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Commission permanente des affaires sociales
Projet de règlement
concernant la Loi
sur les services de santé
et les services sociaux
Séance du jeudi 4 avril 1974
(Dix heures onze minutes)
M. HOUDE, Limoulou (président de la commission permanente des
affaires sociales); A l'ordre, messieurs!
Je voudrais faire part aux membres de la commission d'un changement, M.
Veilleux (Saint-Jean) remplace Mlle Bacon (Bourassa).
L'honorable ministre des Affaires sociales.
Propositions d'amendements (suite)
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais, pour éclairer les
membres de cette commission, revenir quelque peu sur les éléments
de modifications que j'ai exposés très brièvement hier et
qui, à cause de la nature technique inévitable d'un tel projet
sont peut-être difficiles à comprendre. Je crois qu'il serait
opportun que l'on fasse un effort pour vulgariser en quelque sorte ces
propositions de manière à rendre la discussion plus facile.
Pour ce qui est de la première modification, il s'agit de limiter
la contribution parentale payable dans tous les cas à la contribution la
plus basse qui était prévue par les règlements et
même au-delà de cela, de faire bénéficier tous les
enfants, tous les parents des adoucissements ou des diminutions de
contributions payables même dans ces cas-là. Dans le projet
original on prévoyait une contribution parentale égale aux
versements effectués aux foyers nourriciers qui serait applicable pour
les enfants placés en foyer nourricier et qu'une contribution parentale
égale à un prix forfaitaire de journée serait applicable
pour les placements en centre d'accueil. La première modification
envisagée vise à limiter la contribution parentale à ce
qui serait payable pour un enfant placé en foyer nourricier même
lorsqu'il s'agit d'un enfant placé à long terme dans un centre
d'accueil ou dans un centre hospitalier pour malades psychiatriques.
LE PRESIDENT (Houde, Limoilou): L'honorable député de
Taschereau.
M. BONNIER: Est-ce limité aux malades psychiatriques ou bien si
c'est pour tous ceux qui seraient en institution pour quelque maladie que ce
soit?
M. FORGET: Pour tous ceux qui sont en institution pour un séjour
à long terme. De fait, vous ne retrouvez pas l'expression "malade
psychiatrique" dans le texte du projet de règlement parce que cette
classification des établissements n'existe pas officiellement.
Nous avons des centres hospitaliers, des centres d'accueil. Certaines
sections de certains centres hospitaliers sont occupées par des malades
psychiatriques. Donc, il faut utiliser une périphrase qui a probablement
semblé mystérieuse à plusieurs dans le texte des
règlements et parler des centres hospitaliers ou de la partie des
centres hospitaliers avec lesquels le ministre n'a pas conclu de contrat en
vertu de l'assuran-ce-hospitalisation. C'est une façon très
indirecte, mais c'est la seule que légalement, en vertu des
catégories prévues dans les règlements, on puisse
utiliser.
Il s'agit de centres hospitaliers ou de centres d'accueil qui
étaient anciennement considérés comme des hôpitaux
psychiatriques qui étaient sujets à la Loi des hôpitaux
psychiatriques et qui, en vertu de cette loi, prévoyaient un prix de
journée qui était facturé aux patients et qui était
égal à une somme, soit arbitrairement déterminée,
soit déterminée égale aux prix de journée en
vigueur dans l'établissement. Ce que nous faisons, c'est que
relativement aux enfants placés dans de tels établissements, que
ce soient des centres d'accueil ou des centres hospitaliers pour un
hébergement à long terme, il s'agit essentiellement de centres
d'accueil. La contribution parentale serait limitée à un chiffre
bien inférieur au prix de journée, serait limitée à
ce qui serait autrement payable, si cet enfant était placé dans
une famille d'accueil.
M. ROY: M. le Président, avant qu'on aille un peu plus loin, je
voudrais demander au ministre si, à la suite des discussions qu'on a
eues hier, le gouvernement est toujours décidé de maintenir sa
décision ou si, après réflexion, on a décidé
de satisfaire certaines demandes, de la part des personnes qui
représentent les groupes et aussi des demandes qui ont été
faites de la part des représentants de l'Opposition.
M. FORGET: Si vous me permettez, j'aimerais donner une explication de
ces modifications, parce que j'ai senti, à des questions qui m'ont
été posées à la fin de la séance d'hier, que
plusieurs personnes n'avaient pas réussi à comprendre le sens de
ces modifications qui changent, malgré tout, très sensiblement le
projet. Je pense que nous pourrons reprendre la discussion au point où
nous l'avons laissée, dès que cette clarification sera
apportée; je pense qu'elle est assez importante, étant
donné qu'elle change un peu la nature du problème ou son
envergure.
M. ROY: Je veux demander au ministre s'il s'agit de modifications au
document qu'il nous a remis.
M.. FORGET: Non, ce sont les modifications au projet publié le 27
décembre, tel que je
l'avais dit, mais ce sont les modifications qui sont contenues dans le
projet que je vous ai remis.
M. ROY: Que nous avons.
M. LESSARD: Dans le document que vous nous avez remis.
M. ROY: II n'y a rien de nouveau; c'est une dialectique nouvelle que
nous avons ce matin.
M. FORGET: Non. Hier j'ai fait une déclaration exposant, d'une
part, certains principes et, d'autre part, un certain nombre de modifications
au projet publié le 27 décembre. Ces modifications sont, comme le
projet lui-même, de compréhension difficile et mon but ce matin,
c'est d'expliciter ces modifications de manière à éclairer
nos délibérations et aussi l'opinion publique qui a du mal
à saisir le sens de ces modifications.
M. ROY: Je pense, M. le Président, si on me le permet, que s'il
n'y a pas un mot de changé, les règlements ici sont assez faciles
à comprendre. Il n'est pas nécessaire d'avoir une série de
doctorats pour pouvoir comprendre ce qu'il y a d'écrit
là-dedans.
M. FORGET: Ce sont des modifications à partir de ces projets.
M. ROY: Ce que j'aimerais savoir de l'honorable ministre ce matin
c'est pour cela que j'ai posé ma question tout à l'heure
c'est s'il y avait des changements d'apportés au document de base et le
ministre vient de dire: Non. J'avais une deuxième question à
poser à l'honorable ministre...
M. FORGET: De quel document de base voulez-vous parler?
M. ROY: Le projet de règlement qui nous est soumis et pour lequel
nous sommes convoqués.
M. FORGET: Certainement qu'il y a des modifications. Ce sont les
modifications que j'ai annoncées hier et que je m'attache à vous
décrire ce matin parce que devant l'explication donnée hier
qu'apparemment vous n'avez pas comprise, dont vous n'avez pas compris la
nature, puisque vous me posez la question ce matin...
M. ROY: Est-ce que vous avez un autre document que celui-là
à nous remettre?
M. FORGET: Je vous l'ai déjà remis.
M. ROY: C'est justement ce que je dis. Il n'y a rien de nouveau. C'est
le même document que nous avions hier. Il n'y a pas de modification
additionnelle.
M. FORGET: II y a deux documents.
M. LESSARD: Dans la déclaration du ministre, il y a un certain
nombre d'amendements pour parler clairement.
M. FORGET: II y a huit amendements.
M. LESSARD: II y a un certain nombre d'amendements que le ministre nous
a lus hier. Je ne sais pas si vous les avez compris ou pas. Le ministre est dur
à comprendre quelquefois surtout dans ses écrits et sa
dialectique.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre !
M. LESSARD: M. le Président, j'ai le droit de dire que j'ai de la
difficulté à comprendre le ministre quelquefois.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
ministre faisait son exposé, alors vous allez laisser terminer le
ministre, après cela...
M. LESSARD: D'accord, M. le Président. Je voulais permettre
à un gars du peuple d'expliquer au député de Beauce-Sud ce
que le ministre voulait dire, traduire le ministre.
M. ROY: Hier, j'ai dû m'absenter pour aller prendre part au
débat sur le salaire minimum. Je n'ai pas pu suivre tous les travaux de
la commission. C'est la raison pour laquelle je voulais être bien au fait
de la situation, ce matin, pour pouvoir participer à ces travaux et
travailler en toute objectivité. C'est la raison pour laquelle j'ai
demandé s'il y avait des modifications ou si le gouvernement se
proposait d'apporter des modifications au document original qu'il nous avait
remis.
M. FORGET: En effet...
M. ROY: Je vais écouter le ministre et j'aurai d'autres questions
à poser tout à l'heure.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. FORGET: Alors, si vous me permettez de continuer...
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous avez fini par
l'explication...
M. FORGET: Non. Je n'ai pas fini, je commence puisque c'est la
première modification que j'ai expliquée. Est-ce que vous me
permettez de continuer? Je vous ai écouté patiemment hier.
M. LESSARD: Est-ce que je pourrais vous soumettre une façon de
procéder?
M.FORTIER: M. le Président, qu'ils don-
nent donc la chance au ministre de s'expliquer ! Autrement, on va passer
la journée à ne rien faire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ecoutez, on essaie de procéder le plus
correctement possible. Je comprends que vous autres...
M.LESSARD: II y a des questions à A). Pourquoi est-ce qu'on ne
poserait pas les questions immédiatement? C'est ça que je veux
vous dire...
M. BOUDREAULT: II n'y a pas de réponse.
M. LESSARD: ... mes amis, on a de la misère à se
comprendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est dans ce sens, parce que, même
si...
M. VEILLEUX: Ne pars pas en peur!
M.LESSARD: Fermez donc vos boites! Vous ne comprenez rien et vous ne
voulez pas comprendre !
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Ne
commencez pas ce matin! Je vais permettre au ministre de continuer sa
déclaration.
M. FORGET: Le deuxième amendement au projet du 27... M. le
Président m'a donné la parole...
M. BEDARD (Chicoutimi): On a des questions, M. le Président,
question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Sur une question de
règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le ministre nous explique chaque amendement
à son projet de règlement. Je pense que, si on veut
procéder de la façon la plus fonctionnelle possible, la plus
intelligente possible, c'est qu'après chaque amendement apporté,
on puisse poser nos questions sur cet amendement, de manière à
nous éclairer à la suite des explications sur chaque amendement.
C'est tout simplement dans le but de fonctionner de façon
rationnelle.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): En commission, il est normal que le
ministre fasse un exposé, que vous preniez note des questions que vous
avez à poser; ça va permettre au ministre de faire son
exposé jusqu'à la fin.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président. Le
ministre a eu l'occasion hier de faire son exposé, il a lu tout cet
exposé. Maintenant, sur cet exposé, il s'agit pour nous d'avoir
un certain nombre de renseignements. Il m'apparaft bien plus rationnel et bien
plus logique que nous puissions, s'il vous plaît, poser des questions
logiquement. Le ministre nous a présenté des explications sur la
première modification à son règlement. Est-ce qu'on va
attendre à la septième modification avant de pouvoir poser des
questions sur la première modification? Je vous demande un peu de
logique, ce matin. Je vous demande simplement de permettre à mon
collègue de poser des questions de façon rationnelle, de
façon logique et, comme le ministre vient d'exposer A), pourquoi ne
pourrions-nous pas, en vertu de la procédure parlementaire, et en vertu
de la logique, poser des questions sur A)? Quand on aura terminé sur A),
on s'attaquera à B), parce qu'après A), vient B), et ensuite C),
parce qu'après B), vient C). C'est simplement ça qu'on vous
demande. Le ministre a fait son exposé hier; aujourd'hui, il nous
explique les modifications et nous avons, je pense, en vertu de la
procédure parlementaire, la possibilité de pouvoir poser des
questions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Si vous parlez de procédure
parlementaire, je dois vous dire ceci: Habituellement, il est de mise que le
ministre fasse sa déclaration au complet...
M. LESSARD: II l'a faite aussi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): ... quitte à retenir vos
questions lorsqu'il aura terminé son exposé. Je demande donc au
ministre de continuer.
M. LESSARD: M. le Président, sur un point de règlement.
Est-ce que vous voulez me dire que le ministre a le droit de faire six
déclarations? On a la déclaration, ici. Maintenant, il s'agit
tout simplement d'explications sur la déclaration du ministre, hier. Le
ministre a pris une heure, hier, pour nous faire une déclaration. Je
suis d'accord avec vous, M. le Président, et je reconnais cela. Mon
collègue, le député de Chicoutimi, avait le droit de
répondre à la déclaration du ministre.
Ce matin, on ne demande pas de la grande dialectique pendant une heure,
on demande un dialogue avec le ministre pour nous permettre d'y aller
logiquement. C'est ce que nous vous demandons.
M. FORGET: M. le Président, je serai enchanté d'avoir un
dialogue avec nos collègues, les députés de Saguenay et
Chicoutimi, ainsi que les autres évidemment. Je pense que, malgré
tout, cela peut porter à confusion de répondre isolément
sur chacune des modifications à moins que l'on n'ait bien compris le
sens de chacune. Il est évident que l'on n'a pas compris, de toute
façon, et pour tous les auditeurs, le sens de ces modifications.
Même, dans le cas du député de Beauce-Sud, on
n'était pas conscient du fait que des modifications
avaient été apportées. Je pense que cela va aider
la compréhension que de les exposer brièvement mais dans un
langage plus simple, si possible, d'expliquer un certain nombre de ces
modifications que l'on pourra regarder ensemble après et sur lesquelles
il me fera plaisir de répondre à toutes les questions de tous les
membres de cette commission.
Je passerai rapidement sur la deuxième et la troisième qui
n'ont pas, comme telles, d'implications sur le plan de la détermination
des montants, mais qui se rapportent essentiellement à la
procédure, c'est-à-dire à la procédure dont nous
avons d'ailleurs amplement discuté hier relativement à la
responsabilité respective du ministère des Affaires sociales et
des centres de services sociaux, et également, la possibilité
qu'une commission d'appel, la commission d'appel qui existe déjà
pour entendre les appels affectant l'aide sociale et les allocations
familiales, puisse entendre les appels relativement à des
décisions touchant les contributions des bénéficiaires ou
des parents.
La quatrième, cependant, a des implications financières
importantes et son sens est peut-être obscur, il est difficile de le
faire passer puisque c'est une disposition essentiellement technique.
Son sens est double. D'une part, en vertu de cette modification, nous
limitons le minimum qu'une famille est appelée à contribuer, non
plus à un montant de $37.42 par mois, comme pendant le projet de
règlement, mais à un montant qui est $15 inférieur
à ces sommes dans les deux cas, c'est-à-dire une somme de $22
pour un enfant de moins de 12 ans et une somme de $27 pour un enfant de 12
à 18 ans. Ceci est le premier élément de modification qui
est compris par ce paragraphe.
Le deuxième élément de modification, c'est que,
pour l'excédent de cette somme, c'est-à-dire pour toute
contribution au-delà de ce minimum, le calcul est fait en s'inspirant
des mêmes règles relatives aux exemptions personnelles pour les
parents et les enfants, c'est-à-dire $3,500 dans le cas d'un couple,
$2,000 dans le cas d'un parent seul et $1,500 pour tout enfant de plus de 18
ans qui est aussi dans la famille et $1,200 pour des enfants de zéro
à dix-huit ans.
Le revenu de la famille est donc totalisé. On déduit ces
exemptions et le solde qui reste est cotisable en quelque sorte, d'une certaine
façon, est considéré comme disponible pour fins de la
contribution parentale dans une proportion de $1 de contribution parentale
mensuelle pour $48 de revenu annuel, 1/48 du revenu annuel ou, si l'on veut, en
multipliant par douze, $12 de contribution annuelle pour $48 de revenu
après déductions et exemptions. Ce qui fait que, par rapport au
projet publié en décembre, nous avons une diminution de
moitié de ce taux qui passe de 50 p.c. à 25 p.c. du revenu
après déductions.
Ceci nous permet de calculer une contribution au-delà du minimum
qui, encore une fois, est désormais de $22 et de $27, mais par une
contribution indéfinie, une contribution qui est elle-même
plafonnée et le plafond lui-même a été
abaissé. Pour comprendre la façon dont le plafond a
été abaissé, je vous réfère au paragraphe
g), en sautant les deux autres sur lesquels nous reviendrons brièvement.
Le paragraphe g) lui-même détermine une somme de 80 p.c. des
barèmes de base versés aux familles d'accueil. Le projet initial
prévoyait que le maximum, à un niveau de revenu relativement
élevé, serait égal à 100 p.c. des barèmes de
base payés aux familles d'accueil.
Ce maximum est désormais limité à 80 p.c. du
barème de base, ce qui fait que les montants maximaux, pour des niveaux
de revenus qui sont d'autant plus élevés que la
récupération, si on veut, se fait en tenant compte seulement du
quart du revenu et non pas de la moitié du revenu après
exemptions, passent pour les enfants de zéro à quatre ans de $75
à $60 par mois.
On parle toujours du maximum. Pour les enfants de cinq à onze
ans, de $85 à $68; pour les enfants de douze à quinze ans, de
$105 à $84, et pour les enfants de 16 à 17 ans, de $120 à
$96.
L'effet combiné de toutes ces mesures peut être
donné par l'inspection d'un tableau que je vous fais distribuer
maintenant. Ce tableau permet de voir l'effet combiné de toutes ces
mesures, c'est-à-dire diminution du minimum, diminution de moitié
du taux de comptabilisation du revenu disponible de la famille après
exemption et diminution du maximum pour la contribution, dans le cas des
familles qui ont un revenu suffisant pour atteindre le maximum. Par exemple, on
peut voir que, dans le cas d'une personne seule, c'est-à-dire d'un
adulte seul, ayant deux enfants placés, la contribution diminue
effectivement de moitié. Dans le cas d'une personne qui a un revenu de
$5,000, elle passe de $125 à $62. Dans le cas d'un revenu de $6,000,
elle passe de $167 à $83. Dans le cas d'un revenu de $7,000, elle passe
de $170 à $104. Dans le cas d'un revenu de $8,000, de $170 à $125
et, allant jusqu'à $12,000, la contribution passe de $170 à $136.
Il s'agit du placement de deux enfants dans ce cas-là, pour une
personne, une famille monoparentale. Dans le cas où une famille
monoparentale a deux enfants au foyer et un enfant placé, la
contribution, pour un niveau de $5,000, passe de $37 à $22; pour un
niveau de $6,000, de $67 à $33; pour un niveau de $7,000, de $85
à $54; etc., jusqu'à un niveau de $12,000, où le montant
de la contribution passe de $85 à $68. Dans le cas de familles où
on compte deux adultes au foyer et un enfant placé, la contribution
subit une diminution encore à peu près équivalente
à 50 p.c, passant, dans le cas d'un revenu de $5,000, de $62 à
$31; dans le cas d'un revenu de $6,000, de $85 à $52; dans le cas d'un
revenu de $7,000, de $85 à $68, de même pour tous les niveaux de
revenu plus élevés.
On obtient donc un maximum ici. Dans le
cas où trois enfants sont placés, la diminution, dans le
cas d'un revenu de $5,000, est de $111 à $66, soit à peu
près exactement aussi la moitié, un peu moins que la
moitié de diminution. C'est la même chose pour un cas de revenu de
$6,000, pour $7,000, de $146 à $73, de $187 à $94 pour un revenu
de $8,000 et ainsi de suite jusqu'à $12,000, pour diminuer de $255
à $177.
Dans le cas où il y a deux enfants au foyer et un placé,
on trouve la diminution pour un niveau de $5,000, qui est la diminution stricte
du minimum de $37 à $22 et la même chose pour $6,000. Dans le cas
d'un revenu de $7,000 pour cette famille, on a une coupure de 50 p.c, de $46
à $23; à $8,000, de $85 à $44, y compris, pour les revenus
supérieurs à $10,000, une diminution de $85 à $68.
Donc, vous voyez, je pense, par ces exemples, la signification en termes
de dollars des diminutions envisagées. J'aimerais souligner que dans
tous ces calculs, forcément, il faut faire certaines suppositions sur
l'âge des enfants puisqu'il y aurait autant de tableaux que de
combinaisons d'âges différentes, mais, pour fins de
simplicité, on a considéré que tous les enfants
étaient âgés de 5 à 11 ans. Dans le cas d'enfants
qui sont âgés entre 11 et 18 ans, comme on le sait, les
allocations familiales sont majorées de $5 et le minimum est
haussé de $5, mais ce sont seulement ces chiffres qui changent. Le
maximum est également différent dans ces cas. Donc, 80 p.c. du
maximum représentent dans ces cas une somme légèrement
supérieure également.
Enfin, j'aimerais souligner que, dans tous ces cas, ces chiffres doivent
être comparés au montant reçu au titre d'allocations
familiales. Ce montant aurait pu être indiqué
séparément sur la feuille. On peut cependant en prendre note,
comme on le sait, et en procédant dans l'ordre: dans le premier cas, on
a une allocation de $15 pour un enfant, de $37 pour deux enfants, de $70 pour
trois enfants, de $107 pour quatre enfants. $37 pour deux enfants. Même
s'il y en a un qui est placé, cela ne change pas le montant. Encore une
fois, $70 pour trois enfants et $107 pour quatre enfants.
Dans le cas des familles avec deux enfants, les mêmes chiffres se
retrouvent de $15, $37 et $70, que l'on peut comparer, dans chacun des cas, aux
sommes qui sont récupérées pour le placement d'un enfant.
Dans le cas de quatre enfants, le montant de $107 qui est indiqué est
l'allocation familiale reçue.
Voilà, M. le Président, ces trois dispositions; quand on
les lie ensemble et qu'on analyse simultanément leur effet en termes
d'impact financier sur les familles, l'effet de ces modifications sur les
contributions exigibles en vertu de ces modifications, on observe donc à
peu près généralement une diminution de l'ordre de 50 p.c.
ou à peu près pour toutes les catégories. J'aimerais
souligner que les chiffres d'allocations familiales que je viens de donner et
que je mets en regard de ces contributions ne com- prennent pas les sommes que
peuvent recevoir des familles qui bénéficient de l'aide sociale
au titre de leurs enfants, puisque, dans tous les cas, ces familles
reçoivent au moins $37 de façon conjointe, aide sociale et
allocations familiales, s'il s'agit d'un enfant de zéro à onze
ans; et $42 par mois, s'il s'agit d'un enfant de 12 à 18 ans.
Pour ce qui est des autres modifications, il y en a également une
autre qui a un impact financier sur les familles et qui peut contribuer
à diminuer encore ces contributions. Les cinq premiers jours
d'hébergement, soit dans un foyer ou dans un centre d'accueil, ne sont
pas comptabilisés dans la facturation qui est faite. D'autre part, tous
les jours pendant lesquels la famille reçoit chez elle ou reprend chez
elle l'enfant, par exemple les fins de semaine, sont déduits dans une
proportion de 1/30 de ce calcul. Prenons, par exemple, le cas d'une famille qui
a un enfant et qui paie le minimum de $22; elle voit ce minimum diminué
de 1/30 de $22 pour chaque jour que l'enfant passe dans sa famille,
c'est-à-dire que s'il passe, disons huit jours, toutes les fins de
semaine, dans sa famille, c'est 8/30 de $22 qui sont soustraits,
c'est-à-dire environ le tiers. La contribution à ce
moment-là devient égale à environ $14 pour le mois.
