Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît. Si tous les gens voulaient prendre leur place pour que nous
puissions commencer, La commission des affaires sociales se réunit aux
fins de procéder à l'examen des orientations, des
activités et de la gestion de l'Office des personnes handicapées
du Québec. Y a-t-il des remplacements qui sont prévus?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Aucun? D'accord.
Une voix: II y aurait plutôt des absences à
noter.
Organisation des travaux
Le Président (M. Bélanger): Des absences à
noter, on les prendra en cours de route. J'ai ici l'ordre du jour. Pour ce qui
est de l'Office des personnes handicapées du Québec, il y aura
une présentation faite par M. Paul Mercure, qui est président et
directeur général de l'office. Il est accompagné de son
équipe: Me Denis Semco, directeur du secrétariat et du service
juridique. Me Semco, si vous pouviez vous identifier, s'il vous plaît,
pour qu'on vous reconnaisse, le cas échéant. M. Robert Capistran
est directeur des services au milieu; M. Normand Lucas est chef du service de
la recherche et de la planification; M. Guy Monette, directeur des programmes
nationaux; Mme Anne Falcimaigne, directrice des communications et de la
documentation. C'est la dame qui est debout. M. Roméo Landry est
directeur de l'administration et Mme Yvette Châles, agente d'information
à la direction des communications. Mme Châles. Elle n'est pas
arrivée. On la verra tout à l'heure.
Pour se rappeler le mandat de la commission, en vertu de l'article 294,
chaque commission examine annuellement les orientations, les activités
et la gestion d'au moins un organisme public soumis à son pouvoir de
surveillance. Le choix des organismes se fait conformément à
l'article 149 de nos règles de procédure parlementaire,
c'est-â-dire par un choix de la majorité des deux factions
politiques représentés à la commission. En l'occurrence,
pour l'Office des personnes handicapées, ce fut un choix unanime.
Évidemment, à défaut de l'accord des membres de la
commission, c'est la commission de l'Assemblée nationale qui
désigne l'organisme à ce moment-là. On n'a pas eu besoin
de cela; on s'est bien entendu.
Pour ce qui est des interventions, c'est la règle de l'alternance
qui prévaut, c'est-à-dire que l'on va d'un côté
à l'autre. Pour les questions, il n'y a pas de plan de travail
prévu. On va essayer d'y aller secteur par secteur, autant que possible,
pour éviter la confusion et le risque de ne pas se retrouver. Dès
qu'un secteur sera déterminé par une série de questions,
on videra le sujet et on passera à un autre par la suite.
La seule entente intervenue au comité directeur de la commission
est d'allouer un délai d'une heure trente minutes à l'office pour
faire son exposé au départ. Évidemment, on va faire preuve
d'un peu de souplesse là aussi. Le temps de parole des
députés, comme je le disais tout à l'heure, c'est selon la
règle de l'alternance. Il y aura des déclarations d'ouverture.
Si, d'un côté ou de l'autre, on manifeste l'intention de faire une
déclaration d'ouverture, il y aura cette possibilité. Ensuite, il
y aura la série de questions et les remarques finales.
Donc, on commence officiellement les travaux. Est-ce qu'il y a des
déclarations d'ouverture? M. le député de Laurier.
Remarques préliminaires M. Christos
Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. Il ne s'agit pas
tellement d'une déclaration d'ouverture, mais simplement,
peut-être, tout d'abord de souhaiter la bienvenue aux personnes de
l'office qui sont ici et aussi de féliciter le nouveau président
de l'OPHQ, M. Paul Mercure, qui a pris cette fonction il y a à peine
deux mois environ - même pas encore, je pense. Je saisis l'occasion pour
dire un mot de bienvenue à toutes les personnes qui assistent aux
travaux de la commission. Je veux aussi féliciter une autre
présidente, celle de la confédération regroupant les
organismes de promotion, qui se trouve parmi nous. Elle aussi, je pense qu'il y
a à peu près deux mois qu'elle assume la fonction de
présidente.
M. le Président, je sais - tout le monde est fort au courant de
cela - que le dossier des personnes handicapées est toujours
d'actualité et très discuté au sein des médias et
de la société en général. À mon avis, c'est
une question qui concerne la société tout entière. Je
souhaite vivement que l'on puisse profiter de ces deux journées
d'auditions que nous aurons avec l'Office des personnes handicapées pour
faire toute la lumière sur le fonctionnement des programmes que la
société québécoise met à la disposition des
personnes handicapées et que nous pourrons faire cela dans une
atmosphère objective et sereine. Je pense que nous serons tous gagnants
si nous pouvons aborder cette question dans un esprit de collaboration, dans le
sens d'essayer d'avoir les informations requises afin de prendre des
décisions éclairées.
Je pense que les personnes ici de l'office ont toutes l'expertise
nécessaire afin de nous éclairer sur le fonctionnement de
l'office, sur les problèmes qu'elles éprouvent sur le terrain. Je
suis certain que l'Opposition va faire son travail de façon objective,
elle aussi; je le souhaite en tout cas. Je voulais simplement souligner, au
départ, que nous sommes disposés à faire cet examen de
l'organisme public qu'est l'Office des personnes handicapées du
Québec avec une attitude de mieux comprendre et de mieux saisir, pour
l'ensemble des députés et pour la population en
général, ce que fait l'office, comment cela fonctionne à
l'office, quels sont les problèmes de l'office, quelles sont les
difficultés des personnes handicapées dans le but,
évidemment, de nous permettre de faire des recommandations qui
conduiront à une amélioration des programmes que nous mettons
à la disposition des personnes handicapées.
J'aimerais peut-être, en terminant, puisque ce n'était pas
tellement, comme je le disais, une déclaration d'ouverture que quelques
mots de bienvenue, souligner que le Québec est un des leaders
sûrement du Canada, sûrement du monde occidental quant aux services
et aux programmes qui sont offerts et qui sont là pour les personnes
handicapées. Comme société, je pense qu'on peut avoir la
tête très haute par rapport à ce que la
société consent et l'intégration que doivent
connaître les personnes handicapées dans un processus de vie le
plus normalisant possible, M. le Président. C'est dans cet esprit que
nous abordons les travaux de cette commission.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
député de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette Mme Vermette: Alors, à mon
tour, je tiens à remercier les membres de l'OPHQ d'être ici
aujourd'hui pour présenter, dans le cadre d'un mandat de surveillance de
la commission des affaires sociales, les orientations, les activités et
la gestion de l'office. Je suis convaincue, moi aussi, que les discussions que
nous aurons au cours de ces deux jours seront enrichissantes et profitables
pour chacun de nous.
Je tiens à remercier particulièrement les personnes
handicapées et les gens qui les accompagnent d'être
présents ici aujourd'hui. Leur présence témoignent de deux
choses: premièrement, que de profonds changements sociaux à
l'égard des personnes handicapées se sont manifestés
depuis une vingtaine d'années et, deuxièmement, qu'il y a encore
beaucoup à faire pour poursuivre ce qui a été
commencé.
Il n'y a pas si longtemps, les personnes handicapées
étaient tenues à l'écart de la société.
Beaucoup d'entre elles restaient dans leur famille qui acceptait d'en assumer
la charge et les autres étaient placées en institution où
les contacts avec le monde extérieur étaient encore beaucoup plus
limités.
C'est à la suite d'études et de recherches que l'on en est
venu à la conclusion que toute personne arrive difficilement à
évoluer si elle est coupée des stimuli du monde extérieur.
D'autre part, l'exemple de quelques personnes handicapées a
démontré qu'elles pouvaient apporter quelque chose à la
société et qu'il fallait s'engager à développer
leur potentiel plutôt que de s'arrêter à leurs limitations.
Nous avons donc assisté à l'apparition de nouveaux concepts tels
que la normalisation qui se traduira par la désinstitutionnalisation et
l'intégration sociale des personnes handicapées.
Nous avons reconnu des droits aux personnes handicapées comme le
droit à l'éducation, au travail, au logement, au transport et au
loisir, c'est-à-dire les droits d'un citoyen à part
entière. C'est dans cet esprit que, le 23 juin 1978, l'Assemblée
nationale adaptait la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées. Ce fut cette même année que fut
créé l'OPHQ. Par la suite, nous avons assisté à la
tenue de colloques, de conférences, de commissions parlementaires
où des personnes handicapées ont parlé de leurs besoins,
de leurs droits et ont revendiqué une place à part
égale.
Adoptée en 1984, la proposition de politique d'ensemble de
prévention des déficiences et d'intégration sociale des
personnes handicapées est le résultat d'une large consultation et
d'une participation à part égale des administrateurs et des
administrés, les personnes handicapées. À part...
égale a été établi à partir d'un
consensus quant aux objectifs poursuivis et aux moyens utilisés pour
assurer l'atteinte de
ces mêmes objectifs.
L'OPHQ a joué un rôle actif dans la rédaction de la
politique d'ensemble et dans sa mise en application. Assumant son mandat de
coordination des services d'information et de promotion des
intérêts des personnes handicapées, il a mis sur pied des
programmes et des services favorisant leur maintien dans le milieu de vie
naturel et leur intégration sociale.
L'intégration sociale des personnes handicapées sera
possible grâce à des services résidentiels adaptés,
à un système de transport accessible, à des services de
maintien à domicile efficaces et par des programmes d'intégration
au marché du travail, au milieu scolaire et à la vie sociale et
culturelle de leur entourage. Le défi que s'était lancé
notre société en souscrivant à la proposition À
part... égale témoigne d'une volonté collective de
changement social et nous en sommes tous les gagnants.
Ainsi, considérant le cheminement réalisé ces
dernières années par notre société et les
autorités gouvernementales pour mettre en place des mécanismes
favorisant une intégration sociale harmonieuse, on comprend mal la
décision du Conseil du trésor de geler le budget d'aide
matérielle de l'OPHQ. On comprend mal que le gouvernement sème
des engagements électoraux à l'endroit des personnes
handicapées et remette en question les acquis des personnes
handicapées.
Cette décision n'est pas sans conséquence pour les
personnes handicapées. L'impact du gel du budget du programme d'aide a
des répercussions sur différents programmes, dont les traitements
médicaux, l'adaptation, la réadaptation, les services
éducatifs, le maintien à domicile, le transport. Les
conséquences sont graves pour les personnes handicapées.
Ainsi, nous assistons à l'arrêt complet, tout ou moins au
ralentissement des programmes de désinstitutionnalisation,
c'est-à-dire le risque de maintien en institution pour certaines
personnes handicapées et de retour en institution pour les autres.
L'absence d'aide pour le transport prive enfants et adultes des services
offerts par les centres de réadaptation et rend difficile ou impossible
l'accès aux écoles spécialisées ou
régulières.
Le délai dans l'attribution des aides techniques risque non
seulement d'entraîner une détérioration de la condition de
la personne, mais aussi de rendre l'intervention d'adaptation et de
réadaptation inutile. Des personnes sont pénalisées par le
gel du budget, principalement des personnes devenues sourdes, celles
présentant des troubles de locomotion et celles ayant une
déficience visuelle.
Ma formation politique et moi jugeons inacceptable la politique du
gouvernement qui renie ses enqaqements électoraux et fait fi des
recommandations et des choix qui ont été faits à partir
d'un consensus qui s'appelle: À part... égale. Dans le
même sens, nous déplorons que le présent gouvernement ne
sache pas écouter les personnes handicapées qui ont
manifesté au cours des derniers mois et ne les consulte pas avant de
prendre des décisions qui ne les touchent que de très
près.
Nous reconnaissons le rôle palliatif de l'OPHQ et la
nécessité de faire partager à tous les partenaires sociaux
une responsabilité envers les personnes qui vivent avec une
déficience physique ou intellectuelle. Cependant, nous nous opposons
à ce que le transfert des programmes vers des ministères ou
organismes gouvernementaux se fasse dans la hâte et sans planification
rationnelle. Il est nécessaire d'agir à l'intérieur d'une
politique d'ensemble définie.
Nous croyons donc qu'il serait prématuré d'agir avant la
fin des travaux de la commission Rochon, le dépôt du rapport du
comité chargé de définir une politique de santé
mentale, de même que le dépôt du rapport concernant la
réintégration sociale des déficients intellectuels.
Les personnes handicapées qui sont aujourd'hui ici ou leurs
organismes qui sont ici pour les représenter ont aussi leur mot à
dire et c'est pourquoi je demande à la commission de les entendre, de
leur permettre de nous expliquer leurs problèmes, de nous parler de
leurs désirs, des expériences qu'elles vivent. Je suis convaincu
que ces propos seront profitables et éclaireront les membres de l'OPHQ
et de cette commission sur les orientations à suivre dans le meilleur
intérêt des personnes handicapées.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, puis M. le député de
Joliette.
M. Sirros: Comme vous avez pu le constater, M. le
Président, l'Opposition va évidemment faire son travail
très objectivement comme je le souhaitais. J'ai cru comprendre que la
députée de Marie-Victorin faisait une demande spécifique
à la présidence et j'aimerais que la présidence juge de la
recevabilité ou non.
Le Président (M. Bélanger): Sur la demande
d'entendre des organismes autres que l'office, je pense que notre mandat
spécifique, en ce qui concerne les travaux pour les deux prochains
jours, est de procéder à l'audition de l'Office des personnes
handicapées du Québec.
Si votre demande était recevable, je pense que le contexte d'une
réunion de
travail à huis clos serait préférable. Nous
pourrions décider des suites à donner à cet examen et
élargir, éventuellement, ce mandat à la suite d'un
consentement des deux partis lors de cette séance de travail. Mais je ne
pourrais pas le faire dès aujourd'hui et je pense que cela irait
à l'encontre du mandat que nous a confié l'Assemblée
nationale que de l'élargir comme vous en faites la demande.
Je dois donc rejeter votre demande et vous demander de la
présenter à nouveau lors d'une séance de travail
ultérieure qui aura lieu, je le présume, dans peu de temps,
après nos séances d'auditions avec l'Office des personnes
handicapées. Nous pourrons disposer, à ce moment-là, de
votre demande. Elle est recevable dans ce contexte, mais non dans le contexte
du mandat que nous avons actuellement.
Mme Vermette: Parfait. J'en prends note et on fera la demande en
particulier.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je ne pourrai
malheureusement pas participer à tous les débats de la commission
à cause d'autres engagements. Je voudrais quand même dire quelques
mots, puisqu'on a à étudier l'organisme national qui, il faut le
reconnaître, a fait un travail magistral depuis quelques années,
très magistral, dans le cadre d'une crise économique et d'une
crise budgétaire qui n'a pas dû être facile, sans doute,
parce que les besoins sont illimités et les ressources très
limitées. Donc, c'est un double défi qui se pose à tous
les organismes, y compris au gouvernement.
Je suis particulièrement sensible à ce dossier parce que
j'ai été responsable aussi, comme ministre de la Santé et
des Services sociaux, de l'OPHQ. J'en profite d'ailleurs -je n'ai pas pu le
faire avant - pour remercier publiquement votre prédécesseur, Mme
Robillard, qui a oeuvré quand même un bon bout de temps à
la tête de l'OPHQ, et pour vous dire que, personnellement, je pense que
l'OPHQ devra avoir un oeil ouvert qui devrait déborder son mandat. Je le
dis comme je le pense parce que je n'ai pas de texte, mais il m'apparaît
qu'on fait face à une des clientèles les plus vulnérables.
Quand on parle des handicapés et qu'on parle des jeunes et des personnes
âgées, ce sont les trois clientèles qui, è mon avis,
sont les plus vulnérables dans une société et qui,
malheureusement, sont victimes d'abus dans bien des cas.
Je ne sais pas si cela fait partie du mandat - je n'ai pas eu la chance
de me préparer d'une façon aussi adéquate que je ne
l'aurais voulu - mais je suis toujours inquiet de voir un nombre
considérable de personnes dépendre de la Curatelle publique.
Peut-être qu'au cours des deux jours on pourrait regarder cet aspect
d'une façon particulière. Je ne sais pas si vous avez des cas
précis, mais nous, dans nos bureaux de comté, quelquefois, on
nous soumet des cas qui sont assez déplorables et, dans bien des cas, on
sait jusqu'à quel point une personne peut se ramasser dépendante
de la Curatelle publique ayant eu plus ou moins la chance d'établir au
préalable une curatelle un peu familiale au lieu de publique. Dans bien
des cas, cela a créé des problèmes majeurs.
J'apprécierais si on pouvait toucher cet aspect; en tout cas, qu'on le
regarde d'une façon particulière.
J'ignore également jusqu'à quel point l'OPHQ peut avoir un
oeil ouvert sur le contrôle de la qualité des services en
institution. On sait que l'OPHQ est surtout identifié à des
mouvements extérieurs et à des travaux. Je reconnais M.
Capistran, à l'autre bout, qui est souvent dérangé au
téléphone par des députés qui veulent savoir si tel
dossier ou tel dossier va accoucher en ce qui a trait à une
réparation de logement, de maison, etc. Au-delà de cela, il y a
des personnes en institution et il y a des gens démunis qui cherchent
à défendre ces personnes en institution. Souvent, les hommes
publics reçoivent les critiques après que les faits se sont
produits. Est-ce que l'OPHQ voit un rôle important à jouer pour
les personnes en institution? Quel serait le type de contrôle sur la
qualité des services? Quelles sont ses réactions ou son droit aux
réactions face à des plaintes formelles déposées?
J'ai vu des cas précis et c'est très délicat. On nous
accuse souvent de vouloir faire du pathos autour de ces faits. C'est justement
au-delà d'un fait précis que j'aimerais que l'on puisse discuter.
Il m'apparaît que la surveillance face à la qualité des
services n'est pas toujours ce qu'elle devrait être, à mon point
de vue en tout cas; j'ai vu des cas concrets. Malheureusement, on attend
souvent que le mal soit profond. Cela fait les manchettes durant des mois et
des mois, au lieu de couper le mal à sa racine.
Il y a également un aspect du sujet sur lequel j'aimerais
entendre les dirigeants de l'OPHQ. Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir une
structure, une formule qui permettrait de diminuer les délais dans
l'étude de cas précis? J'ai vu des cas patents d'individus qui,
au sortir de l'hôpital ou du centre de santé, n'ont pas de choix
si on ne peut pas procéder à des correctifs; c'est de
l'allocation de services - je n'ai pas le terme précis. Hier encore,
à mon bureau de comté, j'avais le cas d'une femme obligée
de louer des services; elle a besoin d'une personne 24 heures par jour avec
elle. Elle est un peu
à la merci des services sociaux dans les régions,
présentement. Il y a des demandes de faites è l'OPHQ, par
exemple, depuis un an, un an et demi. Dès qu'elle est sortie de
l'hôpital, s'ils n'y a pas ces correctifs, c'est fini. Cela veut dire
qu'on sera obligé de la placer. Cette personne n'a pas les moyens
financiers, à cause de son revenu, de se payer ce genre de services 24
heures par jour. Alors que s'il y avait des réaménagements
à la maison...
Dans ces cas précis, il me semble qu'il y a une discussion
è faire, même avec le gouvernement, pour répondre à
des urgences afin d'assurer l'autonomie d'une personne, en tout cas, une
certaine forme d'autonomie lui permettant de vivre dans son milieu. On ne peut
pas, comme élus politiques, être insensibles à cela. On ne
peut pas créer un appétit d'autonomie de la personne, on ne peut
pas prêcher pendant cinq ans ou dix ans que cette personne doit se
prendre en main et procéder à sa réinsertion sociale, on
ne peut pas lui demander de se développer, de se structurer, de
s'organiser sans lui offrir les moyens de le faire. Sinon, vous avez une
frustration d'autant plus grande. (10 h 30)
J'ai assisté à des tables de concertation de
handicapés sur le plan régional, j'ai rencontré une foule
de dirigeants, j'ai vu des handicapés qui ont décidé
d'arrêter de quémander des subventions et qui ont
décidé de lancer un business pour que cela rapporte, par exemple,
des bureaux d'enregistrement des véhicules automobiles. Le
député de l'Assomption peut en témoigner, il assistait aux
mêmes inaugurations que moi. Les gens se sont véritablement pris
en main. On sent un mouvement très fort. On sent qu'ils ont compris que
se réinsérer socialement, cela voulait dire se
débrouiller. Mais il y a des moyens minimaux qui doivent venir de l'Etat
parce qu'on a un rattrapage monstre à faire dans ce secteur.
J'ose espérer, en tout cas, que tous les engagements
électoraux du présent gouvernement qui a fait miroiter, bien
sûr, aux personnes handicapées cette possibilité de se
sortir du pétrin dans lequel elles sont pour pouvoir
véritablement voler de leurs propres ailes, en tout cas, je souhaite que
cela soit la priorité des priorités. Mais la priorité des
priorités, c'est la première priorité. Il faut, alors,
attendre la première priorité parce qu'il y en a d'autres
à exécution qui sont moins prioritaires que les personnes
handicapées, il me semble, parce que le côté humain doit
primer en politique. Cela doit être indispensable.
Je voudrais aussi, comme ma collègue et comme le
député de Laurier, féliciter ceux et celles qui
accompagnent les personnes handicapées. Leur aide, bien sûr, a
développé cette autonomie de la personne et j'ose espérer
que vos efforts ne sont pas vains. Vous pouvez compter sur l'Opposition pour le
rappeler au gouvernement. C'est notre rôle, c'est le rôle de
l'Opposition. Au-delà du rôle négatif que certaines
personnes peuvent y voir, c'est un rôle extrêmement positif dans un
État que celui d'une opposition qui rappelle au gouvernement ses
obligations, ses engagements, etc., et qui soutient les efforts de milliers de
personnes qui oeuvrent bénévolement dans ces secteurs.
Aux dirigeants de l'OPHQ, je vous souhaite le moins de
difficultés budgétaires possible, donc, une grande satisfaction
vis-à-vis de vos commettants parce que, lorsque vous n'avez pas de
difficultés budgétaires, vous avez moins de critiques, et c'est
normal. Je souhaite également que vous puissiez répondre par des
critères assez souples, de moins en moins technocratisés, aux
besoins réels. Lorsqu'on veut faire l'analyse d'un cas, c'est du cas par
cas, à mon point de vue, et quand on fait une analyse cas par cas on
peut tenir compte d'une foule de facteurs humains. Quand c'est technocratique
au point de dire: a+a = 2a et ab+ab= a2+2ab+b2... Cela, c'est en
algèbre, mais sur le plan humain il s'agit d'aller voir sur place, bien
souvent, comment est construite une maison, quels aménagements cela lui
prend, quel type de réfection cela prend pour rendre la personne
autonome. Quel est son état d'avancement dans sa maladie?
II y a des facteurs qui ne peuvent pas s'analyser d'une façon
mathématique, on doit en tenir compte. Cela se fait assez facilement,
cela se fait pour accueillir une personne âgée dans un centre
d'accueil. C'est le dossier médical, bien souvent, qui joue, ou la
plupart du temps. On me dit qu'il y a moyen d'y déroger, mais c'est
plutôt rare. En tout cas, on ne devrait pas y déroger de cette
façon. Il y aura toujours une part d'arbitraire, mais c'est
précisément, à mon sens, le rôle des dirigeants de
pouvoir analyser le cas précis et d'y donner une préséance
pour permettre à l'individu de ne pas se retrouver en institution. Deux
cas peuvent être similaires sur le plan de la santé, mais à
cause d'un encadrement familial un est moins urgent que l'autre, et cela
s'analyse. Malheureusement, je dois dire que les cas qui nous sont soumis... Ce
n'est pas une critique négative que je veux faire de l'OPHQ pour le
plaisir de la faire, mais je peux avoir une fille de 18 ans handicapée
et une autre fille de 18 ans handicapée et, à cause de
l'état de santé de ses parents, si cela prend trois mois, cela
peut ne pas être grave dans un cas, mais être dramatique dans
l'autre cas. Ce que je veux dire, c'est qu'on doit faire en sorte que
l'individu qui est le plus durement touché à court terme soit
l'individu prioritaire, la personne prioritaire.
À mon point de vue, si on partait au
moins de ce critère de base purement humain qui tient compte des
circonstances de la situation réelle, on pourrait faire beaucoup mieux
et j'ai la conviction qu'on éviterait énormément de
mobilisation dans ces secteurs. Lorsque l'on se ramasse dans un groupe de 50 ou
60 personnes handicapées, qui reçoit l'assentiment? C'est
toujours le cas le plus pathétique. Parce que l'autre est en lice depuis
six mois, il est six mois avant l'autre mais il a moins d'urgence que l'autre.
Cela s'explique à des individus. On est capable de le faire comprendre
à partir d'un cas concret, mais si c'est seulement mathématique,
c'est la date d'inscription et, à mon point de vue, on manque le bateau.
Je ne veux pas défendre le gouvernement -ce n'est pas mon rôle -
mais l'État ne pourra jamais prévoir les sommes exactes alors
que, si on y allait de cette façon-là, on serait au moins certain
de minimiser au maximum les risques de discrimination envers les personnes
handicapées réelles qui en ont besoin à très court
terme, de répondre aux urgences et d'y aller d'une façon
progressive dans le reste. C'est un peu ma vision des choses vis-à-vis
des personnes handicapées.
Je trouve heureux qu'il se soit créé dans deux ou trois
endroits du Québec, par exemple, dans la région de Hull et dans
la région de Lanaudière, le Bouclier, des structures visant
à établir des notions de services décentralisés.
Là-dessus, le gouvernement a un pas de qéant à faire. Par
exemple, en Abitibi, je crois que c'est 1 400 000 $ pour l'ensemble des
services aux personnes handicapées; à Hull, cela se rapproche de
1 900 000 $ et dans Lanaudière, c'est 900 000 $. Pourquoi? Je ne le sais
pas, il y a plus de personnes handicapées. Il y a des choses à
revoir dans la distribution même des sommes d'argent. Il faut tenir
compte du bassin de population, du nombre de personnes handicapées
identifiées et faire en sorte que nos régions aient une certaine
forme d'équilibre dans la qualité des services.
C'est à revoir parce que je me suis permis, dernièrement,
de faire des comparaisons de chiffres et je me rends compte que c'est
disproportionné dans nos régions. Par exemple, en
Montérégie, c'est d'une pauvreté totale dans la
qualité des services par rapport à d'autres régions du
Québec. Lanaudière est l'avant-dernière, je suis bien
placé pour en parler. Je ne sais pas pourquoi certaines régions
ont été plus favorisées que d'autres et, à mon
point de vue, lorsque l'on parle de la qualité des services, on ne
regarde pas la couleur ' politique de celui qui les représente, on
regarde le degré de gravité des personnes qui y vivent. C'est une
perception plutôt humaine de la politique qu'une perception
technocratique ou partisane de la qualité des services. J'ose
espérer que c'est dans ce climat que la discussion va se faire.
Je m'excuse d'avance de devoir quitter, mais je reviendrai au cours de
la journée. Mon travail m'oblige à faire des saucettes
malheureusement, mais j'ai le temps de lire par la suite les réponses
que vous aurez l'occasion de donner. Je vous remercie.
M. Guy Bélanger
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député. Je me permets à ce stade-ci de faire quelques
remarques, avant de passer la parole au président-directeur
général de l'office. On sait que les commissions parlementaires,
depuis mars 1984, ont un nouveau mandat. Lorsqu'elles procèdent à
l'examen d'un organisme, on a essayé de donner à ces commissions
des possibilités d'actions et de recommandations un peu plus grandes et
des possibilités d'implication plus grande. C'est dans cet
esprit-là que, comme parlementaires et membres de la commission, nous
voulons aborder le dossier de l'Office des personnes handicapées du
Québec.
D'abord, si nous l'avons choisi au départ, c'est que cela
répondait déjà à des attentes et à une saine
curiosité de connaître quel était cet organisme, comment il
fonctionnait et comment il dispensait ses services. Dans les dix
dernières années, énormément d'efforts ont
été consentis à cela et, malgré tout, il reste,
semble-t-il, encore d'importantes lacunes que nous essaierons de voir, comme
commission, en agissant de façon responsable et en faisant des
recommandations, s'il y a lieu, ou en posant des gestes qui permettront de
faire évoluer les choses ou de les faire avancer. C'est donc dans un
esprit non pas de critique négative, mais de critique beaucoup plus
positive et constructive que nous voulons aborder ce mandat.
Je voudrais bien aussi insister sur l'aspect humain. Le
député de Joliette et le député de Laurier, je
pense, l'ont fait avec éloquence. Donc, on va s'en tenir à cela.
Je fais écho à leurs paroles.
Je voudrais remercier tous les gens qui se sont déplacés
pour assister aux travaux de la commission. Cela démontre que, pour
vous, c'est d'un intérêt très grand, très important
et nous vous en savons gré. Comme je le disais tout à l'heure
à Mme la députée de Marie-Victorin, malheureusement, on ne
peut pas vous entendre, ce n'est pas à l'intérieur de notre
mandat pour les deux prochains jours, mais on apprécie hautement votre
présence et on la perçoit comme un soutien apporté
à l'organisme parlementaire. C'est dans cet esprit que les commissions
existent, c'est-à-dire pour permettre une plus grande
démocratisation des services et à l'ensemble de vraiment se faire
entendre.
Donc, sans plus tarder, je vais céder la parole à M.
Mercure, président et directeur
général, qui nous présentera son organisme. M.
Mercure.
Auditions
Office des personnes handicapées du
Québec
M. Mercure (Paul): M. le Président, mesdames et messieurs
membres de la commission parlementaire, je voudrais peut-être dire que je
vais lire un texte, mais il va être disponible immédiatement
après lecture. Je sortirai très peu du texte et il va Être
disponible intégralement.
Je voudrais, tout d'abord, remercier les membres de la commission des
affaires sociales de l'occasion qui est offerte à l'Office des personnes
handicapées du Québec de se faire mieux connaître, tant au
point de vue de ses activités, de son fonctionnement et de sa gestion
que de ses orientations.
Je me présente: Paul Mercure, j'occupe le poste de
président-directeur général depuis le mois dernier. Ce
poste était assumé auparavant, depuis la création de
l'office en 1978 jusqu'en septembre 1986, par Mme Laurette Champigny-Robillard.
C'est donc depuis peu que j'assume cette responsabilité. Pour
réaliser cette tâche, je bénéficie du support d'une
équipe expérimentée et très motivée par nos
objectifs.
Même s'il y a eu une courte présentation tout à
l'heure, je pense que ce serait utile que je renomme les personnes qui
m'accompagnent dans l'ordre où elles sont placées à cette
table. Vous avez, à mon extrême gauche, M. Robert Capistran,
directeur des services au milieu; à la suite, M. Guy Monette, directeur
des programmes nationaux; immédiatement à ma gauche, M. Denis
Semco, directeur du secrétariat et du service juridique. Une personne
qui n'est pas à la table, mais qui est derrière moi, Mme Anne
Falcimaigne, est directrice des communications et de la documentation; à
ma droite, M. Roméo Landry, directeur de l'administration, et M. Normand
Lucas, chef du service de la recherche et de la planification.
Je voudrais d'abord souligner brièvement le caractère
particulier de l'office et de son mandat.
Les personnes handicapées ont été, jusqu'au milieu
des années soixante-dix, majoritairement tenues en marge d'une
réelle participation à la vie sociale et économique. La
nécessité d'un organisme du genre de l'OPHQ est apparue afin de
permettre un rattrapage, tant dans l'exercice des droits que dans le
développement et la cohérence des services nécessaires
à une intégration sociale et économique réelle de
ces personnes.
C'est pourquoi, à sa création, l'office a reçu le
mandat de veiller à la coordination des services dispensés aux
personnes handicapées, de promouvoir leurs intérêts, de les
informer et les conseiller.
De plus, en attente d'une prise en charge complète des
ministères et organismes impliqués, l'office joue un rôle
supplétif pour favoriser leur intégration dans la
société.
Par son rôle de coordination à tous les niveaux et surtout
par son rôle palliatif qui est appelé à diminuer, au fur et
à mesure du rattrapage, l'OPHQ exerce une fonction spécifique et
nécessaire pour l'accès des personnes handicapées à
un statut de citoyens et citoyennes à part entière. (10 h 45)
Soulignons de plus que, par ses activités qui débordent
sur plusieurs secteurs comme le travail, l'éducation, la santé,
les services sociaux, le transport, l'habitation, etc., l'OPHQ entretient des
liens très étroits avec plusieurs ministères.
Enfin, l'OPHQ assure, par la composition de son conseil
d'administration, la participation aux décisions et orientations des
différents groupes concernés par ce rattrapage, soit les
ministères, les employeurs, les syndicats, mais surtout les organismes
de promotion.
