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Commission permanente des Affaires sociales
Crédits du ministère des Affaires
sociales
Séance du mercredi 30 juin 1971
(Onze heures trente Minutes)
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
Au poste 2, Directions générales, article 2: Financement,
je ne sais pas si on a encore des questions.
Directions générales Financement
(suite)
M. LAURIN: Au financement, M. Forget était en train de
répondre à nos questions. Je pourrais peut-être formuler ma
question à nouveau. Dans son exposé préliminaire, M.
Forget nous avait dit qu'en ce qui concerne le mouvement des fonds, emprunts,
dettes obligataires, financement des politiques à long terme des
institutions hospitalières, en particulier, le ministère avait
établi une politique mais ne l'avait pas encore appliquée. Est-ce
qu'on pourrait lui demander d'élaborer un peu sur la politique qui a
été établie par le ministère, les raisons qui
retardent sa mise en application et la date où elle serait effectivement
mise en vigueur?
M. CASTONGUAY: J'avais fait une distinction entre d'une part le
financement à long terme, pour lequel, je pense bien, le problème
ne se pose pas, la politique en a été établie de longue
date, et le financement à court terme. Ce n'est que très
récemment que l'arrêté en conseil 1600 a ouvert la porte
à une intervention directe et obligatoire du ministère dans la
négociation d'emprunts à court terme par les
établissements hospitaliers auprès des institutions
financières. Dans l'attente de cette réglementation, je dois dire
que la politique est encore en voie d'élaboration. Cette
élaboration se fera au cours de l'été, en collaboration
avec le ministère des Finances et les institutions financières
impliquées.
Il y a très peu qu'on puisse dire à l'heure actuelle
là-dessus, sauf ces indications d'ordre général,
l'idée étant, n'est-ce pas, d'établir pour les
hôpitaux une marge de crédit à l'intérieur de
laquelle ils pourraient avoir recours au crédit bancaire. La
nécessité de ce recours tient au fait qu'actuellement le
ministère fait des versements réguliers aux établissements
financés sur la base de 1/24, c'est-à-dire deux paiements par
mois. Les établissements, pour leur part, ont à effectuer 26
paiements de salaires. Il y a donc un défaut d'ajustement quant au
rythme des paiements reçus par les établissements du gouvernement
et leurs sorties de fonds et cela nécessite à l'occasion
l'utilisation du crédit à court terme. C'est à notre avis
la seule utilisation justifiable du crédit à court terme, et
c'est une utilisation dont nous serions évidemment prêts à
considérer la continuation.
Les autres sources d'utilisation possible du crédit à
court terme sont plus discutables. S'il était possible d'établir
une marge de crédit, elle pourrait devenir l'objet d'un examen de la
part du ministère, préalablement à son approbation.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, sous cette direction
générale, on retrouve aussi la section des immobilisations et
équipement. Est-ce qu'on pourra en parler à un autre poste du
budget, parce que j'ai l'impression que, si nous entamions à ce
moment-ci cette section, cela pourrait être un peu élaboré?
Je préférerais que nous étudiions toutes les directions
générales et y revenir un peu plus tard.
M. CASTONGUAY: Soit à l'article 4: Programmation, ou au poste
7.
M. COUTIER (Montmagny): On pourra y revenir au poste 7 de façon
à passer tous les directeurs généraux avec l'exposé
de la politique de leur direction générale.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. LAURIN: C'est à ce moment-là qu'on pourra parler des
projets en cours de construction, des projets qui ont été
arrêtés, aussi bien dans leurs implications de programmes que de
financement.
M. CASTONGUAY: A ce moment-là, soit au poste 7 ou encore à
l'article 4, lorsque nous discuterons de la programmation. A votre guise.
Immédiatement après M. Forget, on pourra demander à M.
Bergeron, qui est sous-ministre adjoint à la programmation, de faire un
exposé général. Si vous voulez qu'on parle
d'immobilisations à ce moment-là, on peut le faire. On peut le
reporter aussi lorsqu'on arrivera plus loin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a M. Fortier qu'on doit entendre aussi,
aujourd'hui.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors je préférerais, pour ma
part, si mes collègues n'ont pas d'objection, que nous passions toutes
les directions générales et nous reviendrons à la fin,
lorsque nous aurons passé toutes les directions générales,
pour parler du programme d'immobilisation et d'équipement.
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Poste 2, article 2: Financement. Sous-article 1 :
Traitements, salaires et allocations. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 2: Frais de déplacement.
Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, adopté.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 28: Avances pour constituer un fonds de
roulement. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Sous-article 32: Remboursements. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LAURIN:Cela.
M. LE PRESIDENT: Poste 2, article 3: Planification.
M. CASTONGUAY: Avant de passer à la planification, hier,
certaines questions ont été posées au sujet des bourses,
des subventions à la recherche. M. Michel Amyot, qui est
secrétaire du ministère, a apporté des documents. Il
pourrait les faire distribuer et aussi faire quelques commentaires, si vous le
permettez, pour ne pas laisser de choses en plan. On a également
demandé les organigrammes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous les avons reçus. Merci.
M. CASTONGUAY: Cela va bien. Nous allons être bons pour finir cet
après-midi!
UNE VOIX: Vous êtes ambitieux! M. CASTONGUAY: Toujours!
UNE VOIX: Ce n'est pas de l'ambition, c'est de l'efficacité!
M. CASTONGUAY: Pour la composition des deux comités qui ont
été formés cette année, le premier: La recherche
épidémiologique et opérationnelle. Le nom était
comité d'hygiène publique et on l'a changé pour celui de
recherche épidémiologique et opérationnelle. Les membres,
vous en avez la liste ici, dans un communiqué de presse: Le Dr Claude
Laberge, qui est président du comité, le Dr Louis Bernard, tous
deux de l'université Laval; le Dr Norman Eade, de McGill, Richard
Béland, un économiste de Sherbrooke, Gilles Pinaud,
ingénieur et étudiant en quatrième année de
médecine, de Montréal et M. Trudelle, qui est fonctionnaire et
secrétaire du comité.
L'autre comité récemment formé, celui de la
recherche socio-économique, le président en est Gérald
Fortin et les membres Claude Masson, André Normandeau, Ernest Godin,
André Beau- doin, Michel Pelletier, de McGill, Pierre Beauchesne et M.
Aubert Ouellet, sous-ministre à la planification, est membre de ce
comité, de même que Gilles Picard, de la même direction. Le
secrétaire en est M. Jean Mercier.
Le travail de recommandation pour les subventions du premier
comité, pour 70/71, donne à peu près ceci. Vous voulez
avoir la répartition par université. Je crois que c'était
votre question. Alors pour donner une idée des demandes qui ont
été formulées, le total était de 2,677,000. Par
université, cela se répartit dans les pourcentages suivants:
McGill: 31 p.c; Montréal: 42 p.c; Sherbrooke: 12 p.c; Laval: 11 p.c et
l'Université du Québec: 1.26 p.c.
M. LAURIN: Demandés ou accordés?
M. CASTONGUAY: Demandés. Ce sont les demandes qui ont
été adressées au ministère. J'ai ici la
distribution de tous les projets de recherche acceptés par le
comité.
M. BOIS: M. le Président, au point de vue du conseil de la
recherche médicale, c'est à cet article que nous sommes...
M. CASTONGUAY: Oui. Je n'en ai pas parlé mais j'en parlerai
tantôt. C'est le troisième comité qui est formé.
M. BOIS: D'accord.
M. CASTONGUAY: Pour McGill, recherche épidémiologique.
L'université a reçu 38 p.c. en recherche
épidémiologique. C'est très relatif parce qu'il y a des
subdivisions dans les types de recherche. Les subdivisions sont les suivantes:
Epidémiologique, épidémioclinique, environnement,
industrielle, opérationnelle et clinique. Les pourcentages, pour McGill,
dans chacune de ces catégories, sont les suivants: 38 p.c, 30 p.c,
environnement, 21 p.c; industrielle, 89 p.c; opérationnelle 64 p.c. et
clinique 38 p.c.
Maintenant, pour l'Université de Montréal, pour chaque
type de recherche: épidémiologie à Montréal, 32
p.c, épidémioclinique, 41 p.c, environnement, 19 p.c,
industrielle, 11 p.c, opérationnelle, 8 p.c. et clinique, 62 p.c.
A Sherbrooke: en épidémiologie, 24 p.c, absolument rien en
épidémioclinique, 60 p.c. dans l'environnement, rien en
industrielle, opérationnelle, 28 p.c et rien en clinique.
Laval: épidémiologie, 6 p.c,
épidémioclinique, 29 p.c. Voilà comment on
été reparties, en termes de pourcentage, les subventions qui ont
été recommandées par le comité.
Maintenant, quant à l'autre comité, son travail vient
à peine de débuter.
M. LAURIN: Quel est le montant total de chacune des
universités?
M. CASTONGUAY: Cela totalise: McGill,
$581,000; Montréal, $434,700; Sherbrooke, $230,184 et Laval
$86,289. Pour l'Université du Québec, ça a
été un projet de démonstration et le montant exact est
$234,000 pour les sciences à Trois-Rivières, ce sont les sciences
de la santé et des sports.
Maintenant l'autre comité a commencé à
siéger pour la période 71/72. Alors on n'a pas de données
actuellement. Mais à titre indicatif, le montant dont ils sont
responsables pour la recommandation de subvention est de l'ordre de $600,000.
L'an prochain, il y aura une répartition du même ordre que
celui-ci.
Quant au Conseil de recherche médicale, dont le rôle est
d'attribuer des bourses pour l'établissement de jeunes chercheurs, on a
réparti cela par université. Cela donne un aperçu. Je ne
sais pas si on vous a transmis...
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: Alors, il y a le nombre de boursiers et les sommes
correspondantes par université. Il y a Laval, sept bourses, $93,000;
Sherbrooke, dix bourses, $144,000; Montréal, six bourses, il faut
ajouter à ça l'hôpital Notre-Dame, Sainte-Justine et
Hôtel-Dieu, et probablement l'institut de cardiologie si on inclut
ça dans la limite de Montréal ça totaliserait
$119,000; McGill, 21 bourses, pour $224,000 et il y a une bourse que vous
remarquez ici à l'extérieur, en Californie, c'était
probablement le seul endroit où cette personne-là était en
mesure de faire son travail de recherche.
M. BOIS: La question que j'ai posée était s'il y avait une
raison particulière pour octroyer un montant supérieur de bourses
à McGill, est-ce basé sur le nombre de demandes ou...
M. CASTONGUAY: C'est forcément basé sur le nombre de
demandes maintenant. Voici comment on procède pour l'octroi de ces
bourses: Au comité, ils sont plusieurs, je n'ai pas le nombre exact.
J'ai tenté ce matin d'obtenir la liste des membres, mais il y avait des
difficultés de communication avec Montréal, parce que le
secrétariat est encore à Montréal pour une année.
Chaque personne du comité étudie le dossier c'est par un
système de pointage et met un pointage. C'est compilé par
la secrétaire et ça donne le résultat.
Cela fait de 100 et ça descend. Selon le montant d'argent
disponible, on donne jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. C'est aussi
simple que ça, ce sont des critères d'excellence qui sont
reconnus pour l'octroi de ces bourses de jeunes chercheurs.
M. BOIS: Maintenant, une autre chose. Etes-vous en mesure
d'établir, dans le cas de bourses médicales qui peuvent
être attribuées à une université, si ça
couvre des étudiants qui viennent de l'étranger ou si c'est
strictement...
M. CASTONGUAY: Strictement des Québécois, le Conseil
médical de la recherche c'est pour ça.
M. LE PRESIDENT: Il a-t-il quelque chose d'autre à ajouter au
financement?
M. CASTONGUAY: Il y a une autre question qui était restée
en suspens hier, à la demande de M. Béland, touchant les
honoraires à l'article 1 du poste 2, l'administration, ce qui avait
été dépensé l'an dernier. Sur un budget de
$808,000, nous avons dépensé $633,000 et le détail est
indiqué selon les articles subdivisés.
M. BOIS: On me l'a remis.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 2 est adopté.
Article 3: Planification.
Planification
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors nous aimerions entendre le sous-ministre
qui est en charge de la planification, M. Ouellet.
Comme première question, M. Ouellet a assisté au
débat depuis le déput, il s'agit donc de nous faire un
exposé général sur sa direction.
M. CASTONGUAY: La direction générale de la planification
comprend trois grandes directions. La première direction c'est, comme
vous voyez sur l'organigramme de la recherche, la direction de la recherche et
de la statistique. C'est la direction chargée de faire la recherche
nécessaire au processus de planification, qui est chargée entre
autres aussi de la recherche évaluative sur les programmes existants
à l'intérieur du ministère.
La direction de la planification et de la sécurité du
revenu et des services sociaux, comme son nom le dit, c'est la direction qui
est chargée de faire la planification dans le domaine de la
sécurité du revenu et des services sociaux. Comme question
d'information, cette direction s'est occupée principalement, depuis
quelques mois, de préparer le programme du nouveau régime
d'allocations familiales pour le Québec.
Elle s'occupe aussi du programme de la formation professionnelle, des
allocations de formation professionnelle, des allocations de maternité
et elle prépare la mise au point du programme du régime
général d'allocations sociales. Dans le domaine des services
sociaux, la direction s'est occupée principalement de développer
la conception des centres locaux de services communautaires ainsi que des
autres établissements qui seront prévus dans la loi, comme nous
l'avons dit. Nous avons tenté de fournir une contribution importante au
niveau de la préparation de la loi qui sera déposée en
Chambre.
La direction de la planification des services de santé est le
parent pauvre à l'heure actuelle
dans le domaine de la planification et les cadres n'en sont pas en place
à l'heure actuelle. Les cadres seront choisis à partir des
concours qui se sont terminés la semaine dernière et nous
espérons le plus rapidement possible combler ces postes, pour
entreprendre le travail qui est immense dans le secteur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que dans votre service c'est toute
l'ancienne direction de la planification que l'on retrouve ou si d'autres
éléments qui étaient des postes dans le ministère
ont été regroupés dans cette direction
générale?
M. CASTONGUAY: De façon générale, les fonctions
assumées auparavant par la direction générale de la
programmation et de la recherche sont assumées à l'heure actuelle
en entier par la direction de la planification. Certaines autres fonctions ont
également été concentrées dans cette direction
générale de la planification. Les fonctions qui étaient
par exemple assumées par le service de la recherche et la statistique de
la Régie des rentes du Québec ont été
intégrées à la direction générale de la
planification. Nous avons récemment pris aussi la décision
d'intégrer les fonctions qu'assumait le service de recherche de
l'OPTAT.
Dans le domaine de la santé, les fonctions n'ont pas encore
complètement été transférées à la
planification; plusieurs des fonctions actuellement assumées par la
programmation au niveau de la planification des services de santé seront
éventuellement transférées à la planification, mais
comme les cadres ne sont pas encore remplis, ce transfert serait seulement un
transfert de papier finalement et un transfert nominal plutôt qu'un
transfert réel de fonctions, puisque les cadres ne sont pas
arrivés encore à la direction de la planification des services de
la santé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous venez de dire que la section de recherche
de la Régie des rentes a été transférée sous
la direction du sous-ministre, est-ce qu'il en est de même pour la
Régie d'assurance-maladie ou si elle a son propre service de
planification?
M. CASTONGUAY: A la section de recherche de la Régie des rentes
du Québec, les fonctions qui ont été
transférées sont les fonctions de planification et de recherche
en vue de la planification.
Le service de recherche de la Régie des rentes va probablement
continuer d'exister de façon plus réduite cependant pour
permettre à la régie d'avoir les informations nécessaires
à l'administration courante de la loi. Ce sont les fonctions de
planification qui ont été transférées.
Dans le domaine de l'assurance-maladie, la régie a aussi un
service de recherche pour lui permettre d'accumuler des renseignements
né- cessaires à l'administration courante de la loi. La
planification, dans le domaine de l'assurance-maladie, sera aussi
assumée par la direction générale de la planification.
M. CLOUTIER (Montmagny): Donc, il n'y a pas de dédoublement.
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est le ministère des Affaires sociales
qui dirige le travail général de planification avec ces trois
sections que vous nous avez énumérées.
M. CASTONGUAY: Certainement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la...
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous une brève remarque? Dans le
cas de la Régie de l'assurance-maladie, les fonctions d'analyse des
données assumées par la régie sont quelque peu plus
importantes à cause des problèmes de confidentialité qui
se posent en vertu de la loi. En ce qui a trait à la planification,
c'est définivement le ministère.
L'aspect de l'analyse, cette question de confidentialité
n'existait pas, pourrait être plus poussé au ministère que
'ce ne sera probablement le cas à cause de cet aspect de la
confidentialité.
M. CLOUTIER (Montmagny): A part le ministre, le sous-ministre et
quelques autres, M. Dussault, je crois, Mme Nicole Martin et peut-être
d'autres qui ont travaillé dans le secteur de la recherche pour la
commission Castonguay-Nepveu, est-ce que d'autres sont revenus, ont
été rapatriés au ministère des Affaires sociales
dans cette direction de la planification ou dans d'autres secteurs du
ministère qui ont trait plutôt à la recherche?
M. CASTONGUAY: M. Dussault agit à titre de conseiller. Il n'a pas
le statut de fonctionnaire et il doit, au cours des prochains mois, quitter le
ministère pour aller poursuivre le travail qu'il avait entrepris
auparavant de rédaction d'un traité sur le droit administratif.
Il a principalement travaillé au niveau de la législation. Nous
avons fait un travail considérable et je crois que vous serez en mesure
de le juger si nous sommes en mesure de faire face à notre
échéance, encore une fois, avant l'ajournement par le
dépôt des lois dont j'ai parlé. M. Dussault a
travaillé principalement au niveau de la législation.
Mme Nicole Martin, qui était avec la commission, n'est pas
fonctionnaire. Elle nous a aidé à l'occasion de certains travaux
mais elle n'est pas au sein du ministère. Il y a M. Claude Forget, qui
avait participé aux travaux de la commission, qui est aujourd'hui
sous-ministre
adjoint. Mme Gauvin, qui nous avait été
prêtée par le ministère des Affaires intergouvernementales
qui, comme on l'a dit hier soir, est maintenant attachée à la
direction des affaires extraministérielles. Le Dr Brunet est
sous-ministre et moi, qui suis ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai commencé par le ministre, le
sous-ministre et...
M. CASTONGUAY: André Hurtubise avait été
prêté par le ministère à la commission. Il avait
laissé le ministère pour travailler à temps plein avec la
commission et aujourd'hui, il est revenu au ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre, ce n'est pas moi qui l'ai
rapatrié.
M. BOIS: M. le Président, j'aurais une question à poser.
Dans la direction de la planification, par exemple, envisagez-vous non
seulement l'étude des cadres du personnel requis mais aussi
l'application des services eux-mêmes?
Est-ce que vous tenez compte, par exemple, au point de vue statistique,
et des services et des montants qui peuvent être requis et du personnel
qui peut être requis pour l'application...
M. CASTONGUAY: Ce que vous venez de mentionner est principalement la
tâche de la programmation et du financement. Nous allons concentrer notre
travail sur l'identification et la prévision des besoins de la
population, sur le développement d'indicateurs qui vont nous permettre
d'abord d'identifier clairement quel est l'état de développement
de la population du Québec dans le domaine sanitaire, dans le domaine de
la sécurité du revenu et dans le domaine des services sociaux;
d'autre part, de pouvoir suivre cette évolution au fur et à
mesure qu'elle va se développer et la mettre le plus possible en
relation avec la qualité et la quantité des services offerts
à la population par l'intermédiaire du ministère des
Affaires sociales.
Lorsqu'il s'agit de l'implantation comme telle des programmes, de
l'analyse des coûts des services existants, ce sont des rôles qui
n'appartiennent pas, comme tels, à la planification dans le partage des
fonctions que nous nous sommes données à l'heure actuelle.
M. BOIS: Cela répond à ma question.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, dans l'ordre
chronologique des directions générales, je pense que la
planification viendra en premier lieu. C'est la première étape
dans le ministère, là où on décide des
orientations.
M. CASTONGUAY: D'ailleurs, c'est reconnu sur l'organigramme.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce sera peut- être pour la disposition,
l'an prochain. Ce n'est pas la question d'en faire un débat, c'est une
constatation que je fais. Cela m'amène à poser une question, soit
au ministre ou au sous-ministre.
Première question: Quelle est la composition des
différentes disciplines représentées dans ce secteur de la
planification où il y a 44 personnes? Est-ce qu'il y a davantage
d'économistes, de sociologues? Il est intéressant à ce
moment-ci de savoir la composition, comme formation de base, de ces
fonctionnaires.
M. CASTONGUAY: Avant d'entrer dans la réponse de façon
plus précise, à la question telle que vous la formulez, je
voudrais simplement faire un commentaire. Lorsque nous avons nommé le
sous-ministre adjoint responsable de cette direction générale,
nous avons été bien conscients de la nécessité d'un
équilibre, pour éviter le danger qui avait été
souligné, l'an dernier, et sur lequel on a posé des questions,
à savoir si l'on considère qu'un ministère a
absorbé l'autre ou encore qu'on se retrouve en situation de
déséquilibre. Alors, en nommant M. Aubert Ouellet, je crois qu'on
a été bien conscient de cette nécessité de garder
un équilibre, étant donné son expérience
antérieure, particulièrement dans le domaine des services
sociaux.
On sait que M. Ouellet était attaché anciennement au
Conseil de développement social de Montréal.
Quant au titulaire, à l'intérieur, maintenant, je vais
demander au Dr Brunet... Il faut tenir compte qu'à l'intérieur,
comme l'a mentionné M. Ouellet, nous avons une situation de
départ qui était une situation de fait. La direction de la
recherche de la planification était développée au sein du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social alors que, du
côté du ministère de la Santé, il n'existait pas de
direction comme telle.
Alors, on va probablement observer un certain déséquilibre
dans la réponse donnée, mais nous en sommes conscients.
Au point de vue de la formation et de la diversité des individus,
on a essayé d'atteindre une assez grande ou la plus grande
diversité possible. Je pense que la formation des différents
sous-ministres adjoints est un assez bon exemple de cette réalité
concrète, parce que leur formation de base et leurs orientations, par la
suite, ont été très différentes, les uns par
rapport aux autres.
Au niveau de la planification, je pense qu'il est bon de mentionner
qu'un sous-ministre adjoint est un travailleur social, de formation de base
avec un doctorat en économique, qui assure une préparation
très correcte et très prometteuse sur le plan de la
planification. A l'intérieur de son équipe, il y aura une
diversité. On s'est efforcé jusqu'à maintenant, pour les
gens qui sont là, d'avoir une diversité dans les formations. Il y
a un avocat avec une formation d'économiste. Il y a M. Hurtubise qui est
un
spécialiste en informatique. Il y aura des économistes. Il
y aura des sociologues. Il y aura sûrement un ou deux médecins,
malgré la difficulté de les recruter dans la Fonction
publique.
On veut s'assurer qu'il y aura des travailleurs sociaux il y en a
déjà et je pense qu'il y a M. P.-A. Bernier qui est rendu.
Cela devrait assurer suffisamment de diversité pour que la planification
ne soit pas strictement orientée vers des problèmes
économiques mais, à la fois vers des problèmes
économiques et sociaux, tels la santé et l'aspect psychiatrique.
En plus, pour les déficiences ou pour les absences d'expertise qu'on va
nécessairement retrouver parce qu'on est loin d'être
convaincu que pour assurer la présence des différentes
spécialités, il faut avoir un représentant à
l'intérieur du ministère il nous apparaît beaucoup
plus valable de faire appel à des expertises extérieures. On a
des échanges assez fréquents, à différents niveaux,
soit par des comités, soit par des groupes de travail, soit par des
individus identifiés pour acquérir l'expertise du milieu et aussi
assurer le renouvellement de cette expertise.
On pense qu'il y a peut-être plus d'avantages à faire
ça que d'essayer de retrouver des spécialistes dans chacun des
secteurs ou des sous-secteurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un des dangers que courent tous les services de
planification, c'est de travailler évidemment en vase clos en n'ayant
pas assez de contacts avec la réalité. Evidemment, il y a deux
façons d'écarter ce danger ou de l'amoindrir, c'est d'abord les
communications à l'intérieur du ministère avec d'autres
directions générales qui sont chargées, comme celle de la
programmation, celle du financement, celle de l'administration, de
l'application des programmes et de voir dans quelle mesure ils sont
réalisables ou non. Il y a aussi les communications avec
l'extérieur du ministère. Il y a enfin les politiques sociales
qui se traduisent par des politiques administratives et qui touchent les
individus par le truchement d'institutions ou de services organisés
à l'extérieur du ministère. Il faut donc qu'il
s'établisse un certain contact.
Quel est le moyen que la direction de la planification ou le
ministère des Affaires sociales prend pour que ces spécialistes,
qui travaillent dans un domaine essentiellement théorique, puissent
aussi garder un contact sain et nécessaire avec la
réalité, avec les difficultés pratiques d'application des
programmes?
M. CASTONGUAY: Je pense que c'est un problème qu'on va frapper
à moyen terme. On doit dire que, pour le moment, le gros
problème, c'est de ne pas trop les accaparer dans des problèmes
concrets parce que la masse de nos problèmes sont vraiment des
problèmes concrets et des problèmes d'action. Comme
mécanisme en vue d'éviter cela, il y a la réunion
régulière de l'exécutif qui nécessairement fait que
le sous-ministre responsable est conscient des problèmes des autres. Il
y a l'existence du Conseil des affaires sociales qui va servir, jusqu'à
un certain point, aussi de contrepoids à la planification et à
l'application de cette planification. Il y a les relations plus ou moins
formelles, les relations, les commandes par exemple dans les milieux
universitaires ou dans certains milieux pour la collaboration sur des
études ou sur des travaux en cours qui vont amener une réaction
ou enfin une présence avec des gens qui travaillent sur le terrain et
enfin les travaux du financement, c'est-à-dire le financement et la
programmation. Autant on doit assurer la relation au niveau des sous-ministres,
autant on devra assurer des relations au niveau des cadres supérieurs et
même des professionnels car on a beaucoup de problèmes qui doivent
se régler en commun. Par exemple, il y a rarement un problème que
seul le financement ou seule la programmation peut régler. Alors
à ce moment-là, ça ne se règle pas
nécessairement toujours au niveau du sous-ministre ou des sous-ministres
adjoints, ça se règle à l'intérieur des directions
par des gens qui se rencontrent: trois individus aux trois directions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et aussi j'imagine avec la direction des
projets spéciaux...
M. CASTONGUAY: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...et dans les mesures sociales avec les
directions qui s'occupent de l'application telles que la Loi de l'aide sociale,
la Régie des rentes dans son application des allocations familiales, des
allocations scolaires. Est-ce qu'il y a des relations aussi le
sous-ministre n'en a pas parlé avec l'Office de planification du
gouvernement?
M. CASTONGUAY: L'Office de planification, on en a parlé hier et,
j'y vais le plus souvent possible. M. Beausoleil établit les liens
formels et permanents avec l'Office de planification et c'est au niveau de
l'exécutif que les problèmes sont discutés ou peuvent
être mis en cause. Maintenant, il y aura probablement des projets de
recherche quand on sera un peu plus avancé dans la planification parce
que là vraiment M. Ouellet est arrivé depuis deux ou trois mois,
à temps plein, ça fait deux mois Alors il y aura
sûrement des relations établies entre son groupe de travail et
l'Office de planification sur des problèmes particuliers.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une lecture rapide des fonctions, des
responsabilités des deux directions générales, celle du
financement et celle des affaires extraministérielles, à
première vue, m'indique qu'il peut y avoir un danger de chevauchement
dans certaines responsabilités. Est-ce qu'en pratique...
M. CASTONGUAY: Dans la planification?
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans la planification, excusez si j'ai dit
financement. Dans la planification et les affaires extraministérielles,
est-ce qu'en pratique vous avez constaté, depuis deux ou trois mois que
M. Ouellet est en fonction et M. Beausoleil à la direction des affaires
extraministérielles, qu'il peut y avoir certains chevauchements,
certaines difficultés de ligne de démarcation entre le travail
des directions générales?
M. CASTONGUAY: Il y en a entre toutes les directions, j'oserais
dire...
M. CLOUTIER (Montmagny): Particulièrement entre ces
deux-là.
M. CASTONGUAY: Je n'oserais pas dire que c'est pire pour ces
deux-là que d'autres. Il y en a là comme il y en a entre le
financement, la programmation, comme il y en a entre la programmation et la
planification. Je pense que nous n'avons pas réglé toutes ces
zones grises. Je doute qu'on les règle jamais totalement. Ce sont des
conflits qui, d'une certaine façon, sont sains et qui se sont
réglés à l'intérieur, jusqu'à
présent, sans aucune difficulté.
M. LAURIN: Ce sont des éclairages différents.
M. CASTONGUAY: C'est cela et cela crée des conflits ou des
intérêts. A un moment donné, les deux groupes vont
s'intéresser aux mêmes problèmes. Ils vont apporter une
réponse un peu différente.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il ne faudrait pas les régler
complètement. Il y a un chevauchement entre ces deux...
M. CASTONGUAY: Il n'y a pas de danger.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... directions-là,
particulièrement, parce que les deux sont à l'intérieur du
ministère des Affaires sociales et travaillent assez souvent, sur des
projets identiques.
M. CASTONGUAY: C'est régulier. Par exemple, si vous prenez les
allocations familiales, nous avons des documents qui nous viennent de la
direction de M. Beausoleil; d'autres qui nous viennent de la planification. Je
pense que c'est tout à fait sain.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela doit faire une certaine émulation
entre les deux directions générales.
M. CASTONGUAY: Nous essayons de faire en sorte que le travail soit le
plus complémentaire possible. Dans chaque projet, en fait, chaque
direction a un rôle à jouer. Il y a des fonctions qui sont
spécifiques et qui échoient à chacune des directions
générales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand pensez-vous être capable de
compléter vos cadres et particulièrement en ce qui concerne la
santé? Vous avez dit, tantôt, que de ce
côté-là, c'est un peu le parent pauvre.
M. CASTONGUAY: J'ai bon espoir qu'au mois d'août, nous aurons en
place les trois cadres supérieurs de cette direction. A partir de
là, je pense que nous pourrons aller assez rapidement pour recruter du
personnel, soit de l'intérieur même du ministère, soit de
l'extérieur, qui pourra se joindre à l'équipe et commencer
à faire le travail qui est très urgent dans ce domaine-là.
Les concours sont terminés là, je pense. Il y a eu des candidats
très intéressants.
M. LAURIN: Si j'ai bien compris, le lien avec le Conseil
supérieur de la famille se fait actuellement par l'intermédiaire
du sous-ministre. Il n'y a pas d'autre mécanisme de prévu?
M. CASTONGUAY: Comme je l'ai mentionné hier, le Conseil des
affaires sociales et de la famille s'est vu confier quelques questions qui
touchent, justement, cet aspect. Nous avons eu, au cours des derniers jours, un
premier document de M. Ouellet et de son équipe que nous avons
critiqué et analysé. Il doit être mis dans sa forme finale.
Nous entendons le transmettre au président du Conseil des affaires
sociales et de la famille pour justement préciser, dans la mesure du
possible, comment les liens doivent s'effectuer, comment les échanges
doivent se faire entre à la fois le ministère, ses directions et
le Conseil des affaires sociales et de la famille. Alors, ce document devrait
être envoyé au cours des prochains jours à M. Marier.
M. LAURIN: Je vois que, dans votre programme de sécurité
du revenu et de services sociaux, vous avez inclus le programme de formation
prof essionnellle et les données sociologiques et individuelles du
chômage. Est-ce que c'est à la suite d'une entente entre le
ministère du Travail et le ministère des Affaires sociales que
cette décision a été prise?
M. CASTONGUAY: Où voyez-vous cela?
M. LAURIN: A la page 19 du document de travail pour l'étude des
crédits. Avant que vous ne me répondiez, j'ai eu l'impression que
les critiques les plus percutantes et les mieux fondées du programme de
formation professionnelle sont, en effet, venue du ministère des
Affaires sociales plutôt que du ministère du Travail.
M. CASTONGUAY: Ah oui! Je vois ici.
M. LAURIN: Est-il exact?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-il exact?
M. CASTONGUAY: Quoi? Quelle était la question?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget a
oublié de commencer sa question par: Est-il exact?
M. LAURIN: Les critiques les plus fondées et les plus exhaustives
du programme actuel de formation professionnelle sont plutôt venues du
ministère des Affaires sociales que du ministère du Travail?
M. CASTONGUAY: Voici, il faut d'abord rappeler une chose. C'est que
depuis un an, au ministère du Travail, il y a eu un certain nombre de
problèmes assez sérieux dans le domaine des relations de travail.
L'été dernier, dans le domaine de la construction.
Après cela, M. Laporte a quitté le ministère. Le
nouveau titulaire n'est entré en fonction qu'au mois de février,
si ma mémoire est bonne, et encore là, nous savons qu'il y a eu
un certain nombre de problèmes. Pendant cette période assez
longue et non prévue, les événements continuaient
malgré tout de se dérouler. C'est pour cette raison que nous
avons peut-être assumé un rôle un peu plus important dans ce
secteur.
Je dois dire que, malgré cette apparence, nous avons eu des
rencontres fréquentes l'automne dernier avec les officiers du
ministère du Travail dans l'élaboration de ces positions. Je dois
dire également qu'un des aspects les plus troublants du programme de
formation professionnelle présentement est celui du
déséquilibre qu'il occasionne dans les mesures de
sécurité du revenu. C'est un problème qui, en tant que
ministère des Affaires sociales, nous préoccupait d'une
façon particulière, beaucoup plus que le ministère du
Travail, parce qu'il y a deux composantes dans ce programme.
M. LAURIN: Il y a l'aspect de la sécurité du revenu et il
y a l'aspect de l'utilité des programmes. Et là je reposerais la
question au ministre d'Etat: Est-ce que lui aussi a étudié d'une
façon assez fouillée l'utilité, la rentabilité de
ces programmes de formation professionnelle pour le reclassement, la
réintégration des assistés sociaux?
M. QUENNEVILLE: Comme je le disais hier, jusqu'ici le service que je
dirige a été accaparé passablement par l'implantation d'un
service de placement étudiant. Je ne peux malheureusement pas dire que
j'ai fouillé les problèmes en profondeur.
M. LAURIN: Est-ce qu'on entrevoit, du moins sur le versant
québécois, l'élimination de ces programmes de formation
professionnelle et leur remplacement par des formules plus rationnelles et plus
adaptées?
M. CASTONGUAY: Tant et aussi longtemps que le programme actuel est en
marche, à cause des sommes significatives...
M. LAURIN: Considérables.
M. CASTONGUAY: ... considérables qui y ont été
consacrées...
M. LAURIN: C'est $100 millions.
M. CASTONGUAY: ... c'est environ $100 millions cette année, il
serait assez difficile de penser ajouter à ces sommes. Il y a la
solution du problème posé qui doit intervenir avant qu'il ne soit
possible vraiment de travailler de façon significative à
l'implantation d'un nouveau programme. Quant à de nouveaux programmes
possibles, il y en a de la nature de ceux décrits par le Dr Quenneville
hier. Il y a aussi la nécessité du maintien d'un programme de
formation professionnelle auquel les ministères du Travail et de
l'Education devront continuer de participer de façon active aussi bien
au plan de la sélection des candidats, au plan de l'organisation des
cours, au plan aussi de l'équilibre entre les cours, de la
sélection des candidats et de l'offre sur le marché du travail,
qu'au plan général, régional ou plus local.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y a un organisme interministériel qui
comprendrait des représentants des ministères du Travail, des
Affaires sociales et de l'Education et qui est chargé d'étudier
d'une façon spécifique et de fouiller ce
problème-là?
M. CASTONGUAY: Il y a le comité interministériel auquel a
fait allusion hier le Dr Quenneville...
M. LAURIN: Il a inclus ça parmi ses sujets.
M. CASTONGUAY: Il y a eu aussi le groupe de travail qui, au cours de
l'automne dernier, a travaillé à la révision des
politiques de main-d'oeuvre au sein du ministère du Travail et qui a
servi de source dans une certaine mesure à certains des exposés
ou des éléments de politique qu'a énoncés M.
Cournoyer au cours de récentes conférences.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y avait un comité spécial
tripartite Education - Travail -Affaires sociales (le ministère du
Bien-être et de la Famille dans le temps) qui a tenu quelques
réunions au sujet de la formation professionnelle. J'ai assisté
moi-même à des réunions avec M. Bellemare, qui était
ministre du Travail, et M. Cardinal, qui était ministre de l'Education.
Est-ce que ce comité a été intégré au
comité
interministériel dont parlait le Dr Quenneville?
M. QUENNEVILLE: Au sujet du comité interministériel, il
faut dire que le fonctionnement de ce comité s'est buté à
des difficultés, en ce sens que plusieurs fonctionnaires-cadres du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre ont été
mutés à d'autres ministères.
Je pense en particulier à M. Savard. Nous avons été
obligés de remplacer ces gens-là par d'autres fonctionnaires du
ministère et ceci a nui jusqu'à un certain point au
fonctionnement.
Cela n'a peut-être pas permis d'attaquer le problème de la
formation professionnelle comme on l'aurait voulu. Disons que, depuis ce
temps-là, nous avons ajouté un autre fonctionnaire au sein de ce
comité interministériel, à savoir le représentant
de l'Education qui n'existait pas auparavant. Nous avons maintenant un
représentant des Affaires sociales, un représentant du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre en la personne de M.
Bergeron, le nouveau sous-ministre adjoint, nous avons un représentant
de l'Industrie et du Commerce, nous avons un représentant aussi du
Conseil exécutif, M. Prigon.
M. CASTONGUAY: Pour le comité qui est chargé plus
particulièrement des programmes, des problèmes de
réintégration sur le marché du travail, des
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale, M. Beausoleil,
à votre autre question, me dit que le comité mixte qui avait
été formé plus spécifiquement en relation avec le
programme de la formation professionnelle est maintenu, qu'il continue de
fonctionner. Il pourrait peut-être nous en donner une certaine
description.
M. le Président, je voudrais simplement rappeler qu'il existe
à ma connaissance ce comité mixte qui est surtout sous la
responsabilité du ministère de l'Education en collaboration avec
le ministère de la Main-d'Oeuvre et le ministère des Affaires
sociales y participe. Mais le comité mixte a des fonctions très
précises. En premier lieu il est fédéral-provincial et il
a des fonctions très précises à ma connaissance je
n'y ai jamais participé mais disons que je suis quand même un peu
au courant d'assurer les échanges
fédéraux-provinciaux au titre de la composition des programmes de
cours qui sont achetés par les services fédéraux. Il en
résulte donc des ensembles de discussions sur les programmes annuels de
formation professionnelle au titre desquels des allocations sont versées
à des participants, à des personnes, et c'est dans ce sens que
les versements d'allocations rejoignent la politique de sécurité
du revenu.
Des montants sont aussi transférés ou versés par
les services fédéraux pour acheter des cours, lesquels cours sont
donnés par les services d'éducation du Québec. A
l'intérieur de ce comité, certains problèmes ont
été soulevés, par exemple au sujet des
responsabilités relatives à la sélection des candidats. A
venir jusqu'à maintenant, cette sélection est assurée par
les services fédéraux de main-d'oeuvre et ce n'est pas
prévu dans le mandat de ce comité de déborder les
objectifs toujours à ma connaissance dois-je le dire des
comités mixtes reliés à l'administration du programme
fédéral d'allocations de formation professionnelle.
M. LAURIN: Est-ce que ce comité mixte a quelque chose à
voir avec le placement?
M. CASTONGUAY: Non. M. Garcia et Roland Gosselin du ministère des
Affaires sociales sont membres du comité mixte et, selon ce qu'on me
dit, ce comité se réunit quatre fois par année. Il y a
aussi un comité technique qui analyse des problèmes plus
spécifiques et qui se réunirait douze fois par année.
M. LAURIN: En ce qui concerne l'élaboration des Dolitiques
concernant, à la page 19 toujours, l'enfance inadaptée, les
ateliers protégés, est-ce que les études sont
commencées dans ce domaine-là? Jusqu'à quel point
sont-elles rendues d'une part? Deuxièmement, quand le ministère
annonce des projets comme ceux qu'il a annoncés récemment;
l'extension de Berthelet, de Val-du-Lac et tout ça, est-ce que la
direction générale de la planification est consultée
auparavant sur le sens d'orientation de ces politiques, ou si au stade
où vous en êtes rendus, ça fonctionne encore d'une
façon parallèle?
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne l'enfance inadaptée et les
ateliers protégés, dans le domaine de l'entance inadaptée,
on peut être prêt très bientôt à énoncer
la politique du ministère. A ce sujet, nous travaillons en collaboration
avec le ministère de l'Education à l'heure actuelle pour
identifier clairement les responsabilités de chacun des deux
ministères dans le secteur de l'enfance inadaptée.
Je pense que le ministère sera prêt bientôt à
énoncer sa politique dans ce domaine.
M. LAURIN: Donc, pour le moment vous n'avez pas été en
mesure de fournir des avis autorisés sur ces programmes.
M. CASTONGUAY: Non, pour la planification comme telle, disons que les
décisions ont été prises à cause des urgences et
suite à des études qui proviennent de la planification. Comme l'a
dit le ministre tout à l'heure, la planification commence à
fonctionner depuis à peine je suis arrivé le 13 mai...
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour reprendre la question du
député de Bourget, il a demandé si le service de la
direction de la planification était consulté pour
l'établissement des politiques de l'enfance et j'ajouterais des
personnes âgées. Mais est-ce que le service de
planification consultera? Parce que, d'après ce qu'on nous a dit
tantôt, il n'y a pas de spécialistes il y a des
spécialistes dans différentes disciplines mais il n'y a
pas dans la liste, je pense bien, de pédagogues, de
psychopédagogues, enfin toute la série de disciplines
reliées à l'enfance inadaptée. Est-ce que le service de
planification va consulter je ne sais pas à quel endroit dans le
ministère l'ancienne direction de l'enfance et ses titulaires ou
l'ancienne direction des personnes âgées ou les titulaires ou, si
ceux qui étaient dans ces directions vont maintenant être
assignés à la programmation?
M. CASTONGUAY: Il y a cette question sur laquelle je vais demander au Dr
Brunet de faire des commentaires et il y a aussi la question des
récentes décisions prises quant à l'implantation ou
à la modification d'institutions existantes. Mais avant d'entrer dans ce
problème particulier, je dois dire que, dans le domaine de l'enfance
inadaptée, il y a aussi une autre dimension, étant donné
que, par cette expression, on inclut aussi tout ce qui touche à la
protection de la jeunesse, la délinquance, et qu'il existe ce
n'est pas nouveau un certain nombre de problèmes assez difficiles
à résoudre c'est-à-dire les relations entre les services
de probation et les cours de Bien-Etre social. Il y a aussi, au niveau de la
cour de Bien-Etre social, un certain nombre de problèmes qui se posent
et qui ont été mis en lumière lors de l'étude de la
commission Prévost. Il y a aussi dans notre réseau
d'institutions, par rapport aux cours de Bien-Etre, aux services de probation,
certains problèmes qui se sont posés. Ce sont des
problèmes assez difficiles à résoudre parce que nous avons
plusieurs groupes en présence. Les avenues à prendre ne sont pas
toujours claires non plus, les solutions ne sont pas toujours faciles à
identifier. Il s'agit de jeunes et il y a des thèses qui s'opposent
quant à la façon justement de corriger les déficiences qui
ont faites qu'on les retrouve aujourd'hui dans les cours de Bien-Etre
social.
Il y a donc ce contexte général qui n'est pas facile.
Dans le domaine de l'enfance inadaptée, il y a aussi comme
vous le savez un éveil extrêmement grand qui s'est produit
au cours des dernières années quant à l'ampleur du
problème et quant aux moyens à prendre. Il y a eu du travail
extrêmement intéressant qui a été fait et qui fait
l'objet de documents dont nous avons hérité au moment du
changement de gouvernement et aussi qui ont été
développés à l'intérieur du congrès de
l'enfance exceptionnelle. Malgré ces travaux intéressants qui
sont faits, encore là, il y a un effort considérable qui doit
être consenti dans ce secteur face à l'ampleur du
problème.
Je crois d'ailleurs que c'est reflété dans une certaine
mesure dans les prévisions budgétaires.
Je voulais juste faire ces deux commentaires d'ordre
général avant de demander au Dr Brunet de répondre de
façon plus spécifique à vos deux questions.
Je répondrai que la majorité du personnel qui faisait
partie des directions que vous avez mentionnées est maintenant
affecté à la programmation. Ces gens ont été
consultés dans des décisions, par exemple sur les foyers ou sur
l'enfance inadaptée, sur les décisions qui ont été
prises.
Pour ce qui est de l'orientation des politiques de l'enfance
inadaptée qui sont en voie d'élaboration, les consultations sont
la responsabilité de la planification, qui consulte selon ses
désirs et qui est libre de consulter qui elle veut. Le processus est le
même à cet endroit-là qu'ailleurs. Une fois que le document
nous parvient, il est déposé à l'exécutif, il y a
une discussion de fond sur le contenu. On peut demander une consultation
extérieure, on peut demander une consultation à
l'intérieur du ministère, demander aux gens responsables de ces
anciennes directions de nous donner leur avis sur les documents. C'est la
façon dont on procède actuellement.
Pour ce qui est des institutions, les décisions ont
été prises un peu comme vous l'avez dit tout à l'heure,
comme cela, on a fait une large consultation du personnel et des directions qui
existaient à l'intérieur du ministère. On a fait une
consultation des milieux concernés à Montréal, du Conseil
de développement social, des organismes familiaux pour essayer de
prendre... M. Bergeron et moi-même avons passé un temps assez
considérable pour saisir le mieux possible la dimension du
problème. Par la suite, c'est avec les personnels au niveau de la
programmation... On a aussi consulté des personnes au niveau de la
planification, MM. Bernier, Périard. Les décisions ont
été prises dans le sens d'autoriser le nombre minimal
malgré tout des demandes qui nous avaient été faites et
que, de l'avis des gens consultés, il apparaissait essentiel de ne pas
mettre en cause, quelles que soient les orientations, c'est-à-dire des
nécessités telles que ces institutions ou ces
établissements paraissaient absolument nécessaires. Il y a la
phase des programmes définitifs de ces institutions-là. Ce
à quoi on voudrait arriver, c'est une plus grande polyvalence de ces
institutions afin d'élargir un peu leur champ d'activités, de les
rendre un peu moins spécialisées et d'essayer d'élargir
leurs activités, que ce soit sur le plan pédagogique ou
autre.
M. LAURIN: Lorsqu'on discutera de la programmation, vous me permettrez
d'y revenir quelques brèves minutes, parce que là, c'est
simplement sous l'angle de la planification que je voulais aborder ce
problème. La même chose pour les garderies de jour pour enfants,
c'est un domaine qui devient de plus en plus important. Il y a les travaux de
l'Institut Vanier pour la famille, il y a eu une conférence
récemment où on a montré l'ampleur et la difficulté
du
problème, l'établissement de normes qui sont vraiment
indispensables. Est-ce que les travaux sont commencés à la
direction générale de planification sur des garderies de jour
pour enfants?
M. CASTONGUAY: Si vous me permettez, il y a, je crois, deux aspects
à cette question. Il y a celui des normes qui s'appliqueraient d'abord
aux garderies purement privées qui pourraient être établies
ou qui sont établies et où les gens paient pour les services de
garderie. Le Dr Laberge, dans la liste des normes qu'il a
énumérées hier soir, inclut celles des garderies de jour
et très bientôt nous entendons appliquer ces normes
déjà, en ce qui a trait aux garderies de jour privées
existantes et à celles pour lesquelles nous avons des demandes.
En ce qui a trait à une politique plus générale des
garderies, nous avons formé au conseil exécutif si ma
mémoire est bonne en janvier dernier, sur décision du
Conseil exécutif, un comité interministériel qui a
été placé sous la présidence ou la direction
générale de M. Gérard Frigon, du Conseil exécutif,
et dont le mandat spécifique était d'élaborer une
politique dans le secteur des garderies de jour.
Il y a un certain nombre de questions qui se rattachent à
l'élaboration d'une telle politique et c'est pourquoi il nous a paru
essentiel d'avoir des représentants de divers ministères.
Premièrement, au plan familial, comment doivent être
conçues les garderies de jour, quels doivent être leurs buts
aussi? Est-ce que notre but comme gouvernement, c'est de faire en sorte qu'on
favorise dans toute la mesure du possible l'accès au marché du
travail des mères de famille ou est-ce que nous devons avoir des
objectifs plus nuancés?
Il y a aussi sur cette question le ministère du Travail qui est
intéressé. Nous avons aussi relié cette question le
ministère du Revenu, étant donné les coûts ou la
relation entre la façon de financer ces garderies, d'imposer des charges
et les dispositions fiscales. Justement au moment où nous avons pris
cette décision, il était question d'apporter des modifications
à la Loi de l'impôt sur le revenu provincial pour que...
M. LAURIN: C'est déjà fait d'ailleurs...
M. CASTONGUAY: Justement, nous avions une préoccupation
différente et, au lieu de permettre d'avoir une exemption ou une
déduction du revenu pour les frais encourus, nous avions cru qu'il
était mieux d'examiner la question de façon pas mal plus
près que celle-là. Il me semble encore que dans ce cas la
politique qui a été annoncée semble plus ou moins
adaptée.
Il y a également le ministère de l'Education qui est
extrêmement intéressé, et le ministère des Affaires
sociales aussi, à deux titres: le ministère de l'Education quant
aux activités de façon générale, et le
ministère des Affaires sociales quant au rôle que peuvent jouer
les garderies particulièrement dans les milieux
défavorisés où l'enfant n'est pas dans un milieu qui lui
permet de se développer à un rythme satisfaisant pour qu'il
puisse entrer de plain-pied dans le système scolaire.
En apparence, cela semble assez simple, mais c'est un sujet assez
complexe. Nous avons insisté auprès du comité pour qu'il
fasse son travail le plus rapidement possible. La semaine dernière
encore, nous avons demandé à M. Frigon où en était
rendu le travail. Il nous dit que nous devrions normalement avoir le rapport
vers le 10 juillet, vers le 12 juillet pour être plus précis.
C'est là où nous en sommes.
M. BOIS: J'aurais une question peut-être superflue à la
suite des explications du ministre, mais je tiens quand même à la
poser. Pour ce qui est de l'enfance inadaptée, par exemple, est-ce que
vous mentionnez que le ministère des Affaires sociales s'occuperait
surtout des enfants qui sont des cas de maladies spécifiques et des
enfants qui seraient abandonnés par les familles, tandis que le
ministère de l'Education s'occuperait strictement, par exemple, des
enfants retardés au point de vue scolaire, même s'ils sont
inadaptés au point de vue familial?
M. CASTONGUAY: Non, M. le Président, le but de nos rencontres,
des échanges avec le ministère de l'Education est de
déterminer les rôles et les responsabilités de chacun des
ministères, d'éviter la duplication et d'assurer la
complémentarité totale des responsabilités. Dans la Loi de
la protection de la jeunesse, par exemple, il est mentionné
spécifiquement que le ministère de l'Education est responsable
des aspects pédagogiques, même dans les institutions sous la
responsabilité du ministère des Affaires sociales. Le but de nos
discussions est de préciser les relations, les responsabilités
réciproques, de nous assurer que le plus grand nombre possible de ces
enfants font partie du système scolaire régulier,
c'est-à-dire qu'ils sont le moins possible en marge ou isolés
dans un milieu où ils sont considérés comme un groupe
d'anormaux et d'éviter qu'ils grandissent avec cette notion
d'anormalité. L'idée, c'est que les responsabilités
pédagogiques soient assumées complètement et le plus
complètement possible par le ministère de l'Education, le plus
souvent possible à l'intérieur des écoles, quitte à
ce qu'il y ait des classes spéciales pour certains types de ces enfants
et que nous jouions le rôle d'hébergement. Il y a tout un
degré dans cela et c'est un peu cela que la planification est
actuellement à faire, préciser et pour nous dire un peu quoi
faire. L'aspect le plus important et ce qu'on discute le plus avec le
ministère de l'Education et qui m'apparaît le plus important,
c'est de trouver le plus de moyens possible pour rapprocher le plus possible le
plus grand nombre de ces enfants d'un système scolaire
général, et de les intégrer à l'école du
quartier, à
l'école régionale, plutôt que leur donner des
classes à l'intérieur d'un établissement, que ce soit pour
handicapés physiques ou pour même des débiles qu'on appelle
"éducables". Il semble que plus on les intègre à
l'école, meilleurs sont les résultats obtenus à long terme
et meilleures sont leurs possibilités de s'intégrer dans la
société après.
M. BOIS: Je vous remercie.
M. BELAND: Il y avait également une question
supplémentaire à celle-ci. En ce qui concerne les enfants sans
famille au niveau des vacances, est-ce que vous avez fait quelque chose de
précis pour les placer dans des foyers ou s'il y a des endroits
très spécifiques comme des colonies de vacances et autres
où ces enfants sont dirigés? De quelle façon
procède-t-on?
M. CASTONGUAY: Pour la question des vacances d'été, pour
que les enfants en foyer nourricier ou dans des milieux
défavorisés aient une chance d'avoir accès à ces
colonies de vacances, nous accordons des subventions. Le choix des enfants est
fait par les agences et non pas par le ministère et les enfants sont
envoyés de façon très générale dans les
colonies de vacances régulières. Il y en a certaines où il
y a peut-être une plus grande concentration de ces enfants. De toute
façon, nous avons fait faire un relevé. M. Girouard nous a
transmis un relevé de toutes les colonies de vacances où les
enfants sont envoyés par telles agences, pour voir à ce qu'un
équilibre soit maintenu, qu'on n'en fasse pas des colonies de vacances
spécifiquement isolées, un peu selon la philosophie que le Dr
Brunet élaborait.
Je pense que cette année nous avons comme montant à cette
fin quelque chose comme $800,000, si ma mémoire est bonne, qui est
affecté spécifiquement à l'envoi d'enfants dans les
colonies de vacances.
M. BELAND: Compte tenu du fait que vous avez une certaine
quantité de demandes de foyers ruraux qui veulent obtenir un, deux
peut-être trois enfants parce que ça va jusqu'à
trois pour le temps des vacances d'été, est-ce que vous
considérez d'abord ces demandes avant d'étudier la
possibilité de les envoyer dans des colonies de vacances?
M. CASTONGUAY: Les subventions sont distribuées en premier lieu
aux agences. Les plus grandes sommes, en montant absolu et aussi, j'imagine,
relativement, sont affectées vers les milieux urbains. Surtout pendant
la période des vacances, lorsqu'on se promène dans certains
quartiers de Montréal ou de Québec, il est évident qu'il
faut faire un effort pour sortir les enfants de ces milieux à un moment
donné, alors que, dans les milieux ruraux, bien souvent au plan de la
santé de l'enfant tout au moins, les conditions de vie sont un peu
meilleures. L'importance de les envoyer en colonie de vacances n'est donc pas
tout à fait aussi grande.
De façon générale, on pourrait vous produire la
liste des subventions accordées aux agences selon les régions de
la province de façon pas mal spécifique, je me souviens
que c'est une liste pas mal longue. On peut vous dire à quels endroits,
dans quelles colonies de vacances les enfants ont été
envoyés. Nous pourrons voir plus clairement comment les sommes sont
distribuées entre les agences de service social et quel nombre d'enfants
sont placés à partir des diverses régions et à quel
endroit ils vont.
M. BELAND: Comme dernière question, allons à un palier
encore plus bas, à savoir celui de l'enfant qui est accepté ou
refusé dans une famille donnée, que ce soit le cas d'un, deux ou
trois enfants.
M. CASTONGUAY: Parlez-vous des foyers nourriciers à ce
moment-là ou des colonies de vacances?
M. BELAND: Des foyers qui sont prêts à accepter la garde
d'enfants durant la période des vacances d'été. Vous me
dites que certaines sommes sont accordées à certaines agences
selon les régions mais ces agences acceptent-elles qu'un certain nombre
de ces jeunes aillent dans des foyers spécifiques qui en font la
demande?
M. CASTONGUAY: Pas à ma connaissance. On pourrait
vérifier. Est-ce que, spécifiquement, on en place?
M. LE PRESIDENT: On en reparlera cet après-midi. On va suspendre
les travaux et on reviendra à 3 heures ou 3 heures 30,
jusqu'après les affaires du jour.
M. CASTONGUAY: Est-ce que la Chambre reprend ses travaux à 3
heures?
M. LE PRESIDENT: On suspend les travaux pour 3 heures.
Reprise de la séance à 15 h 07
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs!
J'aurais une remarque à faire, si vous me permettez. Je
demanderais à tous ceux qui ont des énoncés à
faire, des questions à poser, de prendre tout le temps voulu mais je
leur demanderais de faire ça le plus court possible parce qu'il fait
très chaud et les fonctionnaires du ministère qui doivent
siéger sont très fatigués. S'il y avait moyen de
procéder un peu plus vite, je serais très heureux, tout en posant
toutes les questions que vous voulez.
M. LAURIN: On essaiera de satisfaire vos voeux.
M. LE PRESIDENT: D'une façon très amicale. Nous sommes
rendus à planification.
M. LAURIN: Oui, planification, à propos...
M. CASTONGUAY: Est-ce que je pourrais faire juste un petit commentaire?
Hier, lorsque j'ai lu en Chambre la lettre que m'adressait M. Després au
sujet de l'assurance-maladie, j'ai dit que j'aurais une copie du rapport
d'estimations, du coût du régime. J'en ai une copie pour chacun
ici.
M. LAURIN: A la page 19, lorsqu'on dit personnes âgées,
est-ce que ça intéresse uniquement les garderies de personnes
âgées ou si ça regarde la planification en
général pour les personnes âgées?
M. CASTONGUAY: C'est la planification en général.
M. LAURIN: Le ministre a déjà fait une déclaration
très élaborée sur la politique qui concerne les personnes
âgées. Je pense que c'était en décembre. Est-ce que
les travaux continuent sur cette planification ou si c'était au fond une
conclusion à laquelle en était arrivé le
ministère?
M. CASTONGUAY: En fait, nous avons eu de multiples rencontres, un
certain nombre de rencontres avec les fonctionnaires de la
Société d'habitation du Québec au sujet des foyers
d'hébergement ou des moyens de résoudre le problème du
logement des personnes âgées d'une part. Sur ce plan, en ligne
avec la politique qu'on avait annoncée, il y a deux types de
problèmes qu'on doit distinguer, c'est que dans bien des petits villages
ou de petites localités, il n'y a pas possibilité
d'établir des foyers pour personnes âgées à cause de
leur taille, de la difficulté que nous avons d'avoir une administration
assez efficace dans ces foyers, de la nécessité aussi d'organiser
une vie à l'intérieur de ces foyers adaptée aux
circonstances. C'est un premier problème.
Il y a un second aspect du problème.
Dans les plus grandes villes, on croit qu'avec le développement
de services, d'après la formule de centres locaux, les organismes de
service existants, nous devons davantage mettre l'accent sur le logement des
personnes âgées soit dans des immeubles d'habitation à
loyer modique ou autres et s'éloigner comme je l'avais
mentionné à ce moment-là de la formule des foyers
d'hébergement de façon générale, et en
reconnaissant le fait qu'à mesure que les personnes vieillissent, elles
ne sont pas toutes, malgré les services que nous pouvons leur apporter,
en mesure de demeurer indépendantes indéfiniment. C'est aussi un
problème.
M. LAURIN: Votre principe était de remplacer
l'institutionnalisation par la personnalisation?
M. CASTONGUAY: C'est ça. Ce sont les principes. Nous avons
engagé le dialogue avec la Société d'habitation du
Québec dans le but de trouver des méthodes pour rendre plus
accessibles les habitations à prix modique aux personnes
âgées. Présentement, dans les constructions de foyers
à loyer modique, les corporations ou les sociétés
d'habitation municipales qui en font sont tenues par la société
d'accepter un certain nombre de personnes qui sont bénéficiaires
de l'aide sociale ou du supplément de revenu garanti.
Nous avons tenté, et pas simplement pour les personnes
âgées, pour les autres, de développer une première
formule, avec la Société d'habitation du Québec, pour
assumer une partie des coûts du logement de ces personnes, qui se marie
avec avec la politique de la Société d'habitation du
Québec, qui est de demander un loyer en rapport avec les revenus des
individus.
Nous avons, en parallèle, demandé à M. Pierre
Bernier si ma mémoire est bonne du ministère,
à partir des études effectuées déjà
il y a eu un certain nombre d'études d'effectuées en
collaboration avec les gens de la Société d'habitation du
Québec de poursuivre le travail pour aller au-delà de
cette partie seulement des logements à prix modique. Nous comptons avoir
son rapport incessamment.
Quant à l'aspect plus général, politique pour les
personnes âgées, développement des services de diverses
natures, il y a beaucoup de travail à faire...
M. LAURIN: Loisirs, services à domicile, aides
ménagères...
M. CASTONGUAY: ... un problème plus général. C'est
une des responsabilités du service de planification, d'une part, et je
suis assuré aussi que le Conseil des affaires sociales et de la famille,
qui a les études effectuées pour la commission et il y en
avait une en particulier sur ce problème va certainement aborder
la question également.
M. LAURIN: Je tiens à souligner ici, M. le ministre, que dans ma
discipline médicale, il y a des nouveaux spécialistes qu'on
appelle les gériatres qui ont fait plusieurs études sur le
sujet.
Il y en a un ici à Québec, pas loin, un certain docteur
Bouchard. Il y a aussi les gens qui s'occupent de réhabilitation de
médecine physique qui ont aussi fait beaucoup d'études sur le
sujet. Vous en trouverez à Montréal parmi ceux qui sont des
officiers du ministère des Anciens combattants qui ont été
obligés d'étudier ces problèmes-là depuis un
certain nombre d'années et qui ont développé certains
types d'institutions ou de services et accumulé une expérience
qui pourrait sûrement être bénéfique au directeur de
la planification. Je me rappelle en particulier du nom d'un docteur Baine qui a
sûrement beaucoup d'expérience dans le domaine et beaucoup de
connaissances. Est-ce qu'on peut dire que le livre blanc non pas un
livre blanc mais l'étude qui avait paru: Politique de la
vieillesse, est le document de base qui inspire actuellement la pensée
du ministère là-dessus?
