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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales se réunit pour
procéder à une interpellation sur une question soulevée
par Mme la députée de Chicoutimi au ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu concernant les politiques
gouvernementales de main-d'oeuvre et de sécurité du revenu pour
les jeunes.
Mme la greffière, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Messier
(Saint-Hyacinthe) agira en remplacement de M. Assad (Papineau), Mme Blackburn
(Chicoutimi) en remplacement de M. Rochefort (Gouin) et M. Charbonneau
(Verchères) en remplacement de Mme Vermette (Marie-Victorin).
Le Président (M. Bélanger): Bien, on a le
consentement. Merci.
On connaît les règles de procédure,
c'est-à-dire que la règle d'alternance s'applique. Au
départ, le député de l'Opposition qui interpelle, en
l'occurrence Mme la députée de Chicoutimi, a dix minutes et le
ministre, dix minutes de réplique. Ensuite, le député
d'Opposition a cinq minutes; le ministre; cinq minutes; le député
ministériel, cinq minutes et ainsi de suite. À la fin, il y a une
période de vingt minutes qui est réservée automatiquement,
soit dix minutes au ministre et, en conclusion, dix minutes à Mme
l'interpellante.
Nous commençons. Mme la députée de Chicoutimi, je
vous cède la parole.
Exposé du sujet Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, le Parti libéral du
Québec célébrera bientôt, dans quelques jours, sa
première année d'élection à la direction du
gouvernement du Québec. Â la veille de ce premier anniversaire, il
nous est apparu utile de faire le bilan de ce qu'a fait le gouvernement pour la
jeunesse et d'essayer de voir ce que ce gouvernement réserve aux jeunes
pour les prochains mois.
Pour notre parti, le dossier jeunesse est un dossier majeur et toutes
les questions concernant les jeunes, qu'il s'agisse d'éducation, de
santé, de loisir, de logement, pour nous, ce sont des questions
importantes sur lesquelles nous avons à l'occasion, pour ne pas dire
maintes fois, attiré votre attention.
Cependant, le dossier majeur, c'est sans contredit le travail et la
sécurité du revenu. C'est un droit pour tous, c'est un droit pour
les jeunes. C'est un espoir pour les jeunes, espoir qui est devenu
malheureusement une désillusion, sinon un rêve, depuis
l'élection de ce gouvernement. C'est pourquoi, M. le Président,
nous avons choisi d'interpeller le ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu.
Quel est le bilan de ce qouvernement en matière d'emplois pour la
jeunesse. Selon les dernières données de Statistique Canada, la
situation de l'emploi chez les jeunes de 15-24 ans est assez frappante. Si l'on
compare les huit premiers mois de l'année 1986 aux huit premiers mois de
l'an dernier, on constate que le taux de chômage des jeunes est de six
points plus élevé que celui de l'Ontario. Ainsi, en Ontario, 12 %
des jeunes de 15 à 24 ans sont en chômage, alors qu'au
Québec, c'est une moyenne de 18 %, ce qui donne en Gaspésie et en
Abitibi 30 % et au Saguenay--Lac-Saint-Jean, 27 %.
Pour ce qui est des emplois à temps plein, c'est-à-dire
des véritables emplois, ceux qui permettent une injection réelle
dans l'économie, l'Ontario, toujours chez les jeunes, a
créé 12 000 emplois, alors qu'au Québec on en a perdu
3000. Si l'on reprend les chiffres qui proviennent du ministère du
Travail et qui ont été rendus publics en fin de semaine
dernière, on constate que la moitié des personnes au
Québec sont à la recherche d'un emploi et que 48,7 % ont moins de
30 ans.
Même Alain Dubuc, chroniqueur économique fort
respecté du journal La Presse, qualifie de passif le comportement
du gouvernement actuel à l'endroit du problème du chômage
en général. Pour étayer son propos, celui-ci donne en
exemple la création d'emplois en général au cours de
l'année 1985, soit sous le gouvernement du Parti
québécois, et au cours de l'année 1986 sous le
gouvernement du Parti libéral. Regardons donc les chiffres et ce qu'ils
nous disent. En 1985, il s'est créé au Québec 82 000
emplois nouveaux. Depuis l'arrivée des libéraux, soit
en 1986, il ne s'est créé que 12 000 emplois. Rappelons
les chiffres que je vous ai présentés précédemment:
de ces 12 000 emplois ou nouveaux postes, aucun n'est allé à la
jeunesse et, pis encore, c'est 33 000 emplois à temps complet qui ont
été perdus chez les jeunes. Pourtant, en campagne
électorale, les libéraux se présentaient comme les pros du
domaine économique et de la création d'emplois, et d'emplois
à temps plein, nous disait-on dans les comtés. On ne se
contenterait surtout pas d'emplois è temps partiel ou occasionnels.
Qu'est-ce qu'on constate aujourd'hui? Une perte d'emplois pour les
jeunes Québécois. La situation de l'emploi chez les jeunes
était difficile et ce, en raison de la crise économique qui a
frappé de front tous les pays industrialisés. Maintenant, depuis
l'arrivée au pouvoir des libéraux, alors qu'il y a une reprise
économique, les jeunes connaissent des pertes d'emplois réelles.
Pourtant, le gouvernement a en main les outils pour encourager la
création d'emplois et plusieurs de ces outils, d'ailleurs, sont entre
les mains du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu. C'est sur cette base, sachant qu'il existait au gouvernement des outils
permettant d'influencer positivement la création d'emplois, que les
libéraux ont créé ce qu'on pourrait appeler la liste
d'épicerie des promesses électorales. Un gouvernement du Parti
libéral se donnerait une politique de l'emploi. Promesse de mettre en
place une politique intégrée des ressources humaines, qui
permettrait de résorber le sérieux problème du
chômage chez les jeunes; promesse de créer des tables de
développement régional, auxquelles tables seraient invités
tous les intervenants socio-économiques des régions en vue de
trouver ensemble des solutions aux problèmes du chômage des
jeunes; promesse d'instituer des guichets uniques; promesse d'ouvrir le
marché de la construction aux jeunes.
Le projet de loi 119 qui a été déposé,
modifiant les relations du travail dans l'industrie de la construction, ne
contient aucune garantie pour les jeunes d'obtenir un emploi dans la
construction. La loi ouvre le marché à tous ceux qui ont les
compétences et ce, sans distinction. Aucune mesure concrète ne
vient accorder priorité d'embauché aux diplômés de
la construction. De plus, on laisse croire aux jeunes que cela créera de
l'emploi. Tout au plus, cela partagera l'emploi et les revenus
générés par ces emplois. Quand on sait que le revenu
annuel moyen des travailleurs de la construction se situe aux alentours de 18
000 $, on constate que ce n'est pas le pactole. Les jeunes, à la suite
des beaux discours de chacun des porte-parole libéraux, ont cru
sincèrement a la bonne foi de cette équipe. Ces professionnels de
l'économie sauraient régler le problème du chômage.
La priorité des priorités serait l'emploi et,
particulièrement, l'emploi chez les jeunes. M. Bourassa, en campagne
électorale, déclarait: 40 % de chômage chez les jeunes,
c'est inacceptable! C'est un drame national et la priorité des
priorités devrait être le travaill
La priorité de ce gouvernement: la privatisation et la
liquidation des sociétés d'État. Privatisation qui a des
effets sur les emplois. Il y a gros à parier que ces pertes d'emplois
touchent particulièrement les jeunes, puisqu'ils sont les derniers venus
dans ces entreprises. Il semble que ce gouvernement privatise, liquide,
rationalise, coupe, compresse, sans se préoccuper de l'effet de ces
actions sur l'emploi des jeunes. Un beau discours et, un an plus tard, des
reculs et ce, dans tous les domaines.
Ce gouvernement, après un an - on est obligé de le
constater - a abusé de la confiance des jeunes. Ce gouvernement les a
trahis. Tromper la confiance des jeunes, c'est déplorable, c'est honteux
et, je dirais, méprisable. Ensuite, on se surprendra que les jeunes
n'aient plus confiance aux politiciens, non plus qu'en la politique, non plus
qu'en leurs aînés.
Le plus gros cas de trahison, en fait, c'est certainement le dossier de
l'aide sociale, cette fameuse parité. Tout le monde s'en souvient
très bien. On nous disait qu'avec le Parti libéral le temps de la
discrimination eu égard à l'âge serait chose du
passé. Pourtant, un an plus tard, il n'en est rien. Non seulement les
jeunes n'ont toujours pas la parité tant promise, mais, en plus, ils
sont obligés quotidiennement de vivre dans un climat de peur et de
harcèlement, depuis que le gouvernement a intensifié son arsenal
de contrôle. Contrôle qui fait de tous, les jeunes comme les moins
jeunes, des fraudeurs potentiels.
On se serait attendu à une stratégie globale de
création d'emplois, à une vision d'ensemble. On se serait attendu
que le gouvernement libéral mette en place une multitude de mesures
intégrées les unes aux autres, qui auraient principalement comme
objectif la création d'emplois et, comme priorité, la
création d'emplois chez les jeunes.
Une politique intéqrée de l'emploi ne peut pas se faire
isolément et ne peut pas être abordée en vase clos. On se
doit d'analyser ce programme en perspective avec d'autres programmes, notamment
les politiques de sécurité du revenu, les politiques fiscales,
les politiques d'investissement du gouvernement. Pour ce qui est de l'aide
sociale, on lisait encore lundi dernier dans Le Devoir que, lors de son
passage au congrès de la commission jeunesse du Parti libéral, le
premier ministre affirmait que des mesures intermédiaires pourraient
être appliquées avant la mise en place de la
réforme de l'aide sociale. Il ajoutait même que l'une de
ces mesures pourrait être la parité des prestations de
bien-être social pour les moins de 30 ans.
Face à ces propos du premier ministre, le ministre peut-il nous
dire si, oui ou non, son gouvernement entend accorder, d'ici à la fin de
1986, la pleine parité aux moins de 30 ans. De quelle parité
s'agit-il? La parité conditionnelle ou inconditionnelle à la
participation des programmes de relèvement de l'employabilité.
Que prévoit-il pour les moins de 20 ans? Y aura-t-il des coupures de
prestations, comme le laissaient entendre certaines fuites rendues publiques au
cours de l'été, pour les jeunes résidant chez leurs
parents?
Voilà, M. le Président, en guise d'introduction, les
grandes questions qui se posent aujourd'hui non seulement pour les membres de
ma formation politique, mais également pour tous les jeunes du
Québec et pour leurs parents.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre, votre réplique.
Réponse du ministre M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de saluer la présence, en commençant, du
député de Saint-Hyacinthe et du député de
Taschereau qui m'assistent ici, ce matin, dans ce débat.
Nous sommes ici réunis pour discuter des politiques
gouvernementales de main-d'oeuvre et de sécurité du revenu pour
les jeunes et ce, à la demande, et je l'en remercie, de Mme la
députée de Chicoutimi.
Nous pourrions aborder cette discussion de diverses façons. Nous
pourrions en parler en termes philosophiques et faire de la haute voltige,
comme le faisait si souvent le gouvernement précédent. Cependant,
puisque Mme la députée a choisi de m'interpeller, c'est qu'elle
veut, je présume, que je réponde des faits et gestes que j'ai
posés ou que je m'apprête à poser comme ministre.
Donc, pour bien situer nos discussions, il ne serait pas superflu de
rappeler le mandat que la loi confie au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, un mandat en quatre volets: celui de proposer
et d'élaborer des politiques et des mesures concrètes en
matière de main-d'oeuvre, en matière d'emploi, en matière
de sécurité du revenu et en matière de conditions
minimales de travail. Ces quatre volets, est-il nécessaire de le
rappeler, s'appliquent à toute la population québécoise,
peu importe son âge, son sexe ou son statut.
Un de mes mandats est l'élaboration des conditions minimales de
travail, comme je viens de le souligner. À ce chapitre, dès mon
assermentation, j'ai décidé de m'attaquer au problème des
travailleuses et des travailleurs à faible revenu. Le gouvernement
péquiste, durant les quatre dernières années de son
mandat, avait abandonné ces personnes à leur sort en gelant le
taux du salaire minimum pendant plus de quatre ans.
Le 19 juin dernier, j'annonçais dans cette Chambre l'intention du
gouvernement de hausser le salaire minimum et d'abolir la discrimination
basée sur l'âge. Ainsi, te 1er octobre dernier, le salaire minimum
horaire est passé, pour l'ensemble de la société, de 4 $
è 4,35 $ l'heure; pour les jeunes de 3,54 $ à 4,35 $ l'heure, une
augmentation de 0,81 $ l'heure. Cette mesure, peut-on le nier, a eu un impact
sur l'ensemble des salariés à faible revenu et, plus
particulièrement, sur les jeunes. Voilà une politique qui, tout
en s'adressant è la population en général, a eu pour effet
de privilégier notre jeunesse québécoise parce que,
là aussi, le Parti québécois avait fait de la
discrimination.
Un autre volet de mon mandat est celui de la formation et de la
qualification de la main-d'oeuvre. Dans cet univers névralgique pour
notre avenir économique et l'avenir de notre jeunesse
québécoise, je peux souligner que le gouvernement
précédent a eu dix ans pour agir et que son bilan à cet
égard est très mince, sinon inexistant. Ce gouvernement, qui se
targuait de faire de la concertation, n'a jamais été capable de
s'assurer que le ministre de l'Éducation et celui de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu se concertent en vue d'élaborer
une politique de formation professionnelle.
Le développement économique du Québec des
prochaines années ne pourra se faire sans une main-d'oeuvre
qualifiée et compétente. Conscients des besoins de recyclage et
de formation de la main-d'oeuvre, avec toute la collaboration de mon
collègue de l'Éducation, nous travaillons à créer
un meilleur arrimage entre la formation académique et les besoins du
marché du travail. Nous pouvons illustrer les premiers résultats
de ce travail de concertation et de collaboration par le dépôt du
projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail dans
l'industrie de la construction.
Par ce projet de loi, nous visons à assurer à cette
industrie une main-d'oeuvre compétente et polyvalente en fonction des
besoins des travailleurs et des employeurs de la construction. Ce projet de loi
abolit également la carte de classification, le permis de travail
instauré par le Parti québécois, permis de travail qui
discriminait tout spécialement au détriment de la jeunesse
québécoise compétente.
Un troisième volet de mon mandat a
trait à l'emploi. À ce chapitre, faut-il vous rappeler que
la création d'emplois au Québec se traduit, contrairement
à ce que nous a indiqué Mme la députée de
Chicoutimi, par des données positives. Selon Statistique Canada, en
septembre 1986, il y avait 65 000 personnes de plus qui travaillaient
qu'à la même période l'an dernier. Ces emplois, est-il
nécessaire de le rappeler, sont des emplois à plein temps. Bien
que tous ces emplois n'aient pas été obtenus par des jeunes, ils
ont eu des répercussions sur ceux-ci.
Ainsi, le taux de chômage chez les 15-24 a diminué de 0,9 %
au cours des dix premiers mois de 1986, passant de 18,3 % pour la même
période, en 1985, à 17,4 % en 1986. C'est là un des effets
des politiques du gouvernement libéral. Le taux de chômage chez
les jeunes demeure beaucoup trop élevé, j'en conviens.
Malgré cette situation, que je qualifie de temporaire, l'on doit
néanmoins constater une amélioration relative de la situation du
chômage chez les jeunes 15-24 ans.
Ainsi, en 1981, le taux de chômage des jeunes était de 70 %
plus élevé que le taux global de chômage. En 1986, cet
écart a été réduit à 55 %, mais il reste
encore beaucoup à faire. L'effectif des chômeurs
québécois a chuté de 25 000 entre septembre 1985 et
septembre 1986, une baisse de 7,1 %. Nous avions 325 000 chômeurs en
septembre. Ce sont les jeunes qui bénéficient davantage de cette
chute de 25 000, puisqu'on dénombre 15 000 chômeurs de moins dans
ce groupe; 15 000 des 25 000 chômeurs de moins se retrouvent les
jeunes.
De ces chiffres établis par Statistique Canada l'on peut
déduire que les efforts du gouvernement libéral pour
améliorer le climat économique, assainir les finances publiques
et créer un climat propice aux investissements ont déjà
commencé à porter leurs fruits. Il nous reste beaucoup de chemin
à faire, mais nous sommes sur la bonne voie et nous allons continuer en
ce sens.
Bien que ce soit la population en général qui profite de
ces améliorations, l'on peut cependant affirmer que toute la jeunesse
québécoise en profite davantage. Plus particulièrement
à mon ministère, des gestes précis ont été
posés. Ainsi, quelques mois après avoir modifié et
bonifié, en juillet 1986, les normes du programme Bon d'emploi Plus,
nous avons émis quelque 1800 certificats. Parmi ceux-ci, 851 ont
été honorés, ayant ainsi permis à 851
bénéficiaires de l'aide sociale d'intégrer le
marché du travail. Quant au programme Jeunes promoteurs, sous le
gouvernement précédent, seulement 207 projets avaient
été subventionnés au 31 décembre 1985. Au 30
septembre 1986, 1120 projets avaient été subventionnés,
créant ainsi 1405 emplois, dont 248 occupés par des
bénéficiaires de l'aide sociale. Nous subventionnons ]3 services
externes de main-d'oeuvre desservant particulièrement une
clientèle jeune. Nous subventionnons 85 groupes de soutien aux
Initiatives jeunesse.
