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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
J'inviterais tous les participants à prendre place. La commission
des affaires sociales se réunit afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du ministère de la Santé et des
Services sociaux pour l'année financière 1986-1987. Ce matin,
nous procédons à l'étude du programme 1 de la Régie
de l'assurance-maladie du Québec, tel que convenu entre les deux
partis.
M. le député de Gouin.
Régie de l'assurance-maladie du
Québec
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je voudrais, dans un
premier temps, souhaiter la bienvenue parmi nous ce matin au président
de la régie, le Dr Mockle. Nous sommes heureux de sa présence
parmi nous puisqu'il s'agit d'une des éminences dans le domaine des
différents régimes publics d'assurance-santé dans tout le
Canada. Je profiterai de l'ouverture de l'étude de ces crédits
pour féliciter les fonctionnaires de la régie, évidemment
son président-directeur général, de même que
l'ensemble du personnel, pour la gestion très serrée des sommes
qui sont à leur disposition qu'ils ont su réaliser au cours de
l'année qui vient de se terminer. Il faut souligner, M. le
Président, combien les coûts administratifs de la régie
sont vraiment limités au strict minimum et exprimer notre très
grande satisfaction de voir qu'on poursuit dans cette veine, notamment par une
diminution des coûts administratifs, donc de l'administration
générale de la Régie de l'assurance-maladie, prévus
au budget 1986-1987. Je veux exprimer, au nom de ma formation politique, notre
satisfaction devant ces données et devant les résultats obtenus
jusqu'à maintenant à ces différents chapitres de
l'administration générale de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
Services dentaires aux enfants
Nous aurons un bon nombre de questions è aborder à
l'occasion de l'étude du programme de la Régie de
l'assurance-maladie, mais vous comprendrez, pour des raisons bien
évidentes, que nous amorcerons l'étude des crédits de la
Régie de l'assurance-maladie par le dossier des soins dentaires. Lors du
dépôt des crédits budgétaires le 25 mars dernier,
nous apprenions que Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux
avait décidé d'appliquer une compression de l'ordre de 30 000 000
$ au programme de la Régie de l'assurance-maladie du Québec. Par
la suite, presque a la sauvette, Mme la ministre acceptait de lever un petit
peu le voile sur l'application concrète de cette coupure de 30 000 000 $
et nous apprenions, le 27 mars dernier, soit le Jeudi saint, avant
l'ajournement de nos travaux, que cette compression de 30 000 000 $ à la
RAMQ serait appliquée en totalité au programme de soins dentaires
qui est administré par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec et cela en deux volets: d'une part, une désassurance pour
6 000 000 $ de soins qui sont actuellement dispensés et couverts par le
programme et, deuxièmement, un impôt décrété
sur les enfants qui devrait rapporter, à ce qu'on nous a dit et à
ce qu'on a pu en lire dans le mémoire émis alors par la
ministre...
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, sur une question de règlement.
M. Sirros: Simplement pour corriger une imprécision. Il ne
s'agit pas d'un impôt sur les enfants, les enfants ne paient pas
d'impôt. Il s'agit d'un impôt...
M. Rochefort: Sur quel article, M. le Président, le
député de Laurier intervient-il?
M. Sirros: II doit y avoir un article, M. le Président,
qui dit de décrire les choses correctement.
M. Rochefort: Quel numéro, M. le Président?
M. Sirros: Je ne le sais pas, M. le député de
Gouin.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, je vous demanderais de continuer.
M. Rochefort: Oui. Je suis heureux de votre décision, M.
le Président, et je reconnaîtrai le droit de parole au
député de Laurier lorsque ce sera le sien. Je ne
l'interromprai pas pour essayer de distraire de ses propos l'attention
des membres de la commission.
M. Sirros: Seulement quand ce n'est pas exact.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je demanderais au député de Gouin de continuer, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: Donc, M, le Président, une
désassurance de 6 000 000 $ de services actuellement
défrayés par la Régie de l'assurance-maladie et le
décret d'un impôt sur les enfants de l'ordre de 24 000 000 $, pour
une somme de 30 000 000 $.
Depuis ce temps, M. le Président, on va de cachette en cachette,
de discrétions les plus absolues les unes que les autres sur cette
question. On assiste à une absence totale de transparence, de franchise,
d'ouverture de la part de la ministre, une absence totale de justification
d'une telle décision, à un point tel, M. le Président,
qu'on n'a jamais pu savoir jusqu'à maintenant pourquoi les 30 000 000 $
de coupures au programme de la RAMQ avaient été appliqués
au programme de soins dentaires. Nous n'avons pas pu savoir quels
étaient les services qui seraient désassurés pour
générer un revenu de 6 000 000 $. Nous n'avons pas pu savoir de
quelle façon serait appliqué cet impôt sur les enfants
devant rapporter 24 000 000 $. Nous n'avons pas été en mesure
d'entendre la ministre apporter des précisions malgré plusieurs
tentatives que nous avons faites à l'occasion de la période des
questions à l'Assemblée nationale.
Quant à nous, de l'Opposition, nous nous interrogeons à
savoir pourquoi ces 30 000 000 $ ont été appliqués au
programme de soins dentaires, compte tenu de l'étude sur la santé
dentaire, effectuée en 1983-1984 par les districts de santé
communautaire, qui arrivait à deux conclusions: le Québec avait
des rattrapages nombreux et importants à faire encore dans le domaine de
la santé dentaire, mais on reconnaissait que le programme actuel nous
avait quand même permis de réaliser des progrès
considérables dans ce domaine. La grande conclusion de cette
étude était qu'il fallait continuer et, même, on nous
suggérait d'élargir le programme.
Deuxièmement, M. le Président, quant à cet
impôt de 24 000 000 $ sur les enfants, on se demande comment concilier
cela avec la responsabilité de la ministre face au dossier de la
politique familiale, on se demande pourquoi avoir centré, pourquoi avoir
ciblé le coût du programme de santé dentaire uniquement sur
ceux et celles qui, au Québec, ont des enfants plutôt que de faire
partager par l'ensemble de la société le coût de ce
programme. Ceci implique une forme de tarification qui n'est pas progressive et
équitable et, en plus, comme nous avons eu l'occasion de le
démontrer à quelques reprises, met fin à la
gratuité du service, donc, à son universalité puisque tous
ne seront plus sur un même pied; ceci met fin aussi a
l'accessibilité, puisque moins on consommera, moins on sera tenu de
participer au financement du régime.
Nous avons eu l'occasion aussi de souligner qu'il s'agit là d'une
décision qui va à rencontre de promesses formelles qui ont
été faites au cours de la campagne électorale par la
ministre et son chef, le chef actuel du gouvernement. Il est important de
souligner aussi que tout cela se fait en sourdine, en l'absence totale d'un
débat important que, au minimum, malgré une promesse
électorale formelle, le changement de cap aurait nécessité
dans notre société. Il s'agit donc d'une politique de petits pas.
Nous avons eu droit, jeudi dernier, à une nouvelle définition de
l'universalité de la part de la ministre. Si on ajoute cela à la
politique de tarification du président du Conseil du trésor,
à laquelle la ministre semble vouloir se prêter, on a l'impression
que l'ensemble des programmes de santé et de services sociaux va y
passer.
La ministre aime beaucoup citer des témoignages, des lettres
d'appui. J'en ai une bonne quantité avec moi, ce matin, qu'on pourrait
citer dans le dossier des soins dentaires, qui vont de façon unanime
dans le même sens, qui demandent à la ministre de retraiter,
d'abolir cette intention de désassurer pour 6 000 000 $ de services et
d'imposer un impôt de 24 000 000 $ sur le dos des enfants relativement au
programme de santé dentaire. Je citerai l'opposition de l'Ordre des
dentistes, de la CSN, des hygiénistes dentaires, de la
Fédération des CLSC du Québec, des organismes familiaux,
de plusieurs éditorialistes, de l'Association des chirurgiens dentistes
qui, sauf erreur, devra être formellement consultée par la
ministre avant qu'elle procède à la désassurance de 6 000
000 $ de services actuellement prévus au programme - de l'Association
des hôpitaux du Québec, et de l'Association des directeurs
généraux des districts de santé communautaire, qui ont
d'ailleurs eu la responsabilité de réaliser l'étude sur la
santé dentaire à laquelle j'ai fait allusion tantôt. Nous
avons reçu une quantité considérable de lettres de
citoyens et de citoyennes qui ont voulu manifester concrètement leur
apposition à cette mesure et, évidemment, il y a une
pétition qui, en date d'il y a une semaine ou dix jours, avait
déjà recueilli au-delà de 150 000 signatures de
Québécois et de Québécoises qui s'opposaient
à cette décision de la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. le Président, ce matin, nous souhaitons que la ministre fasse
enfin le
point sur ce projet. Nous voulons savoir pourquoi c'est le programme de
santé dentaire qui a été choisi par la ministre pour
appliquer les 30 000 000 $ de coupures budgétaires prévues au
programme de la RAMQ en général. Nous voulons savoir pourquoi ce
sont les enfants et les familles qui sont directement visés. Nous
voulons savoir pourquoi on met fin aux grands principes qui sont à la
base même de notre système de services de santé et de
services sociaux. Nous voulons savoir aussi pourquoi, quatre mois et demi
après la campagne électorale, on a mis fin de façon aussi
radicale à une promesse électorale, on a renié une
promesse électorale qui est toute récente. Nous voulons savoir,
M. le Président, pourquoi, dans un domaine aussi impartant de la
santé, on réalise une sorte d'opération où on
pellette la neige par en avant. On abolit des services, des programmes pour se
retrouver, dans sept, huit, dix, douze, quinze ans, avec des coûts
additionnels beaucoup plus importants pour l'ensemble de notre
société, qui seront générés par l'absence
des services qui sont actuellement fournis par la Régie de
l'assurance-maladie, eu égard à la santé dentaire des
jeunes Québécois.
Or, donc, M. le Président, ma première question large vise
à demander à la ministre de faire le point ce matin, un mois plus
deux jours après l'annonce de sa décision de couper le programme
de santé dentaire de 30 000 000 $ et de le réaliser par une
désassurance de 6 000 000 $ de services et un impôt de 24 000 000
$. M. le Président, un mois après, est-il trop tôt pour
demander à la ministre de faire le point sur cette question?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de répondre
à la question précise du député de Gouin, je
voudrais d'abord, puisque nous avons invité le président de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, lui souhaiter la
bienvenue et lui dire comment non seulement le gouvernement, mais, je pense,
l'ensemble de la population apprécient la façon dont la
Régie de l'assurance-maladie, s'acquitte de ses responsabilités
et de ses fonctions. Sur le plan administratif, elle a réussi à
établir un modèle de gestion de ces énormes sommes qu'il
lui revient de distribuer selon les besoins des services qu'elle assure.
M. le Président, cette année, la Régie de
l'assurance-maladie du Québec a un budget de 1 685 000 000 $, soit une
augmentation de 3,9 % par rapport aux dépenses probables de 1985-1966.
Cette variation tient compte d'une baisse de 30 000 000 $ pour la
rationalisation du programme de soins dentaires.
Pour répondre à la question précise du
député de Gouin. il y a un vieux proverbe qui dit: II n'est pire
sourd que celui que ne veut pas entendre. Il y a aussi un autre proverbe:
Désinformez, désinformez, il en restera toujours quelque chose.
Le député de Gouin a fait allusion aux questions qu'il m'a
posées à l'Assemblée nationale, mais, même avant que
ses questions soient posées à l'Assemblée nationale, j'ai
eu l'occasion d'assurer que, dans le programme des soins dentaires pour les
enfants - et j'ai eu l'occasion de le faire à plusieurs reprises, soit
à la radio, soit à la télévision, soit dans le
fameux communiqué dont on a tant parlé, soit, par la suite, en
réponse au député de Gouin - que ni
l'accessibilité, ni l'universalité ne seraient touchées
dans la compression de 30 000 000 $ qui serait faite au programme de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. De fait, j'ai dit,
à ce moment et par la suite, qu'il y aurait des coupures -moi, j'appelle
les choses par leur nom - de l'ordre de 6 000 000 $, une fois que toutes les
évaluations seront terminées. La raison pour laquelle nous
n'avons pas retenu des coupures de 30 000 000 $ est très simple. Le
programme des soins dentaires pour les enfants avait été
amputé par l'ancien gouvernement de 27 500 000 $t en fait de
30 000 000 $ dans le programme de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, dont 2 500 000 $ avaient été
réaffectés pour des services d'hygiénistes dentaires dans
les CLSC. C'était donc une coupure nette de 27 500 000 $. La raison pour
laquelle nous ne pouvions nous permettre d'imposer une coupure du même
ordre - et c'est ce que nous aurions dû faire si nous n'allions pas
chercher un financement additionnel pour combler cette différence entre
environ 6 000 000 $ et les 30 000 000 $ dont nous parlions - c'est que nous
aurions coupé vraiment ce qui restait d'essentiel dans ce programme.
Il ne faut pas oublier qu'en 1982, au moment où le gouvernement
antérieur a fait ses coupures de l'ordre de 27 500 000 $, par exemple,
eux qui avaient successivement assuré les soins dentaires aux
adolescents de 13, 14 et 15 ans, venaient de couper la restauration au total
des dents des enfants de 13, 14 et 15 ans, laissant la dimension
prévention et dépistage pour ce groupe.
S'il nous avait fallu aller couper 30 000 000 $, même si le
programme de soins dentaires pour les jeunes est un programme total de 74 500
000 $ et qu'il en restera au-delà de 65 000 000 $, il reste que si nous
étions allés en chercher 22 000 000 $, 25 000 000 $ et davantage,
à ce moment, nous risquions d'en retirer toute la signification. C'est
dans ce sens que nous avons choisi, d'une part, de couper certains services qui
- et nous aurons l'occasion de le démontrer quand toutes les
consultations avec l'association des médecins et celle des dentistes
sera terminée - ne toucheront pas
à l'essentiel du programme et que le reste -on devrait apprendre
cela au moment du budget, M. le Président - sera financé à
même des ressources additionnelles que le gouvernement ira chercher
justement pour empêcher que le programme ne soit touché dans ce
qu'il a de plus significatif.
M. le Président, je voudrais dire ici que nous dépensons
au Québec 125 000 000 $ pour les programmes de soins dentaires. Je vais
vous les ventiler de la façon suivante et, si je me trompais, Dr Mockle,
j'aimerais que vous me corrigiez. Il y a 74 500 000 $, au moment où nous
nous parlons, pour les programmes de soins dentaires aux enfants, tout
près de 39 000 000 $ pour les programmes de soins dentaires pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. Il y a 9 000 000 $ pour les
services rendus par les hygiénistes dentaires à
l'intérieur des DSC et des CLSC et un montant de 3 000 000 $
dépensé pour les services de chirurgie buccale. C'est un
programme assuré à partir du programme général de
l'assurance-maladie du Québec. C'est-à-dire que c'est un
programme qui a été accordé au moment des ententes entre
le fédéral et le provincial, lors de l'adoption des lois sur
l'assurance-maladie du Québec et qui touche toute la chirurgie buccale
en milieu hospitalier; c'est de l'ordre de 3 000 000 $. Cela fait un grand
total de 125 000 000 $.
M. le Président, on a tenté et on a persisté
à vouloir dire ou faire croire aux gens... C'est tellement vrai que
quelqu'un m'a dit: C'est bien dommage que vous abolissiez totalement le
programme de soins dentaires pour les enfants et ceci, pas plus tard qu'en fin
de semaine. J'ai dit: II n'est nullement question d'abolir le programme total
des soins dentaires pour les enfants. II n'y a eu qu'un gouvernement qui a
flirté, si je puis dire, avec cette idée et c'est le gouvernement
qui nous a précédés, qui avait annoncé, en
février 1982, son intention d'abolir totalement le programme des soins
dentaires pour les enfants. En ce qui nous touche, il y a actuellement, pour
arrondir, 75 000 000 $ qui vont au programme de soins dentaires pour les
enfants. Nous parlons d'un montant d'environ 6 000 000 $ qui est approximatif
parce que, quand vous décidez de faire telle coupure, il faut calculer
cela en fonction des enfants que cela touche, etc. D'ailleurs, j'ai toujours
parlé d'environ 6 000 000 $.
Tout ceci pour vous dire, M. le Président, que, d'une part, ces
coupures - et ce sont des coupures, je n'ai pas honte de le dire, j'ai toujours
dit que c'étaient des coupures dans ce qui existe présentement
-ne toucheront pas à l'essentiel des services. Quant au reste, les
modalités de financement seront établies ou
déterminées dans le discours sur le budget, le 1er mai. Je tiens
à répéter, M. le Président, que, toujours, j'ai dit
que l'universalité et l'accessibilité seraient maintenues - je ne
répéterai pas ce que j'ai dit tout à l'heure - et,
toujours, j'ai dit aussi que nous étions à examiner des
hypothèses et que les modalités de financement n'étaient
pas arrêtées. Il est exact qu'il y a des hypothèses qui ont
été mises sur la table et que, également, les
consultations, qui ont débuté, mais qui devront se poursuivre
devaient être faites avec l'Association des chirurgiens dentistes du
Québec. (10 h 30)
Le député me demandait également: Pourquoi
avez-vous choisi de couper dans les soins dentaires alors que vous auriez
peut-être pu faire comme eux, couper dans les médicaments pour les
personnes âgées comme ils ont fait en 1982-1983? À ce
moment-là, les pharmaciens, dans leurs pharmacies, avaient aussi
réussi a recueillir les protestations d'au moins 200 000, 250 000
personnes. Comme aujourd'hui, les dentistes, dans leur bureau de dentiste, font
signer des pétitions pour recueillir un support au maintien de ce fameux
montant approximatif de 6 000 000 $ de coupures dont j'ai toujours
parlé.
J'ai eu l'occasion de le dire à l'Assemblée nationale
aussi: Dans un contexte économique - mais j'espère qu'aujourd'hui
il y en a qui entendent et qui comprennent -de choix budgétaires
difficiles où chaque ministère a été mis à
contribution - je dois vous dire que celui qui l'a été le moins
est véritablement mon ministère - nous avons examiné les
programmes de la RAMQ. D'ailleurs, je pourrais retourner la question au
député de Gouin: Pourquoi, en 1982, ont-ils choisi de couper dans
les programmes pour 30 000 000 $ de soins dentaires aux enfants et au moins 10
000 000 $ à 15 000 000 $ dans les programmes pour médicaments
gratuits aux personnes âgées? Mais c'est une autre époque.
Nous avons donc examiné les programmes et nous nous sommes dit:
Où pouvons-nous toucher où c'est le moins coûteux?
D'abord, dans les programmes de soins dentaires pour les enfants, il
faut bien dire... J'ai ici les éléments comparatifs
interprovinciaux des programmes dentaires gouvernementaux - et cela me fera
plaisir d'en faire faire des copies pour tous mes collègues - à
l'exception de la chirurgie buccale parce que, comme je le disais tout à
l'heure, c'est une protection qui est accordée dans la Loi sur
l'assurance-maladie, je vais l'appeler nationale par opposition à des
programmes additionnels que le Québec a pu se donner. En 1975, le
gouvernement du Québec se donnait un programme additionnel, justement
fort conscient du mauvais état de la santé dentaire chez les
enfants. Au cours des années, d'autres provinces s'étaient
donné des programmes similaires. Par contre, je
dois dire aussi que d'autres ne s'en sont pas donné, dont
l'Ontario qui n'a aucun programme spécifique pour les enfants; la
Colombie britannique non plus; l'Alberta a un programme qui fait que seulement
certains enfants handicapés sont couverts; à
l'ÎIe-du-Prince-Édouard, cela coûte 4 $ par année,
par enfant; à Terre-Neuve, on paie des frais modérateurs de 2 $
par service. Je vous dis tout de suite que ce n'est pas du tout ce que nous
voulions imiter. Comme je l'ai dit précédemment, en Alberta, les
enfants handicapés sont couverts. Je vais laisser le groupe des
bénéficiaires de l'aide sociale, pour ne pas compliquer les
choses. En Colombie britannique, sont couverts certains groupes
défavorisés non aptes au travail ou les familles monoparentales
dans le besoin; à l'Île-du-Prince-Édouard, les enfants sont
couverts de 4 à 10 ans; au Manitoba, il y a un programme public dans les
écoles et, dans les cabinets privés, uniquement pour urgence ou
référence du programme public; au Nouveau-Brunswick,
prévention dans les centres ruraux, enfants de famille
caractérisée non privilégiée.
La province qui a un programme qui s'apparenterait le plus au
nôtre, c'est la Nouvelle-Écosse. Programme public dans les
régions éloignées et, pour les moins de 16 ans, un examen
par année; la prévention une fois par année, la
restauration et l'endodontie. L'Ontario n'a rien; la Saskatchewan, à
travers un programme public, hygiénistes, thérapeutes dans les
écoles, cabinets privés sur urgence ou référence.
Bon, enfin...
M. le Président, je vais demander si quelqu'un ici
pourrait...
Le Président (M. Bélanger): Le déposer.
Mme Lavoie-Roux: ...faire des copies et les faire circuler. Ce
serait intéressant.
Le Président (M. Bélanger): Ce serait très
intéressant. Merci.
Mme Lavoie-Roux: Nous nous sommes dit: II y a peut-être un
certain montant à prendre là. Compte tenu que de tous les
programmes, c'est celui qui est le plus généreux, est-ce que tous
les actes qui sont là sont absolument essentiels? Compte tenu que c'est
une assurance additionnelle que nous nous sommes donnée, nous avons
retenu, justement, le programme des soins dentaires aux enfants, mais, encore
une fois, je répète, en étant très prudents afin de
ne pas couper dans ce qui pouvait Être essentiel, de couper pour un
montant minimum et d'aller chercher un financement pour le montant qui devait
être récupéré d'une autre façon.
Toujours, j'ai dit que les modalités n'en étaient pas
arrêtées, que même, en ce qui a trait aux services exacts
qui serait coupés les consultations demeurent; nous les avons
commencées; elles devront être continuées.
M. le Président, dans le contexte actuel, je rappellerai une fois
de plus que le seul ministère qui non seulement n'a pas eu de
compressions, que ce soit au plan de l'indexation ou autre, mais qui
connaît un développement d'au-delà de 200 000 000 $, c'est
le ministère de la Santé et des Services sociaux. Non seulement
nous avons rempli nos promesses, mais nous sommes dès la première
année allés au-delà de la partie des promesses que
normalement peut-être nous aurions pu remplir.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord quelques
commentaires sur la réponse de la ministre; ensuite, j'aurai des
questions additionnelles sur le même sujet.
M. le Président, quand la ministre dit qu'il n'y a pas plus sourd
que quelqu'un qui veut être sourd, je lui dirai qu'elle attaque
directement sûrement 200 000 à 400 000 personnes au Québec
qui, semble-t-il, parce qu'elles n'acceptent pas les réponses de la
ministre, sont considérées par la ministre de la Santé du
Québec comme des personnes sourdes parce qu'elles veulent rester
sourdes. Je lui dirai que, quant à la désinformation -comme elle
dit: Désinformez, désinformez, il en restera toujours quelque
chose - elle n'a qu'à informer les Québécois et elle
n'aura pas à justifier l'absence d'information qu'elle leur donne en
qualifiant mes tentatives de faire en sorte que les Québécois
soient informés de politique de désinformation de ma part.
On a un bel exemple de désinformation. Depuis quand, M. le
Président, quand un groupe de citoyens a à payer pour un service
en matière de santé ou de services sociaux, pouvons-nous
prétendre qu'il s'agit là d'un programme universel? M. le
Président, pour tous ceux et toutes celles qui ont contribué
à édifier le système public d'assurance-maladie qui existe
ici au Québec, qu'ils soient péquistes ou libéraux, comme
tous ceux qui y ont contribué dans le Canada, l'universalité que
tout le monde, quels que soient son statut, son niveau de revenu, ses besoins,
ses déficiences, est sur un pied d'égalité. C'est une
définition qui fait autorité partout, au Québec comme au
Canada, chez tous ceux comme chez toutes celles qui, un jour, ont mis la main
à la pâte pour l'édification de ce vaste système de
soins et de services sociaux universel. La seule personne qui semble contester
cette définition au Québec, M. le Président, comme au
Canada, c'est l'actuelle ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Deuxièmement, comment prétendre, M. le Président,
que ce programme demeurera
tout aussi accessible qu'il l'était puisque moins nous
consommerons, moins nous serons pénalisés financièrement,
moins nous serons tarifés? Voilà, encore une fois, un
élément de désinformation dont l'unique responsable est la
ministre de la Santé et des Services sociaux: de maintenir que
l'universalité et l'accessibilité, par les intentions qu'elle a
énoncées formellement, officiellement dans son communiqué
de presse, ne seraient pas touchées.
M. le Président, je le répète. On a vu le
débat qu'on a eu jeudi matin sur ces questions, on a vu les
réactions de l'ensemble des intervenants sur ces questions. Elles vont
dans le sens des positions de l'Opposition. II y a seulement une personne dans
le Canada qui va à l'encontre, à l'opposé radicalement de
la définition que tout le monde a toujours donnée è
l'universalité et à l'accessibilité.
M. Leclerc: Une question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Taschereau.
M. Rochefort: En vertu de quel article, M. le
Président?
M. Leclerc: Je veux simplement rappeler au député
de Gouin que...
Le Président (M. Bélanger): On va entendre
l'intervention.
M. Leclerc: ...à ce que je sache, on est au moins 99.
M. Rochefort: M. le Président, lorsqu'une question de
règlement est soulevée, la première intervention doit
être: M. le Président, j'interviens sur une question de
règlement en vertu de l'article X.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Gouin, s'il vous plaît, laissez le président...
M. Leclerc: Dire que Mme la ministre est la seule au Canada,
c'est un peu exagéré, on est au moins 99.
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais à M. le
député de Gouin de continuer, s'il vous plaît!
M. Rochefort: Sur la question de règlement, puisque le
député semble vouloir être bien certain qu'il sera
associé à la décision, tantôt, on fera un vote
nominal sur la coupure. Son nom passera à l'histoire, faisant partie des
quelques-uns qui remettent en question la définition qui fait
autorité sur ces questions.
Comment pouvons-nous prétendre que l'universalité et
l'accessibilité ne seront pas touchées par le contenu même
des réponses et du communiqué de presse émis par la
ministre le 27 mars dernier, et depuis ce jour? Quand la ministre nous dit,
comme simple et unique justification de la coupure de 30 000 000 $ aux services
dentaires sur les 2 000 000 000 $ du programme, que c'est parce qu'on a le
programme le plus généreux, le plus large, celui qui coûte
le plus cher au Canada, est-ce qu'il y a une autre province au Canada qui a des
progrès aussi considérables è faire en matière de
santé dentaire que le Québec? Je veux bien qu'on compare des
choses comparables. J'espère que les Américains ne mettront pas
en place, demain matin, un programme identique au nôtre. Ils sont bien en
avance sur nous en matière de santé dentaire. Jamais je ne
recommanderai aux Américains d'avoir un programme comparable au
nôtre. De la même façon, chaque province étudie sa
situation dans le domaine de la santé dentaire et décide de se
doter de programmes qui correspondent à l'état de santé
observé et aux progrès à faire. Je ne vois absolument pas
comment justifier une coupure des 30 000 000 $ au programme de santé
dentaire en disant: De toute façon, ailleurs, il y a moins de programmes
et de budgets pour financer les différents programmes qu'il n'y en a au
Québec.
Quand la ministre nous parle des médicaments aux personnes
âgées, je lut dirai que le Parti québécois a
effectué des coupures en 1982 dans ce programme. Il s'agit d'un
programme qui a été mis en place de but en blanc, dans sa
totalité par le Parti québécois, alors que, quand vous
avez édifié le système d'assurance-maladie, vous aviez
probablement oublié ce volet. Deuxièmement, même encore
à l'heure actuelle, avant vos prochaines coupures et votre prochaine
tarification en matière de médicaments pour personnes
âgées, la liste des médicaments assurés par la RAMQ
est la plus importante au Canada.
La ministre nous dit - je n'ai pas terminé, M. le
Président - qu'on va protéger ce qu'il y a d'essentiel dans le
programme de santé dentaire. Sur quelles études la ministre se
base-t-elle pour décider ce qui est essentiel et ce qui est accessoire?
Cela nous donne une certaine résonance d'une récente
déclaration du président du Conseil du trésor qui nous
disait qu'il faudrait à partir d'aujourd'hui distinguer entre les
services de base et les services accessoires en matière de santé
et de services sociaux. M. le Président, sur quelles études la
ministre se fonde-t-elle pour distinguer les services essentiels en
matière de santé dentaire par rapport aux services qui seraient
peut-être devenus accessoires ou superflus, pour reprendre le sens de sa
définition, puisqu'elle nous dit que sa coupure de
6 000 000 $ protégera et maintiendra les services essentiels?
Quels sont les services non essentiels et sur quelle étude la ministre
se base-t-elle pour déterminer qu'il y aurait des services qui ne sont
pas essentiels dans le programme de soins dentaires?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si cela
vaut la peine de reprendre pour la nième fois ce que j'ai dit et redit,
à savoir que l'universalité et l'accessibilité au
programme de soins dentaires pour les enfants ne seraient pas affectées
par le mode de financement qui serait retenu par le gouvernement. Au moment
où nous avons été obligés d'en parler publiquement
la première fois, parce que nous avions par courtoisie informé
l'Ordre des dentistes du Québec en lui disant que les modalités
n'étaient pas arrêtées, que la nature des coupures
n'était pas arrêtée, pour un motif que j'estime encore
être de bonne foi et par inadvertance l'Ordre des dentistes du
Québec a rendu la chose publique. Nous avons dû à ce
moment, avant que ces modalités et ces consultations soient
terminées, rendre public le champ où s'exerceraient les
compressions budgétaires. Je répète encore une fois que
nous avons assuré que l'accessibilité et l'universalité
seraient maintenues et on pourra en juger en temps et lieu. Le
député peut continuer de dire tout ce qu'il voudra, qu'on va
empêcher les familles d'y aller, etc. Le député fait de
grandes envolées sur l'universalité, mais je voudrais aussi lui
rappeler que, même sous le gouvernement du Parti québécois,
il y a déjà eu des accrocs à l'universalité. (10 h
45)
On fait état ici, d'un ou de plusieurs CLSC où l'on
demande des frais d'inscription pour des cours de périnatalité.
Le gouvernement était fort conscient de cela, mais il a laissé
courir. Même, il y a des frais modérateurs et le gouvernement a
laissé courir. Également, nous avons été
obligés de rembourser au fédéral, c'est-à-dire que
le fédéral a retenu sur ses versements des montants qu'il juge
être des frais modérateurs- Le gouvernement fédéral
aurait-il raison, oui ou non, si nous examinions cela soigneusement? II ne
faudrait quand même pas faire l'autruche et dire: Vous savez, la vertu,
c'était parfaitement de notre temps. Je le répète, car
c'est ce qui est important, et je le dis non pas au député de
Gouin, il n'entend pas, mais à l'ensemble de la population: Ni
l'accessibilité, ni l'universalité, dans l'accès au
programme de soins dentaires aux enfants, ne seront touchées par le mode
de financement qui sera retenu par le gouvernement pour combler cette
différence entre ce qui sera des coupures réelles et le montant
total.
En ce qui a trait au programme pour les personnes âgées, M.
le Président, je trouve que le député de Gouin y va un peu
allègrement en disant: Dans sa totalité, le programme des
médicaments pour les personnes âgées a été
instauré par le gouvernement du Parti québécois. Si toutes
ses informations sont du même ordre, je m'inquiète un peu. C'est
vrai que les médicaments pour les personnes âgées
n'étaient pas couverts par ce que j'appelle le programme national ou la
loi de base sur l'assurance-maladie, mais cela a été
instauré en 1974, sous un gouvernement libéral. À ce
moment, il couvrait les médicaments gratuits - évidemment aux
bénéficiaires de l'aide sociale, mais parlons des personnes
âgées -pour les personnes qui ne recevaient que la pension de
vieillesse et le supplément de revenu ou encore la pension de vieillesse
et une partie du supplément de revenu, soit environ les deux tiers des
personnes âgées. Le gouvernement du Parti québécois
y a ajouté le troisième tiers. Je pense que cela, c'est la
vérité, M. le Président. Je veux bien qu'il s'attribue le
troisième tiers, mais les deux premiers tiers, je pense qu'il devrait en
laisser la paternité à quelqu'un d'autre. En incluant le
troisième tiers, les coûts des médicaments pour les
personnes âgées sont montés en flèche, si bien que,
vers 1982, le gouvernement, pour essayer de freiner ces frais, a enlevé
une série de médicaments, dont certains pouvaient être
enlevés sans effet néfaste pour la population, mais il a dû
l'enlever à l'ensemble de la population, qu'on soit très pauvre
ou qu'on soit très riche, M. le Président. C'est ce que le
gouvernement a fait.
Maintenant, pour arriver à sa dernière question, sur
quelle étude vous basez-vous pour dire que, dans la partie coupure
touchant directement le programme de soins dentaires, vous ne toucherez pas aux
services essentiels, c'est-à-dire à l'essentiel du programme, M.
le Président, en temps et lieu, nous ferons connaître les
justifications ou les bases sur lesquelles nous nous appuyons pour affirmer
cette chose. Mais, comme le député lui-même l'a dit, ceci
demeure à être complété avec l'association des
chirurgiens dentistes, notre entente avec eux nous y obligeant.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
l'universalité, la ministre nous revient avec son cas de CLSC au sujet
duquel elle a refusé de déposer la lettre à laquelle elle
a fait allusion lors de l'étude de nos crédits jeudi. Non
seulement je lui réitère mon invitation à déposer
cette lettre, M. le Président, mais je réitère ma demande
pressante à la ministre d'intervenir pour que ce CLSC mette fin à
cette pratique.
Je rappelle que ce CLSC, sauf erreur, s'est vu couper d'autant ses
budgets par rapport aux revenus qu'il a obtenus à la suite de cette
pratique. Je pense que des
sanctions additionnelles devraient être prises parce que ce n'est
pas à un CLSC de décider de ce qui arrivera de
l'universalité, de la gratuité et de l'accessibilité des
services de santé et des services sociaux au Québec. Sauf erreur,
ce n'est pas à un CLSC de décider de la question pour l'ensemble
de la société québécoise.
Quant à la question des frais en milieu hospitalier pour les lits
de soins prolongés, là, M. le Président, voilà une
belle question. D'une part, je rappellerai à la ministre qu'alors
qu'elle était députée de l'Opposition, critique de sa
formation en matière de santé et de services sociaux, il y a eu
un vaste consensus, un front commun dans tout le Québec, chez tous ceux
et celles qui interviennent en matière de santé et de services
sociaux, pour s'opposer formellement au contenu et aux dispositions du projet
de loi fédéral C-3. Tout le monde au Québec reconnaissait
que ces sommes demandées aux personnes alitées en centres
hospitaliers de soins prolongés ne représentaient pas des frais
modérateurs ou de la tarification.
Si la ministre veut que je l'informe, je pourrais lui déposer un
article de journal de la semaine dernière où, justement, le
gouvernement fédéral s'est rangé finalement à
l'argumentation du Québec. Il remboursera la somme de 14 000 000 $ qu'il
avait retenue dans le cadre du projet de loi C-3, eu égard aux frais
demandés aux bénéficiaires de centres hospitaliers de
soins prolongés, à la suite d'une négociation intense qui
s'est amorcée au moment de ce front commun et qui a connu son
aboutissement récemment.
J'aurais cru, M. le Président, que Mme la ministre aurait
été mise au courant de cette décision du gouvernement
fédéral qui a enfin reconnu qu'il n'y avait pas de frais qui
sortaient de l'entente de la politique nationale de santé dans le cadre
de l'entente fédérale-provinciale, donc que le Québec sera
remboursé des sommes que le gouvernement fédéral avait
retenues temporairement dans le cadre de l'application du projet de loi
C-3.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
M. Rochefort: D'autre part, M. le Président, sur la
question des médicaments gratuits, je veux bien prendre la parole de la
ministre, il n'y a pas de problème, si j'ai commis une erreur. Mais je
lui dirai que, lorsque le programme a été étendu à
tout le monde, si je prends ce qu'elle m'a dit, il est donc devenu un programme
universel, parce qu'il a été étendu à tout le monde
sur un même pied d'égalité et en toute
équité. C'est l'universalité, justement. On a, là
encore, un bon exemple concret de ce que veut dire l'universalité d'un
programme.
La ministre semble refuser de répondre aux questions
concrètes de l'Opposition sur la nature de la désassurance de 6
000 000 $ et de l'impôt de 24 000 000 $ dans le programme de soins
dentaires. J'irai avec une nouvelle tentative. Est-ce que la ministre peut nous
dire pourquoi l'intention de son ministère est de désassurer,
dans les 6 000 000 $, les programmes de nature préventive, donc
nettoyage, application de fluor, éducation? Pourquoi vouloir ramener
è un seul examen annuel plutôt que l'examen bisannuel tel qu'il
existe actuellement? Pourquoi vouloir enlever les traitements de canaux sur les
dents postérieures et les limiter aux dents antérieures?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour revenir à
cette question de ticket modérateur qui s'appliquerait à quelques
endroits, l'indignation du député surprend un peu à ce
moment-ci, parce que c'est une chose qui est fort connue depuis plusieurs
années. Sans doute qu'il est exact qu'on a retenu sur le bilan complet
de l'institution ou des institutions des sommes équivalentes à ce
qui aurait pu être perçu en frais modérateurs. Mais il
reste que les gens, ont continué de payer ces frais
modérateurs.
L'autre chose, il y a différentes façons de réduire
l'universalité, M. le Président. Je n'en blâme pas les
personnes qui le font, l'universalité a toujours été
promise en fonction des ressources existantes et de l'organisation des services
existants. On sait fort bien que c'est chose courante que, par exemple, dans un
CLSC - encore une fois, je ne les en blâme pas, ils fonctionnent avec les
ressources qu'ils ont - quand les gens demandent des services de maintien
à domicile, dans la majorité des cas, on n'imposera pas de frais,
mais on leur dira qu'on ne peut pas leur en dispenser et on les
réfère à des agences privées pour avoir ces
soins-la. Alors, il ne faut quand même pas, M. le Président, jouer
à la pureté absolue quand on sait fort bien... Et c'est
probablement par la force des choses, compte tenu des ressources qui sont
là, mais, là aussi, c'est une façon de mettre un frein aux
gens. On estime qu'ils ont les moyens de se les payer, nous on n'a pas les
ressources. Donc, on leur dit: Dirigez-vous vers l'entreprise privée
pour obtenir des soins de nursing ou d'autres soins de service domestique,
etc., d'autres soins, d'autres services dont ils peuvent avoir besoin.
Maintenant, pour répondre à la dernière question du
député de Gouin, je lui dirai qu'il semble être beaucoup
plus avancé que moi pour savoir ce qui sera désassuré ou
pas. Pour le moment - et je pense que je n'ai pas le choix - nous allons
continuer la consultation et, en temps et lieu, nous ferons connaître
là où s'exerceront ces coupures.
M. Rochefort: Si je comprends bien, M. le Président, la
ministre refuse d'indiquer l'orientation qu'elle a donnée à ses
négociateurs dans son projet de désassurer 6 000 000 $ de soins
et de services actuellement prévus au programme de la RAMQ en
matière de santé dentaire. Donc, la ministre refuse de faire le
point sur ce qu'elle juge essentiel par rapport à ce qu'elle juge
accessoire dans l'actuel programme de soins dentaires et, donc, elle refuse
aussi, M. le Président, de rendre publiques les études sur
lesquelles elle se fonde pour juger que ce programme peut subir des diminutions
de services sans le remettre en question dans ce qu'il a réalisé
jusqu'à maintenant et dans les progrès que nous avons à
faire comme société en matière de santé dentaire.
Est-ce bien le cas?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne refuse pas de
répondre, au contraire. Je pense que ce qui est important pour la
population, c'est de savoir que, dans le cas du programme des soins dentaires
pour les enfants, l'accessibilité et l'universalité ne seront pas
réduites.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu de cette
absence de transparence devant la chance d'informer la population que nous
offrons ce matin à la ministre, je prends bonne note de ses
réponses. Mais je veux lui dire que l'Opposition n'abandonnera pas sa
lutte et son débat sur cette question. Un jour, j'imagine que le voile
sera enfin levé, peut-être un jeudi en fin d'après-midi ou
un vendredi en fin d'après-midi, comme cela semble être la
façon d'annoncer les mauvaises nouvelles pour qu'elles aient le moins
d'impact possible dans la population. Mais ce jour-là, nous y serons et
nous serons prêts à faire le débat avec la ministre,
à l'Assemblée nationale comme à toute autre tribune, M. le
Président.
Sur la question de ma pureté absolue quant aux grands principes
qui sont à la base de notre système de soins et de services
sociaux au Québec, je lui dirai que la pureté absolue, c'est te
discours qu'elle a tenu au cours de la campagne électorale où,
sans nuance, sans précision et sans distinction, elle s'est bel et bien
engagée à maintenir l'universalité, l'accessibilité
et la gratuité. C'était au coeur de ses engagements
électoraux et cela a même été repris par son chef
qui est aujourd'hui premier ministre du Québec.
M. le Président, puisque la ministre aime y revenir très
souvent, je lui dirai que ce qui a été fait en 1982 s'est fait au
coeur de la pire crise économique que le Québec ait connue depuis
1929. Tout en rationalisant le programme sous plusieurs de ses facettes - il
rejoignait environ 40 % à 50 % des enfants, puisque, pour en profiter,
il fallait se présenter au cabinet du dentiste - il a été
étendu potentiellement à 100 % des jeunes enfants
québécois en étant dispensé maintenant en milieu
scolaire et en garderie, parce que des sommes importantes ont été
ajoutées dans les budgets des CLSC. La ministre nous disait jeudi,
à la suite d'une de mes questions, que ce sont 9 000 000 $ simplement
l'an dernier ou cette année qui sont prévus aux programmes de
soins dentaires administrés par les CLSC. On a donc réussi
à faire en sorte que l'ensemble des enfants québécois - et
pas seulement ceux qui se rendaient en cabinet privé -puisse jouir de ce
programme de prévention, d'éducation et de sensibilisation en
santé dentaire nous permettant de progresser dans la voie que nous
avions amorcée avec ce programme de soins dentaires au cours des
années 1974 ou 1975. (11 heures)
Si la ministre n'a rien de plus à ajouter, nous allons passer
à un autre volet de la Régie de l'assurance-maladie. Je
répète, M. le Président, que l'Opposition suivra
attentivement ce dossier et qu'elle verra à ce que la lumière
soit faite et à ce que les promesses soient remplies.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour terminer ce fameux
débat, si jamais il pourra être terminé, je voudrais
rappeler également au député de Gouin que, les seules fois
où jusqu'à maintenant, à ma connaissance, il a
été question d'imposer des tickets modérateurs, ces
propositions ont été faites par l'actuel chef de l'Opposition,
qui était alors ministre des Affaires sociales. On peut le lire dans le
Soleil du 29 juin 1981. Vous me permettrez de lire l'article, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Lavoie-Roux: "Les Québécois devront
bientôt payer la somme de 2 $ à chaque fois qu'ils visiteront un
médecin, une clinique ou utiliseront les divers services sociaux. Dans
une entrevue accordée au Devoir, le ministre des Affaires sociales,
Pierre Marc Johnson, a aussi indiqué que le ticket modérateur
annoncé dans le dernier budget québécois permettra de
diminuer la surconsommation des services de santé et d'enrichir le
trésor provincial. "Dans l'esprit du ministre, un montant de 2 $ est
loin d'être discriminatoire."
C'était d'ailleurs le même ministre qui avait parlé
d'abolition complète du programme de soins dentaires pour les enfants.
"Ce n'est même pas le prix d'un Big Mac et d'un coke, même pas le
tiers du prix
d'une sortie au cinéma. Cela ne saurait contraindre personne", a
soutenu le ministre. II faut dire que c'était aussi le même
ministre qui avait conseillé aux personnes âgées, alors
qu'il coupait la gratuité de certains médicaments, qu'elles
n'avaient qu'à manger du All Bran. "M. Johnson a tenu à rassurer
la population en précisant que les coupures et les restrictions
budgétaires toucheront des cibles précises, soit les
dédoublements de services et le gaspillage. L'ère expansionniste
est bel et bien révolue - a-t-il dit - la situation économique
précaire ne nous permet plus de poursuivre sur cette lancée. Il
faut maintenant nous employer à freiner les dépenses, à
raffiner nos objectifs et à éviter le gaspillage - je pense que
ce sont de bons objectifs; mais ça, c'est ma phrase - à utiliser
au maximum les ressources existantes et à les consolider. "Le ministre
se dit cependant convaincu que les Québécois ont suffisamment de
maturité pour comprendre la situation et participer sereinement a
relever le défi et à accepter les choix difficiles".
Encore une fois, M. le Président, pour terminer, je pense que si
on veut parler de ticket modérateur, le passé de l'Opposition est
loin d'être aussi clair qu'on voudrait le faire croire. On dit: Nous
étions dans un contexte économique difficile. Nous nous sommes
retrouvés avec un déficit additionnel de 1 700 000 000 $, quand
nous avons pris en main les rênes du gouvernement.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
désirez déposer ce document, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: C'est un article de journal...
M. Rochefort: C'est un article de journal qu'on a, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Ah, c'est un article de
journal. D'accord. Pas de problème.
M. Rochefort: On pourra vous en faire remettre une copie, si vous
n'en avez pas.
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer
à un autre volet, M. le député de Gouin...
M. Rochefort: J'ai une intervention à faire, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur le même sujet?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Rochefort: Je pense que l'intervention de la ministre montre
bien la différence qui existe fondamentalement entre les deux formations
politiques qui sont représentées ici, à l'Assemblée
nationale. Il y a une formation politique qui réfléchit aux
questions importantes, qui n'a pas peur de faire ses réflexions à
haute voix et d'associer la population à ces questions.
Mme Lavoie-Roux: Ah! On aura tout entendu.
M. Rochefort: Effectivement, je dirai que des membres
éminents de ma formation politique ont réfléchi à
ces questions et n'ont pas eu peur d'associer les Québécois
à ces réflexions. Sauf qu'ils ont fait ces réflexions bien
avant de faire des promesses électorales. Ce à quoi le Parti
libéral nous invite aujourd'hui, c'est: Faisons des promesses,
réfléchissons ensuite, après avoir obtenu le mandat de
réaliser nos promesses.
Si, comme la ministre nous y invitait en conclusion, le passé est
garant de l'avenir, je lui dirai que de 1976 à 1985, incluant le fait de
gérer pendant la pire crise économique que le Québec ait
connue depuis 1929, non seulement nous avons maintenu dans leur
intégralité les grands principes d'universalité, de
gratuité et d'accessibilité mais nous les avons renforcés
et prolongés. Si la ministre veut s'en référer à
nous quant aux agissements et à l'attitude qu'elle devrait avoir sur ces
questions, je l'inviterais non seulement à nous imiter quant à la
nécessité de réfléchir avant de faire des promesses
mais à nous imiter aussi quant au maintien de ces grands principes au
cours du mandat qu'elle vient d'amorcer à la tête du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Si jamais ses
réflexions de même que celles du président du Conseil du
trésor les amenaient dans le sens où les gestes concrets qu'ils
posent semblent vouloir les amener, je les inviterais peut-être à
tenir un grand débat public au Québec et non pas à
procéder de la sorte en sourdine, à la sauvette, et sauvent en
cachette.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: M. le Président, je me dois de faire part de
certains commentaires quant à tout ce débat. Il me semble tout
d'abord qu'on a réussi, je l'espère, à clarifier une chose
que l'Opposition essaie souvent de déformer et de mêler. Il ne
s'agit pas de coupures de 30 000 000 $. Si on veut être honnête, on
reconnaîtra qu'il s'agit, comme la ministre l'a dit clairement, de
coupures de l'ordre de 6 000 000 $. Alors, arrêtons de charrier de
l'autre côté en parlant de
coupures de 30 000 000 $. Les 24 000 000 $ restants on ira les chercher
par le financement.
J'aimerais remercier le député de Goutn pour son point
d'humour tout à l'heure sur les réflexions du Parti
québécois. Je pense qu'on cherche encore à comprendre
à quoi le Parti québécois croit: pendant des années
on a vu des contradictions effarantes et la population en a jugé.
M. le Président, en terminant - parce que je sais que le temps
est partagé avec une disproportion démesurée, on est
restreint à 10 % du temps - je voudrais seulement signaler au
député de Gouin que la RAMQ paye aussi pour les prothèses
auditives.
Le Président (M. Bélanger): Sur le même
sujet, le député de Sherbrooke demandait une intervention.
M. Hamel: M. le Président, j'aimerais, moi aussi, entendre
parler un peu de la Régie de l'assurance-maladie du Québec.
J'aimerais que M. le président nous signale combien de personnes
travaillent à la Régie de l'assurance-maladie. J'ai reçu
quelques plaintes en ce sens qu'à un certain moment il y avait des
paiements en retard de deux ou trois mois. De plus j'aimerais avoir quelques
réflexions concernant l'état de votre système
informatique, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: Dr Mockle.
M. Mockle (Auguste): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Mockle: Merci. Pour répondre à la
première question, concernant nos effectifs, sur le budget qui vient de
se terminer, nous avions 1283 personnes rémunérées. Il
peut y en avoir plus un mois et moins l'autre, mais sur une année, c'est
1283. Sur le budget commencé le 1er avril, j'en ai 1185 de
prévues. Est-ce que cela répond à votre question? Donc
nous avons fait ce que l'on appelle un réaménagement de 100
postes, compte tenu des compressions budgétaires.
Pour ce qui est de la mécanique administrative concernant les
paiements, nous avons les paiements tous les quinze jours concernant les
procédures de santé. Cela se fait de façon
régulière; il n'y a pas de retard de ce
côté-là. C'est le gros de notre clientèle.
Concernant les bénéficiaires, ils sont payés par
exception lorsqu'ils vont à l'étranger, soit au Canada ou hors
Canada ou encore - c'est très rare, leur nombre est très
limité - lorsqu'ils se présentent pour obtenir des services au
Québec sans présenter la carte d'assurance-maladie. La loi
prévoit que dans ce cas le professionnel remplit un formulaire, se fait
payer et le bénéficiaire obtient le remboursement de la
Régie de l'assurance-maladie; c'est très marginal pour ce dernier
aspect. Donc je parlerai beaucoup plus de ce que l'on appelle les cas hors
Québec.
Services hors Québec
Les cas hors Québec. Au Canada, il n'y a pas de problème,
on fait les paiements aux bénéficiaires toutes les semaines. Donc
il n'y a pas de problème de ce côté-là. Ce qui est
complexe, ce sont les cas hors Canada, parce que nous administrons en
même temps l'assurance-hospitalisation et l'assurance-maladie. Depuis
1975, nous avons un accord administratif avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux à l'effet d'administrer pour et en
son nom l'assurance-hospitalisation hors Québec, donc au Canada comme
hors Canada.
