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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission
permanente des affaires sociales se réunit afin de procéder
à l'examen des orientations, des activités et de la gestion de
l'Office des personnes handicapées du Québec. Est-ce qu'il y a
des remplacements, ce matin?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Aucun remplacement de
prévu? Bien. Quant à l'ordre du jour, nous avions convenu, hier,
de respecter dans ses grandes lignes le modèle suivant:
Premièrement, nous aborderions l'intégration au travail, pour
environ une heure; nous pourrions compléter le dossier des centres de
travail adapté, des plans d'embauche et des contrats
d'intégration au travail et de toute autre question afférente
à ce dossier.
En deuxième lieu, nous aurions une heure sur les subventions aux
organismes de promotion et deux heures sont prévues, par la suite, sur
l'aide matérielle. Enfin, en après-midi, nous finirions l'aide
matérielle, l'intégration scolaire, la déficience
intellectuelle et autres sujets pour conclure la commission.
La commission siégera donc de 10 heures à 13 heures et de
15 heures à 18 heures. Ce qui est l'horaire régulier de
l'Assemblée nationale le mercredi.
Avant de commencer, j'aimerais resouhaiter la bienvenue à toute
l'équipe de l'Office des personnes handicapées du Québec
que nous commençons à bien connaître après la
journée d'hier. J'aimerais également souhaiter la bienvenue
à tous les gens, représentants et membres de différentes
associations, qui s'intéressent beaucoup au dossier. Vous êtes les
bienvenus.
Sans plus tarder, nous abordons la question, comme je !e disais si bien,
de l'intégration au travail. Mme la députée de
Marie-Victorin. À tout seigneur, tout honneur, madame.
Office des personnes handicapées du
Québec
Mme Vermette: Je vais reprendre là où on avait
terminé hier soir. Je pense qu'on avait cerné passablement toute
cette problématique des centres de travail adaptés.
On avait constaté que ce n'est pas la situation la plus
privilégiée à l'heure actuelle. Ce qui est le plus
important est réellement l'intégration dans le milieu
régulier et normal du travail. Finalement, si vous jouez votre
rôle d'une façon beaucoup plus pressante auprès des
industries, c'est surtout pour l'intégration de la personne en milieu de
travail régulier avec le support si c'est nécessaire. C'est votre
préoccupation, actuellement, à l'Office des personnes
handicapées du Québec. C'est cela?
M. Mercure (Paul); Oui. Voulez-vous que je fasse des commentaires
sur ce point?
Mme Vermette: Oui.
Intégration au travail
M. Mercure: Je pense effectivement que l'important, c'est
l'intégration des personnes handicapées en milieu régulier
de travail. Je pense qu'il y a beaucoup à faire pour joindre le milieu
scolaire au milieu régulier du travail, c'est-à-dire de faire en
sorte que les programmes soient à l'intention des personnes
handicapées qui terminent leur séjour en milieu scolaire. Je
pense particulièrement à la clientèle ayant une
déficience intellectuelle, les programmes à leur intention, pour
les 18-21 ans, doivent tenir compte de la possibilité qu'ils
intègrent le milieu régulier du travail, non pas seulement des
autres moyens qui sont à leur disposition et qui sont du travail
adapté. De ce côté-là, je pense qu'il y a beaucoup
à faire. Il y a, entre autres, la possibilité que les commissions
scolaires elles-mêmes organisent des stages en milieu de travail pour
leurs étudiants et utilisent à fond l'éducation des
adultes pour développer les capacités de travail des personnes
handicapées. C'est sûr que c'est le courant principal et c'est
sûr que sur cette question... On a donné beaucoup de
renseignements sur les proqrammes spécifiques et ceux-ci fonctionnent
relativement bien. Cependant, sur la question fondamentale de la
présence des personnes handicapées en milieu de travail, il y a
beaucoup à faire et particulièrement à l'égard de
certaines clientèles.
Mme Vermette: Notamment à l'égard des
clientèles, quelle est la présomption
quant à elles? Y a-t-il plus de chances parmi les gens souffrant
de déficience intellectuelle de se trouver un travail que chez les
personnes qui ont un handicap physique? C'est dans quel ordre de grandeur? S'il
y avait, par exemple, une orientation particulière par rapport aux
industries, parce que vous parliez... le handicap physique demande souvent une
adaptation du poste de travail, tandis que la déficience intellectuelle
est plus un enseignement parce que cela pourrait être un travail
répétitif ou un travail à la chaîne, donc, qui
correspond peut-être plus au développement de nos industries,
actuellement, peut-être pas pour le futur; le futur, ce sera autre
chose.
M. Mercure: Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la
question.
Mme Vermette: En fait, je demandais s'il y a un incitatif
d'avantages dans les industries pour leur clientèle pour faire leur
choix parmi des personnes qui ont une déficience intellectuelle
plutôt qu'une déficience physique. Si cela a lieu, y a-t-il un
ordre de grandeur? Avez-vous pu mesurer, finalement, une tendance?
M. Mercure: L'office, évidemment, dans tous ses programmes
est neutre à l'égard des différentes clientèles de
personnes handicapées, c'est-à-dire qu'il cherche à
accorder des services à toutes les clientèles. Cependant, selon
les programmes, on se rend compte que certains sont utilisés davantage
par certaines clientèles. La problématique est difficile à
l'égard de toutes les clientèles en ce qui concerne l'adaptation
au milieu de travail, que ce soient les gens qui ont une déficience
sensorielle, auditive ou visuelle, elles ont des problèmes importants
à s'intégrer au milieu du travail, c'est-à-dire qu'il y a
des problèmes de changement de mentalité, des problèmes
d'adaptation au travail, des problèmes de mentalité du personnel,
des problèmes, quelquefois, de convention collective. Donc, à cet
égard, l'office discute avec les centrales syndicales de façon
que les conditions de travail, même prévues dans les conventions
collectives, puissent tenir compte d'une plus grande place,
éventuellement, faite aux personnes handicapées en milieu de
travail. Tout ce travail est très important. La clientèle,
disons, qui a beaucoup de difficulté, peut-être les deux
clientèles qui ont beaucoup de difficulté sont les
clientèles qu'on peut regrouper sous la déficience mentale,
c'est-à-dire la déficience intellectuelle et la déficience
du psychisme, ce sont deux clientèles qui ont besoin d'un appui
particulier qui peut être parfois assez prolongé.
Mme Vermette: N'y a-t-il pas des statistiques à l'office
qui pourraient démontrer ces tendances, à l'heure actuelle, dans
les plans d'embauche, en ce qui concerne les personnes qui ont
été intégrées dans le milieu régulier du
travail?
M. Mercure: II y a des données quant à
l'utilisation de certains programmes. Je demanderais à M. Monette de
nous faire part de quelques données quant à l'utilisation de
certains programmes, suivant les différentes clientèles.
M. Monette (Guy): Oui. D'ailleurs, ce que je tiens à dire,
c'est qu'autant pour les contrats d'intégration au travail que pour les
centres de travail adapté, les statistiques se ressemblent maintenant.
C'est-à-dire que l'on retrouve, en ce qui concerne la déficience
intellectuelle et celle du psychisme, environ 50 % des travailleurs en CTA.
L'utilisation du contrat d'intéqration au travail est à peu
près du même ordre, c'est-à-dire qu'environ 50 % sont
utilisés pour la déficience intellectuelle et celle du psychisme.
Ensuite, comme autre pourcentage élevé, il y a la
clientèle qui vit avec une déficience de la motricité,
environ 14 %; ensuite, les autres, avec un pourcentage moins
élevé, comme la déficience auditive, environ 2 %;
visuelle, environ 3 % et des autres organes, environ 4 %. Enfin, il y a ceux
qui ont plus d'une déficience, aux CTA, on en retrouve environ 16 %
à 17 %. Ces statistiques sont valables pour les contrats
d'intéqration au travail et les centres de travail adapté. On ne
pourrait pas les généraliser dans l'entreprise ordinaire.
Mme Vermette: D'accord. En fin de compte, il y a deux modes pour
une personne qui souffre d'une déficience, qu'elle soit physique ou
intellectuelle. Elle peut passer par chez vous; vous faites le plan d'embauche.
Il y a les SEMO qui travaillent en collaboration avec vous et il y a des
employeurs qui, carrément, le font de leur propre chef,
indépendamment des mécanismes qui peuvent exister à
l'intérieur même du système.
M. Mercure: Effectivement. En ce qui concerne les plans
d'embauche, c'est, comme on l'a dit, un programme de changement de
mentalité dans les entreprises. Il n'y a pas de données, dans le
plan d'embauche, qui permettent de distinguer l'attitude des employeurs
à l'égard des différentes clientèles. On
sensibilise les employeurs à l'ensemble des clientèles. Il peut y
avoir beaucoup de gens qui disent: Oui, on va s'intéresser à
engager des personnes handicapées. Par contre, peut-être qu'ils
vont avoir tendance, dans ta pratique, à engager les personnes qui ont
le moins besoin de soutien, qui sont des gens dont la déficience est
plus légère.
Mme Vermette: Est-ce qu'actuellement il y a des statistiques qui
démontrent qu'il y aurait plus de déficiences intellectuelles que
de déficiences physiques? Est-ce que cela existe?
M. Mercure: Quant à la population globale, il y a quelques
données qui ne sont pas des données obtenues par recensement.
Dans certains cas, c'est plus précis. Dans le cas de la
déficience intellectuelle, c'est moins précis. M. Monette ou M.
Capistran pourrait peut-être donner une idée de la population
globale. Il faut faire attention parce que, quand on parle de personnes
handicapées, cela ne veut pas nécessairement dire vraiment,
uniquement les personnes handicapées déterminées selon la
définition de l'Office des personnes handicapées. Il y a une
autre définition qui est plus large que celle de l'office dans la
législation du Québec, c'est celle de la Charte des droits et
libertés de la personne. Elle est plus large et elle empêche la
discrimination à l'égard des personnes handicapées. Donc,
c'est difficile de donner des chiffres sans donner des définitions
extrêmement précises. On a quand même quelques
données. Je demanderais à M. Capistran de vous...
M. Capistran (Robert): Selon des études faites par le
ministère de la Santé et des Services sociaux - comme le disait
M. Mercure, il ne faut pas trop les prendre à la lettre - dans la
population du Québec, il y aurait 40 % des personnes handicapées
qui auraient une déficience intellectuelle; 4 %, une déficience
du psychisme; 11 %, une déficience auditive; 10 %, une déficience
visuelle; 20 %, une déficience motrice ou du squelette et 12 % d'autres
genres de déficiences organiques et autres.
M. Mercure: Sur un total qui représente un pourcentage de
la population qui est de quel ordre?
M. Capistran: Sur l'ensemble de...
M. Mercure: Tous ces pourcentages s'appliquent au nombre total de
personnes handicapées, sauf que l'ensemble des personnes
handicapées représente un pourcentage de la population qui est de
l'ordre de 8 %.
Mme Vermette: Selon la charte québécoise, on inclut
les toxicomanes et les alcooliques comme étant des personnes ayant une
déficience aussi. Est-ce que vous vous occupez de cette catégorie
de personnes?
M. Mercure: Oui, M. Semco.
M. Semco (Denis): Actuellement, cette clientèle n'est pas
visée par nos propres définitions. Il y a eu d'ailleurs un long
débat entre la Commission des droits de la personne et nous, au tout
début de l'office, sur les deux définitions. Mais on sait que la
Commission des droits de la personne a une définition beaucoup plus
large de la personne handicapée qui, éventuellement, pourrait
inclure les toxicomanes ou les alcooliques. Au sujet de l'intégration au
travail, lorsqu'on passe par le biais de la définition de la personne
handicapée pour la discrimination, la charte est beaucoup plus
large.
Mme Vermette: Ce n'est pas un volet dont vous tenez compte
présentement. Cela ne fait pas partie de votre prérogative ou, en
tout cas, cela ne fait pas partie de votre mandat à l'heure
actuelle.
M. Mercure: C'est bien cela.
Mme Vermette: Parfait. Tantôt, vous nous disiez qu'il y
avait des portes d'entrée pour acheminer ces gens dans le marché
du travail. II y avait, d'une part, les SEMO, mais il n'y en a pas partout en
région. Que se passe-t-il dans les régions où il n'y a pas
de SEMO? Qui joue le rôle de cette ressource, finalement?
M. Mercure: II y a des régions où il n'y a pas de
SEMO, mais il y a quelques programmes fédéraux qui s'appliquent
encore dans certaines régions. C'est peut-être ce qui a
empêché ou retardé la formation de SEMO. Il y a aussi le
fait que depuis un certain temps, on n'a pas accepté la création
de nouveaux SEMO. M. Guy Monette pourrait donner des renseignements quant aux
régions impliquées et les programmes qui sont actuellement
utilisés, qui compensent partiellement pour l'absence de SEMO.
M. Monette: Les programmes qui compensent, ce sont ce qu'on
appelle les extensions de main-d'oeuvre qui sont à la Commission
d'emploi et d'immigration Canada. Vous avez aussi les centres de
réadaptation qui offrent des possibilités de placement, qui font
les démarches auprès des employeurs et autres et ainsi pallient
le manque du réseau. Comme ici, dans la région de Québec,
il n'y a pas de SEMO. Ce sont les extensions de main-d'oeuvre qui s'occupent du
placement des personnes handicapées, soit à l'intérieur
des CTA ou utilisent d'autres programmes comme contrat d'intégration au
travail ou d'autres programmes du fédéral pour aider les
personnes à s'intégrer dans l'entreprise.
Mme Vermette: Est-ce que vous avez à négocier avec
le fédéral certaines ententes, à ce moment-là, pour
permettre justement...
M. Monette: On n'en négocie pas
comme telles, mais ce qui arrive, c'est qu'il y a possibilité
d'utiliser le contrat d'intégration au travail comme outil pour le
centre de main-d'oeuvre fédéral ou pour les centres de
réadaptation pour permettre d'aider la personne handicapée
à se placer au travail et qu'elle puisse recevoir une subvention. C'est
plus à ce niveau que nous intervenons. C'est dans la possibilité
pour les centres de main-d'oeuvre et les autres organismes qui font du
placement d'utiliser le contrat d'intégration au travail. C'est de cette
façon qu'on entre en contact avec eux.
Les négociations que nous avons entreprises avec le
ministère de la Main-d'Oeuvre, négociations qui étaient
dans le cadre de l'utilisation de plans d'embauche, ont eu aussi comme effet de
faire comprendre l'importance de couvrir l'ensemble des territoires de la
province de services spécialisés pour les personnes
handicapées. Cette problématique est acceptée actuellement
par le ministère de la Main-d'Oeuvre qui nous assure que chaque
région administrative aura des services qu'on appelle des services
extérieurs de main-d'oeuvre, des SEMO. La particularité actuelle,
c'est que toutes les régions ne sont pas nécessairement
couvertes, mais devront être couvertes à partir des budgets
déjà alloués. (10 h 30)
M. Mercure: C'est à eux de voir de quelle façon ils
vont organiser leurs services.
Mme Vermette: Vous me dites qu'on vous assure que,
dorénavant, il risque d'y en avoir. Est-ce qu'il y a un
échéancier? Est-ce que vous vous êtes fait dire par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
qu'il y a une volonté ferme, que c'est arrêté et que pour
desservir les régions on a projeté de mettre sur pied tant de
SEMO dans des régions où vous avez déjà
signalé que c'était important qu'il y ait cette ressource?
M. Monette: Dans les négociations que j'ai eues, il y a eu
certains échéanciers de fixés dans la perspective
d'utiliser le plan d'embauche en ce qui concerne les différents SEMO. En
ce qui concerne la répartition des SEMO dans la province, je n'ai pas
d'échéancier précis.
Mme Vermette: C'est simplement un genre de volonté, mais
il n'y a rien de ferme, il n'y a rien d'arrêté, il n'y a rien
d'écrit, aucun engagement écrit, à savoir qu'on va
procéder et qu'on pourra mettre sur pied des SEMO qui pourront
répondre à cette particularité pour les personnes qui ont
un handicap.
M. Mercure: La question est importante. On suit ce dossier depuis
plusieurs mois. Je pense que pour avoir une réponse plus précise,
on devra s'adresser au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu parce que, selon nous, il y a encore une
attente d'une position précise du ministère à
l'égard des SEMO et de la possibilité de donner des services
équivalents dans les régions qui n'ont pas de SEMO
actuellement.
Mme Vermette: Depuis combien de temps êtes-vous en
négociation avec le MMSR à ce sujet?
M. Mercure: Cela fait quelques mois. Il y a eu aussi des demandes
de SEMO. C'est une question à suivre de près. Il y a une
évolution qui est nécessaire dans ce dossier.
Mme Vermette: Cela va. Je voulais vous demander si les personnes
qui sont là ont une formation spéciale pour une approche
particulière, parce qu'elles doivent entrer en communication ou en
contact avec la personne qui postule un emploi. Donc, est-ce que cela requiert
une approche particulière pour faire l'évaluation de la personne
pour qu'elle ne risque pas d'être désenchantée ou de
postuler des choses pour lesquelles elle ne serait pas apte? Est-ce qu'il y a
une différence entre les gens qui peuvent passer par un SEMO et ceux qui
pourraient passer carrément par un service régulier de la
main-d'oeuvre?
M. Mercure: D'abord les SEMO ne sont pas tous orientés
vers la clientèle des personnes handicapées. Il y a des SEMO qui
s'intéressent à d'autres clientèles. Les SEMO sont un
service relié au réseau du travail, mais c'est quand même,
comme son nom l'indique, un service extérieur de main-d'oeuvre. Donc ce
sont des gens du milieu, souvent des organismes de promotion ou des
représentants des personnes intéressées qui s'impliquent
dans la formation d'un SEMO. Il y a une subvention à cet égard.
Mais tes services professionnels sont obtenus des organismes dont c'est la
fonction de travailler à l'intégration au travail. Les SEMO comme
tels n'emploient pas de personnel professionnel, mais utilisent, dans toute la
mesure du possible, les ressources fédérales et provinciales
d'intégration au travail.
Mme Vermette: Tout ce qui est main-d'oeuvre, dont les centres de
travail, on voulait passer cela uniquement au fédéra! et faire
disparaître l'équivalent provincial, disait-on. Est-ce que cela
veut dire que les SEMO vont disparaître? Est-ce que vous en avez
parlé?
M. Mercure: II y a effectivement eu une intention, qui est encore
là, de
centraliser les services précis d'intégration au travail
au niveau fédéral et, à ce moment-là, les gens de
Travail-Québec s'intéresseraient davantage au
développement de l'employabilité. M. Monette pourrait
sûrement donner des renseignements plus précis sur cette
question.
M. Monette: Les centres Travail-Québec sont effectivement
orientés sur le développement de ce que l'on appelle
l'employabilité, la capacité d'emploi de la personne
handicapée ou autre, et surtout de la clientèle
bénéficiaire de l'aide sociale. Mais il y a une exception qui se
situe au niveau des services extérieurs de main-d'oeuvre pour personnes
handicapées où effectivement elles vont continuer à faire
des activités de placement pour les personnes.
Alors, oui, la vocation des centres Travail-Québec s'est
modifiée. Par contre, il y a une exception pour les personnes
handicapées où des activités de placement pourront se
poursuivre.
Mme Vermette: En fait, j'avais seulement une
préoccupation, à savoir que tantôt on me dit: Non, on n'a
pas vraiment besoin de formation particulière. Je sais, pour avoir vu
dans certains cas des personnes qui sortaient de foyer de transition ou qui
étaient référées à un SEMO pour que l'on
puisse leur trouver un emploi, que souvent on me disait: Une chance que la
personne qui reçoit cette personne a des notions de psychologie un peu
plus développées et appliquées, parce que, finalement,
quelqu'un qui n'a pas cette sensibilité à la problématique
risque d'arriver vers des échecs beaucoup plus qu'autre chose. Souvent,
c'est pour cela que les SEMO n'ont pas la ressource financière
nécessaire pour faire le travail qu'ils doivent faire, mais quand ils
font bien le travail qu'on leur donne l'occasion de faire,
généralement les gens restent à leur emploi ou trouvent
facilement de l'emploi.
M. Mercure: Effectivement, c'est la présence des SEMO qui
sont, encore une fois, une structure extérieure. L'office s'est
posé souvent la question: Est-ce normalisant que cette
approche-là d'utiliser un groupe dont c'est la fonction principale de
s'intéresser à la clientèle des personnes
handicapées? Mais on a finalement pensé que c'était utile,
oui, pour une période de rattrapage et pour s'assurer que dans tous les
milieux de la province - c'est pour cela que les SEMO ont été
établis - il y avait des personnes qui s'intéressaient
particulièrement à la problématique et à
l'intégration au travail des personnes handicapées.
De plus, idéalement ce serait que l'on puisse introduire du
personnel professionnel qui aurait suffisamment de connaissances de la
clientèle des personnes handicapées et qui pourrait fonctionner
à l'intérieur des services fédéraux et provinciaux,
mais on a encore du chemin à faire avant d'en arriver là.
Mme Vermette: Est-ce que cela veut dire qu'actuellement les CIT,
contrats d'intégration au travail, ont toujours demandé, parce
qu'ils travaillent tous ensemble et qu'il y a un manque d'argent, un manque de
financement... est-ce toujours encore ce qui est valable à l'heure
actuelle? Et pour être plus opérationnel, est-ce qu'il leur
faudrait des sommes d'argent additionnelles?
M. Mercure: Les contrats d'intégration au travail, les
CIT, sont un programme de l'OPHQ qui a des ressources limitées. Cela
fait plusieurs années que les ressources sont déterminées
et que l'on peut, à partir de ces ressources-là, aider un certain
nombre de personnes à entrer sur le milieu du travail.
Il y a peut-être une autre voie qui actuellement est
explorée intensivement, c'est la participation du Québec à
la loi fédérale qui s'appelle la Loi de réadaptation
professionnelle des invalides. On l'appelle maintenant couramment la LRPI.
Cette loi est en vigueur depuis 20 ans au Canada et toutes les provinces ont
retiré des sommes très substantielles, dans les 100 000 000 $, au
cours des années. Actuellement, le Québec travaille
sérieusement afin de ratifier une entente. On espère que certains
programmes de l'office, des CIT, et une partie du travail dans le cadre des CTA
pourraient éventuellement faire partie des subventions et
peut-être obtenir des ressources additionnelles. Cette question est assez
connue dans certains milieux, mais je pense que jusqu'à maintenant,
l'entente n'est pas complétée. Je ne sais pas si M. Sirros peut
donner des précisions additionnelles.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, puisqu'on vous invite.
Centres de travail adapté (suite)
M. Sirros: Disons, M. le Président, qu'on reste
très optimiste. Le Québec pourrait retirer sa part des sommes qui
sont au fédéral; ces sommes pourraient revenir au Québec
pour financer plusieurs activités qui mènent à une
intégration sur le marché du travail des personnes
handicapées. Je pense que d'ici peu on pourra avoir d'heureuses
nouvelles. C'est effectivement, comme disait M. Mercure, quelque chose qu'on a
repris il y a quelques mois pour s'assurer de pouvoir bénéficier,
comme les autres provinces, des sommes qui sont là, qui pourraient
faciliter beaucoup de choses quant à l'intégration sur le
marché du travail des personnes handicapées. Est-ce que je
pourrais
continuer?
J'aimerais, M. le Président, concernant les CTA, revenir sur un
point qui a été abordé hier quand on disait qu'il y a 39
CTA et on ne prévoyait pas faire beaucoup de choses pour
privilégier davantage l'implantation de CTA dans la province, à
moins que je me sois trompé. J'avais l'impression que la formule du CTA
était valable, mais pas plus que cela. Je partais du point de vue qu'il
n'y a rien de plus valable, quand on parle d'intégration des personnes
handicapées dans la vie normale, dans la société, que de
pouvoir intégrer les personnes au marché du travail et que toutes
les formules sont bonnes, que ce soient les SAHT, les plateaux de travail, les
CTA, les contrats d'intégration au travail, les plans d'embauche.
Dans ce sens, je sais qu'auparavant le milieu des CTA a eu quelques
difficultés qui ont été réglées, que la
plupart se trouvent sur des bases solides, qu'il y a même des
démarches qui sont faites par l'entremise de l'Association
québécoise des entreprises adaptées pour constituer un
genre de fonds de démarrage de CTA en utilisant peut-être le
surplus de CTA qui génèrent des surplus. On est allé
chercher des contributions dans différents milieux. Je sais très
bien que c'est un projet très cher à une personne qui milite
depuis longtemps dans le milieu des CTA.
Aussi, un CTA ne se crée pas nécessairement avec le
même cheminement que l'entreprise privée, mais cela prend
probablement une certaine volonté d'implication sociale de
différentes personnes et de différents milieux. Je me demandais
si l'OPHQ envisageait d'accentuer un peu le rôle de promotion qu'il
pourrait jouer pour faire ressortir cette implication sociale de la part de
différents milieux dans les milieux, d'agir en quelque sorte un peu
comme catalyseur auprès de certains milieux qui pourraient assumer la
mise sur pied de CTA qui emploient, à l'heure actuelle, près de
1400 personnes. Ces dernières ont un emploi stable et participent, en
tant que travailleurs, à une entreprise.
Si on part du principe que toutes les formules sont bonnes, je ne vois
pas pourquoi on dirait que les CTA c'est valable, mais... D'abord, est-ce que
je vous ai bien interprété, hier, et est-ce que vous envisagez un
peu d'accentuer le rôle d'implication communautaire ou... Je pense que
vous me comprenez.
M. Mercure: II est vrai de dire que toutes les formules sont
bonnes et tous les efforts sont bons, sauf que l'office doit aussi jouer un
rôle de leadership en développant ou en encourageant
particulièrement les moyens qui sont plus normalisants et qui sont le
plus conformes possible à la vision à moyen et à long
terme.
(10 h 45)
Les CTA ont nécessairement un travail et une place très
importante. Je voudrais simplement donner un exemple de la différence
entre un CTA et un SAHT au point de vue du coût de la part de
l'État. Le CTA est une entreprise où la production entre beaucoup
en ligne de compte pour le financement partiel. La subvention de l'office est
basée approximativement, bien qu'il y ait de petites différences,
sur le salaire de la personne. Sauf que les gens ont un salaire qui est au
moins le salaire minimum et, dans plusieurs cas, plus que le salaire minimum
à cause, en particulier, des décrets dans certains secteurs. Mais
la personne a un travail valorisant et un vrai salaire. Tandis que dans les
SAHT, la personne reçoit l'aide sociale. Elle reçoit une
allocation relativement peu élevée pour aider à ses
dépenses de repas du midi ou de transport. Cette allocation est de 22,60
$. Donc, si on pouvait faire en sorte qu'une partie de la clientèle qui
est présentement dans les SAHT entre dans de nouveaux CTA ou dans les
CTA actuels, ce serait très valorisant pour les personnes et ce serait
une économie sur le plan budgétaire. Parce que, lorsqu'on
additionne les coûts du budget du ministère de la Santé et
des Services sociaux, per capita, dans les SAHT, à l'aide sociale et
à l'allocation hebdomaire, on arrive pratiquement au double du
coût d'une place en CTA. Mais il faut faire attention, parce que ce n'est
pas la même clientèle. C'est une clientèle plus
profondément handicapée. Mais dans la mesure où une partie
de la clientèle des SAHT est relativement stable et, du point de vue de
plusieurs, dans certains cas, est trop stable, il devrait y avoir une
évolution vers un milieu de travail plus autonome. Ce serait vraiment
intéressant qu'une partie de la clientèle des SAHT aille en CTA
à plusieurs égards. Je pense aussi qu'il faut que les deux
ressources travaillent à l'intégration au milieu du travail.
Quant à la fondation de nouveaux SAHT, il a été
question de l'effort et d'un fonds dont l'association des CTA fait la
promotion. Peut-être que M. Monette pourrait donner des explications plus
précises sur ce point particulier?
M. Monette: Quant aux CTA, il y a effectivement l'Association
québécoise des entreprises adaptées qui travaille à
réunir des CTA pour faire la promotion de ce type d'activité. Ce
qu'il est important de bien distinquer, c'est le moment où une personne
quitte un réseau d'apprentissage, où elle apprend à faire
quelque chose, et le moment où elle s'intègre au marché
régulier du travail. La ligne de démarcation se situe,
pratiquement parlant, entre le SAHT et le CTA. C'est-à-dire que le
service d'apprentissage aux habitudes de travail est,
lui, un service dont le mandat est d'apprendre aux personnes des choses
aussi simples que de se lever tous les matins pour aller travailler, être
capables d'une certaine attention pendant un certain nombre d'heures par jour
pour avoir une certaine production, être capables de supporter le stress
au travail. Ce sont des habitudes de ce type que l'on apprend à
l'intérieur des SAHT, ce qu'on appelle le service d'apprentissage aux
habitudes de travail. Ce réseau fait partie du ministère des
Affaires sociales.
Nous, en tant que CTA, c'est comme si on venait de sauter la
clôture et on se retrouve dans le marché du travail. Autrement
dit, une personne, pour pouvoir travailler en CTA, doit avoir au minimum cet
ensemble d'habitudes qui ont été apprises en SAHT. Cela prend au
moins ce minimum pour que l'employé soit acceptable. C'est donc dire
qu'on s'attend qu'il y ait un résidu de production suffisant pour
permettre à cette entreprise de s'autofinancer, compte tenu de l'aide du
programme CTA.
Je voudrais vous faire remarquer aussi que, depuis les dernières
années, cette aide gouvernementale n'a cessé de
décroître au niveau des revenus nécessaires pour le
fonctionnement du CTA. C'est-à-dire que, au départ, vers 1982, la
part des revenus provenant du gouvernement était d'environ 54 %.
L'année passée, elle était d'environ 40 %. Cette
année, elle risque d'être d'environ 37 % à 35 %. C'est donc
dire que les CTA deviennent de plus en plus capables de se suffire dans leurs
démarches de développement. Qu'on fasse bien cette distinction
entre les deux.
Ensuite, l'objectif le plus important demeure de faire en sorte que la
personne puisse s'intégrer au marché régulier du travail,
qu'elle puisse avoir un job comme tout le monde. C'est donc dire que l'on vise
d'abord et avant tout à favoriser l'entreprise régulière
ou ordinaire. Ce que l'on vise aussi, c'est de doter le marché du
travail d'entreprises adaptées qui vont permettre de développer
les aspects ergonomiques du travail, ce qui permettrait de connaître la
façon par laquelle on réussit à adapter des postes et un
environnement. Cette connaissance serait exportable dans l'entreprise ordinaire
où l'on pourrait voir se développer des postes adaptés.
L'AQEA, par le fonds dont on parlait tantôt, a comme visée aussi
de développer ces différentes connaissances.
Quand on parlait de la valeur du programme du CTA, pour moi il n'y a pas
de doute, je suis très subjectif en disant qu'il a sa place. Il a une
place extrêmement importante dans tout le développement de la
connaissance de l'ergonomie, de l'intégration de la personne
handicapée. Je pense que le CTA, sur ce plan, a sa place. Il faut aussi
voir le CTA comme un organisme de dernier recours c'est-à-dire
après avoir tenté par tous les moyens une intégration dans
l'entreprise ordinaire. C'est donc dire que la quantité de CTA devrait
être, à notre avis, non pas la solution à préconiser
pour permettre aux gens de sortir des SAHT et de s'en aller sur le
marché du travail, mais la solution pour que les gens puissent
s'intégrer au marché du travail quand leur potentiel est
résiduel sur le plan de la production, c'est-à-dire qu'ils ont
une production, mais qu'elle n'est pas aussi forte que celle que l'on retrouve
dans l'entreprise ordinaire. Que l'on dise qu'il serait important de
développer des CTA, il n'y a pas de doute, dans ma tête; ce serait
important d'en développer davantage. Avant cela, je pense que l'on doit
porter notre réflexion sur toutes les mesures et toutes les formules et
les moyens qui pourraient être mis de l'avant pour l'intégration
dans l'entreprise ordinaire.
