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(Seize heures cinquante et une minutes)
Le Président (M. Guay): À l'ordre!
La commission permanente de l'Assemblée nationale ouvre donc sa
séance. Vous avez l'ordre du jour. Avant d'aller plus avant, il est
question de la participation de non-membres à cette séance de la
commission. Est-ce qu'il y aurait consentement pour que M. le
député de Chauveau et M. le député de
Louis-Hébert se joignent à la commission de l'Assemblée
nationale pour l'étude du rapport de la Commission d'accès
à l'information?
M. Gratton: Non, M. le Président, d'autant moins que nous
avions une entente à cet effet entre leaders.
Une voix: Ah oui?
M. Gratton: Oui, M. le Président, d'autant plus que.
Le Président (M. Guay): Vous m'avez refusé votre
consentement?
M. Gratton: Je m'excuse. Je pensais que vous m'aviez
demandé si on avait des objections.
Le Président (M. Guay): II y a donc consentement pour que
M. le député de Chauveau et M. le député de
Louis-Hébert se joignent à la commission de l'Assemblée
nationale.
L'ordre du jour. Puis-je vous suggérer que nous reportions les
articles 3 à 6 à une séance ultérieure et que nous
nous bornions, lors de cette séance, aux deux premières
questions, la première pouvant être expédiée assez
rapidement et étant de quelque utilité pour le fonctionnement des
autres commissions? L'ordre du jour ainsi modifié serait-il
adopté?
Des voix: Adopté.
La Président (M. Guay): À la question des
engagements financiers, on vous a remis, parmi les documents, le programme de
travail des commissions pour la semaine qui vient, tel que le
secrétariat a pu l'élaborer à partir des documents que
nous possédons, si bien que, pour le bénéfice des
présidents et éventuellement des secrétaires des
commissions, nous pouvons donc considérer que vous avez ces
documents.
M. le président de la commission de l'éducation?
M. Charbonneau: J'ai une information: mardi, après la
période de questions, vers 16 h 30, la commission de l'éducation
aura une séance de travail. On a un comité directeur.
Le Président (M. Guay): C'est une liste qui n'est pas
limitative, qui n'exclut pas tout changement. C'est simplement à titre
de référence, pour que l'on ait une idée, d'ores et
déjà, des travaux de la semaine prochaine, pour les commisssions
parlementaires.
Tel que nous l'avons convenu la dernière fois, les
procès-verbaux des séances de travail des commissions ont
été déposés. Nous avons donc une liste des
procès-verbaux des commissions suivantes: agriculture, affaires
sociales, économie et travail, éducation et main-d'oeuvre,
institutions et culture. Pouvons-nous considérer ces
procès-verbaux, qui sont tous ici, comme ayant été
déposés à la commission et devant être
déposés à l'Assemblée?
Une voix: Oui, M. le Président. Engagements
financiers
Le Président (M. Guay): D'accord. Au sujet des engagements
financiers, on vous a distribué un document proposant une
répartition des engagements financiers entre les commissions
parlementaires, lors de la séance du 18 avril 1984. Il y a donc lieu de
faire un retour sur ce document afin de donner la liste de la compétence
de chaque commission en matière d'engagements financiers. Je vous
rappelle que le document qui a été distribué le 18 avril
dernier tient compte de la répartition des ministères
établie lors de l'étude des crédits; à partir de
cette répartition, les engagements financiers seraient donc, si nous
sommes tous d'accord, transmis le 15 de chaque mois à chacun des
secrétaires des commissions concernées.
Est-ce qu'on est d'accord avec... Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Quant à nous, on a étudié le
document et tout nous semble tout à fait acceptable tel quel.
Le Président (M. Guay): Du côté
ministériel également?
M. Bédard: Oui.
Le Président (M. Guay): Si bien que nous pouvons donc
considérer que le document qui vous a été distribué
constitue la répartition des engagements financiers par commission. On y
a joint les règles de procédure concernant les engagements
financiers. Il appartiendra à chaque commission de tenir une
séance sur les engagements financiers dans son champ de
compétence d'ici l'ajournement d'été, soit la fin du mois
de juin - parlons plutôt de l'ajournement d'été - pour le
trimestre couvrant avril, mai et juin ou, à la rigueur, de faire les
deux mois, avril et mai, et d'attendre, pour le mois de juin, et de le faire
ultérieurement.
M. Charbonneau: Une petite remarque, M. le
Président...
Le Président (M. Guay): Oui, M. le président de la
commission de l'éducation.
M. Charbonneau: ...sur la commission de l'éducation, sur
le texte, le nom de la commission devrait être modifié.
Le Président (M. Guay): Pour?
M. Charbonneau: Commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre, conformément à ce qui a déjà
été adopté et au texte précédant le
dépôt des procès-verbaux.
Le Président (M. Guay): Ce sera donc la commission de
l'éducation et de la main-d'oeuvre.
Commission d'accès à
l'information
Ce qui nous amène à l'article 2 de notre ordre du jour,
l'étude du rapport de la Commission d'accès à
l'information. Vous avez le rapport qui a été
déposé il y a quelque temps. Je m'excuse d'avoir tardé
à convoquer la commission de l'Assemblée nationale pour
l'étude du rapport. Le président et les commissaires sont avec
nous. J'imagine qu'ils voudront bien prendre place à la table, de
manière que les propos puissent être enregistrés.
On me signale que, si le ministre des Communications, qui coiffe la
Commission d'accès à l'information, désire ne pas se
prévaloir du préavis de quinze jours, qu'il aurait dû
recevoir à cette fin, les membres de la commission seraient fort heureux
de le voir se joindre aux commissaires, au cas où ils auraient des
questions à lui poser et s'il consent à bien vouloir assister les
commissaires. Cela dit, je lui rappelle qu'il n'en est nullement
obligé.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Guay): M. le député de
Westmount.
M. French: ...il ne s'agit pas d'assister les commissaires, il
s'agit tout simplement de répondre - comme vous l'avez si bien dit, si
le ministre le veut - aux questions concernant les actions du ministère
dans le domaine de la mise en vigueur de la loi dont il est question. Nous
pourrons, si besoin est, nous limiter à la commission comme telle; mais
ce serait difficile. Ce serait comme regarder un match de hockey avec une seule
équipe sur la glace.
Une voix: Comme ce soir.
M. French: Justement. Je ne voudrais pas, en pensant à
cela, promettre, dans la mesure où ce serait difficile ou impossible
d'aborder certaines questions, de ne pas inviter, par la suite, la commission
de la culture et de ne pas reprendre les mêmes questions. Je pense que
cela va être plus rapide avec le ministre.
Une voix: Ah ouil
M. French: Oui. Êtes-vous pour, M. le député
de Trois-Rivières?
M. Vaugeois: Si c'est plus rapide...
Le Président (M. Guay): Bien. Alors, ce n'est pas pour
assister les commissaires qui, en effet, n'ont pas besoin d'assistance, mais
simplement pour répondre aux questions que les membres de la commission
de l'Assemblée nationale pourraient avoir à poser au ministre des
Communications sur la partie de l'implantation de la loi 65, qui relève
du ministère des Communications. Je salue donc la présence du
ministre des Communications à la table.
M. le président de la Commission d'accès à
l'information voudra sûrement nous présenter ses deux
collègues. Je lui cède donc la parole.
Remarques préliminaires M. Marcel
Pépin
M. Pépin (Marcel): Merci, M. le Président. Il me
fait plaisir, pour le bénéfice des membres de la commission de
l'Assemblée nationale, de tracer aujourd'hui
un premier bilan des activités de la Commission d'accès
à l'information. Mes collègues, Mmes Thérèse
Giroux, à ma droite, et Caroline Pestiau, à ma droite
immédiate, sont également à votre disposition.
Les membres de la Commission d'accès à l'information
n'ayant été nommés que le 16 décembre 1982, le
premier rapport annuel, que vous avez en main, ne porte donc que sur les trois
premiers mois d'exercice de la commission. Pour sa part, Mme Caroline Pestiau
n'est entrée en fonction que le 1er mai 1983.
Les activités de démarrage de la commission ont surtout
porté sur la recherche et l'aménagement des locaux, sur la
préparation d'un plan d'organisation et la soumission de
prévisions budgétaires. La commission a également
préparé un protocole de services entre le ministère des
Communications et la Commission d'accès à l'information. Dans le
but d'éviter tout chevauchement injustifié de services, la
commission a proposé au ministère - et celui-ci l'a
accepté - d'assumer pour son compte certains services en matière
de gestion financière, de services auxiliaires et de gestion du
personnel. (17 heures)
Tout en amorçant la sélection et le recrutement du
personnel, le président et la commissaire en poste ont également
été appelés à faire diverses interventions
publiques sur la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels -que j'appellerai,
dorénavant, la loi sur l'accès - sur le mandat également
et les objectifs de la commission. Les membres ont aussi répondu
à plusieurs demandes de renseignements provenant soit du public ou des
organismes visés par cette loi. Ils ont aussi accepté de se
rendre à divers forums où on leur demandait soit d'exposer le
rôle de la commission, ou encore d'entretenir différents publics
des principes à la base de la loi sur l'accès.
Même si le deuxième rapport annuel de la commission est
présentement en voie de rédaction, on me permettra bien, je le
crois, de déborder quelque peu cette brève période de
démarrage pour aborder la première année complète
d'opération de la Commission d'accès à l'information.
Au cours de l'année financière qui vient tout juste de se
terminer, nous avons soumis au Conseil du trésor un cadre d'organisation
qui fut accepté. Ce plan autorise 29 postes permanents, tandis qu'on
nous a alloué également 14 postes occasionnels. Le
secrétariat du service juridique a été formé et un
directeur par intérim de la Direction de l'analyse et de
l'évaluation a été désigné.
Les premières prévisions budgétaires de la
commission ont été conçues en fonction de l'entrée
en vigueur de la loi à l'automne ou au début de l'hiver dernier.
Comme la loi n'entrera en vigueur qu'en juillet 1984, cela explique pourquoi la
commission a été en mesure de retourner au fonds consolidé
quelque 275 000 $ pour l'exercice financier qui se terminait au 31 mars 1984.
Pour le présent exercice financier, le budget de la commission a
été porté à 1 904 600 $ dont 1 323 000 $ sont
affectés aux traitements du personnel.
Après avoir complété la première phase de
recrutement de son personnel, soit onze personnes, la commission a entrepris un
certain nombre de recherches pour lui permettre d'exercer son mandat avec le
maximum de connaissance des problèmes que posent la loi et son
application. C'est ainsi qu'elle a fait réaliser par un membre de son
personnel une étude qui porte sur la connaissance des organismes
assujettis à la loi. Cette recherche a porté principalement sur
les organismes municipaux, scolaires, les établissements de santé
ou de services sociaux et quelques organismes gouvernementaux. Elle visait
à établir les pratiques actuelles en matière de gestion de
documents administratifs et les renseignements personnels.
Une autre étude a été produite concernant le
problème de la confidentialité des renseignements chez des
professionnels de la santé et les heurts possibles avec la loi sur
l'accès. À la demande de certains organismes ou
ministères, ou encore du Conseil exécutif, la commission a
également fourni des avis qui portaient sur les échanges de
renseignements nominatifs entre organismes. Même si la loi n'est pas
encore en vigueur à ce chapitre, nous avons pris en considération
ces demandes et nous avons émis les avis requis.
Ces exercices nous ont permis d'établir une politique relative au
transfert de renseignements. Cette politique, que la commission entend faire
connaître aux organismes publics incessamment, servira de cadre de
référence à la commission dans l'examen des projets
d'entente qui lui seront soumis dès que la loi sera en vigueur.
La commission a également émis un certain nombre d'avis
directement à l'Assemblée nationale sur les projets de loi dont
l'esprit ou la réflexion avait ou risquait d'avoir des incidences sur
l'application de la loi sur l'accès. Un avis a également
été donné sur le projet de règlement du ministre
des Affaires sociales qui fut discuté en commission parlementaire.
Une recherche est en cours afin de cerner la définition qu'il
faut donner à un fichier de renseignements personnels. Cette recherche
nous permettra ensuite de guider les organismes pour constituer leur fichier et
acheminer leurs déclarations à la commission. Cette recherche
doit se terminer
incessamment.
Pour sa part, le service juridique a consacré beaucoup de temps
à examiner la loi afin d'en tirer une interprétation la plus
uniforme possible. Il a fourni à la commission un certain nombre
d'opinions concernant les optiques qui, à première vue,
paraissent causer certains problèmes d'interprétation. Ces
opinions font l'objet de discussions à l'intérieur de la
commission et serviront éventuellement de référence
lorsque la loi entrera en vigueur.
En même temps, le service juridique est forcé de
répondre aux nombreuses demandes de renseignements qui lui sont
parvenues de la part de citoyens ou d'organismes à travers la province.
Par ailleurs, la commission a établi avec la Direction de la
planification, de la programmation et de l'évaluation du
ministère des Communications une relation suivie de façon
à s'informer mutuellement des travaux en cours pour éviter le
dédoublement. Dans ce cadre, nous avons notamment fait des commentaires
sur le guide administratif provisoire réalisé par le
ministère, tandis qu'un professionnel de la commission a
été prêté comme personne-ressource au sein d'un
comité lancé par le ministère, lequel a pour mandat
d'élaborer un protocole d'entente de transfert de renseignements.
Depuis sa création, la commission a reçu de nombreuses
demandes d'information en provenant tant du public que de certains organismes
assujettis à la loi. Ces demandes ont reçu les réponses
nécessaires, tandis que les requêtes d'interprétation de la
loi ont été traitées avec égard, sans toujours
nécessairement que la commission fournisse des opinions juridiques
formelles.
Par ailleurs, les membres ont tour à tour participé aux
réunions de consultation dirigées par le ministre des
Communications au sujet du projet de calendrier d'entrée en vigueur. De
plus, ils ont donné plusieurs conférences publiques portant sur
les objectifs de la loi et sur le rôle de la commission. La commission a
activement participé à l'organisation d'un colloque international
sur l'accès à l'information et la protection des renseignements
personnels tenu à Montréal les 16 et 18 novembre 1983 en
collaboration avec le Centre de recherche en droit public de
l'Université de Montréal. Les actes de ce colloque doivent
être publiés incessamment et serviront d'information additionnelle
aux nombreux organismes qui veulent en connaître davantage sur la
réforme en cours.
Enfin, un plan de communication a été
préparé et nous comptons l'appliquer graduellement au cours de la
prochaine année. Les commissaires, le personnel d'encadrement et les
professionnels ont participé à une session d'initiation à
l'informatique dispensée à leur requête par l'École
nationale d'administration publique. Ils ont également rencontré,
à Ottawa, le Commissaire à la vie privée et le Commissaire
à l'accès aux documents. Pour ma part, j'ai participé
à la cinquième conférence annuelle des Commissaires
à la vie privée, tenue à Stockholm, tandis que mes
collègues, Mmes Pestiau et Giroux, ont participé au symposium de
l'American Society of Access Professionals, à Washington, tout en ayant
des rencontres spéciales avec des personnes chargées d'appliquer
les lois similaires dans des organismes fédéraux
américains.
Le président et le secrétaire ont aussi pris part au
deuxième Congrès mondial de la protection de la
sécurité informatique en France.
Un bref rappel des mandats confiés à la commission par le
législateur permet d'anticiper la tâche de la commission au cours
des prochains mois. La commission a en effet quatre grandes fonctions
générales, soit la fonction d'adjudication, la fonction de
surveillance et de contrôle, la fonction de consultation et la fonction
de régulation. À ces mandats explicites s'ajoutent deux fonctions
connexes, à savoir, la fonction d'information et la fonction recherche.
Mais le principal mandat de la commission demeure celui d'entendre les demandes
de révision.
La fonction de surveillance et de contrôle de l'application de la
loi amènera éventuellement la commission à procéder
à ses propres enquêtes ou à donner suite à des
plaintes du public. Dans l'immédiat, cependant, elle doit recevoir les
déclarations de fichier personnel, fournir des avis sur
l'établissement de fichier confidentiel, accorder des dispenses
d'enregistrement pour les personnes qui consultent les fichiers de
renseignements personnels dans le cadre de leur fonction et préparer le
répertoire des fichiers qu'elle doit éditer et diffuser.
Quant à la fonction de consultation, elle a occupé
jusqu'ici une bonne proportion du temps des commissaires et du personnel. Un
avis de la commission est, en effet, requis pour chaque cas d'entente, de
transfert de renseignements nominatifs. La commission émet aussi un avis
sur les projets de règlement présentés au gouvernement et
sur les projets de loi ou de règlement pour en vérifier la
concordance avec les principes édictés dans la loi sur
l'accès.
La commission a adopté cette procédure à cause du
caractère prépondérant de la loi sur l'accès. La
commission a enfin le mandat de procéder à l'examen de l'ensemble
de la législation du Québec afin d'identifier les lois qui
présentent des dispositions incompatibles avec la loi sur l'accès
et de faire des recommendations au gouvernement.
D'ailleurs, dans le cadre de ce mandat, la commission a l'obligation de
consulter les organismes et les personnes intéressés. Si
certaines tâches sont relativement faciles à évaluer,
d'autres le sont beaucoup plus difficilement. C'est ainsi qu'il est fort
difficile de prévoir le nombre de litiges qui devront être
tranchés par la commission, tout comme il est quasiment impossible de
mesurer le volume d'ententes de transferts de renseignements nominatifs qui
sera soumis à la commission.
