l'avantage, parce que je trouve que c'est une anomalie de
la réforme. Là où il y a de l'édifice bâti
par la collectivité provinciale, la ville en bénéficie,
mais on remarque que les autres municipalités du territoire desservies
par ces hôpitaux, par ces polyvalentes, en retirent très peu dans
le champ de la péréquation ou dans le partage.
Advenant que la ville de Baie-Saint-Paul, quand vous regardez votre
tableau je pense que vos officiers l'ont on remarque, à
chacun des postes budgétaires, la réforme fiscale, advenant,
dis-je, que la ville veuille entrer dans le champ de la taxe scolaire,
ça lui donnerait $163 231. L'impôt sur l'hôpital à
80% et sur la polyvalente à 40% lui donnerait $439 000 et je vous fais
grâce des dollars, sur les immeubles gouvernementaux, provinciaux ou
fédéraux, $463 000; la taxe de réseaux
élémentaires et autres, $29 244; "en-lieu ", compensation sur le
territoire agricole, S25 987; taxe de valeur locative, $15 000. Votre tableau
donne évidemment un transfert de $676 000, comprenant l'impôt
foncier scolaire. La ville de Baie-Saint-Paul perd par contre $258 740 qu'elle
recevait de la taxe de vente et $50 000 qui étaient versés sur
les lits d'hôpitaux, de même que sur le nombre d'étudiants
fréquentant les écoles, soit $19 000, pour un total de $328
000.
La ville de Baie-Saint-Paul, possédant deux édifices
bâtis par le gouvernement, n'aura pas besoin d'occuper les quelque $100
000 de la taxe foncière, parce qu'elle retirera, dans l'addition et la
soustraction, $348 000 de plus. Ces citoyens, forcément, je pense, sont
au moins temporairement gavés dans le régime, parce que ça
augmente considérablement et la ville n'a pas besoin de prendre les $348
000 pour s'administrer avec un taux actuel de taxe foncière de $1.40;
elle peut même le réduire un peu, si elle veut maintenir les
services actuels.
Allons, si vous le voulez, par contre, dans une de vos
municipalités qui est de moindre importance, qui a 1087 de population,
et je vais la nommer, Saint-Hilarion. L'impôt scolaire, sur le tableau,
advenant qu'elle occupe le champ d'impôt scolaire complètement et
qu'elle ait immédiatement l'odieux d'occuper tout ce champ
évacué par la commission scolaire, l'impôt scolaire,
dis-je, lui donne $39 132 à 1.1, à 2.1 "en-lieu" du réseau
scolaire, $2174; à 2.4, le réseau d'électricité,
étant donné que les lignes d'Hydro-Québec passent dans la
paroisse, $10 870; la valeur locative, $3261 : $55 437. Elle perd, par contre,
la taxe de vente, $45 644, et elle perd l'"en-lieu" pour les
élèves qui fréquentaient l'école, $1087; soit $46
000. Si on déduit $46 000 de $55 000, on arrive à $9000 et vous
versez, comme contribution dans le système de péréquation,
$37 348. À ce moment, si on ajoute la taxe foncière, qui est
d'environ $1 les $100, elle avait un budget de $110 000 et elle a encore un
budget d'environ $109 000 ou $110 000; elle est au même point exactement,
ayant occupé tout le champ de la taxe foncière.
La question que je veux poser au ministre est la suivante: Au moment
où il dit que personne ne perdra, j'aurais besoin d'autres assurances du
ministre des Finances et je vais vous en donner une en particulier. On sait
pertinemment que les $20 ou $23 millions de subventions discrétionnaires
qu'on a contestés, au moment où vous êtes arrivés au
pouvoir mais on vient de voter un budget supplémentaire, c'est
encore $20 millions cette année s'adressent principalement
à toutes les municipalités où la loi ne prévoit pas
un per capita, tant de mille habitants et plus.
Quand on dit que Saint-Hilarion n'a rien perdu au départ... Au
départ, elle a le même budget qu'elle avait en ayant occupé
tout le champ de la taxe scolaire, mais annuellement, cette
municipalité-là, qui a un réseau de rues municipales ou de
routes municipales d'environ 20 milles, a reçu, et je pense que ce
n'était pas injuste, $10 000 en subvention d'été à
l'entretien de ses routes et le ministère de l'Agriculture a
versé $10 000 à l'entretien de ses routes. Elle est tout de suite
décalée de $20 000 après avoir occupé le champ de
la taxe foncière. (17 h 45)
Je disais l'autre jour en Chambre que pour l'ensemble de ces
municipalités le ministre des Transports devrait reprendre à la
charge du ministère l'entretien d'hiver des routes qui, dans Charlevoix
et à Saint-Hilarion, coûte $3170 le mille. Je voudrais savoir si
le ministre des Finances serait capable de nous assurer que le ministre des
Transports ne tentera pas, après avoir terminé la réforme
fiscale, je ne l'accuse pas de ça, loin de là, il faudrait au
moins que les municipalités aient l'assurance qu'il n'y aura pas un
retour d'une partie des 44 000 milles du réseau de routes à la
charge des municipalités, parce qu'à ce moment-là, les 12
milles de routes qu'on avait pris à Saint-Hilarion à 100%, qui
coûtaient $37 000, retourneraient simplement au régime des
subventions et ce serait $40 000 qu'elle devrait aller chercher sous forme de
taxes.
M. Tardif: C'est vous qui aviez inventé ça?
M. Mailloux: Je pourrai vous donner une réponse
tantôt.
M. Parizeau: Pourquoi pas tout de suite?
M. Mailloux: C'est donc dire, M. le Président, et vous
l'avez tellement jugée valable cette mesure-là, qu'au moment
où vous êtes arrivés au pouvoir, je me rappelle
pertinemment, je pense que ce n'est pas le ministre des Finances, c'est le
ministre des Transports qui a dit en Chambre: "C'est discrétionnaire,
c'est du patronage, $5 millions, on va réduire ça à 5
millions". Et l'honorable collègue qui est devant moi, en redemandant un
budget supplémentaire de $2 750 000, a porté ce même poste
budgétaire à près de $20 millions, je pense, à $500
000 près. Quelque $16 500 000 plus...
M. Parizeau: Cela ne s'applique pas aux mêmes choses,
jamais de la vie.
M. Mailloux: En tout cas, disons $20 millions à $500 000
près. Est-ce que vous prétendez que je suis dans l'erreur?
M. Parizeau: Non, je vais maintenant commenter vos chiffres quant
aux $16 500 000, je vais regarder ça.
M. Mailloux: Quand vous avez voté votre budget
supplémentaire la semaine passée, le budget initial comprenait un
montant de $16 millions demandés et je pense que vous demandiez $2 500
000 ou $2 700 000 supplémentaires.
M. Parizeau: Oui, mais est-ce que ça s'appliquait au
même poste ou à une fraction d'autres postes.
M. Mailloux: Au même poste, au poste pour l'ensemble des
municipalités de la province...
M. Parizeau: II faudrait voir. Non, non.
M. Mailloux: Je pense que c'est la question qu'on me posait
tantôt, si ce montant-là, à l'intérieur du budget,
était un montant que vous deviez faire disparaître. Le
gouvernement a continué, parce que c'était nécessaire de
le continuer.
M. Parizeau: On va y venir si vous voulez avec la...
M. Mailloux: Ce que je voudrais savoir, pour l'ensemble de ces
municipalités, et je pense que mon calcul n'est pas combattu par le
calcul du ministre des Affaires municipales, il fait la preuve que si des
subventions discrétionnaires sont discontinuées, et quand je
regarde le tableau qui est mentionné comme contenant les subventions qui
seraient continuées, on l'a ici... Subvention bibliothèque
publique; aide financière aux initiatives des municipalités
relativement au patrimoine, aux cours d'eau municipaux, aux villages miniers,
anti-inondation. Il y a principalement l'entretien des chemins d'hiver qui se
continue. Le ministre des Affaires municipales me disait en Chambre que toutes
les subventions conditionnelles liées à des ententes
fédérales-provinciales, sont maintenues; de même les
programmes de subventions conditionnelles suivants ne sont pas affectés,
celles que je viens de nommer.
La seule réflexion que je ferais relativement à ces
ententes fédérales-provinciales, c'est que ce ne sont pas des
ententes qui durent ad vitam aeternam. Ce sont des ententes qui sont
décidées par le comité des priorités, par l'office
de planification, par le ministre des Finances. Elles peuvent s'adresser aux
axes routiers prioritaires, à l'épuration des eaux, à la
construction de telle chose, ça ne peut pas s'adresser à toutes
les municipalités. Mais la promesse qu'il faudrait que les
municipalités, qui sont prêtes dans la réforme fiscale
à assumer leurs responsabilités, il ne faudrait au moins pas
qu'on leur cède des responsabilités que le gouvernement assumait
par le biais de subventions. Qu'on établisse d'autres programmes.
Dans Saint-Hilarion, je pense bien, M. le Président, qu'à
moins que le ministre des Affaires municipales ne me dise que j'ai erré,
j'ai donné les chiffres de ce qu'apportera la réforme fiscale et
la municipalité est désavantagée au départ d'au
moins $20 000 par année, après avoir occupé tout le champ
de la taxe scolaire.
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais reprendre ces
chiffres-là.
Baie-Saint-Paul, effectivement, reçoit pas mal d'argent dans la
réforme, parce qu'il y a de gros immeubles de santé,
d'éducation et du gouvernement sur son territoire. Sauf que parce qu'il
y avait des immeubles comme ceux-là, Baie-Saint-Paul a dû fournir
des services qui ont accru son effort fiscal d'une façon telle que dans
le comté dont on nous parle, c'est l'effort fiscal le plus
élevé qu'il y a. L'effort fiscal se détermine, on le
calcule pour l'ensemble du Québec, sur une base de 100 et on place les
municipalités par rapport à cette moyenne. Par rapport à
la moyenne du Québec, Baie-Saint-Paul est à 91, par rapport
à 100; Saint-Hilarion est à 56. Il y a d'autres
municipalités voisines. On pourrait faire le même raisonnement
pour bien d'autres municipalités et dans Charlevoix-Ouest, il y a des
municipalités dont l'effort fiscal est à 29. Alors, l'idée
de compenser une ville qui, de toute façon, a eu beaucoup de coûts
à absorber pour des immeubles comme ceux-là, cela ne me
paraît pas sot. Au contraire, je dirais que c'est l'esprit même de
la réforme fiscale municipale.
Revenons au cas de Saint-Hilarion, maintenant. Saint-Hilarion, je ne
m'entends pas tout à fait sur les chiffres, mais il est possible que les
oppositions sur les chiffres soient simplement sur la façon de les
calculer. Si on laisse de côté les subventions
discrétionnaires et qu'on ne tient compte que de la réforme
elle-même, c'est-à-dire le remplacement de taxes de vente, de
subventions inconditionnelles par taxes foncières, si on tient compte de
la réforme telle qu'elle est, Saint-Hilarion, pour retrouver le
même niveau de ressource qu'elle a actuellement, n'aurait besoin que de
prendre $0.34 dans le $1 normalisé. Evidemment, Saint-Hilarion, comme
d'autres endroits, recevait des subventions discrétionnaires. Quand je
dis qu'elle recevait des subventions discrétionnaires, elle en recevait
ou elle n'en recevait pas. Cela dépendait des années, parce que
la caractéristique de la subvention discrétionnaire c'est que
ça n'a aucune espèce de garantie dans le temps; un jour, une
municipalité l'a, l'année suivante, elle ne l'a pas. La
troisième année, le maire et le conseil municipal arrivent
à Québec et la quatrième année, avec un peu de
chance, elle l'a encore. C'est cela les subventions
discrétionnaires.
M. Lavoie: Vous en avez plusieurs dans la loi 57.
M. Parizeau: II y en a de tous les genres. L'esprit même de
la réforme fiscale municipale, c'est qu'on voulait se débarrasser
de ce genre de pèlerinage à Québec qui fait perdre un
temps fou à la fois aux élus municipaux, aux machines
gouvernementales, aux élus, à tout le monde. J'ai eu l'occasion
de dire plusieurs fois en public que je trouve cela insensé qu'on passe,
à certains moments, huit mois à la fois à Québec,
dans la municipalité en question, à la fonction publique, un peu
partout pour débloquer $5000. On en fait dépenser en salaires
plus d'argent que ne valait la subvention elle-même. Beaucoup des
subventions dont parle le député de Charlevoix sont de ce
genre-là, discrétionnaires, souvent pas élevées et
entraînant un gaspillage d'argent et de temps absolument
insensé.
Il reste néanmoins que je reconnais, dans le discours du budget,
j'ai indiqué qu'il y avait un certain nombre de subventions de l'ancien
type qui demeuraient. Il y aura certains ajustements à faire. On m'a
convaincu, par exemple, je pense que l'argument est bon, que sur le plan des
subventions aux aqueducs, pour les toutes petites municipalités, on peut
être amené à garder certaines formes antérieures de
subventions, dans le sens suivant: il est évident que si la source d'eau
d'une petite municipalité n'est pas bonne, est dangereuse, vouloir
imposer, dans un village de 400 ou de 800 habitants, la pose d'un aqueduc, peut
être, tout à fait indépendamment de la réforme
fiscale municipale, tellement onéreuse que le village ne pourrait jamais
porter ça.
Dans ce sens, je reconnais qu'il y a certains aménagements
à faire. Il est clair aussi qu'il y a une partie des subventions
discrétionnaires qui vont disparaître. C'était le sens
même de l'opération. Ils s'imaginaient qu'après avoir fait
la réforme fiscale municipale, on réintroduirait une série
de ces subventions discrétionnaires, ce n'est sûrement pas
l'esprit de la mesure.
Je reviens à ce que disait le député de Charlevoix
au sujet des subventions à la voirie municipale; bien sûr, elles
vont être touchées. On a ajouté dans le budget
supplémentaire, $2 500 000 pour une raison très simple, c'est que
dans l'affectation des crédits généraux, on faisait partir
la réforme fiscale municipale avant le 1er janvier 1980, en pratique.
Pour extensionner les montants, jusqu'au 1er janvier 1980, on a fait cet ajout
dans le budget supplémentaire.
C'est la raison fondamentale pour laquelle il y a $2 500 000. Quant
à la base de calcul des $2 500 000, sur les crédits
généraux, il ne faut pas oublier qu'il y a des engagements
d'années antérieures.
Voilà à peu près ce que je voulais dire.
En résumé, le cas de Baie-Saint-Paul me paraît tout
à fait raisonnable. Le cas de Saint-Hilarion me paraît tout
à fait conforme à l'esprit de la réforme fiscale
municipale; des subventions discrétionnaires, il va y en avoir
passablement moins avant qu'il n'y en ait plus; la liste qui a
été donnée dans le discours du budget doit donner lieu
à certains ajustements, par exemple, pour certaines des raisons que
j'expliquais. Voilà.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais faire une courte
réflexion, parce que si j'ai donné le cas de deux
municipalités du Québec en particulier, ce n'était pas
pour les mettre en cause. Je voudrais dire au ministre que, comme contribuable
de la ville de Baie-Saint-Paul, je suis à la limite de trois
municipalités. Demeurant dans la ville, je payais $1.40, alors qu'une
autre municipalité imposait une taxe de $0.20 et que l'autre
municipalité imposait une taxe de $0.55. Je reconnaissais ces anomalies
comme tous mes concitoyens. Ce n'est pas de cela que j'ai voulu parler. Quand
le ministre des Finances dit, par contre, que la construction d'édifices
gouvernementaux a amené des coûts considérables à la
ville de Baie-Saint-Paul, je peux diverger d'opinion parce que ça
appartenait aux Franciscaines de Marie et ce fut bâti par le gouvernement
sur un terrain appartenant aux Franciscaines de Marie. De toute façon,
il n'y a aucun service organisé, mais tant mieux, si on en
bénéficie, parce qu'on a payé longtemps, alors que les
deux autres, qui avaient les mêmes services de police, de pompiers et
autres ne payaient à peu près pas de taxes.
Quand je parle d'un cas type comme Saint-Hilarion et que le ministre des
Finances me dit: Oui, les subventions discrétionnaires qui
étaient à la merci des politiciens doivent disparaître,
à ce moment-là, je dis au ministre des Finances de
réévaluer comme il faut sa position, de mettre, s'il le veut, le
per capita, mais s'il ne rétablit pas une mesure de justice pour
l'entretien des routes comme en ont les municipalités de tant
d'habitants et plus, ce sera une mesure complètement injuste à
l'endroit de 250 municipalités du Québec. En terminant, quant aux
subventions pour les aqueducs et les égouts, prenez le portrait de ces
municipalités, j'ai des exemples chez nous, comme Saint-Bernard-sur-Mer,
La-Baleine, L'Île-aux-Coudres,
Petite-Rivière-Saint-François, qui sont les moins servies par la
réforme fiscale et qui ont devant elles des projets qui vont de $2 000
000 à $5 000 000 de services essentiels qui n'existent même
pas.
Le Président (M. Jolivet): II ne faudrait pas que l'on
embarque sur l'ensemble...
M. Parizeau: Ce n'est pas le moment pour discuter de La-Baleine
ou de Saint-Bernard, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): La seule chose, c'est que,
depuis tout à l'heure, ça fait au moins quinze minutes qu'on n'a
adressé aucune question aux gens qui sont en face de nous, et c'est ce
pourquoi nous les avons invités. On aura l'occasion de discuter... M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. M. Moreau, dans le
mémoire que vous avez présenté au nom de l'Union des
conseils de comté, vous mentionnez qu'une de vos préoccupations,
c'est que toute la mise en marche de cette réforme devrait être
dirigée par un comité conjoint afin d'apporter les corrections de
parcours nécessaires à sa réalisation. Vous avez sans
aucun doute discuté de ce point de vue avec le ministre des Affaires
municipales. Est-ce que vous pouvez nous faire part de son point de vue?
S'est-il prononcé ou non? Est-il sur la réserve?
M. Moreau: Vous me posez la question?
M. Cordeau: C'est parce qu'on ne peut pas poser les questions au
ministre... Vous pouvez répondre, M. le ministre.
M. Tardif: Elle est adressée, allez-y.
M. Moreau: M. le Président, je pense bien qu'on peut
compter que ce comité-là sera mis sur pied. De toute
façon, remarquez bien que si ce comité n'était pas mis sur
pied, vous allez de nouveau entendre parler de nous, parce que nous
considérons essentiel que les municipalités soient
représentées pour suivre le cheminement de la mise en place du
mécanisme de la fiscalité. Je ne sais pas si cela répond
à la question de M. le député. De toute
façon...
M. Cordeau: J'aimerais peut-être un complément de
réponse de la part de M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, sans l'existence d'une loi, le
gouvernement a créé un comité
conjoint du monde municipal et du gouvernement du Québec il y a
18 mois qui a siégé de façon ininterrompue. Ce n'est pas
parce qu'il y aura une loi qu'on va s'arrêter effectivement de se
consulter, n'en déplaise au chef de l'Opposition officielle, qui a
déclaré dans son discours: Je dis aux municipalités que,
si elles peuvent penser obtenir satisfaction en sacrifiant, dans les coulisses
du pouvoir, les intérêts légitimes des commissions
scolaires, elles ne pourront pas compter sur la complicité du Parti
libéral. Avec les mots "complicité", "les coulisses du pouvoir",
"connivences", je pense qu'on aurait été en droit de blâmer
le ministre des Affaires municipales, s'il n'avait pas travaillé de
concert avec le monde municipal. Je vais continuer à le faire. Je vais
en prendre l'engagement solennel, mais je ne l'écrirai pas dans une loi.
Je vais m'astreindre. Je le dis. C'est dans le journal des Débats. C'est
consigné. (18 heures)
M. Lavoie: M. le Président, maintenant que le ministre des
Affaires municipales a repris son calme, je pense bien que le ministre des
Finances va me permettre une question. Il y a des choses que je ne pige pas
encore, à la suite de déclarations que vous avez faites cet
après-midi, entre autres, à la suite d'une remarque du ministre
de l'Education. Vous nous dites que le coût de cette réforme est
près de $500 millions au gouvernement. Comment se fait-il que la marge
de manoeuvre du gouvernement est à peine de 3% ou 3,5%? Où
allez-vous prendre l'argent?
M. Parizeau: Oh!
M. Lavoie: Vous allez prendre toute votre marge de manoeuvre pour
cela. Il ne vous restera plus rien de ce que vous aviez dans le discours du
budget au mois d'avril. C'est tout, parce que $500 millions, c'est plus que la
marge que vous nous avez déclarée tout à l'heure.
M. Parizeau: M. le Président, on retourne à
l'Assemblée nationale, si je comprends bien.
M. Lavoie: Je pense que c'est une question...
M. Parizeau: Dans le débat en deuxième lecture, le
chef de l'Opposition, à ce qu'on m'a dit je n'étais
malheureusement pas là a insisté justement sur cet
argument en disant: II va y avoir quand même $500 millions de nouvelles
taxes pour financer cela.
M. Lavoie: Ce sont vos chiffres.
M. Parizeau: Je rappelle... M. le Président, je n'ai pas
l'habitude d'interrompre le député de Laval. Qu'il me laisse
finir ma démonstration.
M. Lavoie: C'est très laborieux, je m'en excuse!
M. Parizeau: Une allusion au chef de l'Opposition officielle est
quelque chose de laborieux! C'est moi qui m'en excuse alors!
M. Lavoie: Je ne veux plus vous interrompre!
M. Parizeau: Je pense qu'on a oublié, en posant des
questions comme cela, que la réforme fiscale municipale qui entrera en
vigueur le 1er janvier 1980 est déjà embarquée dans nos
crédits. L'impact budgétaire ou une partie de l'impact
budgétaire de la réforme est déjà dans le dernier
discours du budget et dans les crédits qui ont été
votés par cette Assemblée. Cela commence dans l'année
1979/80. Cela veut dire que c'est déjà incorporé dans ce
qu'on appelle les budgets de base, c'est-à-dire la préparation du
budget de base pour l'an prochain, forcément. Vous comprenez bien qu'on
n'a pas attendu le vote sur la loi 57 pour commencer à ajuster les
chiffres de l'année financière présente du gouvernement.
C'est déjà ajusté. Je constate avec surprise que
l'Opposition officielle, en votant les crédits il y a quelques mois, ne
s'en est pas rendu compte.
M. Lavoie: Est-ce que votre déclaration tient du fait que
vous avez affecté, dans le budget annuel, une somme de près de
$500 000 000 pour prévoir cette réforme fiscale?
M. Parizeau: Non, parce que l'impact sur le budget ne se
stabilise qu'au bout de deux ans.
M. Lavoie: Mon opinion, c'est que simulations quand tu nous
tiens, surtout quand cela a varié, comme je l'ai établi tout
à l'heure, pour certains postes entre 25%, 40%, 50% et 100%, les
simulations, j'en prends et j'en laisse. Je n'ai qu'à prendre votre
discours du budget de 1977 où vous prévoyiez un déficit de
$640 000 000 qui s'est révélé un déficit de $884
000 000,38% de différence, votre discours du budget de 1978, $1 035 000
000 de déficit et l'année s'est terminée avec $1 474 000
000, ce qui fait $439 000 000 de plus, 42% de différence dans vos
simulations; je vous dis que c'est à peu près les mêmes
simulations que vous faites sur le dos des municipalités. C'est
Jean-Baptiste qui va payer pour de toute façon.
