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(Onze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des affaires sociales se réunit ce matin
afin de poursuivre et de terminer ses consultations particulières dans
le cadre de l'étude du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux.
Nous avons quorum. Y a-t-il des remplacements, madame la
secrétaire?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Fédération des associations des
étudiants en médecine du Québec
Le Président (M. Bélanger): II n'y a aucun
remplacement. Selon l'ordre du jour, nous rencontrons ce matin la
Fédération des associations des étudiants en
médecine du Québec qui est représentée par M.
Martin Tremblay, président de la fédération. M. Tremblay,
c'est vous? Oui. Mme Nadine... Oh! la, la, Liesegang?
Une voix: Vous pouvez le dire.
Le Président (M. Bélanger): Non, parce que je n'ose
pas lire votre nom, j'ai peur de me tromper. Mme Liesegang, c'est cela?
Mme Liesegang (Nadine): Mme Liesegang.
Le Président (M. Bélanger): Liesegang -vous voyez,
je n'étais pas trop loin - présidente de l'Association des
étudiants en médecine de l'Université McGill. M.
Frédéric Morin, président du Regroupement des
étudiants en médecine de l'Université Laval. M. Morin. M.
Angelo Fallu, président de l'Association générale des
étudiants en médecine de l'Université de Sherbrooke. M.
Fallu. Et M. Michel Lallier, président de l'Association des
étudiants en médecine de ['Université de Montréal.
Bonjour. Qui sera votre porte-parole?
M. Tremblay (Martin): Je serai le porte-parole.
Le Président (M. Bélanger): Vous serez le
porte-parole. Alors, c'est M. Martin Tremblay, si j'ai bonne mémoire. M.
Tremblay, vous connaissez les règles, vous avez 20 minutes pour
présenter votre mémoire et chacun des partis a 20 minutes pour la
période de questions, donc, pour une enveloppe totale d'une heure. Si
vous voulez bien procéder.
M. Tremblay (Martin): M. le Président, Mme la ministre, M.
le chef de l'Opposition, messieurs et mesdames les députés. Notre
présence ici aujourd'hui n'a pas pour but de prêter quelque
mauvaise intention que ce soit à l'article 1. Si je peux me permettre
d'y faire référence et de vous le lire, l'article stipule: "Le
gouvernement peut, en vue de favoriser la répartition qu'il estime
rationnelle à des ressources médicales entre les régions,
autoriser à chaque année certains postes de stagiaires dans un
programme de formation médicale postdoctorale, conditionnellement
à l'acceptation par les stagiaires d'un engagement assorti d'une clause
pénale, le cas échéant, à oeuvrer dans la
région ou l'établissement déterminé par le ministre
pour le nombre d'années qu'il fixe."
Je crois que l'essentiel de cet article 3.1, qui est le sujet de notre
discussion, est très clair. Pour nous, cet article ne précise pas
exactement ce qu'on nous a dit. On a commencé par nous dire que cela ne
nous concernait pas. On a vu que les pouvoirs accordés par cet article
pouvaient très bien s'étendre à nous et, effectivement,
cette année, nous vivons un peu la situation que cet article tente de
légaliser.
Cette année, si on prend le nombre de finissants en
médecine des universités québécoises et si, d'un
autre côté, on calcule le nombre de postes qui sont offerts
à ces étudiants, on arrive avec une différence d'environ
40 postes. On ne discutera pas sur les chiffres ici. Chacun a les siens. On a
vu qu'en discutant, on arrivait tout le temps à plus ou moins quelques
chiffres, mais on arrive tout de même à un nombre
d'étudiants québécois qui sont actuellement devant la
situation suivante: ils ont à choisir un poste de formation à
l'extérieur du Québec ou à accepter un poste de
spécialité à contrat.
Pour nous, les spécialités à contrat avaient
toujours été considérées comme des mesures
incitatrices. Cette année, lorsque des étudiants sont devant le
choix de s'exiler pour terminer leur formation ou de signer un contrat qui les
engage à pratiquer pendant quatre ans en régions, nous
considérons la spécialité à contrat comme une
mesure coercitive. Nous nous opposons à l'adoption de l'article 3.1 tel
que formulé, car cet article, selon nous, a le pouvoir de
légaliser la coercition qui nous est faite.
Si les intentions n'étaient pas celles que j'exprime, je suis
convaincu qu'on peut en venir à un arrangement. Cet article, tel qu'il
est formulé, nous en demandons premièrement le retrait. Nous en
demandons également la reprise sous une autre forme que nous allons
proposer, que nous appellerons amendement et que je vais vous présenter.
L'amendement que je vais présenter
est, à notre avis, tout simplement une préservation des
acquis et une garantie que la situation actuelle des étudiants en
médecine au Québec sera prolongée pour tes années
à venir.
Ce que nous venons demander aujourd'hui, par cet amendement, ce sont des
garanties. Si les intentions de cet article ne sont pas d'imposer des mesures
coercitives. je suis convaincu que les garanties de maintenir le statu quo
seront très facilement acceptées.
En annexe du mémoire, vous avez: "Proposition d'amendement du
projet de loi 97 présentée au gouvernement du Québec par
la Fédération des associations des étudiants en
médecine du Québec." Vous pouvez très bien vous imaginer
que nous ne sommes pas des juristes ou des avocats. Je n'ai pas l'intention de
discuter sur la formulation des articles tels que je vais vous les
énoncer. Mais chose certaine, on les comprend très bien les
principes que l'on va présenter ici et on est prêts à les
défendre jusqu'au bout. Les garanties que nous allons apporter, on y
croit. C'est pourquoi, on est ici aujourd'hui. "La Fédération des
associations des étudiants en médecine du Québec propose
l'amendement de l'article 1 du projet de loi 97 selon ce qui suit: "1: - C'est
la reprise de ce qui était dans l'article. - "3.1 Le gouvernement
détermine, après consultation par le ministre du bureau de
l'Ordre des médecins du Québec, des doyens des facultés de
médecine du Québec et des conseils de la santé et des
services sociaux, le nombre de postes de stages disponibles dans les programmes
de formation médicale postdoctorale."
Voici la situation telle qu'elle est et telle que nous l'avons connue.
Cette année, nous demandons que cette garantie soit
précisée, c'est-à-dire que: "Ce nombre étant
supérieur ou égal au nombre de finissants des programmes de
doctorat des quatre facultés de médecine du Québec pour
l'année en cours."
Cette précision, à notre avis, nous assure que tous nos
finissants seront placés et ne seront jamais devant
l'éventualité de ne pas pouvoir obtenir un permis de pratique ou
de signer une spécialité à contrat. Ce que nous demandons,
c'est d'avoir une place et le libre choix. (11 h 45)
Le paragraphe qui suit, qu'on pourrait intituler 3.2, stipule: "Le
nombre comprend: - les stages de formation requis pour l'une ou l'autre des
spécialités reconnues dans un règlement pris en
application de la Loi médicale (chapitre XIX); - les stages de formation
en omnipratique ou en médecine familiale."
Le deuxième paragraphe, deuxième tiret: "Les stages de
formation en omnipratique ou en médecine familiale", c'est une
précision. Il faut faire une distinction entre les stages en
spécialité et les stages en omnipratique qui sont les deux
branches principales vers lesquelles un finissant d'université doit
s'orienter avant d'obtenir un permis de pratique.
Ensuite, ce qu'on pourrait intituler 3.3: "Le gouvernement peut, en vue
de favoriser la répartition qu'il estime rationnelle des ressources
médicales entre les régions, autoriser à chaque
année certains des postes prévus au paragraphe 3.2,
conditionnellement à l'acceptation par les stagiaires d'un engagement
assorti d'une clause pénale..." - Nous demandons que cette clause
pénale soit fixée par un règlement afin que les
règles du jeu soient mises sur papier - "... le cas
échéant, à oeuvrer dans la région ou
l'établissement déterminé et pour le nombre
d'années fixé par le ministre au moment de l'engagement. Les
postes ainsi déterminés ne peuvent excéder le nombre de
50."
Le nombre de 50, c'est la situation qui prévaut depuis 1981.
D'après ce qu'on nous a dit, les intentions étaient de maintenir
ce qui était fait. Je crois que c'est une demande réaliste que de
demander que les postes soient maintenus à 50.
La page suivante: "Lorsqu'un poste visé au paragraphe 3.3 n'est
pas comblé, il deviendra automatiquement un poste de stagiaire sans
condition en formation d'omnipratique ou en médecine familiale."
Ceci stipule que quelqu'un qui ne serait pas accepté dans une
spécialité à contrat, parce qu'il y en a qui ne sont pas
acceptés - il y a des standards qui sont les mêmes que dans les
autres spécialités - se verrait assurer une place du moins en
médecine familiale et l'accès au permis de pratique.
Le paragraphe qui suit: "Le gouvernement peut, en outre, s'il juge que
les mesures prises en vertu du troisième alinéa ne suffisent pas
â favoriser la répartition qu'il estime rationnelle des ressources
médicales entre tes régions, autoriser aux conditions
prévues à cet alinéa certains postes
supplémentaires en formation médicale postdoctorale
destinés à des étudiants diplômés hors Canada
et hors États-Unis."
En venant ici, nous avions de l'appréhension. Nous voulons que,
dans cet article de loi, soit précisé ce qu'est un
étudiant étranger. Nous demandons que cette précision soit
apportée.
Le paragraphe qui suit: "Le gouvernement prévoit un nombre de
postes supplémentaires de stage de formation médicale
postdoctorale en omnipratique ou en médecine familiale
réservés aux stagiaires déjà engagés dans un
programme de formation médicale postdoctorale en
spécialité qui réorienteraient leur formation vers
l'omnipratique ou la médecine familiale."
Cet article est important, car, depuis cette année, un nouveau
règlement de la corporation exige que le candidat ait atteint deux
années, au minimum, de formation en médecine familiale pour
obtenir un permis de pratique ou le diplôme de spécialité.
Dans le cas d'un étudiant qui s'inscrit en spécialité et
qui, pour une raison X qui peut
être très valable et que tout être humain peut
connaître, se voit dans l'éventualité d'arrêter sa
spécialité et de ne pas pouvoir compléter les cinq ou six
années nécessaires à la spécialité, nous
voulons que des postes soient garantis à cet étudiant pour
accéder à la médecine familiale, cette dernière
exigeant deux années au lieu de cinq à six années.
Voilà notre mémoire. Notre position officielle est de
demander le retrait de cet article ou satisfaction avec les amendements que
nous apportons.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
M. Tremblay {Martin): M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Tremblay (Martin): Est-ce que je peux continuer?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Tremblay (Martin): D'accord. Aujourd'hui, vous pourrez jeter
un coup d'oeil aux fenêtres du Parlement. Il y a environ 1000
étudiants en médecine qui sont en avant, avec des
bannières dont le slogan principal est "Oui aux régions, non
à la coercition". Si, aujourd'hui, nous sommes entendus à cette
commission, j'ose espérer que ce n'est pas parce que nous sommes en
grève depuis jeudi dernier.
Je tiens à vous rappeler que cet article de loi ainsi que toutes
les mesures visant à la planification des effectifs médicaux nous
touchent, nous les étudiants, en premier lieu, car c'est nous qui sommes
visés pour aller en régions. Je tiens à vous rappeler que
nous faisons cette manifestation en opposition à l'article 1 du projet
de loi 97. Nous la faisons également en opposition à la tendance
actuelle dans le système de santé québécois
à contraindre la profession médicale de plus en plus,
principalement pour nous, les étudiants en médecine.
Je terminerai en vous faisant aujourd'hui la demande officielle que les
étudiants en médecine du Québec puissent être
représentés officiellement, et par un poste votant, à la
table de concertation sur la planification des effectifs médicaux. Nous
sommes observateurs. Nous désirons avoir le droit de parole au
même titre que les autres. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
la Fédération des associations des étudiants en
médecine du Québec. On a déjà eu l'occasion de
discuter de l'esprit de l'amendement général que vous demandez
à la loi 97. Pour ceux qui, peut-être, m'ont entendue ce matin, je
pense qu'il a été véhiculé, et je pense que cela
correspondait à une perception que vous aviez, que nous voulions forcer
ou obliger les étudiants en médecine à aller pratiquer en
régions éloignées, alors que l'esprit de cet amendement
-c'est toujours ce que j'ai dit dans mon discours de deuxième lecture et
je l'ai répété ici, au début de la commission
parlementaire; je comprends que vous n'étiez pas là à ce
moment-là - était véritablement de venir corriger ce qui
est apparu, à la suite d'un jugement de la Cour d'appel, comme une
lacune dans les dispositions que le gouvernement avait prises pour assurer une
meilleure distribution des effectifs médicaux en régions
éloignées. C'est-à-dire que certains postes avaient
été accordés en spécialité, en sus des
postes réguliers, évidemment sur une base volontaire * les gens
connaissaient les conditions qui y étaient attachées - pour aller
pratiquer en régions éloignées et, également, pour
les immigrants qui s'étaient aussi engagés sur une base
similaire, pour l'obtention d'un poste d'internat rotatoire, à aller en
régions éloignées.
Comme nous nous trouvions devant un vide, selon le jugement de la Cour
d'appel, il était important que nous introduisions une base juridique
plus solide qui correspondait évidemment au jugement que nous avions eu
de la Cour d'appel. C'était strictement dans cet esprit, parce que ce
n'est pas depuis 1931 qu'il y a 50 postes supplémentaires
d'accordés pour les régions éloignées, mais depuis
1986-1987, 1987-1988, et, pour une troisième fois, cette année,
en 1988-1989. Il est évident que, si cela peut être
contesté sur le plan juridique, les efforts que le Québec consent
quand même pour accorder ces postes supplémentaires seraient, en
quelque sorte, annihilés par le fait que, demain matin, les gens ne
seraient plus contraints, même si volontairement ils avaient
accepté ce poste en spécialité pour ensuite aller
pratiquer en régions éloignées.
Évidemment, comme c'était l'esprit que nous avions, nous
croyions que le premier article de la loi 97 qui parlait de certains postes qui
devaient être déterminés aussi en consultation, comme vous
le mentionniez vous-même, avec les facultés de médecine, la
corporation des médecins, etc., enfin, que c'était vraiment un
correctif que nous apportions. Mais j'admets que ceci ait pu créer des
appréhensions chez les personnes qui l'ont lu et qui se trouvaient aussi
peut-être directement impliquées parce qu'un certain nombre
d'entre vous, à ce moment-là, ont soulevé des
appréhensions que vous nous avez fait connaître.
J'ai une première question à poser. Ne répondez pas
tout de suite. Je vais faire tous mes commentaires pour ne pas prendre trop de
temps. Ma première question concerne quand vous dites: Prévoyez
le même nombre de postes en médecine familiale ou omnipratique et
en spécialité que le nombre d'étudiants qui sortent des
facultés chaque année. Je pense que c'est cela, la règle.
Je ne pense pas que l'on prévoie moins de postes que le nombre
d'étudiants prévu devant aller soit en omnipratique ou
médecine
familiale, soit en spécialité. Vous venez de dire tout
à l'heure - c'est une information que je veux -II y a 40 d'entre nous
qui ne trouveront pas de poste, à moins que nous allions à
l'extérieur du Québec. Est-ce que j'ai bien compris cela?
M. Tremblay (Martin): À l'extérieur ou signer une
spécialité à contrat.
Mme Lavoie-Roux: À l'extérieur. Pour ce qui est de
la spécialité à contrat, j'y reviendrai tantôt parce
que je pense que l'on peut s'entendre là-dessus. Les deux points que
vous soulevez finalement sont premièrement, de baliser la notion de
"certains postes" qui vous paraît trop vague. Je suis prête
à concéder qu'il faut la baliser. L'autre point particulier qui
vous préoccupe et qui semble relié à un problème
particulier à l'Université de Montréal, je ne sais pas
s'il existe dans les autres universités pour cette année, il ne
semble pas, mais à l'Université de Montréal où il
n'y aurait pas assez de postes en médecine familiale pour le nombre
d'étudiants qui ont choisi d'aller en médecine familiale, si bien
qu'il y a un surplus de quatorze étudiants qu'on vous propose de
transposer dans les postes en spécialité auxquels est
attachée une contrainte de pratique en régions
éloignées. C'est cela. Alors, faire en sorte que tous les
diplômés au doctorat puissent entrer soit en médecine
familiale, soit en spécialité. Là-dessus, on est d'accord
et on est d'accord également avec la correction que vous demandez. On la
retrouve assez bien formulée dans votre amendement: "Lorsqu'un poste
visé au troisième alinéa n'est pas comblé, il
devient automatiquement un poste de stagiaire sans condition en formation
d'omnipratique ou en médecine familiale."
Ce qui empêcherait de contraindre les quatorze étudiants,
dont on a entendu parler publiquement, à choisir un poste qui les
obligerait à la pratique en régions éloignées.
Là-dessus, il n'y a pas de problème.
De plus, il y a d'autres amendements que vous demandez qui, comme je le
signalais hier à M. Lallier, font référence aux travaux de
la table de concertation. Alors, vous comprendrez qu'à ce
moment-là, c'est nécessaire que la table de concertation soit
consultée pour que l'on puisse s'y engager. Mais je veux vous dire sur
l'article 3.1, si on le reprend tel quel, sur ta dernière phrase: "Ce
nombre étant supérieur ou égal au nombre de finissants des
programmes de doctorat des quatre facultés de médecine", que ce
nombre a toujours été égal au nombre des finissants.
J'aimerais que vous me donniez une explication: pourquoi voulez-vous demander
qu'il soit supérieur au nombre de diplômés qui sortent des
facultés de médecine? (12 heures)
L'autre paragraphe concerne les stages de formation en
spécialités reconnues, les stages de formation, on n'a pas de
problème avec cela. Le paragraphe suivant concerne la reconnaissance de
cette possibilité pour le gouvernement de déterminer, chaque
année, un certain nombre de postes en vue d'une meilleure distribution.
Enfin, ce qui existe pour les 50 postes en sus qui ont été
accordés dans les dernières années.
Dans l'ensemble, évidemment, je ne veux pas ici, comme vous le
disiez vous-même tout à l'heure, discuter de formulation
législative parce que même si vous avez consulté des
avocats et qu'on en a consulté aussi, il faut que cela fasse l'objet
d'une étude au comité de législation afin de bien
s'assurer - comme on le dit dans le langage technocratique - que tous les fils
soient bien attachés. C'est ce que je voulais vous dire.
Il y a quelques questions que vous nous avez posées. Vous nous
avez demandé de définir le mot "étranger". Vous le
définissez vous-mêmes: ..."destinés à des
étudiants diplômés hors Canada et hors États-Unis".
On ne peut pas déterminer le mot "étranger" en termes d'ethnie,
alors il faut le déterminer en termes d'études au pays ou
à l'extérieur. Dans ce sens-là, si c'est la
définition que vous voulez donner au mot "étranger, il y a aura
peut-être une consultation supplémentaire à faire pour
être bien sûr que, du point de vue des chartes, etc., il n'y a pas
d'erreur possible, mais cela nous semblerait une définition qui exclut
justement ta référence à des ethnies qui, elle, est
absolument impensable de toute façon.
Alors en gros, ce sont mes commentaires et j'aimerais peut-être,
sur la première question, que vous m'éclairiez davantage,
à savoir quant à ces 40 postes qui semblent être
inexistants.
M. Tremblay (Martin): Cette année, à la suite d'une
recommandation de la table de concertation qui essayait de prévoir des
postes pour tous les étudiants diplômés, la proposition
étant de maintenir un certain ratio entre les médecins
spécialistes et les omnipraticiens, les 50 spécialités
à contrat ont été accordées aux dépens du
ratio prévu par la table de concertation.
Mme Lavoie-Roux: Les spécialisations ont été
accordées?
M. Tremblay (Martin): Elles ont été accordés
aux dépens des postes prévus, c'est-à-dire qu'on se
retrouve avec un nombre global de postes qui est suffisant pour les
étudiants en médecine, mais les 50 spécialités
à contrat sont incluses dans ce nombre. Ce que l'on veut, c'est autant
de postes libres pour les finissants.
Le Président (M. Bélanger): Je vous entends bien,
mais je ne vous comprends pas bien. J'aimerais que vous me réexpliquiez
autrement, parce que ce n'est vraiment pas clair pour moi. Je ne sais pas si je
suis le seul.
M. Tremblay (Martin): Oui, d'accord. Il y a un nombre
prévu de postes pour les étudiants finissants
diplômés qui est fixé par le ministère en
consultation avec la table de concertation et ce nombre de postes, au total,
prévoit effectivement assez de postes pour les étudiants
finissants. Mais, lorsque tes 50 spécialités à contrat
viennent s'inclure dans ce nombre total, on se retrouve
avec des spécialités à contrat qui sont
imposées à des gens.
Mme Lavoie-Roux: Oui, allez-y.
M. Chevrette: Vous parlez du ratio normalement à
60-40.
Mme Lavoie-Roux: Qui est maintenant à peu
près...
M. Chevrette: Qui est à peu près 45-55.
Mme Lavoie-Roux: Qui est à peu près 50-50.
M. Chevrette: II est rendu à 50-50? Bon. Vous dites que
les 50 spécialités à contrat viennent débalancer
ces ratios? On veut comprendre.
M. Tremblay (Martin): Je dis que, pour nous, une
spécialité à contrat ne peut pas être incluse dans
les calculs. D'accord? Nous voulons que ce soit en surplus pour que ce soit
réellement une mesure incitative. Quand on inclut la
spécialité à contrat dans les calculs, on se retrouve avec
un nombre de finissants qui est supérieur pour les postes libres.
Le Président (M. Bélanger): C'est plus clair, en ce
qui me concerne.
Mme Lavoie-Roux: Cette année, si ma mémoire est
bonne, il y avait 260 postes plus 50 postes de spécialité. Je
pense que c'étaient 310 postes qui avaient été
accordés. Je parie de 1987-1988; je ne sais pas exactement ce qui s'en
vient pour...
Une voix: Vous ne le savez pas?
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire pas
précisément pour le moment.
Le Président (M. Bélanger): C'est une commission,
ce n'est pas une table de négociation.
Mme Lavoie-Roux: 310. Vous dites qu'on a diminué de 10,
parce que l'année précédente, il y en avait eu 270 plus
50, je parle toujours de 1987-1988. Cette année, quand on a
accepté 260 plus 50, vous dites qu'il en manque 10. Mais vous me parliez
de 40 tantôt.
M. Tremblay (Martin): Oui, on se base sur les chiffres de nos
finissants et, cette année, il y en a 237 plus 50. Peut-être que
M. le président de l'Association des étudiants en médecine
de l'Université de Montréal a quelque chose à ajouter.
M. Laitier (Michel): Oui. Il faut faire une distinction entre ce
qui se passait l'année dernière et ce qui se passe cette
année. C'est évidemment à cause du nouveau
règlement de la corporation qui vient compliquer la mécanique.
L'an passé, le nombre de postes correspondait, comme vous le dites, au
nombre de finissants. Donc, quand un certain nombre de gens en
spécialité avaient des postes à contrat, s'ils ne
prenaient pas les postes à contrat, ils pouvaient aller à
l'internat qui n'était pas contingenté.
Cette année, la mécanique est compliquée par le
contingentement de la médecine familiale, puisque les postes en
médecine familiale sont limités. Donc, cette année et
à partir de cette année, ce qui nous fait penser que, si la loi
97 pouvait être appliquée telle quelle, cela pourrait être
élargi à long terme, c'est qu'à partir de cette
année, si le nombre de postes est égal au nombre de finissants et
que les 50 postes à contrat sont inclus dans ce nombre, ils doivent
obligatoirement être pris, puisqu'on n'a plus le choix d'aller à
l'internat qui n'existe plus depuis le nouveau règlement de la
corporation. Est-ce plus clair?
L'année passée, il y avait le nombre exact de finissants.
On pouvait aller à l'internat, mais maintenant, on ne peut plus le
faire. Le nombre est très contingenté. Si on a 600 postes, ces
600 postes doivent être pris. Donc, si les 50 postes à contrat
sont inclus dans ces 600 postes-là, on est obligés de prendre ces
postes à contrat. Si on dit que des étudiants s'en vont à
l'étranger, on arrive à une quarantaine d'étudiants. On
n'arrive pas à 50, mais, théoriquement, on pourrait arriver
à 50 si tous les étudiants restaient au Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui arrive cette année, c'est qu'un
problème particulier vient se greffer, celui des modifications des
règlements de la corporation reliés au poste de médecine
familiale. Mais, à ce moment-ci, pour ce qui est des postes de
médecine familiale qui manqueraient, on pourrait les prendre du
côté des postes réservés pour les
spécialités qui ne sont pas comblés, mais sans la
contrainte, comme vous le demandez vous-mêmes, de pratiquer durant quatre
années en régions éloignées. On est d'accord
là-dessus.
M. Lallier: Je crois que l'amendement qui est apporté au
point 1 - si les autres représentants me le permettent - c'est tout
simplement pour que le nombre de postes soit toujours égal et que tous
les postes soient libres. Si on lit l'article comme il est amendé, ce
sera vrai. Tous les postes qui seront nommés et seront égaux au
nombre d'externes seront libres. C'est un fait. Si l'amendement arrivait de
cette façon, ce qui est arrivé cette année n'arriverait
plus. Cela n'aurait plus jamais à se reproduire. Je suis d'accord avec
vous.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y, M. le chef de l'Opposition, je
reviendrai.
M. Chevrette: Donc...
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas répondu à ma
question au sujet des 40 qui sont
obligés d'aller à l'extérieur. Parce qu'il n'y en a
pas 40, il y a finalement 10 postes et non pas 40. Alors, je voudrais avoir
l'écart en 10 et 40.
M. Lallier: Cela fait 43. Je pense que le chef de l'Opposition a
compris les chiffres pour cette année, mais quant aux 10 de
l'année passée, on comprend qu'il ne faut pas se fier aux
chiffres de l'année passée. Cette année, notre nombre de
finissants pourrait théoriquement être même de 50, qui
seraient obligés de prendre un contrat ou d'aller ailleurs puisque,
à l'intérieur des postes qui sont donnés, il y en a 50
à contrat. On dit qu'il y en a environ une quarantaine, puisqu'on sait
qu'il y en a environ une dizaine, que ce soit de l'Université McGiil, de
l'Université de Montréal, de l'Université de Sherbrooke ou
de l'Université Laval, qui vont aller faire leur poste de
résidence et leur spécialité à l'extérieur.
Mais, théoriquement, il pourrait y en avoir 50 qui seraient
obligés de prendre un poste à contrat. Donc, c'est de là
que viennent les 40 qu'on a nous...
Mme Lavoie-Roux: Théoriquement...
M. Lallier: Oui, mais, sur les 40 qu'on a, on sait qu'il y a
environ une dizaine d'étudiants qui ont fait des demandes à
l'extérieur et qui ne feront même pas de demande de
résidence ou de spécialité au Québec.
Le Président (M. Bélanger): M. le chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Tout d'abord, vous connaissez un peu la position de
l'Opposition officielle sur ce projet de loi. On est surpris, d'abord, de
retrouver une clause de contingentement médical dans un projet de toi
qui traite de conflit d'intérêts. Ce matin, j'ai posé la
question à Mme la ministre qui prend l'engagement de faire des
amendements. Mais l'idéal aurait été de faire une loi
spécifique pour régler le problème de la
répartition médicale et non pas de le faire à
l'intérieur d'un projet de loi qui touche les conflits
d'intérêts comme tels. Cela nous aurait peut-être permis,
à ce moment-là, d'avoir le point de vue de tous les corps
intéressés, de toute la table de concertation à ce sujet.
La corporation des médecins et les universités auraient pu
enrichir la discussion en ce qui regarde spécifiquement la notion de
répartition des effectifs médicaux. Personnellement, j'ai dit
à Mme la ministre que je n'étais pas d'accord à ce qu'on
retrouve, dans ce projet de loi-ci, cette clause-là.
D'autant plus que cette clause-là, je pense que vous avez raison
de l'interpréter comme vous l'avez interprétée. Si cela
concernait les médecins étrangers, pour régler le cas de
la Cour d'appel, cette clause ne serait pas de portée
générale comme elle l'est présentement. Il n'y a rien qui
empêche présentement... Je ne suis pas juriste, mais je sais lire
et je comprends. Quand on veut corriger un trou législatif ou un vide
juridique pour une classe spécifique, on inscrit au moins la classe
spécifique. Parce que là, elle pourrait se servir demain matin...
Je ne dis pas que c'est l'intention de la ministre, on ne doit jamais
prêter de mauvaise foi à un ministre, mais c'est évident
que tel que libellé, ce n'est pas marqué que c'est pour les
résidents ou les médecins étrangers qui arrivent ici et
qui veulent s'inscrire, faire de l'internat rotatif, non. C'est très
clair que c'est "at large".
