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Remaniement des districts électoraux
(Quinze heures dix minutes)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare ouverte cette séance de la commission de
l'Assemblée nationale du 6 décembre 1978, à quinze heures,
aux fins d'entendre les représentants des partis politiques sur le
remaniement des districts électoraux.
Sont membres de la commission de l'Assemblée nationale: M.
Bellemare (Johnson) remplacé par M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M.
Bisaillon (Sainte-Marie), M. Blank (Saint-Louis), M. Burns (Maisonneuve), M.
Cardinal (Prévost), M. Charron (Saint-Jacques), Mme Cuerrier
(Vaudreuil-Soulanges), M. Dussault (Châteauguay), M. Fallu (Terrebonne),
M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Jolivet
(Laviolette), M. Lamontagne (Roberval), M. Lavoie (Laval), M. Proulx
(Saint-Jean), M. Richard (Montmorency), M. Vaillancourt (Jonquière).
M. le leader...
M. Burns: Non, je ne suis plus leader...
Le Président (M. Richard): ... de la commission de
l'Assemblée nationale d'aujourd'hui.
M. Burns: Je suis un simple membre, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Puis-je vous suggérer,
M. le ministre je ne sais pas si le besoin s'en fait sentir de
désigner un rapporteur pour la commission?
M. Burns: Oui, je proposerais que M. Dussault, de
Châteauguay, soit le rapporteur de cette commission.
Le Président (M. Richard): Est-ce que cette motion sera
adoptée? Adopté. Vous êtes désigné. Pas de
digression. M. le ministre d'Etat à la réforme électorale
et parlementaire, vous avez la parole.
Remarques préliminaires
M. Burns: M. le Président, je pense que, de façon
très brève, d'ailleurs, je devrais rappeler la raison pour
laquelle cette commission est convoquée aujourd'hui, à la demande
du leader parlementaire du gouvernement et à ma demande
également. Comme tout le monde le sait, nous avions, au cours du mois de
février 1978, accepté et nous avions même pris
l'engagement et, à ce moment-là, c'était en tant que
leader parlementaire du gouvernement que j'avais pris cet engagement de
tenir une séance de la commission parlementaire pour vraiment
écouter ce que les députés peuvent avoir à dire
relativement au projet qui a été soumis par la commission
permanente de la révision de la carte électorale.
Il est arrivé, depuis ce temps, un certain nombre
d'événements qui ont, malheureusement, retardé cette
audition, mais je croyais, et je pense que M. Charron, le leader du
gouvernement, croit également la même chose, qu'il est utile
qu'aujourd'hui, nous nous rencontrions, que tous les députés qui
ont quelque chose à dire à ce sujet puissent le faire valoir et,
dans ce sens, je n'ai pas vraiment beaucoup plus de choses à dire
à ce sujet quant à l'introduction de nos travaux.
Je vous dis tout de suite, d'autre part, que, si on se rencontre,
étant donné le fait que les travaux sont un peu restreints par le
fait que, malheureusement, me dit-on, on devra ajourner nos travaux à 18
heures ce soir, si jamais on se rend compte de l'obligation de tenir une autre
séance de la commission parlementaire de l'Assemblée nationale,
personnellement, je me ferai fort d'essayer de convaincre le leader
parlementaire du gouvernement pour essayer de trouver une autre date disponible
à ce sujet. (15 h 15)
Nous avons demandé, à mon bureau, le directeur
général des élections, mais aussi... C'est surtout
à ce titre qu'il est ici. Nous avons demandé à Me
Pierre-F. Côté d'être présent pour le cas où
la commission voudrait, éventuellement, lui poser des questions,
même si et cela, je pense que, dans l'intérêt de Me
Pierre-F. Côté, je dois le dire immédiatement le
rapport qui est devant nous, le rapport qui propose une révision de la
carte électorale n'a pas été préparé sous la
présidence de Me Pierre-F. Côté, mais sous la
présidence de M. le juge François Drouin; malgré cela,
étant donné que le directeur général des
élections est le président de la commission de révision de
la carte électorale, j'ai pris la précaution de l'inviter et non
pas de le convoquer je tiens à être très
précis là-dessus je n'ai pas fait de convocation. J'ai
tout simplement, par voie de communication directe à l'endroit de Me
Pierre-F. Côté, demandé à Me Côté
d'être présent pour le cas où la commission sentirait le
besoin de l'interroger et d'obtenir des renseignements relativement à la
carte. Mais là-dessus, je tiens aussi à dire, dès le
départ, que Me Pierre-F. Côté, tant dans son
intérêt que dans le mien, n'est pas ici comme un de mes adjoints,
c'est pour cela que nous avons demandé d'ailleurs à Me
Côté de s'asseoir à la barre des témoins et non pas
parmi mes assistants.
C'est tout ce que j'avais à dire, M. le Président, au
début. J'aurai peut-être éventuellement des remarques
à faire concernant le comté de Maisonneuve. Je suis
peut-être un peu mal à l'aise de le faire étant
donné que je suis un peu responsable de ce dossier, mais j'aurai
éventuellement, lorsque tout le monde aura pu s'exprimer, quelques
remarques à faire relativement au comté de Maisonneuve, tel que
proposé dans le rapport Drouin.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, avant de commencer mon
intervention, à la suite de cette
convocation de la commission de l'Assemblée nationale pour donner
l'opinion des partis politiques à la suite de la production du
cinquième rapport, vous me permettrez de faire part, M. le
Président, au ministre d'Etat responsable de la réforme
électorale et parlementaire, de ma surprise, que dis-je, de mon
étonnement de voir qu'après autant de mois il n'ait aucun
commentaire à faire sur le cinquième rapport très
important de la réforme des districts électoraux.
Cependant, peut-être, par son silence, veut-il accentuer les
rumeurs, non pas de démission, mais de mutation, qui se propagent de
plus en plus à son sujet, au cours des dernières heures.
Cependant, il reste que, même s'il doit être muté à
d'autres fonctions, son mandat doit être complété. Il me
semble qu'il a tout simplement abandonné, en cours de route, ce qui est
inadmissible, quant à moi. D'autant plus qu'à de nombreuses
reprises à l'Assemblée nationale j'ai sollicité, de la
part du ministre, une commission parlementaire qu'il a remise de semaine en
semaine pour me dire enfin: II y en a une et tous les partis politiques, dans
un cadre bien précis, seront appelés à donner leur
opinion. S'il y a une opinion qu'on attend avec impatience, c'est celle de
celui qui dirige, qui doit, du moins supposément, être
appelé à diriger cette réforme parlementaire et
électorale.
Points de vue des partis de l'Opposition M. Robert
Lamontagne
Compte tenu que le ministre n'a pas d'opinion, M. le Président,
je vais pour le moins vous donner celle de l'Opposition officielle et du Parti
libéral du Québec. Lorsqu'on apprend de la bouche du ministre
d'Etat à la réforme parlementaire, il y a quelques jours à
peine, qu'il ne réussit pas à obtenir la collaboration de ses
collègues du Conseil des ministres pour mettre en route ses projets de
réforme électorale, on comprend peut-être mieux pourquoi
les engagements du présent gouvernement, dans le domaine
électoral, ne sont encore aujourd'hui, à mi-chemin de son mandat,
que de pieuses promesses.
Et pourtant, M. le Président, j'ai encore en mémoire le
discours du premier ministre alors qu'au lendemain des élections de
1976, il nous annonçait la nomination d'un ministre d'Etat à la
réforme parlementaire et électorale qui devait voir à
transformer en profondeur les droits électoraux. Je ne veux pas
être injuste pour le ministre, dans la mesure où je dois
reconnaître qu'il a eu à préparer la Loi sur le financement
des partis politiques, la Loi sur la consultation populaire et que les travaux
relatifs à la loi électorale sont déjà passablement
avancés.
M. Burns: La télédiffusion des débats.
M. Lamontagne: II n'en reste pas moins que sur ce dernier sujet,
comme sur la question de la carte électorale...
M. Burns: La télédiffusion des débats, cela
vous intéresse aussi.
M. Lamontagne: Vous avez raison, la télédiffusion
des débats. Comme sur la question de la carte électorale et du
mode de scrutin, le premier ministre avait, dès le 8 mars 1977, pris des
engagements formels qui, plus d'un an et demi plus tard, ne se sont pas
concrétisés et qui, vraisemblablement, ne se
concrétiseront pas avant la fin du printemps 1979, alors que tout le
monde sait qu'il est extrêmement important que les règles du jeu
démocratique, si je puis m'exprimer ainsi, soient connues à
l'avance par tous les partis politiques à une période de temps
suffisamment longue pour permettre à chacun de se familiariser avec ces
nouvelles règles et d'ajuster en conséquence son
organisation.
Or, M. le Président, rien n'aurait été plus urgent,
à cet égard, pour le gouvernement que de procéder le plus
rapidement possible à la révision de la carte électorale
et, s'il y a lieu, au mode de scrutin parce que ces questions touchent
directement l'organisation et les opérations des partis politiques dans
chacune des circonscriptions électorales du Québec et parce que,
dans la perspective d'une participation active de la population à la vie
des partis politiques, il est extrêmement important que les gens se
familiarisent avec les délimitations du comté dans lequel ils se
trouvent.
Je ne sais pas si ce sont des obsessions référendaires du
gouvernement qui l'ont empêché d'agir d'une façon
responsable, mais on doit certainement regretter le fait que le délai
qui s'écoulera entre l'adoption d'une nouvelle carte électorale
et peut-être même du nouveau mode de scrutin sera beaucoup trop
rapproché de la date des prochaines élections pour que les partis
politiques et les électeurs puissent se familiariser, et même
simplement savoir à quel district électoral ils appartiendront et
dans quelle structure de comté de nos partis politiques ils auront
à oeuvrer en vue du prochain scrutin.
M. le Président, j'ai parlé tantôt des mesures que
le présent gouvernement avait prises dans le domaine de la
réforme électorale, dont, entre autres, la Loi du financement des
partis politiques. Je constate, comme tous les Québécois, que
cette loi fait maintenant partie du bagage d'autofélicita-tions que le
gouvernement péquiste s'adresse à lui-même, à tort
et à travers.
Tout le monde sait que cette loi a été largement
inspirée d'un avant-projet de loi qui était, pour ainsi dire,
prêt au moment où le Parti québécois est
arrivé au pouvoir. Le danger est sans doute très grand, M. le
Président, que, dans ces emportements référendaires, le
Parti québécois tente de faire croire à la population que
c'est encore et toujours lui qui, le premier, a eu l'idée de donner aux
Québécois une carte électorale qui satisfasse aux
principes d'équité et de justice démocratique.
M. le Président, ce serait là, comme il arrive souvent
dans les excès de propagande du Parti québécois, faire
grande exagération, plus juste-
ment une fausseté. En effet, M. le Président, au cours des
quinze et vingt dernières années, le Parti libéral du
Québec a été celui qui a très certainement fait le
plus pour améliorer le mécanisme et le fonctionnement de nos
droits électoraux.
Je pense, à ce stade-ci, qu'il n'est pas inutile de rappeler
qu'entre 1960 et 1966, le Parti libéral du Québec a fait adopter
par l'Assemblée nationale, l'Assemblée législative
d'alors, une loi modifiant la carte électorale, ce qui ajoutait treize
nouveaux districts électoraux, de manière à apporter une
première correction au problème des disparités très
grandes qui existaient entre les diverses circonscriptions électorales
du Québec.
Je rappelle également qu'au cours de cette période, une
loi a été votée, pour limiter les dépenses
électorales et autoriser l'Etat à assumer lui-même une
partie de ces dépenses. La commission Barbeau sur les revenus et les
dépenses électorales a d'ailleurs salué, en des termes
très élogieux, en 1966, cette dernière action du
gouvernement libéral. De 1966 à 1970, le Parti libéral du
Québec étant dans l'Opposition, il ne s'est rien ou à peu
près rien produit, dans le domaine de la réforme
électorale.
De 1970 à 1976, le Parti libéral du Québec
exerçait de nouveau la responsabilité du pouvoir et alors, de
très nombreuses et importantes lois ont été
adoptées par l'Assemblée nationale dans le domaine de la carte
électorale. Il y a eu, M. le Président, un amendement qui a
été apporté à l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique pour enlever le caractère privilégié de
certains districts électoraux et ouvrir ainsi la porte à une
réforme en profondeur de la carte électorale du Québec.
C'était le 19 décembre 1970.
Le 14 juillet 1971, l'Assemblée nationale adoptait la loi
créant une commission permanente et indépendante de la
réforme des districts électoraux qui, moins d'un an après
sa fondation, soit le 1er mars 1972, déposait à
l'Assemblée nationale un premier rapport qui proposait une
réforme en profondeur des districts électoraux en
suggérant la constitution de 110 districts électoraux.
Quelques mois plus tard, soit le 21 décembre 1972, après
une mémorable obstruction de l'Union Nationale, la Loi modifiant la Loi
de la division territoriale était sanctionnée et le Québec
était alors, pour la première fois de son histoire, doté
d'une carte électorale qui donnait toutes les garanties possibles
d'équité et de justice démocratique.
En avril 1975, la commission permanente déposait un
troisième rapport qui suggérait de porter le nombre des districts
électoraux à 112 et ce rapport fut étudié par la
suite par une commission parlementaire de l'Assemblée et amena la
présentation d'un quatrième rapport par la commission et le
dépôt d'un nouveau projet de loi visant à modifier de
nouveau la Loi de la division territoriale sur la base de 112 districts
électoraux. Ce projet de loi, comme on le sait, ne fut pas
adopté, à cause des élections qui survinrent par la
suite.
Il me faut également noter que, durant toute cette période
de 1970 à 1976, le gouvernement libéral, représenté
alors par l'ancien député de Terrebonne, M. Denis Hardy, convoqua
la commission parlementaire de l'Assemblée nationale qui eut alors
l'occasion de se réunir à plusieurs reprises, afin de discuter et
d'entendre des experts sur des questions aussi complexes que le mode de
scrutin, le financement des partis politiques, les sondages en période
électorale et le recensement des électeurs.
Des mesures précises, comme on le sait, furent prises dans le
domaine de l'établissement des listes électorales et de la
révision des listes, comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
un avant-projet de loi extrêmement précis avait été
préparé au sujet du financement des partis politiques.
Toutes ces choses, M. le Président, ont été faites
sans qu'on ait alors besoin d'un ministre d'Etat à la réforme
électorale. Maintenant qu'on a un tel superministre qu'on
désire garder, par ailleurs...
M. Burns: Voulez-vous que je m'en aille?
M. Lamontagne: Non, loin de là. Non, on est inquiet, au
contraire et qu'il ne peut s'inscrire dans le prolongement des actions
du gouvernement précédent et bénéficier de tous les
travaux de recherche et de documentation qui ont alors été faits,
nous ne pouvons que lui demander aujourd'hui d'accélérer les
choses dont il a la charge, en particulier au sujet de la carte
électorale et du mode de scrutin.
M. le Président, dans les quelques minutes qui vont suivre,
j'aimerais faire une brève analyse du cinquième rapport qui a
été déposé par la commission permanente de la
réforme des districts électoraux. Ce rapport est conforme
à l'esprit de la loi qui a créé ladite commission. C'est
ainsi que les commissaires se sont assuré que les districts
électoraux auront 32 000 électeurs et ont accepté
l'écart de plus ou moins 25%. Ils ne font qu'une exception à
cette règle, comme ils le font d'ailleurs depuis le tout début,
c'est le district des Iles-de-la-Madeleine. Notons immédiatement que
tous les arguments qui, en 1972, militaient en faveur du maintien d'un district
distinct pour les Iles-de-la-Madeleine, sont toujours valables aujourd'hui.
La proposition essentielle de ce rapport est la création de onze
nouveaux districts électoraux. Pour en arriver à ce
résultat, la commission propose de modifier les délimitations de
74 districts électoraux sur 110 et de conserver aux 36 autres, leurs
limites actuelles. Sauf les nouveaux districts de Laurentides et de Tremblay,
les 9 autres nouveaux districts sont à caractère essentiellement
urbain. Il faut également souligner qu'à l'exception du district
de Neufchatel, Québec, Tremblay, Saguenay-Lac-Saint-Jean, les autres
nouveaux districts se situent sur l'île de Montréal et dans sa
périphérie.
Il apparaît tout à fait juste d'indiquer que la commission
semble en être rendue au stade de devoir retenir uniquement comme
critère la formu-
le mathématique de 32 000 électeurs, plus ou moins 25%. En
effet, si l'on considère certaines propositions contenues dans ce
rapport, on se rend vite compte que le tout n'a été
présenté qu'en raison de la formule mathématique. Prenons
l'exemple de la région Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord.
Parce que l'on veut baisser la moyenne d'électeurs par district au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, moyenne qui, lors de l'élection de 1976, se
situait aux alentours de 38 683, on fait du district électoral de Dubuc,
un district d'une très grande superficie où les
municipalités les plus importantes se situent aux
extrémités, soit Mistas-sini et Forestville. La population qu'on
enlève au district de Saguenay pour la donner à Dubuc, tout comme
celle qu'on enlève à Roberval pour la donner également
à Dubuc, n'ont aucun lien entre elles, ni sur le plan social,
économique ou culturel. Le seul point que les gens de ce milieu ont en
commun, c'est d'appartenir au même pays, à la même province.
L'Opposition officielle serait curieuse de voir les résultats d'une
brève enquête menée auprès des gens de la rue
à Forestville pour voir s'ils savent où se situe Mistassini et
vice versa. (15 h 30)
Prenons le cas maintenant d'un milieu très urbanisé,
l'île de Montréal. La proposition contenue dans le
cinquième rapport fait passer le nombre de districts électoraux
sur l'île de 31 à 33. Comment peut-on justifier une augmentation
de districts sur l'île de Montréal? On peut facilement le faire
pour la rive sud, Laval et les environs de Terrebonne où les
développements domiciliaires sont nombreux et ont entraîné
et entraînent toujours une croissance de la population.
L'élection générale de 1970 nous montre les
chiffres suivants pour l'île de Montréal: Electeurs inscrits: 1
139 441; nombre de districts: 25; moyenne d'électeurs par district: 45
577. Par contre, à l'élection de 1973, soit après la
refonte de la carte électorale, les chiffres sont les suivants:
électeurs inscrits: 1 162 329, augmentation sur 1970: 22 888; nombre de
districts: 31,; moyenne d'électeurs par district: 37 494. Enfin,
à l'élection de 1976, on constate que le nombre
d'électeurs ne croît pas au rythme qu'on aurait pu prévoir.
Electeurs inscrits toujours sur l'île de Montréal: 1 167
410; augmentation sur 1973: 5081; nombre de districts: 31 ; moyenne
d'électeurs par district: 37 658.
En considérant ces chiffres, on se rend compte qu'il y a encore
place pour une augmentation moyenne de 2342 électeurs par district avant
d'atteindre le maximum permis par la loi. Par contre, avec 33 districts tel que
proposé, on obtient une moyenne de 35 370 électeurs et il y a
place pour une augmentation moyenne de 4630 électeurs. Le nombre
d'électeurs sur l'île de Montréal n'ayant augmenté
que de 5081 entre 1973 et 1976, il est à prévoir que cette
augmentation ne sera pas plus grande lors de la prochaine élection et
qu'il y a même une possibilité de diminution. D'ailleurs, M. le
Président, nous avons reçu la semaine dernière les
chiffres du recensement de 1978, soit le recensement qui a eu lieu cet automne,
et nous pouvons y constater, la révision étant faite, qu'il y a
une diminution de 11 593 électeurs sur l'île de Montréal
même si, dans l'ensemble du Québec, le nombre d'électeurs
s'est accru de 95 605. Pourquoi, alors, augmenter le nombre de districts si ce
n'est que pour se conformer à une formule mathématique et
abaisser le quotient le plus près possible de 32 000
électeurs?
