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Commission permanente des Affaires municipales
Examen du problème de logement et de la
construction
domiciliaire au Québec
Séance du 15 octobre 1969
(Dix heures quarante-cinq minutes)
M. SAUVAGEAU (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! Je voudrais à titre de
président vous souhaiter la plus cordiale des bienvenues à cette
deuxième réunion de la commission permanente des Affaires
municipales dont le but est d'étudier les problèmes du logement
et de la construction domiciliaire au Québec. J'ai ici la liste des
organismes qui ont demandé à être entendus ce matin. J'ai,
premièrement, l'Association des constructeurs d'habitations du district
de Montréal, représentée par M. Normand Désourdy,
et l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec,
représentée par M. Désourdy aussi?
UNE VOIX: M. Gagnon.
M. LE PRESIDENT: M. Gagnon.
La Corporation des urbanistes, représentée par M.
Benoît Bégin; le Centre d'affaires Saint -Roch,
représenté par M. Charles Robitaille, président; le
Comité conjoint de l'Aire no 10, représenté par M. Roger
Parent, président; la Corporation des architectes du Québec,
représentée par M. Henri Talbot; l'Association des architectes de
la région de Québec, représentée par M. Jean
Ritchot.
Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui désireraient se faire
entendre ce matin?
Alors, nous procédons. Je demanderais à M. Normand
Désourdy, de l'Association des constructeurs d'habitations du district
de Montréal, d'adresser la parole.
M. DESOURDY: M. le Ministre, M. le Président, j'ai le
privilège, au nom des membres et du conseil d'administration de notre
association de vous transmettre un mémoire sur les différents
problèmes de l'habitation et du logement, de la construction
domiciliaire dans la région métropolitaine.
L'Association ne désire pas réitérer tout ce qui
est contenu dans le mémoire qui va être lu par l'Association
provinciale des constructeurs d'habitation du Québec. Toutefois, elle
désire ajouter et mettre l'emphase sur certains points qu'à son
avis elle trouve essentiels et qui devraient être, nous
l'espérons, considérés par la commission.
Nous préconisons l'exemption de taxes personnelles, de taxes qui
devraient être déduites de l'impôt provincial du
contribuable. En d'au- tres termes, tout le montant des taxes scolaires,
foncières et spéciales des municipalités devrait former un
total qui devrait être déduit de l'impôt de chaque
individu.
Le gouvernement américain par son "Department of Housing and
Urban Development", au mois d'août 1968, adoptait un programme
d'assistance pour les familles à faible revenu alors qu'il instituait
une formule d'allocation qui réduisait le taux d'intérêt;
nous croyons que ceci devrait être étudié par la
Société d'Habitation du Québec afin que l'on puisse
peut-être adopter un plan similaire à celui des Etats-Unis.
Nous nous devons d'attirer une fois de plus l'attention de la commission
sur le fait que la plupart des municipalités n'emploient pas le code
national du bâtiment et que leurs règlements sont trop souvent
désuets. Pour ne vous donner qu'un exemple concret, nous remarquons que
dans certaines municipalités les règlements de construction
exigent qu'un plancher soit fait avec du bois d'une épaisseur de 7/8 de
pouce alors que les moulins de bois ne produisent plus cette épaisseur
de bois. Il est donc urgent que toutes les municipalités de la province
adoptent au moins comme normes minimales le code national du
bâtiment.
Nous voulons vous signaler également les principaux points des
règlements d'hygiène de la province de Québec, qui
viennent en conflit avec le code national du bâtiment et qui sont
simplement périmés depuis de nombreuses années dans leur
application quotidienne.
Il est à noter aussi que certains avis juridiques sont à
l'effet que ces règlements d'hygiène ont préséance
sur toute autre loi contradictoire et comme leur mise à jour retarde, il
s'ensuit qu'une foule de lois sont en fait ultra vires.
D'une part, les autorités gouvernementales, à tous les
niveaux, demandent aux constructeurs et aux fournisseurs de matériaux de
moderniser leurs méthodes de travail et d'utiliser les plus
récentes techniques en vue de réduire les coûts et
d'accélérer les travaux et de faire face à une demande
accrue dans un avenir immédiat. Comment y arriver si les lois qui
régissent la construction n'évoluent pas en même temps?
D'autre part, seule la province de Québec n'a pas
entériné la plupart des normes du code national du
bâtiment, ce qui nuit à son dévelopement en ne lui faisant
pas profiter pleinement des maisons usinées et sectionnelles et en
empêchant les entreprises qui le font ailleurs, d'installer des usines
ici.
A notre avis, les lois d'hygiène du ministère de la
Santé publique, particulièrement les règlements
provinciaux, chapitre 7, qui traitent d'habitation en général,
devraient être amendés.
Article 1 : La plupart des villes Il 'ont pas de service sanitaire
municipal et les permis sont donnés par l'inspecteur des bâtiments
(lors de leur dernier congrès, ces inspecteurs ont constaté les
mêmes problèmes auxquels nous avons à faire face.)
Article 10: La hauteur de huit pieds n'est pas toujours respectée
dans la construction conventionnelle (le code national du bâtiment de la
Société Centrale d'hypothèques et de Logement autorisent
sept pieds et six pouces) beaucoup de motels actuellement construits ont une
élévation inférieure; les roulottes ne la respectent pas
non plus.
Cinquième paragraphe: Plusieurs constructions ne respectent pas
ce règlement, soit par la hauteur requise, soit par plus d'une
fenêtre par logement.
Beaucoup de salles de bain n'ont pas de fenêtre ou puits
d'éclairage.
Encore ici, dans ces cas, l'une ou l'autre des pièces
indiquées, ne respecte pas la norme de l'éclairage direct.
Dans la plupart des cas, le tuyau de ciment est actuellement
utilisé, et l'on s'apprête à utiliser les tuyaux de
plastique.
Dans la plupart des cas, seuls les tuyaux de chute sont libres, de
l'égout public jusqu'au toit.
Aucun enduit ne traverse les murs, en toute son épaisseur.
Selon le règlement, toutes caves dont la moitié ou plus de
la hauteur est en contrebas du sol, ne peut pas servir à l'habitation de
jour ou de nuit.
Les planchers des sous-sols sont rarement imperméabilisés
selon les normes spécifiées par le règlement.
Nous espérons que ces quelques remarques et suggestions
additionnelles sauront retenir l'attention de la commission.
M. LUSSIER: Moi, je n'ai pas de question. Avez-vous des questions
à poser?
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez des questions?
M. CHOQUETTE: M. Désourdy, au sujet de l'application du code
national du bâtiment, est-ce qu'il y a de grandes divergences entre les
villes, au point de vue des normes qui s'appliquent à la construction?
Est-ce que les divergences sont très marquées de ville en
ville?
M. DESOURCY: Oui, en certains endroits.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ceci cause des inconvénients
sérieux aux constructeurs?
M. DESOURDY: Oui. Si un constructeur travaille, disons, dans
différentes villes. Si, pour faire un chiffre d'affaires raisonnable, un
constructeur est obligé de travailler dans différents endroits,
il est forcé de recommencer son travail ou de faire des devis nouveaux.
Le fait que ce ne soit pas uniforme cause des problèmes.
M. CHOQUETTE: Dans l'énumération de suggestions que vous
faites, est-ce que ces choses-là découlent de l'application de
règles uniformes? Je veux dire que s'il y avait des règles
uniformes, est-ce que vous pensez que ces choses que vous énoncez ici,
devraient être incorporées à cela?
M. DESOURDY: Oui. Disons que cela aiderait beaucoup. Autre chose, cela
réduirait aussi le prix de la construction, même de certains
matériaux qui ne sont plus disponibles sur le marché. Disons que
les villes gardent cela dans leur code. Ces matériaux ne sont plus
disponibles et cela cause des embêtements aux manufacturiers. Parce que
ces matériaux ont causé certains problèmes, ne sont pas
convenables...
M. CHOQUETTE: En général, est-ce que les règlements
municipaux qui s'appliquent à la construction sont trop
sévères, à votre avis, ou pas assez sévères,
ou ne sont pas réalistes? Quelle est votre appréciation, en
général, sur la situation?
M. DESOURDY: Disons qu'il y a certaines choses, parfois, qui se
croisent, au point de vue de la demande. C'est un croisement. Parfois, ils sont
sévères ou parfois ne sont pas assez étudiés.
Alors, dans le code du bâtiment, disons, toutes ces choses-là ont
été étudiées en laboratoire, réellement,
pour garantir le produit.
M. CHOQUETTE: Le code national du bâtiment, est-ce qu'il est
appliqué dans d'autres provinces du Canada?
M. DESOURDY: Oui.
M. CHOQUETTE: Oui? Dans la plupart des autres?
M. DESOURDY: C'est employé dans tout le Canada. D'ailleurs, le
code du bâtiment prévoit, aussi, pour tous les endroits du
Canada... On sait qu'à certains endroits, il faut prévoir le
point de vue de la charge de neige et tout cela. Au point de vue de la
solidité, cela diffère, parce qu'on sait qu'on a un pays qui est
grand, et on a réellement besoin de différentes normes. Alors, le
code national prévoit cela.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous savez s'il y a des provinces qui l'on
adopté, qui l'ont rendu applicable à toutes les
municipalités, à l'intérieur de leur juridiction de la
province, ou si c'est un code, enfin, qui existe comme règle de bonne
construction et comme règlement pratique, utile à suivre, et
qu'on l'utilise dans un certain nombre de municipalités?
M. DESOURDY: Un certain nombre de municipalités l'utilisent, et
cela rend de grands services. Cela dispense une municipalité, disons,
d'avoir des frais, de se bâtir un code pour rien. Alors, quand c'est
quelque chose de bâti,
pourquoi ne pas s'en servir, plutôt que l'essayer de bâtir
quelque chose à côté? C'est la raison, ne pas bâtir
deux choses.
M. CHOQUETTE: A l'épreuve, le code national du bâtiment a
été trouvé utile, d'après ce que vous dites?
M. DESOURDY: II a certainement été trouvé
utile.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LUSSIER: M. Désourdy, lorsque vous faites affaires avec des
municipalités, et que vous leur faites part de vos doléances
quant à leurs règlements de construction, qu'est-ce qui se passe?
Est-ce que les municipalités discutent, est-ce qu'elles amendent leurs
règlements, lorsque vous leur démontrez d'une façon claire
et nette...
M. DESOURDY: Disons que c'est assez difficile, comme individu. Et puis,
lorsque arrive un cahier de charges à suivre, on n'a pas le temps,
réellement, de suivre tous ces amendements-là. Alors, qu'est-ce
qu'on fait? Eh bien, disons qu'on suit des règlements et on fait la
construction telle que spécifiée, et même, parfois, on est
obligé de voir certains manufacturiers pour suivre le cas.
Alors, réellement, le temps presse, lors de la demande des
soumissions. Si nous avons deux semaines ou un mois pour préparer une
demande de soumissions, c'est assez difficile pour un entrepreneur, d'arriver
et de faire des changements comme cela. Alors, en réalité, il
faut suivre ce qu'il y a là.
M. LUSSIER: Mais vous n'essayez pas de me dire que les entrepreneurs ne
rencontrent pas assez souvent les conseils municipaux ou ne vont pas à
l'hôtel de ville chercher des permis de construction que vous
n'avez pas de relations assez soutenues avec les administrateurs
municipaux?
M. DESOURDY: Oui, mais c'est...
M. LUSSIER: Dans une ville où vous faites affaires, où un
entrepreneur fait affaires s'il y a telle ou telle chose dans son
règlement de construction qui ne marche pas ou qui a une
déficience, vous ne notez pas à l'administration municipale,
parce que c'est elle qui a les pouvoirs de réglementer ce
point-là.
M. DESOURDY: Ce devrait être fait, mais, comme je vous le dis,
c'est assez difficile pour un individu de faire changer ces
règlements-là. C'est un peu le devoir des associations d'aider le
constructeur dans ce sens-là. Je crois bien que pour l'avenir, les
constructeurs, les associations travaillent ensemble et essaient de mettre en
pratique ces choses-là.
M. LUSSIER: De toute façon, pour ce qui est de la
Société d'habitation, vous savez fort bien que, lorsque les
consentements sont donnés pour la construction d'habitations
subventionnées ou non, d'habitations publiques, nous nous
référons toujours au code national du bâtiment. Lorsque,
dans une municipalité, on a un règlement de construction plus
sévère que celui du code national de bâtiment, c'est le
code de cette municipalité-là qui s'applique. Lorsqu'il n'y a pas
de code ou de règlements d'application, la société exige
que cela se fasse et que ça se construise selon ce code.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais poser une question
à M. Désourdy, simplement pour éclairer ma lanterne:
Est-ce que l'énumération de recommandations qui paraît aux
pages 3 et 4 de votre mémoire, correspond en effet aux principaux points
des règlements d'hygiène de la province que vous voudriez voir
changer?
M. DESOURDY: Oui.
M. GOLDBLOOM: Ce ne sont pas simplement des exemples, mais c'est une
énumération assez complète.
M. DESOURDY: Justement.
M. GOLDBLOOM: Bon Je trouve votre mémoire assez utile dans
ce sens-là. Ce sont des règlements qui sont édictés
par le ministre de la Santé et ils pourront être modifiés
par arrêté ministériel. Donc, il y aura lieu, pour nous, de
nous pencher là-dessus. Je dois vous dire que j'aurais trouvé
votre mémoire davantage utile, si vous aviez cru bon de nous exposer le
rôle que vous voyez pour l'Association des constructeurs d'habitations,
dans la construction des logements à loyers modiques, parce que c'est un
des problèmes qui nous préoccupent particulièrement.
Est-ce que vous pourriez nous dire brièvement le point de vue de
votre association, quant à sa participation avec les pouvoirs publics
à la construction de logements à loyer modique?
M. DESOURDY: Le président provincial des constructeurs le fera
dans son mémoire, et l'association de Montréal, a
travaillé en collaboration avec l'association provinciale. Je crois bien
que, dans le mémoire qui vous sera présenté tout à
l'heure, vous allez avoir les réponses.
M. GOLDBLOOM: C'est parfait. Merci.
M. LUSSIER: Dernière question, M. Désourdy. Si la province
bâtissait un code du bâtiment, en fabriquait un, quelle serait
votre réaction à ceci?
M. DESOURDY: Bien, disons que si le code
est préparé et est uniforme dans toute la province, c'est
déjà très bien. Quand on a quelque chose d'uniforme, c'est
plus facile de travailler et, pour une entreprise qui s'organise un
système de recherches pour améliorer son produit, c'est beaucoup
plus facile s'il y a quelque chose d'uniforme dans la province. C'est beaucoup
mieux, quand une entreprise fait une étude sur un produit, de l'adopter,
quand il est uniforme, il trouve que ça vaut la peine de faire ces
dépenses-là.
M. LUSSIER: Qu'est-ce qui ne serait pas acceptable je vous
demande cela à brûle-pourpoint qu'est-ce qui vous
répugnerait dans un cas, qu'est-ce qui vous ferait faire des
réactions violentes?
M. DESOURDY: C'est réellement lorsque j'aurai vu le code. Ce sont
des choses qui ne sont pas adaptables. Il faut en voir le contenu.
M. LUSSIER: La principale qualité, c'est l'uniformité.
M. DESOURDY: Oui, c'est l'uniformité qui est importante dans un
code.
M. LUSSIER: Oui, cela me satisfait. Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Desourdy. Maintenant, M. Albert Gagnon,
président de l'Association provinciale des constructeurs d'habitation du
Québec.
M. GAGNON: M. le Président, M. le Ministre, messieurs les membres
de la commission parlementaire et M. Dion, président de la
Société d'habitation du Québec. Il me fait plaisir, en
qualité de constructeur d'habitations et de président de
l'association provinciale, de vous soumettre le présent mémoire,
et j'espère que les solutions que nous vous proposons sauront retenir
votre attention.
L'Association provinciale des constructeurs d'habitations du
Québec est un organisme sans but lucratif incorporé sous la
troisième partie de la loi des compagnies, qui représente treize
associations locales réparties à travers le Québec. Notre
association compte parmi ses membres des constructeurs de maisons
unifamiliales, multifamiliales, à rangées, de ville, duplex, et
maisons d'appartements, et également des sous-entrepreneurs, des
manufacturiers et des fournisseurs de matériaux.