Ce que je pense, c'est qu'il pourrait y avoir un développement du
côté des CTA, mais je ne pense pas qu'il doive se faire de
façon rapide. C'est une réflexion à long terme. C'est un
développement qui doit se faire lentement. C'est-à-dire que si,
par exemple, on réussissait à créditer environ deux, trois
CTA par année, pendant un certain temps, je pense que ce serait un
maximum à atteindre, compte tenu - je dirais - de sa
précarité au point de départ. Il doit jouer des
mêmes cordes que l'entreprise ordinaire. On sait très bien
qu'après cinq ans, il reste une PME sur dix. Si l'on ne veut pas voir
les CTA avoir la même problématique, il faut s'assurer au point de
départ que, lorsque l'on accrédite un CTA, il y a une certaine
rentabilité de démontrée, toujours à partir des
critères valables pour un tel programme. Quand on parle de
développer, ce que je préconiserais de ce côté, ce
serait plutôt ce que j'appelle dans ma fantaisie des subventions à
risque, c'est-à-dire de permettre, à un moment donné, dans
un milieu donné, à un organisme issu du milieu et des gens du
milieu, de s'essayer pendant trois ans ou cinq ans à mettre sur pied un
CTA ou une entreprise adaptée. Au bout de ce temps, ou bien elle
pourrait fonctionner de ses propres ailes, ne plus avoir besoin de subvention;
à ce moment-là, elle répondrait à un type de
clientèle handicapée assez bien déterminé; ou bien,
effectivement, on pourrait l'accréditer comme CTA et elle
répondrait à un bassin de population handicapée assez
déterminé qui a une productivité autour de 25 % à
40 % de ce que l'on observe dans l'entreprise ordinaire.
Je tiens aussi à souligner qu'il va demeurer un effort à
faire compte tenu d'une clientèle actuellement prise à
l'intérieur des SAHT, qui ne répond pas nécessairement
à la problématique et aux critères que l'on a
développés à l'intérieur
des CTA, des centres de travail adapté, parce qu'ils doivent
être rentables, jouer le même rôle et le même jeu
qu'une entreprise ordinaire et favoriser la normalisation au maximum par
l'idée d'avoir une majorité de travailleurs formée de
personnes handicapées et non pas d'avoir uniquement des travailleurs
handicapés. C'est cela, l'idée du CTA, du centre de travail
adapté.
Entre Ies deux, il y aura probablement des idées comme celle des
centres de jour à développer, où il y aura une certaine
production et certaines habitudes d'amenées. Ils auront une
clientèle qui ne correspondra pas nécessairement à celle
que l'on retrouve dans les CTA. Si l'on regarde le tableau en
général, c'est dans ce sens que l'on dit: Le CTA a
drôlement sa place dans la province. Plus que cela, c'est à peu
près l'organisme, actuellement, qui est le plus avancé dans la
réflexion de programmes qui sont axés dans l'intégration
et non pas qui vise l'intégration comme la plupart des autres programmes
qu'on a pu connaître au Québec et dans les autres provinces. En ce
sens, on a un atout extrêmement important de développement et de
connaissances qui vont être exportables aussi dans l'entreprise ordinaire
pour l'aider dans l'adaptation de postes et aider, au bout du compte, une
meilleure intégration des personnes handicapées à
l'entreprise ordinaire. C'est dans ce sens que je le trouve important.
M. Sirros: J'ai le goût de dire, tout d'abord, que j'aime
beaucoup vos fantaisies dans le sens que je partage cette vision de pouvoir
inciter des démarches à risque, en quelque sorte, parce
qu'effectivement je trouve la formule très intéressante sous
plusieurs aspects.
Premièrement, l'aspect de l'autosuf-fisance. C'est effectivement
vrai que les fonds investis par les gouvernements ont connu une
décroissance mais, par contre, le niveau d'emploi est resté en
croissance. Donc, cela veut dire qu'on peut faire plus avec ce qu'on a, par
cette formule.
Deuxièmement, l'aspect de l'ergonomie et la connaissance
nécessaire à l'adaptation des postes de travail. Cela est
évident dans les CTA. Je me dis qu'il n'y a rien qui empêche non
plus qu'on puisse faire l'inverse, c'est-à-dire là où on
incite l'entreprise privée - entre guillemets - "normale" d'adapter ses
postes de travail et d'engager des personnes handicapées, une entreprise
adaptée pourrait élargir aussi sa clientèle de
travailleurs vers des personnes non handicapées. Il n'y a rien qui,
nécessairement, lie la clientèle des CTA à la
clientèle des SAHT. C'est un continuum. II y a certainement une
continuité qui peut se faire entre la clientèle des SAHT et celle
des CTA, mais ce n'est pas nécessairement le seul bassin de
clientèle des CTA. Donc, dans ce sens - et c'est pour cela que je me
posais la question, hier, en vous écoutant parler - j'aimerais voir un
peu plus d'intérêt de la part de l'OPHQ à l'incitation de
cette formule ou d'autres formules, mais les choses qui sont, comme vous le
dites, centrées dans l'intégration ne visent pas
nécessairement l'intégration... On sait bien que la grande
majorité des personnes handicapées, un des grands
problèmes qu'elle vit, c'est qu'elle n'a pas suffisamment de revenus,
étant donné qu'elle est exclue du marché du travail sans
pour autant qu'on puisse dire qu'elle n'est pas capable de travailler ou
qu'elle doive passer par les SAHT pour avoir les services d'apprentissage ou
les outils de travail.
Donc, je me dis qu'il y a là un endroit où on peut
envisager un certain développement si on utilise une approche de
promotion, une approche de sensibilisation du milieu, d'incitation de
différents milieux à prendre en main l'implantation de ce type de
ressources. Je me dis que si l'AQEA fait la promotion d'un fonds de
démarrage, si on pouvait coordonner un peu plus les efforts dans ce
sens, on aurait peut-être des avantages que l'on pourrait tirer de cette
expérience. Les CTA, pour moi, constituent un secteur très
dynamique et très intéressant pour ce qu'ils offrent en termes
d'intégration réelle, et non pas simplement un processus vers
l'intégration. Ce sont vraiment des personnes qui travaillent dans une
entreprise qui produit des biens et des services et qui participent, comme tous
les autres travailleurs, aux entreprises. Le fait que ce soient en
majorité des personnes handicapées qui travaillent ne veut pas
dire que cela doit, d'une part, toujours demeurer comme cela. Il n'y a rien qui
empêcherait les CTA d'engager plus de personnes nécessaires
à la production et aux services sans qu'elles ne soient
nécessairement handicapées et qui pourraient, en même
temps, augmenter aussi sa population de travailleurs handicapés. Je
voulais simplement faire passer le message que j'aimerais voir, en quelque
sorte, un intérêt plus soutenu de l'office quant au
développement des centres de travail adapté et une exploration
plus approfondie, peut-être, de ce fonds de démarrage des CTA. (11
heures)
M. Mercure: Effectivement, c'est très intéressant.
Je pense que la question de la promotion du nombre de places en CTA et du
nombre de CTA est une des dimensions. Par contre, l'office doit constamment
faire évoluer même ses règles concernant
l'accréditation des CTA et accepter d'étudier constamment, avec
l'association provinciale et avec chacun des CTA, le règlement de
certains problèmes particuliers, parfois, qui sont d'ordre financier
avec les CTA. Je pense que dans la création de nouveaux CTA, il faut
tenir compte aussi du budget disponible à l'office. On pourrait
facilement
accepter d'augmenter à court terme le nombre de places en CTA de
1500 à 2000 sans devoir réduire considérablement le mode
de financement des CTA existants. Alors, tout cela ensemble veut dire une
évolution relativement lente, mais on fonde beaucoup d'espoir dans
l'évolution des CTA parce que l'association provinciale d'ailleurs
désire que les CTA ne soient pas uniquement un endroit où des
gens travaillent; il y a beaucoup de CTA qui sont impliqués, par
exemple, dans l'entretien des édifices, donc, les gens ne travaillent
pas dans le CTA, mais travaillent à l'extérieur, à
l'entretien d'édifices.
Il y a aussi des CTA qui s'intéressent à des plateaux de
travail, c'est-à-dire, à des groupes de personnes qui sont
employés du CTA mais qui travaillent ailleurs que dans le principal
centre. Toutes ces démarches en même temps que
l'établissement de nouveaux CTA. On est d'accord aussi pour que ce mode
de travail adapté joue un rôle absolument nécessaire et un
rôle qui pourrait être développé davantage.
Le Président (M. Bélanger): Nous avions convenu
d'une heure sur le sujet, il nous resterait, donc, dix minutes, alors, si on
pouvait aller avec des questions de conclusion, s'il vous plaît.
Mme Vermette: C'était vraiment pour ramasser un peu tout
ce qu'on avait dit depuis hier à aujourd'hui. En fin de compte, je
partage ce que vous venez de dire en terminant: Oui, il faut aller de l'avant,
peut-être, avec les CTA. Sauf que, hier, j'avais compris que vous
aviez... depuis le début, on s'était maintenu à peu
près dans une trentaine et on est rendu à 38 depuis nombre
d'années, du moins depuis 1984. En tout cas, si je retourne au
Journal des débats de 1984, il y en avait deux en voie de
réalisation et on m'a dit qu'ils ont été
réalisés depuis, ce qui monte le niveau à 38. Cela a
toujours été maintenu, parce que c'était un voeu de l'OPHQ
de maintenir pas beaucoup plus, parce que ce n'était pas la fonction
première. C'était plutôt une période de transition,
mais là où vous vouliez mettre l'impact, c'était surtout
sur l'incitation au niveau des industries, finalement, à avoir une
ouverture davantage à l'intégration des personnes
handicapées. C'est ce que j'avais compris, en tout cas, hier.
Maintenant, les besoins s'en vont croissant probablement chez les
personnes handicapées, on disait que les SAHT comptaient des gens qui
étaient beaucoup plus une profondeur au niveau d'un handicap et que ce
n'était pas nécessairement en ligne directe de l'un à
l'autre, et il y avait une transition qui se faisait dès que les
habitudes de travail avaient été développées, mais
que, finalement, c'était surtout pour répondre a un besoin de
productivité chez des personnes qui sont capables de se produire dans un
travail.
Alors, je me dis que tout cela est important et démontre que cela
ne peut pas se faire d'une façon exclusive à un ministère,
tout cela va se faire avec l'échange de plusieurs ministères et
notamment au niveau du ministère du Travail. Parce que s'il y a un
ministère qui doit avoir un incitatif aussi au niveau du plan d'embauche
et au niveau de changement de mentalité, au niveau des habitudes de
travail, le ministère du Travail devrait voir à ce qu'il y ait,
dans le domaine des entreprises, des incitatifs, à une telle pratique
d'embaucher de plus en plus.
Hier, on parlait des plans d'embauche -il y a à peu près
10 000 entreprises qui ont 50 employés et plus au Québec - on
disait qu'on est rendu à 3000 entreprises qui ont des plans
d'embauche.
M. Mercure: On a dit 8700, je crois.
Mme Vermette: 8700 établissements. Oui, alors, on parlait
de l'adaptation des postes de travail, c'est un domaine que je connais pour y
avoir enseigné. À l'époque, il n'y avait qu'un
spécialiste en ergonomie dans tout le Québec, j'espère
qu'il faudra aller davantage dans ce sens-là aussi et développer
des compétences qui pourraient répondre réellement
à ces besoins-là, aux postes adaptés de travail. Je pense
que cela ne peut pas se faire comme cela du jour au lendemain. Il y a une
concertation à faire de beaucoup de gens qui doivent être
réellement impliqués dans les milieux, que ce soit le milieu de
travail comme tel au niveau de l'industrie, du commerce aussi, parce que je
pense que les PME ont une part importante, il y a tout le côté
santé, prévention, poste de travail, habitude de travail et le
domaine scolaire.
Pour ces raisons, quand on disait qu'il serait peut-être
intéressant d'avoir des séances de travail une fois la commission
terminée, je pense qu'il faudrait aller beaucoup plus loin, beaucoup
plus en profondeur parce que tout ce qu'on a vu ici depuis hier, c'est
très superficiel, il faut aller beaucoup plus en profondeur. Il y a des
choses beaucoup plus profondes qui sont importantes parce que c'est une action
sociale que l'intégration des personnes handicapées, cela touche
tous les volets de la vie quotidienne, du devenir des individus dans les
activités économiques, culturelles, sociales,
récréatives et du travail.
Je pense que c'est drôlement important. On a toujours dit que le
travail est une des formes les plus importantes et je pense qu'il faut
contribuer davantage à l'intégration de la personne
handicapée et se soucier constamment concernant tous ces niveaux, en
particulier le travail.
M. Mercure: Ce que vous avez dit concernant le travail, je pense
qu'on dit souvent, et on réalise cela, qu'une des principales dimensions
qui rend une personne adulte, autonome, c'est bien le travail de sorte que
c'est un secteur très important.
Vous avez mentionné aussi l'absence ou le nombre réduit de
professionnels dans certaines disciplines. Je pense que c'est une question sur
laquelle on a attiré l'attention, d'une façon très
précise, au cours de la dernière année, du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, sur la
nécessité d'avoir des programmes en milieu collégial et en
milieu universitaire qui sont nécessaires à l'égard de ces
disciplines. Je pense que c'est très important.
Maintenant, relativement aux CTA, je voudrais juste dire un dernier mot.
La période qu'on dit entre 1984 et 1987, le fait d'avoir conservé
substantiellement le même nombre d'entreprises, les petites et moyennes
entreprises, et le même nombre de postes, cela s'est fait dans le cadre
d'une crise économique, c'est quelque chose d'important. Je pense que si
tous les secteurs de l'activité québécoise avaient
réussi ce phénomène, la crise aurait été
moins importante. Cela s'est fait dans la période où
c'était très difficile pour les entreprises de se maintenir.
Le Président (M. Bélanger): M. le Président,
nous avons en principe épuisé le temps qui était mis
à la disposition de ce secteur, l'intégration au travail.
Peut-être, en conclusion, auriez-vous des remarques ou des commentaires
supplémentaires è ajouter en ce qui concerne l'intégration
au travail, les centres de travail adapté, les plans d'embauche, les
contrats d'intégration au travail, etc.? Est-ce qu'il y a un dernier
commentaire que vous souhaiteriez émettre à la commission avant
de passer à un autre sujet?
M. Mercure: Je voulais peut-être ajouter quelque chose. Le
travail de l'office est un travail aussi de changement des mentalités.
Le changement des mentalités, il faut qu'il se fasse auprès des
employeurs. Je pense que le plan d'embauche nous aide beaucoup de ce
côté, mais il faut qu'il se fasse aussi auprès des
employés et des associations d'employés.
L'office - cela n'a pas été mentionné ici - est en
contact constant avec les différentes centrales syndicales pour les
sensibiliser à la présence de plus en plus grande des personnes
handicapées en milieu de travail. Je tiens à souligner, la
coïncidence est circonstantielle, que vendredi de cette semaine un nombre
très important de personnes du milieu de la FTQ sont en réunion
toute la journée sur le thème de l'intégration des
personnes handicapées en milieu de travail.
L'office évidemment est impliqué sur tous les plans dans
l'organisation de cette journée. Je ne sais pas si M. Monette peut dire
un mot très rapide pour donner la dimension de cette journée qui
a lieu vendredi de cette semaine.
M. Monette: Cette journée est une journée de
sensibilisation que la FTQ avait promis à l'office lors de la
conférence À part égale! Elle touchera l'ensemble des
programmes de l'OPHQ et aussi des autres mesures qui aident à
l'intégration et à la réintégration au travail des
personnes handicapées.
Il sera alors aussi question de l'ensemble des différentes
mesures à voir et à réévaluer qui permettront aux
personnes handicapées de mieux s'intégrer à
l'intérieur de l'entreprise, autrement dit de percevoir d'abord et avant
tout la personne handicapée comme un travailleur potentiel ou une
travailleuse potentielle qui peut offrir des services de qualité
à une entreprise et aussi s'intégrer dans tout le mouvement de la
vie associative.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. Monette.
M. Monette: On s'attend que 300 personnes participent à ce
colloque.
Le Président (M. Bélanger): Excellent. Cela nous
amènerait au point suivant prévu à l'ordre du jours les
subventions aux organismes de promotion. Nous avions attribué une heure
à ce secteur. M. le député de Taschereau.
Subventions aux organismes de promotion
M. Leclerc:Ma première question sera très
générale. Brièvement, quels sont les critères sur
lesquels vous vous basez pour octroyer ces subventions? Deuxièmement,
pour bien situer la discussion, j'aimerais savoir si les chiffres qui nous ont
été soumis sont exacts. Nous avons la liste des organismes de
promotion qui ont été subventionnés de 1980-1981
jusqu'à 1985-1986. J'ai observé une augmentation tout à
fait difficile à expliquer, à mon avis, pour 1984-1985 et une
diminution pour revenir presque au niveau de 1983-1984.
Mes deux questions. D'abord, quels sont rapidement les critères
et, deuxièmement, est-ce que les chiffres que ta commission nous a
transmis sont exacts?
M. Mercure: En ce qui concerne les critères, l'office a
déposé un document dont on a lu quelques lignes hier, le
programme de subventions, qui est révisé chaque année
et qui explique assez bien quels sont les organismes que l'on
subventionne. On en subventionne à trois niveaux. On subventionne des
organismes locaux, soit de véritables associations de personnes
handicapées; de bénévoles ou de parents de personnes
handicapées qui s'intéressent localement à la promotion
des droits et à l'obtention de services et, peut-être, dans
beaucoup de cas aussi, à certains services d'aide aux personnes
handicapées.
Ce sont les organismes de promotion de base. II y a aussi des organismes
provinciaux, d'envergure provinciale, que l'on appelle organismes nationaux
dans la politique de subvention. Tous ces organismes s'intéressent
à une déficience particulière.
II y a aussi des regroupements d'organismes de base dans les
différentes régions. Selon les critères utilisés
par l'office, ces regroupements doivent être essentiellement des
regroupements qui accordent des services aux organismes de base. Il ne s'agit
pas alors d'empêcher ou de prendre les dossiers au niveau
régional, mais plutôt d'aider les organismes de base à bien
travailler leur dossier et à faire efficacement le travail de promotion
qui est leur responsabilité.
Il y a trois niveaux. Il y a tout un processus qui a été
bien rodé au cours des années, des formules utilisées et
les objectifs du programme qui, dans un premier temps, pendant un certain
nombre d'années, visaient à s'assurer qu'il y ait des organismes
de base, dans toutes les régions, en nombre suffisant pour que les
personnes handicapées puissent s'intéresser ensemble à
leurs propres intérêts. Dans un deuxième temps, depuis deux
ou trois ans, la politique a été modifiée. Elle est
modifiée chaque année, mais une orientation nouvelle a
été accordée à cette politique, une orientation de
concertation. (11 h 15)
Au cours des trois dernières années, on a insisté
pour que les organismes de base se concertent sur le plan régional et
sur le plan provincial. Ce sont, en gros, les objectifs généraux.
Je vais demander à M. Monette, qui est aussi responsable de ce secteur,
d'expliquer davantage les critères.
M. Leclerc: Au niveau des critères, on peut vous dire que
ça va. J'aimerais maintenant qu'on me confirme si les chiffres que j'ai
concernant le nombre d'organismes subventionnés pour 1984-1985 sont
vrais.
M. Mercure: Vous voulez que l'on donne des explications sur les
chiffres. M. Monette...
M. Monette: Vous les avez extraits du rapport annuel
1985-1986?
M. Leclerc: Ecoutez, c'est la bibliothèque de
l'Assemblée nationale qui a préparé les documents. Je ne
peux pas vous dire où cela a été pris. Ce que j'ai, pour
1983-1984, ce sont 210 organismes subventionnés. Pour 1984-1985, cela
monte à 346 et, pour 1985-1986, cela baisse à 240. Comme il y
avait eu une certaine constance à la hausse depuis 1980-1981, j'essaie
de voir pourquoi il y a eu un "peak" - excusez l'anglicisme - et ensuite une
descente en 1985-1986.
M. Mercure: Le dernier chiffre est sûrement incorrect.
M. Monette: Le chiffre de 346 est incorrect. On n'a jamais eu un
nombre aussi élevé...
M. Mercure: L'avant-dernier chiffre... M. Monette: On n'a
eu...
M. Mercure: Alors, qu'on donne les chiffres des dernières
années en ce qui concerne les organismes subventionnés. On va
retrouver les chiffres exacts du nombre d'organismes subventionnés au
cours des dernières années.
M. Monette: Selon le rapport annuel, en 1984-1985, vous aviez 249
organismes subventionnés. En 1985-1986, vous en aviez 240. En 1983-1984,
le nombre de 210 m'apparaît exact.
M. Leclerc: Alors, il y aurait seulement les chiffres de
1984-1985 qui ne seraient pas bons?
M. Monette: En ce qui concerne le chiffre de 346, j'ai
l'impression qu'il y a peut-être une erreur de frappe.
M. Leclerc: D'accord, cela répond à ma question,
parce que c'était un peu difficile à expliquer. Je vous
remercie.
Vous nous avez parlé des critères. Vous nous avez dit que
ces critères avaient fait leurs preuves au cours des années.
Evidemment, vous n'êtes pas sans savoir que certains groupes ne sont pas
d'accord avec vos critères. Personnellement, j'en ai au moins deux dans
mon comté, l'Audiothèque et Carrefour Adaptation; je salue Mme
Couillard et M. Schram qui sont ici aujourd'hui. C'est toujours au niveau du
regroupement d'individus qui n'est pas permis au niveau régional, mais
permis au niveau local et au niveau national. C'est sur toute cette
mécanique que certains groupes de mon comté ne sont pas d'accord.
Cela m'incite à vous poser la question suivante: Quel est le fondement
qui vous a amenés, vous ou vos prédécesseurs, à
prendre ce genre
d'orientation?
M. Mercure: Premièrement, on est parti de la
définition d'un organisme de promotion dans la législation. Un
organisme de promotion peut être impliqué dans certains services.
Maintenant, la raison spécifique pour laquelle l'Office des personnes
handicapées du Québec est impliqué dans les subventions
des organismes, c'est à cause de son caractère d'organisme de
promotion, de défense des droits, de promotion des intérêts
et de toute la démarche de sensibilisation et d'obtention de services.
Il y a un certain nombre d'organismes qui sont aussi impliqués dans les
services. Ces organismes, on est obligé de distinguer la partie de leurs
activités qui est orientée vers la promotion et de soustraire,
aux fins des subventions, la partie de leur budget qui sert è fournir
des services.
Maintenant, il y a aussi la définition des organismes provinciaux
qui a fait, dans quelques cas, difficulté. Évidemment, il faut se
donner des critères pour ne pas accepter toutes les demandes.
Évidemment, le but de se donner des critères est de pouvoir
refuser des demandes et établir une priorité dans les demandes,
parce qu'on a toujours plus de demandes qu'on est capable d'en subventionner.
Alors le but principal des critères d'admissibilité est
d'être en mesure de refuser un certain nombre de demandes.
Les critères sont alors établis, pour ce qui est des
organismes provinciaux, comme étant des organismes qui ont
été fondés naturellement et qui ont été, de
façon très générale, historiquement, des organismes
qui s'impliquaient dans une déficience particulière. Par exemple,
il y a une trentaine d'organismes provinciaux - on en subventionne un nombre
plus restreint - ce sont des organismes qui touchent une déficience
particulière. M. Monette peut peut-être donner une réponse
plus précise quant à l'attitude que l'on a à
l'égard de certains organismes qui ont été
mentionnés tout à l'heure.
M. Monette: Ce que l'on vise d'abord et avant tout, à
partir de la subvention, c'est effectivement de subventionner pour des
activités de promotion. On identifie ces activités comme
étant des activités de revendication, de représentation,
de surveillance, de promotion, d'information des droits auprès des
personnes handicapées, et aussi de regroupement de ces personnes
handicapées. C'est très différent, en fin de compte,
d'autres types de subventions qui peuvent être données pour
l'organisation d'activités de loisir, par exemple, de soutien technique
du loisir ou de la promotion du loisir. Quant à la formation
particulière qui peut être donnée par les OVEP, c'est
très différent des services de bénévolat qui sont
donnés et qui sont autofinancés par les CRSSS ou le
ministère de la Santé et des Services sociaux, comme le
gardiennage, l'accompagnement, l'aide à domicile, le parrainage civique,
le maintien à domicile, etc. Il faut nettement distinguer au
départ le type d'activités que doit remplir un organisme de
promotion. Pour nous, un organisme de promotion, au point de départ, ne
donne pas des services, mais il voit à la promotion de services, que des
services soient donnés dans les milieux les plus normalisants possible
par les ministères ou autres organismes qui, normalement, devraient
desservir l'ensemble de la population. C'est la distinction fondamentale, sur
le plan des critères, qui fait que l'on différencie un organisme
de promotion d'un organisme de services.
M. Mercure: II y a un élément important dans cela.
Si l'on était particulièrement impliqué dans le
financement des organismes de services et des organismes
bénévoles de services, évidemment, il y aurait un nombre
beaucoup plus grand d'organismes subventionnés et, à ce
moment-là, on serait en compétition directe avec les
réseaux qui financent les organismes de services, dans bien des cas, et
aussi qui accordent et fournissent, à même leurs propres
ressources, des services de même nature.
M. Leclerc: Prenons un cas concret. Je veux parler de
façon générale, mais j'ai besoin d'un cas concret pour
Illustrer. Prenons l'Audiothèque qui se définit comme faisant de
la promotion et du service. Est-ce que, par conséquent, elle peut
être subventionnée selon vos critères?
M. Mercure: Si c'est un organisme qui regroupe des personnes
physiques sur le plan local, qui fait de la promotion des droits, même
s'il est impliqué dans le domaine des services... Il faudrait quand
même voir si son budget est utilisé à 90 % dans le domaine
des services. S'il est aussi impliqué dans des activités de
promotion, il peut être admis comme organisme de base. Les subventions
des organismes de base sont assez limitées en montant d'argent; c'est
3500 $, je crois, dans la politique de l'année courante.
M. Leclerc: Donc, vous acceptez le principe qu'un organisme peut
à la fois faire de la promotion et du service, un peu comme le
vôtre finalement. Vous faites de la promotion et du service aussi.
M. Mercure: On ne fait pas du service.
M. Leclerc: Non, mais, enfin, vous faites des plans de
services.
M. Mercure: On n'en fait pas du tout. On fait du financement de
services donnés par d'autres organismes.
M. Leclerc: D'après ce que l'on a discuté, ne
serait-il pas possible de penser que l'OPHQ puisse subventionner un organisme
national qui permettrait l'échange entre les groupes locaux pour
multi-handicapés, comme on le fait déjà avec la
confédération des organismes nationaux pour unihandicapés.
J'ai compris, selon des gens de mon comté, qu'il existe un
problème auprès des organismes pour multihandicapés et
pour unihandicapés. Même si vous dites que vos critères ont
fait leurs preuves au cours des années, je pense que, pour les
organismes, des interrogations se posent sur les critères pour les
multihandicapés et pour les unihandicapés. J'aimerais que vous
puissiez éclaircir cela un peu.
M. Mercure: Ce genre de discussion est en cours avec plusieurs
organismes, mais je pense que vous faites allusion à une question
extrêmement précise. Les associations sont historiquement, presque
toutes, à unihandicap, au niveau provincial. Au niveau local, dans les
régions éloignées, il a été jugé
préférable par le milieu de faire des associations pour
multihandicapés. L'office reconnaît ce besoin au niveau local et
il subventionne les organismes pour multihandicapés tout comme ceux
reliés è une seule déficience.
Au cours des dernières années, l'office a provoqué,
dans un but de concertation, ta formation de regroupements régionaux.
Ces regroupements régionaux sont essentiellement multihandicaps. On
exige, nous-mêmes, qu'il y ait au moins six associations
représentant trois ou quatre handicaps différents, selon la
politique, six organismes de base différents. Ces regroupements
régionaux sont tous pour multihandicapés. La question s'est
posée et vous la posez maintenant, est-ce que ces regroupements
régionaux - d'ailleurs, on a rencontré les groupes à
plusieurs reprises et on a rencontré directement les gens
intéressés à cette discussion - devraient former
eux-mêmes un pendant provincial?
Qu'il y ait déjà une confédération
provinciale qui regroupe substantiellement le même monde, mais pas tout
le même monde, il y a un certain nombre d'organismes locaux qui
décident de ne pas adhérer aux organismes provinciaux -
malgré qu'il y en ait une trentaine - mais qui adhèrent aux
organismes régionaux. C'est bien leur choix. Pour la discussion qui a eu
lieu au conseil d'administration autour de ces questions, le regroupement
provincial étant relativement récent, l'office désire voir
s'il n'y aurait pas, pour le regroupement provincial, une façon de se
relier aux structures régionales. Cela, je dois le dire, s'est
considérablement développé au cours des derniers mois, et
cela permet à la Confédération des orqanismes provinciaux
de rejoindre les structures régionales sans créer un
deuxième regroupement provincial qui pourrait susciter des conflits.
C'est dans cette optique que nous avons, jusqu'à maintenant,
évité de subventionner un deuxième regroupement
provincial. Je ne sais pas si cette dernière partie répond
directement...
M. Leclerc: Je vous remercie. Vous me permettrez d'illustrer une
autre de mes questions par un organisme de mon comté, Carrefour
Adaptation, qui existe depuis 1949 et qui, par conséquent, était
bien antécédent à l'Office des personnes
handicapées. Cet organisme pour multihandicapés réqional
regroupe des individus. Du fait qu'il regroupe des individus plutôt que
des groupements de base, il se trouve à n'avoir droit à presque
aucune subvention.
Je comprends toute votre argumentation et vos critères, mais je
trouve dommage que, d'emblée, un organisme qui date de 1949 se voie
refuser des subventions parce qu'il n'entre pas tout à fait dans les
cadres et dans les critères de l'office. (11 h 30)
M, Mercure: L'office ne reconnaît pas Carrefour adaptation comme
un regroupement régional, c'est évident. Quant à savoir
s'il est reconnu comme organisme local, je ne sais pas si la demande s'est
faite dans ce sens; mais je vais demander à M. Capistran d'expliquer
exactement le contexte historique des relations qu'on a avec un organisme. Je
tiens bien à signaler que c'est un cas particulier, mais quand
même on va essayer de répondre à votre question.
M. Leclerc: Je me sers d'un cas particulier pour illustrer
certains problèmes qui peuvent survenir à l'intérieur de
l'application de vos critères. Je ne crois pas que je sois du seul
comté dans la province où il y a deux cas d'organismes de
personnes handicapées qui ont des problèmes avec vos
critères. J'imagine qu'il doit y avoir plusieurs organismes au
Québec qui ont des problèmes avec vos critères. Je me sers
d'un cas concret pour les illustrer.
M. Mercure: Quand je dis que c'est un cas particulier, je ne veux
pas dire que c'est un cas unique, c'est très différent. Des cas
particuliers, je peux vous parler des douzaines de gens qui discutent
occasionnellement les critères qu'on utilise pour subventionner. C'est
effectivement un cas particulier, mais je vais demander à M. Capistran
d'expliquer le point de vue de l'office dans la discussion au cours des
années, de ce cas particulier qui est Carrefour Adaptation.
M. Capistran: Pour avoir déjà rencontré
Carrefour Adaptation à quelques occasions, il y a peut-être deux
ans, je ne pense pas qu'il y ait eu des demandes de subvention faites
récemment è l'office de la part de Carrefour Adaptation.
Carrefour répondrait facilement il me semble, à moins qu'il y ait
eu des changements depuis deux ans, aux critères d'un organisme de base,
cela veut dire avec une subvention maximale de 3500 $.
M. Leclerc: ...membres, cela ne fait pas trop local.
M. Capistran: D'autre part, vous avez l'Association pour
déficients mentaux de Québec qui regroupe autant de membres et
qui regroupe aussi l'ensemble de la région de Québec. Or, de
notre part, le maximum qu'elle reçoit, c'est aussi 3500 $.
