Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Question avec débat
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Messieurs, c'est la séance de la commission permanente des
affaires sociales pour discuter de la question avec débat du
député de Mégantic-Compton au ministre des Affaires
sociales sur le sujet suivant: le projet de réorganisation
administrative du ministère des Affaires sociales et ses
conséquences sur tout le réseau des services socio-sanitaires. Je
donne le parole au député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, M. le ministre, M.
Goldbloom...
Le Président (M. Blank): M. le député de
D'Arcy McGee.
Exposé du sujet
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Oui, je m'excuse, M. le député de
D'Arcy McGee... M. Scowen, je voudrais d'abord signaler la présence dans
cette salle, ici, d'une délégation de Lac-Mégantic et du
comté de Mégantic-Compton qui est venue constater de visu comment
on pouvait procéder dans une commission parlementaire et voir de quelle
façon on pouvait traiter des problèmes qui relèvent des
Affaires sociales. Alors, je voudrais leur souhaiter la bienvenue. En
général, ce sont des gens intéressés de près
ou de loin à la cause de la survivance de l'hôpital pour malades
chroniques, l'hôpital Frère-André de Lac-Mégantic.
Je voudrais leur souhaiter la bienvenue à Québec, ici, au
Parlement, et les inviter à assister à notre commission qui
devrait se terminer vers midi.
Nous sommes tous ici aujourd'hui pour discuter en commission
parlementaire de la réorganisation administrative du ministère
des Affaires sociales et de ses effets sur le réseau des services
offerts par le ministère. L'Union Nationale désire permettre
à tous les Québécois de recevoir l'information
nécessaire à une bonne compréhension du
réaménagement du ministère. C'est notre espoir que cette
discussion stimulera une prise de position évidente permettant, s'il y a
lieu, des correctifs à l'infrastructure proposée. Nous
désirons souligner que notre intervention a essentiellement un but
positif. Nous désirons donc un débat productif aboutissant
à un consensus de tous les intéressés en fonction des
besoins des milieux concernés.
A l'intar de nombreux Québécois, nous sommes conscients de
l'importance du ministère des Affaires sociales. En effet, son
réseau de services touche, à un moment ou à l'autre de sa
vie, chaque Québécois et, à ce titre, tout changement
majeur dans la réorganisation de ces services ne peut le laisser
indifférent. Nous sommes convaincus que tous les membres de cette
commission connaissent les problèmes touchant le ministère des
Affaires sociales et qu'ils sont aussi désireux que nous d'obtenir de la
part du ministère l'assurance que les changements annoncés
n'entraîneront pas une diminution des services ou encore, ce qui serait
inadmissible, des coûts additionnels défrayés par les
contribuables québécois.
Le ministre des Affaires sociales a subi différents changements
structurels, après le départ de l'honorable Jean-Paul Cloutier.
Le ministère actuel a été créé en vue de
remplacer le ministère de la Santé, le ministère de la
Famille et du Bien-Ëtre social. La loi fut sanctionnée le 8
décembre 1970. A cette époque, l'organigramme du ministère
répondait à une politique de centralisation. Le but primordial
était l'intégration des activités des deux
ministères fusionnés. Ce processus eut à long terme pour
résultat d'acheminer toutes les décisions au bureau du
sous-ministre en titre. D'ailleurs, au cours d'une entrevue accordée au
journal La Presse un article de Nicole Beauchamp qui s'intitulait
"Québec s'apprête à refaçonner le monstre" le
sous-ministre adjoint, M. Dufour déclarait: C'était un
organigramme qui existait pour la boîte en elle-même, qui ne tenait
pas compte du réseau d'institutions ou par où s'exécutent
les programmes de service, commenta M. Dufour. (10 h 15)
On avait compartimenté les phases du processus administratif en
le découpant à l'horizontal: planification, programmation,
financement, agrément et le reste; en fait, les huit anciennes
directions générales. Il en est résulté une
multitude d'interventions parallèles de hauts fonctionnaires du MAS
auprès des administrateurs d'établissements. En outre, chacun
s'occupant de son côté d'un aspect des dossiers, le sous-ministre
en titre, lorsqu'il s'agissait de prendre une décision, devait faire le
tour de ses sous-ministres adjoints pour pouvoir prendre une connaissance
complète d'une question. De guerre lasse, on a créé
beaucoup de comités pour raccourcir le circuit. Même là,
les sous-ministres avaient peine à synchroniser leurs allées et
venues quand les sous-ministres en titre ne se voyaient pas contraints
d'arbitrer leurs divergences de vue.
Tout cela entraîna des délais qui ont souvent fait crier
à l'incurie du ministère des Affaires sociales. En somme, M. le
Président, le problème que le ministre désire
résoudre provient principalement d'une spécialisation excessive
de quatre des sept directions générales appelées à
intervenir dans le même dossier. Le trop grand nombre d'intervenants
provoque la difficulté de dégager une image cohérente. Les
directions générales en cause étaient: la programmation,
le financement, les relations professionnelles et l'agrément. Chacune
devait prendre des décisions indépendantes et partielles pour des
cas particuliers exigeant une analyse globale. Au cours de la même
entrevue, M. Dufour a décrit l'objectif de la réorganisation
administrative qui s'effectue plus au niveau des chefs que des services
comme suit:
L'objectif du nouvel organigramme est d'identifier les responsables du
traitement complet des dossiers à la fois pour l'administration interne
et pour le réseau, de manière à décongestionner le
sous-ministre en titre, soit M. Jean-Claude Deschênes, à qui
reviennent toutefois les décisions finales. Le 27 octobre dernier, la
direction des communications du MAS nous donnait un peu plus d'informations sur
la mise en place de cette réorganisation administrative. Je me permets
de citer une partie de ce communiqué: "Le nouveau plan d'organisation du
ministère entrera en vigueur le 1er novembre 1978. En effet, le Conseil
du trésor a approuvé récemment la nouvelle structure
administrative supérieure du ministère. Cette structure
administrative comporte six directions générales, et 35
directions. Le processus de réorganisation du ministère sera
complété par une seconde étape qui portera sur les autres
niveaux de l'organisation services et divisions. D'ailleurs, on l'a vu dans un
communiqué émis de source officielle par la direction des
communications.
Ce communiqué nous indique la méthode du processus de
réorganisation du MAS. Nous constatons que la première
étape a commencé le 1er novembre 1978 et qu'elle consiste en la
création de six directions générales qui sont:
l'administration, les relations de travail, la planification et
l'évaluation de l'aide sociale, les programmes de santé et les
programmes de services sociaux.
J'aimerais savoir du ministre sur quels motifs il s'est basé pour
la création de six directions générales et, à
l'intérieur de celles-ci, quels sont les motifs justifiant le
regroupement des diverses catégories de direction. Pour mieux illustrer
ma demande, je cite à titre d'exemple la direction
générale des programmes de santé. Celle-ci regroupe les
fonctions des anciennes directions générales de la programmation,
du financement, de l'agrément et comprend, en outre, les directions des
services hospitaliers, des laboratoires, de la santé communautaire, des
transports ambulanciers et des mesures d'urgence.
Si je comprends bien cette nouvelle forme d'aménagement de
programmes, la santé est censée être basée sur la
structure des établissements. Par conséquent, est-il juste de
croire que nous sommes en face d'une politique de décentralisation qui
aura des répercussions positives au niveau des services donnés
à la population ou, au contraire, s'agit-il en réalité
d'une façade bureaucratique? Plus particulièrement dans le
secteur des services hospitaliers, je serais extrêmement
intéressé à savoir du ministre si cette première
étape de réforme administrative au sommet hiérarchique du
ministère aura une influence sur ce que le ministre a lui-même
appelé, la semaine dernière, au congrès annuel de
l'Association pour la santé publique du Québec, le climat
épouvantable qui existe dans beaucoup d'hôpitaux, article du
Soleil du 27 octobre 1978.
Je tiens à rappeler au ministre que la situation s'est
considérablement détériorée dans les hôpi-
taux du Québec, depuis quelques mois en particulier, suite au fameux
plan de redressement qu'il a lui-même dévoilé en juin
dernier. Ce nouveau plan, en vue d'assainir la situation financière dans
le secteur hospitalier du Québec, exige des compressions de personnel
obligatoires dans les hôpitaux déficitaires et a provoqué,
dans plusieurs cas, une limitation de services, sinon une abolition tout court.
De plus, il est responsable d'au-delà 130 débrayages sporadiques
au cours de l'année. Compte tenu du fait qu'au plus tard le 1er novembre
chaque hôpital prévoyant un déficit devait soumettre un
plan de redressement budgétaire basé principalement sur le
non-remplacement du personnel à la faveur des départs
volontaires, il faut s'attendre, en toute logique, que la situation s'aggrave
rapidement au détriment de la population et, bien sûr, des
services à donner.
Au niveau du ministère et principalement au sein des deux
directions des services hospitaliers, est et ouest, comme ils sont
décrits, est-il raisonnable de croire qu'il sera possible d'agir plus
rapidement que par le passé en vue de répondre aux besoins de la
clientèle locale et régionale qui souffre à l'heure
actuelle de la dégradation du climat de travail dans les hôpitaux,
ou devons-nous attendre la seconde étape de cette réorganisation
administrative qui doit porter sur les niveaux inférieurs de la
hiérarchie du ministère avant de voir des effets concrets dans ce
domaine? Plus précisément, face au ministère, les
dirigeants des hôpitaux obtiendront-ils une plus grande liberté de
manoeuvre administrative et budgétaire en vue de répondre plus
adéquatement aux besoins du milieu qu'ils sont appelés à
desservir?
Ici, il y a un article du Soleil, de la main de Claude Paquet qui, hier,
titrait: "Hôpital Saint-Joseph de Rimouski Mise à pied
prévue de 100 à 150 employés". On dit ici: "L'obligation
faite aux hôpitaux par le ministère des Affaires sociales d'en
arriver à l'équilibre budgétaire pourrait se traduire,
à l'hôpital Saint-Joseph-de-Rimouski, par une mise à pied
massive de 100 à 150 employés. "Justement parce que face à
cette obligation l'hôpital de Rimouski pourrait être forcé
de réduire ses services de 80 lits, passant ainsi de 364 à 284
lits. Mais la direction de l'hôpital espère qu'il n'en sera pas
ainsi, comme l'affirmait hier le Dr Gaétan Garon, directeur de
l'hôpital".
Au paragraphe suivant, on dit: "Le Dr Garon a insisté sur le fait
que la direction de l'hôpital n'avait pas le pouvoir de décider
quels services seraient abolis ou diminués, ni même de recommander
les diminutions ou abolitions de services, mais seulement d'identifier, pour le
compte du MAS et finalement du Conseil des ministres, la gamme de services dont
la diminution ou l'abolition est susceptible d'avoir des conséquences
les moins fâcheuses et négatives pour la
détérioration des services offerts à la population".
M. Paquet, du Soleil, continue: "En d'autres termes, les
autorités du MAS ont fait comprendre aux différentes
administrations hospitalières qu'elles n'avaient pas le choix. Elles
doivent
identifier les services à diminuer ou à abolir pour
atteindre l'équilibre budgétaire, sans quoi elles seront mises en
tutelle". Autrement dit, un hôpital régional ici, je parle
de Rimouski, mais je pourrais facilement vous parler de l'hôpital des
soins aigus de Lac-Mégantic qui porte, par hasard, le même nom;
est-ce qu'on en voudrait aux hôpitaux qui s'appellent Saint-Joseph?
qui ne dispose même pas de tous les services requis a le devoir de
ne pas abolir les services essentiels sans s'assurer qu'ils soient
dispensés ailleurs dans la région immédiate.
Toujours selon l'article: "L'abolition de ces services à
Rimouski, a expliqué le Dr Garon, éliminerait le déficit
anticipé de $1 600 000. Mais le Conseil des ministres aura certes le
devoir de s'assurer que la région ne sera pas privée de services
qui lui reviennent de droit.
D'un autre côté, si le Conseil des ministres appliquait ce
plan de redressement budgétaire, il en résulterait une perte de
100 postes environ à l'hôpital de Rimouski, mais qui pourrait
affecter quelque 150 employés, étant donné que des postes
à temps partiel seraient touchés. Enfin, de conclure le
journaliste, "en définitive, la direction de l'hôpital est
consciente que ces mesures, si elles étaient décidées par
le Conseil des ministres, pourraient nuire à la qualité des
services offerts, mais elle ose encore croire que le gouvernement prendra en
sérieuse considération le caractère régional de
l'hôpital de Rimouski", caractère régional qui ressemble
étrangement au caractère régional de chacun de nos
hôpitaux hors Montréal et Québec.
Toujours dans le cadre des programmes de santé, il est important,
dans ce réaménagement de structures, de connaître avec
précision le rôle qui sera dévolu au CRSSS. J'ai, à
plusieurs occasions, M. le ministre, déploré le rôle du
CRSSS. Il y en a un dans l'Estrie et je ne voudrais pas avoir à en
discuter trop longuement ce matin. Si les CRSSS ressemblent à ceux que
nous avons dans l'Estrie, je me demande jusqu'à quel point ce pare-chocs
qu'on s'est donné au niveau des régions répond vraiment
aux besoins d'une population ou si ce n'est pas tout simplement un pare-chocs
que le gouvernement s'est donné dans chacune des régions du
Québec pour éviter les trop grandes délégations qui
se rendraient au gouvernement. On a l'impression assez nette, en ce qui nous
concerne dans l'Estrie, que le CRSSS répond de loin à ce que la
population exige. On se fout passablement de la volonté des gens de chez
nous qui voudraient voir développer des services de santé dans
des régions un peu éloignées de la ville de
Sherbrooke.
