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(Douze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales poursuit son mandat qui est de
procéder à l'étude détaillée des projets de
loi suivants: le projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, le projet de loi 124, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur l'assurance-maladie, et le projet de loi 139,
Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption
internationale.
Hier, nous en étions à une motion de sous-amendement
déposée par le député de Laviolette. M. le
député, vous avez trente minutes pour débattre votre
motion.
M. Jolivet: Avant de commencer...
Le Président (M. Bélanger): Auparavant, y a-t-il
des remplacements, s'il vous plaît? Excusez-moi, j'allais enfreindre le
règlement.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Rouyn-Noranda--Témiscamingue) est remplacé par M. Marcil
(Beauharnois), Mme Cardinal (Ch&teauguay) par Mme Trépanier
(Dorion), M. Chevrette (Juliette) par M, Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gauthier
(Roberval) par M. Filion (Taillon), Mme Juneau (Johnson) par M. Blais
(Terrebonne), M. Lemire (Saint-Maurice) par M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vermette (Marie-Victorin) par M. Jolivet
(Laviolette). C'est tout.
Le Président (M. Bélanger): Excellent! Alors, nous
pouvons donc procéder, M. le député de...
M. Jolivet: Je voudrais poser une question avant de commencer mon
intervention. Est-ce qu'il y a un changement dans l'ordre ou si l'on est
toujours sur le projet de loi 142. N'y a-t-il pas eu une inversion? Est-ce que
ce n'est pas le projet de loi 124?
Le Président (M. Bélanger): Non, M. le
député, nous sommes...
M. Jolivet: C'est parce que j'avais cru déceler une faute
de typographie. Je voulais juste savoir s'il y avait un changement.
Le Président (M. Bélanger): Nous en sommes toujours
au projet de loi 142.
M. Rochefort: M. le Président, si vous me le permettez,
dans la mesure où le premier ministre accepterait la proposition de son
adjoint parlementaire, l'effet direct serait de revenir au projet de loi 124
maintenant.
M. Jolivet: Oh! Mon Dieu, Seigneur!
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi
l'ACSSQ (suite)
Le Président (M. Bélanger): Nous en sommes toujours
au projet de loi 142. Il n'y a pas d'effet direct. Nous sommes à
discuter d'un sous-amendement proposé par le député de
Laviolette. M. le député, vous avez trente minutes pour
débattre votre sous-amendement. M. le député de
Laviolette, nous vous écoutons.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Le sous-amendement porte toujours sur l'Association
des centres de services sociaux du Québec. M. le Président, cela
tombe très bien que je prenne la parole ce matin plutôt qu'hier
soir, à l'heure tardive, il était déjà minuit, car,
aujourd'hui, j'ai lu attentivement un article, dans le journal Le Devoir,
sous la plume de Paul-André Comeau qui dit: "Faut-il une loi 142?"
Avec un point d'interrogation, c'est important.
M. Rochefort: II faut lire cet éditorial.
M. Jolivet: Je pense que je vais laisser à d'autres
peut-être le soin de le lire. Mon discours ne porte pas sur cela. Je sais
que d'autres vous en feront mention au cours de cette discussion. Je pourrais
aussi vous lire un autre article du même journal Le Devoir, qui
est de la plume de Gilles Lesage et qui parle des services de santé en
anglais, "L'accessibilité étendue à toute personne
d'expression anglaise", pour bien comprendre pourquoi des questions ont
été posées ce matin.
Il faut aussi ajouter que des personnes de la rive sud de
Montréal protestent contre les projets de loi 140 et 142 sur la langue.
On dit: "La Chambre de commerce de la rive sud - écoutez bien ce qui est
écrit pour
bien comprendre pourquoi on veut inviter du monde ici - ajoute sa
voix...
Une voix: Savoie?
M. Jolivet: Pas le député Savoie, sa voix, v-o-i-x,
au concert de protestations concernant les projets de loi 140 et 142 dont le
contenu affecte certains chapitres de la loi 101 sur la langue française
au Québec. Il est regrettable, dit-on dans l'article, que le
gouvernement Bourassa remette en cause des acquis si durement payés par
les nombreux conflits que nous avons dû vivre dans le passé et qui
ont causé la stagnation de notre développement économique,
culturel et urbain," soutient la Chambre de commerce de la rive sud.
On dit, en plus, que la politique actuelle du gouvernement, qui laisse
croire à la population que la Charte de la langue française
comporte des irritants ou qu'elle brime les droits de nos minorités au
Québec, risque d'irriter beaucoup plus la paix sociale des
Québécois reconnus pourtant pour leur ouverture d'esprit envers
leurs minorités, et cela est inscrit dans le texte, poursuit la Chambre
de commerce de la rive sud.
Or, la ministre dit qu'il n'y a personne qui s'oppose et qu'elle ne voit
pas pourquoi on devrait convoquer une commission parlementaire pour entendre de
façon particulière des groupes qu'on pourrait déterminer
ensemble par motion. On aurait pu s'entendre sur une première liste et
dire: Voici la liste des gens qu'on invite, mais, comme on ne le veut pas, nous
avons décidé de procéder par ce que nous permet la loi,
c'est-à-dire des motions.
Je continue mon argumentation sur l'Association des centres de services
sociaux du Québec en vous disant qu'il est évident qu'on pourrait
poser des questions à ces personnes et aussi, en même temps,
vérifier les faits suivants, soit que nulle part dans la Charte des
droits et libertés de la personne ou dans la Charte de la langue
française, on ne retrouve un droit strict à des services en
langue anglaise. De plus, ce droit, tel qu'inséré dans la loi
statutaire qu'est la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, est un droit individuel, ce qui, à maints égards, peut
avoir beaucoup plus de portée, surtout au niveau de la demande, qu'un
droit formulé de façon collective.
Il faut donc prendre conscience du fait que ce qu'elle nous propose, en
fait, par la loi 142, c'est d'entrer dans un domaine inexploré. Il faut
faire preuve de prudence dans n'importe quelle articulation d'un droit nouveau,
surtout, qu'il existe actuellement, au moment où l'on se parle, des
chartes des droits qui sont très spécifiques quant a
l'interdiction qu'elles font de discriminer contre la personne humaine, pour
une foule de motifs, dont la langue. Je vous rappelle la charte
québécoise des droits à l'article 10. Je vous rappelle
aussi - et je vais vous la lire pour que les gens l'aient bien dans la
tête - que la Loi sur les services de santé et les services
sociaux contient, d'ailleurs, une clause au même effet, à
l'article 5, qui précise que les services doivent être
accordés sans aucune discrimination basée sur diverses
distinctions dont la langue.
Ces gens qui sont dans les centres de services sociaux au Québec,
ils voient cela tous les jours. Ils le savent, ils nous le disent et ils nous
le répètent; j'aurai l'occasion d'y revenir tout è l'heure
dans mon exposé.
Que dit l'article 5 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux? Dans la marge, c'est écrit: "Discrimination interdite"
et l'article 5 se lit comme suit: "Les services de santé et les services
sociaux doivent être accordés sans distinction ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la
religion, la langue, l'ascendance nationale, l'origine sociale, les moeurs ou
les convictions politiques de la personne qui les demande ou des membres de sa
famille." C'est clair. Ce n'est vraiment pas quelque chose qui fait partie
d'une abstraction au Québec. Cet article existe dans la loi. Cette
Charte des droits et libertés du Québec existe.
De la même façon, on pourrait dire qu'une institution ou
des individus pourraient très bien contourner cette limitation "compte
tenu de l'organisation et des ressources", à l'article 2 de la loi telle
que présentée. Cela vaut la peine de regarder cet article 2
auquel la ministre veut apporter, si j'ai bien compris, par un amendement,
certaines corrections qui ne nous satisfont pas. L'article 2 de la loi dit:
"Cette loi est modifiée par l'addition, après l'article 5, du
suivant: 5.1 Toute personne d'expression anglaise a le droit de recevoir en
langue anglaise des services de santé et des services sociaux, compte
tenu de l'organisation et des ressources des établissements qui
dispensent ces services."
Donc, on dit qu'il pourrait y avoir des individus et des institutions
qui pourraient très bien contourner cette limitation en faisant preuve
de besoins non comblés devant un tribunal et en alléguant que le
manque de ressources constitue une forme de discrimination, au sens des
gens.
M. le Président, j'ai vécu des décisions que nous
avons prises parce qu'on croyait que notre compétence comme
Québec existait. Nous l'avons exercée, malgré les qens de
l'Opposition. Je leur en sais gré, d'une façon ou d'une autre, on
vit avec cela maintenant. De la loi 3 adoptée en 1984 et qui a fait
l'objet de contestations juridiques, qu'est-il arrivé? Au moment
où la décision a été rendue, à cause d'une
partie, le tout a été jugé non applicable,
anticonstitutionnel
et, en conséquence, la loi 3 est sur la glace actuellement.
Souvenez-vous de ce que les libéraux ont fait? Ils ont
décidé de ne pas entrer en Chambre, de protester parce qu'ils
disaient qu'il y avait un déni de la compétence et qu'ils ne
voyaient pas pourquoi ils pourraient voter une loi à laquelle ils ne
croyaient pas. C'est ce qu'ils disaient à l'époque. On nous dit
aujourd'hui, parce qu'on invite du monde è venir parler à la
ministre et aux membres de ce gouvernement, qu'on fait un travail
d'obstruction, qu'on fait cela pour s'amuser, qu'on est des zigotos. Je ne
pense pas être un zigoto comme individu. Le mot "zigoto" veut dire un
malin, un intéressant. C'est vrai que je suis intéressant; quant
à être malin, je peux élever le ton pour défendre
des lois et c'est vrai que je peux être malin dans ce sens. La
façon dont on le dit, ce n'est pas cela, cela veut dire un fin finaud.
On ne doit pas m'accuser de prendre tous les moyens que je juge
nécessaires pour empêcher qu'on adopte une loi è laquelle
je ne crois pas. Pourquoi serais-je accusé de choses qu'ils ont eu le
droit de faire et auxquelles je n'ai jamais porté ombrage et
qu'aujourd'hui je veux faire parce que le règlement me le permet?
M. le Président, on devrait avoir au gouvernement une meilleure
opinion que celle que l'on a actuellement. C'est à eux de retirer ce
projet de loi. On ne serait pas ici, on ne travaillerait pas à des
heures indues, on serait peut-être actuellement à travailler pour
les gens de notre propre comté, les militants, les gens qui ont besoin
de nous, de quelque parti politique qu'ils soient: libéraux, unionistes
ou autres, au lieu d'être ici a cette commission à défendre
un projet de loi dont une bonne majorité de personnes du Québec
ne veut pas.
Les conséquences d'un tel geste légal méritent donc
de notre part, comme membres de la commission et de l'Assemblée
nationale, d'être bien mesurées et les enjeux mieux perçus
par la population avant d'aller de l'avant. C'est complexe, le premier ministre
l'a dit. Le premier ministre dit que c'est une loi linguistique. La ministre de
la Santé et des Services sociaux dit que c'est une loi humanitaire. Qui
croire, M. le Président, dans ce gouvernement?
Les articles 1, 3 et 9 font entrer dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux une notion de territorialité
linguistique qui n'avait d'équivalent, jusqu'à ce jour, que dans
nos lois touchant le domaine de l'éducation, c'est-à-dire la Loi
sur l'instruction publique. Et il faut bien dire pourquoi il y a un
réseau parallèle dans l'éducation. Ce sont des raisons
historiques qui l'ont fait et des raisons constitutionnelles. Je pense qu'on
devrait considérer ceci avant d'entrer dans la possibilité
d'aller faire un deuxième réseau parallèle pour les soins
de santé et de services sociaux.
Quoi qu'en disent les gens au pouvoir, nous croyons que ce que la loi
vient faire, ce n'est pas donner des services à des gens qui en ont
déjà, ce n'est pas ajouter des services à des qens qui en
veulent plus, ce n'est pas, non plus, empêcher les gens de
négocier è l'intérieur des CRSSS, comme on les appelle
dans notre langage, du grand Montréal métropolitain l'ensemble de
ces services; c'est donner à ces gens des privilèges que la loi
ne donne pas actuellement, des privilèges qui ont pour but de
créer un réseau parallèle et de négocier comme on
négocie à d'autres niveaux dans les commissions scolaires
protestantes, les commissions catholiques anglaises et le réseau des
cégeps et des universités anglaises, comme des gens qui sont
à part, qui ne sont pas dans l'obligation d'aller négocier au
niveau des CRSSS. Quand il y a des négociations avec les CRSSS, ce sont
des négociations qui répondent à l'ensemble des demandes,
qu'elles soient francophones ou anglophones, de l'ensemble du réseau qui
existe actuellement, des institutions reconnues actuellement dans un
système francophone, avec des services à des minorités,
qu'elles soient anglophones ou allophones.
Je pense qu'il est bien évident, M. le Président, que ces
gens doivent le comprendre. C'est à eux qu'on s'adresse. Or, si on
faisait venir des gens des centres de services sociaux du Québec,
ceux-ci pourraient leur dire que les services sont là, mais qu'il manque
peut-être des services aussi bien pour les anglophones, les allophones
que les francophones, c'est-à-dire pour l'ensemble de la population du
secteur. Mais qu'on ne vienne pas nous donner une structure administrative pour
régler des problèmes qui sont simplement des problèmes de
budget, d'argent additionnel, de services additionnels que tout le monde veut
avoir. Comme je le disais hier, à Clova, ils en veulent plus qu'ils n'en
ont. Je serais d'accord pour qu'ils en aient plus qu'ils n'en ont. Mais est-ce
qu'il faut faire une structure pour cela?
M. Blais: Explique Clova pour que les gens le comprennent.
M. Jolivet: Clova, c'est un territoire. Pour ceux qui connaissent
cela, c'est la ligne QuébecLa Tuque-Clova-Senneterre, en Abitibi.
C'est mon comté. Je dois dire que ces gens ont droit à des
services au même titre que d'autres. Comme le disait le
député responsable des mines et des communautés
autochtones dans une lettre qu'il m'adressait, les personnes vivant dans la
réserve de Manouane avaient droit aux mêmes services que
l'ensemble des Québécois. En
conséquence, il leur accordait de l'argent pour ouvrir leur route
qu'on ne donne pas à des gens qui sont des Québécois aussi
et qui sont des gens de Clova.
M. le Président, c'est une question de ressources additionnelles,
ce n'est pas une question de réseau. Ce n'est pas par le réseau
qu'on va régler le problème. Les gens d'en face, le
député de Laurier et le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sont les parrains, les bâtisseurs, les
penseurs de cette loi que la ministre, comme responsable au gouvernement, doit
faire adopter. À mon avis, il me semble qu'elle se sent dans ses petits
souliers. Elle sait, dans son for intérieur, que cela ne devrait pas
exister, qu'elle devrait plutôt convaincre le président du Conseil
du trésor d'accorder des ressources additionnelles. Mais elle est
obligée de suivre, comme le disait le premier ministre, un engagement
électoral, un engagement qu'ils ont pris envers les anglophones au
détriment des allophones.
Je vous dis, M. le Président, que, sur bien d'autres choses,
contrairement à ce que le premier ministre a dit en Chambre, ils n'ont
pas tenu parole, que ce soit concernant les jeunes de moins de 30 ans
bénéficiaires de l'aide sociale, que ce soit sur l'ensemble des
autres activités comme les prêts et bourses aux jeunes dans les
universités. On nous dit qu'on veut tenir une promesse
électorale, mais on sent que les seules promesses électorales
qu'ils veulent tenir, les seuls engagements - si on veut les prendre comme tels
- ce sont ceux qui s'adressent à des anglophones, ce sont des choses qui
s'adressent à des gens riches, qui s'adressent à des classes de
la société, qui, par l'intermédiaire de décisions
qu'ils ont prises, soit dans des lois, soit dans des budgets ou ailleurs,
favorisent une minorité de gens qui sont les mieux nantis de la
société. On parle de personnes qui gagnent 80 000 $, 100 000 $ ou
60 000 $ par année et qui voient augmenter leurs impôts de 1000 $
par année et on voit les gens qui gagnent 10 000 $, 12 000 $ par
année qui voient leurs impôts, en terme d'argent reçu entre
leurs mains, diminuer de 12 %.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, puis-je vous rappeler que...
M. Jolivet: Je dois vous dire, M. le Président, que je
donne des exemples de ce qu'ils sont. Je voudrais vous faire d'autres
commentaires pour démontrer que les gens du Centre de services sociaux
du Montréal métropolitain, qui font partie de l'Association des
centres sociaux du Québec, pourraient venir nous entretenir et essayer
de convaincre les gens du pouvoir qu'ils sont dans la mauvaise voie.
Ce qui nous apparaît le plus critiquable dans ce projet de loi,
c'est la volonté de consacrer le droit à recevoir en langue
anglaise des services de santé et des services sociaux pour toute
personne d'expression anglaise - les gens pourraient nous dire que ces services
existent au Québec, à Montréal en particulier,
peut-être pas en quantité et en qualité suffisantes, mais
ce n'est pas une raison pour faire un réseau parallèle -
plutôt que celui de recevoir de tels services dans une langue autre que
la langue française pour toute personne d'une langue autre que
française. Je pense qu'il y a une différence majeure entre ce
qu'ils pensent et ce que l'on pense.
Que ces gens-là viennent nous dire ce que le projet de loi
comporte n'est pas, M. le Président, quelque chose d'anormal. Il serait
normal qu'ils viennent nous dire, comme ils le pensent, que ce projet de loi
vise à consacrer le droit pour toute personne membre d'un groupe
ethnique non francophone, si elle s'exprime le moindrement en anglais, de
recevoir des services en anglais alors qu'il est déjà possible -
ou qu'il serait de toute façon possible à l'avenir - de lui
offrir des services dans sa propre langue d'origine, que ce soit l'anglais,
l'italien, le vietnamien, le qrec, peu importe, en embauchant au sein des
établissements existant déjà des travailleurs issus de ces
groupes ethniques.
Je peux en faire une preuve. Ils pourraient le faire au CSS untel, au
CLSC untel, au centre de santé untel où il existe de tels
services. N'est-ce pas, d'ailleurs, la meilleure façon de consacrer le
caractère multiculturel du Québec? Je pourrais dire même
que c'est déjà, dans bien des cas, consacré, actuellement
en place, réalisé au moins dans un des centres dont je faisais
mention tout à l'heure, le Centre de services sociaux du Montréal
métropolitain. Ces gens pourraient nous dire que, sur leur territoire,
des services dans plusieurs langues autres que française, grâce
à la présence parmi le personnel de travailleurs s'exprimant
eux-mêmes dans ces langues, sont donnés.
Avec te projet qui est devant nous, que retrouverait-on? Prenons
l'exemple du Centre de services sociaux Ville-Marie. Ce dernier pourrait
être désigné par le gouvernement en vertu du nouvel article
173 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux pour
rendre, partout à Montréal et non seulement dans le territoire
qui lui est actuellement dévolu - la partie territoriale dont Je faisais
mention tout à l'heure - des services en anglais à toute personne
s'exprimant le moindrement en anglais. Quelle serait donc pour ces gens des CSS
la conséquence immédiate de l'adoption d'un tel projet de loi?
Cela, ils pourraient nous le dire. (12 h 45)
Peut-être que je me trompe. Peut-être
que mon collègue qui défend le dossier m'a mal
présenté cela. Je ne le crois pas, j'ai confiance en mon
collègue, le député de Gouin. Il connaît son
territoire et je suis sûr que le député de Gouin nous a
donné l'heure juste. Qu'est-ce que ces gens pourraient nous dire? C'est
que la conséquence immédiate de l'adoption d'un tel projet de loi
serait de drainer une bonne partie des groupes ethniques non francophones vers
ce nouveau réseau de services de santé et de services sociaux. Au
détriment de qui? Au détriment d'un autre centre de services
sociaux qui s'appelle le Centre de services sociaux du Montréal
métropolitain. Pourquoi ces deux groupes ne viendraient-ils pas nous
dire s'ils pensent comme nous? S'ils nous convainquent qu'on a tort,
peut-être pourrait-on changer notre opinion. Mais, on ne le peut pas; ce
n'est pas ce qu'ils nous disent.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Jolivet: Donc, nous croyons que c'est bien d'un
deuxième réseau de services de santé et de services
sociaux, celui-là anglophone, qu'il faut parler en vertu du projet de
loi qui est présenté, puisqu'il serait le seul à rendre
plus accessibles des services fournis en anglais, alors qu'actuellement tous
les établissements du réseau doivent rendre les services dans
quelque langue que ce soit, dans la mesure, où bien entendu, la langue
officielle demeure le français. Pas dans la mesure où, parce
qu'il y a une ou deux personnes dans le coin, elles ont automatiquement droit
à tous les services dans leur langue. On pourrait regarder soit dans mon
comté soit ailleurs. Prenons l'exemple du centre de services
sociaux...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je vois le ministre de la
Justice qui entre dans cette salle. Je sais que le ministre de la Justice est
un homme très occupé. Si le ministre de la Justice veut prendre
la parole maintenant, je suis convaincu que mon collègue de Laviolette
va interrompre ses propos pour permettre au ministre de la Justice de
participer au débat et ensuite il reprendra la parole.,
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, ce n'est pas une question de règlement.
C'est donc une question non recevable et je prie...
M. Rochefort: C'est une ouverture d'esprit.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
C'est non recevable. Je vous demanderais à l'avenir de mentionner
l'article pour éviter toute confusion. M. le député de
Taillon.
M. Filion: Lors des questions de règlement...
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement seulement. Il n'y a pas d'autre intervention là-dessus,
je m'excuse. Non.
M. Filion: Au-delà des questions de règlement, il y
a des questions de courtoisie. L'intervention de mon collègue, le
député de Gouin, a tout simplement pour but de favoriser
l'expression...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, je vous en prie, c'est non recevable et c'est
inadmissible. La parole appartient au député de Laviolette. Vous
savez que n'importe quel député a le droit d'entrer en cette
commission et de s'y asseoir, c'est sa prérogative, qu'il soit ministre
ou pas. M. le député de Laviolette, vous continuez, s'il vous
plaît!
M. Blais: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Si la commission voulait donner le droit de parole au
ministre de la Justice, comment doit-elle s'y prendre?
Le Président (M. Bélanger): Consentement unanime,
si c'est requis.
M. Blais: Je le demande. Est-ce que le consentement
unanime...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, si le ministre de la Justice a l'intention
d'intervenir, nous demanderons à ce moment-Ià s'il y a
consentement. Pour le moment, le problème ne se pose pas. La parole
appartient au député de Laviolette et je vous prie de respecter
son temps d'intervention. M, le député de Laviolette.
M. Jolivet: Je vous remercie beaucoup, M. le Président, de
faire respecter l'article 36 qui dit que personne ne doit m'interrompre,
à moins d'une question de règlement. Effectivement, vous aviez
raison, ce n'était pas une question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Jolivet: Je vais reprendre là où j'étais
rendu, M. le Président, en vous disant que, bref, avec l'adoption, si
jamais elle
arrivait, ce qu'on ne souhaite pas, on demande même que soit
retiré ou reporté à plus tard ce projet 142... Que, de
l'autre bord, on ne le croie pas, c'est votre droit. Ils ont le droit de ne pas
le croire; c'est ce que je crois et j'ai le droit d'être convaincu...
M. Blais: J'entends mal mon confrère. Est-ce que le
son...
Le Président (M. Bélanger): Si vous ne
l'interrompez pas, vous n'aurez pas de problème. M. le
député de Laviolette, continuez, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Je vais reprendre ma grosse voix, parce que j'ai la
voix un peu fatiguée, ayant chanté avec tout le monde lors du
souper hier soir. J'aurais voulu chanter mes discours, mais je suis
obligé de les rendre un peu mornes, d'une certaine façon. On est
dans un temps de morgue...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, vous allez mieux comprendre si vous
écoutez. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Donc, M. le Président, question de
règlement, en vertu de l'article 36.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Jolivet: II y a quelqu'un à ma gauche, dont je n'ai pas
le nom, parce qu'il ne parle pas souvent à l'Assemblée nationale,
qui dit des choses qui ne sont pas convenables. S'il parlait, il devrait parler
è partir de choses sérieuses et les choses sérieuses, je
les ai entre les mains. Le député qui est là-bas, je ne le
connais pas, a dit, de mot: II parle à partir de notes.
J'estime effectivement, M. le Président, que, dans une discussion
aussi complexe que celle-là, on n'a pas le droit de se tromper, qu'il
faut avoir des notes et qu'il faut parler avec notre coeur aussi, et c'est ce
que j'ai fait. Donc, qu'il ne vienne pas me dire des choses alors qu'il ne
parle même pas.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Beauharnois, est-ce une question de
règlement?
M. Marcil: C'est uniquement pour rectifier une chose, M. le
Président. C'est important parce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas
seulement le député de Terrebonne qui comprend mal. C'est
probablement vrai qu'il y a un problème de son, ici. J'ai tout
simplement dit, lorsque le député a dît qu'il aurait
aimé chanter son discours - compte tenu des chansons qui ont
été chantées hier au salon - j'ai seulement dit qu'il lui
serait peut-être plus difficile de chanter son discours, parce qu'il
risquerait de fausser des notes. C'est bien différent que de dire que
vous lisez vos notes. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): On va demander au
député de Laviolette de revenir â ses notes et de continuer
son intervention. S'il vous plaît...
M. Jolivet: Juste avant de revenir à mes notes, M. le
Président, c'est simplement pour vous dire, sur la même question
de règlement, que le député... Je pense que c'est
important.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que le
débat est inutile. Vous pouvez continuer votre intervention.
M. Jolivet: Non, je vais vous dire pourquoi ce n'est pas une
question inutile, M. le Président. Je m'excuse si j'ai mal
interprété le député. Il me semble que j'ai le
droit de faire mes excuses publiquement. J'ai mal interprété le
député et s'il n'avait pas parlé, je n'aurais pas eu
besoin de le faire.
Le Président (M. Bélanger): À votre
convenance, monsieur. Si vous voulez continuer votre intervention...
M. Jolivet: Bref, j'y reviens. Avec l'adoption de ce projet de
loi 142, nous continuons de croire qu'on favorise, de la part du gouvernement,
la création d'un deuxième réseau de services de
santé et de services sociaux qui, je le répète, serait
comparable aux écoles anglo-protestantes. D'autre part, on favoriserait
l'accès aux services fournis en anglais par ce réseau à
toute personne s'exprimant le moindrement en anglais. Même un francophone
qui parlerait anglais aurait droit à ces services, alors qu'actuellement
ils sont donnés dans un réseau francophone. Ce qui est important,
c'est le réseau. Les gens des centres de services sociaux pourraient
vous le dire amplement. Ils ont toutes sortes de cas qui sont plus ou moins
faciles, plus ou moins difficiles à Montréal, différents
de ce qu'on peut avoir en région, chez nous. Je pense que ce serait,
è ce moment-là, dangereux de consacrer le caractère
bilingue du Québec. Vous savez, ce que l'on sent, ce que l'on croit
percevoir, c'est, comme j'appelle cela en anglais, un "build-up" une
construction vers un sommet. Qu'est-on en train de faire? En demandant, petit
à petit, certains droits: amnistie des illégaux, affichage...
avec des services de santé en anglais, avec d'autres choses encore, on
est en train de construire tout ce qu'il faut... Les anglophones du
Québec - et je ne parle pas de l'ensemble des communautés
culturelles qui n'ont pas la même mentalité que les anglophones
qu'on a devant nous - ces anglophones en veulent
toujours plus. On leur en donne un pouce, ils en prennent une verge. On
leur en donne une verge, ils veulent avoir le circuit au complet. C'est ce
qu'ils veulent. Ils veulent gagner graine à graine... Les gens en ce qui
a trait à l'amnistie avaient dit avant, dans des discussions qu'ils ont
eues et qui ont été rapportées par les journaux, dans des
négociations avec le ministre de l'Éducation, qu'en aucune
façon ils ne contesteraient la décision si jamais les
illégaux étaient amnistiés. Que voit-on aujourd'hui? Ils
contestent maintenant l'application de la clause Canada.
De plus, cette nouvelle situation institutionnelle aurait probablement
pour effet de priver le réseau francophone de services de santé
et de services sociaux d'une bonne partie de la clientèle dite ethnique
qui, on le sait, ne demande pas mieux que d'utiliser l'anglais comme langue
seconde au détriment du français, dans bien des cas. Dans ce
contexte, M. le Président, il me semble que le réel enjeu,
l'enjeu véritable de ce projet de loi est là. C'est pourquoi nous
considérons qu'il doit être fermement combattu. Ce qu'il faut
offrir à la population du Québec - et la ministre de la
Santé et des Services sociaux doit le comprendre, et les gens pourraient
le lui faire comprendre - c'est le droit de recevoir des services de
santé et des services sociaux dans une langue autre que le
français et de faire en sorte que l'actuel réseau des services de
santé et des services sociaux puisse embaucher des membres des divers
groupes ethniques de façon à assurer l'accès auxdits
services dans ces divers centres.
Donc, nous croyons qu'il n'y a pas lieu de créer un
deuxième réseau au sein de l'actuelle structure institutionnelle.
C'est dans ce contexte, M. le Président...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président. Les cloches sonnent.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce pour un vote ou
pour un...
M. Rochefort: C'est probablement un vote.
Le Président (M. Bélanger): On va vérifier.
Un instant.
M. Jolivet: Est-ce que, pendant ce temps-là, je peux finir
mon intervention?
Le Président (M. Bélanger): Oui, vous pouvez
continuer, mais si on a un problème on devra aller au vote.
M. Jolivet: II ne me reste que deux minutes.
Le Président (M. Bélanger): Il vous reste deux
minutes. Allez-y.
M. Jolivet: M. le Président, je vous dis qu'effectivement
on ne peut pas nous accuser, parce que nous prenons tous les moyens à
notre disposition comme Opposition peu nombreuse, bousculée par un
gouvernement trop nombreux qui se sent trop fort, qui veut répondre
à des promesses électorales à des anglophones du
Québec, de vouloir démontrer, comme députés de
l'Opposition - et nous allons continuer à le démontrer - que
cette loi doit être retirée. Elle n'est pas bienvenue. Elle n'est
pas opportune. Et les gens des centres de services sociaux, on aura l'occasion
de le dire longtemps, à plusieurs occasions, pourraient nous demander:
Pourquoi a-t-on peur de les entendre? C'est la question qu'il faut se poser:
Pourquoi a-t-on peur de les entendre? Parce qu'ils viendraient dire ce que j'ai
dit ce matin, ils viendraient confirmer mes dires? Est-ce de cela que les gens
ont peur? Est-ce que ces gens d'en face qui avaient toutes les solutions
pensent effectivement qu'ils ont la solution pour éviter une crise
importante au Québec dans les services de santé et les services
sociaux? Le jour où cette loi sera adoptée, vous allez voir les
demandes qui vont se faire au détriment du secteur francophone, je vous
en passe un papier. Ces gens-là veulent plus et l'effet de boomerang
qu'ils auront placé sera selon le dicton que vous voyez toujours sur le
dictionnaire Larousse: Qui sème le vent récolte ta
tempête.
Une voix: "Je sème à tout vent", dit Larousse.
M. Jolivet: Non. Qui sème le vent récolte la
tempête. Vous allez me dire que sur...
Mme Lavoie-Roux: Vous aimeriez tellement cela.
M. Jolivet: Non, Mme la ministre. Elle nous impute des motifs et
ce n'est pas vrai. C'est justement pourquoi on veut refuser de participer
à l'adoption d'une telle loi, on ne veut pas que cela se produise. Ce
n'est pas ce que l'on veut.
Mme la ministre a tort quand elle nous impute de tels sentiments. Je
n'ai jamais été, dans ma vie, Mme la ministre le sait très
bien... J'ai été considéré, dans le secteur de
l'enseiqnement, comme étant celui qui apaisait plutôt que comme
celui qui amenait les tempêtes.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Jolivet: C'est cela, Mme la ministre. Si je le dis fermement,
je le crois
du fond du coeur et c'est dans ce sens-là que j'ai fait la
motion, M, le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je reconnais M. le
député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: M. le Président, dans les 60 secondes qui
restent, j'aimerais commencer mon intervention en disant qu'il est tout
à fait évident, pour moi, que le discours qui vient de
précéder est basé sur deux choses: premièrement,
des préjugés et une méconnaissance des faits. On a souvent
fait référence - et je commencerai avec cela - à la clause
de non-discrimination qui est contenue dans la Charte des droits et
libertés de la personne pour prétendre que toute la protection
est là quant aux services de santé et aux services sociaux. Je
vous ferai remarquer très brièvement - et je reprendrai cela cet
après-midi - que, lorsque la Charte des droits et libertés de la
personne parle de non-discrimination, c'est un tas de choses concernant la
discrimination en général. Cela n'a rien à faire avec la
livraison des services dans une langue comme telle. Ce n'est pas du tout la
même chose. On ne peut évidemment pas refuser de traiter quelqu'un
à cause de sa langue, mais cela ne veut rien dire en termes
d'accessibilité à ces services dans la langue du
bénéficiaire, ce qui est plus le projet qui nous concerne ici, M.
le Président.
Je reprendrai un autre thème qui a été
développé tout è l'heure, M. le Président, et c'est
l'existence ou la création d'un réseau parallèle.
Là aussi, encore une fois, le discours se base soit sur des
préjugés ou sur une méconnaissance des faits. II me reste,
je crois, 40 secondes; alors, dans ces 40 secondes, je pourrai, si le
député de Laviolette voulait bien m'écouter...
M. Jolivet: Je vous écoute.
M. Sirros: ...lui expliquer que partout au Québec - il a
cité le cas du CSS Ville-Marie - il n'y a qu'un CSS par région,
sauf à Montréal où pour des raisons historiques, il y en a
trois: le CSS juifs à la famille, le CSS Ville-Marie et le CSS du
Montréal métropolitain. C'était normal, pendant longtemps,
que ces CSS servent des clientèles spécifiques... Je vois qu'il
ne me reste que deux secondes et sur cela, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): C'est terminé,
je m'excuse.
M. Sirros: ...avant que l'Opposition s'excite, je vais
arrêter pour reprendre à 15 heures.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien cela. Alors,
la commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux sur les projets
de loi 142, 124 et 139. Nous sommes à l'étude du projet de loi
142.
Nous en étions au droit de parole du député de
Laurier sur le sous-amendement présenté par M. le
député de Laviolette. M. le député de Laurier, la
parole est à vous.
M. Sirros: Merci, M, le Président. J'étais en train
de dire, juste avant qu'on se quitte pour le dîner, que je sentais le
besoin d'intervenir à la suite de l'intervention du député
de Laviolette et de plusieurs autres interventions des membres de l'Opposition,
car j'estimais que beaucoup de choses qui ont été dites sont
basées sur des préjugés ou une méconnaissance des
faits, M. le Président.
J'ai fait allusion, et je le reprendrai, au fait que les membres de
l'Opposition ont mentionné à plusieurs reprises l'existence, dans
la Charte des droits et libertés de la personne, d'une clause qui parle
de non-discrimination, en alléquant que cette clause stipule qu'il ne
doit pas y avoir de discrimination à cause de la langue. Il est
évident que cette clause existe dans la charte, mais ce que l'Opposition
ne mentionne pas, et je pense que c'est là tout le sens de fa loi, c'est
que cette clause n'a absolument rien à voir avec la livraison des
services dans une langue appropriée.
La loi vise à assurer le droit à ce qu'on tienne compte de
l'aspect socioculturel et linguistique dans l'organisation des services, d'une
part, et le droit des personnes qui expriment leurs besoins - en anglais, dans
ce cas-ci, étant donné qu'on parle des personnes de la
communauté d'expression anglaise - de recevoir des services en lanque
anglaise. La clause citée par les membres de l'Opposition ne garantit
nullement cela. C'est un exemple, à mon point de vue, des tactiques qui
ont caractérisé l'Opposition jusqu'à maintenant et qui
visent finalement à toucher à des choses qui ressemblent à
ce dont on discute, mais de ne pas vraiment essayer d'être objectif,
clair et je dirais même honnête, M. le Président.
L'autre argument qui est souvent avancé par les membres de
l'Opposition est qu'elle brandit l'épouvantail d'un réseau
parallèle, la création d'un réseau parallèle au
lendemain de l'adoption de ce projet de loi ou à la suite de
recours en cour. On nous cite un exemple, encore une fois, d'une façon
un peu fantastique, je dirais, qu'on est en train de créer un
réseau parallèle de même nature que le réseau
scolaire. M. le Président, il faut vraiment ne pas connaître la
situation dans le réseau et ne pas connaître le réseau du
tout pour affirmer qu'il s'agit de la création d'un réseau
parallèle de même nature que celui des écoles. D'abord, le
système scolaire est garanti par la constitution canadienne; il est issu
de cette garantie d'une constitution qui définit les relations dans le
domaine scolaire, de l'éducation dans ce pays.
Le réseau de la santé et des services sociaux est unique.
Ce réseau a les mêmes structures dans toute la province. Il est
basé sur l'existence de différents types d'institutions, et ce
n'est qu'à Montréal que, dans l'un des éléments de
ce réseau, les centres de services sociaux, il y a plus d'un centre de
services sociaux pour la région. Ce sont des raisons historiques qui
expliquent ce fait, M. le Président, étant donné que, et
du côté des services sociaux juifs à la famille et du
côté du CSS Ville-Marie, ces institutions existaient avant la
réorganisation des services sociaux et de santé. Dans cette
réorganisation qui a eu lieu en 1973, si ma connaissance des faits est
bonne, le législateur à l'époque avait
décidé d'inclure ou de reconnaître l'existence de ces
institutions et de l'inclure dans la structure qui a été mise sur
pied à la suite de l'amalgame de différents services à la
famille qui existaient à l'époque du côté
francophone pour créer les centres de services sociaux.
Une autre chose qui arrive souvent dans ce débat, c'est que
l'Opposition utilise des petits éléments de vérité
pour faire de grandes déclarations tout à fait fausses, M. le
Président. C'est le cas quand on parle de l'existence des services
sociaux pour les communautés culturelles, c'est le cas quand on parle
des services sociaux du réseau parallèle pour les anglophones.
Pour revenir à la question du réseau parallèle, M. le
Président, il y a actuellement dans la liste des établissements
établie par la loi 101 - le fameux article 113f - une série
d'établissements qui sont reconnus comme desservant une clientèle
qui est d'une majorité autre que francophone. Je pense que j'ai les bons
mots.
Ce que le projet de loi 142 vient faire, M. le Président, n'est
pas de créer un réseau parallèle, comme le laisse
sous-entendre l'Opposition, n'est pas d'ajouter une seule structure ou une
seule institution, mais simplement de reconnaître, pour certaines des
institutions qui sont déjà reconnues, le mandat de desservir une
région entière. C'est peut-être là où le
bât blesse parce que plusieurs membres de l'Opposition ont eu affaire
dans le réseau, avec toute la démarche qui avait
été entreprise durant les années 1970, 1974 - entre 1974
et 1978, je dirais - un effort de sous-régionaliser les services et
d'essayer d'uniformiser la dispensation des services à travers
l'organisation des services en fonction de territoires spécifiques pour
chacun des établissements. Ce qui a résulté, M. te
Président, par exemple, en ce qui concerne le cas du CSS Ville-Marie qui
est souvent cité par l'Opposition, a limité l'accès
à cette institution seulement aux personnes qui habitaient dans un
secteur donné. C'était un effort de traiter Montréal de la
même façon qu'on traitait le reste de la province, d'utiliser une
façon d'administrer ou d'organiser les choses qui étaient
uniformes à travers la province et c'était effectivement ne pas
reconnaître la réalité que d'essayer de... j'ai souvent
utilisé l'expression: au lieu de se gratter l'oreille comme cela, de le
faire comme cela, M. le Président, de prendre un chemin très long
pour arriver à un endroit.
Il y a une réalité qu'il existe des institutions qui
desservent une clientèle aux caractéristiques socioculturelles et
linguistiques spécifiques. On est dans le domaine des services sociaux
et de la santé. L'aspect socioculturel et linguistique n'est pas une
question linguistique dans le sens des affiches, ce n'est pas une question
linguistique dans le sens des affiches bilingues ou unilinques, ce n'est pas un
instrument d'intégration des personnes, comme c'est le cas de
l'éducation et du travail. On est dans un domaine où on s'adresse
à des personnes dans une langue afin de les aider à sortir d'une
situation de crise personnelle, de déséquilibre personnel,
physique ou psychologique.
Si les membres de l'Opposition estiment que c'est à travers les
services sociaux et les services de santé qu'on va intégrer des
personnes du côté francophone, je les référerais
avec beaucoup de plaisir à l'article d'aujourd'hui de M. MacPherson
où, je pense, l'aberration est très clairement
démontrée quand il prend le cas d'une personne
latino-américaine qui est venue récemment, qui a
été intégrée au côté francophone au
niveau des écoles, de la langue du travail, qui ne parle pas anglais,
qui ne parlait pas français avant d'arriver, mais qui arrive à
connaître quelques mots de français. Est-ce qu'on est en train de
nous dire de l'autre côté que cette personne, avant son
arrivée, aurait pris des arrangements pour apprendre l'anglais au cas
où elle ne serait jamais malade pour aller du côté
anglophone et avoir des services?
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: En conclusion, M. le Président, je tenais
à faire cette petite intervention parce que j'estime que, même si
on est dans une session de "filibusters" du côté de l'Opposition,
il y a quand même certaines réalités, certaines
responsabilités qu'elle a à prendre, et je lui suggère
fortement de commencer à parler de façon plus raisonnable, M. le
Président. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Y a-t-il
d'autres interventions sur le sous-amendement? M. le député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. Le problème du
député de Laurier, c'est qu'il est seul avec son parti à
penser comme il pense. L'opinion publique pense exactement le contraire de ce
qu'il dit. Les éditorialistes, en général, pensent
exactement le contraire de ce qu'il vient de nous exposer. Les gens du
réseau sont en parfait désaccord avec ce projet de loi 142 et
pensent différemment de ce que le député de Laurier vient
de nous dire.
Troisièmement, tous les groupes sociaux importants dans la
société, les syndicats, le patronat, les chambres de commerce,
sur une loi sociale, c'est très exceptionnel qu'autant de groupes
représentatifs de la société viennent dire qu'ils pensent
différemment du gouvernement et prient le gouvernement de retirer ce
projet de loi pour le moment et de surseoir, d'attendre au printemps et de
rencontrer les gens du milieu avant de voter ce projet de loi en
troisième lecture.
Les seules excuses qu'ils ont, de l'autre côté, c'est de
dire qu'ils ont fait une promesse électorale, qu'ils ont promis
d'accentuer les services aux gens parlant d'autres langues que la langue
française; j'espère que c'est cela qu'ils ont promis. C'est comme
cela que je l'interprète. Ils ont promis de donner de meilleurs services
aux gens qui parlent une autre langue que la langue française. Ils n'ont
pas promis de faire des lois qui, à cause d'un manque de consultation,
parce que c'est fait à la dernière minute, improvisé sur
le coin d'une table, deviennent des lois provocatrices parce qu'elles
mécontentent tous les intervenants de la société. C'est
malheureux qu'il en soit ainsi.
Vous êtes à votre première année. Vous avez
tout de même le temps. Ce n'est tout de même pas quelques mois qui
feraient que ce projet de loi... Où est l'urgence? Est-ce que les
allophones ou les gens qui parlent une autre langue que la langue
française, sur le territoire québécois, sont en danger?
Leur santé est-elle menacée? Où est l'urgence? Où
est-elle? Les journalistes, les médias, l'opinion publique, le grand
public - c'est très rare que l'on puisse dire une chose comme celle-ci -
dans les tavernes et dans les brasseries, on se demande où le
gouvernement libéral voit l'urgence d'adopter un projet de loi de cette
sorte. On dit: On n'en parle pas dans les autobus. Pour une fois,
l'improvisation du gouvernement, on en parle dans les autobus. Je viens encore
d'entendre le député de Laurier accuser injustement les
députés de l'Opposition d'être imbus de
préjugés. Ce n'est pas digne pour un député de dire
cela de ses confrères.
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, question de règlement.
M. Rochefort: Quel article,, M. le Président?
M. Sirros: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article, M. le député de Laurier?
M. Sirros: L'article 36.7, M. le Président...
M. Rochefort: Qui dit...
M. Sirros: ...qui dit que le député utilise des
propos injurieux à mon égard. Je n'ai pas dit cela du tout, M. le
Président. Au contraire, j'ai dit que, si les gens en parlent dans les
tavernes et dans les autobus...
M. Rochefort: M. le Président.
M. Sirros: ...ce n'est pas sûrement en fonction des besoins
des personnes dans le réseau.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! On va
entendre le député de Laurier sur sa question de règlement
et on entendra le député de Gouin par la suite. Je vous ferai
remarquer que ce n'est pas l'article 36.7, mais 35.7. Je m'excuse.
M. Sirros: Merci, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
règlement. Je m'excuse, M. le Président. Il peut soulever une
question de règlement en vertu de l'article 35.6, mais, à partir
du moment où il tente de corriger des interprétations de ses
propos, on ne parle plus de l'article 35.6, mais de l'article 211. L'article
211 s'applique à la fin du discours qui a suscité cette
réaction.
Le Président (M. Bélanger): L'article 211, c'est
sur la pertinence, M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: L'article 212. Excusez-moi, M. le Président,
c'est l'article 212.
Le Président (M. Bélanger): L'article 212, vous
avez parfaitement raison.
M. Rochefort: Mais c'est après le discours, et non pas
pendant, qu'il doit le faire.
M. Sirros: Merci. Je le ferai à ce moment-là aussi,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement. Alors,
M. le député de Laurier, on va donc attendre à la fin de
l'intervention du député de Terrebonne pour vous donner le droit
de parole en vertu de l'article 212, si vous le désirez toujours. M. le
député de Terrebonne, si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Blais: M. le Président, lorsque j'ai dit que je croyais
et que j'espérais que le gouvernement veuille accentuer les services de
santé pour les gens qui parlent une autre langue que la langue
française, c'est là que le député de Laurier a dit:
Préjugés. Je n'aime pas ce mot-là parce que je n'en ai
pas. On ne prête aux autres que ce que l'on a. On ne peut pas
prêter ce que l'on n'a pas. Dans votre intervention, vous reviendrez sur
l'article 211 si vous le désirez.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, adressez-vous au président.
M. Blais: M. le Président, j'aimerais que vous disiez au
député de Laurier que, pendant les quelques minutes qu'il a
parlé tantôt, il a dit que l'Opposition était contre ce
projet de loi parce qu'elle était imbue de préjugés ou
qu'elle était méconnaissante des faits. C'est ce qu'il a dit. Je
ne peux pas dire autre chose, il a répété à deux
reprises que c'était sur des préjugés ou sur la
méconnaissance des faits que nous étions contre cette loi.
Je n'ai pas de préjugé, au contraire. Je suis très
heureux d'être respectueux de la minorité et M. le
député de Laurier devrait être heureux que je sois
respectueux des minorités. Pourquoi le suis-je? Parce que je fais partie
d'une minorité au Canada et que lui devrait être sur la même
longueur d'onde que moi, parce qu'il fait partie d'une minorité au
Québec. Nous sommes deux minoritaires et nous devrions nous lier
ensemble pour que le respect des minorités soit total et non pas juste
intempestif, au bon gré des gouvernements qui arrivent.
M. le Président, je veux essayer d'être le plus respectueux
possible, mais parfois les poils nous dressent lorsqu'on se fait dire qu'on a
des préjugés quand on n'en a aucun et qu'au contraire on est
généreux et respectueux comme je le suis. J'en suis fier et je
répète que, si mon parti n'était pas respectueux des
minorités, je démissionnerais de ce parti. C'est tout de
même assez fort, contrairement au député de
Notre-Dame-de-Grâce qui a dit qu'il démissionnerait s'il n'y avait
pas une loi favorisant une minorité. Je pense exactement le contraire.
Là, je pense vraiment le contraire du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Je vois que le député de Laurier aimerait beaucoup me
poser une question. Il lui reste une minute et je lui laisse la minute pour
pouvoir lui répondre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, désirez-vous toujours intervenir
à l'article 212?
M. Sirros: En vertu de l'article 212, pour corriger les choses
que le député a dites, je n'ai aucun désir de poser une
question au député de Terrebonne. Mais, M. le Président,
on a dit que j'ai dit que l'Opposition était imbue de
préjuqés. J'ai dit que les arguments de l'Opposition
étaient basés...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon.
M. Filion: Si ce n'est pas en vertu de l'article 212,
l'intervention du député de Laurier qui tente
systématiquement de faire de l'obstruction vis-à-vis du droit
d'expression du député de Terrebonne...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon...