C'est pourquoi nous pouvons prétendre parler au nom de
l'industrie de l'habitation et du logement dans cette province, et c'est
pourquoi nous essayerons de vous présenter une vue d'ensemble des
problèmes qui existent. Nous croyons aussi parler au nom du public, car
nous avons l'avantage de travailler de très près avec celui-ci,
par un contact direct avec le client, alors que nous couvrons les projets et
les maisons que nous construisons en fonction dudit public et, par la suite,
par le service d'entretien.
Nous n'avons pas la prétention de fournir de solutions
miraculeuses sur des questions aussi complexes que la rénovation urbaine
et les problèmes de l'habitation pour personnes et familles à
faible revenu. Nous voulons simplement faire une analyse de la situation qui
prévaut dans notre industrie et faire connaître notre point de vue
sur certains aspects de ces problème.
Juridiction provinciale
II est maintenant reconnu que l'habitation est de juridiction
provinciale et la Société d'habitation du Québec est
l'organisme officiel du gouvernement dans ce domaine. L'entente intervenue
entre l'Association des constructeurs d'habitations du district de
Montréal et cet organisme est de bon augure et nous espérons que
cette collaboration s'intensifiera. Nous sommes d'avis que la
Société centrale d'hypothèques et de logements a toujours
administré en fonction de l'économie canadienne et non en
fonction des besoins sociaux.
De plus, Québec n'a jamais pu retirer sa part dans ce domaine.
C'est pourquoi nous espérons que le gouvernement de la province, par
l'entremise de la Société d'habitation du Québec, nous
permettra de jouer un rôle plus dynamique dans le domaine de l'habitation
et du logement, et cela en fonction des besoins et des aspirations des
Québécois.
Les coopératives d'habitations
La Société d'habitation du Québec, qui a
été créée à la suite de nos revendications,
a mis l'accent pendant la dernière année sur des projets
réalisés par des coopératives et des organismes sans but
lucratif. Nous désirons affirmer à nouveau que les
coopératives n'ont pas la compétence et l'expérience ni
les moyens techniques pour construire des maisons ou des logements. Un de leurs
plus récents projets n'a-t-il pas été qualifié par
nous de taudis instantanés?
De plus, nous nous inscrivons en faux contre une affirmation contenue
dans une revue intitulée: "Le Mouvement coopératif du
Québec 1969". A la page 16, nous pouvons lire ce qui suit: "II ne s'agit
pas de logements subventionnés par l'Etat pour assistés sociaux,
mais plutôt de projets coopératifs dont le coût est
inférieur de 15 p.c. au prix du marché pour un logement de
dimensions et de qualité équivalentes. Nous défions les
coopératives d'habitations et la Fédération Co-Op habitat
du Québec de prouver de telles affirmations. A cet effet, nous vous
référons tout simplement à un mémoire
préparé par M. Albert Gagnon sur la question des
coopératives, dont les recommandations avaient été
endossées par l'Association provinciale des constructeurs d'habitations
et l'Association des
constructeurs d'habitations du district de Montréal (à
consulter à l'annexe A).
Les fonds hypothécaires
Pour l'information de la commission, nous avons ajouté (à
l'annexe B) à ce présent mémoire, celui qui a
été soumis au ministre responsable pour l'habitation à
Ottawa, l'honorable Robert Andras, le lundi 22 septembre 1969, par
l'Association des constructeurs d'habitations du district de Montréal.
C'est un mémoire sur les conditions actuelles et la situation dans la
région métropolitaine des frais hypothécaires en vertu de
la Loi nationale de l'habitation. D'ailleurs, l'honorable Robert Lussier, m.d.,
ministre des Affaires municipales, a souligné lui-même ce
problème lors de l'allocution qu'il a prononcée devant nous,
à l'occasion du huitième congrès annuel de l'Association
provinciale des constructeurs d'habitations du Québec, le 3 octobre
1969, et nous citons: Est-ce que je lis trop vite? ...
M. SAUVAGEAU: Non, non.
M. GAGNON: Nous notons que les assurances ont retiré $455
millions de primes en 1968 dans la province de Québec et qu'au cours de
la même année le montant investi par l'ensemble des institutions
prêteuses, y compris non seulement les compagnies d'assurances sur la vie
mais également les compagnies de prêts et fiducie, les banques
à charte, les banques d'épargne du Québec et les
sociétés de secours mutuel, n'ont été dans le
Québec que de l'ordre de $33,800,000.
Les chiffres du ministre sont très révélateurs et
notre association se propose de mener une enquête dans ce domaine, avant
de faire les revendications qui s'imposent auprès de différents
organismes concernés.
Nous sommes d'avis que le gouvernement devra intervenir d'une
façon énergique pour sensibiliser ces compagnies sur leur
responsabilité sociale vis-à-vis du public.
En 1970, ces compagnies doivent, à notre avis, remplir une
fonction sociale et non pas s'intéresser à de plus gros profits,
en cherchant les placements les plus sûrs. C'est pourtant ce qui arrive:
on délaisse les prêts à l'individu pour choisir de
prêter à de grands ensembles d'habitations, l'administration
étant simplifiée et les risques moins grands. Les constructeurs
d'habitations sont impuissants devant ces faits. C'est pourquoi nous demandons
l'aide des autorités gouvernementales. Prêts aux
municipalités
Les constructeurs regardent avec beaucoup d'intérêt et de
scepticisme la récente expérience de la Société
d'habitation du Québec, en ce qui concerne les prêts aux
municipalités en vue de construire des logements à loyer
modique.
Nous aurions plusieurs réserves à formuler, mais nous
préférons attendre ces expériences avant de prendre
position.
Cependant, nous affirmons qu'il aurait été
préférable que la Société d'habitation du
Québec transige directement avec les constructeurs dans ce domaine. On
pourra toujours nous référer aux administrateurs municipaux, mais
si on se base sur certaines expériences, ce sera, à notre avis,
un nid de favoritisme. Habitation unifamiliale
Nous croyons que l'ambition légitime de posséder sa maison
devrait être encouragée par tous les moyens.
A notre avis, devenir propriétaire d'une maison est le moyen le
plus sûr pour un individu de la classe moyenne de parvenir à une
certaine aisance. Ceux qui ont acheté une maison il y a à peine
huit ans peuvent aujourd'hui la revendre avec un profit de 50 p.c. dans
certains cas.
Il devient impossible sous la Loi nationale de l'habitation, pour ceux
qui ont un revenu de $8,000 ou moins, de songer à s'acheter une
maison.
Au Québec, 31 p.c. des salariés gagnent moins de $2,000,
42p.c. gagnent entre $3,000 et $4,000 par année. Donc, 73p.c. de la
population gagne moins de $4,000 par année. Quant on sait qu'il faut un
salaire annuel de $8,000 environ pour obtenir un prêt sous la Loi
nationale de l'habitation, quel marché nous reste-t-il?
On devrait toujours trouver une formule pour consentir des prêts
à ceux qui ont un tel revenu et qui achèteraient une maison dont
le prix ne dépasserait pas $4,000.
La Société d'habitation du Québec pourrait verser
des fonds à certains organismes. Nous suggérons les caisses
populaires qui ont déjà une vaste expérience dans
l'administration, et qui possèdent des bureaux dans tous les centres de
la province. Nous sommes d'opinion que ces organismes pourraient administrer
ces prêts à bon compte.
Taxe provinciale de vente de 8p.c.
La taxe de vente sur les matériaux de construction est
rétrograde et injuste envers ceux qui ont un faible revenu et qui ont
l'ambition de s'acheter une maison. Cette taxe de vente sur les
matériaux de construction peut représenter environ $560 sur une
maison de $15,000.
C'est pourquoi nous suggérons que le gouvernement retourne, sous
forme de subvention pour le dépôt initial, le montant qu'il
perçoit. Bill 51
Un projet de loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs
de construction est présentement à l'étude par le Conseil
consultatif du ministère du Travail. Nous avons eu l'occasion de faire
des représentations et de présenter un mémoire sur ce
projet de loi. Nous espérons que le gouvernement n'hésitera pas
à adopter cette loi qui mettra de l'ordre dans notre industrie. Code
national du bâtiment
Notre association est d'avis qu'une publicité intensive devrait
être faite auprès des municipalités de la province en vue
de les inciter à adopter le code national du bâtiment.
Notre industrie, le public et les administrateurs municipaux ne
retireraient que des avantages de cette uniformité.
Nous suggérons que la Société d'habitation du
Québec ne consente des prêts qu'aux municipalités qui
adopteraient le code, ou encore que le ministre des Affaires municipales, par
une loi spéciale, oblige les villes à adopter ce code.
Allocations logement
Nous sommes d'avis que cette formule devrait être
étudiée à fond, afin que l'on puisse accorder une
allocation à ceux qui n'ont pas les revenus suffisants pour louer un
logement convenable.
Cette formule a l'avantage de décentraliser les moins
fortunés au lieu de les obliger à vivre dans les mêmes
secteurs.
Rénovation urbaine
La rénovation urbaine est un problème complexe qui n'est
pas facile à analyser et à résoudre.
Notre association admet qu'elle n'a pas en main les données pour
faire une analyse objective de ce problème.
Nous sommes d'avis, cependant, que l'on doit chercher à suivre
des normes plus réalistes pour réaliser ces
développements.
Nous retenons aussi cette idée de "ville nouvelle", telle que
préconisée par différents spécialistes. Est-ce
là une solution valable? Devrait-on former un comité ou une
commission pour étudier cette idée?
Nouvelles formules
Les constructeurs d'habitations réalisent qu'il devient de plus
en plus difficile de travailler isolément et de produire en petites
quantités. C'est pourquoi les constructeurs de la région de
Montréal étudient présentement différentes
formules, à savoir: la création de consortiums, de grosses
compagnies ou de fusions de compagnies existantes.
Ici, nous désirons reproduire une partie intégrale du
discours de l'honorable Jean Marchand, ministre de l'Expansion
économique régionale, à l'occasion du 8e congrès
provincial des constructeurs d'habitations du Québec, le 4 octobre 1969:
"A ce sujet, vous serez intéressés d'apprendre que mon
ministère peut accorder une subvention, en vertu du nouveau programme de
subventions à l'industrie, à tout industriel qui
déciderait, par exemple, de construire une usine pour la fabrication de
maisons préfabriquées. Les économies
réalisées par de nouvelles techniques devraient donc permettre
aux constructeurs d'offrir un plus grand nombre de maisons à des prix
plus en rapport avec le revenu moyen des familles canadiennes."
Les constructeurs d'habitations et de logements et les hommes d'affaires
avertis ne peuvent investir des millions de dollars dans une industrie qui est
reconnue pour son instabilité et qui a toujours servi aux gouvernements
de régulateur économique.
Nous croyons cependant que des efforts conjoints entre la
Société d'habitation du Québec, le ministère de
l'Expansion économique régionale, la Société
centrale d'hypothèques et de logement, les constructeurs d'habitations
et de logements donneraient lieu à des réalisations de projets de
maisons à bas prix.
Nous estimons qu'un comité d'étude devrait être
formé immédiatement pour étudier plus à fond cette
suggestion et qu'il existe à ce stade des possibilités
intéressantes
Les inquiétudes que nous partageons ont été
mentionnées dans le 6e rapport du Conseil économique du Canada,
lequel relate qu'il faut modifier radicalement l'industrie canadienne de la
construction si l'on veut relever comme il se doit les défis qui
s'offriront aux Canadiens au cours des cinq prochaines années. Les
experts prévoient une crise dans l'industrie de l'habitation et du
logement, à brève échéance, si l'on ne
procède à son redressement immédiat.
Résolutions du 8e congrès
Nous avons inclus à la fin de ce mémoire en annexe C, une
série de résolutions qui ont été adoptées
lors de notre 8e congrès annuel. Nous espérons que ces demandes
sauront retenir l'attention de la commission.
Nous n'élaborerons pas les points suivants: la sous utilisation
considérable de notre capacité de production, l'augmentation des
prix dans diverses matières utilisées le coût de
financement, la montée des salaires, le manque de planification, les
taux d'intérêt, la spéculation, la systématisation
de la construction et bien d'autres.
Durant les vingt dernières années, nous avons joué
un rôle important en participant à la construction de milliers de
logements au Québec.
D'ici l'an 2000, à cause du déplacement continuel de la
population des régions rurales vers les zones urbaines, on devra
construire plus de constructions qu'il n'en existe aujourd'hui au Québec
.
Le défi est de taille, les constructeurs possè;
dent la vitalité et le dynamisme pour le relever et
réaliser les objectifs que l'on voudra nous proposer mais il va falloir
nous donner les moyens d'agir. C'est pourquoi nous avons brossé un
tableau assez complet de la situation qui existe et il nous fera plaisir de
collaborer étroitement avec le ministère et la
Société d'habitation du Québec, si vous le jugez
nécessaire.
En terminant, nous souscrivons entièrement à deux
conclusions du 6e exposé annuel du Conseil économique du Canada:
"Dans un pays riche comme le nôtre, un logement convenable
est un besoin élémentaire de l'homme Afin d'assurer
désormais à la population des logements convenables à des
prix raisonnables, des mesures d'imposent de toute urgence pour remédier
à ces difficultés."
M. LUSSIER: Merci monsieur
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des questions?
M. CHOQUETTE: J'aurais quelques questions à poser à M.
Gagnon, si vous me le permettez, M. le Président?
M. Gagnon, à la page 2 de votre mémoire, vous faites une
affirmation que j'ai déjà entendue faire ailleurs et c'est la
suivante: Nous sommes d'avis que la Société centrale d'hypo
thèques et de logement a toujours administré en fonction de
l'économie canadienne et non en fonction des besoins sociaux."
Pourriez-vous justifier cette déclaration?
M. GAGNON: A certains moments, il y a cinq ou six ans le gouvernement
canadien voulait créer des emplois l'hiver. On a annoncé un boni
de $500 aux constructeurs qui voulaient bâtir des maisons entre le 1er
décembre et le 1er mars ou le 1er avril, si ma mémoire est bonne.
Nous avons combattu ça avec beaucoup de vigueur, parce que, selon nous,
c'était une mesure injuste mais le gouvernement avait tout de même
créé ce programme-là en vue justement de combattre le
chômage qui était assez aigu durant ces années et à
cette période de l'anne'e.
Deuxième point, le gouvernement veut autant que possible
du moins, cela semble être la politique du gouvernement
fédéral créer des emplois plutôt durant la
saison froide, durant l'hiver, du moins au Canada. Alors, à ce point de
vue-là, on ferme tous les prêts à l'habitation d'avril au
1er novembre, habituellement, et là, au 1er novembre, on ouvre: Venez
chercher les prêts, les gars, venez bâtir. Alors cela crée
un déséquilibre et des problèmes.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ce boni existe encore à l'heure
actuelle?
M. GAGNON: Non. Nous avons réussi, à force de travail,
à faire abolir cette loi qui était, selon nous, injuste, et
créait plus de problèmes qu'elle donnait de résultats.
M. CHOQUETTE: Ici à la page 4 de votre mémoire, M. Gagnon,
vous citez le ministre des Affaires municipales, dont les chiffres sont sans
doute exacts, mais je suis étonné de la différence
fantastique entre le montant des primes perçues de 1968 par les
compagnies d'assurance-vie; $455 millions, et le chiffre des prêts de
$33,800,000. Il y a un écart presque incroyable; c'est possible qu'il y
ait un écart dans la réalité mais j'ai de la
difficulté à croire qu'il puisse y avoir un écart aussi
considérable que celui-là.
M. GAGNON: Bien, j'étais comme vous, j'ai été
estomaqué par ces chiffres, mais d'un autre côté,
étant dans le domaine de l'habitation, je sais qu'il n'est pas trop
facile, actuellement, d'obtenir des prêts des sociétés, des
compagnies d'assurances, des banques et de toutes ces
sociétés-là, c'est pourquoi je le mentionne et j'insiste
sur cela.
M. CHOQUETTE: Vous faites bien de citer le ministre, parce que, s'il a
donné ces chiffres-là, c'est qu'ils doivent être exacts. Je
sais aussi à part cela que vous avez raison de soulever cette
question-là, parce que ce n'est pas sans inquiéter je pense bien,
non seulement les hommes publics mais tous les gens qui s'intéressent au
domaine de la construction, les difficultés actuelles de se procurer des
prêts, surtout avec les taux d'hypothèque qui prévalent sur
le marché à l'heure actuelle. Mais je peux difficilement croire
qu'il y ait un écart aussi considérable que celui
mentionné dans cette citation.