Je vais maintenant exposer le rôle et le fonctionnement de
l'office, en traitant succinctement de: la création de l'OPHQ; sa
structure; la politique d'ensemble À part... égale;la fonction de coordination et de promotion au niveau collectif; le
rôle de coordination au niveau individuel; certains programmes dits
nationaux, et je vais terminer par l'évocation rapide des perspectives
d'avenir de notre organisme.
Création de l'office. Pour prendre leur place dans la
société, les personnes handicapées ont oeuvré sans
relâche au Québec depuis trente ans. Cette période a
été jalonnée de moments importants comme des
représentations auprès des principaux mécanismes
d'étude et de consultation de l'époque, par exemple, la
Commission d'enquête sur la santé et le bien-être social, de
1966 à 1971, la commission Castonguay-Nepveu.
Influencées par le courant mondial de normalisation au
début des années soixante-dix, les personnes handicapées
du Québec et leurs organismes représentatifs poursuivent leurs
actions durant la première moitié de cette décennie. Des
projets d'initiative locale, de sensibilisation du public, des revendications
et manifestations font sentir leur présence auprès des
différentes instances gouvernementales. Les principaux objectifs sont la
réponse à leurs besoins et la reconnaissance de leurs droits.
Afin d'aider les personnes handicapées à devenir des
membres à part entière de la société, notamment par
leur intégration au travail, un premier projet de loi est
déposé,
par le gouvernement d'alors, devant l'Assemblée nationale le 28
juin 1976 par le ministre des Affaires sociales de l'époque, M. Claude
Forget. C'est le projet de loi 55.
Témoignant de leur dynamisme et de leur mobilisation intensive et
générale, les interventions, manifestations et
présentations de mémoires effectuées par des personnes
handicapées et leurs associations se succèdent alors pendant un
peu plus de deux ans autour de différents événements:
commission parlementaire sur le projet de loi 55 à l'automne 1976,
annonce d'une nouvelle consultation sur ce projet de loi en février
1977, dépôt du livre blanc Proposition de politique à
l'égard des personnes handicapées, présenté par
M. Denis Lazure en avril 1977, dépôt le 3 juin en première
lecture du projet de loi 9, commission parlementaire à l'automne 1977 et
adoption par l'Assemblée nationale, à l'unanimité, le 23
juin 1978, de la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées. Cette loi créait l'Office des personnes
handicapées du Québec.
Quelques mots sur la structure de l'office. La Loi assurant l'exercice
des droits des personnes handicapées décrit les principaux
pouvoirs de l'OPHQ, ses mandats et obligations, de même que sa
composition. De façon générale, elle confère
à l'office le rôle de veiller à la coordination des
services dispensés aux personnes handicapées, d'informer et de
conseiller les personnes handicapées, de promouvoir leurs
intérêts, de favoriser leur intégration scolaire,
professionnelle et sociale.
La composition de l'office. L'OPHQ, c'est d'abord un conseil
d'administration qui se réunit au moins six fois l'an et qui est
composé de quatorze membres votants, dont un président-directeur
général, tous nommés par le gouvernement. Ces membres,
autres que le président, sont désignés de la façon
suivante: onze membres, dont le vice-président, après
consultation des organismes de promotion les plus représentatifs de
diverses régions du Québec; un membre après consultation
auprès des employeurs; un membre après consultation auprès
des centrales syndicales. N'ayant cependant pas droit de vote, sont aussi
nommés au conseil d'administration treize membres d'office qui
représentent les ministères et qui ont des implications directes
auprès des personnes handicapées.
Le siège social de l'office est situé è
Drummondville. On y retrouve la direction générale, une direction
des services juridiques, une direction des communications de la documentation,
une direction des services au milieu, une direction de l'administration, une
direction des programmes nationaux, un service des ressources humaines et un
service de la recherche et de la planification. Il y a près de 120
personnes qui y travaillent tous les jours.
L'office assure aussi, depuis juin 1984, une présence dans toutes
les régions administratives du Québec: onze bureaux
régionaux furent créés. Ils ont comme vocation principale
de coordonner les actions et services offerts aux personnes handicapées,
ainsi que d'intervenir auprès des ressources locales et
régionales pour favoriser le développement de services
coordonnés répondant à leurs besoins. Il y a près
de 70 employés de l'office qui travaillent en région.
Au 31 mars 1986, il y avait à l'office un total de 187
employés. De ce nombre, 125 occupaient des postes permanents et 62 des
postes occasionnels. Parmi eux, il y a 39 personnes handicapées...
excusez-moi, 37 personnes handicapées.
Le budget de l'office est voté tous les ans par
l'Assemblée nationale. Il était, pour l'exercice financier
1985-1986, de 39 174 000 $. De ce montant, 7 740 000 $ étaient
nécessaires pour son fonctionnement et le reste, soit au-delà de
31 000 000 $, était consacré aux divers programmes. Pour le
présent exercice, le budqet s'élève à 42 000 000 $
et la partie attribuée au poste de l'aide matérielle, qui a
été tellement présente dans l'actualité, est de 12
000 000 $.
Quelques mots sur la politique d'ensemble À part...
égale, qui est ce document que plusieurs connaissent très
bien dans la société québécoise. Selon la loi,
l'office a le devoir de favoriser la coordination des ministères et de
l'ensemble des ressources nécesssaires à l'intégration des
personnes handicapées. Dans le but de réaliser ce mandat, l'OPHQ
a proposé, en 1980, d'élaborer un projet de politique d'ensemble
de prévention des déficiences et d'intégration sociale des
personnes handicapées. C'est au cours de l'Année internationale
des personnes handicapées que le Conseil des ministres lui a
confié cette responsabilité. Un comité
interministériel était créé afin d'assurer la
participation gouvernementale à l'élaboration de cette politique
d'ensemble.
En 1981, l'office a coordonné le travail de onze tables
provinciales de concertation réunissant tous les organismes intervenant
dans les différents domaines de la vie des personnes handicapées.
II s'agissait d'organismes publics, parapubiics et privés. 200 personnes
participèrent à ces tables provinciales, tandis que 65 groupes de
travail recueillaient des données dans toutes les régions du
Québec, avec la participation de près de 3000 intervenants et
intervenantes.
Cette démarche a permis de produire un état de situation
de l'intégration des personnes handicapées au Québec, qui
a servi à préparer la conférence socio-économique
de
décembre 1981 à laquelle participèrent
différente décideurs du Québec et les représentants
des organismes de promotion. C'est ainsi qu'on a jeté les bases de
À part... égale.
La rédaction de la politique d'ensemble, au cours des deux
années qui ont suivi cette conférence, est aussi le fruit du
travail du conseil d'administration de l'office, tant les membres votants que
les représentants des ministères concernés.
La politique d'ensemble a donc été conçue comme un
outil, un cadre de référence pour réaliser un changement
social. Il est déjà amorcé, mais il doit être
vigoureusement soutenu pour en arriver à une organisation de la
société québécoise qui respecte les besoins
individuels et collectifs des personnes handicapées.
À part... égale est une politique d'action. Quinze
orientations fondamentales y sont proposées aux partenaires de l'office,
c'est-à-dire aux organismes publics, parapublics et privés, sans
lesquels l'office ne peut remplir son mandat. Les objectifs touchent les
milieux des personnes handicapées, leurs besoins, l'adaptation au
milieu, le développement et l'organisation des ressources. À
partir de là, on propose d'aqir: agir sur les causes des
déficiences physiques ou mentales, c'est la prévention; agir sur
les déficiences, c'est le diagnostic et le traitement; agir sur les
limitations fonctionnelles qui en résultent, c'est la
réadaptation et l'adaptation; agir enfin sur le handicap,
c'est-à-dire sur les barrières sociales, pour assurer aux
personnes une intégration sociale sans discrimination ni
privilège. Dans la politique d'ensemble, 316 recommandations sont
proposées aux intervenants et intervenantes, y inclus l'office.
Ces recommandations attribuent à chacun ses
responsabilités pour reconnaître aux personnes handicapées
des capacités d'autonomie et de contribution sociale, ainsi que les
mêmes droits qu'à tous les autres citoyennes et citoyens.
L'office doit répandre cette façon de voir chez tous les
décideurs et apporter son soutien et sa vigilance à la
réalisation de À part... égale. Pour ce faire, nous
nous sommes engagés, à l'intérieur de la politique
d'ensemble: à jouer un rôle d'expert-conseil pour favoriser
l'orientation et le développement des ressources aux paliers provincial,
régional, sous-régional et local, en collaboration avec les
instances impliquées; à promouvoir et à animer des groupes
de travail ou d'intervention contribuant à la réalisation de
À part... égale; à assurer un suivi aux
recommandations de À part... égale et a procéder
à une réévaluation continue des stratégies d'action
pour les adapter aux changements sociaux et technologiques; enfin, à
favoriser l'action des organismes de promotion et à leur apporter un
soutien organisationnel et pratique dans la réalisation de leurs
objectifs. (11 heures)
À la suite de la publication de la politique d'ensemble en
janvier 1984, le Conseil des ministres du Québec chargeait l'OPHQ de
préparer une réunion des décideurs québécois
pour en stimuler la mise en oeuvre. L'ensemble des décideurs
impliqués par les recommandations a, alors, été
invité par l'office à déposer des plans d'action. C'est ce
que les partenaires ont fait lors de la conférence "À part
égale!" de février 1985. Plus de 100 organismes ou groupements,
organismes publics, parapublics et privés, ont consacré de longs
mois à cette préparation. Il s'agissait, alors, entre autres, des
ministères, des organismes représentant les employeurs, des
organismes représentant les centrales syndicales, de toutes les
corporations professionnelles impliquées dans les services des personnes
handicapées, des personnes handicapées elles-mêmes, de
leurs associations, de tous les réseaux de quelque ministère que
ce soit impliqués dans les services aux personnes handicapées, de
la population en général.
Cela a permis de constater, par rapport à la conférence
socio-économique de 1981, une meilleure connaissance des rôles et
responsabilités des partenaires et la convergence progressive des points
de vue vers un même objectif d'ensemble: la plus grande autonomie pour la
personne dans sa communauté de vie naturelle.
La conférence "À part égale!" a été
aussi l'occasion de l'expression d'un consensus de l'ensemble des partenaires
sur les orientations fondamentales de la politique. Elle a permis
également de définir des plans d'action, des projets concrets
d'application des recommandations de À part... égale. Le
conseil des ministres a d'ailleurs annoncé, à ce moment, les
orientations de À part... égale comme étant celles
du gouvernement.
L'office et ses partenaires ont amorcé un processus de
concertation qui doit se poursuivre pour assurer la mise en oeuvre des plans
d'action présentés. Par son rôle d'animation, de
coordination, de concertation, l'office assume maintenant un suivi de
l'application de la politique d'ensemble.
Entre autres, une série de bilans, dont le premier a
été publié en août 1986 - je me réfère
au document Situations, qui est celui-ci - devraient permettre de faire
l'état de situation de cette mise en oeuvre dans le cadre de la
décennie des personnes handicapées, qui se poursuit jusqu'en
1992. À part... égale est, en effet, le plan d'action du
Québec déposé à l'ONU pour cette
décennie.
Le principal défi présenté par la politique
d'ensemble réside dans la coordination. L'on peut maintenant dire que
l'ensemble des décideurs qui ont participé à
la conférence "À part égale!" a accepté le
défi. L'OPHQ doit maintenant les soutenir dans leurs actions.
La fonction de coordination et de promotion au niveau collectif.
L'office intervient de façon active pour coordonner les services et
promouvoir les intérêts des personnes handicapées. Cette
mission s'est toujours accomplie dans un souci de participation des personnes
handicapées elles-mêmes. Elle repose sur une conception de la
nature spécifique des déficiences, des incapacités et du
handicap ainsi que des moyens de les contrer.
Notre société ayant, par sa façon de faire,
contribué à marginaliser certains de ses membres, il nous faut
aussi intervenir sur le plan collectif. L'office est engagé dans une
démarche concrète d'organisation et de développement de
ressources dans les communautés et les régions où vivent
les personnes handicapées. Il contribue aussi aux efforts de
réaménagement des ressources existantes et au
développement dans les ministères de services et de programmes
véritablement adaptés aux personnes handicapées, en toute
égalité. Il participe à l'élaboration des
politiques du gouvernement québécois en déposant des avis,
des mémoires, des commentaires sur les projets de loi et de
règlement et auprès des diverses commissions et groupes
d'étude qui ont des impacts sur l'intégration sociale de la
personne handicapée.
Ainsi, l'office est amené à développer et à
stimuler la connaissance de la problématique des personnes
handicapées et de leur intégration sociale dans une perspective
de soutien à l'application de la loi et de À part...
égale.
L'accès à l'information et à la documentation est
un exemple d'objectif qui nécessite une intervention de l'office autant
en termes de développement des connaissances que de coordination des
organismes québécois. Il faut assurer à la personne
handicapée un tel accès, par des médias substituts,
l'harmonisation du langage documentaire et l'accès aux bases de
données existantes.
L'office assume ici un rôle important de communication
auprès de ses partenaires, des personnes handicapées et du public
en général. Il s'efforce de contribuer au changement des
mentalités: diffusion d'un langage adéquat, sensibilisation du
public, soutien aux médias, programmes de formation, communications sur
les attitudes, les préjugés et la discrimination.
L'office diffuse continuellement de l'information sur les droits des
personnes handicapées, les ressources et services existants et les
activités offertes, que ce soit en répondant quotidiennement
à une centaine d'appels téléphoniques ou en diffusant des
bulletins, dépliants, brochures et vidéos. Enfin, l'office a un
rôle de support et conseil auprès des personnes handicapées
qui se sentent lésées. Il peut intervenir, le cas
échéant, pour représenter les personnes ou inciter au
respect de leurs droits, voire les soutenir dans leurs recours auprès
d'organismes comme la Commission des droits de la personne.
L'office a contribué à faire évoluer la
jurisprudence et à concourir à des réformes
législatives visant l'intégration sociale des personnes ayant des
déficiences. À ce titre, il est appelé à jouer un
rôle important dans la préparation de chacun des projets de loi et
de règlement qui ont une incidence sur la vie de la personne
handicapée.
Ce mandat de coordination et de promotion, l'office doit le jouer non
seulement au niveau provincial, mais aussi dans chacune des régions. Il
est donc en relation constante avec les organismes des divers réseaux
qui ont la responsabilité d'offrir des services tant aux personnes
handicapées qu'à la population en général.
En ce qui concerne la coordination des services individuels, la
perspective d'ensemble de coordination des ressources collectives sur laquelle
est fondée À part... égale doit être
complétée par une approche individuelle de coordination des
services nécessaires è chaque personne: le plan de services.
Un plan de services est un outil de planification et de coordination des
services nécessaires à la réalisation et au maintien de
l'intégration sociale d'une personne handicapée.
Cela nécessite très souvent la coordination et la
complémentarité d'interventions et de services provenant de
diverses ressources et établissements. La perspective d'ensemble du plan
de services donne une cohérence aux interventions, évite les
dédoublements ou disparités d'évaluation, assure les
références et suivis et vise à donner les réponses
les plus personnalisées aux besoins de chaque personne de manière
continue.
Le plan de services est constitué de plans d'interventions dans
chacun des domaines où la personne a besoin de services liés
è sa déficience, à ses limitations fonctionnelles et au
handicap auquel elle est confrontée. L'OPHQ a développé
l'outil du plan de services, conformément au mandat qu'il a reçu
de la loi assurant l'exercice des droits des personnes handicapées.
Actuellement, ce plan est donc identifié à une procédure
administrée par l'office, mais il est déjà mis à la
disposition de la personne handicapée et réalisé en
étroite collaboration avec les ressources des divers réseaux.
À part... égale propose une utilisation élargie du
plan de services en vue de réaliser et de maintenir l'intégration
sociale d'une personne handicapée.
Le plan de services. La loi oblige
l'OPHQ à voir à la préparation d'un plan de
services pour toute persone admissible qui lui en fait la demande, afin de
faciliter son intégration scolaire, professionnelle et sociale.
Lorsqu'une personne adresse une demande d'aide à l'office il faut
d'abord déterminer s'il s'agit d'une personne handicapée au sens
de la loi, puis statuer sur son admissibilité au plan de services. Il y
a donc une évaluation des besoins de la personne pour déterminer
la nécessité de l'intervention de l'office.
Il y a ensuite élaboration du plan de services par le bureau
régional concerné ou par une ressource du milieu. Ce plan peut
être modifié pour tenir compte de circonstances nouvelles.
Dans l'élaboration d'un plan de services et dans les
modifications qui y sont apportées, l'office respecte le libre choix de
la personne handicapée. Il ne rend pas directement des services à
la personne, il fait appel aux ressources des réseaux, des services de
santé sociaux, éducationnels, de transport et d'autres organismes
ou des personnes concernées.
Vient finalement l'étape de mise en oeuvre du plan de services.
Selon les objectifs du plan et les moyens retenus pour les atteindre, l'office
est amené à jouer divers rôles: représentation des
personnes, défense de leurs droits, négociation entre les parties
opposées, coordination de plans de services et attribution d'une aide
matérielle.
Quelques mots maintenant sur l'octroi de l'aide matérielle.
L'office n'accorde donc pas à toute personne handicapée
admissible à un plan de services un support financier. Lorsqu'il le
fait, il suit les conditions prescrites par la loi et les règlements
prévus à cet effet.
L'aide matérielle est accordée à titre
complémentaire selon des normes et modalités prescrites par
règlement en vue de permettre la mise en oeuvre du plan de services.
Elle tient compte des besoins de la personne handicapée, des ressources
à sa disposition dans le milieu, des prestations à l'occasion et
autres avantages dont elle peut bénéficier en vertu de toute
autre disposition législative ou réglementaire.
L'aide matérielle peut couvrir des frais de déplacement,
d'adaptation de domicile ou de véhicule ou encore l'achat
d'équipements et de fournitures, les honoraires professionnels et
l'adaptation de postes de travail, etc.
L'office accorde de l'aide matérielle lorsque aucune autre
ressource ne répond aux besoins de la personne et que cet octroi
s'avère essentiel à la réalisation de son plan de
services. Il le fait en cohérence avec les objectifs de À
part... égale qui prévoit l'accès aux services et aux
ressources financières visant à compenser la déficience et
la limitation fonctionnelle selon les objectifs du plan de services d'une
personne handicapée.
(11 h 15)
L'approche du plan de services appliquée par l'office lui a
permis de développer la connaissance des besoins des personnes
handicapées et des moyens par lesquels y répondre; l'aide
matérielle et la façon de l'octroyer y contribuent
particulièrement. L'office a reçu, en 1985-1986, plus de 5000
demandes nécessitant l'ouverture de nouveaux dossiers de plan de
services. Au 31 décembre 1986, il avait répondu cumulativement
à 20 671 demandes individuelles. Pour l'année en cours, le budget
d'aide matérielle est de 12 100 000 $.
Le contrat d'intéqration au travail. Une autre mesure
individuelle administrée par l'office afin de répondre aux
besoins de la personne handicapée est le contrat d'intégration au
travail.
Il s'agit d'un contrat signé entre l'OPHQ, un employeur et une
personne handicapée - donc, il y a trois parties - afin de favoriser
l'emploi de cette personne. La personne handicapée doit
bénéficier d'un plan de services pour son intégration
professionnelle. Aucune autre forme d'aide à l'emploi ne doit lui
être accessible. Finalement, il doit être démontré
que les barrières qu'elle rencontre dans son intégration au
travail sont liées à sa déficience ou à ses
limitations fonctionnelles.
L'employeur s'engage à embaucher la personne et, pendant une
période déterminée au contrat, reçoit une
subvention de l'OPHQ. Cette subvention compense le manque de
productivité de la personne handicapée durant la période
où elle est formée et s'intègre à l'emploi. La
subvention peut également couvrir les dépenses encourues pour
aménager, adapter ou rendre accessible un poste de travail.
Depuis le début du programme en novembre 1980, plus de 3000
contrats ont été signés avec 2118 personnes
handicapées différentes et 1145 employeurs différents.
Pour le présent exercice financier, le budget est de 1 930 000 $
à ce poste.
Un mot maintenant sur quelques programmes nationaux. L'office a la
responsabilité de l'administration de certains programmes dits nationaux
parce qu'ils ont une envergure provinciale. Il s'agit des plans d'embauche, des
subventions aux centres de travail adapté et des subventions aux
organismes de promotion.
En ce qui concerne les plans d'embauche, la Loi assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées oblige tous les employeurs de plus de
50 employés à soumettre è l'office un plan d'embauche. Le
but premier du programme est de travailler à l'élimination des
barrières qui empêchent les personnes handicapées d'avoir
accès au
marché du travail. Il demande aux employeurs de proposer des
mesures concernant le recrutement, la sélection, l'intégration en
emploi, la réintégration en emploi du travailleur devenu
handicapé sans égard à la cause de la déficience,
le développement de l'emploi à l'intention des personnes
handicapées et, enfin, le développement des capacités
à exercer un emploi.
Le plan d'embauche est une mesure incitative qui vise à changer
les mentalités des employeurs et employés et à faciliter,
à long terme, l'emploi des personnes handicapées.
L'office fait la promotion du programme auprès des employeurs
visés et négocie le plan d'embauche. En second lieu, l'office
reçoit, analyse et approuve les plans et les rapports annuels de suivi.
Enfin, l'office diffuse les informations contenues dans les plans d'embauche et
coordonne leur utilisation par les ressources locales. Au 3 février
1987, l'OPHQ avait approuvé 2850 plans qui couvrent 8846
établissements engageant du personnel.
Un mot maintenant sur les centres de travail adapté. Un centre de
travail adapté -souvent appelé CTA - est une entreprise
privée qui produit des biens ou des services comme toute entreprise. II
emploie en majorité des personnes dont les limitations fonctionnelles
les empêchent d'occuper un emploi dans le milieu régulier du
travail. Il existe en ce moment 39 CTA au Québec.
Les centres de travail adapté ont été
créés par la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées. L'OPHQ les accrédite et les subventionne pour
compenser les efforts supplémentaires que font ces entreprises pour
adapter te travail aux capacités des personnes.
Les CTA sont des organismes à but non lucratif. Ils peuvent
également être des coopératives. Leur conseil
d'administration reflète leur double vocation sociale et
économique. Il est composé de représentants du
réseau des services sociaux et du monde des affaires.
Les CTA employaient 1500 personnes handicapées, à la fin
de l'année dernière, sur un total d'un peu plus de 1800
employés. Les CTA oeuvrent dans des secteurs d'activité
variés, à l'image de la vie économique du
Québec.
La loi permet à l'office d'accorder une aide technique et
professionnelle et des subventions pour l'instauration, l'agrandissement,
l'aménagement et le fonctionnement des CTA. Selon les politiques
actuelles, les subventions de fonctionnement sont établies en fonction
du nombre de personnes handicapées employées. Cette année,
l'office versera 18 930 000 $ en subventions aux 39 CTA.
Maintenant, un mot sur les subventions aux organismes de promotion. Les
associations de personnes handicapées sont des partenaires
privilégiés dans la réalisation du mandat principal qu'a
l'office de défendre les droits et de promouvoir les
intérêts des personnes handicapées. Conformément
à l'article 34 de la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées, l'office accorde des subventions aux organismes de
promotion en vue de stimuler leur contribution à la promotion des
intérêts des personnes.
Une fois l'an, le conseil d'administration de l'office adopte la
politique de subventions nécessaire â l'application du programme.
Cette politique définît les objectifs, les critères et les
conditions relatifs à l'attribution des subventions aux organismes de
promotion.
En vue de favoriser la concertation, l'office soutient la
Confédération des organismes provinciaux de personnes
handicapées ainsi que des structures régionales de concertation
pour aider les organismes de base dans leurs actions locales et
régionales.
À la fin de la présente année, le budget total de
ce programme sera de près de 1 800 000 $. Presque la moitié des
subventions vont aux organismes nationaux; l'autre partie se répartit
à peu près également entre les organismes de base et les
organismes régionaux.
On évalue globalement à 23 % la part de la subvention de
l'office dans les revenus totaux des organismes. C'est donc que les organismes
obtiennent des ressources financières de plusieurs autres sources. Par
ailleurs, la contribution de l'office à la vie associative ne se mesure
pas seulement par cet apport financier, mais par l'ensemble du support qu'il
accorde à ces associations dans la défense de dossiers
communs.
Finalement, dans la dernière partie, je voudrais dire quelques
mots sur les perspectives d'avenir, ce qui est directement relié, en
bonne partie, à un dossier particulier, celui de l'aide
matérielle. La création de l'office et son intervention dans la
société québécoise depuis 1979 ont grandement
favorisé la diminution des obstacles à l'exercice des droits des
personnes handicapées. La suppression des obstacles à la pleine
participation à la vie sociale des personnes ayant des
déficiences nécessite des interventions individuelles, mais aussi
collectives.
Sur le plan individuel, cela signifie, par exemple, que ces personnes
peuvent - et il le faudra de plus en plus - vivre à leur domicile,
travailler et se déplacer comme tout le monde, que les enfants vont
à la même école que leurs amis, fréquentent la
garderie, le centre de loisir comme les autres enfants, que leurs familles
reçoivent le soutien essentiel pour assumer leurs
responsabilités.
Au niveau collectif, l'impact de l'intervention de l'office se manifeste
dans divers domaines: le transport adapté, le stationnement,
l'accessibilité des édifices publics, des trottoirs, des cabines
téléphoniques, l'accès aux communications, une plus grande
implication de certains organismes, comme la Régie de
l'assurance-maladie, par exemple.
Ces gains sont essentiels pour une véritable intégration
sociale, scolaire et professionnelle de toutes les personnes qui ont des
limitations fonctionnelles découlant de déficiences et pour la
disparition ou l'atténuation des handicaps.
Cependant, beaucoup de travail reste à faire et la rareté
des ressources financières à la disposition des
établissements et organismes des différents réseaux de
services, ainsi que la politique gouvernementale de maintien et de retour dans
le milieu des personnes handicapées, fait croître sans cesse les
demandes d'aide matérielle à l'office pour le financement des
plans de services élaborés par les professionnels des
différents réseaux.
Cette implication sans cesse grandissante de l'office dans le
financement et la surveillance de la qualité des services directs
à la personne n'est pas sans comporter des inconvénients
importants. Il existe un sérieux danger de glissement du rôle de
l'office d'un organisme de changement social vers celui d'un organisme de
services directs, agissant de manière palliative à titre
permanent. On pourrait peut-être ajouter: de moins en moins
palliative.
On pourrait s'habituer à référer à l'office
les questions qui intéressent les personnes handicapées, le
considérant comme une sorte de structure verticale qui pourrait
éventuellement avoir comme mission de répondre aux besoins des
personnes handicapées. L'office deviendrait, en quelque sorte, le
ministère des personnes handicapées.
Or, s'il est une question sur laquelle il y a toujours eu
unanimité dans les intentions du gouvernement, des différents
réseaux et des associations représentant les personnes
handicapées, c'est justement que l'office ne devait jamais devenir un
organisme de services directs aux personnes handicapées, mais
plutôt qu'il devait influencer tous les organismes de services afin que
ceux-ci utilisent non seulement leurs ressources professionnelles, mais aussi
leurs ressources financières en vue de répondre aux besoins des
personnes handicapées.
C'est pourquoi l'office désire intensifier la prise en charge par
les différents ministères, établissements et organismes du
financement de l'aide matérielle accordée dans le cadre de la
réalisation des plans de services.
(11 h 30)
Mentionnons, cependant, que l'office entend conserver dans ce domaine un
rôle palliatif, mais dont les objectifs se limiteraient à
l'expérimentation de nouvelles techniques de réadaptation et de
nouveaux équipements.
Il ne faut donc pas voir un changement d'orientation dans cette
volonté de faire en sorte que tous les services aux personnes
handicapées soient dispensés par les organismes qui accordent les
services de même nature à la population en général.
Au contraire, cette volonté de l'office est en conformité avec
l'intention du législateur, comme on peut le voir aux articles 25a, 49,
51 et 53 de la loi. Cela est aussi l'objectif, à moyen terme, que
l'office a poursuivi systématiquement depuis sa création. Cela
est aussi conforme aux principes de normalisation et, par conséquent, un
élément de base de la politique d'ensemble À part...
égale. Cette volonté est aussi conforme aux revendications
constamment exprimées au cours des quinze dernières années
par les orqanismes de promotion. Enfin, elle est nécessaire pour que
l'office puisse jouer pleinement son rôle de promotion des droits et
intérêts des personnes handicapées.
Bien sûr, la prise en charge de l'aide matérielle par les
différents ministères, réseaux et organismes qui accordent
des services de même nature au reste de la population doit se faire sans
affecter la qualité des services et dans le respect de la politique
d'ensemble, soit la compensation des conséquences financières des
limitations fonctionnelles et l'approche individuelle et coordonnée du
plan de services dont l'office continuera de faire la promotion.
Soyez assuré, M. le Président, de notre entière
collaboration pendant ces deux journées d'échanges avec votre
commission. Je serai, pendant ces deux jours, le porte-parole de l'office, mais
je me propose d'avoir recours aux services des responsables des
différentes directions ici présents, en vue d'apporter des
réponses précises aux questions soulevées. Merci de votre
attention.
Le Président (M. Bélanger): M. le président,
je vous... S'il vous plaît! M. le président, je vous remercie
infiniment pour votre présentation et aussi pour les engagements,
jusqu'à un certain point, de collaboration et d'excellence de travail
avec la commission que vous nous proposez. Je pense que ces garanties sont dans
le meilleur intérêt et de l'organisme et de ses
bénéficiaires, et aussi de l'appareil parlementaire. Croyez-moi,
nous travaillerons aussi dans le même esprit.
À la suite de l'intervention de M. le président, y a-t-il
des questions? M. le député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. On avait dit, au tout
début, qu'on pourrait prendre chacun des volets que le président
a énumérés, chacun des programmes, finalement, de
l'office, et les passer en revue un par un. Il est convenu, je pense, que ce
serait de cette façon que l'on pourrait procéder. Je proposerais
pourtant de prendre un certain temps au début pour aborder des questions
peut-être plus générales et, surtout, toute la question du
transfert des différents volets du programme d'aide matérielle et
des orientations d'avenir. Je pense que ce serait utile pour tous les membres
de la commission de discuter cette situation, ce dossier, cette
problématique, appelons-la comme on veut.
J'aimerais commencer peut-être en me référant
à ce que le président de l'OPHQ a dit concernant un danger de
glissement du rôle de l'office d'un organisme de promotion vers un
organisme de services. Il parlait au conditionnel et je sais bien qu'il y a
beaucoup de personnes dans le milieu qui croient que c'est déjà
quelque chose qui est fait, que c'est déjà un instinct ou un
réflexe qui s'est installé dans le réseau, de
référer, finalement, les questions touchant les personnes
handicapées è l'Office des personnes handicapées et
à se déresponsabiJiser en quelque sorte.
Quant à nous, une des raisons majeures pour réorienter le
volet services de l'office vers les différents organismes et
ministères, c'est précisément pour responsabiliser
à nouveau tous les organismes et ministères du gouvernement, la
société tout entière, étant donné que l'on
considère que le dossier des personnes handicapées n'est pas
quelque chose qui concerne strictement un organisme, soit l'Office des
personnes handicapées. Ce serait effectivement une marginalisation des
personnes handicapées que de les cantonner seulement dans un endroit, un
mini-ministère, un quasi-ministère qui serait l'Office des
personnes handicapées.
Ce que j'aimerais avoir de la part du président, c'est une
opinion, si vous voulez, ses réflexions sur l'état de la
question. Est-ce qu'il trouve, par exemple, qu'il doit y avoir des
ministères ou des organismes qui sont plus avancés dans leur
capacité d'assumer les différents volets du programme d'aide
matérielle et qu'il doit y en avoir d'autres qui ont encore un bout de
chemin à faire? La députée de Marie-Victorin disait au
tout début qu'il ne faudrait pas faire le transfert dans la hâte.
Je pense que, sur ce point, on serait tous d'accord. C'est effectivement un
processus qui nécessite beaucoup de soin, beaucoup de planification et
beaucoup de coopération et de collaboration. Personnellement, je crois -
le gouvernement le croit aussi - que les organismes de promotion ont un
rôle à jouer là-dedans. L'office doit sûrement
coordonner l'ensemble des interventions qui mèneront à un partage
des responsabilités.