M. Parizeau: En effet, cela a bien failli être
Jean-Baptiste qui paie pour des écarts comme ceux-là. Je
rappellerai, par exemple, au député de Laval, que l'écart
majeur de 1978 est venu du fait que le gouvernement fédéral a
réussi à combiner deux gestes dont, tous ensemble, à
l'Assemblée nationale, on a eu l'occasion de constater à quel
point il pouvait être odieux. Le premier a consisté à ne
pas payer au gouvernement de Québec ce qui lui était dû
dans l'affaire de la taxe de vente; le deuxième a consisté
à retarder de quelques jours - toujours dans le sillage d'option-punaise
qu'avait créé l'affaire de la taxe de vente et à ne
pas payer certains comptes de bien-être social et à les retarder
sur l'année suivante. J'espère, M. le Président, que nos
rapports avec les municipalités peuvent être un peu meilleurs que
ceux que nous entretenons avec le gouvernement fédéral; je le
souhaite de tout coeur. En tout cas, je ne vois pas en quoi... Je n'avais aucun
moyen, en 1978, de
faire une simulation de mon homologue fédéral. Les
chiffres, ça se simule, les hommes, non.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Lavoie: On reprend nos travaux ce soir? Le Président
(M. Jolivet): Juste pour terminer. M. Lavoie: Oui.
M. Tardif: Deux minutes, M. le Président, très
brièvement. C'est sûr que le député de Laval, en
essayant de suivre les diverses simulations, pour lesquelles quand même
le monde municipal s'y retrouve assez facilement, je pense, donne vraiment dans
la facilité.
C'est sûr qu'il aurait pu, s'il avait voulu continuer dans la
même veine, dire: Mais là il y a contradiction; voyez, ça
change encore puisque le ministre des Affaires municipales, dans son discours
de deuxième lecture, a parlé d'un transfert de $331 000 000 aux
municipalités et le ministre des Finances vient de dire, lui,
aujourd'hui, $365 000 000.
M. Lavoie: Cela ne me surprend pas, ça change à
tous les jours!
M. Tardif: Oui, M. le Président, sauf qu'il est
arrivé une chose que le ministre des Affaires municipales a dite, lors
de son discours de deuxième lecture, c'est qu'il présentait la
réforme de la fiscalité, moins le volet du transport en commun;
volet de transport qui a été rendu public par mon
collègue, le ministre des Transports, deux jours après,, et qui
comporte $34 millions de plus, d'où le chiffre de $365 millions. C'est
quand même relativement facile à suivre et je n'ai aucune
espèce de honte à dire que nous avons, tout au long de ce travail
laborieux, vraiment rajusté notre tir, au fur et à mesure, que
non seulement nous y voyions la nécessité d'y apporter des
corrections, mais que le monde municipal nous faisait part de ses
commentaires.
M. le Président, je voudrais juste revenir brièvement pour
dire que c'est vrai, à certains égards, qu'on peut
considérer un des points du mémoire de l'Union des
municipalités, puisqu'on termine ce mémoire, M. le
Président...
Il y a certaines choses qui constituent un retour en arrière par
rapport à ce que nous avions gagné dans la loi de
l'évaluation foncière, la dernière. Un des points
mentionnés a été de dire: Dans l'actuelle loi, celle qui a
été votée il y a cinq ans, les bureaux de révision
ou le bureau provincial de révision n'avaient compétence
qu'à l'égard des conseils de comté et des
communautés urbaines qui avaient décidé de se
départir de leur compétence et de la leur confier. C'est vrai
qu'aujourd'hui nous universalisons, il est proposé d'universaliser le
bureau de révision, mais il y a deux raisons à ça. D'une
part, il reste, sur 71 conseils de comté, 31 qui exercent cette
compétence et 15 d'entre eux ont demandé au bureau de
révision d'exercer la compétence en matière d'appel.
Maintenant, je n'en fais personnellement pas une question de principe
fondamentale et je suis prêt à regarder ça. Il y a encore,
on me dit, à peu près 70 bureaux de révision fonciers et
municipaux également.
Je dis que le bureau de révision québécois est
présentement l'instance d'appel pour à peu près 85% du
rôle d'évaluation et 85% ou 90% de la population du Québec.
Or, je pense que c'est quelque chose qu'on peut à tout le moins
examiner.
La question de l'indice, c'est important parce que, là, je pense
qu'il y a une méprise. À quelques reprises, on a parlé et
Me Viau a parlé d'un indice comme ayant un effet de normalisation sur
les rôles d'évaluation. M. le Président, je m'excuse,
l'indice qui est prévu est une cote, une mesure du niveau de rôle;
cette mesure n'implique pas, n'implique surtout pas que les
municipalités devront normaliser, standardiser leur rôle. C'est
une mesure qui pourra servir aux citoyens pour voir s'ils sont
évalués avec un petit peu de vraisemblance, à la
municipalité pour apprécier justement son niveau de rôle,
au bureau de révision pour accueillir les plaintes et voir les
redressements effectués et au gouvernement pour des fins de
péréquation.
La redistribution, justement, des ventes des réseaux, des
revenus, des "en-lieu" des entreprises de télécommunications, cet
indice de mesure de rôle, ce niveau de rôle, on pense que c'est une
formule d'honnête compromis entre ce qu'on appelle aux Etats-Unis ces
"equalization boards" comme ils existent d'une part, et un bureau provincial,
carrément provincial, d'évaluation, comme il y a en Ontario. Or,
entre les deux, il nous semblait que l'autonomie locale était
respectée dans la confection du rôle.
On décerne une cote à ce rôle et cette cote n'est
pas discrétionnaire, c'est une opération purement
arithmétique, purement statistique, où on prend le rôle
fourni par la municipalité, on prend les ventes qui sont
enregistrées au bureau d'enregistrement et on calcule un indice. Cet
indice, M. le Président, je n'ai aucune espèce d'objection
à l'UMQ, à l'UCCQ sur la façon dont nous l'obtenons. Je
n'ai aucune espèce d'objection même à publier annuellement
dans le rapport annuel du ministère comment nous y sommes
arrivés, quelle est la cote du rôle d'évaluation, le niveau
de rôle de chacune des municipalités, bref à étaler
cela au grand jour, mais ce n'est pas une opération
discrétionnaire, c'est une opération purement
mathématique.
M. le Président, je voudrais terminer là-dessus et je
regrette que le député de Charlevoix soit parti puisque, une fois
le jeu de domino fait avec les plus et les moins, si jamais une
municipalité se retrouvait avec un moins $18 per capita, la
réforme lui vaudra $28, c'est-à-dire compenser le manque à
gagner de $18 plus $10. Parce qu'on dit que la réforme rapporte au moins
à chaque municipalité $10 par habitant, ce qui voudrait donc
dire, dans une municipalité, dans ce cas-là, un apport de
$28.
M. le Président, je termine là-dessus, je remercie l'Union
des conseils de comté pour son mémoire. J'ai pris bonne note de
ses représentations. Il m'apparaît évident que, sur un bon
nombre de points, il nous est possible d'arriver à améliorer la
loi de l'évaluation comme telle et, pour le reste, j'ai aussi
j'espère que l'Opposition également a pris bonne note
noté le désir de l'Union des conseils de comté que cette
loi soit votée pour entrer en vigueur le 1er janvier 1980. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, c'est simplement une
question de règlement. Nous revenons à 20 heures, nous entendrons
à ce moment-là les représentants de l'Union des
municipalités du Québec. Je voudrais simplement rappeler, M. le
Président, que le mandat de la commission, tel que voté à
l'Assemblée nationale, avait été de commencer
l'étude article par article à 20 heures. Le mandat sera
reporté finalement, du consentement unanime des membres, autour de 21
heures, 21 h 30, mais je ne voudrais pas qu'on pense que, parce qu'on
siège ce soir pour entendre l'UMQ, on ne fera pas notre travail
d'étude article par article par la suite.
M. Lavoie: M. le Président, on pourra discuter tout cela
un peu plus tard, mais, de toute façon, je voudrais, au nom de
l'Opposition, remercier M. Moreau, M. Letarte, M. Caumartin et Me Viau, de la
collaboration que vous apportez et de l'éclairage sans doute important,
mais du moins intéressant et enrichissant pour la commission.
Le Président (M. Jolivet): Je vous remercie au nom des
membres de la commission et à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 10
Reprise de la séance à 20 h 16
Le Président (M. Jolivet): La commission permanente des
affaires municipales continue son travail. Elle demande à M. O'Bready de
l'Union des municipalités du Québec de se présenter ainsi
que les personnes avec qui il se trouve.
Union des municipalités du
Québec
M. O'Bready (Jacques): Merci, M. le Président. Je me
présente, Jacques O'Bready, président de l'Union des
municipalités du Québec. Je suis accompagné, à ma
droite, de M. le maire Jean Drapeau, de la ville de Montréal, M. Yvon
Lamarre, président du comité exécutif de la ville de
Montréal, M. Jean Corbeil, maire d'Anjou et président de la
Conférence des maires de banlieue; à mon extrême-gauche, Me
Pierre Huard, Me Nicole Lafond, de l'Union des municipalités, M. Luc
Lacharité, directeur général et M. Lortie,
également consultant pour l'Union des municipalités.
M. le Président, je vous demanderais la permission que soient
inclus, au compte rendu des débats de cette commission, le texte des
propos que nous allons tenir de même que les annexes qui en font
partie.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a consentement,
quant aux annexes? Pas de problème, ce sera donc contenu au
procès-verbal.
M. O'Bready: Je vous remercie.
M. le Président, tout en se disant d'accord avec l'objet et la
nécessité de la réforme et tenant absolument à ce
qu'elle entre en vigueur dès le 1er janvier 1980, l'Union des
municipalités du Québec n'en réclame pas moins que
d'importantes modifications soient apportées au projet de loi sur la
fiscalité municipale avant qu'il ne soit adopté par
l'Assemblée nationale.
Dans un document intitulé Commentaires préliminaires sur
la loi 57, l'Union des municipalités du Québec fait remarquer
essentiellement que le projet de loi s'éloigne, en plusieurs points, des
principes défendus par le comité conjoint
Québec-municipalités. Une annexe reprenant, un par un, les
articles qui nous paraissent problématiques et encore en version
préliminaire accompagne ce document.
Eu égard au principe de l'autonomie municipale, maintes
dispositions suscitent des inquiétudes, notamment celles donnant, par
réglementation, des pouvoirs normatifs au ministre, ce qui pourrait
ouvrir la porte à l'ingérence du gouvernement dans les affaires
des municipalités. Le maintien des commissions scolaires dans le champ
de l'impôt foncier diminuera considérablement la marge de
manoeuvre des municipalités qui désirent l'exclusivité de
l'assiette foncière. Plusieurs exemptions et exclusions, tant au niveau
de la taxe foncière que de la taxe d'affaires, atténuent la
portée du principe de l'équité fiscale. De plus, le projet
de loi, au lieu de simplifier l'administration municipale, pourrait la rendre
encore plus complexe si plusieurs de ces articles n'étaient pas
amendés à partir du souci de son application quotidienne.
Certaines des dispositions transitoires risquent de coûter cher aux
contribuables municipaux si des changements significatifs ne sont pas
apportés, principalement en ce qui a trait à l'expédition
pour 1980 des avis d'évaluation et des comptes de taxes, et quant aux
délais et échéances prescrits dans le projet.
Par ailleurs, l'Union des municipalités du Québec tient
à affirmer qu'elle ne cherche pas du tout la disparition des commissions
scolaires, ni l'affaiblissement de leur autonomie, mais veut plutôt
défendre l'autonomie propre de ses membres en s'assurant le respect
intégral des principes, de même que le rendement financier de la
réforme fiscale municipale.
L'objet du projet de loi no 57 est de concrétiser, dans un cadre
juridique, la réforme de la fiscalité municipale. Cette
réforme a déjà fait l'objet d'un certain nombre de
recommandations qui ont été formulées par le comité
conjoint Québec-municipalités à la lumière des
principes directeurs mis de l'avant par les membres du comité à
l'intérieur d'une démarche structurée. Cette
démarche visant à établir un cadre cohérent
à l'intérieur duquel s'inscrivait, à l'avenir, l'ensemble
des relations entre le gouvernement et les municipalités n'est cependant
pas encore complétée. Plusieurs questions comme celle de la
tarification, par exemple, devront faire l'objet de travaux ultérieurs.
Par conséquent, le projet de loi no 57 ne peut être
envisagé comme le terme d'un processus, mais plutôt comme le
premier résultat concret de cet exercice long et ardu poursuivi depuis
deux ans déjà, dans le but d'établir les relations entre
le gouvernement et les municipalités sur des bases plus solides.
C'est dans cette perspective que s'inscrivent nos commentaires sur le
projet de loi no 57. Ces commentaires sont préliminaires en ce sens que
nous nous sommes préoccupés au premier chef de nous assurer que
le texte du projet de loi respecte les principes directeurs qui ont servi
d'assise aux travaux du comité conjoint. Ce mémoire identifie les
divers articles qui nous semblent transgresser ces principes directeurs. Des
commentaires de nature plus technique sur chacun des articles du projet de loi
no 57 font présentement l'objet d'un document qui, je pense, vous a
été remis, M. le Président, et qui, à tout
événement, sera disponible lors de l'étude article par
article du projet.
La nécessité d'établir dans la loi les principes
directeurs de la réforme fiscale: pour l'essentiel, il convient de
souligner que le projet de loi no 57 respecte les décisions
gouvernementales qui ont été formulées dans le discours
sur le budget le 27 mars 1979. Sur certains points, on peut même affirmer
que certaines dispositions sont préférables à celles qui
étaient prévues dans le discours sur le budget; par exemple, la
formule de péréquation. À court terme, et dans la mesure
où quelques modifications seraient apportées au texte du projet
de loi, les divers partenaires qui ont oeuvré à la formulation de
la réforme fiscale seraient justifiés de se réjouir des
premiers résultats obtenus, car ils marquent un progrès certain
relativement à la situation actuelle.
Par contre, dans une perspective à plus long terme, ce jugement
sur le projet de loi 57 doit être nuancé. Nous considérons
les travaux du comité conjoint Québec-municipalités comme
un effort concerté visant à établir les fondements sur
lesquels devrait s'élaborer toute politique ou intervention
gouvernementale touchant la vie municipale. La valeur des rapports du
comité est rehaussée du fait qu'un cadre clair est établi
à partir duquel les propositions de réforme fiscale sont
jugées. Ce cadre a pris la forme d'une série de principes
directeurs.
Nous croyons que les principes directeurs énoncés dans les
rapports du comité conjoint établissent un cadre cohérent
dont la pérennité doit dépasser les deux exercices que
nous venons de mener, soit décembre 1978 et octobre 1979. Ces principes
doivent nous servir de guide et assurer la consistance et la continuité
dans la solution des diverses questions qui confrontent le monde municipal dans
ses relations avec le gouvernement.
Dans cette perspective, il devient nécessaire d'établir
clairement les principes directeurs de la réforme fiscale dans le projet
de loi 57. Nous sommes d'avis que ce projet de loi constitue une occasion
unique où les principes qui doivent sous-tendre une politique municipale
bien comprise devraient être énoncés et recevoir comme tels
l'assentiment du gouvernement et de l'Assemblée nationale.
Pour les municipalités, un tel acte est important, car il permet
d'officialiser un cadre de référence que le gouvernement entend
respecter et, ainsi, établir une assise solide à partir de
laquelle elles pourront poursuivre leur démarche visant à
protéger et raffermir l'autonomie municipale. Pour le gouvernement, les
avantages ne sont pas moins substantiels car, compte tenu de la
diversité des intervenants dans les relations avec les
municipalités, il importe, d'une part, de bien établir que ce
cadre de référence transcende les hommes qui l'ont formulé
et, d'autre part, de fixer un point d'ancrage à partir duquel on pourra
corriger les multiples interventions dans le champ des responsabilités
municipales.
La nécessité de l'affirmation des principes directeurs
dans le projet de loi est d'autant plus importante qu'une lecture attentive des
différents documents publics sur la réforme nous oblige à
reconnaître que le gouvernement n'a jamais indiqué clairement et
de façon officielle s'il acceptait ou non les principes directeurs
proposés par le comité conjoint. Premièrement, aucun
ministre ne siégeait au comité conjoint. Par conséquent,
les rapports qu'il a produits ne peuvent être considérés
comme reflétant la position du gouvernement proprement dit.
Deuxièmement, le discours sur le budget de mars 1979,
énoncé officiel de la politique gouvernementale, était
étrangement muet sur les principes directeurs, même s'il acceptait
de mettre en oeuvre la plupart des mesures proposées dans le rapport du
comité.
Troisièmement, le projet de loi 57 n'est pas structuré de
façon à traduire une acceptation définitive des principes
directeurs. Ici encore, on s'accorde sur les modalités d'application,
mais on fait l'impossible pour éviter de se compromettre sur ces
principes.
La réforme de l'évaluation. Au premier abord, on
s'étonne de l'ampleur des modifications apportées à la Loi
sur l'évaluation foncière. Dans un certain sens, on comprend
qu'il s'agit d'un ajustement nécessaire pour actualiser les principes de
l'équité fiscale, tant au niveau des contribuables qu'à
celui des municipalités, de la neutralité du régime et de
l'intégrité de l'assiette foncière. Le
but premier d'un rôle d'évaluation étant de
déterminer de façon précise la richesse foncière
d'une municipalité, il n'y a pas d'autre choix que d'assurer que les
principes qui sous-tendent le processus d'évaluation foncière
respectent ceux du régime fiscal. Cependant, force nous est d'admettre
que la complexité de ces questions aurait justifié une
période de réflexion et d'analyse beaucoup plus longue que celle
qui nous est donnée, afin d'examiner en détail chacune des
modalités proposées. À vouloir aller trop vite dans
l'examen de ces questions techniques, on risque gros d'introduire des
inéquités pires encore que celles qu'on voulait corriger.
Nous croyons que le gouvernement devrait donc s'engager
immédiatement à revoir la loi 57 en 1981, de façon
à corriger les anomalies constatées lors de son application
pratique. Cette remarque vaut d'ailleurs tout autant en ce qui a trait aux
effets de la réforme fiscale. Les dispositions prévues
actuellement dans le projet de loi à ce chapitre contiennent des
éléments que personne n'est en mesure d'évaluer dans le
concret au niveau de chacune des municipalités. Toutes les simulations
utilisées jusqu'à maintenant au sein des différents
groupes de travail qui ont siégé, notamment à
l'intérieur du comité conjoint, pour évaluer les effets de
la réforme, reposaient sur un certain nombre de concepts qui n'ont pas
été retenus par le gouvernement dans le projet de loi. Sans
mettre en doute au point de départ le bien-fondé des nouveaux
concepts suggérés, il faut reconnaître la difficulté
dans laquelle nous sommes placés d'en évaluer la pertinence.
Enfin, les simulations ne pouvaient tenir compte de toutes les
particularités locales.
Dans ce contexte, il nous paraît indispensable de suggérer
immédiatement un mécanisme en vertu duquel l'application de la
réforme sera surveillée et révisée au besoin.
Compte tenu de l'expertise reconnue du comité conjoint, nous
recommandons au gouvernement de lui confier ce mandat précis.
Les principes directeurs. Les rapports du 1er décembre 1978 et du
20 octobre 1979 du comité conjoint Québec-municipalités
établissent les principes directeurs qui doivent sous-tendre toute
politique en matière de fiscalité municipale. Ces principes sont
au nombre de cinq; il s'agit de l'autonomie municipale, du rendement financier,
de l'équité fiscale, de la neutralité et de la
simplicité administrative.
Nous avons donc examiné le projet de loi no 57 en regard de
chacun de ces principes et identifié les éléments qui y
contrevenaient. Notre analyse a également permis de souligner des points
spécifiques de notre surplus technique qu'il y aurait lieu de corriger,
avant que le projet de loi no 57 ne soit adopté. Ces points particuliers
feront l'objet d'un autre document et, je vous l'ai souligné, M. le
Président, je pense qu'une copie vous a été
déposée. À tout événement, des copies seront
disponibles pour tout le monde au cours des prochaines heures.
Premier principe. L'autonomie locale. Ce premier principe directeur est
formulé comme suit par le comité conjoint: "L'autonomie locale
demeure la base de la revalorisation du pouvoir municipal; elle signifie que
les municipalités doivent avoir les pouvoirs de décision et de
taxation nécessaires à l'accomplissement de leur vocation,
orientés vers la satisfaction des besoins légitimes de leurs
contribuables. Une véritable autonomie implique que les
collectivités locales doivent déterminer elles-mêmes, avec
la participation démocratique et responsable des citoyens et des
élus, la nature, la quantité et la qualité des services
qu'elles veulent offrir." Référence au rapport du comité
conjoint, daté du 20 octobre 1979, à la page 17. (20 h 30)
Le droit de gérance est, à notre avis, le premier
élément de l'autonomie municipale. Il implique que la
municipalité a pleine juridiction sur la conduite de ses affaires. En ce
sens, tout effort de normalisation de la part du gouvernement, qui n'entre pas
dans les vues des citoyens concernés constitue une entrave
sérieuse à ce droit de gérance et, partant, à
l'autonomie locale. Il faut donc qu'on assure aux villes la capacité
véritable de déterminer la valeur, la quantité et la
qualité des services qu'elles veulent s'offrir à titre de
collectivités locales, qu'elles ne se voient pas forcées de
rendre des services, même si on leur laisse l'autorité sur la
façon de les rendre.
L'autonomie locale signifie aussi que les villes doivent posséder
le droit d'orienter leur avenir, si elles jugent localement qu'il y va de
l'intérêt de leurs citoyens.
De pair avec ce droit, la municipalité ne doit pas être
indûment pénalisée, ni privilégiée au niveau
des possibilités fiscales par suite de son choix. La réforme doit
donner à toute municipalité suffisamment de ressources, quelle
que soit son orientation, pour qu'elle puisse décider librement de
demeurer ou de devenir une municipalité à vocation industrielle
ou commerciale ou strictement résidentielle. En d'autres termes, les
villes doivent pouvoir se doter d'un "design" fiscal propre.
L'indépendance financière est l'essence de l'autonomie locale.
Nous croyons aussi qu'elle n'a de valeur que lorsqu'elle est conjuguée
avec les autres éléments de l'autonomie.
L'exclusivité du champ de l'impôt foncier est sur ce point
une exigence pratique pour assurer aux municipalités leur autonomie
financière.
Eu égard au principe de l'autonomie municipale, plusieurs
articles du projet de loi font problème ou suscitent des
inquiétudes. Par exemple, la rédaction de l'article 252 ouvre la
porte à l'ingérence gouvernementale dans l'administration
municipale. Au moyen de ce pouvoir normatif, la municipalité n'est plus
libre de déterminer le cadre et le contenu de son fonctionnement
interne.