C'est pourquoi nous estimons, lorsque la commission aura atteint sa
vitesse de croisière, qu'elle devra intégrer plus d'effectifs
à son personnel régulier, pour rendre rapidement à la
population les services que celle-ci attend d'elle. Dans l'immédiat,
nous sommes préoccupés par la période qui suit
immédiatement l'entrée en vigueur de la loi. Les échanges
de renseignements, qui s'effectuent présentement entre organismes
publics, devront être encadrés par une entente approuvée
par le gouvernement, après que celui-ci aura obtenu un avis de la
commission. Cela suppose une activité intense pendant les premiers mois
qui suivront le 1er juillet.
L'objectif de la commission est de faciliter, par tous les moyens
à sa disposition, l'application harmonieuse et graduelle de cette
réforme d'envergure, qui touche tous les secteurs de l'administration
publique. Pour ce faire, nous voulons fournir aux organismes les
critères sur lesquels la commission fondera les avis que la loi l'oblige
à fournir au gouvernement. Et afin de traiter avec
célérité les demandes de renseignements, de
révision et d'avis, la commission a confié à une firme
spécialisée le mandat de lui proposer un système de
gestion appropriée.
Enfin, pour mieux desservir la population du Québec, la
commission a ouvert un bureau à Montréal, au domicile de l'une
des commissaires, Mme Pestiau, lequel constituera un point d'accueil pour la
clientèle de la métropole et des environs.
Voilà, M. le Président, un bref aperçu de nos
activités. Je suis à votre disposition pour tous renseignements
additionnels.
Le Président (M. Guay): Je vous en remercie. Y a-t-il
d'autres remarques préliminaires? M. le député de
Westmount.
M. Richard French
M. French: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
dire à M. et à Mmes les commissaires que nous sommes heureux de
leur souhaiter la bienvenue à la commission. Je suis convaincu, M. le
Président, vu le rôle important que vous avez joué à
la commission parlementaire qui étudiait article par article le projet
de loi, que vous partagez ce sentiment.
Il est important de souligner ici que l'Opposition a l'intention de
déborder un peu le rapport annuel qui, techniquement, est devant la
commission. Il est évident que le rapport annuel est insuffisant, au
mois de mai 1984, pour soutenir une étude sérieuse et approfondie
de ce qui se fait, tant au sein de la commission qu'au sein du
ministère, afin de préparer la mise en vigueur de la loi.
J'ajouterais un message que je n'ai pas pu passer au ministre au moment
où l'on étudiait les crédits de son ministère. Je
considère que toute la pratique des rapports annuels devrait être
révisée puisque 95% des rapports annuels, qui paraissent devant
l'Assemblée nationale, sont tellement vieux, les renseignements contenus
dans ceux-ci ne sont tellement plus à jour, qu'il est pratiquement
impossible, à toutes fins utiles, de les utiliser.
Donc, nous allons, de notre côté, faire
référence au document que nous avons pu repérer parmi ceux
qui étaient déposés devant la commission de la culture
lorsque nous avons étudié le programme 7 du ministère des
Communications. À ce moment, on va essayer d'informer les autres membres
de la commission de ce dont il s'agit.
Deuxièmement, brièvement, on se rappelle que, lors de
l'adoption à l'unanimité de la loi 65, l'Opposition a
souligné que la loi était éminemment perfectible. Nous
avons choisi d'accepter la loi, sachant qu'il y avait des failles importantes,
mais croyant que sa mise en vigueur et l'expérience de son
fonctionnement nous permettraient d'apporter rapidement les amendements utiles,
plus rapidement que si l'on s'attardait indûment à l'étape
de l'étude du projet de loi article par article, d'autant plus que le
ministre, l'Opposition et le président de cette commission, qui ne
remplissait pas ces fonctions à ce moment-là, se trouvaient
à travailler convenablement ensemble. Il semblait utile de saisir le
moment, bien qu'il y ait un certain nombre de problèmes avec la loi,
lesquels vont probablement paraître de plus en plus clairement et qui, je
le soupçonne, paraissent peut-être clairement dans l'esprit de
certains au sein de la commission. (17 h 15)
Quant à l'implantation de la loi prévue pour le
1er juillet, nous serons ici très intéressés
à voir comment, d'une part, ce processus procédera du
côté gouvernemental et, d'autre part, comment ce processus est
perçu du côté de la Commission d'accès à
l'information. On sait que presque tous les organismes possibles dans le champ
d'application de la loi seront affectés par la loi en même temps
et qu'ils seront assujettis à la loi en même temps. C'est une
grande bouchée, pour dire le moins, et on verra si ce plan se
déroule comme prévu.
Un autre point qui nous intéresse est le rôle de la
commission d'accès à l'égard du rôle du
ministère. On se rappellera que, au moment où on faisait
l'étude article par article du projet de loi, on a décidé
que, puisque la commission avait surtout un rôle d'arbitre, de
régulation, ce n'était pas à la commission d'animer,
d'organiser et de préparer les ministères, les organismes de
plusieurs réseaux affectés, c'était au ministère
des Communications de le faire. Nous allons poser un certain nombre de
questions à ce sujet.
Enfin, nous nous intéresserons à la préparation des
règlements au sein de la commission et, plus particulièrement,
aux efforts déployés pour éviter les tracasseries et les
complications qui pourraient survenir lors d'une présence un peu trop
approfondie, ou un peu trop étendue des avocats habitués aux
procédures de la cour. C'était précisément ce genre
de complications, de complexité, que voulait éviter le
législateur lorsque la commission des communications a
étudié le projet de loi.
Donc, voilà, M. le Président, les quelques points que
l'Opposition voulait soulever à ce moment-ci, en tant que commentaires
préliminaires, avant l'étude du rapport annuel et des autres
documents auxquels j'ai fait référence.
Le Président (M. Guay): Y a-t-il d'autres
députés qui souhaitent intervenir à cette étape-ci
de nos travaux? M. le président, avez-vous quelques remarques à
faire, si vous le souhaitez, en réponse aux interventions du
député de Westmount?
M. Pépin: Oui. Je suis d'abord très heureux de
l'intérêt et de l'appui que nous offre d'avance M. le
député de Westmount. Je suis également très
sensible aux mêmes préoccupations que lui, à savoir qu'il
est important, d'une part, que la commission ne soit pas en même temps la
personne qui guide les organismes et qui, d'autre part, tranche les
différends qui peuvent survenir entre les citoyens et l'un ou l'autre
des nombreux organismes assujettis à la loi, de façon à
conserver, non pas pour la forme, mais pour une crédibilité, une
indépendance importante et aussi pour ne pas être placée
dans la situation où, par exemple, elle deviendrait un bureau
d'avocats-conseils pour l'ensemble de la province, ce qui deviendrait
très lourd à porter.
Par ailleurs, jusqu'ici, nous avons coopéré chaque fois
que cela était possible avec le ministère pour lui faire profiter
des recherches que nous avons faites, puisque nous sommes une équipe
qui, maintenant, est uniquement préoccupée par ces questions pour
qu'il puisse en profiter également dans la démarche qu'il a
entreprise pour orienter les organismes dans des pistes en vue d'appliquer la
loi.
En ce qui concerne la façon dont la commission traitera les
litiges, je suis également personnellement très conscient de
l'importance de ne pas judiciariser l'arbitrage des litiges et des
conflits.
Le fait que j'en sois conscient n'exclut pas évidemment les
rigueurs de la loi. La loi demeure notre seul critère formel de
référence. Elle impose à la commission un certain nombre
de démarches qui doivent être suivies. Au-delà de la loi,
il existe d'autres lois qui encadrent tous les processus des tribunaux dits
administratifs, y compris la Loi d'interprétation, la loi sur la preuve,
etc. Cela dit, je pense qu'il faudra distinguer, dans le cas de la commission,
entre notre rôle d'adjudication tel qu'on le conçoit et celui qui
est confié à d'autres tribunaux administratifs, car nous avons
également un rôle-conseil important à jouer. Nous avons
également un pouvoir de surveillance. Ce qui implique que, lorsque la
commission fait une enquête pour déterminer si un organisme suit
les prescriptions de la loi, et si l'on découvre des
irrégularités, on devient à toutes fins utiles un
conseiller de cet organisme pour corriger sa façon de procéder,
beaucoup plus qu'un tribunal. À moins de recourir à l'ordonnance
dans un cas évident de mauvaise foi.
Pour toutes ces raisons, la commission devra trouver la bonne formule
pour être souple et, en même temps, juste et équitable.
Notre préoccupation première est de trancher les litiges dans des
délais rapides, puisque le citoyen a droit à l'information dans
des délais qui sont relativement courts, comme ceux qui sont inscrits
dans la loi. Alors, il serait un peu aberrant, si la loi fait une obligation au
citoyen, à l'organisme de fournir rapidement l'information, que le
même citoyen n'ait pas un service rapide de la part de la commission qui
doit trancher un litige. Pour mettre en marche un système pour trancher
les litiges de façon assez rapide, il faudra simplifier les
procédures. Je ne sais pas si cela répond un peu à vos
préoccupations.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Trois-Rivières.
Accueil de la commission
M. Vaugeois: Pour ma part, c'est un peu sur les mêmes
sujets que ceux qui ont été abordés. Ce sont des questions
presque indiscrètes que je vais poser à M. le président.
Je pense que vous n'avez jamais appartenu vous-même à la fonction
publique avant cette expérience actuelle, alors vous avez fait beaucoup
de découvertes. J'aimerais que ma question procède de cette
fraîcheur qui est la vôtre vis-à-vis de la fonction
publique, et aussi vis-à-vis du climat
que vous avez trouvé chez les hauts fonctionnaires avec lesquels
vous avez été en contact quant à votre mandat, pour voir
venir le type de difficulté qui pourrait être celle que l'on vous
a confiée, le mandat que l'on vous a confié.
Donc, ce que j'aimerais savoir, c'est quelle est votre évaluation
de ce démarrage qui a été le vôtre en termes de
locaux, de recrutement de personnel et ainsi de suite. Comment s'est
présenté, pour cette nouvelle commission, le démarrage?
Quel est l'accueil que l'on fait au mandat que l'on vous a confié
à partir des contacts que vous avez déjà dans la fonction
publique?
M. Pépin: M. le député de
Trois-Rivières, je vais essayer de répondre en distinguant les
divers éléments de votre question, ce qui va me permettre de
penser à la réponse en même temps.
Une voix: C'est la première fois que j'entends cela.
Une voix: ...en même temps.
M. Pépin: D'abord, c'est exact, c'est ma première
expérience dans la fonction publique et l'expérience est
très positive en ce qui concerne les rapports avec les fonctionnaires,
me disiez-vous. J'ai découvert beaucoup de compétence; mes
premiers rapports ont été avec une équipe du
ministère des Communications, qui s'appelait le groupe-conseil et qui
avait été formé pour nous aider à faire
démarrer la commission. Nous avons eu un excellent service. Je ne savais
même pas comment commander un appareil téléphonique, ces
gens ont été extrêmement précieux et très
efficaces. Maintenant, nous volons de nos propres ailes et l'aspect
nouveauté est un peu moins magique. Je ne parle pas du ministère
des Communications, mais je parle des autres organismes centraux. Nous sommes
soumis à toutes les contraintes qui affectent l'ensemble de
l'administration, ce qui cause des problèmes beaucoup plus aigus dans le
cas d'un organisme naissant puisque, notamment pour le recrutement du
personnel, à cause de tous les délais que cela implique lorsqu'il
s'agit de gars logés à des locaux, je suppose que cela sera
encore un peu plus difficile parce que cela surviendra au moment du
démarrage de l'application de la loi. Cela dit, le bilan est positif.
J'ai été très bien accueilli sur le plan administratif.
Tous les gens au ministère des Communications, notamment, grâce au
protocole d'entente que nous avons conclu, nous ont donné un fier coup
de main.
Quant à l'accueil de la législation, ma plus grande
surprise a été qu'on ne semblait pas tellement mesurer l'ampleur
de la réforme en cours chez les gens que je rencontrais. Mais je peux
vous dire que, depuis quelques semaines, cette situation est renversée.
Là il y a des gens qui réalisent tout à coup que la loi
entre en vigueur. Ils commencent à constater que cela implique chez eux
un certain nombre de réorganisations et d'adaptations. C'est
arrivé, mais assez peu souvent, que des gens me signalent que c'est une
loi extrêmement contraignante. Là mes anciennes fonctions me
servent très bien, cela me permet de les référer au
législateur parce que je ne suis pas responsable du contenu de la loi.
Mais, je suis optimiste quant aux rapports que nous aurons à entretenir
avec l'ensemble de l'administration.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Simplement une question
matérielle dans le moment. Il a été question entre nous
-simplement pour pouvoir organiser notre temps - avec mon collègue ici -
je sais qu'on en a dit deux mots avec le ministre tout à l'heure - de la
possibilité que nous continuions nos travaux au-delà de 18 heures
de façon à pouvoir, si possible, terminer sans interruption. Je
ne sais pas si le président peut considérer une telle
possibilité ou si c'est exclu. Je ne sais pas si mes collègues
seraient prêts à considérer cette possibilité, ce
qui nous permettrait de nous guider sur la façon dont nous allons
procéder. Je le présente comme...
Le Président (M. Guay): Si c'est la volonté de la
commission, le président est le serviteur de la commission et il s'y
pliera bien volontiers.
M. Doyon: Cela c'est...
Le Président (M. Guay): Mais encore faudrait-il savoir si,
en effectuant la volonté de la commission, c'est pour...
M. Doyon: Nos invités, évidemment, qui sont...
Le Président (M. Guay): ...une période
précise ou indéfinie?
M. French: On verra. Cela ne sera sûrement pas plus que les
deux heures prévues. On ne pourrait pas demander cela. Ce qui nous
permettrait de nous libérer deux heures plus tôt de toute
façon, et je doute qu'on se rende là.
Le Président (M. Guay): II semble y avoir consentement
pour poursuivre au-delà de 18 heures, dans la mesure où nos
invités sont disponibles.
M. Vaugeois: Alors, on alterne à partir de maintenant et
on...
Le Président (M. Guay): Si besoin est, oui. M. le
député de Westmount.
Avis à l'Assemblée nationale
M. French: M. le Président, je voudrais commencer en
adressant une question qui se pose peut-être à vous ou
certainement aux commissaires et au ministre. Dans ses commentaires
préliminaires, le président de la Commission d'accès
à l'information a noté que la commission a également
émis un certain nombre d'avis directement à l'Assemblée
nationale et mentionne que le projet de règlement du ministre des
Affaires sociales - qui était très important - avait des
écarts assez substantiels par rapport aux exigences de la loi, aux
standards de la loi. Il ne faudrait pas cependant imaginer, d'après ce
que j'ai pu saisir du processus, que la commission ait avisé
automatiquement, au moins dans ce cas, elle ne l'a pas fait, parce que je crois
avoir été le moteur de référence entre
l'Assemblée nationale et la commission. En tout cas, c'est certain
qu'ayant été saisi moi-même du contenu du règlement
au projet de règlement en question, j'ai demandé aux
recherchistes d'appeler à la commission pour savoir si elle avait une
opinion là-dessus. Effectivement, la commission n'avait pas
été saisie du projet de règlement à ce moment.
Voici ma première question: Quel est la relation, le lien entre la
commission, le projet de loi et l'Assemblée nationale pour ce qui est
des projets de loi? Quelle est la relation entre un processus bien connu du
député de Trois-Rivières et moi-même, le processus
de fabrication de règlement au sein du gouvernement, et la commission?
Donc, deux questions adressées à au moins deux personnes et
peut-être trois dans le cas de référence entre
l'Assemblée nationale et la commission. (17 h 30)
Le Président (M. Guay): M. Pépin.
M. Pépin: La procédure que nous avons suivie
jusqu'ici est que nous prenons connaissance du dépôt de tous les
projets de loi. Nous en prenons connaissance pour vérifier leur
compatibilité avec les exigences de la loi d'accès à cause
du caractère prépondérant de la loi 65. Dès que
nous assumons qu'il y va de l'intérêt du public de faire
connaître un avis, nous le transmettons au président de
l'Assemblée avec requête de le transmettre aux
députés, ce qu'il a fait -je l'en remercie - de façon
systématique depuis que nous avons entrepris cette procédure.
Je pense qu'il est arrivé à une ou deux reprises que nous
ne l'avons pas transmis à l'ensemble des députés, mais
uniquement à un groupe plus particulier, parce qu'il s'agissait d'une
commission parlementaire alors que l'Assemblée ne siégeait pas,
dans un cas, et, dans l'autre cas, il y avait un problème de
délai.
Cependant - cela me revient à l'esprit - j'ai eu au moins une
représentation de la part du député de
Trois-Rivières qui me signalait que lorsqu'un avis de la commission
arrive sur un projet de loi, souvent le député n'est pas
nécessairement familier avec le contenu et aussi avec le litige. Il nous
suggérait de faire un exposé explicatif un peu pour alerter
l'attention des députés qui ne sont pas nécessairement
très familiers avec le domaine en cause. C'est une suggestion que j'ai
retenue pour l'avenir et nous essaierons de le faire.
