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Etude du projet de loi no 103
(Vingt-trois heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Jolivet): La commission des affaires
sociales est réunie, à cette heure tardive, pour étudier
le projet de loi 103, article par article.
Les membres de cette commission sont: M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Gosselin (Sherbrooke),
M.Gravel (Limoilou), M. Grenier (Mégantic-Compton) remplacé par
M. Le Moignan (Gaspé); M. Lavigne (Beauharnois) remplacé par M.
Alfred (Papineau); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel
(Richelieu), M. Paquette (Rosemont), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Shaw
(Pointe-Claire).
Mme Lavoie-Roux: ... le député de D'Arcy McGee, il
s'en vient, par exemple.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais parmi les
intervenants, M. Forget (Saint-Laurent) est remplacé par M. Goldbloom
(D'Arcy McGee).
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai fait l'inverse.
Le Président (M. Jolivet): Au moment où nous avions
ajourné nos travaux, nous en étions à l'article 15. Nous
avions des amendements. Maintenant, à la demande du ministre qui veut
s'exprimer sur les amendements qu'il a distribués, je peux lui laisser
la parole.
Amendements
M. Lazure: M. le Président, j'ai cru, pour
l'efficacité de nos travaux qu'il sera utile de distribuer ce
qu'on vient de faire la série d'amendements que nous proposons
pour l'ensemble du projet de loi 103. Peut-être serait-il commode que les
gens veuillent bien d'abord prendre connaissance des amendements... ou
retourner au tout début du projet et les adopter un par un.
Le Président (M. Jolivet): En fait, j'ai regardé
les amendements. Le premier s'insère après l'article 4 qui est
déjà adopté. Vous avez l'insertion suivante:
Insérer après l'article 4 du projet de loi le suivant: 4a.
L'article 29 de ladite loi est modifé par le remplacement du premier
alinéa qui est le suivant...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cela ne vous fait
rien...
Le Président (M. Jolivet): Oui, je vais le lire pour les
besoins du journal des Débats. Cela va?
Mme Lavoie-Roux: Après l'article 4, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. "29. Le conseil
d'administration de tout conseil régional peut, par règlement,
établir un comité administratif et déterminer les
fonctions, pouvoirs et devoirs de ce comité." C'est cet article 4a qui
s'ajouterait à l'article 4 déjà adopté. Ce serait
un amendement.
M. Lazure: Si vous me permettez une explication. C'est une
suggestion qui nous a été faite par l'Association des
hôpitaux. Il existe actuellement dans la loi l'obligation pour le conseil
d'administration de chaque établissement et les conseils
régionaux de mettre sur pied un comité administratif. Or, dans la
pratique, on se rend compte que dans plusieurs établissements, ce n'est
pas vraiment nécessaire ou même utile. C'est pour cela qu'on
propose de profiter de l'occasion de ces amendements au projet de loi 103 pour
modifier et rendre facultatif le comité administratif.
Le Président (M. Jolivet): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais qu'on puisse suspendre quelques
minutes pour examiner l'ensemble des amendements. D'ailleurs...
M. Forget: A moins que le ministre ne veuille donner une
explication.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Oui, je préfère donner l'explication au
fur et à mesure.
Mme Lavoie-Roux: II me demande de parler, c'est pour cela...
M. Lazure: M. le député de Saint-Laurent est bien
au courant du sens de l'amendement. Encore une fois, le comité
administratif, c'est un peu comme l'exécutif de chaque
établissement. Le principe...
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'en comprends le sens. C'est parce qu'il
me demande de me prononcer là-dessus. Je veux me prononcer sur
l'ensemble avant de voir comment on va procéder.
M. Lazure: Ah!
Le Président (M. Jolivet): Quand vous dites sur
l'ensemble...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais avoir des explications sur
l'ensemble des amendements, ce qu'ils comportent.
Le Président (M. Jolivet): Ah bon! Je pensais...
M. Forget: On ne demandait pas le droit de parole sur chacun des
articles.
Mme Lavoie-Roux: On ne demandait pas le droit de parole...
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Je pensais qu'on y
allait, article par article...
M. Lazure: Vous voulez des explications, article par article,
avant d'engager le débat?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Forget: Ce serait très utile, parce que cela nous
permettrait, dans le contexte...
M. Lazure: Oui, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Donc...
M. Lazure: Pour le premier, cela va, c'est clair?
Le Président (M. Jolivet): D'accord, M. le ministre.
Article 12.