J'entends déjà l'Opposition murmurer de l'autre
côté que ces programmes sont des programmes de l'ancien
gouvernement; je le concède. Cependant, ce que nous avons fait, c'est de
rationaliser nos ressources et nos efforts au lieu de nous disperser de tous
bords et de tous côtés. Le choix que nous avons fait est celui de
concentrer nos efforts pour aider, de façon prioritaire et
particulière, les bénéficiaires de l'aide sociale à
intégrer le marché du travail. Nous avons
délibérément décidé de mettre les efforts
là où c'est le plus nécessaire. Nous nous devions d'aider
davantaqe ceux qui sont les plus démunis.
Le quatrième et dernier volet de mon mandat concerne la
sécurité du revenu. Je l'ai réservé pour la fin,
car on ne peut élaborer une véritable politique de
sécurité du revenu que si l'on a pris soin de former une
main-d'oeuvre qualifiée et compétente, tout en ayant
favorisé l'accès à l'emploi. Depuis son élection,
le gouvernement libéral a déployé des efforts constants
pour créer un climat favorable aux investissements, source essentielle
de la création d'emplois. Donc, dans ce quatrième volet, vous ne
serez pas étonnés que je vous parle de l'aide sociale. J'entends
déjà murmurer de l'autre côté: À quand la
parité? Contrairement au chef de l'Opposition qui est contre la
parité de l'aide sociale, nous, de ce côté-ci, avons
toujours été pour cette parité. Sur le plan politique, sur
le plan de la volonté politique, c'est un acquis et nous
concrétiserons bientôt cet engagement électoral.
Cette parité s'accompagnera d'une réforme de l'aide
sociale, laquelle sera résolument axée sur l'intégration
ou la réintégration la plus rapide possible des
bénéficiaires. C'est toute la société qui en
ressortira gagnante et, plus particulièrement, la jeunesse
québécoise. Une réforme est nécessaire. Certaines
données appellent et commandent une telle réforme. Ainsi, entre
mars 1975 et mars 1986, Mme la députée, la clientèle de
l'aide sociale a plus que doublé, passant de quelque 200 000 à
plus de 400 000 ménages. Pour la même période, le nombre de
bénéficiaires passait de 416 000 à 694 000. Pour la
première fois depuis 1972, en 1986, on assiste à une baisse de
l'ensemble de la clientèle de l'aide sociale. Cette baisse
résulte des efforts déployés par le gouvernement pour
assainir les finances publiques et redonner à l'économie
québécoise toute sa vitalité créatrice
d'emplois.
Si l'on examine la situation existante depuis mars dernier, les chiffres
sont encore beaucoup plus révélateurs. Selon les
données
préliminaires de novembre 1986, la clientèle totale de
l'aide sociale passait entre mars 1986 et novembre, soit en huit mois, de 416
000 à 382 000 ménages, soit une baisse de 34 000 ménages.
En ce qui concerne le nombre d'individus qui dépendent de l'aide
sociale, cette clientèle est passée de 694 000 à 634 000,
soit une baisse de quelque 57 000 personnes, qui dépendent de l'aide
sociale. Cette diminution marquée reflète la saine gestion
exercée au sein de mon ministère, la reprise de l'économie
et la création d'emplois.
Puisque Mme la députée de Chicoutimi nous a
interpellés sur les jeunes, examinons en terminant leur situation en ce
qui concerne l'aide sociale. De mars 1975 à mars 1986, les
ménages dont le chef de famille était âgé de moins
de 30 ans ont affiché la plus forte augmentation de quelque 50 000
à 150 000 sous le gouvernement péquiste, une hausse de plus de
200 %. Il est aussi utile de noter qu'au cours de cette même
période la proportion du nombre de ménages dont le chef est
âgé de moins de 30 ans au sein de l'ensemble de la
clientèle est passé de 25 % à 35 % sous l'ancien
gouvernement.
En concluant, M. le Président, nous sommes heureux de constater
qu'aujourd'hui la situation a évolué dans un sens positif. Ainsi,
depuis mars 1986, chez les jeunes, les données préliminaires en
huit mois, de mars à novembre, la clientèle de moins de 30 ans
à l'aide sociale quant aux ménages est passée de 148 000
à 128 000, une baisse de 20 000 ménages de moins de 30 ans. Le
nombre de personnes qui dépendent de l'aide sociale est passé,
chez les jeunes de moins de 30 ans, de 381 000 à 338 000, une baisse de
43 000 personnes de moins de 30 ans qui dépendent de l'aide sociale.
Il y a lieu de noter que la diminution de la clientèle de l'aide
sociale a été davantage marquée chez les moins de 30 ans.
En effet, alors que les ménages jeunes représentent un tiers des
ménages totaux, la diminution chez ces derniers représente
quelque 60 % de la diminution totale. La baisse du nombre de jeunes
bénéficiaires de l'aide sociale se traduit par autant de jeunes
qui retrouvent une vie active et qui retrouvent la dignité. Ces
données - je conclus sur cette phrase - illustrent de façon non
équivoque que les politiques économiques du gouvernement
libéral ont davantage profité à la jeunesse
québécoise. Merci.
Le Président (M. Bélanger): À ce stade-ci,
je me permettrais de faire le rappel suivant. Lorsqu'un intervenant
dépasse le temps qui lui est alloué, c'est sur la dernière
intervention du débat qu'on va couper, parce qu'il faut partager le
temps également entre les deux formations. Je tenais à le
repréciser. Mme la députée de Chicoutimi.
Argumentation M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Ah! c'est M. le
député de Verchèresl Excusez-moi.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Oui. Ma collègue qui a demandé
l'interpellation, comme vous le savez, est critique de l'Opposition en
matière de jeunesse et votre humble serviteur, celui des questions de
main-d'oeuvre et de sécurité du revenu. On fait équipe ce
matin, entre autres, pour rappeler au ministre que sans doute sa belle
performance a amené Le Soleil à nous dire hier que c'est
un tunnel noir pour les jeunes. Je pense qu'il y a une sacrée
différence entre la réalité qui est vécue
actuellement par des milliers de jeunes sans emploi et la présentation
illusoire et un peu tronquée du ministre de la Main-d'Oeuvre et de ta
Sécurité du revenu aujourd'hui. Je pensais simplement à la
réalité des chiffres. Il y a 600 000 personnes au Québec
qui sont des chômeurs selon Statistique Canada qui sont à l'aide
sociale. Il y a aussi des chômeurs recensés ni à
l'assurance-chômage, ni à l'aide sociale qui existent, qui sont du
monde en vie, qui sont en chômage. Il y en a à peu près 50
% qui ont moins de 30 ans.
Cette situation, contrairement à l'affirmation du ministre, s'est
détériorée depuis un an. La création d'emplois
à laquelle le ministre faisait allusion en termes positifs, hier, c'est
sans doute ce qui a amené la semaine dernière le chroniqueur
Alain Dubuc, dont parlait ma collègue, à parler des emplois de
Robert Bourassa, pour montrer finalement, à la suite des publications
qui avaient été faites dans les jours précédents,
notamment, des statistiques qui avaient été
présentées qu'il n'y avait pas eu création d'emplois plus
qrande au cours de la dernière année, mais, au contraire, une
diminution par rapport à la performance économique de l'ancien
gouvernement. C'est cela la réalité. Les jeunes qui sont en
chômage le savent très bien actuellement. Comme le ministre a
abordé un certain nombre de sujets qui nous intéressent au
premier chef, je voudrais d'abord parler de l'approche générale
à l'égard de l'emploi.
Il n'y a pas de stratégie de plein emploi de la part du
gouvernement libéral. Il n'y a pas de vision et de détermination
politique à l'égard de l'objectif de l'emploi et du plein emploi.
On nous avait promis en campagne électorale une politique
intéqrée des ressources humaines qui, selon le programme
libéral, devait se faire en trois temps. D'abord, par la
préparation d'un modèle sur le marché du travail,
modèle qui devait avoir une résonance è la fois au
plan
national et au plan régional. Entre autres, au plan
régional, il devait y avoir des tables de développement
régional. Qu'est-ce que le ministre a fait depuis un an pour donner
suite à son projet de mettre en place des tables régionales de
développement? Qu'est-ce que le ministre a fait pour finalement prendre
à sa charge le travail déjà commencé par l'ancien
gouvernement aux tables régionales de l'emploi?
Finalement, quand on regarde la promesse électorale des
libéraux à l'égard des tables de développement
régional, on se rend compte que c'est exactement ce que le gouvernement
précédent avait préparé. On leur a laissé un
document et un travail tout préparé et, depuis un an, on n'entend
plus parler de rien de la part de ce gouvernement. Rien ne s'est fait à
l'égard de la mise en oeuvre des structures régionales de
concertation et d'organisation des ressources du milieu pour en arriver
à des stratégies d'emploi et des projets de création
d'emplois. (10 h 30)
Pourquoi avoir liquidé le Secrétariat à l'emploi et
à la concertation? Pourquoi avoir liquidé la Table nationale de
l'emploi et par quoi les a-t-on remplacés, M. le Président? Le
précédent gouvernement avait mis beaucoup d'énergie
à élaborer, au cours des dernières années, une
stratégie du plein emploi. Le seul tort du précédent
gouvernement auquel j'appartenais comme député
ministériel, c'est d'être arrivé à terme, à
un an de la fin de son mandat, alors qu'il n'avait - c'est évident -
plus la crédibilité suffisante et la force politique pour mettre
en application les outils importants qu'il avait suscités. Pourquoi
avoir mis de côté ces outils majeurs, ces outils fondamentaux?
Pourquoi avoir mis de côté une vision et des
éléments qui avaient été faits à
l'égard d'une stratégie du plein emploi?
II y a à peine quelques jours, des économistes
réputés du Québec ont publié un document volumineux
qui a été commenté par plusieurs économistes et
plusieurs commentateurs de l'actualité économique au
Québec: Le défi du plein emploi. On nous a indiqué,
dans ce document fondamental, une approche. Or, cette approche, quand on
regarde ce qui avait été fait précédemment, c'est
exactement celle que le précédent gouvernement avait mise en
place. Pourquoi avoir liquidé tous les instruments qui avaient justement
comme objectif de faire en sorte que les partenaires socio-économiques
se donnent une stratégie du plein emploi? Ce qu'on constate, c'est que
depuis un an rien de significatif n'a été fait pour faire en
sorte que le gouvernement du Québec assume le leadership dans la
société québécoise à l'égard du plein
emploi et de l'emploi pour les jeunes.
Aucune des mesures qui avaient été annoncées par le
précédent gouvernement dans son document Priorité
jeunesse ainsi que dans le programme du Parti libéral sur la
main-d'oeuvre, aucune de ces actions qui avaient été promises il
y a un an durant la campagne électorale n'a été
réalisée, n'a été mise en branle. Rien n'a
été fait, depuis un an. On se retrouve avec une situation,
aujourd'hui, qui est catastrophique alors qu'on avait devant nous, il y a un an
à peine, un député et ses collègues qui
siégeaient de ce côté-ci de l'Assemblée nationale et
qui nous disaient: Après neuf ans, on est prêt à prendre le
pouvoir, on est prêt à l'assumer, on est prêt à faire
face à nos responsabilités. On n'aura pas besoin d'étude,
de réflexion et de consultation. On a assez étudié, c'est
le temps de passer à l'action. C'est ce que les jeunes attendent.
Le problème, c'est que le ministre a mis tous les instruments -
je termine sur cela à ce moment-ci - qui ont fait leur preuve dans les
pays - c'est ce que l'étude qui vient de paraître nous indique -
où on a réussi a avoir un taux de chômage d'environ 2 % et
3 %. Les seuls pays qui ont réussi dans le monde occidental cette
performance du plein emploi relatif, ce sont des pays qui, justement, ont
depuis plusieurs années des instruments d'action comme ceux qu'on avait
mis en place, comme ceux que vous aviez quand vous avez pris le pouvoir.
Pourquoi les avoir mis au congélateur et pourquoi n'avoir rien fait
depuis un an pour réanimer et réutiliser ces instruments? Ce
n'étaient pas des instruments péquistes. C'étaient des
instruments qui appartenaient à la collectivité
québécoise, à l'État québécois. Vous
n'aviez qu'à les faire fonctionner. Qu'est-ce que vous avez fait avec
ces instruments depuis un an?
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
ministre, votre droit de réplique.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
comprends mal les propos du député de Verchères qui nous
reproche d'avoir changé ce qui se passait avant. Je pense que, le 2
décembre dernier, les gens ont dit: Arrêtez de multiplier les
tables de placotage et passez à l'action. On en a assez d'un
gouvernement verbomoteur. Voilà ce qui est arrivé le 2
décembre dernier.
J'aimerais qu'on en revienne au sujet pour lequel on a été
convoqué ici ce matin, qui est notre jeunesse québécoise.
Vous avez un bilan quant à cette jeunesse québécoise. Ce
bilan est basé sur quoi? Votre bilan est basé sur la
discrimination en ce qui concerne le salaire minimum; il est basé sur la
discrimination en ce qui concerne l'aide sociale; il est basé sur la
discrimination en ce qui concerne les chances d'accès à
l'emploi, pour ne citer qu'un exemple: le permis de travail dans
l'industrie de la construction. Vous avez un bilan de croissance du
chômage chez les jeunes, vous avez un bilan de croissance exponentielle
d'assistés sociaux chez les jeunes en bas de 30 ans, que vous avez
dû traiter de façon discriminatoire parce que vous n'avez pas
réussi à créer un climat favorable a la création
d'emplois au Québec.
Qu'est-ce que ce gouvernement libéral fait? Le gouvernement
libéral, il assainit les finances publiques. Il crée au
Québec un climat favorable à l'investissement pour attirer chez
nous des investissements parce que sans investissements, M. le
député de Verchères - je m'excuse d'avoir à vous le
répéter - il n'y aura pas dans votre propre comté, ni dans
le comté de Mme la députée de Chicoutimi, de
création d'emplois.
Au bout d'un an, vous nous demandez quels sont les résultats? On
vous le dit sur le plan global et on vous le détaille quant aux jeunes
qui sont âgés de 15 à 24 ans, dans certains cas, et de
moins de 30 ans lorsqu'on parle du programme de l'aide sociale comme tel, parce
que malheureusement la discrimination existe toujours. On vous dit que, selon
Statistique Canada, parce que c'est une source - je comprends que chez vous il
y en a qui sont révisionnistes et d'autres plus indépendantistes
- que l'on peut utiliser avec crédibilité, entre le mois de
septembre 1986 et le mois de septembre de 1985, quand vous étiez au
gouvernement, il y a 65 000 personnes de plus qui travaillent au Québec.
Le député de Verchères dit que Statistique Canada se
trompe. Ces emplois sont è temps plein, contrairement à ce qu'a
affirmé tantôt Mme la députée de Chicoutimi. Chez
les 15-24 ans, le taux de chômage chez les jeunes a diminué dans
les dix premiers mois de 1986 de 0,9 %. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est
beaucoup mieux qu'une augmentation sous le gouvernement péquiste, par
exemple. Cela a diminué: cela est passé à 17,4 %, suivant
Statistique Canada. On ne vous dit pas que c'est un taux acceptable, on
déplore ce taux; mais sous le gouvernement péquiste il
était en croissance. Et sous le gouvernement libéral, oui, il est
encore trop élevé, mais quand même il est en
décroissance, ce taux de chômage.
Les effectifs, la diminution chez les chômeurs
québécois: Entre septembre 1985 et septembre 1986, il y a une
baisse de 7,1 % sur l'ensemble. On a 325 000 chômeurs de recensés
en septembre au Québec. C'est beaucoup trop, mais il y a quand
même eu une baisse de 25 000. De ces 25 000, il y en a 15 000 chez les
jeunes de 15 à 24 ans. Ce n'est pas important cela, comme
résultat? Je ne vous dis pas que c'est satisfaisant. On n'en est pas
encore au bout d'un an du mandat. Ces chiffres ne m'indiquent pas que c'est
suffisant, mais ces chiffres m'indiquent que si la tendance de
décroissance sur le plan des effectifs de chômage et d'aide
sociale se maintient, le gouvernement libéral doit faire quelque chose
de correct.