A-t-on présumé que les municipalités n'ont jamais
démontré suffisamment de transparence à l'égard de
leurs citoyens, qu'elles utilisent à dessein un langage
incompréhensible, des formules mystérieuses.
Le rendement financier. La question du rendement financier est
rattachée directement au principe de l'autonomie locale. Le rendement
des impôts levés doit satisfaire au principe de la
responsabilité financière, seul capable d'assurer la
liberté des choix locaux.
Afin de mener à terme la réforme de la fiscalité
municipale, le gouvernement et les municipalités ont effectué
plusieurs simulations visant à établir le plus
précisément possible l'impact net des divers transferts
proposés.
L'accord des représentants des municipalités sur les
éléments de la réforme ne fut acquis qu'après un
examen exhaustif des résultats les plus probables de chacune des mesures
proposées. On comprendra donc sans peine que nous soyons inquiets alors
qu'à certains égards le projet de loi no 47 introduit de nouveaux
concepts qui n'ont pas fait l'objet de discussions préalables et dont on
ignore encore le rendement financier. Trois éléments principaux
du projet de loi no 57 suscitent les plus vives inquiétudes concernant
ledit rendement financier de la réforme. Premièrement,
l'utilisation du loyer net pour établir le rôle de la valeur
locative, chapitre XVI et la détermination d'une limite maximale pour le
taux de la taxe d'affaires.
Deuxièmement, le maintien des commissions scolaires dans le champ
de l'impôt foncier et la modification de la formule actuelle basée
sur les dépenses non admissibles pour un autre concept, celui d'un
montant équivalent à 6% des dépenses nettes ou à
$0.25 par $100 d'évaluation.
Troisièmement, une réforme en profondeur de la Loi de
l'évaluation foncière qui introduit de nouveaux concepts.
À ce stade-ci, M. le Président, je vous demanderais de
considérer comme texte officiel touchant la taxe d'affaires un addendum
qui vous est remis au titre de ce chapitre particulier et qui remplace les
pages 14, 15 et 16 du premier document que vous avez. J'aurais peut-être
dû préciser que le document qui vous a été remis est
à peu près l'essentiel de mon exposé sauf que certains
passages en sont éliminés.
Une proposition de réaménagement de la taxe
foncière, base de détermination de la taxe d'affaires. Le projet
de loi no 57 prévoit que la taxe d'affaires sera levée sur le
rôle de la valeur locative. Celui-ci est fondé sur le concept du
loyer net. En Ontario, la taxe d'affaires est établie en proportion de
la valeur foncière de l'immeuble. Nous recommandons que la taxe
d'affaires soit basée sur la valeur foncière de l'immeuble
occupé aux fins d'exercer une activité économique ou
administrative en matière de finances, de commerce, d'industrie ou de
services, un métier, un art, une profession ou toute autre
activité constituant un moyen de profit, de gain ou d'existence.
Nos commentaires. Nous sommes d'avis que le concept du loyer net
constitue une base valable pour établir un rôle de valeur
locative. En effet, étant donné que le loyer net est la partie du
loyer annuel brut qui est censée rester au locateur après
déduction d'un montant raisonnable destiné à payer les
frais d'exploitation de l'immeuble visé sur une base annuelle, y compris
les taxes foncières générales, il s'ensuit qu'il existe
une corrélation étroite entre la somme des loyers nets dans un
immeuble et la valeur marchande de cet immeuble. Enfin, c'est la somme
actualisée des loyers nets qui établit la valeur marchande de
l'immeuble. Par conséquent, sur le plan des principes directeurs, il n'y
a pas de problème à baser la taxe d'affaires sur la valeur
foncière de l'immeuble si on a déjà accepté comme
valable de la baser sur le loyer net, car les deux méthodes donnent un
résultat équivalent.
La taxe d'affaires est chargée au propriétaire. Le projet
de loi no 57 prévoit que la taxe d'affaires est levée pour chaque
place d'affaires selon son loyer net. Le mécanisme proposé
comprend donc implicitement un mode de répartition, car la taxe
d'affaires est chargée directement à l'occupant. En Ontario, la
taxe d'affaires est chargée à l'occupant et est établie
sur la base de la valeur marchande de la partie qu'il occupe dans
l'immeuble.
Nous recommandons que la taxe d'affaires soit chargée directement
au propriétaire de l'immeuble. Notre recommandation vise à
corriger des inéquités que ne manquerait pas de susciter la
formule prévue dans le projet de loi 57 et à simplifier
singulièrement l'administration de ce régime de taxation. Elle ne
transgresse aucun principe de fiscalité. Plusieurs arguments peuvent
être formulés pour justifier notre recommandation et
répondre aux nombreuses questions qu'elle suscite. La première
question est de savoir s'il est acceptable de taxer le propriétaire de
l'immeuble plutôt que l'occupant de chaque place d'affaires.
Afin de répondre à cette question, il convient d'examiner
les raisons qui justifient l'imposition d'une telle taxe d'affaires. Elles sont
au nombre de trois. En premier lieu, les sociétés ou les
personnes qui décident de s'établir dans le territoire d'une
municipalité pour y exercer une activité commerciale ou
professionnelle en retirent un avantage. Il est juste qu'en retour, la
municipalité soit autorisée à exiger d'elles une certaine
contribution. En second lieu, la taxe d'affaires se justifie du fait que ces
entreprises ou ces personnes réclament souvent une augmentation du
volume ou de la qualité des services municipaux. La taxe d'affaires
tient alors lieu de compensation pour les dépenses
supplémentaires occasionnées par la présence de ces
entreprises et de ces immeubles qu'elles utilisent. Le comité conjoint
mentionnait, à titre d'exemple, la protection publique
supplémentaire et les infrastructures supplémentaires, telles que
feux de circulation, plus gros collecteur, etc.
Enfin, il faut souligner la raison évoquée par la
Commission royale d'enquête sur la fiscalité, la commission
Bélanger, à l'effet que la taxe d'affaires offre l'avantage
d'être facile à percevoir et de contribuer à élargir
l'assiette fiscale des municipalités par l'apport de revenus importants
et stables.
Il en découle que ce n'est pas à cause de l'exercice d'une
activité économique en soi qu'on justifie l'imposition de la taxe
d'affaires, mais à
cause des infrastructures et des charges supplémentaires que leur
localisation à un endroit donné entraîne. En d'autres mots,
du point de vue de la municipalité, qu'une place d'affaires soit
occupée ou non, à un moment donné elle encourra les
mêmes frais, car la portion fixe des coûts supplémentaires a
été consentie lorsque l'immeuble fut construit ou converti en
immeuble commercial ou industriel et la portion variable doit quand même
être maintenue afin de conserver viable la zone commerciale ou
industrielle. De plus, la valeur foncière de l'immeuble dépend,
dans une large mesure, de la qualité des services publics ainsi offerts.
On ne crée donc pas d'inéquité en taxant directement le
propriétaire de l'immeuble.
La recommandation a aussi pour effet d'éviter d'entraîner
un déplacement fiscal entre propriétaires et locataires
d'immeubles industriels et commerciaux. Dans son mémoire concernant le
projet de loi 57, la Communauté urbaine de Montréal a très
bien fait ressortir que l'abolition des surtaxes et leur
récupération par le biais de la taxe d'affaires avaient pour
résultat "d'augmenter considérablement le fardeau fiscal des
locataires d'immeubles industriels et commerciaux, tout en réduisant le
fardeau des propriétaires de ces immeubles." Ce déplacement
fiscal qui peut atteindre $60 millions sur l'île de Montréal aura
pour effet une augmentation immédiate des taxes d'affaires payées
par tous les locataires d'immeubles industriels et commerciaux.
En contrepartie, les locateurs verront leur fardeau fiscal diminuer sans
avoir à compenser les locataires puisque la plupart des clauses
escalatoires des baux ne prévoient pas de compensation à la
hausse.
Autre point, la répartition de la taxe d'affaires entre plusieurs
occupants d'un même immeuble. Une fois admis que l'on peut taxer
directement le propriétaire de l'immeuble, le problème de la
répartition de la taxe d'affaires entre locataires ne se pose plus. En
effet, ce que la répartition sur la base du loyer net vise à
faire, c'est répartir la taxe d'affaires selon la valeur marchande de
chaque place d'affaires. Mais cette valeur marchande, ce loyer net, c'est
précisément le prix d'équilibre auquel en sont
arrivés le propriétaire et le locataire. Par conséquent,
en taxant directement le propriétaire, il faut s'attendre que celui-ci
répartira la taxe d'affaires selon une règle qui s'apparentera
à celle basée sur le loyer net. En d'autres mots, la règle
prévue dans le projet de loi no 57 tentait "d'approximer" le
fonctionnement du marché. Nous recommandons simplement de laisser
fonctionner le marché directement.
À cet égard, la situation en Ontario mérite
d'être notée. Dans cette province, la répartition de la
taxe d'affaires entre locataires d'un même immeuble est fondée sur
la base du loyer net. Cette procédure se révèle
extrêmement onéreuse à administrer pour les
municipalités, particulièrement dans les grands édifices
à bureaux, à cause des nombreuses modifications qui surviennent
en cours d'année. Même si, en principe, ce mode de
répartition est le plus équitable, les groupe- ments d'hommes
d'affaires ont indiqué à de nombreuses reprises qu'ils
préféreraient que la redistribution de la taxe d'affaires se
fasse en fonction des pieds carrés occupés. L'erreur
d'évaluation qu'entraîne cette procédure n'est pas
très grande. Elle possède l'avantage d'être simple à
calculer et à budgétiser. Nous recommandons donc, lorsqu'une
partie seulement d'un immeuble est occupée aux fins d'exercer une
activité économique ou administrative, que la valeur
foncière de cette partie de l'immeuble soit établie en
multipliant la valeur foncière totale de l'immeuble par le ratio du
nombre de pieds carrés occupés à ces fins par rapport
à la superficie totale de l'immeuble.
Quatrième recommandation, le niveau maximal de la taxe
d'affaires. Les rapports du comité conjoint ont indiqué
clairement pourquoi il était opportun d'établir par
législation un plafond au-delà duquel les municipalités ne
pourraient imposer une taxe d'affaires. Nous recommandons donc que le taux
maximal de la taxe d'affaires ne puisse dépasser 60% du taux de la taxe
foncière générale.
Commentaires. Notre recommandation implique un taux uniforme, quel que
soit le secteur d'activités de l'entreprise. Cette recommandation est
conforme aux principes défendus dans les rapports du comité
conjoint. On notera qu'en Ontario, la loi prévoit plusieurs taux selon
le secteur d'activités de l'entreprise. Nous sommes d'avis qu'il n'y a
pas lieu de suivre cette pratique. Faut-il rappeler que trois commissions
d'enquête qui ont étudié la question de la fiscalité
municipale dans cette province, soit les commissions Smith, White et Blair, ont
conclu qu'il n'était pas justifié d'imposer des taux
différents et qu'un taux uniforme était
préférable.
En ce qui concerne la détermination exacte du taux maximal, il
convient de souligner que le niveau proposé correspond au multiple de
5.0 qui a été recommandé par le comité conjoint
référence, page 46 du rapport du comité conjoint
Québec-municipalités du 20 octobre 1979.
Finalement, nous voudrions indiquer que le texte de la loi pourrait
simplement prévoir qu'il peut exister deux taux de taxe foncière
générale dans une municipalité: un taux pour les immeubles
résidentiels et un autre pour les immeubles, ce dernier taux ne pouvant
dépasser 160% du premier taux. (20 h 45)
L'avantage principal de cette formulation, c'est que les
municipalités obtiendraient ainsi du gouvernement fédéral
un paiement d'"en-lieu" de taxes qui comprendrait la taxe d'affaires qu'il
s'est toujours refusé à payer jusqu'à présent.
La présence des commissions scolaires dans le champ de
l'impôt foncier. La position du comité conjoint relativement au
financement des commissions scolaires est claire: le champ foncier doit
être réservé exclusivement aux municipalités. Les
raisons qui motivent ce point de vue sont nombreuses.
Premièrement, il faut bien reconnaître que la seule
entité locale qui existe et qui peut prétendre
au statut de "gouvernement", c'est la municipalité. Les
commissions scolaires ont peut-être déjà joui de ce statut
mais, aujourd'hui, avec plus de 90% des dépenses nettes financées
par des subventions gouvernementales et chaque catégorie de
dépenses étant normalisée à l'échelle
provinciale, il est plus juste d'affirmer que les commissions scolaires
constituent des entités administratives locales. Le pouvoir de taxer
doit appartenir de plein droit à des gouvernements. D'ailleurs, nous
avons nous-mêmes appliqué ce principe fondamental en refusant aux
communautés urbaines le pouvoir de taxer directement. Compte rendu du
statut administratif des commissions scolaires et de la nécessité
de structurer le système de façon à bien établir
l'imputabilité des administrateurs scolaires vis-à-vis de leur
clientèle, il nous apparaîtrait préférable d'avoir
recours à des formules de tarification à l'usager.
Deuxièmement, le principe de l'autonomie locale et son corollaire
requièrent que les municipalités aient l'assurance de pouvoir
bénéficier pleinement de leur richesse foncière. Compte
tenu de la nature à long terme de plusieurs engagements de la part des
municipalités, il ne suffit pas de connaître la marge de manoeuvre
dont elles disposent pour une année donnée; elles doivent aussi
être raisonnablement certaines que celle-ci sera disponible dans
l'avenir. À cet égard, le mode de détermination des
besoins financiers autonomes des commissions scolaires, qu'il soit fondé
sur le concept des dépenses non admissibles ou sur celui d'un
pourcentage des dépenses nettes, laisse place à trop d'arbitraire
pour constituer la garantie que les ressources fiscales des
municipalités ne seront pas rognées en deçà d'un
niveau acceptable.
On pourrait qualifier les commentaires qui précèdent
d'indûment alarmistes. Tel n'est pas le cas. Les événements
récents viennent confirmer que nos inquiétudes sont
justifiées et démontrent le bien-fondé de la
recommandation du comité conjoint. Ce dernier enjoignait le gouvernement
de prendre les mesures nécessaires afin que le montant de l'impôt
foncier pour le financement des dépenses scolaires non admissibles aux
subventions d'équilibre budgétaire soit maintenu au niveau
perçu en 1978/79 et décroisse de 20% par année à
compter de l'entrée en vigueur de la réforme.
Dans le document donnant des renseignements supplémentaires sur
la réforme de la fiscalité municipale qui accompagnait le
discours sur le budget, on pouvait lire: "La pierre d'assise de la
réforme de la fiscalité municipale est le transfert du champ de
l'impôt foncier scolaire normalisé, cette mesure étant
essentielle à la revalorisation de l'autonomie des municipalités
et au réaménagement cohérent de leurs sources de
financement. Le transfert est comptabilisé sur la base de l'impôt
foncier normalisé actuellement perçu par les commissions
scolaires... À cet égard, soit l'impôt foncier pour le
financement des dépenses non admissibles aux subventions
d'équilibre budgétaire, le gouvernement introduira un
mécanisme de freinage afin d'éviter que cet impôt n'occupe
une part trop importante du champ foncier." Références, tel que
je vous l'ai mentionné plus avant.
Mais voilà, sur la base des budgets des commissions scolaires
1978/79, les revenus de taxes supplémentaires potentiels, en vertu des
limites proposées par le projet de loi et au-dessus desquelles les
commissions scolaires devront tenir un référendum, sont
évalués à $116 millions par rapport à des
dépenses non subventionnées de $106 millions pour cette
même année. Par ailleurs, si le programme de
péréquation s'était appliqué, les commissions
scolaires auraient bénéficié d'une subvention de $7
millions avec un maximum de $13 millions, si elles avaient levé un
impôt foncier équivalant aux limites fixées. Donc, c'est
une somme additionnelle de $23 millions que le gouvernement accorde aux
commissions scolaires sur la base des budgets de 1978/79, dont $10 millions
proviennent d'une ponction dans le champ de l'impôt foncier qui "devait"
être réservé aux municipalités.
Face à cette situation, nous ne pouvons que
réitérer votre demande qu'il soit clairement établi que le
champ de l'impôt foncier appartient exclusivement aux
municipalités. Compte tenu en premier lieu de la difficulté que
représente la mise sur pied d'une nouvelle formule de dépenses
inadmissibles qui ne fasse pas appel à l'impôt foncier, et en
second lieu, de la nécessité de préserver l'acquis de la
réforme fiscale, nous recommandons que les mesures suivantes soient
adoptées par le gouvernement: 1) Que les commissions scolaires percevant
des revenus supplémentaires excédant le plafond fixé pour
une année donnée soient tenues de compresser l'impôt
excédentaire au plafond sur une période de trois ans. 2) Que la
limite à l'occupation, par les commissions scolaires, du champ foncier
pour le financement des dépenses non subventionnées, soit
fixée d'année en année, l'objectif étant de
réaliser l'évacuation complète du champ foncier d'ici cinq
ans.
Le principe étant établi que le champ de l'impôt
foncier appartient de droit aux municipalités, et l'objectif
étant d'assurer l'intégrité des ressources fiscales des
municipalités, nous avons de fortes réserves sur la valeur et la
pertinence du mécanisme référendaire prévu dans le
projet de loi 57. À cet égard, il nous apparaîtrait
préférable que les commissions scolaires soient tenues de
demander aux municipalités concernées si elles ont des objections
à ce que soit augmenté le taux de la taxation pour financer les
non-admissibles, à la condition, toutefois, que ce taux soit
inférieur au plafond fixé pour l'année en cours. Advenant
le refus de la municipalité de donner accès à ses propres
ressources à la commission scolaire, la municipalité aurait
l'obligation de tenir un référendum sur la question. Les frais
encourus pour la tenue de ce scrutin seraient à la charge de la
commission scolaire.
L'équité fiscale. L'équité fiscale pose
d'abord et avant tout le problème de l'assiette foncière. Tout
citoyen doit contribuer pour les bénéfices que la corporation
municipale lui fournit. Vient en corollaire la neutralité du
régime fiscal. Un régime équitable doit faire en sorte que
tous les contribuables soient sur un pied d'égalité au titre de
la cotisation.
Le comité conjoint a précisé qu'au niveau
municipal, l'équité fiscale prenait les dimensions suivantes: a)
le principe de l'équité fiscale repose sur le principe de la
taxation selon les bénéfices reçus; b) elle commande le
respect de l'intégrité de l'assiette foncière; les
exemptions doivent être éliminées, les gouvernements, les
sociétés d'Etat et autres organismes publics possédant des
immeubles doivent être considérés comme des contribuables
à part entière; c) l'assiette foncière doit reposer sur un
même concept pour tous, soit celui de la valeur marchande.
Plusieurs articles du projet de loi 57 ne respectent pas l'une ou
l'autre de ces dimensions de ce principe fondamental.
Le plus important est sans contredit l'article 197. À cet
article, les exceptions mentionnées peuvent être regroupées
en six catégories: 1) les exceptions découlant du droit
constitutionnel, soit les articles 197, paragraphes 1 et 2; 2) une exception
découlant du simple bon sens ou de concordance; on ne peut se taxer
soi-même (les paragraphes 4 et 7 du même article); 3)les exceptions
sur les immeubles servant au culte (paragraphes 8 et 9 du même article);
4) les exceptions découlant du fait que l'on ne veut pas assujettir un
autre organisme public qui n'est pas un gouvernement supérieur au
régime général de taxation (les paragraphes 5, 6, 13, 14,
15 et 16 de l'article 197, toujours); 5) les exceptions découlant de la
nature sociale ou communautaire de l'activité du propriétaire
(paragraphes 10 et 11); 6) les autres exceptions, (paragraphes 12 et 17); 7)
les lois oubliées: a) article 33 de la Loi sur les biens culturels; b)
l'article 156 de la Loi sur les terres et forêts. La taxe foncière
n'est pas la seule à ne pas être payée. La taxe d'affaires
subit le même sort, une autre atteinte à l'équité.
Les lois oubliées: a) Loi sur les associations coopératives,
article 80; b) Loi sur les caisses d'épargne et de crédit,
article 77; c) Loi sur les sociétés coopératives
agricoles, article 4; d) Loi sur les syndicats coopératifs, article 6.
On a établi plus haut que le corollaire de l'équité c'est
la neutralité. Il y a trois façons de la contrecarrer
vis-à-vis des contribuables. D'abord, établir des plafonds
artificiels pour des immeubles particuliers, les articles 204 à
213 sans compenser un manque à gagner possible dans les coffres
municipaux pour des objectifs d'intérêt collectif. Ensuite, fixer
une compensation pour la taxe d'affaires et foncière pour partie
seulement des bénéfices reçus et de façon
différente, selon les personnes article 251, deuxième
paragraphe enfin, payer éventuellement une compensation
article 203.
Une solution au problème de l'équité. Il est
évident que le projet de loi no 57 doit respecter le cadre
constitutionnel. Par conséquent, nous admettons la
nécessité des exceptions prévues à l'article 197,
paragraphes 1 et 2.
Quant à l'article 197, paragraphe 3, la portée de
l'exemption est trop large et ne devrait porter que sur les installations
sportives proprement dites. L'exception, au paragraphe 4, est raisonnable et
pratique. Celle prévue au paragraphe 7 est simplement de concordance
avec l'article 60 et, par conséquent, doit être
conservée.
En ce qui concerne les exceptions pour les immeubles servant au culte,
paragraphes 8 et 9 le comité conjoint avait
recommandé de les conserver et nous sommes d'accord avec ce point de
vue.
Les autres exceptions nous apparaissent transgresser le principe de
l'équité fiscale. Il serait préférable de ne pas
les définir comme "exempts de toute taxe foncière" afin de
vraiment établir les principes de la réforme de la
fiscalité municipale et de les faire entériner par
l'Assemblée nationale. Par contre, rien n'empêcherait, comme
mesure transitoire, de prévoir dans d'autres articles du projet de loi,
soit que la municipalité a le pouvoir d'appliquer un taux de taxe
foncière différent, soit les proportions de la taxe
foncière qui seront effectivement payées par certains organismes,
selon un échéancier précis, au terme duquel ils
deviendront des contribuables à part entière.
Ainsi, nous sommes d'avis: a) que les exceptions prévues aux
paragraphes 5, 6, 12 et 17 ne devraient pas exister et aucune mesure
spéciale ne devrait être prévue; b) dans le cas des
exceptions prévues aux paragraphes 10 et 11, celles-ci devraient
être rayées de l'article 197. Cependant, on devrait conserver un
article similaire à l'article 198, prévoyant que les
municipalités peuvent, si elles le jugent opportun, imposer ces
immeubles à un taux moindre que le taux général de
taxation; c) afin de se conformer aux principes directeurs de la réforme
fiscale, les paragraphes 13, 14, 15 et 16 devraient être rayés du
projet de loi. Dans sa version finale, la loi 57 devrait: établir
clairement la proportion du taux général de taxation que devra
payer chacun de ces immeubles en 1980; ii. établir
l'échéancier précis au terme duquel ces organismes seront
des contribuables à part entière.