Pour ce qui est des autres dispositions, j'y reviens brièvement.
Pour ce qui est des dispositions du paragraphe e), je viens de l'exposer, la
diminution pour la période pendant laquelle l'enfant est dans son foyer.
Le paragraphe f), c'est celui qui a fait l'objet et qui fait encore l'objet de
discussions entre le ministère de l'Education et nous-mêmes, de
manière à faire bénéficier les parents des enfants
qui doivent être placés dans certaines institutions pour fins
d'accessibilité scolaire, ceci entendu dans un sens large, certaines
institutions spécialisées que l'on retrouve seulement à
Québec et à Montréal et que doivent fréquenter des
enfants pour certains handicaps. Nous essayons de faire
bénéficier ces familles des mêmes avantages financiers dont
toutes les familles bénéficient dans des cas analogues lorsqu'ils
vivent dans une région éloignée où il n'existe pas
d'école secondaire.
On sait que, dans ces cas, le ministère de l'Education accorde
une somme de $700 par année à ces familles. Nous voudrions placer
les familles impliquées dans la même situation d'avantages, si on
veut, ou de compensations pour les charges qui résultent d'un placement
en dehors du foyer pour fins d'accessibilité scolaire. Il est
intéressant de noter que le ministère de l'Education verse ces
sommes aux familles, un peu de la même façon que nous versons aux
familles les allocations familiales et que les familles décident
elles-mêmes si le placement doit être fait dans une institution ou
dans un pensionnat, ou chez un membre de la famille, des cousins, etc.
où l'atmosphère peut être plus propice à son
bien-être ou au moins contribue à diminuer l'éloignement et
le déracinement pour l'enfant.
Le même principe devrait être suivi dans toute la mesure du
possible. C'est ce que nous nous attachons à préciser avec le
ministère de l'Education. Nous ne sommes pas en mesure de donner des
détails précis sur la façon dont ceci pourrait être
fait, mais nous pourrons d'un autre côté développer cette
idée subséquemment.
Pour ce qui est de la période qui peut s'écouler
jusqu'à ce que l'entente avec le ministère de l'Education soit
faite, seul le minimum prévu, c'est-à-dire les $22, serait
applicable et non pas les autres taux envisagés par le règlement.
Enfin, c'est le paragraphe h). Nous avons donné quelques explications
hier. Il s'agit de permettre aux centres de services sociaux, un peu de la
même façon qu'il leur est permis de le faire dans le cas d'enfants
placés en foyers nourriciers au bénéfice desquels... Ils
peuvent accorder une allocation supplémentaire de $50 par mois aux
foyers nourriciers pour des soins spéciaux ou des attentions
spéciales que nécessitent certains enfants qui ont des
problèmes soit affectifs ou des problèmes de comportement ou des
problèmes de santé particuliers.
De la même façon que les centres de services sociaux ont le
pouvoir d'accorder une allocation supplémentaire aux foyers nourriciers
dans ces cas-là jusqu'à un maximum de $50, il y aurait
également, dans des cas analogues, une possibilité de
réduire cela au montant de l'allocation familiale reçu par la
famille ou de s'entendre pour le non-versement de cette allocation familiale
avec la famille et le paiement direct à l'institution, dans le cas de
placements institutionnels qui apparaissent à toutes les parties comme
étant la solution définitive qui s'impose. Dans un tel cas,
exception faite de l'allocation familiale, il n'y aurait aucune autre
contribution demandée de la famille. Il s'agit là cependant d'une
mesure qui doit être prise en fonction de critères professionnels
sur la possibilité d'intégrer ou de ne pas intégrer les
enfants dans un milieu de vie non institutionnel. Ceci, dans le cas des jeunes
enfants déficients mentaux, ne peut pas être
déterminé très rapidement justement parce qu'il faut un
certain nombre de mois et d'années pour se rendre compte si oui ou non
l'enfant a un potentiel qui peut être développé.
On se rend compte que chez les déficients mentaux, les
évaluations qui sont faites à l'admission sont très
dépendantes des circonstances qui ont immédiatement
précédé le placement en institution et ne sont pas une
indication valable du potentiel de l'enfant. Donc, il faut une certaine
période d'observation et au terme de cette période d'observation,
lorsque l'enfant a atteint un certain âge minimum, il est possible de
porter un jugement professionnel sur cette possibilité.
Alors, voilà, M. le Président, les modifications. J'ai
essayé de les expliquer plus complètement. Elles sont
significatives. Elles sont difficiles à expliquer et je suis bien
conscient qu'il y a peut-être encore des points qui demeurent obscurs. Il
me fera plaisir de répondre aux questions des membres de la commission
à ce sujet.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: En regardant le tableau que vous avez donné à
titre d'exemple, si on prend $5,000, vous nous avez donné les montants
que reçoivent les parents en allocations familiales. A moins que j'aie
mal compris, on arrive à quatre enfants et les parents ayant un revenu
de $5,000 paieraient $88 par mois, ce qui est moins que le total des
allocations familiales. Par contre, pour un ou deux enfants, ils paient $62, ce
qui est plus que les allocations familiales. Est-ce que vous avez
étudié la possibilité de majorer au moins jusqu'aux
allocations familiales à quatre enfants tout en diminuant pour un ou
deux enfants, ce qui serait moindre que les allocations familiales?
M. FORGET: C'est une possibilité que l'on peut examiner.
Evidemment, cet effet est produit, comme vous le savez, par la
progression, selon l'ordre des enfants, des allocations familiales, c'est un
des buts du régime de favoriser, relativement parlant, les familles qui
comptent un très grand nombre d'enfants parce que plusieurs
études l'on démontré c'est également dans
les familles qui comptent un grand nombre d'enfants que l'on trouve la plus
forte proportion de familles à très bas revenu. Donc, avec les
ressources disponibles pour les allocations familiales, il semblait que
c'était la meilleure façon d'utiliser ces fonds de manière
à, autant que possible, résoudre des problèmes de
pauvreté ou aider à contribuer à résoudre des
problèmes de pauvreté. Ces taux sont encore en bas de ce qu'il en
coûte pour le maintien d'un enfant dans une famille, mais ils sont moins
loin dans le cas d'un enfant de troisième ou quatrième rang
qu'ils le sont dans le cas d'un enfant de premier ou deuxième rang.
Encore une fois, c'est, je pense, plutôt une
caractéristique du régime d'allocations familiales qu'une
caractéristique du régime de contributions envisagées.
C'est pourquoi je ne suis pas sûr que, même en ajustant les taux,
il serait possible de corriger les faits que vous remarquez, sauf d'introduire
encore une complication additionnelle dans des règles qui sont
déjà compliquées, c'est-à-dire de faire
dépendre la contribution de l'ordre de l'enfant dans la famille,
c'est-à-dire qu'un enfant qui est le troisième contribuerait une
somme différente d'un enfant qui est le deuxième dans la famille.
Il faudrait déterminer dans quel ordre on les compte et des choses dans
ce genre.
Ce sur quoi on attire mon attention, c'est que ce raisonnement vaut pour
toutes les familles qui ne reçoivent pas d'aide sociale
puisque dans le cas de l'aide sociale, les montants qu'elles
reçoivent, même au titre du premier et deuxième enfant,
sont augmentés d'un versement qui est fait au titre de l'aide sociale
mais qui est dû à la présence de l'enfant. Entre un adulte,
par exemple, seul, sans enfant ou avec enfant, il y a une différence de
$68 mensuellement auquel s'ajoute l'allocation familiale. Donc, effectivement,
ce sont ces chiffres qu'il faudrait penser dans le cas de familles à
très bas revenus, les assistés sociaux.
M. VEILLEUX: Je sais qu'il y a un lien très étroit entre
le régime de l'aide sociale et les allocations familiales. Mais, est-ce
qu'un adulte au foyer, plus un enfant qui est placé, reçoit une
allocation pour cet enfant ou s'il reçoit le bien-être social?
M. FORGET: Oui.
M. VEILLEUX: Alors, ça s'ajouterait aux allocations familiales
que, normalement, il perçoit?
M. FORGET: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Dans les tables qui nous sont soumises d'ailleurs, je
tiens à remercier le ministre je pense qu'on commence à
avoir certaines réponses aux questions qu'on soulevait et à avoir
un peu plus de précisions.
M. VEILLEUX: Cela a été donné hier.
M. LESSARD: Non, M. le Président, probablement que, si le
député dit que ç'a été donné hier,
c'est parce qu'il n'était pas présent.
M. VEILLEUX: J'étais présent.
M. ROY: II est dans les confidences du conseil des ministres...
M. LESSARD: Je voudrais simplement que quand je compare un adulte au
foyer, bien souvent, c'est soit une veuve, soit une personne
délaissée, divorcée, soit une mère
célibataire, il est compréhensible que ces personnes, surtout
lorsqu'elles ont plusieurs enfants, aient des problèmes bien
particuliers par rapport à des foyers où il y a deux adultes,
soit la mère et le père. Je comprends que,
mathématiquement, vous allez peut-être me l'expliquer mais de
façon un peu plus humaine, je trouve un peu curieux que, la mère
seule au foyer paie toujours plus que dans les familles où ils sont
deux.
Vous allez me dire que c'est l'exemption pour la mère. C'est
vrai. Dans le cas, par exemple, d'un adulte au foyer, d'un enfant placé,
le montant est de $62. Si je consulte la table, deux adultes au foyer, un
enfant placé, le montant est de $31. Il est vrai qu'il faut penser au
fait que le mari où la femme, dans le cas où la femme travaille,
doit compenser pour la mère ou le mari qui ne travaille pas, mais il y a
des difficultés bien particulières, je pense, dont il faut tenir
compte pour ces foyers dont le père ou la mère est responsable du
foyer.
Je ne sais pas de quelle façon, en fait, on peut trouver une
solution. Dans le cas, par exemple, d'une personne seule qui serait au foyer et
qui a trois enfants dont un est placé et deux qui demeurent au foyer,
comment voulez-vous que cette personne, qui doit seule gagner la vie de la
famille et doit, en plus, avoir des dépenses plus fortes, étant
donné que, soit qu'elle doive engager un auxiliaire familial pour garder
les enfants, soit qu'elle doive placer les enfants à l'extérieur
pour aller travailler... Ou bien, elle ne gagne rien et là, soit l'aide
sociale ou autre chose...
M. FORGET: Son revenu est inférieur à ce
moment-là.
M. LESSARD: Le revenu est inférieur, mais cela crée des
problèmes à la personne qui gagne un revenu qui est
supérieur. Mais moi, j'ai peur qu'avec ces engagements, vous
découragiez les personnes, en fait, de travailler. C'est un point
d'interrogation que j'ai. Je comprends que, mathématiquement, vous avez
raison. Mathématiquement, il est normal que, quand il y a un adulte de
plus à la maison, l'on puisse accorder une exemption pour cet adulte,
mais de façon concrète, quand on prend chacun des cas
concrètement, ce qui nous amène à être bien plus
souvent plus humains et plus informés des problèmes particuliers
et bien spécifiques aux familles où il n'y a qu'un adulte au
foyer, soit une mère qui est veuve, soit une mère
célibataire, soit une mère divorcée. Il y a des
problèmes bien particuliers.
Je constate que ces personnes sont peut-être
pénalisées par rapport aux foyers où il y a deux adultes.
D'autre part, si c'est une mère célibataire, une veuve...
Un mari, bien souvent, peut gagner un salaire plus élevé,
on va payer plus cher. Si c'est une mère célibataire, on sait
qu'on n'a pas encore égalité de salaire pour le même
travail au Québec. Alors, cela m'apparaft créer des
problèmes, concrètement, au niveau de chacun des cas, cela va
certainement créer un certain nombre de problèmes. En fait,
mathématiquement, c'est logique, mais je ne sais pas si, humainement,
c'est logique.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a aussi une chose. Dans le cas de ces
foyers d'un parent seul, il y a quand même, que ce soit pour un ou deux,
un minimum de base nécessaire qui est assez élevé pour
assurer le maintien d'un foyer. Ce minimum existe autant pour la personne
seule que là où il y a les deux conjoints. C'est le
minimum de base, que l'on soit seul ou deux. A ce moment-là, je pense
que la seule manière de rétablir l'équilibre serait d'en
venir peut-être à une déduction de base plus forte dans le
cas du foyer où il y a un parent seul.
M. BONNIER: Dans l'exemple donné par le député de
Saguenay, je ne vois pas vraiment le problème parce que, s'il y a
simplement un enfant de placé, c'est $22 qu'elle paye, ce qui est moins
que l'allocation familiale.
M. LESSARD: Non, ce que je veux dire...
M. BONNIER: Avec deux enfants, si on est sur la même ligne...
M. LESSARD: On a la même ligne.
M. BEDARD (Chicoutimi): II ne faut pas commencer à raisonner en
fonction d'être nécessairement obligé de grouper
complètement cette allocation familiale. Il faut arrêter de penser
juste en fonction de cela. On est devant une classe de la société
qui a des problèmes tout à fait particuliers par rapport à
d'autres qui ne sont pas dans une situation sociale, dans des problèmes
aussi spécifiques que ceux qui sont touchés par ce
règlement. Je pense que c'est comme, par exemple, peut-être pour
expliquer le cas, au niveau d'un foyer où il y a un parent seul et
où il y en a deux; dans les deux cas, il faut assurer le maintien d'un
foyer. C'est un exemple peut-être baroque, mais que vous soyez deux dans
le foyer ou que vous soyez un, ce n'est pas parce que vous êtes deux que
cela prend deux réfrigérateurs ou que cela prend deux
poêles ou n'importe quoi; en fait, ce que je veux dire, c'est que ce soit
une famille d'un, une famille de deux, il y a un minimum de dépenses
nécessaires qui est effectivement le même ou presque dans les deux
cas. A partir de ce moment-là, pour rétablir l'équilibre,
à mon sens, on doit en arriver à une déduction de base
plus forte dans le cas de la famille où il y a un seul parent.
M. LESSARD: En fait, voici l'écart, c'est que vous donnez la
même exemption pour deux adultes. Au premier adulte, vous donnez une
exemption de $2,000...
M. BONNIER: Pour un adulte, c'est $2,000.
M. LESSARD: ... et deux adultes, c'est $3,500. Il y a un écart,
comme l'explique d'ailleurs le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a un écart.
M. LESSARD: Mais je ne pense pas que cet écart puisse être
aussi fort, à mon sens. Prenons la première ligne dans un cas et
la première ligne dans l'autre. Première ligne: "un adulte au
foyer, un enfant placé". Cette personne, cela lui coûte $62.
Laissons de côté, à un moment donné, les allocations
familiales. "Deux adultes au foyer et un enfant placé, 50 p.c. de
moins", $31. Je pense que l'écart m'apparaît assez fort.
M. VEILLEUX: Les premiers $5,000, dans le premier exemple, c'est pour
faire vivre un adulte et un enfant qui est placé, tandis que le
deuxième, c'est $5,000 pour deux adultes.
M. LESSARD: Je suis bien d'accord.
M. VEILLEUX: Trouvez-vous que $5,000 pour deux adultes, c'est trop?
M. LESSARD: Je suis bien d'accord, mais, comme le député
de Chicoutimi vous le dit, c'est que les $500 de différence entre un
adulte par rapport à deux, cela ne prend pas... Comme on le dit, il y a
une charge minimale. Que vous soyez un ou que vous soyez deux adultes, il y a
une charge minimale du foyer. Ce que je vous dis, c'est que je suis d'accord
qu'il peut y avoir un écart, mais l'écart dans les chiffres se
concrétise par un écart de 50 p.c, tandis que, au niveau
justement de l'exemption, il se concrétise par 25 p.c, en fait
d'exemption, la différence est à peu près de 25 p.c. Comme
le député de Chicoutimi le dit, cela ne prend pas deux
réfrigérateurs et cela ne prend pas deux poêles, etc. Je
calcule que, de plus, mais humainement...
M. VEILLEUX: Cela prend plus d'aliments.
M. LESSARD: ... humainement, oui, cela prend plus d'aliments...
M. VEILLEUX: Deux fois plus de linge.
M. LESSARD: Non, pas deux fois plus de linge.
M. VEILLEUX: Bien oui, ils sont deux là-dedans.
M. LESSARD: Humainement, ce qui arrive, c'est qu'il faut bien comprendre
que ces foyers sont les foyers qui affrontent bien souvent le plus de
problèmes. Les grands problèmes qu'on a on en a des grands
problèmes ce n'est pas tant lorsque la mère et le
père vivent ensemble, c'est lorsque, bien souvent, la personne est soit
veuve, soit mère célibataire, soit divorcée, une
divorcée ou un divorcé. Les problèmes, dans ces familles,
à mon sens, d'après mon expérience particulière au
niveau du bureau, sont beaucoup plus nombreux. Il me semble qu'on devrait en
tenir compte dans une question mathématique.
M. VEILLEUX: Ils ont plus de problèmes lorsqu'ils ont des enfants
normaux qui demeurent à la maison, je l'accorde au député
de Saguenay. Si vous regardez la situation familiale
d'un adulte et qu'il y a deux enfants qui demeurent au foyer ou un
enfant qui demeure au foyer et un qui est placé, on paie $37 au lieu de
$62 dans le cas où il n'y a pas d'enfant au foyer. Je suis d'accord que
le problème réside, pour une personne seule surtout, en plus
d'avoir une personne qui est handicapée, elle a une personne normale qui
demeure à la maison...
M. BEDARD (Chicoutimi): ... par rapport...
M. VEILLEUX: ... pour gagner $5,000, elle doit quitter la maison, et
comme vous l'avez dit tout à l'heure, soit qu'elle le place dans une
garderie, soit qu'elle se serve d'un auxiliaire familial pour venir garder
l'enfant pendant qu'elle est au travail. J'en ai eu des problèmes comme
cela aussi. Ce sont des problèmes beaucoup plus cruciaux, je dirais,
lorsqu'il y a des enfants qui demeurent au foyer, en plus d'y avoir un
handicapé.
M. LESSARD: Dans un couple, c'est l'homme qui travaille et,
généralement, l'homme va gagner plus cher. Quand il s'agit d'une
veuve, d'une mère célibataire, parce qu'on n'est pas encore
à travail égal, salaire égal, les femmes, la plupart du
temps, gagnent moins cher que l'homme. Il arrive aussi le fait que, quand vous
allez, par exemple, à deux enfants au foyer, et d'un à trois
enfants, un enfant de placé... Si on prend un adulte et deux enfants au
foyer, un enfant de placé, je comprends qu'il y ait une
réduction. Cependant, par exemple, il faut bien penser que cette
personne, le fait qu'elle demeure seule, cela lui apporte des charges
considérables pour les deux enfants qu'elle doit conserver au foyer.
Moi, ce que je vous dis et mathématiquement c'est peut-être
difficile à estimer ces foyers à adulte unique me
paraissent avoir des problèmes bien particuliers et bien plus importants
que lorsque nous avons un foyer avec deux parents. Je ne vous dis pas que,
mathématiquement, j'ai raison. Je vous dis: Cela me pose un
problème et je vous dis que, peut-être, il doit y avoir un
écart, mais cet écart me paraît passablement fort.
Regardez, c'est du double au simple: d'un adulte, un enfant placé, c'est
$62; dans le cas du foyer avec deux parents, un enfant placé, c'est $31.
Du double au simple, de $62 à $31.
M. VEILLEUX: Je serais porté à demander au ministre:
Qu'est-ce qui arrive dans... Dans le cas des $5,000, que ce soit une femme ou
un homme, c'est $5,000. Comme le député de Saguenay dit: Une
femme a une chance de gagner un moins gros salaire pour le même travail
qu'un homme. A ce moment-là, elle a des chances d'être en bas des
$5,000. Qu'est-ce qui arrive à des parents uniques, en bas des $5,000?
Parce que l'échelle ici, c'est quand même à partir de
$5,000.
M. BEDARD (Chicoutimi): A $5,000, il y a des exonérations
d'impôt.
M. FORGET: J'aimerais pouvoir vous répondre sur-le-champ.
M..VEILLEUX: Admettons qu'elle gagne $2,500?
M. FORGET: II faudrait compléter le tableau, évidemment,
pour pouvoir vraiment vous donner une réponse. Je ne peux pas
l'improviser facilement. Quand on tombe sur des revenus largement
inférieurs, on tombe dans une situation totalement différente
d'allocations sociales; mais entre les deux, je ne pourrais pas vous dire, sauf
qu'on va frapper de plus en plus les chiffres minimaux.
M. VEILLEUX: Prenons le cas d'une mère célibataire qui a
un enfant handicapé et qui vit sous le régime du bien-être
social. Quelle est l'allocation à payer pour l'enfant placé?
M. FORGET: Peut-être faudrait-il le demander à M.
Ouellet?
Cette personne reçoit en aide sociale, sur une base annuelle,
$3,036, à l'heure actuelle. C'est-à-dire que, dans le cas d'une
famille monoparentale, l'allocation qui est donnée pour le premier
enfant est supérieure à l'allocation qui est donnée pour
les autres. L'allocation qui est garantie pour le premier enfant, c'est $83,
allocation familiale et aide sociale. Cette personne recevrait $83 pour
l'enfant.
M. VEILLEUX: D'accord. Et elle aurait à payer combien par mois?
$62?
M. FORGET: C'est $62, d'après les tableaux qui sont ici.
Maintenant, j'aimerais, peut-être pour...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. LESSARD: Ces gens n'ont même pas le minimum vital.
M. FORGET: J'aimerais préciser, suite à la discussion de
ce point-là...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous allez tenter de chercher son aide
sociale.
M. FORGET: C'est sans doute une...
M. LESSARD: Ce n'est pas une logique mathématique.
M. FORGET: Est-ce que vous me permettez de continuer?
M. LESSARD: Allez-y.
M. FORGET: A la suite des représentations que vous avez faites,
c'est sans doute un point qu'on peut regarder à nouveau et auquel on
peut peut-être apporter des modifications. Je
pense que je peux difficilement apporter des modifications sur-le-champ;
comme vous avez dit, l'arithmétique de ça peut nous
entraîner à faire d'autres modifications, etc. Ce qui fait que
c'est un point qui mérite d'être considéré, je
pense.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous pouvons nous attendre que,
assurément, d'après les calculs que nous voyons, il y aura un
rajustement qui pourra se faire en fonction d'une déduction de base plus
forte?