M. Lazure: L'article 12... Je vais le lire et ensuite on pourra
l'expliquer. "Le plan d'organisation d'un centre hospitalier doit, en outre,
comprendre un programme...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le ministre.
Pour les besoins du journal des Débats, pour qu'on n'ait pas besoin de
le répéter, je peux le lire en le faisant selon la formule du
journal des Débats, si vous le voulez.
M. Lazure: Si vous le voulez.
Le Président (M. Jolivet): L'article 12 serait
amendé de la façon suivante: L'article 43b de la loi
édictée par l'article 12 du projet de loi est remplacé par
le suivant: "43b. Le plan d'organisation d'un centre hospitalier doit, en
outre, comprendre un programme de services cliniques qui prévoit la
formation de départements cliniques, les services cliniques offerts par
chacun d'eux ainsi que les effectifs médicaux et dentaires
nécessaires à leur fonctionnement. "Le programme de services
cliniques est préparé par le conseil des médecins et
dentistes et soumis, pour acceptation, au conseil d'administration du centre au
plus tard le 1er mars de chaque année. "Le centre hospitalier transmet
au ministre, au plus tard le 1er avril de chaque année, le programme de
services cliniques et lui fait part de son acceptation ou de son refus, auquel
cas il lui communique également des motifs de son refus. "Le ministre
peut modifier, après consultation du conseil régional
concerné, ce programme de services cliniques en tenant compte des
besoins de la population, des ressources disponibles, de la vocation du centre
hospitalier, des besoins d'innovation et des services cliniques offerts dans
d'autres établissements. Toutefois, une telle modification ne peut avoir
pour effet de réduire les effectifs médicaux et dentaires
prévus par le plan d'organisation de l'année
précédente. "Lorsque le ministre modifie le programme de services
cliniques, il transmet au centre hospitalier une décision écrite
et motivée dans les soixante jours de la réception du programme.
Une telle décision lie le centre hospitalier."
M. le ministre, les explications.
M. Lazure: Si vous le voulez, on peut passer, paragraphe par
paragraphe, pour vous indiquer ce qu'on a introduit de nouveau ou ce qu'on a
modifié. Au premier paragraphe, on a rendu plus explicite... Au lieu de
parler seulement de départements cliniques, on parle aussi de services
cliniques.
Dans le deuxième paragraphe, on introduit une date, une
chronologie. Il faut se rappeler que les futurs spécialistes en
particulier entrent sur le marché du travail le 1er juillet de chaque
année. Alors, la chronologie que nous proposons, mars et avril, et
ensuite deux mois au maximum, nous permettrait d'avoir des délais
convenables.
Au troisième paragraphe, le centre hospitalier, avril, un mois
plus tard... Ici, c'est assez important: ... "lui fait part de son acceptation
ou de son refus, auquel cas il lui communique également les motifs de
son refus." S'il y avait dans un hôpital donné une impasse entre
le conseil des médecins et le conseil d'administration, à ce
moment, les deux plans seraient acheminés au ministère avec,
cependant, de la part du conseil d'administration, les motifs du refus, s'il y
a refus. Evidemment, s'il y a deux plans, c'est qu'il y a eu refus, c'est qu'il
y a eu impasse.
Au paragraphe suivant, il y a aussi un changement important: "Le
ministre peut modifier"... Dans le texte initial, on parlait de l'approbation
du ministre. C'est une formule qui nous paraît plus souple, "modifier"...
On introduit aussi les programmes cliniques, après consultation du
conseil régional concerné. Donc, une fois les plans parvenus au
ministère, le ministre les fait parvenir au conseil régional de
chaque région pour consultation. Un peu plus loin dans le paragraphe, on
ajoute le concept des besoins d'innovation. C'est une préoccupation qui
nous a été exprimée par des groupes. On a cru que
c'était légitime; c'est qu'avec le plafonnement des effectifs
dans certains services cliniques, certains départements, il y a un
risque d'absence de sang nouveau pendant un certain temps. Ce concept, besoin
d'innova tion, est un critère nouveau que l'hôpital pourrait faire
valoir pour demander une augmentation d'effectifs dans tel ou tel service. Un
autre concept qui apparaît dans la phrase "des services cliniques offerts
dans d'autres établissements, on s'est rendu compte aussi, par les
discussions, qu'il y a des hôpitaux qui fournissent actuellement des
services à d'autres établissements. Il peut s'agir d'un centre
d'accueil, il peut s'agir d'un hôpital d'une autre région.