Alors, cela va de soi que nous faisons affaires avec différents
États aux États-Unis et avec différents pays. On a des
gens qui vont un peu partout, en Europe, dans différents pays et
même en Orient, en Extrême-Orient, et forcément aux
États-Unis. Nous avons à colliger les comptes de façon
à pouvoir apprécier ce que l'on appelle la valeur de la
réclamation à juste titre. On essaie de colliger et d'avoir
l'ensemble des comptes. Il arrive que souvent ce n'est pas complet; il faut
écrire pour avoir des renseignements additionnels, ou encore on a des
reçus qui nous semblent falsifiés alors qu'on demande des
originaux. Il arrive très fréquemment qu'il faut correspondre
avec les hôpitaux et, pour accélérer le processus, on le
fait par téléphone; cela nous coûte très cher, mais
on le fait quand même. En général, je dois dire que, pour
ces cas, le paiement a lieu en grande majorité en 30 à 45 jours
et, dans les cas d'exception, cela peut être plus long, cela peut
être deux, trois ou quatre mois, surtout lorsqu'on demande ce qu'on
appelle une expertise professionnelle.
Il arrive dans certains cas, au niveau hospitalier - parce qu'il ne faut
pas oublier que l'assurance-hospitalisation, depuis 1982, on ne paie que les
cas d'urgence, de maladies subites - qu'on a affaire à des situations de
complaisance. Il y a beaucoup de personnes qui veulent se faire payer par la
RAMQ, par conséquent, forcent la complaisance de façon à
se faire payer. Nous, dans ces cas, on se réfère à des
médecins chez nous qui appellent leurs collègues des
États-Unis pour vérifier le bien-fondé de la chose et
s'assurer qu'il y avait bel et bien urgence. Forcément, cela prend
beaucoup plus de temps. Je ne sais pas si je réponds à votre
question?
M. Hamel: Oui, cela va. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci. D'autres
questions sur ce volet? M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question des
clientèles hors Québec, nous avons appris que le gouvernement
souhaitait récupérer 10 000 000 $ spécifiquement dans la
région de l'Outaouais eu égard aux Québécois qui
allaient chercher des services de santé ou des services sociaux en
Ontario, dans la région d'Ottawa, et qu'on visait à rapatrier bon
nombre de ces bénéficiaires pour qu'ils fréquentent des
institutions du Québec. Est-ce que la ministre pourrait nous dire
combien de dollars défraie la Régie de l'assurance-maladie pour
les services dont bénéficient des Québécois de
l'Outaouais qu'ils vont chercher ailleurs que dans l'Outaouais, du
côté ontarien?
Mme Lavoie-Roux: On me suggère, avant de répondre
plus directement à la question, de vous informer de l'ensemble des
coûts hors Québec. Il s'agit de 72 000 000 $. Quand on fait la
somme des trois principaux hôpitaux qui fournissent ces services, ils se
trouvent à Ottawa: l'Ottawa Health Center, l'Hôpital civique
d'Ottawa et l'Hôpital pour enfants de l'Est de l'Ontario, qui sont trois
hôpitaux ontariens: 21 000 000 $ dans le premier cas, 10 000 000 $ dans
le deuxième et 9 000 000 $ dans le troisième. Cela constitue, sur
le montant global de 72 000 000 $, 56,9 % du coût des services qui sont
rendus hors Québec, mais pas hors Canada; 56,9 % des 72 000 000 $.
M. Rochefort: Les 10 000 000 $, comment va-t-on les
récupérer précisément et pourquoi se limiter
à 10 000 000 $? Y a-t-il moyen de préciser cela un peu?
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà eu des efforts de
faits pour arriver à une décroissance. En fait, on observe une
décroissance. En 1983-1984 - je vous le donne pour l'ensemble des soins
hors Québec, mais, comme on sait que cela constitue la majorité,
je vais vous donner ces chiffres -on était à 73 000 000 $; en
1984-1985, à 68 000 000 $; en 1985-1986, on est remonté à
72 000 000 $. C'est le per diem qui augmente, ce n'est pas
nécessairement une plus grande fréquentation.
Maintenant, nous ne sommes pas insensibles à cette situation.
J'ai demandé, personnellement, au président de la commission
Rochon, le Dr Rochon, de se pencher d'une façon particulière sur
le rapatriement de ces sommes. Une chose est certaine, nous avons aussi comme
priorité, en collaboration avec le CRSSS de l'Outaouais - je pense que
ceci impliquera probablement d'y mettre un certain montant - de sensibiliser la
population du Québec au fait d'aller chercher au Québec les soins
ou les services dont elle a besoin. (11 h 15)
II y a également toute la question de la disparité qui
existait dans la nature des services ou peut-être dans la
spécialisation des services qui étaient offerts. Jusqu'à
maintenant, selon ce qu'on me dit, les services qui sont fournis par les
hôpitaux du Québec sont des services spécialisés,
mais les services surspécialisés vont encore se chercher du
côté de l'Ontario. C'est dans ce sens-là que des efforts
doivent se poursuivre pour, d'une part, sensibiliser la population et, d'autre
part, mettre à la disposition des Québécois qui vivent
dans l'Outaouais des services au moins comparatifs. Peut-être pas en ce
qui a trait aux services surspécialisés - là-dessus, je ne
suis pas prête à me prononcer aujourd'hui - mais pour que, au
moins en ce qui a trait aux services spécialisés et aux autres
types de services, ils les trouvent au Québec et qu'on les sensibilise
à aller les chercher au Québec. C'est dans ce sens que le
ministère s'oriente à cet égard et il y a des chances que
ce soit avec le CRSSS de l'Outaouais.
M. Rochefort: Mais le montant de 10 000 000 $ est-il arbitraire?
Vous dites: On va faire des efforts, on va essayer de sensibiliser les gens, on
va essayer d'en rapatrier...
Mme Lavoie-Roux: ...tous du CRSSS.
M. Rochefort: ...pour 10 000 000 $ et ça a
été étudié par des fonctionnaires...
Mme Lavoie-Roux: En fait, plus que cela même. On dit
même qu'éventuellement on pourrait aller chercher quelque chose
comme 40 000 000 $ et plus. On dit ici: "Lorsque le réseau des services
de santé de l'Outaouais fournira 80 % des services, on pourra estimer
que 43 700 000 $, en dollars 1985-1986, seront récupérés
sur une base annuelle". On sait fort bien que ce serait irréaliste de
dire qu'on rapatrie complètement cette année et qu'on va faire
une récupération de 44 000 000 $. On peut peut-être
espérer récupérer 12 000 000 $ ou 15 000 000 $. Pour
être dans un cadre plus réaliste possible, nous l'avons
estimé à 10 000 000 $.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre a déposé le
document auquel elle fait référence?
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre,
avez-vous l'intention de déposer le document auquel vous faites
référence?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Rochefort: Seriez-vous prête à déposer le
document auquel, vous faites référence? Le document du CRSSS et
de votre ministère?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'objection à vous
déposer un état de la situation sur l'intervention faite dans
l'Outaouais dans le but de rapatrier la clientèle, si on peut en faire
faire une copie pour les membres de la commission.
Le Président (M. Bélanger): Nous acceptons votre
document.
Mme Lavoie-Roux: Ce document est relié, d'une part,
à la différence des services et probablement, aussi, à une
habitude qui a été créée durant de nombreuses
années, à savoir que c'était devenu naturel d'aller
chercher ces services en Ontario et que, peut-être, tous les efforts
n'avaient pas été faits, ou n'ont pas encore été
faits. Il s'agit d'investir davantage pour rendre comparable la qualité
des services qui sont offerts du côté du Québec.
M. Rochefort: Sur le même sujet - j'ai dû lire
ça dans un rapport annuel ou dans la documentation de la Régie de
l'assurance-maladie Il y a un nombre de 2250 formulaires qui arrivent à
la régie à toutes les semaines, en provenance de professionnels
de la santé qui sont à l'extérieur du Québec, mais
qui acceptent de voir leurs services rémunérés au
même taux que celui qui est donné par la régie aux
professionnels de la santé du Québec. Le président ou la
ministre peuvent peut-être nous dire qui sont ces 2250
bénéficiaires qui, à chaque semaine, reçoivent des
services en dehors du Québec, pour lesquels un professionnel de la
santé accepte d'être rémunéré au même
taux que le taux donné par la régie à un professionnel de
la santé du Québec.
M. Mockle: M. le Président, c'est un système que
nous avons établi depuis le tout début de l'existence de la
Régie de l'assurance-maladie, donc, depuis l'instauration du
régime en 1970. En fait, dans ce qu'on appelle les zones limitrophes du
Québec - ceci vaut pour l'Ontario, à partir du nord, donc
Cochrane, Kapuskasing, en descendant vers l'Outaouais qui est le plus fort,
Hawkesbury et même Cornwall; on a également la
Nouvelle-Angleterre, le Vermont, New York, le Nouveau-Brunswick -il va de soi
qu'il y a des îlots de Québécois, en quantité assez
nombreuse, qui ont à recevoir des services, soit qu'il n'y ait pas de
médecin ou que le médecin soit établi
outre-frontière, pour employer l'expression. De façon è
éviter que les gens aient à débourser de l'argent et
à se faire rembourser, ce qui est très onéreux, en termes
administratifs, parce que c'est beaucoup plus difficile et long de traiter une
demande d'un bénéficiaire que de traiter de façon
stéréotypée une demande provenant d'un professionnel... La
loi dit qu'on peut payer pour le compte d'un bénéficiaire un
médecin ou un professionnel hors province. Depuis le début nous
avons établi un sytème d'adhésion volontaire. Nos
représentants vont voir ces médecins et ils leur disent: Vous .
avez une clientèle assez nombreuse de Québécois,
seriez-vous intéressés à nous facturer directement? Les
conditions sont les suivantes: Vous n'avez pas droit à la surfacturation
et vous acceptez le tarif du Québec. Vous êtes payés sans
problèmes, vous n'avez pas à attendre que le
bénéficiaire trouve de l'argent. C'est ainsi qu'un grand nombre
de personnes ont adhéré. Actuellement nous avons à peu
près 1200 professionnels de la santé. Nous en avons même
quelques-uns à l'île-du-Prince-Édouard et aussi en
Nouvelle-Angleterre là où les gens vont prendre des vacances;
nous avons aussi quelques médecins en Floride qui nous facturent
directement sur la base de cette adhésion. Cela permet à ces
bénéficiaires de ne pas avoir le souci de débourser de
l'argent et après de se faire rembourser par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Étant donné que pour nous
facturer le médecin utilise les mêmes mécanismes que s'il
était au Québec, nous le traitons exactement comme s'il
était un médecin du Québec et nous le payons de la
même façon et au même tarif.
M. Rochefort: Qui sont-ils? Quel est le profil de cette
clientèle? Tout de même 2250 formulaires par semaine c'est
quelques formulaîresl Qui est ce monde?
M. Mockle: II y a quand même 6 500 000
Québécois. Si vous voyez...
M. Rochefort: Oui.
M. Mockle: Par exemple, la clientèle dans la région
outaouaise, vous avez des gens dont le médecin est établi
à Ottawa et qui a son bureau è Ottawa, donc ils vont là.
Vous avez également Hawkesbury où c'est la même chose;
aussi à Cornwall et en Nouvelle-Angleterre. Surtout au
Nouveau-Brunswick; c'est plus près pour les gens d'aller voir des
médecins du Nouveau-Brunswick que de prendre le train ou l'autobus pour
aller voir des médecins au Québec, dans certaines
régions.
M. Rochefort: Donc, selon vous c'est beaucoup une question
d'accessibilité.
M. Mockle: C'est l'accessibilité tout
simplement. C'est parce qu'il y a là un ilôt assez
important que le médecin s'établit plus en Ontario ou en
Nouvelle-Angleterre. D'ailleurs il demeure là et il est originaire de
là. Il a accepté - heureusement pour nous et nous en sommes
très heureux pour les bénéficiaires - nos tarifs et
d'être payé par nous.
M. Rochefort: Quant à la clientèle hors Canada,
j'ai vu dans les statistiques de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec qu'on en arrive à un total d'environ 10 000 000 $ de
coûts annuels. Est-ce que la Régie de l'assurance-maladie du
Québec a fait des études sur ce phénomène et est-ce
qu'elle pense pouvoir là aussi faire des rationalisations?
M. Mockle: Pour ce qui est de la clientèle hors Canada il
faut que je distingue entre l'assurance-maladie et l'assurance-hospitalisation:
c'est à peu près 12 000 000 $ plus ou moins en chiffres arrondis;
10 000 000 $ pour l'assurance-hospitalisation et 2 000 000 $ plus ou moins pour
l'assurance-maladie. Ce sont des personnes qui voyagent uniquement. J'exclus ce
qu'on appelle les cas désignés. Un cas désigné dans
notre langage c'est lorsque le service n'est pas disponible au Québec ou
au Canada. Je vais vous donner un exemple: une transplantation de la moelle
osseuse. Jusqu'à tout récemment cela ne se faisait que dans deux
centres aux États-Unis - nulle part ailleurs dans le monde - soit en
Californie et en Nouvelle-Angleterre. Sur la recommandation des médecins
et étant donné que c'était nécessaire, les gens
obtenaient une autorisation de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec - on disait oui - pour aller se faire traiter là. J'ai
à peu près une cinquantaine de cas désignés par
année seulement. Si j'exclus les cas désignés où il
y a une autorisation d'aller à l'étranger, le reste, ce sont des
gens qui voyagent. Je réalise comme président de la Régie
de l'assurance-maladie du Québec que les Québécois
voyagent beaucoup, puisque c'est un faible pourcentage qui me facture
étant malade en voyage. Les Québécois voyagent beaucoup et
dans presque tous les pays étant donné que nous recevons des
comptes provenant d'à peu près de toutes les régions. Nous
avons des comptes écrits en grec, et d'autres en japonais qu'il faut
faire traduire au ministère des Communications pour pouvoir s'y
comprendre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais ajouter - et
je pense que le député de Gouin va se le rappeler - qu'en 1982 ou
en 1983 il y a déjà eu des coupures dans le sens qu'on ne
couvrait pas plus de 700 $ à l'étranger, le reste étant
partagé à 50-50. Le Dr Mockle me souffle que c'est en 1982.
Est-ce qu'il y a possibilité d'aller plus loin? Il faut aussi dire -
j'aimerais encore une fois que le Dr Mockle confirme ou infirme - qu'il y a un
certain nombre de citoyens qui vivent à l'étranger. Par exemple
dans le cas des missionnaires, ils ont un droit de remboursement. Je me demande
s'il n'y a pas aussi dans le cas de certaines compagnies les travailleurs de
certaines firmes d'ingénierie ou autres qui travaillent à
l'étranger et qui se voient rembourser leurs frais. Non, cela n'est pas
exact. C'est simplement dans le cas des représentants des
communautés religieuses qui sont à l'étranger qu'il y a
aussi remboursement.
M. Mockle: Ce que je pourrais ajouter, M. le Président,
parce que cela compléterait les propos de Mme la ministre et aussi quant
à la question que m'a posée M. le député de Gouin,
c'est que, dans le cadre de l'assurance-maladie, on ne paie que le tarif du
Québec. Par conséquent, déjà là, il y a une
contrainte. Les gens s'assurent maintenant pour avoir ce qu'on appelle
l'excédent et, même, ils s'assurent pour avoir ce qu'on appelle
les services non assurés au Québec.
Concernant l'assurance-hospitalisation, déjà, il y a une
contrainte. Avant 1982, on payait 75 % du "per diem". En 1982, lors des
compressions budgétaires, concernant l'assurance-hospitalisation, on a
ramené cela uniquement aux services d'urgence ou de maladie subite, et
cela vaut depuis ce temps-là et cela n'a pas été
changé, on ne paie que les 700 premiers dollars, plus 50 % des frais
additionnels. Donc, déjà là, il y a une contrainte
financière énorme, mais les personnes peuvent s'assurer pour
payer l'excédent, évidemment.
M. Rochefort: Donc, si je comprends bien les propos de la
ministre, M. le Président, il n'est pas de son intention de tenter
d'aller plus loin dans la rationalisation des services hors Canada.
Mme Lavoie-Roux: Pour le moment, non. Je pense qu'on doit, comme
dans tout autre programme, continuer de l'évaluer de près. Je
pense que, s'il devait arriver qu'on puisse aller récupérer
davantage, il faudrait le faire, mais, dans l'immédiat, il n'y a pas de
plan, on n'a pas eu d'indications suggérant que les contrôles qui
sont nécessaires, compte tenu des points que le Dr Mockle a fait valoir,
vis-à-vis des urgences, etc., et des cas particuliers auxquels il a fait
allusion, par exemple, de transplantation de moelle épinière ou
d'autres conditions très particulières... Il nous
apparaîtrait, en tout cas, à ce moment-ci, que les contrôles
semblent adéquats.
M. Rochefort: M. le Président, mettant
de côté, évidemment, les cas particuliers, si je
comprends bien - c'est une question sérieuse - la ministre
considère que les 30 000 000 $ de compressions budgétaires
à la RAMQ, c'est plus pertinent pour la santé dentaire que, par
exemple, un programme comme celui-là, qui de toute façon - je le
répète, excluant les services qui ne sont pas offerts ici au
Québec... Ce sont des gens qui voyagent, finalement. Ils prennent
déjà une assurance pour couvrir la différence, donc, ils
pourraient peut-être étendre leur assurance à l'ensemble
des frais. Dans la balance des priorités, il n'y a rien qui frappe la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: La couverture des soins pour la santé
fait partie de notre loi de base sur l'assurance-rnaladie et
l'assurance-hospitalisation. Ce sont là des Québécois
comme les autres. Vous savez, on pense à l'Europe et à la Floride
qui sont un peu plus loin, mais vous pouvez avoir aussi des situations
d'urgence l'été, que ce soit sur la côte Atlantique, pas
très loin. Je pense que, à ce moment là, couvrir dans les
conditions qui sont indiquées, cela m'apparaît raisonnable.
M. Rochefort: On apprend, M. le Président, dans des
documents du président du Conseil du trésor que des
rationalisations internes et des compressions diverses seront
réalisées à la RAMQ, pour un montant de 4 800 000 $.
Est-ce qu'on pourrait avoir des données un peu plus précises
sur...
M. Mockle: M. le Président, les compressions qui
m'affectent, en tant que président de la régie, touchent les
frais d'administration. Pour ce qui est des programmes, cela s'adresse à
la ministre de la Santé et des Services sociaux qui, seule, peut
décider du contenu des programmes. Le président n'a aucun pouvoir
de décision sur le contenu des programmes. Sur les frais
d'administration, cela va de soi, j'ai tous les pouvoirs parce que je dois
administrer avec le souci d'une saine économie des fonds publics, donc
avec efficience. Comme tous les ministères et tous les organismes, la
régie a dû faire face à une demande de compression
budgétaire du Conseil du trésor. Pour répondre à
vos questions, elle est de 2 500 000 $ sur les frais d'administration.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien prendre la
parole du président de la régie, sauf que je rappellerai - et
là, peut-être, cette fois-ci, plutôt à la ministre -
que dans les documents déposés par le président du Conseil
du trésor, le 25 mars dernier - le fameux document en trois morceaux -
c'est un montant de 4 800 000 $ qui est inscrit, sauf erreur, pour la
Régie de l'assurance-maladie.
(11 h 30)
M. Mockle: En ce qui concerne les frais d'administration, la
seule lettre que j'ai reçue du secrétaire du Conseil du
trésor vise à contraindre les frais d'administration pour
l'année commençant le 1er avril 1986 de 2 500 00 $. C'est le seul
document que j'ai.
M. Rochefort: Comment allez-vous les appliquer de toute
façon?
M. Mockle: J'ai dit tantôt que nous étions
passés de 1286 postes rémunérés l'an dernier
à 1186. Donc, il y a un réaménagement de 100 postes.
Évidemment, il y avait des postes vacants, donc je m'en suis sorti avec
24 personnes mises en disponibilité, qui sont replacées au
gouvernement par l'Office des ressources humaines. D'autre part, il a fallu
également revoir mes priorités dans mes projets et aussi dans mes
dépenses de fonctionnement. Par conséquent, il a fallu
rationaliser davantage certaines choses.
Il y a pour 1 500 000 $ de messageries, car tout se fait par courrier.
Donc, par conséquent, on va essayer de faire des envois
intégrés de façon à minimiser les coûts des
postes. On va essayer de changer la qualité du papier, des choses du
genre. On va essayer également de rationaliser ce qui pourrait ne pas
être envoyé en première classe, et plutôt en
troisième classe.
Alors, on a essayé de voir de quelle façon on pourrait
rationaliser nos dépenses également, nos frais de
déplacements. Je dois dire qu'il y a des dépenses de
fonctionnement peu compressibles, puisqu'il y a des baux à respecter,
des contrats et le papier. On doit faire face à une augmentation de 9 %
du coût du papier pour l'année qui vient. On n'a pas ces 9 %,
alors on doit les prendre ailleurs.
On a décidé de voir de quelle façon on pourrait
mécaniser davantage certaines activités de façon que
l'ordinateur puisse faire des choses que les humains pouvaient faire. C'est
pourquoi on a essayé de compresser d'abord nos frais de fonctionnement
et, ensuite, les traitements et avantages sociaux, ce qui m'a amené
à rationaliser mes effectifs et à mettre 24 personnes en
disponibilité.
M. Rochefort: M. le Président, je remercie le
président de la régie pour sa réponse concernant
les...
M. Mockle: 2 500 000 $.
M. Rochefort: ...2 500 000 $, mais ma question va s'adresser
à la ministre. Comment concilier la lettre reçue par le
président de la régie et le document que j'ai retrouvé en
ma possession du président du Conseil du trésor dans laquelle il
nous fait la
liste par portefeuille? Vous savez le communiqué de presse sur
feuille 8 1/2" sur 11" où il nous dresse la liste des compressions par
organisme ou ministère et, au titre Régie de l'assurance-maladie
du Québec, on a Rationalisation dans les programmes de la RAMQ: 30 000
000 $ - on a appris, par la suite, qu'il s'agissait du programme de soins
dentaires - et, deuxième ligne, Rationalisation interne et autres
mesures: 4 800 000 $, pour un total de 34 800 000 $. Si je comprends bien, il
manque 2 300 000 $.
Mme Lavoie-Roux: C'est exact. M. le Président, le
député de Gouin a tout à fait raison. Je dois lui dire que
nous étudions différentes hypothèses pour les 2 000 000 $,
la marge de 2 000 000 $. Ce sont des hypothèses qui ne toucheront pas
directement la population.
M. Rochefort: Quand vous dites: Nous étudions
différentes hypothèses, est-ce la régie, le
ministère ou les deux?
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, cela doit se faire de
concert, puisque c'est de l'argent qui est de la régie et du
ministère. Évidemment, nous consulterons la régie ou nous
prendrons les dispositions avec la régie.
M. Rochefort: Mais la ministre est formelle, cela ne touchera
d'aucune façon les programmes.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne touchera d'aucune façon les
programmes.
Coût de la vasectomie
M. Rochefort: Merci. Sur la question qui a fait couler beaucoup
d'encre dans le temps, en janvier dernier, celle de la vasectomie, la ministre
avait annoncé un projet de loi; finalement, si j'ai bien compris, on ira
par mesures administratives. Est-ce qu'on pourrait savoir quel sera le
coût engendré par la décision qui a été
prise?
Mme Lavoie-Roux: Nous avions proposé deux étapes.
La première, jusqu'au moment où la loi pourrait être
adoptée, soit de procéder par une entente avec la Régie de
l'assurance-maladie du Québec; ceci est fait. Quant à une
correction à la loi, c'est à venir.
M. Rochefort: Ma question est la suivante: Combien coûte
l'entente qui a été convenue avec la Régie de
l'assurance-maladie jusqu'à ce qu'une loi soit adoptée? Dans le
fond, loi ou entente, combien ce nouveau service - si on peut l'appeler ainsi
-va-t-il coûter à l'État québécois?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, cela ne coûte rien, parce
que si le litige ou le jugement n'était pas intervenu - il n'y a pas de
coût supplémentaire - nous aurions tout simplement continuer de
payer parce qu'on a toujours payé.
M. Rochefort: On s'entend bien sur les coûts
supplémentaires. Je comprends bien cela mais je veux savoir combien cela
coûte quand même.
Mme Lavoie-Roux: La vasectomie coûte entre 500 000 $ et 1
000 000 $, je pense.
M. Mockle: Par année? Est-ce le coût à l'acte
ou par année?
Mme Lavoie-Roux: Non, par année. M. Rochefort:
Annuellement.
M. Mockle: Annuellement, pour la vasectomie, le coût est
d'environ 1 000 000 $.
M. Rochefort: Environ 1 000 000 $. D'accord. Merci. Donc,
l'entente vaut jusqu'à ce qu'il y ait une loi.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: Quand la loi est-elle prévue?
Mme Lavoie-Roux: Le plus tôt possible.
M. Rochefort: Mais encore plus précisément?
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis le plus tôt possible.
M. Rochefort: Non, mais pensez-vous à ce printemps?
Mme Lavoie-Roux: Possiblement.
Médicaments pour personnes
âgées
M. Rochefort: D'accord. Sur la question du programme des
médicaments pour personnes âgées, je voudrais simplement
poser une question à la ministre. Cette question fait suite à une
autre qu'elle avait elle-même posée en commission l'année
dernière au ministre de la Santé et des Services sociaux. Elle
lui avait demandé, à l'occasion de l'étude des
crédits de la régie, évidemment, combien coûtait le
programme des médicaments gratuits pour les personnes
âgées, si on tient compte uniquement des personnes qui
reçoivent, justement, le supplément de revenu garanti? Je fais le
lien avec la précision qu'elle a apportée tantôt, à
la suite d'une intervention que j'ai faite.
Ma question est bien simple et entière: Pourquoi la ministre
voulait-elle connaître le coût de ce programme uniquement pour les
personnes âgées qui sont bénéficiaires du
supplément de revenu garanti fédéral? Est-ce parce que la
ministre entrevoit la possibilité de toucher au programme des
médicaments gratuits dans les mois ou les années qui viennent de
façon à réduire ce programme uniquement pour les personnes
âgées qui bénéficient du supplément de revenu
garanti?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, j'avais posé la question,
j'imagine, comme membre averti de l'Opposition. En fait, je pense que je n'ai
peut-être jamais eu la réponse. Ce n'est pas un reproche, Dr
Mockle...
M. Rochefort: C'est dans le Journal des débats, mais je ne
l'ai pas appris par coeur.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas l'intention du
ministère de toucher au programme des médicaments gratuits.
Soins dentaires en milieu hospitalier
M. Rochefort: Merci. En ce qui a trait au programme des soins
dentaires en milieu hospitalier, je sais qu'on avait tenté, en 1982, de
corriger l'habitude qui faisait que, pour éviter des coûts en
cabinet, on allait en milieu hospitalier. Finalement, c'était une
façon de passer à côté. Aujourd'hui, on voit qu'il y
a encore environ 3 000 000 $ au programme de soins dentaires en milieu
hospitalier; la ministre y a fait allusion tantôt, dans la ventilation du
montant de 106 000 000 $...
Mme Lavoie-Roux: De 125 000 000 $.
M. Rochefort: De 125 000 000 $, merci. Qu'est-ce qui est
maintenant couvert au juste, en milieu hospitalier, en termes de chirurgie
buccale?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander au président de
répondre.
M. Rochefort: Oui. C'est parfait.
M. Mockle: En fait, c'est la chirurgie majeure. Cela exclut la
chirurgie mineure qui était assurée avant 1982,
c'est-à-dire l'extraction pure et simple d'une dent ou d'une racine ou
encore l'ouverture de la ...
M. Rochefort: Donc, il est absolument clair qu'on ne peut pas
passer à côté et aller se faire donner le service en milieu
hospitalier pour qu'il soit payé par la RAMQ, alors que, si on
était allé en cabinet privé, cela aurait été
à nos frais. Ce sont vraiment des services qui ne peuvent pas être
rendus ailleurs qu'en milieu hospitalier qui sont défrayés dans
ce programme.
M. Mockle: C'est la chirurgie buccale en milieu hospitalier. Il y
a des spécialistes en chirurgie buccale, qui sont des dentistes qui ont
pris une spécialité et qui peuvent rendre des services dans leur
cabinet. Évidemment, ils font souvent venir des anesthésistes
pour pouvoir anesthésier le patient plutôt que d'aller en milieu
hospitalier. C'est la minorité. La majorité d'entre eux vont en
milieu hospitalier et dispensent ce service. Ce n'est pas fatigant.
Ce que la loi dit... Comme le disait Mme la ministre, c'est
calqué sur la loi fédérale des soins de santé et
des services médicaux: la chirurgie buccale lorsque rendue en milieu
hospitalier est assurée. Donc, le même acte, s'il est fait en
cabinet, n'est pas assuré alors qu'il est assuré en milieu
hospitalier. Donc, vous pouvez avoir M. ou Mme A qui va chez le
spécialiste qui décide de faire cela à son cabinet, alors
que M. ou Mme Y, le dentiste préfère l'amener à
l'hôpital pour exercer le même acte. Dans un cas, s'il est
assuré, il sera payé par la RAMQ; dans l'autre cas, il est
payé par le bénéficiaire. Parce que c'est vraiment
lié à la condition du lieu. Ce n'est pas souvent qu'il y a des
systèmes semblables. Mais, pour la chirurgie buccale, c'est comme cela
dans tout le Canada.
M. Rochefort: Mais est-ce qu'il y a quand même des mesures
qui nous assurent finalement qu'il n'y a pas d'inéquités entre
les citoyens, ceux qui réussissent à se faire donner le service
en milieu hospitalier par rapport à ceux qui reçoivent le
même service en cabinet privé?
M. Mockle: Là où il y avait le problème,
c'est l'avalanche de petites chirurgies ou de chirurgies que l'on peut appeler
"mineures" - entre guillemets - c'est-à-dire ablation de dents, par
exemple, alors que cela peut se faire et en général cela se fait
en cabinet. Alors, pour éviter de payer, souvent les gens
préfèrent tout simplement attendre et puis aller en milieu
hospitalier où c'est payé. Comme je vous l'ai dit tantôt,
c'est une loi détournée de faire payer par l'État ce que
les gens pourraient payer. Donc, cela a été corrigé et ce
qui arrive maintenant, c'est que cela se limite à la chirurgie vraiment
majeure; par exemple, là où vous avez à refaire un
maxillaire ou encore à replâtrer la dentition ou des choses du
genre. Donc, on pourrait dire quand c'est vraiment une chirurgie importante et
la petite chirurgie n'est plus assurée en milieu hospitalier.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que
généralement ou presque toujours les gens ne doivent pas recevoir
une anesthésie
dans ces cas-là, contrairement à des interventions plus
mineures?
M. Mockle: Oui. Mme la ministre fait état de l'usage de
l'anesthésie par rapport aux soins dentaires. Au point de vue dentaire,
et j'espère que je ne dirai pas d'âneries pour les dentistes qui
sont ici présents, vous pouvez avoir ce que l'on appelle une
anesthésie locale, régionale ou générale. Donc,
locale, tout le monde qui a subi une extraction dentaire sait que cela veut
dire qu'on se fait piquer à un endroit de façon à geler;
régionale, c'est une plus grande partie, c'est presque tout le
maxillaire, et, générale, cela veut dire qu'on endort la
personne. Donc, il arrive dans certains cas que c'est préférable
d'endormir la personne. On a recours évidemment aux services d'un
anesthésiste. Si c'est régional ou local, c'est le dentiste qui
le fait lui-même, donc cela se fait en milieu hospitalier comme en
cabinet. Alors, est-ce cela que vous vouliez que je commente?
Dons d'organes
M. Rochefort: Sur la question des dons d'organes, cette question
a fait l'objet d'une motion, ici, par Mme la ministre, la semaine
dernière à l'Assemblée nationale, au moment des motions
non annoncées. J'ai exprimé l'idée qu'on aille
au-delà du discours généreux et de l'encouragement
à l'ensemble de ceux et de celles qui font actuellement campagne pour
que la carte d'assurance-maladie soit utilisée pour permettre aux
Québécois et aux Québécoises d'indiquer
formellement leur intention qu'à leur décès ils puissent
donner leurs organes pour des fins de transplantation, si c'est possible. Donc,
j'avais exprimé l'opinion, au nom de ma formation politique, que nous
souhaitions que le gouvernement aille rapidement de l'avant par un geste
concret qui irait dans le sens de la demande des intervenants.
J'ai vu que, quelques jours après, la régie a émis
un communiqué de presse pour dire: Oui, nous sommes à
étudier cette question. Or, est-ce que la ministre ou le
président pourrait faire un peu le point brièvement sur cela et
nous indiquer quels sont les délais qu'ils se sont fixés?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme le mentionnait le
député de Gouin, j'ai pris l'initiative de cette motion, à
laquelle d'ailleurs l'ensemble de l'Assemblée nationale a souscrit. J'ai
fait part, lors de cette motion, de cet examen ou de cette étude que
nous faisions pour permettre un élargissement et une plus grande
sensibilisation de la population et surtout une plus grande participation de la
population aux dons d'organes et peut-être trouver une façon de le
faire qui soit moins restrictive.
C'est-à-dire qu'elle ne s'est pas voulue restrictive au point de
départ, mais probablement, je ne sais pas à quelle année
remonte la question des dons d'organes sur les permis de conduire, mais dans
tous les cas, comme cela ne touche de toute façon qu'un certain nombre
de personnes et que la carte d'assurance-maladie touche l'ensemble de la
population, c'est peut-être une des hypothèses à
envisager.
Évidemment, il y a des aspects juridiques, administratifs et
même d'ordre médical à examiner dans la possibilité
d'inclure ou de modifier la carte d'assurance-maladie dans ce sens-là.
La Régie de l'assurance-maladie du Québec est à examiner
cette question-là et doit me faire rapport.
M. Rochefort: Mais vous comptez prendre une décision dans
quel délai?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je vais vous répondre le
plus tôt possible. On me dit qu'elle va faire rapport le mois
prochain.
M. Rochefort: Le mois prochain? Merci. M. le Président, je
pense... Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Johnson. (11 h 45)
Mme Juneau: Mme la ministre, à la suite de votre motion en
Chambre, vous savez que j'ai demandé à l'Office des ressources
humaines, par voie de lettre, d'inclure au chèque de paye des
fonctionnaires le formulaire en question pour le don d'organes, simplement pour
sensibiliser la population en général de cette
possibilité. Un refus m'a été adressé
carrément par l'Office des ressources humaines relatant le fait qu'il
n'y avait que des informations qui pouvaient être incluses dans le
chèque de paie. Je voudrais savoir, de la part de la ministre, si
l'Office des ressources humaines aurait été averti que la
ministre voulait aller plus loin dans ce sens.
Mme Lavoie-Roux: La remarque avait peut-être
été faite par le député de Gouin, je m'en souviens
très bien.
Mme Juneau: De Joliette.
Mme Lavoie-Roux: De Joliette. J'en ai pris bonne note. Je n'ai
pas fait de démarche subséquente auprès de l'Office des
ressources humaines. Je ne connais pas ses règles. Maintenant, cela
toucherait quand même des fonctionnaires. Vous, vous vouliez faire cela
dans un premier temps.
Mme Juneau: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce
qu'on vise, c'est une mesure beaucoup plus universelle pour atteindre
les gens.
Mme Juneau: Je suis bien d'accord avec vous.
M. Rochefort: Dans le sens de...
Mme Juneau: Je suis bien d'accord avec vous, Mme la ministre,
mais il fallait commencer quelque part. En commençant, on nous met face
à un refus. J'ai eu l'occasion, comme bien d'autres, de voir que ce
n'était pas seulement des renseignements sur les contributions ou les
paies qui étaient à l'intérieur des enveloppes. J'ai
été très surprise de voir qu'on ne voulait pas m'accorder
cette - entre guillemets "faveur" de sensibiliser les gens, ce à quoi je
crois beaucoup. C'est malheureux qu'on ait pris cette décision. Je suis
revenue à la charge. Je pense qu'on doit, à mon point de vue, tel
que vous le souhaitez et tel que nous le souhaitons, faire en sorte que le plus
de gens possible puissent faire le don d'organes pour...
Mme Lavoie-Roux: Si on s'achemine vers une décision assez
rapide, du côté d'une mesure plus large, je peux bien m'informer
auprès de l'Office des ressources humaines pour savoir quelle est la
raison. J'ai l'impression qu'il va me donner les mêmes explications qu'on
vous a données.
Si cela devait être notre seul recours, j'insisterais
peut-être pour dire: II faut vraiment que cela se fasse. Donnez-moi des
raisons très valables pour que cela ne se fasse pas. Je pense que, dans
les délais que nous nous sommes fixés, ce n'est peut-être
pas aussi impératif. C'est regrettable, parce que cela aurait pu
coïncider, je pense, avec ce mois de sensibilisation pour les dons
d'organes. Nous envisageons, comme je l'ai dit tout à l'heure, d'agir
sur une échelle plus large.
Mme Juneau: Merci, madame.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, je crois que c'est encore sur les dons
d'organes.
Coût des services de
physiothérapie
M. Sirros: Dr Mockle, j'aimerais vous entendre parler un peu sur
les coûts des services de physiothérapie. Je me rappelle, il y
avait, à un moment donné, des inquiétudes concernant le
coût montant continuellement quant à la physiothérapie. Les
nombres de cas, par exemple, qu'un physiatre peut traiter à l'heure,
etc. Est-ce que vous avez des indications plus précises quant au
coût relié à la physiothérapie?
M. Mockle: M. le Président, je n'ai pas avec moi la valeur
et le nombre, parce que je ne pensais pas que cette question était pour
m'être posée. J'ai un ordinateur qui a une mémoire
astronomique, mais la mienne est plutôt restreinte par rapport à
celle de mon ordinateur.
Cela dit, au niveau des traitements donnés par les physiatres -
mais cela se fait aussi par les omnipraticiens, cela s'appelle un traitement
physique dans ce cas - les dispositions actuelles des ententes veulent qu'on
paie un examen et ensuite on paie des traitements qui sont assez nombreux; il
peut y en avoir huit ou dix: l'hydrothérapie, la physiothérapie,
l'électrothérapie, la thermothérapie, etc., froid,
chaleur, eau et le reste. Il y a un tarif qui est accordé pour chacune
des procédures utilisées.
Les dispositions des ententes sont dans le sens que le médecin ne
peut pas me facturer pour plus de trois, c'est-à-dire que s'il en fait
cinq il ne peut pas me facturer pour plus de trois à la fois. Par
ailleurs, le nombre n'est pas limité. Il peut en faire à chaque
semaine ou deux fois par semaine, peu importe. Il arrive souvent que les
médecins vont en faire trois et ils vont faire revenir le patient pour
trois autres.
Ce qui est arrivé, c'est que, en limitant au niveau des
coûts le paiement à trois examens, j'ai l'impression, lorsque cela
s'est fait dans l'esprit des négociateurs, que les médecins
pouvaient en faire plus, mais ils ne pouvaient pas se faire payer pour plus de
trois. Cela s'est traduit dans les faits par un plafond, si bien que maintenant
les médecins se limitent à trois et nous facturent les trois. Ils
font revenir le patient pour des traitements additionnels, le cas
échéant. C'est un dossier que nous avons suivi de près,
compte tenu des coûts et de la façon dont c'était fait.
Nous avons même envoyé des dossiers au comité de
révision. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le terme, autour de
la table, un comité de révision c'est un comité de pairs,
donc un comité de médecins spécialistes, médecins
omnipraticiens, dentistes, optométristes. Lorsqu'on voit qu'un
professionnel a un profil aberrant, c'est-à-dire qui sort des normes par
rapport à ses confrères d'un groupe donné ou de la
province, on envoie ce dossier, - on a un doute sur ce qu'on appelle la
fréquence, donc, le nombre d'actes médicalement requis - à
ce comité de pairs, comité de révision, qui
l'étudié. C'est ce que nous avons fait avec quelques cas de
physiatrie, et la recommandation du comité est allée dans le sens
qu'il n'y avait pas d'abus. Comme ce sont des pairs, ça devient
difficile pour nous.
Nous avons quand même voulu faire un essai qui a servi de cause
type. La loi dit que le président de la régie n'est pas
lié par la recommandation d'un comité de révision
-autrefois, la loi disait qu'il était lié, mais
c'est changé; donc, il n'est pas lié - cela veut dire que
le président peut accepter ou voir une recommandation; ça devient
sa décision.
Prenez le cas, par exemple, d'un dossier qui nous revenait du
comité de révision de physiatrie, où il y avait à
nos yeux un profil aberrant, en termes de fréquence abusive, etc. La
recommandation était de ne rien faire et d'absoudre le médecin en
question. Nous avons regardé le dossier attentivement, à
l'interne, et on m'a fortement conseillé - et j'ai abondé dans le
sens du conseil qu'on m'a donné - de faire appel è Commission des
affaires sociales. Dans ce cas-là, j'ai eu le fardeau de la preuve. Dans
le cas contraire, si c'est le médecin qui va à la commission, il
a le fardeau de la preuve. Or, j'avais le fardeau de la preuve. J'ai eu de la
difficulté, parce que, d'abord, je n'ai pas eu d'experts ou de
spécialistes. Personne n'a voulu venir témoigner contre des
confrères. J'ai donc eu beaucoup de difficulté à me
trouver des experts. Deuxièmement, je n'ai pas été plus
avancé. La Commission des affaires sociales ne m'a pas donné gain
de cause. C'est la seule fois, dans l'histoire de la régie, où un
président allait à l'encontre de la recommandation d'un
comité de révision.
Tout cela pour vous dire que le domaine de la physiatrie est un domaine
très complexe, où vous avez un traitement qui s'apparente un peu
à un traitement médicamenteux, c'est-à-dire qu'on vous
donne des traitements de façon à corriger l'anomalie ou le
trouble fonctionnel que vous avez, un peu comme on fait avec un
médicament que vous devez prendre pendant des semaines, quelquefois des
mois et, dans le cas des malades chroniques, toute leur vie. Vous avez donc
là un problème qui s'accentue avec le vieillissement. Il faut
dire que les problèmes musculaires sont des problèmes de
dégénérescence; plus on vieillit, plus on en a. C'est par
des traitements comme ceux-là qu'on assouplit la musculature ou qu'on
rend, ce qu'on appelle, les gens fonctionnels.
Où est la démarcation entre l'abus et la fréquence
abusive? Actuellement, on est devant une impasse. On ne peut plus aller devant
les comités de révision, ça n'a pas donné
grand-chose. Devant la Commission des affaires sociales, l'appel n'a rien
donné non plus. Par conséquent, on essaie de regarder pour voir
si ce qui a été fait a réellement été fait.
Autrement dit, est-ce qu'on nous facture pour les choses qui doivent être
faites et selon ce qui est prévu à l'entente? Actuellement, nos
méthodes d'intervention et de contrôle se limitent à cela.
Est-ce que je réponds à la question de M. le
député?
M. Sirros: Oui. Quand vous pariez des références
qui sont faites aux comités de révision, est-ce qu'il y a une
relation en termes de proportion entre les cas qui relèvent de la
physiothérapie et les autres spécialités qui sont
référées aux comités de révision? Est-ce
qu'on remarque un plus grand nombre de cas que vous signalez comme étant
ce que vous avez qualifié de cas aberrants face à d'autres
spécialités, ou se trouvent-ils tous à peu près
dans...
M. Mockle: C'est difficile d'envoyer è un comité de
révision des cas de radiologies ou de radiologistes. Il n'y a jamais eu,
dans l'histoire de la RAMQ, des cas de radiologies. Il y a certaines
spécialités techniques, comme la microbiologie ou la biochimie
médicale, où on ne peut pas déceler la fréquence.
On a recours beaucoup plus aux spécialités dites
médicales, pour employer l'expression du milieu, tel que la neurologie,
la pédiatrie, la gastro-entérolagie, la physiatrie, etc. Il y a
même des cas de psychiatrie qui ont été envoyés au
comité de révision. On peut vraiment, quand c'est de la
rémunération à l'acte, déceler ce qu'on appelle une
fréquence abusive ou ce qu'on appelle la non-pertinence, le non
médicalement requis. Donc, on ne peut l'observer que dans des
disciplines à caractère médical. Les
spécialités, on les regroupe en trois: il y a ce qu'on appelle
les spécialités chirurgicales, les spécialités
médicales et les autres. Par conséquent, cela veut dire qu'on ne
peut aller que du côté des spécialités
médicales, À ce point de vue, depuis l'histoire des
comités de révision, je crois qu'il y a des cas qui
relèvent des différentes spécialités qui ont
été acheminés aux comités de révision.
M. Sirros: Est-ce qu'on paie pour l'examen et aussi pour le
traitement?
M. Mockle: Oui.
M. Sirros: Par exemple, en ce qui a trait à certains
traitements, les informations que j'ai m'indiquent qu'il y a eu une
augmentation fulgurante d'un appareil qui s'appelle le TENS, qui utilise un
choc électrique pour la douleur, etc., qui passe de 17 000 $, en termes
de coût pour une année, à 400 000 $ ou 500 000 $ l'autre
année. Est-ce qu'il y a eu des examens de faits sur cette question?
M. Mockle: Le TENS est une expression anglaise qui veut dire en
français stimulation électrique transcutanée. Nous
observons depuis quelque temps une augmentation qui nous amène à
regarder de près ce dossier. Lorsque nous aurons compilé les
dernières factures pour services rendus avant le 31 mars 1986, donc pour
le dernier exercice financier, nous dépasserons probablement le million
de dollars pour ce seul service. Il est
arrivé une chose assez curieuse, et c'est toute une
coïncidence, mais je vous laisse juge à la lumière des faits
que je vais vous donner. Il y a eu une révision du tarif de cet acte qui
était de plus ou moins 5 $, si ma mémoire est bonne, et qui est
passé à 34 $. La coïncidence de l'utilisation du TENS a
augmenté à partir de ce moment. Donc, il y a une coïncidence
entre la rémunération à la hausse et le
phénomène.
M. Sirros: Et le traitement selon le coût de l'acte.
M. Mockle: II y a une coïncidence incroyable entre les deux.
Nous avons fait rapport au ministère et à la Direction
générale des relations du travail, de qui, d'ailleurs,
relève le dossier des négociations et, il y a des
négociations qui ont été entreprises de façon
à réviser a la baisse le tarif. Il est possible qu'en le
révisant à la baisse on voie la courbe fléchir et revenir
à la normale.
M. Sirros: Est-ce que vous pensez que l'efficacité du
traitement est relié au coût de l'acte?
M. Mockle: Je vais vous donner une perception personnelle: j'ai
l'impression que c'est un substitut de l'acupuncture. C'est une impression.
Le Président (M. Bélanger): Avant de
procéder plus avant, M. le député de Gouin, si vous me le
permettez, nous avions un manque de temps accumulé d'environ 53 minutes.
Nous avions convenu, lors de la dernière rencontre de la commission, de
prolonger nos travaux ce midi jusqu'à midi et demi, toujours en
considérant la disponibilité de Mme la ministre et de son
équipe, et, ce soir, de prolonger de telle sorte qu'on puisse
récupérer ce temps. Il me faut quand même le consentement
unanime de la commission. L'avis du leader donnait jusqu'à midi et
demi?
M. Rochefort: Bien oui, c'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Ah bon! D'accord, je
m'excuse. Je n'avais pas été informé. L'avis du leader
donnait jusqu'à midi et demi. Donc, automatiquement, nous
siégeons jusqu'à midi et demi. Je m'excuse.
M. Rochefort: Sur cette question, M. le Président, quant
à la période de 57 minutes, plus dix minutes, je pense, ce matin,
qui donne une heure et quelque chose à reprendre, j'ai discuté
avant l'ouverture de nos travaux avec Mme la ministre pour voir... Je suis
conscient des problèmes de disponibilité qu'elle peut avoir. Elle
m'a fait part d'une proposition. Je lui ai dit que j'étais prêt
à la soumettre à mes collègues, à l'heure du
dîner, et qu'on pourrait l'aviser en conséquence pour la poursuite
au cours de la séance de cet après-midi.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
avoir la teneur de cette proposition pour que tous les commissaires soient
également informés?
Mme Lavoie-Roux: J'ai proposé au député de
Gouin, quand il est venu m'en parler, que ce soir nous poursuivions
jusqu'à onze heures, puisqu'il restait 55 minutes à
récupérer.
Le Président (M. Bélanger): Nous arrêterions
à midi.
Mme Lavoie-Roux: II nous reste 55 minutes à reprendre.
M. Rochefort: Non, midi et demi. L'ordre du leader, c'est qu'on
va jusqu'à midi et demi, de toute façon. C'est compris dans nos
quinze heures.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Je ne comprends
pas...
M. Rochefort: L'heure qu'il reste à reprendre, la
proposition de la ministre, c'est de le faire de 22 heures à 23 heures
ce soir. J'ai pris l'engagement de consulter mes collègues et de rendre
une réponse cet après-midi...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: ...quant à la possibilité de
siéger une heure de plus.
Le Président (M. Bélanger): Cela va. M.
Rochefort: Est-ce que cela va? Le Président (M. Bélanger):
C'est clair. M. Rochefort: Bon, j'aimerais...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que cela va?
Mme Lavoie-Roux: Oui, juste une information supplémentaire
que je donnerai... Peut-être que je pourrais la donner tout de suite.
Le Président (M. Bélanger): Allez donc! (12
heures)
Mme Lavoie-Roux: Nous avons contacté
la Direction des ressources humaines pour savoir exactement quelle
était la cause de la non-inclusion, si on veut, de...
Le Président (M. Bélanger): Une explication sur les
dons d'organes?
Mme Lavoie-Roux: Oui. La réponse que nous avons eue est
que, en 1982 il y a eu une directive stricte d'envoyée aux ressources
humaines, leur demandant, pour ne pas alourdir l'information qui pouvait
arriver avec le chèque de paie, de n'inclure absolument aucun autre
document et qu'il ne devait pas y avoir d'exception. J'imagine qu'on s'est
référé à cette règle qui avait
été donnée en 1982.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais aborder un
autre aspect de la vie de la Régie de l'assurance-maladie, qui est le
fonctionnement de ses comités de révision et de son conseil
d'administration. On sait que le gouvernement a annoncé une
décision, il y a quelques mois, visant à faire en sorte que tous
les conseils d'administration d'organismes, de régies et d'offices du
gouvernement du Québec fonctionnent sur une base de
bénévolat quant aux membres de ces différents conseils. Ma
question est très précise. Je voudrais savoir si le conseil
d'administration de la Régie de l'assurance-maladie a appliqué
ces directives du premier ministre et si cela a aussi été
appliqué aux comités de révision de la régie.
