Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Douze heures trois minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous platt!
Si vous permettez, la commission se réunit afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 124, Loi modifiant de
nouveau la Loi sur l'asurance-maladie.
Pour résumer les débats, nous en étions à un
sous-amendement proposé par... Ah! Les remplacements avant. Excusez. M.
le député de Terrebonne remplace M. le député de
Joliette. C'est bien cela? Est-ce qu'il y a d'autres remplacements? Non. Je
m'excuse.
Nous en étions donc, disais-je, à une motion de
sous-amendement proposée par M. le député de Laviolette
à une motion d'amendement du député de Terrebonne sur la
motion principale du député de Gouin qui avait été
déposée. Dans les droits de parole, comment étions-nous
organisés? Bon, sur la motion d'amendement qui est en jeu
présentement, vous avez le plein temps de parole.
M. Rochefort: Le droit de parole est à M. Jolivet?
Le Président (M. Bélanger): Non. Il n'y a que lui
qui avait épuisé son droit de parole. On a presque terminé
effectivement. Il restait quatorze minutes à M. Jolivet pour
présenter sa motion, parce qu'on avait ajourné à
minuit.
M. Blais: Voulez-vous nous lire la motion?
Motion de sous-amendement
proposant d'entendre aussi
la Fédération des CLSC (suite)
Le Président (M. Bélanger): Oui. La motion
était la suivante: Que la motion d'amendement soit modifiée en
ajoutant à la fin les mots "la Fédération des CLSC".
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, un mot...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...pour dire que pour nous, de toute
évidence le projet de loi qui est devant nous est un projet de loi dont
on n'a d'aucune façon évalué la portée, dont on n'a
d'aucune façon été en mesure d'évaluer les
conséquences sur la santé générale et plus
particulièrement sur la santé dentaire des enfants du
Québec. Pour nous, la présence des organismes qui posent des
gestes importants chaque jour dans notre société pour
améliorer la santé dentaire des enfants du Québec, c'est
très important parce que, finalement, compte tenu des avancés
qu'a faits la ministre jusqu'à aujourd'hui et du peu
d'éléments sur lesquels elle a été en mesure de
baser, semble-t-il, sa décision, nous croyons que la présence de
la Fédération des Centres locaux de services communautaires
aurait pu nous permettre de discuter notamment du programme dont ils ont la
responsabilité, soit celle de toute la prévention qui est
réalisée et effectuée par des hygiénistes dentaires
en milieu scolaire et dans les garderies du Québec.
Pour nous, c'est un volet important du programme de soins dentaires et
probablement un des volets qui nous permet de bien analyser en partie la
portée réelle du projet de loi qui est devant nous aujourd'hui.
Nous sommes conscients que la ministre refuse - et est constante dans cette
attitude - d'entendre ce groupe et tous les autres intéressés
dans ce projet de loi-ci comme dans tous les autres projets de loi qu'elle a
parraînés jusqu'à maintenant, depuis son entrée au
Conseil des ministres. En conséquence, nous réitérons une
nouvelle fois notre demande auprès de la ministre. Probablement qu'elle
a eu l'occasion d'y réfléchir depuis la dernière rencontre
qu'on a eue entourant ce projet de loi.
Nous souhaitons toujours que les groupes viennent éclairer les
membres de la commission, puisque, à ce jour, aucune étude n'est
venue endosser la décision de la ministre, à un point tel que, si
jamais la ministre refuse encore de faire comparaître les groupes en
commission parlementaire, on sera peut-être obligé de demander
plutôt au président du Conseil du trésor qui, lui, peut
peut-être justifier la coupure pour les raisons qu'on connaît, car,
au plan de la santé dentaire, personne n'a été en mesure
de justifier la décision jusqu'à ce jour. C'est dans ce sens que
nous souhaitions la présence, ici en commission parlementaire, d'un
certain nombre de groupes pour qu'ils puissent apporter des
éclaircissements et qu'ils puissent nous donner des indications de
ce
qui se passe réellement eu égard à la santé
dentaire des enfants du Québec.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Je vais être très bref. Je veux dire que,
par la venue de différents organismes, nous voudrions faire notre devoir
comme Opposition jusqu'à la limite du possible. Je crois que nous avons
fait notre devoir. J'aurais aimé que ces gens viennent nous dire si
c'est notre philosophie que les enfants doivent avoir des inspections et des
examens deux fois l'an, tandis que la philosophie gouvernementale est la
philosophie du paupérisme d'État pour n'avoir qu'une seule visite
annuellement, tout en conservant quand même dans les
responsabilités étatiques dans le système social deux
visites payées pour les gens qui sont bénéficiaires de
l'aide sociale. Cela fait une philosophie du ministère qui est
incohérente. Pour certaines personnes, une est justifiable
médicalement, selon le ministère. Pour ceux qui sont payés
par votre ministère, vous en acceptez deux. 11 y a de
l'incohérence là-dedans. Nous aurions aimé que toutes les
associations viennent nous dire que c'était incohérent. Nous,
notre philosophie de deux visites, deux examens ne passe pas au
ministère qui défend, avec la nouvelle ministre, le
paupérisme d'État, contrairement à ce qu'elle faisait
avant d'être dans l'Opposition. Nous aurons fait notre devoir
jusqu'à la toute fin. Nous aurions aimé que ces gens viennent
devant la commission, mais devant le nombre, nul n'est tenu de mourir à
la tâche.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, très
brièvement. Je dois dire que c'est exact que l'Opposition a vraiment
tenté jusqu'à la limite de plaider pour que des groupes soient
entendus, compte tenu du fait qu'ils jugent que cette réduction de deux
examens à un examen annuellement se fera au détriment de la
santé dentaire des enfants. C'est ce que l'Opposition a soutenu depuis
le début. On dit que notre position n'est étayée sur rien.