M. GAGNON: Je ne mets pas en doute les chiffres du ministre parce
qu'après le bon Dieu je crois que le ministre a la vérité,
mais notre association se propose d'engager quelqu'un de compétent pour
aller au fond du problème. Nous ferons, en temps et lieu, une
conférence de presse, et nous essaierons de sensibiliser les compagnies
sur le rôle qu'elles doivent jouer.
M. CHOQUETTE: M. Gagnon je me suis justement renseigné sur cette
question-là. J'ai parlé à des gens qui sont dans des
compagnies d'assurance-vie et qui font des prêts hypothécaires
je ne nommerai pas les compagnies, je ne veux pas faire de
personnalité et on m'a dit qu'elles font un effort pour consentir
autant, sinon plus, de prêts hypothécaires au Québec, que
le montant des primes perçues ici. Maintenant, c'était une
déclaration d'ordre général qui m'a été
faite à deux endroits, dans deux importantes compagnies d'assurance-vie.
Je ne sais pas si vous, à la lumière de votre expérience
ou des renseignements que vous avez, vous êtes en mesure d'infirmer cette
déclaration.
M. GAGNON: Vous savez, l'Association des constructeurs de
Montréal a présenté au ministre Andras, à Ottawa,
le 15 octobre dernier, un mémoire. Et ici vous avez une étude qui
a été faite par un économiste qui vous donne les chiffres
comparatifs entre la province de l'Ontario et la province de Québec.
M. CHOQUETTE: A l'annexe...
M. GAGNON: Dans l'annexe B de ce présent mémoire. Je dois
dire que le mémoire a été reçu avec beaucoup
d'attention de la part des autorités du gouvernement
fédéral et que, depuis cette date depuis environ une semaine,
elles ont consenti 300 prêts à la province de Québec. C'est
un premier pas dans cette direction.
M. CHOQUETTE: Qui a consenti?
M. GAGNON: La Société centrale d'hypothèques et de
logement a consenti pour nous, les constructeurs, des prêts au moins pour
les maisons prévendues.
M. CHOQUETTE: Mais vous ne diriez pas, M. Gagnon, que la
Société centrale d'hypothèques et de logement, dans le
passé, ait montré du favoritisme ou enfin l'inverse du
favoritisme, de la discrimination à l'égard du Québec. Je
ne pense pas que vous iriez jusqu'à ce point-là. Même si
c'est exact que les compagnies d'assurance-vie ne jouent pas pleinement leur
rôle dans l'économie québécoise, je ne pense pas que
nous puissions aller dire la même chose à l'égard de la
Société centrale d'hypothèques et de logement.
M. GAGNON: Je pourrais vous faire remarquer que souvent les lois de la
Société centrale d'hypothèques et de logement ont
été faites en fonction de la province voisine qui, elle, avait
peut-être l'outil.
Nous avons la Société d'habitation depuis un an et demi
deux ans, mais "l'Ontario Housing" existe M. Dion peut me corriger
depuis quatre ou cinq ans. Elle était peut-être en mesure
d'aller chercher plus de fonds auprès de la société que
nous. Maintenant, M. Dion pourrait, à ce point de vue-là, citer
des chiffres, nous dire combien l'"Ontario Housing" a construit de logements
à ce jour pour les économiquement faibles et ce que nous avons
fait au Québec. Je ne blâme pas la Société
d'habitation, elle a seulement un an et demi ou deux ans d'existence. Il faut
lui donner le temps de se roder. Mais disons, que l'Ontario a toujours su agir
pour aller chercher les sommes disponibles.
Maintenant, vous soulevez un problème. Disons que,
dernièrement, à la suite du rapport Hellyer on fait des
changements à la Loi nationale d'habitation, on augmente le plafond des
prêts hypothécaires, qui était à peu près de
$17,000. On l'a augmenté à $20,000. Cela ne favorisait pas la
province de Québec.
M. CHOQUETTE: Cela ne favorise pas certaines classes sociales? Du
tout.
M. GAGNON: Seulement, on le dit ici, je crois, la moyenne des salaires
est plus élevée en Ontatio qu'ici. En Ontario, on a un gros
problème, c'est que la spéculation sur les terrains dans la
région métropolitaine est beaucoup plus forte qu'ici au
Québec. Dans la région métropolitaine de Toronto on peut
payer un terrain pour une maison familiale entre $8,000 et $10,000 et
même $12,000. Ici, dans la région métropolitaine de
Montréal, ce problème- là n'existe pas. Nous avons
trouvé une formule, à la suite du rapport Hellyer. pour donner
l'occasion de régler un certain problème dans un certain secteur
du Canada.
M. CHOQUETTE: M. Gagnon, vous avez mentionné tout à
l'heure les avantages que l'Ontario a retirés de la Loi nationale de
l'habitation en matière de logements publics. Je suis tout à fait
de votre avis que l'Ontario, jusqu'à maintenant, a retiré
beaucoup plus d'avantages que le Québec de la Loi nationale de
l'habitation. Sur ce rapport-là, je pense que les faits sont connus. M.
Gagnon a parlé du domaine public et le Québec...
M. LUSSIER: Et privé aussi.
M. CHOQUETTE: ... je sais, mais je vais arriver au privé tout
à l'heure. Dans le domaine public, il est sûr que le Québec
a profité en retard des avantages de cette loi-là et que nous
avons du temps à rattraper et probablement des fonds aussi à
rattraper, mais je pense bien que M. Dion fait tous les efforts
nécessaires de ce côté-là.
Mais, à propos du domaine privé, est-ce que vous feriez la
même affirmation?
M. GAGNON: Je le crois. Survolez aujourd'hui le Toronto
métropolitain en avion et survolez notre région à
Montréal, vous allez voir que là, il existe un "boom" dans la
construction domiciliaire. Cela a été prouvé par des
compagnons qui se trouvent derrière ici et qui ont eu l'occasion d'aller
à Toronto récemment.
M. CHOQUETTE: Oh! Je le sais.
M. GAGNON: Alors, les compagnies, actuellement, je crois, cherchent les
meilleurs placements possibles.
M. CHOQUETTE: Oui, mais, M. Gagnon, vous ne restez pas sur le sujet.
M. GAGNON: Oui.
M. CHOQUETTE: Je vous parlais de la Société nationale
d'hypothèques et de logement...
M. GAGNON: La Société centrale d'hypothèques et de
logement.
M. CHOQUETTE: Je veux dire que la politique de la société
centrale et la politique des compagnies, individuellement, c'est
différent. Ce n'est pas nécessairement la même politique.
Il faut quand même faire une distinction entre les deux. La
société centrale...
M. GAGNON: On peut constater les faits.
M. CHOQUETTE: II faut constater qu'il y a nettement un "boom" dans la
construction à Toronto et il n'y en a pas à Montréal.
M. GAGNON: Maintenant, la teneur de ce mémoire-là, ce
n'est pas un évangile, mais c'est pour relancer la construction
domiciliaire au Québec.
M. CHOQUETTE Oui.
M. GAGNON: Nous avons fait ici quelques suggestions. Si elles
étaient mises en pratique, en tenant compte de la moyenne du salaire,
entre ceux qui ont $5,000 et $8,000 par année, je dis qu'il est possible
aujourd'hui de leur bâtir une maison, même dans la région
métropolitaine de Montréal, à un prix qui peut varier
entre $11,500 et $13,500. Cela peut vous surprendre mais nous, les
constructeurs, nous sommes en mesure de relever ce défi-là. Cela
ne m'intéresse pas tellement de parler de philosophie autour de certains
problèmes. Les constructeurs sont des hommes pratiques. Nous voulons
travailler, nous voulons qu'on nous donne des outils. Alors, j'aimerais mieux
si la discussion restait autour de ce sujet-là.
M. CHOQUETTE: Oui, mais vous faites évidemment un certain nombre
d'affirmations. Ce n'est pas pour vous contre-interroger que je vous pose des
questions, c'est pour savoir dans quelle perspective, vous examinez la
situation de l'habitation et du logement. Maintenant, la politique que vous
énoncez, à l'effet de refuser une maison unifamiliale...
M. LUSSIER: Dans le même ordre d'idée vous vous êtes
posé tout à l'heure des questions, j'aurais peut-être aussi
des questions à poser à M. Gagnon, avant que vous changiez de
chapitre.
Vous avez semblé dire que la politique de la
Société centrale d'hypothèques et de logement avait des
répercussions, évidemment, sur le rythme de construction et dans
les domaines public et privé.
Le domaine privé, c'est évident, est un domaine qui vous
préoccupe beaucoup plus. Vous avez noté aussi qu'en Ontario on
est privilégié, spécialement pour Toronto et d'autres
villes, dans la construction, il y a sans doute différents facteurs,
mais un des principaux facteurs serait que la Loi nationale de l'habitation a
été faite en fonction beaucoup plus de l'Ontatio que du
Québec. Nous devons nous débattre et essayer de tirer le meilleur
parti possible de ces lois; mais nous sommes en état
d'infériorité pour en retirer de grands avantages. Dans le
même ordre d'idées, si on continue dans cette ligne de
pensée, est-ce que nous ne pourrions pas dire que toute la politique
d'habitation, aussi bien publique que privée, devrait être
fabriquée et faite uniquement au Québec?
M. GAGNON: Là, je ne veux pas engager les membres de
l'Association que je représente.
M. LUSSIER: Oui.
M. GAGNON: Mais si vous me posiez une question personnelle, je suis
d'accord pour dire qu'une politique qui serait faite en fonction des besoins de
l'Etat du Québec représenterait beaucoup mieux les aspirations et
les besoins de notre population. C'est une opinion personnelle que
j'émets.
Nous avons des problèmes particuliers, nous avons une moyenne de
salaires très basse, nous avons des retards à rattraper, alors il
faudra prendre des bouchées doubles à certains moments, et je
crois que cela relève de nous.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, si je me souviens bien, une
campagne a été faite en vue de faire le type de maisons
canadiennes idéales, unifamiliales. A ce moment, un effort
considérable avait été fait et je pense que la
Société centrale d'hypothèques et de logement avait
destiné des fonds à cet effet. Nous avons eu comme
conséquence heureuse dans les différentes municipalités
créer des villes-dortoirs, si vous voulez des types de
maisons très confortables qui correspondent bien à la vie
familiale chez nous.
Nous avons une évolution tout à fait différente,
peut-être à cause des différents facteurs dont vous avez
parlé dans votre mémoire, soit le coût de la construction,
la spéculation, etc., de toute façon, cette évolution se
fait actuellement vers la construction en pigeonnier, si vous voulez, de
super-habitations avec de nombreuses familles dans ces habitations. Il survient
là encore une lacune très grave, c'est que et c'est le
problème que nous avons dans les municipalités, puisque
moi-même, je suis maire d'une petite municipalité c'est que
les familles nombreuses, la famille canadienne, la famille
québécoise, qui peut comporter cinq ou six personnes, en fait, ne
trouve à se loger nulle part. Ces grand complexes d'habitation ne
donnent pas justement à ceux qui sont les plus dépourvus de
logement et de local voulus.
La maison unifamiliale: inutile d'y penser à l'heure actuelle,
puisqu'elle atteint un coût qui devient prohibitif pour ces chefs de
famille. Alors, je pense bien que la solution à y apporter je
pense que l'industrie privée, et l'entreprise privée telle que
celle des entrepreneurs, pourrait
peut-être proposer en fait des idées en vue de diminuer le
coût de cette construction unifamiliale.
J'entendais tout à l'heure M. Gagnon dire que la maison
préfabriquée est peut-être la méthode de
construction de l'avenir et j'y crois aussi, puisqu'il y a déjà
quelques plans dans ma localité qui sont établis et qui
permettent de vendre ces maisons - terrain compris - pour $13,500 et $14,000,
et ces maisons se comparent avantageusement aux autres. Et là on
répond à un objectif, à un but social: c'est que la
famille qui ne trouve à se loger nulle part et je vous dis que ce
n'est pas un mince problème que celui que, à tous les mois de
mai, il y a des gens qui ne trouvent pas à se loger, il y a des familles
qui ne trouvent pas à se loger, parce que la famille est trop nombreuse
et parce que les revenus sont insuffisants.
Je me demande si le gouvernement ne devrait pas orienter son
activité, à la Société d'habitation, vers ces
maisons unifamiliales pour les familles nombreuses à petit revenu, sous
forme de subventions ou de paiement initial sur la construction de ces maisons.
A la condition que les entrepreneurs, l'entreprise privée puissent
construire ces maisons pour un prix de X... à un moment donné,
qui ne dépasserait pas $14,000 ou $15,000.
Je pense que c'est possible. Quant à la construction
multifamiliale, ces vastes complexes en fait ne permettent pas tellement
l'habitation par de grandes familles. Je pense que les centres-villes tels que
Québec, Montréal, etc., cela s'applique très, très
bien; mais dans les villes à tendance plutôt rurale, à
faible densité de population, ces complexes ne conviennent pas encore
tellement à la mentalité de nos gens; et je pense bien qu'ils ne
répondent pas non plus aux besoins de la population actuelle du
Québec. Même dans le Québec métropolitain, les gens
qui vont y habiter, ceux qui y ont habité avec une famille nombreuse,
désirent le plus possible en sortir. Les couples sans enfant, ou ayant
un ou deux enfants peuvent s'en accommoder pendant une certaine période
de temps, soit, mais pas indéfiniment; ils sentent le besoin en fait
d'aller à l'extérieur, d'avoir une maison unifamiliale. Ce n'est
pas seulement, je crois, l'instinct de la propriété, le besoin de
la propriété; c'est parce qu'on rencontre là les
conditions idéales de l'épanouissement de la famille
québécoise tel qu'il devrait se faire, c'est la base et la
cellule-mère de notre société ici au Québec.
Je pense bien que cette évolution est le résultat de
l'effort que nous avions fait il y a quinze ans, en vue de fournir à
chacune de nos familles québécoises, qui sont encore relativement
pauvres, des locaux convenables où ils puissent élever leurs
enfants.
Avec ce vaste programme que nous avons établi de super-maisons de
rapport, si vous voulez, où les gens sont en pigeonnier ils sont
comme dans un pigeonnier je ne pense pas que ce soit actuellement la
formule et je ne pense pas que pour notre famille typiquement
québécoise, que ce soit la vraie formule. Je me demande si,
à la lumière des mémoires qui nous sont soumis
actuellement, nous ne pourrions pas, en fait, faire un effort aussi du
côté de la maison unifamiliale mais à un coût
réduit, en éliminant cette spéculation qui, dans certains
cas, dépasse les limites du raisonnable.
Peut-être que nous avons différents plans, des HLM, si vous
voulez. On se rend compte après étude de ces projets que les
projets sont peut-être bien lorsque réalisés; mais on se
rend compte que le prix de ces projets varie entre $18,000 et $22,000 par
logement, chose qui est complètement impensable; parce qu'on a beau dire
qu'on construit ces maisons pour cinquante ans, vous savez, d'ici vingt ans, il
faut calculer une dépréciation de vingt ans, parce que, d'ici
vingt ans, toutes les conceptions de l'habitation seront complètement
modifiées et il faudra encore là... Parce que ces maisons, dans
vingt ans, seront devenues, avec l'évolution actuelle, peut-être
des taudis, à ce moment-là, puisqu'elles ne répondront pas
aux exigences.
Alors, prévoir pour cinquante ans, dans l'habitation, je pense
que c'est trop. Je pense bien que nous devrions prévoir des habitations
où la famille québécoise, où l'individu, où
le couple pourraient se loger à un faible coût. Je ne pense pas
que la formule, actuellement... C'est un effort valable que vous faites
actuellement avec les HLM, etc, mais je pense que le coût prohibitif de
ces réalisations rend impossible la continuation d'un tel programme.
Puis-qu'avec l'entreprise privée et c'est prouvé
nous pouvons obtenir des logements de quatre et cinq pièces pour $9,000
et $9,500 par logement dans un complexe d'habitation, tandis qu'avec les HLM,
cela coûte entre $18,000 et $22,000.
