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Commission permanente des affaires municipales
Avant-projet no 201
Loi de la Communauté régionale de
l'Outaouais
Séance du 9 septembre 1969
(Dix heures cinquante cinq minutes)
M. SAUVAGE AU (président de la commission des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
A titre de président, je voudrais vous souhaiter la plus cordiale
des bienvenues à la commission parlementaire des Affaires municipales,
à l'occasion de la présentation de vos mémoires.
Après que le ministre vous aura adressé quelques mots,
ainsi que le représentant de l'Opposition, j'inviterais toutes les
personnes qui ont des représentations à faire ou des
mémoires à présenter à bien vouloir s'approcher des
micros, s'identifier ainsi que le groupement qu'elles représentent.
Maintenant, je demanderais au ministre des Affaires municipales de vous
adresser la parole.
M. FOURNIER: M. le Président, pourrait-on changer des membres de
la commission. Est-ce fait?
UNEVOIX: Non.
M. Robert L. Lussier
M. LUSSIER: M. le Président, MM. les membres de la commission
parlementaire des Affaires municipales, il me fait de nouveau plaisir de
recevoir des contribuables, de discuter avec les gens de l'Outaouais et aussi
avec les membres de la commission parlementaire de ces grands projets de
gouvernements ou d'organismes régionaux.
On avait manifesté le désir que cette commission puisse
siéger dans votre région j'en avais personnellement
manifesté le désir mais, après avoir discuté
de la chose avec le président de la Chambre, il s'avère que c'est
impossible, même si les membres de l'Opposition étaient aussi
d'accord, car il aurait fallu changer les règlements de
l'Assemblée nationale et ces règlements ne peuvent être
changés que lorsque l'Assemblée nationale siège.
Dans les circonstances, il était légalement impossible de
nous déplacer pour aller siéger à Hull, ce qui ne veut pas
dire que, dans l'avenir, la chose ne se fera pas, au contraire. De toute
façon, je tenais à vous souligner ce fait pour que vous
compreniez bien pourquoi nous siégeons actuellement ici et non pas dans
votre région.
Par le nombre des mémoires, la qualité de la
représentation, nous voyons que vous voulez bien participer à
l'administration de vos affaires. Vous savez fort bien que si ce document a
été présenté comme avant-projet, c'était
surtout pour concrétiser ce que nous affirmions depuis longtemps, que
nous voulions que vous y participiez, que vous soyez consultés, que vous
ayez le temps de nous dire ce que vous avez à nous dire, que vous nous
fassiez savoir vos commentaires avant que nous ne passions à
l'élaboration d'un projet de loi final.
Alors, messieurs, c'est un document de travail, nous attendons vos
commentaires, nous attendons vos critiques, de telle façon qu'ayant
entendu ce que vous avez à nous dire nous puissions changer, sans doute,
certaines modalités de cet avant-projet de loi pour qu'il réponde
le mieux possible aux besoins de votre région et qu'ainsi vous puissiez
participer, de la façon la plus active, au développement et au
progrès du Québec en entier en faisant progresser votre
région.
Messieurs, je vous remercie de votre participation à cette
commission. Je remercie aussi ceux qui y participeront par la
présentation de mémoires et autres commentaires. Je vous remercie
de votre participation et je vous félicite de prendre vos
responsabilités de cette façon en ce qui regarde la chose
publique. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: M. Fournier. M. Roy Fournier
M. FOURNIER: M. le Président, moi aussi, comme
représentant de l'Opposition, je tiens à féliciter tous
ceux qui, tout à l'heure, vont présenter des mémoires. Le
gouvernement a soumis ou soumet à la population un avant-projet. Il ne
l'appelle pas un projet, comme on le fait généralement pour un
bill, de façon que la discussion soit ouverte et que nous puissions
exposer nos opinions relativement à ce document.
La lecture du document lui-même appelle certains commentaires. Le
ministre vient de dire que le document s'applique ou doit s'appliquer à
la région de l'Outaouais. C'est un document particulier qui s'adresse
à une région particulière. Dans notre région, nous
faisons face à certains problèmes auxquels d'autres
municipalités ont à faire face, en particulier des
problèmes de service, de circulation, d'eau, d'épuration et
autres qui existent dans le reste de la
province. Mais nous avons en plus la Commission de la capitale nationale
qui dispose de moyens financiers, et nous avons le gouvernement
fédéral qui peut construire des édifices dans notre
région et qui s'est engagé à le faire, ce qui crée
des problèmes un peu particuliers pour notre région, d'autant
plus que le côté on-tarien est présentement doté
d'un organisme supramunicipal et d'un gouvernement régional.
La politique du parti libéral favorise le principe du
gouvernement métropolitain ou régional. Nous prétendons
que dans notre région il faut que le gouvernement agisse dans cette
perspective. Mais, il faut bien tenir compte des objectifs de notre
région. Il faut que le document soit applicable à notre
région relativement aux objectifs que poursuit la région de
l'Outaouais dans le domaine municipal et dans certains autres. Nous voulons des
structures efficaces et démocratiques pour ce territoire.
Nos problèmes sont les suivants: il nous faut un organisme qui
nous permette de faire des représentations auprès du gouvernement
fédéral de façon à obtenir, de notre
côté, la juste part qui nous revient de la commission de la
capitale nationale et du gouvernement fédéral.
Il nous faut aussi voir, comme dans d'autres régions, au
développement industriel de notre région. Il faut faire
disparaître les inégalités qui existent de chaque
côté de la rivière. Je parle de la taxe de vente, etc. Il
faut agir dans ce domaine et régler des problèmes locaux.
En somme, voici les objectifs de la région il y en a
quatre : la commission de la capitale nationale, le développement
industriel, la nécessité de faire disparaître les
inégalités interprovinciales 1 cause de notre situation
géographique et certains problèmes locaux.
En face de ces objectifs et de ces problèmes à
régler pour notre région, qu'offre l'avant-projet du
gouvernement? Il nous offre une communauté urbaine et une
société d'aménagement. Au point de vue
démocratique, nous croyons que le ministère a raison de vouloir
appliquer le principe que les membres de la commission doivent être
élus par la population en général. Ceci diffère de
ce qui se fait, de ce qui se fera ou qui est proposé dans l'avant-projet
pour la communauté urbaine de Québec et de Montréal. Nous
le reconnaissons, c'est une bonne façon d'agir que de faire
élire, par la population en général, les membres du
comité exécutif.
Mais le projet touche à certains autres points, relativement
à la démocratie. Il remplace le référendum pour le
zonage par une consultation populaire. C'est un changement. Alors que les gens
ont le droit de voter sur les modifications de zonage, là, c'est une
con- sultation, un avis public et la communauté ou le comité
exécutif décide, malgré l'avis du conseil de la
communauté.
C'est un accroc à la démocratie. Est-ce que le
système est bon? Le système consultatif existe en Ontario. Il
faut attirer l'attention de la population sur ce que le projet comporte. Mais
il porte un dur coup à la démocratie relativement à la
taxation. Les gens qui vont faire la dépense ne sont pas ceux qui vont
taxer.
La communauté va répartir la taxe entre les
différentes municipalités et à ce moment-là ceux
qui font la dépense ne sont pas ceux qui taxeront la population. Le
système est un peu semblable à celui des commissions scolaires
régionales dont les représentants débitent les commissions
locales. C'est un accroc auxprin-cipes démocratiques. Mais dans le fond,
que fait le projet sinon taxer localement, c'est-à-dire dans la
région de l'Outaouais?
Il y a deux problèmes particuliers. Nous voulons que celui de
l'évaluation soit réglé dans la région. Nous avons
prétendu et nous prétendons encore que l'évaluation est un
problème général d'envergure provinciale qui doit
être réglé par des normes provinciales et non pas locales.
Le problème de l'évaluation doit être réglé
dans la région de l'Outaouais. Cela ne règle pas le
problème de toute la province. Pourquoi ne pas régler le
problème de l'évaluation dans toute la province du même
coup? Dans l'Ontario, on a une réglementation générale et
c'est ce qu'on a fait également dans le Nouveau-Brunswick. Pourquoi ne
pas régler le problème dans toute la province plutôt que de
le résoudre ou tenter de le faire dans notre coin?
Quant aux dépenses qu'entraîne la pollution, ce
problème relève du gouvernement provincial et non de
l'administration locale. Le problème de la pollution de l'air et de
l'eau ne se réglera pas par les municipalités parce qu'elles n'en
ont pas les moyens financiers. C'est un problème d'envergure provinciale
qui devrait être à la charge de la province.
Le projet non plus ne tient pas compte on l'a constaté en
Ontario, depuis un an qu'il est en vigueur qu'il y a des
municipalités urbaines et des municipalités rurales. Le
territoire qui sera desservi comprend des municipalités semi-urbaines,
semi-rurales, mixtes; certaines sont rurales et d'autres, urbaines. Il ne
semble pas y avoir de précisions particulières. Le journal de
samedi disait: « Expensive flaw? » à propos de la
communauté urbaine du côté de l'Outaouais. Les plaintes
venaient des secteurs ruraux, dont la taxe a doublé depuis un an, et qui
n'ont rien obtenu en fait de services. Ceci pour la communauté
urbaine.
Mais dans le projet, vous avez la Société, et la
Société, qu'est-ce que c'est? Onle dit carrément, la
Société est un mandataire du gouvernement. Elle a les pouvoirs
d'un mandataire, c'est-à-dire qu'elle représente le gouvernement.
Elle représente le gouvernement par cinq personnes nommées dont
deux sont domiciliées chez nous. C'est la mise en tutelle
gouvernementale de l'industrie, des loisirs, de la récréation et
du tourisme. Cette Société va tout diriger relativement à
l'industrie, au commerce, au tourisme et à la
récréation.
Mais comment va-t-elle fonctionner? Pour commencer, les
municipalités doivent céder les parcs industriels à cette
Société qui appartient au gouvernement et qui est dirigée
par le gouvernement. Par la suite, les centres industriels vont être
taxés, la Société elle-même va être
taxée pour les centres qu'elle possède. Elle va conserver les
deux tiers de cet impôt. Pourquoi faire? Pour s'administrer, pour,
probablement, améliorer les services industriels. Mais le gouvernement
dit: C'est à nous cette Société-là, nous allons lui
verser $25 millions, $5 millions par année.
Très bien, mais je me pose la question suivante: Si la
société achète des terrains pour $25 millions, à $5
millions par année, c'est une capitalisation de la part du gouvernement.
Ces terrains, elle les revendra et on dit: Que fait la' Société,
s'il y a un surplus? C'est versé au fonds consolidé de la
province.
Dans le document, ce qui saute aux yeux, c'est que le domaine industriel
et récréatif sera abandonné localement. Les
municipalités n'auront pas le droit de dépenser pour l'industrie
et pour les loisirs. Elles devront abandonner cela à cette
société gouvernementale qui décidera de faire ce qu'elle
veut. Est-ce que la promotion industrielle sera meilleure chez nous avec cette
société? Est-ce que nous y verrons des avantages?
Présentement, Je crois qu'il y a d'autres formules où il y aurait
une participation locale plutôt qu'une participation totale du
gouvernement, qu'une mainmise ou une tutelle sur notre région.
Dans les circonstances, nous prétendons que le projet d'une
communauté est une base d'études, en général. Nous
sommes favorables à un gouvernement métropolitain, mais il faut
corriger les anomalies qui existent. En particulier, cette
société qui est une mainmise totale sur ces domaines par le
gouvernement. Est-ce que le document atteint les quatre objectifs que J'ai
mentionnés au début? Est-ce qu'il nous donne le pouvoir d'aller
discuter avec la commission de la capitale? Non, le document dit, au
début, à l'article 2 ou 3: II s'agit d'une communauté qui
remplacera la municipalité et qui remplit des fonctions municipales. On
ne lui donne pas d'autres pouvoirs. On aurait pu en faire un organisme de
négociation avec la Commission de la capitale nationale. Ce n'est pas
cela; cela remplace ce qui existait. Ils ont des fonctions municipales.
J'ai posé la question: Est-ce que la Société
accomplit bien ce que nous espérons au point de vue industriel?
Quant aux inégalités, ou sont-elles réglées?
Je comprends, cela relève peut-être du ministère des
Finances. Mais, nos problèmes commerciaux, l'inégalité de
la taxe de vente, comment cela est-il réglé? Y a-t-il un
début de solution à ces problèmes? Pas dans cet
organisme-là.
Quant à régler le problème des services, il y a une
possibilité, la loi permet, mais où le document
décrête-t-il que ce seront des services centralisés? On en
parle pour l'évaluation, pour la pollution et pour les centrales de
données. Il y a aussi les problèmes locaux de transport en
commun. On parle de circulation intermunicipale, c'est très bien. Mais,
le problème des services, l'incendie, la police, les ordures
ménagères, etc, etc. on permet, mais on ne décrète
pas. Il y a énormément de matière pour une étude.
Nous voulions, au début, établir que certains principes sont
violés par l'avant-projet. En particulier, on voit que la
Société devient mandataire du gouvernement. Donc, c'est la
mainmise du gouvernement sur une région, au point de vue industriel et
touristique. On fait aussi un accroc à la démocratie relativement
à la taxation.
M. LE PRESIDENT: M. Théoret. M. Rolland Théoret
M. THEORET: M. le Président, M. le Ministre, mes chers
collègues, seulement quelques remarques très brèves au
début, d'abord pour souhaiter la bienvenue à mes amis de la
région de l'Ouest du Québec et en particulier aux
représentants du comté de Papineau, tant de la partie urbaine que
de la partie rurale.
Je suis très heureux ce matin d'assister et de participer
à cette première réunion de la Commission municipale qui
étudie cet avant-projet de la Communauté régionale de
l'Outaouais. Le mot dit bien « avant-projet »; c'est donc ouvert
à la discussion et Je veux dès le début, M. le ministre,
féliciter tous les corps publics: les organismes municipaux, les
chambres de commerce le Conseil économique, la Société
d'aménagement, etc., du sérieux avec lequel ils ont
étudié ces différents rapports.
Pour moi, ce matin, c'est l'aboutissement normal de plusieurs
années de labeur concernant la Communauté régionale de
l'Outaouais et la Société d'aménagement. De nombreuses
réunions ont été tenues ici, à Québec; des
représentations ont été faites. Je crois qu'une mention
spéciale doit être accordée au Conseil économique de
l'Outaouais pour avoir attaché le grelot par la présentation d'un
rapport bien charpenté et bien documenté au mois de janvier 1967,
rapport qui avait été présenté à
l'exécutif du gouvernement et qui s'intitulait « Le territoire
québécois de la région de la capitale nationale
».
Je ne parcourrai pas ce rapport que tous les gens de notre région
connaissent bien. Je veux seulement souligner ici la recommandation qui avait
été faite par le Conseil économique après qu'il eut
étudié tous les angles et tous les aspects de cette situation. La
recommandation finale se lisait comme suit: « Que le gouvernement de la
province de Québec légifère dans le plus bref délai
possible pour former une commission spéciale qui sera chargée de
l'aménagement et du développement de la partie
québécoise de la région de la capitale nationale en vertu
du statut particulier qui serait conféré à la
région de Hull en raison de sa situation géographique. » Ce
mémoire était signé par Antoine Grégoire, le
président, en janvier 1967.
En avril de la même année 1967, proposant un amendement
à la motion du député de Gatineau, mon collègue M.
Fournier, et Je demandais dans ma motion que le mandat de la commission de
l'intégrité du territoire, connue sous le nom de commission
Dorion, soit agrandi afin de lui permettre d'étudier en priorité
les problèmes de l'Ouest du Québec. La première partie de
la motion demandait que le mandat soit modifié afin que la commission
d'étude sur l'intégrité du territoire examine en
priorité les problèmes posés par l'existence de la
commission de la capitale nationale, ses structures, ses pouvoirs,
l'étendue de son territoire. En deuxième lieu, je demandais
qu'une commission d'aménagement de l'Ouest du Québec soit
formée. « a) Pour assurer la sauvegarde des droits et des
intérêts du Québec sur la portion de son territoire
comprise dans la région de la capitale nationale; « b) Pour
protéger les droits et les intérêts économiques,
sociaux et culturels des citoyens résidant dans cette région du
Québec; « c) Pour contribuer au développement d'une
région de la capitale fédérale d'une manière
appropriée, afin que le siège du gouvernement du Canada puisse
refléter le caractère bilingue et biculturel de la population du
pays. »
La commission Dorion, à la demande du pre- mier ministre d'alors,
M. Johnson, s'est penchée sur ce problème en priorité. Je
veux remercier le gouvernement d'avoir attiré l'attention de la
commission Dorion sur ce problème qui est, évidemment, cuisant
chez nous.
Nous avons eu le rapport de la commission Dorion, également bien
charpenté, qui, je crois, est à l'origine de cet avant-projet de
loi de la communauté régionale de l'Outaouais. Je remercie en
particulier le Dr Lussier, ministre des Affaires municipales, qui a bien voulu
étudier, au même titre et en priorité, les situations de
Montréal, Québec et de l'Outaouais. C'est dire jusqu'à
quel point le gouvernement du Québec a à coeur et
considère comme prioritaire le développement de cette
région qui est la nôtre et qui a besoin d'aide.
Les représentations que nous aurons à faire au cours de
cette étude, nous les ferons au fur et à mesure. Ce n'est pas mon
intention, comme l'a fait le député de Gatineau, de repasser tout
ce projet de loi. J'aurais en particulier une remarque à faire, au sujet
de l'agrandissement possible du territoire de la Société
d'aménagement de l'Outaouais québécois. Selon moi,
actuellement, la loi telle que rédigée, ne tient pas compte de la
réalité. Le conseil économique, les chambres de commerce
ont toujours travaillé sur le territoire des quatre comtés. Je
crois qu'il serait malheureux, messieurs de la commission, que l'on ampute une
partie de ces territoires qui ne serait pas comprise dans cette étendue
de terrain qui sera sous la surveillance ou, enfin, sous la garde de la
société d'aménagement. Je crois que cette
société d'aménagement, avec les investissements que le
gouvernement veut faire actuellement, sera vraiment l'organisme moteur qui
permettra à l'Outaouais de sortir enfin des ornières.
Nous avons, depuis trois ans, demandé qu'il se fasse quelque
chose. Eh bien, nous sommes ce matin, Je crois je regrette de me
répéter à l'aboutissement normal des
représentations qui ont été faites par tous les corps
publics, par les conseils municipaux, conseils économiques, etc,
auprès du gouvernement. Je suis heureux de voir que nous avons devant
nous un avant-projet de loi. Je crois que cette discussion portera profit. Je
suis heureux, également, que l'Opposition accepte de bonne grtce en
principe l'idée de régionalisation. Elle a fait des
réserves. C'est son droit. Certains corps publics ont aussi des
réserves à faire. J'ai pris connaissance de leurs
mémoires.
Alors, messieurs, c'étaient les remarques que j'avais à
faire. Je le répète, je crois que nous avons là une
législation qui permettra à l'Ouest du Québec de
s'épanouir.
M. LE PRESIDENT: D'autres membres de la commission aimeraient-ils
prendre la parole?
M. PARENT: J'aimerais réserver mon droit de parole pour plus
tard.
M. MURRAY: Seulement une question que j'aurais à poser à
M. le député. Il a déclaré que le gouvernement
provincial devrait payer pour l'épuration des eaux. Je suis d'accord
avec lui. Mais je lui demande si le gouvernement fédéral ne
devrait pas également payer davantage.
M. FOURNIER: Ce n'était pas limitatif, mais je dis qu'au point de
vue municipal...
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel A l'ordre! C'est hors d'ordre un petit
peu.
Maintenant, j'aimerais que les personnes qui désirent prendre la
parole s'approchent d'un micro, s'identifient, de même que le groupement
qu'elles représentent.
M. GREGOIRE: Antoine Grégoire, président du Conseil
économique de l'Outaouais.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Monsieur...?
M. GREGOIRE: Antoine Grégoire.
M. LE PRESIDENT: Antoine Grégoire.
M. POULIN: Jacques Poulin, maire de Gatineau. Nous avons un
mémoire à vous présenter.
M. SEGUIN: Jean-Marie Séguin, échevin,
vice-président du comité exécutif de Hull. J'aurais un
mémoire à titre personnel.
Je voudrais aussi vous souligner que le maire de Hull est actuellement
entre Montréal et Québec, l'avion a du retard. Le maire a aussi
un mémoire à présenter.
M. LE PRESIDENT: C'est la raison pour laquelle nous avons
commencé un peu plus tard.
M. ROCHELEAU: Gilles Rocheleau, membre du conseil municipal de Hull et
membre de l'administration du conseil économique.
M. RONDEAU: Je suis le chanoine Jean Rondeau. Je représente
monseigneur l'évêque de Hull. J'ai un petit mémoire
à présenter au nom du diocèse de Hull.
M. PARENT: Michel Parent. Je représente la commission scolaire
régionale de l'Outa- ouais et l'Association des commissions scolaires de
l'Outaouais-Papineau. Je n'ai pas de mémoire à présenter
pour le moment, mais je réserve mon droit de faire des observations.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. BEAUDOIN: Guy Beaudoin, de la Fédération des
employés des services publics, au nom des employés des
municipalités concernées.
M. PHILIPPS: Fernand Philipps, de la Chambre de commerce de Gatineau.
Nous aurons un mémoire à présenter plus tard. Je crois que
vous en avez des copies.
M. MOREAU: Robert Moreau, de la Jeune chambre de la Pointe-Gatineau.
Nous avons aussi un mémoire à présenter.
M. POLIQUIN: C. Poliquin, préfet du comté de Gatineau. Ce
n'est pas un mémoire que je veux présenter, je me réserve
un droit de parole ou d'intervention.
M. LE PRESIDENT: Y-a-t-il d'autres personnes?
Nous avons reçu hier un télégramme de la part de Me
Raymond Roger, maire de Lucerne, et j'aimerais le lire pour l'information des
membres de la commission: « M. Armand Bonin, secrétaire des
commissions parlementaires, Hôtel du Gouvernement, Québec,
Québec. Re: Outaouais, communautés et sociétés.
« Urgent. Réunion mardi le 9 septembre. Endossons
intégralement projet de communautés et sociétés
avec modifications importantes suivantes: « 1) Planification par
participation garantie. Référence du rapport Lahaie, chapitre 7.
« 1) Soumission du plan directeur (communautés) et des centres
(sociétés) ou municipalités locales, partie concernant
chaque municipalité pour consultation (354.0). « a) Conseil local
suggère amendement ou approuve (335.1 et 335.2). « b) Chaque
conseil local en présence, représentant de communautés ou
de sociétés, convoque assemblée publique de tous les
électeurs de municipalité locale (amendement à la loi,
article 29). « c) Communauté ou société
réétudient avant décision finale (335.3). « 2) Droit
d'appel à une régie d'urbanisme par municipalité locale et
contribuables. Régie a pouvoir modification, suspension temporaire
d'application ou d'accorder indemnité payable par
communauté ou société. « N.B. Si loi-cadre
d'urbanisme le prévoit que société (agent de la Couronne)
et communauté soient liées. « 3) Expropriation obligatoire
des habitations résidentielles situées à la
périphérie (300 pieds) d'un centre commercial ou industriel de
sociétés. « 2) Planification par adoption globale. «
1) Plan directeur adopté à la fois sur tout le territoire de
communautés. « 2) planification totale soumise à
juridiction de la communauté incluant fusion et annexion (115.43).
Procédure actuelle d'annexion permet veto I tout plan directeur
régional. « 3) Aucune décision par société
sur sites des centres à l'intérieur de communautés avant
l'existence d'un plan sommaire de groupements d'urbanisme (360.0). « 4)
Meilleure coordination entre communautés et sociétés sur
planification. Amendement à la loi, article 140. « 3)
Planification par application garantie. Ajoutez pouvoir exécutif
à la communauté de former bureau central d'inspection en
bâtiment avec conseiller juridique pour appliquer toutes les lois
d'urbanisme dans chaque municipalité. « Les petites
municipalités sont incapables de le faire. Ajouter paragraphe Il
à la loi, article 20. »
Signé, Me Raymond Roger, maire de Lucerne.
Je demanderais maintenant à M. Antoine Grégoire de venir
au micro.
M. Antoine Grégoire
M. GREGOIRE: M. le Président, M. le Ministre, MM. les
députés de chez nous, MM. les membres de la commission, il me
fait plaisir, au nom du Conseil économique de l'Outaouais, de vous
présenter le point de vue de notre organisme à l'égard de
l'avant-projet de la Communauté urbaine de l'Outaouais.
J'aimerais, avant de prendre mon texte, remercier le ministre des
Affaires municipales de nous avoir si bien fourni l'occasion de contribuer
à la confection d'un projet de loi qui devra répondre aux besoins
de notre région.
En effet, M. Lussier, le ministre des Affaires municipales, s'est rendu
chez nous, à l'occasion d'une assemblée publique, le 18 juin
dernier. C'est donc dire que nous avons eu trois mois tout le temps
voulu pour étudier le contenu de cet avant-projet et que nous
l'avons fait sérieusement.
Dès réception de l'avant-projet, le Conseil
économique a voulu, aussi bien que possible, renseigner la population de
la région. A cet effet, nous avons répété les
grandes lignes de l'avant-projet dans notre bulletin mensuel que nous avons
distribué comme à l'ordinaire après de 3,000
personnalités de la région de l'Outaouais. Subséquemment,
nous avons reçu des remarques, des suggestions dont nous avons tenu
compte au cours des études qui ont évidemment suivi.
Dès le 27 juin, soit environ une semaine après le passage
de l'honorable Lussier, nous avons fait connaître par lettre au
ministère certaines réactions préliminaires. Finalement,
lorsque nous avons su que la commission parlementaire ne pouvait pas se
déplacer, à cause de la loi qui dit qu'elle doit siéger
ici à Québec, nous avons demandé au ministre de venir
rencontrer le conseil d'administration du Conseil économique. Il nous a
délégué le légiste qui a contribué à
la rédaction de ce texte de loi, Me Jacques, qui nous a consacré
plusieurs heures à l'occasion de la dernière réunion
d'étude de notre conseil d'administration.