M. Filion: ...j'aimerais bien savoir en vertu de quoi il fait son
intervention.
Le Président (M. Bélanger): ...nous
écoutions le député de Laurier en vertu de l'article 212,
et il était pertinent. M. le député de Laurier.
M. Blais: M. le Président, je n'accepte pas de question du
député de Laurier.
Mme Lavoie-Roux: Mais on bâillonne de l'autre
côté.
M. Blais: Je n'accepte pas de question, parce qu'il est
indélicat envers l'Opposition. Alors, c'est inutile d'en poser.
M. Sirros: M. le Président, je ne voulais
pas poser une question...
M. Blais: C'est ce que vous avez dit.
M. Sirros: Non, non. M. le Président, je voulais me
prévaloir...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, c'est au président à
décider s'il y aura question ou pas. Il est bien dit a l'article 212:
"Tout député estimant que ses propos ont été mal
compris ou déformés peut donner de très brèves
explications sur le discours qu'il a prononcé. "Il doit donner ces
explications immédiatement après l'intervention qui les suscite.
Elles ne doivent apporter aucun élément nouveau à la
discussion ni susciter de débat."
Alors, M. le député de Laurier, à
l'intérieur du cadre de cet article du règlement, je vous
prierais de faire votre intervention.
M. Sirros: M. le Président, j'avais dit que les arguments
de l'Opposition faisaient appel ou étaient basés soit sur des
préjugés ou sur une méconnaissance des faits, non pas que
les membres de l'Opposition étaient imbus de préjugés - il
y a quand même une différence, M. le Président - et que
c'était à mon point de vue un préjugé de dire, par
exemple, que la minorité anglaise, c'est une minorité riche qui
n'a besoin de rien et que tout le monde gagne 100 000 $, comme le disait le
député de Laviolette, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Cela clôt. Y
a-t-il d'autres interventions? M. le député de Beauharnois, vous
avez dix minutes... Excusez-moi. M. le député de
Notre-Darne-de-Grâce m'avait demandé la parole avant en vertu de
la règle de l'alternance.
M. Joly: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre, à l'article 213.
M. Joly: En vertu de l'article 213, est-ce qu'on me permet de
poser une question au député de Terrebonne qui vient
d'intervenir?
M. Blais: M. le Président, ce député est
très gentil, je la lui permets.
M. Joly: Cela me fait plaisir, M. le député de
Terrebonne. À la suite de ce que vous avez dit, j'aimerais que vous nous
expliquiez ce que sont pour vous un droit et un privilège. Est-ce
qu'actuellement vous sentez que les minorités ont des privilèges
ou qu'elles ont des droits?
(15 h 30)
M. Blais C'est une "sensation" que vous me demandez. Les
minorités ont des droits autant que les majorités. Seulement,
dans chacun des pays... Il n'y a aucun peuple bilingue à travers le
monde, vous le savez, il n'y a que des majorités qui donnent des droits
aux minorités, et ces minorités ont des droits. Si vous me
demandez si les minorités ont des droits, oui. Je fais partie d'une
minorité au Canada, moi, et j'espère que j'ai des droits. Au
Québec, les anglophones sont une minorité et vous espérez
qu'ils aient des droits. Je suis sûr qu'ils en ont et je suis prêt
a tout leur donner et c'est ce que j*ai fait depuis que je suis en
politique.
Le Président (M. Bélanger): Alors, merci. Je
cède maintenant la parole au député de
Notre-darne-de-Grâce. Vous avez dix minutes sur le sous-amendement, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est ce qu'elle a dit, oui.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous platt, on
s'adresse au président et on essaie de maintenir l'ordre.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, je veux rapidement examiner
avec les personnes d'en face la déclaration de M. Johnson, le chef de
l'Opposition, au mois de novembre, examiner sa portée et essayer de
comprendre ce que cela veut dire.
M. Johnson a dit que nous devrions garantir dans la loi du
Québec, comme des droits fondamentaux, le droit des anglophones de
recevoir des services de santé et des services sociaux en anglais, dans
la loi du Québec. M. le Président, je présume qu'à
ce moment le chef de l'Opposition avait déjà décidé
que l'enchâssement de ces droits était nécessaire. S'il
était nécessaire il y a un an, je présume que vous serez
d'accord avec moi que c'est toujours nécessaire aujourd'hui, à
moins que vous ne puissiez indiquer que, depuis douze mois, la situation des
anglophones, dans le réseau de services de santé et de services
sociaux, a beaucoup changé.
Le chef de l'Opposition, quand on lui a posé la question,
à savoir comment il avait pu changer sa position sur un engagement
formel pris quelques semaines avant l'élection, a dit: Bon, dans mon
cas, je voulais l'inscrire dans la charte des droits du Québec. C'est
une autre façon de le faire qui est peut-être même plus
solide que celle que nous proposons, autrement dit, le chef de l'Opposition
pensait, à l'époque, que vous deviez aller même plus loin
qu'on propose d'aller, parce que nous l'installons dans une
loi sur les services sociaux et il a proposé que cela soit
enchâssé dans la charte des droits québécoise, le
droit des anglophones de recevoir les services sociaux et de santé dans
leur langue.
Maintenant, aujourd'hui, l'étape qu'on propose, qui ne va
même pas aussi loin que celle proposée il y a un an, en pleine
campagne électorale, par le chef de l'Opposition, est reniée
totalement par vous. Les raisons, on ne les trouve pas, on essaie de les
obtenir, on ne les trouve pas. Je présume que, avant que M. Johnson ait
pris cet engagement, au nom du parti... Il ne faut pas oublier que, dans chacun
des comtés que vous représentez, il existe des anglophones et ils
sont partout minoritaires, comme ils le sont dans la plupart des
nôtres.
Je suis certain que M. Johnson avait constaté les mêmes
besoins, les mêmes problèmes que nous constatons. On n'a jamais
prétendu que les anglophones n'ont pas de services sociaux et de
services de santé. Personne n'a jamais prétendu cela, c'est
évident. En effet, dans le discours que j'ai fait en deuxième
lecture, on a dit clairement que nous, les anglophones, avons construit, au fil
des années, un système assez important de services sociaux et de
santé. On a constaté un affaiblissement, et ce n'est pas la faute
d'une lutte entre le français et l'anglais, c'est simplement la
conséquence d'une évolution administrative, de la centralisation
du système. Je veux vous donner deux exemples.
On a eu l'occasion de parler, il y a quelques minutes, avec les
représentants anglophones de Sherbrooke, des Cantons de l'Est, de
l'Estrie, qui sont venus ici aujourd'hui. Il y a 25 ou 30 ans, dans la
région de Sherbrooke, il y avait beaucoup d'anglophones. Il y en a
beaucoup moins aujourd'hui; je pense qu'il y en a à peu près 4000
dans la région de Sherbrooke et 4000 autres, à Lennoxville. Il y
a un CLSC à Sherbrooke; c'est une organisation gouvernementale,
dirigée par les normes gouvernementales, dirigée essentiellement
de Québec. Le CLSC de Sherbrooke n'offre aucun service dans la langue
anglaise et il y a 4000 personnes là. Ce n'est pas une institution
bénévole, autonome de la région, les gens ne peuvent pas
s'installer, ils ne font pas partie du conseil d'administration, le directeur
général n'est pas anglophone, ils n'ont aucun moyen de s'y
installer. Dans la région, il n'existe pas une seule résidence
pour les personnes âgées de langue anglaise. On ne prétend
pas que le projet de loi qu'on propose va leur donner un centre d'accueil ou
une résidence le lendemain, absolument pas. Au moins, ce projet de loi
leur permettra de s'incrire sur une liste d'attente avec d'autres. Ce n'est ni
la méfiance ni la méchanceté de la part de la
majorité francophone qui cause cela, c'est une inertie.
Par exemple, prenons un groupe de 4000 anglophones dans les Cantons de
l'Est où le pourcentage d'anglophones ne dépasse pas 7 %, 8 % ou
9 % de la population. Lorsque vous êtes aussi minoritaires, malgré
toute la bonne volonté au monde, c'est très difficile d'obtenir
ces services. C'est à cette constatation, M. le Président, qu'en
sont venus M. Pierre Marc Johnson et M. Guy Chevrette, alors ministre des
Affaires sociales, lorsqu'ils ont examiné la situation. Ils ont
décidé qu'il était nécessaire de donner aux
anglophones du Québec, par une loi, le droit d'avoir accès a des
services, è l'intérieur de limites raisonnables. Vous aurez
constaté que le projet de loi est bien encadré dans ce sens.
C'est clair. Ce n'est nullement ambigu. Cela remonte à un an. M.
Johnson a examiné toutes les choses qu'on a vues. Je peux vous donner
d'autres exemples, à Montréal. Je peux vous donner un exemple,
à Pierrefonds où le CLSC a été
développé dans une communauté composée de 50 %
d'anglophones et c'est presque unilingue francophone aujourd'hui. Je le
répète, ce n'est pas de la méchanceté, mais
plutôt l'évolution de la puissance de la majorité
francophone sur les institutions qui étaient, il y a 25 ou 30 ans,
organisées par des groupes bénévoles, ou par l'Eglise, ou
à partir de structures locales.
Donc, M. Johnson disait: Nous devrions garantir, par une loi du
Québec, comme des droits fondamentaux le droit des anglophones de
recevoir ces services. Il l'a dit, il y a un an, alors qu'il était votre
porte-parole. Je prétends que c'est - je ne veux pas utiliser un langage
excessif - un peu hypocrite aujourd'hui, douze mois plus tard, de dire à
ces mêmes anglophones, pas à nous - ce n'est pas notre
prohlème - à qui vous aviez dit, il y a un an: On va vous donner
ces garanties de services en langue anglaise dans une loi. Aujourd'hui, il
prétend qu'ils n'en ont pas besoin ou que c'est improvisé. Si
c'est improvisé, comment se fait-il que vous ayez décidé
de l'appuyer, il y a un an? Vous avez certainement étudié le
dossier. La nécessité a été établie, il y a
un an, par tout le monde...
Une voix: Avant les élections. Mme Lavoie-Roux:
Cela fait un an.
M. Scowen: II y a plus d'un an. Pour moi, c'est invraisemblable
ce que vous faites, ici, aujourd'hui, hier et demain, les tactiques dilatoires,
les discours linguistiques. On parle ici d'êtres humains qui ont des
problèmes; en grande majorité, ces personnes ne sont pas riches.
Si vous regardez les chiffres, vous verrez que le pourcentage des anglophones
pauvres est environ le même, 18 %, 19 % ou 20 %, que celui des
francophones pauvres,
au Québec. IL y a 75 000 anglophones qui vivent sous le seuil de
la pauvreté sur l'île de Montréal seulement. Ce ne sont pas
des millionnaires. Le député de Laviolette a prétendu que
ce sont de riches anglais de Montréal. C'est complètement
déformé. II faut aller voir ce qui se passe. Il y a autant de
personnes anglophones bénéficiaires de l'aide sociale qui
viennent à mon bureau de comté de Notre-Dame-de-Grâce
qu'à n'importe quel autre bureau.
Il y a des besoins et je le répète pour la dernière
fois, vous êtes en train d'exploiter les problèmes d'êtres
humains, dans un débat que vous aviez déjè
réglé vous-mêmes, il y a un an, alors que votre propre chef
l'avait réglé à sa satisfaction et à la
satisfaction de son parti. Vous êtes en train de renier
complètement une chose sur laquelle vous avez pris une position claire
et cohérente, il y a un an. Je trouve cela très insatisfaisant,
c'est le moins qu'on puisse dire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, en
vertu de l'article 246, vous avez cinq minutes de commentaires.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, très
brièvement. J'aimerais seulement réaffirmer quelques points.
Première chose, le projet de loi 142 qui est devant nous ne touche en
aucune façon à la loi 101. Le jeu auquel s'est
prêtée - c'est son choix - l'Opposition, c'est de tenter de noyer
le projet de loi 142 avec d'autres événements qui se sont
passés ou dont on a parlé, entre autres, l'affichage, en
espérant grossir le paquet et créer cette espère de
psychose qu'on souhaiterait fortement créer autour de la question
linguistique. C'est la première chose: le projet de loi ne touche en
rien à la loi 101.
La deuxième chose, M. le Président, c'est que l'on nous a
répété à satiété que tout le monde
attend aux portes pour se faire entendre. Je l'ai expliqué en Chambre,
mais je vais y revenir. On nous répète: L'Association des
hôpitaux du Québec. Les gens de l'Association des hôpitaux
du Québec nous ont écrit à deux reprises, je les ai
rencontrés, je leur ai demandé s'ils voulaient une commission
parlementaire, ils m'ont dit non. Deuxièmement, ils nous ont
écrit pour nous dire qu'ils étaient tout à fait d'accord
-je n'ai pas la lettre devant moi, mais j'ai eu l'occasion de la lire - avec
les principes que le gouvernement mettait de l'avant en ce qui a trait...
Une voix: Les objectifs.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le droit de parole de Mme la ministre. S'il vous plaît! Je
vous en prie,
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Avec les objectifs -si vous
préférez - qui étaient mis de l'avant dans le projet de
loi. Attendez, je vais le retrouver: "Nous tenons à réaffirmer -
je lis simplement la dernière ligne...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: "Nous tenons à réaffirmer que
l'association ne remet nullement en cause l'objectif poursuivi par le
gouvernement, que c'est là une position que nous avons soutenue depuis
longtemps et que nous avons véhiculée, tant au gouvernement
actuel qu'au gouvernement précédent."
Une voix: Je suis d'accord avec cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est un des groupes pour lequel on a perdu je
ne sais combien de temps pour lui demander de venir à cette commission
parlementaire, alors qu'il ne l'a même pas demandé. Il a
rencontré la ministre.
Deuxièmement, les autres groupes, la Fédération des
centres d'accueil, les CLSC, les centres de services sociaux ainsi que
l'Association des centres hospitaliers et d'accueil privés, ont
demandé à me rencontrer. On a communiqué avec eux pour
leur demander s'ils voulaient se faire entendre en commission parlementaire.
Ils nous ont dit: Non, on veut rencontrer la ministre. C'est ce que nous avons
fait.
C'est d'ailleurs assez étrange, M. le Président, parce que
c'est le député de Gouin qui a appris à la Chambre que
j'avais passé deux heures avec ces qens. II semble bien que le
député de Gouin ait des antennes directes avec certains membres
de ce groupe. Je leur ai demandé s'ils avaient des suggestions à
me faire, que j'étais réceptive à des suggestions, en
particulier quant à l'article 2; ils n'en avaient pas. Ils sont partis
satisfaits, contents d'avoir pu comprendre les objectifs du projet de loi.
M. le Président, quand on me dit: Tout le Québec est
à la porte pour se faire entendre, je pense qu'il faut rétablir
les faits une fois pour toutes. Nous avons reçu deux
télégrammes. Il y en a un que je n'ai pas encore et qui vient de
la FTQ, dont on nous a parlé hier après-midi et qui était
signé de monsieur...
M. Rochefort: Fernand Daoust, secrétaire
général.
Le Président (M. Bélanger): M. Fernand Daoust.
Mme Lavoie-Roux: Oui, Fernand Daoust. Étrangement,
parfois, on a l'impression que
l'Opposition les reçoit avant nous. M. le Président. Il y
a celui du SPIIQ que j'ai reçu et dont le député de Gouin
a fait la lecture hier après-midi et celui de la CEQ. M. le
Président, après cela, on dit: C'est drôle, pour
l'industrie de la construction, il y avait pas mal plus de monde qu'ici. Nous
sommes convaincus que la population du Québec est d'accord avec les
objectifs de ce projet de loi. Il n'enlève rien aux francophones. Il
fait simplement consacrer dans la législation le droit de la
minorité anglophone à recevoir des services de santé et
des services sociaux dans sa langue. Il ne vise pas à créer de
réseau parallèle et il ne servira d'aucune façon à
angliciser, puisque les dispositions prévues à la loi 101
touchant à la langue du travail et à la langue d'éducation
sont les outils favorisés par les législateurs pour permettre
l'intégration à la majorité francophone.
M. le Président, je veux bien que l'on nous charrie, mais, si
cette Opposition est vraiment sincère - elle a fort critiqué les
amendements que j'ai déposés, c'est son droit le plus strict, et
là-dessus je pense que c'est tout à fait correct - mais, si on
veut vraiment améliorer des choses, alors que l'on s'est dit aussi
d'accord avec les intentions... En avez-vous des amendements à
déposer? Cela me fera plaisir de les examiner. Cela fait
déjà près de huit ou neuf heures, au moins, que nous
sommes à discuter de ce projet de loi et on est encore à faire
des motions dilatoires, M. le Président. Où est
l'honnêteté de ces gens-là?
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
Mme Lavoie-Roux: Elle est faite, la conclusion.
Le Président (M. Bélanger): Ah bon! M. le
député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, je comprends que le ton de
la ministre de la Santé et des Services sociaux soit le ton de quelqu'un
qui s'impatiente...
Mme Lavoie-Roux: Pas du tout.
M. Rochefort: ...le ton de quelqu'un qui trouve difficile de
justifier l'injustifiable et qui trouve encore plus difficile... M. le
Président, est-ce que j'ai interrompu... (15 h 45)
Le Président (M. Joly): Je m'excuse.
M. Rochefort: ...la ministre pendant son droit de parole?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: La tolérance existe aussi des deux
côtés.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Gouin et Mme la ministre, s'il vous plaît, on va accorder...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse auprès du
député de Gouin, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je disais donc que je
comprends que la ministre s'anime un peu. Il est difficile de tenter de
justifier l'injustifiable. II est difficile de défendre un projet de loi
pour lequel nous n'avons reçu aucun appui. Il est difficile de
défendre un projet de loi qui suscite chaque jour de nouvelles
oppostions qui s'ajoutent de plus en plus au projet de loi qui a
été déposé par la ministre.
M. le Président, nous en sommes rendus à entendre des
arguments du député de Laurier, du député de
Notre-Dame-de-Grâce, de la ministre de la Santé et des Services
sociaux qui sont des arguments dans lesquels on ne trouve plus rien d'autre que
de nous accuser de ralentir les travaux, d'être des gens
malhonnêtes qui ne connaissent pas leurs dossiers, qui ne savent pas de
quoi ils parlent et patati et patata. M. le Président, c'est là
l'apanage des arguments des qens qui n'en ont plus et nous en prenons bonne
note. Voilà une belle illustration de gens incapables de défendre
leur projet de loi.
Je dirai, d'autre part, M. le Président, à la ministre de
la Santé et des Services sociaux, que le communiqué de presse de
la FTQ a été transmis à l'Opposition comme à tous
les groupes, organisations et associations au Québec qui ont un fil
telbec dans leur service. Si la ministre était suffisamment ouverte
à ce qui se passe en dehors de son bureau et de son caucus, elle
pourrait aller voir sur son propre fil telbec, dans son cabinet, les
télégrammes et les prises de position des gens qui s'opposent
à son projet de loi. Ce n'est pas une filière directe FTQ et PQ,
c'est une filière directe FTQ et peuple du Québec. Si la ministre
était justement prête à s'ouvrir à
l'extérieur de son bureau, de son caucus et de son Conseil des
ministres, elle pourrait avoir le même accès aux prises de
position qui s'ajoutent chaque jour pour s'opposer à son projet de
loi.
Quand la ministre me reproche de savoir qu'elle a passé deux
heures avec les différentes associations, ce n'est pas ma faute si, moi,
je parle aux gens du réseau de la santé et des services sociaux,
si je les considère comme des partenaires et si je fais en sorte qu'ils
puissent compter sur la
contribution du député de Gouin comme porte-parole de son
parti politique en matière de santé et de services sociaux pour
assumer pleinement et son rôle politique et son rôle social. Si la
ministre de la Santé et des Services sociaux est déçue,
arrière et froissée qu'une rencontre de deux heures dans son
bureau n'ait donné comme résultat non pas des appuis, mais un
raidissement des positions de ces différentes associations, ce n'est que
le résultat de son échec. Quand elle vient s'en plaindre ici
à haute voix, M. le Président, c'est que la ministre étale
au grand jour les échecs qu'elle a accumulés dans ses tentatives
d'aller se chercher des appuis. Que voulez-vous que j'y fasse? J'en suis
peiné, mais la ministre n'est non seulement incapable de convaincre les
députés à l'Assemblée nationale, mais elle est
incapable de convaincre aucun de ses partenaires du réseau de la
santé et de services sociaux.
M. le Président, quand la ministre de la Santé et des
Services sociaux nous dit: On a tenté de dire qu'on amendait la loi 101,
du côté de l'Opposition, du Parti québécois, alors
que cette loi 142 ne touche d'aucune façon la loi 101 et patati et
patata, qu'elle n'a pas de portée linguistique... M. le
Président, encore une fois, la ministre pourrait-elle lire les journaux?
Pourrait-elle écouter ce que disent les différents qroupes
organisés de notre société, qu'ils soient du réseau
de la santé et des services sociaux ou de l'ensemble des autres secteurs
d'activités de notre société? Il y a unanimité au
Québec pour reconnaître que ce projet de loi a une portée
linguistique considérable, une portée linguistique que se refuse
de reconnaître, d'avouer et que cache la ministre de la Santé et
des Services sociaux. D'ailleurs, il n'est pas surprenant, M. le
Président, qu'elle nous ait fait débattre ce projet de loi en
pleine nuit, à deux reprises, parce qu'elle a honte et elle sait
très bien ce que contient véritablement son projet de loi. Elle a
des légistes compétents autour d'elle qui lui ont dit quelle
était la portée réelle de son projet de loi.
M. le Président, la ministre, lorsqu'elle nous accuse d'affirmer
que son projet de loi a une portée linguistique, accuse le premier
ministre du Québec d'avouer et d'affirmer que son projet de loi a une
portée linguistique. Quand le premier ministre du Québec se
lève deux jours après le dépôt de ce projet de loi
improvisé, bâclé, mal rédigé,
précipité et dit: II faudra que j'apporte des amendements
substantiels au projet de loi 142 pour éviter qu'il ne constitue une
passoire linguistique comme bon nombre d'intervenants nous l'ont dit. C'est le
premier ministre qui affirme cela. L'ensemble des éditorialistes, M.
Dumais, M. Comeau, Mme Martin-Godbout, viennent nous dire que, pour des raisons
linguistiques, nous devons nous opposer à ce projet de loi. Est-ce que
la ministre va cesser de prétendre qu'elle vit sur la planète
Mars et enfin descendre sur terre, dans la société
québécoise, et au moins reconnaître que les gens ne sont
pas d'accord sur son projet de loi?
Je comprends, M. le Président, que c'est difficile de vivre
l'opposition, c'est difficile de justifier, malhabilement, l'injustifiable.
C'est difficile de défendre un projet de loi indéfendable. C'est
difficile de faire face à l'unanimité de tout un peuple contre un
projet de loi. Cela fait partie du contrat que la ministre a sollicité
auprès des Québécois en se lançant en politique. Si
la ministre trouve cela si difficile, qu'elle retire donc son projet de loi.
Elle n'aura pas à participer à la commission parlementaire, qui
est un élément important du processus parlementaire et qui semble
la mettre mal à l'aise, qui semble l'indisposer. Si elle ne veut pas
être députée, M. le Président, on peut
peut-être demander au premier ministre qu'il la nomme sans qu'elle soit
députée. Elle n'aura pas à vivre le processus
parlementaire.
M. le Président, plutôt que de prêter de mauvaises
intentions à l'ensemble des groupes organisés de notre
société, plutôt que de lancer toutes sortes de
suppositions, la ministre pourrait-elle être un peu plus franche et un
peu plus courageuse? Non seulement le premier ministre décrit son projet
de loi comme une passoire sur le plan linguistique et annonce en
conséquence des amendements, mais la ministre de la Santé et des
Services sociaux, dans son discours de deuxième lecture, annonce un
amendement, et je cite, M. le Président: "À ce chapitre, des
modifications seront proposées au projet de loi initial visant è
circonscrire l'exercice du droit reconnu à la communauté
d'expression anqlaise de recevoir en langue anglaise des services de
santé et des services sociaux."
Les journalistes, de bonne foi, qui ont cru en la ministre de la
Santé et des Services sociaux, font des textes qui tournent
essentiellement autour de cette annonce d'amendement. Où est cet
amendement? Il est dans les paroles de !a ministre de la Santé et des
Services sociaux qui, encore une fois, s'est livrée à une
opération de désinformation, de manipulation de l'opinion
publique. Voilà ce qu'on a comme ministre de la Santé et des
Services sociaux! Ce n'est pas quelqu'un qui se préoccupe de
santé et de services sociaux, mais quelqu'un qui se livre, sur tous ces
grands dossiers, à de la désinformation et à de la
manipulation de l'opinion publique.
Ce matin, venir nous réaffirmer en Chambre, encore de son
siège, sous couvert de l'immunité parlementaire et du fait que
personne ne peut l'accuser de mentir parce
que ce n'est pas parlementaire, que l'ensemble des amendements qu'elle
avait annoncés, elle les a déposés. Or, elle avait
annoncé un amendement qui préciserait restrictivement à la
communauté d'expression anglaise... Elle prétendait que ce serait
restrictif et qu'elle déposerait un amendement en ce sens.
Gilles Lesage du Devoir, et Jean-Pierre Proulx, du Devoir,
ont produit des papiers à partir de cette annonce de la ministre qui
a tenté un autre grand coup de désinformation, de manipulation
des médias d'information et par effet, de l'opinion publique.
Après, elle vient nous dire: Je ne comprends pas ce qui se passe.
Comment se fait-il que tout le monde soit monté sur ses grands chevaux,
qu'on ne me comprenne pas et qu'on ne croie plus en ma parole? Ce n'est pas
pour rien que les gens, quand ils sortent de leur bureau, envoient des
télégrammes pour dire d'interrompre l'étude de ce projet
de loi. Ils ne croient plus la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Et c'est aussi le cas de l'Opposition.
C'est pour cette raison que nos propos, nos interventions et nos
oppositions portent, non pas sur le discours de la ministre de la Santé
et des Services sociaux, non pas sur les discours du député de
Laurier ou du député de Notre-Dame-de-Grâce, mais portent
sur le texte du projet de loi et sur le texte des amendements qui ont
été déposés, qui sont les textes qui
régiront les services qu'on veut donner et sur lesquels les tribunaux se
pencheront. Si la ministre de la Santé et des Services sociaux produit
des passoires quand elle fait des lois, elle n'a qu'à les retirer et
à refaire ses devoirs. C'est ce que nous lui demandons, M. le
Président.
Je conclurai en disant que, lorsque la ministre nous accuse d'utiliser
des motions dilatoires pour étudier son projet de loi, quel affront
fait-elle à ses partenaires du réseau en prétendant qu'il
est dilatoire de leur permettre de venir confronter leurs opinions à
celle de la ministre de la Santé et des Services sociaux! Je pense que,
si la ministre veut parler de motion dilatoire, c'est au député
de Notre-Dame-de-Grâce qu'elle doit s'adresser, lui qui proposait hier
qu'on reporte au printemps prochain l'étude du projet de loi 142 par une
consultation générale. Lui, l'adjoint parlementaire du premier
ministre, le grand responsable de la rédaction de ce projet de
loi...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député de Gouin, si vous voulez conclure.
M. Rochefort: Je conclus, M. le Président, il me reste
sept ou huit secondes. Lui, le grand responsable de ce projet de loi, qui a
proposé lui-même hier, dans le cadre d'une motion dilatoire, d'une
procédure parlementaire pour étirer les débats, qui est
venu nous proposer hier de reporter au printemps. Si la ministre a des
problèmes avec l'adjoint parlementaire du premier ministre qui propose
des motions dilatoires -je conclus là-dessus - si elle a des
problèmes avec le premier ministre qui lui dit que ses projets de loi
sont des passoires, qu'elle règle donc ses problèmes avec les
gens qui sont près d'elle, l'adjoint parlementaire du premier ministre
et le premier ministre lui-même, plutôt que de lancer des
accusations à tous les membres de la société qui
s'opposent à son projet de loi.
Le Préaident (M. Joly): S'il vous plaît! Merci, M.
le député de Gouin. Je reconnais Mme la ministre selon le droit
de l'alternance.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, très
brièvement, je voudrais simplement revenir, pour les fins du Journal
des débats, sur l'accusation de manque de franchise, de
déformation que le député de Gouin vient de porter
à mon endroit.
Cela ne m'offusque pas, parce que vous comprenez que je suis
habituée à entendre ses injures et ses propos trop souvent
déformés. Je répète et je vais le relire, comme je
l'ai fait ce matin à l'Assemblée nationale, quand j'ai dit -
c'est le texte que j'ai lu: "Des modifications seront proposées au
projet initial visant à circonscrire l'exercice du droit reconnu
à la communauté d'expression anglaise de recevoir en langue
anglaise des services de santé et des services sociaux."
Nous proposons d'inclure à l'article 2 du projet de loi une
disposition qui permettra l'exercice du droit reconnu dans la mesure où
le prévoit un programme d'accessibilité et, à l'article 3,
afin de prévoir la possibilité pour un conseil réqional,
dans l'élaboration d'un programme d'accès à des services
de santé et à des services sociaux en langue anglaise, de
collaborer non seulement conjointement avec les établissements, mais
conjointement avec d'autres conseils régionaux, le cas
échéant.
Il semble que le député n'ait pas encore compris - c'est
ce que je dois conclure devant tous ses propos - quel est l'objectif de ce
projet de loi. C'est de permettre des services en langue anglaise aux personnes
d'expression anglaise, j'ai donné la définition de personnes
d'expression anglaise. Mais c'est évident que des droits pour la
dispensation de services ne se donnent pas à une collectivité,
ils se donnent à des individus. Ce sont des individus qui sont malades,
ce sont des individus qui vont aller chercher des services et qui sont
issus
de cette communauté, M. le Président. Il me semble que ce
n'est pas très difficile à comprendre. Mais, de toute
façon, les accusations du député de Gouin m'affectent
très peu. Vous savez, cela fait un an que je les entends, que les faits
sont déformés et je peux vous donner un autre exemple: quand il
dit qu'on a coupé dans la santé et les services sociaux et que
son gouvernement a coupé pour 700 000 000 $...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, Mme la ministre.
Question de règlement suivant l'article 211.
Mme Lavoie-Roux: Sur la pertinence, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, l'article 211 traite de la
pertinence du débat. La ministre parle sur un sous-amendement du
député de Laviolette visant à convoquer l'Association des
centres de services sociaux du Québec. Si la ministre souhaite un
débat public sur les coupures budgétaires qu'elle a
effectuées dans le réseau, qu'elle commence par déposer
les plans de...
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
M. Rochefort: ...redressement budgétaire que je lui
demande depuis deux mois. Ensuite, on en parlera dans une commission
parlementaire publique. Je suis disponible.
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: Wo! Wo!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Gouin. S'il vous plaît! M. le
député de Gouin. Je m'excuse, en vertu de l'article 246, Mme la
ministre, qui présente le projet de loi, a un droit de parole, de
réplique de cinq minutes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'analogie que je
faisais entre...
M. Rochefort: M. le Président, sur ma question de
règlement. Vous avez dit que la ministre avait un droit de parole de
cinq minutes, mais l'article 211 s'applique aussi et elle doit parler du sujet
qui est en discussion.
Une voix: C'est ce qu'elle fait.
M. Rochefort: Oui ou non, M. le Président? Je vous demande
de rendre une décision.
Le Président (M. Joly): À mon sens, M. le
député de Gouin, Mme la ministre faisait simplement
répondre à ce que vous aviez avancé.
M. Rochefort: Je n'ai pas parlé de coupures dans le
réseau de la santé et des services sociaux, M. le
Président, dans mon intervention.
M. Sirros: Question de règlement, M. le Président.
La ministre était tout à fait pertinente...
Le Président (M. Joly): J'en ai écouté un
et, ensuite, je vais écouter l'autre. Juste un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Gouin!
M. Rochefort: On va vous permettre de compléter votre
réflexion pour que vous puissiez rendre votre décision. M. le
Président, si elle me répondait... Je n'ai pas parlé des
coupures dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Alors, je ne sais pas comment elle fait pour répondre à cela.
Mme Lavoie-Roux; M. le Président, est-ce que...
M. Rochefort: Et il faut respecter l'article 211 qui porte sur la
pertinence du débat.
M. Blais: Vous n'êtes pas président, vous!
Le Président (M. Joly): Parfait! Je vous ai entendu. Pour
l'autre question de règlement, je vais reconnaître le
député de Laurier, s'il vous plaît!
M. Sirros: M. le Président, je vais laisser tomber, M. le
Président. Cela ne vaut pas la peine de répondre.
M. Blais: C'est ce qu'on vous dit depuis le début.
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je reconnais Mme la ministre pour la fin de ses cinq minutes. (16
heures)
Mme Lavoie-Roux: Je conclus, M. le Président. Je disais
que j'étais fort habituée aux déformations du
député de Gouin, puisqu'il me les sert depuis un an. Je faisais
une analogie - on fait souvent des comparaisons ou des analogies dans nos
débats - avec la désinformation - en ce sens qu'on aurait fait
des coupures dans la santé et les services sociaux. Alors que l'ancien
gouvernement a réussi à en faire pour au moins 700 000 000 $
durant neuf ans, nous,
dans une seule année, nous avons ajouté au moins le
même montant, c'est-à-dire 700 000 000 $ de plus. C'est le genre
de désinformation du député de Gouin.
Le Président (M. Joly): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Au moins 700 000 000 $.
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je m'excuse, est-ce que c'est en vertu d'une question de
règlement, M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: C'est strictement pour exercer mon droit de
parole.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député d'Abitibi-Ouest, en vertu de l'article 209, le droit de
parole revient au côté ministériel, s'il y a quelqu'un qui
veut s'exprimer sur le sujet qui ne s'est pas déjà
prononcé. Je reconnais le député de Beauharnois.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci, M. le Président. Ce ne sera pas
tellement long puisqu'on s'aperçoit que ce sont souvent ceux qui parlent
fort qui sont écoutés. J'essaierai d'être un peu plus calme
dans mes propos comparativement à ceux qui sont intervenus avant
moi.
J'écoutais tantôt le député de Terrebonne
quand il disait qu'une majorité doit donner des droits aux
minorités. Je suis entièrement en désaccord avec le
député de Terrebonne parce qu'en tant que minorité au
Canada je ne tiens pas à ce que la majorité me donne des droits.
Je tiens à ce que la majorité reconnaisse mes droits. C'est bien
différent. Il y a une différence entre donner des droits et
reconnaître les droits des gens.
Je reviens a ce que mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce a
soulevé au début. J'essaie de comprendre la position des deux
formations dans le domaine et je pense qu'on est à peu près sur
la même longueur d'onde. Je ne comprends pas qu'on ne puisse pas
s'entendre aujourd'hui sur cela. Je parle de la dernière version du
programme officiel du Parti québécois - il y a eu plusieurs
versions - celle de 1985 qui énonce que le Parti québécois
prône une société francophone qui garantit à toutes
ses composantes leur chance de développement et le maintien de leur
caractère propre, notamment par la reconnaissance explicite du droit des
communautés amérindiennes, inuit et anglophones de gérer
leurs propres établissements culturels, scolaires et sociaux. Je pense
qu'en ce qui concerne ces énoncés de politique on est
entièrement d'accord, on est tous sur la même longueur d'onde.
Je reviens à ce que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce disait quand le chef de l'Opposition que je respecte
beaucoup, comme je respecte également mon chef, sauf que je respecte les
gens qui respectent leur parole, la différence est toute là... Il
dit: Je pense que nous devrions garantir dans la loi du Québec, comme
des droits fondamentaux, le droit des anglophones de recevoir des services de
santé et des services sociaux en anglais. Je prends le texte de loi
d'aujourd'hui. Dans la déclaration de la ministre, il est dit: "Ce que
nous voulons faire par ce projet de loi, c'est de garantir l'exercice d'un
droit, consacrer dans la loi, un droit pour la minorité anglophone de
recevoir des services dans le domaine de la santé et des services
sociaux dans sa langue."
Quelle différence y a-t-il entre la déclaration de la
ministre et la prise de position officielle du chef de l'Opposition le 12
novembre 1985? Quel est l'écart qui existe entre les deux? Est-ce un
énoncé de principe de part et d'autre ou si ce sont seulement des
objectifs énoncés par les deux partis? Quelle est la
différence? Je ne comprends pas qu'il puisse y avoir une divergence
quant à l'idéoloqie parce qu'on émet sur papier exactement
la même idéologie. On veut consacrer un fait. On veut consacrer
dans une loi, comme disait le chef de l'Opposition, les droits fondamentaux, le
droit des anqlophones de recevoir des services de santé et des services
sociaux en anglais. On dit exactement la même chose avec le projet de
loi. On dit: On applique ce que le chef de l'Opposition voulait appliquer s'il
avait repris le pouvoir.
Donc, je me dis que c'est dans les modalités, à ce moment,
qu'il y a une divergence d'opinions, ce n'est pas dans le principe parce que le
principe de base est le même de part et d'autre. Donc, pourquoi avez-vous
voté contre l'adoption du principe à l'Assemblée nationale
si on est d'accord préalablement sur le débat de fond?
II reste à régler le problème des modalités.
Comme le premier ministre l'a dit ce matin, si l'Opposition veut absolument
suivre la ligne de pensée de son chef, c'est-à-dire consacrer
dans une loi les droits fondamentaux de cette minorité en termes de
services sociaux et de santé, - nous, on dit la même chose -
pourquoi ne s'attaquerait-on pas immédiatement à la lecture du
projet de loi article par article et, à ce moment, on recevrait les
amendements que l'Opposition pourrait vouloir apporter et on en discuterait, on
ferait un débat de fond sur chacun des amendements que vous pourriez
apporter?
Si on ne fait pas cet exercice... Je crois sincèrement que vous
n'avez pas l'intention du tout d'étirer le temps. Loin de
moi cette pensée. Je suis convaincu que vous voulez absolument
que les anglophones puissent également recevoir des services dans leur
langue. On est tous d'accord sur cela.
Une voix: ...chef même.
M. Marcil: Exactement. On voudrait également appliquer ce
que votre chef veut, l'introduire dans une loi et c'est ce qu'on fait, Donc,
pourquoi ne pas s'entendre immédiatement pour travailler au projet de
loi article par article et pour apporter les amendements? Si les amendements
sont recevables, on pourra en discuter. Mais c'est la seule façon de le
faire.
Je ne crois pas qu'en passant encore dix ou vingt heures sur des motions
dilatoires on va pouvoir faire avancer le débat. La seule façon
de faire avancer le débat, c'est de s'appliquer immédiatement
à lire le texte et à l'analyser article par article et de
recevoir les amendements.
On dit que le projet de loi a une portée linguistique; en ce qui
me concerne, la loi 101 est une excellente loi. Elle protège le fait
français au Québec; elle protège les francophones, autant
au chapitre du travail qu'à celui de l'éducation. On ne remet pas
en cause la loi 101. Si, pour l'Opposition, c'est la remettre en cause, si pour
l'Opposition, cela peut avoir une portée linguistique énorme au
Québec, je me dis que vous avouez vous-mêmes que la loi 101 n'a
aucune portée.
On ne touche pas à la loi 101. On fait seulement introduire dans
une loi ce que votre chef veut faire. Vous devez être réellement
mal à l'aise face à cette position, de voir un chef que tout le
monde respecte vouloir introduire dans une loi ces droits. On vous propose
exactement la même chose et vous refusez d'en discuter au chapitre de la
loi et du projet comme tel, article par article.
On est d'accord sur le principe. Vous êtes d'accord; on est
d'accord. Vous le refusez à l'Assemblée nationale et, maintenant,
vous refusez d'étudier le projet de loi, article par article. Apportez
des amendements; si vous avez des choses à apporter, c'est le temps. On
est ici pour cela. On n'est pas ici uniquement pour discourir et savoir lequel
du groupe est le meilleur en matière de discours. On devrait être
un peu plus pragmatique et le prendre article par article.
M. Blais: ...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Terrebonne, je pense que la parole ne vous appartient pas.
M. Marcil: J'ai terminé. C'était seulement pour
faire une mise au point, M. le Président, parce que je trouve que nous
sommes tous des gens intelligents autour de cette table et il me semble que
notre temps est tellement précieux qu'on devrait l'utiliser à
faire avancer le débat et s'attaquer immédiatement au projet de
loi. C'est tout.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Beauharnois. Je reconnais maintenant le député
d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Je vais essayer très simplement d'être
honnête et intelligent à cette table. Mais je voudrais d'abord
mentionner que j'ai beaucoup de respect pour le député de
Beauharnois. Bien amicalement, je ferais remarquer qu'il n'a pas dit un
traître mot sur ce sur quoi nous devons discourir: Est-ce que, oui ou
non, ce serait opportun à ce moment-ci de convoquer l'Association des
centres de services sociaux du Québec?
C'est l'amendement pour lequel on est censé avoir dix minutes.
Est-ce que, oui on non, ce serait opportun d'entendre ces gens? Je voudrais
juste dire quelques mots sur l'amendement. Cela n'a pas l'air d'être
l'habitude de parler sur ce dont on doit parler. Je vais faire comme les
autres; je vais parler d'à peu près n'importe quoi, mais je vais
prendre au moins deux phrases pour situer cela dans le contexte.
Ce serait opportun d'entendre l'Association des centres de services
sociaux du Québec. La ministre de la Santé et des Services
sociaux nous a dit à deux reprises -elle nous disait cela tantôt
et je la cite au texte: C'est invraisemblable, ce que vous faites vous, comme
Opposition. J'ai l'impression que nous vous disons la même chose: C'est
invraisemblable ce que vous faites dans le projet de loi 142.
Supposons, M. le Président, que, de part et d'autre, on est dans
l'invraisemblable, il y a au moins quelque chose qui est vraisemblable. C'est
que les "dispensateurs" du principe sur lequel on est d'accord de part et
d'autre... Nous n'avons pas à faire de longues discussions. Est-ce qu'on
est d'accord sur le principe que les anglophones et les allophones puissent
avoir dans leur langue des services dans le domaine de la santé et des
services sociau? Réponse: Oui.
C'est réglé, je ne parlerai plus de cela. Sur le principe.
Mais il ne faut pas être démagogique, comme la ministre
l'était en disant: Ils m'ont dît dans une lettre qu'ils
étaient d'accord sur le projet de loi. Ils n'ont jamais dit cela. Ils
ont dit: On veut que vous le retiriez. J'ai rarement vu des gens qui disent
être d'accord avec un projet de loi et qui en demandent le retrait.
Tantôt, elle citait la lettre de l'Association des hôpitaux
du Québec et elle
a dit: Mais ils sont d'accord, M. Gendron, sur le principe du projet de
loi. C'est faux. Ils sont d'accord sur le principe de l'offre de services.
M. Blais: L'objectif.
M. Gendron: Sur l'objectif, c'est autre chose. Pourquoi est-ce
que je pense que ce serait opportun de les avoir ici? Il n'y a aucun, mais
aucun dispensateur de services qui, sur la forme, a pu en prendre connaissance,
a exprimé son accord. La, ce n'est pas le Parti québécois,
ce n'est pas le chef, ce ne sont pas les promesses ou l'engagement
électoral qu'on ne renie pas du tout, parce qu'il faut savoir
lire...
Il y a une "cristie" de différence, M. le Président, entre
l'intention d'inscrire à l'intérieur d'une loi
générale, une loi-cadre, qui tient compte de plusieurs principes,
d'énormément de principes qui débordent l'offre de service
individualisé, une loi qui a comme conséquence de, comme certains
le prétendent, "bilinguiser" un système... Ce n'est pas vrai. Ils
nous le diront, tous les dispensateurs de services ont cette crainte. Pourquoi
avez-vous peur de les entendre? Quel serait le drame de le leur demander? Sur
quoi vous basez-vous après deux heures d'échanges avec la
ministre de la Santé et des Services sociaux pour arriver à la
conclusion... On vous demande de retirer: Pour ces différents motifs
nous demandons au gouvernement du Québec de surseoir à l'adoption
du projet de loi.
Ce n'est pas le PQ qui a signé cela. Miville Lapointe, Roger
Pedneault et Paul Leguerrier, ce ne sont pas des gens ou des
députés du Parti québécois; ils passent deux heures
à écouter la ministre. Et je les connais, ce sont des gens
très respectueux des institutions et de ceux et celles qui les
représentent, donc, la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Et après deux heures, ils disent: Mme la ministre, nous devons
connaître cela un peu, c'est nous autres qui avons la
responsabilité de faire l'offre de service pour laquelle nous sommes
d'accord. On connaît cela tellement qu'on voudrait vous dire que,
même à l'intérieur de votre projet de loi 142, cela ne
marche pas. On ne comprend pas, d'abord, que ce soit requis; on ne comprend pas
que ce soit bien fait; on ne comprend pas que cela ne requerrait pas
d'amendements majeurs, ce à quoi la ministre de la Santé et des
Services sociaux s'engage encore ce matin.
Ce n'est pas François Gendron qui dit ce matin: On va
circonscrire l'exercice du droit reconnu à la communauté
d'expression anglaise, c'est la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Nous cherchons la circonscription, on cherche où c'est
circonscrit. Personne ne voit que c'est circonscrit. Tous les journalistes qui
ont eu à traiter de cela ont dit: Un amendement décevant, un
amendement qui ne règle rien; un amendement qui devait corriger les
trous et la passsoire du premier ministre; c'est encore une passoire ce matin.
Et on va se faire insulter, se faire dire qu'on ne comprend rien et qu'on veut
faire de l'obstruction.
Je mets cela au pire: Supposons que vous avez raison, j'aimerais mieux
que tout ce que vous me dites, ce soit dit par les dispensateurs de services.
Quel serait le drame de les entendre? Eux autres vous convaincraient pendant
deux ou cinq heures: M. Gendron, vous êtes dans les patates, l'Opposition
du Parti québécois est dans les patates parce que, effectivement,
nous, cela fait tant d'années qu'on est dans le système de
services de santé et de services sociaux et on va vous expliquer
pourquoi le projet de loi 142 est requis, est nécessaire et il faut
absolument cela pour continuer a faire ce que nous faisons depuis dix ans. Je
vous dis bien honnêtement que si ces gens voulaient nous dire cela et
venaient nous expliquer la nécessité que cela passe à
l'intérieur d'un projet de loi, au moins, je serais attentif et
j'essaierais de parler à ma "gang"; on se questionnerait et on se
dirait: Peut-être que c'est nous autres qui n'avons pas te pas. On est
peut-être de travers, on se trompe peut-être, il y quelque chose
qui ne marche pas dans nos affaires.
Mais ce n'est pas cela. Encore hier, je téléphone à
deux ou trois des amis que j'ai là pour leur demander: Pensez-vous qu'il
est vraiment fondamental que ce soit dans une loi? La réponse a
été: Non, pas dans une loi où on a ce qu'on appelle une
offre de service individualisé.
Le député de Beauharnois tentait d'expliquer comment il se
fait qu'on ne se comprend pas. Mon collègue de Terrebonne a
été très clair. Le danger, c'est d'instaurer
systématiquement un réseau anglophone de services de la
santé et de services sociaux. C'est tellement vrai que, tantôt, le
député de Notre-Dame-de-Grâce a pris la peine... J'ai
trouvé cela correct parce que, habituellement, il est sur la même
"track" quand il veut quelque chose et on sait qu'il a parlé avant,
ça lui prend cela, lui, autrement que cela on sera inquiet au Parti
libéral, ça lui prend une loi qui fait fi de la majorité
et on va consacrer, dans une loi, les principes d'offre de service à une
minorité alors que nous sommes d'accord pour que le service soit
dispensé, mais sûrement pas à l'intérieur d'une loi
aussi mal faite, aussi particulière, où on transgresse l'offre de
service collectif pour une offre de service individualisé. Ceci me fait
dire que cela doit être vrai dans sa conception; voici ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce dit, je le cite au texte:
"Cela va permettre que des individus anglophones jouent un plus
grand rôle par leur présence au sein des divers conseils
d'administration du réseau anglophone des affaires sociales." Il dit:
Là, its n'ont pas de chance, ils ne peuvent pas jouer un rôle
important. Ce qui est inexact. Il y a un membre à l'un de mes conseils
d'administration qui est un allophone, d'une autre nationalité que la
mienne, et il a réussi à convaincre un corps public qui,
habituellement, fait des suggestions pour que ces personnes le
représentent au sein de l'organisme et il a été retenu.
Les gens ont trouvé que cette personne s'intéressait à ces
questions, qu'elle avait les compétences pour représenter la
communauté de mon milieu au conseil d'administration et elle va
continuer à y siéger. J'en suis très heureux et tant mieux
pour elle. (16 h 15)
Mais, on pense qu'il y a un danger que le réseau se "bilinguise",
qu'on ait un réseau anglophone de services sociaux. Nous, qu'on ait des
services aux anglophones et aux allophones à l'intérieur du
réseau francophone, 100 %, 1000 % d'accord avec cela. Mais, s'il n'y a
pas une différence entre notre thèse et la vôtre, je ne
comprends plus rien.
