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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à une interpellation, à savoir une question
soulevée par le député de Gouin è la ministre de la
Santé et des Services sociaux du Québec sur la situation des
urgences médicales au Québec. Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements pour la durée de l'interpellation?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gauthier
(Roberval) sera remplacé par M. Jolivet (Laviolette) et M. Gervais
(L'Assomption) par M. Trudel (Bourget). C'est tout.
Le Président (M. Richard): Merci, madame. Maintenant, je
vais faire un court rappel des règles de l'interpellation. Le
député qui a donné l'avis d'interpellation intervient donc
le premier pendant dix minutes. C'est donc le député de Gouin.
Mme la ministre interpellée intervient par la suite dix minutes. II y a
ensuite alternance pour les interventions: un député de
l'Opposition, Mme la ministre, un député du groupe formant le
gouvernement et un député du groupe de l'Opposition, Mme la
ministre et ainsi de suite jusqu'à la fin. Pour terminer, en finale,
avec dix minutes, Mme la ministre et on termine avec M. le député
de Gouin pour dix minutes. Inutile de vous mentionner que vous devez respecter
chacun votre temps. M. le député de l'Opposition, M. Gouin.
M. Rochefort: Ce n'est pas M. Gouin, M. Rochefort.
Le Président (M. Richard): Ah! Je m'excuse, M. Rochefort,
de Gouin.
Exposé du sujet M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Monsieur Gouin, c'était un homme plus
illustre que moi sûrement. Merci, M. le Président. Ce matin,
â nouveau, nous voici, à notre demande, réunis à
l'Assemblée nationale pour aborder la question très grave de
l'engorgement des salles d'urgence des différents hôpitaux du
Québec. Pas plus tard que la semaine dernière, Le Soleil
rapportait, dans une dépêche de la Presse canadienne en date
du 11 mars dernier, une déclaration de la ministre de la Santé et
des Services sociaux qui se lisait comme suit: "La question des urgences dans
les hôpitaux - là, on cite au texte - s'est largement
corrigée au point où il ne reste plus qu'un ou deux points
critiques dans la région de Montréal et plus aucun
problème à Québec". On récite au texte la ministre:
"On considère que la situation est sous contrôle", a lancé
d'un ton ferme hier la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme
Thérèse Lavoie-Roux. Et, un peu plus loin, la ministre dit: "Dans
la ville de Québec, il n'y a plus de problèmes. Il n'en reste que
deux à Montréal qui ont un problème d'enqorgement des
urgences, etc." Plus tard, M. le Président, à l'Assemblée
nationale toujours, mercredi dernier, à la suite d'une question que je
posais à la ministre de la Santé et des Services sociaux, alors
que je lui demandais d'ajouter des ressources financières pour
régler, une fois pour toutes, le problème d'engorgement des
salles d'urgence, celle-ci non seulement refusait d'en ajouter, mais disait ce
qui suit: "M. le Président, au moment où nous nous parlons il n'y
a aucune indication montrant que nous devrions ajouter des ressources
supplémentaires puisqu'il s'agit d'un plan, etc."
Elle ajoutait: "Je pense, M. le Président, que nous n'allons pas
précipiter les étapes ou gaspiller de l'argent pour satisfaire
les désirs du député de Gouin." Telles étaient les
déclarations de la ministre de la Santé et des Services sociaux,
qui s'inscrivaient dans son opération qui vise à laisser entendre
qu'il n'y a pas de problème d'engorgement dans les salles d'urgence au
Québec.
Pourtant, M. le Président, nous nous retrouvons avec un
engorgement qui est devenu proprement intolérable, absolument inhumain
et qui, à l'occasion, met en danger la santé et même, dans
certains cas, la vie des malades qu'on retrouve dans les salles d'urgence. Nous
nous retrouvons avec des engorgements monstres à la salle d'urgence de
Maisonneuve-Rosemont, hôpital qui doit donner des congés
prématurés, c'est-à-dire donner des congés à
des patients qui devraient, normalement, être gardés à
l'hôpital plus longtemps, hôpital qui manque de civières
pour aliter des patients dont l'état de santé nécessite
qu'ils soient alités; hôpital qui manque de moniteurs
cardiaques
pour des gens qui ont besoin pour leur vie d'être suivis par un
moniteur cardiaque, hôpital qui manque d'appareils respiratoires pour des
gens dont la vie nécessite d'être assistés d'un appareil
respiratoire, hôpital dont on dît maintenant qu'il manque de
corridors pour accueillir les patients qui s'y présentent. Non seulement
c'est le cas de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, non seulement c'est le
cas de l'hôpital la Cité de la santé de Laval, mais c'est
aussi le cas -l'est de Montréal semble s'élargir - de
l'hôpital Sainte-Marie, de l'ouest de Montréal, qui, pour une
capacité d'accueil de 15 lits, se retrouvait, le 18 novembre 1986, avec
31 personnes à la salle d'urgence.
C'est aussi le cas de l'hôpital Santa Cabrini qui, pour une
capacité d'accueil de 17 lits, se retrouve, depuis quelques mois, avec
une quarantaine de patients qui sont à la salle d'urgence, ce qui
faisait dire à une infirmière de cette salle d'urgence la semaine
dernière qu'elle n'était plus en mesure de remplir ses fonctions,
qu'elle n'était plus en mesure de dispenser une qualité de soins
qui est celle nécessaire à la santé des patients dont elle
a la responsabilité. Elle décrivait ce patient qui a
été installé dans la salle de chocs et qui est
tombé par terre de sa civière et qui, faute de surveillance, n'a
pu être ramassé que dans les heures qui ont suivi.
M. le Président, c'est aussi les Urgences-santé. On a vu
l'exemple de ce dépanneur de l'ouest de Montréal qui, victime
d'une tentative d'assassinat, faute de disponibilité d'ambulance
d'Urgences-santé, a dû être transporté, gisant dans
son sang, à une salle d'urgence couché dans la boîte d'un
camion de linge salle pour le mener à la salle d'urgence.
C'est aussi l'Institut de cardiologie de Montréal qui, avec une
capacité d'accueil de 11 lits, se retrouve régulièrement
avec 30 à 35 patients dans les corridors. C'est maintenant, depuis hier,
un cas qui pourtant avait été réglé,
l'hôpital Notre-Dame, de Montréal, qui se retrouve maintenant avec
une fermeture de sa salle d'urgence pour les trois prochaines journées.
C'est Fleury, Bellechasse, Sacré-Coeur, l'Hôpital
Général, l'hôpital juif qui se retrouvent, depuis le
début de l'hiver 1986-1987, avec deux à trois fois leur
capacité d'accueil. Ce matin, en première page du Journal la
Gazette, l'hôpital général du Lakeshore,
complètement à l'ouest de Montréal, se retrouve avec 200 %
d'occupation par rapport à sa capacité d'accueil, ce qui fait
dire à l'épouse d'un patient qui s'y retrouve que les animaux
sont mieux traités dans les centres vétérinaires que les
patients dans cette salle d'urgence.
M. le Président, la ministre nous dit qu'il reste deux cas
à Montréal, mais, dans l'Outaouais, le Centre hospitalier
régional de l'Outaouais se voit maintenant obliqé de
détourner des ambulances, de fermer sa salle d'urgence. Pour une
capacité d'accueil de 16 lits, on retrouve généralement 32
à 35 patients. On a même une personne qui, dans ce centre
hospitalier, a passé un mois et demi dans le corridor de la salle
d'urgence. On est loin de ce que la ministre nous décrivait.
Charles-LeMoyne, sur la rive sud de Montréal, a réglé le
problème bien simplement, il ferme la salle d'urgence et on envoie les
patients à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, comme si
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont était en mesure de les accueillir.
C'est l'hôpital de Saint-Eustache où un homme s'est
présenté, le 5 janvier dernier, en train de faire un infarctus,
à qui on a dit: Monsieur, assoyez-vous sur une chaise, on ira vous voir
lorsque ce sera possible. Cet homme a fait tout son infarctus assis sur une
chaise d'hôpital sans aucune assistance médicale et sans aucun
support médical.
C'est aussi à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, de
Sherbrooke. La ministre elle-même nous disait è l'Assemblée
nationale, la semaine dernière: Mais quand j'ai présenté
mon plan, il n'y avait pas de problème. Aujourd'hui, il y a un
problème, M. le Président. Cette salle d'urqence reçoit
25, 26, 28 patients installés dans les corridors depuis un certain
temps. C'est l'hôpital Perkins, de Brome-Missisquoi, qui, les 8 et 9 mars
dernier, était complètement enqorqé.
C'est la région de Québec, M. le Président, que la
ministre nous présentait comme une région où
c'était réqlé. L'Enfant-Jésus, avec une
capacité d'accueil de 21 lits, se retrouve avec 32, 28, 30 patients.
L'hôpital du Saint-Sacrement, les 17 et 18 et mars, s'est retrouvé
avec un enqorgement de sa salle d'urqence. C'est l'Hôtel-Dieu de
Lévis qui se retrouve, pour une capacité de 17 lits, avec une
trentaine de patients à l'urgence. C'est l'hôpital Laval,
l'Hôtel-Dieu de Québec, c'est aussi le Centre hospitalier
régional de la Mauricie qui, pour la première fois en cinq ans,
s'est vu obligé de détourner des ambulances. Mon collègue
de Laviolette reviendra sur la situation de la Mauricie.
M. le Président, la situation des salles d'urgence au
Québec est dans un état absolument intolérable. La
situation est devenue proprement inhumaine non seulement pour les hommes, les
femmes et les enfants qu'on retrouve cordés littéralement dans
les corridors de ces salles d'urgence, mais aussi pour les hommes et les femmes
qui y travaillent, qui, chaque jour, nous témoignent de leur
impossibilité de donner des services de santé de qualité,
de remplir leur serment professionnel, d'atteindre l'objectif pour lequel ils
se sont lancés dans un secteur médical.
M. le Président, cette situation nécessite une
reconnaissance de la part de la ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Comment pouvons-nous imaginer que la situation va se corriger,
s'améliorer si la plus importante responsable de l'organisation du
réseau de la santé et des services sociaux au Québec nous
affirme que, pour elle, la situation est sous contrôle pour l'essentiel,
qu'il ne reste que deux problèmes, l'est de Montréal,
Maisonneuve-Rosemont et la Cité de la santé de Laval, alors qu'on
retrouve des problèmes dans toutes les régions du Québec?
(10 h 15)
La première des choses, c'est qu'il faut que la ministre
reconnaisse qu'il y a un problème qui se détériore de
semaine en semaine. Deuxièmement, nous souhaitons que la ministre passe
du discours, des promesses et des annonces aux gestes concrets, aux actions. La
situation d'état d'urgence que nous retrouvons dans les salles d'urgence
des établissements de santé du Québec nécessite des
actions urgentes et l'intervention d'une équipe d'urgence pour faire
face à ce problème périlleux et à ce
problème, je le répète, qui a atteint un niveau
intolérable, qui crée des situations absolument inhumaines qui,
dans certains cas, mettent en danger la santé et, à l'occasion,
la vie des patients qu'on retrouve dans les salles d'urgence des hôpitaux
du Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Gouin.
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Réponse de la ministre Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à entendre le
député de Gouin parler de la situation des urgences et de
l'inefficacité gouvernementale, on en vient presque à oublier
que, le 19 mars dernier, nous annoncions un plan pour le désengorgement
des urgences au montant de 150 000 000 $, dont 105 000 000 $ sont des sommes
récurrentes, c'est-à-dire qu'elles sont versées
année après année.
Je ne vaudrais pas revenir sur chacun des exemples que le
député de Gouin a mentionnés parce que je ne pourrais pas
utiliser mon droit de parole de dix minutes à des propos plus
constructifs que les siens ne l'ont été. Je lui poserai une seule
question: Est-ce que le député de Gouin est capable de dresser un
portrait, sur plusieurs semaines, des salles d'urgence de façon
rigoureuse et plus globale que ce qu'il a fait en pointant des exemples ici et
là dans différents hôpitaux du Québec? Le seul
portrait complet que nous ayons eu du résultat produit par le plan de
désengorgement des urgences, nous l'avons eu hier par nos conseils
régionaux qui ont mesuré les effets du plan d'action sur les
urgences.
Le député de Gouin, par exemple, prend un cas. Il prend le
cas de l'hôpital Notre-Dame et c'est exact que l'urgence est
fermée pour 48 heures, mais c'est la première fois, M. le
Président. Tous les propos que j'ai eus de l'hôpital Notre-Dame
jusqu'à présent ont toujours été qu'ils
contrôlaient leur salle d'urqence évidemment, une salle d'urgence,
cela demeure occupé; il ne faut pas s'imaginer qu'une salle d'urgence,
c'est s'en aller dans un "shopping center" - et qu'ils ne connaissaient plus
les situations qu'ils connaissaient.
J'entends le député de Gouin dire et
répéter: Quand la ministre va-t-elle se sentir responsable des
urgences dans les hôpitaux? M. le Président, le premier geste que
nous avons posé quand nous sommes arrivés, cela a
été exactement de procéder à l'application d'un
plan d'action pour le désengorgement des urgences en y mettant les
sommes d'argent requises. Il ne faut pas l'oublier: pendant au moins dix ans,
le gouvernement antérieur n'avait absolument rien fait pour
régler ce problème des urgences. Après un plan d'action
qui a été annoncé en mars dernier - et cela a pris deux ou
trois mois pour que les premières mesures soient implantées - en
fait, sur une période de neuf mois, je maintiens encore que, dans
l'ensemble des hôpitaux du Québec - je parle de Montréal et
de Québec à ce moment-ci -il y a une amélioration sensible
et il reste encore des problèmes comme, d'ailleurs, j'ai eu l'occasion
de le dire.
M. le Président, lorsque nous avons annoncé ce plan
d'urgence, la raison était la suivante: le gouvernement actuel voulait
apporter une solution globale et permanente à l'engorgement des salles
d'urgence qui perdurait depuis dix ans. Il est peut-être utile de
rappeler que les médias faisaient . alors, de façon cyclique et
répétitive, la manchette avec le dossier des urgences:
détournements d'ambulances de façon quasi quotidienne;
engorgements et files d'attente liés à des délais
inacceptables - c'était commun, M. le Président, que les gens
attendent une semaine, deux semaines et même davantage dans les
hôpitaux - présence de malades sur civières
séjournant plusieurs jours, voire des semaines, dans les corridors,
particulièrement les personnes âgées et les
psychiatrisés; politique d'admission inefficace; mauvaise
répartition des lits entre les départements. Et la liste pourrait
être encore beaucoup plus longue.