En ce qui concerne les règlements, dans le cas du
ministère des Affaires sociales, c'est une procédure un peu
différente parce que c'est assez rare qu'un règlement est
discuté en commission parlementaire. C'est comme cela que nous avons pu
en prendre connaissance, l'étudier et faire les représentations
qui, d'ailleurs, ont été suivies en très bonne partie.
En ce qui concerne les autres règlements, il y a un
problème qu'il faudra essayer d'élucider, soit avec le bureau des
règlements ou avec... Je pense que c'est avec le bureau des
règlements qu'il faudra instaurer une procédure de communication
quelconque.
L'autre problème que nous avons là-dessus, c'est que,
lorsque la commission prend connaissance d'un projet de loi, le processus
législatif a déjà cheminé, a déjà
fait un très bon bout de chemin, ce qui rend parfois un peu plus
difficiles les amendements. Là encore, je pense qu'il faudra parler avec
le Conseil exécutif ou d'autres organismes pour être alerté
de façon systématique, à tout le moins dans tous les cas
où il y a une clause d'exclusion qui est réclamée par le
parrain d'un projet de loi pour que nous puissions fournir aux
députés, aux législateurs, l'opinion de la commission sur
cette clause de dérogation.
M. French: M. le Président, je me demande si le ministre
est prêt à entreprendre les représentations auprès
du Comité de législation dans lequel il siège, ou il
siégeait à un certain moment, afin qu'à cette
étape... Peut-être que je me trompe, puisque les règlements
ne sont pas adoptés par le Comité de législation.
Peut-être auprès du Conseil exécutif, pour que, dans la
mesure où un projet de règlement touche les renseignements
personnels ou l'accès à l'information, ce projet de
règlement soit référé dès son arrivée
au Conseil exécutif à la commission pour un avis
confidentiel.
Le Président (M. Guay): M. le ministre des
Communications.
M. Bertrand: M. le Président, dans ce cas, dès que
la loi sera entrée en vigueur, le processus qui devra être suivi
sera différent. Avant même que le Conseil des ministres ne puisse
prendre une décision relativement à un projet de transfert de
renseignements entre deux organismes publics, il devra d'abord avoir
reçu un avis de la Commission d'accès à l'information
gouvernementale, ensuite prendre sa décision au Conseil des ministres et
finalement déposer cette décision à l'Assemblée
nationale. Le processus sera donc établi, comme la loi le
prévoit, et, dès l'entrée en vigueur de la loi, le 1er
juillet 1984, c'est cette procédure qu'il conviendra de suivre.
M. French: Alors, le problème, dans l'esprit du ministre,
réside essentiellement dans le fait que la loi n'est pas en vigueur.
M. Bertrand: Dans le cas dont a fait mention le président
de la Commission d'accès à l'information gouvernementale
où c'était le ministère des Affaires sociales qui
était en cause, l'initiative avait été prise par le
ministre des Affaires sociales de prendre avis auprès de la
commission.
M. French: À la suite des représentations du
député de Westmount.
M. Bertrand: Oui, aussi, mais il y a eu des relations...
M. French: Non, mais je regrette, il me disait en commission que
c'était complètement acceptable par rapport au projet de loi sur
l'accès à l'information et sur la protection des renseignements
personnels, je l'ai informé que ce n'était tout simplement pas
vrai. À la suite de nos pressions, il s'est rallié; très
bien.
M. Bertrand: Oui, il n'était pas soumis à la
procédure, à ce moment, puisque la loi n'était pas en
vigueur. Il avait sans doute le sentiment que la demande qui était faite
aurait été acceptable si la loi avait été en
vigueur, mais le processus qui est décrit dans la loi n'était pas
en application à ce moment. Je sais que le ministre des Affaires
sociales avait conversé lui-même avec le président de la
Commission d'accès à l'information gouvernementale. Il
souhaitait... Le député de Westmount a dit qu'il faisait des
représentations à cet égard, mais le ministre des Affaires
sociales souhaitait que cet avis puisse lui parvenir et, effectivement, il y
avait eu des représentations qui avaient été faites par la
Commission d'accès à l'information sur certaines des dispositions
qui étaient contenues dans ce règlement relatif à des
transferts de renseignements et le ministre a accepté d'apporter un
certain nombre de modifications qui, finalement, convenaient - si ma
mémoire est bonne - à la Commission d'accès à
l'information gouvernementale.
M. French: Je ne mets pas en cause, M. le Président, la
bonne foi du ministre des Affaires sociales, mais je dis tout simplement que,
lorsqu'il a déposé son projet de règlement, il
était lamentablement ignorant du fait qu'il y avait des écarts
flagrants par rapport aux standards sous-jacents à la loi. Mais, est-ce
que je dois conclure que tous problèmes techniques dans la
référence et le processus de donner avis à la commission
seront réglés d'ici quelques mois parce qu'il s'agit d'un
problème qui réside essentiellement dans le fait que la loi n'est
pas en vigueur? Est-ce la conclusion que je dois retenir?
M. Bertrand: À toutes fins utiles, la procédure se
fera en quatre temps. D'abord, il devra y avoir un protocole d'entente entre
deux organismes publics pour que le transfert des renseignements puisse
s'établir.
Deuxièmement, ce protocole d'entente devra être soumis
à la Commission d'accès à l'information pour qu'elle
puisse donner son appui.
Troisièmement, le Conseil des ministres prendra sa
décision sur la base, bien sûr, de l'avis qui lui sera transmis
par la Commission d'accès à l'information gouvernementale.
Quatrièmement, la décision du Conseil des ministres devra
être déposée à l'Assemblée nationale.
M. French: Est-ce que cette démarche s'applique
également aux questions qui touchent non pas les renseignements
personnels, mais la problématique de l'accès à
l'information? D'après ce que le ministre disait plus tôt, je
comprenais cela comme étant uniquement pour les renseignements
personnels. C'est un volet très important, je ne le nie pas, mais il y a
aussi le volet de l'accès à l'information. Est-ce qu'on peut
s'attendre que le processus soit aussi étanche que dans ce cas?
M. Bertrand: Non, la loi ne prévoit pas les mêmes
dispositions pour ce qui est de l'accès aux documents des organismes
publics. Dans le cas de l'accès aux documents des organismes publics, il
y a un responsable qui est la plus haute autorité dans chaque organisme
public. Il y a possibilité de délégation de pouvoir. Je
dois d'ailleurs indiquer à la commission, pour son information, que
jusqu'à maintenant nous avons reçu, de la part des organismes
publics assujettis à la loi sur l'accès à
l'information,
2600 noms de représentants ou représentantes qui ont
reçu ce pouvoir de délégéation sur 3600 organismes
assujettis à la loi... pardon, 2400 sur 3600. Et, c'est d'ailleurs la
responsabilité du ministère des Communications de publier un
répertoire, un guide de l'ensemble de ces personnes qui ont reçu
une telle délégation.
Donc, pour l'accès aux documents des organismes publics, la
procédure, c'est une demande transmise verbalement ou par écrit
au responsable de l'accès aux documents des organismes publics et les
délais prévus dans la loi pour ce qui est de la réponse.
Dans la mesure où la personne n'est pas satisfaite de la réponse
qui lui a été donnée par le responsable de l'accès
aux documents, c'est là que l'individu ou l'organisme peut en appeler
devant la Commission d'accès à l'information gouvernementale. Ce
n'est pas la même procédure dans le cas de l'accès aux
documents que dans le cas du transfert des renseignements nominatifs.
M. French: M. le ministre, on en est toujours au point où
un règlement ou un projet de loi risque de freiner cet accès. Il
ne s'agit pas d'un processus qu'un individu demande de suivre. Il s'agit de
savoir si la commission va être alertée ou informée en
temps et lieu, convenablement et systématiquement des règlements
ou des projets de loi qui risquent de freiner le principe général
d'accès à l'information.
M. Bertrand: Je comprends. Je m'excuse, M. le
député, si j'avais mal saisi le sens de votre question. D'abord,
le Comité de législation a une responsabilité lors de
l'étude des projets de loi et non pas des règlements. Il doit
s'assurer que les dispositions contenues dans cette loi ne vont pas à
l'encontre de la loi sur l'accès à l'information. Ou si
c'était le désir du législateur de faire en sorte que
certains éléments d'une loi ou une loi au complet ne soient pas
assujettis à la loi sur l'accès à l'information qui est
une loi prépondérante, il faut l'indiquer dans la loi.
Déjà il y a des dispositions qui ont été inscrites
dans des lois qui ont été adoptées depuis l'adoption de la
loi 65 qui faisait état de ce genre de dispositions.
Le Comité de législation a des responsbilités
à cet égard. Par ailleurs, la commission peut donner son avis.
Comme le disait le président de la commission, à qui je remettrai
la parole là-dessus, déjà ils ont pris l'habitude de
prendre connaissance des projets de loi pour essayer de voir s'il y avait ou
non des dispositions législatives qui étaient contenues et qui
risquaient d'aller à l'encontre du caractère
prépondérant de la loi sur l'accès à
l'information.
M. Pépin: M. le Président, si vous me le permettez,
j'ajouterais peut-être un détail qui peut éclairer
davantage M. le député de Westmount. En ce qui concerne les
projets de loi, il est important que l'Assemblée conserve son
privilège d'en être saisie la première. C'est ainsi que le
veut le système. Lorsque le projet de loi est déposé en
première lecture, nous avons, à l'interne, un mécanisme
pour en prendre connaissance immédiatement. Nous essayons de le rendre
le plus étanche possible en espérant qu'aucun ne nous
échappera. Il se pose le problème des fins de session lorsqu'il y
en a plusieurs en même temps.
M. French: Vous avez effectivement ce problème-là
et nous aussi.
M. Pépin: Je pense que c'est un problème que
partage aussi les législateurs. En ce qui concerne les
règlements, il n'y a pas d'obligation formelle dans la loi. De fait, un
membre de l'Exécutif doit obtenir l'avis de la commission sur un projet
de loi ou un projet de règlement. C'est une initiative qui va de soi et
que nous avons prise parce que la loi a un caractère
prépondérant. Nous avons interprété notre mandat de
surveillance de la loi comme étant naturel de notre part d'alerter les
législateurs lorsqu'il y avait un accroc qui nous paraît incorrect
ou même s'il est acceptable et de dire pourquoi.
Nous avons établi un premier contact avec le Bureau de la
législation déléguée pour essayer de trouver un
mécanisme pour nous alerter - pour reprendre votre expression - de
façon à ce que tout le monde - là, je veux être
modeste - puisse profiter de nos lumières si chacun est
intéressé à les connaître. Ce mécanisme n'est
pas encore parfaitement établi, mais nous avons bon espoir de pouvoir le
faire. Jusqu'ici nous avons eu la coopération spontanée de tous
ceux qui sont impliqués dans ce dossier. Dans le cas du ministère
des Affaires sociales, je pense que cela a finalement été fort
heureux que nous intervenions. Par la suite, d'autres organismes
d'eux-mêmes ont dit: Nous avons un projet de règlement en
préparation et voulons vous consulter y compris le ministère que
dirige M. Bertrand. (17 h 45)
M. French: Une dernière question là-dessus, M. le
Président. On sait que les commissaires ne sont pas des fonctionnaires.
Ils sont nommés par l'Assemblée nationale. Il n'est donc pas
injuste de poser aux commissaires la question suivante: Êtes-vous
satisfaits de la réaction, des réponses des ministres à la
suite de vos avis? Le cas du ministre des Affaires sociales a
déjà été traité; donc, on va le laisser
tomber.
M. Pépin: Je crois que - j'hésite à apporter
une statistique, peut-être que le
secrétaire pourrait me rafraîchir la mémoire - dans
tous les cas, les avis ont été pris en considération et se
sont traduits par des modifications, pas toujours à 100%, mais je crois
qu'aucun des avis n'est resté lettre morte. Est-ce exact...
Une voix: Moins un. M. Pépin: Moins un.
M. French: M. le Président, je peux continuer, mais
peut-être que le député de Trois-Rivières ou le
député de Chauveau...
Le Président (M. Guay): M. le député de
Trois-Rivières, si voulez intervenir.
Loi sur les archives
M. Pépin: C'était, je crois, dans le cas de la Loi
sur les archives.
M. French: Le député de Trois-Rivières va
sûrement poursuivre sur cette question.
M. Vaugeois: La loi sur quoi?
M. French: La Loi sur les archives.
M. Vaugeois: M. le Président, je pense que la suite des
questions a permis que tout devienne passablement plus clair pour moi et je
vais essayer de résumer ce que j'ai compris. Quand il s'agit d'un projet
de loi, vous en prenez connaissance au moment de la première lecture et
vous réagissez par un avis public, que vous ne rendez pas
nécessairement public, mais qui est un document public, accessible.
M. Pépin: Nous le transmettons au président en lui
demandant de le transmettre aux députés, ce qu'il fait
promptement.
M. Vaugeois: D'accord. Je vous remercie d'ailleurs, d'avoir
rappeler l'intervention à ce sujet. Je rappellerai une autre partie de
mon intervention tout à l'heure, si vous me permettez.
Deuxièmement, quand il s'agit d'un projet de règlement, c'est un
peu moins clair. Je comprends qu'il y a des gens dans l'administration qui,
connaissant votre existence et le caractère de la loi qui vous a
donné naissance, vont spontanément vers vous avec un projet de
règlement. Mais, est-ce qu'autrement, vous prenez connaissance de ce qui
est publié dans la Gazette officielle et, dans ce cas, si vous
réagissez à un projet de règlement qui est publié
dans la Gazette officielle, est-ce que vous réagissez publiquement ou
privément?
M. Pépin: Nous avons réagi jusqu'à
maintenant privément. Tous les documents de la commission sont publics,
cela me fait plaisir de vous inviter à venir fouiller. L'avis est
acheminé ou peut être acheminé, dans ce cas, aux
mêmes personnes. Si c'est le voeu de la commission, nous pouvons les
faire parvenir à tous les députés, il n'y aura pas de
problème.
M. Vaugeois: Mon commentaire va s'adresser davantage au ministre.
J'enlève probablement les mots de la bouche du député de
Westmount pour le formuler. Présentement, on attend la loi sur
l'élaboration du processus réglementaire. C'est dans cette loi
qu'on devra préciser comment on va chercher les lumières de votre
commission, parce que nous-mêmes, on n'est pas encore tout à fait
au point sur certaines étapes du processus réglementaire, mais
c'est quelque chose qui devrait se préciser. Justement, l'essentiel du
plaidoyer des parlementaires là-dessus, c'est que le processus
d'élaboration des règlements ait des étapes publiques, ce
qui pourrait vous être utile autant qu'à l'ensemble des
citoyens.
Comme l'exemple concernait les archives, je vais me permettre
d'enchaîner là-dessus, sans vouloir entrer dans le vieux
débat. Je vous ai déjà signalé qu'en lisant vos
avis - ce n'était peut-être pas fondé -j'avais l'impression
que votre commission était très sensible à la question de
la protection des renseignements personnels et que vous scrutiez attentivement
les lois sous cet angle. J'avais l'impression que la volonté de rendre
accessibles le plus de documents possible, était un peu en veilleuse ou
moins important que l'autre aspect. C'était l'impression que cela me
donnait alors que j'avais plaidé pour l'existence d'une commission qui
vous a donné naissance ayant à l'esprit l'autre
préoccupation. Évidemment, on fait le pont avec la Loi sur les
archives parce qu'il y a des choses que vous cherchez à protéger,
soi-disant, parce que ce sont des renseignements personnels, ou encore, parce
que pour la bonne gestion de l'État, certains documents doivent rester
confidentiels un certain temps. Après les quelques mois
d'expérience que vous avez, comment voyez-vous la jonction en pratique,
entre le fait que vous pouvez souhaiter que quelque chose reste confidentiel,
mais sans pour autant être détruit et sans pour autant être
perdu pour la recherche? Comment réagissez-vous en ce moment, devant
cette difficulté qui demeure d'ajuster votre loi à la Loi sur les
archives?
M. Pépin: Avant de répondre à cette question
spécifique, je voudrais apporter une petite précision. Il est
arrivé que nous ne soyons pas intervenus, M. French, parce que la
dérogation demandée par le parrain d'une loi ou d'un
règlement nous paraissait
acceptable. Nous avons estimé qu'uniquement intervenir pour dire:
Nous n'avons rien à redire, c'était d'ajouter au processus
inutilement, mais nous conservons l'étude de ces clauses
dérogatoires lorsque cela a pu se produire, nous pouvons les produire
n'importe quand à quiconque veut savoir. Ce que nous souhaiterions,
c'est que tous les législateurs puissent se sentir très à
l'aise de demander n'importe quand l'avis de la commission sur un projet de loi
ou de règlement, s'ils veulent l'obtenir, cela nous fera plaisir de leur
remettre.