Est-il dans l'intention du ministère de modifier
considérablement l'autorité des conseils d'administration dans
les centres de services de santé, de leur donner de l'autorité
afin que les budgets qu'ils ont en main puissent être administrés
avec les conseils d'administration? Je sais que vous me l'avez
déjà dit certaines modifications pourraient arriver
même au sein des membres des conseils d'administration de par leur
représentati- vité. Des modifications pourraient être
apportées assez prochainement dans certains secteurs, c'est
à souhaiter entre autres quant à la représentation
faite par le lieutenant-gouverneur en conseil qui est de la pure foutaise en ce
qui nous concerne. Je pense que le lieutenant-gouverneur n'a jamais dit
grand-chose sur la nomination des représentants, puisque
c'étaient des personnages politiques qui étaient nommés
là. Ne me faites pas nommer des gens, parce que c'est trop
pénible! Les recommandations venaient de l'organisation politique du
milieu afin de nommer les deux représentants, ce qui a causé tant
de problèmes dans nos régions.
M. Lazure: Autrefois, cela.
M. Grenier: Oui, jadis. Il faudrait mettre la hache
là-dedans.
Enfin, dans le domaine des soins spécialisés, il y a eu,
ces dernières années, une multitude de nouveaux programmes et des
changements majeurs dans la politique du ministère. Parmi ces
changements, je retiens plus particulièrement l'initiative de
centraliser les services spécialisés dans les hôpitaux
situés dans les grands centres. Est-ce que cette situation ira en
s'accentuant, dans les mois et les années à venir? Je crois qu'il
est important, pour l'avenir des hôpitaux situés en
périphérie des grands centres, d'établir plus clairement
la vocation que le ministère entend leur accorder. Dans des
régions comme celle que j'ai l'honneur de représenter à
l'Assemblée nationale, cette question qui englobe directement tout le
problème de l'accessibilité des soins est devenue une
préoccupation majeure pour la population. La délégation
qui est ici, M. le ministre, ce matin, témoigne, je pense, d'un
problème qui sévit chez nous depuis trop d'années, trop de
mois. On a tenté, par les moyens qui nous étaient donnés,
d'y remédier.
Vous avez donné un document dernièrement qui nous permet
un espoir, qui nous permet d'en arriver à des éléments de
solution. Mais la direction de l'hôpital, qui était
composée, comme je vous le disais tout à l'heure de personnes qui
ont hier ou avant-hier remis leur démission, va
peut-être débloquer certaines choses, mais tout ne se
réglera pas par le départ de deux personnes qui étaient
les représentantes du lieutenant-gouverneur. Je pense qu'il y a d'autres
pas à faire.
Lorsqu'on arrive dans une région en dehors de Québec et de
Montréal et à des distances aussi importantes que sont certaines
petites villes et je pourrais vous parler de villes comme Malartic, si
vous voulez, de Lac-Mégantic, de centres éloignés de plus
grands centres, comme c'est le cas chez nous, qui sont à 65 milles
à peu près des hôpitaux avec des soins plus
spécialisés je pense qu'à ce moment, vous en avez
témoigné dans la région de Trois-Rivières, qu'on
pourrait maintenir un hôpital je ne sais pas si vous l'avez dit,
mais en tout cas, cela semblait se dégager de votre discussion
même si cela devait dépasser certaines normes que le
ministère voudrait appliquer.
Dans la région, chez nous, le problème se situe là
et je voudrais le résumer très très brièvement.
Nous avons en main des services très bien donnés dans un centre
d'accueil qui répond à 48 personnes, et on y a ajouté un
centre de jour, ce qui est bien, avec un budget d'environ $60 000. C'est un
secteur qui va maintenant très bien. C'est probablement parce que j'ai
déjà été directeur de ce centre que cela va mieux,
en tout cas, cela n'a certainement pas nui. Ensuite, nous avons un
hôpital général qui comptait 108 lits et qui a
été bâti par l'Union Nationale, cela non plus n'a pas nui,
et dont le nombre a été diminué, sous un autre
régime, à 94 lits. Maintenant, de ces 94 lits on a fait 20 lits
pour les malades chroniques. On a gardé 74 lits pour les soins aigus. A
partir de là, la population ne voudrait plus qu'on diminue. Il faut la
comprendre, car vous savez fort bien qu'un hôpital où il y a moins
de 75 lits, il n'y a plus beaucoup de spécialités qui peuvent se
donner là. Cela n'intéressera plus les médecins. A partir
de là, la population ne veut plus voir diminuer le nombre de lits pour
les soins aigus à l'hôpital Saint-Joseph.
Il s'agit de 74 lits. La population est prête à accepter
cette dernière coupure que fait le ministère, mais on n'ira pas
plus loin que cela. 74 lits de soins aigus et 20 lits pour malades chroniques;
cela, on l'accepte. Le conseil d'administration vient de s'engager un nouveau
directeur général qui semble fort dynamique et qui a l'intention
de maintenir cet hôpital avec cette vocation.
Nous avons ensuite un troisième hôpital qui est un
hôpital pour malades chroniques. Le permis n'a pas encore
été émis pour l'année en cours, mais il semble bien
qu'on appelle au ministère et qu'on se fait dire que le permis serait
émis pour 24 lits pour malades chroniques et 20 lits pour des cas
lourds; ce qui est voulu par le comité des citoyens, endossé par
la population et qui rendrait service à la population de
Lac-Mégantic. (10 h 30)
Un document a été expédié il y a environ
trois ou quatre mois qui semble donner un temps bien défini et laisse
entendre assez clairement qu'un moratoire d'environ deux ans pourrait permettre
de savoir vers quoi on se dirige dans la région de Lac-Mégantic.
Nous avions une directive générale à l'hôpital
j'ai parlé au passé, mais elle est encore là
cependant Frère-André qui avait endossé les vues du
ministère de fermer cet hôpital et d'intégrer à
l'hôpital Saint-Joseph les soins pour malades chroniques à cet
hôpital général. Elle remplissait là
également les vues nous avons un bon dossier à ce sujet
du CRSSS qui a décidé qu'il valait mieux donner les soins
spécialisés dans la région de Sherbrooke, diminuer les
soins aigus à l'hôpital Saint-Joseph et d'intégrer
l'hôpital Frère-André. A ce moment-là, on a fait
croire à peu près à tout le monde qui pouvait y aller
qu'il n'était plus possible de continuer à administrer un pareil
hôpital. Par contre, une évaluation de l'hôpital a
été faite et on a trouvé qu'il était dans un
état beaucoup plus que satisfaisant et que sa vocation pouvait continuer
d'être celle d'un hôpital où l'on dispense des soins pour
malades chroniques.
Cet hôpital a pour vocation de desservir une population fort
éloignée des grands centres, il répond à des
besoins et il y a, bien sûr, en plus des 20 lits accordés à
l'hôpital général, une dizaine de lits
supplémentaires qui sont donnés en haut. Pendant ce
temps-là, la directrice générale de l'hôpital
Frère-André continue de dire qu'elle n'a pas de liste d'attente.
C'est bien sûr puisqu'elle fait des pieds et des mains pour tâcher
de les intégrer à l'hôpital où l'on dispense des
services pour soins aigus.
A partir de là, vous avez un portrait assez clair de ce qui se
passe chez nous et la population ne semble pas être décidée
du tout à laisser aller le ministre plus loin dans ses coupures de lits
pour soins aigus à l'hôpital Saint-Joseph. Elle ne permettra
certainement pas que le ministère vienne retirer cet hôpital pour
malades chroniques, appelé hôpital Frère-André, de
son service qui est donné dans la région immédiate de
Lac-Mégantic.
Je pense que j'appuierai fortement ce mouvement. On a affaire à
un gouvernement du Parti québécois qui a dit qu'il voulait
être près des gens, près des petites gens; on l'a entendu
dire toute la nuit, hier soir, lors du débat en deuxième lecture
du projet de loi sur la protection du consommateur. Avec le programme que vous
aviez pour vous faire élire, j'ai l'impression que vous seriez
très malvenus de venir couper des services dans une région comme
la nôtre. Il y aurait peut-être lieu de le faire ailleurs, dans des
régions où il y a plus de population, une population plus dense,
mais dans une région comme la nôtre, qui est régressive
la population de la ville de Mégantic a diminué de 1000
habitants à peu près, depuis sept ou huit ans je pense
qu'il serait très malvenu à venir couper des services.
Je pourrai y revenir à la période des questions. Bien que
je me sois attardé plus longuement sur la Direction
générale des programmes de santé pour des raisons
évidentes, force est de constater que mes questions d'ordre
général s'appliqueraient également et avec autant de
pertinence aux autres directions générales, qu'il s'agisse de
l'aide sociale ou des services sociaux. D'ailleurs, pour ce qui est de services
sociaux, je voudrais profiter de l'occasion que me fournit cette commission
parlementaire pour obtenir plus de précisions sur les intentions
réelles du gouvernement à l'égard des CLSC,
connaître leur véritable vocation qui, je pense, est
régionale, qui est laissée à chacun des centres.
J'aimerais que vous nous précisiez certains points.
Il n'y a pas si longtemps, c'est-à-dire le 17 octobre dernier, le
premier ministre annonçait que le gouvernement entendait procéder
à une réévaluation en profondeur du travail et du
rôle des centres locaux de services communautaires. Le journal Le Devoir
du 17 octobre disait: "Selon Lévesque, Québec verra à
réévaluer les CLSC." Personnellement, je serais
intéressé à en savoir un peu plus long sur la nature de
cette réévaluation. Une étude récente
commandée par le minis-
tère des Affaires sociales a démontré que 84,1% des
utilisateurs des CLSC sont satisfaits ou très satisfaits des services
rendus, et que 70,7% de ceux qui les connaissent et qui ne les ont pas
utilisés les utiliseraient. Mais l'étude démontre que
seulement 11% de la population totale ont utilisé les CLSC.
Une autre étude dévoilée le 26 octobre dernier au
congrès de l'Association de la santé publique du Québec
démontre, et je cite, "que les médecins en CLSC ont une pratique
de qualité significativement meilleure que celle en polyclinique. En
effet, 66,3% des médecins de cette dernière catégorie
adopteraient un protocole incomplet d'investigation de diagnostics contre 35,7%
en CLSC. De plus, la qualité moyenne des comprimés prescrits et
le nombre de prescriptions non renouvelables sont de presque 50% moins
élevés en CLSC qu'en polyclinique." J'aurai cependant des
précisions assez pertinentes à vous demander à ce sujet
lorsque le représentant du Parti libéral aura terminé,
parce qu'il y a des choses à vérifier ici, et pas mal de choses,
je pense.
Selon ces deux études, le CLSC a-t-il des raisons valables pour
justifier son existence et sa vocation régionale? Le gouvernement
entend-il réaménager considérablement le rôle de ces
organismes dans le domaine médical? Dans l'affirmative, envisage-t-il
d'étendre leur juridiction au-delà des soins de première
ligne? Sinon, entend-il limiter les CLSC à cette catégorie de
soins? Selon l'organigramme distribué le 22 octobre dernier, il semble
que les CLSC partageront leurs fonctions entre deux directions
générales: d'une part, celle des programmes de santé, par
le biais de la direction de la santé communautaire, et, d'autre part,
celle des programmes de services sociaux, par le biais de la direction des
services communautaires.
N'y a-t-il pas un danger, avec cette structure bicéphale pour les
CLSC, de perpétuer dans les faits les programmes administratifs que vous
cherchez justement à faire disparaître? Avez-vous songé
à la possibilité de faire des CLSC une direction
générale, étant donné l'étendue et la
multiplicité de leurs fonctions?
Il y a un dernier point, mais non le moindre, que je désire
aborder avant de conclure. Il m'apparaît évident que tout ce
branle-bas administratif affecte directement les employés du
ministère des Affaires sociales. Nous savons de bonne source qu'il
existe parmi les employés, à l'heure actuelle, une très
grande inquiétude au sujet de leur sécurité d'emploi.
Nous avons appris, entre autres, que ce réaménagement des
structures entraînerait d'ici peu une coupure dans le personnel du
ministère, qui pourrait atteindre 10% de l'effectif. Je pense qu'il
serait dans l'intérêt public d'éclaircir ce point le plus
tôt possible, car les craintes suscitées ont présentement
un impact négatif sur le comportement des employés en
général. Il va sans dire que ces craintes ont également
des répercussions sur le bon déroulement des négociations
présentement en cours pour le renouvellement de la convention
collective.
Avant de procéder à ces changements, le ministre peut-il
nous dire s'il a eu la prudence de consulter les employés
concernés et d'impliquer directement les représentants
syndicaux?
Puisque je veux laisser au ministre tout le temps nécessaire pour
répondre à ces nombreuses questions, je dirai en guise de
conclusion que ma principale préoccupation face à ce
réaménagement administratif est d'obtenir l'assurance que les
changements envisagés n'auront pas un effet négatif sur la
qualité des services offerts à la population et qu'on n'assistera
pas à une hausse des coûts por les contribuables
québécois. Il me fera plaisir de revenir, M. le ministre, avec
des questions quand vous nous aurez répondu.