M. CASTONGUAY: C'est une des études de M. Jean-Marie Martin.
M. LAURIN: En ce qui concerne l'étude du rapport Bird, est-ce que
vous étudiez simplement les implications qui touchent le secteur des
affaires sociales ou si c'est votre ministère qui étudie toutes
les implications du rapport Bird pour la population
québécoise?
M. CASTONGUAY: En ce qui nous concerne, nous regardons le rapport, nous
étudions le rapport seulement dans ses aspects qui tombent directement
sous la responsabilité du ministère. L'ensemble du rapport a
été étudié plus en détail par la direction
des affaires extraministérielles.
M. LAURIN: C'est donc votre ministère qui étudie tous les
aspects?
M. CASTONGUAY: De fait, il y a d'autres aspects. Ce qui a
été demandé c'est que les ministères, tel la
Justice, par exemple, prennent connaissance du rapport Bird et s'en inspirent
comme document valable pour adapter soit la législation, les programmes.
Le ministère du Travail est évidemment extrêmement
intéressé aussi.
M. LAURIN: L'aspect fiscal aussi. M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN: Quels sont les aspects du rapport Bird que vous
étudiez particulièrement en ce qui vous concerne?
M. CASTONGUAY: En ce qui nous concerne, tout l'aspect qui est
mentionné dans le rapport Bird concernant les garderies. Nous sommes
très intéressés et nous participons activement au
comité interministériel sur les garderies à l'heure
actuelle. Nous allons essayer de faire valoir les points qui sont
concernés là-dedans.
M. LAURIN: La situation de la mère célibataire?
M. CASTONGUAY: C'est une question qui nous intéresse
énormément. Nous n'avons pas encore commencé dans les
détails à élaborer un programme de travail
là-dessus. C'est une des priorités du ministère pour les
prochaines années à venir.
M. LAURIN: Il y a un autre rapport que je me serais attendu à
trouver dans les pages qui traitent de votre direction, c'est le rapport
LeDain.
Est-ce que le rapport LeDain fait aussi l'objet de votre attention?
M. CASTONGUAY: Cela s'est passé avant l'arrivée de M.
Ouellet. Le rapport LeDain, c'est-à-dire le rapport préliminaire,
a été étudié au niveau du ministère avec M.
Beausoleil et une équipe et aussi par le Dr Boudreau, de l'OPTAT, qui
nous fait un rapport assez complet sur le rapport LeDain. On a transmis
à la commission les commentaires et les impressions du ministère.
Il y a actuellement des activités assez importantes au niveau du
fédéral concernant l'aspect financier et une organisation, sous
la responsabilité du Dr Aurèle Beaulne, a pris la
responsabilité de ce secteur qui est en voie d'expansion au niveau
fédéral. Ici avec l'OPTAT, nous avons collaboré à
l'intérieur de cela et je prévois qu'avec la déposition
finale du rapport LeDain, qui devrait se faire dans le cours des prochains six
mois, nous aurons de nouveau à l'étudier et à envisager
quels gestes nous devrons poser.
M. LAURIN: C'est tout pour ma part, à l'heure actuelle.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Alors
prééducation, adopté?
M. BELAND: Non, prééducation n'est pas adopté
encore. En ce qui concerne les foyers pour personnes âgées, c'est
bien à ce stade-ci qu'on en discute, n'est-ce pas?
M. CASTONGUAY: On a parlé de l'approche générale,
on peut parler au plan soit de la programmation ou encore plus loin des cas
précis, s'il s'agit de cas précis de construction. On peut en
parler, tout dépend de la question.
M. BELAND: Dans ce cas, est-ce qu'il y a d'autres formes de mise en
application qui ont été pensées relativement à la
construction de
foyers pour personnes âgées et qui feraient en sorte que ce
seraient les personnes âgées qui auraient la contribution totale
du ministère à savoir le montant qui serait normalement
alloué pour le logement plus la pension réelle originale. Est-ce
qu'il y a quelque chose qui a été pensé dans ce sens
à ce jour pour faire en sorte que les personnes âgées
puissent aller, premièrement, là où elles veulent bien
aller et, deuxièmement si elles ne sont pas satisfaites, il s'agit de
changer de place.
Il existe quand même présentement un certain malaise
à l'intérieur de foyers, qui fait en sorte que différents
éléments entrent en ligne de compte et parmi ces
éléments j'ai déjà éveillé
l'attention du ministre à ce sujet-là il y a celui-ci
à savoir que dans certains foyers, on ne laisse aux personnes
âgées que $1.50 ou $2 chacun, par mois, pour toutes leurs petites
dépenses. Il existe un certain malaise à cause de tout
ça.
Est-ce qu'il y aurait quelque chose d'autre qui serait pensé
actuellement pour obvier à ces malaises?
M. CASTONGUAY: Lorsqu'on a au mois de décembre fait la
déclaration que le Dr Laurin mentionnait, nous avons fait une
première chose: une modification à la Loi de l'habitation
familiale pour donner le rabais d'intérêt. Nous savons que ce
n'est pas une mesure qui a un impact énorme, mais c'était une
première chose. L'esprit général visait justement dans le
sens que vous mentionnez à leur donner un peu de liberté de
choisir où ils veulent aller, comment ils veulent se loger.
Avec la venue du supplément du revenu garanti plus
élevé à compter du 1er avril, nous avons essayé de
régulariser les montants que les bénéficiaires du revenu
ou ceux qui ont d'autres sources de revenu peuvent garder. Parce
qu'anciennement dans bien des cas, ceux qui avaient une certaine
équité ou un peu de ressources devaient pratiquement les
épuiser et après ça ils tombaient dans le système
plus général. Nous avons émis une directive que nous avons
envoyée aux foyers M. Forget peut en donner plus de
détails pour essayer de faire en sorte que les gens soient
traités un peu plus sur le même pied en ce qui a trait aux
montants qu'ils peuvent garder.
Lorsqu'il s'agit de leur donner des sommes pour leur permettre de se
loger, de se nourrir, de voir à leurs besoins, la Loi de l'aide sociale
reconnaît comme principe spécifiquement d'une part les besoins
réguliers et d'autre part les besoins de logement. Il nous reste aussi
l'autre aspect. Dans les logements à prix modique, les discussions que
nous avons eues avec la Société d'habitation du Québec et
les directives émises par la Société d'habitation du
Québec sont à l'effet d'accepter, pour les sociétés
d'habitation minicipales, un certain nombre de bénéficiaires de
la Loi de l'aide sociale dans le cadre de ces habitations à loyer
modique en appliquant les règles minimales sur le montant qu'ils ont
à payer pour leur revenu.
Il nous reste un travail à faire parce que tout ça n'est
pas suffisant, nous en sommes conscients et particulièrement dans les
plus grandes villes comme à Montréal où le problème
est assez aigu. Il nous reste un travail à faire qui n'est pas
terminé. On attend incessamment des propositions de M. Bernier qui a
été chargé avec la Société d'habitation du
Québec de poursuivre les études sur ce plan-là.
Nous avons des cas qui ont été étudiés
où on analyse la rentabilité de projets spécifiques avec
l'aide des lois actuelles. Il semble bien qu'il va nous falloir poser un autre
geste. Est-ce qu'on devrait éliminer pour une certaine catégorie
de ces habitations le paiement de taxes foncières même si on ne
les finance pas comme foyers d'hébergement? C'est une approche. Cela
pourra être assez significatif en fait. Il faudrait reconcilier cela avec
la position prise à la conférence provinciale-municipale
où on a dit que, graduellement, on voulait que les institutions paient
la taxe foncière. C'est une des approches. Il y a aussi le
problème de la taxe de vente sur les matériaux de construction
qui a une incidence sur le coût de ces constructions. Je n'ai pas eu le
temps d'analyser en détail le dernier budget. Si ma mémoire est
bonne, la taxe de vente continue de s'appliquer. Est-ce que dans ces foyers on
ne pourrait pas également inclure même si ce ne sont pas
des foyers d'hébergement au plein titre les habitations qui
logeraient un certain nombre de personnes âgées? Est-ce qu'on
pourrait les assimiler à des institutions qui sont exemptes de la taxe
sur les matériaux de construction? C'est une autre possibilité.
On est en voie de terminer une autre étape du travail pour essayer
d'apporter un autre élément de solution. C'est un problème
qui est complexe et qui n'est pas facile.
M. BELAND: A partir de quelle date environ a-t-on mis en application la
directive voulant que le type qui vient demeurer à l'intérieur de
ces foyers-là ne soit pas obligé de se départir de la
totalité ou de la quasi totalité de ses biens avant de pouvoir
bénéficier de l'aide?
M. CASTONGUAY: Si ma mémoire est bonne, c'est le 1er avril 1971.
Est-ce que M. Forget est ici? Est-ce que c'est le 1er avril 1971?
Effectivement c'est entré en vigueur pour le mois de mai 1971
parce que la contribution majorée au titre d'allocations de la
sécurité de vieillesse quoique payable pour le mois de mai est
reçue à la fin du mois et servait à payer la contribution
des personnes âgées au moins en partie pour le mois
subséquent.
M. BELAND: Le montant exact que chaque vieillard a le droit de garder ou
que l'administration du foyer doit laisser, en d'autres mots, à chaque
vieillard, quel est-il, quel est le montant mensuel?
M. CASTONGUAY: En vertu d'une directive qui a été
émise au mois d'avril, le montant qui est laissé pour menues
dépenses aux pensionnaires est d'un minimum de $31 par mois. C'est une
somme qui est sujette à augmentation dans la mesure où le
pensionnaire de l'établissement pour personnes âgées
dispose de revenus supplémentaires. Ceci a été fait de
façon à ne pas décourager complètement
l'indépendance financière, le maintien d'une certaine
indépendance financière pour ces pensionnaires qui, autrement,
sont invités à se départir de tous leurs avoirs liquides
de façon à se classer parmi les catégories d'assistance
publique. La formule utilisée est assez simple. Elle est essentiellement
basée sur le montant de base de $31 plus la différence entre tous
les autres revenus de toute provenance autre que la pension de la
sécurité de vieillesse et la contribution aux frais
d'hébergement qui est égale à la moitié de ces
revenus d'autres sources. La formule pour la détermination de la
contribution des pensionnaires est la suivante : elle consiste dans un premier
élément qui est la somme reçue au titre de la
sécurité de la vieillesse, c'est-à-dire la pension de
vieillesse de base, cette somme de $80 plus le supplément qui peut
atteindre un maximum de $136 par mois par personne moins les $31 qui
constituent l'allocation minimum de base. Ceci est le premier
élément pour déterminer la contribution du pensionnaire
à son coût d'hébergement.
Le deuxième élément qui s'ajoute au premier est
constitué par la moitié des revenus de toute autre provenance que
la sécurité de vieillesse, ce qui fait que l'allocation de menues
dépenses est majorée de l'autre moitié des revenus de
toute autre provenance de façon brute, bien sûr, puisqu'il y a
aussi un impôt sur le revenu qui est payable sur les revenus d'autres
sources.
M. Forget, pour donner un exemple concret approximatif de ce que
ça donne, est-ce qu'on doit prendre le coût moyen
d'hébergement mensuel d'une personne dans un foyer pour personnes
âgées d'une part et aussi la situation d'une personne seule qui
n'a pas d'autres sources de revenu et qui reçoit le maximum du
supplément du revenu garanti? A qui les $31 sont laissés pour
montrer ce que cette personne a comme revenu, ce à quoi elle contribue
par le truchement de la pension de vieillesse, du supplément du revenu
garanti et ce que nous payons en surplus compte tenu des frais de
fonctionnement d'un foyer en moyenne?
Je n'ai pas avec moi les chiffres nécessaires pour
déterminer cette somme, mais approximativement nous avons un coût
moyen de près de $9 par jour pour les établissements pour
personnes âgées...
M. BELAND: Coût moyen provincial.
M. CASTONGUAY: Coût moyen provincial. Il y a, pour la personne qui
bénéficie du maximum du supplément de
sécurité de vieillesse, $135 par mois, une contribution maximum
à son hébergement de $104 par mois. Comparativement à la
somme moyenne de $9 par jour, ceci fait environ $270 par mois, la contribution
nette du ministère est de l'ordre de $166 par mois.
Dans le calcul du montant percevable d'un pensionnaire, nous avons exclu
le coût de ce qu'on a désigné à défaut d'une
meilleure expression, les services cliniques, c'est-à-dire de tous les
services apparentés à des services de santé qui sont
donnés dans les établissements pour personnes âgées.
Ce sont essentiellement des services d'ergothérapie ou de
physiothérapie et certains services de garderie qui s'ajoutent aux
simples activités d'hébergement ou d'hôtellerie.
Donc, dans le calcul du montant maximum qu'un cas privé peut
payer, on a exclu le coût de ces dépenses-là.
M. BELAND: Maintenant, au niveau des services additionnels aux malades
donnés par l'intermédiaire de gardes attitrées ou
médecins, est-ce qu'il y a des barèmes stricts d'établis
auxquels les foyers doivent se conformer?
M. CASTONGUAY: Pour ce qui est des services médicaux, je pense
que votre question pourrait s'adresser à quelqu'un d'autre. Il y a en
effet des barèmes qui s'appliquent dans ces cas-là. Pour ce qui
est des autres services, ce sont les services approuvés pour
l'institution en vertu du plan d'organisation en somme de
l'établissement en question. Il peut y avoir des variations d'un
établissement à l'autre en fonction de la classification des
pensionnaires établis à une époque donnée.
Comme vous le savez, il y a trois classes de personnes
âgées dans les établissements, les S 1, S 2, S 3, et lors
de l'évaluation des besoins en personnel des différents services
des foyers pour personnes âgées, on s'est basé sur la
classification, à un moment donné, des pensionnaires de
l'établissement.
C'est toujours sujet à des variations, bien sûr, parce que
les mêmes individus passent par des phases souvent de
détérioration progressive de leur état de santé. A
ce point de vue, il y a donc, d'un établissement à un autre, des
variations.
M. BELAND: Est-ce qu'il y a un minimum de personnes âgées
qui doivent être dans un foyer? Est-ce que l'on exige, devrais-je dire,
un minimum pour assurer un service de gardes 24 heures par jour?
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, il y a d'abord les foyers privés qui
existent. Et il y en a de toutes les tailles. Il y a aussi les autres foyers
d'hébergement qui ont été construits plus
récemment, qui sont d'une taille généralement plus grande.
Et il y a là un problème d'une situation de fait,
particulièrement du côté des foyers privés. Cela a
été indiqué assez
clairement dans le rapport de la commission Gendron à la suite de
l'incendie de Notre-Dame-du-Lac.
Maintenant, ces normes, au plan de la sécurité, sont des
normes établies par le ministère du Travail.
M. BELAND: Un instant, M. le ministre, je crois que j'ai
été mal compris. J'aurais dû préciser davantage,
c'est de ma faute. Je ne voulais pas parler de garde ordinaire, je voulais
parler d'infirmières ou encore de médecins, ou encore de
personnes attitrées au point de vue médical 24 heures par
jour.
M. CASTONGUAY: Il est extrêmement difficile de répondre
à cela parce que ça varie beaucoup avec les catégories.
Quand on parle de foyers pour personnes âgées, on considère
qu'il s'agit de foyers où habituellement les gens sont relativement
autonomes et en moyenne il n'y a pas de barrière absolue dans la
pratique où les gens n'ont pas besoin de soins médicaux
actifs. Quant à la responsabilité des soins, à ce
moment-là, il y a un certain nombre de foyers qui sont plus
considérables ou qui sont assez gros où il y aura une
infirmière avec une petite salle d'urgence en permanence et qui rentre
dans les services qui s'ajoutent aux frais et qui émargent au budget du
ministère.
Dans les autres foyers, par exemple, pour la présence d'un
médecin, c'est laissé entièrement à
l'administration du foyer qui, habituellement, est en relation avec le
réseau de santé général. Il n'y a pas d'imposition
du ministère parce qu'en théorie ce sont des gens
âgés mais qui ne sont pas nécessairement malades. S'il y en
a un qui est malade, le régime de santé doit assurer
l'accessibilité à un médecin mais ça n'entre pas
dans les barèmes ou dans les normes minimales du ministère.
Si vous allez dans les hôpitaux de convalescents ou de malades
chroniques, à ce moment-là, il y a des normes minimales où
on demande une visite par semaine. Cela dépend des endroits, ça
dépend de la nature des gens qui sont malades et, encore là,
ça peut varier énormément.
M. BELAND: Sur un autre palier, à la suite, d'un certain nombre
de décès enregistrés dans certains foyers, est-ce que le
ministère a exercé un genre d'enquête pour savoir s'il n'y
aurait pas quelque chose de spécial attribuable à la nourriture
ou tout autre facteur semblable qui serait entré en ligne de compte?
Est-ce qu'il y a eu des enquêtes faites dans ce sens?
Le Dr Laberge a donné hier les responsabilités de sa
direction et l'une de ces responsabilités c'est de contrôler les
normes alimentaires, les normes de qualité de soins, les normes... Si on
reçoit une plainte, si on identifie un endroit, par exemple, où
vous mentionnez que le nombre de décès est plus
élevé, je n'oserais pas dire que nous avons actuellement un
mécanisme d'information suffisamment bien organisé pour nous
donner rapidement les taux de décès par institution, mais s'il
nous est signalé quelque anomalie ou une infection alimentaire, le
service des normes va immédiatement inspecter.
M. BELAND: A ce moment-là lorsqu'une personne, certainement
compétente, va inspecter, est-ce qu'elle interroge strictement celui qui
est le gérant en quelque sorte du foyer, ou elle interroge
également les malades hors de la présence de
l'administrateur?
M. CASTONGUAY: Il y a un protocole, et vous pouvez être certain
que le Dr Laberge s'est assuré que cette visite-là n'était
pas annoncée au préalable, autant que possible.
Deuxièmement, ils y vont très souvent deux ou trois. Il y en a un
qui s'occupe du directeur général, les autres visitent les
malades, ils sont même allés visiter les déchets, etc.
M. LAURIN: Ils cernent la maison. DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CASTONGUAY: Je pense que là-dessus on peut faire confiance au
Dr Laberge. Il n'est pas ici, mais...
Il a aussi mentionné qu'à ce jour il avait visité
environ 500 institutions qui sont en relation avec le ministère, et
qu'à peu près une année après le début du
programme, l'ensemble des institutions avait été visité au
moins une fois. Déjà à présent les visites ont
donné lieu à un bon nombre de recommandations, soit aux autres
directions du ministère, soit aux institutions, pour apporter des
modifications, et la décision, dans quarante cas, d'annuler le permis ou
de ne pas renouveler le permis de fonctionnement où les conditions
vraiment, ne répondaient pas aux exigences minimums.
M. BELAND: Ces questions techniques peuvent vous sembler curieuses, mais
je les pose en connaissance de cause sur des incidents qui se sont produits.
Or, cela mérite une attention tout à fait spéciale,
à mon sens, de la part du ministère. Il ne faudrait pas que cela
se répète.
M. CASTONGUAY: On a considérablement raffermi les
contrôles, mais tant et aussi longtemps que la tournée de toutes
les institutions ne sera pas complétée, nous sommes conscients
qu'il reste encore des situations... D'ailleurs le Dr Laberge a
mentionné l'existence, par exemple, de foyers clandestins qui
fonctionnent sans permis. Il y a une situation qui n'est pas facile non plus,
sur le plan législatif, c'est que les lois, soit celle des
hôpitaux privés, la Loi des hôpitaux, la Loi d'assistance
publique limitent notre pouvoir d'action. Justement, dans la législation
que j'espère toujours être en mesure de déposer, la semaine
prochaine, eette question justement de
l'émission des permis, de leur annulation, de leur renouvellement
et des institutions à qui s'adressent ces dispositions d'émission
d'un permis va être grandement clarifiée. On a essayé de
boucher, en fait, ce qui constitue un certain trou dans la législation
actuelle.
Alors, d'une part, au plan de la direction de l'accréditation, il
y a un gros travail qui se poursuit et qui a passablement resserré les
contrôles.
D'autre part, au plan de la législation, j'espère bien,
jeudi ou vendredi, être capable de déposer notre projet de loi.
Vous allez voir ce que l'on propose, et à l'automne...
M. BELAND: Sur un autre plan vous en avez fait mention quelque
peu si une personne ou un couple fait une demande au ministère
pour que son foyer soit accepté, c'est-à-dire que sa maison ou sa
grande maison peu importe la dénomination puisse recevoir
un, deux ou trois autres couples ou personnes au même titre qu'un foyer,
est-ce que cette demande est considérée?
M. CASTONGUAY: Nous avons un certain nombre de foyers du genre
nourricier pour des personnes âgées par rapport à des
enfants. Si ma mémoire est bonne, nous avons environ 1,000 personnes qui
sont dans de tels foyers. Ce n'est pas un service qui a été
tellement développé jusqu'à maintenant, mais dans
l'ensemble des questions du logement des personnes âgées, c'est un
aspect qui est en voie d'être reconsidéré.
M. BELAND: Très bien, merci.
M. LE PRESIDENT: Alors, adopté. Maintenant article 4 des
directions générales: Programmation.
Programmation
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
M. CASTONGUAY: M. René Bergeron, qui est sous-ministre, et qui
était anciennement au ministère du Revenu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici ma première question, à M.
Bergeron ou au ministre. Il y a quatre directions générales dans
cette nouvelle section. Est-ce que les quatre directions
générales sont déjà en place? Si elles le sont,
est-ce qu'il s'agit de transfert d'anciennes directions générales
déjà pleinement constituées?
M. CASTONGUAY: Elles ne sont pas déjà en place, ces quatre
directions. Il y en a une, particulièrement, qui est une transposition
d'un service existant autrefois: la direction de l'équipement, avec
comme titulaire M. Langlois, qui, elle, est en place, à toutes fins
utiles. La direction des systèmes de gestion, elle, n'est pas du tout en
place, sauf une personne qui travaille dans ce secteur et qui n'est pas
titulaire du gros poste. La direction des programmes compte des
éléments importants. La direction des services communs en est
à un stade rudimentaire pour le moment.
M. CLOUTIER (Montmagny): On parle de création d'organismes
régionaux de gestion qui vont remplacer le ministère, un peu plus
tard quand ils auront été créés, dans le
territoire, quant à la gestion des développements et au
fonctionnement des établissements. Ma question s'adresserait
plutôt au ministre. Je parle des organismes régionaux de gestion.
Est-ce que le ministre peut nous indiquer comment seront composés ces
organismes régionaux de gestion? Est-ce qu'on va faire appel à
des structures régionales qui sont en place ou si on va créer
complètement de nouvelles structures?
M. LAURIN: Est-ce que c'est la même chose que les offices
régionaux de santé, sur lesquels on va légiférer,
et si oui, quel nombre prévoyez-vous? On avait eu l'impression qu'il n'y
en aurait pas plus de trois ou quatre. J'ai entendu dire récemment qu'il
y en aurait plus que ça.
M. CASTONGUAY: Ah! Il y a des fuites! Etant donné que le projet
de loi n'est pas déposé et que nous approchons du
dépôt du projet de loi, c'est assez embêtant pour moi d'en
parler de façon très détaillée. Disons qu'en
premier lieu, le principe général c'est qu'éventuellement
nous ayons un organisme régional dans chacune des régions
administratives.
Par contre, la loi va donner la souplesse nécessaire, tel que
proposé, pour que... J'aimerais bien mieux ça si M. Bellefeuille
et Mlle Giguère n'étaient pas là parce que nous pourrions
parler plus librement sans être accusés par les membres de
l'Assemblée nationale d'avoir révélé le contenu
d'un projet de loi. Ah bon! Ils se bouchent les oreilles! Au départ,
nous croyons important de faire attention de ne pas mettre non plus des
structures pour le plaisir d'en mettre et qui fonctionnent plus ou moins
adéquatement.
Nous envisageons d'en placer probablement trois, au départ. A ce
moment-là, dans ces organismes, il y aura un regroupement de
régions administratives avec une représentation au plan de
chacune des régions pour qu'elles ne perdent pas leur identité,
mais ça serait le compromis entre l'établissement de tous les
organismes d'un coup sec et le fait de ne pas en faire du tout. Après
ça, sur le second plan, les pouvoirs attribués à ces
organismes, nous croyons devoir prévoir une certaine gamme de pouvoirs,
de fonctions ou de responsabilités, mais encore là ne pas
nécessairement tout leur transférer d'un bloc. Nous voulons faire
de
façon graduée, avoir cette souplesse dans le projet de
loi, de telle sorte que le transfert puisse se faire de façon
ordonnée.
Il ne faut pas oublier en effet qu'à travers toutes ces
opérations, il y a toujours des projets qui sont en cours, il y a le
fonctionnement de tous les services, des établissements, des
institutions qui doit continuer. C'est une deuxième
caractéristique que nous avons pensé devoir retenir.
Au plan de la programmation et du financement parce que ce sont
deux des fonctions importantes que ces organismes vont avoir quant au
personnel, nous avons des coordonnateurs régionaux présentement.
Nous en avons dans le domaine de la psychiatrie, nous en avons qui
représentaient le ministère de la Santé, nous en avons qui
représentaient le ministère de la Famille et du Bien-Etre. Ces
fonctionnaires vont être appelés à s'intégrer dans
ces structures et ceci va contribuer à clarifier dans une assez large
mesure leurs fonctions, à mieux coordonner leur travail et aussi
à ce que la structure régionale corresponde davantage à la
réalité qui existe depuis l'intégration du
ministère.
Pour le moment sans aller plus loin, étant donné le
dépôt prochain du projet de loi, je suis un peu
embêté d'en dire davantage.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, c'était pour avoir une
première idée de la composition et des responsabilités. En
plus des coordonnateurs régionaux qui sont des fonctionnaires des
différents ministères, est-ce qu'il y aura aussi d'autres
fonctionnaires qui sont dans le territoire, comme ceux des unités
sanitaires, ou enfin des coordonnateurs en psychiatrie, dans le domaine de la
santé en général, dans le domaine du bien-être? Il y
a déjà des coordonnateurs dans le domaine du bien-être dans
le territoire.
M. CASTONGUAY: Ceux-là, je les ai mentionnés
spécifiquement psychiatrie, bien-être, santé
comme devant être intégrés. Il est possible aussi que
vis-à-vis d'un comité comme celui des services de santé
des Cantons de l'Est, nous fassions un effort pour que la partie des travaux de
ce comité qui pourrait s'assimiler à un tel organisme soit
intégrée à l'intérieur d'un tel organisme.
Quant aux autres parties qui s'assimilent davantage à des
fonctions de consultation ou de participation du milieu, il faut respecter
cette dimension, la nécessité aussi d'avoir cette autre
dimension. Quant aux unités sanitaires elles-mêmes, leur fonction
première ou principale est de distribuer des services et nous ne voulons
pas que ces organismes deviennent des organismes dispensateurs de services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Des organismes régionaux de gestion.
M. CASTONGUAY: Des organismes régio- naux. Les unités
sanitaires ne seront donc pas modifiées par l'établissement des
organismes régionaux quant à leurs fonctions.
M. LAURIN: Elles seraient plutôt intégrés au
CLS.
M. CASTONGUAY: Il y a éventuellement une meilleure coordination,
dans certains cas intégration, il y a toute une programmation à
faire qui n'est pas faite, nous comptons commencer à l'automne à
aborder ce problème-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ceux qui sont responsables de la gestion dans
les établissements, dans le territoire, quelle sera leur relation avec
les organismes régionaux de gestion?
Je prends par exemple les directeurs généraux d'un
hôpital majeur de la région où le directeur
général de l'institution majeure de bien-être dans la
région. Quel sera son rôle par rapport à cet organisme de
gestion?
M. CASTONGUAY: Le principe général, c'est de rapprocher
l'administration du ministère des régions. Le second principe,
c'est d'introduire par le truchement de ce type de structure une certaine
représentativité à l'intérieur de tels organismes
à la fois de la population, des bénéficiaires des services
et des dispensateurs des services. C'est le principe général.
Maintenant, comment les relations vont-elles s'établir
spécifiquement? Il reste encore, comme je l'ai mentionné, qu'il y
a une gamme de responsabilités qui peuvent être
déléguées à ces organismes graduellement à
mesure qu'ils s'organiseront et qui devra en faire l'étude. D'abord mon
intention, c'est de référer ce projet de loi à cette
commission après son dépôt. On pourrait commencer à
siéger au mois d'août ou au mois de septembre avant de reprendre
et d'écouter les représentations de toutes les institutions.
Pour le moment, je préférerais, si c'était
possible, ne pas aller plus loin, ne pas semer d'inquiétude au sein des
hôpitaux ou donner des impressions incomplètes. Il y a
malgré tout un certain nombre de problèmes qui se distinguent des
problèmes d'enseignement, des problèmes de distribution de
services qui prennent des formes assez différentes selon les types
d'institutions. Tout ça ne pourra être fait en une seule
étape. Il va falloir que ce soit fait graduellement. J'aimerais autant,
si nous pouvions, reporter cette question-là lors de l'étude du
projet d'autant plus que c'est clairement et nettement mon intention de
référer ce projet après son dépôt à la
commission.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous n'allons pas torturer le ministre.
M. LAURIN: Est-ce que je peux dire que le peu que vous en avez dit me
satisfait grandement en ce sens que ça correspond à la
définition de la santé que donne l'Organisation mondiale
de la santé, qui est définie comme étant un état de
bien-être physique, mental et social. Vous avez mentionné les
coordonnateurs de santé physique, de santé mentale, de
santé sociale, qui me semblent orienter les organismes régionaux
de gestion dans un sens plutôt préventif que dans un sens
curatif.
M. CASTONGUAY: Il ne faudrait pas en tirer d'autres conclusions trop
vite. J'ai d'autres documents que vous avez peut-être vus où j'ai
vu cette définition-là et on en tire des conclusions.
M. LAURIN: Je me suis arrêté là. M. CASTONGUAY:
Très bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sans aller trop loin non plus, je pourrais
peut-être poser une autre question au ministre s'il peut répondre.
Sur ces organismes de gestion, est-ce qu'il y a aura un partage des coûts
avec le gouvernement central?
M. CASTONGUAY: Dans quel sens voulez-vous dire?
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ajoutez une nouvelle structure, cela va
occasionner des coûts nécessairement. Est-ce que ce sont des gens
qui vont travailler bénévolement à l'intérieur de
ces organismes?
M. CASTONGUAY: Ce sont des organismes qui au premier titre sont le
prolongement du ministère avec l'introduction d'une participation, donc
de nature administrative au même titre que le ministère. Je ne
crois pas que ces organismes devraient faire l'objet de partage de coûts
dans le cadre des programmes actuels, puisque les propositions que nous avons
faites à la conférence fédérale-provinciale des
ministres de la Santé au mois de décembre ont donné lieu
à des discussions depuis et visent à remplacer et éliminer
les programmes spécifiques par une formule générale.
Toutes les dépenses, normalement, dans le secteur des services de
santé devraient être comprises aux fins de participation
fédérale comme principe.
Dans le cadre actuel des programmes, je ne crois pas et je ne vois pas
de partage. Je ne crois pas qu'il serait sage même de le demander de
telle sorte qu'on garde vraiment le contrôle sur la façon dont on
planifie la structure majeure de notre organisation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je reviens au sous-ministre pour lui demander
si les anciennes directions ou les anciens directeurs des sections de l'enfance
et des personnes âgées sont intégrées dans la
programmation. On a la direction générale de l'équipement.
Il y avait du côté de la direction générale de
l'enfance, qui établissait aussi les programmes en collaboration avec le
service de recherche et de programmation, le Dr Mailhot, M. Blanchard, M.
Girouard, enfin toute l'équipe de l'enfance. Est-ce que ces personnes
restent aux soins à l'enfance plus loin dans le budget ou si elles sont
intégrées partiellement à la programmation? La même
chose pour les personnes âgées.
M. CASTONGUAY: Au point de vue des structures, comme il a
été dit ce matin, une bonne partie de ces effectifs-là se
retrouvent soit au financement soit à la programmation. Plus
particulièrement dans le domaine de l'enfance, quand vous faites
allusion au Dr Mailhot et compagnie, ces personnes font désormais partie
de la programmation.
M. CLOUTIER (Montmagny): De la programmation. Est-ce qu'on pourra
expliquer un peu le travail que votre service a accompli depuis sa prise en
charge? Cela fait à peu près deux mois, trois mois.
M. CASTONGUAY: Nous sommes en formation, comme je vous le signalais tout
à l'heure. Il y a un tas de choses qui sont plutôt sur papier
qu'en réalité pour le moment. A tout événement,
cela ne nous a pas empêchés de travailler, au contraire. Etant
donné que nous manquions d'effectifs, il a fallu prendre les
bouchées doubles parce qu'effectivement les besoins sont là, les
demandes sont là. Nous avons voulu donner suite à notre double
mandat en ce sens que nous devons un bon jour commencer d'implanter le nouveau
réseau d'établissements et, plus particulièrement, un
certain nombre de centres locaux de services communautaires. M. le ministre
distribuait mercredi dernier une première liste de ces centres. Il a
fallu faire un travail d'approche à ce sujet et un travail de
réflexion assez important qui a pris une partie de notre temps. D'autre
part, il y a aussi le fait que, dans le développement du réseau
actuel, nous devons aussi répondre aux demandes des
établissements tels que nous les connaissons maintenant et qui sont
toujours en voie d'évolution, et répondre aux questions du
député de Saint-Maurice sur l'hôpital de Shawinigan, entre
autres.
M. CLOUTIER (Montmagny): On y reviendra peut-être un peu plus
tard.
M. CASTONGUAY: C'est ça! Il y a le réseau actuel
d'hôpitaux et d'institutions tant pour l'enfance que pour les personnes
âgées qui a continué d'évoluer. Nous avons
travaillé beaucoup à ce genre de choses. A combien de projets
nous sommes-nous arrêtés? Je serais embêté de
répondre à ça immédiatement. Peut-être qu'on
aurait la réponse derrière moi là. Disons que, d'une
façon générale, c'est le genre de choses que l'on a
faites.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le
sous-ministre pourrait expliquer un peu la maquette qu'on a vue à
l'arrière, qui est un projet? Ce n'est pas une maquette, c'est la
disposition visuelle de certains services, d'une gamme de services qui
pourraient être intégrés dans un centre de santé, un
centre variable. Il y a des services qui pourraient être là,
d'autres qui pourraient être absents, d'autres qui pourraient être
plus élaborés, d'autres moins élaborés, est-ce
qu'on pourrait avoir quelques explications?
M. CASTONGUAY: Vous m'arrachez presque les mots de la bouche... Avec
beaucoup de plaisir. J'aimerais donner d'abord un mot d'avertissement
parce que c'est assez important, on l'oublie trop facilement cette
maquette n'a d'autres prétentions que de remplacer peut-être un
certain nombre de pages de textes écrits. Cela est un petit dessin.
C'est un concept très souple, on peut enlever...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est le ministre des Finances qui
va enlever ça à chaque fois?
M. CASTONGUAY: J'ai besoin de toucher les choses du doigt. C'est donc un
rapport illustré plutôt qu'un rapport écrit sur les
réflexions que nous nous étions faites à un stage, il y a
plusieurs semaines, au sujet des centres locaux de services communautaires. On
note au bas à droite, qu'il n'y a pas d'échelle. C'est
intentionnel, c'est une maquette fonctionnelle et non pas une maquette physique
qui tenterait de représenter les choses à l'échelle.
Cela veut illustrer la modularité et les composantes de la CLSC.
Cela n'a pas la prétention d'être exhaustif mais ça donne
une illustration de ce genre de choses. On y retrouve de façon plus
marquée une fonction d'accueil. Dans le centre, tout ce qui est en
jaune, je crois, ce sont des fonctions d'accueil, de réception, du
premier contact avec le public auquel ça s'adresse et on voit
regroupées par couleurs les diverses fonctions que ça pourrait
faire, des fonctions qui sont profondément de caractère de
première ligne et qui ne veulent pas pousser les choses trop loin.
Il y a des éléments de première perception des
problèmes des gens, d'un premier montage de dossiers, de traitements ou
de dispensation de services ou de soins dans l'immédiat pour
régler les problèmes des gens, il y a la fonction de
dépannage qu'on retrouve et forcément des fonctions de
référence à des milieux plus spécialisés
lorsqu'il y a lieu de référer les patients ou les gens qui se
présentent au centre.
La maquette suggère aussi le travail en équipe des
professionnels qu'on y retrouvera et des locaux appropriés à
cette fin. On pourrait entrer dans plus de détails, si vous voulez.
Encore une fois, ça peut être l'exemple, un genre de petit dessin,
ça veut montrer comment ça peut prendre forme, ça veut
illustrer la modularité de l'affaire. Ce n'est pas tout à fait
exhaustif non plus, modularité s'entendent comme ceci, c'est que, dans
certains centres, par exemple à proximité d'un hôpital, je
pense en plein coeur de Montréal, certaines fonctions n'existaient
pas.
On pourrait les enlever du modèle. Dans des centres plus
excentrés et non pas à proximité des hôpitaux,
disons à plus d'une heure d'atteinte d'un hôpital, on pourrait
retrouver des choses qu'on ne retrouverait pas en pleine ville, en pleine
métropole. On ne prévoit pas de lits normalement dans ce genre de
choses, bien qu'il puisse y avoir des lits de dépannage ou
d'observation. Dans des endroits très reculés, il n'est pas
exclus de s'adapter aux circonstances et d'avoir un petit nombre de lits
où on pourrait faire de petites choses.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les travaux se poursuivent actuellement sur un
projet type...
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... qui pourrait être implanté,
à quel endroit prioritairement?
M. CASTONGUAY: Disons qu'il y en a un d'entrepris,
Hochelaga-Maisonneuve, c'est un projet qui est déjà en marche. On
en est même au stade d'avoir reçu ses prévisions
budgétaires, je crois qu'elles ont été reçues. Les
choses se présentent bien, avec la participation des gens de l'endroit
et tout ce qu'il faut de ce côté. Disons qu'on n'a pas voulu faire
de modèles trop rigides au point de vue de la programmation des CLSC, on
n'a pas voulu en faire des modèles trop rigides, voulant d'abord tirer
une expérience, faire une observation et suivre de très
près l'implantation des premiers CLSC aux fins d'en tirer une
expérience et de tirer pour nous des normes d'implantation pour
l'avenir.
Nous voudrions donc les suivre de très près, faire bien
attention de ne pas nous écarter des idées de base et, en
même temps, nous garder toute la souplesse possible en vue de
prévoir des modèles peut-être un peu mieux
arrêtés au fur et à mesure que nous progresserons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les budgets du ministère pour
71/72 permettent l'implantation d'un centre ou de plusieurs centres?
M. CASTONGUAY: Sur ce plan, les problèmes d'immobilisation sont
loin d'être les mêmes que dans le cas d'hôpitaux. Prenons le
cas d'Hochelaga-Maisonneuve, il s'agit d'un édifice existant. C'est
l'ancien presbytère, alors il y a un réaménagement
à faire. J'oublie de quelle paroisse c'était le
presbytère. Mais en tout cas, c'est un bon édifice. Alors il
s'agit de faire un certain aménagement. La partie importante des
coûts dans ce cas est celle du fonctionnement.
Dans d'autres cas, comme à Asbestos, on n'a pas tout à
fait nécessairement le même concept qu'ici parce qu'il y avait une
situation d'urgence. On se souvient l'été dernier quand il a
fallu fermer l'hôpital. On a essayé, en plus de répondre
aux besoins de la population sur le plan hospitalier, d'introduire en
même temps ce concept. Alors, là il y a évidemment des
coûts, des montants pour fins d'immobilisation qui sont plus importants.
Et, encore là, on procède par la voie des subventions
traditionnelles.
Du côté de Saint-Henri, encore là il y avait une
autre situation. On avait le terrain, le foyer devait être
remplacé étant donné le caractère très
dangereux de ce foyer. Alors on intègre aussi, dans Saint-Henri, au
projet de foyer comportant une ou deux ailes pour malades chroniques, dans la
mesure du possible, le même concept. Alors, là il y a les formules
de financement qui vont varier selon les sections.
Maintenant, pour les autres cas qui sont compris ici, au cours de
l'année parce qu'il ne faut pas oublier que la liste que nous
avons remise couvre une période plus longue que l'exercice en cours
il y a aussi une donnée très importante, c'est qu'on ait
la participation des gens, que ce ne soit pas juste un projet de clinique
médicale que l'on présente un peu différemment. Il faut
vraiment que ce soient des centres locaux de santé.
Alors, il y a une phase initiale qui exige d'être traversée
pour qu'on ait une équipe valable qui prenne en main le
développement. Alors ce qu'on va payer, d'une part, au cours de cette
période, ce sont des frais pas tellement élevés
d'immobilisation, malgré la liste des projets, et des frais de
fonctionnement au fur et à mesure qu'ils s'implanteront.
Maintenant, à quel endroit se retrouvent-ils
spécifiquement dans le budget? M. Jean-Guy Houde me dit que c'est au
poste 20: Projets d'expérimentation, etc. Il me dit qu'il y a, pour
cette année, un montant spécifiquement réservé
à cette fin de $1.6 million sur un montant total de $4.5 millions.
Où apparaît-il ici? A la page 51, poste 20, article 2: Projets
d'expérimentation et de développement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, il y aurait deux projets?
M. CASTONGUAY: Non, au poste 20, article 2, des montants de l'ordre de
$1.6 million cette année pour ces fins.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela pourrait couvrir combien de projets?
M. CASTONGUAY: Cela dépend du moment où on va les amorcer.
Il est question, bien sûr, de déboursés à ce
moment-là. Cela va dépendre du rythme auquel ils vont se
développer.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il est trop tôt pour le ministère
de dire que, dans deux, trois ou cinq ans tout ça va être...
M. CASTONGUAY: On a présenté une première liste qui
est celle qui nous apparaissait prioritaire. Par exemple, à Laval, on
est convaincu que c'est important. Il faut établir un ou deux centres,
deux CLSC. Les autres endroits, avec les travaux ou les demandes et les
problèmes qui se posent, qui ont été identifiés,
nous apparaissent relativement sûrs quant à la
nécessité d'implantation.
Pour une programmation plus générale, on espère
être en mesure de préparer, au cours des prochains mois, un plan
quinquennal de développement des ressources dans tout le secteur des
affaires sociales. On va même retrouver des dispositions relativement
à la nécessité de préparer un tel plan et de le
remettre à jour, toujours dans notre projet de loi sur l'organisation
des services de santé et des services sociaux. Nous n'avons pas en main
présentement les données, ni fait toutes les consultations pour
permettre de faire un tel plan de façon générale, mais
c'est un des objectifs qu'on vise.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, dans la programmation, les travaux
déjà effectués permettent d'entrevoir la disparition de
certaines institutions peut-être même d'institutions
hospitalières ou de bien-être, institutions majeures, pour
être remplacées par d'autres institutions conçues un peu
différemment? Je pense si le ministre veut que je lui donne un
exemple concret à la ville de Laval où il y a un projet
sur lequel on a travaillé depuis plusieurs mois et même depuis
plusieurs années, au sujet duquel le ministre a apporté certaines
précisions récemment. Est-ce que, pour un projet d'assez grande
envergure, comme à la ville Laval, cela pourrait entrafner la
disparition ou l'intégration d'autres institutions hospitalières
à ce moment-là?
M. CASTONGUAY: Lorsqu'on parle des services, des centres locaux de
services communautaires, on parle au niveau des soins généraux.
Si on a à l'esprit des niveaux de soins plus spécialisés
dans ces institutions, normalement les centres locaux de services
communautaires ne feront pas disparaître les autres institutions comme
principe.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. CASTONGUAY: Quant à la ville Laval, je pense que c'est un cas
particulier. Nous avions des demandes d'institutions hospitalières du
bas de la ville de Montréal en nombre assez imposant, soit pour des
rénovations, soit pour des agrandissements et des additions de services.
D'autre part, à la ville Laval, il y avait le projet
qui avait été développé au cours des
dernières années, avec le résultat qu'on se retrouvait
devant des exigences, au plan de l'immobilisation, importantes et qui dans une
large mesure avaient été conçues en dehors de ce concept
de centres locaux de services communautaires. Ce que nous avons fait, tenant
compte du fait que la population a tendance à s'en aller vers le nord et
le sud de Montréal, et non pas à rester au centre de la ville,
nous avons formé un comité qui est composé, comme vous le
savez, du doyen de la faculté de médecine, etc. Son but est de
reprendre en main les travaux qui ont été effectués, de
consulter les institutions hospitalières du bas de la ville qui nous
avaient soumis des projets, d'examiner les possibilités qui se
présentaient de développement de ressources un peu plus
équilibrées et d'introduire dans le tout, pour la ville de Laval,
un, deux ou trois centres locaux éventuels de services communautaires.
Ils se sont mis en marche, on a indiqué dans les journaux que le but de
tout cela était de déménager l'Hôtel-Dieu à
la ville de Laval. Je pense que c'était arriver à une conclusion
hâtive, prématurée. Nous avons eu un rapport du Dr Bois qui
poursuit activement son travail. Il y a des solutions plus nuancées ou
alternatives qui se présentent. Ce que nous voulons éviter, c'est
de doubler des services hautement spécialisés. On veut aussi
donner des services de qualité. Pour ce faire, je pense qu'on ne peut
pas oublier l'expérience de Charles-Lemoyne où il semble que
c'est extrêmement difficile de mettre en place, en une seule
étape, un hôpital assez important, tout un complexe de services et
de constituer en même temps toute une équipe qui va bien
fonctionner à tous les niveaux. Il y a d'autres approches qui semblent
possibles aussi, c'est de mettre à contribution un certain nombre
d'institutions hospitalières pour qu'elles prennent en charge des
services à la ville de Laval de telle sorte que le tout se fasse de
façon ordonnée.
Je pense que l'un des plus grands problèmes, compte tenu de la
complexité de telles institutions de taille, c'est encore davantage la
formation des équipes, leur fonctionnement que le problème de la
construction. C'est dans ce sens que nous avons pris la formule
utilisée. La conclusion que nous voulions déménager d'un
bout à l'autre était prématurée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la participation des professionnels
de la santé à cette discussion? Evidemment, l'hôpital, que
ce soit l'Hôtel-Dieu ou la ville de Laval, cela respose essentiellement,
non pas sur une construction c'est important une construction
mais aussi sur l'équipe qui va dispenser les soins, surtout à ce
niveau, au niveau plus spécialisé. Quelle est la participation
des professionnels dans une telle discussion?
M. CASTONGUAY: Nous avons demandé au Dr Bois et à ses
collègues d'effectuer toutes les consultations qui leur paraissaient
nécessaires. Déjà les contacts ont été
établis auprès de certaines institutions. La réaction a
été excellente. Il y a des rencontres qui se feront. Encore une
fois tout cela n'est pas structuré de façon formelle. Les
réactions sont bonnes jusqu'à présent. Du
côté de la ville de Laval, nous avons placé comme membre du
comité un médecin de Laval, qui n'avait pas participé au
groupe sous la direction du Dr Paiement qui est résidant de Laval. Nous
avons maintenu le groupe du Dr Paiement, de telle sorte que le Dr Bois fait le
pont avec son groupe entre les institutions qui, nous le croyons, devraient
être mises à contribution, le groupe qui a travaillé
à la planification du projet auquel vous avez fait allusion, les
professionnels et la population de Laval. Ils ont le mandat de faire toutes les
consultations nécessaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai pris cet exemple parce qu'il y a eu des
rapports dans les journaux. J'aurais pu prendre le comté du ministre,
j'aurais pu prendre le comté de Louis-Hébert. Nous aurions pu
avoir une discussion sur les établissements hospitaliers.
Peut-être le problème va-t-il se retrouver à Sainte-Foy,
à l'hôpital universitaire, à l'hôpital Laval,
peut-être vers un développement un peu plus à l'ouest,
parce que la population déménage. C'est le même cas que le
centre-ville de Montréal et la partie de la ville desservie par
l'Hôtel-Dieu, Sainte-Jeanne-d'Arc, la Miséricorde et toute cette
partie.
M. CASTONGUAY: Comme à Québec, la plupart des institutions
ont des activités d'enseignement, nous avons demandé à la
faculté de médecine et aux hôpitaux d'ailleurs il y
avait déjà une base placée par M. Bonneau, alors qu'il
était vice-recteur des sciences de la santé, à Laval, par
lui et le doyen de la faculté, le Dr Beaudoin d'effectuer les
travaux nécessaires pour déterminer les fonctions des
institutions à Québec. Justement on fait allusion à
l'hôpital Laval. Est-ce qu'on doit développer la cardiologie
là ou est-ce qu'on doit le faire au Centre hospitalier universitaire?
Est-ce que Saint-François-d'Assise doit devenir le centre de
l'obstétrique? Ce genre de consultations, de programmation, de
détermination des fonctions est en cours et s'inscrit dans les efforts
d'en arriver à un plan quinquennal de développement.
M. LAURIN: C'est la raison pour laquelle j'en parle, M. le
Président. J'attendais pour reprendre les questions laissées hier
pendant que nous avions avec nous le directeur général du
financement et que nous étions en train de parler des dépenses
d'immobilisation. J'attendais ce moment parce que j'avais lu dans
l'étude des crédits que la direction générale de la
programmation avait pour but d'élaborer des projets de création
de nouveaux établissements,
d'étudier ces demandes d'immobilisation, autant que d'en
coordonner les discussions. Par ailleurs, je m'étais bien rendu compte,
en lisant le volume sur l'étude des crédits en ce qui concerne
les immobilisations, qu'il y avait eu des coupures véritablement
draconniennes dans le programme qui avait été établi en
1969/70 et 70/71.
Par exemple, j'avais lu que, sur 40 projets, on n'en avait retenu qu'un
très petit nombre avec une dépense réduite de $24
millions, une réduction de 600 lits amenant une réduction des
dépenses de fonctionnement de $9 millions par année les
projets déjà en cours de réalisation et, en ce qui
concerne les projets plus nouveaux, 81 projets, que ce nombre avait
été réduit d'une façon encore plus draconienne,
soit de 81 à 58, n'en laissant subsister que 23. Ceci a amené une
réduction des dépenses de $200 millions, une réduction de
4,000 lits, ceci amenant par voie de conséquence une réduction de
dépenses de fonctionnement de $60 millions par année, et ne
laissant subsister que 23 projets totalisant une dépense de $35
millions.
Je voulais poser ici des questions sur les 40 projets. Par exemple,
quelles avaient été les raisons de l'arrêt, de la
suspension ou de l'élimination de ces projets? Je voulais poser la
même question au fond pour les projets en cours de réalisation.
Déjà j'en avais tiré la conclusion que la raison
fondamentale de la suspension, de l'arrêt ou de l'élimination de
ces projets avait trait justement aux nouveaux projets du ministère, en
ce qui concerne l'établissement de centres locaux de services
communautaires répartis d'une façon rationnelle dans les diverses
régions du Québec.
Je ne sais pas si le ministre peut confirmer l'interprétation et
le fait.
M. CASTONGUAY: Il y a le fait que ces projets ont été
conçus de façon générale selon les politiques
appliquées et développées jusqu'à ce moment. Compte
tenu de l'emphase différente que nous voulons mettre sur le
développement des centres locaux de services communautaires,
c'était la raison fondamentale.
Il y avait, deuxièmement, la nécessité de
contrôler les coûts de fonctionnement ou le budget dans le domaine
de la santé, particulièrement dans le domaine de
l'hospitalisation, à cause de la hausse rapide des coûts à
laquelle il a été fait allusion hier. La suspension ou
l'arrêt des projets, comme il a été indiqué,
était assez draconien, mais ça ne voulait pas dire
nécessairement l'abandon total même des projets qui ont
été suspendus. Certains sont repris dans une forme
réduite, modifiée, et maintenant le processus est graduellement
en voie d'être rétabli.
Disons de façon très générale que les motifs
que j'avais exposés à ce moment-là étaient
ceux-là. A mesure comme on l'a indiqué hier que
nous nous engageons davantage dans de nouvelles approches quant au financement,
la programmation sur une période plus longue des services, l'emphase sur
le développement des centres locaux de services communautaires, une
préoccupation probablement plus grande à la suite des travaux du
comité fédéral-provincial sur les coûts dans le
domaine de la santé, la nécessité de contrôler la
croissance des coûts et de tenir davantage compte des coûts de
fonctionnement lorsque l'on implante de nouveaux services et non pas seulement
des immobilisations, ce sont tous ces facteurs qui ont joué.
M. LAURIN: Il est quand même difficile de conclure autrement que,
sur ces 4,600 lits qui se trouvent éliminés, la plus grande
partie n'ont pas été jugés nécessaires,
d'après les analyses faites soit par la commission soit par les groupes
de travail.
M. CASTONGUAY: Il faut dire qu'ici les normes utilisées jusqu'en
1970 étaient celles si mes renseignements sont bons qui
avaient été élaborées dans le cadre d'un travail
fait sous la direction de M. Thomas Boudreau, et qui fixait un certain nombre
de lits par mille de population...
UNE VOIX: De 5.2
M. CASTONGUAY: ...pour les traitements actifs, chroniques,
convalescence, psychiatrie, tuberculose. Ces normes ont été
révisées et modifiées à la suite du rapport de la
commission. On a analysé les expériences de régions comme
celles de Kayser par exemple. Nous nous sommes convaincus qu'avec l'emphase
différente que nous devions mettre dans le développement des
services, la poursuite d'une recherche, d'un équilibre parce
qu'il y a des déficiences par exemple au plan des malades chroniques et
l'effort était commencé il doit se poursuivre nous
pouvions modifier les normes.
On utilise des nouvelles normes qui collent aux nouvelles orientations
prises et c'est dans ce sens-là qu'un certain nombre de programmes de
projets, qui avaient été suspendus, ont été
réévalués, ont pu être réduits ou ont pu
être poursuivis ou le seront.
M. LAURIN: J'ai vu que même ici au Québec, dans la
région de Trois-Rivières, vous aviez utilisé
l'expérience qui avait été tentée
spontanément par les professionnels de la région ou par les
services sociaux de la région et qui avaient abouti à une
estimation différente de nombre de lits nécessaires pour servir
une population. Est-ce que cette étude-là a été
continuée dans d'autres régions?
M. CASTONGUAY: Vous référez, je crois, à une
étude que vous avions faite au sein de la commission d'enquête.
L'absence de l'équipe, au niveau de la planification-santé, ne
nous a pas
permis de continuer ce genre d'étude. Il y a justement une
étude en voie de préparation sur des modèles de
santé en élaboration au niveau de la planification mais ils ne
pourront pas commencer avant l'automne probablement.
M. LAURIN: Si on recoupe ce qui a été dit cet
après-midi, d'une part, on voit que 4,600 lits disparaissent des projets
et, d'autre part, dans ce qu'on nous a dit dans le rythme d'implantation des
centres communautaires, on voit que ce n'est que très progressivement
avec, bien sûr, une vitesse qui augmentera l'an prochain ou dans deux ans
qu'on implantera des nouveaux lits. Je suis convaincu que c'est la nouvelle
orientation qui est la meilleure. J'ai toujours pensé qu'on n'avait pas
besoin d'un nombre de lits aussi élevé. Cela peut sembler
étonnant ou paradoxal pour certaines personnes de voir qu'il y a un tel
écart entre les lits qui disparaissent et les lits nouveaux qui
apparaissent. Certaines personnes peuvent se poser des questions. Est-ce qu'on
va quand même réussir à prendre soin de la population en ce
qui concerne les services de santé?
M. CASTONGUAY: Les chiffres donnés sont un peu "misleading", ils
peuvent donner mauvaise interprétation parce qu'en fait, si on regarde
les projets qui étaient sur la table, ils n'étaient pas
prévus pour une réalisation immédiate. On peut dire qu'il
y avait probablement des projets en marche pour les prochains cinq ans. Dans
les projets qui ont été bloqués soit de façon
permanente ou temporaire, il y en avait plusieurs qui étaient à
long terme ou à moyen terme et non pas de réalisation au cours de
l'année dernière.
Tous les hôpitaux qui étaient raisonnablement
avancés ont continué et enfin le montant global des
investissements reste assez élevé. Actuellement, on est à
terminer une étude qui va nous permettre de fixer un taux
d'investissement dans le secteur de la santé et des services sociaux
avec un coût d'augmentation de fonctionnement qui va nous donner la
lumière. Deuxièmement, il y a plusieurs endroits où il y a
des hôpitaux qui ont fermé à cause de l'ouverture de
nouveaux hôpitaux, des anciens hôpitaux qui étaient
présents et qui sont calculés dans les lits fermés ou les
lits disparus. Dans les 4,600, ces lits-là sont calculés.
Il y a une augmentation relative du nombre de lits.
M. LAURIN: Est-ce que vous pouvez nous donner très
brièvement en résumé les raisons de ces réductions
draconiennes?
M. CASTONGUAY: Il y a d'abord le rapport de la commission qui nous donne
des indications sur les orientations. Je crois que j'ai déjà
répondu à cette question-là. Cela devient difficile de
répondre. La transcription va permettre de référer
à tout ça.
M. LAURIN: Mais c'est surtout la nouvelle philosophie...
M. CASTONGUAY: La nouvelle philosophie politique. Ici, si vous me
permettez juste un dernier commentaire dans ce contexte. Nous avons fait
le document n'est pas tout à fait à point des projections
pour les prochaines années, à partir d'enveloppes
budgétaires qui, pour le domaine des Affaires sociales,
croîtraient à différents pourcentages et dans lesquelles on
prend, à partir d'une situation, l'accroissement des coûts de
fonctionnement des services existants.
C'est-à-dire s'assurer qu'on respecte d'abord les engagements
déjà pris pour le fonctionnement, les dépenses qui doivent
être effectuées pour le paiement des intérêts, des
subventions pour des constructions, des immobilisations déjà
effectuées, le développement ou le prolongement des services,
pour en arriver à dégager les marges qui restent comme
étant possibles aussi bien aux fins d'immobilisation, d'ouverture de
nouveaux services, compte tenu des coûts de fonctionnement. On a fait un
travail qui est passablement avancé pour être en mesure de savoir,
à partir du concept des enveloppes globales, qui a été
celui retenu pour la préparation du budget, et en partant à
rebours, à partir de la nécessité de respecter les
engagements pris, que ça nous laisse comme marge. Déjà on
commence à savoir de façon pas mal plus précise à
quel rythme on pourra développer les services. Et la marge n'est pas
tellement grande. C'est là qu'il va falloir faire des efforts
considérables de substitution et d'aménagement serrés des
ressources, de développement assez serré des ressources.
M. LAURIN: En rapport, encore une fois, avec cette direction des
programmes, est-ce qu'elle a été consultée elle aussi
lorsque le ministère a annoncé son projet d'agrandissement
d'institutions existantes, celles auxquelles je faisais allusion lorsqu'on
parlait de planification, comme par exemple, Berthelet, Val-du-Lac et tout
ça?
M. CASTONGUAY: C'est de là que viennent ces travaux. C'est leurs
fonctions, en somme.
M. LAURIN: C'est une de leurs fonctions pour tout projet
d'agrandissement et non pas seulement de création.
M. CASTONGUAY: Aussitôt qu'on passe à la phase
concrète de transposer en réalité les mesures pour
répondre à des besoins identifiés, compte tenu de nos
contraintes budgétaires, c'est la direction de la programmation qui
intervient.
M. LAURIN: A propos d'une ou deux de ces institutions qui ressentissent
plus particulièrement à mon ancienne spécialité,
j'avais eu
l'occasion de me rendre compte moi-même que certaines de ces
institutions n'étaient pas toujours parfaitement adaptées aux
buts, aux objectifs qu'elles poursuivaient, et que, par exemple, la philosophie
en était peut-être un peu trop judiciaire ou carcéraire
mais pas assez dans le sens de la réhabilitation. Pour ma part, je vous
avoue que j'ai été étonné de voir qu'on augmentait
encore le nombre de lits d'une façon assez extraordinaire, quand je sais
que le personnel spécialisé pour s'occuper de ces enfants fait
encore un peu défaut, et surtout que la philosophie va rester la
même parce qu'elle est fixée un peu dans les pierres, dans la
façon dont c'est construit. Je demanderais au ministre, lorsque
l'agrandissement sera fait, que les consultations soient faites auprès
d'un plus grand nombre de catégories de professionnels afin que la
nouvelle construction ne soit pas conçue dans la même optique que
celle qui a présidé à la construction de la
première bâtisse originale, je parle de Berthelet.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il faut être assez clair. Nous avons
fait face à des difficultés énormes dans ce secteur. Nous
avons consulté beaucoup de gens et il est extrêmement difficile
d'avoir des avis qui corroborent les uns et les autres. Ils sont
extrêmement diversifiés. Je pense bien que vous avez à
l'idée un projet particulier. Je dois vous avouer qu'on se pose les
mêmes questions, on s'est posé les mêmes questions. Comme
dans beaucoup de choses, lors de l'organisation de notre ministère, je
pense au travail accompli au cours de l'année, on peut se garder une
certaine marge de décisions qui ne sont peut-être pas les
meilleures mais qu'on va essayer d'améliorer. Il nous a
été impossible de faire mieux au cours des mois passés. Il
nous est apparu préférable de prendre des décisions que de
ne pas en prendre. Il a fallu faire des choix. On les a faits après une
consultation assez large.
Même s'il manque des places celles que vous avez à
l'idée le Dr Boivin mentionne Chicoutimi-Nord qui est vraiment
dans l'optique de la psychiatrie de demain et il y en a un certain nombre qui
sont des organismes très dynamiques.
On pense passer à une deuxième phase, aux programmes et
activités et le faire de concert avec l'Education comme on a
parlé ce matin.
M. LAURIN: Il y a certaines personnes que le ministère de la
Justice et le ministère des Affaires sociales s'arrachent. On ne sait
pas exactement qui doit avoir la responsabilité finale sur la
façon dont on doit les traiter. Particulièrement, ces cas
frontières qui peuvent...
M. CASTONGUAY: Je pense qu'on peut arrêter la
difficulté.
On pourrait ajouter également au sujet justement de
l'établissement auquel on fait allusion, qu'il s'agit aussi dans ce cas
d'éliminer et de fermer un autre établissement. Même si
dans un établissement donné ça fait gros, il reste que le
nombre total de places ne sera pas augmenté pour autant. Les projets
dont on a autorisé récemment la poursuite sont en petit nombre
par rapport aux demandes qui étaient sur la table. Ils nous
apparaissaient comme des projets qu'on pouvait difficilement retarder pour la
raison qu'on était pressé d'avoir des endroits pour loger ces
jeunes-là ou pour d'autres raisons plus positives, il nous est apparu
qu'on devait en autoriser la poursuite dans l'immédiat, toujours en
attendant, de façon plus générale, les conclusions, les
recommandations de la direction générale de la planification,
lesquelles recommandations nous pourrons recevoir vers la fin de la
journée.