Pour répondre à votre question, le seul guide de la
commission sur ces questions, M. Vaugeois, c'est la loi. La loi fixe des
balises pour décréter quels sont les documents qui sont de nature
confidentielle, parce qu'ils contiennent des renseignements personnels et quels
sont ceux qui ne sont pas de nature confidentielle parce qu'ils s'apparentent
à des documents administratifs. Quant à leur conservation, c'est
la Loi sur les archives, le calendrier de conservation des documents. Notre
préoccupation à nous est aussi vive pour faciliter l'accès
aux documents. Pour ma part, moi aussi, c'est ce qui m'a prioritairement
motivé en acceptant ce mandat. Cela peut paraître exact que
jusqu'ici la commission a dû intervenir plus particulièrement dans
le champ des dossiers personnels. Le fichier personnel, c'est un hasard de
législation qui explique cela, parce que c'est le seul volet où
la commission a un mandat administratif très vaste où nous devons
recueillir les fichiers, etc., tout le chapitre III de la loi. C'est
peut-être comme cela même dans mon intervention de cet
après-midi que vous pouvez déduire que nous sommes plus
préoccupés par l'autre volet, le premier ne nous pose pas encore
de problèmes. Mais je n'en doute pas, cela viendra.
M. Vaugeois: J'apprécie la réponse à tout
point de vue.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Louis-Hébert.
Protocole d'entente de services avec le
ministère des Communications
M. Doyon: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à M. le président de la commission. Vous indiquez dans votre
allocution et dans vos remarques préliminaires que vous avez
procédé à la préparation d'un plan de communication
et que vous avez l'intention de l'appliquer graduellement au cours de
l'année qu'on entame. Est-ce que vous pourriez nous éclairer sur
la nature de ce plan de communication? Est-ce que vous allez utiliser vos
propres moyens? Est-ce que vous allez faire appel au ministère des
Communications? Est-ce qu'il y a une référence, une
entente quelconque entre le ministère des Communications et
vous-même pour mettre en place ce plan de communication? Comment
allez-vous procéder?
M. Pépin: Nous avons un protocole d'entente de services
avec le ministère des
Communications qui touche trcis secteurs administratifs: la gestion du
personnel, les services auxiliaires et la gestion financière, la
comptabilité. Ce protocole dit également que nous pouvons
occasionnellement faire appel à la Direction des communications du
ministère pour des services spécialisés. Ce que j'entends
par là, par exemple, c'est un photographe ou un graphiste ou quelque
chose comme cela. C'est la commission elle-même qui assume sa propre
information et ses propres relations avec le public pour les raisons qui ont
été exposées par M. French tout à l'heure et que
j'endosse parfaitement, parce que nous ne sommes pas dépendants de
l'Exécutif dans l'exercice de notre mandat, mais bien de
l'Assemblée nationale. Je crois qu'il ne sera pas approprié de
demander au ministère de prendre cette responsabilité. Ce plan de
communication dont vous parlez, M. Doyon, c'est un plan très modeste.
Nous avons essayé d'identifier les publics à qui nous devons
fournir des renseignements de base sur ce nouveau droit qui est accordé
aux citoyens. Nous n'avons pas encore mis au point les mécanismes pour
essayer de répondre à cette attente, mais cela sera
nécessairement très modeste. Ce sera fait chez nous à
l'interne et c'est plus par le biais de quelques brochures et d'avoir des
outils adéquats pour rencontrer les divers publics qui demandent
à la commission des explications sur son mandat et son mode de
fonctionnement.
M. Doyon: M. le Président, je suis heureux de savoir que
la Commission d'accès à l'information va s'occuper
elle-même de ses propres choses et c'est normal qu'il en soit ainsi. Je
m'en réjouis. Cependant, je ne voudrais pas qu'il y ait double emploi
quelque part. Est-ce que, dans le protocole d'entente dont vous parlez, vous
vous êtes assurés du fait que le ministère des
Communications, ou quelque partie de l'Exécutif, n'interviendra pas pour
expliquer à la population les bienfaits, l'existence, etc? Voici ce que
je veux savoir. Est-ce qu'il y a simplement une façon dont les choses
vont se faire au niveau de l'information ou s'il y a une possibilité, du
côté gouvernemental, qu'on intervienne aussi?
M. Pépin: Ma préoccupation, M. Doyon, est surtout
d'éviter que la commission ne se mêle pas de ses affaires. Je n'ai
pas de crainte pour l'inverse, mais je pense qu'il
appartient au ministre des Communications d'assumer, comme il l'entend,
sa responsabilité de ministre responsable de l'application de la loi, y
compris le volet information.
Notre responsabilité à nous se limite, je pense, à
renseigner le public sur la façon d'exercer ce nouveau droit
auprès de la commission. Et, quant à nous, c'est l'objectif que
nous avons. Cela se limite à cela.
Quant au ministère, je pense qu'il peut prendre tous les moyens,
enfin, c'est la décision du ministre, je ne veux pas répondre
à sa place, de faire connaître de la façon qu'il le veut
l'existence de cette loi et son contenu. Nous n'avons pas à faire la
publicité de la loi.
M. Doyon: D'accord, je comprends bien cela. Ce que je veux
souligner en passant, M. le Président, et je vais poser la question au
ministre, c'est que je voudrais éviter qu'il y ait danger,
premièrement, de double emploi où deux organismes font la
même chose, ou s'adressent à la même clientèle; ou
encore un autre danger qui découlerait de cela, qui est connexe, c'est
qu'il y ait contradiction ou mauvaise perception de la part du public
clientèle auquel on s'adresse. Je demande dès maintenant au
ministre s'il a des intentions en ce qui concerne un publicité
gouvernementale de quelque nature qu'elle soit envers la Commission
d'accès à l'information et le ministère des
Communications?
M. Bertrand: Non M. le Président. En ce qui a trait
à la Commission d'accès à l'information, ce qu'a dit M. le
président de la commission, M. Pépin, était exact. J'en
avais d'ailleurs discuté avec lui parce que nous voulions bien nous
entendre sur la répartition des tâches entre la Commission
d'accès à l'information et le ministère des
Communications. Alors, pour les fins de l'information quant aux
responsabilités que la loi donne à la Commission d'accès
à l'information, c'est la commission elle-même qui s'occupera,
pour ses propres fins, d'effectuer toute l'information requise auprès de
la population.
Quant à nous, au ministère des Communications, les seules
gestes d'information ou de communication que nous avons posés ont
été des gestes très spécifiquement adressés
aux organismes assujettis à la loi. Nous n'avons pas
dépensé d'argent pour mener une campagne d'information massive
auprès de l'ensemble de la population sur l'existence de la loi 65 ou de
son entrée en vigueur le 1er juillet prochain. Nous avons eu
suffisamment de travail pour informer les organismes qui auront à vivre
avec la loi 65. Je dois dire, à cet effet, qu'effectivement le plan
d'action du ministère des Communications, que nous vous avons d'ailleurs
remis dans des pochettes avant que la commission n'entreprenne ses travaux,
était essentiellement centré sur les acteurs qui, à
compter du 1er juillet 1984, devront s'assurer que la loi puisse être
opérationnelle dans chacun des 3600 organismes. Et c'est là que
se sont arrêtés nos efforts. Pour en avoir discuté
plusieurs fois avec les quelque trois ou quatre responsables de ce dossier au
ministère des Communications, ce fut vraiment un travail
considérable. Et, je dois dire qu'il reste encore beaucoup de travail
à faire avant de s'assurer que l'ensemble des organismes pourront
véritablement rendre la loi opérationnelle dans ces deux volets
à partir du 1er juillet 1984. (18 heures)
Plan d'organisation
M. Doyon: Merci, M. le ministre. M. le président de la
commission vous avez indiqué, dans les remarques préliminaires,
que vous avez soumis au Conseil du trésor un plan d'organisation qui a
été accepté et qui comprend et autorise 29 postes
permanents et 14 occasionnels. Est-ce que vous pourriez dire à cette
commission si ce plan qui a été accepté et le plan
original qui avait été présenté par la commission
au Conseil du trésor, s'il y a eu évolution de vos demandes, de
vos exigences vis-à-vis du Conseil du trésor et si vous
considérez que ce qui a été autorisé,
c'est-à-dire 29 postes permanents et 14 postes occasionnels pour
l'année financière en cours, correspond à l'essentiel de
vos besoins? C'est une question à deux volets, si vous voulez.
M. Pépin: Le plan original. Nous avons fait un travail que
nous estimons assez précis pour essayer d'évaluer le volume
d'opération. Comme je le disais ailleurs dans mes remarques, c'est
très difficile d'évaluer avec une précision
mathématique le volume à venir parce qu'on n'a aucune
façon de mesurer, par exemple, l'intérêt du public, dans
quel secteur cet intérêt se manifestera, etc.
Nous avions estimé que la vitesse de croisière de la
commission serait environ 40 postes. Comme la loi n'entre en vigueur qu'au mois
de juillet, il y a déjà quelques mois de l'année
financière écoulés, nous avons finalement réduit
quelque peu ces exigences. La raison pour laquelle il y a un si grand nombre de
postes occasionnels, c'est qu'il y a au moins deux mandats de la commission qui
vont connaître un certain nombre d'activités pendant une
période de deux ans et, ensuite, normalement, elles devraient ralentir
beaucoup. La première, c'est que nous avons le mandat de faire l'examen
de toute la législation pour détecter les dispositions
incompatibles avec
la loi sur l'accès et de faire des recommandations au
gouvernement. C'est là une opération qui ne se fait qu'une seule
fois.
La deuxième opération, ce sont les ententes sur les
échanges de renseignements. On sait qu'à compter du 1er juillet,
tous les échanges qui se font présentement entre
ministères et organismes devront être encadrés. Chacune de
ces ententes devra être examinée par la commission. Donc, on peut
tout de suite imaginer le volume énorme qui va arriver dans les
premières années d'opération de la loi. On suppose
qu'ensuite cela va diminuer parce qu'une fois que les ententes sont faites, les
ministères n'en font pas des additionnelles de façon
systématique. C'est comme cela que, au lieu d'avoir 40 postes
permanents, on en retrouve 29 permanents et 14 occasionnels.
Je pense et je crois qu'un nombre accru de postes sera plus facile
à justifier lorsque nous pourrons l'appuyer sur le vécu. C'est ce
qui rendait un peu l'opération difficile au moment où nous avons
fait ces démarches.
M. Doyon: Si je comprends bien, votre demande initiale
était de l'ordre de 40 postes permanents. C'est à la suite de
discussions, de tractations avec le Conseil du trésor qu'il y a eu un
modus Vivendi qui a été établi à 29 postes
permanents et à 14 postes occasionnels ou si dans votre demande
originale il y avait déjà des postes d'occasionnels
prévus.
M. Pépin: II y en avait, mais moins que cela. Je dois dire
que c'est véritablement moi qui ai pris la décision. Je vais vous
donner deux autres motifs. Il y a ce motif d'incertitude quant au volume
d'opération et il y en a d'autres. C'est que le processus de recrutement
dans un organisme naissant est un processus qui consomme beaucoup de temps.
Je crois qu'il y a quand même une limite à un petit
organisme à consacrer un certain nombre d'heures ou de jours au
recrutement, mais on ne peut consacrer tout le temps que nous avons à
cela. J'ai préféré essayer d'étaler ce recrutement
sur deux ans plutôt que sur un an tout à la fois. L'autre raison,
c'est qu'une fois que nous avons recruté ce personnel, il faut aussi
prendre les mesures pour le former - je ne veux pas dire que ces gens-là
n'ont pas déjà une très bonne formation - mais le former
au mandat précis de la commission et l'intégrer. Pour cela aussi,
il faut des ressources. C'est une décision purement administrative
d'étaler sur une plus longue période le recrutement.
J'espère qu'on ne s'en repentira pas parce que si le volume
d'opération arrive beaucoup plus fort, il se pourrait que nous ayons
à réviser cette décision, mais j'espère que
non.
M. Doyon: Pour continuer au niveau administratif, la personne qui
fait valoir le point de vue de la commission au Conseil du trésor est le
ministre des Communications. Est-ce que c'est de cette façon que cela
fonctionne? Donc, vous présentez vos propositions au ministre des
Communications qui se fait votre porte-parole ou défend vos demandes
auprès du Conseil du trésor.
M. Bertrand: Je dois d'ailleurs dire, M. le Président,
pour renchérir sur ce que dit le député de
Louis-Hébert, que le président de la Commission d'accès
à l'information gouvernementale avait transmis sa demande signée
conjointement par lui et par moi au Conseil du trésor. Le Conseil du
trésor avait procédé a une première analyse.
C'était à l'époque - comme le disait le président
de la commission - où il demandait plus de postes permanents qu'il n'en
a finalement obtenu. Nous avons par la suite, sur la base de l'analyse du
secrétariat du Conseil du trésor, eu une rencontre, lui et moi,
où nous avons discuté justement de toute cette question de la
répartition des emplois permanents et occasionnels. Nous avons soumis
une nouvelle demande au Conseil du trésor. Encore là, des
questions ont été transmises à la Commission
d'accès à l'information gouvernementale pour obtenir de plus
amples précisions. Finalement, ces gens ont donné leur accord
à ce qui était une entente entre le président de la
Commission d'accès à l'information gouvernementale et
moi-même sur la justification sur laquelle reposait cette demande qui
m'apparaissait, dans les circonstances, relativement modeste de 29 postes
permanents et 14 occasionnels.
M. Doyon: Ces 29 postes permanents et 14 postes occasionnels que
vous avez obtenus du Conseil du trésor se répartissent de quelle
façon? Il y a un certain nombre de cadres -j'imagine -
d'administrateurs, de professionnels, d'employés de soutien, d'avocats
ou d'avocates.
M. Bertrand: II y a d'abord trois commissaires, deux cadres et
ensuite...
M. Doyon: Classés de quelle façon?
M. Bertrand: Administrateur 04 et administrateur 03. Ensuite il y
a quatorze professionnels, des techniciens et du personnel de soutien.
M. Doyon: Une question supplémentaire avec votre
permission, M. le Président.
Une voix: Est-ce que c'est aussi sur le budget?
M. Doyon: Non, c'était sur autre chose. Si vous voulez
enchaîner, je n'ai pas
d'objection.
M. Vaugeois: M. le Président, ce serait une question que
j'aimerais vous poser.
Le Président (M. Guay): Faites toujours.
Statut de la commission
M. Vaugeois: Je devrais le savoir, remarquez, mais on est deux
à ne pas le savoir. Les questions du député de
Louis-Hébert nous en suggèrent d'autres. Le ministre des
Communications est responsable devant l'Assemblée nationale de la
commission.
Une voix: Non.
M. Vaugeois: Je vais reformuler ma question avec des
préambules. Je crois comprendre par certains éléments dans
les documents que j'ai sous les yeux que le ministre est responsable de la
commission devant l'Assemblée nationale. Je comprends que les membres de
la commission sont nommés à la recommandation du gouvernement ou
du premier ministre par l'Assemblée nationale selon une procédure
spéciale. Je constate que le président de la commission a,
conformément à la loi, remis son rapport au président de
l'Assemblée nationale, conformément à la même loi,
mais cette fois-ci en précisant l'article 118. J'aimerais, M. le
Président, que vous me disiez un petit peu quel est le statut de la
commission.
Le Président (M. Guay): Voici, en réponse à
votre question. La commission m'apparaît avoir - sous réserve d'en
faire une analyse plus exhaustive - à peu près le même
statut que la Commission des droits de la personne, c'est-à-dire une
commission dont les membres sont élus par l'Assemblée nationale
à la suite de la proposition du premier ministre, mais dont les liens
avec l'Assemblée nationale se terminent à ce moment, si ce n'est,
dans le cas de la Commission d'accès à l'information, ce qui
n'est pas le cas pour la Commission des droits de la personne, de devoir rendre
des comptes à l'Assemblée nationale. C'est dans sa loi. Sur le
plan administratif, la commission a un ministre tutélaire tout comme la
Commission des droits de la personne; dans le dernier cas, c'est le ministre de
la Justice; ici, c'est le ministre des Communications. Donc, elle fait partie
de ces organismes, il y en a peut-être d'autres. Il y a
évidemment, bien sûr, ceux qui nagent en pleine
nébulosité, je parle du Directeur général des
élections, du Protecteur du citoyen et du Vérificateur
général qui ne relèvent absolument pas,
administrativement, de l'Assemblée nationale ni du Bureau de
l'Assemblée nationale, mais qui n'ont pas pour autant un ministre
responsable, si bien que, vu que la Loi sur l'Assemblée nationale n'a
pas prévu qu'ils relevaient du Bureau de l'Assemblée nationale,
j'en déduits par défaut qu'ils ne relèvent pas du Conseil
du trésor. C'est d'ailleurs ce dont j'ai fait part au président
du Conseil du trésor et au premier ministre tout en signalant que, dans
ce cas, il y aurait sans doute lieu de clarifier, par mesure
législative, la situation de ces trois organismes.
Dans le cas de la Commission d'accès à l'information, une
fois que l'Assemblée a élu les membres de la commission, pour le
reste, le ministre des Communications en est responsable devant la Chambre et
elle n'a pas de lien avec le président de l'Assemblée nationale
ou avec le Bureau de l'Assemblée nationale. Avec l'Assemblée
nationale, elle a un lien en ce sens qu'elle doit faire un rapport annuel,
comme tout organisme ou ministère. M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: M. le Président, j'aimerais apporter
quelques précisions concernant les crédits de cette commission.
Les crédits pour cette année, sont apparus dans les
crédits du ministère et, normalement, la commission de la
culture, qui étudie les crédits du ministère, aurait
dû étudier les crédits de la commission. Mais, par
ailleurs, comme la commission doit faire rapport à l'Assemblée
nationale, est-ce que, normalement, dans ce rapport, les crédits doivent
apparaîtrent aussi?