Je comprends que vous n'aimiez pas cela qu'on fasse peut-être le
contraire de ce que vous faisiez avant. Vous, c'était l'augmentation du
chômage, l'augmentation de l'aide sociale et la discrimination contre la
jeunesse. Nous, nous nous sommes attaqués à ces trois
problèmes. Nous commençons à connaître quelques
résultats. Moi, je ne suis pas satisfait d'un taux de chômage chez
les jeunes, en 1986, de 17,4 %. Vous ne me ferez pas dire que je suis
satisfait, mais vous allez me faire dire, par exemple, que je suis satisfait
que la courbe depuis que nous sommes arrivés au gouvernement a
changé de côté. Alors qu'elle montait sous le gouvernement
péquiste, cette courbe de chômage chez les jeunes diminue avec le
gouvernement libéral. Vous ne nous ferez pas changer de direction; nous
allons continuer dans ta diminution du chômage chez les jeunes, dans la
diminution des assistés sociaux chez les jeunes et dans la
création d'emplois permanents au Québec. C'est la voie que nous
avons prise. Nous ne sommes pas allés jusqu'au bout de cette voie, mais
nous allons continuer parce que c'est une politique. Et, encore ce matin - vous
avez sans doute dû être capables de prendre connaissance des
journaux avant de venir ici - la population du Québec, dans son
ensemble, nous endosse dans cette voie de reprise économique.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député. La parole appartient aux députés
ministériels. Alors, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, M. le Président. Comme introduction je
voudrais remercier mon ami et collègue, le député de
Tachereau, jeune député libéral dynamique et fier de faire
partie de la grande équipe libérale.
Comme intervenant, j'aimerais réagir sur cette interpellation de
la députée de Chicoutimi sur...
M. Charbonneau: ...
M. Messier: Est-ce qu'il est possible de parler, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
avoir de l'ordre, s'il vous plaît?
M. Messier: ...les politiques gouvernementales de la
main-d'oeuvre, de la sécurité
du revenu de la jeunesse québécoise. M. le
Président, je crois que le Parti libéral du Québec met
énormément de pression sur le Parti québécois. Vous
devez le savoir sans doute: il n'était pas pensable, ces dix
dernières années d'asseoir à la même table deux
organismes comme le ministère de l'Éducation et le
ministère de la Main-d'Oeu-vre et de la Sécurité du
revenu. Comment pouvait-on, si on ne pouvait asseoir ces deux organismes de
grande importance, planifier, organiser et structurer une politique efficace de
main-d'oeuvre, d'une main-d'oeuvre qualifiée et compétente qui
réponde aux besoins du marché du travail?
Je peux vous dire que, depuis que nous sommes au pouvoir, il nous fut
possible d'asseoir effectivement ces deux ministères. Il en sortit une
politique de formation professionnelle. Nous avons dû corriger les
lacunes du système d'apprentissage, qui était trop complexe et
pas assez souple. A titre d'exemple, pour corriger cette situation, il
était essentiel d'impliquer le milieu de la construction dans
l'élaboration de la mise en oeuvre des programmes de formation
professionnelle, ce que prévoit la loi 119, en remplaçant l'OCQ
par la Commission de la construction du Québec. En vertu de la nouvelle
politique de formation, le ministère de l'Éducation du
Québec aura la responsabilité de la formation en institution des
futurs travailleurs de la construction du Québec. Le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu validera, pour sa
part, les besoins et les programmes relatifs à l'apprentissage.
D'ailleurs, dans un livre relativement récent publié par l'OCDE,
soit l'Organisation de coopération et de développement
économique, dont le titre est Les jeunes sans emploi: trois
stratégies, il est effectivement fait mention à la page 234
qu"'il conviendrait d'envisager d'élargir les programmes
d'apprentissage, de stages et de recyclage afin d'accroître l'offre de
main-d'oeuvre qualifiée dans les secteurs de l'économie qui
connaîtront vraisemblablement une expansion dans un proche avenir."
M. le Président, c'est l'une des recommandations de la politique
d'emploi pour les jeunes aux États-Unis. Dans le même livre et
plus particulièrement pour le Danemark, il est fait mention à la
page 83 qu'"il conviendrait de renforcer les services d'information et
d'orientation concernant le marché du travail et de mieux les adapter
aux besoins de ces marchés." Par ailleurs, l'Allemagne, toujours selon
les recommandations de l'OCDE - le député de Verchères en
faisait mention quant à l'aspect global et" mondial à la page 155
- "compte principalement sur l'allongement de la scolarisation et les mesures
en faveur de la formation pour prévenir le chômage des jeunes n'a
guère eu recours aux subventions destinées à la
création d'emplois nouveaux.
Une méthode de lutte contre le chômage des jeunes qui
privilégie l'enseignement et la formation professionnelle nous semble
éminemment raisonnable. Elle vise à prévenir plutôt
qu'à guérir."
Je crois, M. le Président, que le plan qu'est en train de valider
le Parti libéral du Québec sur le terrain correspond à un
besoin réel. Il faut redonner au milieu le pouvoir de se prendre en
main. Il faut redonner à la Commission de formation professionnelle son
vrai rôle, soit celui de consultant en matière d'évaluation
des besoins. Ce rôle de validation sur le terrain, même l'Australie
veut l'employer. L'OCDE publiait dans Les jeunes et l'emploi en Australie
un plan d'action. À la page 94, sous le titre "Améliorer les
perspectives d'emploi des jeunes", il est fait mention que "les
autorités devraient favoriser le développement de l'information
sur le marché du travail et, notamment, des prévisions des
besoins de main-d'oeuvre et de qualification au niveau des marchés
locaux."
M. le Président, ces plans d'action qui sont faits
présentement en Australie n'étaient pas faits ici, au
Québec. En guise de conclusion, puisque le temps passe, j'aimerais
souligner à nouveau que le Parti libéral du Québec vient
de changer profondément les mentalités. Le gouvernement fait
appel à la maturité des parties pour redéfinir le
programme de formation actuel qui ne répond plus aux besoins du
marché. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le
député de Verchères.
M Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre nous parlait
d'une performance positive, alors je vais lui citer l'article d'Alain Dubuc il
y a quelques jours. Il nous disait d'abord qu'en 1985, sous l'ancien
gouvernement, on a dénombré 80 000 nouveaux postes au
Québec. L'année précédente, en 1984, on en avait eu
80 000. Il dit: "Depuis la prise de pouvoir par les libéraux en
décembre dernier, le nombre des emplois est passé de 2 866 000
à 2 878 000, un maigre 12 000. Ces chiffres masquent en partie le
dégré de stagnation qu'a connu le marché du travail. En
effet, il y a moins d'emplois maintenant qu'il n'y en avait en janvier.
L'année est assez avancée, dit-il, pour que l'on sache maintenant
qu'entre 1985 et 1986 il y aura 50 000 nouveaux emplois cette année
comparativement à 82 000 l'an dernier et 80 000 l'année
précédente."
Alain Dubuc indiquait que le Conference Board prévoyait pour 1987
- et le Conference Board fait autorité - 41 000 emplois nouveaux. Cela
veut dire qu'avec les
libéraux on s'en va dans une courbe descendante et non pas dans
une courbe ascendante, comme le ministre essaie de nous le faire croire. Le
ministre n'a pas répondu tantôt- Qu'est-ce qu'il fait du programme
électoral de son parti à l'égard du dossier jeunesse et
des questions d'emploi et de main-d'oeuvre. Qu'arrive-t-il de la politique
intégrée des ressources humaines? Qu'arrive-t-il de votre
modèle à l'égard du marché de l'emploi et du
marché du travail au plan national? Qu'arrive-t-il du travail qui devait
être fait au plan régional? Contrairement à ce que le
député de Saint-Hyacinthe vient de nous laisser entendre, rien
n'a été fait. Qu'avez-vous fait pour mettre en place les tables
de développement régional que vous avez
récupérées de l'action de l'ancien gouvernement? Qu'est-ce
que vous allez faire du Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre
qui, selon vous, devait remplacer le Secrétariat à l'emploi et
à la concertation et la Table nationale de l'emploi? (10 h 45)
Le député de Sainte-Hyacinthe vient de nous parler de
l'Allemagne. Dans le livre dont je parlais tantôt, on nous parle de
l'Allemagne, de la Suède, de la Norvège et de l'Autriche. Tous
ces pays ont réussi à avoir une performance économique
è l'égard de l'emploi, pour les jeunes en particulier, en faisant
exactement le contraire de ce que le gouvernement libéral est en train
de faire depuis un an au Québec.
Le gouvernement qui est devant nous a une approche
néo-conservatrice qui vise à privatiser, à liquider,
à laisser faire le marché, a privilégier la croissance
économique et pas nécessairement la croissance de l'emploi. Les
chiffres qui ont été publiés il y a deux semaines par le
Conference Board et par différents organismes de prévisions
économiques nous indiquaient que, cette année encore, la
croissance économique du Québec va être supérieure
à la moyenne canadienne et cela, depuis quatre ans, pas depuis le 2
décembre, depuis quatre ans, mais que le résultat net ne donne
pas plus d'emplois.
Il va peut-être falloir que le gouvernement se rende compte et
accepte le fait que la croissance économique à elle seule, comme
objectif économique et comme objectif politique, n'est pas un moteur qui
fait en sorte qu'on arrive à de l'emploi dans le contexte actuel. Et les
pays où on a réussi pendant de nombreuses années et
où on réussit encore à avoir une performance
économique à l'égard de l'emploi pour les jeunes font ce
que je viens de dire, M. le Président: le contraire. Le ministre a dit:
Nous n'avons pas été élus pour placoter mais pour agir.
Qu'est-ce que vous attendez pour agir et mettre en application les
éléments de votre programme électoral
récupérés de l'action de l'ancien gouvernement?
La Table nationale de l'emploi, le Secrétariat à l'emploi
et à la concernation n'étaient pas des instruments de placotage,
c'étaient des instruments d'action. Le seul tort qu'avaient ces
instruments, c'est qu'ils ont été mis en place un an avant les
dernières élections. Le mandat qui vous a été
donné le 2 décembre, ce n'est pas de bousiller ces instruments de
développement qui ont pris des années à être
édifiés et qui ont été construits après
l'expérimentation et la connaissance que nous avons acquises des
expériences étrangères où on a réussi.
Est-ce que le gouvernement libéral, avec la performance dont
parlait Alain Dubuc, peut être orqueilleux au point de laisser de
côté toutes les expériences étrangères qui
ont réussi et nous dire: Nous, maintenant, on s'en va vers la
méthode "reaganienne". Est-ce que les États-Unis ont si bien
réussi que cela? Est-ce que le Canada, au cours des dernières
années, a si bien réussi que cela? J'irais même
jusqu'à dire: Est-ce que l'ancien gouvernement du Parti
québécois a si bien réussi avec des instruments
traditionnels? Non.
C'est la raison pour laquelle, au cours de la dernière
année, il s'était rendu compte qu'il fallait prendre un virage
considérable à l'égard du plein emploi. Le tort et le seul
tort du gouvernement précédent, c'est d'avoir pris ce virage trop
tard. Ce n'est pas parce que ce gouvernement a été défait
aux dernières élections, que le virage ne doit pas être
maintenu. Au contraire, ce que le gouvernement libéral fait, c'est qu'il
revient en arrière dans les mêmes pistes qui ont fait
défaut depuis 20 ans au Québec et au Canada à
l'égard de la création d'emplois et à l'égard de la
création d'emplois pour les jeunes.
Qu'est-ce que vous faites avec votre programme électoral?
Qu'est-ce que vous attendez pour agir? Qu'est-ce que vous attendez pour
corriger le tir de l'action que vous faites depuis un an qui va à
l'encontre de la création d'emplois pour les jeunes?
Le Président (M. Bélanger): La parole appartient
à M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, M.
le Président, je vais tenter de replacer un peu le député
de Verchères dans un certain contexte historique. Il est quand
même ici à l'Assemblée nationale depuis quelques
années; il se rappellera sans doute qu'entre avril 1981 et avril 1985 le
gouvernement dont il faisait partie n'a créé au Québec
aucun emploi. Il peut contester les chiffres de Statistique Canada maintenant.
Les chiffres de Statistique Canada montrent qu'entre septembre 1985 et
septembre 1986 il s'est créé ici même, au
Québec, à l'avantage de la population québécoise et
surtout des jeunes Québécois, 65 000 emplois à plein
temps. Maintenant, s'il veut contester l'organisme fédéral, je le
comprendrai.
J'aimerais aussi placer le virage que son gouvernement a pris la
dernière année dans le contexte historique. Le plein virage dont
il nous parle n'était pas en faveur du plein emploi. Le virage que ces
gens ont pris la dernière année de leur mandat, c'était a
propos de leur option constitutionnelle, ce n'était pas à propos
de l'emploi au Québec. Tout le monde sait cela. Et le 2 décembre,
les gens ont décidé que c'était assez.
Je tiens à remercier de son intervention combien studieuse,
combien fouillée, le député de Saint-Hyacinthe qui nous a
parlé de l'importance de la formation professionnelle, de la
nécessité et du besoin de recyclage dans notre
société de façon à améliorer la
compétence de nos travailleurs et de nos travailleuses.
Le député de Verchères et Mme la
députée de Chicoutimi peuvent s'inspirer d'expériences
étrangères, en inclure, en exclure. Ce que nous faisons, au Parti
libéral du Québec, c'est analyser ce qui se fait ailleurs sans en
exclure. Nous retenons certaines propositions, nous en rejetons d'autres. Oui,
nous étudions ce qui se fait aux États-Unis, nous étudions
ce qui se fait dans les autres provinces canadiennes, nous étudions ce
qui se fait en Europe, nous étudions ce qui se fait même dans
certains pays, derrière le rideau de fer, parce que chacune des
expériences vécues ailleurs peut apporter des résultats
concrets, positifs dans certains cas, négatifs dans d'autres. C'est
à partir de l'expérience des autres que l'on peut éviter
de commettre des erreurs. On a évité, entre autres, pendant notre
première année de mandat, beaucoup d'erreurs en étudiant
votre performance au cours des dix dernières années comme
gouvernement.
M. Charbonneau: Pas sa performance statistique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons, au ministère,
tenté de baser nos politiques d'emploi sur la formation, certes, mais
également sur la fiscalité et la flexibilité que l'on doit
connaître dans les milieux de travail. Nous considérons que,
lorsque la fiscalité est saine, lorsque la flexibilité se
retrouve dans le milieu de travail, lorsqu'on a des programmes de formation qui
répondent aux besoins de l'industrie, nous améliorons les chances
d'attirer ici, chez nous, au Québec, des investissements
créateurs d'emplois et créateurs d'emplois chez les jeunes.
J'ai retrouvé, lorsque je suis arrivé comme ministre de la
Main-d'Oeuvre - Mme la députée de Chicoutimi, si M. le
député de Verchères n'est pas au courant, l'est sans doute
- de vieilles chicanes bâties au cours des années entre les
juridictions non pas fédérales-provinciales, mais entre les
juridictions du ministère de l'Éducation et du ministère
de la Main-d'Oeuvre. Le gouvernement précédent, qui se targuait
d'être le maître d'oeuvre de la concertation au Québec, n'a
jamais été capable d'effectuer les arrimages combien
nécessaires et combien indispensables entre ces deux outils de
développement social, culturel et économique que
représentent pour le Québec les ministères de
l'Éducation et de la Main-d'Oeuvre.
Cet arrimage a commencé à se concrétiser à
l'intérieur de la première année du mandat du gouvernement
libéral. Les excellentes relations que j'ai entretenues avec mon
collègue, le ministre de l'Éducation, et son personnel, les
relations qu'ont entretenues ces gens avec ceux qui, au ministère de la
Main-d'Oeuvre, occupent les positions de responsabilités aujourd'hui ont
fait en sorte que nous sommes en train d'arrimer l'éducation, qui doit
se poursuivre et s'améliorer en milieu scolaire pour mieux
répondre aux besoins du marché, avec la formation sur le lieu de
travail, qui est sous le contrôle du ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu.
Cet arrimage se fait en collaboration avec le ministère de
l'Éducation, pour autant que nous sommes concernés, mais nous
avons aussi pris l'engagement de faire confiance aux parties. Le premier
exemple, celui que vous dénoncez parce que vous ne comprenez rien
à cette concertation interquébécoise... Nous la faisans
avec la participation, dans le domaine de la construction - là encore,
le projet de loi sur l'industrie de la construction, qui est ici devant nous,
en est un exemple - des partenaires tant patronaux que syndicaux. On assistera
à la création, si l'Assemblée nationale y consent, d'une
Commission de la construction du Québec: quatre représentants
gouvernementaux, quatre représentants syndicaux, quatre
représentants patronaux qui auront, entre autres, comme mandat important
de définir ces besoins en main-d'oeuvre, de définir la
qualité des cours qui doivent être donnés en main-d'oeuvre
autant au niveau de notre système d'éducation qu'au niveau du
ministère de la Main-d'Oeuvre.
Je sais que cette nouvelle approche vous choque, parce que vous
préfériez, vous, une approche conflictuelle entre les
juridictions fédérales et provinciales, interprovinciales, une
approche conflictuelle entre le ministère de l'Éducation et le
ministère de la Main-d'Oeuvre, une approche conflictuelle entre les
parties patronales et syndicales. Mais il y a eu du changement le 2
décembre dernier au Québec et c'est par
cette approche de concertation que nous continuerons à
créer de l'emploi et à attirer des investissements au
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
M. le député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. J'aimerais d'abord
féliciter mon collègue de Saint-Hyacinthe pour sa récente
élection comme président du caucus des jeunes
députés de notre formation politique. C'est la première
fois dans l'histoire du Québec qu'un parti politique fait élire
assez de jeunes pour former un caucus distinct afin de promouvoir de
l'intérieur et à l'Assemblée nationale la cause des
jeunes. C'est aussi la preuve de la confiance qu'a eue la population en la
jeunesse du Québec il y a bientôt un an.