C'est donc avec connaissance de cause et après une étude
sérieuse que nous nous sommes arrêtés sur le texte que nous
voulons vous présenter ce matin. Ce n'est pas une réaction
spontanée. Je dirais que c'est plutôt le fruit de trois ans de
travail du Conseil économique qui, déjà en 1967,
présentait le mémoire auquel faisait allusion tout à
l'heure Me Théoret, le député de Papineau.
Bien que notre dernière réunion ait été
tenue le 4 septembre, soit jeudi dernier, notre document vous est
présenté ce matin dans les deux langues. Nous n'avons pas la
traduction simultanée, mais presque. Nous aurons donc l'occasion de vous
fournir les documents en anglais et en français. Ceci dit, M. le
Président, je vais procéder à la lecture du document et,
à l'exemple des derniers qui ont adressé la parole, je
m'assoirai, avec votre permission.
Le document qui fait l'objet de la présente étude renferme
en réalité deux propositions distinctes qu'il convient
d'étudier selon leurs mérites propres; la Communauté
régionale et la Société d'aménagement.
Pour sa part, le Conseil économique de l'Outaouais, qui ne cesse
de réclamer, depuis trois ans déjà, l'intervention active
du gouvernement provincial dans le développement de la région et
plus spécifiquement la création d'un organisme régional
d'aménagement, ne peut qu'applaudir à la section de
l'avant-projet de loi visant à la formation de la Société
d'aménagement de l'Outaouais.
Ce document constitue jusqu'à présent le projet le plus
concret qui ait été soumis à notre
attention pour déterminer l'avenir de la région de
l'Outaouais. Ainsi, notre conseil y a-t-il consacré de longues
séances d'étude et de réflexion dans le but d'en
déceler les lignes de force, d'en corriger les faiblesses possibles et
de faire les recommandations qui s'imposent pour que le projet soit
revisé, adopté et appliqué sans retard.
On remarquera, dans les différents mémoires qui ont
déjà été soumis par le Conseil économique de
l'Outaouais, dont nous déposons des copies devant la commission
parlementaire elles sont déjà rendues combien nous
revenons souvent sur ce thème de l'importance de la participation
québécoise au développement de la région de
l'Outaouais.
Les études nombreuses et fort documentées qui ont
été effectuées depuis plusieurs mois, dont celle de la
Commission sur l'intégrité du territoire québécois,
pour n'en mentionner qu'une, ont démontré que la région de
l'Outaouais accuse un retard inquiétant. Ce retard est d'autant plus
évident qu'il frappe une région située dans le voisinage
immédiat de la capitale fédérale et
généralement reconnue comme partie intégrante de ce qu'on
a convenu d'appeler la région de la capitale nationale.
Il est donc urgent et le projet de la création de la
Société d'aménagement de l'Outaouais est un pas dans la
bonne direction dedoter, aussi rapidement que possible, la région
de l'Outaouais des instruments essentiels à son développement et
à son aménagement rationnel.
Tout d'abord, la Communauté régionale de l'Outaouais.
C'est bien à dessein que notre conseil économique a laissé
de côté la première partie de l'avant-projet de loi, soit
celle qui a trait à la Communauté régionale de
l'Outaouais. Un organisme représentatif, la Conférence permanente
des maires de l'Ouest du Québec, s'était chargé de cette
étude particulière. De plus, plusieurs des municipalités
intéressées se proposaient de faire connaître
individuellement leurs vues sur le sujet.
La position globale du conseil économique a déjà
été exprimée à plusieurs reprises. Nous avons
toujours souhaité un regroupement des forces sur le plan municipal pour
une administration à la fois plus efficace, plus rationnelle et plus
économique. Nous avons mentionné, dans nos mémoires
antérieurs, que nous préconisons la régionalisation de
certains services essentiels. Nous avons toujours laissé aux élus
locaux le soin de préciser, en étroite collaboration avec les
autorités provinciales, les modalités d'un tel regroupement et
d'une telle régionalisation.
Quelle que soit l'issue des discussions engagées sur la partie de
l'avant-projet de loi traitant de la Communauté régionale de
l'Outaouais, nous croyons qu'on devrait procéder sans tarder à la
création de la société d'aménagement. Si
nécessaire, on devrait même séparer les deux propositions
et en faire des projets de loi distincts. Loin de nous l'idée de
minimiser l'importance du projet de communauté régionale. Nous
n'ignorons pas, non plus, que ce projet, une fois élaboré
à la satisfaction des principaux intéressés, peut
simplifier de beaucoup la tâche qui sera dévolue à la
société d'aménagement, mais nous croyons que le dialogue
engagé avec les municipalités concernant le projet de
communauté régionale peut se prolonger en raison du nombre de
conseils municipaux intéressés et de la complexité des
problèmes soulevés.
A notre avis, rien n'empêche les autorités provinciales
d'aller de l'avant avec le projet de création de la
société d'aménagement, au moyen d'une loi distincte, si
nécessaire, afin que cet organisme se mette à l'oeuvre sans
tarder. Tout le monde est d'accord pour reconnaître qu'il y a
énormément de rattrapage à faire dans ce domaine. Alors,
il vaut mieux ne pas perdre de temps. Le Conseil économique de
l'Outaouais
Le Conseil économique de l'Outaouais est donc très heureux
de l'occasion qui lui est fournie d'exprimer son opinion sur la partie de
l'avant-projet ayant trait à la Société
d'aménagement de l'Outaouais. Avant de ce faire, on nous permettra de
rappeler très brièvement l'historique et les objectifs de notre
conseil économique afin de placer nos représentations dans une
juste perspective.
Le Conseil économique de l'Outaouais, dont le siège social
est à Hull, est une association socio-économique qui a
été établie en 1966. Elle s'efforce de grouper les forces
vives des quatre comtés de l'Ouest du Québec, soit ceux de Hull,
Gatineau, Papineau et Pontiac, dans le but d'orienter et de favoriser le
développement de toute la région. Elle exerce principalement son
action au moyen d'études sur le milieu, d'inventaires des ressources, de
représentations auprès des gouvernements et des organismes
supérieurs et de mesures de promotion économique. Enfin, elle
s'efforce de créer une ambiance et un climat qui favoriseront le
progrès de toute la région de l'Outaouais.
Le conseil est formé de représentants des
municipalités de la région, de corporations privées
à but lucratif ou non et d'associations à caractère
économique, telles que les chambres de commerce, les syndicats ouvriers,
les associations agricoles et autres. Il peut s'adjoindre
également, comme membres consultatifs, toutes les personnes qui,
par leurs connaissances et leur esprit d'Initiative, peuvent l'aider dans ses
efforts, de même que les représentants de ministères ou
d'organismes gouvernementaux. Il est indépendant de toute politique.
Le conseil dessert une superficie totale de quelque 13,600 milles
carrés et une population de 200,000 âmes. Il groupe
présentement 101 des 109 municipalités du territoire. Rappelons
que notre conseil économique a déjà préparé
et publié plusieurs études sur des questions
d'intérêt régional, par exemple, sur les voies de
communication, la protection des eaux, le tourisme et la
récréation en grande nature. Un de ses ouvrages les plus
importants est sans doute le mémoire, intitulé « Le
territoire québécois de la région de la capitale
nationale, » qui a été soumis au gouvernement provincial en
1967 et qui a contribué à la venue de la commission sur
l'intégrité du territoire ou commission Dorion, laquelle a fait,
en priorité, une étude en profondeur des problèmes
particuliers à la partie québécoise de la région de
la capitale nationale. L'attitude traditionnelle du Conseil
économique
Comme nous l'avons mentionné au début de notre
exposé, le Conseil économique de l'Outaouais a toujours
préconisé l'établissement par le gouvernement du
Québec d'un organisme régional distinct, doté de pouvoirs
suffisants pour élaborer et exécuter un programme à long
terme d'aménagement de la région de l'Outaouais.
A l'appui de cette demande, il a fait ressortir la situation
géographique particulière de la région, à
l'intérieur de la zone d'attraction d'Ottawa et de l'Est ontarlen. Les
retards dont est victime l'Outaouais dans plusieurs domaines, souvent à
cause du voisinage d'une ville plus populeuse et plus prestigieuse et de
l'exode quotidien de quelque 8,000 fonctionnaires du Québec qui
travaillent à Ottawa, ne font qu'accentuer cette disparité entre
le secteur ontarien et le secteur québécois, au point où
la région de Hull fait figure d'enfant pauvre.
La recommandation de notre conseil préconisant la création
d'un organisme d'aménagement sous juridiction provinciale a
été retenue par la commission Dorion et précisée
dans l'avant-projet que nous étudions aujourd'hui. C'est, à notre
avis, la pierre d'angle de tout programme gouvernemental visant à
relancer l'économie de l'Outaouais. Nécessité de la
Société d'aménagement
La création d'une telle société d'aménage-
ment est nécessaire notamment pour: affirmer la présence
dynamique et agissante du Québec dans la « région de la
capitale nationale » au moyen d'un organisme provincial articulé
qui exerce sur le territoire la juridiction et les prérogatives que lui
confère la constitution; assurer aux municipalités de la
région les services techniques et les ressources financières
adéquates, face aux organismes fédéraux qui oeuvrent dans
la région et qui sont déjà bien pourvus sur ces deux
plans; permettre à la région de l'Outaouais d'aménager son
territoire selon ses besoins et ses priorités propres et de se
développer convenablement selon les exigences de sa situation
géographique; doter la région d'un organisme jouissant d'un
certain degré d'autonomie, capable de faire preuve de fermeté et
de compétence, mais aussi de souplesse, face aux décisions
à prendre sur le plan régional.
D'ailleurs, dans le document qui accompagnait son mémoire
à la commission Dorion, le Conseil économique de l'Outaouais
précisait le rôle que devrait jouer la future
Société d'aménagement.
Ce document parle d'une commission d'aménagement, sous
juridiction provinciale, qui: « affirmerait la présence vivante et
active du Québec dans la région de la capitale nationale et
assurerait sa participation et son leadership dans l'aménagement de
l'Outaouais. »
On mentionnait plus loin que cette commission d'aménagement
« devrait posséder des pouvoirs suffisants pour marquer de son
empreinte le développement de toute la région » et qu'elle
devrait posséder le personnel adéquat, les ressources physiques,
techniques et financières suffisantes pour mener à bonne fin le
mandat qui lui aura été confié. « Tout en respectant
je continue à citer le mémoire auquel je faisais allusion
l'autonomie des municipalités, le nouvel organisme doit pouvoir
s'imposer au respect de tous par la compétence de son personnel,
l'importance de son budget et l'excellence de ses services techniques.
»
Le rapport Dorion a d'ailleurs parfaitement saisi le problème
lorsqu'il l'a résumé de la façon suivante: Il est
nécessaire « que le gouvernement du Québec manifeste de
façon beaucoup plus tangible qu'il ne l'a fait jusqu'à maintenant
son intérêt pour la région de Hull, en la dotant de
l'infrastructure, des services administratifs et des équipements
nécessaires. » Le Conseil économique de l'Outaouais et
l'avant-projet
Comme on peut le constater, la partie de l'avant-projet ayant trait
à la Société d'aména-
gement de l'Outaouais répond dans ses grandes lignes aux voeux
déjà exprimés par notre conseil économique,
notamment dans ses mémoires antérieurs.
L'étude minutieuse que le comité exécutif et le
conseil d'administration du conseil économique ont effectuée de
chacun des articles nous permet de recommander certaines modifications qui
pourraient être apportées pour rendre la mesure encore plus
efficace et plus adaptée aux besoins de la région. On nous
permettra donc d'exposer notre pensée sur ces articles. Observations
générales
Deux observations d'ordre général s'imposent d'abord
concernant le projet de la Société d'aménagement; l'une
touche l'aire d'influence de l'organisme et l'autre, la composition du
comité consultatif.
Ces deux questions sont d'ailleurs soulevées dans une lettre que
le conseil économique a fait parvenir au ministre des Affaires
municipales, l'honorable Robert Lussier, en date du 27 juin dernier. L'aire
d'influence
Le Conseil économique est d'avis que la zone d'influence de la
Société d'aménagement devrait s'étendre aux quatre
comtés de la région de l'Outaouais, soit Hull, Gatineau, Papineau
et Pontiac, au lieu de se limiter aux secteurs de ces comtés
énumérés dans l'avant-projet.
Quatre raisons principales militent en faveur de cette
recommandation: 1- Depuis plusieurs années, ces quatre comtés
sont habitués X travailler ensemble sur une base régionale, et
à prévoir un programme d'aménagement à
l'échelle des quatre comtés; 2- Les municipalités exclues
du territoire projeté de la Société d'aménagement
comptent parmi celles qui ont un excellent potentiel de développement
touristique. C'est notamment le cas de l'est du comté de Papineau
(Chénéville, Saint-André-Avellin, Duhamel, etc.), le nord
du comté de Gatineau et le nord-ouest du comté de Pontiac Ces
municipalités misent depuis plusieurs années sur l'assistance
d'un organisme gouvernemental d'aménagement pour contribuer à la
mise en valeur de leurs ressources; 3- Le conseil économique, depuis sa
fondation en 1966, n'a cessé de préconiser un programme
d'aménagement à l'échelle des quatre comtés de
Hull, Gatineau, Papineau et Pontiac, et cette formule a été
endossée par plusieurs corps publics et privés; 4- En sectionnant
de cette manière le territoire, des organismes constitués comme
les conseils de comté auront peine à conserver leur
homogénéité et risquent de devenir moins efficaces. La
superficie de ces quatre comtés représente 13,600 milles
carrés, en regard des 36,000 milles carrés pour la région
administrative de l'Outaouais. Le comité consultatif
Le comité consultatif, dont la composition et le rôle sont
définis dans les articles 135 à 139 de l'avant-projet, fait
l'objet de notre deuxième observation générale.
Selon les dispositions de l'avant-projet, ce comité consultatif
serait composé du président de la Communauté et du maire
de chacune des municipalités mentionnées à l'annexe B et
d'un nombre égal de personnes domiciliées dans le territoire de
la Société.
Nous voudrions faire remarquer que le Conseil économique de
l'Outaouais répond parfaitement aux normes établies à
l'article 135 concernant la représentativité.
En effet, le Conseil groupe 101 des 109 municipalités du
territoire, une quarantaine de corporations privées et autant
d'associations à caractère socio-économique.
Le conseil d'administration du CEO est composé de 29 personnes,
dont 14 sont désignées par les municipalités et 14 par les
associations et les corporations privées. Les préfets de
comté siègent d'office au conseil d'administration et au
comité exécutif.
Il est utile d'ajouter que ces représentants des quatre
comtés ont, depuis quatre ans, examiné ensemble les diverses
hypothèses d'aménagement du territoire de l'Outaouais et qu'ils
ont acquis une expérience des plus utile dont pourrait tirer profit la
Société d'aménagement. Modifications proposées
aux articles
Voici maintenant les modifications proposées par le Conseil
économique aux différents articles de l'avant-projet ayant trait
à la création de la Société d'aménagement de
l'Outaouais; Article 105 : Il est dit à cet article que la
Société a son siège social dans la cité de Hull,
mais qu'elle peut toutefois le transporter dans une autre localité.
Nous suggérons qu'il soit précisé clairement
que la société doit avoir son siège social dans la
région de l'Outaouais. Article 106 : II est
spécifié à cet article qu'au moins deux des cinq membres
de la Société doivent être choisis parmi les personnes
domiciliées dans le territoire de la Société.
Nous recommandons qu'au moins trois des cinq administrateurs soient des
résidents de la région, dont le président ou le
vice-président.
En outre, le mandat des membres devrait être de cinq ans et
être renouvelable.
Article 108; Cet article traite de la procé-dure à suivre
pour combler les vacances au sein de la Société.
Nous recommandons que soit précisée dans cet article
l'obligation de maintenir la proportion 3-2 (suite à la recommandation
formulée à l'article 106) lorsque des nominations doivent
être faites pour remplir des vacances au conseil d'administration de la
Société. Article 124: L'article parle des demandes de
soumissions publiques et spécifie qu'elles doivent être faites par
annonce dans au moins un journal quotidien.
Etant donné qu'il existe trois quotidiens dans la région,
dont deux de langue anglaise, nous recommandons de préciser que
l'annonce devra paraître dans un quotidien de langue française et
au moins un quotidien de langue anglaise.
Nous recommandons également d'ajouter au paragraphe 7 les mots:
« conforme aux documents de soumission ».
Nous recommandons aussi d'ajouter le paragraphe suivant: « Dans
l'octroi de contrat, la Société devra, de
préférence, faire appel aux firmes de la région,
conformément aux politiques déjà établies par le
gouvernement provincial. » Article 129: Cet article stipule que la
Société, après avoir affecté au paiement des
dépenses de la Société et au paiement de ses emprunts, et
après création de réserves approuvées au
préalable par le ministre, doit retourner le solde au fonds
consolidé du Revenu. Nous recommandons que ce solde demeure à la
disposition de la Société. Article 133- Cet article
mentionne que tout parc industriel appartenant à une municipalité
devra être cédé gratuitement, en tout ou en partie,
à la Société.
Nous croyons que cet article devrait être étudié de
nouveau attentivement afin que les municipalités
intéressées ne soient pas lésées dans
l'opération. Article 135- Cet article a trait au comité
consultatif. Nous avons traité ce sujet dans un chapitre
précédent. Mandat étendu
Après avoir examiné le champ d'action de la
Société d'aménagement proposée et compte tenu des
problèmes particuliers à la région de l'Outaouais, nous
recommandons que soit également confié à la
Société le pouvoir de collaborer à l'établissement
d'aéroports régionaux dans l'Outaouais et d'élaborer une
politique générale à ce sujet.
En guise de conclusion à notre représentation, on nous
permettra de rappeler deux des points qui nous semblent les plus
importants.
Le Conseil économique de l'Outaouais appuie d'emblée, dans
ses grandes lignes, le projet de création de la Société
d'aménagement de l'Outaouais et croit que l'on devrait procéder
sans retard, même s'il faut, pour ce faire, présenter un projet de
loi distinct.
Le conseil tient à répéter, en terminant, qu'il est
de première importance d'inclure en entier dans la zone de rayonnement
de la Société d'aménagement les quatre comtés de
l'Outaouais, soit Hull, Gatineau, Papineau et Pontlac.
Ceci termine, M. le Président, le document que voulait vous
présenter, ce matin, le Conseil économique de l'Outaouais,
document qui a été dûment autorisé et endossé
par résolution de ce conseil d'administration, en assemblée
d'étude dûment convoquée. Le conseil économique, par
la voix de celui qui vous parle et sans doute aussi par celle des six membres
de la délégation qui est ici, ce matin, est disposé
à répondre aux questions qui pourraient être
soulevées en regard du document dont je viens de faire lecture. Je vous
remercie de votre bonne attention.
M. LUSSIER: Je vous remercie de ce mémoire qui est très
constructif et très positif. Il est bien évident que ce
mémoire ne tombe pas en terrain stérile. Nous en avons pris bonne
note, et, très bientôt, vous pourriez en voir les
conséquences.
M. PARENT: M. le Président, est-ce que le conseil
économique est favorable à ce que les pouvoirs reviennent, en
somme, entre les mains de l'Etat, plutôt que de demeurer entre les mains
des élus du peuple dans la région de l'Outaouais?
M. GREGOIRE: Nous nous sommes longtemps posé cette
question-là, M. le Président. Lorsque nous avons pensé aux
élus du peuple dans la région de l'Outaouais, nous avons
trouvé que nous avions aussi des députés, qui sont des
élus du peuple. Or, nous croyons que refuser le principe
de la création d'une Société d'aménagement
de l'Outaouais, qui serait une émanation du gouvernement provincial,
c'est oublier qu'il existe, dans la région, la Commission de la capitale
nationale qui, elle, est une émanation directe du
fédéral.
Or, pour établir un équilibre des forces et des influences
gouvernementales dans la région, il nous semble essentiel que le
gouvernement provincial crée un organisme qui sera, en quelque sorte, le
pendant, chez nous, de la Commission de la capitale nationale. Je crois que
l'histoire du passé nous a bien démontré que les
municipalités laissées à elles seules ne peuvent pas faire
face adéquatement à la Commission de la capitale nationale,
à plusieurs points de vue. Moi, je crois que seule la création
d'un organisme nettement provincial peut vraiment faire le poids. Sur le plan
démocratique, je ne vois pas que, dans notre document, nous ayons
suggéré la disparition des députés au provincial.
Bien au contraire, nous sommes assurés que la population saura, en temps
opportun, leur demander des comptes si la Société, qui est un
instrument du gouvernement provincial, ne donne pas vraiment les effets
attendus.
M. PARENT: Oui, mais, vous avez des prérogatives qui sont du
domaine municipal et on les transfèrent à l'Etat. A mon sens,
cela est contraire à la démocratie qui doit exister. Pourquoi
transférer à l'Etat ce que nous possédons
déjà? Nous amputons les municipalités de ces pouvoirs pour
les confier à une société d'aménagement.
M. GREGOIRE: M. le Président...
M. LUSSIER: Un instant. J'en appelle au règlement, M. le
Président. Je n'ai pas voulu répondre à Me Roy Fournler,
député, mais il faudrait peut-être établir une
façon de procéder.
Aujourd'hui, nous sommes ici surtout pour écouter et essayer de
mieux comprendre les commentaires, les propositions des gens dont nous avons
voulu la participation à la loi.
Que nous posions certaines questions pour mieux comprendre ce qu'ils
veulent nous signifier ou leur façon de concevoir l'avant-projet
c'est de cette manière que nous voulons les saisir le mieux possible
d'accord. Mais je pense bien qu'il ne serait pas dans l'ordre d'engager
des discussions ou commencer à se répondre. Cela ne serait pas la
place. On ferait dévier le débat de la fin particulière
qui est d'écouter. Moi, aujourd'hui, avec mes copains, je pense bien que
ce que nous nous sommes proposé est surtout d'entendre le plus possible
et le mieux possible toutes les choses que les gens ont à nous faire
connaître. Ce ne serait pas dans l'ordre de commencer, M. le
Président, des discussions ou des échanges de propos qui ne
pourraient pas tourner j'en ai l'impression à l'avantage
des projets que nous étudions.
M. FOURNIER: M. le Président, mon collègue posait des
questions au président du conseil économique. Je crois qu'en plus
d'entendre lire un mémoire et d'assister à l'exposé d'une
thèse, les membres de la commission voudraient avoir plus de
renseignements et voir si réellement tel principe de base dans le
mémoire a été analysé suffisamment. Je pense que
c'était dans ce sens que mon collègue posait une question.
M. LUSSIER: S'il s'agit de demander des éclaircissements, je
pense que nous sommes d'accord.
M. FOURNIER: C'est cela.
M. LUSSIER: Mais que cela dégénère en débat
ou en échange de propos, je pense qu'on n'est pas dans la bonne
voie.
M. PARENT: Non, mais c'est tout le problème de l'Outaouais qui
est en cause. L'avant-projet de loi amènera, inévitablement, un
projet de loi devant la Chambre. Ce sera un fait accompli. Or, actuellement, on
discute du principe, sur lequel on est d'accord. Mais, sur les modalités
d'applications de ce principe, je pense qu'il faut se rendre à
l'évidence que les propositions que l'on fait actuellement en vue de
résoudre le problème de l'Outaouais, c'est de prendre le
problème chez nous et de le reporter sur l'Etat provincial. C'est un
principe assez vaste qui est en jeu, à ce moment-là. Et je me
demande si on a bien saisi la portée du problème qui est en
cause, à savoir qu'on part de problèmes qui sont de juridiction
municipale, on les transporte à une société
d'aménagement que le gouvernement contrôle. C'est ça, le
principe en jeu.
M. DEMERS: Mais nous pourrons engager le débat, M. le
député, lorsque nous serons prêts à étudier
la loi.
M. LUSSIER: Je suis d'accord pour que les gens sachent exactement ce que
vous pensez pour qu'eux aussi puissent donner leur opinion. Je suis
d'accord.
M. FOURNIER: Puis-je poser une question? M. BOUDREAU: M. Parent, vous
allez peut-
être avoir la réponse à ce que vous demandez dans un
autre mémoire.
M. PARENT: Je ne pense pas.
M. FOURNIER: M. le Président, puis-je poser une question à
M. Grégoire?
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. FOURNIER: M. Grégoire, y a-t-il eu une réunion
générale de votre conseil économique à laquelle
vous avez exposé clairement que la Société
d'aménagement était transférée à un
organisme gouvernemental, totalement, y compris les pouvoirs existant
présentement dans ce territoire au point de vue industriel,
récréatif? Leur avez-vous dit: A l'avenir, ce sera un organisme
du gouvernement, une société du gouvernement, qui s'occupera
exclusivement de ces problèmes. Vous, des municipalités, vous
n'avez plus à voir à ces domaines. Est-ce que cela a
été posé de cette façon?
M. GREGOIRE: Je crois, M. le Président, que nous l'avons fait.
Nous avons communiqué ces renseignements à d'autres personnes que
les seuls membres du conseil économique, par le truchement de notre
bulletin, qui est adressé chaque mois à 3,000
personnalités de la région de l'Outaouais.
Dans un bulletin consacré uniquement à l'avant-projet de
loi, nous avons très bien détaché les pouvoirs qui
seraient ceux de la communauté urbaine et, dans une section bien
à part du bulletin, ceux qui seraient confiés à la
société d'aménagement. Nous avons fait ressortir ces
choses en exergue, lorsqu'il le fallait. Je crois que nous avons tout fait,
dans la mesure du possible, pour bien faire comprendre la chose à ceux
qui s'intéressent aux travaux du conseil économique et, par le
même truchement, à la population, parce que notre bulletin, allant
aux journaux, les journaux en font aussi état. Je crois que cette notion
a très bien été transmise. Maintenant, a-t-elle
très bien été comprise? Je ne peux pas parler,
évidemment, pour tous ceux qui ont reçu notre bulletin.