Le Président (M. Guay): La disposition de la loi dit que
le rapport annuel de la commission fait l'objet d'une étude de la part
de la commission de l'Assemblée nationale, mais non pas les
crédits. L'organisme dont les crédits sont étudiés,
en vertu d'une disposition législative, par une commission de
l'Assemblée nationale est le Directeur général des
élections. La loi a même poussé le souci jusqu'à
prévoir qu'ils sont télédiffusés, mais c'est le
seul organisme du genre, Dieu merci. Tous les autres organismes, normalement,
voient leurs crédits apparaître dans le livre des crédits
sous le chapeau du ministère dont le ministre tutélaire est
responsable. Sauf, le Vérificateur général, le Protecteur
du citoyen et le Directeur général des élections, que le
Conseil du trésor a classé arbitrairement -c'est une vieille
tradition à vrai dire - dans les crédits de l'Assemblée
nationale en les appelant programme 5, 6 et 7 de l'Assemblée nationale,
alors que nous n'avons absolument rien à voir avec ces sommes, ce qui a
fait dire, à un moment donné, que le budget de l'Assemblée
nationale était de 86 000 000 $, alors qu'il n'est que de 46 000 000 $;
plût au Ciel qu'il fût de 86 000 000 $!
M. BrouiUet: Maintenant, cela pose une certaine difficulté
pratique. Selon la de coutume, quand on étudie les crédits d'un
organisme ou d'un ministère, on déborde un peu la stricte
comptabilité pour aborder les orientations, la gestion, etc., et comme
cela fait partie du rapport qu'on fait à l'Assemblée, il va
falloir qu'on s'ajuste. Ce qui fait que, lors de l'étude des
crédits en commission, on s'est abstenu d'interroger la commission sur
ses crédits parce qu'on se disait: On devra l'entendre à nouveau
sur l'ensemble du rapport. Il va falloir à l'avenir qu'on s'entende sur
une façon de procéder.
Le Président (M. Guay): Son rapport traite de ses
activités, des problèmes qui peuvent se poser, de ses
orientations et non pas des sommes qui sont mises à sa disposition pour
fonctionner. Les crédits, ce sont les sommes que l'Assemblée
nationale met à la disposition de la commission. C'est au moment de
l'étude des crédits qu'il aurait été opportun de se
pencher sur les crédits budgétaires de la Commission de
l'accès à l'information en restreignant peut-être le
débat à une question plus matérielle étant entendu
que, d'autre part, sur les orientations de la commission, sur les
problèmes qui peuvent se poser dans l'application de la loi sur
l'accès à l'information, il y a un autre amendement de
prévu en vertu de la loi et qui est le moment où la commission
est entendue sur son rapport annuel. (18 h 15)
M. Vaugeois: Sur quelle base a été prise la
décision d'inviter la Commission d'accès à l'information
gouvernementale à venir devant la commission de l'Assemblée
nationale?
Le Président (M. Guay): Sur la base de la loi qui le
dit.
M. Vaugeois: Qui le dit comme cela? Ce ne serait pas le cas pour
la Commission des droits de la personne?
Le Président (M. Guay): Non. À ma connaissance, la
Commission des droits de la personne n'a pas à venir devant une
commission de l'Assemblée nationale pour qu'il y ait étude de son
rapport annuel, ce qui n'empêcherait absolument pas, bien sûr, la
commission des institutions, en l'occurrence, de la convoquer puisque c'est un
organisme autonome.
M. French: M. le Président.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Westmount.
M. French: Je pourrais apporter un autre son de cloche au
débat. Je suis d'accord avec ce que vous dites. Je pense qu'il y a des
incohérences entre organismes, mais elles ne sont pas sérieuses,
d'après moi. Ce qui est difficile à saisir dans le cas de la
Commission d'accès à l'information gouvernementale ainsi que dans
le cas du Protecteur du citoyen et dans celui du Directeur
général des élections, c'est que ce sont des tribunaux
parlementaires et non pas des tribunaux administratifs. C'est une espèce
de bête politique qu'on a commencé à créer, d'abord
avec le Protecteur du citoyen, qui s'est multipliée par la suite.
C'est-à-dire que ce sont des entités qui ont une fonction dans
l'éducation, c'est leur fonction principale, mais qui ne relèvent
pas de l'Exécutif en aucune manière ou, au moins, dans l'offre,
pour ce qui est du fond de leurs responsabilités, elles jouissent d'une
certaine indépendance qui découle du fait que les
"décideurs" au sein de ces institutions sont désignés par
le Parlement et non par l'Exécutif. Mais, leur théorie
constitutionnelle du tribunal parlementaire est très peu
développée, ce qui fait qu'il y a tendance à les assimiler
aux tribunaux administratifs, quant à nos préoccupations en tant
que parlementaires, c'est tout à fait faux, et cela a tendance à
inviter les gens à les concevoir d'une façon un peu
mélangée, floue et ambiguë.
Le Président (M. Guay): II y a effectivement cette
confusion. On peut même ajouter que c'est moins clair dans le cas de la
Commission d'accès à l'information gouvernementale et dans celui
de la Commission des droits de la personne qui sont des tribunaux
administratifs ou des "tribunaux" - entre guillemets parlementaires. Il est
certain que le Vérificateur général, du moins en
théorie -et j'imagine bien qu'un jour cela deviendra un fait dans la loi
- et le Protecteur du citoyen, ces deux organismes, de par la nature de leurs
activités, participent à la fonction de contrôle de
l'administration publique qu'exerce l'Assemblée nationale. C'est
très évident dans le cas du Vérificateur
général, dans le cas du Protecteur du citoyen qui a pour but de
voir dans quelle mesure l'administration publique s'est conformée
à la loi adoptée par l'Assemblée nationale dans le cas
où un citoyen se plaint d'avoir été brimé.
Donc, ces deux organismes participent à la fonction de
contrôle de 1'Asseniblée nationale et font en quelque sorte
partie, au sens très large, non pas des 122 députés mais
de la fonction parlementaire de contrôle de l'administration
publique.
Dans le cas de la Commission d'accès à l'information
gouvernementale, c'est un peu moins évident. L'Assemblée
nationale a adopté une loi. Cela pourrait être davantage
évident dans le cas de la protection des
renseignements personnels, mais, encore là, c'est davantage
ambigu. Il n'est pas aussi évident que c'est une fonction de
contrôle de l'Assemblée nationale que celle de s'assurer que le
public a accès à certains renseignements ou que certains
renseignements sont protégés. Il le fait par une loi, mais de
là à dire que cela fait partie du contrôle parlementaire de
l'administration publique quotidiennement, mensuellement ou annuellement, cela
ne me semble pas aussi évident d'autant que c'est un choix que le
législateur a fait d'avoir une loi sur l'accès à
l'information gouvernementale. C'est tout récent. Jusqu'à
maintenant il n'y en avait pas. Il aurait tout aussi bien pu décider
qu'il n'y en aurait pas.
M. French: M. le Président, pour tenter de continuer le
débat, mais je pense que ce n'est peut-être pas le moment, je ne
veux pas décevoir le ministre non plus parce que je sais qu'il s'attend
qu'on lui pose d'autres questions difficiles...
M. Vaugeois: Tout de même, M. le député de
Westmount...
M. French: Ah! on continue le débat.
M. Vaugeois: Non, non, je ne veux pas continuer le débat,
je suis d'accord avec vous que ce serait un beau sujet de thèse. On
pourrait le faire d'ailleurs. Mais, je pense que le président a compris
en nous écoutant procéder à cet échange que, si
vous en veniez à déranger un peu trop l'Exécutif ou
l'administration, parce que cela peut être l'un ou l'autre ou l'un et
l'autre, il faudrait peut-être regarder la partie de la loi qui vous
subordonne au Conseil du trésor. Mais, pour l'instant, vous vous en
êtes pas mal tiré. Pour me référer aux derniers
propos du président, je crois sincèrement que votre action est
directement liée au mandat ultime de l'Assemblée nationale. Le
rôle ultime de l'Assemblée nationale est de demander des comptes
et que les choses soient rendu publiques. Je pense que vous rejoignez le mandat
dans ce qui reste comme signification au Parlement, c'est-à-dire la
démarche publique et le forum public. Vous concourez à cette
réalité parlementaire à laquelle on s'accroche.
M. Pépin: La perception que nous avons de notre statut est
la suivante: La loi précise que le gouvernement désigne un
ministre responsable. Alors, c'est le ministre des Communications qui a
été désigné. La loi précise également
que le ministre peut demander en tout temps à la commission tout
renseignement d'ordre financier. De plus, le budget étant voté
par l'Assemblée nationale, cela devient un programme de
ministère. Donc, les crédits de ce programme sont sujets à
l'examen comme tout autre programme par les juridictions appropriées. Ce
que nous jugeons de ce mandat, c'est que par ailleurs le ministre responsable
ne pourrait pas dicter à la commission ses décisions en
matière de révision, par exemple. Cette possibilité que
nous avons de saisir en tout temps, soit par un rapport annuel ou par un
rapport spécial, l'Assemblée nationale de toute question que nous
jugeons pertinente, signifie, estimons-nous, que l'Assemblée nationale
est demeurée maîtresse de cette réforme, en ce sens qu'on
peut l'adapter, y compris sur des problèmes administratifs, pour
reprendre votre crainte. Cela ne veut pas du tout dire que je la partage, M.
Vaugeois, que le Conseil du trésor pourrait être moins
généreux à notre égard mais nous pourrions saisir
cette commission-ci des problèmes que nous avons. C'est comme cela que
nous entendons notre mandat.
M. Vaugeois: Je ne vous ai pas demandé de partager mon
expression d'opinion, mais vous aurez assez de vivre la réalité,
M. le président.
M. Pépin: Je suis par nature un optimiste.
Problèmes d'interprétation
M. French: M. le Président, je voudrais poser une question
aux membres de la Commission d'accès à l'information
gouvernementale sur le paragraphe qu'on retrouve dans le document soumis lors
de l'étude des crédits du ministère des Communications. Il
s'agissait du programmé 7, à la page 3. Je cite: "Afin de bien
saisir la pensée du législateur et dans le but d'avoir une
interprétation la plus uniforme possible de la loi, le service juridique
a soumis un certain nombre d'opinions concernant les articles qui, à
première vue, semblent causer certains problèmes
d'interprétation." Je voudrais d'abord dire à la commission que
les législateurs sont tous ici, sauf l'ex-député de
Marguerite-Bourgeoys. Je dis "les législateurs" pour ceux et celles qui
ont travaillé le plus intimement à l'étude du projet de
loi. Nous sommes toujours prêts, et je peux le dire de la part de la
commission de la culture, à essayer de vous aider dans cet exercice
d'interprétation. Plus particulièrement, je voudrais vous offrir
ce tribut ou l'autre tribut pour nous faire part de vos "conundrums", de vos
problèmes et de vos difficultés dans ce domaine. Plus
particulièrement, je voudrais vous dire que nous serions les plus
déçus si jamais, dans un débat interne, le libellé
actuel de la loi dictait un processus de complications, de complexité
dans le processus de porter plainte et d'être entendu qui aurait pu
être
changé par le législateur, parce que, s'il y a des
problèmes dans la loi, en ce sens comme dans d'autres sens - je veux
parler pour mon collègue, le député de Louis-Hébert
- nous serons des plus heureux de vous aider rapidement, ou par
l'émission d'opinions ou même par le processus législatif,
si le ministre veut bien.
Alors, je veux vous ouvrir cette porte et voir si vous êtes
disposé à y entrer.
M. Pépin: Puis-je apporter une précision? Je pense
que toute loi nouvelle... J'ai le privilège de ne pas être avocat,
alors je me fais enseigner...
Le Président (M. Guay): Comment un privilège?
M. Pépin: Alors, je suis d'autant plus à
l'écoute des experts en la matière. Je pense que toute loi
nouvelle exige dans une période de rodage un minimum
d'interprétation malgré toute la clarté de l'intention du
législateur. Je vous donne un exemple d'un article qui fait
problème. Il est dit quelque part dans la loi que les personnes
chargées de détecter ou de réprimer le crime n'ont pas
à s'enregistrer lorsqu'elles consultent leur fichier personnel. Alors,
qui sont les personnes chargées de détecter et de réprimer
le crime? Pour moi, c'est assez clair, mais j'ai découvert que
j'étais naïf, que c'est une question compliquée. Alors,
c'est ce genre de situation que nous essayons de tirer au clair avant que les
problèmes nous arrivent. C'est une question de se préparer, en
fait.
Plusieurs problèmes de ce genre nous sont posés par des
gens de très bonne foi qui viennent de toutes sortes de milieux et qui
nous disent: Comment interprétez-vous telle exigence de la loi par
rapport à telle autre exigence de telle autre loi sectorielle? Cela
exige un examen. Je vous donne un autre exemple avec lequel M. le ministre des
Communications est très familier: La loi dit que c'est la personne avec
la plus haute autorité qui est responsable de l'accès dans un
organisme. Alors, je pense que pour un profane une expression comme
celle-là ne pose pas tellement de problèmes. Or, M. le ministre
peut vous dire, lui qui a la responsabilité de diffuser le
répertoire des responsables, que cela lui en pose quelques-uns. Alors,
c'est ce genre de problèmes que nous avons.
M. Vaugeois: ...des exemples.
M. French: Le député de Trois-Rivières
aimerait savoir quels sont les exemples d'ambiguïté sur la personne
qui a la plus haute autorité dans un organisme public. C'est qu'on
apprend que le ministre n'a pas la plus haute autorité au
ministère des
Communications, en premier lieu. Une voix: Cela se pourrait.
M. Doyon: En tout cas, je souhaite que vous n'ayez pas de conflit
avec Radio-Québec ou avec la Régie des services publics, auquel
cas vous ne devriez pas vous fier sur le ministre pour trancher.
Le Président (M. Guay): M. le ministre des
Communications.
M. Bertrand: M. le Président, les situations qui peuvent
parfois porter à interprétation ne sont pas celles que l'on
connaît habituellement. Par exemple, il est évident qu'au sein
d'un ministère c'est le ministre qui est la plus haute autorité,
mais dans un réseau comme celui de la santé, vous pouvez avoir
à un moment donné un président de conseil d'administration
et un directeur général d'un centre hospitalier. Alors, la plus
haute autorité dans ce contexte-là, est-ce le président du
conseil d'administration? Est-ce le directeur général du centre
hospitalier? Dans une commission scolaire, est-ce le président de la
commission scolaire? Est-ce le directeur d'école pour les fins d'une
école ou est-ce le président de la commission scolaire de qui
relève l'école? Alors, il y a comme cela, surtout dans les
réseaux de l'éducation, de la santé et des services
sociaux quelques problèmes qui peuvent se poser pour savoir qui
véritablement est la plus haute autorité. On a eu quelques
difficultés à ce point de vue. On n'a pas réussi à
établir une règle qui soit une règle d'application
générale, on a surtout tenté de faire en sorte que le
maximum de pragmatisme s'applique et qu'on indique en tout cas aux yeux de
l'organisme qui semblait être la personne la mieux placée pour
exercer l'autorité.
M. French: M. le ministre, serait-il utile que la commission de
la culture soit saisie, d'une part, des problèmes
d'interprétation et, d'autre part, de projet de règlement avant
que la loi entre en vigueur?
M. Bertrand: Oui, je pense que, dans la mesure où cela
peut être fait, il serait souhaitable que la commission de la culture...
Enfin, j'imagine que, si on avait des modifications à apporter sur le
plan législatif, ce serait par la loi omnibus, avant l'entrée en
vigueur de la loi. Si c'était en termes de réglementation, de
toute façon, il doit y avoir un avis dans la Gazette officielle et la
commission peut se saisir, si elle le décide bien sûr, d'un projet
de règlement quelconque. Alors dans ce contexte-là, je crois que
la commission peut prendre les initiatives qu'elle considère
appropriées. Je peux indiquer immédiatement
que, de toute façon, il y a un règlement sur lequel nous
travaillons en ce moment qui est le règlement sur les frais exigibles
dans l'éventualité où quelqu'un veut avoir accès
à un document. Il y a aussi une disposition sur laquelle nous
travaillons et qui pourrait peut-être faire partie du projet de loi
omnibus qui a trait à ces renseignements dont certains organismes ont
besoin et qui font référence aux retenues qui sont faites sur des
chèques de paie. (18 h 30)
Par exemple, si on vous émet un chèque de paie, il y a une
partie de retenue qui peut aller pour un régime de retraite et qui est
appliquée par un organisme quelconque. Plutôt que d'avoir à
mettre en place toute la notion de procédure de transfert de
renseignements dans ces cas, on pense qu'il y aurait peut-être une petite
modification qui pourrait être apportée à l'article 61 de
la loi et qui, pour reprendre l'expression que vous utilisiez tantôt,
enlèverait beaucoup de bureaucratie inutile, de tâtonnements
inutiles, pour des choses qui semblent aller de soi. S'il y a avait des choses
qui devaient venir, ce serait probablement à l'intérieur d'une
loi omnibus avant la fin de la session.
M. French: Mais, M. le Président, M. le ministre, je vous
demande si oui ou non ce serait utile, seriez-vous intéressé? On
peut toujours prendre une initiative, mais je pense que je peux dire que la
commission de la culture serait prête à vous aider, mais on n'est
pas intéressé par contre à vous amener là de force
parce qu'à ce moment cela ne crée pas l'atmosphère
nécessaire de toute façon.
