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(Seize heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation est réunie pour procéder à
l'étude du projet de loi 27, Loi sur le mérite de la
restauration. M. le secrétaire, y a-t-il des modifications aux
présences?
Le Secrétaire: Oui. M. Rocheleau (Hull) remplace M. Dubois
(Huntingdon) et M. Côté (Charlesbourg) remplace M. Mathieu
(Beauce-Sud).
Le Président (M. Beauséjour): Alors, tout est bien.
M. le ministre, avez-vous des précisions à donner avant de
commencer l'étude?
M. Garon: Non, je suis prêt à procéder
à l'étude article par article, M. le Président. Le projet
de loi a déjà fait l'objet de nombreuses interventions en
deuxième lecture. Je suis prêt à commencer l'étude
du projet de loi article par article.
Le Président (M. Beauséjour): Le
représentant de l'Opposition?
M. Côté: M. le Président, comme l'a si bien
dit le ministre, de nombreuses interventions ont fait passablement le tour de
la question, de long en large, au cours du débat de deuxième
lecture. Nous serions, maintenant, disposés à procéder
à l'adoption, article par article.
Le Président (M. Beauséjour): Alors, j'appelle
l'article 1.
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
J'appelle l'article 2.
Décorations et diplômes
M. Rocheleau: À l'article 2, M. le Président,
simplement une question d'information. On a parlé tantôt de la
composition d'un jury de sélection, qui pourrait être soit
régional, soit provincial. Est-ce que, d'une façon ou d'une
autre, on a impliqué l'Association des restaurateurs du Québec,
qui regroupe quand même un nombre assez important des restaurants de
meilleure qualité et qui a quand même une expertise assez
intéressante aux points de vue de la qualité et de
l'efficacité de la gestion? Est-ce que ces gens sont impliqués
par la bande, soit pour ce qui est de la composition du jury, soit pour agir
à titre de conseillers du ministre, en l'occurrence pour les produits
régionaux ou les produits particuliers que l'on peut retrouver dans
certaines régions du Québec?
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Garon: En 1983, lorsque, pour la première fois, nous
avons fait le concours, nous avions dans les concours régionaux deux
jurés, un qui venait de l'Association des restaurateurs du Québec
et un qui venait du secteur de l'enseignement professionnel de la restauration.
Au niveau national, il y avait trois personnes. Il y avait un membre de
l'Association des restaurateurs du Québec, un membre de l'Association
des chefs cuisiniers et un membre du ministère de l'Agriculture. Ils
formaient le jury national de trois personnes.
M. Côté: Le jury était composé
uniquement de trois personnes?
M. Garon: Le jury national, oui.
M. Côté: Est-ce que c'est le même principe en
ce qui concerne le mérite agricole? Est-ce trois personnes qui forment
le jury provincial?
M. Garon: Vous avez dit le mérite agricole. Il y a trois
personnes au mérite agricole. Mais comme le nombre d'inscrits qui
arrivent au niveau final est grand, il est arrivé qu'on ait eu deux
jurys de trois personnes. L'an dernier, il y a eu deux jurys de trois personnes
et, cette année, deux jurys de trois personnes.
Le détail des points pour gagner est tellement précis que
cela ferait une nomenclature... Ce n'est pas 95 points et, à la fin de
la visite, quelqu'un dit 85 ou 82. La grille est très serrée,
c'est une grille avec plusieurs points. À l'intérieur de chaque
sous-grille, il y a, encore là, de nombreux points, de sorte que le
gagnant du mérite agricole peut avoir 987 points, à peu
près, et le deuxième peut avoir 986, le troisième 985.
C'est très précis. C'est pour cela que c'est
un mérite d'exceJlence professionnelle, au fond. Celui qui a
gagné est arrivé le premier et c'est lui qui a les honneurs.
Mais, au fond, celui qui est deuxième est presque aussi méritant
que le gagnant. Alors, les gens savent le nombre de points qu'ils ont obtenus.
Ils savent ce qui les a séparés du gagnant. Concernant le
mérite agricole, je n'ai jamais vu en dix ans de constestation d'aucune
sorte. C'est pour dire à quel point ce n'est pas politique.
L'an dernier, les trois gagnants venaient du comté de Portneuf.
Pour aller annoncer les trois gagnants du comté de Portneuf, il ne
fallait pas que les gens pensent qu'on pouvait avoir "taponné" le
concours.
M. Côté: C'est parce qu'il y a de l'excellence
è tous les niveaux dans le comté de Portneuf.
M. Garon: Les gens ne "zigonnent" pas dans le concours. C'est
vraiment un concours qui est très serré. C'est pour cela qu'on
veut mettre le même genre de concours. Le Comité de
législation et de plusieurs comités m'ont suggéré
de faire une loi différente. Je n'ai pas voulu pour la raison suivante.
Le mérite agricole a une longue tradition. Je souhaite que, dans le
mérite du pêcheur et le mérite de la restauration, on suive
la même tradition. Si un concours a pu durer pendant presque 100 ans
jusqu'à maintenant, on avec l'estime de tous les gens et réussi
sur le plan professionnel à faire le travail que cela a fait, je pense
bien que, si cela fait la même chose dans le domaine de la pêche et
dans le domaine de la restauration, pour les pêcheurs et les
restaurateurs, cela aura accompli un rôle extraordinaire.
M. Côté: Toujours sur l'article 2, il y a quatre
niveaux.
M. Garon: Oui.
M. Côté: J'aimerais vous entendre sur les quatre
niveaux et tout le processus.
M. Garon: Si on lit l'article: "Le gouvernement peut accorder les
décorations et les diplômes suivants: 1° la décoration
de Commandeur de l'Ordre du mérite de la restauration et le
diplôme de "mérite exceptionnel" ou de "mérite
spécial"; 2° la décoration d'Officier de l'Ordre du
mérite de la restauration et le diplôme de "très grand
mérite"; 3° la décoration de Chevalier de l'Ordre du
mérite de la restauration et le diplôme de "grand mérite";
4° le diplôme de "mérite". "
Ce qui arrive, c'est que les gens vont s'inscrire au premier niveau du
concours, c'est-à-dire en vue du diplôme de "mérite".
Celui qui va arriver le premier doit se replacer plus loin. Allons
à l'article 7: "Les personnes qui obtiennent la médaille d'or ou
le diplôme... sont de droit Commandeurs de l'Ordre du mérite de la
restauration; celles qui obtiennent la médaille d'argent sont de droit
Officiers et celles qui obtiennent la médaille de bronze sont de droit
Chevaliers. " Ce qui arrive à ce moment-là, c'est que, pour
obtenir le diplôme et la médaille de bronze, il faut participer au
concours au premier niveau, et tous ceux qui ont en bas de 30 points
n'obtiennent rien, pas de diplôme ou quoi que ce soit. C'est seulement
s'ils obtiennent un niveau de 75 points sur 100 qu'ils peuvent avoir un
diplôme de "mérite". Ils faut avoir obtenu 75 points. C'est
seulement celui qui est arrivé le premier qui va avoir la
médaille de bronze.
Une voix: Non, d'or.
M. Garon: De bronze, parce qu'il participe pour la
première fois. On ne peut pas obtenir plus qu'une médaille de
bronze la première fois qu'on participe. Si on a pu se classer pour la
médaille de bronze, la première année, parce qu'on a
obtenu plus que tant de points, on peut participer la fois suivante, soit cinq
ans plus tard, dans le domaine agricole. Dans le domaine des pêcheries,
on pense à mettre cela tous les trois ans et faire le tour des
régions. À ce moment-là, on peut se classer pour la
médaille d'argent. Mais, encore là, il faut obtenir un certain
nombre de points, autrement...
M. Côté: Vous avez parlé des pêcheurs,
mais est-ce la même chose dans le cas de l'Ordre du mérite de la
restauration?
M. Garon: Oui. C'est pour cela qu'on veut mettre les mêmes
paliers. On n'a pas encore déterminé la réglementation.
Dans le domaine agricole, c'est tous les cinq ans. On fait le tour du
Québec tous les cinq ans, autrement cela ferait trop de monde. Les gens
peuvent venir participer tous les cinq ans. Dans le domaine des
pêcheries, on se demande si ce sera chaque année ou tous les trois
ans, si on va faire une année, la Gaspésie, une autre
année, la Basse-Côte-Nord, une autre année, les
Îles-de-la-Madeleine, C'est ce qu'on est en train de
déterminer.
La deuxième fois qu'on participe au concours, c'est pour obtenir
la médaille d'argent si on a eu tant de points et qu'on a obtenu la
médaille de bronze. Tous ceux qui ont eu tant de points ont la
médaille de bronze.
Une voix: Un minimum.
M. Garon: Un minimum de 75 points,
vous avez la médaille de bronze. Si vous avez en bas de 75
points, vous n'avez rien. La deuxième fois que vous participez, celui
qui a eu la médaille de bronze officiellement, c'est celui qui est
arrivé le premier de tous ceux qui ont la médaille de bronze. Si
vous avez, par exemple, 400 participants pour la médaille de bronze, que
vous en avez 200 qui ont 75 %, vous avez donc 200 personnes qui ont la
médaille de bronze. Le premier va l'avoir officiellement, mais les
autres l'ont aussi. En bas de 75 %, ils n'auront rien. La prochaine fois, lors
du concours, vous pouvez participer à la condition d'avoir
déjà mérité la médaille de bronze. Encore
là, si vous avez 75 %, vous pouvez avoir la médaille
d'argent.
Une voix: Trois ans plus tard et ainsi de suite.
M. Garon: C'est seulement le premier qui a la médaille
d'or. Ce n'est pas tout le monde qui a la médaille d'or. Il y en a
seulement un qui a la médaille d'or.
M. Côté: Dans le troisième mouvement.
M. Garon: Mais, à ce moment-là, il faut avoir eu la
médaille d'argent.
M. Côté: De bronze, d'argent et c'est, finalement,
au bout de neuf ans qu'il pourra toucher l'or.
