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Étude du projet de loi no 84
(Dix heures vingt minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre, madame,
messieurs!
La commission des affaires sociales est réunie pour poursuivre
l'étude du projet de loi 84, Loi modifiant la Loi de l'assurance-maladie
et d'autres dispositions législatives.
Les membres de la commission sont M. Goldbloom (D'Arcy McGee)
remplacé par M. Forget (Saint-Laurent); M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Gravel (Limoilou) remplacé par M. Desbiens (Dubuc), M. Grenier
(Mégantic-Compton), M. Lavigne (Beauharnois) remplacé par M.
Alfred (Papineau); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Lazure (Chambly), M. Martel
(Richelieu) remplacé par M. Marquis (Matapédia); M. Paquette
(Rosemont) remplacé par M. Mercier (Berthier); M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Shaw (Pointe-Claire).
Les intervenants sont M. Couture (Saint-Henri), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Marcoux (Rimouski), M. Marois
(Laporte), M. Roy (Beauce-Sud).
Nous en étions à l'article 46.
Renseignements (suite)
M. Lazure: M. le Président, si vous permettez, on peut
revenir à l'article 39 qui amende l'article 52. Suite aux discussions
d'hier, nous avons un nouveau libellé à présenter.
Le Président (M. Marcoux): L'article 39.
M. Lazure: Les copies s'en viennent, elles arrivent. Cela se
lirait comme suit: C'est le troisième alinéa, la transmission des
données par la régie. "La régie peut aussi, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil et selon les conditions
qu'il détermine, transmettre à un établissement qui
utilise pour ses fins administratives le numéro d'assurance-maladie, les
noms, prénoms, date de naissance, sexe et adresse des
bénéficiaires de cet établissement ainsi que leur
numéro d'assurance-maladie. "Elle peut également, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur et selon les conditions qu'il
détermine, transmettre les mêmes renseignements aux
ministères ou organismes suivants du gouvernement du Québec:
ministère des Affaires sociales, ministère des Transports,
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
ministère de l'Éducation, ministère de l'Immigration,
ministère du Revenu, Régie des rentes, Régie de
l'assurance automobile, Commission des accidents du travail et Commission du
salaire minimum. "Un tel établissement, un tel ministère et tel
organisme ne peuvent divulguer à toute autre personne les renseignements
ainsi obtenus."
Je pense que par cet amendement nous resserrons le texte
antérieur de beaucoup. Cela peut nous causer des problèmes
pratiques de retourner par un amendement à la loi si un autre organisme
non énuméré ici ou un autre ministère non
énuméré ici veut recourir aux services de la régie,
mais pour rassurer tout le monde, je pense qu'il vaut la peine de s'imposer cet
inconvénient relativement mineur.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a des
commentaires? Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais, pour le
journal des Débats, que dans chacun des cas je fais abstraction
du premier paragraphe; dans le deuxième, dans la liste de
ministères on nous indique à quelles fins on demande ces
renseignements, excepté le ministère des Affaires sociales,
évidemment, en partant du ministère des Transports.
M. Lazure: Dr Laberge, brièvement.
Je vais laisser dire un mot à M. Mockle. On a ajouté les
mots "numéro d'assurance-maladie", même si le nom, le
prénom et la date de naissance constituent déjà le
numéro. On l'a ajouté quand même pour être
très spécifique. On a ajouté, à la fin, "de ne pas
le divulguer à d'autres", tel qu'il avait été convenu
hier. On a mis le mot "règlement" et après cela on l'a
enlevé. Je vous le dis sincèrement, parce que, suite aux
commentaires que vous avez faits, si on est toujours aux prises avec les
règlements et les pouvoirs réglementaires, il n'y a rien qui va
se faire. Alors, on a enlevé le mot règlement.
Quant aux organismes qui sont là, je vais demander au Dr Mockle
de vous donner les explications sur chacun d'eux. Le ministère des
Affaires sociales, je pense que cela se comprend bien, mais, les autres, on va
vous dire pourquoi. Les personnes décédées, les
nouveaux-nés...
Le ministère des Transports, c'est le Bureau des véhicules
automobiles, mais, puisqu'il est intégré au ministère des
Transports, il fallait prendre le ministère des Transports. Cela vise le
Bureau des véhicules automobiles, parce qu'on fait des échanges
avec lui sur le plan de l'identification des personnes. Cela nous aide et il
faut lui donner en retour les mêmes renseignements. Donc, cela vise le
Bureau des véhicules automobiles.
Le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
décidé d'utiliser le numéro d'assurance-maladie comme
moyen d'identification des personnes qui vont à la chasse et à la
pêche; il se sert de ce numéro sur la carte d'identification. Le
ministère a décidé de l'utiliser à ces fins.
Au ministère de l'Éducation, il y a deux organismes.
D'abord, il y a la direction générale de l'enseignement
supérieur qui peut vouloir rejoindre d'anciens étudiants qu'ele a
perdus. S'ils sont malades, ils se font soigner par nous, donc on peut les
rejoindre si on a besoin de leur adresse. On l'identifie et on dit: Oui, c'est
bien le bonhomme et vous pouvez le rejoindre à telle adresse. On
la lui donne. La récupération des bourses et des
prêts...
Il y a le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports, pour à peu près les mêmes fins. Donc, ce sont, au
sein du ministère de l'Éducation, les deux directions
générales.
La Régie des rentes, cela se comprend, à cause des
allocations familiales et des pensions aux personnes âgées, pour
les 65 ans et plus. C'est d'ailleurs l'organisme avec lequel on est le plus en
contact.
La Régie de l'assurance automobile a décidé
d'utiliser le numéro d'assurance-maladie comme moyen d'identification
des personnes qui réclament, exactement comme chez nous. Actuellement,
on est pris. On n'est pas capable de les renseigner parce que la loi ne nous le
permet pas. Là, cela nous le permettrait. Pour la Commission des
accidents du travail, c'est la même chose et c'est d'autant plus vrai
maintenant qu'on valide ses demandes de paiement pour et en son nom. Par
conséquent, c'est une nouvelle dimension. Pour la Commission du salaire
minimum, c'est pour vérifier les adresses. C'est pour chercher les gens.
On a des retours, on ne sait pas où ils sont et on voudrait les
retrouver. Ces gens viennent chez nous et disent: Comme vous avez le fichier de
la population, 6 200000, on aimerait que vous nous disiez à quelle place
on peut rejoindre les personnes suivantes.
M. Forget: Vous avez deux omissions, le ministère du
Revenu et le ministère de l'Immigration.
M. Lazure: Je m'excuse. J'ai passé par-dessus. Vous avez
bien fait de le signaler. Je m'excuse. Au ministère du Revenu, ce sont
les adresses, la même chose, comme le ministère de
l'Éducation et comme la Commission du salaire minimum. Ce sont les
adresses. Au ministère de l'Immigration, c'est pour nous permettre
d'appliquer l'entente Couture-Cullen. Cela veut dire, par conséquent,
que, si une personne... On veut savoir si cette personne est au Québec,
immigrant, et qu'elle n'a pas passé par le ministère de
l'Immigration. Si elle a reçu des soins ou si elle est inscrite, on va
répondre: Oui, telle personne à telle adresse est inscrite
à la Régie de l'assurance-maladie. Voilà les fins pour
lesquelles nous avons un fichier.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez, pour le ministère de
l'Éducation, deux fins précises, l'une touchant les
étudiants et l'autre cas, qu'est-ce que c'était?
M. Lazure: Le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports.
Mme Lavoie-Roux: Bon! Est-il possible qu'un beau jour, le
ministère de l'Éducation étende l'utilisation qui peut se
faire de votre fichier? Personne ne peut s'opposer à cela. Cela semble
tout à fait légitime.
M. Lazure: Le ministère de l'Éducation je
pense que vous êtes au courant utilise le même sigle, le
même numéro technique que nous. Cela veut dire qu'il utilise les
trois lettres du nom, l'initiale du prénom, la date de naissance et le
sexe, mais il inverse. C'est que nous utilisons année, mois, jour et il
utilise jour, mois, année. Si bien que le dernier chiffre qui est un
chiffre valideur pour les informaticiens ils savent ce que cela veut
dire, c'est pour s'assurer que les premiers chiffres sont vrais c'est
cela qui change. Mais le ministère utilise un système semblable
au nôtre, comme concept d'identification des étudiants.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais...
M. Lazure: II pourrait, à un moment donné,
décider de dire: Comme le numéro d'assurance-maladie est en train
de se généraliser, à cause de ces choses, il peut
peut-être dire: On serait peut-être mieux de prendre le même,
au niveau de l'assurance-maladie, et d'en avoir deux quasi identiques. Cela
pourrait arriver, mais on ne connaît pas les objectifs du
ministère.
Mme Lavoie-Roux: Présentement, surtout avec
l'avènement de la carte de santé obligatoire, le ministère
de l'Éducation pourrait se tourner de côté. J'ai un exemple
bien précis en tête. J'aime autant vous le donner. Je sais que le
ministère de l'Éducation a de la misère à retracer
tous les enfants qui sont présentement dans les écoles pour les
fins de l'application de la loi 101. Est-ce que, une fois que la
carte-santé sera obligatoire, on pourra se servir du fichier de la
Régie de l'assurance-maladie pour retrouver les gens qu'on ne peut pas
retracer dans les écoles, présentement? Cela est une fin
très particulière et...