Le sondage IQOP Journal de Québec, CJRP et Quatre Saisons)
paru aujourd'hui même nous permet de lire la perception actuelle de la
population, et ce n'est pas un sondage Léger et Léger: "Le PLQ
aussi populaire après un an de pouvoir".
M. Charbonneau: ...SORECOM du Soleil.
M. Leclerc: Quand on analyse le sondage, on voit que le PLQ
domine partout au Québec et dans tous les groupes d'âge, y compris
chez les 18-24 ans où il recueille 40 % des intentions de vote
exprimées. Ce qui est le plus intéressant, c'est la conclusion.
Selon les sondeurs - ce n'est pas moi qui le dis; c'est dans le Journal de
Québec - ces données tendent à indiquer que le Parti
québécois n'a pas encore réussi à se poser,
après un an, aux yeux de l'opinion publique, comme une alternative
valable au Parti libéral.
M. le Président, s'il y a un domaine où le présent
gouvernement et l'actuel ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ont aidé la jeunesse, c'est en
modifiant les normes minimales du travail. Non seulement il a haussé le
salaire minimum de 4 $ à 4,35 $ l'heure, salaire minimum, d'ailleurs,
gelé pendant quatre ans par le précédent gouvernement,
mais il a aussi éliminé la discrimination dont faisaient l'objet
les jeunes travailleurs et travailleuses du Québec âgés de
moins de 18 ans.
Inutile de vous rappeler, M. le Président, qu'avant le 1er
octobre il existait un écart de 0,46 $ l'heure entre le salaire minimum
des travailleurs et travailleuses de moins de 18 ans et celui des travailleurs
et travailleuses de plus de 18 ans. L'Opposition, au pouvoir pendant neuf ans,
toute social-démocrate et toute progressiste qu'elle se qualifie, n'a
jamais eu le courage politique de s'attaquer à cette discrimination
évidente, pour ne pas dire flagrante.
Ces deux mesures, l'augmentation du salaire minimum et l'abolition de la
discrimination, sont des mesures positives pour la jeunesse du Québec.
Les jeunes sont une main-d'oeuvre dynamique, efficace, disponible. Les traiter
de façon différente des autres travailleurs et travailleuses est
discriminatoire.
Le printemps dernier, j'ai souvent vu en cette Assemblée le
député de Verchères se lever pour demander au ministre
quand il entendait augmenter le salaire minimum. Et c'est un peu paradoxal
quand on se rappelle que c'est son gouvernement qui n'avait pas touché
au salaire minimum pendant quatre ans.
M. le Président, je voudrais, au nom des jeunes du Québec,
féliciter le ministre pour ces deux mesures qu'il a mises en application
tout en gardant le Québec compétitif avec l'Ontario. Mais ce qui
est encore plus fondamental pour les jeunes, c'est la décision qu'a
prise notre gouvernement de cesser d'endetter le Québec pour payer
l'épicerie, pour payer les dépenses courantes. Dorénavant,
et c'est l'objet des compressions budgétaires, plus question de
s'endetter pour autre chose que des immobilisations, des biens durables. Car,
qui va payer plus tard la dette exagérée que nous a
laissée te gouvernement précédent? Hé bien! c'est
la jeunesse du Québecl La jeunesse du Québec n'a pas un
présent très facile. Au moins, respectons-la assez pour ne pas
collectivement l'endetter pour le reste de ses jours. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. À entendre
le ministre faire son bilan sur la condition des jeunes, on comprend pourquoi
ce gouvernement a besoin d'un caucus de députés jeunes pour
rappeler à leurs aînés, ministres et députés,
les engagements qu'ils ont pris à l'endroit de la jeunesse au
Québec. Sinon, on sait ce qu'il adviendrait des engagements de ce parti;
je pense en particulier au gel des frais de scolarité où la
commission jeunesse du Parti libéral a dû quasiment sortir les
masses pour faire respecter les engagements pris à leur endroit, et
c'est à bout de bras que les jeunes du Québec ont réussi
à faire maintenir le gel des frais de scolarité.
Le ministre compare sa performance avec celle du gouvernement
précédent alors que le gouvernement précédent, en
1980-1981 et 1981-1982, était en pleine crise économique. Il se
compare à ces années-là. Je dois dire qu'une telle
comparaison ne doit
pas impressionner beaucoup les économistes et les hommes
d'affaires. Comparer une reprise économique alors qu'on était en
pleine crise financière et économique, je me dis que ce n'est pas
très fort comme argument et que cela ne doit pas impressionner
beaucoup.
Lorsqu'il parle de la diminution du nombre de jeunes assistés
sociaux, s'il regarde un peu les chiffres de Statistique Canada, il va
simplement comprendre que, s'il y a eu une diminution, c'est tout simplement
que la coupe d'âge des 15 à 24 ans, il y a moins de monde dedans.
Elle a vieilli d'une année et, comme elle ne s'est pas remplacée
à cause du taux de dénatalité, il y a moins de monde
dedans. C'est simplement ce qui illustre la diminution. Il faudrait
peut-être apprendre à lire les données de Statistique
Canada de façon un peu plus intelligente ou, à tout le moins, un
peu plus honnête. (11 heures)
Le député de Saint-Hyacinthe disait tantôt: II va
falloir renforcer l'information. On est en train de couper dans tous les
services d'information destinés aux jeunes: le Secrétariat
à la jeunesse et les répondants dans les bureaux de
Communication-Québec, desquels répondants-jeunesse on a aboli les
postes. Le député qui est responsable de la jeunesse devrait
peut-être s'intéresser à cette question.
Il dit: Chez nous il y a de la concertation- J'aimerais savoir ce que le
ministre a fait, s'il y a eu de la concertation lorsque le Conseil du
trésor a refusé au ministre de l'Éducation un projet de
plusieurs millions touchant la formation professionnelle des jeunes il y a tout
juste deux semaines; cela ne fait peut-être même pas deux semaines
que cela s'est passé, cela fera deux semaines la semaine prochaine. Le
ministre peut-il nous dire comment il a défendu le ministre de
l'Éducation dans ce dossier qui touche la formation professionnelle des
jeunes?
La déréglementation dans les métiers de la
construction a privilégié les jeunes. Je voudrais que le ministre
me dise combien cela a créé d'emplois. Qu'il me dise combien cela
a créé d'emplois pour les jeunes et dans quelle mesure la loi
protège effectivement les jeunes.
Le Québec compétitif avec l'Ontario, nous dit le
député de Taschereau. Compétitif avec l'Ontario? 12 000
emplois créés pour les jeunes en Ontario, 3000 perdus au
Québec. Belle compétition! Cela ne doit faire d'envieux nulle
part.
Ce gouvernement s'était engagé à mettre en place un
certain nombre de mécanismes qui favoriseraient la création
d'emplois. J'aimerais savoir du ministre ce qu'il en a fait. Peut-être
qu'il va me répondre un peu comme le président du
Conseil du trésor le printemps dernier, lorsque je lui demandais
ce qu'il advenait des incitatifs touchant la coopération. Le ministre -
pas du Conseil du trésor, celui des Finances - ignorait totalement ce
dont je parlais. Pourtant, c'était inscrit dans le programme du Parti
libéral comme incitatif touchant la création d'emplois pour les
jeunes. Je me demande si le ministre des Finances a prévu des incitatifs
fiscaux. Est-ce qu'on les verra apparaître à l'occasion du
prochain budget?
Est-ce qu'on a prévu, tel qu'on s'y est engagé,
l'intégration des jeunes dans la fonction publique
québécoise? Le premier geste de ce gouvernement a
été d'abolir 1600 emplois dans la fonction publique, 1600 postes
occasionnels. Les postes occasionnels, on le sait - et je vois les
fonctionnaires ici ils le savent - sont généralement
occupés par des plus jeunes. Comme ils sont occupés parfois de
trois à six mois, cela peut vouloir dire quelque 3000 pertes d'emplois
effectivement pour les jeunes.
Il est en pleine phase de négociation avec la fonction publique.
Est-ce qu'il prévoit des mesures de mise è la retraite graduelle?
Par exemple, la mesure quatre-cinq, alors que vous travaillez quatre ans et le
salaire est étalé sur cinq ans. Est-ce qu'on prévoit des
mesures de recyclage, de congé-éducation, de perfectionnement?
Est-ce qu'on a songé seulement à examiner une des recommandations
d'une société d'État touchant une mise à la
retraite anticipée, laquelle traîne sur les bureaux du Conseil du
trésor depuis près d'une année, et qui ferait
éventuellement de la place aux jeunes?
Ce gouvernement n'a encore rien fait. Il a tellement rien fait pour les
jeunes que ce qu'il nous livre, il tente de faire une interprétation
biaisée des statistiques pour essayer de démontrer qu'il a
réussi à faire quelque chose, alors qu'on sait que la jeunesse a
été la dernière de ses priorités.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. Je
cède la parole à M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
tenterai de répondre brièvement à quelques remarques sur
les bases statistiques de Mme la députée de Chicoutimi, pour
m'adresser aux propos du député de Taschereau qui ont, je crois,
requis un peu plus d'étude et d'analyse.
Mme la députée de Chicoutimi nous dit que s'il y a des
baisses chez les jeunes à l'aide sociale c'est, parce qu'il y a eu une
baisse de natalité, qu'il y a moins de jeunes qu'il n'y en avait et
qu'en affirmant ce que j'ai affirmé ce matin, à savoir que
c'était
grâce à certaines politiques du Parti libéral, je
risquais, dans la communauté des affaires, de faire rire de moi comme
ministre.
Je vais tenter d'expliquer mes chiffres à partir de
l'argumentation de Mme la députée de Chicoutimi, qui me dit que
c'est parce que les taux de natalité ont baissé et qu'il y a
moins de jeunes. Voyons la situation. Je vais rappeler les chiffres. Quant
à l'augmentation des jeunes à l'aide sociale de 1975 à
1985, les dix ans où le Parti québécois a
été au pouvoir, je vous rappelle les chiffres que je vous ai
donnés. De mars 1975 à mars 1986, les ménages dont le chef
de famille est âgé de moins de 30 ans ont affiché la plus
haute augmentation de tous les niveaux de clientèle à l'aide
sociale, passant d'environ 50 000 à un peu plus de 150 000. Une
augmentation de plus de 200 %. Est-ce que vous maintenez qu'il y a eu une
augmentation des naissances ou des jeunes au Québec de plus de 200 %
dans ces années? Je pense que, si vous pouvez soutenir cela au caucus
des députés du Parti québécois, vous ne feriez pas
long feu au caucus des jeunes du Parti libéral du Québec, entre
autres.
Qu'est-ce qui est arrivé durant les huit derniers mois pour les
clientèles jeunesse? Est-ce qu'il y a eu une diminution aussi
marquée que cela du taux de jeunes au Québec, du taux de
natalité au Québec au cours des huit derniers mois? Parce que
c'est là-dessus et avec cet argument que Mme la députée de
Chicoutimi tente d'expliquer la baisse des jeunes prestataires d'aide sociale
de moins de 30 ans.
Je vais lui rappeler les chiffres. Examinons, encore une fois, la
situation depuis mars 1986. Selon les données de novembre 1986, en huit
mois - elle base cela sur une baisse de la natalité et des jeunes -la
clientèle à l'aide sociale des moins de 30 ans quant aux
ménages passait de quelque 148 000 à quelque 128 000, soit une
baisse de 20 000 ménages de moins de 30 ans. En nombre d'individus -
c'est peut-être là que l'argument de Mme la députée
pourrait avoir plus de poids - le nombre de personnes qui dépendent de
l'aide sociale passait de 381 000 à 348 000, une baisse en huit mois de
43 000 jeunes. Est-ce que c'est le taux de natalité? Est-ce que vous
pensez qu'on peut sérieusement affirmer à l'Assemblée
nationale ou donner une telle explication sans insulter l'intelligence de ceux
et celles qui nous écoutent?
Je vais revenir, je pense, aux propos que m'a adressés le
député de Taschereau concernant le salaire minimum. Le caucus
jeunesse du Parti libéral, avant la campagne électorale, pendant
la campagne électorale et après la campagne électorale, a
fait son travail et continue de faire son travail dans tous les dossiers
où les jeunes sont impliqués. Le caucus jeunesse, la commission
jeunesse du parti, oui, m'a répété quasi quotidiennement
que c'était inadmissible qu'on discrimine en fonction de l'âge
quant au salaire minimum. Peut-être que le député de
Verchères a fait la même chose, lorsqu'il était adjoint
parlementaire au premier ministre de l'époque, quant au dossier des
jeunes. Peut-être qu'il a fait la même chose. Sauf que, la
différence, c'est qu'il n'était pas écouté, que la
jeunesse péquiste de l'époque n'a pas été
écoutée par le gouvernement d'alors et que, de ce
côté-ci, nous faisons l'impossible pour matérialiser dans
les meilleurs délais les demandes et je dirais même, dans certains
cas, les exigences de la commission jeunesse, du comité jeune des caucus
du Parti libéral du Québec.
Mme la députée a dit: II a fallu que les jeunes
s'en mêlent pour qu'il n'y ait pas d'augmentation des frais de
scolarité. Bien oui, il a fallu que les jeunes s'en mêlent! Les
jeunes s'en sont mêlés! Qu'est-ce qui est arrivé quand les
jeunes s'en sont mêlés? Le gouvernement a écouté.
Quant à la discrimination dans le salaire minimum, les jeunes s'en sont
mêlés, le gouvernement a écouté et a livré.
La différence, c'est que vous autres, quand vous étiez là,
je ne sais pas si vous étiez conscients qu'il y avait des jeunes. En
tout cas, si vous en étiez conscients - je fais confiance au
député de Verchères, je pense que je l'ai vu en cette
Chambre assez longtemps, il a dû tenter de rappeler aux membres du
gouvernement de l'époque qu'il y en avait des jeunes au Québec et
que le gouvernement aurait dû faire quelque chose pour eux. Ce
gouvernement n'a rien fait. Présentement, moi, je vous le dis, le
salaire minimum, il m'a posé des questions en cette Chambre à
répétition, il a fait son ouvrage de député de
l'Opposition. Je suis certain qu'il faisait le même ouvrage avec un
gouvernement péquiste. Il n'était pas écouté. Ce
n'est pas parce qu'il est péquiste que, lorsqu'il aura des suggestions
positives et constructives qui iront contre l'abolition de la discrimination
pour les jeunes, des suggestions qui iront dans le sens de
l'amélioration de la situation des jeunes, nous allons rejeter ses
arguments. Non. Lorsque ses arguments seront positifs, lorsqu'ils seront
applicables, lorsqu'ils concorderont avec le programme électoral du
Parti libéral du Québec, moi, comme ministre, je les ferai miens,
je les appliquerai et je le remercierai de sa contribution.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Je cède la parole au député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci. Lorsque le député de Taschereau
a fait mention ici en cette Chambre que j'ai été élu
à la présidence du caucus jeune, le député de
Verchères a fait
des remarques désobligeantes. Je comprends qu'il y ait l'effet de
nostalgie, il commence à blanchir. Qu'est-ce que vous voulez, il n'y a
pas de relève chez le Parti québécois.
Comme seconde intervention, j'aimerais...
M. Charbonneau: Actuellement, à la
télévision, peut-être qu'on pourrait faire un zoom et on
verrait que la couleur blanche qu'on me prête n'est pas encore là
tout à fait.
Le Président (M. Bélanger): Vous aurez l'occasion
tout à l'heure d'être en évidence quand on vous
cédera la parole. En attendant, on va respecter le droit de parole du
député de Saint-Hyacinthe. M. le député.
M. Messier: Je vous remercie. M. le Président. Un peu
d'ordre, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaîtî On va ramener le tout à l'ordre. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Charles Messier
M. Messier: C'est vraiment l'effet de la nostalgie, on voit
cela.
Comme seconde intervention, M. le Président, j'aimerais vous
parler du projet de loi 119, Loi modifiant la Loi sur les relations du travail
dans l'industrie de la construction. On peut retrouver dans les notes
explicatives que le projet de loi abolit le certificat de classification qui
servait à contrôler l'accès des travailleurs à
l'industrie de la construction et établit de nouveaux mécanismes
permettant de contrôler cet accès par la voie de la
compétence.
Je suis sûr que je ne ferai pas pleurer l'Opposition en disant que
les jeunes qui désiraient oeuvrer dans le domaine de la construction
doivent compter plus sur leur chance que sur leur compétence. À
preuve: la moyenne d'âge des gens impliqués dans les
différents secteurs des métiers de la construction est de 41 ans
pour les électriciens, 48 ans pour les briqueteurs-maçons et les
charpentiers-menuisiers et 49 ans pour les peintres et les plombiers.
Même chez les apprentis, la moyenne d'âge dépasse largement
les 25 ans. Tout cela parce que le système actuel est trop lourd, trop
complexe, mais surtout trop long. Calculé en nombre d'heures
travaillées, cela peut prendre quelquefois jusqu'à huit ou neuf
ans d'apprentissage avant d'atteindre le degré d'expérience
requis. Mais, là encore, ce n'est que par un simple examen écrit
que l'on vérifie la compétence des travailleurs, non pas que je
mette en doute les capacités des ouvriers de la construction, mais on ne
peut s'empêcher de remarquer que nombre d'entre eux échouent au
moment du test; 80 % d'échecs chez les charpentiers-menuisiers, 71 %
chez les électriciens.