La dernière phrase, "toutefois, une telle modification ne peut
avoir pour effet de réduire les effectifs médicaux", c'est aussi
un changement important, parce que cela veut dire finalement qu'il s'agit d'un
gel sur les effectifs actuels, sauf s'il y a
consentement des parties dans l'hôpital pour demander une
réduction. Autrement, si l'hôpital ne demande pas une
réduction, il s'agit d'un gel. Finalement, le dernier paragraphe, c'est
le délai de 60 jours. S'il n'y a pas de réponse du ministre au
bout de 60 jours, c'est une approbation passive. Il n'y a pas eu de
modification. C'est le concept de "modification" plutôt que
d'"appro-bation".
Le Président (M. Jolivet): L'article 13. Paragraphe a):
Supprimer, dans la première ligne du premier alinéa de l'article
44 de la loi édicté par le paragraphe a) de l'article 13 du
projet de loi, le mot "céder"; b) remplacer le troisième
alinéa de l'article 44 de la loi édicté par le paragraphe
b) de l'article 13 du projet de loi par les suivants: "Le premier alinéa
s'applique également à l'aliénation ou à la
location, en tout ou en partie, d'un immeuble ayant été
utilisé comme établissement. "Toutefois, l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil n'est pas nécessaire pour les travaux
de construction ou de transformation ni pour la signature de baux dont la
valeur ou le loyer total est à l'intérieur des limites
financières fixées par le règlement. L'autorisation
écrite du ministre suffit dans de tels cas".
M. Lazure: Je vais demander à Mme Demers... J'ai un blanc
pour le mot "céder" dans le premier paragraphe. Pourriez-vous
expliquer?
Cela nous avait été demandé à la
dernière réunion. On a expliqué ce que voulait dire le mot
"céder". Alors, on l'a enlevé aux premier et troisième
alinéas. On disait, dans le projet de loi qu'on étudie
actuellement, que la cession comprenait... On disait que la cession d'un
établissement comprenait l'aliénation de location d'un immeuble.
On a enlevé "céder" dans le premier alinéa et on a inscrit
que le premier alinéa, c'est-à-dire l'exigence d'un
arrêté en conseil "s'applique également à
l'aliénation de la location en tout ou en partie d'un immeuble ayant
été utilisé comme établissement". Peut-être
que cela circonscrit davantage par rapport au texte qu'on avait avant. Cela
vise deux choses: Premièrement, les propriétés des
établissements publics qui n'ont jamais été
utilisées comme établissements peuvent être
cédées sans l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil.
Cela permet aussi de régler les cas de Thérèse Martin, le
procès qu'il y a eu à Montréal, au sujet d'un
établissement qui a été utilisé comme
établissement et qui n'a pas demandé son permis d'exploitation;
le 31 décembre, il y a eu un jugement qui disait: Vu qu'ils n'ont plus
de permis d'exploitation, ce n'est plus un établissement et ils peuvent
céder l'immeuble maintenant sans l'autorisation de qui que ce soit.
Alors, en inscrivant que, si cela a déjà été
utilisé comme établissement, cela prend un arrêté en
conseil, cela devrait régler ce genre de problème.
Le Président (M. Jolivet): L'article 23a.
M. Lazure: L'article 23... Excusez-moi...
Le Président (M. Jolivet): Je vais le lire. Ce n'est pas
grave. Insérer, après l'article 23 du projet de loi, le suivant:
"23a. L'article 61 de ladite loi est remplacé par le suivant: 61. Le
conseil d'administration de tout établissement public peut, par
règlement, établir un comité administratif et
déterminer les fonctions, pouvoirs et devoirs de ce comité."
M. Lazure: C'est de rendre facultatif le comité
administratif pour l'établissement; tantôt, c'était pour le
conseil régional.
Le Président (M. Jolivet): Les articles 28 et 29:
"Supprimer les articles 28 et 29 du projet de loi." Ils s'expliquent par
eux-mêmes, mais il reste à savoir pourquoi.
M. Lazure: Un mot d'explication pour les membres de la commission
au sujet des articles 28 et 29. Il s'agit des articles concernant les
conversions de vocation ou les fusions. Alors, nous laissons tomber
complètement ces deux articles. (23 h 30)
Le Président (M. Jolivet): L'article 31. Le sixième
alinéa de l'article 92a de la loi édicté par l'article 31
du projet de loi est remplacé par le suivant: "Tout refus de candidature
doit être motivé et se fonder sur des critères de
qualification, de compétence scientifique ou de comportement du
médecin ou du dentiste et tenir compte des effectifs médicaux et
dentaires visés dans le proramme de service clinique du plan
d'organisation du centre hospitalier."