M. Lazure: Oui, remarquez bien que cela peut arriver s'il y a des
adresses. Nous, actuellement, à la régie, les seules demandes que
nous recevons du ministère de l'Éducation nous viennent de la
direction des bourses et du Haut-Commissariat; actuellement ce sont les seules
demandes. (10 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas que, à un moment
donné, cela puisse servir pour des "fins" similaires à des fins
policières. Je vous donne cet exemple, je pourrais vous en donner un
autre. Des enfants que les parents peuvent décider, pour des raisons
idéologiques ou autres, de ne pas envoyer dans les écoles; il y
en a un certain nombre, extrêmement limité si vous voulez, mais
cela se produit. À ce moment-là, si on veut essayer de savoir
où ils sont, les détecter, etc., c'est que finalement cela peut
être utilisé à des fins comme celle-ci, il n'y a aucun
doute.
M. Lazure: Évidemment, si c'étaient des organismes
comme la Régie des rentes, la Régie de l'assurance automobile,
là on connaît les fins, mais, dans un ministère, il y a
tellement de directions générales, qu'on est obligé de
l'identi-
fier comme ministère. Mais, actuellement, je dois vous dire que
les seules demandes qu'on reçoit et auxquelles on ne peut pas
répondre, parce que la loi ne nous le permet pas, ce sont les bourses du
Haut-Commissariat.
Je ne peux pas comme fonctionnaire, administrateur, prévoir les
demandes éventuelles, mais actuellement ce sont uniquement
celles-là.
Mme Lavoie-Roux: Tout le problème qu'on a soulevé
demeure évidemment, mais je pense que c'est une amélioration et,
dans le fond, vous acceptez les demandes qu'on a faites hier soir, mais c'est
une arme puissante pour toutes sortes de fins et, je le répète,
quand on veut établir des contrôles de toutes espèces
on les accepte pour l'assurance-maladie mais il faudra les
accepter, à partir de ce fichier, pour un tas d'autres ministères
qui ne poursuivront pas les mêmes fins et pour lesquels on n'aura pas
déterminé les fins précises d'utilisation.
Je vous assure que cela m'inquiète et ce n'est pas pour des fins
politiques, ce dont je parle; je mets les fins politiques de côté,
je n'en ai jamais parlé. C'est vraiment pour des fins de recherche et de
contrôle de toutes sortes que ceci pourrait être utilisé.
C'est un fichier universel, n'est-ce pas?
M. Forget: Oui, je pense que l'effort qui est fait ici est
très valable. Dans le cadre de la Loi de l'assurance-maladie, je pense
que c'est probablement tout ce qu'on peut souhaiter. J'aimerais malgré
tout insister, de la même façon que mon collègue de
L'Acadie, pour dire que tout le problème de l'utilisation de
l'information par les organismes gouvernementaux, les relations entre le
citoyen et l'État, dans le fond, devraient faire l'objet d'une analyse
qui irait plus loin que simplement la réglementation du fichier de la
régie.
On accepte ces modifications avec plaisir, je pense que cela montre
beaucoup de bonne foi de la part de la régie, du ministre,
d'éviter une interprétation trop large ou imprudente d'un nouveau
pouvoir qui est inscrit par la Loi de l'assurance-maladie. Quand on
soulève toutes ces possibilités, on s'aperçoit tout de
suite qu'on approche de 1984 avec tout ce que cela veut dire comme allusion
à une façon d'envisager la société et je pense que
c'est une des choses auxquelles on va devoir s'intéresser par une
loi-cadre, j'imagine, éventuellement qui régirait l'utilisation
par le gouvernement des fichiers, etc., de manière que le citoyen ne
sente pas un peu l'oeil du grand frère constamment sur lui.
M. Lazure: Est-ce que vous permettez un commentaire? C'est
tentant pour les différents ministères du gouvernement de frapper
à la Régie d'assurance-maladie parce que nous sommes le seul
organisme à avoir le fichier de la population en tant qu'identité
de l'individu. Cela se comprend que quand un ministère ou un organisme
veut avoir un renseignement, une adresse par exemple, il vienne chez nous,
parce qu'on est les seuls à l'avoir pour les 6 200 000
Québécois.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: II y a des commentaires qui ont déjà
été faits de ce côté-ci, mais on se rend compte
qu'il y a dix organismes, si on comprend les ministères qui sont, dans
ce sens, des organismes, qui auront en main ce fichier, des organismes
importants. Je dis qu'à partir de là, c'est une étape
importante vers la carte d'identification et quand on sait surtout que cela
apparaît dans une autre loi qui est à l'étude
présentement et qu'on vient la préciser ici en donnant à
autant de personnes la possibilité d'entrer dans ces détails
qu'on fournit ici, cela devient une pièce dangereuse. C'est un
amendement que je n'aurais pas voulu aussi large. Je comprends que la
régie le fait de bonne foi et le fait pour donner de l'efficacité
à son organisme, mais cela fait bien des gens qui ont en main ce
système qui permet de faire pas mal de choses. On n'a pas
effleuré ici l'aspect politique de cela; je ne m'attarde pas non plus
là-dessus. Il faut quand même supposer que ça peut servir
bien d'autres fins que celles que la régie veut bien nous
démontrer dans cet amendement qu'on nous apporte.
On parlait, hier soir, de deux ou trois organismes possibles; ce matin,
on en énumère dix. À partir de là, sans mettre de
nombre, il me semble que, dans l'esprit, c'était une urgence ou une
nécessité pour deux, trois ou quatre organismes tout au plus. Ce
matin, on arrive à dix. À partir de là, il n'y a plus de
possibilités de discrétion sur ces dossiers. Encore une fois, je
sais que c'est fait de bonne foi par la régie, mais je vous dis qu'on
installe un système qu'on regrettera peut-être.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais seulement ajouter un mot.
Évidemment, compte tenu du fait que, selon ce que mon collègue de
Saint-Laurent a exprimé et ce à quoi je souscris, il y a
là un effort véritable du ministre des Affaires sociales et des
membres de la Régie de l'assurance-maladie d'avoir voulu se rendre
à notre désir de cerner un peu plus le texte très large
qui avait été présenté dans la première
version, nous allons voter pour cet amendement, mais quand même en
exprimant une certaine réserve.
Hier soir, j'ai soulevé le problème de la
nécessité pour le gouvernement, problème que j'ai
déjà soulevé il y a deux ans je ne reviendrai pas
sur ce que j'ai dit hier soir de penser à une loi-cadre, fort
probablement, sur l'utilisation de l'information à l'intérieur
des ministères et des différents organismes du gouvernement. Je
voudrais ici rappeler cet impératif, parce que, de plus en plus, qu'on
le veuille ou qu'on ne le veuille pas jamais, je le
répète, à partir de mauvaise foi; je n'impute à
personne quelque motif que ce soit; on pourrait être de l'autre
côté de la table et l'inverse se produirait je pense qu'il
convient de signaler ce danger d'une information qui devient de plus
en plus considérable, qui devient à la portée d'un
plus grand nombre de personnes.
J'insiste de nouveau sur la nécessité, pour le
gouvernement, de se pencher là-dessus. Je suis sûr que le ministre
va me dire: On se penche déjà. Cela fait deux ans et demi que
vous vous penchez, je ne sais pas si l'ancien gouvernement s'était
penché lui aussi, c'est un "penchement" qui dure longtemps. Mais pour
être très sérieux, je répète et j'insiste de
nouveau pour cette nécessité également sous la
réserve que si nous votons aujourd'hui pour cet amendement, ceci
n'écarte pas la possibilité qu'à l'observation de l'usage
qui en sera fait et des problèmes qu'on pourra déceler et
je m'en pose plusieurs, à l'égard de l'éducation, qui
touchent quand même les relations entre les parents et les enfants
à un âge où vraiment le droit premier, ce sont les parents
qui doivent l'exercer à l'égard de leurs enfants et cela
m'inquiète on revienne à l'Assemblée nationale et
on porte le débat vraiment sur la place publique. À ce
moment-là, on décidera des moyens qu'on utilisera.
Mais je vous assure que cela va être avec beaucoup de vigilance
qu'on va examiner l'exercice, non pas par la régie, mais par les autres
ministères, de l'utilisation qu'ils pourront faire de ces
données.
M. Lazure: Deux remarques, M. le Président.
Premièrement, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, c'est
plus qu'un "penchement". Le ministère de la Justice, principalement
à la demande du ministère des Affaires sociales et nous
surveillons de très près l'évolution du dossier a
déjà rédigé un brouillon, un avant-projet de loi
sur la protection de la vie privée des citoyens. Cette loi-cadre, nous,
au ministère des Affaires sociales, nous la réclamons depuis un
bon bout de temps et elle rendra service à la population dans son
ensemble. Mais elle rendra service aussi, de façon spéciale, au
ministère des Affaires sociales. Nous en avons besoin à plusieurs
égards, indépendamment de la protection de la vie privée
de chaque citoyen. Nous en avons besoin aussi pour obtenir des systèmes
de données, d'information sur les établissements, les centres de
services sociaux. Je n'ai pas besoin de refaire l'historique des complications,
des incidents qui ont eu lieu dans le passé.
Cela reste très méfiant comme atmosphère et je suis
convaincu qu'on aura toujours de la difficulté, comme ministère,
à obtenir des données qui sont élémentaires, qui
sont nécessaires pour la bonne gestion des fonds publics et qu'on a du
mal à obtenir actuellement, parce que les gens ont cette
méfiance. Et la méfiance ne sera atténuée
sensiblement que le jour où on aura cette loi-cadre.
Je m'engage encore une fois et je vous prie de me croire
que nous surveillons de très près l'évolution de cet
avant-projet de loi au ministère de la Justice.