J'ai eu l'occasion de mentionner des études anglaises et même des
études américaines. Celle entre autres de Boqgs and Skork qui en
sont venus à la conclusion que l'intervalle qui devait exister entre les
examens pour les personnes de 5 à 9 ans était de 10 à 12
mois. Pour les personnes de 10 à 14 ans l'intervalle peut être
augmenté de 25 à 27 mois et pour ceux de 15 à 19 ans cela
ne nous concerne pas ici.
Je voudrais, aujourd'hui, M. le Président, remettre à
l'Opposition un éditorial qui a paru dans le journal de l'Association
médicale canadienne et qui fait référence à une
étude beaucoup plus exhaustive que ceci - enfin, on me dit que cela a
peut-être deux pouces d'épais, en tout cas, peut-être qu'on
se contenterait d'un pouce - sur la question des examens périodiques en
matière de santé. Ce sont des études qui ont
été faites par un "task force", un groupe de travail sur cette
question de l'examen périodique de la santé dont faisaient partie
le Dr Pfizer, qui est un professeur en épidémiologie de
l'Université de Montréal, le Dr Bayne - je vais parler davantage
des noms que l'on connaît ici au Québec - le Dr Suzanne Fletcher
qui est professeure d'épidémiologie et de santé à
l'Université McGill, le Dr Lise Frappier-Davignon qui est aussi
épidémiologiste et s'occupe de médecine préventive
au Centre de recherche de l'Institut Armand-Frappier, le Dr Richard Goldbloom,
professeur de pédiatrie à l'Université Dalhousie, à
Halifax. Enfin, il pourra voir par lui-même la liste de ces
personnes.
La conclusion, évidemment, touche les différents types
d'examens périodiques, mais je voudrais simplement référer
à ce qui touche à la santé dentaire. On peut retrouver en
troisième partie que les opinions d'autorités très
respectées, basées sur des expériences cliniques, sur des
études descriptives et sur des rapports de comités d'experts
indiquent que, dans le cas des enfants de 0 à 2 ans, la meilleure
estimation ou "Best current estimate of optimal frequency of manoeuvre", c'est
un examen annuel pour les enfants de 2 ans. Pour les enfants de 4 ans
également un examen annuel et pour les enfants de 5 à 6 ans
également un examen annuel. Enfin pour les enfants de 10 à 11 ans
et pour les enfants de 12 à 15 ans, c'est un examen annuel. Je pense
qu'il s'agit-là d'opinions d'experts. Il ne s'agit pas de pays
étrangers comme avait fait remarquer le député de Gouin.
Je pense qu'il s'agit d'une étude rigoureuse.
Je voudrais ajouter à ceci aussi, les témoignages que j'ai
eus en ce sens que, strictement du point de vue de médecine
environnementale, il est préférable que les enfants n'aient qu'un
examen aux rayons X par année, plutôt que deux, à moins que
ce ne soit nécessaire pour des situations d'urgence. Également,
c'est que chaque examen général comprend une radiologie. M. le
Président, si on pouvait faire faire des copies de ceci et les remettre
à l'Opposition, cela me ferait plaisir.
M. le Président, je voudrais quand même.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, sur cette question
précise, non seulement nous voulons dépôt de celle-ci, mais
nous voulons dépôt de l'autre étude à laquelle la
ministre a fait allusion.
Mme Lavoie-Roux: Oui, exactement. Vous l'avez eue celle-là
l'autre jour.
M. Rochefort: C'est parce que vous avez cité quelqu'un
d'autre.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, c'est.
M. Rochefort: Celle que vous nous avez déposée
l'autre jour, c'est Sheiham...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: ...et ce matin vous nous avez cité:
Boggs?
Mme Lavoie-Roux: Mais c'est que si vous l'aviez lue
attentivement...
M. Rochefort: Je l'ai lue attentivement, M. le Président,
mais je ne l'ai pas apprise par coeur. Cela c'est vrai. (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Je vous comprends. Vous avez d'autres
problèmes, comme moi, d'ailleurs.
M. Rochefort: D'ailleurs, vous en savez quelque chose,
d'où viennent mes problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Je m'en excuse.
M, Rochefort: Le député de Laurier ne s'en excuse
pas, lui, on en est conscient.
Mme Lavoie-Roux: Il y a une révision de la...
M. Rochefort: Je sais que d'autres spécialistes
interviennent et Boggs, auquel vous avez fait allusion...
Mme Lavoie-Roux: C'est à l'intérieur.
M. Rochefort: II est dans cela, c'est parfait.
Mme Lavoie-Roux: Alors...
M. Rochefort: Mais il n'y a rien de plus, c'est exactement le
document qu'on a eu l'autre jour.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): On va le faire
photocopier et on va le distribuer.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à aucun moment je
n'ai tenté de le dissimuler. Nous voulions faire une rationalisation
dans certains services de santé et le député de Gouin sait
fort bien la raison pour laquelle les seuls programmes où on peut
envisager des efforts de rationalisation, sont ceux qui ne sont pas soumis
à la loi C-3, c'est-à-dire les programmes supplémentaires
que te gouvernement du Québec s'est donnés au cours des ans, dont
celui de soins dentaires pour les enfants.
À l'intérieur de ce programme, compte tenu des opinions
que nous avons obtenues, nous croyons que, sans porter préjudice
à la santé dentaire des enfants, nous pouvons réduire les
examens de deux à un par an. Cela, je le répète, sans
mettre en péril la santé dentaire des enfants. C'est
évident que d'autres mesures doivent être prises, qui sont des
mesures d'alimentation, des mesures d'hygiène dentaire et qu'il y a
aussi des responsabilités qui doivent être prises par les parents
pour assurer la santé dentaire de leurs enfants. On ne prend pas soin de
ses dents uniquement quand on va chez le dentiste, on doit en prendre soin tous
les jours, sur une base quotidienne.
Compte tenu que les parents sont de plus en plus sensibilisés
à cette nécessité -l'éducation populaire a quand
même porté fruit dans une large mesure, j'espère, parce que
sinon on pourrait se demander à quoi sert ce programme de soins
dentaires pour les enfants - nous croyons que cette mesure n'enlève rien
qui puisse nuire à la santé dentaire des enfants et rien, sauf la
réduction de l'examen dentaire général de deux à
un, rien n'est touché dans le programme actuel sur les soins
dentaires.