Aucune action majeure et cohérente n'avait été
prise par l'ancien gouvernement pour apporter de véritables solutions
à ce problème. L'adoption par l'ancien gouvernement de mesures ad
hoc et à court terme n'avait pas produit d'effets permanents ou durables
et, au contraire, semblait ajouter au
chaos. Par exemple, comme le soulignait le CRSSS de Québec au
moment où nous avons rendu ce plan d'action public, le
développement de ressources alternatives est à peine
esquissé. Les quelques ressources qui ont été
implantées au cours des dix dernières années l'ont
été sans un plan d'ensemble et sans faire les liens
nécessaires avec la problématique qui nous occupe.
De plus, M. le Président, quand nous sommes arrivés au
gouvernement il y a quinze mois, le réseau de la santé avait
vécu dans un contexte de compressions et de coupures budgétaires
majeures. N'est-ce pas l'ancien ministre des Affaires sociales, le
député d'Anjou, le chef de l'Opposition actuel, qui
lui-même affirmait dans son journal local avoir coupé 346 000 000
$ dans ce secteur?
Relativement à ce contexte de coupures budgétaires
vécu par les centres hospitaliers avant 1985, je crois bon de rappeler
qu'à son arrivée au pouvoir le gouvernement actuel a
travaillé et travaille toujours à améliorer leur situation
budgétaire après des années de compressions et de
coupures. L'an passé, le gouvernement a effacé le déficit
de 280 000 000 $ que les hôpitaux avaient accumulé depuis quatre
ans et que le gouvernement d'alors avait laissé s'accumuler. De plus, il
a ajouté 133 000 000 $ à leur budget, sans compter l'indexation
accordée pour les fournitures. C'était courant dans le
passé que le gouvernement antérieur n'accordait pas toujours
l'indexation ou n'en accordait qu'une partie.
M. le Président, je voudrais rappeler ce que l'Association des
hôpitaux du Québec disait lorsque nous avons rendu ce plan
d'action public. L'Association des hôpitaux du Québec disait: "La
ministre a posé des gestes extrêmement significatifs et
très attendus par la population de Montréal et de Québec.
Ces gestes nous apparaissent d'autant plus intéressants qu'ils
s'insèrent à l'intérieur d'une approche globale et
s'écartent résolument du cataplasme posé en catastrophe.
Les nouveaux crédits annoncés hier démontrent que le
gouvernement a véritablement décidé de livrer la
marchandise en dépit d'un contexte économique difficile."
Le conseil régional de Montréal, pour sa part, affirmait:
"Ni le conseil régional, ni aucun des intervenants du réseau ne
peut prétendre aujourd'hui qu'il n'a pas à sa disposition
l'argent nécessaire pour agir. Déjà, on peut se mettre
à la tâche. Il faut absolument que tous ensemble on fasse cesser
le scandale des urgences à Montréal."
Même M. Laurendeau, dans un éditorial de La Presse
du 24 mars 1986, disait: "En 1981, juste avant sa réélection,
le Parti québécois promettait de désengorger les urgences
de l'est montréalais. Il n'en a rien fait, mais une vraie volonté
politique semble enfin se manifester."
M. le Président, je voudrais simplement revenir sur deux cas
où les situations perdurent, particulièrement dans l'est de
Montréal, comme le député de Gouin l'a mentionné et
dont j'ai, d'ailleurs, eu l'occasion de parler à l'Assemblée
nationale. C'est évident que, dans l'est de Montréal, il manque
des lits de courte durée. Qu'a fait l'ancien gouvernement pour ajouter
des lits de courte durée dans l'est de Montréal? Peut-on, dans le
cadre d'un plan de trois ans construire en une seule année, même
pas une seule année, 100 lits supplémentaires dans l'est de
Montréal ou 200 lits à la Cité de la santé de
Laval? C'est la question qu'il faut se poser face aux difficultés
auxquelles la Cité de la santé et Maîsonneuve-Rosemont font
encore face et, en relation avec ces deux hôpitaux, tout l'est de
Montréal, particulièrement Santa Cabrini.
Le gouvernement ne se ferme, toutefois, pas les yeux devant cette
situation plus aiguë car des mesures additionnelles sont prévues,
notamment, l'établissement de corridors de transfert afin d'assurer une
accessibilité adéquate et l'actualisation d'un plan de sortie
pour les bénéficiaires de courte durée
hébergés à Maisonneuve-Rosemont et à la Cité
de la santé de Laval. De plus, on étudie actuellement les
possibilités de transformer le pavillon Rosemont afin d'y
transférer certaines activités du pavillon Maisonneuve.
Le temps ne me permet pas, je pense... II me reste combien de temps?
Le Président (M. Richard): Une minute et demie.
Mme Lavoie-Roux: Une minute. Mes collègues reviendront sur
les résultats probants dont on a fait état hier et dont j'ai fait
état à certaines occasions.
M. le Président, quand j'entends le député de Gouin
dire: Vous n'ajoutez pas d'argent, envoyez une équipe d'urgence pour
régler le problème des engorgements des hôpitaux, il faut
vraiment qu'il ait la mémoire courte. Pendant dix ans, on n'a vraiment
rien fait pour régler ce problème de désengorgement des
hôpitaux alors que, dès que nous sommes arrivés au
gouvernement, d'une façon absolument déterminante, nous avons
rendu public ce plan d'action pour le désengorgement des urgences. Je
répète qu'à ce moment-ci, dans l'ensemble des
régions que ce plan d'action visait, il y a une amélioration
sensible et il reste des problèmes. En terminant, je voudrais aussi dire
qu'il restera toujours dans les urgences, à des moments de pointe, des
problèmes qu'on ne peut pas contrôler et je pense qu'il faut
savoir tenir compte de cette réalité.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Gouin.
Argumentation M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui. Personne n'est surpris des propos que nous
tient ce matin Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux, qui
nous décrit encore une situation comme celle qu'elle nous
décrivait la semaine dernière. La situation est sous
contrôle, nous répète-t-elîe. Le problème,
pour l'essentiel, est réglé, nous dit-elle. Il n'est pas de mon
intention d'aller plus loin dans mes mesures, nous dit-elle. Il n'est pas dans
mon intention d'ajouter des ressources, nous répond-elle.
M. le Président, on se demande vraiment où vit la ministre
de la Santé et des Services sociaux. Est-ce qu'elle passe tout son temps
assise dans son bureau au ministère sans regarder la
réalité, sans aller voir sur le terrain ce qui s'y passe ou
va-t-elle, une fois pour toutes, cesser de raconter des histoires qui vont
à l'encontre de ce que tout le monde au Québec observe
concrètement sur le terrain, dans les salles d'urgence?
La ministre, il y a deux jours, nous disait à l'Assemblée
nationale: Oui, mais je suis allée à l'Hôtel-Dieu de
Montréal et cela allait. Je comprends que cela allait. C'est une salle
d'urgence qui a toujours eu la réputation de ne pas avoir de graves
problèmes d'engorgement et qui, de plus, sous l'ancien gouvernement,
comme elle aime en parler, s'est vu agrandir et réorganiser.
On ne demande pas à la ministre de la Santé et des
Services sociaux d'aller voir là où cela va bien. On demande
à la ministre de la Santé et des Services sociaux de s'occuper de
ce qui ne va pas. On ne demande pas à la ministre de la Santé et
des Services sociaux d'avoir comme rôle au Québec de nous dire:
Oui, cela va bien. Moi, vous savez, je m'occupe de ce qui va bien. Il y a
tellement de problèmes dans les salles d'urgence des hôpitaux de
tout le Québec que la ministre devrait avoir les bras remplis de choses
à faire, d'actions à poser et de gestes concrets à poser.
M. le Président, non seulement la situation ne s'est pas
améliorée au dire de l'ensemble des intervenants qui vivent
concrètement des situations, mais, dans bon nombre de cas, nous vivons
une situation pire que tout ce que nous avons déjà
vécu.
Maisonneuve-Rosemont est une salle d'urgence qui fracasse des records
semaine après semaine. Au dire de tous les intervenants de cette salle
d'urgence, c'est pire que cela a jamais été. On est rendu, et
c'est la ministre elle-même qui nous l'a dit, avec Saint-Vincent-de-Paul,
de Sherbrooke, qui a des problèmes d'engorgement. La ministre nous a
même dit: Quand j'ai présenté mon plan, il n'y avait pas de
problème. Donc, cela s'est détérioré.
On est rendu, M. le Président, avec Notre-Dame qui était
réglé, qui ne connaissait même pas de détournements
d'ambulance depuis un certain nombre d'années, qui avait
été réorganisé et qui fonctionnait. Notre-Dame est
fermé depuis hier jusqu'à samedi, à cause d'un engorgement
total de sa salle d'urgence. Moi-même, M. le Président,
j'étais déconcerté quand j'ai appris que le
problème était même rendu à Notre-Dame, hier.
C'est le Centre hospitalier réqional de la Mauricie qui nous
annonce, pour la première fois en cinq ans, qu'il est obligé de
détourner des ambulances quotidiennement. C'est ce dépanneur qui
ne peut même plus profiter de l'excellent service mis en place par le
gouvernement du Parti québécois, qui est Urgences-santé,
qui a sauvé la vie à des milliers de Montréalais et de
Montréalaises, qui se voit offrir comme service de transport ambulancier
la boîte d'un camion à linge salle pour aller le reconduire,
baignant dans son sang dans une salle d'urgence.
C'est l'hôpital général du Lakeshore qui se voit,
depuis quelques mois, complètement congestionné, alors que le
problème n'existait pas dans ce centre hospitalier dans les
années précédentes. Le problème est pire qu'il ne
l'était et la ministre nous dit: Oui, mais construire des lits, c'est
compliqué. M. le Président, je lui dirai que, si construire des
lits c'est compliqué, elle pourrait peut-être se fier à ce
qui s'est passé avant elle. Le gouvernement du Parti
québécois a ajouté 14 000 lits d'hébergement pour
des personnes du troisième âge et pas dans l'ouest de
Montréal, comme la ministre nous propose aujourd'hui de le faire dans
trois ans, mais dans l'est de Montréal, particulièrement
là où il y a des problèmes. Le gouvernement du Parti
québécois a ajouté 2675 lits de courte durée pour
ajouter des ressources aux établissements de santé. La ministre
ne propose même pas la moitié de cela et n'en a même pas mis
un seul en chantier. (10 h 30)
M. le Président, ce que la ministre semble nous offrir à
Montréal, c'est d'établir un corridor. Quand il y aura trop de
monde à Maisonneuve-Rosemont on va vous envoyer à Saint-Michel.
On va aller à Saint-Michel pour engorger une salle d'urgence qui n'a pas
les mêmes spécialistes, qui n'a pas les mêmes
équipements et qui n'a pas les mêmes développements
technologiques que Maisonneuve-Rosemont. Déjà, cette mesure est
une illustration de l'incapacité de poser de bons gestes, de prendre les
bonnes actions pour régler les problèmes. M. le Président,
non seulement le plan de la ministre est un échec, non seulement ce plan
est totalement incapable de faire face à la situation sur un calendrier
de moyen terme, mais les propositions de transition faites par la ministre
de
la 5anté et des Services sociaux vont faire en sorte qu'on va
maintenir en place un engorgement total, inhumain et intolérable des
salles d'urgence et cela, avec un grand sourire de la ministre qui nous dit:
Mais la situation est sous contrôle, mes chers amis.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Gouin. Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous disais tout
à l'heure que je ne reprendrais pas chacun des cas que le
député de Gouin avançait parce que ceci prendrait trop de
temps. Il y a quand même des inexactitudes. Je vais vous donner un
exemple. Si tous les exemples que le député de Gouin nous adonnés... Je ne dirai pas que tous les exemples que le
député de Gouin nous a donnés sont de cette sorte
puisqu'à Maisonneuve-Rosemont je pense que sur cela on s'entend, comme
d'ailleurs la Cité de la santé et l'est de Montréal, mais
quand il nous parle de l'Hôtel-Dieu... Pourquoi il n'y a pas de
problème à l'Hôtel-Dieu, c'est parce que l'ancien
gouvernement, soi-disant, aurait permis une modernisation de l'urgence à
l'Hôtel-Dieu de Montréal.
M. le Président, c'est tout à fait inexact. Il n'y a
jamais eu d'agrandissement ni de rénovation fonctionnelle à
l'Hôtel-Dieu de Montréal sous l'ancien gouvernement.
L'Hôtel-Dieu de Montréal a pris sur lui-même de transformer
des lits qui étaient en transition et il l'a fait à même
son propre budget de fonctionnement parce qu'il n'avait absolument rien de la
part du gouvernement pour combler cela. Il n'avait aucun appui et aucun sou de
la part du gouvernement pour se transformer. Tout le monde sait que,
dernièrement, il y a eu une étude plus attentive de la situation
de l'Hôtel-Dieu de Montréal. Je peux vous dire que la
première observation qu'on nous a faite, c'est que cette urgence
était la pire à Montréal du point de vue du fonctionnement
et de l'organisation physique et qu'on devrait y apporter des transformations.
Si tous les exemples du député de Gouin sont à l'avenant,
je me demande ce qu'on peut croire de tout ce qu'il ajoute.
Je vais reprendre Sainte-Marie où des mesures d'urgence ont aussi
été prévues, mais annoncées plus tard.
Déjà, selon les informations que j'ai, le coordonnateur des
urgences de l'hôpital Sainte-Marie, à Trois-Rivières,
considère que la situation s'est nettement améliorée et
qu'il n'y a jamais d'attente de plus de 36 heures. Est-ce qu'on oublie les
semaines et les quinze jours où on attendait? Il nous fait part du
travail de l'équipe multidisciplinaire de l'urgence et de la politique
des centres de lits.
M. le Président, j'en profite pour remercier tous les gens qui
oeuvrent dans les urgences, soit comme coordonnateurs, soit comme
équipes multidisciplinaires qui, justement, font un travail difficile et
qui, dans les meilleures circonstances, doivent toujours travailler sous
pression. Il en va de même pour l'hôpital Saint-Joseph de
Trois-Rivières où on note des progrès. Maintenant, je
voudrais ajouter aussi que les deux projets d'immobilisation pour ces deux
hôpitaux, qu'ils attendaient depuis des années et qui amenaient
année après année des crises et qui concernent, justement,
les transformations des salles d'urgence notre gouvernement les a
autorisés et déjà je pense qu'on en est aux demandes de
soumissions. M. le Président, je veux bien que le député
de Gouin dramatise, je veux bien que le député de Gouin, selon le
caractère un peu spécial qu'on lui connaît, c'est sa
liberté... Je voudrais quand même qu'il s'efforce de dire la
vérité de temps à autre.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Bourget.