M. FORGET: J'aimerais bien avoir la chance de le reconsidérer. Je
pense que ce que je vous indique, c'est que l'argument que vous avez
apporté me semble valable, il mérite considération. Je
pense que c'est déjà indiquer que nous sommes prêts
à le regarder et à suggérer une nouvelle modification.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est pour cela qu'en dehors de la dialectique
qui peut paraître parfois, en termes de raisonnement, bien assise ici,
quand on regarde au niveau d'un problème, au niveau des chiffres dans
l'analyse même d'un problème, on s'aperçoit que, même
si on a une grande logique, technocratiquement parlant, ça donne des
résultats comme monsieur, tout à l'heure, vient de nous
donner.
Je peux me tromper, remarquez, nous sommes au stade des renseignements;
d'abord, quand vous nous parlez de vos amendements, vous parlez toujours en
fonction d'une diminution de 50 p.c. par rapport au règlement
général.
M. FORGET: Au projet.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas par rapport à la situation
existant avant, parce que par rapport à la situation existant avant,
c'est une hausse.
M. FORGET: Sans doute, c'est une hausse beaucoup moins sensible.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais c'est une hausse; pour être
mathématique, sans faire de politique, c'est une hausse...
M. FORGET: Si vous vous référez aux anciennes normes qui
prévoyaient, je pense, un minimum de $19.
M. VEILLEUX: M. le Président, peut-être pour
continuer...
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, la plupart du temps, ils ne le payaient
pas...
M. FORGET: C'est un problème d'administration. Ceux qui payaient
ont effectivement payé des...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, c'est un problème d'administration,
mais c'est parce qu'humainement parlant les gens qui étaient dans le
champ se sont rendu compte que même avant, alors que c'était
beaucoup plus bas, que les taux étaient beaucoup plus bas, encore
là, c'était presque inhumain d'aller chercher ce taux-là,
parce que si ça n'avait pas été la situation, le
gouvernement...
M. FORGET: II y avait malgré tout une facturation de $2 millions
par année qui s'effectuait selon des barèmes comme ça.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous allons revenir sur ce que vous rapportiez
avant et sur les projections avec l'application de ce règlement.
Premièrement, c'est une diminution quand on se rapporte au
règlement général, mais par rapport à la situation
qui était existante, à ce moment-là, c'est une
augmentation.
M. VEILLEUX: Est-ce que le député de Chicoutimi
m'excuserait? Je voudrais continuer l'exemple que je mentionnais tout à
l'heure où j'ai demandé...
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela va entrer dans l'exemple, à un
moment donné.
M. VEILLEUX: ... une mère célibataire qui a un enfant, M.
Ouellet m'a dit qu'elle recevait $3,086 par année, c'est cela?
M. FORGET: Sous l'aide sociale.
M. VEILLEUX: Sous l'aide sociale. Maintenant, elle aurait à
débourser, si son enfant est placé, $62 par mois, ce qui fait
$744 et il lui resterait $2,342. Une personne seule, sans enfant,
célibataire, sous le régime du bien-être social
reçoit combien par année?
M. FORGET: C'est $2,200. Si elle a uniquement l'aide sociale, c'est bon
de le préciser, elle ne paiera pas $62 par mois. Ce n'est pas ce montant
qu'elle paiera, parce qu'ici nous avons $5,000 de revenu.
M. VEILLEUX: C'est vrai.
M. LESSARD: C'est entre $22 et $62 par mois.
M. FORGET: C'est exact.
M. VEILLEUX: Maintenant, une personne célibataire, sous le
régime du bien-être social, qui n'a pas d'enfant reçoit
combien?
M. FORGET: C'est $170 par mois.
M. VEILLEUX: Ce qui fait $2,040 par année.
Dans le cas où vous faites proportionnellement entre $22 et $62
pour une mère célibatai-
re qui a un enfant à placer, prenons le maximum $62, le
célibataire seul, c'est $2,040, une mère célibataire qui a
un enfant à placer, c'est $2,342 qu'il lui reste.
M. FORGET: Oui. Même en prenant un exemple qui ne s'applique pas,
puisqu'effectivement elle ne paierait pas $62.
M. VEILLEUX: Oui, je prends le maximum. Malgré le maximum.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je vous remercie, ce matin
j'étais soucieux du règlement, j'ai décidé
d'attendre que le président m'accorde la parole et je vous remercie.
Je suis quand même un peu surpris ce matin de constater, disons
que c'est quand même une bonne nouvelle parce que c'est un moindre mal,
que le ministre nous annonce des déductions. Mais il ne faudrait pas
prendre des vessies pour des lanternes, il s'agit d'une déduction de
l'augmentation projetée, ce n'est pas la même chose, ce n'est pas
une déduction de ce que les gens paient actuellement, c'est une
réduction de l'augmentation projetée. Est-ce que c'est
ça?
M. FORGET: Si vous voulez.
M. ROY: Je pense que c'est quand même important que ça se
sache, de façon à n'induire personne en erreur. C'est une
réduction de l'augmentation projetée.
Maintenant, on discute des montants qui peuvent être payés
par telle ou telle catégorie de personnes.
Je répète ce que j'ai dit hier, c'est une chaîne
permanente qu'on met dans le cou des familles qui ont la pénible
épreuve d'avoir des enfants handicapés. Ce matin, on ne parle pas
de la chaîne, on discute de la longueur des mailles, de la grosseur des
mailles et du poids de la chaîne.
M. FORGET: Pour ce qui est des enfants handicapés, il ne faut pas
regarder ce tableau-là.
M. ROY: C'est à peu près cela, ce seraient des enfants
handicapés.
M. FORGET: Dans le cas des enfants gravement handicapés, il y a
une autre disposition.
M. ROY: Oui, il y a d'autres dispositions, mais c'est encore une autre
chaîne dans le cou des parents. J'aimerais le prouver, parce que je vais
poser des questions au ministre. On va établir les revenus des parents
pour pouvoir fixer les montants des contributions selon les règles de Sa
Majesté la norme, qui est une reine qui gouverne au ministère des
Affaires sociales, Sa Majesté la norme. A partir de
l'établissement des normes, dans le cas des calculs des revenus,
j'aimerais savoir, premièrement: Qui va être chargé au
ministère des Affaires sociales d'aller faire les enquêtes dans
les familles pour déterminer quels sont les revenus des familles?
Comment vous allez le faire? C'est un point que j'aimerais bien savoir ce
matin, parce qu'on a tellement de problèmes dans le cas des mères
nécessiteuses, dans le cas des veuves, des aveugles, des invalides! Il y
a des personnes dans mon comté et il y en a ailleurs dans la province de
Québec qui ont les jambes coupées. On fait des enquêtes
à tous les mois pour voir s'ils ont encore les jambes coupées. Le
ministère des Affaires sociales, c'est aussi ridicule que cela.
On est en train de faire la même chose là-dedans. On est en
train de répéter les mêmes gestes. J'aimerais savoir qui,
au ministère des Affaires sociales, va aller faire les enquêtes
dans les familles pour établir les revenus. Je parlerai des
catégories de revenus après.
M. FORGET: Personne.
M. ROY : Personne. Cela va se faire tout seul.
M. FORGET : Non, si vous regardez le projet, vous allez voir que cette
responsabilité n'a jamais été assumée. Vous parlez
d'aide sociale, mais c'est un autre sujet. N'a jamais été
assumée la responsabilité de déterminer les revenus d'une
famille, elle n'a jamais été assumée par le
ministère comme tel dans le cas des contributions des enfants, mais elle
a toujours été assumée par les agences qui remplissaient
une formule lors de l'évaluation des problèmes d'une famille.
Cette information leur est nécessaire, de toute façon, pour un
certain nombre d'autres problèmes. Cette évaluation était
faite par les agences sociales. Elle continuera d'être faite, non plus
par les agences, mais par les centres de services sociaux. C'est le nouveau nom
qu'il porte depuis la réorganisation.
M. ROY: Donc, vous allez avoir des personnes qui vont être
engagées par le ministère des Affaires sociales, ou indirectement
par les agences de services sociaux, par les centres de services sociaux
centralisés, puisque nous avions des services sociaux dans les
comtés ruraux du Québec, parce qu'on était près des
services. Maintenant, c'est tout centralisé. Alors, vous allez avoir des
personnes qui vont être mandatées spécifiquement pour aller
visiter les familles et remplir les formules pour déterminer leurs
revenus. J'aimerais savoir si ce sera la personne, l'agent de service social,
la personne qui s'occupe de services sociaux ou si cela va être des
personnes spécifiquement mandatées dont la seule fonction sera de
faire les enquêtes sur les revenus des familles.
M. FORGET: Comme dans le passé, ce sera le travailleur social,
qui est en relation avec la famille pour lui apporter une aide qui, parmi tous
les problèmes d'évaluation des problèmes
de cette famille, de ses ressources, etc., va compléter cette
information.
M. ROY: Est-ce que vous vous rendez compte, au ministère des
Affaires sociales, de la situation dans laquelle vous placez le travailleur
social qui n'est pas perçu comme un aide, mais plutôt comme un
inquisiteur qui vient fouiller dans les affaires, dans la vie privée des
gens? Est-ce que vous vous êtes déjà souciés, au
ministère des Affaires sociales, est-ce que vous vous êtes
déjà arrêtés... Parce qu'il s'agit de rencontrer des
travailleurs sociaux. Ils ont même fait un mémoire, je n'ai
malheureusement pas eu le temps de le lire; le mémoire est arrivé
ce matin à 9 h 45 à mon bureau. Ces gens sont mal perçus
par la population, par ceux qui devraient avoir de l'aide, parce que ces gens
vont dans les familles et ils sont en quelque sorte limités à
réviser les revenus, parce qu'on en fait des percepteurs de
contributions. Je voudrais savoir du ministre si on se rend bien compte, au
ministère des Affaires sociales, du problème que cela cause et
des conséquences.
M. FORGET: M. le Président, j'aimerais répondre à
cette intervention parce qu'elle m'ap-parait très sérieuse par
les implications qu'elle comporte. Il n'est pas question, à mon avis, de
transformer la perception ou l'image du travailleur social dans une
activité qu'il a toujours remplie auprès des familles qui
sollicitent l'aide de l'agence ou du centre de services sociaux, qui
sollicitent son aide pour résoudre les problèmes qui peuvent
être des problèmes à l'occasion de budget familial, des
problèmes de mésententes ou de dislocation de la famille, des
problèmes avec les enfants, etc. Il a toujours été
considéré comme faisant partie de l'information professionnelle
dont doit disposer le travailleur social pour connaître
précisément de quelles ressources dispose cette famille, quel
genre de recommandations il peut lui faire, selon son état de
revenu.
Il ne peut pas faire les mêmes recommandations à tout le
monde. Il ne peut pas suggérer les mêmes formes d'aide à
tous, indépendamment de leurs revenus, puisque parfois les
problèmes de revenu ou d'insuffisance de ressources sont à la
source de certains problèmes qui se manifestent bien autrement. Cela a
toujours été son rôle. Cela l'est dans tous les pays
à ma connaissance où le travailleur social ne se préoccupe
pas seulement des relations entre les parents, entre les parents et les
enfants, etc., mais également de la situation socio-économique de
la famille et doit recueillir pour cela des renseignements
systématiques. Cela a été son rôle dans le
passé. Je n'ai pas compris les remarques de l'Association
professionnelle des travailleurs sociaux comme s'élevant contre la
poursuite d'une préoccupation qu'ils ont toujours eue. Evidemment, ils
doivent être conscients du statut socio-économique des familles
qui viennent les trouver. Ils ne s'impo- sent pas. Il n'est pas question de les
imposer à qui que ce soit. Les familles viennent les trouver, demandent
de l'aide. Il n'est pas indifférent de savoir dans quel état
économique la famille se trouve. Au contraire, c'est parfois une
considération déterminante sur les recommandations et l'appui que
le travailleur social peut recommander.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Excusez. On va laisser la parole au
député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je m'excuse, mais j'aurais une question additionnelle à
poser à l'honorable ministre. Si, pour exécuter son travail, le
travailleur social, qui a établi au mois de mai les revenus de la
famille et qu'il doit la visiter régulièrement, découvre
au cours de ses visites, à questionner les gens, que le mari, le
père de famille, a réussi à trouver une petite occupation
pour aller chercher des revenus supplémentaires dans ce qu'on appelle un
"side-line", à temps partiel pour accroître les revenus de la
famille, qu'est-ce qui arrive au niveau de l'obligation que doit avoir envers
son employeur, le ministère des Affaires sociales, le travailleur
social? Il doit faire rapport pour expliquer. J'aimerais que le ministre me
dise, si ce n'est pas cela, s'il doit nécessairement faire rapport pour
informer le gouvernement que la personne n'entre plus dans le salaire de $6,900
mais qu'elle est dans la catégorie de $7,300. Est-ce qu'il va être
obligé de tenir à jour le dossier des revenus de la famille pour
ce qui a trait aux contributions? Est-ce qu'il va être obligé de
tenir à jour le dossier?
M. FORGET: Pas du tout. Il n'est pas question de faire du travailleur
social un inquisiteur sur les revenus des gens. Les règlements
prévoiront dans les règles d'application que c'est le revenu de
l'année antérieure qui servira à déterminer la
cotisation et qu'on donnera le bénéfice du doute, si vous voulez,
à la famille en question qui pourra demander, lorsque son revenu aura
subi une diminution d'au moins $500 durant l'année, de faire
réviser sa contribution à la baisse en conséquence d'une
telle situation. Donc, c'est une détermination annuelle qui donne le
bénéfice du doute. Dans le cas d'augmentation, il n'y aura pas
d'effort fait, sauf une obligation morale, générale des familles,
s'il y a véritablement une modification sensible dans leurs revenus,
à la hausse, d'en avertir eux-mêmes le centre de services sociaux
et dans le cas d'une baisse, de demander, comme un droit strict, une diminution
de leur contribution.
M. ROY: Je m'excuse auprès du député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non.
M. ROY: Je ne veux pas lui enlever ses questions. Ce qui veut dire,
également, si vous tenez compte d'une année antérieure et
que la personne, durant l'année suivante, l'année actuelle,
devient chômeur...
M. FORGET: A ce moment-là, cette clause de $500 s'applique en sa
faveur, comme je l'ai indiqué, et elle peut demander de réduire
sa contribution en tenant compte de ce fait-là.
M. ROY: II y a une grève, il tombe malade, il y a toutes sortes
de facteurs. C'est justement là que je pose ma question au ministre.
Vous rendez-vous compte à ce moment-là que, pour surveiller tout
ça, vous allez avoir besoin de tous vos travailleurs sociaux qui vont
être limités à faire ce travail-là. Est-ce que vous
vous rendez compte de ça?
M. FORGET: Non.
M. ROY: Regardons ce qui se passe dans la Loi de l'aide sociale et je la
prends comme exemple, parce que c'est exactement le même principe qui est
appliqué. On tient compte des revenus. Je trouve quand même
curieux qu'au ministère des Affaires sociales on ne pense pas à
donner une loi et à lui donner un caractère
d'universalité. Les allocations familiales, le ministre le sait
très bien, parce qu'il était au ministère des Affaires
sociales dans le temps, il a été question qu'on en fasse des
allocations universelles, un régime universel, une espèce de
régime qui tenait compte des revenus. On a fini par obtenir le
régime universel; à la sécurité à la
vieillesse, le régime est universel, on a le supplément de revenu
garanti, mais les formules vont très bien et c'est plus facile pour des
personnes qui sont à la retraite d'avoir une meilleure stabilité
dans leurs revenus. Pour l'assurance-hospitalisation, le régime est
universel; dans l'assurance-maladie, le régime est universel; dans
l'éducation, le régime est universel, il y a le service de
prêts et bourses et on pourrait en discuter. A part ça, le
régime est universel.
Pourquoi, c'est ce que je ne comprends pas, dans le cas de familles
éprouvées, qui ont la pénible épreuve d'avoir des
personnes handicapées, en plus d'avoir à subir cette
épreuve, je reprends les termes que j'ai employés hier, est-ce
qu'on va organiser tout ce système pour savoir si la personne a un
duplex, si elle a réussi à louer un étage ou des
appartements à des locataires, pour savoir si la personne a un petit
magot de $1,000 ou $2,000 à la caisse populaire pour tenir compte de ses
revenus d'intérêt, fouiller dans le compte de banque pour voir si
la personne a des revenus supplémentaires ou si elle n'en a pas, quand
est-ce qu'elle va avoir une augmentation de salaire?
Vous savez très bien que ce qui découle de tout cela,
c'est qu'au ministère des Affaires sociales, quand on fait des
corrections, un mois ou deux mois après, on envoie des comptes. Je pense
qu'il n'y a pas un député ministériel qui ne reçoit
pas à son bureau des personnes, des assistés sociaux, qui n'ont
pas de revenus et qui, à un moment donné, reçoivent des
comptes du ministère des Affaires sociales parce qu'il y a eu du
changement dans leur situation ou des erreurs des fonctionnaires. Pourquoi le
ministère des Affaires sociales, à l'heure actuelle, ne ferait-il
pas pression auprès du ministère des Finances, parce que je sais
que le ministre des Finances a son mot à dire? Il y aurait
peut-être lieu de consulter le ministre du Revenu et d'aller chercher
l'argent là où il est, au lieu de continuer d'aller fouiller dans
les poches des gens, des gagne-petit, de ceux qui sont éprouvés
dans la société et qui devraient avoir les égards
nécessaires de la part de l'Etat qui se veut un état
social-démocrate.
M. le Président, moi, le principe de la
sélectivité, le principe de base, je tiens à le dire et je
le répète, je suis absolument contre ce système. Qu'on
organise un système universel et qu'on cesse la discrimination et les
enquêtes et les promenages. A partir de ce moment-là, nous aurons
au Québec des travailleurs sociaux qui feront véritablement du
travail social, celui pour lequel ils ont choisi cette vocation, et c'est
ça qu'ils veulent faire, les travailleurs sociaux. Lorsqu'on les
rencontre individuellement, ils nous disent: On est des percepteurs de comptes
et des faiseurs de rapports. A ce moment-là, ils sont mal perçus
dans les familles et on les empêche de travailler. Combien ça
coûterait au gouvernement, d'abord, combien ça va coûter
d'administration au gouvernement pour tout ce système d'inquisition?
Combien est-ce que ça va coûter? Tous les problèmes que
ça va susciter et que ça va créer? Combien ça
coûterait d'organiser un régime universel, si on dit: Une personne
qui reçoit de l'aide sociale à l'âge de 18 ans a droit
à tant et une personne de 18 ans est à sa majorité, donc
n'est plus à la charge de la famille? A ce moment-là, pourquoi
est-ce qu'on ne l'organise pas? Je pense qu'on ferait une oeuvre sociale et
qu'on ferait une oeuvre sociale véritable.
A ce moment-là, je serais tenté de croire que le
gouvernement a des intentions de social-démocrate, je serais
tenté de le croire, mais pas avec le système que le gouvernement
est en train d'instaurer en ce qui a trait aux gens qui ont des personnes
malades et des malades chroniques et des enfants handicapés. S'il y a
des personnes à qui l'assurance-hospitalisation et l'assurance-maladie
devraient donner des bénéfices, c'est bien à eux. Si on se
réfère aux grands principes qui ont été
énoncés lors de l'adoption de ces lois, c'est ça qu'on
disait dans le temps. Aujourd'hui, on revient en arrière, on essaie de
dorer la pilule et de discuter. Ce matin, on discute des grosseurs et de la
longueur des mailles, parce que le gouvernement a besoin d'argent. Et
ça, on n'ose pas le dire. On dit que c'est une diminution, une
diminution de l'augmentation projetée, en plus. Je trouve que c'est
quand même fort et je pense qu'on est en train de se moquer de la
population du Québec et on se moque également en même temps
des parlementaires. Je ne voudrais pas blesser mon ami, le député
de Saint-Jacques, parce que c'est un petit Beauceron comme moi, mais quand
même je tiens à le dire.
M. VEILLEUX: Je ne suis pas député du comté de
Saint-Jacques, Saint-Jean.
M. ROY: C'est parce qu'il s'appelle Jacques, M. le Président.
M. FORGET: M. le Président, le député de Beauce-Sud
a fait allusion à plusieurs reprises, dans son intervention, aux
problèmes des handicapés. J'ai attiré son attention, mais
je le fais à nouveau sur la confusion qu'on crée ainsi entre les
règles qui s'appliquent à un très grand nombre d'enfants
qui, pour la très grande majorité, ne sont pas des
handicapés, qui sont placés pour des raisons familiales et les
problèmes familiaux ne constituent pas un handicap, à moins que
l'on veuille abuser des mots.
Il y a, bien sûr, des problèmes, mais ce n'est pas ce que
l'on désigne normalement par les handicaps et les handicapés,
ceux pour lesquels des problèmes spéciaux existent tels que des
problèmes d'accessibilité scolaire, des problèmes
d'impossibilité d'intégration dans un milieu de vie normal. Nous
avons prévu des règles d'exception pour ces
catégories.
Il s'agit donc, essentiellement, d'enfants normaux, quant à eux,
et quant à leurs familles, sauf pour des problèmes, soit de
maladie, soit de dislocation familiale, c'est l'immense majorité des
enfants qui sont placés.
On parle de la lourdeur d'un système, d'une administration
extrêmement coûteuse. On exagère grandement les
problèmes soulevés par l'administration. Je fais remarquer au
député de Beauce-Sud que, dans un système qui est, sans
aucun doute, un très gros système, qui est un système
lourd, étant donné le nombre de personnes qu'il affecte et les
sommes impliquées, celui de l'aide sociale, le système n'est
quand même pas tellement coûteux comme administration puisque les
coûts d'administration sont inférieurs à 6 p.c. du
coût total du régime, ce qui est bien en deçà des
coûts d'administration pour un grand nombre de mesures d'assurances
privées. Donc, il y a, dans l'administration de ces mesures, une rigueur
administrative, il n'y a pas d'extravagance au point de vue des coûts qui
sont impliqués et les coûts sont encore moindres pour les mesures
envisagées, j'en suis persuadé, parce qu'il ne s'agit pas
essentiellement de mesures différentes de celles qui sont
déjà prises, mais c'est une systématisation de pratiques
qui, je le répète encore une fois, ont été
diverses, appliquées sans rigueur, c'est-à-dire sans' justice,
puisque, dans une large mesure, des facturations faites à certaines
familles ont été peut-être négligées, alors
que d'autres familles assumaient à cet égard toutes les
responsabilités qui étaient les leurs et auxquelles 'elles
avaient souscrit. Il est donc important d'établir cette rationalisation,
mais il existe déjà des ressources qui sont dans ce réseau
et qu'il faut employer à meilleur escient, non pas nécessairement
les accroître de façon très sensible.
Pour ce qui est des comptes, je le mentionne malgré que cela a
été, en théorie, au moins hors du sujet de cette
discussion, mais comme le député de Beauce Sud a fait mention des
comptes reçus par les assistés sociaux, je lui ferai remarquer
que ces comptes sont faits ordinairement pour des circonstances telles que, par
exemple, la capacité du réseau d'aide sociale d'aider des
personnes qui attendent leur chèque d'assurance-chômage et qui
peuvent, de cette façon, bénéficier d'un paiement
accéléré, étant entendu qu'elles ne peuvent pas
cumuler pendant certaines périodes le chèque
d'assurance-chômage qui arrivera rétroactivement, après
plusieurs mois.