J'ai beau le relire, je l'ai relu très souvent, c'est un pouvoir.
C'est une assise juridique qui pourrait permettre à la ministre de faire
exactement ce que vous avez appréhendé. Vos appréhensions
par rapport au texte sont tout à fait fondées à mon point
de vue et c'est pour cela que, jeudi dernier, je demandais à Mme la
ministre, qui a accepté d'ailleurs... Je ne savais pas que vous
étiez en grève ce matin, quand on le lui a demandé, soit
dit en passant.
Mme Lavoie-Roux: On venait de recevoir votre
télégramme.
M. Chevrette: Dès que j'ai reçu votre
télégramme... Mais je savais depuis une semaine que vous
étiez intéressés à cela. J'avais rencontré,
je pense que c'est un vice-président de Montréal, un M. Shamoun
qui m'avait demandé précisément pour être entendu et
j'en avais fait la demande à Mme la ministre qui avait acquiescé.
Ceci dit, on va attendre les amendements. Mais en ce qui me concerne, si la
ministre veut précisément boucher le vide ou le trou juridique ou
se donner une assise juridique pour régler le problème des
médecins étrangers, parce qu'il n'y a pas d'assise légale,
là, je comprends qu'on peut souscrire assez facilement à un
amendement et te réserver à cette catégorie bien
précise.
Quant à l'autre, si elle n'a pas l'intention de
légiférer sur l'ensemble, si elle avait cette
intention-là, ce que je dirais à Mme la ministre, c'est qu'on
devrait élargir la commission parlementaire, précisément
pour entendre à la fois les universités, la corporation des
médecins, tes fédérations d'omnipraticiens, la
fédération de spécialistes, qu'on voit un peu... Parce que
cela fait au moins trois ans - je me souviens - lorsqu'on avait convoqué
une commission parlementaire à la suite d'une grève de la FMRIQ -
on avait discuté très longuemet là-dessus. On avait mis
sur pied un genre de comité. Justement, c'est de là que c'est
parti un peu. Cela a abouti à la table de concertation. Mais les
discussions étaient commencées, à ce moment-là, sur
la répartition des effectifs médicaux. On sait que la norme
60-40, de toute façon, n'a été gelée nulle part.
Cela évolue au point où c'est rendu à peu près
à 50-50 au moment où l'on se parle. Par contre, on se retrouve
avec un manque dans certaines spécialités. Donc, ce doit
être un souci pour la ministre de procéder avec beaucoup de
souplesse dans certaines spécialités, sinon on aura des
problèmes majeurs à vivre.
On entendra la ministre là-dessus, à savoir comment elle
voit la partie plus générale, comment elle peut la régler.
Mais, quant au projet de loi, si ce n'est que pour s'assurer que l'assise
juridique soit là pour les médecins étrangers,
à court terme - parce qu'ils se retrouvent une patte en l'air à
toutes fins utiles...
Mme Lavoie-Roux: II y a aussi les surplus en
spécialités.
M. Chevrette: Je voudrais vous poser une question avant d'en
poser une à nos Invités. Est-ce que vous légiférez
d'une façon rétroactive ou si vous légiférez
à partir d'aujourd'hui?
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas.
M. Chevrette: Mais comment allez-vous faire pour légaliser
le passé?
Mme Lavoie-Roux: Je ne crois pas qu'on puisse... (12 h 15)
M. Chevrette: Vous pouvez au moins jusqu'au dépôt
d'une loi, je ne sais pas, avec quelque chose de rétroactif au
dépôt. Cela se voit souvent, mais je pense que vous pourriez
théoriquement le faire. Si vous voulez asseoir le passé sur
quelque chose de juridique, je pense que vous pourriez, à
l'intérieur de l'article, il n'y a rien qui l'empêche. Duplessis
avait fait une loi rétroactive et personne n'est mort au
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez dit Duplessis?
M. Chevrette: Oui. C'est parce que, quand on lit l'histoire du
Parlement, il s'en passe des choses ici. Vous avez tous les pouvoirs dans le
fond.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais il faut les exercer avec...
M. Chevrette: Oui, mais comment allez-vous régler le cas
des personnes qui se sont introduites dans le système
illégalement?
Mme Lavoie-Roux: On...
M. Chevrette: Ce n'est pas grave, on laisse passer?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, on pourra l'examiner, je pense,
en commission parlementaire.
M. Chevrette: C'est pour cela que j'aurais aimé avoir la
corporation des médecins devant nous pour la questionner aussi. Ils
auront un problème pour légaliser des choses s'il n'y a pas
d'assise juridique. Si vous leur refusez d'aller à la Cour suprême
et que vous décidez de vous présenter ici, ce matin, pour
corriger un jugement de la Cour d'appel, vous aurez un vide quelque part.
Mme Lavoie-Roux: Si on attend en Cour d'appel, on aura un vide
pendant cinq ans.
M. Chevrette: Bien non, je le sais, mais au moins le temps que
c'est en suspens, vous n'avez pas besoin de votre assise juridique quand vous
contestez. Dès que vous refusez d'aller à une cour
supérieure, c'est-à-dire selon la hiérarchie, que vous
refusez d'aller à l'échelon supérieur, vous vous refusez
donc le droit de reconnaître la légalité de votre propre
clause donc, il n'y a plus de clause légale. C'est le dernier jugement
qui prévaut et c'est le jugement de la Cour d'appel à ce
moment-là.
Moi, sans être avocat, je suis persuadé qu'il n'y a pas un
avocat qui me dira, et j'aimerais cela, en tout cas, si vous en avez qui
veulent parler là-dessus, j'aimerais suspendre le temps et les entendre
pendant une demi-heure, mais je suis convaincu que dès que les
délais légaux pour en appeler de fa Cour d'appel sont
passés, Mme la ministre, vous n'avez plus aucune situation juridique
devant vous et votre prétention de légalité n'existe plus.
C'est même le fait d'illégalité qui vient nous frapper. On
est donc en illégalité totale à partir du moment où
vous l'avez fait ou vos prédécesseurs l'ont fait jusqu'à
aujourd'hui et ce, le Parlement ne doit pas le laisser faire. J'aurais
préféré entendre des groupes, même des juristes s'il
le faut, pour nous éclairer là-dessus.
On m'a toujours dit que, quand on n'allait pas en appel d'un jugement de
cour, on acceptait le dernier verdict rendu. Le dernier verdict rendu, c'est
l'illégalité de ce qu'on faisait. Si vous ne
légiférez pas d'une façon rétroactive, je suis
convaincu sans être avocat, que vous aurez un vide juridique majeur.
Mme Lavoie-Roux: On examinera cela à l'étude
article par article.
M. Chevrette: Ce ne sera plus une étude article par
article là.
Mme Lavoie-Roux: Lorsqu'on introduira dans la loi...
M. Chevrette: On n'aura pas la chance de consulter. Quelles
seront mes ressources de l'extérieur pour les entendre sur cette
situation?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, d'une part, il faut bien se
rappeler que ces dispositions pour la répartition des effectifs
médicaux ont été justement discutées avec
l'ensemble de la table de concertation, qui, soit dit en passant, a
existé une fois sous le temps du Dr Laurin et n'a jamais vécu par
la suite. On l'a vraiment créée en 1986.
M. Chevrette: Et vous, il y en a qui ne vous renseignent pas.
Vous les avez convoqués assez souvent, en état de crise et
régulièrement.
Mme Lavoie-Roux: La table de concertation n'a jamais...
M. Chevrette: Au Sheraton Center de Montréal où le
ministre assistait, ce n'était pas ses fonctionnaires, moi-même,
j'y assistais, ne dites
pas cela.
Mme Lavoie-Roux: La table de concertation tel qu'elle travaille
actuellement, dans un processus pour déterminer d'abord quels sont les
besoins en effectifs médicaux au Québec, pour répondre aux
questions de la répartition des spécialistes et des autres a
toujours été partie à la décision d'ajouter des
postes supplémentaires en résidence et était consentante
justement à ce que ces mesures soient prises. D'ailleurs, je pense aussi
que dans ce sens-là, la Fédération des associations des
étudiants en médecine est également d'accord. Alors, je
pense que cela nous amène en dehors un peu du débat qui est
devant nous.
M. Chevrette:...
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est une question que...
M. Chevrette: C'est quand même un trou juridique dont on
pourra débattre en plus...
Mme Lavoie-Roux: Bien, on essaie de le combler...
M. Chevrette: ...des problèmes qui sont soulevés
par les autres.
Mme Lavoie-Roux: On essaie de le combler. Le chef de l'Opposition
pense que ce n'est peut-être pas la bonne façon de le combler; on
le verra en temps et lieu.
M. Chevrette: J'aurais quelques petites questions.
Considérez-vous que les mesures incitatives actuelles...
M. Tremblay (Martin): Est-ce que je pourrais vous demander de les
poser une après l'autre.
M, Chevrette: Ah, oui.
M. Tremblay (Martin): C'est plus facile pour nous.
M. Chevrette: D'accord. Vous connaissez l'ensemble des mesures
incitatives. Vous dites qu'elles ont donné des effets
bénéfiques jusqu'à maintenant. Vous vous retranchez
surtout derrière l'incitatif et non le coercitif.
Est-ce que vous considérez véritablement que les mesures
incitatives ont donné tous leurs effets véritables? Croyez-vous
que c'est suffisant pour régler le problème?
M. Tremblay (Martin): Notre position, nous l'avons
déjà émise et elle est ferme et très claire dans
notre tête. Les mesures incitatives ont commencé à faire
effet, ont déjà prouvé une partie de leur
efficacité pour le problème des omnipraticiens. Selon les
intervenants du milieu, il ne manque pas d'omnipraticiens dans les
régions. Les mesures incitatives doivent être travaillées
et je crois que c'est la seule manière démocratique d'amener un
travailleur, un médecin en l'occurrence, à changer son lieu de
pratique et à l'orienter vers l'endroit où la
société québécoise en a besoin. On a proposé
plusieurs modifications aux mesures incitatives. Il reste à savoir dans
quelle oreille nos propositions tombent.
M. Chevrette: Vous parlez de clause pénale à
l'intérieur de votre exposé. Je sais que vous avez
déjà essayé, à un moment donné... J'ai eu
plusieurs contacts parmi vos membres. Il y en a qui me disaient,
éventuellement, que vous aviez des propositions concrètes
à faire pour favoriser précisément la venue de jeunes
médecins en régions éloignées, mais à partir
de formules nouvelles. D'ailleurs, vous y avez fait allusion tantôt, dans
votre première réponse.
Est-ce que vous pourriez nous donner le type d'orientations qui se
dessinent ou qui auraient pu faire l'objet de discussions éventuelles,
mais, à cause de conjonctures, qui n'ont pas passé au vote?
J'essaie de me tenir au courant.
M. Tremblay (Martin): Oui. Premièrement, nous proposons
des modifications aux mesures incitatives qui sont là actuellement. Il y
a des bourses à contrat. Il y a des bourses qui sont ouvertes aux
étudiants en médecine. Ces bourses sont conditionnelles à
un engagement pour aller travailler une, deux ou trois années en
régions.
Une partie de ces bourses est accordée pour un engagement
particulier, c'est-à-dire que le lieu de pratique est indiqué sur
le contrat. L'autre partie, soit 50 % des bourses, soit à engagement
libre, c'est-à-dire que le ministre décide avec quelques mois de
préavis où l'étudiant ira travailler.
Je crois que dans les situations actuelles, avec les plans d'effectifs
médicaux qui se dessinent, te gouvernement est capable de prévoir
les besoins plusieurs années à l'avance. Nous, ce qu'on demande,
c'est que, lorsqu'un contrat sera signé, l'endroit de la région
où le candidat ira travailler soit mis sur le contrat.
Ensuite, le meilleur moyen d'amener des médecins en
régions, à mon avis, c'est de penser à long terme. Les
mesures incitatives n'ont pas encore prouvé leur efficacité et je
suis convaincu qu'elles le prouveront d'ici à quelques années, si
on continue à y travailler.
Comment amener les étudiants en médecine à penser
à aller travailler en régions dans plusieurs années? Il
s'agit, premièrement, de les informer avant qu'ils entrent en
médecine sur ce qu'on attend d'eux. Ensuite, une fois qu'ils sont sur
les bancs d'école, d'aller les informer que les régions ont
besoin d'eux et de permettre également à ces étudiants
d'acquérir une partie de leur formation dans les régions et,
cela, c'est possible.
Il n'y a pas uniquement les hôpitaux universitaires
montréalais qui peuvent enseigner aux étudiants en
médecine. À mon avis, c'est le
meilleur moyen d'attirer les médecins à aller travailler
plus tard en régions, que de les prendre à la base, de leur
permettre de connaître leur pays comme il faut et d'aaller servir, avant
même qu' ils soient obligés de prendre un engagement, et de signer
pour plusieurs années M Frédéric Morin a un commentaire
là-dessus
M. Morin (Frédéric): Je voudrais simplement ajouter
un commentaire à ce que Martin a dit. La preuve qu'on croit dans les
mesures incitatives, c'est que de notre propre volonté, on a
essayé d'organiser au courant de l'année - cela se fait
présentement - des conférences provenant de toutes les
régions. Je peux vous dire que systématiquement toutes les
régions nous visitent chaque semaine et nous informent de leurs endroits
insuffisamment pourvus en médecins .Ce n'est pas le gouvernement qui a
organisé cela, c'est nous, dun commun accord, on a dit incitons-les
nous-mêmes. On est conscients du problème Je pense que la
volonté part des étudiants eux mêmes. Je pense que c'est
une preuve que nous croyons dans ces mesures incitatives
M. Chevrette: J'aurais deux commentaires, M le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: En premier, il est bien évident qu'il faut
s'assurer que les gens en régions aient une médecine de
qualité tout autant que dans les grands centres urbains. J'en suis
convaincu, j'y crois fondamentalement. Je suis convaincu aussi, d'autre part,
qu'on doit aviser les gens au départ
J'achète votre dernière idée. Cela n'a pas de bon
sens de dire à quelqu'un qui est rendu à choisir s' il s'en va en
spécialité ou s'il décide de faire la médecine
générale c'est là ou rien. Quand il a entrepris ses
études, il n'aurait peut être pas fait ces choix là
à I'époque, s'il en avait été conscient au tout
début. Je suis conscient de cela, si on veut le régler d'une
façon rationnelle, intelligente, mais acceptée, motivante aussi
comme décision, c'est au départ qu'il faut agir, non pas en cours
de route Je comprends cela
Troisièmement, il y a une chose qui m'inquiète d'autre
part et il faudrait que vous en soyiez conscients vous aussi. On ne peut pas,
à mon point de vue, continuer à former un nombre de
médecins X, avec libre choix, non encadré, parce qu 'on revivrait
toujours les mêmes formules. J'ai toujours basé cela un peu comme
pour les enseignants. II ne se fait plus de petits au Québec. Des
enseignants ont été mis sur le carreau à un moment
donné, parce qu' il n 'y avait pas d 'emploi .S'ils voulaient
travailler, ils devaient aller soit sur la Côte-Nord, soit en
Gaspésie soit en Abitibi. C'est un problème majeur. Le
médecin n'étant pas un salarié de l'état, c'est une
personne qui développe sa propre clientèle si on se retrouve avec
un ratio médecin-population de 1-800 à Montréal et de
1-3000 en Abitibi, que je sache, il y a une médecine de qualité
peut-être très supérieure à Montréal,
très faible en Abitibi, mais les sommes d'argent ne sont pas
réparties équitablement, comme en éducation, par exemple,
comme on peut faire dans d'autres secteurs, parce que le salariat est
basé sur des ratios réels population-profession
Je pense que vous auriez une excellente vision de l'avenir si
déjà - je pense que c'est ce que vous voulez nous faire
comprendre - vous étiez prêts à participer à des
mesures qui viseraient à réaliser des ratios équitables.
On ne peut pas, comme élus politiques - quelle que soit la formation
politique, il n' y a de barrière d'aucun côté de cette
Chambre - tolérer indéfiniment qu' il y ait un ratio de 1-3000 et
un de 1-600. Je ne peux accepter cela comme responsable. Je ne l'acceptais pas
lorsque j'ai occupé le poste de madame la ministre. Qu'il y ait cette
volonté de votre part, cette initiative de vouloir modifier les
incitatifs, oui, un
Je pense que les universités pourraient jouer un rôle aussi
.Je suis toujours un peu déçu de voir les universités
absentes de tout cela .Elles ont de grands principes de base contre lesquels on
ne peut rien la liberté de choix de l'individu d'aller travailler ou il
veut. C'est vrai. J'achète le principe individuel, la liberté de
I'individu d'aller travailler ou il veut. Tenez cela pour acquis et demain
matin, à cause de la sélection qu' ils font, il n'y en aura pas
un qui voudra aller en Abitibi. Comme recteur de I 'université ou doyen
de faculté de médecine, je dois avoir aussi la
responsabilité de répondre aux commandes de I' État qui,
lui, a le devoir de répartir les ressources humaines compte tenu des
besoins (12 h 30)
J' étais allé assez loin, je ne sais pas si vous vous
rappelez, il y a deux, trois ans, je préconisais qu' il y ait des
chaises réservées pour les régions parce qu on ne pouvait
pas aller à I'encontre du libre choix des individus. On ne peut pas
toujours opposer le droit individuel au droit collectif. II va falloir,
à un moment donné, parce que I 'État a cette
responsabilité ultime, qu'on essaie de concilier les deux. C'est un
débat, je suis content de voir que vous l'avez en tête, en tout
cas. J'aurais été heureux que ce soit un projet de loi
exclusivement là dessus pour qu'on puisse en jaser avec les
universités. Sous prétexte qu' il y a des sacro saints de grands
principes de droit individuel, on n' est plus capable de s' assurer de la
répartition équitable dans sa collectivité
Cela dit, je comprends, d'autre part, que, quand on veut en arriver
à faire primer le collectif sur I'individuel, on doit au moins
préparer les mentalités à ce faire et on doit faire face
à la musique dans des débats de tond d'abord et non pas demander
à une clientèle X à un moment X de payer la facture. Je
suis d'accord avec vous
M. Fallu (Angelo): J'aimerais répondre à cela.
D'abord, pour ce qui est des chaises réservées aux gens des
régions, c'est un problème qui concerne les universités.
Je ne
pense pas qu'on soit placés dans le débat ou, en tout cas,
on l'est très indirectement.
La médecine de qualité en régions, comme vous le
disiez tout à l'heure, on y croit nous aussi. Le fait est que le
problème d'effectifs en régions existe depuis longtemps et qu'on
nous tape dessus depuis peu avec cela. Je veux dire, on en entend parler depuis
peu, mais on en entend parler rapidement, par exemple, et les étudiants
en sont de plus en plus conscients. Quand on dit que les mesures incitatives,
il faut leur laisser le temps d'agir, c'est vrai, parce qu'il y a cela et
d'autre chose aussi. Les étudiants en médecine sont
surinformés, je dirais, sur les régions, presque; en tout cas,
ils le sont bien. On voit que la mentalité s'est transformée
comparativement à ce qu'il pouvait y avoir et la situation est
totalement différente de ce qu'il pouvait se passer il y a dix ans dans
les universités, par rapport aux régions.
Le fait est aussi que la profession médicale est régie par
la Régie de l'assurance-maladie, sauf que ce n'est pas nous qui avons
imposé ce régime-là. On est d'accord que c'est notre
façon d'être payé, sauf que ce n'est pas tout à nous
d'assumer cette forme de salaire, c'est-à-dire que le régime de
l'assurance-maladie est là depuis longtemps et c'est certain qu'à
cause de cette clause-là, ceci permet à des gens de travailler en
ville en créant leur propre clientèle. Autant le régime de
salaire nous est imposé, autant on ne veut pas se faire imposer des
régions, mais on est fortement prêts à y travailler et on y
travaille présentement. Vous pouve2 avoir confiance que les
étudiants en médecine iront d'une façon volontaire en
régions et cela, c'est clair. On est prêts à y travailler,
mais les mesures coercitives brimeront toujours la liberté
d'expression.
Pour en venir à votre première question, Martin pourrait
peut-être y répondre en ce qui a trait au contingentement
d'étudiants en première année.
M. Tremblay (Martin): Écoutez, d'après nous...
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez.
Le temps étant écoulé, est-ce que j'ai le consentement des
deux côtés pour prolonger de quelques minutes.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): C'est unanime? Merci!
Vous pouvez continuer.
M. Tremblay (Martin): Pour nous, que les règles du jeu
soient changés en plein milieu de la partie, c'est très trustant.
Le gouvernement a le pouvoir de contingenter les admissions en médecine
en première année. S'il y a un surplus de médecins au
Québec, qu'il exerce son pouvoir tel qu'il l'a actuellement. Si la
prévision à long terme n'a pas été faite, ce n'est
pas notre problème aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin,
M, Rochefort: M. le Président, d'abord un commentaire et
ensuite une question à la minisire.
Un commentaire rapide même si le sujet mériterait qu'on
consacre plus de temps sur cette problématique de pénurie des
effectifs médicaux dans les régions. En ce qui me concerne, on
est loin des standards qu'il faut retrouver dans les régions, y compris
du côté des omnipraticiens.
Je vois en face de moi le député de Rouyn-Noranda. J'ai eu
l'occasion de visiter sa région cet automne où j'ai eu l'occasion
de rencontrer des groupes qui m'ont sensibilisé. Pour avoir simplement
un rendez-vous, comme on en a à Montréal, à Québec
ou à Sherbrooke, chez un omnipraticien dans l'espace de quelques jours,
il faut de deux à trois mois d'attente en Abitibi. Alors, ce n'est pas
avoir réglé le problème de pénurie des effectifs
médicaux en omnipratique dans une région comme celle-là.
Je pense donc que le problème demeure très profond, très
grave et qu'il nécessite des interventions majeures de tout le
monde.
D'autre part, je pense que la discussion qu'on a actuellement illustre,
quant à mot, qu'il faut sortir ce débat des vases clos. Je pense
qu'il faut absolument s'assurer que ce débat sera beaucoup plus ouvert,
pour mettre la pression populaire là où elle doit être et
pour forcer les consensus requis pour que, rapidement, on puisse arriver
à des solutions. Je pense que le processus qui est utilisé depuis
un certain nombre d'années, auquel je ne lance pas la pierre et que je
ne considère pas comme étant mauvais en soi - la table de
concertation est une formule intéressante - ce processus en vase clos
fait en sorte que les mentalités ne progressent que très peu par
rapport à cette question. Et, en fonctionnant de cette façon et
en voyant comme résultat que les mentalités ne progressent que
très lentement par rapport à ce problème, on va s'en
reparler encore dans sept, huit, dix ans et je pense que c'est une erreur. Il
faut ouvrir cela pour forcer non seulement une évolution
réglementaire et législative, mais une évolution des
mentalités par rapport à cette question.
L'autre commentaire que je veux faire est le suivant. Je pense qu'il
faut tenir compte de cette situation par rapport aux étudiants et aux
étudiantes. Cela fait deux fois qu'ils voient apparaître quelque
chose qui est écrit formellement dans un document gouvernemental, en fin
de session, mais, qu'une fois qu'ils se mobilisent, on leur explique que ce
n'est pas cela qu'on voulait dire. Je pense qu'à partir d'une telle
situation, laquelle se répète pour la deuxième fois, le
premier, je serais très suspicieux par rapport aux intentions
réelles du gouvernement et j'aurais vraiment le sentiment que quelqu'un,
quelque part, essaie peut-être de passer quelque chose.
On se rappellera le fameux décret, lors de l'étude du
projet de loi 75 sur la répartition des médecins, justement, qui
allait très loin dans son libellé même, signé par le
secrétaire général du gouvernement qui, donc, faisait
suite à une
décision formelle du Conseil des ministres. Par la suite, quand
il a été connu publiquement, on s'est fait expliquer que
l'intention gouvernementale n'était pas exactement cela. On l'a foutu
à la poubelle et on a passé un nouveau décret avec la
même signature et on a dit: Vous voyez, on n'a pas de mauvaises
intentions.
Encore aujourd'hui, j'écoute toute la discussion depuis
tantôt, y compris les discussions qui sont survenues ce matin à
l'Assemblée nationale et je viens de relire une nouvelle fois l'article
1 pour voir jusqu'à quel point cela correspond aux discours ou aux
appréhensions du côté des étudiants et des
étudiantes. Je dois dire que, tel que libellé, cela ouvre la
porte à l'infini. Je pense qu'en conséquence, il faut faire
attention aux écrits que le gouvernement pose pour éviter de
susciter à tout bout de champ des appréhensions, des
inquiétudes et de l'incertitude afin de s'assurer que tout le monde
accepte de bonne foi de participer à un processus qui vise à en
arriver à des consensus.
Ma question précise est la suivante. Je n'ai pas la
conviction, à la suite des discussions qui ont eu lieu entre la ministre
et les étudiants, qu'ils se sont compris au point où j'ai
l'impression qu'ils pensent s'être compris. En ce sens, j'aimerais que la
ministre nous dise maintenant, en présence des étudiants, quel
est le texte de l'amendement qu'elle compte apporter à l'article 1, pour
qu'on puisse vérifier, pendant qu'ils sont devant nous, si effectivement
cela correspond au discours qui est tenu en leur présence.
Mme Lavoie-Roux: M. le...
M. Rochefort: M. le Président, je veux être
très clair, par contre. Je ne suis pas en train de dire que je mets en
doute la bonne foi de la ministre. Je me dis: On fait des discours, on a des
échanges de vues, on s'explique et tout le monde à l'air de
s'entendre. Mais le problème est que ce n'est pas là-dessus que
les juges, un jour, auront à prendre des décisions, ce sera sur
les textes législatifs. Alors, en ce sens, j'aimerais bien voir
resserrer mot a mot ce texte juridique que la ministre nous a annoncé ce
matin, qui viendrait amender et corriger l'article 1, pour que les
étudiants puissent profiter de leur présence ici pour le
commenter immédiatement et nous dire si, effectivement, cela correspond
à ce qu'ils comprennent des engagements qui ont été
fournis jusqu'à maintenant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que j'ai
déjà indiqué aux étudiants dans quel sens je
comptais accéder à leurs demandes. Je veux également
signifier qu'ils nous présentent un amendement et que nous sommes en
train de travailler à un amendement. Je ne présenterai pas mon
amendement sur le champ parce qu'il y a également une consultation
à terminer avec d'autres intéressés. Mais j'ai bien
indiqué clairement - je ne reviens pas sur ma parole, c'est d'ailleurs
ce que j'ai indiqué hier soir à celui qui agissait comme
porte-parole des associations étudiantes * qu'il leur semblait
absolument essentiel, et j'en ai convenu, de baliser le terme "certains postes"
pour ne pas que cela laisse la porte ouverte, "certains postes" pouvant devenir
la totalité des postes, à la limite. Cela a été une
des préoccupations. La deuxième demande qu'ils nous ont
adressée, c'est de faire en sorte que tous les diplômés au
doctorat puisse avoir accès à la médecine familiale ou
à des spécialités, évidemment, sans contrainte. Je
pense que je l'ai dit et redit. Il y a d'autres modalités. Ce sont, je
pense, les deux éléments essentiels sur lesquels l'association
des étudiants veut avoir une assurance. Je pense que, dans ce sens, il
n'y a pas de problème de compréhension.
Le Président (M. Bélanger): Bien, nous sommes au
terme du temps qui nous est alloué...
M. Lallier: Si vous permettez que je parle. Ce que je disais hier
à la ministre, ce que je lui avais demandé, c'est, lorsqu'on
sortirait d'ici, lorsque la concertation serait finie, qu'on ait une assurance,
pour ne pas avoir de méfiance, ne pas penser qu'on s'est encore fait
berner, car les choses ne sont pas écrites. J'aimerais bien que ce soit
clair et que ce soit précis, ce qu'on va nous offrir et ce qu'on va
avoir pour qu'on puisse informer clairement nos membres et avoir des certitudes
de ce qu'on demande. Il arrive souvent qu'on se fasse dire: Oui, oui, qu'on se
retourne de bord et que la porte se referme. On regarde le projet qui a
été passé et ce n'est pas nécessairement ce qui est
là. Je comprends très bien qu'on va avoir notre réponse
officielle seulement lorsque le projet de loi sera accepté, sera en
vigueur. Je suis persuadé que Mme la ministre a le pouvoir - comme le
disait le chef de l'Opposition - de nous assurer de ce qui va sortir.