M. Leclerc: Je comprends très bien, selon vos
critères. Cela ramène la question suivante. À la suite de
notre discussion, pour un organisme de 800 membres qui est
considéré comme un organisme local, est-ce que les
critères sont justes? Je ne discute pas du fait que vous dites que cet
organisme, selon vos critères, est un organisme local. La question est:
est-ce que, selon les discussions qu'on a, relativement au cas que je vous
apporte, les critères ne devraient pas être modifiés? C'est
ma question.
M. Mercure: Je vais faire une distinction qui est bien là
dans le mode de subvention. On ne fait pas de distinction entre un organisme
local et un organisme régional. L'expression qu'on utilise c'est
"organisme de base". Plusieurs organismes de base sont des organismes
régionaux dans leur extension. Ils couvrent un territoire qui est au
moins une sous-région. Il y a plusieurs organismes locaux qui ont plus
de 500 membres. L'organisme subventionne alors des organismes de base qui sont
définis de base, parce que ce sont des organismes qui regroupent des
personnes physiques. Les deux autres genres d'organisme qu'on subventionne sont
des regroupements provinciaux ou encore des organismes regroupant des personnes
physiques, mais qui ont carrément une activité provinciale. Au
niveau régional, on subventionne uniquement des regroupements
d'organismes de base. Je pense qu'il faut étudier constamment, chaque
année, et qu'on doit le faire, et si une demande nous est faite par
Carrefour Adaptation, je m'engage à la regarder. Même s'il faut
modifier notre politique actuelle pour donner une réponse rationnelle
à la demande, je m'engage à le faire.
M. Leclerc: C'était le sens de ma question. C'est à
peu de chose près la réponse que j'attendais de vous. Je
conçois qu'il y a des critères établis qui ont fait leurs
preuves depuis quelques années, je pense que vous venez de faire une
ouverture intéressante en disant: II se peut que toutes sortes de
considérations, notamment des considérations historiques -
puisque je vous dis que c'est un organisme qui date de 1949 - n'entrent pas
tout à fait dans les critères actuels; mais vous me dites que
vous êtes prêt à regarder cela pour la prochaine
année. C'est ce que je comprends.
M. Mercure: Si on a une demande précise, on va la
regarder.
M. Leclerc: Merci.
M. Sirros: Mme la députée de Marie-Victorin, vous
me permettez deux secondes afin de poser une question dans le même ordre
d'idées, mais d'une façon peut-être un peu plus
philosophique. Vous avez dit tout à l'heure qu'une des raisons...
Mme Vermette: M. le Président, je vois qu'il pose la
question, il la considère comme étant acquise.
M. Sirros: Excusez-moi, c'est vrai, j'attendrai votre
réponse.
Mme Vermette: J'espère que le président va en
prendre bonne note, parce qu'en fait cela s'est produit quelquefois, et on me
dit que c'est l'alternance qui doit présider ici. On a toujours tendance
à dire que c'est l'Opposition qui fait le plus d'opposition, alors je
veux vous démontrer ma bonne volonté et je vais acquiescer
à votre désir pour permettre au député de
compléter sa question.
M. Sirros: Je vous en serai reconnaissant...
Le Président (M. Bélanger): Le président en
prend bonne note, madame. M. le député de Laurier.
M. Sirros: Je vous en serai reconnaissant jusqu'à la fin
de mes jours.
Mme Vermette: Je ne vous en demande pas tant. Vous pourriez avoir
des surprises.
Le Président (M. Bélanger): Procédez, cela
sera plus rapide.
M. Sirros: C'est pour faire suite à ce que vous avez dit
concernant le financement d'un regroupement provincial. Vous avez dit, à
un moment donné, que c'était dans votre esprit qu'il ne faudrait
peut-être pas financer un autre regroupement qui pourrait amener
des conflits. À peu de chose près, je crois que ce sont
vos mots. Ce qui m'amène à poser la question suivante: Est-ce que
-j'aimerais entendre ce que vous en pensez, sans arrière pensée
dans ma tête - c'est à l'OPHQ ou à un organisme
gouvernemental de décider du chemin que doit prendre la dynamique des
regroupements des personnes handicapées? Parce que, finalement, nous
faisons un choix. Nous disons: II y aura un regroupement. Il y a un certain
poids qui est donné à ce regroupement et un empêchement, si
on veut, à une dynamique qui pourrait exister dans le milieu. Est-ce que
c'est à un organisme gouvernemental d'orienter la dynamique?
M. Mercure: Evidemment, le rôle de l'office dans le
financement des organismes de promotion est un rôle assez particulier,
étant donné que les gens désignés à la suite
d'une consultation des organismes de promotion sont très majoritaires au
niveau du conseil d'administration de l'office. Mais je pense que - et je l'ai
mentionné tout à l'heure - dans un premier temps, la politique a
favorisé l'explosion du nombre d'associations. Le nombre d'associations
a augmenté considérablement pendant les premières
années.
Dans un deuxième temps, on a voulu éviter d'aboutir avec
trop de groupes locaux qui examinent les mêmes dossiers. Alors on a
introduit un élément de concertation comme un des objectifs de la
politique de subvention.
Maintenant, on doit respecter la volonté du milieu. Je suis
entièrement d'accord avec cela. Sauf qu'on doit s'adapter un peu
après coup. Ce que j'ai mentionné tout à l'heure, c'est
que c'est assez récent que la politique de subvention subventionne un
regroupement provincial. Je pense qu'on doit donner un certain temps à
une discussion à l'intérieur même des différents
organismes pour voir si c'est possible qu'il y ait un lien qui
s'établisse entre le regroupement provincial et les regroupements
régionaux. C'est dans ce sens que j'ai dit que, dans le moment, la
discussion a fait en sorte qu'on a essayé d'éviter de faire un
deuxième regroupement.
Maintenant, si la demande persiste, je pense qu'il faudra tenir compte
de cette situation, parce que l'office veut, dans sa politique de subvention,
respecter le point de vue des personnes handicapées et
l'évolution du milieu. Mais je pense qu'il a un certain rôle de
réflexion. Cette réflexion n'est pas faite par un organisme
gouvernemental dans le vrai sens du mot, parce que c'est fait par le conseil
d'administration. Le conseil d'administration, comme je le disais au
départ, est un organisme un peu particulier parmi les organismes
gouvernementaux, parce que, de par sa formation, il est très près
du milieu des personnes handicapées. C'est très différent
d'un ministère.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
à ce stade, nous allons suspendre pour cinq minutes, histoire de
s'aérer. Ce n'est pas une récréation, c'est une
pause-santé, une pause-ventilation. Donc, à 11 h 45
précises, nous reprendrons les travaux et la parole appartiendra
à Mme la députée de Marie-Victorin.
(Suspension de la séance à 11 h 35)
(Reprise à 11 h 48)
Le Président (M. Bélanger): Chacun à sa
place, s'il vous plaît! Est-ce que chacun pourrait reprendre sa place,
s'il vous plaît? Nous allons reprendre les travaux dans quelques minutes.
S'il vous plaît, j'inviterais les députés à
reprendre leur siège. Il faut dire que c'était une pause qui
était la bienvenue, tout le monde en avait besoin.
Messieurs, mesdames, nous reprenons les travaux. Mais avant de
céder la parole à Mme la députée de Marie-Victorin,
il y aurait peut-être une petite précision que je voudrais faire.
Tout à l'heure, on a mentionné le chiffre de 346 organismes qui
nous venait de nos services de recherches. C'est tout simplement qu'on s'est
basé sur l'étude des crédits de 1985-1986 et que, à
la page 2 de ce document, nous avons effectivement une compilation. En enlevant
les projets spéciaux au nombre de 21, en gardant les organismes
provinciaux, 27, les organismes régionaux, 20, les organismes de base,
299, on arrivait à 346. C'est peut-être qu'on a pris une mauvaise
façon de comptabiliser ou qu'on a additionné les pommes avec les
légumes, je ne le sais pas. C'est là qu'il pouvait y avoir une
certaine interprétation différente des chiffres.
Cette précision étant faite, pour préciser le
contexte dans lequel les chiffres nous avaient été fournis, je
cède maintenant la parole à Mme la députée de
Marie-Victorin, toujours sur les subventions aux organismes de promotion.
Mme la députée.
Mme Vermette: En ce qui concerne les organismes de promotion, on
a dit qu'il y a une moyenne d'à peu près 250 organismes de
promotion qui existent actuellement et qu'il y a différents niveaux
d'orqanismes qui existent. C'est bien cela?
M. Mercure; Effectivement.
Mme Vermette: Dans votre conseil d'administration, y a-t-il des
membres qui appartiennent à ces organismes de promotion ou si ce sont
des gens qui sont complètement en dehors des organismes de
promotion?
M. Mercure: Dans notre conseil d'administration, il y a deux
sortes de membres. Des membres non votants et des membres votants. Les membres
non votants représentent 13 ministères. Les membres votants sont
au nombre de 14. À part moi, il y a un représentant, une personne
désignée à la suite d'une consultation des centrales
syndicales. Une personne désignée à la suite d'une
consultation auprès des organismes patronaux, je suis rendu avec le
président, ces deux personnes-là, cela fait trois, il reste onze
personnes qui sont désignées par le gouvernement à la
suite d'une consultation avec les organismes de promotion les plus
représentatifs des personnes handicapées.
Mme Vermette: Alors, ce qui veut dire que, malgré la
consultation du gouvernement, il se retrouve des gens qui appartiennent
à différents organismes, actuellement, qui sont des organismes
soit locaux, régionaux ou nationaux.
M. Mercure: Effectivement, onze personnes, moi, je viens aussi de
ce milieu et c'est circonstanciel. Donc, il y a douze personnes dans le moment
qui viennent carrément des milieux représentant les personnes
handicapées.
Mme Vermette: Et, actuellement, cela se divise de quelle
façon? Y a-t-il plus de gens qui représentent des associations?
Cela vient à peu près de quel... Est-ce plus
représentatif? Est-ce que cela fait partie aussi des critères
pour représenter les différents handicaps qu'on pourrait
retrouver? Parce que ce n'est pas toute la même problématique
sûrement. Est-ce qu'on fait attention à cette
représentation?
M. Mercure: Disons que je vais donner le renseignement. Quant
à donner le motif, ce n'est pas ma responsabilité, parce que
c'est le gouvernement qui nomme les gens au conseil d'administration, mais il y
a eu dans les résultats une présence, au cours des années,
de toutes les déficiences, effectivement. Par exemple, il n'y a pas,
actuellement, de personne en chaise roulante, sauf qu'il y a une personne qui
représente des problèmes de coordination, une déficience
de ce côté-là. Si vous voulez que je vous donne exactement
qui sont les personnes qui sont membres du conseil et de quel milieu ils
viennent, mais dans le moment, disons qu'il y a plusieurs problématiques
représentées et je ne suis pas capable même de me faire
à l'esprit d'une qui n'est pas représentée, sauf ce que je
vous ai dit. Il n'y a pas de personne en chaise roulante autour de la table,
sauf qu'il y a deux postes libres, deux postes vacants de sorte qu'il y a neuf
personnes représentant l'ensemble des personnes handicapées.
Mme Vermette: Oui, mais serait-il possible d'avoir le nom de ces
personnes et ce qu'elles représentent en fin de compte comme
association; ce serait peut-être intéressant pour le
bénéfice des gens de la commission? On est moins habitué
que vous, vous savez.
M. Mercure: Disons que si vous me permettez de donner le temps de
dresser la liste, je vais demander à quelqu'un de le faire, parce que je
ne voudrais pas donner une liste incomplète. Je demande à
quelqu'un de le faire et, plus tard, cet avant-midi, je donnerai la liste des
personnes qui sont les membres votants et de quel milieu elles sont.
Mme Vermette: C'est parfait. Or, cela veut dire que ces
gens-là sont appelés à représenter les
différents milieux. L'importance de cette représentation, c'est
pour favoriser, justement, au niveau des politiques chez vous, au niveau de
l'OPHQ, au niveau de la promotion et pour démontrer là où
ils sont arrivés dans leur action, les besoins de ces différentes
personnes et, finalement, elles traduisent la plupart des doléances des
différents milieux ou ce ne sont pas nécessairement des
doléances mais cela peut être aussi des objectifs qu'elles veulent
atteindre.
M. Mercure: Effectivement. Quant à moi, en tout cas,
personnellement, on l'a souvent discuté au conseil, il faut bien
comprendre que les gens, une fois nommés, ne sont pas des
représentants de leur organisme de leur région dans le vrai sens
du mot. Ce sont des gens qui ont vécu dans les associations et dans une
région donnée, il y a un effort aussi de représentation
territoriale, mais une fois nommés, ils doivent, comme dans tout conseil
d'administration, assumer les responsabilités, en tenant compte de toute
la problématique des questions qui intéressent l'office. Ils
doivent le faire en apportant dans la discussion les connaissances
précises qu'ils ont d'une situation régionale ou d'une
association particulière. Effectivement, ils sont tous là
à titre individuel et ils doivent s'intéresser à toutes
dimensions des responsabilités de l'office.
Mme Vermette: En fait, comme dans la plupart des conseils
d'administration, ils fonctionnent en collégialité, finalement.
Pendant que vous dressez votre liste, cela m'amène à vous poser
la question suivante. Est-ce qu'il y a une représentation des groupes
multi-ethniques parmi les membres de votre conseil d'administration,
actuelle-
ment?
M. Mercure: Non. Il y a une problématique relative
à cela, mais, actuellement, il n'y a pas de représentants de
l'Association multi-ethnique à notre conseil d'administration.
Mme Vermette: Est-ce que vous prenez en considération
aussi la problématique des femmes? Est-ce que c'est un de vos
soucis?
M. Mercure: Dès que l'on parle de l'Association
multi-ethnique pour l'intégration des personnes handicapées du
Québec, on entre dans un domaine où il y a deux
intégrations, deux problématiques: la problématique de
l'intégration à la société québécoise
de nouveaux arrivants et aussi l'intégration des personnes
handicapées dans la société québécoise.
Finalement, il y a peut-être une troisième problématique,
l'intégration des personnes handicapées des communautés
culturelles dans les associations de personnes handicapées
québécoises. Je pense que l'association multi-ethnique fait un
travail considérable et nous avons beaucoup de relations avec cette
association qui est un organisme subventionné par l'office.
Mme Vermette: Oui. Justement, tout le monde a ouvert la porte sur
l'association des groupes multi-ethniques. On touche aux problèmes de
subvention que cette association peut connaître. Pour les personnes qui
sont membres de cette association, elle a une reconnaissance locale et elle n'a
pas droit à des budgets excédentaires de plus de 3500 $, c'est la
limite, le maximum. Est-ce que vous croyez que pour ces gens-là, compte
tenu de leurs caractéristiques, de leurs particularités, les
budgets qu'ils reçoivent sont suffisants pour jouer le rôle qu'ils
doivent jouer dans les différentes communautés culturelles
actuellement, puisqu'ils le font dans tout le Québec?
M. Mercure: L'association multiethnique n'est pas reconnue comme
un organisme local - je fais encore la même distinction que tout à
l'heure - elle est reconnue comme un organisme de base. Pour l'office, il ne
fait aucun doute que l'association multi-ethnique a un rôle
régional actuellement, et dans plusieurs régions même, et
qu'elle pourrait effectivement essayer d'exercer ses activités dans
l'ensemble de la province. Le problème que cela pose, c'est que si elle
est considérée comme un organisme provincial, il faudra revoir
les critères que l'on mentionnait tout à l'heure, à savoir
que les organismes provinciaux qui sont actuellement subventionnés sont
des organismes qui s'intéressent à une déficience
particulière. Je pense, par exemple - j'ai entrepris des discussions
précises là-dessus - qu'il y a une possibilité de
reconnaître à cette association un rôle particulier dans la
société québécoise qu'elle peut exercer sur le plan
réqional et même interrégional, sans qu'elle soit
nécessairement reconnue à titre d'organisme national, au plan de
la politique de subvention. Cela pourrait vouloir dire de lui reconnaître
des activités particulières et de les subventionner à ce
titre.
Mme Vermette: Si j'ai bien compris, vous avez une volonté
de concertation avec les différentes associations, mais vous ne voulez
pas de système parallèle où il pourrait y avoir trois,
quatre associations provinciales, en fin de compte. Votre volonté, c'est
de faire en sorte d'obliger les gens des régions qui ont les mêmes
problèmes à se parler et à arriver à un consensus
régional représentatif. C'est cela, votre volonté,
actuellement.
M. Mercure: Effectivement.
Mme Vermette: D'accord. Maintenant que j'ai compris cela, je
comprends la particularité des groupes multi-ethniques. Je me souviens
que la ministre avait rencontré l'association multi-ethnique. Elle
voulait défendre intensément les intérêts de ce
groupe et elle devait en parler avec l'Office des personnes handicapées
afin que des mesures soient prises pour qu'on puisse lui trouver un rôle
particulier. Qu'en est-il depuis cette période? Je pense que
c'était au mois d'octobre de l'année dernière. Y a-t-il eu
des échanges de vues? Est-ce qu'il y a une reconnaissance? Le
ministère est-il prêt à donner des sommes d'argent
additionnelles pour ne pas appauvrir l'OPHQ et pour faire cette reconnaissance
tout simplement, comme vous l'avez mentionné, avec la
spécificité de son rôle? (12 heures)
M. Mercure: Je suis particulièrement
intéressé au commentaire que vous faites à l'effet que nos
budgets sont limités, car j'avais oublié de le dire. Si on
reconnaît plusieurs organismes provinciaux de plus que ceux qu'on
reconnaît actuellement, cela veut nécessairement dire, dans le
contexte actuel, que les subventions à chaque organisme seront
réduites.
C'est évidemment l'une des questions qui fait que l'on doit avoir
des critères pour éviter que ne se forment constamment de
nouveaux organismes. Il est très possible particulièrement qu'il
y ait des organismes représentant un ensemble de déficiences et
un ensemble de populations, mais il y a eu, comme je vous le disais tout
à l'heure, des échanges de propos à plusieurs reprises
entre le personnel de l'Association multi-ethnique et l'office, au cours du
dernier mois. Vous
avez dit que la ministre avait pris des engagements. Très
conscient de cela, il y a beaucoup d'échanges de vues et, je pense,
quoique je ne veuille pas m'engager pour d'autres, mais au moins, verbalement,
que le climat est très proche d'une entente qui pourrait satisfaire les
deux parties.
Mme Vermette: Voulez-vous dire qu'au prochain budget vous risquez
de recevoir des sommes additionnelles pour répondre à cette
demande particulière?
M. Mercure: Non. Nous n'accepterions pas de recevoir un montant
additionnel pour faire un travail particulier. On aime avoir des budgets
globaux.
Mme Vermette: Mais, des sommes récurrentes, c'est
intéressant.
M. Mercure: Si on a une augmentation, on aimerait pouvoir
l'utiliser en tenant compte de nos critères, mais pas pour un mandat
spécifique.
Mme Vermette: Parfait.
Le Président (M. Bélanger): Vous voulez
préserver votre autonomie.
M. Mercure: Exactement.
Mme Vermette: Pour préserver leur autonomie, ils ont
besoin de sommes additionnelles, par exemple, car, à un moment
donné, ils seront obligés de gruger dans des budgets
particuliers.
M. Mercure: Si la commission veut nous aider de ce
côté, on accepte l'aide.
Des voix: Ha! Ha!
Mme Vermette: D'ailleurs, c'est pour cela qu'on veut
étendre le mandat de la commission, pour aller plus en profondeur et
pour voir de quelle aide et de quel ordre de grandeur il faudrait statuer
là-dessus. Vous avez, en tout cas, la collaboration de l'Opposition
à ce chapitre.
Vous avez mentionné tantôt qu'il existait, pour
différents groupes de promotion, des zones grises en ce qui concerne
leur action de promotion et l'action de service, car ce sont deux enveloppes
budgétaires différentes. Lorsque c'est reconnu comme étant
du service, cela vient du MSSS et, quand c'est de la promotion, c'est
directement une enveloppe budgétaire de l'office comme tel.
Actuellement, certains se trouvent dans les zones grises. Avez-vous l'intention
de vous arrêter sur ces problématiques, en conservant toujours
votre philosophie qui est d'essayer de maintenir les organismes existants, non
pas de duplicata, et d'avoir des critères de sélection pour ne
pas avoir trop d'organismes parallèles pour la même action, dans
un terme d'économie de richesses aussi, toujours, j'en suis convaincue?
Avez-vous l'intention, en fin de compte, de vous pencher là-dessus? Si
vous vous penchez là-dessus, avez-vous l'intention d'appliquer
l'organisme provincial qui joue le rôle de répondant pour
l'ensemble de ces associations?
M. Mercure: Voulez-vous dire d'étudier à nouveau la
politique...
Mme Vermette: Les critères, à cause des zones
grises qui existent, car, d'une part, quelques-uns sont subventionnés
par le ministère, parce que c'est du service; d'autre part, c'est la
promotion et, à un moment donné, il y en a qui sont dans des
zones grises et, très souvent, au ministère... Tantôt, le
député de Taschereau mentionnait un cas particulier. Je pourrais
vous parler d'un cas particulier dans mon comté, la maison
d'intégration pour les personnes handicapées Coteau Rouge, dont
la subvention a été diminuée de 10 000 $, car on disait
qu'elle ne faisait pas du service. Où se situe-t-elle?
Chez vous, ces gens ne sont pas reconnus non plus, car c'est un autre
genre d'activité. Ces gens font tantôt du service, tantôt de
la formation du loisir, du culturel, et tout cela. Finalement, je me demande ce
qui arrive chez tous ces organismes qui tombent dans une zone grise ou qui
n'entrent pas nécessairement dans un programme spécifique soit
d'un ministère ou de votre organisme.
M. Mercure: La politique de subventions est effectivement
étudiée et, à ma connaissance, elle a été
modifiée chaque année par le conseil d'administration pour tenir
compte des demandes raisonnables qui n'entrent pas dans le cadre de la
politique de subventions. Chaque année, on examine les cas de refus et,
pour ceux qui sont difficiles à défendre sur le plan rationnel,
on examine la possibilité de modifier la politique pour pouvoir inclure
ces demandes. La dernière fois qu'il y a eu une étude très
complète, un comité impliquait tous les organismes de promotion
à quelque niveau que ce soit, cela fait deux ans environ. En 1984 et en
début de 1985, il y a eu un comité qui a siégé
pendant plusieurs mois et qui a soumis au conseil d'administration de l'office
beaucoup de critères sur la politique de subventions des organismes de
promotion. Actuellement, il n'y a pas de projet de faire une nouvelle
consultation; par contre, on reçoit constamment des commentaires. Une
chose qu'on fait annuellement, même si cela prend beaucoup
d'énergie en termes de ressources humaines, c'est qu'on
reçoit
chacun des organismes provinciaux qui désire nous rencontrer.
Même dans ce processus, on reçoit des organismes qui ne sont pas
subventionnés. On rencontre systématiquement tous les organismes
provinciaux. C'est une rencontre de travail à laquelle je participe,
à laquelle le président a participé dans le passé
et le personnel qui administre la politique de subvention. Je pense que de
cette façon on est en contact constant avec les opinions du milieu.
Mme Vermette: C'est un sujet sensible pour les organismes. De
toute façon, il y va de leur survie dans bien des cas. Si, pour ce qui
est des technocrates, ils ne répondent pas toujours aux critères,
pour ce qui est de la population ou des bénéficiaires, cela
répond à un besoin réel. C'est dommage que certains
tombent, parce qu'ils ne répondent pas à un critère
administratif. En ce qui concerne la confédération des organismes
provinciaux des personnes handicapées -COPHAN - combien d'associations
regroupe-t-elte depuis son existence qui est assez récente? Quelle est
votre relation avec cet organisme?
M. Mercure: L'organisme, à ma connaissance - comme les
gens sont ici pour corriger mon chiffre - je crois que c'est 31 organismes
provinciaux qui ne sont pas tous des organismes subventionnés par
l'office, mais dont bon nombre le sont. La confédération a
été créée en 1985, je crois -je ne sais pas la date
exacte - c'est donc un organisme relativement récemment
incorporé. It y a eu des échanges de propos entre les organismes
provinciaux qui datent de beaucoup plus longtemps que cela. Il n'y a pas
d'échange de vues particulier entre la confédération et
l'office, sauf des échanges informels et une collaboration. L'office
accorde une subvention à la confédération dans le cadre de
sa politique de subventions. En dehors de cela, ce sont les liens entre deux
organismes autonomes.
Mme Vermette: C'est peut-être une élucubration de ma
part, à tout hasard, je vous pose la question. Est-ce que, en tant
qu'action pour l'Office des personnes handicapées, il est essentiel
qu'un organisme tel que COPHAN fonctionne? Parce que, justement, son rôle
est un rôle de promotion. Donc, ce sont les gens de la base qui font la
promotion et, le rôle de l'office est aussi un rôle de promotion.
Mais comme on a vu, on n'a pas toujours de pouvoirs reconnus dans
différents ministères, ne serait-ce que pour ce qui est de
l'éducation où très souvent ce n'est pas reconnu dans la
loi. Est-ce que vous considérez que cet organisme est aussi essentiel
que l'OPHQ pour atteindre ses objectifs de promotion pour l'intégration
des personnes handicapées?
M- Mercure: Absolument. La présence dans la
société québécoise d'un mouvement fort
représentant les personnes handicapées, mouvement qui est de plus
en plus unifié... mais l'unification de ce mouvement ne doit pas
empêcher des groupes qui désirent ne pas se joindre à ce
mouvement de continuer à exister et de continuer à tenir des
positions différentes, si c'est leur désir.
Mais je voudrais peut-être souligner l'aspect inverse de cette
question. La législation actuelle prévoit des relations
étroites à plusieurs niveaux entre le mouvement associatif
représentant les personnes handicapées et l'office. Ces liens
sont au niveau du conseil, comme on l'a dit tout à l'heure, parce que
les membres votants sont - 11 sur 14 selon la législation - des
personnes qui proviennent du milieu.
II y a aussi les liens relatifs aux subventions. Mais il y a aussi des
liens qui sont encore plus étroits que cela, c'est la similitude des
mandats. L'Office des personnes handicapées du Québec est un
organisme demandé par le mouvement associatif. Je devrais
peut-être ajouter qu'il y avait quelques hésitations au moment
où l'office a été créé. Les
hésitations provenaient du fait que les gens avaient peur que l'Office
des personnes handicapées du Québec devienne le ministère
des personnes handicapées. Je pense qu'on a beaucoup discuté de
cette question hier. Mais dans le moment, la grande majorité des
organismes entretient des liens étroits avec l'office. C'est le point de
vue de l'office et c'est aussi mon point de vue personnel, que l'office
perdrait tout son sens s'il n'était pas en étroite relation avec
le mouvement associatif. Le jour où les organismes de promotion ne
considéreront pas l'Office des personnes handicapées du
Québec comme un de leur principal partenaire dans les revendications et
dans leur travail de sensibilisation du public, il perdra - à mon point
de vue - sa raison d'être. C'est aussi fondamental que cela.
Mme Vermette: C'est pour cela, d'ailleurs, si je me souviens
bien, hier, que vous avez mentionné que, dans les différentes
orientations qui se dessinent actuellement en ce qui concerne les transferts
par rapport aux différents ministères, votre intention
était de vouloir impliquer ces organismes dans ce cheminement ou dans
cette démarche et qu'ils pourront être des porte-parole
intéressants dans cette perspective de démarche. C'est cela?
M. Mercure: Effectivement.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
il y aurait une dernière question de M. le député de Fabre
et nous conclurons
ensuite sur ce chapitre. M. le député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Vous avez
mentionné qu'il y avait quand même plusieurs organismes qui
pouvaient être ou ne pas être financés, mais qui oeuvraient
quand même dans le système de façon à faciliter
l'intégration des personnes handicapées dans le milieu du
travail; dans le milieu scolaire et ainsi de suite. Est-ce que c'est possible,
pour nous, en tant que représentants élus, d'avoir la liste de
tous ces organismes? Parce que je ne vous cache pas qu'on est largement
sollicité par toutes sortes d'organismes et on ne sait jamais si ces
organismes ont vraiment pignon sur rue. On ne sait pas de quelle façon
organiser la distribution de notre opération comté, de notre
enveloppe et ainsi de suite. Alors, je me dis qu'il y a quelquefois une
prolifération de ces organismes sur laquelle nous n'avons absolument
aucun contrôle et dont on ne connaît pas toujours le
sérieux. Si c'était possible pour vous, par l'entremise de
l'OPHQ, de nous faire parvenir cette liste dans chacun de nos comtés, je
le verrais comme un outil de travail, comme un guide. (12 h 15)
M. Mercure: On fera cette distribution des organismes qui ont des
relations avec l'office. Par contre, il y a des organismes de services qui
n'ont pas des relations étroites avec l'office et dont nous n'avons pas
une liste exhaustive. Mais la question se pose à savoir s'il y a
certains organismes qui prétendent représenter les personnes
handicapées et qui sollicitent des fonds. J'imagine que ce sont des
questions qui peuvent se poser. Nous, nous n'avons pas un contrôle direct
de cette situation. Même si cela avait été beaucoup
discuté, il y avait été décidé de ne pas
donner à l'office le rôle de certification des organismes
représentatifs des personnes handicapées. Mais en ce qui concerne
les organismes avec lesquels on a des liens, on va fournir la liste par
région. On doit avoir une liste. Est-ce qu'on a une liste par
comté? On va fournir le renseignement.
M. Joly: C'est précis, merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, cela terminerait
la section des subventions aux organismes de promotion, mais avant de clore
totalement, M. le président, auriez-vous une dernière remarque,
un dernier commentaire, je ne sais trop quoi?
M. Mercure: Je voudrais juste rappeler, et je suis content de la
question qui m'a permis de le faire, l'importance de liens étroits - et
cela ne veut pas nécessairement dire de ne pas avoir de divergence de
points de vue, on peut avoir des liens étroits et avoir des points de
vue différents - entre tout le mouvement associatif représentant
les personnes handicapées et l'office des personnes
handicapées.
Dans ce cadre-là, je voudrais peut-être signaler que, pour
la première fois, en relation avec la confédération, il a
été mis sur pied un colloque sur la vie associative qui sera
tenue à la fin de mars è Montréal. L'office a
contribué et a assisté la confédération dans la
préparation de ce colloque qui est en préparation depuis au moins
un an et demi et qui est une occasion première pour le mouvement
associatif de réfléchir sur son fonctionnement interne.
Le Président CM. Bélanger): Je vous remercie, M. le
président. Cela nous amène au dossier de l'aide matérielle
pour lequel... Je vous en prie.
M. Mercure: J'aimerais mentionner que l'on pourrait donner la
liste des membres du conseil. Si vous voulez qu'on la donne, on est prêt
à la donner à ce moment-ci.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Alors, vous
déposez le document au président qui le fera distribuer. Alors,
nous passons donc à la question de l'aide matérielle. Nous avions
attribué deux heures à ce secteur. Donc nous sommes prêts
à procéder.
Mme la députée de Marie-Victorin peut-être ou...
L'alternance, je ne sais pas pourquoi il y tient celui-là. Je vous en
prie, Mme la députée.
Aide matérielle
Mme Vermette: Alors, on arrive à l'aide matérielle.
Avant de tomber tout de suite dans toute la problématique
budgétaire, j'aimerais que vous nous définissiez jusqu'où
peut aller l'aide matérielle en tant que service et à quelle
nature, à quel service vous devez répondre. Après, cela
pourrait peut-être nous aider à aller plus en profondeur.