M. LAURIN: Je suis très conscient qu'il vous faut faire face
à des urgences dans ce domaine-là, je sais par exemple, par
expérience personnelle, que des centres d'observation régionaux
c'est le mot véritable qui devrait leur convenir comme
celui-là devraient exister dans toutes les régions de la
province. Il y en a très peu qui en ont. Mais quand même, je
voudrais vous proposer que dans le cas des institutions existantes, tous les
efforts devraient être faits pour articuler ces centres d'observation
régionaux avec d'autres établissements de santé,
proprement, qui peuvent aussi bien donner des services de consultation que de
la consultation au point de vue de l'orientation de ces institutions.
M. CASTONGUAY: Vous me forcez à entrer encore une fois dans le
nouveau projet de loi sur l'organisation des services de santé et des
services sociaux. Il y a une partie de ce phénomène qui vient
sans contredit du fait que les conseils d'administration qui sont
composés de gens bien intentionnés mais qui ne se renouvellent
pas et qui fixent de façon générale la philosophie ou
l'orientation d'une institution.
Nous ne sommes pas en mesure et capables, présentement,
d'introduire à ce niveau-là du sang nouveau, le dynamisne
nécessaire, d'autres participations, de s'assurer que ces participations
existent. Il y a également très peu d'interrelations qui
s'effectuent, comme vous le mentionnez, entre les institutions, de telle sorte
que les complémentarités nécessaires
s'établissent.
Cela vient du passé où les institutions se
développaient de façon indépendante les unes des autres.
Dans le projet de loi, nous avons toute une série de dispositions sur la
composition des conseils d'administration, le renouvellement et les moyens
d'établir des relations entre les institutions.
Je crois encore que cette dimension de la loi de l'organisation des
services de santé, des services sociaux a joué un rôle
important. Nous
sommes aussi conscients du problème sur d'autres plans. L'an
dernier, au mois d'août ou juillet je crois, nous sommes arrivés
à une entente avec le ministère de la Justice et les cours de
bien-être pour nous servir des dispositions de la Loi des jeunes
délinquants et de la Loi de la protection de la jeunesse, de telle sorte
que dans tous les cas où un jeune est condamné en vertu de la Loi
des jeunes délinquants, s'il est jugé qu'il doive briser tous les
liens avec le système de la justice, qu'on le fasse.
Tous les mois, je signe maintenant, je pense que c'est en vertu de
l'article 21 de la Loi des jeunes délinquants, un message au juge en
chef de la cour de Bien-Etre pour soustraire de leur autorité toute une
série de ces cas et qu'à partir du moment où cette
signature est donnée, ils deviennent la responsabilité unique des
écoles de protection de la jeunesse.
A compter du mois de juillet, on a clarifé ou en tout cas on a
soustrait au système judiciaire un très grand nombre de jeunes
délinquants.
M. LAURIN: Je suis très heureux de ces renseignements
additionnels. Et pour parler encore un peu plus loin dans le sens que vous
dites, en ce qui concerne ce type d'institution, j'attire l'attention du
ministre sur l'importance qu'il y a d'articuler ces centres d'observation avec
les ateliers protégés dont le nombre devrait être
multiplié dans toutes les régions et qui, finalement, aboutira
sinon à l'élimination de ce genre d'institution de
détention que nous avons connus, du moins à une forte diminution
de la population qui est obligée d'aller y demeurer et surtout à
une durée plus abrégée de leur séjour dans ce type
d'institution.
M. CASTONGUAY: Il faut dire également, en même temps, que
les orientations, les conceptions des solutions apportées à ces
problèmes évoluent, se modifient. Il y a eu une hausse
considérable de la délinquance, des problèmes de
perturbation des jeunes, etc. ce qui n'a pas facilité je pense
bien que l'ancien ministre peut le confirmer la solution de ces
problèmes. Il y a une réalité assez difficile pour
nous.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget vient de
parler des ateliers protégés. Nous en avions dit un mot hier. A
la suite de la mise en place de tout le réseau d'institutions pour
l'enfance inadaptée et l'enfance délinquante, est-ce que ce
service relèvera du ministre d'Etat?
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas nécessairement?
M. CASTONGUAY: Il faut distinguer, il y a les ateliers
protégés, par exemple, reliés aux institutions
psychiatriques, il y a les ateliers protégés pour les
déficients mentaux, les handicapés physiques. Il y a toute une
gamme d'ateliers protégés dans le moment qui sont dans le cadre
de nos programmes. On en a fait justement un relevé, une analyse parce
qu'on est présentement dans une phase mûre. On fait face à
une très grande demande pour la création d'ateliers
protégés. Pour beaucoup aussi, il y avait un certain manque de
réalisme de ce côté. L'atelier protégé doit
être réservé malgré tout à des fins
spécifiques. Cela ne peut pas devenir un moyen de développer
notre économie. Et pour beaucoup on voit, dans l'atelier
protégé, une façon de créer des emplois qui
devraient être créés par les mécanismes de
stimulation de l'économie.
M. LAURIN: ... les malades psychiatriques, les arriérés
mentaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, après avoir pris
soin du problème d'institutions et de soins à donner aux enfants
inadaptés, évidemment le réservoir de clientèle
disponible est plus considérable. Est-ce qu'en deuxième
priorité les ateliers protégés, qui seront le prolongement
des institutions pour l'enfance inadaptée, vont pouvoir être mis
sur pied?
M. CASTONGUAY: Je m'excuse.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le prolongement des institutions pour
l'enfance inadaptée, il y en a une quinzaine qui sont entrées en
fonction en plus de celles qui existaient déjà. Il y en a
peut-être d'autres aussi de prévues dans les projets. A la suite
de ça, j'imagine qu'on ne laissera pas tomber à 18 ans des
enfants qui ont été réhabilités dans une certaine
mesure et dont une partie peuvent être productifs pour la
société. Est-ce que, en deuxième priorité, on va
continuer, on va prolonger ces établissements pour leur permettre de se
réhabiliter complètement?
M. CASTONGUAY: Je vais demander au Dr Brunet.
C'est sûrement une deuxième priorité et on cherche
des solutions adéquates. Une des possibilités, c'est d'envisager
que les institutions existantes, plutôt que de limiter leur rôle
jusqu'à ce que les jeunes aient 18 ans, soient assez polyvalentes pour
avoir un secteur ou une partie de leurs institutions qui soient prêtes
à poursuivre le travail jusqu'à un âge X.
Il y a par exemple des institutions à Montréal, comme le
Groupe d'Anbar, qui ont eu ce problème et qui ont
développé une unité dans leur groupe, une unité qui
joue le rôle d'un atelier protégé sans limite d'âge
parce qu'il y a des types d'individus qui ne pourront jamais être
laissés entièrement libres dans la société, des
débiles mentaux moyens ou profonds, selon
les définitions. Il y a un certain nombre qui ne pourront jamais
s'intégrer complètement, mais ils peuvent faire une vie
raisonnable et participer aux activités sociales et tout cela
grâce à ce type d'ateliers protégés. On ne voudrait
pas créer un nouveau réseau pour ce type de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand je disais un nouveau réseau, c'est
le prolongement. J'ai employé le mot "prolongement" parce que les
institutions qui sont entrées dans ce champ-là récemment,
j'en ai visité quelques-unes, sont disposées à augmenter
la gamme des services et à prolonger leur action.
M. CASTONGUAY: En même temps que ceci se produit, vous avez, par
exemple, des expériences comme celle du gentilhomme rembourreur à
Québec pour les anciens détenus. C'est évidemment une
expérience extrêmement intéressante. A un moment
donné aussi, il faut surveiller un peu l'affaire. Le concept de
l'atelier protégé a été pensé et, à
un moment donné, il y a des applications qui montrent que c'est un
concept extrêmement intéressant, mais je pense qu'il y a un
certain danger à multiplier en trop grand nombre ces ateliers et de
peut-être trop les spécialiser aussi, de trop les fractionner.
C'est une autre des questions qu'on a commencé à aborder. M.
Ouellet en a été saisi. Je ne sais pas si on a pu commencer
à travailler sur cela.
M. QUENNEVILLE: En parlant d'ateliers protégés, j'ai
l'impression que toute cette question doit être repensée. Avant
surtout de les multiplier, il faudrait penser à toutes ces formules. Il
reste quand même qu'aujourd'hui, à l'intérieur des ateliers
protégés, vous avez diverses catégories d'ateliers
protégés selon la clientèle à laquelle ces ateliers
protégés s'adressent. Naturellement, il y a toute la
différence au monde entre l'atelier protégé qui s'occupe
d'enfants handicapés et l'atelier protégé qui s'occupe de
l'ancien détenu et les ateliers protégés que l'on
connaît comme le gentilhomme-rembourreur ou encore R-10. Je pense qu'avec
les expériences malheureuses qu'on a vécues déjà
depuis deux mois dans ces ateliers protégés, il faut
nécessairement repenser toute cette formule parce qu'il y a quand
même, au point de vue administratif, en particulier, des gens qui ont
souvent besoin d'aide et considérablement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions sur la
programmation?
M. BELAND: Est-il vrai, M. le ministre, qu'il y aurait
présentement dans la province environ 6,000 malades chroniques qui
attendraient leur place dans les différents hôpitaux? Je crois que
c'est à l'intérieur de ce service de programmation qu'il faut en
parler, puisque d'après ce qui a été discuté
jusqu'à présent, depuis quelques minutes principalement, c'est le
programme général en vue des exigences futures, etc. Est-ce que,
relativement à cette question-là...
M. CASTONGUAY: On a à Montréal, par exemple, un service
d'orientation et de placement pour des cas comme ceux-là qui avait
été mis en place, je ne sais pas si c'est sous notre gouvernement
ou antérieurement. Ce service possède des données sur les
demandes. Il y a une remarque générale que je voudrais faire sur
la question des listes d'attente dans les hôpitaux de même que sur
les cas qui nécessitent hospitalisation. Au moment où on a fait
les travaux de la commission, nous avons analysé justement les listes
d'attente dans les hôpitaux. Bien souvent, on nous dit: On a une liste
d'attente de six ou sept cents, on examine cela de plus près. Dans bien
des cas, les listes d'attente sont inexactes. Les gens font des demandes
à plusieurs endroits, dans d'autres cas, c'est plus ou moins fictif,
c'est qu'on veut s'assurer qu'on garde bien les lits pour les fins pour
lesquelles ils ont été prévus. Il y a aussi des cas
où nécessairement à partir du moment où le
traitement peut attendre ou est électif, on peut avoir une personne qui
attend d'être admise, mais on peut se demander si cela serait mieux
d'avoir des ressources pour les passer au fur et à mesure où
elles arrivent, si on tient compte des coûts. Sur les listes d'attente,
de façon générale, il y a des grosses réserves qui
doivent être faites. Maintenant, les cas plus particuliers des malades
chroniques, est-ce que nous avons les données approximatives?
Nous n'avons pas de données précises là-dessus
à la programmation, mais je ne crois pas à une liste d'attente de
6,000, surtout en tenant compte du fait qu'un bon nombre de ces malades
chroniques qui seraient peut-être en attente d'un milieu pour traitement
des malades chroniques sont déjà dans un milieu hospitalier. Un
bon nombre de ces malades et ça coûte plus cher, vous allez
me dire sont déjà dans un milieu hospitalier. Pour ne
citer que ceux-là, je pense à tous les malades chroniques qui
entrent dans un hôpital en urgence, par exemple et une fois qu'ils sont
entrés et qu'ils ont été traités pour des fins
urgentes demeurent là parce qu'ils sont des malades chroniques. Je fais
allusion seulement à ceux-là, mais il y en a un bon nombre. A
chaque fois que nous échangeons des idées avec un hôpital
donné, on reconnaît toujours de part et d'autre qu'il y a des
malades chroniques dans l'hôpital, puis on trouve des solutions pour le
moment un peu temporaires, des solutions avec les moyens du bord. C'est un
problème qui ne nous échappe pas au point de vue de nos
préoccupations et nous comptons avant longtemps proposer des solutions
à l'ensemble de l'exécutif dans cette matière.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, pour continuer un peu dans le
même sens, je pense qu'il est assez difficile de préciser
exactement le
nombre de malades chroniques qui attendent, aussi longtemps qu'il y aura
peu de classification. On sait qu'à l'intérieur des
hôpitaux, comme le soulignait tantôt M. Bergeron, dans les
hôpitaux à soins actifs, il y a certainement des malades
chroniques, comme il y en a dans les foyers d'hébergement, et qu'il y a
des personnes qui normalement devraient être dans des foyers
d'hébergement et qui sont dans des hôpitaux de malades chroniques.
Je pense qu'aussi longtemps que cette classification ne sera pas faite, il sera
difficile de préciser exactement le nombre de personnes sur les listes
d'attente des hôpitaux pour malades chroniques.
M. BELAND: Est-ce que les hôpitaux tiennent compte de cette liste
selon les cas? Par exemple, une personne qui serait très affectée
d'une façon cardiaque, une autre qui ne peut absolument se faire garder
dans une maison privée ou dans une institution, est-ce que l'on tient
compte de cela?
M. QUENNEVILLE: Oui, absolument il faut tenir compte de cela. C'est
justement là le rôle du directeur médical à
l'intérieur d'une institution de pouvoir juger exactement la nature du
malade. Si c'est réellement un cas chronique et que l'institution en
question est un hôpital pour soins actifs, assurément à ce
moment le directeur médical fera une recommandation pour que ce malade
soit dirigé dans une institution pour soins chroniques.
M. CASTONGUAY: Ici, si vous me permettez seulement un commentaire.
L'organisation des soins à domicile qui a été mise sur
pied dans bons nombres d'endroits permet aujourd'hui de traiter à
domicile un certain nombre de malades qui anciennement demeuraient dans des
institutions.
Il y a aussi le développement des services à
l'extérieur. Compte tenu des coûts de l'hospitalisation, c'est un
des problèmes. Sur quelle base fait-on les évaluations quant au
nombre de personnes qui pourraient être hospitalisées? Encore
là cela dépend...
J'ai des indications pas mal plus fermes qui me permettent de dire avec
plus d'assurance que tout à l'heure que la liste des malades chroniques
en attente pourrait varier entre 500 et 1,000 pour toute la province, au gros
maximum.
M. LAURIN: Ce qui ajoute aussi à la difficulté, M. le
ministre, c'est la catégorisation des institutions, que ce soient les
hôpitaux pour malades chroniques...
M. CASTONGUAY: Oui, c'est cela.
M. LAURIN: ...c'est la catégorisation selon la langue et aussi la
religion. Il y a des démarcations qui se forment et qui rendent parfois
difficile le placement de certaines personnes, que ce soit dans les
hôpitaux pour les maladies aiguës, que ce soit dans les
hôpitaux pour maladies chroniques, que ce soit dans les foyers, à
cause de cette question de langue et de religion, les régions ne sont
pas les mêmes. J'ai un exemple qui m'a été rapporté
récemment où une personne de religion catholique avait absolument
besoin d'être placée en foyer. Il y avait des places libres dans
un foyer de langue anglaise et de religion protestante, mais le
règlement interdisait à cette institution d'accepter ce patient,
alors qu'elle l'aurait fait autrement. Est-ce que dans votre programmation il y
a quelque chose de nouveau qui va rendre plus souples ou plus flexibles ou plus
communicantes ces composantes?
M. LAURIN: La popularité va être meilleure entre les
institutions.
M. QUENNEVILLE: Je pense bien que le facteur de la religion entre en
ligne de compte dans ça, mais c'est secondaire. C'est bien plus une
question de langue. Actuellement, je pense que la religion n'étouffe pas
trop.
M. LAURIN: Par exemple, il y a à Sainte-Agathe, deux
hôpitaux anglophones...
M. CASTONGUAY: Je peux demander à M. Bergeron de vous en parler,
parce que c'est un problème auquel nous nous sommes attaqués
depuis le 5 décembre.
M. LAURIN: Sainte-Agathe est un bel exemple.
M. CASTONGUAY: C'en est un auquel nous nous sommes attaqués.
Il y a là une difficulté, il faudrait pouvoir jouir d'un
équipement plus approprié que celui qui est entre les mains d'une
corporation autonome, que le ministre ne peut pas diriger directement selon nos
lois actuelles. Ceci fait qu'on n'y a pas accès. Il y a un autre
hôpital, mais il faudrait quitter les lieux, il faudrait remplacer
ça. Si on laissait les choses progresser normalement telles qu'elles
avaient commencé d'évoluer, si nous les avions laissées
progresser dans ce sens-là, nous étions appelés à
créer de toutes pièces un nouvel équipement à cet
endroit. C'est vrai. Des démarches sont entreprises pour tâcher de
faire...
M. LAURIN: Je comprends que vous allez être obligés de les
régler par des démarches administratives, mais est-ce que ce ne
sera pas plus facile par un cadre législatif nouveau?
M. CASTONGUAY: Vous touchez finalement au dernier morceau de notre
projet de loi et il y a des dispositions aussi qui touchent à cette
question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, la deuxième lecture du projet de
loi est passée !
M. CASTONGUAY: Il faut dire que dans un certain nombre de cas, si on
aborde la question, comme dans le cas du Laurentian Chest, du Mont Sinai' et de
l'hôpital de Sainte-Agathe, la question a été
abordée, a été discutée et il y a des solutions qui
s'amorcent.
M. LAURIN: Il y a le Douglas Hospital à Montréal et le
Wells Nursing Home à Richmond.
M. QUENNEVILLE: A Sainte-Agathe, il ne faut pas se le cacher, le
problème se complique davantage du fait que les Esquimaux sont là
en grand nombre. Je pense que ce n'est pas tellement une question de religion,
c'est une question de...
M. LE PRESIDENT: Programmation...
M. LAURIN: J'aurais une dernière question. Ce qui ressort de tout
ce qu'on a entendu cet après-midi, c'est qu'on peut entrevoir pour
bientôt la création d'un nouveau réseau d'institutions
qu'on pourrait appeler communautaires, qu'on les appelle centres locaux de
services communautaires ou centres intermédiaires ou offices
régionaux de santé. En même temps, on a quand même
tout ce qui existe et qui continue d'exister. Est-ce qu'il n'y a pas danger que
les deux réseaux existent d'une façon parallèle sans les
canaux d'intercommunication qui sont quand même nécessaires d'une
part?
Deuxièmement, est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'amener les
institutions existantes, par exemple les hôpitaux généraux,
à se régionaliser par l'adjonction à leurs services
actuels de services communautaires? Qu'on les appelle services de soins
à domicile, qu'on les appelle cliniques externes, antennes dans certains
petits villages ou certains quartiers des environs, est-ce qu'un effort est
tenté dans ce sens au niveau de la planification, aussi bien qu'au
niveau de la programmation?
M. CASTONGUAY: Pour dire qu'il y ait danger de parallélisme, bien
sûr qu'il y aurait danger, mais on y fait attention. De quelle
façon allons-nous nous y prendre? Encore là, je pense qu'il
faudrait faire allusion au projet de loi à venir et ça ne
m'appartient pas. J'aimerais mieux pour ma part... Nous entrevoyons des
choses.
Comme principe, nous sommes d'accord avec vous, M. Laurin.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière a une
question?
M. BELAND: Pour faire suite à ma question de tout à
l'heure, je tenais à attirer l'attention du ministre à ce sujet,
parce que quand même il y a une certaine quantité de malades comme
ça qui ont attendu leur place à l'hôpital. Dans certains
cas, ç'a a varié entre deux à quatre semaines après
leur mort. L'hôpital aurait appelé la veuve pour lui dire que son
mari avait sa place à l'hôpital. Dans le cas par exemple de
déficience cardiaque ou de choses comme ça, des choses
regrettables se sont produites.
D'autre part, en ce qui concerne les enfants invalides qui
nécessitent d'être gardés en des endroits spéciaux
sous surveillance à cause de leur état de santé, est-ce
qu'il existe des endroits en quantité suffisante pour les absorber
dès que les parents désirent ne plus les garder ou ne sont plus
dans la possibilité principalement de les garder chez eux à cause
du surplus de travail, etc.? Est-ce qu'il existe une quantité suffisante
d'endroits présentement où on peut diriger ces
personnes-là?
M. CASTONGUAY: Sur cette question et sur la question
précédente, je voudrais vous référer aux
observations générales que j'ai faites au début de
l'étude des crédits du ministère.
J'ai mentionné très clairement que, présentement,
les besoins dans le domaine de la santé et des services sociaux
croissent à un rythme plus rapide qu'il est possible d'y
répondre. On voit à quel rythme, et je l'ai dit clairement aussi
au début, le budget combiné des deux ministères a
augmenté de 50 p.c, sur une période de quatre ans, et
malgré cela, il n'est pas possible de répondre à tous les
besoins. Ceci est extrêmement malheureux, mais c'est une situation de
fait.
Deuxièmement, nous sommes dans un secteur hautement
spécialisé où il ne s'agit pas uniquement non plus de
consacrer les ressources financières mais où il faut avoir le
personnel. Mais ce personnel est long à former. Il y a aussi une autre
difficulté, c'est que nous sommes dans un secteur où les
traditions sont très profondément ancrées. Il y a beaucoup
d'individualisme ou il y a beaucoup de cloisonnement. Ceci ne se défait
pas facilement.
Nous sommes aussi dans un secteur où quelquefois des solutions
sur papier plus rapides, semble-t-il, pourraient être envisagées
au lieu de faire affaires avec des corporations qui, comme je l'ai
mentionné précédemment, veulent plus ou moins prendre de
nouvelles orientations, s'ouvrir davantage vis-à-vis des besoins de la
société. On est pris dans des situations où on se limite
à des clientèles bien précises et l'évolution est
assez lente.
Est-ce qu'il serait bon de dire qu'on élimine ces corporations et
qu'on y va d'une façon beaucoup plus autoritaire? On ne le croit pas. Au
contraire, on voudrait renforcer la participation des gens dans des milieux
concernés de la population.
Vous avez tous ces facteurs qui font en sorte qu'il ne nous est pas
possible de répondre à tous les besoins, qu'on le veuille ou non.
Je voudrais rappeler ceci, je ne veux pas laisser l'impression,
dans les réponses qu'on fait, qu'il s'agit nécessairement
de déficience ou de faiblesse de notre part. On est limité dans
ce secteur-là de façon assez sérieuse par rapport aux
besoins.
En ce qui a trait de façon plus particulière à
l'enfance, vous parlez des enfants invalides.
M. BELAND: C'est ça.
M. CASTONGUAY: Est-ce que vous parlez de ceux qui sont invalides
à un point tel qu'il faut absolument qu'ils soient en institution? La
philosophie, tout comme pour ceux qui ont des difficultés de vision,
tout comme pour la délinquance, est plutôt de tenter, par tous les
moyens possibles, de les garder dans leur milieu et de leur apporter, quand
c'est possible, les services, de telle sorte qu'on évite les dangers
d'une trop grande protection en institution ou encore les dangers de les
recouper du monde, de la société dans laquelle, tôt ou
tard, ils vont être appelés à vivre?
M. BELAND: Ce à quoi je fais allusion c'est une certaine
quantité de jeunes, peu importe l'âge, de deux ou trois ans
jusqu'à environ quinze ans, ou cela peut être des personnes
à demi paralysées, cela peut être des gens souffrant de
déformations physiques exigeant la chaise roulante ou quelque chose du
genre, tous ces malades-là auxquels il faut apporter une attention
spéciale et qui sont considérés absolument invalides et
qui vont le demeurer dans 99.9 p.c. des cas. C'est à cette
catégorie-là que je faisais allusion.
M. CASTONGUAY: Nous avons des institutions pour déficients
mentaux par exemple.
Nous avons aussi un assez grand nombre d'associations qui apportent leur
aide par le truchement de services, etc. pour des enfants qui souffrent
d'handicaps, de paralysie cérébrale. Nous avons aussi dans les
institutions hospitalières ou dans les cliniques des services
spécialisés pour des enfants qui ont vraiment des
problèmes spéciaux comme ceux que vous mentionniez. Notre
philosophie, du côté des maladies physiques, est d'éviter
de façon générale qu'il y ait des institutions où
on regrouperait uniquement un grand nombre d'enfants handicapés
physiquement.
M. BELAND: En moyenne, dans la province, quelle proportion de personnel
est requise dans les hôpitaux pour 20 malades? Ou, on peut poser la
question à l'inverse un employé peut avoir soin de X
malades est-ce que vous avez des proportions ou des pourcentages moyens
que vous pourriez donner?
M. CASTONGUAY: Cela dépend d'abord de la catégorie
d'institutions.
M. BELAND: Hôpitaux de malades ordinaires.
M. CASTONGUAY: Hôpitaux généraux. M. BELAND:
Généraux.
M. CASTONGUAY: Il y a des études, des statistiques qui ont
été faites. Vous avez l'étude à laquelle on a
référé hier. La Commission d'enquête sur la
santé et le bien-être analyse cette question. Du côté
du financement ou de la planification, on dit environ trois employés en
moyenne par lit dans les hôpitaux généraux. En donnant ce
chiffre, je dois dire qu'une des conclusions du rapport de la commission
d'enquête, de l'étude, c'est qu'au niveau professionnel, au niveau
des cadres de gestion, on était inférieur assez souvent à
l'Ontario dans ce secteur. Au niveau des travailleurs moins
spécialisés, dans le domaine hospitalier, on avait un nombre
moyen plus élevé qu'en Ontario.
M. BELAND: Est-ce que la tendance a été vers
l'augmentation ou la diminution du nombre de personnes attitrées
à chaque malade?
M. CASTONGUAY: La tendance générale, depuis une vingtaine
d'années, est à l'augmentation du personnel et de façon
assez sensible dans les hôpitaux généraux. Ceci au fur et
à mesure que les nouvelles techniques, les nouveaux modes de traitement
ont été introduits. A titre d'exemple, dans la salle
d'opération, il y a vingt ans, il y avait probablement le chirurgien,
l'anesthésiste, une garde-malade alors qu'assez souvent aujourd'hui
là, il y en a d'autres qui peuvent le dire avec beaucoup plus de
détails que moi vous allez avoir dix, douze personnes dans la
salle d'opération qui assument toutes sortes de fonctions. L'accent a
été mis au cours des dernières années sur la
nécessité de raccourcir les périodes d'hospitalisation, ce
qui a nécessité une addition de personnel. En plus de ça,
lorsqu'on compte le personnel dans les hôpitaux, on inclut aussi le
personnel dans les consultations des cliniques externes alors qu'il y a dix ou
quinze ans les cliniques externes étaient, à toutes fins
pratiques inexistantes. Aujourd'hui, dans certains hôpitaux et de
façon très générale, les cliniques externes sont
extrêmement actives et ce personnel est compté dans le personnel
des hôpitaux publics même s'il ne traite pas des malades
alités. Vous allez dans les cliniques comme celles de Maisonneuve,
Montreal Children, n'importe quel grand hôpital, il y a une foule de
patients qui passent chaque jour et le personnel dans ces cliniques externes
est compté dans le personnel des hôpitaux. Alors cela a
contribué à fausser aussi un peu les statistiques sur le nombre
de personnes ou d'employés par lit.
M. BELAND: Toujours à l'intérieur d'hôpitaux
généraux, combien peut-il coûter par jour par malade moyen
dans la province?
M. CASTONGUAY: Le coût par lit des
hôpitaux généraux se situe aux environs de $18,000
par année. Pour ce qui est du coût par jour, la moyenne plus
fréquente pour les hôpitaux qui ne sont pas des hôpitaux
d'enseignement se situe aux environs de $60. Dans le cas des hôpitaux
d'enseignement affiliés à des universités, nous avons des
coûts qui atteignent ou dépassent dans certains cas $100 par
jour.
Maintenant, nous n'incluons pas dans ces chiffres le coût des
consultations externes. Il ne s'agit pas en fait de malades alités. Ces
coûts sont les coûts nets, déduction faite des sommes qui
sont versées par les services externes.
M. BELAND: Lorsque vous parlez par exemple de coût par lit, est-ce
que ce sont des lits occupés ou lits totaux basés...
M. CASTONGUAY: Ce calcul est basé sur une estimation du
pourcentage d'occupation des lits d'environ 80 p.c.
M. BELAND: Ah bon!
M. CASTONGUAY: Ce qui est une moyenne raisonnable, une très bonne
moyenne pour certains établissements.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article "programmation" est
adopté?
M. LAURIN: Quand on dit ici projets d'achats en commun, est-ce qu'on se
réfère à l'expérience des 23 hôpitaux qui ont
tenté de grouper leurs achats dans certains domaines?
M. CASTONGUAY: On se réfère à ce genre
d'expérience-là. L'idée est de préparer, de mettre
sur pied, de favoriser la mise sur pied d'organismes d'achats sur base
régionale, lesquels organismes, éventuellement, feraient partie
du réseau de bureaux régionaux. Je faisais allusion plus
spécifiquement au service des achats.
M. LAURIN: C'est la même chose pour les projets d'utilisation en
commun? On semble...
M. CASTONGUAY: L'utilisation commune de laboratoires, de toutes sortes
de ressources.
M. LAURIN: Il semble plus économique pour plusieurs actuaires de
confier à des agences extérieures certains services que,
jusqu'ici, on retrouvait dans les hôpitaux.
M. CASTONGUAY: Il s'agit surtout de regrouper l'utilisation de certains
équipements là-dedans, de certain personnel également, et
d'envisager la possibilité de céder ce travail-là à
contrat à l'extérieur. Dans certains cas, il n'est pas exclu que
ça pourrait être plus rentable.
M. LAURIN: En somme, aussi bien les études économiques que
l'expérience pratique montrent que c'est une meilleure voie
opérationnelle que celle qui avait cours jusqu'ici.
M. CASTONGUAY: Justement de trop ramener les choses sur une base par
hôpital exclusivement.
M. LAURIN: On progressera dans cette voie-là.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y avait d'autres...
M. CLOUTIER (Montmagny): Programmation, adopté. M. le
Président, on entre maintenant dans les programmes spéciaux.
M. LE PRESIDENT: Programmes spéciaux.
Programmes spéciaux et Régie des rentes
du Québec
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suggérerais à ce moment-ci, M.
le Président, étant donné que le travail de la
Régie des rentes est intimement lié à celui des projets
spéciaux à cause de la loi d'aide sociale, et que les allocations
familiales et scolaires qui relevaient jusqu'au 1er avril de cette
direction-là ont été transférées à la
Régie des rentes, je suggérerais qu'on entende M. le juge Fortier
et, en même temps, on pourra transférer sans heurts aux projets
spéciaux.
Je voudrais poser une première question. Pour ma part je n'en ai
pas beaucoup à poser au président de la Régie des rentes.
Incidemment, au cours des discussions antérieures, nous avons
parlé des programmes: allocations familiales, allocations scolaires qui
ont été transférées à la régie. Au
début, dans les discussions générales, nous avions
parlé également du Régime de rentes.
Est-ce que tout l'effectif et l'équipement qui étaient au
ministère des Affaires sociales ont été
transférés à la régie?
M. CASTONGUAY: Pas l'équipement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas l'équipement.
M. CASTONGUAY: L'effectif entier à peut-être quelques
exceptions près. Je sais qu'il y a quelques membres du personnel qui
avaient demandé à ne pas être transférés
à la régie. Entre autres, je crois qu'il y avait des
handicapés qui demeuraient près de l'édifice Joffre et
pour lesquels ça présentait un problème. Je ne sais pas ce
qu'il est advenu de ces cas-là. La décision avait
été prise de transférer tout le monde, et tout le monde a
été pris, sauf peut-être quelques exceptions.
Même, dans ces cas, après examen médical, ils ont
tous été transférés sans exception.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et l'équipement est demeuré au
ministère des Affaires sociales?
M. CASTONGUAY: C'est-à-dire que l'équipement
n'était pas au fichier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tout ce que ça comportait...
M. CASTONGUAY: Seulement l'équipement de messagerie. En ce qui
concerne l'équipement mécanographique, nous n'avons pas
d'équipement comme tel. Nous transigeons avec le centre des
données.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je demanderais au président si le
transfert des deux programmes a comporté des difficultés
particulières ou si la machine était rodée?
M. CASTONGUAY: Il n'y a eu aucune difficulté parce que nous avons
eu le temps de planifier le transfert. Il y a eu un comité formé
de fonctionnaires de la régie et de fonctionnaires du ministère.
Le 1er avril, officiellement, le transfert s'est effectué et le 1er mai,
les gens qui occupaient des locaux à l'édifice Joffre ont
emménagé dans des locaux de la régie à Place
d'Youville. Le travail s'est continué sans interruption et il n'y a eu
aucun problème particulier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il est possible que, dans l'avenir,
une certaine décentralisation des programmes de la régie soit
faite? Je pense en particulier aux relations, aux contacts directs entre la
population et les services que vous donnez. Une décentralisation en
passant par les bureaux régionaux, les bureaux locaux de
bien-être, est-ce que c'est possible, est-ce que c'est
envisagé?
M. CASTONGUAY: C'est envisagé. Nous avons actuellement certains
bureaux régionaux. Il y en a sept: à Montréal, Hull,
Sherbrooke, Chicoutimi, Québec, Rimouski peut-être que j'en
oublie un . En ce qui concerne le régime de rentes, il faut dire
que le maintien de bureaux régionaux nous pose un problème parce
que le nombre de demandes est très minime dans certaines régions.
Ce que nous avons conçu, c'est un système en vertu duquel le
requérant peut faire sa demande par la poste. Nous avons
déposé des formulaires dans toutes les caisses populaires de la
province et ces formulaires sont des "do-it-yourself-kits". En d'autres termes,
le requérant peut remplir sa demande lui-même assez facilement et
nous obtenons avec cela des résultats très satisfaisants.
Quant aux bureaux régionaux, celui de Montréal est
évidemment plus considérable et il se fait à
Montréal un certain travail du traitement des demandes. Dans les autres
cas, il ne se fait pas au bureau régional de traitement de la demande de
prestations. Tout est fait au siège social, ici, à Québec,
parce que les données qui vont permettre d'accorder la demande se
trouvent ici. On ne peut pas concevoir par exemple d'établir à
Rimouski une console reliée à l'ordinateur de Québec pour
fournir les renseignements de telle sorte que toutes les demandes soient
traitées à Rimouski. Ce n'est pas concevable pour deux demandes
par semaines.
Alors, nos bureaux régionaux ont posé un problème.
Ils nous sont utiles parce qu'ils constituent des centres d'information dans
les endroits où ils se trouvent. Les directeurs des bureaux
régionaux font de l'information, le public peut s'adresser là,
mais disons que d'une façon générale le contact avec la
population se fait surtout par la poste.
M. CLOUTIER (Montmagny) : De plus en plus à mesure que le
régime va prendre.de l'âge, il va y avoir beaucoup plus de gens
qui vont nécessairement entrer en contact avec vos bureaux
régionaux. D'après votre réponse, ce serait
peut-être une possibilité de coordination de vos bureaux
régionaux de la Régie des rentes avec les bureaux
régionaux du ministère.
M. CASTONGUAY: C'est une chose qui est envisagée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Maintenant, quand vos
bénéficiaires soumettent une demande à la Régie des
rentes, la régie rend une décision. Le bénéficiaire
a le droit de demander la révision de son dossier comme dans le cas de
la Loi de l'aide sociale. Ce qui diffère, c'est que dans la Loi de
l'aide sociale notre commission d'appel relève du gouvernement
provincial tandis que le tribunal suprême dans le cas du Régime de
rentes est unique, c'est le tribunal canadien.
M. CASTONGUAY: La Commission d'appel des pensions.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai eu connaissance personnellement de
certains problèmes causés par les délais de 90 jours dont
le bénéficiaire doit se servir pour se prévaloir de la
dernière disposition. Dans les 90 jours, il faut que sa demande soit
entrée là-bas, qu'il ait produit tous les documents et que le
tribunal d'appel... sauf s'il a demandé un délai. Il peut arriver
que la demande de révision à la commission, au tribunal, ne
constitue pas une demande de délai. Est-ce qu'il n'y a pas quelque
chose?
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas quel est le cas auquel vous
référez, mais je crois que la commission a été
assez large là-dessus. J'ai vu un cas récemment où la
demande a été faite un peu avant l'expiration du délai et
on a considéré que c'était une période d'extension
même si ce n'est pas...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense qu'il y aurait peut-être
possibilité d'introduire un peu plus de souplesse dans ce
mécanisme par un contact, une communication entre la Régie des
rentes et ce tribunal d'appel.
M. CASTONGUAY: A ma connaissance, on n'a pas signalé de
difficulté particulière dans le cas de l'introduction des appels,
mais il y a peut-être eu des cas où cela a existé.
Il est fort probable, lorsque nous apporterons des modifications au
Régime de rentes du Québec, que nous proposions que les appels en
première instance, de nature non administrative, passent comme premier
palier à la commission d'appel.
M. CLOUTIER (Montmagny): A la commission d'appel avant d'être
référé...
M. CASTONGUAY: Il y a une foule de cas qui pourraient se régler
là sans que ce soit nécessairement référé au
tribunal. Il y a beaucoup de cas qui se règlent en révision.
Beaucoup de cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre vient de dire qu'il y a des
modifications possibles, est-ce que ce sera à la session d'automne?
M. CASTONGUAY: C'est dans le cadre de la politique de la
sécurité du revenu.
M. CLOUTIER (Montmagny): On a parlé je n'ai pas l'intention
d'y revenir hier soir du transfert possible à un moment
donné du Régime d'aide sociale à la Régie des
rentes. Les explications du ministre ont été très claires
et il nous a fait part aussi de l'opinion du président de la
régie avec la prudence qui, lui aussi, le caractérise. Il n'est
pas désireux à ce moment-ci d'absorber un appareil qui commence
et c'est une politique importante du ministère des Affaires sociales.
Avec le réseau de bureaux locaux et régionaux qui a
été mis sur pied, le recrutement du personnel qui n'est pas
terminé je pense bien qu'on le verra un peu plus tard et
aussi des mécanismes administratifs qui sont améliorés de
jour en jour avec l'expérience, je pense bien que d'ici un an on
l'a dit hier il serait préférable que le ministère
des Affaires sociales lui-même soit directement responsable à la
population de la Loi de l'aide sociale.
Pour ma part, si mes collègues n'ont pas d'autres questions, moi,
je n'en ai pas.
M. CASTONGUAY: Il y a une question qui a été posée,
je crois, par M. Béland ou M. Roy de Beauce au sujet de la proportion
des dépenses d'administration par rapport au pourcentage des sommes qui
étaient transférées à la Caisse de
dépôt.
M. BOIS: Oui c'est cela.
M. CASTONGUAY: La loi nous oblige à transférer toutes les
sommes que nous recevons du ministère du Revenu à la Caisse de
dépôt, déductions faites des sommes que nous retenons pour
l'administration courante et pour payer les prestations. Nous transmettons, en
fait, toutes les sommes, moins les sommes requises pour l'administration de la
régie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si j'ai bien compris la réponse qui a
été donnée au début de l'étude des
prévisions budgétaires, les calculs actuariels qui avaient
été faits en 64/65, avant l'implantation du régime,
après révisions et après expériences, permettent
d'entrevoir un surplus dans la réserve ou dans les crédits pour
le bon fonctionnement du régime. Alors ce sont ces réserves qui
serviront à modifier la législation et à augmenter les
prestations, les bénéfices aux bénéficiaires.
M. CASTONGUAY: Il est clair que les taux d'intérêt,
l'augmentation des salaires ont été plus élevés que
prévu, ce qui a apporté une plus grande entrée de
contributions que celle qui était prévue. Cela va servir
évidemment. Les modifications envisagées vont avoir pour effet de
hausser les prestations, particulièrement pour les veuves, les
invalides. Est-ce que ce seront uniquement ces montants ou si on ira plus loin
pour prévoir même une croissance moins rapide de la caisse dans
l'avenir? C'est une des questions qu'il faudra régler et qu'il nous
faudra examiner de plus près. De toute façon il va falloir le
faire par la législation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si je me souviens bien, la caisse atteindrait
son sommet en 1984, avec $4 milliards...
M. CASTONGUAY: A peu près, oui...
M. CLOUTIER (Montmagny): ...et après, il y aurait une
stabilisation à $2 milliards en 1991 ou quelque chose comme cela...
M. LE PRESIDENT: Le député aurait une question? ...
M. BELAND: Est-ce qu'il y a un service, présentement, qui
effectue un certain travail, à savoir le fait de transmettre à
chaque bureau en même temps les nouveaux changements qui peuvent
être apportés, lorsque changements il y a après
décision, que ce soit ici, en Chambre, ou ailleurs. Y a-t-il un service
spécifique qui est agencé de façon à transmettre
ces informations afin que tous les bureaux soient au courant en même
temps et qu'il n'y ait pas de décalage qui causerait préjudice,
par exemple...
M. CASTONGUAY: Voulez-vous dire pour
la Loi de l'aide sociale? Parce que le Régime de rentes du
Québec, quant aux prestations et contributions, n'a pas
été modifié depuis qu'il a été
établi, le 1er janvier 1966. Nous allons, comme je l'ai
mentionné, au cours des prochains mois je ne sais pas exactement
quand proposer à la Chambre des modifications au Régime de
rentes. Mais depuis l'implantation du régime, les pensions, les
conditions d'admissibilité, les montants, les contributions n'ont pas
été modifiés.
M. BELAND: J'ai peut-être posé ma question un peu trop
vite, mais étant donné ce qui avait été
demandé déjà, je présumais que c'était dans
le même ordre d'idées parce qu'il y avait eu des choses qui s'y
rattachaient énormément. J'y reviendrai plus tard. Cela se
situerait au numéro 3?
M. CASTONGUAY: On peut prendre cela au numéro 3.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, adopté, M. le
Président.
M. CASTONGUAY: M. le juge, nous vous remercions.
M. LE PRESIDENT: Alors les programmes spéciaux, article 5...
M. CASTONGUAY: La direction de l'administration des programmes
spéciaux regroupe un ensemble de services, au ministère, qui sont
donnés directement par le ministère à la population. En
règle générale, ce sont les services donnés par les
fonctionnaires eux-mêmes, et en plus de cela, cette direction sert de
banc d'essai au ministère pour un certain nombre de projets pilotes.
C'est pour cela qu'on retrouve à l'heure actuelle, dans cette direction,
quatre grandes divisions: la direction de la médecine préventive,
la direction des services sociaux publics, la direction de l'aide sociale, et
les projets de développements communautaires.
La médecine préventive regroupe les programmes de
prévention au point de vue de la santé,
l'épidémiologie, les laboratoires et les unités
sanitaires.
Les services sociaux au public regroupent ce qu'on appelle la
réadaption sociale, les services de probation, les placements, un
certain nombre de placements d'enfants et les centres d'accueil qui ne sont pas
encore administrés par des corporations indépendantes.
A la direction de l'aide sociale, on retrouve sous un directeur
général tout l'ensemble des bureaux extérieurs, le service
de l'attribution de l'aide sociale, le service administratif de l'aide sociale
et un service médico-social qui est en train d'être mis sur
pied.
Dans le quatrième secteur d'administration des programmes
spéciaux, sous un coordonna-teur des projets de développement
communautaire, on retrouve à l'heure présente le service de
retour à la vie normale, les services de réadaptation pour
adultes, un service de projets pilotes et un service des organismes familiaux.
C'est un ensemble de services que le ministère donne directement
à la population.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sauf erreur, dans les organigrammes qui nous
ont été remis, on n'a pas ce qui concerne...
UNE VOIX: Il n'est pas complété.
M. CASTONGUAY: C'est ça, il est en voie de l'être. Comme je
l'ai mentionné hier, il y en avait un certain nombre et celui-là
n'est pas complet.
M. CLOUTIER (Montmagny): On avait par contre la médecine
préventive, dont vous venez de parler. Je voudrais aborder d'abord la
question des programmes de santé publique, et, étant donné
qu'on a l'organigramme de la médecine préventive, je voudrais
demander quel sera le processus d'intégration des unités
sanitaires dans les centres locaux de santé ou dans des institutions qui
existent actuellement.
M. CASTONGUAY: Le processus n'est pas encore pensé,
développé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais est-ce que la décision de principe
est rendue...
M. CASTONGUAY: A moyen terme. Cela nous apparaît comme une
nécessité, une chose nécessaire et utile à faire,
dans le concept général, d'avoir un système de service de
santé aussi intégré que possible. Mais passé
ça, quant aux étapes à franchir, comment les franchir,
ça n'est pas encore fait. Il y a un certain nombre de problèmes,
mais encore là...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la vocation des unités
sanitaires serait modifiée sensiblement? Est-ce qu'il y aurait une gamme
de services d'ajoutés ou des services actuels qui disparaîtraient?
On mettrait l'accent davantage sur le dépistage en milieu scolaire?
M. CASTONGUAY: L'objectif visé en fait dans l'implantation de
centres locaux de services communautaires ou les objectifs principaux
visés c'est d'avoir une continuité dans les types de services ou
de soins, aussi bien une bonne coordination des types de services, aussi bien
au plan du personnel qu'au plan des individus en cause, et comme on l'a
mentionné tantôt, des relations des types d'unités, que ce
soient des institutions hospitalières, des centres locaux de services
communautaires, etc.
Ce sont les grands objectifs visés. Est-ce qu'au départ,
dans les centres locaux de services
communautaires, ce qui sera fait sera simplement un
déménagement comme ça a été fait dans
certains hôpitaux où on a déménagé
l'unité sanitaire? Ou est-ce qu'on visera à une plus grande
intégration, de telle sorte que les équipes ne soient pas
distinguées dans des systèmes différents? Le travail n'est
pas effectué. Il y a un travail de cheminement, de programmation, il y a
aussi des problèmes que vous connaissez, différence de statuts,
de personnel dans les unités sanitaires, qui ont un personnel
composé de fonctionnaires, alors que, dans les autres services, soit
dans les agences de service social ou les autres, ils n'ont pas le même
statut.
Il y a un certain nombre de problèmes qui se posent et la
programmation de ça n'a pas encore été faite.
M. BOIVIN: Est-ce que les soins à domicile relèvent de
cette direction aussi?
M. CASTONGUAY: L'organisation des soins à domicile
relève-t-elle de...?
M. BOIVIN: De la programmation.
M. CASTONGUAY: Ce sont, du côté des programmes
spéciaux, les programmes que nous administrons le plus directement comme
la Loi de l'aide sociale où ce sont des fonctionnaires des unités
sanitaires. L'organisation de soins à domicile, dans
l'éventualité où de nouveaux services sont
créés, doit passer par la programmation, sur les autres plans des
relations au plan financier mais avec le financement. Encore là aussi,
il y aura le même problème que le député de
Montmagny soulève en ce qui a trait aux unités sanitaires. Les
organisations de soins à domicile devront être
intégrés dans les centres locaux de services communautaires comme
principe ou encore avec les institutions hospitalières de telle sorte
qu'on n'ait pas le même nombre de réseaux que nous avons
présentement. Nous visons à avoir un réseau
unifié.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le sous-ministre pourrait expliquer
un peu les projets spéciaux du retour à la vie normale qui sont
en marche actuellement et les projets immédiats?
M. CASTONGUAY: D'abord celui qui est le plus actif à l'heure
actuelle, c'est peut-être l'opération 2,000 que nous avons faite
avec la collaboration des ministères des Terres et Forêts, de
l'Education et celui du Travail. A l'heure où je vous parle, le dernier
rapport que nous avons eu cette semaine indique qu'il y aurait 989 anciens
bûcherons en chômage, qui ont été recyclés
l'hiver dernier et qui entrent au travail. Il en reste près d'un millier
à entrer pour atteindre l'objectif que nous nous étions
donné. Il y a des travaux dans 92 localités de la province.
Déjà les pourparlers pour continuer ce mouvement se
déroulent avec le ministère des Terres et Forêts et un
comité spécial provincial siège constamment pour garder le
mouvement bien dynamique dans ce domaine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la possibilité maximale
d'emploi dans un tel programme une fois qu'il sera rendu à terme?
Supposons que c'est un programme quinquennal, quelle serait la
possibilité d'emploi? Est-ce qu'il y aurait de la place pour 10,000
personnes?
M. CASTONGUAY: Le rapport original nous donnait 10,000 personnes
à induire dans le système sur une période de cinq ans.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les budgets relèveraient
à ce moment-là du ministère des Terres et
Forêts?
M. CASTONGUAY: La partie de l'entraînement relève de
l'Education à l'heure actuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a une partie administrative qui
relèverait du ministère des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: C'est le choix des listes, c'est le choix des candidats.
Nous faisons, ça de concert avec le ministère de l'Education et
les ministères du Travail et des Terres et Forêts. Nous
établissons nos normes en commun constamment. Cet été,
nous allons faire des réunions pour évaluer où nous en
sommes avec ce qui est fait à ce jour pour voir les faiblesses que nous
avons eues et les points forts et pour repartir à l'automne avec un
nouveau groupe encore mieux équipé que l'automne dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les autres projets spéciaux
avec les autres ministères? Est-ce qu'il y a quelque chose avec
l'Agriculture?
M. CASTONGUAY: Avec l'Agriculture, nous avons à l'heure actuelle
deux petits projets. Nous n'avons pas voulu commencer avec de grands projets
parce que je pense qu'il faut que tout le monde apprenne son
abécédaire au début. Nous nous apercevons qu'il ne s'agit
pas tout simplement de trouver du travail aux assistés sociaux mais en
même temps assez souvent d'ailleurs les comités de retour
à la vie normale sont là pour en faire foi il faut
remettre toute la famille sur pied, la femme et les enfants, parce que le
chômage prolongé a laissé des traces profondes dans la
famille. Les comités nous appuient pour les cas qui ont besoin de
traitements spéciaux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il ne s'agit donc pas seulement de
réintégration des assistés sociaux au marché du
travail mais aussi du retour à la vie normale de toute l'unité
familiale. Cela déborde le cadre...
M. CASTONGUAY: Il faut tenir compte non seulement de l'homme, du chef de
famille mais aussi de ses dépendants. Pas pour tous, par exemple, mais
pour un grand nombre de candidats il faut tenir compte et de la femme et des
enfants si on veut réussir le retour à la vie normale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les autres ministères avec
lesquels vous travaillez à des projets concrets?
M. CASTONGUAY: Il y a le ministère des Terres et Forêts, il
y a le ministère de l'Agriculture. Nous avons déjà eu le
ministère de l'Industrie et du Commerce pour les pêcheries.
Peut-être que nous y reviendrons. Le ministère des Affaires
municipales aussi. Tout dépendra encore de la tournure des
événements. Tout dépend aussi du degré de
maturité d'une situation. Si la situation est prête à
être traitée, je pense qu'il faut entrer dans le jeu. Comme
là, l'agriculture, il y a des possibilités et on va donner dans
l'agriculture. Tantôt si avec les pêcheries on a une occasion
favorable on entreprendra les pêcheries.
Je voudrais faire une petite remarque ici qui, je pense, est
intéressante à cause des tendances dans l'assistance sociale.
Depuis deux ou trois ans nous avons observé qu'il y a plus de jeunes sur
l'assistance-sociale, même plus de gens instruits qu'auparavant et par le
projet de restauration forestière nous nous sommes aperçus qu'en
replaçant les assistés sociaux du secteur primaire de
l'économie nous attaquons sans le vouloir le problème même
des jeunes diplômés des universités qui n'avaient pas de
travail. Cette année, en remettant les anciens bûcherons au
travail par le plan de restauration forestière, cela a permis d'engager
tous les diplômés en foresterie qui seraient restés sur le
carreau à cause d'une mauvaise situation que tout le monde connaît
par les journaux dans l'industrie des pâtes et papier. Mais c'est la
restauration forestière qui est venue chercher même les
diplômés d'universités. Si le mouvement continue,
l'année prochaine, je pense qu'encore on pourra aller ratisser plusieurs
diplômés d'universités qui seraient restés sur le
carreau. C'est un des effets bénéfiques marginaux du retour au
travail des gens du secteur primaire. Ils entraînent avec eux des gens
plus qualifiés et même des diplômés
d'universités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Affaires sociales va faire
pression auprès du Conseil du trésor pour que le budget des
Terres et Forêts l'an prochain soit substantiel et donne de l'ampleur
à ce programme de restauration forestière qui peut donner de
l'emploi, je pense bien, à 3,000 personnes additionnelles l'an prochain
si on se base sur les résultats acquis qui nous ont été
transmis depuis quelque temps.
M. CASTONGUAY: Je prends bonne note et je vais faire à nouveau ce
que j'ai fait l'automne dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord! Une autre question et je
l'adresserais plutôt au ministre. Est-ce que le gouvernement central est,
j'emploie les mots "mieux disposé" ou "plus ouvert" à
l'acceptation de ces programmes de substitution à l'assistance sociale
tels que ceux que vient de nous décrire M. Guay?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas d'opinion. Est-ce que vous pourriez, M. Guay
ou M. Beausoleil...?
Personnellement, j'ai observer du changement. Je sais que nous avons
été obligés au début de faire beaucoup de petits
pélerinages ou de démarches, mais j'ai l'impression que les
esprits sont beaucoup plus ouverts qu'il y a quatre ou cinq ans.
On ne considérait pas possibles ces projets mais, comme la
plupart de ces mesures ont commencé sur une base assez humble, les
calculs économiques ont été faits sur les taux de
rentabilité, on a fait la comparaison entre ce que ça
coûtait avec l'assistance et ce que ça coûtait à
remettre les gens au travail, et une conviction s'est établie petit
à petit.
Même dans l'agriculture, ces derniers mois, on sent encore un
changement d'opinion. Je pense que l'an passé ou il y a deux ans, il
aurait été un peu hasardeux de parler de l'agriculture, mais on
peut en parler carrément.
M. CLOUTIER (Montmagny): En agriculture, l'Office du crédit
agricole peut vous apporter une collaboration assez étroite à la
réalisation de certains projets spéciaux, pour les
assistés sociaux. Est-ce exact?
M. CASTONGUAY: Nous avons déjà réussi à
faire accepter quelques cas types, mais je pense que c'est un travail de longue
haleine. Si on regarde le nombre des gens qui reçoivent l'assistance
sociale et qui en même temps sont possesseurs d'une petite ferme qui
n'est pas censée être rentable, je pense que nous avons encore
beaucoup de travail à accomplir dans ce domaine. Il va falloir que nous
fassions des efforts d'imagination d'abord pour trouver des occupations
rentables ou des formes d'activités qui peuvent être
préférables à ce qui se passe à l'heure actuelle
garder les gens à ne rien faire et pour pouvoir prouver en
blanc et noir aux organismes prêteurs dont fait partie l'office qu'il y a
de la rentabilité à mettre ces gens au travail.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense qu'il vaudrait la peine, pour le
bénéfice de tous ceux qui sont ici ou qui liront le journal des
Débats, de raconter brièvement la première
expérience, le premier dossier sur lequel nous avions
travaillé avec l'Office du crédit agricole, dossier qui
avait été finalement adopté dans l'optique du retour
à la vie normale. C'est là un magnifique exemple, je crois, de ce
qu'une collaboration interministérielle peut apporter. Cette famille de
douze ou treize enfants...
M. CASTONGUAY: Quatorze.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... quatorze enfants, au lieu de se mettre sous
le coup de la dépendance sociale à Montréal a pu faire
l'acquisition d'une ferme et toute la main-d'oeuvre familiale a pu y
travailler. Aujourd'hui, je pense que c'est une exploitation agricole qui est
devenue rentable.
M. CASTONGUAY: Elle n'est pas tout à fait rentable. Je dois vous
dire qu'au début, nous avons calculé que nous avions quatorze
enfants, l'homme et la femme, donc seize bouches à nourrir. Si vous
laissez tout ce monde en ville, il n'y a pas moyen de les loger nulle part,
c'est impossible. Si l'homme va travailler, c'était uniquement par
pitié. L'agent de retour à la vie normale a eu le génie
d'analyser d'abord son homme, de le connaître très bien. Il s'est
aperçu que c'était un très bon travaillant, que
c'était un homme qui avait beaucoup de coeur, même s'il manquait
un peu de talent administratif.
Il s'est dit : S'il aime la terre, pourquoi ne pas le remettre sur la
terre? On a gagé sur deux coups, au fond sur le moindre. Si on le
gardait en ville, la police, tous les jours, ramassait les enfants par grappe
ici et là et les ramenait à la maison. La première chose
qui nous attendait, c'est qu'on était obligé d'en mettre sept ou
huit en institution, à une moyenne de $3,000 ou $4,000 par enfant.
Vous faites le total tout de suite vous voyez ce que cela voulait dire,
en plus des $300 ou $400 que nous aurions été obligés de
débourser pour garder cette famille sur l'assistance encore à ne
rien faire. Cela faisait une famille qui coûtait au bas mot, une
trentaine de mille dollars par année. Tout le monde était
malheureux, et c'était une famille désunie.
Là, on a gagé sur la remise de cette famille sur une
ferme. On a réussi à identifier une terre en plus ou moins bon
ordre mais où il y avait des possibilités. On a fait analyser le
sol, on a pris toutes les précautions usuelles, un plan
d'aménagement de la terre et on a réussi à acheter la
petite terre pour, je pense, $6,000. Tout de suite, la famille a
été ramassée, les enfants sont tous allés à
l'école et là la police a cessé de ramasser ça
à la grappe. Et nous n'avons pas été obligés de
placer un seul enfant. C'était déjà une
réussite.
La première année que la famille a été sur
la terre, on a tout de même réussi à cultiver 700 sacs de
pommes de terre et élever assez d'animaux pour se nourrir. Et,
l'assistance a tombé automatiquement à $175 par mois.
C'était déjà, au point de vue financier, une
réussite pas mal extraordinaire. L'homme faisait son possible, la femme
aussi et les enfants allaient tous à l'école.
Et nous nous sommes dit: Si cette famille peut tenir pendant dix ans,
nous allons sauver les enfants. C'est ce qui est important. Il y a eu la
gageure d'essayer d'avoir un prêt du crédit agricole pour
développer cette terre. On a fait toute l'argumentation
nécessaire. Les premières réponses, comme toutes celles
qui nous arrivent d'ailleurs, c'est la même réflexion que
peut-être moi j'aurais faite: C'est un assisté social. En voulant
dire, il n'est pas très qualifié. S'il n'a pas déjà
réussi, quelle garantie on peut avoir.
A force d'argumenter, on a réussi à obtenir le prêt
et en même temps à pousser sur le plan de développement de
la ferme. La ferme, à l'heure actuelle, à la dernière
récolte je suis allé la voir c'était une
réussite. Déjà on est rendu entre 5,000 et 6,000 sacs de
pommes de terre. Et on calcule que, dans un an ou deux, si on continue
l'ascension comme ça, la ferme sera rentable.
Pendant ce temps, le plus vieux de la famille, on le soigne beaucoup.
D'abord, il était malade, on l'a fait soigner au point de vue
médical. Mais on s'en occupe beaucoup pour le rendre capable de prendre
la ferme en main et d'administrer de main de maître. Le jeune a beaucoup
de caractère, il a beaucoup d'ordre et c'est lui qui succédera
à son père. En même temps, on a aussi diversifié la
culture sur la terre pour avoir un peu moins grand de culture mais des cultures
plus payantes et qui soient moins coûteuses au point de vue de la
machinerie. Et cette opération-là aussi est réussie.
Ce qu'il nous reste, peut-être encore une ou deux récoltes
pour être sûrs de boucler et ça nous aura pris cinq ans
d'efforts. Je pense que ça valait la peine parce que, pendant ce temps,
les enfants sont à l'école et l'assistance va en diminuant
constamment au fur et à mesure que la rentabilité de la ferme
s'établit. Là-dessus ont collaboré des agronomes de
l'agriculture avec un dévouement extraordinaire, des gens des caisses
populaires de la région, le comité de retour à la vie
normale de l'agence et les fonctionnaires du ministère jusqu'au ministre
et les officiers aussi de l'Office du crédit agricole.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un exemple...
M. CASTONGUAY: Ce cas-là a été, je dirais un "test
case" pour voir s'il y a moyen de prendre une famille qui est très
avariée au point de vue social et en faire quelque chose, avec une somme
de travail, qui tout de même est possible, qui demande beaucoup, mais
qui, au fond, nous a fait épargner jusqu'à présent
peut-être $100,000 si on avait laissé les choses se
dégrader au train où elles allaient. Il a quatorze enfants,
à la fin, au bout de deux ou trois ans il en aurait eu neuf ou dix en
institution. On aurait perdu du terrain.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un magnifique exemple pratique, si l'on
veut, de ce que peut apporter une collaboration de beaucoup d'agents de
l'économie, et des gens qui prennent leurs responsabilités. Je
crois qu'on peut le mesurer, d'après l'exemple qui vient de nous
être servi, en coût pour la société. Je pense que cet
exemple peut être multiplié à des dizaines et à des
centaines d'exemplaires moyennant l'acceptation par les autres
ministères d'une politique du ministère des Affaires sociales de
retour à la vie normale.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il indique aussi en même temps les
difficultés et les efforts soutenus, comment cela peut être long,
en fait comme vient de l'exposer M. Guay pour corriger une
situation comme celle-là. Je voudrais ajouter un petit commentaire
aussi. Au ministère des Terres et Forêts cette année on
voit que le budget est passé de $28,800,000 à $37,600,000. Une
grosse partie de l'augmentation justement vient des efforts faits dans le
secteur que nous discutons présentement.
M. BOIS: M. le Président, est-ce qu'on élève des
poules pondeuses sur cette ferme?
M. CASTONGUAY: A l'heure actuelle, on cultive des pommes de terre, des
choux de Siam. On fait un peu d'élevage, mais c'est seulement pour les
besoins domestiques. Il y a eu un événement qui nous a fait bien
rire l'automne passé: on avait tellement de petits cochons qu'on n'avait
plus de place dans la porcherie. L'homme avait pensé avoir ce lot de
petits cochons pour manger les petites patates qu'il ne classait pas. Il a
fallu faire vendre les petits cochons parce qu'on s'est aperçu que ce
n'était pas payant.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CASTONGUAY: Cela relève du folklore, mais c'est que cela a
suscité et cela j'aime à le redire un renouveau
dans ce village parce que cette famille est maintenant appuyée pour sa
culture de pommes de terre.
