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(Vingt-et-une heures neuf minutes)
La Présidente (Mme Dionne): Je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte.
Je rappelle le mandat de la commission, soit procéder à
l'étude détaillée des projets de loi suivants: le premier
est le projet de loi 15, loi modifiant la Loi sur les terres publiques
agricoles et d'autres dispositions législatives; le projet de loi 89,
Loi sur les courses de chevaux; et troisièmement le projet de loi 46,
Loi sur financement agricole.
Je pense qu'on n'a pas de remplacement.
Le secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement.
Projet de loi 15
Délivrance et enregistrement de lettres
patentes (suite)
La Présidente (Mme Dionne): On se rappelle qu'on en
était à l'article 25 du projet de loi. Les amendements avaient
été adoptés et nous en étions aux alinéas en
tant que tel.
M. Jolivet: C'est cela, Mme la Présidente.
M. Pagé: Bonsoir, Mme la Présidente. Vous voyez,
Mme la Présidente, que l'intérêt manifesté par la
Presse canadienne à nos travaux m'ont privé du plaisir de vous
saluer avant. Nous en étions à l'article 43.5.
M. Jolivet: En fait, 25.
M. Pagé: Comme on le sait, les dispositions prévues
à l'article 43.1 et le suivant de la loi qui réfère
à l'article 25 de la loi prévoit tout - c'est bien cela,
l'article 25? - le processus d'émission des lettres patentes. On avait
amorcé l'étude. Alors, à 43.4, cela réfère
au fait que lorsque le ministre le juge nécessaire, il peut
requérir d'un détenteur la production de tout autre document,
comme on le disait: plans de cadastre, titres, et ce aux frais de ce dernier.
Cette disposition s'avère nécessaire afin de pouvoir
procéder à l'identification de tous les détenteurs
de terres encore sous concession. Comme on l'a indiqué à
l'honorable député de Laviolette, en fait, ce qu'on
prévoit par le projet de loi 15 est un processus qui est nettement
amélioré en terme de suppression de procédure. Il peut
arriver cependant que, dans certains cas, le ministre ou le ministère
doive exiger davantage de documents, davantage de certitude à
l'égard de la validité du titre de concession avant
d'émettre les lettres patentes et cet article-là le
prévoit en stipulant de plus que le ministre peut procéder
lui-même à l'obtention ou à la confection de ces documents,
à défaut pour le détenteur de les fournir. Dans ce cas,
évidemment, le transfert de la terre est suspendu jusqu'à ce que
le détenteur ait acquitté ou remboursé les frais qui ont
été occasionnés pour effectuer semblables recherches.
M. Jolivet: Quels sont les documents...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, merci Mme la Présidente. Quels sont les
documents que le ministre pourrait considérer comme valables afin de
faire le transfert qui s'impose? Quelqu'un qui a un compte de taxes, qui paie
depuis plusieurs années à telle commission scolaire ou, à
l'époque, comme le conseil de comté dans un territoire non
organisé ne demandait rien, mais la commission scolaire, dans la
majorité des cas, allait chercher son argent. Mais depuis l'instauration
des MRC, celles-ci demandent maintenant, à partir des comptes de taxes
scolaires qu'ils ont trouvés...
M. Pagé: Qu'ils ont répertoriés.
M. Jolivet: C'est cela. Est-ce que cela suffirait ou si cela
prend plus que cela? Parfois, des gens de bonne foi paient depuis plusieurs
années et pensent être propriétaires. Est-ce que cela
suffirait ou ce serait autre chose? Qu'est-ce que c'est?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Proteau (Jean): En fait, c'est un peu les preuves qu'un juge
de la Cour supérieure demanderait pour reconnaître le droit d'une
personne à la prescription trentenaire. Effectivement, le compte de
taxes peut entrer en ligne de compte et on va beaucoup plus loin. On peut
même accepter les photos aériennes anciennes qui montrent
l'occupation réelle des lieux, à un moment donné. Cela
peut être des titres de propriété plus ou moins valables
qui ne sont pas enregistrés, mais qu'on est capable de prouver. Cela
peut être même, à la rigueur, des témoignages de
voisins. Sur cela, on est assez large, mais on exige quand même que la
preuve soit assez solide. Quelqu'un qui nous arriverait avec un compte de taxes
de deux ou trois ans et qui ne pourrait pas prouver qu'il va plus loin, aurait
peut-être de la difficulté à se faire reconnaître.
Mais, c'est un faisceau de preuves, en principe, qu'on va demander.
M. Jolivet: Vous savez que dans tout le Québec, il y a des
gens qui ont payé des taxes
sur des terrains où ils n'ont même pas le droit de
propriété. Ils n'ont pas une grande récupération
à faire quand cela fait 50 ans qu'ils paient cela. Ils pensaient y avoir
droit et ils pensaient être propriétaires. L'exemple typique de
cela c'est celui qui, à cause des normes de l'environnement, avait
besoin d'une fosse septique. Ils lui ont donné du terrain du
côté où il n'y avait personne. Finalement, il a fait sa
fosse septique là et il prétend qu'il est propriétaire
parce qu'il paie les taxes. Est-ce que c'est une personne qui aurait la
capacité d'être reconnue?
M. Pagé: Dans un cas comme cela, on ne peut pas
s'approprier une superficie de terrain comme celle-là sans aucun titre,
sans aucune référence juridique de possession ou de concession.
Dans le cas précis que vous donnez, il faudrait plus évidemment
que la démonstration de l'implantation de la fosse septique sur le bout
de terrain qui a été requis pour l'installer.
M. Jolivet: Oui, mais vous savez que lorsqu'il l'a fait, la
commission scolaire lui facturait des taxes parce qu'il avait fait une
amélioration.
M. Pagé: Sauf qu'il faut retenir que
l'intérêt de la commission scolaire n'était pas de juger de
la pertinence de titres ou d'usage du terrain. L'intérêt de la
commission scolaire, sans que cela soit préjudiciable à de telles
institutions, se limitait surtout, je pense, au paiement des taxes, à
recueillir des montants d'argent. En fait, il faut toujours avoir à
l'esprit le principe fondamental auquel j'ai référé au
début de nos travaux, à savoir qu'on s'inspire des dispositions
prévues au Code civil et référant à la prescription
acquisitive aussi, possession utile, paisible, publique et auquel on ajoute
évidemment des éléments de droit, s'il y a un bail, s'il y
a un titre enregistré, s'il y a...
M. Jolivet: Les témoignages aussi sur l'utilisation.
M. Pagé: II faut bien avoir à l'esprit que les cas
prévus à l'article 43.4 seront, en principe, l'exception, puisque
comme on a eu l'occasion de vous l'expliquer à la dernière
séance et d'y référer ensemble, c'est un processus qui est
amplement simplifié.
M. Jolivet: Sauf que le problème qu'il va y avoir c'est
dans le cas où la personne est seule, où personne ne conteste, le
ministre envoie l'avis mais c'est lui qui pourrait contester. Il pourrait avoir
un délai de 21 jours. Disons que moi, Jolivet, je reçois un
papier du ministre me disant: C'est à vous ce terrain. Parce que vous
avez décidé de procéder par votre position. À ce
moment-là je dois répondre dans les 21 jours. Si dans les 21
jours je dis: C'est correct, il n'y a pas de problème. Mais si par
hasard vous me proposez un terrain et je dis: Un instant, il y a quelque chose.
Cela peut se discuter facilement. Si, cependant - et c'est là qu'est mon
problème - il y a des personnes qui l'entourent, de telle sorte qu'il
pourrait y avoir chicane de l'un à l'autre - ce sont les cas litigieux
que vous avez mentionnés la semaine dernière - le ministre va
devoir être plus précis sur ce point-là.
M. Pagé: Beaucoup plus rigoureux, plus vigilant. C'est ce
pourquoi on se réserve le droit de faire faire de telles études,
de tels plans et à la charge, évidemment, pour ceux qui seront
concernés conséquemment à ces actes, par un titre de
propriété.
M. Jolivet: L'autre question que je voulais poser c'est: Une
personne qui, de bonne foi, conteste. Elle dit: le ministre m'a envoyé
quelque chose, je ne veux pas "bucker", je veux seulement m'assurer que c'est
bien ce à quoi j'ai droit. Elle va contester, elle va refuser de signer
et prendre son délai de 21 jours pour faire une demande dans ce sens.
Là, le ministre dit: Je vais servir de médiateur. La personne est
de bonne foi.
M. Pagé: Le ministre aussi.
M. Jolivet: Oui, je le sais. Mais là le ministre dit:
Parce que la personne conteste, je vais lui exiger des frais additionnels.
M. Pagé: Non, ce n'est pas cela. C'est que vous
conviendrez qu'un dossier qui va démontrer très clairement que le
titre doit être conféré à cette personne. Il n'y a
pas de procédure, il n'y a pas de coûts, cela se limite à
la visite au bureau...
M. Jolivet: Oui, mais s'il y a une chicane...
M. Pagé: C'est officiel que lorsqu'il y a des chicanes, il
y a du trouble.
M. Jolivet: S'il y a des chicanes c'est parce qu'il y en a
un...
M. Pagé: Lorsqu'il y a du trouble, il faut juger. Pour
juger, il faut s'appuyer sur des critères, sur des recherches. Il faut
que quelqu'un paie ces recherches.
M. Jolivet: C'est cela que j'essaie de dire.
M. Pagé: Est-ce que vous admettriez qu'on paie avec vos
taxes et vos impôts pour les chicanes des autres?
M. Jolivet: Non. Ce n'est pas ce que je veux dire. Ce que je veux
dire, c'est que le ministre initie le processus.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: S'il initie le processus, tant et aussi longtemps que
personne ne se disputait, pour le moment, le monde l'utilisait. Ils avaient
l'usufruit du terrain. Jamais le voisin ne contestait. Sachant maintenant que
le ministre change les choses, il dit: un instant, ce n'est pas à lui,
c'est à moi. Le ministre va être obligé de trancher. Il y
en a un des deux qui va contester parce que l'autre va être satisfait de
cela si on lui en donne plus qu'il ne prévoyait avoir. Qu'est-ce qui
arrive?
M. Pagé: S'ils sont en chicane, il y en a un qui est
insatisfait.
M. Jolivet: Celui qui conteste et qui a vraiment raison sera
obligé de payer, tandis que l'autre, qui n'avait pas raison, ne paiera
pas.
M. Pagé: Non, les deux vont payer. M. Proteau: Les
deux vont payer.
M. Jolivet: Les deux vont payer. Les contigus vont payer.
M. Proteau: En fait, ce qui arrive selon l'article 43.4 c'est que
s'il nous manque des documents comme des preuves, des reçus de taxes,
pour les obtenir cela ne lui coûte pas cher. Cela ne coûte rien,
peut-être 0.50 $, peut-être 1 $ pas plus pour obtenir son
certificat de paiement des taxes. Par contre, on a besoin de documents un peu
plus élaborés comme un règlement de succession.
L'idéal c'est qu'on veut donner à la personne qui est là
aujourd'hui... C'est possible qu'on puisse...
M. Jolivet: Ces documents ce n'est pas quelque chose de bien
dispendieux, mais l'arpentage par exemple? ■
M. Proteau: L'arpentage, on va le voir à l'article 43.5
qui est le suivant, tous ceux qui sont touchés vont devoir payer.
M. Jolivet: Autrement dit, si une personne refuse pour certaines
raisons, un arpentage va être fait pour les cas litigieux. Tout le monde
va avoir une répartition de la facture. Une personne va faire payer aux
autres.
M. Pagé: II est possible qu'il y ait un arpentage. Cela ne
veut pas dire qu'il y en aura nécessairement un.
M. Jolivet: Je parle dans l'hypothèse où il y en a
un. Je parle toujours de l'hypothèse extrême.
M. Proteau: D'accord. C'est possible. En fait, toutes ces
démarches on va les éviter autant que c'est possible. Mais si,
avec les documents qu'on a, on n'est pas capable d'identifier une personne
à un fonds de terre en particulier et de lui dire: C'est cela, 100 sur
100, là on va demander l'arpentage du cadastre. Au début on va
peut-être demander seulement l'arpentage, c'est ce qui est le moins cher.
S'il y a entente entre les parties, s'ils sont dix, douze, cela peut
coûter une centaine de dollars chacun. Cela dépend
évidemment de la grandeur du lot. On devance un peu
peut-être...
M. Jolivet: Donc, en fait, au lieu d'être un mandat de
médiation de la part du ministre et comme il est écrit à
l'article 43.7, un mandat de conciliation...
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: C'est bien différent.
M. Proteau: On va...
M. Jolivet: Médiation, c'est là où il prend
une décision.
M. Proteau: On va essayer, avant d'arriver et d'imposer une
décision, de concilier les parties, de dire: C'est cela que vous
occupez. Et, la plupart du temps, pour les dossiers qu'on a faits jusqu'ici,
c'est très clair qu'on a réussi à entendre les parties. Il
n'y a pas eu de problème.
M. Jolivet: Mais, en premier lieu, il y a une conciliation et en
deuxième lieu, il y a une médiation. Parce que quand le ministre
prend une décision, il fait de la médiation.
M. Proteau: À un moment donné, H faut fermer le
dossier et puis, là, si la personne n'est pas satisfaite, tout ce qu'il
lui reste comme possibilité, c'est d'engager des procédures.
Là, cela bloque le dossier, tant que la décision finale n'est pas
rendue.
M. Pagé: II faut bien avoir à l'esprit que, en
vertu des dispositions du Code de procédure civile, l'ensemble de ces
gestes peut être sanctionné par un recours devant la Cour
supérieure. Auquel cas, on a un jugement qui devient
définitif.
M. Jolivet: Cela, je le comprends. C'est parce que moi,
j'essayais d'éviter le... En tout cas, la question que j'avais c'est
qu'il y a d'abord présentation à chacun, du terrain que vous
prétendez être sous sa responsabilité, en
propriété.
Une voix: Oui.
M. Jolivet: Vous avez l'intention de leur donner. Pas de
problèmes. Tout le monde est d'accord. On signe. Et, là, on dit:
On ne conteste pas. À ce moment-là, le ministre donne les
papiers officiels. Il y en a un parmi eux qui conteste pour une raison
quelconque et, au moment où il conteste, il y a arrêt des
procédures. D'abord, tentative de conciliation entre les gens:
Écoutez, voici ce qu'on a comme papiers. Es-tu capable de me donner
d'autres papiers, à tes frais? Tu me donnes tous les papiers
nécessaires. À partir de cela, on concilie. On dit aux gens:
Écoutez, si vous faites cela, ça va vous coûter cher, en
sapristi, parce que là, on va être obligés d'aller faire de
l'arpentage...
Une voix: En quoi? M. Jolivet: En sapristi. Une voix: Ah.
M. Jolivet: Je ne sais pas si le ministre emploie ce patois,
mais...
M. Pagé: Le ministre n'emploie pas de patois.
M. Jolivet: Non, mais il devrait. Ce n'est pas grave. De telle
sorte que, finalement, on arrive au bout de la course et là,
après conciliation, le monde s'entend. Pas de problème, non plus.
Mais, c'est au moment où la conciliation achoppe, qu'arrive la
médiation. C'est là que J'ai un problème. C'est que je
dis: Le ministre a décidé, au début, ce que ce devait
être et il va faire la médiation avec décision. Est-ce
qu'il y a moyen d'avoir autre chose? Est-ce qu'il y a moyen d'avoir quelque
chose qui permet d'éviter cela?
M. Proteau: En fait, ce n'est pas un mécanisme qui est
nouveau. Il existe déjà ce mécanisme dans la Loi sur les
titres de propriété, dans certains districts électoraux,
où, lorsque le ministre de l'Énergie et des Ressources effectue
une révision cadastrale, il va rediviser le terrain, subdiviser le
terrain en fonction à la fois des titres et de l'occupation. Alors,
c'est clair qu'à certaines occasions les gens n'obtiendront pas le
terrain qu'ils pensaient occuper, dont ils pensaient être
propriétaires. Ils vont obtenir exactement ce qu'ils occupent et c'est
prévu dans la loi. Le ministre dépose le plan et les gens ont
huit mois, en venu de la Loi sur les titres de propriété, dans
certains districts électoraux, pour faire valoir leurs droits. Mais ce
n'est pas une consultation comme on va faire nous. Le ministre dépose le
plan et les gens, s'ils ont..
M. Jolivet: Parce qu'ils ont 21 jours. Vous parlez de huit mois
dans...
M. Proteau: Oui. Mais ce qui arrive, c'est que nous, on les
avertit que le plan est déposé et qu'ils vont avoir telle chose.
S'ils veulent s'opposer, ils le peuvent. En plus, on va aller les rencontrer
sur place. S'il y en a qui ne sont pas d'accord, on va vérifier ce
qu'est le problème. Mais, comme je vous dis, jusqu'ici,
évidemment, on espère que cela va continuer. On a des cas
où, effectivement, les gens n'ont pas eu ce qu'ils avaient dans leurs
titres. Par contre, ils ont eu ce qu'ils occupaient. Dans le fond, c'est tout
ce que les gens veulent, qu'on ne leur enlève pas, au moins, ce dont ils
ont besoin. Ce qu'ils occupent. C'est une adaptation de ce
mécanisme.
Sauf que, si on avait pris les 8 mois pour leur donner la chance de
faire leur réclamation, nos dossiers ne seraient pas avancés.
Surtout qu'on risque, de toute façon, d'aller en cour, s'ils ne sont pas
d'accord. Cela, c'est une adaptation du mécanisme qui
apparaît.
M. Jolivet: J'ai un cas comme cela, qui me vient à
l'esprit, dans mon coin où la personne...
M. Pagé:On va essayer de le régler. M. Jolivet:
Celui-là, je le connais trop. M. Pagé: Vous pourriez
peut-être essayer.
M. Jolivet: Oui, mais, comme ils sont rendus devant le juge, cela
va être difficile d'intervenir.
M. Pagé: Ah, bien là, "forget it".
M. Jolivet: C'est cela. Après, ce qui arrive, c'est que la
personne, à un moment donné, s'est réveillée et on
est en train de gruger son massif, "cruncher", comme on dit dans le coin. Cela
fait que...
M. Pagé: Pardon?
M. Jolivet: "Cruncher". Vous connaissez cela.
M. Pagé: "Cruncher".
M. Jolivet: Le "cruncher", le "crunching". Que la machine...
M. Pagé: Le voisin est en train de lui "cruncher" le
massif. Pourriez m'expliquer ce que c'est?
M. Jolivet: En géographie, vous ne savez pas ce qu'est le
massif?
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: C'est un mont, une montagne. Donc, II est en train de
couper ses arbres et il a la machine à concasser.
M. Pagé: D'accord.
M. Jolivet: Le concasseur. Il est en train de concasser le massif
sur son terrain. Le gars dit:
Un instant! Il a pris une injonction et là, c'est
enclenché. Ce que je veux dire, c'est que le jour où le gars est
obligé de prendre les procédures, cela prend du temps.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Alors, ce que je veux bien comprendre, c'est que le
ministre propose quelque chose. Les gens ont 21 jours à partir de cela.
S'ils ne s'entendent pas, il y a conciliation avant d'aller plus loin. On lui
demande de donner toutes les preuves. Donc, avant d'engager des frais pour tous
les autres, on les réunit et on leur explique un peu que si
celui-là va plus loin, cela va inciter les gens à faire
l'arpentage de tout l'ensemble et chacun va devoir payer sa part. Alors, les
gens vont essayer de le convaincre de prendre le terrain qui est
proposé. Si cela ne marche pas, le gars dit: En travers de tout cela,
faites bien ce que vous voulez, je prends les procédures en vertu du
Code civil parce que le ministre a fait la conciliation, il a fait l'arpentage,
il a fait payer tout le monde. Le gars n'est pas d'accord quand même et
là, il lui reste une seule solution, c'est de prendre le Code civil pour
arrêter tout cela, soit par injonction ou autre, ce qui lui permet devant
un juge de déterminer qui a raison ou qui a tort.
M. Proteau: Mais le problème, c'est qu'il va se retrouver
avec les mêmes preuves en cour et si ces preuves ne nous ont pas
satisfaits alors que nous connaissons quand même le dossier, le juge
risque fort de ne pas lui donner plus de droits. Il ne faut pas oublier que
dans la loi dont je parlais tout à l'heure, la Loi sur les titres de
propriétés, dans certains districts électoraux, les huit
mois ont été accordés pour permettre à ces gens
d'enregistrer à nouveau les droits qu'ils pouvaient avoir sur le lot. On
parle des hypothèques, les servitudes parce que dès que la
révision est en vigueur, ces droits doivent être
enregistrés pour être protégés. Alors que nous,
automatiquement, lorsque la lettre patente va être
délivrée, ces droits vont devenir valides. Ils vont prendre
naissance officiellement alors qu'eux, c'est l'inverse. Aussitôt que la
révision entre en vigueur, ces droits disparaissent sauf s'ils sont
enregistrés dans un délai fixe.
M. Jolivet: Vous êtes en train de me dire que le Jour
où le ministre va envoyer une lettre, à ce moment-là, le
document va faire foi d'enregistrement...
M. Proteau: Elle va faire revivre tous les droits, les
hypothèques, les servitudes et les autres charges, même un droit
d'habitation qui aurait pu être consenti contre l'immeuble.
M. Jolivet: Le feu a passé et II reste encore le solage. :
M. Proteau: Oui.
M. Pagé: J'ai indiqué plus tôt en cours de
débat, entre autres au moment de la deuxième lecture, qu'un des
motifs qui nous incitent à agir de la façon qu'on propose, c'est
de valider des milliers et des milliers d'actes juridiques qui ont
été posés de bonne foi par des occupants et qui sont nuls
à toute fin que de droit. Par exemple, un droit de passage. Vous
référez souvent, M. le député, à des cas
vécus dans votre milieu. L'expérience nous enseigne, lorsqu'on
est député d'un comté rural et que par surcroît on
est avocat, qu'il arrive fréquemment que des gens viennent nous voir
pour nous soumettre à titre de député ce genre de
problèmes. Vous référez, entre autres, à des fameux
droits de passage qui ont été consentis par le grand-père
de l'ex-propriétaire du lot untel et là, entre les voisins, le
droit de passage qui était conféré, par exemple, pour
aller à la cabane à sucre, là, le nouvel occupant veut
s'en prévaloir pour un chalet ou pour une résidence. Souvent,
cela crée des problèmes juridiques assez délicats. Il faut
bien avoir à l'esprit que si on ne règle pas ces milliers de cas
où des droits ont été conférés sans
fondement juridique, on risque de créer des situations d'affrontement et
des situations conflictuelles très importantes dans nos comtés.
