Journal des débats (Hansard) of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, May 29, 2025
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Vol. 47 N° 71
Clause-by-clause consideration of Bill 69, An Act to ensure the responsible governance of energy resources and to amend various legislative provisions
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11 h (version non révisée)
(Onze heures trente-trois minutes
)
Le Président (M. Montigny) : Nous
commençons nos travaux. Alors, nous avons débuté nos travaux. Alors, à l'ordre!
s'il vous plaît. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte la loi. La loi... la Commission est réunie afin de
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses
dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacé par M. Poulin
(Beauce-Sud); et M. Ciccone (Marquette) par Mme Garceau (Robert-Baldwin).
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup, Mme la secrétaire. Lors de l'ajournement de nos travaux
hier, nous étions à l'étude d'un amendement...
11 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Montigny) : ...Merci
beaucoup, Mme la secrétaire. Lors de l'ajournement de nos travaux hier, nous
étions à l'étude d'un amendement proposé par Mme la ministre à l'article 35
de notre projet de loi. Par ailleurs, je voudrais vous rappeler que les
articles suivants, 36, 39, 111, 112 et 129 sont donc suspendus. Est-ce qu'il y
a eu des interventions additionnelles en lien avec l'amendement à l'étude en ce
moment? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bonjour, M. le
Président. D'abord, j'aimerais déplorer le fait que je n'ai pas eu la note de
service sur le code de couleur vestimentaire aujourd'hui. Et je voudrais saluer
à quel point toutes les collègues ici présentes sont bien agencées. Cela étant
dit...
Des voix : ...
M. Paradis : Presque à l'unanimité,
en effet. Cela étant dit, je pense que lorsque nous nous sommes laissés hier
soir, M. le Président, je venais de poser une question à la ministre pour bien
comprendre les mécanismes de l'article sous étude. Et j'avais donc demandé à la
ministre si elle pouvait nous informer de l'état des surplus ou des manques à
gagner des dernières années pour Hydro-Québec.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Ce ne sera
pas très long. Je vous... Je retrouve l'information. O.K. Alors, M. le
Président, donc j'ai des informations ici jusqu'à l'année 2018, année à
partir de laquelle le système a changé, qui ne nous permettait plus de
constater les écarts. Là, on va pouvoir établir un système où on pourra
constater les écarts. Alors, je vous dirais que, si on remonte à 2005-2006, là,
il y a eu deux années de manque à gagner de 35 et 66 millions. Et ensuite,
on a toute une enfilade d'années, donc de 2007 jusqu'à 2015, où il y a des surplus.
Les surplus vont de 10 millions jusqu'à 211 millions. 2016, là on a
un manque à gagner de 33 millions, 2017, un surplus de 36, 2018, un
surplus de 154 millions. Voilà.
M. Paradis : Bien. Alors, c'est
une bonne... c'est une bonne façon de commencer notre discussion, parce que cet
article 52.3 qu'on réinsère, et c'est ce que je viens d'entendre, je
pense, c'est ce que je comprends de votre réponse, c'est que vous voulez
réinstaurer un système qui permettrait de constater s'il y a des surplus ou des
manques à gagner. Donc, le changement, il s'est opéré via votre projet de loi
n° 34 de 2019, hein, celui donc qui est devenu le chapitre 27 des
lois de 2019.
Donc, la situation, pour les gens qui nous
regardent, c'est qu'avant, la Régie de l'énergie, sur la base des calculs qui
lui étaient proposés par Hydro-Québec, constatait les coûts d'Hydro-Québec et
les revenus qui étaient requis. Et donc il y avait un montant de référence qui
était fixé. C'est la notion de montant de référence. Ces informations-là
devaient ensuite être publiées par Hydro-Québec en fonction de la Loi sur la
Régie de l'énergie qui a été changée, notamment l'annexe deux sur les
informations qui doivent être publiées. Donc, c'est sur la base de ce montant
de référence qu'on était capables de déterminer, à la fin d'une année, si
Hydro-Québec était en situation de surplus ou en situation de manque à gagner.
À l'époque, d'ailleurs, il y a eu un gros débat parce qu'il y avait le débat
sur les surplus d'Hydro-Québec, dont certains disaient : Bien, ils doivent
être retournés aux citoyens et, en fait, ils doivent être retournés aux
consommateurs. Et plusieurs ont déploré que cette information-là soit disparue,
parce que là, le public et même les...
M. Paradis : …les gens spécialisés
dans le domaine de l'énergie n'étaient plus capables de savoir si Hydro-Québec
était en situation de surplus ou de manque à gagner. De manière intéressante,
cet article nous indique que, là, il va y avoir une notion de surplus et de
manque à gagner. J'aimerais savoir, Mme la ministre, si cet article, cet
amendement que vous nous proposez, qui fait partie de la liasse d'amendements
qu'on vient de recevoir en pleine commission parlementaire la semaine dernière…
est-ce que cet amendement-là est lié, avec d'autres amendements, à l'effet que
cette notion de montant de référence revient et que l'information sera
désormais publiquement disponible pour qu'on soit capable de comprendre la
mécanique qui explique des surplus ou des manques à gagner?
Mme Fréchette : Alors, M. le
Président, l'information sera effectivement rendue publique lors des causes
tarifaires. Donc, aux trois ans, on va avoir l'information qui est diffusée
publiquement.
M. Paradis : Bon, alors, je
suis heureux d'entendre qu'il y a une intention. Est-ce que, dans les
amendements que vous nous déposez, il y a des amendements à l'effet… à cet
effet-là, en fait, qui va obliger Hydro-Québec à donner l'information? Parce
qu'on le redit, ces obligations-là existaient avant le projet de loi n° 34
du gouvernement de la CAQ. Elles n'existent plus actuellement. Donc, pour être
capable de comprendre 52.3, qui est devant nous, il faudrait voir qu'est-ce qui
est prévu ailleurs dans la loi.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Donc, bien, les informations qui mènent à la cause tarifaire sont de
nature publique. Donc, cet amendement-là s'inscrit dans un processus qui est
composé de différents éléments de la cause tarifaire. Donc, ça vient avec le
fait que c'est public.
• (11 h 40) •
M. Paradis : Vous parlez de
la stratégie tarifaire, déposée par Hydro-Québec, c'est ça?
Mme Fréchette : Oui, si on
veut, oui.
M. Paradis : Bon, depuis
2019, Hydro-Québec a déposé plusieurs stratégies tarifaires, et tant les
représentants des grandes industries, des PME que des consommateurs et des
organisations de la société civile déplorent ce qui s'est passé avec le projet
de loi n° 34 du gouvernement de la CAQ, c'est-à-dire qu'il n'y a plus
d'obligation d'Hydro-Québec, il y a même la ligne sur le revenu de référence
qui permettait de voir s'il y avait un surplus ou un manque à gagner, la ligne
a disparu. Ce qui fait que la question des surplus, qui faisait débat à
l'époque, magie, magie, est disparue, parce que les surplus ou les manques à
gagner sont disparus du cadre législatif. Ça, c'est un effet du projet de loi
n° 34.
Maintenant, depuis 2019, toutes les
stratégies tarifaires déposées par Hydro-Québec n'ont pas permis d'avoir cette
information-là. Donc, est-ce que vous convenez avec moi que, si on ne fait pas
de changement législatif, sauf l'article 52.3 que vous proposez, s'il n'y
a pas d'obligation qui est conférée à Hydro-Québec de publier les informations
requises pour qu'on fasse ce calcul-là, il manque un élément à votre stratégie.
Parce que vous parlez des surplus et des manques à gagner, mais il n'y a pas
d'obligation de rendre l'information publique. Ce n'est pas le cas actuellement.
Est-ce que vous en convenez?
Mme Fréchette : M. le
Président, comme vous savez, on réintroduit un système qui va permettre de
rendre visibles les éléments menant à la cause tarifaire. Et c'est dans
l'article 25 qu'il y a une audience publique pour ce processus. À partir
du moment où il y a un processus public, l'information qui est déposée, mise de
l'avant dans le cadre du processus sera aussi de nature publique.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. M. le député.
M. Paradis : C'est encore
un... Je vais attendre, je… Ici, vous réintroduisez la notion de surplus ou de
manque à gagner, puis là je ne suis même pas rendu au fond… au fond du sens de
cet article-là, parce que je vais vous poser des questions aussi sur ce que ça
permet de faire. Parce que ça semble encore être un amendement qui est
téléguidé par Hydro-Québec et qui va lui permettre d'une année à l'autre, si
elle s'est trompée, de tout simplement corriger ses erreurs en disant :
Ah! bien là, vous allez considérer…
M. Paradis : ...mon
erreur de l'année passée pour fixer cette année des tarifs fonction en tenant
compte de mes erreurs. C'est magique, ça. Quel gestionnaire ne voudrais pas
avoir cette possibilité-là de toujours pouvoir effacer toutes ces erreurs puis
de ne pas être forcé par la loi à faire de bonnes prévisions? Donc ça, c'est le
fond pour moi. Puis j'aimerais voir si vous convenez avec moi que c'est l'effet
de cet article-là, ou ça peut être un effet. Ça, c'est... Je m'avance tout de
suite, là, parce que l'idée n'est pas de prendre par surprise. L'idée est
d'avoir un débat éclairé. Et moi, je suis inquiet de cet amendement-là, sur ce
qu'il donne. Mais avant d'arriver à ce qu'il donne, Mme la ministre, je suis
sur... Est-ce qu'on est capables d'avoir de l'information pour juger du
fonctionnement de cet article-là? Vous avez dit dans votre première
réponse : Nous rétablissons une part de ce mécanisme-là, mais vous
dites : Ah! S'il y a des surplus ou manques à gagner, Hydro-Québec va être
capable de se servir de cette information-là pour faire de la magie comptable
d'une année à l'autre. Elle va dire : Ah! Je suis désolée, je me suis
trompée. Je vous ai chargé cher l'année passée. Les prévisions ne se sont pas
avérées, mais ce n'est pas grave, je vais vous charger cher encore cette année
parce que je peux effacer les erreurs d'une année à l'autre. C'est ça que
l'article permet de faire. Mais avant, nous, là, quand on veut contre-vérifier
des informations, qu'est ce qu'on a dans la loi qui nous permet d'avoir accès à
l'information? Si vous rétablissez cette notion-là, pourquoi ce qui existait
avant n'est pas rétabli pour permettre à tout le monde de jouer à armes égales
avec Hydro-Québec qui, elle, va avoir tous ses chiffres, va avoir toute sa
batterie de comptables, d'avocats, de spécialistes, de gens de prévision, etc.
Mais c'est une question essentielle que je vous pose, là : Où est le reste
qui est censé venir avec ça?
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui.
Merci, M. le Président? Donc, avec l'amendement, la régie va pouvoir demander
toutes les informations nécessaires qu'elle souhaite. Donc, elle va pouvoir
tenir compte des surplus, des manques à gagner, et Hydro-Québec va devoir, en
fait, en faire une preuve dans le cadre du processus. C'est une sorte
d'incitatif aussi pour s'assurer qu'il y a des bonnes prévisions de la part
d'Hydro-Québec qui sont mises de l'avant. Donc, c'est un processus qui va être
transparent.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien.
M. Paradis : La
stratégie tarifaire dont vous parlez, vous savez que c'est au début de l'année,
c'est au début du processus. D'une part, je conviens qu'Hydro-Québec donne
plein d'informations là-dedans, mais je vous le redis, depuis l'adoption du
projet de loi n° 34, il n'y a plus d'informations qui permettent d'établir
s'il y a un manque à gagner ou un trop perçu parce que la notion de montant de
référence est disparue. On fixe un tarif, on propose un tarif. La régie fixe un
tarif, mais il n'y a pas de montant de référence qui permet ensuite de calculer
surplus ou manque à gagner, parce que ces surplus ou manques à gagner par
rapport à quoi, il n'y a pas de quoi. C'est ça qui se passe actuellement. Et
surtout, c'est avant. Le processus que vous établissez à 52.3, c'est après,
c'est à la fin de l'année. Est-ce qu'il y a un surplus ou il y a un manque à
gagner? Nous n'avons pas les outils. Avec les amendements que vous nous
proposez, nous n'avons pas les outils pour vérifier ces calculs-là. Il n'y a
pas la base qui devrait soutenir tout ça.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M.
le Président. J'inviterais Me Marois à nous donner quelques précisions,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Me Marois, nous allons avoir besoin du consentement des membres
de la commission pour vous donner la parole. Est-ce que nous avons
consentement?
Une voix : Consentement.
Le Président (M. Montigny) :
Parfait. Me Marois, je vous invite à vous présenter.
M. Marois (Samuel) :
Bonjour. Samuel Marois, avocat au ministère de la Justice. Les tarifs sont
établis... sont établis, comme on l'a dit hier, sur la base des prévisions. Et
donc on a une révision aux trois ans, des prévisions sur trois ans. Quand on va
tenir compte des surplus et manques à gagner, bien, c'est sûr que c'est... La
valeur de référence, bien, c'est des prévisions qui ont été faites pour établir
des tarifs.
M. Paradis : Merci des
précisions, Me Marois. Je continue à m'adresser à Mme la ministre. On a
entendu Me Marois. Il nous parle encore de prévisions. Et là on nous
dit : L'année suivante, quand elle va établir ses prévisions, qu'elle va
demander donc un tarif, elle va être capable de tenir compte du fait, c'est ça
que vous écrivez dans l'article ici, qu'il y a eu des surplus ou un manque à
gagner l'année d'avant? Mais on n'a rien qui nous permette de faire ce
calcul-là. Hydro-Québec, elle, comme d'habitude, va avoir tout son appareil,
tous ses employés, toute son équipe pour arriver devant la régie puis
dire : Ah! Moi je dis que j'ai eu un surplus ou un manque à gagner, mais
ce qui permettait à tout le monde...
M. Paradis : ...au public,
aux représentants des consommateurs d'électricité du Québec, tout le monde, les
PME, les industries de pouvoir argumenter à armes égales avec Hydro-Québec pour
qu'on ait un débat éclairé puis qu'on prenne les meilleures décisions dans
l'intérêt public. Et, avant 2019, ils avaient de l'information et il existait
cette notion de montant de référence à partir duquel on calculait le surplus ou
le manque à gagner, puis là il y avait tout un calcul, il y avait un taux
d'intérêt alloué de manière réglementaire par la Régie sur les rendements sur
les capitaux propres d'Hydro-Québec, puis là, après ça, on disait qu'entre tel
pourcentage puis tel pourcentage de rendement, ça va, puis après ça tu prends
l'autre partie qui excède ça puis tu le sépares entre les consommateurs puis
entre Hydro-Québec. Tout ça a été régie, tout ça n'existe plus. Qui va être
capable de faire face à Hydro-Québec, qui va nous arriver : Ah! j'ai un
surplus, j'ai un manque à gagner? Il y avait des lignes spécifiques dans la loi
avant qui prévoyaient ça. Elles ont disparu, ces lignes-là. Donc, qu'est-ce qui
vient avec votre article 52.3? Vous ne pouvez pas juste rétablir ça. Parce
que là, encore une fois, c'est Hydro-Québec qui vient se faire faire un cadeau,
qu'elle, avec ses calculs, que seule elle va connaître, va arriver puis va
dire : Ah! bien, moi, je vous demande ça ou je ne vous demande pas ça
cette année parce que j'ai fait un surplus ou un manque à gagner, mais personne
n'a l'information.
Le Président (M. Montigny) : Souhaitez-vous
avoir un moment de suspension? Nous allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 51)
(Reprise à 11 h 53)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous sommes de retour. Au moment de la suspension, Mme la ministre, vous avez
la parole. Je vous laisse la parole à nouveau.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Donc, pour répondre au député de Jean-Talon, alors, ce qu'il
soulève, en fait, c'est de nature opérationnelle, donc ça ne fait pas partie du
projet de loi, mais n'en demeure pas moins que le mécanisme... un nouveau
mécanisme va être établi, ça va revenir, ça va être déposé, en fait, à la
régie, et c'est lors de la première cause tarifaire que ça devra être déposé
dans le cadre de ce processus-là et chacune des prévisions sera examinée dans
le cadre du processus de la Régie. Donc, voilà, c'est une mécanique qui va se
déployer lors de la première cause tarifaire.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. M. le député de Jean-Talon. Je suis... J'essaie de trouver le mot,
là, mais je suis un peu stupéfait de la réponse que je viens d'avoir. C'est
encore une fois une question qui peut paraître technique, mais...
M. Paradis : ...extrêmement
importante, parce qu'on parle encore d'un autre mécanisme par lequel les tarifs
des consommateurs pourraient être augmentés sans que ça soit fait à visière
levée. Et là, quand on dit : Je vous introduis un article qui parle de
surplus ou de manques à gagner, mais, pour le reste, ce n'est pas prévu, ça va
être opérationnel, faites-nous confiance, on s'en vient, on va déposer quelque
chose à la régie, et là, ensuite, la ministre parle des fameuses prévisions qui
sont dans la stratégie tarifaire, c'est une chose. Moi, je vous parle du
dossier de fermeture, à la fin de l'année, où on fait le bilan et où on est
supposé avoir l'information qui permet à tout le monde d'argumenter puis de
discuter à armes égales avec Hydro-Québec.
Et vous savez ce que... On a eu des
échanges encore aujourd'hui à la période de questions, et ce n'est pas du
spectacle. Ce projet de loi, les amendements que vous déposez sont inquiétants
pour l'ensemble de l'industrie de l'énergie, pour l'ensemble du secteur de
l'énergie, parce qu'encore une fois, aujourd'hui, on se rend compte que là vous
avez reçu quelque chose d'Hydro-Québec, qui vous demande les bonbons puis qui
ne prend aucune obligation, aucune des obligations minimales qui viennent avec
le bonbon. Vous, comme ministre, je vous soumets, Mme la... Mme la ministre,
que vous ne devriez pas accepter ça, parce que le mécanisme des surplus et des
manques à gagner qui existait avant 2019, ça vise à favoriser des gains de
productivité, ça oblige Hydro-Québec à se forcer le plus possible pour
présenter des prévisions le plus proche possible de la réalité et pour ensuite
tirer en quelconque les avantages de sa productivité, de dire : Aïe! je
travaille fort puis je dégage des trop-perçus, puis, si je dégage des
trop-perçus, je peux en conserver une partie, puis, le reste, je le redonne à
la clientèle qui est ici, les consommateurs. C'était comme ça que ça
fonctionnait avant, puis c'est ça qu'on veut pour favoriser la productivité.
Là, ce que vous faites, c'est que vous donnez les bonbons à Hydro-Québec. Vous
lui permettez à chaque année de se présenter devant la régie puis dire :
Ah! je me suis trompée l'année passée, mais ce n'est pas grave, c'est les bons
consommateurs qui vont payer parce que je vais vous demander de recalculer puis
de tenir compte dans mes prévisions du fait que je me suis trompée l'année
passée. C'est le cadeau magnifique. Tout gestionnaire rêve d'avoir ça. Ça, là,
c'est une carte blanche : Fais ce que tu veux parce que tu n'as pas de
contrôle. Ça doit venir nécessairement avec les obligations pour Hydro-Québec
de donner l'information pour que tout le monde soit capable de la suivre puis
tout le monde soit capable de vérifier les calculs d'Hydro-Québec. Là, vous
donnez les bonbons dans la loi puis vous dites : Le minimum qui vient
avec, je n'ai rien prévu là-dessus, ça va venir peut-être plus tard,
faites-nous confiance. Ça ne peut pas être de même. Et ça démontre une nouvelle
fois, Mme la ministre, que ce paquet d'amendements qu'on a reçus en liasse,
c'est téléguidé, c'est la main invisible d'Hydro-Québec qui a écrit ça.
Je vous incite à la plus grande prudence.
Si vous rétablissez le système, puis ce n'est peut-être pas une mauvaise idée,
il doit venir avec l'ensemble des composantes requises. Ça doit permettre à la
régie d'établir les revenus requis et les dépenses qu'Hydro-Québec ou les coûts
qu'Hydro-Québec a encourus en prévision puis ensuite de les vérifier à la fin
de l'année. Si on veut un mécanisme qui permet équitablement de faire les
reports, ça peut exister, mais ce n'est pas ce que vous venez de faire, là.
Vous faites le contraire de l'incitation à la productivité, à la transparence,
et à la reddition de comptes, et à l'imputabilité d'Hydro-Québec. Je suis
convaincu que ce n'est pas ça que notre gouvernement veut faire.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci.
En fait, la mécanique que vante le député de Jean-Talon, elle reposait sur la
même logique, au sens où Hydro-Québec devait proposer à la régie les modalités
selon lesquelles elle devait tenir compte des surplus ou des manques à gagner.
Donc, on reprend cette même approche. Alors, je pense que ça répond aux
préoccupations du député. La régie va devoir tenir compte de ces modalités-là
et puis de toutes les modalités de l'article 49, notamment en favorisant
des mesures ou des mécanismes, là, qui vont être des incitatifs pour qu'elle
améliore sa performance. Donc, je pense qu'on a les éléments pour s'assurer de
la transparence.
Une voix : ...
Mme Fréchette : ...déjà
également dans la responsabilité de la régie de favoriser des mesures ou des
mécanismes, woups, incitatifs. Pardon, j'ai le curseur qui a glissé de
l'article. Donc...
Mme Fréchette : ...c'est dans
la mission de la régie de favoriser des mesures ou des mécanismes incitatifs
pour améliorer la performance du transporteur d'électricité ou d'un
distributeur de gaz. Et donc ça s'applique aussi à Hydro-Québec Distribution.
Donc, ça fait partie de la mission, si on veut dire... on peut dire, des
objectifs.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je suis vraiment
surpris d'entendre que la ministre veut aller là puis qu'elle défend cette
position-là qui me paraît indéfendable, c'est-à-dire : on vous donne tous
les avantages, on vous donne le plat de bonbons, mais vous n'avez aucune
obligation qui vient avec. La règle, quand on fait... quand on est en train de
réviser la loi, c'est... quand on donne des avantages comme ça, c'est :
pas d'imputabilité... pas de reddition de comptes, pas d'imputabilité. Et c'est
ça qu'on est en train de prévoir.
• (12 heures) •
Hydro-Québec ferme ses livres à chaque
année, elle fait des complexes... des calculs complexes à chaque année, elle
est capable d'établir son dividende qu'elle verse au gouvernement. Elle, elle a
l'information. Au moment où on se parle, il doit y avoir des gens qui sont en
train de nous écouter puis qui savent très bien c'est quoi, les surplus et les
manques à gagner. On a fait disparaître cette information-là en 2019 parce
qu'il y avait un débat sur les surplus d'Hydro-Québec et on a rendu le calcul
plus difficile pour tout le monde. Puis là ce que vous êtes en train de
faire... Mais, au moins, avant, il n'y avait pas ce bonbon-là que vous êtes en
train de donner à Hydro-Québec, c'est-à-dire : peu importe ce que tu dis
d'une année à l'autre, tu vas toujours être capable de te reprendre pour
demander plus à la Régie de l'énergie. Et la Régie de l'énergie va être obligée
de tenir compte de ce que tu lui dis. Tu vas lui dire, Hydro-Québec : Ah!
j'ai eu un surplus, un manque à gagner, mais personne ne va avoir accès à
l'information qui permet de déterminer avec Hydro-Québec s'il y a un surplus ou
un manque à gagner. Puis ce n'est pas compliqué de faire ça, ça existait avant
2019. Je... C'est... Ça ne se peut pas, tous ces amendements-là qu'on reçoit,
qui sont tous à l'avantage d'Hydro-Québec, qui sont tous au désavantage de
l'ensemble des consommateurs du Québec. Ça fait plusieurs fois qu'on a ce
débat-là, là. Moins de droits devant la régie, moins de possibilités pour la
régie de se prononcer. Moins de pouvoir à la régie, plus pour Hydro-Québec,
plus d'options.
Je comprends qu'Hydro-Québec marche main
dans la main avec le gouvernement, actuellement, là, vous leur donnez plein de
cadeaux, pas d'obligation.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
M. le député, je voulais juste vous rappeler, au niveau du temps, qu'il vous
reste plus de... un peu plus d'une minute.
Alors, Mme la ministre, quand vous serez
prête.
Mme Fréchette : ...moment, je
pense que...
Le Président (M. Montigny) : On
va suspendre quelques instants. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 02)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 09)
Le Président (M. Montigny) :
Alors, nous reprenons donc nos travaux. Mme la ministre, au moment de la
suspension, vous aviez la parole. Je vous redonne la parole à nouveau.
Mme Fréchette : Oui.
Merci. Merci, M. le Président. Donc... Bien, j'aimerais rappeler que c'est une
mécanique qui s'inspire de la même approche que celle qui prévalait auparavant.
C'est une mécanique qui, dans la façon de fonctionner auparavant, n'était pas
inscrite dans la loi. Et là, ça le sera. Ça fait que ça vient conforter... Ce
principe-là, ça vient assurer la mise en œuvre de ce principe-là qui a été au
bénéfice des clientèles. Il n'y a pas de raisons pour lesquelles ce ne serait
pas au bénéfice de la clientèle pour la suite des choses. Et je souligne que ce
n'est pas une demande d'Hydro-Québec, ce mécanisme-là, c'est une demande des
PME. C'est une demande de groupes qui rassemblent des entreprises. Et c'est ces
joueurs-là, ces acteurs-là qui ont demandé à ce que ce soit mis en place. Donc,
l'information, c'est sûr, qui devrait être divulguée dans le cadre de ce
processus-là est vraiment vaste, et c'est un gros travail. Et c'est pour ça qu'on
fait l'exercice aux trois ans. Il faut voir que c'est aux trois ans que va se
faire le calcul sur la globalité de ce qui se sera passé pendant les trois ans.
Donc, ce n'est pas chaque année où on va mettre en place le mécanisme de
compensation ou de rééquilibrage, mais bien au terme du trois ans, de telle
sorte que s'il y a une année où il y a un surplus ou un manque à gagner, bien, les
deux vont avoir tendance à s'annuler. Alors, voilà. Merci.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M.
le député de Jean-Talon, je vous laisse la parole, mais il vous reste à peu
près 1 min 10 s.
M. Paradis : Je vais
demander une suspension pour déposer un amendement, s'il vous plaît.
Le Président (M. Montigny) :
Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
(Reprise à 12 h 29)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux. Au moment de la suspension, on avait eu un
avis de dépôt d'un sous-amendement. L'amendement qu'on... Le sous-amendement
qu'on pensait recevoir est plus recevable comme un amendement comme tel. Alors,
il pourrait...
Le Président (M. Montigny) : …dans
la période d'amendement. Mais là, nous sommes à l'étude déjà d'un amendement,
au moment où on se parle, à l'article 35 déposé par la ministre. Nous
allons donc étudier l'amendement déposé par la ministre, et, par la suite, si
vous voulez déposer d'autres amendements, vous pourrez le faire.
M. le député de Jacques-Cartier, vous
aviez demandé la parole, de façon régulière, sur cet… sur cet article 35,
sur l'amendement de la partie gouvernementale. Ça fait quand même un petit bout
de temps.
M. Kelley : bien comprendre,
M. le Président. Alors, si on passe présentement… on prend… bien, je passe la
parole, la puck à mon collègue de Jean-Talon… fais ça pour le dépôt de
l'amendement, est-ce qu'on ferme la discussion sur l'amendement déposé par la
ministre? Juste de…
Le Président (M. Montigny) : En
fait, non, nous sommes à l'étude présentement…
M. Kelley
: Oui, de
l'amendement de la ministre.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Montigny) :
…de l'amendement de Mme la ministre, c'est ce que nous allons faire, nous
allons continuer à étudier l'amendement de la ministre. Je comprends que
peut-être que le député Jean-Talon va amener un autre amendement plus tard,
quand on aura terminé l'étude de l'article 35. Parce que ce que nous
avions n'était pas recevable comme sous-amendement. Je comprends, il n'y a aucun
problème. On va juste suivre les règles. Alors, M. le député de
Jacques-Cartier, vous aviez demandé la parole, je vous la cède.
M. Kelley : Merci pour la
clarification, M. le Président. C'était juste en lien de comprendre. Je sais
que la cause tarifaire, c'est chaque trois ans, mais il y a un plan
d'approvisionnement qui est fait chaque année par Hydro-Québec, n'est-ce pas,
qui est déposé à la régie? Est-ce que c'est… Est-ce que j'ai bien compris ça?
Mme Fréchette : Oui,
effectivement. Effectivement.
M. Kelley
:
Effectivement. Alors, j'imagine qu'Hydro-Québec va avoir une bonne idée de
qu'est-ce qui se passe quand même, dans cette période de trois ans, s'ils sont
en train de produire trop, ou il y a des surplus, ou quand même, j'imagine,
Hydro-Québec va être capable d'insérer une entente et un projet éolien, par
exemple, c'est… Je sais que ça prend trois ans, mais ils vont être capables de
regarder la situation puis insérer ça à un certain moment. Alors, c'est juste
de bien comprendre un petit peu, parce que je comprends qu'Hydro-Québec peut
intervenir un petit peu quand il veut. Et, des fois, peut-être demander une
révision chaque an. Alors, c'est juste encore, j'imagine, on donne beaucoup de
flexibilité pour Hydro-Québec d'essayer de faire le mieux possible, de
s'assurer que ce n'est pas juste une question de surplus, mais aussi un manque
de gagner aussi. C'est bien ça, Mme la ministre?
Mme Fréchette : J'aimerais
juste préciser que ce sont quand même deux processus différents, là, qui sont
dans des vases différents, un qui est un processus tarifaire et l'autre, le
processus d'approvisionnement, donc.
M. Kelley : Mais, quand même,
Hydro-Québec a toute l'information de… quand même la régie et le gouvernement a
toute l'information. J'essaie de regarder ça.
Mme Fréchette : Et je
rappelle qu'il y a des rapports annuels aussi qui sont déposés, dans lesquels
l'ensemble… lesquels l'ensemble de l'information est disponible.
M. Kelley : Oui, oui. O.K. Et
c'est certain que plan d'approvisionnement peut impacter aussi des tarifs,
c'est une possibilité, comme, ils sont liés en même temps. C'est distinct, mais
il y a un lien, il y a un lien.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député. Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : J'inviterais
Me Marois à nous préciser une notion.
Le Président (M. Montigny) : Absolument.
Me Marois, vous avez la parole.
M. Marois (Samuel) : Juste
réitérer ce que la ministre a dit, c'est-à-dire ce sont… le processus
d'approvisionnement, plan d'approvisionnement, planification puis les
approvisionnements eux-mêmes, la conclusion de contrats, par exemple, les
appels d'offres, c'est… puis, d'une part, puis, d'autre part, le processus
tarifaire, on va examiner les coûts, puis déterminer qu'est-ce que le
consommateur paie. C'est deux processus qui sont complètement séparés, puis il
ne faut pas les voir nécessairement comme un continuum ou chercher le lien
entre ce qu'on voit ici puis le plan d'approvisionnement, parce qu'on est
vraiment au niveau des coûts. Donc, évidemment, dans… on… il y a le processus
d'approvisionnement. Ça engendre des coûts, puis ces coûts-là doivent passer
dans les tarifs, mais, une fois qu'on est dans les tarifs, il n'y a pas de… au
niveau du cyclique, là, de comment on tient compte des surplus puis des manques
à gagner, il n'y a pas de lien à faire avec le cyclique du plan
d'approvisionnement, là.
M. Kelley : Quand même, c'est
des plans d'approvisionnement puis les approvisionnements sont inclus dans les
coûts des tarifs. Alors, ici, il n'y a pas quand même un lien entre tout ça?
M. Marois (Samuel) : Bien, il
y a un lien parce qu'effectivement les coûts des approvisionnements, c'est
finalement les approvisionnements qu'on veut aller chercher, mais là, ici, on
est dans une logique de : on examine les coûts pour fixer les tarifs.
Donc, la périodicité à laquelle le plan d'approvisionnement est déposé, ce
n'est pas lié à ce qu'on examine ici, là.
M. Kelley : O.K. Je pense que
la collègue de Robert-Baldwin a des questions à poser également. Alors, je vais
passer la parole, M. le Président…
12 h 30 (version non révisée)
M. Kelley : ...M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Alors, Mme la députée de Robert-Baldwin, vous avez la parole.