Donc au départ, c'est impossible de réaliser de
très vastes complexes sans ajouter des charges très lourdes pour
l'état. Je pense bien qu'à ce moment-là, notre
Société d'habitation ne remplirait pas son rôle. Il faut
absolument baisser et abaisser de façon considérable ces
coûts. J'admets que toute l'administration qui origine de l'Etat est
faite avec un désir sincère d'améliorer les conditions de
vie, l'aspect social de la population Mais je pense bien qu'elle devrait le
faire en collaboration très étroite avec l'entreprise
privée qui, elle a les moyens d'améliorer les formules, parce
qu'elle a à faire face à la concurrence. Et cette concurrence,
cette stimulation, en définitive, pourrait amener de meilleures
solutions. Je pense bien que nous devrions en profiter. Je pense que l'Etat
devrait en profiter et devrait amener l'entreprise privée à
concurrencer tout en lui permettant de survivre, bien entendu, mais à
concurrencer de façon à arriver à des formules beaucoup
meilleures au point de la vue construction, à arriver
à des coûts meilleurs et à donner le maximum
à notre population sans augmenter de façon considérable
les charges de l'Etat dans ce domaine.
M. LE PRESIDENT: M. Dion.
M. DION: Je ne veux pas interrompre la discussion sur les nombreux
sujets qui viennent d'être soulevés par M. Tremblay, ni
interrompre toute discussion qui pourrait avoir lieu là-dessus
ultérieurement. Toutefois, j'aimerais revenir au contexte de la
discussion qu'a engendrée le ministre lorsqu'il a posé certaines
questions au président de l'Association provinciale des constructeurs
d'habitations.
A l'heure actuelle, la Société d'habitation du
Québec est concernée dans l'habitation pour personnes et familles
à faibles revenus ou à revenus modiques. C'est là son
mandat en plus de son mandat d'oeuvrer dans le domaine de la rénovation
urbaine. Elle administre également la Loi de l'habitation familiale qui,
comme vous le savez, consiste dans l'octroi d'un remboursement
d'intérêt pour des gens qui veulent devenir propriétaires
d'une résidence. Ceci implique que le rôle de la
Société d'habitation du Québec dans le secteur de
l'habitation est tout de même limité La Société
centrale d'hypothèques et de logement, par ailleurs, oeuvre dans le
champ complet de l'habitation par son plan d'assurance hypothécaire, en
vertu duquel elle offre des garanties aux institutions prêteuses qui
veulent consentir des prêts pour fins d'habitation, et par son rôle
subsidiaire, là où les institutions prêteuses ne font pas
de prêts, elle peut elle-même faire des prêts directs.
Ma question serait celle-ci: dans l'opinion de l'Association provinciale
des constructeurs d'habitation du Québec, le gouvernement provincial
devrait-il assumer le champ complet en matière d'habitation? Non
seulement le contrôle de l'habitation sur le plan physique, sur le plan
social, non seulement la planification; mais aussi toutes les ressources
financières disponibles, qu'elles viennent du gouvernement central, du
gouvernement du Québec ou des institutions privées, ne
devraient-elles pas être centralisées ou coordonnées pour
permettre une action dynamique et une action cohérente du gouvernement
du Québec par l'entremise de la Société d'habitation du
Québec?
A l'heure actuelle, il est sûr et certain que, dans le secteur de
l'habitation à loyer modique ou pour personnes et familles à
faibles revenus, nous avons des mécanismes d'interventions. Ce sont des
mécanismes nouveaux qui prévoient que des municipalités,
des organismes sans but lucratif et des coopératives d'habitation sont
habilités à obtenir de l'aide financière.
Nous avons la Loi de l'habitation familiale qui permet une bonification
de l'intérêt. Ces instruments-là, en fait, sont
limités et ne nous permettent pas d'intervenir dans tout le secteur de
l'habitation pour exercer une action dynamique, une action poussée, pour
créer des incitations nécessaires auprès des institutions
prêteuses. Alors la question fondamentale est: est-ce que le gouvernement
du Québec, face à ses responsabilités dans le domaine de
la planification de l'habitation, ne devrait pas faire en sorte, avec la
collaboration du gouvernement supérieur, que toutes les énergies
y compris toutes les ressources financières, et je parle des
ressources financières qui relèvent de l'ordre public, qui
relèvent des gouvernements supérieurs soient
canalisées par l'entremise d'un organisme tel que la
Société d'habitation, afin de pouvoir créer vraiment ce
dynamisme et cette force pour agir dans le secteur de l'habitation?
Tout à l'heure, on a cité des chiffres. Ils sont publics.
Je peux les répéter. On sait qu'en Ontario, il s'est construit,
l'an dernier, au-delà de 80,000 unités de logements; dans la
province de Québec, la construction a été de 46,000
environ, si je ne m'abuse. Je vous donne ces chiffres sous toutes
réserves. Alors, il est sûr et certain qu'il y a un
décalage assez important.
M. CHOQUETTE: Oui, mais est-ce que vous attribueriez ce
décalage-là au refus de compagnies prêteuses de faire des
prêts au Québec?
M. DION: II est bien difficile d'analyser les raisons fondamentales de
ce décalage-là. Est-ce que cela est dû à une
politique nationale sur l'habitation qui ne tient pas compte...
M. CHOQUETTE: Je pense que c'est plutôt dû au gouvernement
actuel.
M. DION: II y a plusieurs facteurs qui peuvent entrer en cause.
M. CHOQUETTE: C'est aussi simple que cela, M. Dion. Mon opinion est
claire: c'est dû à l'incompétence du gouvernement
actuel.
M. LUSSIER: Oui, vous avez parfaitement raison. Vous avez dit tout
à l'heure que la Société d'habitation, si elle avait
existé auparavant, depuis de nombreuses années, aujourd'hui, on
serait rendu évidemment beaucoup plus loin.
La Société d'habitation a donné à l'Etat du
Québec un instrument extrêmement valable, un instrument
important...
M. CHOQUETTE: Personne ne le nie...
M. LUSSIER: ... pour s'occuper de tout le logement public...
M. CHOQUETTE: Mais personne ne le nie.
M. LUSSIER: Et si cette institution-là avait été
créée auparavant et par des gens qui nous
ont précédés, on serait rendu évidemment
actuellement beaucoup plus loin.
M. CHOQUETTE: Le gouvernement qui vous a précédé a
eu beaucoup de tâches à remplir, qui n'avaient pas
été faites par le gouvernement qui l'avait
précédé.
M. LUSSIER: Mais prenez ce petit biscuit-là en passant.
M. TREMBLAY: M. le Président, je ne suis pas tout à fait
du même avis. Je pense que la Société d'habitation a fait
un travail très intensif. Je suis souvent en contact avec elle en ma
qualité de maire, par exemple, je me demande si ce travail ne pourrait
pas être dirigé avec une efficacité beaucoup plus grande.
Les municipalités peuvent jouer leur rôle. On leur fait beaucoup
de reproches tout le temps. La municipalité est toujours je pense,
l'organisme sur lequel on frappe. On dit toujours: C'est de la faute de la
municipalité; mais je me demande si les municipalités sont
suffisamment informées. Elles ne le sont pas. Je vous avouerai qu'elles
ne le sont pas d'une façon générale. Ce n'est pas un
blâme que j'adresse à la Société d'habitation.
Depuis un an et demi que cette Société d'habitation est
formée...
M. CHOQUETTE: On ne parle pas de cela...
M. TREMBLAY: Oui, mais écoutez, vous ne parlez pas de cela, mais
à la Société d'habitation, je pense bien qu'il y aurait
des suggestions pratiques à y apporter pour que l'efficacité en
soit augmentée. C'est cela l'objet de ces réunions. La critique
de ce qui s'est...
M. CHOQUETTE: Je voudrais simplement éclairer un point. Il est
sûr que la Société d'habitation du Québec a, dans
les limites, des possibilités qui lui ont été offertes par
la législation qui l'a constituée et elle fait je pense, un
travail convenable. A ce point de vue, je ne voudrais pas que M. Dion prenne
personnellement les observations. J'ai simplement posé un point
d'interrogation quand M. Dion a comparé les chiffres des prêts
hypothécaires consentis pour l'habitation unifamiliale en Ontario et
pour l'habitation unifamiliale au Québec. Je pense que j'ai le droit de
faire porter une partie de la responsabilité, en cet état de
choses peut-être pas l'entière responsabilité, mais
une partie de la responsabilité à la politique
générale du gouvernement et non pas nécessairement
à la politique de la Société d'habitation. Alors, je
voudrais bien éclairer cette question-là.
Maintenant, au sujet de la question que M. Dion a posée, les
ressources financières sont principalement à Ottawa, tout le
monde le sait, c'est la raison d'être de la Société
centrale d'hypotèques et de logement. C'est parce que le crédit
du gouvernement fédéral, à cause de ses fonctions
bancaires au plan national, et reconnues par la constitution, nous donne un
crédit beaucoup plus considérable que n'importe quelle
société provinciale d'habitation ou société
provinciale d'habitation ou société provinciale s'occupant d'une
politique dite globale dans l'habitation ne pourrait avoir. C'est pour cela que
la Société d'habitation a joué le rôle qu'elle a
joué depuis 1944 dans le domaine du logement. Alors, cela ne sert
à rien de se faire des illusions en disant: On va transporter les
ressources financières fédérales au niveau provincial et
on aura le même crédit. C'est erronné et faux. C'est la
centralisation de ces ressources financières qui fait que la
société nationale d'habitation a réussi à avoir une
politique d'habitation depuis 1944 qui, dans l'ensemble, a donné au
moins certains résultats favorables dans l'économie canadienne.
Il faut bien l'admettre.
L'on peut formuler des critiques sur sa politique, elle a pu favoriser
l'Ontario à l'occasion, je suis bien d'accord. Nous sommes parfaitement
conscients de cette réalité, mais, par contre, il ne faut pas
dire que la politique de la Société centrale d'hypothèques
et de logement est systématiquement défavorable au Québec.
Du moins, si on le dit, il faut le prouver.
M. LE PRESIDENT: M. Gagnon, vous aviez demandé la parole?
M. GAGNON: Bien, tout à l'heure, cela m'a fait sourire quand un
député de l'Opposition a attaqué le gouvernement au
pouvoir, mais j'ai perdu le fil de mes idées. Moi, je voudrais qu'en
dernier ressort on essaie d'établir une priorité si
l'assemblée le veut bien. Est-ce qu'on veut donner accès à
un plus grand nombre à la propriété? Si on établit
cela, on vous dit quoi faire. Si ce n'est pas une priorité qu'on veut
admettre aujourd'hui, on peut discuter pendant trois jours, et je crois qu'on
ne trouvera pas la solution.
Tout à l'heure, monsieur a dit à un certain moment qu'il
était devenu impossible de devenir propriétaire ou de s'acheter
une maison à un prix abordable. Sur ce, je vous réponds que dans
la ville de Laval, qui est tout de même à deux ou trois milles de
Montréal, on construit présentement des maisons à $12,500.
Dans deux semaines, nous ouvrirons un autre chantier pour des maisons que nous
allons offrir au public à $11,500. Des maisons semi
détachées, des petits "bungalows" de trois chambres à
coucher, salon et cuisine.
Si cela n'est pas vraiment un défi qu'on a relevé !
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est l'entreprise privée.
M. GAGNON: C'est l'entreprise privée. Il n'y a pas d'erreur
possible, nos discussions et nos idées sont précises sur ce
sujet. On a tous les outils en main pour réaliser, je le
répète, les objectifs que vous, messieurs vous voudrez bien nous
proposer...
Maintenant, lorsque j'ai dit que les caisses populaires pouvaient
administrer des fonds un peu comme la société centrale,
peut-être que je n'ai pas assez explicité ma pensée, c'est
que la Société d'habitation du Québec pourrait consentir
des fonds aux caisses populaires, et les caisses populaires prêteraient
ces sommes d'argent à l'individu qui gagne entre $5,000 et $8,000 par
année et dont le prix de la maison n'excédera pas $13,000 ou
$14,000 selon les régions de la province de Québec. Là, on
donnerait une chance peut-être à 25 p.c. de plus de la population
qui, aujourd'hui n'a seulement un recours: rester locataire. Là, on lui
donnerait une chance de devenir propriétaire. Si c'est une
priorité, si vous êtes sensibles à ce problème, vous
avez ici de bonnes suggestions.
M. LUSSIER: Evidemment, nous sommes sensibles à ce
problème, et cela revient à la question que je vous posais, et
cela répond aussi à M. Jérôme Choquette. C'est qu'on
considère que le gouvernement fédéral sait qu'il doit
jouer un rôle de banquier.
Actuellement la politique de la Société d'habitation du
Québec, par des ententes, c'est de s'occuper à peu près
exclusivement de l'habitation publique. Les trois objectifs de l'habitation
publique sont de mettre à la disposition des citoyens des logements
à loyer modique, de mettre la rénovation urbaine à la
portée des municipalités et, le troisième, c'est
l'accès aux citoyens à la propriété privée
par la Loi d'habitation familiale, qui existe depuis 1948. Mais là, si
nous voulons entrer dans le champ que vous nous suggérez, eh bien, il va
falloir que la Société d'habitation du Québec, au point de
vue de la planification, de la programmation, de la discussion, de
l'aménagement du territoire, s'occupe pleinement de planifier la
politique d'habitation en général et non pas de se limiter
à ces trois objectifs uniquement. C'est la question que je vous
posais.
Est-ce que nous devons penser très sérieusement à
nous imposer de plus en plus dans le domaine total, global de l'habitation dans
l'Etat du Québec?
M. GAGNON: Comme individu, je vous réponds qu'à mon avis
nous devrions le faire. Les problèmes de la Nouvelle-Ecosse et de la
Colombie-Britannique ne sont pas nécessairement nos problèmes. Je
crois que la Société d'habitation du Québec est plus
habilitée et mieux placée que n'importe quel autre organisme pour
nous représenter. Je suis cent pour cent d'accord avec vous. Mais
là, je ne parle pas au nom des membres de nos associations.
M. LUSSIER: II faudrait que cette question soit bien
clarifiée...
M. GAGNON: Elle ne nous a jamais été posée
directement.
M. LUSSIER: II faudrait l'opinion du président, au moins comme
individu.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je pense qu'il y a un mécanisme ici au
point de vue politique. Ici, au Québec, il nous faudrait une banque du
Québec qui fonctionnerait de concert avec la banque du Canada de
façon à pouvoir financer à faibles taux
d'intérêt tous ces organismes à buts sociaux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux poser une question?
M. TREMBLAY (Montmorency): J'aimerais vider ce
problème-là, parce qu'il est très important, le taux
d'intérêt...
M. CHOQUETTE: M. le Président, si vous me permettez, je vais
poser une seule question à M. Gagnon. Je ne sais pas si vous montrez une
insatisfaction vis-à-vis de la politique de la Société
centrale d'hypothèques et de logement en rapport avec le financement de
la construction de maisons unifamiliales. Il me semble qu'au moins vous
soulevez des questions à ce sujet-là. Moi, je voudrais que vous
disiez bien clairement au comité quels sont les reproches ou les
plaintes ou enfin les points sur lesquels vous voulez attirer notre attention
quant aux déficiences de cette politique à l'égard du
Québec actuellement?
M. GAGNON: Mon cher monsieur, si vous lisez à la page 6 du
mémoire, vous avez la moyenne des salaires de la province de
Québec...
M. CHOQUETTE: Oui.
M. GAGNON: ... et nous disons qu'il faut au moins un salaire de $8,000
pour se qualifier à un prêt; c'est la Loi nationale de
l'habitation.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M. GAGNON: Alors, il ne reste environ 24 p.c. des
Québécois qui peuvent s'acheter une maison sous la Loi nationale
de l'habitation.
En tant que Québécois, je peux dire que ce n'est pas
suffisant. Vous pouvez différer d'opinion.
M. CHOQUETTE: Non, non!
M. GAGNON: On cherche des formules
nouvelles pour les adopter à nos besoins. Alors, je reviens
souvent au contenu de ce mémoire-là, l'abolition de la taxe de 8
p.c. sur les matériaux de construction pour ceux qui ont un revenu de
moins de $8,000 par année. Est-ce que, en principe, vous seriez d'accord
avec cette suggestion, qui est logique à mon sens? Pourquoi celui qui
gagne $3,000 ou $4,000 par année est-il obligé de payer la
même taxe que celui qui gagne $15,000 ou $20,000 par année?
La Société centrale d'hypothèques, cette
année, choisit la crème du marché. Les individus
aujourd'hui qui font affaires avec la Société centrale
d'hypothèques n'auraient pas besoin de cette société pour
s'acheter ou pour se trouver une hypothèque, ils ont seulement à
aller à leur banque ou à leur compagnie d'assurances. Celui qui
gagne $15,000 par année n'a pas besoin d'aide gouvernementale à
n'importe quel palier.