M. Lazure: C'est une concordance avec l'article 12, les
critères d'acceptation de médecins et dentistes.
Le Président (M. Jolivet): L'article 49. Ajouter, à
la fin de l'article 134 de la loi édicté par l'article 49 du
projet de loi, l'alinéa suivant: "Toutefois, si le ministre estime que
les besoins de la région le justifient, il peut conclure un contrat ou
une convention visés dans les articles 133 ou 134 avec un
établissement privé qui n'est pas visé dans le premier
alinéa."
M. Lazure: II s'agit d'établissements privés
où on laisserait la possibilité dans certains cas, dans certaines
régions où les services sont particulièrement en
pénurie, de financement de nouveaux établissements
privés.
Le Président (M. Jolivet): Le dernier amendement, à
l'article 54a. Insérer, après l'article 54 du projet de loi, le
suivant: "54a. Les médecins et dentistes membres du Conseil des
médecins et dentistes d'un centre hospitalier le (insérer ici la
date du dépôt du projet de loi no 103) sont réputés
constituer les effectifs médicaux et dentaires prévus par le plan
d'organisation de ce centre pour la période précédant le
1er mai 1979."
M. Lazure: Ici aussi, c'est une concordance. C'est une
façon d'établir le plancher des effectifs actuels qui constituent
le premier plan.
Le Président (M. Jolivet): Donc, c'est l'ensemble des
amendements proposés. Au fur et à mesure qu'ils reviendront, je
n'aurai pas besoin de les répéter compte tenu...
Mme Lavoie-Roux: Ils font partie du projet de loi maintenant.
Le Président (M. Jolivet): Nous revenons à
l'article 4, avec l'insertion de l'article 4a après l'article 4 du
projet de loi.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, on me signale qu'on ne peut
pas régulièrement revenir à l'article 4 parce qu'il y
avait déjà en suspens une motion qui était débattue
relativement à l'article 15.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Est-ce qu'on pourrait, pour commodité, par
consentement...
Une Voix: Faire une motion de suspension.
M. Lazure: Oui, une motion de suspension et on reprendra le
débat quand on arrivera à l'article.
Le Président (M. Jolivet): Si l'on s'entend sur la
façon de le faire, à ce moment-là, cela réglerait
le problème.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas d'objection. Je me souviens que le
député de Rosemont était là et il était
activement engagé dans la discussion, si ma mémoire est
bonne.
M. Lazure: Mais on était d'accord essentiellement avec
vous autres sur ce point.
Mme Lavoie-Roux: Mais nous en étions à reformuler
quelque chose.
M. Lazure: C'est cela, oui.
Mme Lavoie-Roux: Où nous passez-vous?
Le Président (M. Jolivet): Selon ce qu'on vient maintenant
de convenir tous ensemble, revenons à l'article 4 et à
l'amendement 4a.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, avant de commencer
à discuter de l'article 4a, comme c'est un nouvel article et que les
remarques que je vais faire s'adressent tout autant à ce premier article
qu'aux autres qui suivent, j'aimerais proposer au ministre... En particulier,
ce qui me frappe davantage, le contenu de l'article 12 et les modifications
importantes qui ont été apportées, compte tenu de l'heure
et de la fatigue, j'aimerais demander au ministre s'il accepterait que nous
ajournions le débat. Je pense que nous sommes convoqués à
nouveau lundi après-midi, après la période des
questions.
Pour nous, c'est quand même important cet article, en
particulier.
M. Forget: En particulier.
M. Lazure: On peut se rendre à l'article 12,
peut-être. C'est juste par économie de temps. Si on pouvait faire
un petit bout.
M. Forget: M. le Président, je ne veux pas prendre plus de
temps qu'il n'en faut, mais il reste qu'il y a dans cette nouvelle formulation
d'un certain nombre d'articles deux ou trois malgré tout,
des orientations qui sont substantiellement nouvelles par rapport au projet de
loi. On voudrait les regarder dans leur ensemble plutôt qu'à la
pièce, de manière à pouvoir vraiment analyser l'ensemble
de la situation relativement au projet de loi lui-même, peut-être
faire quelques consultations. Il nous semble que nous sommes en face d'un texte
vraiment substantiellement différent. Il est difficile, à cette
heure, de se plonger dans ce débat. Cela pourrait toujours se faire,
à la limite, mais il reste que cela aiderait le débat. De toute
façon, pour ce qui reste de temps d'ici à minuit.