Je répète ce qu'on demande. J'aimerais pouvoir entendre
les dispensateurs de services. Quels sont leurs arguments après deux
heures d'échange avec la ministre pour dire: Mme la ministre, notre
conclusion, c'est que vous allez retirer ce projet de fou? Ce n'est pas dit: On
va l'amender, ce n'est pas dit: On va apporter des amendements significatifs.
On demande que ce projet soit retiré. La FTQ fait la même chose,
les journalistes, les éditorialistes font la même chose.
L'ensemble des intervenants du réseau ont dit: Trop vite, mal fait, mal
préparé.
Vous pensez qu'on a tort? Permettez-nous d'entendre leurs arguments
disant pourquoi ils prétendent que nous avons raison. J'aimerais cela et
je répète que j'aimerais bien mieux me faire dire que tout ce
qu'on dit a supposément des connotations autres que celles auxquelles on
devrait s'attendre avec le projet de loi, et ce par les gens qui vivent les
services sociaux comme dispensateurs. Et je pense que cela donnerait un peu
plus de crédibilité non partisane à
l'événement.
Moi, si, après deux jours de commission parlementaire - pour
l'ensemble, je mets tous les organismes concernés - ils avaient tenu le
même discours, disant que c'était ultimement nécessaire et
requis pour consacrer un droit, bien, j'écouterais et je serais
porté à avoir des échanges avec mes collègues et
dire: II y a de quoi là. Il va falloir regarder cela
sérieusement.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion.
M. Gendron: En conclusion, M. le Président, je ne
comprends toujours pas, au-delà des explications qu'on peut se donner de
part et d'autre, ce qu'est le drame et le danger d'entendre les intervenants
les plus concernés. Or, les plus concernés, ce ne sont
sûrement pas les politiciens, nous ou vous. Ce sont ceux qui dispensent
les services et j'aimerais les entendre.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Je ne peux
malheureusement pas vous reconnaître, M. le député de
Laurier, puisque vous êtes déjà intervenu. En vertu de
l'article 209: "Sauf dispositions contraires, un député peut
s'exprimer une seule fois sur une même question. Son temps de parole est
de dix minutes pour une motion de forme et de vingt minutes pour toute autre
affaire." Je regrette, M. le député.
En vertu de la règle d'alternance, est-ce qu'il y a quelqu'un de
ce côté-ci qui désire s'exprimer?
M. Filion: Je suis neutre, M. le Président, dans mes
interventions.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez une
neutralité fortement enqagée, M. le député de
Taillon.
M. Filion: C'est vous qui le dites.
Le Président (M. Bélanger): Le contraire
m'étonnerait. M. le député, on vous donne...
M. Claude Filion
M. Filion: Je vous remercie de reconnaître ma
neutralité en même temps, M. le Président.
Vous savez, j'écoutais sur le perroquet le discours du
député de Notre-Dame-de-Grâce. C'est comme s'il y avait au
Québec des services de moindre qualité qui étaient offerts
aux gens d'expression anglaise. C'est comme s'il y avait au Québec des
anglophones qui n'avaient pas réussi à prendre leur place dans le
réseau des affaires sociales. Quelle méconnaissance de la
réalité! Quand on connaît un peu l'ensemble des centres
hospitaliers qui offrent des services en anglais, non seulement en anglais,
mais dans toutes autres langues aussi, parce que, encore une fois, ces choses
se développent tranquillement, au fil des habitudes et au fil des
traditions...
J'écoutais le député de Notre-Dame-de-Grâce.
C'est curieux que, de l'autre côté, les gens aient à peu
près chacun leurs raisons pour adopter le projet de loi 142, mais qu'il
n'y ait pas une de ces raisons qui soit semblable à celles de leurs
voisins. Je
relisais le discours de la députée de Jacques-Cartier qui
est différent de celui du député de
Notre-Dame-de-Grâce, qui est différent de celui de la ministre. Ce
n'est pas la même chose. Je pense que cela donne une assez bonne
idée que le projet de loi 142 est loin d'Être clair. Il y a une
chose qui est claire, par contre: il n'y a aucune preuve qui a
été apportée par la ministre qu'il y avait des services de
moindre qualité accordés aux anglophones du Québec ou que
les gens d'expression anglaise avaient reçu des services
inférieurs à ceux qu'ils auraient dû recevoir. Cela, c'est
fascinant. C'est fascinant qu'il n'y ait pas un élément de preuve
là-dessus et que, par contre, une bonne partie de vos collègues,
Mme la ministre, basent leur discours là-dessus; c'est la
prémisse de leur discours. Je vous indique, en particulier, deux de vos
collègues: la députée de Jacques-Cartier et le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Pour revenir à l'argument exposé tantôt par le chef
de l'Opposition, le député de Beauharnois n'est pas ici, mais je
voudrais relire une partie de sa déclaration: Pour ce qui est de la
communauté anglaise, le gouvernement du Québec est prêt
à s'engager, dans ce cadre nouveau, à inscrire dans ses lois
fondamentales le droit de la minorité anglophone à recevoir dans
sa langue les soins de santé et les services sociaux. Cela a
été dit dans un contexte bien particulier. Il y a trois choses,
dans cette déclaration, qu'il faut retenir: 1) on parle de la
communauté anglophone; 2) on parle d'inscription dans les lois
fondamentales; 3) cette déclaration a été faite dans un
contexte particulier de stabilité linguistique, tout le contraire de
l'héritage que le gouvernement libéral est en train de nous
laisser après seulement douze mois de pouvoir. Seulement douze mois de
pouvoir.
M. Scowen: II y avait une quatrième chose.
M. Filion: Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce veut faire d'autres motions pour des consultations
générales, il les fera à son tour. En attendant, s'il ne
veut pas m'écouter, mon Dieu! il peut aller se promener. Moi, je
l'écoute quand il me parle. Ce sont trois distinctions fondamentales. Si
vous le voulez, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, je
pourrai vous l'expliquer en détail, pour que vous compreniez bien, une
fois pour toutes, les distinctions et les nuances, quand cela s'impose.
M. Scowen: ...
M. Filion: ...quand cela s'impose...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon veuillez vous adresser au président,
s'il vous plaît.
M. Filion: Ouais! C'est parce que ses gestes s'adressaient
à moi et étaient fort révélateurs. En ce sens, je
voudrais expliciter le troisième élément, à savoir
le contexte dans lequel cette déclaration a été faite, le
contexte linguistique que l'on connaissait à ce moment-là,
c'est-à-dire à l'automne 1985, et même qu'on connaissait au
moment où une partie de notre programme a été
rédigée. On avait tout à fait raison, ce n'est pas
à 90 % ni à 80 % qu'on l'endosse, mais à 100 %.
Le contexte actuel est le suivant. Aussi incroyable que cela puisse
paraître, Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux, la
liste des opposants à votre projet de loi, sans qu'il n'y ait aucun
groupe qui soit favorable - s'il y en a qui sont favorables, on aimerait les
entendre en commission, il sera toujours temps - la liste s'allonge
dangereusement: le maire de Montréal; M. Laurent Picard qu'on ne peut
certainement pas accuser d'être péquiste, on pourrait en faire le
pedigree, si certains le désirent; ?2 universitaires parmi les plus
influents, parmi les plus grands penseurs de notre société, des
gens qui ont marqué notre évolution par leur puissance
intellectuelle, par leur puissance d'analyse de la société
québécoise, par leur degré de profondeur de
réflexion sur l'état de la société
québécoise; la Chambre de commerce de Montréal, le "Board
of trade", pour les députés qui n'auraient pas saisi
l'appellation française; les syndicats, notamment, la FTQ, l'AHQ,
l'Association des centres de services sociaux, la Fédération des
CLSC du Québec, l'ACHAP et l'Association des centres d'accueil.
J'ajouterais à cette liste - je vais ouvrir les guillemets, pour
dire ensuite de qui ça vient - le communiqué suivant qui est
sorti hier soir à Montréal et qui a été reproduit
en partie dans certains des journaux d'ici. Ce n'est pas moi qui parle, j'ouvre
les guillemets pour les fins du Journal des débats: "Nos
pères, au cours des siècles de notre courte histoire, se sont
battus pour la reconnaissance du fait français au Québec. Il est
regrettable - je suis toujours à l'intérieur du contexte
linguistique, donc, très pertinent au présent débat - que
le qouvernement Bourassa remette en cause ces acquis si durement payés
par les nombreux conflits que nous avons dû vivre dans le passé et
qui ont causé la stagnation de notre développement
économique, culturel et urbain. "L'évolution d'une
société comme la nôtre se fait è partir de
déchirements sociaux qu'il ne faut pas répéter à
courts intervalles. La politique actuelle du gouvernement qui laisse croire
à la population que la Charte de la langue française comporte des
irritants ou qu'elle
brime les droits de nos minorités au Québec, risque
d'irriter beaucoup plus la paix sociale des Québécois reconnus
pourtant pour leur ouverture d'esprit envers leurs minorités.
"Déjà, par son immobilisme, le gouvernement a permis à
plusieurs groupes autres que francophones de s'afficher en anglais.
Quotidiennement, on viole la Charte de la langue française. La situation
linguistique du Québec ne peut tolérer la tergiversation."
C'est le troisième critère. Dans quel contexte sommes-nous
en train d'étudier le projet de loi 142 que le premier ministre
lui-même ce matin reconnaissait comme faisant partie du débat
linguistique? Ce n'est pas nous qui le disions, c'est le premier ministre du
Québec en Chambre, ce matin, qui le reconnaissait.
La citation que je vous ai lue et qui se termine en demandant instamment
au gouvernement Bourassa de retirer les projets de loi 140 et 142 vient de la
Chambre de commerce de la rive sud qui couvre mon comté, mon coin de
pays, la Montérégie, où on commence à vivre le
genre de turbulences linguistiques qu'a connues le centre de Montréal,
qu'a connues la région de l'Outaouais et qui est en train de se
répandre un peu partout au Québec. C'est mon petit coin de pays,
votre petit coin de pays en tant que résidence, M. le Président,
pas en tant que comté, la Montérégie. C'est la Chambre de
commerce de la rive sud qui n'a pas l'habitude, avec la force qu'on lui
connaît, de prendre position pour rien.
J'appelle ça ceux qui tiennent le pas dans la
société québécoise, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député.
M. Filion: En conclusion, vous êtes seule, Mme la ministre,
avec quelques-uns de vos collègues, mais qui ne tiennent pas le
même langage que vous, à vouloir maintenir le pas sur le projet de
loi 142. Vous êtes la seule à maintenir qu'il y a urgence, vous
êtes la seule à prétendre que ce ne serait pas utile
d'asseoir à une table les intervenants du milieu social, du milieu de la
santé, pour leur permettre de s'exprimer, de vous exprimer et de nous
exprimer leur réticence vis-à-vis d'un projet de loi qui est
maintenant, je pense qu'on peut le dire carrément, un projet de loi
linguistique et non pas, comme vous avez tenté de le faire croire depuis
le début, un projet de loi humanitaire.
Je pense qu'en toute honnêteté, avant d'aller plus loin
dans nos travaux, on devrait au moins s'entendre là-dessus en partant et
ensuite, peut-être, si vous reconnaissiez ce fait-là, pourrait-on
faire un bout de chemin. Le bout de chemin, il faudrait cependant le faire en
prenant l'ensemble de nos lois linguistiques et non pas des parties, des
secteurs ou des domaines de nos lois linguistiques parce que ça se
tient, c'est équilibré, cela a amené une paix sociale
depuis dix ans, une paix sociale qui est en train d'être troublée.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres...
Mme la ministre. (16 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Très brièvement, M. le
Président, j'ai malheureusement manqué une partie de
l'intervention du député de Taillon. Je voudrais simplement
rappeler, une autre fois, qu'il ne s'agit pas d'un projet de loi linguistique
dans le sens où le député de Taillon veut insister, de la
façon dont il le verbalise. Il s'agit d'un projet de loi qui veut donner
accès aux personnes d'expression anglaise à des services de
santé et des services sociaux. C'est uniquement dans le contexte de la
loi sur la santé et les services sociaux. Évidemment, on y parle
de langue puisqu'il s'agit de leur donner accès dans leur lanque. Tous
les efforts que l'Opposition fait pour dire que c'est un projet de loi qui peut
être associé à la loi 101... La preuve en est amplement
faîte, M. le Président, si ce n'était de l'ardeur de
l'Opposition - et c'est son droit le plus strict - de vouloir associer de la
même façon le projet de loi 142 à la loi 101, alors qu'il
est strictement une loi d'accès à des services de santé et
des services sociaux.
M. le Président, seulement une dernière petite remarque.
C'est assez intéressant que les seuls ministres qui se soient
préoccupés de cette question, du moins pour le verbaliser, alors
que le gouvernement du Parti québécois était au pouvoir,
c'étaient deux ministres qui ont été ministre de la
Santé et des Services sociaux - le Or Laurin également, je pense
- parce qu'il y avait là une réalité dont ils devaient
tenir compte à l'intérieur du réseau de la santé et
des services sociaux quant à la distribution des services les plus
adéquats possible à la population, ce qui est une obligation qui
est créée par la loi sur la santé et les services
sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Les temps
d'intervention étant épuisés au sujet de ce
sous-amendement, nous le mettons aux voix. Ce sous-amendement est-il
accepté ou rejeté?
M. Rochefort: Vote sur appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vote sur appel nominal,
bien, M. le député de Gouin. Je fais l'appel. M. le
député de Beauharnois... Excusez-moi. M. Bélanger
(Laval-des-Rapides)?
M. Bélanger: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de L'Assomption?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sinus: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de l'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: D'Abitibi. Pour.
Le Président (M. Bélanger): Abitibi-Ouest, c'est ce
que j'ai dit.
M. Gendron: Vous avez dit "de l'Abitibi". C'est: d'Abitibi.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi,
d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Ce n'est pas grave.
M. Blais: Ce n'est pas la première fois qu'il
l'apostrophe.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon? M. le député de Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Sans apostrophe. M. le
député de Laviolette. Et M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Pour, M. le Président,
Le Président (M. Bélanger): Pour: 3. Contre: 7.
Le sous-amendement est donc rejeté.
Nous revenons donc à l'amendement premier qui se lit de la
façon suivante... Je salue M, le député de Laviolette. On
peut peut-être relire la motion au complet. Nous revenons donc à
celle de M. le député de Taillon, excusez-moi. La motion se
lirait comme ceci: Motion pour tenir des consultations particulières:
"Que la commission tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende: l'Association des hôpitaux du
Québec, l'Association des centres d'accueil du Québec et
l'Association des centres de services sociaux du Québec." C'était
une proposition d'amendement de M. Filion.
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Puisque, malheureusement, malgré tous nos
efforts, la majorité ministérielle a refusé de convoquer
l'Association des centres de services sociaux, il faut que vous lisiez la
motion comme étant de demander une consultation
particulière...
Le Président (M. Bélanger): Vous avez absolument
raison.
M. Rochefort: ...avec l'Association des hôpitaux du
Québec, ce qui est la motion de fond, amendée par le
député de Laviolette. Quant à faire...
Le Président (M. Bélanger): Le député
de Taillon... de Laviolette...
M. Rochefort: ...de Laviolette. Quant à faire venir...
Le Président (M. Bélanger): ...quant à
inviter l'Association des centres d'accueil du Québec.
M. Rochefort: ...l'Association des centres d'accueil du
Québec.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez tout à
fait raison. L'Association des centres de services sociaux...
M. Rochefort: Cela a été refusé.
Reprise du débat sur la motion d'amendement
proposant d'entendre aussi l'ACAQ
Le Président (M. Bélanger): ...vient d'être
retirée à la suite du refus par le vote.
Nous allons maintenant discuter de la proposition du
député de Taillon sur l'Association des centres d'accueil du
Québec. On revient au deuxième amendement. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Vous en avez pour toute la veillée!
Le Président (M. Bélanger): II y en a moins qu'il
n'y en avait.
M. Rochefort: ...surtout pas en politique.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai, vous avez raison.
M. Rochefort: ...peut-être voter pour une motion comme
celle du député de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Bélanger): Tous des deux
côtés peuvent intervenir sur cette motion.
Cependant, les députés de Taillon et de Laviolette ont
épuisé leur droit de soumettre des sous-amendements. Y a-t-il des
interventions?
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: II me fait énormément plaisir de
prendre ces dix minutes pour convaincre...
Une voix: Vous avez quelque chose à dire?
M. Gendron: ...oui, j'ai quelque chose à dire, je
comprends.
Une voix: D'intelligent?
M. Gendron: Oui. Sérieusement, M. le Président,
s'il y avait une chose sensible et intelligente, ce serait de permettre aux
gens des centres d'accueil de venir ici, en cette commission parlementaire,
nous expliquer pourquoi ils prétendent, eux aussi, que ce projet de loi
n'est pas requis et pas nécessaire. Comme dispensateur de services,
est-ce que quelqu'un ici peut me dire qu'il ne connaît pas un centre
d'accueil dans son comté? Des centres d'accueil, il y en a dans presque
tous les comtés du Québec.
Une voix: Je n'en ai pas, moi.
M. Gendron: Le député de Terrebonne me fait part
qu'il n'a pas de centre d'accueil dans son comté. Convenons qu'il y a
peut-être quelques comtés au Québec qui ne disposent pas de
centre d'accueil. Ces gens, qui sont habitués avec la clientèle
désignée, d'offrir des services sociosanitaires, qui signent un
communiqué de presse, un télégramme à Mme la
ministre, conjointement avec d'autres dispensateurs de services, pour lui dire:
Mme la ministre, on ne vous demande pas nécessairement d'apporter des
amendements aux articles 1, 2, 3 et 9 qu'on ne comprend pas et qu'on trouve
inopportuns, on ne vous dit pas qu'il n'y a pas de trou ou de passoire dans ce
projet de loi, on vous demande, en conclusion, pour toutes sortes de motifs, de
bien vouloir le retirer de la carte. Voulez-vous bien retirer ce projet de loi
qui est inopportun, inapproprié et qui ne répond pas à
notre demande à nous qui avons à dispenser les services? II me
semble qu'ils doivent avoir des raisons et des arguments à faire
valoir.
Je pense que des parlementaires sérieux qui veulent s'acquitter
de leurs responsabilités professionnelles de façon
sérieuse ne devraient sûrement pas s'opposer au
bénéfice d'un éclairage, même pas additionnel, d'un
éclairage tout court sur des préoccupations que nous partageons
tous quant aux objectifs. Je pense que, sur le plan des objectifs, il est
fondamental que des personnes au Québec, en 1986, aient la garantie de
recevoir des services dans leur langue. C'est le propre d'une
société qui se développe, c'est le propre d'une
société ouverte et respectueuse des minorités, de cette
complémentarité qui nous vient des différences de chacun
et de chacune. Après qu'ils nous ont expliqué tout cela, ils
demeurent convaincus de la non-nécessité du projet de loi
142.
Qu'une opposition veuille, puisque ce projet est arrivé à
la toute dernière minute, à la hâte, même si la
ministre n'a pas disconvenu de l'argumentation que j'ai soutenue en
deuxième lecture, en disant: Écoutez, cela faisait deux ans que
le Parti libéral disait: Si jamais on est au pouvoir, on va arriver avec
un projet de loi qui vous confirmera des droits dans une loi, sans en qualifier
le genre, sans indiquer qu'il prétendait que c'était important de
conférer ce type de droit par voie législative, à
l'intérieur d'une loi générale qui embrasse davantage que
strictement l'offre individuelle de services sociosanitaires... Si ces gens
avaient l'occasion de venir nous voir, ils nous expliqueraient en détail
que, contrairement à ce que la ministre a affirmé, il n'y a pas
eu circonscription du droit reconnu à la communauté d'expression,
ce à quoi elle s'était engagée dans les amendements
qu'elle nous a indiqués.
Ces gens n'ont quand même pas pris cette position à la
légère, M. le Président. Ils ont dit: Après un
examen approfondi des
articles. Après un examen approfondi des articles et après
une analyse très très importante du projet de loi, ils ont
conclu, considérant plusieurs éléments, qu'ils comportent
un certain nombre d'imprécisions et d'ambiguïtés, qu'ils
pourraient avoir des impacts majeurs sur l'organisation actuelle du
système de distribution. Ah! Vous ne trouvez pas que c'est important que
des utilisateurs nous disent: Ils pourraient avoir des impacts majeurs sur la
distribution des services? C'est important, M. le Président. On explique
que, de la façon dont les services sont offerts, le projet de loi 142
pourrait avoir des impacts majeurs. À moins de se prendre pour un
spécialiste de tout et d'être assis dans sa vérité
tranquille comme certains semblent l'être de l'autre côté,
quand un président d'un centre d'accueil signe cela et dit que cela
aurait des conséquences dramatiques sur l'offre de service,
sérieusement, j'aimerais qu'il puisse me donner l'occasion de me faire
mon propre jugement, non pas à la lumière de discours partisans
constamment répétés comme des perroquets qui ont
reçu un message. Vous allez faire un tour en commission,
indépendamment que vous ayez quelque chose à dire ou non. Vous
allez véhiculer le message porté par la section qu'on
connaît tous de l'autre côté de la table.
Cela fait curieux que ces gens ne veuillent pas être un peu plus
ouverts et dire: On va faire venir ceux qui offrent les services. Ce n'est pas
François Gendron, ce n'est pas le député de Gouin qui a
mentionné que cela aurait des conséquences dramatiques sur
l'organisation actuelle du sytème de distribution des services, ce sont
les cosignataires du télégramme. Ils n'arrêtaient pas
là, ils continuaient: tandis que les établissements du
réseau de la santé et des services sociaux ne peuvent -
écoutez bien cela - s'empêcher de voir dans la présentation
de ce projet de loi une appréciation négative de ce que nous
faisons depuis plusieurs années. Cela fait plusieurs années qu'on
fait cela, parce qu'on a compris qu'au niveau de l'objectif on est dans la
même société que vous. On est dans la société
québécoise, qui a du respect pour sa minorité, ses
minorités, qui a du respect également pour cette
nécessité qu'en 1986, règle générale, il
faut s'assurer de la plus grande universalité du droit à la
santé et aux services sociaux. Ce n'est pas le cas partout, je pourrais
parler de la région de l'Abitibi-Témiscamingue où c'est
demeuré plus souvent un discours. C'est encore vrai-La ministre de la
Santé et des Services sociaux, aujourd'hui, au moment où elle
déposait un projet de loi aussi énorme que celui-ci, j'ai
été obligé d'aller la voir pour dire: Êtes-vous au
courant, Mme la ministre, qu'au centre hospitalier Saint-Jean, Macamic, on est
en train d'effectuer, actuellement, des coupures drastiques pour une
institution qui, en passant, a un surplus budgétaire?
M. Scowen: Des coupures...ah!
M. Gendron: Oui, des coupures drastiques pour une institution qui
a un surplus budgétaire, pas en 1982, la semaine dernière. Les
représentantes me rencontrent pour dire: Écoutez, cela n'a pas de
bon sens, on est en train de remplacer les infirmières auxiliaires par
des préposées aux bénéficiaires. Il y a six mois,
on a fait l'inverse. On a fait accroire qu'iî fallait mettre dehors les
infirmières auxiliaires pour les remplacer par des infirmières
licenciées, parce qu'on disait que, pour les actes médicaux, cela
prenait des personnes plus qualifiées. C'est complètement
inversé comme politique en six mois, complètement inversé.
Là, on veut remplacer les infirmières auxiliaires par des
préposées aux bénéficiaires. Cela coûte moins
cher, disent-ils, c'est moins dispendieux. Ce qui est faux. Quand on regarde
les corps d'emploi comme tels, c'est faux. Une personne qui s'occupe de
l'aménagement physique qagne 11 $ et quelque chose l'heure, à peu
près, en moyenne alors qu'une auxiliaire, lorsqu'elle débute,
qagne 8,68 $, si ma mémoire est bonne, selon ce qu'elles ont produit
comme données. Donc, l'argument des chiffres ne tient pas.
C'était juste un aparté pour vous dire qu'on ne peut pas
être tout ouïe aux propos de la ministre de la Santé comme
plusieurs ministres ont l'habitude, dans ce gouvernement de dire: Venez me
voir, je vais vous expliquer cela, comme si l'administration publique se
faisait dans un bureau ministériel et qu'il ne fallait pas faire cela au
vu et au su de tout le monde. Ce sont des écrans comme le ministre
délégué aux Mines qui dit: Écoutez, il y a des
problèmes dans Cambior, venez me voir dans mon bureau, là, vous
allez comprendre. Si on en est rendu à la nécessité, oui,
d'entendre des gens qui depuis dix années offrent le service... C'est
eux qui ont fait les mises en garde, c'est eux qui ont fait les constats, c'est
eux qui ont dit: Dans les amendements que la ministre a proposés,
même si on était pour - et ce n'est pas ce qu'ils ont dit, ils
étaient pour le retrait - ... Même à cela, ils ont dit: Les
amendements entendus ne répondent à rien, ne correspondent pas du
tout à nos attentes. Ces gens ne demandaient pas le rendement, mais
demandaient le retrait. Pensez-vous que cela ne serait pas fondamental de les
avoir devant nous et de les questionner, et de leur demander qu'ils nous
expliquent un peu mieux pourquoi ils ont tant de craintes, pourquoi ils ont
tant d'appréhension pour un projet, que vous dites, vous, humanitaire,
gentil, de grandeur d'âme, qui n'a pas de connotation politique? Je vous
croirai quand les gens ici
vous diront: Écoutez, vous nous avez convaincus, - ils nous le
diraient en commission parlementaire - qu'effectivement l'Opposition charrie,
que l'Opposition n'a pas d'argument, qu'il n'y a pas de connotation
linguistique dans cela, que c'est strictement un projet humanitaire. Ils disent
complètement l'inverse.
M. le Président, ce serait important de les entendre et ce serait
important également d'entendre d'autres groupes qui ont beaucoup
d'expertise. Je pense, par exemple, à la Fédération des
CLSC qui a une expertise encore plus large que les centres d'accueil, parce que
si mon collègue n'a pas de centres d'accueil, je suis sûr qu'il a
une couple de CLSC, parce que, règle générale, le
réseau de distribution des CLSC est plus large.
En conséquence, M. le Président, puisque mon temps semble
écoulé, je fais la motion suivante: "Que soit modifiée la
motion que nous discutons, à la fin, afin d'ajouter les termes "entendre
également la Fédération des CLSC"."
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi
la Fédération des CLSC
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest, la motion est recevable. Vous avez donc
trente minutes pour nous présenter vos arguments.
Une voix: ...
(16 h 45)
Le Président (M. Bélanger): La
Fédération des CLSC, M. Sirros, vous la connaissez
bien.
M. François Gendron
M, Gendron: M. le Président, il me fait plaisir de
souscrire, par mon argumentation à ma prétention, soit qu'il
serait de l'intérêt des membres de cette commission d'entendre les
différents porte-parole des CLSC du Québec, communément
appelés la Fédération des CLSC du Québec. C'est
bien plus sérieux qu'on ne le pense, quand on peut se
référer aux informations dont on dispose. Il n'y a à peu
près pas de députés qui ne disposent pas de l'information
véhiculée: au moment où on se parle, il n'y a à peu
près aucun CLSC situé sur des territoires où,
effectivement, il y a une bonne majorité d'anglophones et d'allophones,
qui ne dispense pas aux communautés ethniques des services auxquels les
citoyens sont en droit de s'attendre.
À titre d'exemple, je voudrais vous mentionner que plusieurs CLSC
de Montréal desservent une population multi-ethnique. Pourquoi le
font-ils, M. le Président? Parce qu'ils ont convenu que, dans un bassin
de population aussi important numériquement, mais aussi
diversifié quant à la présence d'une multitude de
communautés ethniques, c'est leur responsabilité de dispenser
conformément à la loi les services appropriés dans la
langue des personnes concernées.
Ces gens-là avaient compris - je fais encore là un examen
exhaustif du projet de loi - qu'il y avait plusieurs écueils de droit
à éviter et, pour l'instant, ils prétendent - ce serait
important qu'ils viennent eux aussi nous expliquer leur argument - que l'offre
de service qu'ils font est respectueuse des droits de la minorité
allophone ou anglophone et, lorsqu'ils ne sont pas en mesure de dispenser ces
services, quelle est la raison qu'ils nous donnent? C'est qu'ils ne peuvent
offir ces services-là pour des raisons budgétaires. Règle
générale, la problématique n'est pas du tout au niveau du
droit, la problématique concerne la capacité d'avoir les
crédits requis. Si on avait le temps, encore là, de les entendre,
je suis convaincu que les collègues de l'autre côté de la
table seraient obligés de comprendre qu'un de leurs arguments n'est pas
du tout de conférer ce droit dans un projet de loi. Ce serait mieux de
concéder le principe. Les gens me disaient tantôt: Avez-vous des
amendements à proposer? J'en aurai un. On n'est pas rendu là,
mais je donne un exemple dans ce que j'expose présentement.
L'amendement que je proposerais, c'est qu'une somme de 30 000 000 $ soit
statutairement consacrée, au-delà des crédits
affectés au réseau de la santé et des services sociaux,
pour s'assurer que, dorénavant, il y ait le moins d'exceptions passible
pour des anglophones ou des allophones qui ne peuvent profiter de services
sociosanitaires dans leur langue.
Donc, je viens d'illustrer, M. le Président, que le
problème fondamental, ce n'est pas la loi, c'est souvent l'absence de
crédits, le fait de ne pas être capable, même si c'est un
droit universel, un droit accessible partout au Québec, d'offrir dans
toutes les régions du Québec, avec la même qualité
de services, cet ensemble de services sociosanitaires pour les citoyens et les
citoyennes contribuables.
Dans le communiqué conjoint, M. le Président, que ces
gens-là signaient, entre autres, dans le mémoire de l'Association
des hôpitaux, mais également comme préoccupation
partagée par la Fédération des CLSC, ces gens-là
évoquaient certaines craintes auxquelles j'aimerais vous sensibiliser
davantage. L'objectif actuellement est de les faire venir en commission
parlementaire, pour dire: Pourquoi vous êtes-vous associés au
télégramme conjoint de l'Association des hôpitaux et de la
Fédération des centres d'accueil et avez-vous également
joint votre point de vue au mémoire de l'Association des hôpitaux?
On prendrait le temps, si je les avais ici en commission parlementaire, de les
interroger sur la compréhension qu'ils ont de
certaines dispositions des articles.
Je vous donne un exemple. Voici ce qu'ils disaient, lorsqu'ils se sont
associés au mémoire conjoint: Consciente des
particularités de la minorité d'expression anglaise de la
population québécoise, l'Association des hôpitaux du
Québec se rallie à l'objectif de lui assurer des services de
santé dans sa langue. Première affaire claire.
La ministre ne semble pas intéressée, mais probablement
qu'elle aurait un comportement un peu plus correct, comme parlementaire, en
suivant les débats plutôt qu'en s'absentant
régulièrement. Si les gens de l'Association des hôpitaux
étaient ici, ils verraient quelle attitude elle a face à
l'étude de ce projet de loi. Devant elle, les gens diraient: Mme la
ministre, on va vous expliquer ce que vous n'avez pas compris dans un
échange privé de deux heures, je le répète. Nous
sommes d'accord avec l'objectif que vous poursuivez de garantir des services de
santé à la communauté anglophone et aux communautés
allophones. Ces gens-là auraient l'occasion, devant ce que l'on appelle
le système parlementaire, non pas en privé, de dire à Mme
la ministre qu'elle est dans l'erreur, qu'elle se trompe, qu'elle induit des
gens en erreur lorsqu'elle affirme - elle l'a répété
à plusieurs reprises - qu'elle a l'appui de ces gens-là sur le
principe, non pas l'objectif, de son projet de loi 142. Ces gens-là nous
diraient cela ici, M. le Président, en présence des
parlementaires.
D'ailleurs, une partie des membres de l'association identifiés
à la communauté anglophone ont contribué au
développement du système de santé actuel. Qu'est-ce que
cela veut dire quand des anglophones et des allophones contribuent au
développement du système de santé actuel? C'est qu'ils ont
compris, d'abord et avant tout, qu'ils sont des Québécois
à part entière. Comme Québécois à part
entière, ils ont dit: Écoutez, on va essayer de prendre ce qu'il
y a de meilleur dans le réseau. Ce qu'il y a de meilleur pour eux dans
le réseau, c'est sûrement d'essayer d'obtenir le plus possible de
services dans leur langue; c'est légitime, c'est normal. Parlez-moi de
cela, quelqu'un qui, dans une société, décide de
s'impliquer à l'intérieur des mécanismes prévus
pour véhiculer ses prétentions! Au fond, je ne ferai pas de
morale ici, mais entre les opinions des uns et celles des autres, la
nôtre, c'est toujours la meilleure opinion, c'est toujours le meilleur
point de vue, tant que ce n'est pas confronté au point de vue des
autres. C'est cela, la vraie concertation. C'est quand tu as l'occasion de
confronter ton point de vue avec celui d'un autre. À force
d'échanger des points de vue, à un moment donné, il y a
une idée commune qui ressort; on appelle cela la résultante. La
résultante d'opinions différentes, c'est de la concertation.
Dans leur mémoire, ces gens-là nous disent: On aurait
aimé expliquer à la ministre de la Santé et des Services
sociaux que nous sommes capables - ce sont des anglophones qui parlent -
d'évoluer à l'intérieur du réseau que nous
connaissons. On vous indique que, pour nous, ce qui est le plus requis, c'est
d'avoir le maximum de services, non pas de dédoubler le réseau.
Les gens qui ont signé des télégrammes ont dit: On est
contre le fait d'avoir un réseau parallèle; à court terme,
c'est le danger. Si j'étais le seul à le voir, je dirais: Je suis
dans les patates! C'est moi qui ne comprends pas, je ne suis pas
habitué, d'accord, je me trompe. On a une multitude d'intervenants qui
voient dans ce dossier la même chose que nous. Comment se fait-il? - je
le répète - comment se fait-il que les dispensateurs de services
voient à peu près les mêmes écueils que nous dans ce
projet de loi? "Bilinguisation" accrue, danger d'un réseau
parallèle, danger de confronter, danger de mélanger la notion des
droits individuels avec celle des droits collectifs incrits à
l'intérieur des lois collectives du Québec.
Les lois collectives du Québec, ce ne peut pas être autre
chose que la Charte de la langue française, que la Charte des droits et
libertés de la personne ou une éventuelle constitution
québécoise, lorsque l'on aura un État qui correspondra
davantage à ce que nous sommes, parce que l'on est un peuple distinct,
une communauté distincte dans ce grand Canada bilingue. Comme le disait
mon collègue le député de Terrebonne - je ne connais pas
la grande histoire internationale - je pense qu'il a raison, un peuple
bilingue, cela n'existe pas. Il n'y a nulle part au monde un peuple
bilingue.
Il n'y a pas longtemps, j'ai eu l'occasion d'aller à New York.
Pensez-vous que, dans la métropole américaine, il y a toutes ces
considérations pour les minorités ethniques? Allons donc! Il y a
une langue, c'est la langue anglaise. Les gens qui désirent avoir des
services, on leur offre effectivement des services dans leur langue, mais on
n'a pas fait des réseaux parallèles. On n'a pas
créé ce qu'on appelle un réseau de santé portugais
à New York. On n'a pas créé un réseau de
santé allemand à New York. Qu'est-ce que c'est que cela? On n'a
pas créé un réseau de santé pour les Portugais, les
Africains, les Nigériens et ainsi de suite; je n'ai jamais vu cela. Ici,
au Québec, on dit: Non, nous sommes tellement différents; il faut
toujours faire différemment.
Parce qu'on a été très conciliants,
immensément conciliants, on a commencé à prétendre,
dans la société québécoise, qu'il y aurait lieu de
dédoubler, à peu près, les institutions
démocratiques. Pourquoi pas deux parlements? Pourquoi pas un parlement
pour
les allophones et les anglophones, puisque vous êtes d'accord avec
deux réseaux de santé parallèles?
Je le répète. Si c'est moi qui disais cela, je dirais que
je suis dans les patates. La FTQ, comme centrale syndicale, comme instance
représentant des "socio- économiques", a le droit d'avoir des
prétentions. On ne va pas rire de cela au moins, M. le
député de Laurier? Admettez-vous que leur prétention
à ce sujet est la même que la mienne? Je viens au moins de grossir
ma prétention, de l'agrandir avec un cercle d'appuis.
J'en étais à vous dire qu'on aurait la chance, si ces gens
étaient devant nous, de les entendre et de comprendre leur explication.
Ils disaient ceci - il me fait plaisir de saluer M. le leader du gouvernement:
De plus, tous les centres hospitaliers ont de longue date fourni des services
accessibles aux bénéficiaires d'expression anglaise, compte tenu
de leurs ressources et de leur organisation - regardez, mes amis
-conformément à l'article 4 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, de même que sans discrimination
conformément à l'article 5 de cette loi...
Il serait intéressant que ces gens nous parlent de la
connaissance qu'ils ont de la loi qu'ils doivent appliquer et qui les
régit dans le secteur de la santé et des services sociaux,
puisqu'ils prétendent que non seulement cette loi leur permet, mais leur
confère l'obligation d'offrir - c'est l'objectif - les services de
santé et les services sociaux aux minorités anglophones et aux
allophones de l'ensemble du Québec.
Cependant - écoutez bien cela, M. le Président -
l'Association des hôpitaux du Québec est d'avis, incluant la
Corporation des CLSC du Québec, parce qu'elle est conjointe,
cosignataire d'un télégramme réclamant le retrait du
projet de loi 142... Donc, ils sont d'accord avec ce que je vous lis. Ils sont
complètement d'accord avec ce que je vous lis.
Ils ajoutaient: L'Association des hôpitaux du Québec, de
même que la Fédération des CLSC du Québec sont
d'avis que le choix des moyens proposés par les dispositions du projet
de loi 142 - ils continuent - aux articles 1, 2, 3 et 9 demeure discutable. Ah
bon! Mme la ministre disait tantôt: II n'y a personne qui nous a
demandé d'être entendu. Je comprends! Quand tu demandes de retirer
un projet de loi, tu ne vas pas... Tu ne demandes pas...
Là, leur demande, c'est le retrait. Ce n'est pas de "parloter".
Mais, à partir du moment où vous ne comprenez rien, à
partir du moment où vous êtes assis sur votre vérité
tranquille et avez le monopole de la vérité et où il n'est
pas question de bouger, si on leur demandait, après cela, après
qu'ils aient appris qu'il n'est pas question de retirer le projet de loi...
Quand ils ont fait la demande de retrait, la deuxième lecture
n'était pas adoptée, le principe du projet de loi 142
n'était pas adopté en deuxième lecture, M. le
Président.
C'était légitime, avant l'adoption du principe, de
demander le retrait du projet de loi. Il n'est pas retiré. Pensez-vous
que si on leur donnait l'occasion aujourd'hui de venir nous expliquer, d'abord,
pourquoi ils n'ont pas obtenu le retrait qu'ils avaient demandé et,
deuxièmement, pourquoi ils sont en désaccord avec les articles 1,
2, 3 et 9 - je vais en citer d'autres tantôt - ...ce serait
drôlement intéressant de les entendre.
Ce sont eux qui offrent le service. Ce sont eux qui ont des contacts
quotidiens, hebdomadaires, annuels avec l'ensemble des citoyens et des
citoyennes du Québec, quelle que soit leur nationalité. Qu'ils
soient des allophones ou des anglophones, ils sont en contact tous les jours
avec ces gens et ce sont eux qui assument la responsabilité de la
desserte. Ce sont eux qui assument la responsabilité de l'offre de
service. (17 heures)
Voici ce qu'ils ajoutaient: Nous soutenons que l'insertion de l'article
5.1 dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux -
c'est grave - porte atteinte à l'économie générale
de la loi et n'ajoute rien de plus - cela commence à être
sérieux - à ce que consacre l'effet combiné des articles 4
et 5 de la loi.
D'ailleurs, une telle insertion risque de saper la
portée-parapluie. Ah bon! haute prétention, on avait cette
prétention-là nous aussi, puis on se faisait traiter de
défenseurs acharnés de notre Charte de la langue française
par les anti-Charte de la langue française. Le député de
Beauharnois a fait un beau plaidoyer tantôt. Il a dit: Je trouve que
c'est une maudite belle loi. Il ne parle pas fort à son gouvernement
pour qu'elle reste une belle loi.
Il est membre de ce gouvernement et il vient dire à une
commission parlementaire: J'adore cette loi. C'est une des plus belles lois
qu'on ait jamais eues au Québec. C'est exactement ce qu'il disait
tantôt. On pourrait le citer sur la galée. Ce n'est pas du violon,
ce sont vos propos. Vous avez le droit de qualifier vos propos de violonistes,
mais c'étaient vos propos intégraux. Il n'a pas fait un geste
pour un gouvernement, qui, depuis un an, a complètement
déstabilisé le fait français au Québec.
Une voix: C'est vous qui l'avez déstabilisé.
M. Gendron: Ils n'y ont tellement pas touché que tous ceux
qui y ont touché, vous les avez laissé faire. C'est exactement la
même chose, parce que qouverner ne veut pas seulement dire regarder
passer la parade.
M. le Président, gouverner, de temps en temps, cela veut dire
assumer ses responsabilités et poser les gestes requis. Les gestes
requis n'ont sûrement pas été posés, parce qu'on
assiste d'une façon systématique et sans précédent
à un affaiblissement du fait français partout au Québec,
constaté partout. Par exemple, dans les chroniques de l'opinion du
lecteur, on parlait de temps en temps des caribous, du Bourassa 2, de la Baie
James, mais on parle à 90 % de l'affaiblissement du fait français
depuis l'arrivée au pouvoir de ce gouvernement laxiste qui laisse tout
passer et qui ne s'occupe d'à peu près rien, sauf de faire
accroire qu'il a une préoccupation économique, alors que le seul
geste où on peut le remarquer, c'est dans les projets de loi
linguistiques 140 et 142.
Si ces gens-là étaient ici en commission parlementaire,
ils pourraient nous dire - je suis en train de vous l'expliquer - qu'ils ont
peur que par la loi 142 on assiste à un affaiblissement de la Charte de
la langue française et que l'on vienne mitiger la portée
particulière de son application aux établissements de services de
santé, conformément aux articles 23, 27, 70, 98 et 130.
La Loi sur les services de santé et les services sociaux n'a pas
pour objet de supporter la déclaration de droits fondamentaux
généraux, surtout si on les retrouve déjà
suffisamment énoncés et protégés dans d'autres lois
comme c'est le cas de l'accès à des services dans une autre
langue que la langue française par application de la Charte de la langue
française. Il s'agirait là d'une insertion qui deviendrait
inédite dans l'économie du droit québécois et qui
risquerait de placer les centres hospitaliers dans une position
délicate.
Ne pensez-vous que ce ne serait pas intéressant d'entendre ces
gens-là? Ces gens-là ont bien plus de vécu que celui qui
vous parle. Ils ont également beaucoup plus de vécu que le
député de Laurier ou le député de
Notre-Dame-de-Grâce ou le député de Beauharnois ou
même la ministre de la Santé et des Services sociaux pour qui j'ai
beaucoup de respect, mais il n'en demeure pas moins que, sur le plan de l'offre
de service, la ministre n'a pas eu l'occasion, pendant les quinze
dernières années, d'être confrontée quotidiennement
dans ce souci, dans cette responsabilité qui leur est
conférée, en vertu de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux, de prendre tous les moyens requis et toutes les
dispositions pour s'assurer que l'offre de service soit la plus
généreuse possible, soit la plus grande possible, pour permettre
autant que possible qu'il n'y en ait pas d'allophones ou d'anglophones qui ne
puissent recevoir les services auxquels ils ont droit.
On est 100 % d'accord, je vous l'ai dit tantôt. Je suis même
prêt à voter demain matin, à vous appuyer sur un budget
supplémentaire de 50 000 000 $ n'importe quel temps. Je vais vous
appuyer pour vous garantir qu'entre deux maux le moindre... Entre une phase 2
de la Baie James inutile et des services sociaux, aux allophones et aux
anglophones, de qualité qui respecteraient effectivement leurs besoins,
je choisirais tout de suite ce que vous prétendez être requis dans
une loi, alors que c'est complètement non compris par les intervenants
qui, eux, offrent le service.
M. le Président, ces gens-là pourraient également
vous dire: Par ailleurs, nous croyons que la modification apportée
à l'article 18 par l'ajout du paragraphe h confiant une nouvelle
fonction aux conseils régionaux des services sociaux vient affirmer la
pérennité d'un tel organisme au palier régional et lui
attribue une fonction spécifique qui n'est pas cohérente avec la
description de ses autres fonctions dans le système de la santé.
On pourrait continuer, mais qu'est-ce que j'illustrerais? J'illustrerais que
ces gens ont des inquiétudes. Ces gens ne partagent pas l'analyse
biaisée que vous faites de la nécessité de
véhiculer une offre de service requise, souhaitée,
nécessaire dans la société québécoise et de
la transiter par le projet de loi 142 plein de trous, inapproprié,
qualifié de passoire par le premier ministre du Québec. Le
premier ministre du Québec dit: C'est une loi mal faite, on va la
corriger, M. le Président. En pleine Chambre, le premier ministre du
Québec affirme solennellement! Aidez-nous à apporter des
modifications importantes car si vous ne le faites pas on va prendre nos
responsabilités et on va apporter des amendements majeurs, des
amendements qui vont "patcher" - excusez l'expression, mais il n'y a pas
d'autres mots - les trous de ce projet de loi. Soit; nous ne sommes pas
d'accord mais au moins on est réceptifs, on attend et on pense que les
amendements vont être au moins dans la lignée de ce qui a
été...
Une voix: ...on ne pense pas?
M. Gendron: Non, on pense. On pense que ces amendements vont
être dans la lignée du premier ministre du Québec qui a
pris l'engagement solennel, à l'Assemblée nationale, que ce
seraient des amendements serrés, des amendements corsés, qui
corrigeraient les lacunes, les trous de ce projet de loi. Non seulement on a
dû subir une déception sans précédent mais l'analyse
de ceux qui connaissent le secteur à fond... Ils sont obligés de
parler de tromperies, ils sont obligés de parler d'engagements non
réalisés. C'est facile de finir en Chambre en disant: Ce qui nous
distingue de vous, c'est
que nous respectons nos engagements. J'aimerais mieux que cela soit vrai
dans les faits plutôt que dans ie discours. Des discours, après
dix ans, on en a entendu de toutes sortes. On aimerait bien mieux que l'on ait
une action politique cohérente qui atteste et qui témoigne que ce
gouvernement est responsable et que, quand il prend l'engagement de respecter
ses engagements, il le fait. On avait pris l'engagement d'avoir des amendements
majeurs et significatifs par rapport aux lacunes de ce projet de loi.
Unanimement, ce que l'on constate, c'est que ce n'est pas ce qui est
arrivé. On n'a pas d'amendements significatifs, on n'a pas d'amendements
qui seraient consécutifs à l'engagement qui a été
pris d'offrir des amendements qui corrigent les faiblesses du projet de loi
142. Supposons, encore là, que je sois dans l'erreur, je serais
d'accord. Pourquoi n'acceptez-vous pas que cela soit dit que je suis dans
l'erreur par ceux qui sont concernés? Pourquoi n'acceptez-vous pas que
ceux qui ont à dispenser les services viennent dire: Comme membre d'une
commission parlementaire, M. le député d'Abitibi-Ouest, vous vous
trompez? Ce n'est pas comme cela que cela fonctionne et il est vrai que cela
doit passer par une loi et que c'est requis, que c'est fondamentalement
nécessaire et requis. Je vous dis, M. le Président, que j'aurais
beaucoup plus de souplesse et beaucoup plus de conviction pour entendre vos
arguments si ces gens qui ont à dispenser les services venaient soutenir
leurs prétentions que ce projet de loi était tellement mal fait,
tellement inapproprié que... Elles ne demandaient pas d'apporter des
amendements, les instances que je voudrais voir venir témoigner ici. Les
instances que je voudrais voir ici, M. le Président, demandaient une
chose: Retirez-moi cela de la carte. On veut le retrait du projet de loi 142
parce que cela... Et c'est peut-être important de vous le rappeler parce
qu'après quelques minutes on l'oublie. Pourquoi voulaient-elles le
retrait? Parce qu'elles prétendaient qu'il y a des solutions plus
adéquates pour garantir aux bénéficiaires de la
communauté anglophone et aux bénéficiaires des autres
communautés culturelles l'accès aux services de santé et
aux services sociaux de qualité auxquels ils ont droit. Pensez-vous que
si on prenait une corporation qui est aussi bien implantée que celle des
CLSC... Que je sache, les CLSC, comme je l'ai mentionné tantôt...