Deuxième remarque, pour le journal des Débats, nous
convenons, le président de la régie et moi, que je serai
informé, comme ministre res- ponsable de la régie, je serai
informé très fidèlement du type d'information que la
régie va donner aux établissements et aux ministères ou
organismes de façon que je sois en mesure de répondre à
l'Assemblée nationale et devant le public aux questions qui pourraient
être soulevées. Je m'engage à exercer une vigilance aussi
de ce côté-là.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais seulement
ajouter un mot. Le ministre insiste je suis d'accord et je reconnais son
souci de voir à ce qu'il n'y ait pas d'abus surtout sur la
divulgation d'information à caractère privé.
Évidemment, c'est une vigilance qu'il faut exercer. C'est une partie du
problème.
L'autre partie, c'est la façon dont le fichier peut être
utilisé pour des contrôles, a posteriori, de toutes sortes de
mouvements, enfin le contrôle a posteriori de la population, à
partir de recoupements qu'on peut faire. Ce deuxième aspect
m'apparaît tout aussi important que le premier.
M. Lazure: Oui. À mon avis, ce serait couvert par le
projet de loi sur le respect de la vie privée.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Tout d'abord j'aimerais poser une question au
ministre. "Les bénéficiaires de cet établissement" dans le
premier alinéa, cela veut dire qui?
M. Lazure: Disons les bénéficiaires d'un
hôpital... Vous avez un hôpital avec...
M. Grenier: Dans une région bien
déterminée.
M. Lazure: C'est cela. C'est leurs bénéficiaires,
ceux qui sont soit admis, inscrits ou...
Pour lesquels il y a un dossier ouvert à l'établissement,
soit à l'externe ou à l'interne.
M. Grenier: D'accord. Quant au deuxième paragraphe,
très brièvement... Ce sera ma dernière intervention, parce
que je pense qu'on a passé assez de temps sur ce paragraphe et sur ce
qu'or soumet ce matin. Personnellement, je pense, en core de bonne foi, que la
régie et le ministère nous présentent cela pour aller y
puiser de l'information qu'on aura sans doute besoin dans l'un ou l'autre de
ces dix organismes, mais on ne m'a pas convaincu que ce soit vraiment
nécessaire d'ouvrir un système aussi large que cela. On se donne
une information ici. Le ministère sera un système mieux
organisé que la GRC comme source de renseignements. À partir de
maintenant, ce qu'on énumère ici, je trouve que c'est vraiment
trop large. Bien sûr que chacun pourrait puiser là certains
renseignements. Personnellement, je ne peux pas accepter cet amendement et je
voterai contre, bien sûr, pour ensuite m'abstenir sur l'article
lui-même.
Le Président (M. Marcoux): C'est qu'on me dit que
l'amendement d'hier proposé par le député de Saint-Laurent
avait été présenté formellement.
Je vais d'abord appeler l'alinéa 1 de l'article 39.
L'alinéa 1 est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que
l'alinéa...
M. Grenier: L'alinéa 1, je veux dire est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de voter... J'aimerais mieux qu'on puisse voter l'alinéa
2 d'abord et ensuite l'article au complet, puisque c'est tout simplement un
nouvel article qu'on a.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est un amendement à un
article.
Le Président (M. Marcoux): On n'avait pris aucun vote sur
l'article 39.
M. Grenier: Ah bon!
Le Président (M. Marcoux): À la page 41, il y avait
l'alinéa 1.
M. Grenier: D'accord, c'est un nouvel article, ce n'est pas un
amendement. D'accord; on est obligé de procéder comme cela.
Le Président (M. Marcoux): "L'article 50 n'interdit pas de
révéler etc." L'alinéa 1 est-il adopté?
M. Grenier: D'accord, oui. M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'alinéa 2, nous avions
déjà adopté l'amendement proposé par le ministre,
aux fins, d'ajouter "sauf les noms et prénoms des professionnels de la
santé". Le nouvel alinéa tel qu'amendé est-il
adopté?
M. Grenier: Non, c'est un vote nominal.
M. Lazure: C'est un alinéa en cause, mais c'est sur
l'autre que vous voulez voter, c'est sur l'autre.
M. Grenier: Le deuxième.
Le Président (M. Marcoux): C'est le deuxième dans
la loi. (10 h 45)
M. Grenier: D'accord.
M. Forget: Adopté, pour le deuxième.
Le Président (M. Marcoux): II a été
adopté. Le troisième alinéa qui est proposé
aujourd'hui commence ainsi: "La régie peut aussi, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur, etc." jusqu'à "leur numéro
d'assurance-maladie." Est-ce que ce troisième alinéa sera
adopté? Adopté?
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Quatrième alinéa,
qui se lit ainsi: "Elle peut également, avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur" et cela se termine par "la Commission du salaire
minimum." Est-ce que cet alinéa sera adopté?
M. Grenier: Vote nominal.
Le Président (M. Marcoux): Vote nominal. M. Forget
(Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Contre.
M. Lazure: Non, pour.
M. Gosselin: Pour cela...
M. Lazure: C'est notre amendement.
M. Gosselin: Je pensais que c'était l'autre affaire. Pour.
Je m'excuse.
Le Président (M. Marcoux): M. Desbiens (Dubuc)? M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Lazure (Chambly)?
M. Lazure: Pour.
Mme Lavoie-Roux: Seulement un petit peu pour!
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis
(Matapédia)?
M. Marquis: Pour.
M. Lazure: Un petit peu enceinte!
Le Président (M. Marcoux): M. Mercier (Berthier)? Alors,
cinq pour, deux contre. C'est adopté. Il faut qu'il y ait consentement
pour modifier le vote de M. Gosselin. Est-ce que vous acceptez la modification
du vote de M. Gosselin?
Mme Lavoie-Roux: Pas de division à l'intérieur du
gouvernement!
Le Président (M. Marcoux): Au cinquième
alinéa: "Un tel établissement, un tel ministère et tel
organisme ne peuvent divulguer" je ne sais pas si ce ne serait pas mieux
de dire "ne peut"...
M. Lazure: Un tel établissement, un tel ministère
et un tel organisme... C'est au pluriel.
Le Président (M. Marcoux): ... "à toute autre
personne les renseignements ainsi obtenus." Est-ce que ce cinquième
alinéa sera adopté?
M. Grenier: Adopté. M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 39 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Forget: Oui.
M. Grenier: Sur division.
Règlement (suite)
Le Président (M. Marcoux): On revient où on
était... Hier, on n'avait pas fini. On est rendu à l'article
46.
M. Lazure: L'article 46, oui.
Le Président (M. Marcoux): La discussion sur le paragraphe
a) était presque terminée, mais, en tout cas, il n'était
pas adopté.
M. Lazure: Paragraphe a). On avait fait un petit amendement de la
régie. Je pense que c'était adopté. On était au
paragraphe b), il me semble.
M. Forget: On nous avait expliqué les modes additionnels
de paiement qui seraient facultatifs, dans le fond. Ce qu'on n'avait pas
discuté encore, un point que j'avais soulevé, c'était la
phrase qui n'est pas liée "au mode additionnel de relevé
d'honoraires", qui se tient toute seule, et qui est la dernière phrase
dans ce paragraphe: "Les renseignements et la teneur des documents qu'ils
doivent fournir à la régie ainsi que la teneur des documents
qu'ils doivent conserver et la durée de leur conservation." Ce qui donne
un pouvoir à la régie de déterminer par règlement,
dans le fond, la tenue des dossiers. Cela va aussi loin que la tenue des
dossiers des professionnels. Je ne sais pas si c'est vraiment ce qu'il faut
lire dans ce texte, mais il n'y a rien qui interdit de l'interpréter de
cette manière.
M. Lazure: Ce n'est sûrement pas l'intention, quant
à moi. Avez-vous une proposition d'amendement?
M. Forget: J'en aurai quand on saura ce que vous voulez dire
vraiment. C'est un point d'interrogation.
M. Lazure: J'ai les mots "les documents traités par une
agence de traitement de données, 8.18, doivent contenir tous les
renseignements requis en vertu du présent titre".
Au sujet des documents, j'ai les documents de facturation des
médecins, des dentistes et des op-tométristes. Pour les
médecins, les dentistes et les optométristes, le document de
facturation doit contenir les renseignements suivants, qui sont les
renseignements que nous avons sur une demande de paiement actuellement: le
numéro de référence, conformément aux
spécifications techniques contenues dans le manuel publié par la
régie; le numéro d'assurance-maladie du
bénéficiaire ou, s'il s'agit d'un bénéficiaire de
l'aide sociale, son numéro d'admissibilité, le prénom, le
nom à la naissance du bénéficiaire, la date de naissance,
et l'adresse du bénéficiaire; l'identité du professionnel
de la santé, ses nom, prénom, numéro et numéro de
groupe, s'il y a lieu; l'identité du professionnel de la santé,
ses nom, prénom, numéro, réclamant pour une consultation
ou un autre service. Le professionnel qui demande une consultation est
là ou encore on a son numéro. Le diagnostic en lettres ou en
code. Cela fait partie des documents.
M. Forget: Je pense que je commence à comprendre le
sens.
M. Lazure: Ce sont les documents que nous voulons avoir sur le
support magnétique.
M. Forget: Ce que vous dites là, ce sont des obligations
qui s'adressent au mandataire du professionnel.
M. Lazure: Au professionnel.
M. Forget: Au professionnel lui-même.
M. Lazure: Au professionnel lui-même.
Le mécanisme de facturation est le suivant: au lieu de prescrire
la formule de relevé d'honoraires, on ne dit pas: Ici, c'est un document
qui doit contenir comme renseignements... Soit que le professionnel, à
l'aide du document, transmette les renseignements par terminal, directement
à l'ordinateur ou à une agence de traitement des données,
ou encore fasse une photocopie de ce document et le transmette. On ne prescrira
pas la forme du document. On ne dit pas qu'il doit contenir ce
renseignement-là.