M. Lazure: Je n'ai pas d'objection. Pour ne pas trop se
formaliser, je proposerais, pour épargner du temps pour lundi prochain,
de vous distribuer les amendements du projet de loi 84 aussi, de sorte
que...
Mme Lavoie-Roux: Si vous les envoyez lundi matin, d'accord, on
aura le temps.
M. Lazure: Non, maintenant. Mme Lavoie-Roux: Vous les
avez?
M. Lazure: On a le texte. Il resterait à les faire
photocopier, toujours dans le souci d'économiser...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Lazure:... vous pourrez les consulter en fin de semaine, ou
faire de la lecture de chevet.
Le Président (M. Jolivet): Je pourrais vous
suggérer ceci, compte tenu de ce qui se passe...
M. Lazure: Je pourrais aussi, pour terminer, faire pour le projet
de loi 84 ce qu'on a fait pour le projet de loi 103, donner les explications de
façon informelle.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Représentants des groupes du milieu
Le Président (M. Jolivet): Sauf que, jusqu'à ce
que les photocopies arrivent, je vous suggérerais, compte tenu
qu'on semblait ne pas vouloir faire la discussion des amendements tels qu'ils
sont là, je vous suggérerais de revenir et de s'entendre sur
l'amendement de l'article 15. On pourrait formuler le texte...
M. Lazure: Oui, on était bien partis.
Le Président (M. Jolivet): ... à ce moment, on
réglerait au moins cela.
Mme Lavoie-Roux: C'était...
Le Président (M. Jolivet): C'était "sur
recommandation du CRSSS de la région..."
Mme Lavoie-Roux: Je pense que si ma mémoire...
Le Président (M. Jolivet): ... après consultation
du conseil régional des services de santé et...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux bien parler
d'unanimité, mais...
Le Président (M. Jolivet): Non, je ne parlais pas
d'unanimité, je disais où on en était rendu.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord. Les autres pourront me corriger,
parce qu'il s'est écoulé au moins 48 heures, et beaucoup de
choses entretemps. Je pense en particulier au député de Rosemont.
Il y avait le député de Mégantic-Compton aussi qui avait
passablement émis son opinion là-dessus. Il ne voulait surtout
pas que ce soit limité au conseil régional de la santé et
des services sociaux. J'étais d'accord avec lui que cela s'étende
aussi aux groupes socio-économiques, aux deux.
M. Lazure: Les deux, oui.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, où il y avait divergence
d'opinions, c'était sur le terme "recommandation" plutôt que
"consultation". L'objection qu'on me faisait de part et d'autre, c'était
qu'évidemment... il est exact que, quand je limitais cela au conseil
régional de la santé, par hypothèse, il aurait pu arriver
que vous soyez limités à un ou deux noms. A ce moment, vous
n'auriez pas vraiment eu le choix. Dès le moment où on
l'étend aux groupes socio-économiques, je pense que ce même
risque de deux noms ne peut arriver. C'est dans ce sens que je tiendrais aux
termes "sur recommandation" plutôt qu'"après consultation". Enfin,
je suis prête à entendre le ministre là-dessus.
M. Lazure: Je pense que le risque est amoindri, mais il est
encore là. Il y a des régions où les groupes
socio-économiques sont peu nombreux ou s'y intéressent peu. On
pourrait risquer aussi, dans un autre ordre d'idées, qu'il y ait une
espèce d'entente entre un groupe économique et le
CRSSS pour qu'il y ait seulement deux noms. Je pense qu'il est difficile
de se lier à l'avance, et c'est ce que ferait l'espression "sur
recommandation". Même si cela arrivait occasionnellement, il me semble
qu'il est plus dans les règles habituelles de parler de
consultations.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire et ce n'est
certainement pas un reproche que je veux adresser au ministre des Affaires
sociales qui est devant moi que, par expérience, non pas au
ministre des Affaires sociales, mais déjà, depuis que ce
gouvernement est au pouvoir, dans le domaine de l'éducation, on a
été consulté, et je l'ai été aussi dans le
passé, sous l'ancien gouvernement. Finalement, c'est une
formalité. Je l'avais expérimenté sous l'ancien
gouvernement. Je ne veux pas impliquer un plutôt que l'autre. Je l'ai
encore expérimenté, au ministère de l'Education. C'est
pour cela... Enfin, si on veut le laisser à l'état de
formalité, je ne demanderai pas de vote enregistré, mais je
trouve que c'est assez... cela ne veut pas dire grand-chose, à toutes
fins pratiques.