M. Mercure: Le rôle de l'office dans le domaine de l'aide
matérielle est prévu dans la loi et dans le cadre de son
rôle de coordination et d'assistance aux personnes handicapées
dans l'obtention des services dans leur milieu. Dans ce cadre, il est
prévu, dans la loi, que l'office doit aider la personne
handicapée à obtenir un plan de services qui comprend, la plupart
du temps, plusieurs plans d'intervention qui peuvent être un plan
d'intervention dans le milieu du transport, un sur la réadaptation, un
dans le secteur scolaire et un sur l'habitation. Il y a quatre ou cinq
possibilités de plans d'intervention qui sont des parties
intégrantes du plan de services. C'est une responsabilité
fondamentale de l'office qui est la
coordination des interventions au plan individuel et l'assistance aux
personnes handicapées pour l'obtention de services.
Le législateur a voulu, dans une optique de rattrapage, que
l'office puisse accorder de l'aide matérielle; il y a toute une
série de conditions qui pourraient être précisées
d'une façon très concrète par M. Capistran
immédiatement après. Il y a une série de conditions pour
l'obtention de l'aide matérielle mais, en particulier, c'est une aide
palliative dans le sens que c'est une aide seulement parce que d'autres
ressources gouvernementales ou privées ne permettent pas l'obtention de
ressources à la personne. C'est aussi une aide dans le cadre d'un plan
d'intégration. L'Office désire, à moyen et à long
terme, que, pour chaque individu comme pour l'ensemble des personnes
handicapées, les ressources du milieu soient utilisées de sorte
que, éventuellement, on en arrive à réduire ce rôle
d'aide matérielle à un rôle qui, initialement je pense,
était le rôle qui devait être joué, un rôle
temporaire, mais aussi un rôle d'expérimentation de nouvelles
techniques et de nouveaux équipements et peut-être aussi un
rôle, non seulement d'expérimentation, mais encore de
démonstration que certaines approches peuvent être très
efficaces. M. Capistran pourrait peut-être nous donner brièvement
les principaux critères pour l'obtention de l'aide
matérielle.
M. Capistran: Selon la loi, principalement aux articles 52, 53 et
54, l'office peut accorder de l'aide matérielle à toute personne
handicapée qui est admissible à un plan de services. Cette aide
est accordée à titre complémentaire - on parlait du
rôle supplétif hier - selon des normes et des modalités
prescrites par règlement - je vous en nommerai quelques-unes tout
à l'heure -en vue de permettre la mise en oeuvre du plan de services.
Cette aide tient compte des besoins de la personne handicapée,
d'où la nécessité que ce soit dans le cadre d'une
évaluation des besoins ou dans le cadre d'un plan d'intervention. L'aide
tient compte des ressources à la disposition de la personne. En ce qui
nous concerne, le terme "ressources" fait référence aux
organismes publics ou parapublics, aux différents programmes. On tient
compte de ces programmes. L'aide tient aussi compte des prestations, des
allocations et d'autres avantages dont l'intéressé peut
bénéficier en vertu de toute autre disposition législative
ou réglementaire. Pour donner un exemple, si des allocations familiales
supplémentaires sont accordées pour des parents qui ont des
personnes handicapées, lorsqu'on accorde de l'aide, on définit
les besoins de la personne, en termes financiers, et on soustrait, à ce
moment-là, l'aide que les gens reçoivent à titre
d'allocations familiales supplémentaires, et ainsi de suite. Si un
programme paie une partie des besoins, à ce moment-là l'office en
tient compte. Il ne paie pas deux fois ce que l'autre programme paie.
Les règlements. Il y a différents critères dans les
règlements qui déterminent la façon de faire une demande.
Les principaux points où l'office peut intervenir, tel que décrit
dans les règlements, sont les suivants. Il y a le transport. On peut
payer pour le transport d'une personne d'un endroit à l'autre, mais pour
un endroit qui est prévu dans le cadre du plan de services ou du plan
d'intervention. Ce que le règlement dit, c'est qu'à ce
moment-là on paie selon le tarif qui est accordé aux
fonctionnaires de la fonction publique; du moins, on paie jusqu'à
concurrence de ce tarif. Dans le cadre de déplacements, on peut payer
pour du logement et des repas. Cela s'applique principalement quand les gens
viennent d'une région éloignée et qu'ils doivent recevoir
des services spécialisés à Québec et à
Montréal, À ce moment-là, on va payer le logement des
personnes ainsi que les repas.
Le règlement dit de façon très précise que
l'office peut assumer en totalité ou en partie le coût des
modifications physiques du lieu de résidence d'une personne restreinte
dans ses déplacements. Ces modifications physiques d'une
résidence doivent avant tout permettre à la personne d'entrer, de
sortir et d'avoir accès de façon autonome aux lieux et
commodités de sa résidence nécessaires à
l'accomplissement de ses tâches quotidiennes. C'est ce que l'on appelle
adaptation de domicile.
Le règlement nous permet aussi d'accorder de l'aide pour
l'adaptation d'un véhicule. Le règlement dit: L'office peut
assumer en totalité ou en partie le coût des modifications d'un
véhicule d'une personne handicapée.
Le règlement nous permet d'accorder de l'aide pour des
équipements et des fournitures qui sont nécessaires à la
personne. Les équipements, on en a parlé hier en ce qui concerne
les gens avec déficience auditive, ce sont aussi des équipements
pour faciliter l'intégration de personnes avec déficience
visuelle, mais aussi de personnes avec déficience motrice, surtout dans
le cas de gens qui veulent vivre à domicile. On peut penser à des
lève-personnes, à des équipements de salle de bains
surtout, des sièges spéciaux pour le cabinet de toilette ou autre
chose. On peut même penser à des lits spéciaux. Les
fournitures vont être certaines fournitures qui sont nécessaires
à des personnes paraplégiques, par exemple, mais aussi des
fournitures qui sont nécessaires à des enfants ou des adultes qui
souffrent du spina-bifida, qui ont besoin de couches jusqu'à l'âge
adulte et même plus. Le règlement nous permet aussi de payer des
honoraires, des
dépenses de professionnels ou de spécialistes. Ce que l'on
paie surtout dans cet article du règlement, ce sont principalement des
services de maintien à domicile. C'est une ressource humaine qui va au
domicile d'une personne pour l'aider, ne serait-ce qu'à se lever le
matin, à s'habiller, à manger, à faire les travaux lourds
qui sont nécessaires dans un domicile et ainsi de suite, et même
à faire certains actes, peut-être pas complètement
médicaux, mais qui se rapprochent d'actes médicaux. Une autre
partie du règlement nous permet de payer pour de la formation et tout ce
qui concerne le travail, l'adaptation de poste de travail. Ce n'est pas une
partie qui est beaucoup utilisée, parce que, généralement,
quand on peut accorder une subvention à un employeur, c'est le contrat
d'intégration au travail qui est utilisé. On se sert de cette
partie de règlement surtout pour subventionner des équipements
comme un magnétophone spécial ou des choses du genre qui restent
à la personne même si elle change d'emploi. On va payer les frais
de déménagement quand c'est nécessaire, dans le cadre d'un
plan services, que ce soit pour se rapprocher d'un centre
spécialisé, ou parce que c'est plus avantageux de
déménager que d'adapter un domicile.
Il y a un autre article du règlement qu'on n'a
étudié qu'une seule fois, que je sache, qui permettrait à
l'office de garantir un emprunt qu'une personne handicapée contracterait
pour faciliter son intégration. C'est l'ensemble des règlements.
Dans les critères et normes qui sont plutôt des critères de
gestion, ce sur quoi on insiste, et c'est rattaché à la loi et au
règlement, c'est qu'il faut qu'il y ait un plan de services. Il faut
qu'il y ait nécessairement une demande officielle, que la personne soit
déclarée admissible. Nous exigeons aussi un contrat, un
engagement de la personne, mais c'est en vertu d'un article de loi où il
est dit que la personne doit s'engager à collaborer à son plan de
services, à nous donner des informations nécessaires, à
nous avertir de changements. Nous exigeons qu'il y ait un contrat avec la
personne. Nous exigeons des évaluations des besoins qui sont faites par
les réseaux réguliers dans la plupart des cas. Il est
arrivé quelquefois, spécifiquement pour des évaluations de
besoins, qu'on ait payé des professionnels. Nous exigeons une
évaluation globale des besoins et des recommandations d'un intervenant
qui peut venir des différents réseauxî réseau de
santé et services sociaux, scolaire ou autres. On n'accorde aucune aide
matérielle sans utiliser au maximum les autres programmes, même si
c'est quelqu'un qui est un assisté social, s'il peut aller chercher 200
$ dans les programmes spéciaux d'aide sociale pour un équipement
qui en vaut 1000 $, mais il va aller chercher les 200 $ auprès de l'aide
sociale et on va ensuite combler la différence. On exiqe que tous les
programmes soient utilisés avant que l'office intervienne
financièrement. C'est un des rôles que l'on a d'après la
loi, on aide la personne à utiliser ces programmes au maximum.
Même, on va intervenir sur les programmes pour qu'ils soient
modifiés, pour qu'ils soient améliorés de façon
qu'ils répondent davantage aux besoins. On n'accorde aussi de l'aide
qu'à partir d'un principe d'une solution au moindre coût, mais une
solution qui répond aux besoins essentiels. On ne veut pas accorder de
l'aide à rabais. Ce n'est pas de cela dont il est question. S'il y a
plusieurs solutions qui peuvent répondre aux besoins essentiels de la
personne, s'il y en a une à moindre coût, on va choisir
celle-là. Dans plusieurs domaines, on va aller en soumissions et on va
choisir la soumission la plus basse. Pour verser l'argent à la personne,
on exige des pièces justificatives, mais, dans la majorité des
cas, on va avancer de l'argent à la personne qui va acheter, par
exemple, un équipement. On va verser une partie de la subvention et, au
moment où on reçoit la pièce justificative, on va verser
l'autre montant. Le règlement exige que la personne fournisse des
pièces justificatives. (12 h 30)
Dans l'adaptation à domicile, principalement, la loi
détermine que la personne ne peut faire une dépense sans
l'autorisation de l'office. C'est un principe que l'on met de l'avant pour
l'ensemble de ce qu'on fait, tout en étant souple dans certains
domaines, comme je le disais hier, pour les frais de transport où,
à cause d'une liste d'attente qui est tout de même assez
importante, on pénaliserait la personne si elle ne pouvait pas faire un
déplacement qui doit être fait et qu'elle devait attendre une
année pour faire le déplacement. À ce moment-là, on
donnera un accord de principe et, par la suite, on va accorder l'aide
rétroactivement. Mais dans l'adaptation à domicile, c'est
impossible, selon les règlements, de le faire.
On a tout un cahier de gestion sur l'aide matérielle qui vient de
toute l'expertise qu'on a accumulée depuis 1979. C'est plutôt un
genre de guide de décision que notre personnel utilise dans chacune des
régions. Cela consiste à dire: S'il y a une recommandation qui
est faite par un intervenant, il faut essayer de faire en sorte que ce soit une
recommandation qui ait fait le tour des besoins, que la solution qui soit
proposée soit réellement celle qui semble la meilleure. On a
toute une façon de questionner les intervenants pour bien s'assurer
qu'on répond aux besoins de la personne. C'est ce guide de
décision qu'on améliore chaque année et qui rend notre
personnel autonome dans les régions pour à
peu près 90 % des dossiers qui nous sont présentés.
Les demandes exceptionnelles, parce qu'il y a continuellement des choses
nouvelles qui arrivent, sont discutées dans un comité de gestion
à la direction et sont ensuite communiquées à l'ensemble
du personnel.
On ne tient pas compte des revenus de la personne ni de sa famille. Il y
a même eu une période où on ne demandait aucune information
là-dessus. Maintenant, on demande de l'information sur les revenus de la
personne et de sa famille surtout pour des fins statistiques, pour avoir une
idée du nombre de personnes qui perçoivent, par exemple, de
l'aide sociale, pour savoir comment les revenus sont distribués. Mais il
n'est pas question, pour nous, d'en tenir compte dans la décision. Il
n'est sûrement pas question de demander, comme d'autres programmes le
font, le rapport d'impôt pour vérifier exactement les revenus que
les gens ont.
De plus en plus, on tente de récupérer des
équipements qui ne servent pas. Ils ne servent pas parce qu'il y a eu un
changement dans la situation de la personne. Il y a également des
décès. Les gens sont réhospitalisés. La
déficience s'aggrave et il y a d'autres équipements qui sont
nécessaires. On essaie de récupérer ces équipements
et de les accorder à d'autres personnes.
Pour compléter, en ce qui concerne le fonctionnement
général, toutes les demandes sont reçues, depuis
maintenant environ un an et demi, dans les bureaux régionaux.
Auparavant, c'était centralisé à
Drummondville. Maintenant, c'est reçu dans les onze bureaux
régionaux. La demande, l'analyse et toutes les communications avec la
personne sont faites aux bureaux régionaux. Il y a seulement la
signature finale, à caractère un peu administratif, qui est faite
à Drummondville. Mais pratiquement 100 % des dossiers sont
traités dans les régions.
M. Mercure: Voilà un tour d'horizon de tout le
fonctionnement de l'aide matérielle. Le guide auquel faisait allusion M.
Capistran est un document très volumineux où on va jusqu'à
indiquer des listes d'équipements. Il contient même des
photographies d'équipements et explique de quelle façon les
acheter, qui sont les fournisseurs et de quels fournisseurs on obtient les
meilleures conditions. Il y a toutes sortes de choses comme celles-là,
des choses très détaillées. Tous les aspects de l'aide
matérielle sont prévus dans le guide pour qu'il y ait une
uniformité de décisions à travers les différentes
régions.
Mme Vermette: D'accord. J'écoutais et je me disais que ce
dossier de l'aide matérielle est très dense. On se demande
toujours de quelle façon on peut l'aborder sans rien précipiter
non plus. Parce que je sais fort bien qu'il y a un service important dont la
vie, la réadaptation et l'intégration de la personne
dépendent. Tout cela est fait sous des considérations d'ordre
financier. Je pense que c'est un sujet qui, dans certains cas, est très
émouvant pour certains et, pour d'autres, est très comptable. Il
faut essayer de faire ce lien entre ce besoin important de la personne et le
besoin comptable, je pense. J'espère, en tout cas, que par le biais de
mes questions, je tenterai de maintenir ce lien. En essayant de le trouver, ma
tendance serait beaucoup plus humaine que comptable. J'espère que si je
déborde un peu trop sur le côté humain, on me rappellera
qu'il y a des impératifs d'ordre économique.
Au niveau des impératifs économiques, ma vision des choses
est que cela dénote toujours une volonté politique d'un
changement ou pas et d'imposer par des attitudes et des actions
concrètes. Je me pose énormément d'interrogations en ce
qui concerne les budgets qui ont été restreints au niveau de
l'office. Ils sont beaucoup plus dans cette vision des choses. Je ne veux pas
porter de jugement critique, impératif à l'égard du
gouvernement comme tel, mais je pense, quant à moi, que c'est la
volonté de changer les mentalités qui est le plus important et
cela doit se traduire dans des faits concrets, au-delà des engagements
politiques, au-delà des mots. Il le faut plus que jamais, si on veut
préserver les acquis des personnes handicapées et
préserver aussi ces changements de mentalité qui s'opèrent
graduellement, au compte-gouttes très souvent, dans les milieux de
travail, dans l'entourage, au niveau culturel, loisir. Pour cette
intégration, je pense qu'il faut qu'on démontre une
volonté ferme, une volonté tenace, et cela demande du courage
politique.
Je vais commencer ma série de questions à partir de ce que
je vous ai dit. Cela m'amène tout de suite à vous poser une
question. Actuellement, compte tenu du discours que l'on a souvent, à
savoir que la capacité de l'État est restreinte et
limitée, envisagez-vous... le CT a été sorti au mois de
novembre... Pour vous, est-ce viable de s'en aller vers un ticket
modérateur? En tout cas, on touche inévitablement
l'accessibilité des services. Croyez-vous que ce CT est applicable et
que cela ne causera pas préjudice à l'ensemble des personnes
handicapées?
M. Mercure: Actuellement, il n'y a pas, à ma connaissance,
de décision concernant un ticket modérateur. Il n'y a aucune
décision de quelque organisme que ce soit, du gouvernement, d'appliquer
un ticket modérateur sauf que cette question, comme la question de
compenser partiellement au
lieu de complètement est une question qui a été
discutée à plusieurs reprises. La position de l'office
actuellement est celle que nous avons mentionnée à quelques
reprises, c'est que la compensation des conséquences financières
d'un handicap doit être complète. Quand on dit complète,
cela ne veut pas dire la gratuité, cela veut dire que les personnes
handicapées doivent faire les dépenses qu'elles doivent faire et
que toute personne doit faire si elle doit s'acheter un véhicule -je
donnais cet exemple - elle doit payer le véhicule et, dans beaucoup de
cas, elle doit même payer plus cher que d'autres parce qu'elle ne peut
pas acheter n'importe quel véhicule. L'aide matérielle doit
compenser les dépenses additionnelles dans certaines activités.
Ce n'est même pas dans toutes les activités d'une personne
handicapée mais dans les activités reliées à
l'intégration sociale, professionnelle et scolaire. Le point de vue de
l'office, c'est que cette compensation soit complète.
Mme Vermette: D'accord. On est en train d'étudier des
possibilités, à savoir si là où déjà
il y a du transport adapté dans différentes localités, on
envisage d'éliminer le programme d'adaptation de véhicules.
Avez-vous été mis au courant de cette politique? Cela fait-il un
sujet de discussion à l'heure actuelle et la COPHAN a-t-elle aussi pris
partie dans cette discussion? Avez-vous eu le point de vue des personnes
principalement concernées là-dessus?
M. Mercure: Sûrement qu'on a été mis au
courant de décisions. Je pense que vous vous référez
à certaines décisions du Conseil du trésor du mois
d'octobre et l'Office des personnes handicapées a pris une position
à l'effet de demander au gouvernement de surseoir aux effets de ces
décisions jusqu'à ce que l'on ait étudié
véritablement sérieusement les conséquences
financières et administratives des transferts. Certaines de ces
décisions étaient limitatives par rapport à nos
obligations légales et réglementaires. D'autres étaient
à l'effet de confier une partie importante de l'aide matérielle
à des organismes sans une étude fondamentale et suffisamment
élaborée avec tous les intervenants pour que le transfert soit
responsable et fait sans qu'il y ait des périodes où les services
sont inadéquats. En un mot, la position est la suivante: on a
demandé au gouvernement de surseoir à l'application de ces
décisions jusqu'à ce qu'un processus d'étude des
différents cas de transfert, sur une période plus longue
-l'adaptation de domiciles est un cas, l'adaptation de véhicules en est
un autre... Chaque partie du programme de l'aide matérielle devrait
faire l'objet d'une étude avec les responsables éventuels, avec
le ministère, le réseau concerné et impliquant aussi une
présence du milieu des associations de promotion dans cette
étude; c'est la position de l'office.
Mme Vermette: Vous avez dit que vous avez eu des pourparlers de
surseoir avec la ministre ou le ministère, quelle a été la
réponse du ministère, finalement? Est-ce que vous avez eu une
réponse ou si vous êtes encore dans l'attente d'une
réponse?
M. Mercure: Je ne suis pas en mesure actuellement de communiquer
une réponse; j'espère pouvoir l'être d'ici quelques
semaines. Je n'ai pas de réponse à ce moment-ci.
Mme Vermette: D'accord. Par contre, on sait que les budgets vont
venir prochainement et que cela devra faire l'objet des prochains budgets. Soit
que l'on conserve l'ancienne formule, soit qu'il y ait une nouvelle formule.
Selon vos études, en tout cas... Où en êtes-vous dans vos
études?
M. Mercure: Des études relatives à quoi?
Mme Vermette: L'étude d'impact, s'il y avait des
changements ou, en tout cas, une nouvelle orientation, l'impact que pourraient
subir les personnes handicapées qui ont besoin d'adaptation de
véhicules.
M. Mercure: J'essaie d'interpréter votre question. Je ne
sais si vous voulez la reformuler. Est-ce que vous voulez savoir où on
en est rendu dans la préparation de nos demandes budgétaires?
Mme Vermette: Non. Je vais la reformuler dans ce cas.
Tantôt, vous disiez qu'il est bien sûr qu'avant d'en arriver
à des changements d'orientation en profondeur pour ce qui est de donner
ou non les services, il fallait regarder ce qui se passe dans le milieu et
l'impact sur la clientèle. Je vous demande si vous avez fait une
étude d'impact et si elle est en train de se faire. Est-ce que vous
êtes assez avancé actuellement pour donner une réponse
très significative ou si vous en êtes tout simplement au tout
début de l'étude?
M. Mercure: Dans ce processus, l'office, à ce moment-ci, a
fait une réflexion interne où il s'est demandé quelle est
la meilleure façon et, approximativement, dans quels
échéanciers ces études peuvent se faire. Un des
éléments qui ressort, c'est qu'il est important de ne pas geler
des projets qui sont très mûrs pour des transferts à court
terme. Aussi, il faut s'assurer de la participation des différents
intervenants que j'ai mentionnés tantôt, les ministères,
les réseaux, les personnes handicapées et
l'office, pour la coordination de tout ce travail. Où en est
rendu l'office? On a un document interne qui est assez précis sur les
conditions et le processus. On a demandé effectivement une
décision gouvernementale donnant a l'Office des personnes
handicapées et à différents ministères un mandat
clair sur des transferts, sur l'étude de l'impact administratif et
financier des transferts. Mais nous ne voulons pas faire seuls cette
étude. Dans quelques domaines, cependant, comme le maintien à
domicile, l'étude est très avancée. Autrement dit, s'il y
a un comité qui se formait, le travail pourrait se faire à
très court terme, étant donné que les données
nécessaires pour le transfert sont très connues et très
précises. (12 h 45)
Mme Vermette: Dans le même décret, c'est vrai qu'on
parlait des soins à domicile aussi; pour ce qui est des transferts, on
regardait la possibilité là où il y a des CLSC, ce serait
leur responsabilité. Ce que je sais, c'est qu'antérieurement, en
ce qui concerne les services à domicile, il y avait certains
bénéficiaires qui pouvaient choisir eux-mêmes - ils avaient
leur montant d'argent - la personne qui devait leur donner l'aide, ne serait-ce
que pour leur donner un bain, leur faire à manger, faire les courses.
Quand ils passent par un CLSC, ils sont obligés de prendre l'aide
domestique du CLSC. Je ne suis pas contre le fait que ce soit le CLSC qui donne
le service, mais comme on parle d'intégration de la personne et pour que
la personne soit le plus autonome possible, c'est ce qu'on vise, quand on fait
de tels transferts. Est-ce qu'il n'y a pas lieu de s'enquérir, d'avoir
une certitude que cette part d'autonomie, qui était
réservée, ne serait-ce que le choix de son intervenant
auprès de soi, soit maintenue? Parce qu'ils passent dans un service qui
devient comme un guichet. On va chercher notre service et on nous donne notre
service. Est-ce que cet aspect ne risque pas de tomber et d'être
laissé pour compte?
M. Mercure: Dans ce qu'on appelle, nous, le maintien à
domicile, et que le ministère, en incluant d'autres programmes, appelle
aide à domicile, et qui est finalement du soutien en termes de personnel
pour certaines tâches, pour qu'une personne puisse demeurer dans son
domicile plutôt qu'en institution, la responsabilité est
effectivement au CLSC et la coordination est faite par les conseils
régionaux. M. Capistran pourrait donner des renseignements plus
précis, à savoir s'il y a une différence de
fonctionnement. Nous allons demander des explications dans tous les cas
où il y a des plans de services, quant aux différences de
fonctionnement, dans les cas qui actuellement sont administrés par les
CLSC et ceux dans lesquels l'office est impliqué sur le plan du
financement.
M. Capistran: Actuellement pour les services de maintien à
domicile, les sources de financement viennent, certaines du ministère de
la Santé et des Services sociaux et d'autres viennent de l'office. C'est
à peu près égal actuellement. C'est une enveloppe
générale de 8 000 000 $, subventionnée à peu
près pour 4 000 000 $ par le ministère de la Santé et des
Services sociaux et A 000 000 $ par l'office. Il n'y a pas de différence
de fonctionnement selon que l'argent vienne du ministère ou de l'office.
Ce qui est prôné, partout au Québec, sauf la région
de Montréal, c'est une aide financière qui est donnée
directement à la personne qui va engager quelqu'un pour l'aider à
domicile. Même si l'évaluation a été faite par le
CLSC, même si parfois la personne est choisie avec l'aide d'un CLSC,
c'est tout de même la personne handicapée qui choisit la personne
et qui, d'une certaine façon, lui donne un contrat de services. Il n'est
pas question actuellement, même s'il y avait un transfert global de
programme, qu'on revienne en arrière sur ce mouvement. Il n'y a
qu'à Montréal où l'aide n'est pas accordée
directement è la personne, sauf quelques cas financés par
l'office. Pour des raisons qu'il serait complexe d'expliquer, Montréal a
choisi de faire affaire avec une agence privée. Cela facilite
l'administration, c'est plus simple. C'est une agence privée qui dessert
à peu près la majorité des personnes handicapées
à Montréal, mais ce ne sont pas généralement des
employés des CLSC qui font le travail. L'office ne subventionne pas des
employés de CLSC, c'est plus l'argent qui est accordé à la
personne, sauf Montréal où c'est accordé à une
agence privée.
Mme Vermette: C'est exactement ce que j'avais compris d'ailleurs,
que l'office ne subventionnait pas l'intervenant. C'était la personne
qui recevait la somme d'argent, suite à l'évaluation d'un plan de
services.
M. Capistran: Ce n'est pas menacé s'il y avait transfert.
Je suis assez certain que ce principe n'est pas menacé.
Mme Vermette: Quand on sait que les CLSC sont, eux aussi,
débordés dans leur tâche, que, de plus en plus, on leur
demande d'intervenir dans différents domaines où, normalement,
ils n'intervenaient pas et qu'ils ont aussi des problèmes d'ordre
financier, je me dis: Jusqu'où, en fin de compte, vont-ils être
capables de donner ce service et pourront-ils avoir cette assurance que, pour
des impératifs ou tracasseries administratives, ce ne sera pas un peu
comme Montréal - vous en avez donné l'exemple - cela ne se
multipliera pas è la grandeur, à l'échelle des CLSC?
M. Mercure: Même si ce programme -c'est un exemple
très concret - était transféré, je pense qu'il
faudra, tant chez les organismes de promotion qu'à l'office, continuer
à suivre de quelle façon les services sont dispensés et
continuer à faire des mises au point pour s'assurer que les services
soient dispensés d'une façon adéquate. Je pense qu'on va
continuer à conserver un rôle de supervision, pas
nécessairement au niveau individuel de chaque personne, mais au niveau
du fonctionnement des établissements. Il faut absolument conserver ce
rôle-là.
Mme Vermette: Quels sont les moyens que vous allez prendre pour
continuer à jouer ce rôle-là? Quelles sont les actions que
vous allez entreprendre pour continuer à jouer ce
rôle-là?
M. Mercure: Une des choses que l'on veut étudier avec les
groupes concernés, c'est de voir quels sont les moyens que l'office
pourrait obtenir - obtenir et avoir -pour jouer ce rôle-là. Je
peux donner des exemples, comme l'utilisation du service de plaintes des CRSSS.
Le service de plaintes a un rôle, disons, de s'assurer que, pour chaque
individu, les services sont accordés par les établissements,
mais, malheureusement, ce service est disponible et n'est utilisé
qu'à l'égard des établissements reliés au
réseau du ministère de la Santé et des Services sociaux.
On va se préoccuper de savoir si, dans d'autres réseaux, un
rôle un peu semblable ne pourrait pas être joué par un autre
organisme. À l'occasion, dans des cas individuels assez précis,
on peut avoir recours à la Commission des droits de la personne. Il y a
plusieurs organismes à qui on peut faire appel pour permettre, en
particulier dans le cas de l'intégration scolaire, cette approche. De
même, une approche directement aux tribunaux est une façon qui
peut être utilisée par les organismes de promotion, avec un
certain appui qui peut être accordé par l'Office des personnes
handicapées, pour s'assurer que chacun des établissements et des
réseaux exerce, d'une façon responsable, ses
responsabilités.
Mme Vermette: C'est toujours aussi une question de budget qui
entre en ligne de compte. Dans vos discussions, est-ce que vous vous assurez,
compte tenu que c'est une problématique, que l'aide matérielle au
niveau budgétaire... Est-ce que vous sentez la possibilité qu'au
moment où il y aura ce transfert, les différents
ministères auront des sommes d'argent en conséquence pour
répondre à ces besoins? S'il y a un transfert et qu'il n'y a pas
les sommes d'argent, évidemment le problème est double et on
régresse énormément.
M. Mercure: Disons qu'il faudra reqarder quasiment chaque cas
pour pouvoir donner une réponse complète. Je donne une couple
d'exemples. Dans le cas qu'on a mentionné ici hier, celui des
équipements pour la clientèle qui a une déficience
visuelle, il s'agit de modifier les règlements de la réqie et le
montant impliqué s'élève à quelques centaines de
milliers de dollars par année. Je pense que le montant est tellement
minime par rapport au budget de la régie. On a offert, à
plusieurs reprises, de faire un transfert de budget, mais même le
transfert de budget n'a pas beaucoup de sens parce que la régie a des
modes propres d'obtention de revenus. Ses revenus proviennent de sources
différentes et ne proviennent pas principalement du fonds
général de la province; c'est un exemple.
Un autre exemple, c'est l'intégration scolaire. Je pense qu'il
faut se poser la question si, dans l'intégration scolaire, une
commission scolaire peut valablement dire: J'ai besoin de 5000 $ pour appuyer
l'intégration d'un élève dans une classe
régulière et je n'ai pas les sommes requises, je n'ai pas le
personnel requis, quand on sait qu'il peut y avoir du personnel en
disponibilité dans le monde scolaire. Il faut examiner cela
attentivement avec les intervenants. Cela ne veut pas nécessairement
dire des transferts de budgets. Même si cela voulait dire, dans certains
cas, d'ajouter un montant additionnel, dans des ministères, cela ne
pourra pas être une enveloppe protégée pour une longue
période. Dans le réseau de l'éducation, par exemple, il y
a très peu d'enveloppes protégées. Le système
budgétaire prévoit un budget global et beaucoup d'autonomie dans
la répartition de l'utilisation des ressources. Il faut donc regarder
chaque cas en particulier. Je pense que l'on ne peut pas dire que, globalement,
l'approche doit être une enveloppe protégée,
c'est-à-dire un transfert d'un montant précis qu'il faudra suivre
et qui sera utilisé pour une clientèle donnée. Les deux
exemples que j'ai donnés, c'est n'est justement pas l'approche qui
devrait être suivie, à mon point de vue.
Mme Vermette: Oui. Notamment, si on vous a donné le mandat
que vous avez pour l'aide matérielle, c'est parce qu'on ne trouvait pas
de normes, de critères à l'intérieur de certains
programmes des différents ministères pour vous donner les sommes
d'argent nécessaires. Finalement, si on ne touche pas à certains
critères d'admissibilité ou si on ne trouve pas différents
moyens, il y aura toujours cette problématique qui existera, de toute
façon, d'une part. D'autre part, si on vous dit: II n'y a pas
d'enveloppes protégées, j'imagine qu'il n'y aura pas de
critères protégés non plus. C'est la question que je me
pose. Vous
dites que ce n'est pas un ticket modérateur, mais cela semble un
peu un genre de ticket modérateur. On veut de plus en plus prendre en
considération le revenu de la famille, notamment, dans le PARCQ. Ce qui
se passe dans le PARCQ, c'est que l'on applique les mêmes règles,
les mêmes normes, quel que soit l'individu qui fait une demande. À
mon avis, c'est un risque actuellement- Je me dis qu'un tel projet aurait
été une excellente occasion pour un ministre ou pour un
ministère de démontrer sa volonté d'intégration. Au
contraire, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup d'éléments qui
ont échappé. Ce n'est pas parce qu'un père de famille qui
a un revenu de 33 000 $ par année, s'il a deux enfants qui ont une
maladie incroyable comme l'ataxie de Friedreich, je pense qu'il est très
puni... Par contre, on ne tient pas compte de certaines particularités.