J'aimerais entendre un peu le président sur cette question, en
termes d'appréciation sur l'état de la situation par rapport aux
différents ministères. Est-ce que déjà l'office est
beaucoup plus accaparé par la préoccupation de dispenser des
services que par la capacité de coordonner des actions visant à
la promotion des intérêts des personnes handicapées?
J'imagine qu'avec le temps - non seulement j'imagine, mais je sais - depuis
quelques années, le volet services est devenu de plus en plus lourd. On
peut le voir strictement du point de vue de l'évolution des budgets.
J'aimerais peut-être laisser le temps au président de parler un
peu de la question quant à l'avenir et au transfert des volets des
programmes d'aide matérielle, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
président.
M. Mercure: Je pense que, dans l'exposé que j'ai fait, je
voulais donner un portrait complet de l'office pour vraiment démontrer
que le secteur de l'aide matérielle est, à l'intérieur de
l'office, un secteur beaucoup plus circonscrit et beaucoup moins impliquant
pour le travail du personnel que pourrait le laisser entendre la
présence du dossier dans les médias. Il y a des gens qui
pourraient avoir l'impression que ce dossier occupe une partie majoritaire des
employés de l'office. Évidemment, dans toute la question de
l'aide matérielle, l'office, conséquent avec la
nécessité de responsabiliser les milieux, n'engage pas des
professionnels pour évaluer ou pour travailler à établir
précisément les besoins. Il n'engaqe pas dans son personnel ce
genre de professionnels, il utilise les professionnels du milieu de sorte que
le personnel de l'office, dans le dossier de l'aide matérielle, è
cause du nombre important de demandes, reçoit les demandes - comme je
l'expliquais - qualifie les personnes, vérifie la
nécessité d'un plan de services, s'assure qu'un tel plan est
établi, au besoin, aide à la préparation du plan de
services et, finalement, aide à la recherche des ressources sur le plan
local et, si on ne trouve pas sur le plan local les ressources, en termes de
personnel et en termes de montants nécessaires pour l'achat
d'équipement par exemple, l'office attribue alors l'aide
matérielle.
Personnellement, je dirais aue les montants qui sont actuellement
attribués à l'aide matérielle et, possiblement, qui sont
nécessaires pour continuer le travail que l'on fait actuellement pour
l'an prochain, me paraissent probablement plus élevés que ce que
les gens auraient cru au départ nécessaire pour que l'office
puisse jouer un rôle palliatif. De quelle façon cette
situation
est-elle arrivée? Disons que je le mentionnais un peu dans mon
allocution d'introduction, il a fallu au départ s'intéresser
à des domaines totalement nouveaux où l'État n'avait pas
encore organisé des services. Il a fallu contribuer
financièrement dans le cadre de plans de services, toujours à
titre d'aide à la personne, pour l'établissement de nouveaux
services.
Maintenant, dans certains domaines, on est un peu en concurrence avec
des services déjà existants pour d'autres clientèles. Je
donne comme exemple l'aide à domicile ou le maintien à domicile,
comme on dit à l'office. Il s'agit alors d'une aide matérielle
qui permet un soutien souvent absolument nécessaire pour qu'une personne
vive dans la société. Alors, il peut arriver - je prends cet
exemple, mais cela n'arrive pas systématiquement - qu'un CLSC dise: Nos
budgets sont limités, on va consacrer les budgets qu'on a à la
clientèle, admettons, des personnes âgées et, quant
à la clientèle des personnes handicapées, on va
bénéficier de l'aide matérielle de l'Office des personnes
handicapées. Il peut arriver que cette situation se présente.
Je prends un autre exemple, le secteur de l'éducation. L'office
s'implique de plus en plus dans la présence des personnes
handicapées. Il s'agit, dans plusieurs cas, de personnes ayant une
déficience intellectuelle ou encore une déficience de l'audition
ou de la vision, qui sont actuellement en classe spéciale ou en
école spéciale. Le ministère, je pense, a donné
clairement des mandats et on sait que l'orientation, c'est vers
l'intégration des personnes. Sauf qu'il faut faire un travail de
sensibilisation et de responsabilisation dans toutes les régions de la
province auprès des commissions scolaires et, actuellement, on est
impliqué dans le soutien matériel d'au moins 200 cas.
Personnellement, je suis un peu inquiet dans le sens que je ne suis pas
sûr que dans chacun de ces cas-là la commission scolaire n'avait
vraiment pas les ressources financières pour faire le travail qui
coûte quelques milliers de dollars pour chaque cas afin que l'enfant
puisse cesser d'être dans une classe spéciale et être
intégré à la classe régulière.
Peut-être que M. Capistran pourrait donner quelques
précisions sur cette question-là.
M, Capistran (Robert): Sur la question à savoir s'il y a
un glissement de l'office vers un rôle qui n'est plus palliatif mais
davantage permanent, il peut y avoir un glissement, mais il y a tout de
même un frein à ce glissement-là dans la façon de
fonctionner de l'office. On ne traite aucun dossier sans avoir eu les
évaluations et les recommandations des professionnels, des intervenants
des différents réseaux. Alors, les gens ne peuvent pas se
débarrasser de leurs dossiers, ils doivent absolument les analyser, les
évaluer et, ensuite, travailler avec l'office.
Il y a aussi un autre frein du fait qu'on utilise au maximum les autres
programmes existants mais, comme vient de le dire M. Mercure, quand on arrive
pour savoir si une commission scolaire a les 5000 $ ou les 10 000 $
nécessaires pour l'intégration de telle personne dans telle
classe, on n'est pas capable de vérifier et, surtout que le
système budgétaire scolaire est assez complexe, on n'est pas
capable de le vérifier. On fait confiance aux qens qui nous disent: On
n'a pas l'argent.
C'est un peu comme pour les CLSC. II est probablement vrai aussi, comme
disait M. Mercure, que les CLSC avec leur budget "priorisent" la
clientèle des personnes âgées, se disant que l'office est
là pour compenser au niveau des personnes handicapées. D'un autre
côté, il y aurait quand même une clientèle qui serait
laissée pour compte d'une façon ou d'une autre, s'il y a manque
de budget. Tant qu'on n'offrira pas des services directs à la personne,
le glissement va être amoindri. Le gros problème vient du fait
que, ces dernières années, le budget d'aide matérielle a
beaucoup augmenté, si on regarde les pourcentages par rapport à
d'autres programmes. Et, d'autres programmes gouvernementaux, n'ayant pas de
budget supplémentaire, n'ont pas développé de nouvelles
réponses à des besoins, et c'est venu vers l'office. (11 h
45)
Pourquoi les gens viennent-ils à l'office? C'est simplement parce
qu'on a le budget. Disons que le service de maintien à domicile est le
meilleur exemple. Les évaluations sont faites par des CLSC,
l'administration est faite par les CLSC et les CRSSS. En fait, l'office devient
pratiquement seulement un agent payeur. Je pense que, là, on a
dévié d'un rôle, on est rendu un aqent payeur et non plus
un organisme qui a coordonné des plans de services. C'est un rôle.
Ce n'est pas parce qu'on devient un orqanisme permanent, mais on devient un
agent payeur, alors que l'argent pourrait très bien venir directement de
l'Assemblée nationale au lieu de venir de l'office.
M. Sirros: Juste pour continuer un peu sur cette voie-là,
si j'ai bien compris...
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, M.
le député de Laurier, à cause de la règle de
l'alternance on va passer à la députée de Marie-Victorin.
Je n'avais pas vu son geste, je m'en excuse.
Mme Vermette: En fait, c'est parce que je constatais la
partialité du président et je considérais qu'il
respecterait naturellement
l'alternance, en fin de compte. Alors, ce n'était que cela. Je
n'avais pas...
M. Sirros: Sur la question initiale, si vous permettez.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Non, s'il vous plaît! Êtes-vous d'accord que le
député de Laurier continue dans le même sens, qu'il vide
cette question-là, au si vous voulez intervenir dès
maintenant?
Mme Vermette: II peut vider sa question. C'est parce que, moi
aussi, j'étais sur le même point, en fin de compte, j'avais
à poser des questions. Je pourrais peut-être y aller aussi, un peu
plus rapidement.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Mme
Vermette: Oui, cela va.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Laurier, continuez votre intervention et on
cédera la parole à Mme la députée de
Marie-Victorin.
M. Sirros: C'était simplement sur la précision, M.
le Président, ou une clarification dans le sens ici. Si j'ai bien
compris, ce que vous dites, finalement, c'est qu'il y a des exemples où
différents ministères et différents organismes font appel
à l'OPHQ, en termes de subventions, pour l'intégration des
personnes handicapées. Prenez l'exemple plus précisément
des écoles où, si j'ai bien compris, vous subventionnez des
écoles, des commissions scolaires pour l'intégration des
personnes handicapées à même le montant qui est disponible
au budget global de l'OPHQ. Est-ce que j'ai raison de tirer la conclusion que,
si chaque ministère assumait ses propres responsabilités
vis-à-vis des personnes handicapées à même son
propre budget, cela libérerait autant d'argent pour d'autres demandes
qui sont plus précisément dans le cadre du rôle palliatif
ou supplétif de l'Office des personnes handicapées par rapport
aux besoins matériels des personnes handicapées?
M. Mercure: Quand vous dites qu'on se trouve à
subventionner les commissions scolaires, il faudra toujours comprendre que
c'est vrai à moyen terme, mais c'est toujours dans le cadre de relations
individuelles avec un enfant et de l'évaluation de ses besoins. On ne
transfère pas d'argent à la commission scolaire ou, si on le
fait, on le fait dans le contexte de dépenses précises à
l'égard d'une personne.
Mais, effectivement, dans la mesure où certains
ministères... Certains ont déjà ce mandat. Il y a des
choses qui sont différentes mais, dans certains cas, j'ai donné
des exemples où les mandats sont attribués aux réseaux.
Pour le maintien à domicile, c'est déjà, pour le
ministère de la Santé et des Services sociaux, une
activité dans laquelle il est très impliqué à
l'éqard de d'autres clientèles. Alors, pourquoi l'argent fait-il
le détour par l'OPHQ? Cela oblige à ouvrir des dossiers, cela
oblige à faire une analyse, cela oblige à toutes sortes de
travaux additionnels.
Dans le cas des commissions scalaires ou du scolaire, l'autre exemple
que j'ai donné, évidemment, le ministère a peut-être
moins d'autorité sur le fonctionnement pédagogique des
commissions scolaires étant donné la nécessité de
laisser, sur le plan local, beaucoup d'autonomie aux commissions scolaires.
Mais le ministère joue et doit intensifier un rôle de leadership,
un rôle de sensibilisation pour faire évoluer les gens qui ont
à prendre des décisions.
Maintenant, d'autres domaines demandent des changements
extrêmement précis et je donne un exemple dans l'autre sens. La
Régie de l'assurance-maladie administre des programmes précis
à l'égard des personnes handicapées visuelles. Un certain
nombre d'équipements sont actuellement payés par l'office. Disons
qu'au niveau de la régie les gens comprennent très bien... Il y a
même des cas précis où l'équipement que l'on
contribue à faire acheter est tout à fait nécessaire pour
que l'équipement que la régie paie déjà soit
fonctionnel. Donc, il s'agit que la liste des équipements de la
régie soit modifiée légèrement et, à ce
moment-là, le rôle de l'office serait diminué d'autant. Il
ne s'agit pas, dans ce cas-là, de montants très
élevés, mais il s'agit quand même de plusieurs centaines de
milliers de dollars avec lesquels on fait une addition à la liste des
équipements en accordant certains équipements que la régie
n'accorde pas. Même, dans certains cas, ce sont des parties
d'équipement, si on veut.
C'est tout à fait vrai que l'aide matérielle est
palliative et temporaire dans le sens qu'elle devait assurer un rattrapage et
ce rattrapage voulait dire responsabiliser les différents
ministères, les différents milieux qui accordent des services
à la population en général pour qu'ils utilisent leurs
propres ressources, non seulement les ressources professionnelles, mais leurs
propres ressources financières pour servir les personnes
handicapées comme une partie de la population totale. Le travail de
déterminer quelles sont les ressources qui doivent être
attribuées è la clientèle des personnes handicapées
par rapport aux autres clientèles doit se faire au niveau local, au
niveau régional et au niveau provincial par toutes les instances
concernées dans la distribution des budgets. C'est pourquoi l'OPHQ
défait le processus en ajoutant constamment de l'argent dans les
différents ministères pour
une clientèle déterminée. C'est cela qui est senti
dans les réseaux et c'est cela qui, pour les professionnels des
réseaux, fait tort au rôle véritable de l'office.
Mme Vermette: Je pense qu'un plan de décroissance des
transferts de programmes avait été mis de l'avant et que, vers
1992, en tout cas, on devrait avoir fait les transferts dans les
différents ministères, l'intégration devrait se faire par
rapport à ce plan. Ce plan avait-il ou a-t-il été
accepté par le ministère de la Santé et des Services
sociaux? La ministre vous en a-t-elle fait part? Avez-vous discuté avec
la ministre de ce plan? Est-il révisable ou doit-il être
révisé, compte tenu, justement, de la pratique que vous avez
développée vis-à-vis des problèmes que vous avez
vécus et que vous vivez toujours devant la possibilité de faire
deux classes de handicapés: ceux qui retrouvent les services facilement
à l'intérieur du ministère de la Santé et des
Services sociaux et ceux qui doivent inévitablement passer par l'Office
des personnes handicapées? Finalement, ce plan de décroissance
a-t-il été révisé, en avez-vous discuté avec
la ministre ou cela fait-il l'objet de vos discussions à l'heure
actuelle?
M. Mercure: évidemment, les discussions concernant le
transfert de certaines parties du programme ne sont pas nouvelles et datent de
plusieurs années. Il y a d'ailleurs eu des petites parties de l'aide
matérielle qui ont été transférées avec
succès, sauf que les difficultés amenées par les
ressources financières plus limitées rendent peut-être les
discussions avec les différents ministères plus difficiles. Nous
avons demandé, au cours de la dernière année, un projet
pour établir un cadre de fonctionnement en vue de discuter avec
l'ensemble des ministères. Cette demande est encore très
présente. Nous cherchons à obtenir un mandat précis
impliquant un certain nombre de structures pour que le travail de discussion
avec les ministères soit planifié selon un
échéancier pour s'assurer que les transferts puissent se faire
uniquement au moment où l'étude des impacts économiques et
administratifs sera suffisamment avancée pour que l'on ait, aux niveaux
local et régional, les ressources nécessaires pour qu'il y ait
une continuité dans le programme. Finalement, on n'a pas à ce
moment-ci un échéancier précis, mais on demande une
étude précise et cela doit englober les différents
ministères éventuellement concernés dans la prise en
charge.
Mme Vermette: Si je comprends bien, c'est encore un voeu, un
souhait, mais il n'y a rien de concret de réalisé, en fin de
compte. Même si la ministre, lors de l'étude des crédits,
l'année dernière, disait qu'incessamment il devait y avoir un
comité de formé, ce comité n'existe toujours pas à
l'heure actuelle. En ce qui concerne les modes de transfert dans les
différents ministères, il n'y a rien. Finalement, cela peut nous
faire comprendre des attitudes comme le PARCQ, MIRA ou les commissions
scolaires où ce sont beaucoup plus les ministères qui
décident quelles sont les politiques que devront suivre
dorénavant les personnes handicapées qui, avec la collaboration
des ministères, les orientent dans leurs décisions, notamment,
pour le transport, par exemple, en ce qui concerne la vignette qui est
transférable et portable uniquement par la personne handicapée.
À ce niveau-là, c'est toujours un souhait, un voeu, mais il n'y a
rien de concret actuellement, à l'heure où tout le monde parle de
transfert de programmes. Vous dites qu'il faut attendre que les gens soient
préparés?
M. Mercure: C'est-à-dire qu'il y a quand même eu des
discussions et qu'il y a des discussions qui se continuent
particulièrement dans les programmes que j'ai mentionnés tout
à l'heure comme étant plus près d'un certain transfert,
comme l'aide à domicile et le scolaire. Il y a aussi des discussions
dans quelques autres sections. Il n'y a pas actuellement, comme vous le dites,
un fonctionnement établi, un échéancier à
l'égard de l'ensemble des dossiers d'aide matérielle.
Mme Vermette: Vous parlez d'interventions à
différents ministères. Est-ce que l'on peut savoir quelles
personnes participent â ces interventions ou à ces
échanges? Est-ce qu'on consulte les principaux organismes de promotion
qui font partie de ceux avec qui vous devez travailler? Est-ce que tous ces
gens s'assoient à une même table et pensent,
réfléchissent à ce qui serait le mieux pour
l'intégration sociale des personnes handicapées?
M. Mercure: Pour l'office, les groupes qui doivent être
consultés dans ce processus de transfert sont les quatre groupes
suivants: les ministères, les réseaux, les orqanismes de
promotion et l'office, qui ferait partie des discussions aussi pour coordonner
le tout. Actuellement, cependant, cette discussion n'est pas très
active. Je ne sais pas si M. Capistran pourrait donner des précisions
quant à certains autres programmes où il y a eu des discussions
au cours des deux dernières années. Je pense qu'il ne
conviendrait pas ici de nommer des personnes représentant les
ministères. S'il s'agit de nommer des personnes représentant
l'office dans ces études, je n'ai pas d'objection. Mais, en ce qui
concerne les ministères, il ne me paraît pas opportun de le
faire.
M. Capistran: Ces dernières années et même
ces derniers mois, on a eu de9 rencontres, des pourparlers parfois assez
intensifs avez la majorité des ministères et organismes qui
pourraient prendre en charge l'un ou l'autre des éléments de
l'aide matérielle. J'ai parlé tout à l'heure des services
de maintien à domicile; il y a des pourparlers avec le ministère.
Il y a aussi des frais de transport que paie l'office. Ce sont des frais
occasionnés par l'accessibilité aux services de santé et
aux services sociaux. On fait référence surtout aux gens qui sont
dans les régions éloignées et qui doivent aller à
Montréal ou à Québec pour recevoir des services
spécialisés en réadaptation et parfois aussi des services
médicaux. L'office paie ces déplacements. (12 heures)
II existe aussi une politique de transport des malades. Toutefois, cette
politique oblige que ce soit un transfert d'un hôpital à l'autre
et cela ne peut pas être un transfert vers un centre de
réadaptation. Il y a des pourparlers très intensifs à ce
sujet-là avec le ministère qui est à réviser cette
politique de transport des malades pour inclure, du moins en bonne partie, ce
que l'office fait. Il y a aussi tous les équipements ou les aides
techniques que l'on paie. II y a une bonne partie qui pourrait être prise
en charge par l'assurance-maladie du Québec.
Certains de ces équipements ne seraient pas prêts
actuellement à être pris en charge parce qu'on y va plus à
titre d'expérimentation ou parce que c'est seulement quelques cas par
année, mais il y en a qui le seraient. On pense à tout ce qui est
prothèse auditive ou aide technique pour les personnes avec des
déficiences auditives. Notre expertise est créée. On peut
très bien faire des règlements dans ce domaine-là et la
régie pourrait s'en charger assez rapidement. Il y a un comité
qui siège là-dessus depuis deux ou trois ans, je crois.
Aussi, dans l'adaptation du domicile, avant les décisions de
l'automne dernier, on a eu des pourparlers avec la Société
d'habitation du Québec. Il y a eu un comité qui relevait de ce
que l'on appelait avant le CMPDS, Comité ministériel permanent du
développement social, auquel siégeaient le ministère de
l'Habitation, l'office, la CSST, la RAAQ. On s'est entendu pour que la
Société d'habitation du Québec ait un programme qui prenne
en charge ce que faisait l'office en adaptation des domiciles et même
offre ses services à la Régie de l'assurance automobile du
Québec et à la CSST.
Ce sont tous des pourparlers qui sont très avancés, mais
ce qui manque dans les pourparlers actuels, c'est un peu une décision
gouvernementale de dire comment on encadre cela, quels sont les impacts
administratifs et quels sont les impacts sur la clientèle. Il manque une
espèce de plan directeur et c'est à cela que l'office travaille
avec le bureau de la ministre, actuellement.
Mme Vermette: Je comprends que vous avez une expertise hors de
tout doute, qui est même très valable dans certains domaines,
même considérable. Cela peut apporter des éléments
très progressistes en ce qui concerne l'intégration des personnes
handicapées, parce que vous avez è aller chercher ce qui est
important autour de votre mandat. Cela m'amène à vous demander,
par contre, ceci: Du fait que vous connaissiez les besoins en fonction de la
problématique que doivent vivre les personnes handicapées, est-ce
que vous avez des garanties, au moment de vos discussions, è savoir
que... Lorsque les transferts seront faits ou lorsque les différents
ministères devront prendre charge à même leurs programmes
et leur mode d'opération, n'y a-t-il pas un danger qu'on mette des
tickets modérateurs ou que l'on touche è l'universalité,
comme dans le projet PARCQ, où finalement on arrive avec un plafond,
où on arrive avec des nouvelles demandes qui limitent l'aide
matérielle qu'on apporte habituellement à la personne
handicapée? Je donne en exemple le projet PARCQ parce que, actuellement,
c'est celui qui touche le plus les personnes handicapées pour ce qui est
de l'aide matérielle à l'adaptation domiciliaire. Il y a des
planchers et il y a des familles qui seront vraiment très
pénalisées par de telles politiques.
Quand on parle du transport, là où il y aura un service,
la municipalité donnera un transport adapté et on ne fera plus de
modification de matériel pour le transport. Vous parliez des soins
à domicile. Là où il y a des CLSC, effectivement, l'office
ne s'occupera plus de donner des services à domicile. Avez-vous des
garanties que les personnes handicapées lorsque vous faites ces
négociations ou une fois que le comité sera formé parce
que finalement... En fin de compte, on a l'air d'être au tout
début de différents échanges entre les principaux
concernés, l'office, les différents ministères
concernés et le gouvernement. Est-ce que, finalement, tout cela fera
l'objet de vos discussions? Ferez-vous en sorte que les acquis qui ont
été développés au cours des dernières
années pour l'aide matérielle qui favorise l'intégration
des personnes handicapées soient maintenus au moment où il y aura
des transferts dans les différents ministères?
M. Mercure: Évidemment, l'office cherche à
s'impliquer grandement dans ces études de transfert dans le but,
justement, de conserver les principes de la politique d'ensemble qui, de toute
façon, est la
politique gouvernementale et les principes prévoient la
compensation des déficiences, l'approche individuelle et un certain
nombre d'autres principes que j'ai énumérés tout à
l'heure. C'est important aussi de maintenir la qualité des services au
niveau de celle qui a été acquise, étant donné
l'expertise de l'office et aussi le fait que l'office se plaçait
carrément au plan individuel des besoins et faisait une analyse
sérieuse des besoins de chaque personne. C'est pour cette raison que
nous ne croyons pas que les transferts puissent être faits à court
terme.
Les quelques exemples qui ont été donnés ne sont
pas tout à fait au même niveau. Il y a certains cas... On a
parlé du maintien à domicile dans les endroits où il y a
des CLSC. Il n'y a pas dans cette situation, actuellement, de changement de la
politique de l'office. L'office continue de pallier dans le maintien à
domicile, il n'y a pas de décision, de quelque organisme que ce soit,
sur ce point. Il peut y avoir des décisions sur d'autres points, on a
mentionné l'adaptation de domicile. C'est tout à fait vrai que le
PARCQ n'applique pas les pratiques que l'office appliquait. Alors, c'est
important que, dans ce secteur, l'office maintienne son rôle palliatif,
à moins qu'on ne puisse obtenir qu'un service additionnel au PARCQ soit
établi permettant d'assurer une qualité de services
satisfaisante.
Toutefois, il faut bien comprendre que pour l'office, qui étudie
des cas et où l'étude est plus centralisée, c'est plus
facile d'avoir un nombre moins important de normes et de barèmes. Je
pense qu'il faudra accepter, dans l'étude des transferts, l'introduction
de règles plus précises encore, malgré que l'office ait un
ensemble de règles extrêmement importantes qu'elle a
développées, mais c'est justement l'étude de ces
règles, qui seront peut-être des règles additionnelles, qui
sera peut-être nécessaire pour que les réseaux puissent
appliquer uniformément un programme. Cet ensemble est une étude
qui doit se faire pour chacune des parties de programme et, quand on parle des
parties de programme, on pense aux responsables éventuels de
l'administration du programme. L'office a adopté un cadre de
référence à son dernier conseil d'administration, un cadre
qui prévoit la participation des organismes de promotion à ce
processus et l'étude sur une période suffisamment longue pour
s'assurer que les transferts puissent se faire d'une façon
responsable.
Mme Vermette: Vous venez de dire que l'office se penche, en tout
cas, et veut intégrer les organismes de promotion et demande une
réflexion assez longue et assez profonde pour établir un ordre de
grandeur et un échéancier, en fin de compte. Est-ce que
déjà vous avez commencé, vous autres, chez vous, à
l'office, à regarder ou à faire une ébauche d'un plan de
travail qui permettrait d'atteindre cet objectif et qui favoriserait,
justement, l'intégration tout en maintenant les garanties
déjà acquises pour faire en sorte, comme le décret qui a
été passé au mois de novembre - au mois d'octobre, plus
précisément - qu'on ne mette pas en doute ou qu'on ne touche pas
aux acquis qui ont été reconnus aux personnes handicapées
et qui répondent à vos normes. Est-ce que déjà vous
vous penchez là-dessus? Cela fait-il déjà partie d'une
réflexion? Des échanges ont-ils commencé avec les
différents organismes de promotion dans ce contexte? On peut penser
qu'actuellement il se fait déjà, à la pièce, des
transferts vers différents ministères et que, plus souvent
qu'autrement, les normes sont imposées par les ministères et non
par l'OPHQ.
M. Mercure: La réflexion interne de l'office est
avancée sur ces questions. Comme je vous l'ai dit, il y a un cadre en
préparation qui a été discuté. Il y a eu plusieurs
discussions, au cours des derniers mois, qui ont permis de préciser le
mode de fonctionnement. Sauf que pour l'autre partie de votre intervention, qui
touche des décisions de plusieurs ministères et tout cela, je
pense qu'il faut être assez précis pour dire qu'il n'y a pas
plusieurs ministères qui ont pris des décisions, qu'il n'y a pas
plusieurs ministères qui ont fait des transferts touchant l'aide
matérielle, mais qu'il y a eu effectivement, comme vous l'avez dit, en
octobre, une décision que l'office n'a pas acceptée à son
conseil d'administration. Il a carrément demandé au gouvernement
une prise de position qui soit de nature à conserver à l'office
son rôle palliatif jusqu'à ce qu'on ait vraiment
étudié les conséquences d'un nouveau programme très
différent, comme c'est le cas du PARCQ.
De toute façon, le PARCQ, c'est une continuité des
programmes antérieurs; on palliait aux programmes antérieurs.
Donc, il y a un point d'interrogation important là-dessus: Qui va
pallier au PARCQ? C'est absolument nécessaire de compléter ce
programme. Comme je vous le disais, le conseil d'administration de l'office
demande que son rôle palliatif soit maintenu. Pendant une période
de quelques mois, de décembre à maintenant, rôle palliatif
ou non, le problème de l'absence de ressources d'aide matérielle,
disons, faisait que la question à savoir si on est impliqué ou
non dans l'adaptation du domicile était un peu académique, parce
qu'on n'avait pas les ressources de toute façon. Bientôt, on aura
besoin d'une orientation claire de la part du gouvernement.
Mme Vermette: Quand vous dites
bientôt, cela peut se situer dans une perspective de combien de
temps, finalement? Combien de temps pouvez-vous fonctionner ainsi sans mettre
en cause la politique À part... égale et
l'universalité ou l'accessibilité, en tout cas, des services?
M. Mercure: Je pense que dès le début de
l'année financière prochaine, c'est-à-dire en avril, comme
l'office va avoir - c'est une garantie qu'on a déjà - encore des
ressources financières à attribuer à l'aide
matérielle, il sera important de pouvoir traiter les dossiers
d'adaptation du domicile qui sont, comme il a été dit plus
tôt ce matin, peut-être parmi les dossiers où l'aide est
très nécessaire et souvent nécessaire à court
terme. Je pense qu'il faudra, dès le début de l'an prochain,
dès avril, savoir exactement quel est le rôle de l'office;
autrement, la situation un peu chaotique qui existe actuellement dans la
province risque de se maintenir et de créer des torts importants aux
personnes qui sont en situation de besoin immédiat d'adaptation de
domicile.
Mme Vermette: Vous dites qu'il faut que cela se fasse assez
rapidement pour qu'on puisse déterminer exactement le rôle qui
sera dévolu à l'office. Cela veut dire que cela implique aussi un
plan d'organisation de la part de l'office, jusqu'à un certain point,
pour pouvoir répondre à toutes les interrogations qui seront
posées ou, en tout cas, à toutes les questions qui seront
soulevées par rapport à ces orientations et à ces besoins.
Quel est votre pouvoir de persuasion, finalement, pour faire respecter la
politique À part... égale vis-à-vis, d'une part, du
ministère? Ne vous sentez-vous pas quelquefois juge et partie? (12 h
15)
M. Mercure: On a l'impression que notre pouvoir de persuasion est
moindre que celui de la commission, premièrement. Maintenant, notre
pouvoir de persuasion est quand même là, dans le sens que c'est le
rôle de l'office de sensibiliser les décideurs, à quelque
niveau que ce soit. Disons que c'est notre rôle, par des occasions comme
celle-ci, de rencontrer les personnes qui sont en autorité et qui
peuvent prendre des décisions sur le respect de la politique À
part... égale. On est bien conscient que, dans beaucoup de milieux,
les décisions ne sont prises que dans la mesure où elles sont
acceptables pour la population en général. Donc, on a aussi un
rôle de sensibilisation de la population, mais notre pouvoir légal
est très restreint parce que le législateur a voulu qu'on ait un
pouvoir de persuasion, mais on n'a pas le pouvoir d'obliger un ministère
à faire quelque chose. On a un pouvoir palliatif au plan financier,
lorsque les ressources ne sont vraiment pas disponibles au plan local.
Mme Vermette: En fin de compte...
Le Président (M. Bélanger): Un instant! M. le
député de Sainte-Marie, s'il vous plaît.
M. Laporte: Merci, M. le Président. C'est juste que depuis
tantôt, depuis le début, on parle effectivement du rôle
palliatif que devra ou que doit, effectivement, assumer l'OPHQ. On regarde tout
au long la constance qui est soulevée au niveau du rôle de
conseil, de promotion, d'animation, d'évaluation de la stratégie
de soutien aux organismes. En tout cas, vous avez énuméré,
dans chacun des cadres d'intervention que vous aviez, un peu quelle
était la philosophie que devait avoir, à tout le moins, cet
organisme qui s'appelle l'Office des personnes handicapées. Vous faisiez
aussi référence à cette espèce de rôle
palliatif.
Comme membre de la commission, pour avoir ce que j'appelle un
éclairage très limpide à ce niveau et afin aussi que je
puisse me faire une idée de ce rôle palliatif vis-à-vis de
ce que je pourrais appeler une permanence, vis-à-vis aussi de ce qui a
été énuméré comme essais matériels,
dans la compréhension, à tout le moins, que j'en ai... C'est
peut-être l'essai d'un nouvel appareil orthopédique ou autre
chose... J'aimerais cerner un peu, de façon plus précise, cette
espèce de rôle palliatif. Je pense qu'il y a des exemples que vous
avez énumérés qui, pour ma part, m'ont grandement ouvert
l'esprit au niveau des ministères, des diverses approches que vous avez
eues. Je ne sais pas, en termes de ministères, ce que vous touchez. Vous
devez toucher un grand nombre de ministères mais, à tout le
moins, pour le bénéfice des membres de la commission, ne
serait-ce que pour me donner un petit aperçu - j'imagine que vous devez
avoir cela - et pour voir aussi, comme membre de la commission, par rapport
à ce qui a déjà été transféré
au niveau de l'aide matérielle, peut-être avoir un petit
aperçu de ce qui pouvait exister auparavant, à la suite de
transferts... C'est pour voir ce qui a été fait et un peu avec
quelle approche cela a été fait. À partir de ce
moment-là, cela me permettrait peut-être de visualiser, de saisir
et de comprendre une démarche qui pourrait être ultérieure,
ou autre chose.
M. Mercure: Je vais demander, après mon intervention qui
sera brève, à M. Capistran de donner quelques exemples, dans
différents domaines, de l'aide matérielle pour qu'on comprenne
exactement le rôle palliatif, ce que c'est très
concrètement, dans la vie d'une personne, et peut-être aussi
donner quelques informations sur les quelques secteurs déjà
transférés au cours des dernières années.