Dans les faits, cela signifie que la loi doit prévoir exactement
la proportion du taux général de taxation qui sera payable
à chaque année d'ici 1985, date à laquelle le gouvernement
s'est engagé à ce que tous ces immeubles soient taxés
comme les autres contribuables.
Sécurité juridique et simplicité administrative: Le
propre de toute loi, c'est de garantir, dans ses dispositions et son langage,
la sécurité du justiciable, en tenant compte des
possibilités d'application et d'administration du document
législatif.
Les règles du jeu doivent être claires, connues à
l'avance et libres de tout type de discrétion. Plusieurs dispositions du
projet de loi no 57 contreviennent à ces principes. À titre
d'exemples, et d'exemples seulement, les articles 30, 31, 55, 74, 75, 119, 125,
142, 515, 517, 535 et 539. Ces articles et bien d'autres font l'objet de
commentaires au mémoire, en annexe.
M. le Président, avec votre permission, avant de tirer une
très brève conclusion de mes commentaires, je vous demanderais la
permission d'inviter M. Yvon Lamarre, qui est président du comité
exécutif de la ville de Montréal, à vous faire maintenant,
de façon beaucoup plus compétente que je pourrais peut-être
le faire, des réflexions et des observations qui sont pertinentes et
particulières à la ville de Montréal, qui est quand
même, je pense, la ville qui regroupe la majorité des citoyens du
Québec. Je tiens à vous souligner que la ville de Montréal
est membre de l'Union des municipalités et que les
représentations et les commentaires qui pourraient être faits
s'intégreraient à l'intérieur des représentations
de l'union.
Le Président (M. Jolivet): Monsieur, je ne peux pas vous
donner la permission, comme vous l'avez vu, cet après-midi, avec un
autre organisme. Mais, me fiant au consentement qui a été
accordé, je pense que je peux vous l'accorder. Allez, M. Lamarre. (21
heures)
Ville de Montréal
M. Lamarre (Yvon): Merci, M. le Président. Je tiens
à vous remercier de nous permettre de nous associer à l'Union des
municipalités pour vous faire connaître les commentaires de la
ville de Montréal concernant le projet de loi 57 actuellement devant
l'Assemblée nationale.
Nous avons jusqu'à présent attendu, avant de vous
présenter d'une façon officielle les commentaires de la ville de
Montréal, de se faire entendre devant la commission parlementaire; je
pense que c'était l'endroit par excellence pour que les membres de cette
Assemblée nationale puissent connaître exactement les points sur
lesquels la ville de Montréal voudrait surtout faire ses commentaires et
ses suggestions.
Nous avons, comme toute autre municipalité, participé
à ce comité conjoint Québec-municipalités sur la
fiscalité municipale, avec les autres villes, l'Union des
municipalités, l'Union des conseils de comté, et nous avons cru
réellement qu'il était nécessaire de participer
très étroitement à cette réforme de la
fiscalité qui, pour l'ensemble des municipalités du
Québec, est certainement une chose nécessaire et essentielle si
nous voulons permettre aux municipalités de s'épanouir à
l'intérieur du Québec.
Je pense que cette réforme sur la fiscalité est un peu le
parent de ces grandes réformes que nous avons connues sur le plan des
affaires sociales ou encore dans le domaine scolaire et nous jugeons que cette
réforme sur la fiscalité est tellement importante que nous avons
cru nécessaire de demander à l'Union des municipalités de
pouvoir nous associer à elle pour vous faire nos représentations
de façon officielle ici.
Vu que le temps court, je vous demanderais, M. le Président, de
pouvoir recevoir complètement le mémoire que nous
présentons, même si je ne lirai que quelques extraits de ce
mémoire que nous avons déposé devant cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): Consentement.
M. Lamarre: Merci. C'est donc confiant de pouvoir ramener le
fardeau fiscal de Montréal à un niveau équitable, par
rapport à celui des autres villes de la province, et compétitif,
par rapport à celui des autres grandes villes nord-américaines,
que nous avons entrepris de travailler dans le cadre du comité conjoint
Québec-municipalités.
Il est clair en effet qu'un système fiscal qui avait
été, à l'origine, conçu pour répondre
à des exigences en services municipaux très restreintes ne
convenait plus aux besoins d'une ville qui devait, par exemple, assurer les
services de police judiciaire destinée à lutter contre le crime
organisé, disposer d'un service de lutte contre l'incendie capable
d'intervenir dans la Place Ville-Marie, déneiger 1668 kilomètres
de rues en 72 heures, construire un métro, assurer une vie culturelle et
artistique à l'ensemble de la région montréalaise,
rénover son stock de logements immobiliers et urbains, dynamiser
l'activité industrielle et commerciale.
C'est donc par cette réforme et les demandes des
municipalités et de la ville de Montréal que nous avons transmis
au gouvernement, par le biais des rapports du comité conjoint, nos
demandes.
Je ne voudrais pas revenir ici sur tous les éléments de ce
projet de loi, mais plutôt vous souligner certains points qui nous
paraissent absolument vitaux pour la ville de Montréal.
La ville de Montréal a demandé, et cette demande a
été endossée par l'ensemble des municipalités, que
la réforme lui procure un gain net de $60 millions. Ce montant peut
évidemment paraître élevé, mais sur un budget total
qui s'approche de $1 milliard, il s'agit d'un pourcentage bien modeste.
Ce gain net est d'autant plus nécessaire que la réforme
confine les municipalités au champ foncier et leur enlève leurs
sources de revenus les plus dynamiques telles que la taxe de vente.
Il serait difficile par ailleurs de justifier une réforme qui
devait supposément rétablir un équilibre entre
responsabilités et ressources, mais qui en fin de compte
équivaudrait à un statu quo au plan des ressources.
En ce qui regarde plus précisément Montréal, notre
administration a entrepris un programme de revitalisation urbaine et de relance
économique,
mais la réussite d'une telle entreprise est de toute
évidence liée d'une part à un allégement du fardeau
fiscal de nos contribuables et, d'autre part, à la préservation
de notre marge de manoeuvre budgétaire, ce qui ne sera possible que si
la réforme génère les gains nets qui nous avaient
été promis.
Actuellement, les entreprises montréalaises sont soumises, outre
les taxes foncières, les taxes scolaires et les taxes d'eau, à
une taxe d'affaires de 13,75% par $100 de valeur locative, plus une surtaxe de
$0.43 de la ville de Montréal, de $0.60 de la Communauté urbaine
de Montréal et de $1.14 du scolaire, si elles valent $100 000 ou plus,
ou si elles sont incorporées dans le cas de la surtaxe scolaire. Il
n'est pas besoin d'être grand économiste pour comprendre qu'un tel
fardeau rebuterait n'importe quelle entreprise et l'inciterait à
s'établir dans une ville autre que Montréal et c'est exactement
ce qui se passe.
Le comité conjoint avait donc demandé que tout en
garantissant à Montréal un gain net de $60 millions, la taxe
d'affaires et les surtaxes y soient remplacées par une taxe d'affaires
de 15% appliquée sur un rôle de valeur locative de $457 millions,
ce qui correspondait à un fardeau fiscal d'environ $68 millions. La
réforme, par contre, ne procure à la ville de Montréal un
gain net de $67 millions que si elle accepte d'appliquer un taux de taxe
d'affaires de 21,5% sur un rôle de $653 millions, ce qui correspondrait
à un fardeau fiscal de $140 millions, soit à peu près ce
qui existait avant la réforme de la fiscalité. Outre le fait que
cette proposition ne répond pas à notre demande, qui était
de réduire le fardeau fiscal des entreprises, elle soulève
plusieurs autres problèmes sérieux. Le rôle de valeur
locative de la ville de Montréal, tel qu'actuellement gelé, est
estimé à $457 millions. Le chiffre gouvernemental de $653
millions représente la valeur locative brute dégelée, mais
ce n'est pas accepté et, encore jusqu'à présent, le
commissaire à l'évaluation de la Communauté urbaine de
Montréal n'accepte pas les chiffres qui ont été
publiés par le gouvernement. La loi 57 prévoit que, par ailleurs,
c'est la valeur locative nette et non brute qui devrait être
utilisée pour calculer la taxe d'affaires. Dans la mesure où la
valeur locative nette équivaut à environ la moitié de la
valeur locative brute, même si nous acceptions les chiffres
gouvernementaux, notre valeur locative nette ne dépasserait pas $325
millions. Notre taxe d'affaires rapporterait, non pas $140 millions, mais $70
millions, et notre gain net deviendrait presque nul, ou alors nous devrions
appliquer un taux de taxe d'affaires de 43% pour obtenir le gain annoncé
par le gouvernement. Il est certainement inutile de vous dire qu'une taxe
d'affaires de 43% serait simplement ridicule.
Plus grave peut-être encore que ce maintien du fardeau fiscal est
la nouvelle distribution de ce fardeau qui résulterait du projet de loi
no 57. L'établissement d'un taux de taxe d'affaires uniforme pour tous
a, en effet, pour conséquence de faire payer en partie par la petite et
la moyenne entreprise les surtaxes qui étaient payées auparavant
exclusivement par la grande entreprise.
Il en résulte une baisse de la charge fiscale des grosses
entreprises et une hausse de celle des petites entreprises. Le projet de loi no
57 a tenté de corriger ce problème par le biais du crédit
d'impôt, mais, comme l'ont démontré nos calculs, il n'y
parvient que très incomplètement.
Le maintien d'écarts substantiels avec les villes de banlieue.
Comme nous l'avons indiqué plus haut, l'un de nos objectifs est de
relancer l'économie montréalaise. Or, il va de soi que la
réforme, en maintenant la disparité fiscale qui existait entre
Montréal et les villes de la grande région métropolitaine,
n'encourage nullement cette entreprise.
En conclusion, sur la question de la taxe d'affaires, la ville de
Montréal tient donc à souligner qu'à son avis, la
recommandation qui a été faite à l'unanimité du
comité sur la réforme de la fiscalité municipale, le
comité conjoint, a été d'établir le taux à
15% sur un rôle d'évaluation de $457 millions, ce qui constitue,
dans le contexte actuel, la seule solution. Compte tenu des délais qui
nous ont été imposés, il m'est difficile de
m'étendre davantage, mais j'aimerais néanmoins, avant de
terminer, rappeler certaines demandes du comité conjoint qui n'ont pas
été retenues par la loi 57.
Bien qu'il ait reconnu le bien-fondé de notre position, le
gouvernement a refusé d'accéder à notre demande de nous
compenser totalement pour les frais de la police judiciaire. Compte tenu des
responsabilités particulières des trois grandes villes,
Québec, Montréal et Laval, le comité conjoint avait
demandé que leur soit conservée la taxe sur les repas. Cette
demande a été refusée. Les "en-lieu " de taxes
foncières payées par le gouvernement provincial correspondent,
tel qu'indiqué dans le discours du budget de 1979, à 100% de la
valeur foncière de ses propres immeubles et ceux des
sociétés d'Etat à 80% de la valeur des immeubles des
CEGEP, des universités, des hôpitaux et des centres d'accueil et
à 40% de la valeur des écoles primaires et secondaires.
Le gouvernement s'est, en outre, engagé à devenir un
contribuable à part entière pour toutes ces catégories
d'immeubles au cours des cinq prochaines années, ce qui correspond au
voeu du comité conjoint, mais cet engagement ne figure pas dans la loi
et demeure donc assujetti à l'arbitraire des gouvernements qui seront
alors en place.
Tout au long du processus de consultation qui a
précédé la loi 57, la ville de Montréal a
souligné l'urgence et la nécessité d'une réforme
qui permettrait d'alléger le fardeau fiscal des contribuables. Elle
tient simplement à rappeler aujourd'hui que, pour réaliser cet
objectif, la loi 57 devra se conformer aux recommandations du comité
conjoint.
M. O'Bready: En conclusion, M. le Président, je voudrais
vous dire que l'objet de ce mémoire sur le projet de loi 57 était
d'examiner si celui-ci
respecte les principes directeurs qui ont guidé les membres du
comité conjoint lors de l'élaboration du projet de réforme
de la fiscalité municipale. Cet examen nous a permis de constater que ce
projet de loi n'était pas construit de façon à
établir clairement les principes directeurs de la réforme de la
fiscalité municipale et que, par conséquent, il pouvait
difficilement servir d'assise à une démarche à long
terme.
Notre analyse a également fait ressortir la complexité du
projet de loi 57 qui résulte, dans une large mesure, du fait que l'on
modifie substantiellement la Loi de l'évaluation foncière. Nous
avons proposé aussi une approche beaucoup plus simple d'application pour
la taxe d'affaires, étant donné la complexité technique
des questions se rapportant à l'évaluation et de l'existence de
particularités locales qui impliquent qu'en pratique, les effets nets de
la réforme fiscale, pour chacune de nos municipalités, peuvent
donner des résultats non escomptés et contraires à
l'esprit de la réforme.
Nous réitérons à nouveau notre avis que le
gouvernement aurait avantage à confier au comité conjoint le
mandat de superviser la mise en oeuvre de la réforme et son suivi au
niveau des municipalités et, je le répète, tout en
étant d'accord pour qu'elle vienne en force dès le 1er janvier
1980, avec quelques bonifications ou améliorations,
espérons-nous. (21 h 15)
M. le Président, messieurs les membres, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, je désire d'abord
remercier l'Union des municipalités du Québec pour sa
présentation, dont elle nous avait déjà transmis les
grandes lignes lors de rencontres antérieures avec le comité
technique mis sur pied pour évaluer, justement, les modalités,
les modifications plutôt techniques qui pourraient être
apportées au projet de loi. Ce comité technique qui, en quelque
sorte, prit la relève du comité conjoint et qui regroupe des
représentants du ministère des Finances, du ministère des
Affaires municipales, un représentant de l'Union des
municipalités et de l'Union des conseils de comté, reçoit
à l'heure actuelle, au moment où nous nous parlons, les
représentations aussi bien des tiers que du monde municipal qui,
évidemment, dispose d'autres canaux de communication avec le
ministère que ce comité. C'est la raison pour laquelle nous nous
sommes déjà rencontrés sur un certain nombre de ces
points.
Je suis évidemment heureux de voir, d'une part, l'accord de
principe de l'Union des municipalités. J'aurais peut-être
souhaité, personnellement, un enthousiasme un peu plus délirant.
À l'heure actuelle, ma réaction est de vous demander: Est-ce
qu'on ne devrait pas mettre cela de côté et oublier cela
complètement et maintenir un certain statu quo? Je ne pense pas que ce
soit ce que l'Union des municipalités demande. C'est la raison pour
laquelle je pense qu'il y a lieu, finalement, de dire: Malgré tout cela,
l'Union des municipalités nous dit: Nous voulons ce projet et nous le
voulons pour le 1er janvier 1980. Si c'est cela, effectivement et je
pense que ça l'est il nous reste à nous asseoir ensemble
et à essayer d'améliorer ce qui peut l'être.
C'est bien évident qu'il y a un rappel de ces principes, des
remarques qui recoupent celles faites par l'Union des conseils de comté.
En ce qui concerne l'exclusivité de la taxe foncière, le
gouvernement a fait son lit sur cette question, il l'a dit, les commissions
scolaires maintiendront une part du champ de l'impôt foncier; cependant,
cette part est plafonnée, elle est limitée, elle est
freinée et, dans le contexte actuel, il ne nous apparaît pas
souhaitable de procéder à cette évacuation totale. Nous
maintenons cependant l'idée d'un abaissement sur une période de
cinq ans, à tout le moins pour cette part qui dépasse les 6%, ce
qui est le cas d'une cinquantaine de commissions scolaires sur les 247
existantes.
D'autre part, sur la question de l'intégrité de
l'assiette, j'y reviendrai tantôt, de même que sur les dispositions
transitoires dont on nous dit qu'elles ne sont pas sans causer un certain
nombre de problèmes, je vous rappellerai, M. le Président, que le
comité conjoint, gouvernement-monde municipal, le comité conjoint
1 avait remis son rapport, le premier, au mois de décembre 1978 et que
c'est au mois de mars que le ministre des Finances donnait la position du
gouvernement face à ce premier document qui contenait aussi ce
discours du budget des propositions pour les communautés
urbaines.
M. le Président, le monde municipal a demandé qu'on
réactive le comité conjoint pour lui confier le mandat d'examiner
ces propositions touchant les communautés urbaines, ce qui a
été fait avec le résultat que pendant les mois de mars,
avril, mai, juin, juillet, août, septembre et octobre, le comité
conjoint 2 a fait consciencieusement son travail, je pense, et nous a remis son
deuxième rapport exactement le 20 octobre. C'est 30 jours plus tard,
soit le 20 novembre, que le projet de loi no 57 a été
déposé avec les échéances que l'ont connaît.
Loin de moi l'idée de vouloir blâmer quiconque là-dedans,
je pense que tout le monde a travaillé au maximum, mais on se rend
compte que ça nous aurait tous aidés, également, si le
comité conjoint 2 avait remis son rapport un peu avant.
Ceci dit, M. le Président, je veux bien ajouter une certaine foi
aux revendications du monde municipal lorsqu'il prône, par exemple,
l'intégrité de l'assiette foncière. Je le constate aussi
bien dans le document de la ville de Montréal que dans celui de l'Union
des municipalités, cependant, je pense que ce principe est largement
consacré dans le projet de loi 57. Je pense que personne ne nous tiendra
rigueur de ne pas l'ériger de façon absolue, d'autant plus que le
monde municipal s'accommode très bien d'autres accrocs à ce
principe et notamment des subventions gouvernemen-
tales. Si on veut être cartésien et pousser le raisonnement
jusqu'au bout, supprimons les subventions au transport en commun qui n'ont plus
leur raison d'être, ce qui consacrerait l'autonomie locale au maximum.
Supprimons les subventions à l'épuration des eaux; supprimons
l'ensemble des subventions énumérées en annexe au discours
du budget sur la fiscalité municipale, aux bibliothèques
publiques, aux initiatives relativement au patrimoine, l'aide à
l'aménagement des cours d'eau municipaux, aux villages miniers, le
programme anti-inondation de la région de Montréal, les
programmes faisant suite aux accidents naturels en territoire
municipalisé, les subventions à l'entretien des chemins d'hiver,
à la restructuration municipale, à l'application de la Loi sur
l'urbanisme, à la confection des rôles d'évaluation.
M. le Président, je pense que, alors là, ou bien on est
cartésien et on pousse véritablement le système ou ses
principes à leur limite logique et ultime, ou bien finalement on
conçoit que, d'une part, il y a un certain nombre de programmes de
subventions qui sont maintenus et que, d'autre part, effectivement, le principe
de l'intégrité de l'assiette, tout en étant
affirmé, je crois, de façon claire et tangible en termes de
revenus additionnels pour les municipalités, souffre un certain nombre
d'accrocs. Je le veux bien. On a mentionné les édifices du culte,
par exemple, les cimetières avec tout le monde. L'Union des
municipalités est d'accord.
Par ailleurs, on nous dit: II faudrait que certaines exemptions à
l'endroit, par exemple, des syndicats professionnels... J'ai eu l'occasion de
dire là-dessus, M. le Président, qu'il s'agit d'une loi bien
particulière qui est celle de cette loi dite des syndicats
professionnels et, renseignements pris auprès des principales villes.
S'il y en avait parmi ceux qui sont ici présents qui pouvaient nous
apporter des exemples d'un seul syndicat professionnel qui serait
exempté d'impôt, qui se serait prévalu de ce pouvoir qu'il
avait dans la loi d'être exempté, j'aimerais en connaître un
seul exemple. On me dit qu'il n'y en a pas, de sorte que peut-être nous
pourrions effectivement faire sauter cet article dont, dans les faits, personne
ne s'est prévalu jusqu'à maintenant.
Je conviens, M. le Président que... J'ai tenté en tout cas
de démontrer à diverses reprises aux représentants du
monde municipal que, strictement sur une base d'affaires, ils font une fichue
bonne affaire. C'est vrai, ainsi que le mentionne le mémoire de l'UMQ,
que, les inadmissibles étant plafonnés à 6%, les
dépenses nettes passent de $106 millions à $116 millions pour
l'année en cours, ce qui veut dire une ponction, comme le dit le
mémoire de l'UMQ, de $10 millions dans le champ de l'impôt
foncier.
Or, en ajoutant un supplément, ce supplément étant
le fait pour le gouvernement du Québec de payer la taxe d'affaires sur
ces immeubles, cela vaut au monde municipal $22 millions de plus. $10 millions
de moins ou $10 millions de ponction dans le champ de l'impôt foncier
pour, si vous voulez, ce passage à 6%, d'une part, qui ne sont pas
enlevés au monde municipal, mais qui sont pris dans le champ
d'impôt foncier, et $22 millions de plus au seul titre de la taxe
d'affaires, il me semble que, si on regarde cela sur une base de proposition
d'affaires, cela reste, somme toute, quelque chose qui compense largement pour
ce qui a été maintenu au niveau du scolaire.
Je suis particulièrement sensible, d'un autre côté,
M. le Président, aux arguments évoqués concernant la taxe
d'affaires, concernant le rôle de valeur locative aussi bien par l'Union
des municipalités que par la ville de Montréal.
Je conviens que ce n'est pas là une question facile. On a eu
l'occasion d'en discuter avant. Lorsque nous sommes face à un immeuble
qui est loué, où on loue un certain nombre de pieds carrés
de plancher et qu'on le fait alors même qu'il n'y a aucune partition,
aucune division, aucun aménagement d'une part, et d'autre part, une
location où tout est aménagé en fonction des besoins du
client, l'on pourrait à strictement parler taxer deux individus sur deux
bases différentes selon qu'on prend le loyer sans distinction du net et
du brut.
Cependant, sans être un technicien de l'évaluation
foncière, je crois qu'il y a là un problème sur lequel
j'ai demandé au monde municipal de me faire des recommandations, et
particulièrement au comité technique. J'ai pris bonne note de la
suggestion qui nous était faite de baser la taxe d'affaires sur un
pourcentage de la valeur foncière. On suggère ici 60%, je vous
ferai remarquer que 5,5 fois le taux global de taxation basé sur la
valeur locative nous donne à peu près 66 2/3. Donc, on dit
60%.
J'ai pris bonne note des représentations, à savoir que les
commerces, les industries, cela pouvait se défendre de leur imposer une
taxe d'affaires en sus de la taxe foncière générale, parce
qu'ils demandent de la municipalité plus de services, donc un collecteur
plus gros, et une conduite d'amenée d'eau plus considérable et
des frais additionnels au niveau de la protection policière, des feux de
circulation, et que sais-je? On a donné moult exemples.