L'Opposition officielle est d'avis que, dans ce cas précis, il
aurait mieux valu déplacer des frontières existantes pour
atteindre une moyenne de 37 658 électeurs que de proposer la
création de deux nouveaux districts. Il est à noter que si l'on
se base sur les chiffres du dernier recensement, cette moyenne serait
ramenée à 37 284 électeurs, soit 210 de moins que lors de
l'élection de 1973 et 374 de moins qu'en 1976. Toutefois, nous
constatons une augmentation du nombre d'électeurs, après le
dernier recensement, au nord et au sud de l'île. Par contre, M. le
Président, si l'on répartit les 4119348 électeurs
québécois dans 110 districts, nous obtenons une moyenne de 37 449
par district. Lorsque nous appliquons, pour l'ensemble du territoire, les 25%
d'écart admissibles, nous nous rendons compte que le nombre
d'électeurs permis dans la tranche maximale serait de 46 811, tandis que
dans la tranche minimale, il serait de 28 087.
Si, en 1975, la commission n'avait pas jugé bon d'augmenter le
nombre de districts sur l'île de Montréal mais plutôt
d'augmenter la moyenne par district, quels sont les arguments qui, aujourd'hui,
la justifient de faire le contraire?
Sans prêter d'intentions aux commissaires, M. le Président,
il faut se demander si les arguments du Parti québécois
autrefois l'Opposition, maintenant le parti au pouvoir n'ont pas plus de
poids que lors de la rédaction du troisième rapport.
On se souvient que, lors de la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale, le député de Maisonneuve,
aujourd'hui ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire, avait reproché aux commissaires de ne pas avoir pris la
précaution de baisser la moyenne d'électeurs surtout dans les
districts urbains.
La commision a certainement tenu compte de ces remarques, chose qu'elle
n'avait pas faite dans son quatrième rapport, et en a même
donné plus que le client n'en demandait en s'attaquant à des
régions où on retrouve des districts semi-urbains et ruraux.
Nous venons de voir, dans les dernières minutes, que la
commission tente, dans ce rapport...
M. Burns: Le député me permet-il une question?
M. Lamontagne: Oui.
M. Burns: Dans la référence que vous avez faite
à une de mes déclarations antérieures avez-
vous pris soin de noter que je disais que dans les milieux urbains,
où il y avait vraiment ce qu'on peut appeler d'une façon
générale une explosion de population, c'est à ces endroits
que je critiquais la commission de ne pas tenir compte du fait que, par
exemple, sur l'île de Laval, sur la rive sud de Montréal, en
particulier Longueuil, Saint-Lambert, Saint-Hubert, Boucherville, il
était imprudent de placer le nombre d'électeurs à tout
près de 40 000? C'est dans ce sens que j'avais fait cette remarque
à l'endroit de la commission, mais pas du tout de façon aussi
générale que vous venez de le dire.
Admettez-vous que c'est dans ce sens que j'avais fait mes remarques?
M. Lamontagne: Nous pourrons revenir à cette
période tout à l'heure, après différentes
interventions, mais j'ai participé à ces discussions. Il reste
qu'il se dégage, d'une façon globale, tel qu'inscrit d'ailleurs
au journal des Débats, que le ministre et député de
Maisonneuve reprochait alors...
M. Burns: Et si jamais la même situation se
représentait, je reprocherais encore à la commission le fait de
ne pas tenir compte de la possible augmentation démographique ou
géographique de tel ou tel secteur. C'était exactement dans ce
sens que j'avais fait cette remarque, non pas dans le sens qu'il fallait
augmenter le nombre de gens ou diminuer le nombre de gens qui formaient un
comté à caractère urbain. C'est uniquement cela.
M. Lamontagne: Reprenant mon intervention nous pourrons,
sans aucun doute, tout à l'heure discuter d'autres propositions. Nous
venons de voir, dans les dernières minutes, que la commission tente dans
ce rapport de former des districts électoraux qui ne s'éloignent
pas trop de la norme de 32 000 électeurs fixée par la loi.
Pour ce faire, la commission a dû déplacer des parties de
quartiers, des quartiers entiers, des paroisses, des villages, voire des villes
d'un district vers un autre. Un exercice semblable a déjà
été réalisé en 1972 et voilà qu'à
peine six ans plus tard, on reprend une partie de ce qui a déjà
été fait. Des gens habitant des paroisses, des villages et des
villes verront encore leur municipalité changer de district
électoral. Deux changements dans l'espace de six ans. C'est
considérable! C'est d'autant plus considérable qu'en milieu
semi-urbain, le district électoral est maintes fois le point de
repère pour les activités socio-culturelles et que, de plus, le
gouvernement provincial y a des bureaux pour répondre aux besoins les
plus pressants de la population.
Un relevé rapide des municipalités complètes qui,
en 1970, se trouvaient dans un district électoral et qui, après
les modifications réalisées à la carte en 1972, se
retrouvaient dans un autre district, nous indique qu'approximativement, 115 de
ces municipalités seront à nouveau affectées par le
redécoupage proposé par la commission. En tout, près de
231 742 personnes seront touchées par les modifications
proposées.
L'augmentation du nombre des districts électoraux et, par le fait
même des députés, aura une répercussion directe sur
le coût d'une élection, de même que sur celui des salaires
et autres gratifications attachées au rôle de
député.
La province de l'Ontario a une population supérieure à la
nôtre de près de 2 millions. Le nombre d'électeurs inscrits
dans cette province était supérieur au nôtre de 1 100 000
lors de la dernière élection.
Si les propositions de la commission sont retenues, l'écart entre
le nombre de députés ne sera plus que de quatre, même si
l'écart du point de vue des électeurs se situe à plus de 1
100 000. Pour être plus exact, dans notre comparaison avec l'Ontario,
qu'il me soit permis, M. le Président, de donner quelques chiffres
précis. Lors de la dernière élection
générale tenue en Ontario en 1977, le nombre d'électeurs
inscrits était de 5 123 768 comparativement à 4 023 743
électeurs au Québec à l'élection de 1976.
L'Ontario, présentement, compte 125 députés tandis que
l'Assemblée nationale du Québec en compte 110. Si l'on pousse
plus à fond nos comparaisons, on s'aperçoit que le pourcentage
d'électeurs au Québec par rapport à l'Ontario est de
78,5%. C'est donc dire que, suivant ce pourcentage, il n'y aurait place au
Québec que pour 98 députés comparativement aux 125 de
l'Ontario. Enfin, au chapitre des comparaisons, disons que, lors de la
dernière élection au Québec, il y avait une moyenne de 36
500 électeurs par district, tandis qu'en Ontario, la moyenne se situait
aux alentours de 40 990, avec un écart de plus ou moins 25%. Les
districts de la tranche supérieure pouvaient donc atteindre en Ontario
51 235 électeurs tandis que ceux de la tranche minimale, toujours en
Ontario, devaient se situer au-delà de 30 745. De plus, nous pouvons
constater que quatorze districts dépassaient la tranche maximale,
Scarborough étant la plus peuplée en Ontario avec 65 593
électeurs, et que quinze districts avaient un nombre d'électeurs
inférieur à la tranche minimale. Deux de ces districts avaient
même moins de 19 000 électeurs.
Quand on compare cette province à la nôtre et cela à
tous les points de vue: électeurs, députés, produit
national brut, revenus per capita, nous devons nous demander si nous avons les
moyens de créer au Québec un écart de quatre
députés seulement entre l'Assemblée nationale du
Québec et l'Assemblée législative de l'Ontario. Nous
souscrivons pleinement au grand principe qui sous-tend toute réforme de
la carte électorale et qui est évidemment de garantir
l'égalité du vote de chaque électeur. Nous croyons
toutefois que, pour atteindre ce grand principe, il n'est pas nécessaire
d'augmenter d'une façon aussi considérable, onze districts tels
que proposé par le cinquième rapport, le nombre de districts
électoraux.
Pour en revenir au coût d'une élection
générale au Québec et cela intéresse, je
crois, tous les électeurs du Québec nous pouvons affirmer
qu'il en coûte environ $148 656 par district aux contribuables
québécois. Nous obtenons ce chiffre en divisant par 110, le
nombre de districts actuels, la somme de $16 352 252 qu'a
coûté
l'élection générale de 1976. Si l'on multiplie les
$148 656 par onze nouveaux districts, on obtient $1 635 216, soit un coût
additionnel de $1 635 216 pour tenir un scrutin. A cela, il faut ajouter,
évidemment, les sommes qu'on devra payer chaque année aux
présidents d'élection, aux recenseurs, etc. Enfin, comme tout le
monde de ce temps-ci semble intéressé, tentons d'établir
combien coûte un député annuellement. Pour y arriver, nous
dresserons un petit tableau des coûts à partir des crédits
budgétaires qui furent votés pour l'exercice financier 1977/78.
Cela intéresse tout le monde. On va se le rappeler à
nous-mêmes également. Indemnités et allocations
diverses.
M. Burns: Cela va revenir bientôt d'ailleurs.
M. Lamontagne: Oui, 1977/78, pour que ce soit bien clair. Mais
c'est pour cela, cela va permettre un préambule à notre
débat.
M. Burns: Et pourquoi pas.
M. Lamontagne: Et pourquoi pas. Indemnités des
députés, $3 058 000; frais de représentation, $770 000;
allocations de présence aux commissions parlementaires, $50 000;
assurance collective sur la vie des députés, part de l'employeur,
$15 840; secrétaires de districts électoraux, $1 921 100; frais
de déplacement de la résidence au parlement, $269 300; à
l'intérieur du district électoral, $132 000; frais de
communication, $200 000; locaux de districts électoraux, $504 500;
résidences secondaires, $370 000. Total: $7 291 540. Coût moyen
par député: $66 286.72. (15 h 45)
A cela, il faut évidemment ajouter le salaire d'une
secrétaire au parlement, les coûts de l'espace de bureau
occupé et autres frais de $20 000, soit un coût moyen par
député de $86 286.72.
M. Burns: Est-ce que le député me permet une
question?
M. Lamontagne: Certainement.
M. Burns: Est-ce qu'il a tenu compte du fait qu'il y a des frais
qui sont dans la liste des indemnités et allocations diverses, qui ne
s'appliquent pas aux ministres? Est-ce que dans ces chiffres, il a tenu compte
de ça?
M. Lamontagne: Qui ne s'appliquent pas aux ministres?
M. Burns: Oui. Par exemple, les bureaux de comté des
ministres, comme vous savez, n'existent pas. C'est simplement du personnel de
cabinet. Les bureaux...
M. Lamontagne: Ces chiffres, comme je l'ai mentionné au
début...
M. Burns: Non, je vous demande simplement ça, parce que
l'année dernière, lorsque nous avons augmenté le montant
qui était alloué aux divers bureaux de comté, il a fallu
tenir compte du fait que les bureaux de ministres n'étaient pas
visés du tout par cette augmentation. Je demande simplement si...
M. Lamontagne: Je ne suis pas en mesure de...
M. Forget: C'est plus cher que cela en a l'air.
M. Burns: C'est peut-être plus cher per capita, mais j'aime
autant que les vrais chiffres soient là.
M. Lamontagne: Je tire ma référence, des chiffres
des crédits budgétaires 1977/78, pour répondre
correctement à la question du ministre, je pense qu'il faudrait
vérifier à nouveau concernant les ministres.
M. Burns: Alors, par exemple, l'année dernière,
lorsqu'une somme additionnelle de $10 000 a été donnée
à tous les bureaux de comté de députés,
c'était $850 000 et non pas $1 100 000.
M. Lavoie: Non, mais par contre, les crédits sont
là.
M. Burns: Ils sont là, d'accord, mais je veux simplement
savoir si dans les calculs du député, il a tenu compte du fait
que les bureaux de ministres, comme d'ailleurs le député de
Saint-Laurent en est sûrement au courant, ne sont pas visés par
ça. Alors...
M. Lamontagne: M. le Président...
M. Burns: ... quant à avoir des chiffres, j'aime autant
qu'ils soient vrais.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Avant de poursuivre, de ce côté, nous
aurions pu également tenir compte du projet de loi déposé
à l'Assemblée nationale. Mais pour que ce soit rigoureusement
exact, nous nous en sommes tenus à des crédits dûment
déposés à l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que le
député me permettrait une question? Est-ce que vous avez tenu
compte dans votre évaluation du coût d'un député, le
fonds de pension joliment déficitaire du député?
M. Lamontagne: Non. M. Lavoie: Bon, d'accord.
M. Lamontagne: II y a autre chose, si on se mettait rapidement
d'accord...
M. Lavoie: C'est un minimum, un strict minimum.
M. Burns: Non, d'accord, je n'ai pas d'objection; mais c'est
parce que je ne veux pas que des chiffres soient lancés au hasard sans
que... même si les chiffres sont défavorables à la position
que j'aurai éventuellement à défendre. Je n'ai pas
d'objection à défendre une position encore plus
défavorable que celle-ci. Mais je voudrais, au moins, que les chiffres
soient exacts. Remarquez qu'à partir du moment où vous aurez
à citer des chiffres, il y a probablement des gens qui vont les citer
comme s'ils venaient directement de l'Evangile. A ce moment-là, je
voudrais quand même qu'on tienne compte d'un certain nombre de choses. Il
y a des variantes et des ajustements dans tout ça.
M. Lavoie: En moins, ou facilement en plus. M. Burns: En
plus ou en moins.
M. Lamontagne: Pour éviter cette erreur, toujours
possible, comme le mentionne le ministre, nous nous sommes
référés aux crédits budgétaires 1977/78.
M. Burns: D'accord.
M. Lamontagne: Ce qui exclut tout ce qui s'est passé
après, évidemment. C'est pour ça qu'il faut se
référer, avec beaucoup de précision, à ces
crédits qui peuvent être consultés par tout le monde.
M. Burns: Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Vous pouvez poursuivre, M. le
député de Roberval.
M. Lamontagne: Si on multiplie le tout, les chiffres que je viens
de donner, par onze nouveaux députés, on en arrive facilement
à la somme de $949 153.92 annuellement, soit $3 796 615.68 pour quatre
ans. En additionnant à ce montant le coût d'une élection
générale, on découvre qu'il en coûtera près
de $5 500 000, toujours basé sur les chiffres de 1977/78, au
contribuable québécois pour se payer le luxe de 11 nouveaux
députés. Voilà, M. le Président, les
conséquences qui devraient faire réfléchir tous les
membres de l'Assemblée nationale et la population en
général.
Le Parti libéral du Québec est en complet désaccord
avec le cinquième rapport de la Commission permanentre de la
réforme des districts électoraux. L'Opposition officielle, M. le
Président, recommande donc que la Loi de la Commission permanente de la
réforme des districts électoraux soit modifiée de
façon que la révision de la carte électorale ne se fasse
qu'après chaque recensement décennal, comme cela se fait au
Manitoba.
Cette recommandation aurait pour conséquence de moins bousculer
les habitudes des Québécois, des électeurs qui,
actuellement, d'une élection à l'autre, risquent de se retrouver
dans un nouveau district électoral.
En fait, M. le Président, la commission devrait refaire la carte
électorale du Québec à partir des chiffres qu'elle a
présentement en main, à la suite du dernier recensement de
l'automne 1978. Pour y arriver, la loi devrait être modifiée afin
de permettre à la commission de procéder suivant ces nouvelles
données. De cette façon, moins de gens seraient touchés la
prochaine fois qu'on devra refaire cette carte.
L'Opposition officielle, M. le Président, considère que le
maximum de sièges à l'Assemblée nationale doit être
de 110. Toutefois, pour des raisons d'ordre géographique ou
démographique, ce nombre pourrait atteindre 112 ou être
diminué à 108.
La loi devrait donc être modifiée de façon que ces
chiffres y soient inscrits. Le nombre d'électeurs par district
électoral serait alors obtenu en divisant le nombre des électeurs
inscrits sur les listes électorales de la dernière
élection par le chiffre de 110. Un écart de plus ou moins 25%
serait permis.
La commission pourrait s'écarter de cette règle pour des
considérations exceptionnelles d'ordre démographique,
géographique, telles que la très faible densité de la
population d'une région, son accessibilité, sa superficie ou sa
configuration.
Cette recommandation de déterminer au préalable le nombre
de députés devant siéger à l'Assemblée
nationale était d'ailleurs contenue dans un rapport
présenté à l'Assemblée législative en
janvier 1962 par le groupe chargé de faire une étude
préliminaire de la révision de la carte électorale, et
présidé par le géographe Fernand Grenier. Notre
collègue, le député d'Outremont, M. André Raynauld,
a d'ailleurs participé à ce groupe de travail.
A la page 26 dudit rapport, on peut y lire: "La procédure
décrite plus haut, c'est-à-dire la refonte de la carte
électorale, implique que soit déterminé au
préalable le nombre des circonscriptions à découper
à l'intérieur du territoire de la province".
Par ailleurs, M. le Président, l'Acte de l'Amérique du
Nord britannique établit que le nombre de districts électoraux au
Canada est de 263 plus 1 pour le Yukon et un autre pour les Territoires du
Nord-Ouest. C'est donc dire que notre proposition ne constitue pas un
précédent vu qu'elle est déjà en application dans
au moins un autre Parlement en Amérique du Nord.
C'est ainsi que si cette recommandation avait eu force de loi pour la
confection du cinquième rapport de la Commission permanente de la
réforme des districts électoraux, nous aurions, devant nous, un
projet de carte dont le nombre moyen d'électeurs par district se serait
situé à 36 579, tandis qu'avec l'écart de plus ou moins
25%, nous aurions pu avoir des districts électoraux atteignant 45 723
électeurs et le minimum aurait alors été de 27 435.
Selon les chiffres du dernier recensement, cette moyenne se situerait
à 37 449 électeurs, tandis que les districts les plus populeux
pourraient atteindre 46 811 et ceux qui le sont moins, 28 087.
En milieu urbain, M. le Président, l'Opposition officielle croit
qu'il est possible qu'un député représente plus
d'électeurs qu'en milieu rural, et cela sans qu'on modifie
considérablement son travail et son efficacité à
représenter ses électeurs.
D'ailleurs, M. le Président, dans le rapport Grenier dont j'ai
cité un extrait tout à l'heure, on peut y lire également
à la page 25: "On acceptera un écart supérieur à la
moyenne, c'est-à-dire 25%, généralement quand il s'agira
de zones agglomérées, où la population est plus
homogène, où les communications entre électeurs et
élus sont plus faciles et où surtout le député n'a
pas à assumer les tâches qu'impose ailleurs l'existence d'une
grande diversité d'administrations locales".
Si ces arguments étaient valables en 1962, ils le sont tout
autant en 1978, à l'époque où les moyens de communications
se sont raffinés et ne cessent de se raffiner.
L'Opposition officielle demande donc au gouvernement de présenter
dans les plus brefs délais un projet de loi amendant la loi constituant
la commission afin de modifier les normes mathématiques contenues dans
cette loi. Par la suite, la commission pourra refaire une nouvelle proposition
de carte électorale basée sur ces nouvelles normes tout en tenant
compte également des critères démographiques et
géographiques.
En guise de conclusion, je dirai que l'Opposition officielle se refuse
à procéder à un exercice de "gerrymandering" et demande
que les nouveaux critères que je viens de soumettre soient
acceptés par l'Assemblée nationale du Québec et que la
Commission permanente de la réforme des districts électoraux
reprenne son travail.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Roberval.
M. Burns: Je m'excuse, avant que d'autres personnes
interviennent, je tiens quand même à faire, en vertu de l'article
96 ou l'article 95, n'importe quel numéro...
Le Président (M. Richard): L'article 96.
M. Burns: Je veux simplement dire que, lorsqu'on parle de
"gerrymandering ", il faut vraiment savoir de quoi il s'agit. Le gouvernement,
jusqu'à maintenant, n'a pas eu à se pencher sur la carte
électorale. Le "gerrymandering", habituellement, a lieu lorsque
justement l'autorité législative ou, si vous voulez,
exécutive, dans notre système parlementaire, fabrique une carte
électorale. Ce que nous avons devant nous, c'est une carte
électorale proposée par la commission Drouin et dans laquelle le
gouvernement actuel, pas plus d'ailleurs que le gouvernement
précédent, n'a eu quoi que ce soit à dire, ceia a
été tout simplement une suggestion qui nous a été
faite.