Mme Lavoie-Roux: C'est exact qu'il y a quelques mois maintenant,
je pense, cette décision avait été prise avec la directive
qui s'ensuivait, demandant aux différents organismes, régies ou
autres de ne plus rémunérer par des jetons de présence la
présence des membres à ces conseils, soit les conseils de
révision ou les conseils d'administration. Toutefois, nous avions
également indiqué que les régies, organismes et autres
offices concernés, s'ils avaient des objections pour des raisons d'ordre
administratif, de lourdeur de la tâche et de nécessité que
cela pouvait impliquer, devaient faire valoir leur point de vue et qu'il
était possible de les soustraire à cette règle s'ils
devaient remplir des fonctions particulières. Nous avons reçu,
déjà, de la part de la Régie de l'assurance-maladie, des
représentations au sujet des membres qui siègent aux
comités de révision. Quant à ce qui a trait au conseil
d'administration de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, je
pense qu'il n'y a pas encore de décisions de prise, Dr Mockle.
M. Rochefort: Quelles sont vos intentions pour ces deux
instances?
Mme Lavoie-Roux: Nous les examinons.
Cela ne veut pas dire qu'on ne retournera pas poser des questions
à la régie, mais on va certainement prendre en
considération les points de vue que la régie nous a fait
valoir.
M. Rochefort: Votre décision n'est pas prise.
Mme Lavoie-Roux: Non, la décision n'est pas prise.
Rémunération des médecins
M. Rochefort: Merci. M. le Président, j'aurais quelques
questions concernant la rémunération des médecins. J'ai
cru que c'était peut-être le bon moment de faire cela à
l'intérieur du programme de la RAMQ. On pourrait placer cela à
trois ou quatre endroits. L'important, c'est de le faire à un moment
donné. J'aimerais d'abord que la ministre nous dise quelle est sa
position quant à la demande, qui a été
évoquée publiquement, d'un certain nombre de médecins du
Québec actuellement adhérents au programme de la Régie de
l'assurance-maladie d'instaurer la surfacturation des services.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est une demande qui a
été présentée a la commission Rochon, si ma
mémoire est bonne. Je n'en ai pas entendu parler autrement.
M. Rochefort: En tout cas, j'ai vu cela dans les journaux,
è deux ou trois reprises.
Mme Lavoie-Roux: Je n'en ai pas entendu parler autrement. Je
pense qu'il n'est pas question de surfacturation au Québec.
Évidemment, les provinces qui l'ont appliquée dans le
passé - si on veut parler de l'Ontario - trouvent que, compte tenu de la
loi C-3, cela devient assez compliqué. Dans notre cas, le
problème ne s'est pas présenté. Cela demeure
hypothétique et, honnêtement, la seule fois où j'en ai
entendu parler, c'est dans cette présentation qui a été
faite par une ou les deux fédérations -je ne peux pas me le
rappeler - devant la commission Rochon.
M. Rochefort: Donc, ce n'est pas l'intention de la ministre et de
son gouvernement de donner suite à cette demande, d'aucune
façon.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rochefort: Deuxièmement, quant à la
rémunération différenciée pour les médecins
qui sortent de l'université et qui s'établissent en
régions éloignées ou dans les grands centres, quelles sont
les intentions de la ministre quant à la grille tarifaire qui
existe sur cela?
Mme Lavoie-Roux: Sur la question de la rémunération
différenciée, j'ai indiqué, d'une façon plus
particulière à l'occasion du conflit à l'hôpital
Honoré-Mercier touchant la psychiatrie, entre autres à
Saint-Hyacinthe, et également à l'occasion d'autres discussions
que j'ai pu avoir avec l'une ou l'autre des fédérations qui, je
le sais, sont fort préoccupées par ce point, que mon intention
était de réviser non seulement cette question de la
rémunération différenciée, mais d'examiner
également tous les autres incitatifs ou d'incitatifs, si tel
était le cas, selon le point de vue où l'on se place, touchant la
rémunération des médecins et qu'en temps et lieu je ferais
connaître ma décision.
Je dois vous dire que, selon les informations que j'ai - il peut y avoir
des notes discordantes là-dessus - si on se réfère
uniquement à la question de la rémunération
différenciée, il semblerait qu'au point de vue de la
présence des médecins omnipraticiens en régions
éloignées - je parle de régions éloignées
par rapport aux régions périphériques - les effets ont
été bénéfiques. Dans le cas des omnipraticiens il y
aurait une répartition nettement plus satisfaisante même si
l'objectif qui devait être atteint ne l'est pas encore. Cela semble
différent dans le cas des médecins spécialistes. Tout le
monde est fort conscient qu'il y a une pénurie de médecins
spécialistes, particulièrement pour certaines
spécialités. Mais, pour l'ensemble des médecins
spécialistes, cela présente encore un problème et cela ne
semble pas avoir eu les mêmes effets que dans le cas des médecins
omnipraticiens.
Je pense qu'on ne peut pas seulement opposer régions
éloignées et régions urbaines où il y a une
rémunération différenciée à la baisse et ce
qu'on appelle les régions périphériques - qu'il s'agisse,
par exemple de Saint-Hyacinthe, de Granby ou autre - où il peut y avoir
des effets négatifs et pas uniquement des effets positifs à cause
de leur proximité des grands centres. C'est dans ce sens qu'à
Saint-Hyacinthe on a fait valoir que, si on enlevait la
rémunération différenciée pour cette région,
cela y amènerait des médecins, etc. Mais, à ce moment, il
fallait penser à Granby, et géographiquement je pense qu'on est
assez familier avec cette situation.
Ce n'est pas seulement une opposition entre centres urbains et
régions éloignées; il y a aussi la répercussion que
cela peut avoir, toujours dans les cas frontières, dans la ville
frontière, la municipalité ou la région frontière.
Ce sont tous ces facteurs que nous voulons examiner et nous espérons
prendre la meilleure décision possible. Je n'ai jamais voulu, par
exemple, comme dans le cas de Saint-Hyacinthe, en faire un objet de
négociation. J'ai dit: Pour le moment, elle est là. Cela fera
l'objet, s'il y a lieu, d'une décision qui sera basée sur le
mérite des observations que nous aurons pu faire dans l'application de
la rémunération différenciée.
M. Rochefort: Si je comprends bien, ce ne sera d'aucune
façon l'objet de négociations avec les deux
fédérations ou même les trois, parce qu'il y a les
résidents et les internes.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rochefort: Sur la question des exemptions à la
rémunération différenciée, particulièrement
dans les grands centres, est-ce que la ministre a l'intention de maintenir les
exemptions telles qu'on les connaît actuellement?
Mme Lavoie-Roux: Quand je vous dis examiner l'ensemble de la
rémunération différenciée, je pense que cela peut
aussi s'appliquer à ce que vous soulevez - là j'ai opposé
urbain éloigné et urbain périphérique. On sait
qu'à l'intérieur des régions urbaines elles-mêmes il
y a de la rémunération différenciée. Il y en a par
rapport aux centres Urgences-santé de Montréal où on sait
que, à la toute fin de la négociation -je ne sais pas si c'est
à la toute fin de la négociation, je pense que oui - avec la
FMOQ, avec les omnipraticiens, le ministre d'alors a accepté qu'ils
soient exemptés de la rémunération
différenciée à la baisse. On l'a également pour les
médecins professeurs. Si vous êtes nommé professeur, vous
êtes aussi exonéré de cette rémunération
à la baisse. Ce sont les deux catégories dans les centres
urbains. Évidemment, il y aussi le problème des hôpitaux
universitaires et non universitaires. Je pense que c'est cet ensemble de
facteurs que l'on veut examiner.
M. Rochefort: Merci. Toujours sur le même sujet, est-ce que
la ministre a fait le point sur l'expérience pilote au chapitre de la
FMOQ, quant à la rémunération, à la vacation pour
les médecins qui oeuvrent dans les centres d'accueil et
d'hébergement?
Mme Lavoie-Roux: L'évaluation est en cours.
M. Rochefort: D'accord. Il y a un autre sujet relié
à cela. Récemment, le président de la Régie de
l'assurance-maladie faisait un exposé en profondeur sur ses
réflexions personnelles, je pense, quant à notre système
public de soins de santé et de services sociaux. À la page 18, on
lisait que le président faisait quatre constatations sur la pratique
médicale observée au Québec. Par exemple...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Dans quel document, M. le
député?
M. Rochefort: Dans le discours prononcé par le Dr Mockle,
le 11 février dernier...
Mme Lavoie-Roux: Ah oui.
M. Rochefort: ...devant les administrateurs de tous les
programmes canadiens. Il faisait quatre constatations sur la pratique
médicale au Québec. Par exemple, il a dit: "On dénombre
1243 examens complets chez les omnipraticiens, alors que, dans les autres
provinces, le nombre le plus élevé, 510, se retrouve en Ontario.
On dénombre 217 examens complets chez les spécialistes en
médecine interne alors que, dans les autres provinces, cela
n'excède pas 80. On dénombre 170 examens complets chez les
obstétriciens-gynécologues, alors que, dans les autres provinces,
cela n'excède pas 45. On dénombre 211 services rendus par les
psychiatres, alors que cela n'excède pas 40 dans les autres
provinces."
Je voudrais simplement savoir de la ministre si elle s'est
penchée sur ces pratiques médicales observées par la
régie ou par d'autres instances. J'imagine que ses collaborateurs aux
négociations ont dû observer un certain nombre de
phénomènes, de pratiques. Si oui, quelles conclusions tire-t-elle
de ces constatations? Quels sont les gestes qu'elle entend poser compte tenu de
ces différentes constatations?
Mme Lavoie-Roux: Je suis au courant de ces différences de
pratique dans les différentes provinces. Les données rendues
publiques par le Dr Mockle me préoccupent. Je n'ai pas eu le temps de me
pencher sur cette gestion pour savoir ce qu'on en fait. Comment les
corrige-t-on? Est-ce qu'il y a lieu de corriger? Quelles sont les dispositions
que nous allons prendre?
Je veux toutefois dire que c'est un problème qui me
préoccupe. Je suis au courant. Je pense que cela indique quand
même la complexité de toute la rémunération des
professionnels de la santé. Cela explique aussi le fait que, par une
modification des modèles de pratique, l'on peut arriver à des
rémunérations différentes. On peut soit augmenter, soit
diminuer. Ce sont tous des facteurs. Il y a aussi le fait que cela entre en
ligne de compte, je pense, d'une certaine façon, au moment des
négociations.
Mais quant à toute la pratique médicale, j'ai souvent
posé des questions là-dessus, dans le passé. Par exemple,
on pourrait parler du recours des femmes aux services médicaux, de la
façon dont elles y ont recours. C'est un problème très
complexe, non seulement intéressant, mais aussi préoccupant. Je
dois vous dire que cela fait partie de mes préoccupations, mais
qu'après quatre mois au ministère, cela n'a pas été
retenu comme une priorité, au moment où on se parle. (12 h
15)
M. Rochefort: Mais, compte tenu de la fin de la réponse de
la ministre, que je comprends bien, quand elle dit que cela n'a pas
été retenu comme une des priorités dans ses
réflexions, dans les travaux qu'elle veut faire, la ministre ne
conviendrait-elle pas avec nous... Jeudi matin, j'ai repris certaines
interventions du président du Conseil du trésor qui lui nous dit:
On va rééquilibrer l'offre et la demande et, de toute
évidence, sa décision et son orientation, c'est d'intervenir sur
la demande. Quand on se penche sur la question de la pratique médicale,
sur les formules de rémunération des professionnels de la
santé, un bon nombre d'experts, aussi experts que le président du
Conseil du trésor en ces matières, nous disent que,
d'après eux, il faudrait plutôt réfléchir à
des interventions, en matière d'équilibre entre l'offre et la
demande, qui portent sur l'offre. Comme il s'agît quand même d'une
question majeure -on en a discuté une partie de la journée de
jeudi, on l'a refait encore ce matin et ce n'est sûrement pas la
dernière fois - est-ce que Mme la ministre ne conviendrait pas avec nous
qu'il serait important - je ne lui fais pas de reproche d'aucune façon
d'ajouter ce volet le plus rapidement possible à sa réflexion
pour que, dans l'opération où on rééquilibre la
demande et l'offre par ici, on soit bien certain qu'on fera porter l'essentiel
de nos interventions là où cela doit porter et là
où cela compte?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si j'ai dit que cela
n'était pas une priorité, c'est que je pense que toutes les
actions que j'ai pu poser depuis mon arrivée au ministère
expliquent peut-être que je n'aie pas la réponse toute faite ce
matin eu égard à cette question. Je dois vous dire que cela fait,
d'ailleurs, l'objet de discussions au comité de coordination des
professionnels de la santé, avec nos relations du travail et tout cela.
J'aimerais répéter que cela n'est sûrement pas une
préoccupation qui peut être exclue. En effet, quand on parle de
rationalisation de coûts, quand on parle de préserver les acquis
dans le domaine de la santé, ceci doit être une des questions qui
sont incluses et étudiées de très près parce que je
suis fort consciente que cela peut augmenter les coûts ou les diminuer,
selon l'approche que l'on prend, comme, d'ailleurs, toute la question des
effectifs médicaux aussi, qui est une question reliée à
ceci.
Alors, je peux assurer le député que, si j'ai dit que ce
n'est pas une priorité dans le sens où je n'ai pas une
réponse définitive à
lui donner compte tenu de la complexité, cela demeure une
préoccupation importante pour la ministre.
M. Rochefort: Et qui sera prise en considération avant
d'aller trop loin dans le rééquilibrage de l'offre et de la
demande?
Mme Lavoie-Roux: De quoi parlez-vous?
M. Rochefort: Des phénomènes reliés à
l'offre. On a vu beaucoup de réflexions sur la demande. Ce que je
souhaite, c'est que vous nous assuriez que des réflexions autour des
phénomènes relatifs et conséquents à l'offre seront
faites de façon à être prises en considération en
temps, et bien.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas examiner l'un sans l'autre. Cela
va de soi.
M. Rochefort: Cela me satisfait, je vous remercie.
J'ai une question peut-être plus personnelle et je veux que le
président se sente bien à l'aise quant à la réponse
qu'il voudra ou qu'il ne voudra pas fournir. On a vu dans les
déclarations du président du Conseil du trésor que,
notamment, il voulait mettre fin, disait-il, et je le cite presque au texte,
"aux abus quant au magasinage d'un médecin à l'autre, d'un
hôpital à l'autre, que commettent certains citoyens". Je sais,
comme il nous l'a dit d'ailleurs tantôt, que la régie
possède un ordinateur absolument extraordinaire, versatile, polyvalent
et qui possède des données sur à peu près tout ce
qui pourrait paraître à première et à
deuxième vue impossible. Est-ce que votre ordinateur vous indique qu'il
y a vraiment quelque chose qui génère des coûts importants,
qui ne sont plus à la marge en termes d'abus de magasinage d'un
médecin à un autre, d'un hôpital à un autre, de la
part de certains bénéficiaires du programme?
M. Mockle: M. le Président, nous avons fait il y a
quelques années une vérification de type enquête concernant
la consommation des médicaments, parce qu'on se faisait dire que les
gens abusaient des médicaments. Nous avons consulté notre
ordinateur, nous sommes allés voir les personnes également, pour
nous rendre compte finalement que le phénomène était
marginal et pourtant si on pense qu'il peut y avoir abus, tout le monde de
prime abord pense au phénomène des médicaments.
J'écoutais M. Parizeau qui disait vendredi dernier: Le programme des
médicaments, tout le monde en abuse. Donc, les gens "focussent" sur le
programme des médicaments pour illustrer ce que l'on appelle leur
présomption d'abus.
Ce qui est arrivé à ce moment, nous avons regardé
et nous avons trouvé quelques personnes qui faisaient du marchandage,
donc qui allaient voir différents médecins pour avoir des
médicaments, mais c'était marginal par rapport à
l'ensemble des personnes. On retrouvait cela un peu plus du côté
des bénéficiaires de l'aide sociale que de celui des personnes
âgées. Encore là, c'était marginal.
D'autre part, concernant les autres services médicaux, par
exemple, nous n'avons pas fait dans le passé le profil proprement dit
des bénéficiaires, mais nous faisons ce qu'on appelle le profil
des dispensations des médecins et nous voyons à travers cela ce
qu'on appelle le profil des bénéficiaires. Lorsque les gens chez
moi regardent le profil d'un médecin, ils vont à travers les
fiches historiques de façon à pouvoir le reconstituer. Quand on
fait des comparaisons avec les autres, cela permet également de faire du
recoupage indirect des consommateurs. Là encore, d'après ce qu'on
me dit, il n'y a pas de phénomène d'abus manifeste. On a des cas
marginaux de ce côté comme dans tout système, quel qu'il
soit, dans tous les pays du monde. Lorsque vous avez un système
étatique, forcément il y a des gens qui tentent d'abuser, mais
encore là c'est plutôt marginal.
Quoi qu'il en soit, c'est une situation que nous surveillons de
près. Nous avons quand même tout un système de
contrôle de la pratique et de la consommation. Nous avons un
système d'enquête. Nous suivons le phénomène de
près. Il est arrivé dans le passé qu'on a poursuivi une
personne pour abus devant la cour parce que selon la loi on n'a pas d'autre
recours, s'il y a abus, que la poursuite sommaire. La loi ne me donne aucun
autre pouvoir. Il est arrivé, dans ce cas, que la personne qu'on
poursuivait bénéficiait de l'aide sociale; finalement, ce sont
les avocats de l'aide juridique qui ont payé pour elle, donc, c'est le
gouvernement qui a payé pour elle. C'est plutôt marginal.
Je ne dis pas qu'il n'y en a pas, il y en a. Mais il ne faut pas dire
qu'il y a une consommation épouvantable et que les gens abusent de
façon excessive. Je pense que non.
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le président de la
régie, M. le Président de la commission, c'est l'ensemble des
questions, compte tenu du temps qui est à notre disposition, que je
voulais poser concernant le programme de la RAMQ. Nous serions prêts
à procéder à son adoption s'il n'y pas d'autres questions
d'autres membres. Comme je vous l'ai indiqué, nous souhaitons un vote
sur appel nominal quant à ce programme, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 1 de la RAMQ au ministère de la
Santé et des Services sociaux? Cela conclut le programme.
Donc, nous procéderons à l'appel nominal pour
l'acceptation des crédits du programme 1. Ceux qui sont pour? M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Baril: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. le
député de Laval-des-Rapides, pour. Mme la députée
de Châteauguay?
Mme Cardinal: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. le
député de L'Assomption?
Une voix: II n'est pas ici.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi. M, le
député de Sherbrooke?
M. Hamel: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. le
député de Fabre?
M. Joly: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. le
député de Taschereau, M. Leclerc? Absent. Mme Legault
(Deux-Montagnes)? Absente. M. le député de Saint-Maurice, M.
Lemire?
M. Lemire: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Et M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. M. le
député de Joliette? M. le député de Robervai?
M. Gauthier: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Mme la
députée de Johnson? M. le député de Gouin?
M. Rochefort: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Contre. Les
crédits sont acceptés à huit voix pour et trois voix
contre.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais remercier le
président de la Régie de l'assurance-maladie, le Dr Mockle, de sa
présence parmi nous, de l'éclairage qu'il nous a fourni et de son
aimable collaboration constante et soutenue.
Le Président (M. Bélanger): M. le président de la
régie, au nom des commissaires, je vous remercie de votre
présence et de vos judicieuses réponses. Nous ajournons
jusqu'à...
Une voix: Sine die.
Le Président (M. Bélanger): Sine die,
c'est-à-dire jusqu'à prochain avis.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales se réunit afin de
poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de la Santé et des Services sociaux pour l'année
financière 1986-1987. Nous passons au programme 3, Services des centres
hospitaliers de courte durée et psychiatriques. M, le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, je
vous en prie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
remettre, à la suite de la demande qui nous a été
adressée hier, l'évolution des dépenses consacrées
aux services dentaires de 1983-1984 à 1986-1987, dans les CLSC et les
DSC. J'avais parlé ce matin de 9 000 000 $. On l'a pour les
années 1983-1984 et autres et les prévisions pour 1986-1987.
Je veux juste faire remarquer que, dans les soins préventifs, par
exemple, entre 1983-1984 jusqu'à 1985-1986, il y a une diminution qui
pourrait être imputable à des écritures comptables, comme
on le dit dans le jargon. Je vais vous le passer tel qu'il est. C'est ce qu'on
nous a remis, mais cela revient aux 9 000 000 $ dont on parlait.
M. Rochefort: Pour 1985-1986 ou 1986-1987?
Mme Lavoie-Roux: Pour 1985-1986, c'était 8 000 000 $, plus
les 20 dentistes payés à salaire par la Régie de
l'assurance-maladie et, pour 1986-1987, c'est 8 800 000 $; évidemment,
il y a une
augmentation.
M. Rochefort: Les 20 dentistes, est-ce qu'on a le montant sur
votre document de ce que cela représente?
Mme Lavoie-Roux: Ce serait la soustraction de 1 000 000 $, j'ai
l'impression, la différence entre 8 000 000 $ et 9 000 000 $. En tout
cas, on va vous remettre cela, c'est ce qu'on m'a remis.
M. Rochefort: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: 50 000 $ en moyenne, me dit-on. 20
dentistes.
M. Rochefort: Bon, M. le Président, je remercie la
ministre. Je prendrai connaissance du document et, s'il y a des questions
additionnelles, je les transmettrai par les voies habituelles.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Donc, sur le
programme 3, M. le député... Madame...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je pourrais faire quelques remarques
sur le programme 3 pour commencer, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Bien sûr.
Services des centres hospitaliers de courte
durée et psychiatriques
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais d'abord faire remarquer que, en ce
qui a trait aux centres hospitaliers de courte durée et psychiatriques,
il y a eu une révision des bases budgétaires et un ajout au
coût de système pour un montant de 128 500 000 $. II y a
également 1 000 000 $ prévus pour l'alourdissement de la
clientèle. Il y a également la croissance mécanique, selon
les paramètres de base dont on a parlé, pour 1,39 % et la
croissance réelle est de 6,03 %, M. le Président. Cela va. Je
pense que c'est bon de situer le budget.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Le budget des établissements
M. Rochefort: M. le Président, comme première
question relative au programme des centres hospitaliers de courte durée
et psychiatriques, je voudrais qu'on aborde évidemment ta question du
budget des établissements.
Dans un premier temps, M. le Président, nous apprenions, sauf
erreur, par la voie des journaux, il y a une dizaine de jours, que la ministre
et son gouvernement avaient pris la décision d'éponger en
totalité les déficits accumulés des établissements
hospitaliers du Québec. Le montant avancé était de l'ordre
de 250 000 000 $.
J'aimerais que la ministre nous précise qu'il s'agit bien de 250
000 000 $. Deuxièmement, j'aimerais que la ministre nous informe, parce
qu'il y avait beaucoup de flou dans la nouvelle en même temps que
l'élément majeur y était, quant aux modalités de
transfert au gouvernement du Québec de ces déficits
d'exploitation accumulés. J'aimerais que la ministre ' nous
précise le montant, qu'elle nous explique comment seront
transférés à Québec les déficits
d'exploitation et comment ils seront assumés financièrement.
Mme Lavoie-Roux: Première des choses, M. le
Président, il y a une impression que je voudrais corriger. Si on se
réfère à des entrevues, entre autres, une que j'avais
accordée au Devoir il y a déjà quelque temps et même
celle qui a été accordée au Journal de Montréal
plus récemment, et c'est probablement à celle-là que le
député fait allusion d'une façon plus particulière,
je n'ai jamais dit que les déficits seraient épongés en
totalité. J'ai eu l'occasion aussi de le dire à la radio et
peut-être à la télévision, certainement à la
radio, à quelques reprises. C'est que nous devons d'abord valider ces
déficits. Une bonne partie d'entre eux ont été
validés. Il semblerait que la plus grande partie des déficits
seront épongés.
Pourquoi je dis cela, M. le Président? C'est que ce serait trop
facile pour des administrations de dire: Écoutez, de toute façon,
cela n'a pas d'importance, tout est épongé automatiquement. Dans
l'opération Blitz et les opérations subséquentes qui ont
été faites relativement aux budgets des hôpitaux... C'est
évident là où les déficits ne sont pas dus, par
exemple, à des coûts de système, entre autres, à
l'alourdissement des clientèles, au développement de nouveaux
services autorisés ou encore aux dépenses reliées à
la technologie, etc. Mais, s'ils étaient dus à des facteurs qui
vraiment n'entrent pas dans les normes habituelles ou reconnues du budget d'un
centre hospitalier, ou encore, je n'ose pas le dire, si par hasard il y avait
eu fraude ou une administration disons un peu trop relaxe, je pense qu'à
ce moment-là aucun gouvernement qui serait responsable ne dirait:
Écoutez, menez cela comme vous voudrez, et nous, on éponge en
bout de route. C'est dans ce sens-là que je veux nuancer un peu. Je
pense que dans le Journal de Montréal on avait parlé de
remboursement. II ne s'agit pas de remboursement. Parce que ce que j'avais dit,
c'est qu'il faudra qu'ils le récupèrent à même leur
budget ou une partie, une fois que le coût de redressement aura
été évalué, le coût de système,
etc.
Maintenant, pour répondre à la question
plus précise du député de Gouin, je dois vous dire
- et je l'ai dit hier matin, pas hier matin, plutôt jeudi matin dans mes
notes d'ouverture - que les déficits accumulés sont de l'ordre de
264 000 000 $ et non pas de 250 000 000 $ comme, enfin, on avait dit depuis un
assez bon bout de temps. Pour la bonne et simple raison que finalement le total
quand on regarde le total, des déficits, il est vraiment de l'ordre de
272 000 000 $ contrairement aux 250 000 000 $ dont on a toujours parlé
jusqu'ici justement parce que toutes les opérations n'étaient pas
terminées. Par contre, il y a aussi 38 000 000 $ de surplus. De ces 38
000 000 $ de surplus, une dizaine de millions vient effacer une partie du
déficit, ce qui fait que nous restons avec un déficit très
précis de 264 000 000 $ tel que j'en ai fait part hier matin. (15 h
30)
Le surplus de 29 000 000 $ sera libéré en grande partie.
Encore une fois, selon les paramètres que j'ai décrits tout
à l'heure, ce n'est pas dû, par exemple, à une diminution
d'activité que, finalement, on encourt des surplus, mais vraiment
à cause d'une administration rigoureuse. La grande partie de ces surplus
sera libérée aux établissements.
M. Rochefort: M. le Président, la ministre nous dit que le
déficit total est de 272 000 000 $, qu'il y a des surplus
budgétaires d'environ 38 000 000 $, dont 10 000 000 $ seront
récupérés par Québec, ce qui ramène la
facture à payer de l'opération - on assume les déficits -
à environ 262 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: 264 000 000 $.
M. Rochefort: D'accord, c'est parce que vous arrondissez les
chiffres, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, j'arrondis les chiffres, c'est 264 000
000 $. C'est ce que j'avais dit hier matin.
M. Rochefort: Parfait! Donc, cela ramène
l'opération à 264 000 000 $. Je situe un peu mieux, compte tenu
de la réponse que la ministre vient de faire, le sens à donner...
Si des dépenses pas correctes sont faites, ils rembourseront. Je
comprends un peu le sens que la ministre voulait donner à cette
affirmation.
Quant à la méthode de financement, M. le Président,
la ministre pourrait-elle nous indiquer comment ces déficits seront
financés dans le budget de l'État du Québec?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vais demander à monsieur...
M. Rochefort: ...M. D'Astous.
M. D'Astous (André): On a, au 31 mars 1982, consolidé les
déficits du réseau hospitalier de 1979 à 1982 par du
financement sur une période de quatre ans, avec des paiements de 40 %,
40 % et 20 % sur ces quatre années. On va procéder à la
même opération pour les années 1982 à 1986. On va
faire l'analyse de ces situations entre les états financiers qu'on va
recevoir d'ici le 30 juin, pour 1985-1986, plus ceux qu'on a déjà
de 1982-1983 à 1984-1985. On va, comme par le passé, àpartir des crédits qui seront au ministère des Finances en
1987-1988, financer, possiblement sur quatre ans, le montant de 264 000 000 $
par l'émission d'obligations sur quatre ans.
M. Rochefort: Si je comprends bien, votre décision quant
à la période et quant au quantum des remboursements n'est pas
arrêtée?
M. D'Astous: Elle n'est pas arrêtée, non.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. D'Astous: C'est le ministère des Finances qui, dans ses
grands équilibres, va éventuellement statuer là-dessus.
Mais on a un accord de principe, et du Conseil du trésor et du
gouvernement, à l'effet de.
M. Rochefort: À ce moment-Ià, le budget pour payer
selon les modalités de versement prévues sera pris à
même le fonds consolidé.
M. D'Astous: À même le fonds de
suppléance...
M. Rochefort: À même le fonds de
suppléance.
M. D'Astous: ...budgétisé en début
d'année, comme on le fait en 1985-1986 et 1986-1987.
M. Rochefort: D'accord. Mme la ministre, tous les
établissements seront-ils sur un pied d'égalité? Je
m'explique. D'une part, vous nous dites: Des 38 000 000 $ de surplus, selon les
règles prévues antérieurement, 10 000 000 $ reviennent
è Québec, 28 000 000 $ à 29 000 000 $ restent aux
établissements qui pourront être dépensés selon les
règles reconnues. C'est une façon de distinguer. Mais, quant aux
établissements qui sont en déficits accumulés, tous les
établissements seront-ils sur un même pied? Dans
l'opération, on assume le déficit. Avez-vous l'intention
d'accorder, par exemple, une forme de reconnaissance aux établissements
les plus performants au plan budgétaire?
Mme Lavoie-Roux: Pour ceux qui ont
été les plus performants au plan budgétaire et qui
n'ont pas fait de déficit, alors il n'y aura aucune...
M. Rochefort: D'accord, on se comprend, mais...
Mme Lavoie-Roux: Pour ceux qui ont accumulé des surplus
qui peuvent être libérés, dans certains cas, je pense que
là il y aura déjà une reconnaissance à la
performance. C'est vraiment dans l'opération Blitz que c'est
continué, hôpital par hôpital; à partir de
l'étude du déficit et avec les différents outils de mesure
de performance, on en arrive à déterminer les déficits
réels ou les surplus réels des établissements.
M. Rochefort: Mais je précise ma question, je vais la
poser autrement. Je comprends que les plus performants, dans une façon
de le définir, ont obtenu des surplus, auquel cas ils en profiteront en
partie. Mais les établissements qui ont le moins mal performé, si
vous me passez l'expression, au sens de l'importance du déficit
accumulé... Par exemple, un établissement - je n'ai pas de
chiffres en tête, d'ailleurs on y reviendra tantôt - qui aurait de
8 000 000 $ à 10 000 000 $ de déficits accumulés sera-t-il
traité de la même façon que l'établissement qui
aurait peut-être 20 000 000 $ ou 25 000 000 $ de déficits
accumulés?
Mme Lavoie-Roux: Pour le passé, oui, et, pour l'avenir,
non.
M. Rochefort: D'accord. Si vous permettez, Mme la ministre, on va
aborder l'avenir un peu plus tard, j'ai prévu des questions
là-dessus.
J'ai une demande précise à faire, M. le Président.
La ministre pourrait-elle nous fournir la liste, par établissement, des
déficits accumulés depuis 1982?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est possible.
M. Rochefort: Oui? D'accord, merci, ainsi, évidemment, que
les surplus.,.
Le Président (M. Bélanger): Dois-je
comprendre...
M. Rochefort: Si vous permettez...
Le Président (M. Bélanger): ...que ce document
sera déposé à la commission?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: Ainsi que, évidemment, les surplus pour ceux
qui ont fait des surplus. C'est cela? Cela va?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Par contre - je vais vous les remettre
puisque vous nous le demandez, mais j'apprécierais votre
discrétion - je pense qu'il serait malvenu de faire des comparaisons
parce qu'il y a tellement d'autres facteurs qui peuvent expliquer des choses
entre un établissement et un autre. C'était d'ailleurs la
condition à laquelle - du moins, lorsque M. Johnson était
ministre - on m'avait remis ces déficits par établissement. Du
point de vue des conseils d'administration, quand un conseil d'administration
est vraiment frauduleux, on... Mais, pour les autres, tellement de variables
entrent en ligne de compte. Si c'est pour l'information du
député, si cela peut l'intéresser, on les lui remettra,
mais j'apprécierais que ce soit gardé confidentiel.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, on
demande à tous les membres de la commission qui recevront ce document
d'en user avec beaucoup de modération.
M. Rochefort: M. le Président, en ce qui me concerne, il
est absolument certain que j'utiliserai ce document avec responsabilité
et, dans le cadre des discussions que nous venons d'avoir, il n'y a aucun
problème là-dessus.
Si on abordait maintenant la question des déficits annuels pour
1985-1986. On nous indique, et là je demanderais à la ministre de
préciser - ou de corriger si cela a évolué dans le cadre
de l'opération Blitz et des validations des situations
financières - si le déficit en 1985-1986, lui, serait d'environ
145 000 000 $. Est-ce le cas?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il est rendu à 147 000 000 $...
M. Rochefort: 147 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: ...alors qu'on avait prévu 120 000 000 $
ou 125 000 000 $.
M. Rochefort: C'est cela, exactement. La ministre peut-elle nous
expliquer l'écart entre les 120 000 000 $ prévus il y a quelques
mois, les 125 000 000 $ à 127 000 000 $ reconnus il y a quelques
semaines et tout à coup les 145 000 000 $ qui deviennent 147 000 000 $?
Comment expliquer cette évolution aussi rapide du déficit de
1985-1986?
Mme Lavoie-Roux: On peut faire des hypothèses. Est-il
possible que, quand les centres hospitaliers ont su qu'il y aurait un
redressement des bases budgétaires, certains d'entre eux aient ouvert un
peu plus grandes les valves et qu'à ce moment-là le
déficit anticipé ait été plus considérable
que celui qu'on avait prévu? Il reste que, de toute façon,
l'opération tient compte de ce
phénomène et qu'ils s'en trouveront
pénalisés pour les plans d'équilibre.
M. Rochefort: Pardon? Seulement la fin de votre phrase, je n'ai
pas bien entendu: Ils s'en trouveront pénalisés... Je n'ai pas
compris après cela.
Mme Lavoie-Roux: Ils s'en trouveront pénalisés en
1985-1986 si, par hasard, ils ont trop élargi leur déficit ou
leur base budgétaire ou ont fonctionné avec une base
budgétaire qu'ils ont peut-être eux-mêmes
réévaluée en cours de route. Ce qu'il faut bien comprendre
aussi, c'est qu'en 1985-1986 jamais les centres hospitaliers n'ont eu de budget
final. Cela a toujours été des budgets provisoires. Pour ceux qui
étaient en déficit, on a laissé courir les choses de mois
en mois et leur budget ne leur a jamais été
précisé. C'est un autre facteur qui a fait que, avec la
perspective du redressement budgétaire, on a été
peut-être un peu plus laxiste.
M. Rochefort: Dois-je comprendre, M. le Président, de la
réponse de la ministre que l'accroissement du déficit de
1985-1986 pour l'ensemble des établissements auquel on a assisté,
si jamais il s'agissait là d'une attitude un peu plus souple - je prends
l'expression de M. D'Astous - de la part de certains établissements on
pourrait rattraper cela dans la validation des déficits.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans le redressement de la base
budgétaire que cela pourrait être repris.
M. Rochefort: C'est dans le redressement de la base
budgétaire que vous comptez le faire. Là aussi, M. le
Président, à moins que cela ne soit intégré dans la
présentation du document précédent que j'ai
demandé, j'aimerais avoir, pour 1985-1986, le déficit
accumulé. J'imagine que vous allez l'intégrer è
1982-1986.
M. D'Astous: Par année.
M. Rochefort: C'est cela, cela va y être. Merci. Si on
aborde, à la suite de ces réponses, la question des bases
budgétaires, il y a 100 000 000 $ de prévus dans les
crédits - la ministre me corrigera - pour corriger les bases
budgétaires 1985-1986 en 1986-1987. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est 133 000 000 $, incluant le coût
de système.
M. Rochefort: Oui, d'accord mais on s'entend bien, pour la
révision des bases budgétaires 1986 en 1986-1987, c'est 100 000
000 $.
Mme Lavoie-Roux: Un peu plus que cela.
M. Rochefort: Combien? Je m'exuse parce que j'ai trouvé
dans tous vos documents 100 000 000 $ pour la révision des bases
budgétaires.
Mme Lavoie-Roux: Environ 119 000 000 $ et 14 000 000 $ de
coût de système.
M. Rochefort: Donc on est toujours à l'intérieur de
133 000 000 $, mais là vous me précisez que c'est plutôt
119 000 000 $, la révision des bases budgétaires, et 14 000 000 $
pour le coût de système. On demeure dans l'enveloppe de 133 000
000 $. Bon, d'accord.
Comment expliquer que le déficit 1985-1986 pour l'ensemble des
établissements, représente 147 000 000 $ et que la
révision de la base budgétaire 1985-1986 sur les budgets
1986-1987 ne représente que 119 000 000 $? Cela fait quand même 28
000 000 $ d'écart entre le déficit 1985-1986 et l'augmentation
des budgets de révision des bases budgétaires en 1986-1987. Il y
a un écart de 28 000 000 $. Dois-je comprendre qu'il s'agit d'un montant
de 28 000 000 $ qui ne sera pas reconnu aux fins de rétablissement de la
base budgétaire?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. II y a un écart de 23 000 000
$ de dépenses récurrentes et il a également 5 000 000 $ de
dépenses non récurrentes, ce qui fait un total de 28 000 000
$.
M. Rochefort: D'accord. Donc il y a 28 000 000 $...
Mme Lavoie-Roux: 23 000 000 $.
M. Rochefort: ...23 000 000 $ de déficit 1985-1986 qui ne
sera pas reconnu aux fins du rétablissement de la base
budgétaire.
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
M. Rochefort: Ce n'est pas une opération dont on se dit
que dans un an ou dans deux ans on essayera de rattraper cela d'une
façon ou de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Non. Je pense que l'esprit de tout cela... Dans
la convention que nous avons avec les centres hospitaliers, les conseils
d'administration, cela a été aussi la volonté du
gouvernement de dire: On va essayer de repartir les hôpitaux sur une base
budgétaire plus réaliste. On sait que d'année en
année les hôpitaux encouraient des déficits qui devenaient
de plus en plus importants et on a bien dû se rendre compte que, au
moment de l'examen des déficits des
hôpitaux une grande partie et dans bien des cas la totalité
des déficits étaient dues, pour la plupart, à une base
budgétaire trop faible. On aurait pu laissé courir les choses,
mais on sait bien que pour l'an prochain on s'acheminait vers un déficit
encore plus grand et surtout on avait l'impression que cette façon de
procéder risquait de "déresponsabiliser" les administrations
hospitalières. Cette année, on s'est dit: Essayons de voir les
choses d'une façon réaliste. Le gouvernement nous a
accordé ce montant quand même considérable et, pour la
première fois, on a introduit la notion de coût de système.
Évidemment, ceux où il nous apparaît que les
déficits ne sont pas toujours justifiés, on s'est dit qu'ils ont
peut-être déjà agi sur leur prochaine base
budgétaire, ou encore qu'ils se sont déjà payé une
partie du coût de système. C'est dans ce sens-là que nous
évaluons à 23 000 000 $ le montant qui ne peut pas être
reconnu comme strictement un déficit tout à fait justifié
et dont on ne devrait pas tenir compte dans le redressement des bases
budgétaires. (15 h 45)
Cette notion de coût de système, on essaiera de la raffiner
dans les années à venir. On est parti avec des évaluations
qui ne sont peut-être pas aussi fidèles que celles que nous
aurions souhaitées. Je pense que c'est une première ouverture.
C'est la première fois que cela se fait, quitte à ce que l'an
prochain, la base de redressement budgétaire ayant été
faite, on puisse être plus généreux si le coût de
système qu'on a évalué n'est pas suffisant pour une autre
année. Mais je pense qu'on veut essayer de les garder en
équilibre budgétaire. C'est dans ce sens qu'on exige des centres
hospitaliers qu'ils n'encourent pas cette année des déficits
budgétaires. Ils vont être suivis de très très
près pour justement, mensuellement, trimestriellement et biannuellement,
en ce qui a trait au ministre, prévoir ces déficits et essayer
d'apporter des correctifs dès le départ. J'ai eu l'assurance
également de l'Association des hôpitaux du Québec qu'on est
prêt à jouer ce jeu-là et à faire cette
expérience dans le but de restaurer le plus possible les conditions dans
lesquelles les centres hospitaliers doivent s'administrer.
M. Rochefort: Si je comprends bien, pour le coût de
système en 1986-1967, il ne restera que 14 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Plus l'avance évidemment que
certains CH semblent avoir prise en 1985-1986 et qui vient affecter le
déficit.
M. Rochefort: C'est cela. Vous maintenez que dans une situation
normale il y aurait eu 100 000 000 $ de révision de base
budgétaire et 33 000 000 $ en coût de système.
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
M. Rochefort: Les millions qui se promènent...
Mme Lavoie-Roux: Et à ce moment-là...
M. Rochefort: ...d'un bloc à l'autre, c'est uniquement
parce que vous croyez que des gens, disons donc, ont essayé d'avoir une
longueur d'avance sur vous.
Mme Lavoie-Roux: Le coût de système avait
été évalué au point de départ à 1 %
de la masse comme en Ontario. Eux avaient 1 % pour le coût de
système et... Eux, ils ont 1,3 %: 1 % pour le coût de
système et 0,3 % pour l'équipement.
M. Rochefort: Donc, compte tenu de ces décisions de
rétablissement de base budgétaire, de reconnaissance des
coûts de système, tout cela, la ministre a déclaré
qu'en contrepartie elle procéderait à des changements importants
quant à la composition des conseils d'administration et quant aux
règles financières des établissements. Or, dans un premier
temps, sur la dimension...
Mme Lavoie-Roux: Allez, je vous répondrai.
M. Rochefort: Je vais sortir ce que j'ai lu. Dans un premier
temps, M. le Président, si on aborde la question des conseils
d'administration, j'aimerais que la ministre nous dise à quoi elle pense
lorsqu'elle dit qu'en contrepartie du rétablissement de la base
budgétaire, de l'appropriation par Québec du déficit
accumulé et de la reconnaissance du coût de système de 1 %
elle procéderait à des changements radicaux quant à la
composition des conseils d'administration. J'aimerais savoir un peu à
quoi la ministre pense lorsqu'elle fait une telle affirmation.
Mme Lavoie-Roux: Avant de répondre à vos deux
questions, j'aimerais pour l'intérêt des membres de la commission
- lorsqu'on dit qu'on devenait extrêmement inquiet des déficits
encourus par les hôpitaux simplement vous faire part de la progression
depuis 1982-1983, de l'ordre de progression des déficits des
hôpitaux. En 1982-1983, les déficits étaient de l'ordre de
19 000 000 $; en 1983-1984 de 29 000 000 $; en 1984-1985 de 78 000 000 $ et,
cette année, de 145 000 000 $. Alors, c'était du simple au double
entre 1984... Les chiffres sont en progression pour le total de 272 000 000
$.
Quant aux questions que me pose le
député de Gouin, je vais répondre à la
deuxième parce que ce sera plus bref qu'à la première,
quand vous avez fait allusion à des règles
financières...
M. Rochefort: Si vous le permettez, Mme la ministre, je ne veux
pas vous interrompre. Sur tout l'aspect des règles financières,
j'ai quelques questions à vous adresser. Étant donné que
vous avez fait allusion à deux sujets, la composition des conseils
d'administration et les règles financières, si vous
préférez, on peut commencer par les règles
financières, mais j'avais l'intention d'aborder les deux sujets
d'intervention retenus séparément, mais l'un à la suite de
l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Bon, en ce qui a trait aux conseils
d'administration, je pense que, déjà, le député de
Gouin m'a posé une question là-dessus jeudi dernier, si ma
mémoire est bonne, ou on me l'a peut-être posée
suffisamment de fois que j'ai peut-être l'impression qu'il me l'a
posée la semaine dernière, enfin on ne se chicanera pas
là-dessus...
M. Rochefort: Là, c'est vrai que je vous la pose
aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: Là, c'est vrai. Écoutez, depuis un
bon bout de temps, il y a des représentations qui sont faites selon
lesquelles les conseils d'administration, non seulement des centres
hospitaliers, mais des autres établissements du réseau, ont
souvent un fonctionnement difficile à cause de l'interaction à
l'intérieur de ces conseils dont les membres siègent souvent au
sein de plusieurs conseils d'administration. Vous avez, par exemple, le
directeur général d'un centre d'accueil qui est membre du conseil
d'administration du CLSC et qui se retrouve dans le conseil d'administration
d'une autre institution. Souvent, les échanges suscitent des conflits et
on a l'impression que les gens peuvent facilement se retrouver en conflit
d'intérêts. C'est dans ce sens qu'on veut une
représentation qui soit... On n'a pas encore arrêté les
modalités de ces changements dans les conseils d'administration, mais on
juge qu'un plus grand nombre doit venir de l'extérieur des institutions
du réseau, et c'est dans ce sens que nous nous orientons.
M. Rochefort: M. le Président, si je comprends bien, toute
déclaration attribuée à la ministre sur des changements
radicaux à la composition des conseils d'administration qui aurait pu
être de nature à faire comprendre qu'il y avait là d'une
certaine façon une forme de blâme ou d'insatisfaction de sa part
était non fondée quant à la composition actuelle des
conseils?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous pourriez répéter?
J'ai mal entendu.
M. Rochefort: Ma question est la suivante. Toute explication ou
toute compréhension de l'affirmation de la ministre qui disait, en
contrepartie du réaménagement des bases budgétaires: Je
vais procéder notamment à des changements radicaux quant à
la composition des conseils d'administration, toute compréhension de
cette affirmation qui irait dans le sens qu'il y a là peut-être un
blâme voilé ou une insatisfaction de la ministre quant à la
composition actuelle des conseils d'administration, ce n'était pas
fondé, si je comprends?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense que je n'ai jamais dit
qu'en contrepartie du redressement budgétaire et de l'ajout d'un
coût de système nous verrions à la modification des
conseils d'administration. Je pense que ce que j'ai dit, c'est qu'en
contrepartie nous aurions plus d'exigences à l'endroit des conseils
d'administration.
En ce qui a trait à la composition des conseils d'administration
eux-mêmes, je pense que, depuis un bout de temps déjà, on y
songeait et des représentations avaient été faites dans ce
sens. Il arrive que les deux coïncident et je pense que, si on fait des
modifications aux conseils d'administration, on espère que cela va
améliorer leur fonctionnement. Mais le point de départ du
problème des conseils d'administration n'est pas relié
directement au problème du déficit des hôpitaux. J'ai
parlé de sous-budgétisation comme grand principe.
Alors, la sous-budgétisation, ce n'est pas la faute des conseils
d'administration. C'est que le processus de décision est difficile
étant donné la formation actuelle des conseils d'administration.
Cela ne veut pas dire que des éléments n'en seront pas retenus
dans les nouveaux conseils d'administration, mais l'équilibre sera
peut-être différent.
M. Rochefort: Est-ce que vous pourriez préciser ce
à quoi vous pensez quand vous parlez d'équilibre
différent?
Mme Lavoie-Roux: Non, à ce moment-ci, je ne suis pas
prête à l'annoncer.
M. Rochefort: Quand la ministre compte-t-elle déposer un
tel projet de loi?
Mme Lavoie-Roux: À l'automne, probablement.
M. Rochefort: À l'automne. Est-ce que vous avez
l'intention de consulter l'ensemble des intervenants avant ou après le
dépôt du projet de loi?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, normalement, nous allons
certainement avoir des contacts avec les intéressés. Je dois vous
dire que, même sans le demander, affluent à mon bureau un bon
nombre de propositions, sans même les solliciter, ce qui est un bon signe
et qui indique que les gens semblent désireux que certaines
modifications, au moins, soient apportées.
M, Rochefort: Comment conciliez-vous les changements que vous
voulez apporter aux conseils d'administration des établissements
l'automne prochain probablement et le processus de nomination des
représentants socio-économiques qui a été entrepris
pour l'ensemble des établissements?
Mme Lavoie-Roux: J'ai continué de procéder, comme
il est coutumier. Certains membres dont le mandat venait à
échéance à la fin de mai 1986 devaient être
remplacés. Quand il n'y a pas de changement, la procédure
habituelle continue de s'appliquer.
M. Rochefort: Quels sont les critères que vous comptez
retenir pour procéder à la nomination des représentants
socio-économiques, et quel processus de consultation
précédant votre décision quant au choix des individus
comptez-vous suivre?
Mme Lavoie-Roux: Le député de Gouin, qui fait une
lecture attentive des journaux, du moins en ce qui touche le réseau de
la santé et des affaires sociales, aura sans doute pris connaissance de
l'annonce qui a paru dans les grands quotidiens de la part des conseils
régionaux de santé et de services sociaux sollicitant, justement,
que les différents groupes socio-économiques des diverses
régions leur envoient des suggestions quant aux nominations possibles de
nouveaux membres ou de nouveaux représentants des groupes
socio-économiques. Je sais que l'opération, à ce
moment-ci, doit être complétée, peut-être par
l'opération pour me les transmettre, mais l'opération des noms
qui doivent être envoyés dans les conseils régionaux. Il me
semble que ça se terminait le 15 avril, mais je peux faire erreur. Par
la suite, nous verrons. C'est le processus de consultation habituel.
M. Rochefort: Le processus habituel. Merci. Si on aborde l'autre
volet qui est celui des changements quant aux règles financières,
est-ce que la ministre pourrait expliquer un peu plus cette notion à
laquelle elle a fait allusion, du changement des règles
budgétaires accompagnant ce processus de révision des bases
budgétaires, de reconnaissance du 1% du coût de
système?
Mme Lavoie-Roux: Pour répondre à la question, quant
aux règles budgétaires ou financières, je voudrais d'abord
indiquer l'effort du gouvernement de faire connaître les règles du
jeu dès le mois d'avril pour permettre aux conseils d'administration
d'entrer dans le jeu et de remplir leurs responsabilités. Je peux vous
dire que cette semaine ils connaîtront leurs budgets et que des lettres
en conséquence leur seront adressées, tant de ma part que de la
part de mon ministère.
Quant aux autres mesures ou règles financières, d'abord
une règle d'autorisation pour le financement du déficit actuel
jusqu'à ce que, après sa consolidation, il soit repris en 1987
pour être financé, par emprunt à court terme, sur une
période donnée - on en a parlé tout à l'heure -
dont les modalités ne sont pas arrêtées.
Les autorisations pour les emprunts sont des autorisations temporaires
pour les déficits qui sont présentement reconnus et
identifiés, mais il n'y aura plus d'autorisations d'emprunts pour les
nouveaux déficits. C'est une première règle. (16
heures)
Deuxième règle. Que toute notion de développement,
chaque initiative devra d'abord être approuvée à la
pièce, si on veut, à priori. Il y aura une définition
très précise de la notion de développement qui sera
transmise au conseil d'administration. Il y a d'autres mesures qui
relèvent davantage d'un contrôle financier ou budgétaire
plus rigoureux et plus suivi. D'abord, qu'à tous les 28 jours le
bordereau de paie de chaque établissement soit transmis au
ministère. Également, il y aura un rapport trimestriel touchant
justement les engagements budgétaires ou les prévisions et un
rapport bisannuel sur la situation financière des hôpitaux. Il y
aura également une accentuation du programme de vérification.