Maintenant, je pense que vous vouliez dire aussi, si j'ai bien compris,
qu'on est,
depuis le début, à parler du rôle palliatif parce
que c'est un sujet très brûlant dans l'actualité, sauf que
je voudrais rappeler, comme vous le faisiez, que l'office a beaucoup d'autres
fonctions. Probablement qu'une de ses principales fonctions, qui concerne
sûrement l'Assemblée nationale, c'est que l'office,
systématiquement, depuis sa fondation, a examiné les projets de
loi qui pouvaient avoir une implication dans la vie des personnes
handicapées et a fait des commentaires et obtenu beaucoup de changements
et introductions d'articles concernant les personnes handicapées. Cela
se fait au niveau des lois et cela se fait au niveau des règlements.
L'office administre certains programmes de transfert, par exemple, dans les
questions de travail, dans les questions sur les organismes de promotion, dans
les questions de contrats d'intégration au travail, mais aussi l'office
est impliqué dans tous les ministères. Il y en a treize qui sont
actuellement identifiés par une obligation légale de
présence à notre conseil. Disons que je fais une nomenclature non
exhaustive, mais le ministère de la Santé et des Services
sociaux, le ministère de l'Éducation, le ministère des
Transports, le ministère du Travail, le ministère de la Justice
et le ministère des Affaires municipales sont sûrement tous des
ministères avec lesquels on doit et on entretient effectivement des
relations étroites, tant au plan ministériel qu'au plan des
régions parce que la plupart de ces ministères ont des
réseaux dans les régions.
La question particulière de notre rôle palliatif, comme je
le disais tout à l'heure, est prévue dans quelques articles de la
loi, pour faire en sorte qu'en attendant que l'organisation sociale de
l'ensemble des structures gouvernementales tienne compte des vrais besoins des
personnes handicapées, l'office puisse intervenir sur le plan financier.
M. Capistran va vous en donner quelques exemples.
M. Capistran: Je vais donner l'exemple des personnes qui ont une
déficience auditive profonde, donc des personnes sourdes. Il y en
environ 50 000 au Québec. Ces personnes ont besoin, pour pouvoir
communiquer, de différents appareils. Par exemple, pour pouvoir
communiquer par téléphone, il existe un appareil que l'on appelle
ATME, appareil de transmission pour malentendants, qui permet à une
personne sourde de communiquer, avec un clavier, par les lignes de
téléphone régulières; cela prend un clavier comme
émetteur et un clavier comme récepteur. Cela permet aux gens de
communiquer entre eux. Quand, à un moment donné, on
l'espère, les services publics seront mieux équipés pour
ce genre d'appareils, elles pourront communiquer directement avec les services
publics. Actuellement, è la suite d'une décision du CRTC, on
vient de mettre en place un service de relais téléphonique qui
fait en sorte qu'une personne sourde communique avec quelqu'un qui prend, par
exemple, un rendez-vous avec un dentiste ou qui peut même commander une
pizza. La personne sourde, par téléphone, avec son appareil,
communique avec une autre personne qui fait le relais avec un autre organisme
ou une autre personne. Avant 1983, au Québec, il y avait peut-être
20, 25 de ces appareils. Pourtant, il y a 50 000 personnes sourdes pour qui
cela pourrait être utile. Cela n'existait pas avant 1983.
Aussi, les personnes sourdes regardaient la télévision
sans rien comprendre. Elles n'entendent pas, donc elles ne voient que l'image.
Pour lire sur les lèvres, sur une image, à la
télévision, il faut être passablement habile. Il existe de
plus en plus - vous le voyez maintenant - des émissions
sous-titrées pour malentendants. Cela a commencé aux
États-Unis, cela existe au Canada et il y en a de plus en plus au
Québec. Pour pouvoir voir le sous-titrage, cela prend un appareil
spécial qu'on appelle un décodeur pour télévision,
spécifiquement pour les malentendants. C'est tout de même un
décodeur qui se vend actuellement environ 450 $. Si la personne sourde
n'a pas ce décodeur, la télévision, pour elle, ne reste
qu'une image. Elle ne comprend pas; donc, elle ne participe pas à ce
qu'est notre culture, è ce qui est communiqué par la
télévision. Une télévision, il y en a dans tous les
foyers.
Nécessairement, parce qu'elle n'a pas cette possibilité de
participer aux mêmes moyens de communication que nous, la personne sourde
avait tendance à s'isoler dans son monde, dans une communauté qui
lui est propre. La majorité des personnes sourdes, au Québec, ont
très peu de possibilité de lecture parce qu'elles ne sont pas
toutes allées à l'école régulière; elles
sont allées à une école spéciale. Elles ont
tendance à communiquer beaucoup plus par gestes que par
l'écriture.
Aussi, un des problèmes des personnes sourdes, c'est qu'à
la maison elles n'entendent pas sonner à la porte. Elles n'entendent pas
sonner le téléphone. Elles n'entendent pas le
réveil-matin. La mère n'entend pas les pleurs du
bébé. Il existe des appareils qui transforment le son en
lumière. Quand on sonne à la porte, c'est une lumière qui
s'allume. À ce moment-là, !e sourd peut vivre d'une façon
beaucoup plus sécuritaire dans la maison, d'une part, et je dirais mieux
vivre à la maison.
Avant 1983, aucun de ces appareils n'existaient. Ce qui existait,
c'était la Régie de l'assurance-maladie qui payait des
prothèses auditives à des gens pour qui la prothèse
auditive peut aider à l'audition, mais pour les gens les plus
démunis, il
n'existait rien. L'office, en discutant avec les personnes sourdes, avec
leurs associations... On a tenu compte de ces appareils, on a fait l'analyse
des appareils, on a déterminé lesquels pouvaient le mieux
répondre aux besoins et on en paie depuis 1985. C'est un programme,
actuellement, qui devrait Être pris en charge par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Il n'y a plus de raison pour l'office
d'administrer un tel programme; nous avons joué notre rôle
palliatif, on a créé l'expertise, on peut très bien
maintenant la transmettre à un organisme plus structuré pour de
tels programmes. Je ne sais pas si vous voyez. C'est un exemple.
Un phénomène qui s'est produit aussi... Le seul fait
d'accorder des appareils de téléphone, des appareils, en fait,
où on a besoin d'écrire, le fait d'accorder des décodeurs
pour la télévision, où on a besoin de savoir lire, cela a
amené passablement de personnes sourdes à apprendre davantage a
lire pour mieux participer à notre société. Cela a
amené les centres d'adaptation à s'occuper des personnes sourdes
adultes alors qu'ils ne s'en occupaient absolument pas auparavant. Il y a des
centres qui, il y a trois ans, ne s'occupaient absolument pas des personnes
sourdes adultes, qui ne s'occupaient que des enfants. Maintenant, ils s'en
occupent parce que ces gens-là ont besoin d'autres services aussi, et
non pas seulement de l'équipement.
M. Mercure: Est-ce que Robert pourrait donner aussi un exemple
d'un secteur de l'aide matérielle qui, au cours des dernières
années, a été pris en charge par un ministère?
M. Capistran: II y a deux domaines qui ont été pris
en charge par des ministères, mais d'une façon partielle: il y a
les services de maintien à domicile où le ministère de la
Santé et des Services sociaux a développé un budget, a eu
un budget de développement -actuellement, c'est à peu près
de 4 000 000 $ - qui a permis de transférer des dossiers que nous
avions, mais le besoin est beaucoup plus que ce que le ministère a
développé. Tout de même, ce budget, même s'il
n'était pas assez important pour combler les besoins, a amené les
CLSC, comme je vous le disais tout è l'heure, a amené les
conseils régionaux de santé et de services sociaux à
prendre cette responsabilité d'offrir les services et, maintenant, en
très grande partie, dans l'ensemble du Québec, c'est le
réseau régulier qui donne les services de maintien à
domicile aux personnes handicapées. Toutefois, il y a une partie qui est
financée par l'office.
L'autre domaine où il y a eu transfert, c'est dans les aides
visuelles. En 1984, la Régie de l'assurance-maladie a adopté de
nouveaux règlements permettant de défrayer de nouvelles aides
visuelles, ce qui a pris en charge une partie de ce que l'on faisait mais,
comme M. Mercure le disait ce matin, il en reste encore que la régie
pourrait prendre. C'est à peu près les deux seuls domaines, et
c'est minime par rapport à l'ensemble du budget où il y a eu un
vrai transfert de programmes.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
nous allons suspendre les travaux de la commission jusqu'à 14 heures.
Nous demanderions à tout le monde d'être ponctuel. Je vous
remercie.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 14 h 18)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Avec l'Office des personnes handicapées du
Québec, nous étions à la période de questions. En
vertu de la règle d'alternance, nous serions à Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: M. le Président, avant qu'on continue la
période de questions, j'aimerais avoir un éclaircissement.
Tantôt, au tout début, le député de Laurier, M.
Sirros...
Le Président (M, Bélanger): Le député
de Laurier, oui.
Mme Vermette: ...avait mentionné qu'on pourrait commencer
par une série de questions sur l'ensemble des activités.
Après, on ira vers les cas plus particuliers ou vers des
éléments de programme plus particuliers. Si on peut s'entendre
là-dessus, je l'apprécierais, d'une part. D'autre part,
tantôt, sur la loi de l'alternance toujours, sur la reconnaissance de
l'alternance, si on peut avoir une série de questions à poser, si
on peut aller jusqu'au bout et, après, passer la parole...
M. Sirros: M. le Président, je voulais effectivement
prendre un certain temps au début pour des questions d'ordre
général. La plupart de notre temps de ce matin a pourtant
été consacrée à des questions de la
députée de Marie-Victorin qui portaient sur l'aide
matérielle, ni plus ni moins, en grande partie. Quant è
l'alternance, je pense qu'effectivement, on avait proposé dès le
départ, ce matin, qu'une série de questions, un peu comme l'a
fait la députée de Marie-Victorin, puisse être
liquidée et que l'alternance vienne ensuite. On n'a pas d'objection,
pour autant qu'on se tienne dans des limites raisonnables d'utilisation de
la
série de questions.
Mme Vermette: Je voudrais juste souligner un fait. Quand on
disait que, cet avant-midi, j'ai plutôt... À moins qu'on ai une
méconnaissance du fonctionnement de l'organisme comme tel qu'on est en
train d'étudier, je pense que lorsqu'on parle de transfert de
programmes, c'est pour parler justement uniquement de l'aide matérielle.
Au contraire, c'est l'application de l'office dans toutes les facettes et dans
toutes ses activités dans les transferts. On l'a vu. C'est autant
scolaire que culturel finalement. Cela peut être autant d'ordre de
transport, d'ordre municipal. C'est très global et très
général. Cela porte aussi sur l'action que devront
entériner, à un moment donné, nos gouvernements en ce qui
concerne les transferts de services pour les différents
ministères.
Le Président (M. Bélanger): Nous avions bien
compris cela. On reprend le cours des débats en se tenant à cette
règle d'alternance, mais avec souplesse, c'est-à-dire permettre
les séries de questions pour ne pas perdre le fil des idées et
pour donner une allure de plus grande cohérence à l'ensemble des
travaux.
Mme la députée, vous vouliez commencer.
Mme Vermette: Pour reprendre un peu là où on a
laissé les débats tantôt, plutôt l'échange de
propos que les débats, je voudrais savoir ceci de la part de M. Mercure,
président de l'office. Lorsque nous parlions tantôt de la
nécessité d'un plan directeur en ce qui concerne l'orientation
des différents transferts de programmes et la nécessité
aussi de la formation d'un tel comité, vous aviez dit aussi, si ma
mémoire est bonne, qu'une commission parlementaire est l'occasion
d'émettre certains voeux, même si finalement, c'est toujours un
voeu que d'avoir une commission qui favorise l'intégration des
différents programmes à différents ministères.
Est-ce que vous seriez prêt aujourd'hui à émettre ce voeu
pour que, d'une façon très structurée et d'une
façon opérationnelle un comité soit formé à
la suite de cette commission pour permettre de perdre le moins de temps
possible quant à cette démarche que tout le monde attend et qui
devrait être atteinte en 1992, 1993, selon les objectifs d'un certain
programme qui était le plan de décroissance?
M. Mercure: Je dois dire qu'effectivement, depuis juin, l'an
dernier, l'office est en préparation d'un mode de fonctionnement.
À ce moment-ci, nous avons déposé une demande formelle de
mandat pour étudier les transferts. Si la commission veut en prendre
note, je pense que cela pourrait être utile. C'est une demande de mandat
qui n'est pas seulement à l'Office des personnes handicapées,
mais qui est à un certain nombre de ministères pour qu'une
étude des impacts économiques et administratifs des transferts
puisse être faite sur une période suffisamment longue, afin que
l'on puisse vraiment éviter les transferts qui pourraient être
faits trop vite pour être vraiment responsables et pour préserver
la qualité des services sans interruption.
Mme Vermette: J'espère que les membres de la commission en
ont pris bonne note et que cela fera partie, à un moment donné,
de nos travaux, que l'on pourra se pencher sur ce voeu qui vient d'être
formulé.
L'autre aspect de ma question est le suivant. Vous avez un rôle
d'information et de promotion, è l'office. Compte tenu de ce rôle
que vous avez dû assumer, avez-vous senti une évolution des
mentalités en ce qui concerne l'intégration des personnes
handicapées, que ce soit dans les milieux scolaire, culturel ou dans les
différents organismes? Qu'est-ce qui devrait être entrepris pour
l'avenir afin de favoriser une meilleure intégration des personnes
handicapées?
M. Mercure: Quand on parle d'évolution des
mentalités, il faut penser que l'on parle à moyen terme au moins,
en tout cas. On ne fait pas évoluer les mentalités en termes de
semaines ou de mois. Disons que, comme vous demandez une opinion personnelle,
d'autres pourraient peut-être compléter. Je dois dire qu'à
l'office, ma perception personnelle, et je pense que c'est la perception de
beaucoup de gens de l'office, c'est qu'il y a eu une évolution des
mentalités assez importante depuis les années soixante. Il y a eu
une évolution des mentalités. Le public est plus habitué
de voir des personnes handicapées dans tous les endroits publics et de
les voir bénéficier des mêmes services, de les voir
utiliser les transports publics, de les voir dans les centres commerciaux.
Cette évolution des mentalités est absolument nécessaire.
Comme vous le savez, selon le processus d'apparition des handicaps qui se
trouve dans À part... égale, le handicap est un rejet
social. C'est un phénomène d'inacceptation d'une personne qui a
des limitations fonctionnelles.
Je pense que c'est déjà bien commencé. Il faut
peut-être faire attention quand on parle de l'évolution des
mentalités. Il peut y avoir une période pendant laquelle les
mentalités vont dans une direction et elles pourraient aussi revenir en
arrière, comme dans un mouvement de balancier. Je pense qu'il est
important, à ce moment-ci, d'éviter que certaines personnes, pas
très au fait des problèmes des personnes handicapées,
aient l'impression, à cause de certaines données
difficiles à interpréter, concernant les montants que
l'État met à la disposition des personnes handicapées, que
l'État a fait pendant un certain temps un effort considérable
à l'égard des personnes handicapées. Je pense qu'il faut
corriger cette impression et dire que le budget matériel dont on a
beaucoup parlé, ce matin, représente beaucoup moins que 0,1 % des
budgets des deux seuls ministères importants qui accordent des services,
des deux seuls plus gros ministères qui sont très engagés
dans les services aux personnes handicapées, les ministères de la
Santé et des Services sociaux et de l'Éducation.
Je pense qu'on peut sentir, à ce moment-ci, dans un processus de
privatisation et dans un processus de réalisation, les limites de
l'État dans ses ressources matérielles qui sont, je pense,
partagées par l'office. Je pense que tout le monde a fait une certaine
évolution par rapport à l'attitude qu'on avait il y a quelques
années. Il faut faire attention. Dans notre communauté, des
personnes qui pourraient être mal renseignées répandent
l'opinion que le tour des personnes handicapées est passé et que
l'effort a été suffisant.
Je pense que c'est notre rôle - j'en profite pour le mentionner
ici - de faire réaliser que les besoins sont très grands et les
besoins ne sont pas nécessairement des besoins nouveaux. Ce dont on a le
plus besoin, comme je le mentionnais ce matin, c'est de la coordination entre
les différents intervenants, les différents ministères et
les différents réseaux. Aussi, on a absolument besoin de modifier
l'approche des personnes handicapées qui sont encore dans des
institutions, qui sont dans des endroits très peu propices à leur
développement et très peu propices au respect de leurs droits
fondamentaux. Je pense que la preuve n'est plus à faire. Il s'agit de
l'application de la Charte des droits et libertés de la personne en
vigueur au Québec qui n'a pas de sens ou très peu. Il y a
beaucoup d'éléments qui n'ont pas de sens dans la vie
institutionnelle.
Je pense qu'on a été dans une période, depuis au
moins une quinzaine d'années, où le changement se fait dans le
bon sens. Certains le voudraient plus vite, mais les mentalités,
à mon point de vue, sont basées sur le contexte historique et,
parfois, elles remontent à plusieurs générations. Cela
prend un certain temps avant de changer carrément les mentalités.
Dans le monde scolaire, actuellement, il y a un effort nouveau
d'intégration. Beaucoup de professionnels connaissent très bien
les méthodes à utiliser qui sont beaucoup plus efficaces pour le
développement de l'autonomie des personnes handicapées, sauf
qu'il faut que cette conviction, au lieu d'être seulement dans la
tête de quelques experts, devienne très présente dans le
monde de l'enseignement tant sur le plan professionnel que sur le plan
administratif. Il faut qu'on accepte de changer les structures. Les
résistances que l'on a à ce moment-ci sont des résistances
de mentalité; et aussi, il y a des résistances de structures
établies qu'il faut, dans certains cas, modifier. Je ne sais pas si
d'autres sous-questions pourraient permettre un éclairage additionnel
là-dessus. (14 h 30)
Mme Vermette: En fait, c'est un peu ce dont je me suis rendue
compte en côtoyant des personnes handicapées. J'aimerais que vous
nous expliquiez la définition de la personne handicapée. Cela
consiste en quoi? On a l'impression, depuis ce matin, qu'on a toujours mis
l'accent plutôt sur l'aide matérielle en fonction d'un handicap
physique. Je pense que votre mandat va au-delà du handicap physique.
Est-ce que vous pourriez nous dire quel est l'ensemble de votre mandat et
à qui il s'adresse? Quelles sont vos clientèles,
indépendamment des handicaps physiques?
M. Mercure: Je vais demander à M. Semco de nous lire la
définition légale et, après cela, peut-être que l'on
pourra l'expliquer. Dans notre loi, il y une définition très
précise qui nous est très utile et avec laquelle on travaille
pour admettre les gens à l'aide matérielle. M. Semco.
M. Semco (Denis): La définition, à l'article 1g de
cette loi, se lit comme suit: "Toute personne limitée dans
l'accomplissement d'activités normales et qui, de façon
significative et persistante, est atteinte d'une déficience physique ou
mentale ou qui utilise régulièrement une orthèse, une
prothèse ou tout autre moyen pour pallier son handicap." C'est la
définition qui est dans la loi, à l'article lg.
M. Mercure: Quand on pense à la définition des
personnes handicapées, il faudrait peut-être rappeler le processus
d'apparition du handicap qui est expliqué dans À part...
égale et qui provient d'une classification des déficiences et
d'une étude qui a été faite à l'OMS, l'Organisation
mondiale de la santé. Je pense qu'il est bien important de faire la
distinction entre maladie et handicap, par exemple.
Quand on parle de personnes handicapées, on parle de personnes
qui ont une situation relativement permanente. Elle peut être
évolutive, mais elle est relativement permanente. Je pense qu'il faut
distinguer la cause, la déficience, l'incapacité et le
handicap.
La cause d'une déficience peut être très
variée. On peut avoir eu un accident. On peut avoir une anomalie des
chromosomes ou un problème héréditaire. On peut avoir eu
un problème de développement dans la
première enfance. Il y a des causes médicales, il y a des
causes héréditaires, il y a des causes accidentelles et il y a
des causes qui viennent du processus de la naissance ou immédiatement
après la naissance.
Les causes créent une déficience. La déficience,
c'est quelque chose qui est relié à la personne. Elle peut
être physique ou mentale, mais elle est reliée à la
personne. Une déficience est mesurable. Par exemple, un bras
paralysé, une vision réduite; c'est la déficience.
L'incapacité. S'il me manque les doigts de la main, je suis
incapable de prendre un verre. C'est une action, une fonction qui se trouve
limitée par une déficience. Par exemple, je suis incapable de
conduire une auto ou je suis incapable de m'acquitter de tâches complexes
parce que j'ai une déficience intellectuelle. Je suis incapable de lire
parce que j'ai une déficience visuelle. C'est une incapacité.
Le handicap est un phénomène de rejet social. Parce que
j'ai une déficience persistante, parce que j'ai une incapacité
basée sur une déficience, j'ai une difficulté à
être accepté, dans un groupe donné, comme une personne
à part entière. Le handicap est relié à
l'environnement social. Le handicap peut être grandement
atténué et peut même disparaître totalement,
même si on a une déficience et des incapacités, si
l'environnement physique et l'environnement psychologique sont suffisamment
adaptés grâce aux personnes qui entourent la personne
handicapée. Le travail de l'office, c'est de diminuer, ou même
faire disparaître le handicap, quand c'est possible, même si les
personnes dont on s'occupe ont, pour la plupart, des déficiences et des
incapacités permanentes.
J'ai pensé qu'il valait la peine d'apporter cette explication.
C'est très important de faire ces distinctions pour savoir à quel
niveau on intervient. Par exemple, si on intervient sur le plan des
déficiences, il est possible qu'on ait des interventions
médicales. Si on intervient sur le plan des incapacités, c'est
tout le phénomène de l'adaptation et de la réadaptation,
de toutes les techniques et de tous les équipements nécessaires
pour diminuer l'effet des incapacités.
Quand on cherche à diminuer les handicaps, c'est là qu'on
est dans le domaine des mentalités, on est dans le domaine de la
réceptivité du public et de l'adaptation de l'environnement
physique.
Mme Vermette: Je suis contente que vous ayez apporté
toutes ces nuances, parce que je pense que c'est important. Si on veut vraiment
bien situer le débat, je pense qu'il faut qu'on comprenne vraiment
là où se pose l'action, à mon avis. Surtout quand on parle
de désinstitutionnalisation, je pense qu'il est important d'apporter
toutes ces nuances pour qu'on n'amorce pas de faux débat.
Cela m'amène à vous poser une sous-question. Vous avez
joué votre rôle palliatif au niveau de la déficience et du
handicap pour donner un service qu'on n'était pas capable de trouver
à l'intérieur des différents ministères. Vous
deviez donc jouer ce rôle palliatif. Maintenant qu'il y a d'autres
moyens, est-ce que vous voyez votre rôle davantage au niveau des
handicaps, ne serait-ce qu'au niveau de l'intégration au milieu
social?
M. Mercure: Effectivement, même sans notre rôle
palliatif, ce n'est pas tout à fait un rôle d'accorder des
services que d'autres ne rendent pas. Dans bien des cas, il s'agit de financer
des services en utilisant des ressources du milieu. Même
indépendamment du rôle palliatif, on a un rôle
extrêmement important de coordination de tous les intervenants parce que
c'est extrêmement difficile, au niveau de la famille, d'obtenir des
interventions de tous les intéressés. Si on prend un exemple, une
personne peut avoir besoin d'un service de réadaptation à un
certain endroit, on peut réussir à faire les démarches et
obtenir la collaboration d'un centre de réadaptation, mais si on se rend
compte deux semaines avant qu'on n'a pas les services de transport, cela ne
donne rien. II faut coordonner toutes les interventions nécessaires et
il faut que ce soit basé sur une très bonne évaluation de
la personne.
En plus de la coordination, il y a tout l'effort de sensibilisation du
public. Il y a aussi l'effort d'assistance aux personnes pour les
référer au bon endroit, les aider à obtenir les services
dont elles ont besoin. L'office a aussi un rôle de défense des
droits. Par exemple, dans un cas d'intégration scolaire, on a
assisté une famille pour que son cas soit présenté
adéquatement à la Commission des droits de la personne. Il y a
toutes ces dimensions.
Je mentionnais aussi cette dimension qui, à mon point de vue, est
très importante, que l'office s'implique dans la préparation des
projets de loi concernant les personnes handicapées, des projets de
règlements et ce, au niveau provincial comme au niveau municipal et
scolaire. Même les problèmes de règlements municipaux
intéressent l'office aussi. Alors, tous ces rôles sont des
rôles qui sont autres que le rôle palliatif pour financer un besoin
très précis des services lorsque les ressources ne sont pas
disponibles sur le plan local.
Maintenant, le rôle d'assistance aux personnes handicapées,
comme on a dit tout à l'heure, est un rôle qui sera maintenu. La
promotion du plan de services, c'est-à-dire s'assurer qu'une personne
handicapée qui a besoin de services puisse les obtenir dans un
effort concerté des organismes responsables, est un avantage que
l'office va continuer à accorder même si on réussissait
à transférer l'aide matérielle.
Mme Vermette: Ce qui m'amène à vous poser une autre
question, parce que votre rôle est très important. Finalement, si
vous n'existiez pas, on risquerait une mauvaise coordination des personnes
handicapées qui ont besoin d'une ressource qui peut leur faire
défaut; parce qu'elles ne sauraient pas qu'une ressource peut exister ou
qu'on peut la transférer à différents ministères.
J'ai l'impression aussi que tout le rôle de sensibilisation que vous
devez jouer est hors de tout doute, en tout cas, votre mission est très
importante. Il faut qu'elle soit de plus en plus connue et qu'on lui donne de
l'importance par rapport à cette intégration de la personne
handicapée.
Cela m'amène à vous demander ceci. Dans l'état
actuel des choses et dans l'état actuel d'un processus de transfert de
programmes, croyez-vous que vous avez assez de pouvoirs? Croyez-vous qu'il sera
nécessaire de vous ajouter certains pouvoirs, notamment quand vous
êtes l'interlocuteur dans les municipalités, dans les
différents ministères et dans les commissions scolaires? Est-ce
qu'on vous reconnaît cette autorité facilement et d'emblée?
Est-ce qu'on prend vos recommandations comme étant du même ordre
qu'une recommandation ministérielle finalement?
M. Mercure: La loi actuelle ne prévoit pas de pouvoirs
coercitifs pour l'office à l'égard des organismes qui accordent
des services. Je pense que c'était bien intentionnel dans la
législation actuelle. Entre autres, sur le plan de l'embauche, il y
avait eu beaucoup de discussions, si vous vous souvenez, sur le fait que dans
certains pays, il y a des quotas, des pourcentages que les entreprises doivent
respecter; on doit engager dans son personnel, supposons, 1 % ou 1,5 % de son
personnel parmi les personnes handicapées. Alors, au Québec,
cette question avait été abondamment discutée.
Malgré que dans un projet de loi, cette question avait été
introduite, elle a été enlevée parce que c'était un
genre de consensus social que l'on accorde à l'office des rôles
qui soient des rôles de persuasion, des rôles de coordination, des
rôles de concertation, mais non pas des rôles coercitifs.
Cependant, si la question se pose vraiment, et vous la posez bien, si l'office
diminuait considérablement son rôle palliatif, est-ce qu'elle ne
devrait pas avoir des moyens? Cette question doit sûrement être
étudiée de près. C'est un des éléments du
mandat qu'on demande dans le processus de transfert. Est-ce que l'office ne
devrait pas avoir certaines possibilités d'intervention si on devait
diminuer considérablement le rôle palliatif prévu par toute
la question de l'aide matérielle?
Je veux donner un exemple de cela. En faisant une tournée des
différentes régions, je me suis rendu compte que le rôle
qu'ont les conseils régionaux de recevoir des plaintes, de les
étudier, de faire des commentaires aux responsables des
différents services était un rôle qu'on n'utilisait pas
suffisamment. Un rôle comme celui qu'a le Conseil régional de la
santé et des services sociaux est limité aux
établissements du ministère de la Santé et des Services
sociaux. (14 h 45)
Dans le monde scolaire il n'y a pas de structures semblables, sauf qu'il
y a toujours le recours à la Commission des droits de la personne qui
est aussi un organisme qui n'a pas le pouvoir d'obliger, mais un pouvoir de
rapport et de sensibiliser les milieux, peut-être. Personnellement, les
rôles carrément coercitifs, je doute que ce soit la meilleure
façon de faire. Quand on parle d'intégration des personnes
handicapées, on veut qu'elles soient accueillies et qu'elles soient des
personnes à part entière dans un certain milieu. Que ce soit un
milieu résidentiel, un milieu de travail ou un milieu de loisir, on veut
que leur présence soit acceptée et comprise par la
majorité des personnes qui les entourent. Les pouvoirs coercitifs
pourraient aller à l'encontre de ce besoin de vraiment faire comprendre
l'utilité, non seulement pour les personnes handicapées, mais
pour la population en général, de reprendre les personnes et les
groupes qui ont été marginalisés. Je pense que c'est non
seulement très bon à l'égard des personnes
handicapées, en particulier pour le développement de leur
autonomie, mais aussi très valable pour la société en
général de reprendre dans son sein les groupes qui ont
été marginalisés.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
il a été question du rôle de coordination de l'office et
aussi de son rôle supplétif et palliatif. Pour bien comprendre
l'envergure de ces deux rôles, est-ce qu'il vous serait possible de me
donner - je ne vous demande pas cela à un plan de services près -
la proportion des plans de services qui sont élaborés sans
demande d'aide matérielle et des plans de services qui sont
élaborés avec demande d'aide matérielle?
M. Mercure: Là-dessus, je vais donner la parole à
M. Capistran, mais avant, je voudrais peut-être dire que l'outil
développé très précisément de plans de
services dont on a parlé, ce matin, est un outil dont
l'office fait la promotion et qui n'est pas unique au Québec. Je
veux dire que c'est quand même une approche individuelle, faisant
participer la personne et impliquant une coordination de tous les intervenants
pour répondre aux besoins réels et pour faire une
évaluation globale de tous les besoins plutôt qu'une seule
intervention auprès d'une personne. Ce sont tous des
éléments du plan de services. Cet outil, on demande qu'il soit
utilisé dans les réseaux, on en fait la promotion dans des
séances d'études et on cherche à sensibiliser tous les
professionnels qui font de l'aide sociale de ne pas toujours étudier les
besoins d'une clientèle, c'est-à-dire 100, 200, 300 personnes qui
ont un certain problème, mais de vraiment aller voir sur le plan
individuel quels sont les besoins d'une personne. M. Capistran pourrait aussi
préciser la question concernant la proportion des cas dans lesquels
l'office est impliqué où il y a effectivement aide
matérielle.
M. Capistran: Dans les dossiers qui nous sont
présentés ou dans les demandes officielles de voir à la
préparation d'un plan de services, environ 90 % vont déboucher
sur de l'aide matérielle.
M. Leclerc: Donc, on peut facilement conclure que l'office joue
à ce moment-ci -ce n'est pas une critique - un rôle
supplétif et palliatif beaucoup plus important qu'un rôle de
coordination, puisqu'on a une proportion de 90-10.
M. Mercure: II faudrait quand même dire que dans les plans
de services où l'office est très impliqué, il n'accorde
pas d'aide matérielle à moins qu'il y ait un plan de services. Ce
dernier est préparé parfois totalement par des professionnels du
réseau, parfois en collaboration avec les gens de l'office. Le
rôle de coordination s'exerce complètement sur le plan individuel
avant même l'aide matérielle. Le rôle de coordination de
l'office n'est pas uniquement au plan des services individuels à
l'égard d'une personne, mais aussi aux plans local, régional et
provincial. L'office est impliqué dans chaque région pour faire
des rencontres entre le milieu scolaire et le milieu des affaires sociales, le
milieu des transports, les municipalités. Il réunit
régulièrement les professionnels de différents
réseaux pour les faire se concerter et les faire travailler ensemble. On
est aussi partie d'un très grand nombre de comités
interministériels qui étudient des approches pour régler
certains problèmes concernant les personnes handicapées. Le
rôle de coordination est très important et on ne vient pas nous
empêcher de le jouer, je ne pense pas.