Je tiens à relever ce mot "gerrymandering", parce que...
Une Voix: ...
M. Burns: Non, il ne reviendra pas, j'espère. D'ailleurs,
dans mon esprit, cela ne devrait même pas revenir sous quelque
gouvernement que ce soit, mais le "gerrymandering" laisse toujours entendre que
le gouvernement a eu à manipuler la carte électorale. Je
tiendrais au moins à relever ce fait et à dire tout simplement
que c'est une proposition que nous avons actuellement de la commission Drouin
et qui n'a rien à faire ni avec l'Opposition, ni avec le gouvernement
actuel, ni avec le gouvernement précédent d'ailleurs.
M. Lamontagne: M. le Président, je relève
seulement...
M. Burns: D'autre part, M. le député de Roberval,
je tiens à vous dire que j'apprécie beaucoup les notes que vous
nous avez soumises. Votre déclaration m'apparaît comme
étant très positive, très intéressante. Il y a de
très bonnes idées là-dedans. Je pourrai tout à
l'heure les commenter, si vous voulez. Je ne veux pas bloquer les autres
collègues, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition, qui ont des choses à dire
là-dessus, mais je pense que je me dois quand même, au
départ, de dire que vous avez fait un effort très positif pour
nous faire des suggestions qui sont, en grande partie, à mon avis,
intéressantes. Je ne vous dis pas que je les accepterais
complètement, sans aucune difficulté. Il y en a certaines que je
serais porté à mettre de côté, mais il y en a
beaucoup qui m'intéressent fort et je trouve qu'on devrait les examiner
de près, parce qu'elles m'apparaissent très positives et
également intéressantes par rapport à une
éventuelle commission permanente de la carte électorale.
M. Lavoie: Seulement un mot. Vous avez des personnes très
valables dans votre cabinet, mais le député de Roberval n'est pas
disponible, si jamais...
M. Burns: Non, je n'y ai pas pensé. D'ailleurs, je n'ai
pas de postes disponibles actuellement. Je ne pourrai donc pas offrir au
député de Roberval de s'en venir chez moi.
M. Lamontagne: Depuis 1971 que je suis la Commission de la
refonte des districts électoraux, évidemment, je m'y
intéresse de très près. Mais, en même temps, le
ministre a dit, dans ses premières paroles, que le gouvernement ne
s'était pas penché... C'étaient également mes
premières paroles, au début de mon intervention, car
j'étais surpris et étonné même que le gouvernement
n'ait pas eu un mot à dire.
M. Burns: Si vous voulez que je règle cette question tout
de suite, je vais dire tout de suite que le gouvernement examine actuellement
tout un train de lois qui concernent le mode de scrutin, qui concernent donc,
si vous voulez, par voie de conséquence, la carte électorale, qui
concernent le registre des électeurs, qui concernent l'identifi-
cation des électeurs, et qui concernent un certain nombre
d'autres phénomènes dont le plus important est la remise en place
ou, si vous voulez, la remise, en termes modernes de la Loi électorale
elle-même. (16 heures)
Le gouvernement je suis autorisé à vous le dire cet
après-midi a décidé ce matin que, pour une
meilleure cohérence, toutes ces lois devraient être soumises
à l'Assemblée nationale en même temps. J'avais
pensé, au début, comme ministre responsable de ces projets de
loi, de les soumettre les uns après les autres, quand ils seraient
prêts.
M. Lavoie: L'étapisme électoral.
M. Burns: C'était de l'étapisme, dans mon cas, oui.
C'est tout à fait étonnant qu'on me traite d'étapiste,
mais, en tout cas... De toute façon, à la suite d'une
consultation que j'ai eue avec le premier ministre et à la suite
également d'une décision qui a été prise au Conseil
des ministres ce matin, nous avons décidé, plutôt que
d'amener des étapes de réforme électorale, de les amener
dans un seul bloc pour que, vraiment, tout le monde ait une vue
générale de ce qui pourrait arriver. Je pense, par rapport au
directeur général des élections et au président de
la commission permanente et à ses deux collègues, que c'est
beaucoup plus rassurant de savoir exactement quel est ce bloc qui s'en vient.
Or, nous avons décidé, tout simplement, de remettre ça au
printemps, parce que certaines des parties de ces étapes, de ces
améliorations, tant à la Loi électorale qu'à
d'autres approches en matière électorale, n'étaient
peut-être pas complètement prêtes. C'était
peut-être mieux de les présenter, sauf que j'aurais pu, dans le
cours du mois de décembre, déposer au moins trois des quatre ou
cinq projets de loi qui peuvent concerner ce domaine. Nous avons
décidé, pour que tout le monde ait une vue
générale, pour que tout le monde ait l'occasion de dire: Voici ce
vers quoi le gouvernement se dirige, ou ce contre quoi j'ai des objections,
à ce moment, on s'est dit: On va les soumettre ensemble, dès le
début de nos travaux, au printemps. Cela peut peut-être
répondre en partie à votre question préliminaire
là-dessus.
M. Lamontagne: M. le Président, sauf l'interrogation d'une
carte électorale en suspens depuis février 1978, dont on parle de
façon globale...
M. Burns: Si vous avez bien lu la loi... Je m'excuse, M. le
Président...
Le Président (M. Richard): M. le ministre, pourriez-vous
nous permettre de donner la parole à...
M. Burns: Oui, d'accord. Je m'excuse auprès du
député de Nicolet-Yamaska, mais je pense bien que je me devais de
relever ce genre... Ce n'était pas une attaque, c'était une
remarque, très gentille d'ailleurs, de la part du député
de Roberval.
Le Président (M. Richard): Je vous redonnerai la parole,
M. le ministre, avant le printemps, ne vous inquiétez pas!
M. Burns: Je voulais tout simplement soulever cette chose. Cela
ne veut pas dire que la commission que nous tenons aujourd'hui est une
commission bidon. Au contraire, je pense que la commission d'aujourd'hui est
très importante, dans le sens qu'on a déjà ce sentiment...
Déjà, on a celui de l'Opposition officielle, j'imagine que, dans
quelques secondes, on va avoir celui de l'Union Nationale, et je souhaite
l'avoir le plus rapidement possible également dans le cas du Parti des
démocrates...
Le Président (M. Richard): M. le ministre, vous êtes
loquace...
M. Burns: C'est dans ce sens que je veux tout simplement avoir
ce...
Une Voix: M. le ministre parle en masse!
M. Burns: Non, vous avez des raisons de me faire parler.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous avez maintenant la parole.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je suis quand
même heureux que le ministre à la réforme électorale
et parlementaire vienne de faire ces quelques commentaires, parce que je
voulais commencer mon intervention en lui faisant quelques remarques sur mon
désappointement face à la réforme de la Loi
électorale qui devait être présentée, parce qu'on
nous a demandé cet été de collaborer avec le gouvernement
dans un comité interpartite qui ferait en sorte de présenter
à l'Assemblée nationale, dès cet automne, pour adoption
avant Noël, une nouvelle loi électorale. On nous avait dit, en tout
cas, que c'était censé être cela. Avec
désappointement, nous nous sommes aperçus que c'était
impossible de le faire. Il y a également un autre problème qui
doit être soulevé, c'est celui du mode de scrutin. On nous a
également parlé de scrutin proportionnel.
Je pense que ce mode de scrutin, on devrait peut-être le discuter
avant de faire cette commission aujourd'hui. Je ne dis pas qu'elle n'est pas
valable, qu'on n'a pas des opinions à émettre. Il y a un
journaliste entre autres je ne veux pas donner son nom, parce qu'il est
ici, et je ne veux pas blesser sa modestie qui disait: Toutefois, on ne
voit pas comment la commission parlementaire pourrait procéder de
façon sérieuse à l'étude de ce projet sans avoir au
moins une idée des intentions du gouvernement sur la question du mode de
scrutin; aussi, peut-on s'attendre à obtenir certaines indications
à ce sujet dès la semaine prochaine. C'est-à-dire la
semaine passée.
Je crois que cela est vrai, d'autant plus que ce que le
député du Parti libéral vient de nous donner comme
chiffres, tout cela pourrait tomber à l'eau, si on adoptait un mode de
représentation proportionnelle, parce que cela ferait en sorte de
grossir encore le nombre de députés. Je crois qu'il faudrait
peut-être commencer par cela avant d'aller voir autre chose. Tout de
même, on est bien prêt...
M. Burns: Je veux simplement vous dire, M. le
député, que c'est à la demande de l'Opposition que cette
commission-ci se tient. J'ai accepté, à la suite des pressions
qui m'ont été adressées et par les députés
de l'Opposition et par le leader du gouvernement, de tenir cette commission
tout en disant, sous toute réserve, qu'à un moment donné,
il faudrait peut-être revoir l'ensemble du projet. Heureusement, ce
matin, le Conseil des ministres vient de me donner un mandat beaucoup plus
précis et que je viens de vous livrer il y a quelques secondes.
Cela ne veut pas dire que la commission d'aujourd'hui n'est d'aucune
utilité; au contraire. Je pense que c'est un "probing committee"
si vous me passez l'expression c'est une commission qui actuellement
essaie de voir exactement... et dans le domaine électoral, on a toujours
eu ce souci d'avoir le plus large consensus possible. Alors, on essaie
d'examiner actuellement ce qui peut bloquer, ou ce qui pourrait braquer des
gens relativement à un éventuel projet de loi. Dans ce sens, cela
nous aiderait aussi à fabriquer les projets de législation qui,
éventuellement, vous seront soumis à l'Assemblée
nationale.
M. Fontaine: C'est pour cette raison que je vous dis, M. le
Président, que je suis bien heureux que le ministre nous fasse cette
déclaration immédiatement, pour dire qu'il a un mandat nouveau
qui, je l'espère, sera respecté cette fois-ci. Egalement, dans
cette optique, nous avons abordé la question et j'ai des commentaires
à faire sur le cinquième rapport.
Concernant le redécoupage de la carte électorale, le
gouvernement se devrait, au moins dans ce domaine, de respecter son programme
électoral. Je citerai quelques exemples: Un gouvernement du Parti
québécois s'engage à maintenir le mode de scrutin actuel,
mais à y ajouter un élément de représentation
proportionnelle. Je vous fais grâce du reste. Dresser la carte
électorale selon les principes suivants: a) Intégrer à la
constitution des règles sociologiques, démographiques et
géographiques qui guident le découpage des circonscriptions
électorales; b) Enoncer dans la Loi électorale et réviser
périodiquement les conditions d'application des principes du
découpage, notamment, le nombre de circonscriptions ou le nombre moyen
d'électeurs par circonscription et l'écart toléré;
c) Réserver l'exécution du découpage conformément
à la Loi électorale et à l'abri des ingérences
politiques au service du public qui dresse la liste unique et permanente des
électeurs et qui émet la carte d'électeur.
Peut-être que cela n'a pas toujours été
respecté dans le passé.
M. Burns: Vous l'avez tout là. C'est tout le train de la
législation.
M. Fontaine: C'est justement, je veux vous faire des remarques
concernant cela et concernant également notre programme.
M. Burns: Allez-y, je suis bien d'accord; je suis prêt
à vous entendre là-dessus.
M. Fontaine: L'Union Nationale prétend que pour faire un
redécoupage électoral qui serait valable, il faudrait
intégrer ce redécoupage de la carte électorale dans une
vue d'ensemble de l'aménagement du territoire. Ce que je veux dire par
là, c'est qu'il faudrait essayer d'uniformiser dans les districts
électoraux, essayer d'éviter les dédoublements et
regrouper au niveau des comtés également tous les services des
différents ministères.
Je peux vous donner des exemples: Dans le domaine des transports, dans
mon comté, je fais affaire avec quatre districts des transports, deux
régions. C'est ainsi pour les districts judiciaires, quatre ou cinq
districts judiciaires par comté, c'est assez fréquent. Les
conseils de comté également qui font partie de différents
comtés provinciaux. On a un ministre délégué
à l'aménagement du territoire. Un gouvernement responsable
devrait peut-être penser, si cela n'est pas déjà fait,
à former un comité interministériel qui étudierait
cette question pour avoir quelque chose de sensé dans ce domaine, pour
que les gens fassent affaires avec un pôle d'attraction naturel à
l'intérieur d'un comté, d'un district électoral.
Il faudrait également respecter les particularismes des
populations locales. Je vous donne l'exemple des Iles-de-la-Madeleine. Si on
décidait, par exemple, de rattacher les Iles-de-la-Madeleine au
comté de Gaspé, vous me diriez: C'est impensable parce que les
gens des Iles-de-la-Madeleine ont leur façon de vivre. Ce sont des
insulaires et ils ont leurs propres opinions. Je pense qu'il ne faut pas penser
les rattacher à un autre comté.
Vous allez peut-être dire que l'exemple est exagéré,
mais au niveau d'autres comtés, il y a d'autres particularismes qui font
que ces comtés doivent rester une entité parfaite.
C'est la même chose dans les villes. Il y a des quartiers qui ont
de ces particularismes, qui sont identifiés, qui ont des pôles
d'attraction naturels. Je pense même que c'est le cas dans votre
comté.
M. Burns: J'allais vous dire que vous aviez le cas par
excellence, le comté de Maisonneuve.
M. Fontaine: De ce côté, je pense qu'il faudrait que
la commission soit peut-être autorisée...
M. Burns: Sauf que je suis mal à l'aise d'en parler
étant le ministre responsable.
M. Fontaine: On va en parler pour vous.
Alors, je pense que la commission devrait avoir le mandat d'agir de
cette façon. La commission a effectué des recherches. A la page 3
du rapport, on dit: "La commission s'est inspirée des travaux des
services professionnels et techniques. La documentation existante tant au
Québec qu'à l'extérieur a été
utilisée. Des études spéciales ont été
poursuivies et des visites sur les lieux ont été
effectuées". Alors, peut-être que tout à l'heure le
directeur général des élections pourra nous donner des
renseignements sur ces études qui ont été faites.
Donc, ce que nous proposons, c'est que nous fassions modifier par
l'Assemblée nationale l'article 9 de la Loi de la commission de
l'Assemblée nationale afin d'avoir une formule plus souple qui tiendrait
compte des entités régionales et historiques, des
particularités des régions touchées, également de
l'étendue du territoire.
M. Burns: Le chiffre...
M. Fontaine: J'y viens. Le nombre d'électeurs, bien
sûr. ... l'étendue du territoire, à cause des
déplacements que les députés doivent effectuer à
l'intérieur de leur comté et à cause, également, du
vécu quotidien de ces députés pour qu'ils puissent avoir
le pouls des gens pour qui ils doivent travailler, qu'ils doivent servir, le
nombre de municipalités incluses dans ces comtés. Si je prends
l'exemple de mon comté, dans la proposition qu'on nous fait, on va me
donner 55 municipalités. Vous vous imaginez qu'avec 55
municipalités, si je veux avoir l'occasion de les rencontrer au moins
une fois par année, il faudra que j'en voie une par semaine. Je pense
que c'est assez difficile de pouvoir fonctionner ainsi.
Il faut également penser que dans toutes les corporations
municipales, il y a d'autres comités qui fonctionnent.
M. Burns: Le député me permet-il une question?
M. Fontaine: Oui.
M. Burns: Dans tout cela, ce qui va constamment nous
préoccuper et vous de l'Opposition et nous du côté
ministériel, ce sera parce que si on parle du nombre
d'électeurs par comté, on sera également obligé de
tenir compte de la modification du plus ou moins 25%. Donc, actuellement, si on
prend les 32 000, de 40 000 à 24 000, on sera obligé
également de tenir compte du fait que plus le nombre d'électeurs,
le chiffre moyen augmentera, plus les comtés ruraux vont en souffrir.
C'est-à-dire plus les députés ruraux et le
problème que vous soulevez actuellement, cela a été,
depuis le début, une de mes grandes inquiétudes.
Remarquez que pour moi, dans le comté de Maisonneuve, vous
pourriez y mettre 50 000 électeurs en autant que cela soit situé
dans la région du sud-est montréalais, cela ne me poserait pas de
problème, mais si le chiffre moyen devient 50 000, je présume que
le député d'Abitibi-Est, le député d'Abitibi-Ouest,
ou le député de Saguenay ou le député de Duplessis,
ou encore le député de Lotbinière ou d'autres
députés pourraient se poser de sérieuses questions parce
que cela leur prendra deux à trois jours pour traverser leur
comté, alors qu'en milieu urbain, cela ne pose pas de problème.
(16 h 15)
D'autre part, vous avez l'autre problème qui vraiment pose un
dilemme. En milieu urbain, est-ce qu'on doit diminuer la valeur du vote de
l'électeur par rapport au vote de l'électeur rural? C'est toute
la question. Quand on est arrivé au chiffre magique de 32 000 sous le
gouvernement précédent, auquel on a d'ailleurs souscrit, on s'est
dit: Au moins, sauf le cas spécial des Iles-de-la-Madeleine, le vote de
quelqu'un dans Lotbinière ou le vote de quelqu'un dans Nicolet-Yamaska,
va valoir le vote de quelqu'un dans le comté de Saint-Louis ou dans le
comté de Louis-Hébert. C'est un peu cela qu'on s'est dit, comme
problème. C'est cela le dilemme qui se pose. Dès que vous
augmentez le chiffre et que vous voulez garder sa valeur au vote urbain par
rapport au vote rural, vous êtes obligé, à un moment
donné, d'amener des territoires absolument incroyables pour les
comtés ruraux. Il va falloir tenir compte de cela aussi, je pense que la
commission devra en tenir compte aussi.
M. Fontaine: C'est justement, si on se fixe...
M. Burns: Pardon? Ou de Laviolette. Je ne citais pas le cas de
Laviolette, mais c'est un beau cas. Le moindrement que vous augmentez votre
chiffre, et si j'accepte la proposition du député de Roberval et
qu'on mette cela dans un projet de loi à 35 000 plus ou moins 25%, mon
collègue le député de Laviolette va avoir de
sérieux problèmes et probablement vous aussi.
M. Fontaine: Oui, je suis d'accord, mais ce que je vous dis,
c'est qu'il faudrait modifier l'article 9 pour avoir des règles plus
souples, parce que si on se fixe un nombre de population avec plus ou moins
25%, on ne pourra certainement pas respecter les critères que
j'énonçais tout à l'heure. Je vous parlais du nombre de
municipalités, c'est important pour le travail d'un
député; à cela se rattachent tous les organismes de
loisirs, les clubs de l'âge d'or et tous les groupes sociaux; en fait, il
faut avoir le temps de rencontrer ces gens. Le travail d'un
député de comté rural n'est pas du tout la même
chose que celui d'un député de comté urbain. Je pense
qu'il faudrait peut-être penser à avoir une différence dans
les chiffres pour permettre aux comtés urbains d'avoir plus
d'électeurs tout en tenant compte des remarques que vous avez faites
tantôt. Le député doit être en mesure de
connaître les besoins de la population qui le fait élire, il doit
être en mesure de la servir aussi. Si un trop grand nombre
d'électeurs contient un trop grand nombre de municipalités, le
député ne peut physiquement, être en mesure de
représenter sa population adéquatement. De plus, le
député joue également certains rôles administratifs
et lorsqu'un député, surtout en milieu rural, n'a pas le temps de
s'occuper de son rôle administratif quant à la distribution de
certaines subventions, ce sont d'autres personnes et souvent des fonctionnaires
qui font le travail et ce n'est pas toujours favorable à la
population.
M. le Président, en même temps qu'on pense au scrutin
proportionnel, ce qu'on vous dit en résumé, c'est qu'on pourrait
penser aussi à des comtés proportionnels et des comtés
mieux proportionnés et également, au niveau des régions,
avoir un meilleur aménagement du territoire à l'intérieur
même de la Loi électorale. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Fallu: Est-ce que je pourrais poser une question très
brève au député de Nicolet-Yamaska? Vous permettez?
D'après votre allégation, est-ce que l'Union Nationale serait
favorable à un mode de scrutin proportionnel?