Je vais arrêter ici, M. le Président, c'était
simplement pour cadrer un peu la décision gouvernementale.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce que
quelqu'un d'autre... M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, quelques commentaires,
compte tenu des délais qu'il nous reste. Dans un premier temps, je dirai
que je suis surpris de voir que, dans l'étude canadienne à
laquelle la ministre se réfère ce matin, il n'y a aucune date. Je
l'ai parcourue rapidement et je ne retrouve aucune date. Je souhaiterais au
minimum qu'on nous donne une copie de l'original qui nous indique la date de
l'étude.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que c'est un rapport qui a
été produit en 1980. Allez-y, docteur Carignan.
M. Carignan (Raymond): L'étude a été
faite de 1976 à 1979 et le rapport a été produit en
1980.
M. Rochefort: Alors, M. le Président, je remercie M. le
sous-ministre de sa réponse. Je conclurai en disant que si
l'étude couvre de 1976 à 1979, elle peut difficilement
évaluer l'impact de nos programmes puisque, pour bon nombre des
éléments des programmes, ils se sont vus ajoutés,
élargis et accrus après 1976. Je comprends qu'il y a un
problème. Deuxièmement, je veux souligner qu'on sent qu'on
cherche vraiment des justifications, parce que chaque fois qu'on traite du
dossier, quelqu'un a réussi à trouver une nouvelle étude
quelque part.
Mme Lavoie-Roux: ...pas que ça nous prendrait autant
d'arguments pour vous convaincre.
M. Rochefort: Vous n'avez même pas encore réussi.
Peut-être que dans deux ans, on trouvera une autre étude. Tout ce
que je souhaite, c'est que dans deux ans, on n'aura pas une étude pour
nous dire que, dans le fond, on a fait une erreur aujourd'hui, auquel cas les
gens devront en assumer les responsabilités.
Troisièmement, lorsqu'on parle d'études
américaines, le Québec n'est d'aucune façon
concerné par cela. On se retrouve dans une société qui n'a
pas les mêmes antécédents dentaires que les
Québécois, qui n'a pas les mêmes habitudes alimentaires,
qui n'a pas les mêmes caractéristiques globales de santé ou
on se retrouve dans des États où, pour bon nombre d'entre eux, il
y a la fluoration de l'eau qui est un facteur fondamental dans
l'évaluation de la santé dentaire. Probablement - je ne l'affirme
pas, parce que je ne prétends pas être un spécialiste en la
matière - qu'il serait logique que, dans les États où on a
la fluoration de l'eau, cette fluoration fasse en sorte que les
problèmes dentaires ne viennent pas au même rythme et qu'on puisse
être justifié de fixer un délai plus long entre deux
examens. Pour moi, ça n'a pas d'incidence directe, au mieux indirecte,
mais pas d'incidence directe dans la question que nous étudions qui est
celle du Québec.
Quant à l'étude canadienne, non seulement j'ai fait
allusion aux dates mais reconnaissons que, là aussi, mon argument des
États-Unis vaut. Le Québec, c'est 25 % de la population
canadienne. Une étude canadienne traite donc de 75 % d'une population
qui, souvent, a des programmes de fluoration de l'eau. Le même argument
sert, quant à moi. On se retrouve dans des situations pas très
facilement comparables. C'est un peu tiré par les cheveux à mon
avis.
L'autre chose que je dirai, M. le Président, quant aux rayons X,
si c'est l'argument qui pose problème, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
d'avoir des discussions avec l'Ordre des dentistes quant à l'orientation
que devrait prendre le programme d'examen dentaire? Je dirai que c'est
là aussi un terrain un peu délicat. Si on commence à
parler des dangers, de9 conséquences négatives de l'utilisation
des rayons X dans le domaine de la santé, je dois vous dire que si on
tient compte de ce qui se fait sur les dents des enfants comme des adultes par
rapport à ce qui se fait autrement dans d'autres cas, d'autres
circonstances et pour d'autres raisons en termes d'utilisation de la
radiologie, je pense qu'on ouvrirait un dossier qui serait pas mal plus
important à regarder que celui des conséquences de l'utilisation
des rayons X dans la santé dentaire, si c'est une préoccupation
réelle du gouvernement actuel. Quant à l'argument que... Oui,
mais compte tenu de l'adoption de la loi fédérale c'est trois, il
faut qu'on y aille par des rationalisations uniquement sur les programmes qui
ne sont pas concernés par ces trois, donc, soins dentaires du
Québec, etc..
Mme Lavoie-Roux: ... d'ailleurs en 1982. Vous avez touché
au programme dentaire parce que c'était le seul auquel vous pouviez
toucher.
M. Rochefort: Je m'excuse auprès de la ministre, M. le
Président, ces trois n'existaient pas en 1982.
Mme Lavoie-Roux: Alors pourquoi avez-vous touché
strictement au programme dentaire à ce moment-là?
M. Blais: Là, c'est impertinent.
M. Rochefort: Je suis d'accord pour répondre aux
questions, mais on va prolonger parce que c'est une autre question.
Le Président (M. Bélanger): On va laisser finir
l'intervention du député de Gouin et on répondra...
M. Rochefort: Ces trois programmes n'existaient pas en 1982. Si
nous avons touché non seulement au programme de soins dentaires mais
à beaucoup de choses, c'est parce qu'on vivait la pire crise
économique que le Québec ait connue depuis 1929, qu'il fallait
réagir rapidement pour maintenir l'essentiel des acquis sociaux et
qu'effectivement, lorsqu'on a touché au programme de soins dentaires,
cela a été à deux niveaux: oui, pour réduire un
certain nombre d'actes mais aussi pour mettre en
place un programme que la ministre doit reconnaître comme
étant un bon programme aujourd'hui, puisqu'elle nous a avoué
qu'il lui coûtait 9 000 000 $ cette année et qu'elle n'a d'aucune
façon indiqué son intention de mettre fin à ce programme,
qui est celui de la prévention effectuée par les
hygiénistes dentaires en milieu scolaire et en milieu de garderie.