Alors, je crois que le fond du problème existe. Si la
Société centrale d'hypothèques, demain matin, trouve une
formule pour donner une chance aux Québécois qui gagnent entre
$5,000 et $8,000 par année, de devenir propriétaires, je serai
cent pour cent d'accord avec sa politique. Mais comment allez-vous la faire
bouger là-bas, messieurs? Je vous pose la question.
M. CHOQUETTE. M. Gagnon, quand vous parlez comme ça, vous trouvez
des oreilles sympathiques de mon côté parce que, dans le discours
que j'ai prononcé pour la formation de la présente commission,
j'ai justement insisté sur le fait qu'il y avait une part très
importante de la population québécoise pour laquelle les
avantages de la Loi nationale de l'habitation étaient inaccessibles.
M. GAGNON: On s'entend.
M. CHOQUETTE: Par conséquent, je suis parfaitement de votre avis
à ce sujet-là. Je voulais simplement vous demander de
préciser quelles étaient les critiques que vous aviez à
formuler à l'égard du système actuel...
M. GAGNON: La critique fondamentale, c'est qu'entre...
M. CHOQUETTE: C'est ça, c'est ça.
M. GAGNON: A $5,000 et $8,000, on n'a pas de moyen à la
société centrale pour donner une chance à ces
gens-là de devenir propriétaires. Je dis que la
Société d'habitation, avec un peu d'imagination pourrait donner
aux Québécois la chance de devenir propriétaires, et je
m'en tiens à cette discussion-là.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous avez formulé ce point de
vue-là aux autorités de la Société centrale
d'hypothèques et de logement? Qu'est-ce qu'on vous a répondu?
M. GAGNON: Cela me fait plaisir que vous souleviez le sujet. Dans le
mémoire que l'association de Montréal a soumis au ministre
Andras, il y a à peine deux semaines, nous avions apporté trois
suggestions qui, à mon sens, étaient pleines de bon sens. Est-ce
qu'on peut parler, M. le Ministre, du rapport qu'on a soumis aux
autorités fédérales?
M. LUSSIER: Oui: monsieur.
M. GAGNON: Merci. Le gouvernement fédéral a deux
préoccupations actuellement, soit combattre l'inflation et faire
disparaître les disparités régionales. Vous êtes au
courant de ça. La société juste viendra en
troisième lieu. Alors nous, nous avons basé notre mémoire
sur ces deux points-là.
Faire disparaître les disparités régionales. On vous
a cité les chiffres tout à l'heure, on a fait des comparaisons
entre l'Ontario et le Québec. On a dit que nous Il avions pas notre part
du gâteau là-dedans. Deuxièmement, on a dit à la
Société centrale d'hypothèques et de logement, en des
termes pas tout à fait aussi durs, mais qu'elle devrait restreindre ses
prêts hypothécaires à ceux qui ont un revenu annuel de
$10,000 ou moins. Est-ce qu'au Canada en 1970, on doit crier des choses comme
ça? C'est la logique même. Pourquoi la société
va-t-elle donner des prêts à ceux qui ont un revenu de $15,000,
$18,000 ou $20,000 par année?
Et voici la troisième conclusion: placer immédiatement des
prêts pour des maisons prévendues sur le marché et de
placer un montant de prêt en spéculation pour dépanner nos
constructeurs qui actuellement, connaissent une période assez difficile
à cause de cette restriction de fonds hypothécaires.
Alors, là vous soulevez le problème. Les recommandations
sont faites ici. Le ministre a sympathise avec nos demandes, il était
d'accord. Mais que s'est-il fait?
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous êtes en relation avec d'autres
associations de constructeurs dans d'autres provinces que l'Ontario? Je veux
dire les provinces de la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick, même dans
l'Ouest...
M. GAGNON: Nous avons l'association nationale qui chapeaute
l'association provinciale et nos associations locales, et ici, à mes
côtés, vous avez le vice-président de l'Association
nationale des constructeurs pour tout le Canada, Monsieur Bernard Deneault, qui
a eu l'occasion de visiter le Canada et qui a eu l'occasion, il y a deux
semaines, d'aller survoler le Toronto métropolitain. Alors quand j'ai
soulevé la question devant le ministre qui a fait une constatation
là-bas: ça bougeait, qu'est-ce qui se passe? C'est à la
suite de ça, nous, que nous nous formons des idées, des opinions
et que nous sommes devant vous aujourd'hui pour discuter de ce
problème.
M. CHOQUETTE: C'est parce que le Québec est au sixième
rang des provinces de la Confédération quant au revenu moyen per
capita.
M. GAGNON: Le chômage!
M. CHOQUETTE II y a d'autres provinces qui sont dans la situation que
vous déplorez et qui ne peuvent offrir à une partie importante de
leur population, les avantages de la Loi nationale de l'habitation. Je ne sais
si vous avez communiqué avec les constructeurs des autres provinces,
afin de savoir quel est leur point de vue sur ça, s'ils ont les
mêmes revendications que vous.
M. GAGNON: Vous savez, il y a eu le rapport Hellyer.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. GAGNON: Nous avons présenté des mémoires
à ce comité. C'est un rapport qui a été
critiqué mais qui, à mon sens, aurait résolu le
problème de l'habitation au Canada. Qu'est -ce qu'on a fait? Je vous
pose la question, qu'est-ce qu'on a fait?
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est peut-être difficile, ce que je
vous demande là, mais si vous étiez par exemple à la
Société d'habitation du Québec pour
accélérer la construction domiciliaire pour les gens qui en ont
besoin, quelles sont les grandes mesures que vous proposeriez.
M. GAGNON: Les grandes mesures? La Société d'habitation du
Québec devrait investir immédiatement peut-être $50
millions je parle toujours des caisses populaires parce que je crois
qu'elles ont les mécanismes avec les commissions de crédit
qu'elles possèdent, et ainsi de suite en allouer un certain
montant aux caisses populaires. Une caisse populaire pourrait faire la demande
d'argent à la Société d'habitation, et ce serait
réservé au salarié qui gagne entre $5,000 et $8,000 par
année et qui s'achèterait une maison dont le prix ne
dépasserait pas $14,000. Cela, je le dis bien, selon les régions.
Disons qu'à Rivière-du-Loup où le prix des terrains est
peut-être de $500 la province de Québec est actuellement
divisée en 10 régions il se pourrait fort bien que le prix
de $14,000 convienne à notre région et que, dans une autre
région, pour une famille le montant pourrait être à $13,000
ou quelque chose du genre. Il y a des formules à trouver. Là, on
revient toujours à la Société d'habitation du
Québec. Je crois que la Société d'habitation du
Québec est beaucoup plus près de nos problèmes. Il serait
plus facile d'amorcer un dialogue et de se comprendre que d'essayer d'aller
vendre cette idée-là à Ottawa. On pourrait peut-être
y parvenir, mais voyez-vous tout le travail qu'on a. Si Ottawa commence
à faire ça dans la province, il faudra qu'on fasse ça
à travers tout le Canada.
Pourquoi ne le fera-t-il pas en Nouvelle-Ecosse et en
Colombie-Britannique? Alors, là, je verrais certains problèmes
que vous avez soulevés tout à l'heure, ce serait un
mécanisme...
M. TREMBLAY (Montmorency): Ce serait un système de subventions
données à l'entreprise privée où les 50 p.c. dont
vous parlez...
M. GAGNON: Disons qu'actuellement l'individu pourrait acheter sa maison
avec $500 comptant nous allons parler de chiffres la taxe de
vente de 8 p.c. représente, sur une maison de $14,000, environ $500. Le
gouvernement n'y perd pas, l'économie va fonctionner. Mais, par exemple,
celui qui gagne entre $5,000 et $8,000 par année, le gouvernement
pourrait lui retourner, sous forme de subvention, ce qu'il paie en taxe pour
bâtir sa maison. Moi, je dis toujours que ceux qui gagnent $15,000,
$25,000 ou $30,000, les professionnels, ceux qui ont eu la chance d'aller
à l'université, sont capables de payer un peu plus cher, mais les
petits salariés qui n'ont que $3,000, $4,000 ou $5,000 par année
ont le droit de se faire aider, c'est à nous de les aider. Si nous ne le
faisons pas, si nous ne voulons pas le comprendre...
M. TREMBLAY (Montmorency): Alors, ce serait une des grandes
mesures...
M. GAGNON: ... d'autres se chargeront de nous le faire comprendre.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je m'excuse, j'ai une autre question: cela ne
sera pas long. Est-ce que vos relations sont bien définies avec la
Société d'habitation du Québec, vous qui êtes dans
l'entreprise privée? Est-ce qu'actuellement il y a des relations, des
contacts, du dialogue? Est-ce que vous faites des affaires sous
l'emprise...
M. GAGNON: En homme d'affaires, on ne bâtit pas...
M. TREMBLAY (Montmorency): Etes-vous satisfait, en
définitive?
M. GAGNON: Si vous m'aviez posé la question il y a quatre mois,
je vous aurais dit non. Mais d'un autre côté, il faut être
honnête. En homme d'affaires, on sait qu'on ne bâtit pas une
affaire comme la Société d'habitation du Québec dans
l'espace de deux ou trois ans. Il faut trouver les compétences, mettre
les mécanismes en marche et regarder l'ensemble du problème.
Cela, nous le comprenons. Mais aujourd'hui, depuis deux ou trois mois, nous
avons ouvert les portes et le dialogue s'amorce très bien. Je
crois que M. Dion comprend les problèmes du constructeur, ce que,
peut-être, les politiciens ne comprennent pas assez. C'est la
première fois que nous avons cette chance.
M. TREMBLAY (Montmorency): Je comprends vos problèmes beaucoup
plus que vous ne le pensez.
M. GAGNON: C'est une des premières fois que les constructeurs ont
l'avantage de venir devant une commission comme celle-ci. Et là, je
pourrais jeter des fleurs au ministre, et je pourrais peut-être faire un
petit reproche au député Choquette quand il a blâmé
le gouvernement tout à l'heure. Remarquez que je ne veux pas faire de
politique, mais, voyez-vous, cette discussion-là est très
intéressante et c'est dans une discussion comme celle-ci que nous allons
trouver des formules.
M. CHOQUETTE: Mais M. Gagnon, c'est parce qu'entre nous nous sommes
habitués à nous dire des choses franchement.
M. GAGNON: Moi, je parle en homme d'affaires et cela me prend des
résultats concrets et rapides.
M. TREMBLAY (Montmorency): Maintenant, dans vos relations, est-ce que
vous prévoyez qu'il y aurait d'autres mesures ou d'autres moyens
à prendre pour accélérer, pour augmenter
l'efficacité, en fait, de cet organisme qui est la Société
d'habitation du Québec?
M. GAGNON: Oui, le gouvernement devrait intervenir auprès des
sociétés d'assurances et des banques pour leur faire comprendre
le bon sens et s'il le faut, leur cogner sur les doigts. Je ne sais pas quelle
méthode il peut employer, mais il y a toujours moyen de discuter.
Actuellement, je dis qu'elles ne remplissent pas le rôle social qu'elles
devraient jouer ici dans la province même.
Nous allons essayer d'étoffer les chiffres que le ministre nous a
donnés récemment, à la présentation de notre
mémoire et nous allons nous attaquer assez fortement au problème
à moins qu'elles montrent un intérêt et qu'elles veuillent
ouvrir leur crédit à nous, les constructeurs. Actuellement, tout
ce que nous pouvons vous dire, c'est je ne nommerai pas de noms
que, face aux grandes sociétés, des petits constructeurs comme
nous sont impuissants.
Peut-être que le gouvernement du Québec pourrait
intervenir. Maintenant, ces sociétés, en collaboration avec la
Société d'habitation du Québec... la Société
d'habitation du Québec pourrait, avec la formule de 1 p.c, disons la
même formule, garantir les prêts hypothécaires de ces
sociétés-là qui seraient en réalité garantis
par la province. Il y aurait, disons, une prime de 1 p.c, une
assurance-hypothèque que la Société d'habitation du
Québec pourrait émettre envers ces
sociétés-là. Cela est un peu sous la même forme que
la Loi nationale de l'habitation. Il faudrait peut-être aller chercher
des pouvoirs accrus à Ottawa, je ne le sais pas, mais l'idée est
lancée et c'est à M. Dion de...
M. DION: Si je comprends bien, M. Gagnon, les commentaires que vous
faites, en fait, ce que vous proposez, c'est que le gouvernement provincial,
comme politique de base en matière d'habitation, établisse un
système peut-être un peu identique à celui qui existe
présentement à Ottawa à savoir un plan de garantie ou un
plan d'assurance hypothécaire. Si je vous comprends bien, c'est
cela.
M. GAGNON: C'est bien cela. Maintenant, si nous regardons une classe de
la société qui est défavorisée, qui n'a pas la
chance présentement et qui n'a jamais eu cette chance de devenir
propriétaire, c'est à nous, à vous, à la
Société d'habitation, au gouvernement à trouver les
formules de mécanisme et à les mettre en application.
M. DION: Est-ce que, subsidiairement à un tel système,
vous proposez également que la Société d'habitation du
Québec, dans les secteurs où les institutions financières
refuseraient d'aller pour toutes sortes de raisons, engage elle-même des
crédits? Vous avez suggéré tout à l'heure qu'elle
pourrait le faire par l'entremise de caisses populaires.
Est-ce que vous suggérez aussi, parallèlement à ce
système-là, ou subsidiairement à un tel système,
que le gouvernement provincial investisse, à titre de prêts
directs pour encourager ce secteur de la population, pour lui permettre
d'accéder à la propriété des sommes d'argent?
M. GAGNON: Oui, c'est un voeu que nous faisons, mais il me semble que le
gouvernement n'aurait pas à investir ces sommes-là. On devrait
trouver des formules, je ne dis pas pour les obliger, mais il doit avoir
certainement des moyens pour faire comprendre le bon sens aux grosses
compagnies de "trusts", d'assurances et aux banques.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Ministre, vous avez parlé de ce
problème, mais je pense bien que ce n'est pas le ministre des Finances.
Je pense que votre intervention, tout au moins l'intervention du gouvernement,
est absolument nécessaire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Montmorency): ... pour que cet argent qui provient de notre
population
retourne enfin à notre population, pour qu'elle lui soit au moins
prêtée.
M. LE PRESIDENT: M. le Ministre...
M. LUSSIER: Je pense bien que je ne vous apprends rien. Nous avons
l'intention très ferme d'inciter par différents moyens les
institutions prêteuses à investir ou à prêter des
sommes de plus en plus considérables dans le secteur de l'habitation
dans le Québec. Toujours dans le même ordre d'idée, si je
comprends bien votre intervention, la dernière, c'est que vous
proposeriez que ce soit la Société d'habitation du Québec
qui aille elle même sur le marché emprunter, $50 millions et qui,
elle-même en fait, l'emprunte le garantisse et le passe aux constructeurs
d'habitations pour que ces gens-là fassent de l'habitation à un
certain prix pour une certaine classe de la société dont le
revenu familial ne va que de $5,000 à $8,000. C'est cela?
M. GAGNON: Oui.
M. LUSSIER: Alors, autre question, je change d'article. Je parle de
rénovation. Etes-vous d'avis que la rénovation urbaine, telle
qu'elle se fait actuellement, doit être amendée ou
disparaître et, si tel est le cas, de quelle façon doit-on
procéder? Ou, si l'on doit modifier ce que l'on fait au point de vue des
politiques de rénovation urbaine, de quelle façon entrovoyez-vous
la rénovation urbaine dans votre association?
M. GAGNON: Personnellement, j'admets un peu mon ignorance dans ce
domaine-là. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il y a six mois, j'ai
visité un projet de rénovation urbaine que l'on avait fait
à Montréal, dans le quartier Saint-Henri, je ne sais pas trop
où. J'ai eu l'occasion, lors d'un débat
télévisé, d'être assez dur avec M. Guy Legault,
l'architecte et le président de l'Office municipal d'habitation.
Peut-être M. Legault est-il ici? Ce que j'avais dénoncé,
c'est que, dans ces secteurs-là, on avait construit des garages
souterrains. On a donné à ces gens-là, qui gagnent
peut-être $2,000 ou $3,000 par année un luxe presque inouï",
ce que des salariés de $15,000 à $20,000 par année ne se
paient pas. J'avais trouvé cela assez extravagant et cela m'a
estomaqué un peu. J'ai soulevé le problème. Je ne sais pas
si cela a eu un bon effet, mais disons que, dans les autres soumissions que la
ville de Montréal a demandées, on a été beaucoup
plus réaliste dans les normes de construction. On a enlevé ces
garages souterrains qui étaient en béton armé.