M. Leclerc: Par conséquent, dans tout ce dossier, l'office
tient son rôle de coordination, mais il doit, dans 90 % de tous les
dossiers qu'il étudie, jouer aussi son rôle palliatif parce que
les gens qui ont étudié le plan de services n'ont pas
été capables, dans le milieu, de répondre aux besoins du
handicapé dont le plan de services a été
étudié.
M. Mercure: Effectivement, c'est le cas. Soit qu'il n'y a pas de
disposition pour prévoir s'il s'agit d'équipements pour adapter
un domicile, il n'y a pas de disposition dans aucune loi pour permettre l'achat
de ces équipements, ou soit, dans certains cas, que les organismes
prétendent et démontrent -là, c'est une
démonstration difficile - qu'ils n'ont pas les ressources
financières. On disait, ce matin, à l'égard du milieu
scolaire que la démonstration qu'une commission scolaire n'a pas les
5000 $ nécessaires pour intégrer un enfant dans une école
régulière est une démonstration, je pense, qui serait
très discutable et très difficile à faire.
À ce moment-là, l'office est dans la position suivante.
Est-ce qu'on vérifie s'il n'y a pas l'argent à la commission
scolaire ou si on se contente des affirmations de la direction
générale, de la direction de l'école à savoir que
les ressources humaines et les ressources financières ne sont pas
disponibles? C'est une question difficile qu'on discute actuellement à
l'interne et qu'on devra discuter précisément avec le
ministère de l'Éducation. M. Capistran pourrait ajouter quelque
chose sur cette question.
M. Capistran: Quand je mentionnais tout à l'heure que 90 %
des demandes qui nous étaient faites débouchaient sur de l'aide
matérielle, il s'agit de demandes individuelles. L'office a d'autres
actions. Je vais vous donner un exemple. Il existe au Québec des
systèmes de transport adapté qui desservent à peu
près 75 % de la population actuellement. C'est financé par le
ministère des Transports. Pour mettre ce système en place,
l'office est intervenu dans la majorité des organisations de transport
pour réunir des groupes promoteurs - dans la plupart des cas, ce sont
des associations de personnes handicapées - et des gens des
municipalités, parfois des commissions scolaires pour faire en sorte
qu'il y ait un plan établi, présenté au ministère
des Transports. En même temps, on agissait directement au
ministère des Transports pour voir comment ce plan pouvait être
mis sur pied pour répondre aux besoins.
Tous ces organismes de transport - il y en a au-delà d'une
quarantaine - ont des comités d'admissibilité et l'office voit
à ce que les personnes handicapées soient
représentées à ces comités. Il n'est aucunement
question d'aide matérielle, et pourtant, c'est un secteur très
important. II y a, comme cela, d'autres dossiers qui ne
concernent pas du tout l'aide matérielle.
M. Leclerc: Vous parlez de 90-10, est-ce que vous avez senti, au
cours des dernières années, que cette tendance augmentait ou si
elle est stable depuis le début?
M. Capistran: Elle est passablement stable pour Ia raison
suivante. M. Mercure !'a mentionné, ce n'est pas seulement l'office qui
fait les plans de services, l'intervenant dans un CLSC fera aussi un plan de
services, celui qui est dans un CSS en fera un, ce qui fait que, dans la
majorité des cas, l'office n'aurait pas besoin d'intervenir. On
intervient pour faire de la coordination des plans de services sans aide
matérielle, dans des cas où les gens ne s'entendent pas entre
eux. La personne handicapée est promenée d'un organisme à
l'autre, on ne trouve pas de solution individuellement pour chaque organisme.
À ce moment-là, on va les réunir et on va s'entendre pour
trouver une solution. Mais si on n'avait pas d'aide matérielle, si les
ressources les avaient, il est probable qu'il y a des dossiers qui ne
viendraient pas du tout à l'office, parce que le besoin ne serait pas
là.
M. Leclerc: Je sais que ce n'est pas votre organisme qui s'occupe
de tous les plans - vous l'avez dit d'ailleurs - mais en termes de personnel,
est-ce que vous pouvez nous dire combien de vos effectifs s'occupent
spécifiquement de l'aide matérielle?
M. Mercure: Les gens qui s'occupent de l'aide matérielle
sont en grande partie dans les bureaux régionaux. M. Capistran va donner
des renseignements là-dessus à savoir combien de personnes
s'occupent d'aide matérielle dans les régions, même en
incluant le personnel de Drummondville.
M. Capistran: C'est environ 50 personnes.
M. Leclerc: Sur environ 130?
M. Mercure: Sur 187.
M. Capistran: Sur 187.
M. Mercure: Mais ces personnes ne sont pas uniquement
impliquées dans l'aide matérielle. Si on prenait uniquement le
nombre de personnes qui sont à 100 % dans l'aide matérielle,
c'est-à-dire que ces gens-là, dans bien des cas, font aussi la
coordination de plans individuels et ils font certaines autres activités
aussi. Mais ce sont les personnes qui consacrent une bonne partie de leur temps
à l'étude des dossiers d'aide matérielle.
M. Leclerc: Selon vous, le fait d'augmenter les ressources en
coordination pure et simple ne permettrait-il pas de réussir à
faire davantage de plans de services sans aide matérielle en fouillant
davantage ce qui est dans le réseau? Je ne dis pas que les gens ne font
pas leur travail. J'émets une hypothèse. J'aimerais qu'on me dise
ce qu'on en pense. S'il y avait davantage de ressources dans la coordination,
est-ce qu'on ne pourrait pas trouver plus de ressources dans le milieu?
M. Mercure: La réponse à cela serait
peut-être oui. Ce serait oui, sauf qu'on a effectivement un rôle
légal en ce qui concerne l'aide matérielle qui est actuellement
prévue dans notre loi et sur laquelle on a te devoir de
considérer toutes les demandes. On a le devoir d'analyser chaque cas. On
ne peut pas distraire des qens d'un rôle légal qu'on a pour
effectuer un autre rôle qui est légal, mais où le
degré d'effort est infini, en fait, ou pourrait sûrement augmenter
considérablement. On ne peut pas dire infini, mais on pourrait doubler
les personnes qui travaillent à la coordination. Sûrement que cela
aiderait. Cependant, on a l'obligation légale de répondre aux
demandes d'aide matérielle, de plans de services.
M. Leclerc: D'accord. J'ai une dernière question à
poser, M. le Président. Tout à l'heure, M. Capistran nous a
donné un exemple tangible, c'est-à-dire l'exemple des
décodeurs. J'aimerais qu'on m'explique un peu comment cela fonctionne.
Vous nous avez dits Les décodeurs de télévision pour les
malentendants coûtent 450 $ pièce. Il y a, selon mes
renseignements, 50 000 sourds au Québec. Est-ce qu'en déclenchant
ce processus l'OPHQ n'engage pas indirectement le gouvernement pour 25 000 000
$?
M. Mercure: M. Capistran.
M. Capistran: Durant le dîner, M. Mercure a fait le calcul
aussi. Les 50 000 sourds dont il est question, ce sont des études faites
par système de ratio par rapport à la population, qu'il y a tant
de gens qui ont tant de perte auditive.
M. Leclerc: Mettez-en la moitié moins, si vous voulez.
M. Capistran: La seule chose, c'est qu'on ne peut pas nommer le
nom des 50 000 personnes demain matin. Parmi ces gens-là, il y a aussi
des jeunes de six mois, d'un an, deux ans, trois ans qui, probablement,
n'auront pas de décodeurs pour regarder la télévision.
Vous avez aussi des gens qui sont âgés, qui sont dans une
institution et qui n'ont pas nécessairement besoin d'un décodeur
par personne. Vous avez
aussi des gens qui restent dans une même famille. Il peut y en
avoir quatre dans une même famille et ils ont besoin de seulement un
décodeur, et ainsi de suite. Cela fait en sorte qu'il ne faut pas croire
que, demain matin, il va y avoir 50 000 décodeurs sinon on pourrait
ouvrir une compagnie. Mais il y a aussi d'autres systèmes qui permettent
parfois, quand quelqu'un a un résidu auditif, d'avoir des
systèmes de transmission FM, comme on les appelle, qui permettent de ne
pas utiliser un décodeur aussi, qui permettent d'amplifier le son du
téléviseur sans nécessairement qu'il y ait un
décodeur. (15 heures)
M. Leclerc: Vous m'avez très bien expliqué ce qui
se passe dans le cas des malentendants. C'est sur le plan mécanique...
On sait qu'au cours des prochaines années il y aura sûrement
d'autres découvertes qui vont aider les handicapés dans leurs
activités quotidiennes et j'en suis très heureux. Sauf que je me
dis que chaque fois qu'il y aura de nouvelles découvertes comme
celle-là pouvant répondre à des besoins véritables
de personnes handicapées sur le marché, le budget d'aide
matérielle de l'office ne suffira pas; dans ma tête, c'est un
automatisme. Il ne suffit déjà pas. Par conséquent, de
quelle façon allez-vous être capables - on n'a pas le choix, comme
société - de restreindre cela et de dire: Cela sera admissible,
cela ne le sera pas? Ces personnes seront admissibles et celles-là, non.
Il va falloir trouver une façon de limiter cela. On est seulement au
début de nouvelles découvertes. On sait très bien qu'il y
aura plein de nouvelles choses au cours des prochaines années. J'essaie
de voir quelle est la mécanique avant que vous décidiez de dire:
Nous allons accepter de fournir tel équipement très
spécialisé aux handicapés.
M. Mercure: II faut dire que, de toute façon, s'il s'agit
de nouveaux équipements, je pense qu'il va falloir faire de
l'expérimentation pour voir s'ils sont valables. Les équipements
que l'on accorde actuellement sont des équipements reconnus et
utilisés dans bien des milieux. Maintenant, je voudrais peut-être
souligner une chose. Ces équipements sont, dans bien des cas, des
équipements qui permettent à la personne de vivre dans la
communauté alors qu'elle vivrait en institution. Les budgets, en
institution, comme vous le savez, sont énormes; ils sont
extrêmement élevés. Ils représentent non pas des
dépenses que l'on encourt une seule fois comme quand on achète un
équipement, mais des dépenses mensuelles et annuelles qui sont de
l'ordre de 40 000 $ à 50 000 $ par personne en institution. Chaque fois
que l'on réussira... Même avec des équipements qui peuvent
être très coûteux, ce qui pourrait vouloir dire que l'on
dépense 30 000 $, 40 000 $ pour être sûr qu'une personne
pourra vivre dans son domicile, une fois que l'on a dépensé, la
personne n'est plus en institution, ou bien elle coûte encore 40 000 $ ou
45 000 $ par année, chaque année. Certains de ces
équipements, même s'ils sont coûteux au départ -je ne
nie pas le besoin d'un certain investissement - peuvent résulter en des
modes de services qui sont, dans certains cas, moins coûteux.
M. Leclerc: Je comprends. Évidemment, vous semblez dire
que chaque fois que cela va nous permettre d'éviter une
institutionnalisation - je suis d'accord avec vous - il y a des
économies. C'est beaucoup mieux pour l'individu de pouvoir être
dans son milieu, j'en conviens, quoique je ne pense pas qu'on puisse
généraliser et dire: Dans tous les cas où l'on va
dépenser de l'argent pour des équipements
spécialisés, cela va empêcher l'institutionnalisation. Il y
a des gens qui ne sont pas en institution. Sauf que j'essaie de voir un peu
plus loin et de comprendre où cela va nous mener. C'est un peu ma
question. Où cela va-t-il nous mener? Combien de millions cela va-t-il
prendre dans deux ans, dans trois ans, dans quatre ans?
M, Mercure: M. Capistran, peut-être, pourrait donner plus
de renseignements.
M. Capistran: Dans l'analyse des dossiers, avant de prendre une
décision sur un équipement ou dans un autre domaine, la question
principale qu'on se pose est la suivante: Est-ce que c'est essentiel à
la personne pour favoriser son intégration? Est-ce qu'il y a un lien
entre la demande qui nous est faite et sa déficience ou ses limitations?
Je prends encore l'exemple des personnes sourdes. Par exemple, on accorde des
ATME. Ce sont des appareils qui permettent d'avoir accès aux lignes
téléphoniques. Ces appareils coûtent de 300 $ à 1000
$ environ. Avec des personnes sourdes et des gens qui sont
spécialisés, on a étudié quel était
l'appareil qui répondait aux besoins essentiels de la personne. On s'est
entendu sur un prix moyen de l'ordre de 500 $; je me rappelle. Une personne qui
veut ajouter certains aspects techniques supplémentaires à
l'appareil peut bien s'en acheter un plus coûteux, mais ce que nous
accordons, c'est tel montant. C'est sûr que dans le domaine de tout ce
qui est déficience sensorielle, il y a énormément
d'évolution. Pour les aides visuelles, c'est la même chose. Je ne
pense pas qu'à chaque fois qu'un nouveau gadget arrive, il s'agisse de
dire: On le paie. D'autre part, il ne faut pas refuser non plus un outil
supplémentaire qui permettrait une intégration
supplémentaire. Je pense qu'on ne pourrait pas faire cela non plus. Il y
a un juste milieu à conserver. M.
Mercure disait qu'il faut quand même tester les appareils, voir si
c'est bon, si réellement l'investissement vaut la peine. Mais quand
s'ajoutent certains appareils pour les gens qui ont une déficience
visuelle et qui permettent pratiquement de lire, un appareil qui permet de lire
un texte imprimé comme cela, qui permet de transcrire sur une voix un
texte imprimé, on ne peut pas bouder cela de prime abord parce que cela
permet une intégration beaucoup plus complète.
M. Leclerc: Sauf que...
Le Président (M. Bélanger): Une dernière,
s'il vous plaît.
M. Leclerc: Je suis le plus heureux du monde qu'il se fasse de
nouvelles inventions. Mais j'essaie de voir dans le budget comment, comme
gouvernement et vous, comme office, vous allez être capables de vivre
avec cela. C'est là ma question. Je conviens que vous faites les tests
nécessaires, qu'il faut permettre aux handicapés de
bénéficier de ces nouvelles inventions, mais je me dis: De quelle
façon, comme gouvernement et vous, comme office, allez-vous être
capables de vivre avec cela? Voilà ma question.
M. Mercure: En fait, c'est une question qui est vraiment bonne,
sauf que les quelques éléments qu'on a donnés font que je
suis convaincu qu'il y a moyen de contrôler les coûts d'une
façon suffisante. Je ne peux pas vous le démontrer parce que je
suis obligé de faire des hypothèses sur le rythme auquel on va
développer de nouveaux équipements. Mais je pense vraiment
qu'à court et à moyen terme, on peut garder le coût de cela
à un niveau acceptable. Comme je le disais tout à l'heure, le
budget total de l'aide matérielle représente 0.01 % de 1 % des
deux réseaux et moins que cela. Évidemment, les
équipements dont on parle représentent encore beaucoup moins que
cela. Peut-être qu'on n'a pas exploré toutes les façons de
les utiliser rationnellement. S'ils étaient utilisés directement
et fournis par des organismes locaux, peut-être qu'on pourrait plus
facilement réaliser qu'à un moment donné, des
équipements ne sont plus utiles pour une personne donnée, mais
pourraient être passés à une autre; mais un organisme comme
le nôtre qui a très peu de personnel pour faire ce travail, cela
ne nous est pas possible de faire de la récupération, sauf si
quelqu'un nous met sur une piste. On fait de la récupération
d'équipements actuellement, et je vous dis que cela ne reste pas
longtemps dans les bureaux régionaux. J'ai vu des équipements qui
étaient dans les bureaux régionaux. J'ai demandé depuis
combien de temps c'était là et ils étaient
déjà attribués. Mais si c'étaient les organismes
locaux qui accordaient ces équipements, ils pourraient suivre de plus
près leur utilisation, alors que nous n'avons pas le personnel pour
faire cela.
M. Leclerc: Je retiens cela, parce que c'est une excellente
réponse ce que vous me dites au sujet de la récupération.
Effectivement, si les mêmes équipements peuvent servir à
plus d'une personne sur un certain nombre d'années, cela
m'apparaît une façon de maximiser le rendement de ces
investissements en aide matérielle. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Ce que je trouve un peu malheureux, M. le
Président, c'est qu'on s'était entendu qu'on restait sur des
généralités et qu'on irait sur d'autres sujets
particuliers dont l'aide matérielle. Quant à moi, cela est un
sujet particulier. Je pense qu'on ne peut pas faire tout le débat comme
cela d'une façon à la pige, à droite et à gauche.
Cela fait un genre pique-assiette... Je pense que ce qui est important, c'est
de débattre et d'aller jusqu'au fond d'un sujet et de pouvoir aller sur
d'autres particularités après cela. On était tout le temps
dans l'orientation de l'avenir en ce qui concerne l'office et finalement, on
est tombé sur...
Le Président (M, Bélanger): S'il vous plaît,
madame, je vous demanderais de vous en tenir à vos questions.
Mme Vermette: Mais, on s'était entendu
là-dessus.
M. Leclerc: Je demandais...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, s'il vous plaît! Je pense que le
débat est inutile. Je demanderais a Mme la députée de
Marie-Victorin de s'en tenir au débat, s'il vous plaît.
Mme Vermette: Je voudrais revenir aux
généralités et aux perspectives d'avenir, là
où j'avais laissé mes questions. Tantôt, on avait
parlé des changements de mentalité, de votre rôle de
coordination et de sensibilisation des mentalités, celui de
préparer le terrain finalement pour que ces gens puissent remplir une
fonction importante et décente dans la société. Ce que
j'ai compris très souvent, c'est que la personne handicapée comme
telle, que ce soit sur le plan physique ou mental, cherche beaucoup plus
à se prendre en main elle-même. On en a eu la preuve. De plus en
plus, c'est la personne handicapée elle-même qui fait ses propres
démarches et qui fait valoir ses propres besoins, ce qui prouve que
déjà la
personne est capable de se prendre en main.
Comme on le discutait tantôt, je pense qu'il y a
différentes façons d'accroître l'intégration,
notamment par des stimulations précoces, à quelque niveau que ce
soit et favoriser cela, en tout cas, par de l'équipement. Vous aviez
fait mention, ce matin, très tôt, qu'il fallait que quelqu'un
assure un leadership, finalement, pour favoriser ce changement de
mentalité; vous en avez une part de responsabilités, mais il y a
d'autres gens qui doivent sûrement être responsables. Je pense
qu'à différents niveaux, ne serait-ce qu'au niveau de nos
gouvernements, il doit y avoir des gens qui doivent assumer ce leadership. De
quelle façon ce leadership, quant à vous, devrait-il être
orienté qui permettrait justement d'avoir une réponse aux
attentes et aux expectatives de la personne handicapée qui veut se
prendre en main?
M. Mercure: Disons qu'une bonne partie de la réponse
à votre question se trouve dans les documents que l'office met à
la disposition du public sur le suivi de la politique À part...
égale, je veux dire que la société
québécoise s'est donné une politique à
l'égard des personnes handicapées. Cette politique n'est pas un
document de l'office, même si tantôt j'ai parlé d'un livre,
elle est contenue dans un document, mais il ne s'agit pas d'un document de
l'office, il s'agit d'une politique d'ensemble que s'est donnée la
société québécoise; tous les intervenants dont on a
parlé tout à l'heure se sont impliqués. Je pense que le
leadership revient, effectivement, à l'office et l'office l'a
exercé dans le passé particulièrement à
l'égard de la conception d'une politique d'ensemble qui est en voie de
réalisation, dont celle-ci est amorcée. Il y a déjà
un autre document qui est très volumineux et qui explique exactement
quels sont les engagements que chacun des ministères, chacun des
réseaux, chacune des corporations a pris à l'égard de la
politique d'ensemble. C'est le rôle de l'office de demander des comptes
et de faire réaliser que, dans certains milieux, on progresse moins
rapidement qu'on s'était engaqé à le faire.
Alors, tout le leadership autour des services aux personnes
handicapées, je pense, a été extrêmement
examiné par l'ensemble des intervenants et qu'il y a une planification.
C'est une situation extrêmement complexe et détaillée, mais
je pense qu'un ministère qui veut savoir ce qu'il doit faire, peut
très bien le savoir en regardant les engagements qu'il a pris et
même les échéances qu'il s'est fixées.
Mme Vermette: Oui, vous pouvez continuer.
M. Mercure: Bien, disons que les organismes de promotion aussi
ont pris des engagements dans le domaine et les organismes de promotion ont un
rôle à jouer à l'égard des services aux personnes
handicapées. Je pense qu'on peut compter sur elles aussi pour utiliser
ces documents et aller sensibiliser les milieux qui ont pris des engagements
et, peut-être, aider les gens à développer de nouvelles
façons d'apporter les réponses au besoin des personnes
handicapées.
Mme Vermette: Vous répondez à ma question en ce qui
concerne le niveau de leadership. Vous dites que la plupart des
ministères, en tout cas, avec ce qui a été fait, ce qui a
été produit et ce qui a été présenté,
devraient être plus conscients de la problématique, finalement,
que doivent assumer ces ministères pour favoriser l'intégration
de la personne handicapée.
Est-ce que jusqu'à ce jour, vous trouvez que cette
mentalité qu'on retrouve dans la population a évolué aussi
au niveau des différents ministères et que leur attitude est une
garantie pour permettre de penser qu'ils sont prêts à assumer de
nouvelles responsabilités face aux personnes handica-pées? (15 h
15)
M. Mercure: Disons que si vous vous référez
à l'aide matérielle, dans la première partie de votre
question, ce ne sont sûrement pas de nouvelles responsabilités
à l'égard des personnes handicapées; parce que toute cette
partie, si les ministères respectaient tous les engagements qu'ils ont
pris, on ne serait pas dans le domaine de l'aide matérielle.
Effectivement, c'est à cause des échéances qu'ils se sont
données pour respecter leurs engagements qu'on a encore un rôle
supplétif.
Mme Vermette: Ma question concernait particulièrement le
ministère de l'Education, le ministère de l'Habitation, le
ministère des Transports. Quand on voit les difficultés, je pense
qu'il y a très peu d'enfants, finalement, qui sont
intégrés d'une façon complète au milieu scolaire.
Quand je regarde le transport adapté, on a encore beaucoup de
difficultés, maintenant, ne serait-ce que pour l'émission de la
vignette, ce qui demande un échange de propos avec les
différentes municipalités et le ministère des Transports.
Vous aviez fait des recommandations très fermes auprès du
ministère des Transports à l'effet de prendre en
considération le fait que le permis soit mobile et à la personne
et non pas que ce soit stipulé comme c'est stipulé à
l'intérieur de la loi où il y a beaucoup plus
d'inconvénients pour la personne handicapée qu'autre chose. D'une
part, cela n'a pas été retenu.
Je fais référence, aussi, au milieu scolaire qui est un
gros problème, qui est une très grosse problématique. Je
regarde les différents niveaux des bibliothèques,
notamment, la bibliothèque Braille, qui est la seule en
Amérique du Nord, de langue française. Elle se voit couper ses
subventions comme n'importe quelle autre bibliothèque. Je pense, par
exemple, en ce qui concerne les aveugles, à MIRA. Les gens, lorsqu'ils
ont besoin de faire un stage avec le chien guide, on leur a coupé
l'habitation et l'hébergement, ils doivent le défrayer,
actuellement. Je pourrais continuer. Je pourrais vous parler aussi des
personnes qui ont des problèmes avec les filtres au niveau de
l'hémodialyse. Je pourrais également vous parler des gens qui ont
subi une laryngectomie qui ont maintenant leurs problèmes. Parce que ces
services, qui relèvent d'une surspécialité, très
souvent, sont centralisés. Le fait d'être centralisé, c'est
un inconvénient pour la personne qui a déjà sa
déficience.
M. Mercure: Votre question touche beaucoup de domaines. Je vais
quand même aborder plusieurs de ces domaines. Vous pourrez revenir sur
les domaines que j'aurai, sans le vouloir, laissés de
côté.
Il y a peut-être une réponse que je peux donner maintenant
et que je n'aurais pas pu donner il y a deux ou trois jours. Il semble qu'il y
ait, finalement, une entente entre les deux ministères concernés
sur la question du Braille scolaire. Le ministère de la Santé et
des Services sociaux a annoncé qu'il débloquait un montant de $
350 000 pour régler la question très épineuse du braille
scolaire. Heureusement, cette question s'est réglée d'une bonne
façon. Elle était très importante et elle
commençait à susciter des inquiétudes graves dans certains
milieux.
En ce qui concerne le ministère des Transports, je pense qu'il y
a des progrès importants qui ont été faits au cours des
dix ou quinze dernières années dans le domaine du transport
adapté. Sauf qu'il faut bien réaliser que le transport
adapté n'existe pas dans toutes les régions de la province. Il y
a des services de transport adapté qui créent certaines
difficultés, parce que les services ne sont pas à la hauteur de
ce que voudraient voir les personnes handicapées. Mais tous les grands
centres qui ont des réseaux de transport ont maintenant des
systèmes de transport adapté. Un très grand nombre de
municipalités en région se sont aussi impliquées dans
l'organisation du transport adapté. Alors que tout cela n'existait pas
du tout avant la création de l'office. Il n'y avait pratiquement pas de
transport adapté, sauf quelques petites entreprises privées qui
en faisaient. Donc, il y a une évolution.
Vous faites également allusion à un dossier qui concerne
le même ministère et qui est un peu difficile. Dans le cadre d'une
loi sur la sécurité dans la circulation routière, quelques
articles concernaient un dossier qui est cher à l'office. L'office avait
fait connaître sa position. Malheureusement, une partie des
recommandations de l'office n'a pas été prise en compte dans la
version finale du projet de loi. Il nous faudra reprendre la discussion sur
cette question. Malgré tout, la situation actuelle è cet
égard, étant donné que les changements apportés par
la loi ne seront en vigueur que lors de l'adoption d'un règlement, est
exactement la même que celle qui existait avant l'adoption du projet de
loi.
Il faudra probablement obtenir une amélioration de la loi, mais
il faudra aussi s'assurer que les règlements sont faits de façon
à atténuer la difficulté suivante: la loi ne permet
l'émission de permis qu'à des personnes qui sont
propriétaires et conducteurs, qui ont leur permis, ou encore à
des gens qui ont un permis, mais qui utilisent régulièrement la
voiture de leur conjoint ou de leur famille.
La loi actuelle qui a été adoptée au mois de
décembre laisse pour compte certaines situations importantes. Par
contre, il y a encore la possibilité de réglementer sur le plan
municipal. L'office désire continuer à suivre ce dossier et
à collaborer avec le ministère des Transports en vue de continuer
l'amélioration que ce projet de loi apporte.
Substantiellement, le projet de loi apporte une nette
amélioration à la situation antérieure sur le plan de
l'uniformité, alors qu'antérieurement on avait une situation
très disparate d'une région à l'autre, étant
donné que c'étaient les organismes municipaux qui
réglementaient cette question et qu'il n'y avait pas d'échanges
de vues entre les différentes municipalités, maintenant, au
moins, on a une loi-cadre. Elle n'est pas à la hauteur des attentes de
l'office, mais ce dernier va continuer à apporter sa contribution pour
essayer d'améliorer la situation.
D'autres questions ont été soulevées, la question
scolaire, entre autres. On a dit que le ministère a pris des engagements
sur le plan scolaire. Je l'ai mentionné ce matin, mais je voudrais
peut-être revenir plus en détail là-dessus. Il y a
plusieurs niveaux dans le milieu scolaire: il y a le primaire, le secondaire,
le collégial, mais il y a aussi des niveaux d'autorité qui sont
le ministère et les institutions ou les commissions scolaires. Je pense
que le ministère peut difficilement, à court terme, imposer aux
commissions scolaires l'intégration scolaire des personnes
handicapées. Sauf que le ministère peut, par des mesures
incitatives... C'est ce que l'on cherche. On cherche à le convaincre de
la nécessité pour lui de s'impliquer davantage dans des mesures
incitatives, encourageant les efforts qui se font depuis une couple
d'années dans ce domaine.
Vous avez mentionné aussi le
stimulation précoce dans votre question. La stimulation
précoce est une question qui illustre bien l'importance d'une
coordination entre différents ministères. C'est une question qui
touche à la fois le milieu scolaire et le milieu de la santé et
des services sociaux. La stimulation précoce, c'est un domaine où
les services ont grandement besoin d'amélioration et où les
services ne sont pas également répartis dans la province. Il y a
des endroits où il y a des services très adéquats et il y
en a d'autres où les services sont inexistants. Il y a encore beaucoup
à faire. Je ne me rappelle pas tous les autres exemples, mais j'ai
essayé de couvrir ceux qui me venaient à l'esprit.
Mme Vermette: M. Mercure, je ne vous tiens pas rigueur de ne pas
avoir retenu tous les exemples. Par contre, j'aimerais pouvoir aller en
profondeur avec des questions additionnelles sur chaque exemple. Je pense que
chaque détail représente un élément important de la
vie des personnes handicapées. Cela fait aussi partie de la politique
que devront assumer l'office et le ministère des Affaires sociales pour
ce qui est du transfert des programmes. C'est pour cela que je vous ai
donné l'ensemble. Si je vous ai donné ces exemples,
c'était un peu pour dire: Mon doux! Actuellement, est-ce que les
mentalités, même au niveau des ministères qui devraient
donner l'exemple, très souvent, elles sont peut-être le reflet de
nos sociétés, des ministères aussi... Est-ce que,
finalement, les ministères répondent adéquatement, dans
leurs priorités, dans leur façon de faire, dans leur approche de
voir les lois, à la présence de la personne handicapée et
surtout à la nécessité de son intégration dans
notre société? Les exemples étaient surtout pour apporter
cette question.
Croyez-vous que, lorsqu'on parlera du transfert des différents
programmes, il y aura aussi un autre gros point qui ressortira, la
désinstitutionnalisation, qui est le pendant de l'autre. À ce
moment-ci, est-ce que vous croyez à la nécessité d'une
cohérence gouvernementale en ce qui concerne le développement
d'actions au niveau, justement, du principe de la
désînstitutionna-lisation à l'intérieur des
différents ministères, bien sûr, et au niveau aussi des
politiques?
M. Mercure: II y a eu, comme vous le savez, une décision
importante rendue publique par le ministère de la Santé et des
Services sociaux en juin 1986, à la demande instante de l'office et des
organismes de promotion. Le ministère avait poursuivi une politique de
normalisation, et la normalisation prévoit la
désinstitutionnalisation, voilà un terme difficile à
prononcer pour ceux qui ne le disent pas souvent. Nous aimons mieux parler du
retour ou du maintien dans le milieu, du retour dans le milieu des personnes
handicapées. C'est plus facile, et plus facile à comprendre. Je
pense que c'est une bonne façon de le dire. Le ministère a donc
rendue publique, au nom du gouvernement, une politique-cadre engageant le
gouvernement dans un processus. Des comités ont été
formés qui sont actuellement à faire un travail pour concerter
les différents milieux et l'office se tient près de ce travail,
parce qu'il s'agît d'un travail important, qui a beaucoup de
répercussions pour les personnes handicapées. Je pense qu'on l'a
mentionné tout à l'heure, c'est l'opinion de l'office,
l'institution, entendue comme un endroit où on regroupe un grand nombre
de personnes pour leur accorder réponse à tous leurs besoins, est
toujours inadéquate comme réponse aux besoins des personnes
handicapées. Par contre, il faut, là aussi, un processus qui soit
responsable et qui respecte la mentalité, l'évolution des
mentalités, mais aussi qui se fasse en coordination avec un
développement des services dans le milieu. Il ne s'agit pas de
décider, à très court terme, que les personnes qui sont en
institution cessent de l'être et on n'a pas les compétences
professionnelles et les systèmes administratifs nécessaires pour
leur donner les services de support dont elles ont besoin dans la
communauté. Ce serait une politique à très courte vue; ce
serait une politique qui, finalement, aboutirait peut-être à des
institutions. Ces gens-là seraient obligés de retourner en
institution et seraient peut-être traumatisés par
l'expérience. Alors, je pense qu'il faut prévoir que le processus
de désinstitutionnalisation va se faire sur une période d'au
moins cinq, six, sept ans, une période de plusieurs années.
Certaines communautés à l'extérieur de Québec ont
réussi le processus de désinstitutionnalisation, et je pense
qu'il est temps qu'on s'y engage sérieusement. Je ne sais pas si M.