M. le Président, je vous ferai remarquer qu'avec le mode de
taxation proposé par l'Union des municipalités, à
première vue, hormis le fait qu'on a une difficulté
première qui provient de l'usage mixte de certains édifices pour
des fins commerciales, d'une part, et autres, évidemment en imposant une
taxe d'affaires basée sur un quantum de la valeur foncière, ce
problème existe. Je conviens qu'il ne soit pas insurmontable, mais il
est quand même très réel. D'autre part, l'autre argument
peut-être plus fondamental au niveau des principes, puisqu'on semble
faire beaucoup de cas ici du respect d'un certain nombre de principes, c'est
que ce n'est quand même pas le propriétaire parce qu'il est
proposé que cette taxe d'affaires soit imposée au
propriétaire et non pas au locataire mais bien l'occupant qui
génère l'activité économique, laquelle commande un
surcroît de services, une surconsommation des services municipaux. C'est
en quelque sorte l'occupant
qui doit, du fait de ce supplément d'activités, assumer la
note en un sens. Je ne sais pas comment on concilie les deux choses au niveau
des principes, tout en reconnaissant que cette taxe d'affaires est
imposée en raison même du surcroît d'activités
générées par une activité commerciale, donc
générées pour la municipalité, et d'un autre
côté, le fait que, finalement, celui qui génère
cette activité, c'est le commerçant ou l'occupant, et non pas le
propriétaire comme tel. Evidemment, il y a d'autres problèmes qui
sont liés à cela, comme le fait inflationniste que pourrait avoir
le fait de réclamer cette taxe au propriétaire qui,
évidemment, en en faisant la répartition à
l'intérieur de ses loyers, pourrait y inclure des frais
d'administration. C'est là quand même une autre donnée.
Personnellement, je suis ouvert à une formule de rechange qui comporte
le moins d'inconvénients possible pour le monde municipal, qui rejoigne
les principes d'équité qu'on a mentionnés tantôt et
de facilité, de simplicité administrative. Jusqu'à ce que
nous en venions à une telle formule, je n'ai personnellement pas
d'objection à ce que nous nous contentions des rôles de valeur
locative à peu près tels qu'on les connaît
présentement. Je dis à peu près, parce que je sais
pertinemment qu'ils sont à des niveaux différents, ces
rôles. Ils seront soumis aussi à cette évaluation que le
ministère fera de l'indice ou du niveau du rôle tout à fait
comme l'indice de valeur foncière. (21 h 30)
M. le Président, j'ai aussi noté le fait que l'on
maintienne que l'autonomie locale serait un peu sacrifiée par un certain
nombre de règlements, règlements qui ont trait, notamment, au
contenu minimal du compte de taxes, au contenu minimal de l'avis
d'évaluation, autres règlements également reliés
à l'offre qui devrait être faite aux contribuables de payer leurs
taxes par versements.
M. le Président, je pense qu'il ne faudrait quand même pas
que l'on se bouche les yeux sur le fait que certains comptes de taxes ne sont
pas ce que j'appellerais des modèles de renseignement à
l'intention du citoyen, alors que, par ailleurs, il m'a été
donné de recevoir de certaines municipalités des spécimens
que je trouve fort bien faits, de même que des sommaires des budgets des
municipalités.
N'ayant pas la science infuse, c'est évidemment avec le monde
municipal que j'aimerais pouvoir élaborer ces espèces de
prototypes d'avis de comptes et autres, à l'intention de l'ensemble des
municipalités. Evidemment, la façon de faire ça, je
termine là-dessus, M. le Président, je rejoins une des
requêtes de l'Union des municipalités c'est de dire: Le
comité conjoint devrait faire une espèce de si on me
permet l'expression "monitoring", être à l'écoute,
faire le suivi de la réforme de la fiscalité.
Je pense que c'est tout à fait justifié, je l'ai dit au
congrès de l'union, le premier ministre l'a répété
à ce moment, le problème, c'est que notre président nous a
quittés, maintenant. Evidemment, il se retrouvera dans la région
de Sherbrooke. Je ne sais pas dans quelle mesure le président de l'Union
des municipalités saura trouver les mots pour le convaincre, lui ou
quelqu'un d'autre, de continuer à faire fonctionner ce comité de
la façon aussi efficace et harmonieuse qu'il a fonctionné
jusqu'à maintenant.
M. le Président, ça m'apparaît tout à fait
aller de soi que ce comité doit assurer, surveiller l'implantation de
cette réforme, je n'irais pas jusqu'à dire avec l'engagement
formel de rouvrir la loi en 1981, mais très certainement d'apporter, en
cours de route, les ajustements qui s'imposeront.
Quant à la question plus spécifique du rôle de
valeur locative de la ville de Montréal, dont le niveau serait, au dire
de la ville, de $457 millions et, selon certaines estimations qui avaient
été faites et qui avaient situé ce rôle à 70%
de la valeur marchande, et qui le situeraient donc réellement à
un taux de $653 millions, M. le Président, nous sommes en train
les gens de la ville de Montréal et les nôtres d'essayer de
faire les conciliations qui s'imposent et, à un moment donné,
j'imagine que nous devrons nous rendre à une certaine
évidence.
Je voudrais conclure, M. le Président, en disant que cette
réforme de la fiscalité, nonobstant certains passages du
mémoire de la ville de Montréal, qui parle d'injustices
passées en ce qui concerne le fait qu'on assumera, à l'avenir,
100% des coûts du métro et non pas rétroactivement, je veux
dire, M. le Président, que ces injustices, si elles ont existé,
ne sont pas le fait de l'actuel gouvernement.
Le deuxième point que je voudrais soulever, c'est qu'il ne
faudrait quand même pas on parlait de rétablir
l'équilibre ou le caractère compétitif de la ville de
Montréal par rapport aux villes de banlieue demander à une
réforme fiscale à elle seule de refaire 20 ou 25 ans d'histoire,
avec l'étalement urbain et les problèmes qui ont amené un
certain exode vers la banlieue et qui sont liés à toutes sortes
de politiques ou à l'absence de politiques d'habitation et
d'aménagement. Je ne parle pas pour la ville de Montréal, je
parle, par exemple, au niveau de la Société centrale
d'hypothèques et de logement, qui a favorisé un type d'habitat
qui était l'habitat que l'on retrouvait en banlieue, le type de maison
pavillonnaire unifamiliale.
M. le Président, des mesures sur le plan de l'urbanisme, sur le
plan de l'aménagement, sur le plan du transport en commun, sont autant
de mesures qui doivent se conjuguer avec des mesures fiscales pour amener les
correctifs souhaités. Justement, le volet de la réforme fiscale
concernant le transport en commun notamment, avec la possibilité de
l'émission de laissez-passer avec réduction de 30% des tarifs et
compensation pour le gouvernement à 110% de la valeur, sont autant de
mesures qui peuvent concourir à cela.
Mais, M. le Président, c'est l'effet conjugué, je pense,
de tous ces éléments, plus une volonté politique de part
et d'autre de donner à cette option que nous avons prise, par exemple,
qui est
la consolidation du tissu urbain montréalais et je pense par
exemple à des mesures comme la loi 90 sur le zonage agricole, qui sont
autant de mesures qui viendront restreindre en tout cas cet exode, sinon
encourager en tout cas un retour vers la grande ville.
J'arrête là mes remarques et je pense que nous nous
étions engagés à essayer d'obtenir pour la ville de
Montréal, au moyen de cette réforme, une somme de $60 millions.
Je pense que nous visons cet objectif, cet ordre de grandeur et rien ne nous
permet de croire jusqu'à maintenant que nous ne pourrons pas
l'atteindre.
Le Président (M. Jolivet): M. le représentant, M.
O'Bready, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. O'Bready: Non, je n'ai pas grand-chose à ajouter, sauf
peut-être pour dire à M. Tardif... Evidemment nous n'avons pas
parlé ici des avantages de la Loi sur le transport en commun ni de la
Loi 90. Le but de ce mémoire n'est pas de juger toutes les actions du
gouvernement à l'égard des municipalités.
Deuxièmement, je pourrais peut-être simplement mentionner que ce
n'est pas que les municipalités ne sont pas enthousiastes devant les
bienfaits de la réforme fiscale, sauf que nous tentons de la projeter
à moyen et à long termes et à simplement étudier
avec le gouvernement et avec les représentants à
l'Assemblée nationale, les impacts et les effets de cette
réforme, non seulement à très court terme, mais,
également à long terme.
Alors, le but de l'Union des municipalités n'est pas de
détruire ce qui a été fait par les décisions
gouvernementales soit au niveau du budget, soit au niveau de la loi 57, mais
simplement, comme je le disais en conclusion, de tenter de les bonifier parce
que l'on sait fort bien que la réforme comme telle ne s'appliquera pas
strictement à 1980 ou à 1981, mais qu'elle aura une vie beaucoup
plus durable. C'est peut-être un exemple que nous avons donné
tantôt; on ne s'attend pas à retrouver dans le projet de loi 57
des grands énoncés de principe. Je pense qu'on ne les retrouve
pas normalement dans une loi. C'est plutôt, M. le ministre, une question
de structure de la loi et le meilleur de ça était peut-être
l'exemple du système de compensation ou des immeubles qui devenaient
taxables sur une période d'ici à 1985, qu'on puisse retrouver
ça, une certaine consécration de ces principes-là dans la
loi comme telle.
C'est simplement les remarques additionnelles que je voudrais ajouter
aux représentations déjà faites.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Vous comprendrez que sur un dossier de la sorte ce
n'est pas ce soir qu'on peut vider la question, malheureusement, même
avec toute la meilleure volonté du monde; le dossier est tellement
complexe!
Nous avons posé des questions tout à l'heure à
l'Union des conseils, aux représentants de l'Union des conseils de
comté qui sont pratiquement connexes avec les vôtres, sauf
à un palier différent de municipalités rurales au lieu de
municipalités régies par la Loi des cités et villes.
J'ai remarqué que le maire O'Bready, président de l'Union
des municipalités, avait en somme les mêmes appréhensions
que nous sur le résultat, soit dans l'immédiat, dans le budget
des municipalités pour 1980. On sait, il s'agit d'être
réaliste, je pense bien, qu'il va y avoir une période de rodage.
Il y a une multitude d'inconnues.
Je suis très heureux au moins que jusqu'au moment de la
deuxième lecture, nous étions les seuls, uniquement les partis de
l'Opposition, Parti libéral et Union Nationale, qui étions
envahis de doutes et de craintes sur ce que ça représentait, au
point de vue strictement pratique, au point de vue de dollars et cents.
À ce moment-là, même à la suite de demandes
répétées des Oppositions à la période des
questions ou autrement, pour demander une telle commission parlementaire, nous
avions l'impression que d'un côté de la Chambre le doute
subsistait, les points d'interrogation se multipliaient, mais qu'en face de
nous existait la tranquillité certaine et assurée de tous les
chiffres et des dernières simulations qui circulaient.
Au moins, cette commission parlementaire nous permet de dire que nous
n'étions pas les seuls à être envahis par ce doute et par
ces points d'interrogation, par ces multiples inconnues. On termine
bientôt cette commission parlementaire. Je pense que cela a quand
même levé un tantinet ou un tant soit peu le voile sur les
données pratiques de cette très grande réforme. Dans toute
réforme, il y a des choses sans doute valables, il y en a d'autres qui
le sont moins. C'est au cours des mois, des jours et des ans qu'on vivra qu'on
verra le résultat de cette réforme.
Je me suis permis de faire des exercices avec des documents que j'ai
eus, les multiples documents du comité conjoint et des documents
émanant du ministère des Affaires municipales, sur une ville que
je ne nommerai pas, mais où j'habite. En faisant des comparaisons, je
vois la simulation dans le dernier document qui a été
déposé vendredi, à la page 54, où tous les calculs
du ministère ont été faits sur une simulation
d'augmentation de dépenses pour l'ensemble des municipalités de
10,5%, augmentation fiscale ou augmentation des dépenses globalement au
Québec, pour l'année qui vient.
D'après mes enquêtes, on me dit que cela va être
énormément supérieur à cela. Dans la période
inflationniste, avec les problèmes d'énergie que nous avons et
tout, des gens du milieu municipal m'ont dit entre autres que les
dépenses dans le domaine du transport vont augmenter fort possiblement
de 20%; dans l'énergie, l'électricité, le pétrole,
etc., c'est au moins 15%; dans le déneigement pour les
municipalités, c'est au moins 15%; les produits chimiques et tout
c'est peut-être un élément un peu plus modeste dans
l'administration d'une commune ou d'une ville on me dit
que c'est 30%. Dans les dépenses d'ordures
ménagères et tout, les déchets, on me dit que cela peut
varier, mais on me donne des chiffres de 20% d'augmentation, le service de
dette des municipalités, on a commencé une politique
accélérée d'assainissement, c'est un point qu'on n'a pas
encore abordé aujourd'hui. J'aurai peut-être des questions
à poser sur les incidences de la politique d'assainissement du
gouvernement. Les augmentations du service de la dette prévues dans des
budgets projetés dans cette ville-là, c'est de 18%; les
bénéfices sociaux, c'est 11% d'augmentation, les salaires, les
conventions collectives qui sont en cours de route, à tous les niveaux,
c'est environ on me dit que cela peut être collé un peu au
règlement que la province a eu autour de 10%, possiblement,
"mutatis mutandis". Les salaires en surtemps, le téléphone,
l'énergie, c'est 15%; le transport, j'aime autant ne pas mentionner le
montant qui est prévu ici, cela vous ferait peur. Cette moyenne que j'ai
pour une ville, c'est au moins 17,5% d'augmentation sur le budget de
l'année dernière et vos calculs ont été faits sur
une simulation de 10,5%. Cela veut dire qu'il y a tout de suite 7%... Vos
projections de gains qui doivent aller aux municipalités sont tout de
suite débalancées.
Je me dis qu'une réforme de la sorte, s'il faut que dans un an il
y ait une variante de 7% à 8% avec les projections du ministère,
qui, par exemple, prévoirait une augmentation de dépenses de
10,5% et ce serait 17% ou 18%, n'aura pas une vie plus longue que deux ans. Un
an à la roder et là, vous allez avoir pratiquement l'assiette au
complet, sauf les 6% des commissions scolaires qui représentent $100
millions sur des budgets totaux des municipalités qui sont à peu
près de $3 milliards. Même si on vous donne l'assiette
complète des $100 millions de dépenses admissibles des
commissions scolaires, ce n'est pas ce qui va régler votre
problème. Je me dis: Est-ce que cette réforme va vivre un an ou
deux et qu'on va revenir, dans à peine deux ans, à un nouveau
système de subventions conditionnelles ou inconditionnelles? (21 h
45)
Tout cela est relié à des questions que j'aurais à
poser, soit au président de l'Union des municipalités, sur les
doutes que vous avez, comme moi, sur les simulations, entre autres, où
on a connu des variantes énormes depuis un an ou deux ans. J'aurais une
première question à vous poser, M. le maire, M. le
président maire, dans votre milieu municipal, combien de
municipalités... est-ce que les municipalités de vos
collègues ou autres, vous, à Sherbrooke, M. le maire de
Montréal, M. le maire de ville d'Anjou, est-ce que vous avez une
idée du résultat, uniquement pour l'année qui s'en vient,
pour l'année 1980, est-ce que vous pouvez déjà dire: on
aura un surplus de x ou un déficit de x? Moi, je ne l'ai pas, tant mieux
si les municipalités l'ont.
Je ne sais pas si vous pouvez répondre à ça.
M. O'Bready: Je pense que la plupart des municipalités, M.
le député, ont déjà comparé les simulations
gouvernementales dans leur propre ville, ont déjà fait le
modèle dans leur propre ville. Il est évident que, pour certaines
villes, ça rencontre les perspectives qui, pour d'autres villes, peuvent
être inférieures. Comme le président de l'Union des
conseils de comté le disait, je pense, cet après-midi, il est
évident que la réforme, nous l'avons envisagée globalement
et nous entretenons, comme vous le faites, certaines appréhensions quant
à ses effets, à moyen ou à long terme.
C'est ce qui nous faisait dire, dans les toutes premières pages
du mémoire qu'on a soumis ce soir, que la réforme fiscale n'est
pas considérée comme un terme, comme quelque chose de complet,
mais peut-être comme une première démarche dans un
processus qui est fort long. Il fallait quand même commencer quelque
part. Deuxièmement, je pense que nous étions aussi fort
conscients de la marge de manoeuvre du gouvernement. Il est bien certain qu'on
devait travailler ou tenter de travailler à l'intérieur de cette
marge de manoeuvre. Troisièmement, il faudrait se rappeler que la
réforme c'est dans le discours du budget de mars 1979
était faite: en fonction de responsabilités existantes, comme
l'annonçait le ministre des Finances.
Il est bien sûr que toutes les autres responsabilités qui
viendront s'ajouter, je ne sais pas si vous les avez considérées
dans votre augmentation de 17%, mais j'ai entendu parler d'assainissement des
eaux ou des choses comme ça, il est sûr et certain qu'il y aura
peut-être des programmes spéciaux qui devront se greffer à
la réforme fiscale. D'ailleurs, dans le deuxième volet du
comité conjoint, dans le deuxième tome de ses études, le
comité conjoint préconisait certaines mesures spéciales
pour fins de rattrapage. Il est sûr et certain que les
municipalités ne pourront pas, actuellement, supporter
elles-mêmes, à même leurs ressources présentes, le
rattrapage au niveau de l'assainissement de l'eau et de l'air.
Je vous répète, je ne voudrais pas me relire ici, mais on
dit que le projet de loi 57 ne peut être envisagé comme le terme
d'un processus, mais plutôt comme le premier résultat.
Pour revenir à votre question précise, je pense que oui,
la plupart des municipalités ont fait des simulations, certaines villes
sont satisfaites, d'autres sont relativement satisfaites, d'autres sont moins
satisfaites. Mais il faudrait peut-être être honnête et
réaliser que certaines villes ont bénéficié d'un
traitement fort favorable pendant un certain nombre d'années, au plan de
leur fiscalité.
D'autres villes ont peut-être été plus
pénalisées. J'écoutais cet après-midi M. Mailloux
donner l'exemple de différentes municipalités, mais je pense que
je ne dévoile pas de secret, M. le député, en vous
rappelant que certaines villes vivaient presque uniquement de la
péréquation de la taxe de vente et avaient un taux de taxation
très bas, alors que d'autres villes devaient supporter un fardeau
financier fort élevé.
Je n'ai pas à juger du système, je n'ai pas à
être jaloux des municipalités qui profitaient des largesses du
système autrefois. Mais je vous
rappelle qu'un des principes de la réforme, telle que
préconisée présentement, c'est l'équité pour
tous les contribuables. Alors, l'équité pour les contribuables,
c'est que tous les contribuables des collectivités locales paieraient
normalement pour la quantité et la qualité des services qu'ils
obtiennent. Si on veut analyser très honnêtement la
réforme, il faut réaliser que c'est vrai, elle est à court
terme pour certaines villes, peut-être un peu plus à moyen terme
pour d'autres villes. Oui, c'est vrai qu'elle ne règle pas tous les
problèmes et qu'il faudra se pencher à nouveau sur ça,
oui, c'est vrai que nous avions une marge de manoeuvre, qu'il y aura des
processus à imaginer, mais il faut se rappeler qu'on corrige
peut-être aussi certaines inéquités.
Si vous me permettez l'expression anglaise, il y a eu du "give and take"
dans la réforme, il y a eu quatre ou cinq simulations. Certaines se sont
avérées fort avantageuses et le résultat final a
donné à peu près $331 millions pour l'ensemble des
municipalités du Québec.
Je fais exclusion du transport en commun à dessein, parce que ce
n'est pas la loi dont nous traitons ce soir. Je pense que, si vous me demandez
la perception de l'ensemble des municipalités on a 245 ou 246
municipalités membres de l'Union c'est à peu près
la perception que nous décelons présentement, avec, bien
sûr, des appréhensions, mais nous considérons tout de
même que c'est un départ. C'est pour cela, d'ailleurs, que nous
demandons un suivi de la réforme fiscale par le biais du comité
conjoint, par le biais des mécanismes conventionnels qui existent, et
probablement la continuation des travaux du comité conjoint sur d'autres
aspects.
Je ne sais pas, je ne peux pas en inventer, mais on a parlé, par
exemple, dans le deuxième rapport, de la tarification à l'usager.
Cela veut dire quoi, la tarification à l'usager? Cela pourrait
s'appliquer comment? Je n'en ai aucune idée au moment où je vous
parle, mais ça vaudrait peut-être la peine de se pencher sur cet
aspect de la question.
C'est à peu près la perception, M. le
député, que je pourrais vous donner des commentaires de nos
membres.
M. Lavoie: Relié à cela c'est la ville de
Montréal qui le mentionne dans son court mémoire
personnellement, je me demandais si les municipalités n'avaient pas un
peu un marché de dupes dans ce réaménagement, et c'est la
ville de Montréal qui... Je n'ai pas de relevé, je n'ai pas les
chiffres, mais vous cédez au gouvernement du Québec votre
quote-part de la taxe de vente. Vous mentionnez, à la page 2, je
crois... C'est seulement une idée, je n'ai pas de chiffres statistiques,
mon impression était que la taxe de vente a un indice de progression
beaucoup plus rapide que la taxe foncière qui, en général,
est assez stable, sauf dans des périodes inflationnistes comme on en a
connu depuis quelques années où la valeur foncière a
augmenté d'une manière assez forte, surtout il y a quatre ou cinq
ans, d'un coup sec.
Vous mentionnez, à la page 2 et j'aimerais peut-être
avoir un commentaire de M. Lamarre sur cela: "Ce gain net est d'autant plus
nécessaire que la réforme confine les municipalités au
champ foncier et leur enlève leurs sources de revenus les plus dynamique
telles que la taxe de vente." On sait que la taxe de vente peut augmenter plus
facilement suivant le produit national brut ou l'indice de
prospérité d'un pays, alors que la taxe foncière est plus
statique.
M. Lamarre: M. le Président, si vous me permettez, avant
de répondre à votre dernière question, de répondre
à votre question à laquelle le maire O'Bready a répondu
quelque peu, lorsque vous demandez si la marge de manoeuvre des
municipalités, particulièrement de la ville de Montréal,
dans cette réforme de la fiscalité, est maintenue pour au moins
une année ou deux, je dois vous dire qu'il y a quand même
plusieurs contraintes, des contraintes majeures, actuellement, qui nous sont
inconnues, telles que le rôle de valeur locative...
M. Lavoie: C'est une question que je voulais vous poser par la
suite.
M. Lamarre: ... le rôle de valeur locative sur la taxe
d'affaires qui, actuellement, peut jouer du simple au double. Je pense que,
dans une ville comme Montréal qui, sur le plan de la finance
internationale, doit renégocier des emprunts, il est toujours
excessivement dangereux de naviguer dans l'incertitude. Le ministre des
Finances comprendra certainement que le directeur des finances, lorsqu'il doit
donner son certificat à un budget, doit en donner quelque chose qui est
exact et qui repose sur une vérité mathématique, si vous
voulez, dont lui-même est satisfait.
À l'heure actuelle, je ne peux dire, et je pense que le ministre
des Finances et le ministre des Affaires municipales ne peuvent dire exactement
si le rôle de valeur locative sur le plan de la taxe foncière peut
être vérifié d'ici la fin des travaux. Pour
Montréal, c'est quand même un problème très grand
sur le plan fiscal et sur le plan financier.