C'était une remarque que l'on avait trouvée étrange, que
l'on avait trouvée drôle dans le temps et que l'on avait
soulevée. Mais de là à dire qu'il faut modifier la loi
dans ce sens-là, je ne me sens pas assez compétent pour en parler
en connaissance de cause.
M. LUSSIER: Un autre point de vue, c'est que vous avez parlé de
certaines modifications qui pourraient être apportées à la
Loi de la Société d'habitation du Québec, surtout dans le
domaine des prêts ou dans l'amplification de ces pouvoirs, de ces
réductions, pour faire des politiques plus globales d'habitation. Est-ce
que, dans ce domaine-là nous allons continuer à parler de
la Loi de la société d'habitation du Québec vous
avez certaines suggestions quant aux amendements qu'on devrait y apporter?
Est-ce que la loi vous satisfait?
M. GAGNON: Vous parlez du code national du bâtiment?
M. LUSSIER: Non, je parle de la Loi de la société
d'habitation du Québec. Est-ce que vous avez d'autres suggestions ou
pensez-vous qu'il y aurait d'autres amendements que nous pourrions apporter
à cette loi, pour qu'elle rende à nos familles qui en ont
évidemment le plus besoin celles qui gagnent $8,000 et moins, plus de
services qu'elle ne leur en rend actuellement, en tenant compte je ne veux pas
le répéter, de ce que vous avez dit avant?
M. GAGNON: Une suggestion fondamentale que nous avons faite et que nous
faisons présentement, c'est que nous croyons que la
Société d'habitation devrait transiger directement avec les
constructeurs d'habitations. Passer par les municipalités, par le maire
et les échevins, cela me déplaît et j'irai seulement en
dernier ressort, quand mon commerce ne fonctionnera plus. Cela ne
m'intéresse pas. C'est mon point de vue.
M. LUSSIER: Pourquoi cela vous déplaît-il? Est-ce que vous
pouvez élaborer un peu là-dessus?
M. GAGNON: Mon cher ministre, je pourrais vous donner un exemple
très concret. Actuellement, dans une ville, il y a des élections
municipales, le 2 novembre.
On était supposé adopter un règlement pour un de
mes projets, à l'assemblée du 1er octobre. M. le maire m'a
rappelé, il m'a demandé de le rappeler. Je diffère
d'opinion avec lui sur le plan municipal. Je ne l'ai pas rappelé.
L'amendement n'a pas passé à la deuxième assemblé
du conseil. Je n'ai pas à nommer de ville ni à donner de nom.
Mais on est pris dans une drôle de situation à certains
moments.
Vous avez une certaine expérience des affaires municipales, je
crois que vous êtes capable de faire autant que moi.
M. LUSSIER: Les élections reviendront à tous les quatre
ans, alors cette situation...
M. GAGNON: Cela peut aider, mais les projets de construction se font
souvent à long terme, et vous savez qu'avant que le construc-
teur touche ses avances finales, qu'il ait ses 15 p.c, les mois et les
années passent, et parfois...
M. LUSSIER: Mais trouvez-vous d'autres inconvénients que ceux que
vous donnez?
M. GAGNON: Dans le cadre de la Loi de la Société
d'habitation, on transigeait avec les coopératives et les organismes
sans but lucratif. Nous, nous voudrions peut-être qu'on crée un
autre système qui pourrait ressembler au système de dividendes
limités, disons pour les familles à faible revenu, mais où
j'irais transiger directement avec les spécialistes de la
Société d'habitation.
Vous savez, on peut compter dans la province de Québec les villes
qui ont actuellement des experts, soit un urbaniste à temps plein, un
architecte, un ingénieur, qui ont un service d'urbanisme bien
organisé. Je ne donnerai pas de nom, mais ce ne sont pas des petites
villes qui ont ces systèmes. Alors, vous arrivez devant des gars qui se
croient compétents dans notre domaine. Nous, nous y oeuvrons depuis 15
ans, et nous ne croyons pas connaître toutes les solutions. Tout à
l'heure je vous ai avoué mon incompétence dans la
rénovation urbaine et dans beaucoup d'autres domaines.
Seulement, il arrive parfois un fonctionnaire qui vous donnera un permis
de construction et lui, il semble tout connaître. Alors, cela nous place
dans de drôles de situations. C'est un point de vue que
j'émets.
M. DESMEULES: D'après votre expérience, est-ce qu'il ne
vous a pas été donné de constater parfois que, dans
certaines villes ou municipalités de la province de Québec, les
constructeurs d'habitations ne subissent pas également des pressions de
la part des vendeurs de terrain, et ne préparent pas des plans de
développement sans avoir un contact assez étroit avec les
autorités municipales. Cela a pour effet de créer aux villes des
obligations prématurées, qui ne correspondent pas aux ressources
financières des villes. Parfois, ça peut être là le
sujet du litige que vous venez de soulever entre la municipalité et les
constructeurs d'habitations?
M. GAGNON: C'est un point très important. Je suis content que
vous le souleviez, cela répond au ministre qui m'a posé la
question tout à l'heure. Souvent le maire ou les échevins auront
des intérêts particuliers dans un certain secteur de la ville. Et
si on veut transiger avec eux, ils nous feront comprendre à leur
manière qu'il serait préférable d'aller dans ce
secteur-là. De cela, nous avons des exemples, vous lisez les journaux
comme moi. Vous savez ce qui se passe dans certaines villes. Je ne dis pas que
ce sont toutes les administrations municipales. Dans certaines villes, j'irai
peut-être soumissionner en tant que constructeur. Mais je n'irai jamais
soumissionner dans d'autres villes. C'est clair !
M. DESMEULES: Ce n'est pas précisément le but de ma
question. Là, je comprends qu'il peut se produire que certains
échevins aient des intérêts. Mais il peut se produire aussi
qu'il n'y ait aucun intérêt, et que celui qui veut réaliser
un projet ne tienne pas compte des possibilités de développement
de la ville qu'il obligera à faire des investissements alors qu'ils ne
sont pas prêts à les faire dans le domaine de l'aqueduc, les
égoûts, les rues, etc., parce que lui trouvera dans ce
secteur...
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est fréquent cela.
M. DESMEULES: ... des terrains à meilleur marché. A ce
moment, cela ne correspond même pas au projet.
M. GAGNON: Là, vous renversez la question et je peux encore vous
répondre à ce point de vue. C'est qu'en 1970, un homme d'affaires
compétent, un constructeur compétent ne va pas quémander
des faveurs ce que nous pourrions appeler des faveurs. On fait une
étude du marché. J'entends les villes qui sont bien
organisées, qui font affaires avec des hommes compétents. On fait
une étude du marché dans un certain secteur. Je ne me lève
pas un bon matin pour dire: Je m'en vais à trois milles du centre-ville
pour bâtir quinze maisons dans le champ. Oui, cela s'est fait il y a
quinze, vingt ans, quand la Société centrale n'avait pas
d'organisme pour planifier le développement des villes. Mais cela se
fait de moins en moins.
Et là vous soulevez encore un point où des administrateurs
municipaux ont souvent démontré leur incompétence dans ce
domaine. Et c'est pourquoi la Société d'habitation du
Québec sera beaucoup plus près pour régler et pour
étudier les problèmes qui concernent les municipalités et
les villes de la province.
M. DESMEULES: Vous parlez d'incompétence. Je suis d'accord dans
certains cas. Mais est-ce que l'incompétence ne provient pas parfois des
moyens financiers des municipalités? Pour prévoir des
règlements d'urbanisme, des règlements de construction, etc., il
faut qu'elles en aient les moyens.
M. GAGNON: Dans le mémoire ici on mentionne un point. Si
l'adoption du code était obligatoire à travers la province, tout
de suite vous venez d'économiser des centaines, des milliers de dollars
aux Québécois, sous plusieurs formes. Premièrement, ils
auraient le même règlement à respecter.
Deuxièmement, pour nous, il serait beaucoup plus facile de faire des
projets dans différents secteurs.
Là, il faut toujours se rajuster aux besoins de ces
administrateurs qui n'ont souvent pas la competence pour parler au point de vue
techni que. Alors cela aussi répond indirectement à votre
question
Maintenant, adopter un plan d'urbanisme dans toutes les villes c'est
peut-être prématuré.
M. DESMEULES: Quand vous mettez l'accent premier sur le code national,
est-ce qu'il n'y a pas un danger? Je ne vois pas de mauvaises intentions du
tout, remarquez bien, mais est-ce qu'on ne devrait pas être prudent et
faire attention à ne pas trop uniformiser pour faire en sorte qu'on se
réveille dans le Québec et que nos constructions et nos villes
ressemblent un peu à ce qu'on pourrait appeler, comme autrefois, des
plans de "wartime housing"...
M. GAGNON: Oui L'uniformisation...
M. DESMEULES: ... qui nous donnaient l'impression d être des
constructions temporaires propres à être démolies
après l'échéance pour éviter de créer un
climat monotone?
M. GAGNON: Cette uniformisation s'applique surtout je dirais, à
l'intérieur ou aux matériaux qui sont employés, mais cela
ne veut pas dire que toutes les maisons auront le même modèle, de
Saguenay à Val-d'Or.
M. DESMEULES: Alors vous tenez compte quand même de l'esprit
créatif de l'architecte.
M. GAGNON: Certainement. Il revient donc alors aux architectes de donner
leur point de vue sur ce sujet, nous sommes très sympathiques à
cela.
Vous savez, nous vivons en 1970. Si nous nous engageons dans un projet,
nous voulons en faire un succès. Souvent, on investira des milliers de
dollars. Alors le constructeur doit, comme je l'ai dit tout à l'heure,
étudier le marché et, ensuite, répondre aux besoins de la
population. Si je mets en vente, demain, 100 maisons dans un projet, je ne suis
pas capable de les supporter deux ans, ces maisons. Et si ces maisons ont des
façades bâtardes, si ce sont des boîtes à beurre, si
elles ne répondent pas aux besoins, deux ans après, je serai en
faillite.
Je pense que cela répond un peu à votre question.
M. LE PRESIDENT: Dr Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Vous proposez ici et je vous en félicite
une allocation pour ceux qui n'ont pas le revenu suffisant pour louer un
logement convenable, et cela dans le but d'abolir ces ghettos de familles
à faible revenu. Jusqu'à quel niveau de revenu envisageriez-vous
de telles associations?
M. GAGNON: On se fait des tableaux. Je n'ai pas la compétence,
les moyens qu'a la Société d'habitation, qu'a le gouvernement
provincial, mais je crois qu'en bas de $5,000, dans la région
métropolitaine de Montréal, on doit aider ces gens, sous une
forme ou sous une autre, pour leur donner une chance d'accéder à
de beaux logements, à des logements sains et à des logements
neufs.
A Laval, on a actuellement un taux de non-occupation de 17 p.c. dans les
maisons d'appartements et dans les duplex. Les logements sont vides. C est
beaucoup de logements, 17 p.c. Si on offrait ceci à la population de
Saint-Henri, sous forme d'annonces dans les journaux: Messieurs, vous avez
aujourd'hui la chance d'aller demeurer dans la ville de Laval. Nous louons ces
logements $120 par mois. Le bonhomme de Saint-Henri peut se payer un logement
de seulement $60 par mois. Le gouvernement par le truchement des caisses
populaires, pourrait trouver un mécanisme pour les subventionner. On
viderait tout ce secteur qui doit être rénové et ces gens
pourraient aujourd'hui habiter des logements très luxueux, des logements
neufs et des logements modernes.
M. GOLDBLOOM: Donc, vous tracez une ligne de démarcation au
niveau de $5,000 de revenu annuel. En bas de ce niveau, vous proposez un
mécanisme qui serait une contribution au loyer. Directement,
indirectement reste à trouver le mécanisme. En haut de $5,000,
vous proposez des mécanismes qui permettraient à ces familles de
devenir propriétaires de leurs maisons.
M. GAGNON: Oui.
M. GOLDBLOOM: Voici ma deuxième question: Vous n'êtes pas
sans savoir que les familles à faible revenu sont exposées
à toutes sortes de pressions qui les incitent à s'endetter C'est
un problème grave pour de telles familles. Pour être en mesure
d'acheter une maison, on doit être en mesure, au départ,
d'épargner: épargner pour être admissible à des
conditions d'emprunt et épargner pour être en mesure de
rembourser. Ce que vous nous proposez, est-ce que celui qui gagne $5,000 par
année serait en mesure d'épargner suffisamment pour rembourser
capital et intérêts, pour payer le maintien de son logement, de sa
maison et les taxes immobilières qu'il serait appelé à
payer parce qu'il serait dorénavant propriétaire? Est-ce que vous
nous dites qu'il peut faire cela pour le même montant qu'il payerait en
loyer, s'il était locataire seulement?
M. GAGNON: Vous savez, on a dit: Donnez une chance à celui qui a
un revenu entre $5,000 et $8,000 mais souvent, l'épouse de celui qui
fait $5,000 ou $8,000, travaille, et cela peut aider Ce ne sont pas tous ceux
qui ont de $5,000 à $8,000 qui pourront devenir propriétaires
Peut-être, premièrement. Deuxièmement, si là
encore on veut faciliter vous allez plus loin dans le problème et
cela me fait plaisir on
devait là aussi donner à ceux qui gagnent entre $5,000 ou
$8,000 une allocation, disons un rabais d'intérêt. Quand on
demande à la Société d'habitation de faire des
prêts, c'est au taux du marché à 9 1/2 p.c. Mais si,
à ces gens-là qui gagnent entre $5,000 et $8,000, la
Société d'habitation leur verse selon le nombre d'enfants, une
allocation pour leur logement ou un rabais, comme on le fait
présentement sur la loi du rabais provincial, il n'y a plus de
problème. Vous allez tomber chez nous avec une maison de $12,500 avec un
loyer mensuel de $80 par mois. Vous allez dans Saint-Henri...
M. GOLDBLOOM: C'est quand même de l'habitation
subventionnée.
M. GAGNON: Subventionnée. Pour ces gens qui gagnent entre $5,000
et $8,000, on doit faire quelque chose.
M. GOLDBLOOM: Je ne critique pas. Je veux tout simplement savoir dans
quelle mesure l'industrie privée peut transiger avec de tels gens ou
s'il faut trouver des mécanismes de subvention directe ou indirecte.
M. GAGNON: A Laval, il y a trois semaines un constructeur a ouvert ses
maisons modèles valant entre $12,500 et $13,500.Il a vendu 200 maisons
dans une période de trois semaines; il a fermé ses portes, parce
qu'il ne peut plus prendre de maisons pour le 1er mai. Je crois que cela
répond à votre question.
M. GOLDBLOOM: II me reste deux petites questions à vous poser. A
votre avis, est-ce que la qualité des matériaux et la
qualité de la construction elle-même, dans ces maisons dont vous
venez de parler, qui se vendront $11,500, $12,000, est telle que d'ici vingt
ans, l'état de ces maisons sera toujours satisfaisant?
M. GAGNON: Actuellement, ces prêts-là sont garantis pour 25
et 30 ans par la Société centrale d'hypothèques et de
logement, et je puis vous assurer que la qualité des matériaux
n'a pas été négligée, parce que ce sont les
mêmes matériaux que l'on va employer souvent pour des maisons de
$25,000. Alors, à ce point de vue-là, je ne me pose pas de
problème. Seulement, ce que l'on discute aujourd'hui, doit être,
à mon sens, une discussion pour peut-être les deux prochaines
années. En 1972, nous nous assoirons ici et le problème sera
peut-être à réétudier. Parce que nous aussi, nous
faisons des études et nous essayons de trouver de nouvelles formules.
Vous savez, la maison dont on vous parle à $11,500, il y a dix ans, moi,
quand j'ai commencé dans l'industrie on vendait des maisons à ce
prix-là. Alors, on a trouvé des techniques; je vous parle en
connaissance de cause: on creuse une cave aujourd'hui, deux jours après
le toit est dessus et deux semaines après, la maison est
terminée. Il y a dix ans, on creusait la cave, cela prenait une semaine
à faire la fondation, cela prenait un autre mois avant que le toit soit
dessus; cela prenait trois mois. Aujourd'hui, nous la réalisons en deux
semaines, malgré les augmentations de salaires, malgré les
augmentations du coût des terrains. Je parle un peu du point de vue
technique, mais je crois que je dois vous soumettre le problème à
vous, messieurs, pour vous éclairer.