Si la ministre veut comparer ce qu'elle fait aujourd'hui à ce
qu'on a fait, je lui dirai que d'abord les effets pécuniaires seront
semblables. On a fait quelque 25 000 000 $ et aujourd'hui on se retrouve avec
quelque chose qui va représenter n'importe quoi entre 8 000 000 $ et 20
000 000 $; mais en plus, on a mis en place notre programme. Finalement, c'est
une coupure nette moins importante que la coupure que la ministre fait
aujourd'hui alors qu'on n'est pas dans une même situation
économique et financière. Je rappellerai à la ministre que
lorsque nous avons posé des gestes dans le programme de soins dentaires
nous avons maintenu les deux examens annuels parce que nous y croyions à
l'époque et que nous y croyons toujours.
Lorsqu'elle nous parle de rationalisation, je suis un peu inquiet, parce
que là, on est en train de nous dire que ça ne s'arrêtera
pas aux soins dentaires. J'attends avec appréhension les prochains
crédits gouvernementaux quant au programme de la RAMQ.
Quand la ministre nous dit qu'il y a d'autres mesures, l'alimentation,
etc, justement où sont-elles ces autres mesures que le gouvernement
entend mettre en place justement pour qu'il n'y ait pas de confusion,
d'équivoque quant au signal donné à la population du
Québec? Où sont ces mesures? J'entendais le député
de Laurier, à l'occasion d'une émission de radio que nous avons
faite l'un à la suite de l'autre, il y a quelques semaines, où il
disait: Oui, mais il y a la fluoration qui peut permettre d'améliorer la
santé dentaire et tout cela. Donc, on peut se limiter à un examen
dentaire par année. Oui, mais c'est un peu comme l'eau des plages. On a
annoncé qu'on ne s'occupait plus de surveiller les eaux des plages avant
de s'assurer que les municipalités s'en occuperaient réellement.
On ne réduit pas le programme avant d'avoir posé des gestes qui
nous permettront peut-être un jour d'en arriver à une situation
où on n'aura plus besoin de certains éléments du
programme. Je cherche les autres mesures et je n'en ai trouvé
aucune.
Je conclus, M. le Président, que, pour mai, au minimum du
minimum, ce n'est pas clair. Quand ce n'est pas clair, on ne prend pas de
chance avec la santé des gens.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Mme la ministre reproche les coupures qui ont
été faites en 1982 sur les soins dentaires. Il est vrai qu'il y a
eu des coupures, en 1982, sur les soins dentaires. Ce qui est curieux, c'est
que si une première coupure dans les soins dentaires est blâmable
et qu'on nous en blâme, pourquoi revient-on avec une deuxième
aujourd'hui? II y a de l'illogisme, de l'incohérence dans le discours,
il faudrait tout de même qu'on admette cela.
Deuxièmement, j'ai demandé à la ministre au
début une seule question à laquelle elle n'a pas répondu.
Pourquoi, si un seul examen, selon votre justification, est correct, pourquoi
maintenez-vous dans un même ministère le paiement d'un
deuxième examen pour les enfants qui sont sur le bien-être social?
Si ce n'est pas nécessaire pour les enfants de façon
générale, pourquoi le gouvernement, votre ministère
maintiendrait-il un deuxième examen payé par l'État, par
le même ministère? II y a de l'incohérence. Soit que vous
ne devriez plus payer le deuxième examen si, médicalement, il est
prouvé qu'on n'en a pas besoin - vous n'avez pas à le payer aux
bénéficiaires du bien-être social - ou vous faites une
erreur en ne voulant pas payer deux examens pour les autres enfants du
Québec. J'aimerais une réponse à cette question.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons pris
l'engagement de ne toucher d'aucune façon au programme des soins
dentaires prévus pour les bénéficiaires de l'aide sociale,
de la même façon que vous l'avez fait quand, en 1982, vous avez
enlevé une partie du programme, entre autres l'obturation des dents pour
les enfants de 13, 14 et 15 ans et vous l'avez conservée pour les
assistés sociaux.
M. le Président, c'est la décision gouvernementale de ne
pas toucher aux mesures prévues pour les bénéficiaires de
l'aide sociale et c'est pourquoi nous Pavons conservé.
Le Président (M. Bélanger): La motion visant
à inviter la Fédération des CLSC à venir rencontrer
la commission est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté...
M. Rochefort: Donc sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Ce qui
nous amène à l'amendement de M. le député de
Terrebonne à savoir d'inviter l'Ordre des dentistes.
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): La motion est-elle
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Rejeté sur division.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté sur
division. La motion d'amendement du député de Gouin à
savoir de procéder à des consultations particulières en
attendant l'Association des directeurs généraux des
départements de santé communautaire du Québec est
adoptée?
M. Blais: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Rejeté sur division.
M. Blais: Ah! On ne rejette jamais sur division, mais ce n'est
pas grave.
Mme Lavoie-Roux: Je le sais.
Étude détaillée
Le Président (M. Bélanger): Rejeté.
J'appelle l'article 1 du projet de loi 124. Est-il nécessaire de lire
l'article 1 au complet ou...?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, tout le monde sait -
nous en avons assez discuté qu'il s'agit de modifier la Loi sur
l'assurance-maladie pour permettre d'adopter des règlements qui vont
déterminer la fréquence à laquelle certains services
dentaires assurés peuvent être rendus.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Y a-t-il d'autres
intervenants sur cet article 1?
M. Rochefort: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): L'article 1 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Rochefort: Appel nominal, M. le Président. (12 h
30)
Le Président (M. Bélanger): Appel nominal, M. le
député de Gouin. J'appelle donc le vote. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Baril: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de L'Assomption, il n'est pas là, je m'excuse. M.
le député de Fabre.
M. Lefebvre: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes.
Mme Trépanier: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrehonne.
M. Blais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M- Rochefort: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Deux contre, neuf pour.