Entre autres, comme le disait M. Proteau, le projet vise à régler
une foule de ces problèmes et à les éliminer, sauf qu'il
ne faut pas... Vous savez, notre gouvernement est animé par une modestie
telle...
M. Jolivet: Oh!
M. Pagé: ...qu'on ne prétend pas régler tous
les problèmes en ce bas monde, auquel cas, il n'y aurait même plus
d'Opposition.
M. Jolivet: II faut avoir de l'opposition d'ailleurs face
à...
M. Pagé: Alors, cela... M. Jolivet: Mais, quand
même... M. Pagé: II faut avoir des problèmes. M.
Jolivet: Oui.
M. Pagé: Et le fait d'avoir de l'opposition, on a
déjà un problème.
M. Jolivet: Mais le problème que j'ai devant moi, c'est
que j'ai peur que, d'une certaine façon, il s'en crée plus qu'il
n'y en a actuellement...
M. Pagé: Je ne pense pas.
M. Jolivet: ...dans la mesure où la personne ne sait
même pas qu'elle a cela. Elle est telle-
ment sûre de ses affaires que le jour où elle va recevoir
le papier, cela va donner...
M. Pagé: Bien, je...
M. Jolivet: ...à certaines personnes, la convoitise
d'avoir quelque chose qu'elle ne pensait pas avoir. (21 h 30)
M. Pagé: Nous pensons qu'il est préférable
que cette personne reçoive un papier lui conférant par la suite
ses lettres patentes, que d'apprendre dans cinq ans, dans huit ans, dans dix
ans, lorsque des actes auront été posés, que tout ce qui a
été fait est invalide.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec vous. Cela je ne le nie
pas.
M. Pagé: Adopté.
M. Jolivet: Je suis sûr que c'est mieux d'avoir des lettres
patentes le nommant propriétaire de plein droit.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Ce n'est pas cela que je conteste. Pour le moment, il
y a des gens qui ne savent même pas, on en parlait la semaine
passée, qui sont sur des terres qui ne leur appartiennent pas et ils
sont sûrs qu'elles sont à eux.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Ils n'ont jamais eu de chicane avec le voisin, ils
n'ont jamais eu de problème, mais là, en recevant la lettre, il
se peut que le voisin dise: Ah! le droit de passage que tu avais, tu n'y as pas
droit et là, la chicane "poigne".
M. Pagé: II ne faut pas tenir pour acquis que tous les
esprits du Québec sont tordus.
M. Jolivet: Non, mais moi, je ne suis pas là pour savoir
s'ils ne sont pas tordus. Je sais qu'il y en a qui sont tordus.
M. Pagé: Bien vous semblez dire qu'il y en a pas mal de
tordus.
M. Jolivet: Moi, j'essaie de vous aider à avoir moins de
problèmes. C'est peut-être...
M. Pagé: Je l'apprécie, je vous en remercie.
M. Jolivet: C'est pour cela que je vous dis, j'ai quelques
objections qui m'inquiètent et c'est dans ce sens-là que - je
comprends le but qui vous anime, mais H reste quand même que j'ai le
droit de savoir - je pose toutes les questions aujourd'hui. J'aurai au moins la
conscience en paix, puis s'il arrive quelque chose, sans vouloir vous le
rappeler, parce que je ne voudrais pas prendre le slogan que vous avez dit
pendant la campagne électorale, on ne vous le dira pas, mais maintenant
depuis ce temps-là, vous n'arrêtez pas de nous le dire, sauf que
cela fait deux ans que vous êtes au pouvoir...
M. Pagé: Bien, je ne vous suis plus là. On ne vous
le dira pas, je n'arrête pas de vous le dire...
M. Jolivet: On ne dira pas que c'est la faute de l'Opposition,
c'est la faute de l'ancien gouvernement, mais ce que vous faites depuis deux
ans. Je ne veux pas être un vieux radoteux dans le futur et vous dire: Je
vous l'avais bien dit, M. le ministre, vous allez avoir des problèmes.
Mais je vous dis tout simplement, dans ce contexte-là...
M. Pagé: D'accord, mais nous on tente de vous
donner...
M. Jolivet: Je voudrais qu'on règle tous les
problèmes aujourd'hui dans le sens de toutes les objections.
M. Pagé: Nous on vous donne les réponses de bonne
foi, à la lumière de nos connaissances, des
interprétations du vécu et du texte de loi et on tente de faire
en sorte que ces réponses soient les plus sécurisantes, les plus
complètes, les plus entières et totales à vos
préoccupations, M. le député.
M. Jolivet: Dernière question à moins que M.
Proteau n'ait autre chose à ajouter en votre nom.
M. Proteau: En fait c'est un pouvoir qu'on a déjà
dans la loi, sauf que là, on l'encadre parce qu'on...
M. Pagé: On ne change rien hein?
M. Proteau: Si vous voulez, on veut simplement s'assurer la
collaboration de tout le monde. Actuellement, si quelqu'un ne veut pas
collaborer, on ne peut rien faire et souvent, c'est lui qui a peut-être
les moins bonnes preuves, mais on veut lui donner sa chance quand même.
On ne veut pas la lui enlever. La seule solution qu'on avait aujourd'hui, c'est
d'attendre et de bloquer tout le monde et là...
M. Jolivet: J'ai un cas comme cela d'ailleurs, que j'ai soumis,
qui vient du comté voisin, parce que j'ai encore des gens qui viennent
des comtés voisins qui m'expliquent des choses parce qu'on ne trouve pas
de solution...
M. Pagé: Pas du mien?
M. Jolivet: Non, à côté, bien que ceux de
Lac-aux-Sables aimeraient bien cela être de mon côté. Mais
cela, c'est une autre affaire.
M. Pagé: Vous n'avez pas eu l'intention de faire de
représentation dans le cadre de la carte électorale?
M. Jolivet: Non, mais je laisserais faire et vous l'avez
regretté un peu un jour, mais en tout cas.
M. Pagé: Non, mais ce n'est pas une question de regret,
j'ai une très forte majorité, j'ai passé dans tous les
bureaux de vote. Tous les bureaux de vote, même les bureaux
péquistes.
M. Jolivet: Je parlais de 1981.
M. Pagé: Bien, en 1981, j'ai eu la plus grosse
majorité dans les comtés entièrement francophones.
M. Jolivet: Pas dans ma région. Mais revenons à nos
afffaires.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: La personne justement a droit, puis c'est clair que
ce devait être à elle. Mais parce qu'il y en a qui bloquent tout
le groupe, elle est bloquée. C'est autour d'un lac et c'est le
ministère de l'Énergie et des Ressources qui est responsable,
mais il reste quand même qu'effectivement, vous avez raison quand vous me
dites cela.
Moi, une dernière question qui me viendrait à l'esprit
c'est: dans le contexte ou le ministre veut envoyer les lettres à
chacun, c'est chacun qui recevra la lettre, mais le voisin ne l'aura pas, le
contigu ne l'aura pas, si je comprends bien?
M. Pagé: Cela dépend du titre du contigu...
M. Jolivet: Non, mais lui... M. Pagé: Comme on a
dit...
M. Jolivet: II y a cinq personnes autour d'un secteur, ces cinq
personnes-là se touchent l'une l'autre pour différentes parcelles
de terrain qui fait que, la personne A, disons le numéro 1 recevra son
papier, les numéros 2, 3, 4, 5, 6. Les six personnes reçoivent
chacune son papier à elle. Le gars, en recevant son papier à lui
est bien content, mais il apprend, à un moment donné, que l'autre
en a un peu plus qu'il pensait et il conteste pour avoir plus lui aussi. Donc,
il pourrait bloquer tout le processus. Est-ce que le ministre a l'intention de
faire, au moins, pour l'ensemble, une annonce globale de chacun des lots pour
que tout le monde soit au courant de ce que l'autre a?
M. Pagé: Une chose est certaine, c'est que nos
fonctionnaires, dans une perspective de démarche simplifiée, se
rendent au bureau d'enregistrement, comme on l'a indiqué
préalablement...
M. Jolivet: J'ai compris cela.
M. Pagé: ...font des analyses, tirent des conclusions
à partir des constats, vont émettre des avis et à ce
moment-là, toutes les personnes sont convoquées à une
rencontre où les fonctionnaires de mon ministère leur indiquent:
Écoutez, vous avez reçu individuellement des avis.
Collectivement, vous êtes affectés par des lettres patentes qui
seront délivrées éventuellement. Là, les fameux
problèmes de clôture de trois pieds trop à gauche ou trois
pieds trop à droite, c'est là qu'ils vont se régler.
M. Jolivet: Vous parlez donc d'un groupe où tout le monde
est autour.
M. Proteau: Oui. M. Pagé: Oui, oui.
M. Jolivet: Admettons, dans un autre cas, que la personne est
toute seule, mais que son lot est contigu à celui d'une autre personne
qui, elle, est déjà propriétaire en vertu de ses droits,
ancestraux ou autres. Est-ce que cela va être le même processus
où la personne qui va recevoir le numéro 1, qui est la, qui,
elle, a affaire à recevoir un papier et que le numéro 2 et le
numéro 3 de chaque bord n'en ont pas besoin, eux? Est-ce qu'eux vont
être avertis de la même façon?
M. Proteau: Non, nous, tout ce qu'on va donner, ce sont des
lettres patentes pour les lots qui sont sous le contrôle du ministre de
l'Agriculture. Alors, les autres voisins, on ne peut pas les toucher, on ne
peut rien dire.
M. Pagé: II y a donc juridiction là-dessus.
M. Proteau: Si notre client déborde chez le voisin ou si
les voisins débordent chez le client, cela, on n'y peut rien, en fait.
Mais on ne peut pas...
M. Jolivet: Admettons que vous faites cela et que le gars
décide de faire faire un arpentage. Il fait faire l'arpentage à
ses propres frais et il s'aperçoit que la ligne que vous lui avez
donnée arrive dans la grange du voisin.
M. Proteau: Cela arrive très souvent.
M. Jolivet: C'est cela, oui.
M. Proteau: Ce qu'il faut faire, c'est un
bornage, mais cela on n'y peut rien, nous. On ne peut pas régler
le titre du voisin qui, lui, a en principe un titre sur une terre
privée.
M. Jolivet: Oui, mais je veux dire que la personne au centre, qui
est le seul terrain qui nous appartient, cela adonne que, par l'arpentage que
vous lui donnez, il arrive dans les bornages de chacun de l'autre bord, de
telle sorte que, finalement, les deux vont l'apprendre après coup.
M. Proteau: Mais cela ne leur fait pas perdre leurs droits. Si
eux ont des droits, soit par la prescription acquisitive dont a parlé le
ministre, tout à l'heure ou, de l'autre façon, par des titres qui
ne nous ont pas été communiqués, ils peuvent toujours
faire valoir ces droits-là. En fait, la loi donne, si vous voulez, une
rétroactivité à tous ces droits. Il peut aller en cour et
se faire reconnaître propriétaire. Mais cela, on ne pouvait pas le
faire. On ne peut pas le faire parce qu'il n'y a rien qui nous permet de le
faire.
M. Jolivet: En tout cas, au bout de la course, il pourrait
arriver qu'il y ait des chicanes qu'on n'avait pas prévues.
M. Proteau: Oui, mais cela, ces chicanes existeraient de toute
façon parce que, en fait, votre client qui est sur un lot privé,
lorsqu'il va faire faire son arpentage pour avoir une hypothèque ou pour
une autre raison, là l'arpenteur va trouver qu'il déborde chez le
voisin.
M. Jolivet: C'est la question que j'ai posée tout à
l'heure. Le gars qui se faisait couper sa petite montagne.
M. Proteau: À ce moment-là, ce qu'il va faire, il
va prendre les procédures pour aller en cour et notre client, à
son tour, devra intervenir pour se défendre. Il n'est pas d'accord ou il
est d'accord.
M. Jolivet: Donc, c'est le but de tout ce processus prévu
par cet article. C'est l'article important de tout le processus. Cela veut dire
qu'à travers le Québec, toutes les terres du domaine agricole
dont vous voulez vous départir au profit d'une personne, pour qu'elle
devienne propriétaire, aurait pour effet de rendre homogène
l'ensemble du territoire et de vous libérer de terres dont vous ne voyez
pas la nécessité d'en être encore le propriétaire
pour favoriser les gens qui sont dessus, soit par des droits qu'ils ne
pouvaient pas avoir mais qu'ils vont avoir désormais. Dans ce
sens-là, cela va faire en sorte que le territoire, dans le domaine
cadastral, va être mieux structuré au Québec qu'il ne l'est
actuellement.
M. Proteau: Cela peut dans certains cas, se produire.
M. Jolivet: Alors, Mme la Présidente, compte tenu de
toutes les interrogations que j'ai et pour lesquelles je n'ai peut-être
pas toutes les informations que je désirerais avoir parce que je sais
que le ministre ne peut pas me les donner toutes, aujourd'hui, et compte tenu
des dangers qui pourraient exister dans tout l'ensemble, nous allons adopter
l'article 25 sur division.
La Présidente (Mme Dionne): Sur division? Alors l'article
25 est adopté sur division. J'appelle l'article 26.
M. Pagé: Attendez un peu. C'était l'article
43...
M. Jolivet: J'ai fait... M. Pagé: D'accord. M.
Jolivet: ...tout au complet.
M. Pagé: D'accord. Alors, l'article 43.5 est
adopté, mais on avait un amendement à 43.5.
M. Jolivet: C'est cela, tout a été accepté
l'autre jour. C'est pour cela que j'avais dit qu'on acceptait les amendements
et qu'après on faisait le débat général.
M. Pagé: D'accord. Alors, adopté sur division, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): C'est exact. J'appelle
l'article 26, M. le ministre.
M. Pagé: Etes-vous certain? M. Jolivet: Oui,
oui.
M. Pagé: Vous me faites de la peine. Vous devriez!
M. Jolivet: Vous pouvez le dire, venez au micro.
M. Labrecque (Pierre): Le cas qui vient de faire l'objet de la
discussion est un cas relativement marginal au Québec. Je pense que le
plus bel exemple de concentration massive, de cas où on aurait pu vivre
des situations d'empiétemement, de conflits, ce sont des cas où
la concentration est la plus forte. On a fait des simulations, qu'on a
d'ailleurs terminées aujourd'hui, à Grand-Mère.
M. Jolivet: Comme par hasard!
M. Labrecque: Par hasard? Non, c'est vraiment un dossier chaud
qu'on voulait régler le mieux possible. On a terminé
l'étude de Grand-Mère et il s'avère aujourd'hui qu'on ne
sera pas
obligé d'appliquer les dispositions de l'article 43.4 dans
Grand-Mère, avec la conséquence que la totalité des 2000
dossiers qu'on a étudiés en l'espace de quelques semaines
à Grand-Mère seront entièrement réglés sans
aucuns frais pour les bénéficiaires, sans aucuns frais ni
démarches ni documents additionnels pour aucun des 2000 dossiers de
Grand-Mère, à moins que, lorsqu'arrivera le temps d'enregistrer,
il n'y ait de nouvelles inscriptions qui viennent contredire notre étude
actuelle.
Si on se réfère à cette simulation qu'on a faite
pour Grand-Mère, sans présumer des résultats des travaux
de l'Assemblée nationale, cela a été une simulation
extrêmement positive. On voit mal, au Québec, des cas de
concentration aussi massifs, ce qui nous laisse croire que l'article 43.4 est
extrêmement marginal. Ce sont des dispositions d'exception qu'on devra
utiliser à certaines occasions, au même titre que le fait la Loi
sur les titres de propriété dans certains districts
électoraux. C'est quand même une loi de 1948 qui s'applique depuis
40 ans et avec beaucoup de facilité. La preuve en est qu'on a
jugé de ne jamais la modifier. On a même jugé bon, en 1985,
de l'intégrer à tout le Québec, lors de la
rénovation cadastrale. Puis, on s'est dit: Plutôt que de rendre
applicable la Loi sur les titres de propriété dans certains
disctricts électoraux à tout le territoire du Québec, on
va plutôt modifier la Loi sur le cadastre et d'autres dispositions du
Code civil pour tenter de rendre applicable le même principe que cette
loi, c'est-à-dire de baser la régularisation des titres sur
l'occupation réelle des lieux, ce qu'on apporte à l'article
43.4.
Je vous parle comme fonctionnaire qui vit le problème au jour le
jour, avec ses difficultés...
M. Pagé: ...et ses satisfactions.
M. Labrecque: ...et ses satisfactions.
M. Jolivet: Malgré tout.
M. Labrecque: Oui, de grandes satisfactions. L'exemple de
Grand-Mère nous fournit maintenant la preuve que l'article 43.4 est
marginal. Cet article était prévu pour des cas
véritablement à problème. Ces cas, on les imaginait dans
des concentrations massives. Le plus bel exemple nous a été
fourni et on n'aura même pas à rappliquer. Le processus de
l'article 25 - l'article 43.4, c'est un seul élément de l'article
25, tout de même - je pense qu'avec l'expérience qu'on a
aujourd'hui, on peut s'y fier, jusqu'à un certain point.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. Labrecque. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Je dois vous dire que j'ai pleinement confiance en ce
que vous me dites, ce qui ne m'empêche pas de dire qu'il y aura des cas
marginaux. Si c'était réel, cela veut dire qu'il faudrait le
mettre au plus vite en application au ministère de l'Énergie et
des Ressources pour tous les problèmes qu'il a. Je sais qu'il y en a des
méchants! Je les vis toutes, dans mon coin, ces choses-là, et
c'est normal. On a un secteur qui a été donné à des
gens pour des lots de colonisation. Et c'est encore loin de l'Abitibi. En
Abitibi, il va y avoir de fameux cas aussi. Des gens s'y sont installés
et des "squaters", il y en a eu comme il y en a eu chez nous. Les gens ont fait
cela de bonne foi. Ce ne sont pas toutes des mauvaises personnes. Sauf
qu'à un moment donné, il y a des chicanes de paroisse, des
chicanes de voisins et des chicanes de ceci. Je comprends tout cela.
J'espère que cela va bien fonctionner et je vous le souhaite. Je vous
dis que, pour les besoins de la cause, il faut qu'on sache qu'on a eu des
réticences, non pas dans le sens de dire qu'on est totalement contre...
C'est pour cela que, quand on dit "sur division", c'est simplement pour dire
qu'on a eu des réticences à un tel point qu'on accepte qu'il y
soit, mais on ne donne pas notre consentement unanime.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Pagé: Je peux donner l'assurance au
député de Laviolette que tous les efforts seront
déployés, considérant que, dans le cas de
Grand-Mère en particulier, on a une concentration de ces
problèmes...
M. Jolivet: Oui, c'est cela. (21 h 45)
M. Pagé: ...et, par surcroît c'est en milieu
où on est susceptible d'avoir des situations délicates à
vivre. Je peux donner l'assurance à mon honorable député
et voisin qu'aucun effort ne sera ménagé pour régler vos
problèmes de façon que vous en ayez le moins à votre
bureau de comté, que cela se fasse en vertu de la loi et prioritairement
parce qu'il y en a une très grosse concentration chez vous.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre, je dois dire, Mme
la Présidente, à M. le ministre que d'abord, les gens ne savent
même pas ces choses-là. Je n'en ai pas fait de publicité
justement pour ne pas ameuter personne et rendre service au ministre et aux
fonctionnaires. C'est de leur donner la chance...
M. Pagé: Je l'apprécie.
M. Jolivet: Non, non, je suis capable d'agir honnêtement.
Je fais cela pour permettre aux gens du ministère de bien faire un
travail sans avoir de gens qui, déjà, commencent à faire
des demandes.
Quand ils l'auront fait, à ce moment-là, j'aurai les gens
qui viendront me voir si nécessaire. Ils seront surpris, d'abord. Ils
diront: Je
n'étais même pas propriétaire de ce que je pensais
depuis toujours. J'ai même hypothéqué ça. J'ai fait
ceci, j'ai fait cela. Moi, je ne l'ai pas fait justement pour ne pas nuire au
travail que les fonctionnaires ont à faire et qui est important. C'est
ce travail à faire dans le dossier de Grand-Mère. Donc, je n'ai
fait aucune publicité. Si les gens lisent nos galées, comme ils
sortent très tard compte tenu de la session intensive, il y a de fortes
chances que le processus soit déjà enclenché.
M. Pagé: II faut convenir que, même si le Journal
des débats est le document qui contient très probablement les
propos les plus intéressants au Québec, ce n'est pas le livre de
chevet habituel de la majorité des citoyens du Québec. Vous
pourrez leur dire: Avant même qu'ils soient saisis du problème, le
député de Laviolette et le député de Portneuf,
ministre de l'Agriculture, s'en occupaient.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): J'aimerais rappeler que
l'article...
M. Pagé: Allez-vous leur dire cela?
M. Jolivet: Je vais attendre parce que, si je le dis maintenant,
je risque de briser un processus normal.
M. Pagé: L'article 26, Mme la Présidente,
c'est...
La Présidente (Mme Dionne): Un instant, M. le ministre. Je
veux juste ajouter que l'article 25 est adopté tel qu'amendé.
M. Jolivet: Oui, c'est cela, tel qu'amendé.
La Présidente (Mme Dionne): On l'avait oublié tout
à l'heure.
M. Pagé: L'article 26 fait référence
à l'article 44 de la loi et a pour but d'apporter les adaptations
nécessaires qui vont nous permettre de corriger les lettres patentes
délivrées depuis le 1er juillet 1984 dans le cadre de la Loi sur
les terres publiques agricoles. C'est strictement un article de
concordance.
M. Jolivet: C'est cela. Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 26 est
adopté. L'article 27.