M. GOLDBLOOM: Ma dernière question, est-ce que vous pouvez nous
donner les chiffres peut-être que vous les avez donnés et
que je les ai manqués sur les familles québécoises
qui sont propriétaires de leur maison en comparaison avec le Canada dans
son ensemble.
M. GAGNON: M. Dion a les chiffres: je crois qu'il y a un écart
considérable entre le Québec et l'Ontario. J'ai oublié les
chiffres, je les avais, mais je les ai oubliés.
M. DION: Je n'ai pas avec moi, malheureusement, je m'en excuse, mon
volume de statistiques, mais il y a un écart, disons entre...
M. GAGNON: Je pense que c'est 73 p.c. en Ontario et, dans la province,
c'est 44 p.c. Un écart aussi considérable que cela.
M. CHOQUETTE: C'est presque l'inverse comme situation: 70 p.c. sont
propriétaires en Ontario, et ici seulement 30 p.c. sont
propriétaires.
M. GAGNON: C'est cela. C'est pour cela que j'insiste tellement. Pourquoi
cela? C'est parce que l'on a un salaire annuel qui est moins
élevé et on a la même loi au gouvernement central pour
approuver les acheteurs.
M. CHOQUETTE: M. Gagnon, est-ce que vous permettez une question?
Actuellement, dans le domaine de la construction, est-ce que vous diriez que
les problèmes proviennent plutôt du refus de prêt ou d'une
absence de demande effective pour des maisons? Vous rejetez le problème
sur quelle partie de l'alternative?
M. GAGNON: Le marché chez nous est saturé pour celui qui
fait entre $8,000 ou $10,000 par année. Il n'y a pas de problème
de logement aujourd'hui dans la région métropolitaine de
Montréal. Je ne parle pas pour Québec ou Sherbrooke. Ces
gens-là n'ont pas de problème, parce qu'en fonctionnant avec la
Loi nationale d'habitation nous, les constructeurs, nous répondons
à ces besoins-là: $8,000 et plus, on peut acheter. Mais entre
$5,000 et $8,000 actuellement, ils n'ont pas d'alternative, pas de formule ils
n'ont pas la possibilité...
M. CHOQUETTE: Ils n'ont pas de demande effective; en somme, ils ne sont
pas capables de dire: Je veux m'acheter une maison, parce qu'ils n'ont pas
l'argent comptant. Ils ne sont pas capables de faire face aux frais. Par
conséquent, leurs besoins ne peuvent pas être transformés
en demandes effectives sur le marché pour qu'ils deviennent
acquéreurs d'une maison.
M. GAGNON: C'est là que vous pensez qu'est le mal principal.
M. CHOQUETTE: Oui, dans mon esprit, on relancerait dans notre province
l'économie, c'est un cercle. Si nous trouvons le moyen, nous, de
relancer cette industrie-là, indirectement tous les citoyens vont en
profiter.
Mais ce n'est pas un refus de la part des compagnies prêteuses de
prêter qui m'a l'air d'être le mal principal.
M. GAGNON: Monsieur, actuellement, des grosses compagnies de trusts, de
grosses compagnies d'assurances bien connues nous avons des primes
d'assurances à ces compagnies-là ne sont pas
intéressées, je le dis ici, à prêter à des
individus. C'est compréhensible. Si je fais un projet de deux cents
maisons, elles ont deux cents prêts à faire. Tous les mois, elles
ont le problème de percevoir ces sommes d'argent, tandis qu'elles
peuvent investir ces $5 millions dans un édifice à bureaux dans
de gros complexes à logements luxueux qui ont du rendement, qui offrent
une sûreté du placement, ce qui existe un peu moins dans des
maisons individuelles.
M. CHOQUETTE: C'est votre expérience personnelle et celle de vos
collègues.
M. GAGNON: Cela existe.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Gagnon. Maintenant, la Corporation des
urbanistes du Québec, M. Benoît Bégin.
M. ARCHAMBAULT: M. le Président, mon nom est Raymond Archambault.
Je suis le premier vice-président de la Corporation des urbanistes du
Québec. Je demande à la commission d'être entendu à
la place de M. Bégin, qui a dû s'excuser, au nom de la Corporation
des urbanistes du Québec.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. ARCHAMBAULT: J'aimerais, de plus, ajouter que je suis
accompagné de M. Hugh Wood, deuxième vice-président, et de
M. Charles Carrier secrétaire-trésorier.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez un mémoire?
M. ARCHAMBAULT: Nous avons des com- mentaires, M. le Président,
que nous pourrions distribuer, d'ailleurs, sous toutes réserves, parce
que nous y avons apporté certaines modifications à la toute
dernière minute. Nous aimerions de plus omettre peut-être certains
paragraphes.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. ARCHAMBAULT: M. le Président, M. le Ministre messieurs les
députés, madame, messieurs. J'intitulerai mon intervention:
"Commentaires et suggestions sur la première séance de la
commission des Affaires municipales tenue le mardi 30 septembre 1969".
Je le dissèque en trois composantes, premièrement:
Audiences publiques de la commission permanente; deuxièment: Loi de la
Société d'habitation du Québec et mission de la
Corporation des urbanistes du Québec, le tout en relation avec la loi
nationale sur l'habitation; troisièmement: Travail de la CUQ face aux
contraintes actuelles.
Première composante: Audiences publiques de la commission.
L'initiative de la commission est heureuse et la CUQ, que je représente,
souhaite qu'elle soit utilisée le plus fréquemment possible.
Après l'audience du 30 septembre 1969, des impressions se
dégagent de l'expérience. Premièrement, l'annonce de cette
séance, telle qu'elle fut faite, uniquement par avis dans les journaux,
risquait de passer inaperçue par ceux-là mêmes qu'elle
aurait pu intéresser.
C'est ce qui est arrivé pour beaucoup. Télégrammes
d'excuses et assistance peu nombreuse. Un seul groupe était
préparé mais il s'agissait en l'occurrence, d'un organisme du
ministère des Affaires municipales, la Société
d'habitation du Québec. Quant aux procédures à suivre au
cours des débats, aucun ordre du jour n'avait été
préparé et aucun schéma de travail n'a été
communiqué par le président. La présidence n'a pas pu non
plus établir des procédures de délibérations,
ramener les sujets à la question pertinente, les éléments
constituants de la discussion du sujet global présenté, fixer un
échéancier des activités, définir les sujets de
mémoires ou de commentaires de la part des organismes
invités.
Le sujet du débat n'a pas été clairement
exposé, puisque ce qui en a été donné
différait de l'annonce publiée par le ministère dans les
journaux. En effet, d'après cette dernière, il devait être
question des problèmes présentés par l'habitation à
loyer modique et la rénovation urbaine et le sujet proposé par le
président de la commission portait sur "Logement et construction
domicilaire, alors qu'en fait, la discussion s'est limitée aux
activités de la Société d'habitation du Québec en
général et à la rénovation urbaine en
particulier.
Il n'est donc pas étonnant que les représentants
d'organismes invités aient eu de la difficulté à s'y
retrouver, car il était très difficile de
savoir si on assistait à une séance d'information,
à une période de questions, à un forum destiné
à recueillir les commentaires ou suggestions du public invite.
Deuxième composante: Loi de la Société d'habitation
du Québec et mission de la Corporation des urbanistes du Québec.
D'après les discussions au cours de la réunion, il n'est pas
évident que la tâche de la commission parlementaire porte sur
l'ensemble de la loi créant la Société d'habitation du
Québec et des mandats qui lui sont confiés.
On peut cependant en arriver à cette conclusion,
considérant une déclaration du ministre par laquelle il offrait
à tout organisme intéressé la possibilité de
présenter des mémoires, des recommandations ou suggestions ayant
trait à la Loi de la Société d'habitation du
Québec.
Ainsi, la CUQ réalise que c'est la totalité de la loi de
la SHQ, de ce qu'elle pourrait comporter d'implicite, qui fait l'objet de
l'enquête de la commission permanente.
La CUQ, qui a recommandé depuis plus de quinze ans l'action dans
ce domaine et qui, actuellement, joue un rôle de premier ordre dans
l'exécution du mandat de la SHQ, reconnaît donc le travail
qu'entend entreprendre la commission dans son étude et est très
consciente de son envergure et de sa complexité. Le problème
posé place la CUQ devant un cas moral et professionnel lourd de
conséquences, car la formation de ses membres et leur engagement dans la
mise en oeuvre de l'action de la SHQ suscitent, pour la CUQ, des
recommandations et des commentaires nombreux à faire valoir, tant sur
l'ensemble des modalités de la loi que sur les procédures de son
application.
Pour la CUQ, il est clairement établi que la question
soulevée ne se limite pas à la loi existante ni aux amendements
qu'on voudrait y apporter. Elle est beaucoup plus importante et plus vaste.
Elle doit s'occuper: 1)du rôle des gouvernements locaux, et de la
façon dont ils exercent leurs pouvoirs; 2)des divers textes de loi qui
se rapportent directement ou indirectement à la Loi de la
Société d'habitation du Québec.
La CUQ, par ses activités et son rôle, se trouve au
carrefour de multiples questions qui ont des connexités directes et
indirectes avec la loi faisant l'objet de la discussion.
Elle manquerait à ses responsabilités, à sa morale
professionnelle, si elle se contentait de n'aborder qu'une facette, même
importante, de la présente loi. Elle aurait en outre la certitude de
manquer fondamentalement à son devoir et de trahir la mission qui lui
est confiée en ne faisant porter son étude et ses commentaires
que sur les subtilités d'application de la loi, par exemple sur les
directives de la SHQ destinées à régulariser un certain
nombre d'étapes ou de démarches dans les études de
rénovation.
Etant donné l'importance de la question en cause, la
priorité que lui accorde le gouverne- ment du Québec et la
position stratégique qu'occupe la CUQ, elle aimerait proposer à
la commission permanente ce qui suit, nonobstant les remarques faites plus
haut: 1 ) Que la commission prolonge la période d'audiences; 2)Que la
commission demande aux fonctionnaires de la SHQ d'établir le
répertoire des principaux sujets faisant l'objet des
préoccupations de la commission et du ministère des Affaires
municipales; 3)Que les hauts fonctionnaires de la SHQ, de concert avec les
organismes intéressés, corporations professionnelles, compagnies,
organismes gouvernementaux, etc., fassent l'inventaire des questions qu'on
voudrait voir discuter devant la commission; 4)Que la commission, réunie
à huis clos, en collaboration avec un fonctionnaire du ministère
des Affaires municipales, établisse un échéancier à
la fois des sujets et des priorités et qu'elle convoque des
assemblées auxquelles le public en général serait
invité et, d'une façon particulière les organismes qui ont
manifesté un intérêt pour les questions portées
à l'ordre du jour des assemblées de la commission; 5)Que la
commission, ou un autre organisme du gouvernement, établisse le
fonctionnement des assemblées, et pour la bonne préparation des
présentations à faire, que copie en soit envoyée à
toute personne, ou organisme invité de façon spécifique,
et que ces ordres du jour soient accessibles au public, par
l'intermédiaire d'un organe gouvernemental, par exemple l'Editeur
officiel du Québec.
Dans de telles conditions, la CUQ apporterait sa collaboration à
la présentation du répertoire des sujets de discussion et
à la préparation de mémoires sur les questions relevant de
sa compétence.
La CUQ serait prête à entreprendre une étude ou des
études sur des sujets définis en accord avec la commission et
s'engagerait à réaliser les études prévues au
programme. La CUQ se refuse cependant à étudier uniquement un
aspect spécifique, car, dans ce cas, elle prétend n'avoir aucun
commentaire valable à émettre et elle desservirait les fins pour
lesquelles la commission a été crée. En effet, elle ne
pourrait pas, dans de telles conditions, étudier de façon
convenable les incidences du sujet traité sur l'ensemble de la loi, ni
sur des amendements que l'on pourrait préparer.
Troisième composante: Face aux contraintes actuelles travail de
la CUQ, compte tenu de ce qui précède et de la position que prend
la CUQ, il serait contradictoire dans les circonstances actuelles, de
présenter les vues de la CUQ sur un ou plusieurs sujets dont elle
pourrait traiter et ingérents à la loi de la SHQ.
La CUQ réitère son offre de collaboration et son
désir d'apporter aux débats tout le fruit de son
expérience.
Le mémoire préparé par la corporation sur le
cahier des directives de la Société d'habitation du
Québec a été remis tel que prévu au
président le 22 août dernier.
Cette étude demandée dans un cadre très
précis, avant les séances d'audience de la commission
parlementaire, ne visait que la normalisation des travaux d'enquêtes sur
la rénovation urbaine et l'habitation. Tel que convenu, la CUQ attend du
président, Me Dion, fixant une rencontre entre les deux organismes. Cet
important accessoire ne peut contenter la CUQ qui souhaite une étude
globale des problèmes qui se posent.
M. GOLBLOOM: C'est-à-dire que les commentaires que nous venons
d'entendre reprennent substantiellement des commentaires que j'aurais voulu
faire moi même Je peux vous dire que non seulement en ce qui concerne les
travaux de cette commission mais en ce qui concerne les travaux d'autres
commissions parlementaires, j'ai eu, a cause de mon intérêt
personnel dans le sujet à entrer en contact avec un nombre important de
représentants surtout du monde du service social du bien être
social. L'on sait que la tenue de ces séances découle d une
motion proposée en Chambre par mon collègue, le
député d'Outremont, qui a demandé la création d une
commission spéciale pour l'étude du problème global tel
que suggéré par la CUQ. Je dois dire que les aspects sociaux sont
pour nous parmi les plus importants.
Dans le cas des travaux de cette commission, et dans le cas des travaux
de la commission de la Famille et du Bien-Etre social, je dois dire que ceux
avec qui j'ai eu contact m'ont répondu que n'eût été
ce contact, que j'ai entrepris de ma propre initiative, ils n'auraient point
été au courant de l'existence des commissions parlementaires, de
la tenue des séances, de la nature des sujets à traiter. Il me
semble que la publicité du gouvernement qui nous coûte assez cher,
nous l'avons souligné assez souvent, ils sont assez élevés
les montants, qui sont affectés au poste de publicité dans toutes
ses formes. Le résultat de ces dépenses n'est pas de rejoindre de
façon efficace les membres du public qui voudrait participer à
cette fonction démocratique de notre Parlement. J'exprime un regret
assez profond à ce sujet. Je crois que c'est plus important d'inviter,
de rejoindre de façon efficace le public qui voudrait s'exprimer sur ce
que nous devrons par la suite faire en leur nom, que de nous réunir pour
discuter tout simplement de certaines questions précises et de voir
certaines pages de publicité émises par le ministère.
UNE VOIX: Très bien.
M. LUSSIER: J'aurais des commentaires à faire, c'est que nous
avons fait la publicité que nous devions faire, je pense bien, par des
annonces. Que ceci rejoigne tous les gens qui pourraient avoir certains
commentaires ou qui pourraient avoir certaines choses à dire, ou qui
pourraient participer à ces études, que tous ces gens-là
aient lu les journaux ou les annonces, là il est évident qu'on
peut en douter. Mais après la séance du 30, nous avons
expédié à tous les organismes qui avaient, de près
ou de loin, fait des commentaires ou participé aux séances qu'a
tenues M. Hellyer et son groupe de travail, nous leur avons fait parvenir une
lettre qui se lit comme suit: "Cher monsieur, lors de la dernière
séance de la commission permanente des Affaires municipales de
l'Assemblée nationale sur l'examen du problème du logement et de
la construction domiciliaire au Québec, il a été convenu
d'inviter personnellement les organismes susceptibles d'être
intéressés par le problème. A ce titre nous vous rappelons
que la prochaine séance aura lieu le mercredi 15 octobre, à 10 h
30, salle 321, au parlement du Québec. La commission espère
recevoir le plus grand nombre d'avis possible de la part de vos
organismes."
En plus de faire la publicité ordinaire, nous avons
expédié à tous ces gens cette lettre pour les mettre au
courant.