C'est le champion des pommes de terre de la région qui est le
conseiller. Pour les animaux, c'est un autre et tout dans le monde vient
épauler cette famille. Je crois qu'on a réussi à
recréer des liens sociaux, autour de cette famille, qui n'existaient pas
auparavant. Je trouve cela plus précieux que les petits cochons, les
petites patates et les choux de Siam !
M. BELAND: C'est de là que part un grand principe de base. On a
ramené à la vie normale une famille. Pour illustrer mon affaire
davantage, j'ajoute que de plus en plus au Québec j'attire
l'attention du ministre à ce sujet en matière
d'agriculture ou encore avec les fermes forestières ou les quelques-unes
qui s'implantent, le revenu a actuellement tendance à diminuer
constamment. A ce moment-là, cela fait qu'on dépeuple nos
paroisses rurales. Ces gens s'en vont en ville, peupler les villes mais en
même temps augmenter la quantité de personnes qui sont
obligées d'aller sur le bien-être, parce qu'à 40 ou 50 ans
la plupart ont une 2e ou 3e année c'est impossible,
étant donné que ça prend des cartes pour ci, des cartes
pour ça, ça prend des cartes pour aller chez le deuxième
voisin. Je peux dire ceci: Il serait très important qu'il y ait un
programme de planification en matière agricole. Le ministre de
l'Agriculture ne semble pas vouloir le comprendre. A tout
événement, je pense que cela illustre très bien ce que
vous venez de dire. C'est entendu il y a un effort constant depuis un certain
temps pour ramener cette famille à l'état normal et surtout faire
en sorte que les enfants tantôt possèdent une certaine
qualité intérieure qui ne se paie pas, pour qu'ils se
développent dans la vie. Quant aux autres familles qui sont
déjà en milieu rural et qui veulent vivre, tous les
éléments d'économie si je me rapporte à
l'observation de l'ancien ministre Cloutier entrent en ligne de compte
pour détruire présentement, en matière rurale, les
personnes qui désirent y rester tandis que l'on est obligé de
faire des efforts suprêmes pour tâcher d'en reclasser dans la vie
normale.
Pour revenir où nous devons être je pense aux
crédits des Affaires sociales à un point donné je
demanderais également au ministre si le ministère a l'intention
de continuer ici je me base sur les paroles récemment dites
autour d'un sujet précis l'aide apportée aux
élèves qui sont dans la période de retour au travail pour
un temps donné.
Justement, une fois la phase terminée, on a tendance, dans
certains cas, à les laisser de côté. D'après les
paroles que vous venez de dire, il y aurait quelque chose de précis de
pensé vis-à-vis de certains domaines, que ce soit
vis-à-vis des ministères des Terres et Forêts, de
l'Agriculture ou de l'Industrie, il y aurait quelque chose, mais de quelle
ampleur? C'est ma première question.
Deuxièmement, est-ce que n'importe qui peut se prévaloir
de cette possibilité? Par n'importe qui, j'entends celui qui a suivi le
cours et qui est dans la période de retour au travail. Est-ce qu'il y a
certaines normes spécifiques?
M. CASTONGUAY: Il y a pour les jeunes un problème sérieux,
c'est celui que l'on retrouve dans les exigences des cours de formation
professionnelle. Bien souvent, le jeune laisse l'école et il n'a pas une
bonne formation professionnelle. Il a pu suivre des études
générales, avoir une formation générale.
Après un essai sur le marché du travail, un échec ou un
essai qui lui indique qu'il serait bon de retourner prendre des cours de
formation professionnelle, le cours, tel qu'il est présentement, exige
je ne me souviens pas quelle en est la période un assez
long délai entre sa
sortie de l'école et son admissibilité à ces cours.
UNE VOIX: C'est trois ans.
M. CASTONGUAY: C'est une chose qui nous parait beaucoup trop longue. On
ne doit pas inciter les élèves qui iraient dans le système
d'éducation régulier à le laisser pour aller chercher des
allocations de l'autre côté, mais une période de trois ans
est beaucoup trop longue. C'est justement un des points que nous voulons
corriger. Nous avons parlé ce matin des cours de formation
professionnelle. Quant à l'admissibilité aux services offerts par
les comités de retour à la vie normale, je vais demander à
M. Guay de répondre à cette question.
Nous pourrions peut-être adopter le poste 5 avant d'ajourner, s'il
n'y avait pas beaucoup d'autres questions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a la Loi de l'aide sociale qui
relève...
M. CASTONGUAY: Nous pouvons la prendre aux bureaux régionaux.
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre les travaux jusqu'à huit
heures ce soir
UNE VOIX: Est-ce que M. Guay peut répondre à la question
de M. Béland?
M. CASTONGUAY: Ordinairement pour les régions de restauration
forestière, du moment que l'homme suivait le cours, son emploi
était garanti après.
M. BELAND: Etait garanti?
M. CASTONGUAY: C'était garanti. Pour ceux qui ont suivi le cours
de restauration forestière cet hiver, les cours de
pépiniériste, les cours d'ouvrier sylviculteur et d'ouvrier
reboiseur, l'ouvrage était automatiquement garanti. Au retour à
la vie normale, quand on envoie quelqu'un au cours, c'est parce qu'on a un
poste pour lui à l'autre bout. C'est entendu, pour ne pas créer
de faux espoirs. Pour être sûr que quelqu'un est retourné
à la vie normale, on ne le compte qu'après six mois de travail
d'une façon permanente. On compte ça comme un dans nos
rapports.
M. BELAND: Vous avez bien dit que c'était la chose qui
était en pratique.
M. CASTONGUAY: C'est parce qu'il y en a quelques-uns vous
êtes aussi au courant que moi qui, tout à coup ce
printemps, ont dit : On ne va pas travailler, ça ne nous
intéresse pas.
M. BELAND: C'est évident qu'il peut y avoir certaines exceptions.
Il peut y avoir eu, dans certains cas, des tendances à des agitations
sociales.
M. CASTONGUAY: Le très grand nombre d'ailleurs. Est-ce qu'il nous
restera 5 p.c. ou 6 p.c. sur 2,000, je ne le sais pas encore parce que
l'induction au travail n'est pas finie. A l'heure actuelle, on doit avoir
dépassé le cap de 1,000 parce qu'au début de la semaine
nous avions 989.
M. BELAND: S'il ne reste que 5 p.c. ou 6 p.c, c'est une proportion tout
à fait normale.
M. CASTONGUAY: Cela va prendre encore trois semaines ou un mois quand
toute l'induction sera finie et que tous les projets auront pris le
départ.
M. LE PRESIDENT: Les travaux sont suspendus jusqu'à 8 heures ce
soir.
M. CASTONGUAY: Si nous discutons des bureaux régionaux et locaux
et de la Loi de l'aide sociale au poste 3, est-ce qu'on peut adopter le poste
2, l'article 5?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas d'objection. A l'article 5, il ne
me restait qu'à parler de la Loi de l'aide sociale.
M. BOIS: Voulez-vous faire ça tout de suite?
M. CASTONGUAY: Non, non, ce soir à 8 heures. Je veux dire si on
parle des bureaux régionaux et locaux, de la Loi de l'aide sociale sous
le poste 3, est-ce qu'on pourrait adopter l'article 5?
M. LE PRESIDENT: Le poste 2, article 5, adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Les travaux sont suspendus à ce soir, huit
heures, pour tout le monde.
Reprise de la séance à 20 h 7
M. FORTIER (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
Régie de l'assurance-maladie
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce ne sera pas une surprise pour le
président de la Régie de l'assurance-maladie si on lui parle de
l'assurance-maladie. Je voudrais lui poser comme première question:
Quelles sont les principales difficultés qu'il reste à
résoudre soit dans la formation et la mise en place du personnel, soit
dans le rodage des mécanismes administratifs de la régie ou soit
dans les relations avec les professionnels s'il y a encore des
difficultés?
M. CASTONGUAY: M. le Président, les principales
difficultés, si on peut appeler ça des difficultés, ce
sont plutôt des problèmes mineurs qu'il nous reste à
régler. D'abord au plan des relevés d'honoraires nous avons
acquitté au-delà de 85 p.c. de tous les relevés
d'honoraires qui sont parvenus à la régie depuis le 1er novembre
1970. Il reste, bien sûr, un certain nombre de relevés
d'honoraires qui ont trait à la période précédant
le 26 avril alors que nous avons expérimenté un taux de rejet
beaucoup plus élevé que celui que nous avions anticipé.
Nous avons mis sur pied une équipe dont le mandat était de voir
à nettoyer ce qu'on appelle ce vieux fichier des relevés
d'erreurs en attente et d'ici dix jours tout devrait être
nettoyé.
Par la suite il nous restera à retomber sur le système de
paiements que nous avions conçu initialement, c'est-à-dire
qu'avant qu'un relevé d'honoraires soit payé à un
professionnel de la santé il aurait dû franchir toutes les
étapes de validation et de correction, de sorte que si un professionnel
de la santé soumet un relevé d'honoraires à la
régie pour paiement il pourra anticiper que toutes ces étapes
auront été franchies avant qu'il n'apparaisse sur un état
de compte et ceci devrait requérir environ 28 jours. D'ailleurs,
aujourd'hui, le délai de paiement n'est pas un problème puisque
nous payons tous les relevés d'honoraires correctement
complétés en dedans de 24 jours.
L'autre petit problème mineur qui reste à régler
est de donner suite à toutes les demandes de révision que les
professionnels de la santé nous ont adressées, soit parce
qu'initialement nous avions choisi de ne payer sur un relevé
d'honoraires que pour les actes relevés qui étaient correctement
inscrits. Nous avons régularisé la situation, nous avons
réglé environ 70 p.c. des cas. Il en reste 30 p.c. que nous
devons résoudre et, par la suite, nous serons en mesure de
répondre aux autres demandes dans un délai de 72 heures ou de
trois jours, ce qui, je pense, sera très acceptable.
Du côté de l'inscription des bénéficiaires,
c'est un autre point sur lequel nous devons accorder une attention
particulière afin d'activer l'émission du solde des cartes qu'il
nous reste à émettre. Aujourd'hui, nous avons environ 5,100,000
cartes d'émises, ce qui veut dire que près de 85 p.c. des
résidants du Québec ont eu leur carte. Il nous reste encore
environ 300,000 cartes à émettre, si je me fie aux fiches
d'inscription que nous avons reçues et que nous avons été
obligés, soit de valider auprès du fichier central parce qu'il y
avait une erreur au numéro d'assurance sociale, soit parce que certains
renseignements additionnels manquaient à la formule pour que nous
puissions émettre la carte, ou soit encore parce que nous n'avons pu
l'émettre en raison du délai dont nous avions besoin pour
convertir du système provisoire d'émission de cartes
d'assurance-maladie, qui était en vigueur depuis le mois de mai 1970,
pour passer au système permanent.
J'ai bon espoir, d'après toutes les fiches que nous avons en
main, que les gens pourront avoir leur carte, ceux qui se sont adressés
à nous, d'ici le 20 juillet au plus tard. Ceci donnera peut-être
l'équivalent de 90 p.c. de la population qui aura sa carte. Il nous
restera à essayer d'obtenir les fiches d'inscription des 10 p.c. qui
resteront, sans compter qu'on pourra toujours récupérer un
certain nombre d'entre eux au fur et à mesure qu'ils recevront des
services d'assurance.
Je peux dire, grosso modo, pour ce qui touche le régime
d'assurance-maladie, que ce sont les trois problèmes qu'il nous reste
à mettre à jour. Quant à l'assurance-médicaments et
au régime de soins dentaires, suivant le calendrier prévu, tout
se déroule normalement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Du côté du personnel et du rodage
du personnel...
M. CASTONGUAY: Du côté du rodage du personnel, je pense
qu'on peut dire que 98 p.c. du personnel requis est maintenant en place. Il a
reçu toute la formation dont il avait besoin pour s'acquitter
adéquatement de ses fonctions.
Je ne vois aucun problème particulier sauf qu'il nous faudrait
pour le régime d'assurance-médicaments, aussi bien que pour celui
des soins dentaires, élaborer les programmes d'information
nécessaires, entraîner à nouveau le personnel des services
communs, si vous voulez, aux trois régimes, si je peux m'exprimer ainsi.
Ceci se fera suivant l'échéancier de mise en oeuvre qui a
été élaboré.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez combien de personnes à la
régie?
M. CASTONGUAY: A la régie, nous avons à ce jour 1,150
personnes et il nous faudra en ajouter pour les deux régimes, soins
dentaires et assurance-médicaments, soit environ 1,160.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ça entre dans les
prévisions initiales?
M. CASTONGUAY: Nous avions prévu initialement, au moment de
l'implantation, qu'il nous faudrait environ 1,200 employés pour le
régime d'assurance-maladie sans compter celui des soins dentaires et de
l'assurance-médicaments. Et nous atteignons aux alentours de 1,100, je
pense que c'est 1,150. Donc, on est un peu en bas de nos prévisions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez intégré tout
le service d'assistance médicale du ministère?
M. CASTONGUAY: Au sujet du service d'assistance médicale du
ministère. Ce qui s'est produit, je pense au printemps de 1970 en
collaboration avec les responsables c'est que nous avons identifié le
personnel qui était affecté à ce service et, en
collaboration avec le ministère des Affaires sociales, les gens qui
voulaient venir à la régie ont eu l'option d'y venir. Plusieurs
ont préféré demeurer au ministère. Mais je pense
que ceux et celles qui ont décidé d'y venir, évidemment
seront intégrés à nos effectifs parce que nous avions
gardé des postes pour les recevoir.
L'intégration ne s'est pas faite aussi rapidement que
prévu parce que, comme vous le savez, il restait un certain nombre de
relevés d'honoraires à l'assistance médicale à
traiter et le ministère avait besoin de ce personnel pour
compléter son travail avant de fermer les livres.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comment fonctionnent les comités
d'appréciation de relevés d'honoraires, de surveillance?
M. CASTONGUAY: Les comités d'appréciation des
relevés d'honoraires ont tenu un certain nombre de réunions pour
chacune des différentes catégories de professionnels. Des
règles de régie interne ont été établies. Il
y a eu des procédures quant à tout le formulaire quant à
la façon dont les cas seraient présentés. Et, à ce
que je sache, le seul point que l'on déplore actuellement, c'est
peut-être que les comités n'ont pas reçu un assez grand
nombre de cas de la régie, ceci s'expliquant en partie par le fait qu'il
reste un certain nombre de relevés d'honoraires en suspens, en voie de
correction, qui leur seront soumis incessamment.
Mais je peux dire que le travail est très objectif et constructif
à la fois de la part des représentants des
fédérations et des associations et de ceux de la régie. Il
se fait un travail qui correspond à l'esprit dans lequel ces
comités ont été mis sur pied par les ententes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a plusieurs professionnels de la
santé qui sont désengagés dans les deux classes de
désengagement?
M. CASTONGUAY: Au point de vue du désengagement, je pense que 17
professionnels se sont désengagés, et il y a une centaine de
non-participants sur près de 10,000. Il faut noter que, chez les
non-participants, il y a plusieurs médecins qui sont à leur
retraite ou qui n'ont qu'une pratique limitée en raison de leur
âge.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans votre rapport au ministre des Affaires
sociales, vous dites, à la page 2: "Il est bon de noter cependant que
des différences existent au niveau de la fréquence et de la
répartition des actes aussi bien qu'à celui du coût moyen
par acte. Toutefois, ces variations se sont compensées sur le plan
financier." Est-ce que vous pourriez expliciter davantage?
M. CASTONGUAY: Comme vous le savez, au début du régime,
nous n'avions pas à l'échelon de la province de données
globales qui nous auraient permis de prévoir avec un certain
degré d'exactitude ce que pourrait coûter le régime
d'assurance-maladie. A ce moment-là, nous avons bâti un
modèle mathématique à l'aide des données qui
étaient accumulées à l'assistance médicale, avec la
collaboration de la Croix Bleue et des Services de Santé du
Québec qui assuraient par des régimes privés les
résidants du Québec.
Nous avons réussi à constituer un modèle qui
représentait environ 45 p.c. des services médicaux et
chirurgicaux qui se dispensaient aux résidants de la province. A partir
de ce modèle, après y avoir apporté certaines corrections,
nous avons essayé de prévoir le coût du régime en
tenant compte d'une part des documents sessionnels, et d'autre part des
ententes qui avaient été négociées. Ceci
correspondait à des fréquences qui découlaient de services
rendus à des assistés sociaux et à des régimes
privés. Or, nécessairement, on ne peut pas dire que ceci
correspondait à la réalité, mais ça nous aidait
à avoir un ordre de grandeur du coût du régime.
Aujourd'hui, à l'aide des renseignements que nous avons accumulés
pour les quatre premiers mois du fonctionnement du régime, on a vu par
exemple que le nombre de visites au total était un peu moins
élevé que ce qui avait été prévu. Par
contre, il y a une légère augmentation dans le coût des
consultations, dans le nombre ou la fréquence des consultations, mais ce
pourcentage est normal par rapport à ce qu'on peut retrouver dans
d'autres provinces et ne laisse prévoir aucune situation anormale. D'un
autre côté, par exemple pour les services de radiologie rendus en
cabinet privé, il y en avait un très petit nombre dont on avait
tenu compte dans le modèle initial avec le résultat
qu'aujourd'hui on a réellement une fréquence de services qui s'y
dispensent.
Ce sont des exemples qui vous indiquent s'il y a eu des
différences d'observées dans la fréquence de certains
actes dans la consommation des soins. Il y a eu une compensation qui s'est
effectuée, c'est-à-dire des plus et des moins.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est une coincidence qu'il y ait eu
compensation ou si cela peut se reproduire...
M. CASTONGUAY: Tout peut se reproduire, mais nous croyons tout de
même qu'avec les données que nous avons accumulées qui
correspondent à la réalité, après avoir tenu compte
de l'addition qui peut survenir dans le nombre de professionnels de la
santé avec ceux qui obtiendront leur droit de pratique cette
année et compte tenu d'une certaine allocation pour la maturation du
régime, d'une meilleure adaptation des professionnels de la
santé, d'une meilleure adaptation des gens à l'utilisation des
services qui sont assurés, il y a des chances que l'on puisse
difficilement excéder, toutes choses étant égales, par
ailleurs, en réalité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce ces différences au niveau de la
fréquence et de la répartition des actes peuvent entraîner
un déséquilibre des revenus de certaines disciplines de la
profession médicale? Est-ce que certaines spécialisations peuvent
avoir des revenus tellement sous-estimés que cela puisse entraîner
des problèmes de revision, même avant la fin de l'entente?
M. CASTONGUAY: Lorsque les ententes ont été
signées, je pense que le ministre des Affaires sociales a
déclaré à la Chambre que, dans les ententes qu'il avait
négociées, il avait justement prévu un mécanisme
par le truchement des commissions conjointes ou des comités
d'étude sur les incidences du régime qui devraient
périodiquement se pencher sur les données que nous accumulerions
afin de voir si la relativité qui existe entre différents actes,
si les écarts observés entre la rémunération de
différentes spécialités ne pourraient pas être
étudiés et corrigés de façon à s'assurer
qu'il y ait une juste rémunération de versée aux
professionnels qui dispensent des services aux assurés compte tenu de
tous les facteurs impliqués. Ces études sont en voie d'être
complétées et seront transmises aux autorités pour
analyse...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous ne savez pas si le spécialiste en
chirurgie fera des revenus supérieurs à ceux qui avaient
été prévus, tenant compte de la pondération qui
avait été établie entre les différentes
spécialités.
M. CASTONGUAY: Seulement un commentaire. Vous savez également que
la Fédération des médecins-spécialistes avait
déjà commenté l'analyse de ce genre de problèmes
et, dans la confection de son propre tarif, avait essayé de corriger des
écarts ou des disparités entre les niveaux de revenus par
spécialité.
Depuis l'avènement de l'assurance-maladie, la
fédération a formé à l'intérieur de ses
structures des comités chargés plus spécifiquement de
poursuivre ce travail. Là, ce mécanisme, plus les commissions
conjointes, à qui les informations à mesure qu'elles deviennent
disponibles vont être transmises, vont pouvoir rapporter un certain
nombre de suggestions, soit dans les règles d'interprétation du
tarif ou encore dans les tarifs pour corriger les écarts qui pourraient
paraître trop grands.
Il y aurait peut-être aussi un autre facteur à mentionner,
c'est que lorsque nous avons fait les estimations, en plus de procéder
par volume de services, nous avions aussi fait certaines vérifications
sur le nombre d'heures travaillées par les médecins, le volume de
rémunération qui pourrait résulter en prenant des
hypothèses différentes de celles des services. Nous avions refait
des vérifications, comme les paiements per capita, le coût du
régime per capita qui en résulterait et comparé avec les
coûts, les expériences qui pouvaient être disponibles dans
d'autres provinces pour voir si nos données les plus fondamentales
donnaient des résultats qui semblaient raisonnables à partir
d'autres méthodes de calcul.
Dans ce sens-là il y a aussi une certaine garantie que les
prévisions qui sont faites à partir d'expériences des
premiers mois soient comme l'a mentionné le président
passablement justes d'autant plus que là, à mesure que
nous avançons, la marge d'inconnu va toujours en diminuant.
M. BOIS: J'aurais deux questions à poser dans ce domaine-ci. Au
début il semblait qu'entre la facturation faite par les chirurgiens et
les médecins et les relevés mécanographiques qui
étaient faits par le ministère, il y avait une difficulté
assez apparente pour la réconciliation des comptes, parce que le
médecin avait une note qu'il rapportait, mais du côté du
ministère venait un autre relevé avec un numéro de code
spécifique, ce qui semblait créer assez de
difficultés.
Est-ce que cette chose-là a été aplanie pour
faciliter la conciliation?
M. CASTONGUAY: Cela a été corrigé, M. le
député. Au début du régime, pour réduire les
effectifs à leur strict minimum, nous ne validions pas le numéro
externe du relevé d'honoraires. Si nous avions le relevé 1 2 3 4
et que la dactylo transcrivait 1 3 2 4, lorsque le médecin essayait de
concilier l'état de compte avec ses propres relevés, il
éprouvait des difficultés. Aujourd'hui ce numéro-là
est validé. Donc, cela devrait être éliminé.
Cependant, il peut persister encore une certaine difficulté et,
après en avoir discuté avec les fédérations, nous
avons convenu que vis-à-vis de chaque numéro de relevé
d'honoraires, nous inscririons la première initiale du prénom et
les trois premières initiales du nom de famille de façon à
faciliter davantage la tâche des professionnels dans la
réconciliation du paiement qui leur est versé et qui, au dire des
fédérations, les satisfait complètement et devrait
alléger leur tâche.
M. BOIS: Ma deuxième question. D'après l'expérience
des derniers mois, est-ce que vous avez pu établir un parallèle
permettant d'établir d'une façon assez raisonnable si la
référence entre les visites qu'un praticien général
peut faire avant que le cas soit envoyé à un spécialiste
correspond à des normes logiques, et s'il n'y a pas tellement de retard
apporté avant que le cas soit transféré à un
spécialiste pour intervention chirurgicale ou traitement
spécialisé.
M. CASTONGUAY: Le pourcentage total des actes qui est
réclamé comme honoraires de consultation se compare
avantageusement avec ce qui se passe dans d'autres provinces ou dans d'autres
régimes et semble conforme à des prévisions
antérieures, quoiqu'il y ait une légère
différence.
M. BOIS: D'après l'étude de la commission.
M. CASTONGUAY: Cela ne semble indiquer aucun abus dans l'ensemble. Il
restera peut-être à examiner au niveau des profils individuels de
pratique s'il n'y a pas d'abus dans certains cas particuliers. Dans l'ensemble,
on ne peut déceler aucune variation qui semblerait indiquer qu'il y a
abus de ce côté-là.
M. BOIS: Je vous remercie.
M. BOIVIN: Est-ce que, dans les autres provinces, on a le tarif
unique?
M. CASTONGUAY: Cela dépend de ce qu'on entend par tarif unique.
Evidemment, pour certains types d'actes dans d'autres provinces, ils ont des
taux différents de prévus. En définitive pour le tarif
unique, si on regarde les ententes qui ont été signées, on
peut dire que lorsqu'un médecin, par exemple, donne une consultation ou
fait une visite, il a le même taux, mais il y a dans la nomenclature de
nombreux actes que seuls, en règle générale, des
spécialistes peuvent poser et en pratique cela se produit ainsi. Alors,
la relativité, j'imagine, du taux qui est payé par rapport
à d'autres actes tient compte nécessairement de la
spécialité.
M. BOIVIN: Vous avez dit tout à l'heure qu'il y a beaucoup plus
de radiographies qui se prennent au bureau que vous ne l'aviez prévu.
C'est peut-être une question que je devrais poser au ministre, est-ce
qu'il y a un contrôle provincial sur ceux qui manipulent les appareils de
radiographie? Je sais qu'il y avait un contrôle fédéral
dans le temps où j'étais au ministère, il n'y avait pas
d'inspection possible, il n'y avait pas de loi qui nous permettait de faire les
inspections pour voir si on fonctionnait de façon saine, si on
n'était pas, par exemple, dans un bureau d'en bas là où il
y avait des logements en haut.
M. CASTONGUAY: Nous n'avons pas encore de contrôle sur ça
au plan soit de la législation ou encore de l'organisation, mais c'est
une question que nous avons discutée et à laquelle nous voulons
apporter une réponse.
Sur la question plus spécifique du nombre d'actes ou de volume de
services en radiologie...
Je voudrais spécifier qu'il est vrai qu'il y a un plus grand
nombre d'actes radiologiques qui sont posés par rapport à la
prévision. Ce que j'ai voulu dire, c'est que notre prévision
était nettement sous-estimée à ce moment-là. Elle
ne correspondait pas à la réalité parce que, dans le
modèle statistique que nous avions bâti, il n'y avait à peu
près pas d'actes radiologiques parce qu'une bonne partie de ces services
n'était pas assurée en vertu de ces régimes. Or, ce n'est
pas le fait que nous arrivions à une augmentation dans les honoraires
versés pour services radiologiques qui correspond à une
réalité, mais si on la compare à une estimation qui, elle,
ne réflétait pas les conditions du temps on arrive à un
écart.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans le document que vous avez remis, M. le
Président, au ministre des Affaires sociales, vous établissez le
coût per capita de l'acte, la rémunération à l'acte,
à tout près de $50 si on ajoute la chirurgie buccale. Comment
cela peut-il se comparer aux autres provinces canadiennes ou à la
moyenne nationale?
M. CASTONGUAY: Je pense que la moyenne nationale est de $55. Le
coût national moyen per capita prévu pour 71/72 est de $55.22.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des profils de pratique des
professionnels de la santé qui jusqu'à maintenant ont retenu
votre attention pour transmission à des commissions ou au
collège?
M. CASTONGUAY: M. le député, c'est que le système
de profil de pratique comme tel ne débutera qu'à la fin de
juillet parce que ce système est un sous-produit de la banque des
données. La banque des données est actuellement
opérationnelle. Il est permis, si vous voulez, d'extraire certaines
données qui serviront aux travaux des commissions conjointes et le
système de profil deviendra en vigueur en juillet.
Nous avons peut-être certaines impressions qu'il y a des profils
qui sont peut-être irréguliers ou qui présentent certaines
aberrances, ce sont les premiers, évidemment, qui feront l'objet
d'études.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous le savez même avant de faire le
graphique.
M. CASTONGUAY: C'est en examinant certaines des données
accumulées dans la banque,
je ne dis pas que c'est irrégulier mais ça présente
certaines anomalies qui vont nous inciter à les étudier...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est peut-être dans des régions
où l'indice de santé est très bas.
M. CASTONGUAY: Peut-être. La résistance physique est
très haute.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est moindre. Ils n'ont pas le même
horaire qu'ailleurs dans la province.
M. BOIS: En bon français, vous n'avez pas à payer
l'hystérectomie partielle après qu'une hystérectomie
complète a été exécutée.
M. CASTONGUAY: On espère que non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tantôt le ministre a dit que la
Fédération des médecins spécialistes avait mis sur
pied ses propres comités pour analyser la fréquence des actes ou
la valeur relative des actes. Est-ce que les spécialistes travaillent
davantage dans leurs propres comités qu'à l'intérieur des
comités conjoints au sein de l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: Au niveau des commissions conjointes, je pense que le
travail ne pouvait pas débuter avant que nous puissions fournir au
ministre des Affaires sociales les données de base qui leur
permettraient, si vous voulez, d'avoir une vue d'ensemble de la situation, ce
qui est en voie d'être terminé et qui sera, en fait, disponible au
début de la semaine prochaine.
Je crois aussi qu'on doit dire en plus qu'il y a eu un certain nombre de
corrections apportées aux ententes, par exemple des types d'actes qui
n'avaient pas été prévus au début, certaines
questions à clarifier. Il y a eu des rencontres avec la
fédération, et si je comprends bien, au niveau des comités
de la régie, la collaboration de la Fédération des
médecins spécialistes a été très bonne.
Je devrais dire que la collaboration de la Fédération des
médecins spécialistes et des autres fédérations et
associations, au niveau des comités d'appréciation des
relevés d'honoraires est excellente et aussi constructive
qu'objective.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la commission se réunit,
est-ce que les commissaires se réunissent?
M. CASTONGUAY: Oui, nous sommes rendus à peu près à
la 68e réunion.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les présidents des
fédérations assistent assidûment aux réunions?
M. CASTONGUAY: Ils assistent très assidûment aux
réunions. Evidemment, lorsqu'il y a période de crise, ils sont
préoccupés par d'autres problèmes mais je peux dire que
l'assiduité est excellente.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'assiduité est plus facile en dehors
des périodes de négociations évidemment. M. le
Président, pour ma part, je suis satisfait des réponses du
président. Avant de terminer, je voudrais poser une question au sujet
des services optométriques. Les prévisions sont
dépassées assez largement et dans votre rapport, M. le
Président, vous dites que cette augmentation était attribuable
surtout à une couverture plus étendue de soins. Est-ce qu'on
pourrait avoir quelques précisions?
M. CASTONGUAY: Lorsque l'estimation initiale a été
préparée, les données que nous avions fournies au ministre
des Affaires sociales, dans le temps, concernaient les estimations que la
régie avait faites, et reposaient sur un nombre d'actes couverts qui
étaient très réduits comme l'examen complet de la vision,
l'examen partiel de la vision.
Il y a d'autres actes comme, par exemple, la daltométrie et
d'autres qui, aujourd'hui, sont couverts. On n'avait pas prévu que le
régime couvrirait ces actes. C'est ce qui explique, en partie, le fait
que le régime pour les soins optométriques accuse une certaine
augmentation.
M. LACROIX: Dans le temps de l'ancien gouvernement, il fallait que les
estimations soient conservatrices, pour le ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): On prend toujours une marge de
sécurité.
M. CASTONGUAY: A la page 19, avec l'étude de la vision des
couleurs, l'étude des champs visuels, l'étude de la
motilité oculaire, on trouve à peu près 3.2 millions et
si ma mémoire est bonne les estimations avaient
été faites pour l'examen complet. Mais avant d'inclure ces actes
ou ces types de services, on a fait pas mal de consultations, aussi bien avec
les gens du Centre hospitalier universitaire, ici, avec l'Ecole
d'optométrie pour déterminer si vraiment il y avait lieu de
couvrir ces actes ou non.
Quant à couvrir les services optométriques, si ce sont des
services valables, il paraissait assez important de les couvrir, un peu en
vertu du même principe qui a voulu que dans les services médicaux
on n'essaie pas de regarder la valeur relative de certains services par rapport
à d'autres. On a tenu pour acquis que tous les services qui
étaient nécessaires, qui étaient des services
médicaux authentiques, devaient être couverts.
Ici on a fait un peu la même chose. C'est ce qui explique les
écarts dans une large mesure.
M. BOIS: Une dernière question, M. le Président.
Actuellement, est-ce qu'il y a eu une demande de révision des
barèmes chirurgicaux ou médicaux qui ont pu être faits par
des sociétés concernées?
M. CASTONGUAY: Pas de façon générale parce que nous
avons une entente qui dure jusqu'au 1er juillet 1972. Ce qui a
été plutôt convenu, lors de la signature, c'est que s'il y
avait des écarts qui apportaient des niveaux de
rémunération trop bas ou qui pouvaient paraître trop
élevés par rapport à d'autres, ou encore des anomalies
pour certains types d'actes, décelés aussi bien du
côté de la régie, et qui pouvaient avoir une mauvaise
influence sur le volume des services, ou encore du côté des
médecins, des autres professionnels, nous étions prêts
à étudier ces questions.
Et déjà, si ma mémoire est bonne, on a
déjà eu une modification apportée à l'entente pour
les spécialistes qui touche un certain nombre de points. Et là,
il y en a une deuxième, il semble que le travail est...
L'exclusion, par exemple, de l'acte pour extraction dentaire. Il y a eu
une modification à l'entente. Alors, ce n'est pas
général.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le député de Jacques-Cartier,
qui est un optométriste, était ici, il poserait probablement la
question suivante au ministre: Est-il exact, comme dit le député
de Bourget, que la vente des lunettes serait exclusive aux opticiens
d'ordonnances?
M. CASTONGUAY: Nous allons, j'espère bien, déposer les
projets de loi touchant les corporations professionnelles et ce type de
questions fait plutôt l'objet de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a eu d'autres discussions
récentes entre les ophtalmologistes, les optométristes et les
opticiens d'ordonnances?
M. CASTONGUAY: Dans quel sens?
M. CLOUTIER (Montmagny): Des rencontres, des tables rondes.
M. CASTONGUAY: Vous savez ce que cela a donné dans le
passé. On a plutôt essayé d'avoir des expertises aussi
objectives que possible dans divers milieux pour les questions qui se sont
posées, mais tenter à nouveau, parce qu'il y a certains
problèmes qui présentaient un caractère d'urgence, de les
soumettre à des comités regroupant les trois groupes, cela n'a
pas été possible. On n'a pas jugé que le temps nous le
permettait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez eu d'autres discussions
avec la Commission des accidents de travail pour les médecins
rémunérés par la Commission des accidents de travail et
qui pourraient être rémunérés, remboursés,
c'est-à-dire qui pourraient être payés par le truchement de
la Régie de l'assurance-maladie?
M. CASTONGUAY: C'est une des choses qu'il nous faut aborder. Ce que nous
avons établi cependant avec la Commission des accidents de travail,
c'est un mécanisme d'échange de renseignements pour s'assurer
évidemment que le médecin qui réclame à la
commission ne réclamera pas à la régie. D'un autre
côté, pour s'assurer que le médecin ne fait pas d'erreur en
facturant la régie au lieu de facturer la commission, ils ont
appliqué les mêmes tarifs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la régie paie bien les
députés médecins qui pratiquent la médecine?
M. CASTONGUAY: Ils ont expérimenté certaines
difficultés comme d'autres, mais cela a été
régularisé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils n'ont pas posé de questions, alors
j'imagine que...
M. LACROIX: Ils n'ont aucun problème d'erreurs, ils les
enterrent!
M. BOIS: Quand ils sont payés par le gouvernement, est-ce que
cela peut affecter leur sens des difficultés?
M. CASTONGUAY: Non, parce que la loi a été
modifiée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour ma part, M. le Président, je
remercie le président de la régie, s'il n'y a pas d'autres
questions. Je formule un souhait, c'est que les prévisions initiales et
le rapport du président au ministre des Affaires sociales
s'avèrent exacts et que le gouvernement n'aura pas à hausser les
contributions du régime du moins pas durant la première
année malgré l'augmentation des services.
M. CASTONGUAY: Je peux vous dire, M. le député, qu'en
préparant ces estimations nous avons également pris soin de
bâtir un modèle de contrôle qui va nous permettre d'en
vérifier l'exactitude de mois en mois de façon qu'on n'attende
pas trop longtemps s'il y avait des changements à la hausse ou à
la baisse.
Il y aurait peut-être aussi lieu de dire que le rapport a
été approuvé par les membres de la régie
également.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. M. LACROIX: On a un bon ministre
aussi! DES VOIX: Ah! Ah! Ah! M. LACROIX: Comme on dit chez nous...
M. CASTONGUAY: Le trouble va prendre et cela allait bien dans nos
crédits.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis tenté de répondre qu'il
est allé à bonne école.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. LE PRESIDENT: Direction générale: Relations
professionnelles.
Relations professionnelles
M. LACROIX: Adopté! DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le député des
Iles-de-la-Madeleine désire qu'on parle des problèmes de
santé aux îles, il faudra qu'il soit prudent.
M. LACROIX: Cela va assez mal comme cela!
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela amoindrit son témoignage de
tantôt.
M. LACROIX: On a hérité de vieux problèmes!
M. CASTONGUAY: Combien de commissions siègent ce soir?
M. LACROIX: Je fais le tour et, celle-là, c'est parce que c'est
la plus agréable!
M. CASTONGUAY: M. Jules Gaudreau, sous-ministre adjoint aux relations
professionnelles.
Etant donné que le député de Dubuc était
particulièrement responsable des relations de travail durant les quatre
années, 1966 à 1970, je lui laisserai poser les questions au
sous-ministre.
La direction générale des relations professionnelles,
disons qu'elle a comme mandat d'abord de rendre disponible au ministre des
Affaires sociales un profil complet de la composition, de la distribution, de
la rémunération et de l'expérience des effectifs de la
santé et du bien-être au Québec.
Elle doit également rendre disponibles les données sur les
conditions de travail et les conventions collectives qui les gouvernent. Elle
doit également maintenir un contact systématique avec les
fédérations et les associations de professionnels, avec les
syndicats et les organismes patronaux. En gros, c'est ce que doit faire la
direction générale des relations professionnelles.
Pour atteindre ces objectifs, la direction sera constituée de
trois services: Un service de formation et de perfectionnement, un service de
normes, d'organisation et de gestion de personnel et un service de relations et
de conditions de travail Chacune de ces directions est sous l'aurorité
immédiate d'un directeur qui répond de ses activités au
sous-ministre adjoint. Jusqu'à ce jour, les relations de travail ont
constitué la principale, pour ne pas dire l'unique occupation de la
direction générale des relations professionnelles. La raison
à cela, c'est que, comme tous mes autres collègues, je suis en
organisation. Les deux autres parties constituantes de la direction
générale des relations professionnelles n'ont pas encore à
toutes fins utiles vu le jour. Aux relations et conditions de travail on est
cependant toujours passablement actif et on doit répondre à
différentes questions qui sont le propre des relations de travail dans
le secteur hospitalier et du bien-être. Alors, ceci est en gros ce qui
nous occupe.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on peut dire que l'inspiration du bill 46 viendrait
de votre direction?
M. CASTONGUAY: Le bill 46 est l'aboutissement du travail d'un
comité interministériel qui a fait rapport concernant
l'expérience antérieure sur les négociations. Ce bill
voulait mettre un peu de continuité dans ce qui s'était fait au
cours des dernières années au niveau provincial. Il voulait
particulièrement statuer là où il n'y avait avant que des
ententes de bonne foi.
M. BOIVIN: Est-ce que vous prévoyez que le bill 46 peut troubler
l'organisation des tables de négociations ou les négociations
elles-mêmes?
M. CASTONGUAY: Non, je n'ai pas l'impression que le bill 46 va troubler
l'harmonie des tables.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on pourrait savoir vous devez en avoir une
idée le montant approximatif de ce que peuvent coûter les
négociations? Je comprends que cela ne relève pas
entièrement du budget de la santé, c'est reporté au budget
des institutions. Il serait peut-être intéressant qu'on nous dise
le montant approximatif de ce que peuvent coûter les négociations
dans le domaine des affaires sociales et de la santé.
M. CASTONGUAY: Nous avons prévu, surtout au titre d'honoraires,
un montant de $235,000 pour honoraires professionnels. Ce serait à peu
près ce que supportera, selon l'expérience, le ministère
des Affaires sociales, en ce qui concerne le coût même des
négociations.
M. BOIVIN: Il s'agit du paiement des tables de négociations, des
négociateurs. Est-ce qu'il serait possible, si on ne peut le faire cette
année cela m'intéresserait de savoir au cours de
l'année on vous le demandera l'an prochain
quel montant exact pourraient coûter ces négociations?
M. CASTONGUAY: Certainement.
M. BOIVIN: Il y a de ces dépenses qui sont reportées aux
institutions. En définitive, c'est encore le gouvernement qui paie.
M. CASTONGUAY: C'est possible de le savoir.
M. BOIVIN: Ce serait possible. Est-ce que toutes les tables de
négociations sont organisées pour les prochaines
négociations?
M. CASTONGUAY: Oui, les tables sont organisées. Evidemment, le
truchement qui a été le nôtre cette année est le
même qui a été utilisé lors de la dernière
négociation, c'est-à-dire que l'Association des hôpitaux et
les autres organismes qui seront appelés en vertu du bill 46 à se
joindre à l'Association des hôpitaux, font le travail technique et
engagent des professionnels qui doivent être les porte-parole des deux
parties.
M. BOIVIN: En fait, c'est le bureau de relations de travail qu'on avait
autrefois au ministère. Quelles sont les relations avec la Fonction
publique et le ministère du Travail? De quelle façon abordez-vous
la prochaine négociation?
M. CASTONGUAY: En ce qui concerne les Affaires sociales, il y a un
comité qui a été constitué, sur lequel
comité la Fonction publique et les Affaires sociales ont des
représentants de même que l'Association des hôpitaux. Ce
comité de décisions s'en rapporte directement au sous-ministre
intéressé.
M. BOIVIN: Qui est en définitive responsable de la
négociation? Est-ce que ce sera le ministère ou la Fonction
publique?
M. CASTONGUAY: C'est le ministère de la Fonction publique qui est
responsable de la négociation, qui voit à la coordination.
M. BOIVIN: Et le ministère des Affaires sociales?
M. CASTONGUAY: Le ministère des Affaires sociales collabore, non
seulement collabore mais apporte une activité très précise
dans son rôle de conseiller.
Alors que c'est l'inverse avec les professionnels en vertu du bill 8, le
ministère des Affaires sociales est responsable des
négociations.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quel moment interviendra le ministre des
Finances? Au moment de la décision finale?
M. BOIS: Ici dans le cas des relations professionnelles, est-ce que ceci
inclut nécessairement le coût de toutes les conventions
collectives qui existent au point de vue hospitalier ou si c'est strictement la
question des ententes entre les professionnels de la santé et le
ministère?
M. CASTONGUAY: Je m'excuse, je n'ai pas saisi le début de votre
question?
M. BOIS: Est-ce qu'ici, à l'article 2, sous-article 6, est-ce que
le coût du montant des relations professionnelles inclut ce qu'on appelle
le coût des conventions collectives hospitalières ou strictement
le coût des conventions collectives avec les sociétés?
M. CASTONGUAY: Il n'inclut que le coût des traitements et les
salaires des fonctionnaires de la direction des relations professionnelles. On
parle, comme vous le voyez, de $249,000. Il est évident que ça ne
peut inclure le coût des conventions collectives qui couvrent tous les
employés.
M. BOIS: Des négociateurs, j'entends.
M. CASTONGUAY: Non, les négociateurs ne sont pas
reflétés dans ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui est-ce qui fait la recherche pour les
négociations? Est-ce que ça va être la Fonction publique ou
l'équipe de recherche des Affaires sociales?
M. CASTONGUAY: Cela a été une équipe
constituée de la Fonction publique, des Affaires sociales et des
hôpitaux. Cette recherche fondamentale est déjà faite
actuellement et les premiers rapports sont en voie d'élaboration.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est marqué "top secret".
M. CASTONGUAY: Oui, à ce moment-ci.
Du côté des professionnels, déjà le travail
est amorcé en ce qui a trait au renouvellement des conventions l'an
prochain et encore le travail de recherche est fait conjointement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les neuf fonctionnaires qui sont
là étaient déjà en poste?
M. CASTONGUAY: C'est la même équipe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avec M. Morin...
M. CASTONGUAY: Avec M. Morin, M. Gagnon, M. Marcel Forget.
M. BOIVIN: Les négociations vont se faire à
Montréal?
M. CASTONGUAY: Oui, elles vont se faire à Montréal.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6, adopté. Poste 3: Bureaux
régionaux. Sous-article 1.
Bureaux régionaux et locaux
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un des postes importants du budget du
ministère par le nombre de fonctionnaires impliqués. En fait, il
s'agit là de 25 p.c. des effectifs totaux du ministère, quand on
parle de 1,059 fonctionnaires. Est-ce que nous pourrions savoir où en
est rendue l'étape du recrutement de ces fonctionnaires dans les bureaux
locaux? Où en est rendue la période de formation, de rodage et de
mise en place de tous les mécanismes administratifs?
M. CASTONGUAY: L'effectif global du réseau des bureaux
extérieurs est de 1,328 et non de 1,059, tel qu'indiqué.
En date du 23 juin, nous avions seulement 101 postes non comblés
sur 1,328 autorisés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien? 101 postes.
M. CASTONGUAY: Maintenant, ces postes-là étaient
occupés par des occasionnels. L'effectif autorisé est totalement
en place. Ce sont des occasionnels ou des postes comblés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette addition de fonctionnaires par
rapport aux prévisions initiales d'environ 1,000 a été
occasionnée parce qu'on a constaté que le "case load"
était probablement trop chargé pour chaque unité ou chacun
des agents de sécurité sociale?
M. CASTONGUAY: L'autorisation globale est basée sur un "case
load" de 200 cas par agent de sécurité sociale.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'était 200 au début. Est-ce que
ç'a été maintenu à 200?
M. CASTONGUAY: Cela a été maintenu à 200.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a beaucoup plus de cas que
prévu.
M. CASTONGUAY: Pas nécessairement, le chiffre de 1059 tel
qu'indiqué au budget, je crois qu'il est fautif, il aurait dû
être entre 1,350 et 1,325. Le chiffre représente les
fonctionnaires en poste au moment où il a été
établi. Au lieu d'être des postes autorisés, ce sont des
effectifs autorisés. Il est exact.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avec l'expérience que vous avez, M.
Robert, maintenant, est-ce que les agents de sécurité sociale
sont capables d'atteindre un "case load" de 200?
M. CASTONGUAY: Le "case load" est peut-être un peu lourd.
Présentement, il se fait une étude sur la question du "case
load", pour faire l'évaluation du "case load" et cette
étude-là se fait à travers les régions du
réseau.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'une façon générale, le
"case load" peut être diminué dans des cas spéciaux, pour
des cas de réhabilitation où il y a en plus du travail de l'agent
un plan de réhabilitation sociale. A ce moment-là, quel est le
"case load"?
M. CASTONGUAY: Actuellement, il ne se fait pas beaucoup de
réhabilitation. C'est une question plutôt administrative
jusqu'à présent. Même à 200, c'est peut-être
un peu lourd pour un agent de sécurité sociale de faire vraiment
de la réhabilitation ou la vraie raison d'être de son rôle
d'agent de sécurité sociale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis le 1er novembre, le rôle des
agents de sécurité sociale a été surtout un
rôle administratif: révision de dossier, vérification de
l'allocation versée et transfert des anciens régimes à la
nouvelle loi. Mais son véritable travail d'agent de
sécurité sociale ne commencera que quand cette
opération-là sera bien rodée.
M. CASTONGUAY: M. le député de Montmagny, peut-être
serait-il bon d'ajouter que le passage de l'ancien système au nouveau
impliquait nécessairement dans nos estimations cette phase de transition
et que, dès que cette mise à jour a été
terminée, nous avons pris des mesures concurrentes pour tendre vers
l'objectif que vous mentionnez. D'une part, conjointement avec le
ministère de la Fonction publique, nous avons fait une étude
systématique de certains bureaux types qui vont faire intervenir la
dimension plus large du rôle de l'agent et, d'autre part, une
étude entreprise avec l'aide d'étudiants au niveau de la
maîtrise en administration a pour but de définir la formation type
d'un agent de sécurité sociale avec ce genre d'accent. Avec le
résultat de ces deux analyses, nous voulons définir un
modèle qui nous permet d'avoir des agents non seulement en nombre mais
en qualité et ils vont répondre aux nouveaux objectifs de la loi
et à l'objectif que vous mentionnez tout particulièrement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au sujet de l'implantation des bureaux sur le
territoire, si ma mémoire est bonne, il y a eu 63 ou 65 bureaux locaux
dont plusieurs existaient mais dans ce chiffre il y avait des additions de
bureaux nouveaux. D'après des déclarations que le ministre a
faites récemment, est-ce qu'il y aura addition de plusieurs nouveaux
bureaux en plus de ceux qui existent actuellement?
M. CASTONGUAY: Je peux faire état de la situation actuelle si
vous le voulez bien. Nous avons à travers la province 130 points de
service qui sont répartis dans trois types de bureaux:
nous avons des bureaux payeurs, c'est-à-dire qui émettent
des chèques et nous avons 83 bureaux payeurs à travers la
province, nous avons dix bureaux satellites. Un bureau satellite, c'est un
bureau qui est ouvert à la semaine mais qui n'a pas d'unité
administrative, autrement dit qui n'émet pas de chèque. En plus
nous avons 30 bureaux itinérants.
Un bureau itinérant c'est un endroit, soit dans un sous-bassement
d'église, soit à l'hôtel de ville, qui dessert une
population, soit une ou deux ou trois journées par semaine à des
jours bien définis. Dans ce sens nous avons 123 points de service et
nous avons en plus 13 régions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est suffisant pour couvrir la
population compte tenu de la distance, je pense que c'était environ 20
milles...
M. CASTONGUAY: C'est 30 milles.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est 30 milles. Il fallait que le client, le
bénéficiaire ne soit pas éloigné de plus que 30
milles du bureau. Est-ce que dans l'ensemble cela a été...
M. CASTONGUAY: Dans l'ensemble les distances sont bien
respectées, sauf sur la Côte-Nord où les distances sont
beaucoup plus grandes que ça.
Ce que nous avons demandé récemment, et sur ce point nous
faisons une étude, c'est de fractionner les bureaux qui sont trop gros,
trop lourds. Nous avons des bureaux avec 5,200 cas; un bureau avec 5,600 cas et
un bureau probablement avec 4,800 cas et un autre avec 4,100 cas. Nous
demandons le fractionnement de ces bureaux. Ils sont situés à
Hull, Sherbrooke et dans la ville de Québec ici, nous avons deux bureaux
soit sur le boulevard Charest et sur la rue Marie-de-1'Incarnation. Nous
demandons de les fractionner. A présent, c'est cette étude que
nous sommes en train de faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Malgré la division du territoire
à Québec en cinq bureaux, il en manquerait deux encore?
M. CASTONGUAY: Oui, pour partager la clientèle. Cela devient un
bureau trop lourd. Cela demande un personnel d'environ 45 personnes à 50
personnes dans un bureau. C'est difficile à administrer,
c'est-à-dire qu'on ne donne pas à la clientèle le service
voulu. L'idée de fractionner les bureaux, c'est d'avoir un nombre de cas
moins considérable dans les bureaux.
M. BOIS: J'ai justement, M. le Président, une mention que
j'allais faire ici parce que, dans les plaintes surtout que nous avons eues, en
réalité cela se rapporte surtout au personnel remarquez
bien, messieurs les fonctionnaires, que ce n'est pas du tout un reproche
il semble que, pour le nombre d'enquêtes qu'il y a à faire, il
manquerait d'enquêteurs, surtout dans une région du moins que vous
venez de mentionner et qui m'intéresse particulièrement. Une
autre remarque qui nous a été faite pour la province en
général, il semble je pense que le ministre a fait
récemment une déclaration qui a été très
appropriée que les renseignements fournis à la population
ne serait pas identiques d'un bureau à l'autre. Cela veut dire que, dans
un bureau, on donnerait tel renseignement et dans un autre tel autre
renseignement. On me mentionnait un cas, où dans un endroit on
reconnaîtrait les enfants, les allocations ne seraient pas les
mêmes pour les enfants écoliers de 18 ans qui seraient reconnus
comme des adultes tandis que dans un autre bureau ils seraient acceptés
comme des enfants à charge. C'est un cas qui est cité, si vous
voulez. Alors je pense bien, M. le Président, que ce sont surtout les
deux remarques que j'aurais à vous faire là-dessus.
J'aurais seulement une question que j'aimerais poser ici et qui est
particulière à M. le ministre, peut-être. Est-ce que le
barème des salaires qui s'appliquent aux enquêteurs et à
vos fonctionnaires dans les bureaux pour une même classe dans toute la
province est identique d'un bureau à l'autre? C'est-à-dire que,
si vous avez un fonctionnaire qui est de classe 1-4 ou n'importe quoi, s'il est
à Montréal, vous avez un barème, s'il est à
Gaspé vous avez un autre barème suivant le territoire où
le fonctionnaire travaillerait.
M. CASTONGUAY: Les postes sont classifiés par la commission de la
Fonction publique au point de vue niveau de rémunération et, en
vertu des ententes collectives signées avec les fonctionnaires, pour un
poste donné la rémunération est la même à
travers la province. Maintenant, il y a probablement une situation qui a
peut-être donné lieu à ce type d'interrogations dans votre
esprit, c'est qu'à l'automne dernier au moment où nous
étions en train de mettre en marche la nouvelle Loi de l'aide sociale,
il y a des fonctionnaires du ministère de l'Education qui provenaient
des anciennes écoles techniques qui ont été
affectés à des fonctions dans les bureaux d'aide sociale et qui,
eux, ont gardé le niveau de rémunération qu'ils avaient
atteint dans leur fonction antérieure. C'est ce qui pourrait expliquer
dans certains cas ces types, un certain nombre de personnes dans les bureaux
d'aide sociale qui font en définitive le même genre de travail que
nos agents réguliers de sécurité sociale et qui
reçoivent une rémunération plus élevée qui
provient de leur fonction antérieure.
M. BOIS: Une dernière remarque, M. le Président, il y a
une plainte qui a été souvent répétée mais
sur laquelle il y a eu beaucoup de corrections. Je tiens d'ailleurs à
féliciter les
hauts fonctionnaires de votre ministère. Je comprends
l'état d'esprit qui peut exister chez un fonctionnaire, un
enquêteur ou enquêteuse, qui se fait questionner à longueur
de journée, ce n'est pas un rôle facile.
D'un autre côté, je pense que, depuis la dernière
lettre de M. le ministre, il y a eu beaucoup d'amélioration et je tiens
à en faire part. Il y a même des citoyens de mon comté qui
m'ont rapporté le fait, ils sont maintenant beaucoup mieux reçus
et nonobstant le caractère particulier que peuvent avoir certaines
personnes, il y a une amélioration extrêmement marquée.
M. CASTONGUAY: A la suite des questions posées en Chambre sur les
problèmes qui avaient été soulignés, j'ai transmis
ce commentaire. Je sais par un rapport que j'ai reçu hier ou avant-hier
que M. Robert et M. Thériault sont en voie de réviser les modes
d'information qui avaient été prévus au moment de
l'application de la loi pour essayer d'améliorer le système et
pour qu'il y ait une meilleure information de la population et aussi, en
même temps, une application plus uniforme de la loi, tel que vous l'avez
mentionné. Je ne sais pas si M. Robert pourrait commenter cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): La loi prévoit une étape de
révision et on y viendra tantôt à la
commission d'appel. Est-ce que, du côté de la révision, des
délais normaux peuvent être respectés, compte tenu du
fardeau de travail qui s'était accumulé?
M. CASTONGUAY: A la suite d'une question du député de
Beauce, je pense, ou du député de Portneuf en Chambre la semaine
dernière, j'ai apporté un rapport. Peut-être, cette
joumée-là, n'y étiez-vous pas, mais ce rapport indiquait
qu'il y avait une région, celle du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie, où il y avait retard dans la révision des cas
par rapport au délai prévu de 30 jours. Dans les autres cas, la
situation était très régulière. Dans certaines
régions, il n'y avait aucun cas en retard, dans d'autres régions,
ça pouvait être cinq ou sept cas. Il était indiqué
clairement dans le rapport que ce n'était pas nécessairement
dû aux fonctionnaires des bureaux régionaux mais que, dans la
plupart des cas, c'était la difficulté de communiquer avec les
personnes afin d'obtenir les renseignements nécessaires à la
révision du cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la proportion des dossiers qui vont
à la révision?
M. CASTONGUAY: Je crois que c'est autour de 15 p.c.Ce pourcentage tend
à décroître au fur et à mesure qu'on
s'éloigne de la mise en vigueur... Cela se maintient.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous prévoyez qu'il peut
augmenter à mesure que les bénéficiaires seront conscients
ou connaîtront les dispositions de la loi quant à la
révision?
M. CASTONGUAY: Je ne pourrais pas le prévoir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les décisions rendues par le
bureau qui fait la révision changent beaucoup de décisions
déjà préalablement rendues par le bureau local?
M. CASTONGUAY: Disons qu'entre 10 p.c. et 15 p.c. des demandes de
révision sont maintenues au niveau de la révision.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je n'ai pas très bien saisi la
réponse. Vous dites que dans 10 p.c. ou 15 p.c. des cas soumis au bureau
de la révision, il n'y a aucun changement.
M. CASTONGUAY: Non, disons que dans 10 p.c. ou 15 p.c. des cas...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a changement.
M. CASTONGUAY: ...il y a changement.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Supposons qu'il y a 15 p.c. des cas
qui vont à la révision, quel est le pourcentage de ces cas qui
s'en vont à la commission d'appel?
M. CASTONGUAY: Le pourcentage en est très faible.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a 50 p.c. de ces cas-là
qui s'en vont à la commission d'appel?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas 5 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas 5p.c.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas 5 p.c. des cas...
M. CLOUTIER (Montmagny): Tantôt, lorsqu'on passera à la
commission d'appel, je demanderai d'autres renseignements.
M. CASTONGUAY: ...où les appels sont maintenus par la commission
d'appel.
A la dernière page du document de travail, vous avez un tableau
statistique du nombre au 31 mars.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne me rends jamais à la
dernière page d'un document.
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas encourageant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand vous avez des choses importantes,
mettez-les au début, parce qu'au moment où vous avez
déposé ce document, j'avais une autre tâche à
assumer.
Au sujet des bureaux locaux et régionaux, maintenant que le
personnel a eu une période de formation, depuis que le régime est
entré en vigueur, est-ce que vous avez eu d'autres occasions de le
réunir et de lui donner des instructions en plus de lui transmettre,
évidemment, par courrier, des modifications à la
réglementation?
M. CASTONGUAY: Nous avons mensuellement des réunions avec les
responsables régionaux. Les réunions sont tenues
régulièrement mensuellement et les responsables régionaux
tiennent des réunions mensuelles, également avec leurs directeurs
de bureau. Maintenant, nous nous proposons, à l'automne, d'avoir des
sessions d'information avec tout le personnel. Nous n'avons pas établi
la façon dont nous allons procéder mais nous nous proposons
d'avoir des sessions intensives à l'automne de tout le personnel.
M. BOIS: C'est peut-être, M. le Président, ce laps de temps
entre les dates des réunions qui a pu amener, à un moment
donné, ce qu'on peut appeler un manque d'uniformisation de l'information
entre les bureaux. C'est-à-dire que dans une région, par exemple,
on pouvait interpréter tel règlement de telle façon et de
telle autre façon dans une autre. C'est ce qui a sans doute donné
lieu à plusieurs griefs.
M. CASTONGUAY: Il y a aussi un autre mécanisme qui agit sur le
plan de l'information du personnel. C'est celui des enquêtes ou des
équipes de contrôle qui visitent les bureaux. Au cours de
l'année si ma mémoire est bonne le programme
prévoit la visite d'une quarantaine de bureaux, et à partir de ce
moment-là, on peut déceler aussi plus précisément
les déficiences qui peuvent exister et apporter les correctifs. Le
personnel, de ce côté, compte présentement une quinzaine de
personnes, et douze postes sont en voie d'être comblés. Les
visites effectuées sont nombreuses, en fait, dans les bureaux et
indiquent, à chaque visite de contrôle, un certain nombre de
choses à corriger. Il faut se rappeler que c'est une loi complexe.
M. CLOUTIER (Montmagny): On vient de parler du contrôle des
bureaux. Mais quel est le contrôle que les agents eux-mêmes peuvent
exercer dans le territoire sur les bénéficiaires d'aide sociale?
Je fais référence particulièrement aux visites qu'ils
peuvent effectuer à domicile. Est-ce qu'ils ont eu le temps, avec le
fardeau de travail du début, de compléter cette opération
de vérification sur place ou certains autres contrôles, certaines
autres demandes de renseignements qui peuvent compléter leurs
dossiers?
M. CASTONGUAY: Naturellement, devant la période que nous venons
de passer, ç'a été assez difficile de faire des visites
à domicile. Mais il se fait des visites à domicile de
vérification des données qui nous sont fournies.
Nous avons aussi pris, récemment, un certain nombre de
décisions comme le mentionnait M. Robert pour toujours
améliorer le fonctionnement du système. Par exemple, une des
décisions qui a été prise c'est de réserver une
heure le matin au personnel pour préparer le travail de la
journée, un peu comme dans les banques. Au lieu d'ouvrir
immédiatement les bureaux aux heures réglementaires afin que les
gens puissent immédiatement se présenter, ce qui rend
l'organisation du travail difficile, il y a une heure de réservée
à cette fin.
En plus, les chèques étaient envoyés dans les
bureaux et là, il y avait la mise dans les enveloppes,
l'expédition qui demandait un certain temps. Il est prévu
maintenant de les envoyer directement à partir du mois de juillet.
Maintenant le formulaire aussi, qui est assez complexe, est en voie
d'être révisé pour essayer de le simplifier dans la mesure
du possible. On nous dit qu'avant que l'opération de révision du
formulaire soit complétée, ça va prendre un délai
d'environ six mois, soit d'ici à janvier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a des communications entre les
bureaux locaux d'aide sociale et les organismes de placement tels que les
centres de main-d'oeuvre du Québec ou du Canada?
M. CASTONGUAY: Actuellement, il y a une formule de mécanographie
qui s'appelle la formule AS-3 qui est prévue et remplie par l'agent de
sécurité sociale au bureau local qui prend tous les
renseignements sur les antécédents sur le marché du
travail de la personne qui se présente au bureau pour faire une demande
d'aide sociale. A l'aide de l'ordinateur on émet directement ses
données aux centres de main-d'oeuvre de la région. Aux centres de
main-d'oeuvre provincial et fédéral, on émet un avis
inscrivant automatiquement à ce moment-là le
bénéficiaire au centre de main-d'oeuvre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelles sont les relations entre les bureaux
locaux et les services de retour à la vie normale qui sont
administrés par les agences sociales dans le but de faciliter la
réintégration des assistés sociaux sur le marché du
travail?