M. Garon: Cela incite à maintenir une excellence
professionnelle dans ce secteur. Ce qui arrive, c'est que, quand vous avez la
médaille d'or, d'argent ou de bronze, tous les cultivateurs vont aller
faire un tour en fin de semaine pour voir si le médaillé d'or,
d'argent ou de bronze, a une belle ferme. C'est de cette façon que le
concours a beaucoup d'implications. Je me rappelle qu'une année le
gagnant m'avait dit que les prix devraient être augmentés parce
que, même en augmentant le prix à 1000 $, cela ne paierait pas les
cafés, parce que beaucoup de gens vont faire un tour pour voir les
gagnants des médailles ou des diplômes pour voir comment ils ont
fait pour réussir, qu'est-ce qu'ils ont réussi, comparer leur
ferme avec les leurs ou leur demander des conseils. Les gens qui ont une
médaille, sait de bronze, d'argent ou d'or, les premiers deviennent un
peu des exemples à suivre pour les autres qui vont voir leurs
techniques. Une partie du but du concours, c'est d'inciter tous les gens qui
participent au concours à être les meilleurs possible pour gagner
et, en faisant cela, il y a des gagnants. Les gens qui se classent les premiers
servent d'exemples aux autres.
M. Côté: Lorsqu'on parle, par exemple, de la
Gaspésie, on peut facilement déterminer que le poisson est
là-bas un mets régional qui devra être présent sur
les tables pour que les gens puissent participer. Dans une région comme
Québec, comment vous y prenez-vous pour définir quelque chose de
typique?
M. Garon: Dans la région de Québec, on peut penser
aux fraises. Vous parlez du concours de la restauration? Je vais vous donner,
pour être plus précis, ce qu'on a choisi en 1983 comme incitatif.
Dans les produits qu'on dits désignés, 25 points. Il y avait 4
points pour le porc ou les charcuteries. On produit beaucoup de porc et de
charcuterie au Québec. Alors, il faut les présenter. Quatre
points pour le poisson. Les poissons étaient spécifiés:
les crevettes du Québec, le crabe des neiges, la truite, la morue et le
maquereau.
Pourquoi a-t-on choisi ces produits? Pour inciter les restaurants
à servir la crevette du Québec plutôt que la crevette
importée du Mexique ou d'ailleurs. Pour inciter les restaurateurs
à prendre du crabe des neiges plutôt que du crabe d'Alaska. Pour
la truite, c'est qu'on commence à élever la truite au
Québec. On va vérifier s'il s'agit de truite produite au
Québec ou importée des États-Unis ou d'ailleurs pour
inciter les restaurants à commencer à servir de la truite
québécoise. La morue, c'est parce qu'on produit de grandes
quantités de morue et que, si les gens connaissaient mieux les
façons d'apprêter la morue sous différentes espèces,
elle serait plus consommée chez nous plutôt que de l'aiglefin, par
exemple. Les gens mangent de l'aiglefin plutôt que de la morue et souvent
ils ne savent pas pourquoi. Le maquereau, parce qu'au Québec on navigue
dans trois pieds de maquereau, à peu près, dans le fleuve et dans
le golfe et on n'en mange pas.
M. Côté: On les tasse sur la
Grande-Allée.
M. Garon: Oui. Alors, c'est pour cela que Réal Caouette
disait qu'il faudrait sans doute faire passer le fleuve sur la
Grande-Allée pour nettoyer le Québec. Le maquereau est un des
produits très consommés en France. Ici, les gens connaissent peu
cela. Ce n'est pas servi dans les restaurants et ce n'est pas
commercialisé. 5i les restaurateurs faisaient connaître le
maquereau aux consommateurs québécois, on a là un produit
qu'on peut produire en quantité extraordinaire.
C'était pour inciter les restaurateurs. On suit, en fait,
l'expérience qu'on a vécue en 1980 avec le crabe des neiges
lorsque les usines étaient toutes en train de fermer dans le territoire
de la Gaspésie et ailleurs aussi au Canada parce qu'il y avait des
prises plus
rapides alors que les inventaires s'écoulaient lentement. On
avait fait le travail de promotion avec les restaurateurs du Québec, qui
avaient embarqué qui avaient fait un bon travail de présentation
du crabe des neiges. Alors qu'en 1979 il s'était consommé dans
tout le Québec 50 000 livres de crabe des neiges, avec cette promotion
des restaurateurs au début de l'automne 1980, il s'était vendu
sur le marché québécois, en septembre et octobre, 250 000
livres de crabe des neiges, soit cinq fois plus dans deux mois que pour toute
l'année d'avant. Grâce à cette action, aujourd'hui, vous
voyez dans la plupart des restaurants qu'on sert du crabe des neiges, on
l'apprête pour farcir la morue ou d'autres poissons, de la sole, de la
plie. C'est un produit connu. En 1980, au Québec, c'était un
produit inconnu. Alors, le but c'est un peu de faire connaître certains
produits par nos restaurateurs, des produits qu'on a ici en grande
quantité.
M. Côté: Cela, c'est spécifiquement pour la
région de Québec.
M. Garon: Vous avez cela dans les points. Je parle des produits
désignés et, après cela, je vais parler des autres
produits. Les fromages fins et cheddars. C'est deux points pour les fromages en
plateau et trois points pour l'usage des fromages en cuisson, soit cinq points
au total. Pour la pomme de terre, è l'exception de la frite, on a deux
points pour cela. Il y a des restaurants qui ont tendance à servir du
riz. On ne produit pas de riz au Québec. Pour les frites, c'est
habituellement des frites congelées et elles sont à peu
près toutes importées. Alors, pour la pomme de terre, à
l'exception de la frite, deux points. Les produits de l'érable, deux
points. Usage général des produits du Québec incluant
produits saisonniers selon les régions, huit points. Après cela,
utilisation des produits régionaux et mise en valeur de ta cuisine
régionale, quinze points. Usage des produits alimentaires
régionaux, cinq points. Mise en valeur de la cuisine régionale
par l'originalité des créations, créativité dans
les recettes, dix points. Ici, dans les produits régionaux, le porc est
important dans la région de Québec.
Dans les fruits, les fraises sont un produit important dans la
région de Québec. Il y a les framboises. L'asperge, dans les
légumes, est un produit important dans la région du
Québec. On voit des restaurants qui font des festivals de l'asperge dans
la région de Québec.
M. Côté: Je pense à la renommée que
s'est créée Québec en termes de qualité de
restauration.
M. Garon: Oui.
M. Côté: Je vois défiler dans ma tête
des noms de restaurants...
M. Garon: L'agneau aussi. On va servir de l'agneau du
Québec. Les produits de l'érable dans la région de
Québec sont importants. Ce qui arrive, c'est que, par exemple, les
hôtels des Gouverneurs ont commencé à faire, il y a
quelques années -je pense que ce sont les premiers - des festivals de la
fraise. Cela n'a l'air de rien, mais au point de vue d'écouler des
quantités de fraises au Québec, cela a joué un rôle
important parce qu'ils servent la fraise sous toutes sortes d'aspects dans les
restaurants. Ils font une publicité là-dessus et cela fait penser
à tout le monde que c'est le temps de la fraise. Pour écouler le
produit et, ensuite, pour le congeler et faire connaître le produit,
c'est très bon.
L'asperge est importante dans la région de Québec aussi.
Vous avez des restaurants qui font le festival de l'asperge déjà.
Vous avez des périodes où, à l'automne, les gens parlent
de l'agneau du Québec. Ils font connaître ce produit. L'agneau est
un produit que plusieurs personnes ne voulaient pas manger beaucoup autrefois,
parce que cela rappelait les moutons qui sentaient la laine. Aujourd'hui, par
le fait qu'il y. a eu surtout des gens qui sont venus d'Afrique du Nord
à un certain temps, on a appris à apprêter l'agneau
d'autres façons. Aujourd'hui, l'agneau est beaucoup plus
consommé. Alors, il y a des temps forts où des gens essaient de
mettre en valeur des produits de chez nous.
M. Côté: Je veux prendre un exemple du ministre.
M. Garon: II ne s'agit pas pour nous de choisir des produits
régionaux qu'ils vont mettre en valeur, mais il y a plusieurs produits
régionaux, au fond.
M. Côté: Cela veut dire, finalement, qu'avec les
exemples que le ministre nous donne, ce sera un concours qui peut devenir
saisonnier, compte tenu de la saison. Lorsqu'on parle d'agneau, si l'agneau est
exploité dans les restaurants l'automne, il faudrait que ce soit un
concours qui se tienne à l'automne.
M. Garon: Non, il y a des temps forts. Je parlais des festivals.
Les festivals ont lieu à un temps fort. Le festival du homard a lieu
à telle période, habituellement. Le festival de l'asperge a lieu
au printemps. Cela ne veut pas dire qu'il cesse dans d'autres périodes.
Mais il y a des temps forts là-dedans.
M. Côté: D'accord. De toute façon, on verra
peut-être à le situer à l'article 3,
lorsqu'il est question de la tenue du concours en termes de temps. Je
pense que cela nous donne une idée, à l'article 2, de certains
produits. De toute façon, je pense qu'à l'usage il y aura
suffisamment de publicité faite autour de cela pour qu'on puisse...
Adopté, M. le Président.
M. Garon: Le gros point, c'est que, le concours étant
connu, le restaurateur va savoir que, s'il ne met pas sur son menu des produits
régionaux - cela ne veut pas dire de ne mettre que des produits
régionaux - il ne peut pas gagner quasiment. Il perd quinze points en
partant. S'il n'offre pas les produits désignés, il perd 25
points en partant. C'est un peu normal, dans un endroit où on produit
beaucoup de porc, qu'on en offre. D'ailleurs, vous voyez que certains
restaurants ont développé toutes sortes de recettes avec le porc
qu'on n'avait pas auparavant ou, alors, avec des produits qu'on a en grande
quantité.
M. Côté: On a eu la chance d'avoir des gens de
l'étranger qui se sont installés et qui ont
développé notre restauration avec une qualité tout
à fait exceptionnelle. Je pense que c'est le temps d'en profiter pour
leur rendre hommage de s'être bien intégrés au
Québec et de nous avoir permis de tirer le meilleur profit de
l'expérience de leur pays.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 2 est-il
adopté?
M. Côté: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
J'appelle l'article 3.
Organisation du concours
M. Côté: À l'article 3, "chaque année,
le ministre organise un ou plusieurs concours du Mérite de la
restauration pour tout le Québec ou pour une partie du Québec. "
Qu'est-ce qui peut faire qu'il peut y avoir deux concours dans
l'année?