M. Lazure: Ecoutez, pas selon notre expérience. Je pense
que la consultation est plus qu'une formalité dans des cas comme
ceux-là, mais, encore une fois, cela nous paraît aller
au-delà de l'esprit de nos règles habituelles que de parler de
recommandation.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la question ou est-ce qu'on passe au vote?
M. Lazure: J'aimerais savoir si, en ajoutant l'expression
"après consultation des groupes socio-économiques et du conseil
régional de la région concernée", on laisserait ou on
enlèverait, à ce moment-là "choisis par la population du
territoire desservi."
Je pense que dans le cas des CLSC, il faut le laisser. C'était,
à l'origine, un esprit un peu spécial pour les CLSC. Je
préfère le laisser. Voyez-vous un inconvénient?
On dit bien ici "la population" et non pas "les usagers",
comparativement à ce qu'on fait pour d'autres habituellement. Je veux
qu'on en soit bien conscient.
Je pense que c'était voulu à l'origine, dans le cas des
CLSC.
M. Forget: C'est une nuance, remarquez. M. Lazure: Pas
majeure, mais...
M. Forget: C'est pour éviter qu'une nomination, j'imagine
bien, soit viciée par le fait qu'on n'aurait pas fait la preuve que la
personne a reçu des services avant d'être nommée, ce qui
est, dans le fond, souvent impossible, dans le cas d'un nouvel
établissement, par exemple.
M. Lazure: Le concept d'usager est difficile à cerner.
Mme Lavoie-Roux: Ecoutez, il n'y a pas de motion sur la table, de
toute façon.
Le Président (M. Jolivet): Oui, il y a la vôtre.
Mme Lavoie-Roux: II y a la nôtre. De toute façon,
pour celle-ci, j'avais informellement accepté une espèce
d'amendement pour y ajouter les groupes socio-économiques; tout le monde
s'entendait là-dessus. Pour montrer ma collaboration au ministre, je
suis prête à sacrifier le mot "recommandations". J'ai quand
même voulu sensibiliser les gens autour de cette table. Je pense que je
n'avais pas besoin de le faire. Cela a une portée extrêmement
limitée, en pratique.
M. Lazure: Je remercie le député de L'Acadie pour
sa bonne collaboration.
Le Président (M. Jolivet): L'amendement se lirait comme
suit: "Après consultation des groupes socio-économiques et du
conseil régional des services de santé et services sociaux de la
région concernée."
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'amendement à
l'article 15 est adopté.
Mme Lavoie-Roux: Une minute.
M. Forget: Enfin, pour ce qui est de l'amendement, il n'y a pas
de problème. Il y a une autre objection sur un autre point.
Le Président (M. Jolivet): Sur un autre point de
l'article. D'accord. Allez.
M. Lazure: Excusez, monsieur. Pour les groupes
socio-économiques, on devrait peut-être garder la même
formulation qu'on a dans les autres articles, parce que, autrement, c'est quel
groupe socio-économique?
Mme Lavoie-Roux: Dans l'article suivant... Le Président
(M. Jolivet): D'accord. M. Lazure: Les plus
représentatifs.
Le Président (M. Jolivet): Les plus représentatifs
du territoire desservi par le centre...
M. Lazure: Et après cela, du conseil régional
concerné, parce que le conseil régional concerné, c'est ce
qu'on a partout dans la loi.
Le Président (M. Jolivet): Donc, cela fait la concordance
avec les textes. Je le relis pour les besoins du journal des Débats.
"Après consultation des groupes socio-économiques les plus
représentatifs du territoire desservi par le centre et du conseil
régional concerné."
M. Forget: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Saint-Laurent.
M. Forget: Cet article 15, comme d'ailleurs l'article 16 qui
suit, introduit une modification dans la procédure de nomination, en
substituant le ministre au lieutenant-gouverneur en conseil.
Sur le plan de la substance, pour quiconque est familier avec la
procédure de préparation des arrêtés en conseil, il
n'y a pas de différence. Bien sûr, je ne pense pas qu'il y ait
d'exemples, que de tels arrêtés en conseil fassent l'objet de
débat au Conseil des ministres. Ils sont signés automatiquement.
Cela va dans la machine administrative du secrétariat
général de l'exécutif sans qu'on n'en entende plus parler.
Donc c'est toujours le ministre qui, effectivement, prend la
décision.