Si les médias d'information, en plus, ne donnent pas à la
publicité l'envergure que cela doit avoir, c'est toujours une
responsabilité qui n'est pas uniquement celle d'un groupe
d'administrateurs publics. Mais nous avons conscience que c'est un
problème sérieux et nous avons aussi la certitude que nous avons
fait tout notre possible pour que les gens qui veulent s'intéresser au
problème ou venir ici à la commission parlementaire puissent se
faire entendre. Il faut dire qu'il y a d'autres occasions aussi où la
population et les organismes peuvent émettre leurs opinions. Disons
simplement en passant: à l'Union des conseils de comtés et
à l'Union des municipalités lors de leur congrès, etc. La
semaine dernière, lors du congrès des ingénieurs
municipaux, nous avons eu des gens de la Société d'habitation du
Québec qui ont passé, si ce ne sont pas des journées, ce
sont des après-midi, et qui ont participé à des forums et
à des colloques et, dans de nombreuses occasions, la
société, le ministère, le gouvernement est présent
pour discuter avec ces gens qui sont intéressés de près ou
de loin au problème de l'habitation. C'est pour vous dire que nous
faisons la publicité qui convient.
Nous rencontrons les populations intéressées à ces
problèmes-là et au niveau de la commission municipale et à
beaucoup d'autres niveaux aussi et, si les gens veulent y participer, ils
peuvent. Cela ne nous appartient pas de les prendre par le bras et de les
amener de force à des réunions ou à des commissions s'ils
ne veulent pas y participer.
Je dirais, pour ma part, que je suis fort déçu de ce genre
de mémoire de la Corporation des urbanistes du Québec. On dirait
que vous avez voulu vous défiler en fait parce que vous avez
tellement affaire à ce domaine de l'aménagement du
territoire, vous avez affaire à l'habitation, à la
rénovation, vous avez sans doute noté des lacunes dans nos
politiques, vous avez sans doute des idées à émettre sur
certains points de vue en particulier. Et de voir que, sur des questions de
procédures, vous vous défilez aussi facilement devant vos
responsabilités, cela me déçoit.
M. ARCHAMBAULT: M. le Ministre, j'aimerais souligner à ce
stade-ci que je ne crois pas que nous nous déchargions de nos
responsabilités. Je crois que, dans le passé, lorsque nous avons
eu à présenter des mémoires, il faut se rappeler que ces
travaux-là sont fort complexes et qu'effectivement., lorsque nous avons
présenté, entre autres, à la Société
d'habitation du Québec, de nouvelles directives, la corporation s'est
assise et a passé de nombreuses séances et de nombreux mois
à étudier ces directives et qu'effectivement elle a soumis un
mémoire à la société d'habitation le 22 août
dans lequel nous demandions des rencontres pour en discuter plus longuement.
Evidemment, nous n'avons pas encore eu de réponse.
Nous avons aussi soumis, il y a environ un mois, après des
rencontres à l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, après de
nombreuses études en comité, encore là, une étude
sur la loi-cadre d'urbanisme. Il y a environ un mois, nous avons encore une
fois demandé au ministère une audience pour en discuter plus
à fond, et, évidemment, nous n'avons pas encore eu de
réponse.
Il faut comprendre que ces choses-là sont très complexes
et que nous ne sommes pas prêts à venir lancer ici des boutades;
nous voulons étudier très sérieusement et c'est ce que
nous demandons de faire. Il faut avoir le temps de le faire très
sérieusement et avoir le temps de le discuter et de le
présenter.
M. DION: M. le Président, j'aimerais peut-être donner
quelques commentaires en marge des directives de la Société
d'habitation du Québec. Il faut d'abord bien préciser ceci: il
s'agit d'un document de travail, d'un guide que nos experts, à la
Société d'habitation du Québec, ont
développé en ce qui concerne exclusivement la rénovation
urbaine, l'acheminement des opérations, la façon de
procéder aux enquêtes, aux analyses, sur des modalités ou
des façons et la forme dans laquelle pourraient être
présentés les rapports ou les programmes de rénovation
urbaine.
Il s'agit d'un guide très volumineux qui a été
développé, un document fort complexe de deux ou trois pouces
d'épais. L'expérience nous a appris que depuis les deux
dernières années, il s'agit d'un phénomène nouveau
il était nécessaire de rédiger un guide concernant
la rénovation urbaine dans la province de Québec.
Incidemment, j'aimerais mentionner qu'il n'a jamais été
adopté par la Société d'habitation du Québec pour
faire loi ou pour constituer un règlement. Il s'agit seulement d'un
semble de normes, d'un guide qui est destiné aux municipalités,
aux urbanistes. Nous avons tenu, après l'avoir conçu, à
avoir une séance avec les urbanistes. Nous avons convoqué les
urbanistes à Québec pour en discuter très ouvertement.
Voici un guide voici une façon de faire voici le cheminement critique,
le cheminement des opérations que devraient suivre une étude, la
présentation d'un rapport, la forme dans laquelle il devrait être
publié, etc., afin de faciliter le travail de toutes les parties.
Suite à cette séance, au cours de laquelle nous avons
obtenu des commentaires extrêmement valables, la Corporation des
urbanistes du Québec nous a demandé de soumettre des
commentaires. Nous avons dit: Nous sommes très heureux de recevoir vos
commentaires. Elle nous a fait parvenir des commentaires, ils sont
présentement à l'étude nous essayons de ramasser le plus
possible d'information parce qu'il n'y a pas seulement la Corporation des
urbanistes du Québec qui, elle-même, en tant qu'organisme, est
intéressée à nous faire parvenir des commentaires.
Certains individus, certains urbanistes et architectes nous ont aussi
exprimé le désir de nous faire part de commentaires face à
ce guide qui a été conçu de notre côté.
Nous nous proposons, aussitôt qu'il sera possible, lorsque nous
aurons reçu d'autres commentaires, d'avoir une rencontre privée
avec les urbanistes pour discuter davantage de ce document. Mais il reste que
c'est notre intention que ce guide ne demeure qu'un instrument de travail. Ce
n'est pas notre intention, du moins pour le moment, que cela devienne un
règlement de régie, un cadre précis. C'est un guide pour
faciliter le travail, pour aider nos municipalités, pour aider nos
urbanistes dans tout le processus de la rénovation urbaine.
M. ARCHAMBAULT: M. le Président, vous permettrez que je
réitère encore une fois que je diffère tout à fait
d'opinion avec monsieur le ministre, présentement, en ce qui a trait
à notre collaboration.
M. Dion a justement mentionné qu'on avait soumis aux urbanistes
et aux gens qui se préoccupaient de rénovation un guide de
procédure. Mais, ici il faut par contre se placer dans l'état des
choses. Ce guide était un document d'environ 200 à 250 pages.
Seulement, cela ne s'étudie pas en criant lapin. Si l'on veut faire des
études sérieuses, il faut prendre le temps de le faire. De plus,
si cet état de chose était mieux avec un guide, lorsque l'on se
prépare à peut-être modifier la loi, il faut être
d'autant plus sérieux et la corporation demande tout simplement à
ce stade-ci de nous donner le temps de faire un travail sérieux. Nous
sommes intéressés
à collaborer avec le gouvernement et avec tous les organismes qui
se préoccupent d'habitation et de rénovation pour autant que nous
ayons suffisamment de temps pour faire quelque chose de sérieux. Nous ne
sommes pas intéressés à faire quoi que ce soit qui soit
regardé seulement superficiellement.
M. BERNIER: Je crois qu'il faut distinguer ici entre
l'élaboration des directives pour la préparation d'un programme
ou sur le plan strictement technique face à nos responsabilités
d'analyser tous les programmes de rénovation qui avaient
été élaborés par les divers urbanistes. Nous avons
eu certains problèmes à rajuster dans divers domaines. C'est
à partir de cela qu'un tel travail strictement administratif et
technique a été fait à la société pour
élaborer des directives pour essayer d'uniformiser la
présentation des rapports et non pour en fixer le contenu ni la
conception. Mais ceci est strictement sur le plan de l'opération
interne, et c'est pour cela que les contacts ont été faits
directement entre la société et les personnes engagées le
plus souvent dans les opérations de la société, soit les
urbanistes membres de la corporation des urbanistes. Les contacts et les
discussions se continuent. Cependant, je crois que le rôle de la
commission parlementaire est très différent de celui des
opérations administratives de la société. Nous avons
reçu des mémoire ce matin. Mais, dans le présent
mémoire, il n'est pas question de propositions vis-à-vis des
amendements à la loi ou quoi que ce soit. Il ne nous appartient-pas,
à nous, de la société, de juger les mémoires mais
d'en prendre connaissance. Alors, de la même façon, un
comité de revision de la loi siège actuellement. La corporation
des urbanistes a communiqué avec nous et doit nous soumettre un
mémoire sur les amendements que la corporation entend
suggérer.
Et il se peut que ce mémoire tienne lieu de celui qui aurait pu
être présenté ici à la commission. De toute
façon, si la commission siège encore au moment où nous le
recevrons, avec la permission de la corporation, il pourrait être
transmis à la commission.
M. LUSSIER: M. le Président, à un moment donné vous
avez parlé de collaboration. Je ne veux pas dire qu'il n'existe pas de
collaboration avec votre association, au contraire. Très prochainement,
nous devons nous rencontrer pour discuter, dialoguer au sujet de la nouvelle
loi-cadre d'urbanisme. Et le rendez-vous a été fixé
actuellement et doit être confirmé d'ici peu de temps. Vous avez
collaboré avec la Société d'habitation du Québec,
avec le ministère aussi; là n'est pas la question, ce n'est pas
cela qui me déçoit.
Je m'attendais à un contenu beaucoup plus substantiel dans votre
mémoire de ce matin. Et c'est là-dessus que je suis un peu
surpris que cela ne soit pas plus substantiel après que votre
président eut. assisté à la dernière séance
où nous avons discuté de certains problèmes; et ce matin,
ceci nous arrive. Que les auditions publiques se continuent à la
commission permanente, je pense bien qu'ici nous sommes d'accord, et je crois
bien que de l'autre côté aussi, même si vous n'avez pas de
représentants officiels qui siègent à cette commission ce
matin. Du côté de l'Opposition, aucun représentant officiel
ne siège actuellement.
M. CHOQUETTE: Non.
M. LUSSIER: De toute façon, même s'il n'y a pas de
représentants officiels, ce sont des représentants officieux du
parti de l'Opposition.
M. CHOQUETTE: Ecoutez, nous ne sommes pas officieux du tout.
M. LUSSIER: Vous êtes quand même d'utilité ici.
M. CHOQUETTE: M. le Président, à la dernière
séance de la commission, le nom du docteur Goldbloom et le mien avaient
été mis sur la liste des membres de la commission.
M. LUSSIER: C'était pour l'autre séance, séance par
séance.
M. CHOQUETTE: Bien, alors je fais une motion pour qu'on les
replace...
M. LE PRESIDENT: A la Chambre.
M. LUSSIER: Maintenant, quand la Chambre siège...
Est-ce pour un changement permanent?
M. PICARD (Dorchester): Cela a été fait hier en
Chambre.
M. LUSSIER: Cela a été fait hier?
M. LE PRESIDENT: La liste a été revisée le 14
octobre 1969.
UNE VOIX: Le 14?
M. LUSSIER: Pour ce qui est de continuer les audiences, nous les
continuerons.
UNE VOIX: D'accord.
M. CHOQUETTE: Mais c'est une question de procédure qui n'a pas
grande importance...
M. LUSSIER: Je l'admets.
M. CHOQUETTE: Non, d'accord je sais que le ministre l'admet...
M. LUSSIER: II faut bien se récréer de temps en temps.
M. CHOQUETTE: Justement, oui. Quoiqu'il en soit, je crois que les
urbanistes auraient une déposition importante à faire aux travaux
de cette commission. Maintenant, ce n'est pas à nous de donner des
directives aux urbanistes quant à savoir ce qu'ils considèrent
être les points sensibles ou les points critiques de la situation
actuelle dans ce domaine. Je sais bien que la commission aurait peut-être
pu avoir un ordre du jour plus détaillé, plus
précis...
M. LUSSIER: Cela pourrait comporter des inconvénients pour
d'autres associations.
M. CHOQUETTE: Cela aurait pu être, et je sais également que
le domaine que nous avons abordé est extrêmement vaste aussi.
Alors il y a nettement un danger de confusion, et c'est sûr, c'est un
risque que la commission doit envisager.
M. LUSSIER: On fera la compilation après. M. CHOQUETTE:
Pardon?
M. LUSSIER: On fera de la compilation après.
M. CHOQUETTE: Oui, oui, mais je veux dire que, dans la discussion, il y
a certainement un risque, à un moment donné, d'avoir des points
de vue exprimés sur des questions disparates et qu'au fond les
participants aient un peu de difficulté à se retrouver.
Par contre, je pense que nous pourrions certainement agréer la
demande faite par M. Archambault à l'effet que sa corporation fasse des
représentations à une séance ultérieure de la
commission.
M. LUSSIER: D'accord.
M. ARCHAMBAULT: A ce stade-ci, je pourrais ajouter quelque chose: je
réitère encore cette chose: Le problème est fort complexe.
Je la cite encore une fois à titre d'exemple: la question de directive
ne s'appliquait, elle, qu'à quelques articles de la loi. IL a fallu des
mois et des mois pour l'étudier. Alors, je crois qu'il faudrait quand
même offrir, ou du moins penser à une certaine priorité,
une priorité des problèmes à regarder, du moins de notre
part, parce qu'à ce moment-là, on n'arrivera à rien.
M. LUSSIER: Prenons l'exemple de ce matin. Les constructeurs
d'habitations, c'est le domaine privé de l'habitation. Ils ont
parlé dans une optique qu'ils connaissent bien, sur les problèmes
qu'ils ressentent le plus. Ce problème de l'habitation rurale, ils l'ont
traité d'une façon plus particulière, dans tel et tel
domaine, dans tel et tel secteur.
Vous, comme urbanistes, vous n'avez pas la même optique qu'un
constructeur de maisons, que des édiles municipaux ou que des
technocrates, au ministère ou à d'autres endroits. Il est
important que vous mettiez votre grain de sel là-dedans, selon votre
optique, selon ce que vous pensez, selon les problèmes auxquels vous
faite face dans la pratique courante. C'est dans cette optique que tout le
monde apportera sa contribution. C'est à nous, après cela,
d'essayer de faire la meilleure synthèse possible en commission, et de
cataloguer, de faire une classification des interventions que nous avons
eues.
M. ARCHAMBAULT: Alors, si je pouvais...
M. LUSSIER: Je pense que vous agréez, messieurs de l'Opposition
officieuse!
M. CHOQUETTE: Oui.
M. ARCHAMBAULT: Comme priorité, est-ce qu'on devrait, à ce
stade-ci, s'occuper de l'habitation, de la rénovation, de l'habitation
à loyer modique?
M. LUSSIER: Si vous avez un domaine particulier, moi, je crois que la
rénovation, actuellement, ne semble pas préoccuper tellement le
secteur professionnel Alors je pense que la rénovation actuellement est
un problème majeur. Il y a pas mal de notions qui sont plus ou moins
contradictoires dans ce domaine. Il serait bien intéressant qu'il y ait
au moins quelques groupes qui s'occupent de cette question de la
rénovation.
M. ARCHAMBAULT: Tel que nous le suggérions dans notre
intervention, nous communiquerons avec la Société d'habitation du
Québec pour fixer certaines priorités de discussion au niveau de
la rénovation.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur.
UNE VOIX: Pardon?
M. LUSSIER: Vous communiquerez avec le secrétaire de la
commission, qui est M. Bonin. Communiquez avec le secrétaire de la
commission permanente.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, la commission permanente des Affaires
municipales se réunira à nouveau le mercredi 29 octobre, à
10 h 30 de la matinée, à la salle 91A de l'Assemblée
nationale, pour étudier le problème du logement et de la
construction domiciliaire au Québec.
La commission pourra entendre les représentations des
particuliers et des organismes intéressés.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je pourrais poser une question avant
l'ajournement?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. CHOQUETTE: La CSN nous avait laissé entendre...
M. LE PRESIDENT: Elle n'était pas encore prête.
M. CHOQUETTE: Pardon? M. LE PRESIDENT: Elle n'était pas
prête. M. CHOQUETTE: Elle n'était pas prête. M. GOLDBLOOM:
M. le Président...
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui ont
manifesté l'intention d'être entendues le 29 octobre?
M. LUSSIER: Oui. Ce matin, nous n'avons pas entendu tous les gens...
M. LE PRESIDENT: Nous n'avons pas entendu tous les gens.
M. LUSSIER: ... que nous devions entendre, que nous aurions pu entendre,
les gens qui se sont rendus, au moins.
M. LE PRESIDENT: Donc, les personnes que nous n'avons pas pu entendre ce
matin voudront bien se présenter le 29 octobre. Ces groupes seront les
premiers à être entendus.