Mme Garceau : O.K. Merci, M.
le Président. J'ai trouvé l'échange avec mon collègue de Jean-Talon très
intéressant au niveau de l'obligation d'Hydro-Québec de rendre publics les
surplus ou manques à gagner annuels et que... là, je comprends qu'il n'y en a
pas, d'obligation, qu'on l'a retirée en ce qui... lors de l'étude du projet de
loi n° 34. Et là je suis, Mme la ministre, en train de reviser l'article à
l'étude en ce moment, l'article 52.3 qui est modifié, qui réfère aussi,
dans cette question de révision tarifaire, M. le Président, à... c'est pour ça
que je vais aller dans le projet de loi, à l'article 48. Donc là, on parle
de l'article 48, on y fait référence dans l'article, là, 52.3, premier
alinéa et le troisième. Et là je tente de comprendre, au final, la révision
tarifaire qui va être faite tous les trois ans par la Régie. Un, il me semble
absolument fondamental que les surplus et les manques à gagner d'Hydro-Québec
soient rendus publics. Donc, je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas le cas
et, s'il va y avoir un nouveau mécanisme qui va être déposé lors de la première
cause tarifaire, pourquoi est-ce qu'on ne l'a pas prévu dans le projet de loi,
parce qu'on est dedans, la révision tarifaire. Puis, s'il va y avoir un
mécanisme en termes de transmission de documents liés aux finances d'Hydro-Québec,
il me semble que ça devrait être prévu dans le projet de loi, mais là on
regarde... Puis là j'essaie de voir. Parce que je vois, encore une fois, là, qu'il
va y avoir une certaine flexibilité d'Hydro-Québec en ce qui a trait à toute
cette révision tarifaire, et je m'explique. Quand on... À la lecture de l'article 52.3,
on est en train de regarder les surplus ou les manques à gagner cumulés par le
transporteur ou le distributeur au cours des années tarifaires visées par la
révision tarifaire précédente. Donc là, on retourne dans le temps, donc ça veut
dire que, si on est en train de regarder... la révision tarifaire, là, c'est en
2028, là, on regarde les années 2000... cinq, six et sept, 2025, 2026,
2027, on va regarder manques à gagner, surplus d'Hydro-Québec durant ces
années-là. Puis ça, ça va être ma première question, Mme la ministre :
Est-ce que... est-ce que ma compréhension de la lecture de cet article est
bonne?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre pour la réponse.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Alors, oui, Mme la députée de Robert-Baldwin, votre lecture est
bonne.
Mme Garceau : Merveilleux! On
commence avec ça, point de départ. Donc, allons maintenant à l'article 48,
parce qu'on y réfère, M. le Président, à l'article 52.3. Et là... Parce
que simplement, à la lecture, on se serait dit : Bon, bien, on regarde les
années antérieures et, s'il y a eu des surplus, bien, on va tenir compte de ces
surplus-là lorsqu'on va fixer les tarifs, les nouveaux tarifs, mais là il y a
comme un élément aléatoire qui me fait questionner qu'il va avoir une porte... Hydro-Québec
va avoir une porte de sortie, peut-être, en ce qui a trait à la lecture du
troisième alinéa de l'article 48 à la demande du transporteur d'électricité
ou du distributeur d'électricité faite au cours des trois années tarifaires
visées. Donc, ça veut dire qu'on est en 2028, on est en révision tarifaire puis
là on est en train de regarder...
Mme Garceau : ...tarif, un
tarif qui va être fixé pour 2028, 2029, 2030, c'est ça. «Au cours des trois
années tarifaires visées par une révision tarifaire effectuée en vertu du
premier alinéa en raison de circonstances particulières, la régie effectue une
révision tarifaire visée à cet alinéa de la manière qui y est prévue.» À titre
d'exemple, admettons qu'il y a eu des surplus, Hydro-Québec, pour les années
précédentes, avant la révision tarifaire, conformément à l'article 52.3... mais
en vertu de l'article 48, troisième alinéa, Hydro-Québec dit : Oui, mais
là, pour les trois prochaines années, un instant, avant de fixer, moi, je
prévois un manque à gagner. Donc, pour la fixation des tarifs en 2028,
conformément maintenant à l'article 48, troisième alinéa, la régie va pouvoir
tenir compte des prévisions de manque à gagner, et peut-être que le tarif va
être plus élevé qu'il aurait dû être. Est-ce que j'ai raison dans la lecture de
ces deux articles?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : M. le
Président, donc, advenant qu'il y ait un manque à gagner qui est prévu par
Hydro-Québec, on va en tenir compte et on va tenir compte aussi, des surplus ou
des manques à gagner qui seront survenus dans les trois dernières années, une
fois qu'elles auront été traversées.
• (12 h 40) •
Mme Garceau : On se comprend,
dans les trois dernières années. Moi, je suis en train de voir avec vous, Mme
la ministre, pour la prévision, les trois prochaines années. Donc, on va tenir
compte, également, donc...
Mme Fréchette : On va tenir
compte. S'il y a un manque à gagner prévu dans les trois prochaines années, ça
va être pris en considération.
Mme Garceau : C'est ça. Ça va
être pris en considération, pas en 2030, ça va être pris en considération pour
fixer en 2028.
Mme Fréchette : Oui.
Mme Garceau : O.K. Donc, il y
a quand même une marge et... C'est parce que, là, c'est au bénéfice
d'Hydro-Québec, on se comprend que... s'il y a des surplus. Puis après ça, on
dit : Bien, on devrait, basé sur l'article 52.3, fixer les tarifs en
fonction des trois dernières années, des trois années précédentes à la
révision. Mais là l'enjeu, avec le 48, alinéa 3, fait en sorte que, bien,
savez-vous, Hydro-Québec, puisque vous avez des prévisions de manque à gagner
qui vont... je présume, chiffrées par Hydro-Québec, qui ne seront pas rendues
publiques, en plus, que, là, d'après moi, il y a un grand manque de
transparence... Et là la régie va fixer des tarifs vraiment basés sur trois
ans... six ans, pas juste trois ans. Là, on est en train de regarder une
période de six ans.
Encore une fois, Mme la ministre, les
consommateurs du Québec sont en train de subir les risques, les risques de ce
mécanisme qui est la lecture de 52.3 et du 48, alinéa 3.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Donc, je ne vois pas pourquoi la députée présume qu'on n'aurait pas
l'information de la part d'Hydro-Québec sur ses prévisions. Tout va être...
tout va devoir être justifié. Donc, ce n'est pas simplement des estimés
qu'Hydro-Québec va faire...
Mme Fréchette : ...et pour
lesquels on n'aura aucune garantie que c'est assis sur du solide. On va avoir
ces informations-là, ça devra être mis de l'avant par Hydro-Québec. Et le
mécanisme qu'on est en train de mettre en place vient justement enlever le
risque qui pourrait être associé à des prévisions puisqu'on devra corriger.
S'il y a eu un écart entre les prévisions et le réel, ça pourra être rétabli.
L'écart va disparaître.
Mme Garceau : Mais, madame,
en termes de transparence et aussi un élément de confiance que le public doit
avoir, un élément de confiance dans tout le système ici de fixation de tarifs,
que les chiffres... les chiffres, les montants, les surplus, les manques à
gagner, il y avait une obligation auparavant que ça soit public, vous allez
prévoir un mécanisme dans lequel ces informations vont être... vont être
rendues publiques comme c'était auparavant ou c'est juste une question
de : on va informer... c'est juste la régie qui va être informée de cette
information-là?
Mme Fréchette : Alors, M. le
Président, je rappelle que ça va se faire à la régie, et il y a une audience
publique qui va être tenue. Donc, en termes de transparence, il n'y a pas plus
transparent, là, comme mécanique en termes d'accès aux informations.
Mme Garceau : Mais là vous
allez... quelqu'un va peut-être corriger... me corriger si j'ai tort, mais le
fait que l'information soit transmise à la régie, ça ne veut pas dire que c'est
public. L'audience est publique, mais ça ne veut pas dire que les documents
sont publics.
Mme Fréchette : ...quand il y
a une audience publique, les documents sont publics.
Mme Garceau : O.K. Donc,
comment est-ce que le public va avoir accès aux documents que la régie est en
train d'étudier?
Mme Fréchette : Tout est
publié sur le site Internet.
Mme Garceau : O.K. Donc,
pourquoi est-ce qu'on n'inclut pas dans... un amendement dans ce projet de loi,
parce qu'il n'est jamais trop tard pour amender, d'inclure cette obligation
d'Hydro-Québec de fournir de façon annuelle les surplus ou les manques à
gagner, que ça devienne public?
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Bien,je rappelle que c'est dans le cadre de la cause tarifaire, un processus qui
est public, et qui va se tenir aux trois ans, et pour lequel l'ensemble de
l'information sera rendu public.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? Mme la députée.
Mme Garceau : O.K.Est-ce
que vous pouvez confirmer, Mme la ministre, que, dans le cadre de la révision
tarifaire qui découle des articles, là, dont nous sommes en train d'étudier,
incluant celui de l'article 48... qu'Hydro-Québec aura une obligation de
transmettre tous les documents concernant les surplus et les manques à gagner à
la régie avant la révision tarifaire?
Mme Fréchette : Oui, c'est ce
que prévoit l'article.
Mme Garceau : O.K. C'est
bien.
Le Président (M. Montigny) : Trèsbien. D'autres interventions? Oui, M. le député de Maurice-Richard, vous
avez la parole.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je vais juste continuer un peu la conversation pour être sûr de
comprendre. Donc, Hydro-Québec arrive avec un certain nombre de preuves à la
régie pour expliquer en gros les calculs qu'ils ont faits. Les autres
intervenants à la régie devraient être capables de contester les calculs de
coûts qu'Hydro-Québec présente, c'est bien ça?
Mme Fréchette : Oui, c'est
pour ça qu'il y a une audience publique qui est tenue, c'est pour pouvoir
challenger, là, permettez l'anglicisme, les chiffres.
M. Bouazzi : Et combien de
temps à l'avance les autres intervenants ont accès aux documents et aux calculs
d'Hydro-Québec avant l'audience?...
Mme Fréchette : ...je vais
vérifier, ce ne sera pas long.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 49)
(Reprise à 12 h 52)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
au moment de la suspension de nos travaux, Mme la ministre, vous aviez la
parole.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Bien, j'aimerais préciser que la régie est maître de sa procédure.
C'est la régie qui détermine à quel moment les documents doivent être déposés à
l'avance, combien d'avance, à quel endroit, de quelle manière, et il est
précisé que la Régie, avant de tenir une audience publique, donne des
instructions écrites dans lesquelles elle fixe la date du dépôt et de tous les
documents et tous les renseignements pertinents à l'appui des arguments que les
participants entendent faire valoir. Donc, c'est ça, c'est dans sa cour. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la ministre. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Je vous pose ces
questions parce que je vous avouerais qu'il y a une certaine inquiétude qui se
rajoute un peu à ce que mes collègues ont dit, mais c'est évidemment la
dissymétrie d'information, c'est-à-dire que, si on se retrouve dans une
situation, ça... c'est... évidemment, ça coûte de l'argent, il faut de
l'expertise, il faut analyser des documents, etc. Pour les différents clients
d'Hydro-Québec, soit les particuliers, donc à travers les différentes
associations de protection des consommateurs mais aussi les grandes industries
ou les représentants des PME autour de la table, il y a vraiment une crainte
d'asymétrie d'accès à l'information et qui ne permettrait donc pas à la société
civile de bien se défendre face à des...
M. Bouazzi : ...des
augmentations de coûts qui seraient présentées par Hydro-Québec et que les
autres intervenants n'auraient pas la capacité de contester. Est-ce que vous
pensez que c'est assez équilibré? Est-ce qu'il y aurait moyen d'équilibrer
plus?
Mme Fréchette : Écoutez, vous
vous en remettez régulièrement au rôle de la régie, et là on a un processus qui
valorise l'importance de la régie, qui valorise le fait que c'est elle qui sait
et qui peut déterminer de la manière... la manière avec laquelle ça doit
procéder. Donc, comme je le mentionnais, elle est maître de son processus.
Maintenant, si le gouvernement considère
qu'il y a des informations additionnelles qui doivent être rendues publiques,
il y a la possibilité aussi d'en ajouter sur ce que la régie demande déjà. Mais
la tarifaire, c'est déposé au mois d'août, et ça comporte une évaluation des
surplus pour les fins des fixations des tarifs pour les trois prochaines
années, et, s'il y a une volonté d'en ajouter, eh bien, il y a une possibilité
de le faire, mais à la base c'est un processus qui relève de la régie.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec la
proposition d'amendement? Oui, M. le député de Jacques-Cartier. Je vous laisse
la parole.
M. Kelley : Oui. C'est juste
une question... Parce qu'on parle du fait que la régie, c'est public, certains
documents sont publics. Mais la régie peut tenir des audiences des fois à huis
clos? C'est possible?
Des voix : ...
Mme Fréchette : Donc, pour
les révisions tarifaires, c'est systématiquement des audiences publiques.
M. Kelley : Toujours
publiques, O.K. Il n'y a aucune autre instance où il peut y avoir une
discussion qui est à huis clos avec la régie?
Mme Fréchette : Pas dans le
cadre d'une cause tarifaire.
M. Kelley : Puis, j'imagine,
certains secrets commerciaux sont protégés par des autres lois, comme l'accès à
l'information. Alors, ce n'est pas toujours, en effet, toute l'information qui
est donnée, juste certains éléments d'information qui sont donnés. Il n'y a pas
une obligation encore nécessairement pour...
Mme Fréchette : On va
vérifier s'il y a des informations qui ne peuvent être divulguées, là.
M. Kelley : O.K.
Le Président (M. Montigny) : Préférez-vous
suspendre quelques instants?
Mme Fréchette : Bien,
peut-être un... Le député a-t-il d'autres questions?
Le Président (M. Montigny) : Est-ce
qu'il y a...
M. Kelley : Pour l'instant,
j'attends pour la réponse. Je pense que ma collègue a des...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
(Reprise à 12 h 57)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Alors,
Me Marois nous a trouvé la référence qui détermine la règle qui s'applique.
Alors, c'est à l'article 30 de la loi sur la régie, ça dit : «La Régie
peut interdire ou restreindre la divulgation, la publication ou la diffusion de
renseignements ou de documents qu'elle indique, si le respect de leur caractère
confidentiel ou l'intérêt public le requiert.»
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. le député.
M. Kelley : Et, j'imagine, ça
s'applique aussi à Hydro-Québec, ce n'est pas juste pour les entreprises?
Mme Fréchette : Pour
l'ensemble des procédures qui relèvent de la régie.
M. Kelley : O.K.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions? S'il n'y a pas d'intervention, nous pouvons
passer à la mise aux voix de l'amendement. Oui, Mme la députée.
Mme Garceau : Je vais
peut-être revenir là-dessus. Mais avant, Mme la ministre, vous aviez référé au
nouveau mécanisme qui va être déposé lors de la première cause tarifaire. Comment
est-ce que ça va être déposé? Par voie de règlement ou autrement?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, il reste à peu près 1 min 15 s.
Mme Fréchette : D'accord.
Bien, c'est Hydro-Québec qui, dans le cadre de la demande de cause tarifaire,
dépose les documents, et s'ensuit tout le processus qui relève de la régie pour
la fixation des tarifs.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la députée de Robert-Baldwin, en une minute. Je suis désolé.
Mme Garceau : C'est correct.
Je veux revenir sur...
Mme Garceau : ...l'échange ce
que vous avez eu avec mon collègue de Jacques Cartier concernant les documents
et particulièrement les documents qu'Hydro-Québec ont déposés, surtout dans
tout ce processus de révision tarifaire. Et, compte tenu de l'article que
vous... que Me Marois a trouvé, ça veut dire qu'il pourrait y avoir des
circonstances dans lesquelles Hydro-Québec ne va pas déposer certains documents
financiers, parce qu'on va soulever un élément d'intérêt public. Est-ce qu'il y
a une possibilité?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
je vous remercie pour votre collaboration, mais, compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 07)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux.
Nous poursuivons l'étude détaillée du
projet de loi no 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.
Lors de l'ajournement de nos travaux, en
avant-midi, nous étions à l'étude de l'amendement qui est proposé par Mme la
ministre à l'article 35. Je crois qu'à ce moment-ci, Mme la députée de Robert
Baldwin, vous aviez fait une intervention. Je vous relaisserais la parole à
nouveau.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Merci. On s'est laissé, Mme la ministre, il y a toute la question
de... puis ça revient à la préoccupation qu'a formulée mon collègue de
Jean-Talon concernant le manque d'obligations, en ce moment, dans le projet de
loi qu'Hydro-Québec dépose tous les documents financiers, particulièrement ceux
qui vont démontrer un surplus ou un manque à gagner dans le contexte de
révision tarifaire. Et vous avez misé... vos réponses au fait qu'il n'y a pas d'obligation,
mais on va les voir, ces documents-là, parce que les audiences de la régie sont
publiques. Donc, oui, les audiences sont publiques, et, en raison de ça, ça
veut dire que les documents également vont être rendus publics, mais là, je
comprends qu'en vertu de l'article 30 de la régie, on peut restreindre, «la
régie peut interdire ou restreindre la divulgation, la publication ou la
diffusion de renseignements ou de documents qu'elle indique si le respect de
leur caractère confidentiel ou intérêt public le requièrent». Donc, on pourrait
toujours soulever... surtout que...
Mme Garceau : ...ça soit
dans le cas de surplus ou de manque à gagner, il y a un élément confidentiel,
un élément qu'on ne veut pas divulguer, qu'on ne veut pas que ça soit sur la
place publique. Donc, ces documents-là, on ne va pas les rendre publics. Est-ce
que ça, c'est une possibilité, Mme la ministre?
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : Donc,
effectivement, c'est la régie qui a le contrôle sur la nature des documents qui
sont rendus publics. Et elle peut refuser, par exemple, qu'un dossier reste
confidentiel si elle juge que ce n'est pas... ce n'est pas requis, en fait.
Donc, elle peut s'assurer de rendre public quelque chose, même s'il y a une
demande dans le sens contraire qui lui a été soumise. C'est elle qui juge.
Donc, elle peut questionner aussi. Advenant qu'il y ait des dépôts de documents
pour lesquels elle a des questions, la régie peut questionner pour obtenir
davantage d'informations sur les documents qui ont été déposés. Donc, je rappelle,
elle est maître de son processus, en fait.
• (14 h 10) •
Mme Garceau : O.K. Je
prends votre réponse, Mme la ministre. Et là je la mets de côté pour l'instant,
que la régie est maître, là, de ce processus de divulgation de documents, et
donc quels documents vont être rendus publics ou pas. Mais là on est dans un
contexte très particulier qui est la révision tarifaire à tous les trois ans,
qui est quand même très, très important en ce qui a trait aux consommateurs
afin de voir est ce qu'à un moment donné, les tarifs vont diminuer. Et là, je
vais revenir à votre réponse, avant le dîner, concernant le dépôt du nouveau
mécanisme. Et ça, c'est lié, aux documents qui vont être déposés dans le cadre
d'une révision tarifaire. Et est-ce que j'ai bien compris votre réponse, que
c'est Hydro-Québec qui va déposer ce mécanisme? Je voulais juste vérifier avec
vous.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M.
le Président. Hydro-Québec va déposer une proposition, et la régie dispose donc
de la proposition. Elle évalue si c'est acceptable tel quel ou si ça doit être
remanié. Voilà. Donc, la régie va s'assurer que ça cadre avec les besoins.
Mme Garceau : O.K. Donc,
j'avais bien compris votre réponse, que c'était Hydro-Québec qui va déposer et
qui va même, on va aller un petit peu plus loin, c'est Hydro-Québec qui va
déterminer le mécanisme de dépôt de documents pour une révision tarifaire. Je
veux bien m'assurer qu'on parle de la même chose ici.
Mme Fréchette : ...j'ai
indiqué qu'Hydro-Québec propose. La régie dispose. Donc, ultimement, c'est la
régie qui a le dernier mot.
Mme Garceau : O.K. Mais
comment se fait-il que c'est Hydro-Québec qui dépose, qui propose et non pas la
régie, parce qu'elle est maître de son processus de révision tarifaire, parce
que ça va être des documents qui vont être utilisés dans le cadre de cette
révision-là. Il me semble que ça devrait être la régie qui va préparer et
transmettre le mécanisme. Pourquoi est-ce que c'est Hydro qui est en train de
proposer la façon ou peut-être même la nature des documents qui vont être
déposés dans le mécanisme de révision tarifaire de la régie.
Mme Fréchette : Bien, je
rappelle la mission de la régie. En fait, c'est de surveiller le secteur
énergétique pour que ce soit équitable et pour assurer aussi la conciliation
entre l'intérêt public, les intérêts du transporteur d'électricité, l'intérêt
des distributeurs, la protection des consommateurs. Et donc la régie va
s'assurer que tous ces intérêts-là soient pris en considération, et c'est elle
qui aura le dernier mot sur le mécanisme.
Mme Garceau : Mme la
ministre, est-ce que la régie n'est pas la meilleure placée, puisque c'est la
régie qui va déterminer puis qui va fixer les tarifs et également va entendre
les parties à ce... lors de cette audience publique? Il me semble que ça va de
soi que c'est la régie qui détermine le mécanisme de transmission de documents
et les documents qui vont être utiles à son évaluation...
Mme Garceau : ...lors de la
révision tarifaire.
Mme Fréchette : C'est
exactement ça, ce pourquoi c'est la Régie qui a le dernier mot et c'est la
régie qui décide. C'est parce qu'elle...
Mme Garceau : Ça, je
comprends...
Mme Fréchette : ...elle doit
concilier tous les intérêts.
Mme Garceau : Oui, oui, je
comprends...
Mme Fréchette : Qu'elle parte
d'une proposition d'Hydro, c'est pour faire, comment dire, une suggestion de
départ. Puis après ça il y a l'évaluation et le regard, la grille d'analyse qui
est mise en... apposée par la régie.
Mme Garceau : Sauf qu'Hydro
est dans un conflit d'intérêts là-dedans.
Mme Fréchette : Mais ce n'est
pas elle qui décide ultimement le mécanisme.
Mme Garceau : Non, mais c'est
elle qui va... ça va être en fonction des documents qu'Hydro-Québec va déposer
dans lesquels on va déterminer s'il y a des surplus ou un manque à gagner. Et,
encore, on va encore plus loin parce qu'en raison de l'article 48,
l'alinéa 3, Hydro-Québec pourrait dire : Ah! bien là, j'ai eu des
surplus, mais, pour les prochaines trois années, je vais avoir un manque à
gagner, donc on va regarder, là, pour les six ans, sur une période de six ans,
quels seraient les tarifs qu'on va déterminer trois ans avant. Donc, pour moi,
puisque... Hydro-Québec devrait être quand même un peu à l'écart du... du
processus en termes de... le dépôt d'un projet, d'un mécanisme, si je peux
dire, là, ou de détermination du mécanisme. Il me semble que ça devrait émaner
de la régie, c'est bien plus logique.
Mme Fréchette : Alors, M. le
Président, ça me permet justement de rectifier quelque chose que j'ai dit tout
à l'heure. En mode prévisionnel, il ne peut pas y avoir de manque à gagner. On
m'a informé de cette précision-là. Donc, les manques à gagner ne font pas
partie des options dans le mode prévisionnel, donc. Mais je rappelle que c'est
la Régie qui décide ultimement de la nature du mécanisme puis de la façon qu'il
aura de fonctionner.
Mme Garceau : O.K. Sauf que,
Mme la ministre, à l'article 35 qu'on étudie en ce moment,
l'amendement, c'est... on l'indique, c'est surplus ou c'est manque à gagner,
lesquels peuvent être prévisionnels.
Le Président (M. Montigny) : Juste
avant de donner la parole à Mme la ministre, il vous reste un peu plus d'une
minute pour votre intervention en lien avec cette proposition d'amendement.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président.
Mme Fréchette : Surplus ou
les manques à gagner auxquels il est fait référence, c'est des surplus ou
manques à gagner passés. Mais, pour le mode prévisionnel, il ne peut pas être
question d'avoir un manque à gagner dans le manque... dans le mode
prévisionnel, c'est seulement en mode réalisé qu'il peut y en avoir.
Mme Garceau : Mais, compte
tenu qu'à l'article 35... l'amendement à l'article 35 on fait
référence à l'article 48 au troisième alinéa, est-ce que, là, vous êtes en
train de me dire, Mme la ministre, que, si Hydro-Québec mentionne que, pour les
trois prochaines années qui vont être visées, il va y avoir un manque à gagner,
ce manque à gagner ne sera pas... la Régie ne va pas tenir compte de ce manque
à gagner là dans la fixation des tarifs? Parce que ce n'était pas ma
compréhension avant notre pause.
Mme Fréchette : J'inviterais
Me Marois à... une précision. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, Me Marois, vous avez la parole.
M. Marois (Samuel) : Je pense
qu'il faut éviter de faire la confusion entre... Le moment où on fait la
révision tarifaire, c'est le moment où on fixe les tarifs, donc on prend une
photo tout sur la base de prévisions pour le futur, donc de prévisions de
coûts. Puis là on ne parle pas de manque à gagner à ce moment-ci parce qu'on
prévoit les revenus dont on a besoin. Donc là, ça, c'est une chose, mais, quand
on fait cette révision tarifaire là, non seulement on dit combien j'ai besoin
pour le futur, pour fixer les tarifs, mais en plus on va pouvoir tenir compte
du réel des années passées. Donc, il y a des prévisions qui sont faites, on
fixe les tarifs, la prochaine fois qu'on va fixer les tarifs, on va tenir
compte du réel, du passé, qui permettrait d'augmenter ou réduire les tarifs.
Donc, c'est un cycle qui permet de... de prévoir, tenir compte du réel, et
ainsi de suite.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la députée, quand vous serez prête.
Mme Garceau : Bien, c'est
parce que l'article... Je comprends votre explication, Me Marois, mais, l'article
à l'étude en ce moment, on...
Mme Garceau : …de la révision
tarifaire, des surplus, on prend… on tient en compte des surplus ou des manques
à gagner cumulés au cours des années tarifaires visées par la révision
tarifaire précédente. On ne parle pas du futur ici, on parle des années
antérieures. Donc là, je dois vous avouer, je suis un petit peu mélangé, parce
que là je pensais qu'on parlait au… avant la pause, on regardait les trois
années précédentes à la révision tarifaire.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Il ne vous reste plus de temps, mais, par contre, il y a du temps pour la
réponse, si jamais…
Mme Fréchette : Est-ce que
vous voulez y aller?
Le Président (M. Montigny) :
Me Marois, je vous laisse la parole.
M. Marois (Samuel) : Bien,
quand on fixe les tarifs, c'est sur la base de prévisions. On a vu à 52.1 qu'il
y avait plusieurs composantes de coûts. Donc, ce qu'on rajoute avec cet… ce
nouvel article-là, c'est qu'on tient compte aussi des surplus puis des manques
à gagner. Donc, on tient compte de toutes les composantes de coûts qui rentrent
dans les tarifs, des surplus, des manques à gagner, qui peuvent faire varier
les revenus requis. Donc, effectivement, on tient compte du passé, c'est… les
prévisions, c'est la photo au moment où on fixe les tarifs de ce qu'on pense
avoir besoin. Puis là, ici, c'est : on tient compte de la réalité passée.
• (14 h 20) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci Me Marois. Est-ce qu'il y a d'autres interventions avec la
proposition d'amendement à l'article 35? Oui, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président, je veux juste peut-être… reviens un petit peu à la question globale,
parce qu'on revient, plus ou moins, avec l'enjeu de les trop-perçus. Ici, on
parle un petit peu de la façon qu'on va regarder ça, c'est certain qu'il n'y a
pas un chèque qui va être envoyé directement aux citoyens, mais je veux
s'assurer…
Parce que je me rappelle très, très bien,
quand la Coalition avenir du Québec était dans l'opposition, en 2007, les
trop-perçus, c'était un grand cheval de bataille pour eux autres. Et je veux
juste citer une déclaration d'une députée de l'époque, de Repentigny, qu'il
«est temps pour les libéraux de comprendre les difficultés de nos familles. Non
seulement on a augmenté les tarifs de 11 % en quatre ans — c'est
intéressant, parce que le gouvernement propose d'augmenter les tarifs sur
quatre ans à un montant de 12 %, alors, c'est… peut-être, j'ai trouvé ça
intéressant — mais on a… imposé une taxe déguisée en surfacturant les
factures depuis huit ans. Alors, il y a une gêne, il n'y a pas de plaisir. À
quand un remboursement des trop-perçus pour soulager nos familles?»
Puis je sais qu'à l'époque, en 2018, le
premier ministre a promis de rembourser des clients directement. Il y a quand
même eu une pétition qui a récolté beaucoup de signatures de la députée de Saint-Hyacinthe,
mais bref, je sais qu'en 2019 le gouvernement a décidé de ne pas rembourser
vraiment les citoyens à 100 % l'argent des trop-perçus. Je pense que
c'était un chèque à 50 %. Mais, quand même, l'argumentaire, c'était :
Bien, c'est parce qu'on va voir les tarifs qui sont moins élevés… fixer
l'inflation, c'est comment on va régler cet enjeu.
Alors, pour quelque chose qui était
problématique, on semble… revient un petit peu à la base, qu'on pense qu'on va
avoir des trop-perçus. C'est quand même peut-être quelque chose qu'Hydro-Québec
va calculer, parce qu'ils sont… ils pensent qu'ils vont faire… Bien, comme je
vous dis, on a eu une discussion sur les manques à gagner puis les surplus,
mais c'est très possible qu'ils vont surfacturer des clients d'Hydro-Québec,
mais ça demeure pas hyper clair comment les citoyens et les consommateurs, les
Québécois vont gagner avec cet article ici.
Je pense qu'après toutes les interventions
de mes collègues de Jean-Talon, de Maurice-Richard et Robert-Baldwin que le
grand gagnant ici, c'est Hydro-Québec. S'il y a un manque… un manque à gagner
ou quand même des surplus, on va trouver une façon de s'assurer qu'Hydro-Québec
soit gagnant, et quand l'État sort dans tout ça, mais le consommateur, c'est
moins évident.
Alors, je pense que c'est très important,
parce que, comme je l'ai dit, comme je l'ai mentionné, ce n'est pas la première
fois dans notre société qu'on revient puis on discute l'enjeu des trop-perçus.
Quand même, si on ajoute un article ici… puis je pense qu'il y a des groupes
comme Option Consommateurs qui ne sont pas nécessairement complètement
convaincus avec qu'est-ce que le gouvernement est en train de déposer ici…
c'est les échos que nous avons eus. Et je sais qu'Hydro-Québec a déposé…
excusez-moi, que le gouvernement avec Hydro-Québec ont regardé des amendements,
ils ont déposé. Ils n'ont pas nécessairement fait une consultation très large
avec les différents acteurs des différentes parties pertinentes qui ont depuis
des années, lutté sur l'enjeu...
M. Kelley
:
...l'enjeu des trop-perçus. Alors encore, je sais que je viens faire un long
commentaire, mais je veux juste que peut-être la ministre nous rassure ou
explique comment on va éviter de se trouver en situation que dans huit ans on
regarde le passé puis on dit : Bien, en 2025, ils ont eu une chance de
vraiment peut-être mieux réfléchir le système des trop-perçus pour s'assurer
que les consommateurs étaient bien protégés, mais en place on a un système où
Hydro-Québec va continuer peut-être à être le vrai gagnant avec les
trop-perçus.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors,
écoutez, M. le député, M. le Président, je vais réitérer des choses que j'ai...
que j'ai dites d'entrée de jeu. C'est un mécanisme qui a existé déjà, et qui a
été au bénéfice des consommateurs, et qui va l'être à nouveau à partir du
moment où on implante. Alors, c'est une mécanique qui sert les intérêts des
consommateurs. Et ce n'est pas une demande d'Hydro-Québec, c'est une demande
des PME, c'est une demande d'associations du milieu des affaires. Alors voilà,
je vais... je voulais simplement réitérer ces informations.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec la proposition
d'amendement à l'article 35? Il n'y a pas d'autre intervention. Parfait.
Nous pouvons passer à la mise aux voix de l'amendement en lien avec
l'article 35. Oui, par appel nominal. Parfait. On va procéder par appel
nominal, Mme la secrétaire.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. Mme Fréchette (Sanguinet)?
Mme Fréchette : Pour.
La Secrétaire
: M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Pour.
La Secrétaire
: M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Pour.
La Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
:
Contre.
La Secrétaire
: Mme Garceau
(Robert-Baldwin)?
Mme Garceau : Contre.
La Secrétaire
: M. Bouazzi
(Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Abstention.
La Secrétaire
: M. Montigny
(René-Lévesque)?
Le Président (M. Montigny) :
Abstention. Donc, la proposition d'amendement est donc adoptée.
Nous revenons donc à l'étude de
l'article 35, tel qu'amendé. Et, oui, des interventions, M. le député de
Jean-Talon, je vous laisse la parole. Je me doute un peu pourquoi, mais je vous
laisse aller.
M. Paradis : Oui, comme
vous l'aviez si bien prévu, M. le Président, et après discussion avec le
secrétariat, c'est ici donc que je déposerais une proposition d'amendement.
Le Président (M. Montigny) :
Alors, nous l'avons reçu, je crois. Non, pas... Pas encore. On va suspendre nos
travaux.
(Suspension de la séance à 14 h 26)
(Reprise à 14 h 29)
Le Président (M. Montigny) :
Alors, nous reprenons nos travaux. Nous avons bien reçu la proposition
d'amendement de la part du député de Jean-Talon en lien avec l'article 35.
Alors, M. le député, je vous invite à présenter votre proposition d'amendement.
M. Paradis : Ajouter un
deuxième alinéa à l'article 52.3 de...
M. Paradis : ...la Loi
sur la Régie de l'énergie, remplacée par l'article 35 du projet de
loi :
«La régie peut exiger, pour chacune des
années tarifaires visées par la révision tarifaire précédente, que le
transporteur d'électricité ou le distributeur d'électricité fournisse toutes
les informations permettant d'établir les surplus ou les manques à gagner
cumulés dont le transporteur d'électricité ou le distributeur d'électricité
demande à la régie de tenir compte en vertu du premier alinéa.»