M. CASTONGUAY: Avant de passer à cette question, si vous me
permettez, nous avons avec le ministère du Travail comme principe
accepté l'idée que les bureaux, les centres de main-d'oeuvre du
Québec, partout où c'était possible, soient logés
à proximité ou dans des locaux adjacents à ceux de l'aide
sociale justement pour faciliter ces échanges. Dans un certain nombre de
cas, dans le bureau même.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'avais déjà eu l'occasion de
discuter cette question avec le ministre des Travaux publics dans le temps et
tenant compte des nouveaux aménagements qu'il faisait. Evidemment
c'était un facteur dont il tenait compte dans la mesure du possible.
Mais ce n'est pas toujours possible, là où les services sont
déjà installés.
M. CASTONGUAY: Quant à l'autre question, où il existe des
comités de retour à la vie normale, la référence se
fait aussi au moyen de la formule régulière AS-3. Le seul
problème qui peut rester sera d'augmenter le nombre des comités
de retour à la vie normale pour accélérer le
mouvement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y en a combien?
M. CASTONGUAY: Dix-sept en fonction à l'heure actuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Tous administrés par les agences de
service social?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. BOIS: Une dernière question, M. le Président, que j'ai
déjà posé en Chambre et qu'on m'a suggéré de
poser ici. Concernant la question des personnes de qui, autrefois, on exigeait
l'équité sur les propriétés, par exemple, les
polices d'assurance un maximum de $8,000. Quand le ministre entend-il corriger
les cas ou reviser, par exemple, tous les cas qui ont été
astreints au montant de $8,000 alors qu'à l'heure actuelle, vous
acceptez le montant de $15,000?
M. CASTONGUAY: J'ai signalé la situation à ce
moment-là et je sais qu'il y a eu des gestes posés. Je vais
demander soit à M. Roberge ou à M. Houde de vous dire ce qui a
été fait pour corriger cette situation.
Des mesures ont été immédiatement prises pour faire
une remise de dette à tous ceux qui étaient encore touchés
par cette mesure. Cela devrait régler définitivement le cas.
M. BOIS: C'est en voie de progrès? M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): On m'a signalé un cas récemment
où une personne avait bénéficié de l'aide sociale
sous forme de prêt parce qu'elle avait une propriété. On
lui demande maintenant étant donné que cette
propriété... c'est un ancien cultivateur qui a cessé
d'exploiter sa ferme et qui demeure en chambre et pension. On lui aurait dit
apparemment qu'il devra s'occuper de disposer le plus rapidement possible de sa
propriété pour rembourser le prêt qu'on lui avait consenti
sur sa propriété. Cela m'apparaît anormal. A ce moment-ci
l'information ou la demande des agents du bureau local me paraît non
fondée. Est-ce que c'est exact?
M. CASTONGUAY: Ce qui se passe dans ce cas-là, c'est que la
personne n'habitant pas dans sa propriété, elle ne peut pas jouir
de l'exemption de $15,000 sur la maison qui sert de résidence puisqu'en
fait la maison ne sert pas de résidence. Puisque la personne est en
chambre et pension ou locataire ailleurs, il faut considérer cette
maison-là, cette propriété-là comme un bien sans
aucune exemption de base, l'exemption de $15,000, par exemple, pour une maison
qui sert de résidence. La seule exemption pour les biens c'est $2,000
plus $200 par enfant.
Si la propriété en question exède $2,000, la
personne ne devrait pas normalement être admissible à l'aide
sociale, mais nous avons une disposition de loi qui est l'article 402g) et qui
permet de donner six mois à la personne pour se débarrasser du
bien qui excède les barèmes permis. Pendant cette période
de six mois, on verse l'aide sous forme de prêt jusqu'à ce que la
personne se débarrasse de sa propriété,
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cela peut se produire
fréquemment dans le cas des cultivateurs qui abandonnent leur ferme
à cause de l'âge et qui s'en vont rester au village? Ils prennent
alors chambre et pension ou ils prennent un logement, si ce sont deux
conjoints. Cela peut présenter des problèmes que de disposer
d'une ferme à ce moment-ci surtout si c'est une ferme qui a moins de
valeur commerciale parce que le bois a été coupé, que les
animaux sont vendus ou que peut-être la ferme a subi une
dépréciation à cause des bâtisses. Cela peut
présenter dans certains cas une perte assez considérable pour la
personne que de disposer de ses biens dans une période de six mois alors
que plusieurs facteurs peuvent empêcher la vente d'une
propriété, soit qu'il n'y ait absolument pas d'acheteur ou que,
s'il y en a, le contexte économique se prête peu à une
telle transaction. Même si c'est une ferme qui est encore boisée,
s'il y a des problèmes de surplus de bois à ce moment-là,
il y a peut-être moins d'acheteurs d'intéressés, mais
peut-être que dans un an ou deux ce serait différent. Est-ce qu'on
ne pourrait pas tenir compte de la perte que la personne devra encourir, si
l'on peut prouver qu'il n'y a pas d'acheteur? Enfin, c'est un cas. J'attire
l'attention des fonctionnaires du ministère sur ce cas qui peut se
présenter à plusieurs exemplaires.
J'ai une autre question. Est-ce qu'on a fait des statistiques
même si ce ne sont pas des statistiques mécanographiques, cela
peut être des statistiques manuelles sur les résultats de
l'application de la nouvelle Loi de l'aide sociale quant à la hausse ou
à la baisse des allocations? Est-ce qu'on peut établir un certain
pourcentage? Quel est le pourcentage de dossiers où il y aurait une
hausse?
M. CASTONGUAY: J'ai eu un rapport je ne sais qui l'a sur
le nombre de cas où il y a eu hausse, sur le nombre de cas où il
y a eu baisse. Je ne sais pas si je peux le retracer ici. Est-ce que M. Ouellet
l'aurait? Je pense que je ne l'ai pas ici. Est-ce que cette question peut
attendre?
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on pouvait me donner le renseignement lundi,
à moins qu'on siège une partie de la nuit! ...
M. CASTONGUAY: Ouais!
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais dire au ministre qu'il ne faudrait
pas qu'il donne l'impression aux autres ministères que c'est un petit
ministère, c'est un gros...
M. CASTONGUAY: Ils sont convaincus. J'en ai rencontré qui m'ont
dit que c'est un gros ministère.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, mais il faut qu'ils en soient convaincus
aussi par le nombre de pages du journal des Débats et le nombre
d'interventions.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on peut apporter ce rapport, pour lundi?
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. M. le Président, en ce qui me
concerne, au sujet des bureaux locaux et régionaux, le seul commentaire
que je voudrais faire, c'est que c'est une loi complexe dans son application.
Il y a eu recrutement d'un nombre impressionnant de fonctionnaires. C'est un
milieu de travail qui est difficile. Je veux rendre un témoignage
à tous les fonctionnaires du ministère, que ce soit au bureau
central ici à Québec, au ministère même ou dans les
bureaux locaux et régionaux, pour les efforts qu'ils ont faits. Ils sont
conscients qu'il reste des problèmes à résoudre, que la
réglementation le ministre en est aussi conscient devra
encore être améliorée. Le ministre nous a donné la
preuve à deux ou trois reprises que, quand les améliorations sont
justifiées, elles sont apportées. Je souhaite que l'on continue
dans cette veine. Même si la loi avait besoin d'être
modifiée avant qu'on entre dans une législation plus
générale de sécurité du revenu, je crois bien que
le ministre n'hésitera pas à apporter les modifications
nécessaires et il recevra certainement la collaboration de tous les
partis d'Opposition.
Nous souhaitons bonne chance aux fonctionnaires dans l'administration de
cette loi extrêmement complexe.
M. LE PRESIDENT: Tous les sous-articles du poste 3, adopté.
Poste 4: Commission d'appel de l'aide et des allocations sociales.
Commission d'appel de l'aide et des allocations
sociales
M. CASTONGUAY: Ici, je l'ai mentionné au tout début, je
n'avais pas demandé à Me Jean-Marie Bouchard, étant
donné le caractère de cette commission d'appel, d'être
présent.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais quelques questions. Je pense bien que
le ministre est en mesure de répondre. Je voudrais lui demander si la
commission s'est déplacée en province, si elle a commencé
à siéger ailleurs qu'à son siège social. On m'a
donné des statistiques tantôt sur le nombre de dossiers qui
pouvaient lui être transmis. Je voudrais savoir également si
beaucoup de décisions sont renversées par la commission
d'appel.
M. CASTONGUAY: Sur la question des décisions de la commission
d'appel, vous avez ici les statistiques à la dernière page
où on indique un grand total de 35 cas réglés au 31 mars
1971. On a dit qu'à peu près dans le même pourcentage,
à peu près 10 p.c. à 15 p.c. des cas si ma
mémoire est bonne faisaient l'objet de modifications
subséquentes.
Quant à la question des séances de la commission, lorsque
j'ai rencontré la dernière fois le président de la
commission, il m'a fait d'ailleurs un rapport écrit à ce
moment-là, il m'a dit qu'il préférait pour le moment faire
le travail à Québec et à Montréal et garder le
fonctionnement de la commission de façon aussi intégrée
que possible, de telle sorte que tous les membres y participent dans la mesure
du possible pour se familiariser avec la loi. Il faut se rappeler qu'il ne
s'agit pas d'une commission formée entièrement d'avocats rompus
à toutes les règles du droit, mais plutôt d'une commission
formée d'un président qui est avocat et de cinq autres membres
présentement qui sont presque tous à temps partiel, qui ne sont
pas à temps complet, qui ne sont pas avocats et qui ont
été nommés à la suite de consultations d'organismes
dans le milieu. De telle sorte que ces cas sont réglés beaucoup
plus à partir de notions d'équité, de justice non strictes
en droit.
Pour en arriver à un fonctionnement, au départ, aussi
uniforme que possible, la commission a effectué son travail à
Québec et à Montréal. Les décisions de la
commission nous sont transmises, je crois que c'est M. Savard qui les
reçoit; peut-être pourrait-il indiquer brièvement les types
de décisions rendues ou encore les types d'appels en révision qui
ont été modifiés et pour quelles raisons si un "pattern"
se développe...
C'est assez difficile. Il y a plusieurs cas d'espèce qui sont
présentés devant la commission sur des interprétations de
la loi et des règlements qui étaient plutôt difficiles,
où la commission a tranché sur une interprétation des
règlements, mais de façon générale, les cas
qui se présentent à la commission d'appel, ce sont surtout des
gens qui se plaignent très vaguement de ne pas avoir assez d'aide
sociale pour combler leurs besoins. Dans beaucoup de cas aussi, ce sont des
questions de besoins spéciaux, on fait la demande de besoins
spéciaux à la commission d'appel au lieu de les faire au bureau
local, en fait.
M. BOIS: J'aurais une question ici qui est composée de trois
choses.
Quel est le nombre des séances que tient la commission, le temps
qu'il faut pour la réception ou pour accepter la demande pour aller
à la révision et le temps où le jugement est rendu? Ce
sont les trois questions qui m'intéressent à cet
article-là.
M. CASTONGUAY: C'est assez difficile d'apporter des réponses
étant donné le fait qu'il s'agit d'une nouvelle loi, d'une
nouvelle réglementation, d'une nouvelle commission, étant
donné la nécessité aussi d'élaborer graduellement
des procédures pour entendre des cas. L'analyse des cas ne s'est pas
faite non plus, selon les renseignements que j'ai eus du président,
nécessairement toujours en commission. Ce qui s'est fait, c'est que les
commissaires se sont vu assigner des cas. Il les ont étudiés et
ont fait leur recommandation et là, les cas ont été
étudiés par la commission au complet avant que des
décisions définitives ne soient prises.
Au départ, il y a eu, pour des raisons aussi bien d'organisation,
d'adaptation et de prudence aussi parce qu'une fois une décision
rendue elle peut créer une certaine jurisprudence probablement
des délais un peu plus longs.
Je ne crois pas que le nombre de cas à ce jour nous permette de
donner des réponses sur les délais moyens obtenus. On pourrait
communiquer au besoin pour la prochaine séance avec M. Bouchard si vous
croyez que c'est un renseignement qui pourrait être utile.
M. BOIS: A peu près, M. le ministre, si vous aviez un
renseignement à peu près pour savoir la durée du temps
après la demande s'il y a comparution et le temps approximatif où
le jugement peut être rendu.
M. CASTONGUAY: De toute façon, la loi prévoit un
délai de trente jours à la commission pour rendre sa
décision. Il ne semble pas, jusqu'à maintenant, qu'il y ait de
retard de ce côté-là. Est-ce que ça vous
satisfait?
M. BOIS: Oui.
M. CASTONGUAY: Le président m'a affirmé qu'il rendait
généralement toutes ces décisions à
l'intérieur du délai prévu depuis environ deux mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la commission d'appel est
habilitée à faire des recommandations au ministre sur des
modifications possibles au règlement et à la loi?
M. CASTONGUAY: La loi ne le prévoit pas à ma connaissance
de façon spécifique. J'ai demandé malgré tout au
président, lorsque nous avons entrepris la révision des
règlements, de nous faire ses suggestions. C'est ce qu'il a fait. Il m'a
envoyé une lettre, elle a été remise aux agents du
ministère qui ont examiné les règlements et qui ont fait
la première série de recommandations portant sur les
règlements. Présentement, nous étudions encore une fois
les règlements qui semblent créer le plus de difficultés
pour voir quelles pourraient être les autres modifications qui peuvent
être apportées. Même si la loi ne le prévoit pas
spécifiquement, j'avais demandé au président de...
Maintenant, par le fait que les décisions rendues nous sont
communiquées, ça nous donne aussi une certaine information quant
à des modifications qui pourraient être envisagées au
règlement ou à la loi.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il en est de même des bureaux
régionaux et des bureaux locaux qui peuvent aussi transmettre des
suggestions quant aux améliorations à apporter au
règlement et à la loi?
M. CASTONGUAY: Comme M. Robert vous l'a mentionné, à
l'occasion des réunions mensuelles ces questions sont discutées
et, en fait, les modifications apportées aussi bien au plan des
règlements qu'au mode d'administration ne viennent pas d'une source
unique, mais viennent ausi bien des questions des députés en
Chambre, de la correspondance que nous recevons de la commission d'appel, des
directeurs régionaux ou encore des agents du...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre parle de la correspondance qu'il
reçoit. Est-ce qu'il en reçoit encore beaucoup des
assistés sociaux?
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas si j'ai ici quelqu'un de mon cabinet. On a
suivi ça à un moment donné. On en recevait
énormément. A partir du moment où la loi a
été mise en application et que la procédure en
révision a été commencée au niveau des bureaux
régionaux et de la commission d'appel, on a demandé si
vous vous souvenez, j'avais envoyé une lettre aux députés
aux députés de communiquer directement avec les bureaux
régionaux et le volume avait baissé sensiblement.
A partir d'un moment on m'a dit que ça ne créait plus le
type de problème que ça créait initialement. Alors, au
cours des dernières semaines, je ne me suis pas informé, mais
cela a baissé considérablement.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'en reçois
encore beaucoup comme ancien ministre des Affaires sociales et je les
transmets fidèlement au ministre. Je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président, à moins que mes collègues...
M. LE PRESIDENT: Poste budgétaire 4, adopté. Poste 5.
Conseil des affaires sociales et de la famille
M. CASTONGUAY: Poste 5: Conseil des affaires sociales. M. Marier est le
président du Conseil des affaires sociales et de la famille.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comme premier commentaire, M. le
Président, vous me permettrez de souligner d'une façon
particulière la présence de M. Marier, ancien sous-ministre aux
Affaires sociales, avec qui j'ai travaillé pendant quatre ans en
étroite collaboration. Je suis heureux de voir qu'il assume aussi
maintenant des responsabilités très considérables à
la tête d'un organisme que nous calculons, que nous estimons
extrêmement important, le Conseil des affaires sociales et de la famille.
M. Marier, le président, a transmis au ministre récemment le
premier rapport du conseil que nous avons lu attentivement pour notre part, et
je demanderais à M. le Président, pour le bénéfice
des membres de la commission, de nous faire un bref résumé des
activités d'abord de la composition du conseil et aussi des
activités du conseil depuis sa fondation.
M. BOIS: Pourrais-je, M. le Président, question de
privilège, poser une question très simple, est-ce que c'est par
omission involontaire qu'on a oublié de mentionner le nombre des
personnes composant le conseil au poste 5?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est fixé par la loi. Le nombre des
membres du conseil est fixé par la loi, mais il y a aussi la
possibilité d'ajouter des fonctionnaires, M. Marier va expliquer
cela.
M. CASTONGUAY: Le nombre des membres du Conseil des affaires sociales
est déterminé par la loi entrée en vigueur le 22
décembre dernier. Le conseil est formé de 15 personnes auxquelles
s'ajoutent à titre ex-officio le sous-ministre des Affaires sociales, le
président de la Régie d'assurance-maladie, le président de
la Régie des rentes et le président du conseil. Cela fait 19 en
tout. Le 11 juin dernier, la nomination des membres du Conseil des affaires
sociales a été rendue publique et j'espère que nous
pourrons organiser bientôt une première réunion. Depuis sa
fondation et depuis la nomination de son président, nous avons
essayé de situer la loi dans un cadre, dans une perception de la
société dans laquelle nous vivons et des problèmes de
1971. Nous nous sommes demandé de quelle sorte d'organisation, d'appui
le conseil devrait bénéficier. Nous avons donc fait un plan
d'organisation qui a été discuté avec le ministère
de la Fonction publique, avec la Commission de la fonction publique. Nous avons
obtenu des niveaux de classification.
Déjà les premières mutations ont été
effectuées. M. Eseojido agit comme secrétaire du conseil, sa
nomination effective devrait être faite très bientôt, je
l'espère; les démarches pour le recrutement du personnel ont
toutes été accomplies et j'espère que d'ici la fin de
l'été, le personnel du Conseil des affaires sociales sera au
complet.
Il sera formé d'un petit groupe de professionnels avec un
personnel d'appui de caractère de travail de bureau. Ces professionnels
auront deux soucis majeurs, d'une part des soucis de recherche parce qu'il faut
toujours en venir à ce qu'est le conseil, c'est un organisme
d'étude et de consultation, de sorte qu'on ne peut vraiment pas penser
que la consultation se dissocie des processus de recherche.
Il ne s'agira pas, cependant, pour le conseil de ne pas profiter de
toutes les études qui pourront se faire ailleurs, soit celles qui
pourront être le fruit du travail des chercheurs de l'université,
soit des travaux de recherche qui pourraient être disponibles au
ministère. Il y aura cependant, je crois bien, un accent pour cette
recherche que le conseil sera invité à faire; elle aura pour but
d'essayer de percevoir les problèmes comme les gens eux-mêmes les
perçoivent.
Elle aura, si vous voulez, un caractère existentiel plutôt
que théorique. L'autre fonction importante est celle qui est liée
au processus de consultation, c'est-à-dire l'organisation des auditions
et ça pourra peut-être aller jusqu'à des initiatives qui
pourront être prises par le conseil dans le sens de réunions et
même d'activités qui peuvent être associées au
concept d'animation sociale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les fonctionnaires que vous allez recruter vont
être de quelle discipline? Un peu de toutes les disciplines, ce sera une
équipe multidisciplinaire?
M. CASTONGUAY: Ce sera une équipe multidisciplinaire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant aux auditions dans le processus de
consultation, est-ce que déjà vous avez pu tracer une
façon de procéder? Est-ce que vous allez procéder comme le
ministère de l'Education avec son Conseil supérieur de
l'éducation, est-ce que vous allez retenir cette formule-là ou
si...?
M. CASTONGUAY: Là-dessus, je pense que je ne peux guère
donner de précisions additionnelles, le rôle du président
est de diriger les travaux des séances et les travaux du conseil. Je
pense bien cependant qu'il convient, avant de déterminer des modes
d'action, que les mem-
bres du conseil aient eu l'occasion de se réunir. Je peux
cependant ajouter qu'en même temps que le ministre des Affaires sociales
rendait publique la nomination des membres, il a aussi rendu publics un certain
nombre de problèmes qu'il avait posés à l'attention du
conseil et de questions qu'il avait posées à l'attention du
conseil.
Parmi ces questions, il y avait comment contribuer à
l'épanouissement des familles et à la mobilisation des efforts
des organismes familiaux; quelle attitude politique et quels programmes
développer à l'endroit des comités d'assistés
sociaux; enfin, quelle division de travail devrait s'effectuer entre le conseil
et le ministère au plan de la consultation, et je pense bien qu'on peut
ajouter aussi de la recherche.
M. BOIS: M. le Président, est-ce que le conseil reçoit un
agent négociateur ou un conseiller à l'intérieur du
ministère ou s'il peut recevoir des représentations de
l'extérieur, soit par des agences ou des groupes officiels?
M. CASTONGUAY: Le Conseil des affaires sociales, même si son
budget apparaît ici, n'est pas intégré à
l'intérieur du ministère. Il a été formé en
vertu d'une loi. Il est composé d'un certain nombre de membres, comme
l'expliquait M. Marier. Il aura son propre personnel et il fonctionne de
façon relativement autonome par rapport au ministère. Il peut
entreprendre de son propre chef des études, des consultations. Ces
études qu'il entreprend doivent être approuvées, en fait
elles sont prévues dans la loi pour éviter les
dédoublements possibles, comme nous pouvons confier au conseil, comme je
l'ai fait, des questions pour étude. Mais le conseil, pour
répondre plus spécifiquement à votre question, peut
recevoir des mémoires, suggestions, représentations de la part
d'organismes. Il n'y a aucune limite imposée dans la loi.
Maintenant, il y a aussi peut-être une chose à mentionner,
c'est l'effort pour coordonner et maintenir des liens. On a parlé,
à quelques reprises, de réunions du comité exécutif
du ministère. Assez périodiquement, on a essayé d'en faire
à peu près à tous les mois et demi, aux deux mois. Nous
avons tenu aussi une rencontre, le président du Conseil des affaires
sociales, le président de la Régie des rentes, le
président de la Régie de l'assurance-maladie, moi-même et
le sous-ministre pour discuter de façon générale, faire
des tours d'horizon, sans ordre du jour précis mais pour s'assurer que
nous sommes tous bien informés des choses qui pourraient être
intéressantes de connaître de part et d'autre.
Nous aurons aussi essayé d'instituer ce mécanisme
d'échanges pour éviter, justement, des dédoublements,
à certains moments, ou un manque de communications qui pourrait
s'établir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-il ad- venu de l'ancienne direction
générale de la famille et de la population?
M. CASTONGUAY: Peut-être qu'on devrait demander à M.
Ouellet ou à M. Houde de répondre.
Fondamentalement, ces effectifs ont été scindés en
deux. Les effectifs qui, sous la direction de M. Roland Plamondon, veillaient
à la liaison avec les agences dans les diverses régions ainsi que
les coordonnateurs régionaux ont été rattachés
à la direction de la programmation.
M. Périard, lui-même et l'équipe qui faisait les
travaux qui tenaient plus de l'orientation et de la planification, joue
maintenant un rôle prédominant au niveau de la direction de la
planification où M. Périard assume d'ailleurs la direction de la
planification des services sociaux et de la sécurité des...
M. CLOUTIER (Montmagny): Une autre question au ministre celle-là.
L'ancien Conseil supérieur de la famille et des organismes familiaux a
fait des représentations pour promouvoir ou proposer au gouvernement une
autre structure parallèle si on veut à celle du Conseil
supérieur des affaires sociales et de la famille. Cet organisme aurait
plutôt été rattaché au conseil des ministres ou au
gouvernement dans son ensemble ou au conseil exécutif. A ce
moment-là, on avait invoqué à l'appui de cette
proposition, on avait surtout indiqué que la coordination de tous les
programmes gouvernementaux qui faciliteraient l'épanouissement de la
famille et une politique familiale serait plus adéquate, plus facile
à surveiller que l'aspect familial dans le Conseil des affaires sociales
et de la famille. Le ministre a répondu à cela, il a fait une
déclaration ministérielle. On a dit qu'il lui apparaissait que le
Conseil des affaires sociales et de la famille pouvait assumer les deux
tâches aussi bien celle de la cohésion que celle de
l'épanouissement de la famille. Je vois dans un des premiers mandats qui
a été confié au Conseil des affaires sociales une
recherche spéciale sur l'épanouissement de la famille. Est-ce que
le ministre a d'autres commentaires à nous faire là-dessus ou si
d'autres faits nouveaux ou une réflexion additionnelle lui a fait
pas changer d'opinion mais nuancer son opinion?
M. CASTONGUAY: Je n'ai pas prétendu, je pense bien à ce
moment-là que c'était le mot final de cette question-là.
Du tout, mais plutôt je crois qu'il est important de voir quel rôle
peut jouer le Conseil des affaires sociales et de la famille parce qu'il y a
aussi de grands avantages à ce qu'il y ait un regroupement qui ne soit
pas un organisme qui fonctionne uniquement en se préoccupant des
questions touchant à la famille parce qu'en définitive il y a peu
de chose qui n'affecte pas la famille. Si on le prend dans un sens large, il y
a des choses qui
l'affectent d'une façon beaucoup plus immédiate. C'est un
des aspects. Je pense qu'il est important de voir comment le Conseil des
affaires sociales et de la famille va pouvoir influencer les politiques du
gouvernement, jouer un rôle justement pour que cette dimension de la
famille soit prise en considération. Il ne faut pas oublier non plus que
dans ce secteur-là de la recherche sociale ou socio-économique,
les effectifs ne sont pas tellement nombreux. Nous l'avons vécu à
la commission. M. Beausoleil, M. Ouellet, peuvent affirmer aussi le fait qu'il
n'y a pas tellement eu de recherches, de personnes aptes à faire des
travaux valables si on compare, par exemple, au secteur de la santé.
Encore là il y a une préoccupation de ne pas trop
éparpiller les efforts.
Un autre aspect c'est que le conseil est doté d'un budget
passablement plus élevé que celui qui a été
attribué au Conseil supérieur de la famille et peut-être
aussi à l'expérience nous rendrons-nous compte qu'ils peuvent
faire un travail beaucoup plus important ou plus suivi. Il y a aussi le fait
que le Conseil des affaires sociales et de la famille peut former des
comités. M. Marier m'a affirmé justement que dans la formation
des comités il aurait une préoccupation spéciale pour les
questions touchant la famille. Nous avons vu également que dans la
direction des affaires extraministérielles M. Beausoleil se
préoccupait aussi de cette question dans le cadre de ses
responsabilités. De toute façon afin que la question ne soit pas
laissée de côté ou oubliée ou ignorée, aussi
bien le rapport du Conseil supérieur de la famille que le premier
rapport de la commission premier tome du rapport de la commission sur le
développement ont été référés
à la Commission de la réforme administrative. Il y a une autre
préoccupation, c'est qu'il y a un certain nombre d'organismes
gouvernementaux qui ont été dénombrés, qui ont
divers statuts de régie, de commission, etc. si ma mémoire
est bonne, le nombre excédait 100 et qui en théorie sont
supposés avoir des liens assez directs avec le Conseil exécutif
et qui en pratique, à cause de leur nombre, ont des liens assez
ténus, malgré tout. Vu de l'extérieur, on peut penser que
le lien serait beaucoup plus immédiat. Vous-mêmes, vous avez
vécu au sein du Conseil exécutif et vous savez comment il est
difficile de structurer les relations autour du Conseil exécutif.
Dans le cadre des travaux de la commission de la réforme
administrative, il y a aussi l'étude de ces recommandations
formulées par le Conseil supérieur de la famille. Je crois que de
part et d'autre on va en arriver à une solution qui va être aussi
valable que possible à ce stade-ci.
J'ai aussi suggéré aux organismes familiaux de ne pas trop
consacrer de temps non plus à parler uniquement en termes d'une
politique familiale globale et de problèmes de structure, mais de ne pas
ignorer qu'un certain nombre de problèmes très concrets sont en
voie d'être résolus, font l'objet de nouvelles mesures et qu'il
importe qu'ils prononcent des avis sur ces questions. Je pense, par exemple,
à tout ce qui se fait dans le domaine de la sécurité du
revenu. De toute façon, qu'ils soient reliés au Conseil
exécutif ou au Conseil des affaires sociales et de la famille, ces
questions vont demeurer les mêmes. Elles sont assez complexes et, ce qui
importe le plus, c'est que nous recevions leurs avis. Je leur ai aussi fait ce
conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis bien conscient que le président
et les membres du conseil savent l'importance et apprécient l'importance
du secteur de la famille et des initiatives qu'ils peuvent prendre dans ce
domaine. Ils n'ont pas besoin d'attendre les demandes du ministre. Ils vont
certainement surveiller les politiques gouvernementales, législatives ou
autres.
Je pense en particulier aux politiques fiscales qui ont une incidence
directe sur la famille quant à son niveau de vie, quant à son
revenu. Je pense que dans ses responsabilités, le conseil, peut prendre
l'initiative de donner des avis au gouvernement. Dans le secteur de la famille,
jusqu'à preuve du contraire, il est capable de démontrer que
cette dimension de son travail et de ses responsabilités, il en est bien
conscient et va s'en acquitter.
De toute façon, c'est un nouvel organisme qui dispose
déjà au départ des trois cinquièmes du budget du
Conseil supérieur de l'éducation, qui a pourtant plusieurs
années d'existence. Je crois que du point de vue budgétaire, il a
suffisamment d'argent dès la première année pour faire un
excellent travail et nous allons lire avec beaucoup d'intérêt les
avis qu'il donnera au ministre, parce que les avis sont publics et on va voir
dans quelle mesure le ministre suit les avis du conseil supérieur.
M. BOIVIN: Ce sera l'ombudsman de la famille, qui a la liberté
d'agir.
M. CASTONGUAY: Il n'y a rien au plan de la loi, qui peut vraiment...
M. LE PRESIDENT: Poste 5, adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant d'entreprendre le poste 7 ou 6... Le
poste 6, c'était la Régie des rentes, on l'a passé.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on peut approuver le poste 6 en passant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous l'avons approuvé, on l'a
passé.
M. LE PRESIDENT: Nous reprendrons au poste 7.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre fait de la comptabilité.
Nous reprendrons au poste 7.
M. LE PRESIDENT: Nous allons suspendre les travaux jusqu'à...
M. CASTONGUAY: Il a été suggéré de
siéger après la période des questions lundi
après-midi.
M. CLOUTIER (Montmagny): A moins que la Chambre ne commence ses travaux
lundi matin.
M. CASTONGUAY: Il me semble que la commission de l'Education va
siéger lundi matin avant que l'Assemblée ne siège.
M. LE PRESIDENT: Lundi après-midi, après la période
des questions.
(Fin de la séance: 22 h 1 )
Séance du lundi 5 juillet 1971(Seize heures huit
minutes)
M. SHANKS (président de la commission permanente des Affaires
sociales): A l'ordre, messieurs !
La séance est ouverte.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement mentionner que le
député de Montmagny a posé une question, si ma
mémoire est bonne, sur les augmentations, les réductions dans les
prestations versées aux bénéficiaires de l'aide sociale,
au moment où nous avons étudié l'article portant sur cette
question. J'ai ici le rapport auquel j'ai fait allusion à ce
moment-là. Je vous demande d'en faire distribuer des copies. Et vous
verrez dans ce rapport que les cas où il y a eu augmentation, selon le
rapport qui n'était pas complet, sont quatre fois plus nombreux que les
cas où il y a eu diminution.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce sont des renseignements qui ont
été obtenus de façon mécanographique ou si ce sont
à partir des renseignements fournis par les bureaux locaux, rapports
préparés manuellement?
M. CASTONGUAY: C'est à la suite de la revision des dossiers. Pour
autant que je peux voir par ce tableau ici, ce sont des rapports
préparés par les bureaux et qui ont été
regroupés et compilés.
Soins généraux Soins
généraux actifs
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous sommes rendus au
poste budgétaire 7 qui représente plus de la moitié du
budget du ministère. Il s'agit de tous les programmes de soins
généraux. Comme première question au poste
budgétaire 7, article 1, aux soins généraux actifs,
étant donné que nous avons déjà eu au cours des
séances antérieures de la commission certaines statistiques sur
les taux d'augmentation des coûts, le coût par jour, par lit, je
n'ai pas l'intention d'y revenir. Ma première question au ministre
serait celle-ci: Etant donné qu'il y a des hôpitaux
généraux qui sont maintenant construits, prêts pour
l'ouverture, est-ce que le ministre, à ce moment-ci, étant
donné qu'il a eu plusieurs questions en Chambre antérieurement,
pourrait nous faire un tour d'horizon ou un résumé, tenant compte
des projets qui ont été réalisés? Entre autres, je
pense particulièrement à l'hôpital de Thetford Mines et je
pense à Shawinigan, Saint-Jean, Saint-Hyacinthe,
Saint-François-d'Assise, des agrandissements tels celui de
Saint-Georges-de-Beauce, Montmagny, enfin j'en oublie. Mais le ministre voit
dans quel ordre, dans quel contexte se situe ma question.
M. CASTONGUAY: Malheureusement, ni M. Bergeron, le sous-ministre adjoint
à la programmation, ni M. Pigeon ne sont ici. J'ai demandé que
l'on s'informe. Il est supposé être ici. Je puis dire de
façon générale, dans tous les cas que vous avez
énumérés, que nous avons suivi d'aussi près que
possible les dossiers ou les situations de telle sorte qu'il ne s'introduise
pas de délais inutiles dans l'ouverture des hôpitaux dus à
des négligences des retards purement d'ordre administratif. Il y a eu un
certain nombre de cas. Ce sont ces cas qui, principalement, ont fait l'objet de
questions en Chambre où nous avons voulu étudier de façon
encore plus serrée l'utilisation des ressources dans une région
et la répartition pour assurer un équilibre dans leur type de
ressources, en collaboration, dans toute la mesure du possible, avec les
institutions hospitalières.
Et jusqu'à maintenant, nous avons effectué passablement de
progrès. Je pense, par exemple, au cas d'Asbestos qui a posé un
problème particulièrement aigu lors de la fermeture,
l'été dernier, de l'hôpital. Récemment, ces
difficultés, graduellement, se sont atténuées à
mesure que les plans se sont précisés.
Nous avons une situation assez difficile qui n'est pas encore
réglée, que nous étudions et qui a trait à
Shawinigan et Grand Mère où nous avons, dans la région,
trois hôpitaux. Nous avons demandé aux administrations en cause de
s'entendre entre elles quant à la répartition des lits de ces
hôpitaux, la répartition aussi des responsabilités, de
telle sorte qu'aussi bien sur le plan du traitement actif des maladies que sur
le plan des malades chroniques, des convalescents et aussi de la psychiatrie,
un certain nombre de lits soit réservé. Malheureusement,
malgré tous nos efforts, les trois institutions en cause n'ont pas pu
s'entendre entre elles. Elles nous ont fait, de part et d'autre, des
recommandations. Et dans ces recommandations elles les ont faites
individuellement, n'ayant pas pu s'entendre entre elles de leur propre
initiative, si j'ai bien compris le sens du rapport qui nous a
été présenté on se bute toujours aux
mêmes problèmes, c'est que dans les propositions qui nous sont
faites, les espaces ou les services pour les malades chroniques ne sont pas
considérés. Aucun lit n'est réservé pour la
psychiatrie, aucun service.
Alors là, nous sommes dans une situation où après
avoir demandé la collaboration des institutions concernées
d'autant plus que dans l'ensemble, le nombre de lits, aussi bien à
Shawinigan qu'à Grand Mère, est suffisant pour couvrir toute la
gamme des besoins et où malgré notre demande aux
institutions pour qu'elles participent activement à la planification
elles n'ont pu s'entendre, nous devrons intervenir d'une façon un peu
plus autoritaire qu'on l'aimerait à prime abord.
Mais dans tous les cas où nous avons eu ce type de
problèmes, nous avons procédé en consultant et en essayant
de déterminer, en collaboration avec les institutions, une solution qui
apparaissait des plus appropriées, ce qui a pris un peu de temps. Dans
les autres cas, comme ceux de Saint-François-d'Assise, les cas comme
l'Hôtel-Dieu de Montmagny où il s'agissait de programmes
d'agrandissement ou de rénovation ou de prolongation des services,
où il n'y a pas eu de problèmes de conflit entre institutions, je
sais que, normalement, les dossiers suivent leur cours, compte tenu des
décisions qui ont pu être prises, mais je ne suis pas en mesure de
vous dire où nous en sommes rendus avec chacun. Et si M. Bergeron est
ici, est-ce qu'il est arrivé? On pourrait prendre les cas individuels
sur lesquels vous aimeriez poser des questions."
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a deux types de problèmes que le
ministre a identifiés. Il s'agit d'abord des hôpitaux qui font
partie d'un ensemble régional. Il y a le cas de
Shawinigan-Grand'Mère. Evidemment, il y a deux ou trois hôpitaux
qui sont impliqués, ce qui n'est pas le cas à Thetford où
il y a, près de l'ancienne institution, un nouvel hôpital. Ce
n'est pas le cas non plus à Saint-François-d'Assise. Ce n'est pas
le cas à Saint-Jean. Ce n'est pas le cas à Saint-Hyacinthe
où l'hôpital neuf est construit à côté de
l'ancienne institution. Et l'ancienne institution, par première
définition, devait être convertie en institution pour malades
chroniques, malades psychiatriques, administration, enfin tout le
réaménagement qui n'implique pas des dépenses
extrêmement considérables. Il s'agit de trouver une vocation qui
réponde à des besoins qui, tout en exigeant des modifications
à l'institution, n'entraînent pas, d'autre part, un investissement
extrêmement considérable.
J'aimerais qu'on distingue les deux genres d'institutions. Dans le cas
de Shawinigan-Grand'Mère, le ministre vient de poser le problème.
Il dit que les rapports ou les suggestions qui ont été faits
jusqu'à maintenant par les corporations hospitalières ne
répondent pas exactement à ce qu'attendait le ministère
dans sa planification. On pourrait donc peut-être parler de ce type
d'institutions. Le ministre dit même qu'il devra davantage imposer
d'autorité une décision, si aucun accord ne survient, parce qu'il
s'agit évidemment d'utiliser une ressource qui a été mise
en place et qui a exigé des fonds publics assez considérables.
Or, ces ressources ne peuvent pas indéfiniment être
inutilisées, parce qu'à ce moment-là, ça ne
répondra pas aux besoins de la région. Il va s'installer dans la
région un malaise et des difficultés qui sont bien
compréhensibles, ou du moins des questions vont se poser quant à
la date d'ouverture et aux difficultés que le ministère affronte
pour ouvrir ces institutions. J'aimerais qu'on parle de ce genre d'institutions
et ensuite, sans prendre chacun des hôpitaux que j'ai mentionnés,
qu'on établisse une politique, qu'on nous dise quelle sera la
politique
générale du ministère quant à la
récupération des nouvelles institutions construites à
proximité d'une ancienne institution.
M. BOIS: Excusez-moi, M. le ministre, juste avant que vous
répondiez à la question, et peut-être pour compléter
mon idée sur cette chose, quand vous parlez ici de subventions, est-ce
que vous mentionnez surtout les constructions nouvelles et les additions, ou,
par exemple, les améliorations que vous feriez à
l'intérieur d'institutions hospitalières déjà
construites?
M. CASTONGUAY: En fait, parlant de subventions, le montant qui est
indiqué de $592 millions, ce sont les montants réservés
pour le fonctionnement des hôpitaux, de façon
générale, leur budget de fonctionnement.
Il y a encore une question d'ordre général. Lorsque j'ai
parlé du cas de Shawinigan-Grand-Mère, où il y aurait
trois hôpitaux, je pense qu'il est exact aussi de dire que, dans les cas
comme Saint-Jean, où il y a deux hôpitaux et même si le
nouvel hôpital a pu être construit à proximité de
l'ancien, comme il y a deux corporations qui ont été
formées au moment de la construction du nouvel hôpital, le
problème de déterminer la vocation, la fonction précise de
chacun, même dans ces cas, a été assez sérieux. Dans
le cas de Saint-Jean-d'Iberville, il y a eu un manque de compréhension
entre les deux corporations. Il n'est même pas exagéré de
dire qu'il y a eu un conflit entre les deux, ce qui complique
énormément le problème de déterminer quelle doit
être la fonction de chacun, de telle sorte que tous les besoins de la
région soient couverts. En effet, si chaque hôpital continue dans
sa vocation traditionnelle et que le nouveau devient un hôpital
général du même type que l'ancien, il y a surplus d'un type
de ressources et il y a pénurie d'autres types de ressources, alors que,
dans l'ensemble, il y en aurait suffisamment pour répondre aux besoins
de la population. Dans le cas de Saint-Jean, même le fait qu'il y avait
proximité entre les deux établissements nous a créé
beaucoup de problèmes. Dans le cas de Thetford, encore là, il y a
deux corporations, et M. Bergeron peut le confirmer avec plus de
détails des progrès considérables ont
été effectués quant à la détermination des
vocations particulières de chaque établissement et aussi du
regroupement éventuel en une corporation.
Mais, comme politique générale, dans tous ces cas
où des constructions étaient en cours et où il y avait
déjà un établissement existant qui était encore
utilisable et qui devait continuer à être utilisé, ce que
nous avons fait a été d'étudier les fonctions de chacun,
pour en arriver au meilleur équilibre dans les services, pour
répondre aux besoins de la population et pour assurer cette organisation
des services en apportant le minimum de modifications.
Cela veut dire que si un nouvel hôpital a été
d'abord construit pour devenir un hôpital général, il va de
soi que nous avons tenté dans toute la mesure du possible d'utiliser
l'édifice existant, pour des services qui ne demandent pas le même
genre d'organisation au plan des salles d'opération, de laboratoire,
d'équipement même dans les chambres. C'est la façon
générale que nous avons utilisée pour résoudre ces
problèmes d'équilibre des ressources.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre peut reprendre. Dans la liste
évidemment ce n'est pas une liste exhaustive j'aurais pu
ajouter Rouyn-Noranda, Sainte-Anne-des-Monts, Gaspé. Enfin il y en a
plusieurs sur la liste.
M. CASTONGUAY: Il y en a plusieurs en effet qui sont en marche. Pour
préciser une notion, si ça n'avait pas été fait au
sujet de l'hôpital de la Mauricie et des hôpitaux de
Laflèche et de Sainte-Thérèse, non seulement on aurait
souhaité que des hôpitaux se mettent d'accord dans le sens de ce
que le ministère entrevoyait mais au moins qu'ils se mettent d'accord
entre eux. Le sens de leur proposition jusqu'ici est qu'il n'y a pas accord
entre les hôpitaux.
Donc, comme le ministre le disait, nous devrons intervenir là de
façon un peu plus marquée. Pour ce qui est d'Asbestos, on a
soulevé un peu le point mercredi. Disons que les choses progressent
très bien et que nous comptons la première pelletée
de terre a été levée que ça peut prendre,
avant de compléter la chose, de 18 à 20 mois. Pour ce qui est de
Thetford-Mines, somme toute on attend, pour la question du nouvel
hôpital, la livraison de l'équipement. Tout est approuvé
à toutes fins utiles sauf le budget pour le personnel.
Il y a à cet égard des pourparlers qui doivent être
poursuivis entre le ministère et la direction de l'hôpital parce
que les demandes de l'hôpital ne coincident pas par une bonne marge avec
les normes reconnues au niveau du ministère. Donc, à part cette
question de personnel, l'hôpital est sur le point d'ouvrir. Il est
même prêt à ouvrir, le tout sujet à la livraison de
l'équipement dont les commandes ont déjà été
passées. Cela a été approuvé au niveau du
ministère il y a déjà quelque temps.
Au sujet du Haut Richelieu, compte tenu des difficultés
auxquelles j'ai fait allusion il y a un instant, son ouverture est
prévue pour le début de l'année prochaine, janvier,
février ou mars. Les choses progressent bien. Je ne peux pas là
malheureusement préciser mieux que ça, mais ça serait pour
le début de l'année, tel qu'il a été convenu
d'ailleurs avec les représentants des deux hôpitaux,
l'hôpital du Haut-Richelieu et l'hôpital de Saint-Jean, il y a
déjà trois ou quatre mois maintenant.
Shawinigan-Grand'Mère, on en a, je pense,
parlé suffisamment, à moins que vous ayez besoin de
renseignements additionnels. Quant à celui de Honoré-Mercier
à Saint-Hyacinthe, encore là son ouverture est prochaine. Il doit
y avoir cette semaine ou en fin de semaine dernière mais je pense
que c'est plutôt cette semaine une équipe composée
d'éléments de la programmation et aussi de la direction
générale du financement qui doit rencontrer la direction de
l'hôpital Honoré-Mercier, aux fins de finaliser les choses et de
permettre l'ouverture du nouvel hôpital dans les meilleurs
délais.
Il y a déjà des gens oui viennent de la région de
Joliette. Il y a des chroniques psychiatriques qui ont déjà
été transférés et qui seront logés dans cet
hôpital-là en attendant certaines réparations au vieil
hôpital, où ils seront logés. Il y a des gens là de
la région de Saint-Hyacinthe qui ont été rapatriés
dans leur région, par ce truchement-là.
Saint-François-d'Assise, Montmagny. Eh bien!
Saint-François-d'Assise c'est tout près d'être ouvert, la
construction est terminée. L'hôpital nous a signalé il y a
quelque temps qu'il devait y avoir des raccordements à faire.
Il y a toutes sortes de petites choses au point de vue des
communications à l'intérieur de l'hôpital, des
communications de diverses sortes, soit par téléphone ou soit par
pneumatique ou des choses du genre. Il y a un tas de petites choses qui
demeurent à faire mais, pour ce qui est de la construction
maîtresse, c'est terminé. Au sujet de la répartition des
lits affectés à diverses fins, il y a eu entente entre le
ministère et l'hôpital à cette fin-là.
Donc, il reste à régler les choses, à finaliser les
choses au sujet des communications et aussi à finaliser les ententes
avec la direction générale du financement. A ma connaissance ce
n'est pas encore tout à fait terminé et pour cause, c'est que ce
n'est pas encore tout à fait arrêté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Saint-Georges-de-Beauce et Montmagny, deux
institutions qui se ressemblent beaucoup mais qui ont fait l'objet d'à
peu près du même projet, du même programme d'expansion.
M. CASTONGUAY: Oui, je n'ai malheureusement pas avec moi les notes sur
l'un ou l'autre. Si vous permettez un instant. Passé ce qui avait
déjà été entrevu, autorisé au point de vue
des chroniques à Montmagny, il semble qu'il n'y ait pas d'entente
additionnelle, qu'il n'y ait pas entente pour qu'on développe ce
secteur-là plus avant, là à l'Hôtel-Dieu de
Montmagny. Pour ce qui est de l'hôpital Saint-Georges, malheureusement,
je n'ai pas avec moi de notes suffisantes pour en parler. Est-ce que je
pourrais remettre ça? On pourrait y revenir si vous voulez bien.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que dans le cas où il avait
été prévu une troisième phase je pense
particulièrement à Montmagny où il n'y avait pas de lits
pour malades chroniques où il n'y a pas de lits non plus pour les
patients psychiatriques comme tels, sauf à l'unité qui est dans
l'Hôpital-Général et aussi à la gériatrie
est-ce qu'à ce moment-là c'est déjà
l'hôpital actuel agrandi qui prendra soin de cette vocation? Cela
implique à ce moment-là un réaménagement complet de
la programmation qui avait été faite initialement.
M. CASTONGUAY: Il y a un réaménagement à
l'intérieur de l'hôpital actuel en vue de tenir compte des besoins
des chroniques et aussi de tenir compte de tous les besoins de soins actifs. A
cet hôpital-là, comme dans n'importe quel autre hôpital,
comme dans la plupart des hôpitaux disons ça comme
ça il arrive qu'il y a toujours des chroniques qui sont dans ces
hôpitaux-là. Il s'agit de les reconnaître de façon
particulière, de leur apporter les soins appropriés à leur
état. C'est de cette façon-là que ç'a
été entrevu, c'est de cette façon-là que le travail
progresse à l'hôpital de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): A cet article 12, Subventions, $592 millions,
est-ce que les budgets là on parle de budgets d'opération
ont été prévus pour prévoir l'ouverture en
cours d'année jusqu'au 30 mars 1972 des institutions dont on vient de
parler et de celles dont on n'aurait pas parlé mais qui ont fait l'objet
de construction ou d'agrandissement?
M. CASTONGUAY: Oui, cela a été prévu, d'ici au 31
mars 1972, toutes ces institutions seraient opérantes, seraient en
fonction, doivent l'être. Je signalais tout à l'heure que la
question d'Asbestos, par exemple, ça peut prendre 18 mois.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord. Non, mais je parle...
M. CASTONGUAY: Tel qu'a avait été entrevu pour les
ouvertures, bien, les crédits ont été prévus en
conséquence, à moins que le sous-ministre adjoint, M. Forget,
voie les choses autrement. Mais, à ma connaissance, c'est comme
ça que les choses ont été prévues. Le
décalage voulu d'ouverture a été prévu.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a encore beaucoup de
complications comme il y en avait et comme j'en ai connues pour
l'équipement des hôpitaux avec les Travaux publics, le service des
achats, enfin toute la série de formalités requises, ou si vous
avez constitué un comité spécial? Vous avez fait allusion
tantôt, à un comité spécial pour la programmation,
le financement.
Est-ce que ce genre de "task force", si vous me permettez l'expression,
est suffisant pour éliminer les difficultés d'ouverture des
hôpitaux? En ce qui concerne l'équipement, cela a toujours
été la pierre d'achoppement parce qu'il
y a tellement d'organismes et de services qui doivent intervenir dans
cette opération.
M. CASTONGUAY: A ce sujet, la programmation tente de faire certaines
choses. Cela n'élimine pas, évidemment, les étapes
à franchir. Elles peuvent être éliminées par
ailleurs, mais ce n'est pas de ce fait-là que c'est
éliminé. Le seul but que nous poursuivons à la
programmation en formant ces équipes de travail, c'est de s'assurer que
chacune des étapes est franchie dans les meilleurs délais
possibles et à la satisfaction mutuelle des parties.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne veux pas blâmer ici le
ministère des Travaux publics et le service des achats. Ce n'est pas mon
intention. Ils ont des responsabilités à assumer. Je comprends
qu'il y a un aspect aussi important, très important dans
l'équipement des hôpitaux, c'est qu'on suive la politique
générale du gouvernement et qu'autant que possible on puisse
favoriser l'achat d'équipement qui est fabriqué au Québec,
compte tenu de certaines normes. C'est absolument important parce que trop
souvent, évidemment, l'urgence qu'il y a d'équiper des
institutions peut jouer contre des entreprises du Québec qui devraient
être favorisées dans des investissements aussi importants, que ce
soit pour les hôpitaux, pour les commissions scolaires, pour tout autre
service gouvernemental qui paie des immobilisations à même des
fonds publics.
M. CASTONGUAY: Je voudrais simplement apporter un renseignement d'ordre
général ici, étant donné que vous touchez un autre
aspect de l'équipement des institutions, c'est-à-dire l'achat de
l'équipement en fonction de politiques plus générales, de
modes de contrôle des industries implantées au Québec et de
normes, aussi, à respecter pour la qualité de
l'équipement. En ce qui a trait à l'extérieur du
ministère le gouvernement a formé, il y a quelque temps, un
groupe de travail qui est chargé de réviser, justement, les
politiques du gouvernement au plan des achats, que ce soit dans le secteur de
la santé ou dans le secteur de l'éducation. Il doit non seulement
étudier ces politiques au plan des contrôles, mais aussi des
normes à utiliser ou des écarts à apporter dans les normes
ou des directives ou des modifications mêmes qui pourraient être
désirables dans les pouvoirs des organismes, de telle sorte que ces
achats se fassent en fonction du développement de l'économie.
Nous nous sommes butés à certains de ces problèmes
nous-mêmes. Je pense, entre autres, à l'hôpital de
Saint-Jean d'Iberville, aux deux hôpitaux de Saint-Jean, où il y a
un problème d'ameublement. Il y a une compagnie qui est établie
à Saint-Jean et qui donne de l'emploi. Elle fabrique un type
d'équipement. Le même type d'équipement peut être
obtenu avec des variantes d'un autre fabricant qui, lui, est situé
à l'extérieur du Québec mais qui, dans d'autres de ses
opérations, est établi au Québec. Vous entrez là
dans des cas d'espèce, où, si vous vous placez uniquement au plan
de notre ministère, il n'est pas possible de développer des
politiques. C'est pourquoi nous avions recommandé, justement, la
formation d'un tel comité, d'une "task force" et l'engagement, pour que
le travail de ce comité se fasse à un rythme aussi satisfaisant
que possible, d'une personne qui pourrait y consacrer tout son temps.
Maintenant, je me souviens que le ministre de l'Industrie et du Commerce a fait
la nomination récemment. J'ai oublié le nom de la personne.
M. CLOUTIER (Montmagny): Nous en avions discuté ici, lors de
l'étude des prévisions budgétaires du ministère des
Finances et le ministre des Finances, qui nous a expliqué le
fonctionnement de ce comité, nous a parlé de son mandat. Le
lendemain, en Chambre, le ministre de l'Industrie et du Commerce a rendu
publique la composition du comité.
M. CASTONGUAY: Nos efforts portent donc, à ce stade-ci, sur la
marge de manoeuvre qui nous est laissée par les politiques
générales et à l'intérieur aussi du cadre des
contrôles qui sont exercés par le service des achats ou autrement
sur les demandes de soumission, etc.
M. CLOUTIER (Montmagny): On a parlé des ressources qui ont
été mises en place. C'est entendu que les besoins sont là,
et il ne s'agit pas seulement de ressources physiques et d'équipement.
Il s'agit aussi de ressources sur le plan du personnel sur le plan
professionnel, sur le plan des équipes de santé. Est-ce que le
ministère à ce point de vue prend des initiatives ou donne des
encouragements pour que, dans toutes ces régions où on est
maintenant pourvu d'un bon équipement hospitalier, il y ait des
ressources adéquates sur le plan du personnel et sur le plan
professionnel?
M. CASTONGUAY: Des mesures précises! M. Gaudreault qui est
sous-ministre adjoint aux affaires professionnelles a une certaine
responsabilité. Pour le recrutement des équipes sur le plan
professionnel, par exemple, médical ou autre, c'est la
responsabilité des administrations de s'intéresser et de
s'occuper du recrutement et pour autant que le ministère est
concerné il n'y a pas de rôle direct à jouer pour permettre
ou forcer ou favoriser sinon indirectement l'achat de certains
équipements spécialisés ou plus spécialisés
qui va encourager l'arrivée de tel type de spécialistes à
un endroit. Et là aussi on veut s'efforcer d'avoir une certaine
programmation régionale qui évite la répétition des
mêmes spécialités à des distances assez
rapprochées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a constaté que les
règlements des hôpitaux qui sont en vigueur depuis deux ou trois
ans, je
ne me souviens pas de la date exactement, je pense que c'est 1968
par ses dispositions particulières pouvaient ouvrir davantage des
hôpitaux à certaines spécialités ou du moins
à certains médecins? Est-ce qu'on a constaté des effets
bénéfiques de l'application des règlements
d'hôpitaux pour autant qu'ils sont appliqués?
M. CASTONGUAY: Je serais porté à répondre oui, pour
autant qu'ils sont appliqués.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me permets une question sur les
règlements des hôpitaux parce que ça touche toute la
question du poste 7. Est-ce que d'une façon plus précise on a
réussi, au ministère, par le service juridique ou par un autre
service à évaluer le rendement des règlements des
hôpitaux en termes pratiques pour chacune des institutions et apporter
des modifications dans les cas où les règlements ne sont pas
appliqués assez rapidement?
M. CASTONGUAY: Dans la Loi des hôpitaux, présentement, il y
a une chose qui rend ce travail plus ou moins bénéfique ou plus
ou moins utile. C'est qu'il n'y a pas de sanction en ce qui a trait à
l'application des règlements en vertu de la Loi des hôpitaux,
d'une part.
D'autre part, ces règlements, comme vous le savez, sont des
règlements passablement détaillés, complexes qui, dans
certains cas à l'expérience, s'avèrent inapplicables dans
certains types d'institutions, selon leur taille, etc. Alors, ce qui a
été fait et qui, je pense, constitue la meilleure réponse,
à ce stade-ci, à votre question, c'est que nous avons
formé un groupe de travail qui a revisé les règlements de
la Loi des hôpitaux, de façon aussi exhaustive que possible, qui a
fait des propositions pour catégoriser les hôpitaux et modifier
les règlements selon les catégories. Lorsque ce travail a
été terminé, nous avions le choix d'approuver de nouveaux
règlements qui seraient plus adaptés, dans une certaine mesure,
aux circonstances particulières, d'autant plus qu'il y avait eu
consultation auprès de l'Association des hôpitaux. D'ailleurs, le
Dr Quenneville, entre autres, a travaillé à la rédaction
de ces nouveaux règlements. Finalement, nous avons décidé
de ne pas les adopter à ce stade-ci étant donné le fait
que nous travaillions en parallèle à l'élaboration de la
loi à laquelle j'ai fait allusion.
Ce travail de révision, toutefois, nous a été utile
pour la préparation de la nouvelle loi, du nouveau projet de loi, que je
compte toujours pouvoir déposer cette semaine. Nous comptons bien, au
moins, pour les règlements les plus importants, dès la reprise
des travaux à l'automne, présenter un projet de règlement
qui viendra compléter le projet de loi de telle sorte qu'il soit
possible au moment où nous analyserons de façon définitive
ce projet de loi de voir en parallèle quels seraient les
règlements d'application de cette loi en ce qui a trait à tout le
moins aux règlements les plus importants.
Ce travail en fait constitue une certaine forme de contrôle de la
façon dont les règlements étaient appliqués. Il
nous a servi dans une assez large mesure à l'élaboration d'un
nouveau projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. LAURIN: Une petite question. Est-ce que le projet de fusion de
Rosemont et de Maisonneuve fonctionne toujours?
M. CASTONGUAY: Cela fonctionne à tel point qu'il y a eu une
demande adressée pour fusionner les deux corporations. J'ai signé
la recommandation pour que l'arrêté en conseil soit
adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le problème des cliniques externes,
à Montréal évidemment, est assez aigu. On n'a pas besoin
de reprendre la liste de chacun des hôpitaux avec l'encombrement... le
ministre a probablement vu dans quelles conditions fonctionnent certains des
grands hôpitaux de Montréal et même on pourrait dire de
Québec aussi quant aux cliniques externes. Est-ce que de
côté-là il y a des projets précis? Est-ce que cela
fait partie des priorités du ministère quant à
l'aménagement et du décongestionnement des cliniques
externes?
M. CASTONGUAY: Nous sommes bien conscients du problème, mais il
se pose de façon particulièrement aiguë' dans quelques
institutions. Il y a deux aspects, croyons-nous, de cette situation. D'abord,
l'organisation du travail à l'intérieur des cliniques externes,
et des services d'urgence qui peut faire en sorte qu'avec un personnel
donné, des aménagements donnés, si l'organisation est plus
fonctionnelle, il soit possible d'absorber un beaucoup plus grand nombre de
patients ou encore de réduire considérablement les
périodes d'attente parce que, dans certains cas, les pratiques n'ont pas
tellement évolué avec les changements dans les lois, telles la
Loi de l'assurance-hospitalisation, la Loi de l'assurance-maladie et tout comme
par le passé où la clinique externe était dans une
certaine mesure pour les gens qui étaient de faible revenu. On faisait
venir tout le monde à une heure donnée et là on les
faisait attendre jusqu'à ce qu'on soit prêt à les recevoir.
On constate qu'avec une meilleure organisation pour programmer le travail,
programmer les rendez-vous et aussi astreindre, dans une large mesure les
médecins qui rendent des services, à y être disponibles de
telle sorte que le travail s'effectue, cela constitue déjà un
élément de solution important. Je pense que le meilleur exemple
est celui de l'hôpital Saint-Sacrement, ici à Québec,
où on a modifié le système d'admission, le système
d'enregistrement pour donner tous les renseignements aussi bien à la
clinique externe qu'à l'urgence. Le nombre de
personnes qui attendent, les durées d'attente ont diminué
considérablement et le volume de travail absorbé a
augmenté. Tout ceci avec plus de satisfaction aussi bien de la part des
gens, des patients que de la part des médecins.
Pour que, d'une part, on tienne compte de cet aspect-là qui est
assez important parce que si on ne fait qu'additionner en fonction d'une
demande accrue on risque d'investir plus que nécessaire. Nous avons
demandé à M. Jean-Claude Martin et à un comité de
faire une étude particulière des investissements et des moyens
à prendre dans les institutions où le problème se pose de
façon particulièrement aiguë dans la région de
Montréal, entre autres, afin de faire des recommandations
appropriées à la solution de ce problème, tant au plan des
investissements qu'au plan des modes de fonctionnement.
Maintenant, si ma mémoire est bonne, on lui avait donné un
mandat, une période relativement courte pour qu'il nous fasse
rapport.
M. LAURIN: Est-ce que ce comité-là a fait une étude
de l'utilisation rationnelle et intensive des services hospitaliers, le soir et
en fin de semaine?
M. CASTONGUAY: Cela fait partie du mandat général.
Maintenant, jusqu'à quel point les responsables vont pouvoir faire, dans
un premier temps, une étude exhaustive? On leur a donné un mandat
assez général et demandé un rapport à court terme
pour nous faire des suggestions concrètes, pratiques et applicables
quitte, dans un deuxième temps, à identifier des problèmes
qu'il faudrait étudier à plus long terme.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'imagine qu'un rapport comme celui-là
sera précieux pour les négociateurs, quand il s'agira du
renouvellement de la négociation de la convention collective, parce
qu'il y a un problème de rotation, d'utilisation et de mobilité
du personnel qui est extrêmement important.
M. CASTONGUAY: C'était l'autre point que je voulais mentionner.
Présentement, si nous utilisons du personnel en plus grand nombre, le
soir, les fins de semaine, on ne peut pas énumérer le coût
qui en résulte à cause des conventions collectives actuelles.