M. Claude Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. En 1985, le
gouvernement d'alors - les gens d'en face - investissait 6 400 000 $ pour
régler, disait-il, le problème des urgences au Québec. En
1986, le gouvernement actuel a décidé d'investir, quant à
lui, plus de 150 000 000 $ sur trois ans. En 1985, le gouvernement
annonçait pour toutes les mesures 4 projets concrets - non pas 25 - le
développement de 31 lits d'urgence imaginez-vousl - la
réouverture de 101 lits de longue durée qui étaient
évidemment fermés, la consolidation de 4 unités
gériatriques et certains ajustements budgétaires. En 1986, il y a
un an hier, le gouvernement actuel annonçait un plan global visant
à solutionner le fonctionnement interne des services d'urgence, la
disponibilité des ressources d'accueil externes aux services d'urgence
et, finalement, le cas de clientèles particulières comme les
personnes âgées et les malades psychiatriques.
Pour la seule région de Montréal, celle que je
représente entre autres, le nombre de mesures s'élève
à 21. Ce ne sont pas 4, mais 21 mesures à être mises en
place pendant trois ans afin d'apporter un remède durable à une
problématique qui dure depuis dix ans. Finies les mesures bouche-trous,
M. le Président, de l'ancien gouvernement.
Le gouvernement actuel a fait un autre type de choix. C'est pour cela
qu'on a retrouvé, dans le plan de Pan dernier, une série de
mesures très variées dont j'aimerais résumer les
principales: 6 500 000 $ ont été investis ou seront investis dans
les régions de
Québec et de Montréal pour maintenir ouverts 1000 lits
à Montréal et 270 à Québec. 125 lits qui
étaient fermés de façon permanente ont été
réouverts à Montréal pour un investissement de près
de 5 500 000 $.
On en a parlé tantôt, l'ajout de 100 lits de courte
durée dans l'est de Montréal nécessitera un fonds
d'immobilisation de 8 700 000 $ et de fonctionnement de 6 000 000 $ par
année. 16 500 000 $ ont été ou seront ajoutés au
budget de services à domicile des CLSC afin d'offrir des services
intensifs et des services 24 heures sur 24, sept jours par semaine dans les
régions de Québec et de Montréal, en
Montérégie, è Trois-Rivières et dans la
région de Laurentides-Lanaudière. 1228 places seront
ajoutées d'ici deux ans, soit en centres d'accueil pour personnes
âgées, soit en centres hospitaliers de soins prolongés,
pour un budget d'immobilisation de 56 000 000 $ et un budget de fonctionnement
de 36 800 000 $.
Enfin, plus de 3 500 000 $ seront affectés à
l'implantation de huit centres de crise au Québec. J'avais l'honneur et
le plaisir, lundi de cette semaine, d'inaugurer avec Mme la ministre le centre
de crise rattaché au CLSC Hochelaga-Maisonneuve dans mon comté de
Bourget.
Au mou territoire de prédilection de l'ancien gouvernement, le
nouveau gouvernement a répondu, malgré ce que l'Opposition en
dit, par l'action. Je crois avoir fait la démonstration, M. le
Président, que le gouvernement actuel a pris un virage radical face au
saupoudrage de mesures car l'expérience de l'ancien gouvernement nous a
clairement indiqué que le saupoudrage n'apportait aucun résultat.
La preuve: à notre arrivée au gouvernement on parlait plus que
jamais du drame des urgences.
Les rapports des conseils régionaux de Montréal et de
Québec rendus publics hier ainsi que les propos, nuancés
ceux-là, de bien des responsables de salles d'urgence, nous
démontrent qu'on a eu raison d'adopter un plan global sur trois ans
plutôt qu'un cataplasme, comme le suggèrent nos collègues
de l'Opposition.
Ce plan s'accompagne d'un processus constant d'évaluation de
mesures mises en place. En effet, le gouvernement n'a jamais prétendu
que ces mesures seraient parfaites et ne nécessiteraient aucun
ajustement. Bien au contraire; si, après une période d'essai et
d'implantation suffisamment longue pour vraiment faire une analyse exhaustive
du plan on constate des lacunes et des réaménagements
nécessaires, ces réaménagements seront faits. D'ailleurs,
Mme la ministre le rappelait tantôt, des mesures transitoires ont
déjà été prévues pour la Cité de la
santé de Laval et Maisonneuve-Rosemont en attendant que l'ajout de lits
de courte durée vienne résoudre la situation aiguë qui y est
encore vécue.
Je terminerai en indiquant un point qui me paraît
intéressant et important: le plan des urgences aura permis de
développer tout un réseau de ressources alternatives à
l'institutionnalisation, que ce soit en termes de centres de jour,
d'hôpitaux de jour, de services à domicile, de centres de crise,
d'équipes de psychogériatrie à domicile, de lits
d'hébergement, etc.
Bref, ce ne sont ni les propos alarmistes, ni la partisanerie aveugle,
ni la démagogie facile du député de Gouin qui changeront
la réalité. Le problème des urgences est en bonne voie
d'être solutionné au Québec. Merci, le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Bourget. La parole est maintenant au
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Si tout va bien
d'après le député de Bourget, je suis malheureusement
peiné de voir qu'aujourd'hui à la fois les députés
de Trois-Rivières, de Champlain et de Saint-Maurice... Je parlerai pour
vous, M. le Président, parce que vous présidez
l'assemblée, mais il n'y a pas de problème au même titre
qu'il y en a dans les régions de Trois-Rivières, de
Grand-Mère et de Shawinigan.
Je me souviendrai, parce qu'il vient de parler de démagogie... Je
dois parler du député de Bourget avec des documents publics de la
campagne électorale, ators que l'actuel député de
Trois-Rivières se présentait dans les hôpitaux, se faisait
photographier avec des gens sur des civières, et faisait dire à
un docteur - à moins que le docteur ne l'ait dit de lui-même, cela
dépendait comment on le voyait à l'époque -le docteur
Lorne Haney: "Nous sommes le Bangladesh du Québec en soins de
santé."
Dans un contexte électoral démagogique, il a
utilisé des personnes qui avaient certaines difficultés pour dire
aux gens: Écoutez, voici ce qui se passe. Pendant ce temps, le CRSSS de
Trois-Rivières, le Conseil régional de la santé et des
services sociaux répondait: Ce ne sont pas des hôpitaux de
brousse. Bref, le CRSSS affirme à qui veut bien l'entendre qu'il a la
situation bien en main et que plutôt que de tenir des propos alarmistes
devant tout le monde, etc.. Le CRSSS à l'époque disait
lui-même que ce n'était pas vrai, de la façon qu'on le
faisait, sur le plan électoral, à l'époque.
Après son élection, la ministre est venue dans la
région et a fait la manchette dans le journal Le Nouvelliste: Une
simple visite de courtoisie. Fidèle à son habitude, la ministre a
voulu éviter la controverse en n'apportant que des réponses
évasives à
toutes les questions posées. Pour le reste, comme la question du
désengorgement des urgences et des budgets qui ne sont pas encore
versés, la ministre a rappelé que le processus est
enclenché et qu'il fallait être patient. Bref, Mme Lavoie-Roux
s'est livrée a une visite de courtoisie, sans plus.
Pendant ce temps, dans les centres hospitaliers de la région de
Trois-Rivières, M. Mathieu Vaillancourt disait: "Nous avons le fusil sur
la tempe." On disait: "Nous avons le fusil sur la tempe, a lâché
hier le directeur général du centre hospitalier Sainte-Marie, M.
Mathieu Vaillancourt." Il parlait de l'ensemble des difficultés qu'il y
avait, des ententes qui avaient été proposées, que la
ministre était venue annoncer, et il disait: De fait, non seulement les
urgences sont bondées, mais en plus le ministère et le conseil
régional ont repris leur parole quant à défrayer les
coûts du maintien de tous les lits cet été au centre
hospitalier Sainte-Marie. De fait, au printemps passé, on avait dit aux
autorités de cette institution qu'elles pouvaient prendre les
dispositions pour maintenir disponibles tous les lits cet été.
Elles ont embauché du personnel supplémentaire et, en fin de
compte, le ministère dit: Non, on n'a jamais dit cela et on ne paiera
pas.
Ce n'est pas tout, il semble que le ministère fasse du chantage
aux administrations hospitalières de la région. Que disait-on?
"Nous avons tous des plans de redressement (nouvelles compressions) à
réaliser d'ici mars 1987, et certains fonctionnaires nous laissent
sentir que si nous ne nous y conformons pas, nous n'aurons pas de subvention
pour des immobilisations." On faisait du chantage et on détournait des
ambulances entre Cloutier, Saint-Joseph, Sainte-Marie, le Centre hospitalier
régional de la Mauricie et l'hôpital Laflèche, pour la
première fois dans la région.
On venait nous dire qu'il n'y avait pas de problème. Il y a des
gens qui ont rencontré le député de Saint-Maurice en
disant: Nous avons de sérieux problèmes. Qu'a répondu le
député de Saint-Maurice? Le journaliste le rappelle, il
était présent à la rencontre: "Le député sur
la patinoire. La rencontre d'hier avec les représentants de la presse
régionale coïncidait avec la mise à jour des grands dossiers
prioritaires entre les membres de la table de concertation et le
député de Saint-Maurice Yvon Lemire. Il a laissé entendre
qu'au centre de la Mauricie, il ne fallait pas laisser la population vivre trop
longtemps dans une telle situation." Quelle était la situation? Ce
dernier a dû reconnaître la lenteur évidente à
acheminer les projets provenant du centre de la Mauricie, tout en disant que,
même si les travaux ne sont pas commencés dans la plupart des cas,
les dossiers ont tout de même évolué.
À la suite des pressions que j'ai faites auprès de la
ministre, on a reçu des réponses, mais on n'a pas de
réalisation. Qu'est-ce qu'on attend avec l'urgence du Centre hospitalier
régional de la Mauricie? Qu'est-ce qu'on entend faire avec les 30 lits
additionnels qui étaient ouverts depuis longtemps au centre hospitalier
Laflèche pour régler les problèmes d'urgence? Quand on dit
que rien n'a été fait dans la Mauricie, vous irez voir le nombre
de lits qui ont été ajoutés pour les personnes
âgées, vous verrez le nombre de lits qui ont été
ajoutés pour les personnes en soins prolongés au centre
hospitalier Laflèche, ceux qui étaient prévus et qui ne
sont même pas arrivés, j'aurai l'occasion de revenir sur la
question des "urgentologues", Mme la ministre, pour vous dire qu'effectivement,
si jamais l'urgence de Grand-Mère ferme comme cela a été
le cas durant l'été de 23 heures à 8 heures le lendemain
matin, je pense qu'on aura des problèmes sérieux, encore plus
profonds que ceux qu'on a actuellement si la ministre ne prend pas ses
responsabilités pour le centre de la Mauricie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
(10 h 45)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela m'a un peu
amusée d'entendre le député de Laviolette citer un article
paru à la suite d'une visite que je faisais dans la région
où, apparemment, j'ai dit que le processus pour le règlement du
problème des urgences s'enclenchait, mais que le programme d'action
n'était pas complété. C'est évident que nous avons
commencé par ce qui nous paraissait le plus urgent. Nous avons d'abord
rendu public le 19 mars le plan d'action pour Montréal et Québec
et c'est vers le 25 juin ou à la fin de juin - peut-être le 19
juin -que nous avons rendu public le plan d'action pour la Mauricie, la rive
sud et la rive nord. Je ne pouvais pas annoncer un plan d'action qui
était en préparation. Nous l'avons annoncé quand il a
été prêt. On me dit qu'il produit déjà des
résultats.
Je dois vous dire qu'en ce qui a trait aux lits d'été dont
vous parliez, même s'ils n'avaient pas été formellement
autorisés, ils ont été payés par le
ministère de la Santé et des Services sociaux. Voilà pour
votre deuxième point, M. le Président.
Vous dites que j'ai les chiffres aujourd'hui parce que je devrai
répondre comme vous autres sur des chiffres, jour après jour.
J'ai les chiffres pour la région de Trots-Rivières aujourd'hui:
dans le centre hospitalier Cloutier il y a une personne sur civière dans
les corridors, à Sainte-Marie il y a six civières dans les
corridors. La situation est sous contrôle, me dit-on. Il ne faut pas
penser qu'il n'y aura plus jamais une civière dans les corridors.
Dans le cas du CHRM, celui dont nous parle surtout le député de
Laviolette, il n'y a personne dans les couloirs.
Le conseil régional considère que la situation est calme
et normale. Que le député de Laviolette fasse valoir les
problèmes ou les droits de sa région et de son comté, je
pense que c'est tout à fait fondé et justifié, mais,
encore une fois, les mesures d'urgence dans cette région-là sont
arrivées plus tardivement. Un bon nombre de problèmes sont
reliés à de l'immobilisation. Par exemple, Sainte-Marie,
Saint-Joseph, etc. Il y a aussi la nécessité de prévoir,
c'est à Saint-Tite-des-Caps, si je ne m'abuse... Des Piles...
M. Jolivet: Saint-Jacques-des-Piles. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Jolivet: Grandes-Piles.
Mme Lavoie-Roux: Oui, où des lits sont prévus. Je
pense que...
M. Jolivet: Vous avez annoncé un changement. Ce n'est pas
dans Saint-Maurice.
Mme Lavoie-Roux: Si ce n'est pas dans Saint-Maurice, je ne sais
où c'est, mais, en tout cas, c'est dans cette
région-là.
M. Rochefort: On va suspendre pour mettre de l'ordre dans les
dossiers de la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je dis au député de
Laviolette, c'est que dans la région de Trois-Rivières comme dans
les autres régions où des problèmes importants de
l'urgence nous avaient été signalés, des mesures ont
été prises. Un plan d'action est en opération. Nous
essayons d'accélérer les problèmes d'immobilisation qui
nous apparaissent les plus urgents quant aux transformations d'urgence à
Saint-Joseph et à Sainte-Marie et nous croyons que nous avons mis en
place les mesures qui devraient donner des résultats. Dans cette
mesure-là, la situation nous apparaît devoir, là où
il reste encore des problèmes, se régler, mais vous ne faites pas
des plans d'immobilisation respectivement de 10 000 000 $ et de 8 000 000 $
dans quelques mois ou même dans une année. Je pense que les gens
d'en face ont assez d'expérience pour le savoir.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre, M. le
député de Taschereau, vous avez la parole.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Je considère
important d'intervenir aujourd'hui en cette Assemblée afin d'apporter
des clarifications sur la problématique des urgences dans la grande
région de Québec. J'aimerais rappeler que plus de 20 000 000 $
ont été alloués à la mise en place d'un ensemble de
mesures coordonnées et structurées dans notre région et
qui atteindront leur pleine efficacité au terme des trois années
prévues au plan initial.