J'aimerais savoir ce qu'il en est, à la suite de cela.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai indiqué, et je viens de le
refaire pour le député de Gouin, les orientations vers lesquelles
nous nous acheminons. Je ne peux pas les rendre plus claires, à moins de
déposer sur la table l'amendement, ce que je ne ferai pas à ce
moment-ci. Vous comprendrez que ce n'est pas l'endroit pour déposer des
amendements, c'est l'endroit pour entendre des personnes. Je vous ai
donné les assurances nécessaires pour que vous ne soyez pas
embrigadés de force à aller en régions
éloignées. Je pense que vous les avez, je les ai données
à l'Assemblée nationale ce matin. Je vous ai également
assurés qu'il y aurait les postes suffisants pour aller soit dans un
sens ou dans l'autre, quant à la spécialité ou la
médecine familiale, et que, quand il y a conversion de poste, que ce ne
soit pas assujetti à une pénalité quelconque, puisque cela
pourrait être strictement le résultat d'un échange de
postes, alors qu'il en manque à un endroit, mais que les postes complets
seraient prévus. Il y a d'autres choses que vous avez demandées
qui étaient déjà d'ailleurs dans le projet de loi, soit
que ceci se
fasse en consultation. Je pense qu'il n'y a pas de problème
là-dessus. Vous le prévoyez à un autre endroit que nous,
mais je pense qu'il y a un réaménagement général
à faire. Vous avez parlé des étudiants hors Québec,
il y a un autre dernier point dont vous nous avez parlé sur lequel j'ai
dit et Je vous l'ai indiqué hier soir - qu'il faut que je
consulte d'autres personnes parce qu'on ne peut pas négocier ici ou
modifier - en dehors de ce que je viens de dire - des choses qui ont un effet
sur la table de concertation. Je ne pense pas que ce soit fondamental par
rapport aux objectifs que vous poursuivez.
M, Tremblay (Martin): Mme la ministre, les engagements que vous
venez de prendre devant cette table, nous les gardons en tête très
attentivement. Je vous demande que nous soyons Invités à la
prochaine lecture de cette loi.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a rien qui vous en empêche... Le
Président (M. Bélanger): Vous pouvez assister, sauf que vous
n'avez pas le droit de parole. Vous pouvez assister - il n'y a aucun
problème - à l'étude article par article du projet de
loi.
M. Tremblay (Martin):Pariait, nous gardons en tête les
engagements que vous avez pris devant cette commission. Quant à nous,
nous attendons les preuves avant de...
Mme Lavoie-Roux: Si vous ne voulez pas prendre ma parole, cela
vous regarde. Je pense qu'on a discuté assez longtemps en fin de
semaine. On a montré la plus grande ouverture possible, on a compris vos
appréhensions. S'il vous faut des preuves écrites, vous pouvez
être à l'étude article par article, vous pouvez être
au rapport de la commission. Vous pouvez y être encore en
troisième lecture si le coeur vous en dit. Je pense que je vous ai
donné des assurances. (12 h 45)
Je voudrais terminer, M. le Président, en rappelant quand
même que cette préoccupation des services médicaux en
régions éloignées demeure une inquiétude
fondamentale pour le gouvernement. Et que, du côté des
spécialités, non seulement en régions
éloignées, mais également en régions
intermédiaires, on rencontre des problèmes majeurs. Quand vous
voyez, par exemple, qu'il n'y a pas de cardiologue, je ne vous dirai pas
à Saint-Hyacinthe, je donne cela comme exemple, à un endroit
aussi proche de Montréal que celui-là - et on pourrait dire la
même chose aux alentours de Québec et de Sherbrooke le
gouvernement a la responsabilité d'assurer...
J'ai été un petit peu étonnée quand vous
avez dit: Écoutez, la Régie de l'assurance-maladie, on est
payés par elle. Je pense que c'est à la suite d'une remarque du
chef de l'Opposition. Mais c'est un choix de société, la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, une assurance-maladie qui
couvrirait tous les citoyens du
Québec. Évidemment, ils ne sont pas tous couverts de ta
même façon dans chacune des spécialités compte tenu
des contraintes que vous connaissez aussi bien que moi, les régions
éloignées versus les grands centres, dans la
surspécialisation. Mais je pense que c'est un choix qui a
été fait par le Québec et non par moi, ni par mon
prédécesseur, ni mes prédécesseurs. Cela a
été un choix de société et il ne faudrait pas
l'oublier.
M. Rochefort: Cela, c'est connu avant d'entrer en
faculté.
Mme Lavoie-Roux: C'est connu avant d'entrer en faculté.
Mais je voudrais quand même que vous soyez avisés, avant d'entrer
en faculté ou, enfin, que vous soyez avisés assez tôt de
l'endroit où vous irez. C'est évidemment relié au plan
d'effectifs médicaux. Quand on aura terminé les opérations
de plan d'effectifs médicaux, je pense qu'il deviendra beaucoup plus
facile d'accéder à cette demande qui est légitime.
Là-dessus, il n'y a pas de problème de faire connaître
d'avance - peut-être pas dans quel hôpital, mais au moins dans
quelle région les gens pourraient éventuellement être
appelés à aller pratiquer. Je pense qu'on s'efforce de le faire
même pour que les gens, évidemment, quand ils arrivent à
leur spécialité, dans les cas des postes supplémentaires,
apprennent au début de leur spécialisation dans quelle
région, par la suite, ils seront appelés à aller
pratiquer. Mais je pense que c'est un désir légitime et il faut
essayer de le rencontrer le plus possible que ce soit avec des étudiants
ou des médecins qui entrent en spécialité ou en
médecine familiale.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez un
commentaire à ce stade-ci, l'article 170 du règlement dit
formellement ceci: "Toute commission peut aussi, par invitation
spéciale, solliciter l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une
connaissance ou une expérience particulière du domaine qu'elle
examine." Mais ce n'est pas une table de négociation et ce n'est pas une
table où on peut exiger des engagements. Je tiens à le
répéter. Le sens de la commission est d'entendre vos points de
vue et, à partir de cela, à l'étude article par article,
nous aurons un éclairage suffisant sur vos besoins, sur vos demandes et
sur les réalités - desquels, comme législateurs, nous
devons tenir compte - et, à partir de cela, des opinions seront
formées et des décisions seront prises en ce qui concerne la
loi.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Vous partez bien renseignés. Vous avez des
engagements de la ministre. Vous connaissez le sens de ce qu'est une commission
parlementaire. Je voudrais vous faire part du rôle de l'Opposition. On a
compris les engagements de la ministre. Si elle ne présente pas les
amendements, nous allons les présenter exactement dans le sens où
vous les avez déposés. Soyez assurés qu'on va voir
à ce que ce
soit respecté et je pense bien qu'au départ, on peut dire
qu'il y a bonne foi. Donc, il ne devrait pas y avoir de problème.
Cependant, j'ajoute que je demeure convaincu, après avoir entendu
la ministre, que si elle sent le besoin de consulter d'autres personnes
à l'extérieur, c'est donc parce que c'est un problème
assez global.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. C'est en fonction d'une demande
additionnelle qu'ils nous ont faite.
Une voix: C'est le rôle de l'Opposition qu'on joue.
Mme Lavoie-Roux: Qui le remplit à ce moment-ci?
M. Chevrette: Oui et j'essaie de bien le remplir. Si vous ne
m'arrêtez pas, cela va aller mieux.
Je suis convaincu d'une chose, c'est que cela aurait dû être
dissocié du projet de loi. Qu'on puisse avoir une commission
parlementaire là-dessus avec tous les intéressés,
c'eût été, à mon point de vue, administrer avec une
vision plus globale que d'arriver d'une façon ponctuelle avec un article
une patte en l'air dans un projet de loi et qui ne cadre pas du tout avec
l'objectif qu'il veut atteindre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, chacun a
joué son rôle. Compte tenu de l'heure, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 15 h 16)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission des Affaires sociales se réunit afin de
poursuivre et terminer ses consultations particulières dans le cadre de
l'étude du projet de loi 97, soit la Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux. Nous avons quorum?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
remplacement?
Association des CSS du Québec
Alors, j'invite l'Association des centres de services sociaux du
Québec à prendre place à la table des témoins.
Cette association sera représentée par M. Maurice Sammut,
président du conseil d'administration de l'association et
président du centre de services sociaux de l'Estrie, M. Gegorges
Kavanagh, membre du conseil d'administration de l'association et
président du centre de services sociaux de
Gaspé--iles-de-la-Madeleine et Mme Lise Denis, directrice
générale. C'est bien cela?
Vous connaisssez les règles du jeux, vous avez 20 minutes maximum
pour présenter votre mémoire et chaque partie aura vingt minutes
pour la période de questions, soit donc, une enveloppe globale d'une
heure. Est-ce qu'on pourrait identifier votre porte-parole et puis
commencer.
M. Sammut (Maurice): Maurice Sammut, président de
l'association.
Le Président (M. Bélanger): Alors, c'est M. Maurice
Sammut, qui est président du conseil d'administration et
président du conseil d'administration du CSS de l'Estrie. Je vous en
prie, M. Sammut, procédez.
M. Sammut: Merci.
Permettez-moi, M. le Président, en tout premier lieu, de
remercier la commission de nous avoir invités à présenter
notre point de vue sur le projet de loi 97.
Au moment où votre invitation parvenait à notre
association, le conseil d'administration venait d'adopter un document
d'orientation sur les dépenses de fonction des administrateurs et
dirigeants des CSS et les politiques administratives afférentes. Ce
guide, préparé à l'intention des conseils d'administration
des CSS, est le résultat des travaux d'un comité spécial
formé en grande partie de bénévoles et mis sur pied en
octobre dernier.
En janvier prochain, les membres des conseils des centres de services
sociaux vont se réunir pour partager leur conception de ces orientations
et mettre au point un processus d'enclenchement de modifications, s'il y a
lieu, de façon à procéder en ces matières.
Si d'entrée de jeu, je fais état de cette action
entreprise tout dernièrement par notre conseil et tous les conseils des
centres de services sociaux que nous représentons ici, aujourd'hui,
c'est qu'elle illustre bien l'esprit qui nous anime en nous présentant
devant vous.
Nous avons été bouleversés, tout comme vous, par
les problèmes très sérieux d'éthique dans la
gestion d'un CSS de la région Montréalaise, problèmes qui
ont fait l'objet d'une couverture des médias plus qu'abondante. Dans nos
conseils, cette situation a créé un climat de méfiance, de
doute, de malaise.
Dans un certain sens, le projet de loi, du moins dans sa forme actuelle,
pourrait laisser croire à une corruption ou une incompétence
généralisée, quand on y voit le caractère excessif
de certaines mesures correctrices proposées. Or, nous sommes
persuadés qu'il s'agit de cas isolés et nous croyons qu'il aurait
mieux valu étendre cette préoccupation aux milliers de dirigeants
des organismes publics et parapublics plutôt que de focaliser sur le
réseau de la santé et des services sociaux et de risquer
d'étiqueter ce réseau de malade ou corrompu.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre,
s'il
vous plaît!
M. Sammut: Mais, loin de nous paralyser ou de nous
démotiver, la réaction de notre conseil fut double. Dans un
premier temps, nous avons offert notre appui au conseil d'administration du CSS
concerné pour l'aider à corriger la situation et, dans un
deuxième temps, nous avons cherché à responsabiliser les
conseils de nos établissements membres en les aidant à se doter
de moyens pour éviter que de tels événements se produisent
chez eux.
Le second message de fond que nous voulons vous laisser touche la
capacité des conseils d'administration de gérer ces
périodes de crise. Nous pouvons vous assurer que nous sommes à la
tâche et qu'on est capables de gérer l'ordinaire et, s'il y a
lieu, l'extraordinaire.
Vous nous avez indiqué, Mme la ministre, à de nombreuses
reprises au cours des derniers mois, votre volonté d'apporter des
changements substantiels au conseil d'administration du réseau,
particulièrement au chapitre de la composition et de la
représentation de ses membres. Nous souscrivons à cet objectif de
renouveau dans la mesure où il s'agit d'une des composantes essentielles
du réseau qui n'a pas été vraiment ajustée face
à l'évolution du réseau.
On connaît votre désir, mais en même temps, quand on
considère les milliers de décisions prises par ces mêmes
conseils d'administration, nous ne pouvons que lever notre chapeau devant
l'excellente performance des milliers de bénévoles qui forment
nos conseils d'administration et qui ont, de toute évidence,
suggéré notre réseau avec autant de sens de la mesure, de
sens des responsabilités et de respect pour les
bénéficiaires.
On connaît votre désir de vouloir nous aider comme conseil
d'administration, mais on ne le retrouve pas, comme membres de conseil
d'administration, dans ce projet de loi 97. On retrouve plutôt une
série de règles dictées pour une gestion uniforme, sans
tenir compte de notre autonomie ou de nos capacités. En effet, nous en
voulons comme exemple le caractère automatique du recours de
déchéance de charge, la pénalité qui peut, dans
certains cas, apparaître comme démesurée et l'obligation
pour un directeur général d'obtenir chaque fois une autorisation
de la ministre pour exercer d'autres activités
rémunérées à l'extérieur de
l'établissement.
Je rappelle à Mme la ministre que nous avons toujours voulu nous
inscrire comme partenaires dans l'application de vos politiques et, du
même coup, nous voudrions continuer de bénéficier de votre
confiance et souhaitons la voir se traduire dans le projet de loi 97.
Je vais maintenant céder la parole à Mme Denis qui vous
livrera un résumé de la position de notre conseil
d'administration sur les différents sujets du projet de loi. Mme
Denis.
Mme Denis (Lise): Merci. Je rappellerai brièvement le
contenu de la position de l'association, notamment quant à la question
des conflits d'intérêts, de l'exclusivité de fonctions, des
fondations et des dispositions ou des prochaines dispositions en matière
de réglementation. Je vais plutôt procéder sous une forme
de synthèse pour permettre qu'avec la discussion et d'autres questions,
on puisse compléter notre pensée.
En matière de conflit d'intérêts, l'Association des
centres de services sociaux du Québec se dit d'accord avec les objectifs
qui sont poursuivis dans le projet de loi en cette matière,
c'est-à-dire à la fois de s'assurer d'éviter qu'il y ait
des situations de conflit d'intérêts et de sévir lorsqu'il
y en a effectivement. Nous croyons cependant que les conseils d'administration
doivent être les mécanismes ou les instances qui devraient le plus
être responsabilisés par rapport à la gestion de cette
question. Nous pensons qu'il serait possible de demander au conseil
d'administration des établissements d'établir, en cette
matière, des politiques internes, politiques qui pourront, à la
demande du ou de la ministre, être fournies. Nous pensons aussi que les
conseils d'administration sont ceux, comme le propose le projet de loi, qui
doivent faire les constats par rapport à la déchéance ou
aux conflits d'intérêts et prendre les recours en
déchéance tel que proposé par le projet de loi.
À cet égard, le projet de loi nous agrée.
Cependant, la pénalité de trois ans nous apparaît excessive
pour être une mesure appliquée à l'ensemble des cas et nous
croyons que cette pénalité pourrait être variable selon les
situations, qu'il pourrait y avoir recours en déchéance comme
mesure face à un conflit d'intérêts par un conseil
d'administration, mais que la pénalité devrait être
évaluée selon la nature du conflit. Nous pensons aussi qu'en cas
de démission du directeur général dans une telle
situation, le conseil d'administration devrait conserver son droit de recours.
C'est lui qui devra apprécier la situation, à ce
moment-là, et décider d'utiliser ou non le recours en
déchéance.
En matière d'exclusivité de fonction, nous évaluons
que la notion d'exclusivité de fonction nous semble trop forte. Nous
croyons que le temps plein, malgré les limites qu'il représente
et tel que défini dans la loi actuelle, nous apparaît une
meilleure notion pour travailler. Un principe de base devrait guider l'ensemble
de cette question. Un directeur général travaille à temps
plein pour son organisation et doit donner son plein rendement. En ce sens, il
ne devrait pas y avoir un deuxième emploi rémunéré
pour un directeur général. Nous pensons cependant, qu'un
directeur général devrait être en mesure d'avoir aussi, par
ailleurs, des activités que l'on pourrait qualifier d'activités
à caractère personnel et des activités qui pourraient
être qualifiées d'activités à caractère
professionnel ou scientifique.
On s'explique. Quant à des activités à
caractère personnel, on pense que l'Individu qui est directeur
général conserve un droit à avoir des formes
d'activités personnelles. Par exemple, un individu qui est
propriétaire d'un certain nombre de condominiums et qui en assume la
gestion. On ne pense pas que ce type d'activités devrait être
banni au sens de la loi et on comprend aussi que là-dessus, il
devrait y avoir une souplesse dans la mesure ou le principe de base est
respecté, à savoir, un directeur général ne doit
pas avoir une activité qui s'assimile à un deuxième emploi
rémunéré
Quant aux activités à caractère scientifique ou
professionnel, on pense qu'il s'agit là d'activités qui ne
doivent pas constituer un deuxième emploi, qu'elles devraient
effectivement faire I'objet d'ententes préalables entre un conseil
d'administration et le directeur général et qu elles devraient
être encouragées dans le réseau de la façon
suivante. Le réseau que nous constituons possède des expertises
énormes et il peut être opportun, à une occasion ou une
autre, qu'un établissement souhaite utiliser, pour des contrats ou des
mandats ad hoc, un directeur général d'un autre
établissement. On pense que, dans la mesure ou ce genre de demande fait
I'objet d'entente avec le conseil d'administration d'un établissement,
il est possible d' y agréer .C' est au conseil que devrait se situer la
gestion du directeur général et les conseils d administration
devraient se donner les moyens de suivre la situation du directeur
général dans l'ensemble de ses activités
Par rapport aux fondations .Le projet de loi, fondamentalement, nous
apparaît très correct et on croit qu'il y a un besoin dune
très grande transparence. On doit apporter réponse à ce
besoin. On doit aussi s'assurer de mesures de contrôle beaucoup plus
intenses. On est d'accord pour qu il n'y ait aucune utilisation des fonds d'une
fondation pour donner un privilège à un individu. On croit
cependant qu'on pourrait restreindre la portée de la loi aux fondations
rattachées à I'établissement ou le directeur
général exerce sa fonction. Si un directeur général
veut investir du temps dans une autre fondation, on revient à ce
moment-là à I'application des règles concernant les
activités à caractère professionnel ou scientifique
à I' extérieur de l'établissement et donc, on revient
à la notion d'exclusivité de fonction. On pense que la loi
devrait être spécifique pour des fondations rattachées
à l'établissement ou est engagé le directeur
général concerné (15 h 30)
Finalement, quant aux éventuelles réglementations
concernant les cadres supérieurs et les cadres intermédiaires, on
pense quelles sont plus du propre d'un conseil d'administration, moyennant un
certain nombre de déclarations avec lesquelles tout le monde est
d'accord, dans le sens de dire, par exemple. Un cadre ne devrait jamais non
plus être en situation de conflit d 'intérêts. On pense que
la réglementation qui doit permettre d'encadrer les cadres est plus du
ressort des conseils d administration, là encore. On pense aussi que,
par rapport à I ensemble des cadres on ne peut pas avoir un même
comportement par rapport aux cadres supérieurs et aux cadres
intermédiaires et qu'il faudra différencier, dans les mesures
qu'on annoncera et les politiques qu'on fera les catégories de cadres
auxquelles on s adresse
Ceci dit pour la réglementation, j'ajouterais tout simplement qu'
il y a un article du projet de loi I'article 8, qui a suscité chez nous
des questions. Nous avouons n'avoir pas bien saisi le sens ou la portée
de cet article, qui fait état des obligations des conseils
d'administration par rapport aux états financiers, des informations
à fournir, là ou le texte du projet de loi dit "Les membres du
conseil d administration doivent alors présenter à la population,
conformément aux règlements, les renseignements prescrits quant
à leurs états financiers "
Ce qu'on souhaitait avoir là-dessus, c'est peut être des
précisions pour comprendre exactement la portée de cet article
là. S'il s'agit des états financiers de la corporation c'est une
chose, s'il s'agit des individus, cela nous apparaît être autre
chose
Je pense que cela résume un peu I'essentiel des
éléments qui sont dans noire mémoire. II nous fera plaisir
de répondre aux questions
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous remercie
beaucoup Mme la ministre
Mme Lavoie-Roux: Merci, M le Président. Je veux remercier
l'Association des centres de services sociaux du Québec pour son
mémoire
II y a quand même des affirmations que vous avez faites qui m'ont
surprise un peu. Par exemple, votre président, M Sammut, dit. Vous
allez, en resserrant la loi ou les règlements, créer I'impression
qu'il y a corruption générale dans le réseau .Vous savez
fort bien que ce n'est pas cela. D'autre part, est ce qu'il faudrait attendre
qu'il y ait corruption générale dans un réseau pour
intervenir? Je pense que chaque fois que le gouvernement intervient pour
préciser des règles, c'est parce que, justement, on se rend
compte que les règles existantes ne sont pas assez étanches pour
empêcher les abus .Alors je pense que, d'une part, il ne s'agit pas
d'attendre pour savoir s il y a 800 établissements qui vont se trouver
fautifs un jour ou I'autre pour intervenir
Maintenant, vous dites. Bon la ministre nous réitère sa
confiance. Mais la confiance de la ministre, cest surtout la confiance de la
population. Nous, on a simplement été élus. La population
nous confie des responsabilités que nous devons assumer et quand sa
confiance s effrite à la suite d'événements qui ne sont
pas strictement isolés à un ou deux cas, je pense que la
population s'attend aussi qu'on prenne des mesures pour corriger les lacunes
qui pourraient éventuellement se développer davantage ou encore,
elle a l'impression que les fonds publics ne sont pas administrés
sainement. Je pense que c'est important de spécifier cela
Maintenant vous êtes très inquiets au sujet de
I'exclusivité d'emploi. D'abord, j'ai I'impression que, pour ce qui est
de la loi, il y a peut être certaines incompréhensions. Quand vous
dites, et je trouve cela un peu étonnant, en haut de la page 6 "II est
abusif voire même discriminatoire
d'interdire à tout directeur général du secteur de
la santé et des services sociaux de s'engager dans des activités
personnelles pour lesquelles l'individu en question pourrait retirer
directement ou indirectement quelques avantages économiques", il faut
bien comprendre que l'exclusivité d'emploi laisse passablement de
latitude et même beaucoup plus de latitude que n'en laissait d'abord la
loi qui a prévalu de 1971 à 1983, où il n'y avait à
peu près pas d'exception de faite, alors que vous en retrouvez plusieurs
ici et qu'on vous demande: Si vous devez occuper des charges additionnelles,
informez-en votre conseil d'administration ou discutez-en, obtenez
l'autorisation de votre conseil d'administration. Je sais que cela a
fatigué tout le monde que la ministre soit là. Je leur ai dit que
cela ne m'empêchera pas de vivre de ne pas être là. Je pense
que de toute façon on va faire un amendement en ce sens-là. En
tout cas, le chef de l'Opposition en a pris bonne note.
M. Chevrette: II y en a au moins un qu'on va gagner.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Une voix: Cela fait du bien de temps en temps.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais lire votre quatrième
paragraphe de la même page: "Beaucoup d'initiatives risquent de ne pas
voir le jour si une forme d'exclusivité aussi totale devait être
inscrite au texte de loi." On vous fait la place pour aller dans tes autres
établissements, sur demande et avec autorisation du conseil. Vous
pouvez, avec l'autorisation du conseil, avoir des activités
pédagogiques. C'est déjà considérable. Vous pouvez
aussi, avec l'autorisation du conseil, avoir des fonctions additionnelles. Il y
a peut-être un autre point que j'oublie. Quand vous dites: "Afin de
conserver notre esprit d'entrepre-neurship..." Je pense que vous pourrez
continuer de pratiquer votre esprit d'entrepreneurship - cela me gêne un
peu le nom que vous lui donnez dans le texte que vous nous présentez. Il
y en a peut-être qui ont eu trop d'entrepreneurship dans le sens
où on ne veut pas l'entendre dans le réseau.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: La rancoeur!
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas de rancoeur du tout. Ha, ha,
ha!
Une voix: II était entreprenant, pas entrepreneur.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Plusieurs nous ont dit: Ce sont les
conseils d'administration qui ont ces responsabilités. Demandez aux
conseils d'administration de nous préparer... Exigez du conseil
d'administration une définition des conflits d'intérêts, on
sera heureux de vous la donner, etc. Je me demande pourquoi il a fallu que cela
arrive jusqu'ici. Tout conseil d'administration peut passer les règles
qu'il veut. Il est autonome. Il n'y a rien qui empêche les conseils
d'administration d'agir jusqu'à maintenant. Que ce soit sur les
dépenses de fonction, que ce soit sur tel autre type de problème
qu'il y a eu dans le réseau, ils avaient toute la latitude pour passer
les règles qu'ils voulaient. Là, parce qu'on a des
problèmes qui deviennent difficiles à réparer une fois que
le mal est fait, ou encore à contrôler dans certaines
circonstances, on nous brandit l'autonomie du conseil d'administration. J'en
suis. Mais, n'oubliez pas que, au bout de la ligne, c'est le gouvernement ou le
ministère, ou la ministre, peu importe, qui est responsable devant la
population de l'utilisation des fonds publics.
C'est comme si, tout à coup, une fantaisie aurait traversé
la tête de la ministre pour lui faire dire: On va s'amuser à
resserrer les règlements, parce qu'on n'a plus rien à faire, on
va s'exercer à faire cela. C'est comme si on semblait oublier que c'est
parti de vrais problèmes. Ce n'est pas parti de l'imagination. Je pense
que le chef de l'Opposition m'appuierait là-dessus, être
obligé d'intervenir dans ce genre de choses, c'est la dernière
chose qu'un ministre veut faire.
M. Chevrette: Je ne ris pas pour cela. Mme Lavoie-Roux:
Pardon?
M. Chevrette: Je ne ris pas pour cela, vous allez voir tout de
suite après.
Mme Lavoie-Roux: La dernière fois que le gouvernement
antérieur était intervenu, c'était parce qu'il y avait des
problèmes reliés aux primes de séparation. Vous vous
souvenez, les primes étaient trop considérables. Il n'a pas
attendu que ce soit le cas de 70 CSS. Du moins je ne pense pas qu'il y en avait
70 - on peut présumer qu'il n'y en avait pas 70, mais il y en avait
quelques-uns. Cela pouvait être un problème qui se serait
répandu. On s'est assuré que ce soit bien encadré. Je suis
un peu étonnée que tout à coup... Je ne dis pas que ce
sont les conseils d'administration qui n'ont pas pris leurs
responsabilités. Mais est-ce que les directeurs généraux
ont toujours permis au conseil d'administration de prendre leurs
responsabilités? C'est peut-être une question qu'il faut se
poser.
L'autre argument qu'on utilise: Modifiez les conseils d'administration,
la commission Rochon va vous dire comment les modifier. La commission va
probablement nous faire des recommandations dans ce sens, mais est-ce qu'elle
va nous indiquer aussi comment il faut intervenir dans le cas de conflits
d'intérêts, de non-exclusivité d'emploi, etc.? Je pense
qu'on a une responsabilité à prendre et c'est ce que nous voulons
faire par la loi 97. Je vous assure que, sur l'exclusivité d'emploi,
elle m'apparait assez large, avec assez de tempéramment pour ne pas
devenir la chemise de force... C'est cela, l'expression?
Une voix: Camisole de force.
M. Chevrette: En santé mentale, on va apprendre cela.
Mme Lavoie-Roux: La camisole de force que vous craignez que ce
soit. Je m'explique mal votre réaction.
M. Sammut: Je suis bien content que notre document ne suscite pas
l'indifférence.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Sammut: Je pourrais dire, quant au premier point, pourquoi,
dans le réseau, avoir mis cette règle-là? Quand on ne fait
référence qu'au réseau, est-ce que c'est un réseau
d'incompétence ou de corrompus? Aussitôt que le premier
événement est arrivé, les différents conseils
d'administration, les présidents de ces conseils-là, à
l'une des rencontres qu'ils ont eues -ce n'était pas quelque chose qui
était très loin d'eux et ce n'était pas un de leurs
derniers soucis, c'est quelque chose qui les préoccupait beaucoup -
aussitôt, ils ont dit ensemble: II faut trouver des moyens pour ne pas se
retrouver dans ces situations-là. Et tout de suite, on s'est mis
à la tâche pour esayer de trouver des moyens, parce que le souci
de la ministre, finalement, que la presse ne traîne pas tous les jours
des scandales à gauche et à droite, nous l'avons aussi.
Je pense que, comme administrateurs de conseils d'administration, il y a
une certaine fierté de dire qu'effectivement, notre établissement
est relativement bien géré et qu'on est à même de
voir tout ce qui s'y passe. Il y a des choses qui ont échappé et
je ne crois pas qu'elles aient échappé à tous les
administrateurs de tous les établissements CSS. Je pense qu'il y a eu
cela et quand on arrive à cette situation et que l'aide qu'on
reçoit, c'est la ministre qui dit: Je vais vous déposer un projet
de loi, on se dit: Est-ce qu'on aurait pu être invités à
aller un peu plus loin dans nos moyens avant d'arriver à un projet de
loi? Je crois qu'il y a eu des choses qui ont été faites sur ce
plan.