M. le Président, actuellement les seuls moyens d'entrer sur un
chantier de construction, c'est de satisfaire aux exigences d'heures
travaillées minimales. Pourtant, les jeunes, sur leur banc
d'école, ne peuvent espérer atteindre ces normes. C'est ainsi
qu'on peut se retrouver avec seulement 1300 apprentis de moins de 20 ans sur
les 15 400 travailleurs que compte la province, ce qui ne signifie pas pour
autant qu'on doive à l'avenir faire de la discrimination positive,
c'est-à-dire favoriser l'embauche des jeunes au détriment des
travailleurs plus âgés, comme le laissait voir le
député de Joliette à l'émission Tribune où
il était avec mon collègue et ami, le député de
Brome-Missisquoi et ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Le projet de loi 119 met l'accent sur l'acquisition de la
compétence, mais aussi sur la reconnaissance de ces compétences.
Le député de Verchères, dans une envolée
spectaculaire, faisait mention du programme du Parti libéral:
L'industrie de la construction au Québec, programme du Parti
libéral du Québec, novembre 1985. Je vais citer strictement deux
passages qui se rapportent à la loi 119: L'accès au marché
de la construction. Premier paragraphe. La compétence doit être le
principal critère d'entrée sur le marché de la
construction, autant à l'égard des entrepreneurs que des
salariés. Le contingentement de la main-d'oeuvre par le nombre d'heures
de travail s'est avéré injuste, discriminatoire, socialement
néfaste et économiquement injuste. Incidemment, l'industrie est
présentement fermée à toute relève. Je vois le
député de Verchères en train de manger ses bas,
après cette annonce-là. On respecte nos engagements
électoraux, M. le Président.
M. le Président, en conclusion, le nouveau projet de loi 119
déposé par le ministre fait en sorte que nos jeunes pourront
dorénavant entrer sur les chantiers de construction et oeuvrer enfin
dans ce secteur névralgique pour le développement
économique de notre société québécoise.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le ministre ne peut
répondre à aucune question précise. En bon jouteur, il
évite, il esquive, mais il n'a aucune mesure concrète qui nous
permette de prévoir ou de voir que ce gouvernement s'est
préoccupé de créer des emplois chez les jeunes.
Par ailleurs, les données qui
démontrent, chiffres à l'appui, qu'il y a effectivement
une diminution des bénéficiaires de l'aide sociale tant dans les
familles que chez les jeunes trouvent leur explication en partie parce que la
population active chez les jeunes a diminué de 1,8 % l'an passé
et probablement parce que 50 000 jeunes qu'on appelle "les intouchables" dans
la région de Montréal ne se retrouvent nulle part au
Québec. La troisième explication et une partie de l'explication
se trouve là-dedans: c'est le fait que de plus en plus de jeunes,
à cause des contrôles qu'ont exercés vos ministères
sur les bénéficiaires de l'aide sociale, ne se retrouvent plus
tout simplement bénéficiaires de l'aide sociale. Je pense bien
qu'avec ces trois explications, cela justifie en très grande partie la
diminution dont fait état et veut se vanter le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. (11 h 15)
J'aimerais aborder la question de l'entrepreneurship. On a affaire
à un gouvernement d'affaires, censé être composé de
vrais professionnels de l'économie, capables de redresser
l'économie. J'adore cela. D'ailleurs, les jeunes y ont cru. C'est
pourquoi je ne vous le pardonne pas, parce que vous avez trompé la
jeunesse du Québec et je trouve cela inexcusable, pour ne pas dire
méprisable. La seule action... Aujourd'hui, on a deux projets de loi qui
sont déposés, la Société d'investissement jeunesse,
lancée par le précédent gouvernement et que ce
gouvernement d'affaires aura mis un an à réaliser. Comme
efficacité, on a déjà vu mieux. Par ailleurs, les groupes
de soutien aux initiatives jeunesse - il y en a quelque 85 dans la province de
Québec - ont été responsables en une année de la
création de quelque 700 entreprises. La semaine dernière, on a
essayé de savoir de la part du ministre où en était cette
question. En fait, voici la question que j'aimerais poser. Si le ministre veut
y répondre, ce serait peut-être intéressant et pour les
jeunes, pour ces jeunes qui sont dans les groupes de soutien aux initiatives
jeunesse, et pour la population jeune du Québec. Est-il exact qu'un
accord de principe a déjà été signé entre
lui et son collègue ministre, M. Johnson, pour le transfert des groupes
de soutien aux initiatives jeunesse? Des modalités restent à
établir, nous dit-on. Est-ce que le ministre peut nous dire que le
transfert des ressources se ferait directement aux corporations de
développement économique? Est-ce que le ministre peut nous dire
que ce qu'on prévoit, c'est de couper de moitié les budgets des
groupes de soutien aux initiatives jeunesse?
Par rapport au programme Jeunes promoteurs, on sait que les budgets sont
épuisés et qu'il y a une demande d'octroi de crédits
additionnels qui a été refusée il y a un peu plus d'une
semaine et qu'il y a une nouvelle demande qui a été soumise,
m'a-ton dit, mardi le 25. Étant donné que vous avez là la
télévision, il serait intéressant de dire aux jeunes du
Québec et surtout à ceux qui ont présenté des
programmes dans le cadre du programme Jeunes promoteurs, quelle a
été la réponse du Conseil du trésor à la
demande d'ajout de crédits à ce programme. À
présent, j'aimerais aussi que le ministre nous dise sur quels
critères il s'est fondé pour réserver, au SEMO, les
clientèles exclusivement bénéficiaires de l'aide sociale?
Qu'est-ce que le ministre fait des quelque 50 000 jeunes dans la région
de Montréal, qu'on appelle les jeunes intouchables, qui ont moins de 18
ans, donc qui ne sont pas admissibles à l'aide sociale, ou encore, s'ils
y sont admissibles, ignorent leurs droits, ou encore, face au contrôle et
devant les Boubou macoutes, ont décidé qu'ils ne se
prévalaient plus de leurs droits? Il faudrait savoir ce que le ministre
a fait de précis et de concret, et si, à la suite de l'analyse et
de l'étude réalisées par le bureau de consultation
jeunesse, il s'est préoccupé de ces jeunes qui sont parmi les
plus démunis au Québec et qui - on le sait -sont obligés
de recourir, pour vivre, - selon le bureau de consultation jeunesse - à
la prostitution, au recel, à la vente de la drogue et à des
expédients de cette nature. Est-ce que le ministre responsable de la
main-d'oeuvre a demandé à ses fonctionnaires d'aller voir et de
vérifier ce qui était le fin mot de la situation de ces jeunes
dits intouchables et itinérants dans la région de
Montréal?
Le Président (M. Bélanger): Merci. La parole
appartient maintenant à M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je pense
que je vais tenter, dans la petite guerre de chiffres que tente de monter Mme
la députée de Chicoutimi, de rendre les choses assez claires. Il
y a eu -on peut s'entendre sur cela, Mme la députée au
Québec une diminution sur le plan du chômage de 25 000
chômeurs chez la population entre septembre 1985 et septembre 1986. On en
comptait 325 000 au mois de septembre 1986, c'est beaucoup, mais il en y avait
25 000 de moins. Est-ce qu'on peut s'entendre sur le fait que parmi ces 25 000,
il y en avait 15 000 qui étaient des jeunes âgés de 15
à Vx ans qui ne sont plus des chômeurs, donc cette diminution du
chômage de 25 000 s'est effectuée à quelque 60 % chez des
jeunes de 15 à 24 ans? Est-ce qu'on peut s'entendre sur le fait, Mme la
députée de Chicoutimi, qu'en ce qui concerne les jeunes
prestataires de l'aide sociale,
entre mars 1986 et novembre 1986 - huit mois - il y a eu une diminution
du nombre de ménages dont le responsable est âgé de moins
de 30 ans d'environ 20 000? Cela correspond à environ 43 000 individus.
Et si on compare les jeunes avec les plus âgés, la diminution est
encore plus importante chez les jeunes parce que là la diminution
équivaut ô 60 %.
Peut-on maintenant convenir, Mme la députée, que
Statistique Canada, que vous pouvez contester en cette Chambre, dans le
corridor, dans votre comté, n'importe où, nous indique qu'il y
avait 65 000 personnes de plus qui travaillaient au Québec, en septembre
1986? Si on compare à la même période l'an dernier, soit
septembre 1985, peut-on s'entendre en disant que le taux du chômage a
diminué chez les jeunes, que le taux de l'aide sociale a diminué
et qu'il y a eu création d'emplois à temps plein dont, selon
toute vraisemblance, les jeunes ont bénéficié plus que
d'autres? Si on peut s'entendre là-dessus, on peut avoir un excellent
débat sur les grands principes du débat de ce matin.
Vous avez des questions précises auxquelles il me fait plaisir de
répondre. Quand je réponds de façon précise et que
la réponse que je vous donne n'est pas celle que vous voulez avoir, vous
revenez sans cesse avec la même question. II est vrai que la semaine
dernière vous, ou quelqu'un de votre équipe, m'avez
demandé: Y a-t-il une entente de principe entre le ministre de la
Main-d'Oeuvre et le ministre de l'Industrie et du Commerce concernant le
transfert d'un programme? Je vous ai dit non. Vous revenez cette semaine et je
vous répète la même chose que la semaine dernière.
Non! Vous pouvez revenir dans cinq minutes me poser la question et la
réponse, si elle correspond aux faits, ce sera la vérité.
C'est ce que je tente de répondre en cette Chambre à chaque fois
que vous me posez une question. Mais ce n'est pas parce que la réponse
ne vous plaît pas que vous êtes obligée de revenir è
toutes les cinq minutes me poser la même question.
Je voudrais répondre à mon collègue de Taschereau
concernant un dossier qui est prioritaire et sur lequel vous avez, comme
formation politique, beaucoup à vous reprocher: le problème
d'accès des jeunes au marché du travail, les mesures
discriminatoires du gouvernement, non pas dont vous avez fait partie, mais sous
la bannière duquel vous vous présentez et l'instauration d'un
permis de travail dans l'industrie de la construction. Je prends à
témoin le député de Verchères ou peut-être le
député d'Ungava, et surtout d'autres députés des
régions qui font du bureau de comté. Peut-être que vous en
faites depuis un an.
M. le Président, vous m'indiquez qu'il me reste une minute.
D'accord.
Peut-être qu'un jeune entre dans votre bureau avec un
diplôme du cours secondaire montrant sa compétence et il vous dit:
J'ai un employeur qui est prêt à m'engager; est-ce que je peux
avoir un permis de travail? Je lui dis: Es-tu allé è l'OCQ? 11
répond: Oui, j'y suis allé. Et qu'est-ce qu'on t'a dit? On m'a
demandé si j'avais travaillé 2000 heures au cours des deux
dernières années. Je leur ai répondu que je ne pouvais
pas; j'étais sur les bancs de l'école. L'interdiction de
l'accès au marché du travail ô un jeune compétent:
C'est votre parti. Je dirais même plus: c'est votre chef actuel, alors
qu'il était ministre du Travail, qui a imposé cette interdiction
discriminatoire à l'endroit de notre jeunesse québécoise.
Au moment où le Parti libéral du Québec tente de
résoudre ce problème, que faites-vous comme formation? Avant
d'avoir pris connaissance du projet de loi en première lecture - et cela
est très rare - vous votez contre le dépôt du projet de
loi. Donc, pour que la discrimination contre les jeunes continue. Que
faites-vous à la deuxième lecture? Vous utilisez toutes les
procédures de filibuster avec des motions de report pour vous assurer
que la discrimination contre la jeunesse québécoise continue.
Vous voulez parler de modalités. On en parlera en commission
parlementaire en deuxième lecture, c'est l'endroit. Mais, sur le plan
des principes, vous continuez ce que vous avez maintenu a propos du salaire
minimum, la discrimination; sur le plan de l'aide sociale, vous continuez
d'être en faveur de la discrimination; sur le plan de
l'égalité des chances aux jeunes dans l'industrie de la
construction, vous continuez à être en faveur de la
discrimination. Les jeunes en ont soupe de cette discrimination. Encore ce
matin, contrairement à ce que vous avez affirmé en cette Chambre,
selon un sondage qui a été publié - vous pouvez le croire
ou non - on révélait que la majorité des jeunes font
encore confiance au Parti libéral du Québec qui tient ses
engagements à l'endroit des jeunes.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Je cède la parole au député du parti ministériel,
le député de Taschereau.
M. Jean
Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. J'aimerais humblement
inviter l'Opposition à être prudente dans ses remarques sur le
caucus jeune du parti ministériel. Je crois qu'ils n'ont pas tellement
de leçons à nous donner là-dessus.
Sur ce sujet, comme Québécois, ce qui me reste en
mémoire de votre époque, c'est un dénommé Gilles
Baril, ancien député d'Abitibi-Témiscarningue. Qu'a-t-il
fait? Il a
écrit une chanson, si ma mémoire est bonne: "J'rock and
rêve". D'ailleurs ce n'est pas très français comme titre
pour des gens qui se gargarisent avec la loi 101. Je me suis demandé
qu'est-ce que les jeunes du Québec avaient gagné avec cette
chanson. Absolument rien.
Je me rappelle aussi d'une autre de ses brillantes idées,
c'était les conspirateurs de l'an 2000. Est-ce que le
député de Verchères faisait partie de cela? Non, je sais
que vous êtes un député sérieux. C'était un
organisme fondé par Gilles Baril, le plus jeune député du
gouvernement d'alors, un organisme qui devait changer la planète. Cela
avait une vocation planétaire.
Je me rappelle - j'étais dans l'entreprise privée à
ce moment - que ce député, M. Baril, essayait de financer son
organisme, qui n'était absolument pas un organisme gouvernemental, je
tiens à le préciser, par des envois postaux qu'il faisait
à toutes les entreprises du Québec, à plusieurs groupes
organisés du Québec. C'était fait avec du papier de
l'Assemblée nationale, payé avec des timbres de
l'Assemblée nationale. Je me demande aujourd'hui ce qui reste de cet
organisme. Qu'est-ce qui reste de l'argent, s'il en est resté?
Ce que je me demande surtout, c'est ce que les jeunes du Québec
ont gagné avec les conspirateurs de l'an 2000, avec l'oeuvre du plus
jeune député du gouvernement d'alors. J'espère qu'on
pourra me répondre, M. le député de Verchères,
même s'il n'en faisait pas partie, doit être au courant de cela.
D'ailleurs, je dois dire que le député de Verchères a
toujours été plus sérieux que l'ancien
député d'Abitibi-Témiscamingue. Par conséquent,
comme jeunes députés en cette Assemblée, nous n'avons pas
de leçon à recevoir de l'Opposition, qui a formé le
gouvernement pendant neuf ans, si on analyse ce qui s'est fait
concrètement par leurs députés à
l'époque.
M. le Président, le gouvernement travaille actuellement à
la réforme de l'aide sociale. C'est un engagement ferme, pris en
campagne électorale, c'est un travail difficile, mais c'est un travail
auquel le gouvernement s'est attaqué dès son arrivée au
pouvoir.
En effet, c'est en travaillant qu'un jeune peut trouver sa raison de
vivre, d'espérer, de se réaliser. C'est donc auprès des
jeunes aptes au travail que la réforme de l'aide sociale doit trouver
toute sa signification. Déjà, le ministre administre des
programmes de développement de l'employabilité, rattrapage
scolaire ayant comme objectif de permettre à des
bénéficiaires de l'aide sociale de moins de 30 ans ou à
des chefs de familles monoparentales d'acquérir des connaissances
supplémentaires en vue d'accroître leur employabilité et
d'augmenter leurs chances d'atteindre leur autonomie financière. On
offre des programmes personnalisés pour accélérer le
rattrapage scolaire pouvant aller jusqu'à l'obtention du diplôme
d'études secondaires.
Il y a aussi le programme du retour aux études postsecondaires
pour les chefs de familles monoparentales. Est-ce que je peux parler, est-ce
que ce sont mes cinq minutes?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Je veux juste faire remarquer au
député de Taschereau, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Vous aurez votre droit
d'intervention tout à l'heure pour contester tout ce que vous
voulez.
M. Leclerc: Je parle des programmes -est-ce que je dis des
faussetés - que le ministre administre.
Le Président (M. Bélanger): En attendant, on va
respecter le temps de parole du député de Taschereau.
M. Charbonneau: Non, mais vous avez juste oublié un
détail, c'est que c'étaient des programmes de l'ancien
gouvernement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député.
M. Leclerc: Je n'ai pas dit le contraire, j'ai dit que
c'étaient des proqrammes que le ministre administrait. Cela doit
être vrai?
M. Charbonneau: Des programmes que vous aviez
dénoncés quand vous étiez dans l'Opposition et,
aujourd'hui, ils sont bons.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, je vous rappelle à l'ordre car
la parole appartient au député de Teschereau et je voudrais qu'on
respecte cela. M. le député.