Le Président (M. Blank): Merci, M. le ministre des
Affaires sociales.
Réponse du ministre M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, mes collègues des
partis de l'Opposition et mes collègues du parti ministériel, je
veux d'abord présenter à ceux qui participent à cette
question avec débat, le sous-ministre en titre des Affaires sociales, M.
Jean-Claude Deschênes qui est à ma droite. Je veux aussi souligner
la présence des citoyennes et des citoyens de Lac-Mégantic et de
la région. C'est une heureuse coïncidence, j'en suis sûr,
pour le député de Mégantic-Compton que de voir ce matin
arriver une délégation importante de son comté. C'est une
très heureuse coïncidence. Je m'en réjouis pour le
député de Mégantic-Compton. Il me fait plaisir de leur
souhaiter la bienvenue au nom du gouvernement.
Je vais aller peut-être à ce qui intéresse le plus
les citoyennes et les citoyens qui sont ici, au problème particulier qui
est soulevé par le député, quitte à revenir ensuite
aux questions plus générales.
Le problème des deux hôpitauxl qui existent à
Lac-Mégantic, l'hôpital Saint-Joseph et l'hôpital
Frère-André. Je veux d'abord dire qu'il ne faut pas enfoncer des
portes ouvertes. Comme l'a dit le député de
Mégantic-Compton, j'ai accepté et je l'ai dit à
l'Assemblée nationale, il y a déjà plusieurs mois
le plan, si vous voulez, de fonctionnement de l'hôpital Saint-Joseph
quant au nombre de lits. Quant à nous, c'est une situation qui
paraît raisonnable, qui paraît satisfaisante.
Maintenant, quant à l'aspect du financement de cet hôpital,
je dois aussi faire des mises au point. Il n'y a pas lieu de jeter des cris
d'alarme et d'inquiéter les gens surtout dans la région de
Lac-Mégantic. L'hôpital Saint-Joseph mes renseignements
sont très frais, ils datent de cinq minutes semble bien
administré, puisqu'il n'a pas de déficit. Au contraire, il y a un
léger surplus de $140 000. Donc, il n'est pas question d'un plan de
réduction du personnel à l'hôpital Saint-Joseph de
Lac-Mégantic. Il n'est pas question d'un plan de redressement financier,
puisque cet hôpital, com-
me beaucoup d'hôpitaux au Québec, est bien
administré et n'accuse pas de déficit.
Ce n'est pas parce que cet hôpital a été plus
privilégié qu'un autre, M. le Président, parce que depuis
quelques années, les hôpitaux jouissent du même taux
d'augmentation annuelle, et il est quand même curieux de voir qu'environ
27% ou 28% des 300 hôpitaux du Québec ont accumulé des
déficits depuis trois ou quatre ans, mais par ailleurs, que 25% n'ont
pas du tout accusé de déficit et ont même fait certains
surplus, des surplus raisonnables, modérés. La majorité
silencieuse des hôpitaux dont on n'entend pas parler est en
équilibre budgétaire, c'est-à-dire qu'ils vivent à
l'intérieur du budget qui leur est accordé. Quand le
député de Mégantic-Compton et c'est peut-être
le seul reproche que je lui fais et ce n'est même pas un reproche, c'est
assez normal dans la vie politique exagère un peu sur les
coupures budgétaires du gouvernement dans l'ensemble du réseau
hospitalier, il y a seulement un petit danger à cela; c'est de semer
inutilement l'inquiétude chez la population.
Je le répète, les plans de redressement, donc de
réduction modérée de personnel, c'est le cas d'un petit
nombre d'hôpitaux, et plus spécialement des hôpitaux des
grandes villes. Je dois dire ici que les hôpitaux qui ont accumulé
le plus de déficits depuis quelques années sont de grands
hôpitaux généraux des villes de Montréal et
Québec, plus spécialement. Le cas de Rimouski on pourra en
reparler tantôt est un cas un peu spécial. En
général, les hôpitaux des petites localités, les
hôpitaux des régions comme la vôtre, M. le
député de Mégantic-Compton, en général, ces
hôpitaux fonctionnent de façon normale et je dirais même
avec une bonne efficacité et aussi en offrant des soins qui ont une
qualité humaine que souvent on ne retrouve pas dans les grands
hôpitaux de Montréal ou de Québec.
J'ajouterais, sur cette question des réductions
budgétaires, que c'est de bonne guerre pour les partis de l'Opposition,
c'est de bonne guerre pour les dirigeants des syndicats et même pour les
dirigeants administratifs des hôpitaux, de monter en épingle
quelques cas. M. le député a parlé de je ne sais pas
combien de débrayages tantôt, mais on l'a, nous aussi, la liste
des débrayages depuis deux ans, et je puis vous assurer qu'il s'agissait
là de débrayages très mineurs. Je peux certifier que les
débrayages qui ont eu lieu depuis deux ans, en nombre, d'abord, et aussi
en temps perdu, sont beaucoup moins considérables que dans les deux
autres années qui ont précédé. Il s'agit de
débrayages qui ont été très courts, sauf une
demi-douzaine d'exceptions dans l'espace de deux ans.
Donc, dans l'ensemble, je pense qu'on doit constater que la très
vaste majorité des hôpitaux du Québec fonctionnent bien,
n'ont pas de déficit, ne sont pas menacés d'une coupure de
personnel. Il est dommage qu'à cause d'une vingtaine d'hôpitaux
qui ont des voix très fortes, parce qu'ils ont, ces hôpitaux, des
conseils d'administration très forts et des dirigeants syndicaux
très forts, il est dommage qu'à cause de ce petit nombre
d'hôpitaux on sème l'inquiétude à travers la
population.
Une autre remarque au sujet du nombre des employés dans les
hôpitaux. J'ai dit à plusieurs reprises, publiquement et je
le répète qu'il n'y a pas un endroit en Amérique du
Nord ou en Europe occidentale où on retrouve un si grand nombre
d'employés que dans nos hôpitaux généraux du
Québec. Je dis bien généraux, parce que je fais la
distinction entre les hôpitaux généraux et les
hôpitaux pour malades chroniques ou les centres d'accueil qui, eux, ont
besoin d'avoir du personnel additionnel, et on en donne actuellement, du
personnel additionnel, aux centres d'accueil. Dans les hôpitaux
généraux au Québec, nous avons en moyenne 3,5
employés pour chaque lit. Cela veut dire, si vous avez un hôpital
général de 400 lits, que vous allez retrouver environ 1400
employés dans cet hôpital, alors que dans les pays les plus riches
du monde occidental, que ce soit la Suède, la Norvège, le
Danemark ou les Etats-Unis, on retrouve à peine deux employés par
lit. (10 h 45)
J'ai eu l'occasion de passer une semaine en Allemagne de l'Ouest, il y a
quelques semaines, un pays riche s'il y en a un en Europe, qui a à peu
près le quatrième ou le cinquième niveau de vie au monde,
où il y a 1,5 employé par lit d'hôpital
général. Nous avons ici 3,5 employés par lit
d'hôpital général. De plus, le taux d'occupation des lits
au Québec cela veut dire que d'année en année on
fait le bilan est, sur 100 lits dans un hôpital, dont
Lac-Mégantic, de 75%. C'est-à-dire que 75% des lits ont
été occupés de façon régulière. C'est
ce qu'on appelle le taux d'occupation des lits. Le taux d'occupation des lits
au Québec est justement d'à peine 75%, cela veut dire qu'en
moyenne il y a toujours 25 lits sur 100, dans nos hôpitaux
généraux, qui ne sont pas occupés. Ce peut être
parce que c'est la période d'été, des vacances, et que
l'hôpital a décidé de fermer des lits, ce peut être
parce qu'il y a trop de lits dans une région donnée, ce peut
être pour un nombre considérable de raisons.
En Allemagne, en Suède et dans les autres pays du nord de
l'Europe, ce n'est pas 75% d'occupation. En Allemagne, c'est 85% d'occupation,
en Norvège et en Suède, c'est 90% d'occupation. Ces
hôpitaux sont administrés de façon plus rentable, si on me
pardonne l'expression; il n'y a pas des jours et des jours qui se passent
pendant lesquels on voit des lits vides dans les hôpitaux. En tout cas,
si on le voit là-bas, c'est beaucoup moins qu'ici. Tous ces facteurs
ensemble font que l'administration de notre santé publique est beaucoup
plus chère par tête de pipe, par citoyen ici que dans ces
pays.
Pour terminer sur le cas de Lac-Mégantic, donc, il n'y a aucune
menace qui plane sur l'hôpital Saint-Joseph de Lac-Mégantic. Quant
à l'hôpital Frère-André, nous avons dit aussi, il y
a plusieurs mois, que nous étions satisfaits de l'entente actuelle et
que quant à nous, cela devait durer un bon bout de temps, cette entente.
Il est bien évident que si un jour, à cause de la diminution de
la population, à laquelle faisait allusion le député de
Mégantic-Compton, on se
rendait compte qu'on peut satisfaire aux besoins de la population en
fusionnant les deux hôpitaux, vous comprendrez et la population
comprendra que c'est un raisonnement qui peut quand même se faire.
C'est une approche qu'on peut regarder et c'est ce que les fonctionnaires ont
regardé avec le conseil régional; mais contrairement à la
recommandation du conseil régional, nous n'avons pas donné suite
à la suggestion qu'il nous faisait. Cela ne veut pas dire que nous
sommes en guerre avec le Conseil régional de l'Estrie, mais nous avons,
avec les conseils régionaux, une relation étroite. Nous recevons
des avis et des recommandations des conseils régionaux. On ne peut pas
s'engager à l'avance à toujours suivre ces recommandations.
Dans le cas de l'hôpital Frère-André, il faut garder
en tête aussi qu'il s'agit d'un édifice plutôt vieux et qui
comporte certains dangers au plan sécuritaire. Ce n'est pas un
édifice tout à fait au point comme on devrait l'avoir. Ceci
étant dit, je répète l'engagement que j'ai pris à
l'Assemblée nationale il y a plusieurs mois: Nous sommes d'avis qu'il
faut maintenir le statu quo au moins pour une période d'environ deux
ans. On verra, à la lumière de l'expérience, si cet
arrangement est satisfaisant pour les besoins de la population. Les discussions
continuent entre le conseil régional et les deux hôpitaux de cette
région.
Si on revient maintenant à la question posée par le
député au feuilleton, j'ai quelques remarques
générales à faire rapidement. Effectivement, depuis
quelques mois, le ministère a entrepris une réorganisation de ses
structures administratives. Je ne vais pas répéter ce que le
député de Mégantic-Compton, qui est très bien
renseigné, a exposé tantôt. En gros, il s'agissait de
rendre plus efficace la relation, la liaison entre le ministère et les
établissements du réseau, qu'il s'agisse des hôpitaux ou
des centres d'accueil, peu importe. Exemple. Je l'ai vécu comme
directeur d'un hôpital et mon sous-ministre, M. Deschênes, l'a
vécu comme directeur d'un hôpital aussi, avant qu'il ne vienne au
ministère.
Nous avions, dans la structure qui nous a précédés
et qui est changée depuis quelques semaines, huit directions
générales. Cela voulait dire que, dans un hôpital, on
pouvait avoir quatre responsables du ministère qui étaient
chargés du dossier de l'hôpital et qui appartenaient à des
directions générales différentes dans le ministère.
On avait un représentant financier qui relevait de la Direction
générale du financement; on avait un chargé
d'établissement qui relevait de la programmation; on avait un
chargé de projets qui relevait de la Direction générale de
l'équipement et on avait ensuite des représentants de
l'agrément, si vous voulez, des inspecteurs, représentants de la
Direction générale de l'accréditation. Parfois une
cinquième direction était représentée, la
planification. Cela voulait dire que la direction d'un hôpital avait
à dialoguer avec au moins quatre personnes dans le ministère, et
on n'avait aucune espèce d'assurance que ces quatre personnes se
parlaient entre elles. Elles parlaient à leur supérieur
respectif, parce que c'étaient quatre boîtes
différentes.
C'était l'un des malaises les plus graves dans le grand
réseau des affaires sociales qui, entre parenthèses, pour ceux
qui le connaissent moins, comporte environ 1400 établissements. Et dans
cette réorganisation où nous avons réduit de huit à
six les directions générales, on a éliminé le
nombre des interlocuteurs, le nombre de ceux qui dialoguent avec les
hôpitaux, les CLSC et les centres d'accueil. Si bien qu'actuellement,
dans la Direction générale des services de santé par
exemple, on a regroupé les quatre dont je vous parlais tantôt. Le
représentant de l'équipement, puisque l'équipement fait
partie de cette direction, le représentant du financement, le
représentant de la programmation et le représentant de
l'agrément. C'est une structure, donc, qui force les
représentants du ministère à une coordination, à
une liaison plus intime. La meilleure des structures ne sera bonne,
concrètement, que pour autant que les personnes qui la font fonctionner
font bien leur travail, j'en suis conscient. Il n'y a rien de magique dans une
structure. Mais au moins notre nouvelle structure ne va pas dans le sens d'un
éparpillement.