C'est la même chose au plan de la mobilité, nous sommes aussi
extrêmement liés par les conventions collectives
antérieures. Même s'il s'agit de renouvellement de conventions
collectives, tout ne peut pas être remis en question selon nos
désirs. La mobilité du personnel à l'intérieur des
institutions est extrêmement limitée. Ce sont deux aspects qui,
sur ces plans-là, limitent considérablement notre marge de
manoeuvre.
M. LAURIN: Est-ce que ce comité étudie aussi certaines
formules pratiquées dans d'au- tres pays, où il y a une
hôtellerie à côté de l'hôpital pour certains
types de malades?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas dans le mandat de ce comité. Ce
travail-là se fait par la programmation, si besoin il y a, comme c'est
le cas présentement à Québec. Nous en avons
déjà des exemples, il y a l'Hôtel-Dieu, l'hôpital
Saint-Sacrement n'est pas une hôtellerie, mais cela s'y rapproche.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'hôpital Notre-Dame.
Une autre question. Par la discussion que nous avons eue
antérieurement et surtout par la mise en place de la direction
générale de la programmation, je vois que ce n'est probablement
pas l'i n t e n t i o n du ministre de créer, parallèlement au
ministère, une régie des hôpitaux, tel que l'avait
recommandé la commission Trahan, dans deux rapports d'enquête
qu'elle m'avait soumis dans le temps. C'est une recommandation, pour ma part,
que je n'étais pas prêt à accepter. Est-ce que c'est aussi
l'opinion du ministre?
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas notre intention de créer une telle
régie.
M. BOIS: Je voudrais poser une question très simple au ministre.
Dans le mot "primes" en réalité, qu'est-ce que vous incluez dans
cette mention-là? Est-ce que ce sont des allocations spécifiques
qui seraient accordées à la suite de recherches médicales
pour un hôpital?
M. CASTONGUAY: Au sous-article 13: Allocations, primes et bourses.
M. BOIS: Non, au poste 7, oui, c'est cela.
M. CASTONGUAY: Au poste 7: Soins généraux, article 1,
sous-article 13.
C'est une nomenclature générale qui s'applique à
tout le gouvernement et qui ne reflète pas nécessairement dans
notre ministère une réalité. Je ne crois pas qu'il y ait
de telles primes dans notre budget, mais seulement des allocations et
bourses.
M. BOIS: Ah bon! Cela répond à ma question.
M. LE PRESIDENT: Cela répond à votre question. Est-ce
qu'il y a d'autres questions?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président nous en voudrait-il si
nous ne parlions pas de Saint-Henri, et des cliniques médicales
populaires? Est-ce que le ministre pourrait élaborer un peu? Il y a
Pointe-Saint-Charles, il y a Saint-Henri, il y a Saint-Jacques.
M. LE PRESIDENT: Vous parlez surtout de Saint-Henri!
M. CLOUTIER (Montmagny): Enfin, il y en a quelques-unes. Est-ce qu'on
pourrait avoir quelques explications?
M. CASTONGUAY: Saint-Henri est un cas un peu particulier. Il y avait
là deux projets de construction d'hôpitaux, d'une part. Il y avait
également le foyer Saint-Henri. Il était d'abord
vétuste.
En plus, dans les plans de réaménagement, dans ce
coin-là, il y avait un autre problème. La commission scolaire
devait utiliser une partie pour la polyvalente. Ce que nous avons fait, nous
avons rencontré dans la plus large mesure possible tous les
intéressés. Nous sommes partis d'un concept qui regrouperait
à la fois le foyer, des lits pour malades chroniques de telle sorte que
les gens qui vont se faire traiter dans les hôpitaux de la ville, s'ils
sont malades pour des périodes assez prolongées, puissent
être, après un stage, hospitalisés près de leur
milieu, dans Saint-Henri ou la région. Nous avons incorporé le
problème du foyer à celui du traitement des malades chroniques et
au développement en fait d'un centre local de services
communautaires.
Nous avons formé une corporation elle est formée si
ma mémoire est bonne nous avons fait une consultation dans le
milieu pour avoir des représentations aussi bien du foyer que de divers
groupes socio-économiques qui s'étaient intéressés
au projet. Du côté de la formation de la corporation, cela
progresse bien. Du côté de la programmation, nous avons,
après une première discussion du type des services,
présentation d'une esquisse générale, poursuivi au niveau
de la préparation des plans et devis plus précis. Maintenant
où en sommes-nous exactement dans le cas de Saint-Henri avec la
préparation, passé le stade de l'esquisse générale?
Je ne suis pas en mesure de répondre.
On a demandé aux gens de l'endroit de nous faire part de leurs
projets de façon particulière et de nous faire une proposition
dans ce sens-là. On me dit que la proposition entre ou est entrée
vendredi dernier. Je ne pourrai pas malheureusement donner plus de
détails que cela puisque cette proposition-là vient tout juste
d'entrer.
Il semble que les responsables entrevoient un budget de fonctionnement
qui est sensiblement dans la ligne de ce qui avait été
prévu, de ce qui leur avait été globalement
proposé. Malheureusement nous n'aurons pas de détails
aujourd'hui, mais leur proposition est entrée depuis un jour ou
deux.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'un tel centre serait relié
à un hôpital majeur, régional, tel que celui de Verdun?
M. CASTONGUAY: Quant aux centres locaux de services communautaires, je
vous ai fait lecture d'un document l'autre jour et je voudrais vous en faire
aussi la distribution. Je n'ai pas pu le faire, étant donné la
maladie de mon attaché de presse, M. Gilbert Athot. Un des
éléments qui nous apparaît essentiel dans le bon
fonctionnement d'un centre local de services communautaires, de telle sorte
qu'au delà des soins courants, lorsqu'un patient doit être
référé à des soins plus spécialisés,
consultations, etc., également pour assurer la continuité des
soins je pense que dans un endroit comme Saint-Henri, cela ressort d'une
façon très claire c'est que le patient qui est
référé à un hôpital, qui doit y faire un
stage continue d'être bien suivi à son retour dans son milieu.
C'est un des éléments donc très importants que nos centres
locaux de services communautaires soient reliés à un
hôpital.
Dans le cas de Saint-Henri, avec quel centre exactement est-ce qu'on a
prévu une telle affiliation? Je ne suis pas en mesure de vous le dire,
mais généralement ce devrait être avec l'un des plus
rapprochés du milieu. Ce peut-être aussi avec plus d'un,
étant donné le fait que dans un hôpital où il peut y
avoir des relations qui s'établissent, cet hôpital ne donnant pas
toute la gamme des services spécialisés. Cette relation peut
s'établir aussi avec plus d'un centre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y aurait une relation purement sur
le plan médical ou si, sur le plan administratif il y aura aussi un
genre de relation avec cette institution majeure ou si c'est par le truchement
des organismes régionaux?
Je voudrais dire, si je peux préciser ma question comme ceci, pas
seulement pour Saint-Henri.
Prenons une région excentrique de la province, l'Abitibi, est-ce
qu'à partir de l'hôpital de Val-d'Or il y a certainement
une relation avec l'hôpital de Malartic ou les hôpitaux satellites
qui débouchent normalement sur cet hôpital régional
cela voudrait dire que le directeur médical d'une telle institution
pourrait également être directeur médical de ces petits
centres satellites? Cela, c'est du point de vue médical. Est-ce qu'aussi
sur le plan administratif, bien souvent surtout dans les régions
éloignées, on peut éprouver certaines difficultés,
parce que ce sont des institutions nouvelles? On parle des centres locaux de
santé. Ce sont des institutions nouvelles là où il
n'existe pas actuellement des ressources de santé. Sur le plan
administratif ils auront probablement besoin d'être sinon
intégrés du moins reliés assez étroitement avec
l'institution majeure.
M. CASTONGUAY: On approche de plus en plus du dépôt du
projet de loi. on va en donner encore un petit bout. Aussi bien du
côté des services de santé que du côté des
services sociaux, il y a des problêmes qui se posent au niveau des
services professionnels comme au niveau de l'administration. Au niveau de
l'administration, par exemple, dans le cas de bien des foyers, nous croyons
qu'il serait possible d'avoir
une administration plus efficace si chaque petit foyer ne constituait
pas une entité autonome au plan de l'administration. Nous avons des
foyers de personnes âgées qui comptent 35 lits, 40 lits et chacun
fait l'objet d'une administration autonome: conseil d'administration, directeur
général; chacun fait le recrutement de son personnel, chacun doit
vivre avec la convention collective qui régit ces employés,
chacun fait ses achats, chacun s'organise avec un programme
d'activités.
On s'aperçoit qu'à un moment donné, si ce n'est pas
un aspect qui en souffre, c'en est un autre parce que ces institutions ne
comptent pas un personnel tellement nombreux. De la même façon
je prenais l'exemple des foyers au plan administratif au plan des
services professionnels les nécessités de relations se posent
comme je le mentionnais pour Saint-Henri ou comme vous venez de le mentionner.
Ce que nous envisageons pour apporter des solutions aussi adaptées que
possible aux diverses situations, c'est la possibilité qu'une
corporation ou un conseil d'administration puisse administrer plus d'un
établissement, que le concept d'une corporation ou d'un conseil
d'administration dépasse l'identité traditionnelle avec un seul
établissement. Exemple, nous pourrions avoir un conseil
d'administration, une corporation et son conseil d'administration qui
administre cinq foyers pour personnes âgées. A ce
moment-là, qu'on n'ait, par exemple, qu'un service de
comptabilité, qu'un service d'achats sur une base locale ou
régionale ou sous-régionale. On croit qu'il y aurait des
avantages à ceci. De la même façon nous voyons la
possibilité que s'établissent des liens par voie de contrats ou
d'ententes entre des établissements comme ceux que je viens de vous
mentionner, aussi bien aux plans administratif que professionnel qu'au plan de
l'enseignement.
Maintenant, le projet de loi parce que présentement le
cadre législatif pour tout ceci n'est pas des plus souples que
nous allons déposer vise à donner la plus grande souplesse
possible pour que les solutions apportées tiennent compte des situations
particulières tout en respectant, en même temps, la
nécessité de maintenir un large degré d'autonomie aux
institutions quant à leur administration.
Le dernier commentaire qu'il m'apparaît important de faire, c'est
qu'au plan des services des centres locaux, des services communautaires, nous
voulons éviter que cela devienne des émanations des
hôpitaux. Bien souvent on pourrait être porté à se
rabattre dans une région sur une ressource existante, un hôpital,
pour le développement de nos centres locaux étant donné
l'existence d'une institution.
On veut plutôt que ces centres locaux s'insèrent, si l'on
peut dire, aussi bien que possible avec le milieu. Il faut donc que ces centres
locaux trouvent leur existence par eux-mêmes et, après cela, que
les liens s'établissent avec les institutions hospitalières.
Vous posiez la question tantôt, je pense que vous avez fait
allusion à Hochelaga-Maisonneuve. C'est un projet, celui-là,
qu'il nous a paru nécessaire d'approuver même avant qu'on ait une
liste plus complète, étant donné que nous voyions
là ce qui nous semblait être le prototype le plus parfait d'un tel
centre émanant d'un milieu, un groupe de citoyens associés avec
un groupe de professionnels.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il pourrait y avoir un tel centre
local de services communautaires à Québec dans des zones
grises?
M. CASTONGUAY: Dans la liste que je vous ai remise l'autre jour, nous
prévoyons deux centres pour la ville ou le Québec
métropolitain pour la première période d'environ deux ans.
L'un est pour la partie de la ville délimitée entre la falaise et
la rivière Saint-Charles; l'autre est pour la partie de la ville au
nord, si ma mémoire est bonne. Non, on n'a pas placé l'autre. On
n'en a retenu qu'un pour le moment. Je voudrais simplement faire une remarque
sur ceci. Même si nous avons dit qu'à Québec c'était
entre la falaise et la rivière Saint-Charles et que nous voulons
implanter ces centres locaux de services communautaires dans des régions
qui ont les plus grands besoins, et bien souvent ce sont les régions les
plus défavorisées, nous voulons et cela va être une
opération peut-être un peu difficile faire bien attention
qu'on n'identifie pas ces centres locaux de services communautaires à
des centres de services de deuxième qualité, parce que ce n'est
pas le cas du tout. En fait, cela répond à un concept tout
à fait essentiel d'un niveau de soins courants avec
référence à un autre niveau de soins
spécialisés et aussi de continuité. Cela, on veut
l'éviter à tout prix, mais le danger qui nous guette c'est,
étant donné que les régions les plus
défavorisées, à Montréal et à Québec
entre autres, sont en même temps celles qui ont le moins d'accès
à des services de santé, qu'en les implantant d'après un
ordre de priorités, on dégage comme conclusion que ce sont des
services de deuxième ordre. Ce n'est pas cela qu'on veut atteindre du
tout.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, avec les réponses
que le ministre nous a apportées depuis l'étude des
prévisions budgétaires, nous considérons que la loi a
été déposée en première lecture. Je pense
que nous devons la connaître substantiellement, au cas où le
ministre ne pourrait pas la déposer avant la fin de semaine.
M. CASTONGUAY: On s'en vient bien, je pense.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il reste d'autres points auxquels le ministre
pense et sur lesquels on n'a pas pensé de lui poser des questions, il
peut en ajouter. Pour ma part, M. le Président, je serais prêt
à adopter si mes
collègues n'ont pas d'autres questions, l'article 1 du poste
budgétaire 7.
M. LE PRESIDENT: Pas avant, s'il vous plaît, que je remercie le
député de Montmagny pour sa magnifique question. Merci, M. le
ministre pour votre réponse.
Soins aux malades mentaux
M. CLOUTIER (Montmagny): Au poste 7, article 2, M. le Président,
étant donné que le député de Bourget est un homme
de la spécialité, qu'il est un psychiatre, je vais lui laisser
poser la première question.
M. LAURIN: Merci. Le ministre nous avait promis une déclaration,
je crois.
M. CASTONGUAY: Je vais vous remettre dans ce cas-ci des copies de mon
texte. En fait, avant de lire le texte, je vais faire une très
brève rétrospective. J'espère être aussi objectif et
aussi exact que possible. De toute façon, je vais la faire brève
et on pourra, au moment de la discussion, aller plus en profondeur sur des
aspects particuliers.
Il est évident que, dans le domaine de la psychiatrie au
Québec, des progrès considérables ont été
atteints ou réalisés plutôt depuis 1961, lors
des travaux de la commission d'étude des hôpitaux psychiatriques.
Je crois que c'est comme cela qu'on avait appelé cette commission.
On peut en juger simplement par les budgets où beaucoup de
rattrapage s'est fait, par la formation du personnel professionel, où le
nombre de professionnels, soit psychiatres, psychologues, etc., a
été augmenté considérablement, où le concept
de régionalisation a été accepté. Des
coordonnateurs régionaux ont été nommés; une
direction qu'on peut qualifier objectivement de dynamique a fonctionné
au ministère depuis cette période. Aussi, les notions ont
évolué aussi bien au niveau de la population que dans le milieu,
sauf que dans les hôpitaux généraux, je déplore pour
ma part, peut-être à tort, le peu de progrès qui semble
avoir été fait d'une meilleure acceptation de la psychiatrie
comme un service ou comme une dimension du réseau de services qui
devrait exister de plain-pied.
C'est mon appréciation très générale de ce
qui s'est fait au cours des huit ou neuf dernières années. Au
moment où nous avons décidé d'intégrer les deux
ministères, se posait, comme pour bien d'autres secteurs, le
problème des services psychiatriques. Nous avons pris, comme vous l'avez
vu, l'option de faire à l'intérieur du ministère des
structures qu'on a appelées fonctionnelles et de ne pas distinguer
à partir de ces structures les types de programmes ou les types de
services, mais plutôt d'assurer dans la nomination des sous-ministres
adjoints un équilibre pour que l'un des anciens ministères ne
prenne pas la préséance sur l'autre ou encore qu'on ait un
équilibre aussi bon que possible pour que chacun, dans l'exercice de ses
responsabilités, soit en mesure de voir les diverses dimensions de
chacun des problèmes de l'organisation, du financement, de la
planification des divers types de services et de s'en référer
autant que possible, lorsque nous arrivons aux problèmes très
spécialisés, à des expertises. Comme nous l'avons
mentionné, il ne nous semble pas possible de maintenir à
l'intérieur du ministère une équipe de professionnels
spécialisés qui pourraient, sur une multitude de problèmes
qui se posent, nous donner des expertises et en même temps se tenir
à jour avec l'évolution des pratiques, de la connaissance et
demeure en même temps dans le milieu. Ce qui nous apparaissait
extrêmement important.
Nous avons donc pris la décision générale de ne pas
maintenir à l'intérieur des structures, ce que nous appelions des
structures basées sur des programmes... Ceci signifiait, comme pour bien
d'autres services, la disparition des services psychiatriques. Cela pouvait en
même temps poser un autre problème d'un ordre peut-être un
peu différent compte tenu des difficultés éprouvées
par la spychiatrie, difficultées auxquelles j'ai fait allusion
précédemment, de maintenir vivante à l'intérieur du
ministère, dans la législation, dans l'allocation des budgets, la
présence de la psychiatrie. Nous avons eu, comme vous le savez, une
divergence d'opinion sur ce point avec le Dr Dominique Bédard qui aurait
voulu maintenir, d'une façon beaucoup plus clairement identifiée,
les services psychiatriques, entre autres choses, parce qu'il y a d'autres
causes ou d'autres raisons qui ont mené à sa démission.
Nous avons refusé ce point de vue. A notre avis, un problème
réel se pose: celui de maintenir auprès du ministère un
interlocuteur qui puisse faire en sorte que, dans la législation, dans
l'allocation des ressources, dans le développement des programmes, des
politiques, la dimension de la santé mentale soit une de nos
considérations toujours importantes. Le problème de l'orientation
que nous devons prendre se pose également dans l'organisation des
services. Et là, nous nous butons à un problème qui
dépasse et qui, à mon avis, n'est pas relié à celui
des structures du ministère. Il est plutôt, après huit ou
neuf ans depuis la publication du rapport un genre de remise en
question des orientations prises dans le domaine de la psychiatrie, où
il y a des tenants d'une psychiatrie plus traditionnelle et des tenants d'une
psychiatrie dite communautaire.
Sur ce plan également, nous croyons devoir prendre une
orientation mitoyenne, étant donné le fait que même si les
tenants d'une psychiatrie dite pleinement communautaire nous convainquaient du
bien-fondé de leur désir de s'orienter davantage en fonction du
milieu qui crée les problèmes dans nombre de cas. Nous devons
tenir compte du fait aussi qu'il y a présentement des hôpitaux
avec des malades
psychiatriques qui y sont hospitalisés. On doit en tenir compte.
Deuxièmement, ce que nous connaissons des causes des troubles
psychiatriques ou des maladies mentales ou psychiques, ces causes ne
proviennent pas uniquement du milieu, mais peuvent être dues à un
déséquilibre de l'individu, aussi bien physique que d'un autre
ordre. Nous ne pouvons, comme ministère, compte tenu du fait que
quotidiennement nous devons répondre à des impératifs
extrêmement contraignants, nous rabattre sur l'une ou l'autre des
thèses, sans nuances.
On reconnaît, d'autre part, qu'il y a affrontement entre deux
écoles et c'est sain. D'ailleurs, on a suivi, d'aussi près que
possible, les colloques ou discussions qui ont pu avoir lieu sur la question.
De façon très générale et j'aimerais si le
Dr Brunet voulait ajouter à ceci, après avoir lu le texte
c'est la façon dont j'ai vu les choses évoluer, les
décisions que nous avons prises et les orientations que nous croyons
devoir prendre. A la lumière de cette évaluation de ces
problèmes, nous avons écrit le présent document qui traite
de l'orientation que nous aimerions adopter. Avant de l'adopter, nous croyons
nécessaire qu'il constitue un élément de discussion, aussi
bien ici qu'avec nos coordonnateurs régionaux et avec des personnes
intéressées de l'extérieur.
Alors, si vous me le permettez, je vais en faire la lecture. Il est
assez bref: "La psychiatrie constitue l'une des préoccupations
fondamentales du ministère des Affaires sociales à laquelle une
attention particulière sera donnée au cours des prochains mois.
Au Québec, depuis le début des années 1960, la psychiatrie
a connu un développement considérable, qui est tout à
l'honneur de ceux qui y ont présidé. Pourtant, il faut se rendre
compte que, cette première étape passée, nous sommes
parvenus au moment où il est nécessaire de
réévaluer l'approche qu'il convient d'adopter face aux services
psychiatriques, compte tenu des développements qui sont survenus dans le
secteur de la santé, telle la nécessité qui s'impose de
plus en plus d'une médecine globale et intégrée et la
croissance considérable des coûts.
A cet égard, l'existence d'un réseau de services
psychiatriques tout à fait distinct et parallèle au réseau
général des services de santé, si utile et si
nécessaire qu'il ait pu être à une époque
donnée, ne nous apparaît plus devoir être maintenu. Une plus
grande intégration du réseau des services psychiatriques à
celui des services de santé doit être réalisée,
intégration ne veut pas dire cependant perte de tout particularisme.
C'est dans cette optique que nous avons fait disparaître, lors de
l'intégration des ministères de la Santé et de la Famille
et du Bien-Etre social en celui des Affaires sociales, la direction des
services psychiatriques. Cela ne signifie pas cependant qu'il ne soit pas
souhaitable et même nécessaire d'avoir un interlocuteur clairement
identifié, en ce qui a trait au domaine psychiatrique. Nous cherchons,
à l'heure actuelle, à régler ce problème.
C'est dans cette optique également que nous sommes à
élaborer les grandes orientations que le ministère des Affaires
sociales entend poursuivre dans le domaine de la psychiatrie au cours des
prochaines années. D'ores et déjà, je puis affirmer que
l'accent sera davantage mis sur le malade mental et sa protection que sur les
établissements qui en prennent soin et que la voie que nous explorons se
situe à mi-chemin entre le modèle traditionnel, dit
médico-légal, où on considère le malade mental
comme un individu dangereux pour la société, et le modèle
tout à fait à l'opposé de la psychiatrie communautaire
qui, partant du principe que le malade mental est un malade comme un autre,
renonce à organiser le système psychiatrique.
Issue de la confrontation du modèle médico-légal et
du modèle de psychiatrie communautaire, la voie présentement
explorée reconnaît le coût trop élevé pour la
société du modèle médico-légal qui aboutit,
en fait, à constituer d'immenses garderies où stagnent pendant
plusieurs années des individus qui ont été totalement
désocialisés par des mesures absolues de dépossession de
leur liberté et de leurs biens. Ainsi, selon cette orientation, il nous
semble possible, contrairement à l'affirmation
médico-légale, de réaliser une politique
générale de la santé qui s'exprime dans une planification
et une programmation s'appli-quant à l'ensemble du réseau de
santé.
Les caractères particuliers de la psychiatrie n'exigent pas que
l'on maintienne deux systèmes qu'il est impossible de coordonner.
Toutefois, cette orientation, contrairement à ce que pensent certains
tenants de la psychiatrie communautaire, permet que l'on tienne compte des
caractéristiques particulières au système de soins des
maladies psychiques et d'organiser un système de protection des biens
assez souple qui, toutefois, ne désocialise pas le malade.
Cette orientation permet non seulement le respect du caractère
propre aux besoins dans le domaine de la psychiatrie, mais vise à faire
naître les conditions susceptibles de les satisfaire. Ainsi, cette
orientation cherche à rendre possible la prise en charge de l'homme
malade d'une façon globale, qui tienne compte aussi bien de son droit
aux soins que du régime de gestion de ses biens. De plus, cette
orientation vise à assurer la multi-disciplinarité de l'approche
de l'homme malade, car chacun sait qu'en psychiatrie le diagnostic est bien
souvent posé par le milieu lui-même, de là la notion de
psychiatrie communautaire.
Enfin, cette orientation vise à rendre possible la
continuité de la relation entre le psychiatre et le malade,
continuité qui doit être à la fois souple et étendue
à divers domaines.
Enfin, cette orientation vise à réduire au maximum
l'obligation faite à un individu de subir un traitement contre sa
volonté. En vertu de cette orientation, ce n'est plus
l'intérêt collectif qui contraint l'individu aux soins, mais
plutôt l'intérêt particulier du malade qui ne peut exercer
lui-même son propre droit aux
soins. Bien sûr, comme toute orientation médiane, celle-ci
demande beaucoup d'imagination, de travail et de cohérence de
pensée.
Nous espérons pouvoir bénéficier de la
collaboration et des conseils de tous les gens qui s'intéressent
à cette question. Le Québec, qui bénéficie
déjà d'une réflexion profonde sur le régime de la
santé et de la mise en place, dans le secteur psychiatrique, de
programmes très évolués, doit pouvoir donner l'exemple
d'une réalisation à la fois cohérente et novatrice dans ce
secteur. Nous avons présentement en main un avant-projet de loi
d'hygiène mentale qui nous a été remis par le bureau
d'étude de la législation psychiatrique. C'est à partir de
cet avant-projet, dans le cadre de la grande orientation qui vient d'être
exposée, que nous avons l'intention de préparer un projet de loi
que nous entendons présenter pour adoption par l'Assemblée, lors
de la session d'automne.
J'ai ici des copies, M. le Président, de ce texte que je voudrais
qu'on distribue aux membres de la commission, et avant d'écouter les
commentaires et les questions, est-ce que le Dr Brunet a quelque chose à
ajouter? Non. Cela va?
M. LAURIN: C'est un texte très dense, qui se prêterait
plutôt à la discipline du commentaire, donc qu'il faudrait
étudier avant de pouvoir le commenter. Non seulement il est dense, mais
il est très complexe et il recouvre une réalité mouvante,
une réalité conflictuelle. Et même si le texte
atténue les angles des conflits, on les sent quand même
sous-jacents tout au long du texte, c'est en même temps un texte qui
témoigne du progrès de la psychiatrie, non seulement au cours des
dix dernières années mais dans sa période actuelle.
Je suis aussi d'accord avec le ministre pour dire que la psychiatrie a
fait un extraordinaire bond en avant depuis dix ans. Je suis aussi d'accord
avec lui pour dire qu'en raison même de ce progrès, il est
important de s'arrêter et de repenser ces orientations, de voir de
nouvelles directions conformément à l'adage qui veut que le
progrès pose autant de problèmes qu'il en résout.
C'est du progrès même de la psychiatrie que naissent les
problèmes avec lesquels nous sommes confrontés actuellement.
Il me tenterait beaucoup ici de troquer mon titre de
député pour mon titre de psychiatre et faire des commentaires
très spécialisés parce qu'il s'agit là de
problèmes qui ont fait mon pain quotidien durant une vingtaine
d'années.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a le ministre des Affaires culturelles qui
pourrait peut-être aussi participer à la discussion.
M. LAURIN: Mais, je me réserve, si le ministre me le permet, de
troquer ce titre de député pour celui de psychiatre et je lui
promets de mettre son texte à la discipline du commentaire et de lui
faire parvenir des commentaires spécialisés.
M. CASTONGUAY: Pour enchaîner dans ce que disait le
député de Montmagny, il me ferait plaisir d'en discuter avec vous
et le ministre des Affaires culturelles qui, à plusieurs reprises, a
mentionné ou a fait preuve du même intérêt
vis-à-vis de ce problème.
Maintenant, entre-temps, le Dr Brunet a eu déjà quelques
rencontres avec les coordonnateurs régionaux qui, eux, nous ont fait des
propositions au plan des structures plus précisément, nous devons
discuter avec eux. Ils s'interrogent aussi au plan de l'orientation à
prendre et nous souhaitons, évidemment, comme nous le disons dans le
texte, qu'il y ait un "input" ou des réactions qui nous viennent de
l'extérieur, vis-à-vis de ces orientations, aussi bien par la
voie des coordonnateurs que par la voie d'une rencontre qu'il nous ferait
plaisir d'avoir et aussi au moment où nous présenterons le projet
de loi de l'hygiène mentale.
M. LAURIN: D'ailleurs, parallèlement à ce mouvement, le
département psychiatrique de l'Université de Montréal est
en train de repenser tout son enseignement justement pour faire droit à
ces nouvelles exigences, à ces nouvelles orientations. Les reponsables
sont aux prises que ceci vous console exactement avec les
mêmes problèmes, les mêmes conflits, les mêmes
orientations divergentes et, eux aussi se demandent dans quelle direction ils
vont se lancer. C'est une période féconde, excepté que
vous êtes obligé probablement de choisir plus vite qu'eux.
M. CASTONGUAY: Nous devons vivre les réalités
quotidiennes.
M. LAURIN: J'en viendrai à quelques points plus
spécifiques. Je rejoins le ministre quand il déclare que les
services de psychiatrie dans les hôpitaux généraux n'ont
pas eu plus de succès que ce qu'ils ont eu. Je me rappelle qu'une
ordonnance, une directive avait été émise par le
ministère à un moment donné je ne sais pas il y a
combien d'années à l'effet que tout nouveau projet de
construction d'un hôpital devait comporter un certain pourcentage de lits
affectés à la psychiatrie, un pourcentage de lits qui avait
été fixé à 15 p.c. Par la suite, on avait
obligé de le baisser à 10 p.c. devant la répugnance des
conseils d'administration d'hôpitaux à allouer autant de lits pour
la psychiatrie. Je pense même que cette directive a dû être
oubliée en cours de route parce que les nouveaux hôpitaux,
certains en tout cas, ne comportent aucune allocation de lits pour la
psychiatrie.
Ma première question serait justement de savoir l'état de
la question dans les hôpitaux en construction et dans les hôpitaux
actuellement construits ou dans les projets d'hôpitaux.
M. CASTONGUAY: Nous nous butons au même problème de la
résistance. Nous pourrons en parler de façon plus
spécifique, mais j'ai mentionné tantôt l'exemple du nouvel
hôpital de la Mauricie, l'hôpital de Grand'Mère, et
l'hôpital Laflèche, je pense, trois hôpitaux. Un des
endroits où nous avons échoué dans nos efforts
d'établir une répartition des ressources, des services, avec la
collaboration des institutions, c'est justement sur ce point-là. C'est
tellement clair lorsqu'on voit comment, s'étant butés entre eux
à cette impossibilité de s'entendre, chacun nous a fait parvenir
ses propres propositions. On voit qu'ils ignorent complètement la
psychiatrie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais dire au ministre là-dessus
que je pense que, dans chacun de ces projets, on pourra revoir la programmation
initiale et je serais bien surpris s'il n'y a pas des lits de psychiatrie de
prévus dans chacun des projets et, du moins pour autant que je me
souvienne, durant les quatre ou cinq dernières années.
Je pense qu'il y a toujours eu, dans la programmation du départ,
des unités, des lits, mais peut-être qu'une fois l'hôpital
construit, c'est un autre problème.
M. CASTONGUAY: Le Dr Brunet va commenter la situation.
M. le Président, dans chacun des hôpitaux qui vont
s'ouvrir, et dont ont parlé M. Bergeron tout à l'heure et le
député de Montmagny, il y aura des unités de psychiatrie
de prévues. Le problème qui reste à déterminer,
c'est s'il y aura des psychiatres. C'est un deuxième type de
problème. On a parlé tout à l'heure des conflits des
nouvelles orientations et tout ça. Or, une des difficultés que
nous éprouvons de façon très courante, c'est que les
psychiatres, à cause de la tradition et à cause des
difficultés qu'ils ont eues au cours des dernières années
à s'intégrer dans les hôpitaux généraux et
d'y obtenir ce qu'ils jugent indispensable pour travailler, ont beaucoup de
résistance à aller travailler dans un hôpital
général. Un de nos objectifs qu'on a déjà
commencé à étudier quant à la programmation et au
financement, c'est de discuter et de leur donner notre appui total
vis-à-vis du fait que les hôpitaux généraux leur
donnent les facilités nécessaires dans des limites
budgétaires raisonnables. Mais il importe qu'on n'essaie pas toujours de
chercher d'autres solutions, c'est-à-dire, si l'hôpital
général ne répond pas à leur demande, de construire
un autre petit hôpital psychiatrique à côté. On pense
qu'il y a moyen de convaincre les conseils d'administration, les directeurs
généraux d'accepter que la psychiatrie soit
intégrée au milieu hospitalier général.
M. LAURIN: Par contre, si on s'est heurté à une telle
résistance dans tous les hôpitaux généraux,
même ceux qui avaient des services de pyschiatrie existants, et que ceci
a pu avoir comme conséquence qu'on a annulé des
départements qui devaient être construits d'une part, il faut se
demander quelles en sont les raisons. Cette résistance va beaucoup plus
loin que l'annulation de projets, c'est que les psychiatres et les
départements de psychiatrie dans les hôpitaux
généraux sont aussi considérés comme un peu
à part, sont parfois un peu considérés comme
ostracisés. Ils n'ont pas les mêmes régimes de salaires,
ils n'ont pas les mêmes disciplines pour le personnel et ainsi de suite.
Or il y a une raison. Je vais vous citer un de mes pères spirituels,
Freud, qui a dit un jour: "Si quelqu'un me dit que je suis un cheval, je ris de
lui; si une deuxième personne me dit que je suis un cheval, je commence
à me gratter la tête, et si une troisième personne me dit
que je suis un cheval, je vais m'acheter une selle." Il y a donc toujours des
raisons et je me demande si ça ne tient pas au fait que la psychiatrie,
à l'intérieur des disciplines médicales, n'est pas une
discipline comme les autres, de la même façon que le Québec
n'est pas une province comme les autres au sein de la
Confédération. Parce que, quand même, le traitement
psychiatrique...
M. CASTONGUAY: Ce n'est pas tout le monde qui dit que le Québec
n'est pas comme les autres...
M. LAURIN: C'est tout le monde, les fédéralistes et les
antifédéralistes disent la même chose. De toute
façon, je pense que ça tient à une réalité
et il faut la sortir, identifier cette réalité-là et
l'évaluer. Je pense qu'il y a deux différences qui distinguent le
malade psychiatrique, le diagnostic et le traitement psychiatrique des autres.
Le premier, c'est la jonction corps-esprit, en ce sens que pour être un
psychiatre, il faut s'occuper aussi bien du substrabiologique que l'on doit
connaître complètement, que de la dimension qu'on peut appeler
spirituelle au sens large, qui comprend la dimension psychologique et la
dimension sociologique, sociale, de plus en plus. Nous sommes constamment
obligés d'aller d'un côté et de l'autre et c'est
là le premier caractère spécifique et de là,
nous sommes obligés de paaser à un autre, au point de vue des
conséquences en ce qui concerne le diagnostic et le traitement. C'est
que, la plupart du temps, une maladie psychiatrique est au départ une
maladie chronique, presque au départ, en ce sens que ça prend
beaucoup de temps pour l'évaluer, en faire le diagnostic. Il faut voir
les parents, il faut voir le malade, il faut voir le milieu, ce qui prend
déjà beaucoup plus de temps que pour une maladie physique.
Deuxièmement, quand nous arrivons au traitement, il faut mettre
plusieurs disciplines à l'oeuvre pour en étudier convenablement
tous les aspects quand arrive la formule d'assistance sociale, il faut faire
intervenir non seulement le milieu hospitalier proprement dit mais toutes
sortes d'institutions annexes, que ce soit l'ate-
lier protege, le foyer affilié, le centre de jour, le centre de
nuit, justement à cause de toutes les facettes, les dimensions que
comporte une maladie psychiatrique. En plus, il y a le facteur durée,
étant donné que la causalité remonte souvent très
loin, soit dans les quelques années qui précèdent et
même les prédispositions qui datent d'avant. Avant de pouvoir
réparer ou même guérir tout ça, ça prend
beaucoup de temps.
Et je pense que c'est l'instinct des médecins dans les
hôpitaux qui disent: Ces malades, nous n'avons pas affaire à eux
parce qu'ils ne ressemblent pas aux autres. Il faut plus de temps pour les
traiter, plus de monde, plus d'institutions, plus d'argent. Il y a une sorte de
réflexe, une sorte de mouvement naturel qui tend à les exclure.
Et même dans les hôpitaux généraux, comme je le dis,
ils finissent par s'exclure ou par être exclus, d'où les crises
que nous avons connues à Saint-Luc et qui pourront se
répéter ailleurs.
Je pense que la seule façon de venir à bout du
problème, c'est de faire une distinction. Peut-être qu'il est bon
qu'il y ait des services de psychiatrie dans les hôpitaux
généraux. Il ne faut pas condamner cela. Il faut que cela reste
parce que le malade psychiatrique est un malade comme les autres, qui souffre.
En ce sens, il a des points communs avec les autres. Il y a aussi le
substrabiologique pour lequel nous avons besoin des services de laboratoires.
Donc, il est bon que ce soit là; il est bon que les médecins
psychiatres rencontrent les autres, également. C'est une autre raison
qui favorise l'intégration. Il ne faut pas l'arrêter, mais il faut
voir jusqu'où doit aller l'intégration. L'intégration,
à mon avis, ne doit porter que sur quelques périodes de la
maladie. C'est peut-être là le secret.
De la même façon que vous avez dit tout à l'heure
qu'au lieu de s'occuper des institutions on va maintenant s'occuper du malade
et de la période d'hospitalisation obligatoire où il n'est pas
capable d'exercer son droit à la santé, de la même
façon, dans l'hôpital général, on devrait
peut-être particulariser la facette de la maladie dont l'hôpital
général doit s'occuper. Par exemple, l'urgence, je pense que cela
doit continuer à aller à l'hôpital général
parce que les services y sont déjà en place pour s'occuper de
l'urgence, ou encore la période très aiguë de la maladie
ainsi qu'un certain type de maladie. En somme, limiter à quelques
facettes, à quelques dimensions de la maladie psychiatrique
l'utilisation de l'hôpital général et prévoir pour
les autres aspects de la maladie qui rebutent l'hôpital
général, qui vont contre la tradition de l'hôpital
général, qui suscitent une résistance profonde et
aiguë de la part de l'hôpital général, d'autres types
d'institutions, que ce soit le service à domicile, que ce soit le petit
hôpital psychiatrique, que ce soit le centre local de santé, le
centre communautaire de santé qui, lui, va avoir un très,
très grand rôle à jouer en déchargeant
l'hôpital général aussi bien qu'en donnant une dimension
spécifique, une réponse spécifique à la maladie
mentale aussi bien que ces autres institutions dont je parlais tout
à l'heure au lieu de s'entêter à vouloir confier
à l'hôpital général toute la dimension
psychiatrique. Si on le fait, à mon humble avis et voilà
quinze ans que j'étudie la chose on va toujours se heurter aux
mêmes résistances, butter contre un mur, perdre de l'argent,
susciter des antagonismes et on ne sera pas plus avancé à la fin.
J'ai l'impression qu'il faut d'abord reconnaître ce en quoi la maladie
psychiatrique est spécifique et ensuite voir quel type d'institution ou
quel morceau d'institution peut s'ajuster à ses caractéristiques
spécifiques. C'est très général, mais je tenais
quand même aujourd'hui à dire cette orientation très
générale parce qu'ensuite, avec des discussions ou des colloques,
on peut voir comment chaque type d'institution peut s'ajuster en ses lieu et
place pour répondre à une demande spécifique soit du
malade, soit du médecin qui soigne les malades ou de l'équipe qui
soigne les malades. En tout cas, c'est une chose que je pourrai
développer quand je vous rencontrerai.
M. BOIS: M. le Président, à la suite des remarques du
député de Bourget, il me fait plaisir de mentionner comme lui
qu'en réalité l'urgence devrait coller à l'hôpital
général parce que, cheval de Freud ou âne de Lafontaine, je
n'ai pas l'intention de ruer mais plutôt de parler. Je tiens à
féliciter le ministre pour l'idée qu'il a apportée ici
surtout quand il mentionne que son intention est de procurer des soins qui ne
désocialisent pas le malade. Incidemment, je souhaiterais ici que le
ministre rencontre celui qui s'est occupé de la préparation du
bill de la curatelle publique. Je pense que cela pourrait peut-être aider
dans un certain domaine.
Maintenant quant à l'intégration aux soins
généraux, j'endosse l'opinion du député de Bourget
à l'effet qu'il y a peut-être bien des cas qui pourraient entrer
dans les grandes institutions et qui, à cause du manque d'examens dans
les hôpitaux généraux, doivent demeurer parfois plus
longtemps dans les institutions psychiatriques qu'ils ne devraient le faire en
réalité. Ce sont les remarques que j'avais à faire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre n'a pas de commentaire, j'aurais
une question à poser.
Tantôt il a parlé d'un interlocuteur qui viendra au
ministère remplacer ceux qui sont partis. Où serait-il dans le
ministère et quelle serait sa fonction?
M. CASTONGUAY: Il serait important qu'il soit si on pouvait
recruter un psychiatre, par exemple soit à la planification, soit
à la programmation. Maintenant, ça va bien, c'est bien dit, c'est
vite dit mais nous ne l'avons pas
le psychiatre. Il y a le problème des échelles de
salaires. Il y a aussi, j'imagine, dans l'esprit de certains, le
problème de se dissocier de leur milieu pour prendre une fonction qui,
même si elle est dans la planification, revêt des aspects
administratifs. Alors, nous n'avons pas de candidat présentement. Il y a
aussi l'autre approche qui nous a été suggérée et
que nous examinons. Ce serait un genre de rencontre plus ou moins statutaire
avec les coordonnateurs régionaux en psychiatrie qui pourraient
constituer à ce moment-là un interlocuteur. De toute
façon, à défaut d'un fonctionnaire intégré
à la direction de la planification et de la programmation, il nous
faudra développer même si c'est pour une période
temporaire, d'ailleurs, comme ç'a été le cas, depuis
quelque temps un autre mécanisme. Depuis quelques semaines, je
sais que le sous-ministre a rencontré les coordonnateurs
régionaux pour discuter ces problèmes et d'ailleurs, au moment
où vous faisiez vos commentaires, docteur Laurin, il disait que
lui-même de façon générale, il était d'accord
sur cette orientation générale ou cette façon
générale de voir le problème.
M. LAURIN: Maintenant, M. le Président, étant donné
que les statistiques montrent que la "prevalence" de la maladie mentale
je ne veux pas dire la grande psychose, du désordre émotif
augmente constamment, qu'il y a peut-être une famille sur cinq qui compte
des gens qui souffrent de ces troubles-là, étant donné que
nous avons déjà eu 24,000 lits affectés à la
psychiatrie dans le Québec, ce qui était quasiment la
moitié de tous les lits, étant donné qu'il y a plusieurs
institutions qui émargent au budget du Québec il y en a
dix-sept au moins de ces grandes institutions; il s'en ajoute tous les ans avec
les cliniques régionales moi je crois à la
nécessité absolue d'avoir un ou deux psychiatres dans le
ministère, pour toutes sortes de raisons. D'abord pour la planification,
non seulement la planification psychiatrique proprement dite mais toute la
planification de la santé puisqu'il faut beaucoup mieux parler d'une
dimension de la santé que de maladie à ce titre-là et je
pense qu'un psychiatre formé à cet effet il commence
à y en avoir ce serait très utile pour la planification
générale de la santé. Deuxièmement, il serait
très utile pour la programmation, la mise en oeuvre de tous les
programmes nouveaux et anciens. Il serait très utile aussi, comme
consultant pour le directeur des finances quand arrive le moment
d'étudier les budgets...
M. CASTONGUAY: Et après l'étude des budgets.
M. LAURIN: ...et après, pour le contrôle et
l'exécution. Donc, moi je crois que ça s'avère absolument
essentiel et je pense que vous pourrez en trouver.
M. CASTONGUAY: Nous n'avons pas aban- donné nos efforts pour en
recruter un mais ce n'est pas un problème facile.
M. LAURIN: Je me demande aussi s'il n'y aurait pas utilité de
ressusciter quelque chose qui a déjà existé, une sorte
ce que les Américains appellent un "ressource body"
d'organisme paraministériel qui se réunirait d'une façon
régulière un peu comme le Conseil des affaires sociales et de la
famille. Cela pourrait même être une des sections du Conseil des
affaires sociales et de la famille qui serait chargée, d'une
façon plus spécifique, d'étudier ces
problèmes-là un peu comme le conseil le fait, des gens qui sont
dans le milieu, qui travaillent dans le milieu mais à qui on confie des
mandats. Je me demande si une section du Conseil des affaires sociales ne
pourrait pas être formée pour étudier d'une façon
plus spécifique vos problèmes actuels, vos problèmes
futurs. Elle pourrait demander au ministère aussi d'étudier
certains problèmes qu'eux jugent importants, quel que soit le nom qu'on
lui donne, c'est la fonction qui m'intéresse bien davantage.
M. QUENNEVILLE: Avant que nous n'allions plus loin, je pense qu'il
serait assez important de savoir dans votre conception de ce conseil, comment
vous prévoyez justement que les représentants des deux
écoles, l'école traditionnelle et l'école...
M. LAURIN: Les deux écoles devraient être
représentées, surtout toutes les disciplines. Il faudrait qu'il
soit miltidisciplinaire évidemment. Egalement au niveau des offices
régionaux de santé, la question va se poser: Quelle part
faudra-t-il faire à la psychiatrie dans ces offices régionaux?
Moi, je crois qu'étant donné la "prevalence" de la maladie
mentale, le nombre des institutions, l'importance de la dimension
psycho-émotive dans le comportement des gens, il faudra peut-être
leur faire une place un peu plus grande en ce sens que, là aussi, leur
utilité sera aussi bien au niveau de la planification ou de la
prévention que du traitement. Je ne sais pas quels sont les projets du
ministère là-dessus mais je suggérerais au ministre de
prévoir une place un peu plus grande qui ferait droit à ces
aspects spécifiques dont je parlais tout à l'heure. Ils sont
spécifiques au point que si nous les négligeons, nous nous
buterons la tête dessus et nous aurons peut-être des
problèmes que nous n'aurions pas eus autrement. Donc, au niveau des
offices régionaux de santé, je verrais une identification plus
précise pour ces spécialistes-là. Ce ne seraient pas
nécessairement des psychiatres d'ailleurs, mais des gens qui
s'intéressent à cette dimension de l'homme contemporain, d'une
part, et qui, en même temps, auraient un rôle un peu plus important
en ce qui concerne l'exécution des programmes.
Peut-être que, de cette façon-là, on pourrait
éviter les drames qu'on a connus dans certains
hôpitaux généraux. On pourrait les prévenir
et aussi amener une exécution plus complète, plus mouvante et
plus dynamique des projets que votre division de planification et de
programmation va élaborer au cours des années. Encore une fois,
c'est assez général mais je sens que vous êtes au
début de quelque chose et l'on pourra mettre un peu d'étoffe
autour de ces grands thèmes au cours de discussions
subséquentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre pourrait tenter de convaincre le
député de Bourget d'abandonner la politique active pour aller au
ministère des Affaires sociales prendre charge des
responsabilités dans ce secteur. Etant donné que vous n'en
êtes qu'au tout début, docteur, c'est le début, il serait
important que vous y songiez dès maintenant.
M. LAURIN: Il y a un autre problème que je veux soulever, M. le
ministre, c'est un autre problème général à propos
du modèle médico-légal. Il n'y a aucun doute que de grands
progrès ont été effectués en ce qui concerne le
modèle médico-légal dans son illustration concrète
au niveau des grands hôpitaux, je pense à Saint-Michel-Archange,
je pense à Saint-Jean-de-Dieu, je pense à Baie-Saint-Paul, je
pense au Douglas. La population de ces hôpitaux mentaux a
considérablement décru. Il y a dix ans, il y avait 5,000 ou 6,000
malades dans certains de ces hôpitaux et il n'y en a plus que 3,000 et
c'est un progrès énorme. Il y a des équipes maintenant qui
travaillent là. Une des façons qu'on a prise pour amener cette
réduction considérable de la population hospitalière,
ç'a été la création d'institutions annexes comme
les foyers affiliés, les ateliers protégés. Il faut
cependant prendre garde à une chose: bien souvent, ce sont les
mêmes malades qu'on retrouve dans les foyers ou dans les ateliers
protégés ou dans toutes sortes d'autres institutions et qui sont
aussi malades qu'ils étaient. Ils sont loin d'être guéris,
parfois je ne dirais pas qu'ils sont pires mais ils sont exactement tels qu'ils
étaient. Souvent ils causent des problèmes soit dans le milieu
immédiat où ils vivent ou même dans la
société. On n'a pas souvent mis à la portée de ces
foyers ou des équipes qui s'occupent de ces foyers les moyens qui
permettraient de pallier cette sédimentation, de réactiver ces
malades ou qui empêcheraient les malades de causer des problèmes,
d'être un facteur de destruction de la société dans
laquelle ils se trouvent.
Au fond, il ne s'agit pas pour nous, pour une politique de la
santé, de déplacer les malades d'un hôpital où la
société les a enfermés et les mettre dans un autre milieu
où ils sont aussi malades. Il faut aller jusqu'au bout de notre postulat
et il faut tenter de réactiver ces malades-là. Ce problème
de la sédimentation a été soulevé dans les
représentations que nous avons faites à quelques reprises. Je
vous prie de croire qu'il est extrêmement important parce qu'il absorbe
l'énergie de même que l'argent d'une foule d'institutions et de
personnes actuellement. Ce pourrait être un sujet de recherche pour vos
organismes ou pour cette section spéciale du conseil dont je vous
parlais tout à l'heure.
C'est un problème qui va devenir majeur et, si on ne
l'étudie pas, il va mobiliser énormément d'énergies
qui peuvent se gaspiller en pure perte et aussi beaucoup d'argent, parce que
nous ne pouvons pas nous permettre de laisser ces malades-là comme
ça. Ils vont faire des crises et nous serons obligés de
réparer les pots cassés. C'est donc un facteur qui est lié
à l'évolution même de la psychiatrie et dont on a pas eu le
temps de s'occuper au début mais qui, justement à cause des
progrès que l'on a faits dans d'autres domaines, va nous rebondir dans
le visage et il faudra nous en occuper d'une façon précise et
immédiate.
Encore une fois, c'est un thème général, je n'ai
pas de solution précise à apporter aujourd'hui, mais ça
pose au fond tout le problème des foyers affiliés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur les foyers, je voudrais ajouter une
remarque: il y a des foyers affiliés qui fonctionnent à partir
des hôpitaux psychiatriques régionaux; il y a aussi d'autres
foyers affiliés qui sont reliés davantage à
l'hôpital général, sous la responsabilité du
psychiatre qui est en charge de la psychiatrie dans l'hôpital
général ou qui, en plus de ce rôle assume aussi une
tâche de coordination à l'échelle de la région.
Les deux solutions seront-elles utilisées, à mesure que,
compte tenu des réserves qu'a exprimées le député
de Bourget, nous ferons l'intégration vers les hôpitaux
régionaux que remplacent de plus en plus des coordonnateurs
régionaux et des responsables de la psychiatrie à
l'échelle régionale? Ou bien allons-nous nous orienter davantage
vers cette formule des foyers affiliés aux hôpitaux
généraux qui pourront peut-être suivre d'un peu plus
près le développement et l'évolution de ces patients
psychiatriques?
M. CASTONGUAY: Voici, je pense que cette question peut être prise
de la même façon que les commentaires, les interrogations du Dr
Laurin. Nous en sommes vraiment à une phase où, comme je le
mentionnais, nous sommes à tout réévaluer. Et nous
attendons les contributions, les commentaires, les suggestions avant de
modifier les...
M. LAURIN: Si je comprends bien, tous vos coordonnateurs
régionaux travaillent actuellement dans une institution. Pensez-vous que
ce sera compatible avec ces nouveaux rôles que vous voulez leur confier?
Pensez-vous plutôt à quelque chose qui serait un travail à
temps plein et presque plus qu'à temps plein?
M. CASTONGUAY: Actuellement, ça nous apparaît une des
difficultés majeures de la responsabilité et de la
définition des termes. Il nous apparaît et il m'apparaît de
plus en plus extrêmement difficile de fonctionner avec des gens qui sont
presque continuellement en conflit d'intérêts avec
eux-mêmes...
M. LAURIN: Et qui n'ont pas le temps...
M. CASTONGUAY: ... d'une part et qui n'ont pas le temps de s'occuper de
leurs fonctions. Il est donc assez évident qu'au niveau régional
il faudra des coordonnateurs psychiatres. Je pense qu'il y aura
possibilité d'en avoir qui sont des psychiatres, mais à ce
moment-là ce sont des gens qui devront faire le travail à temps
plein et qui devront prendre la préoccupation de la planification et de
la programmation, mais non pas comme actuellement. Actuellement, le
problème majeur, c'est que ce qui s'est fait à l'intérieur
du ministère ne s'est pas encore fait au niveau des coordonnateurs
régionaux et qu'ils sont encore au niveau des conflits
d'intérêts continuels. Ils décident des postes, ils
décident qui va à telle place, de la distribution des psychiatres
et ils décident à l'intérieur de leur institution en
même temps qu'à l'intérieur des autres institutions.
Evidemment, les gens qui sont là ont fait leur travail de
façon correcte mais, pour donner un exemple, ils n'ont aucune confiance
dans les hôpitaux généraux et ils n'en enverront pas dans
les hôpitaux généraux parce qu'ils n'ont pas confiance. Ils
vont donc plutôt les regrouper dans les hôpitaux psychiatriques
généraux alors que la responsabilité du coordonnateur doit
être justement d'assurer la distribution du personnel aux endroits
où on en a le plus besoin. Des expériences extrêmements
intéressantes ont été faites dans certaines régions
comme en Abitibi, par exemple, et par le groupe de Montréal, à
Saint-Jean-de-Dieu, où on a donné en fait beaucoup de
responsabilités aux médecins en pratique générale,
avec des relations étroites, des communications, et où les
omnipraticiens peuvent jouer un rôle assez important. Quand on parle de
l'incidence de la maladie mentale, je pense que si on envisage que les
psychiatres vont s'occuper à temps plein, entièrement, de tous
les malades, de tous les déséquilibres psychologiques, c'est
absolument impossible et irréalisable. Je pense que c'est vraiment le
leader de l'équipe, mais il doit collaborer non seulement avec d'autres
types de professionnels mais aussi avec d'autres médecins qui sont en
pratique. Apparemment l'expérience en Abitibi dans ce sens-là est
extrêmement heureuse et valable.
M. LAURIN : Quant aux modèles dont vous avez fait mention, M. le
ministre, le modèle médico-légal et le modèle
communautaire, le modèle médico-légal c'est sûr
qu'il faut le rejeter, il ne correspond plus à la mentalité ni
aux conditions de la pratique. Le modèle communautaire pour sa part
n'est pas assez éprouvé. Il est trop nouveau. Il est
peut-être utopiste en ce sens que l'enthousiasme peut nous emporter, on
peut vouloir construire une humanité idéale, malheureusement il
arrive un moment où les gens ont besoin d'hospitalisation, certains en
ont besoin pour longtemps. Il ne faut pas se priver des institutions
existantes. Il faut plutôt chercher des ponts, des articulations, comme
on l'a déjà mentionné, mais en même temps il faut
chercher un nouveau modèle d'intégration. Le nouveau
modèle d'intégration, c'est peut-être les ORS qui vont vous
le donner (les offices régionaux de santé) en ce sens que si,
dans les ORS, on a ce conseil d'administration élargi dont vous avez
parlé, avec une équipe clinique, multidisciplinaire, polyvalente,
multi-dimensionnelle, avec des gens qui englobent tout le secteur de la
santé, on va peut-être pouvoir arriver à quelque chose qui
est la prise en charge, par ce conseil d'administration, de besoins de
santé de tout le territoire et où toutes les ressources, que ce
soit à l'hôpital général ou même dans les
centres, vont être utilisées et les autres institutions vont
pouvoir être utilisées.
Je pense que vous êtes au courant d'un modèle de ce genre
qui a été développé dans un pays, je ne sais pas si
vos hommes de recherche l'ont étudié, mais c'est en Angleterre
les "Local Health Authorities" où cela fonctionne à peu
près de la même façon, où c'est la
communauté, par son conseil d'administration, qui utilise toute une
gamme de ressources parmi lesquelles on retrouve l'équivalent des
centres locaux communautaires, les foyers, les dispensaires d'hygiène
mentale, les hôpitaux généraux régionaux et ainsi de
suite. A ce moment-là, c'est ce conseil d'administration et son
équipe scientifique qui deviennent véritablement le
maître-d'oeuvre, mais à la condition qu'on leur donne
l'autorité sur toutes les institutions de la région y compris les
hôpitaux régionaux. Cela peut comporter des difficultés
dans notre milieu où l'hôpital régional a toujours eu sa
pleine autonomie ou a toujours été souverain dans ses
décisions.
Je pense que c'est peut-être vers ce modèle qu'on doit se
diriger, mais là encore on parle d'un projet de loi que je ne connais
pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une autre question. Est-ce que le
ministre songe à abolir les contributions pour les patients
psychiatriques?
M. CASTONGUAY: Oui. C'est prévu dans le prochain exercice
financier. Est-ce que, dans l'exercice financier courant, ce n'est pas aboli,
cela?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je vois $10 millions de remboursement...
M. CASTONGUAY: Les $10 millions constituent des remboursements qui vont
nous venir de la Régie de l'assurance-maladie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y a pas d'autres remboursements? Cela veut
dire que pour les...
M. CASTONGUAY: Remboursement d'honoraires, il a été
supprimé ici. Je pense que l'obligation est dans les hôpitaux,
pour les hôpitaux psychiatriques, c'est-à-dire de les traiter de
la même façon que les hôpitaux de
l'assurance-hospitalisation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que c'est en vigueur actuellement pour
les nouveaux comptes?
M. CASTONGUAY: C'est commencé. Entre autres c'est commencé
pour les hôpitaux psychiatriques, c'est actuellement en vigueur. Il reste
le problème des foyers et certains autres établissements
où cela n'a pas été prévu de façon
totale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle va être la politique pour les
arrérages de comptes, ceux qui ont été hospitalisés
avant que cette mesure soit en vigueur?
M. CASTONGUAY: Le curateur est responsable de cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): De ce temps-ci, il y a des avis assez
sévères qui sont envoyés à des patients
psychiatriques pour des séjours en institution.
M. CASTONGUAY: Le moment où j'ai été saisi de cela,
c'est l'an dernier par la voie d'échange de correspondance entre le
curateur et le Dr Bédard. Nous avons poursuivi les discussions avec le
curateur. Nous avons accepté le principe général de
l'élimination des charges, de telle sorte que le malade psychiatrique ne
soit pas traité différemment de tout autre malade au plan
financier. Maintenant, M. Forget me dit que, quant au règlement
effectué pour la situation antérieure, c'est en discussion
également avec le curateur. Vous savez que cela représente
toujours des situations, comme fait, ce changement; on a le même
problème vis-à-vis des contributions des municipalités
anciennement aux services de santé, aux services de bien-être, aux
services d'assistance publique du gouvernement.
Nous allons fort probablement avoir un problème analogue au
moment où nous allons enlever la contribution financière des
conseils de comté des municipalités au maintien des unités
sanitaires parce que là aussi il y a certains arrérages, si je
comprends bien, dans les paiements par les municipalités.
Si, pour un individu, vous laissez tomber la réclamation, en
toute équité il faudrait pratiquement reprendre à ce
moment-là tous les dossiers et faire de même pour les autres qui
sont dans des situations analogues. C'est en discussion avec le curateur.
M. BOIS: Maintenant ma question là-dessus, M. le ministre,
à la suite de celle du député de Montmgany: Est-ce que les
comptes qui seraient reçus, par exemple, ne seraient pas des cas de
traitement pour alcoolisme chronique ou des choses comme cela, ne seraient pas
des cas directement psychiatriques?
M. CASTONGUAY: Dans les hôpitaux psychiatriques, d'après la
loi, les paiements devaient être encore exigés des patients. La
loi n'a pas été modifiée. Nous allons la modifier pour
enlever cette obligation, mais c'était vraiment en vertu des
dispositions de la loi qu'on continuait à faire ces charges.
UNE VOIX: Il n'y avait pas de distinction.
M. LAURIN: M. le ministre, quand pensez-vous pouvoir déposer la
loi dont vous avez parlé sur le nouveau statut du malade mental?
M. CASTONGUAY: A l'automne. Nous avons l'avant-projet qui nous a
été remis par M. Raymondis, du bureau des études. Nous
espérons pouvoir le faire à l'automne.
M. LAURIN: Vous avez encore des études à faire
là-dessus avant que le ministère se fasse une opinion?
M. CASTONGUAY: Il y a que cela a été rédigé
dans une forme qui doit d'abord être révisée, si ce
n'était que sur ce plan. On vient d'en recevoir le texte la semaine
dernière, je crois, ou il y a une dizaine de jours. Il faut l'analyser
aussi pour voir si nous sommes bien en accord sur ce projet. Ce sont ces
problèmes qui se posent à nous, le fait que nous venons de
recevoir un rapport. Encore sur cela si ma mémoire est bonne
l'échéance originale de M. Raymondis était beaucoup
plus loin. Nous lui avons demandé d'accélérer son travail.
Je pense qu'il devait terminer en 1972, normalement.
M. LE PRESIDENT: L'article 2?
M. LAURIN: Une dernière question. Est-ce que vous pouvez nous
parler de la nouvelle orientation d'OPTAT dans le cadre général
que vous avez tracé?
M. CASTONGUAY: On a eu plusieurs rencontres. D'ailleurs, on a là
aussi un projet de loi qui est presque terminé. Il reste, à
toutes fins pratiques, une couple de questions à clarifier, à
discuter avec le Dr Boudreau. Il nous a semblé, comme je l'avais
mentionné je ne me souviens pas à quel moment, mais la
question a surgi, en
tout les cas, à un moment donné, je ne sais pas si c'est
lors de l'intégration des deux ministères ou lors de
l'étude des crédits l'an dernier qu'en fonction des
orientations générales prises, nous ne croyons pas que l'OPTAT
devrait être responsable d'un réseau de services de façon
générale, c'est une des premières choses.
Deuxièmement, quant au statut de l'OPTAT, nous avons
examiné le rendement de cette loi parce qu'un des objectifs
était, en établissant une telle fondation, d'obtenir des
contributions de compagnies, de fondations, etc. Le rendement a
été assez faible. Les montants recueillis jusqu'ici sont
très faibles. Il y a un autre aspect en contrepartie, toutefois, c'est
qu'on nous dit qu'à l'extérieur de telles fondations existent, et
pour le statut de ceux qui oeuvrent, il est bon qu'ils aient un statut
raisonnablement analogue. Il y a aussi la fonction d'éducation qui est
probablement la plus importante de l'OPTAT qui, dans le cadre d'un organisme
comme celui-là, est peut-être un peu plus souple que si cela
était assumé à l'intérieur des structures du
ministère. On a préparé un projet de loi, qui n'est pas
encore tout à fait rendu à terme, où on essaie de faire
ressortir ces points majeurs de façon à ne plus donner de
responsabilité d'organisation de services, de financement...