Fermez les guillemets. Le texte modifié,
bien, le premier alinéa ne change pas, M. le Président, et le deuxième alinéa,
je viens de le lire.
Le Président (M. Montigny) :
Alors, c'est très clair.
M. Paradis : Bon, très
bien. Explication. De quoi parlons-nous? On parle... La dernière fois qu'on a
eu l'information, on parle d'un surplus, d'un trop-perçu de 1,5 milliard
de dollars. Hydro-Québec s'est en quelque sorte trompée dans ses prévisions et
avait perçu 1,5 milliard en trop par ses tarifs. Parce que la loi telle
qu'elle est conçue actuellement, elle prévoit qu'il ne devrait pas y avoir de
surplus ni de manque à gagner. L'idée, c'est de calculer les coûts
d'Hydro-Québec et de demander à la régie de lui permettre d'obtenir les revenus
pour compenser les coûts. C'est ça, l'architecture de la loi. Il ne devrait pas
y avoir de surplus ni de manque à gagner. En 2017, il y avait 1,5 milliard
de dollars pris dans les poches des consommateurs québécois en trop. C'est là,
le débat.
• (14 h 30) •
Et ce qui est intéressant, c'est que la
CAQ, alors dans l'opposition, en a fait un grand cheval de bataille. Il y a eu
des campagnes, des pétitions déposées à l'Assemblée nationale. Redonnez-nous
nos 1,5 milliard de dollars payés en trop. C'était ça, la campagne de la
CAQ à l'époque. Et lors des élections générales de 2018, c'était une des
promesses. Le gouvernement de la CAQ est donc élu. Et qu'est-ce qui se passe en
2019? Magie! Le problème des trop-perçus d'Hydro-Québec disparaît.
Bon, ce qu'on apprend, c'est qu'il y en
aurait 500 millions qui auraient été, de fait, retransférés à travers les
tarifs aux consommateurs québécois, mais il en restait 1 milliard de
dollars. Que s'est-il passé avec ce milliard de dollars? Mystère et boule de
gomme, M. le Président. Parce que c'est ça, le tour de magie. Grâce au projet
de loi n° 34 du gouvernement de la CAQ, toutes les informations qui
permettaient d'établir si oui ou non il y a un manque à gagner ou un trop-perçu
ont disparu des rapports financiers d'Hydro-Québec. Il y avait des dispositions
dans la loi qui disaient : Hydro-Québec doit fournir cette information-là,
ce qui permet à la régie d'abord, au préalable, d'établir le prix de référence,
le montant de référence. C'est ça, les revenus dont Hydro-Québec a besoin. Puis
là, tout le monde au Québec connaît ce chiffre-là. C'est le montant de
référence. J'ai besoin des revenus pour couvrir ce montant-là. Si j'en ai plus,
surplus, si j'en ai moins, manque à gagner. Alors ça, c'est le premier tour de
magie.
Et là le deuxième tour de magie, il est en
train de se dérouler sous nos yeux. Sur division, le même gouvernement de la
CAQ vient d'aller encore plus loin. Non seulement il n'améliore pas la
situation et l'empire. Parce que, là, il donne les bonbons à Hydro-Québec en
lui disant : Quand on va faire une révision tarifaire après trois ans,
Hydro-Québec va pouvoir, va avoir le choix de dire à la régie : Oui, je me
suis trompée. Vraiment désolée. Il me manque, disons, 500 millions. Donc,
régie, fixe des tarifs plus élevés pour tous les Québécois pour couvrir ces
500 millions qui est mon erreur. Ne mets pas ça dans le dividende que je
vais verser au gouvernement. Mets-le dans les tarifs. Moins de déficits pour le
gouvernement. C'est ça qui se passe. Là, l'article dit : Oh! Quand il y a
un trop-perçu, là, il devrait servir à diminuer les tarifs des Québécois. Je ne
me souviens pas que ça soit déjà arrivé. Donc ça, c'est l'architecture de ce
qui est en train de se passer. Donc, 2019, magie. 2025, magie, magie. Le
gouvernement s'est donné tous les moyens, à lui et à Hydro-Québec. Donc, tout
le monde au Québec voit actuellement qu'ils sont en train de marcher main dans
la main. Ils ont signé un pacte, là, ils marchent main dans la main...
14 h 30 (version non révisée)
M. Paradis : ...là,
maintenant, Hydro-Québec, qui a toutes les informations, tous les comptables,
est capable de faire ce qu'elle veut parce qu'il n'y a toujours aucune
obligation de rendre compte d'une quelconque façon de ces fameux surplus ou manques
à gagner pour les trois années précédentes. Aucune obligation nulle part. Pot
de bonbons, les deux mains dedans, envoie, vas-y, aucune obligation. C'est pour
ça que la toute première question que j'ai posée tout à l'heure à la ministre,
c'est : Où sont les obligations qui viennent avec ça? Parce qu'avant votre
premier tour de magie, en 2019, quand vous avez, pouf!, tout fait disparaître d'un
coup de baguette magique, il y avait une obligation. Tout le monde était
capable de faire les calculs. Là, il n'y a plus personne qui est capable de
faire les calculs. Alors, le pot de bonbons revient, sans obligation. C'est ça,
l'objectif de cet amendement, c'est de faire le minimum requis.
J'aurais espéré qu'on aurait toutes sortes
d'amendements qui viennent avec le 52.3 puis qui nous font revenir, en quelque
sorte, à ce qu'était la situation avant 2019. Dans le rapport de fin d'année,
Hydro-Québec, le transporteur, le distributeur sont obligés de donner cette
information-là, de mettre tous les chiffres qui permettent à tout le monde d'avoir
le montant des surplus ou des manques à gagner. Mais non, il n'y a rien. Alors
donc, moi, je me suis mis devant mon ordinateur, là, ce midi, et c'est ça, c'est
ça, l'obligation, c'est le minimum. Et je ne sais pas comment le gouvernement,
comment la ministre va pouvoir refuser ça, parce que ça, ce que ça dit, c'est
qu'Hydro-Québec, si jamais, dans la révision tarifaire, tu demandes à la régie
de tenir compte de surplus ou de manques à gagner, tu vas nous expliquer c'est
quoi, tes calculs, tu ne garderas pas ça secret par chez vous, en disant :
J'ai un surplus, tant de centaines de millions. Ça va surtout être : J'ai
un manque à gagner de 1 milliard, augmentez les tarifs. Non, il va falloir que
tu démontres d'où vient ton calcul, puis pas juste les cumulés sur trois ans, à
chaque année tarifaire, montre-moi tes calculs pour l'année moins 3, pour l'année
moins 2, pour l'année moins 1 qui fait que tu me demandes de réviser les
tarifs. Ça, c'est le minimum.
S'il n'y a pas ça, ce que vous avez mis, Mme
la ministre, à 52.3 est inéquitable. Et ça, je ne peux croire, je suis... Bon.
Non, attendez. J'ai de la difficulté à m'imaginer que les PME du Québec vous
ont demandé 52.3 sans ce qui vient avec. J'ai beaucoup de difficulté, et les
quelques conversations que j'ai eues à l'heure du midi m'indiquent que pas mal
tout le monde qui consomme de l'électricité au Québec, c'est-à-dire tout le
monde, toutes les PME, toutes les PME de la Beauce, toutes les grandes
industries au Saguenay, tous les consommateurs de la Gaspésie ou de l'Outaouais,
ils vont vouloir qu'Hydro-Québec rende compte puis ils vont vouloir être
capables de regarder les calculs qu'Hydro-Québec a faits. Alors donc, ça... c'est
ça, le mécanisme, tu es obligé de donner tes calculs. La régie va te dire :
Montre-moi ce dont il est question.
Et là je vous dirais : Magie, magie,
magie, mais dans le bon sens, soudainement, on revient au moment où on avait l'information
sur les surplus ou les manques à gagner pour les tarifs d'électricité. Et c'est
important parce que c'est une mesure de transparence, d'efficacité et d'imputabilité.
Et, en 2025, dans une période où le contexte financier est ce qu'il est, c'est
ça qu'on veut exiger d'une société d'État comme Hydro-Québec. Voilà l'explication
de cet amendement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Merci. Merci,
M. le Président. Alors, j'ai écouté le député de Jean-Talon, et, écoutez, je
voudrais simplement dire qu'il essaie d'enfoncer une porte qui est déjà
ouverte, parce que la régie a déjà la possibilité de faire ça. Et je vous amène
à l'article dont il est question, c'est l'article 23 du projet de loi, et que l'on
a adopté, et qui dit, à 34.1 : "La régie peut ordonner à toute
personne de lui fournir tout renseignement ou document nécessaire à l'exercice
de ses fonctions.
Alors, si la régie juge qu'elle a besoin
de connaître les calculs d'Hydro-Québec, elle n'a qu'à lui demander, point à la
ligne. C'est déjà dans ses possibilités, ça fait partie de son autonomie.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député.
M. Paradis : Bien, vous l'aviez
un petit peu invoqué dans nos échanges précédents, Mme la ministre, ça fait
que, là-dessus, je vous ai vue venir, là. Vous me citez un article général,
alors qu'ici on est dans une situation précise où on veut lancer...
M. Paradis : ...un
message. C'est clair que la régie peut faire ça, mais là il faut lancer le
message. Parce que c'est drôle, il y a des moments, là, quand vient le temps de
restreindre les pouvoirs de la régie, quand vient le temps de donner plein de
petits passe-droits puis de facilités à Hydro-Québec, aïe! là, vous le précisez.
Les présomptions en faveur d'Hydro-Québec. Comment on calcule les tarifs, là.
La porte que vous avez ouverte hier pour venir modifier l'interfinancement.
Aïe, ça, on prend la peine de le préciser. Mais pas ça, la mesure de
transparence? Ça, c'est un régime, là, il était beaucoup plus détaillé que ça
en 2019. C'est ça qui permettait d'établir les surplus et les manques à gagner.
Puis là, vous pense que... vous pensez que c'est rassurant pour tout le monde
au Québec de juste dire : Oui, il y a le pouvoir général de la régie? Non.
Là, moi, j'aurais préféré, je vous le dis tout de suite, que le législateur,
lui, prenne le temps de revoir ce qui existait avant 2019, quand vous avez fait
disparaître tout ça, pour revoir voici ce qu'on a besoin de mettre, où là,
c'est l'obligation. Hydro-Québec doit fournir ceci. C'était notamment dans
l'annexe II, les informations qui sont dans l'annexe II. C'était aux
articles, je pense, 75 et suivants. Ça serait ça, l'idéal. Moi, comme député de
Jean-Talon, là, dans l'heure que j'avais ce midi, je n'avais pas le temps de
faire ça. Ça, c'est l'idéal. Ça serait de forcer, d'obliger Hydro-Québec. Ce
n'est même pas la régie qui a la faculté de lui demander. C'est tu obliges
Hydro-Québec à fournir ça. C'est encore le plan A, Mme la ministre, que je vous
propose. Je proposerais de suspendre l'article, l'article général qu'on est en
train d'étudier pour dire : Vous avez le temps d'aller refaire vos
devoirs, puis de nous arriver avec toutes ces obligations-là à Hydro-Québec.
C'est le minimum, là. On parle de milliards de dollars, potentiellement. Ça,
c'est le plan A.
• (14 h 40) •
Le plan B que je vous propose, c'est d'au
moins lancer clairement le message ici, qu'Hydro-Québec, c'est à ça qu'elle
doit s'attendre. Elle va devoir fournir tous les chiffres qui vont permettre à
chaque année de calculer s'il y a un surplus ou un manque à gagner. Si vous ne
le faites pas, vous ne lancez pas le message que vous êtes en train de
dire : Non, non, non. Ça, on va laisser ça dans le gros sac là-bas, des
pouvoirs généraux de la régie. Mais quant à ça, madame, si c'est ça, Mme la
ministre, la logique, je vais vous dire de faire sauter une bonne cinquantaine
d'articles dans la loi qui disent que la régie peut faire ça, que la régie doit
faire ça, parce qu'on va juste dire : On a juste besoin de
l'article 30, que vous m'avez cité, ou l'article, je ne me souviens plus
lequel. Ah! La régie...
Une voix : ...
M. Paradis : Comment?
23. L'article 23. On a juste besoin de l'article 23. La régie peut
demander ce qu'elle veut. Bien, non. Voyez-vous? Vous avez détaillé à plein
d'endroits ce que la régie peut faire et doit faire. Ici, s'il y a un endroit
où il faut le préciser, où c'est absolument fondamental, parce qu'on parle de
milliards, puis on parle de combien vont payer toutes les industries, toutes
les PME et tous les citoyens du Québec, leur électricité, c'est le temps de le
faire. Il faut absolument le faire. Je ne comprends même pas la résidence... la
résistance à le faire sinon, sinon, Mme la ministre, qu'il y a un intérêt
quelque part à ce que l'information ne soit pas rendue publique, à ce qu'on
soit dans l'opacité plutôt que la transparence puis à ce que personne au Québec
ne sache c'est quoi, les surplus ou les manques à gagner d'Hydro-Québec, sauf
elle, qui va pouvoir ensuite les invoquer pour faire modifier les tarifs
d'électricité à sa guise.
Le Président (M. Montigny) :
Alors, cela dit, Mme la ministre, souhaitez-vous... Alors, nous allons
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 14 h 43)
(Reprise à 14 h 59)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux. Avant de reprendre les ondes, là, on m'a fait
une demande, ça fait que j'aimerais peut-être laisser la partie gouvernementale
expliquer leur demande. Si vous voulez, je peux aussi l'expliquer. Bon.
Simplement, très, très simple, la demande, c'est
Le Président (M. Montigny) : ...pendant
qu'ils font des vérifications en lien avec l'étude de l'amendement proposé, il
est demandé de le suspendre pour le temps de vérification, mais, pour ne pas
retarder les travaux de la commission, on pourrait travailler sur deux... sur
d'autre chose, là, pour.... pendant ce temps-là, là, pour ne pas tout arrêter,
parce que visiblement ça prend un certain délai avant d'avoir l'information.
Alors, la demande, c'est de suspendre
l'étude de l'amendement qui a été demandé. M. le député, je vous laisse la
parole brièvement. Après ça, je vais valider s'il y a consentement.
M. Paradis : Est-ce que ce
sont des informations actuellement qui sont recherchées par l'équipe
gouvernementale ou on réfléchit à un libellé ou tout ça? Est-ce qu'on peut nous
donner un peu plus d'information pour guider nos travaux?
Le Président (M. Montigny) : Bien.
Normalement, il n'y a pas de débat, mais, dans ce contexte-là, je vais vérifier
s'il y a une réponse.
Mme Fréchette : Effectivement.
Donc, c'est des informations qu'on a demandées et pour lesquelles on attend des
réponses en lien avec l'amendement.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
est-ce que nous avons consentement pour suspendre l'étude de l'amendement du
député de Jean-Talon? Est-ce que nous avons consentement?
M. Paradis : Suspension, s'il
vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Nous
allons suspendre quelques instants nos travaux.
(Suspension de la séance à 15 heures)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Au
moment de... Nous avons déjà repris, je suis désolé, à moins que quelqu'un me
demande de suspendre. Ce que je dois compléter, c'est... M. le député, vous
aviez la parole, je vous laisse la parole à nouveau.
M. Paradis : Oui, je vous
demanderais de nouveau de suspendre de quelques secondes, le temps qu'on
précise ce qu'on va faire pour la suite des choses. Ça ne sera vraiment pas
long.
Le Président (M. Montigny) : Vous
savez, moi, je n'ai aucun problème avec ça. Moi, je vais suspendre les travaux.
M. Paradis : Oui, mais je
sais qu'il y a des gens qui nous regardent, là, alors... Donc, voilà.
Le Président (M. Montigny) : Nous...
(Suspension de la séance à 15 h 12)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Montigny) : Nous
avons donc repris nos travaux. Nous étions à l'étude de l'amendement du député
de Jean-Talon, bien évidemment, à l'article 35. Nous avions demandé si on
avait le consentement pour suspendre l'étude de l'amendement du député de
Jean-Talon. Est-ce que nous l'avons? Nous avons donc consentement. Donc, nous
allons suspendre l'étude de l'amendement apporté par le député de Jean-Talon.
Donc, cet amendement est suspendu.
Ça nous amène donc...
Le Président (M. Montigny) : ...à
l'étude de l'article 35. Est-ce que vous souhaitez aussi étudier quelque
chose à 35 ou suspendre le 35?
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Il
est déjà amendé, l'article 35. Si je ne m'abuse, il y a aussi un 35.1.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Mais
c'est comme un nouvel article qui a été ajouté. Le 35.1 a déjà été adopté. Non?
Il n'a pas été adopté. Donc, comme le 35.1 n'a pas été adopté, à moins que vous
vouliez parler du 35.1, si vous ne voulez pas, nous pouvons...
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Il
n'a pas été étudié, le 35.1. On pourrait étudier 35.1, si vous souhaitez. On
n'aurait pas besoin de suspendre rien, on irait directement étudier 35.1. Moi,
je peux faire ça sans problème. Je n'ai pas besoin de ni consentement ni rien,
mais je veux juste m'assurer que les gens sont à l'aise avec ça.
M. Bouazzi : ...suspendre le
35 pour passer au 35.1.
Le Président (M. Montigny) : Oui,
il faudrait quand même suspendre 35, vous avez raison, parce que c'est un
nouvel article, ce n'est pas un amendement.
M. Bouazzi : C'est bon.
Exact.
Le Président (M. Montigny) : Donc,
on pourrait proposer la suspension de l'article 35, ça nous permettrait de
travailler aux 35.1. Est-ce que nous avons consentement pour suspendre le 35
pour aller travailler le 35.1?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Montigny) : Parfait.
Consentement. Ça nous amène maintenant au travail de l'article 35.1. Mme
la ministre, vous pouvez présenter le 35.1.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Mes hommages à nouveau. Alors : 35.1. Insérer, après
l'article 35 du projet de loi, le suivant :
«35.1. L'article 52.4 de cette loi
est remplacé par le suivant :
«52.4. Les montants d'aide financière et
les montants alloués dans le cadre d'ententes en matière d'affaires autochtones
visés à l'article 52.1 sont, respectivement, établis suivant la base
d'amortissement déterminée par la Régie et amortis sur une base de 50 ans,
en tenant compte de la portion non amortie de ces aides financières ou de ces
montants et, le cas échéant, du rendement applicable.»
Donc, c'est un amendement, en fait, qui
prévoit que les coûts alloués par Hydro-Québec dans le cadre des ententes avec
les PNI pour le règlement des différends liés à des activités ou à des ouvrages
construits par Hydro-Québec sont amortis sur une période de longue durée, soit
50 ans.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Des interventions en lien avec le 35.1? Oui, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. Je sais qu'on a fait le tour un peu quand l'amendement a été déposé,
mais, je pense, c'est important juste de... reviens parce que c'était d'un
exemple qui a franchement tombé du ciel. Puis, pour nous, le côté de
l'opposition, on peut faire notre mieux possible de vérifier avec différents
acteurs du milieu autochtone, qu'est-ce qu'ils pensent de ça. Et je sais que le
cabinet de la ministre a eu des discussions avec le grand chef de l'association
des Premières Nations du Québec et Labrador. Je sais que j'ai déjà soulevé un
peu ce point aussi, qu'encore... et je dois... reviens que l'enjeu des tensions
sociales sont réelles. Je sais, on ne peut pas tout prendre les commentaires
des médias sociaux et dire : Ça, c'est comment la société pense, mais
malheureusement, si on regarde les commentaires sur le post du journaliste
Thomas Gerbet sur Facebook, c'est déplorable, il y a plein de choses qu'ils
disent qui ne sont pas correctes. Mais je pense que ça, c'était un peu le fait
que ça a sorti dans un... à un moment comme ça, à sortir dans le projet de loi
n° 100, une vraie concertation avec différents partenaires autochtones
où... sans être bien communiqué, crée un peu de malaise un petit peu partout.
Quand même, certains acteurs du côté consommateurs disent : Bien, pourquoi
c'est nous qui doit payer pour ça et pourquoi on met ça dans la facture de
distribution? Mais, bref, je peux confirmer que presque tout le monde a
dit : Ça n'a dû pas arriver comme ça. Il y a une personne qui m'a dit que
ça a quand même jeté des roches dans la machine vers la réconciliation, qu'il
n'y a aucun, aucun chef autochtone ni communauté qui a demandé ça. Puis c'est
eux autres qui, malheureusement, sortent comme si c'est leur faute, que Mme
Tremblay au Saguenay va payer certaines ententes avec les peuples autochtones.
Ça a créé des inquiétudes un petit peu partout.
Alors, j'espère... Et je sais qu'après que
j'ai eu une discussion avec le grand chef il y a d'autres amendements à venir
qui ont clairement indiqué...
M. Kelley : ...au cabinet de
la ministre qu'il veut voir que... ses intérêts dans ce projet de loi. Ils ont
dit : Ça, ce n'est pas notre enjeu. Ça, c'est une décision d'Hydro-Québec,
qui n'a aussi pas vraiment consulté qui que ce soit là-dessus. Il dit :
C'est une décision gouvernementale. Nous, on est là pour parler des
investissements, d'avancées. C'est bien correct, mais une petite mise en garde,
je pense, c'est important juste de dire que, si jamais des choses comme ça
arrivent encore, qui touchent quand même les communautés autochtones, et c'étaient
tous des consommateurs, c'est peut-être mieux de faire un petit peu un tour de
la table avec tout le monde pour s'assurer que tout le monde est d'accord puis
ils ont bien comprend l'intention de le gouvernement. Alors, je pense, c'est
important de faire ce point encore, que ce n'est pas après le fait qu'on fait
les consultations mais bien avant. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme la ministre, souhaiteriez-vous intervenir à ce stade-ci? Non. M. le député
de Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Paradis : En fait, c'est
des sujets dont on a déjà discuté. Là, j'essaie de me souvenir si c'était dans
votre commentaire explicatif, parce qu'on n'a pas les commentaires explicatifs,
contrairement à ce qui est dans le projet de loi original. Donc, c'était...
c'était en fonction de quels articles dont on a déjà discuté, ça? Ça, c'est
les... c'est les...
• (15 h 20) •
Mme Fréchette : ...
M. Paradis : Si vous
pouvez...
Le Président (M. Montigny) :
52.1, on m'a dit.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Me Marois, souhaiteriez-vous préciser?
Une voix : ...
Mme Fréchette : ...du projet
de loi.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre, votre micro n'était pas tout à fait ouvert. Je vous
demanderais de le répéter.
Mme Fréchette : Oui, d'accord.
Alors, c'est à l'article 30 du projet de loi.
Le Président (M. Montigny) :
Parfait. L'article 30.
Mme Fréchette : Tel qu'amendé.
Le Président (M. Montigny) :
30 tel qu'amendé. Alors, M. le député, ça... de Jean-Talon, ça vous va?
M. Paradis : Oui. Si on
pouvait suspendre juste une minute, là, pour voir la concordance.
Le Président (M. Montigny) :
Oui, nous allons suspendre quelques instants.
M. Paradis : Merci.
Le Président (M. Montigny) :
On va se replacer, tout le monde.
(Suspension de la séance à 15 h 21)
(Reprise à 15 h 26)
Le Président (M. Montigny) : Alors
nous sommes de retour. M. le député de Jean-Talon, vous aviez la parole au
moment de la suspension, je vous laisse la parole à nouveau.
M. Paradis : Très bien.
Merci. On est... on est quand même dans des articles qui ont leur importance
parce que c'est encore la façon dont on calcule les tarifs d'électricité pour
tout le monde, et ce qu'on inclut, donc, dans le coût du calcul. Ici, on parle
de l'amortissement. Donc, quand il y a un paiement, quand il y a un coût
important, sur combien d'années on peut le répartir, donc sur combien d'années
il va y avoir de l'impact sur les tarifs et à quelle hauteur à chaque année.
Donc, on parle de deux choses différentes,
ici, Mme la ministre, si je comprends bien. On réfère aux montants d'aide
financière accordés pour le transport collectif en vertu de l'article 39.0.1,
d'une part, et on parle ensuite des ententes conclues avec les Premières
Nations, d'autre part. Dans le cas des ententes pour le transport collectif, ou
des subventions, ou des montants accordés pour le transport collectif, c'est la
régie qui va établir la base d'amortissement, combien d'années, et pour les
ententes avec les autochtones, c'est 50 ans. Est-ce que vous pourriez nous
expliquer les raisons pour ce choix? D'abord, pour le fait que la régie établit
la base d'amortissement. Généralement, l'amortissement, en principes
comptables, confirmez ce que je dis, le cas échéant, mais c'est la durée de vie
d'un actif. Donc, j'imagine que c'est la régie qui va établir la durée de vie
des actifs. Donc ça, j'aimerais comprendre ce choix-là. Et ensuite j'aimerais
comprendre le choix de 50 ans dans le cas des ententes autochtones. Pourquoi 50
ans?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre, si vous souhaitez prendre la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, comme vous le savez, ces ententes, d'une part, sont
importantes. Elles devront... elles seront assurément plus nombreuses au cours
des prochaines années, des prochaines décennies, puisque le développement
énergétique requiert le plus souvent la collaboration, le partenariat avec des
Premières Nations et Inuits. Donc, souvent, ça s'est associé à des ententes, et
ces ententes-là couvrent plusieurs décennies, on parle parfois de 25 ans, 30
ans. Donc, c'est à long terme, en fait, que ces ententes-là sont convenues.
Donc, pour faire un effet miroir, je vous
dirais, au fait que ce sont des ententes de très longues durées et pour
également lisser l'impact de ces ententes-là sur les tarifs, puisque ça va être
inclus dans les tarifs, eh bien, il a été convenu, estimé que 50 ans, c'était
une période adéquate, à la fois pour refléter l'idée, donc, que ce sont des
ententes de long terme et également pour lisser l'impact dans le temps.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député.
M. Paradis : Pour les fins du
débat, là, pour les gens qui nous regardent, on réitère que l'ensemble des
partis de l'opposition... en tout cas, moi, j'ai beaucoup... je me suis
beaucoup exprimé là-dessus, nous sommes toujours contre le principe
d'allocation au consommateur d'électricité du prix de ces ententes, du coût de
ces ententes. Ce n'est pas le bien-fondé de l'entente, c'est le fait que ce
soit comptabilisé, maintenant, pour dire : Bon, bien, votre tarif
d'électricité va augmenter d'autant. Ça devrait être les contribuables, à
travers les comptes du gouvernement du Québec, qui paient. Là, on est la
deuxième étape. Donc, on était contre le principe...
M. Paradis : ...mais là
on est sur la deuxième étape, c'est ça va coûter combien à chaque année? Parce
que là, ça peut faire varier les tarifs à la hausse. Actuellement, les
montants, si je me souviens bien, on parlait de 60 millions environ, les
ententes déjà signées. Mais on le sait que dans l'avenir, il pourrait y en
avoir pour des montants très, très, très importants. Ça pourrait se compter par
centaines de millions, par milliards. Je n'ai aucune prédiction, là, je fais
juste dire des hypothèses. Et donc ça pourrait avoir un effet important sur les
tarifs d'électricité que payent les Québécois. Et donc la durée de
l'amortissement est importante. Mme la ministre, je comprends que vous parliez
de l'effet miroir, mais il y a des ententes qui... qui, pour les nations
autochtones, parlent de siècles d'appropriation qui doivent être compensés.
Parfois, c'est par rapport à la construction d'ouvrages. Certains datent des
années 60. Certains sont un peu plus tard. Est-ce que c'est une moyenne
que vous avez faite? Cet effet miroir, là, comment il est calculé? Puis, tu
sais, est-ce qu'il y a une base de calcul pour le 50 ans ou est-ce que
c'est entendu avec les communautés autochtones, cette durée là d'amortissement
et donc l'effet, la durée dans le temps de l'effet sur les tarifs et le montant
de variation des tarifs à chaque année?
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui.
Merci. Donc... Bien, comme je l'indiquais, en fait, elles sont peu nombreuses
encore, ces ententes-là. Il y en aura davantage dans l'avenir. Maintenant, on
ne peut pas prédire l'avenir, on ne peut pas réécrire l'histoire non plus.
Donc, pour ce qui est des discussions qu'on a eues avec les Premières Nations,
et en fait l'APNQL, pour être plus précise, ils sont d'avis que, ça, ça va
donner davantage de flexibilité pour la conclusion d'ententes avec les
communautés autochtones. Maintenant, pour ce qui est du 50 ans, donc, ce
n'est pas une moyenne. C'est parce qu'on est plus dans la prospective. On veut
ouvrir la porte à différents types d'ententes. Mais assurément, ces ententes-là
vont s'inscrire dans le long terme et il nous apparaît qu'avec une durée de
50 ans, à la fois, on est dans le long terme et on permet d'amortir sur
une longue période de telle sorte que ça vienne lisser l'impact sur les
clients.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Montigny) :
Oui, M. le député, vous avez la parole.
M. Paradis : Et dans ce
cas-ci, Mme la ministre, pourquoi ne pas avoir laissé la possibilité à la régie
de l'établir au cas par cas? C'est-à-dire que lorsqu'il y a une entente qui est
signée, Hydro-Québec vient plaider son dossier et donc parle de l'entente qui
vient d'être signée, du coût de l'entente, et voici pourquoi on pense qu'elle
devrait être amortie sur telle période de temps plutôt qu'à telle période de
temps, ce qui permet aussi aux nations autochtones concernées de venir dire
leur avis, et à toute personne intéressée, notamment les représentants des
consommateurs, des PME et des industries, de venir s'exprimer sur l'impact que
ça va avoir sur les tarifs d'électricité que tous les Québécois payent.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci. Alors,
c'est pour une question, je dirais, à la fois de simplification et de
prévisibilité. Donc, dans la mesure où le traitement sera le même pour
l'ensemble des ententes futures, voilà, c'est plus simple et plus prévisible.
M. Paradis : Oui, je comprends.
Puis c'est vrai que c'est une logique qui a du sens. À l'inverse, est-ce que
vous ne convenez pas, Mme la ministre, qu'une entente... Et là, encore une
fois, là, ce sont des hypothèses, mais ce sont des hypothèses qui pourraient
s'avérer, parce qu'on en est qu'au début du processus de réconciliation avec
les Premières Nations. Et ne convenez-vous pas avec moi que l'impact d'une
entente comme celles qui sont signées, là, par exemple, 28 millions ou
32 millions, c'est très différent d'une entente de 1 milliard ou
500 millions et que peut-être que ça vaut la peine de les considérer,
chacune de par sa nature, de par son montant, de par les faits historiques, de
par l'ampleur de ce qui est... de ce qui est reconnu ou pas dans l'entente en
question.
Mme Fréchette : Quelque
part, il y a une question de choix. Je pense qu'on a opté. On a voulu opter
pour quelque chose de bien prévisible et plus simple. Donc, c'est l'option qui
a été... qui a été retenue.
Le Président (M. Montigny) :
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Oui. Je
comprends. Qui a suggéré 50 ans.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre, quand vous serez prête.
Mme Fréchette : Donc,
c'est le gouvernement. C'est le gouvernement qui a proposé cette mesure...
15 h 30 (version non révisée)
M. Paradis : C'est-à-dire que
c'est vous?
Mme Fréchette : Bien, c'est
le Conseil des ministres.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
M. Paradis : Est-ce que...
Parce que là, bon, je comprends votre logique, là, puis je... puis ça pourrait
être la bonne, mais je suis préoccupé par le fait que vous fixiez un cadre...
bien, j'allais dire «rigide», mais en tout cas déterminé pour toutes les
ententes, et je pense que vous-même, vous l'avez évoqué, les ententes pourraient
être très, très, très différentes. Est-ce que vous seriez ouverte à une
modification... Parce qu'avant de la faire, j'aime mieux vous... m'informer
tout de suite, là. Mais est-ce que vous seriez plus... Est-ce que vous seriez
ouverte à plutôt enlever le fait que pour les ententes avec les Premières
Nations, c'est nécessairement 50 ans, et dire, comme dans l'autre cas... Parce
que les ententes pour le transport collectif peuvent aussi être d'envergure
très différente. Le coût d'un REM ou le coût d'un tramway peut différer d'un
coût d'amélioration d'un réseau. Donc là, vous laissez à la régie l'opportunité
de s'adapter aux circonstances. Pourquoi on ne le fait pas... Est-ce que vous
seriez ouverte à ce qu'on fasse... à ce qu'on applique la même logique pour les
ententes avec les autochtones?
Mme Fréchette : Alors, ça...
Tel que je l'indiquais tout à l'heure, notre choix a été fait, et il nous
semblait que le cadre de 50 ans était le plus approprié à la fois pour des
questions de simplification et de prévisibilité. Donc, c'est l'option que l'on
a retenue, et je ne serais pas ouverte à l'idée de reconsidérer ça.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
M. Paradis : Bon. Donc...
Bon. Je comprends que c'est ça, votre position, mais j'essaie de voir aussi,
là, votre détermination est appuyée sur quoi, puis c'est... je comprends qu'il
y a peut-être une analyse, là. C'est ça que je cherche à déterminer. Quand vous
avez pris la décision, vous l'avez fait sur quelles bases? Est-ce qu'il y a des
consultants? Est-ce qu'il y a des... vous avez parlé aux nations autochtones?