Je dirais aussi au député de Mégantic-Compton qu'on
a réduit de quelques services; je pense qu'on est passé de 36 ou
à 34 services, si ma mémoire est bonne. C'est évident
qu'en réduisant de huit à six directions générales,
nous pourrons faire une certaine économie de personnel. Mais je rappelle
aux députés que les membres de la fonction publique ont la
sécurité d'emploi. Je pense qu'il n'y a pas lieu, là non
plus, de semer l'inquiétude chez les fonctionnaires du ministère
des Affaires sociales. Il n'est pas question d'une coupure massive de postes au
ministère des Affaires sociales, pas du tout. Mais je vous rappelle que
c'est un ministère qui a environ 4000 employés. Il faut faire
attention aux contradictions. Souvent, les députés de
l'Opposition à bon droit critiquent cette structure
gigantesque, ce monstre qu'est le ministère des Affaires sociales, comme
le ministère de l'Education. Alors, il faut faire attention de ne pas
nous reprocher d'essayer de réduire un peu ce monstre et de
dégraisser un peu. Vous savez, dans toute structure où il y a
4000 employés, on peut être à peu près certain qu'il
y a moyen, en étant un peu plus vigilant et un peu plus efficace, de
réduire ces grosses structures d'un certain nombre de postes. C'est ce
que nous tentons de faire. J'ajouterai aussi que le syndicat des
employés du ministère des Affaires sociales a été
consulté régulièrement dans cette opération.
Je vais essayer de reprendre maintenant dans les cinq dernières
minutes qui me restent, certains points particuliers soulevés par le
député de Mégantic-Compton. L'hôpital Saint-Joseph
de Rimouski a retenu l'attention du député. Je connais la
situation à l'hôpital Saint-Joseph de Rimouski. J'y suis
allé il y a cinq ou six mois. Nous continuons à dire, M. le
Président je continue à le dire et le gouvernement pense
comme cela que les hôpitaux des grandes villes, Montréal et
Ûuébec, ont été superchoyés depuis une
dizaine d'années, surtout sous les gouvernements
précé-
dents. Nous voulons mettre un terme à ce traitement un peu
privilégié qui a été accordé aux
hôpitaux des grandes villes et nous voulons essayer de développer
de façon plus efficace les hôpitaux régionaux.
C'est dans ce sens que l'an dernier, c'est-à-dire au cours de
l'année financière actuelle, 1978/79, l'hôpital
Saint-Joseph de Rimouski a obtenu le deuxième plus haut pourcentage
d'augmentation sur son budget annuel, le deuxième plus haut pourcentage
de tous les hôpitaux du Québec; 8,2%. Malgré cela,
l'hôpital Saint-Joseph de Rimouski, l'an passé et cette
année, s'en va vers des déficits importants. Nous n'avons pas
reçu le plan de redressement de l'hôpital Saint-Joseph de
Rimouski; nous avons reçu des plans de redressement de la plupart des
hôpitaux. L'opération est quasiment terminée et
l'hôpital Saint-Joseph de Rimouski, au lieu de nous envoyer un plan de
redressement qui viserait, à l'occasion du départ naturel de
certains employés, à fermer certains postes et non pas à
fermer des services il y a une différence entre les deux
nous a envoyé un plan où on demandait de l'expansion, M. le
Président. Là, il y a vraiment une difficulté importante
de dialogue entre le ministère et cet hôpital et c'est le cas,
encore une fois, avec une petite poignée d'hôpitaux au
Québec. Mais je peux assurer la population de Rimouski en particulier et
le député de Mégantic-Compton que l'hôpital de
Rimouski a reçu, l'an dernier et cette année, de la part du
ministère, un traitement qu'on pourrait qualifier de traitement de
faveur. Malgré cela, il y a des difficultés dans le
fonctionnement de cet hôpital, mais nous nous en occupons et nous sommes
en contact étroit avec cet hôpital.
Deux mots du rôle des CLSC, les Centres locaux de services
communautaires. Essentiellement, ce nouveau genre d'établissements qui
existe au Québec depuis cinq ou six ans a une double vocation. C'est
là le pari, c'est là le côté un peu innovateur du
CLSC. Il a, d'abord, la mission d'offrir à la fois des services de
santé et des services sociaux par une même équipe dans une
même boîte. La deuxième vocation du CLSC, c'est d'offrir
à la fois des soins de prévention et des soins de cure, des soins
curatifs. Cela aussi, c'est assez particulier.
Le sondage auquel vous faites allusion révèle un tas de
choses intéressantes, mais qu'il faut interpréter avec prudence.
D'abord, il faut dire qu'il y a 80 CLSC au Québec et qu'à peine
un tiers du territoire du Québec est couvert par les CLSC. Le plan,
à l'origine, qui remonte à environ six ans, prévoyait 240
CLSC. Pour des raisons multiples, depuis une couple d'années, on a
décidé de modérer sensiblement le taux de
développement des CLSC. Plutôt que d'ouvrir de nouveaux CLSC
d'année en année, on veut consolider les CLSC que nous avons
actuellement. Donc, quand le sondage révèle qu'il y a seulement
11% des gens qui ont recours aux CLSC, il faut comprendre qu'il y a seulement
33% de la population du territoire du Québec couverts par les CLSC.
Deuxièmement, il faut comprendre aussi que les CLSC ont eu
beaucoup de difficultés au départ et peut-être le
ministère des Affaires sociales n'a-t-il pas été assez
vigilant durant les premières années d'existence des CLSC. Trop
souvent, on a laissé les CLSC se développer à leur propre
rythme, si bien que certains CLSC ont mis trois ans trois ans durant
lesquels ils recevaient des budgets avant de commencer à
dispenser des services. Il y a eu au départ, et c'est assez humain, pas
mal d'erreurs de cheminement. C'est pour cela que nous ne pensons pas qu'il
soit sage de multiplier les CLSC actuellement. Nous faisons l'impossible pour
obtenir, pour avril prochain, des crédits qu'on appelle des
crédits de développement pour les CLSC qui existent actuellement
et nous sommes relativement optimistes. (11 heures)
Je termine par quelques remarques sur les conseils régionaux de
services de santé et services sociaux. Encore là, les propos du
député de Mégantic-Compton laissent croire que le
ministère se cache derrière les CRSSS, se sert d'un conseil
régional pour je vois quelques personnes qui font signe que
oui... Mais vous pouvez être sûrs, en tout cas, que le ministre ne
se cache pas derrière le conseil régional. Vous pouvez être
sûrs que le ministre ne se cache pas. Je ne sais pas à quoi vous
faites allusion quand vous faites des signes de tête affirmatifs pour les
fonctionnaires. Peut-être arrive-t-il parfois comme je l'ai dit
tantôt que des fonctionnaires défendent publiquement des
positions d'un conseil régional.
Il arrive souvent, plus souvent qu'autrement, que les propositions qui
sont faites au ministère sont des propositions et des suggestions et non
pas des décisions, sauf dans des cas particuliers où on donne au
conseil régional le pouvoir de décider; j'en donnerai des
exemples tantôt. De façon générale, il s'agit de
recommandations et, plus souvent qu'autrement on est d'accord avec les
recommandations. Dans le cas qui nous occupait tantôt, on a vu qu'on
n'était pas en accord. Mais pour ce qui est des conseils
régionaux, M. le Président, nous jugeons qu'ils jouent un
rôle utile. Il est bien évident que c'est difficile de
déléguer des responsabilités à un organisme
régional sans que cet organisme régional ait un peu tendance
à devenir un mini-ministère. Il faut faire attention de ne pas
recréer une bureaucratie régionalement. On est soucieux de ce
danger.
Le conseil régional je termine sur cela est
administré par des gens, à leur conseil d'administration, qui
représentent les conseils municipaux, les hôpitaux, les centres
d'accueil, les CLSC, les groupements socio-économiques. Je vous dis
surtout aux populations des régions que vous avez beaucoup
plus de pouvoirs d'influence sur les conseils régionaux que vous ne le
croyez. Si vous n'êtes pas tout à fait satisfaits du
fonctionnement d'un conseil régional dans telle ou telle région,
je pense que c'est votre devoir de citoyens et de citoyennes, surtout quand
vous formez un groupement, de faire des représentations auprès du
conseil régional et aussi de vous assurer d'une présence au sein
du conseil d'administration de chaque conseil régional.
Alors, M. le Président, en terminant, je remer-
cie le député de Mégantic-Compton de m'avoir
donné l'occasion, en posant cette question, en provoquant cette question
avec débat, de faire des mises au point qui vont éclairer un peu
plus la population. On n'arrive pas malheureusement à toujours bien
éclairer la population; on le constate. Je pense que c'est une
tâche impossible un peu dans toutes les sociétés, dans tous
les pays. Les gouvernements ont ce problème de mieux informer la
population. Nous l'avons au ministère des Affaires sociales comme on
peut l'avoir à bien des ministères, et encore plus puisqu'il
s'agit du plus gros ministère du gouvernement actuel. Merci.
Le Président: Merci, M. le ministre. M. le
député de D'Arcy McGee.
Autres interventions
M. Victor
Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, mon intervention portera
sur deux sujets. Elle s'inspire du libellé de la motion
présentée par le député de Mégantic-Compton
qui, en demandant ce débat, a spécifié que celui-ci
porterait sur le sujet suivant: Le projet de réorganisation
administrative du ministère des Affaires sociales et ses
conséquences sur tout le réseau des services socio-sanitaires.
C'est la deuxième partie de ce libellé qui inspire mes
commentaires.
Egalement, je m'inspire d'un extrait d'un journal qui, je pense, n'est
plus en existence et qui s'appelle Le Jour...
Une Voix: C'est un bon journal...
M. Goldbloom: En date du vendredi, 7 octobre 1977, un article qui
est intitulé "Interview avec Denis Lazure ". Le titre de cet article est
le suivant: Dans les affaires sociales, priorité aux clients.
Connaissant le ministre depuis bien des années, je sais qu'il a
été et demeure toujours totalement sincère en disant:
Priorité aux clients. Comme administrateur d'un appareil très
considérable, il éprouve sûrement certaines
difficultés à réaliser cet objectif, et c'est dans le sens
de ces difficultés que je voudrais m'exprimer sur les deux sujets
suivants. D'abord, la question des soins fournis dans les hôpitaux du
Québec, notamment par rapport au nombre de personnes disponibles, pour
prodiguer ces soins; deuxième sujet, l'organisation des services
sociaux, notamment dans la région métropolitaine de
Montréal.
Le premier sujet a été abordé par le ministre
lui-même. Il a parlé des rapports numériques entre le
nombre de lits et le nombre de personnel. C'est un sujet qui est en discussion
depuis plusieurs années et les prédécesseurs
immédiats de l'actuel ministre en ont parlé publiquement et
à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. L'objectif a
été établi, l'objectif général, de
réduire la proportion du personnel au nombre de lits. Puisqu'il faut
donner priorité aux clients, il faut examiner cet objectif et les moyens
prévus pour l'atteindre, dans la perspective fondamentale de la
qualité des soins que reçoivent les malades dans les
hôpitaux, donc de la disponibilité du personnel.
Je vais demander quelque chose au ministre. Je sais qu'il ne sera pas en
mesure de donner aujourd'hui, à brûle-pourpoint, une
réponse complète, mais il me semble qu'il serait dans
l'intérêt de la collectivité que le ministre publie, dans
les semaines qui viennent, une analyse plus détaillée de toute
cette question, pour la raison suivante: Quand on compare le nombre
d'employés au nombre de malades à soigner, on peut se trouver
dans une situation où le nombre est comparable ou même, comme l'a
mentionné le ministre, supérieur à la proportion que l'on
trouve ailleurs qu'ici, au Québec, mais où la vraie
disponibilité de ce personnel n'est pas la même que dans d'autres
provinces ou dans d'autres pays.
Il y a, dans cela, des considérations d'ordre syndical, et nous
en avons parlé à d'autres occasions aussi. Une convention
collective peut prévoir un certain nombre d'heures de travail. Dans les
autres provinces et dans les autres pays, le nombre d'heures de travail est le
même? C'est une question importante.
Il y a également la question de la disponibilité en termes
du déplacement possible du personnel. Si la convention collective ne
permet pas de transférer temporairement du personnel d'un endroit
à un autre, à l'intérieur d'un hôpital, quand il y a
des absences pour cause de maladie, de vacances ou pour n'importe quelle cause,
il faut, dans de tels cas, embaucher du personnel additionnel afin de pouvoir
fournir les soins nécessaires.
Il me semble que nous ne pouvons discuter de ce sujet capital en toute
connaissance de cause sans avoir un portrait complet de tous les facteurs.
C'est donc la demande que je formule auprès du ministre, qu'il nous
remette, quand ses services auront eu le temps de préparer un tel
document, tous les éléments en question. S'il nous dit, si ce
document nous démontre qu'il y a effectivement des conditions de
l'exercice des activités professionnelles superposables entre le
Québec et l'Ontario, entre le Québec et l'Allemagne de l'Ouest ou
n'importe quel pays évolué où l'on présume que la
qualité des soins est comparable à ce dont nous jouissons ici, il
y aura lieu, il me semble, de poursuivre un débat public avec les
professions impliquées pour comprendre pourquoi il y a, malgré
tout et avant le parachèvement de ce processus de rationalisation et de
diminution de la proportion du personnel par rapport au nombre de malades,
pourquoi, dis-je, il y a déjà des plaintes de la part des malades
et de leurs familles qui disent: Nous ne sentons pas que nous avons en
disponibilité tout le personnel que nous aimerions avoir.