Lucas aurait des choses additionnelles à ajouter sur ce dossier. (15 h
30)
M. Lucas (Normand): On peut constater que c'est effectivement un
processus important de coordination avec lequel l'office est associé. La
démarche que Mme Lavoie-Roux a entreprise a été de mettre
sur pied un comité, un groupe de travail qui regroupe plusieurs
intervenants dans les dossiers et auquel l'office participe. Le groupe est
composé de gens qui sont de milieux impliqués. Il y a des gens
des réseaux, il y a des qens du ministère, il y des qens de
différents centres d'accueil, des différents centres
hospitaliers, des personnes handicapées, des syndicats, des offices
municipaux d'habitation, des municipalités. Enfin, il y a un ensemble
d'une bonne quinzaine d'intervenants divers qui peuvent être
impliqués par un processus comme celui-
là. Ce comité aura pour fonction principale de faire le
suivi de différents groupes de travail qui achèvent actuellement
des travaux plus particuliers sur des questions de détails. Pour citer
un exemple, on pourrait mentionner un groupe, entre autres, qui est en train
d'évaluer les conséquences administratives de la
désinstitutionnalisation à peu près complète dans
certains centres. Il existe des centres actuellement au Québec qui,
à toutes fins utiles, ne sont pas des institutions. M. Chabot parlait ce
matin du centre le Bouclier, qui en est un exemple. Il y a aussi un centre
à Laval qui est dans le même cas. Ces centres font l'objet
d'études plus particulières sur les conséquences pour les
personnes handicapées et aussi les conséquences quant aux impacts
administratifs et financiers de telle démarche. Il y a aussi des groupes
de travail qui ont des mandats un peu plus spécialisés, qui
fonctionnent sur des notions comme, par exemple, un processus de
révision légale qui pourrait impliquer une plus grande autonomie
de la personne handicapée, qui pourrait impliquer des
possibilités réelles de vivre hors de l'institution. Il y a un
groupe qui s'occupe de problèmes particuliers de sécurité
dans le milieu résidentiel. Enfin, il y a un ensemble de
différents groupes qui sont en train de faire des évaluations qui
vont finalement cumuler vers le premier auquel je faisais allusion
tantôt, qui devra s'entendre sur la façon dont la recommandation
de la désinstitutionnalisation pourrait se faire, lui donner un rythme
et faire en sorte que tous les partenaires puissent voir venir le processus
pour être en mesure de réagir de façon positive face
à cette démarche.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
désinstitutionnalisation, beaucoup de parents qui ont eu un enfant en
institution pendant dix ans, quinze ans, qui sont des
préretraités ou même quelquefois des retraités et
qui tout à coup reçoivent un enfant, garçon ou fille, de
30 ans qui leur est presque étranger, au moment où l'on voit sa
force diminuer, sa capacité d'assumer des obligations diminuer, ces gens
vivent d'énormes inquiétudes actuellement. On compare quoi avec
ces problèmes? Les gens me disaient par exemple: Si je meurs dans un an,
deux ans, cinq ans, qu'est-ce qu'il va arriver à mon enfant? Qui va s'en
occuper? Où va-t-il aller dans un an? Qu'est-ce qu'il va se passer? II
n'est pas capable de s'assumer seul. Je comprends que c'est mieux de le faire
vivre ici que dans une institution, mais il ne sera pas capable de s'assumer
seul et il n'y aura personne, qu'est-ce qu'il va arriver? Est-ce qu'on a
pensé à des mesures ou à quelque chose pour ces cas?
M. Mercure: Je suis très heureux de cette question,
étant donné que j'ai une expérience personnelle dans ce
domaine. J'ai eu souvent à m'exprimer en public sur exactement la
préoccupation que vous transmettez ici. Voici la première partie
de ma réponse. Autant il est normal qu'un enfant, jusqu'à un
certain âge, soit dans sa famille naturelle ou dans une famille
substitut, autant il est normal qu'à partir d'un certain âge, un
adulte s'assume lui-même, ou, encore, soit dans un milieu substitut. Si
on pense que la désinstitutionnalisation veut dire qu'une personne de 35
ans, de 30 ans, on veuille la jumeler avec son ancien milieu naturel ou sa
famille naturelle, je pense que cela serait une erreur considérable. Ce
n'est pas du tout l'approche qui doit être suivie. La
désinstitutionnalisation n'est vraiment pas cela.
Quand on parle de milieu substitut pour un adulte, il y a toute une
gamme de services qui n'existent pas nécessairement tous dans une
même région. Mais toute la gamme des services existe au
Québec. Il y a des foyers de groupes qui sont des foyers permanents,
c'est-à-dire des petits groupes de personnes qui vivent avec des
équipes de professionnels. Quand on parle de petits groupes de
personnes, cela devrait être idéalement des groupes de quatre,
cinq ou six personnes. Mais les règlements du ministère
permettent que cela aille jusqu'à huit personnes qui vivent ensemble
avec un petit groupe de professionnels. C'est un milieu qui peut convenir
à des personnes qui sont assez lourdement handicapés ou qui sont
assez profondément déficients.
Mais il y a aussi d'autres moyens. Il y a des appartements
supervisés; il y a des foyers de transition, où on fait
l'éducation de l'autonomie, où on apprend aux gens à vivre
en appartement. Vivre en appartement, pour les personnes handicapées, ne
veut pas dire l'autonomie complète. Parce que s'il s'agissait de
l'autonomie complète, on n'aurait plus affaire à des personnes
handicapées. Quand une personne handicapée vit en appartement, il
lui faut certains services de support. Je pense que l'approche la plus rentable
est d'analyser, dans le cadre d'un plan de services, les besoins réels
d'une personne. Si, pour vivre en appartement, une personne a besoin de
services, comme une aide pour faire son marché hebdomadairement,
peut-être une aide pour surveiller sa médication, il est possible
d'avoir recours à des services bénévoles ou encore
même de se procurer ce genre de services le plus près possible de
la personne, qu'une infirmière passe à la maison pour s'occuper
des médicaments le matin et qu'une famille accepte d'accompagner cette
personne pour faire le marché hebdomadairement. Ce genre de support dans
le cadre d'un organisme, que ce soit un CLSC, un CSS ou un centre d'accueil qui
ait une responsabilité de supervision à l'égard des
services qu'on a
promis à ces personnes, tous ces genres de services, cette
façon de vivre dans la communauté, ce 3ont des façons
accessibles â la totalité des personnes qui sont en institution
actuellement. Un certain regroupement peut être nécessaire pour
des services médicaux très intensifs mais, encore une fois, la
personne se développerait énormément mieux si elle vivait
dans un petit milieu de vie où le personnel qui l'entoure peut
entretenir des relations amicales, émotives et toutes les relations
qu'on ne trouve pas en milieu institutionnel.
Ce qui est dépersonnalisant en institution, ce sont les quarts de
travail, c'est l'attitude - ce n'est pas une critique -même du personnel
responsable qui n'est présent à la personne que pour une courte
période de temps et qui a beaucoup d'autres préoccupations. Ce
sont les portes barrées, c'est toujours l'idée qu'il faut
regarder le groupe et dire: Est-ce qu'il y a une personne dans ce groupe qui
pourrait fuir l'institution? Si la réponse est oui, on barre les portes,
on tient toutes les portes barrées. C'est aussi l'incapacité du
personnel en institution d'entretenir des relations amicales avec des personnes
de l'extérieur. Comment peut-on impliquer un quartier à
entretenir des relations interpersonnelles valables avec des personnes,
lorsqu'il faut entrer dans l'institution, traverser la clôture, traverser
la porte barrée, entrer dans un groupe qui est tout à fait
dépersonnalisant? Je pense que quand on dit que les institutions ne sont
pas une ressource adéquate, c'est à toutes ces questions qu'on
pense. Je pense qu'il y a déjà beaucoup de choses de connues,
mais il faut continuer à réfléchir à des ressources
qu'il faut créer et qui répondent aux besoins des personnes. Il
faut aussi éviter la situation que vous décriviez, parce que les
personnes qui ont besoin d'aide ne sont pas seulement les personnes en
institution. Il y a des personnes qui, dans le moment, sont dans leur milieu
familial, qui sont très vulnérables parce que leurs parents sont,
peut-être, âgés et sont susceptibles d'entrer en milieu
hospitalier rapidement. Ces personnes sont très vulnérables et,
à mon avis, il faut s'occuper autant de l'intégration sociale de
ces personnes-là que de celles qui sont en institution.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'aurais trois
questions et je pense que chacune pourrait, probablement, faire l'objet de
longues discussions et de débats, mais j'aimerais, tout au moins, les
mettre sur la table, et entendre les réactions et les commentaires du
président et des autres membres de l'Office des personnes
handicapées. La première touche, en quelque sorte, un peu ce qui
a été abordé par mon collègue de Taschereau, tout
à l'heure. Elle concerne l'approche communautaire ou l'implication des
organismes communautaires dans la dispensation de services. Est-ce possible
à votre point de vue? Quel pourrait être leur niveau
d'implication? Quelle pourrait être leur participation à la
dispensation directe de services? On sait que cela se fait dans d'autres
provinces, aux États-Unis, très peu au Québec, quoiqu'il y
a des exemples, je pense, à la société pour enfants
handicapés; je pense à d'autres situations semblables et je pense
que l'institut national de Montréal pour les aveugles a commencé
comme organisme bénévole qui a été
conventionné avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, mais est-ce que dans votre optique et surtout dans l'optique du
transfert des volets de programmes de l'aide matérielle il y a, à
votre point de vue, des possibilités pour que des groupes
communautaires, avec une approche communautaire, avec une implication de la
communauté, puissent participer à la dispensation de
services?
M. Mercure: Cette question est sûrement très
importante. Au départ, je pense qu'on peut dire avec fermeté et
sans crainte de se tromper que l'intégration sociale d'une personne
handicapée ne peut pas se faire sans l'aide de ressources
bénévoles. C'est absolument impossible. Je ne suis pas seul
à dire cela. Il y a toute une littérature que je pourrais
apporter pour appuyer cette opinion. Quand on veut faire de
l'intégration sociale, il ne s'agit pas de faire en sorte qu'une
personne vive dans une rue, mais il faut aller aussi loin que d'assurer des
relations interpersonnelles pour que la personne soit vraiment
intégrée au milieu résidentiel, au milieu commercial, au
milieu paroissial, à tous les milieux qui entourent le domicile.
Sûrement que cela ne peut pas se faire par des gens payés.
Il faut que cela se fasse en ayant recours à des ressources
bénévoles. Les ressources bénévoles sont multiples.
Je pense, par exemple ici, aux centres de parrainage civique qui ont
été formés au cours des sept ou huit dernières
années au Québec; il y en a dans toutes les régions de la
province qui accordent des ressources bénévoles pour accompagner
quelqu'un qui est en processus d'intéqration sociale.
Je pense qu'on peut trouver aussi des organismes bénévoles
ou des qroupes communautaires qui peuvent s'impliquer dans un certain nombre de
services comme, par exemple, on parlait d'appuis ponctuels à des
personnes qui ont des besoins très précis pour vivre d'une
façon le plus autonome possible dans la société. Alors, je
pense qu'on pourrait avoir recours à des organismes communautaires. (15
h 45)
Par contre, dans la deuxième partie de ma réponse, je
voudrais dire que l'attitude des organismes de promotion et celle aussi de
l'office au Québec tient au fait que la normalisation au Québec
ne veut pas nécessairement dire la même chose que dans un autre
milieu, parce que la normalisation, c'est justement de tenir compte des
façons dont fonctionne une société.
Au Québec, à tort ou à raison, on a compté
beaucoup sur les agences gouvernementales pour accorder les services dans un
très grand nombre de domaines. D'autres sociétés ont
procédé autrement. Au Québec, à l'heure actuelle,
les services aux personnes handicapées doivent être
accordés par les mêmes organismes qui accordent les mêmes
services à la population en général, mais les organismes
de promotion accordent toute une série de services de support, que l'on
peut appeler des services légers, à la famille, aux enfants, aux
adultes. On parlait du parrainage civique. Il y a des programmes comme
Parents-soutien. Des organismes de promotion peuvent être assistés
dans ce rôle d'appui au réseau dont c'est la responsabilité
d'accorder des services au Québec, parce que l'organisation des services
est fortement appuyée sur des réseaux étatiques. Mais,
évidemment, s'il y a une évolution de ce réseau, il
devrait y avoir une égale évolution des services aux personnes
handicapées.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Marie-Victorin. Ah, excusez-moi, vous avez encore une
question complémentaire?
M. Sirros: J'avais encore une question à poser sur ce
premier élément, à la suite de la réponse du
président. J'y reviendrai peut-être plus tard, mais la
deuxième question était reliée d'un autre ordre. On le dit
souvent, et même le leader de l'Opposition le disait ce matin, les
besoins sont illimités et les ressources sont très
limitées. Ce qui amène logiquement à se poser la question:
Comment peut-on "prioriser" les demandes? Y a-t-il eu au niveau de l'office des
discussions, des rencontres ou même des études? Est-ce que
l'office s'est penché sur cette question? Comment peut-on prioriser les
demandes? Doit-on tenir compte des revenus? Doit-on faire un genre de
priorité par handicap? J'émets simplement des hypothèses
comme cela, mais la question fondamentale est: Si on tient pour acquis, comme
cela a été affirmé ce matin et comme, je pense, cela a
été constaté par tout le monde, que les besoins sont
illimités, que les ressources sont très limitées, comment
peut-on "prioriser"? Comment peut-on faire des choix?
M. Mercure: Avant de répondre à la question,
j'aimerais dire qu'à mon avis les besoins ne sont pas illimités.
Les besoins sont sûrement importants et considérables. Je ne suis
pas en mesure de porter de jugement. Sont-ils supérieurs aux
capacités de l'État? Je ne veux pas exprimer d'opinion autour de
cela. Ils sont supérieurs au budqet actuel, on peut le dire. N'y a-t-il
pas une rationalisation qui permettrait des économies? On a
mentionné tout à l'heure que dans certains domaines, le fait de
passer par l'office impliquait l'ouverture d'un dossier additionnel et
l'implication de personnel, puis une certaine paperasse que les gens trouvent
lourde, mais que dans bien des cas, ce ne serait pas nécessaire si le
service était rendu par l'organisme local.
De plus, si on veut "prioriser" les besoins, les décisions de
"priorisation" qui doivent être faites, c'est évident que
n'importe quel organisme qui administre des budgets doit se lancer
périodiquement dans des processus de "priorisation". Mais cela me
paraît très important que la "priorisation" soit faite en tenant
compte des responsabilités totales d'un organisme à
l'égard de toutes les clientèles. C'est-à-dire que pour
faire une "priorisation", c'est le CRSSS qui doit faire des choix quant au
développement des services. Il doit sûrement considérer
toutes les ressources de sa région et toutes les clientèles de sa
région. C'est pourquoi l'exercice de "priorisation" à l'office
est extrêmement difficile, car nous sommes responsables d'une seule
clientèle et d'une très petite partie des services. Nous n'avons
même pas le contrôle sur le personnel qui administre les services.
Comme je le disais tout à l'heure, par l'aide matérielle, on est,
dans la majorité des cas, uniquement des payeurs ou, du moins, des
détours par lesquels l'argent de l'Etat se rend à la
personne.
L'exercice de "priorisation" est très difficile et il n'a pas
été effectué durant plusieurs années, car on
espérait que le budget serait suffisant et que les périodes
d'attente seraient raisonnables, c'est-à-dire que, lorsque leur dossier
serait complet, les gens auraient des ressources matérielles à
leur disposition dans une période de deux mois, deux mois et demi ou
trois mois au maximum. Mais, comme la situation concrète que l'on vit
actuellement est très différente, comme l'absence ou le manque de
ressources financières, dans le cas de l'aide matérielle,
à compter de l'automne dernier était une nouvelle situation que
l'office rencontrait, il lui a fallu s'introduire dans le processus de
"priorisation".
On a pris quelques décisions au conseil. M. Capistran pourrait
peut-être donner plus de détails quant à la façon
dont nous avons procédé. Cet exercice a été
extrêmement pénible. Parler des besoins très importants
d'une personne, surtout après tout le processus qu'on vous a
expliqué tout à
l'heure, comment on a quand même réussi à
établir quelques lignes directrices pour "prioriser" des dossiers par
rapport à d'autres... M. Capistran.
M. Capistran: L'automne dernier, au moment où nous avions
un manque d'aide matérielle, nous avons mis les priorités
principalement sur les dossiers récurrents, c'est-à-dire ceux qui
reviennent d'une année à l'autre. Je prends comme exemple les
services de maintien à domicile; si quelqu'un en éprouve le
besoin durant une année, il est très probable qu'il en aura
encore besoin l'an prochain et même, parfois, d'une façon un peu
augmentée si la déficience ou la limitation s'aggrave.
On a mis l'impact sur les services de maintien à domicile. On l'a
aussi mis sur certains besoins de fourniture, des choses aussi simples que des
couches, par exemple, pour des adolescents et même pour des adultes qui
ont un besoin continuel de couches à cause d'incontinence. Cela
représente des coûts assez élevés chaque
année, et ces choses reviennent d'année en année. En ce
qui concerne les services de maintien à domicile, à part le fait
qu'on ait manqué de budqets, il n'y a pas de liste d'attente à
l'office. Le fonctionnement se fait par l'entremise du réseau, comme on
l'expliquait tout à l'heure. Quand cela arrive à l'office, on
l'accorde tout simplement. Il n'y a pas d'attente.
Nous avons toujours aussi "priorisé" l'intervention en service
éducatif. Ce n'est pas nécessairement de l'aide
matérielle, mais une intervention en service éducatif, car il
faut que l'enfant commence l'école au mois de septembre et, pour qu'il
commence en septembre, il faut généralement que les ententes avec
la commission scolaire soient conclues dès le début de
l'été.
Il y a aussi l'aspect du travail. Même si ce n'est pas le gros de
nos interventions, quand quelqu'un a besoin d'appareil de soutien ou d'aide
matérielle pour le travail, on met généralement ces choses
en priorité. On met aussi en priorité les dossiers de stimulation
précoce, car on se dit qu'on ne peut se permettre d'attendre deux ans si
la stimulation précoce doit se faire en bas âge et non pas
à dix ou à quinze ans.
On a aussi, malgré des listes d'attente, des ententes en ce qui
concerne les frais de transport. C'est un autre domaine. Si quelqu'un de
Gaspé a un rendez-vous au centre François-Charron pour de la
réadaptation, cela ne peut pas attendre deux ans. À ce
moment-là, on va "prioriser" le dossier, quitte même, si le
dossier est complété plus tard, à accepter que la
dépense soit faite dès maintenant. On a des ententes avec les
régions, comme l'Abitibi-Témiscamingue dans tout le réseau
des affaires sociales, qui vont parfois même avancer l'argent pour
effectuer le transport en attendant que nous ayons complété le
dossier.
Une des difficultés qu'on a toujours, c'est le risque que, en
"priorisant" des dossiers, des gens pour qui il ne semble pas urgent d'avoir un
équipement qui est tout de même nécessaire à leur
intégration attendent et soient toujours en dernière ligne. C'est
pour cela que l'on tient compte tout de même généralement
de l'âge chronologique de la demande qui est faite à l'office,
afin d'être sûr que des gens ne soient pas pendant trois ans sur
une liste d'attente parce que, semble-t-il, leur cas n'est pas prioritaire.
Aussi, le risque qu'il y a à "prioriser" des dossiers, c'est la tendance
à vouloir "prioriser" un type de déficience par rapport à
un autre. C'est une chose qu'on essaie d'éviter au maximum. Bien
sûr, certaines déficiences ont un aspect plus dramatique que
d'autres. Il faut faire attention de ne pas tomber dans ce piège.
M. Sirros: J'ai presque envie de...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée va juste terminer sa question.
Mme Vermette: C'est exactement en rapport avec l'intervention de
monsieur...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
permettez une courte question à madame?
M. Sirros: M. le Président, il y avait plein de questions,
tout à l'heure, où l'on aurait pu intervenir parce qu'elles
touchaient exactement ce que... Quelqu'un l'a dit tantôt, je pense que la
députée aura l'occasion tout à l'heure... On ne l'a pas
interrompue du tout.
Mme Vermette: Écoutez, jusqu'à maintenant, j'ai
fait preuve de souplesse. Je n'ai manifesté aucune rigueur.
Le Président (M. Bélanger): On avait convenu de
laisser faire les séries de questions et de revenir. Vous avez
vous-même insisté là-dessus tout à l'heure. Si vous
le permettez, on va s'en tenir à cette règle. M. le
député de Laurier.
Mme Vermette: Est-ce que c'est exactement...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
madame!
Mme Vermette: ...dans le même cadre que l'intervention de
monsieur?
Le Président (M. Bélanger): Vous pourrez revenir
ensuite.
M. Sirros: Vous pourrez revenir ensuite. Je pense qu'on a convenu
de ce que vous aviez exprimé comme souhait, tout à l'heure, en
termes de fonctionnement.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Laurier, si vous voulez procéder à
la question.
M. Sirros: II y a peut-être une question qui est souvent
escamotée et que j'aurais le goût de mettre sur la table. Dans les
milieux de personnes handicapées, quelle est la réaction quant
è l'aide qui est donnée à des personnes qui ont un revenu
"suffisant" -entre guillemets - par rapport à des personnes dont le nom
est sur une liste d'attente et qui retirent de l'aide sociale ou ont des
revenus familiaux très modestes? Je sais pour en avoir discuté
avec certaines personnes que cela crée souvent un genre de
réflexe automatique. On dit: Celui-là a plus de besoins que
l'autre. Je sais que c'est dans l'air, je pense qu'il ne faudrait pas se le
cacher. Dans l'air, dans le sens que c'est discuté dans les
médias et dans différents milieux. Est-ce que cette question de
la notion de revenu, pour certains types d'aide, est quelque chose que l'office
a commencé à regarder? Est-ce qu'à votre connaissance,
c'est quelque chose qui est discuté dans les différents
regroupements de personnes handicapées ou de personnes concernées
par la question?
M. Mercure: Je n'ai pas de notion précise sur la
réaction des milieux de personnes handicapées. Parfois, j'entends
quelques commentaires du genre de celui que vous nous avez fait. Des gens vont
facilement dire: S'il a un revenu élevé, son besoin n'est pas
prioritaire. Je pense que l'on entend ce genre de commentaire, sauf que cela
touche aussi un principe que l'office a discuté longuement à
l'interne et aussi avec les différents réseaux, qui est
très connu, c'est la question de la compensation des conséquences
financières des limitations fonctionnelles. Il faut bien comprendre que
l'office ne veut pas payer la totalité d'un service. Il ne veut payer
que la différence entre le coût d'un service pour une personne
handicapée, par rapport au coût du même service pour une
personne non handicapée.
Par exemple, si l'on parle d'adaptation de véhicule, en aucune
façon l'office n'est impliqué dans l'achat d'un véhicule.
On sait très bien que les personnes handicapées ne peuvent pas
utiliser n'importe quel véhicule. De par leur handicap, elles sont
obligées de se procurer un véhicule beaucoup plus coûteux
que le véhicule que M. Tout-le-monde achète. Dans bien des cas,
cela veut dire une camionnette. Ce que l'office veut compenser, sans
égard au revenu, c'est la différence entre l'achat d'un
véhicule...
C'est-à-dire que c'est l'adaptation du véhicule. Ce sont
les modifications qu'il faut faire au véhicule qui se vend
commercialement à la population en général et les
coûts de ces adaptations. De sorte que si une personne handicapée
a un revenu relativement élevé, il y a plusieurs coûts qui
vont lui rester même si on applique intégralement la compensation
de déficience. Plusieurs situations vont faire en sorte qu'elle va avoir
des coûts additionnels, par exemple, prendre des vacances ou des choses
comme cela, cela devient beaucoup plus complexe pour M. Tout-le-monde. (16
heures)
II n'est pas du tout question que l'office entreprenne de compenser ce
genre d'activités. L'office est impliqué dans
l'intégration sociale, dans l'intégration professionnelle et dans
l'intégration scolaire. Cette question, si elle était mise
à l'étude et si elle était vraiment introduite dans
l'approche de l'état a l'égard de l'ensemble des services
è la population, je pense qu'il faudrait l'étudier
sérieusement à l'égard des personnes handicapées.
Mais, jusqu'à maintenant, l'office s'en tient à la politique
À part... égale qui, jusqu'à maintenant, est aussi
la position gouvernementale.
M. Sirros: Ma troisième question, M. le Président,
porte sur un autre domaine. Un autre élément que j'aimerais faire
ressortir de cette discussion générale touche quelque chose que -
depuis que je me suis mis à étudier le dossier - je trouvais
difficile à comprendre. C'est quelque chose qui est sorti finalement
dans les médias récemment, soit la notion de deux classes de
personnes handicapées. C'est-à-dire que l'office est là,
on le sait, pour pallier, pour suppléer, finalement, pour essayer en
quelque sorte d'aider ceux pour qui il n'y a pas de programmes
spécifiques. De l'autre côté, il y a des programmes
très spécifiques pour des personnes handicapées selon la
raison du handicap. Je pense, par exemple, à la Régie de
l'assurance automobile où une personne qui devient handicapée
à la suite d'un accident d'automobile peut avoir recours, la même
chose pour la CSST, et vous avez là deux régimes assez complets,
en quelque sorte. À côté de cela, vous avez l'Office des
personnes handicapées qui offre de l'aide matérielle, les centres
de travail adapté, etc., mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu... et je
sais qu'il y a eu quelques démarches qui ont été faites
dans ce sens, mais j'aimerais avoir votre opinion quant à la
nécessité de voir à l'implantation d'un genre
d'assurance-invalidité universelle qui pourrait, indépendamment
de la raison du handicap, répondre aux besoins des personnes
handicapées d'une façon un peu plus systématique et un peu
plus globale que ce qu'on fait actuellement pour une certaine
catégorie.
M. Mercure: Je pense que quand on parle de différentes
classes de personnes handicapées, on fait particulièrement
allusion à certains programmes comme celui de la CSST et celui de la
RAAQ - la Régie de l'assurance automobile - qui compensent certaines
catégories de personnes handicapées dû à la cause de
la déficience. Dans le cas du programme de la Régie de
l'assurance automobile, il s'agit évidemment des personnes qui sont
devenues handicapées à la suite d'un accident d'automobile, soit
qu'elles aient été un passager de l'automobile ou un
piéton. Dans le cas de la CSST - la Commission de la santé et de
la sécurité du travail - il s'agit de personnes dont
l'invalidité a été causée par un accident au
travail ou une maladie reliée au travail. Ces deux groupes ont des
services gratuits qui sont très développés. On va
facilement dire qu'il s'agit de programmes d'assurance. Je ne crois pas,
personnellement, que ce soient de vrais programmes d'assurance. Ce sont des
programmes sociaux avec des primes, avec certains financements particuliers. Ce
ne sont pas de vrais programmes d'assurance dans le sens qu'une personne qui ne
paie pas une prime n'est pas protégée. Vous n'avez jamais
été propriétaire d'un véhicule et vous vous
promenez sur la rue. Si quelqu'un vous frappe, la Régie de l'assurance
automobile est impliquée. En milieu de travail, c'est pareil. Je veux
dire que les milieux de travail sont protégés. Maintenant, en
vertu d'une législation-cadre, les primes sont établies en
fonction des revenus. Finalement, c'est un système d'impôts qui
prévoit qu'il y a un certain revenu, mais ce n'est pas un système
de primes. Un système de primes ne tient pas compte des revenus. Ce sont
vraiment des systèmes d'impôts dans le cas de la CSST et disons...
Ce qui est difficile à comprendre pour des personnes handicapées
qui le sont depuis leur naissance, c'est qu'elles voient ces situations de
personnes qui ont exactement le même handicap qu'elles et qui, dans
certains cas, n'ont jamais contribué au fonds de l'organisme en question
- comme c'est le cas de l'assurance automobile - et qui ont droit, à
cause d'une loi du Québec, à des avantages très
importants, et qu'elles sont laissées pour compte. C'est dans ce sens
qu'on dit qu'on a deux classes de personnes handicapées. Quant à
l'introduction d'un programme d'ensemble, c'est ce que À part...
égale demande. Un programme d'ensemble, et ce n'est pas un programme
de primes et un programme où les ressources de l'État seraient
utilisées pour traiter toutes les personnes handicapées sur le
même pied, c'est À part... égale.
M. Sirros: Vous conviendrez pourtant que...
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
question?
M. Sirros: Oui. Il s'agit sûrement d'un dossier très
complexe dans le sens que cela implique une convergence de programmes existants
avec la couverture de groupes de personnes qui ne sont pas actuellement
couvertes. Cela implique nécessairement aussi des discussions au niveau
fédéral-provincial parce qu'il y a aussi des programmes qui
relèvent des deux paliers de gouvernement. Je sais que c'est dans A
part... égale, mais au niveau de l'office, cela fait-il partie des
priorités d'action de l'office pour les prochaines années?
J'imagine que cela doit être relié aussi un peu au processus de
transfert et le rôle de promotion et de coordination de l'office, dans le
sens que... j'imagine que si l'office pouvait être libéré
un peu de l'aspect des services, il pourrait probablement jouer davantage le
rôle de promotion d'idées et de suivi d'idées comme
celle-là. Ai-je raison?
M. Mercure: Effectivement, c'est une question qui est tellement
présente qu'on ne peut pas dire que c'est une question qui n'est pas
abordée à l'office. C'est une question qui est
véritablement abordée. À plusieurs reprises, on a dit:
Attendons de voir les travaux de la commission Rochon et si vraiment les
travaux de la commission Rochon introduisaient certains principes nouveaux dans
la législation québécoise, je pense qu'il faudrait
s'adapter, tenir compte des principes qui ont été introduits.
C'est une question, sûrement, qui doit continuer à faire l'objet
d'études; mais sur cette question, la position de l'office, à ce
moment-ci, c'est d'attendre le résultat des travaux de la commission
Rochon, le rapport de la commission Rochon.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
à ce stade-ci, nous allons suspendre les travaux pour quelques minutes,
histoire de permettre à tout le monde de s'aérer. Je demanderais,
au retour, au député de l'Assomption de bien vouloir me remplacer
quelques minutes. J'ai quelque chose d'urqent à aller régler. Je
vous remercie. Il est 16 h 10. Est-ce qu'on pourrait revenir pour 16 h 15, s'il
vous plaît, pour pouvoir repartir rapidement.
(Suspension de la séance à 16 h 9)
(Reprise à 16 h 28)
Le Président (M. Gervais): Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Pour aller dans la même pensée que les
trois questions, peut-
être pas tout â fait dans le sillon de sa pensée,
mais en tout cas dans la même pensée que les trois questions que
M. Sirros vous a posées, sa première question concernait la
priorité et les limites des ressources. Lorsqu'on parle de limites de
ressources de l'Etat et de l'incapacité de l'Etat à combler les
besoins des personnes handicapées, pour ma part, j'ai de la
difficulté à y souscrire, jusqu'à un certain point. Je
conviens que l'Etat a ses limites et ses capacités, mais n'est-il pas
plutôt vrai qu'il s'agit d'une volonté politique à la
promotion de l'intégration de la personne handicapée. En ce sens
que si la personne handicapée est laissée è
elle-même, qu'on la laisse avec son handicap, elle s'alourdit et, en
s'alourdissant... Non, elle n'a pas de besoins qui concernent l'Office des
personnes handicapées, mais on la retrouve probablement dans d'autres
réseaux, notamment, le réseau des affaires sociales où
l'on connaît actuellement, aussi, une problématique
d'envergure.
Est-ce que vous avez des exemples à nous présenter de gens
qui, grâce à une intégration ou une insertion dans le
milieu scolaire ou du travail, ont pu apporter une aide intéressante
à la société? Parce qu'ils ont découvert une
indépendance financière, ils sont un apport intéressant,
tout compte fait, indépendamment de la somme investie pour leur
permettre d'atteindre cette autonomie, à l'intérieur de la
société, puisqu'ils participent à la consommation de biens
et services et, de ce fait, participent à l'enrichissement collectif et
paient des impôts? Est-ce que vous avez certains exemples qui pourraient
nous permettre de réfléchir là-dessus?
M. Mercure: Effectivement, il peut y avoir des avantages
économiques mesurables pour la société dans le processus
d'intégration sociale. Dans différents milieux, des études
ont été faites. Au Québec, je ne connais pas
d'études systématiques sur cette question, à savoir si les
services dans les institutions coûtent plus cher à l'Etat que les
services dans la communauté. Par contre, vous avez demandé des
exemples de personnes qui, grâce à un processus
d'intégration sociale et grâce à une aide, contribuent
maintenant à la communauté. Je pense qu'on peut tous en
connaître individuellement. Mais je demanderais peut-être à
M. Monette de nous donner des exemples concrets de cas de contrats
d'intégration au travail, où les gens, finalement, ont acquis une
responsabilité dans le milieu du travail et sont maintenant des citoyens
productifs, alors que s'ils avaient été laissés è
eux-mêmes, sans soutien, ils auraient peut-être été
une charge pour l'État pendant une longue période. Guy, est-ce
que tu peux nous...