M. ROY: Je me dois...
M. FORGET: Ces comptes-là sont souvent dus à de telles
difficultés.
M. ROY: Je ne voudrais pas laisser le ministre s'aventurer
là-dessus, M. le Président, parce que ce n'est pas dans ce sens
que j'ai fait mes remarques.
M. FORGET: Vous avez quand même mentionné de l'aide
sociale...
M. ROY: J'ai parlé de personnes qui n'avaient pas d'autres
revenus.
M. FORGET: Je vous ai écouté sans vous interrompre.
M. ROY: J'ai bien spécifié, M. le Président, des
personnes qui n'avaient pas d'autres revenus que l'aide sociale et auxquelles
on envoyait des comptes. Je sais très bien qu'il y a eu des avances
d'assurance-chômage, d'assurance privée et ces choses-là,
ce n'est pas de cela que j'ai parlé.
M. FORGET: Au moment où elles reçoivent des comptes, elles
n'ont effectivement pas d'autres revenus.
M. ROY: J'ai parlé de personnes qui avaient uniquement l'aide
sociale comme revenu et auxquelles on envoyait des comptes.
M. FORGET: Les comptes qu'elles peuvent recevoir sont dus à des
situations qui sont, soit nouvelles, soit incorrectement
déclarées et, de toute façon, c'est un sujet qui
dépasse l'objet de la présente discussion. Mais je tenais
à corriger l'impression qu'il y a des comptes qui sont
envoyés à des assistés sociaux à tort et
à travers. Il y a toujours des raisons pour le faire et, comme le
député le sait, des raisons sérieuses.
L'argument relatif à l'universalité du régime est
un argument qui a été abordé hier. Il nous apparaît
qu'il y a à cet égard essentiellement deux possibilités
qui sont également à rejeter. Si on veut en faire un
régime universel, on peut entendre cela comme un régime qui
prévoit une contribution fixe sans égard au revenu. Cette
première possibilité, je pense qu'il faut la rejeter, je pense
que ce n'est pas celle que nous adopterions, de toute façon, ni celle
qui serait recommandée par qui que ce soit.
S'il y a une contribution, il importe qu'elle soit reliée au
revenu de manière à ne pas être, d'une part, purement
symbolique et donc sans signification ou à des niveaux tels qu'elle
cause des problèmes inexplicables pour des familles à revenu
très bas.
L'autre possibilité, dans le régime universel, c'est
aucune contribution. Un tel régime qui prévoirait aucune
contribution, à mon avis, M. le Président, constitue une
injustice pour les familles qui, elles, gardent des enfants dans des
circonstances qui sont très souvent absolument analogues. On pourrait
citer bien des cas et ce serait peut-être utiliser d'arguments
sentimentaux qui pourraient choquer, mais il y a, bien entendu, des cas, que
tout le monde connaît, de familles qui ont gardé des enfants
présentant des problèmes absolument identiques à d'autres
enfants qui, eux, sont placés. Ces familles ne sont pas
systématiquement des familles plus fortunées, ce sont des
familles qui peut-être ont des possibilités autres que
financières de donner de l'aide à ces enfants, peut-être
sur un plan affectif ou autrement. Il demeure qu'il ne faut pas paraître
pénaliser ces familles.
M. LESSARD: ... les enfants bien souvent.
M. FORGET: C'est certainement le sentiment qu'ils auraient lorsque, par
exemple, on connaît des familles j'en connais personnellement
qui ont un déficient mental profond, qui ont réussi
à le rendre relativement autonome. On cite des cas d'enfants
frappés de paralysie cérébrale qui, en restant dans leur
famille, ont connu un développement qu'ils n'auraient pas pu
connaître dans un foyer ou même dans une institution. C'est donc
important de tenir compte de cela dans la contribution des parents qui placent
leurs enfants, non pas pour pénaliser ces familles, mais pour qu'ils
contribuent, dans une certaine mesure et en fonction de leurs revenus, aux
frais d'entretien courants des enfants, non pas aux allocations
spéciales qui sont presque toujours nécessaires dans ces cas, non
pas aux besoins spéciaux et non pas dans la pleine mesure même des
sommes qu'ils peuvent recevoir, dans certaines circonstances, de l'Etat pour
l'entretien de ces enfants.
M. ROY: Une petite question, M. le Prési- dent, pour
préciser davantage la pensée du ministre: Est-ce qu'au
ministère des Affaires sociales il y a une distinction très nette
de faite entre des enfants handicapés qui requièrent des soins et
des enfants qui ne sont pas handicapés, mais qui, à cause de
problèmes sociaux, de problèmes familiaux, doivent être
placés dans des foyers nourriciers ou ailleurs? Est-ce qu'il y a une
distinction de faite entre les deux? Je pense que c'est important que ces
choses se précisent. Est-ce que le même règlement va
s'appliquer dans tous les cas?
M. FORGET: J'ai indiqué déjà au
député de Beauce-Sud deux modifications au projet de
règlement, par lesquelles, spécifiquement, nous tenons compte de
problèmes, par exemple, comme ceux qu'il mentionne, de handicap ou de
problèmes particuliers. Déjà, dans le projet de
règlement, on sait que, quant à ce qui est de l'assistance
financière donnée par l'Etat aux foyers nourriciers, par exemple,
dans le cas de foyers nourriciers qui reçoivent de tels enfants, il y a
une allocation spéciale qui est discrétionnaire , mais le pouvoir
discrétionnaire appartient aux centres de services sociaux et non pas au
ministre, dans ces cas, qui peut aller jusqu'à un maximum de $50 par
mois, selon les besoins. Donc, il y a une distinction qui est faite. Il y aura
une triple distinction qui sera faite, si vous le voulez, à la fois au
niveau de l'assistance financière donnée par le gouvernement et
au niveau des allégements spéciaux qui seraient prévus
selon les modifications que j'ai expliquées plus tôt, ce
matin.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La parole est au député
de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Tout à l'heure, dans votre exposé,
vous disiez qu'il ne fallait pas pénaliser ceux qui assurent la garde de
leurs enfants dans des conditions des fois même plus difficiles que ceux
qui les placent. En fait, vous êtes en train de nous dire indirectement
que le problème auquel vous avez à faire face dans
l'élaboration de vos règlements, c'est tout simplement d'avoir
à faire face à l'empressement des familles
québécoises à vouloir placer leurs enfants.
M. FORGET: Ce n'est pas cela que j'ai dit. Est-ce que vous avez
terminé votre question pour que je vous réponde?
M. BEDARD (Chicoutimi): Votre raisonnement revient à cela, parce
qu'on dirait que vous prenez... A mon sens, dans l'esprit de ce que vous avez
dit tantôt, j'ai l'impression que vous considérez les familles
québécoises ou les Québécois comme étant
très empressés à donner la garde de leurs enfants.
M. FORGET: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. Vous faites une
interprétation...
M. BEDARD (Chicoutimi): A ce moment-là,
il faut des règlements... Vous avez même parlé
de...
M. FORGET : Vous faites une interprétation très libre de
ce que j'ai dit.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... qu'il ne faut pas que ce soit un
régime...
M. FORGET: Est-ce que vous avez terminé votre question de
façon à me permettre de vous répondre ou si...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, oui.
M. FORGET: ... vous avez l'intention de faire une dissertation?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, non. Sans faire une dissertation, en fait,
vous arrivez exactement à cet état d'esprit. Cela nous donne un
peu l'esprit des règlements.
M. FORGET: Je ne passe aucun jugement sur les motivations des gens que
j'ignore et qu'il n'est pas de mon ressort d'évaluer, de toute
façon. Je ferai remarquer au député de Chicoutimi que le
placement est fait non pas par la famille comme telle, mais il est fait par le
centre de services sociaux et il est présumément fait en fonction
de critères professionnels. Il demeure que des enfants sont
placés; d'autres ne le sont pas. Il demeure également, qu'il y en
a qui n'ont pas placé leur enfant, et j'en ai rencontré qui m'ont
fait part à ce sujet d'un sentiment très vif qu'ils
éprouvent là-dessus. Je suis allé dans les familles et je
connais même ces enfants. Ces parents ne veulent pas placer l'enfant, ils
ne sont pas riches, mais ils seraient outrés qu'on leur donne le
sentiment qu'ils sont désavantagés par le gouvernement, par les
politiques gouvernementales lorsqu'ils acceptent ces sacrifices très
lourds pour l'ensemble de la famille. C'est une pure constatation. Je ne juge
pas les motifs. Il existe des différences et il importe que ces
différences-là, nous en tenions compte de manière à
ne pas pénaliser des gens qui, de fait, indépendamment des
intentions, assument cette responsabilité.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous admettez au moins que ceux qui sont
placés en vertu de cette loi, c'est parce qu'ils sont dans des
conditions telles que ce n'est pas une question d'être sans coeur de la
part de ces familles. Ce sont des conditions tout à fait
particulières qui amènent la placement...
M. FORGET: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. Je n'ai pas à
juger des intentions.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est même pas votre
règlement...
M. FORGET: C'est vous qui attribuez ces intentions.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'admets... Mais oui, vous l'avez dit. Ce sont
vos paroles. Vous dites: On ne veut pas pénaliser ceux...
M. FORGET: Non.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... qui gardent leurs enfants dans des
conditions plus difficiles même que certaines familles...
M. FORGET: Exactement.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... qui les placent à l'heure
actuelle...
M. FORGET: Je n'ai pas imputé d'intention en disant cela. C'est
vous qui l'avez fait.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pardon? M. LESSARD: Mais...
M. BEDARD (Chicoutimi): II faut suivre la logique de votre raisonnement,
M. le Président...
M. FORGET: Non...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Voici la question que j'apporterais au ministre
d'après l'expérience personnelle que je peux avoir dans ce
domaine: Est-ce que ce ne seraient pas les familles qui ont les revenus
nécessaires et suffisants pour les garder, ou bien les familles qui
n'ont pas ces revenus et qui ne peuvent pas payer ce qu'on leur réclame?
A ce moment-là, si c'est le cas je dis bien d'après mon
expérience personnelle, M. le Président est-ce que ce
n'est pas pénaliser les enfants que d'empêcher les familles
d'envoyer leurs enfants dans des institutions spécialisées, si
elles n'ont pas les moyens de payer ces montants qu'on leur réclame? Je
pense que c'est bien plus cela, M. le Président, que le problème
que souligne le ministre ou la réponse que nous donne le ministre.
En tout cas, d'après quelques cas que j'ai, c'est bien plus cela,
des familles à revenu suffisant. De toute façon, elles profitent
aussi de ces institutions spécialisées. Cela dépend encore
là de chacun des cas. Ce ne sont pas tous des handicapés de la
même façon. Dans le cas des handicapés physiques, par
exemple, la personne qui est médecin, avocat, qui gagne un gros salaire
peut se permettre de garder son enfant, peut se permettre d'avoir toutes les
auxiliaires familiales nécessaires, s'il y a lieu, pour garder l'enfant,
et, quelquefois, profiter des institutions spécialisées, par
exemple, de l'Etat. Mais il y a d'autres cas, par exemple, celui des
handicapés physiques des familles pauvres, et quand je parle de familles
pauvres, je parle globalement, je ne parle pas de façon technocratique,
de revenus bruts de $5,000. Il y
a d'autres problèmes qui entrent là-dedans et qu'il faut
analyser. Je soulevais un cas, hier, avant l'assurance-hospitalisation, celui
d'une personne qui avait dû payer pour l'hospitalisation de son enfant et
qui est aux prises avec des comptes et, aujourd'hui, elle est sous le coup de
la loi du dépôt volontaire.
Cette personne me faisait part que si on lui exige le montant de
bien là ce sera $22, auparavant c'était $37 elle
n'était pas capable de payer ça parce qu'elle en avait assez de
payer selon la Loi des dépôts volontaires, et elle devrait penser
à retirer son enfant. Est-ce que ce ne sera pas à ce moment
pénaliser l'enfant? C'est là le problème et c'est
probablement ça qu'on va créer avec ça. On va
pénaliser des enfants qui n'ont pas choisi de naître comme
ça. C'est la question que je me pose: ou bien ce sont des familles
à revenu suffisant, qui peuvent se donner les services
nécessaires et qui profitent aussi des services de l'Etat par
période de temps, ou bien des familles à faible revenu et qui,
lorsqu'elles vont recevoir ça, vont dire: Qu'est-ce qu'on va faire avec
ça? On n'a pas les moyens. Tout à l'heure on discutera de la
façon dont le ministère des Affaires sociales va s'y prendre pour
aller percevoir les montants puisqu'on envoie l'allocation familiale à
la famille, un peu comme je vous ai soumis le problème, d'ailleurs,
concernant l'assurance-chômage. En tout cas, c'est hors du sujet pour le
moment. Ces gens, étant justement des gens qui ne gagnent pas de gros
revenus et qui reçoivent l'allocation familiale, sont bien souvent
endettés, aux prises avec toutes sortes de problèmes de
financement, dépensent l'allocation familiale qu'ils ont reçue et
là ils reçoivent du ministère des Affaires sociales une
cotisation, une perception et ils doivent payer. De quelle façon va-t-on
procéder? Est-ce qu'on va aller les saisir? Est-ce qu'on va sortir leurs
enfants de l'institution spécialisée comme on l'a fait, par
exemple, pour certains étudiants au niveau secondaire? C'est le
problème qui m'apparaît. Comme le disait le député
de Chicoutimi, vous demandez de l'héroïsme à des gens qui ne
sont pas capables d'en faire.
Bien souvent, on me dit, lors de nos discussions concernant l'aide
sociale: Dites-leur de mieux administrer leur argent. Mais quel argent
administrer? Pour bien administrer et pour bien faire un bon budget, il faut
avoir un minimum vital. Eux, ils n'en ont pas de minimum vital, bien souvent.
Ils n'en ont même pas. Alors, en recevant leur allocation familiale, ils
ont un peu plus de nourriture à acheter pour le mois, etc., ils vont la
dépenser et c'est bien logique. Dans la même situation, je ferais
la même chose. Cela m'arrive même avec mon revenu de recevoir
à un moment donné un chèque auquel je ne m'attendais pas
et là... C'est le problème. Le premier problème concerne
les familles à moyens financiers suffisants. Le deuxième
problème est de savoir si on ne va pas pénaliser des enfants et
empêcher que des enfants soient placés dans des institutions
spécialisées à cause des montants qu'on réclame. Et
là, on va dire que ces gens n'aiment pas leurs enfants? Ils aiment leurs
enfants autant que moi.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. FORGET: M. le Président, je ferais observer qu'en tout
état de cause les contributions exigées sont toujours
inférieures au coût de l'entretien de l'enfant à domicile,
ce qui fait que le placement de l'enfant ne peut certainement pas, même
avec ces taux de contribution, contribuer à détériorer la
situation financière nette de la famille, D'autre part, même le
maximum qui est envisagé n'atteint pas ce que nous considérons
être une évaluation correcte du coût moyen de l'entretien de
l'enfant, mais permet à la famille de garder une somme
équivalente à 20 p.c. de ce coût moyen d'entretien de
l'enfant pour un enfant placé. Ceci fait que le retrait d'un enfant
placé pour sauver la contribution demandée n'est certainement pas
de nature à être une solution à un problème de
revenus, à un problème de financement de la famille. Au
contraire, le placement va continuer d'être une façon, même
avec les contributions, de faire diminuer les dépenses plus que les
revenus nets. Pour ce qui est des affirmations gratuites, à mon avis, du
député de Saguenay, que ce sont seulement les gens à haut
revenu qui peuvent garder leurs enfants dans certaines circonstances, je fais
allusion aux médecins qui peuvent se payer des gardiennes...
M. LESSARD: Je ne dis pas ça. Je dis que c'est...
M. FORGET: J'ai des cas précis à l'esprit où ce
sont...
M. LESSARD: Moi aussi j'en ai beaucoup.
M. FORGET: ... des ouvriers de la construction qui acceptent de garder
un déficient mental chez eux. Cet enfant a été très
bien traité, il se développe aussi bien qu'on puisse l'imaginer.
Ils ont eu la possibilité, on leur a même offert de placer
l'enfant, et à moins de croire que ces taux qu'on prétend
nouveaux s'appliquaient il y a des années, ce ne sont certainement pas
les taux qu 'on leur demandait à l'époque qui les ont
dissuadés de placer cet enfant. C'est au contraire la décision de
s'occuper de cet enfant à la maison.
M. LESSARD: Ils sont quatre dans la famille. Ils sont quatre ou cinq et
ce sont des enfants d'âge...
UNE VOIX: Ils ne sont pas quatre ou cinq. M. LESSARD: Chaque cas a
ses...
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant la question financière, je
vais vous poser une seule question. Vous allez m'éclairer
là-dessus et j'ai l'impression que nous aurons une idée
d'ensemble. Qui paie le maximum à la suite de l'application de ces
règlements?
Vous avez dans le règlement: Diminuer les maximums à, si
je me rappelle bien, $60, $68, $80 et $96, d'accord? Pour faire le calcul
facile, selon vos tables, selon les explications que vous nous avez
données, vous multipliez ces montants par 48. Vous avez le revenu net,
à partir duquel la personne doit payer le maximum.
M. FORGET: C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela veut dire ceci: La personne qui a comme
revenu net $2,880, dans le premier cas, paie $60 par mois.
M. FORGET: Au-dessus des exemptions, quand vous parlez de revenu
net.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, toujours. M. FORGET: D'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que cela donne.
MLLE EVARD: ... quand même, je voudrais poser une question...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je regrette, ce n'est pas permis. A
l'ordre, s'il vous plaît!
MLLE EVARD: Congédiez-moi de la salle, si vous voulez, mais je
dis ce que j'ai à dire.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Non, à l'ordre, s'il vous
plaît!
MLLE EVARD: Est-ce que les parents n'ont pas le droit de parole?
D'ailleurs, nous nous demandons à quoi rime cette commission
parlementaire avec autant de députés libéraux.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! Je
ne peux pas permettre...
MLLE EVARD: L'Opposition actuellement a fait tous ses efforts. Nous
trouvons inutile qu'ils restent ici présentement.
Congédiez-moi!
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Taschereau.
M. BONNIER: II reste, M. le Président, que...
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas fini...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le député de
Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, je voudrais faire des commentaires
parce que j'ai l'impression qu'on a eu les explications du ministre. On a la
table devant nous. Je crois qu'il s'est produit, avant que nous ayons cette
commission, un certain nombre de rencontres qui, malheureusement, je pense, ont
fourni des explications un peu erronées. J'ai reçu beaucoup de
demandes à mon bureau sous forme écrite, sous forme verbale. Je
m'aperçois, d'après l'étude des tableaux, en toute
honnêteté et en toute objectivité, qu'il y avait de grandes
exagérations dans certains domaines. Je voudrais faire un commentaire
par rapport à ces données, à la proposition du ministre,
et aussi un commentaire le député de Beauce-Sud n'est
malheureusement pas là quant à la façon dont les
travailleurs sociaux doivent s'inscrire dans le fonctionnement de ce
régime. Je pense bien que d'abord, il faut être bien sûr que
ce ne sont pas les bureaux de bien-être social du ministère qui
seront directement responsables, si je comprends bien, de l'évaluation
des besoins des gens. J'hésite à utiliser cette expression
même d'évaluation de besoins, parce qu'il ne s'agit pas dans ce
cas en tout cas, si je vote pour cela, j'ai l'impression que je vais
voter pour cela dans mon esprit, ce n'est pas du tout dans
l'évaluation financière de la famille qu'est le problème
fondamental, mais l'évaluation du besoin social du handicapé et
des familles. C'est dans ce sens que doit se situer le rôle du
travailleur social.
Cependant, dans l'évaluation sociale, j'ai discuté avec
des travailleurs sociaux, et je pense qu'à un moment donné, ils
ont pris un biais. Ils se sont dit: Nous sommes des gars qui vont faire des
enquêtes. Ce n'est pas du tout cela. Quand on reçoit une personne,
on doit évaluer l'ensemble du problème humain et social qui
concerne cette personne. Il arrive, c'est bien sûr, qu'on doive
évaluer également les problèmes économiques qui
sont reliés à cela. Or, le travailleur social va évaluer
les besoins. En même temps, il a un cadre de références qui
s'appelle cette réglementation. Je crois que ce n'est pas du tout le
priver, au contraire, j'ai l'impression que l'esprit professionnel du
travailleur social, il va être en mesure de le jouer davantage, parce
qu'il va se dire... Je connais mal le domaine.
Si vous me permettez, ce qui est important pour le travailleur social,
c'est de se centrer sur la situation qu'il a à examiner, sur l'humain
qui est devant lui. C'est cela. Après cela, il a un instrument de mesure
pour savoir jusqu'à quel point des services peuvent lui être
octroyés et à quelles conditions.
Mais ce n'est pas cela l'essentiel de son travail cependant. Je voudrais
être très bien compris ici. Dans mon esprit, le travailleur social
n'est pas diminué quand il a un instrument de mesure. Au contraire, il
est aidé, parce
qu'il ne sera pas obligé continuellement de faire de la
comptabilité. C'est une première remarque que je veux faire en
toute objectivité.
M. BEDARD (Chicoutimi): Concernant l'aspect de la
comptabilité...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît! La
parole est au député de Taschereau.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si le député de Taschereau me le
permet, je trouve qu'on a parlé beaucoup de bénéfice du
doute. Que veulent les centres de services sociaux dans le fond? C'est tout
simplement de ne pas être identifié, de quelque manière que
ce soit, à quelque perception que ce soit.
M. BONNIER: Ce n'est pas du tout cela, M. le député de
Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans un premier temps.