Il y a aussi la question de tout ce qui regarde la petite et moyenne
entreprise qui, avec cette réforme, à moins d'apporter un
soulagement sur le plan du crédit foncier additionnel, va voir
hypothéquer d'une façon très grande son avenir sur le plan
commercial et industriel à Montréal.
Je voudrais aussi ajouter qu'avec cette marge dont le ministre des
Affaires municipales nous assure, si le rôle était de $325
millions, j'aimerais quand même que le ministre des Affaires municipales
me dise qu'il nous assure de $60 millions pour la ville de Montréal.
Car cette marge de manoeuvre de $60 millions n'ira pas très loin,
si nous ne pouvons pas compter sur une croissance très grande de
l'activité économique au cours des prochaines années, qui
pourrait hausser le rôle de valeur foncière de la ville d'au moins
10% pour nous permettre
justement, à cause de l'inflation, des coûts très
grands, de tout cet aspect que nous connaissons aujourd'hui, des hausses de
salaires, des avantages accessoires, des coûts du carburant, de
l'énergie, etc., je pense que, pour la ville, cela prend, en plus des
$60 millions, si nous voulons parler au moins à moyen terme pour cinq
ans, cela prend aussi une hausse au moins de 10% sur la valeur foncière.
Je pense que ces contraintes sont absolument nécessaires, si nous
voulons parler d'une réforme qui va au moins dans le temps s'adresser
à moyen terme, c'est-à-dire cinq ans.
M. Lavoie: Mais pourriez-vous expliciter peut-être un peu
plus? Vous avez peut-être des calculs pour dire que la taxe de vente est
beaucoup plus dynamique que la taxe foncière.
M. Lamarre: Oui, sur cela, lors du comité conjoint sur la
fiscalité, la ville de Montréal a demandé un
éventail beaucoup plus grand sur le plan de la fiscalité, parce
que nous n'avons jamais, entre autres, voulu compter exclusivement sur le champ
foncier qui est pour nous une taxe que nous n'appellerons pas
régressive, mais qui n'est certainement pas aussi progressive qu'une
taxe de vente ou que la taxe sur les télécommunications, ces
différentes taxes sur lesquelles la ville et d'autres
municipalités pouvaient compter auparavant.
Nous aurions plutôt aimé un éventail, un panier, si
vous voulez, beaucoup plus grand des taxes pour permettre une meilleure
stabilité de la fiscalité municipale.
M. Lavoie: Si vous me permettez quelques mots, j'ai
été un peu surpris de ne pas retrouver dans le mémoire de
la ville de Montréal, justement en parlant des taxes plus progressives,
si vous voulez, comme la taxe de vente par rapport à la taxe
foncière, j'ai été surpris de ne pas retrouver une demande
de la ville de Montréal qui avait déjà été
exprimée par son maire, qui désirait une participation à
l'impôt sur le revenu qui est peut-être, un peu comme la taxe de
vente, une taxe progressive. Ce n'est pas de la provocation, M. le maire.
M. Drapeau (Jean): C'en est presque. Je vais être
très bref, parce qu'on me cite souvent comme ayant suggéré
le partage de l'impôt sur le revenu. J'avais, je pense, assez
précisé ma pensée à ce moment-là en disant
et encore de façon plus précise en 1978 que peu
importe la source identifiée au gouvernement provincial, il s'agissait
plutôt qu'un gouvernement provincial reconnaisse que certaines
obligations exécutées par les villes sont, de leur nature ou
à cause de leur volume, paraprovinciales et, en conséquence,
devraient émarger au budget du gouvernement provincial qui charge la
municipalité de l'exécution de ces besoins-là, parce
qu'elle est plus près de la population, mais sans avoir
référé particulièrement à l'impôt sur
le revenu. J'avais parlé, il y a trois ans, d'une forme d'accès,
mais non pas d'un partage et, deux ans après, j'ai précisé
peu importe que ce soit l'impôt sur le revenu, si un gouvernement
provincial admettait que certaines des obligations des villes seront mieux
satisfaites au plan municipal quant à l'exécution, mais sont
d'une nature paraprovinciale, elles peuvent émarger au budget provincial
et, alors là, s'il faut changer la terminologie, changeons-la. J'ai
déjà également dénoncé cette forme
d'assistance qui prend souvent le caractère d'aide aux pays
sous-développés. Je m'étais élevé contre
cela. Je crois que ce n'est pas une forme d'aide à un pays
sous-développé ou à une partie de pays ou une partie de
province sous-développée, c'est tout simplement la reconnaissance
d'obligations paraprovinciales qui, à cause de leur importance, de leur
nature ou de leur volume, doivent être acceptées comme telles et
ce ne serait pas un précédent, puisque, dans certains secteurs,
cela a été fait, c'est déjà appliqué et
l'exécution est confiée aux villes. Au lieu d'appeler cela des
subventions, disons que ce sont des participations où, par une entente
entre les deux formes, l'une, l'administration publique et, l'autre, un
gouvernement, le gouvernement reconnaît sa responsabilité
financière dans certains domaines pour tel montant et confie
l'exécution à la municipalité. (22 heures)
Cela serait, je pense, une terminologie beaucoup plus exacte, beaucoup
plus noble, beaucoup plus en rapport avec la situation véritable,
plutôt que de chercher des moyens qui sont bien inspirés, mais qui
démontrent encore une fois qu'on s'approche peut-être de cette
vérité qu'il faudrait reconnaître un jour, à savoir
qu'il y a des obligations qui sont paraprovinciales à cause de leur
nature ou à cause de leur volume. L'exécution étant mieux
faite au plan municipal, on lui en confie l'exécution.
M. Lavoie: M. le Président, c'est la première
occasion que j'ai de répondre peut-être à une
prétention du gouvernement. Alors qu'il dit que cela fait trente ans que
c'est exigé, en voulant dire qu'on vit depuis trente ans dans une
espèce de non-sens ou dans une espèce de catastrophe, on ne peut
pas laisser passer cela sous silence quand même, parce qu'il y a eu des
sources de revenus sous forme de subventions. C'était quand même
relié si ce n'est pas directement, au moins indirectement à la
vocation d'une commune ou d'une ville, entre autres, le partage de la taxe de
vente qui a été accordé, en 1962 ou 1963, aux villes; le
quart des 8%, ce n'est pas étranger au développement commercial,
parce qu'il y a quand même une activité commerciale dans une
ville. Il n'y avait rien d'incompatible à accorder ces subventions aux
municipalités, parce que c'était relié assez directement
aux activités normales d'une ville.
Il y a eu les autres subventions assez importantes qui ont
été données pour permettre aux municipalités de
balancer leur budget, le per capita. Ce n'est pas un non-sens de donner des
subventions, comme cela a été fait, par le per capita, parce
qu'on connaît des villes qui ont des
explosions démographiques ou autres. Il n'y avait pas de non-sens
à faire cela pour permettre aux municipalités de balancer leur
budget. Avec ce qu'on voit aujourd'hui, je suis loin d'être convaincu ce
soir qu'en donnant l'assiette foncière intégrale aux
municipalités, cela va régler à tout jamais l'avenir
paisible de l'administration budgétaire des villes. Je ne suis pas
convaincu de cela, parce que cette assiette est joliment limitée
également.
Je reviens à mon propos de tout à l'heure. J'ai
remarqué les appréhensions de M. Lamarre. C'est sûr que si
vous voulez avoir une soixantaine de millions de dollars additionnels... La
deuxième lecture est terminée, nous sommes rendus en commission
parlementaire et, dans quelques instants, nous allons commencer l'étude
article par article, mais il y a encore une inconnue chez vous, pour la ville
de Montréal qui, en passant, est toujours la métropole du Canada
et qui va le demeurer, j'espère. Vous avez un aléa, vous ne vous
entendez pas sur un rôle d'évaluation de valeur locative qui peut
varier entre $457 millions et $653 millions, des revenus de taxes d'affaires,
je ne sais pas si je me trompe, de $21 millions ou de $67 millions, quelque
chose comme cela... de $140 millions ou de $70 millions et si les calculs que
vous avez faits avec tous les fonctionnaires de Montréal ne vous
rapportent que $70 millions, au lieu de $140 millions prévus par le
gouvernement, vous êtes devant zéro. Vos $60 millions, vous ne les
avez plus. Cela veut dire que vous êtes encore dans le statu quo
jusqu'aux oreilles. On est quand même rendu à l'étude
article par article. Ce sont quand mêmes des points d'interrogation
énormes, lorsqu'il y a une différence de $70 millions.
Pour ce qui concerne le crédit d'impôt, on voit que pour
les PME à Montréal, cela ne règle pas grand-chose encore.
Pourtant, cela a encore été une mesure de la dernière
heure, une mesure de la onzième heure pour tenter de corriger cela. On
se rend compte ce soir que cela ne corrige pas grand-chose.
Je termine bientôt. Excusez-moi, M. le Président, mais je
pense que cela ne sera pas très long.
Le Président (M. Jolivet): Non, seulement pour la
question.
M. Lavoie: C'est relié, parce qu'on dit que c'est autant
pour Montréal que pour les autres municipalités, c'est
interrelié. Encore là, pour le citoyen, je vois que la ville de
Montréal a raison de se pencher sur le sort du contribuable. S'il y a eu
des municipalités à quelque part je n'en connais pas
énormément qui paient des dividendes à leurs citoyens...
Le fardeau fiscal est reconnu autant à Montréal, à Laval,
dans la périphérie et peut-être plus fortement dans
certaines places que d'autres. En obtenant vos $60 millions, est-ce que le
contribuable va obtenir quelque chose ou si c'est seulement pour boucler votre
budget?
M. Lamarre: Si nous obtenions $60 millions, le contribuable
aurait à peu près $26 millions, si vous voulez, qui pourraient
être la marge de manoeuvre.
M. Lavoie: Très bien.
Maintenant, un point d'interrogation que j'ai, tout
particulièrement en ce qui concerne les contribuables de
Montréal. Il n'y a rien de prévu, je pense, dans la loi 57.:. Le
ministre pourrait peut-être me répondre sur ça. On sait que
Montréal, en vertu de sa charte, a une taxe qu'on appelle une taxe
qui n'existe pas et qui n'est pas prévue dans la simulation pour
les autres municipalités de services apparentée à
la taxe d'eau, qui est assez substantielle, qui est assez forte et qui est
contre un des principes d'ailleurs qu'on retrouve dans le rapport du
comité conjoint, et où on doit payer pour les services
reçus, en somme que la municipalité n'est pas là pour
faire des profits énormes avec le service d'aqueduc, disons. À
Montréal, qu'arrive-t-il avec votre taxe de services, suivant la valeur
locative, et non pas, en l'occurrence, uniquement des commerces, mais de la
valeur locative de l'habitation et des logements? C'est la question que je pose
au ministre: Qu'est-ce qui arrive à cette taxe, qui est un fardeau
très important pour les contribuables de Montréal, mais non pas
pour les commerçants ni les PME, uniquement pour les
propriétaires et les locataires de Montréal, cette taxe de
services qui n'est pas limitée, qui n'est pas contrôlée en
vertu de votre réforme municipale?
M. Tardif: M. le Président, puisque la question m'est
adressée, je dirai tout simplement qu'elle demeure pour l'instant; nous
examinons, à la suite des pourparlers que nous avons eus avec la ville
de Montréal qui nous demande d'ailleurs, dans son projet de loi
privé amendant sa charte, de faire disparaître cette taxe pour les
immeubles de plus de 20 logements. Le projet initial demandait, d'ailleurs,
plus de neuf logements, le seuil a été fixé à plus
de 20 différentes hypothèses de travail, mais je ne
voudrais pas entrer dans ce dossier ce soir, M. le Président, puisque
nous en sommes encore à examiner la question avec la ville de
Montréal.
M. Lavoie: D'accord. C'est une autre loi que nous aurons
normalement à adopter avant les Fêtes; imbriquée à
travers les autres lois.
M. Tardif: M. le Président, des demandes... M. Lavoie:
Non, mais je vous pose la question.
M. Tardif: ... de projets de loi privés, j'en ai une
vingtaine et je les reçois quand les municipalités les
présentent.
M. Lavoie: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne voudrais pas vous presser, mais, compte tenu du temps, je voudrais passer
à l'Union Nationale.
M. Lavoie: D'accord. Un autre point où, dans la
cinquième simulation, déposée la semaine dernière,
on voit, dans la réforme fiscale, un prétendu
bénéfice pour les particuliers, dans toute la réforme,
d'environ $64 millions, au chapitre de la réforme même de la
fiscalité municipale. Ma question va s'adresser au ministre: Ne
croyez-vous pas que ce prétendu bénéfice des
contribuables, des particuliers, ne sera pas annulé par les $65 millions
qui devront être assumés par les sociétés de
télécommunication, d'électricité et de gaz qui,
normalement, refilent à leurs consommateurs les fardeaux additionnels de
leur taxation, ce qui annulerait totalement les bénéfices de $64
millions pour les particuliers dans la réforme?
M. Tardif: M. le Président, la moitié de ça,
c'est l'Hydro-Québec, dont les tarifs sont fixés. Quant à
Bell Canada, à cause de la structure différente de taxation de
Bell Canada pour le Québec et l'Ontario, il se trouvait qu'en leur
chargeant un en-lieu de taxe foncière équivalant à 10% des
dépenses nettes au lieu de 5% du brut, comme c'était le cas en
Ontario, nous subventionnions Bell Ontario, M. le Président.
Il m'apparaît donc tout à fait aberrant de maintenir une
telle situation et, sur ce plan-là, nous ne faisons que nous aligner sur
les provinces limitrophes.
M. Lavoie: Mais le contribuable sera possiblement appelé
à payer cette augmentation que devra subir Bell...
M. Tardif: Là aussi, les tarifs font l'objet de
représentations en commission. C'est peut-être le contribuable et
ce peut être l'actionnaire aussi.
M. Lavoie: Bon, une dernière question. Selon votre
mémoire, M. le Président de l'Union des municipalités,
vous auriez préféré que, dans la prétendue
contribution ou quote-part gouvernementale, ce soit plus clarifié dans
la loi, entre autres les "en-lieu" de taxes du réseau municipal et
scolaire, qui est, dans un cas, de 100%, dans un autre cas, de 80% de la valeur
réelle et, dans un autre cas, de 40%, au lieu que ce soit en somme aussi
discrétionnaire que cela se trouve actuellement, où les montants
ne sont pas dans la loi c'est un engagement ministériel qui peut
varier d'année en année vous préféreriez que
ces quotes-parts de paiement de taxes foncières de la part du
gouvernement soient dans la loi. Est-ce cela que j'ai bien compris?
M. O'Bready: Oui, c'est dans le contexte d'une de nos
premières interventions, lorsqu'on parle de la structuration de la loi
pour y intégrer un des grands principes de la réforme fiscale,
à savoir que le gouvernement devienne contribuable à part
entière au lieu de retrouver ce modèle que vous décrivez,
par discrétion ministérielle, que ce soit plutôt
structuré dans la loi d'ici 1985, qu'on retrouve le système, que
ce soit un article de la loi. Cela ne veut pas dire qu'on n'admet pas ce que le
gouvernement va faire, mais si c'était dans la structuration même
de la loi 57 comme telle, c'est l'opinion que l'Union des municipalités
a avancée.
M. Lavoie: Est-ce qu'il pourrait en être ainsi
également peut-être de la politique du transport, politique de
subventions au transport ou...
M. O'Bready: Ce n'est pas dans la même loi, M. Lavoie, la
question du transport en commun...
M. Lavoie: Non, d'ailleurs, écoutez, je n'accuse pas le
gouvernement, parce que même la politique du gouvernement
antérieur n'était pas dans une loi, mais je crois que, pour le
paiement des quotes-parts, parce que j'ai été
échaudé une fois, et le ministre des Affaires municipales et le
ministre des Finances vont se le rappeler, d'une fameuse subvention à la
ville de Laval de $4,5 millions par année. Vous nous avez fait le
reproche que ce n'était pas dans une loi. C'est pour ça que, pour
les municipalités, je crois, du fait que vous m'avez servi cet argument,
que ce n'était pas dans la loi; pour plus de sécurité, je
crois que, pour les municipalités du Québec, il ne serait pas
mauvais que la quote-part du gouvernement pour les "en-lieu " de taxes soit
dans la loi, tel que c'est demandé par le président de l'Union
des municipalités et là, je me tourne vers le ministre, serait-il
possible, M. le ministre, que ce soit dans la loi?
M. Tardif: On a pris note de ces représentations, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je voudrais faire les mêmes remarques que tout
à l'heure. Le député de Laval a passé plusieurs de
nos questions, surtout celles du député de Saint-Hyacinthe. Par
contre, je m'en voudrais de ne pas vous remercier de vous être
présentés ici et de nous avoir éclairés sur
plusieurs points de cette loi 57 et de nous avoir démontré que
vous avez peut-être les mêmes appréhensions que nous, les
mêmes inquiétudes aussi. Mais vous n'êtes pas certains, pas
plus qu'on peut l'être, que cette loi sera aussi parfaite qu'on a
tenté de le laisser croire. On s'aperçoit qu'il ne s'agit pas
là d'une subvention d'aide aux municipalités, simplement un
transfert de financement de taxation, si on veut. Si on se rappelle que
ça retourne en arrière de plusieurs années, lorsque les
municipalités ont été aidées par la taxe de vente,
et, à ce moment-là, les municipalités réclamaient
la taxe foncière en entier, voulaient le retrait des commissions
scolaires, on est rendu à ce point aujourd'hui et ça ne
correspond certainement pas à l'opinion de tout le monde, ça
n'aidera pas totalement les municipalités tellement plus au point de vue
revenus. Cela fait un déplacement complet de la taxe foncière et
j'ai la même appréhension que le député de Laval.
Cette année, quelques villes, comme Saint-Hyacinthe, vont être
drôlement favorisées; on sait que Saint-Hyacinthe
n'a pas les problèmes qu'a la ville de Montréal, pas plus
que la ville de Sherbrooke; ça dépend de la responsabilité
de chacune des villes et je pense que, peut-être, dans les années
à venir, très prochaines, il faudra songer à d'autres
formes de revenus pour répondre aux obligations qui s'imposent dans
chacune de ces municipalités, surtout la ville de Montréal. (22 h
15)
Évidemment, nous sommes d'accord et nous allons faire de notre
mieux pour coopérer, pour essayer d'en arriver à la perfection de
cette loi, si le gouvernement veut réellement le faire, et nous sommes
heureux de constater que le ministre est prêt à accepter qu'il y
ait un comité qui va continuer et peut-être l'an prochain
sera-t-il important d'apporter des modifications à cette loi qui est
devant nous aujourd'hui. Evidemment, lorsqu'on s'arrête à faire
des modifications en profondeur, c'est évident que ce n'est pas facile
à appliquer immédiatement, aussi bien pour les administrateurs
que pour le contribuable qui a à payer la facture. Il va y avoir du
mécontentement au niveau des municipalités, des administrateurs
et des contribuables, surtout qu'on se rend compte de l'appréhension des
commissions scolaires qui ne sont pas tellement heureuses. Vous avez dû
vous en rendre compte cet après-midi. Ce qui me surprend, c'est que les
municipalités dans les deux, conseils de comté et
municipalités rurales, aussi bien que les cités et villes,
veulent absolument avoir totalement cette assiette foncière sans
être prêtes à accepter une certaine responsabilité
administrative des immeubles ou d'autres obligations administratives qu'une
commission scolaire a dans chaque milieu.
On a dit cet après-midi que c'était peut-être
discutable, et je vous pose la question. Est-ce que votre organisme serait
prêt à dire: On serait prêt à prendre la
responsabilité des immeubles comme cela se fait dans certains milieux et
d'en faire l'administration, à condition qu'on ait les mêmes
avantages dont ont bénéficié les commissions scolaires
quand il s'agit de constructions ou d'immobilisation, et lorsqu'il s'agira
d'administration, on le fera, parce qu'on a une équipe qui est
différente, on pourra peut-être le faire d'une façon
beaucoup plus économique et plus rentable à l'avantage des
contribuables. C'est toujours le même contribuable qui paie la facture,
que l'argent vienne de la province ou qu'il vienne de la municipalité ou
que les dépenses soient faites par l'une ou par l'autre. C'est toujours
celui qui paie, le salarié ou l'industriel ou le marchand. Il y a une
inquiétude, M. le Président, dont je dois vous faire part, et ce
sera la remarque que j'aurai à faire, ce qui m'a inquiété
beaucoup, c'est la taxe d'affaires. Vous semblez englober cela, l'homme
d'affaires, l'industrie et tous dans la même structure et si je regarde
un peu l'ensemble de plusieurs municipalités, la petite industrie
commence à être taxée pas mal et son fardeau ne
s'allège pas, ses revenus n'augmentent pas, ses revenus baissent. Cela
commence à créer un malaise qui va être assez
inquiétant tout à l'heure, à un point tel qu'il y en a qui
commencent à vouloir relâcher. Peut-être qu'il serait bon
qu'on examine la possibilité de ne pas trop les surcharger eux non plus,
et au moins ne pas tenter de leur faire peur, et partager peut-être un
peu plus équitablement la charge de la petite industrie. Evidemment, on
va me répondre qu'eux peuvent le déduire de leur impôt,
lorsqu'ils paient de l'impôt, mais il y en a plusieurs qui n'en paient
pas. Simplement sur ces deux points en particulier, j'aimerais avoir une
réponse.
M. O'Bready: Peut-être que sur votre dernière
question, M. le député, sur la question des petites et moyennes
entreprises, nous sommes conscients des difficultés qu'elles
éprouvent, mais il faudrait peut-être se poser la question, je ne
voudrais pas lancer le débat, si c'est par des mesures d'amoindrissement
fiscal au niveau municipal ou si c'est par des mesures économiques qui
proviennent d'un autre palier de gouvernement qu'il faut aider la petite et la
moyenne entreprise, la fiscalité municipale, dans notre opinion,
étant basée sur le coût des services que nous fournissons
aux usagers et les petites et moyennes entreprises normalement étant
taxées en proportion des services qu'elles reçoivent.
Alors, je répète que c'est un débat qui est fort
intéressant, mais je pourrais peut-être vous rappeler aussi que
les municipalités ne considèrent pas dans cette réforme
fiscale qu'il est de leur devoir ou de leur pouvoir de se préoccuper de
la redistribution de la richesse comme telle, mais que cela appartient à
un palier supérieur de gouvernement. Si je vous dis cela, ça
répondrait peut-être également à votre
première question lorsque vous me parlez du scolaire, sans vouloir vous
dire si oui ou non nous serions prêts à assumer des
responsabilités au niveau du scolaire. Encore là, c'est une
question de système. On serait peut-être prêts à en
discuter au niveau du comité conjoint ou au niveau d'un autre palier de
discussion, mais je vous rappelle que la réforme de la fiscalité
telle qu'elle est amorcée présentement se veut pour les
responsabilités que nous connaissons et rien de plus parce que, comme
plusieurs l'ont souligné, on a peut-être déjà assez
de difficulté à faire face à nos responsabilités
actuelles sans vouloir en assumer d'autres. Mais je pense que si on retient
cela un peu comme critère, que le but de la fiscalité municipale
n'est pas de prévoir la redistribution de la richesse parmi les
Québécois, mais on pourrait vous en parler au niveau de
l'éducation, on pourrait vous en parler au niveau de la taxe de vente
aussi dont le gouvernement peut vouloir se servir à un moment
donné comme d'un levier économique.