Vous envisagez quelque chose pour les montants, puis là vous dites : 50
ans? Parce que, vous savez, là, c'est... encore une fois, là, les ententes,
actuellement il y en a une pour 28 millions puis il y en a une pour 32, je
pense, si j'ai... si je me souviens bien. Bon. Je comprends que... Si c'est ça,
si c'est à l'aune de ces ententes-là que vous avez déterminé 50 ans, s'il y a
une entente de 500 millions, 200 millions, 1 milliard qui s'en vient dans le
futur, qu'est-ce qui fait que 50 ans va encore être la bonne solution, là?
Puis, je le redis, pour l'instant ça peut
avoir l'air anodin, mais ça, c'est un impact direct sur les coûts d'électricité
pour tous les Québécois. Donc, à chaque fois qu'on met quelque chose... Je
réitère qu'on était contre qu'on mette ça, ça ne devrait pas avoir un impact
sur les tarifs de distribution. Mais là, ça, c'est votre choix. Donc,
maintenant, comment vous... qu'est ce que ça va avoir l'air... qu'est-ce que ça
va avoir comme impact direct? J'aimerais avoir plus d'information, parce que ça
peut être important, ça peut faire varier de manière très importante ce que M.
et Mme Tout-le-monde paient, ce que les PME paient, ce que les industries
paient comme tarifs d'électricité.
Donc, le 50 ans, là, qui... sur lequel
vous êtes bien déterminée, sur quelles bases vous l'avez choisi? Et pourquoi il
est bon, peu importe le montant de l'entente?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Bien, je pense que déjà il est établi que ces ententes-là
couvrent plusieurs décennies. Même si on n'en a que deux, ce sont dans les deux
cas des ententes qui couvrent plusieurs décennies, et je pense qu'il est clair
que les prochaines couvriront également plusieurs décennies. On a voulu
minimiser l'impact. En l'amortissant sur une période de 50 ans, c'est sûr que l'impact
est beaucoup moindre que si ça avait été sur 10 ans, par exemple. Donc, il y a
cette idée-là derrière notre choix, également l'idée de simplifier la
procédure, également l'idée d'avoir une prévisibilité avec la procédure. Donc,
c'est pour l'ensemble de ces raisons que notre choix s'est arrêté sur le 50
ans.
M. Paradis : Donc, aujourd'hui
vous êtes convaincue, Mme la ministre, que si un jour... Encore une fois, je ne
dis pas que c'est ça qui va se passer, là, mais ce sont des hypothèses
plausibles. Si un jour on décide de signer pour la Baie-James tout le développement
LG, ou si un jour on décide de signer une entente pour la Côte-Nord, la Manic,
tous les barrages Manic... Ou, tiens, prenons quelque chose de plus immédiat.
On a déjà annoncé... Je l'ai mentionné la dernière fois, Michael Sabia a
annoncé qu'il va y avoir une entente pour Churchill Falls, et là ça va être
pour des montants beaucoup plus importants, et là ça peut avoir un impact à
chaque année sur le tarif d'électricité que les Québécois vont payer. Vous êtes
encore convaincue qu'en parlant, disons, de centaines de millions ou de
milliards, ou des...
M. Paradis : ...milliards,
votre solution en 50 ans, c'est la bonne. Pourquoi pas, à ce moment-là, 75 ans
ou 100 ans pour ce type d'entente là? Je ne sais pas, mais je ne comprends pas
que ça soit le même amortissement pour toutes les ententes, qui vont
nécessairement être très différentes les unes des autres.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Bien, j'ai déjà répondu sur le pourquoi de notre choix. Il faut
tracer une ligne, et c'est ce qu'on a fait.
M. Paradis : Bon. Je vais
terminer avec ça, mais avez-vous une étude, avez-vous... Sur quelle base, là?
Parce que ça vient d'où, ça, 50 ans, je... pourquoi ce choix-là?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Une décision
doit être prise. On a évalué différents cas de figure, et c'est la ligne que
l'on a tracée, à l'effet que 50 ans, ça nous apparaissait être la durée la plus
appropriée pour l'ensemble des objectifs souhaités et des critères que je vous
ai énoncés.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien
avec l'étude de cet article? Comme il n'y a pas d'intervention, nous allons
passer au... Oui, Mme la députée de Robert-Baldwin, je n'étais pas très sûr, je
vous laisse la parole.
• (15 h 40) •
Mme Garceau : Moi non plus,
mais... Mme la ministre, vous mentionnez que... parce que c'étaient des
surprises au Conseil des ministres, que vous avez analysé différents cas de
figure. Dans quel sens? Parce que vous vous êtes basée sur, donc... c'était
quoi, les cas de figure?
Mme Fréchette : Un des cas de
figure, c'était par exemple d'appliquer le montant d'une redevance à l'année en
cours. Donc, par exemple, appliquer le montant d'une redevance de 32 millions
sur l'année où ça s'est signé. Ça, c'était un cas de figure. C'est sûr que ça
aurait eu un impact beaucoup plus notable, visible qu'un étalement dans le
temps, sur 50 ans, d'amortissement. Donc, ça, c'en est un, cas de figure.
L'autre cas de figure que j'évoquais, c'est sur une courte durée, 10 ans par
exemple. Là encore, l'effet aurait été beaucoup plus perceptible que sur 50
ans. Et considérant que ces ententes-là se déploient sur des décennies, il nous
apparaissait plus judicieux et raisonnable d'appliquer ça sur un amortissement
de plusieurs décennies, également.
Mme Garceau : Est-ce que vous
avez, dans cette analyse... Parce que je présume que, dans les cas de figure,
on a... Je comprends qu'il y a eu 60 millions, les deux ententes, qui
représentent des ententes autochtones à date. Il va y en avoir d'autres. Donc,
dans les cas de figure, est-ce qu'on a déterminé, bon, avec un certain
nombre... est-ce qu'on a déterminé un certain nombre d'ententes d'une certaine
valeur? À titre d'exemple, d'autres ententes ayant une valeur totale de 1
milliard, dans les prochaines années, donc amorties sur 50 ans, ça fait...
Est-ce qu'on a fait ce genre d'exercice?
Mme Fréchette : Je ne saurais
m'avancer sur le nombre de cas de figure qui ont été analysés, mais, au terme
de cette analyse-là, c'est ce qui a été retenu, à savoir une période
d'amortissement de 50 ans.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
Mme Garceau : Est-ce qu'on a
embauché les services d'une firme externe pour cette analyse, ce cas de figure,
pour arriver à cet amortissement de 50 ans dont vous restez ferme à ne pas
modifier?
Mme Fréchette : À ma
connaissance, ça a été à l'intérieur même de l'appareil gouvernemental que ça a
été évalué.
Mme Garceau : Et on ne
voudrait pas, juste pour un peu... selon ce qui avait été mentionné par mon
collègue de Jean-Talon... parce que je vois, dans le projet de... dans le
projet de loi, certaines dispositions. Il y a un espace pour des circonstances
particulières, circonstances exceptionnelles. Est-ce qu'on ne pourrait pas
mettre... Parce qu'il pourrait y avoir, dans certains cas, surtout dépendamment
de la valeur des ententes à venir, et plus particulièrement, peut-être, juste
une entente d'une valeur très élevée... que peut-être le 50 ans ne sera pas
efficace ou va être moins efficace, et donc on aimerait l'amortir sur une base
beaucoup plus longue. Est-ce qu'on ne pourrait pas prévoir : règle
générale, 50 ans, mais la régie aurait... il y aurait comme une porte... je ne
veux pas dire une porte de sortie, mais...
Mme Garceau : ...une certaine
discrétion à modifier cet amortissement dépendamment d'une entente ou des
ententes à venir, qu'il y aurait une exception, qu'on... qu'il y ait une marge
de manœuvre dans des circonstances particulières, quelque chose comme ça.
Mme Fréchette : Oui, je
comprends ce que vous voulez dire, mais ultimement ça va être la moyenne qui
va... qui va prévaloir, qui va être d'importance. Il pourrait y avoir une
entente qui portera sur 60 ans, 70 ans, mais, si, en moyenne, on est autour du
50 ans ou en dessous du 50 ans, je pense qu'on sera... on sera au bon endroit.
Donc, je serais étonnée qu'une... un grand nombre d'ententes surpassent la
période de 50 ans, parce que ce serait quand même, à mon avis, plutôt
exceptionnel. Ce qui a été signé pour l'instant, ça tourne autour de 23, 25 ans
ou 30. Donc, on est en dessous du 50 ans déjà là.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Mme Garceau : ...
Le Président (M. Montigny) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme Garceau : Oui. C'est
juste parce que là, en ce moment, la façon que l'article est rédigé, la régie
n'a aucune flexibilité en ce moment. Là, on est en train de dicter à la
régie... je pensais qu'on ne voulait pas faire ça, mais là on est en train de
dicter à la régie que ça va être 50 ans, nonobstant la valeur de l'entente ou
des ententes à venir. Il me semble qu'on devrait, dans le cadre de cet article,
laisser une marge de manœuvre dépendamment de l'envergure des ententes à venir.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien, je
rappelle que c'est pour une question de simplification et de prévisibilité que
le... la durée de 50 ans a été retenue.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Mme Garceau : Est-ce qu'on a
validé, Mme la ministre, l'amendement avec la régie?
Mme Fréchette : L'amendement
antérieur?
Mme Garceau : Cet amendement
ici.
Mme Fréchette : Ah! celui-ci.
Mme Garceau : Oui.
Des voix : ...
Mme Fréchette : ...on me dit
que ça leur a été présenté.
Mme Garceau : O.K. Présenté.
Et ils étaient d'accord avec l'amendement?
Des voix : ...
Mme Fréchette : ...pas exprimé
de réserves, là.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec la proposition
d'amendement à 35.1? Alors, comme il n'y a pas d'intervention, nous pouvons
passer à la mise aux voix de l'article 35.1, l'amendement, en fait.
Une voix : ...
Le Président (M. Montigny) :
Oui, par appel nominal, tout à fait. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Fréchette (Sanguinet)?
Mme Fréchette : Pour.
La Secrétaire
: M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Pour.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Pour.
La Secrétaire
: M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Pour.
La Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Contre.
La Secrétaire
: Mme Garceau
(Robert-Baldwin)?
Mme Garceau : Contre.
La Secrétaire
: M. Bouazzi
(Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Abstention.
La Secrétaire
: M. Montigny
(René-Lévesque)?
Le Président (M. Montigny) : Abstention.
Alors, l'amendement, l'article 35.1 est donc adopté. Ça nous amène
maintenant à l'étude de l'article 35.2. Mme la ministre, je vous laisse...
Des voix : ...
Mme Fréchette : D'accord, M.
le Président. Alors, article 35.2 : Insérer, après
l'article 35.1 du projet de loi tel qu'amendé, le suivant :
35.2. Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 52.4, du suivant :
«52.4.1. Le gouvernement peut, aux fins
d'une révision tarifaire visée au premier alinéa ou au troisième alinéa de
l'article 48 et pour les années tarifaires et les tarifs domestiques de
distribution d'électricité qu'il détermine, établir un taux maximal applicable
à la hausse de ces tarifs. La Régie est tenue de fixer les tarifs concernés de
manière que leur hausse n'excède pas ce taux.» Donc, c'est un amendement
qui modifie la Loi sur la Régie de l'énergie afin de permettre au gouvernement
d'établir par décret un taux maximal de hausse des tarifs domestiques de
distribution d'électricité d'Hydro-Québec. La Régie de l'énergie continuera de
fixer les tarifs, mais leur hausse, pour une année tarifaire donnée, ne devra
pas excéder ce taux maximal. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, c'est bien. M. le député de Jacques-Cartier, vous avez la parole.
M. Kelley : ...je suggère une
suspension et peut-être laisser le temps pour les gens de bouger. On arrive
presque à mi-chemin de le bloc de quatre heures.
Le Président (M. Montigny) : Très
bonne suggestion.
Nous allons suspendre quelques instants.
Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 07
)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Au moment de la période de suspension, M. le député
de Jacques-Cartier, vous aviez la parole. Je vous redonne la parole, M. le
député Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président, je sais qu'il n'y a pas des notes ou des commentaires... pour ces
amendements, mais peut-être la ministre peut bien nous expliquer pourquoi cet
amendement est important pour le gouvernement.
Le Président (M. Montigny) : Tout
à fait. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M.
le Président. Donc, on l'a annoncé, là, depuis plusieurs mois, notre volonté de
limiter la hausse des tarifs pouvant s'appliquer pour la clientèle domestique d'Hydro-Québec.
On le sait, on est dans une période économique qui a été difficile pour les
Québécois. Il y a eu la pandémie qui a fait son œuvre, l'inflation qui... qui s'est...
qui a émergé en fait, qui... qui a créé une pression économique et financière
sur les ménages québécois. Alors, il y a une volonté de limiter la pression
financière sur les clients domestiques d'Hydro-Québec, et c'est ce pour quoi on
s'est engagés à appliquer un tarif de hausse maximale de 3 % sur la
clientèle domestique.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. M. le député.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Alors, nous avons un commentaire. Avant qu'on se lance dans le fond des choses,
juste quand on regarde et on a fait la lecture de l'article, ma collègue, puis
moi et notre recherchiste extraordinaire, on était en train de regarder la
partie qui dit : «Alors, le gouvernement peut, aux fins d'une révision
tarifaire visée au premier alinéa ou au troisième alinéa de l'article 48
et pour les années tarifaires et les tarifs domestiques et distribution d'électricité
qu'il détermine, établir un taux maximal applicable à la hausse de ces tarifs.»
On a trouvé que l'ajout du «et» avant «les tarifs domestiques», est- ce qu'on
est en train de ne pas juste parler spécifiquement des tarifs domestiques ou
est-ce qu'on inclut les autres types de tarifs? Est-ce que le gouvernement va
avoir la capacité d'aller directement à la Régie pour demander une fixation des
tarifs pour les autres... des autres, des autres tarifs L? C'est juste une
clarification pour notre part, de bien comprendre le sens et l'article. Oui.
Mme Fréchette : Pour répondre
à votre question, donc c'est concernant que les tarifs domestiques...
M. Kelley : ...c'est juste une
clarification pour notre part de bien comprendre le sens et l'article. Oui.
Mme Fréchette : ...donc c'est
concernant que les tarifs domestiques, mais c'est pour les années tarifaires
qu'il déterminera. Donc, c'est à la fois le tarif domestique seulement et les
années tarifaires qu'il déterminera.
M. Kelley : O.K. Alors, je
pense que ça répond un peu à notre question sur ce juste élément-là.
Mme la ministre, je sais que le
gouvernement a pris une décision. On s'entend, c'était politique. Ce n'est pas
la première fois non plus. Je sais que votre prédécesseur a fait la même chose.
Et je sais que le premier ministre a pris des engagements de fixer les tarifs à
un certain niveau. Mais est-ce que le gouvernement a des études sur les impacts
économiques de fixer des tarifs... ou de plafonner, excusez-moi, à 3 %?
C'est quoi, les impacts économiques sur les grands industriels et sur nos
petites et moyennes entreprises au long terme, si eux autres sont obligés de
plus en plus manger la facture de tous les investissements d'Hydro-Québec?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, M. le
Président, donc on a... en fait, je pourrais dire que les prémisses du plan de
développement d'Hydro-Québec d'ici 2035 intègre ce plafond maximum de 3 %
pour la clientèle domestique. Il a été estimé également que la hausse
prévisible pour les autres types de clientèle serait d'entre 4 % et
5 %.
• (16 h 10) •
M. Kelley : Oui. On comprend.
Mais, quand on veut aller plus loin que ça, est-ce qu'on sait... Comme je vais
prendre un exemple. Mon collègue de Jean-Talon... en Chambre, la période des
questions, a soulevé tout l'enjeu de la production privée, qu'on se prive
3 milliards de dollars directement, peut-être, d'Hydro-Québec. On a
eu comme un chiffre clair, une analyse qui a été faite dit : Ah! ça, c'est
problématique, on a un manque de 3 milliards de dollars, peut-être,
dans les coffres de l'État, de l'Hydro-Québec, etc. J'ai essayé de chercher
plus... l'augmentation de ces tarifs sur plusieurs années, on peut dire que
15 %, peut-être ça va être un petit peu plus que 15 %. Ce n'est
pas... ce n'est pas grave parce que les autres juridictions, c'est pire. Mais,
quand même, pour les entreprises qui regardent la facture devant eux autres
puis il dit : Bien, chaque année, je obligé de payer en plus en plus la
facture d'électricité qu'on sait pour plusieurs entreprises c'est une grande
partie de leurs dépenses. Est-ce que vous avez une idée c'est quoi l'impact en
général? Est-ce qu'on va voir moins les investissements? Est-ce qu'on va voir
moins les emplois? Est-ce que le gouvernement a demandé à Hydro-Québec? Ou,
quand même, est-ce que le gouvernement a fait une analyse approfond sur cette
question-là? C'est bien correct de dire : On va essayer de protéger le
portefeuille des Québécois, mais c'est quoi l'impact, si on augmente les tarifs
pour le côté industriel pour nos PME? Je pense que c'est important d'avoir
cette discussion-là, sur peut-être les impacts sur les emplois, sur les
investissements.
Mme Fréchette : Oui. Je
comprends votre préoccupation. Et, bien sûr, on s'assure, de notre côté, de
rester compétitifs au niveau des prix d'électricité. Et c'est ce pour quoi je
vous mentionnais et citais hier des chiffres apparaissant dans ce rapport
d'Hydro-Québec qui montre une comparaison des prix d'électricité dans les
grandes villes nord-américaines pour différents types de clientèles. Et
manifestement, on est positionnés très avantageusement. On veut s'assurer, bien
sûr de rester compétitifs au niveau des prix pour les tarifs, clients...
clients commerciaux et industriels. Alors, voilà, ça, c'en est un élément
d'analyse, d'étude qui a été faite. Et puis il y a les chiffres que je vous ai
donnés en termes d'impacts estimés, impacts prévus, qui sont d'entre 4 %
et 5 %. Alors, ça nous amène à constater qu'on reste compétitifs. Parce
qu'il y a déjà un écart de prix significatif avec plusieurs grandes villes et
États fédérés. Et, à partir du moment où les autres ont des rehaussements dans
plusieurs régions, considérables, annuelles, eh bien, je pense qu'on va rester
compétitifs pour plusieurs années.
M. Kelley : D'accord. Pour
demeurer compétitifs, je comprends, on parle des tarifs ici. C'est encore juste
de bien comprendre les chiffres qu'on discute ici. Le plan d'Hydro-Québec
présentement, le plan qui a été déposé par M. Sabia, c'est des investissements
de 200 milliards de dollars environ, c'est entre ici et 2035. C'est
ça?
Mme Fréchette : Les
investissements vont aller au-delà de 2035, là.
M. Kelley : Au-delà de ça.
Alors, est-ce que nous avons...
M. Kelley : ...idée c'est
quoi, les chiffres, c'est quoi... combien d'argent Hydro-Québec va dépenser,
entre ici et 2035, de ce 200 milliards de dollars?
Mme Fréchette : La part... Je
vais aux informations.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
souhaitez-vous prendre un moment de suspension?
Mme Fréchette : ...à une
autre question, et puis je vous reviens dès que j'ai la réponse.
M. Kelley : C'est correct,
parce que la prochaine question que je veux poser... On est en train de parler
d'un 3 % pour le côté résidentiel, puis un tarif de 5 % pour le côté
industriel. On assume que qu'est-ce que M. Sabia a dit, c'est... c'est la
vérité, je prends ça pour acquis, M. le Président. Mais, en même temps, du côté
de l'opposition, nous n'avons jamais vu une étude, une analyse... une étude
d'impact de ce sens-là. Si c'est 150 milliards de dollars entre ici et
2035, si on augmente de 5 % le côté industriel pour les PME, puis on garde
le 3 %, is the math mathing? Est-ce qu'on va vraiment arriver à un calcul
où ça va couvrir tous les coûts... puis Hydro-Québec? Ou est-ce qu'Hydro-Québec
va dire : Bien, non, ça va prendre plus d'argent pour nous, parce qu'on a
fait des investissements majeurs? Puis, si le 30 %, on va garder ça à
3 %, bien, ça dit : le 5 % doit augmenter.
Et je pense que ça, c'est une grande
crainte, maintenant qu'on a décidé politiquement, de jouer un peu dans les
tarifs, et cet amendement-là donne au gouvernement beaucoup de pouvoirs de
décider, année électorale, en main, on... Bien, les tarifs, cette année, sont
zéro pour le côté résidentiel, il n'y a aucune augmentation, ça va... ça va rester
pareil, ou, quand même, on va réduire ça. Je ne sais pas.
Mais, bref, je pense qu'on doit être aussi
responsables d'avoir une discussion, M. le Président, de fond. Est-ce qu'on est
capables de couvrir la facture au Québec avec les chiffres qui étaient mis de
l'avant? Pour nous, les élus, d'en discuter, de 3 % et 5 %, et je
pense que c'est très, très important. Et si le gouvernement ou Hydro-Québec a
des documents qu'il peut déposer pour notre lecture, ou, quand même,
Hydro-Québec peut faire un briefing technique, démontrer toutes les études, les
analyses que leurs économistes, ils ont faites, ou, genre, les différentes
solutions.
Mais je trouve, de notre côté de
l'opposition, c'est un peu difficile maintenant. On doit avoir une discussion
profonde sur cet amendement-là, mais je trouve qu'on manque de certaines
informations. Alors... Mme la ministre, j'ai fait un commentaire, mais il y a
quand même des éléments, des questions dans qu'est-ce que je viens de dire, M.
le Président.
Le Président (M. Montigny) : C'est
bon, merci. Oui, allez-y, Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : ...bien, je
me ravise, en fait, parce que le 150 à 185 milliards, il est prévu d'être
dépensé d'ici 2035. Je pensais que ça débordait un peu de 2035, mais non, c'est
d'ici 2035. Et, par ailleurs, je rappelle que, sous les libéraux, le
gouvernement va adopter la non-indexation du tarif L. Donc, ce pouvoir-là, il a
déjà été exercé par votre gouvernement. Donc, c'est une mesure qui a déjà été
mise en place, mais pour un autre type de clientèle. Nous, ce qu'on veut
protéger, c'est le portefeuille des Québécois.
M. Kelley : Oui, mais, Mme la
ministre, si on charge ou on passe la facture plus à nos PME, l'exemple qu'on a
utilisé aujourd'hui en...pendant la période des questions. Et j'ai calmé un
peu, j'ai mangé des biscuits de pot, puis je suis zen. Non, mais une blague, ce
n'est pas vrai, ce n'est pas vrai. Je ne fume pas de pot, je mange…
Une voix : …
M. Kelley
: Envoie des
bonbons. C'est une blague. Je suis plus calme, je suis plus zen, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : …comme
président, je me dois de vous rappeler à l'ordre.
Des voix : …
Le Président (M. Montigny) :
Alors, maintenant, la parole est au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Je suis plus zen,
il faut avoir du plaisir dans la vie, M. le Président, mais je répète encore,
je n'ai pas mangé quoi que ce soit, je n'ai pas fumé de pot aujourd'hui, ni
cette année, ni dans les années précédentes, en tout cas. On ne va pas là.
Mais, M. le Président, encore, c'est juste… c'est vrai que, pour les petites
PME, les petites dans notre coin, dans nos villages, là, eux autres, ils
assument la facture d'électricité qui augmente. Puis ils regardent leurs coûts.
Souvent, c'est des petites entreprises…
M. Kelley : ...trois, quatre,
cinq personnes qui travaillent là-bas, un propriétaire ou deux, puis eux autres
regardent : Bien, nos coûts, là, une chose qui continue d'augmenter, c'est
les tarifs d'électricité, puis, O.K., ça dit qu'il y a moins de profits pour
nous, ou ça dit que je n'embauche pas une autre personne, ou, quand même, je
dois augmenter mes prix, comme, je vais peut-être assumer une partie de ces
coûts-là, mais pas la totalité. Alors, les faits, puis si on répète ça pour
toutes nos petites et moyennes entreprises, c'est qu'on voit que les prix
augmentent et c'est les Québécois, c'est le consommateur qui doivent payer plus
pour les produits qui sont faits par les entreprises d'ici. Et moi, je prends
juste l'exemple du petit restaurant de coin, les boulangeries, le petit café,
oui, CoCo & Bean. On a tous ces exemples dans nos comtés, mais on peut
aussi penser à des entreprises de moyennes tailles puis ceux qui sont plus
grands, c'est le même calcul qu'ils doivent faire aussi. Alors, quand même,
cette pression de transférer le fardeau sur leur dos, c'est le fait que des
prix vont augmenter probablement pour les consommateurs. Et moi, je suis
d'accord, quand le gouvernement parle qu'il faut acheter plus des produits
locaux, acheter des entreprises d'ici, je suis d'accord, mais, si on voit que
des prix des produits, comme, continuent d'augmenter et quand même pour les
services, c'est problématique, que des Québécois paient finalement quand même.
Alors, c'est pourquoi je demande s'il y a une analyse qui a été faite. Et
merci, Mme la ministre, pour le chiffre. Que c'est 150 milliards de
dollars entre ici et 2035, j'imagine... Parce que M. Sabia a dit pendant les
études de crédits... Le fait que c'est rendu à 200 milliards de
dollars dans leur analyse, c'est en partie parce qu'on a jeté Churchill Falls,
qui n'était pas prévu dans le plan de 2032... excusez-moi, le plan qui a quand
même été déposé en 2023, ils n'ont pas ajouté ça, on comprend tout ça. Et ça,
ce n'est pas réglé du tout non plus.
• (16 h 20) •
Alors, tout ça pour dire, c'est juste
encore difficile pour nous de dire... On comprend la volonté de protéger le
portefeuille avec la fracture mensuelle pour les clients résidentiels, mais en
même temps, chaque fois qu'il va à l'épicerie du coin, peut-être certaines
choses vont coûter plus. Alors, est-ce qu'on a vraiment avancé? Est-ce qu'on a
vraiment avancé quand on va introduire à l'article 65 le programme de...
bon, grosso modo, transférer de l'argent, un programme pour transférer l'argent
à Hydro-Québec pour couvrir cette décision du gouvernement de la CAQ de
plafonner des tarifs à 30 %? C'est quand même des impôts qui vont aller
directement dans les mains d'Hydro-Québec.
Alors, tout ça... Et c'est très important
d'avoir une discussion de fond parce que c'est une grande discussion. Et ça va
être très difficile pour le prochain gouvernement puis le gouvernement d'après
ça de ne pas nécessairement avoir le réflexe d'utiliser un pouvoir comme ça.
Parce que qui veut augmenter maintenant le prix de la facture mensuelle des
clients d'Hydro-Québec, qui va avoir le courage pour dire, le faire si c'est
nécessaire? Je pose la question parce qu'on est tous des politiciens autour de
table. Puis il n'y a aucune... personne ne veut aller faire de la campagne
porte-à-porte puis dire : Je suis ici pour augmenter votre facture
d'électricité. Sauf que ça, c'est qu'est-ce qu'on est en train de faire pour
nos petites et moyennes entreprises et les grandes industries, entreprises du
Québec, les grosses industrielles. Alors, Mme la ministre, je ne sais pas si
vous avez des commentaires, mais je pense que c'est important de mettre tout ça
sur la table, M. le Président.
Mme Fréchette : Un petit commentaire
à l'effet que, bon, si... en imposant, en fait, le plafond de 3 %, eh
bien, le citoyen, le client domestique d'Hydro-Québec, je pense, ça va être
davantage d'argent dans son portefeuille pour ensuite aller consommer soit chez
les PME ou d'autres types de commerces. Et je rappelle que c'est les
industriels qui ont été protégés sous votre gouvernement et non pas les PME,
donc c'est un autre type de clientèle. Mais un gouvernement pourra décider de
ne pas intervenir. Dans quelques années, si cette volonté-là émerge, eh bien,
il y a cette possibilité-là qui demeure.
M. Kelley : ...Mme la
ministre, est-ce que vous avez des études qui disent dans quelles années est-ce
ça va être nécessaire que le gouvernement arrête d'intervenir sur les tarifs et
juste dire : On retire ce débat-là, on va refuser ce pouvoir-là? Est-ce
qu'il y a une idée? Je sais qu'on a eu une discussion un peu hier, mais c'est
comme cette idée que ça va rester le plafond 23 % pour les prochains
20 ans, là? Est-ce que c'est vraiment faisable, est-ce que c'est possible
avec tous les investissements qu'Hydro-Québec est en train de faire entre ici
et 2035? Je pose la question parce qu'encore c'est une fracture énorme, c'est
de montant énorme.
Mme Fréchette : Alors, comme
je le précisais, les prémisses d'Hydro-Québec sont basées sur ce 3 % pour
son plan de développement d'ici 2035.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. D'autres interventions? Oui, M. le député de Maurice-Richard, je
vous laisse la parole...
Le Président (M. Montigny) : ...M.
le député de Maurice-Richard...
M. Bouazzi : ...merci. Ça
fait que, d'abord, juste pour être clair. Donc, ici, un exemple concret
serait... imaginons que... Prenons l'exemple de votre gouvernement, dise :
Moi, je veux caper à 3 %. Vous arrivez, vous dites à la régie :
Prenez ça en considération et eux... Et imaginons que, si vous n'aviez pas fait
ça, l'augmentation aurait été de quatre, bien, le manque à gagner, le 1 %,
il serait distribué sur les autres consommateurs. C'est ça, l'idée de...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre... votre micro.
Mme Fréchette : C'est bien
ça. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Bouazzi : Et les autres
consommateurs, si on simplifie, c'est principalement les PME d'un côté, les
industries de l'autre. Est-ce qu'il y a des instructions particulières ou la
régie fait... distribue ça comme elle veut?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Alors, ce
sont effectivement les clients commerciaux et les clients industriels, et c'est
la régie qui détermine la répartition.
M. Bouazzi : O.K. Bon. C'est
très bien. Donc, concrètement, vous avez... vous aviez d'autres mécanismes
possibles qui ne viennent pas intervenir dans le calcul de la régie, mais qui
viendraient rajouter votre ristourne dans les factures des Québécois et
Québécois. Pourquoi ne pas avoir juste laissé le mandat de la régie de faire ce
qu'elle a à faire et, de l'autre côté, d'accorder des ristournes sur les
augmentations? Même d'un point de vue... Pourquoi?
Je fais référence, par exemple, au
mécanisme qui avait été utilisé pour le programme PAFI pour diminuer les
factures d'un certain nombre d'industriels.
Mme Fréchette : Donc, cette
mécanique-là, en fait, nous permet d'intervenir en amont du processus. Donc, la
régie conserve sa compétence de déterminer les tarifs. On vient toutefois
ajouter une contrainte relativement à un profil de clientèle, soit celle qui
est domestique.
M. Bouazzi : Est-ce qu'il est
attendu de la régie de revenir pour dire : Si je n'avais pas eu cette
contrainte, ça aurait été 4 % et, en fin de compte, c'est trois, parce que
le gouvernement me dit c'est trois, ou on n'aura pas droit à cette
transparence, ça fait que, si c'est trois, on ne peut pas savoir si c'est le
résultat du calcul? Comment vous voyez les choses?
Mme Fréchette : On ne dicte
pas la voie à suivre.
M. Bouazzi : Si vous dictez
le 3 %. Donc, imaginez-vous...
Mme Fréchette : ...auquel
vous faites référence. On ne dicte pas les conduites à prendre.
M. Bouazzi : O.K. Donc, si le
résultat est 3 % et que c'est, je ne sais pas moi, 4 % pour...
4 % pour les grandes industries, 5 % pour les PME, on ne peut pas
savoir a priori si... on ne demande pas à la Régie de nous dire est-ce que oui
ou non le 3 % est le résultat de l'utilisation de cet article ou pas, là.
Mme Fréchette : On ne se
prononce pas là-dessus.
M. Bouazzi : O.K. Et est-ce
que vous, vous voudriez que la régie soit transparente sur ce calcul-là?
Mme Fréchette : On ne se
prononce pas là-dessus donc.
M. Bouazzi : Mais imaginons
que c'est une proposition électoraliste, Mme la ministre, je pense que ce
serait mieux, même pour vous, que ce soit transparent, en tout respect, que
vous disiez : Ça aurait dû être cinq, mais, grâce à nous, c'est trois. Ce
n'est pas mauvais pour vous, je... Mais vous, vous dites : Personne ne va
savoir si le 3 % d'augmentation est dû ou pas au fait que je maximise.
Voilà. Concrètement, la nouvelle électricité, elle ne vaut pas 3 % plus
cher, là, ou pas 10 %, pas 100 %, elle vaut 400 % plus cher à
produire que l'électricité patrimoniale. Hier, vous avez dit que l'électricité
patrimoniale représente 90 % de l'électricité qu'on vend. Si vraiment on
double la taille d'Hydro-Québec, à terme, l'électricité patrimoniale va
représenter 40 %, 45 % de la totalité et le 50 % qui se rajoute
est 400 % plus cher. Ça fait que, si on fait une règle de trois facile, le
prix de production augmente de 200 % dans les 25 prochaines années,
comment vous êtes capable de nous expliquer qu'on est capable de tenir une
promesse comme celle-là? Comment on...
M. Bouazzi : ...200 %
d'augmentation avec 3 % d'augmentation annuelle.