Je me pose la question suivante: Est-ce qu'il y a un moratoire vis-à-vis
du PARCQ? Est-ce qu'il est mis en application actuellement? Est-ce que des
sommes d'argent devaient être versées par le fédéral
pour ce programme? Où est-ce qu'on en est dans ce programme?
M. Mercure: Je pense que je l'ai mentionné...
Le Président (M. Bélanger): Brièvement, M.
le président, il nous reste deux minutes avant de suspendre nos
travaux.
M. Mercure: Est-ce que je donne une réponse brève
quand même?
Le Président (M. Bélanger): Oui, s'il vous
plaît.
Mme Vermette: On pourra reprendre, de toute façon.
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez
répondre brièvement maintenant, mais si vous voulez une
réponse plus élaborée, on reprendra à 13
heures.
M. Mercure: J'aimerais mieux que l'on reprenne la question
à 13 heures, effectivement.
Le Président (M. Bélanger): À 13 heures?
D'accord.
M. Mercure: À 15 heures.
Le Président (M. Bélanger): À 15 heures,
oui. Excusez-moi. II est 13 heures. La commission suspend ses travaux
jusqu'à 13 heures. Je demanderais à tout le monde d'être
ici à 13 heures pile pour qu'on ne perde pas de temps.
Une voix: À 15 heures.
Le Président (M. Bélanger): À 15 heures
pile, oui. Excusez-moi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 5)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous allons reprendre les travaux de la commission afin de continuer
l'examen des orientations, des activités et de la gestion de l'Office
des personnes handicapées du Québec. Nous avions suspendu les
débats au moment où M. le président de l'office
s'apprêtait à répondre à une question de Mme la
députée de Marie-Victorin.
Avant de procéder, j'aimerais mentionner, pour que ce soit
consiqné au Journal des débats, que nous avons
effectivement eu la liste des membres du conseil d'administration et qu'elle
est officiellement déposée. Elle vous sera transmise dans
quelques minutes. D'accord?
Mme la députée de Marie-Victorin, si vous pouviez
resynthétiser votre question pour le bénéfice de M. le
président.
Mme Vermette: Avant de passer à la question sur laquelle
on s'est laissé tantôt, je voudrais parler de la liste qui vient
d'être déposée; est-ce qu'on pourrait l'avoir?
Le Président (M. Bélanger): Oui, on va la
distribuer.
Mme Vermette: D'accord, merci, ça va. Est-ce qu'il y a des
personnes qui ont un handicap comme tel au conseil d'administration, ou si ce
sont des parents ou des représentants de personnes souffrant d'un
handicap? Selon vos statuts, est-ce qu'il y a une place aussi
privilégiée pour une personne qui a un handicap?
M. Mercure: En fait, c'est indiqué sur la formule, sur la
liste. Sauf qu'à mon égard on n'a pas spécifié que
je suis parent d'un enfant déficient intellectuel. Je pense que, pour
les autres, il est signalé de quelles associations ils viennent. Ce sont
toutes des personnes handicapées ou des parents de personnes
handicapées.
Mme Vermette: Parfait.
Le Président (M. Bélanger): Pournez-vous reprendre
la question de ce matin?
M. Mercure: Sauf M. Bouchard et M. Duguay qui sont des
représentants des salariés et du patronat.
Mme Vermette: Vous l'aviez dit, de toute façon, au point
de départ ce matin. Il
reste deux postes à combler selon les normes. Cela va. Ce matin,
on parlait du PARCQ. De la façon dont est fait ce programme, à
mon avis, c'est une excellente occasion pour un ministère de
démontrer sa volonté d'intégration en ce qui concerne les
personnes handicapées, d'autant plus, comme vous l'affirmiez, qu'il y a
eu des échanges entre les différents ministères à
différentes occasions.
Comment se fait-il qu'on arrive avec une politique comme
celle-là, qui ne tient pas compte des besoins des personnes
handicapées indépendamment de leurs revenus? Finalement, ne
voyez-vous pas là-dedans justement un danger d'application d'un tel
programme face à l'ensemble des autres programmes où il y aurait
une perte des acquis pour les personnes handicapées?
M. Mercure: Je vais répondre à la partie de la
question qui s'adresse à l'Office des personnes handicapées et
peut-être expliquer de quelle façon on est arrivé à
la situation actuelle. Le PARCQ est un programme
fédéral-provincial qui a été discuté et
établi sans la collaboration de l'office. Cela, en soi, n'est pas
nécessairement une difficulté, dans la mesure où l'office
aurait conservé son rôle palliatif. Le PARCQ permet une
contribution fédérale à des programmes antérieurs
qui accordaient substantiellement les mêmes avantages que le PARCQ.
L'administration du PARCQ a été confiée à la
SHQ qui a la possibilité de déléguer cette
responsabilité. À notre connaissance, la Société
d'habitation du Québec est à discuter quels sont ses mandataires
dans chaque région. Un nombre important de municipalités ont
accepté d'administrer ce programme, de même que quelques MRC. Mais
la situation actuelle n'est pas claire dans toutes les réqions et, dans
certaines régions, selon les informations qu'on a, on ne sait pas encore
avec certitude qui sera le gestionnaire du PARCQ.
L'Office des personnes handicapées, comme je l'ai dit tout
à l'heure, a demandé et attend incessamment une réponse
à la possibilité de maintenir son rôle palliatif
après l'application du PARCQ. Il faut dire que la question de savoir ce
qui est advenu depuis octobre en ce qui concerne l'aide matérielle de
l'office, c'est un peu académique, comme je le disais, parce que depuis
octobre on a accordé très peu d'aide matérielle, sauf dans
des cas particulièrement urgents. Jusqu'à maintenant, le fait
qu'on n'ait pas un rôle palliatif n'a pas changé beaucoup,
étant donné que nous avions très peu de ressources
financières.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'espère, dans quelques
semaines, être en position d'annoncer quelque chose sur cette question,
mais dans le moment on est encore à attendre une réponse claire
à notre demande de pouvoir continuer, dès l'an prochain, notre
rôle palliatif à l'égard de l'adaptation de domicile.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Je pense qu'une partie
des questions a été couverte par la députée de
Marie-Victorin. J'imagine à quoi il faut faire référence.
J'aimerais que vous fassiez un genre de bilan de l'aide matérielle, si
vous avez les chiffres depuis le début de son implantation comme
programme, en donnant un peu les montants affectés, les budgets
consacrés, juste pour avoir un tableau de base.
M. Mercure: Évidemment, on a la ventilation des montants
selon les différents sous-programmes de l'aide matérielle. On a
aussi la ventilation des montants selon les différentes
clientèles. Je vais demander è M. Caplstran de vous donner les
renseignements. Ce serait peut-être préférable qu'on donne
le montant global et les pourcentages de ce montant au cours des
dernières années, des trois ou quatre dernières
années, qui ont été affectés à certaines
clientèles et qui ont été affectés à
certaines parties du programme, M. Capistran.
M. Capistran: En 1980-1981, on a accordé environ 500 000 $
d'aide matérielle. Cela a été assez stable dans les
années suivantes, à peu près 1 000 000 $ par année.
En 1983-1984, il y a eu une augmentation jusqu'à 3 000 000 $. En
1984-1985, on est passé à près de 8 000 000 t.
L'année dernière, on a engagé environ 10 000 000 % et,
cette année, on est à 12 100 000 $.
Sur la répartition des demandes, ou de l'aide qu'on a
accordée, la partie des frais de transport ou des frais de
déplacement -cela comprend le transport, le logement et les repas - en
général, il n'y a pas eu tellement d'évolution, c'est
environ 9 % de l'aide financière qu'on accorde; c'est 20 % des demandes,
mais c'est 9 % du budget, parce que ce sont généralement des
coûts qui ne sont pas tellement élevés. (15 h 15)
L'adaptation de domicile a constitué presque toujours environ 30
% de notre budget, mais environ 9 % à 10 % des demandes. L'adaptation de
véhicule, c'est de l'ordre d'environ 5 % de notre budget et environ 3 %
des demandes. Les différents équipements
spécialisés incluant les fournitures, c'est d'environ 35 %
à 40 % de notre budget, mais environ 50 % des demandes toutefois. Ce qui
a évolué depuis surtout les deux, trois dernières
années, ce sont les services de maintien à domicile qui
constituent, comme cette année, presque 30 % de l'aide qu'on a
accordée alors que l'année précédente,
c'était 16 % et l'année auparavant, 10 %. C'est un des domaines
qui a été en augmentant ces dernières années,
malgré des ajouts de budget de la part du ministère de la
Santé et des Services sociaux.
Sur tout ce qui concerne l'aide au travail, dans le cadre du programme
d'aide matérielle, c'est à peine 1 % de notre budget parce que le
contrat d'intégration au travail vient ajouter dans ce domaine des
montants d'environ 1 500 000 $, 1 800 000 $, à peu près.
M. Sirros: Est-ce qu'il serait exact de dire qu'une des raisons
pour lesquelles on a connu les problèmes qu'on connaît, c'est
qu'une fois qu'on budgétisait, on allait subséquemment à
une demande de budget supplémentaire ou de montant supplémentaire
qui ne se retrouvait pas lors du budget de départ de l'année
suivante? Je ne sais pas si ma question est claire.
M. Mercure: Disons que je comprends la question comme ceci:
Est-ce qu'un des problèmes, c'est qu'il y avait des demandes
supplémentaires en fin d'année et qu'on repartait avec le budget
du début de l'année au lieu du budget de la fin de
l'année? M. Capistran.
M. Capistran: En partie, c'est vrai, mais pas totalement.
Pourquoi? Disons qu'on a toujours eu besoin de budgets supplémentaires.
C'est à cause de l'évolution de la demande. Je pourrais vous
donner des chiffres sur l'évolution de la demande et c'est une
évolution qui n'a pas toujours été prévisible.
M- Sirros: D'accord, mais ce que je veux comprendre, c'est si,
à cause de l'augmentation de la demande, dans les années
auparavant, quand on recommençait l'autre année, on se retrouvait
à la base budgétaire avec laquelle on avait commencé
l'année précédente. Je sais que cela a été
le cas, par exemple, pour les deux dernières années.
M. Capistran: Généralement, on recommençait
au mois d'avril avec pratiquement le total de ce qui nous avait
été accordé l'année précédente. Ce
qui nous a été accordé au 1er avril ne tenait pas compte
des besoins qu'on pouvait planifier pour l'année qui s'en venait, les
besoins supplémentaires. Surtout dans certains domaines, lorsqu'on
accorde des subventions une année, il y a toujours une partie qui
revient l'année suivante. Il aurait fallu, au lieu d'accorder le
même montant que l'année précédente, donner un
montant supplé- mentaire pour répondre à ces projections
de nouvelles demandes.
M. Sirros: D'accord. Est-ce que vous pouvez nous dire aussi un
peu comment vous procédez à l'étude des cas? On a
parlé un peu hier des priorités qu'il fallait peut-être
établir. Est-ce que vous pouvez parler un peu du mode de fonctionnement
du point de vue des priorités?
M. Mercure: Toute la question des priorités, on va
peut-être la préciser davantage. C'est une question qui se posait
beaucoup moins dans le contexte où la période d'attente entre
l'ouverture d'un dossier et l'octroi effectif de l'aide matérielle
était plus courte. À cause des disponibilités
budgétaires inférieures à la demande, la liste d'attente
s'est accrue au cours des deux ou trois dernières années
particulièrement. À ce moment, disons que la question de
"prioriser" certaines clientèles ou certains dossiers s'est posée
et le conseil d'administration a pris certaines décisions. Je
demanderais à Robert Capistran de détailler à nouveau
quelles ont été les priorités qui ont été
suivies, particulièrement depuis que les budgets ont été
inférieurs aux besoins au cours de la présente année.
M. Capistran: La première priorité, c'est
d'éviter qu'une personne qui a déjà un service subisse une
cessation de ce service. C'est assez primordial. Si on a commencé, par
exemple, un processus d'aide à domicile, il ne faudrait pas qu'au 31
mars cette aide cesse et que la personne, au 1er avril, n'ait plus d'aide et
doive retourner en institution ou ailleurs. C'est la première
priorité. Déjà, dans l'année qui vient, cette
priorité fait en sorte qu'il va y avoir près de 5 000 000 $ qui
vont être nécessaires pour ces dossiers récurrents, s'il
n'y a pas d'autres ministères qui prennent des responsabilités
vis-à-vis de ces dossiers.
Comme je le disais hier, il y a une priorité qui a
été très forte ces dernières années, c'est
celle des services de maintien à domicile. Ce sont des dossiers
où il n'y a pas d'attente à l'office, ou pratiquement pas. Aussi,
en 1983-1984 et 1984-1985, on a "priorisé" à un certain moment
donné les personnes qui avaient une déficience auditive profonde
parce que l'office, depuis 1979, n'avait accordé aucune aide à
ces personnes et on a fait un mouvement spécial pour rattraper le temps
perdu. On va "prioriser" les dossiers d'intégration scolaire parce que
l'intégration scolaire, il faut qu'elle se fasse immédiatement et
non pas dans deux ou trois ans pour une bonne partie des gens. Les dossiers de
stimulation précoce vont être "priorisés".
Les dossiers de travail, même si on n'a pas beaucoup
d'interventions, ce sont des
dossiers qui sont "priorisés". Mais quand on arrive dans le reste
de l'ensemble, on établit beaucoup plus une liste d'attente par ordre
chronologique d'entrée du dossier chez nous. C'est la façon dont
on fonctionne.
M. Sirros: Du point de vue des montants qui sont accordés
pour l'achat d'équipement, par exemple, pris globalement, le budget
d'aide matérielle, même s'il est de 12 000 000 $, ne va pas tout
à l'achat d'équipement, mais il y a quand même une partie
substantielle qui va à l'achat d'équipement, que ce soient des
orthèses, des prothèses, etc. Il doit y avoir, j'imagine,
beaucoup d'équipements qui se répètent, qui sont du
même genre. Est-ce que l'office a procédé ou a
examiné la possibilité de faire des ententes d'achat collectif,
par exemple, avec des fournisseurs ou d'identifier des fournisseurs dans le but
de minimiser les coûts? Je sais qu'actuellement c'est le
bénéficiaire qui est subventionné, qui achète
peut-être à la suite de deux ou trois soumissions, mais il y
aurait peut-être des possibilités d'économie s'il y avait
des contrats d'achat de groupe avec des fournisseurs de certains
équipements spécialisés. Est-ce que cela a
été examiné? Où êtes-vous rendus avec
cela?
M. Mercure: M. Capistran donnera plus de détails. Il y a
certaines choses qu'on fait. Dans certains achats relativement courants, on
détermine le montant qu'on va accorder d'une façon
précise. La personne peut se procurer l'équipement qui est
disponible à ce prix ou se procurer un autre équipement. Mais on
fonctionne à partir d'un montant qui a été
évalué, avec lequel on a vérifié qu'il était
possible d'obtenir l'équipement satisfaisant. C'est difficile,
cependant, de faire des ententes étant donné que, dans la plupart
des cas, ce n'est pas nous qui faisons l'achat. Mais je vais demander à
M. Capistran de donner plus de détails sur cette question.
M. Capistran: Pour les équipements qui servent aux
personnes sourdes, nous allons en soumissions chaque année auprès
des quelques fournisseurs qu'il y a au Québec. À ce moment, nous
prenons la plus basse soumission qui répond aux critères qui
étaient fixés et aux besoins de la personne. Nous accordons le
montant qui est déterminé dans la soumission. Dans les autres
genres d'équipements, nous ne faisons pas le même processus.
Pourquoi? Parce qu'il y a une très grande variété. Disons,
les lève-personnes, il peut y avoir dix sortes de lève-personnes.
La même chose pour les catégories de lits d'hôpitaux. Il y a
différentes catégories aussi. Nous procédons beaucoup plus
par l'étude des catalogues des différents fournisseurs.
Comment cela se passe? L'intervenant, très souvent,
l'ergothérapeute dans un centre de réadaptation va nous dire:
Cette personne, à la suite de l'évaluation, a besoin de tel genre
d'équipement qui existe dans tel catalogue, à tel numéro.
C'est avec cela, à ce moment, qu'on détermine le prix. Nous
sommes toutefois en pourparlers passablement avancés avec les gens de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, qui ont tout de
même un pouvoir d'achat beaucoup plus grand que l'office, pour voir les
possibilités qu'eux, è ce moment, s'occupent de l'achat de ces
divers équipements. Ce sont des pourparlers qui sont assez intensifs. Il
y a deux possibilités: soit qu'ils l'incluent directement dans leur
règlement. Une autre possibilité serait qu'ils servent beaucoup
plus d'aide administrative à l'office à partir des
règlements de l'office plutôt qu'à partir de leurs propres
règlements.
M. Sirros: Dans la perspective des transferts vers les autres
ministères - je prends l'exemple de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, par exemple - est-ce que vous vous
êtes penchés sur la question de la probable
nécessité que la même... Je ne sais pas exactement comment
le formuler. C'est dans le sens de dire que j'imagine qu'un organisme beaucoup
plus "grand", entre guillemets, que l'Office des personnes handicapées,
avec une clientèle plus diversifiée, devra probablement avoir des
normes plus standardisées, en quelque sorte.
Dans l'optique des transferts de programmes, est-ce que c'est ou ce sera
un des soucis de l'office, dans ses discussions avec les ministères, de
voir maintenir la même souplesse d'approche qui caractérise
l'office et de voir à l'accord de l'aide matérielle avec le
besoin de normaliser ou de normes plus précises par rapport à
l'octroi d'équipements, d'aide, etc.? Jusqu'à quel point cela
a-t-il fait l'objet de discussions, soit à l'intérieur de
l'office ou avec les organismes de promotion, étant donné qu'il y
a un consensus sur le bien-fondé du transfert?
M. Mercure: Évidemment, quand on parle
particulièrement des équipements qui pourraient être
remboursés par la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
l'office voudrait qu'on procède de la même façon
qu'actuellement, pour chaque cas individuel, c'est-à-dire qu'on fasse
une analyse complète des besoins d'une personne - c'est ce qu'on appelle
un plan de services - et qu'on s'assure de la coordination de tous les
intervenants. Si, dans le plan de services, l'achat d'un appareil donné
est prévu, au lieu que ce soit l'office qui fournisse les ressources
financières, que la personne fasse une demande à la
régie.
Maintenant, la question comporte aussi
le fait qu'actuellement l'office peut, parce qu'il a moins de normes et
moins de précisions dans ses pouvoirs, c'est-à-dire qu'il a plus
de pouvoirs tandis que la régie est un organisme qui exécute
d'une façon très précise des décisions prises par
le gouvernement en ce qui concerne sa liste et ses normes... C'est sûr
qu'il pourra y avoir des cas où un équipement nouveau ne serait
pas disponible parce que pas suffisamment connu au moment où la liste a
été modifiée.
Je ne sais pas si M. Capistran pourrait ajouter à cette
réponse, pour illustrer qu'il y a effectivement des cas où les
équipements varient. Mais il y a beaucoup de cas - les cas qu'on a
mentionnés - comme les équipements pour la déficience
visuelle, où toutes les réponses sont très connues. Tout
ce que l'office fait, ce sont des choses qui sont suffisamment précises
et qui sont déjà sujettes à des normes. Il y a
sûrement des domaines où il y a encore une évolution
importante.
M. Capistran: Dans les discussions récentes avec la
Régie de l'assurance-maladie du Québec on a identifié
plusieurs équipements qui pourraient être
réglementés et faire partie des règlements de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec avec des critères
assez précis, du type que la régie peut avoir. On peut penser
à peu près à tout ce qu'il y a comme aide pour la
déficience auditive. C'est tout de même une partie importante de
ce que l'on fait. On peut penser aux aides visuelles, dont vient de parler M.
Mercure, et aussi à plusieurs autres équipements qui servent
à des gens qui ont des problèmes de motricité. Il en
resterait d'autres qui sont uniques. (15 h 30)
La régie n'est pas intéressée à
réglementer des choses que l'on peut accorder cinq fois par
année. Aussi - un message - la régie pourrait, à certaines
occasions, être plus souple dans le sens que si la régie identifie
un fauteuil roulant correspondant à telle compagnie, elle ne veut rien
savoir des autres types de fauteuils roulants. Je pense que c'est aller trop
loin dans certains domaines de ta part de la régie. Il faudrait tout de
même qu'elle regarde parfois le besoin plutôt que le type ou la
marque du fauteuil; c'est un message que je lance à la régie. On
sait que probablement 75 % des équipements que l'on accorde pourraient
être réglementés par la régie qui pourrait prendre
des ententes avec des centres conventionnés, comme elle le fait pour
l'aide visuelle. À ce moment-là, ces centres lui font une
recommandation de paiement.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Comme le temps passe assez rapidement et que l'on
me dit qu'il me reste une question à vous poser, je vais essayer de tout
prendre et de faire un genre de question parapluie. Tout ce que je peux vous
dire avant, c'est que je reqarde le nombre de questions que l'on m'a
demandé de poser, ne serait-ce que dans l'ensemble, et je peux vous
montrer le nombre de lettres que j'ai reçues disant qu'il manquait de
l'argent à l'office et que la situation que doivent vivre les personnes
handicapées est insoutenable actuellement, pour ce qui est de l'aide
matérielle très souvent. Tantôt, dans les questions que
l'on vous a posées, le tort causé aux personnes
handicapées par les listes d'attente n'est pas ressorti. Je ne vous pose
pas la question parce que je ne pourrai plus vous en poser d'autres, je vais
être prise. En fin de compte... Non? II m'en reste juste une.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée, je veux juste vous rappeler que l'on va essayer de faire
l'alternance des questions. On me signale, de l'autre côté, qu'on
a quelques questions, mais pendant les quelque 45 minutes qu'il reste encore
vous aurez probablement l'occasion d'y revenir.
Mme Vermette: D'accord. De toute façon, je pense qu'il
reste beaucoup à faire. Il y a sûrement beaucoup de gens qui ont
dû avoir un retard dans leur traitement, sur le plan de la
réadaptation. Il y a sûrement des cas de gens qui ont dû
retourner en institution plutôt que de rester dans leur lieu de vie
naturel. Je suis convaincue que, par votre rôle de promotion, vous avez
sûrement dû voir que d'autres services puissent prendre en
considération cet état de fait. Vous avez aussi sûrement
des statistiques pour vos revendications avec les différents
ministères, lorsque vous aurez à revoir vos budgets pour aller
chercher ces nouvelles sommes d'argent.
En ce qui concerne votre budget, compte tenu des listes d'attente que
vous avez actuellement, compte tenu du budget parce que vous êtes
allés chercher à la graine vos 12 000 000 $... Au point de
départ, c'était 9 000 000 $ et, n'eût été la
manifestation des personnes handicapées, je pense qu'il aurait
été assez difficile d'avoir d'autres sommes d'argent. Vous aviez
fait certaines projections à savoir qu'actuellement, au 31 mars en tout
cas, si on retournait à peu près 5000 personnes en attente, ce
serait tout simplement une accumulation de demandes. L'arqent qui entre
actuellement permet de combler les plans de services qui ont déjà
été mis de l'avant et, tout compte fait, c'est une accumulation
de personnes en attente.
Compte tenu de cette perspective, si l'on regarde ce qui s'est fait en
1985-1986 et en 19B6-1987, je voudrais connaître les perspectives
d'avenir pour 1987-1988. S'il y a
une moyenne de 5000 dossiers au mois de mars, j'imagine que vous partez
assez hypothéqués pour le nouveau budget. Vous avez
sûrement dû faire des prévisions budgétaires pour
l'année qui vient. Compte tenu de ces prévisions
budgétaires, honnêtement et d'une façon réaliste -
non pas des besoins soufflés, mais des besoins réels -avec le
nombre de personnes en liste d'attente, avec le nombre de cas qui doivent
être traités et les nouveaux dossiers qui vont s'acheminer vers
votre bureau, combien d'argent serait actuellement nécessaire pour que
l'office puisse vraiment jouer son rôle dans l'intégration des
personnes handicapées, puisqu'on n'a pas encore trouvé la
solution dans les différents ministères et qu'on n'est pas encore
rendu au transfert total des programmes?
M. Mercure: Nous sommes dans le processus budgétaire et
nous sommes à justifier des demandes. Plusieurs éléments
qui ont déjà été mentionnés ont besoin
d'être clarifiés, mais je constate que votre demande exige qu'on
mentionne des montants qui ne tiennent compte d'aucune modification. Je
voudrais quand même rappeler que, pour le moment, si on n'avait pas le
pouvoir de pallier ou de compléter les montants accordés par le
PARCQ, cela pourrait signifier des réductions substantielles du budget
dont on aurait besoin, si l'on maintient notre rôle palliatif en ce qui
concerne l'adaptation de domicile.
Le montant nécessaire pour fonctionner durant une année,
pour les demandes qui se présentent maintenant, si on n'avait aucun
transfert, si on jouait pleinement notre rôle aux plans de l'adaptation
de domicile et de l'adaptation de véhicule et si on devait aussi
continuer le maintien à domicile, bien que les discussions avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux soient
avancées sur ce point précis, serait de 19 000 000 $ pour
l'année 1987-1988, si on conservait substantiellement les
responsabilités qu'on avait en début d'année courante.
Mme Vermette: Est-ce que vous tenez compte des délais de
réponse pour les personnes handicapées? À un moment
donné, on parlait de délai, que des gens attendent actuellement
plus d'un an. M. Capistran a parlé tantôt des critères
d'urgence. Mais, indépendamment de cela, il y a quand même des
gens qui sont sur des listes depuis nombre de mois, voire même
d'années. Est-ce que cela tient aussi compte de cette
problématique et envisagez-vous de raccourcir les délais pour
répondre aux besoins et pour que les besoins de ces personnes ne
s'alourdissent pas?
M. Mercure: Au rythme où entraient les demandes au cours
des six premiers mois de la présente année, on aurait pu, si on
avait projeté les demandes, avoir des listes d'attente beaucoup plus
considérables que celles que nous avons effectivement. Il est difficile
de savoir exactement quelle proportion des demandes qui ne nous sont pas
faites, n'ayant pas l'aide matérielle, trouve des sources de financement
ailleurs. Toutefois, nous sommes très au courant qu'un certain nombre
reviennent peut-être à la charge auprès de certaines
ressources et obtiennent des ressources qui ne paraissaient pas disponibles
dans un premier temps, de sorte que les listes d'attente à la fin de la
présente année seront substantiellement moindres que celles que
l'on aurait projetées si on avait utilisé le volume de demandes
qui se produisaient chaque mois au cours des six premiers mois.
On s'attend que les demandes soient de l'ordre d'un peu plus de 4000
à la fin de l'année courante. Le budget que je mentionnais tout
à l'heure ne tient pas compte d'une réduction substantielle de la
liste d'attente. Toutefois, une liste d'attente plus normale en serait une
où, une fois le dossier complété, l'argent pourrait
être attribué dans une période de quelques semaines, dans
les cas qui ne sont pas très urgents. Cela pourrait aller jusqu'à
huit à dix semaines ou, au maximum, jusqu'à trois mois.
On sait que, dans certaines régions, les listes d'attente ont
été, au cours des derniers mois, beaucoup plus longues,
c'est-à-dire que l'attente, étant donné le manque de
ressources, a été plus longue que ce délai. Cela prendrait
sûrement un budget additionnel qu'on n'est pas capable de préciser
exactement, mais qui serait sûrement de l'ordre de 2 000 000 $ à 3
000 000 $ de plus, pour pouvoir arriver à des listes d'attente plus
raisonnables et à des délais plus normaux dans l'attribution de
l'aide matérielle.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. À entendre tout ce
qu'on vient de dire, on sait que le point de départ, avant qu'il y ait
une intervention de l'OPHQ, c'est vraiment le plan de services. Avant
d'appliquer le plan de services où on a requis l'aide du
bénéficiaire et, souvent, l'aide d'un ergothérapeute ou
d'un spécialiste dans le domaine, est-ce qu'on se doit d'avoir l'accord
du bénéficiaire sur le plan de services à
exécuter?
M. Mercure: Oui, effectivement. C'est une condition
nécessaire pour l'attribution de l'aide matérielle qu'il y ait un
contrat écrit avec le bénéficiaire, à savoir qu'il
s'engage à exécuter sa partie, sa contribution, sa collaboration,
et qu'il va s'engager è réaliser
son plan de services.
M. Joly: Si le bénéficiaire ou le
représentant ou la représentante du bénéficiaire se
sent un peu bousculé, si vous voulez, soit par le spécialiste ou
le soi-disant spécialiste dans l'établissement du plan de
services, et s'engage autant verbalement que par écrit à
continuer de collaborer, mais que cela ne semble pas répondre aux vrais
besoins, est-ce qu'il y a une façon, un arbitre ou quelqu'un qui peut
trancher le litige?
M. Mercure: Le personnel de l'Office des personnes
handicapées agit comme arbitre dans ces situations et a acquis une
grande expérience de cas semblables quand il ne s'agit pas de situations
totalement nouvelles. Le personnel de l'office a acquis beaucoup
d'expérience et peut effectivement vérifier, d'une certaine
façon, la qualité des demandes qui sont dans le plan de services.
M. Capistran pourrait peut-être donner une réponse plus
précise sur ce point.
M. Capistran: II est essentiel que la personne soit d'accord avec
le plan de services en question, le plan d'intervention ou les aides qui lui
sont accordées. C'est essentiel. Si la personne a un problème de
relations avec un intervenant, je pense que l'office peut très bien,
pour sa part, agir en tant que modérateur ou arbitre et prendre sa
défense.
M. Joly: Souvent, par crainte de ne rien avoir ou de repousser le
dossier pour une attente encore démesurée, le représentant
du bénéficiaire... Par exemple, prenons le cas d'une personne
atteinte de sclérose en plaques dont la maladie est vraiment
avancée et qui ne peut pas s'exprimer elle-même. L'épouse a
établi les besoins, sommairement, avec le spécialiste en question
pour voir qu'il y a seulement 40 % à 50 % des vrais besoins qui sont
couverts, mais on veut imposer un point de vue soit par expérience, soit
pour des raisons quelconques qui sont personnelles au spécialiste.
À ce moment-là, les gens ne savent pas qu'ils ont recours ou
qu'ils peuvent avoir recours à l'office et ils aboutissent dans nos
bureaux pour nous faire découvrir que, quand le plan de services a
été approuvé, que ce soit verbalement ou par écrit,
il n'y a pas autre chose à faire que de se battre pour avoir un
résultat qui est connu à l'avance. Je pense, en toute
honnêteté, qu'il y aurait une façon de définir ou de
confirmer les droits de ces personnes et leur dire que, si elles ne sont pas
d'accord avec le plan de services, elles peuvent quand même s'y opposer,
mais qu'elles ne perdent absolument aucun de leurs droits et que le dossier ne
sera pas repoussé en dessous de la pile. (15 h 45)
M. Mercure: Effectivement, il peut y avoir des gens qui
acceptent, au nom d'une personne handicapée, comme vous dites, un plan
de services qui ne soit pas tout à fait adéquat. Je pense que ce
sont des cas particuliers qui peuvent se présenter. Il faudrait - nous,
on le fait systématiquement - informer les personnes handicapées
que s'il y a un problème et qu'elles ne sont pas satisfaites de leur
plan de services... Encore une fois, une des principales dimensions du plan de
services, c'est la participation de la personne principalement
intéressée, la participation active et non pas seulement passive.
Mais il y a un recours prévu par la loi, qui s'exerce souvent si le plan
de services n'est pas adéquat ou si l'aide matérielle n'est pas
satisfaisante. Il s'agit du recours à la Commission des affaires
sociales qui est la commission - non pas celle-ci, mais la Commission quasi
judiciaire des affaires sociales - qui entend les appels en ce qui concerne les
questions qui touchent le plan de services ou l'aide matérielle.