Je vous rappellerai les exemptions de taxes de vente sur les meubles,
sur la chaussure et sur certains articles semblables. Alors, si c'est le
privilège du gouvernement du Québec de se servir de la taxe de
vente comme d'un levier économique, on ne pense pas que ça doive
être considéré comme une source autonome quelconque de
revenus pour les municipalités. Quant à l'éducation,
ça pourrait être plausible ou ça pourrait être
intéressant dans un système comme ça se fait, si ma
mémoire est fidèle, aux Etats-Unis. Les municipalités
pourraient assumer certaines des responsabilités qui sont
présentement dévolues aux commissions scolaires locales, soit une
partie des équipements, une partie des édifices, mais, encore
là, je vous dis que ça devrait être rediscuté dans
un contexte beaucoup plus global et non simplement à l'intérieur
du retour total du champ d'impôt foncier aux municipalités.
C'est à peu près les commentaires que je pourrais
ajouter.
M. Russell: Quand on parle de la petite et de la moyenne
industrie, ou de l'industrie en général, on dit que ça
cause des dépenses superflues ou plus exagérées que
d'autres genres d'habitations. Je comprends mal cet exposé, parce que
les services que vous donnez sont facturés, normalement, d'une
façon différente; les services d'égouts ou les services
d'eau sont facturés de façon complètement
différente. Donc, ça ne vous cause pas de fardeau additionnel,
elle paie sa quote-part comme les autres, sa large part comme les autres.
Quand on arrive, qu'on a une usine, normalement, ça cause
beaucoup moins de problèmes que bien des résidences et elle exige
beaucoup moins de surveillance. Par contre, si on regarde les tarifs qu'on
applique à l'évaluation, souvent, quand on regarde la valeur de
la construction, elles sont plus taxées que les résidences, au
pied carré ou à la valeur de construction. Donc, je ne vois pas
pourquoi on arrive avec une taxe additionnelle et qu'on insiste
là-dessus pour en faire... La seule justification que je peux donner
à ça, c'est que l'industrie a l'avantage que le
propriétaire de résidence n'a pas de l'intégrer dans ses
dépenses. C'est la seule justification que je peux lui donner.
Pour autant que je sache, au point de vue des municipalités, avec
de rares exceptions, ce sont des avantages qu'ont les municipalités,
plutôt que des désavantages, d'avoir des industries. Je pense que
ça pourrait même aller pour la ville de Montréal.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse, je vais
peut-être être un peu long, moins long, je l'espère, que
d'autres l'ont été, mais il y a tout un champ à
couvrir.
Je voudrais d'abord qu'on revienne à cette question, à
savoir que les simulations, c'est aléatoire; on n'est pas certain des
montants, on ne sait pas ce qui peut arriver. Si on commence à parler de
revenus présumés, comme on l'a dit, des municipalités,
dans mon esprit, il y a une chose qui est claire, c'est que les dépenses
ne sont pas présumées, je sais que c'est ça que ça
va coûter, $365 millions. Si on voulait vraiment faire de la politique
dans le pire sens du terme, on dirait: À quoi ça sert de passer
des revenus présumés? Pourquoi ne pas prendre le même
montant, puis- qu'on est certain qu'on va le dépenser, et alors faire
des choses qui ne sont pas présumées du tout avec? Qu'est-ce
qu'on pourrait faire avec ça? Continuer le même système de
financement municipal? Cela a provoqué beaucoup de discussions dans le
passé, mais après tout, il y a beaucoup de gouvernements qui ont
survécu à ça, il n'y a pas de raison que les suivants ne
survivent pas.
Avec ça, on pourrait réduire la taxe de vente de 8%
à 6%. Il y aurait beaucoup de gens contents. Les municipalités
aimeraient moins ça, parce que ça rentrerait pas mal dans leurs
recettes de taxes de vente, mais enfin, on pourrait faire ça. Cela ne
coûterait pas plus cher au gouvernement. Ou bien encore, on pourrait
réduire l'impôt sur le revenu des particuliers de 8%. Là,
le Conseil du patronat, pour une fois, m'encenserait. Une belle coupure de 8%
à travers toute la cédule de l'impôt sur le revenu.
Mais, évidemment, ça ne donnerait peut-être pas
grand-chose aux gens qui sont les moins favorisés. On pourrait trouver
encore autre chose. On pourrait faire un "package" qui plairait vraiment, ce
serait faire vraiment de la politique.
On pourrait, par exemple, supprimer la taxe sur les meubles, sur la
matériaux de construction, et, puisqu'on est à l'époque de
Noël, vendre la boisson au prix coûtant. Cela serait populaire, et
ça ne coûterait pas plus cher.
À un moment donné, il faut qu'on soit un peu responsable
à l'égard de ce qu'on fait. C'est bien joli de laisser flotter
les idées des revenus présumés; encore une fois, ce sont
peut-être des revenus présumés, mais ce sont des
dépenses certaines. Cela va coûter, en fait, $365 millions, ou
autour de cela; si on veut me dire qu'il y a une marge d'erreur,
forcément, il y a une marge d'erreur dans ces chiffres.
Au départ, à l'occasion du premier discours du budget
j'ai eu l'occasion d'en parler cela avait coûté $305
millions. Les discussions qu'on a eues pendant deux ans avec les
municipalités font que, en pratique, cela a augmenté de 20%, y
compris le transport en commun, bien sûr, ce qui, comme résultat
d'un comité, n'est pas mauvais en soi. J'insiste sur le fait que ce sont
deux ans de travail en comité, et on est arrivé à un
certain nombre d'orientations. Bien sûr, on dit que ce n'est pas parfait,
on pourrait en ajouter un peu ici, on aurait pu pousser le cartésianisme
plus loin, comme le suggérait le ministre des Affaires municipales, mais
il reste que, fondamentalement, les demandes que les municipalités
faisaient depuis très longtemps se trouvent à être
l'essentiel, au niveau des orientations, en tout cas, satisfaites à
l'intérieur, comme le disait M. le président O'Bready, tout
à l'heure, des marges de manoeuvre dont on dispose, cela va de soi; si
on pouvait ajouter $200 millions, ce serait encore mieux, on n'en disconvient
pas.
La question du débat sur la taxe d'affaires basée sur la
valeur locative plutôt que sur l'impôt foncier, je voudrais y
revenir quelques minutes parce que c'est quand même assez sérieux,
ce débat, il est intéressant en soi. Il est évident que
la
taxe d'affaires basée sur la valeur locative, nous reconnaissons
tous que c'est quand même un peu plus juste. À cet égard,
d'ailleurs, le comité conjoint est très clair, tout aussi bien
dans le premier rapport du 1er décembre 1978, en page 44, qu'en page 30
dans sa deuxième version, des choses comme ce qui suit: "Le
comité propose donc que la taxe d'affaires soit maintenue et
étendue à l'ensemble du territoire québécois. De
plus, cette taxe doit être levée par la municipalité et
regroupée sur la base traditionnelle du rôle de valeur locative",
etc. Donc, il n'y a pas de surprise de baser cela sur la valeur locative, cela
vient tout droit du comité conjoint.
Remarquez que c'est vrai qu'à première vue, ça
paraît plus juste de baser cela sur la valeur locative pour les raisons
qu'exprimait le ministre des Affaires municipales tout à l'heure, mais
ce n'est pas inscrit dans le Nouveau Testament que ça doit être
comme cela. Dans un certain sens, si j'avais connu les réactions du
gouvernement fédéral, cela aurait peut-être changé
le concept en cours de route, parce que le gouvernement fédéral,
à l'heure actuelle, on est en discussion avec lui à peu
près sur la base suivante: La taxe d'affaires, en Ontario, est
basée sur la valeur foncière, donc le fédéral paie
la taxe d'affaires. Mais si vous l'établissez sur la base de la valeur
locative au Québec, on n'est pas certain qu'on va payer notre taxe
d'affaires sur cette base parce qu'on paie nos taxes foncières. Enfin,
cette formule paraît plus juste, mais, encore une fois, il ne s'agit pas
d'en faire une jaunisse, à un moment donné, on change le principe
de la chose.
En ce qui a trait à la taxe de vente dont on a assez longuement
parlé, ce qui, effectivement, apparaît dans le mémoire de
la ville de Montréal, est-ce que c'est vrai que la taxe de vente est
plus dynamique que l'impôt foncier? Si on prend les années
où il n'y a pas eu de changements dans la composition de la taxe de
vente, par exemple, les années 1972 à 1976, le coefficient
d'élasticité de la taxe de vente au Québec, c'est de 0.85;
en somme, quand le PIB augmente de 1%, le produit de la taxe de vente augmente
de 0.85, à peu près. Quand le PIB augmente toujours de 1%,
l'impôt foncier augmente de 0.83; c'est presque égal. D'autre
part, on reconnaît qu'à Montréal ce dynamisme de la taxe de
vente est inférieur à la moyenne provinciale. À la place
de la ville de Montréal, je n'insisterais pas trop sur l'argument, c'est
à peu près égal pour l'ensemble du Québec, et,
à Montréal, la taxe de vente est un peu moins dynamique que dans
le reste du Québec, cela ne me paraît pas probant.
Tenons-nous en donc à la réforme fiscale elle-même,
en nous ramenant graduellement vers Montréal, parce que je pense que
certaines des objections majeures qui ont été
présentées ce soir viennent spécifiquement de
Montréal. (22 h 30)
Je disais tout à l'heure que la réforme fiscale
municipale, y compris le transport en commun, va coûter à peu
près $365 millions, plus ou moins, mesure anglaise, bien sûr.
Pour ce qui a trait au territoire de la CUM, 40% du montant y va. Le
territoire de la CUM représente à peu près 30% de la
population du Québec et le territoire de la CUM va recevoir à peu
près 40% des montants dont on parle. On dira que ce n'est pas suffisant.
Remarquez que si on tient compte non pas des transferts aux
municipalités, mais de la réduction du fardeau pour les
contribuables qui est inhérente au bill 57 plus des transferts aux
municipalités, le portrait est encore plus accusé: 40% des effets
de la réforme sont concentrés à Montréal contre 30%
de la population. Cela se comprend d'ailleurs, parce que l'abolition des
surtaxes scolaires a son effet. Si on prend les déplacements, les
transferts, plus l'abolition des surtaxes scolaires, on comprend que ce soit
concentré sur le territoire de la CUM passablement.
Considérez, si vous voulez je reprends ici certains
arguments qui n'ont peut-être pas été
présentés et soulignés fortement à la commission
aujourd'hui, mais qui ont donné lieu à un certain nombre de
commentaires depuis quelques jours que la réforme fiscale
municipale va dans le sens contraire à certains des objectifs du
gouvernement qui viseraient à éviter que l'île de
Montréal se vide aux dépens des régions avoisinantes. Ce
n'est pas tout à fait exact. En fait, l'île de Montréal va
tirer davantage de la fiscalité municipale que sa population ne le
justifierait.
Pour ce qui a trait à Montréal proprement dit, la ville de
Montréal, la ville, selon notre estimation de la valeur locative
on s'entend bien c'est-à-dire sur la base de $653 millions
d'évaluation de la valeur locative, tirerait $67 millions, dont il faut
probablement défalquer $3 millions ou $4 millions pour les ports de mer,
parce que, par son bill C-3, le gouvernement fédéral a
annoncé que, sur les quais des ports de mer, il ne paierait pas
d'"en-lieu" de taxes. On le remercie profondément, n'est-ce pas, mais
cela enlève $3 millions à $4 millions à la ville de
Montréal. C'est une chose qu'il est important de savoir. Il y aura donc
un peu plus de $60 millions à Montréal sur la base d'une valeur
locative de $653 millions. Les particuliers, du fait de l'application du bill
57, vont payer automatiquement $28 millions de moins. Pour les
sociétés, pour les entreprises, l'effet est presque nul, en ce
sens qu'il y a des mouvements, comme on le verra tout à l'heure, mais
cela s'annule pour une bonne part et, en fait, le gain automatique qui
découle de l'application du bill 57 est de $1,8 million. Donc, à
toutes fins utiles cela s'annule. Donc, l'effet total de la réforme
fiscale municipale à Montréal, ce que la ville en tire sur la
base de la valeur locative dont je parlais tout à l'heure, plus que les
particuliers en tirent, fait autour ou au-delà de $90 millions, ce qui
est assez coquet.
Lorsque la ville de Montréal nous dit: Nous pensons devoir
utiliser un rôle de valeur locative inférieur à $653
millions et si on descend donc à environ $300 millions, il ne reste plus
loin des $60 millions qui devaient nous venir. Cela ne veut pas dire que les
$60 millions se sont évaporés en l'air, cela veut dire
essentiellement qu'ils ont été transférés aux
sociétés. Alors là, le portrait serait le
suivant: gains nets pour Montréal, zéro; avantages
donnés aux particuliers, $28 millions; avantages donnés aux
sociétés, $65 millions. C'est un choix que la ville peut faire de
dire: Je veux utiliser une base, un rôle de valeur locative de, par
exemple, $353 millions... Là, le gain net à la ville est
zéro, mais les entreprises sur mon territoire font $60 millions de
réduction de leurs taxes. C'est un choix. En fait, je pense que la ville
de Montréal va aller un peu plus loin que cela. Ce qu'elle nous dit,
c'est: Je voudrais avoir un rôle d'évaluation de la valeur
locative de $353 millions. Je transfère donc $60 millions d'avantages
fiscaux aux entreprises et, vous, le gouvernement, donnez-moi $60 millions en
plus.
Alors, je dis: Non, je n'ai pas les moyens. C'est trop. C'est l'un ou
c'est l'autre, mais ce n'est pas les deux. Je comprends très bien la
démonstration qui est faite là-dessus. Il est clair que plus on
réduit la valeur locative aux fins d'imposer la taxe d'affaires, plus
l'avantage fiscal des entreprises va être élevé, et plus ce
qui va rester à la ville va être faible. La ville peut
décider de garder tous ses $60 millions et d'en passer une partie aux
sociétés, une partie à l'accroissement de ses
dépenses ou garder tout pour l'accroissement de ses dépenses. Ce
sont des choix que chaque corps public qui administre son budget doit bien
faire. Tout ce que je veux dire, c'est qu'on ne peut pas payer $60 millions
deux fois, une fois aux entreprises et l'autre fois, à la ville.
Cependant, je reconnais qu'il se pose à Montréal, dans
l'application de la réforme fiscale, un problème dans la
structure des taux, pas dans les montants globaux dont on parle, mais dans la
structure des taux. On a résumé cela en parlant de la petite et
de la moyenne entreprise. La petite et la moyenne entreprise, seraient, en un
certain sens, la victime de cette réforme. Non, ce n'est pas la petite
et la moyenne entreprise, ce sont les établissements commerciaux,
industriels ou professionnels non incorporés dont l'évaluation
foncière est inférieure à $100 000. C'est de cela dont on
parle. Ce n'est pas n'importe quelle petite et moyenne entreprise . Si on parle
d'une petite et moyenne entreprise incorporée , il n'y a pas de
problème. Au contraire, une petite entreprise incorporée va tirer
des avantages. J'ai mentionné une valeur foncière de $4000 ou $10
000 ou $5000, ce n'est pas grand-chose, mais dès qu'on arrive à
$40 000, $50 000 ou $60 000 de valeur foncière, c'est quand même
appréciable comme réduction potentielle. Les
non-incorporés de moins de $100 000, c'est autre chose. Qu'est-ce qui se
passe du côté des non-incorporés? Etant donné que
l'incorporation ne coûte pas très cher... Après tout,
obtenir des lettres patentes pour s'incorporer, cela n'a jamais ruiné
qui que ce soit. Tous les clubs de hockey le font, les petits, je ne parle pas
de la ligue nationale. Il ne faut pas que des cas comme cela se
présentent. Il y a des cas qui sont inévitables. Il y a des lois
qui empêchent certains bureaux de professionnels de s'incorporer. C'est
la loi qui l'empêche. Ils n'y peuvent rien. Il faut reconnaître
que, jusqu'ici, il y avait un certain nombre d'établissements qui
avaient avantage à ne pas être incorporés, parce que, si
leur évaluation foncière était moins de $100 000 et qu'ils
n'étaient pas incorporés, ils ne payaient pas la surtaxe
scolaire. C'est pour cela qu'un certain nombre de commerces ou de petits
établissements dont on s'attendrait qu'ils se cherchent des lettres
patentes à $50 ou $75 cela ne coûte pas cher ces
établissements, dis-je n'étaient pas passés dans
l'incorporation, mais étaient mis au nom des particuliers, parce que
comme cela, ils ne payaient pas la surtaxe scolaire. Or, la surtaxe scolaire
jusqu'à maintenant à Montréal évidemment,
elle va être abolie maintenant ce n'était pas de la tarte,
c'était $1.12 les $100 d'évaluation. Pour bien comprendre ce que
cela voulait dire, pour un établissement dont l'évaluation
foncière serait à peu près de $60 000 ce n'est pas
un très gros établissement s'il était
incorporé, il payait $1300 de taxes, je parle de la taxe d'affaires en
incluant la surtaxe scolaire, et s'il n'était pas incorporé, il
en payait $674, il en payait la moitié. Il y avait évidemment un
problème. Ces gens qui n'ont jamais payé la surtaxe scolaire,
parce qu'ils n'étaient pas incorporés et évalués
à moins $100 000, maintenant qu'on abolit les surtaxes scolaires et
qu'on traite tout le monde sur le même pied, comme on dit en anglais,
"they stick out like a sore thumb". On a pour ces gens non incorporés
par rapport à la situation antérieure un problème. On a
commencé à discuter de ces choses avec les autorités de la
ville de Montréal. Je pense qu'il y a moyen de trouver les
problèmes techniques et d'arranger cela, à l'intérieur des
masses disponibles, bien sûr, parce qu'encore une fois, sur le plan du
Trésor public, ce qu'on avait à mettre dans le pot a
été mis, mais il y a probablement moyen d'arranger cela.
Seulement, il faut bien comprendre que le problème structurel dont on
parle est très précisément localisé. Ce sont les
établissements d'une valeur foncière de moins de $100 000 entre
les mains de quelqu'un qui n'est pas incorporé comme entreprise. C'est
de cela dont on parle, à des fins industrielles et commerciales.
Je ne parle pas du particulier ou du résidentiel; pour le
résidentiel, il n'y a pas de problème. C'est juste pour cette
catégorie d'établissement. Là, effectivement, je pense
qu'il doit y avoir des discussions avec la ville de Montréal pour
régler un problème de structure, un problème de "notch",
comme on dit en termes techniques, problème qui peut être
embêtant.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à dire dans
cette espèce de survol rapide de certaines des conséquences de la
réforme fiscale.
Le Président (M. Jolivet): M. Lamarre.
M. Lamarre: M. le Président, lorsque le ministre des
Finances dit que les contribuables de Montréal
bénéficieront d'un soulagement, je voudrais quand même
faire remarquer à la commission que si nous additionnons actuellement la
taxe d'affaires que les entreprises de la ville de Montréal paient, soit
13,75%, la surtaxe foncière de la
ville, $0.435, les $0.60 de surtaxe de la communauté et le $1.14
qui est une taxe scolaire pour les compagnies incorporées, tout ceci va
chercher $140 millions. Pour que la ville aille chercher ces mêmes $140
millions, il faut absolument un rôle de $653 millions à 21,5%,
c'est-à-dire une augmentation de 43% du taux et de 56% sur le rôle
de valeur locative d'affaires.
Même si le ministre dit que les gens vont avoir un soulagement,
lorsque nous avons accepté de participer à cette réforme
de la fiscalité municipale, ce n'est pas nous qui avons proposé
cette forme de fiscalité ou de réforme. À ce moment, nous
avons cru, parce que l'ensemble du comité sur la réforme de la
fiscalité a accepté, vu que nous acceptions quand même une
quote-part différente au nom de la communauté, que la ville,
unanimement, base le rôle sur $457 millions, à 15%, ce qui est
encore le taux le plus élevé de toute la province... Je pense que
c'est foncièrement sur ça que nous voulons discuter.
Quant à l'élasticité de la taxe foncière par
rapport à la taxe de vente, je dois dire que ces dernières
années la taxe foncière a eu une augmentation de .5%, tandis que
la taxe de vente avait une augmentation de 1,2%.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: II est entendu, M. le Président, que le taux
d'une taxe je n'apprends rien à personne en disant ça
dépend essentiellement de la largeur de l'assiette. On peut dire
que 43%, ou 20%, ou 10%, ça dépend essentiellement de la taille
de l'assiette qu'on prend. Il n'y a pas de taux effrayant, il n'y a que des
combinaisons effrayantes de taux et d'assiettes; on s'entend bien
là-dessus. Il ne sert à rien de s'effrayer nous-mêmes avec
des taux énormes, si on prend des assiettes petites; les deux sont
liés.
M. Lamarre: M. le ministre, je ne sais pas si vous me comprenez,
mais je dis que le taux passant de $457 millions à $653 millions
correspond à 56% d'augmentation et le taux lui-même je ne
parle pas de l'assiette complète - passant de 13,75%, qu'il est
actuellement, à 21,5%, augmente de 43%. C'est tout cet ensemble, ce
n'est pas seulement un ensemble global.
M. Parizeau: On s'entend bien, M. le Président, M. Lamarre
et moi, on parle pour obtenir le même montant au bout du compte.
M. Lamarre: Pour aller chercher le montant que nous imposions
auparavant avec les surtaxes.
M. Parizeau: C'est ça, exactement.
M. Lamarre: Cela veut dire que déjà on n'est plus
compétitif. Vous parliez d'être compétitif.
M. Parizeau: Le caractère concurrentiel de Montréal
pour ses entreprises doit dépendre essentiellement de l'utilisation qui
est faite de la soixantaine de millions. On s'entend bien, comme je le disais
tout à l'heure. Ce qui est prévu, à l'heure actuelle,
c'est un transfert d'espace fiscal à Montréal qui vaut $67
millions, moins $3 millions ou $4 millions, compte tenu des quais et des ports
de mer; $28 millions pour les particuliers et pas grand-chose pour les
entreprises, peut-être de l'ordre de 1,8% ou 2%. On s'entend que ce n'est
pas grand-chose pour les entreprises.
Donc, le soulagement donné aux entreprises va dépendre
essentiellement de l'utilisation de cette marge de $67 millions qu'a la ville.