M. Pagé: À l'article 27, on a une brève
modification. Alors, on se réfère encore une fois à
l'article 44 de la loi et on ajoute 44.1. Cette disposition a pour but
d'éviter toute ambiguïté, étant donné que, sur
le plan légal, la délivrance des lettres patentes a pour objet de
conférer à son bénéficiaire un titre
définitif de propriété, lequel est basé sur une
situation de fait.
J'ai dit, en deuxième lecture, qu'on transférait du
domaine public au domaine privé, mais aussi qu'on accordait un titre de
droit à partir d'un constat ou d'une situation de fait. Par
conséquent, la délivrance des lettres patentes ne peut être
assimilée à une aliénation ou à un lotissement au
sens de la Loi sur la protection du territoire agricole.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'amendement à
l'article 44.3, introduit par l'article 27 de ce projet de loi, est
remplacé par le suivant...
M. Pagé: Est-ce qu'on étudie l'article 44.2
avant?
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'on étudie
l'article 27 de façon globale ou par alinéa?
M. Jolivet: Cela dépend du ministre. Le ministre a
commencé par l'article 44.1.
M. Pagé: À l'article 44.1, il n'y avait pas de
problème.
M. Jolivet: L'article 44.2, M. le ministre.
M. Pagé: À l'article 44.2, on se souviendra que de
nombreuses acquisitions ou expropriations à des fins publiques ont
été effectuées sur des terres sous concession au
même titre et selon les mêmes formalités que toute autre
terre du domaine privé, que ce soit pour passer une route, que ce soit
pour procéder à des travaux d'utilité publique, etc. Ces
divers actes juridiques, qui sont très nombreux, peuvent affecter un
très grand nombre de terres visées par le projet de loi. C'est
ainsi que, sans une disposition législative expresse à cet effet,
le ministère devrait prendre en considération chacune des
parcelles de terre expropriées et les soustraire de la terre devant
faire l'objet d'une régularisation, étant donné que ces
parcelles ne sont plus la propriété du bénéficiaire
des lettres patentes. Alors, pour éviter ce travail qui serait tout
à fait fastidieux, les parcelles ainsi soustraites des lettres patentes
demeureraient sous concession et sous l'autorité du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation jusqu'à ce que
le contrôle sur celles-ci soit transféré au ministre de
l'Énergie et des Ressources, qui devra, dans un deuxième temps,
en confier l'administration au ministère ou organisme concerné,
que ce soit le ministère des Transports, Hydro-Québec, peu
importe.
M. Jolivet: Ou les municipalités.
M. Pagé: Exact. Les modifications proposées visent
à éviter de nombreuses procédures admi-
nistratives qui, de toute façon, conduiraient au même
résultat, soit, encore une fois, la régularisation d'une
situation de fait.
M. Jolivet: Je vous donne un exemple: la décision du
ministère des Transports de prendre une parcelle de terrain pour
élargir une route. À ce moment-là, la municipalité,
à 6000 $ le kilomètre, est autorisée à prendre des
actes notariés et à devenir propriétaire. En fait, quand
on prend d'une clôture a l'autre pour faire un chemin, les gens ont
l'impression que cela appartient au ministère. Cela n'appartient pas au
ministère des Transports. Cela appartient toujours à la
municipalité. La seule chose que le ministère a comme
responsabilité, c'est de s'assurer que l'assiette du chemin est en bon
état pour éviter les accidents.
M. Pagé:...
M. Jolivet: Oui, sauf que... Oh! Un instant! Cela dépend.
L'assiette de la route. Les fossés d'accotement, jusqu'à la
clôture, cela n'appartient pas au ministère. Le ministère
n'a pas l'obligation d'en faire l'entretien, à moins que ce ne soit
dommageable pour sa route. Cela veut dire que c'est la municipalité qui
a la responsabilité de ces choses, le fauchage, etc.
M. Pagé: C'est réglé.
M. Jolivet: Cela veut dire que, d'une clôture à
l'autre, la municipalité est propriétaire de tout cet espace de
terrain. On le règle par cela.
M. Pagé: C'est-à-dire qu'au lieu de faire une
spécificité dans le titre, on y va par une mesure
générale prévue à l'article 44.3 de la loi.
D'accord?
M. Jolivet: Quand on va donner les lettres patentes, on va
exclure cette partie de terrain.
M. Proteau: Oui. Automatiquement, cela se trouve exclu.
M. Jolivet: Et, là, vous vous organisez pour faire les
transferts qu'il faut, aux municipalités, aux ministères
concernés ou aux organismes appropriés, les compagnies de
téléphone...
Une voix:...
M. Jolivet: C'est cela. D'accord.
M. Pagé: On aurait une modification à l'article
44.3: "Malgré que des lettres patentes délivrées à
l'égard d'une terre sous concession ne fassent pas mention d'une partie
de terre acquise ou expropriée à des fins publiques..." On
changerait "conformément à l'article 44.2". Le texte que nous
avons dit, à la troisième ligne: "...d'une partie de terre
acquise ou expropriée conformément à l'article 44.2" et
serait remplacé par: "d'une partie de terre acquise ou expropriée
à des fins publiques, celles-ci sont réputées ne porter
que sur les parties résiduelles de la terre qui ne sont pas acquises ou
expropriées conformément à l'article 44.2f." Il faut
changer, à l'avant dernière ligne, "les parties
résiduelles de la terre..."...
M. Jolivet: En fait...
M. Pagé: On remplace "qui ne sont pas affectées
à des fins publiques" par "qui n'ont pas été acquises ou
expropriées conformément à l'article 44.2."
M. Jolivet: En fait, c'est bien simple. On dit: On enlève
l'article 44.3, on en met un autre et on corrige en conséquence.
M. Pagé: C'est cela. Voici l'amendement, Mme la
Présidente. Cela vient ajouter de la chair sur l'os prévu
à l'article 44.2.
M. Jolivet: Pour le Journal des débats, Mme la
Présidente, vous allez le lire au complet, ce sera plus sûr.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 44.3, introduit par
l'article 27 de ce projet de loi, est remplacé par le suivant: "44.3
Malgré que des lettres patentes délivrées à
l'égard d'une terre sous concession ne fassent pas mention d'une partie
de terre acquise ou expropriée à des fins publiques, celles-ci
sont réputées ne porter que sur les parties résiduelles de
la terre qui n'ont pas été acquises ou expropriées
conformément à l'article 44.2."
M. Pagé: C'est afin d'éviter de devoir
procéder à de très nombreuses désignations visant,
encore une fois, à soustraire des lettres patentes des parties acquises
ou expropriées à des fins publiques.
M. Jolivet: Quand on dit "celles-ci...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...sont réputées ne porter que sur les
parties résiduelles", ce sont les parties expropriées.
M. Pagé: Non, c'est l'inverse.
M. Proteau: C'est l'inverse. C'est la partie qui n'a pas
été expropriée.
M. Pagé: C'est la partie qui n'a pas été
expropriée.
M. Jolivet: D'accord. Donc, c'est la terre elle-même.
M. Pagé: La lettre patente va porter sur le
principal...
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que cela va, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: L'amendement modifiant l'article 44.3 est
adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. Article
44.4?
M. Pagé: À l'article 44.4, on lit: "Dans le cas
d'une expropriation, le bénéficiaire des lettres patentes ou, le
cas échéant, ses auteurs ou ses ayants droit ont tous les droits
et les obligations d'un exproprié au sens de toute loi applicable au
Québec concernant l'expropriation."
C'est prévu afin de sauvegarder les droits éventuels d'un
exproprié ou d'un cédant, par exemple, le droit à
l'indemnité partielle ou finale, la rétrocession ou cas
d'expropriation excédentaire, etc. C'est pour s'assurer que les gens ne
seront pas privés de quelque droit potentiellement applicable à
la suite de l'application d'autres dispositions législatives.
M. Jolivet: Cela va.
M. Pagé: À l'article 44.5, on dit que la
délivrance des lettres patentes n'a pas pour effet de transférer
à son bénéficiaire la propriété d'un chemin
public, sur une terre sous concession, qu'il soit fait mention ou non de la
présence de ce chemin sur l'acte de concession. Comme on le sait, Mme la
Présidente, il y a plusieurs chemins publics - les chemins de front, les
chemins de rang - qui n'ont jamais fait l'objet d'expropriation ou
d'acquisition, étant donné la réserve de 5 % en superficie
prévue à cet effet, au terme d'un arrêté en conseil,
du Conseil exécutif du Bas-Canada, en date du 30 octobre 1794. Soit, 26
ans, avant que M. James Crawford ne se promène dans le
Bas-Saint-Laurent.
M. Jolivet: Un an après le premier Parlement.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: 1793.
M. Pagé: Oui. Donc, c'était un arrêté
en conseil, et si on relevait le numéro, ce devait être...
M. Jolivet: Parmi les premiers.
M. Pagé: ...parmi les premiers. Alors, de nombreuses
acquisitions ont été faites, tant pour l'érection de
nouveaux chemins que l'élargissement de chemins existants, qui n'ont
jamais été enregistrés, avec comme conséquence
qu'il n'est pas possible de tenir compte de l'existence de ces chemins, lors de
la délivrance des lettres patentes. Alors, ces dispositions sont donc
incluses afin d'éviter toute ambiguïté quant à la
propriété de ces parcelles de terre à des fins
publiques.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce que cela contient les chemins de halage?
M. Pagé: Je présume, oui.
M. Proteau: S'ils sont publics, oui.
M. Jolivet: Oui. S'ils sont publics, parce qu'il y a toujours un
chemin de halage qui était prévu pour au moins ne pas enclaver
quelque chose pour aller chercher le bois, de l'autre bout.
M. Pagé: C'est cela. Le fond dominant et le fond
servant.
M. Jolivet: Une question.
M. Pagé: Est-ce que c'est adopté?
M. Jolivet: Oui, mais pas tout l'article au complet. Avant de
l'adopter, on a parlé de délivrance de lettres patentes qui
était en vertu du système et cela ne constituait pas, à ce
moment-là, une aliénation au lotissement visée par la Loi
sur la protection du territoire agricole. Cela demeure encore dans cette...
M. Pagé: Oui. D'ailleurs, vous avez reçu l'avis.
Avez-vous eu copie de l'avis de la Commission de protection du territoire
agricole?
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: Oui. Bien. M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: On vous l'a remis la semaine dernière.
M. Jolivet: Oui, c'est cela.
M. Pagé: Vous avez dû lire cela, en fin de semaine,
je présume.
M. Jolivet: Non. C'est parce que j'en avais un autre...
M. Pagé: Ah! non. Vous étiez très
occupé en fin de semaine.
M. Jolivet: Non, mais cela ne fait rien. J'ai lu cela vendredi
soir, avant de partir. C'est que j'en avais un autre, qui est un autre
problème. Cela, c'était le fameux chemin de fer dont je
parlais.
M. Pagé: Transcontinental. Non, l'autre chemin de fer. Ah!
oui...
M. Jolivet: Le chemin de fer dont j'ai parlé l'autre
jour.
M. Pagé: ...le corridor.
M. Jolivet: C'est cela. J'ai aussi eu le document du
ministère des Transports. Ce qui fait qu'on a fait concorder les deux
ensemble.
M. Pagé: Bon.
M. Jolivet: Je l'ai lu, vous savez.
M. Pagé: Je n'en doute pas.
M. Jolivet: J'ai même fait parvenir copie aux gens de
Saint-Séverin qui me l'ont demandé.
Alors, Mme la Présidente, l'article 27 avec ses amendements est
adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 27, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 28, M. le
ministre.
M. Pagé: Alors, à l'article 28. Comme on le sait,
l'application de la Loi sur les terres publiques agricoles, ne visant
qu'à régulariser une situation de fait, tant sur les terres
concédées que celles non concédées et
occupées sans titre, il est Inopportun d'être soumis aux
dispositions prévues par la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Il s'agit seulement de désigner un fond de terre, non d'accorder un
privilège quelconque à son occupant. Cela ne change absolument
rien à l'égard de l'usage.
Cependant, le ministère demeure soumis aux exigences des
règlements de contrôle intérimaire au lotissement, en ce
qui a trait aux aliénations pour fins agricoles qui pourront être
effectuées à l'avenir. C'est seulement cela qui est prévu
à l'article 28.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, je m'excuse. Je veux juste revenir, sans mettre
en cause la discussion qu'on a eue tout à l'heure. Vous avez
parlé de 5 %, en vertu de l'arrêté en conseil. Est-ce que
cela a eu des... Parce que la loi 102...
M. Pagé: C'est que lorsqu'ils donnaient des
concessions...
M. Jolivet: Oui, on gardait une partie de terrain pour...
M. Pagé: ...on gardait une superficie de 5 % pour des
aménagements publics. On pensait communautaire, dès ce
temps-là.
M. Jolivet: Oui, et c'était normal aussi... M.
Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...parce que les gens étaient très
"communautaires". Mais la question que je me pose, c'est: La loi 102 a
changé en pourcentage et la Loi sur les forêts, est-ce que cela a
eu comme effet de changer ces 5 %?
La Présidente (Mme Dionne): Monsieur...
M. Proteau: De mémoire...
M. Jolivet: Non.
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: De mémoire, cela n'a rien changé.
M. Jolivet: Donc, cela n'a pas changé en vertu...
M. Proteau: Du tout.
M. Jolivet: ...de la Loi sur les terres du domaine public.
M. Proteau: Oui, mais, là, actuellement, en fait, il
s'agit de le prévoir dans les concessions maintenant.
M. Jolivet: Bien. C'est toujours les 5 % d'après
l'équivalent de ce qu'on a.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Parce que, au niveau des terres.... Parce que
là, c'est l'utilisation du bois, c'est autre chose. Le ministre s'est
gardé une réserve de bois...
M. Labrecque: Oui, cela, c'est des réserves de bois.
M. Jolivet: On parlait de 5 %à 10 %...
M. Labrecque: C'est cela. Les 5 % pour ces concessions-là,
c'est...
La Présidente (Mme Dionne): M. Labrecque.
M. Labrecque: ...une marge de 5 % qui existait également
pour les lots concédés par le ministère de
l'Énergie et des Ressources.
M. Jolivet: Bien. Ce sont les mêmes fameux 5 %.
M. Labrecque: Oui. Toujours.
M. Jolivet: L'article 28 précise que les exigences d'une
loi ou d'un règlement du contrôle intérimaire ou de
lotissement, ne peut - comme l'a dit le ministre - justifier un refus pour la
réalisation des plans cadastraux. Sans cela, cela n'aurait pas de bon
sens. C'est cela que ça veut dire. Donc, est-ce qu'on pourrait me dire
quels sont les règlements, les lois de contrôle intérimaire
- parce que là, avec l'arrivée des MRC et tout, on a eu des
discussions dans chacune des municipalités régionales de
comté - ou de lotissement qui sont visés par cet article? Et
quels sont les problèmes qui peuvent découler de ceux-ci pour que
ça justifie le libellé que vous proposez dans le projet de loi
45.1? (22 heures)
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: En fait, lorsqu'on demandait à des gens - on
prend nos "squatters" - ou aux gens, si vous voulez, en location, de faire
arpenter et cadastrer leur lot, comme les municipalités disaient: Bon,
votre titre n'est pas clair et ce que vous allez faire, c'est-à-dire
cadastrer ou arpenter, n'est pas conforme au règlement, on refuse
l'autorisation, là, ça nous causait un problème. Les gens,
en vertu de notre loi, ont le droit d'obtenir un titre et, en vertu d'un
règlement municipal, ils se voyaient nier ce droit-là parce que
ce n'était pas conforme.
L'amendement visait simplement à dire qu'il n'y a plus de
possibilité de refus d'un permis de lotissement même si...
M. Jolivet: Autrement dit, c'est que vous êtes au-dessus de
la muncipalité et de son règlement intérimaire ou de son
règlement de lotissement.
M. Pagé: Non, on n'est pas au-dessus, M. le
député, c'est que...
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre...
M. Pagé: ...et vous pourrez très certainement le
confirmer à la lumière de l'expérience que vous avez dans
votre propre comté. Il s'agit de conférer un titre de
propriété qui a force de droit à partir d'une situation de
fait qui prévaut depuis des années et des années. Alors,
il ne saurait être question - nous pensons, pour le
législateur - de venir à la fois accorder un droit à
partir d'une situation qui existe depuis plusieurs années et, en
même temps, permettre à la municipalité, par un
règlement de contrôle intérimaire qui a été
déposé le 21 mai 1984 ou 1985 que ce droit-là s'applique.
Ou je présume.
M. Proteau: En fait, c'est que ça ne change absolument
rien aux autres règlements ou autres parties du règlement. Si la
personne n'avait pas le droit de construire parce que le terrain n'était
pas assez grand, même s'il est cadastré, elle n'aura pas plus le
droit de construire.
M. Jolivet: Elle n'a pas le droit de construire une porcherie si
c'est ce qu'elle voulait. Pour donner un exemple typique. Elle n'a pas le
droit.
M. Proteau: Ce qu'elle n'avait pas le droit de faire, elle n'a
pas plus le droit de le faire par après.
M. Jolivet: Donc, le droit que vous lui conférez est un
droit de propriété, mais ça ne lui donne pas le droit
d'utilisation à des fins autres que celles prévues par le
règlement municipal.
M. Proteau: Du tout. Du tout. Nous, tout ce qu'on veut, c'est
identifier le fond de terre.
M. Pagé: On se réfère à l'espace. On
ne se réfère pas à l'usage. Cela ne donne pas moins, mais
pas plus de droit.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 28 est
adopté. L'article 29, M. le ministre.
M. Pagé: À l'article 29, comme on le sait, l'objet
de la loi étant de transférer dans le domaine privé toutes
les terres concédées, il n'y a pas lieu d'en annuler l'acte de
concession et d'en délivrer un autre pour le remplacer. Cependant, afin
de procéder à l'enregistrement des lettres patentes, il peut
être nécessaire de corriger un acte de concession qui comporte une
erreur, par exemple, de superficie ou de désignation de la terre qui a
été concédée, une erreur de nom du concessionnaire
ou toute autre erreur matérielle." Alors, c'est ce pourquoi on dit,
à l'article 29, qui vient modifier l'article 46 de la loi, que "le
ministre peut corriger l'acte de concession d'une terre si cet acte comporte
une erreur de superficie ou de désignation de la terre
concédée, une erreur du nom du concessionaire ou quelque erreur
matérielle".
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Pagé: L'effet de la correction a lieu à partir
de la concession originale.
M. Jolivet: Rétroactif.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: C'est le ministre de l'Éducation
qui aimerait bien ça. I! n'aime pas ça dire: loi
rétroactive, lui.
Je veux juste dire une affaire, Mme la Présidente. C'est qu'en
fait le ministre s'accorde un droit qui est réel. On a ça dans le
règlement ici à l'Assemblée nationale. Le président
s'aperçoit, prima facie, qu'il y a une erreur. S'aper-cevant qu'il y a
une erreur, il corrige immédiatement, sans aucune autre forme d'annonce,
de telle sorte que c'est de son autorité même, en vertu du
règlement, qu'il peut faire ce changement-là. En
conséquence, c'est la même chose en ce qui concerne le ministre.
Il a l'autorité pour le faire. Il fait donc la correction qui
s'impose.
M. Pagé: Comme il l'avait avant... M. Jolivet:
C'est ça.
M. Pagé: ...en vertu de la loi adoptée en 1984.
Voilà.
M. Jolivet: Pas avant?
M. Pagé: 1982 et 1921, mais réitérée
en 1984.
M. Jolivet: Maintenant, dans le contexte où on essaie de
régulariser les choses, c'est normal qu'on essaie de faire le moins de
vagues possible. Je pense que, sur ce point-là, je peux donner raison au
ministre de trouver le mieux possible les accommodements qui vont permettre aux
gens de savoir ce qu'ils ont comme propriété, une fois
corrigées les situations qui ont pu exister.
Est-ce qu'on peut me dire sur quelle base et en vertu de quel
mécanisme le ministre pourra juger de l'opportunité d'apporter
des corrections sur un acte de concession qui a déjà fait l'objet
même d'un acte de délivrance de lettres patentes?
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: En fait, cette correction-là se fait avant la
délivrance des lettres patentes. Souvent, ça va avoir trait
à la superficie. L'arpentage tout récent va nous montrer qu'en
fin de compte le lot n'a pas 100 acres. Il en a 98 ou en a 102. Cela nous
permet certainement de corriger ça et, à ce moment-là, les
lettres patentes seront conformes à la concession.
Aussi, au niveau des noms, on a parfois de la misère à
lire les signatures. Avec le temps et avec des recherches, on s'aperçoit
que le gars ne s'appelait pas Jolicoeur, mais cela peut être un
autre...
M. Jolivet: II s'appelait Jolivet...
M. Proteau: Jolivet. Là, je n'avais pas...
M. Jolivet: Des fois, on m'appelle Jolicoeur.
M. Pagé: Votre épouse, surtout?
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: C'est bien, continuez.
M. Proteau: Bon. Alors, toutes sortes de choses.
M. Jolivet: Excusez-nous.
M. Proteau: Ce sont des choses comme cela très minimes,
qui n'ont pas pour but de nier ou de réduire les droits de quelqu'un,
mais simplement de se conformer à la réalité. C'est
simplement cela. Il faut se rappeler que, pour les arpentages et le cadastre
qui ont pu être faits il y a 100 ans ou 150 ans, souvent l'arpenteur ne
se rendait pas sur place. Ce qu'il faisait, il prenait les quatre piquets du
canton, et le plan était fait sur place, de sorte que, dans certains
endroits, aujourd'hui, lorsqu'on fait la révision cadastrale, il y a des
lots qui tombent l'un sur l'autre, ou encore, il manque de lots pour
éventuellement octroyer les droits complets. C'est tout simplement pour
des cas comme celui-là. C'est mineur, c'est courant; ce ne sont plus des
fautes d'orthographe ou...
M. Jolivet: Autrement dit...
M. Pagé: Supposons qu'on s'aperçoit que M.
Duchesne, c'est M. Ducharme, on va corriger.