M. Joly: Merci. À la lecture des articles 52, 53 et 54 par
M. Capistran, il y a quelques minutes, on s'aperçoit que lorsque
l'office donne son "OK" à l'application d'un plan de services on demande
trois soumissions. J'imagine que c'est comme cela que cela fonctionne dans la
plupart des cas. Par après, vous envoyez un chèque au
bénéficiaire et, à la suite de cela, on peut faire
exécuter les travaux. J'aimerais qu'on me confirme cela avant que je
passe à ma prochaine question.
M. Mercure: De plus en plus, effectivement, on s'assure, surtout
quand les montants sont relativement importants, que l'achat est fait. La
meilleure façon de s'assurer que l'achat est fait, c'est de rembourser
le fournisseur plutôt que le bénéficiaire. M. Capistran
pourra préciser les situations qui se présentent
là-dessus.
M. Capistran: Généralement, comme vous le dites, il
faut des soumissions, sauf lorsqu'il y a des équipements où on va
fixer le prix à certaines occasions. À ce moment, il n'y a pas de
soumissions. La plupart du temps, on envoie un premier chèque à
la personne et, quand on reçoit les pièces justificatives, on
envoie le reste du montant.
Toutefois, actuellement, dans certains domaines comme les
prothèses auditives, pour le maintien à domicile, on envoie le
chèque directement au fournisseur. Pour le maintien à domicile,
le fournisseur est le CRSSS ou le CLSC. Pour les prothèses auditives, ce
sont les audioprothésistes. Dans certains cas, maintenant, on envoie des
chèques au fournisseur pour éviter des délais encore
plus
importants.
M. Joly: M. Capistran, je me réfère surtout au cas
des contracteurs qui doivent effectuer les travaux, nécessairement
après que le bénéficiaire a reçu un chèque
d'un pourcentage quelconque. Mais le deuxième chèque, pour la
balance du montant, est envoyé, encore là, au
bénéficiaire. C'est malheureux à dire mais la plupart des
gens qui font faire des travaux et qui passent par l'office ne sont pas les
mieux nantis. Alors, quand le deuxième chèque arrive, parfois,
l'entrepreneur court après son dû et ils n'ont pas de moyens de
recours parce que, la plupart du temps, ces gens-là ont très peu
de biens.
Encore là, il y a le côté humain qui gagne
l'entrepreneur qui n'ose pas prendre de procédures. Je me demande si,
tout comme pour ce qui est des assurances quand il y a une réclamation,
il n'y aurait pas lieu d'émettre le chèque à deux noms: au
nom du bénéficiaire et au nom de l'entrepreneur. De cette
façon, le deuxième endosseur devient celui qui est le dernier
à endosser le chèque et, à ce moment, il peut aller
chercher son dû.
M. Mercure: J'avais soulevé cette question, étant
donné que je proviens du milieu des assurances et que c'est la pratique
générale dans le domaine des assurances. Cette question a
été étudiée à plusieurs reprises. Pour le
gouvernement, cela présentait des difficultés d'avoir un
chèque fait au nom de deux personnes. Sûrement que M. Landry, qui
est à ma droite, pourra donner des renseignements plus précis
mais on me dit qu'on est de nouveau à discuter cette question avec
l'agent payeur au gouvernement et que, possiblement, il va y avoir des
changements. Mais, jusqu'à maintenant, on ne nous permettait pas de
faire un chèque au nom de deux personnes.
M. Landry (Roméo): Merci, M. le Président.
Effectivement, il y a eu des difficultés dans le passé. Comme M.
le député le disait, il y a encore des gens qui ne paient pas
l'entrepreneur. De concert avec M. Capistran, on a pris comme attitude de faire
le chèque, lorsqu'on nous en signale le besoin, à l'entrepreneur
pour l'individu en question. Ce n'est pas un chèque conjoint parce que
nous avons eu seulement, dans le passé, des problèmes avec les
chèques conjoints. Le bénéficiaire, par exemple, ne
voulait pas endosser le chèque. Vous savez que sur un chèque
conjoint il faut deux endosseurs. L'entrepreneur nous revenait avec encore un
problème. Donc, je pense que nous sommes en train de régler ce
problème à la satisfaction des entrepreneurs et aussi des
fournisseurs d'équipements qui ont le même problème,
à l'occasion. De là, il faut surveiller dans le sens de la
responsabilisation de la personne. À ce moment, on ne veut pas non plus
l'établir "at large" et toujours faire le chèque au
fournisseur.
M. Joly: Après que les travaux ont été
exécutés ou, du moins, que vous avez eu la confirmation que les
travaux ont été exécutés, est-ce qu'il y a une
forme d'inspection qui se fait à savoir si ces travaux ont
été exécutés?
M. Mercure: L'office, évidemment, n'est pas responsable de
l'application et n'a pas le personnel pour faire ce genre d'inspection, sauf
qu'il y a toujours un professionnel d'un réseau qui est impliqué
dans les plans de services. Je pense que ce travail, c'est à ce niveau
qu'il doit se faire, mais peut-être que M. Capistran aurait des
commentaires à faire sur cette question.
M. Capistran: Non, je n'ai pas tellement de commentaires à
ajouter. Il faut bien penser que l'office ne se rend pas au domicile des
personnes, sauf exception. Même, très souvent, on ne rencontre pas
les personnes. On traite les dossiers par intermédiaire.
Généralement, c'est cet intermédiaire, un intervenant d'un
réseau, qui va vérifier les travaux.
M. Joly: Ce qui amène ma question à M. Capistran,
c'est que... Nécessairement, je ne doute pas que les travaux soient
exécutés. Ce qu'on remarque dans bien des cas, c'est que les
trois soumissionnaires - les trois entrepreneurs qui ont fait des soumissions
-souventefois, ni l'un ni l'autre n'exécute les travaux. C'est un
quatrième qui arrive et qui réussit à faire les travaux
à un coût moindre et à en faire faire beaucoup d'autres. En
sus de tout cela, ce n'est pas en relation avec le mieux-être de la
personne handicapée ou de sa famille. Je vous donne un exemple. Sur une
réclamation minime, 6000 $, je peux vous dire une chose, c'est que les
travaux ont été exécutés pour 4000 $. Je peux vous
dire cela.
Si on prend la liste d'attente, on nous parle de 4000 à 5000
noms. Si une réclamation est de 6000 $, cela m'amène à
vous dire, avec des preuves, qu'actuellement 33 % des sommes ont
été mal utilisées sur un budget projeté de 12 000
000 $ en 1987. 33 %, il n'est pas nécessaire d'être un
expert-comptable pour savoir que c'est 4 000 000 $. Si on parle de 4 000 000 $
et d'une liste d'attente de 4000 à 5000 personnes, je me pose la
question: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, à un moment donné, de
faire en sorte, une fois les trois soumissions rentrées, par une
procédure quelconque que vous pourrez imaginer, de faire faire les
travaux pour moins que cela, pour la même qualité? Vous avez
quand
même mentionné: Solution au coût moindre sans pour
autant altérer la qualité. Je suis entièrement d'accord
avec vous. Il n'est pas question d'enlever quoi que ce soit à personne.
Il est simplement question de faire en sorte qu'on étire notre dollar
qui est le dollar de la population, qui est le dollar du peuple, payé
par ceux qui travaillent, mais qui sont conscients qu'ils ont une
responsabilité sociale.
C'est sur cela que je me base, sachant qu'actuellement nous avons 486
000 personnes handicapées qui, d'une façon quelconque,
nécessitent de l'entretien, nécessitent, si vous voulez, des
services auxquels je crois et auxquels je veux souscrire. Mais étirons
notre dollar d'une façon quelconque. Surtout, cela devient alarmant
sachant qu'on se doit d'aller peut-être à 18 000 000 $, 19 000 000
$, comme M. le président le mentionnait tantôt. Il y a moyen
d'étirer notre dollar en faisant en sorte qu'on ait un oeil vigilant et
c'est è vous de trouver la solution. On pourra peut-être se parler
de cas spécifiques sur une base plus personnelle mais, preuve à
l'appui, je peux vous dire que dans la majorité des réclamations,
pour celles que j'ai vues, les travaux auraient pu être
exécutés, pour la majeure partie des cas, avec de 25 % à
33 % de différence. J'apprécierais vos commentaires, M. le
président.
M. Mercure: Disons que je suis en accord avec l'objectif
poursuivi par la question. Je pense que quand un organisme administre 12 000
000 $ il doit faire en sorte de l'utiliser d'une façon responsable et,
si on est en mesure d'épargner un peu sur le coût de plusieurs
subventions, on peut alors aider plus de personnes. C'est évident.
Autrement dit, si on réussit à... Là, on parle de montants
relativement élevés. On a parlé dans plusieurs cas de
montants relativement élevés; la moyenne générale
est de 1400 $ à 1500 $ par cas d'aide matérielle. De toute
façon, si on réussit à ce que le montant moyen soit un peu
inférieur, au lieu de pouvoir accueillir 8000 demandes, par exemple,
à 1500 $, ce qui fait 12 000 000 $, on pourra peut-être en
accueillir 8050 ou 8075.
Cependant, quant à l'arithmétique, je voudrais vous
mentionner que ce que vous dites est particulièrement vrai et possible
dans le domaine des travaux d'adaptation de domicile. Une chose que j'ai
constatée des commentaires que j'ai eus, c'est que l'on demande des
soumissions à des entrepreneurs privés qui font vraiment des
soumissions et des prix et, ensuite, on fait faire les travaux par quelqu'un de
la famille, un beau-frère, un oncle. À ce moment-là, avec
le même montant, on fait faire des travaux additionnels. Je pense qu'on
pourrait trouver des exemples comme celui-là. On devrait se
préoccuper de cela. Une façon de faire, ce serait de s'assurer
davantage que les chèques, pour ce genre de travaux, lorsque les
montants sont élevés, soient faits au nom de l'entrepreneur. On
saurait peut-être plus où va l'arqent.
J'avais déjà entendu parler de cas semblables à
ceux dont vous avez parlé. Je ne doute pas que, sur le nombre important
de cas, on puisse avoir des cas comme celui-là. Sauf que pour les cas
que l'on a mentionnés tout à l'heure, où i! y a 40 % de
l'aide matérielle qui va au maintien à domicile, cette question
est très différente. II y a toute la question des
équipements où on vérifie les prix par des demandes de
soumissions, sur le plan provincial. Mais, dans le secteur particulier de
l'adaptation de domicile où l'on fait affaire avec des entrepreneurs, le
problème que vous soulevez est réel, mais je ne pense pas que
l'on puisse dire que c'est le tiers des montants.
M. Joly: Je parle de quelques cas particuliers où j'ai pu
être en mesure d'établir une moyenne. Quand je parle d'entre 25 %
et 33 %, je vous jure que ce n'est pas exagéré. Je peux vous dire
qu'il y a des qens qui ont fait faire d'autres travaux, comme vous le
mentionniez tantôt, allant jusqu'à faire refaire la corniche en
aluminium, comme on dit. À ce moment-là, je ne pense pas que ce
soit pour le mieux-être d'une personne handicapée. Je pense que
cet argent aurait pu servir à réduire d'au moins une ou deux
personnes la liste d'attente. Si on prend l'effet multiplicateur de chacune des
réclamations, de chacun des cas, on peut sûrement avoir des
exemples dans chacun de nos comtés ou dans toute la province. C'est un
peu à cause de cela que je suis inquiet, surtout quand on regarde la
progression où on part de 3 000 000 $, en 1983-1984, pour se rendre
à 12 000 000 $ en 1987. On parle de mieux-être. Vous savez, la
locomotive qui traîne tout cela, ce sont les contribuables. Si on est
conscient de la responsabilité que l'on a vis-à-vis de ces
personnes qui, malheureusement, sont handicapées, à ce
moment-là, il faut être certain qu'elles seront bien servies, mais
que l'on va les servir selon leurs vrais besoins, selon les demandes et aussi
selon la liste d'attente qui existe et qui pourrait sûrement être
moins longue. Mon appréhension était un peu la suivante: Est-ce
que tous les cas reflètent le même pourcentage de perte?
M. Mercure: En tout cas, personnellement, je ne peux pas
l'affirmer et le démontrer, mais mon point de vue, c'est que les cas que
vous mentionnez s'appliquent dans certains secteurs. Ce sont aussi des cas qui
ne peuvent pas être généralisés. Cela ne s'applique
sûrement pas aux 12 000 000 $; cela s'applique à une partie de
notre budget.
C'est quand même préoccupant. Quand on administre le nombre
de dossiers que nous avons, on peut sûrement trouver plusieurs cas. Il y
a certainement des cas, dans différentes régions, qui ressemblent
à ceux que vous avez mentionnés. C'est effectivement une
préoccupation de l'office de s'assurer que l'on fasse le meilleur usage
possible des deniers publics.
Quant à la croissance considérable, il y a plusieurs
autres phénomènes, entre autres -cela a déjà
été mentionné hier - dans certains domaines
peut-être, une déresponsabilisation ou l'idée que certains
réseaux pourraient augmenter leur budget en utilisant l'aide
matérielle de l'office. Mais de toute façon, je pense que la
solution à moyen et à long terme, comme je l'ai dit plusieurs
fois hier, est de retourner cette responsabilité dans lesréseaux où les gens seront beaucoup plus à même
de contrôler véritablement l'usage de ces sommes. (16 heures)
M. Joly: J'aurais eu beaucoup de questions, mais je dois partir.
Je voulais juste dire aussi que, si on réussit à
économiser un peu, on pourrait peut-être aider au maintien
à domicile des gens qui ont le coeur, le courage et la conviction de
garder leurs personnes handicapées chez eux, libérant les
institutions, parce que cela coûte à peu près 55 000 $ par
année pour une personne et, actuellement, au niveau du maintien à
domicile il n'y a absolument rien qui se fait ou à peu près pas,
du moins que je sache. Si on pouvait économiser un peu, on pourrait
peut-être vraiment, comme on dit, "put your money where your mouth is".
Si on est vraiment pour la réintégration, si on est vraiment pour
la désinstitutionnalisa-tion, on peut sûrement se pencher sur ce
phénomène et je suis convaincu qu'il y aura éventuellement
des questions qui vont être posées sur cela. Malheureusement, je
vous quitte dans le feu de l'action et cela me fait bien de la peine.
Merci.
M. Mercure: Sur ce point, nous sommes tout à fait d'accord
avec vous.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je ferais une suggestion au parti au pouvoir
actuellement. Il pourrait peut-être y avoir des "Roux-Roux" macoutes, on
a des boubou-macoutes, peut-être qu'on pourrait en mettre un peu partout
sur la route. J'espère que vous aurez autant de rigueur pour les grosses
entreprises, les médecins, quant â l'utilisation de la
carte-soleil. On pourrait mettre des contrôles partout, en fin de compte,
parce que partout où il y a des occasions de jouer avec les lois ou avec
les règles on le fait. Je pense qu'on ne peut pas prendre des cas
d'exception et en faire une règle. Ce que je dis c'est que...
Le Président (M. Bélanger): On revient à la
pertinence du sujet, s'il vous plaît!
Mme Vermette: Ce que je dis, c'est qu'il ne faudrait pas faire
une règle avec des cas particuliers; je pense que c'est important. Si on
revient maintenant au budget, je voudrais vous demander, si vous aviez le statu
quo avec votre budget pour l'année 1987-1988 qui est de 12 000 000 $...
Au point de départ, on présume que c'est un acquis, 12 000 000 $.
Cela prouve hors de tout doute que vous en avez besoin, puisque vous avez
encore à peu près 4000 personnes en attente actuellement.
Combien, de ces 12 000 000 $ pour l'année 1987-1988, serviront aux
engagements récurrents?
M. Mercure: Le budget pour l'année prochaine n'est pas
voté à l'Assemblée nationale et on espère qu'une
rencontre comme celle d'aujourd'hui pourra faire en sorte que nous puissions
disposer d'un montant supérieur à 12 000 000 $ parce que,
effectivement, ce n'est pas suffisant. Comme je le disais hier et ce matin,
dans certains programmes les discussions avancent et c'est le cas du maintien
à domicile. On espère réellement que le ministère
de la Santé et des Services sociaux s'implique davantage dans le
maintien à domicile et que cela puisse se faire sans affecter le montant
de 12 000 00(1 $ qui nous est déjà attribué. De cette
façon, on pense qu'on pourra donner un service adéquat dans les
responsabilités que l'on conservera après le transfert du
maintien à domicile.
Mme Vermette: D'accord. Je comprends très bien votre
problème et votre réserve puisque les budgets ne sont pas encore
sortis, mais vous êtes sûrement en train de faire vos
prévisions budgétaires. Pour ce qui est des engagements
récurrents, quelle somme cela représente-t-il pour l'année
1987?
M. Mercure: II a été mentionné une somme de
4 000 000 $ è 5 000 000 $ pour les engagements récurrents, mais
ils sont en grande partie dans le maintien à domicile, justement.
Mme Vermette: D'accord. Quel montant représente la somme
des dossiers en traitement?
M, Mercure: M. Capistran.
M. Capistran: Je ne pourrais pas le dire, parce que nous avons
actuellement environ 10 000 dossiers en traitement. Si on met la moyenne de
1500 $ par dossier, cela donnerait 15 000 000 $, mais c'est un peu faux parce
que, dans ces dossiers en traite-
ment, il y a des cas dont le dossier est ouvert mais peut-être
qu'on a déjà accordé des choses, c'est
complété, mais il va peut-être y avoir une demande dans un
an ou deux. C'est assez difficile de faire des calculs sur la base de ce que
vous dites.
Mme Vermette: En tout cas, cela prouve que vous partez
déjà avec un budget énormément amputé -
excusez l'expression, mais en tout cas - pour l'année 1987-1988
puisqu'il y a déjà, d'une part, les dossiers en traitement et,
d'autre part, les demandes récurrentes. Vous partez avec des sommes
engagées assez substantielles déjà pour 1987-1988.
M. Mercure: Avec des sommes engagées, non. Avec des
dossiers en traitement, oui. À ce moment-ci, on n'a pas de sommes
engagées. Nous avons des demandes, mais les sommes engagées ne
représentent pas des montants élevés.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. J'avais, comme le
député de Fabre, un cas que je ne veux pas soulever, mais qui me
fait dire, quant aux contrôles, qu'il y a des améliorations
potentielles à apporter. Mais, comme mon collègue l'a
soulevé, je ne reviendrai pas là-dessus.
Ma question concerne plutôt le pourcentage de l'argent, la
façon dont il est divisé. Quoique je concède à
l'avance que cela dépend des plans de services et des demandes et que
l'office n'en a pas le plein contrôle, je suis un peu
étonné de voir que la deuxième priorité de l'OPHQ
pour 1985 à 1988 est les services éducatifs. Quand je regarde la
façon dont les budgets sont divisés, je vois que, pour les fins
de l'intégration scolaire, les frais de formation et de recyclage sont
tellement minimes qu'en pourcentage ils représentent 0 %. Quelques
petits montants sont engagés, mais c'est tellement minime que cela donne
0 %.
Comment pouvez-vous expliquer que, malgré le fait que les
services éducatifs viennent au second plan dans vos priorités, si
peu d'argent se retrouve aux fins d'intégration scolaire et frais de
formation et de recyclage?
M. Mercure: L'implication de l'office dans l'intégration
scolaire se fait en même temps que le travail de sensibilisation à
la présence des personnes handicapées en classe
régulière. Ce travail est commencé depuis quelques
années, mais le nombre de cas endossés par l'office a
augmenté, particulièrement au cours des deux dernières
années.
La proportion du budget d'aide matérielle qui devra s'appliquer
à l'intégration scolaire est relativement plus
élevée maintenant, dans l'année courante. Je vais demander
à M. Capistran de vous donner des chiffres assez précis
là-dessus. Que représente l'effort de l'office en
intégration scolaire durant l'année en cours?
M. Capistran: Le chiffre que vous avez mentionné, c'est
pour des équipements aux fins d'intégration scolaire. On ne paie
que très peu d'équipements. C'est le ministère de
l'Éducation qui les paie qénéralement et surtout le
système de prêts et bourses qui acceptera de défrayer
certains équipements.
Le reste de notre intervention dans le domaine scolaire fait partie de
la rubrique qu'on appelle honoraires professionnels. On a actuellement environ
200 dossiers d'intégration scolaire qui peuvent représenter
environ 700 000 $, et qu'on devrait normalement renouveler en septembre si rien
ne se fait.
M. Leclerc: Je comprends très bien que, pour les fins
d'intégration scolaire, ce sont effectivement des équipements
spécialisés. Toutefois, je vois un autre sujet ici, frais de
formation ou de recyclage. Ce n'est sûrement pas pour des
équipements aussi.
M. Capistran: Ce sont des frais de formation et de recyclage
concernant la formation professionnelle ou le travail. Cela ne concerne pas
l'intéqration scolaire. En intégration, là où on
débourse des sommes d'argent, c'est pour l'intégration en classes
régulières. C'est presque entièrement à
l'élémentaire ou au secondaire. Ce n'est pas de la formation
professionnelle.
M. Mercure: C'est vrai qu'on fait un lien entre la
priorité de l'office sur l'intégration scolaire et l'aide
matérielle, sauf que la priorité de l'office qui a
été établie par le conseil d'administration en
intégration scolaire touche des questions qui ne sont pas
immédiatement reliées à l'aide matérielle,
c'est-à-dire qu'on fait un travail de sensibilisation et
d'accompagnement des familles qui rencontrent les directeurs d'école et,
sauvent, des commissions scolaires pour sensibiliser le milieu.
C'est pour cela, évidemment, comme on le mentionnait
tantôt, qu'il faut mettre notre argent où se trouve notre parole.
Je pense que, pour l'aide matérielle, on considère comme
prioritaires les dossiers scolaires. II a été mentionné
aussi qu'un retard de quelques mois, cela peut vouloir dire un an de retard
pour un enfant, et un an de retard, cela peut vouloir dire une très
grande difficulté à entrer à l'élémentaire
régulier, pour cela et pour d'autres raisons. Les montants, puisqu'on
les a, sont attribués à l'intégration scolaire
au cours de la présente année.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, on
va peut-être y revenir tout è l'heure puisqu'on a prévu une
période pour discuter de l'aide scolaire. On pourra peut-être
discuter à fond de cette question à ce moment-là.
Mme la députée de Marie-Victorin, vous aviez une courte
question.
Mme Vermette: En fait, j'aurais une brève question pour
conclure. Étant donné le manque d'argent pour répondre aux
besoins d'équipements, d'aide matérielle et d'adaptation pour les
personnes handicapées, étant donné que, dans la loi, on
vous oblige à répondre aux besoins, à ce jour, est-ce
qu'il y a eu des poursuites contre l'Office des personnes handicapées?
Est-ce que dans les plans de services, actuellement, des demandes d'emploi ont
été faites pour permettre à des gens de maintenir leur
capacité de payer?
M. Mercure: Est-ce que vous vous référez à
des dossiers particuliers concernant l'adaptation de domicile?
Mme Vermette: Non, c'est toujours dans ce même
décret. On demandait s'il y avait eu des avis juridiques à savoir
que l'office pouvait refuser de prendre certaines demandes. D'après la
loi, vous en avez l'obligation. Je me dis: Si vous en avez l'obligation, il y a
sûrement des cas qui ont été sur une liste d'attente.
Est-ce qu'il y a eu des poursuites contre l'office à la suite d'une
demande? D'autre part, on parlait du plan de services, des emplois pour
permettre aux personnes de répondre à certains besoins. Est-ce
que cela s'est fait?
M. Mercure: Effectivement, on est conscient d'au moins trois cas,
deux en adaptation de domicile et un en adaptation de véhicule, qui
actuellement sont soumis à la Commission des affaires sociales
étant donné que l'office a refusé les cas, respectant en
ceci la décision prise par le Conseil du trésor en octobre.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez un
commentaire et une question, cela clôturera le chapitre de l'aide
matérielle. D'abord, une remarque à la suite d'une question de
mes confrères de Fabre et de Taschereau. Je pense qu'il existe des cas
de handicapés qui ont effectivement utilisé une partie des sommes
qui leur ont été allouées pour des fins autres que celles
pour lesquelles elles avaient été dévolues. Ce qu'il faut
bien comprendre, c'est la débrouillardise de ces gens. Puisque nous
avions évalué les travaux à tant, eux se sont
organisés pour les faire avec moins, ils ont dit: Le reste, je peux
faire quelque chose avec. Cela pourrait peut-être nous inciter à
la même débrouillardise, comme administrateurs, pour que nous
épargnions ces sommes afin d'aider davantage de gens.
Je ne voudrais pas qu'on donne l'impression que les handicapés
ont fraudé l'office. Je pense que ce n'était l'intention de
personne ici, ni de la commission.
M. Leclerc: Je m'excuse, j'ai soulevé le cas d'un
entrepreneur qui était parti avec la caisse et qui n'avait pas fait le
travail. C'est le contraire.
Le Président (M. Bélanger): Cela, c'est encore
pire. Lui, on devrait le poursuivre.
Ce que je voulais tout simplement souligner, c'est qu'il y a eu beaucoup
plus de débrouillardise. On connaît un peu la mentalité
québécoise face à l'impôt, envers tous les
organismes du qenre, je pense que c'est à nous d'avoir des
contrôles plus sévères et d'avoir des évaluations
peut-être plus justes, qui feront en sorte qu'on n'arrivera pas à
ces écarts, ce qui peut paraître un abus.
Ma question est la suivante. Les autistiques ont besoin d'un
équipement très spécial. Ils n'ont pas besoin de
prothèse, d'orthèse ou d'autre équipement du genre. Ce
dont ils ont besoin pour être stimulés et arriver à
évoluer ou à reprendre contact avec la réalité,
c'est d'une personne. Une personne, ce n'est pas considéré comme
de l'équipement. De quelle façon ces personnes peuvent-elles
avoir de l'aide? (16 h 15)
M. Mercure: Les personnes autistiques, qui ont une
déficience de l'autisme, sont des personnes qui ont de la
difficulté à entrer en contact avec leur environnement. Ce sont
des personnes qui sont isolées et qui, pour des raisons qui sont
très peu connues, pas connues, en fait, sont complètement dans
leur for intérieur. Donc, leur développement est très lent
et très difficile. Les besoins principaux de cette clientèle sont
des besoins d'accompagnement et des besoins de répit pour la famille.
L'aide matérielle, la plupart du temps, dans ces cas touche la question
des répits quand ils ne sont pas disponibles ailleurs, dans la
communauté, ou de l'accompagnement absolument nécessaire pour que
la personne puisse évoluer.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Cela
clôture donc l'enveloppe de temps impartie pour le secteur de l'aide
matérielle. Il reste deux éléments à voir:
l'intégration scolaire et la déficience intellectuelle. Si
l'ensemble de la commission est d'accord, il y a quelqu'un dans la salle qui a
fait une requête pour qu'on parle de la déficience maintenant,
puisqu'elle doit retourner à Montréal pour la fin de
l'après-
midi; elle a une assemblée de conseil d'administration ce soir et
elle nous a demandé si on accepterait d'intervertir l'ordre afin de
pouvoir parler de déficience intellectuelle tout de suite et
d'intégration scolaire par la suite. Est-ce que j'aurais le consentement
de la commission sur cette requête qui est inhabituelle, puisqu'elle
vient d'un membre qui n'est pas habilité à siéger à
la commission, mais ce serait pour l'accommoder? Est-ce qu'on est d'accord? Il
y a consentement, merci.
Nous allons donc passer à la déficience intellectuelle.
Mme la députée de Marie-Victorin, vous ouvrez le bal?
Déficience intellectuelle
Mme Vermette: Oui. En ce qui concerne la déficience
intellectuelle, cela touche beaucoup aussi le volet de la
désins-titutionnalisation, en fin de compte, et tout le soutien qu'on
peut donner à ces personnes. J'aimerais savoir ce que l'OPHQ fait pour
favoriser ou développer un soutien pour ces personnes que l'on tend a
intégrer dans un milieu normal de vie, autant un soutien dans le milieu,
une aide aux familles, une aide quant aux différentes ressources qui
peuvent exister. Qu'est-ce qu'on fait actuellement, qu'est-ce qui est fait par
l'OPHQ au niveau de la promotion?
M. Mercure: Si on parle véritablement de la
déficience intellectuelle dans le sens des centres d'accueil qui sont
responsables de la réadaptation en déficience intellectuelle et
d'une partie de la clientèle des grands hôpitaux psychiatriques
qui n'est pas reliée à la déficience du psychisme mais
bien à la déficience intellectuelle, cette clientèle,
évidemment, qui a besoin de désinstitutionnalisation, est
déjà, sur le plan financier, une clientèle grandement
privilégiée. Il faut dire cela, sur le plan financier. C'est la
clientèle, disons, pour laquelle l'État dépense le plus de
ressources financières, sauf que les services sont inadéquats, si
on les mesure aux résultats en termes de développement de la
personne et quant à l'atteinte éventuelle d'un plus haut
degré d'autonomie possible.
Donc, dans cette clientèle, l'important, c'est d'obtenir que les
centres d'accueil et les centres hospitaliers transfèrent leurs
ressources matérielles, qui sont très importantes, qui sont en
grande partie utilisées pour l'hébergement, en des services au
milieu. Dans ces situations, l'office est très peu impliqué parce
que les ressources sont très disponibles et parce que c'est très
facile d'identifier le responsable pour accorder les services adéquats;
l'organisme responsable est le centre d'accueil ou le centre hospitalier.
On peut effectivement être impliqué dans des cas lorsqu'il
survient des situations inacceptables et qu'il y a des plaintes, lorsque des
gens font appel è l'office pour obtenir un appui pour présenter
la situation, par exemple, à la Commission des droits de la personne.
Mais, d'une façon générale, la clientèle
déjà en institution est sous la responsabilité des centres
d'accueil et des établissements hospitaliers et l'aide matérielle
n'est pas utilisée dans ces cas.
Maintenant, il y a une chose qu'on a fait, cette question a
été soulevée hier, au tout début de la
réunion. Quelle est le rôle que l'office peut jouer relativement
à la qualité de vie en institution. De ce côté, on a
fait quelque chose de très concret en collaboration avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux. Il y a eu une
mission conjointe de l'Office des personnes handicapées et du
ministère de la Santé et des Services sociaux qui a fait le tour
d'un certain nombre d'établissements dans différentes
régions de la province et qui a émis un rapport qui est
maintenant très utilisé dans le réseau, qui a fait
plusieurs recommandations et qui a souligné des manquements, disons, aux
droits de la personne. C'est le genre de travail que l'office peut faire
à l'égard de cette clientèle.
Mme Vermette: Ma question concernait l'organisme de promotion,
parce que c'est un rôle qui vous tient plus à coeur, qui est la
raison même de l'orqanisme. Qu'est-ce qui se fait pour
l'intéqration de la santé mentale? Vous m'avez dit que vous
participiez, mais jouez-vous un rôle plus particulier au niveau du
soutien?
M. Mercure: Vous mentionnez la santé mentale, alors...
Mme Vermette: Excusez-moi, je voulais dire la déficience
intellectuelle. C'est mon erreur.
M. Mercure: À l'égard de la déficience
intellectuelle, je pense que l'office a pris clairement position. Surtout, il y
a toute la politique de À part... égale, je pense que la
désinstitutionnalisation ou le maintien ou le retour dans le milieu des
personnes handicapées est un principe de base. L'office, par des
vidéos, des présentations de toutes sortes utilisées dans
le public et dans les médias, fait constamment une sensibilisation
auprès du public et aussi des différents réseaux en
participant constamment à des colloques et à des séances
d'étude des professionnels des différentes professions pour
sensibiliser les gens à la nécessité d'être
très concrets dans le processus de désinstitutionnalisation. On a
mentionné la politique qui a été rendue publique au mois
de juin 1986 et les groupes de travail qui ont été formés,
auxquels l'office collabore de façon qu'il
s'établisse, à très brève
échéance, un échéancier concret de
désinstitutionnalisation parce qu'à moyen terme, c'est la seule
solution pour ces clientèles-là. Je comprends, évidemment,
qu'il faut en même temps s'intéresser à la qualité
de vie à l'intérieur des institutions.