M. FOURNIER: J'ai reçu votre bulletin, Je vous félicite.
C'est un bel exposé, un beau résumé que vous avez fait
parvenir à tous les membres. Est-ce que bien des commentaires vous sont
parvenus par la suite?
M. GREGOIRE: Oui, nous en avons reçu plusieurs. Notre directeur
général, M. Pépin, en a reçu par
téléphone et autrement. Notre conseil d'administration comme je
vous le disais, est composé de préfets de comtés, etc.,
représente un éventail assez complet de la région et de
ses opinions. Finalement, c'est au conseil d'administration, comme il se doit,
que l'étude s'est vraiment faite et que les positions officielles du
Conseil économique ont été adoptées, comme le
prévoit notre constitution.
M. LACROIX: M. Grégoire, tout à l'heure, au cours de vos
remarques, vous mentionniez que lors de l'étude de l'avant-projet de
loi, vous avez tenu compte du fait qu'il y avait des députés dans
la région. Mais dans l'avant-projet de loi, où voyez-vous que les
députés puissent intervenir de quelque façon dans la
marche de la communauté régionale de l'Outaouais qui est en voie
de formation?
M. GREGOIRE: Bien, de la manière suivante. C'est que la
Société étant, au sein même de la machine
gouvernementale, en fait, un organisme bien gouvernemental, provincial, les
députés ont, je crois, des moyens que le commun des mortels n'a
pas. Ils peuvent intervenir, en Chambre et autrement, auprès du ministre
des Affaires municipales où la porte, je suppose, est constamment
ouverte aux députés de l'Opposition et du gouvernement. C'est de
cette manière-là que nous croyons que les députés
ont vraiment un rôle à jouer et peuvent participer à
l'orientation et à l'action de la Société
d'aménagement. Evidemment pas dans ses décisions quotidiennes,
mais dans les grandes lignes de ses travaux.
M. LACROIX: C'est comme pour l'ODEQ dans la région du Bas
Saint-Laurent. Si ça va bien, ce sera grâce aux membres de
l'organisation. Si ça va mal, ce sera la faute des
députés.
M. GREGOIRE : Je crois que les députés, évidemment,
doivent porter une certaine partie de la responsabilité.
M. LUSSIER: M. le Président, je pense qu'il n'est pas tout
à fait exact de dire, comme l'a fait Me Roy Fournier tout à
l'heure, que cet organisme est exclusivement provincial. Il doit consulter les
gens de la région, et c'était notre intention, lorsque nous avons
suggéré que cette Société d'aménagement soit
composée de cinq membres, qu'un certain nombre d'habitants de la
région en fassent partie. Mais parce qu'il y a des ministères,
comme le ministère de l'Industrie et du Commerce et celui du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, qui sont directement
intéressés à la chose, je pense qu'ils doivent eux
aussi
avoir une certaine représentation. Ce qui veut dire que pour
nous, il n'est pas question que cela soit un organisme provincial fermé,
uniquement composé de représentants ou de technocrates du
gouvernement. Il serait peut-être exact de dire que ces gens sont
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et qu'ils ne sont pas
élus. Là, il y a peut-être possibilité de
représentation pour... Mais quand même, comme on le disait tout
à l'heure et comme vous l'avez mentionné, c'est un organisme
assez fort au niveau provincial, au niveau de l'Outaouais
québécois pour constituer un interlocuteur très valable
à la CCN du côté du fédéral. Mais nous sommes
prêts à accueillir des représentations au point de vue de
la représentativité dans cet organisme.
M. FOURNIER: Je remercie le ministre de ses remarques. Il ouvre
peut-être la porte à l'élection de certains membres de
cette société.
Il faudrait aussi, si on veut parvenir au but d'être un
interlocuteur valable vis-à-vis de la Commission de la capitale
nationale, ajouter à cet organisme certains autres objectifs.
Présentement, il s'agit d'objectifs industriels et
récréatifs. Il faudrait ajouter, peut-être, certains autres
objectifs à cette société.
M. LUSSIER: Economiques? Il y en a trois.
M. FOURNIER: Oui, mais préciser aussi son...
M. LUSSIER: Mais là, il faut noter aussi que le territoire de
cette communauté urbaine est le territoire de la CCN. Ce n'est pas pour
rien. C'est pour éviter des chevauchements dans les juridictions et les
conflits qui pourraient s'ensuivre. C'est la raison principale des limites du
territoire...
M. GREGOIRE: M. le Président, vous me permettrez une
remarque.
Justement, cela fait suite aux recommandations du rapport Dorion, et le
Conseil économique s'en est inspiré grandement. On l'a dit, on
l'a répété, il fallait un organisme fort à cause de
cette situation particulière de l'Outaouais où nous avons une
commission à caractère fédéral qui comprend, dans
son administration, une partie du territoire du Québec.
L'expérience nous le prouve et les administrateurs municipaux le savent,
j'ai vécu l'expérience. La Commission de la capitale nationale,
le Conseil économique, un maire, ça n'a pas de pouvoir. Je l'ai
déjà expérimenté moi-même alors que
j'étais maire de Gatineau. J'ai fait des représentations pour
obtenir des montants pour l'aménagement de parcs.
Tout ce que nous avons pu obtenir c'est de l'aide technique pour faire
des plans. De tous les montants ou presque si on se reporte au
mémoire qui a été présenté par le Conseil
économique en 1967 nous avons eu, je ne sais pas sur combien de
millions de dollars, une part de 4.6% ou à peu près des montants
de la Commission de la capitale nationale. Il faut absolument un organisme en
face de l'autre.
Quant aux pouvoirs, je crois bien que si on voulait se donner la peine
de lire les pouvoirs que possède la Commission de la capitale nationale
et je les ai ici avec moi on verrait que nous n'allons pas
tellement loin au point de vue des pouvoirs.
Personnellement, je serais en faveur et j'irais plus loin que le
Conseil économique et je demanderais que la proportion des gens
de notre région soit de quatre à cinq, afin que le gouvernement
soit représenté par un interlocuteur, un représentant,
qu'il soit du ministère des Affaires municipales ou du ministère
de l'Industrie et du Commerce ou d'ailleurs, mais qu'il y ait au moins chez
nous quatre membres sur cinq à cette commission, que quatre citoyens
viennent de notre région.
M. LUSSIER: Des autochtones.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Grégoire. Maintenant j'Inviterais M.
Poulin.
M. Jacques Poulin
M. POULIN: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés de la région de l'Outaouais, MM. les commissaires.
Tous les membres du conseil de la ville de Gatineau se sont réunis pour
étudier les articles de l'avant-projet de la Communauté urbaine
et de la Société d'aménagement. A la suite de ces
réunions, nous avons préparé un mémoire que je vous
soumets immédiatement: « Toutes les clauses dont il sera fait
mention dans la présente sont reconnues comme ayant été
acceptées en principe par le conseil municipal.
A l'article 10: « Considérant que le secteur 4 sera
composé exclusivement de la ville de Gatineau... »
M. THEORET: M. le Président, je crois que ce mémoire n'a
pas été distribué à mes collègues. J'en ai
une copie parce que je l'avais avant d'arriver. Le maire nous dit qu'on en a
mais il les garde précieusement dans sa serviette.
UNE VOIX: C'est un ménager, votre maire!
M. THEORET; C'est un ménager!
M. CHARETTE: M. le Président, Roger Cha-rette, conseiller de la
ville de Gatineau. Sur certains articles de notre mémoire J'aimerais
avoir droit de parole, s'il vous plaît, au fur et à mesure...
M. POULIN: Voici, messieurs, la première recommandation à
l'article 10: « Considérant que le secteur 4 sera composé
exclusivement de la ville de Gatineau », le conseil municipal est
d'opinion que le membre du comité exécutif pour ce secteur soit
désigné par la résolution dudit conseil municipal de la
ville de Gatineau, tel que recommandé dans le cas du secteur central par
l'avant-projet.
A l'article 14...
UNE VOIX: J'aimerais parler un peu de cet article.
M. LE PRESIDENT: Un instant, Je crois que vous devriez réserver
vos interventions après la lecture du mémoire.
UNE VOIX: D'accord.
M. LUSSIER: On procède soit d'une façon,
c'est-à-dire article par article, ou les gens lisent leur mémoire
et nous donnent leur pensée globalement. Chacun le fait de cette
façon-là, ou encore on discute article par article, mais
là on va peut-être...
M. LE PRESIDENT: On va le lire et s'il y a des observations à
faire, on les fera après.
Quand monsieur aura terminé, vous pourrez faire des
observations.
UNE VOIX: D'accord.
M. POULIN: A l'article 14, le conseil municipal recommande que les
assemblées du conseil de la communauté soient convoquées
par le président de la communauté de son propre chef ou à
la demande de trois membres du comité exécutif de la
communauté, dans les affaires concernant celle-ci.
Article 17, le conseil municipal demande aux autorités
gouvernementales une explication très claire en ce qui a trait aux voix
« B » relativement à la participation aux dépenses de
chaque municipalité.
Article 18-a), le conseil municipal est d'opinion que le contrôle
de la pollution de l'air devrait être une responsabilité
provinciale.
Article 20. Le conseil municipal suggère que le premier
alinéa de l'article 20 soit modifié, à la deuxième
ligne, de façon à ajouter, après le mot « conseil
» les mots « pour approbation ou désaveu ».
Le conseil municipal est d'opinion que la communauté devrait
également avoir Juridiction sur le transport en commun.
Article 22. Le conseil municipal suggère que le deuxième
alinéa de l'article 22 soit modifié de façon à
stipuler que, si la communauté se propose de modifier les
évaluations totales des immeubles imposables mentionnés dans le
certificat transmis par une municipalité, elle devra aviser, par
écrit, la municipalité concernée au moins trente (30)
Jours avant la date à laquelle elle se propose de faire telle
modification, en y mentionnant la raison qui motive cette modification.
Article 28. Le conseil municipal favorise grandement
l'établissement d'un plan directeur du territoire de la
communauté, mais estime qu'une compensation doit être
versée par la communauté à chaque municipalité
incluse dans son territoire pour des sommes d'argent déjà
dépensées par lesdltes municipalités pour la confection de
tel plan directeur.
Article 33. Le conseil municipal demande au gouvernement de bien vouloir
expliquer clairement cet article. Le conseil est d'opinion que ledit article
doit s'appliquer aux centres industriels, commerciaux et
récréatifs créés après l'adoption de la Loi
pour la communauté régionale de l'Outaouais.
A l'article 40, tel que suggéré à l'article 18 e)
par le conseil municipal, le contrôle de la pollution de l'air devrait
être une responsabilité provinciale.
A l'article 41, 12 e, le conseil municipal s'objecte fortement à
ce que la communauté établisse « dans chaque
municipalité de son territoire quelles rues doivent être d'abord
déneigées et de quelle manière, de façon à
faciliter la circulation automobile pour le bénéfice de la
population dans son ensemble et obliger les municipalités à se
conformer à ce règlement. » La Juridiction dans ce domaine
devrait être laissée à chaque municipalité
concernée.
A l'article 48, le conseil municipal est d'opinion que, si la
communauté exploite un des centres de disposition des ordures dans une
municipalité, une compensation devrait être versée par la
communauté à la corporation municipale concernée pour les
dépenses occasionnées aux contribuables de cette
municipalité lors de l'établissement d'un tel centre.
Article 50. Le conseil municipal est d'opinion que le dernier
alinéa de l'article 50 devrait être modifié de façon
à stipuler que les
autres dépenses de la communauté soient réparties
entre les municipalités en proportion soit de l'évaluation
uniformisée des biens-fonds imposables et non imposables de ces
municipalités, à l'exception des immeubles appartenant au
gouvernement du Québec, soit de la population de ces
municipalités, soit de tout autre critère dont la
communauté pourra, par règlement, décider de tenir compte,
soit en proportion à la fois de plus d'un de ces critères. Un tel
règlement doit être soumis à l'avis du conseil de la
communauté.
A l'article 65, le conseil municipal suggère que les
séances du comité exécutif soient convoquées et
présidées par le président, mais, en son absence, que
lesdites séances soient convoquées par au moins trois membres
du-dit comité exécutif. Toujours en l'absence du
président, lesdites séances seraient présidées par
le vice-président. Il est entendu que ces séances sont
publiques.
A l'article 87, le conseil municipal est d'opinion qu'à moins
qu'il ne comporte une dépense inférieure à $10,000 tout
contrat pour l'exécution de travaux, la fourniture de matériel ou
de matériaux ou la fourniture de services autres que des services
professionnels, ne peut élre adjugé par la communauté
qu'après demande de soumissions publiques par annonce dans un journal
quotidien circulant dans le territoire de la communauté. En aucun temps,
la Commission municipale de Québec ne devrait accorder de dispense
à cet effet.
A l'article 89, le conseil municipal est d'opinion que, sur
requête d'une partie des municipalités incluses dans le territoire
de la communauté, la Commission municipale de Québec devrait
tenir, dans le territoire de la communauté, des séances
d'audition publique sur les emprunts que doit contracter la communauté,
afin de fournir aux municipalités concernées tous les
renseignements se rapportant à un tel emprunt.
Le nombre de municipalités qui pourraient présenter une
telle requête devrait être discuté avec les autorités
gouvernementales avant l'adoption de la loi concernant la Communauté
régionale de l'Outaouais.
Article 91. Le conseil municipal est d'opinion que l'article 91 devrait
être modifié pour stipuler que le comité exécutif,
au plus tard le 1er octobre de chaque année, après avoir
adopté un projet de budget, doit faire parvenir celui-ci $ la commission
municipale de Québec, à chacune des municipalités de son
territoire et à chacun des membres du conseil de la
communauté.
Ce projet de budget est ensuite soumis au conseil de la
communauté au plus tard le 1er novembre. A défaut d'adoption de
ce budget par la communauté avant le 30 novembre, la communauté
transmet sans délai à la Commission municipale de Québec
tous les projets de budget qu'elle a soumis au conseil de la communauté
ainsi que les extraits certifiés des procès-ver-baux des
délibérations de son comité exécutif. La Commission
municipale de Québec adopte, avant le 31 décembre, pour la
communauté dont le budget n'est pas encore accepté, le budget que
la Commission municipale de Québec juge approprié. Cette
procédure plus hâtive permettrait à chaque
municipalité incluse dans la Communauté régionale de
l'Outaouais de prévoir la quote-part qu'elle devra verser à
ladite communauté pour la prochaine année financière.
A l'article 95, le conseil municipal suggère que lorsqu'une
résolution adoptée par la communauté pour répartir
entre les municipalités de son territoire ses dépenses ou son
déficit d'exploitation, selon le cas, après avoir reçu
l'approbation de la Commission municipale de Québec, la
communauté doit en aviser, par écrit, chacune des
municipalités de son territoire.
Chaque municipalité doit, à compter de la date de la
réception de cet avis, payer à la communauté, en trois
versements égaux, tous les quatre mois, le montant de sa quote-part
déterminé par cette résolution. A l'expiration de ce
délai d'une année, la créance de la communauté
porte intérêt, sans la nécessité de mise en demeure,
au taux nominal maximum permis par le lieutenant-gouverneur en conseil sur les
emprunts municipaux par voie d'émission d'obligations.
A l'article 105, le conseil municipal est d'opinion que la
Société devrait avoir son siège social dans la limite de
son territoire.
Article 106. Le conseil municipal suggère que l'alinéa no
2 de l'article 106 soit modifié de façon à stipuler qu'au
moins trois de ses membres doivent être choisis parmi les personnes
domiciliées dans le territoire de la société. Le
président de la Société devrait résider dans ledit
territoire de la Société. Le conseil municipal est d'opinion que
la Société devrait être dans l'obligation de consulter les
corporations municipales intéressées avant de prendre des
décisions.
A l'article 123, le conseil municipal demande aux autorités
gouvernementales des explications claires et précises sur les pouvoirs
accordés à la Société en vertu de cet article.
A l'article 140, le conseil municipal suggère qu'un comité
conjoint d'aménagement comprenant un délégué de la
société, un représentant pour chaque secteur à
l'annexe « A» et un représentant des municipalités
mentionnées à l'annexe «B», soit
constitué.
Autre remarque, le Conseil municipal de la
ville de Gatineau est d'opinion que le gouvernement du Québec
devrait verser à la Communauté régionale de l'Outaouais,
pour une période de cinq ans à compter de l'adoption de la loi,
une subvention substantielle pour alléger le fardeau financier et
supplémentaire que devront supporter les contribuables de toutes les
municipalités incluses dans son territoire.
Voici, messieurs, le mémoire que la ville de Gatineau vous
présente aujourd'hui. Merci.
M. LUSSIER: M. Poulin, nous vous remercions du travail que vous avez
fait et de votre participation très positive à cette commission
d'étude. Merci beaucoup.
M. FOURNIE R: M. Poulin, une seule question. Le Conseil municipal de
Gatineau serait-il satisfait de céder à un organisme
gouvernemental les fonctions, au point de vue industriel,
récréatif et des loisirs, pour le territoire?
M. POULIN: Voici, M. le député. Nous vivons dans une
région économique. Je crois bien que toutes les
municipalités de la région ont des intérêts en
commun. Nous en avons discuté. Certains services
préconisés par le gouvernement dans son avant-projet incluent la
promotion industrielle, la récréation et le tourisme. Le
gouvernement provincial met à la disposition de la Société
d'aménagement de l'Outaouais une somme de $25 millions à raison
de $5 millions par année. Alors, nous croyons franchement, après
en avoir discuté, que le gouvernement, étant donné qu'il a
investi une somme d'argent dans les régions, a certains droits de
regard.
Nous n'avons pas été plus loin que cela dans
l'étude du projet, mais nous croyons que si le ministère
délègue ou nomme, à ces fonctions, les résidants de
la région qui connaissent nos besoins ici, je parle en mon nom
personnel ce serait satisfaisant pour la région de
l'Outaouais.
M. FOURNIER: Indépendamment de la question financière,
sans parler des $10 millions ou des $25 millions, au point de vue des
principes, êtes-vous d'accord pour que les municipalités
abandonnent les questions industrielles et récréatives dans le
territoire?
M. LUSSIER: Un instant. La fonction récréative est un
ensemble touristique qui peut avoir une grande valeur au point de vue du
développement économique. Mais toutes les fonctions
récréatives qu'ont ordinairement les municipalités, elles
continuent à les exercer. Nous pensons, par exemple, mettre en valeur
telle par- tie du territoire ou telle autre, ce qui aura un effet
économique. C'est dans ce sens que cette Société
d'aménagement pourrait s'occuper du domaine récréatif.
Mais les loisirs municipaux, les loisirs paroissiaux, il est évident que
cela n'est pas de ses oignons.
M. FOURNIER: Je dois préciser qu'il s'agit de loisirs
régionaux et non pas de...
M. LUSSIER: Promotion touristique, dans le sens de promotion
économique, il faut associer ces deux termes.
M. FOURNIER: La question posée était: Est-ce que les
municipalités sont prêtes à abandonner cela à un
organisme totalement gouvernemental, ou est-ce que cela ne devrait pas faire
partie de la communauté?
M. POULIN: Peut-être, M. le député, qu'à ce
moment-là la communauté régionale aurait dû avoir un
peu plus d'autorité sur le sujet. Mais une chose dont je suis certain,
c'est qu'habituellement les municipalités se font concurrence pour
obtenir les industries. Je crois bien que le fait de se grouper pour obtenir
des industries pour la région est l'essentiel de toute l'affaire. Cela,
c'est mon opinion personnelle.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire.
M. THEORET: M. le Président, si vous me permettez une remarque,
justement, en parlant des pouvoirs de la société, l'article 122
d) dit: « Aménager, posséder, développer et
administrer dans sa région des parcs publics, des complexes
récréatifs... » Je crois que le Conseil économique
s'est penché sur ce problème des complexes
récréatifs, et comme vient de le dire le ministre, il s'agit de
récréation à l'échelle régionale. Quant
à l'industrie, ces pouvoirs qui sont remis à la
Société, je suis d'accord pour qu'on les remette. Comme M. le
maire vient de le dire avec tant d'à-propos, je connais des
municipalités de la région qui ont des fonds industriels qui
dorment sur les tablettes depuis des années, qui n'ont servi à
rien. C'est la course au trésor. Je crois donc qu'il s'agit de mettre de
l'ordre dans la promotion industrielle, et ce seront les pouvoirs qui seront
donnés à la Société.
M. LE PRESIDENT: M. Charette, vous aviez quelques observations à
faire?
M. CHARETTE: Oui...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous approcher du micro, s'il vous
plaît?
M. CHARETTE: Oui. Au sujet de l'article 10, premièrement, le
conseil est unanime àdeman-der que nos deux représentants, celui
au conseil d'administration et au conseil exécutif, soient nommés
après résolution du conseil. Nous voulons être
traités de la même façon que le secteur un de la ville de
Hull. Notre représentant au conseil d'administration automatiquement,
c'est le maire, à moins d'une résolution du conseil. Là,
au secteur quatre, les maires élisent un représentant au
comité exécutif. Dans le secteur quatre, il est seul et cela
devient une nomination pure et simple. Le conseil n'a donc aucune façon
de prévoir qui sera le représentant au comité
exécutif. Ce n'est pas nécessairement lui-même, il peut
nommer qui il veut. Or, que ce soit le maire ou un conseiller, je pense que
cela pourrait être un geste de remerciement de la part de l'organisation
politique. Ce n'est peut-être pas pour ses compétences
personnelles, le type, qu'il pourrait être nommé par les gens du
secteur.
Nous exigeons donc que nos deux représentants soient
nommés par résolution du conseil pour le premier terme. C'est la
même chose qui se produit dans le secteur un.
M. THEORET: M. le Président, si vous me permettez une remarque,
vous verrez à la lecture qui sera faite tantôt du mémoire
de la Chambre de commerce de Gatineau et de Pointe Gatineau, que l'on revient
sur ce sujet...
UNE VOIX: Oui.
M. THEORET: ...et nous pourrons avoir aussi l'opinion de ces
gens-là.
M. CHARETTE: Je voudrais aussi parler de l'article 50 qui est bien
important pour nous. On dit, par exemple, ici: « Les dépenses de
la Communauté sont réparties entre les municipalités en
proportion, soit de l'évaluation uniformisée des biens-fonds
imposables ou non... »
Non imposable pour une bonne raison, c'est que Gatineau, avec moins du
tiers de la population de la ville de Hull, par exemple, a 50% du rôle
d'évaluation foncière imposable par la ville de Hull. Si l'on
veut une répartition équitable pour tous les gens
concernés, il faut tenir compte, je pense, de tous les faits, de toutes
les données. La ville de Hull a inscrit à son budget cette
année, un montant de près d'un quart de million, $235,000 je
pense. C'est une subvention fédérale, pour tenir lieu de taxe.
Alors, l'évalua- tion de la ville de Hull, comparativement à
celle de Gatineau, est faussée directement. Et si l'on en croit ce qu'il
s'est dit récemment, le gouvernement fédéral va investir
davantage dans la région en construisant des édifices
fédéraux. C'est bien certain qu'il faut en tenir compte, ce n'est
pas une évaluation imposable, et il y a quand même une subvention
à la ville de Hull, pour tenir lieu de taxes. Pour avoir un portrait
juste, il faut que ce soit financé au niveau de l'évaluation
imposable et non imposable, ou en tenant compte des subventions pour tenir lieu
de taxes. C'est bien important.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Charette. Maintenant, je donne la parole
à M. Séguin.
M. Jean-Marie Séguin
M. SEGUIN: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, je voudrais d'abord clarifier ici ma position. Je ne
voudrais pas qu'on interprète mon geste comme un geste de scission au
sein du conseil municipal de Hull. Alors, j'ai préparé un point
de vue sur l'avant-projet de loi, sur deux articles, entre autres, où je
diffère d'opinion avec le maire de Hull. Mais cela ne veut pas
nécessairement dire qu'il y a scission au sein du conseil municipal de
Hull. Je crois qu'en toute bonne démocratie, sur un sujet aussi
important il est normal que nous puissions avoir des divergences d'opinion.
Echevin de la ville de Hull depuis cinq ans et membre du comité
exécutif depuis sa formation en 1965, j'ai cru qu'il était de mon
devoir de vous faire valoir mon point de vue sur l'avant-projet de loi de la
Communauté régionale de l'Outaouais ainsi que sur la
Société d'aménagement de l'Outaouais.
Tout d'abord, je tiens à féliciter les autorités
pour avoir considéré notre région, parmi les futurs
gouvernements régionaux. A l'avance, nous savons que la formule
connaîtra certains inconvénients; mais, il y a tellement longtemps
que nos concitoyens demandent à Québec de se pencher sur notre
situation et de nous fournir les instruments et les facilités
nécessaires pour faire, de notre région, l'image d'un
Québec prospère et prometteur face à la capitale du
Canada, que nous n'allons pas, maintenant qu'on est prêt à nous
aider, mettre des bâtons dans les roues, par mesquinerie ou esprit de
clocher. Si nous voulons planifier l'avenir de notre région, je crois
que nous tous, de l'Outaouais québécois, nous devrons accepter de
contribuer à la réalisation de cet idéal.
Vous nous offrez, monsieur le ministre, une formule-type et je crois
qu'après que vous aurez
pris en considération les différents points de vue des
représentants municipaux, des corps publics et des membres de cette
commission, vous serez en mesure de présenter à
l'Assemblée nationale un projet de loi qui sera souhaité et
accepté de la population. En toute objectivité, je sais à
l'avance que les nouvelles structures, une fois implantées, ne seront
pas nécessairement plus économiques pour les contribuables; mais,
avec les années, toute notre région aura plus de valeur et l'on
aura réussi à chasser de la pensée de notre population,
l'utopie d'un district fédéral. La communauté
régionale de l'Outaouais
Quant à mes remarques sur le projet de loi, j'ai pensé
vous les faire selon l'ordre numérique des articles.