Ce n'est pas une critique que je formule, M. le Président. Je
voudrais que cela soit bien clair. C'est une invitation au ministre de faire
une lumière encore plus claire, plus brillante, sur une question qui
intéresse sans exception tous les
Québécois parce que, comme il le sait fort bien, tous les
Québécois, comme tous les êtres humains, doivent à
un moment ou à un autre de leur vie avoir contact avec les professions
de la santé et probablement, dans la forte majorité des cas, avec
les établissements où les soins sont prodigués.
Je passe maintenant, M. le Président, au deuxième sujet
que je voudrais aborder. Sur l'île de Montréal, il y a de nombreux
organismes qui fournissent des services sociaux et, au cours des années,
ces organismes ont été regroupés sous un nombre restreint
d'organismes-parapluies.
Il y en a essentiellement trois que l'on connaît fort bien: le
centre Montréal métropolitain, le centre Ville-Marie et le centre
de la communauté juive. Depuis un certain temps, il y a des
conversations qui se poursuivent entre ces organismes eux-mêmes et avec
le ministère. Il y a là également un objectif de
rationalisation. Puisque le ministre voudra toujours donner priorité aux
clients, il faut examiner là aussi les effets possibles sur les clients,
sur la qualité des services fournis aux clients, des modifications
possibles des structures et des rapports des organismes en question.
On nous dit, M. le Président, et j'aimerais que le ministre
confirme ou infirme cette affirmation que je vais faire, que l'objectif de
l'exercice est de situer sur une base territoriale la fourniture des services,
c'est-à-dire sur une base territoriale plutôt que sur une base
socioculturelle. (11 h 15)
Ce qui me laisse un peu perplexe, si c'est bel et bien l'objectif
socioculture visé, c'est que l'on encourage les organismes existants qui
ont un caractère à négocier une division territoriale des
responsabilités sans modifier la nature même de ces
organismes.
On sait que, sur n'importe quel territoire, il y a des gens de diverses
origines et, donc, il y a sur le plan socioculturel des besoins
différents qui s'expriment, des désirs différents quant
à la nature et à la qualité des services à offrir
aux personnes en question. On sait, M. le Président, que
l'expérience que vit chaque personne lui fournit des traditions, des
expectatives quant à la nature de la société qui
l'entoure, quant à la réponse que fournira cette
société à l'expression des besoins et désirs de la
personne en question. Etre élevé dans un milieu n'est pas la
même chose qu'être élevé dans un autre milieu. Nous
sommes différents par notre langue, notre religion, par plusieurs
éléments d'expériences socioculturelles qui nous
mènent à un âge où nous avons besoin de la
collectivité pour nous donner un coup de main.
M. le Président, il y a, en outre le ministre en est fort
conscient des exigences sur le plan religieux, par exemple; certaines
religions ont des exigences de nature alimentaire. Il y a des aliments qui sont
défendus, des aliments qui doivent être préparés
sous une surveillance religieuse. Le ministre est bien au courant de ce dont je
parle.
Ici aussi, M. le Président, j'aimerais inviter le ministre
à apporter des éclaircissements sur les buts visés par son
ministère, parce qu'il y a une certaine angoisse le mot n'est pas
trop fort dans les milieux concernés. L'angoisse découle
d'un degré d'incertitude qui pourrait être diminuée par les
explications, les précisions que le ministre pourrait apporter à
ce débat.
Il est évident que les importantes minorités sont
aujourd'hui des foyers d'inquiétude devant l'incertitude qu'elles
connaissent. Le milieu anglophone, en général, veut avoir
l'assurance que le citoyen pourra recevoir des services sociaux, notamment, et
des soins dans les établissements de santé en langue anglaise.
Une minorité comme la communauté juive voudrait avoir l'assurance
que les établissements continueront d'avoir ce caractère
religieux qui demeure très important, notamment aux personnes
âgées, mais aux personnes moins âgées aussi.
C'est ainsi, M. le Président, que je voudrais amener le ministre
à s'exprimer sur tout ce problème et à nous indiquer, par
exemple, si le ministère qu'il dirige accorde une entière
liberté aux trois organismes que j'ai mentionnés pour conclure
une entente qui serait entérinée par le ministère. Le
ministère joue-t-il un rôle important dans ces discussions? A-t-il
ses objectifs qu'il voudrait réaliser de façon, peut-être,
à ne pas accepter tous les éléments, tous les articles
d'une entente éventuelle entre les organismes concernés?
Je crois avoir été assez clair et avoir exposé en
assez de détails les deux préoccupations que j'ai pour permettre
au ministre de s'exprimer là-dessus. Je le remercie à l'avance
des éclaircissements qu'il apportera et des précisions qu'il
acceptera sûrement de rendre publiques au cours des prochaines semaines
sur les deux questions que j'ai soulevées.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Lazure: Oui, M. le Président. Je remercie le
député de D'Arcy McGee de ses remarques, de ses commentaires et
des questions qu'il soulève aussi. Je vais commencer par la
dernière. C'est une question fort délicate. Pour ceux qui sont
moins au courant de ces structures, dans la région de Montréal il
existe trois centres de services sociaux, trois CSS, contrairement aux autres
régions du Québec où il n'y en a qu'un seul. A
l'époque, le député de D'Arcy McGee se souviendra que
cette décision du gouvernement antérieur n'a pas
été prise sans beaucoup de discussions, beaucoup de controverses.
Je ne veux pas discuter du bien-fondé de la décision.
Il y a un CSS pour la population soi-disant anglophone, un CSS pour la
population soi-disant juive, la communauté juive, et un autre CSS pour
la population francophone. Je veux tout de suite rassurer le
député et la communauté juive en particulier; notre
intention est de favoriser au maximum, et pas seulement au ministère des
Affaires sociales, mais comme gouvernement du Parti québécois, le
maintien du développement des caractéristiques culturelles et
ethniques, qu'il s'agisse du groupe d'origine italienne ou qu'il
s'agisse du groupe d'origine juive. Il y a à peine deux semaines,
j'ai annoncé, à Montréal, la construction d'un centre
d'accueil pour la communauté italienne, pour les personnes
âgées de la communauté italienne. Nous avons aussi
annoncé la construction d'un centre d'accueil pour la communauté
chinoise de Montréal. Il y a aussi un centre d'accueil pour la
communauté juive de Montréal qui sera agrandi.
Si on revient aux centres de services sociaux, il reste que la situation
qu'on veut corriger... Prenons le centre de services sociaux Ville-Marie qui
dessert les anglophones de Montréal. Ce CSS n'est pas en mesure
actuellement, parce qu'une partie de son personnel ne parle que l'anglais, de
desservir des francophones qui habitent des quartiers anglophones. Cela nous
paraît une anomalie, une chose à corriger, surtout à la
lumière de la loi 101 qui est la loi du Québec, actuellement. Un
citoyen de langue française de Pointe-Claire ou de Côte Saint-Luc
ou de Westmount a le droit de se faire servir en français, personne ne
dispute ce droit. Nous avons confié aux trois centres de services
sociaux et au conseil régional de Montréal le soin de
délimiter ensemble des secteurs géographiques où la
responsabilité principale, pour assurer les services sociaux, serait
confiée à un des trois CSS. Je dois vous rapporter avec beaucoup
de plaisir ce matin que ce comité à quatre, les trois CSS et le
CRSSS, ce comité quadripartite a réussi à s'entendre sur
tout l'ensemble du territoire du grand Montréal sauf sur un secteur qui
reste encore en litige, le sud-ouest de Montréal, LaSalle et ce
coin-là.
Pour tout le reste, ces quatre organismes se sont entendus pour dire:
Tel secteur de Montréal, c'est le CSS juif qui va dispenser les
services; pour tel autre, ce sera le CSS Ville-Marie anglophone, etc. Elles se
sont aussi entendues, les quatre parties, pour dire qu'en cas de litige qui ne
se règle pas, ce sera soumis à un arbitrage du CRSSS et d'avance
elles se lient, elles s'engagent à respecter la décision. C'est
un arbitrage obligatoire, si vous voulez.
Donc, pour nous, au ministère des Affaires sociales, cette
entente nous satisfait entièrement. A ce que je sache, les trois CSS
sont satisfaits. Je pense qu'il faut, à la fois, reconnaître les
caractéristiques culturelles et on veut les respecter et
aussi exiger que les deux centres de services sociaux, communauté juive,
ou Ville-Marie, communauté anglophone, soient en mesure de donner des
services non seulement à un Juif de langue anglaise, mais aussi à
un Juif de langue française. Il y en a des Juifs de langue
française, à Montréal, un bon nombre, venus d'Afrique du
Nord et qui n'ont d'ailleurs pas tout à fait les mêmes coutumes
culturelles ou ethniques que les familles juives qui viennent de l'Europe
centrale, et qui, très souvent, parlent français plutôt
qu'anglais. Je pense que cela répond à la question du
député de D'Arcy McGee concernant les services.
L'autre question des effectifs, du personnel dans les hôpitaux.
Ces remarques sont pertinentes, sont intéressantes. Bien sûr que
c'est toujours difficile de faire des comparaisons, surtout avec l'Europe. Avec
l'Ontario c'est plus facile. En Ontario, les employés ont sensiblement
les mêmes conditions de travail qu'ici. La semaine est un peu plus longue
là-bas. Il y a un peu moins de congés de maladie, mais c'est
sensiblement la même chose et la comparaison, corrigée,
pondérée, est facile à faire. Nous rendrons cette
comparaison publique avec plaisir. La comparaison avec les pays d'Europe est
plus difficile. En général, leur semaine de travail est plus
longue qu'ici. En général, c'est 40 heures plutôt que 35
heures. Il y a moins de congés de maladie, en général,
aussi. Les vacances sont un peu moins longues. Et, là où c'est
possible de faire cette pondération, nous allons la faire, et je pense
que c'est une remarque fort constructive qui nous vient du député
de D'Arcy McGee.
Juste une dernière remarque sur cette comparaison avec les pays
européens. Les pays européens que j'ai en tête sont surtout
les pays industrialisés, comme l'Allemagne de l'Ouest,
évidemment, mais aussi ce qu'on appelle les pays Scandinaves, les pays
du Nord, Norvège, Danemark, Suède, qui ont actuellement, aux
dernières statistiques mondiales, des niveaux de vie plus
élevés qu'ici, au Canada, légèrement plus
élevés, et où la qualité des soins médicaux
est certainement aussi bonne qu'ici, certainement comparable à ici. Je
rappelle que, dans ces pays, les mouvements syndicalistes sont forts. Par
définition, il s'agit de régimes politiques qu'on appelle
sociaux-démocrates où le syndicalisme est bien
développé. Donc, il ne faut pas s'attendre à de grandes
différences dans les conditions de travail. Il y a des
différences, mais elles ne sont pas tellement énormes.
Le député de D'Arcy McGee fait allusion à cette
entrevue où je mettais de l'avant ma préoccupation, ma
priorité vis-à-vis de la priorité à donner au
client, au citoyen qui se présente soit dans un hôpital soit dans
un centre d'accueil. Bien sûr, la mise en application d'une telle
priorité est extrêmement difficile. Je veux simplement donner un
exemple je termine là-dessus parce que cela rejoint aussi
une remarque du député de Mégantic-Compton quand il a
cité un extrait de journal où je parlais du climat
épouvantable dans les hôpitaux. Il aurait peut-être fallu
citer au complet, mais c'était dans un contexte particulier.
Je parlais des salles d'urgence et des cliniques externes, la semaine
dernière, à Montréal, à un groupe, et non pas du
climat général épouvantable dans les hôpitaux. Je
demandais aux représentants des hôpitaux de faire en sorte, par
toutes sortes de mesures, de changer l'ambiance, l'atmosphère, le climat
dans ce sens-là, pas au sens moral, mais de changer l'atmosphère
des salles d'attentes dans les cliniques externes ou dans les salles d'urgence
où c'est extrêmement pénible pour la population d'attendre,
souvent pendant des heures, et sur une chaise droite, sans aucune lecture, sans
avoir d'activité, et le personnel passe vite, vite, vite, vite, devant
eux et très rarement le personnel s'arrête pour parler aux
patients qui
attendent. C'est ce genre de choses que je décrivais. Il me
semble qu'il y a des choses qu'on peut changer sans avoir du personnel
additionnel, sans avoir d'argent additionnel. (11 h 30)
Je veux, encore une fois, dénoncer ce raisonnement simpliste
qu'on fait souvent dans les hôpitaux ou dans le public, à savoir
que pour améliorer un service, il faut nécessairement plus de
personnel. Ce n'est pas vrai. Il y a des services surtout quand on pense
à la qualité humaine qui peuvent être
améliorés sans qu'on ajoute du personnel. Dieu sait que nous
avons dans nos conventions collectives des exigences qui ont
spécialisé de façon excessive les tâches des
employés. Nous sommes obligés de vivre avec cela. Je pense que ce
n'est pas réaliste de croire qu'on va pouvoir faire marche
arrière et avoir, dans les futures négociations, les futures
conventions collectives, un élargissement des tâches des
employés. Les syndiqués, les dirigeants des syndicats ont fait un
excellent travail dans ce sens pour satisfaire les demandes de leurs membres
qui voulaient spécialiser les tâches et dire: Moi, je ne fais que
cette sorte de ménage et si on me demande d'aller remplacer ma
collègue qui est absente et qui fait une autre sorte de ménage,
je n'irai pas. Tout le monde connaît les abus auxquels cela mène,
ces conventions collectives où les tâches sont très
étroites. Il faut quand même dire, surtout, que dans les petits
hôpitaux des régions, il y a beaucoup d'employés qui
acceptent de bon gré d'aller remplacer une employée ou un autre
employé qui est absent.