Mme Vermette: Je vais laisser le volet des institutions aux gens
qui doivent s'en occuper, mais cela n'en demeure pas moins une de vos
préoccupations. En ce qui concerne votre rôle en tant qu'Office
des personnes handicapées, est-ce que vous faites de la promotion
auprès des familles d'accueil parce que c'est un manque, au niveau des
familles d'accueil. C'est le premier volet de ma question.
Mon deuxième volet, dans la même question, est celui-ci.
Vous avez dit que la politique a été déposée en
juin 1986; est-ce que vous avez été consultés pour
continuer de travailler en consultation? Est-ce qu'un groupe comme COPHAN va
participer à cette démarche pour que les principaux
concernés, ou les parents, soient représentés, parce
qu'ils vivent drôlement le problème?
M. Mercure: Les comités dont j'ai parlé sont sous
la responsabilité du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Je ne suis pas en mesure de répondre précisément
à la question sur la présence des représentants des
organismes de promotion. Quant aux différentes autres recherches, M.
Lucas pourrait peut-être donner quelques informations sur le travail que
fait l'office en matière de retour dans le milieu, de maintien dans le
milieu.
M. Lucas (Normand): La dimension de retour et de maintien dans le
milieu est une priorité à l'office. Plusieurs actions encadrent
ou ont été développées à la suite de
l'identification de cet objectif. De façon générale, les
travaux qui se font concernent surtout des actions relativement à la
prévention, au diagnostic et au traitement, à l'adaptation et la
réadaptation, aux ressources résidentielles et aux
activités de maintien dans le milieu comme tel. De façon plus
spécifique, on pourrait parler d'une aide qui est apportée
è la préparation de la politique sur la prévention et la
périnatalité, d'une recherche sur la formation des intervenants
qui ont affaire avec cette clientèle. Je parle, entre autres, d'une
évaluation des programmes universitaires qui ont trait è la
formation du personnel qui travaille avec cette clientèle. Il se fait
aussi des travaux sur la stimulation précoce, sur la
catégorisation des familles d'accueil et sur l'aspect résidentiel
comme tel. Il y a effectivement différentes actions qui sont
actuellement menées pour ce qui est du développement d'un
modèle relatif à la sécurité des personnes en
milieu résidentiel et de l'identification des différents types de
logement ou unité d'habitation qui pourraient convenir à ce type
de clientèle. Il se fait aussi différentes recherches è
caractère évaluatif et juridique, de façon plus
générale, sur le maintien dans le milieu, le soutien aux
familles, l'utilisation du transport et, de façon un peu plus
générale, sur l'accessibilité.
M. Mercure: Je voudrais souligner qu'à l'égard de
la clientèle déficiente intellectuelle, dans le moment,
l'implication de l'office est très importante dans l'intégration
scolaire dont on va parler tout à l'heure. L'effort de l'office dans
l'intégration scolaire est particulièrement important pour cette
clientèle. C'est pour cela que je ne l'ai pas mentionné
jusqu'à maintenant. Cela peut faire comprendre la difficulté
qu'on a, à ce moment-ci, à lister tous les programmes que cette
clientèle peut utiliser. L'office a reconnu, dans plusieurs discussions
du conseil qui ont été tenues en 1985, qu'il fallait intensifier
sa recherche et son implication à l'égard de deux
clientèles, particulièrement la clientèle en
déficience intellectuelle et la clientèle en déficience du
psychisme, et ce, pour toutes sortes de raisons. C'est surtout parce que
l'office, pendant un bon bout de temps, devait répondre à des
demandes et qu'un des dossiers les plus visibles était celui de l'aide
matérielle. Le dossier de l'aide matérielle, pendant plusieurs
années, a été peu utilisé et continue, toutes
proportions gardées, d'être relativement peu utilisé par
les personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle.
Actuellement, il y a quand même un développement très
important du côté de l'intégration scolaire.
Le Président (M. Bélanger): M. le président,
j'aurais une question sur la désinstitutionnalisation et surtout sur ses
effets. Ma question comporte deux ou trois volets. On sait que beaucoup de
familles dont l'enfant - même s'il a un corps d'adulte, c'est un enfant -
a été en institution pendant plusieurs années et s'est
habitué ou s'est orqanisé un style de vie, ne sont plus
nécessairement en mesure de s'accommoder d'une personne qui a besoin
d'une présence 24 heures par jour, 7 jours par semaine et 365 jours par
année. (16 h 30)
II y a d'abord le choc que cela crée dans la famille. Souvent,
elles se disent non préparées à ce retour; souvent elles
n'ont plus toute la patience et toute la disponibilité mentale pour
assumer la présence de cet enfant qui leur revient. Souvent aussi, il y
a l'absence de services de répit. Au bout d'un certain temps qui peut
être parfois très long, deux, trois, quatre, six mois, toute
la
dynamique de la famille se trouve un peu, même profondément
perturbée par la présence d'une personne qui présente un
handicap aussi sévère au niveau intellectuel et elle n'a plus la
chance d'avoir des périodes de répit. Il n'y a pas de structure
qui offre du répit.
En tout cas, je pense à Laval, où il y a quand même
cinq comtés, il y a là manifestement un problème
très important quant au répit. Ces gens appréhendent et
sont même extrêmement négatifs envers la
désinstitutionnalisation. Ils s'organisent pour se prémunir
contre cette désinstitutionnalisation parce qu'ils se sentent
démunis, sans moyens et sans appui.
Si la personne de l'enfant déficient intellectuel est très
importante, et je vous le concède - je reconnais qu'elle est primordiale
- il y a aussi celle de la famille qui est importante. Comment protéger
les deux entités? Est-ce que vous avez un plan de travail ou un
modèle d'intervention que vous entendez mettre de l'avant
là-dessus?
M. Mercure: Disons qu'on n'est pas les principaux responsables de
cette problématique, mais on a quand même beaucoup
d'éléments internes de réflexion parce que les principaux
responsables de cette problématique sont évidemment les
responsables du ministère de la Santé et des Services sociaux, de
qui relèvent tous les établissements où il y a des
personnes en hébergement.
Maintenant, je l'avais mentionné hier en réponse à
une question, mais je voudrais réaffirmer que l'intégration
sociale ne se fait jamais, jamais, jamais contre le gré de la famille.
Surtout pour le retour dans la famille, jamais! Ce n'est pas de
l'intégration sociale. Ce serait du "dumping" comme l'expression
anglaise qui est utilisée pour ce... Je pense que c'est toujours
difficile pour une famille de prendre la décision de reprendre chez elle
ou d'accepter que la personne en institution aille dans une famille substitut
ou aille dans un foyer de groupe ou soit installée dans un appartement
supervisé.
J'ai personnellement vécu des dizaines et des dizaines de cas
très près parce que j'ai toujours été dans les
organismes de promotion qui s'intéressent à cette
clientèle. C'est toujours une évolution sur une période
qui petit durer un an, deux ans, trois ans, mais j'ai constaté à
plusieurs reprises qu'il y avait un nombre très important de familles
qui, après avoir vécu la période difficile et remplie
d'hésitations et de craintes qui accompagne une
désinstitutionnalisation, vivent après cela et sont prêtes
à témoigner de l'expérience parce qu'elles vivent une
période pendant laquelle elles voient la personne qui est
retournée dans le milieu éclater comme une fleur. Cela est une
expression qui m'a été confirmée par une personne
derrière moi.
C'est ce que j'ai vécu dans ma famille. C'est ce que plusieurs
personnes ont vu. Quand une personne qui a été en institution et
qui a adopté un style de vie qui est parfois, malgré les
meilleures circonstances, un peu sous-humain revient dans la communauté,
je pense qu'on peut voir un progrès important, considérable, et
c'est le cas, quel que soit l'âge. Mais évidemment, il n'est pas
question non plus de travailler intensément à la
désinstitutionnalisation de personnes qui ont 60 ans ou 65 ans quand une
partie importante de cette clientèle, même non handicapée,
est déjà en institution.
Même quand il s'agit de personnes de 35 à 40 ans, il y a
des personnes qui ont évolué très rapidement parce
qu'elles ont repris la direction de leur propre vie. Elles ont réappris.
C'est un processus qui est assez lent, mais elles ont réappris à
prendre elles-mêmes les décisions qui les concernent. Elles ont
réappris à vivre dans la communauté. Elles vivent
constamment, tous les jours, des expériences qui les font
évoluer. Mais ce sont toujours des tensions et je pense, en tout cas,
que la meilleure réponse que je peux donner, c'est qu'une
désinstitutionnalisation qui se ferait à ['encontre de la
volonté du foyer naturel est vouée à l'échec.
Je pense qu'il faut cheminer avec les principaux
intéressés. Mais il faut aussi s'écarter de l'ancienne
conception que les parents pouvaient mourir en sécurité lorsque
les personnes étaient en institution. Je pense que c'est important de
s'éloigner de ce schème qui n'est plus valable depuis 20, 25 ans
au Québec parce que la vie en institution est aussi sujette aux tensions
que l'on trouve dans nos sociétés et, souvent, dans des conflits
on a vu que les personnes, les bénéficiaires en institution
étaient pris comme otages. J'ai moi-même vécu des
situations très pénibles en institution où les personnes
étaient laissées dans leur, vous savez quoi, pendant plusieurs
heures, étant donné que le personnel avait décidé
qu'il était en contestation. Je pense que les parents qui ont
réfléchi à ces situations ne sont pas
sécurisés du tout de mourir avec des enfants, des gens avec qui
ils ont des liens étroits, qui sont en institution.
C'est un cheminement à faire, mais les inquiétudes que
vous mentionnez sont là. Je pense que le mouvement associatif, les
organismes de promotion ont un rôle à jouer qui est égal en
importance et qui est peut-être plus important que celui de l'office pour
faire cheminer ces familles et pour les aider, pour les accompagner dans le
processus de désinstitutionnalisation.
Le Président (M. Bélanger): J'aurais un commentaire
qui n'est pas nécessairement
une question. D'abord, je suis tout à fait d'accord avec vos
propos ayant travaillé près d'institutions, ayant
déjà fait une tutelle dans un centre pour déficients
mentaux, je vous jure que ce n'est pas toujours rose là non plus. Je ne
voudrais pas vanter les mérites des institutions. Il s'y fait un travail
merveilleux, mais il y a aussi des lacunes. Je pense que, dans une
société, il y a peu de choses qui peuvent remplacer une
famille.
Un commentaire encore. Des parents faisaient remarquer
dernièrement le choc émotif qu'ils vivent lorsqu'on veut leur
confier leur enfant. On évalue finalement que la dynamique de la
famille, du couple et des autres enfants ne permet pas de
réintégrer, ils ne sont pas en mesure de l'intégrer.
Lorsqu'on leur dit qu'il va aller dans une famille d'accueil, ils se disent:
Comment se fait-il que nous, les parents biologiques, nous qui avons un lien
affectif important avec cet enfant, ne sommes pas en mesure de l'assumer et que
des étrangers qui le font contre rémunération vont, eux,
être plus capables que nous de le faire? Ils vivent cela comme un
jugement sévère sur leur capacité et je pense que,
souvent, on a manqué dans la façon de les préparer
à cette situation qui pour eux est quand même perturbante. Cela
reste quand même leur enfant et, qu'on le veuille ou pas, on se sent
toujours responsable de ses enfants. C'est un commentaire que je me permettais.
Si vous voulez réagir.
M. Mercure: J'ai constaté exactement la même chose.
Je pense que cela vient du fait... C'est un processus qui serait long à
expliquer. Il y a peut-être une certaine culpabilisation au
départ, d'avoir un enfant handicapé intellectuellement,
culpabilisation qui évolue avec le temps, mais qui devient une
non-acceptation et qui idéalement devient une acceptation. Or, ce
problème, à mon point de vue, il se règle seulement quand
on réussit à obtenir que les parents soient fiers de leur enfant
handicapé intellectuel. Quand les parents sont fiers de leur enfant
handicapé intellectuel, je pense qu'ils sont heureux de le voir
évoluer même en dehors du milieu familial propre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Verrnette: Oui. Une dernière question sur ce volet. Il
m'est arrivé de pouvoir aller visiter l'Institut Doréa qui a
connu et qui connaît toujours un problème de
désinstitutionnalisation. Tout ce qui s'est passé à
Rivière-des-Prairies, en fin de compte, nous a aussi
démontré le problème que pouvaient vivre ces gens.
Je voudrais savoir, dans un premier temps, si l'OPHQ s'implique
lorsqu'il y a des prises de position aussi dramatiques, en fin de compte. Si on
regarde ce qui se passe actuellement à Frampton, c'est incroyable, il y
a encore des gens qui n'ont pas l'électricité, les maisons sont
achetées, l'intégration n'a pas encore été faite,
ils sont toujours en attente, il n'y a encore aucune réponse
actuellement. Je me demande si on peut garder ces gens indûment.
Même s'ils sont plus ou moins conscients de ce qui se passe, ils doivent
vivre une sensibilité, j'en suis convaincue, ils doivent être
conscients, ils doivent être réceptifs aux ondes qu'on transmet.
Dans des cas particuliers, en tant qu'organisme de promotion, est-ce que vous
intervenez?
L'autre aspect concerne Rivière-des-Prairies. Si on n'a pas pu
faire toute la lumière sur le débat, c'est que les parents
n'avaient pas pu avoir accès aux dossiers parce qu'ils sont régis
par la Curatelle publique. Les parents sont obliqés de demander une
curatelle privée pour avoir accès aux dossiers des jeunes. S'ils
avaient eu accès aux dossiers, la situation n'aurait pas
été celle qu'ils vivent actuellement.
M. Mercure: Le dossier Rivière-des-Prairies est un dossier
qui a été d'actualité. Je pense qu'on est conscient qu'il
y a eu une enquête et qu'un rapport d'enquête a permis de faire la
lumière sur plusieurs cas. À la suite de cela, le
ministère de la Santé et des Services sociaux a
délégué une personne au conseil, une personne qui, selon
les données qu'on a, s'implique non seulement au niveau du conseil
d'administration, mais dans l'administration courante de façon à
s'assurer, au nom du ministère, de l'application des recommandations de
l'enquêteur.
Cependant, pendant toute la durée de l'étude du dossier,
l'office n'est pas intervenu directement. Il est intervenu après la
décision du ministère de la Santé et des Services sociaux
pour s'assurer que le ministère suive de près l'institution en
question. Effectivement, c'est une possibilité pour l'office d'appuyer
les cas concrets d'appui si la demande lui en a été faite.
Quant à l'Institut Doréa, je ne sais pas si quelqu'un qui
m'accompagne peut répondre à la question, à savoir si oui
ou non l'office a été impliqué. M. Capistran.
M. Capistran: On n'a pas été impliqué
directement. C'est un peu comme à Rivière-des-Prairîes: vu
que c'étaient des dossiers qui étaient déjà dans le
public, on est plutôt intervenu auprès du ministère de la
Santé et des Services sociaux pour s'assurer qu'il s'occupait du dossier
et qu'il prenait les mesures nécessaires. On a évité
d'être un intervenant supplémentaire dans des dossiers qui
étaient déjà passablement conflictuels, où il y
avait déjà passablement d'intervenants. On a plus agi comme
conseil auprès du
ministère sans que cela paraisse, et on a agi à quelques
reprises comme conseiller auprès des associations de personnes
handicapées. Sur place, on n'est pas intervenu dans ces deux
dossiers.
Mme Vermette: En fait, cela m'amène à soulever des
questions additionnelles là-dessus, toujours sur le même sujet. En
ce qui concerne Rivière-des-Prairies, est-ce que vous ferez des
pressions pour que ia curatelle privée soit reconnue pour l'ensemble des
parents et que ce soit une politique maintenant applicable pour les parents
dont un enfant a une déficience pour avoir accès au dossier.
En ce qui concerne l'Institut Doréa, étant donné la
situation que vivent ces gens actuellement, quand on regarde là
où ils vivent et pourquoi l'ingération n'a pas encore
été faite, il y a peut-être des problèmes d'ordre
syndical, mais il y a des problèmes certains. Or, en attendant que des
gens commencent à trouver des solutions, ces gens vivent tout de
même dans une situation intolérable, à mon avis. (16 h
45)
M. Mercure: Vous soulevez la question très importante de
la curatelle. La Curatelle publique est sûrement nécessaire, mais
il est préférable, dans toute la mesure où la famille peut
s'impliquer, d'avoir recours à des moyens de protection qui ne soient
pas la Curatelle publique, et que la famille garde un meilleur contrôle
et soit plus près des intérêts de la personne
handicapée.
Vous n'êtes pas sans savoir que toute cette question de curatelle
est en discussion dans le cadre de la réforme du Code civil et que
l'office suit ces dossiers de très près, car ils sont très
impartants. L'un des problèmes de la loi sur la curatelle, c'est qu'il
n'y a pas, à l'heure actuelle, suffisamment de souplesse ou de
possibilités d'accorder des protections pour des durées
limitées ou à l'égard de certains aspects des besoins
d'une personne.
La loi actuelle au Québec est vraiment déficiente sur ce
point, si vous me permettez le mot. Un système de curatelle beaucoup
plus souple permettrait de régler des problèmes sans enlever les
droits des personnes, ce qu'on est obligé de faire actuellement, alors
qu'on doit enlever tous les droits d'une personne pour prendre la moindre
décision à sa place. M. Semco pourrait peut-être vous
donner quelques éléments additionnels sur la réforme du
Code civil. C'est une question sur laquelle l'office s'est beaucoup
penché et on devra continuer à suivre ce dossier. Cela fait
déjà plusieurs années qu'on suit ce dossier de très
près.
M. Semco: L'office est très impliqué dans les deux
dossiers auxquels le président vient de faire allusion. Je ne veux pas
entrer dans un débat ou dans une polémique juridique, mais je
désire, par contre, souligner une chose très importante.
L'office, depuis ses débuts, a toujours véhiculé le
principe de la capacité de toute personne jusqu'à preuve du
contraire, vraiment. On en est même arrivé, à titre
d'exemple, à faire modifier la Loi électorale de façon
à prévoir que les gens qui n'auraient pas le droit de vote
devaient être des cas très très spécifiques, et il
fallait même un acte juridique pour le confirmer. L'office a toujours
pris cette position.
J'aimerais ajouter un autre commentaire concernant la curatelle
privée. Je vous souligne que la curatelle privée, à la
base, est le premier principe de droit. C'est lorsque personne ne veut une
curatelle privée qu'on tombe sur la Curatelle publique, bien qu'on
puisse tomber sur la Curatelle publique une journée et en ressortir le
lendemain, ce qui crée des abus. Par contre, il ne faut pas oublier,
lorsqu'on veut aborder des questions de curatelle privée, qu'il faut
aussi trouver des gens qui pourraient éventuellement accepter
d'être curateurs privés.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi. Un
commentaire. Il y a des changements en cours à la curatelle, des
changements de personnes et des changements d'attitudes. Les conversations que
j'ai eues avec la nouvelle présidente-directrice générale
de la Curatelle publique vont définitivement dans le sens que vous
mentionnez, c'est-à-dire plus de souplesse et appliquer une curatelle
plus humanisée, moins administrative et moins léqale, si vous le
voulez, dans le sens de la lettre de la loi, mais essayer d'aller plus dans
l'esprit et de donner un contenu plus humain à cette curatelle.
Si vous nous le permettez, nous allons suspendre les travaux pour cinq
minutes, question de s'aérer un peu, et nous reviendrons donc à
16 h 55. Nous avons encore à voir l'intégration scolaire et
j'allais dire à faire un "wrap up" - comment dit-on cela en
français? - un ramassage de toutes les idées pour en tirer
quelques conclusions avant la fin de nos travaux. Nous suspendons les travaux
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Bélanger): Si on me le permet,
j'aurais peut-être une dernière question sur la déficience
mentale qui toucherait le secteur suivant. Vous avez mentionné tout
à l'heure qu'il y avait 10 000 dossiers ou plans d'intégration
ouverts dans le secteur de la déficience. Cela touche quelle proportion
des personnes déficientes
dans la province? Est-ce 1 %, 10 %, 20 %, 100 %?
M. Mercure: On a mentionné qu'il y avait 10 000 dossiers
en traitement. Quelle est la proportion des personnes handicapées dans
la province qui a recours à l'aide matérielle? Je pense qu'on
pourrait donner quelques chiffres. Quel est le nombre de dossiers d'aide
matérielle qu'on a cumulativement? Je pense que c'est 20 000, le chiffre
que l'on a mentionné hier, Est-ce seulement sur la déficience
intellectuelle ou si c'est le total des personnes handicapées?
Le Président (M. Bélanger): La déficience
intellectuelle.
M. Mercure: Pour ce qui est de la déficience
intellectuelle, je pense que le nombre des dossiers dans lesquels on est
impliqué est beaucoup plus restreint. Robert, voudrais-tu donner
l'information en ce qui concerne le nombre de dossiers d'aide matérielle
dans lesquels on est impliqué en déficience intellectuelle?
M. Capistran: Actuellement, 10 % des nouvelles demandes viennent
de personnes qui souffrent d'une déficience intellectuelle mais, si on
prenait la moyenne des années précédentes, peut-être
7 % ou 8 % de nos dossiers concernent des gens qui ont une déficience
intellectuelle.
Le Président (M. Bélanger): Mais au total, dans la
province, on ne sait pas combien de personnes sont déficientes
intellectuelles? Est-ce qu'on a un chiffre ou une estimation?
M. Mercure: Oui, on utilise souvent un ratio international, connu
internationalement de 3 %; 3 % de 6 000 000, c'est 180 000. L'office parle
souvent de 480 000 personnes handicapées dont environ 40 % en
déficience intellectuelle. Maintenant, quand on parle de la
déficience intellectuelle, on parle de gens qui ont besoin de soutien et
on inclut différentes clientèles. C'est
généralement reconnu que les gens ayant des déficiences
moyennes et lourdes représentent environ 0,5 %, soit un sixième
de cette clientèle. Environ 30 000 personnes au Québec - un
sixième de 180 000, c'est cela - seraient déficientes lourdes ou
sévères.
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie.
Cela nous amène à la partie de l'intégration scolaire. M.
le député de Laurier.
Intégration scolaire M. Sirros: Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Juste une seconde, il y
a Mme la députée de Deux-Montagnes qui a levé la main
avant; je m'excuse.
Mme Legault: M. le Président, je voudrais simplement
demander si on respecte l'alternance.
Le Président (M. Bélanger): Oui, madame. Je voulais
juste permettre à la dame d'aller prendre son avion dans quelques
minutes. C'est cela, le problème,
Mme Legault: J'aimerais savoir la moyenne d'âge des
bénéficiaires, des handicapés. Sont-ils jeunes, moins
jeunes ou âgés? Ceux qui s'ajoutent sont-ils jeunes, moins
jeunes?
M. Mercure: Vous parlez des personnes handicapées qui ont
recours à l'aide matérielle?
Mme Legault: En général.
M. Mercure: En général, je pense qu'on peut
facilement dire que la population des personnes handicapées a la
même répartition d'âge que la population en
qénéral. Ce n'est pas une réponse précise en ce qui
concerne la moyenne d'âge, mais la moyenne d'âge de la population
en général, je n'ai pas de chiffres à l'esprit. Il y a des
situations où le risque a été contrôlé mais,
d'une façon générale, je pense qu'on trouve des personnes
handicapées dans tous les groupes d'âges. Je ne sais pas si
quelqu'un peut donner des renseignements plus précis là-dessus.
M. Capistran.
M. Capistran: Je peux donner le renseignement en ce qui concerne
les demandes faites à l'office. Si je prends les données de
1985-1986, 23 % des gens qui ont fait une demande avaient entre 0 et 17 ans; 51
% avaient entre 18 et 64 ans et 25 % ont 65 ans et plus, ce qui démontre
que, par rapport à la population en général, la
clientèle qui fait une demande à l'office est plus
âgée. Pour la population en général, les gens qui
ont 65 ans et plus sont peut-être au nombre de 10 %, alors que les
demandes qui sont faites à l'office sont de l'ordre de 25 %.
Mme Legault: A partir d'il y a un an, est-ce qu'elle est
vieillissante?
M. Capistran: Elle est actuellement vieillissante.
Mme Legault: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: L'intégration scolaire, on sait que c'est un
dossier très important qui touche une partie des déficients
intellectuels et sûrement tous les autres déficients, les gens qui
ont un handicap physique. Est-ce qu'il y a présentement une politique
d'intégration par les commissions scolaires pour favoriser une
intégration de l'ensemble des enfants qui ont un handicap intellectuel
ou physique?
M. Mercure: Pour ce qui concerne l'intégration scolaire,
il faudrait préciser tout de suite que, sur le plan légal, des
services scolaires de qualité sont une obligation légale et qu'on
peut avoir recours à la loi si on trouve que les services scolaires ne
sont pas de qualité. Il y a même une certaine jurisprudence,
à savoir que des services scolaires de qualité, cela veut dire
l'intégration scolaire en milieu régulier. Je demanderais
à M. Semco de préciser ce concept de droit à
l'éducation parce que c'est un concept fondamental que l'on devrait
établir avant de parler plus précisément du processus
d'intégration scolaire.
M. Semco: Je crois qu'il y a une distinction très nette
à faire entre deux choses: le droit aux services éducatifs et
l'exercice de ce droit. En ce qui a trait au droit à l'éducation,
c'est reconnu pour tout enfant au Québec, même que la Loi sur
l'instruction publique prévoit que, lorsqu'une personne ne peut pas
suivre les cours donnés dans des classes, les cours réguliers, on
doit lui donner des services éducatifs spéciaux appropriés
à ses besoins. Je crois que c'est très important de le souligner
immédiatement, au tout début.
Un autre élément assez intéressant dans notre loi,
c'est que les seules personnes qui ont le privilège de ne pas envoyer
leurs enfants à l'école si elles le désirent, ce sont des
parents de personnes handicapées. C'est assez intéressant et
c'est dans la Loi sur l'instruction publique. Mais l'obligation des commissions
scolaires est là.
Quant à savoir comment doit s'exercer ce droit que les enfants
ont, là est toute la problématique de l'intégration
scolaire, soit dans les classes régulières, soit chez eux, quelle
sorte de classe, quelle sorte de services, etc. Les services doivent
normalement être en fonction des besoins de l'enfant.
Mme Vermette: Ma question était à l'effet de savoir
s'il y a actuellement une politique claire par le ministère de
l'Éducation en ce qui concerne l'intégration des enfants qui ont
un handicap intellectuel ou physique. S'il y a une politique claire, comment se
fait-elle et comment s'applique-t-elle? Dans quel ordre de grandeur y a-t-il eu
une progression pour l'intégration?
M. Mercure: Je vais donner une réponse. À ma
connaissance, il n'y a pas une politique claire dans le sens
d'échéancier, etc., au ministère de l'Éducation en
ce qui concerne l'intégration scolaire. Il y a, cependant, une position
philosophique que le ministère a prise, à savoir que
l'intégration scolaire était une question valable et
encouragée, sauf que le problème dans le secteur scolaire, c'est
que le niveau décisionnel, c'est la commission scolaire. Il y a des
structures établies depuis longtemps, des structures de classes
spéciales et d'écoles spéciales. On regroupe même
les classes spéciales dans des écoles. Il y a un processus
amorcé depuis peu, à savoir que, dans un premier temps, quelques
écoles spéciales ont été fermées et les
classes ont été introduites dans des écoles
régulières. Le processus se continue et, depuis deux ans en
particulier - mais c'est commencé depuis quatre ou cinq ans - il y a eu
une intensification des demandes de familles pour que leurs enfants soient dans
la classe régulière. Cette intensification est principalement due
à l'effet de la stimulation précoce.
Dans certains milieux, on a effectivement eu recours à des
services de stimulation précoce qui, malheureusement, ne sont pas
répandus dans toutes les régions de la province, mais cette
stimulation précoce a permis à la famille d'espérer que la
clientèle ou l'enfant déficient intellectuel pourrait être
intégré dans la classe régulière. Disons qu'il y a
même des organismes de promotion qui ont une politique très
précise de favoriser et demander que tous les enfants, quand la famille
le demande, soient intéqrés dans l'école de quartier et en
milieu régulier avec le soutien nécessaire.
À ma connaissance, il n'y a pas de politique précise
portant sur des échéanciers. Comme vous le savez, il y a des cas
qui sont allés très loin, à la Commission des droits de la
personne. Il y a eu des cas de conflits publics pendant de nombreux mois.
L'office suit de très près ces cas. Dans un nombre croissant de
cas, je crois qu'on est rendu à 300 ou 400 cas dans lesquels on est
impliqué au moins en ce qui touche les plans de services et on est
impliqué dans un grand nombre de cas touchant l'aide matérielle.
Peut-être que M. Capistran pourrait préciser le nombre de cas
d'aide matérielle et le nombre de cas de plans de service dans lesquels
on est impliqué au cours de la présente année.
Mme Vermette: Est-ce que vous pourriez, en même temps que
vous allez donner le nombre de cas, montrer aussi la progression qui s'est
faite par rapport à tant d'années? Vous êtes partis
à tant de cas et, maintenant, vous êtes rendus à combien de
cas?
M. Capistran: Actuellement, on intervient dans l'ordre de 450
à 500 dossiers. Je ne parle pas d'interventions quant à l'aide
matérielle parce que, dans le domaine scolaire, c'est un des domaines
où on ne fait pas qu'accorder l'aide matérielle. On va
accompagner les parents qui vont faire des représentations auprès
du directeur d'école, du directeur régional ou des commissaires.
On va réellement aider les associations de parents à cet
effet.
Pour le nombre de dossiers, sur les 450 à 500 qui demandent de
l'aide matérielle, c'est environ 50 % à 60 % de ces dossiers
où on doit à un moment donné accorder de l'aide
matérielle. Ces dossiers scolaires sont très actifs, surtout dans
la région de Québec, donc dans la région 03 où,
déjà, on a à peu près 200 dossiers qui demandent
pratiquement une à deux personnes de notre bureau strictement pour ces
dossiers. Ce sont des dossiers qui demandent énormément de
temps.
M. Mercure: La progression au cours des trois dernières
années.
M. Capistran: Je n'ai malheureusement pas les chiffres de la
progression. Ce que je peux dire, c'est que j'ai l'impression que si on avait
50 dossiers il y a trois ans, c'était le maximum. La progression est
énorme, surtout l'année dernière et cette année.
Pourquoi cette progression s'est-elle faite? C'est parce que ce sont les
parents qui disent, dans toute la philosophie de la normalisation: On veut que
nos enfants intègrent la classe régulière et l'office,
aidez-nous. C'est dans ce sens.
La majorité des dossiers où on intervient concerne la
déficience intellectuelle et aussi d'autres déficiences. Mais
c'est principalement la déficience intellectuelle.
Mme Vermette: Alors, toujours là-dedans, je vais demander
à ce moment-ci pourquoi... Vous êtes obligés d'intervenir
dans les dossiers, c'est assez difficile. Actuellement, dans la région
de Québec, il y a plusieurs enfants qui sont menacés d'être
obligés de quitter les classes faute de subventions parce que,
justement, les ententes entre la commission scolaire et l'OPHQ, en tout cas, on
manque de fonds et on n'aura pas l'argent nécessaire pour finir
l'année scolaire. En fin de compte, on demande un montant. J'imagine que
vous engagez tel montant d'argent. Quel est à ce moment, le montant
maximal? II y a une limite qui est, je pense, de l'ordre de 15 000 $.