M. Garon: L'article dit cela pour ouvrir la possibilité
à ce qu'il y en ait plus, si c'est nécessaire d'en faire plus. On
pense à un grand concours de base qui pourrait être, comme pour le
Mérite agricole, le concours du Mérite de la restauration. Par
exempte, ce qui se rapproche, il y a le gala culinaire au cours du Salon
international de l'agriculture et de l'alimentation. Il y aussi le choix des
jurys et des équipes qui vont représenter le Québec lors
des différentes manifestations. Ils ne vont pas seulement en Allemagne.
L'Allemagne a son concours. C'est l'équipe canadienne qui va en
Allemagne et il y a des équipes à l'intérieur de
l'équipe canadienne, l'équipe du Québec, l'équipe
de l'Ontario, de l'AIberta. Il y a d'autres concours, par exemple, à New
York, en Alberta, à plusieurs endroits. Je dirais qu'il y a au moins
cinq concours par année où des équipes nous
représentent à l'extérieur.
M. Côté: Mais dans le cas précis,
mettons-nous dans l'hypothèse où il n'y a qu'un seul concours
dans une année.
M. Garon: Oui.
M. Côté: Sur le plan chronologique des
événements, positionnons-nous non pas en 1985, mais en 1986. Cela
commence quand? Cela se tient quand? C'est quoi, les séquences? (16 h
45)
M. Garon: On n'a pas imaginé les dates d'une façon
complète. J'ai des brouillons de documents. Disons qu'on pense avoir un
concours chaque année, actuellement. On avait débattu pour savoir
si on devait avoir trois, quatre ou cinq types de cuisines. À un moment
donné, en travaillant avec les gens au ministère, on est
arrivé à faire plutôt trois types de cuisines. On aurait pu
en avoir quatre ou cinq; on a pensé que c'était mieux d'en faire
trois. À un certain moment, il était question d'avoir une section
ethnique, mais comment voulez-vous comparer des mets chinois avec des mets
italiens? Alors, on a pensé actuellement - ce n'est pas encore final; on
va en parler avec les gens de la restauration une fois que la loi sera
adoptée - à avoir un type de restauration classique, comme on
l'appelle, la haute gastronomie, les plus grands restaurants;
deuxièmement, les types de restauration bourgeoise, genre auberge, un
très bon restaurant, mais sans faire de comparaisons...
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Charlesbourg.
M. Côté: Les Trois Canards?
M. Garon: II faut faire attention aussi. Après cela, la
restauration populaire, comme troisième type de restauration. En fait,
il n'y a pas de jugement de valeur sur l'un par rapport à l'autre, parce
qu'un des principaux critères est le rapport qualité-prix, selon
que vous êtes dans telle classe de restaurant et que vous ne visez pas
les mêmes clientèles et à des mêmes moments.
Alors, on pense à avoir trois types et à alterner chaque
année pour faire en sorte qu'on touche toute la restauration au
Québec. Quand est-ce que cela commencerait? On pensait à six mois
par année, je pense. La période de l'année n'est pas
encore complètement fixée. Je vais vous dire la raison, c'est
parce que, la première fois, on avait fixé
l'échéancier pour arriver à
donner des médailles, des diplômes au cours du mois de la
restauration, qui est le mois d'octobre. Par ailleurs, cela nous forçait
un peu à faire le concours entre le mois d'avril et le mois d'octobre.
Mais, on n'est pas certains. Avec un concours, avec une loi, avec
l'établissement d'un système, là, on va rencontrer
l'Association des restaurateurs pour voir quelle période on devrait
couvrir, si c'est mieux de couvrir du mois de janvier au mois d'octobre
ou...
M. Côté: Ne vous arrangez pas pour arriver en pleine
période du tourisme.
M. Garon: C'est cela qu'on a fait en 1983.
M. Côté: Sans déprécier la
restauration, j'ai eu moi-même l'occasion de fréquenter des
restaurants de bonne qualité et le service n'est pas le même au
moment où il y a affluence touristique qu'en d'autres moments. Mais,
dans une organisation comme celle-là, je vois mal comment vous pourriez
tenir, compte tenu de l'importance, deux concours par année. À
moins que vous ne décidiez...
M. Garon: Un concours par année.
M. Côté: "Chaque année, le ministre organise
un ou plusieurs concours. "
M. Garon: Non, c'est autre chose. Il y en a un grand concours par
année, mais s'il y a d'autres concours, un deuxième ou un
troisième, ce sera de nature différente. Par exemple, les
restaurateurs nous demandent, quand on parle avec eux d'un type de concours,
que les gens aient été en affaires pendant un certain temps. Ils
ne voudraient pas, par exemple, qu'au concours on ait quelqu'un qui est
arrivé depuis six mois et qui va partir dans six mois. Il y a des gens
qui entrent dans la restauration...
M. Côté:... et qui en sortent assez vite.
M. Garon:... qui en sortent assez vite, parce que c'est beaucoup
plus exigeant que certains ne le pensent. Il ne s'agit pas d'être sur le
bord du comptoir à jaser avec du monde. Les gens pensent que c'est cela
des fois, mais c'est beaucoup de travail et il fait chaud dans la cuisine. Les
restaurateurs ont toujours demandé une certaine stabilité
concernant ceux qui pourraient concourir, qu'ils aient été au
moins dans la restauration pendant quelques années s'ils demandaient
à participer. Il pourrait y avoir d'autres types de concours pour des
jeunes restaurateurs. Il pourrait y avoir d'autres types de concours qui
pourraient exister. C'est pour cela que la porte est ouverte.
M. Côté: Ce que je comprends par cet article 3,
c'est que vous vous gardez la possibilité de faire d'autres concours,
mais pas nécessairement de tenir deux concours de cette même
nature.
M. Garon: C'est impossible. Un concours.
M. Côté: Je pensais que par cela vous vous donniez
la possibilité d'avoir un concours national, mais aussi de tenir
occasionnellement un concours régional.
M. Garon: II va y avoir des concours régionaux chaque
annnée. Le Québec est divisé en six régions. Les
restaurateurs, traditionnellement, divisaient le Québec en six
régions, on a gardé la même dénomination, six
régions où il y a, d'abord, une première sélection
au niveau régional; il va y avoir des gagnants régionaux chaque
année. Ensuite, il y a une élimination où ceux qui auront
en bas de tant pour cent de points n'auront pas de diplôme, n'auront
rien, ce qui va forcer les gens. Pour avoir le certificat de mérite avec
une médaille de bronze, il va falloir avoir obtenu tant de points. Celui
qui aura participé et qui n'aura pas de points, ce n'est pas
intéressant. Quand il va entrer dans le concours, il va vouloir au moins
se classer avec un niveau de tant de points.
M. Maltais: Parce que sa bonne réputation peut devenir
mauvaise, s'il n'atteint pas un certain niveau de points.
M. Garon: Oui. Dans les six régions, il y a des gagnants
régionaux et, ensuite, le jury national fait le tour de ceux qui sont
qualifiés. Ce sont les deux premiers, si ma mémoire est bonne.
C'étaient les deux premiers en 1983, c'est-à-dire le premier et
le deuxième des six régions, dans les douze restaurants. Le jury
national fait le tour et détermine celui qui est le gagnant national.
Chaque année, il y a un jury régional qui, dans chacune des
régions, classe celui qui va être le premier ou le
deuxième. Ensuite, le jury national passe parmi les gagnants
régionaux pour choisir le gagnant national.
M. Maltais: Cela veut dire que, dans le cas du régional,
l'individu a participé à un premier niveau de concours avec des
plats. Le jury national vient plus tard, avec une autre série de plats
présentés, j'imagine. Est-ce que ces gens-là sont avertis
au préalable?
M. Garon: Non. Il n'y a pas de série de plats et ils ne
sont pas avertis au préalable.
M. Maltais: C'est-à-dire qu'on arrive dans le restaurant
sans dire qui on est, on mange comme tout le monde et, à ce
moment-là, on note?
Une voix: C'est comme le Guide Michelin,
M. Garon: Pour le Guide Michelin, c'est comme cela qu'ils font en
France. Je vous dirai même que dans...
M. Maltais: Ils en échappent des bouts aussi.
M. Garon: Pardon!
M. Maltais: Ils en échappent quelques-uns aussi.
M. Garon: lls s'identifient à la fin, après le
repas. Ils disent qu'ils sont le jury et ils demandent à visiter la
maison, les cuisines, les lieux. Cela peut arriver n'importe quand.
M. Maltais: Cela se tient, règle générale,
dans les mêmes conditions pour les douze...
M. Garon: Pour tous les restaurants.
M. Maltais:... en termes de temps de la journée. Il y a
des moments plus forts que d'autres dans la restauration.
M. Garon: C'est pour cela qu'ils m'ont demandé d'avoir une
certaine répartition pour faire le tour des restaurants. Un jury
régional, c'est plusieurs inscriptions à voir.
M. Maltais: Combien cela coûte, la tenue d'un concours
comme celui-là?
M. Garon: En 1983, cela a coûté 60 000 $.
M. Maltais: Cela inclut les dépenses du jury qui parcourt
la province?
M. Garon: Cela couvre les dépenses du jury. Il y a aussi
une allocation parce que cela coûte de l'argent aux gens pour se faire
remplacer. On est chanceux d'avoir ces gens. C'est un montant minimal.
Deuxièmement... Qu'est-ce que c'était, votre question?
M. Maltais: Vous avez dit que cela couvrait tous les frais?
M. Garon: Oui. Il y a, ensuite, les frais des prix, une partie
des frais de la soirée, parce qu'il y avait un bal de la restauration
où les gagnants étaient dévoilés. À ce
moment-là, on payait seulement une partie des frais du repas. Si on
compte tout cela, c'était à peu près 60 000 $. Il y avait
231 restaurants inscrits.
M. Maltais: D'accord.
M. Garon: En termes de promotion, c'est à peu près
ce qui coûte le meilleur marché. II n'y a pas autre chose qui peut
être meilleur marché pour faire cette promotion.
M. Maltais: Pour revenir à la classification des trois
niveaux de restaurants, classique, bourgeois...
M* Garon: Populaire.
M. Maltais:... et populaire, vous avez évoqué, au
tout début, lorsque vous avez commencé à répondre
à la question, qu'il y avait quand même le problème de la
nourriture chinoise, grecque ou italienne. Je pense que peut-être les
Italiens peuvent plus facilement...