Cet ensemble de mesures répondaient à des besoins
plusieurs fois exprimés dans le passé par les citoyens et les
citoyennes et par les différents professionnels de la santé et
des services sociaux. Ce sont ces derniers qui ont, par leur expertise
professionnelle et leurs connaissances appropriées du réseau,
proposé ces mesures graduées et complémentaires pour
répondre aux besoins les plus immédiats et inscrire pour l'avenir
une nouvelle dynamique de dispensation et de distribution des services mieux
adaptées à la nouvelle situation sociosanitaire.
Il faudrait comprendre que ce problème d'une complexité
particulière, issu d'une situation qui s'était
détériorée au fil des dernières années,
demandait à tous les intervenants un sens de l'organisation et de
l'innovation hors de l'ordinaire. Tous les programmes les plus novateurs et les
idées les plus progressistes ont été mis de l'avant dans
notre plan. D'ailleurs, certains de ces programmes ont déjà
été implantés avec succès dans d'autres pays
industrialisés qui ont vécu avant le Québec un
"gérontoboom". Les hôpitaux de jour, les services de jour, les
unités de courte durée qériatriques, les équipes de
réadaptation, les centres de crise, en somme, toute une gamme de
services variés et diversifiés qui modifiaient
irrémédiablement les habitudes et les pratiques d'un
système orienté depuis fort longtemps sur un appareil incapable
de faire face rapidement aux besoins nouveaux. Ce plan, M. le Président,
fut pensé par les intervenants et les intervenantes du réseau, et
il serait dommage que nous diminuions les efforts et les énergies
consentis par une levée de boucliers basée sur
l'émotivité toujours facile à exploiter en ces
occasions.
Je vous rappellerai qu'il n'y a pas si longtemps on considérait
que près de 30 % des personnes âgées n'avaient pas
été orientées vers la bonne ressource. Ces mesures
auraient dû être mises de l'avant bien avant mars 1986 ainsi que le
recommandaient, d'ailleurs, les nombreuses études et analyses qui ont
suivi jusqu'à ce jour. Il faudrait mentionner aussi, M. le
Président, que le Québec a un fort taux de personnes en
institution, un des plus élevés en Occident, et que la mesure
Lazure de 10 % de lits réservés pour soins prolongés
en
centre hospitalier de courte durée, instaurée par le
gouvernement a l'époque, entre autres, est un des éléments
de la problématique qui explique cette forte tendance à
l'inflation puisque très peu de mesures correctrices avaient
été mises sur pied à l'époque pour diminuer le
phénomène que plusieurs ont appelé et nomment encore les
bloqueurs de lits. Tout cela pour vous dire que plusieurs fois auparavant les
oracles avaient observé le baromètre et prédit un point de
rupture. II fallait que des mesures préventives et correctives soient
mises de l'avant, ce que nous avons fait. Un an après l'annonce, le plan
de redressement, le coup de barre donné porte déjà des
résultats.
J'aimerais vous souligner que le Conseil régional de la
santé et des services sociaux de la région de Québec a
suivi, depuis plusieurs mois, le dossier et s'est directement impliqué
dans le processus de coordination et d'évaluation desdites mesures. Il
n'y a pas eu d'improvisation et de laxisme dans ce dossier. Tout en respectant
le rythme de développement des organisations dans la mise sur place des
différents services alternatifs, il faut comprendre qu'il y a des
processus et des conditions à respecter et un déroulement
échelonné par étapes pour atteindre le maximum de
retombées.
En conséquence, au moment où nous nous parlons, le conseil
régional nous assure qu'aucune urgence de la région de
Québec ne ferme ses portes aux citoyens et citoyennes qui s'y
présentent, qu'il y a une meilleure coordination des ressources et une
meilleure orientation des cas et que, progressivement, une
approche-réseau se développe au lieu de la traditionnelle
approche-établissement, ce qui provoque, il va sans dire, des
modifications aux habitudes, mais qui garantit pour l'avenir une plus grande
complémentarité des établissements.
Tous les centres hospitaliers de la région ont soumis leur
politique d'admission. Les médecins coordonnateurs et les équipes
de liaison sont opérationnels et, déjà, des lits ont pu
être libérés grâce à leurs interventions.
Quant aux disponibilités de lits, il n'y a plus aucun problème en
période estivale. On constate que 12 000 jours-présence
additionnels ont pu être réalisés et aucun lit n'a
été fermé pour des raisons budgétaires comme par le
passé. 153 nouveaux lits ont été ajoutés, ce qui a
permis de libérer 55 000 jours d'hospitalisation supplémentaires.
Les prochains mois verront se réaliser l'ouverture du centre hospitalier
Paul-Gilbert avec 80 lits de soins prolongés. 350 personnes ont pu
bénéficier de soins intensifs à domicile entre le 3
janvier 1987 et le 1er mars 1987, ce qui a permis à 269 patients de
quitter plus rapidement l'urgence ou les unités de centres hospitaliers.
M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Taschereau.
La parole est à M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Mon ineffable
compagnon d'en face que j'ai l'occasion de voir lors de plusieurs rencontres en
commission parlementaire nous a lu un très beau texte pour enlever
l'émotivité dont il faisait mention au départ. Une chose
est certaine. Je peux bien croire les gens du CRSSS qui viennent faire des
belles conférences de presse pour dire que, pour eux autres, tout semble
bien aller. Le député de Taschereau vient de nous dire la
même chose: tout semble aller très bien. Je dois lui dire que,
malheureusement, ceux qui le vivent à tous les jours, ce n'est pas de
même qu'ils réagissent. Ces gens-là le vivent à
l'intérieur soit comme personnel, médecins, infirmiers et
infirmières, et tous les autres qui sont les patients et les familles de
ces patients. L'engorgement des salles d'urgence dans la région de
Québec est au même point que l'an dernier, lisait-on. Les salles
d'urgence engorgées, situation loufoque, indécente. Des gens qui
le vivent, les porte-parole de la majorité des hôpitaux signalent
qu'ils n'ont constaté aucune amélioration en ce qui a trait aux
engorgements au cours des dernières semaines.
D'autres personnes, à l'Enfant-Jésus, disaient: C'est
indécent. Leur sommeil est pratiquement impossible. On ajoutait qu'un
collègue qualifie la situation de loufoque et mentionne qu'il est
anormal qu'une personne souffrant de pneumonie ait à attendre quelques
jours dans les corridors qu'une chambre se libère. Un autre qui est au
Centre hospitalier de l'Université Laval. L'infirmière en chef
disait avec le médecin responsable de l'urgence que les nouvelles
mesures des Affaires sociales n'ont rien apporté à l'encombrement
de la salle d'urgence. Et le député voudrait qu'on enlève
l'émotivité. Comme s'il n'y a pas une partie
d'émotivité dans une personne qui se retrouve dans le corridor
pendant un nombre de jours importants!
Le directeur des services professionnels de l'hôpital Laval, Marc
Simard, mentionne que les trois premières semaines de février ont
été terribles à l'urgence. Je pourrais dire la même
chose dans ma propre région. Je pourrais ajouter en vous disant, Mme la
ministre, ce que vous nous disiez tout à l'heure: Ce sont juste quelques
heures, quelques jours, quelques patients rie plus, ce n'est pas grave. Je
pense que la personne qui est à l'hôpital trouve cela grave, elle.
C'est arrêté. On n'en parle quasiment plus dans notre coin.
Savez-vous ce qui arrive? C'est que les journalistes n'en parlent plus, ni
à la
radio, ni à la télé, ni dans les journaux, parce
qu'ils sont tannés. Les problèmes qui existent dans le coin
passeraient tous les jours dans les journaux.
Le directeur des services professionnels à Laval le disait.
L'assistante infirmière-chef des services d'urgence de
l'Hôtel-Dieu, Manon Pelletier, n'a pas constaté
d'amélioration. Et on voudrait nous dire aujourd'hui: Oui, cela va bien,
il n'y a pas de problème. Mais non. Il y a encore des problèmes.
Et je pense que le but de la rencontre d'aujourd'hui est de sensibiliser la
ministre, si elle ne l'est pas, au fait de l'ensemble des problèmes
qu'il y a dans chacune des salles d'urgence au Québec.
Dans ma région, la ministre a certainement vu l'ensemble de la
panoplie qui s'est faite où malheureusement il y a eu fermeture et
transfert d'une urgence à l'autre. Le directeur de l'hôpital, dans
un certain coin, nous disait: Moi, rendu à tel niveau, c'est bien
dommage, ils sont détournés vers l'autre hôpital; l'autre
hôpital disait la même chose. Finalement, on se retrouve à
l'intérieur avec des gens qu'on appelle des "urgentologues". C'est un
nouveau mot qui a été adopté. La ministre va me dire: Oui,
on a payé le prix que cela a coûté pour ces gens.
Je dois vous dire que, effectivement, cela cause plus de
problèmes que cela n'en règle parce que, pendant ce temps, ceux
qui sont des médecins qui donnent le service à l'hôpital
ont plusieurs difficultés à le donner et il faut les
féliciter et les encourager. Mais il y a aussi d'autres médecins
à l'extérieur qui ne les donnent pas et la seule chose que
l'"urgentologue" fait, c'est... Il y a un mot anglais qui est bien beau pour le
dire parce que le monde est habitué, c'est "dispatch". En
français, on répartit les patients dans les chambres avec des
médecins qui ne sont pas là, parfois, parce qu'il n'y a personne
pour donner le service.
Je pense que, effectivement, il y a des problèmes. La ministre
devrait être consciente et devrait prendre les moyens... Je vais lui
rappeler deux petits points importants dans notre région. Dans le cas du
CHRM, tout ce qui a trait aux démissions de médecins actuellement
dans le Centre hospitalier régional de la Mauricie et qui fait suite un
peu, dans certains cas, au rapport dont elle a certainement eu connaissance, le
rapport Prémar. Une autre chose qui est un peu dégueulasse, que
des gens ont décriée dans notre coin, que votre
député de Trois-Rivières est supposé avoir
donné en mille, mais dont on n'a jamais entendu parler, la façon
dont à l'hôpital Cooke des gens du service d'administration se
sont payé un très beau bureau. Vous êtes au courant de
cela? Ils ont dépensé de l'argent. Ils ont même
invité du monde à une réception pour fêter
l'ouverture de leur bureau pendant que des gens croupissaient dans les
corridors.
Je pense qu'il y a des choses dont vous devriez être mise au
courant. Le député de Trois-Rivières m'a dit et m'a
répété que vous aviez été mise au courant,
mais on n'a jamais entendu parler dans notre région des résultats
de cette discussion.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Mme la ministre. (11 heures)
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand on nous dit que
des bénéficiaires ou des personnes doivent être
détournés vers un autre hôpital, il faut quand même
ne pas oublier que dans une région donnée où les
hôpitaux sont à une relative proximité, parfois même
à une grande proximité, c'est justement le rôle des
personnes qui travaillent à la distribution des patients de les envoyer
vers des milieux ou vers des hôpitaux où ils n'auront pas à
attendre d'une façon indue. Je répète encore une fois que
peut-être un des plus grands progrès qui a été
assurés par le plan d'action pour le désengorgement des urgences,
cela a été de mieux orienter les patients pour qu'ils attendent
moins et de diminuer, sauf dans des cas exceptionnels que je suis prête
à reconnaître, la durée d'attente dans les urgences de 12
à 48 heures, ce qui est un progrès énorme par rapport
à ce que les gens devaient attendre auparavant.
Les députés d'en face nous parlent des problèmes de
Québec. Est-ce qu'ils ont oublié le temps où les urgences
de la ville de Québec, l'été, imaginez-vous donc,
étaient continuellement encombrées et où on connaissait
des problèmes importants? Nous avons consenti, et ceci est une mesure
qui sera récurrente à chaque année, à laisser
ouverts dans la ville de Québec 270 lits; comme le signalait tout
à l'heure le député de Taschereau, c'est 55 000 heures
d'hospitalisation qui ont pu être ajoutées à ce qui
était donné dans la ville de Québec.
M. le Président, la même chose dans Montréal
où nous avons laissé ouverts durant l'été 1000 lits
qui étaient habituellement fermés, ce qui a aussi permis, non
seulement de servir plus de personnes, mais aussi de débloquer un peu ce
qu'on appelle la liste des cas électifs et d'accélérer
l'entrée dans les hôpitaux des cas électifs. Le
député de Laviolette pourra continuer de donner des cas ad hoc,
mais je maintiens que dans l'ensemble - il y aura toujours des situations
difficiles, il y aura toujours des moments de pointe - le plan d'action sur les
urgences à Québec et Montréal, particulièrement,
parce que le plan d'action y a été mis en place plus rapidement
que dans les autres régions dont nous avons parlé, a produit ses
effets.
Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Laurier, vous avez la parole.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Je corrige, j'étais convaincu que du
côté de l'Opposition c'était le député de
Gouin qui tenait le prix de la démagogie, la capacité
d'être le plus démagogue possible. Je constate aujourd'hui que son
collègue, le député de Laviolette, commence
peut-être même à le dépasser un peu. Il devrait
essayer encore plus. Cela déborde vraiment du côté de la
démagogie.
Une voix: II s'est surpassé.
M. Sirros: Ils se surpassent les uns les autres de l'autre
côté. C'est incroyable.
M. le Président, le député de Laviolette disait que
le but de la rencontre d'aujourd'hui était de sensibiliser la ministre
à la situation de crise, etc. Moi je vous dis que le but
véritable de la rencontre d'aujourd'hui, surtout pour l'Opposition, est
de contourner les faits, d'exploiter l'émotivité des gens qui
souffrent et de faire un drame avec des cas dramatiques, mais particuliers,
tout en oubliant le contexte dans lequel on se trouve un an plus tard, tout en
oubliant le contexte dans lequel on s'est trouvé pendant dix ans. On
exploite des cas. Je pense que toute personne qui se respecte reconnaîtra
que c'est dramatique pour quelqu'un qui est en train de souffrir une crise
cardiaque d'être dans une situation où il se sent laissé
dans une situation qui est débordée. Je pense qu'il faut aussi
avoir la responsabilité de prendre en compte la situation et les efforts
qui sont faits. Il n'y a personne qui, de façon sérieuse et
responsable, peut prétendre que tous les problèmes dans les
salles d'urgence qui ont perduré pendant dix ans, avec l'ancien
gouvernement, auraient pu être réglés du jour au lendemain
d'un seul coup. La preuve, c'est qu'il y a certaines réalisations qui
sont nécessaires afin d'améliorer la situation dans les salles
d'urgence qui nécessitent la construction de lits, entre autres.