La ministre pourrait-elle nous rappeler combien il y en a? Même si elle
n'a pas continué...
Le Président (M. Bélanger): 122.
M. Gendron: Merci, M. le Président. Même si elle a
arrêté l'implantation de nouveaux CLSC pour compléter la
carte qu'on a appelé les CLSC du Québec... Mais même
à cela, avec 122, on commence à avoir un échantillonnage
panquébécois. On va en convenir. On commence à avoir un
échantillonnage assez vaste, un échantillonnage qui nous
permettrait d'avoir ce qu'on appelle le point de vue des dispensateurs de
services sur l'ensemble de la carte du Québec. Je reconnais, M. le
Président, que le problème est plus aigu... Le problème
d'une offre de service pour les allophones et les anglophones est plus
concentré, si vous me permettez, dans la région du grand bassin
montréalais, mais il y a d'autres régions au Québec qui
existent en dehors de la région métropolitaine de
Montréal. C'est moins évident avec ce gouvernement, mais les gens
s'en rendent compte qu'il y a d'autres régions et que c'est moins
évident avec ce gouvernement. J'aimerais cela avoir des porte-parole des
CLSC provenant de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, y compris
de l'Abitibi. En Abitibi, la communauté anglophone n'est pas aussi
importante numériquement que dans le bassin montréalais, mais il
y en a une petite, numériquement, j'entends. On est heureux d'avoir sa
contribution sur le plan de l'évolution d'une société
pluriethnique parce que c'est cela, le Québec. Mais, eux, ils ont
compris que respecter la majorité francophone, ce n'est pas vouloir
avoir un réseau parallèle en anglais avec des gens qui occupent
des sièges dans les conseils d'administration parce qu'ils savent que
cela va se passer seulement en anglais; ce qu'ils veulent en anglais, ce sont
des services sociosanitaires, ce n'est pas un réseau en anglais. Les
gens de Noranda ont compris cela et les gens de mon coin ont compris que la
majorité était francophone. Et, en conséquence, t'offre
que la majorité francophone veut leur faire, c'est de permettre aux
citoyens d'Abitibi-Est, de Val-d'Or, d'aller au centre hospitalier de la
Vallée de l'Or et de s'assurer que, là, ils puissent
bénéficier de services dans leur langue, ce qui se fait
actuellement, ce qu'ils ont même s'ils ne sont pas tellement nombreux. Le
CRSSS, M. le Président, et la Corporation régionale des centres
d'accueil en Abitibi-Témiscamingue, au niveau régional, ont
compris que c'était leur responsabilité en vertu de la Loi sur
les services de santé et les services sociaux, qu'ils avaient
l'obligation d'offrir des services compte tenu des limites budgétaires,
compte tenu des contraintes qui, de toute façon, vont rester. Dans la
perspective où, contre vents et marées, contre l'opinion de tous
les intéressés et de tous les utilisateurs, vous utilisez le
rouleau compresseur - vous êtes les seuls possesseurs de la
vérité - et que vous imposez, par la voie numérique, votre
loi, la problématique n'aura pas changé par rapport à ce
que je viens d'évoquer au sujet des difficultés
budgétaires. Ce sera exacte-
ment la même chose. Il y a encore des secteurs de régions
qui seront coupés dans les services sociaux, francophones ou
anglophones. On n'a absolument rien réglé de ce
problème.
Si on avait, cet après-midi, l'occasion d'avoir ici des gens qui
ont une distribution dans tout le territoire québécois, qui
connaissent le réseau, qui savent ce que signifie concrètement
d'offrir des services dans un CLSC, il me semble que ce serait une contribution
additionnelle à nos travaux. Il me semble, Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux, que, dans votre propre dossier,
au-delà de la flatterie partisane de vos collègues ou
au-delà du "standing ovation", cela permettrait d'avoir dans votre
dossier personnel une considération à portée plus
humanitaire en disant: II se peut que je n'aie pas le monopole de la
vérité et que les dispensateurs de services aient des choses
à dire. J'aimerais cela les entendre devant l'institution parlementaire
qui nous régit et non pas dans vos bureaux privés. On ne peut pas
faire de la gestion publique, de l'administration publique en catimini dans des
bureaux privés. Une couple de vos collègues n'ont pas l'air de
comprendre cela; ils n'ont pas l'air d'avoir compris qu'ils ont changé
de job à une certaine date et qu'ils ne travaillent plus dans des
bureaux privés, ils ont des responsabilités
ministérielles. Et, une responsabilité ministérielle, cela
doit s'exercer au vu et au su de tout le monde. Je suis convaincu que,
vous-même, cela vous apporterait, comme complémentarité
dans votre responsabilité, un éventail de points de vue plus
large et peut-être qu'il serait intéressant qu'ils vous expliquent
comme parlementaires, membres d'une commission, pourquoi ils concluaient,
même après deux heures de discussions avec vous: Mme la ministre,
nous sommes obligés de vous dire, en conscience - on vous respecte quand
même et on comprend que c'est votre job -que le projet de loi 142, c'est
"no way". C'est tellement "no way" qu'on demande le retrait. Vous avez
décidé que vous ne vouliez rien savoir du retrait, que
c'était le rouleau compresseur, soit! C'est vous qui êtes le
gouvernement, vous êtes la majorité ministérielle.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Abitibi-Ouest. (17 h 15)
M. Gendron: Oui, en conclusion, M, le Président,
j'espère que la ministre et les collègues vont permettre qu'on
fasse venir au moins une corporation aussi étendue, aussi
représentative de l'ensemble de la problématique
québécoise dans le domaine de l'offre de service. C'est pourquoi
j'ai proposé qu'on puisse entendre la fédération des
CLSC.
Le Président (M. Bélanger): Nous avons donc eu
l'argumentation de M. le député d'Abitibi-Ouest sur une motion
proposant de recevoir la Fédération des CLSC du Québec. En
vertu de la règle de l'alternance, est-ce que, du côté
ministériel... Non?
Mme Lavoie-Roux: Pas pour l'instant.
M. Blais: Mme la ministre n'aurait pas des commentaires pour cinq
minutes aussi?
Mme Lavoix-Roux: Non, merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne?
Mme Lavoix-Roux: Je suis encore sous le choc des propos du
député d'Abitîbi-Ouest.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez dix minutes,
M. le député de Terrebonne.
M. Gendron: Je suis pas mal sûr que je vous convaincrais si
on avait dit une semaine ou une semaine et demie et avoir votre attention
pendant une couple d'heures.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, les paroles un peu flasques,
presque, dans le ton que la ministre vient de prendre en disant: Ah! j'en ai
assez...
Mme Lavoix-Roux: Je n'ai pas dit cela.
M. Blais: Mais cela laissait sous-entendre que,
intellectuellement...
Mme Lavoix-Roux: Vous interprétez.
M. Blais: Cela n'a pas été dit de façon
directe, mais on pouvait subodorer une sorte de fatigue intellectuelle dans le
ton qui est sorti de ce qu'on appelle communément la bouche qui, dans le
cas, n'est pas la loi 124 édentée.
On sent déjà, chez la ministre, une espèce
d'inquiétude, une espèce de fatique. Voilà que la
ministre, après très peu d'heures, est déjà lasse,
presque prête à céder. On sent chez elle qu'elle sent que
c'est trop; c'est déjà trop. Bien sûr que c'est flatteur
pour l'Opposition, parce que notre argumentation semble porter fruit, mais il
n'y a pas que la ministre qui semble être un peu désemparée
devant notre argumentation. Il y a le président lui-même qui fume
le cigare pour nous nuire, malgré qu'on soit ici pour parler d'une loi
sur la santé, et le député de Notre-Dame-de-Grâce
l'aide avec des mini-cigares. Alors, c'est un peu suffocant comme
atmosphère du côté nasal.
On sent une inquiétude qui commence à planer sur ce
gouvernement. C'est un
gouvernement qui a 99 députés quand même. Mais on
sent une sorte de lassitude et, malgré que la ministre veuille donner
des signes évidents de jovialité, de force physique ou d'esprit
pour tenir le coup, on voit bien dans les propos, dans les figures un peu
déconfites du parti au pouvoir qui, à seulement 99, commence
déjà à trembloter sur son socle... On sent que le socle de
la résistance gouvernementale se fendille tranquillement» Ce n'est
certainement pas par la froideur de notre argumentation, parce qu'on l'a fait
avec conviction, chaleur et à ciel ouvert.
Mme Lavoix-Roux: ...
M. Blais: Tandis qu'on sent que le gouvernement, malgré
ses 99... On a vu des officiels se promener. On vient tout juste d'avoir la
visite un peu caverneuse du leader du gouvernement.
M. Rochefort: Ah oui? M. Blais: II est entré ici...
M. Rochefort: Je l'ai manqué.
M. Blais: ...le pas lourd, le front plissé de sillons
interrogatifs, l'oeil inquiet...
Une voix: Oui, mais pas pour la raison...
M. Blais: ...le pas lent...
M. Rochefort: II était inquiet. Il avait peur qu'on fasse
d'autres motions comme hier soir.
M. Blais: On sent que le gouvernement se rend compte que, devant
l'erreur qu'il s'apprête à commettre, qui sera adoptée
nécessairement par la force du nombre...
M. Jolivet: Dans la pénombre.
M. Blais: ...que cela peut être très dangereux pour
la stabilité gouvernementale après que ce geste fatidique
"aura-t-été" posé. Alors, le socle fendille.
Mme Lavoix-Roux: "Aura-t-été"?
M. Blais: II y a un "t" euphorique... euphonique, disait-elle, en
buvant un café ou un thé euphorique. Non, je sens le
gouvernement... Je suis content que la ministre ait un peu ri, parce que je
veux lui dire tout simplement: Madame, je ne crois pas personnellement que vous
soyez sincère devant ce projet de loi. Mais, pour que l'ensemble de la
députation qui vous appuie -elle n'est pas nombreuse, même de
votre côté, je sais qu'il y a division, c'est pour cela que vous
êtes un peu taciturne, je le sens, je le subodore en tout cas, je le vois
venir. Je ne suis pas un zofie et je ne suis pas un type qui emploie des
épithètes pusillanimes. J'emploie le mot juste le plus souvent
que faire se peut.
Je sens que vous commencez à vaciller, car, à
l'intérieur même de vos rangs, on vous regarde et certains,
souvent sans le dire, car ce sont des gens sans titre, vous regardent l'oeil
suppliant en disant: Vous qui avez en main ce pouvoir sur cette loi, faites
donc que je puisse retourner dans mon comté en fin de semaine et que je
n'aie pas certaines craintes à me promener sur les trottoirs et que je
sois encore heureux de rencontrer mes électeurs et mes
électrices. Mais on sent que cela s'embrume tranquillement. Cela
s'embrume. Malgré qu'ils soient 99 de l'autre côté, on sent
une faiblesse qui cogite. La semence est là. Le responsable de notre
côté du dossier des affaires sociales, lui, indirectement, se
réjouit de cela.
Des voix: Oh!
M. Blais: C'est normal qu'il se réjouisse que, de votre
côté, cela commence à vaciller. C'est normal, c'est
très normal, parce que, si vous vacillez tant et si bien sur votre
socle, que vraiment il se fendille et qu'il éclate, eh bien votre projet
va s'engouffrer et là ce sera la victoire de l'Opposition, 23 contre 99,
et ils vainquirent. Voyez le titre dans les journaux: Malgré qu'ils ne
sont que 23, ils ont vaincu ce gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Ce serait beau, n'est-ce pas?
M. Blais: Ce serait tellement beau qu'on va travailler tant et
aussi lonqtemps qu'on ne l'aura pas, cette victoire, parce que le peuple
québécois le demande à l'unanimité. De tous les
coins du Québec, on sent le cri de ralliement qui dit: Mme la ministre,
prenez donc en main vos responsabilités. Tous les qens du milieu.
Trouvez-moi une personne qui s'occupe de façon officielle dans tout le
réseau des soins au Québec, qui dit: Mme la ministre, votre
projet est de bon aloi; il n'est pas intempestif. Il est bien fait, bien
rédigé et il rend service à la communauté en
général du Québec. Aucune.
Si j'étais à votre place - je comprends je serais
exactement dans la même situation intérieure. Je me sentirais
défait...
Mme Lavoie-Roux: Vacillant.
M. Blais: ...complètement abasourdi par le poids de la
protestation. Complètement. En plus, tous les journaux - regardez les
journaux... Il devrait, pour ce parti-là, y
avoir des "soirnaux", M. le Président, car il ne travaille pas de
jour. Il ne travaille que le soir. Nous, nous avons des journaux. Eux, ce sont
des "soirnaux" qu'ils devraient avoir. Là, on voit encore un autre
officiel se pointer le nez. On vient de voir son "orifice à son" dans la
porte, M. le Président. C'est encore un signe que le gouvernement
vacille. En plus des journalistes, en plus des gens qui sont des responsables
du milieu, on voit encore... Hein? Cela passe donc bien vite!
On voit aussi tous les gens de la gent syndicale. C'est comme si le
Québec était divisé en un carré. Dans un coin, vous
avez tous les agents qui s'occupent des soins sociaux au Québec et qui
disent: Non, Mme la ministre! Vous êtes au centre et vous les voyez
venir. Pouf! Dans l'autre coin, vous avez la classe journalistique, les
éditorialistes, les reporters et les fabricants de pellicules: Non, Mme
la ministrel Dans l'autre coin, vous avez les syndicats. Unanimement: Non, Mme
la ministre! Et, dans l'autre coin, vous avez le patronat, les chambres de
commerce et tous ceux qui s'occupent du développement du Québec.
Ils vous disent: II ne faut pas poser ce geste. Hé bien! si j'avais, des
quatre coins de mon pays qui est le Québec, des gens qui me criaient un
non aussi strident, mon tympan se révolterait et je dirais: Mais que
cessent ces cris! Je renonce à tout. Mais vous, ce n'est pas ce que vous
faîtes. Vous continuez et vous essayez, par des amendements anodins, de
rendre quelque chose, qui est en soi inacceptable... Bon, vous savez, quand une
viande est faisandée, un rôti de boeuf, quand il est
faisandé, même si on y ajoutait une bonne poitrine de poulet, cela
n'en fera pas une chaudronnée de bon aloi et de bon goût. Sur ce
cela, M. le Président, je regrette que mon temps soit
écoulé. Je demande à Mme la ministre...
Mme Lavoie-Roux: Consentement, consentement.
M. Blais: ...jusqu'à 18 heures? Des voix: Ha! Ha!
M. Sirros: On verra.
M. Blais: Je demande à Mme la ministre de regarder et
d'écouter tous les gens qui ont autorité au Québec. Ils
disent de surseoir. Le mot surseoir, vous l'avez presque pris comme un terme
d'acceptation. Vous avez assez le sens du vocabulaire que vous l'avez
certainement fait par méprise. C'est par méprise. Le
député de Nicolet...
Une voix: Non, non.
M. Blais: ...de "Jolivette"...
Une voix: De Laviolette.
M. Blais ...de Laviolette a même été
obligé de sortir le dictionnaire pour vous expliquer vraiment quel
était le sens du mot "surseoir". Dans ce dictionnaire, on disait:
Surseoir veut dire reporter à un peu plus tard. Eh bien! Nous sommes
pleins de bonne volonté. Pourquoi sommes-nous pleins de bonne
volonté? Ce n'est pas parce que nous avons tout. Je n'ai pas toutes les
connaissances de ce milieu. J'ai été malade comme tout le monde,
mais pas assez pour connaître toutes les ficelles et toutes les
ramifications de nos hôpitaux, de nos CLSC et de nos centres d'accueil.
Pour les gens en perte d'autonomie, je ne suis pas encore rendu à
l'âge pour y être.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourrez aller en centre d'accueil.
M. Blais: Je n'en ai pas de centre d'accueil, vous me l'avez
coupé.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: J'aimerais beaucoup, car on m'en a voté un au
mois de juin 1985 et vous êtes sur le point de... En fait, quand
allez-vous me donner ma lettre pour mon centre d'accueil, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Ha! Ha! Il a été coupé par
le docteur Laurin.
Une voix: De la pertinence, M. le Président, de la
pertinence.
Une voix: Ah!
M. Blais: Non, non. Ce n'est pas pertinent. Donc, je ne me
permettrai pas de continuer.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Mme la ministre, si j'étais à votre
place, moi aussi je... Mais je ne suis pas un expert. Nous avons des experts
ici, de ce côté, le député de Gouin, depuis qu'il
est arrivé dans l'Opposition... D'abord, c'est un type excessivement
brillant...
Une voix: II a été malade longtemps,
M. Blais: ...simple, très simple dans ses expressions.
C'est un homme très simple. C'est une très grande qualité
d'être simple. Car, quand on ne passe pas dans les portes et qu'on est
obligé de se faire couper les oreilles pour y passer, ce n'est pas...
Et, quand vient l'hiver, c'est très dangereux de sortir. Alors, il faut
avoir une tête normale sur les épaules. Lui, il est très
simple, mais il a une intelligence. Il est très, très
brillant. Il a appris son dossier et il le connaît de façon
parfaite- C'est lui qui nous renseigne sur l'ensemble de ce projet de loi.
Aussi, il est bon. Il devrait faire un professeur.
Moi, je suis issu d'un milieu ouvrier, j'ai toujours été
dans la construction et dans le théâtre. Ce sont les deux seules
choses que j'ai faites. Je n'ai jamais été dans les soins.
Même moi, qui ne suis pas un spécialiste, j'ai compris tout de
suite. Alors, je ne peux pas comprendre comment il se fait que vous, madame...
Je vous regarde et je vous trouve sympathique en fait. Je ne vous trouve pas
rébarbative à l'oeil.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Blais: Je ne vous trouve pas du tout rébarbative
à l'oeil. Cependant, j'aurais cru à une sincérité
plus profonde. Je ne ferai pas des comparaisons de cyclope ici, madame, quand
même. Elle me demande si c'est avec un oeil ou deux yeux que je la
regarde. J'aurais aimé que vous soyez... Je crois que vous manquez de
sincérité. Est-ce que le premier ministre est... Non, mais je
crois... Ce n'est pas votre faute. Vous êtes obligée de le
manifester de cette façon. Oui, je veux être gentil. Je ne veux
pas Être impoli.
Le premier ministre et la vice-première ministre vous poussent
à faire ce projet de loi. Si vous étiez la première
ministre, jamais.
Une voix: Ha! Ha!
Mme Lavoie-Roux: Dites-le nous! Ce n'est pas gentil.
M. Blais: Je sais que c'est la vice-première ministre et
le premier ministre qui vous poussent à faire cela.
Une voix: On veut savoir, on veut savoir.
M. Blais: En conclusion, M. le Président...
Une voix: On va vous laisser la parole. (17 h 30)
M. Blais: ...je tiendrais à dire que, à cause des
échos qui vous viennent de partout, à cause du bien-fondé
des revendications et afin qu'un consensus social revienne au Québec et
pour que tout le peuple québécois réapprenne - car il est
en train de désapprendre depuis un an - à vivre ensemble, quelles
que soient ses origines -j'ai l'impression que ce projet de loi porte en soi
une semence provocatrice - j'aimerais que tous les gens du milieu viennent ici.
Ils ne peuvent le faire avant la fin de la session. J'aimerais que vous
attendiez un peu et que vous preniez le temps de les rencontrer. À trop
de consultations, allez-vous me dire - malheur arrive! Mais, là, c'est:
Aucune consultation, cela peut être néfaste! Personne ici n'est en
possession tranquille de la vérité. J'aimerais que les gens
viennent vous voir et nous parlent. C'est vraiment positif; ce n'est pas juste
par perte de temps que je vous dis cela. Regardez-moi. Il n'y a pas seulement
les paroles d'un être qui comptent. On le sent quand quelqu'un est
sincère; cela se sent. C'est facile à comprendre. On se regarde
comme cela et on sait qui est sincère on non. On le voit, si l'on a un
peu le sens de la psychologie. Je pense que je suis capable de le voir. Je vois
quelqu'un qui prend un verre d'eau. Il le prend par habitude; il n'a pas soif
du tout. Cela se sent aussi. C'est la même chose. J'aurais confiance, si
vous demandiez aux gens qui connaissent le milieu de venir nous renseigner et
nous dire d'accepter ce projet de loi ou vous dire de le changer ou de le
rejeter. De notre côté, on accepte les règles du jeu. Si
les gens qui viennent ici nous prouvent que ce projet de loi doit être
accepté, je vous promets que, de notre côté, nous allons
l'accepter.
Cependant, il faut que vous jouiez bien le jeu aussi. S'ils viennent
vous dire: Madame, ce projet de loi est issu d'une promesse mal
interprétée, dans ce projet de loi votre promesse est mal faite,
ce n'est pas de cette façon que vous devez remplir votre promesse, c'est
d'une façon différente, à ce moment-là, il faudrait
que vous acceptiez de retirer ce projet de loi. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur cette motion? M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Vous êtes
gentil. J'arrive d'une commission parlementaire sur les forêts et on m'a
appelé député de Joliette. Mon collègue m'appelle
d'un autre nom...
Le Président (M. Bélanger): Ici, on n'insulte
personne.
M. Jolivet: Je ne pense pas que ce soit insultant que de se faire
appeler député de Joliette. Ce n'est pas ce que j'ai...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Une voix: C'est une farce plate.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que vous souhaitez
que j'aille chercher le leader de l'Opposition? Est-ce que vous trouvez que sa
présence manque à nos travaux?
Le Président (M. Bélanger): On s'en ennuie à
l'occasion, oui.
M. Rochefort: On peut suspendre la séance et aller le
chercher. Je suis convaincu qu'il se ferait un plaisir de venir participer
à nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Je ne trouve pas cela insultant et je vais vous dire
pourquoi. C'est parce que le député de Joliette est un de mes
amis, j'ai travaillé avec lui pendant fort longtemps. Au contraire, je
trouve que c'est un compliment. Ce que j'ai simplement voulu dire, c'est qu'il
y a des gens, dans d'autres commissions parlementaires - j'exclus mon
collègue parce qu'il a eu un lapsus - qui ne connaissent pas les
régions du Québec.
Je dois vous dire aussi, M. le Président, que j'espère que
le député de Laurier - qui nous quitte pour le moment, mais qui
va revenir, j'en suis assuré - ne me dira pas que je ne connais pas les
CLSC, comme il a essayé de le faire croire aux gens après mon
intervention de ce matin et que je ne connais pas la problématique des
centres de services sociaux de Montréal. Je dois dire qu'effectivement
j'ai été un des fondateurs du CLSC Normandie qui, à
l'époque, avait été mis sur pied sous le nom CLSC
Grand-Mère-Normandie; j'en étais le président fondateur.
À la suite des recommandations de l'équipe de travail que
j'avais, il est devenu le CLSC Normandie. J'ai aussi participé à
la mise sur pied de deux autres CLSC, celui de La Tuque et du
Haut-Saint-Maurice et celui de Centre de la Mauricie dont le
député de Saint-Maurice, remplacé par son collègue
de Notre-Dame-de-Grâce, ce soir, est le parrain; je ne sais pas pourquoi
d'ailleurs. Ayant été élu député avec une
très forte majorité, dans mon comté, je ne vois pas
pourquoi, on aurait besoin d'un parrain dans Laviolette. Il est nommé
par le gouvernement parrain du comté de Laviolette. Il voudrait l'amener
à Shawinigan alors que tout le monde sait très bien que c'est
à Grand-Mère, à Shawinigan et à Shawinigan-Sud que
devrait être situé le centre local de services communautaires.
Donc, si le député de Laurier veut s'amuser à dire
que je ne connais pas la problématique des CLSC, il va devoir trouver
une autre argumentation. Effectivement, je connais des gens à
l'intérieur des centres locaux de services communautaires. Je suis
assuré que ces gens-là auraient des choses à dire sur ce
que l'on dit depuis le début, la "bilinguisation" des structures de ces
centres de services.
Si je reviens au secteur de Montréal, on doit considérer
qu'il y a plusieurs CLSC à Montréal, pour ne pas dire la
totalité, qui desservent une population multiethnique. De ces CLSC
à Montréal, je pourrais vous en nommer. Je vais vous les nommer
d'ailleurs, que ce soit le CLSC Parc extension, le CLSC Saint-Louis du Parc,
que ce soit le CLSC Rivière-des-Prairies, le CLSC d'Outremont, le CLSC
centre-ville, le CLSC Côte-des-Neiges, le CLSC centre-sud et NDG
Montréal-Ouest, pré-CLSC, le CLSC Côte-Saint-Luc, le CLSC
Montréal-Nord, le CLSC Saint-Léonard, le CLSC Petite Patrie.
Je pense que, lorsqu'on nomme cet ensemble, cela indique qu'il y a
beaucoup de services qui sont donnés. Ces services desservent une
population multiethnique. D'ailleurs, les CLSC de Montréal pourraient
venir vous dire que c'est quasiment leur faire insulte que de dire qu'ils ne
donnent pas de services. Je trouverais cela un peu insultant si j'étais
à leur place et je suis sûr qu'ils seraient prêts à
venir nous le dire ici, puisqu'ils reflètent complètement la
composition culturelle de la population de leur territoire. Ils sont là
pour donner du service à la population de leur territoire; donc, ils
doivent répondre à cette population.
Le personnel d'origines différentes, soit grecque, italienne,
haïtienne ou autres, s'adresse aux bénéficiaires dans leur
langue. II n'y a personne qui est contre cela. Je ne vois pas pourquoi on a
donné l'impression que, parce qu'on s'insurge contre le fait que la loi
amène des structures parallèles bilingues, l'on ne veut pas que
les services soient donnés. Voyons donc. On veut, au contraire, que les
services soient continués et, s'il en manque, qu'on en ajoute! C'est
administrativement qu'on peut régler des problèmes de ressources.
Ce n'est pas en changeant des lois et en changeant les structures.
J'écoute le ministre de l'Éducation de ce temps-ci, parce
que je suis le porte-parole officiel de l'Opposition à ce niveau, qui
nous dit, depuis le début de son mandat, le 12 décembre dernier,
en 1985, que, lui, est contre les structures. Il ne veut plus changer de
structures. Cela a amené trop de problèmes au point de vue
juridique, les changements de structures, et il dit: Je vais, cependant, donner
des ressources convenables, des ressources qui correspondent. Voici le langage
d'un des sociaux-démocrates de ce gouvernement, assis è la droite
de la ministre en Chambre, elle qui est supposée être l'autre
social-démocrate. Là où est la conscience de ce
gouvernement, tous les deux ont un langage différent. L'un, le ministre
de l'Éducation, dit: Ne changeons pas les structures, donnons des
services. La
ministre de la Santé et des Services sociaux dit: Changeons les
structures pour donner des services.
La ministre peut bien dire que ce n'est pas son idée, mais c'est
ce qu'on croit percevoir et ce que beaucoup de monde croit percevoir. C'est ce
que les CLSC pourraient nous dire: On les donne les services. Peut-être
qu'on ne les donne pas en qualité et en quantité suffisantes,
mais qu'on nous donne les ressources et l'argent et on va les donner. Qu'on ne
vienne pas nous dire qu'on ne donne pas les services, voyons donc!
Des exemples des programmes qui sont donnés: des cours
prénataux, pour les jeunes, les personnes âgées, l'aide
à domicile ainsi que les services qui sont adaptés en tenant
compte de la culture ou même, dans certains cas, des tabous que peuvent
avoir certaines communautés. Je pense qu'il est important de le
considérer, il y a des services qui sont donnés; les CLSC
pourraient venir nous le dire. Il y a même d'autres services, de
référence, donnés par un des organismes qu'on avait
invité - c'était une de mes recommandations - le Conseil de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain,
incluant les CLSC de Montréal.
Le conseil régional donne des services de santé et de
services sociaux. Avec lui, les CLSC de Montréal ont
répertorié les ressources disponibles dans les
établissements du réseau pour donner des services aux anglophones
et aux allophones. Un exemple: un service de référence permet,
par exemple, à un bénéficiaire vietnamien qui se
présente à l'un des CLSC dont j'ai fait mention tout à
l'heure, qui s'appelle le CLSC Côte-des-Neiges, de recevoir les services
d'un travailleur social, d'un autre CLSC qui est d'origine vietnamienne et qui
parle sa langue.
Il y a donc moyen de coordonner les ressources. N'est-ce pas ce que la
ministre nous a dit, quand elle a présenté son programme à
Montréal, à Québec et dans la région de
Trois-Rivières sur l'ensemble des services à être
donnés dans les centres hospitaliers pour l'urgence? Elle a dit: Au lieu
de changer les structures, je vais donner des moyens pour que différents
points de référence soient donnés et qu'il y ait une
meilleure répartition des personnes. Ainsi la personne qui peut recevoir
des soins de première ligne dans un CLSC ne se retrouvera pas dans un
centre hospitalier, faisant en sorte qu'une personne qui a des
difficultés majeures ne puisse pas être soignée
adéquatement et rapidement. Les personnes âgées qui se
trouvent à aller dans des centres d'urgence seront envoyées
plutôt à d'autres services. Elle a pris ces moyens pour
régler les problèmes, dit-elle, d'urgence au Québec. Quand
vient le temps de regarder l'ensemble des services à être
donnés dans les centres de santé et de services sociaux à
des communautés multiethniques à Montréal, elle dit:
Changeons les structures et, pour ce faire, bilinguisons les structures. Cela,
M. le Président, nous ne l'acceptons pas. Je suis sûr que les CLSC
de Montréal pourraient venir dire, en particulier ceux-là,
puisque j'ai pris cela comme référence de discussion... J'aurais
pu en prendre d'autres ailleurs au Québec, mais je prends
ceux-là. J'aurais pu prendre l'Estrie, ce qu'on appelle les Townships.
On peut regarder dans le coin de la Côte-Nord où il y a des choses
semblables; ici, à Québec, dans certaines... J'ai pris
Montréal comme lieu de référence à cause du fait
que les trois personnes qui composent le triumvirat... Je ne peux pas parler
d'un triumvirat parce qu'il y a une femme dedans, mais le triumvirat est
l'expression typique pour désigner les gens qui défendent
actuellement le projet de loi. Les autres, il est vrai que j'ai
été absent pour d'autres raisons, mais je ne les ai pas entendus
parler bien fort. Je dois dire qu'effectivement ce sont des gens qui
défendent quelque chose et je défends l'inverse. J'ai le droit
d'utiliser ce que me permet le règlement de toutes mes forces, de toute
mon âme, de tout mon esprit... Je le sais bien. C'est pour cela que je
vous dis qu'un des moyens, c'est de faire venir des gens qui vivent tous les
jours, quotidiennement... Je devrais même dire, dans certains cas, jour
et nuit, parce que les services sont donnés jour et nuit. Ce que l'on
dit, c'est qu'ils disent qu'il n'y a pas de difficulté à donner
les services. Ce n'est pas une structure qui va changer cela. Ce qui manque, ce
sont les ressources, c'est de l'argent, c'est du personnel. Dans ce sens, M. le
Président, je réinvite Mme la ministre, qui est la responsable,
la porteuse de ce dossier, à réviser sa position parce que -
comme le dirait son collègue, l'autre social-démocrate qui est le
ministre de l'Éducation - quand on s'est trompé, l'erreur, c'est
de ne pas corriger l'erreur qu'on a commise. Je l'invite à corriger son
erreur.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants sur cette motion? M. le député de Fabre.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M. le Président. Je demande à
intervenir seulement quelques minutes, M. le Président, parce
qu'à mon sens le débat devrait tourner autour de deux mots qui,
en fait, partiellement, ont été lancés dans le
débat tantôt quand j'ai posé une question au
député de Terrebonne. Je lui ai demandé d'essayer de
m'expliquer la différence fondamentale entre un droit et un
privilège. Aujourd'hui, ce sur quoi on se penche, c'est d'essayer de
démontrer qu'on se doit de donner à une population, qu'on
considère comme minoritaire, des droits pendant qu'en ce moment
on lui concède des privilèges. (17 h 45)
Selon la façon dont tout nous a été expliqué
depuis une quinzaine d'heures, c'est qu'on est d'accord pour reconnaître
que les services doivent être donnés. Si on est d'accord pour que
ces services soient donnés, tout comme on l'était avant les
élections, aujourd'hui, on offre à l'Opposition de sanctionner un
privilège qui deviendra tout simplement un droit. On est en train de
démontrer à une population que nous n'avons pas peur de donner
des droits. Si, surtout, par habitude, cela a pu être
conféré dans le passé, cela a pu être établi
comme étant une chose absolument nécessaire, le fait de le
garantir aujourd'hui sous forme de droit n'est, à mon ce sens, en aucune
façon une atteinte à la loi sur le plan de la langue. On est tout
simplement en train de dire aux gens qu'on les respecte dans leurs attentes et
dans leurs besoins et que les services qu'ils auront dans l'avenir ne
dépendront pas de l'humeur des gens qui seront en place à ce
moment-là. Dans ma tête, la conception du projet de loi 142, c'est
aussi simple que cela. Tout le chiard que l'on fait autour de ce projet de loi
revient encore à dire ce que l'on a déjà mentionné
en Chambre: Parler pour parler, tout simplement. Au fond, c'est exactement cela
que l'on est en train de faire.
Comment peut-on prendre cette attitude, en décembre 1986, telle
qu'on la conçoit, telle qu'elle nous est présentée, alors
qu'en 1985, avant l'élection, on avait une tout autre façon de
penser? On voulait amadouer l'électorat. Aujourd'hui, comme les
prochaines élections sont très loin, on n'a pas peur de charcuter
des droits. On n'a pas peur d'amputer la sécurité d'esprit de ces
gens; c'est exactement ce que l'on fait, actuellement, M. le
Président.
Personnellement, si je continuais d'écouter tout ce qui se dit de
l'autre côté, je ne crois que l'on pourrait réussir
à convaincre qui que ce soit, ni de ce côté-ci, ni dans la
population, du bien-fondé de l'attitude que ces gens ont
développée depuis quelque temps. À mon sens, à
moins que je trompe, le leadership du chef de l'Opposition n'étant pas
une chose assurée, une chose garantie, on se doit d'essayer de le
garantir en prenant position sur le projet de loi 142 et en faisant en sorte de
dire que c'est quelque chose de relié à la langue. Cela ne l'est
d'aucune façon. L'ancien premier ministre lui-même disait, au mois
de novembre, qu'il se devait de garantir les services en anglais. Il parlait
même de droits. À ce moment-là, pourquoi, aujourd'hui, un
an après, presque jour pour jour, prend-on un pas de recul et
tergiverse-t-on de cette façon, à l'extrême? Qu'est-ce que
l'on a à prouver en prenant cette attitude? C'est la question que nous
nous posons tous aujourd'hui.
Si le député de Terrebonne a avoué tantôt que
c'était un droit que l'on devait leur reconnaître, j'imagine
qu'actuellement les membres de sa formation endossent exactement la même
approche, la même philosophie ou la même conviction que ce dernier
a bien voulu nous laisser savoir il y a quelques minutes.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je ne crois pas au
sérieux de l'Opposition. Je ne crois pas que toutes les interventions
que ces gens peuvent faire les mènent quelque part et leur donnent une
crédibilité supplémentaire. Au pis aller, ce qui peut leur
arriver, c'est simplement de faire réaliser à nos
minorités qu'ils n'ont jamais été sincères dans le
passé et que tout ce qu'ils font actuellement, c'est d'étirer
l'agonie en fonction de ce qu'ils défendent.
Je vois cela un peu comme un noyé. Essayez de sauver un
noyé, M. le Président, et vous aller voir que, normalement, c'est
assez rare que le noyé se noie tout seul. Comme ils sont sur le point de
se noyer -cela fait déjà deux fois qu'ils remontent à la
surface - ils voudraient nous entrainer au fond et nous faire vivre l'erreur de
jugement qu'ils ont faite face au projet de loi 142.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je mets en doute de
façon officielle le sérieux de l'Opposition. Je ne crois pas que
cette Opposition joue le rôle pour lequel elle a été
élue. Je ne crois pas que ses membres soient représentatifs de
leur population. Je ne crois pas qu'aujourd'hui, si l'on pouvait vraiment
parler aux gens de leur comté, ces gens développeraient une
fierté envers leur député. Ce n'est pas parce qu'on est
dans la période des fêtes que vous devez devenir des
trouble-fête.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je persiste à
dire que ces honorables membres de l'Opposition jouent un rôle
d'épouvantail. Ils veulent faire peur à une partie de la
population et monter une partie de la population contre une autre partie de la
population. J'ai qualifié ces qens, lors d'une certaine sortie l'autre
jour, de fomentateurs de trouble. C'est malheureux, mais je dois
répéter à nouveau que tout ce qu'on recherche, ce sont des
petits problèmes et tout ce sur quoi on a à s'accrocher, ce sont
des éléments qui ne sont même pas justifiés. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Taillon, vous avez dix minutes.
M. Claude Filion M. Filion: Je vous remercie, M. le
Président. J'écoute le député de Fabre - on
a déjà eu l'occasion de s'écouter mutuellement et
réciproquement depuis le début de la commission parlementaire -
nous dire que le projet de loi ne contient pas d'éléments
linguistiques, en deux mots que ce n'est pas une loi linguistique. Absolument
pas!
Quand on parle, vous ne semblez pas, M. le député, comme
la ministre d'ailleurs, nous comprendre. Voulez-vous que je vous cite l'une des
belles autorités du Québec en semblable matière? C'est une
personne à qui on ne peut sûrement pas attribuer une
étiquette péquiste. Je ne vais pas le chercher très loin
et, si vous voulez m'écouter, je vais vous lire cela: "Y a-t-il vraiment
nécessité de s'engager dans le processus de législation
pour assurer à la collectivité anglophone des services sociaux et
des soins de santé en langue anglaise?" C'est souligné, c'est
écrit en caractères gras. "Doit-on ajouter une dimension
linguistique, lourde et contraignante à l'actuelle loi sur les soins de
santé et les services sociaux?" Fermer les guillemets aux fins du
Journal des débats. Ce n'est pas moi qui parlais, M. le
député de Fabre.
Vous le savez, j'ai déjà présenté une motion
de scission en Chambre pour que les éléments linguistiques de ce
projet de loi fassent partie d'une loi et que les éléments
administratifs de ce projet de loi fassent partie d'une autre loi. Vous savez
également que le président de la Chambre, s'il avait
considéré cette motion comme étant frivole et dilatoire,
s'il avait partagé votre opinion selon laquelle l'Opposition est
là, comme vous le dites... En tout cas, vous ne comprenez pas le travail
qu'on essaie de faire depuis le début. Mais le président de la
Chambre l'a acceptée, en ce sens qu'elle fut déclarée
recevable, en ce sens que, dans le projet de loi 142, il y a bel et bien,
clairement, limpidement, pour tout esprit, je ne dirais même pas
formé aux méandres de la loi, mais pour tout esprit qui voudrait
seulement regarder la loi pour ce qu'elle est...
C'est toujours ce que j'essaie de faire quand je prends un projet de
loi, M. le député de Fabre, comme j'ai pris le projet de loi de
la ministre de la Santé et des Services sociaux, une semaine ou deux
après qu'elle l'eut déposé, je dois l'avouer, à ce
moment-là je faisais autre chose... Je me suis assis et je l'ai
regardé tranquillement. Cela apparaît tellement évident,
à partir de ce moment-là, qu'on est en train de discuter d'une
loi linguistique... La personne que je citais tantôt s'appelle
Paul-André Comeau. Il est éditorialiste au Devoir, et,
vous le demanderez à vos collègues - peut-être le
savez-vous vous-même - on ne peut pas attribuer à M. Comeau
l'épithète "fanatique", pour employer une expression qu'a
utilisée la ministre un peu plus tôt dans la journée, pas
à l'égard de l'éditorialiste, bien sûr... Non, non,
c'est bien sûr. On ne peut pas attribuer ce type d'épithète
à M. Comeau, comme d'ailleurs, M. le député de Fabre,
à l'ensemble des intervenants dans ce dossier.
D'accord, vous pouvez parfois, quand vous nous écoutez parler,
nous prêter des intentions, ce que notre règlement empêche
de faire. Je ne vous en prête pas, je vous connais très peu et je
vous considère. Mais, depuis le temps, en Chambre et ici, qu'on explique
que c'est un projet de loi linguistique... Le premier ministre, ce matin - et
ce n'est pas nous qui parlions, c'est le premier ministre - disait en
réponse aux questions du chef de l'Opposition qui a parlé du
débat linguistique...
M. Rochefort: II a parlé du fanatisme.
M. Filon: Non pas du fanatisme, du débat linguistique...
Ah! le fanatisme c'était...
M. Rochefort: Le fanatisme, c'est le premier ministre, mais
j'espère que la ministre ne renie pas les propos de son premier
ministre.
M. Filion: Pour en revenir aux propos du premier... C'est vrai,
vous avez raison, c'est le premier ministre, le premier des ministres du
Conseil des ministres qui disait cela. Je m'excuse si je vous ai
attribué cette épithète, comme provenant de votre
bouche...
Mme Lavoie-Roux: Parler de fanatisme et accuser quelqu'un
d'être un fanatique, ce sont deux choses différentes. Il n'a
accusé personne.
M. Filion: Fanatisme... fanatique... On se comprend...
M. Rochefort: Au nom de la solidarité
ministérielle, si c'est le premier ministre qui a tenu les propos, on
peut les prêter aussi à la ministre.
M. Filion: Oui, mais on a assez de la maternité des propos
de la ministre sans lui attribuer la paternité des propos du premier
ministre.
Le Président (M. Bélanger): Pas de remarques
sexistes.
M. Filion: En ce sens, c'est tout simplement une partie de
l'argumentation qu'on a développée devant vous depuis le
début de l'étude de projet de loi 142. C'est tout simplement une
partie, mais je pense qu'il faut quand même, si on veut avancer ensemble,
appeler les choses par leur nom. À partir de ce moment, j'ai
tenté également de l'expliquer assez souvent en Chambre, on
ne
peut pas en matière linguistique, entre autres - il y a beaucoup
de raisons qui justifieraient cela - mais on ne peut pas en matière
linguistique... M. le député de Fabre, je suis sûr que vous
avez assez d'expérience de la vie, je connais un peu votre
comté... Vous avez probablement vécu à l'extérieur
mais, en tout cas, vous avez vu les problèmes qu'on a vécus entre
1970 et 1976. Vous avez vécu Saint-Léonard, je ne voudrais pas en
citer trop. On n'a pas besoin de cela au Québec quand on est dans un
moment de stabilité sociale. On n'a pas besoin de cela. Quand cela va
bien, et cela va bien au Québec en matière linguistique depuis
dix ans... La loi 101 était la loi et est encore la loi la plus
socialement acceptée et acceptable au Québec, M. le
Président, de façon indéniable. Si vous aimez les
sondages, allez les consulter. De toutes les lois québécoises,
c'est la plus socialement acceptée et acceptable.
Donc, pour revenir au petit bout d'argumentation qu'il me reste è
faire en deux minutes, c'est qu'à partir du moment où l'on touche
è cette mosaïque qui est la langue, on doit le faire clairement, de
façon cohérente, de façon identifiée. On doit le
faire en plein jour, on doit consulter, on doit entendre les gens, on doit les
écouter et on doit leur faire comprendre... C'est cela qu'il faut faire.
Ne pas faire comme le premier ministre du Québec a fait depuis douze
mois en lançant des ballons, en mélangeant les affaires, en
disant qu'il va réglementer la loi 101, ce qui est une absurdité
juridique, en faisant comme le ministre de la Justice qui a refusé,
entre janvier et avril 1986, de poursuivre les contrevenants à la loi
101, en faisant comme la ministre des Affaires culturelles, la ministre
irresponsable de la loi 101, qui a joué avec les ballons elle aussi...
Qu'est-ce que cela a donné? Cela a donné qu'il existe, comme je
le disais un peu plus tôt cet après-midi, entre autres, ce n'est
pas le seul argument, M. le député de Fabre, mais c'en est un,
par exemple, et même un qui est important... II y en a d'autres. Tous
ceux qui ont été mentionnés le sont également, mais
c'est pour cela qu'on ne peut pas, à la sauvette, en cachette, ne pas
entendre... Je reviens à l'amendement sur lequel on parle, M. le
Président... Je reviens donc sur cette motion et je dois vous dire que
la Fédération des CLSC du Québec a des choses
intéressantes à vous dire parce qu'à l'intérieur du
réseau des CLSC se sont développées, M. le
député de Fabre, de maudites belles expériences en termes
de vie avec toutes les communautés culturelles, y inclus la
communauté anglophone, probablement, au premier chapitre. Dans ce sens,
le but de l'amendement déposé, M. le Président, est de
faire en sorte que la Fédération des CLSC du Québec vienne
s'asseoir ici et, compte tenu de ce qui a été dit en
Chambre, en commission parlementaire et à l'extérieur de
la Chambre par tous les opposants du projet de loi, je trouverais vraiment
élémentaire, primaire que vous consentiez à ce que nous
entendions ces groupes.
Le Président CM. Bélanger): Compte tenu de
l'heure... Il est exactement 18 heures, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 19)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission va reprendre ses travaux. Nous en étions à
débattre un sous-amendement à la motion, afin d'inviter la
Fédération des CLSC à venir rencontrer la commission. Sur
ce sous-amendement, nous en étions au droit de parole du parti
ministériel, puisque M. Filion, je pense, s terminé hier...
M. Rochefort: Puisqu'il ne sera pas ici avant quelques minutes,
on peut commencer.
Le Président (M. Bélanger): On peut commencer.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur cette motion? M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Si personne du côté ministériel
ne souhaite prendre la parole, oui, je prendrai la parole. Oui, M. le
Président, cela ne me demandera pas trop d'efforts.
Le Président (M. Bélanger): On vous
écoute.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je veux venir
appuyer la motion de sous-amendement de mon collègue, le
député d'Abitibi-Ouest, afin d'inviter la
Fédération des centres locaux de services communautaires a venir
participer à nos travaux en commission parlementaire, dans le cadre du
projet de loi 142.
M. le Président, la motion du député
d'Abitibi-Ouest arrive à un moment très bien choisi, puisque le
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui, j'imagine, se joindra
à nous un peu plus tard, a abordé cet après-midi, à
l'occasion d'une de ses interventions, des propos reliés à des
situations qu'il prétendait avoir vécues dans des CLSC.
Notamment, il parlait du CLSC de Pierrefonds où il disait ne pas trouver
de services dans la langue anglaise en quantité suffisante.
M. le Président, il a aussi parlé du
conseil d'administration de ce CLSC et il nous a dit: II n'y a pas de
représentant -j'imagine qu'il nous a dit qu'il n'y a pas ou peu de
représentants - de la minorité anglophone à ce conseil
d'administration. Or, M. le Président, j'ai été surpris
d'entendre ces propos, puisque, pas plus tard qu'au cours des mois d'août
et septembre, la ministre de la Santé et des Services sociaux a fait des
nominations de représentants socio-économiques à ce CLSC.
J'imagine qu'elle a dû recevoir des propositions du député
de Notre-Dame-de-Grâce afin de nommer des anglophones à ce conseil
d'administration pour rétablir l'équilibre nécessaire pour
que le conseil - et c'est ce avec quoi nous sommes d'accord, - soit plus
représentatif des populations qu'il doit desservir.
Or, de deux choses l'une: ou la ministre a procédé
à des nominations, ce qui fait que les propos du député
sont, disons donc, moins pertinents qu'il ne le croyait ou la ministre n'a pas
nommé de représentants socio-économiques de la
minorité anglophone à ce conseil d'administration, auquel cas il
pourrait y avoir une petite conversation privée entre les deux pour
tenter de rectifier cette sous-représentation que le
député de Notre-Dame-de-Grâce considérait comme une
mauvaise chose en soi, ce sur quoi je suis d'accord. Je pense qu'effectivement
il faut que les conseils d'administration des centres locaux de services
communautaires respectent, dans la mesure du possible, une
représentativité des différents groupes culturels qu'on
retrouve sur le territoire.
C'est, d'ailleurs, ce qu'on retrouve dans l'ensemble des centres locaux
de services communautaires, par exemple, de l'île de Montréal.
J'ai eu l'occasion de le dire lors de mon discours en deuxième lecture:
On retrouve des services, dans l'ensemble des CLSC de l'île de
Montréal, dans plus d'une trentaine de langues différentes,
disponibles, que ce soit aux services d'accueil, au niveau des travailleurs
sociaux, des organisateurs communautaires, des auxiliaires familiales
responsables du maintien à domicile, des infirmières ou des
médecins qui sont affectés dans ces CLSC. Et, pour nous, c'est
une chose absolument essentielle.