Il y a cependant une différence de forme qui peut avoir son
importance. En effet, les arrêtés du Conseil des ministres
constituent le seul format qui existe à l'heure actuelle pour
officialiser une décision gouvernementale, de façon absolument
formelle, lui donner une date et un contenu précis et pouvoir le faire
dans une forme où elle est retrouvable facilement, si on a besoin d'y
référer, parce qu'il y a un registre de ces décisions.
Quand on dit "le ministre peut nommer" et on ne dit même pas "par
écrit", cela veut dire essentiellement qu'un ministre peut, lors d'une
visite dans un établissement, lorsqu'il constate une carence au conseil
d'administration, suite à un décès ou une
démission, nommer verbalement une personne pour faire partie du conseil
d'administration. Et cet acte serait complètement légal. Il y
aurait bien sûr des difficultés de preuve et c'est là
l'objet de mon objection. Il faudrait prouver, par témoins,
l'affirmation verbale du ministre. Il y a peut-être des cas, l'immense
majorité des cas où cela n'a pas d'importance mais cela
introduit, malgré tout, dans le processus de nomination, un
élément incontrôlable qui ouvre la porte à des
contestations, puisqu'il faut bien voir que le conseil d'administration auquel
siégeront des gens nommés ainsi, pourra prendre des
décisions qui, à leur tour, feront l'objet de contestations. (23
h 45)
Un des arguments qu'on pourra vouloir contester, qu'il s'agisse de
contester la validité d'un bail, d'une nomination, d'un
congédiement, ce sera de contester la validité de la nomination
de telle ou telle personne qui était présente, peut-être
à une majorité de cinq contre quatre, à un conseil
d'administration. On cherchera partout et on dira: Celui-là a
été nommé par le ministre. Où est sa nomination?
Où est-elle consignée? On sait que parfois, une lettre peut se
perdre. Cela n'a même pas besoin d'être fait par lettre. Cela peut
être impliqué dans une remarque incidente dans une lettre du
ministre, alors qu'on ne veut pas vraiment en faire une nomination, mais qu'on
suggère seulement un nom pour considération.
Tout cela m'amène à poser la question. Je comprends le
ministre qui veut éviter des compli-
cations inutiles, mais en voulant éviter Charybde on tombe
parfois dans Scylla. J'ai l'impression que pour que le processus de
décision ministérielle soit accepté dans nos lois, il
faudrait que dans la loi de l'exécutif, les ministères soient,
par exemple, obligés de tenir un registre des décisions
ministérielles, ce qui n'est pas le cas, cela n'existe pas. C'est la
seule raison qui me fait apporter un doute là-dessus. J'ai vécu
l'expérience. Je sais que cela ajoute parfois un mois à une
décision qui déjà tarde souvent, un mois qu'on trouve
inutile, mais sa seule utilité, c'est d'officialiser l'acte.
Je pense que pour cette raison... Etant donné que, de toute
façon, ce n'est qu'un retard, ce n'est qu'une formalité pour
laquelle toute l'administration est rodée depuis longtemps, je me
demande si on a vraiment intérêt, je l'ai fait dans un seul cas,
dans mon expérience. Cela a été pour supprimer
l'approbation par le lieutenant-gouverneur en conseil de la liste des
médicaments. La liste des médicaments, c'est une brique, comme un
bottin téléphonique. C'était très crucial que la
liste soit le plus à jour possible. Le mois de différence entre
mon approbation et la formalisaton par arrêté en conseil faisait
qu'il fallait préparer la liste un mois plus tôt, donc avoir des
prix, etc. qui s'étendaient sur un horizon beaucoup plus long. Cela
provoquait des difficultés dans la fabrication de la liste. A part cette
circonstance, je n'en vois pas d'autre pour laquelle la rapidité de la
décision primerait sur la perte de certitude dans la preuve de l'acte
posé. Je pense que pour cette raison, je conseillerais je n'en
fais pas une question de vie ou de mort au ministère de repenser
cette question, parce que cela peut causer des difficultés.
M. Lazure: M. le Président, après les remarques
pertinentes du député de Saint-Laurent... De toute
évidence, on aurait dû mettre par écrit, comme minimum, et
je pense que cela va de soi qu'il faut que ce soit par écrit, une telle
nomination. D'autre part, c'est un effort concerté de la part des
ministères que de vouloir alléger cette machine qui doit passer
et qui émane du secrétariat général du Conseil
exécutif. Cela ne s'améliore pas. Vous parlez d'un mois et
parfois c'est un moi et demi. Je tiendrais et on s'est donné le mot, les
ministères, ensemble, je le répète, pour essayer...