À moins qu'on soit le député de Gouin ou le
député de Laviolette et qu'on aimerait bien que les lits se
construisent dans une seule nuit, on pourrait accepter qu'il y a quand
même des progrès qui ont été faits.
C'est dans ce contexte que le gouvernement a déposé, il y
a un an, un plan étalé sur trois ans, parce qu'il n'y a pas juste
une solution. Ce n'est pas juste l'ajout de lits qui peut résoudre le
problème. C'est aussi pour cette raison que le gouvernement mettait de
l'avant un plan d'ensemble qui incluait une vingtaine de mesures. Dans la
région de Montréal, on peut bien, comme le faisait le
député de Gouin, parler d'un cas ici, d'un autre cas
là-bas, d'une situation engorgée un jour. On peut, M. le
Président, faire une étude d'ensemble dans le contexte du
développement et de la mise sur pied des mesures du plan d'urgence
depuis un an comme l'a fait le Conseil régional de la santé et
des services sociaux de Montréal métropolitain, en contact avec
les établissements, en contact avec les médecins, en contact
quotidiennement avec les services d'urgence, en contact avec l'ensemble des
centres hospitaliers, pour qu'il puisse nous dire un an plus tard où on
est.
J'aimerais simplement citer, pour le bénéfice du
député de Gouin et son collègue de Laviolette, quelques
extraits d'une conférence de presse que donnait le Conseil
régional de la santé et des services sociaux de Montréal
métropolitain, hier, un an après la mise sur pied du plan des
urqences. Il disait: "L'objectif de notre conférence de presse est de
vous donner l'heure juste." Je pense qu'eux aussi, un peu comme nous,
trouvaient que c'était un peu exagéré ce que l'Opposition
véhiculait. Il disait, M. le Président, et je cite: "Le premier
ministre et la ministre de la Santé et des Services sociaux, en
annonçant des mesures concrètes pour la région, donnaient
ainsi un mandat explicite au conseil régional. Nous avons donc
reçu une commande claire et précise quant à l'implantation
et la gestion de ce train de mesures." Et j'ouvrirais une parenthèse, M.
le Président. Je pense que c'est la première fois que les
gestionnaires des hôpitaux et du conseil régional ont eu
effectivement un mandat clair et précis.
Il continue en disant: "Vous vous souviendrez que nous vivions à
cette époque - l'époque de l'ancien gouvernement - des
problèmes très importants, en ce sens que la grande
majorité des établissements hospitaliers voyaient les services
d'urgence engorgés de façon répétitive en
même temps qu'un grand nombre de citoyennes et de citoyens
âgés subissaient les inconvénients d'un système qui
n'apportait pas de réponse satisfaisante à leurs besoins. Je veux
parler ici", etc. "Les résultats de cette entreprise exigeaient à
la fois que le ministère livre la marchandise, que le conseil
régional assume ses responsabilités de gestion et que les
établissements et/ou les organismes concernés appliquent les
solutions appropriées."
Ce que nous avons à vous annoncer, aujourd'hui, c'est qu'à
tous les niveaux les gens ont véritablement livré la marchandise
et assumé leurs responsabilités. Quant aux résultats, nous
sommes en mesure de vous faire la démonstration que non seulement nous
avons atteint les objectifs escomptés, mais qu'ils ont été
dépassés. Les millions promis ont été
octroyés et dépensés pour les
mesures appropriées, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laurier. M. le député de Gouin, vous avez
la parole.
M. Jacques Rochefort
M, Rochefort: Oui, M. le Président, effectivement, pour
aborder un aspect très important du dossier qui est celui de l'ajout de
lits, tout le monde s'entend pour dire que cela prend des lits de plus pour
arriver à une solution définitive.
Regardons la performance de la ministre de la Santé et des
Services sociaux dans ce domaine. Dans le plan des urgences, on nous annonce
que 65 lits créés par le gouvernement du Parti
québécois en lits de soins prolongés dans l'est de
Montréal seront transformés en soins de courte durée. Cela
a pris combien de temps pour changer la vocation de 65 lits qui existaient?
Cela a pris de mars au 19 novembre 1986. Cela, c'est la rapidité.
Changer la vocation de lits qui existent. Les lits ajoutés, M. le
député de Bourget, à Maisonneuve-Rosemont et à
Santa Cabrini, cela a pris à peu près neuf mois pour avoir des
autorisations du Conseil du trésor pour commencer à penser des
plans et devis, et même les budgets de fonctionnement, dans les
dernières semaines, n'avaient pas encore été
accordés par le Conseil du trésor et la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Les lits sont embourbés dans
l'appareil gouvernemental, tant chez la ministre de la Santé et des
Services sociaux que chez son collègue du Conseil du trésor,
à qui cela fait l'affaire parce que cela ne coûte rien en
attendant.
Mais allons plus loin dans les lits, M. le Président. La ministre
et son adjoint parlementaire nous disent: Oui, mais cela prend des lits. Et des
lits, c'est long à créer. Si c'est long à créer et
que cela prend des lits, commençons par arrêter d'en fermer.
Prenons des exemples, M. le Président. Il y a actuellement un
problème d'engorgement dans l'est de Montréal. II y a 400 lits
à Montréal qui ont été affectés à un
moment ou l'autre dans les derniers mois par une fermeture de lits à
cause de l'obligation formelle de la ministre de la Santé et des
Services sociaux pour chaque établissement, sous peine de toutes les
menaces possibles et impossibles, d'atteindre ce fameux équilibre
budgétaire. Pas de déficit, quel que soit le prix à payer,
y compris avec une atteinte directe dans la salle d'urgence.
Quand Notre-Dame, hier, se retrouve dans un engorgement, ce n'est pas
sorcier, il y a 69 lits de fermés sur les étages en haut; quand
l'Institut de cardiologie de Montréal se retrouve engorgé, ce
n'est pas sorcier, la ministre a obligé l'institut à fermer 24
lits sur les étages, à un point tel que, manquant de lits
à la salle d'urgence engorgée parce qu'il y a des lits de
fermés sur les étages, les infirmières montent sur les
étages chercher des lits inoccupés, parce que la ministre veut
qu'il n'y ait personne dedans pour ne pas que cela coûte cher, descendent
les lits dans la salle d'urgence pour étendre des patients dont
l'état de santé exige la présence d'un lit. Plus que cela,
M. le Président, la ministre oblige la fermeture d'une salle
d'opération, de salles d'examen à l'Institut de cardiologie de
Montréal, ce qui fait en sorte que ceux qui ont eu la chance d'avoir un
lit sont plus longtemps dans l'hôpital et occupent plus longtemps un lit
parce qu'ils nécessitent moins de ressources pour être
traités pendant cette même période. Le bout du bout de la
main gauche qui ne se préoccupe pas de ce que fait la main droite, ou la
tête qui ne se préoccupe pas de ce que dit la bouche de la
ministre.
Le gouvernement du Parti québécois a fait construire une
nouvelle salle d'urgence, un nouveau pavillon, le pavillon Paul-David, à
l'Institut de cardiologie de Montréal, qui est pour l'essentiel une
modernisation, un agrandissement de la salle d'urgence qui permettrait de
travailler plus à l'aise, de traiter plus de cas avec des moyens plus
modernes et plus conformes au développement technologique dans le
domaine de la chirurgie cardio-vasculaire et des maladies cardio-vasculaires.
M. le Président, cette nouvelle salle d'urgence est prête et
coûterait 314 000 $ à la ministre entre le moment où elle
était prête et la fin de l'année financière pour
l'ouvrir. Pendant ce temps, la ministre dit: Non, non, non. On laisse cela
fermé. Après cela la ministre nous dit: C'est long faire des
lits: C'est long construire des lits! Les lits que vous avez promis sont
totalement embourbés dans votre appareil administratif, bureaucratique
et technocratique, de même que dans celui du président du Conseil
du trésor. Vos propres décisions, tant à Montréal,
tant à l'Institut de cardiologie, tant dans l'Estrie ou
Saint-Vincent-de-Paul de Sherbrooke... Ces hôpitaux se retrouvent
engorgés. Vous avez fermé des lits dans l'Estrie. À
Québec, les salles d'urgence sont engorgées parce que vous avez
fermé des lits. La ministre de la Santé et des Services sociaux
est non seulement incapable de livrer la marchandise qu'elle promet mais, en
plus, crée elle-même un problème additionnel, gonfle
structurellement le problème d'engorgement des salles d'urgence avec les
compressions budgétaires. Coûte que coûte, fermez-moi des
lits, engorgez les salles d'urgence, ce n'est pas grave. Moi, je veux voir des
beaux budgets équilibrés. La ministre est
préoccupée par des colonnes comptables plutôt que par la
qualité des services de santé qu'elle a la responsabilité
de dispenser à l'ensemble de la population du Québec. Nous avons
devant
nous non pas une ministre qui se préoccupe de santé mais
une ministre qui se préoccupe de colonnes comptables et qui crée
elle-même de l'engorgement dans les salles d'urgence.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Gouin. Mme la ministre, vous avez la parole.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il m'est difficile de
qualifier l'attitude du député de Gouin quand il accuse la
ministre, et par le fait même le gouvernement, de ne pas prendre ses
responsabilités vis-à-vis des hôpitaux. Pour la nieme fois,
dois-je rappeler que lorsque nous sommes arrivés ici, au gouvernement,
les hôpitaux avaient accumulé un déficit depuis 1982 de 280
000 000 $ et que c'était le chaos dans les hôpitaux? Je ne parle
pas de ce que les hôpitaux avaient subi sur la période de 1977
à 1985, c'est au-delà de 700 000 000 $ que les gens d'en face
avaient coupé dans les hôpitaux, soit à titre de coupures
réelles ou soit encore à titre de redressements
budgétaires. C'était au-delà de 700 000 000 $.
Aujourd'hui, nous renflouons ce déficit pour permettre aux
hôpitaux de repartir d'un bon pied, nous injectons 133 000 000 $ et
même davantage cette année pour leur permettre de fonctionner
d'une façon régulière. Nous avons introduit dans le
système hospitalier un coût de système, soit un pourcentage
du budget des hôpitaux pour justement faire face à certaines
variables telles que le vieillissement de la population ou la hausse des
coûts occasionnée par les équipements. Nous avons devant
nous des gens d'un gouvernement qui a laissé se détériorer
l'état des hôpitaux à un point tel que nous avons
trouvé les urgences dans l'état où nous les avons
trouvées. (11 h 15)
Nous pourrions parler des équipements dans les hôpitaux.
Qu'ils aillent donc s'informer des équipements qu'on n'a pas fournis
dans les hôpitaux. Les départements de radiothérapie sont
d'une vétusté telle que tout le monde proteste. Nous allons
essayer cette année de corriger une partie de ces choses. Là, je
mets de côté l'argent que nous avons mis pour le plan de
désengorgement des urgences.
En ce qui a trait aux lits, le député de Gouin sait fort
bien que des lits ça ne se construit pas dans une année. Il nous
dit: Vous avez obligé l'Institut de cardiologie à laisser 20 lits
fermés. Le gouvernement précédent a gardé pendant
au moins huit ans, disons six ans, pour ne pas faire d'erreur, 20 lits
fermés. Jamais cette année nous n'avons fermé de lits
d'une façon permanente. Je ferai exception pour l'hôpital Douglas
puisqu'il s'agit de lits de désinstitutionnali-sation. Nous avons
même rouvert 125 lits que le gouvernement antérieur avait
fermés d'une façon permanente. Nous avons rouvert des lits
d'été, je l'ai mentionné tout à l'heure.
Le député de Gouin vient nous dire, sans broncher, que
nous ne prenons pas nos responsabilités. M. le Président, dois-je
lui répéter que ce sont plusieurs centaines de millions que nous
avons mis dans la santé cette année à différents
titres? Les centres hospitaliers le savent. Les besoins ne sont pas
comblés, les besoins demeurent très grands, mais nous
continuerons dans la même veine pour l'année qui s'en vient. Je
mets au défi le député de Gouin de comparer ce qu'il y
aura dans la Santé et les Services sociaux cette année à
ce qu'eux mettaient Iles années précédentes.
M. le Président, je ne veux pas ici prétendre qu'il n'y a
plus de problèmes. Je veux bien accepter les propositions du
député de Gouin si elles sont constructives. On nous dits Ajoutez
de l'argent, ajoutez de l'argentl Je crois que cette année le
gouvernement a fait considérablement dans l'ajout des sommes qu'il a
investies dans les milieux hospitaliers. Nous allons essayer de continuer dans
la même direction. Il est absolument impossible de vouloir corriger tous
les problèmes auxquels le député de Gouin fait allusion
alors que ce sont des problèmes qu'ils ont laissé s'accumuler
depuis dix ans. Là-dessus, je pense que vous trouveriez passablement de
consensus si vous alliez sonder les gens à savoir quelle est la
différence aujourd'hui entre l'administration hospitalière et ce
qu'elle était il y a un an, deux ans ou trois ans alors que le
gouvernement du Parti québécois était au pouvoir.
M. le Président, je suis prête à recevoir toutes les
remarques constructives et à les utiliser, mais jusqu'à ce
moment-ci je n'en ai même pas encore entendu une seule, sauf dire:
Ajoutez de l'argent! M. le Président, nous ajoutons de l'argent, mais
nous voulons qu'il soit dépensé d'une façon responsable et
ceci pour permettre aux centres hospitaliers de mieux planifier et de mieux
répondre aux besoins de la population. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Laval-des-Rapides, vous avez la parole.
M. Guy Bélanger
M. Bélanger: M. le Président, je voudrais d'abord
rétablir un certain nombre de faits ou de notions qui sont un peu
bardassés ce matin dans la discussion. Ainsi, par exemple, je voudrais
dire au député de Laviolette que les urgentologues, ce sont
des
médecins. Ce sont des médecins spécialistes de
l'urgence. Ceux qui font le "dispatch", ce sont les répartiteurs. Les
urgentologues n'ont pas d'affaire à la répartition. C'est ce que
vous avez dit tout à l'heure, ne dites pas le contraire. C'est
enregistré, de toute façon, vous pourrez vérifier.
Ce sont deux choses différentes et il faut faire attention de ne
pas induire la population en erreur. Je comprends que cela peut être fait
de bonne foi et je comprends qu'il n'est pas toujours facile de parler de
domaines aussi spécialisés et aussi complexes que la santé
et la dispensation des services de santé.
Il en est ainsi quant aux plans d'équilibre budgétaire.