Une des craintes que nous avons, face au projet de loi 142 dans son
libellé actuel, c'est qu'une fois ce projet de loi adopté
l'ensemble des ressources financières consacrées à donner
des services aux allophones dans leur langue - c'est-à-dire dans une
langue autre que le français et l'anglais - ou une part importante de
ces ressources soient transférées au réseau anglophones
des services de santé et des services sociaux.
En ce sens, nous aurions rendu un mauvais service à l'ensemble
des Québécois et Québécoises des minorités
culturelles ou ethniques du Québec qui ne peuvent pas bien s'exprimer en
français. Parce que, M. le Président, nous sommes d'accord pour
dire qu'un service de santé et un service social, il n'y a rien de mieux
que lorsqu'il est donné dans la langue dans laquelle nous sommes le plus
à l'aise, de façon qu'on puisse établir un bon contact,
une bonne relation avec les professionnels de la santé concernés.
En ce sens, nous jugeons que ce qui a été fait jusqu'à ce
jour dans l'ensemble des CLSC de la grande région de Montréal,
est ce qu'il fallait faire.
Nous n'avons aucune garantie dans le texte du projet de loi que ces
ressources seront maintenues et que les réorganisations qui suivront
l'adoption du projet de loi, à l'intérieur du réseau,
n'auront pas pour effet d'annuler des ressources consacrées aux
Québécois des minorités culturelles et ethniques du
Québec pour donner des ressources additionnelles au secteur
anglophone.
Il s'agirait d'un geste additionnel, d'un signal additionnel
d'incitation aux minorités culturelles d'aller chercher leurs services
en langue anglaise. Donc, on aurait encore un incitatif additionnel aux
nombreux signaux donnés par le gouvernement libéral depuis le 2
décembre dernier afin de dire aux communautés culturelles du
Québec: Orientez-vous plutôt vers la communauté anglophone
que vers la communauté francophone du Québec. Nous disons qu'il
faut que l'ensemble des communautés culturelles soit
intégré à la majorité québécoise,
c'est-à-dire à la majorité francophone du Québec.
Mais, nous comprenons aussi que, pour bon nombre de gens, entre autres, par
exemple, pour quelqu'un qui arrive ici à 55 ou à 60 ans, on ne
peut espérer, souhaiter et même demander qu'il possède une
maîtrise totale de la langue française dans les années qui
suivent.
En conséquence, il faut donc, à partir du discours qui
nous est tenu par le gouvernement, que l'on puisse faire en sorte que ces gens
reçoivent des services dans leur langue maternelle qui n'est ni le
français, ni l'anglais. Je le répète: Notre crainte, c'est
que le contenu du projet de loi ne nous donne aucune garantie que ces
ressources qui leur sont consacrées aujourd'hui soient maintenues en
place. Au contraire, nous avons des craintes qu'elles soient
transférées au secteur anglophone pour permettre à la
ministre de livrer la marchandise, car ce que sous-tend son projet de loi,
c'est de réorganiser le réseau en faveur d'un réseau, dans
le secteur anglophone, mieux structuré, avec plus de services.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce aussi nous a
parlé d'un groupe des Cantons de l'Est qu'il a rencontré
aujourd'hui avec la ministre de la Santé et des Services sociaux. Je
suis heureux qu'ils aient tous les deux eu
cette rencontre parce que, effectivement, j'ai pris connaissance de la
correspondance de ce groupe. Qu'est-ce que ce groupe nous dit? Ce groupe nous
dit qu'il reçoit des services dans sa langue dans sa région. Ce
groupe, dans ses lettres, nous dit aussi qu'il est satisfait des services qu'il
reçoit, mais que sa grande crainte, c'est que, comme les anglophones
deviennent de plus en plus minoritaires dans l'Estrie, dans les Cantons de
l'Est, ils appréhendent le jour où cet état de
minorisation de plus en plus grande fera en sorte que l'on ne maintienne pas en
place les ressources qui existent aujourd'hui pour leur donner des services
dans leur langue, ce à quoi nous croyons qu'ils ont droit.
M. le Président, là, on ne parle pas d'absence de
services. On veut adopter un projet de loi pour éliminer les craintes
devant un sentiment, une appréhension de minorisation de plus en plus
grande d'un groupe. C'est un tout autre débat. On ne vient pas nous dire
que l'on n'a pas de services. On ne vient pas nous dire que l'on n'est pas
satisfait de ces services. On nous dit: On a des craintes qu'un jour,
peut-être quelqu'un puisse penser à diminuer les services auxquels
nous étions habitués.
Quand on parle des problèmes que ces gens vivent, notamment quant
à l'hébergement pour les personnes âgées, bien, mon
Dieu, on parle, justement, du comté de Johnson, un comté
où un centre d'hébergement pour personnes âgées
avait été prévu, annoncé et dont on avait
commencé la construction. La ministre a décidé de
l'arrêter. Quand on parle des qens de Johnson, on ne parle pas d'un
problème d'accessibilité à des services selon une langue
ou une autre, mais d'un problème d'absence de ressources. En ce sens, ce
n'est pas du tout un problème relié au projet de loi 142; c'est
un problème de ressources, comme on en a identifié un bon nombre.
Ce sont, pour la plupart, des problèmes d'absence de ressources que nous
avons observés dans les exemples qui ont été donnés
par Alliance Québec, par la ministre ou par d'autres groupes
jusqu'à ce jour.
M. le Président, c'est ce qui nous amène à
considérer qu'effectivement la présence de la
Fédération des centres locaux de services communautaires, ici,
à cette commission parlementaire, nous permettrait de discuter avec elle
de l'ensemble de ces questions et permettrait que ses représentants nous
disent pourquoi ils refusent d'appuyer la ministre de la Santé et des
Services sociaux dans sa démarche relativement au projet de loi 142.
Cela nous permettrait aussi de voir dans quelle mesure la ministre est capable
de défendre son projet de loi devant ses partenaires du réseau
qui donnent des services en très grande quantité non seulement
à la minorité anglophone, mais aux différentes
minorités culturelles du Québec, des services de qualité,
des services humains et des services dont l'ensemble des
Québécois et des Québécoises des différentes
langues dans lesquelles ils les reçoivent se disent pleinement
satisfaits. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Seulement quelques minutes, M. le
Président. J'ai écouté attentivement l'intervention du
député de Gouin. Il y a seulement deux points sur lesquels je
voudrais revenir. D'abord, il dit que rien dans le projet de loi ne garantit
que les services qui, dans le moment, seraient disponibles aux
communautés culturelles ne leur seront pas enlevés pour
être transférés aux communautés anglophones. Je veux
simplement lui rappeler qu'à l'article 1 on ajoute, tel que
prévu, la considération des aspects linguistiques et
socioculturels.
Comme l'a fait remarquer mon collègue de Laurier et adjoint
parlementaire à quelques reprises, c'est la première fois qu'on
introduit formellement, dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, cette dimension de considérations relatives aux
aspects socioculturels et linguistiques. À ce moment-là, je pense
que le député de Gouin conviendra qu'on ne fait pas
référence d'une façon particulière à la
communauté anglophone ou à la communauté anglaise. C'est
un principe général et, alors qu'autrefois ces aspects
n'étaient pas introduits, ils le sont. Je peux quand même rassurer
le ministre...
M. Rochefort: Je suis député.
Mme Lavoie-Roux: Le député. Cela devrait vous faire
plaisir.
M. Rochefort: Non, j'aime bien qu'on m'appelle par les titres qui
sont les miens.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne vous crée pas trop de
nostalgie?
M. Rochefort: Non, pas du tout. Mme Lavoie-Roux: Pas du
tout? M. Sirros: Ce fut trop court.
M. Rochefort: Cela me fait plutôt penser à
l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: À l'avenir, pas au passé.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, je pense que mon collègue de
Laurier en est un exemple vivant. Ayant été directeur d'un CLSC
où la proportion des personnes des communautés culturelles
était importante, un de ses soucis a justement été - et
c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles, sans vouloir diminuer
leur mérite, ceux qui ont suivi, de toute évidence, ont
continué la tradition - d'engager et de permettre qu'un bon nombre de
personnes des communautés culturelles travaillent à
l'intérieur du CLSC de Parc Extension.
M. le Président, sur cette préoccupation que le
député de Gouin exprime a l'endroit des communautés
culturelles, je ne voudrais pas retourner dans l'histoire, mais je dirai que
l'une de mes préoccupations, si cela peut le rassurer, quand
j'étais è la Commission des écoles catholiques de
Montréal, était justement - et nous éprouvions à ce
moment-là certaines difficultés - que les écoles
françaises aient le souci d'introduire des personnes des
communautés culturelles à différents titres à
l'intérieur des écoles qui recevaient les personnes des
communautés culturelles. Je sais que les choses ont évolué
d'une façon positive depuis ce temps et j'en suis fort heureuse.
Je pense que le ministre... le député de Gouin n'a pas
à se préoccuper de cela. C'est écrit ministre en dessous
et c'est pour cela.
M. Rochefort: Vous voyez que je suis un bon garçon.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est une première chose.
Quant aux références qu'il a faites à la
communauté anglophone des Cantons de l'Est, que nous avons eue cet
après-midi évidemment, vous pouvez décider que ce n'est
peut-être pas un témoin fidèle des événements
- mon attaché de presse qui m'accompagnait - il n'a pas le droit de
parole ici - nous a communiqué que, du côté des
hôpitaux, parce qu'il y a le Sherbrooke Hospital, à Sherbrooke,
ils recevaient, du point de vue médical, les soins dont ils avaient
besoin. Ils se sont demandé à quel moment le programme
d'accès pourrait être mis en place compte tenu des lacunes
sérieuses qu'il y a du côté des personnes
âgées et du côté de la protection de la jeunesse,
qui, d'ailleurs, avaient été soulevées par la commission
Charbonneau dans son rapport, et du côté de deux CLSC, dont un
faisait des efforts notables - je ne les identifierai pas, il y en a deux dans
la région - pour avoir du personnel de langue anglaise, alors que
l'autre ne semblait pas avoir cette préoccupation en dépit du
fait qu'il avait une population anglophone importante à servir. Je pense
qu'il y a probablement des établissements qui font leur travail d'une
façon admirable, mais qu'il y a des lacunes qui doivent être
corrigées. Il ne s'agissait pas, à ce moment-là, de
déplacer les ressources d'un établissement vers d'autres; il
s'agissait d'une préoccupation que l'on devait avoir pour desservir dans
sa langue la minorité anglophone. Ce n'est peut-être pas aussi
parfait que le député de Gouin le laisse entendre, M. le
Président.
À tout événement, là où il reste des
lacunes, on pense que le projet de loi devrait améliorer les choses. Je
le répète parce qu'il semble que l'on n'ait pas encore compris:
II y a une différence entre pouvoir exercer un droit et la
possibilité que ce droit soit consacré dans une loi. C'est ce que
nous faisons par le projet de loi 142. Merci, M. le Président,
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: En vertu de l'article 213, est-ce que la ministre
accepterait de répondre à une question?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela me fera plaisir, si elle n'est pas
trop longue,
M. Rochefort: Non, M. le Président, vous savez que c'est
rare que j'ai des questions qui sont trop longues.
M. le Président, la ministre dit qu'elle me rassure, qu'elle veut
me donner toutes les garanties que je souhaite que telle n'est pas son
intention de faire en sorte que des ressources présentement disponibles
pour les allophones du Québec soient réorientées du
côté des services aux Québécois de la
minorité anglophone. Est-ce qu'elle peut nous dire, dans son projet de
loi ou dans ses amendements, où sont ces garanties
législatives?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le projet de loi qui est
devant nous vise en premier lieu - je pense que l'on ne s'en est pas
caché, c'est, d'ailleurs, pour cela que l'Opposition lutte depuis le
début - à garantir un droit à des services sociaux et de
santé aux bénéficiaires de langue anglaise. Je ne veux pas
entrer dans les raisons pour lesquelles c'est vis-à-vis de la langue
anglaise. Je pense que le chef de l'Opposition, le député
d'Anjou, reconnaît, puisqu'il avait déjà pris l'engagement,
etc., que la communauté anglophone constitue une minorité qui a
des droits historiques. J'ai développé cela un peu en
deuxième lecture.
Également, nous avons inscrit, pour la première fois, dans
une loi cette préoccupation quant à la dimension socioculturelle
des bénéficiaires. Si, un jour, on veut leur garantir des droits
- ce que les communautés socioculturelles ne demandent pas ici, ni,
d'ailleurs, dans les autres provinces, encore une fois pour des raisons
historiques - je pense que cela ne nous empêche pas de le
faire.
Pour la première fois aussi, il y a un comité, à
mon ministère, qui travaille activement, pour lequel on a prévu,
non pas des sommes énormes, mais assez pour qu'il puisse fonctionner,
qui doit me faire des recommandations pour, justement, améliorer cette
accessibilité aux bénéficiaires des communautés
culturelles à des services sociaux et de santé dans leur
langue.
M. Rochefort: M. le Président, juste une dernière
question.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, si Mme la ministre y consent.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre pourrait nous dire comment
s'appelle le comité auquel elle fait allusion?
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est le comité d'accessibilité
aux services sociaux et de santé pour les communautés
culturelles. Il est coordonné par mon adjoint parlementaire. On peut, je
pense, sans se tromper...
M. Rochefort: Le comité d'accessibilité aux
services de santé...
Mme Lavoie-Roux: Aux services sociaux et de santé pour les
communautés culturelles. C'est mon adjoint parlementaire qui en assure
la coordination et j'en suis fort heureuse. Justement, j'ai rencontré
les membres de ce comité, hier. On me les a présentés.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez la liste des membres?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on pourrait vous donner la liste des
membres.
M. Rochefort: Est-ce qu'on pourrait l'avoir? Oui?
Mme Lavoie-Roux: Je ne l'ai pas. M. Rochefort: Pardon?
M. Sirros: Je m'occuperai de vous faire transmettre cela, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: D'accord, merci.
Mme Lavoie-Roux: Je les ai rencontrés au moment de la
déclaration sur la non-discrimination. Je peux vous assurer qu'ils
travaillent activement. Ils m'ont, d'ailleurs, assurée qu'ils
espéraient d'ici quelques mois - on a parlé d'avril, je pense -
pouvoir me faire des recommandations précises.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Une voix: Est-ce qu'il n'a pas parlé là-dessus?
M. Blais: On essaie, si on me laisse aller. On est bien
prêt.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants sur le sous-amendement? Non? Donc, nous allons passer au vote,
puisque toutes les interventions ont été faites, sur le
sous-amendement suivant: Que la motion soit modifiée en y ajoutant
à la fin les termes "Fédération des CLSC". Pouvons-nous
appeler le vote sur cette motion?
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur...
M. Blais: Un instant, je n'ai pas parlé
là-dessus.
M. Rochefort: Par appel nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Par appel nominal,
d'accord. Vote par appel nominal. Tout le monde a parlé. J'ai une
comptabilité.
M. le député de Beauharnois?
M. Marcil: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Dorion. Elle n'est pas là, je m'excuse.
M. le député de L'Assomption?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon?
Des voix: Contre.
Le Président (M. Bélanger): II est neutre.
M. Fillion: Je suis neutre, M. le Président. C'est
pourquoi je vote pour l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Contre 8. Pour 4. La
motion est donc rejetée.
Reprise du débat
sur la motion d'amendement
proposant d'entendre aussi l'ACAQ
Nous revenons donc à la motion d'amendement
présentée par M. Filion visant à recevoir l'Association
des centres d'accueil du Québec. Quelqu'un désire-t-il
s'exprimer? M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Sur quelle
motion exactement, M. le Président, se doit-on de parler?
Le Président (M. Bélanger): L'Association des
centres d'accueil.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas le droit de prendre de bonbons?
M. Rochefort: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je veux souligner que le
député de Taillon est en train d'inciter les membres de la
commission à poser un geste qui est nuisible à leur santé
dentaire.
Une voix: C'est très bon.
M. Rochefort: Compte tenu qu'on aura à débattre un
jour un autre projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): II peut être
assuré qu'avec ces douceurs personne n'aura de dent contre lui.
M. Rochefort: Pourquoi dites-vous qu'il peut être
assuré? On ne pourra plus être assuré.
Le Président (M. Bélanger): Au moins un examen par
année. M. ie député de Terrebonne, la parole vous
appartient,
M. Rochefort: On revient au sérieux.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous débattez le
sous-amendement, soit la pertinence de recevoir l'Association des centres
d'accueil du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais qu'on avait fini.
M. Blais: Non, on commence.
Le Président (M. Bélanger): II reste deux
intervenants.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M» le Président. Nous
avons reçu de l'Association des centres d'accueil du Québec, par
l'intermédiaire de M. Roger Pedneault, une lettre nous expliquant
pourquoi tous les gens du réseau sont contre ce projet de ioi 142. Afin
d'éclairer un peu les gens de l'autre côté qui ne semblent
pas avoir pris beaucoup de temps pour s'informer sur les résistances
à cette loi sur le terrain, je veux tout simplement en lire quelques
bouts.
Mme Lavoie-Roux: Combien de temps parlerez-vous? (20 h 45)
M. Blais: J'ai dix minutes sur cette motion et ensuite 30 minutes
sur l'autre. Ils écrivent à Mme la ministre: "Après un
examen approfondi des articles 1, 2, 3 et 9 du projet de loi 142, Loi modifiant
de nouveau la Loi sur les services de santé et les services sociaux, et
suite à la rencontre que nous avons eue avec vous, mardi le 2
décembre - il vous répondait - nous désirons vous faire
part de notre position relative à ce projet de loi." C'est très
explicite, après rencontre, donc, on peut dire que ces gens parlent
à Mme la ministre en connaissance de cause.
Moi, je veux faire ici dix minutes sur cette motion parce que je me suis
renseigné sur leur position. J'ai lu et étudié leur
position. Donc, une autre fois, en leur nom, même si vous les avez
rencontrés, qu'ils vous ont dit leurs réticences et qu'ils vous
ont dit où ils voyaient que le seau de ce projet coulait, car il a
plusieurs trous... Pardon madame?
Mme Lavoie-Roux: Le seau ou le sang?
M. Blais: Le faon?
Mme Lavoie-Roux: Le sang coulait?
M. Blais: Non, non, je compare votre projet à un seau qui
serait un arrosoir primaire, donc, qui serait complètement troué
soit par l'usure ou volontairement afin que les jets d'eau se répandent
de façon continue, au moindre geste que nous faisons. Ils trouvent que
c'est un seau. Autrement dit, il y en a qui disent: un fromage gruyère.
Je crois que l'expression est terriblement usée: fromage gruyère,
fromage gruyère et j'ai trouvé un seau troué. Il me semble
que cela faisait bien. Cela pourrait être aussi un conduit que l'on voit
parfois sur nos parterres, en plastique vert pâle où on fait de
petites incisions et où on voit spontanément sortir de multiples
jets.
Alors, c'est un projet qui a beaucoup de fissures et qui laisse passer
beaucoup de lest et, si on l'applique de façon très laxiste, cela
peut être très néfaste pour les buts visés.
Ils disent: "Attendu que le projet de loi comporte un certain nombre
d'imprécisions ou d'ambiguïtés et qu'il pourrait avoir des
impacts majeurs sur l'organisation actuelle du système de distribution
des services de santé et des services sociaux." C'est une raison, il
peut avoir des impacts forts. Mais, avant, ils disent: "Attendu que nous
partageons les préoccupations du gouvernement." J'ai trouvé cela
bien pour partir. On voit que ces gens sont positifs. Moi, j'aime les gens qui
se campent au tout début de leurs interventions.
Alors, au premier paragraphe de cette lettre, qui est très
explicite en soi, voici ce qu'on dit, et de façon assez solennelle parce
qu'on commence par: "Attendu que" "Attendu que nous partageons les
préoccupations du gouvernement à l'origine du projet de loi 142
qui visent à assurer aux bénéficiaires de la
communauté anglophone du Québec l'accès à des
services de santé et à des services sociaux dans leur
langue."
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Blais: Mme la ministre, sachez une choses sur l'objectif
poursuivi par le projet de loi 142, M. Pedneault, le président, est
d'accord.
On dit: Paroles verbales; je n'aime pas cette expression du tout, mais
apparemment, cela se dit. Notre opposition, c'est quant à la parole qui
accompagne le projet de loi, à la parole qui en décrit les
objectifs. Nous sommes, de ce côté-ci, complètement
d'accord et je lutterai continuellement pour les objectifs poursuivis.
Cependant, la façon de l'écrire et de l'installer sur une feuille
de papier, les mots choisis et la façon de l'amener, d'après moi,
est inacceptable parce qu'elle répond aux objectifs, mais d'une
façon presque trop grande. Et voici pourquoi c'est trop grand. Ils le
disent, eux: "Attendu que les établissements du réseau de la
santé et des services sociaux ne peuvent s'empêcher de voir dans
la présentation de ce projet de loi d'appréciation
négative..." D'abord, c'est négatif pour ce qu'ils ont fait
jusque-là sans loi et, pour cela, je les comprends. C'est une
espèce de soufflet en pleine gueule à ces gens qui ont
dépensé du temps, de l'énergie, de la bonne
volonté, de la compréhension et un esprit de consensus devant
tous les allophones et les gens qui se présentaient là pour
essayer de les servir le mieux possible dans leur langue.
Les efforts, je vais en parler un peu plus tard. On les voit, les
efforts, ils sont tangibles, on peut les voir, les numéroter, les
évaluer, les répertorier, les inventorier et en faire presque un
catalogue de statistiques tellement il y en a et tellement c'est productif, la
façon dont les qens de ce réseau-là agissaient.
Ils disent aussi: "Attendu que des ajustements sont possibles à
l'intérieur du cadre actuel sans qu'il soit nécessaire d'adopter
une législation spécifique - écoutez, c'est important, ce
sont les trois gros mouvements du réseau qui parlent; c'est quand
même important - et après avoir rencontré la ministre qui a
essayé... Je la sais convaincante, je sais que vous êtes
convaincante. Vous avez un talent fou pour convaincre les gens parce que, de
prime abord, vous êtes une dame qui inspirez la confiance. Je dis de
prime abord.
Mais après cette première rencontre, après ce prime
abord... Je ne voudrais pas être intempestif quand même, ni
primesautier, je crois que vous avez présenté à ces gens
un projet provisoire avant de présenter le vrai projet.
Mme Lavoie-Roux: II était déposé depuis le
13 novembre.
M. Blais: Ah! Il était déjà écrit.
C'est pour cela que je l'appelle un projet provisoire. Parce qu'il est
inacceptable, il faut en écrire un autre.
Mme Lavoie-Roux: Provisoir.
M. Blais: Alors, ce projet est provisoire parce qu'il se doit
d'être remplacé par un autre. Ce n'est pas un projet temporaire.
C'est le vrai sens étymologique de provisoire. C'est qu'il doit
être remplacé par un autre.
Et ils vous le disent ici: "Attendu que des ajustements sont possibles
à l'intérieur du cadre actuel sans qu'il soit nécessaire
d'adopter une législation spécifique..." Et ce sont les cadres
qui parlent. Alors, les cadres savent que, dans le cadre actuel, il peut y
avoir des transformations sans qu'on arrive avec une loi spécifique. Ce
projet de loi spécifique, dans le contexte où on nous le
présente, ils disent...
Le Président (M. Bélanger): Veuillez vous adresser
au président, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: ...qu'il a des conséquences
imprévisibles.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, s'il vous plaît.
M. Blais: Oui. Je m'adresse à M. le Président, oui.
C'est incroyable, mais ce projet de loi a des conséquences
imprévisibles. Alors, ils se révoltent, ils se rebellent. Et la
ministre se surprend de voir qu'elle a des rebuffades. C'est normal qu'elle ait
des rebuffades. C'est absolument normal qu'elle ait des rebuffades parce que
tous les gens du millieu lui demandent - en conclusion - de surseoir à
l'adoption de ce projet de loi 142. Ce sont les gens, les principaux acteurs du
milieu qui demandent à la ministre de surseoir à l'adoption. Il
me semble que c'est clair, puisque ces gens-là posent ce geste et
écrivent leur demande après avoir rencontré la ministre
pendant deux heures.
Personnellement, je ne peux qu'avoir confiance en ces gens parce que ces
gens sont d'une grande sincérité. Et la ministre aussi
probablement. Mais ils demandent de surseoir pour mieux étudier la
chose. Alors, afin que la discussion soit toujours de plus en plus productive,
j'aimerais bien présenter une motion d'amendement, une motion...
M. Sirros: De sous-amendement. Une voix: Un
sous-amendement?
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi
la FTQ
M. Blais: Oui. Je voudrais que la motion d'amendement soit
modifiée - donc, je veux un sous-amendement - en ajoutant à la
fin les termes "la Fédération des travailleurs et travailleuses
du Québec". Des péquistes du Québec. Euh! Des
travailleurs. C'est synonyme.
Le Président (M. Bélanger): La motion est
recevable.
Mme Lavoie-Roux: Vous conviendrez qu'ils vous ont rejeté
un peu à la dernière élection, n'est-ce pas?
M. Blais: Pardon, madame?
Mme Lavoie-Roux: Ils vous ont rejeté un peu è la
dernière élection.
M. Blais: Vous avez dit rejeté? Mme Lavoie-Roux:
Rejeté. M. Blais: Moi, non. Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Blais: Non. Je parle pour moi, madame.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
monsieur...
M. Blais: Avec 33 %, c'est quand même bon au Québec,
n'est-ce pas? Vous avez déjà eu 35 % en 1976.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
Mme Lavoie-Roux: On a été rejetés aussi.
Le Président (M. Bélanger): Votre motion est
recevable. Vous avez 30 minutes pour la présenter.
M. Yves Blais
M. Blais: Si vous saviez comme je suis content, M. le
Président! J'ai toujours peur, parce que je ne suis pas un
procédurier, que ma motion ne soit pas recevable. J'en suis très
heureux, surtout que les interlocuteurs que nous voulons faire venir sont des
gens qui ont un grand personnel, sont des spécialistes en la
matière et ont beaucoup de leurs ouvriers et de leurs travailleurs et
travailleuses qui sont dans ce milieu des affaires sociales.
Avant que de lire et de parler de ce téléqramme que vous
avez reçu certainement parce que vous avez vos "bélinos" et vos
fils.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Ce n'est pas une question de
règlement. Je dois vous dire très honnêtement qu'on a fait
vérifier partout dans tous les différents bureaux et on n'en a
jamais eu de copies. Si vous pouviez le déposer, oui.
M. Rochefort: On s'entend bien que cela ne compte pas dans le
temps de M. le
député de Terrebonne.
Le Président (M. Bélanger): Non, le
chronomètre est arrêté.
M. Rochefort: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous nous l'avez lu, hier.
M. Rochefort: Oui, oui. Un instant!
Mme Lavoie-Roux: Je veux juste une copie.
M. Rochefort: Je n'ai pas l'intention de...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Vous voulez le relire? Allez-y.
M. Rochefort: Non, non, je ne veux pas le relire. M. le
Président, je veux seulement indiquer à la ministre qu'il s'agit
d'un telbec. Elle verra qu'au bas de la feuille c'est écrit Telbec. Il a
été émis le 10 décembre 1986, à 10 h 40
minutes 31 secondes, ligne 0079. Il émane de la Fédération
des travailleurs du Québec, signé Mona-Josée Gagnon, FTQ,
André Messier, FTQ. C'est un telbec, et c'est par le fil Telbec...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est pour cela qu'on devrait l'avoir
normalement.
M. Rochefort: ...que ce texte est venu entre nos mains et non pas
par d'autres canaux, comme pourrait l'imaginer ou le laisser entendre la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que notre fil Telbec a
été saboté.
Une voix: C'est cela. Peut-être, y aurait-il moyen
de...
M. Gendron: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de...
M. Gendron: D'Abitibi-Ouest. Je voudrais seulement dire à
Mme la ministre que je suis content qu'elle nous informe qu'elle n'a pas...
Mme Lavoie-Roux: Non, sérieusement, on a pris la peine de
le vérifier aujourd'hui.
M. Gendron: Non, non. Je vous crois sérieuse
là-dessus. D'ailleurs, cela confirme les doutes que j'avais. Vous m'avez
promis un chèque depuis le 7 août.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Gendron: On n'en a jamais vu la couleur. Il va falloir penser
bientôt à faire une enquête à votre ministère.
Il s'y passe des choses. Mon chèque de Palmarolle, on en a jamais vu la
couleur.
Mme Lavoie-Roux: Je vous le promets pour Noël.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
on remet la parole au député de Terrebonne. Si vous voulez
reprendre votre intervention, M. le député.
M. Blais: Mme la ministre...
M. Rochefort: Juste une seconde, M. le Président. Je
m'engage à trouver une copie au propre du texte pour la remettre au
ministre, parce que le député de Terrebonne a pris des notes
dessus. Je vais lui trouver une copie non annotée et je vais la
déposer, M. le Président.
M. Blais: Ah! Je peux bien la lui remettre avec mes notes. Cela
lui ferait peut-être du bien.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Je vais
repartir mon chronomètre.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président, à
l'endroit de mon collègue de Terrebonne. J'ai trouvé ma copie.
Tout ce que j'ai, c'est un paragraphe marqué un peu plus
particulièrement que les autres. M. le Président, je
dépose ce texte dont je voudrais ravoir une copie, car je vous donne ma
seule copie.
Mme Lavoie-Roux: On vous remercie bien, M. le
député.
M. Rochefort: Je suggère qu'on en fasse des copies pour
tous les membres de la commission. Je pense que ce texte est très
pertinent pour nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Absolument. On se fera
faire des copies de ce texte. S'il vous plaît, 20 copies. M. le
député de Terrebonne, je pense qu'on a la bonne fois.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
M. Rochefort: Là, c'est vrai.
Mme Lavoie-Roux: Vous commencez là.
M. Blais: Je voudrais tenter une explication, quand même,
sur le fait que vous n'ayez pas vu ce telbec. Vous avez
autour de vous des gens qui, voyant arriver des contestations et des
contestations à votre projet de loi 142, sentant venir une sorte de
faiblesse à la réception de tant de lettres de gens qui s'y
opposaient, vous ont protégé sentimentalement et, pour ne pas
vous ébranler de façon totale, se sont mis à un moment
donné à cacher les entrées -peut-être, je ne le sais
pas - pour vous épargner un peu les entrées qui
n'arrêtaient pas à votre bureau de gens qui s'apposaient. J'ai
l'impression que c'est par délicatesse.
Aujourd'hui, je vois, en vous en parlant, que la figure vous tombe et
que vous 8emblez morose. Je comprends très bien votre personnel de vous
avoir empêchée de lire ce document, parce qu'il est en soi porteur
encore des objections majeures à l'acceptation de ce projet de loi.
Alors, je ne peux que...
Mme Lavoie-Roux: Vous avez encore deux minutes.
M. Blais: Je vais vous en parler, mais de façon
très douce, parce que vous semblez avoir vraiment la charge des
objections. Par délicatesse, je vais y aller de façon douce,
mais, n'écoutant que mon devoir, je me sens absolument obligé d'y
aller au moins de quelques petits laïus à ce sujet, ne fût-ce
que pour dire les choses les moins outrageantes, mais, au moins, je vais
essayer de choisir les plus percutantes. J'espère que cela va continuer
à vous ébranler sans affecter votre santé, en
espérant que vous pourrez, quand même, prendre de bonnes vacances
à Noël et que vous ne passerez pas cette période des
fêtes à soigner les répercussions des objections a votre
législation. Je le dis en toute compassion et vous savez que, sur ce
point, j'ai raison. Je le fais sans frisson, en vous le disant ici, comme de
raison, à ma façon. Je sais pertinemment que je ne le ferai
jamais comme un polisson, mais comme un gentil garçon qui vous regarde
et qui vous voit rire, comme de raison. (21 heures)
Alors, je vais vous en lire un extrait et sortir le plus percutant, qui
n'est pas aussi percutant que mes arguments sur les dents. Ce n'est pas aussi
évident, mais je vais tout de même, sans semer mes arguments aux
quatre vents, vous le dire décemment, tout en respectant ce qu'il y a de
plus important dans ce document.
Dans ce message, la FTQ se dit pour le retrait des projets de loi 140 et
142. Alors, elle est contre les deux projets de loi. Je vais sauter le bout qui
touche le projet de loi 140 parce qu'on pourrait dire que ce n'est pas
pertinent et je serais d'accord; parler du projet de loi 140 ici, ce serait
vraiment impertinent. Je vais me contenter du projet de loi 142 qui,
déjà, en soi, pris seul, est assez outrageant pour moi, pour
qu'on ne parle que de lui et qu'on se sente révolté devant son
éventuelle application -portée, oui - dans la
société.
La FTQ demande au gouvernement Bourassa de retirer les projets de loi
140 et 142. "Nos craintes et motifs d'insatisfaction n'ont pas
été dissipés par la déclaration de la ministre. De
plus..."
Mme Lavoie-Roux: De quelle ministre?
M. Blais: C'est vous, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Blais: C'est vous-même. On parle de vous partout.
Mme Lavoie-Roux: II y a deux ministres et deux projets de
loi.
M. Blais: Ces temps-ci, on parle de vous partout.
M. Rochefort: II y a deux ministres qui s'occupent de la langue,
c'est vrai.
M. Blais: "De plus, le climat actuel rend impossible toute
discussion sereine. Nous demandons donc le retrait pur et simple des deux
projets de loi.", a déclaré le secrétaire, M. Daoust.
Écoutez, il dit que les déclarations de la ministre, c'est ce que
l'on attendait. La FTQ a attendu que vous apportiez des amendements à ce
projet de loi. Elle le trouvait irrecevable. Elle le trouvait trop ouvert,
disons, à de l'abus à discrétion, à de la
discrimination presque. Elle le trouvait aussi intempestif et trop linguistique
pour être dans la section des soins sociaux. Quant aux amendements promis
par la ministre - le critique en a parlé cet après-midi - elle
attendait ces amendements, pensant qu'ils seraient suffisants pour se former un
jugement et dire à la ministre que cela pourrait être convenable
de voter pour ce projet de loi. Mais non, ce n'était pas suffisant, les
amendements qui sont arrivés inopinément, dans le firmament, a un
moment où ce n'était pas important de les présenter au
Parlement.
On dit aussi que le climat actuel rend impossible toute discussion
sereine. Il n'y a pas que nous qui disions qu'actuellement il est impossible de
faire toute discussion sereine. C'est présenté en fin de session
par un gouvernement qui l'a fait par obstination, qui le présente, a ce
moment-ci, sans aucune raison et que, nous, de l'Opposition, nous devons,
à cause de responsabilités, repousser parce que les gens dans le
champ ne nous le pardonneraient jamais. Jamais les gens dans le champ ne nous
pardonneraient de laisser passer un te! projet sans maugréer et sans mot
dire. Nous le faisons avec toutes nos
CAS-B97 convictions.
On dit ici: "Le climat se dégrade. Quant au projet de loi 142, a
déclaré M. Daoust, les intentions gouvernementales sont encore
plus mystérieuses." On a parlé, avant, du projet de loi 140; je
vous fais grâce des commentaires qui ne sont pas plus élogieux que
ceux-là. On dit: "Dans le projet de loi 142, les intentions
gouvernementales sont encore plus mystérieuses." Cela me rappelle
certains qualificatifs que j'avais employés; "mystérieuses", je
ne l'avais pas utilisé, mais je vais le garder pour beaucoup de vos
projets de loi qui nous arrivent ces temps-ci. "Mystérieux", c'est une
très belle épithète. Je disais "marécageux",
"ombrageux", "boueux", mais, là, on trouve "mystérieux"; cela
veut dire qui cache quelque chose, "ténébreux".
Quel problème ce projet de loi est-il censé
résoudre? La FTQ, par l'intermédiaire de son secrétaire M.
Daoust, demande au gouvernement quel problème ce projet vient
résoudre. Que vient-il résoudre? J'ai même entendu la
vice-première ministre, qui parlait des deux projets en même
temps, dire qu'en fait le service va bien, mais c'est au cas où il
arriverait un autre gouvernement qui ne continuerait pas la politique qui
était installée, qu'on a ici depuis dix ans. J'ai entendu dire
cela dans un corridor pendant que quelqu'un tournait les pellicules.
Écoutez, d'abord, vous ne vous faites pas confiance beaucoup.
Vous vous sentez obligés de vous donner une loi pour respecter ce qu'on
a mis en place sans loi, par consensus, par générosité.
Nous, on ne s'est pas obligé par loi à donner aux gens les
services auxquels ils ont droit. La vice-première ministre disait: Au
cas où arriverait un autre gouvernement qui n'en fasse pas autant que ce
qui a été fait depuis les dix dernières années, eh
bien, on adopte une loi. Moi, personnellement, je trouve cela effarant qu'un
gouvernement ne se fasse pas confiance à lui-même. Et qui va vous
remplacer? Cela va certainement être nous, à moins que vous
inventiez un autre Parti libéral. Impossible. C'est nous qui avons
passé les dix dernières années au pouvoir et c'est nous
qui avons amené les meilleurs services, de façon tangible, aux
anglophones, aux allophones; j'ai des statistiques pour le prouver, et vous le
savez d'ailleurs.
On a été très généreux et on l'est
toujours. On l'est comme on l'a toujours été. On l'est, disent
certains historiens, trop. L'histoire joue des tours au peuple francophone
québécois à cause de sa trop grande
générosité. C'est presque une
générosité qui le conduit tranquillement à une
sorte de défection de sa force sur le continent, qui est
déjà dans son essence et de façon intrinsèque
faible. Vous comprenez exactement ce que je veux dire par cela. Pourquoi les
institutions de santé elles- mêmes ont-elles été
prises par surprise par cette démarche? Pourquoi cet empressement?Pourquoi cette vitesse, cette urgence? II n'y a rien qui urge. Vous en
avez certainement encore pour deux ans. Les gens vont vous endurer encore deux
ans, au minimum, il me semble.
Vous avez le temps de consulter les gens. On avait cette paix sociale
linquistique acquise de façon terriblement difficile, après des
batailles de décennies et de décennies. C'est vrai. Qui a
amené cela? La conjonction de plusieurs gouvernements, et je suis
très heureux que ce ne soit pas seulement nous qui ayons amené
cela. C'est le gouvernement de l'Union Nationale, de la loi 63 après
laquelle on a crié et qui a amené la loi 22 qui n'était
pas bonne non plus. Est arrivée la loi 101. Trois partis de suite en
l'espace de treize ans, ont adopté trois lois majeures qui, les trois
mises ensemble, les mauvais coups de l'une et de l'autre et
l'amélioration qu'on amène toujours à la loi 101, de
façon intelligente et rationnelle, ont amené cette paix sociale
voulue, demandée, acquise au prix de luttes épiques. On s'est
fait mal. Mon Dieu qu'on s'est fait mal! Je me souviens de la manifestation...
J'ai 56 ans, madame, vous savez ce que cela veut dire. Cela veut dire que je
les ai toutes passées. J'ai passé aussi la révolution
tranquille, la syndicalisation et j'ai eu la tête fendue par des
matraques, etc. J'ai passé toutes les batailles, moi, parce que j'ai
travaillé quinze ans... Oui, vous me dites que cela paraît?Non, non, mes cheveux le cachent, madame. Les batailles syndicales, je
les ai toutes faites. J'ai été seize ans dans la construction,
j'ai été seize ans dans l'administration théâtrale;
c'est tout ce que j'ai fait dans ma vie. Là, j'essaie de travailler
comme député. Mais, pendant mes seize ans dans la construction,
j'ai passé toutes les batailles de la syndicalisation et de la
reconnaissance des droits des syndicats et, après cela, je suis
entré dans la révolution tranquille, la répartition des
richesses, la protection des moins bien nantis et le droit pour la
majorité de vivre dans sa langue. Cela n'existait pas avant. Mais cette
bataille, je l'ai faite avec coeur, avec conviction et on a eu des
résultats. Cela a été très long. C'était
après la loi 101. L'extrême majorité de la minorité
au Québec accepte la loi 101 de bonne grâce. On trouve cela
curieux et les milieux sociaux, les milieux patronaux, les milieux syndicaux,
le milieu des affaires sociales ne peuvent pas comprendre comment il se fait
qu'on essaie de retoucher, de façon directe ou indirecte, à cette
loi. C'est cela le problème. Oui, c'est tannant. C'est lourd. C'est
tannant et c'est lourd. Pourquoi est-ce que c'est tannant et que c'est lourd?
Parce que c'est tellement conséquent, surtout que...
Je reviens à ceci. Quant au projet de
loi 142, a déclaré M. Daoust, les intentions
gouvernementales sont encore plus mystérieuses. Quel problème,
Mme la ministre, ce projet de loi est-il censé résoudre? C'est un
point d'interrogation. Quel problème ce projet de loi est-il
censé résoudre? On présente un projet de loi correctif
lorsque des gens sont brimés, lorsqu'il y a une plaie sociale qui coule
quelque part. Dans notre système de santé, il n'y a pas de plaie,
il n'y a pas de mauvais esprit. C'est incompréhensible. On se demande:
Pourquoi cette loi? Pour répondre à une vague promesse
électorale? Eh bien, je comprendrais que, pour répondre à
une promesse électorale... Ce serait la seule à laquelle vous
répondriez, parce que vous en avez promis tellement. Mais
celle-là, j'aimerais cela que vous... Mais vous le faites mal. Ce projet
de loi me fait mal parce que vous faites mal votre projet de loi. Je vous le
dis, je ne vous envoie pas une lettre par la malle. Je vous le dis
directement.
La précipitation du gouvernement faisant suite à des
silences, des contradictions, des volte-face, des esquisses, a
irrémédiablement gâché le climat. Le climat se
dégrade, titre-t-on. Alors, qu'est-ce qui se fait actuellement?
Qu'est-ce qui s'est fait depuis plusieurs années? On est aveugle si on
ne le voit pas. Ceci se fait sans heurter la population, sans faire
éclater les budgets. Vous le savez que c'est difficile,
budgétairement parlant, aux affaires sociales. C'est un budget de plus
de 8 000 000 000 $. C'est de l'argent. La plupart de ces montants sont
récurrents, à part cela. Ils grimpent, et souvent plus vite que
l'inflation.
Eh bien, ce projet de loi nous amène deux choses. Le budget. Je
pense au budget quand je pense à ce projet de loi et cela m'effraie. On
dit toujours: Cela ne viendra pas chercher de l'argent neuf. C'est une mauvaise
expression, mais c'est ce qu'on dit dans notre jargon, de l'argent neuf. Il n'y
a pas d'argent neuf à mettre dans le réseau à cause de ce
projet de loi. C'est incroyable. C'est impensable. Administrativement parlant,
c'est impensable d'énoncer un tel principe parce que, si on donne des
soins différents et qu'on en donne plus, cela va certainement
coûter plus cher ou on va enlever des soins à quelqu'un d'autre
pour faire la compensation budgétaire. Voyons! Avec un budget où
les coupures sont "rois", où vous êtes la reine du couperet,
comment pourrait-on donner des services supplémentaires en investissant
moins d'argent? Il y a une façon de le faire. C'est de négliger
les services déjà en place en brimant soit les handicapés,
les moins bien nantis, les gens plus éloignés. N'importe qui. Je
ne sais pas, pensez & ce problème juridique. Quelqu'un, à la
rivière Mingan, fait une néphrite. Il demande un
spécialiste dans les soins du rein qui parle anglais. Non, mais c'est
cela. Il a le droit. Vous lui donnez le droit. Imaginez le prixî C'est
inconcevable! (21 h 15)
Nous, ce n'est pas ce que l'on faisait. Ce qui s'est fait au
Québec depuis les dix dernières années, c'est le respect
de toute personne parlant une autre langue que la langue française.
C'est ça que je trouve important. Il n'y a pas que les anglophones qui
sont minoritaires au Québec. Il y a les Grecs qui sont minoritaires au
Québec, que je respecte et qui doivent, dans certaines circonstances et
dans certains coins de l'île, être servis en qrec quand ils sont
malades. On en a des endroits. Ce n'est pas ce projet de loi qui va nous aider,
ce projet de loi ne réglera rien. On sert déjà les
gens.
Écoutez! vous êtes certainement au courant. Ne prenons que
certains CLSC et les services que l'on rend en différentes langues. Il y
a un CLSC - je pense que c'est Parc Extension, je vais le chercher où,
je pense, on sert en onze langues. Au CLSC Côte-Saint-Luc, on parle plus
de douze langues. Pensez que le Parti québécois étant au
pouvoir a fait installer les réseaux de CLSC, que vous avez
coupés, que vous ne complétez pas, d'ailleurs, où on parle
douze langues pour servir les gens de Côte-Saint-Luc et pour
répondre aux associations du quartier et servir les gens dans leur
langue. Douze! C'est tout de même valable, c'est tout de même un
beau fleuron au gouvernement qui vous a précédés. C'est
certes une belle façon de voir les services aux gens d'autres langues
que la langue française!
Au CLSC de Saint-Louis du Parc, 30 % du personnel est
néo-québécois - 40 %, si on s'en tient au personnel
affecté aux services et à la clientèle - 30 % de la
clientèle est grecque et est servie en grec. Qu'est-ce que ce projet de
loi vient foutre ici? C'est déjà réalisé, ça
se fait sans heurt, sans bataille. Même si vous regardiez si Maria
Goretti est sur le point de descendre du ciel, ça ne prouve rien, ce
projet de loi n'amène rien. Il ne vient régler aucun
problème.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Terrebonne, en vertu de l'article 211...
M. Blais: Je n'ai pas le droit d'implorer Maria Goretti?
Le Président (M. Joly): ...est-ce qu'on pourrait revenir
à la pertinence du débat, s'il vous plaît?
M. Blais: Excusez-moi. Je voudrais...
Pardon?
Le Président (M. Joly): Si on parle de Maria Goretti, je
ne vois pas ce qu'elle vient faire dans le projet de loi.
M. Blais: Écoutez! Je suis en train de parler du CLSC
Saint-Louis...
Le Président (M. Joly): Elle n'a peut-être pas
compris la question, elle non plus, mais...
M. Blais: Là, il me rappelle à la pertinence et je
n'ai pas dit un mot en dehors.
Le Président (M. Joly): ... l'article 211 dit: "Tout
discours doit porter sur le sujet en discussion." Je vous laisse aller,
ça va bien, mais s'il vous plaît, pour le bénéfice
de tout le monde, M. le député.
M. Blais: D'accord, pour votre bénéfice, mais
j'aimerais que vous portiez plus attention, pour votre intérêt, et
mon bénéfice, je vais le faire moi-même. Je tiens à
vous dire que depuis le tout début, je ne suis pas sorti du sujet
pendant cinq secondes. Je parle du CLSC Saint-Louis. J'ai regardé devant
moi et un député a levé les yeux vers le ciel en disant
que 30 % de la clientèle était grecque. Ce n'est pas en implorant
le ciel qu'on va changer le fait qu'il y a 30 % de Grecs. C'était
pertinent.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Continuez,
M. le député.
M. Blais: Je m'excuse et je retire mes paroles devant Maria.
Réception et téléphonistes: on parle trois langues.
Non, mais si vous me le demandez, M. le Président, je suis obligé
d'obtempérer, hein?
Le Président (M. Joly): Je reconnais votre droit de
parole.
M. Blais: Infirmières, auxiliaires et travailleuses
sociales grecques et portugaises et agents d'accueil de six nationalités
différentes. On n'a pas attendu le projet de loi pour se conformer
à la communauté qui entoure le CLSC parce que c'est
nécessaire, c'est humain, c'est respecter les êtres qui nous
entourent, c'est répondre à la philosophie qui nous a toujours
habitée, nous, au Parti québécois, de respecter les
minoritaires parce que nous savons ce que c'est. Nous sommes minoritaires au
Canada et mon Dieu qu'on nous l'a dit! Depuis que je suis au monde qu'on me dit
que je suis minoritaire. Mais, au Québec, je suis majoritaire et, pour
donner l'exemple aux Canadiens qui, je trouve, à travers le Canada
traitent mal ma minorité, moi, je traite ma minorité au
Québec de façon convenable, décente, intelligente,
respectueuse. Il faut penser à ça!