Articles 6: Le président directeur général de la
Société est adjoint au comité exécutif de la
Communauté, sans droit de vote. On devrait a jouter ou le
vice-président de la Société d'aménagement, en cas
d'absence du président. Ceci garantirait une relation continue entre les
deux organismes.
Article 8: Je sais qu'en certains milieux, on s'objecte à ce que
les membres du comité exécutif ne puissent faire partie d'un
conseil de ville; personnellement, je crois qu'il est beaucoup plus logique que
sa préoccupation soit uniquement la Communauté régionale;
d'autant plus qu'il devra répondre à l'électorat du
secteur qu'il représente. A l'argument que, de cette façon, on
n'aura pas, pour le premier terme, des gens d'expérience, je
réponds qu'il n'y a rien qui empêche présentement une
personne sans expérience de se faire élire maire ou conseiller et
très souvent, ça fait de bons administrateurs municipaux.
Article 11: Vis-à-vis de l'envergure des responsabilités,
je crois que l'échelle de traitement devrait prévoir un salaire
minimum de $20,000 pour le président et $8,000 pour les autres membres
de l'exécutif. Si on applique le barème tel que
suggéré, le président toucherait environ $17,000 et les
autres membres de l'exécutif $4,500; alors que pour la seule ville de
Hull, le maire reçoit $15,500, les membres de l'exécutif $7,000,
et les échevins, $4,000, ce qui est très normal pour le temps et
les responsabilités qu'impliquent ces fonctions.
Article 13: Je crois que l'on devrait mentionner que le conseil de la
Communauté se compose du comité exécutif et d'un
représentant de chacune des municipalités du territoire. Car
à cet article, on ne mentionne pas que l'exécutif fait partie du
conseil.
Article 14: A cet article, on mentionne que les assemblées du
conseil sont présidées par le président de la
Communauté, sans droit de vote, alors qu'à l'article 72, on donne
droit de vote au président aux assemblées du comité
exécutif en plus d'un vote prépondérant en cas
d'égalité; je crois qu'on devrait faire le changement suivant:
que le président ait droit de vote au conseil et au comité
exécutif comme membre, et advenant égalité, la
décision est considérée négative.
Je pense aussi que partout où apparaît le mot «
président » on devrait ajouter « ou le
vice-président, en cas d'absence du président ».
Article 22: Dans cet article, on mentionne que « les
évaluations totales, modifiées ou non par la Communauté,
telles que transmises à la commission municipale, sont finales.
»
Si l'avant-dernier paragraphe de cet article signifie qu'un contribuable
perd son droit d'appel devant les tribunaux pour son évaluation, je
crois qu'on devrait continuer à appliquer les procédures
prévues à la Loi des cités et villes.
Article 29: « Avant d'adopter, de modifier ou d'abroger un
règlement de construction et de zonage, le comité exécutif
doit prendre l'avis du conseil de la Communauté. »
Considérant que cette structure sera nouvelle, je crois qu'il
faut assouplir un peu la formule, afin que les représentants des
municipalités au niveau du conseil de la Communauté sentent que
leur opinion a de la valeur, et je crois que, dans certains domaines, la
recommandation de l'exécutif devrait recevoir l'approbation des deux
tiers du conseil. Autrement, si on se limite à demander leur avis, l'on
risque que les membres du conseil ne se penchent pas sérieusement sur
les questions soumises par l'exécutif, et le dialogue entre le
comité exécutif et le conseil sera très difficile.
Article 36 et 37: ...
M. LUSSIER: M. le Président, je voudrais simplement faire une
mise au point. Moi aussi, la première fois que j'ai lu ce passage de
l'article de la loi, « pour prendre l'avis », je pensais que
c'était uniquement demander l'avis. Mais les conseillers juridiques
m'ont dit: « Prendre l'avis, » c'est demander le vote. Evidemment,
le vote veut dire...
M. SEGUIN: Alors, cela me satisfait, M. le ministre,...
M. LUSSIER: « Prendre l'avis » c'est cela que ça veut
dire.
M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. LUSSIER: Je ne le savais pas, non, mais
c'est la formule sacramentelle, cela, je pense, dans la
législature, « prendre l'avis » cela veut dire... prendre le
vote.
M. LACROIX: C'est préparé par les avocats, il y a une
petite clause qui permet...
M. FOURNIER: J'ai une question à poser. Est-ce que l'avis doit
être soumis?
M. LUSSIER: Oui, oui, c'est-à-dire un vote, alors si le vote est
négatif...
M. FOURNIER: Oui, mais est-ce que le comité exécutif doit
suivre...
M. LUSSIER: Excepté le budget. Oui. Si le vote est
négatif...
M. FOURNIER: Sauf dans le budget.
M. LUSSIER: Si cela bloque complètement, il faut que cela se
débloque quelque part. Mais il faut qu'ils prennent l'avis du conseil
exécutif.
M. SEGUIN: M. le Président, veuillez m'excuser, si, comme le
ministre, Je ne suis pas avocat, je n'ai pas compris, alors...
Articles 36 et 37: Une municipalité ne pourra plus affecter une
partie de ses fonds à la promotion industrielle ou promotion
touristique. Je considère cette mesure trop rigoureuse; car même
si la Société ou la Communauté devra voir à la
promotion industrielle et touristique du territoire, il faut tout de même
laisser une certaine autonomie aux municipalités. Cependant, afin
d'éviter un dédoublement de dépenses, on pourrait demander
aux municipalités de soumettre leur budget de promotions industrielles
et touristiques au comité exécutif de la Communauté pour
approbation.
Article 43: Je suis d'avis que jusqu'à l'adoption, par la
Communauté, de règlements, tels que prévus aux articles 40
et 41, les municipalités ne puissent pas amender les règlements
existants sans l'approbation de la communauté, en autant, cependant, que
la Communauté fasse connaître son approbation ou adopte son propre
règlement dans les 90 jours de la demande d'amendement de la part d'un
conseil d'une municipalité-membre; et ce, afin d'éviter que les
conseils municipaux blâment la lenteur administrative de la
communauté.
Article 45: Ici, il y aurait lieu d'ajouter « à moins que
demande de soumission publique, pour un tel projet, ait eu lieu dans les 12
mois qui précèdent l'adoption de la présente loi ».
C'est-à-dire que l'article 45 dit que: « Toute municipalité
doit soumettre à la Communauté, pour approbation, tout projet de
construction, d'agrandissement ou de modification d'un réseau d'aqueduc,
d'usine de production d'eau potable ». La ville de Hull a confié,
en 1968, à une firme d'ingénieurs professionnels, le soin de
préparer les plans et devis d'une usine de filtration; la demande de
soumission publique a été faite, et une fois les prix connus,
nous préparerons un règlement d'emprunt pour soumettre à
l'approbation des contribuables. Il serait regrettable que nous soyons
forcé de retarder le projet jusqu'à ce que le gouvernement de la
Communauté soit assez bien organisé pour pouvoir étudier
le projet.
Article 52: On dit que l'année financière de la
communauté coïncide avec l'année de calendrier.
Il y aurait lieu d'ajouter qu'à compter de 1971 ou 1972
l'année financière de toutes les municipalités à
l'intérieur du territoire de la communauté sera la même que
celle de la communauté, soit l'année de calendrier. Ceci
facilitera beaucoup la préparation des budgets, tant de la
communauté que des municipalités, surtout si l'on
considère que les élections municipales se tiendront en
novembre.
Article 58: On mentionne que chaque délégué a droit
à un vote pour l'élection des membres du premier exécutif.
Il y aurait lieu d'ajouter que le vote se fait par scrutin secret et ce, afin
d'éviter certains ressentiments.
Article 62: Advenant vacance au poste de président avant la
première élection générale, je crois que ce poste
devrait être comblé de la même façon qu'initialement,
soit par le ministre. Autrement, on risque le marchandage alors que les
structures ne seront pas totalement établies. Il devrait être
comblé par l'assemblée des délégués des
secteurs concernés ou par résolution du conseil de Hull pour le
secteur central, advenant vacance aux postes de l'exécutif et ce, avant
la première élection générale. Par la suite, il
devrait y avoir élection pour chaque poste concerné, s'il reste
plus d'un an avant la fin du mandat. Lorsqu'il reste moins d'un an et que le
poste de président devient vacant, le vice-président devrait
devenir automatiquement président intérimaire. Dans le cas des
autres postes de l'exécutif, les vacances seraient comblées par
les délégués du secteur concerné et ce, toujours
quand il reste moins d'un an.
Article 65: On dit: « Les séances du comité
exécutif sont convoquées par le président. » On
devrait ajouter à cet article que le président doit convoquer le
comité exécutif s'il en reçoit la demande écrite de
trois membres du comité exécutif ou de dix
délégués du conseil de la communauté.
Il pourrait arriver que, dans l'opinion de
trois membres ou plus du comité exécutif ou de dix
délégués ou plus du conseil, une question mérite
une étude immédiate. Or, selon la formule proposée, si le
président n'est pas d'accord, l'assemblée du comité
exécutif n'aurait pas lieu.
Article 68: Je réitère ici les remarques que j'ai faites
à l'article 29 et je crois qu'on devrait penser à un
mécanisme où le conseil de la communauté pourrait
être souverain par un vote des deux tiers de ses membres et ce, sur des
mesures législatives, mais non pas administratives.
Article 69: Cet article prête à confusion, car on dit:
« Le comité exécutif doit prendre l'avis de la
communauté », alors qu'à l'article précédent
on utilise le mot « peut». En donnant suite à mes remarques
sur les articles 29 et 68, on éliminerait cette confusion et l'on
donnerait plus de satisfaction aux délégués. Disons que la
réponse de tantôt s'applique.
Article 72: Mes remarques, quant au droit de vote du président au
comité exécutif, sont les mêmes qu'à l'article 14.
Il y aurait lieu d'ajouter que le vice-président peut remplacer le
président à tout comité. De plus, lors d'incapacité
temporaire d'agir du président, je crois que ses pouvoirs devraient
automatiquement être dévolus au vice-président,
plutôt que de nommer un président temporaire.
Ici, je voudrais souligner qu'il est assez important que le
vice-président ait le privilège d'être
délégué par le président pour siéger
à un comité. Dans nos structures actuelles, par exemple, il y a
le maire et le maire suppléant; à certains moments, le maire fait
partie de tous les comités, mais nécessairement, le maire
suppléant ne peut pas... Ou, par exemple, vous avez une formule de
comité exécutif où le président automatiquement,
est membre de tous les comités, mais, s'il ne peut pas s'y rendre, il
n'a pas le privilège, en vertu des lois, de déléguer le
vice-président comme son mandataire.
Article 90: Les emprunts sont garantis par le fonds
général des municipalités du territoire. Il y aurait lieu
que cette clause précise qu'un certain pourcentage maximum du fonds
général d'une municipalité peut être
approprié à la communauté régionale, tout en ayant
soin d'établir aussi un pourcentage initial à la disposition de
la municipalité. Il ne faudrait pas que ce soit uniquement le
crédit des municipalités en bonne situation financière qui
serve au développement régional.
Article 96: Seul le gouvernement du Québec est exempt de taxes.
Je crois que les terrains et les édifices des gouvernements
supérieurs devraient être imposables. Depuis plusieurs
années, la ville de Hull demande que le gouver- nement
fédéral paie ses taxes pour les terrains que la Commission de la
capitale nationale possède sur environ 25% du territoire de la ville. Si
le gouvernement du Québec veut donner l'exemple, il devrait le faire
immédiatement, ce qui forcera peut-être les autorités
fédérales à adopter le même principe. En toute
objectivité, pourquoi tant Québec qu'Ottawa ne paieraient-ils pas
leurs taxes comme les autres contribuables?
Article 100: Je crois que cet article devrait plutôt
décréter que, nonobstant toutes dispositions contraires, les
élections aux différents postes de la communauté
régionale et aux postes de maire ou de conseillers dans chacune des
municipalités de la communauté régionale auront lieu le
premier dimanche de novembre 1973.
Avec un tel article, vous permettriez d'installer solidement les
structures administratives de la communauté régionale. Cela
éviterait que des élections municipales se fassent dans
différentes municipalités en essayant de faire porter à la
communauté régionale tous les inconvénients de
l'administration locale.
Evitons les campagnes électorales pendant quatre ans. Que tous
mettent l'épaule à la roue et, en 1973, qu'on demande au peuple
de porter son jugement.
La Société d'aménagement de l'Outaouais
Quant à cette Société, mes remarques seront
brèves. Depuis longtemps, nous demandions un interlocuteur valable avec
la Commission de la capitale nationale.
Je crois que ce sera un des premiers rôles de cette
société. Je suis prêt à lui faire confiance, quitte
à faire des représentations à l'Assemblée
nationale, si les pouvoirs qui lui sont conférés s'avèrent
trop larges et néfastes pour les municipalités de la
région.
Voici maintenant certaines remarques sur le projet: Lors du
dépôt de l'avant-projet, le nom se lisait: «
Société d'aménagement de l'Outaouais
québécois ». Je remarque qu'on a laissé tomber le
mot « québécois »; je crois cependant qu'on aurait
dû le laisser, car il permettait d'éviter la confusion avec
« Ottawa » et rive ontarienne de l'Outaouais.
Article 106 : Il y aurait lieu, à mon avis, que le
président, ou en son absence, le vice-président de la
communauté régionale puisse être membre-observateur de la
Société, tout comme le président de la
Société qui est membre de l'exécutif de la
communauté.
Article 124: Comme prévu à l'article 87 de la
communauté régionale, le montant maximum de dépenses, sans
soumission publique, devrait
être de $10,000, alors que, dans le moment, on mentionne
$25,000.
Article 132: Je souligne simplement que cet article est totalement
différent de l'article 132 du texte original de l'avant-projet et ne
répond pas aux mêmes fins. Dans le projet original, on disait:
Tout règlement de la communauté ou municipalités, tout
genre d'aménagement ainsi que tout plan de lotissement devrait, sous
peine de nullité, être soumis à l'approbation de la
Société. Et maintenant, dans l'article 132, il est dit: Lorsque
la construction d'un bâtiment est contraire aux règlements de la
Société, un juge de la cour supérieure peut ordonner la
démolition.
Article 133: A l'instar de certains autres organismes, je crois que cet
article doit être repensé pour ne pas causer d'injustice aux
municipalités qui ont déjà effectué des
investissements pour fins industrielles. On dit, actuellement, que tout parc
industriel devrait être cédé gratuitement à la
société, si elle en fait la demande. Mais Je crois qu'on doit
repenser le mécanisme pour rembourser, du moins, ce qui a
déjà été investi.
Remarque: En dernier lieu, je me permets de faire remarquer que le
projet de loi ne prévoit rien pour le transport en commun. Je comprends
que certaines études se font dans le moment à cet effet, mais le
problème est tellement aigu dans notre région qu'il y aurait lieu
de donner immédiatement, soit à la communauté
régionale ou à la société d'aménagement, le
pouvoir de créer une commission de transport en commun, laquelle
pourrait recevoir des subventions et de la société
d'aménagement et de la communauté régionale.
Conclusion: Voilà, M. le Ministre et messieurs de la commission,
mes opinions sur l'avant-projet de loi de la Communauté régionale
de l'Outaouais. J'espère qu'avec toutes les autres elles seront prises
en considération, afin que vous puissiez soumettre à
l'Assemblée nationale un projet de loi qui reflétera le
désir de notre région et qui nous permettra de faire de
l'Outaouais québécois un endroit prospère qui sera le
visage du Québec vis-à-vis de la capitale du Canada et où
nos concitoyens seront heureux de vivre.
M. LUSSIER: Je vous remercie, M. Séguin, de ce mémoire qui
nous aidera aussi à compléter certaines modalités de notre
avant-projet.
M. LE PRESIDENT: M. le maire, M. Marcel D'Amour. M. Marcel D'Amour
M. D'AMOUR: M. le Président, M. le Minis- tre, messieurs les
députés. Comme ceux qui m'ont précédé, je
remercie l'Assemblée nationale par l'entremise des commissions de nous
permettre d'exprimer notre point de vue sur un avant-projet de loi. Je tiens
également à féliciter le ministère des Affaires
municipales d'avoir présenté un avant-projet de loi qui nous
permet de le regarder de plus près.
En soumettant un avant-projet de loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais, le gouvernement répond à un voeu
maintes fois exprimé par les autorités municipales de Hull et de
la région et par tous les organismes qui se sont
préoccupés de son développement culturel, touristique,
social et économique. Il est cependant difficile, d'abord à cause
de la période des vacances, et aussi parce que très peu de gens
ont eu l'opportunité de prendre connaissance des recommandations du
ministère des Affaires municipales... Ici, j'ouvre une parenthèse
pour dire que nous avions quelques avants-projets de loi et, au moment de la
visite du ministre, on nous avait dit qu'on nous ferait parvenir des copies
imprimées. Or, comme il devait y avoir des changements, nous avons
attendu d'avoir des copies imprimées pour en faire l'étude
définitive. Ce n'est que depuis environ une semaine et demie, Je pense,
que ces copies nous sont parvenues, ou deux semaines au maximum. Tout de
même, ce n'est pas une excuse. Nous avons examiné ce projet, et
nous venons en vue de formuler des observations précises et finales qui
répondraient à l'assentiment de l'ensemble de la population.
L'opinion que nous voulons exprimer, au nom de la population, c'est
notre acceptation au principe du gouvernement régional et notre
désir de participer à sa création. Et, M. le
Président, j'irai même plus loin: Nous ne sommes pas d'accord
uniquement sur le principe, mais également sur la mise en pratique d'un
gouvernement régional, sauf que nous voulons apporter quelques
précisions qui, nous l'espérons, pourront aider le gouvernement
à présenter un projet de loi qui sera acceptable à la
population et conforme aux vues du gouvernement.
Nous croyons toutefois de notre devoir de vous soumettre quelques points
de vue sur divers aspects de l'avant-projet de loi, sur lesquels nous voudrions
avoir l'occasion de discuter, et nous souhaitons une étude plus
approfondie.
Nous espérons que ces observations, comme je l'ai dit
tantôt, pourront être utiles à l'assemblée en vue de
la préparation d'un projet de loi final.
Si la nécessité de la création d'un organisme
régional est reconnue par tous, l'étendue géographique sur
laquelle cet organisme aura juri-
diction, les pouvoirs qui lui seront conférés ainsi que
les implications financières de la création d'un tel organisme
sont loin de faire l'unanimité, tant dans la population que chez les
divers conseils municipaux.
Nous avons, cependant, après une étude rapide de
l'avant-projet de loi, jugé nécessaire de vous faire part de
certaines observations qui semblent rallier la majorité.
Je me limiterai, dans le présent mémoire, à vous
signaler les points majeurs sur lesquels nous désirons attirer votre
attention. 1- La composition
Dans ses mémoires précédents et dans ses
études sur les problèmes inter municipaux de la région, la
conférence des maires, qui groupait treize municipalités, a
proposé la constitution d'un organisme régional groupant lesdites
municipalités. Nous avons toujours la conviction que cet organisme
régional ne devrait pas grouper les 32 municipalités qu'on
propose d'inclure dans la communauté régionale de l'Outaouais.
Les treize municipalités dont nous incluons la liste correspondent au
territoire urbanisé ou susceptible de s'urbaniser dans les prochaines
années.
Nous croyons, M. le Président, qu'il y a des problèmes qui
sont tout à fait différents dans les 32 municipalités. En
effet, il y a des régions totalement rurales et d'autres totalement
urbaines. Alors, avec un organisme nouvellement créé et avec les
difficultés qu'on connaît, et qui sont normales, nous voyons mal
comment un tel organisme pourrait rendre service 3. la fois aux régions
qui sont totalement rurales et à celles qui sont totalement
urbanisées. 2-Transfert des pouvoirs
La communauté régionale devrait être appelée
à exercer ses pouvoirs graduellement, à mesure que ses structures
administratives seront constituées et capables d'assumer de nouvelles
responsabilités. Nous proposons que l'article 19 de l'avant-projet de
loi soit modifié pour tous les pouvoirs, tant statutaires que
discrétionnaires de la corporation, et que, jusqu'à
l'émission de lettres patentes par le lieutenant-gouverneur en conseil,
sur la recommandation du ministre, les municipalités concernées
puissent continuer d'exercer ces pouvoirs pour éviter l'arrêt ou
la paralysie de leur développement et de projets déjà en
cours.
Nous croyons, M. le Président, que la création
légale n'est pas synonyme d'un organisme rodé. Cela peut prendre
un certain temps et ça prendra sûrement un certain temps à
la commu- nauté urbaine avant de fonctionner efficacement.
Il faudra qu'elle s'organise et qu'elle se donne des structures.
Même, nous recommandons que le président soit nommé six
mois avant la création afin de lui donner le temps de faire un peu de
planification pour qu'au moment de la création il ait, au moins, une
idée du fonctionnement de l'organisme. 3- Le comité
exécutif de la communauté
Nous acceptons le principe de l'élection des membres du
comité exécutif par chacun des secteurs de la communauté.
Nous croyons aussi que, pour donner justice à la population de la
cité de Hull, elle devrait compter trois membres au lieu de deux au
comité exécutif. Je désire signaler à la commission
que la ville de Gatineau, au secteur 4, avec 17,000 de population, a un membre;
le secteur 3, avec 18,000 de population, a également un membre. Pourquoi
la ville de Hull, qui a au moins trois fois plus d'habitants que ceux-ci,
n'aurait-elle pas trois membres? La population est d'au moins 60,000 âmes
et, dans le projet de loi, il n'y a que deux membres qui représentent la
ville de Hull. Nous croyons qu'en toute justice nous devrions avoirtrois
membres, au moins.
Nous ne voyons pas, non plus, d'incompatibilité entre l'exercice
d'une charge de maire ou de conseiller dans une municipalité du
territoire et l'exercice de la charge de membre du comité
exécutif de la communauté, sauf pour le président.
Nous réclamons une meilleure représentation au
comité exécutif parce que notre population est plus grande. Nous
croyons qu'un processus de révision périodique devrait être
appliqué pour déterminer la représentation de chaque
secteur selon sa population par rapport à celle de l'ensemble de la
communauté. Ici, je me permets d'ouvrir une parenthèse.
Quand nous disons que nous ne voyons pas d'incompatibilité, c'est
qu'autant il y a des avantages à ce que les membres du comité
exécutif ne soient pas des membres qui siègent en même
temps aux conseils municipaux, autant nous craignons que ce soit une excellente
occasion, si, par hasard, ils étaient élus par la population,
d'avoir deux groupes le groupe du comité exécutif de la
communauté et les membres des conseils municipaux qui
représenteraient les mêmes citoyens, qui pourraient avoir des
points de vue totalement différents sur l'administration et qui se
renverraient la balle constamment de la communauté à la
municipalité.
Etant donné la faible population du territoire de la
communauté, nous croyons possible et mê-
me souhaitable l'élection du président par l'ensemble des
électeurs de la communauté. Le choix ou la nomination du premier
président par le lieutenant-gouverneur en conseil est aussi acceptable,
puisque c'est lui qui devra mettre en place les structures
proposées.
Cependant, lorsqu'il y aura incapacité temporaire ou absence
temporaire du président, c'est l'ensemble du conseil ou du comité
exécutif qui devrait être appelé à désigner,
parmi les membres du comité, celui qui sera appelé à
présider temporairement le conseil et le comité exécutif
de la communauté. Assemblées de la communauté
Nous sommes parfaitement d'accord sur le pouvoir accordé au
président et aux membres du comité exécutif de convoquer
une assemblée du conseil de la communauté. Cependant, nous
croyons indispensable l'institution d'une procédure qui permettrait aux
membres du conseil, à la condition que la demande soit faite par
écrit par au moins les deux tiers de ceux-ci, de faire convoquer une
assemblée du conseil de la communauté.
Les séances du conseil sont convoquées pour obtenir son
avis sur toute question que le président ou le comité
exécutif Juge devoir lui soumettre et sur toute question à
l'égard de laquelle la présente loi leur impose ce devoir.
La communauté n'est pas liée par l'avis exprimé par
le conseil de la communauté, sauf dans le cas d'avis défavorable
sur une question qui doit être soumise, en vertu de la loi, à
l'avis du conseil.
Il est dit, dans le projet de loi, que la communauté peut passer
outre à un avis défavorable du conseil, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil. Nous suggérons, M. le
Président, bien humblement, que cette autorisation du
lieutenant-gouverneur ne puisse être accordée si l'avis
défavorable est exprimé par au moins les deux tiers des membres
du conseil de la communauté. Pouvoir de taxation
La ville de Hull ne peut que recommander le rejet des articles 32
à 37 de l'avant-projet de loi, parce qu'elle ne peut se permettre de
perdre ses pouvoirs de taxation et ses sources de revenus au
bénéfice de la communauté et de l'ensemble des
municipalités du territoire et de la communauté.
Si l'on en juge d'après le projet de loi, tel qu'il est
rédigé présentement, le jour où la
société décrète que telle ou telle zone est une zo-
ne industrielle, que tel centre commercial et que la rue principale, par
exemple, forment une zone commerciale, 66 et 2/3 des taxes sont versées
à la communauté. La totalité des taxes personnelles seront
versées à la communauté. Or, si l'on examine de
près la situation à Hull, il est évident qu'il y aurait
une perte de revenus très, très considérable qui pourrait
aller de 25% à 30%.
Nous pensons que cette section de l'avant-projet de loi devrait
être examinée de très près. De plus, nous croyons
que les biens de la communauté...
M. LE PRESIDENT (Sauvageau): Un instant, M. D'Amour, s'il vous
plaît. Me Jacques, qui a participé à la rédaction du
projet de loi, veut clarifier certaines notions.