M. Jolivet: Comme on a ici, dans les réparations qui se
font à l'Hôtel du Parlement. À l'époque, on faisait
à l'oeil certaines mesures, de telle sorte qu'aujourd'hui on doit
corriger au fur et à mesure qu'on fait les nouveaux plans. Je vous donne
un exemple pour montrer qu'effectivement, dans ce temps-là, on avait des
plans faits à partir de mesures bien différentes de celles
d'aujourd'hui, et on fait les corrections qui s'imposent. Est-ce que, dans
toute la réforme du plan cadastral, le ministre conserve ce droit de
faire des corrections et il doit toujours le conserver?
M. Proteau: Ces corrections, on les fait simplement au primitif,
à l'arpentage primitif et non au cadastre.
M. Jolivet: D'accord.
M. Proteau: II peut arriver par contre...
M. Jolivet: Actuellement, on est en train de faire le plan de
cadastre au Québec; il y a des terres du domaine agricole, des terres du
domaine public, etc. Sur les actes primitifs, il y aura, à ce
moment-là, des corrections qui vont s'imposer. Le ministre a le
même pouvoir que le ministre de l'Énergie et des Ressources de
faire
les corrections qui s'imposent.
M. Pagé: Oui, chaque joyau de la couronne a ces
mêmes pouvoirs.
M. Jolivet: C'est, comme dirait...
M. Pagé: Non, non, c'est vrai.
M. Jolivet: ...comme dirait l'annonce.
M. Pagé: Le gouvernement, lorsqu'il agit, il agit au nom
de la couronne.
M. Jolivet: Oui, c'est cela.
M. Pagé: Et il y a 26 ministres. On me dit que ce sont 26
joyaux.
Une voix: Ha! Ha! M. Jolivet: Ce matin...
M. Pagé: Par contre, il ne faut pas que les joyaux se
contredisent entre eux. Mais c'est la même couronne qui parle.
M. Jolivet: Ça, ça arrive, parfois. Ce matin, je
m'en venais et, sur un autobus de la CTCUQ, c'était écrit: "La
reine déjeune avec Diana tous les matins", mais c'était un
pain.
M. Pagé: Oui, mais la publicité était bonne,
n'est-ce pas?
M. Jolivet: Elle est très bonne. Alors, l'article 29 est
adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 29 est
adopté. L'article 30, M. le ministre.
M. Pagé: L'article 30 fait référence
à la liquidation du régime des terres sous concession, qui va
nous permettre de procéder à l'inventaire complet des terres non
concédées. Les modifications apportées au paragraphe
premier de l'article 47 auxquelles on se réfère dans l'article 30
du projet de loi visent à clarifier et mieux encadrer le pouvoir
réglementaire du gouvernement.
Ces dispositions visent à assurer un mode de gestion efficace
pour ce qui est de l'aliénation ou de la location éventuelle de
ces terres. Ces dispositions sont prévues afin de permettre l'adaptation
de la nouvelle réglementation aux modifications proposées. C'est
simple-La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: C'est que vous allez dire que vous transférez
cet article au pouvoir de réglementation. C'est au règlement que
vous allez prévoir l'ensemble.
M. Proteau: C'est un pouvoir réglementaire qu'on avait
déjà, qu'on veut mieux encadrer qu'avant. La pratique nous a
montré qu'il n'était pas assez clair. On voulait simplement
clarifier la situation. Il y a une foule de choses qui étaient, entre
autres, référées au Conseil des ministres. On pense au
transfert de lot auparavant. Maintenant, cela se fait de ministre à
ministre sans passer au Conseil des ministres.
M. Jolivet: D'ailleurs, c'est ce qu'on m'a contesté
l'autre jour, dans une discussion à la période de questions. Le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a été
obligé de revenir sur un vieux sujet, qui faisait votre bonheur et le
nôtre.
M. Pagé: Je m'excuse. De quoi pariez-vous?
M. Jolivet: Bien, du transfert de ministre à ministre,
transfert de propriété privée à
propriété publique.
M. Pagé: Comment, de ministre à ministre?
M. Jolivet: Ce que je viens de dire, c'est qu'au lieu de passer
par le Conseil des ministres, il va y avoir des transferts.
M. Pagé: Je le sais. Depuis...
M. Jolivet: Donc, je veux juste dire que ce sur quoi je suis
d'accord, c'est qu'on l'a un peu amené sur le tapis lors d'une
réponse à une question en Chambre, dernièrement. Je
parlais du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui a fait
ces choses abominables.
M. Pagé: Je retiens deux choses. Je retiens que le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche a toujours fait son travail de façon remarquablement
bien.
M. Jolivet: Pas toujours.
M. Pagé: Et je retiens que, là-dessus, vous
êtes d'accord avec moi.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec vous, mais...
M. Pagé: Parfait.
M. Jolivet: ...pas avec l'autre. Ha! ha!
M. Pagé: D'accord, je vais lu! en parler. Je vais lui en
glisser un mot.
M. Jolivet: II le sait.
M. Pagé: Aussitôt que je vais le voir.
M. Jolivet: II le sait. Il le sait. D'ailleurs,
aujourd'hui, on s'est encore conté fleurette.
Ma question, c'est: Quelle est la raison qui explique l'introduction par
cet article de variantes à l'intérieur des catégories qui
fixent les conditions, le prix et l'étude de terre concernés?
Vous m'en donnerez quelques raisons. J'aimerais que...
M. Pagé: Oui, on aura à vous voir. Allez-y
donc.
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: En fait, c'est que, dans les terres agricoles comme
les terres du domaine public, il y a des terres qui sont affectées
à des fins précises. On pense, entre autres, aux terres qui sont
affectées à des fins de bleuet, à des terres qui sont
déjà affectées de par leur occupation réelle: on
pense aux "squatters". Tant qu'une terre est occupée par un "squatter",
on ne peut pas la mettre en vente ou en location. Or, c'est tout simplement de
ces choses-là qu'il faut tenir compte. Il y a certaines terres aussi,
qui, pour des fins de recherche ou, pour répondre à la mission du
ministère, sont affectées à la production de la pomme de
terre ou aux recherches sur la pomme de terre.
Donc, il faut que la loi nous permette de continuer à...
M. Jolivet: À protéger.
M. Proteau: ...à protéger cela et à leur
attribuer une destination précise au ministère.
M. Jolivet: D'accord. Ce sont les conditions dans lesquelles il
va y avoir cette assurance de protéger ce qui est fait: le type
d'utilisation de la terre et le prix qui est fixé à cet effet,
parce qu'une terre de bleuets va peut-être valoir plus cher qu'une terre
en friche.
M. Proteau: Oui, cela peut être cela. En fait, le
règlement va simplement prévoir les conditions qui font qu'une
terre, comme vous le dites, est affectée aux bleuets tandis qu'une autre
est affectée... Aux "squatters", c'est clair, elle est occupée
illégalement. Mais il y a toutes sortes de choses comme cela.
M. Jolivet: Donc, c'est le règlement qui va prévoir
cela.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: C'est pour cela que vous avez besoin de cet
article-là pour bien le situer.
M. Proteau: Oui, parce que autrement, en vertu de la
réglementation actuelle et de l'ancienne loi, c'est le Conseil des
ministres qui devait indiquer quel lot était affecté à une
bleuetière. C'était un peu lourd.
M. Jolivet: Donc, cela va accélérer le
processus.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Les documents et le type de services pour lesquels le
ministre envisage de facturer des frais aux bénéficiaires
potentiels des terres patentes, quels sont-ils, ces documents et le type de
service?
M. Pagé: C'est un nouveau règlement. M. Proteau:
Le 5.1. Attendez un petit peu.
M. Pagé: Le paragraphe cinq de l'article 47 dit:
"Déterminer dans quels cas, à quelles conditions, de qui et pour
quels services le ministre peut exiger des frais afin de procéder
à la désignation et à l'identification prévues
à la section IV du chapitre III." Cela va être prévu aux
règlements et on va s'appuyer sur...
M. Jolivet: C'est quoi?
M. Proteau: Attendez un peu, je vais essayer de me replacer dans
mon texte de loi...
M. Jolivet: Je n'ai pas vu le règlement, moi, à ce
moment-là.
M. Labrecque: Les cas auxquels on se réfère ici
sont les cas de...
La Présidente (Mme Dionne): M. Labrecque.
M. Labrecque: ...de 43.4, c'est-à-dire les cas où
on devra procéder à des frais d'arpentage, les cas complexes
qu'on devra finalement régler en fin de processus. Évidemment, il
faudra réglementer à cet égard-là. Dans le cours du
processus, on va voir jusqu'à quel point certains dossiers pourront
devenir problématiques. Alors, c'est pour se donner la
possibilité...
M. Jolivet: De faire un règlement.
M. Labrecque: ...de faire un règlement.
M. Pagé: Oui, ces règlements-là sont
prépubliés, évidemment, et sont sujets à
représentation.
M. Jolivet: Pour le moment, ils sont...
M. Labrecque: Pour le moment, on n'a pas à s'en
préoccuper. On a suffisamment de dossiers...
M. Pagé:...
M. Labrecque: Justement, juste avec la réglementation
actuelle, qui nous permet de procéder, ce sera quand on viendra en fin
de
processus pour régler les dossiers problématiques.
M. Jolivet: Je vous comprends bien, mais, moi, comme
législateur, je ne veux pas, un jour, me faire taper sur les doigts et
me faire dire: Comment cela se fait-il que tu n'as pas vu cela? Je veux juste
savoir: Y a-t-il un règlement qui existe, un synopsis de
règlement? Si oui, j'aimerais cela l'avoir.
M. Labrecque: Pardon? M. Jolivet: Bon...
M. Pagé: Vous aimeriez avoir un synopsis de
règlement?
M. Jolivet: C'est cela, oui. Sur cela, s'il y avait un synopsis
de règlement parce qu'on dit: Par règlement, il doit
déterminer dans quels cas, à quelles conditions, de qui et pour
quels services le ministre peut exiger des frais avant de procéder
à la désignation et à l'identification prévues
à ce qu'on me parlait tout à l'heure.
M. Pagé: On vous a indiqué que c'était une
clause de sauvegarde. Si jamais besoin était d'encadrer ou de
spécifier les dispositions prévues à l'article 47, 3°
qui insère l'article 5.1, que c'était très probable qu'on
n'ait pas à se prévaloir de ces dispositions. (22 h 15)
M. Jolivet: C'est l'article 43.4.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: J'ai compris cela, mais il va y avoir un
règlement. En fait, ce que vous demandez au législateur, c'est de
vous permettre de faire un règlement qui va prévoir cela.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Je vous pose la question. Est-ce qu'il y a, pour tout
l'ensemble réglementaire qui est prévu, un synopsis de
règlement qui pourrait nous être utile ici, comme
députés, pour qu'on le regarde?
M. Pagé: L'assurance que je peux vous donner, c'est que le
pouvoir réglementaire qui sera exercé le sera en vertu des
dispositions de nos lois, à savoir, délais de
prépublication, délais de publication avant l'entrée en
vigueur. L'engagement que Je peux prendre, c'est que, lorsque les
règlements auront à être modifiés ou lorsque j'aurai
à signer des projets de règlement pour étoffer cette loi,
je vous les ferai parvenir, si vous êtes encore le critique et si je suis
encore ministre.
M. Jolivet: On ne fera pas de gageure pour le moment,
après les fêtes.
M. Pagé: Je suis prêt à gager.
M. Jolivet: La seule question que je vous pose.
M. Pagé: On a gagé ce matin. M. Jolivet: Oui, une
piastre. M. Pagé: Non.
M. Jolivet: Une bière. Je ne bois pas de bière. Je
prendrai une eau Perrier.
Je vais vous dire une chose. Est-ce que je peux appeler M. Scowen
à Londres pour voir s'il est d'accord avec cela?
M. Pagé: Si vous jugez opportun de faire un appel
interurbain à Londres, vous pouvez.
M. Jolivet: Je pense que ce ne sera pas nécessaire, car je
suis sûr qu'il ne sera pas d'accord avec cela.
M. Pagé: Je veux être clair. Je suis persuadé
qu'il vous prierait de me transmettre ses amitiés.
M. Jolivet: ...de forcer la note pour que vous me les donniez. Je
suis sûr de cela.
Avec moi, il n'y a pas de problème non plus.
M. Pagé: Cependant, il ne faut pas pécher par
l'absurde. Il n'y a rien de pire que pécher par l'absurde. Lorsque notre
formation politique a indiqué que nous entendions revoir
l'étendue de nos réglementations, cela ne voulait pas dire pour
autant qu'il n'y avait plus aucun règlement.
M. Jolivet: M. le député de Berthier,
écoutez cela.
M. Pagé: D'abord, vous le savez, M. le
député, vous êtes ici depuis dix, onze ans. Vous avez
siégé au Conseil des ministres pendant au-delà d'un an.
Vous êtes en mesure de savoir que le législateur ne peut pas
prévoir, dans chacune des lois qu'il adopte, les dispositions
spécifiques, très particulières, très
précises susceptibles de faire vivre l'ossature d'une loi. On ne peut
pas prévoir cela dans la loi. On sera toujours en Chambre. Tant et si
bien qu'il nous faut adopter des règlements. Ce qu'on a fait, on
réglemente moins, on réglemente mieux, on réglemente
toujours et on réglemente de façon ouverte, avec des
délais de prépublication, des délais de publication et la
reconnaissance pour le droit des gens concernés par ces
règlements de faire part de leurs représentations au ministre de
la Justice. Quoi demander de mieux?
M. Jolivet: Mme la Présidente.
M. Pagé: Transparence et ouverture d'esprit.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Cela se faisait dans notre temps, aussi. La seule
chose, c'est qu'on se faisait critiquer. Je ne ferai pas cette critique, je
vous dirai simplement que je prends acte de ce que le ministre dit, qui va
à rencontre de ce qu'ils ont toujours dit lorsqu'ils étaient dans
l'Opposition, même lorsqu'ils étaient au pouvoir avec le
député adjoint au premier ministre responsable de la
déréglementation, j'ai tout compris que, finalement, ils ont
parlé pour ne rien dire. C'est de valeur, parce que les
législateurs, normalement, ne parlent jamais pour ne rien dire.
Je l'adopte quand même.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 30 est
adopté.
L'article 31, M. le ministre.
M. Pagé: À l'article 31, on dit que les conditions
relatives aux coupes de bois qui sont inscrites dans ces lettres patentes sont
réputées n'avoir jamais existé. On se réfère
aux lettres patentes délivrées avant le 1er juillet 1984 et qui
étaient sujettes à différentes conditions relatives
à la coupe du bois. On se référait aux articles 38 et 39
de la Loi sur les terres de colonisation. Ces conditions pouvant, en certains
cas, être maintenues pendant une période 20 ans, il y a lieu de
procéder à leur annulation. Elles visaient la protection des
colons au temps de la colonisation. En ce qui nous concerne, cette
époque est révolue.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Quelles étaient les conditions qui
étaient relatives aux coupes de bois?
M. Proteau: En fait, le colon qui obtenait ses lettres patentes,
était obligé de laisser son lot - ou partie du lot, c'est 15 % ou
20 %, selon les époques - sous couvert forestier durant au moins 20 ans
après l'octroi des lettres patentes. C'était pour lui assurer,
durant les vingt ans suivant l'octroi des lettres patentes, du bois pour se
chauffer, pour se construire.
M. Jolivet: Donc, ce que le colon faisait à
l'époque c'était ce qu'on va faire maintenant avec la Loi sur les
forêts, dans laquelle on dit, maintenant, qu'il devrait - j'appelais cela
comme ça - jardiner son terrain, s'assurer qu'il y a une coupe
sanitaire, une coupe sélective, une coupe qui permette au bois de mieux
pousser, mais il était obligé de ne point couper son bois qui
deviendra, dans 20 ans ou 30 ans, apte à la construction, au bois de
chauffage et au bois d'oeuvre.
M. Proteau: Oui. Et cela posait aussi un problème. C'est
que quelqu'un qui voulait vendre son lot et quand la lettre patente
était récente et qu'il n'y avait plus du tout de bois sur le lot,
on recevait beaucoup d'appels de notaires: Qu'est-ce qui va se passer?
M. Jolivet: À ce moment-là, cela s'explique donc
par le fait même, que, n'étant plus couvert par ces obligations,
il devient maintenant couvert cependant par le bon sens.
M. Proteau: Oui.
M. Jolivet: Cela veut dire que, comme cela devient lot
privé, comme lot privé, il va devoir, s'il veut assurer une
rentabilité à son bois, l'utiliser à bon escient dans la
mesure où, s'il en fait la vente, il doit passer par les syndicats de
producteurs de bois. Donc, il va avoir des quotas de coupe et il faut mettre en
place tout un système pour s'assurer la reproduction de son terrain s'il
veut que cela profite à long terme. Dans ce sens-là, il faut
avoir un plan simple de gestion.
M. Proteau: Ou il devra l'exploiter rationnellement. Pour nous,
cela ne nécessitait plus le maintien de cette clause.
M. Jolivet: Donc, vous n'avez plus besoin de cela. Maintenant,
vous dites: On va te le donner, tu feras ce que tu voudras avec. Si tu le
gaspilles immédiatement, c'est toi qui vas être mal pris
après.
M. Proteau: D'autant plus que l'État n'a jamais poursuivi,
n'a jamais vérifié si ces conditions étaient
respectées.
M. Jolivet: Cela coûtait trop cher. Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 31 est
adopté. L'article 32, M. le ministre.
M. Pagé: L'article 32, j'y arrive avec empressement.
M. Jolivet: Notre ami, James Crawford.
M. Pagé: En fait, les dispositions prévues à
l'article 55 visent à inclure... Elles sont Incluses afin d'accorder
à ces terres un traitement analogue à celui des autres terres
sous concession en ce qui a trait à la rétroactivité des
droits et à la date de concession. Alors, le transfert
effectué... On prévoit aux articles 55.1 et 55.2 que le transfert
effectué conformément à la section IV du chapitre III
d'une terre sous concession qui fait partie d'une réserve indienne
désaffectée et ayant fait l'objet d'un titre consenti sans droit
par l'autorité fédérale a effet
à compter de la date du titre ainsi consenti. C'est la même
chose concernant les lots ou les terres qui ont été donnés
sous concession dans une démarche de générosité par
M. James Crawford entre 1820 et 1828.
M. Jolivet: II avait toutes sortes de pouvoirs.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui. C'est cela. Est-ce qu'on pourrait savoir quelle
était la nature des terres concédées par James
Crawford?
La Présidente (Mme Dionne): Monsieur...
M. Pagé: C'est disparate.
M. Jolivet: Pardon?
M. Proteau: C'est comme les terres qu'on...
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: ...a aujourd'hui encore. Cela ne change absolument
rien. Il s'est substitué aux agents de la couronne à
l'époque, dans la région de la baie des Chaleurs, principalement,
et un peu dans le coin de Mégantic-Compton. On a fait des relevés
dans le canton d'Inverness, entre autres.
M. Jolivet: Oui. Où se trouvent les terres faisant partie
des réserves indiennes désaffectées maintenant?
M. Proteau: On en a à trois endroits, de mémoire.
C'est à Nédélec, près de Ville-Marie au
Témiscamingue, à Ouiatchouan canton de Ouiat- chouan et
dans la réserve de Pointe-Bleue au Lac-Saint-Jean...
M. Jolivet: Lac-Saint-Jean.
M. Proteau: ...et on en a à Viger en arrière de
Rivière-du-Loup, dans le canton Viger, où il n'existe plus de
réserve, à ma connaissance.
M. Jolivet: Ce n'est pas au comté de Viger, à
Montréal.
M. Proteau: Non, non, le canton Viger. M. Pagé: Non, non.
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Quand je me référais à cela,
M. Maciocia était un peu inquiet, mais je me suis empressé de le
rassurer.
M. Jolivet: Ha, ha, ha! Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté.
M. Jolivet: C'est normal que ce soit comme cela.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 32 est
adopté. L'article 33?
M. Pagé: Dans l'article 33, il y a une modification, Mme
la Présidente et on va vous la déposer sur-le-champ.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 33 de ce projet de
loi se lit comme suit: "33. Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 56, du suivant: "56.1 Tout solde encore dû au
ministre sur le prix de la concession et pouvant subsister sur une terre sous
concession est annulé à compter du (indiquer ici la date
d'entrée en vigueur de la présente loi)".
M. Pagé: Essentiellement, Mme la Présidente, cela
indique que tout solde est dû au ministre sur le prix de la concession...
On se rappellera que ces terres étaient concédées pour un
prix pouvant varier selon les époques de 30 $ à 60 S,
c'est-à-dire de 0,30 $ a 0,60 $ l'acre, payable en plusieurs versements.
Il y a plusieurs concessionnaires qui n'ont pas encore acquitté
totalement ou partiellement ce montant. Vu que cela ne représente pas
des sommes faramineuses, on évalue ces sommes à un montant entre
19 000 $ et 20 000 $. Imaginez-vous tout le travail, tous les frais qui
seraient inhérents à la perception de ces montants dans le cadre
d'un transfert global au domaine privé. On propose de renoncer à
ceux-ci purement et simplement. Cela coûterait plus cher d'enclencher le
processus de perception de ces 19 000 $ ou 20 000 $ que d'aller les chercher.
D'autant plus que, dans plusieurs cas, ce sont des gens qui, comme dans votre
comté, occupent des terres, des terrains et sont convaincus d'être
propriétaires. Imaginez-vous, si on disait: Monsieur et madame, bonjour!
Nous représentons le ministère de l'Agriculture, vous nous devez
35 S. Ce ne serait pas drôle. Et comme on est un bon gouvernement, un
gouvernement près des gens, un gouvernement animé par un
esprit...
M. Jolivet: II veut son bien et il va l'avoir.
M. Pagé: ...profond de justice et d'équité,
alors on leur donne.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Je relis l'article 33 en regard de l'article 33
actuel du projet de loi. Je crois comprendre qu'on a fait sauter le
deuxième alinéa.
M. Pagé: Oui, on a fait sauter le deuxième.
M. Jolivet: Pourquoi a-t-on fait sauter le deuxième?
M. Proteau: En fait, II y avait une certaine catégorie de
terres...