Dans l'hypothèse - j'aimerais autant ne pas en parler - où toutes
ces mesures qui sont quand même de nature beaucoup plus rigoureuses et
qui indiquent un suivi très, très serré... Si, par hasard,
en dépit de tout cela, on n'arrivait pas à cerner le
problème ou à contrôler la situation, il nous faudrait
envisager des sanctions.
Le Président (M. Bélanger): Cela va?
M. Rochefort: Vous dites tous les projets de développement
- et on va bien définir, on va bien circonscrire le sens à donner
au mot "développement" - devront être adoptés à la
pièce. Adoptés par qui?
Mme Lavoie-Roux: Par le CRSSS et le ministère.
M. Rochefort: Conjointement ou jusqu'à un niveau X par le
CRSSS et à un niveau Y par le ministère?
Mme Lavoie-Roux: Conjointement.
M. Rochefort: Chaque décision de développement
devra être adoptée conjointement et par le CRSSS et par le
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Évidemment, en sus du budget
autorisé.
M. Rochefort: Oui. On s'entend.
Mme Lavoie-Roux: Toute décision qui implique du
développement ou l'accélération de la réalisation,
par exemple, du plan d'effectifs médicaux, qui nécessite des
ressources additionnelles en sus du budget autorisé, ou qui va à
l'encontre des plans de services régionaux doit être
préalablement, avant sa réalisation, approuvée par le
conseil d'administration et sanctionnée par le ministère.
M. Rochefort: Et le CRSSS?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que cela va venir par le CRSSS,
évidemment.
M. Rochefort: Si je comprends bien, cela implique donc une
modification aux mécanismes de contrôle et de suivi des CRSSS et
du ministère quant au budget des établissements.
Mme Lavoie-Roux: On m'informe que c'est déjà dans
le système quant à un rapport trimestriel des
établissements qui est adressé à la fois aux CRSSS et au
ministère.
M. Rochefort: Depuis quand, à peu près?
Mme Lavoie-Roux: Depuis 1985-1986.
M. Rochefort: Question très sobre, très
sérieuse, sans aucun double sens: Si ces règles existent depuis
1985-1986 et qu'on a connu la croissance des déficits, de quelle
façon croyez-vous que ces mêmes mécanismes vont nous
permettre d'atteindre des objectifs qui sont ceux que la ministre a
décrits tantôt?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, peut-être, le plus grand
correctif qui a été apporté est celui de la connaissance
par le conseil d'administration de son budget. J'aurais souhaité que ce
fut même le 1er avril, mais je pense qu'on doit tenir compte des
délais qui nous ont été impartis et de l'arrivée du
nouveau gouvernement au mois de décembre. Finalement, c'est un
très court laps de temps. Nous viserons certainement le 1er avril pour
l'an prochain. Mais je pense que, déjà, les connaître au
mois d'avril rend plus facile... Écoutez, c'est un peu comme dans la vie
ordinaire. Je pense que, quand on sait quel est son budget, quand on sait ce
qu'on a à dépenser, cela donne des meilleures balises ou un
meilleur cadre de fonctionnement que quand les budgets restent imprécis
indéfiniment.
Il y a aussi la prohibition, si je peux dire, de possibilité
d'emprunt pour des déficits en cours de route. Je pense que cela ne sera
plus toléré et je pense que cela aussi devrait aider,
normalement. Apparemment, on me dit que dans le passé, souvent quand on
sentait que les choses devenaient difficiles, on venait demander pour emprunter
janvier, février, mars. On avait un peu créé cette
habitude. Comme les budgets n'étaient jamais connus d'une façon
précise pour un grand nombre d'établissements en temps et lieu,
je pense que l'on ouvrait la porte, une porte peut-être trop facile, pour
sortir du cadre financier que l'on avait fixé aux
établissements.
M. Rochefort: Sur la question des sanctions, à quelle
forme de sanctions pensez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, d'abord, touchant les
crédits de développement, les crédits de
développement leur seraient refusés. Les crédits
d'équipement, également, ne seraient pas accordés s'il y a
un déficit. Cela pourrait aller aussi loin que la suppression du droit
d'embauche des médecins ou des employés. Je pense que c'est une
partie des sanctions qui pourraient être envisagées.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu de notre
passé dans ce domaine-là, il faut se rappeler que les
opérations Révision de bases budgétaires, il y en a eu en
1975, en 1979, en 1982 et maintenant en 1986. J'imagine que tous ceux et toutes
celles qui ont participé à ces opérations y allaient avec
beaucoup de volonté, beaucoup de bonne foi et de détermination.
Tous se disaient: C'est la dernière fois. Je voudrais voir un peu,
justement, ce qui nous donne des assurances additionnelles, différentes,
nouvelles, de la permanence, de la solidité de l'opération
Révision des bases budgétaires pour l'avenir, pour nous assurer
que, finalement, on ne se retrouvera pas ici, dans quelques années,
à rediscuter d'une cinquième opération. Depuis 1975, on
révise les bases budgétaires, puis c'est la dernière fois,
tout cela. J'aimerais voir dans quelle mesure on est bien certain que cette
réforme, que ces changements vont prendre un caractère de
permanence.
La ministre a fait allusion è des facteurs tantôt, mais il
y en a quand même d'autres, l'évolution de la pratique
médicale en soi, l'évolution des besoins de la population,
l'évolution de la nécessité d'intervention de nature
curative, de nature diagnostique, des équipements nécessaires
pour réaliser tout cela. Je voudrais être bien certain que
l'on va poser des gestes qui nous assurent, justement, de bien intégrer
l'ensemble de ces préoccupations au budget. Je pense qu'il faut
reconnaître tous ensemble qu'il n'est pas simple d'intégrer
à des préoccupations budgétaires nécessaires,
essentielles, l'évolution de la pratique médicale,
l'évolution des besoins de la population, en matière de
santé, dans une période donnée. Prenons, par exemple, tout
le phénomène des transplantations. On en a discuté sous un
autre angle ce matin. Une fois qu'un centre hospitalier admet un médecin
dans son centre, si ce médecin décide demain matin que lui, il va
réaliser 50 greffes ou transplantations cardiaques dans l'année
qui vient, il n'y a personne qui a un mot à dire là-dessus, sauf
erreur. Comment intègre-t-on ce genre de phénomène
réel, c'est une réalité, à l'ensemble de vos
préoccupations budgétaires?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, je pense
qu'il faut peut-être faire un tout petit historique. Moi, j'ai eu
l'avantage, en tout cas, et je pense que mes souvenirs sont bons, d'assister
depuis bon nombre d'années à l'évolution des ressources
qui ont été mises è la disposition de notre réseau
de santé. On sait fort bien qu'à partir de 1977 il y a eu les
opérations de redressement budgétaire avec lesquelles, en bonne
partie, j'étais d'accord. Je pense qu'il y avait de la place pour du
redressement budgétaire. Il reste que les institutions ont eu
l'impression qu'une bonne ponction avait été exercée sur
elles. Par la suite, on a assisté à une période de
coupures budgétaires nettes, pendant quelques années successives
C'étaient soit des coupures nettes, en argent on leur donnait moins
d'argent, tout simplement, après avoir subi l'épreuve du
redressement budgétaire - soit des indexations partielles des
coûts ou une indexation passablement en bas de l'IPC. Finalement, les
hôpitaux, par la suite, ont commencé à développer
déficits par dessus déficits, si bien que nous sommes
arrivés, je pense, à un moment où les gens se sont dit: De
toute façon, peu importe ce qu'on fait, cela ne nous donne rien. Enfin,
je pense qu'il y a sûrement un certain découragement qui s'est
installé. Il ne faut pas oublier cette partie qui a quand même
été importante dans la démotivation des conseils
d'administration.
Aujourd'hui, ce que nous faisons, c'est que, d'une part, nous absorbons
des déficits, nous faisons un redressement des bases budgétaires
et surtout, ce qui est important, c'est cette notion de coût de
système qui, désormais, sera mécanique dans le
système hospitalier. Ce coût de système qui reviendra
année après année, je pense, est aussi une motivation. Il
tient compte des facteurs que le député identifie, è
savoir le vieillissement de la population, l'équipement,
l'alourdissement des clientèles.
M. Rochefort: Et la pratique médicale elle-même.
Mme Lavoie-Roux: La pratique médicale également.
Alors, je pense que ce sont des facteurs importants. J'ai l'impression que le
réseau est conscient des efforts énormes qui sont faits. Il est
conscient que nous introduisons ce mécanisme de coût de
système qui est important. Également, tout à l'heure, vous
disiez: Que va-t-il arriver si on décide de faire 50 greffes ou si, dans
dix hôpitaux, on fait des greffes? En tout cas, on n'en fait
peut-être pas dans dix, mais on en fait dans plusieurs
déjà. Je pense qu'il s'agira aussi de développement qui
devra être approuvé à la pièce, comme je le disais
tout à l'heure. Les gens qui voudront tenter de faire du
développement... Cela entre dans le développement quand, tout
à coup, un hôpital qui n'a jamais eu de programme de greffes
décide de faire des greffes.
Il y a également, en relation avec la question de la
main-d'oeuvre médicale dont vous parliez, d'une part, les plans
d'effectifs médicaux et, d'autre part, les plans de services
régionaux et sous-régionaux qui, jusqu'à maintenant,
même s'il y avait des dispositions prévues dans la loi, n'ont pas
été, disons, toujours observés. Je ne voudrais pas porter
de jugement trop absolu, mais, en tout cas, il n'y a pas eu de règles
très contraignantes qui ont été appliquées. Je
considère que l'aspect le plus important est de, finalement, faire
entrer ce coût de système qui rend plus difficile de dire:
Écoutez, notre population augmente, nos activités augmentent,
etc. Je pense que cela reste peut-être un élément
clé dans la possibilité d'atteindre les objectifs que le
gouvernement se fixe pour le réseau de la santé.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez
fini votre série?
M. Rochefort: Non, M. le Président, mais j'achève.
Je comprends que la ministre relie beaucoup les questions relatives à
l'évolution de la pratique, des besoins de la population, à la
reconnaissance du coût de système. Je veux attirer l'attention de
la ministre sur le fait qu'il y a quand même d'autres volets qui, je le
répète, dans la situation actuelle, sauf erreur... Si un
médecin, qui est déjà admis dans un hôpital et qui
pratique déjà des greffes, décide que, dans les mois qui
viennent, il augmente le nombre de greffes ou de transplantations, il n'a pas
de permission à demander. Il ne s'agit pas là de
développement comme tel. (16 h 15)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président à ce sujet, je
voudrais dire au député qu'au point de départ les budgets
sont approuvés et ils sont accordés selon un certain volume
d'activités. S'il y a un ajout de volume ou de nouvelles
activités, il faut qu'il y ait approbation. Évidemment, il y
aurait toujours la possibilité que l'établissement, à
même ses ressources financières ou humaines, fasse certains
réaménagements qui permettraient de nouveaux
développements. Mais, pour toute activité qui est en sus de
l'approbation officielle qui aura été reçue au moment de
la définition du budget, il doit y avoir une approbation.
Le Président (M. Bélanger): Mais, depuis
l'avènement de la loi 27 en particulier, cela devient quand même
très difficile. Une direction générale, même un
conseil d'administration, à moins de pressions du Conseil des
médecins et dentistes, ne peut pas intervenir en ce qui concerne l'acte
médical ou la pratique médicale des médecins.
M. Rochefort: Même si le Conseil des médecins et
dentistes ou le conseil d'administration juge que cette évolution ou cet
accroissement de la pratique va amener des conséquences
budgétaires importantes qui vont au-delà du budget...
Le Président (M. Bélanger): C'est le médecin
qui juge de l'intérêt de son patient et on ne peut pas
intervenir.
Mme Lavoie-Roux: Je vais laisser le sous-ministre répondre
à cette question. M. Carrignan.
M. Carrignan (Raymond): En fait, il revient à chaque
hôpital de déterminer... Il est vrai qu'à chaque acte le
conseil d'administration ou la direction générale n'intervient
pas. C'est bien comme cela.
Ceci a été répété à moult
reprises dans l'analyse que nous avons faite avec les centres hospitaliers: ce
qui est attendu d'un conseil d'administration, c'est qu'il précise,
dès le départ, au début de l'année, ce qu'on
appelle sa programmation générale. Cela est peu fait, en
général. Dans la lettre que nous envoyons aux
établissements, nous insistons pour qu'ils déterminent l'ensemble
de la programmation. Dans cela, il faut qu'ils prévoient une
augmentation d'activités qui peut arriver dans un secteur qui, de par la
demande, va devenir plus grand. C'est au début de l'année en
cours de route ils peuvent l'évaluer qu'ils doivent déterminer la
programmation; ce n'est pas à chaque jour, à chaque cas qui
intervient. Là-dessus, on en convient.
C'est évident que les établissements ont continué
à avoir, comme pression, la demande qui est toujours très grande.
Par rapport aux budgets qui leur sont accordés, on demande qu'ils
fassent des choix. Ces choix, il faut qu'ils les fassent dans une programmation
qui devrait être beaucoup plus définie que ce n'est le cas
ordinairement, présentement, dans les centres hospitaliers.
M. Rochefort: M. Carrignan ou le Dr Carrignan...
M. Carrignan: Cela n'a pas d'importance.
M. Rochefort: ...faisait allusion à une lettre qui sera
transmise è chacun des établissements, accompagnant, j'imagine,
le budget ou la somme consentie. Est-ce qu'il serait possible, compte tenu que
cette lettre va contenir certaines directives ou orientations, que la ministre
nous transmette une lettre type, excluant la mention qu'il s'agit de la lettre
qui est envoyée à l'établissement X, Y, pour nous donner
un peu l'idée du cadre dans lequel on veut...
Mme Lavoie-Roux: Nous pourrions vous la remettre
après-demain...
M, Rochefort: Ah oui! Je ne veux pas avoir...
Mme Lavoie-Roux: ...après la rencontre. C'est parce que
nous devons d'abord rencontrer les associations des établissements, des
conseils régionaux. Non, il n'y a pas d'objection. De toute
façon, si, par hasard, je refusais au député de Gouin de
lui remettre cette lettre, il a bien quelques amis dans les
établissements qui pourraient la lui remettre. Ce n'est pas une lettre
secrète, c'est une lettre...
M. Rochefort: Merci.
Mme Lavoie-Roux: ...publique.
M. Rochefort: Une dernière question sur le budget des
établissements et, par la suite, M. le Président, quant à
nous, nous aurions une liste de dossiers d'établissements que nous
souhaiterions aborder avec Mme la ministre avant de revenir à des
questions un peu plus générales.
Le partage des 119 000 000 $ de révision budgétaire et des
14 000 000 $ de coût de système, notamment pour le
développement technologique, est-ce qu'il y a des mécanismes
précis qui ont été retenus pour le faire?
Mme Lavoie-Roux: Sur les 119 000 000 $, il y en a 109 000 000 $
qui sont appliqués comme ceci: 19 000 000 $ à l'extension des
services existants, près de 3 000 000 $ è l'implantation de
nouveaux
programmes et activités, 16 000 000 $ à l'alourdissement
des clientèles, 24 000 000 $, à toutes fins utiles, à la
consolidation des services, près de 4 000 000 $ à
l'amélioration de la qualité des services, 15 450 000 $ à
la modification de la pratique médicale, 3 150 000 $ au
développement technologique, 2 412 000 $ pour l'entretien et le
fonctionnement des installations, 1 815 000 $ pour des changements
organisationnels, 19 900 000 $ à la sous-budgétisation
générale et, finalement, 23 000 000 $ au plan d'équilibre
budgétaire. C'est pour chaque hôpital selon ces
critères.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, comme je vous le
disais, quant à nous, il y aurait un certain nombre de dossiers
d'établissements particuliers que nous aimerions soulever. Par la suite,
j'aurai quelques questions ad hoc qui relèvent du volet
santé.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
M. le député, on va passer aux questions de votre groupe. De
votre côté, je reconnaîtrai le député de
Roberval, la députée de Marie-Victorin et j'aurai une ou deux
questions. M. le député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Mme la ministre, compte
tenu des discussions passées concernant l'établissement
d'unités de traumatologie dans certains hôpitaux, j'aimerais que
vous élaboriez sur le sujet parce qu'on n'a pas eu la chance de le
développer, l'établissement d'unités de traumatologie dans
les urgences.
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à mon sous-ministre de
répondre à cette question. Dr Carrîgnan.
M. Joly: S'il vous plaît, merci!
M. Carrignan: Si vous faites référence à une
unité comme service organisé spécifique, cela fait partie
de l'ensemble des études qu'on doit faire sur de nouveaux programmes qui
peuvent être lancés par certains centres hospitaliers. Il faut se
rappeler que l'ensemble des centres hospitaliers qui ont des services d'urgence
fait de la traumatologie. Il y a certains centres hospitaliers qui
développent une plus grande expertise, qui vont un peu plus loin dans le
type de services qu'ils accordent et, ordinairement, ils prévoient des
ressources et administratives et médicales plus organisées pour
répondre à des soins plus importants. À cet effet, il y a
quelques centres qui, avec les années, se sont donné une vocation
plus appropriée en cette matière et qui se sont donné une
organisation plus appropriée également.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Les conseils d'administration
Mme Vermette: J'aurais certaines considérations globales
et peut-être d'autres d'ordre plus particulier. Tout d'abord, cela
concerne la formation des conseils d'administration dont j'ai fait partie. J'ai
vécu leurs misères et leurs grandeurs aussi. Effectivement, la
composition des membres d'un conseil d'administration, que je sache, a
été fait en fonction de l'établissement d'une concertation
des différentes parties. Il y avait des gens de l'intérieur,
comme les gens qui ont des contrats de services, les
bénéficiaires et les représentants
socio-économiques. Que je sache, ce n'est jamais facile d'asseoir des
gens à une même table pour discuter d'intérêts qui,
généralement, devraient converger vers le mieux-être du
patient, mais très souvent ce sont des intérêts tout
à fait divergents. Par contre, l'effort qu'on peut considérer au
cours des dix dernières années, c'est qu'on a appris aux gens
à se parler et è se concerter justement pour arriver à
l'intérêt du patient.
Quand on parle de faire des changements au niveau des conseils
d'administration, moi, j'accentuerais beaucoup plus leur rôle et la
valeur des gens au niveau des conseils d'administration plutôt que de
changer toutes les structures. Les gens commencent aujourd'hui à se
parler. Cela prend au moins une dizaine d'années et même plus
avant que les gens finissent par comprendre que c'est bon de s'asseoir à
une même table et que c'est bon de travailler ensemble. Cela
développe cette pensée réseau. À mon avis, si on ne
va pas dans ce sens, ce sera l'éclatement du réseau des affaires
de santé. Il faut aller au-delà des établissements. Il
faut travailler dans le sens de la pensée réseau, dans un esprit
d'interrelation entre les établissements de plus en plus, en tout cas,
si on veut que le réseau ne nous coûte pas aussi cher qu'il nous
coûte à l'heure actuelle.
Cela fait l'affaire des DG très souvent d'avoir des conseils
d'administration faibles, comme cela fait très peur aux DG d'avoir des
conseils d'administration forts. Le débat se situe à ce niveau
très souvent. On dit toujours qu'un conseil d'administration qui se
tient debout va au-delà de ses pouvoirs parce qu'il joue bien son
rôle. Quand il joue le rôle d'un "rubber-stamp", tout le monde est
content, tout le monde est satisfait parce que cela fait bien souvent l'affaire
des administrateurs.
J'ai vécu certaines situations où notre conseil
d'administration s'est tenu debout et où on a pu arriver à des
changements considérables qui ont permis d'entreprendre les
réformes nécessaires de 1905-1986. Je
pense que, si les gens n'avaient pas été capables de
vivre, au-delà des intérêts particuliers,
l'intérêt supérieur qui était une saine gestion des
affaires publiques, nous n'aurions pas pu y arriver.
Donc, s'il y a un premier point de vue que je peux donner, c'est en
faveur non pas d'une remise en question de toute la formation, mais
peut-être du choix des individus quand on les choisit pour les conseils
d'administration. Très souvent, les gens ne connaissent rien en ce qui
concerne un hôpital, ils n'ont aucune formation en gestion ou en
administration et ce sont ces gens qui viennent gérer un hôpital.
Je pense que c'est important que ces gens aient au moins des connaissances en
gestion ou soient habilités à connaître le réseau
aussi, d'une part.
Tantôt, on parlait des contrôles budgétaires.
À mon avis, le conseil d'administration a un rôle très
important à jouer dans les contrôles budgétaires, car
l'argent est très important. J'ai vu des conseils d'administration
où, très souvent, au niveau des directions
générales, le budget n'était même par réparti
entre les départements. Les gens ne savent même pas ce qu'ils ont
pour leur département comme budget. C'est très difficile,
à ce moment-là, de dire aux gens de faire des économies,
alors qu'ils ne connaissent même pas leur budget. Il faut se
débattre très souvent avec les directions générales
pour informer les gens de leur budget et dire dans quel sens ils doivent
réaliser des économies.
Il y a, d'autre part, une problématique que j'ai également
vécue. Très souvent, des directions générales qui
ont plusieurs années d'expérience et de service - je ne parle pas
de toutes, mais de plusieurs - ont oublié de faire des remises en
question, de sorte qu'elles sont encore à l'heure de la gestion
très paternaliste. Les nouveaux styles de gestion leur font
défaut. Souvent, de telles directions coûtent très cher au
système et aux établissements.
Je pense qu'il y a aussi un ménage à faire au chapitre des
exigences des directeurs généraux. Si on veut vraiment faire une
saine gestion et arriver à des économies valables, il faudrait
peut-être commencer aussi par la base, je veux dire par le choix des
gens.
D'autre part, je regardais ce qui ce passe. Vous avez parlé de
préciser les orientations. C'est l'un des rôles des conseils
d'administration, de vraiment les préciser. Quand on parle de
préciser les orientations, cela veut dire très souvent, si l'on
prend cela dans une pensée réseau, faire des choix. Je vous
garantis que ce n'est pas facile de faire des choix, car très souvent on
touche aux professionnels mêmes de la santé. Est-ce que, compte
tenu d'une pensée réseau, si un établissement de
santé situé à cinq milles de chez nous donne tel service,
on va donner le même service?
Cela veut dire qu'il faut que les établissements se parlent pour
savoir lequel des deux va choisir de dispenser l'orthopédie et lequel
des deux va dispenser la superspécialité comparativement à
l'autre établissement. Là aussi, on n'est pas encore rendu
très loin et les gens n'ont pas encore beaucoup appris dans ce domaine.
Vous disiez que cela va être facile pour vous, vous pensiez que cela ira
plus facilement dans ces années-ci parce que les gens n'ont plus
d'argent. Je peux vous dire que j'ai travaillé durant dix ans dans les
conseils d'administration et, chaque année, chaque fois qu'on parlait de
compressions budgétaires - j'ai géré la
décroissance et toutes ces choses - quand on revenait avec ces
thèmes, il y avait des pressions incroyables, autant de la part de la
population que des différents organismes qui défendent leurs
intérêts, pour dire que, non, ce n'était pas possible et
que si jamais on faisait des coupures, certains professionnels sortiraient des
hôpitaux, qu'ils s'en iraient tous aux États-Unis et qu'on
n'aurait plus rien chez nous. (16 h 30)
Devant cette menace, quels que soient les gouvernements en place, on a
été moins drastique dans les coupures. Afin que la population ne
soit pas prise en otage, on a essayé de trouver des solutions. Mme la
ministre, puisque vous voulez faire une réforme en profondeur, je me
demande jusqu'où vous irez dans cette réforme pour à la
fois atteindre vos objectifs et permettre aux établissements de faire
leur plan d'orientation dans le sens d'une pensée réseau tout en
tenant compte des choix qui impliquent, justement, les chasses gardées
qu'on connaît souvent dans bien des établissements.
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée de Marie-Victorin a
soulevé plusieurs problèmes relatifs au fonctionnement des
conseils d'administration et, en passant, je veux remercier ces conseils
d'administration. Dans le réseau de la santé et des services
sociaux, tous ces conseils d'administration fonctionnent d'une façon
bénévole depuis toujours. Nous n'avons pas eu à faire de
remise en question pour eux.
M. Rochefort: II n'y aura pas de changement?
Mme Lavoie-Roux: Mais on pourrait peut-être les
rémunérer maintenant. Je crois qu'un grand nombre des remarques
qu'elle fait sont justifiées. Je dois vous dire qu'une étude
administrative du vérificateur interne souligne certaines des
difficultés que vous mentionnez, à savoir, par exemple, quant
au
choix des vérificateurs externes, s'assurer que c'est fait selon
des régies et très sérieusement. J'ai eu connaissance de
gens qui étaient a des conseils d'administration qui s'en allaient
après comme vérificateurs externes, c'est-à-dire qu'ils
abandonnent et après cela... Il faut s'assurer que tout soit fait dans
les meilleures règles possible. Il y a également aux conseils
régionaux de santé et des services sociaux un budget de 800 000 $
qui est prévu pour la formation des cadres et les conseils
d'administration. Je pense qu'on devrait donner de meilleurs outils aux
conseils d'administration, par exemple, quant à l'analyse des
états financiers, des connaissances relatives à la
budgétisation, aux contrôles, etc.
Je ne pense pas que la ministre ait dit que ce sera facile. Il n'y
aurait pas un ministre qui oserait dire que les choses seront faciles, mais au
moins on pense qu'on met certaines chances de notre côté. La
députée dit: Écoutez, j'ai géré la
décroissance et la redécroissance, les redressements
budgétaires, etc. J'en suis fort consciente. Mais le pari que nous
faisons et les chances que nous mettons de notre côté, c'est
d'abord de repartir les centres hospitaliers sur un bon pied. Strictement du
point de vue de la motivation des gens et d'une plus grande capacité de
remplir leurs fonctions, je crois qu'on leur donne des meilleures chances au
point de départ et qu'on les remotive.
Quelle sera la composition? Vous dites: II ne faudrait pas toucher aux
conseils d'administration, ça prend du temps à se
connaître, cela peut prendre dix ans avant d'être familier avec
tous les rouages, etc. De toute façon, il y a toujours eu des rotations
dans les conseils d'administration, quoiqu'il y ait une espèce de
permanence qui est assurée étant donné que c'est un
système de rotation soit aux deux ans ou aux trois ans, peu importe.
En conclusion, ce que je peux dire, c'est que nous continuerons
d'examiner la composition des conseils d'administration pour essayer que s'y
retrouvent les gens les plus compétents possible, des gens qui sont
aussi sensibilisés aux problèmes sociaux dans le sens très
large du terme ou encore qui ont une conscience sociale - cela n'écarte
pas des gens compétents au plan administratif bien au contraire - et
essayer de leur donner les outils pour qu'ils puissent s'acquitter de leurs
responsabilités le mieux possible.
Mme Vermette: J'aurais une toute dernière question. Comme
incitatif aux hôpitaux pour maintenir leur équilibre
budgétaire et ne pas être déficitaires - parce que,
règle générale, d'année en année les
déficits budgétaires sont toujours récupérés
-il faudrait peut-être retourner cela différemment et avoir des
incitatifs pour les hôpitaux qui sont en équilibre
budgétaire, avoir des fonds supplémentaires ou, en tout cas, une
possibilité de fonds supplémentaires. Je pense que ce serait
beaucoup plus intéressant que la politique actuelle qui est de combler
des déficits, à mon avis.
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée, je suis heureuse
que vous me donniez l'occasion de parler à la fois des déficits
et des surplus. Dans le cas des déficits, tout déficit - comme je
le disais tout à l'heure - va nécessiter obligatoirement
l'intervention du ministère et des mesures immédiates pour
ramener le niveau d'activités conforme au budget prévu.
Dans le cas des surplus, tout surplus qui ne sera pas lié
à une baisse d'activités ou de développement
autorisé sera libéré. C'est-à-dire, si on a
fonctionné selon les règles normales, selon le budget et qu'il y
a un surplus, il sera libéré. Je pense que vous avez là la
mesure incitative dont vous parlez.
Le Président (M. Bélanger); J'aurais quelques
questions, Mme la ministre, un peu dans le sens de ce que le
député de Gouin disait tout à l'heure au sujet du
contrôle des déficits ou de difficultés à
contrôler les déficits. Il est évident qu'une direction
générale ne pouvant pas intervenir sur le plan de l'acte
médical ou de certains actes posés dans les hôpitaux, il
devient difficile, parfois, d'arriver à contrôler les coûts
inhérents. Il y a là un problème de fond qui, il me
semble, mériterait d'être regardé. Je souscris à ces
remarques et il me semble qu'on devrait essayer, dans une analyse des moyens
pour contrôler les déficits, peut-être de regarder un tant
soit peu cet aspect.
Je vous fais une série de remarques. Au sujet des incitations
à la bonne gestion, il y a plusieurs années qu'on parle de la
nécessité dans le réseau d'arriver avec un programme pour
inciter les établissements à la bonne gestion, incitation
positive qui permettrait, on l'espère, d'intéresser davantage les
conseils d'administration, les directions et l'ensemble des employés
à faire des efforts, qui les motiverait à faire des efforts en
vue de produire de meilleurs résultats et de bénéficier,
jusqu'à un certain point, de ces efforts. Là-dessus, il y a toute
une série de possilibités qui ont déjà
été présentées.
Au sujet des conseils d'administration, c'est une position que,
personnellement, j'ai toujours défendue. Je pense qu'il y a des
changements qui s'imposent dans les conseils d'administration. Je l'ai
déjà dit comme président des directeurs
généraux. Il est inacceptable qu'un directeur
général soit le président du conseil d'administration de
l'établissement voisin avec lequel il est en relation de service et
souvent - je ne dirais
pas en conflit d'intérêts - dans de drôles de
situations. Il me semble que là il y aurait matière importante
à réflexion et des modifications à apporter tout au moins
à ce chapitre.
Pour ce qui est des directeurs généraux et de leur
performance, je tiens à rappeler qu'il existe des particularités
qui permettent et qui, je l'espère un jour, obligeront les conseils
d'administration à procéder à l'évaluation de leurs
directeurs généraux et à se fixer des objectifs, un peu
comme cela se fait dans n'importe quelle entreprise. Quand un hôpital
gère un budget de 100 000 000 $, on peut parler d'une entreprise
d'envergure qui, à l'instar d'autres entreprises, doit se fixer des
objectifs à différents niveaux, en fixer à son principal
gestionnaire qui est le directeur général et lui demander des
comptes, de telle sorte que, s'il est faible ou n'est pas en mesure de
respecter les exigences de la tâche, il puisse être
identifié et réorienté, s'il le faut, ou même
remercié de ses services. Il faut éviter que des situations ne se
désagrègent dans certains établissements comme on l'a vu
dans le passé. Il y aurait lieu de faire un certain nombre de
choses.
Pour ce qui est des compressions budgétaires, pour en avoir
administré à satiété comme directeur
général, je ne suis pas d'accord quand on dit qu'elles n'ont pas
laissé de traces. Elles ont laissé des traces. Il y a eu
diminution des services. Il y a même eu, dans certains cas,
élimination de certains services dans beaucoup d'établissements.
Alors, on he peut pas dire que les compressions budgétaires ont
été faites à la tondeuse, en vrac sans avoir laissé
des marques en arrière. Je souscris à votre intervention quand
vous dites: On est pris à corriger ou à essayer de
rétablir les bases budgétaires.
Ce qui serait important, j'aimerais avoir une idée des
paramètres nouveaux que vous souhaiteriez voir mis en place pour mieux
contrôler la situation dans l'avenir en ce qui a trait aux hôpitaux
et à toutes les catégories d'établissements, finalement,
puisque les mêmes principes de gestion s'appliquent partout.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez soulevé un grand nombre de
points. Le premier concerne les dépenses encourues ou que font encourir
à un centre hospitalier les différents services qui sont
donnés, dont une partie est contrôlée par les
médecins. Il faut bien se dire aussi que, de ce
côté-là, normalement, les chefs de département ont
des responsabilités à remplir quant à la gestion des
ressources financières et humaines de leur département.
Deuxièmement, il faut que les conseils d'administration prennent
aussi leurs responsabilités. Normalement, ils devraient faire
connaître tes budgets. La députée de Marie-Victorin disait
tout è l'heure: Les départements ne connaissent pas leur budget.
Ils ne savent pas combien ils ont à dépenser, etc. En fait, je
pense que c'est une des responsabilités du conseil d'administration de
répartir entre ses services les ressources qui existent.
Vous avez soulevé un autre point concernant les directeurs
généraux. Je ne veux pas revenir là-dessus. Je pense que
vous parlez comme quelqu'un qui a eu l'expérience d'être directeur
général. La période des coupures ou des compressions
budgétaires n'a été facile pour personne et n'a pas
été, non plus, un facteur motivant. Vous parlez aussi
d'incitation. J'ai répondu à Mme la députée tout
à l'heure, en parlant de la libération des surplus, que, dans les
années passées, souvent eu égard à la
libération des surplus, cela n'a pas été une attitude
toujours stable, disons. Cela a varié un peu d'une année à
l'autre. Je pense que cela aussi n'a pas aidé à motiver les
gens.
Maintenant, vous me demandez: Quelles sont les mesures de gestion que
vous entendez prendre pour permettre, justement, aux centres hospitaliers de
s'acquitter de leurs responsabilités aux plans administratif et de la
gestion? Je pense que j'en ai énuméré un certain nombre
quant au contrôle financier, au suivi qui va être fait, quant aux
approbations qu'on devra obtenir possiblement. Je n'aime pas les aborder parce
que je pense que tout le problème du fonctionnement des hôpitaux
doit être abordé sur une base positive, à savoir ce que les
gens sont prêts à faire, ce que les gens sont capables de faire et
quels sont les outils qu'on veut bien leur donner pour qu'ils soient capables
de remplir leur mandat. Il reste toujours la possibilité de sanctions,
mais j'espère que ce sera le moins possible. Peut-être qu'on
n'aura pas besoin d'y avoir recours, non plus. Mais je pense que toute la gamme
- je ne voudrais pas détailler à nouveau ce que j'ai
détaillé tout à l'heure -a été
énumérée. Il me semble qu'il y a là des
éléments suffisants pour permettre aux conseils d'administration
et aux établissements hospitaliers de s'acquitter de leurs
responsabilités.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions ou commentaires sur le sujet? M. le député de
Roberval.
L'hôpital de Dolbeau
M. Gauthier: Merci, M. le Président. La ministre de la
Santé et des Services sociaux se doute bien que le député
de Roberval va lui parler de l'hôpital de Dolbeau et de l'Oasis de
Mistassini, qui est le centre d'accueil voisin. Ce sont deux dossiers qui sont
intimement liés dans le règlement du
dossier de la santé dan9 le nord du Lac-Saint-Jean.
Je me permettrai de rappeler très brièvement à la
ministre quelques faits pour situer mes questions. Ensuite, j'aimerais, par des
questions assez courtes, obtenir de sa part des réponses que je souhaite
les plus précises possible, évidemment.
L'hôpital de Dolbeau détient, on s'en souviendra, un
engagement gouvernemental pour un agrandissement de 24 lits et un budget de 1
500 000 $ affecté à cette fin. L'hôpital détient
également du Conseil du trésor un décret de conception lui
permettant de procéder, d'aller plus avant dans la réalisation de
son projet. La situation est toujours très pénible,
évidemment, sur le plan des soins médicaux dans ce secteur du
Lac-Saint-Jean. (16 h 45)
Toutes les démarches ont été faites auprès
du ministère de la Santé et des Services sociaux par la direction
de l'hôpital afin d'en arriver à faire évoluer le dossier.
Le comité de sélection s'est réuni et a choisi des
professionnels, un architecte et une firme d'ingénieurs. D'ailleurs, ce
choix-là pour les ingénieurs sera complété demain,
si mes informations sont exactes.
La question que j'aimerais poser à Mme la ministre est celle-ci:
Est-ce que l'engagement de 1 500 000 $ pour l'hôpital de Dolbeau est
toujours disponible et toujours prévu dans vos budgets?
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'avais dit hier ou jeudi dernier, c'est
que ces demandes sont retournées au Conseil du trésor pour le PAI
de 19B6-1987 et que le PAI, au moment où nous nous parlons, n'est pas
terminé. Il y a des choses qui doivent être
révisées, mais je peux dire au député que le projet
de Dolbeau, ce qui avait été prévu pour Dolbeau, a
été présenté au Conseil du trésor.
De plus, je suis bien consciente, parce que je m'en souviens
également, de l'incendie qui s'était allumé dans la
région, à l'hôpital de Dolbeau, parce qu'il y avait un
manque de médecins. Je me souviens très bien de cela. Il y avait
un surplus de lits, c'est-à-dire plus que le pourcentage de lits
normalement admis occupés par des bénéficiaires de soins
prolongés dans l'hôpital de courte durée, etc., et des
mesures devaient être prises. Une de celles que le député
avait mentionnées - enfin, vous en avez mentionné une -
c'était un agrandissement, un projet de 24 lits additionnels de soins
aigus. Le décret de conception le 27 novembre 1985, locaux
autorisés. Je ne redirai pas ce que le député a dit: 1 500
000 $. Le coût prévisible était de 2 000 000 $, parce qu'il
y avait certains travaux de sécurité contre les incendies qui
devaient être faits. Alors, on devait prévoir un
dépassement du coût global du projet, mobiliers et
équipements. Ceci a été présenté au plan
annuel d'immobilisation pour 1986-1987.
M. Gauthier: Pour nous permettre de bien comprendre, est-ce que
la ministre voudrait préciser ceci: Étant donné qu'il y a
déjà un décret de conception de la part du Conseil du
trésor, j'imagine que c'est une formalité subséquente que
celle de se représenter au Conseil du trésor; c'est pour un
décret d'exécution, quoi?
Mme Lavoie-Roux: M. le député, il ne faut pas
oublier que c'est normal pour un nouveau gouvernement de remettre en question
tous les projets qui se trouvaient dans les plans d'immobilisations ou dans te
programme des immobilisations. J'ai mentionné jeudi qu'on en avait
retrouvé pour 1 000 000 000 $ dont près de 500 000 000 $ avaient
été ajoutés durant les quatre ou cinq derniers mois.
Alors, c'est évident qu'on ne pourra pas répondre à la
demande. Il y en a plusieurs qui avaient été mis d'une
façon précipitée. Ce n'est pas le cas de celui de Dolbeau,
je peux vous l'assurer; nous sommes retournés en demande auprès
du Conseil du trésor pour celui de Dolbeau.
M. Gauthier: Actuellement la situation est telle à Dolbeau
qu'il y a un professionnel architecte engagé qui attend l'ordre de
commencer les travaux, il y a des médecins, il y a des gens sur les
civières à l'urgence. La situation n'a pas changé sous cet
aspect. Puisque la ministre semble accorder sa faveur à ce projet qui
avait été décidé bien avant des périodes
qu'on connaît bien est-ce qu'elle peut nous dire s'il y a une date
quelconque, s'il y a un échéancier qu'elle se fixe ou qu'elle a
fixé à ses fonctionnaires pour en arriver à donner
définitivement le feu vert à ce projet pour qu'enfin on puisse
procéder à la conception du projet?
Mme Lavoie-Roux: À votre deuxième question, je
répondrai: Environ trois semaines. Quant à la surchage, si je
peux dire, ou à la surpopulation, dans une lettre du 1er avril 1986, M.
le sous-ministre aux services sociaux, M. Dumas, a autorisé le conseil
d'administration de l'Oasis à négocier la location d'espace dans
la région de Mistassini pour permettre la relocalisation pour les deux
prochaines années de quinze bénéficiaires du centre
hospitalier de Dolbeau qui occupent des lits de courte durée. Cela en
attendant la reconstruction du centre d'accueil l'Oasis.
M. Gauthier: Je remercie la ministre de ces précisions. Je
reviens sur l'échéancier, Mme la ministre, qui était
prévu initialement. Je ne vous le dis pas pour vous embêter, je
veux simplement voir où vous
vous situez par rapport à cela. Normalement, les travaux de
construction de l'hôpital devaient commencer à la fin de septembre
1986 avec une fin de la construction aux environs du mois de mai 1987. Est-ce
que cet échéancier est toujours réaliste, de l'avis de la
ministre? Est-ce que c'est un échéancier qui peut être
suivi?
Mme Lavoie-Roux: Je peux seulement vous redire que la
décision finale sera connue, comme je vous le disais, d'ici a environ
trois semaines. À ce moment, je me permets d'en douter; je le dis
à mon corps défendant, ce n'est même pas le sentiment de
mes fonctionnaires. Étant donné qu'il y adéjà, compte tenu du changement de gouvernement, un
délai qui - il était peut-être prévisible - est
survenu, je penserais que, fort probablement, si le projet reçoit
l'approbation et tout, cela pourrait vouloir dire un délai de quelques
mois pour tenir compte de ce laps de temps qui s'est écoulé entre
le décret du 27 novembre 1985 et le moment où nous nous parlons
et où nous sommes retournés au Conseil du trésor pour
l'approbation officielle.
M. Gauthier: Je sais qu'il y a beaucoup de problèmes
d'importance au ministère des Affaires sociales, je comprends les
problèmes auxquels est confrontée la ministre quotidiennement.
Est-ce qu'elle peut nous assurer qu'elle va faire l'impossible pour donner un
mot d'ordre d'agir le plus rapidement possible dans ce dossier afin de
rattraper, si possible, une partie des délais qui ont été
occasionnés par les événements qu'on connaît?
Mme Lavoie-Roux: Si nous recevons l'approbation officielle dans
trois semaines, parce que mes fonctionnaires eux-mêmes, m'en ont
parlé depuis que je suis au ministère...
M. Gauthier: Ils sont impatients de procéder, n'est-ce
pas?
Mme Lavoie-Roux: ...j'ai l'impression que personne n'aurait le
goût de se traîner les pieds.
L'Oasis de Mistassini
M. Gauthier: En terminant, parce que je ne veux pas abuser de ce
temps qui a été mis à ma disposition, Mme la ministre,
dans le dossier - on en a fait mention tout à l'heure - de l'Oasis de
Mistassini qui est intimement lié au problème vécu
à l'hôpital de Oolbeau, il y a un agrandissement de 30 lits qui
était prévu pour régler le problème des malades
à long terme dans ce secteur. Est-ce que la ministre peut nous donner le
même genre d'assurance que dans le cas de l'hôpital de Oolbeau,
à savoir si le dossier a été présenté dans
sa forme intégrale au Conseil du trésor? Deuxièmement,
est-ce que la ministre pense être en mesure de faire
accélérer le dossier de telle sorte que les deux constructions
puissent coïncider puisque, dans le fond, c'est un peu la même
clientèle qui est touchée de part et d'autre et que l'Oasis -
vous me permettrez de l'ajouter -comme l'a dit la ministre, utilise maintenant
des endroits d'accueil temporaires pour un certain nombre de personnes?
Mme Lavoie-Roux: On me dit que c'est le même projet, ou
à peu près, qui a été présenté pour
un montant global de 2 800 000 $. Quant à votre deuxième
question, à savoir si celui-ci est accepté et que l'autre l'est
également, les deux peuvent cheminer en même temps; on me dit que
oui.
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup, Mme la ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
Le centre hospitalier de Saint-Eustache
M. Rochefort: À la suite de mon collègue de
Roberval, je voudrais aborder quelques dossiers particuliers, notamment celui
du centre hospitalier de Saint-Eustache qui a fait l'objet d'un peu plus de
couverture, qui a été un peu plus dans l'actualité
récemment. M. le Président, la ministre peut-elle nous faire le
point sur le dossier de l'agrandissement du centre hospitalier de
Saint-Eustache?
Mme Lavoie-Roux: Un instant, je le connais, mais je voudrais
quand même vous donner les bonnes informations. Dans un premier temps -
et je demanderai peut-être au sous-ministre è l'administration de
me corriger si, par hasard, je donnais une information qui n'était pas
tout à fait exacte - ce qui avait été prévu,
c'était deux phases: l'une pour l'urgence et l'autre pour
l'agrandissement. Pour l'urgence, c'était au montant de...
M. Rochefort: 6 400 000 $.
Mme Lavoie-Roux: ...6 400 000 $; cela a été
approuvé. Depuis, l'hôpital est revenu à la charge en
demandant une construction beaucoup plus importante qui irait chercher aux
alentours de 16 000 000 $ ou 22 000 000 $... Combien de millions, monsieur? 15
000 000 $ à 20 000 000 $.
Dans un premier temps, on avait prévu la première
opération de 6 400 000 $. Maintenant qu'on veut y ajouter
l'agrandissement pour un total de 15 000 000 $, il faut
faire une étude de faisabilité, les deux devant se faire
en même temps. Ceci semble être ce qui cause le retard dans la mise
en oeuvre du premier projet de 6 400 000 $.
M. Rochefort: Donc, la raison du retard du premier projet qui
était le réaménagement de la salle d'urgence pour 6 400
000 $, tout cela est reporté parce qu'il y a en même temps un
projet d'agrandissement dans l'air.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, c'est...
M. Rochefort: N'y a-t-il pas moyen d'essayer de concevoir
l'agrandissement sans toucher à l'urgence pour qu'on puisse
régler un dossier pour lequel les crédits sont déjà
votés au Conseil du trésor et pour lequel des engagements
formels, définitifs et irrémédiables ont été
pris?
Mme Lavoie-Roux; Ce qu'on me dit, c'est que d'abord c'est une
volonté de l'hôpital que les deux se fassent en même temps.
Au point de vue d'une cohérence du projet, il est important que les deux
opérations se fassent en même temps.
M. Rochefort: La ministre a-t-elle l'intention de donner suite
à la demande du centre hospitalier?
Mme Lavoie-Roux: On m'informe également que les 6 500 000
$ n'auraient jamais été approuvés. Ce qui avait
été approuvé, c'était l'étude de
faisabilité pour ia réalisation des 6 500 000 $. À ce
qu'on m'a dit, c'est un aspect, mais je pense que ce qui est le noeud du
problème à ce moment-ci, c'est la nécessité de
faire les deux opérations parallèlement. D'ailleurs, c'est
l'hôpital qui insiste pour que les deux se fassent en même
temps.
M. Rochefort: J'aimerais au moins que Mme la ministre
revérifie quant aux 6 400 000 $. Je pense qu'il y a unanimité
chez tout le monde pour dire que cela était fait, c'est-à-dire
voté, prévu, budgétisé. Je ne voudrais pas qu'on
recule d'un pas dans le dossier.
Mme Lavoie-Roux: On va vous donner les détails
précis. Germain Halley, sous-ministre à l'administration.
M. Halley (Germain): Dans la première phase, la demande de
6 800 000 $, le projet a été autorisé dans la phase
préliminaire afin de l'inscrire au PAI. Cette autorisation de
l'inscription dans le PAÎ doit, par la suite, faire l'objet, si le projet
doit être maintenu et autorisé, d'un décret. Il n'a pas
obtenu de décret dans cette première phase et, entre- temps, est
venu s'ajouter l'agrandissement.
M. Rochefort: Vous avez tout stoppé pour faire cela de
front.
M. Halley: À ce moment, à la demande même de
l'établissement, on a intégré cela dans un seul projet. Il
reste que la première partie a déjà été
autorisée dans le PAI antérieur, pas la deuxième. En n'en
faisant qu'un seul projet, on reprend le tout et on va faire l'étude
préliminaire de faisabilité au cours de cette année s'il
est retenu dans l'ensemble des projets qui sont présentés
actuellement pour faire quelque chose qui soit plus cohérent. (17
heures)
M. Rochefort: Et la ministre y est allée d'une
recommandation positive.
Mme Lavoie-Roux: II est en liste dans le PAI de 1986-1987.
M. Rochefort: D'accord. On s'en va à Montréal
maintenant, au centre hospitalier Saint-Luc. Des sommes de 1 500 000 $ avaient
été autorisées pour la rénovation de l'urgence. On
nous dit que cela a aussi été mis en suspens. Est-ce qu'il y
aurait moyen de savoir un peu ce qui...
Mme Lavoie-Roux: On me dit que c'est la même chose dans le
cas de Saint-Eustache et les autres. Il est dans le PAI de 1986-1987... 1 875
000 $, oui.
L'hôpital Louis-H.-Lafontaine
M. Rochefort: D'accord, dans le dossier de Louis-H.-Lafontaine,
où en est-on rendu dans le partage des vocations et dans la
réorganisation?
Mme Lavoie-Roux: Je me souviens fort bien d'avoir donné
l'autorisation de procéder et je vais vous donner plus d'explications.
À la suite de l'administration déléguée - pour ceux
qui n'y sont pas familiers, c'est un hôpital ou un centre hospitalier qui
a eu une administration déléguée - un décret
approuvait la proposition de réorganisation de l'hôpital
Louis-H.-Lafontaine selon l'étalement de la réalisation du plan
d'immobilisation.
Il y a eu l'entrée en fonction du nouveau conseil
d'administration le 15 novembre 1985. C'est un hôpital en pleine
réorganisation fonctionnelle, puisqu'on prévoyait trois
corporations différentes. Il y a eu les demandes de lettres patentes
pour la création de la corporation du centre d'accueil de
réadaptation et de la corporation du centre d'accueil
d'hébergement.
Il y a eu l'engagement d'un chargé de projet pour veiller
à l'actualisation de la
réorganisation. Un montant de 200 000 $ est prévu à
cet effet. Il y a eu également l'élaboration des composantes pour
la recherche évaluative de la réorganisation de l'hôpital,
et, à venir, le recrutement des chercheurs et la recherche proprement
dite. Un montant de 100 000 $ par année, sur une période de cinq
ans, a été prévu à cet effet.
Maintenant, à venir, c'est le budget
préopérationnel non récurrent de 100 000 $
annualisés pour trois ans, pour le centre d'accueil
d'hébergement, et un budget non récurrent de 1 000 000 $ pour le
développement de ressources capables de recevoir les premiers
déficients intellectuels en provenance de l'hôpital.
En résumé, l'opération suit son cours. Cela fait
déjà un bon bout de temps...
M. Rochefort: Tel que prévu dans le rapport du...
Mme Lavoie-Roux: Oui, tel que prévu dans le rapport,
l'administrateur délégué est resté; c'est le
même qui a été retenu - le chargé de projet
maintenant, pardon - qui est resté en place pour voir à
l'actualisation des recommandations du rapport.
M. Rochefort: Selon les échéanciers
prévus?
Mme Lavoie-Roux: S'il n'y a pas eu de retards encourus, cela se
fait selon les échéanciers prévus. On me dit que non.