Le mécanisme, c'est d'utiliser l'écran cathodique à
claviers relié directement à l'ordinateur ou d'envoyer une copie
du document de facturation à l'agence de traitement des données
qui, elle, va transformer ces données les mettre sur ruban
magnétique et les envoyer à la régie.
Vous soulevez la question... On parle de la teneur du document qu'on
doit fournir à la régie ainsi que la teneur du document qu'on
doit conserver. Ce qu'on doit conserver, c'est le document de facturation. On
ne dit pas comment on doit le
rédiger, mais on dit ce que doit contenir ce document, lesquels
renseignements se retrouvent sur le ruban magnétique qui nous est
transmis. On dit: Gardez-le cinq ans, parce qu'à ce moment-là on
n'a plus le document en main à la régie pour vérifier,
pour apprécier le relevé. C'est un ruban magnétique que
l'on reçoit et, si on veut vérifier la réclamation, c'est
le professionnel qui aura en main le document de facturation.
M. Forget: II y a ici dans le texte un prénom, on ne sait
pas à qui il s'applique quand vous avez à l'avant-dernière
ligne: "Les documents qu'ils doivent fournir." D'abord, le "ils" est au
pluriel. Il ny a aucun nom au pluriel qui précède. On ne sais pas
qui c'est. Est-ce que ce sont des professionnels ou des mandataires parce que
ce cas c'est un professionnel ou un mandataire. Vous m'avez dit que cela peut
aussi s'interpréter comme visant à la fois le professionnel et le
mandataire, et c'est peut-être pour cela qu'il y a un pluriel.
Cela vise seulement les professionnels?
M. Lazure: Autrement dit, on s'adresse au professionnel qui a
droit de créance contre la régie. D'accord? Parce que la
régie n'aura pas droit de recours contre l'agence. Il n'y a aucun lien.
C'est le professionnel qui est totalement responsable de tout ce que l'agence
fera pour lui et en son nom.
M. Forget: Je vois. Il serait peut-être souhaitable que ce
soit plus clair et je proposerais que vous disiez ici que le professionnel doit
fournir puisqu'il est au singulier au début; c'est toujours le
même professionnel dont on parle dans les modes additionnels de paiement
et qu'on utilise un terme plus restrictif, à savoir que ce sont
des documents de facturation. À ce moment-là, cela
éliminerait la question, à savoir que c'est le dossier
médical ou les dossiers...
M. Lazure: Oui, pertinents au paiement. En résumé,
on met au singulier, "qu'il doit fournir", et on dit "ainsi que la teneur des
documents...
Le Président (M. Marcoux): Facturation? M. Lazure:
Pertinents à la facturation.
Le Président (M. Marcoux): Pertinents à la
facturation.
M. Forget: Oui, facturation.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce sera plus concordant avec les
explications que vous nous avez données jeudi dernier je pense
que c'était à l'article 10a ou 9 quand on a essayé
de vous faire préciser quel était le type de renseignement. Vous
nous aviez dit: C'est juste une toute petite formule pour facturation. Vous
nous avez dit cela la semaine dernière, non?
M. Lazure: Oui, je me souviens. On s'y était
référé pour un mandataire, on avait dit qu'on pouvait s'y
référer pour un manda- taire, parce qu'on obligeait
antérieurement le professionnel de la santé à signer
lui-même son relevé d'honoraires. Mais, ici, dans b), on pourra
déterminer des conditions dans lesquelles le mandataire sera responsable
de sa signature.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: En français, le mot "facturation" n'est pas
retenu, on parle de "réclamation".
Le Président (M. Marcoux): Alors, cela se lirait comme
ceci: "Au nom du professionnel de la santé, les renseignements et la
teneur des documents pertinents à la réclamation qu'il doit
fournir à la régie ainsi que la teneur des documents..."
M. Forget: Que ce professionnel doit fournir à la
régie; parce que le "il" est...
M. Lazure: C'est cela.
Le Président (M. Marcoux): C'est qu'il y a deux fois
"documents", faut-il répéter deux fois "pertinents à la
réclamation"?
M. Forget: Je pense que oui. M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Marcoux): "... la teneur des documents
pertinents à la réclamation que ce professionnel doit fournir
à la régie ainsi que la teneur des documents pertinents à
la facturation que ce professionnel doit conserver et la durée de la
conservation."
M. Lazure: C'est cela.
Au lieu de répéter deux fois "teneur des documents", je
suggérerais: "... la teneur des documents pertinents à la
réclamation qu'il doit fournir à la régie et conserver,
ainsi que la durée..."
Le Président (M. Marcoux): "... les renseignements et la
teneur des documents pertinents à la réclamation que ce
professionnel de la santé doit fournir à la régie et
conserver..."
Est-ce que c'est "professionnel de la santé" ou seulement
"professionnel"?
M. Forget: Oui, je pense. M. Lazure: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Le texte final se lirait comme
ceci: je demanderais votre attention, pour être certain que ce
soit final "Prescrire tout autre mode additionnel de relevé
d'honoraires suivant lequel un professionnel de la santé peut
réclamer ses honoraires de la régie, les cas et les conditions
suivant lesquels un mandataire peut réclamer des honoraires de la
régie au nom du professionnel de la santé, les renseignements et
la teneur des documents pertinents à la réclamation que ce
professionnel doit fournir à la
régie et doit conserver, ainsi que la durée de leur
conservation."
En somme, on biffe, à partir de la première fois où
on voit le mot "documents" jusqu'à la fin.
M. Lazure: Le deuxième "doit" est-il
nécessaire?
Le Président (M. Marcoux): "... doit fournir à la
régie et conserver..."?
M. Lazure: "... doit fournir et conserver...". M. Forget:
Oui, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'amendement, qui
vise à biffer "... qu'ils doivent..." jusqu'à la fin et remplacer
par "pertinents..." jusqu'à "conservation", est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Marcoux): On avait adopté un
premier amendement; est-ce que le premier alinéa sera adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le deuxième
alinéa, tel qu'amendé, sera adopté?
M. Forget: Adopté. M. Lazure: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le troisième
alinéa est-il adopté?
M. Forget: Adopté. M. Lazure: Adopté.
Poursuites
Le Président (M. Marcoux): Article 47, M. le ministre. Il
y a des amendements. (11 heures)
M. Lazure: Alors on vous distribue deux amendements à
l'article 47 qui modifie 62... Oui, rigoureusement ce sont trois amendements,
a, b, c. Voulez-vous expliquer?
Je n'ai pas le texte. La première partie, dans le premier
paragraphe, au lieu de dire les mots "le suivant", on dit les mots "les
suivants", parce qu'au lieu d'un paragraphe il y en a deux autres ensuite.
Alors, au premier paragraphe, je pense que c'est là qu'est le
problème. Au deuxième paragraphe...
Le Président (M. Marcoux): Ce premier amendement est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Forget: II n'y a pas de problème.
M. Lazure: Au deuxième paragraphe c'est une distinction
que le comité de législation nous a recommandé de faire
entre "plaide coupable à une infraction ou à un acte criminel...
ou est reconnu coupable" au lieu de dire "ou est coupable". Les mots "reconnu
coupable" apparemment sont les termes qu'il faudrait employer. On dit de
remplacer à ce moment-là "est coupable ou plaide coupable" par
"plaide coupable à une infraction ayant trait à une
réclamation faite à la régie"... d'une part bien
sûr que cela se limite à cela ou payée par elle, ou
est reconnu coupable d'une telle infraction..." d'autre part.
Au troisième paragraphe, on ajoute que c'est le mandataire
autorisé par le professionnel de la santé qui est responsable du
relevé d'honoraires qui est envoyé en son nom à la
régie par ce mandataire.
M. le Président, il y a un quatrième amendement qui
n'apparaît pas sur le texte qu'on vient de vous distribuer, mais qui est
assez simple; aussi bien l'énoncer tout de suite. C'est au premier
paragraphe de l'article 62, à la fin du paragraphe, lorsqu'on dit: "est
considéré comme un professionnel non participant pour une
période de six mois"; il faudrait lire "trois mois" au lieu de "six
mois". C'est l'amendement que nous proposons: trois au lieu de six s'il s'agit
d'une première infraction ou de six mois, au lieu d'un an, s'il s'agit
d'une infraction subséquente. Ceci constituerait un quatrième
amendement.
M. Forget: Cet article nous pose un problème, à mon
avis, considérable sur le plan du strict droit. Il y a des
pénalités qui sont prévues soit à cette loi, des
peines, des amendes soit dans le Code criminel pour fraude, etc. Il y a des
peines qui sont déjà prévues. Normalement, lorsque
quelqu'un se rend coupable d'un acte criminel ou d'une infraction, la peine
doit être unique. Il y a même un principe de droit qui
suggère que personne ne doit être placé dans un double
risque de pénalité pour quelqu'acte qu'il pose. Certains
suggèrent même que ce genre de considérations soit
inséré dans les chartes des droits de l'homme, par exemple: que
personne ne puisse être tenu à faire face à deux peines,
deux pénalités, deux amendes, ou à un emprisonnement et
une amende, ou à une radiation d'un ordre professionnel qui est
l'équivalent d'une amende puisque cela le prive de ses moyens de
subsistance devant un autre tribunal dans le fond, devant une autre cour ou par
une autre procédure que celle qui est envisagée
déjà dans ce cas-ci, en vertu du Code criminel. Cela pose ce
problème.