M. LAURIN: Est-ce à dire que les cliniques Domrémy
passeraient à un autre poste du ministère?
M. CASTONGUAY: De façon générale, on croit que cela
devrait être intégré au réseau des services de
santé.
M. LAURIN: Le Centre du boulevard Gouin aussi?
M. CASTONGUAY: Je ne sais pas à quel centre...?
M. LAURIN: Le plus récent. En somme il n'y aurait plus de
responsabilité de services..
M. CASTONGUAY: Non, sauf d'éducation, d'information et
possiblement de recherche.
M. LAURIN: D'accueil aussi?
M. CASTONGUAY: Je pense que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que cette fonction de recherche ne
pourrait pas bénéficier des subventions ou des dons qui
viendraient à la fondation?
M. CASTONGUAY: C'est ça!
M. CLOUTIER (Montmagny): Autant que je me souvienne, il y avait des dons
importants des distilleries et des...
M. CASTONGUAY: C'est ce qu'ils nous ont dit avant, mais...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est ce qu'ils vont avoir.
M. CASTONGUAY: C'est ce qu'ils ont dit avant que la loi soit
adoptée. Après l'adoption de la loi il y a pu y avoir des
révisions de budget parce que cela n'a pas été...
UNE VOIX: Il en est encore question. M. CASTONGUAY: Cela n'a pas
été fort.
M. LAURIN: Il y a un nouveau statut complet pour l'ancienne
division.
M. CASTONGUAY: Avec l'accent sur le rôle de l'information, de
l'éducation et probablement une responsabilité de recherche
liée à cette fonction. De façon générale pas
de responsabilité du côté services.
M. LAURIN: Les malades qui bénéficient jusqu'ici de ces
services Domrémy vont-ils être relocalisés dans des
institutions générales ou psychiatriques?
M. CASTONGUAY: On voudrait se servir du même réseau. Il ne
s'agit pas de fermer les cliniques existantes, mais d'en faire soit des centres
locaux, ou de les intégrer aux centres locaux, ou d'en faire des centres
spécialisés de traitement. Le processus d'intégration n'a
pas encore été mis au point mais il n'est pas du tout question de
faire disparaître toutes les cliniques de l'OPTAT demain matin.
M. LAURIN: C'est simplement que leur direction serait
changée.
M. CASTONGUAY: Cela fait partie du système. Il ne faut pas
oublier aussi une autre réalité. Les hôpitaux
généraux n'acceptent pas de façon tellement enthousiaste
les cas d'alcoolisme ou de drogue.
M. LE PRESIDENT: L'article 2 est adopté. La séance est
levée jusqu'à 8 h 15.
Reprise de la séance à 20 h 22
M. SHANKS (Président de la commission permanente des Affaires
sociales). A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: J'aurais une autre question au sujet de l'article 2.
M. LE PRESIDENT: Article 2, poste 7.
M. LAURIN : Oui. Est-ce qu'il a tenu compte de cette "prevalence"
actuellement? Est-ce que son attention a été attirée sur
des gestes concrets qu'il pourrait poser ou sur des gestes concrets qui ont
été posés par des institutions existantes?
M. CASTONGUAY: A ce sujet, il y a eu d'abord des subventions de
demandées. Le gouvernement fédéral a mis un programme de
l'avant qui commence à toutes fins pratiques, et quant aux demandes de
subventions on a obtenu qu'elles passent par l'intermédiaire du
ministère selon la qualité, mais il y a de l'argent disponible
pour ce type de recherches. Il y a d'ailleurs un certain nombre de projets qui
ont été approuvés dans ce sens-là. Les cliniques de
l'OPTAT continuent leur rôle à la fois d'information et de
traitement. Il y a plusieurs centres à Montréal
particulièrement qui se sont développés, soit à
l'intérieur d'OPTAT, soit des cliniques marginales comme des
cliniques-jeunesse, des cliniques de toute nature qui s'occupent des jeunes. En
fait, le ministère est conscient du problème, mais on ne veut pas
créer un nouveau réseau de services pour cela. On a eu de
échanges avec le groupe de l'hôpital Sainte-Justine à
Montréal ou on peut développer des facilités à ces
endroits-là pour permettre le traitement des jeunes.
Je pense qu'il reste beaucoup à faire. Nous en sommes très
conscients.
M. LAURIN : Est-ce que le ministère a quelque chose à voir
avec ce réseau, non pas des cliniques, mais de centres d'accueil qu'on
appelle les centres d'accueil drogue-secours?
M. CASTONGUAY: Nous sommes mêlés à toutes ces
choses.
M. LAURIN: De quelle façon?
M. CASTONGUAY: On les subventionne.
M. LAURIN: Vous les subventionnez. Est-ce qu'il y en a plusieurs
actuellement dans le Québec? Où sont-ils placés?
M. CASTONGUAY: Ils sont à Montréal. Je ne pense pas qu'il
y en ait à l'extérieur de Montréal, mais je ne peux pas
vous donner des précisions sur le nombre.
M. LAURIN: Je sais qu'il y en a un ici à Québec.
M. CASTONGUAY: Je ne pense pas qu'il y en ait plus qu'un à
Québec.
M. LAURIN: Il y en a quelques-uns à Montréal. Est-ce que
le ministère aurait émis des directives à cet
égard, en ce qui concerne les jeunes qui se présentent, soit aux
cliniques d'urgence des hôpitaux ou soit à ces cliniques
drogue-secours, en ce qui concerne les relations avec les parents, par exemple,
quand il s'agit de mineurs?
M. CASTONGUAY: Oui, j'ai signé une directive dans ce
sens-là, pour tenter d'être le plus libéral possible,
disons sans avoir les conseillers juridiques du ministère... Dans le bon
sens! Dans le sens non politique du terme.
M. LAURIN: Dans le sens philosophique du terme.
M. CASTONGUAY: C'est cela! Le service juridique du ministère a
donné un avis nous disant que cette directive était permissive,
mais n'avait pas été contestée devant les tribunaux. Je ne
peux pas vous en garantir la valadité juridique.
M. LAURIN: Je n'avais nullement l'idée de la contester, au
contraire, je la trouve très juste, conforme à la
personnalité de ces jeunes et susceptible d'éviter des
dégâts plutôt que d'en causer.
M. CASTONGUAY: C'est dans ce sens-là qu'on l'a établie.
Elle a été assez bien accueillie en général.
Est-ce que vous avez des suggestions précises à faire sur
ce problème ou sur un sujet d'ordre général?
M. LAURIN : J'en aurais sûrement, mais comme elles sont assez
spécialisées, je pense que j'attendrai une autre occasion pour
les développer.
M. LE PRESIDENT: L'article 3: Soins aux malades chroniques.
Soins aux malades chroniques
M. LAURIN: Voilà un autre domaine, M. le Président,
où on a marqué le pas pendant très longtemps. On se
contentait de faire face à des situations qui nous tombaient dessus. Les
hôpitaux chroniques se sont un peu développés au hasard de
la charité de certaines institutions qui s'étaient donné
comme mission de protéger ce genre d'individus. Je sais qu'il y a eu
beaucoup de difficultés à catégoriser ces malades. J'ai
souvent entendu parler des S-l, des S-2, des S-3, par ailleurs la
démarcation entre ces types
d'hôpitaux et les hôpitaux de convalescents et certains
services d'hôpitaux généraux qui s'occupaient de
réadaptation a également posé des problèmes. Est-ce
que vous pourriez nous dire s'il y a eu des développements dans les
études qui ont été faites à ce sujet-là et
quelles actions ont été prises à la suite de ces
études?
M. CASTONGUAY: ... De façon générale, sur cette
question, justement pour la raison que vous venez de mentionner le fait que le
soin aux malades chroniques a toujours été
considéré comme une activité...
M. LAURIN: Charitable.
M. CASTONGUAY: ... plus ou moins marginale ou charitable, on
considère qu'il est essentiel d'intégrer ces services à
l'ensemble des autres aussi bien au plan de la planification, de la
programmation, du fonctionnement et des modes d'intégration de
personnel. Vous n'êtes pas sans savoir qu'une des raisons de ces
difficultés provient ou provenait du mode de rémunération
des médecins dans une certaine mesure. Présentement au plan de la
programmation dans tous les projets, dont nous avons discuté cet
après-midi, nous faisons un effort pour nous assurer que, dans un
ensemble de services, on réserve une place particulière pour les
soins aux malades chroniques, de la même façon dans le
développement des centres locaux de services communautaires lorsque nous
avons dit que les organismes de soins à domicile seraient
éventuellement soit intégrés aux centres locaux ou encore
aux institutions hospitalières. C'est la même préoccupation
pour obtenir une continuité de soins, un éventail de services qui
couvre tous les besoins. Les gestes concrets jusqu'à présent ont
porté sur la programmation et dans le développement des centres
locaux de services communautaires, c'est une des dimensions qui nous
préoccupent. Dans la législation à venir, on a
également mentionné à certaines reprises le désir
d'établir des liens de complémentarité entre les
institutions, des ententes ou encore des fusions entre institutions. Un des
buts recherchés est celui justement d'assurer qu'il s'agit d'un service
qui a autant d'importance en fait que les autres, que le traitement actif.
M. LAURIN: Les problèmes qui me paraissent les plus
particulièrement aigus et difficiles dans ce domaine, c'est la
classification d'abord, afin qu'on envoie aux bonnes institutions ceux qui
peuvent bénéficier des services de ces institutions.
Deuxièmement, leur répartition géographique. Alors qu'il y
a certains secteurs des grandes villes qui sont assez bien servis et même
surabondamment servis, il y a d'autres secteurs du Québec où ces
institutions font lamentablement défaut. Est-ce que le sujet est
simplement à l'étude présentement ou si des projets sont
en cours pour remédier au deuxième facteur dont je parlais?
M. CASTONGUAY: Le déséquilibre dans les ressources
provient du fait que vous avez mentionné, dans une large mesure. On
retrouve beaucoup d'institutions privées dans ce secteur même si
ce sont tous des malades pour lesquels le gouvernement finance à 100
p.c. ou pratiquement à 100 p.c. le coût de fonctionnement des
institutions. Nous avons présentement des projets et je vais demander
à M. Bergeron d'être plus spécifique, mais pour augmenter
la capacité en nombre de lits pour les malades chroniques, soit à
l'occasion justement d'affectation de ressources comme celles que nous avons
mentionnées cet après-midi ou dans le développement des
nouvelles ressources, nous avons un certain nombre de lits que nous aimerions
ajouter au cours de l'année. La préoccupation est d'en arriver
à un équilibre par région aussi adéquat que
possible en suivant les normes générales pour ce type de
lits.
M. LAURIN: Avant que M. Bergeron réponde en ce qui concerne le
premier aspect, ou le premier problème, les normes de classification,
est-ce ces normes sont actuellement révisées? Parce que cela
touche les deux ministères que vous avez fusionnés, il y avait
beaucoup de classifications qui au fond étaient faites par des officiers
des bureaux régionaux souvent sans tenir suffisamment compte de l'aspect
médical et vice versa aussi.
M. CASTONGUAY: Les catégories qui avaient été
faites ne sont pas présentement modifiées. Il y a un aspect ici
qu'on a déjà commencé à toucher au plan des frais
d'hébergement parce qu'on vient rencontrer graduellement au foyer les
personnes qui ont besoin de soins, comme on en a parlé
précédemment.
Maintenant, quant au système de classification lui-même,
est-ce qu'on a abordé l'étude de cette question? C'est un
problème qui est extrêmement difficile aussi, parce qu'on
classifie, à un moment donné, les patients. Surtout s'il s'agit
de patients d'un certain âge, leur état se modifie et le
déracinement ou les changements fréquents sont plus ou moins
indiqués pour certaines raisons, même si c'étaient des
raisons d'ordre humain tout simplement.
M. BOIS: M. le Président, contrairement, peut-être,
à l'opinion du député de Bourget, j'ai trouvé ici
à Québec c'est un cas qui est survenu dans ma famille
récemment qu'il était extrêmement difficile de
placer un malade chronique.
M. LAURIN: Ce n'est pas contrairement à mon opinion. J'ai dit
que, même à Montréal, il y a certains secteurs où il
y en a beaucoup. Dans le reste de la ville, il n'y en a pas.
M. BOIS: Du moins pour Québec, c'est une constatation que nous
avons pu faire. Est-ce que ça peut dépendre de la classification,
par exemple, de certains qui ne sont pas assez
malades et qui sont dans ces institutions-là? C'est possible,
comme vous avez pu le mentionner. Mais, d'un autre côté, j'ai
trouvé que c'était difficile.
M. CASTONGUAY: C'est un problème général dans tout
le Québec, sauf à quelques endroits privilégiés.
Actuellement, nos efforts portent surtout à nous assurer que, dans les
nouveaux hôpitaux qui s'ouvrent, un certain pourcentage des lits sont
réservés. Nous avons essayé, par exemple, pour les malades
chroniques, ceux qui sont vraiment malades, d'avoir des départements
soit dans un hôpital général ou à proximité
avec un minimum de soins adéquats, plutôt que de développer
des grosses bâtisses où on va accueillir uniquement des cas
chroniques.
Actuellement, il y a un problème social. Le malade chronique ou
convalescent est un peu mal vu de la profession médicale, des
infirmières ou autres. On ne veut pas travailler dans ces secteurs; on
ne veut pas s'intéresser à ces problèmes. Nous pensons
qu'il y a avantage à ce que les malades convalescents ou chroniques
aient des facilités à proximité du réseau
générale. Je pense que M. Bergeron peut citer des
départements, par exemple, où on a demandé que 20, 30 ou
40 lits soient affectés à des malades chroniques.
Je n'ai rien de particulier à ajouter, si ce n'est de vraiment
confirmer cela. Chaque fois qu'on touche à un projet d'hôpital
d'une façon appréciable, soit une nouvelle construction ou un
réaménagement important, on insiste et on obtient je pense
qu'on peut le dire de façon générale, assez de
bonne grâce, que l'hôpital assume un certain nombre de cas
chroniques comme tels. Là-dessus, on se fonde, bien sûr, sur le
genre de remarque que vous faisiez tout à l'heure à l'effet qu'il
y a des malades chroniques et un certain manque de ressources, de façon
généralisée. On se fonde également sur le fait que
ces malades chroniques sont dans les hôpitaux existants, sauf qu'ils ne
sont pas traités de la façon appropriée à leur
propre détriment et à celui des ressources
générales dont nous disposons. Il faut leur procurer le personnel
approprié et pas plus. On s'attend que les équipes
médicales en place les prennent vraiment en charge en tant que malades
chroniques.
Donc, dans tous les hôpitaux, par exemple, à Thetford ou
ici, à Saint-François-d'Assise, tout le monde accepte de prendre
un certain nombre de patients chroniques. C'est aux alentours de 1.5 pour
1,000. Il y a un endroit je pense que c'est à
Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe: on me corrigera si je me trompe
où on n'a pas forcé la note. Il y avait déjà
quelque 480 ou 500 lits pour malades chroniques dans la région.
Evidemment, le besoin, dans cette région particulière, ne se
faisait pas sentir. Mais, partout ailleurs, oui, on insiste pour qu'ils offrent
des lits pour malades chroniques comme tels.
M. LAURIN: Vous avez combien de lits, en tout, dans le Québec
actuellement?
M. CASTONGUAY: Je serais embêté de vous répondre.
Vous voulez dire pour malades chroniques?
M. LAURIN: Oui.
M. CASTONGUAY: Ce qu'on peut vous dire, c'est qu'il en manque.
M. BOIS: Maintenant, serait-il exact de dire que, même dans les
cas chroniques, une certaine allocation d'une quinzaine de dollars par mois
serait versée aux patients à titre de douceur ou quelque chose
comme ça?
M. CASTONGUAY: Pour les personnes âgées qui sont
admissibles à la 'pension de vieillesse et au supplément du
revenu garanti et qui sont en foyers d'hébergement ou dans ce qui s'y
apparente, on a revisé récemment, comme on l'a expliqué
plus tôt, dans l'étude des crédits, la règle.
Si ma mémoire est bonne, on vise à accorder à
chacun un minimum de $31 par mois.
M. BOIS: A partir de quel âge, M. le ministre?
M. CASTONGUAY: A partir de 65 ans. Pour ceux qui ont certaines
ressources financières, nous voulons faire en sorte que ces ressources
ne s'épuisent pas complètement avant de leur permettre de garder
un montant à même le supplément du revenu garanti. Alors,
le minimum visé pour ceux qui n'ont pas d'autres ressources ou qui font
appel au supplément du revenu garanti est de $31. Après
ça, ça peut augmenter.
M. LAURIN: C'est donc un domaine où on ne possède pas
encore un inventaire adéquat?
M. CASTONGUAY: Dans ce secteur-là, comme dans bien d'autres, de
mémoire, je ne peux pas vous les donner, mais nous avons ces chiffres.
D'ailleurs, la commission d'enquête avait fait ces inventaires.
Nous pourrions vous les retrouver. Ici, on a un tableau où, en
70/71, c'est indiqué 8,400. Nombre de lits pour malades chroniques,
5,060. Le nombre de lits est ici: 6,600 lits publics; 2,300 pour les foyers;
2,200 lits privés et 338 lits fédéraux.
M. LAURIN: Je veux dire un inventaire non seulement des ressources, mais
des besoins, et des besoins par région.
M. CASTONGUAY: Les besoins ont été calculés
à ce jour. Un inventaire qui a été fait par Thomas
Boudreau, il y a plusieurs années, au ministère, arrivait
à la conclusion de 1.5 lit
par 1000 pour les malades chroniques, en 1965. Ce sont les chiffres que
nous utilisons encore.
M. LAURIN: Probablement que serait moins maintenant, avec les autres
ressources communautaires dont on peut se servir.
M. CASTONGUAY: Il y aurait 22,000 lits de foyer aussi.
M. BOIS: Est-ce 1.5 par 1,000 de population ou par 1,000 malades?
M. CASTONGUAY: Par 1,000 de population, de tout âge.
M. LAURIN: Bien entendu, si l'inventaire n'est pas complet ou pas mis
à jour, la planification devient plus difficile.
M. CASTONGUAY: Maintenant, comme on l'a mentionné, nous avons ces
données. Justement, depuis un an, notre effort a porté, d'abord,
sur le développement des centres locaux de services communautaires, la
législation, le réaménagement de certains projets ou,
encore, la mise en marche de projets et l'allocation de ressources aux projets
qui arrivaient à échéance. En parallèle, je vous ai
fait part de tout le travail que nous avions fait pour projeter dans l'avenir
la progression naturelle du budget et, à partir d'hypothèses sur
la croissance du budget global, ce que nous pourrions avoir comme marge pour
les immobilisations, compte tenu de l'incidence sur les coûts de
fonctionnement qui en résultent.
En parallèle, nous espérons bien être en mesure
d'arriver avec un plan général, justement, de
développement des ressources, aussi bien du côté des
services de santé que des services sociaux. Il s'agirait d'un programme
quinquennal qui recouvrirait tous les types de services, les ressources
existantes et la façon de corriger les écarts entre les besoins
et les ressources sur une période de cinq ans. Ce programme serait
révisé annuellement, de telle sorte que l'on ait un tableau
encore plus clair que celui que nous avons présentement.
M. LAURIN: Incidemment, est-ce que le ministère subventionne
actuellement d'une façon substantielle l'Association des
infirmières visiteuses, le Victorian Order of Nurses et les clubs de
l'Age d'or?
M. CASTONGUAY: Pour les deux premières associations que vous avez
mentionnées, c'est à l'article 5, au titre des soins à
domicile; on pourra y revenir à cet article. Mais, de façon
générale, ce que nous avons fait, c'est de maintenir à peu
près au niveau actuel, avec l'accroissement naturel des coûts, les
organisations de soins à domicile, étant donné que nous
voulons les intégrer éventuellement aux centres locaux de
services communautaires.
Quant aux clubs de l'Age d'or, si on pense plutôt à la
fédération qui vise à apporter des loisirs, à faire
prendre conscience des problèmes des personnes âgées,
là, on entre dans la politique des subventions à tous les
organismes et peut-être qu'on pourra revenir sur cette question.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, M. le Président. Je suis
arrivé en retard, alors j'ai écouté avec beaucoup
d'attention la discussion. Je n'ai pas beaucoup de questions à
poser.
Je voudrais demander au ministre s'il est possible que des foyers
d'hébergement qui ont été construits et qui sont
prêts à ouvrir leurs portes soient utilisés pour les
malades chroniques.
M. CASTONGUAY: Dans les cas de foyers d'hébergement, à un
moment donné comme vous le savez nous avons demandé
aux foyers de suspendre les admissions de peur que les gens admis le soient un
peu sans trop se préoccuper des priorités. Nous avons
communiqué avec les agences et nous leur avons demandé de donner
une attention particulière à l'admission de personnes qui en
avaient le plus besoin. Dans certains cas, cela a donné lieu à
certaines difficultés parce que justement on a hébergé des
personnes qui venaient d'autres endroits que l'endroit très local ou
précis où le foyer avait été construit. J'ai
quelques cas bien précis à la mémoire.
Est-ce qu'on peut classer ces personnes comme des malades chroniques ou
des personnes âgées ou d'un certain âge ayant besoin d'un
niveau de soins plus élevé que simplement le logement et quelques
services? Là, on retombe dans les définitions de SI, S2, S3, etc.
Est-ce que dans le cas on peut dire qu'il y a eu des malades chroniques qu'on
classifie comme tels ou est-ce que c'étaient plutôt des personnes
ayant besoin d'un autre niveau de soins?
C'est plutôt du type S3, dit lourd. La différence entre un
S3 lourd et un malade chronique, je me demande encore si elle est nette. Il y a
des distinctions. De toute façon, ce n'est pas le poids! Alors, dans ce
sens-là, il pourrait peut-être y avoir eu un malade chronique ou
quelques malades chroniques qui ont été perçus comme des
S3 lourds mais il ne nous a pas paru que des gens qui avaient besoin de
services d'hôpital, même chronique ou aussi peu
élaborés que les services qu'on trouve dans un hôpital
chronique aient été hébergés au titre de personnes
âgées dans un foyer d'hébergement proprement dit.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici pourquoi je pose cette question. J'ai
déjà eu à discuter longuement ce problème d'avoir
des institutions un peu plus polyvalentes mais il y avait une
difficulté. C'est que les malades
chroniques sont couverts par le programme
fédéral-provincial de l'assurance-hospitalisation alors que les
S1, S2, S3 et les personnes âgées sont couvertes par un autre
programme. D'abord, la construction, c'est avec les fonds de la
Société d'habitation du Québec et, deuxièmement, le
programme de fonctionnement est financé à l'intérieur du
régime canadien d'assistance publique.
Alors, ça ne comporte pas toute la souplesse que ça
devrait comporter. Parce que, comme vous dites, entre un S3 dont l'état
est assez grave et un malade chronique, qu'il soit grabataire ou non, parfois
la différence n'est pas très forte. Un malade est couvert par un
régime et l'autre l'est par un autre régime. Il arrive que les
deux régimes sont financés dans la même proportion au
départ, le régime canadien d'assistance publique et le
régime d'assurance-hospitalisation sont financés 50/50.
L'assurance-hospitalisation nous donne moins parce que nous sommes un peu
au-delà de la moyenne nationale, ce qui ne sera pas le cas, je pense, en
70/71 et 71/72. De toute façon, c'était de transférer d'un
programme à l'autre; évidemment, ça manquait de
souplesse.
C'est pour ça que je demandais si une institution construite avec
les fonds de la Société d'habitation, dont les budgets de
fonctionnement sont partagés en vertu du régime canadien de
l'assistance publique, pourrait être occupée à un moment
donné par des malades chroniques qui, eux, relèvent plus
particulièrement de l'assurance-hospitalisation. Alors, ça
pourrait causer un problème dans ce sens en plus de celui de la
région parce que, la vocation de l'institution étant
changée par rapport à celle du départ, ça peut
créer un dans le milieu une certaine réaction et un certain
malaise bien compréhensibles parce qu'il y avait là un besoin de
ressources pour des personnes âgées.
Si cette ressource était entièrement mobilisée pour
des malades chroniques, ça ne répondrait pas complètement
aux besoins, aux désirs exprimés dans le milieu ce pourquoi ils
ont fait un effort.
Dans une institution pour malades chroniques ou un hôpital, il n'y
a pas de participation financière de la part de la population. C'est
défrayé entièrement avec des fonds publics tandis que pour
un foyer pour personnes âgées, il y a une participation locale
financière qui est tout de même assez importante. Si ma
mémoire est bonne, ça peut aller dans certains cas jusqu'à
16 p.c. ou 17 p.c. du coût global du projet et ça
équivalait au coût de l'équipement.
C'est pour ça que je posais la question mais j'ai cru
déceler dans les réponses qu'il n'y a pas d'institutions
construites dans cette intention et dont la vocation serait complètement
changée pour héberger des malades chroniques qui viendraient d'un
peu partout, d'un bassin plus large encore que celui des personnes
âgées, c'est évident. Il n'y en a pas.
Adopté?
M. CASTONGUAY: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4: Soins aux malades tuberculeux.
Soins aux malades tuberculeux
M. LAURIN: Je remarque que le budget est augmenté depuis l'an
dernier. Est-ce que c'est attribuable au fait que la tuberculose connaît
une recrudescence ou au fait que les sanatoriums sont mieux nantis en personnel
et en équipement?
M. CASTONGUAY: Non, ici ce sont des augmentations naturelles, parce
qu'au plan des services, on prévoit maintenir le même niveau.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5: Soins à domicile.
Soins à domicile
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien y a-t-il de réseaux de soins
à domicile?
M. CASTONGUAY: Je ne crois pas qu'on en ait créé de
nouveaux, à ma connaissance, depuis mai 1970.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y en aurait 33?
M. CASTONGUAY: Je pense qu'il y en a eu un ou deux d'approuvés,
qui étaient presque existants quand vous êtes arrivé.
Depuis cette période, on a maintenu une croissance normale,
c'est-à-dire tout simplement une croissance d'ici à ce qu'on voie
de quelle façon on réussira à les intégrer dans le
régime général.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a réussi à faire une
étude assez complète du rendement du réseau de soins
à domicile qui est un réseau relativement jeune, une étude
de bénéfices?
M. CASTONGUAY: Il y a une étude qui est présentement
effectuée par l'association des organismes elle-même, et on
devrait l'avoir bientôt. Maintenant, comme un certain nombre de ces
études... C'est assez difficile d'isoler vraiment les incidences ou les
bénéfices parce qu'il semble que, malgré le fait qu'on
développe de nouveaux services qui sont supposés apporter un
soulagement, sur un autre plan la demande, en même temps, croît.
Les gens deviennent plus conscients, les mesures qui permettent une plus grande
accessibilité se développent et alors qu'on parle de services de
substitution dans une certaine mesure on peut difficilement isoler l'endroit
où s'effectue la substitution.
Ce qu'on arrive bien souvent à faire c'est de montrer qu'on a pu
donner à un certain nombre
de personnes un type de soins qui, en l'absence de tels services,
n'auraient pas été rendus ou auraient été rendus
possiblement à des coûts supérieurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il faut apprécier, dans une étude
comme ça, que dans bien des cas, ç'a empêché des
coûts plus considérables dans certains secteurs. Je pense en
particulier à une famille nombreuse où ç'a pu
empêcher la dislocation de la famille et ç'a pu contribuer
à garder la famille au foyer. A ce moment-là, c'est tout le
placement en institution qui a été évité. Alors,
c'est difficile d'évaluer cela. Mais on sait que réellement
ça se produit et ce sont des résultats extrêmement
bénéfiques.
M. LAURIN: C'est un domaine, je crois, où l'offre
révèle le besoin et stimule le besoin. Est-ce à ce
titre-là qu'apparaissent les subventions aux sociétés
d'infirmières dont je vous parlais tout à l'heure?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN: Est-ce qu'on peut avoir le montant pour l'Association des
infirmières visiteuses et les VON?
M. CASTONGUAY: La Société des infirmières
visiteuses de Montréal? C'est-à-dire l'association.
M. LAURIN: L'association, c'est ça que je voulais dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a les VON, Victorian Order of Nurses.
M. CASTONGUAY: Pour cette année, il y a un budget d'environ
$400,000, ce qui doit comprendre le déficit d'opération de
l'année dernière, une centaine de mille dollars. Donc, un budget
net d'environ $300,000.
M. LAURIN: Pour les deux organismes ensemble?
M. CASTONGUAY: Les VON ont un budget séparé, d'un montant
que je n'ai pas en mémoire mais que je pourrais vous obtenir.
M. LAURIN: Est-ce que le ministère a l'intention de créer
de nouveaux réseaux ou d'attendre que la demande vienne du milieu?
M. CASTONGUAY: La politique que nous avons suivie à ce stade-ci,
à part de mettre en marche ou de poursuivre des services avec un ou deux
organismes qui avaient été planifiés, programmés,
avant mai 1970, a été de maintenir les services existants. Nous
voulons plutôt, au lieu d'en développer de nouveaux de ce
type-là, développer les centres locaux de servi- ces
communautaires, de même que, dans le cadre des hôpitaux, le service
social ou encore l'extension des services, pour assurer une continuité,
doit devenir préoccupation toujours plus grande, toujours dans l'optique
que nous mentionnions, d'établir des relations avec des centres locaux
de services. Mais nous n'en avons pas développé de nouveaux.
M. BOIS: M. le ministre, les subventions mentionnées ici
comprennent-elles aussi les services d'infirmières dans des centres
extrêmement éloignés, où il n'y a pas de
médecins, ou est-ce que ça entre dans les unités
sanitaires?
M. CASTONGUAY: Ce sont les unités sanitaires.
M. BOIS: Ah bon!
M. LAURIN: Est-ce que cela comprend aussi les subventions qui sont
accordées ou qui pourraient l'être dans le cadre de la politique
que vous avez énoncée en décembre pour les vieillards?
M. CASTONGUAY: C'est par ces organismes déjà existants,
plus les centres locaux, que nous voulons apporter ces services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a encore des problèmes
d'intégration des sociétés d'infirmières visiteuses
et des VON dans les corporations de soins à domicile? Est-ce que ce
problème est réglé? Il était assez aigu, à
un moment donné.
M. CASTONGUAY: A ma connaissance, on n'en a pas forcé
l'intégration. On les a laissées continuer à donner leurs
services. Le problème reste entier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le problème est encore entier. C'est
mieux qu'il y ait du pain sur la planche. Je n'ai pas d'autres questions.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 5, adopté. L'article 6 : Soins
de réadaptation.
Soins de réadaptation
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien y a-t-il d'institutions qui sont
couvertes par cet article?
M. CASTONGUAY: Je ne puis dire avec certitude que c'est 17. On dit ici:
17 de ces projets sont dans les hôpitaux et le personnel qui y est
attaché a la permanence d'emploi. Il y a 23 projets, 156
employés, comprenant autant d'institutions différentes.
M. LAURIN : Cela ne comprend pas le budget de l'Institut de
réhabilitation de Montréal?
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Shanks): Adopté. L'article 7 : Soins
préventifs.
Soins préventifs
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, ici, on parle des unités
sanitaires.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qu'est-ce qu'il y a à part les
unités sanitaires?
M. CASTONGUAY: Ce sont les vaccins qui sont fournis gratuitement par le
ministère, les cliniques dentaires qui sont dans les unités
sanitaires, la plupart. Les vaccins se montent à un bon montant. En
fait, dans les subventions, c'est près de $2 millions, cette
année, pour les vaccins. Il y a les infirmières de colonies, qui
ont été mentionnées tout à l'heure.
M. LAURIN: La médecine scolaire.
M. CASTONGUAY: II y a la médecine scolaire, au niveau primaire et
un peu au niveau secondaire, c'est-à-dire que c'est le même
personnel des unités sanitaires qui couvre les deux, le dépistage
de la tuberculose entre dans cela aussi.
M. LAURIN: Est-ce que cela comprend l'étude des maladies
industrielles, aussi?
M. CASTONGUAY: Non, cela a été fait par l'hygiène
du milieu, qui fait maintenant partie du ministère des Affaires
municipales, et par la Commission des accidents du travail.
M. BOIS: Dans les loyers, ici, je trouve le montant extrêmement
bas. Est-ce parce que la plupart des unités sanitaires cohabitent avec
d'autres fonctionnaires du gouvernement, dans des bureaux déjà
possédés par la province?
M. CASTONGUAY: Pour les frais de loyer? M. BOIS: Oui, justement.
M. CASTONGUAY: C'est aussi parce que bien souvent les endroits où
ils sont logés sont la propriété du ministère des
Travaux publics, où les loyers sont payés par les Travaux
publics, à ma connaissance. Il doit s'agir d'un loyer d'un type autre
que le loyer d'habitation, il y a le loyer d'équipement ou de choses
semblables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que l'intégration des
unités sanitaires va se faire d'ici un an?
M. CASTONGUAY: Pas de façon générale.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il peut y avoir des cas particuliers.
M. CASTONGUAY: Dans certains cas, il peut y avoir
déménagement dans les mêmes locaux ou intégration
fonctionnelle. Les centres locaux de services communautaires où nous
progressons le plus rapidement sont à Montréal, principalement.
Et vous avez le service de santé de la ville de Montréal.
Là, le problème se pose assez différemment, étant
donné l'ampleur de ce service, de la façon qu'il se pose dans les
autres milieux où il y a des unités sanitaires de taille un peu
plus réduite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le service de santé de la ville de
Montréal, je pense, c'est $10 millions. C'était cela le
problème d'intégration, et l'abolition des contributions pour les
unités sanitaires, par le truchement des conseils de comté dont
vous avez parlé cet après-midi, entraînait le
problème de défrayer, à Montréal, le coût du
service de santé de la ville de Montréal.
M. CASTONGUAY: Ce que nous avons dit et qui a été
discuté brièvement, lors de la conférence
provinciale-municipale, c'est que nous entendions assumer cette
responsabilité, même dans les municipalités où il y
a des services municipaux de santé. Je crois qu'il en reste neuf.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a les villes de Laval, Montréal,
Québec et Outremont.
M. CASTONGUAY: Nous croyons faire le transfert sur une période
d'environ cinq ans.
Dans le cas d'une ville comme Montréal, c'est un service
extrêmement développé, extrêmement complexe, en fait,
et le transfert d'un tel service ne peut pas se faire sans que tout soit bien
programmé, d'autant plus que dans une telle ville il y a les dangers
d'épidémies, la nécessité de rapporter rapidement
les cas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela pose le problème de
l'intégration d'une foule de fonctionnaires des services municipaux de
santé, et aussi le problème de l'intégration des
fonctionnaires des unités sanitaires dans le système hospitalier
à partir du moment où l'intégration sera faite.
M. CASTONGUAY: Exactement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je pense bien que le ministre n'est pas en
mesure de dire à ce moment-ci de quelle façon on pourrait
résoudre le problème des différentes échelles de
salaires. Les employés municipaux du service de santé de la ville
de Montréal ont peut-être des salaires supérieurs à
l'ensemble des fonctionnaires des échelles de la fonction publique.
C'est fort possible. Je n'affirme pas ça, mais c'est fort possible. Cela
peut aussi causer des problèmes
d'intégration des services de bien-être de la ville de
Montréal à tout le réseau de bureaux locaux et
régionaux, justement à cause de ces différences de niveaux
de salaires et de définitions de tâches aussi. Je pense bien que
les études ne sont pas assez avancées pour permettre une opinion
là-dessus.
M. CASTONGUAY: On a la connaissance générale du
problème et il y a un aspect de négociation avec les
municipalités. Il y a aussi un aspect au plan législatif pour
permettre au besoin la coexistence d'employés avec deux statuts,
étant donné qu'on peut imaginer que les employés qui ont
le statut de fonctionnaires, par exemple, dans les unités sanitaires,
qui doivent éventuellement être intégrés aux centres
locaux de services communautaires ne voudront pas perdre de statut. Il va
falloir alors permettre une période de transition pour qu'on ait deux
types de personnel, en fait. Le problème se pose au plan
législatif. Après ça, le problème doit aussi se
poser au plan de la représentation de ces employés pour des fins
de négociation, et il doit se poser également sur le plan
très concret de la possibilité. C'est là où il va
falloir programmer et y aller de façon assez graduelle de façon
que le mariage des deux puisse s'effectuer sans trop de heurts. Le
problème est difficile.
M. LAURIN: Est-ce à dire que, d'ici un an ou deux, les
problèmes de santé seront devenus la responsabilité
exclusive du ministère et non plus celle des municipalités, si
grandes soient-elles.
M. CASTONGUAY: Pas dans un an ou deux. On entrevoit plutôt une
période d'environ cinq ans pour faire ce transfert. En plus du
problème financier, il y a tout ce problème d'intégration,
et je pense qu'un examen de la complexité et de l'organisation actuelle
du service de santé de Montréal incite à la prudence avant
de modifier ce service et de l'intégrer dans un réseau un peu
différent.
M. LAURIN: Est-ce que les examens, au point de vue de santé et
d'hygiène du milieu, qui précèdent l'octroi d'un permis
à certaines catégories d'établissements, comme les
restaurants, les hôtels, viendront sous la juridiction du
ministère ou si ça demeurera sous la responsabilité des
villes?
M. CASTONGUAY: Cela va aller plutôt du côté de
l'environnement.
M. LAURIN: De l'environnement. Mais ça deviendra une
responsabilité gouvernementale là aussi.
M. CASTONGUAY: Dans cette question spécifique, je ne me souviens
pas clairement s'ils ont suivi la même orientation que nous ou s'ils
entendent laisser cette responsabilité au niveau municipal, à
tout le moins dans les plus grandes municipalités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je crois me souvenir que dans les lois
créant les communautés urbaines de Montréal, de
Québec et de l'Outaouais, il y a une disposition, sauf erreur,
permettant aux municipalités ou agglomérations de tenir compte de
toute législation provinciale future, dans le domaine de la pollution. A
ce moment-là, je pense qu'on a gardé une ouverture pour
résoudre ce problème de pollution à une échelle
plus vaste que simplement le territoire d'une communauté urbaine.
Je ne sais pas exactement quelles sont les dispositions de la loi, mais
j'avais, à ce moment-là, prévenu mon collègue, le
ministre des Affaires municipales, des problèmes possibles futurs dans
ce domaine, étant donné que nous avions une législation en
préparation sur la pollution et que les communautés urbaines
avaient certains pouvoirs, surtout durant cette période de transition
qui pouvait durer, tout de même, un certain temps. Cela n'excluait pas,
non plus, que les municipalités assument aussi une responsabilité
dans ce domaine-là.
M. BOIS: Quand vous faites cas des créances, est-ce que vous
parlez des anciens montants d'aide sociale que les municipalités
devaient au gouvernement et dont elles seraient libérées à
un moment donné pour assumer l'équivalence au point de vue de ces
soins à domicile?
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand on a parlé de ça cet
après-midi?
M. BOIS: Justement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand on a parlé des dettes des
municipalités?
M. BOIS: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il reste plusieurs municipalités, je ne
sais pas combien de centaines, qui ont encore des dettes envers l'ancien
ministère de la Famille et du Bien-Etre social pour des programmes
d'assistance publique auxquels elles devaient fournir une certaine
contribution. Je pense que cela était le tiers et cela a
été diminué à plusieurs reprises. Ce qui est
arrivé, c'est que plusieurs municipalités ont imposé une
taxe spéciale pour acquitter cette dette envers le ministère.
Le ministre parlait, cet après-midi, de problèmes
d'équité. Cela en est un problème d'équité.
Il faut tenir compte des municipalités qui ont déjà, au
moyen de taxation spéciale ou même par la taxe
générale, acquitté en entier cette dette. Je sais
personnellement que des municipalités ont acquitté envers les
deux ministères parce qu'il y avait aussi le ministre de la
Santé des dettes aussi considérables que $30,000,
$40,000 et même $50,000 pour des petites municipalités. Ayant
été vérificateur, j'ai pu suivre le mouvement de ces
créances envers le gouvernement.
Pour ma part, quand j'ai eu des décisions à prendre dans
ce domaine-là, je n'ai jamais voulu libérer les
municipalités qui devaient un solde de dette, parce que je
considérais que ce n'était pas équitable pour les autres
municipalités. Depuis ce moment-là, il s'était produit un
fait nouveau: c'est que les municipalités recevaient un montant
important de taxe de vente. A même ce montant, elles pouvaient acquitter,
après entente, sur un certain nombre d'années le solde de leur
dette.
Je croyais qu'il était plus équitable que toutes les
municipalités acquittent cette dette avec leurs revenus, même les
petites municipalités qui tirent un bon montant de revenus, de la taxe
de vente. C'est le même problème pour les unités
sanitaires. C'est pour ça que je dis au ministre que dans ce
problème-là, si la charge qui est faite aux municipalités
par le conseil de comté était éliminée, il ne
serait peut-être pas bon d'effacer les anciennes dettes des autres
municipalités par rapport à celles qui ont déjà
fait un effort.
M. CASTONGUAY: On a regardé de près l'effort que font les
municipalités au plan des services de santé présentement.
Cela varie énormément d'une municipalité à l'autre,
pour celles qui, en fait, ou nominalement, administrent un service de
santé. Vous avez la ville de Montréal, la ville de Québec
et la ville d'Outremont, je crois, qui maintiennent de bons services de
santé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a aussi la ville de Laval.
M. CASTONGUAY: La ville de Laval aussi. Dans d'autres cas, vous arrivez
à des municipalités qui ont un service de santé de
façon presque nominale uniquement. Déjà là, il y a
un problème, en fait, d'équité d'une certaine
façon. Quant aux conseils de comté pour les unités
sanitaires, on exige un montant dont la répartition tient plus ou moins
compte de la capacité de payer des contribuables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le problème vient surtout des
différences d'évaluation foncière entre les
municipalités. Alors que des municipalités sont
évaluées à 80 p.c. de la valeur, d'autres ne le sont
qu'à 25 p.c. ou 30 p.c. de la valeur. Elles ont non seulement
l'impression, mais c'est un fait que leur contribution est plus forte que celle
d'autres municipalités qui reçoivent les mêmes
services.
M. CASTONGUAY: Voici la façon dont nous envisageons ce
problème. D'une part, pour la contribution qui est imposée
présentement par le truchement des conseils de comtés, dans le
prochain exercice financier, nous voulons l'éliminer. Nous allons
apporter des amendements à la législation en
conséquence.
Pour les services de santé municipaux qui existent, étant
donné tous les problèmes auxquels nous avons fait allusion, nous
voulons faire le transfert sur une période de cinq ans. Est-ce que c'est
vraiment équitable? Cela ne l'est pas plus que la situation
actuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous allez avoir une demande de compensation
financière des autres municipalités comme cela se fait dans le
bien-être...
M. CASTONGUAY: Si on n'en parle pas trop, peut-être qu'on ne
l'aura pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le minsitre n'a pas besoin d'en parler. La
ville de Montréal est assez alerte. Elle l'a demandé pour le
bien-être et au ministère cela coûtait $2 millions ou $3
millions ou $4 millions par année d'équivalence. Je n'ai pas de
doute que, même si le ministre garde un silence prudent, les bonnes
nouvelles se savent très vite. Le ministre des Finances le saura
peut-être avant le ministre des Affaires sociales.
M. LE PRESIDENT: Le poste 7 est adopté au complet. Le poste
9.
M. CLOUTIER (Montmagny): A S 8, Soins médicaux et chirurgicaux
c'est le reste de l'assistance médicale?
M. CASTONGUAY: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le poste budgétaire 9:
Contrôle du milieu.
Contrôle du milieu
M. CLOUTIER (Montmagny): Après le transfert de l'hygiène
du milieu, il ne reste que...
M. CASTONGUAY: Les laboratoires, qui comptent environ 125
employés actifs à l'heure actuelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on utilise les laboratoires qui sont
à l'Institut de microbiologie? Est-ce que le problème des
laboratoires existe encore?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis le fameux incendie.
M. CASTONGUAY: Le problème des laboratoires existe encore. Il est
en voie de solution. Les laboratoires sont aménagés de
façon tempo-
raire dans une partie de Montréal, dans un édifice de
Steinberg. Quant au problème définitif des laboratoires...
M. LAURIN: C'est depuis l'incendie que le problème dure?
M. CASTONGUAY: C'est depuis l'incendie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ferai de la petite histoire au
député de...
M. CASTONGUAY: C'est un problème difficile et complexe comme le
député de Montmagny le sait. A toutes fins pratiques, les plans
des nouveaux laboratoires étaient prêts lors de notre
arrivée au ministère. Ce qui a été long et
difficile fut de préciser le rôle du ministère dans ces
locaux que le ministère construisait. Il y avait une certaine
difficulté de préciser les ententes avec l'Institut de
microbiologie. Après de nombreuses discussions, actuellement les
pourparlers sont en cours pour envisager de construire les laboratoires tel que
prévu à l'Institut de microbiologie et utiliser les
facilités. Mais pour la responsabilité de l'aménagement et
du contrôle de la qualité des laboratoires il y aurait
peut-être une relation très étroite entre l'Institut de
microbiologie et l'Université du Québec, c'est-à-dire
l'INRS. L'Institut de microbiologie deviendrait un centre de recherche de
l'INRS et il assumerait la responsabilité scientifique de nos
laboratoires.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le poste budgétaire 10: Formation
professionnelle.
Formation professionnelle
M. LAURIN: A propos du poste budgétaire 10, est-ce que le
problème de la rémunération des moniteurs dans les
hôpitaux est en voie de règlement? Jusqu'ici ces moniteurs
étaient payés moitié par les facultés de
médecine et moitié par les hôpitaux mêmes alors
qu'ils se consacraient d'une façon exclusive à des fonctions
d'enseignement. Est-ce que le problème a été
réétudié? Est-ce que de nouvelles solutions sont
proposées?
M. CASTONGUAY: Cela a été entièrement
transféré à l'Education.
M. LAURIN: Entièrement transféré à
l'Education. Est-ce à dire que le ministère de l'Education paiera
aux hôpitaux et non plus seulement à la faculté de
médecine les sommes nécessaires' à la formation clinique
des étudiants en médecine?
M. CASTONGUAY: C'est ce vers quoi on s'oriente progressivement.
Actuellement, si vous prenez des professeurs à temps plein ou des
moniteurs, les cinquante pour cent qui venaient du ministère de la
Santé ont été transférés et cela vient
entièrement du ministère de l'Education.
M. LAURIN: Cela va passer par l'intermédiaire des
facultés. Est-ce que ce sera la même chose pour tout ce qui a
trait à l'enseignement dans les hôpitaux? Est-ce que ce sera
entièrement à la charge du ministère de l'Education?
M. CASTONGUAY: Encore là, il y a deux problèmes. Il y a la
rémunération du personnel et les frais de fonctionnement des
institutions. Et au plan de l'incidence à fonction d'enseignement sur
les charges de fonctionnement dans un hôpital, on n'a pas encore
d'études suffisamment précises et personne, je crois, n'a
été capable d'isoler de façon claire ce que cela
représente. Pour cette partie-là, il n'est pas question
présentement d'un transfert, d'autant plus que cela entre dans les frais
de fonctionnement et c'est partageable au titré de
l'assurance-hospitalisation.
M. LAURIN: Par exemple, si cela prend un labo audio-visuel, quelques
salles de plus, cela émargera au budget des hôpitaux quand
même. Alors, pour tout ce qui concerne le personnel enseignant et
enseigné, le ministère de l'Education va s'en charger.
M. CASTONGUAY: Le principe général, oui. Sauf que
lorsqu'on arrive à la rémunération, lorsque vous parlez du
personnel enseigné...
M. LAURIN: Les deux.
M. CASTONGUAY: ... nous avons les internes et les résidents, par
exemple; c'est payé présentement par le ministère et il
n'entre pas pour le moment dans nos projets de transférer cette partie,
étant donné le fait qu'il y a une dimension de service aussi.
Quant au personnel enseignant, le principe, l'orientation
générale est de transférer la rémunération
au ministère de l'Education de telle sorte qu'au moins ce qui est charge
d'enseignement clairement identifié, rémunération du
personnel enseignant, émarge au budget de l'Education.
M. LAURIN: Aussi bien pour l'enseignement à la leçon que
l'enseignement par séminaire ou que l'enseignement à demi-temps
ou à temps plein?
M. CASTONGUAY: Il y a même eu des budgets spéciaux pour la
formation des résidents et des internes. Ces budgets spéciaux qui
ont été des budgets de réajustement ont été
discutés. Cela ne signifie pas que nous n'avons pas notre mot à
dire dans les discussions qui ont lieu. Par exemple, pour les budgets pour les
résidents et les internes, c'est-à-dire pour les professeurs des
étudiants internes et résidents, nous avons été
présents et avons participé aux
discussions, mais ces budgets émargent entièrement au
ministère de l'Education.
M. LAURIN: Donc, ils ne sont pas inclus dans les chiffres que nous
lisons ici?
M. CASTONGUAY: Ici, ce sont des bourses d'étude à
différents niveaux, que ce soit pour les médecins, pour les
divers types de professionnels du secteur de la santé, psychiatrie,
etc.
M. BOIS: C'est pour cette raison qu'il y a un remboursement de $7
millions pour la rémunération des internes. Est-ce que cela vient
directement des prêts, par exemple, qui ont été
consentis...
M. CASTONGUAY: Il yala rémunération des internes et des
résidents qu'il ne faut pas oublier. Quant au remboursement, cela vient
de la Régie de l'assurance-maladie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les négociations sont en
cours avec les internes et les résidents? Est-ce que la convention
venait à échéance le 1er juillet 1971?
M. CASTONGUAY: Un an de répit. C'est en 1972.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 11, article 1?
Développement de l'équipement
Subventions
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il s'agit des
subventions qui sont versées aux hôpitaux sur les
échéances obligataires, capital et intérêt.
M. CASTONGUAY: Vous avez au poste 11, article 2, le service de la dette,
capital et intérêt.
M. CLOUTIER (Montmagny): A deux et à un, ce serait les
subventions de...
M. CASTONGUAY: C'est pour le développement même de
l'équipement au cours de l'année. Vous avez, par exemple, l'achat
même de l'équipement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien pour l'achat de
l'équipement?
M. CASTONGUAY: Si ma mémoire est bonne, l'achat de
l'équipement c'est environ $14 millions. On me dit $13 millions. J'ai le
détail ici.
Dans le cas des soins généraux actifs, pour
l'équipement, on a $13 millions. Pour les malades mentaux, au titre de
l'équipement, on a $750,000. Pour les foyers d'assistance publique,
$98,000; les hôpitaux publics chroniques, $544,000; pour les malades
tuberculeux, $105,000, toujours pour l'équipement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Comment se compare la somme de $13 millions par
rapport à l'année précédente? C'est à peu
près dans le même ordre de grandeur.
M. CASTONGUAY: M. Forget dit que c'est le même chiffre. Nous avons
ici le tableau comparatif, développement de l'équipement. Pour
l'équipement, c'est le même chiffre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous aviez eu des demandes pour $12 millions,
je suppose?
M. CASTONGUAY: Je serais porté à dire plus que
ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Jusqu'à $26 millions. Est-ce que les
remboursements de $17.5 millions sont de la caisse de santé?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le fédéral a
changé son mode d'allocation des ressources? Est-ce qu'il a
augmenté depuis la lettre de M. Benson qui avait, en 1969, fixé
un plafond très rigide contre lequel les provinces s'étaient
à peu près toutes élevées? Est-ce qu'il y a eu des
modifications?
M. CASTONGUAY: Non, au contraire, le plafond est demeuré. Il a
été question de le relever, mais par ailleurs, lors des
dernières discussions, tout le monde était violemment
opposé au plafond. Toutefois lorsqu'on a calculé le montant total
qui pouvait être réclamé au cours de l'année, on
s'est aperçu que ça couvrait l'ensemble des demandes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans $17.5 millions, il y a plus que la
réclamation du Québec, il y a plus que la caisse de
santé.
M. CASTONGUAY: Nous avions un peu de retard...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... sur la construction d'hôpitaux.
M. CASTONGUAY: Pour les années antérieures, nous n'avions
pas utilisé notre pleine limite.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je me souviens qu'en 1970 nous avions fait
accepter au fédéral l'entente voulant qu'aucune des sommes
d'argent serait perdue et ça représentait $22 millions à
ce moment-là.
M. CASTONGUAY: Nous avons à peu près fini le rattrapage
avec les projets qui étaient en cours.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quels sont les montants les plus importants que
la caisse d'aide à la santé va couvrir durant cet exercice 71/72?
Quels sont les projets majeurs qui sont inclus?
M. CASTONGUAY: Saint-François-d'Assise...
M. CLOUTIER (Montmagny): A Sherbrooke, c'est fini.
M. CASTONGUAY: On est en train de finir, comme le Jewish à
Montréal, c'est à peu près terminé. Le plus gros,
je pense que c'est Saint-François-d'Assise, le CHU à Laval.
M. CLOUTIER (Montmagny): Saint-François-d'Assise, ça
représente combien?
M. CASTONGUAY: Cela représente $6 millions venant d'Ottawa.
Dans ceux qui vont être couverts, à Montréal, il y a
le Sacré-Coeur qui a été accepté; il y a eu des
dépenses au Montreal General, quelques-unes au Montreal Children's qui
sont couvertes. Ce sont des montants d'environ $300,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est le service du ministère
s'il y en a un nouveau qui s'occupe spécialement de ces
réclamations vis-à-vis du fédéral à tous
points de vue dans le ministère? Il y avait la section qu'on appelait
"les ententes fédérales-provinciales", qu'est-il advenu de ce
service? Est-ce qu'il est intégré dans une direction
générale?
M. CASTONGUAY: La grande partie comme pour la caisse d'aide, par
exemple, a été intégrée au niveau du financement.
Je ne sais pas si M. Cantin a d'autres précisions. Il y a deux aspects,
l'aspect du financement qui est sous contrôle du financement et il y a la
partie des affaires extraministérielles qui s'occupent des
négociations, des ententes nouvelles, des ententes à
renouveler.
M. LAURIN: Est-ce un programme dont le Québec va
éventuellement se retirer?
M. CASTONGUAY: Nous sommes présentement dans une discussion qui
porte sur l'ensemble de tous les mécanismes de financement dans le
domaine de la santé. La caisse d'aide, c'est un programme à
durée limitée en vertu d'une loi spéciale et
celui-là jusqu'à extinction des fonds, je pense qu'il peut
être catégorisé d'une façon un peu
particulière par rapport aux autres programmes qui ont été
entamés à diverses fins. M. Beausoleil me disait qu'il y en avait
32 en vertu desquels le gouvernement du Canada participe à des
financements dans le domaine de la santé et du bien-être.
Actuellement les discussions portent sur les deux principaux programmes
relativement à la santé. Mais il v a un certain nombre d'autres
programmes, seulement dans le domaine de la recherche et de la
démonstration, il y en a cinq ou six. Il y a les nouveaux programmes de
planification familiale et des drogues.
On essaie actuellement d'identifier et c'est inclus d'ailleurs
dans les documents du gouvernement fédéral un certain
nombre d'autres programmes qui peuvent faire l'objet de développement
conjoint entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Dans
notre travail, à nous, nous voudrions d'abord voir clair sur l'ensemble
des programmes existants, sur les modalités et mécanismes de
fonctionnement de ces programmes et sur les possibilités
d'amélioration, d'utilisation du partage financier de ces programmes,
tout en évaluant les besoins d'approche plus globale et plus flexible
pour l'avenir.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y avait une somme de $175 millions de la
caisse d'aide à la santé sur laquelle on ne s'était pas
entendu quant au partage sur le total des $500 millions de la caisse d'aide
à la santé. Est-ce que, maintenant ce partage a été
établi? Est-ce qu'on s'est entendu au niveau
fédéral-provincial sur le partage du solde de la caisse d'aide
à la santé?
M. CASTONGUAY: Il ya $100 millions qui ont été
attribués au prorata habituel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par la population.
M. CASTONGUAY: Per capita. Il y a $75 millions qui théoriquement
sont pour des projets dits d'envergure nationale et à peu près
à tout coup ça bloque. Aussitôt qu'on arrive avec un projet
d'envergure nationale, ce n'est jamais à la bonne place. C'est la
même vieille histoire...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est Terre-Neuve qui
déséquilibre...
M. CASTONGUAY: Quand même, on l'a mis en théorie.
M. LE PRESIDENT: Pas d'autre question? Article 1, adopté? Article
2?
Service de la dette
M. LAURIN: D'où vient la différence de $16 millions par
rapport à l'an dernier?
M. CASTONGUAY: Ce sont les échéances auxquelles nous
devons nous conformer. Il n'y a aucun choix ici autre que de payer les
intérêts
et les montants de capital au fur et à mesure qu'ils deviennent
dus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le marché des obligations a
des problèmes dans le secteur de la santé?
M. CASTONGUAY: Ici on a fait un changement de politique, nous avons
transféré au ministère des Finances la
responsabilité de l'émission des obligations dans le cas des
hôpitaux et, depuis environ trois mois, il y a eu deux ou trois
émissions qui ont été faites par voie d'appels d'offres,
de soumissions, et où, pour le moment, dans tous les cas, la nouvelle
approche s'est avérée extrêmement rentable, en ce sens que
nous avons obtenu des prix qui se différencient de très peu des
coûts des obligations du gouvernement de la province, alors
qu'antérieurement les écarts étaient plus
considérables.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est-à-dire qu'autrefois les
obligations dans le domaine de la santé auraient pu être
émises à un coût inférieur à celles de la
province parce qu'il y a un marché important pour ces obligations. Mais
pour des raisons de stratégie, ou de ne pas créer de
difficultés aux obligations de la province, les coupons
d'intérêt étaient toujours fixés au taux des
obligations de la province. Il y aurait pu y avoir un marché plus
intéressant pour les obligations dans le domaine de la santé.
Cela a pu arriver dans le cas des commissions scolaires aussi, mais je
réfère particulièrement au domaine de la santé,
parce qu'il y avait déjà la garantie de l'immeuble
lui-même, la garantie de la province à 100 p.c, plus une certaine
valeur sentimentale et historique qui s'attachait à ce genre
d'émissions et qu'on ne retrouve pas dans d'autres émissions.
C'est pour cela qu'il peut arriver en fait, il arrive qu'il y ait
des écarts favorables au domaine de la santé quant aux
émissions d'obligations. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 11, adopté. Poste 12:
Services sociaux généraux?
Services sociaux généraux
M. LAURIN: Au poste 12, M. le Président, est-ce que les
subventions tiennent compte des nouveaux avantages dont
bénéficient les employés des services sociaux et des
agences sociales?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. LAURIN: Incidemment, à propos de ces négociations, on
sait que la grève a duré un certain temps et qu'il y avait deux
parties patronales, pour ainsi dire. Il y avait la Fédération des
agences sociales et il y avait aussi le gouvernement. Est-ce qu'il peut y avoir
eu ou est-ce qu'il pourrait y avoir des situations où les deux parties
patronales ne seraient pas d'accord quant à la négociation? Si le
cas se présentait, quelle partie patronale aurait
préséance sur l'autre? Par exemple, dans l'optique d'une
décision de "lock-out", qui prend la décision: la
Fédération des agences sociales, qui est une des parties
patronales, ou l'autre partie patronale?
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, juste un commentaire d'ordre
général avant de passer aux cas plus particuliers. Je ne crois
pas qu'on puisse répondre à une telle question, sur le plan des
principes, parce que, depuis l'introduction de la négociation, d'une
façon plus généralisée, dans le secteur hospitalier
et dans le secteur du bien-être, il y a tout un processus
d'évolution. On en voit des exemples avec le bill 46. Je crois que le
cas auquel vous faites allusion, on doit y répondre comme à un
cas d'espèce. Je pense que de chacune de ces négociations se
dégagent certaines leçons, certaines conclusions qui servent
à nous orienter dans des négociations ultérieures. Dans ce
cas précis, je demanderais à M. Gaudreault, étant
donné que nous avons suivi l'affaire d'aussi près que possible,
de répondre précisément à vos questions et de vous
exposer les faits tels qu'ils se sont déroulés.
Est-ce que je dois élaborer?
M. LAURIN: Oui, j'aimerais bien.
M. CASTONGUAY: Pourriez-vous reprendre les questions peut-être une
à une?
M. LAURIN: Je pense qu'il les a bien comprises.
M. CASTONGUAY: Pour continuer dans la même veine, je vous dirai
que le mariage de ce patron, qu'on appelle gouvernement, et de ses
associés, ça date d'un certain nombre de mois seulement. Il
s'agit de trouver la formule qui répondra le mieux aux exigences. Ce
n'est pas encore rodé de façon suffisante pour pouvoir prendre
position là-dessus. Je vous dirai, tout de même, que, dans les
négociations passées, les événements se sont
déroulés à peu près comme ceci. Dans toute
négociation, il y a la partie normative, qui règle les relations
de travail, et la partie monétaire qui s'adresse plus
particulièrement aux conditions de travail, c'est-à-dire,
salaires et bénéfices d'appoint et tout ce qui se rapproche de
cela.
Alors, il a été convenu j'appellerais cela une
entente à l'amiable que la partie normative regardait
principalement les gestionnaires en place et que c'est eux qui orienteraient la
discussion sur ce point. Quant à la partie des conditions de travail,
plus précisément, salaires
et benefices d'appoint, comme le gouvernement payait la note, il
s'agissait, à ce moment, de laisser au gouvernement la faculté de
jouer son rôle pleinement. On a pas éprouvé de
difficultés au cours des dernières négociations avec cette
formule.
M. LAURIN: Mais alors, comment expliquer la longueur du conflit, et
deuxièmement, cette décision, est-ce que c'est la partie
financière ou la partie gestionnaire qui devait en être
responsable? Ce n'est pas toujours facile à couper au couteau.
M. CASTONGUAY: Je pense qu'au cours de cette négociation, la
partie normative n'a pas eu d'accrochage majeur. Quant à la partie
financière, il y a eu plusieurs points litigieux et je pense que la
partie patronale dans sa totalité, c'est-à-dire la
fédération des services et le gouvernement, était
parfaitement d'accord là-dessus en tout point. Il s'agissait, je pense
bien, d'un principe qu'on ne devait pas laisser aller pour une chanson.