M. Leclerc: Je vous ferai remarquer bien humblement que nous
avons fait un certain ménage, une certaine rationalisation dans ces
programmes.
C'est du programme des travaux communautaires dont je veux vous
entretenir plus spécialement parce que j'ai dans mon comté un
exemple un peu extraordinaire, le Service amical basse-ville Inc., qui est un
organisme bénévole de mon comté, oeuvrant auprès
des démunis et des personnes âgées. Les administrateurs de
cet organisme ont engagé, dans le cadre des travaux communautaires, huit
jeunes qu'ils ont encadrés, à qui ils ont fixé des
objectifs,
bref des jeunes qu'ils ont aidés.
Ces mêmes jeunes, pendant cette même période, ont
aidé la collectivité, principalement les personnes
âgées, par des légers travaux ménagers, en les
aidant à préparer des repas, en les divertissant. Après
douze mois du programme, compte tenu de leur expérience, certains de ces
jeunes ont été engagés comme préposés aux
bénéficiaires dans un centre d'accueil de mon comté. (11 h
30)
Voilà donc une expérience réussie, une
expérience où les jeunes assistés sociaux ont
été encadrés, ce qui leur a permis de faire des travaux
qui ont aidé leur collectivité et qui ont débouché
sur un emploi à temps plein. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Je cède la
parole à M. le député de Verchères, qui
était très impatient.
M. Jean-Pierre Charbornneau
M. Charbonneau: Oui, M. le Président, parce que cela prend
un sacré front de boeuf pour un jeune député, qui
n'était pas ici, dans cette Chambre, il y a un an et demi, de venir
vanter les programmes de l'ancien gouvernement, alors que le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui était ici,
à peu près à la même place où je suis assis
aujourd'hui, les dénonçait vertement, ces programmes. Et
aujourd'hui, le député de Taschereau vient jouer
l'angélisme en disant: Avec nous autres, les libéraux, regardez
comme ça marche bien! Il faut avoir du front en sacrifice! Les 300 000
jeunes chômeurs qui vous écoutent actuellement doivent vous
trouver drôle pas mal, ils doivent trouver que vous n'avez pas
livré grand marchandise depuis douze mois.
Statistique Canada, le ministre en parlait. Je vais lui parler du
bulletin 71001 d'octobre 1986 - cela ne fait pas longtemps - qui disait: "Au
Québec, pour les emplois à temps plein, en 1985, il y avait 417
000 emplois; en 1986, 414 000. Résultat: moins 3000 emplois à
temps plein pour la catégorie d'âge des 15-24 ans. En Ontario,
pour la même période - vous aimez ça, les comparaisons avec
l'Ontario - en 1985, 655 000; 1986, 677 000. Total: plus 22 000. Bilan
libéral: moins 3000 emplois à temps plein pour les jeunes de
15-24 ans". Citation: Statistique Canada. Le ministre aime ça,
Statistique Canada, bulletin 71001, octobre 1986.
Le ministre nous a parlé du permis de travail, de l'abolition de
la discrimination, mais il n'a pas répondu... Je prends à
témoin tous ceux qui nous écoutent, ce matin, ou qui vont nous
écouter en différé. Combien de questions ont eu des
réponses ce matin? Combien, entre autres, d'emplois seront
créés par l'abolition du permis de travail? Le ministre donne
l'impression que l'abolition du permis de travail, ce n'est que pour les
jeunes. La réalité de la loi qui nous a été
présentée, c'est que ce sera ouvert è tout le monde,
à tous ceux qui sont actuellement compétents et à tous
ceux qui vont le devenir. Actuellement, il y a à peu près 70 000
emplois dans la construction, mais il y a deux fois plus de personnes qui sont
actuellement compétentes.
Cela ne prend pas un cours à l'université pour comprendre
qu'il n'y aura pas un job de plus. Ce que vous avez fait, c'est déplacer
le problème. Ce que vous allez faire, c'est créer une plus grande
concurrence qui donnera un effet négatif sur le niveau de salaire des
gens qui travaillent dans la construction. Contrairement à ce que vous
avez dit, la construction a probablement été, au cours des deux
ou trois dernières années, l'industrie au Québec où
les jeunes ont le plus eu accès aux entreprises, quand on regarde les
chiffres mêmes de l'Office de la construction du Québec: 17 000
dans une année.
Je voudrais aborder une autre question, M. le Président, parce
que le ministre l'a abordée en donnant l'impression que, lui, il
était le héros qui avait réussi l'heureux mariage entre la
Main-d'Oeuvre et l'Éducation à l'égard de la formation
professionnelle et de la qualification. Je peux vous dire que ce qu'il a
réussi, c'est de continuer ce qui avait déjà
été fait, une entente qui avait déjà
été conclue deux ans auparavant par celle qui l'a
précédé.
Cela fait un an qu'on attend du ministre des résultats à
l'égard des négociations fédérales-provinciales sur
la formation professionnelle; qu'est-ce qui arrive? Qu'est-ce qui arrive?
Est-ce que le gouvernement fédéral, sous les pressions de
l'actuel ministre qui est devant nous, a réussi à revenir sur sa
décision de dédoubler les services des commissions de formation
professionnelle du Québec qui ont été vantés par le
député de Saint-Hyacinthe tantôt? Est-ce que le ministre va
appliquer l'engagement électoral d'avoir un guichet unique pour les
services de main-d'oeuvre fédéraux et provinciaux au
Québec? Si on comprend bien le sens de cet engagement électoral,
les services qui seront offerts à la main-d'oeuvre et à la
formation professionnelle au Québec seraient des services du
gouvernement du Québec.
Est-ce que le gouvernement fédéral a enfin reconnu la
légitimité, depuis un an de négociations sous
l'autorité du ministre actuel, est-ce que le gouvernement
fédéral a enfin reconnu l'autorité du gouvernement du
Québec sur le contrôle des programmes de recyclage et de formation
de la main-d'oeuvre spécialisée? Qu'est-ce qui arrive des
engagements électoraux à l'égard du recyclage de la
main-d'oeuvre? Qu'est-ce qui
arrive de votre engagement électoral à l'effet de mettre
sur pied un - programme de régime d'épargne-recyclagé?
Qu'est-ce qui arrive de votre programme politique qui nous parlait d'un projet
de loi-cadre favorisant l'apprentissage? Qu'est-ce que vous avez fait des
documents que vous avez trouvés quand vous êtes arrivé au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
sur la révision de la politique d'apprentissage, projet de document de
consultation qui datait de 1984 et qui a été suivi d'un
état du dossier daté de septembre 1984 et, finalement, en 1985,
d'un document de consultation et de réflexion?
Ce qu'il vous restait à faire, c'est de partir en tournée
dans tout le Québec et de mettre en place une consultation sur la
politique d'apprentissage au Québec. Personne n'a entendu parler de vos
efforts depuis un an è l'égard de la politique d'apprentissage.
Qu'est-ce que vous avez fait? Je reviens à la question initiale que j'ai
posée dans ma première intervention - si ce n'est pas assez -
pour que vous puissiez au moins choisir de nous donner quelques réponses
ce matin. Qu'est-ce que vous avez fait de votre engagement électoral
à propos d'une politique intégrée des ressources humaines?
Qu'est-ce que vous avez fait de votre engagement électoral à
propos des tables régionales de développement de l'emploi?
Qu'est-ce que vous avez fait des documents qui avaient été faits
par l'ancien gouvernement? À la plupart des engagements
électoraux que vous avez pris, il y avait du travail qui était
prêt à être opérationnalisé quand vous avez
pris le pouvoir, vous qui étiez, après neuf ans dans
l'Opposition, semble-t-il, il y a un an, prêts à assumer les
responsabilités. Qu'est-ce que vous avez fait depuis un an de tous ces
dossiers qui attendaient une impulsion additionnelle, une volonté
politique? Qu'est-ce que vous avez fait et qu'est-ce que vous attendez ce matin
pour nous donner des réponses précises a des questions
importantes pour 300 000 jeunes au Québec qui sont sans emploi et qui
ont cru le Parti libéral il y a un an?
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vais
peut-être, si l'Opposition y consent, répondre, dans un premier
temps, à quelques-unes des questions. On ne peut pas répondre
à toutes les questions. J'en ai laissé une très importante
en suspens, tantôt, de Mme la députée de Chicoutimi, qui
touchait à peu près 50 000 jeunes dans la région de
Montréal. Je ne l'ai pas fait exprès. Je l'ai fait faute de
temps. Je vais tenter de continuer d'enfiler dans mes dix minutes de
façon que Mme la députée, tel que nos règlements le
prévoient, à partir de 11 h 50, puisse conclure. Si cela va avec
l'Opposition, sans interruption jusqu'à...
Le Président (M. Bélanger): Êtes-vous
d'accord que l'on puisse ajouter cinq minutes aux dix minutes et donner quinze
minutes de conclusion à M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, onze minutes, c'est
assez.
Le Président (M. Bélanger): Oui, à peu
près onze minutes, douze minutes.
M, Charbonneau: A condition que le ministre ne soit pas trop
chatouilleux sur les autres interventions qu'on va faire. Si on peut
dépasser d'une ou deux minutes, il n'y aura pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez
déjà dépassé de deux minutes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre n'a pas l'habitude
d'être chatouilleux.
M. Charbonneau: On est souple ce matin.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Charbonneau: On permet à des jeunes
députés, M. le Président, de se faire les dents un
peu.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Bélanger): Je vous rappelle
à l'ordre! La parole appartient au ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la
Sécurité du revenu. M. le ministre, je vous en prie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Verchères me demande essentiellement ce qu'on a fait avec tout ce qu'on
a trouvé au ministère quand on y est arrivé. Je vais vous
répondre bien simplement et bien sincèrement. Ce qui allait dans
le sens du programme du Parti libéral du Québec pour lequel on a
été élus, ce qui allait dans le sens de la diminution du
chômage et de la diminution de l'aide sociale, ce qui allait dans le sens
de la création d'emplois, nous l'avons conservé. Ce qui allait
dans le sens des politiques péquistes qui augmentaient le chômage,
qui augmentaient l'aide sociale, qui décourageaient l'investissement,
qui faisaient en sorte qu'il y ait moins d'emplois créés, on l'a
remplacé par des documents du Parti libéral du Québec.
C'est à partir de ces documents que nous avons travaillé au
cours
de l'année et en conclusion, tantôt, je vous referai le
petit bilan de ce qui a été fait surtout pour la jeunesse
québécoise parce que c'est le but de notre intervention.
Je ne voudrais pas quitter sans répondre à la question de
Mme la députée de Chicoutimi qui nous parle des 50 000 jeunes qui
n'étaient pas recensés, si je peux utiliser l'expression. C'est
un peu comme le travail au noir dans la construction, si je fais une
comparaison, mais ces gens-là sont plus démunis parce qu'ils ne
travaillent pas, généralement. Ils ne sont recensés ni par
Statistique Canada, ni par le Bureau de la statistique du Québec, ni par
le programme d'assurance-chômage du fédéral, ni par le
programme d'aide sociale au Québec. Ce sont des gens qui, par choix, par
ignorance ou parce qu'ils sont tellement mal pris dans le système, n'ont
même pas le moyen d'avoir accès au système de
sécurité minimale dans notre société. Il y a des
jeunes parmi ces gens-là et il y en a des moins jeunes. Il y a des
personnes âgées. On les évalue à environ 50 000. Je
profite de l'occasion - parce que, quelquefois, ces gens-là ont la
chance d'avoir des amis - d'indiquer à ces derniers que le Québec
a un programme d'aide sociale et que, lorsqu'une personne est ce qu'on appelle
totalement démunie et sans ressources, on a une clause d'urgence dans
notre programme d'aide sociale qui fait en sorte qu'on peut répondre
immédiatement, de façon minimale, à ses besoins les plus
pressants.
Je fais appel à leurs amis, à ceux qui en connaissent,
d'informer ces citoyens qu'en vertu de la loi existante, de la
réglementation existante et des directives existantes dans les bureaux
de Travail-Québec ils peuvent s'y présenter et ils y seront bien
accueillis. Ils ont droit à un minimum vital de toute urgence et ce,
sans avoir, lorsque c'est évident qu'ils sont complètement
démunis, à attendre que le processus administratif fonctionne.
C'est une somme qui est déboursée d'urgence. Dans certains cas,
le ministère, dans le passé, s'est fait avoir, mais le risque en
vaut la chandelle. Si on a pu en aider davantage qu'on s'est fait avoir, on est
content du résultat. Le Vérificateur général nous a
d'ailleurs reproché de nous être fait avoir dans le passé
à plusieurs reprises, mais nous n'abolirons pas ce programme. Nous le
maintiendrons parce que ces gens existent et que, comme société,
nous nous devons d'être ouverts pour répondre au minimum de leurs
besoins.
Le député de Verchères m'a parlé d'un
dossier très important pour le Québec qui est actuellement en
négociation avec Ottawa et qui traîne en longueur sur le plan des
négociations. Je vous dirai qu'il y a des éléments
internes qui font que cela traîne en longueur, mais il y a
également des éléments externes. Quand je suis
arrivé au dossier, j'ai repris une négociation qui avait
été enclenchée par celle qui m'a
précédé comme ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, Mme Marois. Un changement ministériel
occasionne toujours un délai. J'ai repris ces négociations avec
Mme MacDonald, qui était alors ministre responsable de ces programmes au
niveau fédéral. Il y a eu au mois de juin remaniement
ministériel alors que nous étions très près d'une
entente entre les ministres concernés. M. Bouchard, qui a
remplacé Mme MacDonald, s'est mis à l'ouvrage tout de suite, mais
lui aussi a dû faire un certain apprentissage qui a occasionné un
deuxième délai.
Maintenant, au début du mois, à la suite de tous ces
pourparlers et toutes ces négociations, j'ai envoyé à
Ottawa, à mon vis-à-vis, M. Bouchard, une proposition qui
rassemblait l'essentiel des négociations qui avaient eu lieu sur
à peu près tous les ministres concernés, qui relatait les
points sur lesquels nous nous étions mis d'accord et qui faisait des
propositions acceptables pour le Québec sur le plan et juridictionnel,
et financier pour nous assurer que non seulement nous conservions tout ce qui
avait été acquis dans le passé, mais pour que nous
puissions aussi augmenter dans la mesure du possible et sur le plan
juridictionnel, et sur le plan financier la place que le Québec se doit
d'occuper partout dans la formation professionnelle.
Au moment où on se parle, j'attends -je tiens à le
souligner, l'offre a été faite au début du mois - la
réaction officielle du gouvernement fédéral. Si, lorsque
je la recevrai, elle conclut à un accord, il me fera plaisir de vous en
informer et d'informer cette Assemblée nationale. Je souhaite que le
tout se produise avant l'ajournement de la période des fêtes.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Je cède la parole au député de Saint-Hyacinthe. Il
appartiendra encore cinq minutes au député de l'Opposition, le
député de Verchères. Ce sera ensuite la période des
conclusions. M. le député.
M. Charles Messier
M. Messier: Merci, M. le Président. Mme la
députée de Chicoutimi faisait état tout à l'heure,
il y a quelques minutes, de la performance de la commission jeunesse du Parti
libéral du Québec. Je vois dans les gradins le
vice-président de cette commission qui nous donne un bon coup de main et
qui aide la commission du Parti libéral du Québec à
très bien fonctionner.
D'emblée, M. le Président, il nous faudra rationaliser les
programmes que le Parti québécois a mis en place. Il nous faudra
une politique globale pour les jeunes, une politique non discriminatoire qui
vise à
l'épanouissement de notre jeunesse. On sait que le gouvernement a
consacré en 1985 plus de 165 000 000 $ pour la formation, l'insertion
sociale, la création d'emplois et le soutien technique. Au mois de mai
1985, à peu près 28 000 jeunes participaient à ces
programmes, c'est-à-dire un jeune sur treize, sans emploi seulement. Le
défi pour notre gouvernement libérai, c'est d'amener 300 000
jeunes sans emploi à une démarche susceptible de les
intégrer progressivement sur le marché du travail. Par
rationalisation, nous devons regarder de près tous les programmes
devenus désuets et discriminatoires. Nous devons enlever les irritants.
À titre d'exemple, les travaux communautaires: encadrement
déficient, rémunération en deçà du salaire
minimum, pas de choix à la suite de leur participation, stage en milieu
de travail, maintien de leur statut d'assisté social, gestion lourde du
programme en question et subvention d'emploi incertaine. (11 h 45)
Jeunes volontaires: pas de reconnaissance formelle des acquis de
formation et promotion inefficace. Ce ne sont que quelques programmes
constitués par le Parti québécois, dont les objectifs
ultimes de formation, d'acquisition d'expérience et de meilleure
employabilité ne sont pas atteints. Dans un avis du Secrétariat
à la jeunesse sur l'action gouvernementale à l'intention des
jeunes, document déposé en février 1986 au cabinet du
premier ministre, il est fait mention à la page 74 dudit document: "II y
a inadéquation flagrante entre les objectifs visés et les
résultats obtenus. Cette situation relève, à notre avis,
d'un manque de coordination entre les politiques de main-d'oeuvre et les
politiques d'éducation - chose qu'on va corriger effectivement avec le
nouveau programme du Parti libéral - et les besoins du marché du
travail et les solutions gouvernementales. Commission de formation
professionnelle. Plusieurs autres facteurs sont également la cause de ce
manque de réussite dans l'action gouvernementale." Là, on fait
l'historique du Parti québécois. "Le manque de consultation par
les fonctionnaires auprès de l'entreprise privée dans
l'élaboration de solutions. Les partenaires du gouvernement ne se
sentent pas concernés par des programmes qui leur sont exposés.