M. Mercure: C'est-à-dire qu'il y a une règle
budgétaire qui vient du Conseil du trésor voulant que, lorsqu'on
accorde cumulativement à une personne donnée plus de 15 000 $ sur
une période de trois ans, on doive soumettre le cas et le faire
approuver eu Conseil du trésor. Je pense que vous faites allusion au
fait qu'un certain nombre de familles ont été informées
que leur cas devra être soumis au Conseil du trésor, mais cela ne
veut pas nécessairement dire que l'aide va être refusée.
J'espère que cela ne veut pas dire cela. (17 h 15)
Si l'aide était refusée, cela ne veut pas
nécessairement dire non plus que la commission scolaire ne s'impliquera
pas financièrement. Je pense qu'il était prudent pour nous
d'informer les familles de cette situation. Nous allons quand même
continuer à accompagner la famille pour qu'éventuellement l'aide,
tant sur le plan du personnel que sur le plan financier, vienne de la
commission scolaire. C'est sûrement bénéfique à
court terme pour une commission scolaire de prendre quelqu'un qui est en classe
spéciale, où le soutien est beaucoup plus considérable, et
de l'intégrer dans une classe régulière, surtout si le
service de soutien se fait dans le cadre de l'aide matérielle de
l'OPHQ.
Le Président (M. Bélanger): Un instant! M. le
député de Laurier, s'il vous plaît.
M. Sirros: Je sens que ce dossier crée un certain nombre
de frustrations au sein de l'Office des personnes handicapées et chez
les parents d'enfants handicapés. Récemment, comme vous l'avez
mentionné, on a même vu des parents avoir recours à des
tribunaux pour que leurs enfants aient des services éducatifs.
J'aimerais dans un premier temps, que vous me donniez en quelque sorte un bilan
de la situation dans les différentes commissions scolaires par rapport
à la déficience physique et intellectuelle, si vous êtes
capables de le faire. Est-ce qu'il y a plus de problèmes du
côté de la déficience intellectuelle, en termes
d'intégration dans les classes régulières? Qu'est-ce qui
arrive du côté des handicaps physiques? D'où viennent les
résistances? Quelle est l'attitude des syndicats, des professeurs et des
parents des enfants, dans les écoles? Qu'est-ce que vous voyez comme
difficulté, par exemple, par rapport à l'intégration
scolaire quand on part de l'élémentaire pour aller au secondaire?
Est-ce que vous pensez qu'il y a des situations où l'intégration
scolaire ne peut pas se faire? J'aimerais que l'on dresse un tableau
général de la situation pour que l'on ait une image
complète de ce dont on parle.
M. Mercure: Disons qu'à l'égard des autres
clientèles je vais demander à quelqu'un d'autre de donner des
précisions. À l'égard du mouvement actuel vers
l'intégration scolaire, qui est public et qui crée
beaucoup de réactions dans le milieu scolaire, mais dans lequel l'Office
des personnes handicapées et le mouvement associatif travaillent en
étroite collaboration, pour être très clair, dans le
processus qui est entrepris depuis trois ans, quatre ans, ce ne sont pas du
tout des cas exceptionnels parce qu'il y a un processus précis des
organismes de promotion favorisant l'intégration et demandant aux
familles d'exiger l'introduction des enfants dans les classes
régulières et dans les écoles de quartier.
Quant aux autres clientèles, le processus de retour dans le
milieu régulier de certaines clientèles est entrepris depuis plus
longtemps qu'à l'égard de la clientèle en
déficience intellectuelle où la règle actuelle, pour 90 %,
95 % sûrement des élèves, c'est encore la classe
spéciale. Tout le système de classes spéciales sur lequel
le ministère de l'Éducation se pose de sérieuses questions
à tous les égards, c'est encore la règle
générale. Les classes spéciales sont habituellement des
classes organisées par la commission scolaire régionale, à
la demande des commissions scolaires locales, ou par une commission scolaire
locale, dans une région donnée, à la demande des autres
commissions scolaires locales. C'est une question de structures aussi. Ce sont
des décisions qui ont été prises il y a plusieurs
années et que les commissions scolaires ont pensé prendre dans
les meilleurs intérêts des enfants et des familles. Comme il y a
une évolution de ce côté et qu'aujourd'hui on se pose des
questions, cela remet en cause les structures. Il y a énormément
de résistance dans beaucoup de milieux en ce qui concerne les instances
décisionnelles, que ce soit au sein du personnel pédagogique, ou
au sein du personnel administratif, soit les commissaires d'écoles
eux-mêmes. C'est pour cela qu'il faut accompagner le processus.
M. Sirros: De quelle nature est la résistance?
M. Mercure: Un refus carré. Dans la plupart des cas depuis
deux ou trois ans, les commissions scolaires refusent carrément de
modifier le système actuel. Elles acceptent un enfant, mais à la
condition qu'il aille dans une école spéciale.
M. Sirros: Quelle justification donne-ton?
M. Mercure: La justification qu'on donne, c'est qu'on n'a pas
l'appui requis dans la classe régulière, que l'enfant progressera
plus rapidement avec du personnel spécialisé, qualifié et
avec des programmes spécifiques. Mais, quand on parle de programmes
spécifiques, ce sont toujours des programmes pour des groupes
d'élèves plutôt que des programmes pour des individus. La
plupart du temps, ce sont des classes où le ratio
maître-élèves est plus petit, mais, ou encore, les cours
sont en fonction d'une clientèle plutôt qu'en fonction des besoins
individuels de chaque enfant.
Pour ce qui est des autres clientèles, M. Capistran pourrait vous
donner quelques renseignements. Je sais qu'il y a eu et qu'il y a encore un
certain nombre d'écoles spéciales.
M. Capistran: Pour la clientèle qui a une
déficience physique, les besoins sont généralement pour
une aide physique, pour une personne qui vient aider physiquement la personne
handicapée. On l'appelle habituellement un accompagnateur. Les
commissions scolaires nous disent qu'elles n'ont pas, dans leur budget, les
sommes nécessaires pour défrayer un tel accompaqnateur. Les
personnes avec des déficiences physiques ont aussi assez souvent besoin
de services de réadaptation et elles doivent, durant les heures
scolaires, aller en réadaptation et revenir aussi à
l'école. Cela prend un horaire spécifique, fait en
conséquence.
Quant aux personnes ayant une déficience auditive, s'il y a un
résidu auditif, les gens peuvent avoir besoin d'un système
d'amplification qu'on appelle les systèmes FM. Pour ceux qui ont une
surdité complète, des interprètes sont nécessaires.
Vous voyez sûrement un peu la problématique: si, dans une classe
spéciale, il y a quatre, cinq ou six personnes sourdes, un
interprète peut peut-être faire l'affaire, mais quand on les
intègre à une classe régulière il faut trouver un
autre système pour que la personne sourde puisse tout de même
avoir un interprète pour comprendre ce qui se dit.
Pour les gens avec des déficiences visuelles, les demandes qui
étaient publiques récemment étaient à l'effet
d'imprimer en braille ou en gros caractères et aussi pour certains
équipements spécialisés. Ce domaine a été
réglé récemment, selon ce qu'on a dit hier, mais la
problématique se pose plus actuellement pour la déficience
intellectuelle, pour les personnes qui ont une déficience auditive
surtout profonde, et il y a certains problèmes avec des gens qui ont une
déficience physique.
M. Sirros: Une dernière question sur cela. Est-ce que,
dans votre rôle de recherche et d'évaluation, vous avez des
recherches ou des études concernant surtout les objections
soulevées quant à l'intégration des enfants avec une
déficience intellectuelle dans les classes réqulières pour
pouvoir, en quelque sorte, contrer ou vérifier les arguments
avancés et, espérons-le, atténuer un peu la
résistance qui existe?
M. Mercure: C'est une très bonne question. Je pense qu'on
a à peine abordé cette question et il nous faut le faire. Il faut
intensifier les recherches de ce côté et peut-être utiliser
des données provenant de l'extérieur. Dans le moment, nous avons
un problème de sensibilisation du personnel professionnel dans le milieu
scolaire, des administrateurs, mais du public en général aussi,
car une des raisons que je n'ai peut-être pas mentionnées tout
à l'heure pour laquelle les commissaires d'écoles hésitent
à prendre une décision, c'est qu'une partie de la population,
étant peut-être mal informée sur les conditions dans
lesquelles se fera l'intégration, a une crainte que la qualité
des services pour le reste de la clientèle sera réduite.
Je pense que ce n'est pas du tout l'intention de réduire la
qualité des services éducatifs pour la clientèle non
handicapée, mais c'est surtout l'idée de s'assurer que,
dès le départ, notre société accepte et accorde des
services de même qualité à toutes les personnes qui y ont
droit. Je pense que cela a été démontré à
l'extérieur, mais il faudra intensifier les recherches là-dessus.
Il a été démontré souvent à
l'extérieur la différence considérable qu'il y a dans le
développement d'une personne, particulièrement déficiente
intellectuelle, lorsqu'elle est en milieu régulier par rapport à
son développement lorsqu'elle est dans une classe spéciale.
Je pense qu'il y a énormément de techniques connues et il
faudra développer davantage les connaissances sur cette question. Je
pense qu'on est au tout début de ces études. Le ministère
de l'Éducation devra collaborer. Il y a des projets pilotes qui ont
été établis il y a quelque temps, et je pense qu'on est
à recueillir les informations. On est conscient, et au ministère
de l'Éducation, et à l'office, que le temps est maintenant venu
de recueillir les données qu'on a localement l'expérience des
dernières années dans l'intégration scolaire des personnes
ayant une déficience intellectuelle.
Je ne sais pas si M. Lucas peut ajouter des choses.
M. Lucas: II y a effectivement un projet, la préparation
d'un travail d'évaluation d'un plan d'intervention en milieu
éducatif pour ce qui est de la partie du plan de services des personnes
qui ont une déficience intellectuelle. Ce plan de travail est
actuellement en préparation et il devrait normalement faire l'objet
d'une cueillette de données et d'une évaluation au cours de l'an
prochain.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Comme on approche de la fin et qu'on voudrait se
garder un peu de temps pour la conclusion, je poserai une seule question en
trois volets. Est-ce qu'il y a une politique concrète en ce qui concerne
la stimulation précoce telle qu'on l'avait définie? Qu'en est-il
advenu, où est-ce qu'on s'en va avec ça? Est-ce qu'il y a une
politique claire concernant la transcription du braille, du matériel
scolaire. Même si vous avez eu une subvention de 350 000 % il ne faut pas
oublier que ces enfants sont en train de perdre leur année scolaire. Je
vous demande s'il y a une politique claire. Qu'est-ce qu'on fait pour les
personnes de plus de 21 ans? Est-ce qu'on a des moyens de scolarisation pour
ces gens?
M. Mercure: En ce qui concerne le braille scolaire, je pense
qu'on a annoncé hier que ce dossier était très
périlleux et qu'il menaçait énormément la
présence des personnes handicapées visuelles dans le milieu
scolaire et la qualité des services, particulièrement pour l'an
prochain. Ce dossier a obtenu une solution satisfaisante. En gros, un organisme
responsable de la préparation des manuels scolaires, de
l'équipement scolaire pour les personnes handicapées visuelles
avait augmenté ses prix, et ce n'était pas une augmentation
exagérée, c'était une augmentation qui amenait des prix
même inférieurs à ce que le réseau privé
pouvait accorder. Donc, cela créait un problème
interministériel parce que cet établissement est dans le secteur
des affaires sociales et certaines commissions scolaires avaient
décidé de ne plus avoir recours à ses services, ce qui
voulait dire que tout le développement du matériel était
compromis. Il y a eu règlement de cette question à la
satisfaction des parties, jusqu'à preuve du contraire.
Quant la stimulation précoce et aux personnes de plus de 21 ans,
je pense que ce sont les deux limites des responsabilités du secteur
scolaire. Je pense que la stimulation précoce est un secteur qui
implique davantage le ministère de la Santé et des Services
sociaux, mais il y a quand même une certaine responsabilité du
secteur scolaire. Le ministère de la Santé et des Services
sociaux a pris des engagements, cherche à développer la
stimulation précoce qui est un ensemble de techniques connues depuis un
bon nombre d'années, mais pratiquées d'une façon
inégale dans la province. (17 h 30)
II y a certains centres de stimulation précoce qui existent
depuis une dizaine d'années, mais le besoin de développer du
personnel compétent pour offrir ces services est important. Je n'ai pas
de données précises sur l'échéancier du
ministère de la Santé et des Services sociaux; nous sommes
en relation avec le ministère pour demander que ces services
soient étendus et disponibles partout dans la province. C'est un dossier
très important, dans lequel il y a une carence de services
importante,
Quant aux plus de 21 ans, c'est un dossier où certains voudraient
que les enfants demeurent en milieu scolaire lorsque c'est utile pour continuer
leur scolarisation. Il y a aussi la disponibilité des services de
l'éducation aux adultes sur le plan des commissions scolaires, comme sur
le plan des autres impliqués dans l'éducation aux adultes, comme
le niveau collégial. Disons que, de ce côté, il y ade plus en plus de programmes d'éducation aux adultes,
particulièrement à l'intention des clientèles en
déficience intellectuelle, qui peuvent encore bénéficier
de scolarisation après l'âge de 21 ans. Je pense qu'il y a lieu de
continuer à demander que ces services soient plus disponibles qu'ils ne
le sont actuellement.
Le Président (M. Bélanger): Merci, y a-t-il
d'autres questions' M. le député de Taschereau.
M. Leclerc: J'aimerais, très brièvement, que l'on
puisse aborder le sujet de l'éducation des adultes puisqu'un bon nombre
des adultes handicapés ont moins d'une septième année. On
parle même de 77 %; vous pourrez peut-être valider mes chiffres.
Seulement 2 % des adultes handicapés fréquentent le réseau
de l'éducation des adultes et, selon certains spécialistes, il y
aurait un potentiel de 5 % de handicapés adultes qui pourraient
fréquenter le réseau de l'éducation des adultes.
J'aimerais savoir comment on peut expliquer cette différence. Est-ce le
réseau qui est mal équipé? Est-ce une promotion qu'il
faudrait intensifier? Est-ce que ce sont des handicapés qui ne
manifestent pas d'intérêt en plus grand nombre? J'aimerais
connaître la raison. Cela s'inscrit, il me semble, dans le processus
d'intégration plus général du retour au travail, d'une
meilleure intégration dans la société.
M. Mercure: II faut réaliser justement que
l'éducation des adultes est beaucoup centrée sur
l'amélioration des capacités à s'introduire dans le milieu
du travail et disons que, traditionnellement, elle a été beaucoup
moins utilisée pour continuer à développer la
capacité de savoir lire, savoir écrire, savoir compter pour la
clientèle qui a dépassé 21 ans. C'est surtout cette
clientèle qui est mal servie par l'éducation des adultes,
actuellement. Je pense qu'il s'aqit de développer des programmes
à l'intention des personnes handicapées intellectuelles. Il y a
des commissions scolaires qui ont développé des programmes. Il y
a, dans les grands centres, une utilisation de l'éducation des adultes,
mais ce n'est pas uniformément utilisé. Je ne sais pas si M.
Capistran peut donner des renseignements plus précis sur
l'étendue de ces services dans les différentes
régions.
M. Capistran: Actuellement, ce sont plutôt des
expériences qu'un programme étendu dans toutes les
régions. Les expériences qui existent visent surtout
l'intégration au travail ou la formation professionnelle. C'est
réellement à titre expérimental et c'est beaucoup sous
l'influence de groupes locaux qui y mettent passablement d'énergie,
parfois en relation avec des centres de réadaptation. Il existe
toutefois depuis un an, sous la responsabilité du ministère de la
Main-d'Oeuvre, des tables de coordination régionale en formation
professionnelle. Disons qu'elles viennent de se former dans la dernière
année et on espère dans la prochaine année une
intensification de ces tables pour trouver des solutions à tout ce qui
est éducation des adultes, mais aussi formation professionnelle.
Il faut dire que dans le domaine de tout ce qui concerne la formation
professionnelle, même dans le scolaire régulier, je ne pense pas
qu'on ait tellement encore trouvé les solutions pour avoir des
programmes très adaptés aux personnes. On a tendance à
donner des programmes qui sont peut-être davantage pour d'autres
clientèles. Par exemple, des théories qui ont même
été éprouvées démontrent que, si on veut
intégrer une personne plus lourdement handicapée au marché
du travail, il faut peut-être commencer à 12 ans et non pas
à 20 ans. Il faut dès 12 ans l'amener à prendre contact
avec le milieu industriel et lui faire faire des expériences sur place.
Mais c'est nouveau et ce n'est pas encore appliqué au Québec.
Pourtant, ce sont des théories appliquées ailleurs. On est
è la recherche de solutions dans ce domaine. Le problème est
réel. Il est sur table actuellement.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur l'intégration scolaire? Cela va.
Avant de passer aux conclusions, est-ce que Mme la députée
de Marie-Victorin, vous avez des commentaires ou des interrogations qui
subsisteraient ou des remerciements, je ne sais pas?
Mme Vermette: Ecoutez, effectivement, je pense que... En tout
cas, j'en aurais encore pour une autre journée, avec tout ce que j'avais
préparé en termes de questions à poser et tout ce qu'on
pourrait demander. Là encore, une des choses que j'aurais eu à
vous demander et qu'on va laisser en suspens parce qu'on n'aura probablement
pas le temps d'y répondre c'est ceci. Est-ce qu'on en est rendu à
l'accessibilité des lieux,
finalement?
Hier, j'ai vécu une expérience et, à mon avis,
c'était la première fois que je vivais cela vraiment comme une
réalité. Je suis allée avec des gens qui avaient des
chaises roulantes et je me suis aperçue à quel point... Moi, je
n'ai pas pensé. Un restaurant, c'est un restaurant. On peut en trouver
n'importe où. Mais, quand on a une chaise roulante, c'est autre chose.
Il faut planifier. Il faut y penser d'avance. Ce ne sont pas n'importe lesquels
qui sont accessibles. En tout cas, je l'ai vécu. Ah! Mon doux! C'est une
réalité. Cela fait partie du quotidien de ces gens.
Alors, qu'est-ce qui arrive finalement parce que, d'une part, il y avait
eu un consensus, tout était prêt et, aux derniers crédits,
on m'avait dit qu'il n'y avait pas de problème, la politique
était déjà prête, le consensus avait
été établi, c'était une question au cabinet des
ministres. Est-ce que vous avez eu plus de débouchés? Est-ce que
vous avez entendu parler que cela serait appliqué et de quelle
façon?
M. Mercure: Le dossier accessibilité des édifices.
D'abord, il faut distinguer entre les édifices construits depuis 1976,
où il y a une réglementation qui s'applique, et les
édifices construits avant 1976. C'est pour l'office un dossier qui est
extrêmement volumineux et qui a été une
préoccupation constante depuis les tout débuts des
réunions du conseil d'administration de l'office.
Les gens qui connaissent un peu ce dossier savent que l'office a
réussi, avec beaucoup d'efforts, à faire un consensus social a
plusieurs reprises et à faire accepter par le secteur privé et
par beaucoup d'intervenants une réglementation-cadre. Mais, à
plusieurs reprises au cours des dernières années, le dossier a
achoppé à la toute dernière minute de la
préparation d'une loi. La dernière fois que cette situation est
arrivée, c'est à l'automne 1985 - il ne faut pas que je me
trompe.
Maintenant, selon les données qu'on a actuellement, ce dossier a
été introduit au ministère du Travail dans une
étude qui est beaucoup plus globale que la stricte question de
l'accessibilité des édifices construits avant 1976. Toute cette
réglementation était très raisonnable; ce n'était
pas une réglementation qui obligeait tous les gens qui sont dans le
privé ou même les gouvernements à des dépenses
déraisonnables. Il y avait beaucoup de possibilités
d'éviter de faire des travaux exagérés.
Malgré tout cela, ce dossier est actuellement à peu
près au même niveau qu'il était, peut-être un peu
plus loin en arrière, qu'il y a quatre ans ou cinq ans. C'est un dossier
extrêmement important. C'est un dossier que l'office voudrait voir sortir
du dossier plus considérable dans lequel il se trouve actuellement.
L'office va faire des représentations auprès du ministère
du Travail. C'est une décision du dernier conseil d'administration
à savoir que l'on sorte ce dossier, qui était tout près
d'une solution satisfaisante pour tous les intervenants, et qu'on puisse le
régler pour lui-même.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, en conclusion.
Conclusions Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui. En conclusion, je voudrais vous remercier de
vous être si gentiment prêtés à cette série de
questions pendant ces deux jours. Je pense que cela a été
extrêmement enrichissant pour tous les membres de la commission et pour
ma formation politique. Je voulais vous laisser savoir que vous pouvez toujours
compter sur notre collaboration parce que nous avons été, pour
une large part, partie prenante dans le développement de la politique
À part... égale, et de l'intégration de la personne
handicapée. Je pense que nous allons continuer a surveiller de
très près l'évolution de ce dossier. Je pense que tout ce
qui en sort encore, c'est que les mentalités, même si elles ont
évolué et sont changées au niveau de nos différents
ministères, c'est encore très difficile d'avoir une
considération pour la problématique que soulève
l'intégration des personnes handicapées. Il y a un effort
considérable. J'espère que la ministre va pouvoir jouer et
assumer son leadership auprès de ses collègues parce que, sans ce
leadership, je pense que l'essor pour favoriser l'intégration de la
personne handicapée est illusoire.
À mon avis, toutes tes parties devront être
impliquées. M. le Président, j'en fais une recommandation ici,
à la commission, pour qu'on puisse étendre un peu le mandat de la
commission d'une façon itinérante, soit pour aller voir certains
organismes, se déplacer et voir ce qui se passe réellement sur
place. D'ailleurs, on a reçu un télégramme à cet
effet; il y a des gens qui se sont portés très volontaires pour
qu'on puisse aller les rencontrer. J'aimerais aussi qu'on puisse entendre les
organismes de promotion qui représentent les principaux
concernés, la personne handicapée. À mon avis, ce serait
aussi très enrichissant. Cela nous permettrait de boucler la boucle sur
cette audition que nous avons eue pendant ces deux jours sur le fonctionnement
de l'Office des personnes handicapées. J'en fais une demande officielle
et j'espère qu'on pourra avoir une réponse favorable qui
permettra justement de les entendre. Je souhaite que votre action continue, je
souhaite que vous développiez davantage
votre rôle de promotion. Je crois que c'est très important
de travailler au changement des mentalités pour qu'on ne recule pas.
C'est tellement facile d'oublier. Il n'en faut pas beaucoup pour oublier.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin, je reçois votre recommandation,
votre motion. Malheureusement, je dois la juger irrecevable puisqu'en vertu du
mandat que nous avons à la commission, tel que défini à
l'article 76 des règles qui régissent les travaux des
commissions, nous ne pouvons pas la recevoir comme telle. Ce que je
souhaiterais, cependant, c'est que vous la présentiez dans une prochaine
réunion de travail que nous cédulerons dans les meilleurs
délais, compte tenu que nous avons un caucus de deux jours et que, par
la suite, vous en avez un de deux jours, Cela veut donc dire que ce ne sera pas
demain, ni après-demain, mais dans quelques jours. Je verrai à
convoquer une séance de travail qui nous permettra de disposer de ces
recommandations et de voir sur la base de l'initiative de la commission de
quelle façon, s'il y a lieu, nous pourrions envisager de continuer les
travaux.
Mme Vermette: M. le Président, j'en prends bonne note et
j'espère que vous pourrez transmettre nos préoccupations à
votre collègue, la ministre de la Santé et des Services sociaux.
J'aurais grandement apprécié qu'elle puisse être ici parmi
nous, ne serait-ce que pour saluer. J'en conviens que M. Sirros fait
très bien son rôle d'adjoint parlementaire. Je pense qu'à
cause du souci que les gens démontrent, les personnes handicapées
elles-mêmes, en ce qui concerne leur avenir, il aurait été
intéressant qu'elle vienne, ne serait-ce que pour les saluer.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: J'aimerais peut-être, tout d'abord, moi aussi
remercier, au nom des députés ministériels et de la
ministre, les personnes de l'office qui pendant deux jours nous ont entretenus
sur le rôle, le fonctionnement, la gestion et tout ce qu'on voulait
savoir sur l'Office des personnes handicapées. Je voudrais
également remercier tous ceux qui se sont déplacés pour
suivre les travaux de la commission. Je comprends bien l'intérêt
très vif qu'ils manifestent par rapport à tout ce qui concerne le
dossier des personnes handicapées.
Je suis très content que globalement, je pense, les travaux de la
commission se soient déroulés d'une façon sereine, ce qui
nous a permis à tous de vraiment mieux saisir le fonctionnement de
l'office, les besoins des personnes handicapées et de planifier ce qu'on
peut faire pour améliorer la situation. Je ne mets en doute la
volonté de personne dans cette commission de travailler à
l'amélioration de la situation des personnes handicapées qui
sont, pour la plupart, parmi les plus démunies de la
société. C'est pour cette raison que je crois très
important qu'on aborde le dossier avec une certaine objectivité, en
essayant d'éviter la partisanerie qui nous caractérise souvent
è l'Assemblée nationale. (17 h 45)
Effectivement, je pense que l'office a été
créée par une décision unanime de l'Assemblée
nationale et je pense qu'il n'y a pas un membre de l'Assemblée, de part
et d'autre, qu'on peut sérieusement mettre en doute. Mais je pense qu'il
n'y a personne qu'on pourrait vraiment pointer en disant qu'il veut exploiter
ou minimiser les personnes handicapées. Je pense qu'on est ici pour
travailler à améliorer le sort de nos concitoyens, et davantage
des personnes qui ont plus besoin d'aide et d'appui.
Dans ce sens, je veux remercier très sincèrement tous les
membres de l'Office des personnes handicapées qui sont ici, qui ont
travaillé, que je connais depuis maintenant un an puisque j'ai
travaillé assez étroitement avec eux. Je sais qu'ils sont
très sincères et très impliqués dans les dossiers.
Je peux vous assurer que si la ministre n'était pas ici, c'était
parce qu'elle était dans l'incapacité d'assister à la
commission et elle en a avisé la présidence de l'OPHQ. Je pense
qu'on ne peut pas tirer d'autre conclusion que cela.
Sur ces mots, j'aimerais remercier tout le monde et dire qu'on pourra
par la suite voir ce qu'on peut faire. Quant à moi, les travaux de la
commission prennent fin. On a procédé à l'examen de
l'Office des personnes handicapées et on pourra revenir pour en discuter
entre nous en séance de travail. On donnera très volontiers notre
consentement pour que cela ne se fasse pas en un seul jour, comme le
prévoit le règlement, et qu'on puisse revenir peut-être la
semaine prochaine ou dans dix jours, peut-être lorsque la Chambre
siégera, pour discuter et décider entre nous de la recommandation
qu'on pourra soumettre à l'Assemblée nationale à la suite
des travaux de la commission.
M, Guy Bélanger
Le Président (M. Bélanger): À mon tour, je
voudrais joindre ma voix à mes collègues parlementaires. Depuis
deux jours, on a parlé au nom ou pour ceux et celles qui n'ont pas de
voix ou qui ont peu de moyens de faire entendre leur voix. Je pense que la
personne a toujours été au centre de nos préoccupations,
et c'est tout à l'honneur de la commission et de ceux qui nous ont
fourni ces éléments de réflexion pour mieux faire
notre travail et aussi ces gens de l'office qui ont répondu avec
beaucoup de compétence à toutes les questions.
Je voudrais particulièrement remercier M. Mercure,
président et directeur général, et toute son
équipe. Je ne veux pas dire les noms parce qu'il y en a un ou deux dont
je ne suis pas sûr et je commettrais un impair, donc je ne le ferai pas.
Je voudrais quand même souligner particulièrement le rôle de
M. Mercure. Vous m'avez impressionné. Vous êtes en poste depuis un
mois et demi et vos qualités, à la fois humaines et
administratives, nous ont démontré que vous étiez un homme
qui avait drôlement pris en main la situation de l'office. Je pense que
cela peut être rassurant pour tout le monde. En tout cas, vous avez, avec
votre équipe, démontré beaucoup de clarté et de
compétence dans vos réponses et un souci sincère de viser
è l'excellence avec votre organisme qui est, je pense, une base de
garantie très intéressante.
Nous sommes conscients qu'il y a beaucoup de choses à
améliorer. Je pense que ces deux jours ensemble ont été
une source de réflexion suffisamment stimulante pour interroger à
nouveau l'office sur un certain nombre de choses, les brasser ensemble, et je
suis convaincu qu'avec vos compétences des solutions
intéressantes en sortiront.
Je veux souligner aussi la présence assidue depuis deux jours de
personnes handicapées. C'est à la fois un témoignage de
foi et un témoignage de prise en main de votre situation et d'une
volonté que des choses se fassent et qu'elles soient bien faites. C'est
extrêmement stimulant pour nous, et je pense qu'il en est ainsi pour
l'office. Votre présence en aussi grand nombre de façon continue
est vraiment une garantie que vous avez vos intérêts à
coeur et que vous y veillerez avec le meilleur de vos énergies. Je
souhaite que nous puissions les appuyer au meilleur de nous-mêmes.
Quant à la commission, après deux jours de séance
de travail, sans présumer des conclusions puisque nous irons en
séance de travail - nous venons d'en convenir - pour réviser une
dernière fois tout ce que nous avons vu et que nous avons entendu et
évaluer s'il y a lieu de donner des suites, je pense que, comme le
soulignait mon collègue, le député de Laurier, tout cela
s'est fait au-delà d'un esprit partisan, c'est-à-dire dans le
vrai sens de la réforme parlementaire de mars 1984, celle qui permet aux
parlementaires de se pencher sur des vrais problèmes, d'y chercher des
solutions et d'y apporter un certain nombre de recommandations quand la chose
est nécessaire.
Je remercie donc mes collègues députés pour leur
implication dans le dossier et pour la façon dont se sont
déroulés les travaux. Je pense que chacun a fait preuve de
souplesse, ce qui a permis d'éviter cet esprit partisan qui, parfois,
déteint sur les travaux et donne des colorations moins
intéressantes. Cela a vraiment été absent de tout cela et
c'est vraiment à souligner.
Quelqu'un me faisait remarquer qu'il y a seize membres de la commission
et qu'ils ne sont pas tous là. C'est vrai. Je dois juste préciser
qu'il y a cinq commissions qui siégeaient depuis deux jours et
qu'à cinq commissions, par exemple, nos collègues de l'Opposition
qui sont 23 doivent se multiplier et doivent être cent, puisque nous
sommes cent de l'autre côté, pour arriver è faire leur
travail. Or, M. le leader de l'Opposition et député de Joliette
l'avait bien expliqué hier, de notre côté, dans la mesure
où les travaux des autres commissions le permettaient, les gens ont
été présents et se sont impliqués au meilleur de
leurs connaissances. C'est donc une preuve que ce dossier suscitait beaucoup
d'intérêt chez nous. Nous souhaitons qu'à l'avenir les
résultats qu'on en attendait ou les attentes que nous avions
reçoivent une réponse positive.
La commission, ayant terminé son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Je vous remercie.
M. Mercure: Puis-je dire un mot, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie. Je
vous avais complètement oublié. Je m'en excuse.
M. Mercure: Je voudrais vous remercier, vous personnellement, et
les membres de la commission, en mon nom personnel, au nom de mes
collègues et au nom de l'Office des personnes handicapées, de
nous avoir donné l'occasion de venir expliquer l'office, son mandat et
sa structure, de même que ses activités. Je pense que c'est une
occasion qui est très utile et je veux, en terminant, vous assurer de
notre collaboration au cas où vous décideriez, dans la poursuite
de votre travail, d'avoir recours à nos services. Je vous assure,
d'avance, de notre entière collaboration.
Merci et merci aussi à toutes les personnes présentes
parce que je pense que l'intérêt des personnes concernées
dans des discussions comme celles-ci sont un élément qui nous
donne une motivation plus grande encore dans le travail constant des dossiers
que nous devons suivre tous les jours à l'office. Merci à tout le
monde.
Le Président (M, Bélanger): Merci, M. le
président.
(Fin de la séance à 17 h 54)