Mme Fréchette : Bien, comme je
l'indiquais hier, dans le cadre de la consommation, c'est 90 % de
l'énergie consommée qui provient du bloc patrimonial pour lequel le coût a été
amorti déjà depuis longtemps. Donc, c'est, je veux dire, une part de tarte
particulièrement imposante, là.
M. Bouazzi : On est d'accord,
et c'est pour ça qu'on est capable de vendre l'électricité pas trop cher en ce
moment. Sauf que cette part de tarte, elle va passer de 90 à 45 si on double la
taille d'Hydro. Est-ce qu'on est d'accord sur ce chiffre, Mme la ministre?
Mme Fréchette :
Malheureusement, je n'ai pas vu de calcul qui vient confirmer ce que... ce que
vous mettez de l'avant comme chiffre.
M. Bouazzi : Bon, bien,
faisons les calculs ensemble, Mme la ministre, c'est très facile. On a 200
téras aujourd'hui, on a 90 % qui sont patrimoniales. On veut en rajouter
200 téras de pas patrimonial, ça fait que ça va faire 400 en tout. La partie
patrimoniale n'augmente pas, ça fait... ça fait 160 téras 400 téras, donc ça
fait moins de 50 % qui sera patrimoniale. C'est facile. Si on double la
taille d'Hydro, étant donné que tout ce qui est nouveau n'est pas patrimonial,
il est évident que la patrimoniale va être en dessous de 50 %. Est-ce
qu'on est d'accord là-dessus?
• (16 h 30) •
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Est-ce que... Est-ce que vous souhaitez suspendre ou si nous
attendons? On va attendre. Alors, Mme la ministre, quand vous êtes prête.
Mme Fréchette : Je n'ai pas
noté si votre proposition de répartition était pour 2035 ou 2050.
M. Bouazzi : 2050.
Mme Fréchette : Ah! 2050,
d'accord.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : C'est un
calcul, en fait, qu'on va étudier dans le cadre du PGIRE. Donc, ça, ça va être
à confirmer suivant les prévisions qui vont en découler.
M. Bouazzi : Mme la ministre,
on n'a pas besoin d'un PGIRE pour savoir si on double la taille d'Hydro. Le
patrimonial sera moins de 50 %. C'est difficile d'avoir une conversation
si on bloque sur une règle de trois, Mme la ministre.
Le Président (M. Montigny) :
Alors, Mme la ministre, je vous laisse compléter la réponse.
Mme Fréchette : Ça va nous
permettre notamment de confirmer, si c'est 200 TWh qui seront requis,
quelle sera la part exacte et l'efficacité énergétique. Ça, c'est des éléments
qui pourraient bouger, donc c'est en ce sens-là que je dis que c'est à
confirmer.
M. Bouazzi : Et pour pour la
vision jusqu'à 2035, est-ce que c'est à confirmer aussi?
Mme Fréchette : On est plus,
comment dire, sur la... sur l'objectif pour 2035, parce que c'est davantage
prévisible que 2050. Et puis, comme vous le savez, l'exercice du PGIRE se
déroule en ce moment puis au cours de la prochaine année, donc la modélisation
va être davantage précise au terme de cette... de cette année-ci pour 2050.
M. Bouazzi : Pour 2035, c'est
combien de térawattheures qu'Hydro-Québec prévoit augmenter?
M. Montigny : Souhaitez-vous
suspendre quelques instants ou...
M. Bouazzi : Bien, je viens de
trouver la réponse.
Mme Fréchette : ...
M. Bouazzi : C'est
60 térawattheures. Comme on en a 200 actuellement, ça fait que ça
augmente... 60 divisés par 200, je vais perdre tout le monde, là, ça fait 35...
30 % d'augmentation. Ça fait que c'est un 30 % d'augmentation qui est
400 % plus cher que le patrimonial. Est-ce qu'on est d'accord, Mme la
ministre?
Le Président (M. Montigny) :
Alors, Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui, écoutez,
c'est des calculs qui seront confirmés dans le cadre d'autres types de
processus que de celui de l'analyse de l'amendement. Alors, je ne voudrais pas
induire les gens en erreur en confirmant ou infirmant, parce qu'on n'est pas
dans ce type de processus ici...
16 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Montigny) :
...M. le député.
M. Bouazzi : Bien, Mme la
ministre, il y a des familles qui passent des fins de semaine en ce moment à
calculer, à la cent près, comment ils vont y arriver. Il y a à peu près
15 %, c'est ça? 17 %, 15 % des gens qui sont en précarité
énergétique. Et donc c'est des gens qui choisissent entre manger et payer le
loyer ou payer l'électricité et qui, eux, calculent tout à la cent près. Ça
fait que si vous voulez bien, on va quand même prendre le temps de faire les
calculs pour que les... pour que... Et vous faites une promesse, vous vous
dites : On va bloquer à 3 % la nouvelle électricité. Hydro-Québec
nous dit : Elle nous coûte en dessous des kilowattheures. L'électricité
patrimoniale nous coûte autour de trois, voire même moins que trois, mais restons
à trois. Ça fait 400 % de plus cher. 30 % de la nouvelle électricité
d'ici 2035 va être non patrimoniale. Donc, le pourcentage de patrimonial ne
fait que baisser. Et j'essaye de voir comment, quand on rajoute 30 % qui
coûte 400 % plus cher, comment on est capable de garantir une augmentation
de 3 % annuel. Moi je veux bien. Je veux bien et je respecte les principes
de cette commission, c'est-à-dire qu'on croit à la parole, mais il faudrait... il
faudrait qu'on voie comment les équations fonctionnent. Pour l'instant, j'ai du
mal à voir.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : M. le
Président, donc, si c'est un choix, c'est un choix du gouvernement. Ce n'est pas
une garantie, c'est un choix, c'est un engagement. Donc, c'est différent d'une
assurance qu'on va arriver à se chiffrer-là. C'est un choix qui est fait.
M. Bouazzi : O.K. Je vais
faire les calculs, étant donné que je comprends que la partie gouvernementale a
promis un 3 % d'augmentation sans jamais vraiment calculer qu'est ce que
ça voulait dire par rapport au prix de la nouvelle électricité? Je vais passer
la parole à mes collègues et je vais reprendre la parole plus tard, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) :
Bon... Juste avant, Mme la ministre, voulez-vous... Non. M. le député de
Jean-Talon, je vous laisse la parole.
M. Paradis : Bon, j'ai
une question, mais sur le... Pour être dans la foulée des commentaires et des questions
de mes collègues de Jacques-Cartier et de Maurice-Richard, est-ce que la
ministre convient que la part patrimoniale, c'est-à-dire le bloc patrimonial, j'essaie
de simplifier pour les gens qui nous regardent, la part d'électricité,
notamment, qui est produite avec les barrages qui datent déjà, que cette part-là,
elle est appelée à diminuer dans le mix global d'énergie, donc que
l'électricité postpatrimoniale, qui coûte plus cher, est appelée à croître. Est-ce
que la ministre convient de ça?
Mme Fréchette : Oui.
M. Paradis : Donc, que
les pourcentages dont on discute actuellement vont changer. La ministre en
convient.
Mme Fréchette : Hum, hum.
M. Paradis : Et la
ministre a parlé de 90 %, mais d'autres disent, puis là j'ai des tableaux,
j'ai des chiffres, qu'on est peut-être plus autour de 80 %, mais que de
toute façon ça va diminuer, donc, que la part de l'électricité qui coûte plus
cher va augmenter. On est d'accord là-dessus.
Mme Fréchette : Oui.
M. Paradis : Donc,
l'impact de l'article dont on est en train de discuter et des pourcentages choisis
à la discrétion du gouvernement comme plafond d'augmentation, l'impact va
changer dans le temps, peut-être même l'année prochaine, parce que
l'électricité va être achetée à un coût plus élevé. Donc, ça augmente les coûts
du distributeur sont plafonnée. On est d'accord là-dessus comme principe?
Mme Fréchette : Hum, hum.
M. Paradis : Très bien.
Maintenant, l'article... L'article qu'on a devant nous, là, l'article 52.4.1,
est-ce qu'il existe actuellement un pouvoir de cette nature dans la Loi sur la
Régie de l'énergie?
Le Président (M. Montigny) :
Alors, Mme la ministre, quand vous serez prête. Alors, souhaitez-vous...
Souhaitez-vous suspendre?
Mme Fréchette : Pardon.
Est-ce que vous pourriez répéter la question? Pardon. Parce que j'étais en grande
discussion avec un collègue...
M. Paradis : ...l'article qui
nous est proposé, l'article 52.4.1, qui permet au gouvernement d'établir un
taux maximal applicable à la hausse des tarifs lors d'une révision tarifaire de
la régie, taux maximal dont la régie est tenue de tenir compte pour fixer les
tarifs, est-ce qu'un pouvoir de cette nature-là existe actuellement dans les
lois du Québec?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Je vais
inviter Me Marois à se prononcer sur cet élément?
Le Président (M. Montigny) : Je
comprends très bien. Alors, Me Marois, vous avez la parole.
M. Marois (Samuel) : Oui. Je
pense que vous faites référence au décret qui a été pris en 2025 en vertu de la
Loi sur Hydro-Québec, l'article 22.0.1. Ce qu'il faut voir ici, c'est que c'est
un pouvoir qui est d'une nature un peu différente parce qu'il s'agit, à la
différence du décret, là, qui a été pris pour 2025, de la fixation d'un taux de
hausse maximale qui va s'appliquer puis la régie va devoir respecter. Mais ça,
ça se passe avant la fixation des tarifs, donc ce n'est pas tout à fait le même
mécanisme.
M. Paradis : Je vous remercie
de la précision, Me Marois. Je vais reposer la question à la ministre compte
tenu de la précision que vous venez de donner : Est-ce qu'il existe un
pouvoir permettant au gouvernement de faire ça actuellement dans la loi, de
fixer, d'établir un taux maximal applicable à la hausse des tarifs, taux
maximal dans la régie doit tenir compte? Est-ce que ce pouvoir-là existe
actuellement dans les lois du Québec?
• (16 h 40) •
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Alors, M. le
Président, bien, je m'en remets à la réponse de Me Marois sur cette même
question qui a été répondue.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Maître Marois a
indiqué à la commission que c'était un autre mécanisme, celui du décret. Moi,
je vous pose une question pour bien comprendre l'intention du gouvernement
derrière l'article 52.4.1. Parce que souvent je vous ai posé cette question-là,
puis là la réponse de Me Marois ou la vôtre, c'est : Ah oui, mais ça,
c'est du cosmétique, ça existe déjà, on modifie un petit peu un pouvoir. Vous
m'avez tout le temps a répondu ça : Ça existe déjà... en tout cas,
souvent, ce n'est pas vrai, je rectifie, vous m'avez souvent répondu ça.
J'aimerais savoir, pour l'article 52.4.1,
quelle est l'intention du gouvernement? Est-ce qu'un pouvoir de cette nature
existe actuellement quelque part dans les lois du Québec, dans la Loi sur la
Régie de l'énergie, dans la Loi sur Hydro-Québec, dans des règlements? Je veux
savoir si ce pouvoir-là existe actuellement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : J'ai déjà
répondu à cette question, et notre intention, comme je l'indiquais, c'est de
protéger le portefeuille des Québécois.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : C'est
intéressant qu'il y ait un refus de répondre sur cette question-là, parce qu'on
est sur un des articles les plus importants dans la série d'amendements que
vous nous avez envoyés en liasse en pleine commission parlementaire la semaine
dernière. Article sur lequel personne au Québec n'a été consulté. Les
consultations particulières n'ont pas eu lieu là-dessus. Alors, est-ce que
c'est quelque chose dont vous avez parlé avant, que vous avez annoncé, sur
lequel... une annonce sur laquelle les gens qui sont venus en commission
parlementaire ont eu... auraient eu l'occasion de se prononcer? Ou est-ce qu'il
y a, quelque part dans les lois du Québec, un pouvoir similaire sur lequel les
gens auraient pu déjà se prononcer?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui, M. le Président.
Bien, ça a été annoncé de longue date, cette intention du gouvernement de
plafonner à un maximum de 3 % la hausse tarifaire pour la clientèle
domestique. C'est depuis plusieurs mois que c'est annoncé dans la sphère
publique.
M. Paradis : Est-ce qu'à
votre... Oui? Est-ce qu'à votre connaissance, Mme la ministre, il y a une
organisation qui représente les PME, les industries, les consommateurs, qui est
venue se prononcer sur une disposition de la loi actuelle ou du projet de loi
no 69, tel que vous l'avez initialement proposé, qui était à cet effet-là?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien...
Le Président (M. Montigny) : …alors,
est-ce que vous souhaitez suspendre? Oui. Nous allons donc suspendre quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 44)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous avons donc repris nos travaux. Au moment de la suspension, nous attendions
une réponse, je crois, du côté ministériel. Alors, pour la réponse, Mme la
ministre, quand vous êtes prête.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Donc, on a demandé, là, s'il y avait eu des interventions dans
le sens d'un plafonnement. Alors, je voulais vous souligner, en fait, que, dans
les recommandations de l'Union des consommateurs, il était inscrit qu'ils
proposaient d'inscrire dans la loi un plafond de 3 % pour l'augmentation
annuelle des tarifs d'électricité résidentiels, conformément à l'engagement du
gouvernement. Donc, voilà, ils voulaient s'assurer que ce soit formel comme
engagement et proposaient de l'inclure dans la loi.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Paradis : Oui. Réponse
intéressante, parce que ce n'est pas ça que vous faites, ce n'est pas, ça
l'article qui est devant nous. L'article devant nous, ça donne le pouvoir
discrétionnaire au gouvernement de fixer le plafond comme il l'entend. C'est
ça, l'article. Il n'y a pas de chiffre dedans, il n'y a pas de 3 %. Et,
mon point, puis c'est pour ça qu'on n'a pas de réponse, c'est que ça n'a jamais
été annoncé, ce que vous faites là, jamais nulle part. Il n'y a personne qui a
demandé ça. Ça n'a jamais été annoncé et c'est un changement fondamental à la
façon dont on détermine les tarifs d'électricité de tous les Québécois. Ça
concerne les 9 millions de Québécois, ça concerne toutes les PME,
100 % des PME du Québec puis ça concerne 100 % des industries du
Québec. Et vous ne vous êtes jamais annoncés, puis il n'y a pas eu de
consultation là-dessus. C'est ça, mon point.
Très bien. Vous avez procédé cette année,
donc, à moins que vous soyez capables de me répondre, puis là, je n'en ai pas,
de réponse, jusqu'à maintenant, il n'y a rien d'analogue, de similaire, de
proche de ça dans le régime tarifaire québécois actuellement, rien…
M. Paradis : ...parce que ça,
ce que ça fait, c'est que tous les articles... il y a au moins une dizaine
d'articles qui expriment comment ça fonctionne depuis des décennies, les
tarifs, comment on... qu'est-ce qu'on... qu'est-ce que la régie... qu'est-ce
que... qu'est-ce qu'Hydro-Québec peut demander, qu'est-ce que la régie peut
considérer dans les coûts pour établir ce qu'on va demander en revenus et donc
fixer les tarifs. Et là cet article-là, en fait, il dit : Tout ça, peu
importe, c'est moi qui va décider de la réponse après, comme gouvernement. Très
bien.
Vous avez procédé cette année pour le
faire par votre décret 464-2025, qui se fonde sur le deuxième alinéa de l'article 22.0.1
de la Loi sur Hydro-Québec, qui dit : Bien oui, là, il y a toutes les
règles sur les tarifs, mais, de manière très exceptionnelle, le gouvernement
peut identifier un contrat spécial, un contrat spécial pour dire : Là, je
vais fixer les tarifs par décret pour ce contrat spécial. Et là vous avez fait
quelque chose d'extraordinaire, dans le sens «hors de l'ordinaire»,
complètement, vous avez déterminé, dans votre décret 464-2025, que tous les
contrats, 100 % des contrats des consommateurs du Québec sont un contrat
spécial. Magie, magie, magie. Ce n'est pas extraordinaire, ça? Donc, vous, pour
faire ça, vous avez fait une recommandation. C'est ça que ça dit, l'article.
Sur la recommandation du ministre, en l'occurrence de la ministre, et du ministre
des Finances, vous avez fixé ça, vous avez décidé ça.
Quand vous êtes arrivée au Conseil des
ministres, Mme la ministre, j'aimerais savoir, est-ce que vous aviez des
précédents de ça? Est-ce qu'il y a une jurisprudence de la Régie du logement
qui vous a inspirée...
Une voix : ...
• (17 heures) •
M. Paradis : ...de la Régie
de l'énergie, excusez-moi, une décision ou une jurisprudence de la Régie de
l'énergie qui vous a inspirée à faire ça? Est-ce que vous avez déjà vu ça,
vous, quelque part avant, dans la jurisprudence de la Régie de l'énergie, une
place où on dit qu'en vertu du deuxième alinéa de l'article 22.0.1, tous
les contrats du Québec sont un contrat spécial?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, M. le
Président. Donc, on va... on va vérifier.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions?
M. Paradis : ...on suspend ou
on...
Mme Fréchette : ...revenir...
M. Paradis : Bien, c'est
parce que, pour la suite des échanges, ça pourrait être une information utile.
Le Président (M. Montigny) : S'il
y a des collègues qui veulent quand même prendre la parole, ce n'est pas... ce
n'est pas interdit.
M. Paradis : Bon, alors, on
verra, on verra, mais, en attendant, ce que j'ai déjà dit ici, en commission,
et que je réitère, parce que, là, on est à l'article dont il est… dont il est
le… qui est le plus important et qui illustre le plus, c'est que, là, on a pris
une disposition d'exception pour la transformer en une disposition qui permet
de contourner toutes les règles de la Régie du logement… de la Régie de
l'énergie, excusez-moi. La Régie de l'énergie, on lui dit : Voici comment
ça va se faire, comment on va faire le calcul des tarifs d'électricité pour
tous les Québécois. Puis là on les a contournés.
C'est important. Puis j'ai hâte de voir
quelle va être la réponse, parce que, d'une part, d'une part, il y a quelque
chose qui est en train de se passer avec les amendements qu'on a reçus et on ne
sait toujours pas comment ça va fonctionner, puis là la ministre ne pourra pas
dire que c'est d'autres qui font ça, là, c'est elle. Depuis quelques jours, on
voit toutes sortes de trucs qu'on est en train d'ajouter dans ce qu'on va considérer
dans le calcul qu'on va, sur… qu'on va ajouter, donc, des frais, des coûts qui
vont faire augmenter les tarifs. Ce n'est pas nous, là, c'est… c'est le
gouvernement de la CAQ qui fait ça. On vient de voir, tout à l'heure, les
surplus. Donc là, quand il va y avoir des surplus, mais surtout des manques à
gagner, s'il y a un manque à gagner… Ça fait qu'Hydro-Québec dit : Dans
les trois dernières années, finalement, j'ai manqué d'argent. Ça fait que, là,
je peux en rajouter pour faire augmenter les tarifs dans la prochaine révision
tarifaire, les ententes avec les Premières Nations, les ententes avec les
sociétés de transport. Quoi d'autre qu'on a vu? Donc, on rajoute plein de
choses dans les tarifs, mais là, en même temps, on dit : On va faire un
décret.
Ça, c'est le principe que j'expliquais
hier, là, c'est ce que tout le monde a vu quelque part sur une vidéo sur
Internet, c'est-à-dire qu'on va mettre un cachet… du Menthos dans une boîte…
dans une bouteille de boisson gazeuse, on va bien le brasser, ça ne marchera
pas, ça va exploser à un moment donné. Vous mettez plein de nouveaux trucs pour
faire augmenter les tarifs. Puis vous dites que vous allez maintenir un
plafond. Bien, vous dites que vous allez protéger, je ne sais pas comment vous
allez le faire, parce que…
17 h (version non révisée)
M. Paradis : ...mais vous
faites une chose et son contraire.
Deuxièmement, alors que vous dites que
vous voulez protéger, vous vous êtes ménagé des dispositions dans le projet de
loi n° 69 pour faire l'inverse. On l'a vu hier. Vous avez pris la peine
d'inclure une disposition qui va vous permettre de modifier l'interfinancement,
donc de modifier la protection pour les tarifs avantageux pour les ménages.
Vous vous êtes... C'est écrit noir sur blanc, vous vous laissez la possibilité
de faire ça. Donc, vous dites une chose, mais vous vous ménagez la possibilité
de faire le contraire. Ensuite, il y a toute une série de dispositions. On n'y
est pas encore, mais vous prévoyez dans la loi la création d'un fonds spécial
financé par les contribuables pour compenser les effets de la hausse des tarifs
domestiques. C'est les mots... C'est vous qui employez ces mots-là. Donc, tout
le projet de loi contient des dispositions qui vont vous permettre d'augmenter
les tarifs, mais vous maintenez que vous allez les protéger, mais sans le
spécifier. Option Consommateurs, il dit : Je veux voir 3 %. Vous,
vous ne le faites pas. Vous dites : Je me réserve le pouvoir
discrétionnaire de le faire. À la fin, puis j'aimerais avoir vos impressions là-dessus
c'est que vous êtes en train de révolutionner le mode de fixation des tarifs au
Québec. C'est une véritable révolution. Ce n'est même pas un changement majeur,
c'est une révolution. Ce qui existait avant, c'était un régime objectif pour
fixer les tarifs avec des règles. La Régie de l'énergie tient compte de ces
règles-là, de ces calculs-là. Mais là, vous dites : Peu importe tous ces
articles qu'on vient de voir, à la fin, c'est nous qui allons décider. Ça,
c'est une révolution. Mais ça n'a pas été annoncé. En fait, les règles du jeu
n'ont pas été annoncées. Je vais être obligé de dire un mot, M. le Président, parce
que je veux évoquer un jeu qui est bien connu au Québec, qui s'appelle le Trou
de cul. Il y a une version avec révolution. C'est que là, quand tu arrives
avec un quadruple, quadruple huit, quadruple valet, quand tu mets ça sur la
table, tout vire à l'envers, puis tout change. Là, on a rentré en commission
parlementaire, on a commencé l'étude du projet de loi n° 69, puis on ne savait
pas que c'était cette version-là du jeu qu'on jouait. Mais c'est ça. Cet
article-là, là, l'article 52.4.1, c'est exactement ça qu'il fait. Il vire
tout à l'envers.
Le Président (M. Montigny) :
M. le député, j'ai un autre député, là, qui m'a demandé la parole, c'est le
député de Dubuc.
M. Tremblay : ...on a
des auditeurs, puis il y a des notes qui sont prises. Je vous inviterais au
choix des mots. J'ai été offusqué ou traumatisé, à la limite. Alors, voilà.
M. Paradis : Je suis
désolé d'avoir bouleversé le député Dubuc, mais j'ai comme l'impression qu'il a
déjà joué comme moi, à ce jeu-là.
Le Président (M. Montigny) :
Merci. Merci, collègue. Merci, collègue.
M. Paradis : C'est... C'est
le nom du jeu. Si le député de Dubuc a un nom alternatif, moi, je n'en connais
pas d'autres.
Le Président (M. Montigny) :
J'ai bien compris. M. le député, je vous laisse continuer, à moins que vous
ayez fini!
M. Paradis : Bien, je
trouvais que... Je trouvais l'image, M. le Président, elle est importante parce
que c'est exactement ça. Quand tu joues le jeu dont on parle, avec cette
version-là, tu sais que ça va changer en cours de route. Mais là, ça n'a été
annoncé à personne. Et je veux le redire, cet article-là, est-ce que la
ministre convient que ça change radicalement la façon dont on fixe les tarifs
au Québec?
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre. Merci, M. le député. Pour la réponse.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) :
Alors, quand vous serez prête, Mme la ministre. Alors, souhaitez-vous suspendre
quelques instants? Allez-y, Mme la ministre. La réponse... La parole est à
vous.
Mme Fréchette : Alors, M.
le Président, donc, j'aimerais rappeler qu'en fait, le décret dont il a été
question a été pris, donc, en vertu des pouvoirs que le gouvernement a, donc, il
était en capacité de procéder. Et par ailleurs, bon, pour répondre à la
présumée révolution du député de Jean-Talon, j'aimerais rappeler quand même que
la régie conserve sa compétence de déterminer les tarifs, mais qu'avec notre
approche on vient ajouter une contrainte relativement à un profil de clientèle
en particulier. Et après ça, il sera à la discrétion des gouvernements
d'utiliser la possibilité, l'outil qui est, qui est créé...
Le Président (M. Montigny) : ...très
bien. D'autres interventions. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je vais essayer
de le dire de la façon la plus parlementaire possible, mais ce ne sera pas la
première fois que la ministre va trouver des mots pour euphémiser ou dire autre
chose que la loi mentionne précisément. Parce que, là, il y a un chapitre 4,
dans la Loi sur la Régie de l'énergie, qui prévoit tout un processus de
tarification, ce qu'on calcule, etc. Puis là, bien, ça, ça peut arriver à...
comme cette année ou comme la dernière révision, Hydro-Québec disait :
Bien, ça prend des tarifs augmenter de 3,9 %. La régie a dit 3,6 %.
Vous avez décidé 3 %. Puis vous l'avez fait par un décret dont, là, on
attend toujours la réponse, mais qui me semble sans précédent, qui dit... qui
utilise un truc, qui dit : Oui, la disposition d'exception, on va en
faire... tous les contrats du Québec sont un contrat spécial. Et par ailleurs
on a bien dit, en tout cas, qu'il n'y a aucune disposition similaire à celle
que vous nous proposez ici. Donc, vous arrivez avec un chiffre qui est
complètement différent de celui qui a été déterminé en fonction des
dispositions du chapitre 4 de la Loi sur la Régie de l'énergie.
Est-ce que vous ne convenez pas qu'avec
l'article 52.4.1 que vous proposez, désormais, à chaque fois qu'il y aura une
révision tarifaire, peu importe ce que vont donner les calculs qu'on va faire à
48... tous les articles suivants du chapitre 4 de la Loi sur la Régie de
l'énergie, à la fin, la réponse, c'est le gouvernement qui va la fixer et que
ce n'est pas comme ça que fonctionne, jusqu'à aujourd'hui, la fixation des
tarifs d'électricité que tout le monde paie au Québec?
• (17 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Alors,
d'autres interventions? Oui, Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci.
Merci, M. le Président. J'ai oublié tout à l'heure d'ajouter l'élément, là, de
réponse pour lequel on m'avait interpelée. Donc, je voudrais rappeler, en fait,
que le dossier est judiciarisé, donc il est en cours sur le sujet, puis ce
n'est pas le forum, ici, qui est tout indiqué pour faire un débat
jurisprudentiel. Donc, je me limiterai à ça.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Très bien. Merci, Mme la ministre. D'autres interventions? M. le député
de Jean-Talon.
M. Paradis : Non, on ne fait
pas référence à ce dossier-là, bien qu'il concerne les sujets dont on est en
train de parler, mais nous, on est en train de comprendre quelle est
l'intention du gouvernement, d'où tire-t-il les bases, notamment juridiques, ou
historiques, ou de pratique qui expliquent ce qu'on vient de faire. Et, jusqu'à
maintenant, je n'en ai pas entendu beaucoup. Et donc j'aimerais que la ministre
convienne, parce que ça, ce n'est pas l'objet du litige qui est devant les
tribunaux actuellement... je lui demande si elle convient que ce qu'elle
propose avec l'article 52.4.1, ça va nécessairement toujours trouver une
réponse qui ne sera pas celle à laquelle on arrive quand on applique l'ensemble
des dispositions du chapitre 4 de la Loi sur la Régie de l'énergie, qui énonce
les règles qui permettent de fixer des tarifs. Parce que les tarifs, c'est
fondé sur du concret, sur combien ça coûte pour produire l'électricité, et donc
de quels revenus on a besoin pour vendre cette électricité aux Québécois.
Là, vous dites : Ce n'est plus ça qui
s'applique, ce n'est pas une question de coûts et de revenus, c'est une
question politique, comment le gouvernement le décide. Est-ce que vous convenez
de ça?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, pour la réponse, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Alors,
je pense que l'intention du gouvernement a été énoncée de longue date, et le
gouvernement s'est donné le pouvoir de fixer un tarif avant que la régie ne
détermine les tarifs. Donc, c'est un pouvoir qu'on se donne.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien, on
s'approche. Donc, ce n'est plus une question de revenus nécessaires pour
couvrir les coûts de production puis de transport...
M. Paradis : ...puis de
distribution d'électricité, parce que c'est ça que prévoit le chapitre 4
de la Loi sur la Régie de l'énergie. Maintenant, c'est-tu une question
politique décidée par le gouvernement?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui, mais
j'ai rappelé que notre gouvernement a énoncé depuis longtemps sa volonté de
plafonner les hausses de tarifs pour la clientèle domestique. Les partis
d'opposition ont fait d'autres choix antérieurement, ils voulaient plutôt
protéger les industriels. Nous, on pense que, pour une question d'équité, il
faille indexer les clientèles industrielles et qu'il faille protéger le
portefeuille des Québécois. On est dans une période où la pression financière a
été importante ces dernières années, et ça nous apparaissait important d'œuvrer
pour diminuer cette pression financière.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions? M. le député de Jean-Talon. Il vous reste moins
de... bien, un peu plus d'une minute quelque, là.
M. Paradis : Merci. On a
encore de nouveau parlé des tarifs industriels. Est-ce que la ministre peut
nous rappeler ce qu'elle a fait, ce que son gouvernement a fait avec les tarifs
industriels depuis qu'ils sont au pouvoir depuis sept ans? Est-ce qu'il y a eu
une variation? Est-ce que vous avez indexé les tarifs industriels?
Mme Fréchette : C'est
exactement ce qu'on propose dans ce projet de loi ci.
M. Paradis : Est-ce que vous
l'avez fait dans les sept dernières années?
Mme Fréchette : C'est ce
qu'on propose dans ce projet de loi ci, qui est une refonte, en fait, du cadre
réglementaire qui s'applique au secteur énergétique, question de moderniser ce
cadre réglementaire et de nous engager dans la transition énergétique, comme on
sait.
M. Paradis : La réponse,
c'est que vous avez fait comme les gouvernements précédents là-dessus. Donc,
c'est un argument politique qui ne fonctionne pas et ça démontre exactement le
point que je suis en train de faire : les tarifs, avec ce que vous
proposez, deviennent une question politique plutôt qu'une question de revenus
nécessaires pour couvrir les coûts. Changement radical, révolution dans la
fixation des tarifs au Québec
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, on
rétablit une équité, on renverse une iniquité qui existait depuis 2013.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Merci. Alors, d'autres interventions? Mme la députée de Robert-Baldwin.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. J'entends les échanges. Et, Mme la ministre, je dois vous dire, je
dois vous admettre que, quand on a reçu cet amendement-là, et compte tenu de la
décision d'avoir fixé les tarifs domestiques à 3 %, je dois vous avouer
que j'ai été vraiment étonnée de voir qu'avec tout ce que le gouvernement... je
ne veux pas dire le mot «vente», mais qu'est ce qui est important ici, c'est le
maintien de l'indépendance de la Régie dans la fixation des tarifs. Et ça, on
se comprend, c'est important, c'est un principe fondamental. Et même il est
repris à l'article 48 du projet de loi amendé. On le réitère que la Régie
peut, de la manière qu'elle détermine, que la Régie détermine, répartir une
hausse tarifaire d'une ou de plusieurs des années tarifaires visée par la
révision sur ces trois années. C'est le rôle de la Régie de déterminer les
hausses et la répartition des hausses des tarifs entre le domestique, l'industriel
et le commercial. N'est-ce pas, Mme la ministre, que c'est le rôle de la Régie
de faire ça et non pas le rôle du gouvernement?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Alors, je
rappelle que la Régie conserve, là, sa compétence de déterminer les tarifs. En
fait, on vient ajouter une contrainte relativement au profil, à un profil de
clientèle, mais ce sera sur la base de la volonté des gouvernements d'utiliser
cette capacité d'ajouter une contrainte ou pas. Il en reviendra au gouvernement
de choisir.
Le Président (M. Montigny) : Mme
la députée.
Mme Garceau : O.K. Mais, Mme
la ministre, c'est beaucoup plus qu'une contrainte ici. Il faut regarder
l'objectif visé. L'esprit de cet article, c'est de dire à la Régie : Nous,
on va s'ingérer dans vos pouvoirs, votre discrétion en ce qui a trait aux
tarifs domestiques. C'est nous, le gouvernement, qui va décider...
Mme Garceau : ...et, en plus
de ça, Mme la ministre, où le bât blesse dans tout ça, c'est qu'on aurait pensé
qu'un gouvernement responsable dans la fixation du 3 % aurait fait des
analyses de l'impact économique de ce 3 %, le plafond sur l'industriel et
les PME qui traversent en ce moment... puis nous le savons très bien, avec l'augmentation
du taux d'inflation puis qu'est-ce qui se passe dans le Sud avec les tarifs de
Trump. Puis la raison pour laquelle vous avez même suspendu l'étude détaillée
de ce projet de loi, c'est parce qu'on voulait voir qu'est-ce qui était pour se
passer suite à l'élection du président et les tarifs qui s'en venaient et
l'ampleur des tarifs et l'impact économique des tarifs sur notre économie et
sur nos industries. Et là vous faites un peu la même chose, parce qu'avec un
plafond de 3 % qui n'a même pas... il n'y a pas d'appui d'analyse
économique pour justifier le 3 %, c'est un choix du gouvernement. C'est un
choix du gouvernement sans fondement qui n'est pas vraiment justifié puis c'est
comme l'imposition de tarifs additionnels sur les industries, les industriels
et les PME que le gouvernement est en train de faire.