Quant à avoir confiance en la ministre, je pense que, dans notre
rôle de conseil d'administration, on a ce souci-là et on se dit:
On va faire confiance à la ministre, que ce soit pour les listes
d'attente, que ce soit pour cela, on fait confiance à la ministre pour
nous représenter. On voudrait l'inverse quand il arrive un coup dur ou
quelque chose de difficile à gérer, qu'on ressente la même
chose qu'on sent dans les autres dossiers. Qu'on veuille poursuivre dans ce
sens-là.
Je vais peut-être laisser à Mme Denis l'exclusivité
de fonctions et l'entrepreneurship.
Mme Denis: Je vais laisser cela à d'autres,
l'entrepreneurship.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: À notre directrice.
Mme Denis: Pour ce qui est de l'exclusivité des fonctions,
effectivement, vous semblez y donner un sens beaucoup plus large que ce que,
quant à nous, on avait compris dans le texte, dans un premier temps. Il
est certain aussi que, quand on parlait de l'autorisation du ministre, je pense
que là-dessus vous avez indiqué que d'autres
représentations ont été faites pour souligner que
peut-être ce n'était pas nécessaire qu'il y ait chaque fois
autorisation. Là-dessus, on souscrit, mais on avait compris, dans un
sens beaucoup plus restreint, la portée de la notion
d'exclusivité. C'est dans ce sens-là qu'on aimait mieux
travailler à une notion de temps plein premièrement,
deuxièmement pour signifier que cela amène une distinction
claire, c'est-à-dire qu'il ne doit pas y avoir de directeur
général qui a un deuxième emploi
rémunéré ou l'équivalent et qu'à partir de
là, cependant, on parle d'activités à caractère
scientifique ou professionnel, ce qui suppose une entente préalable avec
le conseil, et qu'il restera, pour un directeur général comme
pour tout individu une possibilité d'avoir des activités
personnelles restreintes dans le sens d'activités très
personnelles qui n'ont rien à voir avec un deuxième emploi.
Nous, on avait compris en tout cas que, jusqu'à présent,
la portée donnée à l'exclusivité n'était pas
aussi large que ce que vous indiquiez tantôt et qu'il valait donc mieux
travailler avec une notion de temps plein.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous reconnaissez que la notion de
temps plein a créé aussi des ambiguïtés, puisqu'on
s'est retrouvé avec un certain nombre pour qui, justement, le temps
plein est parfois venu en conflit avec leur emploi régulier? Parce que
le temps plein est interprété, on l'interprète ainsi et
c'est d'ailleurs la notation dans la loi actuelle, comme du travail exclusif,
alors que d'autres ont dit que du temps plein, cela peut être de 8 heures
à 16 heures ou de 9 heures à 17 heures, en tout cas, que du temps
plein, c'est cinq jours par semaine et que ceci a justement ouvert la porte
à certaines des difficultés qu'on a connues. (15 h 45)
Mme Denis: il y a eu certainement des interprétations,
mais si on revient au texte initial de la loi, on dit que c'est vraiment sous
peine de déchéance que l'individu est tenu d'être à
temps plein. Nous, on dit qu'être à temps plein, ce n'est pas
nécessairement être là un certain nombre d'heures par
semaine, être à temps plein, c'est, pour un directeur
général, être responsable sept jours par semaine, 24 heures
par jour, de l'établissement dans lequel il oeuvre.
Je suis consciente qu'il a pu y avoir effectivement des problèmes
d'interprétation, mais si dans ce texte-là il y avait des
bonifications d'apportées ou s'il y avait des ajouts de faits, une
intervention législative, mais qui, à notre point de vue
jusqu'ici, ne ferme pas complètement la porte en indiquant une notion
d'exclusivité qui, elle,
nous semble très restrictive en partant... Je pense que c'est
là-dessus qu'on a eu des problèmes. Selon nous, signifier un
accord avec notion d'exclusivité, à la limite, on pourrait en
arriver à des interprétations farfelues du texte, nous
semble-t-il. D'accord? Autant sur des activités personnelles d'individu
que même des activités scientifiques. À la limite, je
dirais même, en ce qui concerne tes activités d'enseignement,
c'était un de nos commentaires, que le projet de loi, tel qu'il est
libellé, pourrait arriver à dire qu'un individu, directeur
général, peut aller donner des cours sur "comment faire
fructifier votre argent". Ce qu'on se disait, c'est que tel que libellé,
il peut avoir une portée tellement restrictive que vaut mieux essayer de
travailler avec une notion un peu plus large, quitte à la baliser, que
de travailler avec une notion très restreinte et d'y faire des
exceptions. Je pense que c'est un peu le raisonnement qu'on a tenu, comme
approche.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais laisser la
parole à mes collègues quand le tour reviendra.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. D'abord, je suis
heureux de constater que la presque totalité des groupes ont eu la
perception que ce document, ce projet de loi 97, risquait de ternir la
réputation du secteur de la santé. Plusieurs se sont
exprimés dans ce sens-là. L'Opposition i'avait fait en Chambre au
cours du débat en deuxième lecture. Je suis heureux de constater
qu'on peut au moins avoir cette perception-là, parce que je demeure
convaincu, mesdames et messieurs, que ce projet de loi a été
déposé à contrecoeur. Jamais la ministre ne voulait
spontanément le piloter, mais on le lui a imposé à cause
de trois ou quatre scandales qui étaient dans les airs. C'eût
été je le répète depuis je ne sais combien
de fois - beaucoup plus brillant sur le plan de l'administration publique et
des perceptions qu'on a de l'administration publique, d'avoir une vision
globale. On ne risque pas, en déposant un projet de loi cadre pour
l'ensemble des secteurs public et parapublic, de ternir un secteur en
particulier. D'ailleurs, le lendemain, après un discours en
deuxième lecture, on avait déjà une demande
d'enquête sur REXFOR, une autre société d'État, avec
des conflits d'intérêts ou des anomalies dans la gestion.
Je suis convaincu que Mme la ministre essaie de se défendre tant
bien que mal: Va-t-on attendre qu'il y ait 800 établissements qui vont
avoir des difficultés? Pas 800. D'abord, je dois vous dire que s'il y a
un domaine encadré, c'est bien celui de la santé et des services
sociaux. C'est normalisé au bout. Qu'il y en ait qui s'écartent,
je vous dit qu'il y a des écartés dans tous les secteurs. Il y a
des écartés à part de cela qui se retrouveraient moins
facilement dans certaines sociétés d'État où ils
manipulent beaucoup plus de gros sous, administrativement, et qui ont beaucoup
plus de pouvoir discrétionnaire dans l'octroi de certaines choses que
dans le domaine de la santé et des services sociaux. Ce gouvernement n'a
rien fait pour ces secteurs-là. On va attendre un scandale
épouvantable, mais eux n'auront pas de loi parce qu'il n'y en a qu'un.
Il y a une boîte. Une société d'État avec une
boîte qui pourrait manipuler, par année, 3 000 000 000 $, 4 000
000 000 $ ou 5 000 000 000 $ des deniers des Québécois, la
même chose que vous, eux n'auront pas de règle d'encadrement sur
les conflits d'intérêts. Et sur cela, on ne peut pas faire
autrement que de vous donner raison.
J'offre pour la quatrième fois à ta ministre de retirer
son projet de loi et d'inviter son collègue du Conseil du trésor
ou le premier ministre à déposer un projet de loi pour l'ensemble
des secteurs public et parapublic. Ce serait plus intelligent et ne risquerait
pas d'entacher la réputation du secteur de la santé. Vous avez
absolument raison. Ce n'est pas parce qu'on l'a dit que vous avez raison. Je ne
l'aurais pas dit, je vous aurais écoutés et je vous aurais dit
que vous avez raison quand même.
Deuxième chose. Il va falloir que je le demande à la
ministre, cela me fait de la peine, je n'aime pas l'attaquer, mais je suis
obligé de le faire. Il y a une incohérence pour ce qui est du
discours. Comment peut-on responsabiliser des structures, des organismes, et en
même temps leur enlever des pouvoirs de décision? Cela ne se
défend pas. Comment vouloir responsabiliser des structures et ne pas
même leur donner le jugement ou leur laisser l'appréciation devant
la gravité d'un geste ou d'un acte? Je ne comprends pas cela. Comment
responsabiliser une structure et lui dire: La seule pénalité que
vous aurez à imposer, face à un D.G., face à un cadre
intermédiaire ou face à un cadre supérieur, c'est
l'expulsion. C'est une drôle de responsabilisation.
Si c'est mineur et que c'est un bon gars, cela lui a passé entre
les doigts, il a eu une faute mineure en dix ans d'administration, c'est:
Dehors, petit gars ou petite fille. Vous ne pourrez même plus exercer
votre jugement. C'est une drôle de responsabilisation. Cela n'a pas
d'allure. Il faudrait au moins que la ministre, là-dessus, arrête
de dire qu'elle veut responsabiliser les structures. Au moins, elle serait
cohérente si elle arrêtait de te dire. Elle pourrait dire
plutôt: Je veux contrôler les structures. Ce serait plus juste et
cela deviendrait cohérent. En politique, cela a un petit peu de bon
sens, quand on veut être crédible à moyen et à long
terme, d'assumer complètement la cohérence dans son discours.
L'autre point que je veux soulever, c'est l'exclusivité des
fonctions. Je suis d'accord avec vous qu'à vouloir éviter des
conflits d'intérêts, on est en train d'adopter une loi qui risque
de nous placer en perpétuelle position de conflit
d'intérêts. La notion de temps plein me plaît beaucoup plus
que la notion d'exclusivité de fonctions. Je peux être un cadre
supérieur, travailler de 9 heures à 17 heures et, le soir, je
peux très bien prêter main
forte à toutes sortes de structures, même dans les secteurs
public et parapublic, et de bonne toi, aller me chercher des cachets de 200 $
si je veux, deux soirs par semaine. Je ne suis pas en conflit
d'intérêts du tout par rapport à ma fonction de cadre
supérieur ou de cadre intermédiaire. Là, on exclut,
à toutes fins utiles, les Individus qui peuvent rendre d'énormes
services, et en particulier dans certaines petites régions du
Québec où on n'a pas toutes les ressources et où on fait
appel souvent à ces cadres supérieurs et ces cadres
intermédiaires. En régions, on fait souvent appel à ces
personnes.
Je favoriserais la notion de temps plein parce que pour ce qui est de
l'exclusivité, vous allez avoir quelqu'un qui, de bonne foi, va poser un
geste, on va le récompenser pour 200 $ et le lendemain matin, ce sera la
déchéance. C'est le seul remède qu'on a. On ne laisse
même pas au conseil d'administration l'opportunité de porter un
jugement sur la gravité ou non de l'acte. Je trouve cela aberrant et
j'espère que la ministre va se rendre à cette suggestion
aussi.
Je ne l'ai pas entendu dire, jusqu'ici, qu'elle se rendrait sur ce
point. Elle ne veut pas trop recevoir de papiers, mais elle n'a pas l'air de
vouloir donner trop de pouvoirs. Oonc, c'est très mineur, te fait
qu'elle ne veut pas recevoir de papiers. Ce qui serait majeur, à mon
point de vue, c'est si la ministre acceptait carrément de dire, par
exemple, qu'on pourra aller jusqu'à ta déchéance, mais
qu'elle laisse le jugement s'exercer par les membres du conseil
d'administration.
Elle pourrait également parler d'exclusivité de services
dans certains cas. Je pense aux fondations. Je pense que la ministre a raison
et je lui ai donné raison en ce qui concerne les fondations. Celui qui
irait chercher à l'intérieur de sa fondation d'hôpital du
salaire pour les cadres, après analyse, je vous avoue que c'est forcer
la note un peu et cela pourrait devenir une passoire pour engraisser les
salaires de certains cadres. Je n'accepte pas cela. Là-dessus, je lui
donne raison.
Quant aux deux principes fondamentaux, l'exercice du jugement des
personnes qu'on appelle des bénévoles: on s'apitoie. Chaque
année, elle se lève debout pour faire une motion de
félicitations pour tous les bénévoles du réseau.
Mais avez-vous remarqué que c'est limité en termes de pouvoirs?
Il ne vous restera plus grand-chose à part que d'être des "rubber
stamps" si cela continue, parce que ces bénévoles vont avoir une
seule chose à faire: "checker" les livres. S'ils voient un petit
conflit: Dehors, salut, on en prend un autre.
À part cela, il y a une passoire dans la loi. S'il
démissionne, il arrête tout le processus de
déchéance. Ce n'est pas grave, le lendemain matin... Que
cherche-t-on au juste? On cherche à éliminer les pas bons du
système. Si on veut éliminer les pas bons du système, on
va au moins enlever la passoire qui dit: Démissionne et cela
arrête tout le processus. Ce serait un premier pas. Le deuxième
pas, ce serait au moins de dire: Exercez votre jugement sur l'administration
quotidienne et tâchez de voir clair. J'ai toujours été
opposé à réagir à la pièce. Cela a l'air
d'une girouette. Le vent est du sud, tu vois la girouette tourner de bord,
c'est du nord, woup, salut! Et là, tu paniques devant les
événements. Il y a trois ou quatre bébelles dans l'air,
The Gazette publie trois ou quatre articles, là, on perd les
"guéguettes", comme on dit chez nous. * Cela veut dire qu'on perd le
gouvernail. - Là, rédige un projet de loi! Garroche-toi!
Prépare-le! Imaginez-vous! On arrive avec un projet de loi sur les
conflits d'intérêts. Immédiatement après vous, on va
parler des résidents et internes dans le même projet de loi. Cela
a été bien préparé. C'est un projet de loi
pensé, réfléchi, qui assure la cohérence du
discours. Mon oeil! C'est un projet de loi vite fait, pour essayer de calmer
les esprits. Plutôt que de dire à la population: Ce n'est pas
parce qu'il y a trois, quatre établissements au Québec qui sont
fautifs qu'on va paniquer, on va prendre le temps d'y réfléchir,
on va bâtir un projet de loi qui vaudra pour toute la fonction publique
et parapublique. Ce matin, j'aurais félicité la ministre si elle
avait fait cela. Là, je me vois dans l'obligation de dire que cela ne
vaut pas cher la verge et que c'est incohérent par rapport au discours
qu'elle tient depuis longtemps.
La seule question que j'ai pour vous... Je vais la trouver, ce ne sera
pas long. Dans l'amendement à l'article 104, vous dites: "Un directeur
général peut toutefois, avec l'autorisation du conseil
d'administration de l'établissement, occuper une charge, fournir des
services ou assumer des fonctions additionnels à caractère
scientifique et professionnel." C'est avec l'autorisation du conseil
d'administration, je le comprends. Est-ce que c'est seulement dans... Vous avez
répondu tantôt que les fonctions d'enseignement...
Mme Denis: Je reprenais tantôt l'exemple à partir du
projet de loi. Ce qui est déjà prévu dans le projet de
loi, au fond, concerne uniquement et de façon très explicite les
fonctions d'enseignement. À la limite, cela pourrait même
être discutable, dans la mesure où un individu, directeur
général, pourrait avoir effectivement des activités
pédagogiques. Au lieu d'enseigner une matière de son domaine, il
pourrait être en train de donner un cours sur "comment faire fructifier
votre argent." Si c'était cela, ce ne serait pas acceptable. C'est dans
ce sens que j'indiquais que, chez nous, dans les CSS, on a essayé de
regarder le libellé tel qu'il est pour voir s'il nous amenait à
des interprétations soit très restrictives soit, à la
limite, trop larges dans le cas des activités pédagogiques.
M. Sammut: Sur le plan de la démission, il nous
apparaissait également important, d'après ce que vous nous disiez
par rapport à la démission d'un cadre, que celle-ci ne vienne pas
annuler automatiquement le recours en déchéance du conseil
d'administration. Effectivement, il serait trop facile pour le directeur
général qui aurait commis un nombre X de fautes que, le lendemain
matin, il donne sa démission et tout s'arrête là. On
sous-tend que, de façon définitive, si le conseil
d'administration trouve qu'il est important de poursuivre plus avant,
même si une démission a été déposée
sur la table, qu'il puisse le faire.
Mme Denis: À ce moment-là, il doit y avoir une
évaluation de la situation par le conseil et ce dernier ne doit pas
perdre ce pouvoir.
M. Chevrette: Vous avez parlé des bénévoles
qui siègent à vos conseils. Quelle est leur réaction
devant un projet de loi de ce genre qui leur enlève ce pouvoir
d'évaluation?
M. Sammut: Je pense que, chez tes bénévoles, il y a
déjà cet aspect, pour présider un conseil de services
sociaux... Il est sûr que, quand on arrive à la question des
budgets, quelque part, on n'a pas le choix quant à la décision.
Quand on arrive à l'équilibre quant à fermer des services
ou en créer d'autres, on n'a pas encore la décision, c'est
déjà réglementé. C'est un peu à ce chapitre
qu'on sent le champ de latitude se rapetisser de plus en plus et, à ce
moment-là, on en arrive à dire: Qu'est-ce qu'on peut faire comme
membres d'un conseil? Quelte est notre responsabilité et notre marge de
manoeuvre? Quand on arrive à la notion de pouvoir apprécier
à juste titre soit le conflit d'intérêts, soit
l'exclusivité de fonctions, on se dit: Oui, comme
bénévoles, on peut arriver à prendre des décisions
là-dessus, avec l'éclairage du moment et de la situation. Mais,
automatiquement, si on a une loi qui encadre ces choses, on n'a plus de
latitude que de dire: La loi dit cela, c'est fini, c'est terminé.
M. Chevrette: Croyez-vous que, si Mme la ministre avait
préparé son projet de loi dans le sens suivant, c'eût
été acceptable pour vous? Je vais vous expliquer le sens d'une
proposition. Si la ministre avait forcé chaque conseil d'administration
à rédiger une réglementation interne sur les conflits
d'intérêts pour l'ensemble de vos cadres et si elle s'était
donnée un pouvoir de sanction, est-ce que cela aurait eu le même
impact que de rédiger un projet de loi qui vise à sanctionner a
priori sans porter de jugement? (16 heures)
Le Président (M. Bélanger): M. Kavanagh.
M. Kavanagh (Georges): D'ailleurs, je pense que la proposition
que l'association vous fait ou fait à la commission parlementaire va
dans ce sens-là effectivement. On pense que les conseils
d'administration ont déjà manifesté un
intérêt à pouvoir réglementer leur
établissement. Et, dans le sens de votre question, M. le
député, je dirais exactement que nous sommes disposés,
prêts, comme membres de conseils d'administration, a sanctionner
cela.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi ne l'avez-vous pas fait jusqu'à
maintenant?
M. Chevrette: Parce qu'ils n'avaient pas le pouvoir de
l'exiger.
Mme Lavoie-Roux: Voyons donc, ils ont le pouvoir d'exiger ce
qu'ils veulent.
M. Chevrette: Il y en a qui l'ont fait. Voyons, Mme la ministre,
ne vous choquez pas, on parle pour l'avenir. Vous êtes donc bien mauvaise
aujourd'hui, vous.
Le Président (M. Bélanger): Silence, s'il vous
plaît, je demanderais au... A l'ordre, s'il vous plaît! Je
pense...
M. Chevrette: Avez-vous passé une mauvaise fin de
semaine?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, s'il vous plaît!
Mme Lavole-Roux: Très bonne, très bonne.
Le Président (M. Bélanger): Ils n'ont pas tous les
mêmes fins de semaine.
M. Chevrette: C'est effrayant. Il y a des gens qui perdent leur
calme après une fin de semaine de même. Je ne comprends pas
cela.
Mme Lavole-Roux: Bien vous, vous êtes fier de votre fin de
semaine.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
S'il vous plaîtl On réglera cela en dehors.
M. Chevrette: Mot, Mme la ministre, ma corvée, c'est avec
vous aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
je vous prierais d'écouter notre invité, M. Kavanagh.
Mme Lavole-Roux: Est-ce que c'est plus facile ou plus
difficile?
M, Chevrette: C'est plus difficile...
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre! M.
Kavanagh, je vous en prie.
M. Kavanagh: Pour répondre, Mme la ministre, je vous
dirais qu'il y a des conseils d'administration qui ont déjà des
règlements établis...
M. Chevrette: Cela compte sur son...
M. Kavanagh: ...et peut-être que certains conseils n'ont
pas tout réglementé. Il reste encore beaucoup de choses à
faire. Mais, effectivement, il y a déjà des règlements qui
existent à l'intérieur de certains conseils.
M. Sammut: Comme complément de réponse, je pourrais
dire que du premier établissement au dernier, il y a peut-être des
établissements qui sont confrontés avec des
directeurs généraux où ce n'est plus un
problème d'exclusivité, ou de conflit d'intérêts. Ce
sont des gens qui sont embarqués très au-delà de leur
mandat premier. On n'a pas besoin d'aller voir s'ils en font moins. Ce sont des
gens qui y vont vraiment à fond de train. Il y a nombre de directeurs
généraux qui sont dans cette situation-là. Et je crois
qu'il y avait déjà des réglementations qui étaient
faites. Mais c'est sûr, et je comprends la réaction quand il y a
eu ces scandales-là. On a tous eu cette même réaction en
disant: Est-ce que cela se passe chez nous? Comment est-ce que cela fonctionne
chez nous? On n'a pas été attentifs à cela? Et on a fait
un examen de conscience dans chaque conseil d'administration.
M. Chevrette: Je vais poser une dernière question à
la ministre, s'il vous plaît.
Je suppose que vous remettez aux conseils le pouvoir de rédiger.
En vertu de l'article 11, c'est vous qui avez le pouvoir par règlement -
si j'ai bien compris de rédiger des règlements, par
exemple, pour les cadres intermédiaires ou pour les cadres
supérieurs. Tel que c'est rédigé, c'est la ministre, d'en
haut, si je comprends bien, qui va rédiger des règlements pour le
monde d'en bas, pour la gestion d'en bas. Est-ce que, Mme la ministre, vous
concevez que c'est cohérent avec votre discours qui parle de
responsabiliser les gens que de rédiger les règlements d'en haut
pour juger des gens qui oeuvrent dans une structure? Ou est-ce qu'il ne serait
pas préférable de forcer les gens d'en bas à faire des
règlements et vous donner un pouvoir de sanction?
Mme Lavoie-Roux: L'objet de cette loi, pris d'une façon
générale, si on omet l'article 1 qui s'applique à un
problème d'un autre ordre, a été de mieux encadrer et
d'améliorer les outils qui sont à la disposition du conseil
d'administration pour qu'il remplisse ses responsabilités de la
façon la plus adéquate possible. C'est cela, l'esprit de la loi.
Écoutez, ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement fait
des règlements - vous l'avez dit et répété à
satiété vous-même dans le domaine de la santé
et des services sociaux, On parlait tout à l'heure des primes de
séparation. C'est le gouvernement qui a déterminé les
règles des primes de séparation à l'égard non
seulement des directeurs généraux, mais des cadres, des cadres
intermédiaires et ainsi de suite. Il s'agit de donner des outils de
travail que les conseils d'administration devront appliquer comme il existe
à l'égard d'un bon nombre de règlements. Et s'il n'y avait
pas eu de problème, je pense que les choses auraient continué
telles qu'elles sont, mais les problèmes étaient de telle nature.
On parle toujours d'un, deux ou trois cas! Je regrette de dire qu'il y en a
peut-être plus qu'un, deux ou trois, sans parler non plus d'une chose
généralisée, évidemment. Je pense que c'est le
devoir de l'État d'intervenir pour protéger
l'intérêt public.
M. Chevrette: Je n'en suis pas au quantum. Je ne vous dis pas
qu'il ne faut pas faire quelque chose, je vous dis: Pourquoi ne pas obliger
quelqu'un que l'on veut responsabiliser à faire quelque chose
plutôt que de le faire à sa place? C'est la question de fond
posée par les CSS. C'est la ministre qui va s'approprier les
pouvoirs.
II y a peut-être des établissements, à cause de leur
caractère, qui seront plus sévères dans la
réglementation que d'autres, parce que, dans le réseau de la
santé, ce n'est pas tout le monde qui joue avec des budgets
astronomiques. Les CLSC ont de la misère à se mettre une
bouchée de pain sur la table, alors ils ne doivent pas avoir trop de
conflits d'intérêts. Ils ont peine à payer leurs
employés. Ils ne doivent pas avoir trop de misère à
contrôler les conflits d'intérêts, à court terme,
cela ne représente pas gros de problèmes. Mais, dans d'autres
secteurs où on manipule des centaines de milliers de dollars, c'est
possible que l'on soit plus sévère. Je ne comprends pas que l'on
essaie de faire cela par un corset juridique, pensé par la ministre et,
d'une même source que celle-ci soutienne son gros débat, ses beaux
discours de responsabilisation.
Je comprends que ce n'est pas la première fois qu'il y a un
gouvernement qui fait quelque chose. Je sais cela, mais c'est le temps
où on est là qu'on doit l'assumer, surtout l'assumer en fonction
de ce qu'on a dit avant, parce qu'on a promis des choses avant d'arriver
là. Quand on change de bord de la Chambre, c'est parce qu'on a fait
rêver un peu plus que l'autre bord, et quand on est pire après,
qu'on n'est pas conforme, cela n'a pas d'allure.
Mme Lavoie-Roux: Puisque vous voulez parler d'engagements
électoraux...
M. Chevrette: Je suis prêt, je peux passer deux heures
là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: ...il y a un engagement que nous avons pris,
c'est celui d'assurer une saine gestion des fonds publics, M. le
Président. C'est un engagement qui nous apparaît extrêmement
important. On s'est également engagés à ce que tout
l'argent qui doit aller directement aux services aux
bénéficiaires s'y rende et ne soit pas détourné
à d'autres fins. C'est un engagement fondamental dans le réseau
de la santé et des services sociaux et nous sommes...
M. Chevrette: C'est vrai, comme dans tous les secteurs.
Mme Lavoie-Roux: Je parle du mien. M. Chevrette: C'est
cela.
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes heureux de...
M. Chevrette: L'Atrium de Charlesbourg et Chinic.
Mme Lavoie-Roux: ...remplir cet engagement et tous les petits
coups de griffes du chef de l'Opposition ne nous empêcheront pas de
prendre
les responsabilités qui sont les nôtres.
M. Chevrette: Je n'ai pas dit que cela ne devrait pas vous
empêcher, je veux vous faire réfléchir sur votre
cohérence.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le député de Laurier.
M. Sirros: Les positions du chef de l'Opposition ne me
surprennent pas trop dans le sens que je m'attendais certainement à une
opposition cohérente...
M. Chevrette: Ils n'ont pas de leçon à nous
donner.
M. Sirros: ...dans une incohérence qui a
régné pendant un certain temps de l'autre côté.
Mais, par rapport à l'exclusivité de fonction tout
particulièrement, j'aimerais savoir si on ne comprend pas le
français de la même façon. En lisant l'article qui parle de
l'exclusivité de fonction, ce que je comprends, c'est qu'un D.G. doit se
donner exclusivement à son travail, à moins que son conseil
d'administration ne tut donne la permission de faire autre chose. Si vous lisez
l'article, c'est écrit qu'il doit s'occuper exclusivement de sa charge,
du travail, etc. Il peut toutefois, avec l'autorisation... On a dit qu'on
enlèverait "du ministre", donc cela deviendrait: "Un directeur
général peut toutefois, avec l'autorisation du conseil
d'administration de l'établissement, occuper une charge, fournir des
services ou assumer des fonctions additionnels."
Si le conseil d'administration est appelé finalement à
juger s'il devrait accorder cette possibilité à son directeur
général, étant donné la charge de son travail,
l'état de situation dans l'établissement qu'il gère, etc.,
n'est-il pas, par le fait même, appelé à être
responsable - pour reprendre la question de la responsabilisation -par rapport
à cet octroi de permission au directeur général de vaquer
à d'autres fonctions en plus de sa charge? Parce que j'ai entendu pas
mal de charriage. On disait: Finalement, on a bloqué tous les trous. Il
n'y a personne qui peut faire quoi que ce soit d'autre. Tandis que lorsque je
regarde cela, il est dit: Oui, il faut qu'il soit exclusivement donné
à ses fonctions, à moins que son conseil d'administration ne lui
donne la permission. À ce moment-là, j'ai l'impression que les
gens du conseil d'administration sont aussi appelés à juger.
S'ils sont appelés à juger, cela veut dire qu'il y a une certaine
confiance par rapport à leur capacité de le faire. S'il y a cette
capacité-là ou cette confiance-là, j'imagine que cela va
dans le sens aussi d'une responsabilisation des gens. J'aimerais vous entendre
sur cela.
Mme Denis: Je vais expliquer comment on l'a effectivement
compris. Ce que j'entends cet après-midi est quand même - pour
moi, en tout cas - plus nuancé que ce que je lis dans le texte.