Le centre hospitalier Robert-Giffard
M. Rochefort: D'accord. Quant à l'hôpital
Robert-Giffard à Québec, il y avait là aussi... Il
faudrait peut-être donner la parole à quelqu'un près de
vous.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: Quelqu'un qui vous connaît bien ici,
Mme Lavoie-Roux: Le ministère de la Santé et des
Services sociaux et l'hôpital Robert-Giffard se sont entendus, il y a
déjà un bout de temps, sur un projet de réorganisation qui
fait l'objet d'un projet de mémoire au Conseil du trésor. Les
propositions qui avaient été retenues dans ce projet
suggéraient que le centre hospitalier Robert-Giffard continue
d'opérer avec une seule corporation et que, d'ici à dix ans, la
vocation de l'établissement devienne exclusivement psychiatrique, ce qui
veut dire que sa capacité de 2265 lits passerait à 1023 lits.
Cette diminution de capacité de 1242 lits correspond à la
fermeture de 352 lits sur une période de dix ans avec une ouverture
concurrente de 352 places de services pour déficients intellectuels dans
des ressources intermédiaires et communautaires, dont 200 places au
cours des cinq prochaines années; dans le réseau de
réadaptation de la région 03, on retrouverait 152 places. Il y
aura également la fermeture de 232 lits sur une période de cinq
ans à la suite de la réinsertion de 230 personnes avec des
problèmes psychiatriques et le développement de 230 places de
services en ressources intermédiaires ou communautaires. La fermeture de
650 lits par attrition naturelle sur une période de deux ans... de dix
ans, pardon...
Le Président (M. Bélanger): Oe nouveaux engagements!
Mme Lavoie-Roux: ...dont 400 au cours des cinq prochaines
années et, finalement, la fermeture de dix lits en
médecine-chirurgie sur une période de cinq ans. Le centre
hospitalier doit développer un programme spécifique de 40 places
pour les déficients intellectuels avec des problèmes
psychiatriques. La fonction d'hébergement de personnes
âgées ne sera plus dévolue au centre hospitalier
Robert-Giffard. L'établissement continuera de donner des services aux
personnes âgées actuellement hébergées, mais
l'admission sera fermée pour toute nouvelle demande.
L'établissement a reçu 3 000 000 $ en 1984-1985 pour des travaux
de sécurité et vestusté; 3 000 000 $ en 1985-1986 pour des
travaux de rénovations fonctionnelles. Le plan 1986-1987 prévoit
1 000 000 $ en sécurité et vestusté. L'ensemble du projet
d'immobilisation est conçu et réalisé en fonction du
projet de réorganisation et des normes d'aménagement du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Cela veut dire que
c'est un projet qui s'étale sur un bon nombre d'années mais qui
se situe dans la révision ou l'approche que l'on privilégie pour
les centres hospitaliers psychiatriques de longue durée. Le centre
hospitalier Robert-Giffard en particulier était probablement celui qui
conservait la population la plus nombreuse. L'opération suit son
cours.
M. Rochefort: Dans le cas des projets de changement de vocation
de Sainte-Jeanne-d'Arc et Reddy Memorial, je ne veux pas qu'on tienne des
propos qui pourraient nuire aux procédures actuellement en cours, mais
où est-on rendu et où s'en va-t-on?
Mme Lavoie-Roux: On connaît la longue histoire de...
M. Rochefort: Oui, qu'on n'a pas besoin de reprendre ici.
Mme Lavoie-Roux: ...de Sainte-Jeanne-d'Arc, du Reddy Memorial et
du Chest Hospital, le Centre hospitalier thoracique.
Pour celui-ci, je crois que c'est réglé et les
dispositions qui devaient être prises ont été prises. On a
converti un nombre de lits de courte durée en lits de longue
durée tout en conservant un certain nombre de lits de courte
durée, environ 40, ce qui pourrait aller jusqu'à 50. Je crois que
là l'opération se déroule selon ce qui avait
été prévu.
Dans le cas de Sainte-Jeanne-d'Arc et du Reddy Memorial, dont on voulait
la conversion d'hôpital de courte durée en hôpital de longue
durée, les conseils d'administration et les centres hospitaliers
eux-mêmes et leur personnel également se sont opposés
à cette transformation de vocation et ont pris une injonction en Cour
supérieure qui a donné raison au ministère, en ce sens que
le ministre pouvait intervenir pour modifier la vocation des hôpitaux,
mais les deux centres hospitaliers sont allés en appel de cette
décision. Dans un cas comme dans l'autre je pense que les causes ne
seront pas entendues avant - là encore une fois - l'automne,
possiblement, compte tenu du fait que les deux hôpitaux en question
viennent - du moins dans le cas de l'un, et aussi de l'autre - de
déposer leur témoignage ou d'appuyer leur demande en Cour
d'appel, et le ministère doit faire de même. Ce qui veut dire que
les décisions ne seraient pas prises, comme je dis, j'imagine, beaucoup
avant l'automne. Par contre, il semblerait que pour l'un et pour l'autre on
désire qu'on puisse arriver à une solution qui soit
"négociée", c'est-à-dire qu'on arrive à un
compromis qui respecte les objectifs de planification du conseil
régional de la santé et des services sociaux ou du
ministère, parce que cela a été autorisé par le
ministère, et que, d'autre part, ils puissent continuer de remplir
à l'endroit des populations qu'ils servent.
Ce sont deux hôpitaux localisés à des endroits assez
stratégiques par rapport à la population de Montréal.
Alors, c'est sur ces propositions que nous souhaiterions... Dans ce sens, le
ministère est prêt à les rencontrer pour voir s'il y a des
possibilités de solutions alternatives qui puissent tenir compte des
intérêts de tout le monde et ceci, le plus tôt possible,
devant l'audition en Cour supérieure de la cause qui y a
été portée.
L'hôpital Rivière-des-Prairies
M. Rochefort: Merci. Un centre qui a fait parler de lui un peu
plus au cours des derniers jours, à Rivière-des-Prairies.
L'enquêteur a remis un rapport - Me Shadley - à la ministre avant
l'ajournement pascal, sauf erreur. Cela fait donc à peu près un
mois que la ministre a entre les mains le rapport du commissaire Shadley.
Est-ce que la ministre pourrait faire le point sur le dossier? Quelles
sont les suites qu'elle entend donner aux recommandations du rapport?
Entend-elle rendre public le rapport? Entend-elle rencontrer l'ensemble des
intervenants pour faire le point sur la situation avec eux? Finalement, au
fond, quels gestes entend-elle poser pour mettre fin au climat très
malsain que vivent l'ensemble de ceux et de celles qui sont directement ou
indirectement concernés par ce qui se passe dans le centre depuis le
dépôt du rapport?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'opinion publique est assez
familière avec le problème de Rivière-des-Prairies. C'est
un hôpital psychiatrique de longue durée qui avait fait l'objet
d'une enquête par un avocat criminaliste, à la suite d'accusations
ou, enfin, d'un soupçon d'accusation, plutôt, qu'on portait
à l'endroit de l'hôpital Rivière-des-Prairies touchant
l'existence possible d'un réseau de drogue, de prostitution et j'oublie
le troisième.
L'enquête a eu lieu en deux étapes. Dans un premier
rapport, l'enquêteur, Me Shadley, a dit qu'il n'y avait pas d'existence
d'un semblable réseau, mais on a continué dans une
deuxième étape pour examiner l'inadéquation possible entre
les services offerts et les besoins de la clientèle. Ce rapport qui
vient d'être déposé, comme vous dites, je pense que
c'était le jeudi saint, si je ne m'abuse.
M. Rochefort: C'était une grande journée pour la
ministre, le jeudi saint.
Mme Lavoie-Roux: Cela a été une grande
journée. On va se souvenir de cela! J'en ai pris connaissance
très attentivement et je suis sur le point de faire connaître ma
décision.
M. Rochefort: Est-ce que vous rendrez le rapport public?
Mme Lavoie-Roux: Je ferai connaître également ma
décision à cet égard en même temps.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: M. le Président, Mme la ministre, à la
suite d'une situation dramatique qui existait à la Cité de la
Santé à Laval, vous avez annoncé l'ajout de 200 lits.
J'aimerais connaître de votre part un peu l'échéancier, si
vous voulez, soit le début des travaux et la fin possible des travaux.
Merci.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons fait une recommandation au PAI
1986-1987 pour...
Le Président (M. Bélanger): Excusez, Mme la
ministre, le PAI...
Mme Lavoie-Roux: Le programme annuel d'immobilisation.
Le Président (M. Bélanger): Merci. (17 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Nous avons l'intention d'ajouter environ 200
lits à ce centre hospitalier. Je peux vous dire que l'on s'oriente vers
un ajout possible de 167 lits de courte durée. C'est ce qu'on me
transmet. C'est un établissement qui fait face à un manque de
ressources en lits de courte durée. Ceci a probablement
contribué, compte tenu de la surabondance de la clientèle,
à la hausse du coût de fonctionnement de l'établissement.
Mais ça, ce sont des détails concernant la gestion de
l'établissement.
Tout ce que je peux dire à ce moment-ci, c'est que cela a
été prévu dans le plan d'action des urgences, au chapitre
des immobilisations. Comme je le disais jeudi dernier, dans les
priorités du PAI qui seront retenues par le ministère, il y a ce
qui touche les plans de réfection reliés à la
sécurité et à la vétusté, de même que
les plans reliés au plan d'action globale des urgences. J'attends la
réponse du Conseil du trésor, relativement au PAI de
1986-1987.
M. Joly: Maintenant, Mme la ministre, concernant le centre de
séjour de Sainte-Dorothée, dont on a commencé, depuis
quand même un petit bout de temps, è changer la vocation.
Antérieurement...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre, comme ce n'est pas un hôpital...
M. Joly: Ah bon!
Le Président (M. Bélanger): On va terminer sur le
sujet des centres hospitaliers de courte durée et psychiatriques pour en
arriver ensuite aux centres d'accueil.
M. Joly: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, M. le
député. M. le député de Gouin.
Assurance-responsabilité civile
M. Rochefort: Je voudrais aborder la question des
assurances-responsabilité civile à la fois des
établissements et des médecins. J'aimerais que la ministre fasse
le point sur les décisions qu'elle a prises quant aux
assurances-responsabilité civile pour les établissements. Est-ce
qu'elle a prévu les provisions budgétaires nécessaires
pour faire face à l'ensemble des hausses considérables et
substantielles auxquelles font face l'ensemble des établissements?
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît! Un montant de
8 000 000 $ est prévu.
M. Rochefort: Vous avez prévu assumer la totalité
des hausses? C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Non. Les établissements, de par la loi,
doivent assumer une part de l'assurance, soit un montant de 2 000 000 $. Pour
le reste, entre 2 000 000 $ et 3 000 000 $, c'est avec l'American Home.
Au-dessus de 3 000 000 $, c'est avec l'Association des hôpitaux du
Québec. Le reste est assumé par le montant total de 8 500 000
$.
M. Rochefort: Il s'agit de 8 500 000 $ en tout et partout.
Le Président (M. Bélanger): Ce qui devient une
espèce de montant flottant, n'est-ce pas?
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: Merci.
M. D'Astous: II y a des crédits de 8 500 000 $
transférés des budgets d'hôpitaux au ministère et
retransférés à l'AHQ, comme gestionnaire. De l'ensemble de
ces crédits pour l'assurance, il y a une partie au montant de 800 000 $
pour l'assureur privé qui a bien voulu prendre à sa charge les
dédommagements entre 2 000 000 $ et 3 000 000 $, pour un maximum de 3
000 000 $ par année.
Donc, au-dessous de 2 000 000 $, c'est le montant de 8 500 000 $;
au-dessus de 3 000 000 $ aussi. Mais tout cela est dans un ensemble de 8 500
000 $.
M. Rochefort: D'accord. Quant aux médecins,
maintenant?
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des médecins, nous avons
négocié et signé l'entente avec la FMOQ. C'est une
franchise de 650 $ qui est assumée par les médecins. Au-dessus de
650 $, 50 % sont assumés par le gouvernement et l'autre 50 % par les
médecins, jusqu'à un plafond de 2125 $ au-dessus duquel...
M. Rochefort: Juste pour préciser. On ne parle pas de
franchise. On parle de prime. Le premier montant de 650 $ est facturé au
médecin.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Non, mais c'est parce que vous avez employé
le mot "franchise".
En termes d'assurance...
Mme Lavoie-Roux: Oui, par rapport â ce que le mot... Vous
avez raison.
M. Rochefort: Donc, le premier montant de 650 $ de prime est
assumé par le professionnel.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Au-delà de cela, c'est 50-50, jusqu'à
un plafond de?
Mme Lavoie-Roux: De 2125 $. Ceci pour une période d'un
an.
M. Rochefort: Et au-delà du plafond? Mme Lavoie-Roux:
C'est le médecin.
M, Rochefort: Cela représente combien en tout et partout
pour les membres de la FMOQ?
Mme Lavoie-Roux: Environ 1 000 000 $.
M. Rochefort: Quant aux membres de la FMSQ?
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes encore en négociation avec
les membres de la FMSQ en ce qui a trait â
l'assurance-responsabilité. La prime qui serait d'abord assumée
par les membres de la FMSQ serait de 950 $. Par la suite, ce serait 50 %
assumés par le gouvernement et 50 % par les médecins
eux-mêmes.
M. Rochefort: Avec les mêmes plafonds?
Mme Lavoie-Roux: À ce moment-ci, il n'est pas question de
plafond. Il faut bien réaliser que, dans le cas de la FMSQ,
l'assurance-responsabilité est beaucoup plus élevée d'une
façon générale que pour les omnipraticiens.
M. Rochefort: Si vous comptez mettre 1 000 000 $ pour les membres
de la FMOQ, combien croyez-vous que votre proposition coûterait pour les
membres de la FMSQ?
Mme Lavoie-Roux: On est en pleine négociation, ce ne
serait peut-être pas opportun à ce moment-ci de dire de combien
d'argent nous disposons.
M. Rochefort: Non, non, M. le Président. Pour cela, il
faut être très précis. Je comprends très bien la
réponse de la ministre et je l'accepte. Je ne lui demande pas de combien
elle dispose, je lui demande combien coûte la proposition qu'elle vient
d'évoquer publiquement. Je ne lui demande pas de combien est sa marge de
crédit au Conseil du trésor pour ce dossier, je lui demande
combien coûte la proposition qu'elle vient d'évoquer publiquement?
C'est-à-dire des 950 $ payés par le spécialiste et 50-50
quant au reste, sans plafond.
Mme Lavoie-Roux: Nous ne pouvons pas à ce moment-ci donner
d'évaluation précise parce que cela varie selon les
spécialités, selon la classe des spécialistes à
l'intérieur de leurs spécialités et, également,
selon la compagnie d'assurances avec laquelle ils étaient assurés
jusqu'à maintenant.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien, mais vous
avez fait une proposition et vous devez bien être en mesure de savoir
combien cela coûterait si cette proposition-là était
acceptée et si vous signiez demain matin. J'imagine bien qu'au Conseil
du trésor ils vont vouloir savoir de combien est le montant de la
facture.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
auprès du député de Gouin, mais pour
l'intérêt public à ce moment-ci je préfère ne
pas donner ces chiffres.
M. Rochefort: D'accord, M. le Président, tant pour les
deux j'espère qu'au moins la ministre nous informera des chiffres une
fois l'entente conclue.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Mais certainement!
M. Rochefort: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a rien de... On sera heureux de les
rendre publics quand l'entente sera conclue.
M. Rochefort: Au-delà des montants justement, M. le
Président, où cela se situe-il? C'est de la
rémunération? On va intégrer cela...
Financièrement, comment est-ce justifié? On comprend qu'il y a
une augmentation considérable des primes pour les professionnels de la
santé, mais où cela se situe-t-il par rapport à
l'augmentation de la rémunération qui est prévue dans les
prochaines négociations de cela? C'est complètement à
part?
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas intégré, c'est
complètement à part. Un forfaitaire, on pourrait l'appeler
forfaitaire, dans les circonstances, pour un. an. Ce qu'il faut ajouter - et
là-dessus je ne pourrai pas, même si le député le
voulait, fournir un échéancier - c'est que le gouvernement doit
examiner toute la question de l'assurance-responsabilité.
Évidemment, elle nous est peut-être arrivée plus rapidement
dans le
domaine de la santé que dans d'autres domaines, mais on sait
également que, du côté des municipalités, il y a
aussi des problèmes. À ce moment-là, faudra-t-il examiner
toute cette question de l'assurance-responsabilité dans un contexte de
loi possible? Nous sommes encore à l'ébauche de cela, mais c'est
une hypothèse qui est envisagée éventuellement. On
pourrait aussi, à un moment donné, si cela suit le courant des
États-Unis, mais il y a aussi de pièges è cela... Ce sont
d'autres hypothèses qu'il faut envisager à part cette formule que
nous retenons dans le cadre des négociations.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, je
réitère ma demande à la ministre, une fois l'entente
conclue avec la FMSQ, de nous indiquer le montant concerné pour la
période d'un an que couvrirait cette entente.
Dans les documents de crédits budgétaires, il
apparaît une augmentation de 43 900 000 $ aux revenus quant aux
suppléments de chambres. Cela vient d'où, l'augmentation et non
pas le revenu?
Le Président (M. Bélanger): Oui?
M. D'Astous: Vous savez que, concernant les revenus de
suppléments de chambres, avant 1985-1986 le tiers était
conservé à l'établissement, le tiers au conseil
régional, le tiers récupéré par le
ministère. De ce tiers, un montant était alloué pour la
péréquation interrégionale. Depuis 1985-1986, il y a une
décision en ce sens que dorénavant les équipements en
termes de maintien et l'immobilier seraient financés par le service de
dette. En conséquence, l'ensemble des crédits qui étaient
dévolus aux conseils régionaux et aux établissements
n'étant plus requis sont complètement défalqués par
le ministère et augmentent d'autant les crédits et revenus et, de
ce fait, diminuent aussi le financement net du ministère en termes de
crédits, mais on reprend la relève par les financements sur
dettes.
M. Rochefort: Vous payez plus tard mais vous encaissez
maintenant.
M. D'Astous: II faut faire attention. Comment cela fonctionne?
C'est que tous les mois on autorise les conseils régionaux à
emprunter 1/12 du montant qui était auparavant dans les
établissements et au conseil régional. Eux par la suite font les
paiements aux établissements de santé; après
l'année financière il y a consolidation des marges bancaires et
financement sur une durée de vie approximative à la durée
de vie des équipements. On pense une dizaine d'années. Alors,
après dix ans, les emprunts ainsi faits sont remboursés en
même temps que la durée de vie desdits équipements. Donc,
ce sont des dépenses qui sont capitalisables et effectivement on les a
capitalisées depuis 1985-1966.
Mme Lavoie-Roux: Cela avait été fait sous l'ancien
gouvernement.
M. D'Aatous: Aussi.
M. Rochefort: Cela veut dire quoi? Que c'était bien?
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qu'il dit?
M, Rochefort: J'ai une dernière question, M. le
Président, quant à ce programme. C'est vrai que j'avais pourtant
pris l'engagement de ne plus faire d'humour, mais peut-être que j'ai le
droit une fois.
La politique de santé mentale
M. le Président, j'ai une question rapide à poser. On a eu
un peu l'occasion d'aborder les questions de désinstitutionnalisation au
moment de l'étude du programme des centres d'accueil de
réadaptation. Compte tenu du temps et non pas de l'intérêt
- je sais qu'on aura de toute façon l'occasion de revenir sur cette
question plus en profondeur avec la ministre - est-ce que la ministre pourrait
nous dire quel est son plan de travail â l'égard de la mise en
oeuvre de la politique de santé mentale qui est en préparation
depuis un bon bout de temps?
Là aussi, M. le Président, je ne sais pas si c'est au
programme 3 qu'il faut chercher tout cela, mais je pense que c'est une bonne
place pour en faire la discussion,
Le Président (M. Bélanger): Elle est recevable.
M. Rochefort: Oui?
Le Président (M. Bélanger): Psychiatrique.
Mme Lavoie-Roux: Quand je suis arrivée au ministère
- pour être absolument exacte, je devrais dire avant même d'arriver
au ministère - j'avais pris connaissance du projet de consultation en
santé mentale qui avait été rédigé, me
dit-on, avec une certaine hâte è la fin du mandat de l'ancien
gouvernement et pour lequel on avait projeté une consultation.
D'une part, je veux réitérer ici, et je l'ai fait jeudi
dans mes notes d'ouverture, l'intention du ministère que toute la
question de la santé mentale demeure une question prioritaire.
Là-dessus mon ministère aura tout l'appui que je peux lui
accorder.
En ce qui a trait à ce plan de consultation relié à
ce projet de politique de
santé mentale, je dois vous dire qu'après discussion il ne
m'apparaît pas, avant que ce projet de santé mentale ne soit
complété, qu'on puisse même songer à une
consultation. D'une part, la problématique y en est absente, les
objectifs que l'on y poursuit n'y sont pas intégrés. Elle
m'apparaît incomplète telle que je l'ai présentement entre
les mains. Nous en avons discuté à l'intérieur du
ministère. Nous devons compléter, pour en faire
véritablement un projet de politique, ce qui existe déjà.
Et ce qui existe m'apparaît davantage comme des moyens d'action, des
propositions d'action qui, d'ailleurs, devaient faire l'objet de consultations,
à savoir si les régions souscrivaient è ceci. (17 h
30)
Si consultation il doit y avoir, mon idée n'est pas
arrêtée là-dessus, mais je pense qu'au point de
départ il faut s'asseoir sur un projet de politique de santé
mentale qui soit beaucoup plus complet que celui que j'ai entre les mains
présentement.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre s'est fixé un
échéancier?
Mme Lavoie-Roux: Heureusement que je ne donne pas des
échéanciers sur tout, parce que j'aurais de la misère
à dormir. Je dois vous dire que, pour moi - je l'ai mentionné
dans les remarques d'ouverture que j'ai faites jeudi matin - et pour mon
ministère, c'est une priorité d'agir dans le domaine de la
santé mentale.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre entend consulter à
nouveau le Comité de la santé mentale, compte tenu de la
réponse qu'elle nous a faite?
Mme Lavoie-Roux: Le Comité de la santé mentale a,
d'ailleurs, déjà publié bon nombre de projets et je dois
vous dire que certaines des réticences exprimées à
l'endroit du projet qui a été colligé m'ont
été exprimées, justement, par le Comité de la
santé mentale à savoir qu'on ne pouvait pas parler d'un ensemble
d'éléments qui pourraient éventuellement constituer une
politique de santé mentale.
M. Rochefort: D'ici ce temps-là, est-ce que la ministre
entend poser un certain nombre de gestes qui auraient pour effet d'accorder une
meilleure protection aux bénéficiaires en établissements
psychiatriques?
Mme Lavoie-Roux: J'ai annoncé cela, je pense, encore jeudi
matin. Je comprends que le député de Gouin n'a pas relu tout
cela, que ce ne soit pas sa lecture de chevet, mais...
M. Rochefort: C'est encore drôle.
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute, je vais vous relire tout
cela. "Dans le dossier de la santé mentale, un travail énorme se
doit d'être fait. Qu'il s'agisse de finaliser la politique en
santé mentale ou d'établir un plan d'action pour soutenir les
centres hospitaliers psychiatriques dans leur démarche de
désinstitutionnalisation ou tout simplement dans la qualité des
services qu'ils doivent offrir, qu'il s'agisse encore de revoir la Loi sur la
protection du malade mental -une demande que j'ai adressée pendant des
années au gouvernement qui nous a précédés - qu'il
s'agisse également de la politique à l'égard du suicide,
notre responsabilité à l'endroit de la santé mentale est
grande."
Je pense que vous avez là, au moins, un résumé de
mes intentions.
M. Rochefort: Je veux bien, M. le Président, mais
effectivement il me semblait que j'avais pourtant été bien
attentif. Donc, vous n'avez pas pris de décision quant aux mesures que
vous souhaiteriez prendre à court terme, justement, en attendant
l'arrivée de cette politique de la santé mentale.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, si on
peut me redonner aussi le plan d'urgence qu'on a rendu public...
M. Rochefort: Les centres de crise, est-ce cela?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, attendez une minute! Hier, j'avais
justement l'occasion de rencontrer un groupe de parents bénévoles
qui chevauchent mon comté et celui de Saint-Laurent et qui, depuis l'an
dernier, ont déployé beaucoup d'efforts pour mettre en place un
centre de jour pour leurs jeunes adultes dont un bon nombre sont des
psychotiques.
Je faisais avec eux le décompte de ce qui sera donné,
cette année, en santé mentale: d'abord, des développements
de centres de crise, 2 000 000 $ annualisés et récurrents; 200
000 $ de location; des développements de services d'hébergement
temporaire de près de 1 000 000 $ aussi récurrents; l'ajout de
professionnels en santé mentale dans les salles d'urgence pour un
montant de 1 600 000 $ récurrents, et ce n'est que pour la région
de Montréal. Il y a également des choses prévues pour la
région de Québec et je voudrais ajouter aussi les nombreuses
équipes mobiles en psychogériatrie. Je pense qu'il y a des
efforts significatifs qui sont faits.
M. Rochefort: J'accepte la réponse de la ministre, M. le
Président, mais je parlais des bénéficiaires qui sont
actuellement en établissement psychiatrique.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y aura peut-être des
intentions qui pourraient devenir plus concrètes à brève
échéance.
M Rochefort: Dans les prochains jours? Compte tenu
d'interventions sur certains dossiers spécifiques. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Vous verrez. Vous êtes curieux.
M. Rochefort: Merci. Oui, c'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: Une saine curiosité, M. le
député.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Sur le programme 3.
Services des centres hospitaliers de courte durée et psychiatriques,
est-ce qu'il y a d'autres questions, d'autres commentaires?
Est-ce que les crédits sont adoptés?
Des voix: Adopté.
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Nous passons au
programme 6?
M. Rochefort: Programme 5?
Le Président (M. Bélanger): Dans la liste qu'on m'a
donnée, c'était 6. Programme 5, il n'y a pas de
problème.
M. Rochefort: Le programme 6, on l'a fait.
Mme Lavoie-Roux: C'est fait. Les crédits ont
été adoptés, M. le Président.
M. Rochefort: Mais oui, mais oui. Normalement, dans l'ordre, on
passe à Services des centres d'accueil d'hébergement et des
centres hospitaliers de soins de longue durée.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez tout à
fait raison. Sur le papier qu'on m'avait donné, on a écrit 6. Je
m'en excuse. Donc, on passe au programme 5 Services des centres d'accueil
d'hébergement et des centres hospitaliers de soins de longue
durée.
Services des centres d'accueil
d'hébergement et des centres
hospitaliers de soins de longue durée
M. Rochefort: M. le Président, je n'ai pas un grand nombre
de questions, compte tenu qu'on a eu l'occasion d'aborder ces questions sous
différents angles depuis le début de l'étude des
crédits du ministère de la Santé et des Services sociaux.
J'aimerais poser une question d'allure générale à la
ministre sur ses orientations personnelles, donc, les orientations qu'elle
compte donner à son ministère quant à toute la dimension
de l'hébergement des personnes âgées pour les prochaines
années. Comment le ministre conçoit-elle tout le
phénomène de l'hébergement pour les personnes
âgées pour les prochaines années? Quelles sont ses
orientations sur cette question?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de répondre
à la question précise du député de Gouin, je
voudrais d'abord souligner, pour l'intérêt de tous les
collègues qui sont ici, que les centres d'accueil et
d'hébergement vont connaître cette année une croissance
réelle de 2,75 %. C'est une correction que je veux apporter, vous avez
dans votre livre une croissance réelle de 1,33 %. Après
rectification de certains chiffres, il s'agit véritablement d'une
augmentation de 2,75 % dont 5 500 000 $ vont à l'alourdissement de la
clientèle. Évidemment, vous avez la croissance mécanique
de 1,38 %.
Pour répondre à la question du député de
Gouin, je voudrais lui dire quels objectifs je vise dans le cas des centres
d'accueil d'hébergement. Je pense qu'il faut d'abord partir du principe
qu'il faut que dans l'avenir - je pense que c'était déjà
amorcé sous l'ancien gouvernement - de plus en plus, les personnes
âgées restent dans leur milieu naturel le plus possible. Les
populations hébergées en centre d'accueil deviendront et sont
déjà devenues de plus en plus lourdes. Les objectifs qui doivent
être poursuivis è l'intérieur de ces centres d'accueil
sont, évidemment, que, dans la mesure du possible, même si souvent
ces personnes sont peu autonomes ou deviennent de moins en moins autonomes, on
essaie de leur conserver le plus longuement possible cette autonomie qui
demeure extrêmement importante pour elles même en centres
d'accueil. Â cet égard, au fur et à mesure des
disponibilités financières de l'État, je pense qu'il
faudra, d'une part, faciliter le travail en centre d'accueil par des
ressources, je dirais par presque un rattrapage au niveau des ressources.
Les centres d'accueil se sont plaints, à bon droit, depuis
plusieurs années, de l'alourdissement de leurs clientèles, auquel
une augmentation des ressources n'a pas correspondu pour bien servir cette
population. Je pense qu'il y a des études au ministère qui
touchent les besoins plus grands en ergothérapie, en
physiothérapie, en services sociaux, etc. Je pense que nos efforts
devront aller de ce côté.
Il y a également - et nous y avons touché au début,
jeudi dernier - la nécessité de maintenir une planification qui
soit adéquate au plan du développement de places
en centre d'accueil, mais toujours en fonction d'une clientèle
qui ne peut pas fonctionner dans un autre milieu, enfin dans un milieu naturel
ou un milieu intermédiaire. En gros, je pense que ce sont là les
orientations en ce qui touche les centres d'accueil.
M. Rochefort: Quelques commentaires, M. le Président.
D'une part, la ministre nous dit que des rectifications et des changements ont
été apportés au livre des crédits concernant ce
programme. Serait-il possible de nous faire...
Mme Lavoie-Roux: Dans les calculs qui avaient été
faits pour établir le pourcentage. C'est une erreur, ce n'était
pas un pourcentage...
M. Rochefort: Ce n'est pas une erreur de chiffres, c'est une
erreur de calcul.
M. D'Astous: C'est-à-dire que, lorsqu'on veut rendre les
crédits comparables, il faut tenir compte de certains
réaménagements et non d'autres. Dans la révision que j'ai
faite, il y avait des correctifs à apporter. J'ai des feuilles
amendées; si vous le voulez, je peux vous les transmettre.
M. Rochefort: C'est cela, s'il y avait moyen de nous faire
parvenir le tout, je pense que cela réglerait la question.
M. D'Astous: D'accord.
M. Rochefort: Deuxièmement, la ministre nous mentionne
maintenant 5 500 000 $ pour l'alourdissement, alors que j'ai vu 4 000 000 $
dans le livre des crédits.
M. D'Astous: Bon. Vous avez 4 000 000 $ de crédits en
provenance de 1986-1987, plus, si vous vous souvenez, un compte à payer
en 1984-1985 de 5 000 000 $ pour l'ensemble des programmes 5.1 et 5.2. Ce
montant se retrouve à la page 45 du cahier pour 2 500 000 $, plus 4 000
000 $, desquels on a retiré 1 000 000 $ pour le maintien à
domicile dans les CLSC. Il reste 3 000 000 $. Donc, 3 000 000 $ plus 2 500 000
$, pour un total de 5 500 000 $.
M. Rochefort: Une bonne réponse! D'accord. M. le
Président, ma question suivante est reliée directement à
la dernière réponse de la ministre. La ministre nous a dit: On a
eu l'occasion jeudi de discuter de la planification des places en centre
d'accueil pour les prochaines années. Â une question que je lui
adressais quant aux gestes qu'elle comptait poser aujourd'hui, à cette
époque-ci disons, pour bien préparer le
Québec à faire face au phénomène du
vieillissement rapide de notre population autour des années 1990-2000,
la ministre m'a dit: Mon Dieu, je référerai le
député au plan sur les urgences que j'ai
déposé.
Dans ce plan, il y a deux dimensions importantes: il y a une dimension
hébergement, il y a une dimension ressources alternatives à
l'hospitalisation et ressources alternatives à l'hébergement en
centre d'accueil. Oui, il y a un plan là. Donc, si je comprends bien,
pour vous, la façon de faire face et de bien nous préparer
aujourd'hui et demain pour ce que nous vivrons après-demain eu
égard au vieillissement de la population ce sera de bâtir autour
de ce plan, donc d'accroître les ressources en hébergement,
d'accroître les ressources alternatives à l'hospitalisation et
à l'hébergement, que ce soient les centres de jour ou ces
questions. Essentiellement, c'est autour de ces pôles?
Mme Lavoie-Roux: Aussi, si on veut parler de ressources
alternatives dans un sens non restreint, cela touche, évidemment, toutes
les mesures de services de maintien à domicile également.
M. Rochefort: Quand je parle des ressources alternatives à
l'hébergement, je pense au maintien à domicile.
Mme Lavoie-Roux: Oui, largement, dans un sens large, oui.
M. Rochefort: J'ai distingué l'hébergement par
rapport à l'hospitalisation, justement.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Maintenant, j'ai parlé aussi, jeudi
dernier, de la nécessité de se pencher sur tout le
problème de l'exploitation des personnes âgées. Je pense
que c'est une autre dimension importante sur laquelle nous allons nous pencher.
(17 h 45)
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, on connaît
un peu les courbes démographiques. Je pense que les démographes
ne se trompent pas souvent sur ces questions-là, en tout cas pas chez
nous. Est-ce que, compte tenu de ces courbes, la ministre et ses officiers ont
fait une certaine prévision des besoins de places en centre d'accueil
d'hébergement pour les quinze ou vingt prochaines années au
Québec et en termes de ressources alternatives à
l'hospitalisation et alternatives à l'hébergement?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, là-dessus, je
dois vous dire que, quand on parle de planification, ce qui, à mon point
de vue, n'est pas tout à fait adéquat ou demande d'être
précisé davantage - j'y fais allusion,
également - par exemple, on sait qu'il existe au ministère
un certain nombre d'études. Il y en a une qui remonte - je vous le dis
vraiment de mémoire parce que je ne l'ai pas revue depuis que je suis au
ministère, mais je sais qu'il existe une étude - à
février 1985 è peu près, qui touchait à tous ces
aspects des besoins de places en hébergement et aussi à la
démographie quant au vieillissement de la population.
Je pense que là on peut quand même faire une certaine
prospective quant aux places à créer en hébergement, mais
il y a encore une absence de données précises quant, par exemple,
aux besoins en maintien à domicile ou en services à domicile,
quant aux places en ressources alternatives. Cette étude, dont j'avais
pris connaissance et qui n'est pas trop loin quelque part, se situait davantage
en fonction des besoins de places en hébergement.
Il y a déjà des études, mais je pense qu'il va
falloir les pousser un peu plus loin, faire des évaluations qui
n'existent pas encore particulièrement quant aux besoins réels
pour l'avenir.
M. Rochefort: Une chose, M. le Président, que je veux
aborder et, après cela, on aura des dossiers spécifiques, avec,
notamment, ma collègue de Johnson pour un dossier que la ministre doit
connaître, j'imagine.
Une chose, M. le Président, qui m'a toujours un peu
frappé, à la suite des visites nombreuses que j'ai
effectuées dans différents centres d'accueil d'hébergement
pour personnes âgées au Québec, notamment quand
j'étais adjoint parlementaire de l'un des prédécesseurs de
la ministre, c'est toute la question de l'hébergement temporaire.
Là, je ne parle pas d'hébergement de dépannage de fin de
semaine ou d'une semaine pour soulager une famille qui a décidé
de prendre en main une personne âgée, un membre de la famille ou
un ami, mais je pense vraiment à tout ce volet, au fond, de
l'hébergement temporaire.
On a un peu comme pratique au Québec que, quand on entre en
centre d'accueil, on vend sa maison, on vend tous ses meubles ou on les donne
et on s'en va là jusqu'à ce qu'on meure. Évidemment, on
essaie de prolonger la vie le plus possible, que cela se passe
agréablement, mais on n'a pas du tout l'orientation de faire en sorte
que les gens puissent, par exemple, séjourner en centre d'accueil trois,
quatre, cinq, six mois et, avec des services de physiothérapie,
d'ergothérapie et tout le reste, toute la panoplie de services qu'on
peut utiliser, qu'après ils puissent retourner chez eux dans leur milieu
de vie et là, peut-être, par un bon soutien, par un service de
maintien à domicile ou peut-être par une bonne participation
à des activités de centres de jour ou d'hôpitaux de jour,
qu'ils puissent fonctionner à nouveau dans un milieu de vie plus naturel
pour un certain temps.
Je sais, et j'imagine que c'est le cas de la ministre aussi, que, quand
on va dans des centres d'accueil, les responsables, les dirigeants des
établissements sont toujours fiers de nous montrer une personne
figée qui, lorsqu'elle est entrée au centre d'accueil,
était peut-être sur une civière ou en fauteuil roulant et
qui, aujourd'hui, se promène dans les corridors, peut s'asseoir dans les
jardins à l'extérieur, peut même aller faire à
l'occasion des courses dans des commerces qui sont tout près du centre
d'accueil. Donc, c'est pour nous montrer jusqu'à quel point ils ont
réalisé des progrès importants quant à
l'état de santé physique de la personne concernée.
En ce sens-là, on se dit: Pourquoi concevoir l'hébergement
comme une mesure définitive et permanente? Est-ce que la ministre compte
mener des travaux, faire des réflexions autour de ces questions,
précisément, compte tenu de l'importance qu'elles revêtent
et, deuxièmement, compte tenu du nombre de personnes âgées
qui risquent de passer par des centres d'accueil dans les 10, 20 ou 30
prochaines années?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que la question
du député de Gouin est tout à fait pertinente et il me
fait plaisir de lui dire que c'est une préoccupation qui a
été évoquée à quelques reprises au
ministère cette, je dirais, presque tradition, à ce moment-ci, eu
égard à nos personnes âgées, qui veut qu'une fois
qu'elles sont reçues en hébergement, que ce soit en centres
d'accueil ou de soins prolongés et où on voudra, c'est comme si
c'était une chose consommée pour l'éternité.
D'ailleurs - je ne voudrais pas porter de jugement négatif à
l'endroit de qui que ce soit - souvent, les gens ont été
tellement désireux de trouver une place d'hébergement pour leur
personne âgée qu'une fois qu'elle est rendue on dit: Bon, enfin,
elle est là, etc.
Ce que vous soulevez, à savoir que, compte tenu qu'on assiste
à des efforts de réadaptation qui devraient aller en s'accentuant
de plus en plus, justement pour permettre à ces personnes de recouvrer
une certaine autonomie ou l'autonomie la plus grande possible, on devrait se
retrouver, au bout de deux ou trois mois, peu importe le temps, avec des
personnes qui pourraient fonctionner ailleurs que dans une institution, c'est
une préoccupation qu'on pourrait avoir quand on parle de mesures
possibles ou de cette réflexion possible sur - je le mets entre
guillemets, cette fois-ci - "une forme d'exploitation des personnes
âgées". Ce n'est pas fait nécessairement de mauvaise foi,
mais je pense que respecter les gens ou protéger les personnes
âgées, c'est leur
permettre aussi ce va-et-vient selon leur niveau de fonctionnement. Je
pense que cela pourrait aussi faire partie de cette réflexion.
Cela est pour les personnes âgées, mais il y a d'autres
lacunes dans l'hébergement temporaire. On soulignait, par exemple, que
dans le cas de la désinstitutionnalisation, alors qu'il y a plusieurs
mesures prévues pour ceux qui reçoivent de jeunes adultes
déficients mentaux ou d'autres types de clientèles, qu'ils
peuvent avoir accès facilement à des mesures d'hébergement
temporaire, pour des familles qui gardent leurs personnes handicapées ou
ont gardé leur enfant au cours des ans, ces mesures d'hébergement
temporaire sont d'un accès beaucoup plus difficile.
On parlait des personnes âgées. Je pense qu'on pourrait
étendre cela aussi à d'autres types de clientèles et aussi
à d'autres circonstances. En général, ces questions
touchant l'hébergement non seulement le méritent, mais doivent
donner lieu à certaines remises en question, à certaines
réorientations ou une certaine réallocation des ressources.
M. Rochefort: Merci. M. le Président, je vous demanderais
maintenant de reconnaître Mme la députée de Johnson qui
voudrait aborder un dossier particulier.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Projet de centre d'accueil à Windsor
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Mme la ministre
connaît certainement mon dossier, mais elle va me permettre, pour nos
nouveaux collègues qui ne connaissent pas mon histoire, de
résumer tout ce qui s'est passé. Je pense que j'ai le centre
d'accueil ie plus âgé qui n'existe pas, si j'ose m'exprimer ainsi.
Vous savez que l'histoire de mon centre d'accueil débute le 25 septembre
1968, alors qu'on a eu l'autorisation de construire un foyer de 60 lits, de la
part du ministre de l'époque, qui était M. Jean-Paul Cloutier,
sous le gouvernement de l'Union Nationale. Ce n'est pas d'hier, cela fait 18
ans.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce ce centre
d'accueil qu'on a levé assez de premières pelletées de
terre pour en creuser la cave ô la pelle?
Mme Juneau: Oui. Un instant, s'il vous plaît! On s'en vient
là. Il y avait un montant à l'époque de 630 435 $, qui
était la plus basse soumission celle de l'entrepreneur Dorilas Grenier.
Le 12 mai 1970, il y a eu la prise de pouvoir de l'équipe
libérale avec M. Bourassa et, le 29 mai 1970, le ministre de la Famille
et du
Bien-Être social, Claude Castonguay, expédiait un
télégramme pour arrêter les travaux. Cela a
coûté aux contribuables du Québec 242 840,80 $ pour
enterrer les fondations de ce premier centre d'accueil de 1968.
Le 30 mars 1984, une deuxième autorisation était
accordée pour la construction d'un centre d'accueil à Windsor.
Celui-ci, de 32 lits, rattaché au CHSP Saint-Louis pour fins
d'économie, devait être construit au montant de 2 560 000 $.
Le 2 décembre 1985, deuxième prise de pouvoir par le
gouvernement libéral de M. Robert Bourassa. Le 10 janvier 1986, lettre
signée par la ministre actuelle qui, au troisième paragraphe,
dit: "Compte tenu des besoins plus urgents d'hébergement auxquels il
faut répondre et des contraintes budgétaires auxquelles il faut
faire face, la construction du centre d'accueil et d'hébergement de
Windsor ne constitue pas une priorité, mais surtout n'apparaît pas
comme la meilleure solution aux problèmes des personnes
êgées de cette région. Conséquemment, l'ajout des 32
places d'hébergement ne sera pas construit." Cela fait deux fois en 18
ans, deux fois que les personnes âgées, les gens que j'aime, qui
vivent autour de moi quotidiennement, se voient privés de leur centre
d'accueil et deux fois par le même gouvernement.
Je pense que cette fois-ci cela a coûté aux contribuables
du Québec 205 465,24 $. Cela fait tout près de 500 000 $
d'engloutis sur le dos des personnes âgées. Ce sont les vrais mots
pour dire cela. Les gens de chez nous qui sont en perte d'autonomie sont
obligés de s'expatrier dans les centres d'accueil environnants, mais ils
n'ont pas le plaisir de pouvoir rester là où ils ont vécu
toute leur vie. Mme la ministre, j'aimerais bien que vous nous disiez si les
gens de chez nous n'ont pas le droit, eux aussi, d'avoir leur centre d'accueil
qui leur a été promis et enlevé deux fois en 18 ans par le
gouvernement libéral.
Mme Lavoie-Roux: Par un gouvernement libéral. M. le
Président.
Mme Juneau: Non pas un, mais deux gouvernements libéraux:
un le 12 mai 1970...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je suis d'accord avec vous, Mme
Juneau.
Mme Juneau: Minute! Deux fois.
Le Président (M. Bélanger): On vous le
concède pour 1970.
Mme Juneau: Deux fois, par le même premier ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, bon!
Mme Juneau: Votre chef était là les deux fois.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sérieusement, je
comprends la déception de la députée de Johnson qui, avec
le coeur et l'ardeur qu'on lui connaît, avait certainement
multiplié les démarches pour obtenir ce centre d'accueil pour la
population de Windsor. Je vais laisser faire les décisions d'antan, mais
cela rendait peut-être pire la décision du mois de janvier compte
tenu qu'il y avait déjà eu des décisions
antérieures. Cela n'a pas d'importance. Ce qui était important,
M. le Président, c'était d'évaluer les besoins
réels d'un centre d'accueil et d'hébergement à Windsor. On
peut présumer que la députée avait eu passablement de
difficulté à convaincre ses collègues de l'urgence de
cette situation puisqu'on s'était rendu en 1984 avant qu'elle puisse
obtenir une autorisation, si vraiment c'était aussi urgent depuis 18
ans.
Mme Juneau: J'ai été élu en 1981, madame,
pas il y a 18 ans.
Mme Lavoie-Roux: Je sais, mais je veux dire que cela devait
être très urgent en 1981 puisque cela faisait déjà
quinze ans, enfin, treize ou quatorze ans, qu'ils attendaient. À tout
événement, les données que j'ai obtenues à ce
moment-là tant de la part du conseil régional que du
ministère ne justifiaient pas la construction d'un centre d'accueil et
d'hébergement. C'est tellement vrai, M. le Président, qu'on avait
prévu d'abord un centre d'accueil de 64 places. Comme les besoins
étaient beaucoup moindres, le gouvernement du temps avait finalement
opté pour une construction de 32 places. Si j'y fais allusion, c'est
simplement parce que madame fait allusion, elle aussi, au coût. Je pense
que c'est à côté du problème, mais en faisant passer
le centre à 32 lits plutôt qu'à 64, on augmentait le
coût de chaque lit de 40 000 $ à 72 000 $. (18 heures)
Peut-être aurions-nous eu besoin de 32 places, mais des
études ont également démontré qu'on n'était
pas en besoin de places dans cette région et qu'au contraire l'argent
qui devait être utilisé pour le fonctionnement du centre
d'hébergement aurait des retombées beaucoup plus grandes et
beaucoup plus bénéfiques pour l'ensemble de la population
âgée de Windsor si on l'utilisait pour donner des services
à une population beaucoup plus nombreuse que celle qu'on pouvait
desservir en centre d'accueil.
Évidemment, M. le Président - et je pense qu'on en est
tous un peu conscient - si on avait ouvert un centre d'accueil de 32 places,
même si on en avait ouvert un de 64 places, j'irais même
jusqu'à dire de 100 places, on aurait quelqu'un à y
héberger demain. On le sait, à côté des centres
d'hébergement que le ministère réserve pour la
clientèle plus lourde, tout le monde veut créer d'autres centres
d'hébergement qui, évidemment, seront plutôt pour de
l'hébergement beaucoup plus léger de personnes qui peuvent rester
dans la communauté.
Ce que je veux dire à Mme la députée, c'est que,
d'une part, cet argent ou l'argent qui avait été prévu -
et je lui en avais donné l'assurance - sera utilisé pour
desservir un plus grand nombre de personnes, sans compter qu'à part le
fait que le coût par unité des lits, selon qu'on a 32 ou 64 lits,
était plus important, il faudrait aussi calculer au moins 350 000 $ pour
le service de la dette. Quand on construit, il faut payer et il faut payer le
service de la dette. Ces coûts n'étaient pas
négligeables.
Je voudrais dire à Mme la députée que sous peu une
lettre sera adressée au Centre régional de la santé et des
services sociaux de l'Estrie pour lui dire qu'un montant total annuel de 316
000 $ sera rendu disponible dès l'année en cours pour la mise en
place de services pour la population âgée. Il correspond,
d'ailleurs, à peu près au montant qui aurait pu être
alloué à l'hébergement, mais un plus grand nombre de
personnes pourront en bénéficier.
Ce montant se répartira à peu près comme suit - si,
par hasard, on déplaçait 2000 $ d'une rubrique à l'autre,
il ne faudrait pas que la députée m'en veuille - un montant de
6000 $ aux organismes communautaires, 150 000 $ en soins et services à
domicile, 65 000 $ en physiothérapie et en ergothérapie; on
prévoit également un centre de jour itinérant, le
recrutement, l'encadrement et le suivi aux familles d'accueil, pour 72 000 $,
et des services de réadaptation pour 73 000 $, soit un total de 516 000
$.
M. le Président, cette série de mesures m'apparatt
beaucoup plus appropriée dans les circonstances, puisqu'il ne s'agissait
pas de clientèles lourdes qui ne pouvaient être admises ailleurs
dans d'autres ressources du milieu et que, par contre, nous pourrons de toute
évidence répondre aux besoins d'un plus grand nombre de personnes
et selon une philosophie que l'on privilégie, celle d'aider les gens
à rester dans leur milieu le plus longtemps possible.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
Mme la députée de Johnson, il serait techniquement l'heure de
suspendre les travaux. Maintenant, comme je sais que le parti
ministériel a un caucus à 18 h 15, nous pourrions peut-être
continuer les travaux jusqu'à 18 h 10 au moins et tenter de terminer le
programme 5, si vou3 me dites...
M. Rochefort: On en a encore à peu
près pour une dizaine de minutes, tout au plus.
Le Président (M, Bélanger): Est-ce qu'on essaie de
finir le programme 5 avant de suspendre? J'ai le consentement?
Une voix: Si ce n'est pas plus long que dix minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: La ministre vient de nous dire que 516 000 $ seront
appliqués aux services. Je pense qu'on est bien loin des 2 560 000 $ qui
étaient déjà décrétés par le Conseil
du trésor. Quand j'entendais mon collègue tout à l'heure
s'inquiéter à savoir si un décret exécutoire
pouvait être changé, j'aurais dû lui dire oui. Le mien a
été changé, parce que je possède le décret
du Conseil du trésor qui autorisait les travaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je vous laisse finir.
Mme Juneau: Deuxièmement, Mme la ministre, vous avez
parlé tout à l'heure de ratio. Vous avez dit que vous aviez
discuté avec les gens de votre ministère et le CRSSS et que le
ratio n'était pas nécessaire pour la zone chez nous. Si je
ramasse tout ce que vous avez dit tout à l'heure, vous avez dit qu'il y
avait des intentions concrètes sur les soins psychiatriques. J'ai un
document du CRSSS de l'Estrie, qui parle de la résidence Melbourne de 40
places que vous connaissez bien: vous m'avez dit au téléphone
qu'il y avait des choses à faire dans cette institution de soins
psychiatriques. Je suis heureuse d'apprendre que vous avez des intentions
concrètes concernant les soins de santé mentale parce que, dans
le document du CRSSS, il est dit que, si la résidence Melbourne
était reconnue résidence pour soins psychiatriques, nous aurions,
dans la zone Windsor-Richmond, besoin de 40 places en centre
d'hébergement. Dans un deuxième document, lui, produit par le
CLSC de Val-Saint-François, il est dit que, d'après les
ressources existantes dans la zone ou dans la MRC du Val-Saint-François,
nous avons en totalité, selon les places au permis, 143 places dans les
foyers existants, donc, un déficit de 36 places.