M. BONNIER: Ils auraient à percevoir s'ils avaient à
analyser à chaque fois et dire: J'ai évalué ton affaire,
cela te coûte tant, si tu veux me faire parvenir tant. Mais, il reste que
je pense que le problème financier d'une personne, cela fait partie de
la globalité de son problème. Les gens qui sont venus me voir par
rapport à cela, c'est parce qu'ils avaient peut-être des
problèmes financiers qui ne sont pas diminués par le fait qu'ils
ont un enfant handicapé. C'est bien sûr, mais cela fait partie de
la globalité du jugement d'une situation que le travailleur social est
appelé à juger. Je l'ai déjà fait pendant quelques
années, je sais ce que c'est. A partir de ce moment-là, il ne
faut pas que le travailleur social s'attarde à dire: Je suis seulement
un manipulateur de chiffres à partir de maintenant. Ce n'est pas cela du
tout. C'est cette personne-là qui comprendrait mal son travail. Mais,
pour être mieux en mesure, c'est le travailleur social qui à mon
avis... C'est pour cela que je suis d'accord que ce soit
décentralisé et que cela retourne beaucoup plus aux centres de
services sociaux parce que c'est le travailleur social qui a la personne devant
lui qui peut beaucoup plus facilement expliquer comment on peut lui aider. Si
à un moment donné c'est préférable et pour les
parents et pour l'enfant, qu'il aille en institution... C'est vrai dans
certains cas, c'est bien sûr, surtout dans des cas de déficients
mentaux pas mal prononcés, il est préférable, pour
l'équilibre de la famille, des relations émotives entre les
personnes et parfois l'enfant également, qu'il aille en institution. A
ce moment-là, c'est lui qui va être le mieux placé parce
qu'en même temps il va regarder le problème financier de la
famille et expliquer exactement ce que cela veut dire. Honnêtement j'ai
lu les rapports des travailleurs sociaux et je pense qu'il y a dans ce
domaine-là... Je ne dis pas qu'ils doivent devenir des fonctionnaires de
l'Etat dans ce sens-là et des comptables, c'est bien sûr, mais pas
plus que le médecin ne doit l'être dans certaines
circonstances.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela ne change rien. L'évaluation des
besoins a toujours été faite par les travailleurs sociaux. Cela a
toujours été fait jusqu'à maintenant.
M. BONNIER: Oui, mais c'était soumis jusqu'à un certain
point au ministère. Actuellement, ils ont des barèmes beaucoup
plus précis.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce sont quand même eux qui étaient
à la base de l'évaluation au niveau de chacune des familles dont
ils avaient la garde.
M. BONNIER: Oui, mais ils avaient des barèmes moins
précis. Je ne sais pas. On peut diverger d'opinion là-dessus, M.
le député, mais je pense que le fait, pour un travailleur
social... Je peux expliciter ma pensée? Le fait pour un travailleur
social d'avoir des barèmes plus précis, cela lui permet
d'évaluer d'abord le problème humain et après cela il dit:
Voici comment on peut s'organiser avec ces barèmes-là. Mais il ne
faudrait pas du tout que l'accent soit de dire: Tu viens me voir, voici les
barèmes et pour le reste arrange-toi. Ce n'est pas cela du tout, je
pense bien et vous le savez fort bien.
UNE VOIX: C'est cela.
M. BONNIER: Non, ce ne serait pas cela. Au contraire, moi je
pense...
M. LESSARD: Là, c'est plus flexible» J'aime bien votre
distinction lorsque vous parlez de besoin social par rapport au revenu
économique. Je pense que c'est important. Avant cela, ce que l'agent
social faisait, il tenait compte d'un ensemble de facteurs et il estimait le
besoin social, pas nécessairement en relation seulement avec le revenu
économique de l'individu, tandis que là, il n'a plus le choix.
C'est automatique. Le ministère lui dit...
M. BONNIER: Je pense que c'est important parce qu'on ne comprend pas
l'esprit, je pense...
M. LESSARD: C'est $2,000 pour un premier adulte, $1,500 pour chaque
adulte additionnel, c'est $1,200 ainsi de suite.
M. BONNIER: Les exonérations.
M. LESSARD: Mais après cela, il ne rentre plus d'exemption. Une
fois qu'il a tout calculé cela, on ne peut pas tenir compte du cas
particulier que je soulignais hier du fait que lui est sous la Loi Lacombe
parce que justement, quand il n'y avait pas de loi d'assurance-hospitalisation,
il a fallu qu'il dépense de l'argent de façon extrême.
Avant ça, vous aviez raison, c'est que l'agent social pouvait
faire un travail humain, il pouvait calculer non seulement le revenu
économique, mais calculer pour chacun des individus... Je comprends
qu'il faut faire attention, que ça prend une certaine rationalité
là-dedans, mais il faut leur donner aussi une certaine autonomie
à ces gens, si on croit que ces gens font un bon travail et sont
compétents pour le faire. Actuellement, ça va être
automatique, l'agent social va dire: C'est ça que vous allez devoir
payer, sans tenir compte, même si la personne dit : Oui, mai j'ai autre
chose à payer à cause de ça. C'est final, il ne peut pas
en tenir compte. De plus, qui va percevoir les montants? Il va falloir, le
ministre nous l'a dit, qu'il y ait une perception quelque part. Votre
décentralisation va être dans le centre de ça.
M. BONNIER: Honnêtement, moi j'ai fait des calculs avec des gens
hier soir, parce que j'ai appelé un certain nombre de personnes qui
m'avaient appelé, pour prendre exactement leurs problèmes. Je
n'avais pas le tableau, mais j'avais ce qu'on nous avait procuré hier,
les barèmes. Les familles à revenu modique, c'est ce que j'ai
dans mon comté. Je ne sais pas si vous en avez, mais à petit
revenu. Avec ça, il n'y avait pratiquement rien à payer. Sinon,
évidemment, l'allocation familiale, Mais là-dessus,
honnêtement et je dis publiquement, je trouve que l'allocation familiale,
une fois pour toutes, il va falloir comprendre qu'elle doit être
utilisée pour les enfants.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre!
M. BONNIER : Bon, On l'utilise dans ce cas pour les enfants. Il peut
arriver, même un gars qui a $7,000, moi, les familles avec lesquelles
j'ai eu à travailler avaient un certain nombre d'enfants. Il y en avait
trois, quatre ou cinq. A partir de ce moment-là, quand on fait les
exonérations, et j'ai fait les calculs, je les ai faits, ils n'avaient
rien à payer, sinon l'allocation familiale. A ce moment-là, ils
étaient d'accord avec moi, mais dans certaines réunions
auxquelles ils avaient assisté, on leur avait dit qu'ils seraient
obligés de payer $105. J'ai dit: Ecoutez, honnêtement, je vais
retourner à la commission demain matin et je vais vérifier.
Là, je le vérifie avec le tableau, ce n'est pas $105 qu'ils
avaient à payer, c'est $22. Ecoute, ils comprennent. Je pense qu'il faut
fournir honnêtement l'information et je trouve que le travailleur social
va avoir à fournir de l'information. C'est beaucoup plus simple que
d'avoir, à chaque fois... Parce que, dans les exonérations,
à ce moment-là, je pense que les gens qui ont établi ces
tables ont tenu pour acquis que, s'ils avaient défini $2,000 pour
adultes, il y a une raison pour laquelle ils sont arrivés là.
Quand on parle de $1,500...
M. LESSARD: Ils ont pris l'impôt, la raison, c'est la table.
M. BONNIER: Non, ce n'est pas tout à fait...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre.
M. FORGET: J'aimerais compléter les remarques qu'a faites le
député de Taschereau relativement à la question des
centres de services sociaux et de leur implication...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. FORGET: M. le Président, il faudra faire le huis clos si on ne
peut pas continuer.
M. VEILLEUX: M. le Président, il est midi, on pourrait aller
dfner.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne ses travaux
sine die.
M. FORGET: II va falloir continuer ces travaux dans un ordre assez
rapide si on veut apporter les modifications à la situation, clarifier
et mettre fin à la confusion une fois pour toutes. Il est possible
d'avoir une réunion ce soir, par exemple, à partir de 8 h 15 ou
il est possible également de...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, un instant!
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15 ce soir.
(Suspension de la séance à 12 h)
Reprise de la séance 20 h 23
M. HOUDE, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires sociales): A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: M. le Président, pourriez-vous noter les changements
suivants, s'il vous plaît, parmi les membres de la commission pour la
séance de ce soir? M. Kennedy remplace M. Boudreault; M. Bacon, de
Trois-Rivières, remplace M. Bellemare; M. Malépart remplace le Dr
Lecours; et M. Lacroix remplace Mme Bacon, de Bourassa.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Pour la bonne conduite des travaux de
la commission, je demanderais, s'il vous plait, à l'assistance de
s'abstenir de parler et de passer tout commentaire. Cela va être plus
facile, parce qu'actuellement les personnes qui ont droit de parole, ce sont
seulement les membres de la commission. Alors, je demande à nouveau
votre belle coopération pour que le travail soit plus efficace en
commission. Le député de Taschereau m'a demandé la parole,
étant donné qu'il est obligé de s'absenter. Il aurait
quelques questions à poser au ministre.
M. LESSARD: On va permettre cela au député
socialement!
Mécanisme d'appel
M. BONNIER: Merci beaucoup. Merci, M. le Président, merci,
messieurs les députés. Si vous me permettez, je dois, comme
certains autres députés, participer à un débat qui
se déroule à l'Assemblée nationale, non pas que celui-ci
ne soit pas important, mais il faudrait être aussi également
à l'autre endroit. Si vous me permettez, je voudrais juste faire
quelques commentaires et poser trois questions d'ordre administratif au
ministre.
Tout d'abord, M. le Président, je ne voudrais pas donner
l'impression qu'on a finit de discuter, mais en ce qui me concerne, je voudrais
faire part à la commission que je suis arrivé ici avec beaucoup
de points d'interrogation, parce qu'il en avait été question dans
les journaux et avec les personnes que j'avais rencontrées. Je dois dire
cependant qu'à la suite de discussions, qu'à la suite de
l'éclairage du ministre et à la suite des questions posées
par les députés membres de cette commission, et en particulier
à la suite du tableau qui nous a été remis ce matin, j'ai
fait des calculs et, avec en tête les cas que j'avais, je dois admettre
que je pense que le règlement est vraiment applicable et qu'il n'est pas
applicable au détriment des familles à revenu modeste. C'est
possible que les autres familles aient sans doute une certaine contribution
à faire, mais se référant aux principes mêmes de ce
règlement, on se rend compte que, d'une part, l'Etat fait sa part du
chemin et qu'on demande aussi aux parents d'en faire une certaine portion,
surtout dans l'ordre de l'hébergement.
J'ai eu à encourager certaines personnes à le faire. Un
peu plus tard, si, dans la pratique du fonctionnement de ce règlement,
il survenait des difficultés, comme c'est normal, je pense bien, M. le
ministre, je leur ai suggéré, étant donné que
c'était un ordre en conseil et que c'est toujours possible de modifier
un ordre en conseil de la part du cabinet, de faire les représentations
voulues au ministre. Mais, personnellement, M. le ministre, je dois admettre
que je suis tout à fait convaincu que ce règlement va respecter
les règles de la justice et du bon sens.
Je voudrais cependant, avant de quitter cette commission, poser trois
questions qui m'ont été suggérées et que j'ai
trouvées fort opportunes. Ce sont trois questions d'ordre
administratif.
La première, c'est qu'on se réfère, dans le
document de l'honorable ministre, à un mécanisme d'appel.
Supposons qu'un parent n'accepte pas le barème qui lui est
expliqué par le travailleur social. Il a droit d'aller à la
commission d'appel. J'aimerais savoir, M. le ministre, si, entre-temps, les
parents en question vont avoir à faire le déboursé, tel
que suggéré dans le règlement, ou si ce
déboursé peut être suspendu en attendant la décision
de la commission d'appel.
Deuxièmement, dans le cas d'un père de famille qui est
sous l'empire du dépôt volontaire, on sait que lorsque quelqu'un
confie ses dettes au dépôt volontaire, par le fait même il
s'oblige, il s'engage à ce qu'une portion X de ses revenus soit
utilisée pour le remboursement de ses dettes au prorata des
possibilités. Est-ce que, dans le calcul du revenu d'une telle personne,
on tiendrait compte de ces engagements antérieurs faits envers le
dépôt volontaire?
Troisièmement, dans le calcul des exonérations qu'il y a
lieu d'attribuer à une famille, lorsque cette famille comprend un membre
qui a plus de 18 ans, mais qui est encore à la charge de ses parents, on
aurait droit, en théorie, de déduire $1,200, si je comprends
bien.
Cependant, si cette personne travaille durant l'été,
même si elle est étudiante et qu'elle a un revenu tel qu'elle est
soumise à l'impôt, comment est-ce qu'on va calculer
l'exonération de cette personne dans les revenus? Je vous remercie, M.
le Président, M. le ministre.
M. FORGET: Les questions qui sont posées par le
député de Taschereau sont extrêmement intéressantes;
je dois dire qu'elles nous forcent à aller au-delà d'un
règlement qui est déjà assez complexe et peut-être
à découvrir des réponses plus complètes à
ces questions. Pour ce qui est du mécanisme d'appel, j'ai l'impression
que les règles qui sont applicables à l'aide sociale pour les
mécanisme d'appel pourraient s'appliquer sans presque de changement dans
cette mesure,
si l'on conçoit que, dans le cas de l'aide sociale, nous nous
trouvons en face de situations où l'application rapide d'une
décision est encore plus imperative, puisqu'il s'agit de la subsistance
même de l'ensemble de la famille en question. A première vue, je
serais porté à répondre à la première
question en disant que les mêmes procédures, les mêmes
mécanismes, les mêmes délais pourraient jouer dans ce cas,
à moins qu'on représente qu'il s'agit de quelque chose de
différent qui devrait entraîner un traitement différent.
Mais il me semble que ce sont des règles qui sont maintenant assez bien
rodées puisqu'elles s'appliquent depuis trois ans en somme, et
l'expérience de la commission d'appel de l'aide et des allocations
sociales indique que les règles actuellement en vigueur donnent une
assez bonne satisfaction dans l'ensemble.
M. LESSARD: Pour les déboursés, par exemple, la commission
d'appel des affaires sociales siège à des endroits bien
particuliers, des endroits déterminés, et si une personne doit se
déplacer et faire 30 milles et 40 milles dans les régions
périphériques, je pense que je rejoins la question du
député de Taschereau...
M. BONNIER: Plus les déboursés auxquels il serait convenu,
en fait, de participer de sa part, étant donné qu'il a un enfant
en institution.
M. LESSARD: Par exemple, la commission d'appel du ministère des
Affaires sociales, en ce qui concerne les bénéficiaires d'aide
sociale, ne donne aucun comptant; les gens sont obligés, à leur
compte, de se rendre aux endroits déterminés par la commission
d'appel et doivent payer des frais. Le député de Taschereau pose
la question: Qu'est-ce qui va arriver dans un tel cas?
Est-ce que le ministère va subvenir à ces
déboursés ou les rembourser?
M. BONNIER: En plus, si le député de Saguenay me le
permet, c'est que, pendant la période qui va courir entre la
décision d'aller en appel et quand la décision est rendue,
qu'est-ce qui arrive au niveau des déboursés?
M. BEDARD (Chicoutimi): Autrement dit, est-ce que le ministère
pourrait penser à suspendre la demande de ces paiements...
M. BONNIER: C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... jusqu'à ce que le jugement final soit
rendu? Je pense que ce serait humainement...
M. BONNIER: Exactement.
M. BACON: On va le demander rétroactif.
M. BONNIER: C'est quand même une question qui se pose.
M. BEDARD (Chicoutimi): Elle est très pertinente, à mon
sens.
M. LESSARD: Elle est pertinente, le député de Taschereau
l'a posée. Je pense que vous devriez comprendre qu'elle est très
pertinente.
M. FORGET: Pour ce qui est du siège du tribunal, j'aimerais vous
rappeler que la commission d'appel siège dans tous les districts
judiciaires. Elle se déplace effectivement. Elle assume donc
elle-même, elle fait au moins plus que la moitié du chemin, dans
le sens qu'elle ne siège pas seulement à Québec ou
à Montréal ou dans les districts d'appel. Elle siège dans
tous les districts judiciaires. Le délai qui s'applique à ces
décisions est de 30 jours et ces décisions, malgré qu'il
s'agisse de sommes qui contribuent en entier au soutien des familles qui sont
sous le régime d'aide sociale, ces décisions ou l'appel comme tel
ne suspend pas l'application de la décision, mais une fois que l'appel
est rendu, la correction est faite. Je pense que les mêmes règles
pourraient être utilisées dans ce cas puisque, autrement, on peut
avoir des difficultés. Lorsqu'il y a des changements qui doivent
affecter de manière rétroactive, on peut avoir des
difficultés encore plus grandes.
M. BEDARD (Chicoutimi): Disons qu'une famille a payé et que,
à la suite de son recours à la commission d'appel, obtient gain
de cause, cela lui occasionne aussi des problèmes d'avoir payé
alors que, quelquefois, ce sont des familles qui ont de la difficulté
à rejoindre les deux bouts. Autrement dit, on lui imposerait, pour celui
qui gagne, en tout cas, pour le bénéficiaire qui gagne son appel,
en quelque sorte, on lui demande un peu de financer entre-temps l'Etat. Qui des
deux est le plus apte à financer le gouvernement? Est-ce qu'il est mieux
outillé financièrement que celui qui est pris dans cette
situation? Dans des cas que je considère très spécifiques,
qui sont plutôt des cas d'exception, il me semble que le gouvernement,
humainement parlant, devrait assumer le financement jusqu'à ce que
jugement soit rendu.
M. FORGET: Pour ce qui est des dépenses encourues par les
parties, je ferai remarquer que les appels sont souvent entendus en l'absence
des parties. Elles ne sont pas nécessairement tenues d'y assister. Elles
peuvent se faire représenter maintenant, comme vous le savez, par les
services de l'aide juridique. Donc, les dépenses à cet
égard sont minimes et peuvent être évitées.
D'autre part, le processus d'appel, on peut l'envisager, comme dans le
cas de l'aide sociale, à plus d'une étape. Dans le cas de l'aide
sociale, comme vous le savez, il y a un appel administratif au bureau
régional, une demande de révision et un appel formel à la
commission.
Pour ce qui est des appels à la commission, l'expérience
même des jugements rendus dans le passé a fait que l'immense
majorité des appels
confirment la décision rendue au niveau de la révision,
puisqu'une jurisprudence a été établie qui permet, dans la
plupart des cas, de confirmer la décision.
M. LESSARD: Autrement dit, dans la plupart des cas de droit d'appel
et je pense bien que je suis d'accord avec le ministre à
Québec, en particulier, après avoir passé le niveau
régional, les appels ont été rejetés,
c'est-à-dire que cela confirmait la décision du bureau
régional.
M. FORGET: Quand la loi est relativement claire, quand elle laisse peu
de place à la discrétion administrative, il est évident
que les appels qui sont fondés sur l'insuffisance des montants, alors
que les montants sont précisés dans la réglementation, ne
peuvent pas être reçus. Dans une large mesure, la
réglementation, si elle est complète et si elle est
précise, diminue également les possibilités d'un jugement
discrétionnaire.
Dans une certaine mesure, certaines parties du règlement
contiennent des pouvoirs discrétionnaires ou contiendront, selon les
modifications que nous suggérons, des modifications
discrétionnaires. Mais, j'ai le sentiment, étant donné les
éléments d'évaluation professionnelle impliqués,
par exemple, dans le cas d'enfants handicapés, que l'appel
véritable se fera sur un plan interne aux centres de services sociaux,
c'est-à-dire l'appel de la décision du travailleur social
particulier qui aura pris la décision, à une autorité
hiérarchique interne aux centres de services sociaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Parce que cela peut amener quand même des
délais plus longs que... Je comprends que, ce que vous nous avez dit, la
plupart des décisions, c'est même par réglementation,
doivent être rendues dans les trente jours de l'audition.
M. FORGET : C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais il reste que cela ne veut pas dire qu'il
n'y a seulement que trente jours de délais.
Si la Commission se promène, il peut arriver et je
considère, dans des cas, en tout cas, que cela arrive, quand on parle
des lenteurs de la justice, dans d'autres secteurs, il peut arriver, dis-je,
que quelqu'un loge un appel et qu'il ne soit entendu que deux ou trois mois
après. Ceci veut dire que, en plus du mois de décision, en fait,
dans bien des cas, peut-être jusqu'à quatre mois d'attente pour le
bénéficiaire qui a de la difficulté à joindre les
deux bouts, cela l'oblige à payer pleinement, parce qu'il faut le faire.
Je pense qu'il faut administrer, je ne sais pas, l'esprit de la loi, en donnant
le bénéfice du doute au bénéficiaire qui est
déjà dans une situation difficile, et non pas en donnant le
bénéfice du doute au gouvernement, surtout sur l'aspect
financier, parce que je me dis: C'est tout comme rien. Pour le nombre de cas
d'appel, c'est sûr que cela ne résultera pas en une grande
implication financière de la part du gouvernement d'accepter que,
à partir du moment où il y a un appel, autrement dit, on attende
la décision pour, ensuite, voir ce qu'il va en être au point de
vue de la réclamation ou de la perception. Sa réclamation, ce
n'est peut-être pas gros, pour beaucoup d'entre nous, mais pour lui, dans
son cas, c'est quelque chose de gros, de très important, et c'est
entier, en fait.
M. FORGET: Ce qu'il serait peut-être possible de faire, c'est de
déterminer la contribution qui serait payable, si l'appel était
accepté, et de demander le paiement durant la période où
l'appel est en suspens, à ce niveau, de manière à diminuer
malgré tout le paiement qui devrait être fait
rétroactivement lorsque l'appel sera entendu, ce qui peut en soi
constituer un problème.
Revenus d'un dépendant
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela serait déjà une
amélioration.
M. FORGET: ... et peut-être une chose qui peut être
incorporée. Relativement à une autre question, celle du revenu
d'un étudiant, d'un des dépendants qui gagne des revenus durant
l'été, par exemple, un étudiant, il semble que le
problème ne se pose pas vraiment, puisque les revenus qui sont l'objet
de cette évaluation, pour les fins d'une contribution, seraient des
revenus des parents et non pas le revenu des enfants. Donc, ce calcul n'aurait
pas besoin d'être fait.
M. LESSARD: II peut arriver que certains handicapés sociaux ou
physiques gagnent des revenus au cours des vacances. Vous voulez dire que cela
ne s'ajouterait pas...
M. FORGET: Je réponds à...
M. LESSARD: C'est une autre question...
M. FORGET: Je réponds à la question telle que
posée. Prenons par exemple le cas d'une famille qui a trois enfants.
Il y en a un de placé, les deux autres ne le sont pas et il y en
a un qui a un âge tel qu'il peut travailler durant les vacances ou les
fins de semaine. Il n'est pas question de comptabiliser dans les revenus de la
famille ou des parents le revenu de cet enfant puisqu'on a fait une analogie
avec le revenu, les règles de l'impôt là-dessus. Cela ne
s'applique pas puisque ce sont les revenus des parents qui seraient
considérés.
Dépôts volontaires
M. LESSARD: En ce qui concerne la deuxième question, les
dépôts volontaires.
Quelqu'un qui fait déjà des dépôts
volontaires, est-ce que vous calculez, comme le disait le député
de Taschereau, ses besoins sociaux plutôt que ses besoins
économiques? A un certain moment, cette personne est aux prises avec des
problèmes de remboursement; elle doit verser une portion de son salaire
en vertu de la Loi des dépôts volontaires. Alors, est-ce que vous
calculez le revenu net tel que calculé en vertu de votre
règlement, soit $2,000 moins $1,500 et $1,200 par enfant?