Ce qu'on a lu dans le texte, c'est que, dans le fond, la règle
générale, c'est que le directeur général, sous
peine de déchéance, doit s'occuper exclusivement du travail de
l'établissement et des devoirs de sa fonction. Effectivement, il ne peut
fournir aucun autre emploi, charge ou fonction, ni aucun autre service, etc. On
a interprété cela comme étant la règle
générale et ce avec quoi l'ensemble des directeurs
généraux doivent agir.
M. Sirros: Je pense que vous l'avez bien
interprété.
Mme Denis: Et après, en lisant les autres paragraphes,
quand on arrive au dernier, en tout cas, quant à moi, nous
interprétions cela comme exceptionnel que de dire qu'un directeur
général peut aller aider, par exemple, un centre de services
sociaux qui est mal pris pour quelques jours et qu'il y aurait là-dedans
une rémunération à la marge. Cela donnait vraiment un
aspect très exceptionnel, tellement exceptionnel que cela supposait
l'accord à la fois de la ministre et du conseil d'administration - je
pense que cela va. Ce sont des situations qui ne devraient arriver que dans des
cas isolés: c'est comme cela que nous l'avons interprété.
On ne dit pas que tout le monde doit se promener dans le réseau et faire
toutes sortes de mandats. Ce n'est pas cela non plus qu'on veut.
On dit, de façon générale, que le temps plein, dans
ce contexte-là, nous apparaît une meilleure notion. Le principe
avec lequel il ne doit pas y avoir un deuxième emploi
rémunéré mais que, cependant, on devrait s'assurer,
lorsqu'un individu est sollicité ou assume un mandat sur une base ad
hoc, par exemple, dans un établissement du réseau, qu'il
s'entende avec son conseil d'administration. Cela ne devrait pas prendre une
allure aussi exceptionnelle que ce que le texte de loi semble lui donner.
M. Sirros: Est-ce que cela devrait avoir une allure
générale? C'est-à-dire est-ce que ce devrait être
normal que ce soit sans l'autorisation ou sans la demande d'exception au
conseil d'administration de pouvoir vaquer à d'autres fonctions
aussi?
Mme Denis: Non, ce qu'on dit, c'est toujours à partir
d'une entente préalable avec le conseil. Il n'est pas...
M. Sirros: Si je comprends bien, à ce moment-là,
avec l'amendement qui a été annoncé, cela deviendrait
finalement: "Un directeur général peut toutefois, avec
l'autorisation du conseil d'administration de l'établissement, occuper
une charge, fournir des services ou assumer des fonctions additionnels."
Vous êtes d'accord avec l'ensemble de cet article-là ou
est-ce que je vous interprète mal?
Mme Denis: Je pense que oui et non. Ouand vous dites: Si on
enlève la notion d'autorisation de la ministre, qui confère
vraiment un caractère carrément exceptionnel...
M. Sirros: II nous reste, à ce moment-là, le temps
plein et l'exclusivité.
Mme Denis: Oui, il reste une autre notion, il me semble,
lorsqu'on lit: "Ilne peut occuper, hors de rétablissement, aucun autre
emploi, charge ou fonction ni fournir aucun autre service si une
rémunération ou un avantage quelconque, direct ou indirect, lui
est accordé de ce fait." Si cela touche, en dehors des activités
à caractère plus professionnel qui sont couvertes avec
l'autorisation du conseil, des activités à caractère
très personnel, par exemple, un directeur général qui
a...
M. Sirros: Des condominiums.
Mme Denis: ...qui gère deux, trois condominiums.
Peut-être que c'est farfelu de l'interpréter ainsi, mais si on le
lit tel qu'il est là, on pourrait l'interpréter ainsi. Et c'est
là que je dis qu'il y a un problème entre une activité
à caractère très personnel et la notion
d'exclusivité de fonction.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, le
temps est écoulé. Alors, si on pouvait demander à
l'Opposition de conclure.
M. Chevrette: Je veux vous remercier. Soyez assurés qu'on
va tenir compte de plusieurs de vos considérations et qu'on s'en
inspirera dans nos propositions d'amendement.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Joliette. Mme la ministre, en conclusion.
Mme Lavoie-Roux: Je veux également remercier
l'association. Nous allons examiner soigneusement les recommandations que vous
avez faites. Mais je tiens simplement à vous redire que la notion
d'exclusivité de fonction et de fonction à temps plein a
été une occasion d'ambiguïté qui a permis certains
abus que l'on connaît. On se demande, à ce moment-là, s'il
fut sage - et là je ne porte aucun jugement critique -de modifier ce qui
était l'exclusivité de fonction jusqu'en 1983 pour le temps
plein, puisque, vous-mêmes, vous donnez au temps plein une
interprétation beaucoup plus restrictive que d'autres. D'autres sont
venus nous dire: de neuf heures à dix-sept heures, cinq jours. Vous,
vous dites que lorsqu'on est directeur général, on doit se sentir
responsable sept jours par semaine. Alors, c'est à l'intérieur de
cela qu'évidemment, il y a eu des interprétations
différentes qui ont conduit à des comportements
différents.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît.
M. Sammut: Nous sommes très heureux d'avoir pu
vérifier que l'esprit de la ministre était vraiment de nous
donner des outils même si, dans les faits, la lettre, à savoir le
projet de loi, semblait s'en éloigner. Merci beaucoup.
M. Chevrette: On va le changer dans ce sens-là.
Fédération des médecins résidents et
Internes
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie de
votre présence à cette table et j'appellerais le prochain
organisme, la Fédération des médecins résidents et
internes du Ouébec, à se présenter à la table de
témoignage. Cette Fédération des médecins
résidents et internes du Québec sera représentée
par le Dr Jean-Hugues Brassard, président; par le Dr François
Rousseau, secrétaire, par M. Jean Gouin, directeur général
et par Me Jacques Castonguay, conseiller juridique.
M. le président Brossard? (16 h 15)
M. Brossard (Jean-Hugues): Jean-Hugues Brossard.
Le Président (M. Bélanger): Bon. M. Rousseau?
M. Rousseau (François): François Rousseau.
Le Président (M. Bélanger): M. Gouin, bonjourl Et
M. Castonguay, le conseiller juridique. Votre porte-parole, c'est M.
Brossard.
Une voix: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Vous connaissez
nos règlements? Vous avez 20 minutes pour présenter votre
mémoire et chacun des partis a 20 minutes pour poser des questions, pour
une enveloppe globale d'une heure. Je vous prie de procéder, M.
Brossard.
M. Brossard: Vous avez tous reçu une copie du
mémoire que nous allons vous présenter. Nous nous excusons des
quelques fautes de frappe qui s'y sont glissées et qui sont dues
à la célérité avec laquelle on a dû le
préparer, puisque l'avis de convocation était très bref.
Essentiellement, notre mémoire va porter sur l'article 1 du projet de
loi, article qui traite d'autre chose que ce dont on a parlé dans
l'heure précédente.
Au terme de ses études de médecine, le médecin doit
choisir entre deux grandes voies de pratique: la médecine de famille ou
la spécialisation. Il y a quelques années, les
préférences professionnelles, les aptitudes spécifiques et
les qualités particulières des candidats prévalaient dans
leur choix de carrière. Malheureusement pour certains, ces temps sont
révolus.
Depuis 1980, un train de décisions gouvernementales a
changé le visage de la pratique médicale au Québec.
D'abord, nous assistons à la réduction du nombre de postes de
résidence, réduction qui, bon an mal an, empire un peu. Ensuite,
un décret relatif à la loi 27 réalisait la
rémunération différenciée pour les jeunes
médecins. Puis, ce fut l'apparition des 50 postes de résidence
conditionnels à un séjour de quatre ans en régions
désignées et des 30 postes d'internat conditionnels pour les
diplômés étrangers.
En 1986, dans la même lancée, la décision
ministérielle 8684 tente de rendre conditionnels à un
séjour en régions tous les postes d'entrée en
spécialité. Après discussion publique, le sens commun
reprend ses droits et la décision est finalement rejetée.
Toujours en 1986, la loi 75 est discrètement adoptée,
pendant qu'on débat de la décision 86-84. Elle donne à la
ministre de la Santé et des Services sociaux le pouvoir de modifier le
plan d'effectifs médicaux de toutes les régions du Québec.
Bref, maintenant, le pouvoir politique peut décider où il y a du
travail pour les médecins et où il n'y en a pas.
Plus récemment et vraisemblablement dans le but de
décourager un peu plus les présents étudiants en
médecine, ceux-ci apprennent qu'ils n'auront de permis de pratique
qu'à la fin de leur résidence. Ainsi, des médecins
travaillant en résidence depuis quatre, cinq ou six ans n'ont plus le
droit de pratiquer.
Enfin, pour la première fois en 1987, les postes de
résidence en médecine de famille sont contingentés. Ainsi,
les jeunes médecins ne sont même plus sûrs de pouvoir
devenir médecins de famille. Bien que secondaire à une mauvaise
planification universitaire, ce dernier contingentement des postes de
médecine familiale contribue encore un peu plus à la
détérioration des choses.
Ce bref historique est pour vous dire que c'est dans ce climat
qu'aujourd'hui, nous venons discuter de l'article 1 du projet de loi 97
modifiant l'article 3.1 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux. Nous avons compris évidemment que ce projet de loi
fait suite au jugement de la Cour d'appel du Québec qui annule la
décision 84-226 en précisant que ce décret ne s'appuyait
sur aucun fondement législatif clair. La loi 97 se veut cette base
législative claire.
Nous sommes heureux d'être entendus aujourd'hui. Cela aurait bien
pu ne pas se produire, n'eût été de notre vigilance
habituelle. C'est qu'il fallait beaucoup de vigilance, en effet, pour
déceler au milieu d'une loi portant sur les directeurs
généraux, un petit article susceptible de modifier
complètement tes règles d'octroi des postes de résidence.
Si c'est un procédé habituel, il révèle une
fâcheuse tendance à la dissimulation qui s'accorde fort mal avec
la transparence qu'on attend d'élus du peuple.
Le ministère de la Santé et des Services sociaux
contingente les postes de formation postdoctorale en médecine
appelés postes de résidence, prétendant qu'il y a un
surplus de médecins spécialistes au Québec, malgré
qu'une fréquentation assidue de nos hôpitaux suffise
aisément à démontrer le contraire. Le ministère a
ainsi généré une pénurie dans les postes de
résidence. Cette situation, contrefaite, fait en sorte que les
médecins finissants se voient fréquemment refuser une formation
dans le domaine de leur choix et de leurs aptitudes.
Misant sur le puissant attrait qu'ont les jeunes médecins pour la
profession élue, le ministère a inventé les postes de
résidence conditionnels à un séjour en régions.
Bref, cela revient à faire payer, par un renoncement à la
liberté du choix du lieu de pratique, te droit à une formation
postdoctorale. Créer artificiellement une pénurie d'un produit
pour en faire hausser les prix - ce que l'on appelle du "dumping" - c'est une
pratique économique décriée et généralement
illégale. C'est ce que le ministère de la Santé et des
Services sociaux fait avec les postes de résidence; c'est une forme de
"dumping-académique et social.
Comme nous l'avons mentionné plus tôt, les postes de
formation postdoctorale en médecine de famille ont été
contingentés cette année. Cela nous paraît bien
inquiétant. Bientôt, peut-être, devrons-nous aussi remplir
des conditions spéciales pour avoir le droit de terminer nos
études, de pratiquer la médecine ou de nous former
adéquatement? Que reste-t-il des droits et libertés
professionnels dont le gouvernement s'est tant fait l'ardent défenseur
par le passé?
En exigeant du candidat de s'engager, quant à son lieu de
pratique future, avant sa résidence, on lui demande de présumer
de l'avenir pour les huit à dix années qui suivent. Lorsqu'il
signe cet engagement, le médecin a entre 24 et 26 ans. Sa
résidence dure cinq ans; donc, il terminera à 30 ans.
Généralement, c'est au cours de cette tranche de vie que
la plupart des gens se marient, ont des enfants et établissent leur
style de pratique. Le médecin qui termine sa résidence n'est plus
le même que celui qui signait l'engagement aux régions cinq ans
plus tôt, II doit aujourd'hui partir en périphérie avec un
conjoint qui travaille, des enfants et possiblement un intérêt
pour la médecine. Peut-être est-ce sans conséquence,
peut-être aussi ce départ est-il un déracinement,
séquelle d'une obligation de jeunesse. Sa région
désignée héritera d'un nouveau médecin malheureux.
Est-ce vraiment ce que les régions désirent, des médecins
contraints?
Encourager les jeunes médecins à choisir si tôt leur
lieu de pratique et leur style de pratique est présomptueux et lourd de
conséquences, autant pour eux que pour leur famille.
La pénurie des médecins de famille dans les régions
a en grande partie disparu depuis cinq ans. D'une part, cela a
été rendu possible parce que les effectifs en médecins de
famille sont suffisants et, d'autre part, parce que les mentalités ont
changé.
Chez les jeunes médecins spécialistes, les
mentalités ont aussi changé. En poursuivant la politique
d'incitatifs monétaires et professionnels ainsi qu'en encourageant
l'exposition aux régions désignées en cours de formation,
le problème de la sous-population de spécialistes en
périphérie se réglera comme il s'est réglé
pour les médecins de famille.
Avant d'envisager de brimer des libertés pour résoudre
à moitié un problème, il faut vérifier que toutes
les autres solutions plus justes ont été essayées. On se
fait toujours une certaine violence morale en croyant que la fin justifie les
moyens, surtout quand les moyens choisis limitent les libertés et sont
peu efficaces.
Tel que libellé, l'article 1 du projet de loi 97 donne au
gouvernement un pouvoir réglementaire d'une portée
considérable. L'utilisation de ce pouvoir pourrait signifier pour la
profession médicale, à tout le moins pour tous ceux et celles qui
pratiqueront la médecine de demain, l'instauration du contingentement
régional: une mesure que l'on peut qualifier de coercitive.
En effet, cette disposition législative extrêmement vaste
reste muette à l'égard des limites à respecter. Quelle
serait la limite de temps qui pourrait être imposée? Quels seront
les groupes visés? Spécialités, médecine de
famille, on ne le sait pas. De quel montant sera la pénalité?
Comment se fera le choix de la région? De plus, l'article en question ne
fait aucune mention d'une limite quelconque quant à la proportion du
nombre possible de contingentés conditionnels.
Le projet de loi 97 se veut une solution au manque d'effectifs
médicaux en régions. Nous sommes renversés que le
gouvernement se donne de tels pouvoirs par le biais dudit projet, alors que la
loi 75 relativement au plan d'effectifs médicaux lui en accorde autant
et plus encore.
Pourquoi un tel empressement à vouloir légiférer,
alors que les travaux de la table de concertation du ministère de la
Santé et des Services sociaux sont en cours, que le rapport tant attendu
de la commission Rochon sera déposé sous peu? Pourquoi discuter
encore une fois d'une nième mesure visant à résoudre la
mauvaise répartition des médecins et ce, avant qu'une analyse
adéquate de la situation ait été faite? N'est-ce pas
mettre la charrue devant les boeufs?
En conséquence, nous recommandons que l'habitude de rendre des
postes de résidence conditionnels à un séjour en
régions soit une pratique qui disparaisse et donc, que l'article 1 du
projet de loi 97 modifiant l'article 3.1 de la Loi sur la santé et les
services sociaux ne soit pas adopté. S'il devait l'être
malgré tout, il nécessiterait d'être amendé pour
prévoir diverses modalités d'application.
Nous acceptons que la répartition rationnelle des effectifs
médicaux soit une nécessité. Toutefois, les moyens mis en
oeuvre ou qui te seront pour l'obtenir doivent eux aussi être rationnels.
Premièrement, on ne prévoit pas le nombre de postes qui
pourraient être conditionnels. Devons-nous nous attendre que tous les
postes soient conditionnels sous peu? Voilà qui signerait la mort de la
déjà bien mal en point médecine académique
québécoise. Inutile de dire qu'un tel pouvoir
discrétionnaire accordé au ministre paraît pour le moins
abusif. Donner le droit au ministre de créer des postes
supplémentaires conditionnels aux régions, qui viendraient
s'ajouter aux postes réguliers déjà assurés, serait
peut-être plus raisonnable faute, en tout cas, d'être vraiment
acceptable. Encore faudrait-il que ces postes soient en nombre limité de
l'ordre de ce qui se fait actuellement, environ une cinquantaine.
Deuxièmement, et c'est étrange, le projet de loi
n'édicte rien sur la durée du séjour du médecin en
périphérie. La loi 75 a déjà réduit de
beaucoup la mobilité des médecins. Le projet de loi 97 risque
d'en confiner certains à l'immobilité. Avec un séjour de
deux ans, tes régions pourraient bénéficier de
spécialistes qui auraient amplement le temps de décider si la vie
et ta pratique en ces lieux conviennent. Cela permettrait aussi aux
médecins qui désirent revenir à une pratique plus
académique de le faire sans être trop
désemparés.
Troisièmement, dans le projet de loi, on ne précise pas
à quel moment de sa résidence le médecin pourrait
être soumis à un poste conditionnel. Tel que l'article est
libellé, rien n'empêche le ministre de faire en sorte qu'en plein
milieu de résidence, des cartes de stage, autrefois sans condition,
deviennent subitement conditionnelles. Ce pouvoir est une épée de
Damoclès sur la tête des résidents. Vivre dans une telle
insécurité est inacceptable et cela ne doit pas être.
Quatrièmement, le projet de loi ne met aucune limite à une
pénalité financière que le gouvernement pourrait imposer
à loisir. Enfin, on ne sait pas à quel moment de sa
résidence le médecin pourra choisir la région dans
laquelle il ira travailler ni même s'il pourra la choisir. Cela a son
importance car, malgré leur qualité respective, la
Gaspésie n'est pas l'Abitibi.
En espérant que notre point de vue sera pris en
considération, nous sommes prêts à répondre aux
questions.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je veux remercier la Fédération
des médecins résidents et internes du Québec d'être
à la commission parlementaire, même si je suis un petit peu
surprise de quelques-unes des affirmations contenues dans leur
mémoire.
Je voudrais d'abord vous faire remarquer qu'à la deuxième
page, dans l'introduction, vous dites: "Plus récemment et
vraisemblablement dans te but de décourager un peu plus les
présents étudiants en médecine, ceux-ci apprennent qu'ils
n'auront de permis de pratique qu'à la fin de leur résidence." Je
pense que vous devez être encore davantage que moi au courant qu'il
s'agit d'un règlement de la Corporation professionnelle des
médecins qui a comme souci l'amélioration de la qualité de
la pratique des médecins. Tout justement, la résidence familiale
de deux ans, tout comme le point particulier auquel vous faites allusion, est
un règlement évidemment qui a été publié
dans la Gazette officielle du Québec, mais qui provient de la
Corporation professionnelle des médecins.
La deuxième chose, et là-dessus je ne veux pas parler
longuement parce que j'ai des collègues qui veulent parler, je suis
d'accord avec vous et je pense que j'ai eu l'occasion de te dire à
l'Assemblée nationale ce matin, et je l'ai redit en commission
parlementaire. Vous aviez bien compris l'objectif de l'article 1 de la loi 97
qui, entre parenthèses, n'est pas un petit article perdu au milieu de la
loi comme vous l'indiquez, mais le premier article de la loi 97. Je ne pense
pas qu'il y ait eu désir de dissimulation de notre part. Que l'article 1
tel qu'il était rédigé puisse être
interprété de la façon dont vous le dites,
éventuellement, par des personnes qui voudraient l'utiliser pour aller
beaucoup plus loin dans la répartition des médecins en
régions éloignées, je crois qu'il y a là quelque
chose de fondé et je me suis engagée, ce matin, à baliser
cet article justement pour répondre aux appréhensions, qui
m'apparaissaient fondées, des étudiants en médecine.
Ce que je comprends moins bien, c'est quand vous vous opposez à
ce que le gouvernement puisse prévoir des postes supplémentaires
en spécialité et que le Québec, à ce
moment-là, accepte de verser des montants supplémentaires pour
avoir des postes additionnels en spécialité parce que, justement,
on n'arrivait pas, en dépit des incitatifs, à répondre
d'une façon assez rapide en tout cas au besoin des demandes en
spécialité dans les régions éloignées et
même dans les régions intermédiaires. (16 h 30)
Vous savez bien mieux que moi qu'un grand nombre de spécialistes,
jusqu'à maintenant peut-être qu'il y a eu une petite
modification, tant mieux se concentrent dans les trois grandes villes
universitaires; et cela peut se comprendre jusqu'à un certain point.
Cela, en dépit - et c'est l'ancien gouvernement qui en avait pris
l'initiative -des programmes d'excellence pour les régions
éloignées, pour l'équipement qui devait être un
pôle d'attraction important, qui l'est, dans une certaine mesure, mais
qui ne l'est pas à la mesure de ce que l'on espérait ou de ce
qu'on souhaitait.
Ce que je trouve étonnant, c'est qu'il n'y a pas très
longtemps, vous étiez aussi des étudiants en médecine.
Vous êtes peut-être rendus en troisième ou quatrième
année de résidence, je l'ignore, mais il y a peut-être
aussi des internes parmi vous. Des étudiants sont venus nous dire
aujourd'hui que les mentalités étaient changées et qu'on
était prêt à aller en régions
éloignées. Mais, comme il ne s'agit pas d'un écart de dix
ans, de toute façon, entre eux et vous, je comprends mal. Que vous
veniez faire baliser l'article 1, pas de problème, mais que vous veniez
nous dire qu'à votre point vue, ces postes supplémentaires
devraient être supprimés et qu'à la limite, si on veut en
ajouter... Au moins, il faudrait que je retrouve le texte exactement.
Je suis un petit peu étonnée. Vous comme médecins
et nous, comme gouvernement et comme société en
général, on a des responsabilités en regard de la
population en régions éloignées. Je pense qu'on essaie
jusqu'à la limite d'éviter cette coercition dont les
étudiants nous ont parlé ce matin, qu'ils craignent et dont vous
semblez nous parler comme étant un fait établi alors que,
jusqu'à maintenant, je voudrais que vous me fassiez la
démonstration d'éléments coercitifs, parce que même
ces postes supplémentaires sont acceptés sur une base volontaire.
Alors, je dois vous dire que je suis un petit peu étonnée de
votre discours, mais je m'empresse de vous répéter qu'en ce qui a
trait à vos inquiétudes sur l'article 1, nous allons le corriger
d'une façon satisfaisante, j'espère. Je vous remercie.
Le Président {M. Bélanger): Merci. M. le
député de Joliette. Ah oui! La réponse, excusez-moi.
M. Brossard: Je suis heureux de voir que ce matin les
étudiants sont venus dire, comme on a dit, que les mentalités
étaient changées. Et c'est vrai que les mentalités sont
changées, autant chez les résidents que chez les étudiants
en médecine. En conséquence, ces mentalités étant
changées et les gens ayant commencé de plus en plus à
exprimer spontanément le désir d'aller pratiquer en
régions, c'est dans ce cadre-là qu'on comprend mal le but de cet
article qui oblige les gens à aller en régions. Quand vous dites
que c'est choisi sur une base volontaire...
Mme Lavoie-Roux: Pas tout de suite, si vous me permettez.
Je viens de vous dire que l'article 1 a été perçu
comme ayant une extension que le législateur n'avait pas l'intention de
lui donner. Alors, on peut revenir dessus.
M. Brossard: J'ai compris.
Mme Lavole-Roux: Je viens de vous dire, il y a deux secondes,
qu'il sera corrigé de façon que ces appréhensions, qui
pouvaient être fondées, soient dissipées ou
disparaissent.
M. Brossard: J'en suis bien heureux. Mais aussi, quand vous dites
qu'on s'oppose aux postes supplémentaires, on s'est opposés aux
postes conditionnels et on a nuancé notre position quant aux postes
supplémentaires. Cela ne paraît pas entièrement acceptable
parce que cela limite certainement les libertés quant au lieu de
pratique et au choix de pratique des individus. Toutefois, c'est certainement
moins pire que de faire en sorte que les postes réguliers deviennent
entièrement conditionnels. Si vous dites qu'il n'y a pas
d'élément coercitif là-dedans, je ne suis pas
entièrement d'accord. Vous dites que c'est un libre choix. C'est un
libre choix partiel dans la mesure où un individu qui a
désiré toute sa vie devenir un chirurgien, termine ses
études, fait une demande en chirurgie et que le seul poste qui est
disponible est un poste conditionnel aux régions. Il a le choix entre la
médecine de famille ou la chirurgie. Comme de fait, il est libre de
choisir la médecine de famille, mais ce n'est pas de la chirurgie. Il y
a un élément de coercition quant au choix de
pratique qui lui est laissé et on ne peut pas qualifier cela de
choix entièrement libre, il y a certainement un élément de
coercition.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je vais commenter un peu, après cela, je
questionnerai. Tout d'abord, si vous avez été surpris de voir
l'article 1 dans le projet de loi, un petit paragraphe dans les notes
explicatives, nous aussi. Parce que je me souviens du discours inaugural du 15
décembre 1985: on ne devait jamais plus légiférer de la
sorte. C'était fini les projets de loi qui traitaient de trois ou quatre
bébelles en même temps. Donc, on ne s'y attendait pas. Quand on
dépose un projet de loi sur les conflits d'intérêts et
qu'on voit un projet de loi sur la répartition des résidents et
internes dans tout le Québec, cela fait drôle. Ce n'était
plus supposé se faire. Le bon gouvernement qu'il devait y avoir à
compter du 15 décembre devait légiférer mieux. Il
n'appelait plus cela des "bills omnibus", dans lesquels on mettait à peu
près tout ce qu'on avait échappé en cours de route. Ce
n'était plus supposé se faire, mais effectivement, comme vous,
nous aussi avons élé surpris. On l'a été et on ne
l'a pas été. On a été surpris de voir cela dans le
projet de loi, mais on ne l'a pas été parce qu'ils changent
d'idée tous les jours. Cela dépend des coups de vent. Donc, c'est
pour cela que je dis qu'on est surpris de temps en temps, mais on comprend
parce qu'on commence à s'habituer et on n'aura plus de surprises d'ici
à quelques mois.
Deuxièmement, Mme la ministre a annoncé des amendements.
J'espère qu'elle va le faire comme elle l'a dit ce malin aux jeunes.
Elle a dit: C'est bon seulement pour les médecins étrangers, les
étudiants étrangers, à toutes fins utiles. C'est ce
qu'elle a dit aux jeunes aussi ce matin. Elle a bien spécifié
qu'elle ferait un amendement à la loi, mais que c'était pour
couvrir le trou causé par la Cour d'appel, parce qu'il y a un jugement
de la Cour d'appel qui est survenu et qui rend illégal le... Quant aux
régions, elle dit: II faut que je corrige cela. C'est pour cela qu'elle
l'a amené à la dernière minute.
Tantôt, je poserai la question à M. Castonguay
là-dessus. Vous êtes juriste. Un avis juridique et gratuit
aujourd'hui, cela va faire du bien. Vous allez nous passer cela. Ce matin, j'en
ai demandé un et je n'en ai pas eu.
Je voudrais vous poser une question précise concernant votre
énoncé disant que... Moi aussi, j'ai été surpris
par l'interprétation que vous faites de ta réduction des postes.
Je ne comprends pas pourquoi vous faites cela. Cela ne vous donne aucun
avantage et cela ne nous enlève rien si on garde la situation
actuelle.
M. Brossard: À quel article faites-vous allusion?
M. Chevrette: À moins que j'aie mal
interprété, mais j'ai fait la même interprétation
que
Mme la ministre tantôt, quand je vous écoutais. J'ai eu
l'impression que les 40 ou 50 postes, même si ce ne sont pas les 50 qui
sont pris... On me dit qu'au cours des trois dernières années, ce
sont 35 postes par année qui sont comblés. J'ai
interprété moi aussi qu'on pouvait faire sauter cela et que cela
n'était pas grave. Quel serait l'avantage si cela sautait, par rapport
au désavantage?
M. Brossard: Mais, la grande question de tout cela, c'est que ces
postes de résidence qui sont assujettis à un séjour en
périphérie à la suite de la fin de la résidence,
est-ce que ce sont des postes qui s'ajoutent au contingentement actuel ou si ce
sont des postes qui seront inclus dans le contingentement actuel? Cela fait
toute la différence.
Actuellement, le texte donne le pouvoir à la ministre de faire en
sorte que les postes du contingentement actuel, les 260 postes, puissent tous
devenir conditionnels. Cela ne dit pas: Nous allons ajouter des postes. Ce
n'est pas ce que cela dit. Cela dit: Nous allons rendre des postes
conditionnels. La question est: lesquels, des postes en sus ou des postes
inclus? Cela fait une grande différence dans le nombre de postes de
résidence.