M. Bertrand: Si vous voulez bien, M. le président de la
commission, j'évaluerai selon le projet de règlement ou les
amendements à la loi qui pourraient nous être soumis. De toute
façon, l'Assemblée nationale en serait informée puisque la
Gazette officielle reçoit les projets de règlement et
l'Assemblée nationale est saisie des projets de loi.
Maintenant, il y a ce règlement, entre autres, sur les frais
exigibles. Je dois vous dire que ma préoccupation au début
était de faire en sorte qu'on ait une politique d'application
générale pour les 3600 organismes. Or, de façon
pragmatique, cela ne sera pas possible parce qu'il existe à l'heure
actuelle des organismes, surtout dans le réseau des
municipalités, le réseau scolaire, le réseau de la
santé et des services sociaux, qui font payer les gens pour des
documents qu'ils veulent obtenir et qui, à l'heure actuelle, peuvent
être obtenus.
Si j'établis que tout montant en bas de 10 $, c'est l'organisme
qui en assume la responsabilité et, au-delà de 10 $, les frais
réels encourus doivent être payés par la personne qui fait
la demande d'un document, je me disais: Donc, il faut que je modifie par une
disposition générale toutes les lois qui, à l'heure
actuelle, prévoient que 3200 sur 3600 organismes assujettis à la
loi appliquent en ce moment même des coûts pour tout document qui
peut être obtenu.
Alors, plutôt que de m1 embarrasser de compliquer la
vie à tous ces organismes qui vivent à l'heure actuelle avec
certaines dispositions et tout en sachant aussi que la commission, de toute
façon, doit, d'ici 1986, revoir les lois dans lesquelles il y aurait des
dispositions qui seraient incompatibles avec la loi 65, mais peut-être
aussi de nous faire des suggestions relativement à cette notion de frais
exigibles, eh bien, j'ai préféré adopter une attitude,
encore là, pragmatique qui consiste à considérer qu'il y a
une situation de fait qu'on ne va pas changer en l'espace de quelques
semaines.
M. French: Dans pareil cas, chaque organisme sera libre de faire
n'importe quoi ou vous allez établir les barèmes... Comment
est-ce que cela va fonctionner? Je comprends bien que vous ne pouvez pas avoir
tout à coup une seule politique dans tous les réseaux, mais de
là à dire que la solution pragmatique est de laisser faire, ce
que vous allez faire n'est pas clair.
M. Bertrand: Personnellement, ma proposition était de
faire en sorte que, dans le règlement prévu à l'article -
c'est d'ailleurs le premier règlement sur lequel nous ayons à
travailler - 155: "Prescrire les frais exigibles pour la transcription, la
reproduction et la transmission de documents ou de renseignements nominatifs
ainsi que les modalités de paiement de ces frais." ...Il y avait toutes
sortes d'hypothèses. Est-ce que c'est un montant de 5 $, 10 $, 25 $ qui
doit être le seuil à partir duquel les citoyens et citoyennes du
Québec devraient payer le coût réel de reproduction des
documents? Personnellement, j'ai émis l'opinion que 10 $ m'apparaissait
un montant raisonnable. Je voulais l'appliquer à tous les organismes et
au Comité de législation. On m'a fait valoir que ce serait sans
doute extrêmement difficile d'appliquer une telle politique d'une
façon générale. Alors, est-ce que, dans les circonstances
actuelles, je dois appliquer cette politique pour les ministères et
organismes gouvernementaux seulement, ou bien si, pour tous les organismes,
j'édicte le principe qu'il y a des frais qui doivent être
exigés auprès des gens qui veulent obtenir des documents, mais
que seuls les coûts réels reliés à la reproduction
de ces documents doivent être exigés des contribuables? Je vous
avoue que, sur ce point, si la commission avait un avis à
émettre, je serais, quant à moi, tout à fait
disposé à en discuter. Mais je suis pris dans une situation
et, de toute façon, je sens bien que je ne pourrai pas appliquer
une politique générale. La seule qui pourrait s'appliquer
probablement serait celle de dire que les individus, les contribuables
défraient le coût réel des renseignements demandés,
c'est-à-dire la reproduction d'un document pour 4,99 $. Il faut payer la
facture de 4,99 $ qui ne compte pas, bien sûr, les ressources humaines
qui sont mises à la disposition de l'individu pour récolter ces
renseignements.
M. Vaugeois: Si vous me le permettez, en tout cas, ce serait un
débat intéressant à avoir avec la commission parce qu'on
pense à tellement de choses, tels les frais de perception et
l'encaissement; si l'on vous envoie de petits chèques, l'encaissement,
les frais de perception et tout, c'est un pensez-y bien.
Cela m'amènerait, si je ne vous interromps pas, M. le
député de Westmount, et si M. le Président me le permet,
à poser une question que j'avais réservée pour la fin, au
président. On sait qu'aux États-Unis, a partir d'une loi
semblable et au fédéral également, cela commence, il est
né de nouveaux spécialistes qu'on appelle des courtiers en
information. Aux États-Unis, ils font des affaires à partir d'un
bureau; à Ottawa, vient de naître, je crois, un premier bureau qui
se définit comme un courtier en information. Je vous pose la question,
mais j'attire aussi l'attention du ministre sur cet aspect. C'est que, en fait,
l'entreprise privée, tout à coup, constatant qu'il y a des choses
qui deviennent plus accessibles qu'avant et qu'il y a toujours la masse
d'information qui vient des gouvernements, plutôt que de s'adresser au
gouvernement pour aller chercher une information, décide de s'adresser
à un bureau qui peut plus facilement avoir accès à
l'information. Ce que je disais, M. le ministre, c'est qu'aux
États-Unis, on a vu naître des courtiers en information. Alors, au
lieu de s'adresser au gouvernement, parce que malgré tous les efforts
qu'on fera, on aura toujours des problèmes d'engorgement, de gestion,
éventuellement de frais et tout, vous avez les gens qui se
spécialisent dans le fait d'aller chercher le maximum d'information dans
des champs spécialisés. Les gens savent qu'ils peuvent s'adresser
à ce groupe spécialisé. Évidemment, c'est payant,
mais ils ont des réponses plus rapidement et dans la forme qui leur est
la plus utile, une forme mâchée. Est-ce que vous avez une
réaction, M. le président, devant la naissance possible de
courtiers en information?
M. Pépin: D'abord, la loi dit que c'est toute personne qui
peut demander un document et c'est également toute personne,
c'est-à-dire sans distinction de profession, etc., qui peut exercer ses
recours devant la commission. Donc, si ce phénomène dont vous
parlez se développait ici au Québec, la commission ne pourrait
pas, en aucune manière, le stopper ou le ralentir.
Par ailleurs, la loi dit aussi qu'on n'a pas à exprimer le motif
pour lequel on veut obtenir une information. Ce n'est pas un motif de refus de
la donner, non plus que l'identité de la personne. Donc, c'est possible
que ce phénomène se produise ici, mais je vous fais remarquer
qu'il existe déjà, peut-être, moins ici au Québec
parce que la population est moins grande, mais tout le phénomène
des "news letter", c'est fondamentalement des courtiers en information
spécialisée. Quand j'étais à Ottawa, il y en avait
quelques-uns qui avaient une "news letter" très
spécialisée et qui percevaient leur information par d'autres
moyens qu'une loi d'accès, mais c'est évident que ces gens,
grâce à la loi d'accès à l'information, auront un
outil additionnel à leur disposition.
Je n'envisage pas de réactions particulières sauf que,
probablement, à mesure que ces gens-là se spécialiseront
dans l'utilisation de la loi, cela apportera, face aux organismes
détenteurs d'information, la contre-spécialité pour se
protéger avec la loi et, conséquemment, cela peut
éventuellement apporter à la commission un peu plus de
problèmes que si c'est uniquement le grand public qui l'utilise. C'est
la seule perspective que je vois.
M. Vaugeois: D'ailleurs, c'est inévitable puisqu'on le
voit aux États-Unis.
M. Bertrand: M. le député de Trois-Rivières,
ce qu'on constate davantage dans les différentes tournées qu'on a
effectuées jusqu'à maintenant, et pour avoir eu quelques
informations personnelles sur des séances de formation qui peuvent
exister à gauche ou à droite sur l'entrée en vigueur de la
loi, il se développe des équipes de spécialistes en la
matière - équipes d'avocats spécialisés en la
matière - qui vont conseiller les organismes sur la façon
d'interpréter la loi ou de contourner certaines des dispositions de la
loi pour ne pas avoir à rendre accessibles certains documents.
Je vous avoue que, à l'heure actuelle, cet aspect est plus
visible que celui que vous évoquez, quoique celui que vous
évoquiez va probablement apparaître avec le temps. Dans les
semaines qui précèdent l'application de l'entrée en
vigueur de la loi, je dois vous dire qu'il y a plusieurs organismes qui -comme
on le disait tantôt et c'est M. Pépin qui le soulignait - sachant
que cela s'en vient et vite - passez-moi l'expression - vont se "gréer"
de contentieux qui seront capables de les conseiller de façon telle
qu'ils puissent vivre le mieux possible avec la loi.
M. Pépin: Si vous me le permettez, M. le Président,
je vous demanderais la permission que ma collègue, Mme Pestiau, puisse
ajouter une réponse à la question de M. Vaugeois. Elle a mieux
étudié la législation américaine et, aussi, elle a
rencontré les praticiens de ce domaine là-bas. Je crois qu'il y a
quand même une certaine différence sur le plan
législatif.
Mme Pestiau (Caroline): En fait, M. le député, je
pense que vous avez, avec vos collègues, mieux rédigé la
loi québécoise que ne l'ont fait les Américains et les
fédéraux. Je pense qu'en partie les firmes de courtiers se sont
organisées parce que c'était tellement difficile puisqu'il n'y a
pas de commission aux États-Unis. Au fédéral, les
dispositions en ce qui concerne le secret commercial sont moins claires que les
nôtres. C'est moins évident qu'on doit avertir la tierce partie.
Je pense qu'il y aura moins de problèmes. Peut-être que je suis
trop optimiste; évidemment, il y aura toujours des gens qui vont essayer
de tirer bénéfice d'une loi comme intermédiaires, je pense
qu'il y a beaucoup moins de danger ici à cause de la façon dont
la loi est rédigée qu'il y en a eu aux États-Unis.
Vraisemblablement, nous aurons moins de problèmes qu'aux
États-Unis, parce que la grosse majorité des demandes vient des
entreprises ici. En tout cas, je suis optimiste à cet égard,
notre loi va servir davantage le citoyen ordinaire que les
intermédiaires qui le font au point de vue lucratif.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. On me permettra, ayant
eu l'occasion de travailler de nombreuses années dans le monde
municipal, de demander au président de la commission si les
renseignements et les contacts qu'il a eus avec le monde municipal, aussi bien
des communautés urbaines que je connais un peu mieux que les villes et
les autres municipalités qui sont régies par le Code municipal...
Quel est le genre d'organisation qu'on met sur pied? Est-ce qu'il se fait
quelque chose dans ces organismes pour répondre - à brève
échéance, finalement - aux demandes qui leur seront faites de la
part des contribuables et des citoyens?
M. Pépin: Je ne peux malheureusement pas, M. Doyon,
répondre directement à votre question parce que vous savez qu'il
y a beaucoup de municipalités au Québec. Probablement que les
moyens mis en oeuvre varient d'un endroit à l'autre. Par ailleurs, je
peux vous dire qu'il y a un intérêt qui s'est manifesté
dès le début, dès après le dépôt de la
loi, dès après la création de la commission. Ma
collègue, Mme Giroux, a rencontré, je pense, à deux
reprises, des groupements de fonctionnaires municipaux, est-ce que
c'étaient des greffiers ou des gérants? (18 h 45)
Mme Giroux (Thérèse): Des greffiers.
M. Pépin: Des greffiers. D'autres groupes également
ont sollicité notre présence à quelques reprises. Les
greffiers, de façon générale, ou les
secrétaires-trésoriers, lorsqu'il s'agit de plus petites
municipalités, manifestent beaucoup d'intérêt et
s'informent. Lorsque nous avons fait la tournée d'information sur le
calendrier d'implantation, je crois que le monde municipal était
très largement représenté à ces réunions.
Donc, à tout le moins, il y a beaucoup d'intérêt, il y a
des gens qui s'en préoccupent. Quels sont les moyens pris pour appliquer
la loi? Je ne peux pas vous répondre de façon
générale, mais je suppose que, s'il y a intérêt, il
y a aussi des gestes qui sont posés.
M. Bertrand: Je vais ajouter une information, M. le
député de Louis-Hébert. Nous avons préparé,
très spécifiquement, pour les municipalités un guide
d'application de la loi 65, surtout pour les petites municipalités. Ce
guide sera disponible vers le 1er juin. Je dois dire aussi - comme vient de le
dire le président de la commission -que non seulement aux séances
de consultation sur le calendrier d'implantation de la loi 65, mais depuis ces
consultations, il y a beaucoup d'invitations qui sont faites -probablement que
la commission en a reçu plusieurs, le ministère en a reçu
aussi -surtout de la part des secrétaires municipaux, beaucoup de
demandes d'information, beaucoup de demandes de rencontre pour être plus
au fait de la loi. Maintenant, il y a une réaction
générale dans les municipalités, on nous dit, dans
plusieurs cas, que déjà tout est relativement transparent et que
la loi 65 ne devrait pas poser de problème, on verra. Il y a un
intérêt certain de ce côté.
M. Doyon: J'ai une question concernant la loi. Je ne suis pas au
courant comme mon collègue de Wesmount peut l'être. Concernant les
personnes qui devront fournir aux citoyens, aux citoyennes les renseignements
dont ils ont besoin et qui devront être connues, est-ce qu'il incombe aux
organismes publics de faire connaître eux-mêmes, à leur
clientèle, l'existence de telle personne avec toutes ses
coordonnées, ou si c'est une responsabilité qui incombe à
votre commission, ou si cette responsabilité n'a été
déléguée à personne?
M. Bertrand: La responsabilité appar-
tient au ministère des Communications de publier un
répertoire des personnes qui sont responsables de l'application de la
loi 65 dans les 3600 organismes assujettis à la loi. Il s'agit de
l'article 8: La personne ayant la plus haute autorité au sein d'un
organisme exerce les fonctions que la présente loi confère
à la personne responsable de l'accès aux documents et de la
protection des renseignements. Toutefois, cette personne peut désigner
comme responsable un autre membre de l'organisme public... Cette
délégation doit être faite par écrit. Celui qui la
fait doit en donner publiquement avis.
Dès lors qu'il y a une délégation qui est faite, il
doit en donner publiquement avis. Alors, l'organisme a donc une
responsabilité qui lui est propre, mais nous avons comme
ministère une responsabilité pour ce qui est de fournir à
l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec un outil qui leur
permet de savoir à qui s'adresser.
M. Doyon: Si on me permet une remarque, M. le Président.
Simplement à titre d'utilisateur éventuel de la loi, n'est-il pas
irréaliste de penser que quelqu'un va pouvoir se démêler
dans 3600 noms de personnes qui sont habilitées à fournir toutes
sortes de renseignements dans toutes sortes de domaines? N'aurait-il pas
été pensable... Est-ce que la commission ne pourrait pas regarder
cet aspect des choses et tout simplement évaluer la possibilité
que, par exemple, dans le cas d'une municipalité, celle-ci ait
l'obligation de publier un avis public disant: Si vous voulez avoir des
renseignements où savoir la personne qui est en charge et qui est
responsable, pour ce qui est de la municipalité de Saint-Narcisse, elle
se nomme M. Untel, son numéro de téléphone, il peut
être rejoint aux heures ordinaires de bureau, etc., et que là, on
s'adresse à une population de 1200 personnes et qu'on soit sûr de
pouvoir toucher ces personnes? Tandis que, si le citoyen de Saint-Narcisse est
obligé de se référer hypothétiquement au
répertoire, si on pousse les choses à l'absurde, pour savoir que,
dans sa municipalité de 1200 personnes, qui est celui à qui il
devrait demander les renseignements, à qui il devrait avoir affaire, n'y
a-t-il pas là un détour inutile? Ce qui ne permet pas de faire
une utilisation rationnelle des dispositions législatives qui
existent.
M. Pépin: Alors, je retiens votre suggestion. La
commission pourrait éventuellement intervenir dans un domaine comme
celui-là. S'il y avait un problème que nous observons, nous
n'avons pas raison de soupçonner que les municipalités ne feront
pas connaître le nom de leur responsable, mais, si cela se
révélait vrai - incidemment, c'est un autre cas
d'interprétation qui est insoupçonné - donner publiquement
avis pour tout le monde, le faire connaître au public. Il semble que,
lorsque c'est écrit dans une loi, cela signifie: publié à
la Gazette officielle. C'est le genre de petite difficulté
d'interprétation qui peut survenir parfois.
M. Doyon: Mais je pense que c'est un obstacle qui peut être
contourné facilement parce que les municipalités sont
habituées de donner des avis publics aux portes des édifices et
dans les journaux qui circulent dans la langue majoritaire de la
municipalité, etc. Cependant, je pense que, pour quelqu'un qui fait
affaires avec un hôpital, qui est un bénéficiaire de
services hospitaliers d'un tel hôpital, cela peut devenir
compliqué pour lui de savoir qui dans cet hôpital, tandis que,
pour l'hôpital, il serait théoriquement assez simple d'informer sa
clientèle ordinaire que, si on veut avoir accès à telle
sorte de renseignement, etc., on s'adresse à telle personne.