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: ...ce qu'on appelle communément les lots de
rachat. Ce sont des terres qui, au cours des années, ont
été rachetées par l'État pour être revendues
à leurs occupants ou à un tiers. Ce n'étaient pas,
à l'époque, des lots et des terres de colonisation. Cela a
été assujetti à notre loi, en 1982. Par contre, cela a
toujours été considéré, sur le plan pratique, comme
des terres de colonisation. C'était, si vous voulez, une forme de
subvention déguisée. Et là, on remonte aux années
trente, quarante et cinquante.
M. Jolivet: Après la crise.
M. Proteau: Oui. Cela nous coûterait plus cher d'aller
chercher tout cela que les faibles montants qui meurent là.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, cela va? L'article 33,
tel qu'amendé, est-il adopté? Adopté.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 34. M. le
ministre.
M. Pagé: Mme la Présidente, l'article 34 est
très simple. Il vise à confirmer le droit de
propriété du ministre sur toutes les terres mises sous son
autorité.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté.
M. Pagé: L'article 35...
M. Jolivet: Écoutez, je dis adopté parce que c'est
bien simple. Pour tout ce qui s'en vient vers la fin, je pense qu'il n'y aura
pas de problème. Ce sont des concordances avec tout ce qu'on a
adopté.
M. Pagé: L'article 34 est-il adopté, Mme la
Présidente.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté.
M. Pagé: À l'article 35, on se réfère
au fait que, le concept de terre de colonisation étant maintenant
périmé, on vient d'adopter en conséquence la terminologie
des lois connexes encore en vigueur. On se réfère, entre autres,
à la Loi sur le prix du bois à pâte vendu par des
agriculteurs et des colons.
M. Jolivet: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 35 est
adopté. Article 36?
M. Pagé: On vient de voir l'article 35. À l'article
36, c'est le même commentaire qu'à l'article 35, à savoir
que c'est une mesure de concordance.
M. Jolivet: C'est une mesure de concordance.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté.
M. Jolivet: II n'y a pas de problème.
M. Pagé: C'est la même chose à l'article
37.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 36 est-il
adopté?
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 37?
M. Pagé: Même chose.
M. Jolivet: Même chose à l'article 38.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article
38?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. Article 39?
M. Pagé: À l'article 39, on nous dit que les terres
affectées par cette loi sont maintenant régies par la Loi sur les
terres publiques agricoles. Il y a donc lieu d'abroger cette loi. Cette loi,
c'était l'acte pour encourager les Canadiens, les Américains, les
immigrants européens et les habitants de la province à se fixer
sur les terres incultes de la couronne. C'était le chapitre 38 de
Victoria 1874-1875, chapitre 3. C'est abrogé.
M. Proteau: Quand on parle de terres incultes...
La Présidente (Mme Dionne): M. Proteau.
M. Proteau: ...on veut dire: terres non cultivables.
M. Jolivet: Non cultivables. Maintenant, on les cultive quand
même.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: C'est là qu'on plante les sapins de
Noël.
M. Pagé: Oui.
M. Proteau: Incultes, cela veut dire non cultivées,
plutôt.
M. Jolivet: Le problème, c'est que, quand on parle de
culture...
M. Proteau: La culture traditionnelle.
M. Jolivet: La grosse discussion, c'est: Est-ce que l'arbre de
Noël ou est-ce que l'arbre qui est planté, c'est de la culture ou
ce n'en est pas? C'est une bonne discussion de sémantique ou de
philosophie. Cela dépend où on se place. Effectivement, parmi les
terres qui sont considérées comme incultes, il y en a
quelques-unes qui sont devenues utilisables à des fins
forestières.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 39 est
adopté?
M. Jolivet: J'aurais peut-être une dernière
question. Je peux attendre quelques instants.
M. Pagé: Est-ce que l'article 39 est adopté?
La Présidente (Mme Dionne): Non.
M. Jolivet: Juste une question. Est-ce que la majorité de
ces terres se retrouve dans le Nord-Ouest?
M. Proteau: Non, la plupart...
M. Jolivet: N'importe où dans le Québec?
M. Proteau: N'importe où dans le Québec et,
principalement, on va les retrouver - si on regarde les dates - dans les
Cantons de l'Est et en Gaspésie, et peut-être un peu au
Lac-Saint-Jean.
M. Jolivet: D'accord. Dans les Cantons de l'Est, quand on parle
de Mégantic-Compton, ou ces coins-là, on parie de terres qui
étaient effectivement non cultivables à cause des montagnes. On
se retrouve aujourd'hui avec des terres qui sont utilisées pour la
culture des arbres de Noël.
M. Pagé: Oui, et la démarche de cette date visait
à s'assurer des Canadiens...
M. Jolivet: Un Canadien errant.
M. Pagé: Non. On sait qu'on a eu une migration asse2
importante vers les États-Unis à un moment donné.
M. Jolivet: Ah!
M. Pagé: Et cela visait à les inciter à
revenir chez nous, la terre de leurs aïeux, le Canada.
M. Jolivet: D'ailleurs, mon grand-père Poirier, c'est un
déporté de l'Acadie qui est justement passé par les
États-Unis, il s'est retrouvé à Timmins et est revenu
à Montréal.
M. Pagé: Votre grand-père? Maternel ou
paternel?
M. Jolivet: Maternel.
M. Pagé: Maternel. D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): Alors...
M. Pagé: Est-ce qu'il ne demeurait pas...
M. Jolivet: Mon grand-père maternel. Ce sont les Poirier
de la grande rotation de l'Acadie en montant, en revenant par...
M. Pagé: Est-il revenu dans Laviolette, non?
M. Jolivet: Non, à Montréal, mais il est venu dans
Maskinongé. Les temps étaient durs. Alors il est retourné
à Montréal.
M. Pagé: D'accord, je vais en parler aussi à M.
Picotte lorsque je le verrai.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Mais, il n'est plus là. Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 39 est
adopté? Adopté. L'article 40?
M. Pagé: À l'article 27, on se rappellera qu'on a
introduit l'article 44.1. C'est une disposition de nature transitoire qui est
insérée afin de rendre applicables les dispositions de l'article
27 aux terres dont les lettres patentes ont déjà
été délivrées. Alors, on disait que toute
opération permettant la délivrance des lettres patentes
conformément à la présente section ne constitue pas une
aliénation ou un lotissement visible aux articles 28 et 29 de la loi sur
la protection du territoire agricole.
M. Jolivet: Puisqu'on parlait de la loi sur le territoire
agricole. Cela est la concordance avec ce qu'on a dit.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Cela va.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article 41,
on a un amendement.
M. Pagé: Oui, madame. Alors, le nouvel article 41, je vais
vous laisser le lire.
La Présidente (Mme Dionne): Oui. L'article 41 de ce projet de loi
est remplacé par le suivant: "Les articles 44.2 à 44.5
s'appliquent également à toute terre ayant déjà
été sous concession, que cette terre ait fait l'objet ou non de
lettres patentes ou qu'une révocation ait été
prononcée à l'égard de cette concession."
M. Pagé: Alors, ces dispositions de nature transitoire
sont insérées afin de rendre applicables les dispositions de
l'article 27 aux terres dont les lettres patentes ont déjà
été délivrées.
M. Jolivet: Quelle différence y a-t-il entre l'article que
vous nous présentez et l'autre que vous nous avez présenté
avant? Pourquoi avez-vous fait un changement?
M. Pagé: Parce qu'il ne se réfère pas aux
mêmes articles.
M. Jolivet: On dit à l'article 41: "Les articles 44.2
à 44.5 s'appliquent également à une terre pour laquelle
des lettres patentes ont été délivrées en vertu de
la présente loi, avant le (...) de la loi sur les terres de colonisation
- c'est l'autre avant - ou de toute autre loi concernant la colonisation."
Là vous dites: "...s'appliquent également à toute terre
ayant déjà été sous concession, que cette terre ait
fait l'objet ou non des lettres patentes ou qu'une révocation ait
été prononcée à l'égard de cette
concession". Ce n'est pas tout à fait la même chose qui est
dite.
La Présidente (Mme Dionne): M. Labrecque.
M. Labrecque: II y avait un trou juridique créé en
formulant de la première façon, c'est que ce qui
régularisait, c'est le fait qu'il y ait des lettres patentes qui sont
délivrées et on veut régulariser plus que cela. Dans le
cas où une terre était sous concession et a été
révoquée, on veut que l'expropriation qui aura été
faite à l'époque où c'était sous concession puisse
valoir même si la terre a été révoquée, sans
que des lettres patentes soient délivrées pour cette
terre-là. Une terre était sous concession, elle a
été révoquée et concédée à
nouveau. On veut également régulariser ce qui aura
été consenti lors de la première concession. En
s'exprimant de la façon qu'on l'avait fait au tout début, on
disait: "pour laquelle des lettres patentes ont été
délivrées". Il y a certains cas qu'on ne régularisait pas.
Alors, là on dit: en autant qu'elle ait été sous
concession, on régularise.
M. Pagé: C'est cela.
M. Labrecque: On s'est rendu compte que cela nous créait
un petit trou juridique.
M. Proteau: C'est pour éviter que quelqu'un, en fin de
compte, si on prend un chemin public, arrive et dise: Comme c'est
exproprié sous une concession qui a été
révoquée, le chemin ne vaut plus et, moi, je reprends mon bout de
chemin et je ferme cela. On veut éviter cela.
M. Jolivet: Certainement.
La Présidente (Mme Dionne): L'amendement est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 41 tel
qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 42?
M. Pagé: Alors à l'article 42, Mme la
Présidente, c'est que, dans toutes les lois ainsi que les textes
d'application, l'expression "terre publique agricole" est remplacée par
l'expression "terre agricole du domaine public". Cela vise tout simplement
à harmoniser, c'est de la concordance.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 42 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 43?
M. Pagé: Alors, Mme la Présidente, cela vise
à faire en sorte que le projet de loi entre en vigueur le jour de sa
sanction, tout simplement.
M. Jolivet: Quand visez-vous la sanction?
M. Pagé: Après son adoption.
Des voix: Ha! Ha! Hat
La Présidente (Mme Dionne): Adopté?
M. Jolivet: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, j'appelle le titre du
projet de loi, Loi modifiant la Loi sur les terres publiques agricoles et
d'autres dispositions législatives, tel qu'amendé.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Pardon?
M. Pagé: Oui, j'ai eu peur là. Le titre n'est pas
amendé.
La Présidente (Mme Dionne): II n'est pas amendé. Je
m'excuse, il n'est pas amendé.
M. Pagé: Le titre est adopté, tel que
proposé.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, tel que
proposé.
M. Pagé: Le titre est adopté. M. Jolivet: Le
titre est adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi tel qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: On a dit, Mme la Présidente, que nous l'avions
adopté en principe puisqu'on était d'accord avec les principes,
on n'était pas d'accord avec les modalités, compte tenu de tout
ce qui nous a été apporté jusqu'à maintenant et
nous continuons toujours à dire que nous votons pour.
M. Pagé: D'accord. Si je comprends bien, on peut
être pour le projet de loi et avoir certaines dissidences à
l'égard de certains articles du projet de loi.
M. Jolivet: Cela peut arriver? M. Pagé: Très
bien, merci.
M. Jolivet: Vous avez eu peur, tout à l'heure?
M. Pagé: J'apprécie. Alors, Mme la
Présidente, avant de passer à l'étude du projet de loi 89,
je voudrais remercier, évidemment, mes collègues de leur
contribution à nos travaux qui témoigne de leur
intérêt pour cette loi. Je m'en voudrais aussi de ne pas souligner
leur contribution et leur participation à nos travaux, et non seulement
à nos travaux, mais à la préparation de cette loi. C'est
une véritable oeuvre de bénédictin, vous savez, travailler
dans ces dossiers. Je veux remercier M. Proteau, M. Bourget et M. Labrecque,
qui sont des distingués fonctionnaires de mon ministère, de leur
contribution.
La Présidente (Mme Dionne): Merci beaucoup, M. le
ministre. Merci, M. Labrecque, M. Proteau.
M. Pagé: Peut-être, Mme la Présidente, qu'on
pourrait suspendre quelques minutes avant d'aborder le projet de loi 89.
M. Jolivet: Oui, mais avant cela, j'aimerais bien dire un petit
mot.
M. Pagé: Oui. oui, je vous en prie, je m'excuse. Point
n'est de mon intention de vous brimer dans votre droit de parole.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Simplement pour dire que j'ai travaillé avec
beaucoup de plaisir et de profondeur sur ce projet de loi, qui, à mon
avis, demandait d'être étudié avec autant de sérieux
qu'on l'a fait. C'est, je pense, un virement de cap important qu'il faut faire
le mieux possible pour rendre le plus rapidement possible propriétaires
les gens qui ont le droit de l'être en vertu de toutes les
décisions qui ont été prises par les gouvernements
antérieurs et celui-ci. De la sorte, nous allons pouvoir dire: Oui, il y
a des gens qui ont des terres sur lesquelles ils vivent et qu'il faut leur
donner ce droit de propriété pour qu'une fois pour toutes on n'en
parle plus et que le ministère passe à d'autres actions dans
l'avenir. Tout ce que je souhaite, c'est que cette transition se fasse de la
façon la plus harmonieuse possible et que le ministère puisse
affecter le plus rapidement possible l'argent nécessaire et les
personnes nécessaires à faire le travail qu'on nous a promis de
faire, région par région, au Québec. Alors, on souhaite
bonne chance à ceux qui vont devoir l'appliquer.
La Présidente (Mme Dionne): Merci, M. le
député de Laviolette et on suspend pour quelques instants.
M. Jolivet: Quelques instants de suspension, oui.
(Suspension de la séance à 22 h 37)
(Reprise à 22 h 46)
Projet de loi 89
La Présidente (Mme Dionne): La commission reprend ses
travaux. Nous sommes à l'étude du projet de loi 89. Loi sur les
courses de chevaux. J'inviterais M. le ministre à faire ses remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires
M. Michel Pagé
M. Pagé: Mme la Présidente, très
brièvement, seulement quelques mots pour vous indi-
quer que le débat s'est complété en deuxième
lecture, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale. C'est avec,
évidemment, beaucoup de satisfaction que j'ai constaté l'appui
qui m'a été donné dans le cadre de cette démarche
par l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale.
On aborde maintenant l'étude du projet de loi article par
article. Je sais que des questions ont été soulevées au
moment du débat, à la deuxième lecture et on pourra
très certainement y répondre dans le cadre de l'étude de
ce projet, qui contient 146 articles.
Comme on le sait, ce projet vise à instituer une Commission des
courses de chevaux du Québec, lui confier différentes fonctions,
pouvoirs et responsabilités qui sont actuellement dévolus
à la Régie des loteries et courses du Québec et à
SODIC inc., qui est une corporation, dont l'actionnaire était le
ministre des Finances jusqu'au 3 septembre dernier, et dont l'actionnaire est
maintenant le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec, compte tenu que le 3 septembre dernier, j'ai
posé l'acte juridique me permettant de procéder à
l'acquisition de cette action.
Il prévoit que la commission des courses aura le mandat de
régir, de surveiller les courses de chevaux au Québec,
l'élevage, l'entraînement des chevaux de course et surtout de
promouvoir et d'aider l'industrie des courses de chevaux et
l'entraînement des chevaux de course. Il prévoit également
la constitution d'un comité consultatif pour conseiller la commission,
qui sera formée de 5 membres, comme on le sait. Il donne à la
commission le pouvoir de déléguer certains de ces pouvoirs
à des juges de courses et à des juges de paddock dont les
décisions pourront être révisées par la commission.
Mais ces décisions seront finales.
En fait, ce qu'on veut, c'est maintenir une approche de protection
très rigoureuse de la pratique de cette activité et on veut -
pour répondre à la critique qui m'a été
formulée, cet après-midi, par le député de
Jonquière, si ma mémoire est fidèle - que les juges aient
un pouvoir décisionnel, aussi important et applicable - exemple concret
- que les arbitres au hockey, qui ne peuvent pas voir, évidemment, leurs
décisions revisées ou changées à toutes les
pénalités ou à toutes les deux ou trois minutes. Le projet
de loi prévoit que la commission va pouvoir délivrer des licences
que le gouvernement prescrit pour l'exercice des occupations et fonctions, que
ce soit entraîneur, conducteur, etc. La commission aura juridiction sur
cette section de responsabilités qui étaient dévolues
à d'autres organismes antérieurement.
Il prévoit, évidemment, des modifications à
diverses lois qui touchent le domaine des courses, soit la Loi sur les
licences; la Loi sur les loteries et courses du Québec; les concours
publicitaires; les appareils d'amusement; la Loi sur le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et la Loi sur la
Société des loteries et courses du Québec.
M. Jolivet: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: II est évident que nous avons donné
notre accord à l'adoption de ce projet de loi, mais nous avons aussi dit
que nous avions beaucoup de questions à poser, nous assurer justement
que l'effet proposé par ce projet de loi ait les meilleures conditions
nécessaires d'accomplissement.
Le ministre, juste en passant, a fait mention de juges équivalant
à des arbitres au hockey, je dis que les juges, en ce qui a trait aux
décisions quant au vainqueur, ont une chance meilleure, au chapitre des
courses de chevaux parce qu'ils ont un chronométrage et un "photo
finish" comme on dit, qui nous indique si c'est au bout du nez ou ailleurs que
le cheval est gagnant. Donc, ils ont une chose qui leur permet de
vérifier à nouveau s'ils se sont trompés. C'est encore
bien mieux qu'au hockey quant à des jeux...
M. Pagé: C'est-à-dire que, probablement, se servant
de l'expérience des courses de chevaux, la ligue Nationale a
expérimenté, cette année, les fameux films des
événements.
Le cas Blue Bonnets
M. Jolivet: On l'espère. Ce n'était pas le but de
mon propos, mais j'en ai profité vu que le ministre l'a dit. Moi, j'ai
des questions préliminaires par rapport à ce qu'on a dit.
D'abord, le ministre dans l'ensemble de son plan de relance, dans
l'ensemble des sommes qu'il investit pour les cinq prochaines années...
Il a été fortement question dans les journaux, de l'entente entre
le ministère et la Corporation Campeau, propriétaire de Blue
Bonnets. Or, comme nous avons longuement parlé de ça, j'aimerais
savoir du ministre s'il est dans son intention... On le requérerait pour
en faire une étude appropriée parce qu'avant de regarder tout
l'ensemble, on veut s'assurer que cette partie-là soit la meilleure
possible. Est-ce que le ministre peut nous donner copie du contrat entre la
Corporation Campeau et le ministère pour la question de Blue Bonnets
afin qu'on puisse l'analyser lors de cette commission parlementaire?
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Pagé: Mme la Présidente. Le député
de
Laviolette se réfère à un sujet incident, mais non
pas principal du projet de loi. Je m'explique.
Le projet de loi prévoit un cadre de gestion de
cette industrie-là à compter de son adoption. Comme,
évidemment, le député de Berthier m'écoute avec
beaucoup d'intérêt et que tous mes collègues sont là
à attendre l'ensemble de mes propos, ils attendent mes paroles, je vais
y aller de façon complète et entière.
D'abord, la loi, le cadre de gestion de l'industrie. Cette industrie
s'appuie sur différentes composantes. Des propriétaires qui
investissent des sommes très importantes dans l'achat de pouliches, de
poulains, de chevaux. Ils exploitent des fermes d'entraînement qui, bon
an, mal an, représentent, au total, plusieurs millions de dollars pour
le renouvellement de notre cheptel. Comme on le sait, ces poulains-là
sont achetés à 18 mois. Un pourcentage minime de ces poulains
peuvent participer aux courses de catégorie 2 ans, au mois de juin
suivant, et un nombre plus appréciable évidemment participe aux
courses de catégorie 3 ans. C'est ce qu'on appelle l'élevage.
Dans cette industrie, on se réfère aussi à des
femmes et des hommes qui occupent, soit du travail au pourcentage, soit du
travail comme salariés. Travail au pourcentage, notamment, pour les
conducteurs de chevaux et aussi les entraîneurs, les palefreniers et tout
le personnel qui gravite autour de l'activité, que ce soit les
forgerons, les médecins vétérinaires, etc.
On a aussi les pistes de courses. On a cinq pistes de courses au
Québec. On a la piste Prévert, à Jonquière, la
piste de Québec, la piste Lavidette, à Trois-Rivières, la
piste de Connaughi Park à Aylmer, et on a aussi la piste de Blue Bonnets
à Montréal.
Blue Bonnets constitue un des leviers principaux de l'industrie au
Québec. L'activité de Blue Bonnets représente, au bas mot,
55 % de l'ensemble de l'activité de l'industrie des courses au
Québec. Donc. Blue Bonnets est importante. La piste de courses sur le
territoire de la région de Montréal est importante pour
l'ensemble de l'industrie. Exemple concret: vous allez avoir des "claiming"
à 3000 $ sur chacune des pistes. Vous aurez des "claiming" à 3000
$ de façon quand même limitée à Blue Bonnets. Un
"claiming" à 3000 $, c'est le droit pour toute personne d'acheter un
cheval inscrit dans une catégorie et ce cheval, dès le moment
où il est inscrit dans cette catégorie, peut automatiquement
être acheté au montant qui est prévu dans la
catégorie.
Alors, ce qu'on appelle des "claimings", des réclamations
à 3000 $, cela peut aller jusqu'à 10 000 $, 15 000 $, 20 000 $.
Tout cela pour vous dire que la qualité du cheptel, étant
donné le nombre des programmes, étant donné le carrefour
important que constitue Blue Bonnets, il y une activité
prépondérante là-bas.
Donc, Blue Bonnets est importante. Le dossier de Blue Bonnets n'est pas
traité spécifiquement dans ce projet de loi; il n'a pas à
l'être, non plus. Ce qu'on a fait... Là, je vais vous rendre
compte complètement et bien ouvertement de ce dossier et je suis
persuadé que vous allez abonder dans le même sens que moi, en ce
qui concerne ma position et que vous allez nous appuyer dans cette
démarche.
Dans un premier temps, on a annoncé un programme d'investissement
de 25 000 000 $, qui seront investis sur les pistes, au cours des cinq
prochaines années, pour moderniser les équipements, les
conditions de facilité au public, les estrades, les restaurants et aussi
les écuries et les paddocks.