Tout à l'heure, on nous a dit qu'il allait y avoir des balises ou
des amendements, des modifications pour tenir compte de ce qui avait
été dit plus tôt. Je ne sais pas si ce serait possible
d'avoir un aperçu pour savoir dans quel sens vont aller ces balises qui
vont être mises au projet de toi sur l'article 1.
M. Chevrette: Si Mme la ministre veut répondre tout de
suite, je suis prêt à lui donner ma place.
Mme Lavoie-Roux: Continuez.
M. Chevrette: Ah! Vous savez, dans l'Opposition, nous ne sommes
pas au pouvoir et on ne peut pas clarifier les choses tout de suite. On est
là pour essayer de tendre des perches pour la clarification, mais les
ministres ne les prennent pas toujours. Vous venez d'en avoir une preuve.
Je voudrais vous demander, M. Castonguay, compte tenu de... Vous
connaissez le jugement de la Cour d'appel?
M. Castonguay (Jacques): Je le connais.
M. Chevrette: Vous savez qu'il balance, à toutes fins
utiles, ce qui a été fait antérieurement. Advenant que la
ministre ne se prévale pas de son droit d'appel, cela veut dire que le
trou juridique existe. Est-ce qu'il est exact de prétendre que n'importe
quel individu pourrait partir demain matin de l'Abitibi et dire: Je rentre
à Montréal, elle ne peut plus me contraindre en vertu de la
réglementation qu'elle avait puisque la Cour d'appel vient de rendre
cela illégal?
M. Castonguay: J'ai l'impression, que ce soit pour les
étrangers ou pour les autres, que quelqu'un qui déciderait de ne
plus respecter son engagement aurait de fortes chances de gagner, s'il
décidait de contester la poursuite pour les 150 000 $, selon moi.
M. Chevrette: Donc, la seule façon, à toute
épreuve, de s'assurer que les gens respectent cela, c'est une loi
rétroactive.
M, Castonguay: Je pense que ce serait la seule façon.
M. Chevrette: Bon. Merci. Une question à ta ministre. Que
répond-elle à l'argument des résidents et internes qui lui
posent des questions? Qu'est-ce qui va arriver dans vos choix, dans vos
balises, dans vos règlements? Comment allez-vous faire cela? Est-ce que
votre ministère est déjà à l'oeuvre
là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà des balises qui ont
été données ou des conditions qui ont
été...
M. Chevrette: Prenez la page 9, Mme la ministre.
Mme Lavole-Roux: ...données au... Je ne veux pas que cela
compte sur le temps de...
M. Chevrette: Non, vous le compterez sur le mien. Ne vous
fatiguez pas avec cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui? Bon.
M. Chevrette: Pour autant que j'ai des réponses, cela fait
mon affaire. Par exemple, on vous dit: Pourquoi un tel empressement pour
légiférer, alors que votre table de concertation... En page 7, on
vous pose des questions: Quels seront les groupes visés? Quelle sera la
pénalité? C'est important de savoir dans quoi vous vous
embarquez. Si on vous dit: On vous coupe un an de salaire sur cinq ans, vous
réfléchissez un peu. Vous aimeriez le savoir avant de vous
embarquer dans cela. Vos arguments ne seraient peut-être pas les
mêmes et vos actions non plus, par exemple. La proportion du nombre
possible de contingentés conditionnels, avez-vous des réponses
à cela?
Mme Lavoie-Roux: Je réponds brièvement, mais je
pense qu'on aura l'occasion d'en discuter en commission parlementaire lors de
l'étude article par article. Mais, puisque vous posez la question:
Pourquoi un tel empressement? Je pense qu'ils en sont conscients
eux-mêmes. La fédération en est consciente, puisqu'elle a
elle-même indiqué que c'était pour corriger ou pour combler
un vide juridique qui existerait à la suite du jugement de la Cour
d'appel. Il faut bien dire que depuis deux ans et maintenant pour une
troisième année - je le répète - le Québec a
accepté, pour accélérer le plus possible une meilleure
répartition des effectifs médicaux à l'avantage des
régions éloignées, de payer des postes
supplémentaires, finalement, d'assumer des dépenses
supplémentaires pour l'ensemble des citoyens. Dans ce sens, d'autant
plus que très prochainement, d'autres seront probablement
accordés dans le même contexte, il est Important que nous nous
assurions qu'ils puissent avoir les effets pour lesquels on les a mis de
l'avant.
M. Chevrette: Cela explique l'empressement.
Mme Lavole-Roux: Certainement, cela exprime...
M. Chevrette: Mais les questions, à la page 7, en
bas...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, on a des indications parce que,
déjà, ces conditions ont été appliquées dans
te cas des 70 ou 100 premiers postes qui auraient pu être accordés
en spécialité. Quant au groupe des spécialités
visé, dans les 50 postes en surplus qui sont offerts, les
universités, en collaboration avec la table de concertation,
déterminent qu'il en faut peut-être plus en radiologie ou en
anesthésie. C'est un peu dans ce sens aussi que, dans une certaine
mesure, les postes sont accordés. Les pénalités, on les
connaît. Ce sont celles qui sont présentement, les conditions
auxquelles ont été assujetties tes personnes qui ont
accepté des postes conditionnels. On ne créera pas de nouvelles
choses, elles existent.
M. Chevrette: Je demeure convaincu de ceci, et ce sera mon
commentaire final. Je pense que la meilleure formule pour régler cela...
On voit bien qu'il y a une arrière-pensée. Il y en a même
qui nous disent présentement que s'il y a des mesures incitatives, c'est
parce qu'on veut couper dedans et qu'on se prépare, avec un pouvoir de
portée générale, à faire de la répartition
avec des moyens coercitifs. Donc, si c'est vrai, il faudrait le dire
franchement et ne pas se rabattre exclusivement sur un jugement de la Cour
d'appel. Si cela n'avait été vraiment que le jugement de la Cour
d'appel, d'abord, l'amendement ne dirait pas ce qu'il dit là. On
l'aurait restreint, on aurait dit "étudiants étrangers ou
médecins étrangers". On aurait fait quelque chose. Ce n'est pas
un article de loi qui porte exclusivement sur les médecins
étrangers. C'est un pouvoir sur tout jeune qui est là
présentement; c'est ce que cela veut dire, qu'on n'essaie pas de nous
faire accroire autre chose.
Deuxièmement, je demeure convaincu que la formule qu'on avait
envisagée il y a deux ans et demi, au moment où on a pensé
à une véritable négociation, à toutes fins utiles,
entre résidents et internes, les corporations médicales et les
universités... On a dit: On va s'asseoir ensemble et, de façon
intensive, on va trouver une formule une fois pour toutes. Cela s'appelle de la
concertation, de la négociation. Mais cela me fait l'effet
qu'aujourd'hui, cela ne fonctionne plus ainsi.
II me semble que cela devrait fonctionner ainsi. Si on n'est pas
capables de mettre dans le coup en même temps l'ensemble des
intervenants, on ne trouvera jamais une bonne solution, je suis convaincu de
cela. (16 h 45)
Je regrette que la ministre n'ait pas déposé un projet de
loi particulier pour votre cas, si on voulait en faire un cas unique, nous
permettant de convoquer les universités aussi ici, nous permettant de
convoquer Augustin Roy et son groupe, les fédérations
médicales, les étudiants en médecine aussi, de sorte qu'on
aurait étudié avec tous les groupes intéressés
exactement ce problème-là. Cela nous aurait permis d'avoir de
bons arguments de part et d'autre et de faire venir, s'il le fallait, les CRSSS
en régions éloignées et de dire: Écoutez, il faut
déboucher sur quelque chose de concret. Ensemble, on va trouver une
solution. Plutôt que d'essayer de nous camoufler cela dans un petit
projet de loi qui vise les conflits d'intérêts, avec un amendement
qui n'a ni de près ni de loin d'incidence sur le projet de loi. Je vous
avoue que je vous comprends. Vous avez failli vous en faire passer une
vite.
M. Brossard: On aurait certainement préféré
que la ministre fasse confiance à notre bonne volonté et au
changement de mentalité qu'on a exposé. On a fait preuve de bonne
volonté dans le passé à plusieurs reprises pour ce qui
était de régler le problème des postes de
résidence, du manque d'effectifs en régions. On est probablement
le groupe qui a démontré le plus de bonne volonté.
Quant à l'empressement avec lequel le projet de loi a
été passé, si on doit comprendre que c'est pour combler le
vide juridique, on aurait mieux compris qu'il s'adresse simplement aux
médecins étrangers et on doit donc comprendre que s'il veut
combler le vide, il sera rétroactif. Ce qui n'était pas clair
avant. On vient de comprendre cela. On a compris, des propos de la ministre,
que les postes seraient supplémentaires et que ce seraient les
mêmes conditions existant actuellement qui existeraient pour les postes
à venir dans la loi. Nous espérons que ces balises seront
incluses dans le texte de loi de façon à ne pas donner un pouvoir
discrétionnaire exagéré. Nous vous remercions de nous
avoir...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre. M. le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, j'aimerais voir si j'ai bien
compris ce qui nous a été présenté.
Si je comprends bien, vous dites qu'il y a 270 postes qui sont là
et vous vous opposez vous trouvez cela, je pense que vos mots sont "plus
raisonnable mais pas vraiment acceptable" -à ce que le gouvernement
ajoute à ces postes-là des postes de spécialité si
ces derniers sont conditionnels à un séjour ou une pratique en
régions. Est-ce que j'interprète bien?
M. Brossard: Depuis quelques années, les postes de
résidence sont contingentés. Il y en a eu 270 pendant quelques
années. Par exemple, cette année, il y en a eu 270 moins un
certain nombre de postes de résidence qui ont été
conditionnels aux régions. C'est-à-dire qu'il n'y a plus 270
postes sans condition. Il y a eu un certain nombre des ces postes-là
qui...
Mme Lavoie-Roux: 260.
M. Sirros: II y en a 260 sans condition?
M. Brossard: 260 qui sont devenus conditionnels en
régions.
M, Chevrette: 237.
M. Brossard: Je n'ai pas les chiffres exacts. Mais l'esprit est
qu'on a amputé sur la cohorte de postes réguliers non
conditionnels, qui laissent aux résidents te libre arbitre quant
à leur lieu de pratique et leur choix de carrière, certains
postes afin de les rendre conditionnels. Et c'est ce qui ne doit pas
être.
M, Sirros: Peut-être une dernière question. Est-ce
que vous reconnaissez qu'à un moment donné, si des mesures
incitatives échouent, un gouvernement, une société a le
droit ou l'obligation même, la responsabilité de se donner des
moyens pour s'assurer que l'ensemble des citoyens puissent
bénéficier de la même qualité de soins en services
de santé ou est-ce que cette responsabilité-là passe
après la sacro-sainte - je pense que vous l'avez évoqué *
liberté de pratique de profession?
Vous vous objectez énormément à la page 2. Vous
dites: "Bref, maintenant, le pouvoir politique peut décider où il
y a du travail pour les médecins et où il n'y en a pas." Est-ce
que vous pouvez entrevoir possiblement, dans certaines conditions, le devoir
d'un gouvernement de décider que les citoyens en régions ont
aussi besoin d'avoir des services de médecins? Comme il s'agit d'une
société qui s'est donné un système de santé
tel que nous avons, ce serait légitime pour un gouvernement d'exercer
cette responsabilité à un moment donné, étant
donné que cela fait quand même des années qu'il y a des
efforts qui sont faits? Je ne dis pas que la situation est finale. Il y a eu,
pendant des années, des efforts qui ont été faits pour
inciter les gens à y aller, mais ils n'y vont pas.
J'ai trouvé frappant ce qu'on a vu ce matin de la part des
étudiants en médecine qui me disaient: Oui, oui, oui, on va y
aller, on veut y aller. Vous, vous êtes d'une classe, deux ans, trois ans
après eux et votre discours est tellement différent. Je me
demande si c'est le même cheminement que toutes les autres classes avant
vous ont aussi suivi. Je ne sais pas si vous me comprenez. Mais je constate que
plus on progresse vers la capacité de pratiquer librement sa profession,
moins on semble se préoccuper de cette nécessité qu'on a
d'assurer des soins équitables à l'ensemble de la population.
C'est un constat qui m'a frappé entre
ce matin et cet après-midi. Je vous pose la question suivante:
Est-ce qu'à un moment donné, vous reconnaissez qu'un gouvernement
ou une société a la responsabilité d'agir en fonction de
l'ensemble des citoyens ou est-ce que cette responsabilité passe
après votre pouvoir de libre entreprise - pour être bien cru?
M. Brassard: Je pense qu'il n'y a pas eu de modification
essentielle entre le discours qu'on tenait quand on était
étudiants et le discours qu'on tient maintenant. Dans la recherche de
solution au problème des effectifs médicaux en
régions,...
Le Président (M. Bélanger): Pourriez-vous parler
plus près du micro, s'il vous plaît, on vous entend
difficilement.
Une voix: II ne bouge pas.
M. Brassard: II ne bouge pas? Bon, je vais bouger. Dans
l'entreprise pour trouver une solution au problème des effectifs
médicaux en régions, les résidents et internes et les
étudiants ont certainement été les partenaires les plus
fidèles et le plus souvent présents pour résoudre ce
problème, tant avec les tables de concertation qu'avec les
régions.
Je pense que face aux mesures incitatives qui ont été
mises sur pied par le gouvernement précédent et qui ont
été continuées jusqu'à présent, on ne peut
pas faire un constat d'échec. Le problème des effectifs
médicaux de médecins omnipraticiens a été en grande
partie résolu en régions et le problème ici est, au fond,
le même. Il a été en grande partie résolu et il a
été résolu plus rapidement parce que les mentalités
ont changé globalement pour la simple raison que ces gens-là
arrivent sur le marché du travail cinq ans avant les
spécialistes.
Si on se donnait la même marge pour laisser les nouveaux
spécialistes arriver sur le marché du travail, le problème
se résoudrait de ta même façon avec les incitatifs qui sont
sur pied actuellement. La situation des effectifs médicaux n'empire pas
actuellement. Elle s'améliore constamment. Les jeunes
générations sont plus que jamais prêtes à aller en
régions.
C'est sûr que vous allez dire que c'est une affirmation que je
fais. C'est ce qu'on sent et entend quand on fréquente les
médecins résidents et internes. Je ne pense pas qu'on puisse
faire de constat d'échec des incitatifs. Il faut au contraire en faire
un constat de réussite. C'est dans cette voie qu'il faut s'engager.
Si on doit, un jour, en venir à prendre des moyens coercitifs
pour forcer les gens à aller en périphérie, parce que les
autres moyens auront échoué, cela devra se faire via une
concertation de tous les groupes, que ce soient les universités, la
corporation, te gouvernement et les groupes de médecins résidents
et internes, ce qui n'est pas le cas ici. Je pense que cette concertation doit
être faite avant qu'on procède à des moyens
extraordinaires. D'autant plus qu'à ce jour, on ne peut pas faire un
constat d'échec des moyens incitatifs, mais plutôt un constat de
réussite.
M. Sirros: Je dois vous dire que j'accepte mieux cela que la
déclaration que vous avez faite au départ qui, finalement,
mettait en opposition la liberté absolue de pratique partout. Et je
réagissais beaucoup aussi à la deuxième page.
C'est un autre genre de discours que je constate. Sur cela, on pourrait
discuter longuement, mais je vous dis simplement que j'accepte mieux cela que
ce que j'ai entendu au départ.
M. Brossard: C'est une notion importante, la liberté de
pratique, toutefois.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Baril: Bonjour, messieurs. J'ai écouté votre
discours certainement avec beaucoup d'intérêt parce que je suis
principalement préoccupé par le problème des
médecins en régions éloignées.
Si, aujourd'hui, la loi 75 est en vigueur, lorsque vous demandez
pourquoi tant d'empressement, c'est que je suis peut-être te
député qui pousse le plus dans le dos de la ministre pour qu'on
se dépèche de régler le problème que nous vivons
dans te Nord-Ouest du Québec.
Dans ce sens-là, c'est un petit peu un commentaire que je veux
vous faire. Je veux vous faire prendre conscience aussi que nous, les gens des
régions éloignées, nous sommes souvent à la merci
de votre bonne foi, si on veut, mais, par contre, que la réalité,
c'est que ce n'est pas vrai. Tant et aussi longtemps que nous allons
tolérer ce système dont vous avez l'occasion de profiter, vous
allez rester à Montréal et à Québec, comme vous le
disiez tout à l'heure, pour pratiquer une profession plus
académique. Mais par contre, en régions éloignées,
nous avons droit aux mêmes services de spécialistes, chose que
nous n'avons pas et si nous en avons, cela nous vient du bureau de
Montréal, ce sont des spécialistes volants qui viennent dans nos
régions quelques jours seulement. Alors, si on n'est pas couverts les
jours où ces gens-tà ne sont pas dans notre région, je ne
vois pas pourquoi nous devrions être pénalisés et dire
à nos gens: Soyez certains de ne pas avoir d'accident le samedi et le
dimanche, parce qu'on n'a pas de professionnels ou de spécialistes chez
nous, en régions, les fins de semaine.
Je me dis que c'est pour cela que cela presse. Je trouve de valeur que
l'on soit rendus à passer des lois pour vous discipliner, parce que
votre ordre de médecins ne se discipline pas. Vous ne le faites pas
vous-mêmes. On a les preuves. Vous êtes à peu près 1
pour 500 de population à Montréal et, chez nous, dans le
Nord-Ouest du Québec. 1 pour 2500.
Si vous me dites que cela va mieux et que vous êtes bien
intentionnés, oui, je vous crois. J'espère et je crois aussi
qu'il y a peut-être une nouvelle génération de jeunes
étudiants. Certains,
tout à I'heure, disaient qu'ils ont une nouvelle
mentalité. Oui je le crois bien, mais cela va aller je ne sais pas dans
combien d'années, si, aujourd'hui, on ne se met pas les deux pieds
à terre pour vous sensibiliser que vous n'êtes pas une classe plus
spéciale que les autres. Je suis tanné que, dans ma
région, les chambres de commerce fassent des petits caucus pour recevoir
vos amis, vos femmes, pour vous attirer dans nos régions comme si nous
étions en Afrique. Vous avez une profession .Vous avez un devoir. Vous
devez vous discipliner vous-mêmes pour venir travailler en
régions. Si vous l'aviez fait ou si vos prédécesseurs
I'avaient fait, cela ne se passerait pas comme cela aujourd'hui
Je suis un de ceux, et je m'empresse de le dire, tant et aussi longtemps
que je n'aurai pas la preuve du contraire, qui trouvent que cette loi n'est pas
assez sévère
M. Brassard: Je n'avais pas pensé qu'aujourd'hui, on
partagerait un débat de fond sur comment on doit calculer les effectifs
médicaux en régions et quels sont les spécialistes par
ratio de population en régions dont chaque endroit doit
bénéficier. C'est sûr que, s'il faut discuter de cela
aujourd'hui, il y a des nuances à faire. C'est vrai que toutes les
régions du Québec doivent bénéficier d'effectifs
médicaux pour satisfaire à la demande partout. C'est un principe
adéquat .C'est un principe de base fondamental sur lequel tout le monde
s'entend
Comme on l'a exprimé dans le document, ce qui est important,
c'est de trouver des solutions rationnelles à ce
problème-là et non pas d'exprimer les sentiments ou on sent
I'irrationnel. Les solutions rationnelles passent en grande partie par la
formation d'un nombre suffisant de médecins spécialistes. Elles
passent aussi par la définition des besoins d 'une région et du
genre de spécialisation dont elle a besoin. On n'a pas
nécessairement besoin de tous les spécialistes dans une
région. II y a des surspécialisés qui ne peuvent pas
travailler dans une région. II y a des spécialités qui
sont qualifiées de primaires et dont chaque région a besoin.
C'est donc une analyse complexe par ratio de population, car il faut tenir
compte de la superficie d'un endroit il faut tenir compte aussi des besoins
spécifiques de certaines populations particulières
Tout cela ensemble fait qu'on ne peut pas faire I'analyse simplement
selon le ratio de population 1 pour 500 et 1 pour 2500. Ce n'est pas uneanalyse aussi facile que cela que de calculer combien cela prend de
médecins dans une région. On a toujours dit qu'on voulait
résoudre ce problème et on répète que la solution
passe par les incitatifs et non par la coercition. D'autant plus que cette loi
ne résout pas les choses auiourd'hui, elle les résoudra dans cinq
ans puisqu'elle prévoit des postes de résidence conditionnels
pour de nombreuses années et donc, ce n'est certainement pas une
solution immédiate du genre de celle dont vous pariezz
Mme Lavoie-Roux: M le Président, si vous me le
permettez
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement ajouter un petit mot. II
faudrait quand même admettre que les résidents qui ont
commencé en 1986-1987 sont maintenant dans leur troisième
année de résidence reliée à ces postes
supplémentaires. Alors, il ne faut quand même pas dire que c'est
une solution pour dans huit ou dix ans. On peut penser que dans deux ans, au
plus tard, ces personnes-là se trouveront en poste dans des
régions éloignées .On ne parle pas de dix ans
Mais je voudrais revenir sur certaines statistiques. Quand vous dites
que le problème est à peu près réglé pour
les médecins en régions éloignées, je voudrais
simplement vous rappeler que la population s'est accrue, entre 1978 et 1986, de
3 8 %. Le nombre des spécialistes s'est accru durant la même
période de temps de 16 %. Malgré cela, il y a trois
régions qui ont vu leur ratio de spécialistes per capita diminuer
depuis 1978 la Gaspésie. Trois Rivières, l'Outaouais. On n'est
même plus dans les régions éloignées, on est dans
les régions intermédiaires. Également, il y a
disparité quant au nombre de spécialistes de base, je ne parle
pas des surspécialités. Je suis d' accord avec vous que des
neurochirurgiens, on n' en retrouvera pas, sauf le respect que je vous dois,
à Rouyn Noranda, probablement, dans un avenir prévisible (17
heures)
La disparité des spécialistes de base, entre
Montréal et les régions éloignées, fait qu'il y a
cinq fois plus de pédiatres à Montréal que dans les
régions éloignées, quinze fois plus d 'internistes et dix
fois plus de psychiatres. Je pense qu'on a encore du travail à faire et
dans ce sens-là. D'ailleurs, vous le savez, la table de concertation
travaille très très attentivement à toute cette question d
'effectifs médicaux pour je pense qu' à partir de chiffres qui
deviennent des chiffres communs à ce momen-là on puisse
s'entendre sur les moyens à prendre
Je sais que vous participez à la table de concertation et tous
les groupes médicaux, universités etc, y participent et je crois
qu' il s' y fait du bon travail. Le gouvernement actuel a accepté que ce
travail se fasse sur une base régulière. II est lent mais je
pense que c'est encore mieux d'arriver avec un consensus que d'arriver avec des
mesures coercitives, comme vous les appelez, et c'est dans ce sens là
que, je le répète en terminant, I'article 1 n'avait pas
d'objectif coercitif. Qu'il ait été perçu comme cela
d'accord je pense qu'on s'entend là dessus. Mais on ira jusqu'à
la limite et avec les plans d'effectifs médicaux avec la table de
concertation je crois, même si c'est plus lent on a mis en place les
outils qui nous permettront de corriger cette situation d'une façon non
coercitive. C' est ce que je souhaite ardemment. Je vous remercie d'être
venus
Le Président (M. Bélanger): Alors, comme
député de Laval-des-Rapides, j'aurais peut-être une
intervention à taire - je laisse mon rôle de président une
seconde. C'est toujours ambigu de parler de ce problème. Cela
soulève un débat de fond très intéressant et les
solutions ne sont pas si apparentes que cela. J'essaie parfois de me mettre
dans la peau de celui qui est diplômé et qui se fait dire: Tu vas
aller travailler, je ne dirai pas Chicoutimi, c'est ma région
d'origine...
Mme Lavoie-Roux: C'est lui qui choisit.
Le Président (M. Bélanger): C'est lui qui choisit,
mais quand même, il se fait dire: Tu es obligé d'aller en
régions éloignées. Je comprends que cela peut avoir un
aspect peu intéressant. Par contre, vous avez choisi une profession
où la demande suit toujours l'offre. Ajoutez des spécialistes
dans Montréal et je vous garantis qu'il n'y en a pas un qui
crèvera de faim. Donc, la demande suit toujours l'offre. Cela
n'obéit pas aux lois habituelles du marché comme, par exemple,
avec les ingénieurs, les avocats ou d'autres professions.
Il y a aussi l'aspect que l'État investit des sommes d'argent
très considérables dans la formation des médecins et cela,
c'est un aspect que l'on néglige parfois. Cela coûte cher former
un médecin. Je suis convaincu qu'il y en aurait beaucoup moins - vous
êtes les premiers à le savoir et à l'apprécier - qui
iraient en médecine s'il leur fallait payer même seulement la
moitié de ce que coûte la formation, en termes d'investissement
pour la province etc.
Il y a aussi le caractère de votre profession, c'est vital, c'est
le cas de le dire, pour bien du monde d'avoir un médecin dans sa
région et d'avoir les bons services au bon moment surtout. Quand on est
en santé, cela va bien, mais quand on a un problème, c'est
toujours très important d'avoir un médecin. Qu'une région
n'ait pas de service ou en ait très peu parce que bon, pour toutes
sortes de raisons, c'est moins attrayant, ou il y a moins de
spécialistes qui veulent y aller ou moins de médecins, cela fait
une catégorie de citoyens qui n'a pas les mêmes avantages ni les
mêmes privilèges que ce que, comme Québécois, on a
choisi de se donner comme société et pourtant, ils sont citoyens
à part entière.
Il y a un débat de fond qui est très compliqué
là-dedans, c'est sûr. Je pense que, dans toutes ces
considérations, comme État, on a la responsabilité de
répartir au meilleur les ressources et les services pour chacun des
citoyens. Dans ce sens-là, qu'une catégorie de professionnels,
qui est peut-être un petit peu plus privilégiée - je pense
que c'est reconnu dans notre société - ait des obligations comme
celle-là, cela m'apparaît juste en termes d'équité.
En tout cas, c'est quelque chose de très défendable, je le
pense.
M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je n'en reviens pas. Je ne sais pas où on
s'en va. Cela fait deux, trois discours d'affilée et ce sont des
statistiques qui ne cadrent pas du tout avec le débat du projet de loi.
Je ne comprends pas cela. Il y en a un qui se vide sur les abus que vous
pourriez faire, je ne savais pas que c'était le but de notre commission
parlementaire. Vous n'avez pas l'air en conflit d'intérêts trop
trop en ce qui concerne le projet de loi. Les statistiques de certaines
spécialités, on les connaît. On pourrait donner des
statistiques disant qu'il manque d'anesthésistes, de cardiologues, etc.
Ce n'est pas le moment de régler les cas par spécialité.
Il y a un projet de loi qui nous dit qu'il y a des résidents qui vont se
voir imposer... Même si la ministre dit que c'est volontaire, ce n'est
pas vrai... Je n'ai pas rêvé. Il y a des avocats ici. On va leur
poser la question. "Le gouvernement peut, en vue de favoriser la
répartition qu'il estime rationnelle des ressources médicales
dans ces régions, autoriser à chaque année certains
postes, etc.. "Les postes visés..."
Si vous décidez de le faire, vous vous donnez le pouvoir de le
faire.
Mme Lavole-Roux: On vient de dire qu'on va le modifier. Ne faites
donc pas semblant de ne pas comprendre.
M. Chevrette: Vous le dites, oui. Vous vous exciteriez le poil
des jambes, cela ne me fatiguerait pas. Je ne partirai pas pour la gloire avec
cela. Changez-le si vous voulez. Voulez-vous régler le trou causé
par la Cour d'appel ou si vous voulez véritablement étendre cela
jusqu'à aller toucher aux étudiants réguliers? C'est cela
la question fondamentale qui a été posée,
premièrement.
Deuxièmement, si vous voulez en faire un débat de fond sur
le coercitif par rapport au volontariat, on va le faire. Mais on va le faire
avec tous les intervenants. On va le faire en disant aux jeunes: Quand vous
êtes entrés, vous êtes entrés à quelles
conditions? Vous vous attendiez à quoi? Vous vous en alliez où?
Étiez-vous brimés dans votre choix à ce moment-là,
oui ou non? Par rapport aux décisions qui sont prises en cours de route,
quelle influence cela a-t-il sur vos choix? Ce sera correct comme discussion.
Là, c'est rendu qu'on fait le procès d'un gars qui
amènerait sa blonde. Voyons, cela n'a ni queue ni tête par rapport
au débat. Cela n'a aucun bon sens de discuter dans ce
sens-là.
Écoutez une minute, si on veut régler le cas de la Cour
d'appel, pas besoin de les faire venir ici, pas une maudite minute. Faites un
amendement législatif, dites: Cela touche ce point
rétroactivement. Pour le reste, on va convoquer tous les intervenants et
on va régler cela. Voyons! C'est rendu qu'on légifère, je
ne sais pas, sur un coin de table. Un bon soir, on peut penser à
n'importe quelle folie et le glisser dans un projet de loi. C'est facile, cela.