M. FORGET: Vous touchez là une des questions peut-être les
plus difficiles de n'importe quelle loi de prestations sociales. Par exemple,
la Loi de l'aide sociale est à ce point de vue aussi impliquée
dans une certaine mesure. C'est le degré ou le point jusqu'où on
doit tenir compte du bilan, non seulement du revenu, mais de l'actif et du
passif d'une famille. Il n'était pas envisagé, pour l'application
de ce règlement, d'aller aussi loin que cela puisque là vous avez
des problèmes, par exemple, des gens qui ont une maison par opposition
à des gens qui sont à loyer, qui ont une hypothèque, etc.,
et ce genre de calcul pour les fins d'une contribution à ce titre nous
semblait aller trop loin dans les raffinements et complications
administratives. Et il était envisagé de ne considérer que
le revenu et non pas les éléments de bilan, dette et actif
immobilier ou autres dans ce calcul pour ne pas le compliquer
indûment.
M. LESSARD: C'est là que je rejoins les préoccupations du
député de Taschereau. Dans beaucoup de cas, non seulement ces
familles sont aux prises avec des problèmes de handicapés, mais
elles sont aux prises avec des problèmes qui sont connexes, des
problèmes financiers et, justement, comme le disait le
député de Taschereau en matinée, auparavant, l'agent du
service social pouvait évaluer les besoins sociaux plutôt que les
besoins économiques. Et dans le cas, par exemple, où une personne
pourrait peut-être gagner $7,000 ou $8,000, mais à cause de
situations bien particulières, la maladie ou autre chose mais en
particulier la maladie.
Dans le cas bien concret que je vous ai déjà soumis
à ce sujet, quelles mesures... Et cette personne, en vertu de ces
versements qu'elle devra faire, n'étant pas capable de payer le montant
réclamé par le ministère, est-ce qu'on va aller
jusqu'à la saisie de ses biens? Est-ce qu'on va aller jusqu'à
renvoyer de la maison où est hébergé l'enfant en question?
Je sais que, jusqu'ici en tout cas, le ministère des Affaires sociales,
en ce qui concerne la perception concernant l'assurance-chômage, ou autre
chose, à ma connaissance, n'a pas été tellement rigoureux
jusqu'ici, mais il commence à l'être, je pense. On envoie
maintenant des avis de perception. Si, dans quinze jours, vous n'avez pas
payé, le ministère devra prendre des procédures contre
telle personne.
Il arrive des cas où la personne n'est pas capable du tout de
payer ce montant. Quelles mesures le ministère entend-il prendre pour le
récupérer?
M. FORGET: Ordinairement, ce que le ministère recherche, ce sont
des arrangements pour le paiement, de manière à échelonner
sur une certaine période les paiements qui sont impossibles à
assumer de façon immédiate. La procédure de saisie ne
s'applique pas dans le cas d'une personne, évidemment, qui se
prévaut de la Loi des dépôts volontaires, puisqu'à
ce moment-là, cela devient non applicable. Evidemment, elle est
protégée contre des procédures de ce genre.
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans ce cas, il y a toujours le recours à
produire la réclamation sur le dépôt volontaire.
M. LESSARD: On augmente...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est encore pire parce que, dans le fond, il ne
peut presque pas s'opposer.
Réclamations
M. FORGET: II reste que ces créances ainsi
déterminées par règlement prennent leur rang dans
l'ensemble des créances de la famille. On ne peut pas a priori
présumer qu'elles sont moins valables que d'autres créances. Dans
le cas où des réclamations sont faites, ce sont dans des cas,
selon mon information du moins, où il y a eu impossibilité d'en
venir à une entente de gré à gré sur des
modalités de paiements.
M. LESSARD: Dans le cas d'une famille qui abandonnerait ses enfants, son
enfant handicapé, qui déciderait: Vous m'obligez à payer
et je n'ai pas les moyens de payer. Je comprends qu'il y ait certaines
responsabilités familiales, mais je n'ai pas les moyens. Je vous le
laisse.
M. BEDARD (Chicoutimi): Socialement, je ne peux pas garder mon
enfant.
M. FORGET: Ce sont des procédures d'ordre judiciaire qui sont
nécessaires pour un abandon légal de l'enfant. Comme vous le
savez, cela ne peut pas résulter d'une décision
unilatérale. Comme on le sait, l'obligation alimentaire est
instituée par le code civil, par le droit civil. Une famille ne peut pas
simplement décider de se soustraire à ce type d'obligation,
à moins d'avoir pour cela des raisons qu'elle peut alléguer
devant les tribunaux ou, par son comportement, d'amener une situation telle que
le tribunal doit porter un jugement de cette nature.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est la cour du Bien-Etre social?
M. LESSARD: M. le ministre, ce matin, dans un article du 27 mars 1974,
vous avez laissé entendre que vous ne réclamiez pas des parents
qui ont des enfants handicapés un montant supplémentaire aux
allocations familiales. Je pense que vous l'auriez laissé entendre ce
matin à un réseau de radio. Pourriez-vous m'expliquer si c'est
vraiment le cas et si c'est le cas, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
conserver les allocations familiales et d'arrêter les perceptions?
M. FORGET: La citation que vous faites, je ne sais pas si elle a
été faite dans un journal ou à la radio.
M. LESSARD: Le Devoir du 27 mars et à la radio ce matin. Est-ce
que vous n'avez pas participé à...
M. FORGET: Ce que je me souviens d'avoir dit là-dessus, ce qui
est effectivement le cas, d'ailleurs cela fait l'objet de notre discussion de
ce matin, effectivement, dans le cas des assistés sociaux, les sommes
que nous réclamions étaient dans tous les cas inférieures
à ce qu'ils obtiennent au titre de la présence des enfants.
D'ailleurs, je me souviens qu'un des membres de cette commission a donné
un exemple chiffré de cette situation...
UNE VOIX: On n'a pas le droit de parole, on a le droit d'entendre.
M. FORGET: Alors, l'exemple donné montrait qu'il y avait
effectivement moins de récupéré dans le cas d'un
assisté social qu'il ne recevait au titre de la présence des
enfants à comparer à une situation où il n'y a pas
d'enfant. C'est le sens des propos que j'ai tenus hier. C'est le sens de mes
propos dans leur ensemble, si on les a cités dans leur ensemble.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qui veut dire que, à part ceux qui
sont de l'assistance sociale, dans les autres cas vous auriez été
mal interprété si on comprenait vos paroles, comme l'a dit le
député de Saguenay, selon lesquelles dans aucun cas, on ne
réclame plus que l'allocation familiale.
M. FORGET: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Il y a des cas, assez nombreux, où on
réclame même plus que l'allocation familiale.
M. LESSARD: Dans tous les autres cas, vous avez un montant minimum de
$22. Donc, dans tous les autres cas, si l'enfant est le premier enfant de la
famille, vous réclamez un montant supplémentaire de telle
façon qu'il ne faudrait pas laisser entendre, à mon sens, qu'on
ne demande rien aux parents. On demande quelque chose.
M. FORGET: Je ne peux évidemment faire des commentaires sur les
interprétations que l'on peut placer, mais comme vous savez, il existe
des cas où effectivement cette affirmation serait vraie, par exemple, le
cas d'enfants qui reçoivent ou recevront, en vertu de ces règles
à déterminer avec le ministère de l'Education, une
allocation de $700 par année alors qu'il ne leur sera effectivement
demandé que la différence, environ $15 par mois. Cette
somme-là sera toujours inférieure aux allocations familiales
reçues, dans le cas d'enfants bénéficiant d'une allocation
pour fins d'accessibilité scolaire. Dans le cas de familles comptant
plusieurs enfants, nous trouvons plusieurs situations où la somme
demandée sera effectivement inférieure aux allocations familiales
reçues, dans le cas des assistés sociaux, comme je vous l'ai
indiqué tantôt, et comme vous le savez. Maintenant, ce n'est pas
une affirmation que je n'ai jamais faite, généralement,
d'ailleurs le tableau qui a été distribué indique
clairement qu'il y a des cas où la somme demandée sera
supérieure aux allocations familiales puisque le maximum demandé,
qui est égal à 80 p.c. des barèmes de foyers nourriciers,
est plus élevé effectivement que l'allocation familiale pour un
seul enfant.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce matin, on a eu l'occasion de souligner au
ministre, qui a semblé être très sensible à
l'argumentation financière voulant que la famille où il y avait
seulement un adulte se trouvait défavorisée par rapport à
la famille où il y avait deux adultes, je voudrais savoir du ministre
s'il a eu l'occasion, dans l'intermède qu'on a eu, de vérifier
d'une façon comptable, si on peut employer l'expression, cet état
de choses que nous avons souligné à son attention et s'il a
l'intention d'y remédier dès maintenant dans l'élaboration
des nouveaux règlements. En fait, notre argumentation voulait que, dans
les cas d'une famille où il y a seulement un conjoint, souvent c'est la
femme qui est veuve ou autrement. A ce moment-là, elle gagne un salaire
moindre et surtout la femme seule au foyer avec deux enfants, dont un est
placé, elle est dans une situation presque impossible parce qu'il lui
faut maintenir quand même un foyer, ce qui implique des dépenses
aussi importantes que la famille où il y a deux conjoints, des
dépenses de base aussi importantes. En plus de ça, ce
cas-là, cette veuve qui travaille ou ce conjoint qui est obligé
de travailler est pris avec un enfant au foyer et des services
inadéquats à l'heure actuelle, il faut bien se le dire, c'est la
situation en ce qui concerne les garderies. Cela viendra mais ce n'est quand
même pas fait, les auxiliaires familiales, tout ça. Il y a un
contexte très difficile pour cette personne seule qui est obligée
de travailler.
Est-ce qu'on peut s'attendre... Est-ce que le ministre a
étudié l'implication?
M. FORGET: II s'est écoulé, comme vous le
savez, peu de temps depuis que cette discussion a eu lieu puisqu'elle a
eu lieu ce matin; donc, je ne voudrais pas faire état de plus que des
hypothèses. Dans le moment, il y a une hypothèse qui pourrait
peut-être être retenue et qui porterait l'exemption, pour la
personne ou l'adulte seul avec enfant, à $3,000 et qui produirait un
effet assez marqué en réduisant, d'un peu plus de $20 dans
certains cas, la somme demandée mensuellement.
M. LESSARD: Disons qu'on peut être assuré ces
revendications sont légitimes, je pense bien que le ministre
d'abord va étudier ce problème et, deuxièmement, qu'il va
tenter de réduire l'écart qui m'apparait assez fort entre la
situation d'une famille à un seul adulte qui doit payer pour un enfant
$62 et la situation d'une famille de deux adultes qui doit payer un montant de
$31, soit 50 p.c. Je comprends que le ministre n'a pas eu le temps, depuis ce
matin d'étudier pratiquement ce problème, mais est-ce qu'on peut
être assuré qu'il va tenter, de bonne foi, de réduire cet
écart qui m'apparait un peu trop large?
M. FORGET: Je vous ai déjà donné ce matin cette
assurance et je suis bien prêt à la donner encore ce soir.
M. BEDARD (Chicoutimi): A un moment donné, vous nous avez
parlé d'un certain montant, sous l'ancien système, que le
gouvernement percevait des bénéficiaires.
Est-ce que vous avez eu l'occasion en tout cas, vous nous aviez
assurés que vous essayeriez d'en faire les calculs de faire les
calculs afin de nous dire, avec l'application de ces nouveaux
règlements, quels seraient les montants supplémentaires que le
gouvernement percevrait?
Vous nous aviez parlé, à ce moment, d'un montant d'environ
$1 million ou $2 millions. Est-ce que ce serait exagéré de dire
qu'avec l'application de vos nouveaux règlements, approximativement,
c'est au moins $8 millions à $9 millions que vous irez chercher? On n'a
pas de comptable, mais on a...
M. FORGET: Sur un montant total d'environ $100 millions qui est
payé par le gouvernement pour l'ensemble de ces services, c'est à
peu près l'ordre de grandeur, peut-être sensiblement moins que
cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, mais auparavant, quand vous nous parlez des
$100 millions... Là, on étudie les règlements tels qu'ils
sont aujourd'hui. C'est pour bien faire voir que l'application de ces
règlements ne constitue pas une diminution en fait de perceptions ou de
charges imposées aux bénéficiaires de cette loi, mais que
cela représente assurément une hausse de taux je
n'emploierai pas démagogiquement le mot "taxe" qui pourrait se
solder par, disons, un retour dans les coffres du gouvernement d'une somme d'au
moins $8 millions à $9 millions de plus.
M. LESSARD: Autrement dit... Allez-y.
M. FORGET: Lorsque nous comparons les chiffres qui sont le produit des
contributions des parents dans les années antérieures et que nous
les comparons à des chiffres projetés pour l'avenir, il faut se
souvenir qu'il y a deux et même trois modifications dont il faut tenir
compte. Les chiffres quels qu'ils soient, qui sont projetés comme
étant le produit des contributions à l'avenir, supposent une
récupération totale puisqu'il nous apparaît que c'est aussi
un élément au moins aussi important de cet effort que de
s'assurer que les règles, une fois qu'elles sont établies et
qu'elles sont définies clairement par un règlement, soient
véritablement appliquées de manière uniforme puisque cela
devient une question de traiter tout le monde sur le même pied.
Antérieurement, nous avions une situation fort différente,
où effectivement, les entrées, au point de vue du revenu,
étaient fort différentes des sommes qui auraient pu
théoriquement, même en vertu des échelles de contributions
telles qu'elles existaient en théorie, à titre d'indication,
rapporter et l'écart était très sensible à ce
niveau.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais les handicapés, eux, ne sont pas
dans une situation différente. Les handicapés, sous l'ancienne
loi, en termes de besoins, n'étaient pas dans une situation
différente de la leur aujourd'hui.
Le gouvernement semble vouloir tenir compte qu'il est peut-être
dans une situation différente de ce qu'il était par rapport
à l'application de l'ancienne loi, mais le handicapé est dans la
même situation de besoins qu'il l'était.
M. FORGET: Vous discutez d'un aspect différent des règles,
dans quelle mesure les...
M. BEDARD (Chicoutimi): L'aspect humain.
M. FORGET: Non, strictement au point de vue de l'application des
règles, à savoir: Est-ce que ces règles font des
distinctions selon que l'enfant est dans une situation ou a des
problèmes différents? J'ai indiqué, d'ailleurs, et j'y
reviens, que, pour les questions d'accessibilité scolaire de même
que pour les problèmes de handicapés requérant un
placement à long terme ou définitif, il y aura effectivement un
plafond extrêmement modeste à ces contributions, de manière
même que, essentiellement, dans le cas des placements définitifs
à long terme, la contribution soit égale à l'allocation
familiale, donc, que la contribution nette de la famille soit nulle.
J'aimerais cependant revenir sur ce que je vous disais tantôt.
Lorsque je dis qu'il y a
plusieurs facteurs dont il faut tenir compte, c'est que, si nous
n'avions rien changé dans les règles anciennes et si nous les
avions appliquées de la même façon qu'elles étaient
censées s'appliquer dans le passé, tenant compte de la
récupération faite des allocations familiales, même dans le
passé, mais étant donné les nouveaux barèmes,
d'allocations familiales, la somme qui aurait été
récupérée, qui serait maintenant
récupérée, en vertu de ces anciennes règles, serait
de $8 1/2 millions par année.
Les règles dont nous discutons maintenant nous apporteront
environ le même montant. Donc, à ce niveau, étant
donné l'augmentation des allocations familiales, il ne semble pas y
avoir une contribution plus grande dans sa masse que celle qui aurait
été produite simplement par la majoration des allocations
familiales dont une part, comme vous vous souvenez, était retenue pour
le financement du système.
M. LESSARD: Si je prends les comptes publics 1972/73, je constate, au
ministère des Affaires sociales, que le montant en tout cas, je
tente de me baser sur ces chiffres réclamé des parents
était de $1,114,614.59. Le montant réclamé aux agences
sociales était de $891,846.77, ce qui fait un montant autour de $2
millions.
Je veux arrêter de patiner et je veux savoir quelle
différence il y a avec la perception que vous allez faire. Parce que, M.
le Président, je pense que tout gouvernement qui administre les biens
publics doit faire ce que j'appelle des prévisions budgétaires.
Les prévisions budgétaires sont le calcul des montants qui sont
à recevoir pour le gouvernement, c'est ce qu'on appelle, en termes bien
techniques, les voies et moyens du gouvernement pour se financer. Je pense que,
dans ces prévisions budgétaires, il est normal que vous ayez
calculé le montant que vous allez percevoir en vertu de ce nouvel
arrêté en conseil. Ce qu'on veut savoir, bien simplement
vous nous parlez approximativement par rapport au montant de $2 millions
que vous receviez auparavant, soit des parents ou des agences sociales
peut-être qu'il y a des erreurs là-dedans, mais en tout cas,
j'identifie cela; probablement que, dans les comptes publics, ce sont les
montants que vous receviez des parents qui avaient des enfants
handicapés c'est le montant que vous allez maintenant
recevoir.
Je ne veux pas mettre du grabuge dans le débat. C'est justement
pour savoir comment le gouvernement se finance, parce que, si vous allez
chercher $6 millions ou $8 millions de plus, c'est une taxe que vous n'avez pas
eu le courage d'imposer. C'est cela que je veux savoir.
M. FORGET: M. le Président, je crois qu'on vient d'entendre un
exposé un peu technocratique de la part du député de
Saguenay, puisqu'il nous a rappelé ce que signifiaient les comptes
publics. Il semble fort versé dans cette question.
Je me permettrais de lui souligner qu'il y a malgré tout, dans
les chiffres qu'il cite, une difficulté d'interprétation, s'il
veut les utiliser dans l'argument pour lequel il veut les utiliser.
En premier lieu, il compare des sommes effectivement reçues,
puisque les comptes publics, par les sommes effectivement reçues, c'est
une comptabilité de caisse, et ce sont des sommes effectivement
reçues par opposition aux sommes qui auraient été dues, en
fonction d'une facturation. Pour la troisième reprise, j'insiste sur la
différence considérable qui a existé, dans le
passé, entre les sommes facturées aux familles, à la suite
d'ententes sur la contribution qu'elles devaient consentir, et les sommes
effectivement reçues. Cette différence, elle se retrouve aussi,
aux comptes publics, mais dans un autre chapitre, celui du bilan, au titre des
comptes recevables. Ces comptes recevables s'accumulaient, en effet, depuis les
dernières années, à un rythme assez considérable,
et ils sont la mesure de la difficulté, avec les processus
administratifs alors en vigueur, d'effectivement appliquer, de manière
stricte et juste, de la même façon pour tout le monde, les
règles en vigueur à l'époque.
Si on prenait le même raisonnement et si on supposait que
l'administration de ce régime ne serait pas améliorée, ce
n'est plus de $8 1/2 millions qu'il faudrait parler pour l'avenir, c'est
peut-être de $3 millions. Ce serait à peu près le
même ordre de grandeur au point de vue de l'écart entre ce qui
devrait être payé et ce qui l'était effectivement. Ce qui
veut dire que, si l'on compare la même chose avec la même chose,
puisqu'il faut faire les comparaisons avec des termes qui sont comparables, si
l'on compare des recettes avec des recettes, c'est ce genre de calcul qu'il
faudrait faire. Comme je l'ai indiqué, si les anciennes règles
étaient appliquées sans modifications, étant donné
la pratique de récupération des allocations familiales aux
mêmes taux en pourcentage que dans le passé, on aurait une
récupération totale qui serait dans le même ordre de
grandeur, puisqu'on ne prétend pas pouvoir faire, à cet
égard, les calculs à quelque cents dollars près.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si on prenait votre raisonnement...
M. FORGET: Donc, c'est le même ordre de grandeur avec les
nouvelles règles qu'avec les anciennes, si l'on suppose que toutes les
facturations sont effectivement honorées.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si on prenait votre raisonnement, vous essayez
de nous laisser entendre que ces règlements, au niveau de la perception
financière, ne seraient peut-être pas appliqués.
M. FORGET: Pas du tout.
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien non!
M. FORGET: Ce que je vous indique, c'est
que si on essaie de comparer des choses qui sont comparables, alors on
obtient cette comparaison...
M. BEDARD (Chicoutimi): Au contraire.
M. FORGET: ... alors que votre collègue du Saguenay compare des
entrées avec des facturations. Ce sont des choses absolument pas
comparables si l'administration est faite de manière que les
entrées de fonds ne correspondent pas aux facturations.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais d'ordinaire, quand le gouvernement croit
justifiable de percevoir ces comptes, il les perçoit. Moi, je serais
bien plus porté à croire que, si vous n'avez perçu que $1
million quelques mille dollars, c'est parce que, effectivement, vous vous
êtes rendu compte, ou les travailleurs sociaux ont fait des
représentations telles que cela vous a porté à vous rendre
compte, tout simplement, que ces familles qu'on avait facturées
n'étaient pas capables de payer.
M. FORGET: Pas du tout, cela résultait d'une évaluation
faite par les travailleurs sociaux et d'une entente, dans la plupart des cas,
avec les familles. Ce dont on s'est rendu compte et c'est la raison qui
a fait que nous avons ces règlements c'est d'établir d'une
façon claire, d'une façon publique et uniforme, des règles
qui, elles, soient applicables, puisque précisément, ce sont des
règles qui sont connues. Ce sont des règles qui sont acceptables,
plutôt que des règles qui laissent tellement de place à la
discrétion individuelle qu'on n'a jamais le sentiment qu'on puisse les
appliquer rigoureusement, puisqu'elles diffèrent trop d'une circonstance
à l'autre ou d'un individu à l'autre dans les mêmes
circonstances, en fonction d'un jugement individuel qui n'est pas suffisamment
soutenu, peut-être, par des règles claires et précises.
C'est le but d'un règlement.
M. LESSARD: J'accepte les remarques du ministre. Il y a des
entrées et il y a des montants qui doivent entrer et qui n'entrent pas,
qui sont ce qu'on appelle des comptes recevables; mais quand vous faites des
prévisions budgétaires, si vous administrez bien, M. le
Président, vous devez calculer un pourcentage de pertes, qui sont des
comptes recevables, ou des comptes non perçus.
Dans le montant de $2 millions, il est certainement possible pour le
ministère des Affaires sociales de connaître vous nous
parlez des comptes recevables qui s'accumulent en 1972/73 quel
était le pourcentage, par rapport aux $2 millions, des comptes
recevables.
Mais aussi, M. le Président, si le ministre calcule que cela lui
rapportera $8,500,000 et si le ministre a fait ses prévisions
budgétaires de recettes à l'intérieur de son
ministère, il doit être capable, en vertu de normes
administratives et technocratiques comme je le connais très
technocrate de prévoir le pourcentage de montants qui ne seront
pas récupérés par rapport au montant de $8,500,000.