On a négocié et on a discuté avec l'Association des
pistes de courses du Québec. Unanimement, ils en sont venus à une
prise de position acceptant l'offre gouvernementale de distribution ou
d'allocation des ressources. Je peux vous indiquer que sur ces 25 000 000 $, il
y a une somme qui s'en va à un plan de promotion de l'industrie.
L'industrie doit faire l'objet d'une promotion spécifique,
particulière.
Cette promotion ne s'écrira pas sur le coin de la table. Cette
promotion sera le résultat d'une étude de marché qui se
fera incessamment; des firmes ont été choisies ou le seront
bientôt. Cette étude de marché va nous permettre de
connaître les attentes du public à l'égard de l'industrie
des courses. Elle va nous permettre de savoir ce qui fait que, depuis un
certain temps, un nombre de spectateurs, de visiteurs ont cessé de se
rendre aux hippodromes, ce qui fait que les jeunes - exemple concret - sont
peut-être plus ou moins intéressés par cette
activité. En fait, c'est une étude de marché avec des
cibles, des objectifs et elle va nous conduire à un plan de
communication qu'on veut adéquat et susceptible de donner une image
renouvelée de cette industrie et de ses activités.
Ces sommes vont être puisées à mêmes les 25
000 000 $. À même les 25 000 000 $, nous avons puisé des
sommes dans l'immédiat pour ce qu'on appelle les bourses "overnight".
Comme on le sait, il y a différentes catégories de bourses. Ces
chevaux partent pour des montants qui sont alloués par course, le
gagnant recevant 50 % de la bourse, le second, 25 %, le troisième, 12
1/2 % et, là, ça baisse. Les cinq premiers ont des montants.
Mais il y a certaines catégories de courses qui ont des bourses
plus substantielles, parce que, entre autres, ce sont des poulains, ce sont des
pouliches, ce sont des chevaux d'élevage et cela, c'est encourageant
pour un éleveur qui a un poulain de 2 ou 3 ans de participer à
une course dans ces catégories parce que les montants des bourses sont
plus substantiels.
Par contre, les chevaux qui sont en rythme de croisière, ceux qui
ont 5, 6 ou 7 ans - parce qu'il faut avoir à l'esprit qu'un cheval de
course peut courir, légalement, jusqu'à l'âge de quatorze
ans - pour ces courses, le montant des bourses, en 1987, était
sensiblement le même que les bourses en 1975, 1976 et 1977.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de taux de croissance des bourses
accordées à ce type, à cette catégorie de courses.
C'est ce qu'on appelle la bourse "over-
night", des chevaux qui sont plus âgés.
Par contre, il faut retenir que ces chevaux un peu plus
âgés appartiennent a des personnes qui investissent, qui font
rouler l'entreprise, l'industrie. J'ai annoncé, le 8 septembre, des
augmentations pour les bourses "overnight". Cela a eu quoi comme
résultat? Cela a eu comme résultat une manifestation
d'appréciation très éloquente de la part des
propriétaires qui se disent: C'est encourageant. C'est plus motivant
qu'avant. Il y a une partie de ces 25 000 000 $ qui a été
affectée aux bourses "overnight". (23 heures)
Le plan d'investissement. Le plan d'investissement prévoit un
montant pouvant aller jusqu'à 13 800 000 $ de cet ensemble qui serait
affecté à la rénovation de la piste Blue Bonnets.
Cependant, comme on le sait, Blue Bonnets est une entreprise qui appartient au
groupe Campeau Corporation. Le groupe Campeau Corporation avait
manifesté le désir, depuis quelques années
déjà, de cesser de gérer l'activité des courses. On
a été saisi de ce problème. On a eu des échanges.
L'objectif était de maintenir cette activité, mais aussi
d'investir 13 800 000 $ éventuellement, mais à la condition que
ces sommes servent, non seulement au développement, mais au maintien de
la piste à Montréal. On ne laissera pas 13 800 000 S sur cinq ans
et avoir un avis de fermeture cinq ans après. Ce n'est pas vrai.
Évidemment, on administre des deniers publics et on a des
responsabilités. Ce qu'on a fait, on a discuté avec le groupe de
M. Campeau et on évoqué la possibilité suivante,
c'est-à-dire, un groupe à partir des employés cadres de
Blue Bonnets, à partir aussi des autres employés de Blue Bonnets,
à partir de groupes privés intéressés par cette
industrie. Ces gens se formaient une société en commandite, le
commanditaire étant évidemment le gouvernement du Québec.
La société en commandite allait être créée
puisqu'elle n'est pas créée. Elle procédait à la
location, à long terme, de la piste de courses Blue Bonnets. Cette
location à long terme, selon les Indications que j'ai données
comme ministre responsable, devaient couvrir au moins la période
d'amortissement des investissements qui sont effectués, ce qui est tout
à fait normal. Aussi, cet investissement devait conduire à un
transfert de la licence, car, comme on le sait, la licence pour exploiter un
hippodrome est régie par des lois fédérales
administrées sous l'empire des lois du ministère de l'Agriculture
du Canada. Les dispositions actuelles, si ma mémoire est fidèle,
c'est l'article 9 de la Loi sur les pistes de courses au niveau
fédéral, prévoient qu'un deuxième permis ne peut
être délivré s'il y a déjà un permis pour une
circonférence de 80 kilomètres - 50 milles - d'où
l'importance de la licence. Selon nous, le bail de location à long terme
prévoyait la cession de la licence à la fin du terme, de
façon que les gestionnaires de la piste, si, après ce bail
à long terme, en arri- vaient à la conclusion qu'il fallait
relocaliser la piste ailleurs, ils pouvaient le faire, ils avaient la licence.
Il y a eu effectivement une entente de principe qui est intervenue fin
septembre environ. Immédiatement après cette entente de principe,
les gens de mon ministère ont amorcé un libellé de
l'entente de principe pour remplir éventuellement un contrat. Cependant,
on a eu des problèmes quant à l'interprétation à
donner à certaines dispositions qui avaient fait l'objet d'une entente
de principe, mais qui n'ont pu se concrétiser ou se textualiser dans le
texte final, dans le contrat. C'est donc dire que, à un moment
donné, on s'est retrouvé dans une situation
d'interprétation tout à fait différente de l'entente de
principe. À ce moment-là, on a cessé toute
négociation, tout échange. J'ai indiqué, au banquet de
l'Association des propriétaires de chevaux Standardbred, qui s'est tenu
à Saint-Hyacinthe, samedi de la semaine dernière - non pas samedi
dernier, mais le samedi précédent. Dans un premier temps, la
compagnie qui assume la gestion de la piste de course Blue Bonnets a
décidé, voyant que les négociations ou les échanges
étaient rompus, de diminuer le nombre de programmes de cinq à
trois, ce qui, évidemment, ne faisait pas plaisir aux
propriétaires. Quand on passe de cinq à trois programmes,
qu'est-ce que cela veut dire, concrètement? Cela veut dire que votre
cheval, au lieu de partir une fois par semaine, va partir un fois tous les dix
jours. C'est donc moins payant. Cela risquait d'avoir un effet double.
Par exemple, le lendemain, on a annoncé que tous les "claimlngs"
à 3000 $, automatiquement, ne courraient plus à Blue Bonnets.
Cela coïncidait avec la fermeture saisonnière de la piste de
courses de Trois-Rivières. Cela coïncidait avec une diminution du
nombre de programmes à la piste de Québec, notamment. Cela
coïncidait aussi avec l'ouverture saisonnière parce que, comme on
le sait, la piste Connaught Park ouvre du 4, 5 décembre jusqu'au mois de
mai ou de juin. Donc, cela bouleversait un peu l'industrie et cette prise de
position de Blue Bonnets risquait d'entraîner le déplacement d'un
nombre de chevaux et, par conséquent, d'entraîneurs, etc.,
appréciable de Blue Bonnets vers Meadowlands, vers Youkers vers les
pistes des États du Nord-Est américain.
M. Jolivet: C'est la société en commandite qui a
décidé cela?
M. Pagé: Non. La société en
commandite n'est pas créée encore.
M. Jolivet: Mais vous avez dit: société... M.
Pagé: C'est Campeau Corporation. M. Jolivet: C'est la
société Campeau. M. Pagé: C'est Campeau
Corporation.
M. Jolivet: Je veux bien m'assurer qu'on a écrit cela dans
le Journal des Débats.
M. Pagé: C'est Campeau Corporation qui a
décidé cela. Sur la foi de cela, évidemment, j'ai dû
prendre des positions claires et peut-être un peu fermes, mais la
situation l'obligeait. J'ai indiqué, le soir du banquet de l'Association
des propriétaires de chevaux Standardbred que, premièrement, les
montants qui avaient été alloués à Blue Bonnets
pour les bourses "overnight" seraient automatiquement réduits, compte
tenu du fait que ce n'était plus cinq programmes de course par semaine,
mais trois.
J'ai indiqué, deuxièmement, que pas un cent du plan
d'investissement ne serait annoncé pour Blue Bonnets tant et aussi
longtemps que le statut de propriété d'usage et d'utilisation de
Blue Bonnets ne serait pas clarifié et qu'on n'aurait pas une garantie
ferme du maintien des activités à long terme. Évidemment,
toute réaction commande parfois des réactions. Quelques jours
après, la semaine dernière, j'étais à Ottawa et
j'ai eu une communication avec M. Campeau à qui j'ai indiqué
qu'on se préparait à lui formuler une nouvelle offre qui pourrait
être faite d'ici le 23 décembre. Cependant, il était
très clair dans notre esprit que cette offre s'appuierait et
répondrait aux critères et aux éléments qu'on a
bâtis, c'est-à-dire le maintien de la piste, 13 800 000 $
d'investissements éventuellement, capital et souscription de capital
privé.
Ce n'est pas la mission première d'un gouvernement de faire
fonctionner une piste de courses de chevaux, j'en suis conscient. Cependant,
compte tenu de l'importance de Blue Bonnets à l'égard de
l'ensemble de l'industrie, on ne peut pas demeurer silencieux et assis sur
notre fauteuil devant l'appréhension ou la possibilité ou la
fermeture pure et simple de la piste. C'est pourquoi les gens de mon
ministère et de SOOICC, la Société de développement
de l'industrie des courses, qui relève maintenant de moi, ont
reçu le mandat de négocier l'ensemble de ce dossier. Et, sur la
foi de cet engagement que j'ai pris et selon lequel une offre serait
déposée avant le 23 décembre, M. Campeau a accepté
de rouvrir ses programmes sur une base de cinq jours.
C'est là que nous en sommes. Il n'y a pas de contrat, il n'y a
pas d'entente. Il y avait une entente de principe, elle n'a pas pu être
ratifiée dans un texte final. Il y a eu une période
d'interruption des échanges et des négociations qui se sont
réamorcées et qui devraient conduire à une offre
présentée par des gens du secteur privé, avant le 23
décembre. Cela fait le tour du dossier Blue Bonnets.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Pagé: Est-ce que cela vous satisfait? Vous avez l'heure
juste.
M. Jolivet: J'ai des questions. M. Pagé: Ah! Je n'en doute
pas.
M. Jolivet: Vous dites que les modalités de l'entente de
principe qui était là n'ont pas amené, au moment où
il l'avait signée, entre octobre et aujourd'hui, une entente formelle
signée qui, elle, serait une des modalités de l'utilisation de
l'ensemble de la piste Blue Bonnets pour les années futures à
l'intérieur des créneaux dont vous faites mention.
M. Pagé: M. le député, l'entente de principe
ne tient plus.
M. Jolivet: Donc, actuellement, dans la mesure où j'ai cru
comprendre qu'on parlait de 15 000 000 $ sur cinq ans.
M. Pagé: 13 B00 000 $.
M. Jolivet: 13 800 000 $.
M. Pagé: Pouvant aller jusqu'à 13 800 000 S.
M. Jolivet: Ce qui fait que c'est environ 2 000 000 $ sur les
investissements et qui fait aussi que, pour l'ensemble, tout cela est remis en
cause tant et aussi longtemps qu'on n'a pas d'entente finale, mais votre
montant reste toujours là pareil.
M. Pagé: Oui. Et les programmes.
M. Jolivet: Oui.
M. Pagé: Le programme, parce que, les 13 800 000 $ seront
dépensés en vertu d'un programme qui est appliqué et que
j'ai signé. Ce programme ne se réfère pas, par exemple,
à Prévert, il se réfère à des sommes
à être versées à une piste dans la région de
Jonquière. Il ne se réfère pas à la piste
Laviolette à Trois-Rivières, il se réfère à
un hippodrome dans la région de Trois-Rivières.
Le programme se réfère aussi à une somme disponible
pouvant être allouée, pouvant aller jusqu'à 13 800 000 $
à un hippodrome dans la région de Montréal.
M. Jolivet: Ou qui, comme vous l'avez dit dans le journal, n'est
pas nécessairement celui de Décarie, si on ne s'entend pas.
M. Pagé: Exemple concret: Vous savez, ni le ministre
fédéral ni moi, comme ministre de l'Agriculture du Québec,
n'avons autorité ou juridiction pour obliger une entreprise
privée à exploiter une piste de courses. Si, demain matin, peu
importe le motif, le groupe Campeau Corpo-
ration abandonnait et disait: Je cesse l'activité, et je fais des
logements avec ces 70 acres - parce que la partie de la piste représente
70 ou 74 acres - les 13,8 millions $ pourraient être disponibles pour une
entreprise qui jugerait opportun d'ouvrir une piste de courses.
M. Jolivet: Qui pourrait être sur la rive sud plutôt
que sur la rive nord, par exemple.
M. Pagé: Oui. Il y a des gens de Laval, de Deux-Montagnes.
Vous savez, la région de Montréal est grande.
M. Jolivet: Excluant, dans ce contexte-là, l'île de
Montréal.
M. Pagé: Et possiblement l'île de Montréal,
il y a l'est de Montréal. Enfin, il y a bien des hypothèses. Nous
n'en sommes pas là.
M. Jolivet: Je comprends. C'est qu'en vertu de la loi
fédérale...
M. Pagé: Je ne voudrais pas, ce soir, que mon propos soit
interprété comme voulant dire qu'il n'y aura plus de courses
à Décarie. Mais je veux être très clair, très
ouvert et très honnête avec vous, je vous donne des
paramètres.
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est que vous avez une entente
qui devait être finalisée par une entente finale et, compte tenu
que cela n'a pas fonctionné, l'entente de principe n'existant plus, vous
êtes en train de faire une nouvelle proposition pour une entente de
principe qui pourrait être nouvelle avec un contrat final.
M. Pagé: Ce serait une offre qui serait
déposée et qu'on souhaite ferme, où les engagements
gouvernementaux seraient très limités. Évidemment, ce sera
rendu public quand notre position... et quand l'offre sera bâtie, mais
où les partenaires proviendraient principalement des milieux
privés, cela va de soi.
Encore une fois, je vous signale que ce n'est pas la mission d'un
gouvernement d'administrer un hippodrome.
M. Jolivet: Vous avez parlé... D'ailleurs, dans le
contexte de ce que vous avez dit jusqu'à maintenant, au moment où
vous étiez dans l'Opposition et ce que vous êtes en train de faire
avec cela, c'est complètement l'inverse de ce que vous avez dit. Mais
vous voyez que, dans certaines circonstances, vous n'avez pas le choix...
M. Pagé: Pourriez-vous, s'il vous plaît, ne pas
introduire de notion de partisanerie dans ce débat?
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de partisanerie. Tout ce
que je dis, c'est que, tout à l'heure, on a parlé de
règlement, de réglementation et vous m'avez dit que,
contrairement à ce que vous avez dit dans le passé, vous
êtes obligé d'en faire. Le langage est différent. Je veux
simplement vous dire cela.
M. Pagé: Non. Ce qui nous distingue, si vous voulez
embarquer...
M. Jolivet: La société...
M. Pagé: Si vous voulez embarquer sur ce volet-là,
ce qui nous distingue, c'est que vous autres, vous l'auriez achetée.
Vous auriez fait le chèque. Vous l'auriez exploitée avec des
déficits, alors que nous, nous allons motiver le privé pour qu'il
l'achète. Ils vont faire de l'argent et nous, on ne perdra pas d'argent.
C'est ça la différence.
M. Jolivet: On verra. D'une façon ou d'une autre, sur ce
plan, vous avez une société mixte, vous en avez fait mention. Une
société en commandite, selon les lois fédérales qui
vont disparaître au fédéral, au mois de décembre -
enfin, au 1er janvier - d'après les renseignements que nous avons.
M. Pagé: Cela pourrait être autre chose dans le
contrat.
M. Jolivet: Non, mais c'est une société en
commandite.
M. Pagé: Non, non. M. Jolivet: Allez-y.
M. Pagé: II n'est pas exclu que l'offre prévoie une
acquisition pure et simple de ces terrains par un groupe privé, pas sous
forme de société en commandite.
M. Jolivet: Actuellement, vous aviez...
M. Pagé: Pas actuellement, l'entente de principe ne tient
plus.
M. Jolivet: Je le sais. Mai ce que vous vouliez proposer. (23 h
15)
M. Pagé: Ce qui avait été
élaboré comme profil d'Intervention, qui a fait l'objet d'une
entente de principe, mais qui n'a pas donné l'entente contractuelle,
c'était la création d'une société en commandite.
Mais le fait d'avoir référé à l'implantation d'une
société en commandite n'implique pas pour autant que la solution
va passer par la création d'une société en commandite.
M. Jolivet: Dans l'avenir, je comprends cela. M. Pagé:
D'accord.
M. Jolivet: Ce que je veux dire, c'est qu'il y avait quand
même devant nous une possibilité de société en
commandite qui, actuellement, n'existe plus, compte tenu des circonstances dans
lesquelles on est placés. Mais on comprendra très bien que la
société en commandite, si elle devait être faite, devait
être faite en vertu de lois fédérales et provinciales. Les
lois provinciales demeurent toujours, mais les lois fédérales,
à partir du 1er janvier, n'existeront plus. C'est donc à cela
qu'il va falloir penser dans l'avenir. C'est-à-dire que, si vous voulez
faire quelque chose - et vous dites: D'ici à la fin de décembre -
vous n'aurez pas le temps de faire une société en commandite.
Donc, vous êtes obligé de penser à autre chose.
M. Pagé: Monsieur, je peux vous assurer que tous ces
éléments-là ont été pris en compte, que je
me suis engagé envers le groupe Campeau Corporation à lui
déposer une offre avant le 23 décembre. Ce sera fait dans les
délais prévus et j'ai très bon espoir que nos
démarches réussiront à concilier une gestion garantie de
la piste et une rigoureuse gestion des fonds publics que j'ai, comme ministre
de l'Agriculture, à gérer.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette
M. Jolivet: Moi, j'aurais une question. Vous parlez,
d'après ce qu'on a comme renseignements, que la location de la piste
était l'équivalent d'environ 3 000 000 $ par année. C'est
bien cela? On a parlé tout à l'heure du projet de relance avec
les programmes de courses. En fait, c'est ce dont on a parlé tout
à l'heure. Là, je parle de la location. Est-ce que, dans une
offre...
M. Pagé: Ce n'est plus pertinent parce que cela ne tient
plus. Ce qui avait été évoqué, ce qui a fait
l'objet de l'entente, c'était des chiffres qui tournaient autour de
cela.
M. Jolivet: Oui, d'accord. Mais ce que je veux dire... Je
comprends ce qui était évoqué, c'est pour cela que je pars
de là, c'était 3 000 000 $ par année. La question que je
pose: Dans l'hypothèse que vous êtes en train d'élaborer,
est-ce que vous allez aller au-delà de 3 000 000 $ ou si vous allez en
bas de 3 000 000 $?
M. Pagé: Cela, je ne peux pas vous l'indiquer à ce
moment-ci. C'est définitif que, lorsqu'une offre sera
présentée, elle sera rendue publique. Vous serez en mesure,
à ce moment-là, de juger des paramètres sur lesquels on
s'appuiera pour formuler telle offre.
M. Jolivet: Publique à quel moment? M. Pagé: Elle
sera publique...
M. Jolivet: Six mois après ou au moment?
M. Pagé: Non, je présume que ce dossier doit se
régler à un moment donné. Vous savez...
M. Jolivet: C'est-à-dire que le 23 décembre, nous
ne serons plus à l'Assemblée nationale. Si un règlement
intervient, nous pourrons communiquer avec votre bureau et avoir la copie.
M. Pagé: Si un règlement intervient, cela devient
assurément du domaine public. Écoutez, on ne gère pas
à la cachette. On gère de façon très ouverte.
M. Jolivet: Je prends bonne note parce qu'on attend toujours le
vrai contrat de la raffinerie de sucre.
Une voix: Pardon?
M. Jolivet: La raffinerie de sucre.
M. Pagé: Je vous ai indiqué... Le dossier de la
raffinerie de sucre, c'est très clair.
M. Jolivet: Mais le contrat...
M. Pagé: II n'est pas d'intérêt public de
rendre le contrat à ce moment-ci parce que certaines...
M. Jolivet: Ah, bon! Non, non, c'est correct. Non, non...
M. Pagé: Un instant. M. Jolivet: D'accord. M.
Pagé: Ne faites pas juste "shooter".
M. Jolivet: Non, non, mais je pose la question.
M. Pagé: Vous pouvez lancer des rondelles, mais vous allez
me permettre de garder les buts, n'est-ce pas?
M. Jolivet: Si vous êtes capable.
M. Pagé: Ne soyez pas inquiet. Le contrat de la raffinerie
de sucre, s'il n'a pas été rendu public, c'est qu'il
n'était pas d'intérêt public de le rendre public.
M. Jolivet: C'est pour cela que je vous posais la question.
M. Pagé: Pourquoi? C'est qu'il y a des dispositions dans
le contrat qui permettent au gouvernement du Québec ou à une de
ses sociétés de se prévaloir de certains droits
prévus au contrat, avec des délais et que, si c'était
rendu public, cela risquerait de placer nos droits dans
une position précaire. Donc, on administre dans
l'intérêt public.
M. Jolivet: Je vous pose justement la question. C'est que, compte
tenu de cela, vous me dites que le document, comme cela va être un
contrat, il devrait être public. Je vous pose la question: Est-ce que
cela va être tout le contrat ou juste une partie du contrat?