Si on est sérieux dans la façon de légiférer, si on
dit qu'on légifère en fonction de quelque chose, qu'on
présente un article qui veut boucher le trou, qu'il n'en ouvre pas un
autre béant.
Là-dessus, je leur donne absolument raison. Ne demandez pas
à ce monde-là de juger. Vous voulez les consulter, Ici, sur un
article de loi et rendu ici, vous leur dites: Ce ne sera plus cela. Ne leur
demandez pas de se préparer dans vos intentions quand vous n'êtes
pas capable de les mettre sur papier. Il faut au moins accoucher sur papier de
ce qu'on pense. Là, je vous avoue que cela prendrait un
gynécologue pour comprendre un peu ce que vous avez voulu dire, parce
que aujourd'hui c'est changé complètement. Voyons! Quand on tait
venir des gens ici, qu'on les interroge sur un projet de loi précis,
avec un article précis, on ne les assomme pas et on ne cherche pas
à faire de la diversion. On n'assomme pas des invités parce qu'on
a pensé faire un amendement, parce que ce n'est pas tout à fait
ce qu'on a voulu dire. Et là, vous charriez. Voyons! Cela n'a ni queue
ni tête. C'est un comportement infantile, inacceptable pour des
législateurs sérieux.
Il me reste trois ou quatre minutes, je vais revenir.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez
terminé?
M. Chevrette: Oui, s'il y en a qui veulent parler.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: J'ai dit ce que je voulais dire. Je pense que
tous les points que nous avons abordés, M. le Président,
étaient signalés dans le dossier ou encore, ont été
suggérés par les réponses des intervenants qui nous ont
justement dit qu'il n'y avait pratiquement plus de problèmes de
répartition des médecins en régions
éloignées. Alors, c'est pour cela que j'ai cru bon d'apporter des
statistiques. Mais je pense qu'il faut que le chef de l'Opposition donne
l'impression, en faisant de nouveau le discours qu'il a fait ce matin aux
étudiants...
M. Chevrette: Je n'ai pas fait ce discours-là ce matin,
non. Il n'y avait pas de bouffon qui avait parlé jusque-là.
Mme Lavoie-Roux: ...en médecine... Une voix: Vous
vous êtes écouté, vous?
M. Chevrette: Non, c'est vous qui m'écoutez.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il ne trompe personne. Tout le monde
reconnaît le rôle qu'il essaie de jouer et c'est son droit.
M. Chevrette: II y a bien plus que cela - il me reste quelques
minutes. Il y a bien plus que cela. Écoutez, on présente un
projet de loi en disant qu'on veut - c'est toute l'argumentation de la ministre
- boucher un trou juridique provoqué par un jugement de la Cour d'appel.
Il n'y a pas un citoyen, à la lecture de l'article 1, qui pourrait jurer
que c'est pour boucher le trou de la Cour d'appel. Il pourrait comprendre
très facilement, par exemple, que c'est pour créer une obligation
à l'ensemble des résidents.
Là, elle dit qu'elle va apporter un amendement. J'ai hâte
de voir. On le verra l'amendement lorsqu'il viendra. On a fait venir des gens
pour les consulter sur un texte noir sur blanc. On ne vous a pas dit que
c'était pour boucher le trou de la Cour d'appel quand vous êtes
venus ici. Vous auriez dit oui au téléphone et vous ne vous
seriez pas déplacés. On vous a demandé ce que vous pensiez
de ce projet de loi-là? C'est ce qui est arrivé. On veut
étendre le débat et c'est ce que je ne trouve pas correct,
à une commission parlementaire, quand on fait venir des invités
et qu'on déborde du sujet, qu'on va jusqu'à parler de l'attitude
que pourraient avoir certains résidents et internes qui vont dans
certaines régions du Québec. Écoutez, cela aurait
été plus intelligent de convoquer, à ce moment-là,
l'ensemble des intervenants si on voulait parler de la répartition des
effectils médicaux. On aurait pu faire sortir les plans d'effectifs
médicaux des régions d'abord. Cela aurait été
intéressant de voir si tous les plans étaient rentrés,
pour savoir où sont les besoins. Il me semble qu'on a déjà
fait des commissions parlementaires où on a suivi d'une façon
rationnelle un plan en disant: Voici, il y a des exigences de base, il s'agit
de fournir des effectifs médicaux. Qui peut jouer un rôle dans
cela? Il y a les universités, les corporations de médecins. C'est
cela que je n'accepte pas. Ce n'est pas une question de faire un show et de
voler la vedette. C'est une question de dire: Quand on amène des gens
à la table, on les amène pour discuter d'un point précis.
Jouer au moralisateur quand on n'a même pas écrit noir sur blanc
ce qu'on veut dire, je n'accepte pas cela. C'est simplement cela.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, j'aurais le goût de...
M. Chevrette: Je les remercie d'ailleurs.
Le Président (M, Bélanger): ...vous dire que ce
matin, à la suite de l'audition des résidents et internes - je
parle comme député de Laval-des-Rapides et non comme
président lorsque Mme la ministre a fait une ouverture, c'est
à la suite des revendications et points de vue que les étudiants
ont apportés. Elle aurait pu dire: Je vais attendre de rencontrer les
autres. Mais déjà, il y avait des évidences qui lui
apparaissaient. Je pense que cela a été très sage de faire
cette ouverture, ce qui fait que cet après-midi, il est évident
que ce ne serait pas honnête de lui dire: Débattez-vous
là-dessus quand, dans sa tête et avec ce qu'elle a
déjà entendu, il y a déjà des modifications de
prévues. Je ne trouve pas cela très très honnête de
votre part que de...
Une voix: Pardon?
M. Chevrette: Pesez vos mots, M. le Président.
Le Président (M, Bélanger): Je retire le mot
"honnête" parce qu'il est antiparlementaire et il m'a
échappé, mais je trouve malhabile disons de le présenter
de cette façon. Je pense que Mme la ministre a fait une ouverture ce
matin qui était à la suite...
M. Chevrette: Ce n'est pas à la ministre que j'ai
répondu. Je vous dis que je n'accepte pas... Je vais essayer de vous le
réexpliquer. J'ai enseigné et j'ai toujours parlé pour que
le dernier de classe comprenne, donc je vais me reprendre. Ce que j'essaie
d'expliquer...
Le Président (M. Bélanger): J'ai enseigné
aussi et le dernier de classe comprenait tout le temps.
M. Chevrette: Moi aussi et je vais essayer de nouveau, dans
l'espoir que vous compreniez. Ce que je veux expliquer, c'est que lorsqu'on
interroge quelqu'un, que Mme la ministre dit qu'il y a une ouverture de clause,
oui, mais on est rendu éventuellement, sans preuve d'abord, à
taxer l'association des résidents tantôt, à toutes fins
utiles, de blâme et de tout le kit, qui s'en va en Abitibi, il faut vous
graisser et tout le kit. Quel maudit rapport cela a-t-il avec le fait de
boucher le trou d'un jugement de la Cour d'appel? Voulez-vous bien me dire
quelle cohérence, quel lien cela a? Quel goût de cette
assemblée reste-t-il à des gens qui viennent ici nous donner leur
point de vue et qui ne savaient probablement pas avant d'entrer dans la salle
que vous aviez dit aux étudiants en médecine, ce matin...
Le Président (M. Bélanger): Monsieur...
M. Chevrette: ...que vous aviez changé de cap? Cela ne
sert à rien d'insulter le monde pour cela, voyons!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, j'aurais le goût de vous dire...
M. Chevrette: Ce n'est pas malhonnête de dire cela.
Le Président (M. Bélanger): ...que nous aurons une
étude article par article du projet de loi et je pense que ce sera le
temps de vous prévaloir de vos façons de penser et de vos
réticences ou de vos inconforts vis-à-vis du projet de loi. Ce
sera la place tout à fait désignée. Cela commencera demain
matin d'ailleurs, me dit-on. Enfin, sous toute réserve...
M. Chevrette: Demain matin?
Le Président (M. Bélanger): ...il semblerait que
cela pourrait être demain matin, enfin, demain après-midi parce
que demain matin, c'est la période de questions.
M. Chevrette: On va être consultés
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): J'en suis
convaincu.
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires, d'autres interventions sur ce
projet de loi?
M. Brossard: Oui.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, s'il
vous plaît.
M. Brossard: Pour conclure, deux choses. D'une part, sur la
planification en général puisqu'on en a parlé beaucoup. Je
pense que quelqu'un disait que les effectifs médicaux ne se soumettaient
pas à l'offre et à ta demande. Depuis que la loi 75 a
été adoptée, l'offre et la demande est une notion qui
disparaît puisque la demande est entièrement décidée
par l'État. Donc, on ne doit plus parler en termes d'offre et de
demande. Je trouve que cela donne déjà un grand pouvoir au
gouvernement pour, à court terme, décider et planifier les
effectifs médicaux et que ce projet de loi 97 est un pouvoir inutile et
supplémentaire qui ne devrait pas exister.
D'autre part, quant aux balises, puisque la ministre a exprimé le
fait qu'il y en aurait et que le projet de loi serait amendé,
j'espère que nous aurons l'occasion de lire ces amendements et
d'être entendus sur leur contenu pour voir si cela convient.
J'espère que nous pourrons savoir à quelle date et à
quelle heure sera entendue l'analyse article par article du projet de loi
97.
Enfin, pour rassurer tout le monde, je voulais vous dire que l'Outaouais
vient de gagner un nouveau pédiatre puisque notre ancien
président est parti pratiquer en Outaouais. Donc, il y a certainement
des résidents ou des internes qui expriment le désir d'aller
pratiquer en régions. Merci.
Le Président (M, Bélanger): Mme la ministre, vous
me permettez de parler avant vous? Pour ce qui est des travaux de la commission
quant à l'étude article par article, le secrétariat des
commissions pourra vous en informer. Vous pouvez être présents
à ces débats, mais vous n'avez pas le droit de parole. C'est
strictement réservé aux parlementaires puisqu'il s'ait de la
partie législative. Vous pourriez être présents, le cas
échéant, si cela vous intéresse. On peut...
M. Chevrette: Les fins de session, soyez vigilants, parce que
cela arrive qu'on le sache à une ou deux heures d'avis.
Le Président (M. Bélanger): Cela peut changer le
soir. Les fins de session, ce n'est pas toujours facile. On peut quand
même, si vous êtes d'accord ou si vous le désirez toujours,
s'organiser pour vous le faire savoir à ce moment-là. Mme la
ministre, en conclusion.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je les ai remerciés de leur
présence. On va essayer de traduire le mieux possible dans la loi les
engagements que j'ai pris devant votre groupe et, ce matin, devant les
étudiants en médecine.
Le Président (M. Bélanger): On vous remercie de
votre présence et j'invite le prochain groupe. On suspend nos travaux
pour deux minutes, le temps que l'autre groupe s'installe et on commence.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 24)
Association des cadres intermédiaires des affaires sociales
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Nous allons reprendre nos travaux. Nous recevons
l'Association des cadres intermédiaires des affaires sociales inc., qui
est représentée par le président, M. Richard Portier.
Bonjour, M. Fortier. M. Pierre Martin, le vice-président et par M.
Laurian Lefrançois qui en est le directeur général.
Bonjour, messieurs. Le porte-parole de votre groupe est monsieur...?
M. Fortier (Richard): M. Fortier.
Le Président (M. Bélanger): M. Fortier, vous avez
20 minutes maximum pour présenter votre point de vue. Ensuite, nous
passerons aux questions. Nous vous écoutons.
M. Fortier (Richard): D'accord. Merci, M. le Président.
À ce qu'on me dit, nous sommes les derniers. J'imagine que nous ne
serons pas tes moindres dans cette consultation.
M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. les
députés, l'Association des cadres intermédiaires des
affaires sociales, l'ACIAS, regroupe et représente près de 6700
cadres intermédiaires, employés de conseils régionaux ou
d'établissements des services de santé et des services sociaux.
Ils y travaillent sous l'autorité des cadres supérieurs et
représentent les employeurs auprès des employés
d'exécution. Ils sont les véritables responsables de la
quantité et de la qualité des services à la
clientèle sur une base quotidienne.
Nous nous permettrons d'abord de vous brosser un portrait-robot de ces
personnes, dont nous nous faisons les porte-parole, en nous basant sur les
données recueillies lors d'une étude commanditée par notre
association et réalisée par l'École nationale
d'administration publique, l'ENAP, en 1986.
Les cadres intermédiaires de notre réseau ont en moyenne
43 ans; 40 % d'entre eux occupent le même poste depuis une dizaine
d'années ou plus et 60 % d'entre eux sont de sexe féminin. Ils
ont, en moyenne, une quinzaine d'années de scolarité, mais le
quart d'entre eux ont 18 ans ou plus d'études à leur actif.
Lorsqu'ils dirigent un groupe de professionnels, ils sont
généralement issus de ce même groupe. Tous se sentent
très près de la clientèle et du personnel
d'exécution. Enfin, tous affirment que l'excellence des services aux
bénéficiaires constitue leur préoccupation
première. C'est le sondage de 1986 qui nous dit cela.
Ce groupe est donc, sans contredit, constitué de personnes dont
les caractéristiques prédominantes sont fa maturité, les
connaissances, l'expérience et le dévouement. Il n'y a donc rien
de surprenant à ce que nos établissements et le ministère
admettent volontiers que le fonctionnement journalier de nos
établissements dépend de ce groupe et qu'en temps de crise, ils
s'en soient toujours remis à eux en toute confiance pour assurer une
continuité des services dont les exigences dépassaient
très largement le rendement per capita habituel ou
prévisible.
Ce groupe de personnes ne possède pas les caractéristiques
pour se placer d'emblée en conflit d'intérêts. Si, par
mégarde, l'un d'entre eux en commettait l'erreur, il aurait tôt
fait d'être rappelé à l'ordre et serait exposé
à des sanctions plus ou moins sévères, selon la
gravité de la situation. D'autre part, les surcharges de travail
imposées à ce groupe de cadres par ce qu'on a brillamment
appelé la "rationalisation des services", mais qui, de fait, a
été un "rationnement des ressources", ne leur laissent, dans la
plupart des cas, surtout pas le loisir de s'occuper d'autre chose que de leurs
fonctions.
Nous considérons donc qu'inclure les cadres intermédiaires
dans la modification prévue à l'article 154.1 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, par l'article 11 du projet de
loi 97, est mal venue, parce qu'elle ne s'adresse pas à la bonne
clientèle et le fait même qu'il ait été jugé
nécessaire d'en faire mention est pour le moins offusquant pour notre
groupe.
Nous croyons pourtant qu'il est de notre devoir de vous faire
connaître nos opinions et nos convictions sur l'ensemble des sujets
couverts par le projet de loi.
Tout d'abord, nous sommes d'avis que l'article 1 est sain. En effet, la
mesure préconisée est susceptible d'apporter un palliatif au
problème de ressources médicales en régions
périphériques, par le biais d'un échange de formation
contre un engagement de la part de celui qui en bénéficie. Ce
type d'échange, similaire à ce qui se fait dans d'autres
organismes publics et même dans l'entreprise privée, pour certains
cas isolés, ressemble au système qui existait naguère pour
l'attribution des quelques bourses d'études qui étaient offertes
annuellement aux cadres du réseau, qui s'en estimaient d'ailleurs
très chanceux à l'époque.
Pour ce qui est des articles 2 et 8, nous les trouvons appropriés
puisque tout organisme public doit rendre compte de sa gestion et de son
fonctionnement à ceux par qui et pour qui il existe.
En ce qui a trait aux articles 3 et 6, disons tout de suite que notre
association condamne
l'abus sous toutes ses formes. Nous considérons que le fait de se
placer en conflit d'intérêts, pour une personne en
autorité, appelée à gérer les fonds publics,
constitue à la fois un abus de pouvoir et un abus de confiance et
soulève par surcroît une question d'allégeance. Par
conséquent, nous ne pouvons que souscrire aux barrières
levées par ces articles. Nous déplorons cependant en être
venus à devoir légiférer sur une matière
d'intégrité aussi élémentaire. Il est toutefois
tout aussi déplorable qu'à cause des agissements de quelques
individus seulement, et encore que parmi ces agissements, certains ne puissent
être qualifiés de malhonnêtes qu'en apparence, le
gouvernement sente le besoin de légiférer pour l'ensemble des
directeurs généraux et de réglementer sur les mêmes
sujets pour l'ensemble des cadres supérieurs et
intermédiaires.
Il serait important d'admettre que le conflit d'intérêts
peut être réel, potentiel ou apparent seulement et qu'il se peut,
de ce fait, que la justice soit mal servie par une sanction unique, très
sévère, expéditive et sans appel.
Quant aux articles 4 et 7, nous croyons qu'ils ne sont pas
justifiés et qu'ils n'ont par conséquent pas leur raison
d'être. Lorsqu'un employeur embauche un directeur général,
un cadre supérieur ou un cadre intermédiaire, le lien qui
s'établit entre l'employeur et la personne embauchée est un
contrat de louage d'ouvrage et les parties deviennent respectivement locateur,
dans le cas de l'employé, et locataire, dans le cas de l'employeur. Les
articles proposés tiennent de la notion de propriété et
non pas de celle de louage d'ouvrage. En l'occurrence, les articles
proposés donnent au locataire des attributs propres à un
propriétaire comme s'il s'était porté acquéreur de
l'employé embauché. Nous ne pouvons concilier ces deux notions
pour la pure et simple raison qu'elles sont inconciliables. Si la
première partie de la loi avait pour but de contrer des abus, cette
partie est elle-même abusive parce qu'elle ravit sans
légitimité à des personnes la liberté de disposer
de leur temps et de leurs énergies, alors qu'elles sont
rémunérées seulement pour remplir une fonction
définie, laquelle a présumément un début et une
fin. Nous recommandons fortement que ces articles soient retirés du
projet de loi.
Il nous apparaît plausible de penser que l'intention du
législateur est de faire en sorte qu'un directeur général
ou un cadre ne puisse à la fois recevoir une pleine
rémunération de son établissement, espaçant ses
présences de façon à se procurer concomitamment une pleine
rémunération additionnelle dans un autre établissement,
pour un taux de présence semblable, en y agissant, par exemple, comme
consultant rémunéré. Si tel est l'objectif visé, il
faudrait peut-être formuler la contrainte autrement, quitte à
stipuler une certaine forme d'assiduité raisonnable qui rendrait
impossible la double rémunération pour une période
spécifiée. Mais il serait à notre avis important
d'éviter de se donner des règles qui nient à ce point le
droit de chacun de disposer librement de l'emploi de son temps hors de
l'exercice de ses fonctions. Il n'y a rien qui empêche d'exiger une
présence assidue. Les cadres intermédiaires vivent avec une telle
exigence depuis bon nombre d'années.
Nous sommes d'accord avec l'article 5 qui permet plus de
flexibilité pour la fixation de la date d'assemblée des
usagers.
Considérant l'utilisation que certains établissements ont
pu faire des sommes recueillies par une ou des fondations sous forme de don
public, l'article 9 serait justifié. Il faudrait cependant tenir compte
du fait que, dépendant du bassin de la population sollicitée, des
objectifs visés ou de l'ampleur de l'opération de cueillette de
fonds, certaines fondations doivent faire appel à du personnel plus ou
moins permanent et rémunéré. Il arrive souvent que des
cadres intermédiaires soient appelés à consacrer une
partie quelconque de leur temps à ta gestion de ces fondations et il
arrive aussi qu'il soit justifié que la fondation rembourse à
l'établissement la partie de salaire attribuable au temps
consacré aux affaires de la fondation. Il arrive également que la
fondation et l'établissement partagent, sur une base annuelle, le temps
d'un cadre et lui versent chacun la partie de rémunération qui
lui est imputable. Il ne faudrait pas que l'article 9 empêche ce genre
d'arrangement, puisqu'un tel empêchement ne saurait être utile ni
à la fondation, ni à l'établissement ni au bien public.
Conséquemment, nous suggérons que le nouvel article 134.1 de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, alinéa 1,
soit assorti d'un ajout comme suit: "...à moins qu'une somme
reçue ne consiste en un salaire et à ta condition qu'elle n'ait
pas pour effet de constituer une double rémunération pour le
cadre concerné."
Quant à l'article 10, dépendant de la procédure qui
serait prévue pour la pétition en déchéance, nous
convenons qu'il pourrait être justifié d'exclure du recours devant
arbitre les cas de congédiement résultant d'un recours en
déchéance de charge. Toutefois, il serait important d'en
préciser la procédure dans la loi et de prévoir qu'elle
s'inscrive à l'intérieur des règles habituelles
d'application de la justice.
Nous traiterons maintenant de l'article 11. En conformité avec
nos propos précédents au sujet des conflits
d'intérêts en général, les conflits
d'intérêts ne constituant pas, à coup sûr, un abus de
pouvoir dans le cas d'un cadre intermédiaire, notre altitude demeure
constante et nous ne nous sentons pas justifiés de nous opposer à
ce que le gouvernement réglemente en matière de conflits
d'intérêts.
Par contre, pour ce qui a trait à l'exclusivité des
fonctions, nous réitérons les objections de principe que nous
avons soulevées précédemment et prétendons, par
surcroît, que l'exigence d'exclusivité de services est injuste et
peut-être même inapplicable dans te cas des cadres
intermédiaires.
Il est important de savoir que les salaires annuels des cadres
intermédiaires varient entre 25 000 $ et 42 000 $, la moyenne pour
le
groupe pris isolément se situant à 36 800 $. Même en
oubliant les distinctions importantes entre louage de services et acquisition
d'une personne, il serait indécent d'exiger l'exclusivité de
services de la part des cadres intermédiaires, en vertu de
l'inéquité de l'échange. Un grand nombre de cadres
intermédiaires ont des salaires inférieurs à 30 000 $ par
année. Une rémunération de cet ordre ne confère
surtout pas un droit de regard sur la vie d'un individu hors de son lieu de
travail. Le recrutement, pour ces postes n'est déjà pas facile et
plusieurs cadres intermédiaires pourraient se trouver en situation
financière difficile s'ils ne pouvaient avoir accès aux revenus
d'appoint d'un travail de fin de semaine.
Que penser encore de la logique de l'exigence d'exclusivité de
services dans le cas d'un cadre à temps partiel? Si, d'un point de vue
de principe, l'exigence de l'exclusivité de services n'est pas
justifiable, si, du point de vue d'une rémunération convenable en
échange d'une telle exigence elle n'est pas présentement
défendable, elle devrait normalement au moins l'être dans des
conditions généreuses qu'on sera prêt à accorder
à ceux à qui elle est posée. Le fait est qu'en
matière de conditions de travail, de tous les employés de
l'État, les cadres du réseau de la santé et des services
sociaux sont les moins bien traités; moins bien que les cadres de la
fonction publique; moins bien que les cadres de l'éducation; moins bien
que les syndiqués de ces deux secteurs et moins bien que le personnel
syndiqué à leur emploi. Tous ces groupes ont droit à de la
formation financée par l'employeur, pas les cadres
intermédiaires. Par exemple, le gouvernement alloue par année 300
$ par cadre de la fonction publique pour fins de formation, et 23 $, par cadre
du réseau de la santé et des services sociaux. Tous ces groupes
ont la sécurité d'emploi, mais pas eux. Bien plus, le
gouvernement a même signé avec les syndicats des conventions
collectives qui font en sorte que les syndiqués ont un droit
d'ancienneté sur tout poste de cadre de premier niveau, sans
prévoir pour les cadres la contrepartie que serait la reconnaissance de
leur ancienneté chez le même employeur en vue d'un retour dans
l'unité d'accréditation. Ainsi, le gouvernement a conclu avec les
syndicats cette entente qui a pour effet de dépouiller un tiers, soit
les cadres intermédiaires, et ce, sans leur consentement. Ce n'est donc
pas sur le plan des conditions de travail généreuses
accordées aux cadres du réseau que se trouve l'explication de ce
qui permet au gouvernement d'avoir envers eux cette exigence. Nous ne pouvons
que nous opposer à toute exigence d'exclusivité de services pour
les cadres intermédiaires, à la fois pour une question de
principe et pour une question pratique d'équité.
Enfin, en ce qui concerne les articles 12,13 et 14, ils nous semblent
justifiés pour autant qu'on prenne en considération nos
commentaires précédents.
Nous vous remercions, M. le Président, Mme la ministre, Mmes et
MM. les députés, d'avoir eu l'amabilité de nous entendre.
Nous sommes à votre entière disposition pour donner les
explications que vous pourriez juger nécessaires ou pour discuter
davantage sur quelque aspect que ce soit de nos propos. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme ta ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais donner
l'occasion au chef de l'Opposition de vous poser des questions parce que,
malheureusement, je pense qu'il doit partir un peu plus tôt. Je
reviendrai par la suite. D'accord?
M. Chevrette: Je vous remercie, Mme la ministre. On s'est bien
entendus là-dessus depuis le début. La première question
que je veux vous poser est la suivante: est-ce lors du dernier contrat
collectif de la fonction publique que votre ancienneté ne serait plus
reconnue, advenant un retour dans l'accréditation? Est-ce au dernier
contrat?
M. Portier (Richard): Sur certaines questions, comme je ne suis
pas familier avec tous les dossiers... Notre directeur général,
dans ce cas-ci, pourrait répondre.
M. Lefrançois (Laurian): Ce n'est pas depuis la
dernière convention. Cela remonte à 1972.
M. Chevrette: Est-ce que cela veut dire qu'un cadre
intermédiaire pourrait avoir 20 ans et retomber dans l'unité avec
trois ans?
M. Lefrançois: II ne retombe pas dans l'unité. Il
n'y a tout simplement pas accès.
M. Chevrette: II n'a même pas le droit de retour?
M. Lefrançois: Même présentement, à la
suite de plusieurs coupures de postes qui ont eu lieu dans le réseau, le
règlement prévoit qu'un cadre bénéficie des mesures
de stabilité d'emploi pour une période de 24 mois durant laquelle
l'établissement et te cadre font les efforts pour un replacement.
M. Chevrette: Et je suppose que sa secrétaire est dans
l'unité d'accréditation?
M. Lefrançois: J'imagine, dans plusieurs cas, bien que
certains soient exclus par le commissaire quand cela peut représenter un
conflit d'allégeance. Mais, même à l'intérieur de
l'application d'un règlement sur les mesures de stabilité
d'emploi qui prévoit un replacement, ce sont souvent des gymnastique s
épouvantables et certains réussissent à être
replacés là. Globalement parlant, ils n'ont même pas
accès à un replacement dans l'unité
d'accréditation, même s'ils sont eux-mêmes issus du milieu
professionnel qu'ils dirigent et que, souvent, ils ont été
choisis
parce qu'ils étaient les meilleurs du groupe, la seule porte
qu'il leur reste, souvent, c'est la porte arrière. Le règlement
n'a jamais prévu une ouverture.
M. Chevrette: C'est ce qui arrive souvent dans les
restructurations administratives, comme par hasard?
M. Lefrançois: Effectivement, comme par hasard.
M. Chevrette: Deuxième question. Vous parlez d'une partie
du salaire qui pourrait être payée par un établissement et
une partie par une fondation, par exemple. Je ne sais pas si cela va à
l'encontre de la loi? Vous l'interprétez ainsi, d'après ce que je
peux voir. Est-ce que cela va à l'encontre de la loi, le fait, par
exemple, qu'on peut avoir l'exclusivité de services trois jours par
semaine pour un établissement et l'exclusivité de services deux
jours par semaine pour une fondation? Cela ne me paraît pas
contradictoire. Je ne sais pas comment cela se fait que vous
l'interprétez ainsi.
Le Président (M. Bélanger): C'est le salaire de la
fondation, je pense, qui est le point de litige.
M. Chevrette: Dans le cas où il y aurait un salaire d'une
fondation, c'est possible que je travaille trois jours sur cinq seulement dans
un établissement. Je peux donner mon exclusivité...
Mme Lavoie-Roux: Le problème qu'il soulève n'est
pas relié à l'exclusivité, c'est relié à
l'autre article qui touche tes fondations.
M. Chevrette: D'accord. Cela sonnait à mes oreilles comme
si vous aviez quelque chose contre le fait...
M. Lefrançois: II ne nous paraît pas qu'il y ait de
distinction sur ce plan. Ce qui fait foi de l'application de l'article, c'est
le plein emploi comme cadre. Évidemment, l'exclusion s'applique à
tous les cadres, à notre sens, en fonction du texte, sans
distinction.
Le Président (M. Bélanger): Ce qui vous fait
problème, si j'ai bien compris, c'est l'article du projet de loi qui dit
qu'on ne peut payer des cadres avec l'argent de la fondation. C'est ce qui
serait le problème.