Je comprends que le ministre va probablement se retourner et va
probablement me dire: Je n'agis plus en technocrate, j'agis en ministre
responsable, humain, des individus et comme je ne connais pas les individus, je
ne peux pas à un certain moment prendre une décision sur ce
point. Il reste que, globalement, vous devez être capable d'estimer 10
p.c, 15 p.c, 20 p.c, les montants qui ne seront pas
récupérés.
Là, on pourra comparer avec des chiffres réels, un montant
de $2 millions et comparer avec un montant de $8,500,000 et on saura de quelle
façon le gouvernement se finance. Puisque c'est une loi fort importante,
il me semble que le ministre responsable des Affaires sociales a dû
certainement faire ce calcul parce que, lorsque je lis les comptes publics, je
vois à chaque année des revenus et des dépenses.
Or, le ministre calcule un certain nombre de dépenses et le
ministre a dû, aussi, calculer les revenus de cette loi, et ce que cela
comportera chaque ministère le fait à partir de son
ministère et de l'ensemble des revenus du Québec, on
prévoit le niveau de taxation de la population. Il me semble qu'il est
possible d'obtenir ces chiffres.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quelle est la hausse autrement dit? Est-ce que
c'est $9 millions, $10 millions, $20 millions?
M. FORGET: Vous avez déjà eu la réponse à
cette question par les chiffres que vous venez de nous donner.
M. BEDARD (Chicoutimi): II me semble que si vous me dites dans une
minute: Cela sera de l'ordre de $9 millions, $10 millions, je ne vous poserai
même plus de question après cela. On est capable de comprendre un
chiffre. C'est le chiffre qu'on veut avoir.
M. FORGET: J'ai indiqué tantôt qu'il y avait avant le 1er
janvier de cette année un revenu de $3,200,000, ce qui concorde avec les
chiffres partiels qui nous ont été cités puisqu'il faut
ajouter à cela...
M. LESSARD: ... prévisibles...
M. FORGET: ... un revenu je dis bien un revenu, pas une recette
et qu'il y aura dans le projet, tel que modifié, un revenu
d'environ $8,500,000. Cependant, je vous indique également que
même avec les anciens règlements, s'ils avaient été
administrés de manière que toutes les entrées se fassent
et sans rien modifier, mais en tenant compte de l'augmentation des allocations
familiales, nous aurions eu, à peu de chose près, le même
revenu que celui que nous envisageons selon ces règlements.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autre temps, autres moeurs. En fait, si cela n'a
pas été perçu c'est parce que c'était inhumain de
le percevoir dans bien des cas.
M. FORGET: Vous savez qu'il y a plusieurs choses qui sont intervenues
entre l'an dernier et cette année, y compris l'augmentation des
allocations familiales.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui. D'ailleurs, vous les grugez
drôlement, les allocations familiales. Par exemple, vous nous parlez de
tous les investissements que doit faire le...
M. FORGET: $3 millions de plus sur $250 millions de plus...
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, plus la baisse de tous les barèmes
de l'aide sociale.
M. FORGET: Je pourrais vous répondre là-dessus, sur la
baisse des barèmes de l'aide sociale, que c'est un autre débat.
Il n'y a pas eu de baisse, il y a eu une augmentation. Cela me fera plaisir de
vous répondre.
M. LESSARD: C'est l'argent que vous allez chercher au gouvernement
fédéral pour vous empêcher d'imposer les taxes cette
année. C'est cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Par exemple, vous nous parlez toujours des
dépenses énormes que fait le gouvernement concernant les foyers
d'hébergement, toutes les dépenses que cela peut entrafner.
Est-ce que c'est vrai que la participation à la construction de
ces foyers d'hébergement est financée à 99 p.c. par le
fédéral et qu'après quelques années, dans le fond,
cela devient un amortissement total?
M. FORGET: M. le Président, je pense qu'on s'écarte un peu
de l'objet de la discussion.
M. BEDARD (Chicoutimi): On ne s'écarte pas, vous nous dites que
vous avez bien des dépenses à faire.
M. FORGET: Si l'on veut discuter de l'ensemble du budget du
ministère des Affaires sociales, on aura l'occasion de le faire dans un
mois, lors de l'étude de nos crédits. Nos honorables
collègues sont invités à y participer. Il nous fera
plaisir, à ce moment-là, de discuter de l'ensemble du budget du
ministère, mais on s'éloigne un peu de l'étude d'un
règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. On posera à nouveau la
question, mais nous savons la réponse.
M. FORGET: II ne faut pas poser la question si vous avez la
réponse. Le temps est trop précieux pour cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela me fait plaisir quand le ministre vient
confirmer l'Opposition, surtout quand il s'agit des dépenses
censées très importantes que le gouvernement fait pour certaines
classes de la société.
M. FORGET: Je suis heureux de contribuer à votre sentiment
d'assurance.
M. BEDARD (Chicoutimi): La famille qui va payer $32 par mois et qui va
recevoir les allocations familiales, à qui va-t-elle payer ces $32? Au
foyer d'hébergement? Ou encore aux parents de l'enfant? Ou encore au
gouvernement?
M. FORGET: C'est payé dans tous les cas, que le placement soit en
famille d'accueil ou en centres d'accueil, aux centres de services sociaux.
M. BEDARD (Chicoutimi): Mais qui va en profiter, en définitive?
Le gouvernement ou le...
M. FORGET: Le gouvernement ne profite pas personnellement de ces
services. Les services sont essentiellement au profit de la population et, en
particulier, de la population des bénéficiaires. Ce n'est pas une
récupération pour le gouvernement, mais pour le financement de
ces services.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je me permets de vous dire qu'avec un
raisonnement comme cela, ne vous surprenez pas d'être mal
interprété parfois, parce qu'effectivement...
Franchement, vous imposez à cette classe de la
société de financer elle-même, vous êtes en train de
lui imposer de financer elle-même, en fait, les foyers
d'hébergement, si cela continue.
M. FORGET: Si l'on regarde seulement le budget prévu pour les
foyers nourriciers, les familles d'accueil et qu'on le compare aux
contributions envisagées seulement à l'égard de ces
enfants, on se rend compte bientôt que ce n'est pas du tout de
l'autofinancement, bien au contraire, à 90 p.c., ce budget est
financé à même les revenus généraux de
l'Etat. La contribution des parents, sur un plan global, est presque
symbolique.
M. BEDARD (Chicoutimi): Si vous permettez, pour tester l'esprit social
qui est à la base de ce règlement, j'aurais une demande à
vous faire. Avant, sous l'ancien régime, une partie de l'allocation
familiale allait directement pour les besoins de l'enfant. Est-ce que c'est
trop demander au gouvernement que de s'engager, avec l'application de ce
nouveau règlement, à ce que la même partie, au moins le
même pourcentage de l'allocation familiale, reste encore uniquement pour
l'enfant?
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A
l'ordre, s'il vous plaît! Je vous ai demandé de
coopérer.
M. BEDARD (Chicoutimi): II y a le gouvernement d'une part, il y a les
parents d'autre part, mais il y a ce qu'il y a de plus important, les enfants.
Est-ce que vous pensez que le gouvernement serait sensible dans son esprit de
social-démocratie à laisser cette partie à l'enfant, le
véritable frappé, en fait, et celui qui en a besoin?
M. FORGET: Je vous référerais à ce que nous avons
discuté ce matin à ce sujet, ce qui laisse clairement voir que,
effectivement, nous laissons à la famille elle-même et non pas
à l'administration du centre des services sociaux une partie de
l'allocation familiale, puisque le maximum qui est payé, de toute
façon, ne correspond pas à l'ensemble des besoins de l'enfant,
à l'ensemble du coût moyen d'entretien de l'enfant, ce qui fait
qu'il y a effectivement une somme qui est laissée à la
disposition des familles, compte tenu des responsabilités
assumées par le gouvernement dans le financement des services à
l'enfance.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous comprends très bien. A ce
stade-ci de la discussion...
M. FORGET: La nature de votre question est plutôt de type
comptable puisque vous vous attachez à comptabiliser ou à ce
qu'une comptabilisation officielle soit faite de ces sommes, L'effet obtenu est
le même par les mesures que nous recommandons.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, il n'est pas le même du tout. Prenez
l'allocation familiale que vous allez donner à une famille qui a
déjà de la misère à joindre les deux bouts, vous
lui demandez déjà de l'héroisme en gardant en
réserve l'allocation familiale pour pouvoir payer le gouvernement pour
son enfant placé. En plus de cela, je pense bien que ce serait plus que
de l'héroïsme que de lui demander d'en placer encore une partie
pour son enfant. Pour suivre votre raisonnement, laissons à la famille
ce qui appartient à la famille avec votre loi. laissons au gouvernement
ce qui appartient au gouvernement. Tout ce qu'on vous demande, laissons
à l'enfant ce qui appartenait au moins à l'enfant pour son usage
personnel. C'est tellement minime. Est-ce que ce n'est pas l'occasion
rêvée au moins de...
M. LESSARD: Le ministre, M. le Président, est-il conscient que,
pour épargner, il faut être capable d'épargner. Il faut
avoir de l'argent pour épargner et quand on n'en a pas, on n'est pas
capable d'épargner. C'est cela que le député de Chicoutimi
tente de vous faire comprendre. Regardez le problème. Je l'ai
vécu sous une autre forme dans la Loi de l'aide sociale par exemple,
concernant l'assurance-chômage. Je vous ai même écrit
à ce sujet-là pour négocier des contrats, une entente avec
le gouvernement fédéral, que vous n'êtes plus capable de
ramasser l'argent que vous avez avancé aux chômeurs parce qu'ils
n'ont plus le moyen et qu'ils l'ont dépensé. Vous faites
justement la même chose. Vous êtes en train, à mon sens, de
créer des problèmes administratifs et le ministère des
Affaires sociales va devenir un ministère de perception. C'est devenu un
ministère de perception dans la Loi d'aide sociale avec
l'assurance-chômage, et cela va devenir un ministère de perception
avec cela. Je comprends que là vous décentralisez, vous ne prenez
plus la responsabilité de percevoir. Vous dites maintenant au bureau de
l'agence sociale: Vous allez percevoir. Mais ce qu'on vous dit, c'est que vous
envoyez l'argent aux parents et que ces parents-là, dans beaucoup de
cas, ne sont même plus au stricte minimum vital, ils sont en deça
du minimum vital. Pensez-vous sérieusement, M. le Président
et je m'adresse au ministre en m'adressant à vous ...
LE PRESIDENT (M. Kennedy): Si cela passe par moi, cela se rend au
ministre certainement.
M. LESSARD: ...que vous allez être capable de
récupérer ces montants?
M. FORGET: On a cité, ce matin, dans les cas qui vous
préoccupent, ceux de personnes qui sont au seuil de pauvreté, au
sujet des montants que nous récupérions, pour employer votre
expression, à même les sommes que nous donnons déjà
à ces familles pour l'entretien des enfants, que nous laissions à
ces familles plus qu'elles n'auraient si elles n'avaient pas ces enfants en
premier lieu. Donc, nous ne récupérons pas tout, nous ne
récupérons pas, à plus forte raison, plus qu'ils ne
reçoivent. Nous ne faisons que récupérer une moitié
et nous offrons à ces familles des services qui sont financés par
l'Etat et qui se substituent à eux dans une mesure importante pour les
besoins ordinaires de l'existence et qui se substituent à eux dans une
mesure totale pour des besoins additionnels, des besoins spéciaux. Donc,
il n'y a pas là un problème d'épargne, il s'agit de
prestations courantes qui sont utilisées de façon courante pour
les besoins des enfants et c'est d'ailleurs le but pour lequel ces prestations
sont accordées.
Je remarque, M. le Président, que cette question nous fait
revenir sur un terrain qui a déjà été couvert par
les discussions de cette commission et il est bien évident que les
membres de l'autre côté peuvent placer l'interprétation qui
leur apparaît la plus convenable sur le règlement. Mais il
m'apparaît également que d'y revenir à plusieurs reprises
ne nous avancera en rien si l'on ne parvient pas à étudier de
façon plus concrète les dispositions de façon
peut-être à les améliorer puisque nous avons eu quand
même des exemples de certaines ques-
tions qui nous permettent de faire un certain chemin pour
améliorer les dispositions du règlement. A défaut de faire
cela, nous en sommes à des propositions générales qui ne
semblent pas avoir fait avancer le débat beaucoup. Nous avons
déjà eu trois séances avant celle-ci et je dois dire que
c'est seulement peut-être à la fin de la séance de ce matin
que nous avons commencé véritablement à discuter du
projet. J'inviterais nos collègues à faire porter leur attention
sur le projet plutôt que sur des interprétations philosophiques ou
autres qu'ils peuvent très légitimement faire mais qui peuvent
être faites dans d'autres forums tout aussi bien.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est vous qui philosophez à l'heure
actuelle. Je vous ai posé une question très simple, je ne vois
pas...
M. FORGET: Pour accélérer et rendre plus efficace le
travail de cette commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): ...quelle philosophie... D'abord, je m'inscris
en faux sur ce que vous dites parce qu'on vous a déjà fait
certaines remarques auxquelles vous êtes très sensible, qui vont
se traduire en termes d'argent, c'est-à-dire en termes de diminution de
paiement pour les bénéficiaires, celle entre autres, concernant
la famille d'un adulte et la famille de deux adultes. Cela se traduit en
termes, il me semble que ce n'est pas philosophique. Au bout de
ça...
M. FORGET: C'est l'exemple que je vous citais de chose utile pour cette
commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): Deuxième question, je vais vous la
reposer et je n'irai pas tellement plus loin, est-ce que vous êtes
d'accord, est-ce que le gouvernement est d'accord pour laisser à
l'enfant ce qui appartenait à l'enfant en vertu de l'ancien
régime?
M. FORGET: C'est exactement ce que nous faisons par ce projet.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, vous ne le faites pas.
M. FORGET: Absolument.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne peux pas voir comment vous pouvez affirmer
ça alors que c'est complètement faux. Avant, vous l'avez dit,
à part ça, dans nos délibérations, une partie
minime, quelle qu'elle soit, que ce soit un tiers, qu'elle soit minime, peu
importe vous avez affirmé vous-même qu'avant il y avait une partie
minime qui restait pour le profit de l'enfant. C'est vous-même qui nous
avez dit qu'elle pouvait servir, soit pour le cadeau de Noël,
d'anniversaire, des vêtements, qu'elle pouvait servir aussi pour
créer une sorte de fonds qu'on remettait à l'enfant lorsqu'il
avait 18 ans; ce n'est pas moi qui suis allé chercher l'exemple, c'est
vous qui nous l'avez apporté. Ma question est la suivante et ce n'est
pas de la philosophie, cela se traduit en termes de cents et de piastres:
Est-ce que le gouvernement est d'accord dans son esprit de
social-démocratie de laisser à l'enfant ce qu'il avait
auparavant, ce qui lui était donné pour son usage personnel? Ou
est-ce qu'on peut au moins compter que le gouvernement va envisager cette
possibilité dans la rédaction des nouveaux règlements?
M. FORGET: J'ai déjà cité la création d'un
fonds spécial de $2,500,000 annuellement qui va servir essentiellement
aux fins pour lesquelles ces fonds étaient créés dans le
passé. Là-dessus, il n'y a aucune diminution...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. FORGET: ... sensible. Il s'agit même d'un montant même
légèrement supérieur à celui qui existait
auparavant. Pour ce qui est de constituer un fonds à même des
allocations familiales qui servent à accumuler des épargnes pour
le futur, notre intention n'a jamais été d'établir un
fonds qui constituerait un fonds d'épargne pour les enfants. Ce
n'était pas à notre avis les fins pour lesquelles les allocations
familiales sont versées. Elles sont versées pour les besoins
courants des familles dans le soutien des enfants et non pas pour ces fins.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'allongerai pas le débat mais la
réaction de la salle montre jusqu'à quel point ça ne va
pas.
M.LESSARD: M. le Président, nous avons un système de
scolarité obligatoire et, dans le cas de handicapés sociaux,
qu'est-ce qui arriverait si, en raison d'un problème financier, par
exemple, des parents, un enfant de 12 ans était retiré d'une
institution spécialisée, soit l'Institut Nazareth ou un autre?
Qu'est-ce que le ministère ferait? Est-ce que le gouvernement prendrait
des procédures, parce qu'à ce moment-là, les parents
enfreignent la Loi de la scolarité obligatoire?
M. FORGET: J'ai indiqué ce matin que, dans les cas
d'accessibilité scolaire, la même situation prévaudrait,
c'est-à-dire une contribution très minime. Cette contribution
sera dans tous les cas, dans le cas même du premier enfant, égale,
et dans le cas de tous les autres enfants, inférieure à
l'allocation familiale qui serait due. Il est donc inconcevable qu'il ne soit
pas possible d'obtenir des parents le paiement d'une somme qui sera modique et
qui sera comparable au montant de l'allocation familiale pour l'enfant de
premier rang. Et si l'on doit envisager des mesures extrêmes comme celles
que vous soulevez, mais qui m'apparaissent
improbables, les règlements relatifs aux allocations familiales
prévoient que, s'il n'y a pas de paiement dans des cas comme
ceux-là ou dans des situations où les familles n'exercent pas les
responsabilités normales des parents, l'allocation peut être
versée directement à l'établissement dans de tels cas,
à titre exceptionnel.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II y aurait peut-être lieu
d'étudier le règlement.
M. LESSARD: On va l'étudier, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne vois pas comment... Franchement...
M. LESSARD: Moi, je commence à avoir mon voyage. On étudie
le règlement actuellement et on pose des questions au ministre et il
n'appartient pas au président de décider quelles questions on va
poser au ministre. J'ai eu mon voyage hier, M. le Président, lorsque
vous avez pris une décision absolument illégale. Ce n'est pas
vous qui allez venir déterminer...
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LESSARD: A l'ordre? Question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Bien.
M. LACROIX: Si le député de Saguenay ne veut pas garder
son sang-froid, ajournez donc la séance sine die.
M. LESSARD: M. le Président...
M. LACROIX: Cela ne sera pas plus long que cela, parce que le
président, ici, va être respecté parce que c'est le
prolongement de l'Assemblée nationale.
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
M. LACROIX: Je pense qu'à ce moment-là on vous laisse
toute latitude, on vous laisse aller à côté, parce que l'on
est ici pour étudier les règlements et les changements qui ont
été apportés à la suite de la modification qui a
été apportée et je pense que, lors de l'étude des
crédits, il y aura lieu de poser d'autres questions qui seront
pertinentes mais qui ne le sont pas à ce moment-ci.
M. LESSARD: Sur le point de règlement, M. le Président,
c'est que, d'abord, le député des Iles-de-la-Madeleine n'a pas
assisté aux délibérations de cette commission.
M. LACROIX: J'étais à...
M. LESSARD: Je le reconnais, pour des raisons qui sont tout à
fait normales, le député des Iles-de-la-Madeleine n'a pas
assisté aux délibérations. Il y a d'autres commissions
parlementaires qui siègent, il y a l'Assemblée nationale qui
siège, il y a l'Association des parlementaires de langue
française qui est ici et je le comprends très bien, je ne le
blâme pas, M. le Président. Ce que je dis, par exemple, c'est
qu'il nous appartient à nous, et je pense que nous savons de quoi nous
discutons. Nous discutons du règlement. Lorsque j'ai soulevé une
question au ministre tout à l'heure, cela concernait justement des
conséquences directes du règlement et je dis encore, M. le
Président, et je vous dis bien respectueusement qu'il appartient
à l'Opposition, en relation, et je suis d'accord avec vous, avec le
règlement qui nous est soumis, de poser les questions que nous voudrons
poser, M. le Président, et vous avez déjà pris une
certaine décision, hier, qui m'apparaissait absolument illégale.
Je pense, M. le Président, que vous allez permettre au
député de Chicoutimi de continuer ses questions.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Je ne veux pas empêcher le
député de Chicoutimi de poser des questions, mais si on
procède article par article, il peut poser exactement les mêmes
questions et on avancera sur le projet de règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Moi, je trouve que l'on avance beaucoup parce
que ce qui compte avant tout, dans une loi, c'est l'esprit, la lettre, dans
quel sens on a fait cette loi. Parce que l'on en a entendu des belles au niveau
de cette commission-ci et je me réfère simplement aux paroles
mêmes de l'honorable ministre qui prétendait que l'argument que
l'on avait était de savoir si on va placer les familles qui ne placent
pas leurs enfants dans la situation d'avoir l'impression que le gouvernement
les pénalise effectivement. C'est le mot à mot. Quand on parlait
de l'esprit de M. Garcia dans la rédaction de ses règlements!
Mais j'y reviendrai plus tard, parce que je ne crois pas que les familles
québécoises soient plus intéressées que quelque
famille que ce soit à placer leurs enfants. Quand elles le font, c'est
parce qu'elles sont obligées de le faire et les travailleurs sociaux ne
sont pas des placeurs d'enfants à la pièce. Je pense que, si le
gouvernement avait confiance en eux, je suis convaincu que, lorsqu'ils les
placent, c'est parce que c'est nécessaire. S'il y a plus de placements
dans le Québec qu'à d'autres places, c'est parce qu'il y a plus
de familles pauvres, ici, dans le Québec et il y a moins de services
adéquats qui sont fournis aux familles, tels que les garderies, tels que
les auxiliaires familiales. Si on avait, autrement dit, tout ce
mécanisme, ces dispositions sociales, si elles étaient en place
et effectives, il y aurait beaucoup moins de placements.
M. LESSARD: Les politiques sociales encouragent le divorce.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autrement dit, si les politiques sociales
l'encouragent, d'une certaine façon, quelquefois, dans certaines
circonstances... Mais je ne veux pas être démagogique ou encore
essayer de dépasser ma pensée. J'y reviendrai tout à
l'heure. Mais je pense que, jusqu'à maintenant, on nous a fourni des
arguments au niveau de l'esprit de cette loi qui font que les parents ou encore
ceux qui sont touchés par cette loi ont raison d'être
présents, ce soir, ici, et il y en a beaucoup d'autres qui suivent nos
délibérations, à mon sens, parce qu'ils sont
préoccupés par l'esprit qui a été à la base
de la rédaction de ces règlements.
Prenez, par exemple, tout à l'heure, M. le ministre, vous nous
disiez que le fonds spécial, quand je vous demandais de laisser aux
enfants ce qui leur appartenait lorsque l'on avait l'application de l'ancienne
loi, vous ne m'avez pas répondu là-dessus.
Vous m'avez dit qu'il y avait un fonds spécial que vous aviez
créé de $2 1/2 millions. N'est-il pas vrai que ce fonds
spécial sert pour les soins orthopédiques, les prothèses,
les lunettes, etc., et non pas, comme c'était le cas sur l'ancien
régime, pour les besoins de l'enfant?