M. Garon: On a pensé, à ce moment-là, au
lieu de faire cette dénomination qui aurait été
très difficile à organiser, qu'un restaurant chinois peut
être un restaurant populaire, bourgeois ou classique, qu'un restaurant
italien peut être un restaurant populaire, bourgeois ou classique.
 ce moment-là, les restaurants se classeront dans une
catégorie, à un niveau de gamme plutôt...
M. Maltais: Oui, mais je vois mal un restaurant chinois arriver
avec son riz, qui n'est pas québécois, pour compétitionner
la pomme de terre.
M. Garon: II y a deux points sur les patates, sur les pommes de
terre.
M. Côté: Non, non, c'est un exemple. Bien sûr
que le ministre peut tourner cela à 2 %, mais le problème est
quand même là par rapport à ces gens-là.
M. Garon: Mais, en Chine, on utilise la pomme de terre. C'est une
production importante.
M. Côté: Sauf que les mets chinois sont davantage
connus au Québec par le riz que par les pommes de terre.
M. Garon: Peut-être que, grâce au concours, on fera
connaître davantage les mets chinois avec des pommes de terre qu'avec du
riz, mais il y en a, des pommes de terre, dans les mets chinois. Il y a
beaucoup de légumes aussi.
M. Côté: C'est sûr qu'il n'y a pas beaucoup de
points.
M. Garon: Des "spare-ribs", c'est fait avec... Il y a toutes
sortes de produits.
M. Côté: Vous ne voyez pas de problème?
M. Garon: Je ne vois pas de problème, parce qu'on a
pensé longtemps à cela. On est persuadé qu'il y a beaucoup
d'avantages. Dans le projet qu'on est en train de faire actuellement, au point
de vue de la réglementation, on parle de mise en valeur de la cuisine
régionale ou ethnique. On ne veut pas essayer de réduire la
cuisine ethnique; au contraire, on dit: mise en valeur de la cuisisne
régionale ou ethnique et des spécialités par l'usage de
produits alimentaires régionaux et québécois. Je pense que
c'est une richesse que d'avoir une cuisine ethnique variée au
Québec. Il n'est question d'essayer de réduire cela, au
contraire, mais d'inciter à utiliser davantage les produits
québécois dans la mise en valeur de cette cuisine. Alors, le
point, c'est que la cuisine régionale ou ethnique peut s'inscrire
à différents niveaux; cela peut être le niveau populaire,
bourgeois ou classique. On peut aller dans un restaurant chinois qui est aussi
gastronomique et d'aussi haute gamme qu'un restaurant de cuisine
française, de cuisine italienne ou de n'importe quelle sorte de cuisine.
Cela peut être un niveau intermédiaire de la cuisine bourgeoise ou
de la cuisine populaire. Mais la cuisine populaire ne veut pas dire un "stand"
de patates frites sur le bord de la route. Cuisine populaire veut aussi dire un
bon repas.
M. Côté: D'accord. Peut-être une
dernière question avant d'adopter l'article 3. Fondamentalement, quelles
sont les différences entre ce que nous retrouvons dans le projet de loi
et dans la réglementation qui suit et ce qui a été
fait, finalement, en 1983?
M. Garon: En 1983, cela a été, disons, la
première expérience. La première fois que j'ai
rencontré - vous en avez parlé dans votre discours de
deuxième lecture - les gens au bureau, ils n'étaient pas
habitués à participer à des concours comme cela. On a dit
au ministère: On va faire plusieurs concours. On a parlé de la
façon dont on pourrait organiser cela et, à un moment
donné, on a dit: On sait bien que le concours ne sera pas parfait
la première année, il va falloir faire des ajustements. Mais si
on attend qu'il soit parfait, on peut attendre longtemps. Commençons
avec quelque chose et on rajustera. On a commencé è faire un
premier concours où les types de restauration n'étaient pas
déterminés de sorte que, lorsque les jurés sont
arrivés pour faire des choix, ils se retrouvaient avec des restaurants
de différents niveaux dans la cuisine et c'était difficile de
faire des comparaisons. Il y avait des restaurants qui étaient bons,
mais qui n'étaient pas comparables. Si vous avez un bon "steak-house" et
que vous voulez le comparer avec Serge Bruyère à Québec,
les deux restaurants sont valables, mais comment pouvez-vous comparer cela?
C'est pour cela qu'on est arrivé à dire qu'il faudrait les
regrouper par catégories.
Je n'ai pas voulu aller trop loin avant que la loi soit adoptée.
Aussitôt que la loi va être adoptée, on va rencontrer des
gens avec qui on a travaillé dans le passé, des gens de
l'Association des restaurateurs, de l'Association des chefs de cuisine. On va
leur dire: Comment voyez-vous cela? Une des choses qu'on veut leur proposer,
c'est: Pensez-vous que la restauration serait bonne divisée en
catégories comme cela? On va discuter avec eux pour savoir comment on va
établir la chose. Par rapport è 1983, il y a des changements
parce qu'en 1983, c'était considéré pour nous tous comme
une expérience, au fond. Tout le monde avait des commentaires à
faire après comme: On ne devrait pas... On devrait grouper des
restaurants dans des groupes comparables.
M. Côté: Ce n'était pas le cas en 1983.
M. Garon: En 1983, ce n'était pas le cas.
M. Côté: C'était ouvert.
M. Garon: C'était ouvert, sauf que je dirais que la
plupart des restaurants qui se sont présentés étaient des
restaurants de cuisine bourgeoise ou classique qui ont été
évalués à ce moment-là. Mais c'est mauvais d'avoir
seulement des restaurants de haute gamme dans ce domaine, parce qu'il faudrait
avoir des restaurants populaires. C'est pour cela qu'il est important d'avoir
un concours pour la restauration populaire. Il n'y a rien de mauvais dans la
restauration populaire, la cuisine de tous les jours. {17 heures)
Vous n'allez pas dans les restaurants gastronomiques deux fois par jour,
à tous les jours. Le gros des repas sont pris dans des restaurants
populaires. Qu'il y ait un concours pour les restaurants populaires, c'est
excellent. Maintenant, est-ce qu'on doit faire un concours tous les trois ans
ou faire trois concours tous les ans? Â ce moment-là, cela
devient, en termes de jurés, très gros, cela devient plus
difficile, mais ce n'est pas impossible, non plus.
M. Côté: On sait qu'il existe au Québec une
classification des restaurants par fourchette.
M. Garon: Oui.
M. Côté: Cela relève du ministère du
Tourisme.
M. Garon: Oui.
M. Côté: J'imagine que le gars qui recevra
éventuellement la médaille de bronze va se promener avec et il va
la publiciser largement en termes de qualité de restaurant. Je pense que
c'est de bon aloi. Si on tient le concours, c'est pour vanter les
mérites de ceux qui ont la qualité. Si on se retrouve, le
lendemain, avec une évaluation de tant de fourchettes de la part du
ministère du Tourisme, est-ce qu'il n'y a pas un risque -
peut-être pas nécessairement de conflits - d'avoir deux
unités de mesure, finalement, quant à la qualité des
restaurants?
M. Garon: On a rencontré le ministre du Tourisme pour
discuter avec lui des deux concours, pour qu'on ne fasse pas la même
chose. Notre concours porte surtout sur l'alimentation; son concours touche
surtout l'aspect touristique. Mais il y a toujours une partie du concours qui
concerne - on ne peut pas parler seulement des repas sans en tenir compte - la
qualité d'accueil des restaurants. On ne peut pas dire que c'est
seulement l'assiette, point, sans regarder l'ensemble, la présentation
et la propreté des lieux.
Il n'est pas impossible que, dans le concours qu'on va faire, on ait
quelqu'un qui vienne du secteur touristique, en tout cas qui soit
identifié au secteur touristique, dans le jury, c'est-à-dire
qu'on se sera peut-être entendu pour qu'il soit du jury. La
classification que fait le ministère du Tourisme, c'est en fonction de
l'hébergement. Pour que vous puissiez entrer dans le concours, il faut
que vous ayez de l'hébergement. C'est normal aussi, parce que, pour le
tourisme, l'hébergement est la chose dominante. Par à
côté, on travaille à la restauration.
M. Côté: Parce que, finalement, là où
je veux en venir...
M. Garon: Pour eux, c'est une classification en fonction de
l'hébergement et de la restauration pour des fins touristiques. Ils vont
faire tout au monde pour pouvoir présenter une bonne image aux
touristes.
M. Côté: Oui. Mais, je trouve bizarre qu'il y ait
deux niveaux comme cela. Parce que, finalement, votre concours est une partie
du concours de l'autre.
M. Garon: Non. On ne vise pas les mêmes fins.
M. Côté: C'est-à-dire que vous ne visez pas
les mêmes fins, mais ce sont les mêmes personnes, en fin de compte,
qui vont bénéficier des services. Alors, c'est le touriste, qu'il
soit local, interne ou qu'il vienne de l'extérieur, qui va aller dans un
restaurant donné, lequel aura été jugé à la
fois par votre concours dans la mesure où il participe et aussi par le
ministère du Tourisme qui attribuera des fourchettes pour
démontrer la qualité du restaurant.
Je me demandais s'il n'y avait pas possibilité de regrouper cela
sous un même chapeau, quel que soit le chapeau.
M. Garon: Oui. Je pense que cela va être difficile, parce
qu'on ne vise vraiment pas les mêmes fins. Voyez-vous, dans la
restauration, le tourisme est une fraction de la clientèle qu'ils ont.
Nous, c'est un mérite professionnel. Ce sont des gens qui se font
concurrence entre eux sur le plan professionnel, tandis que l'aspect
touristique qui est visé par le ministère du Tourisme, c'est
beaucoup plus la promotion par rapport aux touristes. Il valorise beaucoup plus
des valeurs comme l'hébergement et l'accueil, les renseignements aux
touristes; il a raison de le faire. Par exemple, je pense aux garçons de
table. Je me rappelle en avoir parlé avec M. Jobin, du Château
Frontenac, qui voulait organiser l'association des garçons de table, il
me disait: On pourrait jouer un rôle assez important par rapport aux
touristes en leur donnant des explications, quand cela leur est demandé.
Si les garçons de table et les filles de table...