• (17 h 20) •
Et, en plus de ça, Mme la ministre, je ne
vois pas comment on peut dire que : Ah! le 3 %, bien, il va rester
comme ça pendant des années et des années avec le plan du gouvernement, la
transition énergétique et les coûts que le gouvernement va ajouter, les coûts
de contrats, probablement des milliards de dollars dans les prochaines années.
Puis, comme j'ai dit hier, que le coût de la transition énergétique, bien,
c'est les consommateurs québécois qui vont assumer le prix et avec le plafond
de 3 %, qu'à un moment donné va être complètement irréaliste de maintenir
parce qu'il va y avoir un choc tarifaire entre l'industriel et les PME. Il n'y
aura plus question de demeurer compétitifs, ils vont faire faillite parce que
la pression économique va être beaucoup trop élevée. Et c'est en fonction
maintenant de ce nouveau régime dans lequel vous êtes en train de dicter le
gouvernement et même vous êtes en train de dicter les tarifs domestiques et
vous êtes en train de politiser en même temps le processus, le mécanisme de
détermination ou de fixation de tarifs au Québec. Mon collègue de Jean-Talon
parle de révolution, c'est extraordinaire et ce n'est pas justifié dans le
contexte où le principe fondamental dans la société, c'est l'indépendance de la
régie.
Donc, pourquoi est-ce qu'on a cet
amendement à ce stade-ci? On aurait pu... vous auriez pu le mettre dans le
projet de loi initial, et donc on aurait pu avoir des consultations particulières
à ce sujet. Et je présume qu'il n'y aurait pas grande personne qui aurait voté
favorablement en ce qui concerne cet amendement-là... je veux dire, c'est cette
proposition-là. Donc... Et, en plus, vous venez de dire à mon collègue qu'en
vertu du décret vous aviez le pouvoir, de toute façon, de fixer un tarif. Donc,
si vous avez déjà les pouvoirs, comment ça se fait que vous avez déposé un
amendement?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. J'aimerais rappeler, en fait, que l'amendement n'impose pas un
plafond. Il prévoit la possibilité d'en établir un. Donc, on ne contraint pas
les futurs gouvernements à adopter cette approche-là et on n'altère pas non
plus les compétences de la régie...
Mme Fréchette : ...donc, je
pense que c'est important de rétablir ces éléments-là, de rappeler ces
éléments-là.
Mme Garceau : Bien, avec
égard, Mme la ministre, vous ne pouvez pas mentionner que vous n'êtes pas en
train d'altérer les pouvoirs de la régie, parce que vous avez répondu à mon
collègue que la fixation, que l'application, la mise en œuvre de cet
article-là, vous allez déterminer ou fixer les tarifs domestiques avant le
processus de révision tarifaire. Donc, lorsque la régie va commencer son
processus de révision tarifaire, celui pour les tarifs domestiques, il va être
fixé par le gouvernement. Donc, le gouvernement empiète carrément sur les
pouvoirs de la régie. Et le gouvernement, vous auriez pu même rédiger l'article,
d'attendre la décision, je ne sais pas, même d'attendre la décision de la régie
pour voir la régie suite à l'analyse de toutes les données.
Est-ce que la régie va arriver à un tarif
qui, d'après le gouvernement, serait raisonnable? Mais on ne laisse même pas la
régie, la possibilité d'exercer ses pouvoirs qui sont des pouvoirs législatifs
pour déterminer quel devrait être le tarif domestique compte tenu de toutes les
données économiques.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Je répète qu'on n'altère pas la compétence, la compétence de la
régie en matière de fixation de tarif, puis la preuve en est, c'est que si,
dans 10 ans, un gouvernement décide de ne pas utiliser la possibilité d'avoir
un plafond, on n'aura pas à changer quoi que ce soit dans le mode de
fonctionnement de la régie. Tout est là, tout est là en termes de compétence de
la régie.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la députée.
Mme Garceau : Mme la
ministre, avec égard, là, vous savez très bien que cet article-là change
complètement la donne en ce qui a trait à la fixation des tarifs au Québec, et
vous êtes en train de vous confier un pouvoir que vous ne devriez pas avoir.
Vous ne devriez pas avoir ce pouvoir. Et vous êtes en train de le faire à un
moment où... Il y a un amendement qu'on a reçu la semaine passée, qui n'a pas
été étudié par différents groupes pour venir exprimer leurs voix en ce qui a
trait à ce changement fondamental. On n'a même pas eu la possibilité de
recevoir des groupes, de recevoir des Québécois et des Québécoises pour venir
nous exprimer leur opinion en ce qui a trait à cet amendement qui change
complètement la façon que nous allons déterminer les tarifs au Québec.
C'est sérieux, c'est sérieux comme geste,
et ça va avoir des conséquences assez importantes, parce que, si on arrive ici
avec un 3 %, sans aucune analyse économique, et on va continuer à faire la
même chose, c'est notre économie qui va être encore de plus en plus affectée
par les choix de ce gouvernement.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
d'autres interventions? Alors... Oui, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Donc, je suis allé chercher beaucoup de calculs, Mme la ministre, et
je dois vous donner raison, déjà, je commence par ça, c'est que le pourcentage
du patrimonial dépasse le 90 % de la consommation au Québec, parce qu'on a
165 térawattheures de patrimonial et on a un autre 12 térawattheures de non
patrimonial...
M. Bouazzi : ...qu'on consomme
ici et un 15 qu'on vend à l'extérieur, ça fait que, suivant quelle taille on
prend de notre production, bien, c'est... évidemment, si on prenait aussi ce qui
est consommé, ce qu'on vend sur les marchés étrangers, ce serait moins 93. Mais
ce qui nous intéresse, c'est ce qui se passe au Québec. Donc, c'est 93 %
de notre consommation qui nous vient du patrimonial, qui, aujourd'hui, est à
0,035 $ le kilowattheure. Et le 12 térawattheures qui nous vient des éoliennes
est à peu près à 0,07$ le kilowattheure et représente 6,9 % de ce qu'on
consomme au Québec. Ça fait que, si on fait la moyenne de tout ça, en moyenne,
Hydro-Québec achète l'électricité, que ce soit à Hydro-Québec Production ou au
privé, 1,0375$ le kilowattheure.
Si on prend les plans d'Hydro-Québec
jusqu'à 2035, on a un 65 térawattheures qui se rajoute. C'est ce que nous dit
le plan d'Hydro-Québec. Donc, en tout, on monterait 242 térawattheures. La partie
patrimoniale, évidemment, ne bouge pas, reste a 165 térawattheures. Ça fait
que, là, la proportion de patrimonial passerait de 93, en 2025 à 73 %.
Si on fait le même calcul, on se retrouve
à 0,0035$ du kilowattheure pour le patrimonial, fois 73 %, plus
actuellement 0,07$ du kilowattheure, fois 5 % du non patrimonial actuel.
Et ce que nous dit M. Sabia, c'est que la nouvelle électricité sera autour de
0,11$. Là, j'ai pris0,10$, juste pour revoir à la baisse et être conservateur,
0,10$ le kilowattheure pour le nouveau 65 térawattheures qui va être livré
d'ici 2035, fois 22 % parce que c'est ce qu'il représente. Ça fait qu'on
se retrouve, en 2035, à acheter à 0,051$ le kilowattheure.
• (17 h 30) •
Alors là, j'ai fait exprès de ne pas
indexer parce que, Mme la ministre, après vérification, chacun de ces coûts
d'achat sont indexés. Donc, on n'a pas besoin de les prendre en compte, on peut
comparer les dollars tels quels, entre le 0,0375$ le kilowattheure, en ce
moment, à l'achat, et le 0,051$ le kilowattheure. Et ça, Mme la ministre, ça
fait une grosse différence. On s'entend que le coût, et je vais le calculer
avec vous, ça fait 0,051$ moins 0,0375$... ça, c'est sûr que si j'oublie des
virgules... 0,051$ moins 0,0375$, divisé par 0,0375$, ça fait... ça fait
40 % d'augmentation, si je ne me trompe pas. Et donc on est vraiment très,
très, très loin d'une augmentation de 3 % annuelle.
Ça fait que comment est-ce que vous
arrivez à accorder votre promesse avec ce qui s'annonce en frais d'augmentation
du prix d'électricité? Je ne le comprends pas. J'ai beau... Je comprends qu'on
n'a pas... Vous nous donnez très peu de chiffres sur les prédictions que vous
donnez, et tout, là, mais celle-là, elle est quand même vraiment très, très,
très dure à comprendre. Comment... S'il y a un Québécois à qui vous vous
adressez, vous dites : Je vous promets, là, je plafonne à 3 %,
l'électricité va, en fin de compte, coûter 40 % plus cher dans 10 ans
exactement, comment vous arrivez à lui expliquer que vous gardez ça à 3 %?
Est-ce que vraiment on va refiler tout cet argent-là aux industries et aux PME?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
d'autres interventions? Alors, Mme la ministre, oui. Mme la ministre, vous avez
la parole.
Mme Fréchette : Mme la
députée voulait intervenir.
Le Président (M. Montigny) : Vous
voulez céder votre place? Moi, j'ai donné la parole à Mme la ministre. À moins
qu'elle souhaite vraiment ne pas prendre la parole.
Mme Fréchette : Bien,
écoutez, moi, je réitère le fait que ce 3 % là, c'est la prémisse avec
laquelle a travaillé Hydro-Québec pour son plan de développement 2035. Alors,
ça a été validé et puis...
M. Bouazzi : Bien, je
comprends ça, Mme...
17 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...mais ce n'est
pas Hydro-Québec qui définit le prix, c'est la régie. Ça fait qu'à moins que
vous me disiez que la régie a analysé, jusqu'à 2035, les prix que ça va être et
a déjà donné un avis, qu'Hydro-Québec nous dise : C'est correct d'augmenter
juste de 3 %... je comprends qu'il y a un accord, effectivement, assez
évident entre l'exécutif d'Hydro-Québec et l'exécutif que vous représentez,
mais ça, ça ne nous permet pas de comprendre comment ça fonctionne. Si l'électricité,
en moyenne, nous coûte 3,75 aujourd'hui et va nous coûter 5,1 en 2035, c'est-à-dire
36 % plus cher, comment est-ce qu'on est capable de garantir que vous
allez juste augmenter de 3 %? Ou même, Hydro-Québec, vous les avez crus,
ils vous ont donné une équation pour vous dire : C'est bon, on y arrive?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M.
le Président. Donc, Hydro-Québec nous indique que, dans ses prévisions pour
2035, ça balance avec le fait d'avoir un plafond qui est établi à 3 %. Par
ailleurs, Hydro-Québec va utiliser différents moyens, par exemple, la
tarification dynamique, peut-être un de ces moyens-là, pour faire en sorte que
tout balance. Alors, voilà, je pense qu'on peut...
M. Bouazzi : Et Hydro-Québec
vous a dit ça en quelle date à peu près? C'était quand qu'il vous a dit ça?
Mme Fréchette : L'automne
dernier, cet hiver.
M. Bouazzi : Ça fait qu'il
était déjà au courant des amendements qu'on allait recevoir?
Mme Fréchette : Bien, le
3 %, ce n'est pas nouveau. C'est un des premiers sujets que j'ai abordés
après avoir été nommée le 5 septembre dernier. À mon souvenir, c'est lors de ma
première intervention publique que j'ai parlé du 3 %. Alors, on était la
semaine du 5 septembre.
M. Bouazzi : Donc, suivons...
suivons le raisonnement. Vous, tout ce que vous... Parce que ce que ce que nous
dit le projet de loi, c'est : Débrouillez-vous, régie. Hydro-Québec va
venir et va dire : Moi, si j'ai besoin de faire payer tant, la régie va
prendre tous les coûts qu'Hydro-Québec a le droit de présenter et va revenir
avec un coût au kilowattheure pour chacune des catégories des consommateurs.
Hydro-Québec, là, qu'on bloque l'augmentation des particuliers à 3 % et qu'on
change celle des PME 50 % plus cher, si ça répond aux besoins d'Hydro-Québec
pour couvrir leurs dépenses, évidemment que ça marche. Je veux dire, ça change
quoi à leur vie? Ça ne change rien. Donc, Hydro-Québec, il peut bien dire :
Bien oui, moi, tout ce que je veux, c'est être capable de donner tous les coûts
et donner ça à la régie, la régie se crunche. Vous, vous dites à la régie :
Pour les particuliers, c'est 3 % maximum. Et puis la régie ressort des pourcentages
qui, évidemment, répondent aux besoins d'Hydro-Québec. Et Hydro-Québec, qu'il y
en ait un qui soit à 3 % ou à 20 %, ça ne change rien. Tout ce qu'ils
veulent, c'est que leurs coûts soient... soient couverts. Donc, je... Est-ce
que, donc, dans cette simulation... sachant, là, qu'il y a 35 % d'augmentation
du coût d'achat de l'électricité, quelle simulation ça donne sur les PME ou sur
les grosses industries? Est-ce qu'Hydro-Québec vous a dit?
Le Président (M. Montigny) :
Alors, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Bien, en
fait, on l'a entendu. Hydro-Québec a indiqué que, selon ses prévisions, les
hausses du côté commercial et industriel seraient de maximum 5 %. Par
ailleurs, il y a des gros chantiers, là, qui sont en place ou qui vont être mis
en place, notamment en matière d'efficacité énergétique. On sait qu'on a des
gisements d'efficacité énergétique, là, dans lesquels il faut aller plonger. Et
voilà. Donc, Hydro-Québec s'est avancée aussi sur ces autres dimensions.
M. Bouazzi : Et sur les
5 % que vous avez dits, pour les PME, ça, c'était jusqu'à 2035, vraiment? Ce
n'était pas juste pour les prochaines années? C'est sur 10 ans, ils ont dit :
Nous, on est capables?
Mme Fréchette : Je n'ai pas
souvenir que ce soit un engagement jusqu'à 2035. J'irais plutôt dans les années
qui viennent.
M. Bouazzi : Est-ce que...
Est-ce que vous pourriez nous revenir... on n'a pas besoin de suspendre, mais
nous revenir avec une date? Parce qu'encore une fois il n'y a pas de miracle, Mme
la ministre. Si la nouvelle électricité coûte cher et que le pourcentage d'électricité
patrimoniale ne fait que baisser, le prix va vraiment augmenter beaucoup. Et
plus on va produire de la nouvelle électricité, plus le prix va augmenter pour
les particuliers et beaucoup, beaucoup plus vite que 3 %. Je veux dire, la
différence entre 35 %... et puis je vous l'accorde, hein, c'est... c'est
des calculs de coin de table, ça fait que c'est peut-être 30 %, c'est peut-être
40 %, mais la...
M. Bouazzi : ...entre
30 % et 3 %, c'est 1 000 % de différence, là, c'est beaucoup.
Donc, donc je ne comprends pas. Et puis je pense que les Québécoises et
Québécois seraient en droit de savoir d'où vient... Ça fait que si... Est-ce
que vous pouvez nous revenir avec jusqu'à quelle date Hydro-Québec s'est dit
qu'en gros ils s'attendaient à une augmentation de 5 % pour les PME et les
industries?
Le Président (M. Montigny) : Est-ce
que vous souhaitez suspendre quelques instants?
Mme Fréchette : Non, ce ne
sera pas nécessaire.
Le Président (M. Montigny) : Non?
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Donc, après
vérification, donc, le 4 à 5 %, comme prévision, ça s'applique jusqu'en
2035.
M. Bouazzi : O.K. Et est-ce
que vous pourriez... Est-ce qu'Hydro-Québec vous a partagé une simulation, un
calcul, une équation qui expliquerait ça?
Mme Fréchette : C'est un
résumé de l'analyse interne.
M. Bouazzi : On a adopté
plein d'articles qui ont un impact sur le prix. J'imagine qu'Hydro-Québec n'a
pas pris ces articles-là en compte quand il a projeté qu'est-ce que ça allait
coûter, que ce soit le 3 %, le 4 %, les PME? À moins que vous me
dites que tout ce qu'on a adopté, là, n'a pas vraiment d'influence sur les
prix, là, comment Hydro-Québec est capable de simuler à 2035 avec un projet qui
change aussi drastiquement les équations de calcul?
• (17 h 40) •
Mme Fréchette : Bien, M. le
Président, je rappelle que la semaine du 5 septembre, déjà, on parlait de ce
3 %, donc c'est dans la sphère publique depuis longtemps.
M. Bouazzi : Il n'y a pas
juste le 3 %, Mme la ministre, là, il y a toutes sortes de coups qui ont
été introduits dans la distribution, dans la production, etc. On en parle... on
en parle depuis le début de la semaine, peut-être même depuis la semaine
dernière, les journées sont longues, je peux me tromper.
Donc, et puis c'est toujours intéressant
de voir qu'Hydro-Québec est capable de dire : Bien, moi, je pense que je
peux rester à 3 % pour les particuliers, à 5 % d'augmentation pour
les PME, sachant que ce n'est pas Hydro-Québec qui définit le prix, là, c'est
quand même intéressant, que c'est la régie. Ça fait que j'ai du mal à voir
comment ça marche.
Et puis la marche entre ce que va coûter
en moyenne le kilowattheure, là, d'après calcul rapide, autour de 35 %
plus cher, la marche entre ça et 3 % d'augmentation, c'est quand même
quelque chose, Mme la ministre, c'est une grosse marche, là. Il faudrait
réussir à l'expliquer, parce que, si on la refile toute aux PME, c'est plus que
5 %, là. Je rappelle que tous les coûts d'achat dont j'ai parlé, que ce
soit le patrimonial, que ce soient les éoliennes qu'on a déjà en fonction ou
les futures, évidemment, bien, c'est comme ça que ça marche, sont indexées.
C'est-à-dire, de toute façon, à chaque année, en fonction du coût de la vie,
c'est indexé, ça l'est au Québec, pour le patrimonial, depuis 2014. Ça fait
que, de toute façon, tout ceci va augmenter, là, donc, au coût de la vie, à
part le 36 % dont j'ai parlé, d'augmentation de coûts d'achat pour
Hydro-Québec.
Ça fait que je dois avouer, à chaque fois,
je veux dire, j'essaie... Je me rends bien compte que d'abord le projet de loi,
il est quand même assez compliqué et cryptique, puis moi j'arrive avec des équations,
on s'entend que ce n'est pas de la com, là, c'est du fond. J'aimerais bien
juste comprendre comment est-ce que vos équations... J'ai du mal à comprendre
comment en investissant 80 milliards, comment on vient nous dire : On va
augmenter de 65 térawattheures, ce qui est vraiment, vraiment beaucoup, là. La
Romaine c'est 8,5 térawattheures. Là on va augmenter, d'ici 2035, de 65
térawattheures. C'est vraiment beaucoup, et on nous dit 3... Je veux dire, on
peut-tu avoir... C'est tellement d'argent, tellement d'efforts, tellement de
négociations, tellement d'éoliennes de 200 mètres partout, de chemins dans les
forêts, c'est beaucoup de choses, là, on peut-tu avoir des équations qui nous
prouvent quelque chose? On peut-tu, vraiment?
Est-ce que... donc, est-ce que je
comprends, parce que je ne suis pas sûr d'avoir entendu la réponse... Est-ce
que, quand Hydro-Québec vous dit : Oui, ne vous inquiétez pas, le
3 %, on peut vivre avec...
M. Bouazzi : …on augmentera de
4 % à 5 % les PME, les industries. Est-ce que vous avez reçu une
simulation, un document qui vous explique comment ça va fonctionner?
Le Président (M. Montigny) : Juste
pour point d'information, M. le député de Maurice-Richard, il vous reste un peu
plus d'une minute.
M. Bouazzi : C'est bon.
Le Président (M. Montigny) :
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien, j'ai
répondu antérieurement, là, à la question précédente.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions?
M. Bouazzi : Mais, juste pour
être sûr, parce que j'ai raté la réponse. Est-ce qu'il existe une simulation
que vous avez vue ou vous… ou il y a juste… un courriel? C'est comment est-ce
qu'Hydro-Québec vous a informés, en fait, que ça marchait?
Mme Fréchette : Bien, je
l'indiquais qu'il y avait des analyses internes qui avaient été partagées.
M. Bouazzi : Donc, est-ce que
vous pouvez nous les partager?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre.
Mme Fréchette : C'est
confidentiel.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
M. Bouazzi : Est-ce que…
C'est confidentiel, pour quelle raison au juste?
Mme Fréchette : Ça peut être
débattu à la régie dans le cadre d'une cause tarifaire.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. D'autres interventions? Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, j'ai combien
de temps qu'il reste, M. le Président?
Le Président (M. Montigny) : On
va le vérifier. Je vous reviens. Allez-y.
M. Kelley : Merci…
Le Président (M. Montigny) : Il
vous reste autour de huit minutes. Je suis désolé.
M. Kelley : Parfait. O.K. Mme
la ministre, je veux juste parler maintenant, le processus autour de déposer un
décret comme ça. J'imagine, ça va être une discussion autour de la table, le Conseil
des ministres, ou quand même directement avec le bureau de le premier ministre.
C'est quoi, le processus quand le gouvernement décide qu'on va envoyer notre
décision à eux autres?
Mme Fréchette : Bien, comme
on l'a souligné à quelques occasions, quand on veut s'exprimer en tant que
gouvernement, on procède par décret.
M. Kelley : C'est par décret,
mais le processus d'écrire, préparer un décret, le contenu qui va aller dedans
ça, la discussion politique, j'imagine, ça commence sur votre bureau, au
ministère de l'Énergie, mais j'imagine que les autres ministres sont impliqués
dans ces discussions-là puis le bureau du premier ministre, j'imagine.
Mme Fréchette : Le… les… les
membres du Conseil des ministres sont solidaires. Donc, tout un chacun qui a,
comment dire, un lien plus direct est appelé à contribuer à l'échange, à la
discussion ou à la réflexion.
M. Kelley : D'accord, mais
j'imagine que le ou la ministre de l'Énergie ne peut pas probablement envoyer
un décret directement à la régie sans peut-être vérifier avec le ou la ministre
des Finances et probablement de parler avec le premier ministre ou le chef de
cabinet de le premier ministre, valider le contenu, valider...
Le Président (M. Montigny) : Alors,
très bien. Mme la ministre, quand vous serez prête.
Des voix : …
Le Président (M. Montigny) :
Alors, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Donc, je
rappelle, quand il y a une décision du Conseil des ministres du gouvernement
qui est en cause, eh bien, chaque ministre ou ministère a été appelé à
intervenir, à s'exprimer dans ce contexte-là.
M. Kelley : D'accord. Alors,
excuse-moi, juste de bien comprendre, discussions, décret, ça va sur le site de
Greffier pour le Conseil des ministres, ça s'en vient, on va avoir une
discussion au minimum, tous les documents vont être déposés autour de la table
du Conseil des ministres, peut-être vous ou un autre… dans l'avenir, là, un autre
ministre va être obligé de faire le point autour des collègues pour dire :
Voici une décision qu'on va prendre tous ensemble. Tout le monde est d'accord
et comprend. Ça, c'est un petit peu le processus.
Ça ne passe pas par un comité à côté,
parce qu'il y a un comité, par exemple, que vous siège sur, de mémoire, avec M.
Sabia, le premier ministre, le ministre de l'Éconmie, je pense qu'on a créé un
comité spécial. Je me souviens, ça, c'était dans les crédits que j'ai vu qu'il
y a un comité qui existe. Mais bref je sais qu'il y a des comités à côté,
comités économiques, plein des autres comités à côté le conseil des ministres
où on discute de dossiers spécifiques qui touchent plusieurs ministères. Alors,
ça, c'est le genre, le type de chose qui peut peut-être passer par un comité à
côté le Conseil des ministres.
Mme Fréchette : Je peux
préciser que le seul comité qui précède le Conseil des ministres, c'est un
comité ministériel.
M. Kelley
: Exact.
Mme Fréchette : Donc, ce n'est
que des ministres, ça précède le Conseil des ministres.
M. Kelley
: O.K. Il n'y
a aucune…
M. Kelley : ...il n'y a
aucune obligation d'avoir une discussion en commission, parler avec les autres
partis politiques autour d'une décision qui est très importante pour tous les
consommateurs d'électricité au Québec... C'est vraiment le gouvernement qui
décide. Il n'y a pas nécessité d'avoir un débat public.
Mme Fréchette : Le
gouvernement se prononce via des décrets. Alors, ça passe par le comité
ministériel et, ensuite, le Conseil des ministres le plus souvent.
M. Kelley : M. le Président,
je trouve qu'on a un peu un déficit démocratique. Alors, nous avons un
amendement à suggérer. Je demande une suspension à... qu'on peut déposer notre
amendement.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise à 17 h 58)
Le Président (M. Montigny) : Nous
sommes de retour pour nos travaux. Il nous reste quelques minutes avant la
suspension pour l'heure du souper, en fait, mais nous avons reçu une
proposition de sous-amendement à l'article 35.2. Cette proposition de
sous-amendement, je vais la laisser présenter, qui ajouterait, comme, en
réalité, un autre… une suite à l'amendement qui est à l'étude. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Alors, je vais lire l'amendement introduisant
l'article 35.2 du projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin, de
l'alinéa suivant :
«La commission compétente étude pour une
durée maximale de trois heures la proposition du gouvernement avant que
celui-ci ne prenne la décision finale.»
Alors, je ne sais pas si vous voulez que
je commence à faire mes argumentaires ou on a… peut commencer le débat après.
Le Président (M. Montigny) : Vous
pouvez l'expliquer brièvement. Il vous reste quand même une minute, si vous
voulez. Sinon, si vous pensez que ce n'est pas justifié, je vais…
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Je vais juste commencer avec la première partie. Moi, je crois
fortement dans les chartes, les constitutions, les contre-pouvoirs à un
gouvernement. Et qu'est-ce que je trouve est problématique avec l'amendement du
gouvernement...
M. Kelley : ...du
gouvernement qu'on est en train de... va... devient un article éventuellement,
c'est... ce fait-là, c'est le ou la ministre, avec probablement l'accord du
premier ministre et peut-être Hydro-Québec ou pas, qui va prendre une décision
qui peut avoir un énorme impact sur notre société, sans débat, sans discussion,
pas juste avec les oppositions officielles, mais aussi peut-être avec la
société civile. Alors, c'est les raisons pourquoi... pour juste commencer, je
vais continuer l'intervention après l'heure de souper...
Le Président (M. Montigny) : Bien
oui. Aucun problème...
M. Kelley : ...et c'est
pourquoi j'ai déposé ça, M. le Président. Merci beaucoup pour votre écoute.
Le Président (M. Montigny) : Je
vous remercie et je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 06)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude
détaillée du projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable
des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.
Lors de l'ajournement de nos travaux tout
à l'heure, nous étions en train d'étudier l'étude d'un sous-amendement qui
était proposé par la députée de Jacques-Cartier à l'amendement qui introduisait
le nouvel article 35.2. Maintenant, M. le député, est-ce qu'il y a d'autres
interventions en lien avec votre proposition d'amendement?
M. Kelley : Oui, M. le
Président, mais c'est une question, une demande peut-être des oppositions. On
comprend que le ministre a une proposition à l'amendement proposé par le député
de Jean-Talon. Alors, je pose la question si on suspend ça pour... revient à qu'est-ce
qu'on a suspendu sur... plus tôt aujourd'hui pour closer le débat là-dessus
puis... revient sur ça, que, j'imagine, on va discuter pour le reste de la
soirée probablement, revient demain ou la prochaine fois qu'on siège.
Des voix : ...
M. Kelley : Pas de... La
prochaine fois qu'on siège. C'est une proposition.
Le Président (M. Montigny) : Oui...
Mme Fréchette : ...
M. Kelley : O.K.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
En fait, on est à l'étude d'un sous-amendement d'un amendement d'un article, alors
ça nous ferait tout déposer l'un après l'autre, là. Alors, comme il n'y a pas
consentement, on va continuer pour le sous-amendement que vous avez déposé, M.
le député.
M. Kelley : D'accord. Oui.
Alors, M. le Président, encore la raison pourquoi j'ai déposé le
sous-amendement, c'était d'adresser cette question-là qu'on est en train de
donner des pouvoirs pas mal exceptionnels au gouvernement, là, d'envoyer des
directives claires, nettes et précises à la Régie de l'énergie, et le
gouvernement peut déterminer des tarifs, comme on a vu avec le plafond à
3 %. Mais je pense que tous mes collègues ont soulevé la possibilité que,
bien, c'est une année électorale, on va baisser ça à 0 %. Il n'y a aucune
argumentation cette année, on va s'assurer qu'aucune personne ne paie plus d'électricité
ou, quand même, faire ça sur un horizon de deux ans. Deux ans, tout le monde
va, bien, voir la réalité que des fractures d'électricités sont gelées grâce au
gouvernement au pouvoir. Alors, au minimum, ça, c'est une décision que le
gouvernement peut prendre sans consultations avec aucun acteur sur le terrain,
c'est une décision qui peut être prise seulement pour les raisons politiques.
Alors, pourquoi ne pas ajouter un petit
peu un élément plus démocratique dans ce processus décisionnel que, là où le
ministre doit... quand ils sont en train de préparer leurs directives, leurs
avis, ils doivent aller en commission pour expliquer leurs motifs concernant
une décision qu'ils sont en train de prendre sur les tarifs et d'avoir un
débat, laisser aussi le public et la société civile à prendre connaissance de
qu'est-ce que est en train de faire, puis avoir des experts qui peuvent donner
leurs avis là-dessus, puis, oui, avoir une vraie discussion, une vraie
consultation? Parce que, quand même, cet article, c'est un moment, M. le
Président, qu'on est en train de débattre, le sous-amendement que j'ai
déposé...
M. Kelley : …en conséquence.
On a fait ça parce que l'amendement que le ministre a déposé, ce n'était pas
dans le projet de loi original. On n'a pas eu l'avis des experts qui ont
présenté des mémoires en commission, qui ont venu ici pour les audiences
publiques. Puis on a eu la chance de poser plein de questions sur les
différents articles, et c'était certain que, si ça, c'était dans le projet de
loi original, c'est certain que tout le monde a eu une opinion là-dessus.
Bien, maintenant, on joue un peu, M. le
Président, en recul, et on a essayé d'avoir quelque chose qui… débattre quelque
chose qui est super fondamental pour notre société. Puis moi, je pense que les
oppositions doivent avoir leur mot là-dessus, mais pas juste les oppositions,
mais la société civile. Et trois heures… j'ai essayé quand même, M. le
Président, je sais que le ou la ministre est pas mal occupé, responsable pour
l'Énergie, mais également l'Économie et l'Innovation. Alors, trois heures,
j'imagine, peut-être certains de mes collègues vont dire : Bien, on a
besoin de plus de temps, mais au minimum, dans trois heures, on peut avoir une
vraie discussion de fond sur pourquoi un gouvernement décide de prendre une
décision et de critiquer eux autres, pas juste dans une période de questions où
l'opposition a une minute pour une question, 30 secondes pour une deuxième
et 30 secondes pour une troisième, avec des réponses de la ministre qui
sont ou le ou la ministre qui sont 1 min 15 s, 40 s…
45 s, 45 s. Ce n'est pas une façon d'avoir un débat de fond sur
quelque chose qui est hyper important comme ça. Alors, moi, je pense que cet
amendement est vraiment un bon ajout à cet amendement… excusez-moi, le
sous-amendement, c'est un bon ajout à l'amendement de la ministre, qui va
devenir un article à un certain moment. Puis on renforce notre démocratie, M.
le Président.
• (19 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci de vous être exprimé sur le sous-amendement. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions en lien avec le sous-amendement qui est affiché à
l'écran? Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Bien,
rapidement, juste pour dire, en fait, que, là, on tente d'intégrer dans un… une
décision qui relève du gouvernement, dûment élu, un processus législatif
parlementaire. Donc, je trouve ça étrange comme chemin à prendre pour une
décision, là. Le Conseil des ministres en soi est dûment élu et mandaté, dans
le fond, pour prendre des décisions. Donc, pour moi, en ce sens-là, c'est
légitime d'avoir un Conseil des ministres qui se prononce sur la question.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. M. le député.
M. Kelley : C'est vrai,
peut-être c'est bizarre de mettre ça dans la... dans l'amendement comme ça, M.
le Président, mais nous sommes souverains de prendre des décisions comme les
législateurs. Tout est possible, tout est possible, M. le Président. J'ai
entendu ça souvent en commission que nous avons la capacité de prendre des
décisions. Et c'est vrai, le Conseil des ministres est… a été dûment élu. Il y
a un processus démocratique de ce côté-là, mais nous, nous sommes aussi élus
démocratiquement par la population pour poser des questions, pour bien
comprendre l'intention du gouvernement et d'avoir des discussions de fond sur
les décisions qui sont hyper importantes.