En plus de cela, il semble y avoir un certain illogisme entre cet
article et un autre article qu'on a longuement débattu hier, à
savoir que s'il y avait de la non-participation cela imposait une
pénalité au bénéficiaire et qu'il fallait donc que
le gouvernement ait les moyens d'y remédier. Je comprends que le
problème auquel on essayait de trouver une solution était les
non-participations massives. Les non-participations massives n'ont d'effet sur
la population que parce qu'elles s'appliquent de
toute façon à des individus. C'est le
bénéficiaire, c'est chaque bénéficiaire.
Un bénéficiaire ne s'adresse pas à l'ensemble de la
profession médicale ou dentaire, il s'adresse à un dentiste ou
à un médecin, qui est son dentiste ou son médecin, et
parce qu'il devient non-participant on dit: II est face à un
problème. Dans ce cas-ci, on renverse complètement le
raisonnement et on dit qu'on va forcer quelqu'un à devenir
non-participant et, à ce moment, on ne semble plus se soucier de
l'impact de cette décision sur les bénéficiaires. On peut
avoir un médecin qui est le médecin depuis de nombreuses
années du même bénéficiaire. Pour les actes qu'il a
posés, pas nécessairement vis-à-vis de ce
bénéficiaire, mais dans une autre partie de sa pratique, il est
condamné pour fraude et voici que le bénéficiaire, sans
qu'il en soit averti, découvre, presque après coup, que les
services qu'il a obtenus de son médecin, où il va depuis des
années, ne seront désormais plus couverts par la régie. Ce
ne seront plus des services assurés.
Je pense qu'au point de vue du bénéficiaire c'est une
situation déplaisante, au même degré que la
non-participation massive dans un conflit de travail. Cela suscite un double
risque, face à la loi, pour les professionnels visés.
Je comprends que le raisonnement du président et directeur
général de la régie va être le suivant: Nous avons
obtenu des condamnations contre un petit nombre de professionnels et ces
professionnels ont continué d'avoir un droit de pratique, ils n'ont pas
été suspendus, ne serait-ce que pour une semaine ou un mois, dans
un certain nombre de circonstances. Une réprimande, etc.
Le Dr Lapierre, quand il s'est prononcé sur cette question "en
commission parlementaire, avant Noël, a dit: II y a quand même une
raison à ça, c'est que le tribunal des professions, d'abord le
conseil de discipline des différentes professions, lorsqu'il est saisi
du problème, se trouve face à des condamnations qui ont
été obtenues par la régie pour deux, trois, quatre ou cinq
actes isolés. Le montant total de la fraude est parfois très
minime. Il dit: Je comprends très bien qu'il y a à cela des
raisons de preuve. Il est coûteux de faire des preuves pour des centaines
de cas et même si on soupçonne qu'il y a pour $100 000 de fraude,
il faudrait prouver 500 ou 600 cas individuels, c'est trop coûteux. On se
borne à faire un exemple avec une quinzaine ou une vingtaine de cas,
peut-être moins dans certains cas.
Lorsque le comité de discipline ou le tribunal des professions
est saisi de cette question, il se dit: Après tout, pour $500, ou $650,
ou $1200, est-ce qu'on va radier un médecin ou un dentiste de son ordre
professionnel? Je pense que cette réponse n'est pas entièrement
satisfaisante de la part du Dr Lapierre, comme explication de l'attitude des
comités de discipline. Une entorse à la discipline ne
s'évalue pas en termes de dollars. Frauder pour $1000, dans le fond,
c'est aussi important sur le plan de l'entorse à la discipline que de
frauder pour $100 000.
Je pense qu'il y a, derrière l'attitude que la régie
reproche aux organismes professionnels et au tribunal des professions, une
notion un peu trop comptable de ce qui est une offense grave et qui
mérite une sanction. Je pense que ces organismes doivent
réaliser, étant donné qu'ils insistent tellement sur le
fait qu'ils n'ont pas à évaluer les dimensions économiques
de la pratique médicale, que, quand vient le temps d'évaluer des
entorses à la discipline, ils ne doivent pas regarder les chiffres, ils
doivent regarder le fait lui-même. Le fait lui-même, encore une
fois, ne dépend pas du montant.
Je pense que de ce côté il y a une responsabilité
qui n'a pas été assumée pleinement, il y a du laxisme.
Quand un comité de discipline, qui n'a pas besoin d'avoir une preuve
avec le même degré d'étanchéité qu'un
tribunal criminel, se satisfait que la cause ait été
prouvée dans un certain nombre de cas et que la régie peut
alléguer des comportements analogues beaucoup plus importants, choses
qu'ils pourront, de toute manière, savoir désormais parce que les
dossiers préparés par la régie au bénéfice
des comités de révision pourront être transmis aux
comités de discipline des ordres professionnels, je crois qu'ils devront
prendre une attitude qui ne soit pas comptable et intervenir de façon
plus draconienne.
Un dernier point. On va nous dire: Écoutez, des professionnels
qui se rendent coupables d'actes criminels, à l'occasion de leur
pratique, méritent une sanction qui est autre chose que $500 d'amende ou
une condamnation à un jour de prison avec sursis. Peut-être. C'est
fort possible. C'est fort possible que le problème se pose d'une
radiation temporaire ou permanente.
Mais c'est véritablement là qu'est le remède, dans
une radiation, dans une suspension, et pas dans une pénalité
strictement économique et temporaire. Si la question de fraude pose un
problème fondamental quant à la capacité de ce
professionnel de s'acquitter de ses obligations, pas seulement sur le plan
économique, mais sur un plan plus large et c'est fort possible
que ce soit le cas j'aurais personnellement de grands doutes qu'on
puisse se fier à quelqu'un qui a recours à la fraude pour
arrondir ses revenus, qu'on puisse valablement lui faire confiance dans
d'autres aspects de sa pratique médicale, par exemple, s'il s'agit d'un
médecin, ou de la pratique professionnelle. J'aurais de très
forts doutes là-dessus.
À ce moment-là, qu'on le radie ou qu'on le suspende,
plutôt que de le laisser pratiquer aux frais des
bénéficiaires. Il me semble qu'à ce moment-là, ce
n'est pas un remède approprié. Je sais bien que c'est le seul
remède qui était accessible théoriquement à la
régie. Mais je pense que ce n'est pas le remède approprié.
La radiation temporaire ou permanente me semblerait, à ce
moment-là, ce qui est approprié.
Si on croit que, dans le cas de condamnations, les amendes ne sont pas
assez élevées, qu'on les hausse, mais qu'on n'implique pas le
bénéficiaire. À moins qu'on veuille véritablement
porter un jugement sur sa compétence et sur sa
capacité d'accomplir sa tâche, face aux
bénéficiaires, à ce moment-là, c'est une
responsabilité de la corporation professionnelle et du tribunal des
professions.
Encore une fois, et je termine là-dessus, je crois que si, de ce
côté-là, il n'y a pas eu des décisions
appropriées, encore que ce soit à peine, dans le cadre de cette
commission parlementaire, le cadre adéquat pour en discuter, parce qu'on
ne voit qu'un des côtés de la médaille, c'est une
responsabilité que les corporations professionnelles doivent assumer.
Elles seront jugées là-dessus. Elles le sont déjà
à l'occasion. S'il faut accentuer cette question, on peut même, en
commission parlementaire, le ministre n'a qu'à convoquer les
corporations professionnelles et à passer en revue, avec le ministre
responsable des corporations professionnelles, la rigueur, la
sévérité avec laquelle elles s'acquittent de leur
tâche. Je pense que l'Opposition officielle serait tout à fait
disposée à interroger les corporations professionnelles, à
mettre en question la façon dont elles s'acquittent de leur tâche,
si on croit qu'il y a vraiment du laxisme de ce côté.
Mais c'est vraiment là. Il faut laisser assumer cette
responsabilité par les organismes qui ont été
créés par le législateur pour les assumer; les confier
à la régie, à ce moment-ci, parce qu'on a l'impression
qu'ils ne sont pas assez sévères du côté des
corporations professionnelles, c'est mélanger tout le monde. C'est
donner une raison de plus aux corporations professionnelles, si jamais c'est
cela qu'elles cherchaient, pour ne plus jamais intervenir dans ces
questions.
Je pense qu'on n'aurait pas progressé si on produit ce
résultat. On va avoir une démobilisation des corporations
professionnelles qui vont dire: De toute façon, quand on vole le
gouvernement, quand on vole la régie, cela n'intéresse pas les
corporations professionnelles. Désormais, ce n'est plus de notre
ressort, ce n'est plus de notre compétence.
Au contraire, je pense qu'elles devraient s'en soucier. Quand on vole le
gouvernement, c'est grave. C'est grave et cela devrait porter les corporations
professionnelles à prendre des attitudes beaucoup moins
dégagées, beaucoup moins désintéressées et
distantes que celles qu'elles ont prises sur ces questions.
M. le Président, nous ne pouvons pas approuver cet article pour
les raisons que j'ai indiquées. Il y en a plusieurs: principes
fondamentaux de droit, incompatibilité avec d'autres actions que le
ministre met de l'avant relativement à la non-participation,
essentiellement le fait que cela pénalise les
bénéficiaires, et le problème de relations entre cette loi
et les lois régissant les corporations professionnelles.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: Avant de passer la parole au président de la
régie, j'aurais quelques commentaires.