C'est ce que je voulais apporter, parce que la ministre, à
plusieurs reprises, m'a dit que, dans la zone de Windsor-Richmond ou dans la
zone que le CRSSS englobait, les places étaient suffisantes pour les
gens qui en avaient besoin. Je voulais simplement dire à la ministre que
je possède les documents et compte tenu que vous allez avoir des
intentions concrètes sur les soins de santé mentale qui regardent
la résidence
Melbourne, elle et bien d'autres j'en suis bien sûre, je pense
qu'à ce moment-là nous serions à Windsor
déficitaires de 36 ou 40 places, selon les documents produits par les
CRSSS. Donc, nous serions en mesure de vous demander de poser les gestes
nécessaires à ce que la construction du centre d'accueil
déjà prévu puisse être réalisée.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si j'ai bien compris les
propos de Mme la députée, je voudrais dire, en premier lieu, que,
quand elle compare 516 000 $ de "services alternatifs", entre guillemets, eu
égard à la construction d'un centre d'accueil, même si elle
oppose 516 000 $ à 2 500 000 $, c'est 2 500 000 $ dans le béton.
C'est peut-être une comparaison qui est...
Mme Juneau: Tout de même, il y a 32 personnes qui auraient
joui de services auxquels, à mon point de vue, elles ont bien droit
depuis fort longtemps. Vous n'avez pas honte que des personnes
âgées de chez nous n'aient pas leur place?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on pourrait entrer dans
une longue discussion, à savoir si c'est mieux de garder les gens chez
eux avec des services convenables. Cela, c'est pour le district du CLSC de
Val-Saint-François; alors, la population de Windsor, je pense, se trouve
en plein centre. Cela a été aussi une recommandation qui a
été extrêmement bien reçue par le CLSC de
Val-Saint-François qui, justement, nous a fait valoir que ceci
était une réponse plus adéquate aux besoins de la
population des alentours.
En ce qui a trait à Melbourne, ce que j'ai toujours eu de la
difficulté à comprendre, M. le Président, c'est qu'avec la
préoccupation que Mme la députée avait à l'endroit
de la population âgée de Windsor, elle n'ait pas eu une
préoccupation, disons, aussi prononcée pour le centre d'accueil
Melbourne, qui est un centre d'accueil qui devra être relocalisé
ailleurs, du moins pour une partie des personnes qu'il héberge. En
effet, nous croyons qu'une partie des personnes hébergées
pourraient aussi vivre dans un milieu qui permette une meilleure
réinsertion sociale que le milieu dans lequel elles se trouvent
actuellement, compte tenu de l'isolement de cette maison; et aussi, ce qui me
préoccupe surtout, c'est l'installation actuelle qui est vétuste
et non sécuritaire, ce à quoi, d'ailleurs, la
députée de Johnson souscrit, je pense.
Nous avons également un plan en ce qui touche Melbourne et nous
allons tenter de le réaliser le plus tôt possible.
Mme Juneau: Ce à quoi, madame...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin avait demandé la parole. On la laisse
continuer?
Mme Juneau: Je m'excuse. Une toute petite dernière
question, madame. Ce à quoi je ne souscris pas, c'est que j'aie eu plus
d'attention pour la réalisation de celui de Windsor. Vous êtes
très consciente que c'est un centre d'accueil qui n'existe pas et qu'on
l'attend depuis 18 ans, alors que la résidence Melbourne fonctionne
déjà. Jamais je n'ai pensé que la résidence
Melbourne, bien au contraire et je vous en ai fait part, n'avait pas besoin
d'être améliorée parce qu'elle est vétuste ou en
termes de services. Mais vous comprenez très bien que, le centre
d'accueil de Windsor n'existant pas et ayant été promis depuis
fort longtemps, j'avais, pas pour moi présentement, mais pour tous ceux
que j'aime, pour tous ceux qui sont chez nous et qui souhaiteraient être
là, à faire le travail que j'ai fait et je vais continuer
à talonner la ministre pour qu'enfin les gens de chez nous puissent
avoir cette possibilité.
Autant, Mme la ministre, les gens qui sont chez vous, vos parents ou vos
aînés, souhaiteraient demeurer chez vous, dans votre
municipalité où ils ont vieilli, autant je veux que les miens
puissent faire la même chose chez moi. C'est dans cette optique que je
vais continuer à travailler pour enfin obtenir de vous, Mme la ministre,
et de votre gouvernement la possibilité que le centre d'accueil soit
construit bientôt pour les miens.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis convaincue de
l'intérêt de Mme la députée de Johnson pour tous ses
électeurs et concitoyens mais elle avait fait un choix à ce
moment-là de travailler pour le centre d'accueil de Windsor plutôt
que pour Melbourne. J'admets que ce n'était pas parce qu'elle
négligeait Melbourne, mais je pense que c'était au moins tout
aussi urgent.
Ce qui m'étonne le plus, M. le Président, c'est qu'un
centre d'accueil qui était urgent depuis 18 ans, si l'urgence
était si grande et que son gouvernement a été au pouvoir
pendant près de dix ans, n'ait pu être réalisé avant
dix ans. Là, on peut se poser des questions. Je ne dis pas que ce n'est
pas souhaitable, mais, dans l'ordre des priorités, il semble que
vraiment même l'ancien gouvernement ait eu de la difficulté
à le retenir comme priorité. Je me sentirais fort mal à
l'aise si nous n'offrions pas à la population des mesures alternatives.
Compte tenu de l'argent qui sera consacré à la population de
Val-Saint-François, j'ai franchement l'impression que, dans une certaine
mesure, ils vont recevoir beaucoup plus que d'autres territoires qui
souhaiteraient, sans aucun doute, se retrouver dans le même contexte.
Nous avions convenu que des ressources de fonctionnement seraient
retournées à la population, mais dans un autre contexte, sous une
autre forme et nous tenons promesse.
Le Président (M. Bélanger): Sur le même
sujet, M. le député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. En complément de
réponse à la philosophie élaborée par Mme la
ministre concernant le fait que l'on ne veut quand même pas trop
bâtir d'infrastructures souvent difficiles et excessivement dispendieuses
à administrer, je n'ai pas la prétention de connaître tous
les coins de la province, mais s'il y a un coin où je sais qu'il y a
déjà une infrastructure non utilisée actuellement, c'est
dans la paroisse Saint-Philippe, le coin où vous demeurez, Mme la
députée de Johnson, un très grand presbystère -
cela a l'air drôle à dire, mais je reviens à cela - qui
peut sûrement être utilisé si on fait les approches
nécessaires.
Mme Juneau: Vous pouvez peut-être regarder votre
presbytère, chez vous.
M. Joly: Justement, c'est déjà fait, chère
madame.
Mme Juneau: Bon, bien, laissez-moi donc...
M. Joly: Cela a l'air drôle à dire, mais il y a
déjà...
Mme Juneau: ...arranger mes affaires.
M. Joly: ...plusieurs approches de faites, disons, quant à
certains coins comme cela dans la province. Je vous fait simplement une
suggestion. Si vous croyez que ce n'est pas...
Mme Juneau: Je vous trouve très gentil.
M. Joly: ...un palliatif, c'est sûr qu'à ce
moment-là vous le laisserez de côté. Mais j'imagine que
c'est une idée qui pourrait être exploitée davantage.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, rapidement.
M. Rochefort: Oui, compte tenu du temps, M. le Président,
je me limiterai à une question additionnelle sur ce programme. Le centre
d'accueil Berri, j'ai vu qu'il y a des retards dans l'ouverture qui
était prévue. Est-ce que la ministre pourrait nous expliquer
à quoi sont attribuables ces retards
et quelle est la date prévue pour l'ouverture du centre d'accueil
Berri?
Mme Lavoie-Roux: On m'informe que la livraison des
équipements est en cours et, dès que cela sera
complété, il y aura ouverture du centre Berri. Question de jours,
me dit-on.
M. Rochefort: Question de jours. Merci, M. le Président.
Même chose pour Lionel-Groulx?
Mme Lavoie-Roux: Bien, à Lionel-Groulx, si vous voulez
qu'on fasse l'histoire de Lionel-Groulx, je pense que l'Opposition va devoir se
retirer.
M. Rochefort: Non. Je connais bien l'histoire. On ne sortira pas.
On sera là aussi après souper, Mme la ministre.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Et on s'apprête à changer la
pancarte, peut-être pourriez-vous ajouter le nom d'un autre ministre.
M. Rochefort: Généralement, on ne fait plus cela
parce que cela amène des coûts inutiles. Cela va, M. le
Président, pour le programme 5, quant à nous.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'on
peut considérer les crédits comme adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Alors,
nous suspendons les travaux jusqu'à 20 heures.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que l'ensemble du programme 5 est
adopté?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): À 20 heures,
mais, s'il vous plaît, soyez ici à 20 heures précises.
(Suspension de la séance à 18 h 17)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Bélanger): Je prierais les gens de
prendre leur place. Nous allons reprendre les travaux de la commission. Selon
l'ordre qui avait été proposé ce matin, nous ferions la
progression suivante: les programmes 7, 9 et 10.
M. le député de Laurier.
M. Sirros: Je me demande, M. le Président, étant
donné que la présidente de l'OPHQ est ici, si on pourrait
accélérer l'étude des crédits de l'OPHQ pour
qu'elle puisse réussir à prendre son avion de 22 h 20.
Le Président (M. Bélanger): On me souligne du
côté de l'Opposition que la responsable de ce dossier est prise
dans une autre commission et ne pourra pas être ici au début.
Alors, on devra attendre, malheureusement.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, comme je vous le
disais en aparté tantôt, on pourrait faire les programmes 7 et 8
qui nous mèneraient, j'imagine, vers 20 h 45 ou 21 heures et faire
l'OPHQ par la suite, de façon à permettre à tout le monde
de respecter ses contraintes d'horaire.
Coordination de la recherche
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Gouin, sur le programme 7, Coordination de la
recherche.
M. Rochefort: M. le Président, je ne sais pas si la
ministre souhaitait faire une intervention.
Le Président (M. Bélanger): Y avait-il une
introduction au programme 7?
Mme Lavoie-Roux: Non, ce sont des programmes de recherches,
Coordination de la recherche.
M. Rochefort: M. le Président, une question
générale d'ouverture: Quelles sont les priorités que la
ministre a données aux responsables du dossier de la recherche des
organismes reliés à son ministère pour l'année qui
vient?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais dire au député que
j'ai eu une rencontre avec la présidente du... Est-ce que vous parlez de
la recherche sociale ou de la recherche en santé?
M. Rochefort: Des deux, une à la suite de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de la recherche sociale et de la
recherche en santé, il faut bien dire que cette année, quand nous
sommes arrivés, tous les projets avaient fait l'objet d'approbations,
dans le cas de la recherche sociale, par des comités de pairs. Dans le
Fonds de la recherche en santé du Québec, également, les
projets étaient adoptés. Nous avons convenu que
nous nous rencontrions de nouveau pour donner des orientations plus
précises, particulièrement pour le fonds de la recherche
sociale.
Compte tenu des projets qui ont été adoptés pour
cette année et qui seront financés pour cette année, une
grande partie de ces projets me sont apparus touchant davantage la recherche en
psychologie que strictement la recherche dans le domaine social. Il semble bien
que les orientations qui ont été données jusqu'à
maintenant manquent un peu de précision - je parle de la recherche
sociale - même si on sait que le...
La recherche sociale est encore assez pauvre, en fait, de même que
les objets de recherche qui ont été identifiés dans ce
domaine. Alors, pour le moment, nous procédons à l'adoption des
projets qui avaient été adoptés par les pairs. Je ne les
ai pas remis en question; cela a été fait selon la formule
habituelle de constitution de comités, adoption de projets, etc.
C'est à venir, quant à pouvoir discuter avec la
présidente du comité du fonds de recherche sociale quant aux
orientations éventuelles.
M. Rochefort: Dans le domaine de la santé, maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Le domaine de la santé, comme je vous
dis, c'est un peu le même cas que l'autre. Ce sont deux points,
évidemment, qui retiennent mon attention mais qui - je dois le dire
à ce moment -n'ont pas reçu d'orientation plus précise,
parce qu'il y a beaucoup de projets, particulièrement dans le domaine de
la santé, qui sont des prolongements, de toute façon, de projets
déjà en cours.
Quant à la nature des projets, si cela intéressait les
collègues de recevoir la liste de ces projets, cela nous fera plaisir de
la leur faire parvenir.
M. Rochefort: Sûrement, M. le Président. Cela dit,
M. le Président, est-ce que la ministre juge qu'il est trop tôt,
ce que je respecterai, pour nous donner un peu quels seront les grands axes
autour desquels elle souhaiterait que des prioriétés, en
matière de recherche sociale et en matière de recherche dans le
domaine de la santé, soient orientées pour les prochains mois?
Est-ce que la ministre souhaite plutôt revenir sur cela
ultérieurement? Vous nous dites: Les mandats sont déjà
donnés. Cela va...
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit...
M. Rochefort: Cela dit, vous, en tant que ministre, dès
que vous aurez l'occasion, est-ce que vous avez déjà retenu un
certain nombre d'axes autour desquels vous souhaitez que les recherches se
fassent? Est-ce que vous souhaitez nous en faire part maintenant ou plus
tard?
Mme Lavoie-Roux: Plus tard.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, j'aurai une autre
question. Eu égard à cela, je voudrais rappeler une affirmation
faite par le président du Conseil du trésor récemment. Il
faisait allusion à son comité et il disait: "Le comité a
été également frappé par la multiplicité des
structures du secteur de la recherche tant pour l'octroi de subventions que
pour l'exercice direct de la recherche." Il faisait état de la
multiplicité des structures de l'État. "Cette amplification des
programmes, d'organismes et de centres de recherche fait suite à
l'adoption au cours des dernières années d'une politique de
développement technologique. Tout en maintenant des acquis
précieux, il y a lieu de procéder là aussi à une
réorganisation majeure et à un réexamen de nos
priorités."
Je voudrais savoir, M. le Président, si les organismes de
recherche du ministère de la Santé et des Services sociaux qui
relèvent de la ministre sont visés par cette affirmation, cette
préoccupation qui a été évoquée publiquement
par le président du Conseil du trésor et, si oui, de quelle
façon?
Mme Lavoie-Roux: La préoccupation était dans le
sens de quoi? Est-ce que le député peut répéter. Je
m'excuse.
M. Rochefort: M. le Président, je vais relire. "Le
comité a été également - on parle du comité
des sages - frappé par la multiplicité des structures du secteur
de la recherche tant pour l'octroi de subventions que pour l'exercice direct de
la recherche. Cette amplification de programmes, d'organismes et de centres de
recherche fait suite à l'adoption, au cours des dernières
années, d'une politique de développement technologique. Tout en
maintenant des acquis précieux, il y a lieu de procéder là
aussi à une réorganisation majeure et à un réexamen
de nos priorités." Je veux savoir si les organismes relevant de la
ministre, en cette matière, sont visés et si oui, de quelle
façon?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il s'agissait d'une affirmation
générale. Ce que je peux dire au député, c'est que
je pense que, de la même façon qu'au moment où le
ministère de la Recherche et de l'Enseignement supérieur ou le
ministère de la Rercherche à ce moment...
M. Rochefort: Maintenant, c'est Commerce extérieur et
Développement technologique.
Mme Lavoie-Roux: Dans le temps, il y a eu un ministère de
la Recherche qui...
M. Rochefort: Dans le temps, c'était Science et
Technologie.
Mme Lavoie-Roux: ...Science et Technologie a été
créé, on a fait le tour de tous les endroits où se faisait
de la recherche, de la même façon, je pense, que dans
l'affirmation que vous venez de lire ou la transcription que vous venez de nous
lire, le président du Conseil du trésor a probablement en vue de
regarder l'ensemble des groupes de recherche dans l'ensemble des
ministères.
En ce qui a trait à la recherche sociale et à la recherche
en santé, pour le moment, aussi longtemps... On commence
déjà à se pencher sur, par exemple, le bien-fondé
de la garder à l'intérieur du ministère des Affaires
sociales ou, peut-être, devrait-elle se rattacher à autre chose.
Il y a une chose qui est certaine, je pense qu'il faut être
extrêmement prudent - cela a été probablement la motivation
de l'ancien gouvernement - en ne les reliant pas. Il aurait pu, à ce
moment, les relier à la Science et à la Technologie ou les faire
relever de la Science et de la Technologie. C'est de protéger ou ne pas
permettre que des domaines de recherche névralgiques soient
minorés - si je peux dire - à l'intérieur de tout
l'ensemble de la recherche.
Alors, ce sera examiné à son mérite si une demande
nous est adressée. Ceci ne nous empêche pas, entre-temps,
d'essayer d'un peu mieux cerner ce que l'on veut faire.
Maintenant, cela me fera plaisir, dans le cas de la recherche en
santé du Québec, de donner des chiffres un peu plus
précis. En 1985-1986, on a accordé 348 bourses de formation et de
perfectionnement pour un montant de 3 247 000 $. Cette année, il y a eu
352 bourses, pour un montant de 4 111 000 $. Ce sont quand même des
estimations. Les chercheurs boursiers de la RAMQ: 107, en 1985-1986, pour un
montant de 4 812 000 $; en 1986-1987, 112, pour un montant de 5 054 000 $;
autres postes de chercheurs, 28, pour un montant de 455 000 $; on n'en retrouve
pas pour 1986-1987... un instant, je vais voir s'il y a une raison à
cela. C'était un programme qui, apparemment, avait été
donné une année au montant de 455 000 $, et qui ne s'applique pas
en 1986-1987.
Dans le cas des subventions è des centres et à des
instituts: 23, en 1985-1986 et c'est le même nombre en 1986-1987, quoique
les montants soient de 1 100 000 $ supérieurs. Les équipes
épidémiologiques opérationnelles et évaluatives: on
en a cinq dans les deux cas, mais avec un montant de 100 000 $ inférieur
en 1986-1987, par rapport à 1985. Les équipes pluri-
disciplinaires: sur deux ans, 569 000 $ -c'est ce qui se continue, je suppose,
sur les deux années - il y a un nombre moindre qui est financé
cette année, mais je n'ai pas ce nombre. Les subventions
d'établissement diminuent aussi de moitié. La recherche
évaluative: sur deux ans, douze projets en 1986-1987 et une
disponibilité de 170 000 $ en 1986-1987. La recherche en santé
mentale: des projets de 200 000 $ sur deux ans également et, en
1986-1987, 40 000 $ pour seulement deux projets au lieu de six. Il y a aussi
des programmes conjoints: 194 000 $ en 1985-1986 et 375 000 $, en 1986-1987;
pour un montant global en 1986-1987 de 26 756 000 $, par rapport à 29
374 000 $ pour 1986-1987.
M. Rochefort: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 7? Cela va? Est-ce qu'on peut
considérer les crédits du programme 7 adoptés?
M. Rochefort: Adopté.
Coordination régionale et nationale
Le Président (M. Bélanger): Adopté, merci.
Cela nous amène au programme 8, si j'ai bien compris l'ordre,
Coordination régionale et nationale.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai une première
question à la ministre. Les conseils régionaux ont fait l'objet,
au fil des ans, de débats nourris, nombreux et cycliques quant à
leur rôle, quant à leur présence dans le réseau. Je
me souviens d'une période intense de débat autour du rôle
des CRSSS, notamment au moment de l'adoption de la loi 27. J'aimerais que la
ministre nous dise son opinion personnelle quant au rôle qu'elle souhaite
voir dévolu aux conseils régionaux, dans l'ensemble du
réseau, et quelles sont les orientations qu'elle souhaite aux conseils '
régionaux, dans l'exécution de leur mandat?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'à l'origine le rôle des
conseils régionaux, dans l'esprit de la réforme, en était
un de coordination et de concertation. Dans mon esprit, il ne fait pas de doute
que nous avons besoin au niveau régional d'un organisme qui, justement,
remplisse cette fonction de coordination des ressources et de concertation
entre ces ressources aux plans humain et financier.
Pour ma part, les conseils régionaux sont là pour rester.
Je suis d'accord avec le député de Gouin qu'ils sont
difficilement placés entre, d'une part, les établissements et
d'autre part, le ministère. Souvent, ils font l'objet de remises en
question parce qu'ils ont à trancher, peut-être pas avec
l'autorité politique qu'un gouvernement a, par exemple, mais ils
ont a trancher des questions qui sont souvent d'ordre politique. Je n'entends
pas des questions de politique partisane mais vraiment des questions d'ordre
politique quant aux différentes pressions qui s'exercent d'un
côté comme de l'autre.
Au fil des ans, on leur a donné davantage de
responsabilités. Je ne saurais dire depuis combien d'années mais
dans les dernières années, on leur a donné des mandats
d'exécution. Par exemple, dans l'approbation des projets
d'immobilisation et de location des équipements médicaux
spécialisés de 1 000 000 $ et moins dans les centres
hospitaliers; l'approbation des projets de réaménagement et
d'achat d'équipements de 250 000 $ et moins dans les
établissements de services sociaux; également la gestion des
locations d'espaces des établissements; la mise sur pied et
l'administration de services communs aux établissements. Cela remonte
déjà à plusieurs années; plus
particulièrement, un qui doit être parmi les plus anciens, c'est
quand ils ont mis en commun les services de buanderie à Montréal,
soit la fameuse buanderie centrale.
Ils ont également des responsabilités
décentralisées. Ce sont la planification, la programmation, le
financement, le contrôle et l'évaluation dans les secteurs
suivants: les services de santé mentale. De fait, on sait que,
déjà, plusieurs conseils régionaux - je ne saurais dire
tous - ont précisé leur propre plan dans le domaine de la
santé mentale. Récemment, j'ai jeté un coup d'oeil sur
celui de l'Outaouais, je pense.
Il y a également les services de réadaptation physique et
mentale, ensuite la planification, la programmation et le financement touchant
les services relevant des Centres locaux de services communautaires incluant la
prévention et les services à domicile. À cet égard,
l'an dernier, cette année et dans les prochaines années, on leur
donne la gestion. Pour combien de temps? On ne le sait pas. On a parlé
jeudi de l'administration des sommes prévues pour les services à
domicile reliés au désengorgement des salles d'urgence dans les
cas de maintien de "bénéficiaires lourds" à domicile.
Également décentraliser en ce qui a trait au transport des
malades et des blessés; c'est toute la question du service ambulancier
qui, d'ailleurs, est une des raisons principales pour l'augmentation assez
importante, cette année, des budgets qui sont dévolus aux
conseils régionaux, en 1984-1985, pour le développement de
l'informatique et de la condition féminine.
Enfin, ce sont les fonctions. Tout à l'heure, j'ai
peut-être été très brève en parlant de
concertation et de coordination. Ici, c'est énuméré d'une
façon beaucoup plus détaillée mais je pense que c'est
l'ensemble des fonctions générales que la loi leur donnait.
M. Rochefort: Jusqu'où la ministre croit-elle qu'on peut
étendre le rôle des conseils régionaux en matière de
coordination de l'allocation des ressources et en matière de
contrôle de l'application d'un certain nombre de décisions
gouvernementales ou ministérielles? Par exemple, on a fait état
tantôt du rôle que les conseils régionaux auront à
jouer dans les projets de développement des centres hospitaliers. On a
fait allusion à un certain nombre d'autres types de contrôle dans
la structure actuelle. Jusqu'où la ministre croit-elle que nous pouvons
étendre les responsabilités des conseils régionaux en
matière de coordination et de contrôle?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que du côté de la gestion
financière décentralisée, c'est une dimension qui fait
l'objet de discussions entre le ministère et les CRSSS, la
conférence des conseils régionaux, depuis plusieurs mois. Je
pense que, de ce côté-là, on s'en va probablement vers des
responsabilités décentralisées qui, peut-être,
pourraient être plus importantes. Maintenant, la mesure de la
décentralisation... Je mentionnais tout a l'heure que l'on ne se trouve
pas devant un corps électif dans le même sens qu'un gouvernement
se trouve. Je pense que cela vient baliser d'une certaine façon - je ne
suis pas capable de vous donner le cadre exact - cela vient certainement
réduire la limite au-delà de laquelle vous ne pouvez plus
décentraliser. Enfin, il y a des pouvoirs qui ne peuvent pas être
décentralisés aux conseils régionaux. Encore, vous pouvez
les décentraliser, mais ils seront facilement l'objet d'accrocs quand,
finalement, une décision devient d'un caractère politique plus
évident où finalement, c'est simplement celui à qui on a
accordé la responsabilité de gouverner qui, en fin de compte,
peut prendre ces décisions-là. Quand je vous disais que les
conseils régionaux sont un peu pris entre, d'une part, les conseils...
Tout le monde a un conseil d'administration qui, d'une certaine façon,
est aussi le résultat d'une élection, mais pas au suffrage
universel comme l'est le pouvoir politique au niveau provincial. Le
résultat, c'est qu'ils sont souvent sur une corde raide pour prendre des
décisions, les citoyens sachant fort bien qu'en fin de compte, dans bien
des cas, comme la loi le prévoit, le ministre demeurera responsable des
décisions finales. Par exemple, avant le souper, on parlait du cas de
Sainte-Jeanne-D'Arc et de Reddy Memorial... même si la planification
régionale permettait au CRSSS de faire des représentations dans
le sens d'un changement de vocation ou d'une planification, eu égard au
nombre de lits longue durée-courte durée,
ii reste que cette décision, forcément, est
remontée jusqu'au pouvoir politique. Alors, c'est difficile de
définir d'une façon précise, mais je pense qu'il faut
toujours avoir à l'esprit que cela limite la décentralisation.
C'est dans ce sens-là qu'on parle d'une gestion financière
régionalisée et non décentralisée, puisque les
pouvoirs sont à Québec.
M. Rochefort: ...entre nous, il ne serait pas plus opportun de
parler de déconcentration que de décentralisation.
Mme Lavoie-Roux: Cela a toujours été de la
déconcentration.
M. Rochefort: Parce qu'il faut faire attention, le terme de
décentralisation au Québec est un peu galvaudé. Je pense
que là, on a un exemple quand on parle de décentralisation dans
les CRSSS où, au fond, c'est de la déconcentration
administrative.
Mme Lavoie-Roux: Sur certains mandats bien précis, c'est
décentralisé, par exemple, dans le cas des baux, des
équipements; mais quand on parle de gestion financière, là
je pense que c'est vraiment régionalisé,
déconcentré et non pas décentralisé. Vous avez la
même chose dans le ministère de l'Éducation. C'est la
même réalité au ministère de l'Éducation,
où vous avez vos conseils régionaux qui sont de nature
différente mais qui, quand même... On a toujours parlé de
déconcentration et non pas de décentralisation réelle. {20
h 30)
M. Rochefort: M. le Président, je ne veux pas insister,
mais je me souviens que la ministre a déjà fait sa part, a
déjà eu sa contribution dans les débats qui ont
entouré le rôle des conseils régionaux dans le
réseau.
Je me souviens que la ministre - je me demande, sauf erreur, si ce n'est
pas à l'occasion de la loi 27 ou par la suite -avait déjà
évoqué publiquement qu'elle jugeait que les conseils
régionaux avaient trop de pouvoir à l'intérieur du
réseau. Est-ce que la ministre a toujours cette même opinion et,
si oui, compte-t-elle revoir ces pouvoirs des conseils régionaux ou
a-t-elle l'intention de laisser porter un peu?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce dit le député de
Gouin n'est pas tout à fait inexact, mais pas tout à fait exact.
D'ailleurs, il a pris soin de dire: II me reste à l'esprit que...
Je me suis inquiétée et je peux vous dire que je
m'inquiète encore quand, par exemple, à l'occasion de la loi 27 -
un exemple concret me vient à l'esprit - on parlait de donner des
pouvoirs aux conseils régionaux en ce qui touche des règlements.
Finalement, il y avait même une ouverture à part ceux qui
étaient énumérés de règlements
ultérieurs qui pourraient être refaits.
Mais autant on peut se permettre de demander aux conseils
régionaux d'assumer des responsabilités, il ne faut pas non plus,
d'un autre côté, par la nature des pouvoirs qu'on leur remet,
déresponsabiliser ceux qui fonctionnent dans les établissements.
L'exemple qui me revient à l'esprit, c'est eu égard aux
urgences.
La loi 27, dans un premier temps, prévoyait que les conseils
régionaux devaient établir les règles de fonctionnement
des urgences dans les centres hospitaliers et je m'y étais
opposée. J'avais eu un amendement en ce sens que dans le cas où
les conseils d'admininistration des centres hospitaliers n'assumeraient pas
cette fonction ou négligeraient de l'assumer, qu'à ce moment, il
pouvaient jouer un rôle de suppléance et que le conseil
régional pouvait intervenir.
Je pense que chaque niveau a sa part de responsabilité, que ce
soit gouvernemental, régional, local, etc. Je pense que dans cet
équilibre, il faut respecter les prérogatives de chacun et,
surtout, il faut éviter de déresponsabiliser chacun des niveaux.
Dans ce sens, c'est exact et j'avais exprimé des réticences.
Je peux vous en exprimer une autre. Par exemple, quand on demande aux
conseils régionaux de rentrer dans des activités de gestion,
quelle est la nature des activités de gestion, eu égard à
des services que l'on doit remettre aux conseils régionaux? Je pense que
là encore - je ne prétends pas avoir les réponses - il
faut être prudent et ne pas, encore une fois, venir modifier les
responsabilités des administrations locales. Alors, c'est cet
équilibre qu'il faut rechercher.
M. Rochefort: Merci. Justement, le point suivant que je voulais
aborder, ce sont les responsabilités qu'on a confiées aux
conseils régionaux dans le plan.
Mme Lavoie-Roux: On me faisait remarquer - je pense que c'est
juste - que les conseils régionaux ont aussi leurs commissions
administratives qui sont formées de représentants des
établissements. Alors, dans une foule de décisions ou de
planification - par exemple, si on pense à la commission administrative
de la psychiatrie ou de - je pense qu'elle s'appelle la santé mentale -
ce sont des gens des établissements qui apportent - je ne sais si on
peut parler de savoir-faire - leurs connaisances du réseau ou de leurs
établissements pour permettre une planification à
l'échelle régionale.
En ce sens, je pense que les établissements sont mis à
contribution. Quelquefois les gens ont l'impression que les
conseils régionaux décident tout seuls. Évidemment,
dans une région comme Montréal où les
établissements sont tellement nombreux, que même à
l'intérieur d'une commission administrative que ce soit de la
santé mentale ou que ce soit des hôpitaux, il y en a qui vont se
sentir à l'écart de toute façon. Je pense que c'est
important de mentionner cela.
M. Rochefort: Dans le plan des urgences de Montréal et de
Québec, la ministre confie des responsabilités importantes,
d'abord, de services, notamment la gestion du budget de maintien à
domicile pour les cas plus lourds, mais aussi, la ministre me disait, dans une
réponse à une question que je lui ai adressée jeudi sur
son plan, qu'il ne fallait pas exagérer et qu'il fallait
reconnaître l'autonomie administrative de chacun des
établissements... je n'ai pas à donner des directives quant au
pouvoir d'admission, par exemple, du médecin coordonnateur ou quant
à ses priorités ou quant à la présence des
radiologistes ou des techniciens en radiologie dans les services de
laboratoire, des choses comme cela, elle me disait, c'est la
responsabilité des établissements, c'est leur autonomie.
En même temps, la ministre a demandé à chacun des
établissements qu'il produise son plan d'effectifs, son programme
d'admission, et elle a confié des responsabilités de
contrôle de l'exécution de ces mandats précis aux conseils
régionaux. Dans les deux cas qui nous occupent, ce n'est pas une
question théorique, concrètement, dans le cadre du plan sur les
urgences, jusqu'où les conseils régionaux sont-ils en mesure de
s'assurer et de prendre les moyens pour que soient rencontrées les
exigences de la ministre à l'endroit des centres hospitaliers?
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des effectifs médicaux, le
plan des urgences exige que le plan d'effectifs médicaux soit connu
à une date donnée. Je pense que c'est le mois de juin, si ma
mémoire est bonne. Évidemment, il sera acheminé par le
truchement des conseils régionaux au ministère. Mais, je pense
que c'est la ministre qui peut approuver ou désapprouver ou questionner
à nouveau... Je pense que la décision finale de l'approbation de
ces plans d'effectifs médicaux revient au ministère.
M. Rochefort: Donc, le rôle des conseils régionaux
serait un rôle de courroie de transmission?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'ils vont faire une analyse de ce
qu'ils reçoivent. Ils vont nous dire qu'à cause de la vocation
des hôpitaux, de leurs spécialités, etc., des besoins du
milieu, des besoins que les établissements ont fait valoir, il
apparaît que le plan d'effectifs médicaux est réaliste ou
qu'il ne l'est pas dans telle spécialité ou telle autre. Je pense
que c'est à partir, quand même, des recommandations et de
l'analyse qui vont venir des conseils régionaux.
M. Rochefort: La loi crée l'obligation aux conseils
régionaux...
Mme Lavoie-Roux: La loi crée aux conseils régionaux
l'obligation d'adresser au ministre, au moins une fois par année, ses
recommandations afin d'assurer la répartition adéquate sur son
territoire des ressources consacrées aux services. Je pense que c'est en
ce sens que dans le cas des plans des effectifs médicaux qui sont
reliés, quand même, aux ressources du territoire et au plan...
M. Rochefort: Donc, il n'y a pas de pouvoirs additionnels...
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on me dit...
M. Rochefort: ...confié aux CRSSS quant à leur
capacité d'exiger un peu plus que ces plans soient soumis. Il ne faut
pas oublier que les plans d'effectifs, les plans... je ne sais plus comment on
appelle cela...
Mme Lavoie-Roux: ...les plans d'effectifs médicaux.
M. Rochefort: ...les plans d'effectifs, ça va. On appelle
cela les plans d'admission aussi? Le programme d'admission? La politique
d'admission, les politiques...
Mme Lavoie-Roux: Ils gèrent le régime
régional d'admission.
M. Rochefort: Non, non. Les politiques d'admission des centres
hospitaliers. Les deux éléments du plan des urgences. Dans le
fond, c'est une responsabilité qui existait déjà aux
centres hospitaliers, que les CRSSS avaient déjà. Qu'est-ce qu'on
ajoute de neuf qui va vraiment nous assurer... Je pensais que vraiment on avait
confié un pouvoir additionnel renforcé aux conseils
régionaux pour qu'enfin, ils puissent obtenir ces plans d'effectifs et
ces politiques d'admission pour l'ensemble des centres de leur territoire?
Mme Lavoie-Roux: D'une part, je l'ai dit l'autre jour, le fait de
donner des ressources pour que quelqu'un assume le poste de coordonnateur des
urgences et de l'admission, je pense que cela est différent de ce qui
existait avant.
M. Rochefort: ...
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Il reste que c'est le point de
départ. On exige également qu'à une date donnée,
j'ai dit juin tout à l'heure, je ne crois pas me tromper...
M. Rochefort: Cela va.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, on a exigé que cela soit
remis à une date précise. On m'a informée également
que, dans le passé, les plans d'effectifs médicaux avaient
été soumis d'une façon très chaotique et sporadique
aux conseils régionaux qui n'avaient pas assumé le suivi qui
aurait dû normalement être assumé. Je pense que, dans le
projet des urgences, on revient à la charge. Ceci est davantage
précisé. Les dates et les échéanciers sont
prévus, ce qui ne l'était pas dans le passé, si bien qu'il
y avait... Enfin, ces dispositions n'avaient pas été
assumées d'une façon aussi explicite.
M. Rochefort: Quant au budget proprement dit des conseils
régionaux, on note une augmentation des subventions aux
établissements aux fins de leur participation aux associations, oui ou
non?
Le Président (M. Bélanger): Programme 8,
élément 3.
M. Rochefort: Je n'ai pas ma référence
là.
M. D'Astous: Effectivement, vous avez une croissance d'environ 8
%, à l'élément 3 du programme 8. C'est parce qu'on a
ajouté, en plus des associations existantes financées à
même le programme 8, élément 3, le financement de la COPFA
et d'une autre association des familles d'accueil, je pense. C'est ce qui fait
qu'il semble y avoir une croissance mais chaque association, comme telle, a une
croissance du taux moyen des établissements. Alors, c'est un taux qui
varie entre 1,28 % et 1,37 % des crédits pour l'année
1985-1986.
M. Rochefort: Répétez-moi cela: Qui varie d'environ
1 %...
M. D'Astous: De 1,287 % à 1,371 %. C'est' le taux qui est
le même que dans la catégorie qui représente les
associations. Si on parle de la fédération des CLSC, c'est 1,364
%, qui est le taux composé de croissance des établissements CLSC.
Si on prend les CSS, c'est le même.
M. Rochefort: Cela va. D'accord. Deuxièmement...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président. Si le
député de Gouin...
M. Rochefort: Oui, allez-y, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: ...me le permet. On m'a apporté une
précision. C'est que le CRSSS, jusqu'à maintenant, avait la
responsabilité de gérer le système régional
d'admission en centre hospitalier de soins prolongés et en centre
d'accueil d'hébergement.
M. Rochefort: Mais pas en centre hospitalier, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Avec le plan d'urgence, on ajoute aux CRSSS
cette responsabilité de gérer le système d'admission
régional en centre hospitalier de courte durée. C'est une
responsabilité additionnelle.
M. Rochefort: D'accord. À la page 71 du document des
crédits apparaît un élément qui s'appelle: Marge
ministérielle, 3 818 000 $ en 1986-1987. Est-ce qu'on pourrait avoir des
précisions là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est la même marge
ministérielle que celle de l'an dernier, qui était de 5 000 000
$. Je dois vous dire qu'elle a déjà été
grugée de 1 200 000 $, dont 1 000 000 $ pour équilibrer le
réseau des CLSC et 236 000 $ pour équilibrer le réseau des
CSS. Cela fait une marge ministérielle réduite.
M. Rochefort: À quelle fin cette marge peut-elle
être utilisée?
Mme Lavoie-Roux: J'espère que cela ne sera pas une tutelle
et une enquête à la fois, parce qu'on en a une qui n'est pas
terminée et qui va probablement coûter 1 000 000 $. Je pense
à certaines opérations de dépannage, par exemple. Je sais
que, l'an dernier, il y a des marges ministérielles qui ont
été utilisées - c'était un peu étonnant -je
pense a une en particulier, à un engagement de 80 000 $ par
année, à même la marge ministérielle, pour les cinq
prochaines années.
Je comprends mal qu'on puisse engager des marges ministérielles
pour les cinq prochaines années, à moins qu'on ne soit
assuré de sa permanence comme ministre. Ceci a été fait au
mois d'octobre 1985, sinon en novembre 1985. (20 h 45)
M. Rochefort: Mais compte tenu...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, je vous en prie.
M. Rochefort: J'avais compris qu'il y avait une période de
récréation. Je suis d'accord avec çà.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on me fournit une liste
d'objets pour lesquels je pourrais utiliser la marge ministérielle. Je
dois vous dire qu'il n'y a rien, sauf un - non pas nécessairement un -
mais pour la plupart ce n'est pas très emballant: griefs, tutelles,
enquêtes... expériences pilotes, cela va, prix
Persillier-Lachapelle et règlement hors cour.
M. Rochefort: II y a beaucoup de matière, mais, compte
tenu justement de la réponse précédente de la ministre, je
ne veux pas qu'on adopte un règlement de 250 pages là-dessus,
mais c'est quoi les balises ultimement de cet élément "marge
ministérielle"?
Mme Lavoie-Roux: Toute marge ministérielle au-delà
de 5000 $ que le ou la ministre voudrait utiliser doit faire l'objet d'une
approbation du Conseil du trésor.
M. Rochefort: Mais, au-delà de cela, j'imagine que le ou
la ministre, quand il signe le CT, il a quand même une idée. Il
n'y a rien de plus précis que cela?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est pour les imprévus. Je
fais la liste de ce qui est ici: griefs, tutelles, enquêtes - il y en a
eu deux de décrétées l'an dernier - il y a eu plus d'une
tutelle, mais en tout cas; des expériences pilotes, je ne pense pas
qu'il y en ait eu. On me dit qu'il y en a eu une en vérification; prix
Persillier-Lachapelle, c'est un événement annuel; des
règlements hors cour... Pardon?
M. Rochefort: C'est un bel événement.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'étaient les deux: pilotes et
expériences. J'ai l'impression que cela va être plus motivant que
les quatre autres qui restent.
M. Rochefort: M. le Président, cela va en ce qui concerne
le programme 8 quant à moi.
Le Président (M. Bélanger): Alors, j'aurais une
question à poser à Mme la ministre: Est-ce qu'il serait possible,
Mme la ministre, de connaître les taux d'encadrement, c'est-à-dire
le nombre de cadres et le taux comparatif avec les autres établissements
du réseau que l'on retrouve dans les conseils régionaux?
Mme Lavoie-Roux: C'est très variable, me dit-on, mais sans
vouloir être maligne, comme on disait dans ma jeunesse, les cadres
s'encadrent.
Une voix: Des chefs, pas d'indiens. Mme Lavoie-Roux: Cela peut
aller de 11 % à 70 %, selon les définitions de cadres et
l'introduction de la syndicalisation dans certains CRSSS. Mais en
général on me dit qu'il y a passablement de
conseillers-cadres.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous comptez
intervenir aussi dans les classifications salariales? Vous savez qu'on
fonctionne avec un système de classes dans le réseau et on sait
qu'avec entre 11 % et 20 % de taux d'encadrement les classes salariales sont
très élevées chez les cadres des CRSSS, la raison en
étant que, comme ils ont à parler à des directeurs
généraux, il faut au moins qu'ils soient de classe
équivalente. En tout cas, ce sont les raisons qu'un directeur de CRSSS
m'a données très récemment dans un dossier du genre.
Est-ce une politique que vous endossez ou n'y aurait-il pas là des
économies importantes à faire?
Mme Lavoie-Roux: Toute la question de la
rémunération... Un instant. Ce que l'on me dit c'est qu'en ce qui
a trait à la description des tâches et au taux de
rémunération ce n'est pas une responsabilité - sauf
à titre de conseiller - du ministère de la Santé et des
Services sociaux; c'est une latitude qui est laissée aux
établissements. À cet égard, évidemment, chacun a
un budget global; et s'il veut bonifier, par exemple, les salaires des cadres
ou même le salaire du directeur général - j'imagine - ceci
doit entrer à l'intérieur de cette masse. Ce sont les conseils
d'administration, à ce moment-là, qui en décident.
Le Président (M. Bélanger): Cela veut dire que la
DGRT, la Direction générale...
Mme Lavoie-Roux: Sauf le directeur général, me
dit-on. Oui, M. Lecours.
M. Lecours (Marc): On a, dans les conseils régionaux, une
gamme de taux d'encadrement qui résultent de l'expérience de
chaque conseil régional. Il y a des conseils régionaux dont le
phénomène de syndicalisation a bloqué le processus de taux
d'encadrement. D'autres conseils régionaux se sont
développés à partir de ressources excédentaires
dans les établissements du réseau, de telle sorte qu'on n'a pas
de prototype dans les conseils régionaux. On a douze conseils
régionaux différents, si bien que le taux d'encadrement passe,
dans certains conseils régionaux, de 11 % à 70 %.
Ce qu'on se propose de faire, c'est d'examiner les classifications pour
les rendre comparables à ce qu'on retrouve dans les
établissements. Il n'y a pas lieu nécessairement de dire qu'un
taux d'encadrement est élevé. II se peut qu'il y ait
l'équivalent d'une personne syndicable et non syndiquée qui aura
à peu près la même
description d'emploi qu'un professionnel dans un établissement,
sauf qu'elle prend le statut de cadre parce qu'elle n'est pas syndiquée,
mais cela ne crée pas une bonification de poste pour autant. Cela
crée des distorsions dans le taux d'encadrement.
Par contre, effectivement, à certains endroits, il y a eu des
bonifications. Le problème dans lequel on est, c'est qu'on dit: D'une
part, les conseils régionaux sont habilités à gérer
avec un budget global et à prendre les mesures de gestion
appropriées à l'intérieur de leur conseil. Certains
conseils régionaux se sont bonifiés. Pour limiter ce processus,
nous avons entrepris d'examiner la description d'emploi des cadres des conseils
régionaux afin de tenter une normalisation, si elle est possible, ou
même aussi de constater si, pour un taux d'encadrement qui apparaît
élevé, dans les faits il n'est pas si élevé que
cela et comparable, eu égard au fait que l'établissement n'est
pas syndiqué. C'est la réponse que je peux apporter.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, je voudrais juste ajouter une chose.
Je dois vous dire que j'ai été, disons, un tant soit peu
étonnée de voir le taux de la rémunération des
cadres à l'extérieur du ministère. Je suis loin
d'être certaine que c'est une juste concurrence à l'endroit des
gens du ministère. Il me semblerait que... Il y a quelqu'un qui me
souffle: Ce n'est pas juste.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: II reste que, de toute façon, sans me
prononcer sur la direction à prendre, je pense qu'il faut que la
question soit examinée. C'est évident que la
rémunération, prise globalement, m'apparaît pas mal plus
élevée è l'extérieur du ministère que...
Le Président (M. Bélanger): Dans votre
réponse de tout à l'heure, Mme la ministre, j'ai bien compris que
la Direction générale des relations du travail, ou des relations
avec les cadres, la DGRT, comme on l'appelle, n'intervient pas dans le plan
d'organisation des CRSSS.
Une voix: Non.
Le Président (M. Bélanger): Elle le fait, dans
celui des établissements.
M. Lecours: Elle le fait à titre de conseil. Elle
n'approuve pas le plan d'organisation des conseils régionaux. Mais la
classification...
Le Président (M. Bélanger): Tout
établissement qui veut ajouter un cadre doit passer par la DGRT; il ne
peut pas le faire.
M. Lecours: La DGRT demande une description d'emploi
préparée par le conseil régional et, eu égard
à la description, par la suite, le conseil régional adopte ou non
cette description et le poste de cadre afférent à cela, s'il y a
lieu, et, à même son budget global, elle l'assume.
Le Président (M. Bélanger): Donc, il y a des
mesures différentes, pour les conseils régionaux, de l'ensemble
des autres établissements, à ce niveau-là.
M. Lecours: J'avoue que je ne peux pas parler pour les autres
établissements. Je ne sais pas s'il y a des gens en relations du
travail...
Mme Lavoie-Roux: Ils sont tous disparus. Ils ne gagnent pas assez
cher; ils sont partis.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait prendre avis de la
question, M. le Président? Cela me fera plaisir de vous transmettre la
réponse.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Est-ce qu'il
y a d'autres interventions sur le programme 8, Coordination régionale et
nationale? Est-ce qu'on peut considérer les crédits comme
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Cela
nous amène au programme 10, OPHQ, c'est-à-dire "Office des
personnes handicapées du Québec."
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup.
Office des personnes handicapées du
Québec
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, on
vous demanderait de nous présenter...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si elle a encore besoin
de présentations, il me fait plaisir de présenter Mme Robillard,
la présidente de l'Office des personnes handicapées du
Québec, qui en a été la première présidente,
qui en est encore la présidente, et M. Landry qui l'accompagne, le
directeur de l'administration à l'Office des personnes
handicapées. Je pense que mon collègue de gauche n'a pas, lui non
plus, besoin de présentation. Je l'ai invité à se joindre
à moi car je lui ai confié, en tant qu'adjoint parlementaire de
la ministre de la Santé et des Services sociaux, une
responsabilité de premier plan auprès de
l'Office des personnes handicapées du Québec.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Avez-vous une
présentation à nous faire ou pouvons-nous passer aux questions,
Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: La seule présentation que je voudrais
faire, c'est tout simplement vous dire que, sauf pour les cinq postes qui ont
été abolis ou coupés - cela dépend de
l'élégance du langage qu'on veut utiliser et je pense que le
résultat est le même - au moment où, en janvier, les postes
qui n'étaient pas occupés ont été abolis, il n'y a
pas eu de compressions à l'Office des personnes handicapées en ce
qui a trait au paiement de transfert aux personnes handicapées ou aux
organismes de promotion. Le budget n'a pas subi de compressions.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Budget de l'office
Mme Vermette: Oui, bonsoir, madame. Mme la ministre, j'ai devant
moi les budgets et les crédits 1985-1986 et 1986-1987, et je me pose une
question. Quand je regarde 1985-1986, les crédits sont de l'ordre de 39
137 400 $ et, quand on arrive à 1986-1987, ils sont de 37 988 300 $. Si
j'additionne en fin de compte la ventilation, j'arrive à 38 238 500 $.
Je ne sais pas où sont les chiffres sur lesquels on doit se fier pour
faire nos comparaisons.
Mme Lavoie-Roux: On me fait remarquer qu'il y avait eu au budget
supplémentaire une augmentation de 2 225 000 $, adoptée en
décembre. Une partie de ce budget n'est pas récurrente, en raison
des coupures de personnel ou de l'abolition des postes dont je parlais tout
à l'heure. Alors, le montant réel est de 38 238 000 $ pour une
variation du budget de base de 2,17 %.
Mme Vermette: Ce ne sont pas tout à fait les mêmes
chiffres qui sont déposés officiellement. C'est la liste
officielle et on y voit 37 000 000 $. Par contre, quand cela vient de l'Office
des personnes handicapées, on voit que la ventilation totalise 38 000
000 $. Donc, c'est sur les chiffres officiels que je porte mon interrogation,
en fin de compte. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: Vous faites référence au
livre...
M. Rochefort: Au livre des crédits déposé le
25 mars.
Mme Vermette: Au livre des crédits.
Mme Lavoie-Roux: À ce m ornent-là, il y avait
probablement des coupures qui avaient été prévues et ces
coupures ont été levées. Il n'y a pas de coupures, tout
simplement. Alors le chiffre officiel, c'est véritablement 38 238 000
$.
M. Rochefort: C'est le chiffre que l'on voyait pour le
budget...?
Mme Lavoie-Roux: Pour le budget 1986-1987. C'est le chiffre
officiel.
Mme Vermette: C'est le chiffre qui aurait dû normalement
apparaître dans le livre des crédits. En fait, cela aurait
été 38 000 000 $.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Vermette: Maintenant, est-ce que l'on peut savoir où
cela a été coupé puisque finalement cela s'est fait
après la publication des crédits d'une façon officielle?
Est-ce que cela a été effectué après ou entre les
deux publications?
Mme Lavoie-Roux: C'est après la publication que le budget
a été ramené à 38 000 000 $ pour éviter des
compressions.
Mme Vermette: Est-ce une pratique orthodoxe que de retoucher les
crédits une fois qu'ils sont déjà déposés et
qu'ils sont devenus officiels?
Mme Lavoie-Roux: Je vous assure que l'expérience va vous
prouver, l'an prochain, qu'il y a une partie des crédits qui sont
aujourd'hui les crédits officiels et qui n'auront pas
nécessairement été dépensés; ils auront pu
être modifiés à la baisse ou ils auront pu être
modifiés à la hausse. De toute façon, ils ne sont pas
officiels tant qu'ils ne sont pas adoptés.
Mme Vermette: Tantôt, vous avez parlé des cinq
postes qui ont été abolis ou retranchés au mois de
décembre ou janvier. Il y a onze bureaux qui ont été
ouverts en régions. Donc, on donne plus de services avec moins de
personnel et déjà tes listes d'attente sont impressionnantes;
elles sont de deux ans. On peut déjà s'apercevoir qu'en 1986-1987
cela va se prolonger de trois ans. Donc, avec une diminution de personnel,
comment croyez-vous que la liste d'attente va...?