L'article 1 est adopté.
M. Rochefort: M. le Président... Le Président
(M. Bélanger): Oui. Motion d'amendement
M. Rochefort: Je voudrais proposer l'amendement suivant. J'ai des
copies que je vous remets immédiatement. La Loi modifiant de nouveau la
Loi sur l'assuranee-maladie est modifiée par l'insertion après
l'article 1 du suivant: "1.1 L'article 69 de la Loi sur l'assurance-maladie
L.R.Q., chapitre A-29, modifié par l'article 4 du chapitre (indiquer ici
le numéro du chapitre de la Loi modifiant la Loi sur l'assurance-maladie
dans le recueil des Lois du Québec de 1986) est de nouveau
modifié par l'insertion dans la troisième ligne du paragraphe b,
du premier alinéa et après le mot "fréquence", des mots
"qui ne peut être moins que 2". M. le Président, peut-être
que pour situer l'amendement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
oui.
M. Rochefort: Pour vous situer...
Le Président (M. Bélanger): On va plaider sur la
recevabilité. M. le député de Gouin, je vous entends.
M. Rochefort: Carrément sur la recevabilité,
effectivement, à l'article 1.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, je vous en
prie.
M. Rochefort: À l'article 1, nous avons adopté un
article qui permettra, dorénavant, au gouvernement d'adopter un
règlement qui déterminera la fréquence au programme de
soins dentaires.
Une voix: Voilà.
M. Rochefort: On est contre, mais la commission a
décidé que oui le gouvernement pourrait adopter un
règlement qui détermine la fréquence au programme de soins
dentaires. Nous, nous apportons un amendement pour dire que cette
fréquence ne pourra jamais être de moins de deux par année.
Le gouvernement, pour adopter un règlement, peut dire que c'est huit par
année, s'il le veut. Cela ne contredit pas l'utilisation de l'article 1
du projet de loi 124 tel qu'il vient d'être adopté, d'aucune
façon. C'est que cela vient restreindre en partie l'utilisation qu'on
pourra faire. Donc, cela encadre l'utilisation que n'importe quel gouvernement
pourra faire de l'article 1 du projet de loi 124. À 1, on dit: Oui, il y
aurait un règlement. À 1.1, on dit: Oui et il ne pourra pas aller
en bas de deux examens par année.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité, du côté ministériel, y a-t-il un
intervenant?
M. Sirros: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Dans la loi, c'est les services dentaires et non
pas la fréquence. Moi je n'ai pas d'objection à ce qu'on la
discute, mais... Il est peut-être recevable.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il un
intervenant? M. le député de Laurier.
M. Sirros: ... l'article 1 parle de services dentaires, il ne
parle pas d'examen. M. le Président, on va vous laisser juger de la
recevabilité.
M. Rochefort: Je veux que ce soit clair. On ne demande pas un
consentement à la majorité ministérielle d'accepter notre
amendement. On l'a regardé.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité. Y a-t-il une argumentation du côté
ministériel sinon je vais rendre une décision.
Mme Lavoie-Roux: L'amendement apporté par le
député de Gouin fait référence à l'article
69, lequel fait référence è des services et non pas
à des examens.
M. Blais: Des services deux fois par année. On ne parle
pas d'examen.
Mme Lavoie-Roux: Quel service? C'est de l'examen dentaire qu'il
s'agit. Ce n'est pas de tous les autres services.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Dans votre esprit, M.
le député de Gouin...
M. Rochefort: M. le Président, je m'excuse. Cela me fait
comprendre un certain nombre de problèmes de rédaction juridique
qu'on a connus dans d'autres lois. L'article 69 se lit comme suit: "Le
gouvernement peut, après consultation de la régie ou sur la
recommandation de celle-ci, en outre des autres pouvoirs de la
réglementation qui lui sont conférés par la
présente loi, adopter des règlements pour: a) ...ça ne
nous intéresse pas; "...b) déterminer, parmi les services
visés è l'article 3, ceux qui ne doivent pas être
considérés comme des services assurés et la
fréquence, qui ne peut être moins que deux, à laquelle
certains de ceux qui sont visés au paragraphe c du premier alinéa
de l'article 3 peuvent être rendus pour demeurer des services
assurés."
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, selon vous, est-ce qu'il y a une incidence
financière à votre motion?
M. Rochefort: Il n'y a pas d'incidence financière qui va
à l'encontre des budgets et des programmes actuels du gouvernement. Cela
n'engage pas de fonds publics additionnels, parce qu'à l'heure où
on se parle, il y a deux examens par année.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais dans les budgets, est-ce qu'on...
M. Rochefort: Non, non. L'incidence financière, c'est s'il
y en avait un actuellement et que j'en ajoutais un nouveau. Là, il y
aurait une incidence financière additionnelle sur les équilibres
budgétaires; ce serait une autre chose. Il n'y a pas d'incidence
financière, c'est le statu quo.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
La motion est recevable.
Sur votre motion, M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui, M. le Président, rapidement.
La ministre de la Santé et des Services sociaux, dans un effort
de transparence inouï, a déposé le projet de loi 124 qui
donne le pouvoir au gouvernement de déterminer la fréquence des
actes assurés par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec dans l'ensemble des programmes. On sait que cela visait le
programme de soins dentaires. Nous, on pense que ce n'est pas nécessaire
d'avoir un article qui permette de déterminer la fréquence. La
majorité ministérielle a décidé que oui, d'accord.
Nous, on dit que c'est correct mais, à partir du moment où vous
voulez déterminer les fréquences, vous allez respecter une
fréquence qui ne pourra pas aller en-deça de deux fois par
année, avec en tête ta préoccupation du programme de soins
dentaires. Nous croyons absolument essentiel de donner deux examens dentaires
par année aux enfants du Québec âgés de moins de 15
ans comme cela existe maintenant, comme cela a été maintenu par
le gouvernement du Parti québécois même si on a fait face
à une crise financière impartante et aussi parce que nous
considérons, comme je l'ai dit tantôt, qu'il n'y a pas de chance
à prendre dans le dossier de la santé dentaire.