En terminant, je voudrais qu'on sorte de cette espèce d'impasse
cela a été vendu de façon habile par les dirigeants
des hôpitaux et des syndicats et cela a été endossé
par les média de façon un peu complaisante parfois
où une réduction, même si elle est minime, de personnel
amène toujours un danger de détérioration de services. Ce
n'est pas vrai. Quand dans un hôpital il y a 800 lits et qu'il y a 4000
employés, comme c'est le cas à Montréal dans un
hôpital 800 lits, 4000 employés on ne me fera pas
croire qu'en diminuant le nombre d'employés de 100 ou même de 200,
cela va menacer la qualité des soins. Ce n'est pas vrai! Parce que ces
mêmes hôpitaux, il y a dix ans, dispensaient des soins tout aussi
bons, sinon meilleurs, avec deux fois moins d'employés et parfois trois
fois moins d'employés.
Le Président (M. Blank): Merci. Le député du
Parti québécois, le député de Sherbrooke.
M. Gérard Gosselin
M. Gosselin: M. le Président, ayant été
absent cette semaine, du moins durant une partie de la semaine, de
l'Assemblée nationale à cause de ma participation au sommet
touristique, je n'avais pas pensé participer ce matin à cette
commission parlementaire. Cependant, je me réjouis très fort que
le sujet soit abordé. Je pense que c'est un des sujets les plus
névralgiques qui se discutent actuellement au sein de la population. Il
fait l'objet de beaucoup de discussions dans toutes les régions à
cause des débrayages sporadiques qu'on connaît dans les
institutions un peu partout et à cause des plans de redressement
contestés que les hôpitaux mettent en branle dans la conjoncture
des compressions budgétaires actuelles.
J'ai entendu une partie de l'exposé du député de
Mégantic-Compton et j'avoue que cela me donne la tentation ou
cela me donnerait la tentation d'aborder la question point par point et
lieu par lieu, parce qu'à Sherbrooke, notamment, on a eu des
problèmes assez aigus, récemment, à l'hôpital
d'Youville. On a connu encore dernièrement des débrayages
sporadiques à l'Hôtel-Dieu. On sait comment les plans de
redressement dans les hôpitaux font l'objet d'une contestation
féroce, parfois démesurée aussi de la part des divers
intervenants du secteur. Je ne céderai pas à cette tentation de
discuter de chacun des cas qui se présentent, que cela soit à
Lac-Mégantic, à l'Hôtel-Dieu, à d'Youville, à
Rimouski ou n'importe où ailleurs. Je voudrais m'en tenir à un
plan plus global pour dire que j'endosse pleinement, quant à moi, la
nécessité d'une réorganisation de fond et d'un rythme de
croisière à la fois plus soutenu et vraiment plus mesuré
des investissements globaux du gouvernement dans le secteur des affaires
sociales et de la santé.
Le budget actuel du ministère des Affaires sociales, pour ce qui
est des services sociosanitai-res à travers tout le Québec, la
contribution du ministère, c'est à dire, parce qu'il y a toujours
une part d'autofinancement qui reste dans les institutions est de $6 626 451
461. C'est un budget très considérable qui se compare
avantageusement, au prorata de la population, avec n'importe quelle autre
province canadienne, n'importe quel État américain et qui
déjà, dans sa distribution, est inadéquat en partie pour
répondre à l'évolution des besoins de la population. Ce
que je voudrais dire, c'est que, au cours des dix dernières
années au Québec, on a connu une évolution un peu
hasardeuse et même concurrentielle à certains endroits des
services d'implantation d'hôpitaux et des investissements publics dans le
secteur notamment de l'organisation de la santé. Je dis un peu
hasardeuse parce qu'on sort d'une décennie où le gros de
l'investissement public a été mis sur des services
institutionnels et notamment sur les soins pour malades aigus.
Je voudrais dire au ministre que la situation est même dramatique
à bien des égards en regard de nos affectations
budgétaires présentes et en regard des réorganisations
exigées pour l'avenir, pour les prochaines années. A mon avis, on
devra aller beaucoup plus loin que ce qu'on a commencé à faire.
Vous savez comment les besoins de la population évoluent en fonction de
l'évolution des groupes de population les plus vulnérables
actuellement au sein de notre société. La population
âgée au Québec a doublé des années 1951
à 1971. Elle doublera encore au cours des 20 prochaines années.
Nous sommes huit à neuf ans en arrière pour ce qui est de la
satisfaction des véritables
besoins au Québec au chapitre des soins aux malades chroniques et
des soins psychiatriques. Au cours des 20 prochaines années, nous
devrons convertir substantiellement nos investissements publics pour satisfaire
vraiment cette nouvelle population.
Si je regarde mon milieu, Sherbrooke, les investissements publics dans
le secteur des soins aigus sont absolument sans aucune commune proportion avec
les besoins urgents sentis dans la population au chapitre de l'organisation de
soins pour malades chroniques. Seulement dans la région de l'Estrie, il
y a tout près de $92 millions j'avais le total tout à
l'heure; je faisais une sorte de compilation des budgets institution par
institution dans la région 05 au-delà de $90 millions en
tout cas d'affectés aux institutions hospitalières. C'est
à 80% et plus que ces 90 millions sont affectés aux soins aigus,
pour donner lieu, à certains endroits, à des dédoublements
vraiment navrants de services. Je l'ai signalé et je le signale
publiquement il est impensable qu'on ait à Sherbrooke trois salles
d'urgence, trois services d'obstétrique dans un même milieu. Il va
falloir rationaliser dans l'avenir les investissements publics dans le secteur
de la santé pour éviter des dédoublements et pour mettre
l'argent là où sont les véritables urgences.
Cela fait deux ans que le ministère des Affaires sociales,
notamment à Sherbrooke, a indiqué aux institutions, dans leur
renouvellement de permis, qu'elles devaient souscrire à la
libération d'un certain nombre de lits pour malades chroniques et
malades psychiatriques. Après deux ans, je dois vous dire que le bilan
de cette expérience reste très insatisfaisant. J'ai
récemment demandé une enquête sur la manière dont
les institutions hospitalières de mon milieu s'étaient
acquittées de leur mandat pour répondre aux besoins de cette
population. Il faut être député d'un comté comme le
sien je suis convaincu que le député de
Mégantic-Compton doit avoir des cas comme ceux-là assez souvent
pour savoir jusqu'à quel point les personnes âgées,
qu'on pourrait qualifier de cas lourds qui arrivent à un point où
la maladie interdit aux parents et amis de les garder plus longtemps à
la maison. Ils auraient besoin d'une institution où aller. Dans notre
organisation actuelle, ces personnes sont vraiment démunies de soins et
de services, tant au niveau des foyers d'hébergement qu'au niveau des
lits ouverts pour elles dans les institutions qui pourraient les recevoir.
Malheureusement, notre pratique professionnelle, dans les
hôpitaux, est orientée encore presque exclusivement sur les soins
aigus. Quand on s'adonne à libérer 15, 20 ou 30 lits dans un
hôpital pour soins aigus, à Sherbrooke comme ailleurs, souvent, on
n'organise pas d'une manière vraiment conséquente les services
pour cette population. On a l'impression, excusez-moi l'expression, que ce sont
les restants, qu'on fait cela pour remplir des lits, qu'on fait cela pour
justifier les budgets qui viennent par après. On a l'impression que les
équipes médicales en place et aussi, parfois, peut-être les
équipes de travailleurs ne sont pas vraiment conscients, de même
que les administrations locales, bien évidemment, de tout l'effort, de
toute la nécessité, de toute l'urgence qu'il faudrait mettre dans
ces institutions pour vraiment déplacer les priorités,
déplacer le budget et en arriver à offrir un service vraiment
correct, plus conséquent aux gens pour qui les urgences sont là
aujourd'hui.
Moi, je voudrais dire au ministre qu'il va falloir avoir le courage, ces
prochaines années je veux lui dire à l'avance que je vais
endosser cela, et je vais peut-être même presser le gouvernement
d'aller plus loin, plus vite, et qu'on fasse cette réorganisation
de services et ces réorientations de budgets en fonction des vrais
besoins.
Je voudrais m'inscrire en faux contre l'interprétation qui est
donnée à certaines compressions budgétaires, à
savoir que les services à la population auraient à en souffrir.
Je pense que tout le monde est à même de le constater
dans les services publics de santé, on est tous à
même de le savoir, on a tous des parents qui travaillent dans ce secteur,
on a tous vu des situations dans un hôpital où on sait très
bien que l'utilisation du personnel en place n'est souvent pas faite au mieux.
On est conscient qu'en bien des endroits il y a des dédoublements de
tâches, il y a une sous-utilisation, dans certains services de certains
hôpitaux, de certains personnels, alors qu'à d'autres endroits,
dans le même hôpital, les gens ne parviennent pas à suffire
à la tâche. Cela est constant et cela se retrouve encore dans
toutes les institutions.
Parfois, une compression budgétaire qui vise à ramener,
dans un service, le nombre d'employés de dix à huit, aura
même un effet bénéfique pour la clientèle, dans le
sens peut-être d'éliminer un intermédiaire inutile et de
rendre les gens qui sont là plus productifs tout en ne les surchargeant
pas indûment de tâches qu'ils ont à faire. Je prends
seulement l'exemple d'une région comme la mienne la même
situation se répète à Trois-Rivières et à
bien d'autres endroits où il y a trois services
d'obstétrique, trois équipements concurrentiels, à toutes
fins pratiques, trois équipes médicales, professionnelles et
concurrentielles dans l'organisation de soins pour la maternité. Vous ne
me ferez pas croire qu'il n'y a pas, à certains moments, dans un
hôpital, un personnel, une semaine donnée, qui n'a pratiquement
rien à faire parce qu'il n'y a pas énormément de
maternités, pendant que l'autre hôpital sera peut-être
débordé. En matière d'obstétrique, à
Sherbrooke, c'est un exemple, mais je pense qu'il parle aussi pour bien des
situations qu'on connaît un peu partout, au Québec. N'y aurait-il
pas moyen de réduire substantiellement de 10% à 15%,
probablement, le nombre de professionnels et de travailleurs du secteur de
l'obstétrique, tout en faisant des investissements nouveaux pour du
nouvel équipement, pour vraiment être à la fine pointe des
services à des coûts moindres qu'actuellement? Quand on parle de
réorganisation des services, de compression budgétaire au
Québec,
dans le contexte actuel de l'évolution des budgets, je pense que
c'est comme cela qu'il faut attaquer les problèmes. (11 h 45)
Je voudrais aussi m'inscrire en faux contre ce qu'on appelle la grande
insécurité des milieux de travail dans le secteur hospitalier. On
en parle beaucoup et je pense qu'on en fait une très mauvaise
interprétation. Ce qui se produit dans le secteur hospitalier des
milieux de travail est sans aucune commune mesure avec
l'insécurité ambiante qui existe dans le circuit privé,
où on connaît malheureusement constamment des fermetures
d'entreprises, des ralentissements d'entreprises qui se traduisent par des
congédiements temporaires ou définitifs. On a réussi comme
Etat employeur, je pense, à se montrer plus que civilisé dans
notre manière de traiter, tout au moins au chapitre de la
sécurité d'emploi, avec les travailleurs du secteur de la
santé.
Les directives qui ont été émises par le ministre
sont à l'effet de conserver au maximum les emplois existants dans le
secteur hospitalier pour tous les travailleurs qui y travaillent. On
échelonne sur deux à trois ans les compressions
budgétaires qu'on constate nécessaires, les diminutions de
personnel qu'on juge être nécessaires de façon à
éviter de faire des congédiements. Ce qu'on fait à la
rigueur, c'est que, quand un employé quitte, on ne renouvelle pas son
poste. Je trouve cela civilisé, et cela ramène à sa juste
mesure l'insécurité du milieu de travail; à la rigueur
s'il y a un milieu au Québec où les protections au niveau de la
sécurité d'emploi sont assurées, c'est bien ce milieu.
Mais il y a une chose qu'il va falloir se dire franchement par ailleurs.
C'est que les mutations profondes, les transformations profondes qui sont
exigées pour les prochaines années pour répondre aux vrais
besoins de la population vont exiger qu'il y ait dans le milieu de la
santé, tant du côté des professionnels impliqués,
des médecins que des travailleurs, des redéfinitions de
tâche, des réorganisations de travail importantes et vraiment
commandées par la situation. Il va falloir que les médecins
travaillent autrement, notamment en fonction d'avoir à desservir
dorénavant une population âgée et de malades chroniques; il
va falloir qu'ils travaillent autrement qu'ils ne le font avec les malades
aigus. Or, toute la pratique médicale est encore malheureusement
orientée sur le traitement de maladies aiguës.
Je connais des gens dans les hôpitaux de Sherbrooke qui sont des
malades chroniques, égarés dans un hôpital pour soins
aigus, qui sont là depuis un an et demi, deux ans et pour lesquels il
n'y a pas encore vraiment un travail conséquent, une organisation
conséquente de départements. On traite ces gens comme si
c'était des soins aigus. Ce n'est pas le même type d'attention, ce
n'est pas le même type de suivi, ce n'est pas le même type de
préparation non plus du personnel qui y travaille que pour les autres
patients.