M. Fontaine: On va commencer par savoir ce qu'il va nous
présenter et, après cela, on vous dira si on va l'adopter ou
non.
M. Burns: Je pense que c'est dans le programme de l'Union
Nationale, d'ailleurs, sauf erreur.
M. Fontaine: Oui, c'est dans le programme de l'Union Nationale,
mais tout dépend du mode de scrutin proportionnel que vous allez nous
présenter.
M. Burns: Ce n'est pas dans le programme du Parti libéral,
mais c'est dans le programme de l'Union Nationale.
M. Fontaine: Tout dépend du mode de scrutin proportionnel
que vous allez nous présenter.
M. Burns: D'ailleurs, c'est peut-être un moyen de
survie.
M. Lavoie: Vous avez assez de suivre votre programme, ne vous
mêlez pas du nôtre.
M. Burns: Non, je vous taquine un peu. M. Jolivet: On ne
veut pas le vôtre.
M. Burns: D'ailleurs, ce n'est pas l'objet de la commission de
discuter de tout cela.
Le Président (M. Richard): A l'ordre, s'il vous
plaît. Messieurs, je vais donner la parole au député de
Rouyn-Noranda. Je note, avant qu'il y ait des objections, que,
traditionnellement, tous les membres de l'Assemblée nationale ont pu
intervenir à une commission de l'Assemblée nationale visant
à étudier la carte électorale. M. le député
de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Merci, M. le Président. Je pense que la
commission d'aujourd'hui est assez importante, si le ministre nous dit qu'il y
aura peut-être plusieurs lois qui seront proposées vers le
printemps. Dans l'étude de la loi qui a constitué la commission,
le chapitre 7, je me rappelle ces débats et je me rappelle même
que nous avions suggéré à l'époque le chiffre qui
apparaît à l'article 9 que vient de mentionner le
député représentant l'Union Nationale, 32 000
électeurs, avec une marge de 25% en plus ou en moins. Il y a eu beaucoup
d'objections qui se sont posées quant au chiffre, à ce
moment-là.
Mais ce qui nous avait été donné comme explication,
c'est-à-dire qu'on ne devait pas trop s'accrocher au chiffre pour des
raisons qui se retrouvent dans une région et qui ne se retrouvent
peut-être pas dans une autre région, c'est le deuxième
alinéa de l'article 9 où il est dit que la commission peut
s'écarter des règles énoncées au premier
alinéa pour des considérations exceptionnelles d'ordre
démographique et géographique, telles que la très faible
densité de la population, le taux relatif de croissance de la population
d'une région, son accessibilité, sa superficie et sa
configuration.
Je pense que, sans prêter de mauvaises intentions à qui que
ce soit, ce deuxième alinéa n'a peut-être pas suffisamment
été mis à contribution dans la préparation des
rapports qui nous ont été présentés depuis 1972. Je
me rappelle qu'en 1973, il y avait eu une première tentative, si vous
voulez, de redistribution des districts électoraux. La loi avait
même été déposée, si ma mémoire est
fidèle, mais, finalement, parce que les élections sont
arrivées, cette loi n'a pas été présentée en
deuxième lecture.
Déjà, dans le rapport qui avait
précédé cette loi, nous retrouvions des suggestions de
délimitation de comtés qui accrochaient dans à peu
près toutes les régions du Québec où chacun avait
quelque chose à dire. On retrouve, avec le rapport actuel, un peu la
même chose. Je pense qu'on ne peut pas s'en prendre aux membres de la
commission, parce que, justement, cette loi leur a donné des balises, en
quelque sorte, et cela a fait que, dans la pratique, les districts
électoraux doivent maintenant être délimités en
fonction du nombre d'électeurs. Ce qui est drôlement difficile
pour eux.
Je ne sais pas trop comment ils s'y prennent, mais j'imagine qu'à
chaque élection, quand ils doivent faire le rapport après les
élections et qu'ils doivent, en fonction de ce barème 32-24-40,
redélimiter les districts électoraux, je ne sais pas si on part
de l'est à l'ouest ou de l'ouest à l'est, mais, en tout cas, il y
a une chose qui est certaine, c'est qu'il me semble que ce n'est sûrement
pas facile à faire.
Comme conséquence, bien sûr, nous retrouvons toujours la
même chose, les mêmes conséquences. Les comtés
urbains qu'on tente de ramener à la proportion du barème et les
comtés ruraux qu'on tente de ramener à la même propor-
tion font que les députés, qu'ils soient urbains ou
ruraux, ou semi-ruraux, ou tenant compte de leur région, ces
députés sont plutôt, en fonction de ces rapports,
représentatifs d'un nombre d'électeurs quasi égal. C'est
à peu près ça qu'on recherche, si j'ai bien compris, dans
les rapports qui nous sont soumis. Je pense que, si on recherche cette
égalité dans le nombre des voix, à ce moment-là, on
crée une injustice vis-à-vis des députés qui ont
à représenter tel comté ou tel autre comté, selon
que c'est dans une région périphérique ou dans une ville
ou, par exemple, dans la région métropolitaine de
Montréal.
Il me semble je n'ai pas peur d'afficher ma couleur
là-dessus que la seule façon d'atteindre et la
représentativité en nombre d'électeurs, d'une façon
aussi égale que possible, et d'atteindre en même temps le
deuxième volet, c'est-à-dire reconnaître que les
députés qui représentent des sections qui ne sont pas dans
la région métropolitaine de Montréal ou de Québec,
ont beaucoup plus de territoire à couvrir et de travail à faire
qu'un député de ville.
Cela nous amène à cette question que l'on se pose depuis
que je suis au Parlement, depuis 1970. Je pense que l'honorable ministre va
acquiescer là-dessus. On se pose tous la même question. La
proportionnelle viendrait-elle possiblement rétablir cet
équilibre? Je pense que, d'un côté, il est valable qu'on
cherche à atteindre une représentativité équitable
pour les électeurs et, de l'autre côté, qu'on tienne compte
de ces territoires.
Bien sûr, cette loi n'a pas atteint, pour ce qui me concerne, le
but. Il manque quelque chose là-dedans. Chaque fois qu'on revient devant
une commission parlementaire, tous les députés ou presque ont des
problèmes parce que, d'une part, le fait qu'on soit obligé de
tasser du territoire pour entrer dans les cadres du barème 32 comme
cible, on retrouve des choses quasi aussi impossibles qu'on enlève
à un député une paroisse, une grosse paroisse, on la donne
à l'autre député et on se retrouve, dans des cas
semblables, à donner à un député ou à un
comté, une paroisse qui n'est pas naturelle à ce comté. Et
on enlève du même coup, à un député, une
paroisse qui est naturelle à son comté.
Je n'ai pas de meilleur exemple à vous donner que celui qui se
pose apparemment entre le comté de Montmorency et le comté de
Charlevoix. On le verra tantôt, peut-être qu'il y aura quelqu'un
qui défendra ce point de vue-là. Et il y a d'autres choses qui se
produisent aussi. On chevauche des régions. Dans le dernier rapport,
sans vouloir prêter de mauvaises intentions à qui que ce soit, il
nous arrive une chose qui est drôle. En 1972, à titre d'exemple,
on parle de la région du Nord-Ouest québécois, qui est la
mienne et celle du député d'Abitibi-Ouest qui est ici
présent, on nous proposait trois comtés dans cette région
immense, alors qu'il y en avait quatre. Et en 1972 toujours, si je me rappelle
bien, sur la foi des revendications, un compromis s'est établi et il y a
un comté qui s'appelle Pontiac-Témiscamingue, qui a finalement
chevauché sur deux régions, sur la région du
Nord-Ouest québécois et sur l'Outaouais, pour faire un
demi-comté dans une région et un demi-comté dans l'autre
région, pour faire en sorte que dans le Nord-Ouest
québécois, ils se sont retrouvés avec un compromis, alors
qu'il y avait quatre comtés, alors qu'on leur en offrait trois. Ils en
ont eu trois et demi.
Cela se retrouve dans le rapport de 1973 aussi. Cela se retrouvait, si
ma mémoire est fidèle, dans le dépôt de la loi, en
1973. Mais comme la loi n'est pas passée, c'est resté tel
quel.
Mais dans le rapport actuel, on nous propose encore une fois de revenir
à la proposition de 1972. Trois comtés dans cette immense
région, je ne sais pas pour quelle raison, mais on ajoute, dans la
région du Nord-Ouest québécois, le comté de
Pontiac, pour donner l'impression qu'il y a quatre comtés. Mais sur le
plan géographique et naturel, cela ne peut pas se défendre. Le
comté de Pontiac, ce qui est au sud de l'ancien comté de
Témiscamingue, ce n'est pas dans la région naturelle du
Nord-Ouest québécois. Ce n'est tellement pas dans la
région naturelle du Nord-Ouest québécois que pour circuler
entre l'ancien comté de Témiscamingue et l'ancien comté de
Pontiac, il faut utiliser la route de l'Ontario. C'est peut-être vous
démontrer l'exemple par l'absurde, mais c'est la situation. Il faut que
les gens circulent par la route de l'Ontario pour rejoindre les deux bouts de
ce comté. (16 h 30)
Si on tente de nous dire que maintenant nous aurons quatre
comtés, parce que le Pontiac est accroché à cette
région, nous autres, on dit: Non, ce n'est pas possible. Ce n'est pas
possible, parce que ce n'est pas vrai. Ce ne sont pas des régions qui se
ressemblent du tout. Ce n'est pas la même mentalité de gens. Ce
n'est pas le même territoire. Il y a à peu près 300 milles
entre les deux territoires, à part cela; il y a des gens à un
bout et à l'autre.
De toute façon, M. le Président, je voudrais souligner un
fait. D'ailleurs, nous avons une carte électorale qui est assez
significative. Vous avez des cartes électorales à peu près
pour toutes les régions. Quand on arrive à la région du
Nord-Ouest, on place cela dans la carte électorale de la province de
Québec par exception et on voit que ce territoire immense constitue
presque un cinquième de l'ensemble du territoire électoral de la
province. C'est évident que c'est une situation qui est quasi
impossible. Nous, les députés de cette région, les
députés d'Abitibi-Ouest, d'Abitibi-Est, de
Pontiac-Témiscamingue, pour cette occasion, avons cru bon de discuter de
la situation ensemble et nous avons fait parvenir à la commission nos
suggestions dans le sens que, pour cette région, nous aimerions qu'il
soit tenu compte de la région du Nord-Ouest comme telle.
Premièrement, ne pas sortir Chibougamau-Chapais de la région,
comme la suggestion en était faite; deuxièmement, ne pas entrer
le comté de Pontiac dans cette région.
Cela nous permettrait je pense que, là-dessus, les
députés ont fait connaître leur point de vue unanime
de conserver quatre comtés au
nord de Témiscamingue-Sud. Il y avait quatre comtés en
1970. Il y a eu quatre comtés depuis je ne sais pas combien
d'années. Cela reviendrait à dire qu'on retourne à cette
formule, d'autant plus que, même en n'utilisant pas... Tantôt, j'ai
insisté sur le fait que le deuxième alinéa de l'article 9
pourrait permettre, dans une circonstance comme cela, eu égard à
la superficie du territoire, un cas d'exception. Nous avons fait les calculs
rapidement, suivant le nombre d'électeurs de 1976, et nous arrivons
à près de 110 000 électeurs pour cette région,
environ 109 600, ce qui veut dire que cela permettrait d'avoir quatre
comtés à l'intérieur des normes. On n'a même pas
besoin de l'exception pour défendre notre dossier dans le cas
présent.
Si on fait des comparaisons je pense qu'il est valable de les
faire parce qu'on veut tenir compte du fait que les députés des
régions périphériques ont beaucoup plus de territoire,
qu'ils sont obligés de voyager plus loin pour rejoindre leurs
électeurs et venir à l'Assemblée nationale une fois par
semaine. Ils sont handicapés comparativement à ceux qui sont
près du Parlement. En faisant des comparaisons, on s'aperçoit
que, dans la région de Montréal, la moyenne
suggérée est de 34 000 électeurs et que, dans la
région de Québec, elle est de 35 000. Si on exclut Pontiac
actuellement et que I'on tient compte des trois comtés qui sont dans
cette immense région, suivant la suggestion faite, la moyenne serait de
33 317 électeurs. Je pense que cela ne résiste pas à
l'analyse. 33 300 électeurs comparativement à 34 700 à
Montréal, quand on dit qu'on couvre le cinquième de la province
en territoire, cela ne peut pas résister. Si on le compare à
d'autres régions, on verra que, dans des régions comme
l'Outaouais, c'est 35 000; les Laurentides occidentales, 33 392; La Mauricie,
33 000; les Laurentides orientales, 30 000; le Saguenay-Lac-Saint-Jean, 32 000
déjà, je trouve que c'est passablement fort pour une
région comme cela; en tout cas, c'est à eux à
défendre leur dossier; ils le feront sûrement la rive sud
du Saint-Laurent, 34 000 et on arrive dans des régions comme celles du
Bas-du-Fleuve, à 28 000 à peu près, en moyenne exception
faite des Iles-de-la-Madeleine.
Si on tient compte de la région du Bas-du-Fleuve que je connais
très bien et de la région du Nord-Ouest, que je pense
connaître un peu aussi, si cela se défend d'avoir une moyenne
d'environ 28 000 électeurs dans la région du Bas-du-Fleuve, cela
se défend aussi facilement, sinon plus, dans la région du
Nord-Ouest québécois de ne pas atteindre les 32 000 qui sont
suggérés, par la loi, à l'article 9.
M. le Président, ce sont là les quelques remarques que
j'avais à faire. Je n'irai pas dans les détails des comtés
de l'ensemble de la province, parce que je sais que chacun des
députés a des remarques à faire. Il me semble qu'il
appartient soit au député du comté ou encore au caucus
régional ou au groupe de députés régionaux de
regarder cela ensemble pour voir comment, dans la pratique, ils peuvent vivre
avec un tel comté. Ce n'est pas un reproche que je fais à la
commission. Au contraire, il me semble que ce serait difficile pour elle
d'avoir ce genre de perception. Ils ne sont pas des députés.
D'ailleurs, s'ils étaient députés, ils ne seraient pas
membres de la commission. Les députés ont une perception de leur
région, de leur comté, de leur milieu et du genre de
mentalité qui y existe. C'est d'ailleurs pourquoi nous avons des
commissions parlementaires qui nous permettent justement de donner ces
explications aux membres de la commission qui, j'imagine, pourront avoir leur
rapport et tenir compte de ces questions qui sont absolument en dehors des
considérations mathématiques. Evidemment, si on me dit qu'il faut
s'en tenir aux considérations mathématiques, à ce moment,
j'arrêterai ma plaidoirie, parce que jamais on ne pourra y arriver. C'est
surtout la considération de la représentativité, en nombre
d'électeurs, et aussi du territoire, également des
mentalités, des régions naturelles et de l'éloignement du
Parlement. Je pense que c'est important qu'il soit tenu compte de tout cela.
Là-dessus, j'imagine que, ceci étant dit, nous aurons droit
à une révision de ce secteur, au point de vue du territoire.
En deuxième lieu, compte tenu du fait que j'accepte qu'il faut
quand même un certain équilibre de représentativité,
c'était cela le grand problème dont on discutait
déjà en 1970, immédiatement après les
élections, quand le Parti québécois, avec quelque 23% des
voix, n'avait que sept députés. Il y avait là un
déséquilibre évident. Comment parer à ce
déséquilibre? Il y a eu des discussions, il y a eu des
commissions parlementaires. J'ai été membre de ces commissions
parlementaires. On en a discuté passablement longtemps pour finalement
ne pas déboucher sur ce qu'on voulait exactement. On a
débouché sur cette loi, et ce n'était pas l'idéal.
On a retrouvé le même problème en 1973 après les
élections. Le Parti québécois, encore une fois, se
retrouvait dans une situation encore pire, avec 30% ou 31%, et six
députés cette fois, et le Ralliement créditiste, avec 10%
et seulement deux députés. Ce n'était pas l'idéal
non plus. Il y a cette distorsion qui est provoquée par la question des
collèges électoraux. Un jour, cela peut jouer en faveur d'un
parti, et, le lendemain, cela peut jouer contre lui. Evidemment, le jour
où cela fait notre affaire, on s'en plaint moins, c'est bien sûr,
mais le jour où cela nous défavorise, on s'en plaint passablement
et on a raison. C'est en fonction de cela que nous avions dès ce moment
fait une étude assez sérieuse des différents
systèmes électoraux existants. Je me rappelle que des membres
actuels de la commission nous avaient donné un bon coup de main dans
cette étude. Nous avions cru qu'il serait intéressant d'en
arriver à discuter d'une certaine forme de représentation
proportionnelle je me rappelle que M. Jean-Charles Bonenfant
était venu nous rencontrer à plusieurs reprises là-dessus
qui pourrait s'ajouter à un certain nombre de
députés. C'est là, je pense, qu'on pourra en arriver
à atteindre ce que nous recherchons réellement,
c'est-à-dire la logique de
la représentativité, et, en même temps, ne pas
étouffer un député qui représente un territoire qui
n'a pas de bon sens, dans certains cas. Je sais, par exemple, que le
député d'Abitibi-Est, qui n'est pas ici présentement,
représente presque une province. Cela n'a pas d'allure. Il est
obligé de parcourir des centaines et des centaines de milles. Le
député de Duplessis a le même problème.
M. Burns: Duplessis et Saguenay, par exemple, couvrent à
peu près le quart du Québec, au point de vue du territoire.
M. Samson: Pour le Saguenay, c'est la même chose. S'il
couvre un quart et nous autres, le cinquième, il ne vous en reste pas
gros à Montréal.
M. Burns: Non, c'est un fait. Il y a plus de densité de
population, cependant.
M. Samson: Oui, c'est cela. Il faut chercher les deux, la
représentation géographique et la représentation en nombre
d'électeurs et, d'après moi, le seul moyen d'y arriver est une
forme de représentation proportionnelle ajoutée à cela.
Mais, pour le moment, en attendant l'idéal, il ne faudrait pas aller au
pire. Merci, M. le Président.
M. Burns: Je suis bien d'accord avec cela.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Terrebonne a demandé la parole.
Commentaires des députés M. Elie
Fallu
M. Fallu: Merci, M. le Président. J'aimerais saluer M. le
directeur général des élections et les membres de la
commission également et les remercier du plaisir et de l'honneur qu'ils
nous font de sortir de leur discrétion un jour, puisque ce sont des gens
qu'on voit très peu, sauf M. Prémont, du seul fait qu'il est un
peu notre collègue quotidien, presque de misères quotidiennes,
devrais-je dire, en l'occurrence. Quant aux autres, ils sont nos espoirs
puisque des élections, c'est un peu cela, mais, étant
donné que vous êtes neutres, les espoirs nous appartiennent seuls
et à vous les tracas.
Je voudrais remercier le député de Roberval de nous avoir
fait, au départ, un cours d'histoire. C'est intéressant. Cela
résume relativement le travail des années 1960 à 1976 et
il fallait le faire puisque c'est surtout depuis 1960 qu'au Québec, la
problématique de la réforme électorale s'est
amorcée. On a une société qui, avec ses
réajustements successifs, a fini par prendre conscience de l'importance
des phénomènes électoraux. Il ne faudrait pas être
injuste en partant de 1960 uniquement, parce qu'il faudrait effectivement
remonter dans les années quarante, au moment de la grande réforme
de la Loi électorale. C'est vraiment de là que date le
Québec un peu moderne du point de vue électoral. Toutefois il y a
eu une accélération depuis 1960.