On ne joue pas avec cela. On le voit, on n'est pas capable de s'appuyer
sur du solide du côté gouvernemental pour justifier cette
décision. On cherche chaque jour, on trouve des petits bouts qui
concernent d'autres, qui viennent d'ailleurs, qui ne prennent pas en
considération les caractéristiques propres du Québec, etc.
On dit qu'on n'a pas de chance à prendre. En ce sens, nous voulons le
maintien de deux examens par année et, par l'amendement qui est
apporté sur le plan législatif, cela permet que, oui, il y ait un
règlement mais que ce règlement ne pourra pas aller
en-deça de deux examens par année à moins de repasser par
l'Assemblée nationale avec un projet de loi qui dira qu'on réduit
la fréquence de telle ou telle façon. Je dirai que pour nous,
c'est évident. C'est une chose à laquelle nous croyons; nous
l'avons prouvé dans le passé. Pour nous, cela fait partie des
politiques de santé que le gouvernement doit maintenir et promouvoir
pour préparer, aujourd'hui, l'avenir au plan de la santé des
jeunes Québécois et Québécoises qui profitent de ce
programme.
Je relaterai un fait que j'ai vécu en 1976 et que je n'avais pas
abordé jusqu'à maintenant dans le cadre du débat. En 1976,
je suis allé à Cuba, lors d'un voyage d'hiver.
J'ai eu l'occasion de me promener un peu dans le pays, de rencontrer des
gens. J'ai rencontré des enfants à quelques reprises et je me
suis aperçu qu'ils avaient, pour bon nombre d'entre eux, des appareils
d'orthodontie. Alors, baragouinant l'espagnol, on a rencontré leurs
parents, on a eu l'occasion de discuter un peu avec eux. On leur a
demandé qui défrayait ces appareils d'orthodontie qu'avaient dans
la bouche leurs enfants. Évidemment, ils nous ont répondu que
c'était l'État qui payait les appareils d'orthodontie que
portaient leurs enfants.
On sait que Cuba est un pays beaucoup plus pauvre que le nôtre,
est un pays qui vit des problèmes sociaux considérables, qui
connaît une situation économique d'aucune façon comparable
à la nôtre. Évidemment, on se comprendra bien, c'est
incomparable par en bas.
Que ce pays pauvre, petit, très peu riche, peu
développé ait décidé que les 8oins dentaires des
enfants sont quelque chose de prioritairement prioritaire, qui justifie qu'on
consacre des ressources financières considérables à cette
santé dentaire de leurs enfants, malgré tous les autres
problèmes économiques, sociaux, budgétaires, financiers,
etc. qu'ils ont, c'est là une indication que quand on a une
priorité, quand on a des politiques de santé qui visent è
préparer aujourd'hui et demain, il y a moyen, même dans des petits
pays pauvres, défavorisés, peu développés, de faire
en sorte qu'on se donne des priorités et qu'on trouve des moyens de
financer nos priorités.
De la même façon, même si l'industrie touristique est
une industrie très importante pour l'économie de ce pays, j'ai pu
voir à l'époque que les fruits étaient prioritairement
donnés - les fruits produits sur cette île, dans ce pays -
à la population cubaine et particulièrement aux enfants. Ce sont
les excédents de fruits qui sont mis à la disposition des
touristes. Encore là, même si, pour eux, l'apport financier que
représente l'industrie touristique est considérable et même
déterminant dans le développement économique, ils
reconnaissaient que la saine alimentation est quelque chose de prioritaire en
termes de politique de santé. Et reconnaissons que des fruits, c'est
aussi important en termes de santé dentaire.
Si des pays comme celui-là peuvent prendre des décisions
comme celle que je viens de décrire - pas des discours et du placotage,
mais des qestes concrets qui paraissent dans les budgets de l'État - je
pense que nous avons des leçons à retenir de pays comme Cuba que
je viens de citer, dans le cadre de cette volonté d'accorder une
priorité à la santé, à la santé dentaire,
à la santé dentaire des enfants. Si Cuba est en mesure de le
faire, si on en a la volonté, on devrait, nous aussi, être en
mesure de le faire. C'est un exemple parmi tant d'autres
que je vous ai donné pour montrer que, lorsqu'on a une
volonté réelle de poser des gestes, on doit pouvoir les poser et
trouver un moyen de les financer.
Deuxièmement, M, le Président, je dirai que, dans la
réponse qu'a faite la ministre à mon collègue de
Terrebonne sur la dichotomie entre les enfants d'assistés sociaux et les
autres enfants, encore une fois, j'espère qu'elle pourra profiter des
bons offices de ses collaborateurs qui trouveront, j'imagine, une autre
étude plus tard. Mais ce n'est pas comparable, malheureusement, à
ce qui s'est fait en 1982.
En 1982, nous avons coupé des actes curatifs. La, c'est
évident que le curatif, quand on n'a pas le moyen de se le payer et
qu'on est assisté social, il faut y avoir droit. Là, on l'a
maintenu. L'acte ici discuté, qui est de deux examens par année,
est un acte à caractère préventif, éducatif...
M. Blais: Tautochrone.
M. Rochefort: ... tautochrone, comme le dirait mon
collègue de Terrebonne, et ne nous est pas présenté comme
quelque chose qu'on veut couper parce qu'on a des problèmes financiers,
mais nous est présenté parce qu'on ne juge pas cela utile et
nécessaire. À preuve, toutes ces études que la ministre
trouve à la goutte, une par semaine, qui portent sur d'autres pays, sur
d'autres contrées, sur d'autres situations, avec des
caractéristiques différentes. On en a eu une ce matin sur le
Canada mais où le Québec est peu pris en considération.
Cela a été fait à un moment où nos programmes, pour
l'essentiel, n'étaient pas en place, qui fait donc en sorte que 75 % de
ces gens sont d'autres caractéristiques que des Québécois.