Lorsqu'on parle des plans d'équilibre budgétaire et qu'on essaie,
par association, de faire ressortir que les conséquences en sont
l'engorgement des urgences, je pense qu'on induit encore une fois les gens en
erreur. J'explique. Un plan d'équilibre budgétaire, c'est
l'obligation de gérer à l'intérieur de paramètres
établis comme base budgétaire d'un hôpital dans ses frais
d'exploitation d'une année. On parle d'arriver au bout en
équilibre budgétaire, c'est-à-dire ne pas avoir de
déficit. On ne souhaite pas d'excédent, on souhaite juste qu'il
n'y ait pas de déficit. Il est évident que le conseil
d'administration, qui est la corporation autonome responsable des
décisions de gestion de l'hôpital, doit voir à arriver
à l'intérieur des ces paramètres et doit prendre des
moyens pour le faire.
Il arrive, dans un plan d'équilibre budgétaire, qu'on ait
recours à la fermeture de lits pour le réaliser. Cette fermeture
de lits, règle générale, se fait toujours dans des
contextes très précis, par exemple, lorsqu'il y a les vacances
des chirurgiens. Règle générale, on essaie de faire
coïncider cela avec des périodes où les gens ne veulent pas
venir à l'hôpital. Je donne des exemples très
précis: la période de relâche scolaire, on sait que les
gens prennent des vacances. Essayez de faire entrer des gens à
l'hôpital durant cette période. Période de vacances de la
construction, l'été, période de Noël, période
de Pâques. Ce sont des périodes où les gens ne veulent pas
aller à l'hôpital. Ils disent: Je vais profiter de mes vacances,
je vais entrer après, je ne veux pas aller à l'hôpital
durant cette période. Cela peut être compréhensible, ce
sont des habitudes de consommation de notre population, en matière de
santé.
De telle sorte que souvent, parce que les gens ne veulent pas venir
durant cette période, on a beaucoup de lits libres dans l'hôpital.
On regroupe les patients, ce qui fait qu'on peut fermer une unité; je
pense que c'est tout simplement de la gestion avisée. Si vous faites la
concordance entre les deux, c'est rarement durant ces périodes que les
urgences sont engorgées. De toute façon, si on regarde les
qrandes périodes d'engorgement des urgences d'hôpitaux, c'est
à peu près toujours en novembre et février, milieu de
mars. Règle générale, ce sont les périodes de
l'année où il y a engorgement. Les médecins disent que ce
sont des périodes de grippe, de ci, de ça, ce sont des
périodes où il y a le plus d'engorgement dans les
hôpitaux.
Il ne faut pas confondre plan d'équilibre budgétaire et
compressions budgétaires. Des compressions budgétaires, c'est
lorsque j'ai un budget de X millions pour gérer mon hôpital, comme
l'a fait le Parti québécois pendant huit de ses neuf ans et
dix-sept jours de pouvoir, lorsqu'il disait: Cette année, tu as 1 000
000 $ de compressions ou de rationalisation. La première année,
cela a peut-être assaini les finances et la gestion des hôpitaux;
la deuxième année, cela commençait à affecter les
services, mais, rendu à la huitième, ça touchait plus que
les services.
On a vu les mêmes conséquences lorsque les budgets
d'équipement, les budgets de renouvellement d'appareils n'ont pas
été faits, de telle sorte que dans certaines urgences on
travaillait avec de l'équipement qui fonctionnait très mal.
Durant votre période, j'ai vu l'hôpital de Chicoutimi ne pas avoir
d'appareils d'écographie pendant plusieurs mois parce qu'il n'avait pas
les budgets pour les faire réparer et qu'on refusait. Cela a
été corrigé depuis, je vous le garantis. Il faut arriver
à démêler les choses entre une compression et un
équilibre budgétaire et les réclamations qu'on peut
entendre de différents corps de professionnels qui travaillent dans un
hôpital. Il y a toutes sortes de raisons qui peuvent motiver à
faire toutes sortes de déclarations. Je pense qu'on pourrait faire une
analyse poussée de ces choses.
En terminant, je pense qu'il faut reconnaître une chose, c'est que
beaucoup d'améliorations ont été apportées au cours
de la dernière année par une ministre qui a eu le courage - pas
le courage politique, elle est au-dessus de cela... Ses valeurs et son sens
social aigu ont fait en sorte qu'elle a vraiment eu le courage de prendre les
mesures et de dénoncer les choses qui devaient être
dénoncées, mais aussi de prendre des mesures pour corriger tout
ce qui devait être corriqé. C'est sûr qu'il y a encore un
petit bout à faire, il y a encore des choses à corriger, mais la
nature même d'une urgence le dit, elle sera toujours achalandée.
Ne mêlons pas achalandage et congestion, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laval-des-Rapides. M. le député de Gouin,
vous avez la parole.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, je m'aperçois que le
député de Laval-des-Rapides passe sûrement plus de temps
à Québec ou sur la rive sud de Montréal qu'à Laval
parce que, justement, qui mieux que lui pourrait connaître la
conséquence directe du changement d'attitude eu égard aux
équilibres budgétaires et l'impact de ces équilibres
budgétaires sur l'engorgement des salles d'urgence? L'hôpital de
sa région, la Cité de la santé, à Laval, a connu un
taux d'engorgement record pendant la période des fêtes 1986-1987,
qu'on vient de passer. On s'est retrouvé avec des gens qui passaient
huit jours dans les corridors des salles d'urgence en attendant d'avoir la
possibilité un jour d'avoir un lit sur un étage. Cela s'est fait
pourquoi? Cela s'est fait comment? Parce qu'au nom de l'obsession d'atteindre
coûte que coûte l'équilibre budgétaire, 45 lits ont
été fermés... Une voix: ...
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que vous pourriez
demander au député de Laval-des-Rapides de parler à son
tour et de retirer les propos qu'il dit lorsqu'il dit que c'est faux, ce que
j'affirme?
M. Bélanger: IL n'y avait aucun lit fermé à
cette période-là, c'est faux!
M. Rochefort: M. le Président, j'affirme de mon
siège que 45 lits ont été fermés dans la
période des fêtes. Le député devrait peut-être
aller voir ce qui se passe dans son comté.
M. Bélanger: J'y suis allé.
M. Rochefort: Pourquoi ces lits ont-ils été
fermés? Pour des raisons d'atteinte de l'équilibre
budgétaire. C'est le gouvernement libéral qui, par ses mesures
d'équilibre budgétaire... Expliquons cela simplement au monde. Le
gouvernement dit: Je vous donne tant comme budget et si vous ne respectez pas
votre budget vous n'aurez rien d'autre. D'accord? Donc, il les force, il les
oblige à budgétiser à l'intérieur du montant qu'il
leur a donné. En conséquence de quoi, pour atteindre le budget en
fin d'année financière, on ferme des lits pour réduire des
coûts au budget, pour rester à l'intérieur du budget
à cause de toutes les menaces de sanction dont ils ont été
l'objet par la ministre de la Santé et des Services sociaux et ses
sous-ministres qui le faisaient en son nom.
Qu'est-ce qu'ils font? Ils ferment des lits, M. le Président. Je
l'ai dit, Cité de la santé à Laval, 45 lits fermés
du 23 décembre au 4 janvier, et non pas pour des raisons de
congés. On a demandé à 18 infirmières de deux
départements de prendre des absences autorisées non payées
pour pouvoir rentrer à l'intérieur du budget.
On a eu un exemple hier dont j'ai parlé tantôt. Tout
à coup Notre-Dame est engorgé; il y a 69 lits fermés
à Notre-Dame pour permettre à l'hôpital de terminer
l'année financière à l'intérieur de son budget.
On a vu le cas de l'Institut de cardiologie. La ministre n'a pas
répondu. Pourquoi la ministre n'a-t-elle pas donné l'autorisation
d'ouvrir le nouveau pavillon Paul-David qui est une nouvelle salle d'urgence
dans l'est de Montréal pour les patients qui ont des problèmes
cardiologiques? Pourquoi refuse-t-elle de donner cette autorisation? Parce que,
pour elle, les colonnes comptables sont plus importantes que la quantité
et la qualité des services de santé qui doivent être
présents sur le territoire.
On a d'autres exemples. L'hôpital Sainte-Marie de Montréal
a des problèmes d'urgence; la ministre l'a reconnu, d'octobre 1986
à avril 1987 les chiffres mêmes de la ministre disent qu'elle a
obligé 30 lits à être fermés pour des raisons de
compressions budgétaires.
Donnez-moi un autre cas, M. le Président, ils sont tous
là. Dans la région de Québec, l'Enfant-Jésus a des
problèmes d'engorgement de salle d'urgence; 50 lits ont
été fermés du 18 décembre au 9 janvier.
Saint-François-d'Assise a des problèmes de salle d'urgence? 16
lits ont été fermés du 1er octobre au 31 mars 1987. Et
ensuite on dit que c'est parce qu'il manque de lits, que c'est long construire
des lits? Ouvrez donc les lits que vous fermez sur les étages! Cela
prendra cinq minutes pour prendre la décision et l'annoncer aux
établissements, qui sauront drôlement quoi faire avec vos
lits.
Il y a des problèmes à l'hôpital de Laval dans sa
salle d'urgence? L'hôpital de Laval a fermé 97 lits du 19
décembre au 4 janvier pour des raisons d'équilibre
budgétaire. Si ce que je dis est faux, que la ministre convoque donc
tous les administrateurs de ces différents établissements, y
compris la Cité de la santé à Laval. Qu'ils viennent ici
en commission parlementaire et on leur demandera si c'est vrai qu'ils ont
fermé des lits et pour combien de temps. Je suis prêt à me
livrer à ce défi. Qu'ils viennent en commission parlementaire et
on va leur adresser les questions.
On parle d'un nouveau problème d'engorgement dans l'Estrie? Je
comprends! Allons voir le tableau de la situation, les chiffres mêmes de
la ministre dans l'Estrie. Au Centre hospitalier de l'Université de
Sherbrooke, 42 lits fermés du 28 février au 14 mars 1987.
L'Hôtel-Dieu de Sherbrooke, 30 lits fermés du 3 septembre au 14
octobre; 38 lits du 13 décembre au 11 janvier. Ça
commence à être long, Noël, là! On commence le
13 janvier et on finit le 11 janvier.
Le Centre hospitalier Saint-Vincent-de-Paul, celui qui vit
particulièrement les engorgements actuellement, 24 lits fermés du
20 décembre au 4 janvier. Et c'est comme ça partout. Non
seulement le plan de la ministre ne fonctionne pas, non seulement la
création de nouveaux lits est totalement embourbée dans
l'appareil gouvernemental mais la ministre elle-même prend des
décisions où, coûte que coûte, il faut atteindre
l'équilibre budgétaire au prix de fermer des lits pour
créer un engorgement artificiel mais drôlement réel et
vécu au plan humain par les hommes, les femmes et les enfants qui se
retrouvent cordés dans les corridors parce que la ministre veut
équilibrer des colonnes comptables.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Gouin.
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux vous avez la
parole. (11 h 30)
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais revenir sur
cette question de lits fermés. D'abord je voudrais que nous faisions une
comparaison quant aux lits qui ont été fermés sur une base
annuelle en 1984-1985, 1985-1986 et 1986-1987. En 1984-1985 et 1985-1986, sous
l'ancien gouvernement, il y a eu 1025 lits fermés et, en 1986-1987, il y
en a eu 897. C'est calculé en jours-années, parce que c'est
vraiment cela qui est significatif.
Je voudrais revenir au cas de la Cité de la santé de
Laval. Il est exact qu'il y a eu une unité de lits fermée durant
la période des fêtes pour une dizaine de jours, me dit-on, et
c'était une répétition de ce qui se faisait depuis quatre
ans.
Des voix: Ah!
Mme Lavoie-Roux: II s'agit de l'unité de chirurgie et non
pas de lits reliés à l'urgence. Quoi qu'il en soit, M. le
Président...
Une voix: ...dans le temps de Noël. Une voix: Quatre
ans.
Mme Lavoie-Roux: Et, M. le Président, c'était
pendant quatre ans.
M. le Président, faut-il que je rafraîchisse encore la
mémoire du député de Gouin et lui dire que nous avons
rouvert 125 lits qu'ils avaient fermés d'une façon permanente et
que nous avons aussi converti des lits? Tout à l'heure, il nous a
chicanés.
Il a dit: Vous ne l'avez pas fait assez vite, cela se convertit du jour
au lendemain. Il semble que ce ne soit pas aussi simple que cela. De toute
façon, ils ont été convertis sur une période de
cinq ou six mois. On l'avait prévu sur une période de deux ans et
on l'a fait durant la première année, sur une période de
cinq ou six mois.
De plus, M. le Président, il ne faudrait pas oublier toutes les
mesures qui ont été prises, qui sont des mesures avant ou
après le séjour à l'urgence, soit des mesures d'aide
à domicile, d'hôpital à domicile, maintenant les centres de
crise - là, évidemment, ils n'ont pas commencé à
produire tous leurs effets - mais tout ceci a permis de mettre à la
disposition du public, dans la région de Montréal, 275 lits
supplémentaires de courte durée parce que ces populations ou ces
personnes sont restées moins longtemps à l'hôpital ou dans
les urgences. On peut voir -c'est d'ailleurs dans le tableau que nous a remis
hier le CRSSS de Montréal l'évolution du pourcentage des lits des
centres hospitaliers de courte durée occupés par des patients en
attente d'hébergement et de soins de longue durée. C'est souvent
une plainte qu'on entend de la part des médecins qu'il y a trop de
patients de longue durée et qu'ils empêchent l'arrivée des
patients de courte durée dans les hôpitaux de courte durée.
Regardons la progression: à Santa Cabrini, on se trouve avec tout
près de 10 % de patients de longue durée; à la Cité
de la santé de Laval, une augmentation de 0,5 %, mais je pense que,
là, on peut le comprendre, il y a un problème réel. Je
pense que personne ne l'a nié et, là-dessus, même si le
député de Gouin veut l'amplifier et laisser entendre qu'on ne
s'en occupe pas, je pense qu'on a pris les mesures, on continue de les prendre
et on va même prendre des mesures de transition. Même au centre
hospitalier Fleury, il y a une diminution de 8,2 %. II y a même eu une
diminution de 2,91 % à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont; à
l'hôpital du Sacré-Coeur, tout près de 10 %; à
l'hôpital Saint-Michel, 1,53 %.