M. Côté: Reconnus.
M. Garon:... étaient mieux reconnus, mieux
embarqués dans le coup de la promotion touristique, me disait-il, ils
pourraient jouer un grand rôle pour renseigner les touristes.
Au fond, le concours du ministère du Tourisme vise beaucoup plus
à établir l'hébergement, les renseignements au touriste,
le comportement par rapport au touriste qui vient visiter, qui entre dans un
restaurant ou dans un hôtel et, ensuite, à donner des
dénominations à des restaurants, dans l'ensemble de ceux-ci, pour
que le touriste qui veut aller à telle place sache à peu
près quel prix il va payer, quel genre de nourriture il va trouver, quel
est, les uns par rapport aux autres, le niveau de ces restaurants.
Ce n'est pas ce qu'on vise. Ce qu'on vise, c'est un concours entre les
restaurateurs pour la recherche de l'excellence, en mettant en valeur
l'alimentation avec les produits de chez nous.
M. Côté: Ce sont davantage, finalement, les produits
de chez nous que la qualité professionnelle. Vous allez
reconnaître la qualité professionnelle des gens qui auront su
inventer de nouvelles recettes pour utiliser les produits de chez nous. C'est
dans ce sens que vous le dites.
M. Garon: Prenez le cas, par exemple, du gars qui a gagné
aux Trois Tilleuls. Il sert des écrevisses du lac Saint-Pierre. Il n'y a
pas beaucoup de restaurants qui servent des écrevisses du lac
Saint-Pierre, C'est la mise en valeur d'un produit régional. Ce n'est
pas le seul produit régional. Quand vous allez chez Le Doyen, à
Alma, qui est un restaurant extraordinaire, le chef passe une partie de
l'été à cueillir des champignons sauvages et, quand vous
allez dîner là, il y a une formule bien particulière. Vous
pouvez regarder ou non le menu et il décide ce que vous allez manger en
vous demandant des conseils sur ce que vous aimez. Il va vous servir, par
exemple, un fromage de chèvre local. Il va vous servir des fruits, des
légumes, des champignons de la région. Il s'en fait un point
d'orgueil. J'ai été estomaqué de voir à quel point
il mettait en valeur tous les produits régionaux. Où prend-il
cela? Bien souvent, ce n'est même pas sur le marché. Il va en
cueillir plusieurs lui-même. C'est un mycologue et il va produire
beaucoup de champignons sauvages qu'il va servir sur sa table. C'est une
façon de mettre en valeur nos produits régionaux. Lui, il voit
beaucoup plus loin que d'autres, pour essayer de mettre en valeur les produits
régionaux et il fait une cuisine de haute gastronomie avec ces produits.
Au Manoir des Érables, à Montmagny, le chef ou le
propriétaire fait la même chose. Il va essayer de
développer, par exemple, l'esturgeon, c'est un produit régional,
l'achigan qui en est un aussi. Il y a beaucoup de desserts à
l'érable, une sorte de soufflé et toutes sortes de choses qu'il a
développées lui-même et qui sont des produits
régionaux, comme l'agneau, l'oie, à cause du festival de
l'oie.
Je pense que si ces gens ou ce type de chefs qui essaient de
développer la cuisine régionale sont encouragés le
moindrement, on peut arriver, comme en Europe ou dans certains pays, à
développer une cuisine régionale en fonction des produits qu'on
a. Mais c'est à eux de se forcer pour mettre en valeur ces produits.
M. Côté: L'article 3 est adopté.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 3 est
adopté.
Article 4? Nous allons suspendre pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
(Reprise à 17 h 11)
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux. J'appelle l'article
4.
M. Côté: M. le Président, on sait que le
pouvoir réglementaire peut parfois être abusif ou parfois
être très bien utilisé. On pourrait donner des exemples
dans les deux cas. Je ne veux pas faire un très long débat. Au
fil de la discussion, tout à l'heure, j'ai pu constater dans les propos
du ministre qu'il considérait beaucoup les restaurateurs et les chefs
cuisiniers du Québec.
J'aimerais lui proposer un amendement à l'article 4, qui pourrait
se lire comme suit: "En tenant compte des recommandations de l'association qui
représente les restaurateurs du Québec, le gouvernement peut, par
règlement... Je pense que ce n'est pas très contraignant et cela
a aussi l'avantage de reconnaître, finalement, le travail un peu
exceptionnel qu'accomplit l'Association des restaurateurs du Québec pour
la mise sur pied de ce concours. Je pense que le ministre l'a reconnu
lui-même tout à l'heure dans ses propos, lorsqu'il parlait des
échanges qu'il a eus et aussi de la collaboration en 1983, 1984 ayant
été une année assez exceptionnelle. Si le ministre voulait
y inclure l'association des chefs, il n'y a pas de problème. Ce serait
reconnaître que ces gens-là ont un mot important à dire
dans la restauration.
M. Garon: Vous avez ajouté une bonne phrase. C'est pour
cela qu'on ne l'a pas mise dans le règlement. Vous savez que les
restaurateurs sont propriétaires de restaurants, mais qu'il y a des
associations de chefs qui sont regroupés dans des régions et
qu'il y a toujours eu, je ne dirais pas une rivalité, mais des
interrogations à savoir si on devrait faire davantage des concours avec
les restaurateurs ou avec les chefs. Je pense que c'est mieux de ne pas
indiquer quoi que ce soit. Il est évident qu'il faut en parler aux gens
qui représentent le monde de la cuisine ou le monde de la restauration,
mais ce n'est pas toujours aussi clair que cela la façon de faire nos
consultations. Dans certains cas, vous avez des restaurateurs qui
s'intéressent beaucoup à ces questions, qui sont eux-mêmes,
comme restaurateurs, très impliqués dans leur restaurant, dans
leur cuisine. D'autres ne le sont pas du tout. Ce sont les chefs qui sont
impliqués. Dans certains cas, le chef et le restaurateur, c'est la
même personne. Quand on parle des associations de chefs et de
l'Association des restaurateurs, cela ne voudrait pas dire grand-chose de nous
demander de les consulter. Il faut les consulter, on n'a pas le choix. Mais
mettre cela d'une façon formelle, j'ai le sentiment que, parfois, le
concours est beaucoup plus important pour les gens qui sont consultés
que pour les associations qui sont consultées. Quand vous faites un
concours, vous réunissez une dizaine de personnes. Vous choisissez des
personnes qui ont une bonne renommée, qui
ont de l'autorité dans leur milieu.
Il peut arriver, à une - occasion ou l'autre, que les gens
officiellement nommés ne soient pas nécessairement
représentatifs au point de vue d'un concours comme celui-là. On a
pensé à l'inscrire, mais on ne l'a pas mis pour ces raisons, pour
avoir la latitude de pouvoir consulter ceux qu'il faut vraiment consulter pour
un concours comme celui-là, ceux qui s'intéressent à ce
secteur. Il faut être prudent pour que ceux qui ont la
responsabilité de nommer les jurys et d'organiser le concours, tout en
consultant, aient la marge de manoeuvre pour établir un concours sans
que les questions politiques interviennent. Quand je dis des questions
politiques, c'est qu'il y a plusieurs associations de restaurateurs, la
restauration étant prise dans un sens très large,
c'est-à-dire qu'il va falloir consulter et travailler avec l'Association
des restaurateurs, mais aussi avec les associations de chefs de cuisines, avec
les associations de professeurs qui sont spécialistes en
éducation à la restauration, avec toutes sortes d'organismes qui
sont reliés à ce domaine. Ce ne serait pas une bonne chose de
mettre dans un article qu'on va consulter un groupe ou l'autre puisque, dans le
fond, la consultation jusqu'à maintenant a été très
large et qu'elle doit être très large. Il ne serait pas bon de se
lier à une association seulement dans un projet de loi.
Le Président (M. Beauséjour): Juste pour qu'on
puisse saisir que c'est toujours sur la proposition d'amendement du
député de Charlesbourg: Que l'article 4 du projet de loi soit
modifié en remplaçant la première ligne du premier
alinéa par: "En tenant compte des recommandations de l'association qui
représente les restaurateurs du Québec, le gouvernement peut par
règlement. " Alors, l'amendement est recevable.
M. Côté: Amendement irrecevable! M. le
Président, vous m'étonnez. Est-ce que je pourrais savoir quel en
est le motif, quelle en est la justification?
Le Président (M. Beauséjour}: C'est parce que
tantôt je me suis permis de le lire pendant que le ministre était
déjà parti sur les explications, savoir si c'était
recevable pour en discuter.
M. Côté: Vous avez raison, M. le
Président.
Le Président (M. Beauséjour): De telle façon
qu'actuellement on peut continuer. Je n'ai pas osé vous
arrêter.
M. Côté: Nous tenons un débat très
serein. J'aimerais avoir la justification. Qu'est-ce qui accroche? Je suis
prêt à le modifier si...
Le Président (M. Beauséjour): Non, il n'y a rien
qui accroche, c'est recevable.
M. Côté: Ah! J'avais compris que c'était
irrecevable.
Le Président (M. Beauséjour): Non, "recevable".
M. Côté: Tout le monde avait compris qu'il
était irrecevable. Vous aurez compris mon étonnement.
Le Président (M. Beauséjour}: J'ai bien dit
recevable. C'est recevable.
M. Garon: D'accord. M. Côté: D'accord.
M. Garon: On ne fera pas de débat si c'est recevable.
M. Côté: C'est pour cela, mon étonnement. Je
vous demandais pourquoi il était irrecevable, mais il était
recevable.
M. le Président, j'ai eu l'occasion, au cours de l'hiver 1984, de
faire le tour des restaurateurs du Québec pour ce qu'on a connu avec la
loi 43. Ce qui s'est dégagé de ces tournées, c'est qu'il y
avait une volonté très ferme de la part de l'Association des
restaurateurs du Québec d'être une association qui soit à
même de régler certains problèmes de la restauration. Quand
je pense à cela, je ne pense pas juste à des problèmes de
relations avec le gouvernement sur des lois ou des mesures fiscales qui ne font
pas leur affaire. J'étais aussi conscient qu'il y avait certains
restaurateurs qui portaient le nom de restaurateurs, mais qui ne
méritaient peut-être pas de le porter, et qu'il y avait un travail
à faire dans ce sens pour revaloriser la profession et tout ce que cela
comporte. Il y avait une volonté très manifeste sur ce plan,
entre autres, avec Mme Gaudet que nous avions rencontrée à
l'époque et qui a laissé sa place au cours de la dernière
semaine à quelqu'un d'autre. "M. Liguori", je pense, l'a
remplacée, il y a une semaine à peu près, à la
suite de la réunion annuelle de l'Association des restaurateurs du
Québec.