Mme Lavoie-Roux: Ce dont Mme la présidente m'informe,
c'est que les postes qui ont été coupés ou abolis sont
dans l'infrastructure de l'office et qu'il n'y a pas eu de postes coupés
dans les services directs
aux bénéficiaires.
Mme Vetmette: Qui répondent aux
bénéficiaires?
Mme La voie-Roux: Oui.
Mme Vermette: Maintenant, à la fin de décembre, il
y a eu des crédits supplémentaires qui ont été de
l'ordre de 1 700 000 $. De ces frais, il y avait 200 000 $ qui étaient
pour les frais de fonctionnement et il y avait des dépenses de transfert
de 1 500 000 $. De ces crédits, il y a un transfert de 1 000 000 $ et
dans les 200 000 $ il y a une partie qui est gelée et qui a
été transférée dans le compte ministériel
des communications, de l'ordre de 130 600 $. Il y a 500 000 $ qui ont
été pour les contrats d'intégration au travail, dont 350
000 $ ont été gelés.
Pourquoi, finalement, octroyer des crédits supplémentaires
pour les geler par la suite?
Mme Lavoie-Roux: D'une part, je voudrais vous donner
l'explication du montant de 200 000 $ au bénéfice du compte
ministériel des communications. C'est que les besoins en communications,
comme il s'agissait des régions, apparemment, étaient
reliés à des besoins en téléphonie, si on peut
dire. Dans le cas des 350 000 $ auxquels vous faites allusion, on m'a dit qu'on
n'avait pas eu le temps de dépenser l'argent.
Mme Vermette: Mais ce que je voudrais savoir, c'est pourquoi on a
octroyé des crédits supplémentaires pour à la fin
demander une coupure de 1 411 000 $. C'était l'objectif du Conseil du
trésor qui demandait de périmer des crédits pour 1 411 000
$. Je me dis que, d'une part, on en donne et, d'autre part, on donne un autre
ordre qui est pas mal l'équivalent de ce qu'ils avaient donné
comme crédits. Parce que 1 411 000 $, cela commence à compter
comme crédits périmés...
Mme Lavoie-Roux: Cette année, le Trésor a
demandé à tout le monde de périmer des sommes. C'est ce
qu'on a demandé à l'Office des personnes handicapées. On
me dit que c'est surtout sur les contrats d'intégration au travail,
parce que, quant à l'aide matérielle, on a ajouté un
montant de 1 000 000 $ pour les cas individuels.
Mme Vermette: Est-ce que des sommes additionnelles sont
prévues pour 1986-1987?
Mme Lavoie-Roux: L'augmentation de cette année est de 2,17
%.
Mme Vermette: Quand je regarde la ventilation des crédits,
au chapitre des services comme tels, il n'y a pas d'augmentation, c'est le
statu quo. En fait, là où l'on voit les augmentations, c'est pour
les loyers, la SIQ, et l'indemnisation. Mais, en ce -qui concerne les services
comme tels, il n'y a aucun changement.
Mme Lavoie-Roux: Sauf pour les cas de centres de travail
adapté où, évidemment...
Mme Vermette: ...une légère...
Mme Lavoie-Roux: ...non. Je dois vous dire qu'il s'agit d'un
ajustement mécanique, somme toute, pour les salaires qui sont
payés. Alors, il n'y a pas de développement.
Mme Vermette: II y a un autre aspect. Tantôt, quand je vous
ai parlé des crédits supplémentaires qui avaient
été octroyés, 200 000 $ couvraient les frais de
fonctionnement, dont 130 600 $ ont été gelés au profit du
compte ministériel des communications qui passe maintenant du 218 600 $
à 349 200 $.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je vous expliquais tout à l'heure,
c'est que l'accent était mis sur des services de communication
reliés dans les régions par téléphone. C'est en ce
sens que c'est passé au service des communications, à cause de la
nature du service qui était requis, les nouveaux bureaux
régionaux et ainsi de suite.
Mme Vermette: Donc la consultation se fait plus par là. Le
contact avec les bénéficiaires se fait beaucoup plus avec les
différents organismes, car c'est un rôle de coordination, donc on
doit contacter les différents groupes qui favorisent
l'intégration des personnes handicapées?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à Mme la
présidente de répondre à cette question.
Mme Robillard (Laurette): C'est aussi que le bureau
régional est en contact direct avec le client car l'office a une
intervention individuelle pour organiser les plans de services et pour
s'assurer que les ressources répondent aux besoins individuels des
personnes. L'office en régions a aussi un rôle de coordination
pour que les ressources travaillent ensemble afin de développer
l'intégration des services et une meilleure coordination des services
aux personnes handicapées.
En régions, il y a à la fois une intervention individuelle
et une intervention collective, mais régionale. Mais le mandat de
coordination de l'office se joue aussi à l'échelle
provinciale.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, oui.
M. Sirros: Tout à l'heure la députée de
Marie-Victorin parlait des 1 400 000 $ qui avaient été
demandés en termes de coupures ou de compressions à la suite des
1 700 000 $ qui avaient été octroyés. J'aimerais
simplement expliquer que c'est l'inverse qui s'est produit, c'est-à-dire
qu'en septembre l'an passé le Conseil du trésor avait
demandé des compressions de 1 400 000 $ et, par la suite, au mois de
novembre de la même année, on avait adopté des
crédits supplémentaires de 1 700 000 $. C'est ce dont on
m'informe, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, les crédits
supplémentaires ont été adoptés après le 2
décembre, entre le 18 et le 21 décembre.
M. Sirros: Évidemment, l'Assemblée n'avait pas
siégé, mais les crédits avaient été
prévus au moins de novembre, selon ce dont on m'informe.
L'Assemblée a siégé après le 2 décembre et,
évidemment, les crédits ont été adoptés
étant donné que c'était en quelque sorte dans la
machine.
M. Rochefort: M. le Président, si vous me le permettez. De
deux choses l'une: ou les crédits supplémentaires sont vos
crédits ou ils ne le sont pas. Si ce ne sont pas les vôtres,
expliquez-nous cela tout de suite, car, quant à nous, ce sont 80 000 000
$ qu'on aurait dû avoir au ministère de la Santé et des
Services sociaux pour les crédits supplémentaires. Cela a
été de 20 000 000 $. Vous aviez le choix de les retoucher.
M. Sirros: M. le Président, ce que j'explique, c'est que
les compressions de 1 400 000 $ avaient été demandées par
le Conseil du trésor au mois de septembre. Alors, c'est clair. Ce
n'était pas notre gouvernement qui avait demandé les...
M. Rochefort: Le budget supplémentaire, c'est le
vôtre.
M. Sirros: Exactement. Au mois de novembre, le Conseil du
trésor de l'époque avait prévu des crédits
supplémentaires dans la machine. Si on peut nous taxer de quelque chose,
c'est peut-être, entre le 2 décembre, jour de l'élection,
et le 17 ou 18 décembre, je pense - on a effectivement
présenté les crédits supplémentaires qui avaient
été préparés au mois de novembre - de ne pas avoir
eu le temps de corriger toutes les erreurs qui étaient là.
Peut-être qu'on peut nous reprocher cela. Mais ce que j'essayais
d'expliquer, c'est la confusion que la députée de Marie-Victorin
voyait: Comment se fait-il qu'on nous donne des crédits et qu'on nous
soustraie des crédits? Effectivement, elle avait raison de se poser
cette question.
Mme Vermette: Sauf que, tout simplement, ce que je voudrais
relever, c'est que c'était votre décision indépendamment
de ce qui avait été prévu par notre gouvernement. Dans
d'autres cas, cela n'a pas été une bénédiction,
justement.
M. Sirros: M. le Président, si je peux intervenir. Notre
décision, c'était de ne rien toucher, de ne rien couper dans le
dossier de l'OPHQ. Les dépenses de l'OPHQ pour cette année vont
être exactement les mêmes que l'année passée.
Surtout, aucune compression, aucune coupure dans les services, en termes de
postes, en termes de transferts. Donc, oui, on accepte la paternité de
cela.
M. Rochefort: Cinq postes coupés? Mme Vermette:
Oui, moins...
M. Sirros: Ce sont des postes administratifs, effectivement.
Donc, même là, on a amaigri, en quelque sorte, au
bénéfice des services.
Mme Vermette: J'aimerais aussi savoir s'il y aura des suivis sur
la conférence À part... égale.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais ajouter que j'ai signalé la
préface de Situation qui, justement, indique la volonté qu'il y
ait un suivi sur la conférence À part... égale.
Je dois vous dire qu'au mois de février j'ai participé
à une conférence pour donner un suivi au sommet de la
conférence À part... égale touchant les malentendants. Je
pense que c'était un début de suivi. Évidemment, nous
avons l'intention de continuer le suivi. Il y a beaucoup de recommandations qui
impliquent dans différents domaines des dépenses
considérables, parce que, si vous l'avez lu, cela touche à une
foule de secteurs. Nos engagements à cet égard, c'est de
continuer, dans la mesure de nos moyens et avec la rapidité avec
laquelle nous le pourrons, d'une façon générale, dans le
sens de ce qui avait été discuté, de ce qui est
présenté dans le document À part... égale.
Intégration des handicapés
Mme Vermette: Compte tenu de ce que vous êtes en train de
dire, des besoins de ces gens, de leur meilleure intégration sociale,
finalement, on a fait appel à un genre de programme individuel qui
favorise
un plan adapté à la personne comme telle pour permettre
son intégration tant au milieu social qu'au travail. Il y a l'autre
volet du maintien à domicile pour la personne. Or, dans quelle
orientation et comment allez-vous vous y prendre pour maintenir, justement,
l'aide à la personne à domicile?
Mme Lavoie-Roux: II y a 1 100 000 $ de prévus dans le
budget des CLSC justement pour des services de maintien à domicile pour
les personnes handicapées. Un ajout de 1 100 000 $.
Mme Vermette: Antérieurement, ce million-là,
c'était l'Office des personnes handicapées lui-même qui
voyait à donner l'enveloppe budgétaire à la personne
individuellement, qui choisissait la personne qui pouvait lui rendre les
services, n'est-ce pas? C'était beaucoup plus la responsabilité
de la personne elle-même qui pouvait justement faire le choix de la
personne pour lui donner son aide, comme lui donner son bain. Elle pouvait
choisir la personne qu'elle voulait pour lui donner son bain.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a les deux formules. Dans
certains cas, la députée de Marie-Victorin a raison, l'argent est
remis au bénéficiaire pour qu'il puisse ou qu'elle puisse acheter
lui-même ou elle-même des services. Dans d'autres cas, ce sont les
CLSC qui, directement, assument cette responsabilité de fournir les
services de maintien à domicile. Je pense que cela doit être
relié, d'une certaine façon aussi, à l'autonomie de la
personne, à la capacité de la personne de pouvoir elle-même
planifier, si je peux dire, ou faire la planification de l'achat de ses propres
services. Alors, vous avez les deux formules. (21 h 15)
Mme Vermette: Est-ce que ces deux approches vont être
maintenues intégralement?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Vermette: Cela veut dire que tous les cas qui vont passer par
les CLSC seront dorénavant les cas où vraiment ces personnes ne
sont pas capables de se prendre en main?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Il peut y avoir les deux. Il y a les
cas où les CLSC donnent les services à domicile dans
l'hypothèse que vous venez d'évoquer, mais il y a aussi les cas
où les. CLSC peuvent remettre directement è la personne les frais
ou l'argent nécessaire pour qu'elle puisse faire sa propre
programmation, si je peux m'exprimer ainsi.
Mme Vermette: Est-ce que vous prévoyez faire des
économies en passant par les CLSC?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Mme Vermette: Est-ce que le fait que la personne puisse
elle-même choisir ou embaucher la personne qui lui donne ses soins de
base ou, en tout cas, les soins dont elle avait besoin devenait une
économie plus rentable?
Mme Lavoie-Roux: Je vais laisser Mme la présidente
s'exprimer là-dessus parce que je pense que c'est quand même une
approche qui a été développée par l'OPHQ à
partir de certains principes, je pense, avec lesquels Mme la présidente
est certainement plus familière que moi.
Mme Robillard: L'objectif était surtout que la personne se
gère elle-même et qu'elle achète ses services comme un
citoyen ou une citoyenne autonome. C'est possible qu'il y ait une certaine
économie dans cette façon d'administrer ces fonds, mais cela
n'était pas l'objectif. L'objectif était de respecter l'autonomie
et le choix de la personne.
Mme Vermette: En fait, vous touchiez les deux volets en
même temps, vous faisiez de l'économie et vous responsabilisiez ou
vous permettiez à la personne de vivre intégralement, justement,
son autonomie.
Mme Robillard: C'était un sous-produit.
Mme Vermette: C'est très bien quand on arrive à
atteindre ces deux objectifs. Alors, pourquoi le transfert aux CLSC
maintenant?
Mme Robiilard: Parce que l'office administre des montants
d'argent du budget d'aide matérielle comme suppléance.
C'était le fondement de la politique d'ensemble. L'office pense que les
réponses aux citoyens handicapés doivent être
données par les mêmes ressources et les mêmes organismes qui
donnent des services aux citoyens ordinaires. L'office vise à ce que ces
programmes soient transférés aux vrais responsables dans le
réseau de la santé et des affaires sociales, dans le
réseau de la main-d'oeuvre, dans le réseau de l'éducation
ou dans les réseaux de transport: dans tous les réseaux où
on intervient. Éventuellement, notre rôle est de nous retirer de
ce champ-là et même de diminuer la taille et l'ampleur des
services de l'office qui n'agit qu'en dernier lieu et è titre palliatif,
pour combler les trous.
Mme Vermette: Est-ce que, éventuellement, à cause
de ces transferts de responsabilités, il y aura aussi des transferts de
fonds? On sait qu'au ministère cela coûte
beaucoup plus cher parce que les gens sont régis par les normes
salariales du ministère alors qu'antérieurement cela
n'était pas les mêmes normes salariales.
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, il y a déjà eu des
ressources qui ont été transférées dans le
passé. Je voudrais profiter de la porte que vient d'ouvrir, je pense,
bien volontairement et c'est heureux, Mme la présidente de l'Office des
personnes handicapées. Il n'y en a peut-être pas beaucoup ici,
autour de cette table, qui se rappeleront l'adoption de la loi qui a
créé l'Office des personnes handicapées et toute la loi
pour la protection des personnes handicapées, en fait, qui
prévoyait que l'office devait être un organisme léger de
sensibilisation, de coordination et de promotion des intérêts des
personnes handicapées. L'esprit avait été que, finalement,
cela soit non seulement de l'animation, mais, comme je le disais, de la
coordination et non pas de développer lui-même des services.
L'expérience a démontré que depuis le moment de sa
création qui remonte maintenant, je dirais, à sept ans, au
début de 1979, l'office, finalement, petit è petit, a pris sur
lui de donner des services, de faire les plans de services, de prévoir
le financement des organismes de promotion, tout le travail de
réintégration de la personne handicapée. Si bien qu'on a
pris l'habitude dans les autres ministères de s'en remettre à
l'Office des personnes handicapées pour à peu près tout ce
qui touche les personnes handicapées. Sauf, peut-être, certaines
mesures qui ont dû être assumées par d'autres
ministères.
À ce moment-ci, c'est à la suggestion de l'office - j'ai
eu l'occasion de rencontrer le conseil d'administration de l'Office des
personnes handicapées, qui est d'accord avec cette orientation - que
nous nous acheminons vers un retour des choses. Ce n'est pas un retour en
arrière. Je pense que c'est un pas en avant, dans le sens d'un
rapatriement dans les différents ministères de cette
préoccupation de la réinsertion et de l'intégration de la
personne handicapée. C'est dans ce sens que, j'imagine, avant pas trop
longtemps, l'Office des personnes handicapées nous présentera,
d'une façon officielle, au Conseil des ministres, une orientation
définitive dans le sens du rapatriement des responsabilités
là où elles devraient être, l'Office des personnes
handicapées conservant les responsabilités qui, au départ,
lui avaient été dévolues par la loi.
Mme Vermette: Cela veut dire qu'on peut s'attendre à des
modifications dans les prochains mois, dans la prochaine année ou
en...
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, nous recevrons les demandes
de l'office et ceci dépendra de la volonté du Conseil des
ministres quand cette orientation lui sera présentée. Mais, pour
ma part, comme ministre responsable de l'Office des personnes
handicapées, je souscris certainement à cette orientation qui
m'apparaît une voie plus régulière, plus normale pour
l'exercice des droits des personnes handicapées.
Mme Vermette: Ce qui m'amène à porter une autre
question à votre attention, à savoir l'accessibilité aux
édifices publics. Parce que, si on parle d'intégration au plus
large sens du mot, il faudrait donner plus d'accessibilité à tous
ces gens. Je sais qu'il y a eu les règlements 69 et 70 des
établissements... Est-ce que vous allez donner un suivi et avoir la
célérité que cela demande pour l'application de ce
règlement?
Mme Lavoie-Roux: Je sais que c'était un engagement de M.
le député de Gouin à la conférence À part...
égale. Je vais demander au député de Laurier, l'adjoint
parlementaire, de répondre à cette question, parce que je sais
que cela a fait l'objet de ses préoccupations, qu'il travaille sur le
dossier et qu'il fait cheminer le dossier.
M. Sirros: Effectivement, nous avons trouvé un projet de
mémoire préparé pour l'ancien Conseil des ministres. On
l'a lu attentivement. On a consulté les personnes qui étaient
impliquées dans la préparation de la consultation qui a
précédé le mémoire. C'est effectivement un dossier
qui traîne depuis un bon bout de temps. C'est depuis 1979, avec
l'adoption de la loi créant l'Office des personnes handicapées,
qu'on s'attend à ce qu'un règlement soit adopté pour que
les édifices publics deviennent accessibles. Et là on parle
d'édifices publics qui ont été construits avant 1976,
parce que, depuis, il y a une réglementation qui fait en sorte que les
nouveaux édifices deviennent automatiquement accessibles. C'est une
responsabilité qui relève de la Commission du bâtiment,
quant à l'application des règlements. À la suite des
changements ministériels, des changements concernant les
ministères qui ont eu lieu après l'élection, la Commission
du bâtiment se trouve à être sous la responsabilité
du ministère du Travail. Le suivi est en train de se faire pour assurer
que le ministère du Travail reprenne le dossier et ramène un
projet de mémoire au Conseil des ministres dans les plus brefs
délais. La volonté d'aller de l'avant existe. C'est là
où nous sommes.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Justement, M. le
Président, non seulement il s'agit d'un engagement que j'ai pris
au nom du gouvernement qui a précédé le gouvernement
actuel, lors de la conférence. À part... égale, mais j'ai
donné des suites à cet engagement. Quand l'actuelle ministre a
été assermentée, il y avait un mémoire qui
était préparé et qui était complet puisqu'il
faisait suite, non pas uniquement dans son esprit, mais dans la lettre,
à l'engagement que j'avais pris.
J'avais pris l'engagement que nous tenterions d'en arriver à un
consensus avec l'ensemble de ceux et de celles qui sont impliqués dans
le dossier. Effectivement, j'avais mis sur pied un groupe de travail qui a
suivi un rythme qui était le sien, qui, notamment, avait demandé
des reports, que j'ai accordés, quant à l'exécution de son
mandat, ce qui explique peut-être des délais additionnels. Le
consensus était intervenu de façon parfaite, mis à part
des oppositions de principe de la part de la Chambre de commerce du
Québec qui souhaitait que, dans ce dossier comme dans bon nombre
d'autres dossiers, nous y allions par une approche incitative et non pas
coercitive. Je pense qu'il s'agit là d'un langage que Mme la
présidente de l'office connaît bien.
Sauf que, M. le Président, je suis surpris très
sérieusement que, en quatre mois et demi, le député de
Laurier, qui est l'adjoint parlementaire de la ministre, me dise: Oui, j'ai lu
le dossier, j'ai fait le tour de ces questions et on a retourné cela au
ministère du Travail parce que c'est lui qui s'occupe de la Commission
du bâtiment; on espère qu'il va arriver avec un document.
M. le Président, le document, il est fait. C'est le rapport du
groupe de travail qui a fait l'objet d'un consensus. Iî y a eu des
précisions qui ont été apportées, notamment pour le
réseau de l'éducation, des choses comme celle-là. Quant au
reste, cela va. Tous les intervenants nous ont dit: Oui, on est d'accord;
toujours, mis à part la Chambre de commerce qui dit: On n'a rien de
particulier contre ce règlement-là, mais on vous dit que, nous,
on veut une approche incitative et non pas coercitive.
Ce que je m'explique mal - d'autant plus que l'objet du mémoire
est de respecter la loi, c'est-à-dire d'aller en prépublication
pour 90 jours à la Gazette officielle -c'est le pourquoi de ces
délais? Combien de temps encore le dossier devra-t-il être
revisé, étant donné qu'il s'agit beaucoup plus d'un
dossier qui fait état du consensus du groupe de travail que d'un dossier
du gouvernement?
M. Sirros: M. le Président, je suis certain que le
député de Gouin ne nous en voudra pas d'avoir eu le
réflexe de voir si tout a été bien fait dans les choses
dont on a hérité. Cela nous a nécessairement amenés
à nous pencher sur la question, à consulter les gens qui
étaient impliqués, et à voir si le député de
Gouin, à l'époque, avait effectivement eu un consensus
réel. Il y avait aussi, à un moment donné, si je me
rappelle bien, un genre de deuxième consultation. Même avant
l'arrivée du député de Gouin, je pense, au
ministère de l'Habitation de l'époque, il y avait eu un
consensus, semble-t-il. Le député de Gouin a senti la
nécessité de retourner - peut-être que je me trompe, je
n'essaie pas de prêter des intentions ou des...
M. Rochefort: Le consensus a été brisé
à l'occasion de la conférence elle-même, À part...
égale.
M. Sirros: Voilà, puis, il y a eu une deuxième
consultation, après.
M. Rochefort: Par des représentants du Conseil du patronat
et de la Chambre de commerce.
M. Sirros: Quant è la question des délais, je pense
que c'était un réflexe normal et naturel de dire: Bon, voyons ce
qu'on nous a laissé...
M. Rochefort: Cela a pris quatre mois et demi pour
vérifier. D'accord.
M. Sirros: ...examinons ce que...
M. Rochefort: C'est pour quand, la publication?
M. Sirros: Quant au délai? Le plus tôt possible, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
de Gouin, au moment où il occupait le poste de ministre de l'Habitation,
avait pris cet engagement au mois de février 1985-
M. Roehefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Au mois de décembre, quelque dix mois
plus tard, il n'avait pas non plus trouvé le moyen de faire approuver le
décret nécessaire. Là, il s'agit de quatre mois? à
ce moment-là, il s'agissait de huit mois. Je pense qu'il est
peut-être un peu mal venu de penser que nous nous sommes
traîné les pieds pour réviser. Je sais que cela n'a pas
été sans rappel au gouvernement qu'on accélère les
choses. Tout ce que je peux dire, M. le Président, c'est que cela
demeure un dossier prioritaire que celui de l'accessibilité. Nous allons
poursuivre pour que ce dossier chemine normalement et que nous aboutissions le
plus rapidement possible à l'adoption d'un
règlement qui, éventuellement, permettra d'atteindre les
objectifs qu'on se fixe. Il ne faut pas oublier que la loi est passée en
1979; c'était la loi 59, je crois. (21 h 30)
M. Rochefort: La loi 9.
Mme Lavoie-Roux: La loi 9.
M. Rochefort: M. le Président, sur l'intervention de la
ministre, je comprends qu'on peut peut-être avoir échappé
des éléments de la réponse, mais je veux quand même,
pour son information personnelle, pour éviter qu'elle ne reprenne ce
qu'elle vient de dire, lui rappeler que l'engagement que j'ai pris à
l'occasion de la conférence À part... égale, en
février 1985, devant le constat unanime que le consensus, dont tout le
monde nous parlait, était brisé par deux partenaires majeurs: le
Conseil du patronat et la Chambre de commerce du Québec, m'avait
amené à créer un groupe de travail. Le groupe de travail
m'a remis son rapport à la fin de l'été. Cela a
impliqué que cela passe dans tout l'appareil gouvernemental pour que
j'en arrive a la rédaction d'un mémoire pour soumettre au Conseil
des ministres.
S'il y a eu des délais dans l'accomplissement du mandat du groupe
de travail, c'est à la demande du groupe de travail. J'ai
considéré qu'il était de ma responsabilité de
ministre d'accepter les demandes de prolongation des délais
d'exécution du mandat du groupe de travail sur le dossier qui faisait
suite à l'engagement que j'avais pris. Donc, je n'ai pas pris neuf ou
dix mois. J'ai eu le rapport à la fin de l'été; je lui ai
fait suivre son processus normal à l'intérieur de l'appareil
gouvernemental.
En pleine campagne électorale - pour être très
franc, M. le Président, je vais révéler des secrets
ministériels - deux ou trois réunions du Conseil des ministres
avant la fin de la campagne électorale, le dossier était
prêt. Sauf que, pour éviter que d'aucune façon quiconque au
Québec ne puisse prétendre qu'une formation politique tentait de
faire de la politique avec le dossier des personnes handicapées,
notamment, au chapitre de l'accessibilité aux édifices publics,
j'ai demandé au Conseil des ministres de suspendre jusqu'à la fin
de la campagne électorale l'adoption du mémoire au Conseil des
ministres pour aller en prépublication de 90 jours pour éviter
que des gens ne puissent entacher ce dossier de partisanerie politique. Je veux
quand même situer le dossier de façon que la ministre sache bien
les tenants et les aboutissants.
Mme Lavoie-Roux: J'accepte les explications du
député, M. le Président. Il reste qu'au lendemain de la
campagne électorale le Conseil des ministres a encore
siégé, il a entériné et passé des
décrets à ce moment, je ne sais pas si c'était le 5 ou le
6 décembre. Cela aurait été une bonne occasion de
terminer, d'une façon spectaculaire, spectaculaire est un mauvais mot,
d'une façon exceptionnelle, le mandat de l'ex-ministre de l'Habitation,
si le Conseil des ministres, à ce moment, l'avait accepté. Je dis
cela plutôt d'une façon un peu taquine.
M. Rochefort: J'aime bien la fin de l'intervention de la
ministre, M. le Président, parce que cela m'amène à une
réponse. Je tiens bien à avoir la paternité des choses que
je fais et non pas de celles que je ne fais pas.
M. le Président, effectivement, parce que c'était à
l'ordre du jour - j'espère que je ne révèle pas de secret
d'État - du Conseil des ministres qui a suivi l'élection du 2
décembre, j'ai jugé et le Conseil des ministres, dans son
ensemble, a jugé que les seules décisions que le Conseil des
ministres pouvait prendre à cette occasion étaient des
décisions d'urgence, des décisions qui impliquaient des
décisions rapides è ce moment avant la transmission des
pouvoirs.
Nous avions choisi, compte tenu que le nouveau gouvernement devait
regarder cette question, de remettre le dossier. Le premier ministre sortant,
le député d'Anjou actuellement chef de l'Opposition, a remis en
main propre à l'actuel premier ministre, le député de
Saint-Laurent, à la rencontre de la transmission des pouvoirs, dans les
jours qui ont suivi l'élection du 2 décembre et le Conseil des
ministres du 5 décembre, le dossier en lui disant que, quant è
nous, nous étions convaincus que cela ne posait pas de problème,
mais nous n'avions pas voulu adopter le mémoire pour éviter de
mettre le nouveau gouvernement et la nouvelle ministre aujourd'hui dans une
situation où elle n'aurait pas choisi de se retrouver et que nous
souhaitions qu'elle regarde le dossier avant de l'envoyer pour publication.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est ce que nous
faisons.
M. Rochefort: C'est cela, depuis quatre mois et demi.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que, même avant que je
sois ministre, même avant que je sois députée, la question
de l'accessibilité des personnes handicapées aux édifices
publics était une de mes préoccupations parce que, à ce
moment, la commission scolaire que je présidais était
probablement, même avant le gouvernement, le premier organisme public
à adopter un règlement s'appliquant à toutes les
constructions nouvelles d'écoles pour en
faciliter l'accès aux personnes handicapées. Nous avions
adopté, à ce moment, le Code du bâtiment
fédéral. Depuis ce temps, il s'est bien raffiné, mais,
à ce moment, c'était les normes qui existaient.
Je dis, simplement pour rassurer l'ex-ministre que, sur ce
point-là, nous sommes sur la même longueur d'onde.
M. Rochefort: Le chapitre étant clos...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: J'aimerais demander ceci à la ministre en ce
qui concerne les plans d'embauche. Il devrait y avoir des résultats
d'analyse en ce qui concerne, justement, les plans parce qu'il pourrait y avoir
certaines modifications à la suite de consultations auprès des
employeurs. Est-ce qu'il y a déjà eu des résultats parce
que c'était prévu pour le début de mai?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à Mme la
présidente de répondre à cette question.
Mme Robillard: C'est en mai qu'on demande aux employeurs de nous
faire rapport sur la réalisation et la mise en oeuvre du plan d'embauche
qu'on avait approuvé. L'analyse qu'on a faite de ces plans d'embauche va
nous amener à développer une stratégie très
intéressante pour ouvrir beaucoup de possibilités
d'intégration des personnes handicapées. D'autant plus que les
centres Travail-Québec acceptent maintenant de soutenir et de servir les
employeurs. C'est une décision récente qui va faciliter
l'actualisation et la véritable réalisation des plans
d'embauche.
Mme Vermette: Alors, ce sera plus concret dans le prochain
mois.
Mme Robillard: C'est pour la semaine prochaine que nous avons
demandé aux employeurs de nous remettre leur rapport sur l'actualisation
des plans d'embauche. Mais, en même temps, on aura aussi des services
pour soutenir les employeurs dans la réalisation des objectifs qu'ils se
sont fixés.
Mme Vermette: On sera avisé à ce moment.
Mme Robillard: Cela va être public. Mme Vermette:
Merci.
Le Président (M. Leclerc): Est-ce qu'on peut
considérer que l'étude des crédits du programme 10 est
terminée? Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 10?
Mme Cardinal: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Leclerc): Mme la députée de
Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Je voudrais
mentionner à Mme la ministre que j'ai eu le privilège de
collaborer à la formation de l'Office des personnes handicapées
lors de sa création en 1979 avec Mme Champigny, si vous vous en souvenez
bien. J'ai été la première à soumettre un plan de
centres de travail adapté à Châteauguay, si vous vous en
souvenez bien, Mme Champigny. Je tiens à vous féliciter parce que
vous n'avez jamais cessé de défendre avec beaucoup d'acharnement
tout ce qui pouvait faciliter l'intégration des personnes
handicapées. J'ai eu beaucoup de plaisir, pendant ces années,
à travailler directement ou indirectement avec les gens de l'office.
Je voulais aussi vous demander, indépendamment du plan d'embauche
pour les personnes handicapées, si vous avez l'intention de
développer ou de continuer à étendre les centres de
travail adapté. C'est quand même une source assez
intéressante de placement et d'intégration. Nous en avons fait
l'expérience: les centres de travail adapté s'avèrent
actuellement un moyen d'intégration assez intéressant pour les
personnes handicapées ou non. Encore une fois, je vous demande si vous
avez l'intention de continuer dans cette optique, tout en complétant les
plans d'embauche vis-à-vis des employeurs.
Mme Robillard: Les centres de travail adapté vont beaucoup
mieux. Ils sont en meilleure santé financière qu'ils ne
l'étaient en 1981, en particulier. Il n'y a pas de développement
prévu. Je ne peux pas répondre à la place du gouvernement
là-dessus.
Par ailleurs, ce qu'on fait, c'est que, comme ils sont devenus plus
efficaces, on revoit ou on réévalue la politique de financement
parce qu'on pense - d'ailleurs, certains le font déjà - qu'il y a
peut-être possibilité avec le même argent de procurer plus
d'emplois. Certains sont à la veille d'arriver à une situation
où ils peuvent réinvestir des profits ou des surplus. Il est
aussi possible, avec une autre approche de financement, peut-être aussi
avec le plan d'embauche et avec une plus grande participation de l'entreprise
privée, d'arriver à des formules mixtes plus
intéressantes. Mais c'est à l'état spéculatif dans
le moment.
Mme Cardinal: Parce que le problème est toujours celui de
l'autofinancement dans les trois ou cinq premières années. C'est
là que la difficulté se pose peut-être.
Mme Robillard: C'est uniquement l'autofinancement de
l'encadrement...
Mme Cardinal: C'est cela.
Mme Robillard: ...et de l'achat de la matière
première.
Mme Cardinal: Voilà. Merci.
Le Président (M. Leclerc): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 10? Est-ce que le programme 10 est
adopté?
M. Rochefort: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Leclerc): Nous allons maintenant passer
à l'étude des crédits du programme 9, Direction et
gestion.
Direction et gestion
M. Rochefort: M. le Président, à moins que la
ministre n'ait des remarques d'ouverture.
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas de notes
particulières.
M. Rochefort: M. le Président et Mme la ministre, une
première question au sujet des crédits... Je ne sais trop comment
les qualifier.
Mme Lavoie-Roux: Du ministère.
M. Rochefort: C'est cela. On note une augmentation des
crédits en ce qui concerne la gestion des programmes de santé et
une diminution des crédits en ce qui concerne la gestion des programmes
sociaux. Est-ce qu'on doit comprendre qu'il s'agit de décisions
budgétaires qui font suite à des orientations internes au
ministère? Comment interpréter une telle situation?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est à cause du moment
où est arrivée, au mois de décembre, la décision
d'abolir des postes vacants. Il se trouvait davantage de postes vacants dans
les services sociaux que dans la santé.
M. Rochefort: C'est relié aux abolitions de postes, c'est
cela?
Mme Lavoie-Roux: 32. Oui, c'est à cause de l'abolition de
postes.
M. Rochefort: Aux 1600 uniquement, en totalité. D'accord.
Deuxième question, M. le Président. Dans le document
complémentaire déposé par le président du Conseil
du trésor le 25 mars dernier au chapitre rationalisation interne et
compressions diverses, il y a 1 000 000 $ d'attribués au
ministère de la
Santé et des Services sociaux. Est-ce qu'on pourrait nous
indiquer comment ce montant est ventilé dans le ministère, s'il
vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: C'est le montant que nous avons comprimé
à la rubrique des postes, les 800 000 $, c'est tout. Il n'y a pas eu
autre chose.
M. Rochefort: Donc, 800 000 $ et non 1 000 000 $. Vous êtes
en dette de 200 000 $ avec le président du Conseil du trésor,
c'est cela? Est-ce qu'il y a autre chose à venir ou si ça va
s'arrêter là?
Mme Lavoie-Roux: II n'y a aucune croissance des autres
dépenses et je pense que ceci complète le 1 000 000 $.
M. Rochefort: Votre contribution?
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous connaissez celai
M. Rochefort: Ah oui! M. le Président, sur les fameux 1600
postes abolis, combien y en a-t-il, en tout et partout, au ministère de
la Santé et des Services sociaux? Il y en a plus que 32, j'imagine.
Tantôt, vous avez...
Mme Lavoie-Roux: 83 postes.
M. Roehefort: 83, en tout et partout. Depuis cette abolition des
1600 postes dont les 83 postes chez vous, combien en a-t-on créé
ou recréé au ministère de la Santé et des Services
sociaux, dans ce nombre de 83?
Mme Lavoie-Roux: Aucun.
M. Rochefort: Est-ce votre intention d'aller devant le Conseil du
trésor pour demander le retour d'un certain nombre de postes comme
certains ministères l'ont fait?
Mme Lavoie-Roux: S'ils sont bien justifiés, j'irai au
Conseil du trésor.
M. Rochefort: Jusqu'à maintenant, il n'y a rien de
prévu?
Mme Lavoie-Roux: Pour le moment, non, il n'y a rien de
prévu. (21 h 45)
M. Rochefort: Merci. M. le Président, le président
du Conseil du trésor, toujours dans son épître devant les
administrateurs privés, nous disait récemment, en parlant de la
main-d'oeuvre, à la page 2 de son discours: "Cette main-d'oeuvre, j'ai
pu le constater, a conservé - on parle de la fonction publique et des
gens du réseau - un enthousiasme certain qui demande cependant à
être orienté différemment dans un contexte nouveau. Ce
contexte exigera nécessairement du recyclage, de la mise à
jour, de l'adaptation à une période qui sera
marquée davantage par la production de services de qualité que
par de grands développements. La mobilité interne et l'ouverture
sur l'extérieur s'imposeront également plus que jamais au cours
des prochaines années; l'émulation et l'excellence devront
maintenant plus que jamais faire partie de notre philosophie de gestion."
J'arrive a la phrase qui me préoccupe: "D'ailleurs, j'ai pu constater en
arrivant au gouvernement combien la gestion du personnel était trop
fortement modelée par les relations du travail plutôt que par des
pratiques dynamiques et attentives de gestion."
M. le Président, j'aimerais savoir si Mme la ministre partage ce
dernier constat quant à ce qu'elle a observé dans son
ministère et dans le réseau.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela me ferait plaisir
de répondre au député, mais...
M. Rochefort: Je vais vous reciter la phrase.
Mme Lavoie-Roux: Juste la dernière, parce qu'à un
moment donné...
M. Rochefort: C'était la dernière.
Mme Lavoie-Roux: ...c'était accéléré
puis...
M. Rochefort: Je voulais situer le contexte, mais je vais relire
la dernière: "D'ailleurs, j'ai pu...
Mme Lavoie-Roux: Si je l'avais su, j'aurais apporté le
discours du président du Conseil du trésor.
M. Rochefort: Je vais vous en faire tenir une copie
annotée. "D'ailleurs, j'ai pu constater...
Une voix: Annotée!
M. Rochefort: Qu'est-ce que j'ai dit?
Mme Lavoie-Roux: Une copie annotée.
M. Rochefort: Une copie annotée, oui. Mes annotations
personnelles, juste au cas où, après votre carrière, vous
voudriez écrire vos mémoires, vous aussi.
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas encore la
mode chez nous.
M. Rochefort: M. le Président, puisque vous en faites
état...
Le Président (M. Bélanger): On attend les
vôtres, M. Rochefort.
M. Rochefort: Vous attendez les miens; je vais attendre de me
retirer, donc dans plusieurs années, je l'espère.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les ministres défaits qui
écrivent leurs mémoires.
M. Rochefort: Deuxièmement, je comprends que, chez vous,
ce ne soit pas beaucoup votre cas jusqu'à maintenant; on a pu observer
plutôt des coupures dans le domaine du livre aux Affaires culturelles.
Mais je reviens donc à cette phrase: "D'ailleurs, j'ai pu constater en
arrivant au gouvernement combien la gestion du personnel était trop
fortement modelée par les relations du travail plutôt que par des
pratiques dynamiques et attentives de gestion."
Alors, je pose ma question à Mme la ministre: Est-ce que la
ministre fait le même constat quant à ce qu'elle a pu observer
dans le ministère et dans son réseau depuis quatre mois et
demi?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela me fait plaisir de
dire au député de Gouin qu'au ministère de la Santé
et des Services sociaux, cela n'est pas modelé sur les relations du
travail; c'est modelé sur les activités du ministère
à partir des objectifs à atteindre et des résultats
à obtenir.
Négociations dans les secteurs public et
parapublic
M. Rochefort: D'accord. Merci. M. le Président, je sais
que j'aurais pu le faire au niveau des remarques générales, au
moment de l'introduction, mais c'est un peu lié à la Direction et
à la gestion, à moins que la ministre n'ait des problèmes
de ressources pour aborder cette question. Cela m'amène à aborder
la question des négociations dans les secteurs public et parapublic, qui
sont actuellement en cours. On sait que le gouvernement a demandé
à l'ensemble des salariés des secteurs public et parapublic de
revenir en arrière sur un certain nombre de choses qui sont
considérées par les salariés comme des acquis, notamment
au niveau des avantages sociaux reliés à l'assurance-salaire, aux
congés de maladie et à ces choses-là. Je ne parle pas de
l'aspect salarial, car je conviens facilement que cela relève plus du
président du Conseil du trésor de piloter le dossier, mais chez
vous dans le réseau de la santé et des services sociaux, est-ce
que la ministre pourrait nous dire un peu quelles sont les orientations du
gouvernement, au niveau du normatif, qui ont prévalu dans les offres et
donc dans les demandes patronales aussi dans le dossier des négociations
des secteurs public et parapublic?
Mme Lavoie-Roux: Les offres patronales
ont été rendues publiques. D'une part, il y a eu les
offres d'augmentation de salaires de 3,5 % et, d'autre part, il y a aussi une
demande de récupération au montant de 40 000 000 $, dont une
partie provient ou devrait normalement provenir d'une réduction des
congés de maladie de neuf à six jours, si ma mémoire est
bonne. L'autre volet était sur l'assurance-salaire combinée avec
les congés de maladie, pour un total de 40 000 000 $.
Maintenant, il me fait plaisir de dire au député que,
évidemment, les négociations sont en cours avec tous les groupes
qui sont nombreux à l'intérieur du réseau des affaires
sociales. Il y a eu des discussions avec les grandes centrales: FTQ, un petit
bout de la CEQ même, je pense, mais surtout avec la CSN et
également avec tous les syndicats d'infirmiers et d'infirmières
qui sont regroupés en trois syndicats.
Le rythme des rencontres varie. Dans certains cas, les rencontres sont
régulières, on fait le tour des questions, on fait le point et on
est pas mal plus avancé. Dans d'autres cas, les choses vont plus
lentement.
Nous avons des préoccupations également, dans le
réseau, en ce qui a trait à la question du perfectionnement et du
recyclage, jusqu'à un certain point, encore une fois, à la mesure
de nos ressources. On sait que le perfectionnement est beaucoup moins
développé, si je puis dire, ou qu'il y a toujours eu beaucoup
moins de ressources de mises dans ce domaine dans le réseau de la
santé et des services sociaux que dans le réseau de
l'éducation, si on veut établir une comparaison.
Également, il y a ce que les syndicats ou les centrales appellent
la précarité des emplois chez les infirmiers, les
infirmières auxiliaires et les infirmières - peut-être
davantage chez les infirmiers et les infirmières, quoique je ne pourrais
pas vous assurer de cela avec des statistiques certaines - le grand nombre de
travailleurs -je devrais dire de travailleuses puisque 75 % de la main-d'oeuvre
dans le réseau sont des femmes - et le travail à temps partiel.
Ce sont différents points qui font l'objet de nos préoccupations.
Il peut y en avoir d'autres, mais cela, c'est certainement le nombre... Je
pense qu'il y a tout près de 48 % - 48 % ou 52 %, en tout cas, c'est
très élevé - du personnel à temps partiel qui
travaille dans le réseau.
Je peux vous donner, si cela vous intéresse, le nombre de
rencontres. Aux tables sous-sectorielles, le nombre de rencontres: avec la FTQ,
10; la FIIU, 14; le COPS, 11; la FSIAIQ, 9; la FQIL, 18; le SPIIQ, 19;
celle-là, je ne suis pas capable de vous la donner - la FPPSCQ, 5; la
CSD, 8; le SPTSQ, 1; le SCOMM, 1; et la FAS, 1. Cela, c'est pour les centres
hospitaliers.
M. Rochefort: Seulement une rencontre avec la FAS?
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des centres hospitaliers: FAS,
rencontre sous-sectorielle, oui, c'est depuis le 10 mars. Cela fait un total de
97. Dans les rencontres aux tables sectorielles, pour la FAS, depuis le 10
mars, 13; la FTQ, 4; et la FPSCQ, 2,
M. Rochefort: La ministre est satisfaite de l'évolution
des négociations?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il n'y a pas un gouvernement,
tant et aussi longtemps que les négociations ne s'acheminent pas vers
des solutions plus finales, qui se trouve satisfait du rythme des
négociations. Je pense que, pour un gouvernement, il est normal de
souhaiter que les négociations aillent à un rythme respectable,
quand même, pour tenir compte des problèmes, mais qu'elles ne
s'éternisent pas. Il reste que, pour le moment, nous croyons que les
négociations suivent leur cours normal.
M. Rochefort: M. le Président, la ministre nous dit: II
est normal qu'on souhaite que cela ne s'éternise pas. C'est une phrase
qui est revenue dans la bouche de plusieurs des ministres associés au
processus de négociation dans les secteurs public et parapublic
enclenché par le nouveau gouvernement, compte tenu des règles qui
existent en cette matière. Est-ce que vous vous êtes fixé,
comme gouvernement, un délai ultime?
Mme Lavoie-Roux: Nous ne servons d'ultimatum à
personne.
M. Rochefort: Ce n'est pas dans ce sens, M. le Président.
J'ai le goût de dire: On peut suspendre pour permettre à la
ministre de la rire. Je pense qu'elle l'a trouvée bien bonne.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
suspendre pour cinq minutes, histoire de permettre è tout le monde de se
restaurer deux minutes et de recommencer?
M. Rochefort: On peut peut-être conclure notre
entente...
Le Président (M. Bélanger): Juste pour permettre
à Mme la ministre et à son équipe de...
Mme Lavoie-Roux: Rire.
Le Président (M. Bélanger): Si tel est le besoin,
oui. M. le député de Gouin, je vous en prie.
M. Rochefort: Compte tenu que, quand
on reviendra, il sera plus de 22 heures, si je comprends bien, il y
aurait entente pour continuer jusqu'à 23 h 15 ou 23 h 20 pour rattraper
le retard. Est-ce cela?
Le Président (M. Bélanger): Absolument. Il y aurait
entente pour continuer. On a un retard a reprendre qui totalise 72 minutes.
Comme, en principe, nous devions ajourner les travaux à 22 heures, nous
vous proposons de continuer jusqu'à 23 h 15 pour compléter le
débat ce soir afin de ne pas avoir à le reprendre et à
mobiliser toute l'équipe. Cela me prendrait le consentement unanime des
gens présents.
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Bélanger): Je présume que
j'ai ce consentement.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait combien de minutes de retard?
M. Rochefort: 76 minutes.
Le Président (M. Bélanger): 76 minutes, bien
comptées, chronométrées.
Mme Lavoie-Roux: Parfait, M. le Président!
Le Président (M. Bélanger): On peut suspendre cinq
minutes, juste histoire de...
(Suspension de la séance à 21 h 57)
(Reprise à 22 h 4)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je demanderais à chacun de reprendre sa place, nous
allons reprendre les travaux. À l'ordre, s'il vous
plaîtî
Nous écoutions le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, le sujet suivant consiste
en la masse salariale du cabinet. Est-ce que la ministre pourrait nous dire
quel est l'ordre de grandeur de la masse salariale qu'elle s'est vu octroyer
par le président du Conseil du trésor?
Mme Lavoie-Roux: Je vous dirais - je pense qu'on ajoutera
quelques milliers de dollars - que c'est d'environ 600 000 $. Un montant de 610
000 $, me dit-on. Je savais qu'il y avait...
M. Rochefort: Un montant de 610 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Cela correspond aux réductions de 20 % ou de
25 % annoncées par le président du Conseil du trésor?
Mme Lavoie-Roux: II faut bien réaliser qu'il s'est
trouvé incorporé ou intégré aux
responsabilités de la ministre de la Santé et des Services
sociaux, à toutes fins utiles, deux autres ministères, si je puis
dire; un premier, à titre de ministre responsable de la Politique
familiale, pour laquelle était prévu, dans l'ancien gouvernement,
un budget de cabinet politique d'au moins 200 000 $; également, la
grande responsabilité du cabinet du ministre responsable des Relations
avec les citoyens et de l'Office des personnes handicapées, qui avait
aussi un budget d'au-delà de 200 000 $.
M. Rochefort: Je veux bien mais...
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des responsabilités accrues.
C'est pourquoi des collègues qui n'ont pas eu ces responsabilités
accrues, par exemple, ont un budget de 400 000 $ ou de 450 000 $ - de
mémoire, je ne le sais pas - qui a été réduit. Dans
mon cas, c'est un montant de 610 000 $.
M. Rochefort: Je veux bien admettre la responsabilité de
l'Office des personnes handicapées, mais pas celle de l'ancien
ministère responsable des Relations avec les citoyens qui, lui, est
allé au ministère des Communications et qui était
l'essentiel du travail du ministre qui s'occupait des deux
responsabilités. La politique familiale, je veux bien - d'ailleurs on va
aborder cela tantôt - mais, évidemment, il n'y a pas les bureaux
de comté et ces choses-là.
Donc, c'est 610 000 $ pour la présente année
financière. Nous avons eu l'occasion de voir, dans le document qui fait
état de l'ensemble des membres de cabinet et des principaux organismes
relevant de chacun des ministres, les gens qui composaient son cabinet, mais
nous n'avons pas eu le centre d'intérêt attribué à
chacun des membres du cabinet ou les dossiers particuliers. Est-ce qu'il serait
possible que la ministre rende cet instrument disponible pour les
députés? Parce que je sais que bon nombre de collègues
pourraient avoir, à l'occasion, à le consulter.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fera plaisir de vous le remettre.
M. Rochefort: Oui, d'accord, M. le Président. Merci, Mme
la ministre. Est-ce que la ministre - au-delà de la marge
ministérielle que nous avons vue tantôt - a une enveloppe
ministérielle discrétionnaire?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rochefort: D'accord. Est-ce que le programme de
publicité 1986-1987 du ministère a été
établi?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas encore.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez des projets?
Mme Lavoie-Roux: J'ai des projets. J'en aurais même
plusieurs, M. le Président. Mais comme on va devoir restreindre nos
choix, en temps et lieu, cela me fera plaisir de les faire connaître,
mais il serait prématuré de l'indiquer aujourd'hui.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président - j'en avais fait
part à deux reprises à la ministre - j'aurais quelques questions
a lui adresser très sobrement, à la suite de la nomination du
nouveau sous-ministre en titre au ministère.
On sait que - je pense qu'on a le droit de le nommer par son nom - le
nouveau sous-ministre a un profil santé. On connaît tous les vieux
débats qui existent dans les réseaux santé et services
sociaux au Québec. Est-ce que, d'une part, c'est une orientation
précise de la part de la ministre, dans le profil, d'aller chercher
quelqu'un qui venait particulièrement du secteur santé? Est-ce
qu'elle a observé, jusqu'à maintenant, des réactions qui
pourraient aller dans ie sens: donc, nos priorités seront maintenant
santé et moins sociales ou des choses de cette nature, compte tenu du
débat santé-social qui existe depuis longtemps?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis allée
chercher une personne qui avait eu une longue expérience dans
différents services du ministère, également une personne
qui avait été sous-ministre en titre a la santé, qui
était directeur général d'un établissement de
santé, mais d'un type d'établissement de santé qui,
justement, doit associer étroitement la santé et le social.
J'étais particulièrement heureuse de cela. Je voudrais aussi un
peu, bien amicalement, rappeler au député de Gouin que, s'il
devait y avoir un déséquilibre du côté de la
santé, vous avez une ministre passablement orientée du
côté social pour rétablir l'équilibre.