M. le Président, encore une fois, je pense que c'est de bonne
guerre que le député nous signale qu'il y a des lits
fermés, mais rappelons que nous avons laissé 1000 lits ouverts
à Montréal durant l'été, et ceci sera d'une
façon permanente, et, à Québec, 270, et que les mesures
que nous avons prises réduisent la longueur de l'hébergement des
personnes ou des patients de longue durée et ajoutent des lits de courte
durée dans le système. Je pense que nous avons fait, dans le
court laps de temps qui nous a été accordé, ce qui
était humainement possible de faire.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Fabre, vous
avez la parole.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M. le Président. Le député
de Gouin semble animé par une philosophie qui lui est bien personnelle;
je pense que la philosophie qui l'anime, c'est celle de lancer de la boue en
souhaitant qu'il en reste toujours un peu de collée quelque part. Cela
peut revenir contre le député, ça, M. le Président.
Je ne veux pas lui dire quoi faire, il a quand même assez
d'expérience.
À l'écouter, je suis quasiment tenté de lui
demander: Où étiez-vous donc, M. le député, et que
faisiez-vous entre 1976 et 1985? C'est la question à laquelle on devrait
essayer de répondre ce matin. Le problème des urgences n'est pas
arrivé le 3 décembre. C'est un problème qui s'est
perpétué, c'est un problème qui a continué.
J'aurais quasiment tendance à les comparer à des tourneurs
d'assiettes qui étaient sur une scène et qui essayaient de faire
en sorte que les assiettes ne tombent pas. Tout cela pour donner un bon
spectacle. C'est un peu ce qu'ils faisaient. Où est-ce qu'ils
étaient? On traîne ce fardeau. Mais ce qu'ils faisaient en plus de
cela, ils coupaient. Ils semblaient même fiers de couper.
L'ancien ministre des Affaires sociales, Pierre Marc Johnson, se disait
quasiment fier d'avoir atteint son objectif, et d'avoir réussi à
couper 346 000 000 $. Quand il disait que la presque totalité de cet
objectif avait été atteint, il était quasiment fier de
cela. C'est cela que, nous, en tant que gouvernement, on est obligé de
subir. Si on fait le total, c'est 750 000 000 $ de coupés, plus,
l'année d'ensuite, en 1983, un autre montant de 29 000 000 $ de
coupé, plus les 288 000 000 $ de déficit des hôpitaux qu'on
est obligé de rapatrier, cela veut dire au-dessus de 1 000 000 000 $
qu'on n'a pas actuellement parce que les hôpitaux ont toujours
été sous-budgétisés entre 1976 et 1985.
Au lieu de chercher des coupables, on a cherché des solutions. Je
pense que Mme la ministre est très fidèle à
elle-même, si on se réfère à ce qui a
été dit dans le temps, en 1983, alors qu'elle était
critique. On disait: Une voix sensée s'élève pour ramener
tout le monde aux vrais problèmes et c'est souvent celle de la
députée de L'Acadie, Mme Thérèse Lavoie-Roux. Une
fois de plus, elle vient de tirer la sonnette d'alarme à propos des
coupures budgétaires du ministère des Affaires sociales dans les
services de santé.
Mme la ministre n'a pas changé son orientation et n'a pas
changé ses convictions. Mme la ministre a mis en place un plan. Pendant
que, vous, vous cherchiez des coupables, nous, on cherchait des solutions. Je
pense que ce qui est déjà fait nous amène à croire
qu'on est sur la bonne voie.
La situation telle qu'elle existait il y a quelques mois... C'est vrai
qu'il y a ce qu'on appelle des heures de pointe dans les hôpitaux. Le 16
octobre 1982, la Gazette citait le Dr Jacques Boileau qui disait: "Les
hôpitaux, c'est un vrai zoo - c'est le Dr Boileau qui disait cela. De 50
à 60 lits dans les corridors, souvent pour dix jours," C'était en
1982.
Le nouveau ministre des Affaires sociales, en 1984, le Dr Camille
Laurin, semblait reconnaître le problème et admettre la situation.
Il fait une petite déclaration en disant qu'il fait de ce
problème une de ses priorités d'action. Mais, entre 1984 et 1985,
il n'y a absolument rien eu de fait autre que par l'ancien ministre, M.
Chevrette, le ministre du temps, qui, lui, pour se donner bonne conscience, a
injecté 6 400 000 $ en 1985, un peu avant les élections pour
essayer de donner bonne bouche, pendant qu'on en avait coupé 750 000 000
$ une fois, au total, jusqu'en 1983, et un autre montant de 29 000 000 $ en
1983, sachant que par la suite on aurait à éponger le
déficit que vous connaissiez, que vous saviez et que vous aviez reconnu,
mais que vous traîniez d'une fois à l'autre.
Alors, les vrais coupables, M. le Président, je me demande de
quel côté de la Chambre ils sont. Et les vrais capables, je me
demande aussi de quel côté de la Chambre ils sont. Je pense
qu'avec notre plan de relance, avec le sérieux qu'on y met, avec les
fermes convictions et le respect que nous avons des personnes qui,
malheureusement, sont hypothéquées dans leur santé, eh
bien, je crois qu'on livre la philosophie du Parti libéral. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Fabre. La parole est maintenant à M. le
député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je ferai un
commentaire ou deux à la suite de l'intervention du député
de Fabre pour lui dire, dans un premier temps, que, si aujourd'hui il y a un
hôpital sur l'île de Laval, dans sa région, c'est parce
qu'il y a un gouvernement qui, un jour, l'a fait construire, et c'était
un gouvernement du Parti québécois.
Deuxièmement...
Une voix: En 1970. Des voix: ...
M. Rochefort: ...ta Cité de la santé de Laval? M.
le Président, qui a la parole ici actuellement?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Juste un instant,
s'il vous plaît! Je m'excuse. J'aimerais que l'on respecte le droit de
parole du député de Gouin. M. le député, vous avez
la parole.
M. Rochefort: Merci. D'autre part, quand le député
nous dit qu'il cherche des coupables ou des capables, moi, ce que je sais
actuellement, c'est que les patients, eux autres, qui sont étendus sur
des civières dans les salles d'urgence cherchent des soins de
santé. C'est pour ça qu'on est ici ce matin, pour faire en sorte
qu'enfin des décisions soient prises pour améliorer et la
quantité et la qualité des services de santé disponibles
pour la population du Québec qui en a besoin.
Ce matin, on assiste à un tout nouveau discours de la part du
Parti libéral du Québec. M. Jean-Jacques Samson, cette semaine,
rappelait avec éloquence les déclarations des ténors du
Parti libéral: le premier ministre, la ministre de la Santé et
des Services sociaux et le député de Brome-Missisquoi qui
décrivaient la situation des urgences comme étant une
calamité sur la terre. C'était la description qu'on faisait. Il
n'y avait rien de trop fort pour décrire la situation. C'était
dans une période où on était dans la machine à
gagner des votes. Il fallait convaincre le monde que cela allait très
mal, mais que, deuxièmement, on avait toutes les solutions et qu'on
réglerait cela en un tournemain. Ce serait la priorité
prioritaire et, nous autres, on aurait la compétence de régler
cela, nous disaient les libéraux.
Ce matin, qu'est-ce qu'on nous dit? C'est vrai qu'il y a des heures de
pointe, qu'il y a des cas particuliers. Il ne faudrait pas exagérer, la
situation est sous contrôle, pour l'essentiel, c'est réglé.
Il y a une levée de boucliers basée sur l'émotivité
des gens, nous dit le député de Laurier. Un autre de ses
collègues nous dit: II ne faut pas exploiter l'émotivité
des gens qui souffrent. Cela va bien. Cela s'améliore. On a fait de
grands pas. On sait où on s'en va. On connaît ça. On est
bon. Que le monde arrête donc de chialer un peu, semblent-ils nous
laisser sous-entendre.
M. le Président, il y a des problèmes graves dont on a
fait la démonstration au cours de nos interventions ce matin. Non
seulement il y a des problèmes graves, non seulement nous nous
apercevons qu'il n'y a pas d'amélioration là où il y a des
problèmes, mais, en plus, on s'aperçoit que la ministre de la
Santé et des Services sociaux est venue rajouter des problèmes
par les coupures, les fermetures de lits qui entrent dans sa
préoccupation "priorité aux colonnes comptables" -
deuxièmement, peut-être nous occuperons-nous des patients -mais
aussi que son plan, son fameux plan, un an après, parce que
c'était son premier anniversaire hier, le gâteau est venu ce matin
dans les médias d'information. Ils nous ont dit: Oui, on est venu nous
dire que cela allait bien. Nous, on est allé sur le terrain, nous disent
les médias d'information, on est allé voir. Ils nous ont
montré cela à la télévision hier. Ils nous ont
montré cela à pleines pages dans les journaux ce matin. Cela va
tellement bien qu'il y a du monde dans les corridors dans toutes les
régions du Québec, que les salles d'urgence sont
engorgées, particulièrement parce que le plan ne fonctionne pas
et, en plus, parce que la ministre a voulu agir sur les colonnes comptables
plutôt que sur la quantité et la qualité des
équipements, des services et du personnel de santé disponible
dans les salles d'urgence du Québec, ce qui fait que les
problèmes sont pires dans bon nombre de situations qu'ils ne
l'étaient et, aux dires mêmes de la ministre, elle a reconnu que
dans les régions où il n'y avait pas de problème, tout
à coup, quinze mois d'administration de la députée de
L'Acadie donnent des problèmes.
M. le Président, ce sera la dernière intervention de la
ministre tantôt avant que je conclue. Je lui relance un appel. Nous
sommes disposés à lui donner toute la collaboration dont elle a
besoin dans la mesure où elle va apporter les correctifs
nécessaires à son plan, dans la mesure où elle va aborder
franchement les problèmes qui existent et dans la mesure, M. le
Président, où les ressources seront concrètement investies
dans la solution des problèmes et non pas dans des discours, des
annonces, des promesses, en nous demandant des professions de foi pour que,
peut-être, dans trois ans, il y ait des solutions. On ne veut pas des
lueurs d'espoir au bout des tunnels, on ne veut pas de tunnel, M. le
Président. C'est sur cette base que la ministre s'est
présentée devant la population. C'est le mandat explicite qu'elle
a reçu de la population et c'est quinze mois d'administration auxquels
nous assistons et devant lesquels nous nous retrouvons en termes de
résultats.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Gouin. Maintenant, je dois vous avertir de part et
d'autre que ce sont les dernières interventions. Mme la ministre aura
dix minutes et, par la suite, le député représentant
l'Opposition, M. le député de Gouin, aura dix minutes aussi.
Mme la ministre, à vous la parole. (11 h 45)
Conclusions
Mme Thérèse Lavoie-Roux Mme Lavoie-Roux: M. le
Président,
j'entendais le député de Gouin dire qu'il était
prêt à accorder toute la collaboration nécessaire pour
résoudre les problèmes. Je trouve que cela sonne un peu faux
parce que tout ce qu'il a fait depuis qu'il est porte-parole de l'Opposition -
en bonne partie, c'est son rôle - mais les seules choses qu'on peut lui
reprocher, ce sont les excès.
Quand, par exemple, il reproche à mes collègues de lui
dire qu'il dramatise les choses, je pense que c'est exact qu'il dramatise les
choses. On part de cas particuliers, de cas aigus dans certaines circonstances,
et on peut toujours citer de nouveau Maisonneuve-Rosemont et la Cité de
la santé de Laval, pour, finalement, décider que c'est l'ensemble
du Québec. Encore, tout à l'heure, il affirmait que, ce matin,
dans toutes les régions du Québec, il y avait des hôpitaux
encombrés. C'est exactement ce qu'il vous a dit. Mais, M. le
Président, je le mets au défi de prouver cela. C'est le genre
d'affirmation qu'il fait facilement. Tout à l'heure, la question de
l'Hôtel-Dieu, vous vous souvenez? Il nous reproche de ne rien faire. Je
vais vous dire, par exemple, qu'en ce qui a trait à la qualité
des services d'urgence, il y a plusieurs projets de rénovation en cours
qui avaient été laissés pour compte par l'ancien
gouvernement, au moins une dizaine de projets, M. le Président, et qui
vont permettre aux urgences de mieux fonctionner.
Nous avons également, et je voudrais revenir sur ces points
particuliers, dans les régions où il y avait des plans d'urgence,
nous avons mis en place des coordonnateurs pour, justement, limiter les
débordements, d'une part, et nous assurer que les patients
reçoivent l'attention dont ils ont besoin le plus rapidement possible.
Ceci a apporté des progrès notables et je pense qu'on peut mettre
en opposition l'évaluation du député de Gouin et celle que
nous ont faite les conseils régionaux, qui n'étaient pas
simplement des fonctionnaires du conseil régional, mais qui, je dois le
dire, ont fait un excellent boulot pour mettre en place ce plan d'action. Il y
a également des représentants des centres hospitaliers, des
médecins qui travaillent dans les salles d'urgence qui sont venus nous
dire hier que, "tout en considérant que le plan mis en place est
applicable sur une période de deux et trois ans, il apportera des
résultats optimums lorsque ces mesures auront été
rodées et que les liens fonctionnels entre elles seront bien
articulés". Ils nous ont dit aussi: "Nous sommes en mesure de constater
une amélioration considérable dans les centres hospitaliers
concernés." Il s'agissait de la région de Québec, M. le
Président. Je ne citerai pas de nouveau le témoignage de la
région de Montréal qui allait dans le même sens.
M. le Président, c'est évident qu'il reste des
problèmes, c'est évident qu'il restera toujours des points
sensibles et qu'il faut s'en préoccuper de la même façon
qu'il faudra toujours se préoccuper, de cette question des urgences
compte tenu du vieillissement de la population qui exerce une pression sur les
urgences. Je voudrais néanmoins dire à la population que nous
n'avons pas mis en place ce plan de 150 000 000 $ sans prévoir des
mécanismes d'évaluation. Déjà a été
confié à un groupe, situé à l'extérieur du
ministère, à l'extérieur des conseils régionaux et
è l'extérieur des hôpitaux, le soin d'évaluer les
mesures mises en place de façon, soit à les modifier, soit
à les corriger, soit à les changer au besoin, si elles ne
s'avèrent pas efficaces. Au moment où nous nous parlons, nous
croyons que nous nous dirigeons dans la bonne direction, et je suis d'accord
avec le député de Gouin que, pour l'individu qui attend dans une
salle d'attente, angoissé, la situation est toujours difficile. Ce que
nous avons essayé de corriger, c'est justement de diminuer les attentes,
de mieux répartir les malades entre les établissements et de
permettre que les gens puissent ne pas être dans un milieu
institutionnel, alors qu'ils peuvent être dans un milieu naturel. Je
pense que la population qui reçoit ce genre de services apprécie
toutes ces mesures.