Je pense qu'il a une volonté là d'associer plus
intimement ces gens et les chefs, en tenant compte des distinctions que le
ministre a faites, parce qu'il y en a, effectivement: il y a des chefs qui sont
propriétaires et des chefs qui ne le sont pas. Le but visé,
finalement, c'est de se servir des produits québécois par une
meilleure qualité de présentation et du mets
présenté à l'ensemble de la population.
Je n'en ferai pas un débat à mort avec
le ministre, à savoir si c'est acceptable ou pas. Mais comme
déjà, dans les faits, il y a une certaine consultation, je
l'avais rédigé de façon que ce ne soit pas, non plus, trop
contraignant pour le ministre, tout en reconnaissant le mérite de
l'Association des restaurateurs et des chefs cuisiniers. Il faut quand
même se dire que cela intervient au moment où on parle de pouvoirs
réglementaires, donc, un pouvoir réglementaire qui devra subir
d'autres étapes, par la suite, et qui doit être accepté par
le ministre aussi.
M. Garon: Je ne vois pas pourquoi je ne serais pas en faveur de
cet amendement. C'est parce qu'il faut vraiment qu'il n'y ait pas de rapport
politique entre des groupes qui vont être intéressés
à participer et le gouvernement. Exemple: le concours a eu lieu en 1983
et, en 1984, parce qu'il y avait un conflit entre l'association et le
gouvernement, l'association a décidé de ne pas participer. Le
concours du mérite agricole, depuis 1890, a eu lieu à chaque
8nnée, quels que soient les conflits qu'il y a pu y avoir entre le
gouvernement ou les agriculteurs ou les associations agricoles. Jamais il n'y a
eu de campagne de boycottage d'une façon ou de l'autre. Parce que le
concours doit vraiment être au-dessus ou en dehors de cela. C'est
pourquoi je pense qu'il important que, dans la loi elle-même, le
gouvernement ne soit pas coincé entre l'arbre et l'écorce dans
l'organisation du concours. Il faut qu'on considère le concours comme
une valorisation de ceux qui font le métier de restaurer des gens
plutôt que comme l'endroit où on vient régler des conflits
que l'association peut avoir avec le gouvernement de façon intermittente
ou des discussions qui n'aboutissent pas à certains moments. Le
concours, au fond, vise à valoriser le professionnalisme de ceux qui
oeuvrent dans la restauration comme ceux qui oeuvrent dans l'agriculture ou
ceux qui oeuvrent dans les pêches. Alors, c'est pour cela que, de la
même façon qu'au mérite agricole, vous n'avez pas de
référence à aucune association agricole dans le concours.
C'est un concours par rapport au cultivateur, professionnel de
l'agriculture.
M. Côté: Quel est le rôle de l'UPA dans le
mérite agricole, comme organisme?
M. Garon: Elle n'en joue pas. Pour organiser le concours, je
pense qu'il va falloir tenir compte des opinions des restaurateurs. S'il y a
des recommandations, je pense qu'il faudra en tenir compte. Il ne faut pas
qu'il y ait d'ingérence dans le concours pour des fins, politiques
quelles qu'elles soient. Le meilleur exemple, c'est l'exemple de 1984. Ce n'est
pas souhaitable que cela arrive à cause d'un conflit. C'est autre chose
à part.
M. Côté: Je comprends l'objectif du ministre,
surtout en référant à tout ce qui s'est passé
autour de la loi 43. Alors, cela interrompt le concours et cela peut diminuer
la valeur du concours. Disons que, si on arrêtait la coupe Stanley un an
et qu'on recommençait, on dirait: II y a un trou quelque part et cela
dépend de quelque chose. L'étonnement de l'Association des
restaurateurs était qu'au moment où - si mes informations sont
exactes - le projet de loi a été déposé,
eux-mêmes n'en avaient pas entendu parler.
M. Garon: C'est vrai.
M. Côté: Qu'est-ce qui fait que, ayant eu une
collaboration aussi étroite en 1983... J'avais dit au ministre, dans mon
discours de deuxième lecture, que l'idée originait, en bonne
partie, de Mme Gaudet.
M. Garon: Cela n'est pas exact.
M. Côté: En tout cas, il y a des documents qui
semblent vouloir le prouver. Il y a quelqu'un du ministère qui a
été aussi...
M. Garon: Si vous demandez l'opinion de M. Daigle, M. Daigle va
vous dire qu'il avait des discussions entre M. Moreau, M. Daigle et moi
longtemps avant que Mme Gaudet soit élue présidente.
L'organisation du concours ne s'était pas matérialisée,
mais, à chaque réunion annuelle avec Michel Moreau, qui
était président de l'Association des restaurateurs du
Québec, à ce moment, j'ai parlé avec M. Moreau et avec M.
Daigle de l'organisation du concours. J'ai même dit à M. Daigle,
à un moment donné, même avant l'arrivée de Mme
Gaudet, que si cela n'aboutissait pas, je confierais le mandat à un
autre parce que je trouvais que cela "taponnait" trop pour l'organisation du
concours. Je voulais que cette affaire aboutisse. Maintenant, l'aboutissement
s'est fait au moment où Mme Gaudet était la présidente. Je
dois dire que Mme Gaudet a collaboré à l'organisation du
concours. Elle a...
M. Côté: Mettons entre parenthèses la
"paternité" de l'idée pour le moment. Qu'est-ce qui fait
qu'après une collaboration comme celle de 1983, un moment dur comme
1984, qui était peut-être explicable de part et d'autre compte
tenu de ce qu'on...
M. Garon: Je suis totalement convaincu qu'il n'y a eu aucune
animosité vis-à-vis du concours.
M. Côté: Mais qu'est-ce qui fait que vous n'avez pas
consulté l'association des
chefs et celle des restaurateurs avant de déposer le projet de
loi?
M. Garon: J'ai dit à des individus que j'ai
rencontrés occasionnellement qu'il faudrait organiser le concours d'une
façon statutaire pour que les conflits politiques qui pouvaient exister
dans le temps n'interviennent pas dans le concours. J'ai déploré,
et je l'ai dit à plusieurs reprises à différentes
personnes que j'ai rencontrées, que le concours n'ait pas eu lieu en
1984 à cause de la façon dont il était organisé. Il
était dépendant de l'Association des restaurateurs à cause
de la façon dont on l'avait organisé à ce
moment-là. Il fallait trouver une formule pour que le concours
fonctionne sans qu'il y ait intervention ou qu'on se serve du concours pour des
fins politiques, quel que soit l'endroit. Que personne, même le ministre,
ne puisse empêcher le concours, La seule façon de faire un
concours en dehors de la politique, c'est de l'établir par une loi.
C'est le but de la loi, faire en sorte que cela devienne un concours
statutaire.
M. Côté: Je vais vous poser une question bien
directe. Je vous ai écouté durant la période de questions
de cet après-midi. Vous avez dit quelque chose d'assez exceptionnel.
M. Garon: Comment cela?
M. Côté: Sur le courage politique.
M. Garon: Oui.
M. Côté: Je suis convaincu que vous allez me donner
la réponse. Est-ce que le fait que l'Association des restaurateurs du
Québec ait boycotté en 1984 le concours est le geste posé
qui a résulté en la non-consultation et en la non-information
avant de déposer le projet de loi?
M. Garon: Pas vraiment. Je vais vous dire pourquoi. On n'avait
pas besoin, pour les fins du projet de loi, de consultation pour établir
de façon statutaire le concours. J'ai dit aussi que la consultation se
ferait après pour les règlements. Pour les règlements, je
pense qu'il faut travailler ensemble. Mais pour établir le cadre dans
lequel aura lieu le concours, j'ai pris le même cadre que pour le
mérite agricole. Mais les règlements peuvent avoir des
variations. Là, les consultations seront importantes.
M. Côté: C'est ce que je vous propose dans mon
amendement.
M. Garon: Je comprends ce que vous dites. Je sais ce que je vais
faire dans la consultation. Je vais réunir à une même table
des gens qui vont venir de l'Association des restaurateurs, des gens du monde
de la cuisine, des critiques alimentaires dans les journaux, des gens qui ont
peut-être une renommée dans ce secteur. Quand ils seront tous
autour de la table, je vais leur dire: Voici, maintenant, on a une loi qui est
adoptée pour faire un concours, et sans malice, sans tenir compte du
fait que cela a été boycotté en 1984. Maintenant qu'on a
eu l'expérience de 1983, à la lumière de 1983,
établissons les règles pour savoir comment ce concours va
fonctionner. J'aimerais avoir vos idées là-dessus avant
d'établir un règlement.
Après l'expérience qu'on aura connue avec le prochain -
est-ce que ce sera en 1985 ou en 1986, je ne le sais pas - on se rassoira
à une table pour voir comment cela a fonctionné. Quand il est
arrivé dans une région qu'on a déterminé un
gagnant, c'était quelqu'un qui était en compétition avec
d'autres et ce n'étaient pas des gens d'une même catégorie.
Les gens étaient mal à l'aise. Mais il fallait commencer quelque
part. C'est comme si un père disait à son enfant: Tu ne marcheras
pas tant que tu ne sauras pas marcher. Il ne marchera jamais! II marche et il
tombe. À un moment donné, il ne tombe plus.
M. Côté: Dans les personnes que vous allez inviter
autour d'une table, allez-vous dire à l'Association des restaurateurs de
vous désigner deux personnes, à l'association des chefs de vous
désigner deux personnes ou allez-vous choisir vous-même les
personnes qui vont représenter les associations? (17 h 30)
M. Garon: Je n'ai pas encore pensé à cela. Dans
certains cas, je vais choisir des gens moi-même parce que, si je demande
aux chefs de cuisine, par exemple, de me nommer des personnes et qu'il y a
quatre ou cinq associations, cela va faire beaucoup de personnes autour d'une
table. Il faut, à un moment donné...