"Une réglementation dans certains secteurs de l'économie qui
interdit littéralement aux jeunes l'accès à un emploi."
Ah! On dirait que la loi 119 refait surface. "Une réglementation dans
certains secteurs de l'économie qui interdit littéralement aux
jeunes l'accès à un emploi. Une centralisation dans la gestion
des programmes qui nuit à l'implication régionale. Le
gouvernement gagnerait beaucoup plus à impliquer les organismes publics
et privés dans la gestion de ses différentes mesures.
Pour aider à résoudre l'ensemble de ses problèmes -
et je lis toujours le document qui a été présenté
au gouvernement et à M. Robert Bourassa - il est primordial d'imposer
aux différents ministères une concertation soutenue qui aboutisse
à une coordination dans leurs actions plus efficace. Il est
également essentiel que le gouvernement tienne systématiquement
compte des recommandations de ceux qui, sur le terrain, vivent quotidiennement
à partir des politiques et programmes que le gouvernement
élabore: les jeunes et les qroupes de jeunes, les partenaires
socio-économiques et les organismes publics et parapublics,
régionaux et locaux."
En conclusion, le député de Verehères faisait
allusion, tout à l'heure, au groupe de soutien aux initiatives jeunesse;
j'aimerais faire mention qu'à Saint-Hyacinthe - on peut extrapoler au
niveau de la MRC des Mascoutains - on a un groupe qui s'appelle le GAJEM,
Groupe d'aide aux jeunes employeurs mascoutains. Ils sont très
performants et les prétentions du nouveau caucus, comité ad hoc
sur la jeunesse, c'est de garder le système tel quel. C'est de faire en
sorte, peu importe qui va avoir le dossier, le ministère de l'Industrie
et du Commerce ou le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, de garder nos acquis et que les groupes
d'aide puissent fonctionner, demeurer opérationnels et devenir plus
performants.
C'est une qualité qu'on doit avoir dans l'économie
québécoise. C'est une qualité qu'on doit avoir pour les
jeunes et on doit la maintenir. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Je cède
la parole au député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Eu égard aux critiques du
député de Saint-Hyacinthe sur les programmes, je pense qu'il
s'est trompé de texte, j'imagine, de la part de ses recherchistes. Le
texte dont il parle, c'est le discours qu'on nous tenait quand vous
étiez de ce côté-ci de la Chambre, sauf que le ministre,
lui, a reconduit le programme, a mis plus d'argent qu'il n'y en avait parce que
c'étaient des programmes expérimentaux.
La seule chose que le ministre n'a pas fait, c'est qu'il n'a pas mis
autant d'argent qu'on ne s'apprêtait à en mettre; alors que,
lorsque les élections sont intervenues, on était à
l'étape de la révision budgétaire. Le ministre
connaît cela, la revue des programmes. À ce moment-là, il
devait y avoir une injection plus importante de fonds que celle que le
gouvernement actuel a mise. Avec le résultat que, finalement, on a fait
la promesse aux jeunes qu'avec les libéraux la parité viendrait.
Mais ce serait une parité
particulière, conditionnelle, leur a-t-on dit pendant la campagne
électorale, conditionnelle à la participation à des
programmes. Or, actuellement, les programmes n'arrivent même pas a
rejoindre l'ensemble des jeunes qui sont susceptibles d'y être
intéressés et d'être concernés. À cet
égard, c'est un peu choquant, sinon scandaleux d'entendre le ministre et
ses collègues nous parler de l'abolition de la discrimination pour les
jeunes, en particulier à l'égard de l'aide sociale.
Le ministre a laissé entendre que l'Opposition et le chef de
l'Opposition en particulier étaient contre la parité. Ce que nous
avons dit - nous sommes cohérents avec ce que nous avons fait lorsque
nous étions au pouvoir - c'est ceci: Contre la parité
inconditionnelle. Autrement dit, on ne donnera pas plus d'argent à un
jeune de moins de 30 ans s'il ne participe pas aux programmes dont justement le
ministre a reconnu la valeur et pour lesquels il a injecté des fonds
additionnels. C'était cela la parité sous l'ancien
gouvernement.
Le gouvernement actuel a tenu deux langages: c'est cela le tort
considérable. Il a fait accroire aux jeunes et il continue de faire
accroire aux jeunes qu'ils recevront la parité inconditionnelle. Sauf
que pendant la campagne électorale on a réajusté le tir.
On a dit aux jeunes que ce serait la parité à condition.
La question que je pose aujourd'hui, que j'ai posée je ne sais
combien de fois dans cette Assemblée sans jamais avoir de réponse
honnête de la part du ministre ni du premier ministre: De quelle genre de
parité parlez-vous dans le document sur lequel vous travaillez? Est-ce
que vous vous apprêtez a accorder la parité pour les 18-30 ans
sans obligation de participer aux programmes qui existent actuellement? Ou
est-ce que vous allez les obliger, comme actuellement ils sont obligés
de le faire pour avoir la parité, à participer à ces
programmes? La question ne peut pas être plus claire, M. le
Président. Cela demande une réponse franche, honnête et
surtout limpide.
M. le Président, quand le ministre va-t-il à nouveau nous
produire un énoncé de politique? Le premier ministre l'a
renvoyé faire ses devoirs à deux reprises. Quand devons-nous nous
attendre à un énoncé de politique et quel genre
d'énoncé de politique va-t-on avoir? Est-ce que c'est un document
de consultation? Est-ce que c'est un énoncé de politique
gouvernementale, un livre blanc sur la réforme de l'aide sociale? Quand?
Le premier ministre nous a dit, il y a deux semaines: Fin de novembre,
début de décembre. On est aujourd'hui le 28 novembre. Quand
allons-nous avoir ce document? Et est-ce que ce sera un document dans lequel le
gouvernement fera son lit? Est-ce que ce sera un document par lequel les
problèmes des jeunes seront reportés aux calendes grecques?
Est-ce que, dans ce document et actuellement dans le travail qui s'effectue au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
à l'égard de la réforme de l'aide sociale, on aborde le
problème de la révision de la fiscalité? Qu'est-ce qu'on
fait de l'engagement électoral d'abaisser le taux des barèmes
d'aide sociale quand les gens vont travailler? Quant aux incitations au travail
qu'on avait fait miroiter pendant la campagne électorale, qu'est-ce qui
arrive? Est-ce que dans le document on va reconnaître que, pour inciter
les jeunes et les moins jeunes a travailler quand ils bénéficient
de l'aide sociale, il faut, entre autres, ne pas les pénaliser quand ils
vont travailler. Est-ce que ce problème va être franchement
abordé? Quel genre de consultation va-t-on avoir en commission
parlementaire?
Est-ce que le ministre accepterait, aujourd'hui, la demande que nous lui
formulons de tenir une commission parlementaire itinérante quand ce sera
le temps de présenter son document sur la réforme de l'aide
sociale? Est-ce qu'il accepterait qu'une commission parlementaire puisse se
tenir un peu partout dans les régions du Québec pour que les
jeunes et les moins jeunes n'aient pas à se déplacer au
parlement, à leurs frais, pour venir dire au gouvernement ce qu'ils
pensent de sa stratégie d'emploi, de son action à l'égard
de la sécurité du revenu et de sa réforme de l'aide
sociale? Est-ce que le ministre serait prêt à cela au moins?
Est-ce qu'ont peut avoir au moins une réponse sur cela aujourd'hui? Pour
les 18-20 ans, certaines fuites, cet été, laissaient entendre
qu'il y aurait à leur égard des coupures particulières
pour ceux qui vivent chez leurs parents. Est-ce cela qui est envisagé
actuellement?
M. le Président, je crois que les questions que nous lui avons
posées ce matin à l'égard de l'aide sociale au cours des
cinq dernières minutes appellent des réponses franches,
honnêtes et directes. Que le ministre cesse de jouer au fin finaud ce
matin et qu'il nous donne enfin des réponses! Il n'est pas en
élection, les élections ne sont pas demain matin. Ce que les gens
veulent avoir d'un ministre responsable, ce sont des réponses
responsables, claires et franches, non pas du "flâsage", comme on en a
entendu depuis deux heures ce matin.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député. S'il vous plaît, je vous rappelle à l'ordre!
Nous sommes rendus à la période finale de cette interpellation.
Il y aura donc un dix minutes franc - je me permettrai de vous arrêter,
M. le ministre, si on déborde -il y aura un dix minutes franc a M. le
ministre pour conclure et un dix minutes
franc ensuite à Mme la députée de Chicoutirni pour,
elle aussi, apporter ses conclusions. M. le ministre, la parole vous
appartient.
Conclusions M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, dans ses
derniers propos, le député de Verchères dit que, depuis
deux heures, ou quasiment deux heures, c'est seulement du "flâsage". Je
vous ferai remarquer qu'il y a une entente interparlementaire pour diviser le
temps en deux et que peut-être qu'il dit la motié de la
vérité. Chacun pourra interpréter parce qu'il n'y a
vraiment pas eu entente sur des questions de base, sur ce qui s'est fait depuis
un an au Québec. Je pense que, s'il n'y a pas eu entente, c'est
peut-être parce qu'il y en a qui pensent qu'il faut jouer le jeu
parlementaire jusqu'au bout et qu'il n'y a pas moyen, à un moment
donné, de retrouver chez l'autre - peut-être comme j'ai
tenté de le faire au cours de ce débat -des questions
constructives et des solutions constructives. J'ai ouvert la porte au
député de Verchères à l'occasion de ce débat
et j'ai repris les suggestions de Mme la députée de
Chicoutimi.
Je vais tenter de rappeler les quatre mandats dont je suis responsable
en ce qui concerne spécialement les jeunes - c'était là
l'objet de notre débat ce matin: les conditions minimales de travail,
les politiques de main-d'oeuvre, les politiques d'emploi et les politiques de
sécurité du revenu en ce qui concerne notre jeunesse. Moi, cela
ne me fait rien que le Parti québécois dise qu'on n'a rien fait,
mais il y a des choses qui sont tellement évidentes que, si vous
continuez à maintenir cela, il y a des gens qui ne vous croiront
plus.
Parmi ces gens, je vais tenter de vous en identifier quelques-uns. Cela
a été votre pire problème, du temps où vous
étiez au gouvernement, celui de dire la vérité et
d'être cru par la population. C'est cette crédibilité que
vous n'avez pas présentement. Quand vous dites qu'on n'a rien fait, vous
pourriez au moins dire "è part ceci", et je vais vous donner quelques
exemples: l'augmentation du salaire minimum pour les jeunes, pour la
société, pour tous les Québécois qui travaillent au
plus bas revenu et pour les jeunes. Le jeune âgé de 18 ans qui
travaillait à 4 $ l'heure sait qu'on s'en est occupé et que c'est
4,35 $ maintenant; ce n'est peut-être pas suffisant, mais on continue de
travailler dans le dossier. Le jeune âgé entre 16 et 18 ans qui
avait 3,54 $, qui gagne 4,35 $ et qui vous écoute ce matin, vous demande
d'où vous arrivez. Il ne comprend pas le langage que vous tenez. Il sait
qu'on a aboli la discrimination; il sait que vous aviez choisi de la maintenir,
cette discrimination.
Dans les politiques de main-d'oeuvre, on tombe dans - et je l'avoue -
quelque chose qui est un peu plus abstrait, qui est plus difficile à
expliquer, mais combien important pour l'avenir économique de notre
société québécoise. Quand on parle d'arrimage entre
les ministères de l'Éducation et de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, cela peut sembler abstrait pour des gens qui
nous écoutent: Ils nous disent: Devrait-on croire les gens qui disent
que c'était fait avant qu'ils n'arrivent? Ils ne le savent pas trop. Je
vais vous le dire: Ce n'était pas fait, c'était en état de
chicane quand je suis arrivé; autant entre les ministres
concernés qu'entre les sous-ministres concernés et les
différentes directions. On m'a parlé d'une entente qui a
été signée il y a deux ans; en tout cas, si elle a
été signée, elle n'a pas été
respectée parce que c'était en état de chicane.
On vous parle de formation, de collaboration, de concertation entre le
ministère de l'Éducation, le ministère de la Main-d'Oeuvre
et les parties concernées. De quelle façon impliquez-vous tes
parties dans la formation? Dans le domaine de la construction, le fait que vous
n'ayez pas impliqué les parties fait en sorte que, de l'avis de tous,
des travailleurs, de leurs syndicats, des employeurs, de leurs associations et
même des ministères concernés, on s'est
débranché en matière de formation et, parce qu'on veut se
rebrancher sur la réalité des chantiers, vous êtes contre
la concertation dans le domaine de ta formation.
Dans le domaine de l'accès des jeunes en ce qui concerne le
projet de loi 119, la loi qui touche la construction, les jeunes savent que
c'est le chef de l'Opposition qui a instauré le permis de travail qui
leur interdisait, qui discriminait contre la jeunesse québécoise.
Présentement, ils vous observent vous opposer à cette chance
égale qu'on veut donner, nous du Parti libéral, aux jeunes du
Québec. Ils vous regardent et ils ne vous croient pas quand vous leur
dites que vous êtes en faveur de la jeunesse.
En ce qui concerne l'emploi, on peut faire la guerre de chiffres qu'on
voudra, il y en a qui sont clairs, des chiffres de Statistique Canada, en
septembre 1985, septembre 1986, c'est 65 000. Ces 65 000 personnes - elles ne
vous croient pas non plus ce matin - ont des jobs de plus au Québec.
Elles sont à l'ouvraqe. Elles vont nous écouter en
différé. Si cela avait été en septembre 1985, elles
auraient pu nous écouter en direct parce que le vendredi elles ne
travaillaient pas. Elles vont nous écouter en différé en
fin de semaine et elles vont dire: Oui, c'est vrai, je suis un de ces 65 000
qui se sont trouvé un emploi et il y
en a beaucoup chez les jeunes.
Chez les 15 à 24 ans, et il y en a beaucoup qui nous
écoutent ce matin parce qu'ils n'ont pas de travail, cela s'est
amélioré de 0,9 % en dix mois. Vous pouvez nous dire que ce n'est
pas suffisant et, là, je vous comprendrais parce que tant que ce n'est
pas complètement réglé, ce n'est pas suffisant. Nous dire
qu'on n'a rien fait, encore là, vous jouez de l'autre côté
de la Chambre sur votre crédibilité.
En matière de chômage, entre septembre 1985 et septembre
1986, encore la même année, on a une diminution de 25 000
chômeurs; ces gens étaient chômeurs et ils ne le sont plus,
dont 15 000, 60 % chez les jeunes de 15 à 24 ans. Est-ce que ce n'est
pas favorable aux jeunes? Vous aimez sans doute en voir plus que moins, vous.
Cela favorise peut-être certaines argumentations de l'Opposition.
Quant à l'aide sociale - c'est mon mandat de ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu - au mois de mars,
lorsque j'ai commencé à travailler avec acharnement et ardeur
à la réforme de l'aide sociale, j'avais une clientèle qui
était drôlement différente de celle avec laquelle je me
retrouve aujourd'hui. Parce que, oui, le Parti libéral a fait une
meilleure gestion de la loi et des règlements. Parce que, oui, le Parti
libéral a instauré au Québec un meilleur climat
économique. Parce que, oui, le Parti libéral a contribué
à la création d'emplois au Québec. Je me retrouve avec une
clientèle qui compte, grosso modo, quelque 57 000 individus de moins.
Quand vous faites des chiffres, c'est important dans vos calculs. Quand vous
allez au Conseil du trésor, que vous avez 57 000 individus qui ne
dépendent plus d'un programme parce qu'ils ne sont pas qualifiés
ou qu'ils se sont trouvé de l'emploi cela change la perspective. (12
heures)
Parmi ces 57 000 individus, il y a 43 000 jeunes. Si vous parlez en
termes très stricts de ménages à l'aide sociale, il y en a
au total 34 258 de moins en novembre, si vous voulez le nombre exact. Parmi ces
ménages, les ménages dont le chef de famille a moins de 30 ans,
nos jeunes, il y en a 20 000 sur les 30 000. Encore une fois c'est 60 % chez
nos jeunes.
Vous nous demandez un débat? On vous donne des chiffres. On vous
permet - c'est votre droit - de les contester et de dire que le ministre donne
des faux chiffres, que ce n'est pas bon qu'il n'a rien fait, etc. Mais les
jeunes qui ne sont plus à l'aide sociale, les jeunes qui ne sont plus au
chômage parce qu'ils sont à l'ouvrage, ils vous écoutent et
disent: Oui, il en reste et il en reste trop. Le Parti libéral va
continuer dans cette direction, le Parti libéral va continuer à
créer de l'emploi jusqu'à ce que nos jeunes aient de
l'emploi.