(12 h 45)
La ministre nous dit: Je pense que professionnellement, au plan de la
santé, ce n'est pas nécessaire et ce sont les bribes
d'études qu'elle nous cite. Ou c'est nécessaire ou ce n'est pas
nécessaire. La ministre nous dit: Ce n'est pas nécessaire mais je
veux être sûre que les assistés sociaux vont l'avoir quand
même. Donc, là, elle reconnaît implicitement le volet ticket
modérateur de sa réforme pour les autres familles du
Québec. Ça ne peut pas être l'un sans l'autre. Ou ce n'est
pas nécessaire et on l'enlève pour tout le monde ou c'est
suffisamment nécessaire pour qu'on le maintienne pour une classe
d'enfants du Québec - ce avec quoi nous sommes d'accord. On veut que
tout le monde en ait deux par année - et là, dans la mesure
où ça redevient un peu nécessaire, en tout cas
suffisamment pour le mettre pour un certain nombre d'enfants, pour nous,
ça veut dire que ce service, pas moins nécessaire, même
s'il est juste un petit peu nécessaire pour les assistés sociaux
aux yeux de la ministre, il est un petit peu nécessaire pour les autres
enfants du Québec. Là, c'est l'accréditation claire et
nette de l'introduction d'un ticket modérateur, pas avec le dos de la
cuillère à 0,25 $ pour le ticket modérateur mais juste
à 23 $ du coût par enfant.
Je pense que ça fait le tour de l'argumentation de
présentation de notre amendement. J'imagine que cet amendement recevra,
M. le Président, l'adhésion des membres de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est évident que
le député de Gouin tente d'apporter ou de contrer par la bande -
je ne lui en fais pas reproche, c'est son droit le plus strict, il utilise tous
les moyens qui sont à sa disposition - la décision du
gouvernement de retrancher un examen dentaire par année pour les
enfants. Je voudrais faire juste une petite mise au point. Quand il parle de
l'étude que nous lui présentons, peut-être que pour lui, le
Canada, c'est encore un autre pays...
M. Rochefort: Ce n'est pas ça que j'ai dit, M. le
Président. En vertu de l'article 112...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, si ce n'est pas ça...
M. Rochefort: ... on déforme mes paroles encore une
fois.
Mme Lavoie-Roux: Pauvre vous!
M. Rochefort: On va payer un abonnement annuel à Mme la
ministre de la Santé et des Services sociaux au Journal des
débats, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Ah! ...dans lequel il dit que ce programme,
de toute façon, touche à peine le Québec, je lui ferai
remarquer que le président était un véritable
Québécois, même s'il s'appelle M. Spitzer, qui fait des
études épidémiologiques au Québec. Il en va de
même pour la personne qui est de l'Institut Armand-Frappier. Il dit que
les programmes étaient quasi inexistants à ce moment-là.
À ce moment-là, les programmes pour les enfants jusqu'à
dix ans inclusivement, et là, nous avons traité de la
nécessité ou pas de deux examens dentaires pour les enfants de 2
ans à 15 ans et déjà les enfants de 10 ans étaient
couverts et même plus largement qu'ils ne le sont aujourd'hui à la
suite de ce qui s'est passé en 1982 et dont je ne veux pas rediscuter
du
bien-fondé.
Quant à l'amendement du député de Gouin, je
voudrais juste lui faire remarquer que, d'une part, il va contre le but
visé par le projet de loi. Deuxièmement, je lui soumettrai que si
on lit attentivement sa modification au paragraphe b; "Déterminer, parmi
les services visés à l'article 3, ceux qui ne doivent pas
être considérés comme des services assurés, et la
fréquence..." C'est là qu'il introduit: "qui ne peut être
moins de deux, è laquelle certains de ceux qui sont visés au
paragraphe c du premier alinéa de l'article 3 peuvent être rendus
pour demeurer des services assurés."
On a l'impression, et je peux me tromper, qu'il fait une exigence pour
les services rendus, quelle que soit la nature du service rendu, qu'ils soient
au moins de deux. Si c'est ça qu'il faut comprendre, en plus du fait que
nous ne pourrons pas voter pour cet amendement parce qu'il va à
l'encontre de ce que vise le projet de loi, je me demande si on ne s'en va pas
dans une direction un petit peu difficile. Par exemple, est-ce que ça
veut dire que tous les services médicaux qui sont rendus... Par exemple,
l'extraction des dents, est-ce qu'il faudrait s'en faire enlever au moins deux
par année? À ce moment-là, au bout de huit ans, il n'en
restera plus beaucoup. Quoi qu'il en soit, M. le Président,
peut-être que le député de Gouin peut donner des
explications supplémentaires. C'est comme cela que je le saisis, mais ce
n'est vraiment pas la raison principale pour laquelle nous allons voter contre,
c'est parce que, par ce moyen, qui est légitime, le député
de Gouin tente d'aller contre l'objectif visé par le projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, la ministre nous a fourni
quelques études, dont la dernière, ce matin. Elle voudrait, je
crois, nous convaincre qu'il n'est pas médicalement nécessaire,
pour les soins dentaires chez les enfants, qu'il y ait deux examens. Dans les
études qu'elle nous remet, c'est toujours pour essayer de justifier
l'examen unique annuel. C'est de cela que vous voulez nous convaincre. Sinon,
vous ne déposeriez pas des études à
répétition par lesquelles vous essayez de nous dire qu'un examen
par année chez les enfants, c'est suffisant. Je suis persuadé que
tous les membres de l'Opposition suivent votre raisonnement sans en oublier un
seul mot. Les gens de votre côté, vous les avez sûrement
convaincus par ces études qu'un seul examen, médicalement
parlant, c'est correct pour les soins dentaires de nos enfants.