M. Pagé: J'aviserai évidemment en
conséquence lorsque le contrat sera rédigé. Une chose est
certaine cependant, on n'a aucune objection de principe lorsque la publication
d'un contrat ou d'un document peut être faite sans causer de
préjudice aux intérêts du gouvernement et, par
conséquent, de l'ensemble des contribuables, on n'a aucune objection de
principe à le faire. D'ailleurs, si j'étais à votre place,
je ne m'inquiéterais pas, parce que, connaissant tout le
caractère sensible de ce dossier, j'hésite à croire, s'il
est accepté ou s'il est refusé, que les coordonnées de
l'offre qui sera formulée seront rendues publiques assez rapidement.
M. Jolivet: Vous allez me permettre quand même d'avoir non
pas des craintes, mais des questions qui, j'en suis assuré...
M. Pagé: Vous me permettrez d'avoir des
réponses.
M. Jolivet: Cela, j'en suis assuré. J'ai parlé avec
des gens, justement, des hommes à chevaux pour ce qui est de Blue
Bonnets. J'ai compris, comme vous d'ailleurs, l'importance qu'il y a de pouvoir
s'assurer que des courses aient lieu à Blue Bonnets, si possible, ou
ailleurs dans la région de Montréal. Je pense, comme vous le
dites si bien, que le monopole qui est exercé en vertu du permis
fédéral, dans un arrondissement de 80 kilomètres ou 50
milles, indique que vous avez des problèmes à ce stade-là,
si jamais les gens désiraient quand même conserver le permis sans
le transférer à quelqu'un d'autre.
M. Pagé: S'ils ferment? M. Jolivet: S'ils ferment,
oui.
M. Pagé: S'ils ferment, la licence est disponible.
M. Jolivet: Oui, mais cela veut dire qu'il faut faire des
démarches...
M. Pagé: Pour...
M. Jolivet: Vous devez faire des démarches...
M. Pagé: Pour...
M. Jolivet: ...ou une autre compagnie qui voudrait faire des
démarches pour avoir la possibilité de donner les courses.
M. Pagé: Oui, cela va de soi.
M. Jolivet: C'est-à-dire que ce sont encore de nouveaux
délais. Ce que je veux dire, c'est que...
M. Pagé: Mais, à part...
M. Jolivet: ...par rapport à aujourd'hui...
M. Pagé: Non, ce serait assez expéditif.
M. Jolivet: Pensez-vous?
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Ce qui veut dire que des gens qui, actuellement, sur
la rive sud de Montréal, ont commencé à faire des
représentations, pourraient en faire au niveau fédéral,
puisque c'est le fédéral qui donne le permis.
M. Pagé: Bien. Là, on parie d'hypothèses,
mais je peux vous indiquer qu'il y a déjà une corporation qui a
présenté une demande de permis, au cas où. Mais ne me
demandez pas laquelle, ni pourquoi, ni dans quelle perspective. Mais, vous
comprendrez que la responsabilité qui m'incombe, comme ministre, c'est -
comme je vous l'indiquais tout à l'heure - d'être capable de
pallier toute éventualité, si jamais les propriétaires des
terrains où opère la piste de courses Blue Bonnets,
décidaient de cesser leurs activités et de faire du condominium.
Cela va?
M. Jolivet: Est-ce que cela pourrait aller jusqu'à ce que
des personnes puissent acheter les installations de Blue Bonnets, pour en faire
des lieux de courses?
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Et, à ce moment-là, vous seriez
intéressé à regarder avec eux la possibilité que
vous avez offerte à d'autres.
M. Pagé: Pardon!
M. Jolivet: Vous auriez la possibilité de regarder avec
ceux-là - si jamais cela en arrivait là - la possibilité
de faire les ententes que vous vouliez faire avec la Corporation Campeau?
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Donc, l'hypothèse de Décarie est
toujours disponible dans la mesure où la Corporation Campeau ou
quelqu'un d'autre ayant eu le transfert de permis, puisse exploiter une piste
de courses à Montréal.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Est-ce que dans votre hypothèse de travail,
jusqu'à maintenant, vous envisagez le centre d'élevage et le
centre d'entraînement, qui sont différents de la piste de courses
elle-même, dans le même lieu ou dans des lieux
différents?
M. Pagé: Ce sera à la commission de courses de
juger et de me formuler des recommandations.
M. Jolivet: Donc, pour le moment, vous dites...
M. Pagé: Pour le moment... M. Jolivet: ...il existe
cela... M. Pagé: Pour le moment, on voit...
M. Jolivet: On fonctionne avec cela, s'ils le veulent.
M. Pagé: ...au principal et c'est normal. L'accessoire
doit suivre le principal et non pas le précéder.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec... Ce que je dis, c'est qu'il
faut prévoir dans la région de Montréal, un endroit
où il y aura des courses.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Étant une activité quand même
importante, 55 %, comme vous le dites si bien, de l'ensemble des courses au
Québec.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Une fois qu'on a fait cela et qu'on a assuré
cela, on va vous poser la deuxième question. Est-ce que le centre
d'entraînement et le centre d'élevage peuvent être à
la même place, où doivent-ils être à des places
différentes?
M. Pagé: Ce sera... Je vais attendre, évidemment,
les recommandations qui me seront faites par la commission des courses, qui est
créée par le présent projet de loi, qui va être
formée, je présume, dans des délais assez brefs,
après, vu la volonté qu'on a d'intervenir rapidement dans ce
secteur. La situation le commande, je crois.
M. Jolivet: Bien.
M. Pagé: Mais, l'accessoire va suivre le principal et ne
passera pas avant le principal. C'est certain.
M. Jolivet: Parfait.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que cela va pour les
remarques préliminaires?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce qu'il y a des
motions...
M. Jolivet:...
M. Pagé: Oui, Mme la Présidente. J'espère
que ces informations répondent aux questions du député de
Laviolette ainsi qu'aux collègues qui sont interrogés ici et je
pourrai leur transmettre les informations.
M. Jolivet: En fait, moi, ce que j'essaie de voir, c'est...
D'abord, je pense que c'est important, que nous ayons eu cette information de
la part du ministre, disant que, l'entente de principe n'étant pas
concluante en vue d'une entente finale, elle n'existe plus. Une autre
proposition va être faite d'ici le 23 décembre...
M. Pagé: Différentes hypothèses sont
étudiées.
M. Jolivet: De telle sorte qu'après cela, pendant les
vacances de Noël, les gens auront le temps de réfléchir
à cela et on arrivera, peut-être avec des décisions,
après les fêtes, sur la question de la piste de Blue Bonnets. Si
cela ne marche pas et bien on verra après cela.
M. Pagé: C'est cela. C'est définitif qu'on ne
pourra pas réagir avant que l'offre soit déposée et
traitée.
M. Jolivet: Cela va.
Étude détaillée
La Présidente (Mme Dionne): Alors, cela va. On passe
à l'article 1. M. le ministre.
Champ d'application
M. Pagé: À l'article 1, Mme la Présidente,
le projet de loi regroupe à l'intérieur d'une même loi
l'ensemble des pouvoirs d'intervention en matière de courses de chevaux,
d'élevage, d'entraînement de chevaux de courses, à
l'exception de la promotion, de l'élevage et des chevaux qui continuent
de relever du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Je fais référence évidemment aux
dispositions prévues à l'article 130. La promotion, comme on le
sait, tout le volet de l'élevage prévoit des mesures ad hoc, des
mesures particulières s'adressant à l'aspect animal de la course
ou de l'activité. Que ce soit, par exemple, des programmes de
santé, que ce soit tout le volet de la
prévention dans notre médecine vétérinaire,
que ce soit la qualité du cheptel etc.
M. Jolivet: Est-ce qu'on arrivera à notre loi sur les
étalons de l'an dernier?
M. Pagé: Ah! Bien cela, vous savez, c'était
très...
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Mme la Présidente, c'est l'incarnation
vivante, selon moi, palpable et saisissable, chaque fois qu'il en parie, de
l'absurdité.
M. Jolivet: De quoi? M. Pagé: De
l'absurdité! M. Jolivet: Quelle absurdité?
M. Pagé: C'est complètement absurde de
référer avec un ridicule aussi éloquent, avec un aussi
grand sourire, à la loi qui a aboli le comité de surveillance des
étalons. Tout ce qui est fait par mes fonctionnaires l'était
avant, sauf qu'au lieu d'avoir un comité qui se réunit deux fois
par année comme un genre de sénat, on ne se réunit plus.
C'est tout! Les étalons sont aussi bons qu'avant et ils sont aussi en
forme, ils font autant de "monde" qu'avant...
M. Garon: ...ils produisent autant.
M. Pagé: ...ils produisent autant. Je sais que le
député de Lévis se gargarise régulièrement
à la suite de ce projet de loi. Mais dites-vous bien que si le
député a eu quelques ruades de la part du ministre de
l'Agriculture depuis quelques semaines, c'est qu'il lui rend
allègrement...
M. Jolivet: Qui cela?
M. Pagé: Le député de Lévis.
M. Jolivet: Ah bon!
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Pagé: C'est le retour de l'ascenseur.
M. Jolivet: L'article 1 prévoit donc par le fait
même un champ d'application de la loi qui est très vaste, qui va
justifier l'intervention et la réglementation de la commission, si je
comprends bien, à l'égard de toute personne, peu importe la
fonction qu'elle occupe, liée d'une façon ou d'une autre à
l'ensemble des activités du secteur ou même qui, comme on dit,
exploite un commerce. Ce qu'on est en train de prévoir, c'est que dans
la future loi, il y aura des modalités d'application par
l'intermédiaire de la réglementation.
M. Pagé: En fait, ce qui était avant sous la
juridiction de la Régie des loteries et courses du Québec, via la
SODIC et ce qui était sous la juridiction du ministère de
l'Agriculture, en fait c'est une juridiction tripartite: le ministre du Revenu,
le ministre des Finances et le ministre de l'Agriculture. Cette juridiction
tripartite, tel que recommandé dans le rapport Mireault, est refondue
sous un seul chapiteau juridique et relève du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jolivet: Pourquoi? Pourquoi vous plus qu'un autre?
M. Pagé: Pourquoi? Parce qu'il est apparu aux membres du
comité que le ministère qui avait l'expertise, le
ministère qui était en contact... Parce que plusieurs des
éléments de la responsabilité des commissions
s'adresseront à l'activité comme telle. Le ministère doit
maintenir aussi son activité de contrôle qualitatif du cheptel
chevalin. Donc, pour ces motifs-là et aussi parce que, dans les autres
provinces et dans la plupart des pays, c'est l'agriculture qui a juridiction
sur les courses de chevaux - entre parenthèses, le cheval est important
là-dedans...
M. Jolivet: Mais j'espère!
M. Pagé: Alors, c'est pour cela.
M. Jolivet: Non, je comprends. Comme il y avait toute la question
de la fiscalité, du revenu, de l'investissement à mettre,
normalement on avait réparti cela entre différents
ministères...
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...mais ce que vous faites...
M. Pagé: Sauf qu'il y avait - il faut en convenir - un
certain éparpillement des juridictions. Quand on met des comités
sur pied, ce ne sont pas des comités bidons. On a suivi les
recommandations du rapport.
M. Jolivet: Mais...
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...dans ce contexte-là, vous avez
rapatrié l'ensemble des employés.
M. Pagé: Oui. Il y a une disposition, si ma mémoire
est fidèle c'est à l'article 136 de la loi.
M. Jolivet: D'accord. On y reviendra plus à fond dans ce
cas-là. Je voulais m'assurer que vous ne faites pas de
congédiements par le fait même.
M. Pagé: Non.
M. Jolivet: Dans le cas où... (23 h 30)
M. Pagé: J'ai personnellement rencontré les
employés de SODIC pour les sécuriser à l'égard de
leur avenir et ils se sont déclarés très satisfaits.
M. Jolivet: Adopté, Mme la Présidente, article
1.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 1 est
adopté.
L'article 2, M. le ministre.
Commission des courses de chevaux du
Québec
M. Pagé: Alors à l'article 2. C'est l'organisme qui
est créé pour l'application de la Loi sur les courses de chevaux.
On institue la Commission de courses de chevaux du Québec.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette. Adopté?
M. Jolivet: On n'a pas grand-chose à dire.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 3, M. le
ministre.
M. Pagé: Alors à l'article 3. La commission est une
corporation. Comme on le sait la commission sera appelée à
effectuer de nombreuses transactions commerciales en matière d'octroi de
subventions, de prêts de travaux et il est souhaitable qu'elle
possède un statut corporatif tout comme SODIC Québec inc. qu'elle
est appelée à remplacer en vertu des dispositions de l'article
37.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté?
M. Jolivet: Si elle veut avoir les pouvoirs, il faut lui donner
le titre.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 4?
M. Pagé: À l'article 4, il est dit que: "La
commission pourra ester en justice et être poursuivie en exécution
de ses obligations parce qu'elle est un mandataire du gouvernement. Ses biens
font partie du domaine public". Alors c'est le complément de statut
conféré à cette commission qui est créée en
vertu de la loi.
M. Jolivet: En fait, ce sont les mêmes dispositions qui
existent pour la Société des loteries et courses.
M. Pagé: Même chose. Même chose pour
SODIC.
M. Jolivet: En même temps, du fait qu'elle est
insaisissable...
M. Pagé: Elle est incessible en tout cas. M. Jolivet:
...incessible, excusez-moi. M. Pagé: Elle peut être
saisie.
M. Jolivet: Autrement dit elle a des biens du domaine public mais
elle ne bénéficie pas de la notion d'incessibilité des
biens.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté?
M. Jolivet: Adopté.
M. Pagé: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 5?
M. Pagé: L'article 5, Mme la Présidente, c'est
l'article classique en matière de constitution d'un organisme
gouvernemental où on dit que: 'La commission a son siège social
à l'endroit que détermine le gouvernement. Un avis de la
situation de tout déplacement du siège social est publié
dans la Gazette officielle. La commission peut tenir ses séances
à tout endroit au Québec, etc.."
Cela fait partie du libellé habituel en semblable
matière.
M. Jolivet: Sauf que le ministre dit qu'elle aura un siège
social sur avis publié à la Gazette officielle du Québec.
Est-ce que le ministre peut dès maintenant nous dire ses intentions
vis-à-vis...
M. Pagé: On étudie la possibilité, compte
tenu d'une juridiction réunifiée sous l'empire de la Loi du
ministère de l'Agriculture et du ministre de l'Agriculture - je dis
bien, on étudie - que le siège social soit à
Québec. Je dis bien on étudie.
M. Jolivet: Pourtant la majorité, plus que la
moitié des activités sont à Montréal. Pourquoi
est-ce que ça ne serait pas Montréal?
M. Pagé: Oui, mais les membres de la commission pourraient
siéger à Montréal si besoin est tout comme Ils pourraient
siéger ailleurs au Québec. C'est dit dans l'article
précédent, l'article 4. Le siège social comme tel, on va
voir s'il est nécessaire de rapprocher l'activité, le
siège de la commission et le siège du ministère qui est
à Québec. Je dis bien que c'est étudié
actuellement. Il n'y a pas de décision de prise. Évidemment quand
la décision sera prise elle sera consignée à la Gazette
officielle.
M. Jolivet: Donc, si je crois comprendre, comme vous êtes
une personne de la région de
Montréal, vous ferez plutôt plaisir au maire de
Québec en gardant à Québec, plutôt que de
transférer à Montréal, des choses qui normalement peuvent
être...
M. Pagé: Je parle bien de la région...
M. Jolivet: Non ce n'est pas dans ce sens-là, vous n'avez
pas remarqué?
Non, mais je pense que c'est important. Les gens de la région ici
disent qu'on a tendance à envoyer vers Montréal. Ce n'est pas
parce que l'activité principale se trouve à Montréal que
le siège social ne sera pas près du ministère qui a la
responsabilité entière du Québec.
M. Pagé: Oui, mais c'est dans les hippodromes qu'on court.
Ce n'est pas au siège social.
M. Jolivet: Je suis bien conscient de ça.
Sauf que ce que je veux dire c'est que les activités majeures se
trouvant à Montréal ça va demander plus de
déplacements.
M. Pagé: Quoique, tout l'aspect de
l'accessibilité... Si on prenait la distance entre Aylmer et
Jonquière, probablement que le siège social devrait être
implanté dans Portneuf, au centre.
M. Jolivet: Mais là, on va en parler avec M. Jean
Pelletier.
M. Pagé: On verra. Je vous dis qu'on étudie
ça actuellement. Mais vous, où est-ce que vous le mettriez si
vous étiez à ma place?
M. Jolivet: Je vous laisse le choix pour le moment.
M. Pagé: Ce n'est pas ça. Si vous étiez
à ma place, où le mettriez-vous?
M. Jolivet: Je ne réponds jamais à des questions
hypothétiques, Mme la Présidente. Le règlement me le
défend.
La Présidente (Mme Dionne): Vous le défend.
Alors l'article 5...
Une voix: À Grand-Mère.
M. Jolivet: Non, jamais je ne ferais des choses semblables.
Grand-Mère c'est le CLSC et le député de Shawinigan est
venu me le voler. Cela n'a pas de bon sens.
La Présidente (Mme Dionne): Alors l'article 5 est
adopté?
M. Jolivet: D'ailleurs je dois dire en passant, pour donner un
exemple comme ça, pour montrer que des fois on a des conditions autres,
qu'on a dans le comté de Portneuf avec Lavio- lette le siège
social d'un CLSC dont j'ai été le responsable, celui de
Grand-Mère, pour indiquer que c'était là qu'il
était nécessaire qu'il soit. C'était en 1974.
M. Pagé: Cela témoigne du bon voisinage entre les
deux députés.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Je vous dirai, si vous le permettez, M. le
député, que j'ai toujours eu comme principe: II vaut toujours
mieux avoir un bon voisin qu'un parent qui reste au loin. Vous voyez. A preuve,
je suis persuadé que c'est certainement plus agréable pour vous
d'être avec moi ce soir que cela pouvait l'être en fin de semaine
avec certains de vos collègues.
M. Jolivet: Jamais. Je travaille toujours avec...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Dionne): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. Jolivet: Non, mais j'ai un autre collègue voisin de
chez moi qui est le député et ministre de Maskinongé. Il
n'a pas les mêmes relations.
Oui, l'article 5 est adopté.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 5 est adopté.
L'article 6, M. le ministre.
M. Pagé: À l'article 6, c'est le mandat pour tous les
membres qui est établi pour cinq ans. Comme on le sait, la commission se
compose de cinq membres nommés pour cinq ans par le gouvernement qui
désigne parmi eux le président et le vice-président. On se
rappellera que la régie se compose de cinq membres dont un
président et un vice-président nommés par le gouvernement
actuellement. Le président est nommé pour une période
n'excédant pas cinq ans. C'est une reproduction presque in extenso des
dispositions actuelles qui s'appliquent pour les organismes correspondants.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Même si c'est une reproduction in extenso de la
régie, est-ce que le ministre peut me dire les raisons qui l'ont
amené à nommer cinq membres plutôt que trois membres comme
le proposait M. Mireault et son groupe?
M. Pagé: C'est que nous aurons deux membres à plein
temps et trois membres à temps partiel qui agiront comme
régisseurs. Le quorum est de trois membres.
M. Jolivet: Je le sais bien. Si vous en
mettez cinq, il va y avoir un quorum de trois membres, j'en
conviens.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Mais s'il était de trois...
M. Pagé: Si j'en avais mis trois, le quorum aurait
été de combien?
M. Jolivet: ...ce serait peut-être... Pas un et demi. Cela
aurait été deux.
M. Pagé: S'ils ne s'entendaient pas?
M. Jolivet: Mais...
M. Pagé: Mais oui, répondez.
M. Jolivet: C'est bien. Je vous pose des questions. Je veux
savoir pourquoi.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Le président n'aurait jamais eu...
M. Pagé: II aurait pu avoir un vote
prépondérant, mais imaginez-vous...
M. Jolivet: Imaginez-vous la chicane qu'il y aurait eu.
M. Pagé: ...un quorum de deux et ils sont deux. Il y en a
un qui en vaut deux et l'autre en vaut un.
M. Jolivet: D'ailleurs, dans le Coran, on dit toujours que le
chiffre préférable pour un nombre de femmes, c'est cinq.
M. Pagé: Ah! Vous parlez pour vous.
M. Jolivet: Non, non. Dans le Coran, dans le Coran.
M. Pagé: Ah! Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Dans le Coran. Mais on dit toujours que le chiffre
magique, c'est cinq.
Une voix: Je vais appeler l'article 6.
M. Jolivet: Non, non. Ha, ha, ha!
M. Pagé: Quel article du Coran?
Une voix: La pertinence, Mme la Présidente.
M. Jolivet: Ce n'est pas non. Le chiffre... Le ministre m'a
donné l'explication que je voulais avoir. Je pense que c'est important
pour le Journal des débats. C'est là qu'on fait la
discussion article par article. C'est le but de ma question. Il y a des gens
qui pourraient se poser la question et ils ont la réponse du ministre.
J'aurais pu ne pas poser la question et dire: d'accord.
L'autre question qui surgit, c'est quand on dit: "cinq ans par le
gouvernement qui désigne parmi eux", est-ce que c'est le ministre qui va
avoir à désigner par le Conseil des ministres...
M. Pagé: Par une décision du cabinet sur
recommandation du ministre.
M. Jolivet: C'est ce que je voulais dire à savoir sur
recommandation du ministre, le président et le vice-président, et
non pas qu'ils vont se nommer entre eux.
M. Pagé: Non, non. Le président et le
vice-président vont être nommés par le cabinet.
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté. L'article 7? M.
le ministre.
M. Pagé: Je m'excuse, mais si ma mémoire est
fidèle, c'est sur recommandation du premier ministre.
M. Jolivet: Sur recommandation du premier ministre?
M. Pagé: Oui, comme tous les autres décrets
nominatifs. Je pense.
M. Jolivet: Bien, je pense que...
M. Pagé: Je m'interroge et pour le Journal des
débats...
M. Jolivet: Écoutez, je vais vous donner la
réponse.
M. Pagé: ...je regarde M. Cavanagh.
M. Jolivet: C'est le ministre.
M. Cavanagh (Robert): D'accord, mais je pense que pour les
questions d'organisme, le premier ministre est toujours chargé...