M. Rochefort: Je ne sais pas, M. le Président, si je ne
devrais pas y aller d'un commentaire là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): Judicieux
seulement.
M. Rochefort: M. le Président, c'est vrai que c'est le
passé de la ministre, mais je dois reconnaître que, depuis son
entrée en fonction, le volet santé a, disons donc, occupé
beaucoup de son temps.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
M. Rochefort: Ce n'est pas un reproche, c'est un constat...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, M. le Président...
M. Rochefort; ...compte tenu de la réponse que vous me
donnez.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne peux m'empêcher de
répondre que si vous vous souvenez - je pense que c'était le 13
ou le 14 décembre, non, plutôt le 16 décembre, on avait
été assermentés le jeudi - les quatre ou cinq jours qui
ont suivi, j'ai eu à défendre les crédits
supplémentaires. L'Opposition qui avait trois heures et demie à
sa disposition - je ne l'ai pas oublié, vous comprenez - m'en a
réservé au moins deux pour me reprocher que je n'avais rien fait
dans la santé après quatre jours et surtout même,
successivement, en février et mars, on revenait à
l'Assemblée nationale pour nous dire que nous ne faisions rien du
côté de la santé. Alors, je ne sais pas si ce sont ces
rappels à l'ordre... Mais, plus sérieusement, les engagements du
gouvernement étaient à l'égard d'un redressement - je ne
parle pas de redressement budgétaire - dans le domaine de la
santé, vu les problèmes cruciaux qu'on y vivait. Je pense qu'il
était normal qu'une attention particulière soit apportée
à la santé. Mais, encore une fois, au risque de me
répéter, je dois dire qu'on y a joint une préoccupation
sociale importante aussi.
M. Rochefort: Simplement, M. le Président, pour
éviter que la ministre ne soit marquée trop longtemps par son
passage en commission plénière sur les crédits
supplémentaires de décembre dernier, nous avions des questions
à poser à la ministre vu la nature des engagements, des discours
et des priorités qui avaient été indiqués compte
tenu des crédits supplémentaires qui ont été
demandés par le nouveau gouvernement par rapport aux crédits
supplémentaires qui avaient été retenus par le
gouvernement précédent. Je pense que c'était normal, vu
l'importance que le dossier avait eu en campagne électorale, que ce soit
un des premiers dossiers qui fasse l'objet d'un débat important à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, une autre question: Dans le communiqué de
presse émis par le bureau du premier ministre faisant état de la
nomination du nouveau sous-ministre au ministère de la Santé et
des Services sociaux, on y lit une phrase qui dit que le nouveau sous-ministre
est détaché de son établissement. Est-ce qu'on peut nous
expliquer un peu ce qu'on entend par cela?
Mme Lavoie-Roux: En fait, c'est un prêt d'un
établissement, finalement. Je dois vous dire que c'est le cas au
ministère de la
Santé et des Services sociaux sans que ce soit une règle
générale. Le nouveau gouvernement n'a aucune objection, au
contraire, à faire appel, dans la nomination de sous-ministres, à
des personnes qui peuvent faire cet aller et retour entre l'appareil
gouvernemental et le travail dans le secteur privé ou dans le secteur
parapublic. Nous croyons que cet aller et retour de personnes
compétentes est un atout ou peut être un atout. (22 h 15)
M. Rochefort: Merci. M. le Président, j'ai ici une liste
de quatorze organismes, régies ou offices relevant de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, en plus de la Régie de
l'assurance-maladie qu'on a vue ce matin. Est-ce que la ministre pourrait nous
dire si la politique de son gouvernement quant au bénévolat dans
l'ensemble des régies, des offices, des sociétés
d'État s'applique à la totalité des organismes qui
relèvent de la ministre de la Santé et des Services sociaux, mis
à part la RAMQ au sujet de laquelle nous avons eu une réponse ce
matin.
Mme Lavoie-Roux: Je vais répéter la réponse
que j'ai donnée cet après-midi, si je comprends bien votre
question. Comme principe, oui.
M. Rochefort: D'accord, mais, au niveau de la pratique, est-ce
qu'il y a des organismes dont ce ne sera pas le cas?
Mme Lavoie-Roux: II semblerait que oui parce que, ce matin ou cet
après-midi, j'ai mentionné le cas de la RAMQ, et on me dit que
pour d'autres organismes - et si je ne m'abuse, peut-être dans le cas,
entre autres, de l'Office des personnes handicapées - c'est possible.
Enfin, on a indiqué le principe à chacun, et, dans le cas
où on peut faire valoir des arguments qui justifieraient une conduite
différente, les gens sont priés de nous les faire parvenir et ils
seront examinés. À ce moment-ci, je ne saurais vous dire ce qu'il
adviendra dans l'ensemble. Cela me fera plaisir de vous le laisser savoir quand
ce sera plus définitif. Au moment où nous nous parlons, le seul
organisme qui nous a envoyé une réponse, c'est la RAMQ.
M. Rochefort: Quand serez-vous en mesure de faire le point? D'ici
quelques semaines, d'ici quelques mois?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que cela ne devrait pas tarder parce
qu'on va même, comme le dit mon sous-ministre, les relancer.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, je ne sais pas
s'il est utile que je choisisse la méthode des questions au feuilleton,
mais j'apprécierais que, une fois l'opération terminée
pour l'ensemble des organismes relevant de la ministre de la Santé et
des Service sociaux, on nous fasse état des conseils qui
siégeront avec membres bénévoles et des conseils qui
siégeront avec des membres rémunérés sous forme de
jetons de présence ou autres.
Mme Lavoie-Roux: Cela me fera plaisir de transmettre ces
informations au député et, si j'allais l'oublier, j'espère
qu'il me le rappelera, mais je vois qu'on en prend note.
M. Rochefort: Soyez-en certaine, je vous le rappellerai.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, est-ce
que ces informations ne seront données qu'au député de
Gouin ou si elles seront distribuées à l'ensemble des membres de
la commission?
Mme Lavoie-Roux: Si la commission me prie de les distribuer
à l'ensemble des membres, cela me fera plaisir de le faire. Je pense que
normalement cela intéresse tout le monde à la commission.
Le Président (M. Bélanger): Je pense alors qu'on
apprécierait en recevoir une copie, Mme la ministre. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. On a chacun nos lectures de chevet. Toujours
dans le...
Mme Lavoie-Roux: Dans la foulée du discours?
M. Rochefort: Bien oui. Vous savez, on n'a pas terminé
à part cela. C'est une des pièces maîtresses que j'ai
lues.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'inquiète du
député de Gouin. J'espère qu'il ne fait pas trop de
cauchemars.
M. Rochefort: Je dors bien toutes mes nuits et je ne prends pas
mes déjeuners avec les discours du président du Conseil du
trésor, ne vous en faites point. M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous le
souhaite.
M. Rochefort: M. le Président... En tout cas!
Le Président (M. Bélanger): À moins
d'être au régime!
M. Rochefort: Cela dépend des déjeuners! Si je
prenais des déjeuners...
Le Président (M. Bélanger): Des déjeuners de
bûcheron, à la hache.
M. Rochefort: ...bien garnis par l'entreprise à laquelle
il était affilié précédemment, je prendrais des
gros déjeuners. Si je prenais des déjeuners qui correspondent aux
activités du ministre à son ministère, là j'avoue
que je prendrais des petits déjeuners, cela dépend.
Le Président (M, Bélanger): Des déjeuners de
bûcheron, à la hache.
M. Rochefort: Donc à la page 8, toujours du même
discours, le président du Conseil du trésor dit...
Mme Lavoie-Roux: N'allez pas trop vite, parce que des fois j'en
perds des bouts.
M. Rochefort: Oui, mais là je vais y aller tranquillement
parce qu'il y a un seul paragraphe mais c'est le bon, je n'ai pas de mise en
situation à faire. On parle du comité des sages. "Le
comité a d'abord examiné les activités gouvernementales
qui ont donné lieu dans le passé à la création de
comités, commissions, conseils, régies et autres organismes
spéciaux. Cet examen s'est achevé par des recommandations
précises sur le maintien, l'abolition, la révision ou la fusion
de ces organismes. Un rapport sur cette première partie a
été remis au gouvernement au début du mois de mars."
Ma question, Mme la ministre, est la suivante: Est-ce qu'il y a des
organismes, des régies ou des offices relevant de la ministre de la
Santé et des Services sociaux qui sont visés par le rapport
déposé au gouvernement par ce comité en mars dernier?
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président, il y avait des
suggestions dans le rapport qui touchaient certains organismes relevant du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Nous examinons
présentement le bien-fondé de ces évaluations qui nous ont
été demandées. Je dois dire au député que,
dans la mesure où les ministres titulaires des différents
ministères évalueront qu'il est dans l'intérêt ou,
à l'opposé, au désavantage du ministère
concerné de modifier les structures ou les organismes qui existent
présentement, c'est le ministre qui en fera la recommandation
finale.
M. Rochefort: Pour l'instant, la ministre n'a pas de
précisions à nous donner quant aux organismes qui font l'objet de
réflexion de sa part'
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le député.
M. Rochefort: M. le Président, non, je suis aussi bien
d'aborder... J'imagine que le
Conseil des affaires sociales et de la famille fait partie du programme
9, que c'est dans les crédits du programme 9, sauf erreur.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il est dans ces crédits.
Conseil des affaires sociales et de la famille
M. Rochefort: J'aurais quelques questions concernant cet
organisme. Quels sont les mandats qui ont été confiés au
conseil par la ministre depuis son entrée en fonctions?
Mme Lavoie-Roux: Dans le moment, il y a un seul mandat qui a
été confié d'une façon particulière.
Excusez-moi, d'abord, pour ceux qui ne la connaîtrait pas - il y a
beaucoup de nouveaux députés - le Dr Blanchet est la
présidente du Conseil des affaires sociales et de la famille, qui est un
organisme institué... Je l'ai toujours connu comme existant depuis... Il
a suivi de très près...
Mme Blanchet (Madeleine): En 1970.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est cela. Cela a accompagné la
réforme des affaires sociales. Pour revenir à votre question
précise, le mandat que je lui ai confié est la promotion de la
santé et d'abord une évaluation des programmes de promotion de la
santé dans les entreprises privées et une accentuation de cette
promotion. C'est le mandat que nous lui avons confié il y a environ deux
mois, n'est-ce pas, Mme la présidente? Je ne sais pas si Mme Blanchet
voudrait ajouter quelque chose?
Mme Blanchet: Dans le cadre de ce mandat, il nous a paru, faisant
suite à d'assez nombreux travaux qui avaient été entrepris
par le conseil au cours des trois ou quatre dernières années,
traitant à la fois de l'état et proposant des objectifs de
santé... Alors, nous en étions rendus è proposer des
objectifs de santé et des stratégies de promotion de la
santé.
L'une des stratégies qui ont retenu l'attention de la ministre
était de voir si, dans les entreprises, donc dans le privé, il
serait possible d'accentuer les programmes de promotion de la santé. On
a déjà de nombreux exemples de ce qui se fait aux
États-Unis, et l'un des bénéfices marginaux de cela
pourrait être, éventuellement, des diminutions des coûts.
Nous sommes en train d'examiner la question des coûts et des
bénéfices de ces programmes.
M. Rochefort: Est-ce là, M. le Président,
l'essentiel des activités du conseil ces temps-ci ou y a-t-il d'autres
projets de
recherche ou de réflexion qui sont en cours? Si oui, est-ce qu'il
serait possible de nous en faire une certaine énumération?
Mme Lavoie-Roux: Je demanderai au Dr Blanchet de
compléter. Je pense que les activités du conseil, disons durant
les deux ou trois dernières années, ont été
axées davantage sur la promotion de la santé. On sait que le
Conseil des affaires sociales a produit, par exemple, Objectif: santé,
je pense, il y a peut-être deux ou trois ans, le temps passe tellement
vite...
Mme Blanchet: À l'automne 19B4.
Mme Lavoie-Roux: ...a l'automne 1984, alors cela fait deux ans et
quelques mois. Plus récemment, le conseil a rendu publics des documents
extrêmement intéressants sur le tabagisme, l'alcoolisme, la
toxicomanie et sur...
Mme Blanchet: L'alimentation et l'activité physique.
Mme Lavoie-Roux: ...l'alimentation et l'activité physique.
II a même produit un vidéo qui a été
présenté à Radio-Québec...
Mme Blanchet: Dans le cadre de l'émission
Téléservice. C'est une campagne que nous avons appelée le
Virage santélogique et, grâce à la collaboration de
Radio-Québec, c'est quelque chose qui a été très
peu coûteux puisque le temps d'antenne a été fourni
gratuitement. Je dois - si vous me permettez un petit aparté - retourner
demain soir à Radio-Québec pour parler des retombées de
cette campagne, lesquelles sont extrêmement intéressantes a la
fois dans les entreprises et dans le milieu scolaire.
Pour répondre à votre question, M. le député
de Gouin, je pense que beaucoup de nos mandats actuels, et c'est
peut-être la raison pour laquelle la ministre ne nous en a pas
donné un très grand nombre encore de supplémentaires,
résultent d'actions qui avaient déjà été
entreprises et qui étaient en cours et qui ont, tout simplement,
été poursuivies. À partir des documents, je voudrais
souligner que le conseil peut, de son propre chef, en dehors des mandats qui
sont donnés par la ministre ou le ministre, également produire
des avis. Le conseil a estimé judicieux de produire des avis sur les
quatre domaines de la promotion de la santé. Nous avons quelque chose
qui est en cours actuellement au niveau de la rédaction d'avis sur
l'alimentation, l'activité physique.
Également, il y avait quelque chose qui était
déjà en cours qui traite et qui va traiter des problèmes
de la jeunesse québécoise en rapport avec les aspects familiaux,
les problèmes que nous connaissons dans notre société, qui
sont le fait d'une adolescence tourmentée mais qui sont
spécialement difficiles à l'heure actuelle, et les effets de cela
sur la famille. Il ne faut pas oublier que le conseil a, en ce moment, un
mandat du côté de la famille et que nous avons continué des
activités.
Également - j'en avais fait part à Mme la ministre, qui a
bien voulu que nous continuions ce dossier qui devait être terminé
- nous préparons quelque chose sur la douleur chronique, un
phénomène qui est largement sous-estimé dans notre
société. Nous pensons pouvoir publier cela au tout début
de l'automne.
Mme Lavoie-Roux: J'ajouterais, M. le Président,
qu'aujourd'hui a été rendu public le rapport de consultation sur
la politique familiale. Évidemment, il ne s'agit pas de recommencer des
études, mais nous allons quand même devoir, en tant que
gouvernement, formuler une politique qui deviendra une politique
gouvernementale à partir du contenu de ce rapport. Je n'ai pas eu le
temps d'en causer avec Mme la présidente. J'espère que, sur ce
rapport de consultation, elle nous fera parvenir, dans un délai qui ne
se voudra pas trop long, un avis du conseil sur le contenu du rapport.
M. Rochefort: M. le Président, quant au volet de la
politique familiale, responsabilité qui est confiée à la
ministre, j'ai l'intention de venir, tantôt, avec une série de
questions. Je prends bonne note de la dernière réponse de la
ministre.
M. le Président, une question un peu plus générale
que je voudrais adresser à la ministre. Je crois qu'il faut
reconnaître que le Conseil des affaires sociales et de la famille a
réalisé des travaux extrêmement importants et qu'on peut
considérer majeurs sur l'ensemble des questions qu'il a abordées
jusqu'à maintenant. (22 h 30)
Beaucoup d'énergie, beaucoup de ressources, beaucoup de nos
meilleurs cerveaux ont été mobilisés autour de ces
différentes recherches. Des rapports accessibles et très bien
rédigés ont été soumis par le conseil. C'est un
jugement général que je porte sur tous ceux et celles qui ont
occupé le fauteuil que vous occupez, Mme la ministre, depuis la
création du conseil en 1970. Je suis un peu partagé quant
à l'utilisation que font les gouvernements et les ministres des dossiers
qui nous sont soumis par le Conseil des affaires sociales et de la famille. Je
crois qu'il y aurait lieu de faire une certaine réflexion quant à
un certain nombre de mécanismes de suivi ou de suite à donner
à l'ensemble de ces réflexions ou de ces recherches qui sont
faites.
Il y a un bon nombre de dossiers, que je cannais plus, qui ont
été réalisés au cours
des deux, trois ou quatre dernières années, pour lesquels
on sent que cela a suscité un éveil, que cela a
créé une certaine sensibilisation, que cela a donné lieu
parfois à des programmes de promotion. Mais je pense qu'il serait
peut-être utile d'essayer de voir s'il n'y aurait pas moyen de tirer plus
et mieux profit de l'ensemble de ces études et de ces recherches pour
faire en sorte que celles-ci puissent, dans une plus grande mesure, orienter
les priorités gouvernementales en matière de santé et de
services sociaux.
Je ne sais pas si la ministre partage un peu ma réflexion. Je
pense qu'il faudrait essayer de voir dans quelle mesure, finalement, toutes ces
commandes que l'on donne, toutes ces recherches qui se font au conseil, on
pourrait mieux les utiliser pour qu'elles servent à plus de
réalisations concrètes que cela n'a été le cas
jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le
député de Gouin réfléchit à haute voix et de
façon très honnête parce que s'il y a peu de suivi qui a
été fait dans le passé, pour dix ans, en tout cas, cela
s'adresse à son gouvernement...
M. Rochefort: J'ai fait allusion à cela en disant depuis
1970. Je pense que ce n'est pas une question... En tout cas, abordez-la comme
vous voudrez, moi je l'ai abordée à ma façon.
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai dit que vous l'aviez fait d'une
façon honnête. Je ne vous ai pas fait de reproche. Mais je
voudrais vous dire tout de suite que j'ai fait un suivi dans les avis qui ont
été acheminés par le Conseil des affaires sociales et de
la famille, à plusieurs occasions.
Je vais en nommer deux en particulier; un premier en ce qui a trait
à des réflexions que j'ai eu à faire, par exemple, sur des
éléments de politique familiale. Parce que le conseil, à
plusieurs reprises, avait émis des avis sur des éléments
possibles d'une politique familiale mais qui n'avaient jamais eu d'écho.
Je peux vous dire que je m'en suis servie.
Également, en ce qui a trait à un document, que j'ai rendu
public il y a plus d'un an maintenant, sur les enjeux du réseau de la
santé et des services sociaux. C'est un document dans lequel j'ai
puisé à plusieurs reprises; par exemple, dans la série des
documents Objectif: santé. Ce qui, d'ailleurs, m'a fait penser que le
mandat qui avait été donné à la commission Rochon,
qui était un mandat d'enquête sur la santé et les services
sociaux connexes, si on le prenait au pied de la lettre ou tel qu'il
était exprimé, me semblait d'abord un mandat très large.
Je pensais que dans le document Objectif: santé, avec toutes les
études qu'il contenait et les données statistiques sur
l'état de santé des Québécois en
général, en comparaison avec les gens d'autres provinces, on
avait déjà un bon bilan de santé.
Je conviens avec le député que, dans la mesure où
ces avis peuvent être utiles, on doit s'en servir. Pour ma part - Mme la
présidente se le rappellera sans doute -souvent, dans le passé,
c'était avec beaucoup d'intérêt que je lisais les rapports
du Conseil des affaires sociales et de la famille.
M. Rochefort: Je comprends la réponse de la ministre, M,
le Président. Je ne doute pas du contenu de sa réponse. J'ai le
goût de dire qu'on a peut-être plus de temps quand on est dans
l'Opposition pour...
Mme Lavoie-Roux: Faire le suivi.
M. Rochefort: ...prendre connaissance et approfondir et essayer
de donner des suivis. Mais je pense que c'est plutôt quand on est au
gouvernement qu'on peut vraiment poser des gestes concrets qui découlent
de ces choses. C'est simplement une invitation que je lance à la
ministre. Je pense que...
Mme Lavoie-Roux: Ma réponse, c'est que, à ce
moment, cela a été relativement difficile de faire un
suivi...
M. Rochefort: Ha!...
Mme Lavoie-Roux: ...étant au gouvernement depuis quatre
mois.
M. Rochefort: Je sais que la ministre va être là
pour au moins un an encore, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a des possibilités. Il reste
que j'ai indiqué cela pour montrer mon intérêt
vis-à-vis des études sérieuses faites par le conseil.
M. Rochefort: Cela va, M. le Président, en ce qui me
concerne. Pour ne pas fermer un programme et me faire dire, par la suite, que
ce dont je voulais parler était dans ce programme, j'aimerais aborder un
bon nombre de questions concernant les responsabilités de la ministre eu
égard au dossier de la famille. Est-ce que cela doit être fait
dans le programme 9, ou peut-on faire cela à part
spécifiquement?
Mme Lavoie-Roux: On peut le faire à part. C'est M. le
président qui le décide.
M. Rochefort: C'est seulement pour les fins d'adoption.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas
d'objection. J'avais également des questions à poser sur les
politiques de la famille.
M. Rochefort: C'est juste pour des fins d'adoption des
programmes. Je n'ai pas de...
Le Président (M. Bélanger): On peut adopter le
programme et revenir. Mais, avant de décanter quelques questions, est-ce
qu'il y a d'autres questions qui iraient dans le programme 9, Direction et
gestion, en ce qui concerne les crédits?
Je me permettrais un commentaire à la suite d'une remarque de M.
le député de Gouin, tout à l'heure, sur la nomination du
nouveau sous-ministre. Je suis rassuré au moins à 50 %, puisque
antérieurement - ce n'est pas un jugement que je porte sur l'ancien
sous-ministre, si j'ai bonne souvenance, il venait du MLCP; c'était
inquiétant à 100 % a son arrivée. Je sais que l'actuel
sous-ministre avait déjà un vécu reconnu et
apprécié d'un ministère et je pense qu'il sera à la
mesure des attentes que les gens ont placées envers lui.
J'aurais également une question, Mme la ministre, sur les
cabinets. Il y a eu beaucoup de publicité de faite autour de cela, sur
la diminution des cabinets et sur la non-diminution des cabinets. Est-ce qu'on
pourrait savoir ce qu'il en est dans le cas de votre présent
cabinet?
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de mon présent cabinet?
Le Président (M. Bélanger): Oui. On dit qu'ils ont
été diminués, qu'il y a eu des coupures. Est-ce que - par
rapport au budget qui a été attribué l'an dernier pour la
composition de votre cabinet politique - vous avez, cette année, la
même enveloppe ou une enveloppe diminuée?
Mme Lavoie-Roux: C'est une enveloppe qui est de même
nature, sauf que j'ajoute que normalement, si nous avions appliqué les
mêmes normes que l'ancien gouvernement, j'aurais probablement eu... Si on
regarde uniquement le cabinet du ministre en ce qui concerne la politique
familiale, il y avait huit personnes, dont cinq attachés politiques.
Dans le cas du responsable des relations avec les citoyens et de l'Office des
personnes handicapées, qui était au moins la moitié de ce
ministère, on y retrouvait seize personnes. Coupons en deux pour
être équitable. C'est encore huit personnes de plus. Donc, je me
serais retrouvée avec un personnel passablement plus élevé
vu les responsabilités additionnelles qui m'ont été
confiées.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Sur
le programme 9, Direction et gestion, est-ce qu'on peut considérer les
crédits comme adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Je vous
remercie. M, le député de Gouin, vous manifestiez l'intention de
parler de la politique familiale.
Politique familiale
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Comme la ministre
vient justement de le dire, le gouvernement précédent avait
choisi de nommer un ministre à plein temps pour s'occuper du dossier de
la politique de la famille. Bon nombre d'organismes familiaux ont fait des
représentations, ont manifesté une certaine insatisfaction, non
pas quant à la personne qui s'était vu confier le dossier de la
famille après le 12 décembre dernier, mais quant au fait que ce
n'était plus un ministre à plein temps qui avait cette
responsabilité à l'intérieur du gouvernement du
Québec.
J'aimerais, M. le Président, que la ministre nous dise un peu
comment elle compte assumer sa responsabilité de ministre responsable de
la famille è l'intérieur de son gouvernement, comment elle
conçoit son rôle de ministre de la famille à
l'intérieur du gouvernement actuel.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le premier ministre m'a
demandé d'assumer la responsabilité de la politique familiale ou
du Secrétariat de la politique familiale, d'abord pour deux raisons:
premièrement, parce que c'était un dossier qui m'avait
été confié à titre de porte-parole de l'Opposition,
eu égard a la famille; deuxièmement, à cause de mon
intérêt continu pour toute la question de la politique familiale.
Je pense que les organismes familiaux - et ils ont peut-être
indiqué pour cela qu'ils n'en avaient pas contre la personne, comme
vient de le signaler le député de Gouin - savaient fort bien que
mon intérêt avait été constant, eu égard
à la politique familiale.
Je pense, M. le Président, que dans le moment, jusqu'à
maintenant, dans les quelques mois que j'ai eus, j'ai rempli les
responsabilités qui, normalement, devaient être les miennes. Il
faut bien se rappeler qu'il y avait eu un ministre responsable de la Politique
familiale qui a été nommé quelques mois avant les
élections même si l'ancien gouvernement s'était
engagé durant les élections de 1980 à faire de la
politique familiale une de ses priorités. Ce n'est qu'après que
ces quatre ans de mandat habituel ou normal ont été
complétés qu'on a nommé un ministre responsable de la
Politique familiale. Dans le moment, les activités du secrétariat
ont été concentrées autour de la consultation et de
l'élaboration du rapport dont le secrétaire
délégué a été responsable au premier chef.
Nous venons de recevoir des recommandations quant à une structure
possible. Il y a plusieurs
recommandations de faites. En temps et lieu, nous verrons... Je pense
que le premier mandat qui m'incombe - c'est comme cela que je le vois - est de
donner une suite à ce rapport par des recommandations au Conseil des
ministres quant à la forme plus finale, la structure plus permanente qui
devrait exister. S'il s'agit d'une autre structure parce que je pense qu'on a
recommandé aussi de nouveau la possibilité d'un
secrétariat à la famille... Enfin, nous allons nous pencher
là-dessus. Mon premier mandat, à ce moment-ci, consiste à
analyser le rapport, à demander conseil et à présenter des
recommandations au Conseil des ministres quant à ce que devrait
être le contenu d'une politique familiale. Je pense que c'est le mandat
le plus immédiat. Le deuxième est, par exemple, de faire des
représentations touchant la famille; il y a eu peu de projets de loi
mais, s'il devait y en avoir, de faire part aux autorités
concernées des conséquences pour la famille.
Alors, à ce moment-ci, je pense que c'est, en plus,
évidemment, de travailler en collaboration avec les gens du
secrétariat pour la mise en place des mesures éventuelles qui
seront adoptées par le gouvernement. (22 h 45)
M. Rochefort: M. le Président, donc si je comprends bien
la réponse de la ministre, d'une part, elle nous indique,
évidemment comme ministre responsable du dossier de la famille, qu'elle
sera au premier chef responsable du suivi è donner au rapport - et on y
reviendra tantôt, j'ai des questions sur ces dimensions de sa
responsabilité - et donc elle assumera le leadership au sein de son
gouvernement quant à l'élaboration de cette politique de la
famille.
Mme Lavoie-Roux: Absolument.
M. Rochefort: Mais, deuxièmement, elle nous dit aussi
qu'au fond elle reconnaît sa responsabilité - si vous me passez
l'expression pour parler en jargon - sur l'appareil, elle a une
responsabilité horizontale quant aux actions de l'ensemble de ses
collègues qui affectent d'une façon ou de l'autre la famille au
Québec et qui ont des conséquences sur la politique familiale
actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Pas simplement des politiques mais des actions
qui peuvent avoir des répercussions sur les familles.
M. Rochefort: Comment la ministre est-elle "instrumentée"
pour assumer ce volet de sa responsabilité? J'ai souligné dans
mes remarques d'introduction que la ministre ne préside plus le
Comité ministériel permanent du développement social.
Est-ce que la ministre a un lieu autre que celui du Conseil des ministres? Par
exemple, est-ce qu'il y a un genre de comité interministériel
où l'ensemble des membres du Conseil des ministres qui interviennent sur
des questions touchant la famille doivent présenter leurs dossiers?
J'imagine que c'est le cas au secrétariat, mais est-ce qu'il y a des
réunions de l'ensemble de ces ministres où des recommandations
sont faites par un comité interministériel au Conseil des
ministres quant è des actions sectorielles qui touchent la famille?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Dans le moment, au gouvernement, il n'y a
pas de comité de priorités. Nous cheminons nos dossiers...
M. Rochefort: II n'y a pas de comité de
priorités?
Mme Lavoie-Roux: ...par l'intermédiaire... Il y a le
comité - moi je connais le mien très bien - le comité
permanent pour le développement social et culturel. Il est exact que je
n'en suis pas la présidente, c'est le ministre de l'Éducation qui
a certainement, je ne dirai pas une place prioritaire, mais qui dans l'ordre
des choses est plus naturellement le président du comité du
développement social et culturel. Mais le président est celui qui
préside, il ne faut pas y attacher un pouvoir magique non plus.
Tous les dossiers cheminent à travers ce comité avant
d'être acheminés au Conseil des ministres et même au besoin,
dans le cas de dossiers qui auraient des volets qui toucheraient d'autres
comités, par exemple, nous pouvons également nous
présenter devant les autres comités interministériels et
même économiques et faire valoir nos points de vue sur un dossier,
avant même de l'acheminer au Conseil des minitres. Alors, il y a
certainement là un moyen privilégié de faire valoir nos
points de vue en ce qui a trait à des politiques ou des actions touchant
la famille.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: J'aurais juste une information très pertinente
à la joie des familles, c'est que le Canadien vient de remporter le
match 2 à 1 contre les Whalers.
M. Rochefort: Je suis heureux de voir qu'il s'agit d'un
député montréalais qui souligne la chose. J'aurais
apprécié que ce soit un député de Québec qui
le souligne, mais évidemment...
Une voix: On ne se mêle plus de cela.
Le Président (M. Bélanger): Ils en font leur deuil.
Le Canadien a gagné 2 à 1.
Mme Lavoie-Roux: 2 à 1?
Le Président (M. Bélanger): 2 à 1,
oui.
M. Rochefort: Je ne sais pas si cela aura des effets sur la
famille au Québec, mais...
Mme Lavoie-Roux: Apparemment, cela fait partie des loisirs
familiaux.
M. Rochefort: Je vois que la ministre assume vraiment de
façon très large son mandat.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je devrais dire...
Le Président (M. Bélanger): Après tous les
forums...
Mme Lavoie-Roux: À 22 h 58, je pense que je pourrais
peut-être me permettre de dire au député de Gouin qu'il y a
un chapitre important dans le rapport sur la consultation familiale qui
touche...
M. Rochefort: Les loisirs?
Mme Lavoie-Roux: ...les loisirs de la famille. Je dois vous dire
que la dernière fois que je suis allée - cela ne m'arrive pas
souvent, une fois par dix ans, mais c'est tout récemment, à une
partie au forum, j'ai pu observer, et c'est peut-être ce qui m'a
amusée davantage, tous les petits bouts de choux avec les parents. Cela
semblait être une des activités familiales de loisir.
M. Rochefort: Merci. Alors donc, si on revient à nos
loisirs de parlementaires, la ministre considère qu'elle est bien
"instrumentée" pour commenter et faire des recommandations au Conseil
des ministres sur l'ensemble des actions que ses collègues posent et qui
ont des conséquences sur la famille.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, bien "instrumentée", je
pense que ce à quoi j'ai répondu, c'est qu'on sait fort bien que
le secrétariat de la famille n'est quand même pas un organisme
avec des ressources très développées. Je pense que c'est
un noyau en place qui était précurseur d'une politique
éventuelle de la famille. Mais ce que je dis, c'est qu'il y a des canaux
de communication qui nous permettent de faire valoir des points de vue à
d'autres collègues du Conseil des ministres.
M. Rochefort: Merci. Si on revient justement à l'autre
volet de la responsabilité de la ministre qui est celui de
l'élaboration de la politique familiale, un rapport important a
été déposé aujourd'hui par un comité de
consultation - on l'appelle comme cela. Évidemment, je m'aperçois
que la ministre a au moins une bonne longueur d'avance sinon deux sur moi,
parce que je n'ai pas eu le temps de l'ouvrir mais je l'ai vu. Il y a une belle
photo de couverture. Cela semble un rapport intéressant. J'ai
jeté un coup d'oeil sur la table des matières, mais je ne suis
pas allé plus loin que cela à l'heure du souper. Cela fera partie
de mes loisirs, j'imagine, de la prochaine fin de semaine.
Mme Lavoie-Roux: Ce seront peut-être des loisirs
reposants.
M. Rochefort: Oui, j'imagine bien. Sauf que...
Mme Lavoie-Roux: C'est plus facile que la lecture des
propos...
M. Rochefort: Complétez votre phrase. La lecture des
discours de...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien dit de plus...
M. Rochefort: On ne lui dira pas. Mais je suis d'accord avec vous
par contre. On s'entend bien...
Mme Lavoie-Roux: Mais selon la description que vous m'en avez
faite et l'émotion avec laquelle vous l'avez cité à
maintes reprises...
M. Rochefort: Ah! Je vous le dis: II faut le lire. Je suis
très sérieux, M. le Président. Je recommande à la
ministre, comme à l'ensemble des députés de ta
majorité ministérielle, de lire ce discours, parce qu'on a
là les orientations fondamentales, semble-t-il, du gouvernement. Alors,
c'est important de savoir...
Une voix: C'est bon?
M. Rochefort: Je ne vous dis pas s'il est bon ou non. Ce sont les
Québécois qui vont juger de cela dans quatre ans.
Donc, le rapport a été déposé aujourd'hui.
J'aimerais savoir un peu quel est le suivi que la ministre entend donner
à ce rapport maintenant qu'on l'a. Comme gouvernement, j'ai compris
tantôt que la ministre a donné un mandat à Mme la
présidente du Conseil des affaires sociales et de la famille de lui
préparer un rapport ou une étude ou une évaluation...
Mme Lavoie-Roux: Eh bien, écoutez...
M. Rochefort: ...du rapport de consulation qui a
été déposé aujourd'hui. Est-ce que d'autres suivis
seront donnés au
niveau gouvernemental? Deuxièmement, quels sont les suivis qui
seront donnés à ce rapport avec l'ensemble des intervenants?
Parce que, pour reprendre l'expression d'un certain nombre de personnes avec
qui j'ai eu des conversations depuis un certain temps, pour bon nombre d'entre
elles, cela commence aujourd'hui pour vrai.
Donc, j'aimerais connaître les suivis qu'on donnera à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental. On a fait allusion à
un, tantôt. J'aimerais connaître aussi les suivis avec l'ensemble
des intervenants. Quels seront-ils? Comment la ministre entrevoit-elle
cela?
Mme Lavoie-Roux: Très sérieusement, on sait que les
organismes familiaux, depuis au moins quinze ou vingt ans, ont travaillé
très fort pour que le gouvernement "accouche", entre guillemets, d'une
politique familiale. Ils ont été déçus à
plusieurs reprises, parce qu'ils ont présenté rapport
après rapport; il y a eu des consultations informelles, plus formelles,
moins formelles, etc. Des avis, je le mentionnais tout à l'heure,
avaient déjà été donnés par le Conseil des
affaires sociales et de ta famille.
Finalement, il y avait eu une légère -je suis très
gentille - déception de la part des organismes familiaux quand its ont
vu qu'on repartait en consultation, alors qu'ils avaient l'impression qu'ils
avaient donné à de multiples reprises toutes les recommandations
qu'ils avaient à faire sur le sujet. Il reste que, finalement, cela se
concrétise aujourd'hui.
Or, si je fais rapidement cet historique, c'est que, pour ma part, en
tout cas, je souhaite que les choses ne traînent pas. D'une part, je
mentionnais tout a l'heure que j'imaginais que le Conseil des affaires sociales
et de la famille en prendrait certainement connaissance rapidement. Je ne leur
demanderai pas de faire une étude; il faudrait peut-être
s'entendre sur le mot "étude". Je ne voudrais pas qu'on reparte dans les
études, les consultations sur ce qui serait la politique
gouvernementale. J'espère que je pourrai assez rapidement en saisir le
Conseil des ministres, à travers tous les dédales dont j'ai
parlé tout à l'heure, parce qu'il y a des volets qui vont toucher
différents comités interministériels. De toute
façon, je souhaiterais le faire assez rapidement pour ne pas encore
faire attendre tous les organismes familiaux et, je dirais, la
société québécoise en général qui
espère qu'enfin un gouvernement va adopter une politique.
Il y a des données dans le rapport de la consultation, par
exemple, en ce qui touche la fiscalité des familles, et certaines
mesures qui ont été fouillées beaucoup plus à fond
qu'elles ne l'avaient été autrefois je pense, qui devraient aider
aussi à prendre des décisions. Il restera, après cela,
à l'acheminer au Conseil des ministres. Il y aura l'avis, mais aussi des
décisions politiques à prendre; alors, il est fort possible que
je demande à un certain nombre de mes collègues de se pencher sur
les recommandations du rapport et, également, que je fasse appel
à quelques personnes de l'extérieur pour réexaminer les
recommandations du rapport et, à partir de tout cela, essayer
d'esquisser et de présenter au Conseil des ministres non seulement les
éléments, mais ce qui pourrait être le contenu d'une
politique gouvernementale en matière de la famille au Québec.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Pour le volet
gouvernemental, cela peut aller, mais, quant à l'association de tous les
intervenants, de l'ensemble des organismes -je le répète, pour
bon nombre d'entre eux, cela commence aujourd'hui pour de vrai, et ils
souhaitent être partie prenante au processus de décision qui va
nous mener a une politique familiale québécoise - est-ce que la
ministre a des idées là-dessus? Va-ton prendre une
décision prochainement quant à la forme que prendra l'association
des intervenants, quant au suivi à donner au rapport
déposé aujourd'hui?
Mme Lavoie-Roux: Oui, eh bien, écoutez. Je pense, à
moins que je ne me trompe - je suis certaine qu'ils me le feront savoir
entre-temps, mais je n'ai pas eu d'indication dans ce sens-là - que ce
que les organismes familiaux attendent, c'est que le gouvernement prenne
position sur une politique gouvernementale. Ce que je crois comprendre des
commentaires du député, c'est à savoir si, de nouveau, on
devrait les associer à un autre processus de consultation, etc. Je ne
voudrais pas et je ne crois pas que les organismes familiaux veuillent
entrer-dans une nouvelle ronde de consultations. À moins que je n'aie
mal saisi le député, c'est ce que j'ai cru comprendre.
M. Rochefort: M. le Président, je ne dis pas que tout le
monde veut repartir à zéro et refaire une nouvelle ronde de
consultations, bien au contraire, sauf que j'imagine qu'entre le
dépôt d'un rapport par un comité de consultation et la
décision du gouvernement de déposer à l'Assemblée
nationale une politique familiale, donc quelque chose qui est un livre blanc au
minimum, l'ensemble des organismes souhaite au moins avoir son mot à
dire. Il ne s'agit pas uniquement de consultation, mais de dire: Oui, on pense
que dans le rapport c'est cela, cela et cela qui devrait être
privilégié et la priorité devrait être
accordée à tel, tel, tel volet. (23 heures)
Prenons cela autrement, M. le
Président. Je suis certain, pour avoir conversé avec un
certain nombre d'entre eux, qu'ils ne souhaitent pas qu'on leur dise: Bon,
maintenant, on a reçu le rapport, attendez-nous, on va faire nos travaux
à l'interne et, un matin, on va vous déposer notre livre blanc et
vous direz ce que vous en pensez. 3e caricature sciemment, mais je pense que la
ministre a raison. Ils ne veulent pas qu'on reprenne tout un processus long,
large et profond de consultations, il y en a une bonne partie qui a eu lieu;
mais je pense que, en même temps, ils veulent non pas être sortis
du dossier jusqu'à ce que la politique soit déposée, mais
être en mesure de donner leur point de vue, de poursuivre, de
compléter le travail amorcé à partir de ce document qui,
là, devient, disons donc, un document préalable à
l'élaboration, je le répète, d'un document qui
ressemblerait plus à un livre blanc, j'imagine.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne voudrais pas, ce
soir, sceller dans le ciment ce que pourrait être mon approche en
égard à l'élaboration et à l'adoption de cette
politique par le gouvernement. C'est évident que ce ne sera pas
fait...
M. Rochefort: En vase clos.
Mme Lavoie-Roux: ...en vase clos, mais je ne voudrais surtout pas
laisser l'impression que... Je pense que le député l'a bien
saisi: il n'y a rien qui empêche des contacts informels. Je suis
sûre que, à un moment ou à un autre, à une
étape ou à une autre, les gens pourront réagir à la
politique gouvernementale.
M. Rochefort: M. le Président, lors de la consultation qui
a mené au document qui a été déposé
aujourd'hui, le gouvernement avait accordé une subvention au
Regroupement inter-organisme pour une politique familiale. Comme le document a
été déposé, évidemment, la subvention est
tombée. Toutefois, justement dans le sens des représentations que
je viens de faire, je crois qu'il est souhaitable et utile que ce regroupement
soit maintenu en vie parce que cela fait un interlocuteur pour la ministre,
pour le gouvernement, qui peut participer à des discussions dans les
suites qui devront nous mener à ce document qui constituera la politique
familiale du Québec. En ce sens, je voudrais savoir si la ministre a
l'intention de répondre favorablement à la demande de subvention
qu'il a déjà soumise ou qu'il est sur le point de soumettre, pour
continuer d'avoir un certain nombre de ressources qui lui permettra de
poursuivre le travail amorcé au moment de la consultation.
Mme Lavoie-Roux: II avait eu, l'an dernier, une subvention de
l'ordre de...
M. Rochefort: 65 000 $.
Mme Lavoie-Roux: ...65 000 $, dans le budget
discrétionnaire du ministre. C'est un montant qui avait
été accordé pour une seule année. À l'heure
actuelle, nous examinons la demande et nous verrons en temps et lieu ce que
nous ferons.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que la ministre
compte, à un moment donné, associer le Parlement,
l'Assemblée nationale, à l'élaboration de la politique
familiale? Par exemple, est-ce que la ministre a l'intention de demander au
leader du gouvernement ou à la commission des affaires sociales de se
réunir pour discuter du document qui a été
déposé aujourd'hui, afin de permettre à l'ensemble des
parlementaires d'avoir une contribution, de participer? Je pense qu'il faut
s'assurer que le processus nous permettra d'arriver à une politique qui
soit vraiment bien représentative et qui, dans la mesure du possible,
sera l'objet d'un consensus. En conséquence, est-ce que la ministre a
l'intention, sous une forme ou sous une autre, d'associer l'Assemblée
nationale, d'associer le Parlement, à l'élaboration de la
politique familiale?
Mme Lavoie-Roux: À tout ce qui permettrait d'enrichir la
politique gouvernementale qui pourrait éventuellement être
adoptée par le gouvernement, je pense que je n'ai pas d'objection de
principe au départ, bien au contraire. Par contre, tout processus qui
pourrait simplement retarder l'adoption d'une politique gouvernementale qui, en
fin de compte, devra être adoptée par le gouvernement et devra
être la politique gouvernementale, je pense que j'aurai beaucoup
d'hésitation à utiliser ce type de processus. Alors, il n'y a
rien d'arrêté au moment où je vous parle. Mais je pense que
ce sont deux critères qui vont me guider dans l'utilisation soit des
formes de consultation ou des formes de participation et ainsi de suite. D'une
part, à ce qui peut être de l'enrichissement, bravol Par contre,
ce qui peut amener des retards... M. le Président, il ne faut pas
oublier, et je le disais tout à l'heure, cela fait 15 ans, sinon 20 ans
que tout le monde attend. À un moment donné, il faut que
quelqu'un prenne ses responsabilités. Alors, je n'exclus pas une chose
ou l'autre. Mais je veux m'assurer que ce soit au bénéfice de
l'objectif que nous voulons atteindre.
M. Rochefort: En conclusion, M. le Président, est-ce que
la ministre a l'intention, sous une forme ou sous une autre, au minimum,
d'informer officiellement les membres de l'Assemblée nationale des
suites qu'elle entend donner au dépôt du rapport qui a
été fait aujourd'hui, quand son
idée sera faite sur la façon de procéder?
Mme Lavoïe-Roux: Je pense que j'ai déjà
donné passablement d'indications. Je vais obtenir certains avis. Je
pense qu'il y a des décisions politiques à prendre. Au plan
politique, il faut faire une "analyse", entre guillemets des recommandations.
Ensuite, il y aura l'élaboration d'une politique qui suivra le
cheminement habituel.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, le Regroupement
inter-organismes pour une politique familiale a fait parvenir au premier
ministre, député de Saint-Laurent, une demande de participation
à un dîner qui s'appelle le dîner des 100 présidents
et présidentes. Ce dîner permettrait au premier ministre de venir
prendre la parole sur le sujet suivant: Le développement
économique et le développement d'aide sociale en cette fin de la
décennie des années quatre-vingt et le premier ministre pourrait
y aborder l'ensemble des questions qui intéressent les organismes
familiaux du Québec.
On nous indique que la réponse qui aurait été
fournie - mes informations datent d'à peu près vendredi dernier -
au cabinet du premier ministre serait: Le premier ministre a eu 300 invitations
au cours de ia période prévue. On l'avait demandé pour fin
avril 1986, mais j'imagine que ce ne sera pas le cas.
J'aimerais savoir si la ministre est au courant de cette demande et si
elle a l'intention de faire des représentations auprès du premier
ministre pour qu'il participe à cette rencontre. Les organismes fondent
beaucoup d'attentes sur cette rencontre avec le premier ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président - le député
le sait, d'ailleurs - je ne suis pas au courant de l'agenda du premier
ministre. Je dois dire qu'il y a une partie du message que je n'ai pas saisie.
Mais je vais répéter et, si j'ai mal compris, vous me le direz.
Il l'ont invité, je pense, pour le 28 avril. Non, pas le 28 avril, nous
sommes au 1er mai. Â quel moment, M. le Président?
M. Rochefort: La demande a été envoyée en
mars. C'était d'ici la fin avril 1986, mais j'imagine que, si ce n'est
pas en avril, ce sera en mai.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, ce que je peux dire,
c'est que j'imagine que le premier ministre, avant d'aller faire un discours
sur des éléments de politique familiale, voudra quand même
avoir obtenu de la ministre responsable les premières observations ou
éléments de réponses possibles sur le rapport de la
consultation sur la politique familiale.
Ce n'est pas du tout par manque d'intérêt, bien au
contraire. Mais je pense que cela part d'un sain réalisme, si j'ai bien
compris l'objet de la demande, qu'on ait un peu fait le tour de la question
avant - que ce soit le premier ministre ou moi-même -de pouvoir s'avancer
un peu plus loin quant aux avenues qui pourraient être retenues par le
gouvernement.
M. Rochefort: Merci. Cela va, en ce qui me concerne.
Adoption des crédits
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur la politique de la famille? Nous sommes au terme des
travaux. Est-ce que l'ensemble des crédits du ministère de la
Santé et des Services sociaux, y compris ceux de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, sont adoptés?
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Mme la
ministre.
Conclusions
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comme nous avons
terminé nos travaux, avant de vous quitter j'aimerais d'abord, d'une
part, vous remercier de la façon dont vous avez assumé vos
responsabilités comme président. J'espère que nous n'avons
pas trop abusé de votre patience. Ce sont quand même de longues
heures. Je voudrais également remercier les députés des
deux côtés de la "Chambre" - entre guillemets - pour leur
collaboration, leur attention et l'intérêt qu'ils ont
montré tout au long de ces travaux. Je voudrais remercier d'une
façon particulière tous les fonctionnaires de mon
ministère qui m'ont appuyée de leurs lumières, de leurs
bons conseils et qui se sont montrés disponibles non seulement
aujourd'hui, mais également dans les travaux préparatoires
à cette commission. On sait qu'ils doivent faire le tour d'une
quantité importante de dossiers. Évidemment, ils ne viennent pas
tous à la commission parlementaire, mais le travail est là, je
dirais même que c'est un travail de plusieurs semaines, sinon des mois,
pour préparer ces crédits. Je veux les remercier bien
sincèrement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, c'est
à notre tour de souligner votre performance. Je pense qu'une
journée de treize heures de travail commencée à 10 heures,
c'est une somme colossale d'efforts, Vous êtes restée constamment
patiente et vous vous êtes soumise à toutes nos questions. Vous
avez tenté d'y répondre au
meilleur des informations que vous aviez et nous vous en savons
gré. Nous remercions aussi l'équipe de tous les fonctionnaires
qui ont participé aux travaux, ceux qui sont encore ici, ceux qui sont
venus en cours de journée ou hier. Je pense que leur présence est
très importante, cela nous donne des garanties d'efficacité au
niveau de la commission. Nous apprécions beaucoup cette
présence.
M. le député de Gouin, vous aviez un commentaire.
M, Rochefort: Oui, M. le Président. Moi aussi, je voudrais
remercier la ministre pour les échanges que nous avons eus au cours de
ces deux journées d'étude des crédits de son
ministère, lui dire que nous avons voulu aborder ces questions dans une
attitude positive et constructive. Je pense qu'elle a pu voir
l'intérêt que nous portons à ces questions. Je lui
réitère notre collaboration à chaque fois que ce sera
possible pour l'avancement de ce dossier dans l'intérêt de
l'ensemble de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Je veux aussi remercier
l'ensemble des collaborateurs de la ministre. Je sais, pour avoir
déjà vu cela de ce côté de la clôture, combien
de temps cela prend, combien d'heures et de semaines sont consacrées
à la préparation de l'étude des crédits. Je leur
dirai que, tout en reconnaissant qu'il s'agit là d'une somme
considérable d'heures et d'énergie qui sont consacrées
à cela, comme je le disais au début de l'étude de nos
crédits, je pense qu'il s'agit là d'une étape absolument
essentielle à l'intérieur du contrôle du législatif
sur l'exécutif et aussi à l'intérieur d'une
préoccupation de rigueur et de saine gestion de l'ensemble des fonds
publics. Je veux les remercier pour les heures qu'ils ont consacrées
à cette préparation et pour la collaboration très positive
qu'ils ont eue à l'ensemble des travaux que notre commission a
menés au cours de ces deux journées. On aura sûrement
l'occasion de poursuivre cela sur d'autres tribunes, dans d'autres forums, M.
le Président, avec la ministre. Je veux lui dire que je suis convaincu
que nous avons progressé dans notre connaissance mutuelle des dossiers
et des préoccupations de chacun d'entre nous. Je tire un bilan positif
de l'étude des crédits que nous venons de terminer.
Évidemment, j'attends avec intérêt, dans les délais
raisonnables, les documents que nous avons demandés pour nous permettre
d'approfondir un certain nombre de questions. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Nous ajournons les
travaux de la commission au mercredi 30 avril 1986, à 10 heures,
à la salle du Conseil législatif. Nous terminerons les
crédits de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
(Fin de la séance à 23 h 15)