Pensez-vous que si je vais à Vancouver et que j'attrape une
névrite, je vais me faire soigner par quelqu'un qui parle
français? Quand même ! Pourquoi nous obligeriez-vous à tout
avoir ici en créant, par ce projet de loi, l'ouverture la plus
béante vers un réseau parallèle? C'est incroyable! C'est
d'abord manquer de respect envers la majorité qui est capable, ayant
tout le pouvoir en main, de donner des services à tous ceux qui parlent
une autre langue que la langue française. Et vous ne nous faîtes
pas confiance, vous avez trop peur qu'on revienne au pouvoir vite et qu'on
change ça. C'est nous qui avons instauré les services pour les
communautés. Nous l'avons fait de façon percutante. II y a eu des
embryons au tout début, quelques cocons ici et là qui essayaient
de se développer, mais les chenilles ne sortaient pas souvent. Nous
avons vraiment contribué à l'éclosion de tout un
système de six langues... J'allais dire cylindre! Est-ce cylindre qu'il
faut dire quand on parle six langues? En tout cas! Au CLSC d'Outremont, il y a
une importante communauté juive; au CLSC Centre-ville, deux Chinoises
siègent au conseil d'administration parce qu'il y a une concentration
d'Asiatiques; on l'a compris. Ils sont servis dans leur langue, voyons!
Regardons maintenant le CLSC Montréal-Nord. Le conseil a une
représentation des communautés haïtienne et italienne; c'est
bon. On n'a pas attendu la loi pour ce faire. C'est pour cela que la FTQ dit:
Mme la ministre, les intentions gouvernementales sont encore
mystérieuses. Quel problème ce projet de loi est-il censé
résoudre à part contenter l'égocentrisure de quelques
députés en mal de publicité de l'autre côté?
C'est cela, c'est pour contenter certains députés en mal de
publicité, parce que cela se fait déjà. À
Montréal-Nord, il y a l'élaboration d'une politique
d'accessibilité aux communautés culturelles qui prévoit la
formation du personnel, la création du café multiculturel... Je
parle juste d'un CLSC. C'est anodin, vous allez me dire, mais, mon Dieu, c'est
déjà en place. Le CLSC Saint-Léonard, on le sait. Le CLSC
La petite patrie - vous le connaissez certainement - a un organisateur
communautaire qui parle italien, qui apporte du support technique à un
organisme italien pour la jeunesse. Le personnel reflète la composition
culturelle de tout le territoire. Sur quatre postes de cadres, il y a des
Anglais et des Français; c'est normal parce qu'il y a des gens qui
parlent anglais dans ce coin-là. Parmi le personnel, il y a cinq
anglophones, six francophones à l'accueil; un commis sénior parle
espagnol. Parmi les médecins, deux médecins anglais, un espagnol,
un de langue et de culture espagnoles, et, sur sept infirmières, quatre
sont de culture anglaise.
On n'a pas attendu la loi pour poser des gestes respectueux envers les
allophones du Québec, dont les Anglais font partie -
cela dépend de quelle façon on regarde cela - toutes les
minorités du Québec. Votre minorité, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, qui est anglaise au
Québec, est bien servie par nos systèmes. Vous êtes une
minorité choyée, très choyée, M. le
Président. Pas vous mais le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Le personnel scolaire, cinq infirmières, une
Anglaise, une Espagnole, une Allemande - on n'a pas attendu la loi pour ce
faire - deux hygiénistes dentaires, deux Anglaises. On en a même
pour les sourds-muets. Écoutez, on respecte toutes les expressions,
fussent-elles gesticulaires.
Des voix: Ha! ha! ha!
Le Président (M. Joly): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Blais: Même les sourds-muets. Je n'ai pas dit un
sourd-muet anglophone. Oui, c'est possible, un sourd-muet francophone; on lui
parie en anglais, les signes... J'ai même un doigt pour faire les
virgules, M. le Président. C'est tout de même un respect. On a
même au CLSC La petite patrie quelqu'un qui connaît le braille et,
pour les sourds-muets, quelqu'un qui est capable de parler avec les mains, le
langage gestuel qu'on appelle en termes médicaux - pas la
gibbosité thoracique - gestuel. Ceux qui ne peuvent pas se servir de
leur oesophage, de leur langue, de leur souffle qu'ils ont dans leurs poumons
et leur gibbosité thoracique, eux sont ce qu'on appelle des muets.
Parfois, je me demande si, de l'autre côté, on ne souffre pas de
cette maladie qui demande de n'avoir des rapports que par le geste.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
M. Blais: Ne me dites pas que je ne suis pas pertinent.
Personnel de maintien à domicile. Qu'y a-t-il de plus important
pour les gens qui sont à domicile, qui sont malades, les personnes
âgées? J'entendais le député de Laurier dire que sa
mère, qui est ici depuis trente ans, parle à peine anglais. Elle
est arrivée il y a trente ans, elle avait un certain âge, quand
même, et c'est difficile pour une personne d'un certain âge
d'apprendre une autre langue. Je ne la blâme pas, mais on envoie des gens
chez elle qui parlent grec pour la soigner. Que voulez-vous amener de plus par
cette loi? Qu'ils aillent lui chanter la "belle rose" en espagnol?
On n'a pas attendu cette loi pour donner des services aux allophones.
C'est pourquoi je suis fier de ce qu'on a fait. Je ne suis pas orgueilleux, je
suis fier. Je suis un homme fier. Je suis fier du respect, du
dévouement, du travail, des réalisations des dernières
années. On n'a pas eu besoin de s'imposer à soi... Vous vous
donnez une loi parce que vous êtes divisés et que vous avez peur
de ne pas respecter ce que nous avons implanté au cours des dix
dernières années. Vous vous protégez entre vous, vous ne
protégez pas la population qui est devant vous. Je trouve cela
complètement inacceptable. Personnellement, jusqu'à la lie je
boirai la coupe de l'Opposition sur ce projet de loi et jusqu'à mon
dernier souffle je défendrai toutes les minorités du
Québec que je respecte, parce qu'elles méritent le respect. Elles
ont le droit d'être respectées et ce n'est pas un privilège
d'être respecté, c'est un droit humain, naturel, qui
découle du seul fait d'exister comme être humain. J'aimerais
beaucoup que les autres provinces pensent ce que la majorité ici pense
des minorités. Vous auriez de bonnes leçons à donner
à ceux qui sont majoritaires ailleurs qu'au Québec, en leur
disant: Si vous traitiez les francophones chez vous comme les anglophones et
les allophones sont traités au Québec, que ce pays serait
beau!
En conclusion, ce pays n'étant pas beau, j'espère que je
m'en ferai un beau bientôt, qui s'appellera le Québec. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Terrebonne. Je reconnais maintenant le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Je voulais parler brièvement à nos
collègues d'en face de cette question du réseau parallèle.
Ils prétendent l'un après l'autre qu'on risque de créer un
réseau parallèle avec le projet de loi. L'argument est que les
services sont déjà donnés partout et qu'on n'a pas besoin
du projet de loi parce qu'il risque de créer ce réseau
parallèle. Je ne sais pas s'il y en a quelques-uns qui ont lu le projet
de loi. Si vous le lisez, vous verrez qu'il y a deux aspects.
Premièrement, on propose que le conseil régional élabore,
pour les bénéficiaires d'expression anglaise, un programme
d'accessibilité en collaboration avec des établissements,
probablement les établissements qui existent déjà. Est-ce
que c'est clair? II propose que les établissements existants, qui sont
très majoritairement francophones, desservant une population très
majoritairement francophone, donnent les services à la population
anglophone dans les régions. Il n'est aucunement fait mention d'un
réseau parallèle, on parle spécifiquement des
bénéficiaires et des établissements existants.
Dans un deuxième temps, à l'article 173, on propose qu'il
y ait un mandat spécial à ce groupe de 87 organismes qui sont
déjà reconnus en vertu de l'article 113f qui crée un
réseau parallèle. Le réseau parallèle, ce
sont ces 87 organismes qui ont maintenant le droit de dispenser les
services en anglais parce que leur clientèle est majoritairement
anglophone. Pour le moment, les autres n'ont pas cette obligation de
fonctionner en anglais, mais, si vous croyez qu'il est question d'un
réseau parallèle, je pense qu'il faut, en toute logique, accepter
le fait que ce réseau parallèle existe déjà de par
l'article 113f de la Charte de la langue française; c'est là.
Essentiellement, ce sont des institutions qui ont été
créées depuis longtemps par les anglophones et qui continuent
d'avoir le droit de servir la clientèle en anglais. (21 h 30)
Donc, je trouve extrêmement difficile de comprendre comment vous
pouvez dire qu'il y a quelque chose qui change dans le domaine des
réseaux parallèles. Il y a une partie qui parle des
établissements existants partout au Québec, qu'ils soient
francophones ou anglophones, qui doivent développer des programmes
d'accessibilité aux anglophones. On ne parle pas d'un seul nouvel
établissement dans cet article.
Dans le deuxième article, on parle d'un réseau
d'institutions anglophones qui existent déjà. Donc, si vous
faites référence à l'article 173, le réseau
parallèle existe déjà; si vous faites
référence à l'article 181°, le réseau
parallèle n'est même pas proposé ou suggéré.
Comment pouvez-vous honnêtement, sérieusement, prétendre
qu'il y a dans ce projet de loi quelque chose qui va changer sur le plan
structurel? On propose de donner des services à un certain groupe de
citoyens, et c'est leur droit. Je le dis parce que le député de
Terrebonne, entre autres, a insisté pour dire que les Anglais - ce n'est
pas la première fois qu'on l'entend - sont très choyés. M.
le député de Laviolette a dit, ce matin, qu'ils sont tous riches.
Je veux que vous compreniez, premièrement, que la grande majorité
des anglophones, comme la grande majorité des francophones, ne sont pas
riches. Si vous regardez les tranches de revenus de la population qui sont
au-dessus de 50 000 $, 40 000 $, 30 000 $, 20 000 $, vous allez voir que les
pourcentages, du côté anglophone et francophone, sont maintenant
à peu près pareils. Il y a très peu de différence
entre les deux. Il y a quelques différences par région. La seule
différence qui existe aujourd'hui, c'est que les allophones ont des
revenus moyens plus bas que les francophones et les anglophones.
Il y a, à Montréal, 75 000 personnes d'expression anglaise
qui vivent au-dessous du seuil de la pauvreté, ce sont des pauvres; 75
000, c'est assez pour former une assez grande ville au Québec. Ce sont
des personnes pauvres sans aucun pouvoir économique, politique et
social. J'en ai dans mon comté, je pourrais vous montrer des quartiers
dans Notre-Dame-de-Grâce qui sont peuplés presque exclusivement de
personnes qui reçoivent de l'aide sociale. Il y a d'autres quartiers
à Montréal, que vous connaissez probablement si vous habitez
là, et ces personnes ont besoin de structures autant que les pauvres de
n'importe quelle autre langue, dont le français. On propose, tout
simplement, d'établir comme droit l'obligation...
M. Blais: M. le Président, la pertinence, s'il vous
plaît!
Le Président (M. Joly): En vertu de quel article, M. le
député?
M. Blais: La pertinence, le même que vous me rappeliez,
l'article 211. Je voudrais parler, s'il vous plaît! J'ai dit le mot
"Maria Goretti" c'est tout ce qu'il y avait - et c'était un
hôpital, à part cela - et vous m'avez ramené à la
pertinence. Cela fait cinq minutes qu'il parle de la pauvreté chez les
allophones, ce n'est pas pertinent. Alors, j'aimerais que vous disiez la
même chose au parti de l'autre côté qu'à
moi-même.
Le Président (M. Joly): Pour votre information, ce n'est
pas "Maria Goretti", c'est "Santa Cabrini"...
M. Rochefort: Question de rèqlement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Voici. En vertu de la
pertinence...
M. Rochefort: M, le Président, je ne voulais pas vous
référer au bottin du réseau, mais il y a tes deux.
Le Président (M. Joly): Vraiment? D'accord, merci. En
vertu du rèqlement, je pense que le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
M. Blais: Vous êtes impertinent, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Il n'a pas le droit de vous traiter ainsi.
M. Blais: Qu'est-ce que j'ai dit?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit que le président
était impertinent.
M. Blais: II a été impertinent.
M. Sirros: Retirez vos paroles. M. le Président, il faut
qu'il retire ses paroles.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse. Si vous ne respectez
plus la présidence, vous ne respectez plus rien. Alors, je vous
demanderais, s'il vous plaît, de retirer vos
paroles.
M. Blais: Ms foi du bon Dieu, il l'a pris pour de vrai! Je retire
tout ce que vous voudrez, je suis même prêt à me retirer de
mon siège, de la manière que vous faites cela.
Le Président (M. Joly): Je ne vous en demande pas tant,
là.
M. Sirros: J'accepte, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Je vous le demande simplement pour
la bonne conduite de l'Assemblée, ce soir. Je reconnais le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Blais: M. le Président, question de règlement.
Demandez-lui au moins d'être pertinent!
Le Président (M. Joly): Je demanderais au
député de Notre-Dame-de-Grâce de continuer.
Mme Lavoie-Roux: N'ayez pas peur.
Le Président (M. Joly): Non, je n'ai aucunement peur, Mme
la ministre.
M, Scowen: J'ai beaucoup de respect pour le député
de Terrebonne et je propose qu'il sorte les galées de son dernier
discours et qu'il regarde tous les sujets qu'il a abordés pendant une
demi-heure. Il va voir qu'il a parlé de beaucoup de choses qui ne
touchaient pas directement à la motion, beaucoup.
M. Blais: Que de cela.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, si vous voulez continuer, s'il vous plaît!
M. Scowen: Écoutez, j'achève, je le
répète. Je voulais simplement demander aux députés
de l'Opposition, s'ils ont lu le projet de loi, de m'expliquer comment ils
peuvent prétendre qu'il y a dans ce projet de loi la naissance d'un
réseau parallèle. Je répète: Si vous parlez du
réseau des institutions anglophones établi en vertu de l'article
113f de la Charte de la langue française, le réseau existe
déjà. On ne propose pas d'ajouter une seule institution è
cette liste, ce réseau existe. Si c'est le réseau
parallèle dont vous parlez, c'est là, c'est confirmé,
c'est établi par une loi du Québec, la Charte de la langue
française. Si vous parlez des services qui seront donnés en vertu
de l'article 18, on parle des services qui seront donnés par...
Excusez-moi! Le député de
Terrebonne a parlé longuement de la question du réseau
parallèle...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Il y a une question de
règlement. Je voudrais écouter le député de Gouin.
En vertu de quel règlement, M. le député de Gouin?
M. Rochefort: M. le Président, en vertu du
règlement quant à l'ordre de nos travaux. Contrairement à
ce que pense le député de Notre-Dame-de-Grâce, ce n'est pas
pour l'empêcher de parler, c'est pour que vous demandiez à tous
ceux et è toutes celles qui sont autour de nous d'aller faire leur
caucus ailleurs pour nous permettre d'entendre pleinement, dans la
quiétude et dans la "paisibilité"...
M. Blais: De goûter...
Une voix: "Paisibilité", cela ne se dit pas; c'est: "dans
la paix".
M. Rochefort: ...l'intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Gouin. À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
M. Scowen: C'est très rassurant d'être
protéqé par autant de personnes ici. Je vous remercie tous,
M. Rochefort: Vous voyez, c'est cela la tolérance.
M. Scowen: Je termine en vous demandant, parce que c'est devenu
un élément clé de votre argument: De quelle façon,
sérieusement, pouvez-vous prétendre que l'un ou l'autre des deux
articles de ce projet de loi qui touche les services qui seront donnés
crée un réseau parallèle? Dans un cas, le réseau
est déjà là en vertu de la Charte de la langue
française. Il est déjà là avec 87 institutions
reconnues en vertu de l'article 113f, et, dans l'autre, je vais le citer pour
la dernière fois: Le programme sera établi en collaboration avec
les établissements. Ils existent, les établissements. Ils
existent en Gaspésie, sur la Côte-Nord...
En terminant, il y a un seul point que je voudrais souligner à
chacun des députés de l'Opposition, En fin de semaine, vous avez
certainement des activités dans vos comtés, tout le monde.
J'aimerais que vous alliez parler brièvement avec les citoyens de langue
anglaise que vous représentez dans vos comtés, avec les
anglophones de votre comté. Vous en avez. Discutez des problèmes
dans le domaine de la santé et des services
sociaux dans votre comté. Faites-le un peu en profondeur.
Demandez-leur s'ils sont en faveur du projet de loi dont les objectifs sont
énumérés ici. Posez la question aux citoyens que vous
représentez, autant que vous représentez les francophones de
votre comté. Demandez-leur s'ils ont une attitude positive envers ce
projet de loi et revenez la semaine prochaine. S'ils disent qu'ils n'ont pas
besoin de ce projet de loi, dites-le, citez les personnes. Vous pourrez
même écrire un article dans le journal du quartier en disant aux
citoyens anglophones de votre comté que vous avez décidé
qu'ils n'en ont pas besoin. J'aimerais beaucoup entendre la réaction.
Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
Une voix: ...
M. Rochefort: J'avais demandé la parole avant vous.
Le Président (M. Joly): Je reconnais M. le
député de Gouin.
M, Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce nous a demandé, a souhaité, à la
fin de son intervention, nous entendre sur le sujet qu'il venait de soulever.
Je vais effectivement aborder la question qu'il soulève.
M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce nous dit: Comment faites-vous pour prétendre
que le projet de loi 142, tel que déposé, nous mènera
à la création d'un réseau parallèle d'institutions
et d'établissements de santé et de services sociaux au
Québec pour les anglophones, exactement comme ce que l'on a...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, une question de
règlement.
M. Rochefort: Qu'est-ce que j'ai fait?
Le Président (M. Joly): Excusez-moi, M. le
député de Gouin. Oui, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je pensais que l'on parlait sur le
sous-amendement, à savoir d'inviter la FTQ,
M. Rochefort: Ah! M. le Président, le député
de Notre-Dame-de-Grâce a fait une intervention...
M. Filion: Question de règlement.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
M. Rochefort: ...de dix minutes et, moi, je ne peux pas dire une
phrase complète sur ce sujet.
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: Quelle intolérance! M. Filion: Sur la
question...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Gouin, s'il vous plaît!
M. Filion: Question de règlement.
M. Blais: Question de règlement. Directive.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député!
M. Jolivet: Des enfants!
M. Rochefort: Notre temps ne compte pas, n'est-ce pas?
Le Président (M, Joly): Non, c'est
arrêté.
M. Filion: Question de règlement sur l'intervention de Mme
la ministre.
M. Blais: Faites sonner les cloches, on va les prendre un
à la fois.
M. Filion: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
vient tout juste...
Le Président (M. Joly): En fait, vous invoquez...
M. Filion: Laissez-moi...
Le Président (M. Joly): ...quel règlement
actuellement, M. le député?
M. Filion: Le nôtre.
Le Président (M. Joly): Ils ne le savent pas. S'il vous
plaît, si vous voulez, on va revenir au débat. Vous avez une
question de règlement, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Je suis de l'opinion que, si vous m'avez donné
le droit de parler et de poser des questions, cela ne veut pas
nécessairement dire que vous devez donner le droit aux gens de l'autre
côté de répondre.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse! Pour la bonne marche
du débat, je pense que l'on a été tolérant pour les
deux côtés. Je pense que tout le monde a débordé du
sous-
amendement. S'il vous plaît, on va permettre au
député de Gouin de continuer!
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): En vertu de quel article du
règlement, M. le député de Laurier?
M. Sirros: La même question de règlement que le
député de Gouin a soulevée.
Le Président (M. Joly): L'article 211: "Tout le discours
doit porter sur le sujet en discussion." C'est cela?
M. Sirros: En écoutant le député de
Notre-Dame-de-Grâce, tout au long de son discours, j'avais l'impression
qu'il expliquait les raisons pour lesquelles il ne trouvait pas
nécessaire que l'on vote sur la motion qui est présentée,
étant donné que les personnes que l'Opposition suggère
d'inviter n'avaient pas vu et compris ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce expliquait et qui était contenu dans le projet
de loi. C'était son argumentation que réfutait la motion que nous
avons devant nous. Si le député de Gouin veut répondre au
député de Notre-Dame-de-Grâce, même si le
député de Notre-Dame-de-Grâce l'a invité à le
faire, cela ne veut pas dire pour autant que, moi, en tant que membre de la
commission, je dois être...
Le Président (M. Joly): Non, écoutez. S'il vous
plaît, M. le député de Laurier.
M, Sirros: II peut le faire è l'extérieur. Je ne
suis pas obligé d'écouter la réponse comme telle, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci. Si vous le voulez,
pour la bonne entente, je vais relire ce sur quoi on travaille: "Que la motion
d'amendement soit modifiée en ajoutant, à la fin, les termes "la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec".
Je reconnais le député de Gouin, s'il vous plaît!
M. Rochefort: M. le Président, on s'entend bien pour que
mon temps de parole commence à partir de maintenant?
Le Président (M. Joly): Vous aviez déjà
commencé votre intervention qui a peut-être duré...
M. Rochefort: M. le Président, je n'ai pas prononcé
une seule phrase...
Le Président (M. Joly): Vous aviez pris 45 secondes, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...complète.
Le Président (M. Joly): II vous reste 45 secondes de
moins.
M. Rochefort: M. le Président, quel triste personnage que
le député de Notre-Dame-de-Grâce! Il trouve le moyen de
faire une intervention de dix minutes, au cours de laquelle il développe
son raisonnement à partir de la prémisse suivante: les
députés de l'Opposition affirment que le projet de toi 142 nous
mènera à la création d'un réseau parallèle
et je veux, disait-il, utiliser les dix minutes qui sont è ma
disposition pour leur dire en quoi je ne vois pas cela comme eux et pour leur
faire un appel pour qu'ils viennent me montrer où ils voient cela dans
le projet de loi 142.
Je prononce le début d'une phrase pour lui donner la
réponse et il nous dit, dans la question de règlement, qu'il
a...
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député, pourriez-vous vous adresser à la
présidence?
M. Rochefort: Bien oui, je dis: M. le Président, il nous
dit...
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Rochefort: Je ne dis pas "tu me dis", je dis "il nous a dit";
donc, ce n'est pas à lui que je m'adresse.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le
député,
M. Rochefort: II nous dit, dans une question de règlement:
Ce n'est pas parce que j'ai abordé cela que vous pouvez permettre au
député de Gouin de l'arborder et d'enfreindre le
règlement. Quel triste personnaqe! On en a eu un exemple hier soir avec
sa motion visant à défaire...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Gouin, il y a une question de règlement. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Premièrement, il me cite mal, pour commencer,
M. le Président. Deuxièmement, je pense que l'expression...
M. Rochefort: M. le Président, en vertu de l'article 212,
ce sera après mon discours qu'il pourra corriger les propos que je
tiens.
Le Président (M. Joly): Je suis d'accord avec ce que vous
venez de mentionner en vertu du règlement, M. le député.
(21 h 45)
M. Rochefort: Donc, je poursuis, M. le Président, en
disant que le député de Notre-Dame-de-Grâce, hier, nous a
donné toute sa
pleine mesure. Alors qu'il souhaite depuis un an... C'est à peu
près le seul dossier sur lequel il a consacré des heures, mis
à part le dossier de la déréglementation qu'il a
signé, dans ce cas-là. C'est à peu près le seul
dossier sur lequel il a mis des énergies, le projet de loi 142. Ce n'est
pas pour rien que le projet de loi est mal rédigé, que le projet
de loi est défini par le premier ministre lui-même comme une
passoire, que le projet de loi est arrivé avec précipitation
parce qu'il essayait d'en passer "une vite" au monde du Québec. Et
là, hier, il nous est arrivé avec une motion visant à
reporter toute son affaire au printemps prochain. C'est l'habileté, la
cohérence et la constance du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. le Président, qui est moins bien placé que le
député de Notre-Dame-de-Grâce pour comprendre la
portée réelle du projet de loi 142 qui créera un
réseau parallèle d'institutions de santé et de services
sociaux? C'est lui-même qui veut, non pas garantir dans une loi des
droits et des services qui sont actuellement dispensés à la
minorité anglophone et aux minorités culturelles, c'est lui qui
souhaite depuis longtemps qu'il y ait un réseau parallèle dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Il a fait de
multiples déclarations à l'occasion d'entrevues de presse dans le
sens que ce qu'il veut, c'est un réseau d'institutions et
d'établissements anglophones dans le secteur de la santé et des
services sociaux. Aujourd'hui, il vient nous dire: Où est-ce qu'ils
voient cela, eux autres, ce réseau-là? C'est exactement le but
qu'il poursuit depuis le tout début de l'ouverture de ce dossier, M. le
Président. Il vient nous parler de la pauvreté, pauvreté
du côté francophone ou pauvreté du côté
anglophone, et il amène cela comme un argument justifiant qu'il y ait
des services pour les pauvres! Pour les pauvres! M. le Président, est-il
en train de nous proposer la fin de l'universalité du réseau de
la santé et des services sociaux au Québec? Est-il en train de
nous dire qu'on va avoir un réseau pour les riches et un réseau
pour les pauvres, un réseau pour les francophones, un réseau pour
les allophones et un réseau pour les anglophones? Les services de
santé et les services sociaux - dois-je le lui rappeler -existent pour
tous les Québécois, quelle que soit leur condition
socio-économique, et c'est ce que nous voulons qui soit maintenu. Alors,
qu'il ne vienne pas me parler de pauvreté d'un côté ou de
pauvreté de l'autre!
D'autre part, M. le Président, ce réseau parallèle,
la ministre elle-même l'a abordé, le député
lui-même l'a abordé et l'a souhaité. Quand ils nous disent
qu'ils souhaitent que le Centre de services sociaux Ville-Marie dispense des
services è tous les anglophones de l'île de Montréal alors
que le CSS du Montréal métropolitain se verrait confier la
mission de donner des services aux francophones de l'est de Montréal,
n'est-ce pas cela un réseau parallèle de services de santé
et de services sociaux? Le député de Notre-Dame-de-Grâce
nous dit que non, mais cela relève de la même cohérence qui
faisait qu'il nous disait: Je tiens au projet de loi, je veux qu'il soit
adopté tout de suite et, en même temps, je propose qu'il soit
étudié au printemps. C'est sa même belle cohérence,
toujours!
Le député de Notre-Dame-de-Grâce nous dit:
J'espère qu'en fin de semaine vous irez rencontrer les anglophones de
vos comtés pour aller discuter avec eux et les sensibiliser au projet de
loi 142. D'abord, je dirai au député de Notre-Dame-de-Grâce
que, oui, nous avons des contacts étroits aussi avec les citoyens de la
minorité de nos comtés et que jamais, jusqu'à ce jour, le
député de Gouin n'a été rencontré par
quelque citoyen que ce soit de son comté pour souhaiter de tels services
parce que les citoyens reçoivent les services et qu'ils en sont
satisfaits.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce vient nous dire
qu'il faudrait que nous allions rencontrer des citoyens pour essayer de voir
avec eux ce qu'ils en pensent et, en même temps, il refuse le droit
à toutes les associations du réseau de la santé et des
services sociaux de venir participer aux travaux de notre commission
parlementaire. En même temps, ce même député de
Notre-Dame-de-Grâce n'a absolument pas le respect des francophones de sa
propre circonscription électorale qui ont des problèmes
d'accessibilité à des services de santé et à des
services sociaux dans leur langue dans les établissements du West Island
de Montréal. Jamais il n'a ouvert la bouche pour favoriser
l'accessibilité à des services de santé et à des
services sociaux aux francophones de sa propre circonscription
électorale!
M. Scowen: West Island?
M. Rochefort: Jamais le député de
Notre-Dame-de-Grâce n'a eu la décence d'aborder ces questions dans
son discours. Cela est, encore une fois, la grande cohérence, la grande
équité du député de Notre-Dame-de-Grâce. Il
est incapable d'avoir une petite sensibilité à des
problèmes réels, reconnus par tous, qu'ont bon nombre de
francophones de l'Ouest de Montréal pour avoir accès à des
services de santé et à des services sociaux dans leur propre
langue, la langue de la majorité au Québec. En même temps,
il nous dit: Vous autres, les petits députés de l'Est de
Montréal, du PQ, ne pourriez-vous pas aller rencontrer vos anglophones
pour être sûrs qu'ils n'ont pas de problèmes, pour les
sensibiliser à notre projet de loi passoire, à notre projet de
loi
improvisé, à notre projet de loi fait dans la
précipitation? M. le Président, que le député de
Notre-Dame-de-Grâce commence donc par assumer pleinement son rôle
de député et de membre de l'Assemblée nationale du
Québec avant d'expliquer aux autres députés comment ils
devraient assumer leurs responsabilités.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce dit que nous
étions pour exploiter des êtres humains - oui, il a dit cela avant
le souper, je l'ai noté - en refusant notre consentement à
l'adoption du projet de loi 142. Est-ce qu'il n'est pas conscient qu'avec les
dispositions du projet de loi 142, il met en danger les services aux
Québécois de la minorité culturelle et ethnique qui
reçoivent des services dans leur langue maternelle, qui n'est ni le
français ni l'anglais? Est-ce qu'il est conscient qu'il est en train de
mettre en danger l'équilibre du réseau de la santé et des
services sociaux, qu'il est en train de remettre en question les
équilibres qui nous ont permis, jusqu'à ce jour, de donner des
services à l'ensemble des Québécois et des
Québécoises, quelle que soit leur langue d'origine, quelle que
soit leur culture? Le député de Notre-Dame-de-Grêce, encore
une fois, est en train de nous parler de choses dont il n'est pas question dans
le projet de loi. En même temps, il est en train de nous faire une belle
démonstration de la méconnaissance totale qu'il a du contenu du
projet de loi. Il nous disait au cours de son intervention: J'espère que
les députés du Parti québécois ont lu le projet de
loi. De toute évidence, ou il ne l'a pas lu, ou il ne l'a pas compris,
ou il ne veut pas nous dire ce qu'il y a vu.
Le Président (M. Joly): En conclusion, M. le
député.
M. Rochefort: Je lui laisse le choix des trois
possibilités, M. le Président, la sienne sera la nôtre.
M. Scowen: Question de règlement. Je veux
simplement...
Le Président (M. Joly): En vertu de l'article 213, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Oui. C'est la première fois de ma vie que
j'entends quelqu'un prétendre que le quartier de Montréal que
l'on appelle Notre-Dame-de-Grâce...
M. Rochefort: L'article 213, c'est de permettre une question.
M. Scowen: ...où a été élevé
le chef de l'Opposition, M. Pierre Marc Johnson...
Le Président (M. Joly): Est-ce que vous posez...
M. Rochefort: M. le Président, une question de
règlement à l'article 213...
M. Scowen: ...fait partie du West Island.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Excusez-moi ! S'il vous
plaît, pour le bon ordre!
M. Rochefort: ...l'article 213, c'est pour poser une
question.
M. Scowen: Quand vous parlez de méconnaissance...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous plaît!
M. Rochefort: II ne pose pas une question.
M. Scowen: ...Notre-Dame-de-Grâce, dans le West Island!
M. Rochefort: Le député de
Notre-Dame-de-Grâce enfreint le règlement.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse! L'article 213 de
notre règlement dit: "Tout député peut demander la
permission de poser une question." Ce n'est pas de faire ries commentaires, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce. Si vous avez une question
à poser au député qui vient de terminer son intervention,
je vous le permets.
M. Scowen: Je vais poser une colle. Est-ce que le
député de Gouin croit vraiment que le quartier de Montréal
que l'on appelle Notre-Dame-de-Grâce, où a été
élevé son chef, M. Pierre Marc Johnson, fait partie du West
Island de Montréal?
M. Rochefort: M. le Président, dans un premier temps, je
voudrais rappeler au député de Notre-Dame-de-Grâce qui,
encore une fois, est mal informé de ce qui se passe au Québec,
que le député d'Anjou, chef de l'Opposition, n'a pas
été élevé à Notre-Dame-de-Grâce, mais
à Saint-Pie de Bagot et dans la région entourant Saint-Pie de
Bagot. M. le Président, je ne sais pas où le député
est allé chercher cela. Je sais que le député d'Anjou a
déjà vécu à Notre-Dame-de-Grâce, mais il a
été élevé dans la région de Bagot et il en
est fier. C'est là que sont ses racines.
Le Président (M. Joly): Parfait! Merci, M. le
député de Gouin. Y a-t-il des interventions du côté
ministériel?
M. Marcil: Est-ce que l'on pourrait faire la somme du nombre de
questions de règlement que l'on a eues depuis le début?
M. Rochefort: M. le Président, si le député
de Beauharnois souhaite que l'on suspende pour que vous puissiez colliger le
nombre de questions...
M. Marcil: Non. Je veux juste le savoir. C'est devenu un
débat sur des questions de règlement.
M. Filion: Est-ce que c'est une question de règlement?
Une voix: Non, c'est une question d'information.
M. Rochefort: Parlez à l'adjoint parlementaire du premier
ministre.
Le Président (M. Joly): Est-ce que l'on peut continuer de
procéder sans que cela n'affecte...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président. Le Président
(M. Joly): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que j'ai le droit de parole?
Le Président (M. Joly): Sûrement, Mme la
ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, très
brièvement. J'ai encore écouté les éclats de voix
du député de Gouin. Il y a une chose qui m'étonne, c'est
que non seulement lui, mais, en tout cas, quelques-uns de ce côté,
certains, avec plus de véhémence que d'autres, protestent avec
énergie que l'on n'a pas besoin d'un tel projet de loi parce que les
anglophones sont bien servis au Québec. Â ce moment-ci, je ne dis
ni oui ni non. Je pense qu'ils ont...
M. Rochefort: Ce serait important de connaître votre point
de vue là-dessus, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Ils ont des services, mais il y en a qui
sont déficients. Il y a des carences à des endroits; c'est ma
réponse, grosso modo. Ce n'est pas cela, le point de mon intervention,
M. le Président. Comment, alors, peuvent-ils nous expliquer que, si tout
est tel qu'ils le disent, qu'il n'y a aucunement besoin de loi, le chef de
l'Opposition ait à plusieurs reprises, non seulement dans ce qu'on
appelle un discours électoral... Disons qu'il s'est laissé
emporté pendant la campagne électorale. Vous savez,
peut-être a-t-il fait une promesse imprudente? Mais comment se fait-il
que, dans les propositions constitutionnelles, quand il est allé...
Enfin, les propositions constitutionnelles du Québec pour toute la
question de l'intégration du Québec à la constitution
canadienne. Il a pris soin d'indiquer qu'on devrait - et c'est dommage, je n'ai
pas le texte à la lettre, mais je pense que tout le monde le
connaît - qu'on devrait assurer au Québec, à
l'intérieur de la charte constitutionnelle - ce n'est pas
là-dessus que je reviens - mais qu'on devrait y intégrer des
droits pour la minorité anglophone à des services de santé
et des services sociaux dans leur langue. C'est quand même le chef de
l'Opposition qui a fait cette proposition et ce n'est pas l'Opposition qui le
lui commandait. Il était, à ce moment-là, ministre de la
Justice et ministre des Affaires canadiennes, si ma mémoire est bonne.
Je pense qu'il avait les deux chapeaux. De lui-même, sans que... Je suis
sûre qu'il ne s'inspirait pas, à ce moment-là, de
l'Opposition, on peut s'en douter. De son propre chef, avec le consentement,
j'imagine, de son gouvernement - il était au gouvernement à ce
moment-là - il est allé faire cette proposition constitutionnelle
d'intégrer, comme des droits fondamentaux, dans une charte
constitutionnelle, le droit pour la minorité anglophone de recevoir ces
services sociaux et de santé en anglais.
M. le Président, il y a vraiment une incohérence dans le
discours et, d'ailleurs, il l'avait déjà... mais, enfin, je ne
veux pas revenir là-dessus. Je veux juste parler...
M. Rochefort: II vous a encore mêlée! M. Blais:
Faites-lui donc plaisir!
M. Rochefort: II a trouvé encore le moyen de la
mêler. Quel succès!
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand j'écoute le
discours des uns et des autres... Quoique cela ait été plus
véhément de la part du député de Gouin et,
évidemment, de la part du député de Terrebonne que
peut-être ce ne l'a été de la part des deux autres. Cela
fait un petit bout de temps qu'ils ont parlé. Ils vont probablement
revenir avec cela ou avec un thème assez voisin. Mais, M. le
Président, le plus sérieusement, vous avez beau nous dire que
nous n'avons aucune logique, que nous sommes absolument incohérents, que
nous voulons condamner les gens qui, déjà, fournissent des
services, que nous remettons en question la bonne volonté des
intervenants du réseau... Voulez-vous m'expliquer cette
incohérence chez vous, cette bataille que vous faîtes alors
que votre propre chef, le chef de l'Opposition officielle, dit, dans les
propositions constitutionnelles, au nom de son gouvernement, et il le reprend
ensuite en campagne électorale... J'imagine que votre chef, en campagne
électorale, devait quand même être relativement
sérieux. Mais, enfin, disons qu'il s'est échappé.
M. Filion: ...
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Lavoie-Roux: Aujourd'hui, on proteste contre une telle mesure
au nom d'une soi-disant logique. M. le Président, je pense que depuis
maintenant au moins dix heures, après en avoir subi...
M. Blais: II est juste dix heures. Cela ne fait pas longtemps, il
est dix heures.
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaîtï En conclusion, Mme la ministre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Après avoir subi le même discours
pendant un bon nombre d'heures è l'Assemblée nationale, il est
évident que, viscéralement, leurs intentions n'ont jamais
été celles que leur gouvernement ou celles qu'eux-mêmes
exprimaient lors de la campagne électorale et on se retrouve en pleine
contradiction entre les discours et la réalité. Quand,
finalement, ils sont poussés au pied du mur, ils disent: Vos bons
principes... Ils nous ont dit qu'ils partageaint nos objectifs. M. le
Président, je me permets de vous dire qu'il m'est extrêmement
difficile de croire qu'ils partagent même les objectifs du gouvernement
actuel.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la ministre.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce une question que la
ministre m'adressait?
Le Président (M. Joly): Non.
Mme Lavoie-Roux: Non, on connaît la réponse. Vous
l'avez donnée souvent.
M. Rochefort: Le courage, le courage!
Le Président (M. Joly): Question de
règlement...
M. Filion: ...passé à travers. Ne partez pas!
Allez-y et revenez.
Le Président (M. Joly): Excusez-moi...
Mme Lavoie-Roux: Je vais revenir.
M. Filion: D'accord, mais revenez parce que je veux vous poser
une question.
Le Président (M. Joly): Je reconnais le
député d'Abitibi-Ouest, et non pas de l'Abitibi-Ouest,
d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Un instant! Je veux qu'elle s'en aille, mais je suis
prêt è céder mon droit de parole au député de
Taillon. Un instant!
M. Filion: Mais, moi, je ne veux pas. (22 heures)
Une voix: C'est sur leur temps.
M. Filion: Elle nous pose une question.
M. Gendron: Du calme! Ce n'est pas sur notre temps.
Le Président (M. Joly): Vous êtes reconnu, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Je n'ai pas commencé à parler. Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux...
M. Filion: Elle nous pose une question.
M. Gendron: ...nous pose une question et nous demande de lui
expliquer cela. Je vais lui dire que moi, dans mon temps de parole, je suis
prêt à lui expliquer cela, mais à condition qu'elle
m'écoute.
Le Président (M. Joly): Vous êtes déjà
enregistré. Elle pourra toujours lire les galées.
M. Gendron: Je suis certain qu'elle ne pourra pas dire qu'on ne
le lui a pas expliqué. J'attends d'avoir une réponse.
Une voix: M. le Président, qui a la parole dans le
moment?
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Abitibi-Ouest a été reconnu. S'il vous plaît!
M. Gendron: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est vous qui voulez me poser une question?
M. Gendron: Non, je ne veux pas poser de question. Vous m'avez
demandé: Y a-t-il quelqu'un qui va nous expliquer l'engagement pris par
M. Johnson? Je suis prêt à tenter de le faire, de vous
l'expliquer, à condition que vous restiez à votre
siège.
Une voix: À tenter.
Une voix: II n'est pas prétentieux.
M. Gendron: Non, je ne suis pas prétentieux.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, est-ce que vous avez
décidé d'échanger des propos comme cela? C'est quoi?
M. Gendron: Non, on a décidé d'exercer notre droit
de parole.
Le Président (M. Joly): Mme la ministre, si vous voulez,
vous avez... D'accord. Je donne la parole à la ministre si elle veut
expliquer... Bien, écoutez, qu'est-ce que vous voulez savoir de la
ministre, M. le député?
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
M. Gendron: Je ne veux rien savoir, je veux expliquer...
Le Président (M. Joly): Vous ne voulez rien savoir, mais
vous voulez lui raconter quelque chose. M. le député
d'Abitibi-Ouest, s'il vous plaît!
M. Gendron: Très sérieusement, M. le
Président, la motion qui est sur la table, c'est d'entendre la FTQ, un
autre groupe qui a manifesté d'une façon très claire son
opposition au projet de loi 142 en demandant son retrait. Mais dans mes dix
minutes de parole, avant de revenir sur la FTQ, je voudrais revenir sur une
chose pour que la ministre ne puisse pas dire qu'on ne lui en a pas
parlé. Quand elle essayait de faire croire, il y a quelques minutes, que
nous, nous aurions changé d'avis entre l'engagement du chef de
l'Opposition et ce qu'elle disait, c'est complètement erroné. Je
pense que, à moins de se mettre de la ouate, et passablement
épais, dans les oreilles, c'était clair quand on a dit que le
Québec n'entendait pas renier ses responsabilités à
l'égard de ses minorités et qu'il continuait à promouvoir
activement leurs droits et à leur donner les moyens nécessaires
pour les exercer, qu'on prenait cet engagement dans le contexte d'une
proposition globale où on parlait de droits collectifs et non de droits
individuels, de ne pas individualiser des droits dans un réseau
parallèle. Cela ne prend pas un gros quotient pour comprendre la
différence entre ce qui est sur la table et l'engagement qu'on
prenait.
Elle dit; Vous êtes d'accord avec nos objectifs. On n'a jamais
été d'accord avec vos objectifs, on ne veut rien savoir de vos
objectifs. On est d'accord avec l'objectif d'offrir à la
communauté anglophone et aux communautés allophones des services
de santé et des services sociaux parce que, je l'ai dit vingt fois,
c'est normal qu'une société qui respecte ses minorités
offre ces services.
L'engagement, M. le Président, était très clair. On
disait: Pour ce qui est de la communauté anglaise, le gouvernement du
Québec est prêt à s'engager, dans ce cadre nouveau,
à inscrire dans ses lois fondamentales... Ses lois fondamentales, il n'y
en a pas 35; on a pris la peine de les spécifier ici: la charte des
droits, la Charte de la langue française ou la constitution du
Québec.
La ministre de la Santé et des Servives sociaux ne fait-elle pas
la différence avec une loi et ce qu'on appelle une loi fondamentale qui
embrasse des droits collectifs et non pas des droits individuels? C'est facile
à comprendre. Elle peut bien revenir et dire: Je ne comprends pas cela,
vous êtes en contradiction, puis je ne vous suis pas, cela n'a pas de bon
sens. C'est que, manifestement, ces gens ont une opinion arrêtée
non pas sur l'engagement pris par le chef de l'Opposition, mais sur la
compréhension qu'ils ont de cet enqagement, qui est tronquée, qui
est falsifiée par rapport, d'une part, au contexte et, d'autre part, au
libellé intégral.
Dans le libellé intégral, je n'ai jamais lu rien d'autre
que ce que je viens de vous lire: Le Québec est prêt à
s'engager, dans ce cadre nouveau, à inscrire dans ses lois
fondamentales, le droit de la minorité anglophone de recevoir dans sa
langue des soins de santé et des services sociaux, ainsi que son droit
à ses propres institutions culturelle et éducatives. Parce
qu'à l'intérieur de la Charte des droits, à
l'intérieur de la charte de la langue française, on parlait
collectivement des droits de la majorité et on disait comment on voulait
également traiter les droits de la minorité anglophone.
Mais je n'en reviens pas qu'une parlementaire de son expérience
et que des parlementaires, à l'exception de quelques-uns qui en ont
moins que d'autres, qui ont un peu d'expérience... Le brillant
député de Jacques-Cartier est sûrement capable de faire la
distinction entre une loi maîtresse, une loi charnière et une loi
spécifique.
Une voix: Pas de Jacques-Cartier. M. Filion: C'est un
lapsus.
M. Gendron: Cela a été l'engagement du chef de
l'Opposition. Cet engagement a été véhiculé
partout. On ne le retire pas, on
ne le renie pas et on est capables de vivre avec, et en forme, à
part cela! Cela ne nous dérange pas du tout. C'est tellement vrai que
l'engagement ne nous dérange pas que, premièrement, on l'a fait;
deuxièmement, avant de le faire, nous avions, quand même, ce que
j'appelle un passé, un passé d'action qui corroborait notre
volonté de traduire cela par voie législative. Je l'ai dit
tantôt et c'est pour cela que j'aimerais que des gens viennent vous dire
que vous êtes dans les patates, que vous n'êtes pas toujours assis
sur votre vérité intrinsèque. Si vous permettiez que ces
gens viennent, c'est ce qu'ils vous diraient. Ils comprennent cela, ceux qui
nous appuient et tous les intervenants qui disent que le projet de toi 142 n'a
pas de bon sens. Il est mal fait, plein de trous, il ne répond pas du
tout à un besoin actuel puisque, de toute façon, dans les faits,
cela se fait. Ils seraient bien mieux de donner les crédits
budgétaires requis pour offrir des services plus accessibles, plus
réels, plus vrais que d'avoir une loi comme celle-là à un
moment inopportun, mal faite et qui laisse énormément
d'inquiétudes. On n'est pas capables de tomber sur un journal... Je vous
défie de tomber sur un journal des quatre ou cinq derniers mois
où il n'y a pas, soit une opinion du lecteur, soit un bout de papier
toujours sur l'affaiblissement du fait français. Je prends celui
d'aujourd'hui: "L'anglicisation: prix de la prospérité". Ce n'est
pas moi qui ai écrit cela, ce n'est pas le PQ qui a écrit cela.
Comment cela se fait-il que l'on parle tant de cela? On ouvre la page à
l'opinion du lecteur: "Minorité privilégiée".
M. Leclerc: Ce sont vos "chums" qui ont écrit cela.
M. Jolivet: Voyons, les biscuits!
M. Gendron: Nos "chums"! On en a en "sacrémonde" ces
temps-ci, on en a en "étoile", des "chums", ces temps-ci.
"Minorité privilégiée". Quel consensus! Une foule
d'organismes, de Québécois et de Québécoises sont
en train de se lever pour demander au gouvernement Bourassa de ne pas toucher
à la loi 101. Son argument, c'est que la liste s'allonge. Il y a un an,
parlait-on d'une liste de ceux qui défient la loi qui s'allonge? Bien
non!
Je suis convaincu que, si on pouvait entendre la FTQ, c'est ce qu'elle
vous dirait. La Fédération des travailleurs du Québec a,
quand même, des représentants dans toutes les circonscriptions
électorales. Elle a des affiliés, des membres dans toutes les
régions du Québec. Ces gens-là vous diraient:
Écoutez, ce projet de loi 142 n'a pas de bon sens. Quant au projet de
loi 142, M. Daoust déclare: "Les intentions de ce gouvernement non
seulement ne sentent pas bon, mais elles sont mystérieuses. Quels
problèmes ce projet de loi est-il censé résoudre'' a-t-il
demandé. Pourquoi les institutions de santé elles-mêmes,
les dispensateurs de services, ont-elles été prises par
surprise?"
M. Jolivet: Je m'excuse auprès de mon collègue,
mais il y a des bruits incessants venant de ma gauche, à
l'arrière, de gens qui ne sont pas membres de la commission et d'autres
qui sont membres de la commission. Si c'est une commission sérieuse,
d'abord les membres devraient être assis à leur siège et
les gens qui ne sont pas membres de la commission devraient rester...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député...
M. Jolivet: Vous, le député des biscuits,
là!
M. Leclerc: Écoeure-moi pas, O.K.?
Le Président (M. Bélanger): Un instant, s'il vous
plaît!
Une voix: Voulez-vous rappeler à l'ordre le
député de Taschereau?
Le Président (M, Bélanger): Messieurs, s'il vous
plaît! Il y avait des bruits de part et d'autre de la salle, il y avait
des bruits à l'arrière...
Une voix: Cela fait deux fois...
Le Président (M. Bélanger): Messieurs, messieurs!
Nous ne sommes pas dans une salle de billard, nous sommes à
l'Assemblée nationale et je vous prierais de vous comporter de
façon que cela paraisse.
M. Filion: Adressez cela au petit gars de la rue.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taillon, s'il vous plaît! Je pense que cela
suffit. Il y a d'autres façons de se parler et il y a d'autres
façons de faire les choses.