Il y a déjà au moins un précédent qui est
comparable à ce que nous voulons introduire dans la loi aujourd'hui. (11
h 15)
Un conducteur de véhicule automobile qui est reconnu coupable
d'une infraction paie généralement une amende et peut aussi, par
une espèce de tierce personne qui est le Bureau des véhicules
automobiles, se voir retirer le privilège de conduire son
véhicule pendant un certain temps, que ce soit pour un mois, deux mois,
trois mois ou six mois. Personne ne conteste à cet organisme qui
relève du gouvernement l'exercice de ce droit. Indépendamment du
fait que ce soit la corporation professionnelle qui ait le devoir d'imposer une
sanction, lorsqu'il y a des bris de l'éthique ou des critères de
pratique professionnelle et indépendamment des sanctions imposées
par le tribunal, il est tout à fait légitime pour une autre
partie en cause qui est ici la Régie de l'assurance-maladie, puisqu'il y
a une relation entre le professionnel et la régie, indépendamment
de la relation entre ce professionnel et sa corporation professionnelle et la
relation du professionnel avec le tribunal... Il s'agit d'une troisième
sorte de relation. À l'intérieur de cette relation qui est comme
une espèce de contrat, il est loisible, il est normal, quand une des
deux parties en cause ne respecte pas son contrat parce qu'à
toutes fins utiles, quand il y a fraude et qu'on a reconnu coupable l'individu,
à ce moment-là, le professionnel a brisé son contrat pour
ainsi dire, moralement en tout cas, avec la Régie de l'assurance-maladie
que la régie puisse imposer une sanction.
On a discuté, depuis que le projet de loi est public, de la
sévérité possible de cette sanction particulière.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, on introduit un adoucissement de la sanction.
On la diminue de moitié à toutes fins utiles. C'est à la
fois une sanction économique et une sanction morale qui non seulement
pénalisent l'individu parce qu'il a brisé son entente avec la
Régie de l'assurance-maladie... Encore une fois, il faut se rappeler que
cela ne pénalisera personne, sauf ceux qui sont malhonnêtes et qui
veulent frauder. Je pense qu'il ne faut pas essayer de faire croire aux gens
que cette mesure est inique pour l'ensemble des professionnels. C'est un nombre
tout à fait infime, Dieu merci! qui se rendent coupables de fraudes.
C'est à ceux-là qu'on s'adresse. Il faut qu'ils puissent savoir
qu'à l'intérieur de leurs relations quotidiennens avec
l'agent-payeur gouvernemental qui est la régie, ils ne peuvent pas se
payer le luxe de frauder. En plus de la sanction, il y a un
élément "désincitateur", c'est clair et c'est là
où cet élément "désincitateur" et la
nécessité de l'introduire est influencé par le fait que
les sanctions imposées par les tribunaux ou par les corporations parfois
le président de la régie peut en donner des exemples
nombreux frisent complètement le ridicule tellement les
pénalités sont mineures et son inoffensives pour le
professionnel. Elles sont disproportionnées, à la baisse si vous
voulez. Elles sont disproportionnées par rapport à la
gravité de l'acte posé.
En résumé, M. le Président, ce n'est pas un
précédent. Il existe des précédents comparables.
Deuxièmement, cela n'enfreint pas du tout les pouvoirs et l'exercice
normal des responsabilités des corporations professionnelles ou des
tribunaux; c'est à l'intérieur de l'exercice d'une
responsabilité propre à la régie dans sa relation
particulière avec le professionnel.
M. Grenier: L'article 152 du Code des professions dit qu'un
professionnel de la santé trouvé coupable d'un acte criminel est
ipso facto, traduit devant le comité de discipline de la corporation
professionnelle dont il est membre. Il peut se voir retirer son droit de
réplique avec comme conséquence, bien sûr, la
possibilité de participer au régime. Le ministre vient d'y faire
allusion. Je pense qu'il a mentionné, si j'ai bien suivi, que les
sentences prononcées étaient parfois un petit peu enfantines et
si minces qu'il y avait peu de découragement à cela. Je trouve
qu'on centralise encore une fois à la régie, au ministère,
ce pouvoir de pénaliser dans ce secteur. Il me semble qu'il aurait
été intéressant que le ministère se penche sur une
position contraire, tâche d'inciter ces gens à une autodiscipline
et à être plus sévères. Même si on sait que
c'est parfois compliqué de convaincre des gens à une
autodiscipline, les preuves sont faites depuis longtemps que la discipline que
les gens peuvent se donner eux-mêmes dépasse de loin celle qui
peut leur être imposée par une corporation, par un
ministère ou par tout organisme qui a à superviser. Je trouve
vraiment étrange qu'on arrive avec une pénalisation de ce genre,
imposée par la régie, alors qu'on aurait pu facilement, avec de
la négociation, arriver à une entente ou, dans le Code des
professions, en arriver à des jugements que ces groupes de
professionnels auraient pu se donner. On pourrait avoir un jugement un peu plus
sévère, si c'est le cas, mais je trouve mal à propos que
le ministère accapare encore ce pouvoir de pénaliser ces groupes
de professionnels. C'est une tendance qui n'est pas uniquement le
ministre l'a signalé à ce ministère. On la
détecte ailleurs aussi. Ce n'est pas parce qu'elle est ailleurs qu'elle
est bonne dans ce ministère. S'il est un groupe qui doit travailler en
s'autodisciplinant, c'est bien le groupe de ces professionnels dont on parle
autour de cette table, peut-être plus que partout ailleurs. On le voit au
niveau du Barreau, on le voit même au niveau des assureurs, où
c'est assez bien structuré. Je me demande ici si on n'aurait pas
avantage à négocier ce paragraphe avec cet organisme
professionnel.
M. Lazure: Pour la régie, je dois dire qu'on ne
considère pas cela comme étant un pouvoir, mais plutôt
comme une obligation qui est créée à la régie. D'un
autre côté, on a essayé de ne rien mettre de
discrétionnaire en mettant des temps fixes, pour que la régie
n'ait pas à dire un mois, trois mois, six mois, neuf mois, des
périodes de temps fixées dans la loi.
Un troisième point que je pourrais mentionner, c'est qu'on
considère ces fautes qui, heureu- sement, sont minimes, comme des fautes
économiques, auxquelles est apportée une sanction
économique. Ce qui nous a amenés là, c'est un peu
l'histoire des dernières années. On a eu, par exemple, un
médecin qui était complètement absent au moment d'un
accouchement. Le juge nous a dit que, même si le médecin
n'était pas physiquement présent, il a respecté les
exigences parce qu'il a signé le dossier. Alors, c'est assez dangereux
comme solution pour nous autres. Il a dit que cet individu remplit une oeuvre
éminemment sociale et importante. Je suis complètement d'accord.
Le médecin a accepté, par sa signature, toute la
responsabilité de l'acte posé par l'interne. Mettons qu'il n'est
pas loin après...
M. Grenier: Est-ce qu'on a eu une sentence pour ce
médecin? Est-ce que vous avez cela aussi?
M. Lazure: On dit qu'il n'y a pas eu de sentence. Cela a
été oublié, il est non coupable. Cela ne s'applique
même pas, mais c'est pour vous dire que les sentences il faut que
je retrouve mes mots comme il le faut non pas les juges, mais les
jugements sont parfois complaisants. Ce n'est pas trop facile d'en avoir. Quant
à une allusion qu'a faite le député de Saint-Laurent
tantôt, qui est assez exacte et qu'une corporation professionnelle a
amenée lors de la commission parlementaire, c'est que souvent les
montants semblent dérisoires, $1000 ou $1500. $1500, savez-vous ce que
c'est? Cela représente 150 témoins à $10 pour faire la
preuve dans 150 cas. C'est pour cela qu'on ne peut pas aller jusqu'au fond,
jusqu'au bout. Parfois, on s'arrête à $1000, à $1500 ou
à $2000. Ils ne font pas des actes à raison de $1000 l'acte. Ils
font des actes à $8 ou $10 ou à $20, des services non rendus. Il
faut prouver cela un par un et quand on a trouvé 22 ou 24 témoins
ou 33 témoins et que ce sont des choses qui remontent à un an ou
un an et demi, deux ans, cela commence à être assez difficile. Le
montant n'a pas l'air important et il n'y a pas de relation, comme vous le
dites, entre le montant et la conduite ou l'offense elle-même. C'est
peut-être pour cela, lorsqu'arrive le moment de la sentence, que celle-ci
semble être moindre.
M. Grenier: Je me permettrais de vous demander ici si, avant de
songer à mettre un article comme celui-là dans la loi, on a
rencontré ces professionnels et on leur a suggéré... Il y
a eu des négociations pour leur demander d'être plus
sévères ou de... Cela a dû se faire, j'imagine.
M. Lazure: Oui, je vais vous répondre.
M. Grenier: Parce que si ce n'est pas efficace, si ce sont des
cas isolés que vous nous signalez, on n'est pas en mesure de les
vérifier, nous, ici, mais si, pour des cas isolés, on se donne
une loi aussi dure que cela, je me demande si...
M. Lazure: Non. Au criminel je l'ai rapporté
l'autre jour il y a deux cas par année, deux cas
en 1978, deux cas en 1977, deux en 1976. Quelque chose
d'intéressant nous a été dit par le président de la
corporation: Ce sont des malades. Ce sont des gens qui font pitié, c'est
effrayant! J'ai eu la chance d'en voir un. Ce sont des gens drogués ou
alcooliques. Je trouve qu'on ne leur fait pas tellement tort; surtout, on ne
fait pas tort aux bénéficiaires en les empêchant de
pratiquer. On ne les empêche pas de pratiquer, en fait, on les exclut du
régime pendant deux ou trois mois. On n'enlève pas le droit de
pratique. C'est fondamental. Le droit de pratique appartient à la
corporation. Vous allez me dire: En l'excluant du régime, il ne peut pas
pratiquer. Il y en a quand même une cinquantaine qui pratiquent en dehors
du régime.