M. Pépin: J'aimerais ajouter une précision. La loi
fait obligation aux organismes de mettre à la disposition du public un
local pour consulter sur place les documents accessibles. Si un organisme met
à la disposition du public un local, il me semble que cela va de soi
qu'en même temps il y aura quelqu'un derrière le comptoir qui
pourra dire qui est responsable.
M. Doyon: C'est à souhaiter, mais je n'en suis pas
sûr du tout, M. le Président. Il est responsable de remettre un
certain nombre d'information pour un organisme public bien connu et je vous
assure qu'il n'y avait pas de comptoir et qu'il n'y avait pas
d'aménagement, même si la loi l'indiquait très clairement,
c'était très limité comme aménagement, je vous
l'assure.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais souligner que,
dans l'agenda du responsable qui a été transmis aux membres de la
commission, le souhait émis par le député de
Louis-Hébert est repris presque textuellement à la page 6. Nous
disons que le ministère des Communications se chargera de
procéder à la publication d'un avis à la Gazette
officielle pour l'ensemble des organismes lorsqu'il y a
délégation de pouvoir au sein des organismes publics. Nous
ajoutons ceci: Néanmoins, il est suggéré d'utiliser en
plus les moyens usuels pour faire connaître aux citoyens le nom du
responsable au sein de l'organisme, parce qu'il y a effectivement des moyens
à la disposition de chacun de ces organismes qui devraient être
utilisés pour qu'on fasse mieux connaître l'existence de ce
responsable auprès des clientèles qui habituellement s'adressent
à ces organismes.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Westmount.
Réglementation
M. French: M. le Président, je voudrais revenir
très brièvement au règlement. Dans le document que nous
avons reçu lors de l'étude des crédits, document qui a
été mis en vigueur le 1er janvier 1984, daté du mois
d'août 1983, on prévoit que les règlements seraient
prêts deux mois avant la mise en application de la loi,
c'est-à-dire le 1er novembre 1983 pour janvier 1984. Donc, on devrait
maintenant être en possession, d'après ce genre
d'échéancier, des projets de règlements pour la presque
totalité de la loi. Est-ce le cas et est-ce faisable ou pratique que ces
règlements soient déposés auprès de la commission
de la culture?
M. Bertrand: M. le Président, si on se
réfère à l'article 155 de la loi, il y a effectivement six
cas où le gouvernement peut adopter des règlements. J'aime
beaucoup l'expression "peut adopter des règlements", parce que je me
souviens que c'était le député de Westmount lui-même
qui nous avait dit à l'époque, lorsqu'on parlait entre autres des
responsabilités de la commission: Ne laissons à la commission que
les responsabilités qui sont celles d'une commission et n'y ajoutons pas
d'autres responsabilités qui peuvent être assumées par
d'autres organismes.
Nous adoptons la même attitude pour ce qui est de la
réglementation. S'il n'est pas absolument nécessaire d'adopter
des règlements, surtout dans le cas où nous pensons qu'il serait
préférable de laisser l'expérience suivre son cours avant
d'édicter des règlements, si nous jugions qu'il était
nécessaire que de tels règlements soient édictés,
nous pouvons dire à ce stade-ci que des projets de règlements
sont prêts pour les six points mentionnés à l'article 155,
que nous n'avons pas l'intention de proposer au Conseil des ministres d'autres
règlements que ceux prévus aux paragraphes 1 et 2 de l'article
155. Dans les quatre autres cas, nous avons des projets de règlements
sur lesquels nous continuons de travailler, mais à cause de la nature
même des règlements et étant donné la
difficulté qu'il y aurait à ce stade-ci d'édicter des
règlements sans même connaître le type d'expérience
que nous allons vivre, nous préférons attendre. Bien sûr,
nous nous ferons un plaisir de communiquer de tels projets de règlements
dans la mesure où ils sembleraient nécessaire aux membres de la
commission parlementaire de la culture ou de l'Assemblée nationale.
M. French: Donc, M. le ministre, le projet de loi va entrer en
vigueur sans règlement pour les paragraphes 3, 4, 5, 6, puisqu'on veut
vivre un peu l'expérience. C'est une possibilité qui est
d'ailleurs prévue dans le document que nous avons reçu. Vous avez
retenu cette option.
M. Bertrand: C'est exact.
M. French: Bon. Alors, la seule question touchée par les
règlements actuellement prévus, c'est la question des
frais...
M. Bertrand: C'est la question des frais. Nous...
M. French: ...qui pourrait peut-être être
pratiquement discutée devant la commission de la culture.
M. Bertrand: Je ne sais pas si, à ce stade-ci, vous avez
déjà des opinions arrêtées sur cette question des
frais. Vous savez que l'article dit que l'accès à un document est
gratuit, mais que, par ailleurs, nous pouvons exiger des frais qui
correspondent au coût réel de transmission des renseignements et
de reproduction des documents.
M. French: Si j'ai bien compris, le ministre...
M. Bertrand: Le règlement n'a pas encore été
transmis au Conseil des ministres.
M. French: Oui, c'est cela. Est-ce que le ministre serait...
M. Bertrand: Par ailleurs, pour le volet: Protection des
renseignements personnels, la politique que je compte adopter, c'est de ne pas
exiger de frais pour cette partie de la loi puisqu'il s'agit là vraiment
de la protection de la vie privée. Il me semble que ce serait incorrect,
dans les circonstances, d'exiger des frais à une personne qui
veut...
M. French: ...avoir accès à ces renseignements.
M. Bertrand: ...faire corriger des renseignements sur sa
personne.
M. French: M. le ministre, ne serait-il pas intéressant de
consulter la commission de la culture pour nous informer de la
problématique que vous avez effleurée tantôt et,
deuxièmement, de nous consulter avant d'aller au Conseil des ministres?
Il ne s'agit pas d'un projet de loi, n'est-ce pas? Il s'agit d'un aspect
relativement précis qui touche précisément l'individu, ses
intérêts.
M. Bertrand: Dans la mesure où cela ne m'empêcherait
pas de procéder à ce qu'on
appelle la prépublication à la Gazette officielle. Vous
savez que, de toute façon, avant qu'un règlement ne soit
adopté officiellement au Conseil des ministres, il doit faire l'objet
d'une prépublication qui est précisément l'occasion pour
procéder à des consultations ou l'occasion de permettre à
des citoyens et citoyennes de faire connaître leurs réactions
à une proposition de règlement.
Pendant cette période de prépublication à la
Gazette officielle, je ne vois pas pourquoi la commission ne pourrait pas
effectivement regarder de tels projets de règlement.
M. French: Discuter avec vous et la commission si le cas se
présente. Merci.
Maintenant, je veux seulement toucher une fois de plus la question du
rôle respectif des deux institutions. Je veux, encore une fois - je pense
que le président a bien saisi - que les choses soient claires. Il est
très important, à mon avis, que la commission ne se retrouve pas
dans une situation où un organisme public n'ayant pas, dans le
passé, consulté la commission présente un argument
auprès de la commission quant à une demande faite qui mette en
même temps la commission dans le rôle de conseiller et
d'interpréter au préalable et, par la suite, de jouer à
l'arbitre.
Vous savez que donner un avis sur un cas en général et,
par la suite, se trouver devant un cas particulier peut mettre la commission
dans une situation très embêtante, il est très important
d'éviter cela. Je ne suis pas contre la consultation, je ne suis pas
contre les communications et je ne suis pas contre la collaboration, mais la
commission doit se rendre compte que son rôle primordial est de toujours
être en mesure de porter un jugement objectif après
l'échange entre le demandeur et l'organisme en question.
M. Pépin: Nous sommes très conscients de cela, M.
French, et nous essayons d'appliquer ce principe. En fait, ce que vous
suggérez, c'est que nous refusions ce qu'on appelle dans le langage
administratif les prétests. (19 heures)
M. French: Justement, je suggère d'éviter les
prétests. Vous avez dit que vous ne voulez pas être le conseiller
juridique de tout le monde, et je pense que c'est très important.
Cependant, certains de vos documents nous mettent un peu mal à l'aise
face à cela. Dans le document du programme 7 pour l'étude des
crédits, on dit que la commission doit être en mesure de
répondre promptement aux demandes des citoyens dès
l'entrée en vigueur de la loi. J'espère que cela veut dire les
plaintes ou les appels et que cela n'implique pas que la commission devienne la
porte d'accès à tout le réseau pour tous les citoyens.
M. Pépin: II y a une période de rodage au cours de
laquelle, que ce soit au ministère, chez nous ou dans d'autres
organismes, il y a une certaine pédagogie à appliquer. Les gens,
un grand nombre de personnes, croient que nous détenons des boîtes
de documents et qu'il nous appartient, si nous sommes de bonne humeur, d'en
faire la distribution aux plus méritants. Alors, il faut expliquer ces
choses. Beaucoup de gens appellent. Je présume que le ministère
reçoit également ce genre d'appels et que d'autres organismes en
reçoivent aussi. Donc, pendant une certaine période, il y a
toutes sortes de demandes de ce genre, mais ce que nous entendons par
répondre aux demandes des citoyens, c'est de répondre aux mandats
que la loi nous donne. Et même, cette phrase est un peu
incomplète, parce que, d'une part, nous avons deux clientèles.
Nous avons le grand public, mais nous avons aussi une très vaste
clientèle d'organismes qui doivent avoir avec nous des rapports d'ordre
administratif pour déclarer les fichiers de renseignements. Nous avons
aussi, par exemple, le devoir d'accorder des dispenses d'enregistrement,
d'accorder une dispense de ne pas répondre à des demandes
abusives. Alors là, il faut statuer si c'est abusif ou non. C'est ce
genre de choses lorsqu'on parle de demandes.
M. French: Toujours sur le même sujet, je suis un peu
confus, parce que, dans le document que le ministère a
préparé au mois d'août 1983, la version du ministère
semble contredire, dans une certaine mesure, certaines de vos réponses.
D'abord, sur une question dont on vient de parler, on dit, à la page 7:
"C'est vers la Commission d'accès à l'information que se dirigent
normalement les organismes publics pour l'interprétation de la loi."
Est-ce que cela ne vous met pas dans une situation de prétest? Est-ce
que cela ne vous fait pas l'avocat ou le conseiller juridique pour tous les
organismes du réseau? Je dois comprendre que ce n'est pas votre version
de ce qui se passe.
M. Pépin: C'est exact. Comme je le dis dans mes remarques,
nous traitons ces demandes avec égard, mais sans nécessairement
formuler des avis juridiques formels.
Je vous donne un exemple. Un organisme veut savoir s'il est assujetti
à la loi. Nous avons deux choix. Nous avons le choix de l'inviter
à consulter un conseiller juridique ou nous avons le choix de lire la
loi et de lui dire qu'il nous apparaît, selon les renseignements que nous
avons, qu'il est effectivement assujetti à la loi parce que son
personnel est nommé selon la Loi sur la fonction publique qui est un des
critères.
Dans des cas qui ne prêtent pas à conséquence comme
cela, le service juridique essaie quand même d'être de quelque
utilité à ses interlocuteurs; mais, s'il s'agit de trancher des
questions qui, de toute manière, ne se tranchent pas dans l'absolu,
qu'il faut examiner à la lumière d'un contexte concret et en
s'appuyant sur un litige, là, nous ne pouvons répondre à
ce genre de choses, parce que ce serait se tranformer non seulement en
conseiller juridique, mais presque en juge avant que le litige survienne.
M. French: Donc, vous ne partagez pas l'opinion ou l'idée
de l'auteur du document du ministère qui dit aussi que vous devez
être en mesure de rassurer les organismes sur la conformité de
l'action projetée ou entreprise avec l'esprit et la lettre de la loi.
C'est un peu trop étendu comme fonctions.
M. Pépin: Le volet auquel vous faites
référence M. French, c'est que la Commission d'accès
à l'information... Dans le fond, il y a deux commissions.
M. French: Dans le domaine des renseignements personnels, vous
pouvez imaginer faire cela. Dans le domaine de l'accès à
l'information, non.
M. Pépin: C'est fort différent.
M. French: Très bien. Deuxième point
où...
M. Pépin: L'organisme veut savoir si elle a
déclaré son fichier de la bonne manière.
M. French: Évidemment, c'est votre rôle.
M. Pépin: Évidemment.
M. French: Vous avez un rôle de contrôle et de
surveillance dans le domaine des renseignements personnels. Ce n'est pas du
tout clair dans le document du ministère.
Deuxième paragraphe, il semble aussi y avoir une certaine
contradiction. Le ministère nous informe que c'est la Commission
d'accès à l'information gouvernementale qui peut proposer ou
appliquer le plan général de communication, en définir les
principales orientations, statuer sur le rythme à prendre,
définir des clientèles cibles - c'est une
spécialité du ministère; d'ailleurs, je vous le souligne -
et mettre en place les moyens conformes aux objectifs. Je dois aussi
comprendre, par ce que vous avez répondu à mon collègue,
que ce n'est pas du tout comme cela que vous concevez le rôle de la
commission. Vous concevez que le rôle de la commission dans le domaine de
la publicité est uniquement de faire connaître la commission et
ses responsabilités. Mais il n'est pas du tout question de
clientèle cible, à moins que ce ne soit une clientèle
cible pour ce genre de campagne publicitaire.
M. Pépin: Non, j'ai ajouté: faire connaître
aux citoyens leur nouveau droit, qui est un droit de recours dans ces deux
cas.
M. French: Lorsque vous avez parlé d'une campagne modeste,
cela veut dire combien d'argent et quel genre d'ampleur?
M. Pépin: Je pense notamment à une campagne qui ne
serait pas criarde, surtout en termes de dépliants, de fascicules pour
orienter les gens. En termes de dollars, puisqu'il fallait donner un chiffre
lorsqu'on a fait les prévisions budgétaires, nous l'avons
évaluée a 100 000 $. Honnêtement, je n'en sais vraiment
rien, dans le sens de quel besoin ressentirons-nous d'ajouter ou de retrancher
à cela? Il est un peu trop tôt à ce moment-ci, puisque nous
commençons à peine à travailler ce volet, M. French.
M. French: Mon collègue vous invite à ne pas imiter
la Curatelle publique dans votre campagne publicitaire.
M. Pépin: Malheureusement, je ne suis pas familier avec le
problème de la curatelle. Est-ce que c'était...
M. Bertrand: Moi, je suis au courant. M. Doyon: Le
ministre est au courant. M. French: Le ministre est au courant.
M. Bertrand: J'ai exprimé mon opinion là-dessus
à la commission parlementaire pour dire que j'étais en total
désaccord avec cette campagne de communication.
M. Doyon: C'est tout à votre honneur, M. le ministre.
Collaboration des organismes publics
M. French: M. le Président, pour ma part, je n'ai qu'une
seule question pour compléter. Encore une fois, je fais
référence à un document de novembre 1983 du
ministère dans lequel il fait état d'un certain nombre de
difficultés, problèmes d'attitude, questions de participation des
organismes dans les rencontres et séances à travers la province,
attitude inquiète et protectionniste de la conservation du statu quo,
etc. Je pense que le ministre et peut-être vous, M. le président,
avez fait part à la commission du fait que, depuis un ou deux mois,
la
situation a grandement changé. On sait que ce n'est pas une chose
mineure que d'étendre la loi aux 3600 organismes tout d'un coup.
D'ailleurs, ce n'était pas cela que nous avions envisagé lors de
la mise en vigueur de la loi. C'est tout à votre honneur de vouloir
prendre une grande bouchée. Est-ce qu'on peut être assuré
que les problèmes dont il est fait mention dans le document de novembre
1983 sont en voie d'être réglés? C'est une question que je
pose d'abord au ministre puisqu'il s'agit de documents du ministère et
c'est le ministre qui est ultimement responsable de la réponse des
organismes publics.
M. Bertrand: Je voudrais toujours savoir à quel document
vous vous référez, j'en ai trois ici.
M. French: Novembre 1983, précisions concernant le
programme d'action pour l'implantation de la loi 65, page 2, surtout le dernier
paragraphe. Il s'agissait, dans ce cas-là, des renseignements
personnels.
M. Bertrand: J'ai un document ici de août 1983, un autre de
décembre 1983.
M. French: C'est un document que j'ai sûrement reçu
de vous. Je peux vous le passer si vous le voulez.
M. Bertrand: Attention, la structure organisationnelle. Quelle
page déjà, M. le député?
M. French: Page 2, surtout le dernier paragraphe.
M. Bertrand: II y a certainement confusion, je m'excuse M. le
député de Westmount. On n'a pas les mêmes...
Une voix: C'est le même qu'on a mis à jour.
M. French: Excusez-moi, M. le Président, est-ce qu'on peut
présumer... Est-ce que cela sera déposé devant la
commission de la culture?
Le Président (M. Guay): Avant de le déposer, on va
le récupérer.
M. Bertrand: Quelle était votre question, M. le
député?