Pour finir, je voudrais faire une autre remarque sur les rôles des
conseils régionaux des services sociaux et de la santé. Je sais
que le député de Mégantic-Compton a croisé le fer
à plusieurs reprises avec le Conseil régional de services sociaux
et de la santé de l'Estrie et ce n'est pas mon intention de porter un
jugement sur la pertinence de certaines interrogations des gens du milieu de
Lac-Mégantic ou d'ailleurs et que le député de
Mégantic-Compton puisse avoir à formuler au conseil
régional des services sociaux et de la santé. Par ailleurs, je
voudrais mettre en garde contre des jugements trop faciles qu'on pourrait avoir
à porter sur ces organisations.
M. Grenier: Non, non, il est pesé ce jugement. Cela fait
longtemps qu'il est connu Painchaud.
M. Gosselin: II faudra une très sérieuse
transformation des organisations régionales des services sociaux et de
la santé comme le nôtre pour que ces organisations soient plus
démocratiques, plus vraiment représentatives de la population; je
crois qu'on a encore des pas à faire pour assurer que l'organisme
régional soit plus représentatif. Le travail qu'ils ont
effectué à travers toutes les contraintes qu'ils pouvaient avoir
si je fais un bilan depuis 1974 dans ma région je crois
que le travail que les gens des services sociaux et de la santé ont fait
est quand même sérieux, qu'il y a quand même eu des
consultations très respectueuses de la population qui ont
été faites.
Evidemment, il y a aussi beaucoup d'inimitié qui s'est
développée à travers le travail que ce Conseil
régional de la santé et des services sociaux a fait, parce que,
évidemment, les réorganisations de services qu'il a
suggérées à maints endroits n'ont pas fait l'affaire de
tout le monde. Je dois dire que là-dessus, par ailleurs, les populations
ont été parfois utilisées par des groupes
intéressés à s'opposer trop rapidement à des
transformations qui pouvaient être nécessaires. Je pense qu'on a
été injuste pour le Conseil régional de la santé et
des services sociaux en maints secteurs de ses interventions. Je voudrais dire
que l'enjeu pour le futur parce qu'il faut aussi regarder le futur
c'est ou bien que le gouvernement du Québec administre les
énormes budgets, les grands budgets qu'il a à administrer de
Québec directement et à la pièce pour chaque institution
de chaque milieu où les décisions se prennent par les
fonctionnaires du ministère qui sont loin du milieu, ou bien ces
budgets, tôt ou tard, seront administrés dans la région
à travers un organisme régional qui sera accrédité
pour le faire.
Dans la région de l'Estrie, le budget total du ministère
des Affaires sociales pour l'organisation des services sociaux et des services
de santé est de $118 994 303. C'est de l'argent. C'est de l'argent qui
peut être administré de Québec directement par des
fonctionnaires, ou qui peut être administré par un organisme
régional accrédité. C'est pour cela que je pense que, dans
la mesure où l'on croit que le pouvoir doit être rapproché
des régions, des organisations telles que le Conseil régional de
la santé et des services sociaux
auront, à l'avenir, un rôle déterminant et
accrédité à jouer dans la répartition de ces
sommes. C'est pour cela que je ne voudrais pas qu'on porte des jugements qui
soient de nature à discréditer à l'avance tout ce qu'une
instance régionale pourrait faire. Je pense que ce qu'il va falloir
développer au sein de notre population, c'est une saine vigilance, un
esprit critique, un mouvement de participation, dont l'exemple de
Lac-Mégantic est particulièrement patent.
Je sais que depuis deux ans, les gens ne se sont jamais
préoccupés autant dans toute la région de l'Estrie de la
question de la santé, de la question de l'organisation de services dans
leur patelin que les gens de Lac-Mégantic. C'est aller plus loin que ce
que les gens de Coaticook ont fait, parce que eux aussi ont eu des
problèmes, mais les gens de Lac-Mégantic sont restés dans
le combat. Je trouve cela sain et je trouve que c'est un climat de
participation qu'on va devoir établir dans toute la région
dorénavant, dans la mesure où on voudrait vraiment que le
ministère se rapproche du milieu et que les décisions, quant aux
affectations budgétaires, quant à la réponse à ces
nouveaux besoins dont j'ai parlé tout à l'heure, soient plus
adéquatement réalisées dans le milieu même où
les décisions doivent se prendre plutôt que par le
ministère tout simplement.
Je m'excuse, c'est un fait peut-être un peu confus; je
n'étais pas préparé à cette commission
parlementaire ce matin, mais je tenais à formuler ces quelques points de
vue. Merci.
M. Blank: Merci. M. le ministre, avez-vous quelque chose à
dire ou préférez-vous laisser la question...
M. Lazure: Oui, je vais attendre à la fin. M. Blank:
M. le député de Mégantic-Compton. Discussion
générale
M. Grenier: J'aurais bien voulu avoir plus de temps que cela pour
questionner le ministre. Je sais que le ministre a un engagement. Il a
demandé de partir à midi, mais j'ai l'impression qu'on va
peut-être prendre plus de temps. Avec cette tactique de faire parler le
ministre pendant tout son temps et un autre député du
gouvernement, il arrive qu'après avoir utilisé leurs 20 minutes,
il reste pas mal moins de temps à l'Opposition pour questionner. Je n'en
veux pas au député de Sherbrooke d'être venu au
débat et d'y avoir participé, mais il reste une chose, c'est que
cela nous enlève passablement de temps.
J'ai entendu le ministre dire que cela allait bien, que cela allait
très bien, qu'il n'y a pas de problèmes, qu'il n'y a pas de
choses qui vont si mal que cela. Cela ne va pas bien, cela va mal. Cela va mal
dans plusieurs secteurs aussi. Et le ministre a pris ses 20 minutes pour dire:
On exagère et cela semble aller bien. On tâche, par des
déclarations, d'atténuer et de diminuer les tensions, mais le
problème des gens qui sont ici ce matin vient de loin. Cela n'a pas
commencé ce matin. Malgré ce qu'on a dit tout à l'heure,
j'ai appris, il y a dix minutes, que ces gens-là seraient ici ce matin.
Je ne l'ai pas su hier soir. Hier soir, après les déclarations et
l'appel téléphonique que j'ai fait chez nous pour apprendre qu'il
y avait eu deux démissions là-bas, je pensais que le
problème était passablement réglé. Ce matin, on
m'apprend à 9 h 50 qu'une délégation arrivait ici. Je
n'avais pas prévu cette délégation ce matin. C'est un
geste spontané de gens de la région de chez nous. Et ce n'est pas
vrai rien que chez nous, c'est vrai partout.
M. Lazure: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député?
M. Grenier: J'en aurais quelques-unes à vous poser
avant.
M. Lazure: Quel problème n'est pas réglé?
Là, vous répétez: Le problème n'est pas
réglé. Quel problème n'est pas réglé?
M. Grenier: Le problème qui est en évidence dans le
journal Le Soleil d'hier. Ce sont des problèmes dont vous allez entendre
parler, si vos fonctionnaires ne vous ont pas mis au courant.
M. Lazure: Je suis très au courant du problème de
Rimouski, puisque vous me montrez une coupure sur Rimouski. Vous venez de
parler de Mégantic. Alors, prenons un problème à la fois.
Je vous ai dit tantôt que le problème de Mégantic est
réglé. S'il n'est pas réglé, dites-moi en quoi il
n'est pas réglé.
M. Grenier: II n'est pas réglé du tout! M.
Lazure: En quoi n'est-il pas réglé?
M. Grenier: Vous avez fait allusion à l'hôpital
Saint-Joseph de Lac-Mégantic, l'hôpital pour soins aigus. Pour
celui-là, ça va; il arrive avec son budget, on est au courant.
Mais c'est loin d'être réglé! Votre ministère et vos
fonctionnaires, c'est une grosse boîte que vous administrez et je ne vous
en veux pas de ne pas être au courant de tout ce qui se passe.
Actuellement, votre ministère veut couper encore vingt lits dans
l'hôpital général Saint-Joseph; on veut descendre cela
à 50 lits. C'est une volonté très nette des gens de votre
ministère. Encore une fois, vous administrez un gros budget dans la
province, comme le ministre de l'Education. Vous n'êtes pas le seul. On a
eu, au ministère de l'Education dans le temps, un homme qu'on disait
fort, qui était M. Cardinal; il n'a jamais été capable de
voir clair dans son ministère, de savoir ce qui se passait là et
c'est la même chose au ministère des Affaires sociales.
Les "structurettes" qu'on nous amène ce matin, qui arriveront
dans une deuxième étape, je ne sais trop quand, je ne sais pas si
cela va vous permettre de mieux voir. C'est un jeu de chaise
musicale qui se fait à l'intérieur du ministère.
Est-ce que cela va vous permettre de voir clair dans les problèmes de
votre ministère? Vous avez une grosse boîte et je le sais. On a
réussi à user pas mal de ministres dans votre boîte, comme
on l'a fait au ministère de l'Education. C'est une boîte qui est
inhumaine. Les fonctionnaires, à Québec, cela ne les
dérange pas trop trop, le problème à Lac-Mégantic;
on se prépare encore et on finit par avoir les gens à
l'usure.
J'entendais le député de Sherbrooke féliciter les
gens de Mégantic. C'est pénible! Ils ont des problèmes
depuis deux ans. On a fait des réunions de 800 personnes à deux
ou trois reprises chez nous pour essayer de contrer les volontés
d'Albert Painchaud, de Sherbrooke, qui a décidé, lui, d'appliquer
les normes du ministère. Il a décidé qu'à
l'hôpital Saint-Joseph de Lac-Mégantic il y aurait 50 lits d'aigus
et que le reste serait pour les malades chroniques. C'est Painchaud du
ministère, du CRSSS de Sherbrooke, et ce sont les volontés de vos
adjoints.
Dans le temps de Jean-Paul Cloutier, ce ministère était
sous trois secteurs de responsabilité; ce n'était peut-être
pas si mauvais, cela impliquait davantage d'hommes élus. Les
fonctionnaires du ministère, qui n'ont pas à se présenter
devant la population, cela ne les dérange pas beaucoup qu'à
Mégantic on prenne l'ambulance et qu'on fasse 65 milles, pour un cas de
maternité, pour aller à Sherbrooke. Cela ne les dérange
pas tellement parce qu'ils sont dans une circonscription où les services
sont meilleurs. Cela ne les dérange pas trop trop, non plus, d'envisager
la fermeture de l'hôpital Frère-André. Vos gens vous ont
fait rapport que c'était une maison vétusté. Vous allez
venir la voir, vous allez venir à Lac-Mégantic! Vous êtes
allé ailleurs, vous l'avez dit. Je voudrais, devant la population, que
vous vous engagiez à venir.
M. Lazure: Je vous réponds tout de suite que j'accepte
l'invitation avec plaisir; je vais y aller.
M. Grenier: Bon! Le "boss" va venir! Cela va nous donner la vraie
réponse à nos problèmes. Vous allez venir et vous allez
voir que la population est fort sympathique. Il y a bien plus de monde que cela
qui s'occupe du problème hospitalier à Lac-Mégantic.
M. Lazure: Je l'ai constaté déjà, oui.
M. Grenier: On a des problèmes importants. Le
ministère fait de grandes déclarations. On a toujours quelque loi
pour protéger du monde. Je l'ai dit, hier soir, lors d'une discussion:
C'est la protection du consommateur, c'est la protection du handicapé,
c'est la protection du français, c'est la protection de l'environnement,
c'est la protection des terres arables. C'est à croire que, si ce
gouvernement n'était pas arrivé, cela aurait été la
fin du monde. J'ai l'impression que mon "chum" Malachie avait peut-être
raison de dire que cela s'en venait. Heureusement que le PQ est arrivé
au pouvoir. Vous devriez, cependant permettre à l'Opposition de
présenter une loi pour protéger le PQ à la prochaine
élection, si cela continue de même, parce qu'il est menacé
dans plusieurs circonscriptions.
On veut des décisions là-dedans et pas de laisser-porter.
Vous allez avoir les gens par l'usure. C'est dur pour les
bénévoles, dans chacune des régions, de se tenir. Vous
avez dit, tout à l'heure, que ceux de Lac-Mégantic n'ont pas
été dérangés et qu'à Rimouski on ne voit pas
pourquoi ils ont demandé une augmentation. Bien oui, ils ont
demandé une augmentation! S'ils ont plus de monde et s'ils ont une
clientèle supérieure à servir, ils ont le droit de
demander des augmentations pour le développement de services. Ils ont le
droit de demander cela. A Sherbrooke, ils pourraient le demander aussi, s'il y
a un développement qui se fait là.
Quant à nous, il me semble qu'on a le droit de maintenir nos
services pour la raison humanitaire que vous avez déjà
mentionnée en Chambre, à savoir que cela se garde dans des
régions comme la nôtre, des services. Vous avez dit qu'on pouvait
même dépasser les normes. C'est ce qu'on veut vous voir dire.