M. JACQUES: Le projet de loi ne prévoit pas que les
municipalités locales vont perdre leur pouvoir de taxation sur leurs
secteurs industriels, commerciaux, touristiques et autres. Les dispositions que
vous avez en vue touchent uniquement les centres commerciaux, industriels,
récréatifs et touristiques qui seront aménagés par
la société et pas n'importe quel centre.
Pour aménager un centre et pour que ce soit un centre de la
Société, il va falloir d'abord une définition du centre et
l'adoption de règlements qui seront soumis 3. une assemblée
publique et, subséquemment, au lieutenant-gouverneur en conseil. Cela ne
veut pas dire que la loi prévoit que demain matin vous perdrez tous vos
pouvoirs de taxation. Vous n'aurez pas de pouvoir de taxation sur le centre de
la Communauté, c'est-à-dire les terrains qu'elle a
délimités elle-même, homologués, expropriés
ou achetés.
M. D'AMOUR: Pourriez-vous m'indiquer à quel endroit, dans le
projet de loi, on peut lire qu'il ne s'agit que des centres qui seront
développés par la Société ou la Communauté?
Je vous fais remarquer d'ailleurs d'autres, qui m'ont
précédé, l'ont fait également que dans le cas
du parc industriel on dit tout simplement d'après le projet de
loi qu'à la demande de la Société, la
municipalité doit céder gratuitement... Alors nous supposions, en
lisant le projet de loi, qu'il en serait de même pour les secteurs
commerciaux.
M. JACQUES: Absolument pas, M. le Président. L'article 32 dit que
« relativement aux centres industriels, commerciaux,
récréatifs et touristiques de la Société, la
Communauté exerce (...) les pouvoirs. » Mais ce sont unique-
ment les centres de la Société. Pour déterminer ce
qu'est un centre de la Société, il faut que vous retourniez
à la deuxième partie de la loi, à l'article 123, si ma
mémoire est bonne.
A l'article 123, vous avez le mécanisme de création de
centres industriels de la Société. Ce sont uniquement ces
centres-là qui échapperont i. la taxation locale, mais, par
ailleurs, ils seront taxés par la Communauté pour les fins de la
Communauté, dégrevant ainsi les budgets qui seront passés
aux corporations locales.
M. D'AMOUR: Mais Justement, aux paragraphes 1 et 2 de l'article que vous
venez de souligner, soit 123, il est dit que « pour ses fins, la
Société peut de temps à autre faire des règlements
à l'exclusion de la Communauté et de toute autre corporation
municipale: 1. pour définir ce qu'est un centre industriel, un centre
commercial, un centre récréatif et un centre touristique tombant
sous sa juridiction. »
M.JACQUES: Oui.
M. D'AMOUR: Alors, qu'est-ce qui, en vertu de cet article,
empêcherait la Société de décréter que telle
industrie ou tel secteur commercial appartenant présentement à la
municipalité appartiendra à l'avenir à la
communauté?
M. JACQUES: Si c'est un secteur non développé, si c'est un
secteur vacant, elle peut le faire. Si c'est un secteur
développé, elle n'a pas d'objet à ce moment-là
parce que le secteur est développé. Le but de la
Société est de développer des secteurs commerciaux,
industriels et touristiques et non pas de prendre en main des secteurs
développés.
M. D'AMOUR: Je suis d'accord si c'est ce que vous avez en vue, mais je
pense que cela devrait être précisé davantage, si
possible.
M. JACQUES: Peut-être, monsieur.
M. FOURNIER: Je crois que M. le maire a raison. Le texte de l'article
123 est excessivement large et il permettrait, évidemment, ce que M. le
maire a mentionné.
M. LUSSIER: Je voulais simplement noter l'intention que nous avions
lorsque nous l'avons rédigé.
M. FOURNIER: Oui.
M. D'AMOUR : Si c'est votre intention, je suis parfaitement d'accord.
Avec votre permission, M. le président, je vais continuer.
L'évaluation
Nous suggérons que les normes, quant à l'évaluation
des biens-fonds, soient établies par les autorités provinciales
et soient les mêmes pour tout le territoire du Québec.
L'établissement des normes d'évaluation par la Communauté
ne devrait être qu'une fonction provisoire. Nous suggérons de plus
la constitution d'un bureau de revision régional pour disposer des
plaintes relatives à l'évaluation. La commission municipale ne
devrait agir qu'en dernier ressort, après que tous les autres moyens
auraient été utilisés par les parties. Nous croyons qu'il
serait beaucoup trop onéreux pour un citoyen d'être obligé
de venir à Québec devant la commission pour demander la revision
de l'évaluation.
Pollution de l'air
Je passe rapidement, comme ceux qui m'ont précédé.
Nous croyons que, pour que ce soit efficace, ce travail doit être
contrôlé par le gouvernement provincial tel qu'on le fait
présentement en Ontario. Circulation
Nous croyons que l'article 42 de l'avant-projet de loi devrait
être modifié de façon à accrof-tre les pouvoirs de
la communauté, qui devrait faire plus que les études
nécessaires à la préparation d'un projet de
règlement uniforme de circulation applicable à l'ensemble de son
territoire. La communauté devrait être investie du pouvoir
d'adopter un règlement uniforme pour l'ensemble du territoire. Sans
cela, les pouvoirs prévus à l'article 41 ne pourraient être
exercés que très difficilement. Nous croyons, au contraire, si la
communauté adopte un règlement de circulation pour tout le
territoire, qu'en dedans d'une certaine période il devrait devenir loi.
Si nous parlons d'uniformiser, il ne faudrait tout de même pas laisser le
loisir à chacune des municipalités de l'adopter.
Corps de police et cours municipales
La communauté ne possédant que des pouvoirs de
coordination de la protection publique dans son territoire, et les cours
municipales continuant à exister, même après
l'entrée en vigueur de la Loi créant la communauté
régionale, il serait injuste, pour des municipalités plus grandes
et qui ont à soutenir des corps de police plus considérables, de
perdre au bénéfice de la communauté les amendes
perçues à la suite d'infractions commises à
l'intérieur
du territoire de chacune des municipalités. Plus il se commet
d'infractions, plus l'organisation des services municipaux de contrôle et
de surveillance doit être considérable et plus les revenus
provenant des amendes sont nécessaires au financement desdits services.
Nous avons d'ailleurs présentement un problème avec nos services
de police qui doivent faire des causes, assister comme témoin en vertu
du code criminel. A ce moment-là, après toutes ces
dépenses faites par le corps policier de la municipalité, le
produit des amendes est versé à la province. Alors, nous ne
voudrions pas que ce soit la même chose dans le cas de la
communauté. La Société d'aménagement de
l'Outaouais
Ici, je me permets d'ouvrir une parenthèse pour suggérer
que l'Assemblée nationale devrait d'abord se prononcer sur la valeur et
la nécessité des municipalités ou si nous devons les
remplacer, à cette autorité municipale, par le genre
préfet ou une tutelle. Je ne dis pas que les municipalités
ici, J'exprime mon opinion personnelle doivent continuer d'exister. Il y
a peut-être des structures nouvelles que le gouvernement voudra
étudier. Je pense qu'avant de créer la société on
doit d'abord faire le choix entre la valeur et la nécessité des
municipalités dans l'administration ou les remplacer. Mais qu'on ne le
fasse pas en créant un société où les pouvoirs
seront entre les mains de fonctionnaires.
La Société d'aménagement de l'Outaouais, dans la
structure proposée, est rejetée par la majorité du conseil
de la cité de Hull. Nous recommandons que les législateurs, en
rédigeant la Loi créant une société
d'aménagement de l'Outaouais, s'inspirent des dispositions de la Loi
concernant l'aménagement et l'embellissement de la région de la
capitale nationale.
M. le Président, j'ai entendu dire à maintes reprises, au
cours de la matinée, qu'on voulait avoir un interlocuteur valable avec
la Commission de la capitale nationale. Je suis pleinement et totalement
d'accord avec ce qu'on adit. Mais, quand on parle d'interlocuteur valable, je
pense qu'on devrait lui donner les mêmes pouvoirs. Les pouvoirs que la
commission de la capitale a présentement, ce sont des pouvoirs
d'investissement et de planification. La Commission de la capitale nationale,
pas plus du côté ontarien que du côté
québécois, n'a autorité sur les municipalités ou la
législation que peuvent adopter les municipalités. Or, si on
parle d'interlocuteur valable, qu'on donne à la société
des structures identiques à la Commission de la capitale nationale, mais
qu'on ne place pas des fonctionnaires au-dessus des gouvernements
municipaux.
Nous recommandons que la communauté exerce sur son territoire les
pouvoirs de la société d'aménagement quant au
développement industriel, commercial et touristique, tout en
bénéficiant des subsides prévus pour la
société.
La communauté régionale je
préférerais urbaine, mais il faut dire régionale ici
est un organisme élu. Nous n'avons pas d'objection à ce
que les pouvoirs prévus pour la société soient
dévolus à la communauté, parce que c'est un organisme
élu. Si la formule mentionnée au premier paragraphe, sur le
modèle de la commission de la capitale, n'était pas acceptable,
nous n'aurions pas d'objection à ce que les sommes mises à la
disposition de la société d'aménagement soient
confiées au Conseil économique de l'Outaouais dont le rôle
a été extrêmement utile dans le passé. Le
président du conseil économique pourrait être nommé
par le lieutenant-gouverneur en conseil, puisque le gouvernement investit des
sommes considérables.
Nous voyons mal qu'un rôle aussi important que celui confié
à la société d'aménagement soit laissé
à des fonctionnaires non élus, ce qui serait
antidémocratique. On se demande pourquoi créer un organisme avec
des structures différentes, lorsqu'on sait que celles du conseil
économique fonctionnent avec satisfaction.
Avant d'en arriver aux conclusions, M. le Président, je dois vous
dire que la ville de Hull réalise pleinement qu'elle a bien plus
à donner dans une communauté régionale ou urbaine
qu'à recevoir. Néanmoins, nous sommes favorables à la
création d'une communauté urbaine et nous voulons, par la
planification qui s'y fera, éviter des erreurs coûteuses qui
pourront être parfois très difficiles à corriger. Nous
espérons que ces quelques observations contribueront à
sensibiliser les membres de la commission municipale de l'Assemblée
nationale aux problèmes qui pourraient résulter de la mise en
vigueur de l'avant-projet de loi, sans que des modifications y soient
apportées. Nous comptons sur les suggestions que pourront apporter
chacun des membres de la présente commission pour améliorer ce
projet de loi susceptible de changer de fond en comble les structures
municipales de notre région. Je vous remercie, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire. Maintenant, M. Rocheleau.
M. THEORET: Pardon, M. le Président. M. le maire de Hull, vous
avez parlé tantôt de
représentativité. Quelle est la population de la ville de
Hull présentement? 60,000 avez-vous dit?
M. D'AMOUR: Officiellement, c'est 60,000 habitants; c'est beaucoup plus
près de 65,000...
M. THEORET: Et l'évaluation?
M. D'AMOUR: C'est $165 millions, Je crois.
M. THEORET: M. le maire de Gatineau, si je comprends bien, vous avez une
population de pris de 20,000. Quelle est l'évaluation chez vous?
M. POULIN: M. le Président, si vous le permettez, le maire de
Hull voulait tout à l'heure avoir trois représentants 1
l'exécutif de la communauté. La population de Hull, actuellement,
est d'environ 60,000 personnes et à Gatineau, c'est 20,000.
L'évaluation de la ville de Hull, je crois, était de $165
millions l'an dernier et la ville de Gatineau avait $90 millions,
c'est-à-dire plus de la moitié. Pour la ville de Gatineau,
actuellement cela dépend du mode de taxation que vous
suggérez si cela doit être fait en proportion de
l'évaluation, nous paierons beaucoup plus en proportion de la population
que les citoyens de la ville de Hull.
Alors, c'est pour cela qu'on a mentionné tout à l'heure le
paragraphe 50. M. Théoret l'a mentionné. On doit étudier
cette participation-là, parce que les citoyens de Gatineau peuvent
être appelés à verser au gouvernement régional un
montant supérieur à celui que verseront les citoyens de la ville
de Hull, par exemple. Pour répondre à la question du
député de Papineau, l'évaluation de la ville de Gatineau
s'élève à plus de 50% de celle de la ville de Hull,
actuellement.
M. THEORET: Une autre question à M. le maire de Hull.
M. D'AMOUR: M. Théoret, permettez-vous que je réponde
à cela? Je pose tout simplement une question. Est-ce que la
répartition des sièges à l'Assemblée nationale, est
fonction du nombre de citoyens dans un comté ou fonction de sa
richesse?
M. THEORET: Quand vous répondrez à ma question, je
répondrai à la vôtre. Une autre question, M. le maire.
Vous dites: la majorité du conseil de la cité de Hull. On
a posé la même question tantôt, à savoir si le
conseil économique ou si le député de Gatineau, Me
Fournier, avaient consulté leurs gens. Est-ce qu'il y a eu une
assemblée du conseil de ville de Hull? Est-ce que ce
mémoire-là a été soumis à
l'assemblée? Est-ce qu'il a été adopté? Ce qui me
bouleverse un peu, c'est qu'avant vous, le conseiller, M. Séguin, avait
présenté un mémoire. Est-ce que vous pourriez nous dire le
processus que vous avez adopté?
M. D'AMOUR: M. Séguin l'a exprimé très clairement.
Il a dit que, même s'il n'y avait pas de scission, il avait droit
à son opinion. Il y a deux points majeurs sur lesquels il ne partage pas
le point de vue de la majorité des membres du conseil. C'est son
privilège de l'exprimer, je le reconnais. Mais, il reste tout de
même que le mémoire que je vous présente est le
mémoire du conseil municipal de Hull.
M. THEORET: Etudié en assemblée régulière
avec tous les membres?
M. D'AMOUR: En comité général.
M. THEORET: Est-ce que plusieurs membres étaient là?
M. D'AMOUR: Il y en avait six sur neuf.
M. THEORET: Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Rocheleau.
M. ROCHELEAU: Alors, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Du consentement unanime de la commission, je crois que
nous allons ajourner à 2 h 30, cet après-midi, mais, avant de
terminer, M. Fournier.
M. FOURNIER: Avant de terminer la séance, à la demande de
M.Laporte, est-ce qu'il y aurait possibilité que, comme membre de la
commission pour aujourd'hui, M. Parent remplace M. Laporte, M. Coiteux remplace
M. Séguin et M. Lacroix remplace M. Cliche?
M.LUSSIER: Accepté.
M. LE PRESIDENT: Accepté. La séance suspend ses travaux
jusqu'à 2 h 30.
Reprise de la séance à 14 h
M. SAUVAGE AU (président de la commission des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! M. Rocheleau.
M. ROCHELEAU: M. le Président, M. le ministre...
M. LE PRESIDENT: Avez-vous un texte, M. Rocheleau?
M. ROCHELEAU: Non, M. le Président.
M. Gilles Rocheleau
M. ROCHELEAU: Je suis ici aujourd'hui à titre personnel. Je
représente ma personne parce que je n'ai été
délégué officiellement par personne. Tout de même,
faisant partie du conseil économique à titre d'administrateur, je
dois apporter certaines précisions sur le mémoire qui a
été présenté par le conseil économique.
Premièrement, le conseil économique, que je juge
très sérieux, a étudié longuement le rapport soumis
par la commission des Affaires municipales, et je suis convaincu que le
mémoire qui a été soumis par le conseil économique
est très valable.
Par contre, M. le Président, je dois noter que le conseil de
ville de Hull, apparemment, aurait présenté un mémoire. Je
dois, en somme, me dissocier de la présentation du mémoire parce
qu'il vient en conflit avec le mémoire qui a été
présenté par le conseil économique. Malheureusement, je
n'ai pu siéger lors de la préparation du mémoire de la
ville de Hull parce qu'il a été fait, disons, à la
hâte, jeudi soir dernier. Et comme le conseil économique
siégeait le même soir, j'ai préféré assister
à l'élaboration du mémoire du conseil
économique.
Maintenant, M. le Président, je dois vous remercier d'avoir
ajourné & cet après-midi car j'avais « le feu »
de voir la façon dont la ville de Hull a présenté son
mémoire que je ne juge pas très sérieux. Mais tout de
même, tous ont droit à des opinions et moi j'émets les
miennes.
Je comprends que dans la préparation du gouvernement
régional, de la Société d'aménagement, tout n'est
pas parfait. Mais je préfère avoir, personnellement, une loi
rigide pour l'Outaouais plutôt que d'être assimilé
continuellement ou il la longue à la NCC. Il est entendu, comme je le
mentionnais tantôt, que tout n'est pas parfait. Mais il vaut mieux
essayer quelque chose de nouveau que de s'en tenir au statu quo avec quelque
chose qu'on n'a jamais eu, des choses qu'on n'a jamais connues. Ce sera
à nous, j'espère, après, de faire valoir nos opinions si,
par hasard, il y a des modifications à apporter.
Là-dessus, M. le Président, je demande au gouvernement,
à la commission des Affaires municipales d'agir le plus rapidement
possible et de prendre ses responsabilités vis-à-vis de
l'Outaouais parce que nous sommes dans une certaine impasse qui dure
déjà depuis assez longtemps.
Franchement, je dois ici féliciter le ministre des Affaires
municipales, le Dr Lussier, parce que c'est la première fois qu'un
avant-projet nous est soumis, que nous avons une chance de discuter, que nous
avons une chance d'accepter quelque chose. Maintenant, les critiques de tout le
monde sont certainement bienvenues. Cela peut apporter certaines modifications.
Mais tout de même, il faut en venir à quelque chose, et je demande
au gouvernement d'agir le plus tôt possible. Mercibeaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Rocheleau. M. le chanoine Rondeau, s'il vous
plaît.
M. le chanoine Jean Rondeau
M. RONDEAU: M. le Président, M. le ministre des Affaires
municipales, messieurs. Le court mémoire que je vais présenter,
c'est au nom du diocèse de Hull que je le présente. Il ne
concerne qu'un article de l'avant-projet. Ce sont quelques remarques et
quelques observations concernant l'article 96.
Le projet du gouvernement du Québec d'établir une
communauté urbaine de l'Outaouais, qui aura pour fin l'exécution
de certaines fonctions municipales, est particulièrement
intéressant et sa mise en oeuvre améliorera de façon
indéniable les services municipaux de la région de l'Outaouais.
La mise en commun des services, réalisée par la
Communauté, entraînera nécessairement des dépenses
considérables qui seront réparties entre les différentes
municipalités du territoire de la Communauté.
Aux fins de payer leur quote-part des dépenses ou du
déficit d'exploitation de la Communauté, l'avant-projet, à
l'article 96, donne à chaque municipalité le pouvoir d'imposer
une taxe spéciale basée sur l'évaluation des biens
imposables ou non, ou une taxe locative, ou les deux taxes, ou encore d'exiger
une compensation de tout propriétaire ou locataire d'immeuble. L'article
précise que ces taxes et cette compensation seront payables tant par les
personnes qui sont assujetties au paiement des
taxes municipales que par les personnes qui en sont exemptes. A la face
de cet article, il apparaît clairement que le gouvernement veut, pour les
fins de la Communauté, faire disparaître toute exemption de taxes
dont les biens de l'Eglise ont joui jusqu'ici.
Permettez-moi de vous présenter aujourd'hui, au nom des
autorités du diocèse de Hull et, en particulier, au nom de Son
Excellence Monseigneur Paul-Emile Charbonneau, les remarques qui suivent, et de
vous faire des suggestions au sujet de ce projet de taxation.
Dans le passé et jusqu'à présent, les lieux servant
au culte, c'est-à-dire les églises, les chapelles et les
cimetières, ont toujours été exemptés de
l'impôt foncier en général.
Les corporations détentrices de ces immeubles ont toujours
payé cependant les taxes de service imposées pour la fourniture
de l'eau et l'enlèvement de la neige, des ordures
ménagères ainsi que l'impôt foncier spécial pour
l'ouverture et l'éclairage des rues et la protection contre
l'incendie.
Cette immunité en faveur de la religion est universellement
reconnue par les Etats chrétiens comme elle l'était autrefois par
les sociétés païennes. Elle constitue pour l'Etat une
reconnaissance du sacré, elle se justifie par le fait que ces lieux ont
été construits et sont entretenus par la charité des
citoyens et par la contribution des groupements religieux à la
moralité publique.
Ajoutons que la Commission royale d'enquête sur la
fiscalité, connue sous le nom de Commission Bélanger, a
recommandé d'exempter les églises et les cimetières
publics de l'impôt foncier. Ce sont les recommandations 12 et 13, page
303 du rapport.
Pour ces raisons, nous suggérons respectueusement que les
églises, les chapelles et les cimetières publics soient
exemptés de la taxe spéciale ou de la compensation prévue
par l'article 96 de l'avant-projet. La même exemption devrait être
accordée aux presbytères qui abritent les ministres qui assurent
la célébration du culte. Nous concédons, cependant, que
cette exemption pourrait être réduite dans le cas où un
presbytère sert de logement à d'autres personnes que les
prêtres qui oeuvrent au service de la paroisse.
Les salles paroissiales devraient aussi jouir de cette exemption, au
moins quand elles font corps avec l'église. Les fabriques qui ont pour
fin l'exercice de la religion catholique romaine et qui possèdent les
presbytères et les salles paroissiales ne sont pas
subventionnées; elles tirent leurs revenus des offrandes volontaires des
fidèles. Toute imposition de taxe sur les presbytères et les
salles paroissiales reviendrait à une nouvelle imposition indirecte des
citoyens.
Les maisons de repos, maisons de campagne, chalets sont utiles, mais non
nécessaires; ces immeubles devraient être pleinement
imposés.
Aux édifices apparentés aux biens qui servent au culte, il
faut ajouter les évêchés, les bureaux administratifs des
diocèses, les maisons de retraites fermées, les demeures des
communautés contemplatives. La Commission Bélanger a
recommandé que ces édifices continuent d'être
exemptés de l'impôt foncier. Nous suggérons que la taxe
spéciale ou la compensation pour les fins de la communauté
urbaine ne les touche pas.
L'Eglise possède aussi des institutions d'enseignement: Les unes
sont à caractère local et les autres à caractère
régional. Elles sont toutes sans but lucratif. L'imposition de ces
institutions entraînerait pour elles une augmentation considérable
de leurs frais. Nous soumettons qu'elles devraient jouir d'une exemption sinon
totale du moins partielle.
Il y a enfin des institutions de bienfaisance qui répondent
à un besoin de la communauté et qui ne sont pas
subventionnées. Elles vivent de la charité du public.
Qu'il suffise de nommer ici les refuges de nuit et les centres ou
maisons d'accueil. Les services que ces institutions rendent à la
communauté dispensent celle-ci de les assumer et les charges des
citoyens en sont allégées d'autant. Autrement dit, la valeur
monétaire de ces services se traduit pour les citoyens par une
diminution de taxes. Pour ces raisons, ils ne devraient pas être soumises
à l'imposition de la taxe spéciale ou à la compensation
prévue à l'article 96.
Nous signalons, enfin, que l'imposition des biens qui servent au culte,
à la bienfaisance et à l'éducation présenterait une
difficulté particulière. Ces biens, aussi longtemps qu'ils
servent au culte, à l'éducation et à la bienfaisance, sont
des biens hors commerce; ils n'ont pas, à proprement parler, de valeur
commerciale. On ne saurait leur attribuer le même mode
d'évaluation qu'aux autres biens. Il faudrait leur trouver un mode
d'évaluation particulier, qui paraît difficile à
établir.
Telles sont, messieurs, les remarques que je soumets à votre
bienveillante attention, au nom des autorités du diocèse de Hull.
Ces remarques et ces suggestions vous sont faites, non pour faire obstacle au
projet de la Communauté urbaine de l'Outaouais, mais par souci de
prévenir une taxation qui grèverait lourdement des institutions
qui vivent de la charité du public et qui pourrait, par contrecoup, les
obli-
ger à réduire les services qu'elles rendent actuellement
à la communauté.
M. LE PRESIDENT (Sauvageau): Merci, M. le chanoine. Maintenant, M.
Pharand.
M. Michel Pharand
M. PHARAND: M. le Président, vous voudrez bien excuser le peu de
préparation que j'ai apporté à ce que je vais vous dire
cet après-midi; c'est que nous n'avons appris que la semaine
dernière, par voie d'avis public, que la séance avait lieu ce
matin.
Les commissions scolaires que je représente craignent que vous
incluiez dans le projet une commission de transport semblable à celle
dont on parle dans le document sessionnel numéro 200, l'avant-projet de
loi de la communauté urbaine de Québec. En particulier, les
commissions scolaires sont inquiètes de l'article 95, paragraphe c,
prévoyant qu'aucun contrat de transport d'écoliers ne peut
être octroyé par une commission scolaire sans donner la
préférence à la Commission de transport, au tarif
approuvé par la Régie des transports.
Les commissions scolaires que je représente désirent
maintenir le système de soumissions. Elles n'ont aucune objection
à ce qu'un organisme, commission ou autre, soumissionne au même
titre que les entrepreneurs privés.
Le fait d'octroyer obligatoirement le contrat de transport scolaire sans
condition peut influencer la qualité du service. Les taux étant
établis par une tierce-partie, cela peut devenir une subvention
déguisée pour la Commission de transport. Cette subvention
indirecte serait alors payée par les commissions scolaires qui ne
devraient pas être impliquées dans le financement municipal.
Tout montant devant être payé par les commissions
scolaires, au-dessus des normes du ministère de l'Education, serait
admissible aux subventions et devrait être payé, à ce
moment-là, par une taxe locale supplémentaire perçue par
les commissions scolaires.