Mais il y a aussi les principes. Parce que les jeunes
s'intéressent également aux principes; ils s'intéressent
aux chiffres, mais ils s'intéressent aussi aux principes; ils vous
regardent et ils vous analysent. Ils disent: Le député de
Verchères, il était là, lui, du temps où le Parti
québécois était le gouvernement. Il était
même là avec des responsabilités certaines:
secrétaire parlementaire au premier ministre du Québec
responsable du dossier jeunesse! Est-il déjà intervenu -
là, je vais mesurer mes propos -avec succès? Je ne suis pas
sûr qu'il ne soit jamais intervenu, mais est-il déjà
intervenu avec succès pour abolir les discriminations dans les lois qui
punissaient les jeunes Québécois? Est-ce qu'il l'a fait pour la
Loi sur le salaire minimum? S'il me dit oui, je vais prendre sa parole, mais je
vais lui répondre sans succès, par exemple.
Est-il déjà intervenu dans le domaine des permis de
travail dans l'industrie de la construction pour dire à son chef actuel:
Quand tu établis un permis de travail basé sur le nombre d'heures
travaillées dans le passé, tu fermes l'accès à
cette industrie, tu discrimines les jeunes? Je ne prétendrai pas qu'il
n'est pas intervenu, mais s'il est intervenu, c'est sans succès.
Le député de Verchères m'a amené, comme
dernier dossier, un dossier important et capital pour la jeunesse
québécoise et pour l'ensemble de notre société - le
président m'indique l'heure - le dossier de la réforme de l'aide
sociale. II n'y aura pas, je pense, dans ce dossier, pas plus qu'il ne peut y
en avoir dans d'autres dossiers où on évolue positivement,
d'entente possible entre l'Opposition et le gouvernement. Le Parti
québécois, en tout cas, son chef - je n'irai pas plus loin que
cela - est opposé à la parité des jeunes, des
assistés sociaux.
M. Charbonneau: Ce n'est pas vrai!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas vrai. J'entends cela
de l'autre côté, du député de Verchères.
Voici une copie de La Tribune de Sherbrooke. C'est peut-être juste
à Sherbrooke qu'il est opposé. Je vais limiter le territoire, il
est peut-être opposé juste à Sherbrooke. La Tribune,
Sherbrooke, le mercredi 31 juillet 1985. Lors de la course au leadership du
Parti québécois, je pense même que vous avez appuyé
ce candidat, vous. "Johnson opposé à la parité - faites un
zoom, vous allez voir - pour les jeunes assistés sociaux".
M. Charbonneau: Est-ce que vous acceptez que la caméra
fasse un zoom sur l'ensemble de l'article, hein?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, attendez votre temps
de réplique, s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne pourra pas s'entendre sur le
plan...
M. Charbonneau: Est-ce la parité conditionnelle ou
inconditionnelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne pourra pas s'entendre sur le
plan...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, je vous prierais d'attendre votre
temps de réplique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...des principes avec une
formation politique qui avait bâti, dans un système d'aide
sociale, des critères de dépendance et de discrimination.
L'orientation du Parti libéral est tout autre. Si vous voulez savoir
quelle orientation prendra la réforme de l'aide sociale au
Québec, je vous incite, comme dans le domaine de la construction et
comme dans le domaine du salaire minimum, à lire très
attentivement le programme électoral du Parti libéral du
Québec, programme électoral qui était là il y a un
an, avant l'élection, qui a été là pendant
l'élection et que nous nous sommes engagés envers la population
du Québec - dans toute la mesure du possible et malgré l'effarant
trou de 1 700 000 000 $ sur le plan financier que vous nous avez laissé
- à appliquer, malgré que vous ayez mal géré le
Québec pendant ces dernières années. Le Québec a
voté il y a un an pour un changement de gouvernement, pour l'abolition
de la discrimination contre les jeunes. C'est ce que le Parti libéral du
Québec fait et, à ce sujet, la commission politique des jeunes du
Parti libéral et le caucus des jeunes se veulent les meilleurs chiens de
garde, en tout cas, de meilleurs chiens de garde que le député de
Verchères ne l'a été à l'époque où il
représentait, soi-disant, les intérêts des jeunes
auprès du gouvernement péquiste qui a toujours discriminé
la jeunesse québécoise.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, votre
temps est écoulé.
Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je voudrais
commencer par dire que le ministre est en train de vouloir faire mentir Alain
Dubuc, deLa Presse. Bravol Ce sera la deuxième fois en deux
jours. Hier, c'était le premier ministre qui prenait à partie
La Presse sur la question de la langue. Il distribuait des
médailles de meilleurs journalistes pour parler de la langue au
Québec. Cela va bien votre affaire. Je vous en souhaite encore
quelques-unes de cette nature, la même chose que la ministre des Affaires
culturelles l'autre jour.
Le ministre est en train d'induire les jeunes en erreur et ça
aussi, c'est inacceptable comme vous les avez trichés, trompés,
floués. Vous les avez trichés et vous les avez trahis. Vous
êtes en train de dire qu'on est contre la parité de l'aide
sociale. On était contre conditionnellement à l'introduction dans
un programme de réinsertion. Est-ce que le ministre nous a dit qu'il n'y
avait pas de condition à la parité de l'aide sociale? Qu'il nous
le dise aujourd'hui et que les jeunes l'entendent. Il s'est refusé
à nous le dire. II s'est refusé à nous le dire et il ne
nous le dira pas davantage parce qu'il le sait: sa condition de parité
de l'aide sociale, c'est exactement la même qu'on avait au Parti
québécois. C'est cela qui est gênant et c'est cela qu'il
n'ose pas dire.
Le ministre n'a aucune politique de création d'emplois. Il
essayait de faire croire aux jeunes que relever le salaire minimum cela
crée des emplois, que d'ouvrir les métiers de la construction
cela crée des emplois. Cela partage les emplois mais cela n'en
crée pas. Il n'a pas été capable de nous dire que cela
créait des emplois, pas plus qu'il n'a été capable de le
dire en Chambre. Voyons doncî II faudrait arrêter de rire du monde
un peu.
Au cours de la dernière campagne, M. le Président, le
gouvernement du Parti libéral, le Parti libéral disait: La
nouvelle question nationale, ce sera la jeunesse. Le Parti libéral
disait: Avec un gouvernement libéral, jamais nous n'aurons
été aussi conscients de la condition des jeunes. Cela reste
à prouver. Si le caucus des jeunes du Parti libéral a fait
quelque chose, cela ne se voit pas. Je m'excuse, monsieur, mais vos classes
restent à faire.
Un an plus tard, qu'est-ce qu'il y a? II y a deux projets sur la table.
Un projet, Société d'investissement jeunesse, entrepris par le
gouvernement précédent. On aura beau se péter les
bretelles à l'approche des fêtes et dire: "On vous a donné
une Société d'investissement jeunesse", cela ne trompera
personne. Tout ce qu'on va savoir, c'est que cela vous aura pris un an pour
donner cet outil de développement aux jeunes. Vous appelez cela une
priorité à la création d'emplois. Moi, je n'y crois pas.
Conseil permanent de la jeunesse: cela n'a trompé personne et surtout
pas les jeunes. On n'a qu'à voir la réponse qu'ils ont
donnée à la consultation. Ils ont compris. C'est une succursale
de la commission jeunesse du Parti libéral qu'on leur propose et ils
n'en veulent pas.
Le ministre cite Statistique Canada de septembre dernier. Nous, nous
citons les chiffres de Statistique Canada d'octobre dernier et nous pouvons les
lui fournir s'il ne
les a pas. 22 000 emplois créés en Ontario pour les
jeunes, 3000 perdus ici. C'est toujours Statistique Canada. Cependant, c'est
d'octobre dernier: 600 000 personnes au Québec, qui vivent de
chômage et d'assistance sociale. La moitié a moins de 30 ans. Et
il est en train de se vanter des progrès accomplis. Étonnantl
Par ailleurs, on sait que les 300 000 personnes de moins de 30 ans, qui
vivent d'aide sociale et de chômage, ont, comme formation dans 81 % des
cas, une formation de niveau secondaire ou moins. Il y a un étroit
rapport entre la sous-scolarisation et le chômage, et la
pauvreté.
Le ministre nous disait tantôt: On se concerte, Main-d'oeuvre et
Éducation. Vous êtes en train de concerter votre misère,
parce que, autrement, je ne suis pas capable de le comprendre. Le ministre de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science s'est
fait couper dans tous ses projets et dans tous ses budgets. Cela risque
d'être dramatique et dans les écoles et dans les
universités, l'an prochain. Et c'est la deuxième fois qu'on
retourne le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu à ses devoirs, parce que le président du Conseil du
trésor lui refuse des budgets. Vous êtes en train de concerter,
messieurs, votre misère et votre incapacité de défendre
les jeunes.
Dans le secteur de l'emploi, qui devait constitué une
priorité, on a aboli tous les organismes de concertation nationaux. On a
presque aboli et réduit à une portion congrue un programme qui
s'appelait le programme de travail à temps partagé, qui
était aussi un de vos engagements, mais qu'on avait commencé. Le
budget est passé de 3 000 000 $ à 300 000 $, 90 % de coupures. Et
c'était pour faire de la place aux jeunes.
Aucune mesure fiscale. S'il y en a une, s'il y a des mesures fiscales
prévues, MM. les jeunes députés - si vous voulez des
questions à poser à votre gouvernement, je peux vous en
suggérer quelques-unes - c'en est une à leur poser, cela.
On avait également promis...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte !e droit de parole de Mme la députée de Chicoutimi.
Excusez-moi.
Mme Blackburn: On avait également promis d'établir
des tables de concertation. Ce qu'on a fait: on a aboli les quatre
comités de suivi dans tout le Québec, qui étaient
responsables de réaliser les recommandations faites par ces
comités. Si les jeunes vous voyaient, ils ne vous trouveraient
peut-être pas si rigolo, monsieur. L'intégration des jeunes dans
la fonction publique. Vous en voulez des questions, messieurs? Il y a 500
postes d'occasionnels coupés. Qui est-ce que cela touche? Les jeunes.
Est-ce que le gouvernement est en train de négocier, à
l'invitation du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, des conditions d'intégration des jeunes dans la fonction
publique? Pas de réponse. Je n'ai rien entendu.
Une autre question que je pourrais toujours lui poser, il va
peut-être vouloir vous répondre, ce qu'il ne fait pas avec nous.
Le secteur de l'aide sociale - je le rappelle - c'est le programme du Parti
québécois. Si monsieur ne s'en rappelle pas, je comprends, il n'y
était pas. Il n'était pas membre de ce gouvernement. C'est
pourquoi vous avez répété... Je voudrais bien dire au
député de Taschereau: C'est pourquoi il a repris à son
compte tous les programmes du précédent gouvernement en disant
qu'ils étaient bons et c'est ce qu'il faisait. J'ai trouvé cela
très intéressant tantôt, mais cela n'a rien changé
à la situation. Vous avez repris nos programmes. La parité, c'est
celle qu'on accordait.
Dans le secteur communautaire, l'aide aux jeunes, on a coupé dans
les budgets de jeunes; ce qu'on n'avait jamais fait depuis 1979. On a
gelé les enveloppes, ce qui a eu comme effet qu'on a été
incapable d'ouvrir de nouveaux centres d'hébergement pour les jeunes et
ce qui accule plusieurs maisons de jeunes à la fermeture. Les CEMO, les
Centres externes de main-d'oeuvre qu'on réserve exclusivement aux
bénéficiaires d'aide sociale, qu'est-ce qu'on fait de ces 50 000
personnes? On leur dit: Si vous avez des amis, des parents, dites-leur donc
qu'il existe de l'aide. Cela en est de l'aide. Ouvrez-leur donc les CEMO. C'est
beaucoup plus efficace et, d'ailleurs, les dirigeants vous l'ont dit.
D'autres questions, si vous en voulez, si vous en manquez? Est-ce qu'on
a prévu des programmes d'aide à la retraite, de mise à la
retraite accélérée? Est-ce que vous avez réagi,
messieurs, au moment où on a fermé sept postes au
Secrétariat à la jeunesse? C'est sept emplois de jeunes aussi,
mais c'est un service de moins aux jeunes. Est-ce que, messieurs, vous avez
réagi quand on est en train de signifier à 38 occasionnels qui
sont dans les bureaux de Communication-Québec... Vous parliez
tantôt de l'information privilégiée pour les jeunes. On est
en train de fermer 38 postes au Québec dans les bureaux de
communications aux jeunes, Communication-Québec, et ce sont des postes
destinés à donner de l'information aux jeunes du Québec.
Où étiez-vous? Je voudrais avoir cette réponse.
La priorité, cela a été la privatisation. Quant
à la privatisation, vous êtes-vous interrogés? Le ministre
s'est-il interrogé? A-t-il demandé à ses collègues
ce que cela signifiait sur le travail des jeunes?
Quebecair, 400 postes; Radio-Québec, je ne sais plus combien de
postes. Le programme d'aide aux radios communautaires, c'est quelque 250, 300
ou 400 emplois qui ne coûtaient quasiment rien. Le programme est aboli.
Les emplois risquent de disparaître. Ce gouvernement liquide tout,
même les emplois. Cela doit s'appeler, j'imagine, dans son jargon, la
libre concurrence: Que les plus forts gagnent! Pourtant, les jeunes ne
constituent pas aujourd'hui, au Québec, une richesse si abondante qu'on
puisse ainsi la gaspiller et la mépriser. Au Centre Paul-Sauvé,
M. Bourassa disait aux jeunes qui lui demandaient à quelle place il
prendrait les marges de manoeuvre: Des fonds publics sont encore disponibles
pour les jeunes si le gouvernement coupe dans ses dépenses de voyages et
d'embauche de personnel politique. J'ai hête de voir ce que cela va
donner au prochain budget par rapport au personnel politique, par rapport aux
dépenses de voyages et surtout quand on ajoutera à cela le
coût des comités de sages.
Dans le secteur de l'entrepreneurship, le ministre nous dit qu'il va
maintenir les groupes de soutien aux initiatives jeunesse. J'espère
qu'on ne sera pas obligé de lui dire, dans six mois, qu'il a induit les
jeunes en erreur de même que la population du Québec.
Une voix: Comme pour l'aide sociale.
Mme Blackburn: Comme pour l'aide sociale. Je l'espère. Le
ministre l'a répété.
Autre question. On lui a demandé tantôt s'il avait
réussi à gagner du Conseil du trésor qu'il ajoute des
budgets dans l'enveloppe du programme Jeunes promoteurs. C'est une question que
vous pourrez toujours lui poser, il ne nous a pas répondu.
Le ministre refuse de nous dire comment il va créer de l'emploi.
Les jeunes ont droit de le savoir, comme la population du Québec a le
droit de le savoir. Il ne nous a présenté aucun
élément d'une politique d'ensemble de création d'emplois,
il n'a répondu à aucune question touchant la création
d'emplois. Il nous a dit comment il les partagerait dans la construction, mais
il ne nous a pas dit comment il les créerait.
Si vous en voulez des questions, messieurs, en voilà! Le
gouvernement devrait nous dire quand il va se donner une politique de l'emploi.
Le gouvernement devrait associer les jeunes aux différentes
étapes de consultation au moment où il mettra sa politique de
l'emploi sur pied. Le gouvernement doit donner au Secrétariat à
la jeunesse les moyens de réaliser le mandat qui est le sien; cela
devrait aussi vous préoccuper, messieurs.
Le Président (M. Bélanger); En conclusion, Mme la
députée.
Mme Blackburn: Ce gouvernement doit respecter son engagement
à l'endroit des jeunes assistés sociaux et doit prendre sans
délai des mesures pour répondre aux besoins de ces quelque 50 000
personnes, pas seulement pas le biais des amis, je pense qu'il y a des mesures
plus concrètes que cela.
Il doit également respecter ses engagements a l'endroit des
étudiants. La meilleure façon de contrer le chômage, dans
toutes les populations, c'est encore la scolarisation. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée. Cette intervention met fin à nos travaux.
M. Paradis (Brome-Missîsquoi): M. le Président,
est-ce que je pourrais remercier les parlementaires des deux côtés
et les gens qui les ont accompagnés, qui ont fait des travaux de
recherche? Que l'Assemblée nationale qui a consacré aujourd'hui,
dans des débats qui sont parfois animés et sur lesquels on ne
s'entend pas toujours, du temps à la jeunesse québécoise,
je pense que c'est salutaire et positif. Je remercie tout le monde qui a
participé et qui a apporté sa contribution, dont vous, le
personnel de l'Assemblée, à ce débat.
Le Président (M, Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je pense que ma collègue et moi-même
allons souscrire aux propos du ministre et on va l'assurer que, dans les
prochaines années, dans les prochains mois, ce n'est pas la
dernière fois qu'il va entendre parler des jeunes. Il va en entendre
parler plus que nous, quand on était au pouvoir, on n'en a entendu
parler du côté de l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Ceci termine les
interventions.
La commission, ayant rempli son mandat, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 17)