Cette accélération nous a également amenés,
comme Québécois, à être plus sensibles aux
phénomènes électoraux. La sociologie, entre autres, nous a
apporté des études nouvelles; la politicologie également
et un peu tout le monde est braqué sur le phénomène
électoral; ce phénomène électoral qu'on a tendance
à vivre presque quotidiennement par le biais des sondages qui sont une
sorte de transposition, j'allais dire, de l'opinion publique par des modes
électroniques. D'ailleurs, cela nous laisse peut-être
préfigurer ce que pourrait être éventuellement une
démocratie non pas une démocratie de sondage,
entendons-nous bien une démocratie qui pourrait peut-être
revenir, jusqu'à un certain point, à une démocratie
directe en utilisant des moyens de la technologie moderne. Je crois que
l'idée est à lancer, l'idée est à évaluer.
Au moment où on peut rejoindre par CIMEC l'ensemble des polyvalentes et
à travers les CEGEP, alors que tout le monde est branché sur des
réseaux téléphoniques, on agit encore dans le domaine
électoral, à peu près comme on agissait au XVIIIe
siècle avec mode de représentativité, ou boîte de
scrutin, ou bulletin de vote, etc. Evidemment, on ne vote plus à main
levée ou on ne vote plus comme on l'a fait, par exemple, dans les
années 1792, à 1850 environ, avec un vote ouvert où on
allait déclarer au scrutateur son allégeance; sans doute que
c'est un peu plus corsé...
M. Burns: On vote encore par chefs de village en Afrique.
M. Fallu: Toutefois, avec l'équipement d'une
société moderne, je pense qu'il faudrait remettre en cause,
très profondément, l'approche de la démocratie. Cela
pourrait, au moment où les débats se déroulent en public
devant le citoyen chez lui, attablé au souper ou attentif après
la lecture de son journal, on pourrait peut-être imaginer le jour
où, vers les 21 heures le soir, après avoir fait un débat
spécial de 18 h 30 à 21 heures, on puisse, par le
mécanisme téléphonique à travers le Québec,
avoir un vote direct de 4 500 000 de Québécois. Pourquoi pas? Je
sais que j'apparaîtrai sans doute farfelu avec ces opinions, mais je les
porte à votre considération ou, plutôt, à la
considération des générations qui nous suivront. (16 h
45)
M. Lamontagne: Ils vont voter par satellite ces enfants.
M. Fallu: Mais le cours d'histoire du député de
Roberval, s'il a été une illustration de ces changements, a
été aussi intéressant puisqu'il nous a appris que
finalement, il s'était fait relativement peu de choses, de 1960 à
1976 enlevons l'interruption de 1966 à 1970 durant ces
douze bonnes années. Cela est dit sans passion, sans mesquinerie
d'aucune sorte.
Je crois que nous avons justement l'intention, pour notre part, de faire
vraiment le tour de ce jardin, peut-être pas aller jusqu'au vote
électronique, comme je le soulignais tantôt, depuis le salon
du citoyen, peut-être pas, mais pour le moins faire vraiment un
examen complet de l'ensemble des lois électorales, voire d'en ajouter,
s'il y a lieu.
Jusqu'à maintenant, nous en avons d'ailleurs ajouté deux,
l'une sur le financement des partis. J'ai le plaisir de voir devant nous,
à cette commission, le député de L'Acadie. J'en profite
d'ailleurs pour le féliciter de son merveilleux travail à la
direction du financement du Parti libéral, parce que le succès
remporté est carrément une promotion de la
démocratie...
M. Burns: Bravo.
M. Fallu: ... et je suis très heureux de voir le
succès financier du Parti libéral de ce compte.
M. Burns: Bravo.
Une Voix: II faut le prendre quand cela passe.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas moi, c'est la population.
M. Burns: Vous avez été l'animatrice.
M. Fallu: Nous avons également présenté un
livre blanc sur les consultations populaires qui s'est transformé en une
loi des consultations populaires qui va nous donner un outil
supplémentaire. Ce n'est peut-être pas encore mon vote
téléphonique, mais cela se rapproche d'une consultation
directe.
Il y a eu la télédiffusion des débats on l'a
souligné tantôt et on sait comme peut-être plusieurs
maintenant que nous avons eu les députés du groupe
ministériel une certaine déception je dois le dire
comme je l'entends d'apprendre qu'un train de mesures
législatives qui s'apprêtaient à être
déposées enfin, on en avait l'espoir avant le
départ des Fêtes, pour que cela puisse être mis en
débat très large, et cela a été pour nous un
suspense. On a appris que cela était retardé. Je n'en suis
peut-être pas fâché à la limite puisque cela
permettra de présenter un ensemble qui portera en soi sa
cohérence et, de là, fera qu'on ne pourra pas nous
soupçonner des noirs complots de manipulation éventuelle de
recensement des électeurs ou autre chose.
M. Fontaine: Cela vous permettra entre-temps de changer les
présidents d'élection.
M. Fallu: Donc, il y aura bientôt un autre train de mesures
portant sur la réforme de la Loi électorale elle-même, sur
le mode de scrutin, sur la carte électorale, il va sans dire, sur le
registre des électeurs, voire sur le recensement des électeurs,
peut-être sur l'identification des électeurs et, pourquoi pas, je
crois que cela a été souligné avec beaucoup de force
aujourd'hui, un mandat renouvelé, différent, précis
à la commission.
Le rapport qui est porté à notre attention aujourd'hui a
été déposé il y a déjà un certain
temps. Il est connu que le rapport de la commis- sion de la réforme des
districts électoraux est, dans notre société, un ouvrage
très attendu. C'est un ouvrage qui soulève
énormément d'animation dans tout le Québec. C'est un sujet
auquel l'opinion publique est très sensible.
De nombreux députés, il va sans dire, de nombreuses
organisations électorales, de nombreux journalistes, presque tous les
maires, les conseillers municipaux, les commissions scolaires, les conseils de
comté, de nombreux organismes se paient une déclaration au moment
de sa sortie pour donner leur accord ou leur désaccord? Le recensement
de presse relatif à la sortie du rapport est considérable,
notamment dans la presse régionale. Il y a donc un impact énorme
dans la population. Il y a aussi beaucoup d'ambiguïté au moment
où il sort, parce que beaucoup de gens s'imaginent que du seul fait de
sa sortie, c'est déjà loi. Alors, il faudra, soit donner à
la commission ce privilège de le faire, comme cela existe ailleurs, ou
bien il faudra dissiper carrément ces ambiguïtés.
Le comité a fait un rapport qui, à mon avis, est
absolument superbe, qui est d'une qualité rare et excellente. Je dois
l'affirmer, parce qu'il s'est dit des choses tout à l'heure autour de
cette table qui m'ont profondément offusqué et qui, sans doute,
ont blessé les membres de la commission. Je crois qu'il y a même
eu, j'allais dire, des injustices à l'égard de ce rapport parce
qu'il faut toujours se souvenir de l'article 9 qui définit le mandat de
la commission. Cet article est très limitatif et, de ce point de vue, du
point de vue de l'article 9, du mandat même de la commission, les membres
de la commission se sont merveilleusement acquittés de leur tâche.
Ils ont fait ce que la loi leur demandait de faire. Je ne doute pas un instant
qu'ils auraient aimé en faire bien davantage, mais leur mandat n'est pas
tel. Ils ont même, mais dans un cas très particulier,
dépassé leur mandat. Ils n'ont pas à s'en excuser
d'ailleurs, en proposant des dénominations de comtés. Je leur
dirai, entre parenthèses, que cela n'a pas été heureux
dans le cas du comté qui m'intéresse. Vous savez, on a la peau
sensible en région, parce que je suis appelé à changer,
non pas de comté, mais j'ai un comté qui doit changer de nom.
Qu'en est-il de ce rapport? Le Parti libéral nous a
affirmé qu'il était en complet désaccord avec ce rapport.
Je le regrette. Le député aurait plutôt dû dire qu'il
était en complet désaccord avec le mandat que lui-même
avait donné en 1971 à la commission, puisque ce que l'on reproche
c'est tout simplement de n'avoir pas tenu compte de normes, de règles,
qui ne sont justement pas dans le mandat de la commission. Je passe. On
pourrait faire l'exégèse de l'intervention du
député de Roberval, mais je ne la ferai pas.
Toutefois, et d'un même souffle, le député de
Roberval nous retourne à l'arrière dans l'histoire pour nous
parler du rapport Grenier de 1962, mais je leur demande: Pourquoi, que diable,
n'ont-ils pas, en 1971, appliqué les recommandations de ce rapport
Grenier?
Une dernière remarque de nature politique à propos du
commentaire de l'Union Nationale. Le
député de Nicolet-Yamaska nous a dit en bref qu'il
était d'accord avec la prospective du programme du Parti
québécois. Je l'en remercie. C'est d'ailleurs dans la même
foulée que le programme de l'Union Nationale. Nous avons d'ailleurs
entre nous pu cogiter sur les éventuelles réformes de la Loi
électorale et je crois que cet exercice, avec d'ailleurs des membres du
Parti libéral, fut de bon ton...
M. Fontaine: M. le Président.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le député de Terrebonne m'a
posé une question à savoir si j'étais en faveur du mode de
scrutin proportionnel, je lui ai dit simplement, comme réponse, que
j'attendrais de voir ce qu'on allait nous présenter et que, à ce
moment-là, je lui dirai si nous sommes d'accord ou non. Je pense que le
député de Terrebonne interprète mal mes paroles
actuellement...
M. Jolivet: Pas le programme, par exemple.
M. Fallu: M. le Président, je regrette cette confusion. Je
devrais préciser...
M. Fontaine: Commencez donc par apprendre le vôtre, parce
que vous ne semblez pas l'appliquer beaucoup, le vôtre.
M. Burns: On connaît très bien le nôtre.
Le Président (M. Dussault): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Terrebonne.
M. Fallu: Je remerciais notamment le député de
Nicolet-Yamaska de nous avoir fait lecture de ce qui pourra être
tantôt les orientations, notamment, de ce qui serait une transformation
de l'article 9 de la Loi de la Commission de la réforme des districts
électoraux. Voilà. De ça, je crois qu'il se fait fort de
nous recommander l'application de notre propre programme. Voilà. Donc,
nous sommes d'accord.
Une remarque d'ordre général...
M. Fontaine: Quant à l'application des principes...
M. Fallu: Une remarque d'ordre général, M. le
Président, ce sera ma toute dernière.
M. Fontaine: ... il ne doit pas y avoir d'ingérence
politique.
M. Fallu: Je voudrais, pour ma part, dire à la commission
que, pour ce qui a trait à la région
Laurentides-Labelle-Lanaudière (et ce sont peut-être des hasards
mathématiques, cette fois, sans doute un peu d'astuce cartographique et
une bonne connaissance du milieu de la part de certains commissaires) que
l'ouvrage concorde relativement bien avec les aspirations dont
témoignait tout à l'heure le député de
Nicolet-Yamaska. J'allais même dire qu'on a tenu compte, je crois (est-ce
que c'est le fruit du hasard, je n'en crois rien) de ces regroupements
sociologiques qu'on souhaite voir, de ces entités politiques naturelles,
et je les en remercie,
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le
député de Roberval.
M. Lamontagne: ... en vertu de l'article 96, je voudrais
reprendre quelques propos qu'on m'attribue. Tout d'abord, je voudrais dire que
j'ai mentionné au début de mon intervention que ce rapport est
conforme à l'esprit de la loi qui a créé ladite
commission. Il est assez évident qu'en aucun temps les commissaires et
le directeur ne sont mis en cause personnellement, loin de là. En
terminant, j'ai proposé des modifications à la loi, je n'ai pas
proposé de changer les commissaires. Nous en sommes très
satisfaits personnellement. Nous savons fort bien qu'ils sont régis par
une loi, c'est ce que nous déplorons et nous proposons...
M. Burns: Sauf le président, qui est nommé à
vie.
M. Lamontagne: Je pourrai faire parvenir mon texte au
député de Terrebonne. Il y a des choses assez évidentes,
on n'a pas besoin de se répéter.
M. le Président, je voudrais rappeler une chose, c'est que la
convocation de cette commission a été pour donner un
caractère général d'une opinion. Je remarque que le Parti
libéral représente à peu près le seul parti qui a
donné véritablement son opinion. Le leader ne l'a pas
donnée... ce n'est pas le leader, excusez-moi. Le ministre responsable,
les députés du Parti québécois...
M. Burns: ... des vieilles affaires...
M. Lamontagne: Le Parti québécois nous demande si
on est d'accord avec quelque chose, vous avez donné votre opinion
vous-même.
M. Burns: M. le député de Roberval, vous allez
être honnête avec moi, je n'ai pas voulu influencer d'une part la
commission, parce que je ne pense pas que ce soit mon rôle. J'ai
pensé que la commission de l'Assemblée nationale devait se
réunir pour obtenir l'opinion de chacun des partis et possiblement de
certains députés qui, de façon personnelle ou
individuelle, voudraient intervenir.
Je ne pense pas que c'était mon rôle d'orienter les travaux
de cette commission, parce que ce n'est pas mon rapport, c'est le rapport de la
commission Drouin. Effectivement, ce rapport, comme on le sait par
expérience, peut être éventuellement modifié avant
que les divisions territoriales de chaque circonscription, soient mo-
difiées de façon définitive. C'est un peu une
espèce de recherche collective que j'avais suggéré qu'on
fasse ensemble.
Je n'avais pas d'affaire, je pense, je ne vois pas pourquoi vous devriez
me reprocher... Vous ne devriez pas me reprocher non plus de n'avoir rien dit
au nom du gouvernement, parce que le gouvernement là-dessus, je l'ai dit
au nom du gouvernement, a tout un train de lois qu'il veut soumettre
éventuellement, mais ça n'empêche pas que des travaux comme
ceux que nous tenons aujourd'hui deviennent très productifs et
très utiles en vue de modifications éventueles. (17 heures)
M. Lamontagne: M. le Président, pour compléter ma
phrase, suivant l'avis de convocation de cette commission, nous avons
essayé de nous restreindre avec des balises sur la pensée
elle-même de notre parti, sur le rapport. Moi, comme député
de Roberval, j'aurais eu de nombreux commentaires à faire sur
différentes circonscriptions du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais il nous
apparaît tout simplement, au départ, que la première chose
à faire, c'est de savoir combien il y aura de circonscriptions
électorales au Québec. C'est après cette décision
de l'Assemblée nationale que nous pourrons en arriver à des
discussions par région ou par comté.
Là-dessus, je m'en reporte au rapport Grenier et je sollicite du
ministre et du gouvernement de proposer le plus rapidement possible ce qu'il
entend faire de favorable par rapport au mode de scrutin. Après un an de
discussion, il va falloir le savoir.
M. Burns: M. le député de Roberval, si vous le
permettez, M. le Président, brièvement...
Le Président (M. Blank): Rapidement, parce que je dois
donner la parole au député d'Abitibi-Ouest.
M. Burns: Une demi-minute, trente secondes simplement. Est-ce que
le député de Roberval ne reconnaît pas que, lorsque l'on
est dans le domaine électoral et parlementaire, donc qui relève
de mes fonctions, il faut agir prudemment? Il ne s'agit surtout pas de faire
passer à la vapeur des projets de loi en fin de session. C'est justement
le domaine peut-être le plus délicat de la législation.
Dans ce sens-là, je pense que le gouvernement a reconnu ce fait. Ce
serait vraiment prématuré d'amener les projets de loi
pièce par pièce, morceau par morceau, et peut-être essayer
d'en faire adopter quelques-uns.
Il y en a un que nous voulons faire adopter, il n'y a pas de doute, soit
le projet de loi no 123, qui est actuellement inscrit à mon nom et qui
est une nécessité absolue pour le directeur général
des élections à qui nous avons donné le mandat de mettre
sur pied les préalables à un registre d'électeurs.
Mais, mis à part ce phénomène, il n'y aura pas de
bousculade en matière de législation électorale d'ici la
fin de la session. C'est dans ce sens-là. On s'est dit, tout simplement:
Prenons bien notre temps d'amener un train de législation qui soit
complet, qui soit clair, qui permette à tout le monde de savoir
exactement de quoi il s'agit. A ce moment-là, on fera cela à
tête reposée, au printemps.
M. Lamontagne: Vous avez remarqué, M. le Président,
qu'il y avait une formule interrogative de la part du ministre, au
départ. Je veux simplement lui rappeler qu'à la reprise de la
session, vers le mois de février, il y aura un an déjà que
le cinquième rapport aura été déposé
à l'Assemblée nationale, qu'il touche plus de 74 circonscriptions
électorales, dont des régions... Le député
d'Abitibi en a parlé tout à l'heure...
M. Burns: Comme le gouvernement n'est pas en danger actuellement
de façon précise, du moins je n'ai pas entendu dire qu'on se
ferait renverser la semaine prochaine, on peut peut-être attendre...
M. Lamontagne: Ce n'est pas le gouverment qui est en cause, ce
sont les électeurs.
M. Burns: Si le gouvernement se fait renverser, il y a une
possibilité d'élections. Comprenez-vous? Dans ce sens-là,
on ne pense pas que nous sommes en danger de nous faire renverser actuellement,
d'une part. Deuxièmement, on ne voit pas pourquoi il y aurait des
élections avant la date normale prévue, ou le délai normal
prévu.
Mme Lavoie-Roux: 1980? 1981?
M. Burns: C'est un minimum de quatre ans, la moyenne.
Une Voix: C'est une promesse? M. Burns: Oui, c'est une
promesse.
M. Lamontagne: M. le Président, on se comprend mal.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Il y a une question de
règlement qui a été soulevée.
M. Dussault: Vous avez donné, par une autre personne qui
était à la présidence, le droit de parole à M. le
député de Roberval, en vertu de l'article 96, pour
rétablir des paroles. Je pense que cela a été fait. Je
pense qu'il faudrait donner le droit de parole à quelqu'un d'autre.
M. Burns: Je m'excuse, c'est moi qui ai...
Le Président (M. Blank): D'accord. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je voudrais également rétablir
certains faits. Le député de Roberval semble vouloir donner
l'impression aux membres de cette commission qu'il est le seul à avoir
donné son
opinion quant au rapport de la commission. Je voudrais tout simplement
lui dire que ce n'est pas parce qu'il avait un texte écrit qu'il est le
seul à avoir donné une opinion. Je pense en avoir donné
une et le député de Rouyn-Noranda aussi.
Je pense que les membres de la commission devront également tenir
compte de l'opinion que j'ai exprimée.
M. Burns: Toutes les opinions ont été
enregistrées, les opinions du député de Nicolet-Yamaska et
les opinions du député de Rouyn-Noranda.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Abitibi-Ouest, qui attend depuis une vingtaine de minutes.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président, je me permettrai, au
départ, quelques commentaires d'appréciation
générale, à la suite du dépôt du
cinquième rapport de la commission permanente de la réforme des
districts électoraux.
Fondamentalement, je pense que même si mon collègue, le
député de Terrebonne, a mentionné que la commission
permanente de la réforme des districts électoraux a fait le
travail qu'elle avait à faire, elle a fait un excellent travail, pour ma
part, mais à l'intérieur des dispositions de la loi, elle aurait
pu regarder cette question avec les particularités que la loi lui
permettait. Je veux dire par là que, si on a à apprécier
quantitativement des modifications pour 74 districts électoraux, c'est
sûr qu'elle a fait passablement de changements, il y en a 36 qui
demeurent tels quels et 11 nouveaux sont créés. Mais il y a au
moins une disposition, sans faire une analyse très exhaustive du
rapport, qui n'a pas été assez soulignée, c'est celle qui
a été signalée, je pense, par quelques-uns des
intervenants cet après-midi, à savoir que la
réglementation actuelle permettait de distinguer d'une façon plus
fondamentale entre les districts électoraux des régions urbaines
par rapport aux régions rurales.
C'est surtout à cet égard que nous avons eu
énormément de surprises, en tout cas, pour ce qui est des
députés du Nord-Ouest, en constatant ce qu'on peut appeler la
souplesse des plus ou moins 25% qui, d'après nous, aurait permis des
ajustements plus exacts et plus respectueux de la division territoriale de
l'Abitibi-Témiscamingue avec cette disposition. Parce que, suite au
dépôt du cinquième rapport, nous avons cru bon, nous, les
quatre députés du Nord-Ouest, de regarder cela pour ce qui a
trait au moins à la région pour éviter peut-être de
verser tout de suite dans une analyse comté par comté. Parce que
je reconnais qui! est peut-être assez difficile, dans un premier temps,
que ce soit les députés qui imposent un cheminement critique au
comité de la réforme. Je pense qu'il est tout à fait
justifié que le comité de la réforme puisse faire un
certain travail sur chacun des comtés d'une façon plus objective,
plus froide et moins dépendante de la volonté de chacun des
députés.