M. Pagé: Oui.
M. Cavanagh: ...pour ces hautes fonctions de désigner des
gens. Mais, ce serait vraiment à l'intérieur des pouvoirs
exécutifs de les partager entre le premier ministre et le ministre.
M. Pagé: II va de soi que vous connaissez la relation
étroite entre le premier ministre et le ministre là-dessus.
Alors, on se parle. C'est normal.
M. Jolivet: Ce serait anormal si cela ne se faisait pas. Cela
équivaudrait aux divisions qu'il
y a aux Nordiques.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, on revient à
l'article 7, messieurs.
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre, l'article
7.
M. Pagé: II n'est pas adopté? "Le président
et vice-président et tout autre membre que le gouvernement
désigne excercent leur profession à plein temps. Il appartiendra
au gouvernement de déterminer si les membres de la commission, à
l'exception du président et du vice-président, exerceront leurs
fonctions à plein temps, selon les besoins de l'organisme, ou encore
à temps partiel.
M. Jolivet: C'est justement. Je voulais y revenir. Comme
l'article 6 avait été adopté, j'avais une question, mais
je l'avais oubliée. Quand vous pariez de plein temps, c'est le
président et le vice-président, tous les autres sont à
temps partiel.
M. Pagé: Non, sauf s'ils sont désignés ainsi
par le gouvernement.
M. Jolivet: Oui, d'accord. Je parle du temps partiel. C'est
combien de temps? Est-ce que c'est mi-temps?
M. Pagé: II faut s'attendre que, dans les premiers mois,
ou la première année d'exercice de la commission, compte tenu du
programme d'investissement, compte tenu de la mise en oeuvre de
différents programmes administrés sous l'empire de cette nouvelle
loi, les membres, dans un premier temps aient à consacrer plus de temps,
sinon sur une base permanente ou continuelle, au moins sur, appelon cela du
temps partiel régulier. Il faut quand même avoir à l'esprit
que, après un certain temps, le rythme de croisière où le
roulement de la commission va être plus régulier, va être
moins intensif, tant et si bien qu'il est possible qu'à ce
moment-là, il ne soit plus nécessaire d'avoir du personnel
payé à plein temps; c'est pourquoi on garde cette
réserve.
M. Jolivet: On dit, il y aura cinq membres nommés pour un
terme de cinq ans. Parmi ceux-ci, il y en a deux, de façon officielle,
qui vont être à plein temps le président et le
vice-président et toute autre personne désignée par le
gouvernement. Le ministre dit: Au début, il va y avoir tellement de
choses à faire pour réunir tout cela et s'assurer que tout
fonctionne bien, que ce soit les courses, les concours publicitaires, les
appareils... tout l'ensemble de ce qu'ils ont à faire. À ce
moment-là le ministre indique que possiblement, il y a des gens parmi
les trois autres qui seront peut-être à plein temps, d'autres
à temps partiel. Est-ce que le ministre a déjà une
opinion, à savoir si en plus du président et du
vice-président, parmi les trois autres, il en nommera d'autres à
temps plein?
M. Pagé: Non, je n'ai pas d'opinion, pas de
décision de prise. Encore la l'accessoire sur le principal, il faut
adopter la loi et après cela on verra à procéder aux
nominations au Conseil des ministres. Cependant, il n'est pas impossible que
les membres à temps partiel soient invités, ou qu'on leur propose
d'agir sur une base régulière sans pour autant qu'elle soit
permanente au début du mandat de la commission.
M. Jolivet: Je comprends. Je ne parle pas...
M. Pagé: Je ne peux pas vous dire ce qu'il en est à
ce moment-ci.
M. Jolivet: Je ne parie pas de permanence, je comprends bien que
le ministre dit: "II y aura des personnes désignées." Mais de
façon précise, le président et le vice-président
vont être assurés pour les cinq prochaines années
d'être à temps plein et en plus, toute autre personne que le
ministre peut désigner, mais il n'est pas prêt actuellement
à me dire combien il va en désigner de cette
façon-là. Ce qu'il m'indique, c'est que parmi les trois autres,
il y en aura peut-être qui vont travailler à temps partiel de
façon régulière, mais non pas permanente, d'autres
pourront même être à temps plein de façon
régulière, mais non permanente, cela veut dire que ce pourrait
être un mandat de deux ans pendant le cinq ans à temps
plein...
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: ...puis le reste du temps à temps partiel.
M. Pagé: Ou encore cela pourrait être comme à
la Régie des marchés agricoles. À la Régie des
marchés agricoles, il y a des présidents, des
vice-présidents et il y a des membres à plein temps. Il y a aussi
des membres à deux jours par semaine puis d'autres à trois
jours-semaine. Cela dépend de la nécessité de recourir
à leurs services.
M. Jolivet: Donc, est-ce que je peux comprendre que le ministre,
pour éviter de mettre du monde en trop au début va leur dire:
vous êtes tous à temps partiel quitte à transformer en
cours de route à temps plein.
M. Pagé: On va voir à la lumière du plan
d'action de la commission au début.
M. Jolivet: Donc, au moins on est sûr qu'il y en a deux,
les trois autres, c'est selon les besoins.
M. Pagé: C'est cela.
La Présidente (Mme Dionne): Cela va pour l'article 7?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté? L'article 8, M.
le ministre.
M. Pagé: C'est l'article habitue! en matière de
rémunération des membres des organismes gouvernementaux à
savoir que le gouvernement fixe la rémunération et les avantages
sociaux, le travail des membres qui exercent leur fonction à plein
temps. Les autres membres ne sont pas rémunérés sauf dans
les cas, aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le
gouvernement.
M. Jolivet: Alors, J'ai des questions à poser ici.
M. Pagé: Allez-y.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Là, vous avez la fameuse clause d'allocation
de dépenses. Est-ce que déjà, vous savez ce que vous allez
offrir...
M. Pagé: Non.
M. Jolivet: ...mais actuellement on dit qu'il y a des gens, dans
différents organismes gouvernementaux qui font partie de certains
comités ou commissions. Il y en a qui sont payés, d'autres ne le
sont pas, puis là, il y a différentes hypothèses.
M. Pagé: Cela dépend de la charge de travail.
M. Jolivet: Non, je ne parle pas de la charge de travail. Non, M.
le ministre, ne changez pas ma question. Ma question n'est pas là. Il y
a une décision qui a été rendue par le président du
Conseil du trésor disant que les allocations de dépenses, les
montants d'argent donnés pour venir à des rencontres, à
des réunions, à des personnes au Conseil supérieur de
l'éducation, à...
M. Pagé: ...ce qu'on appelle dans le jargon, les jetons de
présence...
M. Jolivet: II y avait des jetons de présence et d'autre
chose aussi. Il y avait deux parties. Il y a d'abord les dépenses qui
sont inhérentes au fait qu'on se déplace... (23 h 45)
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: ...que ce soit parce qu'il y a des frais de voyage,
des frais de...
M. Pagé: ...des frais de repas, d'hôtel, etc..
M. Jolivet: C'est cela. Ensuite, il y a même des
compensations salariales dans le cas où des gens perdent, plus, dans
d'autres cas, des allocations de présence. Je veux savoir quelle est la
proposition que vous faites ici. A quoi peut-on s'attendre le lendemain du
vote? Ne me dites pas que l'accessoire dépasse le principal, c'est
évident...
M. Pagé: Non, non, il ne dépasse jamais le
principal. Il suit.
M. Jolivet: Ah! Il dépasse, parce que le jupon va
dépasser tout à l'heure... Je veux seulement connaître
votre opinion...
M. Pagé: II ne faut pas perdre nos pantalons quand
même...
M. Jolivet: Je ne suis pas prêt à adopter cela et me
faire dire ensuite que je l'ai adopté. Je veux savoir aujourd'hui...
M. Pagé: Je vais vous le dire si vous arrêtez.
M. Jolivet: D'accord.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre.
M. Pagé: Premièrement, dans l'esprit de la
décision gouvernementale, le paiement limité aux dépenses,
aux frais de transport, d'hébergement, de repas pour venir siéger
à un organisme fait référence à des postes
occupés par des personnes qui assistent, par exemple, à une
séance de conseil d'administration par mois, pendant neuf mois. Ce qui
est différent de la situation qui prévaut dans des organismes
comme la Régie des marchés agricoles du Québec, par
exemple. Lorsque des personnes sont nommées comme membres de la
régie et qu'elles ont à siéger deux ou trois jours par
semaine, là, elles sont rémunérées pour le nombre
de jours, à partir d'une analyse du nombre de jours nécessaires
de travail, disons à temps partiel régulier, si je peux
utiliser le terme. C'est la même chose à la Régie de
l'assurance agricole où le nombre de jours de séances
étant de x, il y a telle indemnité prévue. Mais il faut
bien distinguer qu'il y a deux notions. Vous avez la notion de travail
régulier, hebdomadaire, bimensuel qui se distingue du travail de
seulement siéger à une séance de conseil d'administration,
une fois par mois. C'est généralement huit ou neuf mois par
année.
Je présume, non seulement je présume mais je
prévois que le niveau de rémunération, et là
je fais évidemment référence à une
proposition que je vais formuler au Conseil des ministres, si on me
démontre et s'il apparaît dans le plan d'action de la commission,
de son président et de son vice-président qui seront à
temps plein, que la somme de travail inhérente à la fonction de
membre de la commission devra impliquer d'y occuper une, deux ou trois
journées par semaine, évidemment, en partant de là, je ne
recommanderai pas au Conseil des ministres de payer purement et simplement et
de façon limitative leur chambre d'hôtel, leurs repas et leur
transport. Si tel est le cas, je vais recommander au Conseil des ministres de
verser une somme appropriée pour la charge de travail qu'ils rempliront,
qu'on appelle cela des honoraires, un traitement ou une indemnité.
M. Jolivet: Est-ce que je peux penser qu'il y aura deux sortes de
contrats, dont un premier contrat à temps plein prévu par la
disposition habituelle...
M. Pagé: Par le décret.
M. Jolivet: C'est cela. Le deuxième serait un contrat
à temps partiel prévoyant le nombre de jours où la
personne sera rémunérée, avec des additions si
nécessaire dans une fourchette de x jours pour l'année?
M. Pagé: Si l'obligation est faite à ces gens de
travailler sur une base régulière pour un certain nombre de jours
en termes de volume de travail hebdomadaire ou bimensuel, le décret
accompagnant leur nomination va nécessairement prévoir les
conditions qui leur seront offertes.
M. Jolivet: Seront attachées à ce contrat, les
conditions inhérentes aux frais de voyage, d'hébergement et
autres, comme pour tout fonctionnaire?
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Mais ceux qui, parmi les cinq membres, soit un ou
deux qui n'auront pas à siéger de façon continuelle
à chaque semaine ou aux deux semaines...
M. Pagé: On va voir. Je ne le sais pas encore.
M. Jolivet: Ces personnes auront simplement une allocation
spéciale de jetons de présence, par exemple, en plus des frais
inhérents à leurs déplacements.
M. Pagé: On va voir à ce moment-là. Je vais
devoir me référer au plan d'action de la commission. Ce qui n'est
pas écarté. Cela ne veut pas dire que ce sera cela mais ce n'est
pas écarté non plus.
M. Jolivet: Ce qui veut dire que, d'abord, la commission
étant formée, deux membres siégeront à temps plein
et possiblement d'autres à venir selon les références
prévues par la commission pour l'année à venir; la
commission fera alors ses recommandations au ministre qui, lui,
préparera un décret pour le Conseil des ministres.
M. Pagé: II jugera s'il est nécessaire de
présenter un décret contenant de telles propositions au Conseil
des ministres, parce que c'est quand même le ministre qui est le
responsable.
M. Jolivet: Donc, on dit que le gouvernement fixe la
rémunération, les avantages sociaux et les autres conditions de
travail des membres qui exercent leurs fonctions à temps plein. Les
autres membres ne sont pas rémumérés, sauf dans les cas,
aux conditions et dans la mesure que peut déterminer le gouvernement.
Ils ont cependant droit au remboursement des dépenses faites dans
l'exercice de leurs fonctions, aux conditions et dans la mesure que peut
déterminer le gouvernement.
Ma question, c'est que vous dites: Je ne peux pas le déterminer
parce que je ne sais pas le début. Est-ce qu'elles vont être
bimensuelles, deux réunions pour...
M. Pagé: Je n'ai pas dit que je ne connaissais pas le
début. Je ne connais pas la charge de travail qui leur sera impartie,
comme...
M. Jolivet: Excusez-moi, relativement au paragraphe.
M. Pagé: Oui.
M. Jolivet: Parce qu'on dit: "les membres ne sont pas
rémunérés, sauf dans les cas, aux conditions et dans la
mesure que peut déterminer le gouvernement." C'est ceux qui auront un
contrat à temps partiel.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: Tandis que tous les autres, le ou les autres, seront
rémunérés pour la journée où ils viendront
siéger, les frais incluant...?
M. Pagé: Si cela s'applique, oui. S'il apparaissait
que, par exemple, un membre ne soit convié qu'à une séance
de travail analogue à une séance de conseil d'administration.
M. Jolivet: Donc, je fais une différence entre cela, et
vous le faites très bien d'ailleurs, entre la commission, qui est une
chose, et le comité consultatif dont on verra tout à l'heure le
fonctionnement.
M. Pagé: II n'y a pas de grande différence.
M. Jolivet: Cela, je suis d'accord avec vous.
C'est pour cela que je veux bien qu'on arrête la discussion
immédiatement.
Une voix: Alors, adopté.
La Présidente (Mme Dionne): C'est adopté?
M. Pagé: Alors, pour cela on verra. Comme je le dis
parfois, toute chose comparable étant relative en soi, mais probablement
progressive et évolutive...
M. Jolivet: ...et à ce moment-là, quand je
traverserai le pont, vous le saurez.
La Présidente (Mme Dionne): Alors, on en est à
l'article 9, M. le ministre.
M. Pagé: Oui, Mme la Présidente.
Alors, à l'article 9, c'est: "puisque les membres de la
commission exercent des fonctions quasi judiciaires, ils doivent agir avec
impartialité et éviter évidemment les situations de
conflit d'intérêts." L'article est très clair. Il dit qu'un
membre qui exerce ses fonctions à temps plein ne peut, sous peine de
déchéance de ses fonctions, avoir un intérêt direct
ou indirect dans une entreprise qui met en conflit son intérêt
personnel et celui de la commission. Toutefois, cette déchéance
n'a pas lieu si un tel intérêt lui échoit par succession ou
par donation, pourvu qu'il renonce ou en dispose avec toute la diligence
possible.
Tout autre membre ayant un tel intérêt doit, sous peine de
déchéance de ses fonctions, le révéler par
écrit au président de la commission et s'abstenir de participer
à toute délibération et de voter sur toute question
concernant l'entreprise dans laquelle il a ses intérêts.
M. Jolivet: En espérant qu'ils ne se retrouveront pas
deux.
La Présidente (Mme Dionne): M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Pagé: Pardon?
M. Jolivet: En espérant qu'ils ne se retrouveront pas deux
parce que votre problème de tout à l'heure ne sera pas
changé.
M. Pagé: C'en prendrait trois sur cinq.
M. Jolivet: Ou encore quatre. Mais là, c'est un peu moins
sûr. Le vote de la paire..
M. Pagé: En fait, c'est la règle habituelle.
M. Jolivet: Écoutez, on croit comprendre, d'une
façon ou d'une autre que, compte tenu de la loi actuelle, on fonde les
régies et SODIC, à ce moment-là on conserve la même
façon de voir les conflits d'intérêts.
M. Pagé: C'est ça. Ce sont les mêmes
dispositions quis'appliquent.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté? M. Jolivet:
Adopté, Mme la Présidente. La Présidente (Mme Dionne):
L'article 10?
M. Pagé: L'article 10 réfère au rôle
qui est habituellement dévolu au président d'organisme,
c'est-à-dire qu'il est responsable de l'administration de la commission
et dirige les membres de son personnel.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: II ne faudrait pas être contre ça.
La Présidente (Mme Dionne): Adopté?
M. Jolivet: Je pense bien, Mme la Présidente,
qu'effectivement, si on ne mettait pas le président responsable...
M. Pagé: ...qui serait responsable?
La Présidente (Mme Dionne): Alors, l'article 11.
M. Pagé: Alors, la séance de la commission est
présidée par le président ou par un membre
désigné par le président. Le quorum est de trois membres,
avec le partage des voix. La voix de celui qui préside la séance
est prépondérante.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Je suis allé trop vite tout à l'heure
mais j'aurais une question à poser au ministre. Je pense qu'il va me le
permettre parce que l'article 11, c'est évident que s'ils sont cinq, le
quorum va être de trois. Mais, à l'article 10, est-ce que le
ministre pourrait me dire ce qu'il envisage comme personnel?
On dit: Le président est responsable de l'administration et
dirige les membres de son personnel. J'aimerais juste savoir ce qu'il
prévoit comme budget de fonctionnement. Est-ce que vous avez
déjà des prévisions qui ont été faites?
M. Pagé: Sensiblement le même nombre de personnes
que SODIC avait pour assumer une telle responsabilité.
M. Jolivet: II y en a combien actuellement dans les deux,
séparément?
M. Pagé: Actuellement, on a 45,5 postes tant à la
régie qu'à la SODIC.
M. Jolivet: Est-ce qu'on peut avoir les détails de
chacun?
M. Pagé: Ce qu'ils font?
M. Jolivet: Non, non. Vous dites 44,5 au total pour les deux.
M. Pagé: 45,5.
M. Jolivet: Au total, pour les deux.
M. Pagé: Et on monterait à 55 postes parce qu'il
faudrait y ajouter évidemment... davantage d'enquêteurs,
d'inspecteurs. Pour le bénéfice de notre discussion, je
demanderais au Dr Bernard qui est sous-ministre adjoint à la
santé animale et qui est aussi président par intérim de
SODIC...
La Présidente (Mme Dionne): Dr Bernard.
M. Jolivet: J'aimerais savoir combien il y en a à la SODIC
et combien il y en a à la régie. Vous parlez d'un total de 45,5
avec une possibilité de 55, mais quel est le budget de chacun?
La Présidente (Mme Dionne): Dr Bernard.
M. Bernard (Louis): Le nombre de postes à SODIC, incluant
le poste de président, de président-directeur et de directeur
général adjoint, c'est neuf postes permanents, sans
employés occasionnels, avec un budget de fonctionnement et de
rémunérations d'environ 560 000 $.
M. Jolivet: C'est "sans" employés occasionnels.
M. Bernard: Sans aucun. M. Jolivet: Vous avez dit
sans.
M. Bernard: C'est "sans*. Le reste est à la Régie
des loteries. Plusieurs personnes ont deux mandats et sont
particulièrement dans la direction supérieure de la régie.
Elles occupent des fonctions dans la division des courses et la division des
permis et des appareils d'amusement. Je pense que le budget est d'environ 1 500
000 $, à la régie.
M. Jolivet: Donc, en additionnant 9,5 qui sont, en fait, dix
membres...
M. Pagé: Non pas dix membres, dix personnes.
M. Bernard: Dix personnes.
M. Jolivet: Dix personnes de plus dans l'ensemble pour la
nouvelle...
M. Bernard: C'est particulièrement pour combler des postes
d'enquêteurs et d'inspecteurs qui n'ont jamais été
prévus antérieurement.
M. Jolivet: Ils n'ont pas été prévus parce
que vous n'en aviez pas besoin ou parce que... Vous allez en avoir besoin
maintenant. Ils n'ont pas été prévus dans le passé,
est-ce parce que vous n'en aviez pas besoin ou...
M. Pagé: Quelle est votre question à la
régie?
M. Jolivet: II a dit: On ajoute des gens pour des postes
d'inspecteurs qui n'avaient pas été prévus. Est-ce parce
qu'on n'en n'avait pas besoin ou si maintenant on va en avoir besoin?
M. Pagé: On aura des besoins ajoutés en personnel,
M. le député.
M. Jolivet: Oui, je le sais. Mais on a dit: Des...
M. Pagé: C'est pour cela qu'on prévoit dix postes
de plus.
M. Jolivet: On a dit: Des inspecteurs. On me dit: Pour les
inspecteurs, ce sont des postes qu'on n'a pas comblés. Est-ce parce
qu'on en avait besoin et qu'on ne les comblait pas?
M. Bernard: Peut-être que ces employés sont
là à l'heure actuelle, mais Ils sont employés pour les
deux mandats, pour les deux divisions principales de la régie, si vous
voulez.
M. Jolivet: D'accord.
M. Pagé: C'est pour cela qu'il y a des 0,5 poste.
M. Bernard: Ils vont le rester encore...
M. Pagé: Alors, ils vont avoir des postes complets pour
travailler. Au lieu d'avoir 0,5 poste pour la régie et 0,5 poste pour
SODIC, ils vont ouvrir un poste pour la commission.
M. Jolivet: Donc, au total c'est pour le 55. Ils sont
déjà là, sauf que...
M. Pagé: C'est ça. Certains d'entre eux sont
déjà là, sur une base d'occasionnels réguliers,
d'occasionnels permanents sans sécurité, je ne le sais pas trop.
C'est à peu près cela.
M. Bernard: SODIC, pardon. Les employés de SODIC ne sont
pas des employés de la fonction publique à l'heure actuelle.
M. Jolivet: Est-ce qu'ils vont le devenir par le transfert?
M. Pagé: Je le propose à l'article 136.
M. Jolivet: Donc, l'article 11 est adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): L'article 11 est
adopté, alors...
M. Jolivet: Est-ce que vous pensez qu'on a le temps de...
La Présidente (Mme Dionne): II est...
M. Jolivet: ...d'aller à l'article 12? Il est pas mal
long.
M. Pagé: On pourra recommencer demain, après la
période de questions.
M. Jolivet: Est-ce que vous avez toujours l'intention de
commencer après la période de questions ou plus tard?
M. Pagé: Ce sont les informations que j'ai de
l'honorable leader du gouvernement que nous siégerions demain à
la présente commission de 11 h 15 environ, après nos travaux,
jusqu'à 13 heures.
La Présidente (Mme Dionne): Nous allons ajourner nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)