J'ouvre une parenthèse, je voyais, il y a une semaine, en
Colombie-Britannique, on a créé littéralement un
ministère nouveau pour éliminer la paperasserie.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a personne qui va vouloir travailler
là.
M. Forget:: On pourrait faire des prévisions
intéressantes sur les résultats que cela va donner.
M. Lazure: C'est cela. Cela va être plus, finalement.
Sérieusement, je tiendrais à garder, tout en ajoutant je
remercie le député de Saint-Laurent de nous avoir fait la
remarque par écrit; je pense qu'à partir du moment
où ce sera par écrit, bien sûr, ce ne sera pas un registre
aussi officiel que celui de l'exécutif, mais quand même, il y a un
tas de décisions importantes qui sont prises par les ministres et qui ne
sont pas consignées dans les dossiers des établissements par une
correspondance quand même officielle.
M. Forget: Je suis d'accord si le ministre prend cette position.
Il dit que cela reflète une orientation générale. Je
l'inviterais, cependant je n'insisterai pas plus que cela
là-dessus à administrativement créer au sein du
secrétariat du ministère un registre, de manière que ces
lettres soient numérotées, qu'elles puissent être
retracées et qu'il y ait un index des nominations par
établissement, etc.
M. Lazure: C'est cela, oui.
M. Forget: De manière à pouvoir s'y retrouver,
parce que cela prouvera son utilité un jour.
M. Lazure: Oui, je pense qu'effectivement c'est ce qu'il faudra
faire. Je remercie le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre, si je comprends bien, suggère
d'écrire "par écrit" pour formaliser cela.
M. Lazure: C'est cela, oui.
Le Président (M. Jolivet): Donc "deux personnes
nommées pour deux ans".
M. Lazure: Nommées par écrit.
Le Président (M. Jolivet): Nommées par écrit
par le ministre.
M. Forget: Oui.
M. Goldbloom: Un seul commentaire, M. le Président. Nous
venons d'adopter en commission parlementaire le projet de loi du ministre de
l'environnement et, dans ce projet de loi, le ministre est obligé de
tenir un registre de plusieurs choses. Il y a un article de la loi qui dit que
le ministre doit tenir un registre de cinq ou six choses
différentes.
Le Président (M. Jolivet): Donc, je reprends, pour les
besoins du journal des Débats. Il y a deux amendements: celui que nous
avons adopté tout à l'heure: "après consultation..." et le
reste, et ce nouvel amendement qui a été adopté: "Deux
personnes nommées pour deux ans, par écrit..."
Mme Lavoie-Roux: Nommées par écrit pour deux
ans.
M. Lazure: "Par écrit" tout de suite après
"nommées".
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Après le mot
"nommées", les mots "par écrit".
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): "pour deux ans, par le
ministre, et choisies..." le reste étant le même.
Mme Lavoie-Roux: Les mots "par écrit" entre virgules.
Le Président (M. Jolivet): Oui, oui. Par écrit...
L'article 15, tel que modifié par les deux amendements, est-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 16. Pour les besoins
de la cause, on avait dit, la dernière fois qu'on allait faire la
même correction que celle qu'on vient de faire à l'article 15.
"Deux personnes nommées, par écrit..."
Une Voix: Virgule.
Le Président (M. Jolivet): ", pour deux ans par le
ministre, après consultation des groupes socio-économiques les
plus représentatifs du territoire desservi par le centre", et on avait
proposé d'ajouter "et du conseil régional concerné".
Donc, le point-virgule et les guillemets sont enlevés, ainsi que
le point, tout cela remplacé par "et du conseil régional
concerné;".
Il y a deux amendements qui sont adoptés par concordance.
L'article 16 est maintenant en discu-sion. S'il n'y a pas de discussion, est-ce
qu'on l'adopte?
M. Lazure: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté, tel
qu'amendé. Vous allez me permettre d'inscrire mes petites initiales.
M. Lazure: Est-ce que les copies s'en viennent?
Le Président (M. Jolivet): On peut faire une chose,
entreprendre l'article 17, ou encore, ajourner.
M. Lazure: J'aurais pu le lire et vous faites des commentaires.
C'est plus court.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le texte est
épais? Si vous avez une copie, je peux la lire. Mais nous allons
dépasser minuit.
Mme Lavoie-Roux: II y en a bien plus que pour...
Le Président (M. Jolivet): Je pense que ce serait plus
simple de le donner à chacun.
M. Lazure: On va vous le distribuer dans deux minutes,
aussitôt qu'il sera arrivé. On peut ajourner.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous ajournons sine
die.
Fin de la séance à 23 h 54