Et souvent ces types de discussions, de
décisionnel… décisions que le gouvernement prend dans… au sein de le Conseil
des ministres, autour de la table de le Conseil des ministres n'est pas
nécessaire… on débat de ça pas nécessairement à un point exhaustif pour bien
comprendre l'intention du gouvernement. Ça passe par les médias, ça passe par
la période de questions, mais ça n'arrive pas, en commission, où on peut poser
et avoir des bons échanges avec la ministre, le ministre, leurs équipes, les
fonctionnaires.
Alors, encore, je pense, c'est au minimum
une façon d'ajouter un contrepoids à un pouvoir exceptionnel quand nous sommes
en train de donner le gouvernement… et quelque chose qui peut avoir un impact,
comme j'ai mentionné, sur les campagnes électorales. Le côté de l'opposition,
on n'a pas le pouvoir de modifier des tarifs, c'est dans les mains seulement de
le gouvernement. Et ce n'était jamais fait comme ça avant, que c'était juste
le… Bien, je pense qu'on peut aller en arrière dans l'histoire, problème dans
les années de Duplessis, et ces époques-là, que, peut-être, les tarifs, on
était capable de jouer avec ça par décrets, mais on a changé ça.
C'est vrai, Le Parti québécois a mis en
place la Régie de l'énergie dans les années 2000 pour essayer de moins
politiser les tarifs d'électricité. Puis, depuis 2018, j'avoue, pas juste moi,
mais des experts, qu'il y a une réduction dans le rôle de la Régie de l'énergie
à déterminer des tarifs. Alors, ça, c'est mes raisons pourquoi j'ai déposé cet
amendement. Je pense que c'est un bon amendement, je pense que c'est bon pour
notre société puis j'espère que, sur le côté du gouvernement, je vais avoir
l'appui d'une couple de députés pour s'assurer que ça passe.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, M. le député. D'autres interventions en lien avec le
sous-amendement? M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je me demandais
si la ministre voulait réagir aux derniers commentaires du député de Jacques-Cartier…
M. Paradis : ...de
Jacques-Cartier?
Mme Fréchette : Je n'avais
pas de commentaire additionnel.
M. Paradis : Très bien. Je ne
veux pas présumer des intentions du député de Jacques-Cartier, quoique c'est
vrai qu'on a eu des discussions là-dessus. Puis je pense qu'il vient de
l'exprimer en ses propres mots, moi, je le dirais autrement. C'est sûr que ce
n'est pas le plan A, ce qui est proposé ici, probablement pas le plan B ni le
plan C ni le plan D, peut-être le plan E. Bon. Mais je le dis en tout respect
mais c'est parce qu'on essaie de sauver la mise.
C'est ça qu'on essaie de faire par cet
amendement. Parce que c'est la discussion qu'on avait avant. Cet article en
particulier du projet de loi change radicalement la donne par rapport au projet
de loi qui a été présenté au départ. Il y a toute une structure de
détermination des tarifs qui existe dans la loi actuelle. Vous proposiez des
ajustements dans le projet de loi n° 69 initialement présenté, sur lequel
projet de loi les gens sont venus se prononcer. Et là, par un amendement de
dernière minute, vous changez du tout au tout. Aucune consultation des
Québécoises et des Québécois sur comment on va déterminer à l'avenir leurs
tarifs d'électricité. Ça, c'est au moins une toute petite ouverture à ce qu'il
y ait un débat démocratique, à la limite, au moment où le gouvernement veut
fixer la hausse des tarifs. Parce que, ce qu'il y a d'intéressant, c'est que,
dans l'amendement que vous proposez, il n'y a aucun critère, aucune route de
tracée, aucune balise. On ne sait pas d'où vient la décision gouvernementale,
sinon que c'est une décision politique.
Et, une décision politique, elle tient
compte d'intérêts politiques. Et ça fait plusieurs fois que je l'évoque et je
vois que mon collègue de Jacques-Cartier l'a aussi évoqué dans sa dernière
intervention, d'aucuns pourraient prétendre que ça permet, par exemple, avant
une période électorale, d'artificiellement mettre un plafond peu élevé, donc
c'est-à-dire que là, on semble protéger les taux, et puis ensuite, tout de
suite après l'élection, faire autre chose ou laisser au prochain gouvernement l'odieux
d'avoir augmenté les taux.
Parce qu'on le redit, il se passe deux
choses dans ce projet de loi. On rajoute plein d'éléments qui visent à faire
monter les tarifs d'électricité. C'est ça dont on a discuté dans les derniers
jours. C'est ce gouvernement, le gouvernement de la CAQ, qui dit : Bon,
maintenant, on va ajouter ça, on va ajouter, bon, les ententes avec les
Premières Nations, ensuite on va ajouter les manques à gagner des années
précédentes, ensuite, on va ajouter les différences de tarifs pour les
redistributeurs d'électricité. Bon. On va rajouter plein de trucs. Puis là, en
même temps, on dit : Ah! on va plafonner les taux. Il va se passer quelque
chose à un moment donné. Ça va être insoutenable. Puis c'est le gouvernement
qui crée ça.
La deuxième chose qui se passe, c'est que,
bien qu'on fasse beaucoup de communication sur la fameuse protection des taux
qui est entièrement laissée à la discrétion du gouvernement, c'est qu'on se
ménage toutes sortes de portes de sortie. Le projet de loi prévoit lui-même,
dans ses termes, la création d'un fonds pour compenser les impacts de la hausse
des tarifs d'électricité domestiques. Ce n'est pas moi qui le dis. Ce sont les
termes des articles du projet de loi. Et, ce fonds-là va être payé par qui, par
les contribuables.
On a vu hier qu'on a créé un nouvel
article qui permet au gouvernement lui seul de dire à la Régie : Ah!
terminé, l'interfinancement qui protège les tarifs bas pour les clients
domestiques, je fais sauter ça.
Donc, ça permet de politiser les taux.
Politiser les taux, c'est comme... ce serait comme un peu le troisième lien du
projet de loi n° 69. On dit quelque chose avant les élections de 2018, on
ne le fait pas pendant tout le premier mandat, puis là on dit quelque chose avant
les élections. Bien, on le promet encore de nouveau avant les élections de
2022, puis là on fait quelque chose de différent après. Il peut se passer la
même chose pour les tarifs. Et c'est pour ça qu'on ne veut pas ce genre de
dispositions qui donnent plein de discrétions au gouvernement.
Et l'idée, je pense, derrière l'amendement
du député de Jacques-Cartier, il l'a dit, c'est qu'on consulte. Et on se
souviendra qu'au début de l'étude détaillée... parce que le contexte avait
beaucoup changé entre le moment où le projet de loi a été présenté, on se
souviendra que c'était au printemps de l'année dernière, après des soi-disant
consultations qui avaient eu lieu l'été précédent, donc en 2022, on disait le
contexte a...
M. Paradis : ...beaucoup
changé, guerre tarifaire, changements économiques, etc., puis on disait :
Il faut... il faut entendre les gens pour qu'ils nous guident dans nos
décisions. Donc, encore plus, maintenant qu'on change radicalement le projet de
loi.
Alors, est-ce que la ministre ne convient
pas que ça... Je le réitère... puis j'ai compris sa réponse... ce n'est
peut-être pas l'idéal, mais c'est une moindre mesure, une façon de s'assurer
qu'il y a un soupçon de démocratie dans ce qu'on est en train de faire, vu
qu'il n'y a eu aucune consultation sur l'article 52.4.1 que vous proposez, et
qui change tout. Je le dis, cet article là, il change une vingtaine d'articles
de la Loi sur la Régie de l'énergie, il vient, en fait, en quelque sorte, les
rendre à peu près inopérants, parce qu'il dit : peu importe les calculs
que vous allez faire en vertu de la loi, c'est moi qui vais décider du montant.
Est-ce que... est-ce que la ministre ne convient pas que ça, ça ouvre un petit
peu à ce qu'on consulte les gens ou qu'on ait un débat démocratique?
• (19 h 20) •
Le Président (M. Montigny) : Alors,
cher collègue, simplement vous dire que nous sommes à l'étude du
sous-amendement qui est affiché à l'écran. Je vous inviterais à essayer de
rester sur le sujet du sous-amendement. C'est tout, je ne fais que dire ça.
Alors, est-ce qu'il y a des... est-ce qu'il y a des... d'autres commentaires en
lien avec le sous-amendement à l'article 35.2? Merci, Mme la députée, vous avez
la parole.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Juste en termes de... le commentaire que vous venez de porter, c'est
sûr et certain qu'il y a un lien entre nos représentations, à ce stade-ci, sur
cet... ce sous-amendement, en raison de la façon que l'amendement a été déposé,
et du fait qu'il n'y a eu aucune consultation particulière, qui fait en sorte
que, oui, on est en train de... Honnêtement, on ne devrait même pas être,
ici... On ne devrait même pas avoir une discussion, honnêtement, M. le
Président, parce que ça, cet article-là, 52.4.1, ne devrait pas être, on ne devrait
pas l'avoir déposé. Et c'est pour ça que l'importance d'au moins avoir ce
sous-amendement, qui fait en sorte qu'il y aurait, oui, un peu de démocratie
dans toute cette question de fixation de tarifs, les tarifs domestiques, par le
gouvernement. Parce que là, c'est...
Et je reviens au décret publié le
26 mars 2025, du gouvernement, et dans lequel, dans le préambule, on
le mentionne, c'est clair comme de l'eau... c'est très, très clair, la Régie de
l'énergie a compétence exclusive, exclusive, notamment, pour fixer ou modifier
les tarifs et les conditions auxquelles l'électricité est distribuée par
Hydro-Québec. Comment se fait-il qu'on ait retiré un élément très, très
important de la compétence exclusive de la régie, par un article? Un article
fait en sorte, M. le Président, qu'on change complètement la donne, et ainsi,
l'importance d'avoir...
Surtout parce que, tel que mentionné par
mon collègue de Jean-Talon, il n'y a... il n'y a aucune balise d'encadrement.
La ministre l'avait expliqué que... Parce que ce n'est pas dans l'article non
plus, en ce qui a trait... ou à quel moment est-ce que le gouvernement va
émettre sa décision, à la régie, que le tarif ou les tarifs domestiques vont
être de X. Est-ce que ça va être 3 % l'année prochaine? Est-ce que ça va
être 2 %? Est-ce que ça va être 1 %, parce qu'on s'en va en
élections? On ne le sait pas, parce qu'il y a une discrétion entière du
gouvernement de fixer les tarifs domestiques.
Et donc avoir cet amendement, qui dit que
la commission compétente va étudier, pour une durée maximale de trois heures...
Vraiment, trois heures, là, on va se le dire, dans le contexte actuel, ce n'est
pas beaucoup, c'est un...
Mme Garceau : ...minimum... un
minimum la proposition du gouvernement avant qu'une décision finale soit prise.
Et c'est dans l'optique aussi que peut-être avec un échange qu'il y ait des
experts et aussi avec les partis d'opposition, afin de comprendre, de voir
comment le gouvernement est arrivé à augmenter. Peut-être que ça va être plus
que le 3 %, est-ce qu'on va le maintenir, est-ce qu'on va le diminuer?
D'avoir au moins cet échange avant qu'une décision finale soit prise.
Donc, pour moi, c'est comme le minimum
dans le contexte actuel, compte tenu de l'article 52.4.1, qui a été déposé
par le gouvernement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M... M. le député de
Maurice-Richard. Je vous laisse la parole.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je rappelle aux gens qui nous écoutent, c'est... on est en train
d'être sur un amendement sur un article qui a été introduit dans un amendement
la semaine dernière, mercredi dernier, dont on ne savait pas l'existence, et
qui permet, en gros, au gouvernement d'imposer un changement... en tout cas de
ne pas faire à la régie, et que la régie ne fasse pas les équations.
Et, tout à l'heure, j'ai fait un calcul
pour voir, en gros, comment évoluerait le prix du kilowattheure en fonction de
la quantité d'électricité patrimoniale. Et, en fin de compte, j'ai
l'impression... J'ai peut-être... J'ai peut-être... Il y a quelque chose que
j'ai peut-être mal compris. Parce que, Mme la ministre, vous nous avez dit
qu'il y avait 90 % d'électricité patrimoniale, en gros, dans ce qui est
vendu au Québec. Et, moi, je vous ai donné raison sur la base du fait qu'il y a
un 15 térawattheures sur les 200 à peu près qu'on produit qui sont vendus
à l'étranger, donc qui ne rentrent pas dans le calcul. Est-ce que je dois...
Est-ce que je comprends bien que l'électricité patrimoniale est priorisée en
date d'aujourd'hui dans la consommation des Québécoises et Québécois chez eux
avant de la vendre à l'étranger?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre, vous avez la parole.
Mme Fréchette : Oui, merci,
M. le Président. En fait, c'est une question qu'on a abordée, là, plus tôt
aujourd'hui, là, quand je parlais de la piscine à l'intérieur de laquelle se
retrouve l'ensemble des électrons. Mais j'aimerais que Me Marois nous précise,
parce que c'est sur le plan comptable, en fait, qu'il y a une distinction.
Merci.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Maître Marois.
M. Marois (Samuel) : Vous
comprendrez que je n'ai pas l'expertise comptable, là, par exemple. Mais c'est
la discussion qu'on avait hier. En fait, c'est l'article 71.1 de la Loi
sur la Régie de l'énergie qui prévoit actuellement que les besoins sont
satisfaits en priorité par la fourniture d'électricité autre que patrimoniale
puis, lorsque cette fourniture est écoulée, par électricité patrimoniale. On
comprend que ce n'est pas les... ce n'est pas l'électron, là. On parle des
coûts, là. C'est la loi actuelle.
M. Bouazzi : Ça, c'est la loi
actuelle. Et donc, à ce moment-là, comment on arrive à la conclusion... Et j'ai
peut-être mal compris. Parce que, si on a 160 téra de patrimonial sur 200, et
qu'en gros on en consomme 177, au Québec, des 200, comment on arrive à la
conclusion que 90 % de ce qu'on consomme au Québec est patrimonial, si, en
fin de compte, on priorise la consommation de ce qui ne l'est pas? Ça fait qu'à
ce moment-là ce serait l'inverse. C'est-à-dire que le taux de patrimonial
serait beaucoup plus bas que 90 % parce que... Vous voyez, j'ai du mal à
comprendre la logique.
On a... On a 200 térawattheures en
tout. On en consomme 177 au Québec. Il y en a 160 qui est patrimonial. Ma
question, c'est : Quel pourcentage de patrimonial il y a dans ce qu'on
consomme au Québec? Il y a deux manières de voir les choses : ou bien on
priorise tout ce qui est intermittent, en gros, qui sort des éoliennes en
premier...
M. Bouazzi : ...dans le calcul
comptable, si on parle des électrons, et à ce moment-là le pourcentage de
patrimonial est spécialement bas, ou on priorise tout ce qui est patrimonial
dans le calcul comptable de ce qu'on consomme au Québec, et à ce moment-là la
partie patrimoniale est spécialement haute. Moi, j'ai l'impression... Enfin, je
ne comprends pas. Si on est sûr du 90 %, ça voudrait dire qu'on priorise
le patrimonial pour le Québec et que dans la comptabilité, ce qui nous coûte un
peu plus cher à travers les coûts des éoliennes, c'est ce qu'on vend sur les
marchés étrangers.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. J'ai une demande de prise de parole par le député de Gaspé. Je vous
écoute, M. le député de Gaspé. M. le député de Gaspé, ce ne sera pas long, là,
le micro va s'ouvrir. Et voilà!
• (19 h 30) •
M. Sainte-Croix : Merci. 211,
pertinence.
M. Bouazzi : Ah! c'est très
pertinent. Ça, c'est facile, là.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
simplement là-dessus, le discours doit porter sur le sujet en discussion. Par
contre, ce n'est pas à la présidente... à la présidence de juger à ce stade-ci,
M. le député. Alors, je vais simplement demander de rester, là, sur un sujet
qui concerne le sous-amendement. C'est tout.
Alors, est-ce qu'il y a quelqu'un qui...
Mme la ministre, souhaitez-vous...
Mme Fréchette : Je pense que
la sous-ministre adjointe pourrait intervenir.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, Mme la sous-ministre, aujourd'hui...
Mme Deschênes (Dominique) : Dominique
Deschênes, sous-ministre adjointe à l'Énergie.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Est-ce que nous avons consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme la sous-ministre, je vous laisse la parole.
Mme Deschênes (Dominique) : Donc,
oui, c'est vrai que l'électron n'est pas tagué. Mais, quand même, quand Hydro
fait son bilan auprès de la Régie de l'énergie sur les plans
d'approvisionnement puis ce qu'il a desservi au niveau du marché québécois, il
lui remet un tableau sur les mentions. Ça fait que l'électron n'est pas
traçable dans le réseau. Mais, principalement, les ressources hydrauliques sont
considérées normalement dans le bloc patrimonial. Donc, on les considère.
M. Bouazzi : Ma question,
c'est : Est-ce que donc ces électrons hydrauliques, appelons-les comme
ça... Et puis, d'un point... On est d'accord que, qu'ils viennent du vent ou de
l'eau, ça ne change rien, c'est de la comptabilité. Est-ce qu'ils sont
priorisés pour la consommation québéco-québécoise, si on veut, au Québec, ou
ils sont répartis de manière proportionnelle sur ce qu'on vend sur des contrats
qu'on a signés avec les Américains, par exemple, et/ou sur le marché spot et la
consommation québécoise, ou au contraire ils sont priorisés dans ce qu'on vend
à l'extérieur du Québec?
Et, si je prends le chiffre de 90 %
de patrimonial dans la consommation québécoise, pour que ce chiffre-là
fonctionne que Mme la ministre nous avait donné, bien, il faudrait que le
patrimonial soit priorisé pour la consommation québécoise. Donc, nous, on a 160
de patrimonial, ensuite on a 12 plus 15, 27, à peu près, de... ou une trentaine
qui ne l'est pas, c'est ça, 30 térawattheures qui ne l'est pas et, sur le 30,
bien, la majorité de ce qui n'est pas patrimonial rentrerait dans la
comptabilité de ce qu'on vend sur le marché spot. C'est possible, ça, ou... On
le distribue comment, le patrimonial?
Mme Deschênes (Dominique) : Bien,
comme on dit, le bloc patrimonial est principalement destiné au marché
québécois. Mais, quand il a été déterminé à l'époque en 165 térawattheures, on
ne le consommait pas tout... pas au complet.
M. Bouazzi : Exact, et il y
en avait une partie qui partait, oui.
Mme Deschênes (Dominique) : Donc,
avec le temps, maintenant on est rendu qu'on le consomme, donc tout ce qui est
hydraulique est principalement destiné au marché québécois.
M. Bouazzi : Exact.
Mme Deschênes (Dominique) : Mais
ce n'est pas une priorité qui est absolue au jour le jour ou l'heure, ça dépend
vraiment des circonstances de l'hydraulicité, par exemple, de la température
qui est...
M. Bouazzi : De ce qui est
disponible, dans le fond?
Mme Deschênes (Dominique) : Exact,
oui. Mais c'est...
M. Bouazzi : Donc, si à un
moment il y a beaucoup de vent et que nous, on n'utilise pas l'électricité,
bien...
Mme Deschênes (Dominique) : Hydro-Québec
va optimiser en fonction...
M. Bouazzi : Et on va vendre,
c'est ça, et puis... O.K. Et alors, ma question, c'est par rapport à ce qu'on a
adopté hier. C'est hier, là, qu'on avait dit qu'Hydro-Québec Distribution
priorise, en gros, l'électricité intermittente. Honnêtement, je perds la notion
du temps, c'est peut-être avant-hier, mais en tout cas, disons il n'y a pas
longtemps, il n'y a pas longtemps. Est-ce que ça voudrait dire en fin de compte
qu'on priorise le non-patrimonial pour la consommation québécoise, justement?
Mme Deschênes (Dominique) : Bien,
en termes de comptabilité, là, le fait que le bloc patrimonial est très...
19 h 30 (version non révisée)
Mme Deschênes (Dominique) : ...est
très peu cher, là, c'est destiné principalement au marché québécois, ça, c'est
priorisé pour que le coût pour les Québécois soit le moins dispendieux
possible. Si on parle d'approvisionnement puis d'électrons, là, c'est un autre
aspect, là.
M. Bouazzi : Donc, ce qu'on
a... O.K., je comprends. Donc, ce qu'on a adopté hier qui dit qu'on consomme
avant tout l'intermittent, dans la distribution, ce n'est pas... ce n'est pas
la comptabilité, c'est l'électron.
Mme Deschênes (Dominique) : Exact.
M. Bouazzi : O.K. D'accord,
je... d'accord. Bon. Maintenant, si on revient à l'amendement dans son détail,
juste pour dire que, nous, on pense, c'est une bonne idée effectivement d'avoir
un petit 3 heures où il y a des échanges d'informations pour mieux
comprendre la situation au minimum. Ça fait que j'informe mes collègues qu'on
va appuyer l'amendement.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
M. le député. D'autres interventions en lien avec le sous-amendement? M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Donc, c'est un
amendement... c'est un sous-amendement qui vise à faire en sorte qu'on a un
minimum de dialogue social sur une disposition vraiment importante. Est-ce que
la ministre... En fait, comment... comment la ministre évalue-t-elle le niveau
de consultation et d'acceptabilité sociale de cette disposition précise
actuellement? Commençons par la consultation. Comment elle qualifierait les
consultations qu'elle a menées ou pas avant de présenter cet amendement?
Le Président (M. Montigny) : Alors,
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien, je
rappelle que c'est un... une proposition... comment dire, une proposition qui
est dans l'espace public à l'effet de plafonner à 3 % depuis plusieurs
mois. Je voudrais mentionner que, dès la prise de mes responsabilités, ça
faisait partie du discours. Et il y a des groupes, comme on a vu, qui se sont
prononcés dans le cadre de la commission qu'on a eue en début d'automne. Alors,
ça a été discuté publiquement, l'objectif comme tel de plafonner à 3 %, et
en Chambre également.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci, Mme la ministre. M. le député de Jean-Talon. Alors, je reprends
vos mots, c'est dans l'espace public que vous voulez plafonner à 3 %.
Voulez-vous me dire où, dans votre article 52.4.1, on voit le 3 %? Où
est-ce que c'est... Où est-ce que c'est dit que c'est 3 %, cet article-là?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui. Comme je
l'indiquais précédemment, l'article donne la possibilité d'établir un taux.
Nous, ce taux-là, on a annoncé qu'il était de 3 %.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Jean-Talon.
Mme Fréchette : Donc, dans la
réponse précédente, vous me dites : C'est dans l'espace public qu'on va
plafonner à 3 %. Et là, dans la réponse suivante, vous me dites : L'article
donne la possibilité de plafonner. Est-ce que vous convenez que ce n'est pas la
même chose?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Je me suis
prononcée déjà sur l'intérêt de l'amendement qui est proposé. Donc, je
proposerais qu'on revienne au libellé de l'amendement et qu'on poursuive les interventions
des collègues, s'il y a lieu.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Mais je
comprends qu'il n'y a pas de réponse, parce que, la réponse, tout le monde l'a
comprise en écoutant l'échange qu'on vient d'avoir, ce n'est pas la même chose.
Et pourquoi je pose la question, c'est parce qu'ici on parle du problème avec
le niveau de consultations. Le projet de loi sur lequel il y a eu des
consultations publiques, ce n'est pas ce qu'il disait, il disait quelque chose
de complètement différent, pas juste : On a fait un petit ajustement, on a
eu une petite coquetterie de libellé législatif, ce n'est pas de ça dont on
parle, on parle d'un changement radical. Je ne veux pas répéter le nom du jeu
de cartes, je ne veux pas bouleverser le député de Dubuc une nouvelle fois,
puis il ne m'a pas d'ailleurs suggéré encore un autre nom pour ce jeu de cartes
bien connu au Québec, mais...
M. Paradis : …mais c'est ça
qui s'est passé. C'est une révolution dans le sens, un changement complet de
l'ordre législatif, c'est de ça dont on parle. Ici, le député de
Jacques-Cartier essaie de sauver le minimum, et c'est pour ça que, compte tenu
des deux réponses qu'elle vient de nous donner, que, sur la place publique,
elle a dit : Plafonner à 3 %, mais que l'article, ce n'est pas ça du
tout ce qu'il dit. L'article donne la possibilité au gouvernement de plafonner
au taux qu'il détermine en fonction d'intérêts politiques, parce que ça, on l'a
déterminé dans nos échanges précédents.
Donc, quelle note d'auto-évaluation la
ministre se donne-t-elle ou donne-t-elle à son gouvernement quant au niveau de
consultation sur la solution qu'elle propose ici? Et je vais faire comme mon
collègue de Maurice-Richard, je vais rappeler qu'il s'agit d'amendements qu'on
a reçus en liasse. Donc, ça veut dire qu'on nous a garroché un paquet
d'amendements, alors qu'on était en train de siéger la semaine dernière, et
tout le monde, tous les commentateurs qui ont vu ça disent exactement la même
chose. Ça change radicalement le projet de loi.
Je lui repose la question parce que je ne
lui ferai pas de surprise. Mon point après, c'est : ce projet de loi doit
être retiré pour qu'il y ait le dialogue social, national dont on a besoin sur
comment on gère notre secteur de l'énergie et qui va payer quoi comme facture
d'électricité. C'est ça, mon point. Alors, si la ministre ne veut toujours pas
retirer le projet de loi n° 69, quelle note se donne-t-elle? Mettons, sur
10, sur la qualité, la quantité, l'ampleur des consultations qu'elle a menées
publiquement sur l'article qu'elle nous propose, qui va être le cœur,
désormais, de… du régime tarifaire québécois.
• (19 h 40) •
Le Président (M. Montigny) : Alors,
M. le député de Maurice-Richard, vous avez demandé la parole.
M. Paradis : Non, mais est-ce
que… est-ce que la ministre comptait répondre, ou pas?
Le Président (M. Montigny) : Bien,
moi, je ne veux pas couper la parole à Mme la ministre, là, mais...
Mme Fréchette : Mais j'ai dit
que j'allais écouter les interventions en lien avec la proposition, mais là je
ne pense pas qu'on soit sur la proposition. Si on parle de donner une note sur
10 de l'évaluation du processus, je pense qu'on n'est pas sur l'amendement.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
M. le député de Maurice-Richard, vous aviez demandé la parole. Bien, c'est
parce qu'il me l'a demandée à plusieurs reprises, puis je veux juste assurer
l'équilibre. M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Si c'est juste
une phrase, oui, allez-y.
Le Président (M. Montigny) :
Allez-y, allez-y, M. le député, d'abord, de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien, c'est
parce que la ministre dit que ça n'a pas rapport, mais c'est exactement ça dont
on parle. La proposition de sous-amendement du député de Jacques-Cartier
cherche à sauver le minimum de dialogue démocratique sur le cœur de ce que va
être le régime tarifaire québécois à partir de l'adoption du projet de loi
n° 69. Donc, c'est complètement pertinent. C'est de ça dont on parle. Si
vous me disiez, Mme la ministre : J'ai eu plein, plein, plein de
consultations, puis tout le monde au Québec est d'accord, on pourrait
dire : Bon, le sous-amendement n'est peut-être pas nécessaire, mais c'est
l'inverse, il y a eu zéro consultation là-dessus, zéro, zéro. Donc, est-ce que
vous voulez répondre de nouveau sur l'auto-évaluation que vous faites de la
qualité et de la quantité de consultations que vous avez faites sur cet article
pour nous dire pourquoi le sous-amendement devrait être rejeté ou accepté?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Pour le bénéfice de tous, simplement rappelez à l'ensemble des membres de
la commission que c'est au choix de la ministre de répondre ou non, là. Ce
n'est pas à moi de l'obliger à répondre. Alors, simplement. Alors, M. le député
de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je vais revenir, malheureusement, aux questions de chiffres, et je
regarde peut-être les gens autour de vous, Mme la ministre, dans l'amendement.
Parce qu'il est… il est vrai qu'effectivement l'électricité patrimoniale est
priorisée pour la consommation québécoise. Pas de problème. Il est vrai aussi
que, quand on a commencé ça, il en restait, il y en avait des surplus, ça fait
qu'on en vendait aussi, de la patrimoniale, à l'extérieur. Aujourd'hui, on
dépasse, on dépasse de pas beaucoup, mais on dépasse, on est autour, on est un
peu plus, mais bref, on est capable de la consommer au complet pour les les
industries, les PME et les Québécois sur le territoire.
Et donc, sur le 160… sur le
200 térawattheures qu'on produit, il y a en 165 qui est patrimonial, il
reste au Québec, il y en a 12 qui ne vient pas du patrimonial, qui reste au
Québec, et puis il y en a 15 qui est vendu à l'étranger, et donc qui n'est pas
patrimonial. Est-ce qu'on est d'accord? C'est ça aujourd'hui la situation.
Techniquement, ça vient des chiffres de… du rapport…
M. Bouazzi : ...d'Hydro, là,
ça fait que ça devrait être bon.
Et là, ce qui m'inquiète énormément, et
j'espère avoir mal compris, c'est que dans ce qu'on a adopté hier, ce qu'on
dit, c'est «les coûts des approvisionnements en électricité autres que ceux
visés aux paragraphes - etc., donc ça, c'est ce qu'on a... c'est l'amendement
de l'article 33, 52.2, là - toutefois, en cas d'approvisionnement
excédentaire au cours d'une année tarifaire, les coûts des approvisionnements
en électricité visés au premier alinéa sont établis de manière à tenir compte
d'abord de l'ensemble des coûts des contrats d'approvisionnement en électricité
dont la livraison ne peut être reportée et ensuite d'une partie des coûts des
autres approvisionnements en électricité.»
Est-ce que je comprends bien qu'à partir
du moment où ce projet de loi est adopté, la partie non patrimoniale est
priorisée pour la consommation au Québec? Parce que, ça, c'est de la
comptabilité. Ce n'est pas des électrons, là. On parle de coûts.
Le Président (M. Montigny) : Alors...
Alors, Mme la sous-ministre, vous avez la parole.
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Mme
la sous-ministre. Oui, maintenant, ça va. Merci.
Mme Deschênes (Dominique) : Merci.
Dans le fond, ce qu'on... ce qu'on expliquait hier, c'est qu'on va valoriser
les contrats fermes en premier. Ce n'est pas nécessairement des nouveaux
projets éoliens. Ça peut être des contrats existants aussi d'échange d'énergie
avec des provinces voisines. C'est ça... C'est ça qu'on voulait dire. On passe
les contrats fermes en premier. Puis, quand on est capables stocker de
l'énergie par des barrages, tout ça, bien là, eux, on va les optimiser. Mais ça
ne veut pas nécessairement dire que... On ne cherche pas à dire que le
Québécois va payer plus cher puis il va payer tous les nouveaux
approvisionnements en premier. C'est... C'est... Ce n'est pas ça l'objectif de
l'amendement, là.
M. Bouazzi : Je comprends.
Mais j'essaie juste de comprendre où on continue à assurer que l'électricité
patrimoniale est priorisée pour la consommation québécoise. Et, moi, ce que je
lis de cette phrase-là, c'est exactement l'inverse. Parce que cette phrase-là
est rattachée à la distribution qui, elle, est rattachée à la consommation
locale. Et, ce qu'elle dit, c'est qu'«on priorise d'abord l'ensemble des coûts
des contrats d'approvisionnement en électricité dont la livraison ne peut être
reportée.» On est d'accord que ce n'est pas la patrimoniale, celle-là. Il y a
peut-être d'autres... d'autres barrages qui ne sont pas patrimoniaux que ça
peut être reporté. Mais, «les contrats d'approvisionnement en électricité dont
la livraison ne peut être reportée», ce n'est pas la patrimoniale. Et, hier, on
parlait d'intermittent clairement. Parce que, si c'est le cas, c'est un...
c'est un terrible... c'est un immense changement, là, mais vraiment immense,
là. Et puis, si vous arrivez à garder le 3 %, je n'aimerais pas être une
PME ou une industrie, hein?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Mme la ministre, je vous laisse la parole.
Mme Fréchette : Oui. Bien, M.
le Président, j'inviterais le député de Maurice-Richard à s'en remettre à
l'article 111 du projet de loi, où il est mentionné que «la société doit
assurer par tout moyen les approvisionnements requis pour la satisfaction des
besoins des marchés québécois en électricité patrimoniale pour un volume de
165 térawattheures.» Donc, «doit assurer par tous les moyens les
approvisionnements requis pour la satisfaction des besoins et des marchés
québécois en électricité patrimoniale pour un volume de 165 térawattheures.»
M. Bouazzi : Et comment on
concilie cette phrase-là avec le fait qu'on doit prioriser l'électricité... les
contrats fermes d'électricité intermittents dans l'amendement? Ou il y a un
problème de cohérence entre les deux articles.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
M. Bouazzi : Excusez-moi. Le
111, il fait 12 pages, là.
M. Marois (Samuel) : ...
M. Bouazzi : Ah, le
premier...
Des voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Tout
simplement, pendant la période de... juste rappeler, là, pour le bénéfice de
tout le monde que nous sommes à l'étude du sous-amendement à un amendement qui
a été déposé à l'article 35.2.
Mme Fréchette : ...
M. Bouazzi : Je vais
demander...
Le Président (M. Montigny) : M.
le député.