Mme Lavoie-Roux: C'est interdit à toute personne.
M. Lefrançois: C'est ce qui rendrait...
M. Chevrette: La même personne pourrait avoir une
exclusivité de tâche avec un établissement et ce serait du
temps plein. Je prends un D.G., le D.G. de l'hôpital de
Saint-Charles-Borromée à Joliette, le CHRDL, s'il avait une
partie de salaire de la fondation, je comprends que vous ne seriez pas d'accord
parce que c'est un D.G. à temps plein. Cela pourrait être une
opportunité dans certains milieux. Il pourrait y avoir un cadre
intermédiaire qui ferait trois jours par semaine dans un
établissement - c'est bien dans son contrat - et deux jours pour une
fondation. Cela ne m'apparaît pas incompatible avec la
législation.
M. Fortier (Richard): C'est ce qu'on dit d'ailleurs, il ne
faudrait pas empêcher que de telles modalités puissent exister,
parce que cela nous paraît, dans un tel cas, être à la fois
pour le bien de l'établissement qui n'a pas besoin de ce cadre plus de
trois jours pas semaine, de la fondation qui n'en a pas besoin plus de deux
jours par semaine, et pour le bien public, cela ne nous apparaît pas
dangereux.
Mme Lavoie-Roux: Si vous me permettez. Est-ce qu'à ce
moment-là, il s'agit pour te cadre intermédiaire d'un emploi
à temps partiel avec l'établissement ou s'il est toujours un
employé à temps plein qui n'a besoin de consacrer à son
établissement que trois jours au lieu de cinq?
M. Fortler (Richard): Cela peut être les deux formules.
Cela pourrait être un employé qui est à temps partiel,
trois Jours à un endroit et deux jours à un autre, ou qui serait
à temps complet pour son employeur, un centre hospitalier ou autre
établissement qui est remboursé - l'établissement en
question - pour deux jours de services que le cadre donne à la
fondation. Le principe consiste à dire: On ne voudrait pas que cela
empêche les fondations d'utiliser une bonne ressource qu'elles ne
paieraient que deux jours par semaine au lieu d'être obligées
d'engager quelqu'un pour quatre jours ou cinq jours. C'est notre
préoccupation.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
Vous n'avez pas fini, excusez-moi. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: J'ai une autre question. Dans les cadres
intermédiaires, il y a quand même des fonctions éminemment,
comment dirais-je... Je prends les postes de services aux achats s'il y a deux,
trois postes de services qui touchent directement les relations avec des gens
qui transigent. Est-ce que vous faites une distinction entre cela et d'autres
postes de cadres intermédiaires où je comprendrais mal -
d'ailleurs, Mme la ministre va en parler - une réglementation
serrée vis-à-vis d'un poste intermédiaire, comme une
coordonnatrice du secrétariat qui serait cadre intermédiaire dans
un bureau de secrétaires. Je ne vois pas le besoin de
légiférer ou de réglementer. S'il y avait de telles
distinctions, est-ce que votre réaction serait la même? (17 h
45)
M. Fortler (Richard): Tu peux y aller. Je pourrai
compléter.
M. Lefrançois: J'aimerais réagir. Sur une question
de principe, le conflit d'intérêts, je dois vous dire qu'on est
intransigeant là-dessus. Pour nous, c'est quelque chose qui est
inacceptable. II est vrai que certains cadres intermédiaires pourraient
y être plus exposés. Vous avez mentionné le responsable
d'approvisionnement. Effectivement, il y a peut être ce poste. À
première vue, il y aurait celui là et cela se limiterait à
cela. Mais, même à cela, on a considéré que
l'article pouvait s'appliquer à l'ensemble en ce qui a trait au conflit
d'intérêts puisque la clé, c'est qu' il ne soit pas
propriétaire d'une entreprise ou quelque chose qui le met en conflit
d'intérêts. II est bien évident que si une
infirmière est propriétaire d'une entreprise qui exploite des
immeubles à logements, cela ne la met pas en conflit
d'intérêts. Donc, il faudrait prouver le conflit
d'intérêts. Dans certaines circonstances, il pourrait tout
simplement ne pas exister. Or, c'est pour cela que cet article ne nous a pas
effrayés.
M. Fortier (Richard): Les mises en garde qu'on fait au
début, c'est simplement qu'en général, c'est vrai que les
chefs d'approvisionnement risquent plus de connaître des situations
possibles ou potentielles de conflit d'intérêts. Mais en
général, pour I'ensemble des cadres intermédiaires, il y a
quand même moins d'occasions. C'était un peu cela qu'on voulait
dire au début. On n'a pas fait de distinctions par rapport aux
catégories de cadres intermédiaires
M. Chevrette: Cela me va. Dans l'ensemble, vous avez vu un peu
les reportages qu'il y a eu sur la commission et vous connaissez la position de
l'Opposition .Nous pensons qu' il faut responsabiliser davantage les
administrations et leur donner la chance d'émettre un jugement quant
à la gradation de la pénalité éventuelle
vis-à-vis des actes posés. Nous allons présenter des
amendements dans ce sens en tenant compte, bien sûr, de ce que vous nous
suggérez
Je voudrais vous remercier car je dois partir. Je veux remercier la
ministre de me I'avoir permis et lui poser une question qui ne sera pas
relative. Est-ce que cest possible, Mme la ministre, pour
accélérer le travail, à cause de nos
responsabilités mutuelles, d'avoir une orientation des amendements que
vous avez, pour faire peut-être un travail de débroussaillage
avant? Je pense à la question de droit que je vous posais ce matin, en
particulier, quant à la possible rétroactivité
Mme Lavoie-Roux:
M. Chevrette: de la loi. II y a aussi une question de principe
là dedans. À moins d'un consentement mutuel, on ne peut pas
changer la notion de principe qui était apportée, on ne peut pas
le faire après la deuxième lecture, mais je suis prêt
à regarder cela de toute façon
Mme Lavoie-Roux: Il faudrait que je retourne au Conseil des
ministres si on changeait le principe
M. Chevrette: Oui, possiblement. Je comprends. Cela irait donc
à. C'est demain mardi. Votre conseil est mercredi?
Mme Lavoie-Roux: Oui
M. Chevrette: On est peut être mieux de s'entendre avec le
leader pour ne pas qu' il nous convoque avant que vous ayez pris les
dernières décisions, selon les amendements que vous
apporterez
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'à maintenant, il n'y a pas de
question de principe. Sur les modalités, il y a des amendements, sur la
question de I'échéance et ces choses, enfin
M. Chevrette: Oui, d'accord. De mon côté, Mme
Rousseau peut peut-être travailler avec quelqu un de votre contentieux
sur différents amendements. À ce moment-là, si on est
d'accord, on serait exempt d'en faire et d'en préparer
Mme Lavoie-Roux: D'accord
M. Chevrette: Si jamais cela vous va nous serions prêts
à travailler dans ce sens pour accélérer peut être
le processus de la commission par la suite
Mme Lavoie-Roux: D'accord
Le Président (M. Bélanger): M le président,
vous aviez un commentaire
M. Fortier (Richard): Simplement avant le départ de M
Chevrette, je voudrais aussi pour avoir le "feeling" d'avoir été
suffisamment compris. II y a quelque chose qu'on n'a pas mentionné ici
Je pense que, dans les discussions sur les amendements au projet de loi, ce
serait important que le chef de l'Opposition connaisse cette argumentation.
Fort probablement que vous la connaissez déjà, mais on voudrait
vous y sensibiliser
Vous aviez mentionné tantôt, pendant que j'étais
ici, un commentaire disant qu'il y aurait peut-être lieu de
légiférer, si on veut légiférer en matière
de conflits d 'intérêts, pour I'ensemble des gens et ne pas faire
à nouveau d'autres disparités comme celles qu'on connaît
déjà avec nos collègues de l'éducation et de la
fonction publique, mais légiférer maintenant. Je comprends qu' il
peut y avoir une urgence de situation, mais notre préoccupation
était de faire en sorte que ce soit quelque chose qui vaille pour tout
le monde finalement, en ce qui concerne les règles de gestionnaire.
Alors, ce qui sera convenu comme approprié, on considère que cela
devrait être approprié pour I'ensemble des gestionnaires publics
finalement
M. Chevrette: Je vous avoue que c'est parce que le temps me
manque Mme la ministre pourrait vous dire. II I'a fait à chaque groupe.
Je
l'aurais fait moi-même si j'avais eu te temps. Je vous remercie
infiniment.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, de mon
côté, je veux remercier l'Association des cadres
intermédiaires des affaires sociales. Je souhaitais tellement vous voir
qu'avant-hier, j'ai fait une erreur. Il y avait des cadres supérieurs et
je vous ai substitués aux cadres supérieurs. D'ailleurs, je leur
ai parlé d'un télégramme qu'ils m'avaient envoyé -
mais il venait de vous - dans lequel, justement, vous conceviez fort bien que
le gouvernement prenne ses responsabilités vis-à-vis, disons, de
certaines Incartades qui ne sont pas, vous savez, une, deux ou trois. On en a
retrouvé à plusieurs endroits, en tout cas suffisamment pour que
le gouvernement décide de donner aux conseils d'administration,
même s'il y a déjà, dans la loi et les règlements,
des balises qui existent, des outils nécessaires pour éviter les
abus qui se sont produits. Je n'ai pas le télégramme devant moi,
mais de mémoire, je pense que d'emblée, et vous l'avez
répété aujourd'hui, quant à la question des
conflits d'intérêt, vous pensez que c'était absolument
nécessaire.
Je voudrais quand même revenir sur les deux points qui vous
touchent en particulier. Je ne reviendrai pas sur l'article 1 que vous signalez
parce que je pense que vous vous êtes fondés sur le principe
général en exprimant votre opinion. Comme j'ai eu l'occasion de
l'expliquer, c'est un article qui vise non pas à refaire une
distribution des effectifs médicaux, mais à corriger vraiment une
situation juridique qui a créé un vide juridique et à
donner une assise à des décisions gouvernementales qui ont
été prises antérieurement relativement à la
pratique en régions éloignées pour un certain nombre de
médecins.
Le point qui vous préoccupe le plus, c'est la question
d'exclusivité d'emploi. Vous le faites valoir en disant, d'une part:
Nous ne sommes pas des salariés grassement payés. C'est quelque
part entre 28 000 $ et 43 000 $ ou 46 000 $, je le dis de mémoire. Je
dois vous dire que je vais examiner cette question d'un peu plus près,
dans le cas des cadres intermédiaires, parce que si on a trouvé
certaines déficiences quand même minoritaires chez vous par
rapport à d'autres groupes, cela touche davantage le conflit
d'intérêts que, peut-être, l'exclusivité d'emploi.
Par contre, il faut une certaine cohérence dans nos
réglementations.
C'est évident que si nous avons décidé de
procéder par règlement, dans le cas des cadres
intermédiaires, c'est qu'on voulait davantage pouvoir statuer sur des
conditions particulières qui ne seraient pas, par exemple,
appliquées à l'ensemble de vos membres comme elles le sont
à l'ensemble des directeurs généraux. J'en avais
touché un mot au chef de l'Opposition. Par exemple, strictement sur les
questions de conflit d'Intérêts, il y a peut-être quelques
postes stratégiques chez vous qui peuvent y donner lieu et je pense que
vous l'avez reconnu tout à l'heure. En tout cas, il y aurait plus de
tentations. Il pourrait y avoir plus de tentations que pour un autre qui a un
rôle de coordonnateur ou de surveillant, etc. Dans ce sens, c'est pour
cela qu'on veut se donner un pouvoir par règlement pour justement
rétrécir strictement ce qu'on veut corriger.
Sur la question d'exclusivité d'emploi, par exemple, il faudrait
aussi spécifier des choses même si on la gardait telle quelle II y
a les gens qui travaillent à temps partiel, les gens qui sont en
congé sans traitement, enfin, ce sont tes deux groupes auxquels on
pensait, mais je pense qu'il faut réfléchir à l'ensemble
en ce qui a trait, dans votre cas, à l'exclusivité d'emploi. De
toute façon ce ne serait pas dans la loi, ce serait dans les
règlements. Ce serait dans les règlements qui pourraient
être faits en consultation avec votre association pour justement ne pas
aller au-delà des seuls maux que l'on veut corriger et non pas d'un
ensemble de maux qui ne se sont jamais présentés dans les faits.
Il ne faut pas être plus catholique que le pape, comme on dit, dans ce
cas.
Je suis quand même un peu embarrassée par votre position
sur tes fondations, pour la bonne et simple raison que, dans le fond, c'est...
Reprenons votre exemple. Il y a celui qui, de toute façon, a un travail
à temps partiel. Il travaille trois jours pour tel établissement.
Il y a une fondation dans cet établissement-là qui dit: Toi, tu
es employé seulement trois jours par semaine. Nous, on aurait besoin
d'un contrôleur ou d'un comptable deux jours par semaine. Nous serions
prêts à l'engager pour deux jours par semaine. Là, on a
affaire à deux emplois différents. Vous travaillez à temps
partiel dans un cas et vous travaillez à temps partiel dans l'autre
cas.
Dans le cas de l'employé à temps plein qui travaille,
finalement, avec l'accord ou l'autorisation de son conseil d'administration qui
a dit: En fait, tu pourrais donner deux jours de ton temps à la
fondation pour les mêmes fins que je viens de nommer. Ce qui
m'embête, c'est que si on fait une ouverture du côté des
fondations pour des situations quand même très
particulières, on va être obligés de le faire pour
l'ensemble. Ce sera une espèce d'ouverture aux abus que l'on veut
corriger, si on fait cette ouverture-là, même dans des cas
très précis. Je me demande si, à ce moment-là, il
ne reviendrait pas à votre conseil d'administration de dire: Pour lui,
on reçoit un salaire, disons, de 30 000 $ par année, on le
libère une journée ou deux de son temps de travail pour la
fondation. Ce serait avec l'autorisation du conseil d'administration, mais vous
ne recevriez pas de rémunération de la fondation. Je ne sais pas
si vous comprenez le problème que j'ai avec votre demande? Oui.
M. Lefrançois: Je pourrais peut-être, Mme la
ministre, faire un scénario de ce qu'on envisageait. D'abord, comment ta
situation se présente. Une fondation a besoin de quelqu'un et il y a
déjà, dans l'établissement, un cadre qui se qualifierait
tres, très bien pour rendre les services dont une fondation aurait
besoin, deux jours par semaine. Souvent, ni l'un ni l'autre ne peut se
permettre d'engager quelqu'un à temps plein. Mais, étant
donné que ce sont les mêmes gens qui prennent les décisions
dans les deux organisations, il est convenu qu'on engagerait quelqu'un. Mais ce
n'est pas n'importe qui, par contre, aura le goût d'exercer ce type de
double emploi. Comment cela se présente-t-il? L'établissement va
dire à quelqu'un: Je vais t'engager. Je t'engage cinq jours. Cependant,
deux de ces journées-là, tu vas être affecté
à des services qui sont reliés à la fondation. Et cela
s'effectue généralement par un remboursement de la fondation
à l'établissement pour le temps qui est consacré à
la fondation.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Dans le fond, ce que vous me dites,
c'est que ce n'est pas le monsieur qui a un emploi ou la dame qui a un emploi
trois jours et qui après, a un autre engagement à temps partiel
deux jours pour la fondation. Là, vous avez affaire à deux
emplois séparés. Comme il pourrait travailler trois jours pour
rétablissement, il pourrait travailler deux jours dans un autre
établissement parce qu'il a deux jours de libre. Votre
établissement dit: Nous vous engageons à temps complet, cinq
jours par semaine, et étant donné que vous avez la
compétence, étant donné que vous allez travailler, en fin
de compte, en faveur de l'établissement, puisque ce que vous allez faire
pour la fondation va se répercuter dans l'établissement, on va
vous libérer deux jours. Mais normalement l'établissement a
reçu un plein salaire pour cette personne-là. Il a reçu un
salaire de cinq jours. L'administration peut décider qu'elle lui permet
de se libérer deux jours pour faire ce qu'on voudra. Je ne vois pas
pourquoi il devrait recevoir de l'argent de la fondation. Si nous laissons la
latitude aux fondations de commencer à verser de l'argent, quel que soit
le bon motif, je ne vois pas comment on va pouvoir arriver à
contrôler cela. Dans le fond, c'est un salaire plein que vous recevez du
ministère ou enfin, du gouvernement pour payer ce poste-là. Et le
conseil d'administration dit: Oui, c'est entendu au vu et au su de tout le
monde, qu'il va consacrer deux jours à la fondation. Mais je ne vois pas
pourquoi la fondation serait obligée de verser un salaire à
l'établissement.
M. Fortler (Richard): Notre objectif en mettant cela là,
c'était tout simplement d'allumer une lumière ou de faire une
alarme pour qu'on ne se prive pas de certains moyens. Si certains moyens
doivent être exclus plutôt que d'autres, d'accord, mais on voulait
simplement allumer la lumière afin qu'on ne prive pas et la fondation,
l'établissement et le public de bonnes ententes simplement parce qu'on
aurait mis cela là. Les modalités pourraient être
ajustées, c'est bien sûr. (18 heures)
Mme Lavole-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Avant de céder
la parole au député de Fabre, il est 18 heures, est-ce que j'ai
le consentement pour qu'on continue?
Mme Lavoie-Roux: Quelques minutes!
Le Président (M. Bélanger): Quelques minutes. M. le
député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président, je serai très
bref. En fait, ce sur quoi Mme la ministre vient de parler m'a aussi
frappé. Cela m'a drôlement frappé parce que vous y mettez
une insistance: II ne faudrait pas que l'article 9 empêche ce genre
d'arrangement. Mais, à mon avis, justement, ce genre d'arrangement est
tellement clair qu'il n'y a pas d'ambiguïté.
Si on prend un employé considéré cadre
intermédiaire à temps plein au service d'un établissement
quelconque qui est payé au plein salaire, salaire pour lequel on a
budgétisé et on a eu des sommes d'argent du gouvernement,
à ce moment-là, vous prêtez votre employé à
temps plein deux, trois jours ou X heures, mais vous négociez un montant
d'argent. Cela veut dire que c'est drôlement payant pour n'importe quel
établissement de prêter n'importe quel de ses cadres, qu'il soit
intermédiaire ou supérieur. Par le biais de ce prêt, on va
chercher, via la fondation, une autre source de revenu. À mon avis,
c'est là qu'il devient dangereux de faire en sorte qu'on dirige les
cadres intermédiaires vers d'autres fonctions, sachant qu'ils sont
déjà payés, qu'il y a déjà des
crédits qui ont été alloués par le gouvernement, si
vous voulez. On les dirige ailleurs et on va chercher une autre forme de
rétribution, c'est là que je ne peux pas endosser ce que vous
demandez parce qu'à mon sens, ce serait ouvrir une possibilité,
pour n'importe quelle institution, d'aller chercher un moyen de financement
à côté ou ailleurs. Partant de là, je ne peux pas
souscrire à vos appréhensions. Je dirais: Oui,
dépêchons-nous de mettre en vigueur cet article 9, contrairement
à ce que vous suggérez.
M. Lefrançois: Notre position était motivée
strictement par le libellé lui-même.
M. Joly: Pour un employé à temps plein. Pour un
employé à temps partiel, je pense que l'approche est
différente. Si votre institution est prête à payer trois
jours pendant que l'autre paie deux jours, mais qu'à l'intérieur
de vos budgets on vous a alloué trois jours, si vous voulez, je suis
entièrement d'accord. Personnellement, le principe ne me
dérangerait pas trop. Mais quand c'est un employé à temps
plein qu'on prête ailleurs et qu'ensuite on encaisse, c'est
drôlement payant pour les institutions, que ce soit la vôtre ou une
autre.
M. Lefrançois: Mais on est entièrement d'accord
avec le point de vue que vous soulevez.
M. Joly: C'est comme cela que c'est présenté dans
votre libellé, à fa page 8. Malheureusement, il n'y a pas de
pagination, mais j'imagine que c'est la page 8, en partant du début.
Vous dites: "...leur temps à la gestion de ces fondations et il
arrive aussi qu'il soit justifié que la fondation rembourse à
l'établissement la partie de salaire attribuable au temps
consacré aux affaires de la fondation." Si c'est dans le cas d'un
employé à temps plein, je m'oppose et de façon très
catégorique.
M. Lefrançois: C'est strictement une question de
libellé. La façon dont on a jugé que l'article
était libellé est la suivante: Pour un cadre qui serait à
l'emploi d'un établissement trois jours par semaine, son lien d'emploi
est là. Conséquemment, en vertu de cet article, une fondation ne
pourrait pas le rémunérer directement pour les deux autres
journées. Alors, on se disait que c'était ce libellé qu'il
faudrait modifier de la façon dont on le préconisait pour ne pas
qu'à toutes fins utiles, il y ait une double rémunération
pour une période de temps donnée. Automatiquement,
l'employé à temps plein passe dans le même entonnoir que
tes autres, puisque, s'il recevait des sommes d'argent, cela constituerait une
double rémunération. En mettant cette clause, on règle le
problème de tout le monde. La fondation a le chemin ouvert pour
fonctionner et on évite aussi la double rémunération pour
une période de temps donnée. C'est pour cela qu'on a fait cette
suggestion, tout simplement. Et c'est le libellé qui causait ce
problème, à notre avis,
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous voulez, je
voudrais simplement...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Lavole-Roux: ...très rapidement, reprendre l'article
11. "Le gouvernement peut, par règlement -"peut, par règlement"
déterminer les normes applicables à un cadre supérieur ou
à un cadre intermédiaire d'un conseil régional ou d'un
établissement public, en matière de conflit
d'intérêts et d'exclusivité de fonctions. Il ne pourra pas
contrevenir", etc.
Cela nous donne quand même la latitude pour examiner les points
qu'on a vus ensemble, à savoir quelle est cette extension
d'exclusivité que l'on donnera ou ne donnera pas à
l'exclusivité d'emploi pour les cadres intermédiaires. Par
contre, pour les conflits d'intérêts, même là...
Quoique vous êtes prêts à dire que c'est
général pour tout le monde, les conflits d'intérêts,
c'est peut-être plus prudent. D'un autre côté, on
était peut-être portés à rattacher cela à
certains emptoyés, mais je pense que le conflit d'intérêts,
pour n'importe quel travailleur du secteur public, ce n'est pas
recommandé non plus.
Quant à la première partie, on va l'examiner et on le fera
certainement en consultation avec d'autres, sans compter que ce sera aussi
publié, à un moment donné, à la Gazette officielle.
Mais même avant la publication, on essaiera de le faire
étroitement avec votre association.
Le Président (M. Bélanger): M. le
président.
M. Portier (Richard): II y a encore quelque chose que je n'ai pas
vraiment bien compris. Je ne sais pas si c'est l'endroit pour poser ce genre de
question, mais je n'ai pas encore vraiment compris le sens de
l'exclusivité de service, parce que cela me paraît tellement
évident qu'on est dans un contexte de louage d'ouvrage quand on embauche
quelqu'un. Il y a quelque chose qui m'accroche, on voudrait comme s'approprier,
d'après ce que je comprends, le temps d'une personne au complet, tout
son temps ouvrable dans une journée. C'est bien sûr qu'on dit: Des
règlements vont venir baliser cela. J'aimerais savoir quel est l'esprit
qu'il y a en arrière de cela et jusqu'à quel point on sera
capable de réglementer cela si jamais cela restait, parce que cela me
paraît tellement hors de propos comme exclusivité. Il y a quelque
chose que je ne comprends pas.
Mme Lavole-Roux: Je vous ferai remarquer que cette notion
d'exclusivité d'emploi a été la règle qui a
prévalu dans le réseau de la santé et des services sociaux
de 1970-1971, je ne sais pas à quel moment donné, jusqu'en 1983.
Les gens dans les établissements devaient travailler. Il y avait cette
contrainte d'exclusivité d'emploi. On a modifié le texte. Il
faudrait peut-êlre retourner au Journal des débats du temps pour
savoir pourquoi le texte a été modifié. En 1983, on est
passé à la notion d'emploi à temps plein. Quand vous
regardez la notation, cela n'a pas de valeur juridique en somme, mais quand
vous regardez les notes explicatives de la loi, cela indique encore:
exclusivité, travail exclusif ou occupation exclusive, j'ai
oublié le terme. De fait, si vous regardez l'article 104, on disait:
"Toutefois, le directeur générai peut, à la demande du
ministre et avec l'autorisation du conseil d'administration de
l'établissement, assumer des fonctions additionnelles reliées
à l'administration de services de santé et de services sociaux.
Une personne peut être directeur général de plus d'un
établissement public si les conseils d'administration de ces
établissements y consentent."
Cela a créé une ambiguïté. L'esprit du
législateur, à ce moment-là, c'était toujours
l'exclusivité d'emploi et le fait qu'on y ajoutait, par exemple: II peut
toutefois, à la demande du ministre ou d'un conseil régional,
être directeur de plus d'un établissement". C'étaient les
seules exceptions qu'on y faisait. On a toujours interprété, en
tout cas, ici au gouvernement, comme étant de l'exclusivité
d'emploi ce qu'on avait changé, si on veut, en travail à temps
complet. Alors, même encore aujourd'hui, on peut faire valoir cette
explication.
Il y avait deux seules exceptions qui étaient prévues et,
dans le fond, on en donne plus. On prend le terme "exclusivité d'emploi"
pour éviter toute confusion, mais avec beaucoup de latitude à
l'intérieur: latitude pour de l'enseignement qu'on a
appelé une fonction pédagogique, latitude pour des charges
additionnelles, latitude pour accepter un mandat du ministre, latitude pour
être directeur général de plus d'un établissement
à la fois. C'est une exclusivité d'emploi joliment
temporisée, si je peux dire.
Alors, c'est vraiment dans l'esprit d'enlever cette
ambiguïté qui a fait que des gens ont dit: C'est du 9 heures
à 17 heures. Même ici, les gens qui sont venus nous ont dit... Il
y en a une, cet après-midi, qui nous a dit: C'est sept jours par semaine
un directeur général, etc. Mais on pense que, dans le cas des
cadres intermédiaires, ce même type d'exclusivité d'emploi
appliqué à toutes les personnes n'a pas besoin d'exister. C'est
pour cela qu'on s'est donné, dans ce cas-là, des pouvoirs de
règlement et qu'on n'a pas inscrit dans ta loi les mêmes
dispositions qui y sont inscrites pour les directeurs
généraux.
M. Fortier (Richard): Mais, moi, c'est plutôt sur le
principe de l'exclusivité d'emploi que je ne clique pas encore.
Mme Lavoie-Roux: Vous êtes partis d'un principe, mais
remarquez bien que c'est dans d'autres lois également. Vous n'êtes
pas les seuls, quand je dis vous, ce ne sont pas uniquement les directeurs
généraux de la santé et services sociaux. Il y a plusieurs
autres postes dans la fonction publique qui doivent être en
exclusivité, c'est-à-dire où la fonction doit être
exercée en exclusivité et avec bien moins de tempérament
que celle qu'on retrouve ici. Comme je vous dis, on savait que ce ne devait pas
être appliqué d'une façon si générale pour
les cadres intermédiaires et supérieurs. C'est pour cela qu'on
s'est donné à votre endroit ce pouvoir de règlement qui
nous permet d'être beaucoup plus flexibles et de tenir compte des
particularités de votre situation.
Je vous remercie beaucoup d'être venus et on va essayer
d'améliorer la loi le mieux possible. Dans le fond, je pense que tous
ensemble on a un seul objectif: c'est d'être responsables devant la
population de la gestion des fonds publics. Je pense qu'une fois cette
loi-là adoptée, on aura donné aux conseils
d'administration les outils nécessaires pour éviter certains
écarts qu'on a malheureusement dû déplorer. Je vous
remercie beaucoup.
M. Fortier (Richard): Compte tenu de cela, on voulait vraiment
attirer votre attention sur la question d'exclusivité de service. Je
dois dire que je pars encore avec mon incompréhension du principe. Par
contre, pour les autres parties de la loi, on a clairement manifesté nos
intentions et là aussi, c'est sur une question de principe, à
savoir que les gestionnaires du réseau de la santé et des
services sociaux doivent être des gens intègres et honnêtes.
Ce qu'on pourrait aussi peut-être faire, on a déjà
sollicité une rencontre avec vous, Mme la ministre, pour parler de
certaines autres choses. On ne voulait pas les aborder aujourd'hui parce qu'on
voulait s'en tenir au texte de la loi. J'espère que ce sera possible
qu'on se rencontre à un moment donné. Il y aurait d'autres
suggestions qu'on pourrait faire et d'autres situations qu'on aimerait
discuter.
Je vous remercie de votre attention et je vous souhaite bonne chance
avec le projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission
vous remercie de la qualité de votre présentation. La commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 13)