Nous pourrons revoir cela, suite à des recommandations que vous
pourriez faire. On doit s'en tenir à deux principes fondamentaux qu'on
ne retrouve pas. Nous avons la ferme conviction quand je dis "nous", je
parle toujours des représentants de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue que nous devrions avoir droit à
quatre vrais comtés, comme d'ailleurs le député de
Rouyn-Noranda l'a mentionné. Nous sommes toujours convaincus que nous
disposons d'un bassin d'électeurs qui justifie, d'une façon
facilement démontrable à l'analyse, que nous devrions avoir
quatre vrais comtés et non une situation comme nous en avons une
actuellement. C'est une fausse réalité de croire que nous avons
quatre comtés puisque, comme cela a été mentionné,
toute la section de Pontiac n'est à peu près pas reliée
à la région du Nord-Ouest, non pas uniquement sur le plan du
réseau routier, mais même au niveau des composantes
intérieures du comté.
Les gens de la région n'ont pas la prétention que
l'Abitibi-Témiscamingue comprenne à l'avenir la majeure partie du
district actuel de Gatineau. Présenter notre région avec la
présence des comtés d'Abitibi-Est, d'Abitibi-Ouest et le
Témiscamingue et joindre à cela le comté de Pontiac donne
une fausse image de la réalité physique et sociale de notre
région. Nous ne pouvons accepter que l'on raccorde le comté de
Papineau au Nord-Ouest sous prétexte que la région de l'Outaouais
constitue une nouvelle entité pour des fins de découpage
électoral.
Nous croyons également qu'en joignant la région de
Chibougamau-Chapais je pense que c'est normal pour les gens qui ont
travaillé à la réforme des districts électoraux de
le faire à ce moment-ci nous tenons à ce que la
région de Chibougamau-Chapais demeure rattachée à la
région de l'Abitibi-Témiscamingue, parce que si on analyse la
composante ou la représentation de cette région, nous devons
noter qu'en grande majorité, les résidents actuels de la
région Chibougamau-Chapais sont d'anciens résidents de la
région du Témiscamingue, et, par voie naturelle, composent, en
tout cas pour la plupart du temps, avec la région du Nord-Ouest.
Fondamentalement, cette région a quand même une vocation
minière, industrielle, forestière qui est essentiellement la
même que celle de toute la région de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Nous pensons que, dans certains cas, les limites naturelles, les
caractéristiques particulières, les vocations industrielle et
commerciale basées sur les vocations fondamentales ou les
problèmes d'éloignement des populations n'ont pas
été assez respectées. Je pense que ce sont des
critères qui, d'une façon assez rigoureuse, devraient être
suivis dans la répartition de comtés. Nous croyons que ces
facteurs n'ont pas été tellement retenus.
Je remarque également et c'est une chose qui me
déplaît particulièrement, chaque fois que j'ai l'occasion
de l'observer qu'on dit souvent, tel que c'est formulé dans le
rapport: "La population active tire principalement sa subsistance
d'agriculture, des forêts, mines, ressources hy-
drauliques c'est exact et industries
manufacturières". On conclut toujours de la même façon:
"C'est, de toute façon, une région très étendue
mais peu peuplée qui compte 127 861 électeurs et on ajoute
soit environ 3% de la population électorale du Québec",
comme si c'était toujours la seule et unique donnée à
laquelle on devait se référer.
C'est vrai qu'on ne constitue, en termes de pourcentage, que 3% de la
population. Quand on sait qu'en même temps, on représente 55%, par
exemple, de la production du bois de sciage de l'ensemble du Québec,
là, vous allez dire: Qu'est-ce que cela vient faire dans une
répartition de districts électoraux? C'est uniquement pour vous
signaler qu'en termes de nécessité, de
représentativité, sur le plan du Québec comme tel, et de
l'Assemblée nationale, nous sommes toujours convaincus que si on se
donne la peine d'analyser d'autres critères que strictement celui de la
démographie, nous avons droit également à quatre
comtés. Nous avons droit à quatre députés qui
représentent l'Abitibi-Témiscamingue, compte tenu que c'est une
région neuve, c'est une région pleine de ressources et c'est une
région qui va contribuer devantage, en termes d'apport économique
en tout cas, à l'ensemble du Québec quand on connaît les
développements qui continuent de se faire, du moins à deux
niveaux: au niveau forestier et au niveau minier.
Il y a de nouvelles mines qui vont s'ouvrir, il y a de nouvelles mines
qui se sont ouvertes dernièrement, dans la région de Cadillac et
ailleurs. Dans ma région, plus particulièrement, il y a un
gisement important qui s'appelle le gisement de Selco. Il y aura,
éventuellement, le développement d'Abitibi-Amiante, au nord
d'Amos. Je pourrais continuer. On travaille également à
l'établissement d'une troisième usine de pâtes et papier.
C'est un dossier qui est toujours actif. Tout cela pour dire que l'apport
économique de la région de l'Abitibi-Témiscamingue va
continuer à grandir.
Je pense que cela mérite une considération
particulière et une représentation particulière. En ce
sens, nous allons être très fermes pour exiger quatre vrais
comtés. Nous allons être très fermes pour exiger que le
secteur de Chibougamau-Chapais demeure chez nous. Ce n'est pas que nous en
ayons contre la population de l'Outaouais, mais je pense que c'est une
donnée très artificielle de prétendre, dans votre rapport
parce que c'est bien cela qui est mentionné: quatre districts
électoraux, mais dont un s'appelle Pontiac. En aucune façon, nous
n'acceptons que la région de Pontiac soit reliée à
l'Abitibi-Témiscamingue.
Au niveau de certaines modalités particulières, nous avons
l'intention de nous revoir. D'ailleurs, dans notre démarche, nous avons
associé la population, par voie de comités, de
municipalités, de clubs sociaux, en tout cas, toutes les ressources
régionales pour faire valoir le point de vue que nous défendons
aujourd'hui, soit une représentation de quatre comtés. Je ne
serai pas plus long sur les remarques que je voulais faire. Nous aurons
l'occasion de revenir avec des particularités quand il y aura lieu de
redistribuer l'affectation des parties de chacun des comtés. Je vous
remercie.
Le Président (M. Blank): Merci. Maintenant,
légalement, vous avez le droit de parole, M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, cela va être
très court. Je voudrais d'abord rappeler au ministre que nous n'avons
pas l'intention de faire, au niveau de notre parti, des représentations
auprès de la commission tant que nous ne saurons pas le nombre de
comtés au Québec. Cependant, je voudrais faire part d'un
engagement personnel que j'ai fait et qui s'adresse aux commissaires. Cela
vient de la réserve de Pointe-Bleue que vous connaissez bien. Nous avons
déjà eu, au cours du deuxième ou du troisième
rapport je ne veux pas entrer dans les raisons qui ont
déjà été invoquées... La réserve de
Pointe-Bleue n'est pas indiquée dans quelque comté que ce soit,
le comté de Roberval, en particulier. Ces gens ont manifesté, je
ne dirais pas une colère, en apprenant qu'une fois encore, le nom de
Pointe-Bleue n'apparaissait pas. Donc, ma demande est tout simplement: Quel que
soit le moyen que vous preniez, faites apparaître la réserve de
Pointe-Bleue sur une carte électorale, et j'en fais une demande bien
précise. J'apprécierais, de la part du ministre, une
réponse enregistrée.
M. Burns: C'est enregistré.
M. Lamontagne: C'est tout ce que j'avais à dire, en
rappelant ce que j'ai dit dans mon intervention.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Papineau.
M. Jean Alfred
M. Alfred: M. le Président, je n'ai pas à reprendre
les arguments du député d'Abitibi-Ouest que je fais miens,
cependant, je pense que nous n'arriverons pas à résoudre ce
problème de réforme électorale sans que notre ministre
à la réforme électorale nous arrive avec un projet de loi
précis pour résoudre les problèmes de la disproportion
qu'on retrouvera toujours chaque fois que des raisons démographiques,
économiques ou autres nous amèneront à découper le
Québec. (17 h 15)
Pour ce qui est de l'Outaouais québécois, personnellement,
je pense que les quatre comtés qu'on nous donne nous satisfont.
Néanmoins, nous devons tenir compte des deux critères de
terminologie et de délimitation. J'ai reçu bien des
représentations sur la nomination même du comté de
Papineau. J'étais fort surpris de voir en parlant avec le
député d'Argenteuil de constater qu'il n'avait pas reçu
les représentations que j'ai reçues J'aurai personnellement,
d'une part, à revoir avec
le commissaire et le ministre d'Etat à la réforme
électorale et à renommer d'une façon plus historique,
à cause de Papineau, les quatre comtés qui s'intituleront,
d'après les démarches que j'ai faites, Hull, Gatineau, Chapleau
et Papineau et, d'autre part, je me demande dans quelle mesure nous pourrons
revoir la délimitation du comté de Papineau. Que je sache, d'une
part, le député d'Argenteuil m'aurait dit que les gens
d'Argenteuil ne veulent rien savoir de Papineau actuellement et, d'autre part,
j'ai reçu maintes représentations des gens de Fassett, d'Amherst,
de Ripon, et de partout me disant qu'ils ne voulaient rien savoir
d'Argenteuil.
Alors, il faudra arriver à concilier Argenteuil et Papineau.
Néanmoins, les gens qui m'ont fait des représentations font
reposer leur argumentation sur le côté historique, parce que c'est
anormal que les gens de Papineauville, les gens de Montebello qui habitent dans
un coin bien sûr on a un homme très important en
Louis-Joseph Papineau ne soient pas dans le comté de Papineau. Il
va falloir que nous nous penchions là-dessus. Mais il y a encore autre
chose. Nous n'arriverons pas à résoudre le problème de
découpage si le ministre d'Etat à la réforme
électorale n'arrive pas au plus sacrant avec sa belle réforme
électorale de proportionnalité qui doit respecter l'objectif
même du Parti québécois, soit une véritable
réforme démocratique où, au Parlement
québécois, nous aurons des députés qui
représentent réellement le peuple québécois.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Châteauguay.
M. Burns: Je m'excuse, si le député de
Châteauguay me le permet, je veux tout simplement dire que je suis
particulièrement au courant du problème que soulève le
député de Papineau, parce qu'ayant une résidence
secondaire dans l'Outaouais, je connais assez bien le type de problèmes
qu'il nous a soulevés. Effectivement, il y a des incohérences
surtout dans l'aspect des dénominations des comtés de l'Outaouais
où, par exemple, vous avez, à toutes fins pratiques, le chef-lieu
du comté d'Argenteuil qui s'appelle Papineauville et que vous avez aussi
le chef-lieu du comté de Papineau qui s'appelle Gatineau et qui n'est
pas du tout dans le comté de Gatineau, etc. Il s'agit d'une série
d'incohérences comme celles-là. Le directeur
général des élections, à titre de président
de la Commission de la réforme des districts électoraux, et
moi-même avons, chacun de notre côté, eu un échange
de documents assez régulier d'à peu près tout ce qui bouge
dans l'Outaouais, que ce soit une commission scolaire, que ce soit un conseil
municipal ou encore des groupements de citoyens ou quoi que ce soit.
Là-dessus, je tiens à dire au député de Papineau
que nous sommes très conscients de cette situation. Evidemment, je ne
peux pas présumer ce que donnera le projet de loi quant à cela,
mais il n'y a pas de doute qu'il y a des incohérences absolument totales
dans ce domaine. Quant au reste, je suis évidemment à
l'écoute et je présume que la commission l'est
également.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: M. le Président, j'aurais pu, cet
après-midi, intervenir en parlant des modalités du travail de la
commission relativement aux résultats obtenus. Pour ce qui est du
comté de Châteauguay, il y a une partie du comté où
les gens sont, une fois de plus, déménagés de
comté, sans pour autant déménager effectivement.
Je vais m'en tenir à des remarques générales,
convaincu que nous aurons l'occasion, justement, de revenir sur ces questions.
Je pense que l'on ne peut faire autrement.
Remarquez qu'il se dégage de la position du Parti libéral,
cet après-midi, une insatisfaction quant au résultat du travail
qui a été fait par la commission, non pas que le Parti
libéral veuille s'en prendre aux membres de la commission comme telle
je pense que ce n'est pas leur intention mais il se dégage
quand même de cette position une insatisfaction qui me surprend parce que
c'est quand même un mandat qui est venu de l'ex-gouvernement qui a permis
à la commission de faire son travail et ce mandat ne prévoyait
pas de limite quant au nombre de députés qu'on trouvait
acceptable, comme étant possible d'entrer à l'Assemblée
nationale ou encore raisonnable comme représentativité de la
population québécoise.
Cette limite n'existant pas dans le mandat, il ne faudra pas
s'étonner aujourd'hui que la commission nous ait donné tes
résultats que l'on connaît maintenant. Devant cela, le Parti
libéral nous dit que la solution est quelque chose autour de 110, 108,
110, 112. C'est un chiffre qui me paraît assez arbitraire. On me dira
qu'il y a une étude de coût à l'intérieur de la
position qui a été avancée cet après-midi. Oui.
Mais je trouve cela étrange que l'on réduise la
représentation dans une Assemblée nationale à partir de
critères de ce genre.
Bien sûr, il ne faudrait pas que la démocratie nous
occasionne des frais exorbitants, mais je pense qu'on ne peut réduire la
qualité de la démocratie à des questions de dollars. Je
pense qu'on n'est pas à quelques milliers de dollars près quant
à savoir si nous aurons une démocratie de qualité ou non.
Je pense que c'est autre chose qu'il faudra vraiment trouver pour en arriver
à une position claire là-dessus.
Cependant, les positions du Parti libéral cet après-midi
auront quand même le mérite d'apporter de l'eau au moulin quant
à la réflexion que le gouvernement doit faire sur cette question.
Et je le dis aussi pour les positions de l'Union Nationale et de M. le
député de Rouyn-Noranda. Je pense que cela va alimenter la
réflexion du gouvernement et, dans ce sens, je pense que c'est
positif.
Cette rencontre, cependant, cet après-midi, sans la
considérer comme inutile, je pense qu'on
devra la juger, déjà au stade de nos travaux, comme un peu
prématurée, parce qu'il ne peut être question, je pense,
actuellement, de prendre des décisions quant au rapport de la
commission. Il est évident qu'il y a des liens très
étroits entre les résultats que l'on devra connaître
à la suite d'une réforme de la carte électorale et la
réforme globale sur laquelle j'ai eu l'honneur de travailler dans la
dernière année à l'intérieur d'un comité qui
portait mon nom. C'était un honneur supplémentaire,
effectivement...
M. Burns: Dussault.
M. Dussault: C'est cela. Ce qui a donné l'occasion,
d'ailleurs...
M. Lamontagne: Vous n'avez pas perdu de pages de votre rapport
dernièrement?
M. Dussault: Aucunement. Jusqu'à maintenant, M. le
député de Roberval, je n'ai pas eu connaissance d'une telle
chose.
Donc, les liens existant vraiment...
M. Burns: M. le député, je pense qu'on peut dire au
député de Roberval que cela s'est fait à ciel ouvert
puisque l'Opposition a été appelée à siéger
à ce comité Dussault qu'on a appelé le comité
Dussault élargi.
M. Dussault: C'est ce que j'allais dire, que des membres des
autres formations politiques de l'Assemblée nationale ont
participé à nos travaux et cela s'est fait d'ailleurs d'une
façon fort gentille, fort agréable et dans la détente la
plus totale.
M. Burns: C'est exact.
M. Lamontagne: C'est votre comité...
M. Dussault: C'est un exemple qu'il faudra
répéter.
Oui, M. le député de Roberval, je vous permets.
M. Lamontagne: Le premier ministre faisait-il partie de votre
comité?
M. Dussault: II n'en faisait pas partie, mais il aurait
été bienvenu, sauf qu'on avait prévu un comité
paritaire et, dans ces conditions, évidemment, on n'invite même
pas les personnes les plus honorables à en faire partie.
M. Jolivet: M. Marchand était là.
M. Dussault: C'est cela. M. Marchand était là. M.
le député de Montmagny-L'Islet, dont la collaboration a
été fort appréciée d'ailleurs.
M. Jolivet: Le député de Nicolet-Yamaska.
M. Dussault: Ceci dit, pour terminer, je ne me dis pas
déçu du fait qu'on reporte à un peu plus tard cette
législation sur la réforme électorale. J'étais
désireux de travailler là-dessus. M. le ministre le savait.
J'avais essayé de me libérer le plus possible pour pouvoir
participer aux travaux sur cette question. Je ne suis pas déçu.
J'étais désireux, mais c'est partie remise, je pense, et, de
toute façon, cela me paraît vraiment souhaitable, connaissant
maintenant toute la complexité de la question. Cela me paraît
souhaitable, effectivement, de retarder un peu et de regarder toute la question
globalement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci. J'aimerais faire deux brèves
observations et poser une question au ministre.
Avec toute la déférence que je dois à mes
collègues de tous les partis qui représentent des comtés
ruraux, je crois, malgré tout, qu'il ne faut pas noyer dans un tas de
considérations finalement accessoires ce qui est un actif fondamental de
tout régime démocratique qui est la représentation en
fonction de la population. Quand ce principe a été
instauré dans nos lois électorales, je pense qu'on a, de l'avis
de tous, marqué un progrès significatif. Déjà la
marge de plus ou de moins 25% est une marge qui m'apparaît
extrêmement généreuse. Je ne voudrais pas que, pour des
soucis qui sont de toutes sortes, surtout reliés à la
commodité pour le député, qui est une
considération, bien sûr, mais qui n'est pas la
considération dominante, l'on cherche à représenter,
à tenir compte du nombre d'arbres dans un comté, du nombre de
milles; ce sont des considérations qui ont leur place, mais une place
très secondaire.
M. Burns: ... municipalité.
M. Forget: Surtout que représentant une circonscription
urbaine, dans la région de Montréal, une partie de la population
de cette province qui, pendant des années, a été
lourdement pénalisée, mon collègue de Laval en est, je
dirais, presque une preuve vivante, son expérience politique, du moins
alors qu'il représentait 135 000 électeurs dans quelques-uns des
mandats qu'il a accomplis ici le démontrent, je pense que la population
de Montréal, dans tous les cas, serait fort mécontente d'un
régime électoral qui nous amènerait à un retour en
arrière, sur ce plan. Le principe d'une personne un vote on ne
dit plus un homme un vote, si je comprends bien est désormais un
acquis qu'il ne faut pas perdre.