M. Bouazzi : Oui. Une
suspension, juste le temps de lire ce que nous a... ce dont nous a parlé la
ministre.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 19 h 50)
20 h (version non révisée)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons donc nos travaux. Nous sommes toujours à l'étude du
sous-amendement à l'article 35.2. Est-ce qu'il y a des interventions? M. le
député de Jean-Talon.
M. Paradis : Bon. Donc, on
est sur un sous-amendement qui vise à assurer un minimum de dialogue social sur
ce changement fondamental. J'aimerais savoir, parce que j'imagine que, bon, la
ministre ne semble pas en faveur de ce sous-amendement là : Est-ce qu'elle
est au courant, depuis que son amendement a été déposé, 52.4.1, donc l'amendement
principal qu'on veut sous-amender... est-ce qu'elle est au courant d'une
organisation, d'une association de groupes qui se sont prononcés en faveur de
ce qu'elle propose? Puis on l'a dit tout à l'heure, c'est elle qui l'a bien
identifié, on ne parle pas du plafonnement à 3 %. On dit de donner au
gouvernement le pouvoir discrétionnaire de plafonner ou pas au taux qu'il
décide lui-même. Est-ce qu'il y a quelqu'un quelque part, dans la dernière
semaine, qui s'est prononcé en faveur?
Le Président (M. Montigny) : Mme
la ministre.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. On m'a déjà posé la question antérieurement, donc j'ai déjà répondu.
Merci.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Jean-Talon.
M. Paradis : La réponse
est... la réponse est non, à ce que je sache. Par contre, la ministre semble
réussir quelque chose d'assez extraordinaire, elle réussit à faire pas mal l'unanimité
contre cette proposition. Le professeur des HEC Montréal, Sylvain Audette, qui
a fourni des conseils stratégiques au gouvernement, l'an dernier, sur la
planification énergétique : «C'est scandaleux. Michael Sabia ne peut
plus... ne veut plus de pouvoir juridique dans ses pattes, et Legault est d'accord.»
C'est lui qui dit ça. Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche du Conseil
du patronat du Québec : «Les modifications proposées sont majeures et
viennent diluer significativement le rôle de la Régie de l'énergie. En matière
d'énergie, la prévisibilité, la transparence et l'équilibre entre les parties
sont essentiels. En retirant des pouvoirs à la régie sans consultation
suffisante, nous politisons le dossier de l'énergie et compromettons un
processus éprouvé, sur lequel les acteurs économiques s'appuient pour planifier
leurs investissements à long terme.»
François Vincent, de la Fédération
canadienne de l'entreprise indépendante : «C'est le pire changement que la
ministre pourrait faire avec son projet de loi. Ce serait tourner le dos aux
PME.» Julie White : «Dans le contexte tarifaire que nous connaissons et
qui exerce déjà une pression importante sur les entreprises, il est essentiel d'éviter
toute mesure qui viendrait alourdir davantage leur fardeau. Les entreprises ont
besoin de conditions stables et prévisibles, qui permettront de soutenir leur
compétitivité.» Option consommateurs, qu'on citait tout à l'heure, voici ce qu'ils
disent : «Estime qu'il est essentiel de dépolitiser la fixation des tarifs
d'électricité et de respecter les décisions prises par la Régie de l'énergie
pour éviter des hausses marquées à l'avenir.» Jean-Pierre Finet, du
Regroupement des organisations en environnement et en énergie : «Une bombe
tarifaire à retardement.»
On n'a pas pu avoir de consultations. À
défaut, j'en propose ici un petit florilège. Qu'est-ce que la ministre pense de
tout ça?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Des interventions? Est-ce qu'il y a d'autres interventions en lien avec l'article
35.2?...
Le Président (M. Montigny) : ...Non?
Il n'y a pas... Oui, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président, peut-être une question pour la ministre ou pour Me Marois. Si...
Vous le savez, s'il y a une autre instance ou une commission existe...
excusez-moi, que cette... l'idée existe dans un projet de loi, une autre...
excusez-moi, dans une autre loi où le ministre doit aller en commission pour
discuter un décret.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Très bien. Merci, M. le député.
Mme Fréchette : Personnellement,
je n'ai pas d'exemple à vous soumettre.
M. Kelley : Bon. C'est
correct. Peut-être on est en train de créer un précédent, M. le Président. Puis
on aime ça, on est créatif, là, c'est une bonne chose, M. le Président, mais je
pense que... Encore, juste répéter, cet amendement propose une façon de
peut-être ouvrir le débat plus large pour avoir une discussion sur les
éléments... un élément qui est très important pour notre société, mais, je
comprends, on a fait le tour. Je vais remercier mes collègues qui ont fait des
interventions et pour l'appui.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Très bien. M. le député de Jean-Talon, toujours sur le sous-amendement à
l'article 35.2.
M. Paradis : Si cet
amendement est refusé puis qu'il n'y a pas eu de consultation, est-ce qu'il y a
quelque chose qui peut être fait pour ouvrir le dialogue? Parce qu'on vient de
voir quelles sont les réactions d'à peu près tous les intervenants dans le
secteur de l'énergie sur cet article-là, qui est vraiment, vraiment, vraiment
important, révolution tarifaire au Québec, puis il n'y en a pas, là,
d'organisation qui appuie la ministre. Est-ce qu'elle propose quelque chose?
Parce qu'actuellement... je ne sais pas comment... Il y a une chanson de Roch
Voisine qui me vient en tête, «Seul sur le sable, les yeux dans l'eau».
Une voix : ...
M. Paradis : Vous êtes bien
seule, Mme la ministre, là, le gouvernement de la CAQ est bien seul. Vous ne
trouvez pas?
Le Président (M. Montigny) : M.
le député de Dubuc.
M. Tremblay : Ce n'est quand
même pas La mélodie du bonheur.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
M. le député de Dubuc. Mme la ministre, peut-être? Mme la ministre.
Mme Fréchette : Bien, j'ai
une suggestion, en fait, de soumettre l'amendement au vote. Alors, ce serait ma
proposition.
Le Président (M. Montigny) : Bien.
M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : C'est
intéressant, la suggestion de la ministre, parce que ça exprime la vision de la
démocratie. Parce que, là, c'est sûr, on va soumettre ça au vote, puis les
députés du groupe ministériel ont la majorité puis vont battre l'amendement.
C'est ça, le problème. Puis avoir la majorité dans un Parlement, c'est une
chose, mais consulter la population et les parties prenantes sur la pièce
maîtresse de ce projet de loi ou, en tout cas, une des pièces maîtresses... Ah!
bien oui, absolument, Mme la ministre, vous changez complètement le régime
tarifaire au Québec. Puis pourquoi? Pourquoi c'est arrivé, pourquoi c'est
arrivé à la fin dans une liasse d'amendements qui nous sont présentés à
quelques jours de la fin de la session parlementaire alors qu'on a déjà
commencé après les consultations particulières? Il fait un, deux, trois,
quatre, cinq, cinq lignes, votre amendement. C'est parce qu'il n'était pas prêt
il y a deux ans? Je voudrais comprendre le pourquoi ça nous est arrivé à la
dernière minute comme ça, qu'est-ce qui explique ce changement radical. Puis,
en plus, vous aviez déjà adopté votre décret, là, dont il est inspiré. Ça,
c'était au mois de mars. Puis votre politique, c'est vous-même qui l'avez
annoncé il y a des mois. Qu'est-ce qui fait qu'on reçoit ça à deux semaines?
Ça, est-ce qu'il y a... est-ce qu'il y a une réponse à cette question-là ou ça
va demeurer sans réponse?
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Je vous rappelle pour les auditeurs que nous sommes toujours à l'étude du
sous-amendement de l'article 35.2 déposé par le député de Jacques-Cartier.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Bien,
j'aimerais, en fait, mentionner que la pièce maîtresse de ce projet de loi là,
c'est le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques. C'est un
exercice qu'on fait pour la première fois au Québec. Et on consulte l'ensemble
des acteurs intéressés par le secteur de l'énergie et on est en train de tenir
une tournée. Et d'ailleurs c'est mon collègue, notre président de commission,
qui pilote cette tournée, qui est allé dans un ensemble de régions. Je pense
qu'on a un total de 14 régions qui sont visitées. On consulte les
Québécois, on veut les entendre sur le mix énergétique du Québec des
25 prochaines années. C'est la première fois que ça se fait. C'est la
première fois qu'on consulte les...
Mme Fréchette : ...et on le
fait en collaboration avec les acteurs du milieu pour justement s'engager dans
un processus qui va nous faire avancer sur la voie de la transition
énergétique.
Le Président (M. Montigny) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions en lien avec le sous-amendement? Oui, M. le
député de Jean-Talon, vous avez la parole.
M. Paradis : Encore une fois,
cette réponse-là, elle est illustrative. La ministre nous dit: Bien oui, la
réponse à ça, c'est qu'on va faire des consultations pour le prochain plan de
gestion intégrée des ressources énergétiques, mais je vais avoir décidé avant,
parce que la ministre ne s'est pas engagée. Depuis plusieurs jours, on lui a
demandé. À moins qu'elle me dise le contraire aujourd'hui, mais elle ne s'est
pas engagée à ne pas procéder par bâillon et elle ne veut pas retirer le projet
de loi n° 69. Donc, elle va déjà avoir tout décidé
par bâillon, le Québec va être pris avec ça, puis les gens auront beau dire: Ce
n'est pas ça qu'on voulait, on ne vous a jamais demandé ça, vous ne nous avez
pas consultés, il va être trop tard, le gouvernement va déjà avoir donné la
réponse, comme c'est le cas dans tout son projet de loi parce qu'elle écarte la
régie, elle écarte les règles de fixation des tarifs puis elle dit: C'est moi
qui vais la donner, la réponse.
• (20 h 20) •
Le Président (M. Montigny) : D'autres
interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. Je vais prendre le temps d'exercer mes droits constitutionnels. I think it's important, right now, because our people, they do
listen to us on occasion, in English, so...
Comme je dis à mes
collègues, je ne vais pas... je ne vais pas dire des choses que je n'ai pas
déjà dites en français, je veux juste répéter ce que j'ai dit en français en
anglais.
I think it's important just to situate where we are,
because this is a very important discussion, debate for all Quebeckers of all walks of life. So, the Government, just to recap why I tabled this... oh boy, now, I have got to
translate « sous-amendment »
en anglais... a sub-amendment, a sub-amendment, there we go, yes... a
sub-amendment to the amendment, and the amendment that
the Minister tabled, which will, at some point in time, become an article
that's completely new, that's being introduced into this piece of legislation.
We'll give the Government
the ability to pass by a decree, the order, which will go to the Régie de
l'énergie to say : Well, the Government would like us to have tariffs
fixed at this certain rate, and the example that we're using right now, of
course is the fact that the Government has made the promise, the engagement
politically, to make sure that that is capped at 3%, which is, you know, a
political decision that is made, and it's what the amendment does, it's that it
gives that Government a pretty large amount of the discretionary power. And it
turns our discussion about rates... it turns them into something that becomes
quite political.
And we can just think,
Mr. President, of the... or Mr. Speaker, it's always hard to know, but we'll
stay in one or the other, I'll say Mr. Speaker, that anytime we're going
towards an election, well, the Government can just say : Well, I'm going
to put it, you know, at 2% or I'm going to even put it down to 0% over two
years, nobody in Québec, elections coming up, we're going to keep your
electricity bills at the same rate, nothing's going to change. It's quite a
tremendous power, it's quite an important power that we're handing over and I
think it's important again to concentrate the discussion back on the fact that
we're going to keep things at 3%. We... the Government has said and
Hydro-Québec has said that the rates for our large industrial players and our
small and medium businesses will be around 4% to 5%, and that should be OK to
cover the 150 billion dollars that Hydro-Québec intends to invest in Québec
between here and 2035. For us, as opposition critics, it's difficult because we
don't have all the studies from Hydro-Québec, we don't have all the data before
us to know... all really add up is the mathing, as I said before.
So, again, the impact is
the fact that we're keeping it at 3%. There are direct links to what's going to
happen to our businesses, whether they be large or small or medium. And what
we're seeing right now is that those rates are increasing and we know that at
least for the next couple of years, there will be 5%, 5%, 5% and the result of
that is, if you think of the small little shop in your, you know, your local
village, your local depanneur, local coffee shop, the local restaurant, the
local drycleaner, whatever may be, those small, smaller businesses, well,
they're...
M. Kelley :
…rates are going to go up and
it could be thousands of dollars for them on a year. And we know that more
often than not, it's 1 or 2 people who own the business together, employ a few
people from the community, and they're going to have to look at, you know, the
revenues that are coming in, their expenses, and say : Well, maybe this
year we can't hire more people or, you know, we're going to have to force
people to pay more for our products. So, in the end of the day, well, I'm not
having my bill go up by more than 3%. Well, you know, maybe the bill of the dry
cleaners is going to go up by 4%, by 5%, you know. And, in the end, if you go
across the board that all of our small, medium businesses have to do that, the
large industrial players, it adds up and it's going to come out of the pocket
of Quebeckers and the consumer
anyways.
So, it's a fundamental
discussion and it's one that is worth having. And the reason why we tabled this
is to say, well, the government can go ahead and do that, the minister can
speak around the cabinet table, take a decision with her fellow colleagues with
the Premier's office and say: We're going to do this. Maybe even talk to
Hydro-Québec. But we, as an opposition, don't have our word, we don't have a
moment to necessarily criticize. This decision is just made, and then we all kind
of have to live with it. What my sub amendment to the amendment proposes, is
that at least in parliamentary commission, we start… we would ask that there be
a parliamentary commission of three hours where the minister would come,
present the arguments for why is it necessary to send this decree to the Régie
de l'énergie to keep electricity rates capped at whatever percentage it could
be, and put all the data before us. But more importantly than just consult with
the opposition parties, allow enough time for civil society to also examine the
proposal, what is taking place and give their feedback. I think that's one of
the crucial elements is missing from this extremely important amendment that
the government has tabled, is that democratic ability to exercise everyone's
right to consult, to have their voices heard, and not just go through the
media, or as I mentioned before in question period, where you have one minute
as an opposition critic to pose your first question, 30 seconds for the second,
and 30 seconds for the third, or the minister responds, 1 minute 15, 45, 45
seconds. It's short. It's not something where you can go into depth about the
importance of something like this that will have an impact on our society over
the long term.
So those are the principal
reasons why I thought it was important among my colleagues… it was important to
at least put this forward. It's a minimal. It's plan, not a, b, c, it's d. This
is the last option. We're just trying to get a little bit of a change or trying
to get an openness to try and have an ability to have a more democratic process
around the discussion of electricity rates, because it's a bit lopsided right
now. There's a tremendous amount of power on one side in the hands of the
government, in the hands… for them to decide something that is crucial and has
an impact on our entire society and economy. So those are the reasons. This is
what we're discussing. If anyone out there is trying to fall asleep or, you
know, wants to learn a little bit more about what we're studying in Bill 69,
and they ended up falling on this and cop this little intervention in English.
I just thought it's important because this is one of the most crucial
amendments, probably of the entire bill.
Alors, merci
beaucoup, M. le Président, pour l'écoute. Puis, encore, j'espère que le
gouvernement va réfléchir un petit peu, mes collègues du côté gouvernemental
vont dire : Finalement, le député de Jacques-Cartier, il a vraiment eu des
bons arguments, puis je vais voter en faveur du sous-amendement qu'il a déposé
cet après-midi. Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup. M. le député de Jean-Talon, vous avez demandé la parole.
M. Paradis : C'est
intéressant. Ça me trotte dans la tête, là, ce que la ministre a dit juste
avant que : Ah, la pièce maîtresse, finalement, ce n'est pas ce dont on
est en train de discuter, c'est le PGIRE, le Plan de gestion intégré des
ressources énergétiques. Moi, je ne pense pas que ce soit le cas, mais si c'est
le cas, alors pourquoi déjà avoir cadenasser la route que les gens vont
pouvoir... vont devoir suivre? Parce que là, on donnerait déjà une grande
partie des réponses dans le projet de loi n° 69. Pourquoi ne pas l'avoir
fait avant? Parce qu'on avait déjà le plan d'Hydro-Québec qui, déjà, aussi,
trace la voie. Puis là, maintenant qu'on voit que le gouvernement et
Hydro-Québec marchent main dans la main, là, gambadent ensemble, bien, ça
semble déjà tout décidé. Mais, surtout, si c'est ça, si c'est le PGIRE qui est
la pièce maîtresse, mais alors je pose la question à la ministre :
Pourquoi radicalement changer le régime tarifaire...
M. Paradis : ...processus
de fixation des tarifs. C'est elle... C'est moi, en disant : C'est le PGIR
le plus important. Pourquoi ne pas l'avoir fait avant? Et pourquoi changer
radicalement le processus tarifaire?
Le Président (M. Montigny) :
Très bien.
Mme Fréchette : M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) :
Allez-y.
Mme Fréchette : Je me suis
prononcée déjà sur la proposition d'amendement. J'ai exprimé mes vues. Merci.
• (20 h 30) •
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Merci, Mme la ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors, comme il n'y a pas d'intervention en lien avec le sous-amendement à
l'article 35.2, nous pouvons passer à la mise aux voix par appel nominal.
Merci. Mme la secrétaire, par appel nominal.
La Secrétaire
: Pour,
contre, abstention. M. Kelley (Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Pour.
La Secrétaire
:
Mme Garceau (Robert-Baldwin)?
Mme Garceau : Pour.
La Secrétaire
:
M. Bouazzi (Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
La Secrétaire
:
Mme Fréchette (Sanguinet)?
Mme Fréchette : Contre.
La Secrétaire
:
M. Bussière (Gatineau)?
Une voix : Ce n'est pas fini.
Ce n'est pas fini.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Montigny) :
Alors, nous reprenons le vote. À l'ordre, s'il vous plaît!
La Secrétaire : M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
La Secrétaire
:
M. Sainte-Croix (Gaspé)?
M. Sainte-Croix :
Contre.
La Secrétaire
:
M. Tremblay (Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
:
M. Poulin (Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire
:
M. Montigny (René-Lévesque)?
Le Président (M. Montigny) :
Abstention. Alors, le sous-amendement à l'article 35.30 5.2 est
rejeté.
Nous revenons donc à l'amendement à 35.2.
Nous allons prendre le temps d'afficher à nouveau l'amendement. Nous allons
prendre le temps d'afficher l'amendement. Et voici, et nous avons l'amendement.
Nous avions déjà débuté l'étude de l'amendement, nous lui... nous revenons. M.
le député de Maurice-Richard. Vous avez demandé la parole. Je vous laisse la
parole.
M. Bouazzi : Oui. M. le
Président, on vous a envoyé un sous-amendement à cet amendement.
Le Président (M. Montigny) :
Très bien. Nous allons prendre le temps de... Nous ne l'avons pas reçu, nous
allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 32)
20 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 20 h 38)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous avons reçu une proposition de sous-amendement qui a été déposée. Nous
allons l'ouvrir sur Greffier dans quelques instants, sous-amendement qui
provient de M. le député de Maurice-Richard. Il est donc affiché à l'écran. M.
le député, je vous invite à en faire la présentation.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, l'amendement... le sous-amendement. Zut, on a une erreur,
mais c'est juste...
Une voix : L'amendement est
modifié, donc, c'est un sous-amendement.
M. Bouazzi : Ah oui! C'est
parfait. Merci... Donc, l'amendement, à l'article 35.2 du projet de loi, est
modifié par le remplacement du mot «établir» par les mots «indiquer préalablement
à la régie ses préoccupations, conformément à l'article 109.1, est proposé»; et
2° le remplacement des mots «est tenu de»
par le mot «peut».
Le Président (M. Montigny) : On
va juste le monter un peu pour avoir une vue d'ensemble, à cette heure-ci, ça
peut nous aider. Voilà. M. le député, je vous laisse la parole à nouveau.
M. Bouazzi : Alors, je vais
lire donc rapidement : Donc, le gouvernement... Bon, bref, l'idée, c'est d'adoucir...
M. Bouazzi : ...bref, l'idée,
c'est d'adoucir un peu les ordres qui viennent du gouvernement. Et je dois
avouer, Mme la ministre, que je me suis inspiré de votre propre travail, que
vous nous avez... que nous avons adopté hier, donc, à l'article 30 où vous
aviez la possibilité d'indiquer préalablement à la Régie des préoccupations que
la Régie... dans ce qui a trait à la... au... à la fixation des tarifs de
transition pour un consommateur qui passe à une autre catégorie de
consommateurs. Bref, ça vient ici atténuer le pouvoir. Ça vous en laisse, mais
ça laisserait aussi la marge de manœuvre du tribunal, et donc ça laisserait le
tribunal jouer, jouer son rôle par rapport à sa prérogative qui est de fixer
les tarifs.
• (20 h 40) •
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, très bien. Merci, tout le monde! Merci. Alors, sur cette proposition
d'amendement, Mme la ministre, on vous écoute.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Donc, bien, je rappelle en fait que notre engagement pour plafonner
à un maximum de 3 % la hausse tarifaire pour le tarif domestique pour
Hydro-Québec, mais c'est un engagement ferme. Alors, pour nous, un décret de
préoccupation ne pourrait pas nous permettre de respecter notre engagement
parce que c'est une invitation à ajouter un élément additionnel à la réflexion
de la Régie, un décret de préoccupation. Et dans notre cas, c'est un
engagement. Alors, ce n'est pas compatible, je dirais, avec notre ambition,
notre intention, notre engagement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. M. le député.
M. Bouazzi : Oui. Le
problème, Mme la ministre, c'est qu'à long terme, là, disons sur 10 ans,
l'idée de plafonner à 3 %, si vraiment on va construire toute cette
nouvelle électricité et qu'on va la consommer, bien, c'est une promesse qui
sera à peu près impossible à tenir. Grâce à cet amendement, vous pourrez
dire : Bien, on a vraiment essayé, mais la Régie a tout fait mieux. Ça
règle un problème pour vous aussi, là, et puis ça permet, si c'est correct,
d'avoir le 3 %. Vous avez dit qu'Hydro-Québec pouvait vivre avec le
3 % aussi. Ça fait que tout le monde serait heureux et on respecterait. Je
ne vais pas développer plus. Peut-être que mes collègues voudront, là? Mais je
pense que c'est une bonne... un bon équilibre qui permettrait peut-être de
rassembler tout le monde, y compris vous, Mme la ministre.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
toujours sur le sous-amendement apporté par le député de Maurice-Richard,
est-qu'il y a des interventions. Il n'y a pas d'intervention. Oui, M. le député
de Jean-Talon.
M. Paradis : Bien, je suis de
fait curieux d'entendre un peu plus longuement la ministre, parce que ça me
semble être un compromis intéressant, c'est-à-dire que le gouvernement peut
agir, indiquer préalablement à la Régie ses préoccupations, conformément à
l'article dont on a déjà discuté 109.1, qui n'est pas encore adopté d'ailleurs,
mais sur lequel on aura des commentaires et proposer un taux maximal, puis
ensuite, la régie décide.
J'imagine encore une fois et je...
peut-être que le député de Maurice-Richard pourra le préciser, là, pour moi, ça
ne serait pas un plan A. Moi, je pense que le plan A, c'est de retirer
complètement cet article, cet amendement à 52.4.1 pour toutes les raisons dont
on a déjà discuté, on change radicalement le régime, personne n'a été consulté
là-dessus, et surtout que personne n'est d'accord actuellement, personne n'est
d'accord, politisation des tarifs, contournement de toutes les règles qui
existent depuis longtemps pour fixer les tarifs. On sort complètement de la
logique. On calcule les coûts pour fixer les revenus requis, donc à quel tarif
on devrait facturer les Québécois.? Mais on sort de tout ça. Donc, moi, le plan
A, ça serait d'éliminer cet article-là qui vient d'ailleurs, en quelque sorte
boucher un trou dans la coque du navire gouvernemental, parce que cette année,
il a fait ça, mais sans base juridique. Sans... sans que ce soit possible de le
faire. Il a contourné par des trucs dont on a déjà discuté aussi l'utilisation
d'une disposition d'exception, etc. Donc, mon plan A, l'enlever. Ça, c'est
comme un plan de secours. À la limite, au moins ce n'est pas le gouvernement
qui décide de tout, il propose. C'est la logique, hein, d'ailleurs actuellement
de la loi. Le gouvernement tente de se sortir de cette logique-là, mais en
quelque sorte l'amendement nous y... nous y ramènerait et ce qui serait... ce
qui ne serait quand même pas une mauvaise chose, c'est-à-dire que le
gouvernement a le droit de discuter avec la Régie, il a le droit de faire ses
points politiques notamment, dont la ministre nous a parlé, mais ensuite la
Régie décide. Et d'autres sont... ont la capacité aussi de venir dire autre
chose, parce que ça, c'est l'autre problème...
M. Paradis : ...d'autres ont
la capacité aussi de venir dire autre chose, parce que ça, c'est l'autre
problème avec l'amendement proposé, personne ne peut rien dire. Le gouvernement
décide, c'est tranché, c'est terminé. Voici. Là, ici, ça donne l'occasion
d'avoir un dialogue sur la solution proposée par le gouvernement et la comparer
à ce que les autres en pensent, et la régie décide. Je vais voter en faveur de
cet amendement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Autres interventions en lien avec ce sous-amendement? Oui, M. le député
de Jacques-Cartier, vous avez la parole.
M. Kelley : Oui, merci, M. le
Président. Dans le même sens que mon collègue de Jean-Talon, je vais appuyer le
sous-amendement de mon collègue de Maurice-Richard. Je pense, on revient à la
base. Ce n'est n'est pas la solution a ni la solution d, mais c'est une...
c'est entre ça, là, c'est au minimum quelque chose... C'est une bonne avance
selon moi, c'est meilleur que le texte dans sa forme actuelle. Je pense qu'on a
eu une méthode avant, que le gouvernement peut communiquer avec la régie, ça
semble que le gouvernement a utilisé ça. Alors, pourquoi juste garder qu'est-ce
que nous avons déjà en place ou quelque chose similaire. Mais, bref, je pense,
c'est une bonne suggestion. Puis c'est une bonne suggestion, proposition par
mon collègue de Maurice-Richard. Merci beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Très bien. D'autres interventions? Oui, Mme la députée, je vous laisse la
parole.
Mme Garceau : Oui, merci, M.
le Président. Merci pour le sous-amendement, parce que, compte tenu... On
reprend, dans cet amendement, les termes qui sont prévus déjà dans le projet de
loi, particulièrement en ce qui a trait aux préoccupations et, si je me
souviens bien, que ce soit des préoccupations économiques, sociales ou
environnementales. Et c'est important, cet amendement, compte tenu de... le
sous-amendement compte tenu de l'amendement qui a été déposé, parce que cet...
ce sous-amendement fait en sorte qu'on est en train de dépolitiser le processus
proposé maintenant... un nouveau processus proposé par le gouvernement. Puis,
je vais le dire, la mesure... la disposition 52.4.1, elle est antidémocratique.
Elle a été déterminée de façon unilatérale par le gouvernement, sans aucune consultation
des acteurs de la société civile. Et ça, M. le Président, c'est grave, c'est
fondamental.
Et, au moins, on parle d'un engagement du
gouvernement, on veut le maintenir, mais, honnêtement, on ne devrait pas
politiser la régie. L'indépendance de la régie est fondamentale. Le projet de
loi fait en sorte qu'on devrait le maintenir, mais, malheureusement, il y a
d'autres articles qui fait en sorte qu'on est en train d'atténuer ou de
diminuer l'indépendance de la régie. Mais cet article, la disposition 52.4.1
fait en sorte qu'on est en train carrément de politiser le processus, et c'est
vraiment regrettable dans notre démocratie, dans notre société québécoise, M.
le Président. Et donc, à la lumière de ce sous-amendement, que je demanderais à
la banquette gouvernementale de sérieusement considérer, puisque vous pouvez...
C'est une voie de passage, et vous pouvez atteindre l'objectif, l'objectif
souhaité qui serait de fixer des tarifs domestiques ou, au moins, donner votre
opinion à la régie compte tenu de vos préoccupations, parce que le 3 %,
dont vous avez déterminé de façon unilatérale, vous avez des motifs, on espère
que c'est des motifs probablement liés à l'environnement... ou à l'économie, je
devrais dire...
Mme Garceau : ...mais, ceci dit,
c'est une proposition très, très importante, que nous allons appuyer
favorablement.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
est-ce qu'il y a d'autres interventions? Tout à fait, oui, M. le député de
Maurice-Richard.
M. Bouazzi : ...nos collègues,
là-bas, voulaient réagir.
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Alors, très bien, nous allons... mise aux voix de... le... du
sous-amendement à l'article... Juste le remonter, là, par contre... tout le
monde voie, là, la partie du haut. Merci. Alors...
• (20 h 50) •
Une voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Par
appel nominal? Tout à fait, nous allons y aller. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Bouazzi (Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
La Secrétaire
: Mme Fréchette
(Sanguinet)?
Mme Fréchette : Contre.
La Secrétaire
: M. Bussière
(Gatineau)?
M. Bussière : Contre.
La Secrétaire
: M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
La Secrétaire
: M. Tremblay
(Dubuc)?
M. Tremblay : Contre.
La Secrétaire
: M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
La Secrétaire
: M. Kelley
(Jacques-Cartier)?
M. Kelley
: Pour.
La Secrétaire
: Mme Garceau
(Robert-Baldwin)?
Mme Garceau : Pour.
La Secrétaire
: M. Montigny
(René-Lévesque)?
Le Président (M. Montigny) : Abstention.
Alors, le sous-amendement à l'article 35.2 est rejeté. Nous revenons donc à
l'amendement d'origine. Voilà, il est maintenant affiché. Nous sommes de retour
à l'amendement à l'article 35.2. Alors, sur cette proposition d'amendement,
est-ce qu'il y a des interventions? M. le député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : J'ai un dernier
amendement... sous-amendement à déposer, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Allez-y,
nous avons le temps.
M. Kelley : Alors, je demande
une suspension.
Le Président (M. Montigny) : Nous
allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 51)
(Reprise à 20 h 53)
Le Président (M. Montigny) : ...nous
sommes donc de retour pour continuer nos travaux, il nous reste quelques
minutes. Mais nous avons reçu une proposition de sous-amendement, qui est
affichée à l'écran. M. le député de Jacques-Cartier, je vous invite à en faire
la présentation.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, option F, on avance, on continue :
L'amendement introduisant l'article 35.2
du projet de loi est modifié par l'ajout, à la fin, de l'alinéa suivant :
«Le gouvernement doit publier le décret à
la Gazette officielle, au minimum, de 45 jours avant le processus de
révision tarifaire.»
Alors, M. le Président, la raison pourquoi
je dépose ça. Si on ne peut pas avoir une discussion en commission... Je
comprends, la ministre ou... la ministre est probablement trop occupée de faire
quelque chose comme ça. Je comprends, ça arrive que des ministres sont occupés.
Mais ça, ça, c'est simple. Le gouvernement va écrire et préparer un décret, ça
va être fait, il va y avoir des discussions. Alors, le moment que la décision
est prise, avant que c'est... bien, c'est transféré directement au Régie de
l'énergie... ça va être publié, puis on va avoir 45 jours. Pourquoi 45 jours?
Parce qu'on a dit que des règles... c'est comme... les règles. Les règlements,
c'est 45 jours, alors, il y a du logique, ça suit la logique...
M. Kelley : ...alors ça, ça va
permettre, M. le Président...
Le Président (M. Montigny) : Juste
un instant, M. le député. Alors, il nous reste très peu de temps...
M. Kelley : Oui, tout le
monde est excité par l'idée, j'aime ça.
Le Président (M. Montigny) : S'il
vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît, tout le monde! Il nous reste très peu
de temps. Ceux qui ont vraiment besoin de discuter en lien avec le
sous-amendement, faites-le en chuchotant. M. le député a la parole. On aimerait
l'entendre. Merci.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Alors, je pense ça, c'est encore c'est la solution f. C'est loin d'être
parfait. Ce n'est pas meilleur que le dernier amendement que j'ai déposé cela,
sur l'amendement que j'ai déposé. Mais, quand même, le moment que ça, c'est
déposé, on va avoir 45 jours que des gens peuvent prendre connaissance de ce
qui a été écrit, parce que ma collègue a bien pris le dernier décret du
gouvernement. Elle a utilisé plusieurs éléments. Ce n'est pas juste un petit...
avec une coupe des mots. Il y a des explications. Alors, les gens vont avoir,
minimum, 45 jours, dire : Hé! ça, ça arrive. Faire les interventions
auprès le gouvernement, jaser avec la menace, au minimum, lancer un type de
dialogue où le gouvernement, la ou le ministre, les ministres, des fois, on ne
sait pas, mais, au minimum, il va avoir un débat au sein de notre société,
autour de quelque chose qui est hyperimportant. Alors, j'ai hâte
d'entendre ce que la ministre pense de notre solution f, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
très bien. Nous sommes toujours à l'étude du sous-amendement, article 35.2
proposé par M. le député. Alors...
Mme Fréchette : Oui, je vais
prendre un petit moment. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Oui.
Nous allons donc suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 57)
(Reprise à 20 h 59)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous sommes de retour. Par contre... Je vous remercie pour votre collaboration.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne...
Le Président (M. Montigny) : ...ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 20 h 59)