M. Grenier: Vous multipliez les gouttes d'eau. Il y en a un qui
existe il n'est peut-être pas parfait, mais il existe et
vous signalez quelques cas. Ce sont peut-être deux parmi d'autres que
vous n'avez pas découverts. Il peut aussi y en avoir d'autres. Mais
est-ce que cela vaut la peine d'arriver avec cela? Est-ce vraiment une
façon saine d'administrer que d'arriver avec une loi marteau comme cela
pour pénaliser les deux cas, même s'il y avait dix cas par
année? Pourquoi créer un autre tribunal parallèle alors
qu'on pourrait peut-être corriger ou améliorer celui qui existe et
qui est une autodiscipline importante?
M. Lazure: En fait, ma réponse est que ce n'est pas du
tout un tribunal. On ne juge absolument rien. On dit: Lorsqu'un professionnel
aura plaidé coupable à un acte criminel en rapport avec des
services assurés ou aura été trouvé coupable,
à ce moment-là, automatiquement, la régie sera
obligée d'imposer une sanction économique. Je voulais aller un
peu plus loin pour répondre à une question du
député de Saint-Laurent. Il a mentionné tantôt qu'on
s'arrête à $1000 ou $2000. On a décelé dans une
enquête récente une vraie belle organisation de fraude et de vol
contre la régie. On a dit: On va en prouver tant qu'on va pouvoir. On a
prouvé qu'on avait été fraudé pour $100 000.
C'étaient des médicaments qui n'ont pas été
livrés ou destinés à des personnes
décédées. On en a prouvé pour $100 000. Le juge l'a
condamné à $30 000. On a encore perdu $70 000 en cours de route.
On n'a jamais été en appel sur aucune des décisions. J'ai
relevé les cas qui ont été poursuivis au criminel ou qui
ont plaidé coupable au criminel. On en a un qui a eu $500 d'amende avec
sentence suspendue. On en a un qui a eu $100 et les frais avec un mois pour
payer. On en a un ici où l'accusé a plaidé coupable et il
a eu une libération inconditionnelle. On en a un qui a eu quatre jours
de prison, un autre, dix jours, un autre 30 jours à servir les trois
derniers dimanches du mois. On en a eu un en probation pour deux ans. Et on a
eu, en 1978, un plaidoyer de culpabilité, libération
inconditionnelle. (11 h 30)
Là, je reviens à ce qu'on a dit tantôt: Une fois que
c'est passé au criminel cela va à la corporation professionnelle.
Or, à la corporation professionnelle, les syndics ont un rôle
à jouer; ici j'ai la liste des sanctions de la dernière
année: il y a des gens qui reçoivent des réprimandes,
réprimandes, réprimandes amendes de $500, réprimandes et
radiation temporaire d'une semaine, et il y a eu deux radiations
permanentes.
Dans le cas de la radiation permanente qui a été
imposée par le syndic de la corporation, le professionnel s'est
retrouvé devant le tribunal des professions. Là, je prends un
article du Devoir de juin 1978: "Les juges rappellent cependant que le crime
reproché n'a pas été commis dans l'exercice direct de son
art, mais plutôt dans ses relations financières avec
l'État." C'est-à-dire qu'ils font une distinction entre le fait
de professer avec qualité et la fraude qui est une sanction
économique. C'est dans ce jugement qu'on faisait la distinction
importante entre..." La sévérité excessive de la sanction,
soit la perte à vie de son gagne-pain, démontre que le
comité de discipline n'a pas fait la distinction qui s'impose entre la
fraude qui consiste à surcharger, non pas un client, mais la
régie." Cela m'a fait réellement sursauter. Cela veut quasiment
dire que frauder la régie n'est pas frauder alors que frauder un client
ce serait frauder.
Si vous le permettez, je veux juste rattacher cet exemple aux remarques
générales que je faisais, au début, sur le lien
particulier qui existe entre le professionnel et la régie. Ce lien
particulier est confirmé par le tribunal des professions qui dit: Si un
professionnel, en l'occurrence un médecin, fraude la régie et
l'État, ce n'est pas grave parce que c'est une transaction
particulière administrative avec l'État; ce n'est pas dans sa
relation privée avec le patient.
Évidemment, c'est un raisonnement qu'on ne saurait accepter mais
il a été établi comme raisonnement et, devant de tels
raisonnements, je pense qu'il ne nous reste qu'un choix, c'est d'avoir notre
propre mécanisme de sanctions économiques à
l'intérieur de cette relation spéciale qui existe entre le
professionnel et l'État par la régie. C'est un peu comme si on
disait: Une des deux parties contractantes a abusé du régime, on
parle du professionnel qui fraude le régime encore une fois,
c'est grave frauder et c'est reconnu devant le tribunal qui abuse du
régime en question et comme cela arrive souvent dans des situations
biologiques, si on abuse de quelque chose, il y a un rejet. La régie
rejette temporairement cet individu qui a abusé du régime, qui a
trompé le régime; elle le rejette temporairement, elle ne lui
enlève pas le droit de pratique. C'est sûr que ce sera plus
difficile, économiquement, pour l'individu de pratiquer s'il ne touche
pas d'honoraires de la régie, mais je crois que dans l'exemple
avant de redonner la parole au Dr Laber-ge qu'il vient de donner et dans
les remarques du tribunal des professions et cela rejoint les questions
du député de Mégantic-Compton tantôt vous
voyez un peu comment le tribunal des professions aborde cette question.
À notre avis, il ne l'aborde pas de la façon idéale, loin
de là. Cela nous met dans une situation où nous pensons qu'il est
de notre devoir d'intervenir par une sanction.
M. Grenier: Le juge a peut-être compris qu'il se
dépense tellement d'argent pour rien dans le gouvernement que quand bien
même on en volerait un peu.
M. Lazure: Non. Ils étaient trois juges.
M. Grenier: Ils étaient peut-être tous du même
avis.
M. Lazure: Pour terminer ceci exposé le
tribunal, à l'unanimité... "les trois juges sont d'avis que la
sanction de radiation permanente doit être écartée et
remplacée par une autre qui se rapproche de celle déjà
imposée. Pour ces motifs, le tribunal, à l'unanimité,
casse la sanction imposée par le comité de discipline." Ce que je
veux dire tout simplement, c'est que le comité de discipline impose une
sanction, qui est une sanction je ne veux pas me prononcer sur la
justesse de cette sanction de radiation permanente; j'imagine qu'il y a
réfléchi très sérieusement. Le tribunal dit: C'est
plutôt une relation économique que le professionnel a avec la
régie et ce n'est pas tellement à vous de le faire et il casse le
jugement. Maintenant, je répète encore ce que j'ai dit au
début: Ce n'est pas de gaieté de coeur que cet article est
là. S'il y avait moyen qu'il n'existe pas, je ne pleurerais pas...
M. Forget: Est-ce qu'il est encore possible d'en appeler de ce
jugement du tribunal des professions?
M. Lazure: Je l'ai demandé...
En mai 1978, on cassait une décision de discipline du
collège. Il appartenait au collège à ce moment-là,
mais je ne sais pas, est-ce qu'il y a... Je pense qu'il est sans appel, je
pense que le tribunal rend une décision finale et sans appel.
M. Forget: Sauf l'évocation en Cour supérieure, si
des motifs suffisants peuvent être allégués, par exemple,
s'il y a une erreur de droit ou un vice de procédure, etc., parce qu'il
semble qu'après un jugement comme celui-là, je n'en connais pas
les détails, les comités de discipline des groupes professionnels
vont avoir toutes les raisons du monde de devenir passifs.
Mme Lavoie-Roux: Je voulais demander au président de la
régie ou à Me Lafrance s'il serait possible que le juge soit
celui qui impose ce qui constitue une deuxième sanction, la
non-participation. Est-ce que cela pourrait être du ressort d'un
juge?
M. Lazure: Je pense que, s'il y avait un tel article dans la loi
de la régie, il serait sûrement invoqué en cour au moment
où on plaide la cause et le juge en tiendrait compte. Le juge dirait:
S'il plaide coupable ou s'il est reconnu coupable, il y a déjà
une sanction de trois mois, il va être exclu du régime. Cela
suffit. Cela va faire partie, à mon sens, d'une sanction.
Mme Lavoie-Roux: J'ai peut-être mal formulé ma
question. Ma question, plus précisément, était: Le fait de
le rendre non-participant, est-ce que c'est une sanction qu'un juge peut
imposer ou cela relève-t-il d'une corporation ou de la régie?
M. Lazure: Je ne le pense pas. Non, je ne le crois pas.
Mme Lavoie-Roux: Non. Alors, ce type de sanction doit vraiment
venir de la loi; il faut que ce soit une disposition de la loi...
M. Lazure: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... qui rende la régie responsable de
l'appliquer, en fait, de communiquer...
M. Lazure: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Le problème qui a été
soulevé quant à ce qui semble être un manque... Je ne
voudrais pas utiliser de qualificatif qui ne soit pas exact, mais on a
parlé d'un certain laxisme des corporations professionnelles qui
imposent des sanctions on n'a pas toutes les données qui
paraissent trop minimes. Qu'est-ce que vous faites pour corriger cela? Est-ce
que cela fait l'objet de discussions avec les corporations?