M. Filion: II y a un langage, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II y a un langage, je
suis d'accord, mais quand d'un côté on crie... Je pense qu'il
faudrait regarder comment ont commencé les provocations. S'il vous
plaît! Quand un député entre et en traite un autre de
"biscuit", il allume le feu et qu'il ne vienne pas dire après que le
problème a commencé... Il faut faire attention et voir qui a
jeté le premier pavé dans la mare. Je pense que, de part et
d'autre, il y a... Je
pense qu'on va s'en tenir strictement au débat où nous en
étions rendus et on va revenir à la sérénité
des débats que l'on avait connue depuis le début de la
soirée. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Sur cela, M. le Président, je
suggérerais que l'on suspende pour quelques minutes pour favoriser une
meilleure sérénité par la suite.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Nous
suspendons pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 10)
(Reprise à 22 h 16)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Au moment de reprendre les travaux, je souhaiterais qu'on puisse
éviter ce qui s'est produit tout à l'heure. Je comprends que tout
le monde est un peu fatigué, je comprends que cela fait beaucoup
d'heures et que l'émotivité... Je pense qu'il faudrait
éviter de la manifester ici afin de garder à cette commission le
caractère et la dignité qui lui sont nécessaires pour le
bon accomplissement de ses travaux. Alors, nous sommes, donc, au droit de
parole... M. le député de Gouin, s'il vous plaît!
M. Rochefort: M. le Président, nous souscrivons aux propos
que vous venez de tenir et je veux vous assurer, au nom des membres de ma
formation, que nous allons collaborer pleinement avec la présidence pour
que ces travaux se déroulent dans la sérénité dans
laquelle ils doivent se dérouler. D'autre part, M. le Président,
juste une question d'information pour le bon déroulement des travaux:
Est-ce que vous savez si la ministre de la Santé et des Services sociaux
compte participer à la suite des travaux?
Le Président (M. Bélanger): Le seul jugement que je
peux porter, c'est que son sac à main est ici normalement, une femme ne
s'éloigne pas trop de son sac à main.
M. Rochefort: Je conviens, M. le Président, que la
ministre a pu devoir s'absenter pour quelques minutes, mais puisqu'il s'agit du
projet de loi qu'elle défend, nous souhaitons...
Une voix: M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
Le Président (M. Bélanger): Un instant, on va
entendre le député de Gouin et on entendra les autres par la
suite. Alors, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il est
absolument essentiel que la ministre participe, puisque c'est elle qui parraine
le projet de loi et que le leader du gouvernement, justement, fait en sorte
qu'elle soit membre de notre commission pour l'étude du présent
projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): Bien, M. le
député. Le député de Laurier, auparavant.
M. Sirros: M. le Président, je suis certain que la
ministre viendra dans un avenir proche. Entre-temps, je ferai mon possible en
tant qu'adjoint parlementaire pour répondre aux questions et pour
m'assurer que le déroulement des travaux poursuit son cours normal. Je
suis certain que le député de Gouin comprendra que la ministre a
probablement dû s'absenter pour quelques minutes et qu'elle sera de
retour aussitôt que possible.
Le Président (M. Bélanger): Alors, nous reprenons
les interventions. Nous étions au député d'Abitibi-Ouest
qui avait la parole. Alors, M. le député, si vous voulez bien
continuer votre intervention.
M. Gendron: Le député d'Abitibi-Ouest voudrait
juste savoir ce qu'il lui reste en termes de temps. Et est-ce que je recommence
mon intervention car j'ai été coupé?
Le Président (M. Bélanger): Il vous reste quatre
minutes et vingt secondes. Le chronomètre arrête toujours
dès que le président intervient; donc, il vous reste quatre
minutes et vingt secondes.
M. Gendron: Je vous remercie, M. le Président. Alors, j'en
étais le plus simplement du monde à expliquer le
bien-fondé d'avoir l'occasion d'entendre un organisme aussi
représentatif que la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec puisqu'elle est dûment
représentée, par ses instances, dans toutes les régions du
Québec et qu'en conséquence les dispensateurs des services de
santé et des services sociaux seraient sûrement
intéressés à expliquer aux membres de cette commission
pourquoi ils prétendent qu'il y a lieu d'être très
inquiets. On voit dans le projet de loi 142 des éléments
tellement imprécis que le premier ministre lui-même a senti le
besoin de qualifier cette loi de mal faite, de passoire et il nous avait promis
des amendements tellement serrés que là on en comprendrait
peut-être un peu mieux le bien-fondé. Tout le monde sait que la
réception des amendements a créé une déception
généralisée, par leur minceur, par leur inaptitude comme
modifications à corriger les éléments troués du
projet de loi 142.
Le porte-parole de la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec, M. Daoust, ajoutait: Dans l'état actuel
des débats, nous partageons le sentiment de ceux et celles qui
appréhendent un effet de bilinguisation général si le
projet de loi 142 est adopté.
Il ne dit pas: C'est juste notre point de vue. Il dit: Nous partageons
cette prétention qui est plus largement partagée par d'autres
intervenants. Il s'associait à cette appréhension. La
précipitation du gouvernement, disait-il, faisant suite à ses
silences, à ses contradictions, à ses volte-face et à ses
esquives, a irrémédiablement gâché le climat.
Au moment où j'ai été interrompu, je vous donnais
des exemples du climat gâché, du climat un peu irrespirable, en
matière de respect de la francisation au Québec, en particulier
dans le grand bassin métropolitain, pour toutes sortes de raisons. J'ai
la prétention que ces gens-là vous diraient -non pas moi; et
normalement, cela devrait avoir plus de poids - que vous y avez
contribué pour beaucoup, que vous en êtes responsable pour
beaucoup. Rappelez-vous seulement quand un ministre, quand même,
important dans ce gouvernement a dit: II n'y a pas de problème
linguistique, même si tout le monde trouve que c'est exécrable
depuis un an. Quelques secondes après, le premier ministre
lui-même a dit: Oui, il n'y a pas de problème. Même si tous
mes parlementaires, des espèces de perroquets qui répètent
ce que je leur dis de répéter, ont affirmé que ce
n'était pas un projet de loi linguistique, le premier ministre,
aujourd'hui, lors de la période de questions, dit: Oui, c'est un projet
de loi linguistique. Cela ne sert à rien d'être hypocrite, c'est
un projet de loi à connotation linguistique majeure, importante. C'est
quand même lui qui a senti le besoin de dire cela.
J'aimerais que des porte-parole autorisés et
représentatifs de l'ensemble du Québec puissent vous dire ici, en
commission, comme parlementaires, qu'effectivement ils partagent ce point de
vue, qu'ils ont une appréhension et qu'ils sont inquiets devant le
projet de loi 142 qui instaure sûrement du droit nouveau. Je ne suis pas
un spécialiste, je ne suis pas un juriste, mais, quand on cause avec des
juristes, ils réclament certains amendements plus serrés parce
qu'ils voient là une interprétation juridique difficile qui
pourrait créer, à la suite de l'application du projet de loi 142,
des problèmes majeurs et importants en ce qui concerne notre
préoccupation principale qui est de sauvegarder, bien sûr, la
langue de la majorité, tout en offrant des services aux
clientèles anglophones et allophones dans leur langue, le plus
possible.
C'est tellement élémentaire que l'on avait commencé
largement à faire cette offre de services. C'est ce que la
fédération des services sociaux, la fédération des
CLSC et la fédération des centres d'accueil vous ont dit. Tous
les dispensateurs de services ont le même langage. Comment pouvons-nous
prétendre, avec une telle unanimité chez tous les utilisateurs,
qu'il n'y a pas anguille sous roche? J'aurais aimé que ce soit eux qui
nous le disent, si l'on avait cette délicatesse, cette décence de
sortir un peu de sa vérité tranquille et d'accepter au moins
l'éclairage des dispensateurs de services. Ensuite, on pourrait voir.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur ce sous-amendement? M. le député de
Laviolette, effectivement, oui.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. S'il y a quelqu'un au
Québec qui est considéré comme une personne qui parle de
façon très sensée, représentant d'un organisme de
plusieurs membres travaillant dans le secteur de la santé et les
services sociaux, c'est bien M. Fernand Daoust de la Fédération
des travailleurs du Québec. M. Daoust fait aussi partie d'un mouvement
qui avait, à l'époque, beaucoup appelé les
Québécois à montrer leur fierté d'être
francophones, c'est-à-dire le Mouvement Québec français.
Ce mouvement, justement, a repris de la vigueur à la suite de l'annonce
des projets de loi 140 et 142.
M. Daoust parle au nom de la Fédération des travailleurs
du Québec. Dans les messages qu'il donne à l'ensemble de la
population, à la radio, à la télévision, dans les
journaux, un peu partout, il indique que, pour eux, les intentions
gouvernementales, dans le cas du projet de loi 142, sont encore plus
mystérieuses que dans le cas du projet de loi 140. M. Daoust se pose la
question suivante: Quel est le problème que veut résoudre le
projet de loi 142? C'est un peu la question que l'on pose depuis le
début. Il pose la même question que nous. Il serait
intéressant de l'entendre venir vous l'exprimer, vous le dire de sa
propre voix. Il ajoute: Les institutions qui dispensent ces services semblent
avoir été prises par surprise par la ministre. Elle dit: J'en ai
rencontré quelques-unes, En deux heures de conversation, de discussion
avec ces gens, elle n'a même pas réussi à les convaincre de
parler en sa faveur. Ils lui ont même demandé de surseoir à
l'adoption de son projet de loi.
La fédération répète ce qu'elle entend dire
dans la population par l'intermédiaire des membres de son organisme
syndical qui travaillent dans le secteur de la santé et des services
sociaux. Quand ces gens parlent, je peux vous dire, pour avoir
été président et
membre permanent d'un organisme syndical, qu'ils parlent en connaissance
de cause. Ils parlent de ce qu'ils vivent tous les jours. Ils voient ce que
sont ces services. Ils voient que la dispensation de ces services est
là. Ils contestent, dans la négociation actuelle, le fait qu'ils
n'en ont peut-être pas assez, qu'ils manquent de ressources. Elles sont
peut-être mal distribuées. Ils ne demandent pas de changer les
structures pour tout cela. Pourquoi changer des structures pour des services
qui doivent être donnés, mais qui sont mal dispensés ou pas
assez dispensés?
Or, devant l'état de fait que nous vivons avec l'arrivée
du projet de loi 142, M. Daoust nous dit qu'il partage le même sentiment
que tous ceux et toutes celles qui appréhendent un effet que nous aussi
décrions. Malheureusement, la ministre ne semble pas vouloir nous
entendre, mais ses collègues - les bons, je ne dirai pas les noms parce
que le député de Laurier ne le veut pas - les bons, à
côté de Mme la ministre, comprendront très bien le but
qu'il vise. Nous croyons que le but qu'il vise, c'est de bilinguiser les
structures des services de santé et des services sociaux au
Québec, à partir d'un phénomène bien simple, celui
de Montréal en particulier. Ce que les gens disent, ce que les gens
pensent, c'est que c'est un ajout à d'autres actions qui mèneront
éventuellement à ces aboutissements. Je pense que ce n'est pas
pour vouloir régler un problème de services qu'il faut changer
les structures.
On se demande pourquoi le gouvernement se précipite. On va dire:
Bien non, on ne se précipite pas, on a déposé cela le 13
novembre. En tout cas, ce que j'ai entendu dire de la part du leader du
gouvernement et je l'ai lu dans les journaux, c'est que les projets de loi
n'arrivent pas assez vite à son goût. Peut-être que ces
projets de loi auraient dû arriver plus vite que cela.
M. le Président, actuellement, j'assiste à une autre
commission qui étudie le projet de loi 150 et, effectivement, ce que
j'amène comme argumentation ici, pour ce projet de loi, quant à
la précipitation, quant au moment où on l'a et aux heures dont on
dispose pour l'étudier... Je dois vous dire que le projet de loi 142
comme le projet de loi 150 sont des pièces majeures de discussion et que
cela ne se règle pas en criant "pinotte" et en disant ciseau.
La FTQ nous dit qu'effectivement il y a eu une précipitation de
la part du gouvernement qui a fait suite à une série de silences
et de contradictions et la dernière vient de sortir ce matin. Depuis
longtemps, la ministre nous crie cela, de même que le ministre de
l'Éducation. Je l'accole toujours à son collègue, les deux
supposés sociaux-démocrates de cette organisation
gouvernementale, tous les deux nous tiennent le même langage. Dans un
cas, c'est par humanité, par justice que l'on a amnistié les
illégaux. Là, on nous dit: C'est par humanité, par justice
que l'on veut donner les soins prévus par le projet de loi 142. M. le
Président, je dis qu'il me semble que c'est ce que j'ai entendu de la
part de la ministre. Mais, à côté de cela, j'entends dire
par le premier ministre, ce matin, en réponse à une question
posée par notre chef, que ce n'est pas cela du tout, que c'est une loi
linguistique. Pourtant, la ministre se défend de cela depuis longtemps,
elle dit que ce n'est pas une loi linguistique. Contradiction flagrante que la
FTQ dénonce, que les gens qui sont dans le réseau
dénoncentl (22 h 30)
Nous disons que ce sont ces volte-face et ces esquives qui ont
gâché de façon irrémédiable le climat. En
conséquence, il faut retirer le projet de loi. II faut le retirer, le
retourner à la table à dessin, refaire des choses qui
correspondent à des lois fondamentales, non pas à des lois
particulières, pour donner des droits à des collectivités
et non pas à des individus en vertu de la Charte des droits et
libertés du Québec.
Je pense que dans ce contexte, M. le Président, la FTQ a raison
de nous dire de faire attention, de ne pas gâcher le climat social dans
lequel nous sommes. Pour ajouter au pire ou au mieux, cela dépend
comment vous le prenez, de quel côté de la clôture vous
êtes, pendant ce temps, pour une fois, les patrons sont d'accord avec les
syndicats que ce n'est pas le temps de présenter ces projets de loi. La
paix était là. C'était une paix sociale convenable, avec
une loi linguistique qui avait amené une paix relative. Moi je dois vous
dire qu'effectivement, dans ce contexte, je ne comprends pas pourquoi la
ministre ne recule pas devant tant d'unanimité de la part des chambres
de commerce, des gens du Conseil du patronat, devant les associations des
hôpitaux, des centres d'accueil, des CLSC, devant des personnes qui sont
dans les associations syndicales et qui travaillent à l'intérieur
de ces établissements, des groupes d'éminents professeurs
d'université.
Je pense qu'effectivement nous aurions intérêt à
entendre la Fédération des travailleurs du Québec venir
nous dire qu'elle est d'accord avec ces gens pour qu'on retire le projet de
loi, qu'on surseoie à ce projet de loi, comme disent les gens dans un
document que la ministre interprétait autrement, ces gens qu'elle a
rencontrés pendant deux heures et qu'elle n'a même pas convaincus
de son projet. II me semble que la ministre... Je le répète pour
la dernière fois ce soir, au moment où je vous parle concernant
cette argumentation parce que c'est le dernier temps de parole que j'ai au
moment où je vous parle, dans les minutes
qui sont permises pour cette motion. J'aurai d'autres droits de parole
sur d'autres motions, mais c'est sur cette motion, sur ce sous-amendement.
C'est une motion, quand même. Je dois vous dire, M. le Président,
que la ministre a fait une erreur.
Elle ne doit pas perpétuer cette erreur en la continuant. Elle
doit revenir en arrière. On dit que tomber, c'est humain; se relever,
c'est divin. Je lui propose d'être plutôt divine que humaine. Elle
est normalement tombée et je lui propose de se relever en corrigeant
l'erreur et en retirant son projet de loi 142.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tant et aussi longtemps
que je serai sur la terre, j'aime autant être humaine que divine.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, vous aviez demandé la parole en vertu
de l'alternance.
M. Filion: Je voudrais le savoir pour notre
côté.
M. Christos Sirros
M, Sirros: Je voudrais prendre quelques minutes. C'est dommage
que le député de Laviolette nous quitte, mais peut-être que
ses collègues vont lui transmettre mes remarques. J'aimerais reprendre
deux aspects. On a souvent entendu parler, le député
d'Abitibi-Ouest y a souvent fait référence aussi quand il parlait
sur cette motion, de la défense des gens de l'Opposition face à
leur engagement: ils disent que c'est un engagement par rapport aux lois
fondamentales et que c'est un droit de la collectivité. J'ai devant moi,
par exemple, un article de journal, une entrevue avec le chef actuel de
l'Opposition et je vais le citer, parce que ma thèse est qu'on ne peut
pas garantir des services sociaux et de santé à une
collectivité, étant donné que ce sont les individus qui
reçoivent ces services et si cela doit avoir une certaine signification,
c'est effectivement d'individus dont il faut parler. Je pense que le chef de
l'Opposition l'avait compris quand, en novembre 1985, il avait
dégagé du cadre constitutionnel l'engagement du Parti
québécois de garantir les services sociaux et de santé en
anglais. Je vais vous citer ce qu'il a dit. C'est en anglais. Je vais le citer
en anglais, M. le Président. C'est dans la Gazette du 13 novembre
1985: "But, in terms of the rights of the citizens, that is something else. And
I think we should guarantee by law in Quebec, in fundamental rights, the right
for English-speaking people to get health in social services in their
language." Il n'a pas dit, M. le Président, qu'il voulait le garantir
à la communauté d'expression anglaise ou à la
minorité d'expression anglaise, mais aux personnes d'expression
anglaise, très spécifiquement: "English-speaking people".
C'est vrai qu'il dit qu'il veut le garantir dans une loi fondamentale,
comme une constitution, par exemple, ou une charte des droits et
libertés. Bon. Cela est un choix. Normalement, pourtant, il y a quelque
chose qui dit que le plus comprend le moins, puis une loi est au moins quelque
chose qui donne l'opération d'un tel droit. Si l'Opposition était
prête à engager dans la Charte des droits et libertés de la
personne ou dans une éventuelle constitution le droit a des personnes
d'expression anglaise, "English-speaking people", je ne vois pas pourquoi elle
s'excite tellement devant le fait de le garantir dans une loi.
Un des autres arguments qu'ils donnent pour expliquer l'excitation
qu'ils ont face à ce projet de loi, ou l'opposition qu'ils manifestent
devant ce projet de loi, a été repris par le député
de Laviolette quand il a dit. Quant à l'Opposition, elle estime que le
but de ce projet de loi est de bilinguiser les structures. M. le
Président, c'est une affirmation qui est complètement fausse.
J'aimerais, si les membres de l'Opposition voulaient bien essayer d'apporter
une certaine objectivité dans le dossier, leur faire remarquer que nulle
part dans le projet de loi il n'est question de bilinguiser quelque structure
que ce soit, que la seule incidence d'une bilinguisation pourrait être au
niveau de certains services à des personnes, que, oui, c'est vrai qu'il
pourrait y avoir des services qui soient disponibles en anglais et en
français, mais que toutes les dispositions de toutes nos lois actuelles,
en particulier la loi 101 concernant la langue du travail, continuent à
exister. Elles existent même pour les institutions qui sont
identifiées à l'article 113f de la loi 101, c'est-à-dire
que les structures ne sont pas bilinguisées, les structures demeurent
unilinques françaises, la langue du travail demeure le français,
mais à l'intérieur des structures d'un établissement
donné il peut y avoir des services qui soient donnés dans
plusieurs langues. Ici, on parle des droits des personnes d'expression anglaise
à cause des droits historiques, etc., mais, effectivement, il n'y a rien
qui empêche... Une grande visite!
Une voix: ...vous avez péché?
M. Blais: Très peu, très peu! C'est plutôt
usé. Utilisé et usé.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
Mme Lavoie-Roux: On a un nouveau whip.
M. Rochefort: ...
M. Sirros: Alors, M. le Président, il n'y a aucune
bilinguisation des structures. Il y a des services qui pourraient être
offerts dans plus d'une langue, mais la structure du réseau demeure
exactement la même et l'argument qu'avance l'Opposition quant à la
bilinguisation des structures est complètement sans fondement.
M. le Président, c'étaient les seuls points que je voulais
apporter afin de préciser que j'estime, encore une fois, que les
arguments de l'Opposition ne sont pas fondés, qu'ils se basent sur une
méconnaissance de la situation, volontaire ou involontaire; je leur
donnerai le bénéfice du doute en disant que c'est involontaire.
Elle est peut-être incapable de voir objectivement à travers ce
projet de loi, étant donné que c'est vrai qu'il y a une partie
qui parle de la langue, mais je vous rappelle que...
M. Scowen: Est-ce que je peux demander que les gens
écoutent?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on écoute le député de Laurier! S'il vous plaît. M.
le député.
M. Blais: Excusez-moi.
M. Sirros: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II faut aller dans le
corridor.
M. Sirros: M. le Président, c'est vrai que le projet de
loi parle de la langue dans un contexte de santé et services sociaux en
termes de services aux individus. À mon point de vue, c'est regrettable
que l'Opposition, j'imagine, è cause de la référence qui
est faite à la langue, soit incapable de voir ce projet de loi avec une
plus grande objectivité et d'éviter les contradictions flagrantes
dans lesquelles elle tombe.
En terminant, je vous rappelle la contradiction entre les arguments que
l'on entend, selon lesquels l'Opposition aurait été prête
à garantir des droits à la collectivité anglophone et les
déclarations du chef de l'Opposition parlant des "English-speaking
persons", ce qui veut dire effectivement "des personnes d'expression anglaise".
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants? M. le député de Taillon.
M. Filion: A moins qu'il n'y en ait un autre de l'autre
côté.
M. le Président, avec votre permission, je ferai d'abord une
couple de remarques préliminaires. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce...
Le Président (M. Bélanger): Je vous ferai remarquer
que les remarques préliminaires font partie de votre temps quant
à votre droit de parole.
M. Filion: Terrible, terrible!
Mme Lavoie-Roux: C'est à qui, le droit de parole, M. le
Président?
M. Filion: C'est à moi.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Bienvenue!
M. Gendron: Je peux vous dire qu'il vous remercie d'avoir
signalé cela, également.
M. Claude Filion
M. Filion: Merci, Mme la ministre. Je voudrais d'abord relever
les derniers propos du député de Notre-Dame-de-Grâce qui
nous disait: Allez donc consulter les anglophones de votre comté et
revenez nous voir lundi. Faites cela en fin de semaine et revenez nous voir
lundi. A cette proposition, je substitue la suivante: Allons donc voir les
personnes qui sont représentatives. Allons voir ensemble, par exemple,
les personnes qui sont représentatives des groupes, des milieux, des
secteurs intéressés par le projet de loi. C'est ce que l'on vous
dit depuis ce matin. Le député de Notre-Dame-de-Grâce
voudrait que l'on parte un à un, que l'on aille, chacun dans son
comté, écouter les gens, recevoir leur avis. Il y a une formule
pour cela, pour consulter intelligemment la population. Les
législateurs, bien avant nous et bien avant que nous soyons nés
en plus de cela, se sont donné un règlement qui prévoyait
des formules qui résistent au test du temps. Ces formules s'appellent
des consultations.
Pourquoi consulter de cette façon? Le député de
Notre-Dame-de-Grâce voudrait que l'on parte tous, en fin de semaine, que
l'on aille voir tous ces gens, un par un. Un par un! M. le Président, la
suggestion du député de Notre-Dame-de-Grâce est
archiloufoque compte tenu du fait que nous vivons dans une
société civilisée, avec un système rationnel qui
est celui des consultations. De toute façon, on le fait, nous, consulter
nos gens, dans nos bureaux de comté, quand on sort du parlement. On
passe notre temps à les écouter. La ministre pourrait bien aller
dans son comté et elle ne verrait pas nécessairement les
mêmes personnes que moi. Elle pourrait voir un nombre limité de
personnes.
A partir du moment où l'on est en groupe, en commission, comme
c'est le cas présentement, on a une formule. On invite les gens à
venir nous exposer les tenants et les aboutissants de leur position. Cela
s'appelle travailler intelligemment.
M. le Président, vous l'admettrez aisément avec moi, il
est quand même curieux que le député de
Notre-Dame-de-Grâce veuille que l'on aille consulter une personne
à la fois, mais qu'il refuse du même coup de faire en sorte que
nous puissions recevoir ici les organismes représentatifs.
Personnellement, je vais vous le dire franchement, je n'ai jamais vu cela. Dans
n'importe quelle organisation dans laquelle j'ai oeuvré, si l'on avait
la chance de consulter des organismes représentatifs, on le faisait.
Cela ne veut pas dire que ces organismes ont le monopole de la
vérité, je pense que cela a été dit abondamment au
cours de cette commission. Mais je pense que cela veut sûrement dire
qu'ils ont eux aussi une expérience et un vécu à
transmettre. (22 h 45)
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît!
J'apprécierais que le débat se poursuive normalement. Alors, les
réunions, sur le côté, s'il vous plaît!
Une voix: ...travail aussi.
M. Filion: II va avoir de la difficulté.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! C'est
à vous, M. le député de Taillon,
M. Filion: Je vous remercie, M. le Président. Cela me fait
plaisir de retourner à la motion principale qui est celle de recevoir la
FTQ-Construction.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, je pensais que vous parliez de la
motion principale.
M. Filion: Non, de la motion... Mme Lavoie-Roux: La...
M. Filion: La motion qui est principalement le sujet de mon
propos.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, l'amendement.
M. Filion: C'est entendu, cela. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Filion: Quand je dis la motion principale, je veux dire la
motion qui fait l'objet principal de nos propos.
Une voix: Le principalement...
M, Filion: C'est cela, le principalement va après. C'est
comme dans les textes de loi. Voyez-vous comment j'ai été ma!
compris! Alors, c'est la même chose dans un texte de loi.
M. Sirros: Vous l'avez mal compris, relisez-le!
M. Filion: Ce n'est peut-être pas la même chose. De
là l'importance de la législation. La législation, vous
savez, ce sont juste des mots. On peut bien parler de l'intention du
législateur, mais c'est la lettre et l'esprit de la loi qui vont
être écoutés avant l'intention du législateur. Dans
ce sens, la proposition vise à ce que nous entendions la
Fédération des travailleurs du Québec. Je suis
extrêmement surpris de voir que la ministre n'est pas consentante
à ce que nous recevions la FTQ-Construction, mais je vais lui rappeler
une chose ce soir. Saviez-vous que votre parti a voté contre le Fonds de
solidarité, la loi créant le Fonds de solidarité de la FTQ
è l'Assemblée nationale? C'est incroyable, n'est-ce pas? L'un des
plus beaux exemples de concertation - je pense que maintenant on peut le dire,
quand on regarde les succès qu'a connus le Fonds de solidarité de
la FTQ - l'un des joyaux, je dirais, de !a réussite d'un
phénomène de concertation entre le capital et les ressources
humaines par les syndicats, !e Fonds de solidarité de la FTQ, dont
l'idée revient au président de la Fédération des
travailleurs du Québec, lors d'un sommet socio-économique, si je
ne fais pas erreur. Le Parti libéral avait réussi à voter
contre cette loi qui créait le Fonds de solidarité de la
FTQ-Construction. Le député d'Abitibi-Ouest s'en souvient.
M. Gendron: Très bien.
M. Filion: Aussi incroyable que cela puisse paraître - cela
nne revient ce soir -cela explique peut-être les réticences de la
ministre à ce que nous entendions la FTQ-Construction sur son projet de
loi.
M. Scowen: M. le Président...
M. Gendron: À la fin.
Le Président (M. Joly): À la fin.
M. Filion: À la fin et, grosso modo, c'est dans...
Le Président (M. Joly): Trois minutes. M. Scowen:
Trois minutes.
M. Filion: Non, plus que cela. Finalement, j'ai demandé au
député de Gouin, qui conserve ses dossiers d'une façon
très ordonnée, si la FTQ-Construction avait émis un
communiqué sur les projets de loi 140 et 142. Elle en a émis un
deuxième où cette fois elle expliquait ses réticences
vis-à-vis du projet de loi 142. Probablement que la ministre l'a
déjà eu entre les mains. Non? Cela va me faire plaisir.
Mme Lavoie-Roux: C'est lequel? M. Filion: Le 10
décembre 1986.
Mme Lavoie-Roux: C'est celui que vous m'avez remis, M. le
député de Gouitn? Je pensais que c'était un
deuxième dont il parlait.
M. Filion: II y en a eu un premier, Mme la ministre, qui portait
sur les deux projets de loi 140 et 142, mais elle n'explicitait pas sa position
sur le projet de loi 142.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'êtes pas très explicite sur
le projet de loi 142.
M. Filion: Regardez, le premier est ici et il est daté du
17 novembre 1986. Il était surtout explicite sur le projet de loi
140.
Le Président (M. Joly): Une minute trente, M. le
député de Taillon.
Mme Lavoie-Roux: Ah bon! Le projet de loi 142, c'est un second
souffle qu'elle a eu.
M. Filion: Non, elle a explicité sa position dans un
second communiqué du 10 décembre 1986 où, cette
fois...
Mme Lavoie-Roux: Oui, elle parle du projet de loi 142.
M. Filion: ...on explicitait la position non seulement sur le
projet de loi 140, mais sur le projet de loi 142. Je vais quand même vous
rafraîchir la mémoire.
Le Président (M. Joly): En conclusion, s'il vous
plaît, M. le député de Taillon.
M. Filion: En conclusion, rapidement, je vais rafraîchir la
mémoire de la ministre. Quant au projet de loi 142, M. Daoust,
vice-président de la FTQ a déclaré: Les intentions
gouvernementales...
Mme Lavoie-Roux: N'est-il pas plutôt secrétaire
général de la FTQ?
M. Filion: C'est cela que j'ai dit.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit vice-président.
M.Filion: Excusez-moi, secrétaire
général de la FTQ.
Mme Lavoie-Roux: Vous voyez comme je connais bien ses
fonctions.
M. Filion: Secrétaire général de la FTQ. M.
Daoust s'exprimait comme suit:
Quant au projet de loi 142, les intentions gouvernementales sont encore
plus mystérieuses. Quels problèmes, se demande M. Daoust, ce
projet de loi est-il censé résoudre? Pourquoi les institutions de
santé elles-mêmes ont-elles été prises par surprise
par la démarche gouvernementale? Cela, c'est une question. Mais ce qui
n'est pas une question, ce qui est une affirmation: Dans l'état actuel
des débats, nous partageons le sentiment de ceux et celles qui
appréhendent un effet de bilinguisation générale si le
projet de loi 142 était adopté. La précipitation du
gouvernement, faisant suite à ses silences contradictoires, ses
volte-face et ses esquives, a irrémédiablement gâché
le climat. Il faut aussi retirer le projet de loi 142. Ce n'est pas mot qui le
dis, Mme la ministre, c'est la Fédération des travailleurs du
Québec qui représente...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Taillon, c'est terminé.
Mme Lavoie-Roux: On va le laisser terminer.
M. Filion: Je termine là-dessus, M. le
Président.
Elle représente un groupe important de travailleurs et de
travailleuses, notamment dans le secteur du réseau des affaires
sociales. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Taillon. J'imagine que c'est en vertu du règlement 212.
Mme Lavoie-Roux: Du règlement 212.
M. Scowen: 213. Je ne sais pas si le député de
Taillon réalise que premièrement...
M. Blais: "Est-ce que" le député de Taillon...
M. Filion: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Taillon
"réalise-t-il".
M. Filion: "Je ne sais pas", c'est une question à
soi-même.
M. Blais: Répondez-vous, a ce moment-làl
M. Rochefort: M. le député de Taillon, ce n'est pas
vous...
M. Scowen: Vous avez beaucoup de temps à perdre. Vous avez
vraiment beaucoup de temps è perdre. Question de règlement.
Le Président (M. Joly): J'ai reconnu le
député de Notre-Dame-de-Grâce en vertu du
règlement 213. Posez votre question, M. le député.
M. Scowen: Est-ce que M. le député de Taillon
réalise...
M. Filion: Je pense que la question de règlement, c'est
d'abord si je veux répondre.
Le Président (M. Joly): On pose la question et
après cela, on vous le demandera.
M. Filion: Non, non, M. le Président. Vous me demandez si
je suis...
Le Président (M. Joly): Tout député peut
demander la permission de poser une question.
Une voix: Avec la permission de la commission.
M. Filion: C'est cela, mais il faut qu'il la demande avant. Non,
mais question de règlement!
M. Sirros: Est-ce que le député de Taillon
accepte...
Le Président (M. Joly): Parfait, vous pourrez refuser de
répondre.
M. Filion: Non, non, mais question de règlement...
Le Président (M. Joly): Parfait. Est-ce que vous acceptez
qu'on vous pose une question, M. le député de Taillon?
M. Filion: Certainement, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Parfait, je vous remercie de votre
collaboration.
M, le député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il vous
plaît, posez votre question. J'apprécie votre collaboration.
M. Scowen: Avec cela, ils ont réussi à gaspiller
encore deux minutes.
M. Rochefort: Il a gaspillé... lui, hier soir.
M. Filion: On essaie de suivre la loi et tout ce qu'on se fait
dire, c'est qu'on gaspille du temps.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Merci.
M. Scowen: En ce qui concerne le Fonds de solidarité des
travailleurs, est-ce que le député de Taillon réalise
première- ment qu'à l'étude article par article qu'on a
faite d'une façon très sérieuse on a fait beaucoup
d'amendements? Je suis certain ou presque certain que, s'il regarde le vote en
troisième lecture, il va voir qu'on a voté pour. De toute
façon, est-ce que le député de Taillon réalise que
le député de Notre-Dame-de-Grâce, avec un seul autre
député a ma connaissance, était actionnaire fondateur dans
le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec? Je pense qu'il
y avait deux députés.
M. Filion: Oui, d'accord. Votre question est posée.
Premièrement, votre question comprend deux prémisses qui sont
absolument inexactes. Le Parti libéral a voté contre le Fonds de
solidarité de la FTQ en troisième lecture.
M. Scowen: Est-ce que vous êtes certain de cela?
Une voix: Certain, certain.
M. Filion: Première prémisse fausse.
M. Scowen: Et dans un deuxième temps?
M. Filion: Deuxième prémisse fausse, M. le
député de Notre-Dame-de-Grace, il y avait d'autres
députés du parti ministériel, à l'époque,
qui avaient des actions.
Le Président (M. Joly): Je dois vous rappeler, M. le
député de Taillon, que la réponse doit être
brève, quand même. S'il vous plaît! Je m'excuse! Une
question...
M. Filion: M. le Président, est-ce que j'ai droit au
même temps auquel le parti ministériel a droit en Chambre
lorsqu'on pose des questions le matin?
M. Scowen: Est-ce que le député de Taillon
réalise que le député de Notre-Dame-de-Grâce
était un des actionnaires fondateurs dans le Fonds de solidarité
des travailleurs du Québec?
M. Filion: Oui, oui, c'est correct.
Le Président (M. Joly): Alors, c'est cela.
M. Filion: C'est parce que vous avez aussi dit dans votre
prémisse qu'à votre connaissance...
Le Président (M, Joly): Parfait, on a répondu
à la question. Une autre question est posée au
député de Taillon, avec son assentiment. M. le
député de Taillon, consentez-vous à répondre
à une question?
M. Filion: Écoutez, M. le Président-Une voix:
Pardon? Vous né voulez pas?
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous ne
donnez pas votre consentement. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
la... Je reconnais le député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, j'aimerais demander au
député de Taillon s'il croit que les explications données
dans le discours du député de Notre-Dame-de-Grâce peuvent
convaincre l'Opposition de changer d'idée sur ce projet de loi.
M. Filion: Je vais répondre comme les gens du parti
ministériel le font parfois en Chambre, M. le député de
Terrebonne: Non, ils ne m'ont pas convaincu, mais alors pas du tout!
M. Sirros: ...n'est pas convaincu.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Taillon. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur la motion de
sous-amendement?
M. Blais: J'aimerais intervenir, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Non, vous êtes
déjà intervenu. Vous avez déjà épuisé
votre droit de parole.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas là-dessus.
Le Président (M. Joly): Oui, vous avez déjà
eu votre droit de parole, M. le député de Terrebonne.
Mme Lavoie-Roux: Sur les centres d'accueil?
Le Président (M. Joly): Non, non, sur la FTQ.
Mme Lavoie-Roux: La FTQ.
Le Président (M. Joly): C'est lui qui l'a
proposée.
M. Sirros: Consentement pour le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Joly): Comme il n'y a pas de...
M. Filion: Est-ce que je pourrais requérir...
Le Président (M. Joly): En vertu de quel règlement,
M. le député de Taillon?
M. Filion: En vertu de notre règlement,
M. le Président, 209.
Le Président (M. Joly): 209. Allez-y.
M. Filion: Le député de Saguenay~Lac-Saint-Jean,
notre collègue à tous, qui jouit d'une grande expérience
parlementaire et qui est whip de l'Opposition, aimerait intervenir, si l'on
pouvait obtenir le consentement des membres de cette commission, sur la motion
visant à convoquer le Front de solidarité de la FTQ.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien votre
question, vous aimeriez avoir le consentement...
Une voix: Cela prend le consentement unanime.
Le Président (M. Joly): Un instant. Est-ce une question de
règlement?
M. Sirros: Non, c'est pour répondre quant au
consentement...
Le Président (M. Joly): Ah bon! Alors, attendez. On va
poser la question. Est-ce qu'on a le consentement unanime...
Des voix: Oui.
Le Président (M. Joly): ...de votre côté,
oui, et, du côté ministériel, est-ce qu'on a consentement
unanime pour permettre une intervention?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le permettez,
les membres de l'Opposition, à quatre, sont tellement éloquents,
que je ne voudrais pas qu'on perde aucun de leurs propos. Consentir à
laisser intervenir quelqu'un d'autre nous couperait le plaisir de les entendre
le plus longtemps possible.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, vous
aimeriez garder tout le temps dévolu pour les quatre qui sont
là.
M. Sirros: Pour les quatre, oui. Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Sirros: C'est logique, cela. J'y concours.
Le Président (M. Joly): Alors, c'est refusé.
M. Brassard: C'est regrettable. J'aurais apporté des
éléments nouveaux.
Le Président (M. Joly): Consentement refusé.
Une voix: Qu'est-ce qu'un "bleuet" connaît
là-dedans?
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Joly): Question de règlement, M.
le député de Terrebonne, s'il vous plaît.
M. Blais: Est-ce que je peux voir, dans ce refus, que toute
consultation en dehors de ceux qui sont déjà assis autour de
cette table, d'un côté ou de l'autre, est systématiquement
refusée par le côté ministériel?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux dire au
député de Terrebonne que, si demain, lui-même ou le
député de Gouin ou le député d'Abitibi-Ouest, pour
une séance, demande d'être remplacé, nous écouterons
le remplaçant avec plaisir.
M. Blais: Votre amour pour nous quatre a été de
courte durée, madame!
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Terrebonne. Nous appliquons l'article 132 qui dit que
le député qui n'est pas membre d'une commission peut, avec la
permission de cette dernière, participer à ses
délibérations, mais ne peut y voter ni y présenter une
motion. Donc, comme la demande est actuellement rejetée et qu'il n'y a
pas de consentement, si vous voulez, on va passer au vote...
Mme Lavoie-Roux: On passe à l'autre motion.
M. Brassard: C'est de la promotion.
Le Président (M. Joly): ...sur la motion de
sous-amendement qui visait à ajouter, à la fin, les termes "la
fédération des travailleurs et travailleuses du Québec".
J'appelle le vote.
M. Rochefort: Vote nominal.
Le Président (M. Joly): Pardon?
M. Rochefort: Vote sur appel nominal.
Le Président (M. Joly): Parfait, nous allons enregistrer
le vote. M. Marcil n'est pas ici?
Une voix: Non, non, il y en a déjà assez.
Le Président (M. Joly): M. le député de
L'Assomption?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Sainte-Marie?
Une voix: Pour.
Le Président (M, Joly): M. le député de
Sainte-Marie, pour ou contre?
M. Laporte: Contre.
Une voix: Ne soufflez pas de réponse! C'est comme dans un
"quiz".
Le Président (M. Joly): Non, je pensais que PC voulait
dire Parti conservateur. Mme la députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre. Des voix: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce?
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement. On ne doit pas parler pendant qu'un vote se prend.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaîti Si vous
voulez, on va laisser le vote se dérouler.
Une voix: ...
Le Président (M. Joly): Parfait. M. le
député de Laurier? (23 heures)
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Joly): Mme la ministre,
députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Laval-des-Rapides?
M. Bélanger: Contre.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Abitibi-Ouest? Contre? Je n'ai pas le droit de souffler, hein?
M. Gendron: On ne peut pas parler.
M. Garon: Vous lui avez dit qu'il n'avait pas le droit de
parler.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, mais il y a des
services qu'on pourrait lui donner.
Une voix: Des services en français.
Le Président (M. Joly): M. le député
d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Taillon? M. le député de Taillon? Pour les fins du Journal des
débats, M. le député de Taillon, s'il vous
plaît; autrement, je refuse votre vote.
M. Filion: Pour.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Terrebonne?
M. Blais: Moi, je suis pour.
Le Président (M. Joly): Moi-même? Je suis
contre.
M. Blais: Vous vous appelez vous-même?
Le Président (M. Joly): Député de Fabre, je
vote contre.
M. Filion: Est-ce un appel interurbain quand vous vous appelez
vous-même?
Le Président (M. Joly): 8 contre et 3 pour. Je m'excuse,
j'ai fait un oubli important. M. le député de Gouin?
M. Rochefort: M. le Président, j'espère qu'on ne
veut pas me priver de mes droits.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de Gouin. Vous étiez en retrait et j'ai
imaginé que vous n'étiez plus dans l'Assemblée.
M. Gendron: Jacques, ce n'est pas un anglophone.
M. Rochefort: Pour, M. te Président. Le
Président (M. Joly): Merci.
M. Rochefort: Est-ce que ça change le vote?
Le Président (M. Joly): Donc, 8 contre et 4 pour. La
motion est rejetée.
Reprise du débat
sur la motion d'amendement
proposant d'entendre aussi l'ACAQ
Le Président (M. Bélanger): Le sous-amendement
à la motion étant rejeté, nous revenons à
l'amendement qui modifie en ajoutant à la fin les termes "Association
des centres d'accueil du Québec." À cette fin nous pouvons
entendre encore monsieur...
M. Blais: Je n'ai pas parlé là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Un seul membre de votre formation peut s'exprimer sur cette motion, il
s'agit de M. le député de Gouin.
M. Blais: Ah bon!
M. Rochefort: M. le Président, devant une
invitation...
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Est-ce que vous pouvez vérifier si j'ai vraiment
parlé sur ce sujet-là?
Le Président (M. Bélanger): Vous avez vraiment
parlé, M. le député, et même assez volubilement
puisque vous vous êtes exprimé pendant 40 minutes.
M. Blais: Alors, je m'incline.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, s'il vous plaît! 10 minutes pour son temps
de parole et 30 minutes puisqu'il avait fait un sous-amendement. Cela a
donné un total de 40 minutes. On s'est bien compris.
M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. te Président. Devant un appel
aussi invitant et pressant de votre part, il est bien normal que je prenne la
parole pour ajouter ma voix à celle de mes collègues visant
à inviter l'Association des centres d'accueil du Québec à
venir participer à nos travaux dans le cadre de l'étude du projet
de loi 142.
Ce qui justifie la présence des intervenants du réseau de
la santé et des services sociaux, dont l'Association des centres
d'accueil du Québec, parmi nous, c'est que le projet de loi qui est
devant nous n'a fait l'objet d'aucune consultation publique. Tous les projets
de loi importants qui sont étudiés ici à
l'Assemblée nationale sont l'objet d'une consultation publique
importante. Dans le cas qui nous occupe, on a l'impression...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
II y a beaucoup de bruit dans la salle. On respecte le temps de parole du
député de Gouin.
M. Rochefort: Dans le cas qui nous
occupe, on croirait que le refus de la ministre de la Santé et
des Services sociaux d'accepter de tenir une commission parlementaire
dès le départ, dès le dépôt de son projet de
loi, de même que son refus jusqu'à maintenant d'accepter d'appuyer
une des différentes motions de l'Opposition visant à faire
comparaître un groupe ou un autre, on croit comprendre que c'est
probablement parce qu'elle sait que l'Opposition, que le Parti
québécois s'oppose à son projet de loi et qu'elle sait,
d'autre part, que l'Association des centres d'accueil du Québec s'oppose
aussi à son projet de loi. Cette association, non seulement dans un
premier temps avait demandé d'être entendue par la ministre avant
que la deuxième lecture ne soit débattue à
l'Assemblée nationale, mais aussi, après une rencontre avec la
ministre, cette association, comme d'autres, a décidé de demander
à la ministre de surseoir à l'adoption de son projet de loi, de
mettre de côté toute hypothèse législative pour en
arriver à l'objectif énoncé, évoqué par la
ministre. Elle a invité la ministre à s'asseoir avec eux pour
discuter des problèmes qui pourraient rester à régler afin
de poursuivre dans la voie des aménagements administratifs et
organisationnels du réseau qui ont permis, jusqu'à ce jour, de
donner ces services en aussi grande quantité et en aussi grande
qualité à l'ensemble des minorités culturelles et de la
minorité anglophone au Québec.
M. le Président, je voudrais faire appel à la
solidarité ministérielle de la ministre de la Santé et des
Services sociaux. Il y a un de ses collègues qui a vécu une
situation identique à la sienne récemment, c'est le ministre du
Travail. Il avait pris l'engagement électoral d'abolir le
règlement de placement dans l'industrie de la construction. Lui aussi
est arrivé un jour avec un projet de loi sans qu'il ait
été l'objet de consultation, un projet de loi qui était
l'objet de l'opposition du Parti québécois, qui était
l'objet d'une opposition de bon nombre de groupes, de partenaires dans le
domaine de la construction qui étaient directement impliqués et
concernés par le projet de loi. Mais le ministre du Travail, lui, a
accepté de tenir une commission parlementaire et d'inviter à
l'Assemblée nationale les groupes, ceux qui sont d'accord, comme ceux
qui ne sont pas d'accord, avec son projet de loi, de façon à
faire en sorte que les travaux puissent se dérouler de façon
normale, c'est-à-dire après une participation pleine et
entière de tous les groupes directement concernés par le projet
de loi afin que l'ensemble des membres de la commission puissent
vérifier l'état du dossier, voire la portée des
dispositions du projet de loi, et qu'ils puissent aussi confronter chacun leur
opinion aux opinions des différents intervenants.
Le ministre du Travail a accepté de bon gré d'assumer
cette responsabilité, propre à un homme ou à une femme
d'État, qui est d'accepter de faire face à la musique, de
permettre aux intervenants d'avoir une tribune privilégiée, celle
de l'Assemblée nationale, pour exposer leurs points de vue et pour
permettre aux députés, en toute quiétude, en toute
ouverture d'esprit, de discuter et de débattre avec ces
différents intervenants du contenu du projet de loi déposé
sur la table. La ministre, elle, a une attitude différente de son
collègue et on ne voit trop pourquoi dans ce gouvernement on a des
attitudes différentes quant à la façon de
légiférer, d'un ministre à l'autre ou d'un
ministère à l'autre.
Comment pouvons-nous expliquer que lui, le ministre du Travail, ait le
courage d'inviter même les groupes qui s'opposent à son projet de
loi en commission parlementaire, alors que la ministre, elle, s'oppose è
la venue de tout groupe à sa commission parlementaire? Il y a une
différence, évidemment, entre les deux, M. le Président.
Évidemment, le ministre du Travail, lui, a réussi à se
trouver un certain nombre d'appuis. Le ministre du Travail, lui, avait un
certain nombre de groupes qui appuyaient son projet de loi. La ministre, elle,
se retrouve avec un projet de loi qui est rejeté par tout le monde.
À chaque jour qui s'écoule, des nouveaux groupes s'ajoutent.
Hier, c'était la Fédération des travailleurs du
Québec, le Syndicat professionnel des infirmières et des
infirmiers du Québec. Aujourd'hui, c'était la Chambre de commerce
de la rive sud de Montréal. Et les demandes de retrait du projet de loi
142 se poursuivent.
Mais cela demande le même courage. Si on est capable de recevoir
un groupe qui s'oppose à nous, on est capable de recevoir plusieurs
groupes qui s'opposent à nous. C'est aussi manquer de confiance de la
part d'une ministre que de ne pas se sentir capable de convaincre les groupes
qui viendraient devant elle en commission parlementaire. Peut-être
croit-elle que si ces groupes viennent en commission parlementaire ils
convaincront les autres membres de sa formation politique de l'absolue
nécessité de rejeter le projet de loi. Peut-être
craint-elle que ces groupes puissent convaincre les députés de la
majorité ministérielle d'appuyer la motion du
député de Notre-Dame-de-Grâce visant à
procéder à une consultation générale au printemps
prochain autour du projet de loi 142. Peut-être craint-elle que le
député de Notre-Dame-de-Grâce rallie une majorité de
ses collègues à cette idée, à cette motion qu'il a
mise de l'avant hier soir quant à la tenue d'une consultation
générale au printemps prochain sur le projet de loi 142.