Deuxièmement, je crois que l'on a émis, de ce
côté-ci, certaines réserves quant aux implications du
cinquième rapport. Il ne faut pas, comme d'ailleurs mon collègue
de Roberval l'a indiqué, y voir une critique de la commission, mais
simplement un appel à la nécessité de repenser non pas
nécessairement le critère de base qui est le critère de
population, mais la façon de l'appliquer, la
fréquence avec laquelle on l'applique on a
suggéré le recensement décennal, je crois que c'est
excellent mais aussi certains mécanismes d'application. Par
exemple, on remarque dans certaines des modifications que pour obtenir un
changement en plus ou en moins dans le nombre total d'électeurs dans un
comté, la commission pour des considérations qui
m'échappent dans certains cas, fait des bouleversements au brut qui sont
très considérables et qui, au net, une fois qu'on a fait les
additions et les soustractions, se réduisent à quelques centaines
ou quelques milliers de votes. Dans l'intervalle, par ce calcul et par cette
redéfinition des frontières, on a en quelque sorte changé
l'appartenance à la circonscription électorale de quelques
dizaines de milliers d'électeurs. C'est en particulier ce qui se passe,
par exemple, dans les deux comtés que mon collègue de L'Acadie et
moi-même représentons, Saint-Laurent, qui sont des comtés
mitoyens, où on fait un échange, sans raison apparente, parce que
cela ne concorde pas du tout même avec les limites géographiques
de la ville de Montréal et de la ville de Saint-Laurent. Je lui donne
6000 ou 7000 électeurs, il m'en passe un autre 10 000, etc., et
finalement, tout cela fait que je dois déplacer mon bureau de
comté, qu'il faut complètement réorganiser deux
comtés pour à peu près 700 électeurs de plus ou de
moins. Je ne me souviens même plus de quel côté cela va, de
toute façon. Il me semble que dans la loi, on pourrait prévoir
que la commission doit minimiser les transferts bruts pour obtenir un transfert
net d'un chiffre donné. Il y a aussi le fait de respecter la
frontière des villes à l'intérieur des zones urbaines. Il
y a quand même des identifications, on l'a noté, je ne fais que le
mentionner. Mais la raison pour laquelle je mentionne tout cela, lorsqu'on
s'adresse à la commission, il ne faut pas trop insister trop, à
mon avis, sur de la flexibilité. Si on a des critères trop
flexibles, qui laissent une trop large place à une discrétion de
la part de la commission, on place les commissaires dans une situation
intenable, impossible, étant donné que ces décisions sont
immanquablement des décisions hautement politiques, qu'on le veuille ou
non, même hautement électorales. Il faudra songer, dans la loi,
à avoir des critères qu'on pourrait discuter avec eux de
façon à voir s'ils sont opérationnels ou pas, mais des
critères qui les protègent contre des attaques venant de telle ou
telle formation politique et qui, en même temps, leur permettraient de
réaliser ce que tout le monde veut réaliser, c'est-à-dire
des changements raisonnables. C'étaient mes remarques, M. le
Président. (17 h 30)
J'aurais une question. Comme je le disais tout à l'heure au
ministre, il me semble voir, dans le fait qu'il ait retardé
l'étude des circonscriptions électorales ou du 5e rapport de la
commission, l'implication suivante: Tout le monde sait qu'il est question, au
Conseil des ministres, de ce problème de la proportionnelle. Il en est
question au Québec, d'ailleurs, depuis dix ans; on peut retracer bien
des mémoires, des articles, etc. On nous dit: Parce que cette question
n'est pas tranchée, il est futile de regarder le 5e rapport, puisqu'on
ne sait pas combien de députés il doit y avoir.
Si on dit cela, ça veut dire, par conséquent, qu'on tient
pour acquis que la proportionelle en question, si jamais le Conseil des
ministres l'autorise, viendra en moins prenant, en quelque sorte, sur le nombre
actuel des députés, c'est-à-dire qu'il ne s'agira pas d'un
régime qui s'ajouterait aux 110, parce que si c'était le cas, on
pourrait tout de suite utiliser les 110, 112 ou 122 circonscriptions. Ce sera
un régime qui, nécessairement, impliquera qu'on pourra avoir
moins que 110 députés élus par circonscription
géographique, de manière à faire de la place pour un
certain nombre de députés élus "at large".
C'est donc une implication claire, parce qu'autrement, si cette
décision...
M. Burns: J'en ai pour deux heures à vous répondre
là-dessus.
M. Forget: ... était prise, on pourrait dès
maintenant, se mettre à étudier ce rapport qui est
déjà vieux de sept, huit ou neuf mois.
M. Burns: Je vais essayer parce que la question du
député de Saint-Laurent est très intelligente d'y
répondre le plus intelligemment possible. Je ne peux pas vous dire, au
moment où on se parle, que la conclusion à laquelle vous arrivez
est exacte. Je vais vous dire pourquoi.
Bien sûr que le nombre de députés à
l'Assemblée nationale est un élément dont on doit tenir
compte. D'abord, il faut savoir à quelle place on va les loger. Si, par
exemple, nous prenions, de façon identique, le système
ouest-allemand, ça voudrait dire, en gardant les 110 circonscriptions
actuelles, qu'il faudrait ajouter 110 autres députés
nommés à la proportionnelle. Donc, on se retrouverait avec 220
députés et je me demande très sérieusement à
quel endroit on pourrait les loger, tant au point de vue de l'Assemblée
nationale à moins de défoncer le corridor et d'utiliser le
salon rouge, d'agrandir le salon bleu de cette façon en mettant du tapis
bleu dans le salon rouge.
M. Grenier: ...
M. Burns: Vous n'avez peut-être rien contre ça, mais
il y a des problèmes pratiques. D'autre part, ce qui nous
préoccupe actuellement, c'est également le fait que je
mentionnais tout à l'heure qu'on pourrait, tout en gardant un nombre de
députés semblable à celui que nous avons actuellement,
aussi envisager la possibilité d'une proportionnelle mixte,
c'est-à-dire des députés élus par circonscription
et des députés élus à la proportionnelle.
A ce moment-là, si on garde le nombre actuel de
députés, ça veut dire qu'on impose un fardeau additionnel
sur les députés ruraux. Personnellement, depuis le début,
je me suis très sérieusement inquiété de cette
possibilité. De sorte que je me dis, même si les travaux que nous
faisons
aujourd'hui sont très utiles à mon avis d'ailleurs,
les interventions du député de Roberval et du
député de Nicolet-Yamaska, du député de
Rouyn-Noranda, du député de Papineau, du député de
Terrebonne, du député d'Abitibi-Ouest, j'espère ne pas en
oublier...
Pardon?
De Châteauguay, oui, je m'excuse. Toutes ces interventions,
à mon avis, sont très utiles, parce qu'elles nous permettent un
peu de sentir le pouls des gens qui se préoccupent de la situation. Je
ne vous cache pas, M. le député de Saint-Laurent, que la
décision de ne pas aller plus vite sur la refonte de la carte
électorale est intimement liée à ce que le Conseil des
ministres aura éventuellement à prendre comme décision
relativement à la proportionnelle. Dans ce sens, le débat est
complètement ouvert. Je peux vous dire, en vous demandant de prendre ma
parole de député, que la décision n'est pas prise au
Conseil des ministres. Elle n'a même pas été
discutée de façon fondamentale.
C'est ce pourquoi, à un moment donné, le premier ministre
et moi-même, de façon entérinée par le Conseil des
ministres de ce matin, nous avons tout simplement pris l'attitude de prendre le
problème de façon globale pour vraiment ne pas avoir l'air de
pousser une réformette ici et une réformette là, mais
plutôt de mettre l'ensemble du problème devant l'Assemblée
nationale lorsque la décision sera prise.
Si jamais on voulait faire des critiques à cet égard, j'en
prends l'entière responsabilité, si jamais on voulait nous dire
que vraiment on a de la difficulté à se décider
là-dessus, je vous dis: Oui, c'est vrai. C'est un domaine très
délicat, c'est un domaine où il ne faut pas bousculer les gens,
c'est un domaine où un gouvernement, s'il est sérieux et
je prétends que celui dont je fais partie l'est n'a pas le droit
d'arriver avec des demi-réformes et des' moitiés de
réformes dont il n'a pas nécessairement soupesé toutes les
conséquences.
C'est dans ce sens-là que nous avons décidé de
remettre au printemps, c'est-à-dire à la nouvelle session, tout
le train de lois concernant le domaine électoral pour que les membres de
l'Assemblée nationale et surtout les membres de l'Opposition qui,
disons-le, vont être les plus gratouilleux là-dessus, ne puissent
dire: Pourquoi le gouvernement nous amène-t-il telle ou telle
réforme? Est-ce qu'il n'essaie pas de nous passer un "Québec",
selon l'expression bien connue?
Je pense que le ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire a le devoir, justement, de prouver qu'il n'a
pas sauté des étapes et surtout qu'il n'est pas en train
d'essayer de faire un montage qui soit favorable au parti qu'il
représente.
Là-dessus, je peux vous dire que c'est carrément et
clairement l'intention de notre gouvernement, au risque même de le mettre
en application d'ailleurs, on a applaudi Mme le député de
L'Acadie aujourd'hui de vous ouvrir la voie sur des choses que nous,
nous connaissions déjà et que vous avez apprises apparemment du
côté de l'Opposition officielle, très rapidement, mais, je
pense, dans un but de meilleure santé de la démocratie
québécoise.
Moi, cela ne me dérange pas du tout de voir le Parti
libéral se financer avec de petits dons et avec beaucoup de
contribuants, si, dans l'ensemble de la santé démocratique au
Québec, cela améliore la situation. Dans ce sens-là, je
suis au contraire très fier. Peut-être que la loi no 2 a
contribué à cela. Je souhaite même que tous les autres
partis continuent à s'améliorer de façon
démocratique, comme le Parti libéral l'a fait
récemment.
Cela veut dire aussi que le problème de l'ensemble de la
législation concernant le domaine électoral doit être vu
globalement et, autant que possible, de façon très
concrète. J'ai entendu des remarques qui m'ont intéressé
beaucoup, entre autres, celles du député de Roberval,
relativement aux critères qui peut-être, éventuellement,
devraient être inscrits dans la loi. Je suis de ceux et encore
là, je ne parle pas au nom du gouvernement, je parle uniquement comme
ministre responsable de ce type de législation et je l'avais dit
ouvertement à cette même commission, en 1972, qui croient que
c'est une erreur de la part de la commission, et ceci est dit avec tout le
respect que je dois à la Commission permanente de la réforme des
districts électoraux, c'est une erreur de découper le
Québec de façon purement mathématique. Je pense que les
critères comme le disait le député de Saint-Laurent, de
limites naturelles qui sont inscrits, soit dans le cadre économique,
dans le cadre démographique, dans le cadre linguistique, doivent
être pris en considération. Je pense que le rapport que nous avons
devant nous, tout en louant le travail qui a été fait par la
commission Drouin, a possiblement été fait, purement et
simplement, sur une base mathématique. Je pense que c'est une erreur. Ce
n'est peut-être pas une erreur qui lui est imputable. C'est
peut-être une erreur qui est imputable à l'absence de
critères prévus dans la loi.
Pour ce qui me concerne, une des remarques qui m'a beaucoup
intéressé était justement celle-là, que
peut-être on devrait, dans l'intérêt de la commission
elle-même, resserrer les critères et peut-être les
spécifier dans la loi.
La loi elle-même, soit dit en passant, puisqu'on parle de lois
électorales au pluriel, fera l'objet de cette révision de
l'ensemble de ce que j'oserais appeler notre code électoral au
Québec, de l'ensemble de nos différents titres qui concernent
tout ce qui est électoral et tout ce qui concerne le financement de
partis politiques, etc. Possiblement que la loi concernant la commission
permanente de la refonte des districts électoraux fera elle aussi
l'objet d'un projet de loi éventuel.
M. Forget: ... parce que le ministre a donné ouverture
à cette question-là par ses remarques; sans du tout vouloir
insister pour qu'il dise des choses qu'il n'a pas le mandat de dire à ce
moment-ci c'est tout à fait légitime que le Conseil des
ministres prenne tout son temps et, en premier lieu, le ministre, relativement
à des réformes qui sont très importantes;
là-dessus, je n'ai aucune querelle avec le ministre responsable de
la
réforme électorale et parlementaire c'est
simplement comme question d'information, pour aider les membres de la
commission à comprendre, puisqu'il a déjà fait ce
cheminement. Il a dit qu'il était sensible à une
considération, quelle que soit la solution qui sera
éventuellement retenue, qui était de ne pas ajouter au fardeau
des députés des comtés ruraux, ce qui veut dire,
présumément, de ne pas accroître sensiblement le nombre
d'électeurs à la superficie des comtés ruraux. Y a-t-il
une façon d'introduire, par exemple, un mode de scrutin proportionnel
qui soit compatible avec cette préoccupation qui impliquerait qu'on ne
laisse pas intact le nombre de 110 députés? Non, c'est purement
une question de fait.
M. Lavoie: Je pense que le ministre n'a pas saisi les derniers
mots de votre intervention.
M. Burns: Oui, j'ai compris; d'ailleurs, j'ai compris, dès
les premiers mots, sa question.
M. Lavoie: Voulez-vous répéter votre question?
M. Forget: Je pense qu'il m'a bien compris.
M. Burns: C'est parce que c'est une question à laquelle,
je pense... Vous avez heureusement pris, M. le député de
Saint-Laurent, toutes les précautions pour me mettre à l'aise. Je
pense que je ne peux pas entrer dans les détails de ce type de question
à ce moment-ci. Je ne vous dis pas que, dès la reprise de la
session, on ne sera pas en mesure d'en discuter, mais, actuellement, ce serait
très difficile pour moi de vous dire que je pense telle ou telle chose.
Je ne vous cache pas que cela fait un an que nous travaillons à
l'intérieur de mon cabinet, avec mes hauts fonctionnaires, sur ce
problème. C'est un problème, soit dit en passant, qui n'est pas
facile à régler. Tout à l'heure, je parlais de dilemme.
Lorsque nous voulons, d'une part, respecter l'idée de "une personne, un
vote" et ne pas augmenter le fardeau de tous les jours du député
rural, c'est un dilemme. L'idéal, ce serait évidemment de dire:
Tous les comtés au Québec ont 32 000 électeurs.
L'idéal serait même de dire: Tous les comtés vont varier en
chiffre absolu selon l'augmentation de la population Québécoise.
Ce serait vraiment l'idéal.
D'ailleurs, une proposition que nous avons déjà faite,
lorsque nous étions dans l'Opposition, à l'Assemblée
nationale, par la bouche du député de Bourget, à
l'époque, qui est toujours le député de Bourget, mais
maintenant ministre d'Etat au développement culturel, en est une
solution, c'est la solution la plus facile. C'est de dire: Le Québec, on
le divise en 110 comtés; il y aura toujours 110 comtés, du moins
jusqu'à ce qu'on décide de modifier la loi, mais chaque fois que
la population augmentera, le nombre d'électeurs par comté
augmentera. (17 h 45)
Cela veut dire qu'on ne tient plus compte d'un critère qui
existait, parce que pour ceux qui sont moins familiers avec cela je ne
blâme personne la moyenne des 25% en plus ou en moins a toujours
été en moins du côté des comtés ruraux, et en
plus du côté des comtés urbains, ce qui donnait cette
espèce de marge au maximum de 16 000 électeurs, sauf qu'on est
arrivé avec des explosions de population, comme par exemple, le
comté du premier ministre, le comté de Taillon qui, actuellement,
compte tout près de 65 000 électeurs. On retrouve un peu le vieux
comté de Laval, lorsque le comté de Laval comptait 140 000
électeurs et que le comté de Joliette en avait à peine 12
000.
M. Lavoie: Et le comté de Wolfe en avait 7000 ou 8000.
M. Burns: Ou le comté de Jeanne-Mance qui en avait 125
000. Je parle de la période des années soixante.
Une Voix: Même dans le temps des libéraux. M.
Burns: Sous les libéraux de 1960.
M. Lavoie: Ecoutez, il y a eu une élection brusquée
en 1962, c'est la seule raison.
M. Burns: Non, je me rappelle très bien que j'habitais le
comté de Jeanne-Mance, en 1960 et que ce comté avait 140 000
électeurs, alors que Montréal...
M. Lavoie: Vous pouvez expliquer quand même pour que votre
exposé soit vrai et véridi-que...
M. Burns: Ah non!...
M. Lavoie: ... qu'il y a eu cette élection brusquée
de 1962, parce que le mécanisme...
M. Burns: Effectivement.
M. Lavoie: ... était en marche.
M. Burns: Effectivement. D'ailleurs, cela a été une
élection-référendum, il ne faut pas se le cacher,
l'élection de 1962.
Mme Lavoie-Roux: ... ils l'ont changé après?
M. Burns: Oui, effectivement...
M. Lavoie: Oui, ce qui a amélioré...
M. Burns:... c'est le gouvernement libéral qui a
changé cela. En tout cas, je n'ai pas d'objection... D'ailleurs, c'est
pour cette raison que je trouve que les travaux de cette commission aujourd'hui
sont très utiles. Parce qu'on voit exactement où chacun se situe,
on voit encore mieux parce que je ne vous dis pas que c'est la
première fois qu'on se penche sur ce problème, cela fait, comme
je vous le disais tout à l'heure, au-delà d'un an que nous
examinons toutes les conséquences des amendements qu'on peut ap-
porter à la Loi électorale la position des
différents partis. Dans le domaine électoral, je trouve que c'est
la façon de procéder, et c'est ainsi qu'on doit le faire. On doit
même viser éventuellement à avoir, si possible, comme on
l'a eue, concernant le financement des partis politiques, l'unanimité de
l'Assemblée nationale, pour démontrer justement qu'on vise, non
pas à favoriser un parti plutôt qu'un autre, mais à une
meilleure administration de la démocratie au Québec.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Je serai très
bref. Si je suis ici, ce n'est pas dans le but de faire en sorte que le
comté de Bellechasse soit agrandi ou diminué en superficie. On
sait que ce comté a déjà été
représenté par deux ministres. A ce moment, la Chambre
siégeait environ six mois par année. Maintenant, nous
siégeons dix mois.
Il y a deux comtés dans un, aucune ville dans ce comté,
tout près de 100 milles sur la longueur et 50 milles sur la largeur
à parcourir; c'est beaucoup de travail, M. le Président, mais je
l'accepte. Si je suis ici, c'est pour une demande tout à fait
particulière de faire en sorte que le nom officiel du comté de
Bellechasse cela va peut-être vous faire sourire, M. le
Président, parce que cela rallongerait la période des questions
lorsque vous allez m'interpeller soit Bellechasse-Dor-chester. Pourquoi?
Parce que plusieurs demandes ont été faites depuis deux ans
peut-être par sentiment de fierté de la part des gens qui
demeuraient anciennement dans le comté de Dorchester et,
également, parce que, dans l'ancien comté de Dorchester, il y a
seulement trois paroisses qui sont maintenant dans Beauce-Sud et neuf paroisses
et demie dans le comté de Beauce-Nord; toutes les autres paroisses font
maintenant partie du comté de Bellechasse.
Une autre raison aussi, c'est qu'en Chambre, très souvent, on
m'interpelle comme le député de Bellechasse-Dorchester, les
journalistes de la région l'ont baptisé ainsi. M. le
Président, au niveau de la technicité, cela peut amener de petits
problèmes comme cette anecdote: le premier envoi postal que nous avons
expédié dans le comté, nous avons dû le reprendre,
parce que j'avais signé sur la première feuille,
député de Bellechasse-Dorchester. Apparemment, cela
n'était pas légal. On a dû reprendre la brochure de
façon que ce soit écrit tout simplement député de
Bellechasse.
M. le Président, pour être également bien franc, si
je fais cette demande, ce n'est pas à la suite d'une promesse de la
dernière élection mais bien d'un engagement à en faire la
demande en temps opportun, et on m'a dit que le temps opportun était
aujourd'hui; c'est pour cela qu'en ce qui concerne mes devoirs, je voulais
faire cette demande aujourd'hui à cette commission.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Bellechasse, me permettez-vous une question? C'est rare.
M. Goulet: Certainement.
Le Président (M. Richard): Est-ce à dire que vous
seriez contre la recommandation contenue à la page 95 du rapport qu'il
ne serait généralement pas souhaitable d'avoir une appellation
double, c est-à-dire avec deux noms?
M. Goulet: Quant à moi, M. le Président, que le
comté s'appelle Bellechasse-Dorchester ou Bellechasse, personnellement,
je suis natif du comté de Bellechasse et j'en suis très fier,
c'est que j'ai reçu, à la suite de mon élection,
peut-être pas dernièrement mais à la suite de
l'élection, de nombreuses lettres, de nombreux rapports demandant que le
comté soit maintenant appelé Bellechasse-Dorchester. Je sais, M.
le Président, que cela amène peut-être certaines
difficultés au niveau de la signature de lettres, au niveau de toutes
sortes de choses, mais j'avais promis M. le Président, à ces gens
d'en faire la demande et je suis venu la faire aujourd'hui. Maintenant, vous me
demandez si je serais pour ou contre le fait que les appellations soient
doubles, quant à moi, je peux vous dire que cela ne me dérange
pas.