Enfin, je voudrais ajouter que nous continuerons dans la même
veine en faisant les modifications qui s'imposent, étant convaincus que
la population nous appuie dans nos démarches, comme elle nous appuie
dans l'ensemble des mesures que nous avons prises pour remettre les centres
hospitaliers sur le bon pied. On a déjà oublié, et
pourtant ce n'est pas si loin, quand le ministre des Finances du temps, M.
Parizeau, ou M. Bérubé, ou même M. Johnson, qui
était ministre des Affaires sociales à ce moment, essayaient de
convaincre la population que nous roulions en cadillac dans le domaine de la
santé et que pour cela c'était permis de faire des coupures et
des compressions budgétaires. Si le réseau de la santé
s'est détérioré au point où il l'était
lorsque nous l'avons pris, c'est à cause de ce type de raisonnement: on
essayait de rationaliser aux yeux de la population les coupures qu'on imposait
dans le domaine de la santé. Je le répète, nous avons mis
des sommes considérables non seulement dans le plan des urgences, mais
également pour le fonctionnement des centres hospitaliers. Nous allons
continuer dans la même direction, en corrigeant le tir si ceci s'impose,
mais en assurant la population que Ses urgences et la santé en
général demeurent une priorité pour le gouvernement
actuel. Nous allons continuer dans l'année qui vient de faire les
corrections et d'apporter les solutions qui n'auront pas toujours des effets
à court terme, mais qui, à moyen et à long terme,
nous l'espérons, remettront notre système de santé
sur pied, et ceci, au bénéfice de la population.
En terminant, je voudrais simplement remercier tous les
établissements qui, dans le réseau, participent à la mise
en place des mesures des plans d'urgence. J'ai mentionné les conseils
régionaux, je pourrais parler des CLSC, je pourrais parler des centres
de services sociaux qui fournissent des places d'hébergement. Je
pourrais également parler des équipes à l'intérieur
des salles d'urgence. Comme dernier message, je voudrais simplement dire que la
solution la plus complète à ce problème des urgences dans
les hôpitaux du Québec - là où il subsiste encore,
parce qu'il faut être bien prudent et ne pas confondre les cas qui sont
plus exceptionnels avec une situation d'ensemble qui s'est nettement
améliorée, je le maintiens - réside dans la participation
de tous et c'est ce dont nous avons besoin. Il y a encore de la place pour du
progrès, par exemple, dans la gestion des lits à
l'intérieur de quelques hôpitaux. Je pense que là-dessus
les gens doivent faire un examen sérieux.
Également, je demande à la population de réaliser
qu'il y a l'urgence, mais qu'il y a aussi des périodes où les
hôpitaux sont davantage sous-utilisés et peut-être que pour
les cas électifs on pourrait davantage faire appel à ces
périodes pour que les périodes de pointe, qui vont survenir
chaque année, et, j'espère, avec moins de difficulté que
cette année encore, deviennent de moins en moins difficiles à
vivre pour les individus.
Je remercie tous ceux qui contribuent à améliorer notre
système de santé, que ce soit... J'ai oublié le groupe des
bénévoles qui interviennent aussi dans nos mesures d'urgence et
qui ont un rôle important, par exemple, dans les centres de crise. La
liste serait longue. La ministre peut penser à un plan d'urgence, elle
peut le défendre pour obtenir les sommes dont elle a besoin, mais sa
réalisation dépend de tous ces secteurs de la population dont je
viens de parler. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre.
Maintenant, comme intervention finale, M. le député de Gouin,
vous avez la parole pour les dix prochaines minutes.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le Président. Dans un
premier temps, je dirais à la ministre que le journal The Gazette
nous montre encore ce matin - pas hier, ce matin - une illustration de
l'état d'encombrement d'une salle d'urgence, une nouvelle cette fois-ci,
Lakeshore.
Mme Lavoie-Roux: Lisez donc l'article au complet, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, si la ministre
m'invite à lire l'article...
Mme Lavoie-Roux: Au complet.
M. Rochefort: ...on peut même lire le titre, M. le
Président, où la femme d'un patient dit que les animaux sont
mieux traités que son mari ne l'est. Oui, on peut lire ce titre, M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: Je lui ai demandé de le lire au complet
s'il voulait être vraiment honnête, M. le Président.
M. Rochefort: Je l'ai tout lu, M. le Président, et je vais
me permettre d'en lire d'autres à la ministre.
M. le Président, ce matin aussi, dans les journaux, la
réponse aux interventions prématurées de la ministre est
venue de l'Association des médecins d'urgence du Québec qui
dénonce la situation intolérable causée par l'engorgement
dans les salles d'urgence, non seulement dans les hôpitaux de
Québec, mais également à Montréal.
L'article du journal Le Soleil dit: "Du revers de la main, le
président de l'association, le Dr James Ducharme, rejette toute forme
d'allégation voulant que la situation soit clairement sous
contrôle, comme le prétendent la ministre de la Santé,
Thérèse Lavoie-Roux, et les conseils régionaux de la
santé et des services sociaux."
Je cite au texte: "Nous sommes encore moins optimistes qu'il y a six
mois", signalait au Soleil hier M. Ducharme alors qu'il parlait à
titre de président de son association qui regroupe environ 300
urgentologues au Québec, donc les hommes et les femmes qui se retrouvent
à la tête des salles d'urgence. "Le Dr Ducharme, qui pratique
à l'hôpital de L'Enfant-Jésus à Québec,
indique que les médecins pensaient réellement assister à
des changements, mais, un an plus tard, après que le gouvernmenet et les
CRSSS eurent mis en place le tiers des changements proposés,
l'association a évalué la situation et n'a noté aucune
amélioration majeure." L'association des infirmières disait la
même chose hier: "II devient urgent que Mme Thérèse
Lavoie-Roux descende sur terre et enlève ses visières. Le
désengorgement des urgences relève de la science-fiction."
Ce matin, dans sa dernière intervention, la ministre vient de
nous annoncer, alors que depuis deux semaines elle fait le bilan sur toutes les
tribunes en disant que cela va bien, qu'elle mettra en place un groupe pour
évaluer la situation.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Rochefort: Oui, mais la ministre vient de nous annoncer que le
groupe
commence à travailler. Mme la ministre, un peu de sérieux
dans vos propos! Alors que le bilan est déjà fait, elle nous
annonce que le groupe qui fera l'évaluation de la situation commencera
à travailler dans les prochains jours, Comment peut-on faire un bilan
alors que le groupe qui fait l'évaluation commencera à travailler
dans les prochains jours?
Ce à quoi nous assistons, c'est à un plan qui ne
fonctionne pas, un plan qui est un échec, un plan qui illustre
l'incapacité de la ministre de la Santé et des Services sociaux
à régler maintenant des problèmes urgents. La ministre
nous convie à des perspectives sur trois, quatre ou peut-être cinq
ans pour régler le problème, alors qu'on sait très bien
que le vieillissement de la population et la découverte de nouvelles
maladies feront que, proportionnellement, cela va continuer. C'est donc
dès aujourd'hui qu'on doit régler le problème si on veut
que, dans quatre ans, on soit justement arrivé au bout du tunnel.
Deuxièmement, ce plan pour l'ajout de nouveaux lits, je le
répète, est totalement embourbé dans l'appareil
gouvernemental. Quand on pense que cela prend, non pas cinq mois, comme la
ministre le disait tantôt, mais de huit à neuf mois pour changer
la vocation de 75 lits de soins prolongés en soins de courte
durée, quelle performance! Quand on pense que, pour l'aménagement
des 190 nouveaux lits dans l'est de Montréal, cela a pris neuf mois
simplement pour obtenir les autorisations d'immobilisation du Conseil du
trésor. Les budgets de fonctionnement ne sont même pas encore
réglés et on ose prétendre que ce sera réglé
d'ici à un an. Allons voir, M. le Président! À la
Cité de la santé de Laval, 200 lits avaient déjà
été budgétisés par l'ancien gouvernement. On s'est
fait dire que le délai serait plutôt de quatre ou cinq ans. Ce
plan est embourbé, il n'est pas complet, il est insuffisant.
D'autre part, M. le Président, on a vu que les coupures, les
fermetures de lits obligées, forcées par la ministre de la
Santé et des Services sociaux pour atteindre ce grand objectif noble et
prioritairement prioritaire qui est de faire équilibrer des colonnes
comptables font en sorte que la plupart des hôpitaux où il y a des
salles d'urgence qui sont engorgées en bas, au rez-de-chaussée,
sont des hôpitaux où il y a des lits qui sont fermés par la
ministre sur les étages parce que, pour elle, équilibrer des
colonnes comptables passe avant de donner des services de santé à
la population.
On a vu aussi qu'Urgences-santé a maintenant des
problèmes, qu'Urgences-santé n'assume plus sa vocation
première qui était celle de coordonner l'utilisation des salles
d'urgence à Montréal. On a même vu qu'Urgences-santé
a des problèmes pour se rendre sur place à temps, dans la
rapidité initiale pour laquelle Urgences-santé a
été mise en place, au point qu'on a vu ce dépanneur de la
rue Van Horne victime d'une tentative d'assassinat et incapable d'obtenir une
ambulance dans un délai raisonnable, qu'on a dû transporter en
camion pour l'amener à temps à la salle d'urgence. On sait aussi
que les centres locaux de services communautaires ne peuvent pas maintenant
avoir de médecins disponibles à cause d'un problème de
recrutement qui peut être réglé.
Différentes raisons expliquent la situation actuelle et
nécessitent des actions d'urgence. Pour nous, un plan d'urgence doit
être mis en place maintenant pour faire face à la situation. Dans
un premier temps, nous souhaitons qu'une équipe en dehors du
ministère, qu'un groupe de travail consacré à temps plein
à l'application du plan et à la résolution des
problèmes soit mis sur pied pour qu'il puisse régler cela en
dehors des dédales de l'appareil gouvernemental, bureaucratique et
technocratique. Il faut qu'un groupe de travail soit mis sur pied maintenant et
qu'il ait la responsabilité de réaliser rapidement, à
toute vitesse, de toute urgence, les mesures de décongestionnement des
salles d'urgence.
Deuxièmement, il faut que la ministre annonce une décision
formelle, applicable dans les jours qui viennent, à savoir qu'aucune
mesure d'équilibre budgétaire ne devra être prise si elle a
un effet direct ou indirect sur la quantité et ta qualité des
services dispensés dans les salles d'urgence. Qu'on ouvre les pavillons
comme le pavillon Paul-David maintenant et qu'on arrête de fermer des
lits de courte durée dans les établissements de santé.
Troisièmement, Urgences-santé doit revenir à sa
vocation première qui est non seulement d'intervenir directement,
rapidement, professionnellement, comme ils le font lorsqu'une situation
d'urqence se présente, mais aussi d'assumer la coordination
préventive de l'utilisation des salles d'urgence pour non plus, comme
depuis quelques mois, attendre que Maisonneuve-Rosemont se retrouve avec 101
patients dans les corridors de sa salle d'urgence et demande qu'on
détourne les ambulances pour peut-être deux heures. Il faut
qu'Urgences-santé revienne à sa mission première qui est
de coordonner préventivement l'utilisation des salles d'urgence.
Quatrièmement, M. le Président, il faut corriger le plan
de la ministre. D'abord, il faut le rétablir dans le temps, le devancer
d'au moins un an et, deuxièmement, mettre plus de ressources du
côté du maintien à domicile. Il faut faire en sorte qu'il y
ait des obligations formelles de faites pour que des spécialistes soient
présents concrètement, réellement dans les salles
d'urgence. Encore récemment, une patiente de l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont rapportait dans les
journaux: Oui, on m'a dit que, dans deux jours, je pourrais voir mon
spécialiste. En attendant, où est-elle? Sur une civière
dans un corridor. C'est inadmissible qu'il n'y ait pas de spécialistes
présents et disponibles en tout temps pour faire face aux
problèmes d'urgence. C'était d'ailleurs une des recommandations
du rapport Spitzer que vous n'avez pas appliquée un an après
l'entrée en vigueur de votre plan. D'autre part, dans les corrections
apportées à ce plan, on prévoit la construction de lits,
pour l'essentiel, dans l'ouest de Montréal en vue de
l'hébergement des personnes âgées, alors que la ministre
elle-même reconnaît que les problèmes sont dans l'est de
Montréal. N'y aurait-il pas moyen d'équilibrer son plan?
Cinquièmement, il y a effectivement des lits fermés en
permanence dans la région de Montréal. Pourquoi ces lits ne
sont-ils pas mis à la disposition immédiate des problèmes
d'urgence? On n'aurait pas besoin de trois ou quatre ans pour les construire.
On pourrait, demain matin, les utiliser pour mettre des patients sur ces
lits.
Sixièmement, il faut que les CLSC, les centres locaux de services
communautaires, comme d'ailleurs le recommande le rapport Brunet demandé
et constitué par la ministre de la Santé et des Services sociaux,
retrouvent leur vocation médicale aussi. Donc, qu'on retrouve dans les
CLSC des services médicaux prioritairement dans les régions
où il y a des problèmes d'urgence, c'est-à-dire dans
plusieurs régions. Il faut que les Québécois puissent
aller dans les CLSC pour consultation médicale sans rendez-vous,
à des heures nombreuses. Par exemple, un cas que je connais bien: au
CLSC de Rosemont, il n'y a plus de médecins disponibles pour
consultation sans rendez-vous, sauf une demi-journée par semaine.
Où se présentent les gens? À la salle d'urgence de
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. S'il y avait là des
médecins en permanence, cela désengorgerait la salle
d'urgence.
M. le Président, ce sont des mesures qui peuvent être mises
en place rapidement, concrètement, et qui vont donner des
résultats rapidement. Je répète qu'il faut agir d'urgence,
rapidement, pour faire face aux problèmes des salles d'urgence et cela
nécessite des actions concrètes, rapides, et non pas des
discours, des annonces, des perspectives et des lueurs d'espoir
échelonnés sur trois, quatre ou cinq années.
Je termine, M. le Président, en concluant que la ministre devrait
revenir au voeu que lui adressait M. Jean-Jacques Samson, dans ses voeux qu'il
adressait à l'ensemble des membres du Conseil des ministres le 3 janvier
1987. Il disait à Mme Thérèse Lavoie-Roux de ne plus
devoir faire croire qu'elle a réglé le problème de
l'engorgement dans les hôpitaux, les rôles comiques lui conviennent
mal. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Gouin. Donc, ceci termine les deux heures de
l'interpellation. Maintenant, je tiens à remercier de part et d'autre
tous les participants. La commission ayant rempli son mandat ajourne donc ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 5)