D'autant plus que le rapport Vandry, sur le transport dans la
région de Québec, recommande que le transport des écoliers
ne devienne pas la chose de la commission du transport. Je n'ai malheureusement
pu préparer un mémoire écrit. Nous ignorions si la
question des commissions de transport serait soulevée ce matin, mais il
appert qu'il y a eu plusieurs suggestions, dans les rapports déjà
présentés, demandant une législation sur les commissions
de transport. Il me fera plaisir de vous soumettre un mémoire
écrit à une date ultérieure. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Pharand. Maintenant, M. Beaudoin, de la
Fédération des employés civils.
M. Guy Beaudoin
M. BEAUDOIN: M. le Président, messieurs les membres de la
commission. Sur le plan syndical nous avions divisé entre deux
juridictions, le Conseil central de la région de Hull et la
fédération que je représente, l'étude de
l'avant-projet que vous avez soumis. Le Conseil central est à
étudier en comité l'avant-projet, mais malheureusement il n'a pu
siéger en assemblée pléniêre à cause du
problème de temps. J'imagine que le ministre soumettra le bill quand il
sera rédigé et qu'on pourra, avant la troisième lecture,
faire des représentations.
Quant au problème que je veux soulever au nom de la
Fédération des employés des services publics, c'est le
problème pratique des employés qui peuvent subir un certain
nombre de préjudices dans l'application de l'une ou l'autre des formules
de communauté urbaine qu'un bill pourrait décréter. On
voit que l'idée du gouvernement est de transférer, à une
communauté, un certain nombre d'attributions ou de fonctions qui
relèvent aujourd'hui des municipalités. Je n'ai pas besoin de
préciser les articles en question, mais la communauté
elle-même ou la communauté par le comité exécutif
peut par règlement, par exemple, décider de certains
problèmes ; disons que ceux qui me viennent 1 la mémoire sont le
problème du déneigement des rues ou autres, les ordures
ménagères et un certain nombre de choses.
Voici le problème des employés: si une communauté
prend des juridictions qui appartiennent aujourd'hui à l'une ou l'autre
des municipalités, soit Hull, Pointe-Gatineau, Gatineau, Aylmer ou
autres, on court le danger que certains employés, directement ou
indirectement, subissent un préjudice en perdant soit leur emploi, parce
que le service que la communauté rend et qui, aujourd'hui, est la raison
même de leur embauchage, disparaît. Alors, nous voudrions... A la
lecture du bill, nous constatons qu'il n'y a que l'article 99 qui parle des
fonds de caisse de retraite ou autres bénéfices attachés
aux employés.
L'article 99 dit: « Les bénéfices sociaux
accumulés au crédit d'un fonctionnaire ou d'un employé
sont transférés ». Aujourd'hui, nous le faisons
verbalement, mais j'imagine que M. le Président nous donnera la
permission de lui envoyer, à la commission, le document
nécessaire. Nous voudrions que l'article libellé soit ainsi:
« Lorsque la communauté urbaine prend sous sa juridiction une
fonction municipale, une responsabilité municipale, qu'elle
prenne aussi à sa charge les employés directement
impliqués, car on court le risque, en tous cas, de subir des mises 3
pied directes ou indirectes.
Alors, il faudrait que le bill prévoie... Cela peut aussi bien
s'appliquer sur le plan des évaluations municipales. Il y a des gens
affectés dans les bureaux, par exemple, de la ville de Hull qui, sans
doute, travaillent sur le plan des évaluations. Si la communauté
a son propre bureau d'évaluation pour l'ensemble du territoire
visé, il faudrait que les employés passent au service de la
communauté, avec les conditions de travail qu'ils avaient dans leur
municipalité, donc, le transfert des conventions collectives.
On sait que le bill 54 prévoit la grande idée ou une
idée générale de ce genre. Mais on ne peut pas appliquer
au projet de communauté urbaine les dispositions du bill 54, ou le
laisser en suspens et dire: le code s'appliquera.
Ce que nous voulons, c'est que le bill prévoie une disposition
selon laquelle la Communauté ou la Société
d'aménagement parce que la Société
d'aménagement peut aussi avoir des employés devra prendre
des employés qui occupaient des fonctions de même nature dans les
villes. Deuxièmement, que ces employés transportent avec eux
leurs conditions, donc leurs conventions collectives. Et après, il
restera à savoir si cela fait, au sens du code du travail, une nouvelle
unité syndicale pour négocier avec la Communauté.
Mais, voyez-vous, on vous souligne que dans son libellé actuel,
l'application du bill pourrait se faire sur le dos d'un certain nombre
d'employés municipaux, soit à Hull, à Pointe-Gatineau,
à Aylmer ou ailleurs.
Alors, si vous me le permettez, évidemment, je produirai un
document très précis aux membres de la commission sur ces
idées-là.
M. LE PRESIDENT: Très bien, M. Beaudoin.
Maintenant, M. Philips, chambre de commerce.
M. Fernand Philips
M. PHILIPS: M. le Président, MM. les ministres, MM. les futurs
ministres, messieurs.
M. LUSSIER: Tout le monde est compris là-dedans.
M. PHILIPS: En premier lieu, permettez-nous, la Chambre de commerce de
Gatineau et de Pointe-Gatineau, de remercier la commission des Affaires
municipales de l'Assemblée nationale de l'occasion qui nous est offerte
de faire connaître notre opinion sur l'avant-projet de la
Communauté régionale de l'Outaouais et de vous présenter
notre mémoire.
M. le Président, si vous me le permettez, je demanderai au
secrétaire du comité, M. Brûlé, qui a
été formé de lire le mémoire, et après, il y
aura quelques commentaires que le Dr Larocque, de la Chambre de Commerce de
Pointe-Gatineau et moi-même aimerions faire. Les textes ont
été distribués en avant.
M. DEMERS: De quelle couleur?
M. PHILIPS: Bleu.
M. DEMERS: C'est une belle couleur!
M. BRULE: Mémoire présenté conjointement par les
chambres de commerce des villes de Gatineau et de Pointe-Gatineau sur
l'avant-projet de la Communauté régionale de l'Outaouais et de la
Société d'aménagement de l'Outaouais
québécois, préparé par le ministère des
Affaires municipales du Québec.
Un comité spécial, formé de représentants
des deux chambres de commerce concernées, a étudié
sérieusement l'avant-projet de la Communauté régionale de
l'Outaouais et de la Société d'aménagement de l'Outaouais
québécois.
En principe, cet avant-projet est accepté, à l'exception
des articles sous-mentionnés où les membres ont cru bon
d'apporter certaines suggestions.
Le comité chargé de la préparation de ce
mémoire a été formé des personnes suivantes,
à savoir: M. Fernand Philips, président, Chambre de commerce de
Gatineau; M. J.-René Brunette, Chambre de commerce de Gatineau; M.
Raymond Gosselin, Chambre de commerce de Gatineau; M. Jérôme
Brûlé, Chambre de commerce de Gatineau; M. William S. Assad,
Chambre de commerce de Gatineau; le docteur Lévis Larocque, Chambre de
commerce de Pointe-Gatineau.
Article 10: Considérant que l'avant-projet recommande que les
désignations au comité exécutif, dans le cas du secteur
central, c'est-à-dire pour la ville de Hull, soient faites par
résolution du conseil de ladite ville, les chambres de commerce sont
d'opinion qu'il devrait en être ainsi pour le secteur 4, composé
exclusivement de la ville de Gatineau.
Article 14: Les chambres de commerce recommandent que les
assemblées du conseil de
la communauté soient convoquées par le président de
la communauté, de son propre chef ou à la demande de la
majorité des membres du comité exécutif de la
communauté, dans les affaires concernant celle-ci. L'avis de convocation
d'une assemblée devrait être signifié à chaque
membre du conseil de la communauté au plus tard 48 heures avant l'heure
fixée pour le début de ladite assemblée.
Article 17: Les chambres de commerce aimeraient obtenir une explication
très claire et précise en ce qui concerne les voix«B
», relativement à la participation aux dépenses de chaque
municipalité.
Article 18 e): Les chambres de commerce recommandent que le
contrôle de la pollution de l'air et de l'eau soit une
responsabilité provinciale. Il y a une erreur dans le mémoire. Il
faudrait changer « fédérale » pour «
provinciale ».
Article 22: Les chambres de commerce recommandent que le deuxième
alinéa de l'article 22 soit modifié de façon à
stipuler que, si la communauté se propose de modifier les
évaluations totales des immeubles imposables, mentionnées dans le
certificat transmis par une municipalité, elle devra aviser, par
écrit, la municipalité concernée au moins 30 Jours avant
la date à laquelle elle se propose de faire telle modification, en y
mentionnant les raisons qui motivent cette modification.
Les chambres de commerce recommandent, de plus, que le quatrième
alinéa dudit article 22 soit modifié de façon à
stipuler que, « le ou avant le quinzième jour du mois de mai de
chaque année », la communauté transmette à la
Commission municipale de Québec et à chacune des
municipalités concernées un état établissant les
évaluations totales des immeubles imposables et non imposables dans
chacune des municipalités.
Article 28: Les chambres de commerce recommandent que la
communauté verse une compensation à chaque municipalité
incluse dans son territoire pour des sommes d'argent déjà
dépensées par lesdites municipalités pour la confection de
plans directeurs.
Article 41 (12): Les chambres de commerce recommandent que la
communauté puisse par règlement établir, dans chaque
municipalité de son territoire, quelles rues doivent être
déneigées et de quelle manière, de façon à
faciliter la circulation automobile pour le bénéfice de la
population dans son ensemble et obliger les municipalités à se
conformer à ce règlement. Cependant, cette réglementation
devrait s'appliquer aux rues intermunicipales seulement.
Article 50: Les chambres de commerce recommandent que le dernier
alinéa de l'article 50 soit modifié de façon à
stipuler que les autres dépenses de la communauté sont
réparties entre les municipalités en proportion soit de
l'évaluation uniformisée des biens-fonds imposables et non
imposables de ces municipalités, soit de la population de ces
municipalités, soit de tout autre critère dont la
Communauté pourra, par règlement, décider de tenir compte,
et qu'elle soit en proportion à la fois de l'évaluation
uniformisée et de la population de chaque municipalité; un tel
règlement doit être soumis à l'avis du conseil de la
Communauté.
Article 100: Les chambres de commerce recommandent qu'advenant le cas
où une nomination au sein du conseil exécutif de la
Communauté nécessiterait une élection dans une des
municipalités incluses dans le territoire, la personne élue lors
de cette dite élection demeurera en fonction Jusqu'à la date des
élections prévue audit article 100.
Article 105: Les chambres de commerce recommandent que la
Société ait son siège social dans les limites de son
territoire.
Article 106: Les chambres de commerce recommandent que quatre des
membres de la Société d'aménagement de l'Outaouais
québécois soient domiciliés, au sens de la Loi des
cités et villes, dans les limites du territoire de ladite
société. De plus, le président ou le vice-président
devrait être également domicilié dans ledit territoire.
En outre, le mandat des membres de ladite société devrait
être de cinq ans et être renouvelable.
M. PHILIPS: Premièrement, me permettez-vous, concernant l'article
10, de donner une certaine explication? Pour la rendre plus claire, j'aimerais
poser une question à Me Jacques. Voudrait-il me dire si il y a eu erreur
dans le premier avant-projet de loi ou dans celui qui a été
publié ici. Dans le premier, on réfère à l'article
56 et dans celui que vous nous donnez ce matin, on réfère
à l'article 55. Est-ce que ce ne serait pas 56, ici? N'y aurait-il pas
eu erreur? Page 4, premier paragraphe.
M. JACQUES: Il y a peut-être eu erreur typographique. C'est 55. Le
dernier texte est exact, on réfère à 55 pour le
remplacement.
M. PHILIPS: L'article 56 dit que le maire est
délégué d'office à moins qu'une résolution
du conseil nomme un autre de ses membres.
M. JACQUES: C'est que l'assemblée est prévue à
l'article 55. Les délégués sont prévus à
l'article 56.
M. PHILIPS: Pour attirer votre attention sur l'article 10, le secteur 4,
qui est Gatineau, est un secteur par lui-même. On dit qu'il aura un
représentant au comité consultatif ou exécutif.
M. JACQUES: Exécutif.
M. PHILIPS: Donc, cela veut dire, si on procède de cette
manière, que le maire est délégué d'office. Il s'en
va au secteur. Le président, qui aura été nommé par
le lieutenant-gouverneur, dit à chacun des maires qui sont là:
Faites vos élections pour nommer un membre pour vous représenter.
Lui, qui a été délégué par le conseil, soit
par résolution ou... il est là et fait son élection tout
seul. Il se propose, se seconde et se nomme. Ou il peut nommer une autre
personne qui ne fait pas partie du conseil du tout. Il peut nommer n'importe
qui par lui-même, seul. Ce qui veut dire que c'est la décision
d'un seul homme.
M. JACQUES: Au deuxième stade, c'est-à-dire une fois la
loi en vigueur, il y a des élections. Quant au premier stade, je
concède que la rédaction peut être améliorée.
Mais la loi a été faite en fonction de secteurs, secteurs qui
pourraient comprendre une ou plusieurs municipalités. La loi a
été rédigée en fonction de ça.
M. PHILIPS: C'est pour ça que nous recommandons, vu que nous
sommes un seul secteur, que ce ne soit pas le conseil qui nomme ses deux
représentants au comité exécutif et à la
communauté par résolution du conseil, comme le fait le secteur de
Hull.
M. JACQUES: Disons que si le secteur demeure avec une
municipalité unique, cela devra être la solution.
M. PHILIPS: Merci.
M. THEORET: M. le Président, si vous me le permettez, je crois
que cette question a déjà été discutée. J'en
ai discuté avec le conseil de Gatineau et la Chambre de commerce.
Evidemment, comme vient de le dire Me Jacques, on a considéré le
point de vue des secteurs et on a nommé secteur 4 une ville qui ne
comprend pas d'autres municipalités. Or, je crois bien que dans la
rédaction finale on devra s'entendre sur un texte qui soit clair, M.
Jacques, afin que le conseil de ville de Gatineau, comme la ville de Hull,
puisse nommer son représentant.
M. JACQUES: Oui.
M. THEORET: C'est cela.
M. PHILIPS: Par résolution du conseil.
M. THEORET: Par résolution. Alors, il s'agit du même cas.
La ville de Hull et la ville de Gatineau sont des secteurs à une seule
municipalité. Je pense bien qu'on ne peut pas appliquer le texte «
secteur » à ces municipalités. Si on s'entend
là-dessus... D'ailleurs, vous avez remarqué que la ville de
Gatineau est arrivée avec des représentations quant à
l'article 10. Et, là la chambre de commerce revient là-dessus. Je
crois que c'est une question de texte et qu'il n'y a rien dans la loi qui
puisse préjudicier aux intérêts des citoyens de Gatineau.
Pourvu qu'on s'entende pour le texte.
M. FOURNIER: M. le Président, j'ai une question à adresser
à M. Philips. Au début du mémoire, je constate qu'il
s'agit d'un mémoire commun des deux chambres de commerce, Gatineau et
Pointe-Gatineau.
M. PHILIPS: Oui.
M. FOURNIER: Mais on y réfère à six personnes dont
les noms sont mentionnés qui auraient fait la préparation d'un
mémoire. A la suite de la préparation de ce mémoire,
est-ce que les membres des deux chambres de commerce en ont reçu copie?
Est-ce qu'ils l'ont étudié?
M. PHILIPS: Oui. Les directeurs ont reçu ce mémoire.
M. FOURNIER: Les directeurs?
M. PHILIPS: Oui, les directeurs. C'est parce que durant les mois
d'été, juillet et août, il n'y a pas de réunions.
Alors, les directeurs se sont réunis. Lorsque nous avons eu le premier
projet, c'était le 14 juin. Cela a été fait seulement par
la suite. Alors les directeurs se sont réunis, c'est là qu'ils
ont formé le comité. La première assemblée a
été tenue hier soir, le 8, à la Chambre de commerce de
Gatineau. Alors nous ne pouvions pas le leur présenter. Par contre, nous
leur avons remis des copies. Ils en ont pris connaissance avant.
M. FOURNIER: Maintenant, relativement à l'approbation de la
communauté et de la société en général, vous
mentionnez qu'en principe les deux organismes sont approuvés par les
deux chambres de commerce, sauf les restrictions apportées dans vos
remarques sur certains articles. Etait-il bien clair dans l'esprit de vos gens
qu'il y avait la formation d'une nouvelle corporation dont tous les membres
seraient nommés par le gouvernement de la province et qui aurait
à administrer dans tout le territoire toutes les questions industrielles
et récréatives sur une base régionale à l'exclusion
totale...
M. THEORET: M. le Président, Je soulève un point d'ordre.
Je pense qu'il y a des insinuations dans la question. Quand le
député de Gatineau dit que la société aura à
régler toutes les questions industrielles et récréatives,
Je crois que c'est une question insidieuse et qu'elle ne devrait pas être
posée, parce que, Justement, on a parlé ce matin de la question
récréative, de la question industrielle. On a dit qu'il
s'agissait de complexes et non pas de questions municipales. Je crois que le
député de Gatineau va trop loin. Je vous demande, M. le
Président, de le ramener à l'ordre.
M. POURNIER: M. le Président...
M. PHILIPS: M. Fournier si vous me permettez, vous m'avez
posé une question nous sommes très conscients que c'est
une nomination de cinq membres à la commission d'aménagement, et
nous sommes très heureux. En premier lieu, pourquoi? Si personne ne
prend la chose en main, si on s'occupe seulement de voir à ce qu'il y
ait un certain projet de fait et si ce n'est pas fait avec tout l'ensemble du
territoire, l'un pensera de son côté et dira: Il y a une
élection qui s'en vient. Il tirera de ce cô té-ci, il
tirera de ce côté-là, et il n'y aura encore rien de fait
comme c'est depuis 25 ans.
Par exemple, à Gatineau, un règlement a été
présenté pour un fonds industriel de $1 million que les
contribuables ont approuvé. Qu'est-il arrivé? Il n'y a rien de
fait. Le million a été approuvé par les contribuables, le
fonds est là, tout est là, et il n'y a rien de fait. Alors pour
nous...
Maintenant, le Dr Lévis Larocque aimerait aussi vous parler pour
son bout.
M. FOURNIER: Ceci répond, M. Philips, à la première
partie de ma question, au sujet de la nomination des membres. Vous dites: Nous
sommes d'accord pour qu'ils soient nommés.
Mais, quant à la deuxième question, que les pouvoirs qui
sont présentement des pouvoirs municipaux, relativement à
l'industrie et au commerce dans la région, soient
transférés à cet organisme?
M. PHILIPS: Nous sommes d'accord.
M. LAROCQUE: Si vous permettez, en tant que responsable de la Chambre de
commerce de Pointe-Gatineau, Je pourrais peut-être ajouter aux arguments
de M. Philips. Disons que nous n'avons peut-être pas étudié
en tant que chambre de commerce cet avant-projet de loi de la même
façon que les villes l'ont étudié et non pas avec les
mêmes arguments ou pour les mêmes raisons.
Disons que nous avons considéré cet avant-projet de loi
comme une occasion probablement pour le gouvernement d'essayer de
réussir un déblocage dans la région de l'Ouest du
Québec. Sans vouloir discréditer les pouvoirs des gens qui
étaient en place, à savoir le ministre des Affaires municipales
et ceux qui l'entouraient, nous nous sommes demandé: pourquoi ils ont
mis ces instruments en place. Alors, nous avons ressorti, si vous voulez, comme
idée générale de l'ensemble du projet, que les
municipalités conservaient, quand même, leur autonomie dans
certains domaines. Elles gardaient leurs pouvoirs quand il s'agissait de
législation uniquement municipale ou dans les règlements qui les
concernaient.
Nous avons vu la communauté comme quelque chose qui arrivait pour
réglementer les affaires intermunicipales, si vous voulez. S'est
ajoutée à cela, évidemment, la société.
Alors, la société, qu'est-ce qu'elle vient faire là? A
notre sens, c'est tout simplement un complément aux deux autres articles
qui étaient déjà en place. Comme cette
société recevait des montants substantiels d'argent, il fallait,
évidemment, qu'un responsable du gouvernement administre ces
fonds-là.
Alors, nous avons cru que le ministère des Affaires municipales
transmettait ses pouvoirs à la société et nous avons
accepté d'emblée cette hiérarchie normale, si vous voulez,
car le déblocage de cette région-là s'imposait.
Evidemment, il fallait des moyens d'action. Nous croyons que ces trois moyens
d'action sont les seuls ou les plus recommandables actuellement.
M. THEORET: M. le Président, si vous me le permettez, quelques
remarques pour faire suite à cette question des pouvoirs de la
société d'aménagement. On a fait des comparaisons ce
matin. Le maire de Hull a soulevé la question qu'il fallait un organisme
fort vis-à-vis de celui de la Commission de la capitale nationale. On a
parlé des pouvoirs de la Commission de la capitale nationale. On a
oublié de dire que la Commission de la capitale nationale a
exproprié 25% de tout le territoire de la ville de Hull. Cette
corporation fédérale, qui semble avoir moins de pouvoirs que la
corporation qui sera créée
par Québec, a quand même mis la ville de Hull dans une
drôle de situation.
M. PARENT: Avec sa complicité.
UNE VOIX: Il ne faudrait pas aller aussi loin que cela.
M. THEORET: Complicité, vous en discuterez, M. Parent, avec le
maire de Hull. Vous avez l'air d'être deux excellents amis.
M. PARENT: La ville de Hull expropriait pour la capitale
fédérale.
M. THEORET: Depuis un an, le ministre des Affaires municipales a voulu
démocratiser la procédure. Il a voulu rendre les maires
conscients de leurs responsabilités, mais je crois qu'il ne s'est pas
trouvé je regrette de le dire dans la région de
l'Outaouais, de leader pour s'occuper de cette conférence des
maires.
J'ai devant moi ce n'est pas tellement vieux, M. le
Président un article signé de M. Philippe Gagnon, du
journal Le Droit, du 29 août 1969: « Echec de la conférence
des maires. La dernière réunion de la conférence
permanente des maires de l'Ouest du Québec, car ce sera la
dernière, aura été un fiasco. Cinq sur treize
municipalités se sont rendues là».
Je crois que l'on répond à un ultimatum lancé par
la ville de Hull, le 24 avril 1969, ici sur huit colonnes du journal Le Droit.
« Le conseil de Hull lance un ultimatum au gouvernement ». Le
gouvernement prend ses responsabilités. Le gouvernement admet qu'on a
manqué de leadership dans la région. Le gouvernement croit qu'il
doit prendre la relève et c'est la raison pour laquelle la
société d'aménagement est formée. Le ministre des
Affaires municipales adonné toute la latitude voulue, depuis un an,
à treize municipalités. Cela s'est révélé un
fiasco. Je n'ai pas vu de contradiction à cet article de M. Gagnon. Le
gouvernement de Hull a lancé des ultimatums. Le défi a
été, aujourd'hui, relevé par le gouvernement du
Québec. Relevé, dans ce sens qu'une société
d'aménagement verra à prendre les initiatives et les
décisions qui s'imposent.
M. PARENT: Relever le défi en accaparant les pouvoirs.
M. DEMERS: Vous avez été moins scrupuleux que cela pour le
parc Forillon, pour le fédéral.
M. PARENT: En êtes-vous sûrs?
M. DEMERS: Beaucoup moins. Beaucoup moins.
M. FOURNIER: Sur ce même sujet...
M. DEMERS: C'est un projet préliminaire. Cela peut ressembler aux
élections préliminaires aussi.
M. PARENT: D'après ce que le député de Papineau
dit, il semblerait que ce soit un projet gouvernemental.
M. DEMERS: Bien, j'espère...
M. THEORET: Le gouvernement prend ses responsabilités, M.
Parent.
M. FOURNIER: Sur le même sujet, présentement, nous avons un
délégué industriel; cela va faire cinq
délégués Industriels à Hull. Est-ce que cela va
avancer les choses?
M. PHILIPS: M. Fournier, ce n'est pas seulement 3. Hull. Ce sera pour
tout le secteur. Justement, les chambres de commerce veulent que ce ne soit pas
toujours Hull seulement.
M. FOURNIER: Non, non. Il y a un délégué industriel
de la province, M. Gérard, qui est à Hull, et là ça
devient cinq délégués.
M. PHILIPS: C'est ça, il ne vient pas à Gatineau.
M. FOURNIER: Oui, mais il est à Hull.
M. LUSSIER: II n'y a rien qui empêche la coexistence avec la
Société d'aménagement.
UNE VOIX: C'est ça.
M. DEMERS: Mais l'ultimatum, en dépit du
délégué industriel, a été lancé quand
même.
M. THEORET: M. le Président, pour enchaîner encore, pour
montrer que, d'un côté ou de l'autre, ici, à la commission,
nous sommes tous d'accord, J'ai Ici le mémoire du député
de Hull, M. Parent, présenté à la commission sur
l'intégrité du territoire. Je cite: « Donnant suite aux
recommandations du conseil économique de la région de l'Ouest du
Québec, on devrait immédiatement créer une commission
d'aménagement de la capitale nationale et en situer le siège
à Hull. » Voyez, je pense que nous discutons pour rien, nous
sommes tous d'accord. Nous sommes tous de la même opinion. Alors ce
qu'il nous faut c'est d'aller, de marcher, de passer aux actes, n'est-ce
pas?
M. PARENT: M. le Président, je me réserve le droit de
répondre...
M. THEORET: Absolument.
M. PARENT: Je veux entendre les autres mémoires, mais je parlerai
immédiatement après.
M. THEORET: J'espère!
M. LE PRESIDENT: M. Moreau, s'il vous plaît.
M. PHILIPS: M. le Président, je voudrais faire un commentaire
à propos de l'article 100. C'est qu'on dit, d'abord par
résolution, si c'est accepté, qu'on pourra nommer un
représentant de la ville de Gatineau. Advenant le cas que le maire soit
nommé au comité exécutif, il y aura une vacance au poste
du maire à Gatineau, et il devra y avoir une élection en 1970,
peut-être, puis une autre élection en 1971, et ensuite on dit
qu'il y aura une autre élection en 1973. Ce qui est le même cas
pour Pointe-Gatineau. Nous pensons que, pour deux villes progressives comme
celles-là, trois élections dans trois ans et demi cela fait
beaucoup. C'est pour ça qu'on demande, advenant une vacance soit au
poste de maire dans une de ces villes, que le terme du prochain maire soit
prolongé jusqu'à 1973, pour qu'il ne soit pas obligé de
subir trois élections.