M. Monette (Guy): Le contrat d'intégration au travail a
effectivement plusieurs volets. Ce que l'on remarque, depuis les trois
dernières années, c'est que les personnes handicapées qui
ont obtenu la possibilité d'avoir un contrat d'intégration au
travail - les contrats d'intégration au travail sont
généralement signés dans des entreprises qui ont moins de
50 salariés - gardent leur emploi dans 52 % des cas. Donc, ce sont des
personnes qui sont productives, au même titre que n'importe quelle autre
personne.
Une autre particularité du contrat d'intégration au
travail, c'est le volet neuf que nous appelons création d'entreprise. Ce
volet permet è des personnes handicapées de se lancer en
affaires. Nous les subventionnons, nous les soutenons, de façon
décroissante, pendant les trois premières années.
Déjà, plusieurs entreprises de ce type sont actuellement
fonctionnelles et ont démontré une preuve de rentabilité.
Certaines personnes handicapées ont pu s'intégrer parfaitement
à la marche économique de la province grâce à ce
volet.
À l'intérieur du contrat d'intégration au travail,
nous avons aussi un volet qui vise à soutenir une personne
handicapée pendant des moments plus difficiles, par exemple, lorsque
durant l'année elle doit s'absenter pour une hospitalisation ou autre
chose. Le contrat d'intégration au travail peut prévoir de
soutenir l'employeur en lui versant une certaine subvention pour le
remplacement de cette personne, ce qui fait que la personne est fonctionnelle
à 90 % du temps. Elle n'a pas besoin de subvention et fonctionne
très bien à l'intérieur de l'entreprise. On compense
simplement pour la période de son absence. Cela permet donc à
cette personne de jouer pleinement son rôle social.
Ce sont différents exemples que l'on retrouve dans les contrats
d'intégration au travail. Il y a donc un volet extrêmement
important que l'on appelle l'intégration, dont les résultats
démontrent qu'environ 52 % des travailleurs handicapés conservent
leur emploi après la période de subvention. Il y a la
création d'entreprises qui, elle aussi, permet à des personnes
handicapées de se lancer en affaires. Il y a l'autre volet du soutien
que l'on apporte au cours d'emploi, de façon que l'individu puisse
conserver son emploi, même s'il doit s'absenter un certain temps pour
recevoir des traitements.
Il y a aussi un autre programme qui s'appelle les centres de travail
adapté. Eux aussi peuvent permettre actuellement à environ 1534
personnes de se définir comme des travailleurs, au même titre que
n'importe quel autre travailleur, et de jouer l'ensemble des rôles
sociaux que l'on reconnaît aux travailleurs. Autrement, ces personnes
seraient en institution ou directement rattachées à l'aide
sociale. Voilà les exemples que je voulais apporter.
Mme Vermette: Est-ce que vous avez quelque chose à
ajouter?
Une voix: Non.
Mme Vermette: Je pense que l'on touche un volet très
important, c'est l'intégration des personnes handicapées au
travail. Il y a différents volets, il y a différentes formules et
j'aimerais que vous nous éclairiez davantage sur les différentes
approches et j'irai plus en profondeur sur chaque volet, si vous voulez bien.
Je n'ai pas fini tout à fait mes questions en ce qui concerne aussi
l'intégration au niveau du travail.
Centres de travail adapté
M. Mercure: Alors, évidemment, il y a toute un gamme aussi
de services possibles entre le chômage pour une personne
handicapée et l'intégration autonome en milieu de travail. Il
peut y avoir des plateaux de travail, il peut y avoir des services
d'apprentissage aux habitudes de travail qui sont des organismes, comme vous le
savez, qui relèvent du ministère de la Santé et des
Services sociaux; il y a les CTA qui sont carrément des entreprises de
travail adapté, mais qui sont des entreprises où il est
nécessaire d'apporter une subvention pour compenser une
productivité moindre des personnes qui y travaillent, des personnes
handicapées; parce que les CTA peuvent aussi, d'une façon
minoritaire, employer des gens qui ne sont pas handicapés et pour cette
clientèle-là ils ne reçoivent pas d'aide financière
de l'office.
Alors, l'intégration au travail est une intégration
professionnelle, comme on le dit dans la législation, est une dimension
importante des responsabilités de l'office. Par contre, c'est une
dimension où l'évolution à l'égard de certaines
clientèles est particulièrement lente. C'est le cas, par exemple,
on nous le signale souvent, des clientèles qui ont une déficience
visuelle, mais c'est certainement le cas pour la clientèle qui a une
déficience intellectuelle.
Peut-être que M. Monette pourrait nous donner des explications
plus précises des différentes interventions - il a
commencé à le faire - de la part de l'office dans l'ensemble du
dossier d'intégration au travail. Il faut entretenir des relations avec
le ministère du Travail, il faut entretenir des relations avec les
centres Travail-Québec et même avec des organismes
fédéraux.
Alors, M. Guy Monette.
M. Monette: II faut toujours partir du fait que l'office a un
rôle palliatif et n'intervient que dans la mesure où aucun autre
programme ne peut répondre aux besoins de la personne. L'analyse de ces
dossiers-là par l'aide du plan d'intervention, à
l'intérieur du plan de services de la personne handicapée, est
faite pour ce qui nous concerne par les services externes de la Main-d'Oeuvre,
qui sont des organismes rattachés au MMSR, ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
De toute façon, eux, en premier, font l'étude des dossiers
et s'ils ne peuvent trouver d'autres moyens et d'autres ressources que celles
des programmes de l'OPHQ, ils vont les utiliser pour permettre à la
personne handicapée de s'intégrer sur le marché du
travail.
Dans l'ensemble des objectifs visés, il faut aussi tenir compte
du plan d'embauche qui, lui, tente par une modification des mentalités
face à l'intégration au travail de faire en sorte que la personne
handicapée puisse faire valoir l'ensemble de ses talents au niveau de
tous les employeurs de 50 salariés et plus.
Dans ce programme, nous avons depuis quelques années
négocié avec le MMSR la possibilité d'utiliser le plan
d'embauche comme outil d'approche au niveau des différents employeurs.
Nous avons maintenant la certitude que le MMSR va utiliser les mêmes
plans d'embauche comme outil de placement que les SEMO, les services externes
de la main-d'oeuvre, qui pourront les aider è pouvoir intégrer
les entreprises à différents niveaux, comme on pourra le voir
à un moment donné dans les différents volets qu'on
retrouve à l'intérieur du plan d'embauche. Donc, au niveau de
l'intégration au travail, on est assuré d'un programme
général qui vise l'ensemble des employeurs de 50 salariés
et plus, qu'on appelle le plan d'embauche. De plus, nous nous sommes
assurés d'une utilisation de ce plan afin d'apporter une aide à
l'employeur pour la réalisation de ses objectifs par les SEMO et aussi
par d'autres partenaires de l'office, comme les commissions scolaires qui sont
un autre partenaire important à l'intérieur du plan
d'embauche.
Vous avez les centres d'accueil, comme on a mentionné
tantôt, les services d'apprentissage aux habitudes de travail; vous avez
aussi les centres de travail adapté qui pourront utiliser les
informations contenues pour avoir une certaine approche vis-à-vis des
employeurs.
Une fois qu'on a touché à l'ensemble de la
problématique par le plan d'embauche, nous avons deux programmes plus
spécifiques qui vont rejoindre des clientèles plus
particulières et qui nécessitent une aide en fin de compte pour
leur faciliter l'intégration. Vous avez à ce moment-là le
programme tel qu'on le mentionnait tantôt, les contrats
d'intégration au travail qui le permettent. Là aussi, le contrat
d'intégration au travail est utilisé principalement par les
services externes de main-d'oeuvre et aussi
par l'autre partenaire important qui est le service de placement du
fédéral. Mais à 75 %, le programme est utilisé par
ce que l'on appelle communément les SEMO. Alors, ce sont eux qui montent
les dossiers et qui présentent les candidatures auprès des
employeurs et, par la suite, après entente entre la SEMO, l'employeur et
l'OPHQ, il y a possibilité de verser une certaine subvention pour
faciliter l'intégration de la personne.
C'est donc un programme un peu plus spécifique, particulier, qui
rejoint une clientèle un peu plus particulière, un programme qui
a neuf volets différents. Il essaie de faire le tour des
problématiques que rencontre la personne handicapée pour pouvoir
s'intégrer facilement à l'entreprise. Donc, autant sur le plan de
l'évaluation, de l'intégration, du travail adapté, de
l'accessibilité, de l'appareillage, de l'adaptation du poste, du
maintien è l'emploi - je vous avais donné un exemple
là-dessus -que sur le plateau de travail ou la création
d'entreprise. Voilà l'ensemble de ces volets que rejoint le contrat
d'intégration au travail.
Enfin, le dernier qui rejoint une clientèle encore plus
spécifique, c'est le centre de travail adapté, qui rejoint une
clientèle productive mais non compétitive sur le marché
régulier du travail. C'est-à-dire qu'il peut arriver que le
service extérieur de main-d'oeuvre ou un service d'adaptation aux
habitudes de travail essaie de placer une personne handicapée sur le
marché régulier et n'y arrive pas, compte tenu d'un lot de
préjugés ou compte tenu que les adaptations de postes sont
difficilement réalisables pour le moment, si cette personne-là a
un résidu de productivité intéressant, elle peut venir
travailler à l'intérieur d'un centre de travail adapté.
Après cela, on ne parlera plus d'intégration au travail; on
tombera dans une autre catégorie de services qui ne sont pas
dispensés par l'office.
Donc, les programmes que l'on vise au travail sont essentiellement
axés sur l'intégration dans le marché du travail et dans
une gamme élargie à partir du plan d'embauche vers quelque chose
de beaucoup plus spécifique que l'on appelle les centres de travail
adapté. Nous pourrons y revenir, soit dans le courant de la
journée ou demain. Il est bien important de noter que le CTA vise lui
aussi la normalisation de la personne et son intégration optimale
à l'intérieur de la société.
C'est donc pour cette raison que nous concevons le CTA comme une
entreprise. Il a les mêmes obligations qu'une entreprise; il a aussi les
mêmes exigences et aussi vise une normalisation. C'est-à-dire que
tel que le programme est défini, c'est simplement la majorité des
personnes handicapées qui détermine l'accréditation d'un
CTA. Autre- ment dit, dans la mesure où un CTA concrétise que la
majorité de ses travailleurs est formée de personnes
handicapées, telles que définies par ce programme, il a la
possibilité de l'accréditation et d'un support. C'est donc dire
que vous pouvez retrouver à l'intérieur d'un CTA des travailleurs
non handicapés. Ce qui permet là aussi une meilleure
normalisation. (16 h 45)
Les CTA ne sont pas non plus assujettis à un type de
déficience. Un CTA a une clientèle
hétérogène. Alors là aussi, cela permet de
réaliser certaines expériences, d'avoir des personnes vivant avec
des déficiences différentes. Cela permet d'aller chercher les
différentes capacités qui vont être utiles pour
l'entreprise et pour son fonctionnement. C'est un peu l'ensemble des
activités.
L'office intervient aussi sur un plan élargi, dans le sens
qu'avec ses différents partenaires tels le Conseil du patronat, le monde
syndical, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, le ministère des Affaires sociales,
l'Association québécoise des entreprises adaptées, qui
regroupe les CTA, et aussi l'Association des centres d'accueil, il y a ce que
l'on appelle un comité sur le développement du travail
adapté qui se penche sur les formules déjà existantes pour
les améliorer et qui essaie de trouver de nouvelles formules qui
permettraient davantage l'acceptation des personnes handicapées par le
marché réqulier. Cela vous donne un peu la perspective d'un
ensemble d'activités que l'on réalise par cette volonté
d'intégration au travail des personnes handicapées.
Mme Vermette: Cela m'amène à d'autres
interrogations. La façon dont vous en avez fait la description
était très claire en ce qui concerne les différentes
modalités d'intégration. Vous avez parlé des SAHT qui ne
relèvent pas de votre organisme; ils m'apparaissent être un
premier niveau. Ils relèvent plutôt du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Est-ce qu'il y a des vases communicants
entre un SAHT où les gens ont une déficience beaucoup plus
profonde et qui n'est pas nécessairement conçu en fonction de la
productivité, mais plutôt pour développer des habitudes de
travail... Est-ce qu'il arrive à un moment donné où une
personne a développé suffisamment d'habileté au travail
pour être intégrée à un CTA?
M. Mercure: Effectivement, il y a un problème de
coordination important entre toutes les ressources; il y en a plusieurs qui ont
été mentionnées. Le ministère de la Santé et
des Services sociaux est responsable des institutions qui s'appellent les SAHT,
mais qui, de plus en plus maintenant,
s'appellent les centres de réadaptation, les CR, c'est
l'appellation actuelle, je pense. Ces établissements s'occupent d'une
clientèle qui est plus lourdement handicapée. La mission de ces
établissements en est une d'amélioration des aptitudes au travail
de leur clientèle. II était normalement prévu que cette
clientèle soit éventuellement promue au marché du travail
ou, tout au moins, qu'elle soit promue aux CTA. Cependant, la situation
concrète nous fait réaliser que la présence moyenne,
c'est-à-dire le nombre d'années dans les SAHT, est assez
élevée. Je pense qu'il est très important, dans les
différentes régions, de remettre les gens en contact les uns avec
les autres pour que l'on s'échange les clientèles de façon
que les gens soient, dans toute la mesure du possible, dans la situation de
travail qui leur permet de progresser davantage vers une aptitude au travail
qui les rapproche du milieu régulier du travail, mais il y a beaucoup
à faire. Il y a aussi beaucoup à faire avec l'aide du
ministère de l'Éducation, c'est-à-dire s'assurer que ses
programmes d'éducation pour les personnes de 18 à 21 ans soient
en contact avec les débouchés éventuels pour la
clientèle des personnes handicapées et aussi pour s'assurer que
les services des commissions scolaires à l'égard des adultes
s'intéressent aussi à cette dimension de l'aptitude au travail
des personnes handicapées. M. Monette, je crois, pourrait donner des
précisions additionnelles sur la question.
M. Monette: Toujours dans la perspective de l'intégration,
nous considérons, dans la continuité des services qu'une personne
handicapée doit avoir, qu'à un moment donné on doit
quitter un réseau comme celui de la réadaptation et de
l'adaptation, pour s'en aller dans ce qu'on peut appeler le marché du
travail. Maintenant, l'important est de voir dans le marché du travail
s'il y a des entreprises adaptées et aussi des entreprises ordinaires
dans lesquelles vous avez la possibilité d'avoir des postes
adaptés qui permettent aux personnes qui ont passé à
travers un développement professionnel de pouvoir véritablement
s'intégrer dans le marché régulier du travail. C'est
pourquoi, dans la démarche de recherche d'emploi d'une personne qui
aurait fini sa période d'apprentissage à l'intérieur d'un
centre de déadaptation, il faut d'abord et avant tout voir si cette
personne peut s'intégrer dans le marché régulier, dans
l'entreprise ordinaire. C'est la première étape qui est franchie.
Si cette étape ne se réalise pas, il reste l'alternative ou la
ressource ultime qu'on appelle le CTA ou le centre de travail adapté.
À ce moment-là, la candidature est présentée au
niveau du centre de travail adapté. C'est donc la mesure extrême,
ultime, qu'une personne handicapée peut utiliser pour s'intégrer
au marché régulier du travail.
Dans cette perspective aussi, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il
existe des liens entre ce qu'on appelle des SAHT, les services d'apprentissage
aux habitudes de travail, et les CTA, dans le sens que plusieurs CTA ont vu le
jour à partir de la problématique que les SAHT vivaient,
c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de débouché pour leur
clientèle. Le CTA par contre a sa nature propre. Il doit se distancer
quelque peu de cette continuité qui dirait que la personne
handicapée, une fois qu'elle a quitté le SAHT, devrait aboutir
nécessairement à l'intérieur d'un CTA. Ce qu'on vise
aussi, en évitant une ligne trop directe, c'est d'éviter de faire
des CTA des espèces de petits ghettos dans lesquels on ne retrouverait
que des personnes handicapées. Si on veut une véritable
intégration, il faut à un moment donné prendre les moyens
pour la réaliser. C'est dans ce sens aussi que le CTA est pour nous un
organisme qui fait partie du marché du travail.
Il se développe, par contre, des liens étroits entre
certains SAHT et certains CTA de façon, par exemple, à permettre
à la clientèle du SAHT de venir faire des stages à
l'intérieur du CTA, ce qui lui permet aussi d'acquérir davantage
d'habitudes et parfois de lui donner plus de chances de s'intégrer dans
l'entreprise ordinaire.
Il va y avoir aussi prochainement un colloque entre SAHT et CTA, entre
ces organismes-là, pour voir un peu de quelle façon ils peuvent
s'épauler et s'aider dans la réalisation de leurs objectifs.
L'important est donc de toujours considérer que l'on vise
l'intégration maximale des personnes au travail. Cette
intégration maximale se fait donc d'abord et avant tout dans
l'entreprise ordinaire. Dans la mesure où il n'est pas possible de le
faire, il reste une ressource ultime qu'on appelle le CTA. Et même
à l'intérieur du CTA, il se peut qu'une admission soit faite
simplement pour un certain temps, qu'une admission soit temporaire, parce qu'il
arrive souvent que la personne ne puisse intégrer le marché
régulier à cause des préjugés auxquels elle doit
faire face et non pas à cause de ses habiletés ou de ses
capacités. La journée où on peut démontrer que la
personne a effectivement la capacité d'intégrer le marché
régulier du travail par son plan de services, il se prend des actions
pour faire en sorte que cette personne puisse réintégrer le
marché régulier ou l'entreprise ordinaire plutôt.
Mme Vermette: En fait, cela va dans une ligne parallèle.
Ils sont intimement reliés les uns aux autres, de toute façon,
dans leur action, même s'ils ne donnent pas tout à fait
les mêmes services. En tout cas, c'est de développer, selon
les capacités de l'individu, des habiletés de travail. Il y en a
qui sont vraiment capables plus que d'autres de suivre un milieu naturel de
travail, cela s'appelle l'intégration. Ils sont visés par les
plans d'embauche, en fin de compte. Il y a des gens qui sont capables de
produire, au niveau d'un bien ou d'un service, qui s'en vont dans un genre de
PME qu'on pourrait appeler les CTA et ceux qui ont une déficience
beaucoup plus difficilement intégrable à l'intérieur d'un
cycle de productivité, ces gens-là ont comme ressources les SAHT,
c'est à peu près cela?
M. Mercure: II y a aussi d'autres possibilités comme des
plateaux de travail qui peuvent Être organisés par des SAHT ou
encore par des CTA, c'est-à-dire un milieu de travail
protégé, mais à l'intérieur de l'entreprise. Des
exemples de cela, cela pourrait être un étage d'un hôtel
où des personnes handicapées sur le plan intellectuel font le
ménage avec un certain support. Alors, il peut y avoir des plateaux de
travail. Il y a de nouvelles formes de travail adapté et on peut aussi
penser à l'adaptation du poste de travail en termes physiques. Je veux
dire que, pour une certaine clientèle, il faut que le poste de travail
ait des changements, les équipements, les machineries doivent être
adaptées pour que la personne occupe le poste de travail. Alors, toutes
ces questions sont assez complexes et assez difficiles à expliquer en
quelques minutes. Je pense qu'on comprend très bien, par exemple, la
nécessité d'une coordination entre tous les intervenants. C'est
le rôle propre de l'office que de s'assurer que les gens sont conscients
les uns des autres, non seulement au niveau provincial mais au niveau de
chacune des régions.
Mme Vermette: Peut-on savoir actuellement le nombre de SAHT, le
nombre de CTA et y a-t-il évolution du nombre des CTA par rapport
à ce qui existait au point de départ et à ce qu'on a
actuellement?
M. Mercure: En ce qui concerne les CTA, nous avons sûrement
les réponses précises. En ce qui concerne les SAHT, je ne sais
pas si nous avons les chiffres précis. Donnons la réponse en ce
qui concerne les CTA qui sont des organismes qui relèvent de notre
responsabilité.
M. Monette: II y a actuellement 39 CTA.
M. Mercure: Combien y en avait-il, quelle a été
l'évolution de ce nombre?
M. Monette: Au point de départ, il y a eu une
séparation entre les centres d'accueil qui offraient des habitudes de
travail et ceux qui étaient plus axés au niveau du travail. Il y
en avait à peu près une douzaine qui ont été
accrédités au point de départ. De 1980 à
aujourd'hui, nous sommes montés à 39. L'évolution s'est
faite particulièrement il y a deux ans. Juste avant mon arrivée,
la quantité de CTA s'est stabilisée à environ 39. Depuis
deux ans, la variation tourne autour de 37 à 39 CTA. Pourquoi cela
varie-t-il? C'est que, comme toute entreprise... je veux dire que les CTA, dans
leur évolution, connaissent des transformations; plusieurs ont
fusionné, d'autres ont cessé leurs activités et d'autres
sont nés, ce qui fait que le nombre de 39 est le nombre qui existe
présentement. Le programme permet d'accréditer jusqu'à 40
CTA.
M. Mercure: J'avais des chiffres ici. De 1980 à 1985, le
nombre de CTA a évolué de 15 à 30, 28, 38, 37 et 39. Comme
vous le voyez, au cours des trois dernières années, cela s'est
situé autour de 38 ou 39 et le nombre de personnes subventionnées
est passé de 650 à 1200, 1250, 1340, 1315... Alors, c'est un
nombre qui évolue aussi, qui dépend des difficultés des
entreprises et qui suit un certain cycle économique, parce que ces
entreprises sont sur le marché régulier, elles doivent faire des
ventes et il arrive parfois que leur domaine d'activité doit se
contracter. Quant aux SAHT, il faut dire qu'il y a plusieurs genres de SAHT et
ils sont différents par leurs activités et par leur organisation.
Un certain nombre sont des organismes régionaux qui ont plusieurs points
de service et qui sont autonomes par rapport à d'autres
établissements. Par contre, il y a aussi un certain nombre de centres
d'accueil qui ont un permis de SAHT. Ce sont des centres d'accueil qui ont une
vocation résidentielle, une vocation d'hébergement, mais qui ont
aussi un permis de SAHT. Mais je ne suis pas en mesure, de toute façon,
de donner le chiffre précis qui pourrait facilement être obtenu du
ministère de la Santé et des Services sociaux. (17 heures)
Mme Vermette: II y a toujours le même nombre de CTA. Bon,
cela a évolué. Mais si je regarde dans le Journal des
débats, en 1984, il y en avait déjà 38. On disait qu'il y
avait une possibilité de deux nouveaux qui devaient être
prioritaires. Est-ce que ces deux CTA qui devaient être prioritaires
l'ont été et ont vu le jour?
M. Mercure: Est-ce que M. Monette pourrait donner une
réponse?
M. Monette: Oui, les deux CTA ont été
accrédités»
Mme Vermette: De sorte que, de toute façon, cela revient
toujours au même point,
parce qu'il y en a qui ont disparu et qu'il y en a d'autres qui ont tout
simplement pris la relève.
Est-ce que vous pouvez nous dire quel genre de production ces gens
choisissent, leur possibilité de marché et leur
possibilité de financement?
M. Mercure: Leur production est extrêmement variée,
La plupart des CTA font plusieurs productions pour s'assurer de pouvoir fournir
du travail pendant toute l'année. Mais on touche
énormément de domaines d'activité. Je vais demander
à M. Manette de donner des exemples précis. Mais j'ai
moi-même visité, depuis peu, quelques CTA et j'ai
été très surpris de voir le nombre important
d'activités différentes dans lesquelles les CTA sont
impliqués.
M. Monette: Ce qui est important de considérer, c'est que
toute possibilité de marché est avantageuse pour un CTA. Toute
possibilité qui lui permettrait de pouvoir faire des affaires et qu'il
est démontré par une étude que c'est rentable pour le CTA,
pour lui, c'est une occasion de marché qui s'offre. Ce que nous disons
à ces gens, à ce moment-là, c'est de saisir cette occasion
pour se lancer en affaires ou pour augmenter leurs affaires.
Ce qui fait qu'on a une production très variée qui touche
la menuiserie, pour quelques-uns, qui touche la fabrication de vadrouilles,
pour d'autres, qui touche, pour un certain nombre, l'entretien ménager.
II y en a un qui fait de l'entretien ménager et des mouches pour la
pêche. Il y a une variété d'activités assez grande.
Il y a un certain nombre d'autres CTA qui sont en récupération et
qui vont, d'ailleurs, extrêmement bien. Il y en a d'autres qui ont
davantage saisi l'idée de l'incubateur. C'est-à-dire qu'ils
offrent à des entreprises de venir s'installer dans un immeuble
où, eux, ils offrent les lieux et le personnel pour faire leur
production. Il y en a d'autres qui offrent plutôt aux entreprises, ce
qu'on appelle de la location de main-d'oeuvre. Ce qui permet à un
certain nombre de personnes handicapées d'aller travailler dans des
entreprises ordinaires. Donc, à ce moment-là, il y a une
variété d'activités aussi grande que le nombre de
personnes handicapées qui ont été placées dans les
différentes entreprises. Il y en a d'autres qui sont dans le domaine de
la production de vinyle, d'autres dans la production du papier. Il y a une
très grande gamme d'activités possibles. Il y en a qui sont dans
le domaine de la vente au détail. D'autres sont dans le domaine de
l'horticulture.
M. Mercure: Certains sont dans le domaine de la production
d'oeuvres d'art. J'ai visité dernièrement un CTA qui était
impliqué dans la production de la literie, des choses pour la maison,
des couvertures, et qui, en même temps, exploitait une entreprise sur une
très haute échelle. C'était intéressant à
voir. C'étaient des espèces de cadres en bois qui sont
très utilisés dans les entrepôts pour monter des charges.
Ils faisaient cela sur une très haute échelle et fournissaient
énormément d'entrepôts. Il y a plusieurs travaux. Il y a
aussi des travaux réguliers de mise sous enveloppe ou d'assemblage de
dépliants pour la publicité. Sûrement que, dans toutes nos
maisons, on a eu des exemples de choses qui ont été faites dans
les CTA. Les entreprises sont encouragées, dans le cadre de leur plan
d'embauche de donner des contrats aux CTA. Je connais plusieurs entreprises qui
sont fières de donner des contrats aux CTA, des contrats de mise sous
enveloppe, toutes sortes d'opérations de travail de bureau qui peuvent
très bien se faire à l'extérieur de l'entreprise et qui
sont contractées aux CTA pour aider les entreprises qui emploient les
personnes handicapées.
Mme Vermette: Vous nous dites qu'il y a de l'espoir. Si les qens
sont informés... Ce n'est pas une mauvaise volonté de la part des
entreprises. Elles sont de plus en plus sollicitées par l'apport que
peuvent apporter les personnes par leur travail dans un CTA. Il y a un
intérêt pour ce genre d'activité dans le milieu du travail.
C'est ce que vous êtes en train de nous dire?
M. Mercure: Oui, effectivement. Il y a peut-être une chose
que je voudrais ajouter, c'est toute la question des stages en emploi: que les
entreprises s'impliquent davantage dans des stages, c'est-à-dire du
travail non rémunéré, mais dont le but est
d'améliorer les possibilités d'une personne ou de vérifier
ses capacités de s'introduire dans un milieu régulier du travail.
C'est quelque chose qui est encouragé dans le cadre des plans
d'embauche: l'acceptation par les entreprises de stages, de personnes qui
peuvent venir de SAHT ou de CTA.
Mme Vermette: Toujours dans le même domaine...
Le Président (M. Bélanger): Si vous êtes
d'accord, une dernière question parce que cela fait 35 minutes.
Mme Vermette: C'est toujours en ce qui touche les centres de
travail adapté, je n'ai pas débordé...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Vermette: Tout simplement, voici ce que je voulais demander.
Quand les CTA ont été mis de l'avant, c'était pour
atteindre
un autofinancement, cela faisait partie de l'objet des CTA. Je n'inclus
pas les salaires, parce que je sais que c'était à part. Le volet,
c'était l'autofinancement pour la gestion et le fonctionnement de
l'entreprise comme une PME. Est-ce que la majorité de vos 39 ont atteint
ce niveau de rentabilité?
M. Monette: ...85 % des CTA avaient atteint
l'autofinancement.
Mme Vermette: Donc cela veut dire qu'il y a une progression vers
l'autofinancement pour la moyenne de ces gens.
M. Mercure: II faut bien comprendre que c'est un autofinancement,
comme vous l'avez dit, qui est partiel. Ils réussissent à
financer d'une façon adéquate et régulière les
dépenses autres que les dépenses de main-d'oeuvre sur lesquelles
est basée la subvention de l'office. Un certain nombre peut accumuler
des surplus et, avec les surplus, développer de nouvelles
activités et engager plus de personnel. Ces CTA ont été
des transformations d'anciens ateliers protégés qui
étaient financés déjà par l'État, mais
administrés par des organismes de promotion, pour un certain nombre.
Pour un certain nombre d'autres cas, il s'agit d'entreprises nouvelles.
Mme Vermette: II y a certainement des CTA qui font affaire avec
des organismes gouvernementaux?
M. Mercure: Oui, effectivement. M. Monette pouvez-vous nous
donner des exemples?
M. Monette: Oui, il y en a un à Québec. La
difficulté, c'est qu'on ne les retrouve pas dans le fichier central,
compte tenu que ce sont des organismes sans but lucratif. Les activités
avec les organismes du gouvernement sont plus difficiles.
M. Mercure: Dans quel domaine celui de Québec est-il
impliqué?
M. Monette: Surtout en matière de papeterie. Il y a un peu
d'entretien d'édifice qui se fait encore. C'est plus difficile à
ce sujet. C'est surtout en matière de reliure qu'il s'en fait encore un
peu pour la mise en feuilles de certains documents. Ce sont de petits
contrats.
Mme Vermette: C'était juste par rapport à cela.
Parce que sur les CTA, avec le fichier des fournisseurs, est-ce que cela a
toujours été la politique récente? Parce que j'ai ici une
lettre de gens d'Alma où on disait qu'antérieurement il y avait
des contrats et que depuis l'article 83 du règlement relatif aux
contrats de services, ils ne font plus partie du fichier actuellement.
Le Président (M. Bélanger): M. Monette.
M. Monette: Historiquement, les CTA ont fait partie du fichier
central. Ils ont été retirés à la suite d'un
article dans les règlements qui touche le fichier et qui dit que les
organismes sans but lucratif ne faisaient pas partie du fichier. C'est â
partir de ce moment que les CTA ont été graduellement
retirés du fichier.
Mme Vermette: Est-ce que cela prive certains CTA, en tout cas, de
bonnes sources de contrats, finalement, qui étaient importantes pour
leur survie jusqu'à un certain point?
M. Monette: II y en avait une certaine partie, mais l'ensemble
des activités des CTA n'était pas relié directement aux
possibilités de contrats avec le gouvernement. II y en avait une
certaine partie mais, de mémoire, cela ne représentait
qu'à peu près 20 % de leur chiffre d'affaires en
général.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Laporte: Concernant les CTA, on se rend effectivement
compte...
Le Président (M. Bélanger): Il est dans la liste
depuis trois quarts d'heure.
M. Laporte: Si on regarde, depuis 1979, depuis la création
des CTA, l'énorme évolution qui a été
constatée à ce niveau, on a fort agréablement
constaté, ne serait-ce entre autres que les quatre dernières
années, une progression des profits de l'ordre de 4,9 % des
différents CTA. Voici ce que j'aimerais regarder un peu avec vous. On
dit que les CTA sont effectivement une initiative du milieu, qu'ils soient des
OSBL ou des coopératives pour l'ensemble des 39, et j'aimerais voir un
peu l'interrelation de l'OPHQ. Je sais qu'il ne se soustrait pas, étant
donné sa vocation en tant que telle, mais lorsqu'on regarde un peu le
comité d'admission, j'imagine, pour l'engagement des employés au
niveau du CTA, j'aimerais savoir dans quelle perspective, dans quel objectif,
si on tient en considération le fait que les CTA sont peut-être un
peu "indépendants" - entre guillemets - en termes de fonctionnement,
dans le sens que cela vient d'une initiative du milieu et d'une progression de
tout le reste... Pour préciser, je pense qu'il y a une quarantaine
d'employés par CTA ou quelque chose du genre. Je voudrais juste voir
quel est le travail au niveau de l'OPHQ sur la détermination des
personnes à engager. En tout cas, il y a diverses statistiques qui
sont
fournies et je voudrais voir si c'est en considération des
diverses déficiences. On indique, entre autres, que 75 % sont des
hommes, 41 % ont une déficience intellectuelle, 21 % au niveau du
psychisme, etc. Je voulais juste voir un peu quel est ce plan d'embauche.