Le Président (M. Richard): On suggère pour le
comté de Laurentides-Labelle de faire disparaître le nom de
Labelle pour ne garder que Laurentides.
M. Burns: L'idée générale, M. le
député de Bellechasse, est que c'est beaucoup plus normal et
peut-être, sur le plan linguistique, beaucoup plus facile qu'un
comté ne porte qu'un nom. C'est évidemment un des
problèmes, entre autres, des comtés comme Abitibi-Est,
Abitibi-Ouest, Beauce-Sud, Beauce-Nord; il y a encore là des sortes
d'attachements affectifs; on ne voudrait pas, par exemple, en Abitibi-Ouest, ne
plus s'appeler l'Abi-tibi et on ne voudrait pas la même chose en
Abitibi-Est, etc., ou, dans Beauce-Nord, on ne voudrait pas que Beauce-Nord
devienne le comté de Beauce alors que le comté de Beauce-Sud
s'appellerait le comté disons de Samson.
M. Samson: C'est une excellente suggestion, M. le
Président.
M. Burns: Là-dessus, je suis plutôt porté
à partager l'avis de la commission. C'est autant que possible... en tout
cas, pour les cas qu'on peut régler parmi ceux qui existent
actuellement, tant mieux, mais sûrement pas les augmenter pour ceux qui
n'existent pas actuellement.
Votre demande est inscrite. J'imagine que la commission va en tenir
compte.
M. Goulet: Pour répondre au ministre, la plupart des
personnes qui ont formulé les demandes l'ont fait pour respecter
certainement l'entité
naturelle de ce comté, tout ce qui est historique
également, et je vous l'ai dit au début, surtout par
sentiment.
Personnellement, je ne vois pas la différence entre Bellechasse,
Bellechasse-Dorchester. De toute façon, dans les faits, pour moi, c'est
toujours Bellechasse-Dorchester et, pour les gens de la région
également.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Les jours se suivent sans se ressembler. C'est assez
étrange que le fédéral ait tendance à allonger le
nom des comtés. Chez nous, au lieu de s'appeler Compton, il a
proposé et cela sera ainsi, Compton-Mégantic-Stanstead. Nous
avons eu une chicane dans la région. Vous vous souvenez du temps
où le député qui était mon collègue, mon
voisin, s'appelait le député de Frontenac. Je m'appelais le
député de Frontenac et il s'appelait le député de
Mégantic et la ville de Mégantic était dans le
comté de Frontenac. Je recevais la moitié de son courrier et les
trois quarts du temps, on était mal identifié par le
président de l'Assemblée nationale. On a corrigé cela,
Thetford est dans le comté de Frontenac et la ville de Mégantic
est devenue le comté de Mégantic, qu'on appelle maintenant
Compton, et la région de Compton a été amenée
dedans parce qu'on regroupait dans ce qui était l'ancien comté de
Frontenac tout le comté de Compton, qui était un comté
reconnu anglophone et le tiers de Stanstead et tout cela.
A partir de tout cela, chinoiserie... Il faut bien comprendre que bien
des gens peuvent demander des choses et d'autres choses, mais la commission
aura à mon sens l'avantage de statuer là-dessus, éclaircir
cela et le raccourcir.
M. Fallu: J'aimerais demander au député de
Mégantic-Compton de nous préciser si Dorset est dans l'un ou
l'autre des deux comtés.
M. Grenier: Quand M. Garneau sera avec nous, il faudra en
reparler.
Le sens de mon intervention pour le nom des comtés, bien
sûr que la commission va se pencher là-dessus, ira à
l'encontre des gens qui représentent des comtés urbains. Je me
suis depuis plusieurs années battu sur cela ici en Chambre et je l'ai
dit plusieurs fois, et non pas dans un contexte électoral, ce n'est pas
cela, j'ai toujours considéré que si le député ne
joue pas un rôle d'administrateur au niveau de son comté, ce sont
d'autres qui le joueront et cela sera plus mal fait.
J'aime mieux que cela soit un député qui joue son
rôle d'administrateur que des fonctionnaires. Les comtés urbains,
bien sûr, n'ont pas à se plaindre de cela, jamais vous n'aurez une
plainte de ce monde, mais les fonctionnaires nous tiennent à la gorge,
ils tiennent les députés ruraux à la gorge, ce sont eux
qui décident et, on le voit de plus en plus, on a tendance à
faire tout régler par- dessus les députés et les gens nous
tiennent responsables des gestes au niveau de ces circonscriptions
électorales.
C'est le député qui paie au bout de quatre ans. Le
fonctionnaire est bien protégé par son syndicat, par la fonction
publique. Il n'a aucun problème et c'est lui qui décide, du
côté de tout ce que vous voudrez, de ceux qu'il nous amène
chez nous. Ils sont amenés dans nos comtés. Or, le rôle du
député, qui a un rôle de législateur, bien
sûr, et un rôle d'administrateur en partie, je voudrais que cela se
concrétise et qu'on le voie davantage en diminuant ce nombre de
paroisses. Quand on dépasse 50 dans un comté, comme c'est mon
cas, c'est trop. Je peux vous dire cela. J'aime bien voir messieurs les maires,
mais on en a beaucoup. A partir de là, je pense qu'il y aurait des
choses à faire. Ce n'est pas un problème qui sera compris par un
député qui aura toujours été un
député urbain, c'est bien évident.
M. Burns: II n'y a pas de problème pour nous à
Montréal.
M. Grenier: Ce n'est pas un problème qui peut être
compris par ces gens-là parce qu'ils n'ont pas fait de bureau pour
recevoir 50 maires dans moins de deux mois. Quand on fait le tour des
municipalités, on se rend compte de cela. Je voudrais que ce soit retenu
et c'est sérieux pour les députés qui sont des
députés ruraux. C'est sérieux et je pense qu'il y en a pas
mal qui pourraient partager mon opinion.
M. Burns: Imaginez-vous, M. le député, que nous,
nous avons un seul maire à Montréal, mais il compte
sûrement pour 200.
M. Grenier: On se le garroche aussi.
M. Samson: II ne va pas vous voir 200 fois dans la même
année.
M. Burns: Non.
M. Grenier: Le rôle du député qui est double
doit être retenu et cette commission devrait se pencher davantage sur
cette recommandation que je fais aujourd'hui, qui n'est pas nouvelle, qui est
vieille et qui n'en est pas moins vraie parce qu'elle est vieille. J'ai suivi
les débats quand on a fait cette nouvelle carte électorale. Tous
les jours, j'étais ici, à ce moment-là, sans être
député. Je me rappelle Mme Casgrain qui habitait un comté
avec au-delà de 70 000 électeurs et on comparaît avec le
député de Wolfe qui représentait 9000 électeurs et
les Iles-de-la-Madeleine. On se disait en Chambre tous les arguments qui sont
sortis. Quand madame se lève, elle représente 70 000
électeurs et l'autre en représente 9000. C'est affreux, c'est
épouvantable. C'est bien sûr que ce n'est peut-être pas
selon le sens de la démocratie, mais l'autre point n'est pas moins vrai.
Je voudrais bien la considération des députés ruraux et
j'espère bien qu'on a l'appui d'un député comme celui
d'Abitibi.
Cela a certainement été le sens de son intervention
aujourd'hui. Qu'on ne les oublie pas. Et vous, M. le Président, vous
n'avez pas le choix de vous débattre, mais je prends votre
défense là-dessus. Je sais que vous mettrez votre poids pour que
les députés ruraux soient considérés dans ces
recommandations.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Je voudrais faire une courte remarque pour que ce soit
enregistré au journal des Débats et surtout à l'adresse du
nouveau président de cette commission. M. Côté remplace M.
Drouin d'office, je crois, MM. Prémont et autres. C'est pour appuyer une
dernière fois la proposition présentée par le
député de Roberval, la position du Parti libéral.
En étudiant cette proposition, vous allez vous rendre compte
qu'elle ne cause pratiquement aucun chambardement actuellement, en acceptant la
base de 36 000 ou 37 000, 25% en plus ou en moins, si vous prenez tous les
comtés en dehors des régions métropolitaines de
Québec et de Montréal, les comtés ruraux ou semi-ruraux,
il y en a à peine trois ou quatre qu'il faudrait réajuster, qui
devraient monter à 27 000 ou 28 000. Il y aurait à peine trois ou
quatre comtés qui n'auraient pas le nombre minimum de votes, entre
autres, Matapédia, je crois, même Bonaventure, vous connaissez
notre chef, il dit: Ne me dérangez pas. A peine trois ou quatre,
ça veut dire qu'il n'y aurait pas beaucoup de chambardements en
province.
Pour l'île de Montréal...
M. Burns: ... vous voulez dire.
M. Lavoie: ... très peu de chambardements. Si on garde le
même nombre de sièges dans l'île de Montréal, il y a
à peine deux ou trois comtés qui dépassent les normes de
47 000 ou 48 000, les nouvelles normes maximales. Mais je crois qu'il faudrait
profiter de l'occasion pour réajuster certains comtés de la
région métropolitaine de Montréal qui ont uniquement 29
000 ou 30 000 électeurs. On sait qu'il y a moins de chambardements dans
une ville lorsqu'on ajoute une rue que si on bouleverse des paroisses, en
milieu rural.
Dans la région de Québec, très peu d'ajustements,
peut-être dans Chauveau et Charlesbourg, en acceptant notre proposition.
Cela amènerait un ajustement, peut-être d'un comté nouveau
sur la rive sud de Montréal, le comté du premier ministre entre
autres, et un comté nouveau au lieu de deux, tel que proposé dans
le 5e rapport, l'île Jésus, dans la ville de Laval. Cela veut dire
que notre proposition chambarde très peu la carte électorale
actuelle. Je pense que ce n'est pas notre intention de faire des chambardements
si on s'en tient strictement à la base mathématique. (18
heures)
Cela veut dire que c'est elle qui cause le moins de problèmes
actuellement. Maintenant, une dernière question. Il faudrait bien que
sur la position que prendra le gouvernement, parce que vous comprendrez que
l'étape suivante, pour les partis politiques, ce sera d'aller plus loin
dans la question, si on a des indications que la proposition faite par le Parti
libéral pourrait être considérée, il faudrait la
travailler, chacun des partis va faire sa proposition finale, en somme.
Là, ça amène des calculs, des plans et tout. Cela voudrait
dire qu'il faudrait connaître, avant une prochaine rencontre, la position
du gouvernement le plus vite possible, notamment sur la question
proportionnelle. Vous nous avons dit que c'était au printemps...
M. Burns: Quand je dis le printemps, je parle de la session qui
reprendra après les Fêtes.
M. Lavoie: En février.
M. Burns: Fin février, début mars. Je n'ai pas la
date, mais j'imagine que cela va être aux environs de cette date.
M. Lavoie: II y aurait lieu, à ce moment-là, de
tenir une séance à laquelle les commis de l'Etat et le directeur
général des élections participeraient et où les
partis feraient leurs propositions sur des cartes précises.
M. Burns: Ma petite expérience de la dernière
modification de la carte électorale, qui remonte quand même
à 1973, je crois, c'est que nous avions procédé exactement
de cette façon. Nous avions eu une première rencontre de la
commission de l'Assemblée nationale, où tout le monde avait eu la
chance de s'exprimer, chaque parti avait donné son point de vue. Les
membres et le personnel de la commission permanente s'étaient ensuite
retirés avec tout cela et il y avait eu une deuxième rencontre de
la commission parlementaire avant le dépôt d'un projet de loi par
le gouvernement.
M. Lavoie: Je vous pose une question. Vous avez peut-être
meilleure mémoire que moi. Entre la première et la
deuxième rencontre, est-ce que la commission avait préparé
une autre proposition?
M. Burns: Effectivement, oui.
M. Lavoie: Est-ce que cela veut dire qu'actuellement, on fait une
demande à la commission de faire une nouvelle proposition à
l'Assemblée nationale?
M. Burns: Moi, je pense qu'on ne peut pas imposer cela à
la commission. Je pense qu'on peut demander à la commission de prendre
connaissance de ce qui s'est passé ici aujourd'hui et à partir de
cela, juger s'il y a lieu de déposer un second rapport ou pas. Je pense
que c'est d'abord elle qui aura à prendre cette décision. Par la
suite, le gouvernement aura à prendre ses responsabilités en
déposant un projet de loi qui, soit respectera le rapport, le
cinquième rapport de la commis-
sion permanente, ou encore qui mettra des parties de ce rapport de
côté, en reconnaissant des remarques qui ont été
faites par les députés ici, aujourd'hui.
M. Lavoie: M. le Président, je crois que c'est assez
important. Je n'ai pas devant moi le texte de la loi qui a constitué
cette commission. Je me pose la question. Je ne voudrais pas retarder les
travaux de cette commission.
M. Burns: On ne fera pas d'exégèse.
M. Lavoie: Je ne l'ai pas lu récemment. Je sais que la
commission doit faire un rapport après chaque élection
générale. Est-ce qu'il est prévu qu'elle a le droit de
modifier... Est-ce que je pourrais poser cette question à Me
Côté, peut-être? Est-ce que vous avez le pouvoir,
actuellement, d'amender le rapport qui a été fait?
M. Côté (Pierre-F.): On me dit que cela s'est fait
en 1973, qu'il y a eu des délibérations. Mais si on regarde
strictement les stipulations de la loi, je ne crois pas qu'on puisse le faire
strictement. Ce qui est dit dans la loi, c'est que la commission doit soumettre
un rapport, suite à une élection générale. Il n'est
pas prévu dans la loi actuelle, à ma connaissance il
faudrait la revoir attentivement qu'on ait le pouvoir de soumettre un
deuxième rapport. Evidemment, on peut soumettre un deuxième
rapport pour votre considération, qui aurait un caractère moins
officiel que le premier et qui tiendrait compte surtout des remarques que vous
avez faites.
M. Lavoie: M. le directeur, je voudrais vous poser une autre
question. Vous avez certainement étudié ce qui s'est passé
à ce moment-là. Le rapport amendé qui avait alors
été fait l'avait-il été à la suite d'une
demande de la commission ou est-ce que cela a été fait proprio
motu par la commission?
M. Côté: Non, cela a été fait à
la suite d'une demande de la commission parlementaire.
M. Lavoie: J'aurais pratiquement le goût de faire une
motion. Un instant! On discute. J'aurais pratiquement le goût de faire
une motion exprimant le voeu que la commission fasse un rapport
amendé.
M. Burns: Je serais d'accord, M. le Président, qu'un voeu
comme celui-là soit adressé à la commission. Pour votre
information, même dans le dernier cas qui s'est présenté,
même le deuxième rapport vous m'écoutez, M. le
député de Laval qui avait été fait par la
commission n'a pas été copié, si on peut dire, comme tel,
par le projet de loi qui avait été adopté.
M. Lavoie: ... qu'il soit copié.
Voeu de la commission
M. Burns: Effectivement, on peut souhaiter que la commission nous
fasse des recommandations en tenant compte des opinions qui ont
été exprimées aujourd'hui.
M. Lavoie: M. le Président, j'en ferais une proposition
formelle, que cette commission invite la commission de...
M. Burns: Exprime le voeu.
M. Lavoie: Je ne veux pas donner d'ordre, exprime le voeu.
M. Burns: Je pense qu'on ne peut pas donner d'ordre à la
commission, mais qu'on exprime le voeu qu'on réexamine le rapport
à la suite des délibérations qui ont eu lieu ici
aujourd'hui.
M. Côté: D'ores et déjà, je peux vous
dire, monsieur...
M. Burns: Pardon?
M. Côté: Je peux peut-être vous
répondre là-dessus d'ores et déjà que nous sommes
disposés à le faire, si c'est le voeu de la commission.
M. Burns: D'accord. J'imagine que même si on n'avait pas
exprimé ce voeu, la commission l'aurait fait proprio motu.
M. Lavoie: ... nous dit qu'il n'avait pas ce pouvoir.
M. Burns: On peut même aller plus loin. Si on fait
l'exégèse de la loi, peut-être que le directeur et ses deux
adjoints ainsi que tous ses collaborateurs n'ont peut-être même pas
la possibilité de changer le nom des comtés. Cela peut être
aussi un problème qui peut se poser à un moment donné.
M. Lavoie: C'est sûr, tant qu'il n'y a pas une loi qui fait
suite au rapport, ils ne peuvent pas changer le nom des comtés.
M. Burns: Si vous regardez la loi actuelle, on nous fait des
suggestions...
M. Lavoie: Des suggestions.
M. Burns: ... qui vont éventuellement se traduire par un
projet de loi qui sera soumis à l'Assemblée nationale, il n'y a
aucune espèce de doute. Tant que nous n'aurons pas une commission
permanente qui, comme au fédéral, a le pouvoir...
M. Lavoie: Décisif.
M. Burns:... de décider de façon finale; donc, tant
qu'on aura cette loi, c'est sûr qu'il faudra que,
tôt ou tard, il y ait un projet de loi qui soit soumis à
l'Assemblée nationale soit pour adopter les recommandations de la
commission ou soit pour les modifier, ou soit même pour les chambarder
complètement.
M. Lavoie: Ecoutez, le voeu que j'exprime, sans en faire une
proposition écrite je pense que mes collègues sont
d'accord c'est que la commission se penche de nouveau sur le
cinquième rapport et sur les propositions. Nous nous réservons...
C'est sûr que je ne leur demande pas de faire un nouveau rapport suivant
la base de 32 000 et 25% en plus ou en moins, parce que nous avons émis
l'opinion que la base devrait être relevée à 36 000. Ce
sont des commentaires qu'on fait, quitte à ce que la commission
décide qu'elle continue ses travaux.
Le Président (M. Richard): C'est uniquement sous forme de
commentaires.
M. Côté: M. le député, ce que vous
venez de mentionner va être très difficile pour la commission,
parce que le cinquième rapport est basé et a été
produit à partir des exigences de la loi. Or, les exigences de la loi
sont très précises. Ce que vous nous demandez, c'est de tenir
compte des recommandations que vous venez de faire devant la commission, de
procéder différemment et de produire un rapport différent
qui tiendrait compte de vos recommandations. Pour moi, je pense qu'il y a une
difficulté légale qui est réelle.
M. Lavoie: Non, c'est à titre d'hypothèse de
travail, avec une base de 36 000.
M. Burns: On pourrait peut-être s'entendre pour ne pas
faire une motion formelle. Je pense bien que Me Côté et M.
Prémont qui sont là et leurs collaborateurs ont sûrement
été tout ouïe à ce qui s'est passé au cours
des travaux de la commission. J'ai nettement l'impression qu'il y aura
éventuellement, possiblement, une recommandation qui nous sera faite
relativement à cela.
M. Côté: Si je peux me permettre une suggestion
supplémentaire, M. le ministre. Non seulement nous avons pris des notes,
nous allons tenir compte de ce qui va être dans le Journal des
débats et nous allons en faire une analyse très sérieuse,
mais, si vous jugez à propos de nous faire parvenir par écrit des
recommandations supplémentaires ou qui appuieraient celles qui ont
été soumises cet après-midi, ce serait très
apprécié pour faciliter notre travail.
M. Burns: M. le Président, je voudrais, avant que nous
terminions nos travaux, même si on a dépassé l'heure
habituelle, remercier tous nos collègues autour de la table pour leur
participation, remercier également Me Côté et M.
Prémont ainsi que leurs collaborateurs qui les accompagnaient, surtout
pour leur patience d'avoir écouté sans avoir directement
participé. Mais je suis convaincu que, dans une première
étape, c'était très important que nous tenions cette
réunion de la commission, même si certains députés
autour de la table laissaient entendre que ce n'était peut-être
pas nécessairement utile que nous tenions cette séance. Je pense,
au contraire, que cela nous sera, dans l'avenir, très important et
très utile quant à la fabrication de la future carte
électorale et de la future division territoriale des circonscriptions
électorales au Québec.
Le Président (M. Richard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
Fin de la séance à 18 h 10