Elle pourra en passer une partie aux entreprises ou tout garder pour les
augmentations de dépenses; enfin, comme je le disais, ce sont des choix
que ceux qui administrent ou qui font le budget font eux-mêmes; c'est
d'ailleurs tout le sens de la réforme fiscale. On ne va surtout pas vous
dire comment utiliser cet argent.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Une petite question concernant les finances de
Montréal. Quel est le taux de transfert de taxes que vous irez chercher
cette année? Est-ce que vous devez aller chercher le maximum ou... (22 h
45)
M. Lamarre: M. le Président, je ne voulais pas
nécessairement en parler, mais, dans toute cette
réforme-là, nous allons chercher le plus bas taux de transfert
per capita. Nous avons l'effort fiscal le plus grand et l'indice de richesse
à peu près le plus bas de la province. Ce sont des choses qu'on
ne sait peut-être pas dans l'ensemble de la province, mais je dois dire
ici, pour les membres de cette commission, que tous ces résultats, le
transfert per capita est à peu près le plus bas, l'indice,
l'effort fiscal est à peu près le plus haut à
Montréal et l'indice de richesse un des plus bas de la province.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval. Oui.
M. Cordeau: Peut-être une dernière question. M. le
Président de l'Union des municipalités, dans votre
mémoire, en quelques endroits, vous témoignez d'une crainte, des
craintes sur l'autonomie municipale ou le droit de gérance, soit par de
la réglementation ou à quelque endroit dans le projet de loi,
surtout à l'article 252, où vous faites allusion à
certains amendements que vous suggéreriez. Pourriez-vous expliciter
votre pensée concernant cette crainte d'entorses à l'autonomie ou
au droit de gérance?
M. O'Bready: Je pense, M. le député, que c'est
essentiellement sur les pouvoirs de réglementation qui sont
déférés au ministre par les articles 252 et suivants du
projet de loi, on y fait allusion dans le mémoire et on a d'ailleurs des
recommandations plus précises dans le document technique qui est
déposé en annexe. C'est essentiellement
dans ce sens qu'on peut considérer qu'il peut y avoir des
entorses à l'autonomie municipale, du moins autonomie de gestion comme
telle. C'est dans ce sens que nos recommandations sont faites.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Est-ce que j'ai bien compris le ministre des Finances
tout à l'heure lorsqu'il disait que le bénéfice global
pour la population de la communauté ou pour le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal était de l'ordre de $90
millions à peu près?
M. Parizeau: Non, la ville de Montréal. Pour l'ensemble du
territoire de la Communauté urbaine, pour les municipalités
seulement, c'est $146 millions. Pour les villes et les contribuables ensemble,
c'est $210 millions.
M. Lavoie: Quel peut être l'effet pour la ville de
Montréal de la nouvelle politique de transfert ou pour le métro
entre autres, à partir de 1980 pour les immobilisations du métro?
On a un engagement de financement du gouvernement à 100%, je crois, pour
les investissements, mais quel sera l'effet sur vos emprunts? J'imagine que
vous empruntez, vous n'avez pas l'argent comptant pour payer le métro.
Si vous dépendez uniquement d'une promesse gouvernementale
d'année en année, il ne faudrait pas que ce soit dans une loi ou
quelque chose comme ça.
M. Lamarre: Nous sommes en train de regarder cette situation.
Encore là, il y a une différence entre les calculs du
gouvernement et nos propres calculs d'à peu près du simple au
double.
M. Lavoie: Pardon, qu'est-ce que vous avez dit exactement?
M. Lamarre: À peu près du simple au double.
M. Lavoie: Qu'est-ce qui est du simple au double?
M. Lamarre: La nouvelle politique sur les transferts,
comparativement à la politique qui était auparavant de
subventionner le déficit, au lieu des 40% sur les revenus.
M. Lavoie: C'est-à-dire que vous avez un manque à
gagner à cet endroit-là?
M. Lamarre: Lorsqu'on calcule $63 millions, il faut
déduire encore une partie et...
M. Lavoie: Mais c'est le temps d'établir la position. Il
faudrait que vous soyez peut-être un peu moins sibyllin ou un peu plus
clair, parce qu'on doit étudier l'article, le projet de loi article par
article. Now or never.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Je pense qu'on pourrait regarder tous ensemble la
page 25 de ce document orange. Je ne sais pas si M. Lamarre...
M. Lamarre: Comme je vous le dis, actuellement, nos calculs nous
donnent, au lieu de $29 millions, $17 millions, dont à peu près
$12 millions seraient pour la ville de Montréal, au lieu de $17 millions
pour...
M. Parizeau: Ah bon!
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: L'impact net...
M. Lavoie: On ne se comprend plus.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: L'impact net pour la CTCUM des propositions qui ont
été faites donne $29 millions de plus avec le régime
proposé qu'avec le régime actuel. C'est un gain net de $29
millions pour la CTCUM. Par exemple, sur le plan des subventions courantes,
cela représente presque la même chose. Sur la base actuelle, on
paierait à peu près, pour l'année 1979, $60 200 000 au
titre du déficit d'exploitation et la subvention courante sur la base
des revenus donnerait à peu près $62 300 000. C'est vraiment au
niveau des immobilisations que c'est très différent. La formule
gouvernementale est beaucoup plus généreuse qu'avant, puisqu'au
lieu de payer 60% du métro, on va en payer 100%, pour les nouveaux
travaux et c'est cela qui donne un gain net pour la CTCUM de $29 100 000. Et je
croirais volontiers, M. Lamarre, que la part de la ville de Montréal
doit être à peu près la moitié.
M. Lamarre: Je voudrais quand même dire que si l'impact net
que vous avez calculé est de $29 millions, jusqu'à maintenant,
nous en sommes rendus à $17 millions et non à $29 millions pour
l'ensemble des gains de l'impact net sur le transport public.
M. Tardif: Je pense, M. le Président, qu'ayant eu
l'occasion de discuter avec le président de la Communauté urbaine
de Montréal, il faudrait peut-être qu'on s'entende sur les bases
de calcul. Par exemple, la subvention gouvernementale pour l'émission de
laissez-passer de transport en commun basée sur l'hypothèse de 50
passagers au tarif des livrets de billets de $0.46 pièce nous donne $23.
C'est-à-dire qu'un citoyen qui achèterait 50 billets de
métro ou d'autobus au tarif de $0.46, cela lui coûterait $23. Le
gouvernement dit, dans sa proposition, nous allons subventionner une
réduction de ceci de 30%, ce qui abaisse
le coût de $23 à $16 et nous allons subventionner la
Communauté urbaine de Montréal de 110% de cette réduction,
donc de $7.70. Alors, M. le Président, je voudrais simplement terminer.
Je comprends, d'après certaines indications que j'ai eues du
président de la Communauté urbaine, que l'on ne calcule pas cela
comme un gain pour la communauté, mais, dit-on, comme un gain au
contribuable. Mais, M. le Président, je maintiens qu'il s'agit d'un
coût au gouvernement. Le gouvernement va débourser à la
communauté $7.70 pour chaque laissez-passer qui sera émis et il
doit le payer, d'où le coût additionnel au gouvernement de $29 100
000 pour la communauté. On se comprend sur ces bases-là, M. le
Président, de coût au gouvernement.
M. Lamarre: De coût au gouvernement, oui.
M. Drapeau: Si on me permet une question, ce manque à
gagner, c'est payé par le gouvernement à la CTCUM à
l'acquit de l'usager. S'il n'est pas payé par le gouvernement il entre
dans les revenus et le gouvernement donnerait 40% de ce montant alors que
là, dans la définition des revenus de la CTCUM, les 30% sont
enlevés. Alors, cela réduit le total des revenus de la CTCUM sur
lequel les 40% s'appliquent. C'est pourquoi, à première vue, cela
paraît beaucoup, mais dans la définition des revenus de la CTCUM,
la réduction de 30% n'entre pas. Il faudrait au moins corriger cela.
C'est bien cela?
M. Parizeau: Non, M. le Président, ce n'est pas une
correction à faire. C'est un calcul différent. On s'entend que la
subvention au revenu est de 40%, le revenu régularisé selon une
formule. En outre, et je reviens au tableau de la page 25 le tableau de
la page 25 ne cherche pas à cacher cela on établit une
compensation sur laquelle les 40% ne seront pas payés. Il y a deux types
de compensations, l'une pour le transport scolaire intégré et
l'autre pour les laissez-passer.
Alors, ce qui donne $29 millions de gain net, est clairement
établi dans le tableau de la page 25. Si on prend le transport scolaire
intégré et les laissez-passer et qu'on entre ça dans les
revenus, ça ne sera plus un gain net de $29 millions, ça va
être un gain neuf d'un peu plus de $30 millions. On revient toujours
à l'enveloppe dont je parlais tout à l'heure, le Trésor
public n'est pas inépuisable, rendu à $29 millions, on a
trouvé qu'on s'arrêtait là.
Là encore, je reviens à l'argument du ministre des
Affaires municipales tout à l'heure, on pourrait, en poussant le
cartésianisme très loin, arriver à des montants
supérieurs, mais, à un moment donné, il faut quand
même s'arrêter. Je pense, cependant, que là où il y a
des discussions sur le plan des chiffres entre nous et la ville de
Montréal, sur le plan du transport en commun, c'est en ce qui a trait
à un point d'accrochage qu'il est important de signaler. Nous calculons
ça, bien sûr, sur la nouvelle structure de taux
décrétée par la CTCUM il y a quelques mois, alors que
certains des analystes de la ville de Montréal nous disent: On va
prendre, pour 1979, la moyenne de nos revenus ou les revenus, en huit mois, au
tarif antérieur et pendant quatre mois, au tarif récent.
Nous disons: Écoutez, on prépare une réforme
fiscale municipale, une chose est claire, la CTCUM ne va pas revenir à
ses anciens tarifs. J'admets que cela fait quelques millions de
différence, selon qu'on prend l'une ou l'autre des deux bases de
calcul.
Je voudrais simplement revenir sur une chose à laquelle je n'ai
pas répondu, M. le Président, tout à l'heure, parce que
j'ai attendu simplement qu'on nous amène un peu la chose derrière
moi. M. Lamarre disait: Le coefficient d'élasticité de l'assiette
foncière à Montréal est 0,5, de la taxe de vente, c'est
1,2. Je n'ai malheureusement pas les documents qu'il faudrait pour
vérifier le 0,5, mais 1,2 pour la taxe de vente, je pense qu'il y a une
ambiguïté entre nous. Je parlais ici de l'élasticité
de la taxe de vente au produit intérieur brut. Manifestement, à
1,2, M. Lamarre utilisait le coefficient d'élasticité de la taxe
de vente aux ventes au détail. Aux ventes au détail, c'est 1,2,
au PIB, c'est 0,85.
Enfin, ce sont des choses qui arrivent, il faut se mettre sur la
même base.
M. Lamarre: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que cela clôt
l'ensemble des questions qu'on a à poser. Je demanderais au ministre des
Affaires municipales de clore le débat.
M. Lavoie: À moins que M. Corbeil, comme président
de la Conférence des maires, n'ait quelque chose à ajouter.
Le Président (M. Jolivet): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Tardif: M. le Président, je désire
évidemment remercier l'Union des municipalités du Québec
et la ville de Montréal pour leur présentation et
l'éclairage additionnel qu'elles ont apporté à un certain
nombre de problèmes qu'il ne faut pas nier, je pense, liés
à la mise en oeuvre de cette réforme. Ainsi qu'on l'a
répété à plusieurs reprises, cette loi n'est pas
tombée du ciel, ce n'est pas le fruit d'une génération
spontanée. Il y a près de deux ans de travail, de labeur
acharné où nous avons tenté de simuler l'effet, dans les
moindres détails, de cette réforme. Nous n'avons pas la
prétention d'en avoir jaugé l'impact à la cent
près, M. le Président, mais il me semble que des
précautions, sans précédent, ont été prises
avant de mettre en oeuvre cette réforme.
On est quand même loin de l'époque où le ministre
des Finances annonçait, dans son discours du budget: Voici le paquet
pour les municipalités cette année, aimez ça ou n'aimez
pas ça, c'est la situation. C'est ça qui a existé pendant
des années, M. le Président.
Une voix: ...
M. Tardif: C'est absolument faux, M. le Président, et je
n'accepte pas ce genre de remarque du député de Laval. C'est tout
le contraire qui a été fait, M. le Président, c'est une
mise...
M. Lavoie: Les "en-lieu" ne sont pas dans la loi.
M. Tardif: ... en commun, c'est un travail conjoint qui a
été fait avec le monde municipal et on n'a pas besoin de
préciser, dans cette loi, comment nous allons distribuer les
subventions, qui étaient distribuées sur la gueule auparavant par
l'ancien gouvernement, dès lors que nous disons que nous allons payer
nos taxes. Si le palais de justice est à Montréal, c'est à
Montréal que vont aller les taxes. C'est élémentaire, il
me semble qu'il n'est pas nécessaire d'écrire ça dans la
loi, encore que ceci est impliqué par l'ensemble des articles qui sont
là, M. le Président.
La réforme, on l'a dit, ce n'est pas un acte qu'on pose une fois
dans le temps et qui est fini. C'est un processus. Comme tel, c'est une
étape, après deux ans de travail, de ce comité et je suis
tout à fait d'accord, ainsi qu'on nous l'a demandé, de prolonger
le travail du comité conjoint. (23 heures)
On sait, présentement, qu'il y a un comité technique
où on retrouve des représentants du monde municipal, je l'ai
mentionné, et je suis tout à fait d'accord pour qu'on puisse
bénéficier des lumières de ce comité, des gens qui
y ont participé jusqu'à maintenant.
M. le maire de Montréal a mentionné sa
référence, il y a quelque temps de cela, à une
participation gouvernementale accrue à certaines dépenses faites
dans le milieu municipal, mais qu'il était en lieu et place du
gouvernement du Québec que ce principe se traduise en espèces
sonnantes et trébuchantes. Je pense que c'est le cas avec la
réforme où nous reconnaissons en partie ce principe. À
partir du moment où le gouvernement va financer 100% des infrastructures
de transport, comme il le faisait pour les autoroutes, c'est une
consécration de ce principe. À partir du moment où le
gouvernement dit qu'il va payer en entier les coûts reliés aux
services d'inspection des aliments et de pollution de l'air, c'est une
consécration de ce principe également. À partir du moment
où le gouvernement dit que dans le domaine de l'épuration, il va
faire passer sa contribution de 50% à 66 2/3% et même, dans
certains cas, à 90% des coûts, c'est aussi une consécration
de ce principe. Je l'ai mentionné déjà, quant au
problème du coût d'opération du transport en commun
où le gouvernement va subventionner 110% des réductions qui
peuvent être consenties aux citoyens, c'est une quatrième
consécration de ce principe.
Je pense et on l'a dit également pour la police judiciaire
que sur le plan des principes, on est tout à fait d'accord; on a
également dit qu'on a aussi un contentieux avec le fédéral
dans ce domaine, contentieux qui a d'ailleurs été ouvert par
l'ancien gouvernement, l'ancien ministre de la Justice du temps. Nous avons dit
que le lendemain que le dossier sera réglé avec le
fédéral, on pourra se pencher et voir à l'appliquer
"mutatis mutandis" au monde municipal. Je pense que, là aussi, ce n'est
pas au niveau des principes, cette fois, mais bien des disponibilités et
de la marge budgétaire.
Je suis sensible, encore une fois, aux remarques reliées à
la taxe d'affaires et, encore là, à toute solution. Je pense
qu'il y a eu pas mal de chemin parcouru au niveau des techniciens pour nous
aider à en arriver à une solution sur ce plan. La proposition de
l'UMQ à laquelle semblent se rallier, d'ailleurs, les gens de la
Communauté urbaine de Montréal a fait pas mal de chemin avec nos
techniciens et nous allons continuer de l'examiner.
Je voudrais, encore une fois, souligner qu'il y aurait aussi une autre
façon d'augmenter les revenus des municipalités de façon
substantielle puisqu'on a mis de l'avant ce principe de
l'intégrité de l'assiette foncière, et je pense à
la taxation des immeubles du gouvernement fédéral. On estime
à environ entre $100 000 000 et $125 000 000 les revenus additionnels
qui pourraient être procurés aux municipalités du
Québec si le gouvernement fédéral était un
contribuable à part entière. Cette situation est d'autant plus
injuste dans le cas du Québec, M. le Président, qu'on sait
pertinemment qu'en Ontario, le financement des infrastructures municipales
n'est pas du tout le même qu'au Québec.
On sait qu'au Québec, par exemple, ce sont les
municipalités qui paient pour les infrastructures d'égouts,
d'aqueduc, de rues, de trottoirs, alors qu'en Ontario le coût est
assumé par le constructeur, par le promoteur, de sorte que le
gouvernement fédéral, en implantant un immeuble
fédéral en Ontario, paie, au moment de la construction, le
coût des infrastructures. Ici, en refusant de payer des taxes et
même des "en-lieu" de taxes, c'est doublement injuste pour le
Québec. J'ai eu, là-dessus, l'appui de l'Union des
municipalités, mais je pense qu'au niveau des principes, lorsqu'on les
affirme avec autant de fermeté je pense qu'il y a lieu de
féliciter le monde municipal pour cette façon avec laquelle, au
niveau des principes, il se rallie à cette réforme au nom
de ces principes, nous revendiquons que cette intégrité de
l'assiette puisse être plus que quelques-uns des
dégrèvements... Je pensais aux immeubles des biens culturels. On
nous dit: Le ministre des Affaires culturelles pourra continuer de consentir un
rabais de la valeur des immeubles classés monuments historiques, mais il
n'y a même pas $1 million, là-dedans, si on veut en faire un plat,
alors que dans le cas de la taxation des immeubles fédéraux, il y
a au-delà de $100 millions. Je veux essayer de livrer les bagarres
là où ça risque de rapporter un peu plus.
Je vais être à côté de l'Union des
municipalités, de l'Union des conseils de comté et de toutes les
municipalités du Québec dans ce dossier. Je
désire les remercier. Ma porte est ouverte, j'allais dire de ce
temps-là presque jour et nuit. On est à votre disposition pour
essayer de corriger et de faire en sorte que cette réforme entre en
vigueur le 1er janvier, comme je le pense malgré tout, à moins
que l'Union des municipalités et la ville de Montréal ne me
disent le contraire, soit qu'elle entre en vigueur effectivement.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. O'Bready: C'est simplement pour vous remercier, messieurs, et
vous assurer de notre collaboration.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je serai1 très bref. Je vais
profiter de l'occasion pour remercier le président de l'Union des
municipalités du Québec et le maire de Montréal ainsi que
les autres personnes qui les accompagnent.
En ce qui nous concerne, nous allons apporter aux municipalités
notre meilleure collaboration possible. Vous avez exprimé le souhait que
ce projet de loi puisse être adopté d'ici au 31 décembre.
Du côté de l'Opposition, nous allons essayer de satisfaire
à ce souhait. Dans les quelques jours qui nous restent, nous essaierons
de passer à travers les 500 et quelques articles du projet de loi. Nous
allons apporter notre contribution pour tenter de bonifier le projet de loi au
niveau d'une section importante qui touche toute la question de
l'évaluation, des concepts nouveaux qu'on n'a pas eu le temps d'aborder
avec vous ni avec beaucoup d'autres sur la valeur réelle, la valeur
locative, le loyer brut ou le loyer net, certains pouvoirs accordés au
bureau de révision, etc.
Il y a quand même $200 millions de prétendues contributions
du gouvernement qui n'apparaissent pas, je le répète, qui
n'apparaissent pas dans le projet de loi. Tous les "en-lieu", les proportions,
soit 100% de certains immeubles du réseau, 80% ou 40% d'autres, c'est
laissé... Je dois le dire, même si cela déplaît au
ministre, ce n'est pas dans la loi. Ce sont des pouvoirs
discrétionnaires qui peuvent varier et qui valent ce que vaut un budget
donné et qui ont la durée d'un budget annuel. Je crois que les
autres $22 millions sont d'autres "en-lieu" sur des impôts fonciers sur
des immeubles du gouvernement. Il y a la péréquation qui n'est
pas là. Il y a au moins $200 millions qui n'apparaissent pas, alors
qu'auparavant les subventions qui étaient données aux
municipalités, soit le per capita ou la proportion qui revenait aux
municipalités autant sur la taxe de vente que sur la taxe des repas et
de l'hôtellerie, apparaissaient dans des statuts et non pas uniquement
dans la réglementation. Nous allons tenter d'apporter justement de
meilleures garanties aux municipalités pour ces ressources.
Nous allons également nous pencher sur la question de la
réglementation en général. Il y a des choses qui sont, je
trouve, exactement le contraire de l'autonomie, lorsqu'on parle d'autonomie,
certains pouvoirs de réglementation, entre autres, lorsqu'on veut
limiter votre taxe d'affaires à 5,5 fois le revenu. La taxe d'affaires
existait avant et les municipalités n'avaient pas de limite.
M. Tardif: Mais c'est demandé par le comité
conjoint.
M. Lavoie: Le comité conjoint a son opinion, nous avons la
nôtre. Vous ne serez pas là éternellement...
M. Tardif: Heureusement!
M. Lavoie: ... loin de là. Sur la question des permis et
des taxes, vous aviez beaucoup moins de contraintes qu'on vous en impose dans
ce projet de loi. Lorsqu'on parle de grands principes d'autonomie, moi aussi
j'ai mes opinions.
M. le Président, d'ici à la fin de la session, nous allons
nous atteler à la tâche. Ce que j'ai à dire, devant tous
les doutes... On en a eu encore ce soir. Ce ne sont pas des montants de $1
million ou de $2 millions. On parle de simulations qui ne sont pas encore
clarifiées de l'ordre de $70 millions. Je me pose des questions.
Je dois dire en terminant que je souhaite bonne chance dans cette
réforme aux municipalités et également au gouvernement. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci de votre présence.
Cela a été un peu plus long que prévu, mais merci.
Nous devons aborder le projet de loi article par article.
M. Lavoie: Ce soir?
Le Président (M. Jolivet): J'ai l'obligation, quant
à moi, comme président, puisque nous devons terminer à
minuit, l'article 1 ayant été appelé ce matin...
M. Lavoie: Pas les 500 articles avant minuit? Le
Président (M. Jolivet): 539.
M. Lavoie: Non, je ne le sais pas. Pour trois quarts d'heure,
est-ce que... Je pense bien qu'on serait en meilleure forme demain matin. Si
vous voulez...
M. Tardif: M. le Président...
M. Lavoie: Je vais demander cinq minutes de suspension, s'il y a
lieu, pour mettre de l'ordre dans mes papiers, pour changer de dossier. Je
laisse cela à la discrétion du ministre.
M. Tardif: M. le Président, compte tenu que les membres de
cette commission ont fait, je pense, un travail sérieux depuis 14
heures, il me semble que commencer l'étude article par article pour 45
minutes... Si tout le monde est d'accord, nous pourrions effectivement la
commencer demain matin.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu que ce midi j'avais
commencé par appeler l'article 1, nous serons rendus là à
10 heures demain matin.
(Fin de la séance à 23 h 11)