Soit que vous soyez entêtée ou butée ou que votre
logique soit contraire à ce que je peux appeler la cohérence
normale. Si c'est vrai et si vous êtes sincère en nous disant que
ces examens justifient une coupure budgétaire d'une main et que de
l'autre main vous dilapidez les fonds publics en payant deux examens dont le
deuxième n'est pas nécessaire, selon votre technique et vos
études, aux enfants de bénéficiaires de l'aide sociale
pendant que vous coupez les centres d'accueil et les immobilisations
ailleurs... Ce deuxième examen, coupez-le s'il n'est pas
nécessaire scientifiquement selon les études que vous nous
remettez. Soit que vous soyez illogique en justifiant votre coupure
budgétaire par le fait que, médicalement, un examen est suffisant
ou, de l'autre côté, vous êtes illogique en en payant un
deuxième aux enfants de bénéficiaires du bien-être
social. D'un côté ou de l'autre, il y a quelque chose qui n'est
pas clair et qui ne plaide pas en faveur d'une cohérence
ministérielle.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cette motion du député de Gouin?
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, je prendrai quelques
minutes pour conclure, à ce moment-là.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, plus j'entends la ministre,
plus je comprends pourquoi elle parle souvent de déformation des faits.
Elle est une experte en la matière, plus en cela qu'en matière de
santé dentaire. Je n'ai jamais dit que M. Spitzer n'était pas un
Québécois, je n'ai jamais prétendu que les autres
Québécois qui faisaient partie du groupe qui a
réalisé l'étude pancanadienne trouvée probablement
avant-hier par la ministre et déposée ce matin n'étaient
pas de bons Québécois, tout aussi bons que la
députée de L'Acadie, que vous, M. le Président, ou que mon
collègue de Terrebonne.
Une voix: ...
M. Rochefort: Non, là...
M. Blais: Compréhensifs, mais pas cons!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Gouin.
M. Rochefort; M. le Président, quand on demande à
des Australiens de faire une étude qui porte sur l'Europe, tout aussi
Australiens qu'ils soient, ils étudient l'Europe
en se basant sur tout ce qui concerne l'Europe et ses habitants. Quand
on demande à des Néo-Écossais d'étudier le Canada,
ils regardent ce qui se passe partout au Canada, oui, chez eux, mais pour la
proportion qu'ils sont, et pour tous les autres Canadiens parce que, justement,
je pense que ce sont des gens rigoureux, des gens respectueux et des
scientifiques qui ne sont pas allés biaiser une étude parce
qu'ils étaient Québécois, en disant; On va s'organiser
pour que l'essentiel de l'étude porte juste sur le Québec. Non,
ils ont fait leur travail de façon professionnelle, j'imagine, et je
n'ai pas de raison de ne pas croire au professionalisme du travail qu'ils ont
fait.
Mais le mandat qu'ils avaient, ce n'était pas de faire une
étude sur la santé dentaire des Québécois,
c'était la santé dentaire et des programmes pour l'ensemble des
Canadiens et des Canadiennes et là, qu'ils soient
Québécois ou pas, il demeure que les Québécois ne
représentent que 25 % de l'ensemble canadien. Ce n'est pas...
Une voix: ...
M. Rochefort: Oui, M. le Président, c'est suffisamment
important pour qu'on ait fait des propositions très claires quant au
poids que le Québec devrait avoir dans le Canada, mais la ministre
n'était pas de notre avis.
Donc, M. le Président, je pense que c'est un argument, encore une
fois, qui déforme la réalité. Oui, c'est une étude
qui a été faite en partie par des Québécois, mais
qui porte non pas sur le Québec mais sur tout le Canada.
D'ailleurs, puisque la ministre est préoccupée de
l'étude et qu'elle ne trouve pas trop ce qu'elle cherche, pourquoi ne
commande-t-elle pas une étude dès maintenant pour évaluer
la conséquence du geste qu'elle s'apprête à poser,
étude qu'elle pourrait peut-être nous déposer dans un an et
demi, deux ans? Elle va être encore ministre de la Santé et des
Services sociaux. Je serais intéressé à connaître
les résultats de son étude et je suis même ouvert à
ce qu'elle aille chercher d'autres personnes que des Québécois
exclusivement pour faire son étude.
D'autre part, je n'ai jamais prétendu que les programmes
étaient quasi inexistants avant 1976. J'ai dit que les programmes qui
existaient avant 1976 ont connu un élargissement, ont connu des ajouts
de volets, des ajouts, d'actes de mesures et qu'on ne peut prétendre
avoir évalué avant 1976 ou 1978 ce qui a été mis en
place après 1976 ou 1978 alors que nous, on a la prétention que
ce qu'on a ajouté au programme de soins dentaires est important. Nous,
on a cette prétention. On serait heureux que la ministre en ajoute au
moins autant qu'on en a ajouté.
Quant à mon amendement, M. le Président, quand la ministre
dit que cela voudrait peut-être sous-entendre qu'on va arracher deux
dents par année aux qens, je dirai que c'est peut-être ce qui va
arriver avec la décision qu'elle nous invite à prendre
aujourd'hui.
Mme Lavoie-Roux: ...possibilité.
M. Rochefort: Non, on ne veut pas leur assurer la
possibilité. Nous, on croit au préventif mais on
s'aperçoit qu'on a devant nous un gouvernement qui s'occupe
essentiellement de curatif. S'occuper essentiellement de curatif, cela peut
mener effectivement à une situation où on va devoir arracher plus
de dents qu'en protéger. C'est là notre argument, M. le
Président.
Donc, en conclusion, la ministre veut prendre sa décision,
qu'elle la prenne. Je maintiens qu'elle est nuisible à la santé
des Québécois, que c'est un geste regrettable et je souhaite que
les prochains crédits du président du Conseil du trésor
corrigeront cette décision irresponsable, irréfléchie et,
de toute évidence, improvisée.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que la motion du
député de Gouin est adoptée?
M. Rochefort: Sur vote nominal, M. le Président.
Le Président (M, Bélanger): Sur vote nominal. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Baril: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Châteauguay?
Mme Cardinal: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau?
M. Leclerc: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, un pour et 9
contre.
La motion est rejetée. J'appelle donc l'article 2 du projet de
loi qui dit que le projet de loi entre en vigueur... Est-ce que l'article 2 du
projet de loi est adopté?
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le titre de
la loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): La commission, ayant
rempli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)