Mais, M. le Président, cette ministre refuse toute commission
parlementaire, refuse tout débat public sur son projet de loi et pousse
l'opération jusqu'à tenter de
désamorcer les oppositions à son projet de loi en
annonçant dans son discours de deuxième lecture des amendements
qui ne sont jamais venus. Évidemment, la ministre a probablement
gagné deux jours dans cette opération au cours de laquelle elle a
annoncé des amendements qui ne sont pas venus. Cela a permis d'avoir des
articles de journaux qui ont cru la parole de la ministre et qui ont
peut-être orienté les groupes dans le sens que des amendements
viendraient et feraient en sorte qu'on limiterait les conséquences
néfastes du projet de loi, qu'on viendrait restreindre la portée
d'un certain nombre d'articles.
Cela a fait en sorte que la ministre a gagné quelques jours, mais
aujourd'hui on a les amendements de la ministre. Elle nous a dit qu'elle n'en
avait pas d'autres, les amendements annoncés ne sont pas dans la liste
des amendements déposés par la ministre et on se retrouve au
point zéro par rapport aux différents groupes. C'est pour cette
raison, M. le Président, que nous souhaitons toujours que ces groupes
puissent participer à notre commission parlementaire parce que nous, du
côté de l'Opposition, on n'a pas eu peur de tenir des commissions
parlementaires sur les projets de loi contestés, ces projets de loi qui
ne faisaient pas consensus au moment de leur dépôt, que ce soit la
loi 101, la loi sur l'assurance automobile, la Loi sur le zonage agricole, la
loi 27, qui est si chère à la mémoire de la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi
la Conférence des CRSSS
Quand on légiférait dans le domaine de la santé et
des services sociaux, on convoquait les groupes, qu'ils soient d'accord ou non
avec nous. Et, pour être bien certain qu'on n'oublie pas des groupes
importants du réseau de la santé et des services sociaux, je fais
la motion suivante: Que la motion d'amendement soit sous-amendée en
ajoutant, à la fin, les mots "la Conférence des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux".
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, vous proposez un sous-amendement qui inclurait
la Conférence des conseils régionaux des services de santé
et des services sociaux. Mme la ministre, vous avez votre droit de
réplique.
M. Rochefort: M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, oui.
M. Rochefort: Un de mes collègues me tenait quelques
propos en aparté. Est-ce que vous avez disposé de la
recevabilité de ma motion?
Le Président (M. Bélanger): La motion est recevable
et se lit comme suit: Qu'elle soit modifiée en ajoutant, à la
fin, les termes, après "Association des centres d'accueil du
Québec", la Conférence des conseils régionaux des services
de santé et des services sociaux". Mme la ministre de la Santé et
des Services sociaux.
M. Rochefort: M. le Président, excusez-moi. Juste une
question de procédure.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Est-ce que, lorsqu'une motion est
déposée et reçue, le premier intervenant sur cette
motion...
Le Président (M. Bélanger): Vous avez tout à
fait raison. Je m'en excuse. Vous avez effectivement droit à 30 minutes
pour présenter l'objet de votre motion. M. le député de
Laurier, oui?
M. Sirros: N'est-il pas vrai aussi qu'après chaque
intervention la ministre a un droit de réplique de cinq minutes?
Le Président (M. Bélanger): Oui, sauf
qu'après le dépôt de l'amendement la parole appartient
immédiatement au député qui a déposé la
motion d'amendement ou de sous-amendement et, par la suite, Mme la ministre
pourra répliquer. M. le député de Gouin, vous avez la
parole pour 30 minutes.
M. Rochefort: Juste une seconde, M. le Président, sur la
question de règlement du député de Laurier. Si je
comprends bien, compte tenu que nous ne sommes plus dans le cadre de mon
intervention, puisque vous avez reçu l'amendement, une fois qu'on
reviendra techniquement à mon intervention de dix minutes, la ministre
pourra se prévaloir de ses cinq minutes, comme vous l'avez reconnu
jusqu'à maintenant. C'est cela?
Le Président (M. Bélanger): À la fin de
votre intervention de 30 minutes, Mme la ministre pourra se prévaloir de
son droit de réplique à toutes les interventions ou elle pourra
prendre dix minutes comme participante à la commission, mais une fois
que vous aurez disposé de votre intervention.
Alors, M. le député de Gouin, nous vous entendons sur
votre motion de sous-amendement.
M. Rochefort: Oui...
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Personnellement, je consentirais à ce que Mme la
ministre prenne quelques minutes si le député... Je consentirais
parce qu'elle en a manifesté le désir et a été
très coopérante depuis le tout début.
Le Président (M. Bélanger): S'il y a consentement
unanime, Mme la ministre.
M. Blais: Moi, je consentirais. (23 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Consentement unanime?
Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne désire pas
me prévaloir de ce droit de parole qu'on m'accorde si
généreusement d'un côté et de l'autre de cette
Assemblée. Qu'est-ce que vous voulez? C'est clair et net, après
presque dix heures de débat, ou onze heures maintenant...
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement. Si la ministre ne veut pas se prévaloir de son droit
de parole, qu'elle ne s'en prévale pas. Elle nous a dit qu'elle ne
voulait pas s'en prévaloir et elle est en train de s'en
prévaloir. C'est l'un ou l'autre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, je vous demanderais de respecter le droit de
parole de la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Bon. M. le Président, je ne désire
pas m'en prévaloir, parce que je pense que cela fait assez longtemps
qu'on joue cette comédie et que, de toute évidence, on veut nous
accuser et dire que nos amendements ne sont pas bons. On ne prend même
pas la peine de les étudier. On a dit aux gens de l'Opposition qu'on
était prêts à examiner des amendements qu'ils auraient
à faire. Ils n'ont aucune intention de toute évidence, à
moins qu'il ne se produise une conversion la nuit prochaine, d'aller de l'avant
avec l'étude de ce projet de loi. Alors, je leur laisse tout le temps
pour répéter ce qu'ils ont répété à
satiété depuis onze ou douze heures.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, vous avez la parole pour les 30 minutes qui
viennent.
M. Blais: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais, selon l'article 213, poser une question
à la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Chicanez-vous entre vous autres.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette, Mme la
ministre ne...
M. Blais: Elle vient d'intervenir.
Le Président (M. Bélanger): Elle vient d'intervenir
effectivement, mais tout député peut demander la permission de
poser une question au député qui vient de terminer une
intervention. La question et la réponse doivent être
brèves.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en d'autres
circonstances, cela me ferait plaisir, sauf que cela n'était pas une
intervention, c'était strictement pour expliquer mon refus de me
prévaloir du droit de parole qu'on voulait me donner pour qu'eux
puissent gagner du temps; ils commencent â être essoufflés
après douze heures, vous comprenez.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la parole...
M. Blais: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, la ministre a refusé de
répondre à votre question.
M. Blais: Une seconde. La ministre a refusé. Je voudrais,
selon le règlement, vous demander une chose. La ministre a refusé
sous prétexte que, lorsqu'elle a parlé, ce n'était pas une
intervention. Â mon avis, quelle que soit la façon dont on
s'exprime, quels que soient les mots qu'on utilise, quelle que soit la
façon de s'exprimer et quel que soit le sujet qu'on touche, c'est une
intervention. Alors, M. le Président, je vous demande ceci... Une
seconde, j'achève. Je vous demande ceci afin d'éclairer ma
lanterne pour l'avenir parce que je voudrais que tout le monde ici prenne de
l'expérience. J'admets que la ministre peut refuser de répondre
à une question, mais pas sous le prétexte qu'elle n'est pas
intervenue, parce que, dès qu'elle parle, l'intervention est
faîte. Je réitère ma question: Mme la ministre, vu que vous
avez fait une intervention, est-ce que vous accepteriez que, logiquement, je
vous pose une question sur votre intervention?
Mme Lavoie-Roux: Non, plus tard.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre refuse.
La parole appartient à M. le député de Gouin.
M. Blais: Plus tard, on va être parti.
M. Rochefort: M. le Président, je viens de déposer
une motion visant à permettre...
M. Blais: Question de règlement, M. le Président.
Je m'excuse auprès de mon collègue...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Terrebonne. Je pense qu'on a disposé de
vos questions de règlement. II n'y en a plus d'autres acceptables. La
parole appartient au député de Gouin.
M. Blais: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article?
M. Blais: Je voudrais qu'on écoute...
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article, s'il vous plaît?
M. Blais: Je voudrais qu'on...
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article?
M. Blais: L'article contracté qui consiste à
respecter les personnes qui vont parler.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne, je pense que vous n'avez rien à
dire. M. le député de Gouin, la parole vous appartient.
M. Blais: Est-ce qu'il a le droit de me parler comme cela,
lui?
Le Président (M. Bélanger): Je ne vous
reconnaîtrai plus le droit de parole. Je prends le droit de le faire. Je
pense qu'il y a une limite à poser des gestes inacceptables. Ce
n'était pas une question de règlement, elle n'était pas
recevable. La parole appartient au député de Gouin. M. le
député de Gouin, s'il vous plaît.
M. Gendron: M. le Président, question de
règlemnt.
Le Président (M. Bélanger): La parole appartient au
député de Gouin, je regrette.
M. Gendron: Non. Écoutez, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement?
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de quel
article?
M. Gendron: En vertu de l'article qui dit qu'un président,
sur chacun...
Le Président (M. Bélanger): Quel article?
M. Gendron: Un instant! ...sur chacun des appels au
règlement...
Une voix: ...
M. Gendron: ...juge si la question de règlement est
pertinente ou non. Que vous n'ayez pas reçu la question de
règlement du député de Terrebonne à ce moment-ci,
je comprends que, comme président, vous avez le droit de faire cela.
Mais vous n'avez sûrement pas le droit d'ajouter: II n'a plus la parole,
c'est fini, je ne le reconnaîtrai plus. C'est cela que vous avez
ajouté. J'en suis uniquement sur la seconde partie de vos propos. Cela
me paraît abusif comme président de commission. Que vous refusiez
une question de règlement, c'est votre privilège.
Le Président (M. Bélanger): Ce que je voulais
signifier comme président, c'est que, lorsqu'il y a une question de
règlement, je suis prêt à reconnaître la personne qui
pose une question de règlement. Mais lorsqu'on pose des questions pour
poser des questions, sans aucun appel au règlement et qu'elles sont
à l'encontre du règlement et non recevables, je pense qu'on doit
dire au député ce qu'il en est. La parole appartient donc au
député de Gouin. M. le député.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le Président, de
reconnaître mon droit de parole sur la motion de sous-amendement que je
viens de faire, la motion du député de Taillon.
M. le Président, la Conférence des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux est une association
qui regroupe les treize conseils régionaux de la santé et des
services sociaux au Québec. Ce groupe, jusqu'à ce jour, ne s'est
pas commis publiquement autour du projet de loi 142. On ne pourra donc pas
accuser l'Opposition de souhaiter la participation d'un groupe qui est contre
le projet de loi à nos travaux. Ce groupe ne s'est pas prononcé
jusqu'à ce jour, à ma connaissance, sur le contenu du projet de
loi 142. On ne pourra pas flairer un piège, une tentative d'ajouter de
la pression sur les épaules de la ministre et de la majorité
ministérielle contre son projet de loi, il ne s'est pas prononcé
jusqu'à ce jour.
M. le Président, deuxièmement, cette
association qui, comme je le disais tantôt, regroupe les treize
conseils régionaux de la santé et des services sociaux du
Québec, donc, de toutes les régions du Québec, est une
association qui est représentative d'un groupe qui - la ministre le
reconnaîtra - est au premier chef concerné par le projet de loi
142, puisque le projet de loi 142 repose en bonne partie sur un nouveau mandat
qui sera donné aux conseils régionaux de la santé et des
services sociaux, qui sera celui d'élaborer, et on le voit à
Particle 18 du projet de loi... On sait que la ministre a déposé
une proposition d'amendement, sa proposition étant qu'un conseil
régional -donc, c'est un des treize conseils régionaux dont je
parle - doit, non pas peut, a l'obligation d'élaborer, en collaboration
avec l'ensemble des établissements de sa région, conjointement
avec d'autres conseils régionaux - donc, c'est facultatif - un programme
d'accès à des services de santé et à des services
sociaux en langue anglaise - là, on ne parle pas des services dans une
autre langue que le français ou l'anglais, on ne parle que pour les
services sociaux et les services de santé en langue anglaise pour les
personnes visées à l'article 5.1, et on reviendra
là-dessus - dans les établissements qu'il indique, que le conseil
régional détermine.
Dans l'amendement, le conseil régional va pouvoir identifier
lui-même les établissements qui auront l'obligation de donner des
services en langue anglaise aux Québécois des minorités,
compte tenu de l'organisation et des ressources de ces établissements.
On dit que les programmes d'accès devront être approuvés
par la ministre.
À l'article 5.1, M. le Président, qui lui aussi est
corrigé, la ministre nous dit: "Toute personne d'expression anglaise -
à remarquer qu'on ne retrouve pas l'amendement qu'elle avait
annoncé en deuxième lecture à l'Assemblée nationale
- a le droit de recevoir en langue anglaise - donc, "toute personne
d'expression anglaise", ce ne sont pas que les anglophones du Québec,
mais aussi les allophones qui s'expriment en anglais - des services de
santé et des services sociaux, compte tenu de l'organisation et des
ressources des établissements qui dispensent ces services "et dans la
mesure où ils prévoient un programme d'accessibilité
visé à l'article 18.1 que je viens de vous lire.
M. le Président, les conseils régionaux auront une
responsabilité majeure dans la mise en place du projet de loi 142 si
jamais ce projet de loi devait être adopté par l'Assemblée
nationale. Je pense, en conséquence, qu'il est souhaitable que nous
puissions discuter avec les conseils régionaux et savoir si les treize
conseils régionaux souhaitent obtenir de tels pouvoirs, s'ils sentent le
besoin et la nécessité d'obtenir un tel pouvoir qui change
beaucoup l'essence des mandats qui ont été confiés
jusqu'à maintenant aux conseils régionaux de la santé et
des services sociaux.
Nous voulons savoir aussi comment les conseils régionaux
perçoivent ce nouveau mandat qui leur est confié, cette nouvelle
obligation qui leur serait faite par le projet de loi 142 de façon que
nous puissions bien connaître l'utilisation qu'ils feront de ce projet de
loi et sur quoi ils se baseront pour déterminer un établissement
de leur région devant desservir une population en langue anglaise dans
tel ou tel autre département. À partir de quoi seront-ils en
mesure de prendre de telles décisions? C'est écrit nulle part
dans le projet de loi. Évidemment, on ouvre la porte à du
discrétionnaires tel que la ministre l'approuvera, tel que la ministre
le souhaitera.
Cela, M. le Président, veut dire que si une loi comme
celle-là était administrée par exemple, par le
député de Taillon qui serait ministre de la Santé et des
Services sociaux, la porte discrétionnaire ouverte par le projet de loi
142 amènerait une façon particulière de gérer un
tel projet de loi et on sait que cela ne donnerait pas lieu à des abus,
à des portes grandes ouvertes, à des abus visant à mettre
en place ce réseau parallèle dans le réseau de la
santé et des services sociaux.
Mais si, en contrepartie, M. le Président, le ministre de la
Santé et des Services sociaux, c'était l'actuel
député de Mont-Royal, ministre de l'Énergie et des
Ressources qui, lui, a même voté contre la loi 22 à
l'Assemblée nationale du Québec, qui affirmait récemment
qu'il n'y a pas de problème linguistique au Québec... Cela
n'existe pas, la question linguistique au Québec. On peut voir
jusqu'à quel point, à partir du même projet de loi, des
mêmes articles, des mêmes dispositions, il pourrait, de
façon large, mettre en place partout au Québec, dans toutes les
régions du Québec, un réseau parallèle
d'institutions de santé et de services sociaux, contrairement à
ce qu'affirme souhaiter l'actuelle ministre de la Santé et des Services
sociaux.
D'ailleurs, M. le Président, je l'entendais ce soir à une
émission de radio nous dire qu'elle a déposé des
amendements qui feront en sorte qu'il y a des conseils régionaux qui
n'auront pas à préparer des programmes d'accessibilité.
Notamment, elle a parlé du SaguenayLac-Saint-Jean et
peut-être de la Mauricie, Mme la ministre?
M. le Président, est-ce que la ministre m'écoute?
Les deux conseils régionaux auxquels vous faisiez allusion, ce
soir, ce sont ceux du SaguenayLac-Saînt-Jean et de la Mauricie qui
n'auraient pas l'obligation de préparer...
Mme Lavoie-Roux: Vous me permettez
de vous répondre?
M. Rochefort: Sûrement, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'ai dit, ce sont, en fait, ceux de la
région du...
M. Rochefort: Saguenay--Lac-Saint-Jean.
Mme Lavoie-Roux: ...Saguenay--Lac-Saint-Jean et de la Mauricie et
ce que j'ai dit, ce n'est pas qu'ils n'auraient pas à en faire, mais que
peut-être ils n'auraient pas à donner des services...
M. Rochefort: À identifier des établissements et
que cela pourrait être fait dans d'autres conseils régionaux.
Mme Lavoie-Roux: ...et que cela pourrait être fait
conjointement avec d'autres.
M. Rochefort: Parfait.
M. le Président, où est-ce écrit dans le projet de
loi que ces conseils régionaux n'auront pas nécessairement
l'obligation de le faire? Voilà un bel exemple du discrétionnaire
du projet de loi 142! Voilà une belle illustration de la distinction
nette qui existe entre les propos et les intentions avouées de la
ministre et le contenu de son projet de loi. Comment pourra-t-elle,
après cela, justifier devant des pressions de certains groupes, de
certains députés, de certains de ses collègues ministres
qui demanderaient, par exemple, la mise en place de services,
d'établissements dans certaines régions alors que la loi leur
permettra pleinement de le faire, contrairement à ce que la ministre dit
souhaiter...
M. le Président, cette approche discrétionnaire est
dangereuse et porteuse d'instabilité, d'incertitude, et porteuse
d'éléments qui pourraient désorganiser le réseau de
la santé et des services sociaux. Ce discrétionnaire nous semble
dangereux, M. le Président. Que fera la ministre lorsqu'un groupe ira se
présenter devant un tribunal? Par exemple, un groupe de la région
de Québec ou de la Mauricie, pour reprendre le même exemple que la
ministre, ou du Saguenay--Lac-Saint-Jean se présente devant un tribunal
et dit: II existe une loi 142 -parce qu'elle aura peut-être
été adoptée -qui dit qu'un conseil régional doit
élaborer en collaboration - et patati et patata - un programme
d'accès et doit indiquer les établissements qui doivent fournir
les services en langue anglaise. La ministre va aller dire quoi au juge? Oui,
mais, M. le juge, mon discours... Pourtant, j'avais exprimé clairement
dans mon discours que je ne souhaitais pas que tous les conseils
régionaux soient obligés d'identifier les établissements
qui seraient appelés à donner ce service. (23 h 30)
M. le Président, ce n'est pas un discours de ministre qui fait
force de loi. Ce n'est pas une intention aussi noble soit-elle ou d'aussi bonne
foi soit-elle qui fait force de loi et qui est l'objet d'une décision
d'un tribunal, c'est le contenu d'une loi. Et le juge pourrait
reconnaître qu'une minorité et qu'un groupe d'anglophones de la
Mauricie ont droit non seulement à ce que le CRSSS remplisse
l'obligation qui lui est faite par l'article 181° de préparer un
plan, mais qu'il doive aussi remplir l'obligation que lui fait la loi
d'indiquer les établissements qui devront dispenser ces services. Auquel
cas la ministre pourrait bien venir nous dire, même dans une
déclaration ministérielle à l'Assemblée nationale,
que, lorsqu'elle a fait adopter sa loi, elle ne souhaitait sûrement pas
que cela se rende jusque-là.
M. le Président, lorsqu'un juge - et j'imagine que la ministre
respecte ce processus judiciaire et nos tribunaux - aura décidé
d'appliquer la loi 142 dans toute sa mesure, dans toute ses dispositions et
dans toute sa portée réelle et effective à son texte, on
se retrouvera avec des décisions qui ne sont pas celles que la ministre
nous dit souhaiter, mais qui sont celles que son projet de loi permet en
totalité. C'est un des reproches majeurs que nous avons fait au projet
de loi. C'est un projet de loi qui ne correspond pas au discours qu'on nous
tient, à la présentation qu'on nous en fait, à la
défense qu'on en fait. C'est un projet de loi qui ouvre la porte
à du discrétionnaire comme ce n'est pas imaginable. M. le
Président, imaginons-nous le député de
Notre-Dame-de-Grâce ministre de la Santé et des Services sociaux
ayant la responsabilité d'appliquer de tels articles. Je suis convaincu
que le député de Notre-Dame-de-Grâce désorganiserait
totalement le réseau de la santé et des services sociaux par
l'application simple de ce qui ne portera qu'exclusivement sur le contenu de la
loi qui aura été adoptée.
Non, ce n'est pas admissible qu'un projet de loi oblige tous les
conseils régionaux de préparer non seulement des programmes, mais
d'identifier dans leur propre région les établissements du
réseau qui devront dispenser des services dans la langue anglaise. Ce
n'est pas non plus acceptable qu'on retrouve autant de discrétionnaire
dans le projet de loi. Donc, on a là une illustration concrète
que le projet de loi n'est pas celui qui a été annoncé,
que le projet de loi n'est pas celui qui a été défendu,
que le projet de loi n'est pas celui qui avait été promis, que le
projet de loi n'est pas celui qui était attendu par le milieu.
M. le Président, je prendrai comme exemple ce fameux engagement
de ma
formation politique dont on nous a parlé à
satiété au cours de la deuxième lecture et des
débats de ce soir. On nous dit: Mais comment font-ils pour ne pas
appuyer le projet de loi 142, alors que c'est ce qu'ils avaient promis? M. le
Président, rien n'est plus faux que d'affirmer, de prétendre et
d'insinuer que le Parti québécois ou le chef de l'Opposition ont
promis un projet de loi 142 aux Québécois au cours de la
dernière campagne électorale. Ce que le chef du Parti
québécois a promis et ce qu'il avait pris comme engagement,
c'était de garantir dans nos lois fondamentales, avec une
possibilité de relation dans le dossier constitutionnel, le droit
à la minorité anglophone à des services de santé et
des services sociaux dans sa langue. Nulle part le chef de l'Opposition n'avait
prévu un projet de loi qui mettrait en place un réseau
parallèle d'institutions et d'établissements de santé et
de services sociaux au Québec. Nulle part le chef de l'Opposition
n'avait pris un tel engagement, nulle part le chef de l'Opposition n'avait pris
un engagement qui aurait mené à l'accroissement des ressources de
santé et de services sociaux dans le secteur anglophone. Nulle part le
chef de l'Opposition n'avait pris un engagement qui avait pour effet de
potentiellement mettre en place un cadre juridique qui ferait qu'on retirerait
des services de santé et des services sociaux aux allophones du
Québec pour les concentrer en totalité à la
minorité anglophone et ensuite dire aux Québécois des
minorités culturelles du Québec: Allez-vous faire servir en
anglais. Nulle part on ne retrouve un tel contenu, une telle évocation
et une telle allusion à une moindre petite possibilité de
réaliser un tel engagement, de poser un tel geste.
M. le Président, quand on vient nous dire que le projet de loi
142 est conforme à l'engagement du Parti québécois, rien
n'est plus faux! Non seulement ce projet de loi va à l'encontre de
l'engagement du Parti québécois et, d'une certaine façon,
des propos du premier ministre - mais on l'a vu par l'exemple que j'ai
donné tantôt - il n'est même pas conforme aux propos et
à la défense qu'en fait elle-même la ministre de la
Santé et des Services sociaux. M. le Président, dois-je
comprendre que la ministre de la Santé et des Services sociaux
considère la Loi sur les services de santé et les services
sociaux comme l'une des grandes lois fondamentales du Québec? Elle met
la Loi sur Ies services de santé et les services sociaux sur le
même pied que, par exemple, la Charte des droits et libertés de la
personne du Québec ou qu'une éventuelle constitution interne du
Québec qui sont, elles, des lois fondamentales. La ministre est-elle en
train de nous dire que le projet de loi 142, Loi modifiant de nouveau la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, est relié
d'une façon ou de l'autre au dossier constitutionnel? Après, on
vient nous dire que c'était le même engagement que nous autres.
Allons donc! Voilà le dernier retranchement qu'on a trouvé pour
tenter un tant soit peu d'avoir un discours qui puisse avoir l'air de justifier
le projet de loi 142 qui est devant nous.
M. le Président, nous n'acceptons pas la déformation,
à laquelle se livrent la ministre de la Santé et des Services
sociaux, le premier ministre et les députés de la majorité
ministérielle, de l'engagement de notre formation politique, eu
égard à cette question. Les changements qui sont survenus au
Québec depuis que cet engagement a été pris... Ce n'est
pas le Parti québécois qui a changé ses engagements, ses
positions, ses objectifs ou ses principes, c'est le Parti libéral qui a
détourné son propre engagement dans un projet de loi qui va
beaucoup plus loin, qui comporte une portée beaucoup plus large que son
propre engagement et c'est le Parti libéral qui a fait en sorte qu'on se
retrouve dans un contexte d'insécurité linguistique totale pour
la majorité francophone du Québec. Ceci n'était pas le cas
lorsque nous avons pris notre engagement où nous nous retrouvions dans
une situation de sécurité linguistique. C'était cela,
l'essence de la demande des gens d'Alliance Québec: Compte tenu d'une
sécurité linguistique pour les francophones du Québec de
plus en plus grande, compte tenu, en conséquence, qu'ils se sentaient de
plus en plus une minorité à l'intérieur du Québec,
ils souhaitaient que, devenant de plus en plus une minorité, ils
puissent voir garantie une situation de fait, qui existe, que sont les services
qu'ils reçoivent aujourd'hui.
Ce qui a changé, M. le Président, c'est que ce
gouvernement a créé une situation d'insécurité
linguistique non plus pour la minorité anglophone du Québec, mais
pour la majorité francophone du Québec. C'est cela qui a
changé; ce n'est pas la nature, l'essence ou le fond des engagements du
chef de notre formation politique, de l'ensemble de nos candidats et de nos
candidates et de notre programme. Qu'on vienne présenter le projet de
loi 142 comme étant conforme à notre propre engagement
électoral, quelle belle déformation de la réalité
et des faits! M. le Président, on n'en est pas è une
déformation près, on n'en est pas à une tentative
près de désinformation dans le cadre de ce projet de loi de la
part de la majorité ministérielle. On en a vu des exemples qui
seront relatés dans les médias d'information, j'en suis certain,
dans les prochains jours, parce qu'ils ont vu la manipulation à laquelle
ils ont été soumis è partir, aussi, du discours de
deuxième lecture de la ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. le Président, la participation de la
Conférence des conseils régionaux de la santé et
des services sociaux nous permettrait aussi de consulter ce groupe sur ce qui
se fait dans les régions. Par exemple, si nous avions le directeur
général et le président du Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain,
on pourrait apprendre que, dans le dernier mois, il est entré
effectivement là quatre plaintes quant à des problèmes
d'accessibilité à des services à cause de la
frontière linguistique. Mais on apprendrait du même souffle la
nature de ces quatre plaintes. 50 % de ces plaintes, M. le Président -
deux sur quatre - étaient faites par des francophones qui avaient des
problèmes d'accessibilité à des services de santé
et à des services sociaux à Montréal à cause du
fait qu'ils étaient francophones. C'est comme chez Eaton, on
était servi en anglais et cela recommence. Mais, maintenant, on parle,
pour reprendre les propos de la ministre, d'un projet de loi humanitaire, donc,
d'humanisme. Mais deux des quatre plaintes parvenues au Conseil régional
de la santé et des services sociaux du Montréal
métropolitain dans le dernier mois sont faites par des francophones qui
ont été privés d'un service de santé ou d'un
service social à Montréal, la deuxième métropole
française du monde entier, qui ont été privés de
services de santé et de services sociaux dans leur propre langue, parce
qu'ils parlaient français. Cela, jamais ce n'est contenu dans le
discours et dans les sensibilités, dans les préoccupations et les
objectifs de la ministre de la Santé et des Services sociaux. Nulle
parti Les francophones, on en reparlera un jour, peut-être bien. C'est un
peu comme les plans de redressement budgétaire. Où est
l'équité?
On force les établissements de santé et de services
sociaux à atteindre l'équilibre budgétaire, mais Montreal
General et Royal Vic ont deux ans pour procéder au redressement
budgétaire. Pourtant, ce sont des hôpitaux comme les autres, avec
des budgets comparables aux autres et avec des déficits importants. Non,
il semble qu'il y a là de petits problèmes de cohérence,
de petits problèmes d'équité. C'est pour cela, M. le
Président, que la présence du Conseil régional de la
santé et des services sociaux de Montréal nous serait
éclairante. On serait aussi bien éclairés, par exemple, de
la présence de ce même conseil régional qui produisait, pas
plus tard qu'au mois d'octobre 1986, un dossier intitulé:
"Accessibilités linguistiques et culturelles aux CLSC, Bottin des
ressources, Conseil de la Santé et des services sociaux de la
région du Montréal métropolitain, octobe 1986." Dans ce
document, M. le Président, on a bâti un bottin des ressources
disponibles par CLSC, pour l'ensemble des communautés culturelles qu'on
trouve sur l'île de Montréal, pour faciliter la fourniture de
services de santé et de services sociaux à l'ensemble des
Québécois ne parlant pas français et résidant sur
le territoire de l'île de Montréal. C'est un document exemplaire
et, là aussi, pas un mot n'a été soufflé par la
ministre de la Santé et des Services sociaux ou par son adjoint
parlementaire qui préside un comité à son
ministère, nous a-t-elle dit, sur l'accessibilité. Pas un mot sur
l'existence de ce document de référence grâce auquel,
aujourd'hui, on peut donner des services dans une trentaine de lanques
différentes à une trentaine de Québécois de
cultures et de minorités différentes les unes des autres qui se
trouvent sur l'île de Montréal. Pas un mot de cela. On l'a
oublié. Cela n'existe pas.
M. le Président, on pourrait également discuter avec le
Conseil régional de la santé et des services sociaux du
Bas-Saint-Laurent, Gaspésie et Îles-de-la-Madeleine, où la
ministre nous a dit qu'il y avait des petits problèmes
d'accessibilité à des services sociaux en anglais. Pourtant, on
sait que, pour une population d'à peu près 15 % d'anglophones
dans cette région, au centre des services sociaux de cette même
région, on retrouve 15 % du personnel de travailleurs sociaux - pas du
personnel administratif, non, du personnel qui donne des services, qui fournit
des services sociaux à sa population - on retrouve 15 % de ce personnel
qui s'exprime couramment dans la langue anglaise. Ce serait intéressant
de vérifier cela, comme ce serait intéressant de faire venir,
à l'occasion de la comparution de la Conférence des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux, le Conseil
régional de la santé et des services sociaux de l'Outaouais
où on trouve, là aussi, à peu près 15 % de
Québécois anglophones, mais où on retrouve, en même
temps, au Centre des services sociaux de l'Outaouais, 30 % du personnel qui
s'exprime parfaitement dans la langue anglaise. Cela nous donnerait l'occasion
de vérifier les dires de la ministre, les fondements de la ministre
quand elle nous dit qu'il y a des problèmes. (23 h 45)
Cela nous permettrait de répondre du tac au tac à
l'affirmation que faisait la députée de Dorion dans son discours
de deuxième lecture qui nous disait que l'Opposition du Parti
québécois au projet de loi 142 avait pour but ou pour effet de
priver des Québécois de services de santé et de services
sociaux, alors que tout le monde reconnaît qu'ils ont des services dans
leur langue, non seulement en langue anglaise, mais dans leur langue
maternelle, lorsqu'ils ne s'expriment ni en français ni en anglais. Cela
nous permettrait, par un tel témoignage, de réfuter
concrètement et non pas à partir de propos de péquistes -
il paraît que cela ne vaut pas cher, selon la
majorité ministérielle - mais à partir de propos
d'intervenants du réseau de la santé et des services sociaux, des
gens crédibles. Ils doivent être crédibles, les conseils
régionaux de la santé et des services sociaux. La ministre veut
leur confier l'essentiel de la responsabilité de mettre en place le
réseau parallèle de santé et de services sociaux pour la
minorité anglophone. Si elle est prête à donner aux
conseils régionaux l'obligation d'élaborer ces programmes
d'accès à des services de santé, si elle est prête
à leur donner l'obligation d'indiquer dans quels établissements
de leur territoire ces différents services seront dispensés,
j'imagine, M. le Président, qu'elle doit considérer qu'ils savent
de quoi ils parlent, qu'ils connaissent cela un peu, que ce sont des gens
crédibles, compétents, efficaces. On souhaiterait les voir ici
à la table des témoins.
On pourrait alors inviter la députée de Dorion et le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui est ici. Ce serait
intéressant l'échange qu'on pourrait avoir avec eux, très
intéressant! On pourrait vérifier quels sont les problèmes
qui se posent et, je le répète, vérifier la portée
d'un tel projet de loi. Ces gens-là savent ce qu'est l'allocation des
ressources parce qu'ils ont la responsabilité d'allouer les ressources
accordées par le ministère entre les établissements. Ils
savent combien l'allocation des ressources est difficile parce que les besoins
sont illimités, parce qu'on a des problèmes de plus en plus
grands dans le domaine de la santé et des services sociaux quant
à nos conditions de santé, quant à nos besoins de services
de santé et de services sociaux comme peuple. Ils savent combien c'est
difficile de répartir les ressources budgétaires. Ils pourraient
nous indiquer combien c'est déjà difficile dans la situation
présente et combien, à partir d'un tel projet de loi, on se
retrouverait dans une situation indescriptible, inimaginable et
j'espère, non souhaitée de la part de l'actuelle ministre de la
Santé et des Services sociaux quant à l'instabilité,
à la désorganisation dans laquelle on se retrouverait pour
débattre des questions d'allocation des ressources entre les
différents établissements.
Là, M. le Président, je n'ai pas ajouté - je le
fais maintenant - l'intervention du pouvoir judiciaire à laquelle je
faisais allusion au début de mon intervention. Déjà, c'est
difficile de procéder à l'allocation des ressources,
déjà, on reconnaît tous que le projet de loi va ajouter
considérablement à la difficulté de répartition de
ces ressources. En plus, il y aura des juges qui interviendront, qui prendront
des décisions qui auront pour effet d'obliger une façon ou une
autre d'allouer les ressources. Je le dis, une de mes grandes craintes, M. le
Président, est qu'on retire, d'une façon ou de l'autre, les
ressources actuellement accordées aux minorités culturelles et
ethniques du Québec pour donner des services dans une autre langue que
le français et l'anglais à ces Québécois qui, oui,
ont des besoins et ont le droit de recevoir des services dans la langue dans
laquelle ils sont le plus à l'aise dans le domaine de la santé et
des services sociaux. On pourrait se retrouver dans la situation où on
retirerait ces ressources aux minorités allophones pour les donner
à la minorité anglophone et pour ensuite dire aux
minorités culturelles du Québec: Allez-vous faire servir dans le
réseau parallèle anglophone de la santé et des services
sociaux que le projet de loi 142 aura mis en place. M. le Président,
oui, il est absolument, non pas utile et nécessaire, mais essentiel que
la Conférence des conseils régionaux de la santé et des
services sociaux vienne participer aux travaux de notre commission.
Je conclus mon intervention, M. te Président, en disant que
jamais un projet de loi aussi important, affectant le réseau de la
santé et des services sociaux, n'a été adopté par
l'Assemblée nationale du Québec sans qu'un tel organisme ne
vienne participer aux travaux d'une commission parlementaire. Même les
projets de loi controversés, même lorsque cet organisme s'opposait
à des projets de loi dans le gouvernement du Parti
québécois, nous le convoquions en commission parlementaire. Nous
discutions avec ces gens. On ouvrait nos oreilles et on apportait des
amendements à nos projets de loi par la suite parce que des gens qui
vivaient le quotidien du secteur de la santé et des services sociaux
venaient nous faire des témoignages qui faisaient en sorte qu'on se
rendait à leurs arguments, ce qui nous permettait d'amender et, de
bonifier le projet de loi qui était devant nous. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais utiliser mon
droit de parole d'ici à la fin de nos travaux. L'Opposition, pour la
nième fois, nous demande de faire entendre un nouveau groupe, soit la
Conférence des conseils régionaux de la santé et de
services sociaux, et nous accuse de toutes sortes de choses. M. le
Président, faut-il rappeler que, l'Opposition, à quelque moment
que ce soit, n'a même pas demandé une commission parlementaire?
C'est la première des choses. Quant aux personnes auxquelles on se
réfère ou aux organismes dont on a discuté hier et
aujourd'hui, le grand désir de les entendre, ils ont communiqué
avec nous, mais aucun d'eux n'a demandé d'être entendu en
commission parlementaire, M. le Président. Je pense qu'il faut
quand même rétablir les faits.
Cela dit, je voudrais revenir sur cette question d'interprétation
que l'Opposition fait des propos du chef de l'Opposition. Il n'y a que nous qui
ne les avons pas compris a entendre parler le député de Gouin, en
particulier. M, le Président, le chef de l'Opposition actuelle, alors
qu'il était ministre de la Justice et des Affaires canadiennes, a
présenté dans les propositions constitutionnelles du
gouvernement, et je lis au texte ce qui suit: "Pour ce qui est de la
communauté de langue anglaise, le gouvernement du Québec est
prêt à s'engager, dans ce cadre nouveau, à inscrire dans
ses lois fondamentales le droit de la minorité anglophone de recevoir
dans sa langue les soins de santé et les services sociaux, ainsi que son
droit à ses propres institutions culturelles et éducatives." On
nous rétorque que c'était à la minorité anglophone,
que ce n'était pas à des personnes. Mais, comme le faisait
remarquer tout à l'heure le député de Laurier, je pense
qu'il faut se référer par la suite à l'engagement
électoral qu'il prenait et dans lequel il disait que, si le Parti
québécois était réélu, il adopterait une loi
qui garantirait aux anglophones le droit à des services de santé
et à des services sociaux dans leur propre langue.
Un peu plus loin, on le cite encore au texte: "Je pense que nous
devrions garantir par loi au Québec, dans les droits fondamentaux, le
droit..."
Une voix: Ah!
Mme Lavoie-Roux: Oui, attendez une minute. Je ne vous ai pas
interrompu tantôt, "...le droit aux personnes anglaises de recevoir des
services sociaux et des services de santé dans leur langue." Alors qu'il
se référait à la communauté anglophone relativement
à l'inscription dans la constitution des droits fondamentaux, il savait
fort bien que, dans l'application, il fallait qu'il adopte une loi pour
permettre de rendre opérant ce principe des services de santé et
des services sociaux en langue anglaise.
M. le Président, on a beau essayé de dire que cela n'a pas
été dit, j'aimerais vous référer au Devoir
du samedi 29 novembre dans lequel M. Gilles Lesage dit: "En juin 1985, dans
le contexte des propositions constitutionnelles du gouvernement dont il faisait
partie, M. Johnson a en effet proclamé le droit de la minorité de
langue anglaise à ses institutions culturelles et éducatives,
ainsi que le droit de recevoir des services de santé et des services
sociaux dans sa langue. Plus tard, en campagne électorale, le premier
ministre d'alors avait promis, dans une entrevue à la Gazette, de
faire adopter une loi pour assurer ce droit." C'est évident, M. le
Président, qu'on ne donne pas le droit d'utiliser des services de
santé et des services sociaux dans sa langue à une
collectivité, dans la pratique. C'est par des personnes que ce droit est
exercé, ce n'est pas une... D'ailleurs, il parlait de droits à
des personnes. M. Lesage ajoutait: "II est vrai que M. Johnson évoquait
des services." Justement, ce dont nous parlons, ce sont des services et non des
institutions. Il n'en reste pas moins que l'objectif est semblable et qu'entre
députés de bonne volonté on peut sûrement trouver un
moyen terme honorable, mais il faut bien reconnaître, M. le
Président, que l'Opposition, jusqu'ici, n'a voulu collaborer d'aucune
façon. Elle peut tenter d'interpréter de toutes les façons
- nous voilà maintenant avec le député de Gouin qui est
devenu un grand juriste - et dire que cela veut dire ceci ou cela. Si vous
aviez eu assez le sens des responsabilités pour que nous en discutions
article par article, on aurait pu au moins, s'il y avait eu lieu,
l'améliorer; sinon, vous auriez pu nous convaincre ou on aurait pu se
convaincre réciproquement. Mais non, on refuse. C'est le "filibuster" et
l'obstruction en règle, M. le Président.
Il y a un nouveau spectre que brandit maintenant l'Opposition, c'est la
question du pouvoir judiciaire qui pourrait être utilisé avec une
telle loi. Je vous ferai remarquer que déjà ce pouvoir judiciaire
peut être utilisé sans aucune modification actuelle à la
Loi sur les services de santé et les services sociaux parce que cette
loi garantit à toute personne les services de santé, compte tenu
des ressources et de l'organisation de l'établissement ou des
établissements qui les dispensent.
Il y a des personnes qui peuvent être de toute origine, j'imagine,
qui ont contesté devant les tribunaux le fait qu'elles avaient droit
à telle chose à tel endroit et qu'elles ne l'avaient pas. Nous
avons révisé la jurisprudence à cet effet. Si vous voulez
les avoir, si jamais on se rend à l'étude article par article,
cela me fera plaisir de vous les déposer. La jurisprudence a toujours
été dans le sens d'interpréter l'organisation et les
ressources des établissements comme étant un facteur limitatif
pour réclamer des services spéciaux ou des services
supplémentaires dans une région ou une autre. M. le
Président, il est possible que quelqu'un puisse exercer un pouvoir
judiciaire. C'est le cas dans toutes nos lois, c'est le cas dans la loi
actuelle telle qu'elle existe. Alors, parler d'un pouvoir supplémentaire
dont un invidu pourrait se réclamer par les tribunaux, c'est
déjà ce qui s'applique présentement.
M. le Président, on revient toujours à la question du
réseau parallèle et c'est là où la contradiction
est assez forte. On nous dit d'un côté que tous les services sont
là et
que tout le monde les donne très bien, qu'il n'y a aucun
problème. À ce moment-là, les conseils régionaux
feront un exercice qui aboutira au résultat ou au statu quo, puisque
c'est ce que vous prétendez qu'il en est, mais, il n'y aura pas de
réseau parallèle puisque selon vous, ils y sont tous. Il n'est
même pas besoin de faire une meilleure coordination. Le spectre du
réseau parallèle qu'on n'a pas cessé de brandir depuis le
début, je le trouve, pour le moins, un peu surprenant. L'autre spectre
que l'on brandit: on va prendre des ressources du milieu francophone et on va
les envoyer aux anglophones, ou encore on va les enlever aux minorités
culturelles pour les donner aux anglophones. M. le Président, cela
ressemble à des discours que j'ai entendus au moment du
référendum, l'exploitation des francophones par les anglophones.
Je vais vous donner un exemple typique. Cela fait au moins trois fois que le
député de Gouin nous dit - pas ce soir, mais hier ou aujourd'hui
ou peut-être en Chambre - que deux hôpitaux anglophones sont les
seuls à qui on a donné la possibilité...
M, Rochefort: Je n'ai jamais dit les seuls, M. le
Président, Vous n'avez pas le droit de dire n'importe quoi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai le droit de
parole?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le droit de parole de Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...et qu'on avait eu un bon exemple de la
façon dont les ressources ou les décisions étaient prises
en faveur des hôpitaux anglophones dans le cas présent, le Royal
Victoria et le General Hospital. Je vous ferai remarquer, M. le
Président, que le député de Gouin erre puisqu'il y a
quatre autres hôpitaux qui ont eu aussi une extension pour
compléter le redressement budgétaire et que ce sont tous des
hôpitaux francophones. On ne peut pas, ici, exploiter les
préjugés pour promouvoir une cause.
Pour terminer, concernant les communautés culturelles, je vous
dirai, M. le Président, que jamais, avant que ce gouvernement soit en
place, des fonds n'ont été rendus disponibles pour permettre
à un comité de se pencher sur l'accessibilité des services
pour les communautés culturelles...
M. Filion: Cela ne me fait rien que Mme la ministre continue,
mais cela prend le consentement. Question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: ...n'a été mis sur pied...
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement.
M. Filion: Cela ne me fait absolument rien, cela me fait plaisir
que la ministre continue.
Le Président (M. Bélanger): Ah! II est minuit,
oui.
M, Filion: Sauf que, comme il est passé minuit, cela prend
le consentement. On donne notre consentement.
Le Président (M. Bélanger): Le consentement
unanime, effectivement.
M. Filion: Vous pouvez continuer, mais...
Le Président (M. Bélanger); Est-ce que nous avons
le consentement de tout le monde?
M, Filion: Pas de problème. Une voix: Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors,
brièvement, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, jamais un tel comité n'a
existé ou des fonds ne lui ont été accordés avant
que notre gouvernement ne soit en place. Comme je vous l'expliquais tout
à l'heure, sous la direction ou coordonné par le
député de Laurier, un tel comité existe, il fera des
recommandations et des sommes ont été rendues disponibles
à cet effet. Je veux bien que le député de Gouin
évoque tous les cataclysmes possibles et, même, qu'il ait des vues
apocalyptiques sur ce qui pourrait survenir si ce projet de loi était
adopté, mais il faut bien se rappeler -et je pense que M. MacPherson, de
la Gazette, l'a bien indiqué - que le Parti
québécois est au milieu d'une autre campagne, cette fois, pour
garder la question de la langue bien éveillée. Ce qu'il avait
promis il y a un an, eu égard à la garantie de services de
santé et de services sociaux en langue anglaise, a tout à coup
magiquement disparu. Cette promesse s'est même transformée en une
menace pour le français. Je pense que personne n'est dupe des manoeuvres
de l'Opposition et ce sera à la population de juger.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'imagine que j'aurai le
même consentement
que l'on a accordé à la ministre, même si l'on
dépasse de quelques minutes.
M. le Président, c'est en vertu de l'article 212 qui dit: "Tout
député estimant que ses propos ont été mal compris
ou déformés peut donner de très brèves...
M. Sirros: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser terminer
le député de Gouin et on reviendra à vous, si vous le
voulez, M. le député de Laurier. M. ledéputé de Gouin.
M. Filion: ...explications sur le discours qu'il aprononcé." M. le Président, je n'ai jamais affirmé
qu'il n'y avait que deux hôpitaux qui avaient reçu la permission
de prendre deux ans pour rétablir leur situation budgétaire. J'ai
dit qu'il y a en avait deux, mais je n'ai jamais dit qu'il y en avait seulement
deux.
Deuxièmement, M. le Président, je n'ai pas dit que
c'était là une façon...
M. Sirros: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes
déjà sur une question de règlement. Nous entendons...
M. Sirros: Non, nous ne sommes pas sur une question de
règlement. Il est en train d'expliquer...
Le Président (M. Bélanger): ...le
député de Gouin et nous vous entendrons après, M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Non, M. le Président. Question de
règlement, parce qu'il est en train d'expliquer...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Je refuse de donner mon consentement pour que l'on
continue.
M. Johnson (Anjou): Ah bon! Merci.
M. Sirros: Oui, M. le Président, en termes de bonne
volonté, de l'autre côté...
M. Johnson (Anjou): J'avais demandé à la ministre
si elle me laissait deux minutes.
M. Sirros: ...j'en ai eu jusqu'ici. Cela suffit, je refuse de
donner mon consentement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, mais le
député de Gouin est dans son droit. Il a été
reconnu et il peut continuer son intervention. M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je ne qualifierai pas, M. le Président,
cette attitude intolérante.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
brièvement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je n'ai pas affirmé
qu'il y en avait seulement deux, j'ai dit qu'ils existaient et que ce
privilège n'avait pas été donné à tous les
autres établissements du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'en avaient pas besoin.
M. Rochefort: C'est ce que j'ai dit et seulement ce que j'ai dit,
M. le Président. Je réfère la ministre à la
transcription du Journal des débats. Je refuse qu'elle
déforme les propos que je tiens ici à cette assemblée.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Compte tenu de l'heure, la commission ajourne...
M. Johnson (Anjou): Si vous me le permettez.
Le Président (M. Bélanger): Monsieur, il me
faudrait le consentement unanime. M. le député de Laurier,
question...
M. Johnson (Anjou): J'ai demandé à Mme la ministre
tout à l'heure...
M. Sirros: M. le Président, il y a beaucoup de choses que
je n'ai pas qualifiées.
M. Johnson (Anjou): Je lui ai dit que j'en avais pour une
minute.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez... Est-ce que j'ai le consentement unanime de cette
assemblée?
M. Sirros: Non, M. le Président, vous ne l'avez pas de ma
part.
M. Johnson (Anjou): Merci, monsieur.
Le Président (M. Bélanger): Je regrette,
M. le chef de l'Opposition. La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 0 h 4)