M. French: II y a dans ce document un certain nombre
d'inquiétudes exprimées quant aux attitudes, quant à la
participation, quant à l'état de la préparation des
organismes publics à répondre aux exigences de la loi. Par
contre, vous avez dit, je pense, que, depuis un mois ou deux semaines, je ne
sais trop, très récemment, il y a une évidente prise de
conscience de la part des organismes qui se prépare très
rapidement. Peut-on présumer que les problèmes assez
sérieux dont il est fait état, dans la documentation qui est
devant vous, sont en train d'être réglés?
M. Bertrand: Effectivement, avant le 1er janvier, je peux dire
que, d'une façon générale, nous n'étions pas
particulièrement optimistes sur le degré de préparation
des organismes publics pour l'entrée en vigueur de la loi. Je crois
qu'il y a à un moment donné une pression qui est très
simple, qui est celle du temps, qui finit par avoir des effets positifs. Il y a
eu un renversement de situation au cours des dernières semaines, nous
l'avons ressenti, entre autres, au niveau de l'acheminement de la liste des
noms des responsables de l'application de la loi dans les organismes. Que
déjà nous ayons 2400 noms sur 3600 qui nous été
transmis, c'est beaucoup.
Ensuite, nous avons préparé toute une série
d'instruments au ministère des Communications qui sont maintenant entre
les mains des organismes publics ou qui vont l'être dans les prochains
jours et qui sont de nature à les sécuriser au niveau de
l'application de la loi. Il y a une série de guides administratifs qui
ont été préparés pour les réseaux de
l'éducation, pour les réseaux de la santé et des services
sociaux, pour les municipalités; ce sont des instruments qui vont
faciliter les choses. Vous dire que je peux porter, comme cela, devant la
commission un jugement valide sur le degré de préparation
actuelle, cela m'apparaîtrait assez prétentieux. C'est vraiment
à l'usage que nous verrons.
M. French: ...pas arrêté par le passé.
M. Bertrand: Peut-être. On est dans du droit
nouveau, on se le rappelle, M. le député de Westmount, on en
a discuté lors de l'étude article par article. On est tellement
dans du droit nouveau que nous-mêmes... Les gens de la Commission
d'accès à l'information l'admettent, le ministère des
Communications l'admet, je crois que les organismes publics doivent l'admettre
encore davantage. On voit venir toutes les difficultés, on sent qu'elles
seront nombreuses et on ne sait pas encore, à ce stade-ci, comment on va
se sortir de toutes les situations devant lesquelles on se trouvera
placé.
M. French: Oui, mais vous avez décidé, à un
moment que j'ignore, d'y aller tout d'une bouchée. Vous n'avez pas pris
la voie un peu plus prudente de procéder par étapes.
M. Bertrand: On avait l'impression qu'on se ferait
peut-être reprocher par...
M. French: Au contraire, dès le début, dès
le rapport Paré, je vous ai dit de procéder par
étapes.
M. Bertrand: Nous avons décidé d'appliquer la loi
aux 3600 organismes en même temps pour les deux volets.
M. French: Oui, mais vous ne savez pas s'ils vont être
prêts oui ou non.
M. Bertrand: Nous sommes en mesure de vous dire que nous jugeons,
à ce stade-ci, que les organismes sont beaucoup mieux
préparés que nous ne l'évaluions vers la fin de
l'année 1983. Nous pensons que les conditions sont réunies pour
que la loi entre en vigueur de façon convenable le 1er
juillet 1984, mais je suis loin de pouvoir affirmer à cette commission
que les organismes sont tous sortis de l'âge de pierre pour ce qui est de
la présentation d'un système de gestion documentaire
sophistiqué ou d'une connaissance approfondie de leur système de
classement ou même d'une connaissance approfondie des fichiers qu'ils
administrent et des obligations qu'ils auront pour le respect de la
transmission des renseignements nominatifs. Il y aura, pendant l'application de
la loi, beaucoup de travail qui restera à faire, à mon point de
vue, dans plusieurs organismes publics et non les moindre.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Louis-Hébert. (19 h 15)
M. Doyon: Merci, M. le Président. Je me
référais brièvement à l'expérience que j'ai
connue dans le monde municipal. Je ne peux pas en toute honnêteté,
connaissant un peu le monde municipal et ayant gardé un certain nombre
de contacts, partager ce que m'apparaît être l'optimisme du
ministre à ce sujet-là. Que le ministre se base, pour croire que
le 1er juillet va être une date magique, sur le fait qu'il a
déjà reçu ou qu'il a à peine reçu 2400 noms
de personnes responsables sur 3600 organismes, je lui dirais, pour employer une
expression populaire: II n'y a rien là. Nommer des personnes, cela ne
rend en aucune façon les organismes publics prêts à
appliquer la loi.
M. le Président, pour ne rien vous cacher, ma crainte est que
toute cette application globale de la loi soit un fiasco et avec des effets qui
seraient extrêmement néfastes à long terme sur ce qu'on
pouvait espérer de la loi. Qui trop embrasse mal étreint. On va
vite là-dedans. On impose un calendrier qui ne semble pas avoir
été établi à la suite de consultations avec le
milieu où on aurait évalué les possibilités des
organismes publics de mettre du matériel et du personnel à la
disposition des utilisateurs. Tout cela doit s'évaluer et est
évaluable. Cela ne semble pas avoir été fait. Dans les
circonstances, on a décidé de donner le grand coup et comme on
dit, cela va passer ou cela va casser. M. le Président, la crainte que
j'exprime, c'est que cela casse et ce serait dommage parce qu'il y a eu des
efforts considérables de consacrés à cela. Les intentions
sont extrêmement louables, mais de penser que 3600 organismes publics du
jour au lendemain à la date du 1er juillet 1984 vont avoir chacun un
local et une personne derrière le comptoir, vont avoir catalogué
les renseignements de façon à pouvoir les rendre disponibles,
vont être capables de répondre d'une façon ordonnée
et conforme à la loi aux demandes des citoyens, c'est là faire
preuve de beaucoup d'optimisme. Si jamais cela se passait comme cela, tant
mieux, mais ce serait un coup du hasard et ce ne serait pas l'effet d'une
planification normale dans une opération de cette envergure.
Il me semble qu'il aurait été normal qu'on fasse,
auprès des municipalités, des services hospitaliers et des
commissions scolaires toutes sortes d'enquêtes et de vérifications
et qu'on les mette dans le coup. Cela ne me semble pas avoir été
fait. Dans les circonstances, on se dit: Ils ont l'obligation de nous envoyer
des noms, ils nous en ont envoyé 2400. Mais ce n'est pas là la
preuve, loin de là, qu'il y a une préparation valable de la part
de ces organismes. Je comprends que les greffiers de par leur fonction se sont
intéressés à la loi, qu'ils s'interrogent sur la loi,
etc., mais le ministre sait-il et a-t-il examiné, seulement à
titre d'exemple - c'est faisable facilement - les budgets des
municipalités? C'est déposé au ministère. Le
gouvernement doit avoir en main le budget des municipalités. A-t-on pu
voir s'il y avait des fonds d'alloués à l'application de la loi
65 à partir de telle date? S'il n'y en a pas, je prétends qu'on
ne peut pas faire quelque chose avec rien. Si les municipalités n'ont
pas prévu de sommes d'argent pour appliquer la loi 65, c'est qu'elles
considèrent que ce n'est pas important et que, de toute façon,
elles peuvent passer à côté. C'est la même chose pour
les commissions scolaires. Les commissions scolaires ont-elles
réservé des montants dans les budgets qu'elles ont
présentés au ministère de l'Éducation pour
appliquer la loi 65? Est-ce que cela a été vérifié
par le ministre? Est-ce que cela a été regardé quelque
part? Cela ne l'a pas été, on s'en va à la
va-comme-je-te-pousse. Ce n'est pas comme cela qu'on doit mettre en application
une loi aussi importante que celle-là.
J'exprime un peu de déception devant l'improvisation qui semble
avoir présidé à toute cette opération.
J'espère que les dieux sont du côté du ministre et de la
Commission d'accès à l'information, parce que j'ai l'impression
qu'ils vont en avoir
drôlement besoin.
Le Président (M. Guay): M. le ministre des
Communications.
M. Bertrand: M. le Président, je ne partage absolument pas
la vision apocalyptique du député, qui a une façon
très étrange d'exprimer son état d'esprit à la
veille de l'entrée en vigueur de la loi 65. Les organismes publics ont
été mis dans le coup depuis fort longtemps. Il faut savoir que ce
projet provient d'une décision du gouvernement qui remonte à un
de mes prédécesseurs, le député de
Trois-Rivières, qui est ici, en 1978 ou 1979, qu'une commission a
travaillé pendant presque un an, qu'il y a eu commission parlementaire,
qu'il y a eu étude du projet de loi en deuxième lecture, qu'il y
a eu étude article par article, que deux ans se sont
écoulés depuis l'adoption de cette loi, que la Commission
d'accès à l'information a été mise sur pied et a
fait un travail considérable d'information auprès de la
population parce qu'elle a été sollicitée de toute part
pour donner des conférences, pour participer à des colloques
qu'elle a elle-même organisés, même un collogue sur le plan
international.
Les organismes publics ont été mis dans le coup à
chacune des étapes. Au moment du calendrier d'implantation, pas moins de
2000 personnes ont participé à douze rencontres dans autant de
villes du Québec. Depuis ce temps, les organismes publics ont
été mobilisés à l'occasion de rencontres
d'information. On me dit que pour les ministères et organismes
gouvernementaux où on invite de façon bimensuelle environ 150
personnes, il s'en présente 125, 130, 140 à chaque rencontre
bimensuelle. Je crois qu'il y a véritablement dans le milieu des
organismes touchés par la loi une sensibilisation à l'existence
de cette loi, aux impératifs qu'elle comporte pour les organismes. C'est
évident. Je l'ai dit. Je n'ai pas fait preuve au contraire tantôt
dans mes propos d'un optimisme débordant. J'ai dit qu'il y aurait des
difficultés, qu'il y en aurait de réelles, parce qu'il y a des
organismes à l'heure actuelle qui vivent encore à l'âge de
pierre, qui n'ont pas un système très développé de
gestion documentaire, qui auront probablement beaucoup de difficultés
à répondre convenablement aux demandes des citoyens.
Je dis qu'il faut que la loi s'applique, qu'elle s'applique à
tout le monde en même temps. À mon avis, il aurait
été au contraire dommage que nous établissions que des
ministères étaient d'abord couverts et que les
municipalités ne viendraient que dans deux, trois ou quatre ans, parce
qu'il y a des questions philosophiques qui se posent. Est-ce qu'un citoyen est
davantage préoccupé par l'obtention de renseignements
d'organismes qui lui sont très proches comme, par exemple, une
école, une commission scolaire, un centre hospitalier, un CLSC, une
municipalité, ou si c'est d'abord un gouvernement par ses
ministères et ses organismes qui doit d'abord ouvrir ses portes?
Ce sont des questions fondamentales qui sont posées. Nous avons
pris le pari qui est peut-être le plus difficile de tous - je l'admets
avec le député de Louis-Hébert -mais il faut commencer. Il
faut que la loi entre en vigueur. Il faut qu'on réussisse, par son
application dès le 1er juillet, à forcer les organismes à
modifier des comportements et des attitudes séculaires en matière
d'administration publique et d'information des citoyens et de protection des
renseignements personnels.
Cela va poser des problèmes, mais ce sont des problèmes
qui, à mon avis, seront des problèmes nécessaires et qui
vont engendrer leur solution. Si nous ne le faisons pas immédiatement,
nous devrons le faire, de toute façon, dans trois, cinq, dix ou quinze
ans. Il sera peut-être trop tard parce que, au moment même
où on fait entrer la loi 65 en vigueur, au 1er juillet 1984, on se pose
déjà beaucoup de questions sur tous les autres aspects que la loi
65 ne recouvre pas, en particulier les fichiers qui sont administrés par
l'entreprise privée et où plusieurs renseignements nominatifs qui
concernent les personnes du Québec sont contenus et
précisément sur lequel dossier doit se pencher un comité
interministériel qui n'a pas encore tenu sa première
réunion.
Je ne suis pas débordant d'optimisme, mais je suis encore de ceux
qui croient, comme les membres qui ont participé à la
préparation et à l'étude de cette loi, qu'il faut foncer
et qu'il faut le faire avec courage et en sachant que nous aurons
évidemment beaucoup de travail sur la planche et que nous aurons
probablement aussi beaucoup de modifications à apporter à
l'application de la loi au cours des prochaines années. C'est pourquoi
il y a une clause crépusculaire qui est d'ailleurs prévue pour
qu'en temps et lieu nous revoyions la loi non seulement dans sa
rédaction, mais aussi son application.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Chauveau.
M. Brouillet: C'était un peu pour réagir à
l'intervention du député de Louis-Hébert, mais le ministre
l'a fait d'une façon éloquente. Je vais m'en tenir simplement
à deux aspects de l'argumentation du député qui m'ont un
peu frappé. Il semble nous dire: Vous auriez mieux fait d'attendre que
tout le monde soit prêt à appliquer la loi avant de décider
de l'appliquer. À mon sens, c'est la meilleure attitude pour qu'une loi
ne soit
jamais applicable, qu'on ne soit jamais prêt à l'appliquer.
Si on veut que les gens se préparent à appliquer une loi, je
pense qu'il faut mettre une échéance. Il faut se dire une chose:
quelle que soit l'échéance que vous fixez, dans un an, trois ans,
quatre ans, ditez-vous bien qu'il y aura toujours des gens qui ne seront pas
prêts à la date venue. Je crois qu'il faut prendre tout cela en
considération. Si on attendait que tout le monde soit prêt
à appliquer une loi avant de l'adopter, je pense bien qu'on n'en
passerait jamais.
C'est là un aspect que j'ai retenu dans son argumentation. Un
autre aspect que je n'ai pas très bien compris, c'est l'argumentation
faite, je pense, par le député de Westmount, le fait que la loi
s'applique en même temps à tout le monde, comme si le fait qu'une
loi s'applique en même temps à tout le monde amène, pour
chaque individu, un surcroît de travail. Autrement dit, s'il n'y en avait
que deux ou trois qui avaient à se soumettre à la loi, cela leur
demanderait beaucoup moins de travail, de préparation que ces cent
organismes. Je ne vois pas en quoi le nombre d'organismes vient ajouter
à chacun des organismes un surcroît de travail pour se
préparer à appliquer la loi. Je comprends que pour la commission,
il puisse y avoir un surcroit de travail s'il y en quatre cent qui ont besoin
de ses conseils, mais pour l'organisme même, cela n'ajoute pas à
son travail de préparation le fait qu'il y en ait quatre cent qui
doivent appliquer la loi en même temps que lui. Pour chacun, c'est le
même travail de préparation. Alors, le fait d'étaler dans
le temps les organismes qui seraient successivement assujettis n'affaiblirait
pas, n'allégerait pas la tâche de chacun qui doit se
préparer à appliquer la loi. Je ne comprends pas trop bien vos
arguments.
Le Président (M. Guay): M. le député de
Trois-Rivières.
M. Vaugeois: M. le ministre, je ne serai pas très long non
plus. Quand cette décision a été prise par le Conseil des
ministres, il y eu évidemment un peu partout beaucoup de questions de
posées et même du pessimisme à certains endroits, mais
finalement la décision a été prise et je dois rappeler -
je pense que je peux le rappeler, ce n'est pas un secret - que le premier
ministre était l'un de ceux qui y croyaient le plus fort.
Pour avoir joué un rôle assez actif à cette
époque dans cette décision, je dois dire que je suis très
heureux de voir le déroulement des choses, de la façon dont la
commission Paré a travaillé, le rapport qu'elle a produit et les
suites qui ont été données à ce rapport. Cela
aurait pu être très long et très lent. Les mérites
du ministre actuel et de l'équipe dont il a su s'entourer, à mon
avis, sont grands. Bien qu'il y ait quelque chose de réaliste dans les
propos du député de Louis-Hébert, on ne peut pas en faire
un souhait ou une espérance, c'est le contraire qu'on espère. Je
suis certain que c'est également ce qu'il espère avec l'ensemble
des parlementaires. La commission s'est mise au travail et elle a pris de
grosses bouchées. Et je pense qu'elle a bien mesuré le travail
à faire et ses capacités de le réaliser. Ce ne sont pas
des fonctionnaires de plus qu'on veut derrière des comptoirs, se
traînant les pieds vers des nouveaux casiers installés le long des
corridors. Ce n'est pas cela, c'est un changement de mentalité qu'on
veut et je pense que les mentalités du seul fait de ce qui s'est
déjà passé ont évolué. Et, après, il
faut compter sur des effets d'entraînement, sur une gêne de ne pas
être comme les autres. J'espère qu'il n'y aura pas trop de
fonctionnaires spécialisés dans cela et que, au contraire, ce
sera une ouverture, une attitude, une mentalité nouvelle. Je suis
convaincu que la Commission d'accès à l'information est capable
de faire ce travail et d'envisager, grâce à la façon dont
la loi a été rédigée, qu'on puisse même
être inutile en ces matières avant longtemps, dès que
l'habitude sera prise.
Le Président (M. Guay): En vous remerciant, M. le
ministre, M. le président de la commission et mesdames les commissaires
de votre participation à ces travaux, à moins qu'il n'y ait
d'autres interventions, je vais ajourner les travaux de la commission de
l'Assemblée nationale sine die.
(Fin de la séance à 19 h 29)