M. Côté: Mais, pour ce qui est de l'Association des
restaurateurs, est-ce qu'il serait normal que ce soit cette association qui
désigne les personnes que vous voulez avoir?
M. Garon: Oui, il y a des chances que j'appelle le
président, que je lui dise qu'on voudrait avoir une couple de personnes
pour s'asseoir autour d'une table et que je lui demande s'il a des noms
à proposer, qui devrait-on inviter. Cela se fait d'une façon
très informelle.
M. Côté: Oui, je comprends.
M. Garon: Je n'ai pas intérêt à choisir des
gens et que les restaurateurs disent: On ne se reconnaît pas dans les
gens que vous
avez trouvés. Il y a de grandes chances qu'ils nomment des gens
qui étaient là en 1983. Je pense, il me semble, à
quelqu'un qui travaillait beaucoup là-dedans, M. Landurie du restaurant
Les Halles.
M. Côté: Je me suis trompé de nom tout
à l'heure, c'est lui qui est devenu le nouveau président de
l'Association des restaurateurs.
M. Garon: C'est excellent. J'espère que cela va être
M. Landurie lui-même qui va venir parce qu'il s'est
intéressé au concours en 1983. C'est un bon restaurant...
M. Côté: C'est un très bon restaurant.
D'accord, cela va. M. le Président, on serait prêt à
disposer de l'amendement.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que vous
voulez voter sur l'amendement?
M. Garon: Je ne veux pas faire d'évaluation non plus. La
décision des restaurateurs en 1984... Il faut situer le concours en
dehors de cela de la même façon: à un moment, qu'il aime ou
qu'il n'aime pas le ministre, qu'il aime ou qu'il n'aime pas le gouvernement,
qu'il y ait des conflits ou qu'il n'y en ait pas, que le concours ait lieu et
que personne ne sente que le concours est mêlé à tout
cela.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que
l'amendement est adopté? Il est rejeté?
M. Côté: M. le Président, si on veut... Une
voix: Vote!
Le Président (M. Beauséjour): On y va à main
levée. Ceux qui sont en faveur de l'amendement? Personne n'a levé
la main. Écoutez bien! Alors, un.
Ceux qui sont contre l'amendement? Un, deux, trois, quatre contre.
L'amendement est rejeté.
Nous revenons à l'article 4.
M. Côté: Un sur quatre, cela fait 20 %. Vous
connaissez cela.
M. Garon: Parlez sur l'amendement et après ce sera
l'article.
Le Président (M. Beauséjour): Nous revenons
à l'article 4.
M. Garon: Si on regarde l'article 4, le gouvernement peut, par
règlement... C'est un article très technique, au fond.
M. Côté: L'article 4 est adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
Article 5?
M. Côté: J'avais un amendement du même type,
M. le Président, pour être logique avec le
précédent, mais vous considérez que cet amendement serait
battu de la même manière que l'autre. J'aurais peut-être une
question concernant l'article 5. Je ne soumettrai pas l'amendement,
évidemment. Au deuxième alinéa, on dit: "Toutefois, dans
le cas du concours pour jeunes restaurateurs, le choix des juges est à
la discrétion du ministre. "
M. Garon: C'est parce que vous n'avez pas le même niveau
d'autorité comme dans le concours principal où les juges du
concours sont choisis parmi les commandeurs, les officiers, les chevaliers de
l'Ordre du mérite de la restauration de même que parmi les experts
des professions ayant un lien avec la restauration. Dans le concours des
jeunes, il peut y avoir toutes sortes de façons pour choisir les jeunes
sans référer, nécessairement, au même type de choix
que dans le premier alinéa. C'est exactement, par exemple, comme dans
les concours sur la relève agricole. On a des concours sur la
relève agricole où les gens choisis ne réfèrent pas
nécessairement aux gens qui sont dans le cadre du mérite agricole
pour les agriculteurs professionnels.
Il pourrait arriver, par exemple, pour les jeunes restaurateurs... Je
pense aux jeunes restaurateurs d'une vingtaine d'années, qui ont
déjà fait leur marque, qui sont très jeunes. On pourra
prendre des jurés parmi des professeurs. Vous savez, quand on demande
à des gens d'être juges à des concours comme cela, c'est
vraiment un service qu'ils rendent en devenant jurés.
M. Côté: C'est très accaparant.
M. Garon: Ce sont des grosses journées. Le concours
"Villes, villages et campagnes fleuris", quand on demande de visiter 40
villages à quelqu'un qui travaille à l'année, il rend un
grand service en le faisant. Quand on fait des concours pour les jeunes comme
cela, des concours qui sont moins institutionnalisés que le grand
concours annuel, on le demande à des personnes qui ont une
notoriété pour que les jeunes sentent, quand ils sont
jugés par ce jury, que cela vaut quelque chose.
Par ailleurs, c'est la crédibilité du jury qui fait foi du
concours.
M. Côté: La crédibilité. Justement,
lorsque le ministre ouvre la porte en disant que c'est la
crédibilité du jury qui fait foi de tout, je ne veux pas mettre
en doute le jugement du ministre sur les personnes qu'il pourrait,
éventuellement, appeler à être membres du jury pour les
jeunes. Mais est-ce
que ça ne pourrait pas être des personnes qui ont
déjà été recipiendaires. de médailles...
M. Garon: Ce n'est pas toujours certain.
M. Côté:... ou d'autre chose? Quand on parle de la
crédibilité du jury, le ministre, qui est un fin gastronome, je
pense que tout le monde en convient, est capable...
M. Garon: Je serais bon pour être membre du jury.
M. Côté: Oui, vous seriez bon pour être membre
du jury et je n'ai pas d'objection à cela.
M. Garon: Mais comme je suis au régime, il ne faudrait pas
que ce soit trop souvent.
M. Côté: II me semble qu'il faudrait trouver une
autre formule...
M. Garon: Bien, on a pris la même formule que pour le
mérite agricole, encore là, parce que cela donne la souplesse...
Je ne suis pas sûr que prendre quelqu'un du mérite agricole pour
juger des jeunes, ce serait bien vu de ceux-ci. Le jeune qui se verrait
jugé...
Une voix:... des critères...
M. Garon:... - oui - par des critères de quelqu'un qui
arrive à 50 ans, par exemple, qui a bâti une entreprise, je ne
suis pas certain qu'il souhaiterait cela. Alors, selon le type de concours avec
les jeunes, où ii peut y avoir certaines orientations ou certaines
perspectives, il faudrait adapter le jury au type de concours qu'on va avoir.
C'est difficile de prévoir cela dans une loi. Il ne s'agit pas d'un
concours institutionnalisé. J'ai connu, dans le cas des jeunes, toutes
sortes de concours qui sont vraiment de nature très différente.
Il serait difficile dans une loi de faire un article plus précis sur le
choix des jurys pour les jeunes. C'est vraiment toutes sortes de concours qui
sont organisés, qui n'ont pas la même renommée que le
concours principal du mérite annuel.
M. Côté: Je prenais des informations pour savoir
s'il existait des associations de jeunes restaurateurs. Cela n'existe pas. En
tout cas, si cela existe, ce n'est pas très connu, de toute
façon.
M. Garon: Un des points, par exemple, pour les jeunes
restaurateurs et cuisiniers... Je ne parle pas des restaurateurs mais des
cuisiniers. Par exemple, un des points, c'est justement la reconnaissance
professionnelle. Il est très difficile... Moi, depuis le début,
cela fait six ou sept ans que je travaille avec eux; même si cela ne
dépend pas de mon ministère, je travaille plus souvent avec
eux... On a essayé, de toute façon, avec le ministère de
la Main-d'Oeuvre de trouver... Et quand ils arrivent, il faut définir
qui va avoir le statut de cuisinier. Là, cela devient plus difficile. Il
y en a qui ont appris dans les écoles, d'autres devant le fourneau.
Comment allez-vous déterminer cela, un ouvrier qui a un statut
professionnel? Cela devient très complexe là-dedans.
M. Côté: À l'OCQ, ils ont
décidé de cela avec le nombre d'heures travaillées, avec
des cartes non seulement de compétence mais aussi de classification.
De toute façon, je pense qu'on va accepter l'article tel qu'il
est, on jugera au mérite.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 5 est
adopté. L'article 6?
M. Côté: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
L'article 7?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
L'article 8?
M. Côté: Avec le dernier alinéa de l'article
7, le ministre est d'office commandeur de l'Ordre du mérite de la
restauration. Je pense qu'on en a suffisamment parlé. Je verrais, demain
matin, dans les journaux un caricaturiste qui pourrait facilement
décorer le ministre de plusieurs médailles; même si le
ministre est très fort d'épaules, il manquerait de place. De
toute façon, je pense que telle est la volonté du ministre
et...
M. Garon: Vous savez que, là-dessus, j'ai longtemps
discuté avec les gens. Ils m'ont dit que je n'avais pas le choix,
vraiment, parce que lorsqu'on crée un ordre, il faut que quelqu'un soit
un peu responsable de l'ordre. Je ne peux pas être responsable d'un ordre
sans être moi-même membre de l'ordre. C'est pour cela qu'on me dit
que si, en 1890, lors de l'établissement de l'Ordre du mérite
agricole, on a établi que le ministre était d'office commandeur
de l'ordre, il devrait y avoir la même chose dans d'autres
mérites, puisqu'un ordre doit avoir quelqu'un qui en est
responsable.
M. Côté: Ce n'est pas par ses mérites, mais
cela prend quelqu'un de responsable.
M. Garon: Oui, oui. Pas nécessairement. Je vous dirai
même, au contraire, que la
première fois qu'on a voulu me donner la médaille du
mérite agricole en 1977, j'ai refusé. Ils ont dit: Vous n'avez
pas le choix, c'est marqué dans la loi. J'ai dit: Je ne veux pas faire
rire de moi. Parce que je me rappelle que lorsque M. Drummond l'avait eue... Je
pense qu'il avait été nommé pas longtemps avant que le
concours ait lieu. M. Drummond a été seulement quelques mois
ministre. Il avait été écrit dans le journal qu'un des
premiers gestes qu'il avait posés avait été de se donner
la médaille du mérite agricole. Quand j'avais lu le journal et
que j'avais vu cela, j'avais trouvé cela drôle. Quand les
fonctionnaires m'avaient suggéré, pas suggéré mais
m'avaient dit: À la remise des médailles, vous allez avoir la
vôtre, je leur ai dit que je ne voulais rien savoir de cela. Ils ont
dû me montrer la loi et me dire: Vous n'avez pas le choix. La loi dit que
vous êtes d'office commandeur du mérite. Je leur ai dit: Vous
allez faire cela au moment de l'entracte afin que ni les journalistes ni
personne ne s'en aperçoive. Je ne veux pas être
désigné dans le journal comme quelqu'un qui s'est donné
une médaille!