M. LAURIN: Donc, on peut dire que c'est une décision
conjointe.
M. CASTONGUAY: Conjointe et solidaire.
M. LAURIN: Donc, si on avait des questions à poser, c'est aux
deux agences, aux deux patrons, en somme, qu'il fallait les poser, et non pas
simplement à l'une ou l'autre d'entre elles, puisque c'était une
décision conjointe.
M. CASTONGUAY: Je crois que oui.
M. LAURIN: Et vous dites que vous avez tiré des leçons de
cela. Est-ce que ce sont des leçons qui vont amener des changements
à l'avenir?
M. CASTONGUAY: J'ai dit qu'on essaie de tirer des leçons de
chacune. Maintenant, de celle-là, est-ce que nous en avons tiré?
La leçon qu'on a tirée, c'est que cela pouvait fonctionner de
façon potable et qu'on devait continuer à s'orienter un peu dans
ce sens-là.
M. LAURIN: Pour le moment, vous gardez ces conclusions in pectore.
M. BOIS: Maintenant, à quelles sociétés vos
subventions sont-elles versées?
M. CASTONGUAY: Elles le sont aux anciennes agences de service social
diocésaines, de façon générale, aux agences plus
spécialisées, dans les grandes villes, pour les fins d'un certain
nombre de programmes. En fait, pour le fonctionnement de ces agences et aussi
pour certains coûts incidents à l'administration de programmes,
comme l'adoption, les services de retour à la vie normale, le service
social scolaire, les services aux personnes âgées, les services
dans le domaine de la famille et de l'enfance. Les agences administrent un
certain nombre de programmes.
M. BOIS: Pour les aveugles, est-ce que c'est aussi compris
là-dedans?
M. CASTONGUAY: Les subventions versées à des instituts ou
associations qui s'intéressent de façon particulière aux
aveugles ne sont pas versées à ce titre-ci. Elles doivent
apparaître au titre des subventions aux associations, au poste 20.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel serait le chiffre réel pour l'an
dernier?
M. CASTONGUAY: Vous voulez dire le montant vraiement
dépensé? Au poste 12, article 1, sous-article 12:
$18,903,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les chiffres réels de l'an dernier.
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a donc une augmentation de $6,500,000.
M. CASTONGUAY: De 34.6 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans cette augmentation, qu'est-ce qui va
à l'augmentation naturelle du coût des services, tels que nouvelle
convention collective, et qu'est-ce qui va à l'augmentation des services
fournis par les agences sociales?
M. CASTONGUAY: Alors, nous avons ici, pour le développement des
services, aux postes nouveaux qui sont prévues dans les agences, pour un
montant de $700,000.
Il y a le programme établi avec les fédérations
d'oeuvres, en vertu duquel, à mesure que les années passent, nous
assumons plus pleinement le financement d'un certain éventail de
services. Les fédérations se retirent du financement de ces
services pour répartir leurs ressources dans le développement
d'autres services. Il y a ici un montant d'environ $600,000 qui provient de
cette baisse des revenus des agences qu'il nous faut combler.
M. CLOUTIER (Montmagny): A cause de la baisse de la souscription des
fédérations d'oeuvres de charité?
M. CASTONGUAY: C'est notre prise en charge de responsabilités
qu'elles avaient anciennement.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord! Mais principalement à cause de
la diminution de la campagne de souscription des fédérations
d'oeuvres de charité.
M. CASTONGUAY: Et de leur désir d'aller dans d'autres secteurs
par le développement de nouveaux services. Les conventions collectives
ou les ajustements apportés aux cadres à la suite...
M. CLOUTIER (Montmagny): Des négociations.
M. CASTONGUAY: ...des négociations et les conventions collectives
en cours d'année ou les deux combinés, sans vous donner la
ventilation pour les deux, environ $2.5 millions. L'augmentation des services,
on en a parlé; participation additionnelle du ministère. C'est
plus que $2.5 millions, excusez-moi; c'est $3.5 millions, en fait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les négociations de conventions
collectives et les augmentations des cadres?
M. CASTONGUAY: Ce qui nous fait presque $5 millions. On en arrive
à peu près au montant indiqué ici, $5,500,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans les nouveaux services et les cent postes
qui ont été autorisés, est-ce qu'une grande proportion
sont des postes administratifs ou si ce sont des agents, des travailleurs
sociaux ou des responsables des différents services?
M. CASTONGUAY: Il y a un problème ici, c'est qu'on retrouve dans
ces budgets une partie assez élevée qui, en tout cas,
nominalement va à l'administration. C'est une des choses que nous
voulons examiner de plus près, parce qu'il nous semble qu'une partie
trop élevée des budgets va à des postes purement
administratifs. Dans les nouveaux postes, la grande majorité va
plutôt à des postes de services qu'à des postes
administratifs. On en a alloué la plus grande partie aux
activités de réintégration des assistés sociaux au
marché du travail ou de retour à un mode de vie plus normal.
Ceci, je pense répond aux préoccupations qui ont
été exprimées ici, compte tenu de l'importance des
questions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce la direction générale de
la planification ou celle de la programmation qui est appelée à
faire une évaluation des nouveaux services que veulent rendre les
services sociaux et les postes correspondants? Pour les programmes nouveaux
qu'ils veulent mettre sur pied, qui fait l'évaluation au
ministère?
M. CASTONGUAY: Au départ, la question se pose au niveau de la
planification; après cela, au niveau de la programmation pour le
financement et la concrétisation. Mais, quant au bien-fondé d'un
type d'activité, la responsabilité incombe, en premier lieu,
à la planification.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, cette année, il y a des
services complètement nouveaux qui ont été proposés
par les services sociaux, des services qui n'étaient rendus d'aucune
façon à la population jusqu'à maintenant?
M. CASTONGUAY: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y en a pas de nouveaux?
M. CASTONGUAY: Il y a eu des demandes chez les auxiliaires familiales,
mais c'étaient des projets pilotes en développement. Il n'y a pas
eu de nouveaux services.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a ajouté les services de
retour à la vie normale dans les cent nouveaux postes?
M. CASTONGUAY: Oui, il y en avait entre 50 et 60.
M. CLOUTIER (Montmagny): Entre 50 et 60 postes...
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... ont été assignés au
programme de développement de retour à la vie normale.
M. CASTONGUAY: A l'intérieur des agences.
M. CLOUTIER (Montmagny): Et ça faisait combien de nouveaux
services de retour à la vie normale?
M. CASTONGUAY: Dix. Le renforcement de quelques-uns qui existaient
déjà.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que tout le territoire du Québec
est maintenant couvert par les services de retour à la vie normale?
M. CASTONGUAY: Il n'y en a pas dans toutes les régions, c'est
encore clairsemé à cause du nombre de bureaux.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté. Article 2. Services de
clinique d'aide.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. CLOUTIER (Montmagny): Combien y a-t-il de services de
réadaption?
M. CASTONGUAY: Ce sont des services de probation qui comptent environ
230 agents.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le problème des agents de
probation est encore aigu?
M. CASTONGUAY: Il est moins aigu, mais il est encore à
l'étude.
M. LAURIN: Est-ce que vous en discutez, au ministère de la
Justice?
M. CASTONGUAY: C'est ça que nous sommes à discuter avec
eux actuellement, il y a eu un problème d'enfance, de foyer nourricier
avec la probation que nous sommes en train de régler. Il y a encore
certaines précisions à apporter entre le rôle des agents de
probation par rapport au ministère, par rapport au rôle de la
justice elle-même. C'est M. Périard, de la planification, qui
travaille actuellement, là-dessus déjà depuis quelques
mois, et qui doit nous apporter des suggestions bientôt.
M. LAURIN: Est-ce qu'il y en a de ceux-là qui sont
rattachés à vos cours de Bien-être social?
M. CASTONGUAY: Oui. Il y en a dans toutes les cours. Sauf dans
l'extension de la cour de Bien-Etre. de Pointe-Claire, maintenant, où,
par entente, les services sociaux et le milieu avaient assumé la
responsabilité du financement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste 13: Services à l'enfance.
Article 1 : Services en institutions.
Services à l'enfance
Services en institutions
M. CLOUTIER (Montmagny): Comment sont réparties les
responsabilités à l'intérieur des services à
l'enfance? Est-ce que le Québec est divisé en territoires, l'est
et l'ouest? Au plan des responsabilités. Ce sont des services en
institutions. Donc, ce sont des ressources institutionnelles. Comment sont
partagées les responsabilités au niveau supérieur?
M. CASTONGUAY: Il y a une partie sur une base régionale.
Actuellement ce que nous sommes en train de faire sur les services à
l'enfance, c'est de revoir entièrement et les services en institutions
et les services en général. Et encore là, la direction de
la planification a entrepris une étude qu'elle doit nous soumettre. Pour
ce qui est de la distribution régionale, la partie la plus importante
est dans la région de Montréal où il y a un groupe qui
s'est toujours intéressé et qui continue à le faire en
dehors de la planification, c'est-à-dire qu'à l'intérieur
de la programmation, il y a un groupe qui s'intéresse à ces
institutions-là, aussi bien du côté de leur
développement que du côté du maintien et de
l'organisation.
Il y a deux parties: la planification et la programmation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez parlé de Montréal
où il y a des ressources institutionnelles importantes. Il y en a aussi
de plus en plus...
M. CASTONGUAY: A l'extérieur.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a la décentralisation de ces
ressources. Est-ce que le territoire du Québec est divisé en deux
régions du point de vue des responsabilités ou si c'est
divisé en dix régions avec chacune un coordonnateur
régional qui en prend la responsabilité?
M. CASTONGUAY: Pour ce qui est des services à l'enfance, il faut
distinguer les problèmes de l'enfance exceptionnelle, où il y a,
en plus des activités de la programmation, le comité
interministériel sur l'enfance exceptionnelle, qui a des
sous-comités dans à peu près chacune des régions du
territoire. D'après les informations que j'ai eues la dernière
fois, il y a à peu près quatre ou cinq de ces comités qui
jouent un rôle dynamique et qui transmettent au ministère des
informations et des recommandations soutenues.
Du côté de l'enfance exceptionnelle, il y a une
activité régionale. En plus, il y a les coordonnateurs
régionaux du côté des services sociaux, du
côté du bien-être qui jouent un rôle occasionnel par
rapport à l'enfance. Il n'y a pas de régionalisation totale du
secteur de l'enfance, c'est-à-dire que chaque région est
entièrement responsable. Il y a des activités de coordination, il
y a des activités de recommandation et d'orientation mais il n'y a pas
vraiment de responsabilité régionale
déléguée complètement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Voici pourquoi je demande ça. J'ai
assisté à Montmagny, il y a quelques jours, à
l'inauguration d'un centre d'entrafnement à la vie. Le
représentant du ministre a été désigné ou du
moins nommé comme le représentant de l'Est du Québec.
C'est pour ça que je posais la question. Est-ce qu'il y a un territoire
de l'est, un territoire de l'ouest, avec un grand responsable? Si c'est le cas,
quelles seraient les responsabilités de celui-ci?
M. CASTONGUAY: Cela démontre le dynamisme de ce
personnel-là. Il est en avance sur la politique et les programmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quant on connaît... Je ne vais pas plus
loin.
M. LAURIN: En ce qui concerne le secteur de l'enfance exceptionnelle,
les institutions spécialisées pour l'enfance exceptionnelle,
comment se fait la coordination entre le ministère des Affaires sociales
et celui de l'Education au point de vue des programmes, au point de vue
budgétaire?
M. CASTONGUAY: Tout ce domaine-là est actuellement à
l'étude autant à notre ministère qu'au ministère de
l'Education. J'ai mentionné la semaine dernière l'existence d'un
groupe de travail qui s'est réuni dernièrement. J'ai
rencontré M. Yves Martin avec des gens de la planification et de la
programmation de notre ministère et d'autres personnes de l'Education.
Actuellement, il y a un groupe de travail des deux ministères dont le
mandat exact est de préciser les responsabilités de l'un et de
l'autre, de s'assurer que l'orientation générale et que les
investissements seront coordonnés de façon telle qu'il n'y ait
pas de dédoublement, que le rôle de chacun de nos
ministères soit joué et qu'on en arrive là comme ailleurs,
si possible, à une planification de cinq ans qui nous permette de dire
où on va exactement. Il faut s'assurer encore une fois que
l'intégration au milieu scolaire, au milieu de vie de ces
enfants-là soit réalisée le plus possible. Alors il faut
que nos institutions soient planifiées en fonction des facilités
d'éducation, les classes spéciales, les classes pour sourds-muets
et pour aveugles, que tout ça soit coordonné. Il faut que notre
ministère joue plus le rôle d'hébergement, si
nécessaire. Quant à celui d'éducation, par
l'intermédiaire du ministère de l'Education, ce serait uniquement
comme supplément ou comme dernière solution.
M. LAURIN: Actuellement, c'est de votre ministère que
relèvent aussi bien les programmes que les budgets?
M. CASTONGUAY: Non, les programmes relèvent actuellement de
l'Education et sont sa responsabilité par la Loi du ministère de
l'Education. Dans nos institutions, tous ceux qui enseignent doivent avoir un
diplôme reconnu par le ministère de l'Education.
M. LAURIN: Cela veut dire que l'intégration ne doit pas
être bien forte, parce qu'il faut des programmes spéciaux pour ces
enfants et il y a des spécialistes formés dans le domaine ou des
affaires sociales ou de la santé qui sont seuls capables
d'infléchir les programmes. C'est pour étudier ce
problème-là que...
M. CASTONGUAY: Je pense que nous sommes tous les deux conscients des
faiblesses de ce côté-là et au niveau de l'éducation
et au...
M. LAURIN: Et au point de vue budgétaire, est-ce que cela serait
l'intention du ministère de rapatrier ça au ministère de
l'Education?
M. CASTONGUAY: Selon les fonctions.
M. LAURIN: Selon les fonctions. Est-ce que la même chose vaut pour
les centres d'observation? Vous avez l'intention d'en multiplier le nombre, si
j'en crois une récente directive. Cette fois-là la coordination
se ferait avec le ministère de la Justice pour les mêmes raisons
et avec les mêmes objectifs. Au point de vue des crèches, est-ce
que vous pouvez nous donner le nombre des enfants qui sont dans les
crèches en 1971 par rapport à l'année dernière?
M. CASTONGUAY: C'est peut-être le meilleur effet de la
grève.
M. LAURIN: Vous me voyez venir. C'est la question que je voulais
poser.
M. CASTONGUAY: J'ai les chiffres, je peux vous les retrouver. Cela a
baissé, dans le milieu canadien-français dans les milieux
anglais ce fut antérieurement à ça de presque 40
p.c. avec les...
M. LAURIN: Est-ce que cela vous a donné l'impression qu'une bonne
partie de ces institutions-là se maintenaient sur l'erre d'aller et
qu'au fond elles n'étaient pas aussi nécessaires qu'elles n'y
paraissaient? Il y a d'autres méthodes, d'autres formules qui pourraient
être plus lucidement et rationnellement utilisées que le placement
institutionnel?
M. CASTONGUAY: On s'est posé les questions et les gens en place
aussi se sont posé les questions. Actuellement, le nombre a
diminué considérablement, et il semble que les solutions
alternatives seront pour des plus petites institutions. On a discuté
d'abord d'une politique à plus court terme, c'est-à-dire de
dépannage pendant des temps plus limités, et de favoriser le
placement de ces enfants-là le plus rapidement possible.
Ici, d'après les chiffres que nous avons on pourra en
produire des plus complets il semblerait que le nombre d'enfants dans
les crèches a baissé d'environ 300 depuis l'an dernier pour
s'établir à un peu en dessous de 1,070. C'est encore le nombre
des lits, les lits n'étant pas tous occupés.
Il y a deux choses qui sont extrêmement importantes. Dans des
crèches, des agences de langue française, on est beaucoup plus
tolérant, on donne un délai beaucoup plus long à la
mère pour décider si elle va garder son enfant ou si elle va
finalement s'en départir, de telle sorte qu'il y a un bon nombre de
mères qui, sans adopter l'enfant, le réserve. Plus le temps passe
plus la décision devient difficile pour elles. Alors que dans le milieu
de langue anglaise, ce qui peut paraître un peu plus dur à prime
abord mais qui est probablement mieux, et pour la mère et pour l'enfant,
on prépare la mère avant la naissance et on lui dit qu'au bout de
trois mois, comme délai maximum c'est la politique suivie au
Children Service Center il faut qu'elle prenne une décision:
l'adoption ou placer l'enfant pour l'adoption. Ce sont toutes des choses qu'on
a abordées et on voudrait s'orienter dans ce sens-là.
Maintenant, on peut le faire en discussions
avec les institutions concernées. Un autre aspect qui peut avoir
une incidence, je pense bien, assez forte, c'est dans le mesure où les
allocations familiales seront plus adéquates que le nombre d'enfants en
adoption devrait tendre à baisser. Cela peut avoir une certaine
influence..
M. LAURIN: A augmenter. M. CASTONGUAY: Pardon!
M. LAURIN: A baisser, cela peut jouer des deux côtés.
M. CLOUTIER (Montmagny): La Loi de l'adoption a certainement
favorisé aussi les adoptions dans une assez large...
M. CASTONGUAY: En ouvrant les possibilités.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le taux de natalité des
enfants nés hors du mariage continue à augmenter? Je serais bien
surpris qu'il y ait une réponse négative.
M. CASTONGUAY: C'est stable. Cela n'a pas diminué.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y avait une augmentation assez sensible. Je
me souviens...
M. CASTONGUAY: Proportionnellement, cela a augmenté, en soi cela
n'a pas augmenté tellement mais c'est proportionnellement au nombre
de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Proportionnellement au nombre de
naissances.
M. LAURIN : Est-ce à dire que vous envisagez une modification de
la législation en ce qui concerne l'adoption?
M. CASTONGUAY: A ce stade-ci, je ne le crois pas. L'aspect que je vous
ai mentionné n'est pas couvert dans la législation, c'est
plutôt la politique des institutions ou des services.
M. LAURIN: Est-ce dans ce service-là aussi que vous subventionnez
les ateliers protégés pour déficients mentaux? Ce sont des
enfants exceptionnels.
M. CASTONGUAY: C'est au poste 20.
M. LAURIN: En ce qui concerne les garderies de jour qui sont
subventionnées, est-ce que vous pouvez nous donner le nombre de
garderies de jour subventionnées actuellement par rapport à l'an
dernier?
M. CASTONGUAY: Il y en a quatre de plus, présentement. Comme je
vous ai mentionné l'autre jour, cette question-là...
M. LAURIN: Est à l'étude.
M. CASTONGUAY: ... fait l'objet d'études. On devrait avoir le
rapport incessamment. On nous l'avait promis, si ma mémoire est bonne,
pour le 11 juillet.
M. LAURIN: Actuellement, il n'y en a que quatre.
M. CASTONGUAY: Des nouvelles. Il y en a quatre qui existent et on
prévoit l'ouverture de deux autres.
M. LAURIN: C'est encore sous-développé.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'aurais une autre question sur la contribution
des parents. On a prévu le même montant que l'an dernier. Est-ce
que ça veut dire que le chiffre réel, l'an dernier, a
été inférieur aux prévisions?
M. CASTONGUAY: Pour les garderies de jour?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, pour le sous-article 34 du poste 13, on
prévoit $1.5 million de contribution des parents cette année,
soit le même montant que l'an dernier.
M. CASTONGUAY: C'est une évaluation relative. Je ne pourrais vous
dire de mémoire pourquoi le chiffre est le même.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce que les subventions aux institutions sont
de $88 millions, comparativement à $80 millions l'année
dernière.
M. CASTONGUAY: L'an dernier, on me dit que le chiffre réel
était un peu inférieur et que, compte tenu d'un léger
pourcentage d'augmentation, on revenait au chiffre de $1.5 million, qui n'est
qu'une estimation.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que dans l'esprit du ministre cette
contribution est appelée à disparaître ou si elle doit
rester? C'est l'énoncé de toute une politique.
M. CASTONGUAY: En fait, ces contributions prennent quelle forme?
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est la contribution mensuelle, remboursement
exigé aux parents dont les enfants sont en institution. Une moyenne de
$10 ou $15 par mois.
M. CASTONGUAY: On en a discuté, c'est le même
problème pour les enfants déficients mentaux placés dans
les foyers.
M. CLOUTIER (Montmagny): Dans des foyers, pas dans des
hôpitaux.
M. CASTONGUAY: Reliés à ces institutions où les
parents sont appelés à contribuer. Pour toute cette question de
contributions, le portrait ne nous apparaît pas tout à fait
clairement à ce stace-ci. C'est une question qu'on sait devoir aborder
à un moment donné pour en arriver à un traitement aussi
équitable que possible des personnes. Mais dire que notre
réflexion sur ça a dépassé ce stade-là,
non.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je pense bien
qu'actuellement il serait peut-être imprudent d'éliminer toute
forme de contribution des parents, parce qu'ils ont tout de même une
certaine responsabilité dans le placement en institution et ça
pourrait éviter des abus de ce côté-là, s'il y avait
une élimination de toute contribution. Il reste que, si le ministre
retouche la législation concernant les allocations familiales, à
ce moment-là les parents seront capables d'assumer une plus grande
responsabilité dans les services à donner aux enfants, que ce
soit au foyer ou en institution. Il faudrait peut-être être un peu
plus prudent à ce sujet-là avant d'apporter une
élimination quelconque.
M. LAURIN: Est-ce que les parents sont obligés de payer ce que
leur demande le ministère?
M. CASTONGUAY: Ils sont obligés. Si, d'après une
enquête, ils n'ont pas la capacité de payer, on n'insiste pas;
mais si, après une enquête de la situation financière des
revenus, on juge qu'il y a possibilité de payer, ils sont mis à
contribution.
M. LAURIN: C'est dans la législation?
M. CASTONGUAY: Pas à ma connaissance.
M. LAURIN: C'est par réglementation?
M. CASTONGUAY: Oui, c'est une imposition du fait d'entrer dans
l'institution au moment du placement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2.
Services en foyers
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il s'agit des foyers nourriciers?
M. CASTONGUAY: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a une diminution.
M. CASTONGUAY: Il y a la diminution du nombre des naissances,
premièrement, qui doit jouer dans une certaine mesure. Maintenant,
est-ce qu'il y a un autre élément que...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a l'adoption qui joue ici?
M. CASTONGUAY: Il y a les frais médicaux qui ne sont plus
payés sous cet article étant donné l'existence du
régime d'assurance-maladie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors les frais médicaux
représentaient un montant assez important. Donc, il y a une augmentation
naturelle du coût des placements.
M. CASTONGUAY: Est-ce qu'on a ajusté les paiements versés?
On me dit qu'il y a un gel du nombre de placements prévus. Enfin, le
nombre de placements nous apparaît extrêmement élevé
en foyers nourriciers. Une autre des raisons pour lesquelles un régime
plus adéquat d'allocations familiales est si important. C'est que le
nombre de placements en foyers nourriciers est extrêmement
élevé.
M. BOIS: Vous voulez dire qu'avec l'augmentation des allocations
familiales, ça préviendrait, par exemple, dans plusieurs cas,
l'obligation dans laquelle se trouve la mère, si vous voulez, de placer
les enfants dans des foyers.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Poste budgétaire 14: Services aux
adultes, article 1.
Services aux adultes
Services en institutions
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a une diminution assez importante, est-ce
pour la même raison, les frais médicaux?
M. CASTONGUAY: Il faut se reporter au niveau des dépenses de l'an
dernier. L'an dernier, les dépenses ont été de $32,858,000
sur un budget de $36,790,700. Il y a eu un montant de $4 millions environ non
utilisé. C'est à partir de ce chiffre qu'il faut juger.
Maintenant, nous avons eu, en plus de ce facteur, une prévision
pour l'augmentation, le développement des services, la continuation des
constructions et l'ouverture d'un certain nombre de foyers, ce qui
représente environ 300 personnes à être engagées
pour un montant de l'ordre d'environ $700,000. Il y a aussi, pour les fins de
sécurité, pour les foyers qui ne satisfont pas aux normes ou
encore pour lesquels les modifications doivent être apportées pour
don-
ner suite à l'enquête de la mission Gendron, un montant de
l'ordre d'environ $1 million.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a mentionné...
M. CASTONGUAY: Nous avons ici $5 millions en salaires, l'an dernier, de
rétroactivité. Alors il y a un montant de $4,900,000, l'an
dernier, qui a été payé en rétroactivité,
aux termes de la conclusion des conventions collectives. Il faut donc
déduire ce montant du montant de $32,850,000 que je mentionnais.
Tantôt, quand je vous ai parlé de 300 employés pour
le développement des services, c'était dans les foyers existants,
je m'excuse. Pour les nouveaux...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, j'étais pour poser une question
là-dessus.
M. CASTONGUAY: ..il est prévu d'ajouter environ 4,000 lits par
suite de la construction, de la rénovation de projets, pour un montant
de l'ordre de $4,200,000. Ce qui donne, en tout et partout, pour la hausse
occasionnée par ces diverses causes, incluant le règlement pour
les années antérieures, environ $8,600,000.
On calcule des revenus augmentés dans des institutions de l'ordre
de $1,700,000 à cause de l'augmentation du supplément du revenu
garanti et aux ajustements que nous avons apportés dans la contribution
des personnes. Ceci comble à peu près l'écart compte tenu
du fait que dans les $32,800,000, comme je l'ai mentionné, il y avait
les $4,900,000 qui étaient attribuables à de la
rétroactivité des années antérieures.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quatre mille lits, est-ce que ça veut
dire que tous les foyers qui sont actuellement terminés et ceux qui
seront terminés en cours d'année seront ouverts avant la fin de
l'exercice financier?
M. CASTONGUAY: S'ils ne sont pas ouverts, ce sera pour des raisons
d'ordre administratif mais l'intention est de les ouvrir au fur et à
mesure qu'ils seront terminés et que le personnel sera recruté,
l'équipement en place.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais est-ce qu'il n'y a pas une autre condition
dont le ministre a parlé, l'inventaire des besoins de la région,
qui va aussi déterminer plus précisément la date
d'ouverture de ces institutions?
M. CASTONGUAY: Lorsqu'on a fait ça, c'étaient des cas
où les foyers étaient complétés et nous nous sommes
trouvés pris avec une certaine urgence, compte tenu du fait que, dans
d'autres cas, nous avions demandé la fermeture d'établissements.
Aussi, nous savions, par les services d'orientation, de placement, qu'il y
avait de la demande. Pour l'année en cours, je ne sais pas si on peut
nous dire la program- mation ou autrement, mais, normalement, ce genre
d'opération devrait se faire de telle sorte que, de façon aussi
ordonnée que possible, l'ouverture se fasse et non pas l'organisation du
foyer et de son personnel, son équipement. Ainsi un autre délai
serait occasionné par la sélection des pensionnaires. Est-ce
qu'on va essayer de prévoir les cas avant la fermeture ou l'ouverture,
de la sélection des patients pour éviter ce qui s'est produit
dans certains cas?
M. CLOUTIER (Montmagny): Quand le ministre parle de fermeture, ce sont
les 40 établissements dont le Dr Laberge nous a parlé. A ce
moment-là, il s'agirait de reloger en priorité ces patients dans
les nouvelles institutions.
M. CASTONGUAY: Ceux qui sont dans les foyers.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, ceux qui sont déjà en
institution et qui sont les clients.
M. LAURIN: D'ailleurs, il semble que l'accent va être mis de plus
en plus sur le placement en foyer familial plutôt qu'en institution.
M. CASTONGUAY: Comme nous avons discuté l'autre jour.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté, Article 2.
Service en foyers
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que ce sont les subventions pour
lés nouveaux foyers construits?
M. CASTONGUAY: Services en foyers, c'est justement ce à quoi le
Dr Laurin faisait allusion. Foyers nourriciers pour adultes. C'est le placement
des personnes âgées dans un milieu familial plutôt que dans
une institution.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on retrouve plus loin les subventions
aux nouvelles institutions, aux nouveaux foyers? Parce qu'il y a des
subventions quand la souscription n'a pas été suffisante, des
subventions payées à des...
M. CASTONGUAY: Poste 16, article 1.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3.
M. CLOUTIER (Montmagny): Article 2, adopté. A l'article 3, ce
sont les aides familiales surtout, les auxiliaires?
M. CASTONGUAY: Il y a eu un départ relatif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Poste 15: Formation professionnelle.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 16: Développement de
l'équipement.
Développement de l'équipement
M. CASTONGUAY: Vous allez bien, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: On va finir avant ce soir.
M. CLOUTIER (Montmagny): On vient de donner...
M. LAURIN: Pas de provocation.
M. LE PRESIDENT: C'est pour donner une chance de collaboration au
ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Depuis qu'on a parlé de l'hôpital
de Saint-Henri le président a le vent dans les voiles.
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas vous blâmer, M. Cloutier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les imputation ici...
M. CASTONGUAY: Au poste 16?
M. CLOUTIER (Montmagny): Au poste 16, article 2, sous-article 33, qui
vous rembourse? Vous imputez ça à qui?
M. CASTONGUAY: C'est la grosse question. On nous dit que ce sont des
imputations relativement à des services de dette. Le foyer
Saint-Antoine.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2 du poste 16,
adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT (Shanks): Poste 16 adopté. Poste 17: Aide
sociale?
Aide sociale
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre nous demande $275 millions.
M. LAURIN: On en a...
M. CASTONGUAY: $4 millions de la ville de Montréal.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, $4 millions de la ville de
Montréal, subventions, c'est ce dont on parlait tantôt. Quel a
été le chiffre réel de l'année dernière?
Est-ce que c'est $224 millions ou si c'est...
M. CASTONGUAY: Environ $262 millions ou $263 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): $262 millions.
M. CASTONGUAY: Les derniers chiffres que j'ai eu indiquent un montant un
peu plus élevé que ça. $267,240,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): $267 millions!
M. CASTONGUAY: $267 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le chiffre réel pour 70/71.
M. CASTONGUAY: Oui. $267,240,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a donc une augmentation de prévue
de $4 millions. Est-ce que le ministre pense en tirer aussi...
M. CASTONGUAY: On passait de $227 millions à $275 millions. Il y
a un autre phénomène ici qu'il ne faut pas oublier, c'est que,
dans la mesure où nous légiférerons pour les allocations
familiales, les tables peuvent être modifiées pour soulager du
côté de l'aide sociale la compensation des charges familiales. Il
peut y avoir en contrepartie des réajustements pour les tables, pour les
besoins autres que les charges familiales. Mais on est ici dans une situation
où il y a un certain nombre d'inconnues. Aussi bien ça que le
niveau de chômage, l'incidence sur le nombre de
bénéficiaires, l'extension des programmes, le retour à la
vie normale, leur maturation, le travail du service du Dr Quenneville.
C'est une prévision qui peut s'avérer inférieure
aux dépenses réelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends la réponse du ministre, je
l'ai moi-même déjà donnée à trois
reprises.
M. LACROIX: A deux occasions, vous saviez qu'elles n'étaient pas
exactes. Lui, c'est la première fois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Seulement la première fois.
M. LACROIX: Je voulais signaler ma présence à M. le
ministre. J'ai des problèmes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis même satisfait de la
réponse du ministre. Il la donne
bien franchement. Il dit que c'est une prévision. Il sait comme
moi et comme tous les membres de la commission qu'à partir d'un chiffre
réel de $267 millions l'an dernier, des prévisions
budgétaires de $271 millions alors que la nouvelle loi d'aide sociale
est en vigueur, que le document qu'il nous a remis cet après-midi
je n'ai pas eu le temps de le lire mais il fait état d'augmentation
globale le contexte du chômage tel qu'on l'a vu actuellement, les
pressions qui sont exercées sur cette sorte de budget, il n'y aura rien
de scandaleux pour le ministre à la fin de l'année de revenir
avec un budget supplémentaire assez important à cet article. Je
pense bien que...
M. LAURIN: Dans cette lettre-là, vous prévoyez une
augmentation de $2 millions par mois?
M. CASTONGUAY: Il faut dire aussi qu'au moment où les
prévisions ont été faites, à cause des retards dans
le traitement des données, nous n'avions pas des prévisions
complètes et le chiffre estimé à ce moment-là
était quand même beaucoup plus bas. Reportez-vous au mois de
décembre, les prévisions de $2 millions par mois auxquelles vous
faites allusion sont très récentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si vous saviez combien on fait des prouesses de
présentation de budget à cet article des allocations
sociales...
M. LAURIN: Vous vouliez cacher des choses...
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, pas pour cacher des choses, pour
satisfaire le ministre des Finances...
M. LAURIN: Ah bon!
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais quelle argumentation est obligé
de faire le ministre des Affaires sociales pour convaincre son collègue
qu'il avait assez de $271 millions. De toute façon, pour autant qu'un
contrôle c'est impossible d'avoir un contrôle parfait sur
les sommes distribuées raisonnable est exercé afin que
ceux qui ont véritablement besoin de prestations ne s'en voient pas
privés par des gens qui ont un peu moins de scrupules et un peu moins de
conscience.
A ce moment-là, l'Assemblée nationale ne refusera
certainement pas des crédits supplémentaires à ce poste
des allocations sociales quand on sait quels sont les besoins régionaux
et les besoins des familles en général.
Tant mieux si le ministre peut apporter une législation, dans le
domaine des allocations familiales, qui peut permettre de soulager un peu ce
montant et le verser sous forme statutaire qui résoudrait en partie le
problème des familles nombreuses.
M. BOIS: A la page 6 de votre document, on prévoit une
révision complète des allocations sociales aux familles dans le
besoin.
M. CASTONGUAY: A quel document faites-vous allusion?
M. BOIS: A votre document strictement confidentiel.
M. CASTONGUAY: Sur la politique de sécurité sociale.
Là est-ce que vous voulez dire des...
M. BOIS: C'est parce que nous avons des plaintes, il y en a qui ne sont
peut-être pas fondées, mais il y en a certaines qui sont vraiment
fondées où il se produit des cas de mauvais ajustement,
peut-être attribuables à la loi, mais qui dans le fond
créent ce qu'on appelle des malaises sociaux assez profonds et assez
graves.
M. CASTONGUAY: Je suis bien conscient du fait que les niveaux des
allocations ne sont pas élevés et que toute amélioration
que nous pourrons apporter sera certes bienvenue et non superflue. C'est
pourquoi je mentionnais que, dans la mesure où nous pourrons aussi
légiférer dans le domaine des allocations familiales et soulager
l'aide sociale, la compensation de charges pour les enfants, nous aurons
à ce moment-là un peu plus de latitude pour augmenter le niveau
des prestations pour les adultes.
Il y a aussi le rythme d'augmentation des bénéficiaires de
la Loi de l'aide sociale qui depuis 1960 a augmenté constamment et ceci
presque de façon soutenue malgré les hausses et les baisses dans
le taux de chômage, nouveau phénomène de chômage
chronique, de mauvaise adaptation au marché du travail. Est-ce qu'encore
dans ce domaine nous allons atteindre à un moment donné un
certain niveau, une certaine stabilisation étant donné les plus
grands efforts faits dans le domaine de l'Education, de la préparation
des jeunes? C'est possible parce que cette population qui est aux prises avec
des problèmes attribuables dans de nombreux cas au faible niveau de
formation professionnelle et de scolarisation, à un moment donné,
est susceptible de se stabiliser dans une certaine mesure.
C'est un phénomène qui a fait que les augmentations
comme l'a mentionné le député de Montmagny ont
été considérables d'une année à l'autre et
ont pesé lourdement sur les budgets. On voit que, par rapport à
l'année précédente, il y a eu un écart
considérable. C'est un autre élément qui va jouer dans la
balance, mais il est toujours difficile de prévoir trop longtemps
à l'avance dans ce secteur les tendances. Elles sont pas mal difficiles
à percevoir plus loin qu'une période assez limitée.
On peut faire toutes sortes d'hypothèses et il n'est pas dit
qu'elles vont se matérialiser.
M. BOIS: Parce qu'il y a beaucoup de plaintes à l'heure actuelle
comme le cas que le comité de Québec, Détresse 26, m'a
rapporté, le cas d'un jeune chômeur. Il pose une question comme
celle-ci: Pourquoi calcule-t-on comme revenu 40 p.c. d'une pension de $15 d'un
jeune qui n'est pas aux études, mais qui ne travaille pas?
C'est sur ce sujet-là souvent que ça crée le plus
de problèmes à vos fonctionnaires dans les bureaux parce
que...
M. CASTONGUAY: Ce règlement spécifique, nous sommes
à faire l'évaluation de ce que sa modification pourrait signifier
comme charge nouvelle. C'est définitivement celui qui donne lieu
présentement selon la correspondance, selon les questions
au plus grand nombre de difficultés. On croit toutefois que le principe
responsabilité devrait demeurer, que le principe en lui-même est
bon, que celui qui demeure au foyer participe financièrement dans une
certaine mesure.
Est-ce que ce pourcentage est trop élevé? Comment obvier
au fait que dans certains cas il y a des périodes de non-travail qui
donnent lieu aux difficultés que vous mentionnez? C'est là une
des questions que nous étudions attentivement.
Nous nous butons aussi au problème de la difficulté
d'obtenir des statistiques valables. La question est à l'étude
déjà depuis un certain temps. M. Garcia, qui est ici, à
qui je demandais un rapport récemment pour voir où nous en
étions sur cette question spécifique, me mentionnait que
l'analyse des rubans sur lesquels l'information est emmagasinée
créait des problèmes assez sérieux
d'interprétation. Encore là, il faut évaluer le coût
de tout changement que nous pourrions apporter.
M. BOIS: Comme question additionnelle, il y a une autre chose qui
je parle toujours de mon comté a provoqué
énormément de plaintes. Lorsque la pension de vieillesse du
fédéral a été augmentée à $135, il y
a eu des rajustements qui ont été faits. Comme disent les
personnes âgées c'est peut-être au temps où
elles ont le moins d'aide et où elles sont le moins capables d'en avoir
qu'il faut réellement payer chaque fois qu'on a besoin de quelqu'un.
Toutes les familles n'ont pas le privilège d'avoir d'aide de
leurs enfants. Cette situation a fréquemment occasionné...
M. CASTONGUAY: Si l'on regarde de façon plus
générale l'allocation des ressources qui est faite pour les
personnes âgées, par exemple par rapport aux invalides qui n'ont
pas atteint 65 ans, par rapport aux mères qui ont charge d'enfants et
qui ne peuvent travailler, femmes séparées, divorcées,
veuves, en faisant une évaluation de tout ce qui est fait aussi bien
pour les foyers de personnes âgées, les pensions de vieillesse, le
supplément du revenu garanti on s'aperçoit que, malgré les
problèmes que ces personnes âgées affrontent, elles sont
certainement mieux partagées que cette autre catégorie de
personnes à laquelle je viens de faire allusion.
On se retrouve à l'intérieur d'un problème plus
grand qui est celui que j'exposais au tout début de l'étude des
crédits, où il est clair qu'il existe des besoins qui ne sont pas
satisfaits, des besoins qui sont réels, authentiques, de toute nature
vous mettez le doigt sur un certain nombre mais qu'il n'est pas
facile de satisfaire présentement. Même si je faisais toutes les
gymnastiques possibles et impossibles avec les fonctionnaires du
ministère ou avec les membres du gouvernement, il y a vraiment des
problèmes qui dépassent le potentiel que nous avons. Vous avez
même des juridictions où le niveau de vie est passablement plus
élevé, que ce soit aux Etats-Unis ou ici. Vous y constaterez par
l'organisation de notre économie, parce que nous vivons dans des
économies qui sont interdépendantes, que notre possibilité
de hausser les impôts ou nos revenus, comme gouvernement, est
limitée.
Nous nous retrouvons donc avec des ressources aussi bien en
personnel que sur le plan financier qui sont limitées face
à des besoins qui dépassent considérablement ces
ressources. Et là se posent des problèmes d'allocations, de
détermination de priorités qui ne peuvent évidemment
satisfaire tout le monde et qui laissent des besoins non comblés.
M. BOIS: En terminant, grosso modo, ça voudrait dire que le
ministre des Finances vous donne tant et que vous vous arrangez avec cela.
M. CASTONGUAY: Bien, il est limité d'une part par la
capacité du gouvernement d'imposer. A partir de ça, il faut qu'il
fasse une allocation entre les divers ministères à partir de
priorités qui ne se comparent pas toujours. Comment comparez-vous
l'importance de construire des routes à l'importance de donner une aide
financière à des personnes qui en ont évidemment besoin?
Il y a des questions de valeur, des questions d'accent, c'est un processus qui
en arrive à la présentation d'un budget tel que celui que nous
présentons, mais qui laisse des questions auxquelles il n'est pas
possible de répondre de façon complète ou de façon
scientifique, il y a une large part laissée au jugement.
M. LE PRESIDENT: Poste 17, adopté. Poste 18.
Allocations scolaires
M. LAURIN: Au poste 18, maintenant que M. Munro a annoncé un
projet qui couvre les enfants jusqu'à 18 ans, est-ce que ça veut
dire
qu'on va pouvoir se faire rembourser du fédéral une
certaine partie de ce montant-là?
M. CASTONGUAY: Présentement, nous recevons une équivalence
fiscale pour les allocations scolaires. Dans la mesure où le programme
sera différent, l'équivalence devrait être
ajustée.
M. LAURIN: La même chose pour S 19, s'il n'y a pas d'autres
questions sur les allocations scolaires.
M. LE PRESIDENT: Poste 18, adopté? M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Poste 19.
Allocations familiales du Québec
M. LAURIN: Le nouveau plan de M. Munro pour les allocations familiales,
vu que ça couvre certains secteurs et que ça satisfait à
certains critères et exigences du gouvernement du Québec, est-ce
que ça va vous amener à diminuer ce qui était prévu
pour couvrir ces secteurs d'âge ou ces catégories d'enfants?
M. CASTONGUAY: Une question plus générale se pose.
M. LAURIN: C'est-à-dire?
M. CASTONGUAY: Celle de la clarification des pouvoirs dans la
Constitution, qui est préalable, à mon avis, à celle de la
détermination des réponses à des problèmes plus
spécifiques.
M. LAURIN: A supposer que ce préalable prenne un certain temps
à se régler, est-ce que ça va quand même amener des
modifications dans notre propre régime d'allocations familiales? Est-ce
qu'il va y avoir chevauchement, par exemple?
M. CASTONGUAY: Le programme des allocations familiales
québécoises est universel et il n'y a aucune
récupération, soit par voie de réduction des paiements
lorsqu'ils sont basés sur les revenus antérieurs ou encore par la
voie de l'impôt ou d'un système spécial d'imposition.
Déjà là, si on veut en arriver à un
programme où on rencentre les ressources davantage sur la compensation
des charges familiales des familles à faible revenu, une modification
s'impose, peu importe ce qui arrive.
Deuxièmement, il y a le fait que les versements sont faits une
fois tous les six mois et je comprends les raisons pour lesquelles cette
décision a été prise. Il n'en demeure pas moins qu'il y a
de grands avantages à ce que les paiements soient faits tous les mois,
de telle sorte que ces allocations s'insèrent dans le budget
régulier d'une famille. Lorsque les allocations sont versées une
fois tous les six mois, bien souvent et on en a eu des exemples qui en
sont une indication elles sont utilisées pour des achats qui
n'ont pas toujours une relation directe avec les besoins courants de
l'enfant.
Vous avez vu la sollicitation de compagnies qui, peu de temps avant le
versement, disent aux familles: Vous allez avoir un certain montant, c'est le
temps de venir nous visiter. On offrait même des primes si on allait y
encaisser les chèques d'allocations familiales du Québec. Dans
certains centres commerciaux, on offrait des bâtons de hockey
signés par je ne sais trop qui, des choses comme ça. Je donne
ça à titre d'exemple de la façon dont les allocations sont
utilisées et pour illustrer le fait qu'il serait
préférable qu'elles soient versées mensuellement.
Si je comprends bien, lorsque la décision a été
prise, c'est que les frais d'administration, si les allocations avaient
été versées une fois à tous les mois, auraient
été passablement élevés par rapport à
l'importance des montants en cause. J'imagine que c'est la raison.
M. CLOUTIER (Montmagny): Une des raisons.
M. LAURIN: Donc, on peut dire qu'avec cette nouvelle législation
le chevauchement et le dédoublement vont devenir plus flagrants et vont
nécessiter encore plus d'ajustements.
M. CASTONGUAY: Vous dites "cette nouvelle législation", c'est
simplement une annonce qui a été faite par le ministre
fédéral.
M. LE PRESIDENT: Poste 19, adopté. Poste 20, article 1.
Recherche et démonstration
Subventions à des organismes de planification
et de coordination
M. LAURIN: Je les prends au sérieux, c'est effrayant.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quel genre d'organisme s'agit-il ici?
M. CASTONGUAY: Il y en a 17 qui sont les suivants: Conseil canadien du
bien-être, Conseil de bien-être du Québec, le Conseil de
développement social de Montréal, le Montreal Council of Social
Agencies; après il y a toute la série au plan régional:
Valleyfield, Rive Sud, Richelieu, Yamaska, Sainte-Anne-de-la-Pocatière,
Saint-Jérôme, Rimouski, Nord-Ouest Québécois,
Mauricie, Sherbrooke, Outaouais, COBEQ et Joliette.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les
organismes qui se spécialisent dans la planification familiale
reçoivent des subventions?
M. CASTONGUAY: Pas en vertu de l'article 1, mais en vertu du poste 20
article 2 sous-article 12 me dit-on, dans les $4,381,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): On les a classés dans les projets
d'expérimentation.
M. CASTONGUAY: Ou de développement. M. CLOUTIER (Montmagny):
Adopté. M. LE PRESIDENT: L'article 2.
Projets d'expérimentation et de
développement
M. CLOUTIER (Montmagny): On vient de donner la réponse, mais il y
en a pour $4 millions.
M. CASTONGUAY: Pas uniquement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je comprends que ce n'est pas $4 millions pour
la planification. Je voudrais avoir un peu de détails.
M. CASTONGUAY: Dans les $4,520,000, au titre des subventions... Tous les
postes sont regroupés. On a du côté de la santé et
principalement pour les centres locaux de services communautaires, un montant
de l'ordre de $2 millions. A l'OPDQ et à l'ODEQ, est-ce $600,000? Ce
sont des imputations pour les différents programmes de l'ODEQ. Il y a,
pour les organismes familiaux, $515,000 et pour les ateliers
protégés, $1,200,000.
M. LAURIN: Est-ce que c'est pour les déficients mentaux ou pour
tout le monde?
M. CASTONGUAY: Toute la liste des ateliers protégés, sauf
ceux reliés aux hôpitaux psychiatriques.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sauf CAPEC, qui est relié à
Mont-Providence, et ceux reliés à l'Annonciation, etc.
M. LAURIN: Donc, sauf ceux qui touchent les enfants recevant des soins
psychiatriques. Il y en a trois je pense, alors qu'il en faudrait 30
incidemment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a parlé de $2 millions pour
les centres locaux de services communautaires.
M. CASTONGUAY: Il s'agit de $1,520,000 plus exactement, pour les centres
locaux de services communautaires. Le reste comporte un montant de $500.000
pour des fonds d'expérimentation et de développement dans le
domaine de la santé.
Je ne sais pas si j'ai le détail.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle serait la moyenne des coûts d'un
centre local de services communautaires? Je comprends qu'il ne sont pas tous
d'égale dimension mais la moyenne se situerait autour de quoi? $500,000
ou $400,000?
M. CASTONGUAY: A peu près pour un centre fonctionnant pleinement,
bien développé, environ $500,000 par année pour les
coûts de fonctionnement.
L'autre tranche de $500,000, monsieur, ce sont les projets de
démonstration recommandés par le comité de recherche
épidémiologique et opérationnel de l'an dernier.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Poste 21.
M. CASTONGUAY: N'y a-t-il pas un article 3?
UNE VOIX: Il est adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): On connaît toute la liste des projets. Ce
sont les projets qui sont partagés dont le coût est payé
même presqu'à 100 p.c. pour certains projets par le
fédéral.
M. LE PRESIDENT: L'article 3 adopté. Le poste 21.
Achat, construction et transformation
d'immeubles
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il y a de l'équipement ou
plutôt est-ce que ce sont des agrandissements?
M. CASTONGUAY: Ce sont les propriétés du ministère;
c'est une évaluation de la direction de l'équipement qui
représente le montant requis pour maintenir ces propriétés
en bon état.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il n'y a pas de construction neuve dans
ça?
M. CASTONGUAY: Non, pas à ma connaissance, quoiqu'il y aurait
peut-être certaines rénovations importantes. Si M. Langlois
était ici, il pourrait le dire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les centres locaux de santé
seront construits par le gouvernement ou par des corporations?
M. CASTONGUAY: Normalement par des corporations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Par des corporations et subventionnés.
Est-ce qu'il n'y aura pas d'émissions d'obligations? Cela va être
payé...
M. CASTONGUAY: Normalement, les frais, sauf dans des cas où on
retrouve des combinaisons comme dans le cas de Saint-Henri... Dans les autres
cas, où il s'agit uniquement d'un centre local de services
communautaires, il ne s'agira pas de constructions tellement
élaborées, où les immobilisations seront tellement
élevées. Quelle politique suivrons-nous? Est-ce que ça va
être un peu celle de subventions à même le budget sur une
période de cinq ou dix ans?
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela ne sera pas payé globalement?
M. CASTONGUAY: Par voie d'émissions d'obligations.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il s'agit d'un investissement de $400,000 ou
$500,000 peut-être que les frais de courtage et les frais
d'émissions et d'intérêts seront plus élevés
qu'un paiement direct pour payer...
M. CASTONGUAY: Sans procéder par voie d'émissions tout
comme cela a été fait dans le domaine du bien-être, on peut
procéder par voie de subventions sur une période assez
courte.
M. CLOUTIER (Montmagny): A ce moment-là, les banques même
pourraient financer cela sur une période de trois ans ou cinq ans comme
pour une résidence. Nous arrivons au terme. Il faudrait procéder
maintenant au discours de fermeture. Quelques brèves remarques pour
remercier le ministre des Affaires sociales d'avoir répondu à
toutes les questions des trois groupes de l'Opposition, de l'avoir fait sans
détour, d'avoir donné tous les renseignements que nous avons
jugé opportun de demander. Si nous vous avons demandé tous ces
renseignements, si nous avons été plus dans les détails
que l'année passée, c'était normal, l'an passé le
ministre ne venait que d'assumer ses fonctions. Maintenant il a un peu plus de
recul. L'an prochain peut-être que nous irons encore plus loin
étant donné l'importance du ministère et aussi
l'importance des nouveaux programmes envisagés, du travail qui a
été commencé.
Je voudrais également remercier les fonctionnaires qui, à
l'invitation du ministre, nous ont apporté des réponses
très satisfaisantes. Il est toujours un peu plus difficile pour un
fonctionnaire de faire assumer par son ministre des réponses mais je
crois qu'ils se sont tirés d'affaire. Pour eux nous avions
insisté sur cela au début de l'étude des prévisions
budgétaires c'est une excellente chose même s'ils sont
retenus par les travaux de la commission pendant quelques jours. C'est une
excellente chose qu'ils assistent à cette revue des activités du
ministère, des programmes, de la politique, de la philosophie du
ministre qui doit se faire sentir sur les hommes et dans les programmes.
Nous avons cru déceler certaines difficultés.
Evidemment, on ne peut pas entreprendre une réforme à
partir des études qui ont été faites par la commission
Castonguay-Nepveu dans le vaste secteur des affaires sociales sans qu'il y ait
des difficultés surtout quand, on s'attaque à tous les fronts
à la fois, sur le plan législatif, sur le plan administratif,
à la réforme des structures. Cela comporte certains dangers pour
le ministre et ses principaux collaborateurs. Quand je dis le ministre cela
inclut le ministre d'Etat évidemment et l'adjoint parlementaire au
ministre d'Etat. Ils sont conscients de ces difficultés et de ces
dangers.
Pour ma part, j'ai décelé dans les remarques qui nous ont
été faites, dans les réponses qui nous ont
été données beaucoup je n'emploie pas le mot dans
le sens péjoratif de théorie. C'est très bien parce
que je pense que les fonctionnaires, que ce soient les fonctionnaires du
ministère ou les présidents de commissions, ou les
présidents du conseil des Affaires sociales qui sont venus devant nous,
ils sont bien conscients de la complexité des problèmes dans le
domaine social.
Il y a tout de même un grand pas à franchir entre la
planification, la programmation et la mise en pratique. Il y a un pas difficile
à franchir. La connaissance théorique est une très bonne
chose mais dans le domaine social la connaissance théorique doit se
traduire c'est difficile particulièrement dans ce
ministère par des programmes qui collent à la
réalité.
Je comprends que plusieurs d'entre eux en sont à leurs
premières armes dans le fonctionnarisme. Ils ont connu des succès
dans l'entreprise privée ou à des postes qu'ils ont
occupés antérieurement. Mais il reste que les politiques qui sont
élaborées, qui sont proposées par le ministre et qui sont
acceptées par le conseil des ministres, doivent être ensuite
traduites dans la réalité. On sait on n'a qu'à
prendre l'exemple de la Loi de l'aide sociale ou la Loi de l'assurance-maladie
que ça implique des mécanismes administratifs qui sont
assez lourds, qui sont complexes. La population qui est cliente du
ministère des Affaires sociales est bien souvent une population qui est
faible, qui est handicapée, qui a besoin de beaucoup d'attention. Alors,
je sais que tous les fonctionnaires supérieurs du ministère qui
ont assisté à l'étude des prévisions
budgétaires se rendent bien compte de l'importance qu'il y a pour eux de
garder aussi ce contact très humain avec la population même si les
programmes qui sont élaborés, les politiques qui sont
définies, qui sont mises sur papier, comportent et c'est
évident un élément d'abstraction important.
Il y a aussi au ministère des ressources humaines très
qualifiées. Il y a là un nombre important de fonctionnaires. A
toutes fins utiles, je pense bien que c'est le ministère le plus
important du gouvernement, non seulement par son budget mais par le nombre des
fonctionnaires qui sont assignés et au ministère et dans le
territoire. J'attire l'attention du
ministre sur les qualifications, la compétence de ces
fonctionnaires. Il arrive que, dans une période de réorganisation
et de restructuration, de changements aussi majeurs et aussi profonds, qu'il se
produise de l'insécurité à l'intérieur du
ministère. Nous en avons parlé à différentes
occasions. Nous avons pu constater même par des questions qui semblaient
un peu anodines que nous avons posées qu'il y a eu évidemment
beaucoup de changements d'attributions, des changements majeurs dans les postes
assignés à plusieurs personnes. Alors, tout ça crée
évidemment un climat d'insécurité.
D'autre part, l'ampleur des tâches qui sont celles du ministre
l'empêche peut-être de garder un contact aussi étroit qu'il
le voudrait avec chacun de ceux qui occupent des postes de
responsabilités au sein du ministère. Mais je sais que dans la
mesure où ce sera pour lui possible, malgré les lourdes
responsabilités qui sont les siennes, il voudra garder ce contact
précieux afin que les impulsions qu'il veut donner dans le domaine des
affaires sociales, les orientations qu'il veut donner soient bien
interprétées et soient traduites dans les faits, en pratique,
avec beaucoup d'efficacité sans négliger l'aspect humain.
Il y a, d'autre part, tout ce secteur parapublic, tout ce secteur des
institutions et toutes ces nouvelles structures qui seront mises en place,
comme les organismes régionaux de gestion. Cela demandera beaucoup de
tact, ça demandera beaucoup de patience.
Je crois qu'il ne faudra pas brouiller les étapes, non plus.
Après que la législation sera adoptée, avant de consacrer
un état de fait, il faudra tout de même prendre un certain nombre
de précautions. Je crois bien que le ministre en est conscient.
Alors, je veux remercier tous ceux qui ont participé à
l'étude des prévisions budgétaires, que nous n'avons pas
prolongée à plaisir, mais pour constater, nous-mêmes, et
pour bien faire percevoir à ceux qui y ont assisté l'importance
et le rayonnement du ministère des Affaires sociales.
Le ministre est un homme sérieux, même on le dit trop
sérieux en certains milieux. Sans aucune partisanerie, nous sommes bien
conscients de l'ampleur de sa tâche et nous lui souhaitons bonne chance
dans la dépense de ce budget. Il aura de notre part la même
collaboration que nous avons tenté de lui donner depuis le
début.
M. LAURIN: Je prends à mon compte les remerciements qui viennent
d'être adressés par le député de Montmagny au
ministre d'Etat et à tous les fonctionnaires. Ils ont donné des
réponses claires et complètes au plus grand nombre des questions
que nous avons posées.
Je comprends bien, pour ma part, que certaines des questions que nous
avons posées appelaient des commentaires plus réservés. Je
veux aussi féliciter le ministre ainsi que tous ceux qui ont
assisté à l'étude de ses crédits avec lui pour les
réalisations que nous commençons à entrevoir dans le plan
gigantesque qu'il nous a tracé l'an dernier.
Pour ma part, je me trouve en accord avec la plupart des grandes
orientations qui ont été dessinées l'an dernier et dont
nous commençons à voir l'actualisation au cours de
l'année. Je suis d'accord avec les positions constitutionnelles du
ministre même si, parfois, je serais porté à aller un peu
plus loin. Je suis d'accord avec ses positions en ce qui concerne les
législations déjà adoptées et celles qu'on nous a
proposées; d'accord aussi avec la restructuration qui a
été faite et les autres qui viendront s'y ajouter bientôt.
J'aimerais, incidemment, féliciter le ministre d'avoir su s'entourer
d'une équipe de hauts fonctionnaires aussi dynamiques, aussi
compétents et, surtout, où l'on sent un esprit de progrès,
un esprit de renouveau, un esprit d'adaptation de la chose sociale aux
réalités contemporaines. C'était extrêmement
réjouissant pour un Québécois de se rendre compte que,
dans le ministère que nous avons étudié, l'heure est au
progrès, l'heure est au renouveau, l'heure est à l'avancement.
Nous avons senti dans cette équipe un enthousiasme, un esprit, une
cohésion également qui sont, à mon avis, les plus
sûrs garants de progrès pour l'avenir.
Je termine donc ces remarques en souhaitant, moi aussi, bonne chance au
ministre ainsi qu'à tous ses hauts fonctionnaires dans
l'exécution des travaux pour lesquels nous venons de leur voter les
ressources nécessaires. J'espère que, l'an prochain, lorsque nous
étudierons les crédits, ils auront encore beaucoup d'autres
progrès à nous rapporter.
M. BOIS: M. le Président, je tiens aussi, de mon
côté, à remercier très sincèrement M. le
ministre ainsi que M. le ministre d'Etat, les sous-ministres et tous les hauts
fonctionnaires qui ont répondu d'une façon théorique
à nos questions théoriques et d'une façon très
pratique à nos questions pratiques.
La remarque générale que j'aurais à faire est celle
que j'ai déjà dite au début à M. le ministre. De
notre côté, nous serons les gens les plus heureux de la terre
quand le ministre administrera en entier les bénéfices sociaux du
Québec, sans avoir à s'adresser ailleurs. Surtout, il y a
peut-être une chose sur laquelle nous reviendrons l'an prochain, lors de
l'examen des crédits, c'est que nous recommandons toujours plus
d'exécutif et moins d'administratif.
Sur ce, M. le ministre, je vous souhaite, à vous et à vos
officiers, un très bel été, de bonnes vacances et bonne
santé surtout.
M. CASTONGUAY: Si vous me le permettez, juste un mot pour vous remercier
en mon nom, au nom du Dr Quenneville et au nom des fonctionnaires qui sont ici
avec moi, des voeux que vous nous avez adressés de même que des
conseils et des avis que vous avez formulés au cours de l'étude
des crédits.
Vous pouvez être assurés que, particulièrement dans
le domaine des affaires sociales où bien souvent l'évaluation des
programmes, des politiques s'avère extrêmement difficile, il n'est
pas toujours possible de savoir si nous atteignons les buts visés. Il
n'y a pas de critères rigides d'évaluation, de mécanismes
d'évaluation, que ces avis, que cette réaction au travail du
ministère est extrêmement importante. .
Il a été souligné par chacun, évidemment au
cours des réponses que nous avons apportées sur certains aspects,
que cela semble, peut-être, un peu plus vague ou encore dans une
période un peu de flottement. C'est exact que c'est le cas et dans bien
des cas, ceci provient à la fois peut-être d'un manque
d'expérience sur le plan pratique mais aussi du fait que dans un certain
nombre de cas, il n'y a pas de réponse claire à apporter comme
solution à différents problèmes. C'est ce qui rend la
tâche assez difficile. Il ne s'agit pas uniquement, et surtout dans ces
cas-là, de faire une allocation judicieuse des fonds mais de
répondre à des questions bien souvent qui mettent des valeurs en
cause, qui peuvent avoir des incidences assez profondes sur l'orientation
complète, en fait, de la vie d'un individu.
C'est un domaine où il nous faut aller, malgré notre
désir de vouloir préciser les programmes, les orientations, avec
beaucoup de prudence dans bien des cas. De toute façon, je peux vous
dire que nous allons faire tout notre possible pour utiliser de la façon
la plus judicieuse possible les crédits mis à notre disposition.
Si on en juge par les réalisations de la dernière année,
d'autant plus que maintenant les nouvelles structures sont en place, le
recrutement pour combler les postes qui demeurent vacants progresse,
l'année qui est déjà commencée devrait être
extrêmement fructueuse au plan des réalisations.
Je voudrais aussi mentionner ici, comme vous l'avez fait et je
pense qu'il n'y a personne qui est plus en mesure que moi de le dire
jusqu'à quel point, justement, les fonctionnaires du ministère
ont fait preuve de dévouement, particulièrement au cours de cette
période de transition, d'incertitude qui a accompagné
l'intégration des deux ministères, le réaménagement
des fonctions et aussi le fait que pour plusieurs il s'agissait de fonctions
nouvelles dans un domaine qui, jusqu'au moment où ils ont assumé
ces fonctions, leur était dans une large mesure peu familier. Ils se
sont acquittés de ces fonctions, de ces responsabilités avec
énormément d'enthousiasme, de dévouement. La marque, pour
moi la plus encourageante quant à l'avenir c'est de se savoir
appuyé par une équipe aussi sérieuse et aussi
intéressée à la solution des problèmes qui nous
préoccupent. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci. La séance est levée,
(Fin de la séance 22 h 59)