M. LESSARD: L'avenir de l'enfant.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): A l'ordre! A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): J'essaie de l'étudier, je pense, avec le
plus de sérieux que je peux et avec les renseignements que j'ai
je n'ai pas toute une armée de fonctionnaires derrière moi
mais il me semble que, si c'est le cas, l'Opposition ne mérite pas de se
faire affirmer des faussetés comme cela qu'on n'a pas le temps de
vérifier, mais qu'on a l'occasion de vérifier parce qu'on a quand
même quelques-uns qui viennent nous aider ou qui nous fournissent des
renseignements.
M. FORGET: J'aimerais savoir ce que, dans l'esprit du
député de Chicoutimi, il entend par les besoins de l'enfant, s'il
exclut comme n'étant pas les besoins de l'enfant, les équipements
orthopédiques, les lunettes ou les soins dentaires, etc. Je comprends
mal la nature de son raisonnement...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas cela du tout.
M. FORGET: ... ce sont précisément les besoins auxquels
ils ont...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas cela du tout, vous le savez. Ce
dont on parle, la partie minime dont on parle, c'est vous-même qui avez
expliqué à quoi cela servait. C'était minime,
c'était un service de l'enfant, aux besoins futurs de l'enfant, entre
autres, faire un petit fonds consolidé pour l'enfant qu'on lui remettait
à l'âge de 18 ans, également, lui payer puisque
c'était humainement, ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose
que cela des cadeaux à l'occasion de son anniversaire, à
l'occasion de Noël, certains petits vêtements dont il pourrait avoir
besoin. C'est vous-même qui l'avez dit. Dans un deuxième temps,
vous vous permettez de me dire exactement le contraire.
M. FORGET: J'aimerais savoir du député de Chicoutimi, dans
quelle partie du règlement il trouve des contraintes qui
empêcheront les centres de services sociaux à utiliser la somme de
$2,500,000 à leur discrétion pour des besoins dans la mesure
où il fait état de besoins différents de ceux qu'il
mentionne comme n'étant pas les besoins des enfants?
M. BEDARD (Chicoutimi): Auparavant, ce montant était
assuré pour le besoin de l'enfant. Pourquoi, à l'heure actuelle,
puisque cela fonctionnait bien, voulez-vous changer et essayer de remettre la
responsabilité entre les mains du centre de service social ou encore,
entre les mains du gouvernement? C'était déjà
assuré. S'il y a une chose qui devrait rester dans le règlement,
c'est cela.
M. FORGET: Le député de Chicoutimi trouve que tout
fonctionnait bien dans le régime actuel...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai, je n'ai pas dit que tout
fonctionnait bien...
M. FORGET: ... tout fonctionnait bien, qu'on aurait dû ne rien
changer. Je me permets de différer d'opinion...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai. Question de
privilège.
M. FORGET: ... il a réclamé, à plusieurs reprises,
les mémoires des centres de services sociaux, de la
Fédération des services sociaux à la famille, qui
indiquent que, de façon générale, ils voient ces
modifications comme une amélioration et qu'ils sont d'accord sur
l'esprit de la plupart des dispositions du projet de règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que le cas de votre fonds sert pour les
soins orthopédiques, prothèses, lunettes, etc.? C'est ce que je
veux vous demander.
M. FORGET: Entre autres. Quel besoin le député de
Chicoutimi a-t-il à l'esprit ou croit-il exclu comme objet d'utilisation
du fonds?
M. BEDARD (Chicoutimi): Avant on avait l'assurance qu'il y avait une
partie minime qui
revenait à l'enfant. Maintenant, je n'ai pas l'assurance que cela
va revenir, je n'ai que la parole du ministre pour me le dire.
M. FORGET: Toutes ces dépenses doivent être faites au
profit de l'enfant.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai même pas la parole du
ministre.
M. FORGET: J'aimerais beaucoup répondre à certaines
questions du député de Chicoutimi sauf que, dans son empressement
à poser plusieurs questions à la fois, il n'est pas soucieux
d'entendre les réponses, mais toute...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ne répondrai plus, allez-y.
M. FORGET: Je pourrais dire la même chose, mais je vais,
malgré tout, passer outre aux interruptions multiples qui n'aident pas
du tout le travail de cette commission. Je vous indique, encore une fois, que
le fonds en question peut être utilisé à la
discrétion des centres de services sociaux au profit des enfants et je
l'invite à me préciser des besoins spéciaux, puisqu'il
s'agit de besoins spéciaux, qui seraient exclus de l'utilisation du
fonds en question.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous dis qu'avant il était
assuré que ce petit montant allait pour l'enfant. Maintenant, cela n'est
plus. La meilleure preuve, c'est que je vous ai demandé de continuer
à l'assurer, tout simplement dans la rédaction des nouveaux
règlements et vous n'êtes pas capable de m'en donner
l'assurance.
M. FORGET: II n'y a pas d'assurance autre à donner que celle qui
indique aux centres de services sociaux qu'ils doivent utiliser ces fonds au
profit des enfants qui leur sont confiés. Ils ne peuvent pas les
utiliser pour d'autres fins. A quel genre d'assurance le député
se réfère-t-il? Je n'ai aucune espèce d'indication.
M. BEDARD (Chicoutimi): Autrement dit, vous ne voulez pas
répondre.
M.LESSARD: Maintenant, dans le sens des règlements 6, 7 et 14 de
l'arrêté en conseil du projet que nous avons étudié,
c'est-à-dire le projet de règlements paru dans la Gazette du
Québec du 27 décembre 1973. et dans les autres articles suivants
aussi, soit 6, 7 15, on indique qu'un centre de services sociaux exige le
paiement d'une contribution par les parents ou gardiens qui
bénéficient des services du centre relativement au placement
d'enfants dans des familles d'accueil ou des centres d'accueil.
En fait, je pense qu'une agence de service social a une certaine
autonomie actuellement. Admettons la possibilité, par exemple, que la
perception se fasse au niveau du centre et non pas au niveau de
l'autorité centrale qui est le gouvernement; ceci veut dire que nous
n'aurons probablement pas des perceptions uniformes et nour n'aurons
probablement pas le même enthousiasme de perception au niveau des centres
de services sociaux; et si on accepte la possibilité qu'un centre de
services sociaux n'a pas un système de perception aussi efficace, par
exemple, que le centre de services sociaux de je ne sais pas
Chicoutimi, par rapport à Hauterive, qu'est-ce qui arrive? Est-ce que le
ministère des Affaires sociales coupe les subventions? Qu'est-ce qui
arrive? Parce que moi, cela m'inquiète, le fait que le gouvernement
délègue ses responsabilités de perception. Pourquoi a-t-on
créé un ministère du Revenu? C'est un peu pour
empêcher que d'autres ministères soient obligés de
percevoir. On a une direction de perception au ministère des Affaires
sociales. Le ministère des Affaires sociales, ne prenant pas ses
responsabilités, délègue ses responsabilités aux
centres de services sociaux, et naturellement, il va y avoir un percepteur.
Quoi que nous en dise le ministre, il va y avoir un percepteur. D'abord, le
danger que cela comporte, c'est que la perception ne soit pas uniforme, parce
qu'avec différents centres de services sociaux, le percepteur peut
être bon dans une région moins bon dans l'autre, et ainsi de
suite. Qu'est-ce qui arrive dans un tel cas? Est-ce que le gouvernement va
intervenir directement auprès du centre de services sociaux et va dire:
Voici, vous n'avez pas assez perçu? Normalement, on vous donne un budget
de $500,000, et comme il y a des comptes recevables de $500,000, on va vous
donner cette année un budget de $450,000. Qu'est-ce qui arrive?
M. FORGET: Je m'étonne un peu que l'on fasse de cette
responsabilité apparemment la plus importante responsabilité de
tout le réseau des Affaires sociales. Il est clair que toutes les
responsabilités dans le secteur des Affaires sociales ou presque la
totalité sont déléguées, parce que la principale
responsabilité, c'est celle d'offrir des services professionnels. Ces
services professionnels sont nécessairement offerts par des individus
qui ne sont pas des copies conformes les uns des autres, et il y a
évidemment des différences d'un établissement à
l'autre et d'une région à l'autre. Ces différences sont
parfois telles qu'elles donnent lieu à une intervention du
ministère pour les corriger.
Mais, si l'on juge qu'un système décentralisé est
valable pour des responsabilités certainement plus importantes que celle
de la perception, je ne vois pas pourquoi on veut absolument, sous
prétexte d'efficacité administrative, centraliser une fonction
qui n'est pas la plus importante et qui peut être effectuée sans
une absolue rigidité, sans une centralisation, pas plus que d'autres
responsabilités sont effectuées de façon
décentralisée.
II y a malgré tout des standards professionnels qui s'appliquent
dans ce secteur comme dans d'autres et il est possible d'aider les individus ou
les établissements qui éprouvent des difficultés.
C'est dans cet esprit que nous entretenons des relations avec les
établissements et non pas dans une attitude punitive, comme le
suggère le député de Saguenay, de manière à
couper les subventions lorsque se manifeste le moindre écart ou la
moindre difficulté dans l'exercice de n'importe quelle
responsabilité.
Encore une fois, des responsabilités les plus importantes sont
celles de donner les services.
M. LESSARD: M. le Président, le ministre charrie pas mal. Pour un
ministre des Affaires sociales, je trouve qu'il charrie pas mal. Il charrie
même plus que son prédécesseur, M. Castonguay, quand il me
dit: "... comme le suggère le député de Saguenay." Je vous
ai simplement posé une question. Je n'ai pas suggéré et je
ne suggère pas du tout mais je dis que le ministre comprend mal le
langage du peuple. Il comprend plutôt le langage des technocrates. M. le
Président, j'espère que le ministère des Affaires sociales
n'est plus devenu un ministère de perception. Je l'espère et je
suis d'accord que cela n'est pas l'essentiel du ministère des Affaires
sociales. Cependant, le ministère des Affaires sociales, lorsqu'il a
à percevoir des montants, doit le faire de façon uniforme pour
l'ensemble des parents du Québec. Si on applique une loi un
arrêté en conseil elle doit se faire en relation avec les
règlements parce que justement, comparativement aux règlements
antérieurs, antérieurement l'agent de service social pouvait
faire une évaluation des besoins plutôt sociaux d'une famille par
rapport aux besoins économiques.
Actuellement, le critère qu'on accepte, qu'on met en vigueur dans
ces règlements, c'est exclusivement le critère économique.
Il n'y a plus de flexibilité tel que cela existait auparavant. Donc, il
faut qu'il y ait une perception lorsque les parents devront payer. Cette
perception devra être uniforme et devra conserver le même esprit
pour l'ensemble des citoyens du Québec, si on accepte que les citoyens
du Québec soient égaux à travers toutes les régions
du Québec.
Or, il arrive justement que cette perception sera faite par les agences
de services sociaux et non pas par le ministère. Je comprends qu'il y a
des critères professionnels. La question que j'ai posée au
ministre est celle-ci: S'il arrivait qu 'une agence de service social refuse de
percevoir les montants tel que le propose le ministre ou ne les perçoive
pas de façon aussi efficace qu'un autre bureau ou qu'une autre agence de
service social, est-ce que par l'intermédiaire de la pression ou du
chantage au niveau du budget, le ministre coupera le budget de cette agence de
service social ou le ministre continuera-t-il de donner le même
budget?
Qu'est-ce qui arrive? Je suis d'accord sur une décentralisation
des services, si vous voulez, mais en ce qui concerne la perception des
montants du gouvernement, mon rapport d'impôt, je ne le fais pas dans la
région. Je ne suis pas capable de le faire dans la région. Je
fais mon rapport d'impôt à Québec et à Ottawa,
malheureusement, aussi. Je vous demande, comme ce sont eux qui vont être
obligés de percevoir les montants, quelles seront les procédures
draconniennes ou non draconniennes que vous utiliserez pour forcer les agences
de services sociaux à aller réclamer ces montants. C'est cela que
je vous demande. Ce n'est surtout pas cela que je suggère au ministre,
au contraire.
Depuis ce matin, je pense bien que le ministre en est bien conscient,
nous avons dit au ministre qu'il nous apparaissait normal que le gouvernement
prenne ses responsabilités. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Quand
il s'agit d'aller chercher de l'argent, qu'il prenne donc ses
responsabilités et qu'il aille directement chercher de l'argent, au lieu
de passer par des petits arrêtés en conseil hypocrites ou par des
petites lois hypocrites! On vous demande tout simplement, comme vous
déléguez les responsabilités que vous n'êtes pas
capable de prendre aux agences de services sociaux, de quelle façon,
quels moyens vous allez utiliser pour forcer ces agences de services sociaux
à récupérer les montants. C'est cela qu'on vous demande.
La question est bien claire.
M. FORGET: Je réfère le député à la
loi qui contient les mesures qui peuvent être prises à titre de
sanctions lorsque les lois ou les règlements ne sont pas
respectés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Tout à l'heure, je m'excuse d'y revenir,
vous m'avez laissé entendre que votre fonds de $2.5 millions... Si je
reviens à cet exemple, c'est pour tester la crédibilité de
toutes les réponses que vous nous avez données avant, dans
certains cas où on demande des informations. Vous m'avez dit que ce
fonds spécial pouvait servir pour les fins de la partie d'allocations
familiales qui était donnée à l'enfant, d'une façon
tout à fait particulière pour son usage propre. Je regarde ici,
ce sont des ordres donnés, des règlements, des directives par le
ministère des Affaires sociales, à l'annexe 2, page 20. Liste des
articles non admissibles au fonds spécial: Les frais compris dans le
barème de base et le supplément au barème, sauf le
vêtement dans le cas d'un premier trousseau; les services
généraux de santé, de services sociaux accessibles
gratuitement à la population, les compléments au programme de
sécurité du revenu, y compris les services couverts par la Loi
modifiant la loi de l'assurance-maladie et la Loi de la régie de
l'assurance-maladie du Québec, projet de loi 21, dès son
entrée en vigueur; les services scolaires accessibles gratuitement
à l'ensemble de la population scolaire, y compris les maternelles,
quatre à cinq ans; les cours de récupération
pédagogique; les coûts de chirurgie esthétique et
d'orthodontie, sauf dans les cas où ils favorisent l'adoption de
l'enfant ou son traitement d'une façon évidente; les camps de
vacances, l'ameublement, les objets de luxe, en général.
Où voyez-vous là-dedans qu'on puisse se servir du petit
fonds qui existait pour l'enfant, le fonds consolidé?
Où voyez-vous qu'on puisse employer une partie de cet argent
qu'on donnait à l'enfant peut-être soit pour des cadeaux
d'anniversaire, soit pour des cadeaux de Noël, à moins que vous
considériez que ce sont des objets de luxe ou autrement ou encore le
petit argent de poche qu'on donnait à l'enfant probablement pour prendre
ses vacances, les petites périodes de vacances qu'il pouvait avoir, mais
pas dans votre fonds consolidé.
M. FORGET: J'ai indiqué également, et cela...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous avez un autre fonds. Vous allez nous sortir
un autre fonds?
M. LACROIX: Je crois que le député de Chicoutimi est
capable d'être plus gentleman que cela. Ce n'est pas dans son habitude.
Il charrie lui aussi. Je vais prendre l'expression du député de
Saguenay et je vais dire : L'honorable député de Chicoutimi
charrie un peu.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre sait que je n'aime pas charrier,
surtout quand on parle des Affaires sociales.
M. LACROIX: C'est pourquoi je me suis permis cette
remarque-là.
M. LESSARD: Pour informer le député des
Iles-de-la-Madeleine, si le président et en particulier le ministre
avaient accepté notre suggestion de faire entendre les parties
impliquées dans ce règlement, peut-être qu'on aurait moins
l'occasion de charrier.
M. LACROIX: Je pense que je devrais faire remarquer à l'honorable
député de Saguenay que c'est la première fois, dans toute
l'histoire du parlementarisme ici au Québec, qu'un ministre vient devant
une commission parlementaire pour exposer aux députés la
réglementation qu'il propose dans son projet de loi. C'est arrivé
une fois à l'occasion du bill 65. Lors de l'étude des bills sur
les professions, par exemple, on a entendu les parties, mais quand il s'agit de
réglementation, des règlements, à ce moment-là,
même le ministre aurait pu passer sa réglementation et ne pas
venir devant la commission parlementaire et la loi aurait eu force quand
même. Là, les députés ont la chance de s'exprimer.
Nous, nous avons demandé au ministre, lors d'un caucus, de venir exposer
sa réglementation devant la commission parlementaire et je pense que
c'est pour permettre à l'Opposition de poser toutes les questions
pertinentes. Mais je pense que tantôt le député de Saguenay
charriait un peu aussi quand il disait que le ministère devenait un
ministère de perception. Un ministère qui distribue
$2,100,000,000, plus de 33 p.c. du budget, je pense que s'il perçoit un
peu, il en distribue également beaucoup. Naturellement, la politique
c'est l'art du possible et je pense que le ministre des Affaires sociales ne
peut pas aller au-delà des possibilités financières du
gouvernement, et je crois qu'il faut rester dans le juste milieu.
L'idéal, c'est toujours de donner davantage, mais il y a des
contraintes. Si jamais il arrivait que vous soyez au pouvoir et que nous soyons
dans l'Opposition... Vous savez, c'est très facile de critiquer, mais
c'est plus difficile un peu, quand on est obligé d'administrer un
budget, d'atteindre l'idéal que tout le monde voudrait voir atteint, y
compris le ministre lui-même.
M. BEDARD (Chicoutimi): Là, on commence à être
inquiet. Je comprends qu'il en donne, mais on voudrait être sûr
qu'il ne va pas en chercher plus qu'il en donne.
M. LACROIX: Seulement, il y a des contraintes. Je pense que le
député de Chicoutimi aussi bien que le député de
Saguenay comprennent fort bien.
M. LESSARD: Je ne ferai pas une discussion sur ça parce que le
député des Iles-de-la-Madeleine est tellement sage; c'est
simplement pour lui dire ceci, c'est que...
M. LACROIX: Là, vous donnez l'exemple.
M. LESSARD: J'accepte, mais nous avons discuté à maintes
et maintes reprises de réglementation sur le bill 33 concernant les
compagnies pétrolières, dernièrement l'environnement,
prochainement le ministère des Transports, c'est simplement pour faire
cette remarque. Je n'ai pas l'intention d'engager un débat sur
ça.
M. LACROIX: II aurait pu s'abstenir de le faire.
M. LESSARD: Le lieutenant-gouverneur peut toujours gouverner à un
moment donné et, d'ailleurs, c'est ça qui devient le
problème, c'est qu'on gouverne de plus en plus par arrêté
en conseil, de telle façon que la députation n'a plus grand-chose
à faire. C'est ça qui est malheureux. Mais ce n'est pas,
probablement, le meilleur gouvernement qu'on puisse avoir. M. Nixon gouverne
comme ça aussi et...
M. LACROIX: S'il fallait que vous ayez quelque chose à faire, ce
serait difficile de voter des projets de loi, vous discuteriez longtemps.
M. BEDARD (Chicoutimi): S'il avait fallu que le ministère
applique intégralement son premier plan de règlement! J'ai
l'impression qu'on vient d'éviter pas mal de manifestations au
gouvernement.
M. LACROIX: Vous vous imaginez que vous avez été les seuls
à intervenir là-dedans? Nous l'avons fait également.
M. BEDARD (Chicoutimi): D'accord. Je ne reconnais pas le
député des Iles-de-la-Madeleine ce soir, qui est gentil, qui est
aimable...
M. LACROIX: Nous l'avons fait en caucus.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... qui est politiquement rentable.
M. LACROIX: Je suis toujours calme.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je voudrais revenir à ma question...
M. FORGET: C'est pour observer, M. le Président, que non
seulement ces séances peuvent-elles éclairer la
préparation de règlements, et c'est dans cet esprit que nous
avons soumis à la commission des affaires sociales le projet de
règlement, pour obtenir un éclaircissement et un éclairage
nouveau sur le projet, mais qu'également la loi qui a été
adoptée par l'Assemblée nationale prévoit l'adoption de
règlements. C'est en vertu d'un pouvoir qui est
délégué par l'Assemblée nationale qu'il est
possible d'adopter des règlements et cette même loi prévoit
un délai de 90 jours. Ce délai de 90 jours permet à des
groupes de se faire entendre. Ils se sont fait entendre d'ailleurs, Dieu le
sait. Vous aussi puisque nous avons eu plusieurs rencontres, nous avons eu
plusieurs lettres et quelques mémoires qui en témoignent. C'est
par cet exercice qu'il est possible d'améliorer les projets. Il est
clair que des améliorations ont été apportées.
C'est l'effet combiné d'un délai qui permet justement d'entendre
des opinions sur les projets qui sont publiés.
Pour ce qui est de l'argument présenté par le
député de Chicoutimi, la liste fort longue qu'il a faite des
choses qui n'étaient pas admissibles au fonds spécial a une
explication facile. S'il s'agit en entier ou pour une très large part de
services qui sont déjà financés par d'autres programmes
gouvernementaux, il est clair que les services généraux de
santé et de services sociaux, les services couverts par les amendements
à la Loi d'assurance-maladie qui couvrent
l'assistance-médicaments, qui couvriront bientôt l'assistance dans
l'acquisition de prothèses, permettent effectivement de faire face
à ces besoins, ce qui n'était pas nécessairement le cas
dans les années passées, donc nécessité d'une
exclusion aux règlements puisque d'autres programmes y pourvoient.
Pour ce qui est des exclusions relatives aux services de chirurgie
esthétique, etc., les camps de vacances, les services scolaires, les
explications sont les mêmes, il s'agit de services qui sont
déjà assumés par le gouvernement.
La question que pose le député de Chicoutimi ne porte pas
véritablement sur ces fonds spéciaux dans leur ensemble mais sur
la part qui a pu être utilisée à l'occasion pour constituer
de petits fonds et de petites épargnes.
J'ai indiqué clairement, ce soir même et là-dessus,
je sais qu'il ne peut me mettre en contradiction avec mes déclarations
antérieures, et je pense qu'il s'en souviendra aussi, j'ai dit qu'il
n'était pas dans notre compréhension, notre intelligence des
allocations familiales qu'elles servent à accumuler des comptes
d'épargne. Ces allocations peuvent être utilisées pour
payer des allocations de menues dépenses pour les enfants mais ces
allocations de menues dépenses sont intégrées dans les
paiements effectués et n'ont été exclues d'aucune
manière. En plus des paiements pour les besoins réguliers, il y a
malgré tout ce fonds de $2,500,000 et, à l'exclusion de la
constitution d'une épargne pour le jour où l'enfant a atteint 18
ans ou Dieu sait quoi, à cette exclusion près, qui n'était
pas, d'ailleurs, je le soumets, aussi importante que le prétend le
député de Chicoutimi, tous les autres services qui
bénéficient directement aux enfants sont admissibles au fonds
spécial.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): II est dix heures, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 1)