Maintenant que vous vous êtes engagé à venir à
Lac-Mégantic, on va s'entendre sur une date et je suis convaincu que,
quand vous allez repartir, vous allez dire: Cest fini, les études; on en
a assez fait et on vous donne ce à quoi vous avez droit. La population
ne se développe pas tellement, mais, même si on faisait les
meilleures routes possible, on sera toujours à 65 milles de Sherbrooke
et on ne peut quand même pas se permettre de voyager nos malades. Il vaut
mieux qu'on garde localement les services qu'on a besoin de se donner. (12
heures)
Ces structures qu'on veut modifier, la diminution du personnel, etc., on
le fait dans les hôpitaux. Et c'est vrai partout. Du personnel, on en a
en masse au Québec, et on s'en donne partout. Même dans les
cabinets de ministres, je pense qu'on ne le réduit pas. Quand il y a un
poste qui est enlevé, on ne le coupe pas, on remplace la personne. On ne
veut que cela, on ne veut pas d'autres traitements. On veut remplacer notre
monde quand il quitte nos hôpitaux. On veut qu'on continue de remplir les
postes. Je pense que ce n'est pas si mauvais.
M. Lazure: II n'y a pas de fermeture de poste quand quelqu'un
part de l'hôpital Saint-Joseph, dans le moment. Il n'y en a pas.
M. Grenier: A l'hôpital Frère-André, c'est
comme cela. On coupe des services à l'hôpital
Frère-André et on ne veut pas remplacer les postes.
Le Président (M. Blank): S'il vous plaît, on n'a pas
le droit de faire des démonstrations dans l'assistance!
M. Grenier: Je pense que cette question est partiellement
réglée, parce que vous allez venir
sur place pour tenter de régler le problème. Cela fait
assez d'émissaires que vous nous envoyez! Vous allez vous rendre compte
qu'on a une population qui est prête à collaborer, qui ne demande
pas la lune. On demande juste de conserver ce qu'on a. On n'est pas exigeant.
Si c'était ppssible de me répondre... Je ne veux pas vous
retarder, je pense qu'on est capable de terminer dans quelques minutes,
j'aimerais que vous me donniez des informations sur cet article qui
témoigne du problème de décentralisation, si c'est une
véritable décentralisation qu'on veut faire. Si on a l'intention
de donner des moyens de décider dans les régions. Pas une
régionalisation des services pour mieux centraliser à
Québec, mais une véritable décentralisation dans les
centres, dans les conseils d'administration qui prennent des décisions.
Mais quand le Dr Garon dit il est cité ici, mais on pourrait dire
la même chose dans plusieurs autres centres que la direction de
l'hôpital n'avait pas le pouvoir de décider, mais que les services
seraient abolis ou diminués, ni même de recommander des
diminutions ou des abolitions de services, savez-vous qu'à ce
moment-là les décisions sont loin!
Si on décide de se donner, à Rimouski d'après
ce que je sais, géographiquement c'est une ville qui est assez
éloignée de Québec des services
spécialisés, ils ont peut-être le droit de faire leur
programmation, comme on a le droit de le faire à Sherbrooke ou ailleurs,
comme on a le droit de le faire à Lac-Mégantic, de se donner
certaines spécialités qu'on veut conserver, si cela demande du
personnel, j'espère qu'on a encore le droit de le demander au
ministère. J'aimerais que vous me disiez ce que vous envisagez sur la
décentralisation et l'autorité à donner à nos
conseils d'administration.
Je pose toutes ces questions et je pense que vous serez en mesure de
faire la lumière sur un CLSC dont la situation est devenue pourrie,
celui de Lotbinière. Il n'y a plus de services donnés à la
population. J'aimerais que vous me répondiez aussi sur les services
à domicile, si c'est venu du ministère ou si c'est localement que
cela s'est fait, qu'on a coupés dans certaines régions, entre
autres chez nous. Complètement. Est-ce une diminution de budget ou si,
localement, on a jugé que ce n'était pas important?
En terminant ce sera ma dernière question
j'aimerais que vous nous disiez quand vous envisagez, dans le processus de
réorganisation du ministère, de compléter la
deuxième étape que vous annoncez dans le communiqué.
Le Président (M. Blank): M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: M. le Président, je vais revenir au cas des
deux hôpitaux de Lac-Mégantic. Je répète encore une
fois que j'accepte avec plaisir l'invitation du député et des
citoyens, de la population; on s'entendra la semaine prochaine sur une date.
Mais je répète aussi que mon ami, le député de
Mégantic-Compton, se laisse un peu entraîner par l'émotion
et le grand intérêt qu'il porte à la cause de ces deux
hôpitaux et au bien-être de ses concitoyens. Et aussi, quand il y a
beaucoup de nos électeurs qui sont dans la salle, cela porte un
député à s'emporter, c'est normal.
M. Grenier: Ils devraient venir plus souvent!
M. Lazure: Pour l'éclairage du député, je
répète que je ne peux pas vérifier si oui ou non tel ou
tel fonctionnaire a dit telle ou telle chose vis-à-vis de la fermeture
de lits. Mais je peux vous assurer d'une chose, c'est que la décision de
fermer, d'ouvrir ou de transformer l'utilisation d'un lit est une
décision du ministre. Il n'y a aucune décision qui a
été prise ou qui va être prise de fermer des lits. Je n'ai
jamais dit qu'il n'y avait pas de problèmes, il y en a plein. Mais c'est
justement parce qu'il y a plein de problèmes qu'il ne faut pas
créer de faux problèmes. Il y a assez de vrais problèmes
sans faire croire aux gens que l'hôpital Saint-Joseph est menacé
de fermeture de lits ou de transformation de lits. Ce n'est pas vrai.
L'hôpital de Rimouski, puisque le député y
revient... Je répète encore une fois que l'an passé et
cette année, cet hôpital a bénéficié à
peu près du taux le plus élevé d'accroissement
budgétaire à travers tout le Québec. Malgré cela,
l'hôpital fait un déficit considérable. La raison
principale c'est que l'hôpital a engagé du monde qu'il
n'était pas autorisé à engager. Qu'est-ce que vous voulez?
Ce n'est pas malin cela. N'importe quelle entreprise qui prépare son
budget et qui dit: Avec mon budget, je vais pouvoir engager 100 employés
et qui en engage 125, mais c'est évident qu'il va y avoir un
déficit. Je ferai remarquer au député qu'un conseil
d'administration d'un hôpital ou d'un centre d'accueil, peu importe, a
beaucoup de jeu dans l'administration du budget, depuis qu'on a ce qu'on
appelle un budget global. Par exemple, si le budget de l'hôpital de
Rimouski est de je ne sais pas $15 millions, environ, cela veut
dire que 80% de ces $15 millions peuvent être affectés selon les
décisions du conseil d'administration de l'hôpital, selon les
priorités fixées par l'hôpital. Donc, c'est beaucoup de
liberté. Cependant, comme je le disais tantôt; Rimouski, ou
n'importe quel hôpital, ne peut pas ouvrir des nouveaux services, ou
fermer des services, ou transformer des services, sans l'autorisation du
ministre. C'est dans la loi. Je pense que c'est prudent d'avoir cela dans la
loi.
Ceci étant dit, ma réponse est oui, il y a de la place
pour de la décentralisation dans les institutions et il y a beaucoup de
liberté dans les institutions. Dans les régions on a aussi
donné des pouvoirs aux conseils régionaux de services sociaux,
des pouvoirs de décision; par exemple, déjà depuis
quelques années, il y a des commissions administratives dans chaque
conseil régional qui décident de l'affectation des montants
d'argent pour toute la région, des montants d'argent qui servent
à l'achat d'équipements. Elles décident aussi du choix des
fournisseurs pour l'achat de groupe. Ce sont des exemples.
Le dernier exemple, ce sont les soins et les services à domicile.
Depuis deux ans, les augmentations annuelles dans les budgets pour soins
à domicile, on a confié au conseil régional le soin de
décider à quel établissement cela va aller. Est-ce que
cela va aller à un CLSC ou à un centre d'accueil ou à un
hôpital ou à un groupe bénévole? Alors, ce sont des
pouvoirs de décision que le conseil régional a. Il va en avoir de
plus en plus. Maintenant, les services et les soins à domicile... Je
rejoins à ce point de vue les remarques fort intéressantes du
député de Sherbrooke; pour quelqu'un qui n'était pas
préparé, je pense qu'il nous a brossé un tableau
très intéressant de la situation dans sa région et qu'on
retrouve dans beaucoup de régions.
Si notre gouvernement met l'accent sur une modération des
dépenses dans les hôpitaux généraux, non seulement
on le fait parce que déjà on dépensait trop par rapport
à d'autres pays, à d'autres provinces, mais aussi parce qu'on
dépensait trop par rapport au peu qu'on dépensait dans les
centres d'accueil pour personnes âgées, dans les hôpitaux
pour malades chroniques, dans les soins à domicile.
Nous, comme gouvernement, on a changé les priorités. On a
dit: Notre priorité, ce sont les personnes âgées, les
personnes handicapées, ce sont les malades chroniques. Si bien qu'en
deux ans on a doublé le montant le budget pour les services
à domicile, qui était de $20 millions il y a deux ans
cette année on dépense $40 millions pour les services et les
soins à domicile. Quand le député de
Mégantic-Compton me dit: Est-ce qu'on a coupé sur les services
à domicile? Je dis: On n'a certainement pas coupé, on
dépense cette année $40 millions et on a augmenté de $10
millions cette année. Encore une fois, vous pouvez disputer sur la
gestion de tel ou tel directeur d'un conseil régional, d'un CRSSS, mais
je pense qu'il ne faut pas, non plus, saboter la crédibilité de
l'institution qui s'appelle un CRSSS. C'est important qu'il y ait un organisme
régional qui soit responsable de prendre des décisions au nom de
la population et s'ils prennent trop de mauvaises décisions, c'est
à la population, à la prochaine occasion, de se manifester lors
de l'élection, par exemple, des représentants au conseil
d'administration de ce conseil régional.
On a ce programme et pour la première fois le gouvernement essaie
sérieusement d'éliminer les déficits accumulés par
ses plans de redressement. Je fais remarquer que ce plan de redressement
financier des hôpitaux, il est accompagné d'une prime à la
bonne administration, c'est-à-dire qu'un hôpital qui va nous
démontrer par deux rapports financiers trimestriels six mois
d'administration qu'il vit à l'intérieur du plan de
redressement du nouveau budget, à ce moment-là, nous allons payer
une partie importante du déficit accumulé par l'hôpital.
C'est la première fois que cela se fait. On veut faire une distinction
quant aux hôpitaux où le conseil d'administration, les dirigeants
veulent se donner la peine de bien administrer l'hôpital. On veut
distinguer entre ceux-là ils vont avoir cette prime en
effaçant graduellement la dette et les autres qui sont mal
administrés. On prendra les mesures pour changer la gestion des autres
hôpitaux.
Finalement, M. le Président, sur cette question des plans de
redressement, pour nous c'est une question de priorité, de
clientèle prioritaire à desservir. Deuxièmement, c'est une
question d'équité et de justice parce que je rappelle que les
hôpitaux qui font des déficits, c'est la minorité des
hôpitaux. Le plus bel exemple que je peux donner, c'est l'hôpital
Saint-Joseph, chez vous dans votre comté, M. le député,
qui ne fait pas de déficit. Bravo! Il y en a des douzaines au
Québec qui ne font pas de déficit. Ces hôpitaux-là
n'ont pas à s'inquiéter. C'est une question de justice pour les
hôpitaux qui sont bien administrés. On veut mettre un terme
à la mauvaise administration dans un certain nombre
d'hôpitaux.
Une des deux dernières questions précises du
député concernait le CLSC Lotbinière. A la suite d'une
décision de la direction du conseil d'administration de ce CLSC, qui
amenait le congédiement de quelques médecins, il y a eu un
débrayage. Devant cela, le ministre a nommé un enquêteur.
Nous attendons, d'une semaine à l'autre le rapport. L'enquêteur
est sur place depuis environ quatre ou cinq semaines et le temps normal pour
une enquête, c'est quelques mois. Je pense qu'on devrait avoir le rapport
j'espère d'ici environ un mois.
La deuxième question sur des coupures dans les services à
domicile, j'y ai répondu. Il n'y a évidemment pas de coupures
dans les services et les soins à domicile puisque c'est une des
principales priorités du ministère des Affaires sociales.
En terminant, M. le Président, je remercie tous ceux qui ont
participé à cette question avec débat. Je remercie
principalement le député de Mégantic-Compton pour l'avoir
soulevée.
M. Grenier: M. le Président, je voudrais remercier le
ministre d'avoir accepté de venir débattre cette question. On a
tenté de faire le tour de plusieurs problèmes qui
sévissent au niveau du Québec. Je pense que cela a répondu
à un certain nombre de nos questions et cela nous permettra, bien
sûr, de donner un suivi en Chambre à l'occasion de la
période des questions sur d'autres problèmes qui ne sont pas
encore réglés. Vous me permettrez de remercier, bien sûr,
la délégation qui s'est déplacée pour venir voir
comment une commission parlementaire se déroulait. Soyez assurés
que sur les problèmes que j'ai soulevés ici principalement
le mien, dans ma région on donnera un suivi très attentif
et très à point à chaque semaine jusqu'à ce qu'on
ait vraiment réglé le fond du problème.
M. Lazure: Je peux assurer la population de
Mégantic-Compton, M. le Président, qu'elle est très bien
défendue par son député, sur ce dossier précis, en
tout cas.
Le Président (M. Blank): Merci. La commission permanente
des affaires sociales ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 13