M. JACQUES: Monsieur, sur cette question-là il y a
évidemment un problème technique aigu qui se pose, non pas
exactement dans le cadre que vous avez fixé mais dans un autre
cadre.
Il s'agit de déterminer si les gens qui font partie du conseil
exécutif pourront jouir d'un double mandat, c'est-à-dire,
lorsqu'ils se présenteront aux élections, au niveau local, faire
une campagne électorale double, premièrement comme maire et
deuxièmement comme membre du comité exécutif. C'est une
question que nous étudions et qui sera résolue.
M. PHILIPS: Vous dites dans votre projet de loi: « Un membre du
comité exécutif n'aura pas le droit de siéger comme maire
ou...»
M. JACQUES: Absolument, c'est ce que l'on dit. Le problème du
double mandat a été soulevé par plusieurs autres
municipalités. Nous l'étudions.
M. PHILIPS: C'est pour ça...
M. JACQUES: C'est pour éviter ces choses-là.
M. PHILIPS: C'est pour ça que nous demandons que, advenant une
vacance, le terme du prochain élu soit prolongé jusqu'en 1973,
afin qu'il n'ait pas à subir une élection en 1971.
Ici, au dernier paragraphe, à l'article 106, on recommande quatre
membres pour siéger à la Société
d'aménagement et on dit: « Soit domicilié au sens de la Loi
des cités et villes ».
Il est assez facile de dire à quelqu'un, soit de Montréal,
de Québec, ou de Trois-Rivières: « Va-t-en là-bas,
loue-toi une maison et on te nommera ». Il est devenu résident le
vendredi, et le lundi 11 est nommé. Il est résident, puisqu'il y
est domicilié. C'est pour ça qu'on demande quelqu'un qui
connaisse la région, qu'il y soit domicilié un peu plus d'une ou
deux journées. C'est une recommandation.
En terminant, nous faisons une demande: si cela est possible, s'il y
avait des changements ou quelque chose, qu'on nous transmette une copie des
changements afin de nous permettre de préparer notre mémoire.
Nous en sommes venus à bout quand le premier projet a été
remis. C'est que le maire de Gatineau en a eu une copie, il a fait faire des
photocopies pour ses échevins et nous, de la Chambre de commerce, il a
fallu nous adresser à eux pour en demander une copie. Ils nous ont fait
des copies et nous ont demandé $42. Nous n'aimerions pas que cela se
répète. Lorsque j'ai demandé à Hull le 28, lors de
l'assemblée de la conférence des maires, à un
représentant du gouvernement si nous pouvions avoir une copie, il nous a
répondu que nous pouvions en avoir à Québec à 0.30
la copie.
Nous n'aimerions pas avoir à dépenser un autre montant de
$42 , nous en faisons la demande à M. le ministre, si c'est
possible.
M. DEMERS: Demandez ça à votre député, et il
va vous envoyer ça au prix du gros.
M. LUSSIER: D'accord. Nous l'avons sur la liste, et s'il y a des
communications à faire, vous les recevrez en même temps que les
autres.
M. PHILIPS: Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT (M. Sauvageau): M. Moreau.
M. Robert Moreau
M. MOREAU: M. le Président, nous n'avons que quelques copies de
notre mémoire, voulez-vous les avoir?
M. le Président, M. le Ministre, MM. les députés,
en tant que président de la Jeune chambre de Pointe-Gatineau, il me fait
plaisir de venir présenter nos opinions sur les deux projets, soit la
Communauté régionale de l'Outaouais et la Société
d'aménagement de l'Outaouais québécois.
Nous voulons aussi vous remercier de l'occasion que vous nous avez
fournie de vous faire part de notre opinion sur l'avant-projet et nous voulons
vous dire, tout de suite, que nous favorisons ces deux projets et
espérons qu'ils seront mis de l'avant le plus tôt possible.
Cependant, nous voudrions ajouter quelques suggestions:
Vous remarquerez que nous avons une grande divergence d'opinions au
point de vue de division des secteurs.
Dans notre exposé, nous avons beaucoup de modifications. Comme
secteur 1
Nous voyons très bien les villes suivantes ne former qu'une seule
agglomération:
Ainsi Hull, Aylmer, Deschênes, Lucerne et canton de Hull, partie
ouest, devraient être réunis tous ensemble et ne former qu'un
tout. Nous appellerons le tout, pour notre exposé, le Hull global, et en
même temps, cette nouvelle ville forme le secteur 1. Secteur 2
Selon le plan tracé par la firme Lahaye et Robert, en 1967, qui
réunissait les huit municipalités sises à l'est de la
rivière Gatineau, nous suggérons, là encore, la formation
d'une autre nouvelle ville qui engloberait les sept municipalités
suivantes: Touraine, Pointe-Gatineau, Gatineau, municipalité de
Templeton-Ouest, village de Templeton, municipalité de Templeton-Est et
municipalité de Templeton-Est, partie est. Cette nouvelle ville,
appelons-là le Gatineau global.
Secteur 3
Perkins, le village de Wakefield et le canton Wakefield, partie est,
pourraient former le secteur 3.
Secteur 4
Les municipalités de Ouyon, Alfield, Eardley, Masham-nord,
Onslow, Onslow partie sud et Sainte-Cécile-de-Masham, formeraient le
secteur 4 qui, réunies ensemble, représenteront une meilleure
participation, qui est toute rurale, et défendront ainsi beaucoup mieux
leurs intérêts et leurs points de vue. Secteur 5
Encore là, nous préconisons la création d'une
nouvelle ville qui réunirait les municipalités suivantes:
Buckingham, Masson, Angers, paroisse de l'Ange-Gardien, le canton de
Buckingham, partie ouest, et le canton de Buckingham, partie sud-ouest. Nous
l'appelons le Buckingham global. Cette nouvelle ville pourra fusionner au
Gatineau global lorsque le temps viendra.
Pour ne nommer qu'un avantage de ces fusions, nous prenons le Gatineau
global pour exemple. Présentement, sept municipalités sont
divisées par des lignes imaginées et travaillent chacune pour
leur point de vue. Il y a 49 personnes, échevins ou maires, qui les
représentent, dépensent argent, énergie et salive pour
promouvoir les intérêts de chacune.
Toutes réunies en une seule, les lignes imaginées sont
éliminées et, avec neuf personnes, le tout pourrait être
très bien administré. Nous pourrions dire la même chose
pour le Hull global et le Buckingham global.
Nous avons éliminé le canton de Notre-Dame-de-la-Salette
et la municipalité de Portland-ouest parce qu'elles sont
réellement éloignées de tout centre et, encore là,
le conflit d'intérêt est plus qu'appréciable. Ces deux
endroits doivent cependant être inclus dans le cadre de la
Société d'aménagement de l'Outaouais
québécois.
Nous sommes d'opinion que ces fusions devraient s'opérer
immédiatement sous l'ordonnance de votre ministère et ainsi
hâter l'efficacité du nouveau gouvernement régional.
De nos suggestions, nous voyons que plusieurs changements s'imposent.
Nous sommes cependant d'avis que la création de trois nouvelles villes,
soit le Hull global, le Gatineau global et le Buckingham global sera la
première responsabilité du nouveau supra-gouvernement.
Les deux autres secteurs représentent, dans une grande
majorité, la partie rurale.
De ces faits mêmes, le comité exécutif se trouve
quelque peu modifié. Aussi suggérons-nous que chaque secteur
élise deux membres au conseil exécutif. Nous reconnaissons que le
secteur 1 est beaucoup plus populeux que les autres. Cependant, au point de vue
du territoire, le secteur 4 en est le plus grand. Mais, nous sommes d'opinion
que chaque secteur possède des caractéristiques distinctes et que
tous doivent avoir la chance d'être mis en valeur. Deux membres
élus par secteur représenteront alors une force égale et
seul le président en fera la différence.
Si ces trois conseils municipaux sont créés, nous savons
très bien que des chartes nouvelles ou organismes nouveaux seront
nécessaires. En ce cas, nous suggérons que le conseil
régional soit composé de trois représentants de chacune de
ces nouvelles villes et que les maires des autres municipalités telles
que Perkins, Wakefield, Canton-de-Wakefield et toutes les autres
municipalités du secteur 4 y soient délégués
d'office.
Quant à la manière de délibérer pour les
membres du conseil, nous acceptons d'emblée le système de voix A
et B. Nous croyons que ce système sera le plus juste et nous
suggérons que ce système soit aussi accepté par le
comité exécutif.
Article 18 Fonctions: L'article 18-A donne juridiction sur
l'uniformisation des rôles d'évaluation foncière des
municipalités de son territoire. Nous doutons fortement que le nouveau
conseil puisse réaliser cet objectif, car notre région comprend
des secteurs urbains et ruraux. D'autres secteurs comprennent des
municipalités que l'on peut qualifier de semi-rurales et de
semi-urbaines. Comment le nouveau gouvernement pourra-t-il alors uniformiser
les rôles d'évaluation?
M. le ministre, nous vous demandons d'ajouter à l'article 18 ce
qui suit: « l'établissement et le contrôle de
systèmes inter municipaux d'eau potable ainsi que la disposition des
ordures. » Nous vous demandons cela parce que chez nous, dans
l'Outaouais, les deux principales sources d'approvisionnement en eau potable
sont des plus polluées. Vous vous souvenez sans doute des cas de
fièvre thyphoide à Pointe-Gatineau et Touraine. Nous ne voudrions
pas que ces cas se répètent en 1970 et dans les années
à venir. Le bien-être et la santé de Monsieur Tout-le-monde
demandent que ce projet soit abordé, et cela sans plus attendre.
Monsieur le ministre, une usine de filtration, ça coûte
cher. Cependant, les citoyens de Pointe-Gatineau et Touraine sont prêts
à faire des sacrifices pour protéger leur santé et leur
vie ainsi que celles de leurs enfants. Au sujet de la disposition des ordures,
nous croyons qu'un incinérateur régional qui, à notre
avis, ne serait pas tellement onéreux, résoudrait ce
problème plus qu'épineux chez nous. Encore là, monsieur le
ministre, la santé et le bien-être de tout le monde ainsi que la
propreté des municipalités deviennent prioritaires.
A notre avis, l'établissement d'un plan directeur du territoire,
le contrôle de la pollution des eaux et de l'air et la disposition des
ordures doivent tenir la première place dans les fonctions de la
communauté. Les articles 40 et 46, qui se réfèrent
à ces derniers points, devraient être appliqués dès
l'entrée en vigueur de la présente loi.
Article 29 - Publication: A l'article 29, nous devrions lire «
publié » dans un quotidien français et dans un quotidien
anglais circulant sur son territoire. Vous seriez surpris de connaître le
nombre de familles et de propriétaires anglais de notre région.
Ceci aiderait sans doute aux relations internationales. De plus, plusieurs
citoyens de la région ne lisent aucunement le journal
français.
Article 34 Remise de taxe: En étudiant cet article, nous
nous posons la question suivante: Est-ce logique de transmettre dans les trois
mois de la réception du règlement une somme égale aux deux
tiers de la taxe foncière générale et 95% des taxes
personnelles que la municipalité en question aurait dû percevoir?
Que ces taxes aient été perçues ou non ou dans le cas des
travaux, c'est transmettre 100% du coût des travaux.
En théorie, cela serait idéal, il n'y a aucun doute, mais,
en pratique, serait-ce possible? De quelle manière les
municipalités parviendront-elles à joindre les deux bouts?
Pourrions-nous suggérer un laps de temps plus long ou un pourcentage
moins élevé? Cependant, nous croyons qu'aucune
municipalité ne pourra remettre ce montant sans se placer dans de
sérieuses difficultés. En étendant la période de
temps, les responsables des municipalités auront une plus grande
facilité à percevoir ces taxes et nous sommes d'opinion que tous
ces montants devront être perçus à 100% avant d'être
remis à la communauté. Sinon, vous voyez d'ici les transferts de
fonds communément appelés virements de fonds.
Fonctionnaires
A l'article 72, où sont placés les fonctionnaires de la
communauté nous aimerions voir et lire dans cet article que le
président s'occupera de ses fonctions à plein temps. Mais
à aucun article de cet avant-projet ne l'avons-nous lu. De plus, nous
suggérons que tout le conseil exécutif travaille à plein
temps avec des honoraires fixés par le lieutenant-gouverneur en conseil,
de sorte que nous aurions des gens dévoués à une seule
cause et ayant l'esprit libre de toute contrainte financière et
professionnelle.
La tâche de régir un organisme tel que cette
communauté régionale demandera des efforts continuels, soutenus
et prévoyants. Cela requerra aussi de l'organisation, de la
réflexion et,
enfin, de l'action. Nous croyons qu'une réunion par mois, tel que
le stipule l'article 66 de votre avant-projet, sera très insuffisante
pour abattre le travail.
Vous pouvez vous fier sur l'attitude de nos conseils de ville qui,
lorsqu'une décision est demandée, nous annoncent que le projet
est à l'étude, et la décision tarde toujours à
venir par la suite. M. le Ministre, le nouveau gouvernement que vous projetez
pour notre région s'impose, mais il se sera trouvé utile dans la
mesure où il agira. Nous pouvons avancer sans trop nous tromper que
notre population rouspète un peu contre la CSRO parce qu'elle comporte
des changements d'habitudes.
Le nouveau gouvernement, déjà appelé
supra-municipal, occasionnera beaucoup plus de chambardements que le texte n'en
laisse prévoir. Nous prenons un autre exemple avec le gouvernement
régional d'Ottawa présidé par M. Denis Coolican: nouvelle
administration, budget quinquinnal, augmentation de taxes, etc. Ce sont ces
raisons qui nous poussent à vous demander, M. le Ministre, de
décréter que tous ceux qui feront partie du conseil
exécutif soient des gens à plein temps. Ce sont là, M. le
Ministre, tous nos commentaires sur l'avant-projet de loi créant cette
communauté régionale. La Société
d'aménagement de l'Outaouais québécois, article
106
Nous vous demandons de former cette société d'au moins
neuf membres. En étudiant de près les articles 106 à 113
tels que les propose votre avant-projet, nous constatons que ceci voudrait dire
que trois -personnes seulement pourraient décider du sort de quatre
comtés. Nous n'acceptons pas cela, M. le Ministre, et nous vous
demandons de corriger cette situation. Territoire
Nous vous demandons encore, M. le Ministre, d'inclure toutes les
municipalités et tout le territoire couvert par les quatre comtés
de l'Outaouais, soit Pontiac, Hull, Gatineau et Papineau. Cette demande vous a
déjà été présentée par M.
Grégoire, président du Conseil économique de l'Outaouais.
Etant membre de cet organisme, nous appuyons fortement cette requête pour
les mêmes raisons que le CEO. Nous commençons à peine
à penser pour les quatre comtés. Il ne faudrait pas
détruire cette bonne habitude.
Une chose nous effraie, cependant, dans la création de cette
Société. Ce sont ses pouvoirs.
M. le Ministre, nous ne pouvons nous empêcher de penser que
certains pouvoirs entreront en conflit direct avec les intérêts
des dirigeants de la Communauté. Nous préférerions voir
cette société comme un comité obligatoire de la nouvelle
communauté et sous sa juridiction. Le rôle de l'un se trouve
très limité par les pouvoirs de l'autre et vice-versa. Advenant
une malheureuse incompréhension entre les deux groupes de dirigeants,
nous y verrions du retard, des sorties par l'un et par l'autre et, enfin, tout
le mécanisme de ces deux organismes serait de puissance et
d'efficacité très réduites.
La Société d'aménagement est nécessaire
immédiatement. Cependant, nous préconisons un seul organisme qui
autorisera les décisions. Vous nous trouverez pessimistes à cet
égard, M. le Ministre, mais nous voulions vous faire connaître
notre opinion.
Nous voulons, en terminant, remercier votre ministère de nous
donner l'occasion de pouvoir exprimer notre opinion. Nous sommes jeunes, M. le
Ministre, mais nous sommes intéressés au plus haut point au
développement de notre région et nous voulons collaborer le plus
étroitement possible afin d'en faire une région où il fera
bon vivre.
M. LUSSIER: Très bien, merci.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Moreau.
Maintenant, M. Poliquin.
M. C. Poliquin
M. POLIQUIN: M. le Président, M. le Ministre, MM. les membres de
la commission. L'intervention que Je veux faire est au nom du conseil de
comté de Papineau. Premièrement, je veux féliciter M.
Théoret pour l'attitude qu'il a prise au début de ces assises, ce
matin, en demandant l'élargissement du territoire à
l'étendue totale des quatre comtés concernés. J'ai pris
note aussi de l'énoncé de M. Roy. Je remarque le point
numéro quatre, où il veut que la loi soit rédigée
de manière à faire disparaître les
irrégularités locales. Nous croyons que la réponse
et elle est primordiale c'est d'inclure au complet la superficie des
quatre comtés.
Quant à M. le député de Hull, nous n'avons pas eu,
encore, ses remarques, mais je sais qu'il est un être choyé et
privilégié en ce sens que son comté est urbain et compris
déjà, au complet, dans la communauté régionale.
Nous croyons aussi que les conseils de comté pourraient jouer au
sein de la communauté
régionale le même rôle que la communauté
urbaine, en ce sens qu'ils représenteraient les intérêts de
la partie rurale, en autant que la loi serait rédigée de
manière à leur donner des pouvoirs adéquats de
représentation.
Maintenant, M. le ministre, vous savez que les réunions de
conseil de comté ont lieu tous les trois mois. La dernière a eu
lieu une semaine avant votre visite à Hull, le 17 juin, et la
séance que nous tiendrons demain sera la première depuis votre
visite. Alors, je me demande si cela serait abuser que vous nous demandiez
d'être vos porte-parole et d'annoncer à chacun de nos maires
réunis demain que vous acceptez déjà d'emblée
l'idée de comprendre la totalité des limites des conseils de
comté. C'est tout.
M. LUSSIER: Merci, monsieur le préfet Dans un système
démocratique, je consulterai mes collègues et le conseil des
ministres avant de vous donner une réponse définitive.
M. THEORET: M. le Président, une remarque seulement, après
avoir entendu les représentations de M. Poliquin, maire de Duhamel et
préfet de comté. Quant à la réunion de toutes les
municipalités du comté de Papineau, je pense bien que M. Poliquin
a voulu se faire le porte-parole des autres préfets des comtés de
l'Ouest du Québec, en incluant ceux des municipalités du
comté de Gatineau et du comté de Pontiac. J'en ai causé
avec mon excellent ami, M. Ray Jonhston.
Maintenant, M. le ministre, je vous ferais remarquer que souvent on
critique, on dénigre les conseils des comtés pour le peu de
participation qu'ils apportent à la chose publique. Je ferais remarquer
ici et c'est la raison pour laquelle j'insiste, surtout pour le
comté de Papineau, pour que ces municipalités-là soient
intégrées dans le territoire de la Société
d'aménagement que le comté de Papineau possède une
société qui s'appelle la Société
d'aménagement de Papineau-Est, comprenant la partie nord-est du
comté, un secteur touristique merveilleux, qui comprend les lacs Clair,
Simon surtout, le Grand Lac au nord du lac Simon, le lac des Plages, le lac
Scryer, etc... Alors, je vous ferais remarquer qu'il est impossible de
concevoir la promotion touristique dans l'ouest du Québec sans
comprendre la partie nord-est du comté de Papineau, parce que ce serait
couper là un des éléments essentiels de toute promotion
touristique. C'est la raison pour laquelle le conseil économique a
insisté avec tant de persistance, ce matin, pour comprendre cette
réunion. Je regrette d'intervenir en- core, mais je voudrais qu'il soit
bien clair dans l'esprit du ministre que ce n'est pas une question de
partisanerie ou de vouloir tirer la couverture sur un côté ou sur
un autre. Mais, connaissant la région comme le préfet du
comté de Papineau la connaît, lui qui, depuis de nombreuses
années s'intéresse bénévolement à la chose
publique. Personne, je crois, ne paye ses dépenses pour venir ici
aujourd'hui, pas plus que personne ne les a payées d'ailleurs pour lui
dans le passé. C'est un homme qui est indépendant de la politique
et qui fait ces représentations-là dans un but
complètement désintéressé. C'est pourquoi, M. le
ministre, je crois que ces représentations devraient être tenues
en bonne part et que la décision devrait être prise le plus
tôt possible afin de rendre justice à ce secteur du comté
de Papineau.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes...?
UNE VOIX: N'êtes-vous pas intéressé?
M. THEORET: On semble me faire le reproche de m'intéresser
à mon comté. On aura tout vu! Vous pouvez bien vous chercher un
chef, du côté de l'Opposition. Vous n'êtes même pas
intéressés à en avoir un dans le moment.
UNE VOIX: Vous, vous n'en avez pas du tout
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres personnes désireraient se
faire entendre?
M. FOURNIER: M. le Président, c'est ce que je voulais mentionner.
Le préfet du comté n'est pas ici, mais je vois le maire de
Maniwaki, M. Carie. Je crois bien que ses interventions vont être
à l'effet de modifier le territoire de façon à inclure
cette municipalité industrielle de Maniwaki pour qu'elle puisse
participer à une société qui s'occupera de l'industrie, si
réellement la société est créée par le
gouvernement suivant l'avant-projet.
M. CARLE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés,...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. CARLE: Lionel Carle, maire de la ville de Maniwaki et
représentant du conseil de comté pour le comté de
Gatineau.
Comme a très bien su le mentionner M. Po-
liquin, mon collègue du comté voisin. J'espère que
la commission inclura dans ses limites les quatre comtés, et le
comté de Gatineau sera aussi inclus, comme M. Fournier vient de le dire.
M. Poliquin a su vanter le tourisme, aidé de son député.
Je peux ajouter que le comté de Gatineau a beaucoup à faire du
côté touristique. Dans la mesure du possible, je souhaite que la
décision du ministère touche les quatre comtés. Je me fais
le porte-parole du conseil de comté de Gatineau pour faire cette
demande. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup.
M. Oswald Parent
M. PARENT: Je voudrais intervenir à mon tour, car je pense que,
comme représentant élu, je dois avoir un droit de parole
également, sur cet avant-projet de loi que l'on préconise pour la
région de l'Outaouais. Disons que, c'est un problème qui remonte
à nombre d'années en arrière. Même si le
gouvernement ne l'a pas souligné, il reste que celui qui parle a
longtemps préconisé ces moyens de coordination par des
gouvernements régionaux ou par une commission intermunicipale. En effet,
le gouvernement antérieur a réalisé deux plans directeurs,
l'un pour les municipalités à l'ouest de la Gatineau et l'autre
pour les municipalités à l'est de la Gatineau, cela, en compagnie
du député actuel de Papineau. Le gouvernement avait fourni des
fonds pour procéder à l'élaboration d'un plan directeur
pour les municipalités qui se situent à l'est de la
rivière Gatineau.
Il faut dire que les plans directeurs qui ont été
complétés celui des municipalités à l'ouest
de la Gatineau, en 1963 sont restés lettre morte. Depuis ce
temps, on a gardé sur les tablettes le rapport et les recommandations
qui y étaient contenues.
Il en est de même pour celui des municipalités à
l'est de la rivière Gatineau, complété par ailleurs en
1967, soit un peu plus tard. Il semble y avoir un peu plus de vie à
l'est de la rivière Gatineau, chose que je dois remarquer. En passant,
je dois relever, parmi les mémoires soumis aujourd'hui, celui de la
Jeune chambre de Pointe-Gatineau qui, à mon sens, semble avoir
trouvé en quelque sorte la formule idéale en ce qui concerne les
secteurs de la communauté urbaine et les pouvoirs que l'on devrait lui
attribuer, en plus de prévoir le regroupement municipal. Le
gouvernement, par l'avant-projet de loi, recherche, en somme, un interlocuteur
valable auprès de la CCN, soit pour lui faire un pen- dant, soit pour
obtenir des résultats tangibles pour la région de
l'Outaouais.
Si nous recherchons un interlocuteur valable, l'avant-projet de loi
n'est sûrement pas la formule idéale pour cette
société d'aménagement. La société
d'aménagement, c'est une société d'investissements. Voici
le problème il a été soulevé par le maire de
Hull la société d'aménagement, en somme, est une
société d'investissement et non une société
paralèlle à la Commission de la capitale nationale, puisqu'elle
ne possède pas des pouvoirs similaires.
Prenons l'expérience qui a été vécue dans la
région de Québec. La commission d'aménagement,
formée par une loi spéciale de la Législature, vient de
disparaître avec l'avant-projet de loi de la communauté urbaine de
Québec. La Commission d'aménagement de Québec avait des
pouvoirs exécutifs. Elle a été une source de conflits
continuels durant toute son existence, entre, d'une part, la ville de
Québec, et, d'autre part, le gouvernement du Québec qui l'avait
créée. Et l'on veut, pour résoudre le problème de
la région de l'Outaouais, nous imposer une formule qu'actuellement
à Québec on va retirer. En somme, c'est ce qu'on veut faire avec
l'avant-projet de loi. On retire à Québec ce qui a
été mauvais, puisque l'expérience a prouvé que la
commission d'aménagement à Québec a été
néfaste dans le développement de la ville de Québec et de
la région et qu'elle a toujours, à cause des pouvoirs qu'elle
détenait, été une source de conflits entre la ville de
Québec, laCommission d'urbanisme et le gouvernement du
Québec.
Cela a résulté en quoi? Un manque de planification et un
manque de développement de la jville de Québec.