J'ai compris les arguments de certains à propos de l'ordre du
mérite. Il y a plusieurs suggestions qui m'ont été faites
au point de vue du rôle que pourrait jouer un ordre comme
celui-là. Mais on me dît que c'est normal qu'il en soit ainsi. Ce
n'est pas moi qui ai fait inscrire cela, je peux vous le dire.
Le Président (M. Beauséjour): De toute
façon, M. le ministre, on a adopté l'article 7. J'appelle
l'article 8.
M. Côté: M. le Président, c'est la coutume
de...
Le Président (M. Beauséjour): De rêvenir.
M. Côté:... de revenir. C'est très commun
dans ces études de revenir sur un article qui est déjà
adopté. Le parallèle est fort intéressant lorsqu'on
évoque M. Drummond qui a été ministre de l'Agriculture
pendant cinq ou six mois...
M. Garon: Un an!
M. Côté: Un an. C'est en juillet 1976 qu'il a
été nommé.
M. Garon: C'est en juillet?
Le Président (M. Beauséjour): Croyez-vous qu'on
doive procéder à la remise du mérite aujourd'hui?
M. Garon: S'il a été nommé en juillet 1976,
le concours a eu lieu durant la dernière semaine d'août.
M. Côté: II a été là pendant un
an et quelques mois.
Le Président (M. Beauséjour): Nous allons suspendre
nos travaux pendant deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 43)
(Reprise à 17 h 45)
Le Président (M. Beauséjour): La commission
permanente de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend
ses travaux. Nous sommes rendus à l'article 8.
M. Côté: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
Article 9?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
Article 10?
M. Côté: M. le Président, le ministre l'aura
deviné, je lui avais annoncé dans mon brillant discours de
deuxième lecture que j'aurais un amendement.
Le Président (M. Beauséjour): Oui.
M. Côté: II subira probablement le même sort,
mais cela va être embêtant pour le ministre de voter sur cela.
Que l'article 10 du projet de loi soit modifié en
remplaçant les mots "le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation" par "le ministre du Tourisme".
Le Président (M. Beauséjour): Que l'article 10 du
projet de loi soit modifié en remplaçant les mots "le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation" par "le ministre du
Tourisme". Je fais une vérification.
M. Côté: On va être plus prudent à ce
tour-ci.
Le Président (M. Beauséjour): L'amendement qui est
présenté est reçu.
M. Côté: M. le Président, je pourrais
invoquer différentes raisons pour soutenir ma proposition. L'industrie
touristique au Québec étant la deuxième industrie en
importance et ayant déjà été la première
industrie en importance au Québec, je crois que - comme l'a dit le
ministre du Tourisme lorsqu'il est intervenu sur ce projet de loi - c'est une
industrie qui peut encore progresser davantage. Toute l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration en règle générale
dépend
du ministre du Tourisme. C'est la première raison pour laquelle
on aimerait, de notre côté, que ce concours soit tenu sous
l'égide et sous la responsabilité du ministre. Ce n'est pas parce
qu'on veut enlever une médaille au ministre qui est devant nous. Je
pense que, pour toutes les raisons qu'on a évoquées depuis le
discours de la deuxième lecture, cela devrait relever assurément
du ministre du Tourisme. Je pourrais invoquer une autre raison en ce sens que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est un
homme qui a beaucoup de dossiers, un homme qui est très affairé.
Le monde agricole est un monde qui, de par ses exigences et de par sa nature,
exige beaucoup. Au fil des ans, tout le monde a été à
même de constater que le ministre était passablement occupé
avec l'agriculture, spécialement dans le domaine des pêcheries. Le
ministre a aussi comme responsabilité les pêcheries et j'ai eu
l'occasion de le croiser dans certaines élections partielles, dans
Mégantic-Compton, où mon bon ami Fabien Bélanger avait
été élu. Disons que le ministre a beaucoup de
responsabilités. Je n'invoquerai que ces deux seules raisons pour
soutenir l'amendement et espérer que le ministre accepte finalement. Je
crois que ce serait un bon geste de sa part de démontrer que ce
n'était pas lui qui tenait tant que cela au projet de loi. Étant
donné que le principe est adopté maintenant il pourrait donner
l'application de ce principe à son collègue qui est responsable
du Tourisme.
M. Garon: J'ai eu l'occasion de discuter avec le ministre du
Tourisme de cette question et du projet de loi. Finalement, nous en sommes
venus à la conclusion qu'il serait bon que le Tourisme maintienne le
genre d'évaluation du concours pour des fins touristiques par rapport
à l'hébergement ou à la restauration dans le cadre d'un
accueil touristique.
Je pense qu'il est souhaitable, personnellement, que tous ceux qui ont
affaire au tourisme travaillent ensemble. Cela touche les lieux
d'hébergement, les restaurateurs, les organismes, à mon avis, qui
devront s'en occuper davantage, comme la Société des traversiers
en ce qui concerne le bateau de la traverse entre Québec et
Lévis, les associations touristiques régionales qui regroupent
toutes sortes d'associations, pour faire en sorte que tous ceux qui ont affaire
au tourisme jouent leur rôle.
Mais dans le cas de ce concours, on n'a pas un concours touristique
d'aucune façon. Il s'agit vraiment d'un concours pour des fins
alimentaires ou des fins de promotion de produits alimentaires. Comme le dit le
premier article: "L'Ordre du mérite de la restauration est
institué dans le but d'encourager les restaurateurs, par des honneurs et
des récompenses, à bien apprêter et servir les produits
alimentaires du Québec. "
Alors, il ne serait pas bon de faire en sorte que ce concours soit sous
l'égide d'un autre ministère que le ministère de
l'Agriculture. Je vais vous donner un exemple. Il existe deux concours: le
concours du mérite agricole et le concours du mérite forestier.
Les agriculteurs, pour une part, sont des gens qui participent, quand ils ont
des terres forestières, au mérite forestier.
On a pensé qu'il serait bon que pour le volet agricole ils
participent au mérite agricole et, quand il s'agit du mérite
forestier, même s'il s'agit d'agriculteurs impliqués dans la
production forestière, qu'ils participent au mérite forestier,
parce que, à ce moment, il ne s'agit pas de terres agricoles pour les
mêmes fins, même si, dans les deux cas, l'agriculture ou la
forêt sont sur des terres.
Dans ce cas-ci, le restaurant peut participer à un concours pour
des fins alimentaires, parce qu'il y a un intérêt pour le
ministère du Tourisme, pour le ministre du Tourisme d'organiser des
concours pour l'implication touristique des restaurateurs. Je pense que toutes
les fins seront mieux servies s'il y a deux concours distincts. Le concours que
l'on présente aujourd'hui, celui du mérite de la restauration,
vise essentiellement la partie alimentaire ou la partie restauration proprement
dite des restaurants, c'est-à-dire faire manger les gens de la meilleure
façon possible.
Je suis toujours de l'avis que ce concours doit être sous
l'autorité du ministre de l'Agriculture et que les restaurateurs, pour
cette partie, travaillent avec le ministère de l'Agriculture. Mais pour
d'autres aspects ils peuvent travailler avec le ministre du Tourisme et pour
d'autres aspects, même, dans le cas des pourboires, avec le ministre du
Revenu.
M. Côté: Le ministre est fort conscient; j'ai fait
la liste des quatorze intervenants que les restaurateurs ont a rencontrer sur
le plan des ministères. Alors, il est un peu...
M. Garon: Mais, pour cette fin, je vais vous dire que je pense
qu'il est bon de maintenir cela comme c'est prévu dans le projet de
loi.
M. Côté: M. le Président, je comprends que
chacun aura son concours. Le ministre du Tourisme, connaissant la force du tir
au poignet du ministre de l'Agriculture, n'a pas osé se mesurer à
lui, j'imagine, sachant déjà à l'avance quel serait le
résultat...
M. Garon: Depuis ma chute, je n'ai pas le poignet très
fort.
M. Côté: Depuis votre chute!
M. Garon: J'ai plutôt le poignet douloureux.
M. Côté: Cela se sentait un peu. C'est toujours en
allant visiter un restaurant, cela?
M. Garon: Justement.
M. Côté: C'est peut-être un signe
avant-coureur que vous n'aviez pas d'affaire dans la restauration. On est
prêt à passer au vote.
M. Garon: Au moins, il faudrait que l'accueil soit meilleur.
M. Côté: Cela dépend de Marcel. M. le
Président...
Le Président (M. Beauséjour): Nous allons prendre
le vote. Ceux qui sont pour l'amendement? Voulez-vous que je le relise?
M. Côté: M. le Président, cela va, j'ai bien
compris.
Le Président (M. Beauséjour): Pour, un. Ceux qui
sont contre? Un, deux, trois, quatre. Quatre contre. Abstentions, aucune.
L'amendement est rejeté. Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
M. Côté: Sur division.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté sur
division. Article 11?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté.
Article 12?
M. Garon: À l'article 12, j'aurais un amendement. On me
dit qu'il y a une nouvelle façon de... L'article 12 du projet de loi 27
est remplacé par le suivant: "12. La présente loi entrera en
vigueur à la date fixée par proclamation du gouvernement. " On
remplace "en vigueur le jour de sa proclamation". On me dit que c'est la
façon de rédiger les textes. Il n'y a pas vraiment d'implications
dans l'un ou l'autre cas, mais pour des questions de concordance, de
rédaction, cette façon est proposée.
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 12, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): L'article 12 est
adopté tel qu'amendé. Est-ce que le titre du projet de loi est
adopté?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté. Est-ce
que l'ensemble du projet de loi est adopté tel qu'amendé?
M. Côté: Adopté.
Le Président (M. Beauséjour): Adopté tel
qu'amendé. Étant donné que nous avons
complété nos travaux, la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 57)