Aussi, dans cette même perspective, on souligne que approximativement 75
personnes par année sont retirées des CTA pour
réintégrer le marché régulier du travail. En
fonction de l'objectif qui vise justement la réintégration sur le
marché du travail, de son instauration, si on peut dire, depuis 1979, on
se situe en 1987 actuellement, et de la forme de stabilité à tout
le moins depuis 1982 et 1983 du nombre des CTA et, j'imagine, des
employés correspondant de 1200 à 1500, ou approximativement, la
détermination de ce plan d'embauche et d'embauche faite avec l'OPHQ par
rapport les CTA... Ce sont plusieurs questions qui soulignent un tout, mais je
tenais à les poser de cette manière pour avoir un aperçu
général. (17 h 15)
M. Mercure: Je vais commencer la réponse è cette
question qui a de multiples facettes. Premièrement, on dit que les CTA
sont des entreprises sauf que la loi fait une obligation à l'office de
subventionner ces entreprises et de les encadrer. En réalité, ces
organismes, les CTA, sont tous et chacun en relation très étroite
avec l'office, et l'office a un programme-cadre des CTA auquel ils doivent
s'astreindre s'ils veulent continuer à être
considérés comme des CTA. Les CTA sont accrédités
par l'office, donc il faut qu'un groupe obtienne un permis de CTA avant qu'il
soit effectivement reconnu comme CTA. La politique de subvention des CTA est
une politique, comme on l'a dit tout à l'heure, en vertu de laquelle, au
cours de la présente année la subvention totale aux CTA, aux 39
CTA est de 18 000 000 $. C'est un programme assez impressionnant. C'est un
programme auquel l'office consacre beaucoup de temps, parce qu'il faut
constamment rencontrer les CTA, les conseiller, s'assurer que l'expertise d'un
CTA soit communiquée aux autres et, comme vous l'avez dit, ce sont des
entreprises qui ne sont pas très importantes en nombre
d'employés. Le nombre moyen d'employés subventionnés est
de 40 et le nombre moyen d'employés total est de 50. Évidemment
cela varie, peut-être, de 10-15, je ne sais pas le plus
élevé, mais c'est le nombre moyen: 40 employés
subventionnés et une dizaine d'employés non subventionnés.
Il n'y a pas non plus d'employés subventionnés dans tous les CTA.
C'est un programme majeur et l'office, dans beaucoup de cas, est
impliqué, par son personnel en régions, dans les comités
d'admission du personnel et aussi aide les CTA à jouer un rôle
social à l'égard de l'intégration au milieu
régulier du travail.
Sûrement que M. Monette pourrait donner des précisions
additionnelles sur la question, par exemple, de l'implication du personnel de
l'office dans les comités de sélection.
M. Monette: II existe ce qu'on appelle une politique d'admission
qui actuellement est uniforme pour l'ensemble des CTA. Il existe aussi un
comité d'admission qui, lui, est paritaire, c'est-à-dire, en
règle générale, deux représentants de l'office et
deux représentants des CTA qui jugent chacun des cas
présentés en vue de leur admissibilité. Il faut comprendre
que le comité d'admission n'embauche pas. Le comité d'admission
déclare une personne apte à recevoir des subventions et place son
nom sur une liste d'admissibilité. Lorsque l'entreprise a besoin de
personnel, elle vient piger à l'intérieur de cette liste en
fonction des capacités de l'individu et de l'exigence du poste qui s'est
libéré, pour effectivement combler ce poste. À partir de
ce moment-là, si c'est un employé de cette liste
d'admissibilité qui est choisi, le CTA a droit à une subvention
pour le salaire versé à cet employé. Ce qu'il faut
comprendre, c'est que le comité d'admission ne s'occupe pas non plus des
autres admissions, des autres embauches de personnes qui ne seraient pas
susceptibles d'être placées sur cette liste. Les personnes sur la
liste sont des personnes qui sont susceptibles, pour l'entreprise, de recevoir
des subventions. On l'appelle politique de ressources humaines, parce qu'on la
veut une aide à la direction générale du CTA, pour l'aider
dans sa gestion des ressources humaines. C'est un aspect qui tient de plus en
plus à se développer au fur et à mesure que les
descriptions de tâches et les exigences des postes sont claires et les
capacités de développer l'adaptation aussi de ces postes.
On disait aussi qu'il y avait à peu près 75 personnes qui
s'étaient retirées pour s'en aller sur le marché
régulier du travail. Comprenons bien que le CTA, au point de
départ, c'est un lieu qui offre à la personne handicapée
un travail. Ce n'est pas un endroit où une personne va chercher des
habitudes de travail. C'est son emploi. Comme toute autre personne, elle peut,
à un moment donné, vouloir avoir certaines promotions ou,
autrement dit, se faire un plan de carrière. À ce
moment-là, la CTA peut aider la personne handicapée dans
l'élaboration et la réalisation de ce plan de carrière. Il
se peut aussi qu'une personne, ayant été admise, fasse des
progrès tels qu'elle serait capable de réintégrer le
marché régulier ou l'entreprise ordinaire. Le cas
échéant, on aide cette personne-là à
réintégrer l'entreprise ordinaire. Mais on le fait de
façon exceptionnelle. Le CTA n'est pas là pour développer
les habitudes de travail, il est là pour utiliser les
capacités
et le développement que la personne handicapée a eus
à l'intérieur d'un emploi.
M. Laporte: À titre de précision ou c'est
peut-être une mauvaise perception de ma part, vous avez souligné
à un certain moment une espèce de plan d'embauche, mais votre
précision c'est ma porte... à savoir que le CTA est plutôt
un endroit comme n'importe quelle autre industrie pour chercher un emploi. Mais
vous avez parlé à un certain moment d'un plan d'embauche et,
quand je fais référence à un plan, c'est un début
et une sorte de fin. C'est pour cela que je voulais situer cela par rapport
à ce qui avait été indiqué en ce qui concerne les
sorties sur un emploi régulier plus ou moins.
M. Mercure: Cela fait beaucoup de choses à absorber en peu
de temps, mais toute la question des plans d'embauche est un programme
totalement différent des CTA, à l'office. Le plan d'embauche est
un programme prévu dans la loi qui a créé l'office et qui
fait une obligation à tous les employeurs du Québec qui ont 50
employés et plus, y inclus les organismes publics et parapublics, de
soumettre à l'office des plans d'embauche. Quant aux plans d'embauche,
il serait peut-être utile d'aller plus loin, c'est
particulièrement intéressant. Ce sont des plans qui ne sont pas
coercitifs; ce n'est pas du tout l'idée d'obliger un employeur à
recruter un certain pourcentage de son personnel parmi les personnes
handicapées, mais c'est tout un ensemble de facteurs, de domaines dans
lesquels un employeur est appelé à faire un projet sur une
période de temps durant laquelle il va rendre son entreprise accessible
au personnel qui pourrait éventuellement venir des personnes
handicapées.
M. Monette pourrait sur le plan d'embauche rapidement donner une
description de ce programme qui est un programme auquel sont astreintes toutes
les entreprises du Québec qui ont 50 employés. Toutes les
entreprises, peut-être à quelques exceptions près - M.
Monette pourrait préciser - ont déjà soumis un plan
d'embauche et sont dans le processus actuellement de faire accepter leur
premier rapport annuel de suivi.
M, Monette: Le plan d'embauche comme tel, on l'a défini
comme un outil incitatif sans quota. Autrement dit, il n'oblige pas un
employeur à embaucher comme telles des personnes handicapées. Ce
qu'il lui demande, c'est d'identifier dans son entreprise tous les obstacles
qui empêchent une personne handicapée de pouvoir faire valoir ses
talents et lui faire valoir qu'il pourrait remplir certains postes au
même titre que n'importe quelle autre personne. Donc, la première
étape est d'identifier clairement les différents obstacles
è l'embauche d'une personne handicapée.
L'identification se fait dans six volets: le recrutement, donc voir de
quelle façon le recrutement du personnel peut empêcher une
personne handicapée de poser sa candidature; la sélection,
c'est-à-dire à partir des outils de sélection
utilisés, jusqu'à quel point ces outils n'éliminent pas
certaines personnes ayant des déficiences, comme, par exemple, une
déficience visuelle ou auditive; ensuite, vous avez des mesures
d'intégration. Alors, de quelle façon l'employeur peut-il
identifier des obstacles à l'intégration d'une personne
handicapée? Vous avez la réintégration, et deux autres
volets qui sont le développement de l'employabilité,
c'est-à-dire de quelle façon il pourrait aider à faire en
sorte que plus de personnes handicapées soient aptes au marché du
travail, et le développement de l'emploi. C'était au niveau du
développement de l'emploi que beaucoup d'employeurs ont défini
des objectifs rejoignant des organismes qui donnent du travail à des
personnes handicapées, comme les CTA.
Alors, si on fait un lien entre le plan d'embauche et les CTA, il se
fait au niveau du volet où on demande à l'employeur de se donner
au moins un objectif du développement de l'emploi pour les personnes
handicapées. Alors, beaucoup à ce moment-là vont dire:
Oui, on est prêts à aider les CTA, soit en envoyant des gens au
conseil d'administration, soit en donnant des ressources, soit en donnant des
sous-contrats. Alors, c'est le lien qui se fait entre les deux.
Le plan d'embauche a eu comme première opération
d'identifier les obstacles et ensuite de demander à l'employeur de se
fixer au moins un objectif par volet pour favoriser l'embauche des personnes
handicapées. Cette première opération est pratiquement
terminée. Nous avons vu dans les chiffres, ce matin, qu'il y a
près de 3000 plans d'approuvés qui rejoignent grosso modo
près de 9000 établissements. Vous avez les chiffres exacts dans
le discours de ce matin. Or, cette opération terminée, celle qui
suit est la réalisation de ce plan-là. L'employeur doit pour les
quatre prochaines années suivant l'acceptation de son plan soumettre un
rapport à l'office pour que l'on puisse vérifier la
réalisation des objectifs fixés. Or, cette opération est
commencée. Le premier rapport est presque terminé.
Pour aider aussi l'employeur, compte tenu des remarques
qu'eux-mêmes nous ont faites, nous avons entrepris ce que l'on appelle
l'opération information et promotion auprès des employeurs, pour
leur faire connaître les différentes ressources des milieux qui
peuvent les aider à réaliser leurs objectifs.
Parallèlement à cela, nous avons établi des liens
étroits avec le ministère de la Main-d'Oeuvre pour faire en sorte
que ce
ministère utilise les pians pour favoriser l'embauche des
personnes handicapées.
Comme je le disais ce matin, une étape est franchie dans le sens
que le MMSR va effectivement utiliser le plan d'embauche dans des SEMO,
services extérieurs de main-d'oeuvre, dans une perspective de placement.
On va s'occuper de voir à la diffusion du plan d'embauche pour les
autres partenaires dans une perspective de coordination et de promotion
à l'utilisation du plan. Ce qui va permettre à ce
moment-là aux employeurs de pouvoir recevoir les différentes
ressources qui sont prêtes à tes aider à réaliser
les différents volets de leur plan d'embauche. On compte devoir faire
entre 150 000 et 250 000 photocopies de synthèse de ces plans pour
pouvoir les distribuer aux différents partenaires de l'office.
Donc, on en est à cette démarche qui va nous conduire,
nous l'espérons, l'an prochain vers la réalisation beaucoup plus
concrète de l'ensemble des objectifs. Aussi, dans le rapport, une
question demande si vous avez engagé des personnes handicapées,
ce qui permettra de voir si, effectivement, on a connu un changement d'attitude
auprès des employeurs face à l'embauche des personnes
handicapées.
Je peux même dire que déjà là sur les 1200
rapports à peu près que l'on a analysés, il y a l'embauche
d'environ 600 personnes handicapées. Alors, ce qui n'est pas si mal.
M. Laporte: Merci.
M. Monette: La réponse de la part des employeurs est
effectivement positive dans l'élaboration de leur plan.
Une voix: Je vous en prie, continuez.
M. Mercure: Comme on peut le constater, le plan d'embauche est un
instrument extrêmement important de changement des mentalités dans
le milieu du travail. Il a fait en sorte, puis c'était prévu dans
la loi, c'était très précis comme processus, que toutes
les entreprises ayant 50 employés et plus ont dû travailler
à préparer un plan, répondre à des formulaires qui
sont très précis, très directifs et très
détaillés. Le plan doit être soumis, comme dit la loi, en
collaboration avec l'association des employés, parce qu'il faut bien
comprendre que l'employeur seul ne peut pas faire de l'intégration en
milieu de travail. (17 h 30)
J'ai une très courte anecdote là-dessus. Un chef
d'entreprise me contait ceci récemment. Il savait que j'étais
à l'Office des personnes handicapées. Il me dit:
"L'intégration au travail des personnes handicapées, ce n'est pas
facile." C'est une personne qui employait moins de 50 employés. J'ai
répandu: "Vous avez donc une expérience pour dire cela." Il dit:
"Oui. J'avais accepté en stage une personne handicapée auditive
et cette personne, après le stage, était très
émotive et voulait, absolument, un emploi permanent." II dit: "Moi,
comme chef d'entreprise, je ne pouvais rien faire." J'ai dit alors: "Quelle
réponse avez-vous faite?" II dit: "J'ai réuni mon personnel, en
l'absence de cette personne, et j'ai dit à mon personnel: Si vous ne
voulez pas de cette personne dans mon entreprise, vous allez le lui dire
vous-mêmes." J'ai dit: "Qu'est-il advenu de cela?" La réponse est
que la personne est toujours dans l'entreprise.
Alors, effectivement, il faut absolument, pour que ce soit une
véritable intégration au travail, qu'il y ait une collaboration
avec l'association des employés, au moins que les employés soient
impliqués et qu'ils considèrent la personne comme un
véritable collègue de travail. Je voulais souligner cet
aspect.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Comme il faut respecter les règles de
l'alternance, je vais revenir au CTA pour continuer avec les plans d'embauche
que je trouve très importants, c'est le volet de toute fin. H va dans
l'esprit même de la politique À part... égale et de
l'intégration sociale, car si on veut que les individus
requièrent une indépendance, il faut que cela passe par le biais
économique aussi. Je pense que c'est très important. Ce qui
ressort, de toute façon, c'est qu'il y a une volonté, en tout
cas, dans les différents milieux d'entreprises qui ne sont pas
fermées à la possibilité d'avoir parmi leur personnel des
individus qui peuvent avoir certains handicaps ou déficiences... Cela me
plaît d'entendre que, dans notre société, il y a des gens,
même s'ils sont en affaires, qui ont un aspect humain aussi et que les
deux sont compatibles; justement, c'est important d'avoir l'aspect
économique, bien sûr, mais d'avoir aussi un aspect humain, je
pense que c'est la base même de nos sociétés.
Je voulais revenir aux CTA, en fin de compte, CAT, c'est une ancienne
Commission des accidents du travail, si ma mémoire est bonne. Quant
à la régionalisation, est-ce qu'on respecte autant le niveau
d'embauche, disons, prenons-le dans son ensemble si vous voulez? Parce que
c'est sûr qu'il y a des entreprises de 50 employés et plus, il
n'en pleut pas partout au niveau des régions, s'il y a des endroits qui
doivent être plus centralisés que d'autres, alors, qu'est-ce qu'on
fait pour aider les gens en milieux beaucoup plus éloignés?
Est-ce qu'il y a des façons aussi d'approche à ce
niveau-là? Et, est-ce que l'importance de développer ou
davantage... et pourquoi n'avons-nous pas plus
de CTA pour une catégorie de personnes? Je comprends fort bien
votre politique qui est allée plus loin que cela, c'est le palliatif,
mais qui a son importance aussi.
Alors, qu'est-ce qui fait, finalement, qu'on n'en a pas plus que cela?
Est-ce qu'il y aurait un besoin d'avantages? Est-ce qu'on a programmé,
finalement, des clientèles, le nombre de gens susceptibles de faire
appel à ce service? Et, vous me disiez tantôt qu'il y a une nette
progression, mais est-ce que la demande va s'en aller en progressant de plus en
plus? Est-ce qu'à un moment donné il ne faudra pas, à
cause de l'objectif même des CTA qui est la productivité,
resserrer nos critères d'admissibilité à cause de la
demande des personnes plus aptes è produire que d'autres? Et,
finalement, on arrive avec d'autres problèmes. Quelle est votre fonction
à l'intérieur de l'office par rapport à cette
problématique qui pourrait survenir?
M. Mercure: Je vais sûrement demander à M. Monette
de m'aider dans la question de distribution des CTA par régions.
Cependant, il faut réaliser que dans les régions où il y a
plus de chômage, où la vie économique est plus difficile,
sûrement que la situation est la même pour les CTA qui sont des
entreprises. Alors, cela leur est plus difficile, peut-être, de percer
dans le domaine économique. Cependant, il y a l'autre
réalité aussi. Le CTA est tout de même un milieu de travail
ségrégué. Ce n'est pas une institution au sens que je le
disais tout à l'heure. Parce que les personnes qui sont en CTA sont
là de jour seulement, circulent dans la communauté,
reçoivent leurs services autres que le travail dans des milieux qui sont
intégrés à la communauté. Mais c'est quand
même un milieu où on regroupe une clientèle
spécifique. Ce n'est pas nécessairement la meilleure approche
pour le travail des personnes handicapées. Je ne vois qu'une solution,
c'est qu'on fasse des efforts considérables pour développer
rapidement ce secteur. L'office a un rôle d'accréditation, mais
pas nécessairement un rôle d'initiative. M. Monette pourrait
préciser de quelle façon on est présent dans chacune des
régions et peut-être préciser que quand on trouve qu'on
n'est pas suffisamment dans une région, quelles sont les
démarches qu'on peut faire pour améliorer cette situation.
M. Monette: II faut dire qu'un CTA se crée à
l'initiative d'un milieu. Il n'y a pas de politique comme telle de nombre de
CTA par région. C'est le milieu généralement qui le met en
place. Bien souvent, on doit utiliser d'autres programmes de subvention avant
d'être accrédité, parce qu'il y a toujours la
nécessité de démontrer une certaine rentabilité
avant de devenir CTA. C'est donc dire qu'il y a une certaine preuve que cet
organisme doit faire avant de se voir accrédité ou d'avoir la
possibilité d'être accrédité, compte tenu qu'on est
limité quand même à une quarantaine de CTA. Il n'y a pas de
région favorisée ou défavorisée, c'est surtout venu
des initiatives du milieu. Cet organisme doit faire une certaine preuve de
rentabilité avant de déposer une demande
d'accréditation.
M. Mercure: Mais on a effectivement des CTA dans toutes les
régions.
M, Monette: Oui, il y a des CTA dans toutes les régions.
Il y a des régions où il y en a moins que d'autres. Il y a des
régions où ils sont en voie de développement où on
s'attend qu'il y ait certains développements. Il y a des régions
où on supporte certaines accréditations en attendant qu'il se
trouve un débouché pour les CTA. Je pense à
Sept-Îles quand je dis cela, qui est une région
défavorisée. On peut utiliser dans ces régions d'autres
ressources ou d'autres programmes qui sont souvent beaucoup plus efficaces que
la création d'un CTA. Je pense à la création d'entreprise
par l'intermédiaire d'un contrat d'intégration au travail ou
l'intégration dans les entreprises régulières de la
région è partir du CIT qui souvent est un outil à court
terme qui peut plus facilement donner une réponse aux besoins des
régions éloignées. Comme on administre le budget, mais que
la démarche, la procédure est faite par les ressources de ces
régions, donc, soit le SEMO, soit le CTQ de l'endroit, le Centre travail
Québec ou le service extérieur de main-d'oeuvre, c'est beaucoup
plus facile de mettre en contact la personne handicapée avec un
employeur à partir de ce type de programme. C'est ainsi qu'on fonctionne
en ce qui concerne le CTA. Il n'y a pas, de prime abord de volonté d'un
certain nombre de CTA par région. Quand on demande: Est-ce que le
programme répond suffisamment ou non? Je pense que l'idée
principale derrière le programme centre de travail adapté, c'est
de permettre de développer toute la perspective de l'intégration
et de l'adaptation de poste et de pouvoir a un moment donné transmettre
cette connaissance à l'entreprise régulière, à
l'entreprise ordinaire de façon è faciliter l'intégration.
Le programme comme tel n'est pas perçu actuellement dans une perspective
de développement. On sait, par contre, que les services d'adaptation aux
habitudes de travail ont une liste d'attente d'à peu près 2000
personnes qui pourraient intégrer le marché régulier.
C'est sûr que là aussi il y aura une action à mener pour
faciliter l'intégration. Mais je ne pense pas, dans un premier temps,
que la solution pour trouver des emplois à ces gens serait de
créer 40 autres CTA. Je n'en suis pas persuadé.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci. Tout d'abord, on parle de plan d'embauche. Je
voudrais vous dire que c'est une formule que je trouve très
intéressante pour l'avoir vécue de l'autre côté de
la clôture, si on peut dire, lorsque j'étais dans le privé.
Je dois dire que c'est une formule qui m'avait été vendue avec
beaucoup de professionnalisme. Vous appeliez cela des négociateurs,
à l'époque; je ne sais pas si cela s'appelle encore comme cela.
Je pense même que j'avais écrit à votre présidente,
à l'époque, pour lui souligner combien j'avais trouvé le
travail de son négociateur fort professionnel dans le dossier. Cela
m'apparaît donc une excellente formule. À cette époque, je
me rappelle qu'on m'avait parlé des CTA et des SAHT. Comme vous le
souligniez tout à l'heure, des négociateurs faisaient la
promotion de ces organismes.
Je voudrais vous poser une question qui rejoint un peu celle de ma
collègue de Marie-Victorin qui se demandait si le gouvernement faisait
des achats de biens et de services chez vous. J'ai été fort
surpris de votre réponse lorsque j'ai su que vous ne faisiez plus partie
du fichier central des fournisseurs.
Quand je vois qu'il y a 2000 personnes en liste d'attente, quand on
connaît l'importance des achats de biens et services du gouvernement dans
l'économie en général, et quand on sait ce qui se passe au
fédéral, où Postes Canada achète ses boîtes
aux lettres, c'est connu, dans les prisons fédérales, je me
demande comment il se fait qu'on n'ait pas été capable ou qu'on
ne soit pas capable de développer des relations
privilégiées et particulières avec le Service des achats
du gouvernement, ou d'autres organismes du gouvernement, qui pourraient faire
en sorte - je vous avais dit tantôt que ce n'est peut-être pas
nécessaire de créer 40 nouveaux CTA - de consolider ceux qu'on a
actuellement et peut-être permettre à de nouvelles personnes
d'entrer dans ces entreprises ou dans ces centres.
M. Mercure: M. Monette, est-ce que, par exemple...
Personnellement, je ne suis pas au courant des circonstances qui ont fait... Je
pense qu'on a dit tout à l'heure que la principale raison pour laquelle
on est sorti du fichier des achats, c'est parce que les organismes sans but
lucratif en ont été sortis. Est-ce que je comprends que c'est
presque une erreur de parcours? Je me demande s'il n'y aurait pas lieu
d'essayer de corriger cette situation.
M. Monette: La raison pour laquelle les CTA ont été
sortis du fichier central dans nos démarches avec les gens qui s'en
occupent, la réponse qu'on a eue est celle que je vous mentionnais
tantôt, c'est que les CTA ne sont effectivement pas
considérés comme des entreprises. Ils sont
considérés comme des organismes sans but lucratif, donc ils ne
peuvent pas faire partie de ce fichier qui est réservé,
justement, aux entreprises.
M. Leclerc: J'en conviens, mais un peu comme au
fédéral les prisons ne sont pas des entreprises, mais on y
fabrique des bottines pour l'armée, des boîtes aux lettres pour
les Postes. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas avoir des relations
particulières et privilégiées entre les CTA et le
gouvernement.
M. Monette: Dans cette perspective, les débats qui ont eu
cours étaient surtout à l'effet que les CTA devaient être
pris et considérés comme une entreprise ordinaire, à ce
moment-là, de devoir jouer les jeux de la concurrence du marché.
On n'a pas privilégié, à cette époque, d'avoir une
espèce de budget protégé au niveau des achats du
gouvernement en faveur des CTA. Ce qu'on a toujours demandé,
c'était plutôt de les considérer comme n'importe quelle
entreprise et, à ce moment-là, de leur donner une chance
égale de soumissionner d'après les demandes que le gouvernement
peut faire au niveau de ses achats. C'est seulement cela qui est
demandé, la possibilité de soumissionner. (17 h 45)
M. Leclerc: Donc, si je comprends bien, en plus de ne pas avoir
de traitement privilégié ou particulier, vous êtes
même discriminés par rapport aux entreprises qui font partie du
fichier central.
M. Mercure: Disons que la situation actuelle fait justement que
le CTA n'est pas traité au même niveau que l'entreprise
privée. On fournit des réponses ici, alors c'est la situation
actuelle. Je pense que dans la mesure où cette situation pourrait
être corrigée, il pourrait être avantageux pour les CTA de
pouvoir soumissionner dans un certain nombre de situations au même titre
que les autres entreprises.
Le Président (M. Bélanger): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je trouve intéressant ce que le
député de Taschereau a soulevé, parce que j'aurais
terminé ma dernière question à savoir s'il y a une
volonté de l'office de faire des pressions au gouvernement pour qu'on
révise cette politique afin de favoriser justement la possibilité
des CTA de pouvoir participer au fichier, au même titre que les PME et
les autres entreprises.
M. Mercure: La réponse est oui. D'une
certaine façon, la réponse qu'on a donnée tout
è l'heure est une forme de pression.
Mme Vermette: Vous voyez comme on peut bien s'entendre
quelquefois. Il s'agit d'avoir un point de convergence. II y avait aussi
quelques questions quant au plan d'embauche. Vous avez beaucoup parlé de
vos relations en ce qui concerne le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, le MMSR. Où en êtes-vous
rendu dans les échanges avec lui pour favoriser de plus en plus le
développement et le rôle que devrait jouer le SEMO. À un
certain moment, on a dit que les SEMO devaient disparaître.
C'était tendancieux, la place que devraient occuper les SEMO
n'était pas tout à fait sûre. On a dit: Là où
ils seront productifs, ils demeureront; là où ils seront plus ou
moins productifs, ils ne demeureront pas. Est-ce que vous êtes en
pourparler actuellement avec le ministère''
M. Mercure: II y a eu effectivement beaucoup d'échanges de
vues sur l'avenir des SEMO. Même quand il y a eu beaucoup de discussions
à l'effet que certains SEMO devraient disparaître, on faisait une
certaine distinction et on nous disait que les SEMO à l'égard des
personnes handicapées resteraient. La situation actuelle, c'est qu'on
nous dit que les budgets et l'effort gouvernemental du côté des
SEMO ne seront pas réduits. Cependant, il y a certaines régions
actuellement où il n'y a pas de SEMO pour toutes sortes de
circonstances. Il serait peut-être utile que le réseau des SEMO
soit complété. Dans les échanges qu'on a, l'information
est que les SEMO demeurent et que le budget des SEMO n'est pas réduit.
Si le réseau doit être complété, cela doit se faire
dans le cadre de l'effort financier actuel du MMSR. Je ne sais pas si on peut
préciser.
M. Monette: C'est exactement cela. On a effectivement l'assurance
que les SEMO pour les personnes handicapées vont demeurer. Par contre,
effectivement, les budgets ne sont pas diminués, mais la
régionalisation doit se faire à partir des ressources
déjà existantes en ce qui concerne les SEMO.
En ce qui concerne le plan d'embauche, c'est un peu comme je vous le
disais tantôt. Nous avons aussi l'assurance présentement que le
MMSR va utiliser le plan d'embauche au niveau des SEMO, mais dans une
perspective de placement. C'est donc dire qu'il va faire plus du cas individuel
pour pouvoir s'en servir quand il va voir qu'il y a des ouvertures à
l'intérieur de certaines entreprises. Les principaux
intéressés nous ont assurés de voir l'ensemble des
activités nécessaires, non pas simplement pour placer une
personne dans une entreprise, mais pour faire en sorte aussi que cette personne
puisse y demeurer. Leur action va aussi les aider dans la sélection et
le recrutement, les aider dans l'intégration, c'est-à-dire autant
au niveau de l'adaptation du poste que l'adaptation de l'environnement et,
après cela, de son maintien, c'est-à-dire aider aussi l'employeur
en répondant de façon ad hoc à des problèmes,
à des besoins qui peuvent se poser lors de l'intégration de la
personne handicapée au travail. C'est dans cette perspective que le MMSR
va venir aider l'employeur et nous supporter aussi dans l'activité du
plan d'embauche.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez,
à ce stade-ci, je vais faire une intervention. C'est que nous sommes
à dix minutes de l'ajournement des travaux et je voudrais proposer qu'on
organise un peu notre journée de demain. Nous sommes restés
aujourd'hui sur les questions générales. Nous avons, en dernier,
abordé de façon un peu plus approfondie les CTA. N'y aurait-il
pas lieu de se fixer un plan de travail pour demain afin de couvrir tous les
champs qui sont susceptibles de nous intéresser en priorité?
J'attends vos positions là-dessus. M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Effectivement, je suis tout à fait d'accord
avec vous. Vers la fin de la journée, je me suis aperçu que,
tranquillement, on a glissé du général au
spécifique en dépit des souhaits exprimés par la
députée de Marie-Victorin. Comme il ne reste qu'à peu
près six heures demain, ce serait effectivement avantageux de structurer
un peu. Ce que je proposerais, c'est qu'on l'aborde par tranche de programme.
On a entamé déjà les CTA, on pourrait peut-être
continuer pendant une demi-heure, une heure sur les CTA au début, ce qui
nous permettra peut-être de finir les CTA, ou peut-être l'ensemble.
Je pense que le CTA, plan d'embauche et contrat d'intégration au travail
pourraient faire un volet pendant une heure. On pourrait voir comment se
déroulent les travaux. II y aurait, par la suite, les subventions aux
organismes de promotion qui pourraient faire l'objet d'une période de
temps spécifique. Je n'ai pas d'idée comment on peut subdiviser
le temps. II y a évidemment l'aide matérielle qui a
été commencée un peu mais sur laquelle il y aura lieu,
j'imagine, de revenir demain. Je l'ai proposé dans cet ordre en
réservant peut-être deux heures, au minimum, pour l'aide
matérielle.
Mme Vermette: J'aurais peut-être quelques ajouts.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y.
Mme Vermette: J'aimerais qu'on puisse toucher aussi à
l'intégration scolaire, qu'on
puisse aller plus en profondeur sur tout ce volet, ainsi que sur le
volet de la santé mentale ou de la déficience mentale.
M. Sirros: Ce que l'on pourrait peut-être faire, c'est de
se réserver, à la fin de la journée, une heure et demie ou
deux, disons vers 16 heures, pour reprendre un peu tous les autres aspects,
comme l'intégration scolaire, la déficience intellectuelle, etc.,
qui ne sont pas couverts spécifiquement dans les programmes, enfin, de
se réserver deux heures, de 16 heures à 18 heures pour d'autres
conclusions d'ordre général.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Je retiens de
votre proposition l'arrangement suivant... Si tout le monde veut bien suivre
pour être sûr qu'on s'entende bien. D'accord? Alors, la
première heure, demain, serait sur les CTA, plan d'embauche et
intégration au travail. L'heure suivante serait sur les subventions aux
organismes de promotion. Ensuite, nous aurions deux heures sur l'aide
matérielle, et les deux dernières heures seraient gardées
à l'intégration scolaire, déficience mentale, et un peu
ouvertes s'il y a des sujets que, en conclusion, on voudrait ramener. Est-ce
que cela nous convient?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Cela vous convient?
D'accord. On s'en tiendra à ce plan de façon assez rigide en
termes de répartition du temps si on veut couvrir tous les champs qui
nous intéressent.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à demain, 10 heures, dans
la même salle. Je vous remercie.
(Fin de la séance à 17 h 54)