Or, le projet de loi de la communauté urbaine de Québec
vient justement de tenter de corriger cette situation en portant sous la
juridiction de la communauté urbaine de Québec la commission
d'aménagement. L'expérience des 15 dernières années
a démontré au gouvernement que cela avait été
malheureux pour la région de Québec d'avoir cette commission
d'aménagement. Elle la substitue maintenant à la
communauté urbaine et elle devient une commission consultative. Or, pour
la région qui est aux prises avec un organisme tel que le gouvernement
du Canada, par le truchement de la capitale nationale, on utilise un subterfuge
en donnant une société d'aménagement qui n'a pas les
pouvoirs d'une société d'aménagement mais d'une
société d'Investissement. Et pour faire absorber ou faire avaler
la pilule, on donne un appât: $25 millions, ce qui, en somme, est
ridicule. On limite l'investissement que l'on fera dans la région de
l'Outaouais à $5 millions par année,
ce qui, autrement, quand il s'agit du développement industriel,
commercial, touristique et récréatif, serait quand même
arrivé dans la région par le truchement des ministères
intéressés, Industrie et Commerce, Tourisme, Chasse et
Pêche, Terres et Forêts.
Or, en somme, pour nous faire gober l'avant-projet, on a fait deux
choses: d'abord, l'appât d'une subvention de $5 millions, limitant, en
somme, cette société d'investissement qui acquerra des terrains,
qui, pour le gouvernement, représenteront une marque d'attention
quelconque pour la région mais qui, du point de vue économique,
n'apporteront pas de solution aux problèmes de la région de
l'Outaouais. De l'autre côté, pour faire avaler cette pilule, on
en arrivera a former une commission dont le gouvernement accaparera tous les
pouvoirs. Les individus qui seront nommés à la commission, c'est
le gouvernement qui les nommera. Il n'y a aucun doute que les membres de la
commission seront des amis du régime. Il ne faut pas s'en faire,
l'administration gouvernementale est faite ainsi. Donc, la
Société d'aménagement, comme on l'appelle, mais qu'on
devrait appeler, plutôt, société d'investissement, telle
qu'elle est actuellement, ne peut pas faire le parallèle avec la
commission de la capitale nationale. Il est évident que le
problème du gouvernement, c'est de tenter par des moyens quelconques de
distraire la population, par cet appât d'un investissement massif que
l'on pourrait appeler le montant de $5 millions par année pour nous
faire accepter la question de la Société d'aménagement de
l'Outaouais plutôt que de la placer sous la juridiction de la
communauté urbaine. On enlève des pouvoirs qui sont
dévolus, jusqu'ici, aux municipalités pour les confier à
la Société d'aménagement.
Deuxièmement, l'appât qu'on a voulu créer,
également, c'est que lorsqu'on a déterminé le territoire
de la Société d'aménagement, on en a exclu des parties de
comtés: Papineau, Gatineau, Pontiac, tout simplement, à mon avis,
parce que l'ensemble de la communauté dans la région de
l'Outaouais a toujours été constitué des quatre
comtés. C'est en 1955 que nous avions obtenu des lettres patentes pour
former le premier conseil économique dans l'ouest du Québec. A ce
moment-là, il était déjà convenu que
c'étaient les limites des quatre comtés. On a voulu en somme
créer, chez ces municipalités, qui n'étaient pas incluses
dans la société d'aménagement telle que
présentée par l'avant-projet de loi, l'appétit de joindre,
de demander, d'aller quémander au gouvernement que ces
municipalités, qui n'étaient pas incorporées à la
société d'aménagement, viennent faire la demande à
Québec, viennent exiger de Québec de faire partie de la
société d'aménagement, pour qu'on s'occupe de leur
territoire. Cela a été l'appât. Et du même coup, en
les faisant quémander de faire partie de la société
d'aménagement, on faisait accepter tacitement un avant-projet de loi qui
ne répond pas aux besoins de la région de l'Outaouais.
C'est ce que le gouvernement a fait jusqu'ici dans l'avant-projet de
loi. Il a voulu créer un appétit stérile auprès de
ces municipalités qui n'étaient pas incorporées. De
l'autre côté, il a soumis que l'on donnerait $5 millions par
année à la société, limitant ainsi son travail, ses
activités et la forçant à prendre des priorités au
maximum pour le développement de la région de l'Outaouais.
Le député de Papineau a souligné tout à
l'heure que j'avais déjà mentionné, dans un mémoire
que j'ai soumis le 14 juillet 1967 parce que ce n'est pas d'aujourd'hui
que je m'occupe de cette question que je recommandais une commission
d'aménagement de la capitale nationale. Le député de
Papineau, s'il avait lu le document au complet, n'aurait pas fait cet
aparté qu'il a fait tout à l'heure en lisant simplement une
partie où j'approuvais la création d'une commission
d'aménagement.
Il a dit que j'en recommandais la création. A ce
moment-là, il aurait fallu tenir compte des autres «
objectivités » que j'avais et qui sont soulignées dans le
mémoire en ce qui regarde l'aménagement des municipalités
et l'aménagement du territoire. Je n'ai pas suggéré
simplement la commission d'aménagement. Mais cela était
relié à un plan complet puisque je n'ai pas peur de le
dire ce document que j'ai préparé le 14 juillet 1967 n'est
pas uniquement de moi. Il a été fait en collaboration. Il y est
bien dit, à la dernière page, que ce document a été
fait en collaboration avec des gens qui étaient intéressés
à chacun des niveaux du gouvernement ou des niveaux d'activités
que j'ai soulignés dans ce mémoire.
Il est faux de prétendre que la commission d'aménagement,
telle que je l'ai préconisée, est vraiment contenue dans
l'avant-projet de loi. C'est aujourd'hui à l'étude devant la
commission parlementaire des affaires municipales.
Disons que, pour ce qui est de la société, il n'y a qu'une
chose à faire. La Société d'aménagement, à
mon avis, doit dépendre et doit être sous la juridiction de la
communauté urbaine. Il ne peut pas en être autrement, car c'est
multiplier l'autorité et créer des raisons de conflits, ce qui
est l'aspect actuel de la situation et on le constate la
conférence des maires
des treize municipalités est un fiasco. On s'avanture encore vers
un fiasco et le gouvernement le sait. Mais pour tenter de prouver qu'il fait
quelque chose pour la région de l'Outaouais, il va fournir
l'élément nécessaire pour détruire encore une fois
ce qui devrait plutôt être une formule qui pourrait résoudre
les problèmes.
Je dis que le gouvernement n'a pas raison d'agir comme il le fait
actuellement, s'il veut vraiment aider la région de l'Outaouais. S'il
veut vraiment qu'il y ait un interlocuteur valable auprès de la CCN, ce
n'est pas en multipliant l'autorité. Ce n'est pas en divisant les
personnes et les groupes qui seront en cause que nous allons apporter des
solutions au problème de l'Outaouais.
La communauté urbaine, quels sont ses problèmes?
Et quelle a été la réaction des
municipalités? A mon avis, nous n'avons pas eu la réaction des
municipalités, parce que l'étude n'a pas été faite.
Elle a peut-être été dans quelques municipalités
l'objet d'une ou deux séances. Mais elle n'a pas été
l'objet d'une étude attentive. Pourtant l'union des
municipalités, à laquelle adhèrent la plupart des
municipalités, apréparé une documentation, qui a paru,
pour certaines parties, dans le journal Le Droit, de l'édition du 27
août. Aucune municipalité n'a mentionné la présence
de l'Union des municipalités du Québec qui, pourtant, s'est
penchée sur le problème, s'est penchée sur les
conséquences de l'avant-projet de loi. Aucune n'a souligné avec
à-propos quels sont les problèmes en cause dans la région
de l'Outaouais. Tout le monde semble d'accord. On accepte ce que le
gouvernement soumet. Cela fait longtemps qu'on veut la présence du
gouvernement. Quelle que soit sa présence, on s'en foute. On veut la
présence du gouvernement. Même si c'est pour créer demain
matin une autre source de conflits, on est prêt à accepter, parce
qu'on'a peur de prendre le risque. Nous avons peur, nous-mêmes, de
préparer notre planification chez nous. On en a la preuve avec la
présence du gouvernement fédéral et du gouvernement
provincial dans la construction d'immeubles fédéraux dans la
ville de Hull. Mais on est en face d'une situation à laquelle on est
prêt à se soumettre.
Pour ma part, je dis que je ne suis pas prêt à me
soumettre. Je suis prêt à me battre. Nous allons nous battre pour
des principes, pour des choses qui existent, mais pour des solutions, non pas
pour des solutions à moitié ou des solutions qui vont amener
d'autres conflits chez nous.
La question de la communauté urbaine a été
étudiée à l'endroit de treize municipalités. On
arrive avec un avant-projet de loi qui concerne trente-deux
municipalités. Or, je dis qu'au dé- part, trente-deux
municipalités, c'est peut-être le territoire de la CCN, du
côté québécois. C'est peut-être la formule de
l'avant-projet. Le principe lui-même est acceptable pour les trente-deux
municipalités. Mais la première formule qu'il nous faut accepter,
c'est de regrouper ces municipalités. Il y en a trop. Il y en a trop qui
ont des populations de 150, 200, 750. Il faut que cela disparaisse. Elles n'ont
pas de rôle. Et pourquoi subordonner une communauté
régionale de l'Outaouais avec ces trente-deux municipalités,
quand on pourrait les réduire à un nombre raisonnable, pour
tenter les expériences que l'on veut vivre dans le coin de la
région de l'Outaouais?
Ce n'est pas en prétendant qu'on laisse l'autonomie à ces
municipalités... En prétendant, je dis bien, parce qu'on
prétend qu'on leur laisse l'autonomie. Si on lit le texte de loi
lui-même on s'aperçoit d'une chose, c'est que, l'autonomie, les
municipalités n'en auront plus. C'est la communauté urbaine, la
communauté régionale, qui va s'accaparer tous les pouvoirs, sous
le contrôle de qui? Sous le contrôle du ministre des Affaires
municipales. Cela me fait peur, que ce soit sous le gouvernement de l'Union
Nationale ou le gouvernement libéral, c'est la même chose. Le
pouvoir est là, il sera exercé. Les municipalités, quoi
qu'elles en pensent aujourd'hui, sont à la veille de perdre leur
autonomie. Elles ne font même pas objection.
Je dis, dans les circonstances, je l'ai dit lors de l'audition de
la commission Dorion, en 1967 qu'il n'y a qu'une façon de
résoudre le problème de la région de l'Outaouais; si le
ministère a une politique, une politique d'ensemble ce dont je
doute c'est le regroupement des municipalités avant l'adoption
d'une loi de [communauté régionale et de société
d'aménagement. C'est cela le problème principal, le
problème primordial; regrouper toutes ces petites entités. Comme
on l'a constaté ce matin, chez celles qui ont présenté un
mémoire, on constate les différents problèmes, on constate
surtout l'esprit de clocher qui les anime. Je dis qu'il n'y a qu'une solution
à ça, c'est le regroupement des forces par une loi de la
législature. Et c'est l'intervention du gouvernement qu'il faut dans ce
domaine. Avant même de tenter d'apporter des éléments de
solutions si bonnes soient les intentions, il faut d'abord cette politique
d'ensemble, si nous voulons régler le problème.
Mon opinion est que le gouvernement est aux prises avec les
problèmes des municipalités de l'Outaouais. Il y a trois
problèmes majeurs. Les problèmes administratifs des treize
municipalités préoccupent le gouvernement, j'en suis convaincu.
Mais il y a une chose en-
core plus importante pour le gouvernement et c'est là qu'on joue
notre tête, c'est qu'il y a un problème politique et
constitutionnel du Guébec qui se pose. C'est là qu'on joue la
tête des contribuables de l'Outaouais.
Le troisième problème est celui de la situation
économique des 32 municipalités comprises dans le territoire
québécois de la capitale nationale.
Ce sont les trois problèmes majeurs. Est-ce que le gouvernement a
des solutions? Est-ce qu'il a un programme? Est-ce qu'il a un plan en ce qui
concerne ce territoire? Si oui, pourquoi ne l'a-t-il pas fait valoir? Pourquoi,
au lieu de tenter de faire des transferts de pouvoir d'une autorité
à une autre, n'a-t-il pas exposé la politique qu'il entend suivre
dans la région? Dans le projet de communauté urbaine de
Québec on dit que, dans les prochains deux ans, il faudra regrouper les
forces municipales et on accorde un délai. Dans notre projet il n'en est
pas question du tout et pourtant, si un problème se pose dans la
région de Québec, il se pose encore avec plus d'acuité
encore dans la région de l'Outaouais, et encore là nous n'avons
rien fait.
Je dis qu'il est important que nous ayons une politique de
restructuration des limites municipales dans tout le territoire de l'Outaouais.
Il est important qu'il y ait une politique en ce qui concerne le regroupement
des municipalités. Si nous voulons atteindre le but poursuivi par
l'avant-projet, il faut d'abord qu'il y ait homogénéité du
territoire. Ce qui n'existe pas et qui n'existera pas avec l'avant-projet de
loi, avec un conseil de communauté de 40 personnes. Ce n'est
sûrement pas autour d'une table, avec un nombre aussi considérable
de représentants, que nous allons assurer le succès que nous en
attendons. L'expérience du gouvernement régional Ottawa-Carleton
nous démontre que, même pour tenir des réunions du
comité exécutif, on a de la difficulté à obtenir le
quorum. Pourtant, ce matin, certaines municipalités recommandaient qu'il
y ait un mandat double, soit à la municipalité et en même
temps au gouvernement régional.
L'expérience que nous vivons présentement de l'autre
côté de la rivière, nous démontre que
l'intérêt premier des représentants municipaux n'est pas
d'aller au régional parce qu'on combat le régional. C'est
là qu'on ferait une erreur si jamais on acceptait que les postes
puissent être cumulatifs dans un gouvernement municipal et dans un
gouvernement de la communauté urbaine. Il doit y avoir complète
distinction. Il y a un électorat qui est convenu pour le gouvernement de
la communauté régionale, et je pense que l'on doit adopter cette
méthode de représentativité.
Pour la région de l'Outaouais, il ne faut pas multiplier les
problèmes. Ce que nous sommes à faire actuellement.
Il faut plutôt tenter d'obtenir des solutions, mais ce n'est que
par une politique d'ensemble que nous y arriverons.
Prenons, par exemple, ce qui vient de se produire à
Montréal et qui n'a pas encore été rendu public par le
gouvernement. On dit, dans le projet de Communauté de la région
de Montréal, que la communauté aura juridiction complète
sur tout le territoire pour la promotion touristique. Avant même que
l'avant-projet de loi ne soit discuté à la commission des
Affaires municipales, le gouvernement a déjà conclu une entente
pour que Montréal puisse faire la promotion touristique pour la
province.
Le gouvernement semble avoir une politique, mais il n'en a pas.
L'exemple en est donné là. Un pouvoir est déjà
enlevé à un avant-projet; il est déjà
réalisé, d'un autre côté, en ce qui concerne la
promotion touristique dans toute la province. C'est en échange d'un
financement à Terre des Hommes qu'on a réussi le tout.
Les impératifs du gouvernement sont, pour le moment,
instantanés; ils ne sont pas poursuivis par une planification
d'ensemble. Ce qui est nuisible à la région de l'Outaouais, c'est
qu'on ressent le manque de planification du gouvernement en ce qui concerne
cette région. Quant à son intention, comme il le mentionne
souvent, d'accorder des priorités dans tous les domaines, afin de
relever le niveau économique de la région, on constate que,
depuis trois ans, depuis la prise de pouvoir du gouvernement, il n'y a pas
grand-chose qui a été fait pour relever le niveau
économique de la région de l'Outaouais. Au point de vue routier,
rien. On a essayé de nous faire accepter un pont à
Pointe-Gatineau, mais la construction en sera encore remise à l'an
prochain. Il ne sera jamais fini et il ne résoudra pas le
problème de la circulation aux heures de pointe. Cela ne fait rien. On a
accepté une lentille d'un million au lieu d'accepter un projet qui
aurait nécessité des investissements de $30 millions et qui
aurait été à l'avantage de la région de
l'Outaouais.
On dit: Le réseau routier avait été conçu
par les libéraux pour accommoder les gens d'Ottawa. Mais, dès que
le gouvernement fédéral a annoncé son intention d'investir
un montant de $200 millions à Hull, on a conclu qu'il fallait l'accepter
que c'était essentiel pour la région de l'Outaouais que le
gouvernement fédéral fasse sa part. On va créer une
nécessité et, demain, on se réveillera avec ce qu'on a
com-
battu aujourd'hui et nous aurons des réalisations qui iront
justement à l'encontre de ce qui se fait présentement.
Dans les circonstances actuelles, autant il est possible d'accepter le
principe de l'avant-projet de loi en ce qui concerne la Communauté
régionale de l'Outaouais et la Société
d'aménagement, autant il est essentiel que la Société
d'aménagement soit subordonnée à l'autorité de la
communauté urbaine, autant il est important qu'il y ait une politique
d'ensemble, des dates, des limites d'imposées pour effectuer le
regroupement des forces en vue d'assurer la restructuration qui s'impose dans
la région de l'Outaouais.
M. Robert-L. Lussier
M. LUSSIER: M. le Président, puis-je avoir la parole? Il est
regrettable qu'à la fin de cette réunion nous ayons à
entendre un discours aussi partisan que celui que vient de prononcer le
député de Hull.
Au cours de toute la journée, nous avons eu des interventions qui
étaient, à mon avis, extrêmement positives et de bonne foi.
Je ne peux pas dire la même chose de l'Intervention du
député de Hull.
M. PARENT: Le ministre n'a pas le droit de me prêter des
intentions.
M. LUSSIER: Non, mais je ne pouvais faire autrement que de penser au
dernier succès de M. Charlebois en l'entendant parler, « tout
écartillé ». Dans vos propos.
M. LACROIX: Les propos qu'il a tenus vous ont fait mal...
M. LUSSIER: Pas plus que ça.
M. LACROIX: ... pour donner lieu à de telles remarques.
M. LUSSIER: On peut penser ce qu'on veut en entendant un autre
élaborer sur un sujet. Il parle de quelque chose, passe à autre
chose, revient plus ou moins, s'en va dans une autre direction. Un discours, en
fait, qui se tient plus ou moins.
On a fait mention, au cours de cet entretien, de la Commission
d'aménagement de la ville de Québec. La structure de la
commission d'aménagement, même si le nom ressemble à celui
de la Société d'aménagement de l'Outaouais, et ses
pouvoirs ne sont pas du tout les mêmes. La Commission
d'aménagement de Québec a sur- tout des pouvoirs de planification
et venait en conflit avec d'autres sociétés, par exemple, la
Société des monuments historiques.
Elle ne pouvait évidemment pas agir au niveau du territoire,
parce que ses pouvoirs exécutifs étaient très
limités. Plus que cela, le gouvernement Lesage, le gouvernement au
pouvoir dans le temps, n'avait mis à sa disposition aucune somme
d'argent pour qu'elle puisse exécuter le moindre plan qu'elle aurait pu
faire auparavant. Comme on le dit, il n'y avait pas de jus pour que cette
société ou cette commission puisse opérer. C'était
là un handicap très grand d'autant plus que ses pouvoirs
exécutifs, comme je le disais, étaient extrêmement
limités.
Les pouvoirs que nous suggérons pour cette société
d'aménagement sont des pouvoirs de promotion industrielle de même
que des pouvoirs pour faire l'achat de certains terrains et poser une
infrastructure de telle façon que les industries ou encore un complexe
touristique puisse s'y développer, puisse y être attiré et
puisse faire progresser la région.
En fait, nous n'enlevons aucun pouvoir aux municipalités
existantes, car il est bien évident que les pouvoirs de promotion
industrielle, qui sont actuellement dévolus aux municipalités
dans ces municipalités-là comme dans certaines autres
ne peuvent leur convenir à cause du manque de personnel
compétent et aussi à cause d'un manque d'argent, parce qu'ils ont
un territoire limité et que l'implantation industrielle se doit
d'être faite dans un contexte régional.
Je pense bien que c'est un pouvoir de promotion industrielle et
d'Implantation touristique que les municipalités et les
localités, en tant que telles, ne peuvent pas exercer avec
l'efficacité qu'on attendrait d'elles. C'est simplement pour leur aider,
pour leur donner le pouvoir, en se groupant, de faire une promotion et
d'attirer chez elles l'industrie. Au point de vue touristique, c'est la
même chose. Les municipalités et les localités, en tant que
telles, ne peuvent exercer cette responsabilité de la façon la
plus efficace. Je pense bien que c'est là sauvegarder l'autonomie des
municipalités en tant que telles. Parce que si les municipalités
ne peuvent pas, par elles mêmes, exercer d'une façon
adéquate ou le plus entièrement possible les
responsabilités qu'on leur confie, ces municipalités se font mal
juger par la population qui a tendance à dire: La municipalité
doit disparaître ou nous devons complètement leur enlever un
paquet de responsabilités qu'on leur a confiées.
Nous sommes d'accord et nous voulons que
les municipalités demeurent, mais qu'elles demeurent avec des
pouvoirs qu'elles puissent exercer d'une façon adéquate et totale
en 1969. Il ne sert à rien de leur confier des pouvoirs qu'elles n'ont
pas les moyens de mener à bonne fin. En fait, si nous examinons bien la
situation, nous n'enlevons rien aux municipalités. Au contraire, nous
donnons S. cette région des structures, de telle façon que la
promotion industrielle, l'implantation d'Industries, la promotion touristique
et l'implantation de complexes touristiques puissent se faire dans cette
région. Cette commission ou cette société doit tenir des
assemblées consultatives avec la population, avec les corps
intermédiaires et avec les municipalités.
Aussi, le conseil des ministres exerce une certaine discrétion
sur les décisions que cette société pourrait prendre et
qui pourraient peut-être être plus ou moins & l'avantage des
citoyens. C'est ainsi que nous croyons bien servir cette région, nous
croyons conserver aux municipalités existantes leur vraie autonomie en
leur laissant les pouvoirs qu'elles peuvent remplir à 100%. Nous sommes
convaincus que c'est de cette façon-là que le déblocage se
fera le mieux à l'Intérieur de cette région. Quant aux
fusions, je veux simplement relire à messieurs les députés
un paragraphe d'un article qui paraissait dans le Journal The Star de la
semaine dernilre.
Il s'intitulait « The tale of fourteen towns that sighed for a
city ». C'était l'histoire de Laval. Le journaliste en question
concluait ceci, au point de vue de la fusion: « The lack of consultation,
lack of transition period, no assumed financial support from the Province, no
close surveillance of municipal spending and financial statements, no real
charter of the mechanics of fusion ».
Ce qui veut dire que nous sommes d'accord, en principe, pour qu'il y ait
certaines fusions. Mais ces fusions doivent être préparées,
elles doivent être bien étudiées, il doit y avoir des
périodes de consultation. M. le député dit: Fusion
d'abord, organisme régional après. Nous disons: Procédons
par étapes. Faisons évoluer les mentalités. Montrons
à la population qu'il faut que les structures municipales changent. Cela
ne se fera pas dans un an ni dans deux ans. Nous avons encore au moins de sept
a dix ans à vivre dans tout ce contexte de redéfinition des
structures administratives municipales et dans la régionalisation.
Nous sommes d'accond. Commençons par un organisme
régional. Commençons par le déblocage économique et
industriel d'une région.
Faisons une bonne planification à l'intérieur de toute
cette région et avec ce plan, avec ces analyses sérieuses et avec
ces études, nous pourrons mieux définir les municipalités
qui doivent se fusionner et travailler dans ce sens-là.
Je pense bien que c'est tout à fait logique et que c'est
travailler dans le sens qu'attend de nous la population.
En terminant, M. le député a dit que les postes ne
devraient pas être cumulatifs. Je le prierais de bien vouloir se mettre
sur la même longueur d'onde que l'honorable leader de l'Opposition qui,
lors de la présentation de l'avant-projet de la communauté
urbaine de Québec, disait que c'était antidémocratique,
qu'il fallait absolument que les élus... qu'un maire, reste maire et
qu'il fasse aussi partie du comité exécutif.
Vous exprimez donc des idées complètement opposées
à celles que le leader de l'Opposition a exprimées d'une
façon extrêmement bruyante lors de la dernière
audition.
En terminant, messieurs, Je vous remercie de votre participation. C'est
une consultation extrêmement enrichissante pour nous, du ministère
des Affaires municipales. Au nom de mes collègues, Je vous
félicite du travail très positif que vous avez accompli. Cela
nous encourage à redoubler nos efforts et à travailler d'une
façon encore meilleure, si Je puis dire, pour cette vaste région,
région qui me tient, évidemment, beaucoup à coeur puisque
c'est celle de l'Outaouais...
M. LE PRESIDENT: Avant de terminer, messieurs les membres de la
commission, je veux attirer votre attention sur le fait qu'un avis avait
été donné que la commission parlementaire permanente des
Affaires municipales devait se réunir mardi, le 16 septembre prochain,
à dix heures trente de la matinée, en la salle 81-A de
l'Assemblée nationale pour prendre en considération
l'avant-projet de la Loi de la communauté régionale de
Montréal.
La commission a porté à une date ultérieure cette
assemblée, parce que l'Union des municipalités, qui doit tenir
son congrès à Montréal dans la semaine du 23 septembre,
doit étudier l'avant-projet de la communauté urbaine de
Montréal. A sa demande, le ministre des Affaires municipales a
décidé de reporter à une date ultérieure
l'assemblée qui devait être tenue le mardi 16 septembre, à
10 h 30.
M. LUSSIER: La prochaine séance se tiendrait le 30 septembre. Le
23 septembre, nous
allons à Montréal, au Reine Elisabeth où se tiendra
le congrès de l'Union des municipalités et, le 30 septembre, nous
siégerions sur les problèmes du logement et de la construction
domiciliaire au Québec.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux au mardi 30 septembre
1969, à 10 h 30.
( Fin de la séance: 16 h 20)