M. Lazure: Personnellement, j'ai l'impression que les
corporations prennent de plus en plus leurs responsabilités. Il y a cinq
ans, les corporations n'imposaient pas de grosses sentences. Elles ont leur
comité de discipline qui, je pense, agit très sérieusement
et impose des radiations ou des sentences qui sont de plus en plus
sévères, qui vont jusqu'aux radiations permanentes. Mais ce qui
m'ennuie vraiment, c'est de voir que les sentences imposées par le
comité sont renversées par le tribunal des professions. Il y a
trois juges. C'est un précédent qui va dire au
comité...
Mme Lavoie-Roux: II me semble que vous déplacez le
problème. Dans le fond, je pose toujours ce jugement sous réserve
parce que je n'ai pas toutes les données, vous dites: II semble y avoir
un progrès du côté des corporations, elles semblent plus
conscientes de leurs responsabilités, mais on a maintenant un autre
problème, celui du tribunal des professions qui renverse, comme dans le
cas que vous nous avez cité...
M. Lazure: Fait la distinction entre la sanction
économique et la sanction professionnelle.
Mme Lavoie-Roux: Oui, la sanction professionnelle. Mais est-ce
que c'est vraiment la façon de corriger quand existe un tribunal des
professions qui a été créé par une loi? Les
corporations existent également et elles ont été
créées de la même façon. Vous dites: Comme ces
gens-là ne font pas leur boulot selon vos données, cela
semblait assez évident dans ce cas-là avec
toute la conscience qu'ils devraient avoir et toute l'énergie
qu'ils devraient y mettre, on va aller et on va mettre une autre sanction
ailleurs. Je me demande si on s'attaque au vrai problème ou si, au
contraire, cela n'aura pas l'effet que les corporations vont se
désintéresser de tout ce problème, alors que cela
relève d'elles au premier chef.
M. Lazure: M. le Président, c'est justement
là-dessus que je veux insister dans mes remarques. De la même
façon que la régie ne peut pas se substituer aux corporations et
au tribunal, il faut dire aussi que le tribunal et la corporation ne sauraient
prétendre que la régie ne peut pas jouer un rôle
là-dedans. Quand il y a une fraude de la part de l'autre partie
contractante... Et c'est ça, notre prétention, qu'il y a un champ
d'action qui est particulier, qui est spécifique à la
régie. La régie, par cet article, n'envahit pas un champ d'action
spécifique au tribunal ou spécifique aux corporations. Elle agit
à l'intérieur de son champ d'action.
Si la partie contractante a fraudé la régie, le public,
les fonds publics, l'État, etc., il nous paraît normal que la
régie, un peu comme l'exemple des véhicules automobiles dont je
vous parlais tantôt, puisse avoir un droit de sanction. On peut discuter
et argumenter sur la sévérité de la sanction. Devant
certains arguments, on a accepté de diminuer, d'adoucir la sanction.
Mais l'exercice d'une juridiction dans ce champ particulier de la régie,
l'exercice de son droit de sanction nous paraît fondamental et
indiscutable.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'il me semble, c'est que vous avez un
problème que le président de la régie a souligné;
il vous semble que les sanctions ne sont pas assez sérieuses. Vous avez
des gens à qui, normalement, ces responsabilités seraient
dévolues, vous sentez une certaine déficience de ce
côté, vous dites: On les remplace. Vous vous substituez...
M. Lazure: Non, on ne les remplace pas.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne les remplacez pas, mais, d'une certaine
façon, à l'égard des sanctions, vous dites: Cela ne nous
satisfait pas, il n'y a qu'une chose, c'est nous qui allons en prendre la
responsabilité; en tout cas, ça me semble comme ça.
M. Lazure: On ne touche pas au droit de pratique, c'est bien
important; on ne touche pas au droit de pratique.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Forget: Vous allez le plus près possible.
Mme Lavoie-Roux: Oui, sans ça, vous seriez...
M. Lazure: On essaie d'être non discrétionnaire,
dans le sens qu'on ne voudrait pas qu'il y ait un éventail d'un mois, de
neuf mois, que la régie pourrait appliquer d'elle-même, ou d'une
semaine à je ne sais pas quoi. Mettez-le automatiquement. On ne fait pas
ça de gaieté de coeur, je vous le dis encore une fois, devant la
situation qu'il y a là.
M. Forget: Face au problème qui se présente et
à la façon également dont il a été
traité, les membres de l'Assemblée nationale sont en droit de se
poser la question suivante: Est-ce que l'État, le gouvernement a
vraiment pris toutes les mesures pour s'assurer que la responsabilité
qui appartient, tout le monde le reconnaît, au premier chef, aux
corporations professionnelles, est vraiment exercée? On a modifié
un autre article dans ce projet de loi, mais il n'est pas encore en vigueur,
permettant de transmettre des dossiers préparés pour les
comités de révision aux comités de discipline des
corporations professionnelles.
Donc, on peut dire que, jusqu'à maintenant, les corporations
professionnelles elles l'ont dit dans le passé ne
disposaient pas de renseignements suffisants pour vraiment être
sensibilisées à des phénomènes d'abus, de pratiques
injustifiées. Elles vont avoir ces renseignements. D'un autre
côté, on a dit: le ministère de la Justice n'a jamais cru
bon de contester en appel un certain nombre de décisions,
d'acquittements au niveau criminel, par exemple dans des jugements qui
reflétaient une certaine vue en rose du problème de la part de
certains tribunaux inférieurs.
Je pense que le premier devoir serait, pour le ministère de la
Justice, d'être plus vigoureux, pour être sûr d'obtenir des
condamnations là où il y a une preuve. Une fois que ceci sera
fait, il y aura également plusieurs occasions de vérifier si la
décision du tribunal des professions, qu'il a prise dans le cas d'une
radiation, est une attitude générale ou si ça s'explique
simplement par des cas et la nature de la preuve particulière à
une cause. On peut faire du très mauvais droit en se basant sur un
jugement qui peut être erroné, qui peut être correct, mais
découler de circonstances très particulières à une
cause et qui peuvent ne jamais se reproduire à nouveau. On peut
difficilement, à l'aide d'un jugement, dire: C'en est fini, le tribunal
des professions a pris une attitude qui est inacceptable. Laissons-le
décider une autre fois sur une radiation et il y a des chances qu'il
décide différemment. (11 h 45)
Mais encore une fois, il y a les appels que le ministère de la
Justice a jugé bon de ne pas faire, de certains jugements où il a
perdu, il y a la transmission d'information aux corporations professionnelles
et il y a la possibilité, pendant tout ce temps-là, de parler aux
corporations professionnelles et de leur dire en termes non ambigus qu'il y a
certainement une volonté, que tous les partis à
l'Assemblée nationale partagent, de leur voir assumer leur rôle,
non seulement pour les aspects d'éthique professionnelle entendue dans
un sens très étroit, mais vis-à-vis toutes les dimensions
de la pratique des professionnels de la santé et même des autres
professionnels, dans la mesure où le même genre de problème
se pose.
Si jamais ils n'étaient pas capables d'assumer cette
responsabilité, on pourrait en venir à des conclusions comme
celle-ci, ou d'autres conclusions. Mais il ne m'apparaît pas
approprié de faire porter sur les bénéficiaires le fardeau
d'une sanction économique, parce qu'il ne faut pas se faire d'illusions,
la sanction de la non-participation, pour le même raisonnement qui a
été tenu vis-à-vis un autre article, l'amendement à
l'article 24 de la loi, quand on déclare qu'un médecin a toujours
le droit de pratiquer mais qu'il le fera désormais aux frais du
bénéficiaire, on ne pénalise pas seulement le
médecin en question, le professionnel en question, on pénalise
également le bénéficiaire qui peut avoir une relation
continue, remontant à plusieurs années, avec le même
professionnel de la santé et qui, soudain, se voit dans une situation
économique tout à fait différente, sans qu'il y ait faute
de sa part.
À mon avis, si la régie veut des sanctions
économiques, elle pourrait trouver des sanctions économiques qui
sont plus appropriées, qui visent directement le professionnel. On en a
l'exemple dans d'autres lois où, lorsqu'il y a une fraude dans le
cas de l'impôt, je pense que cela se voit le contribuable fautif
est obligé de rembourser non seulement l'impôt qu'il aurait
dû payer, mais un multiple de cette somme.
C'est une sanction économique, mais cela ne touche personne
d'autre que celui qui a été trouvé coupable de la fraude
en question et cela aurait aussi l'avantage de ne pas avoir l'air de les juger
ou de jeter un regard par-dessus l'épaule d'autres organismes
professionnels qui, vis-à-vis le droit de pratique, ont des
responsabilités à prendre. Si certains professionnels se livrent
à la fraude parce qu'ils sont drogués, etc., selon l'expression
utilisée tout à l'heure par le président de la
régie, Mon Dieu, ce n'est pas seulement une sanction économique
qui est la solution; c'est un retrait du droit de pratique.
M. Gosselin: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Sherbrooke.
M. Gosselin: Depuis que j'assiste à cette commission, j'ai
une impression pénible qui est partagée par d'autres membres de
la commission. Tout à l'heure, on a ri jaune sur des exemples qui
m'apparaissent à tout prix scandaleux. Ces exemples se sont
répétés à l'intérieur des témoignages
de la commission depuis le tout début. On se retrouvait presque
constamment, à travers le constat de l'imperfection de nos lois, dans
l'impasse de sentir qu'on ne réussissait pas à rétablir la
justice dans ces cas-là.
Je fais quotidiennement des représentations sur des cas
d'assistés sociaux qui, pour des périodes provisoires d'emplois
qu'ils ont pu occuper, en touchant leurs prestations sont coupés, pour
des périodes assez longues, de toute forme d'aide financière.
Quand je fais la comparaison entre le niveau de sanction qu'on applique pour
ces popu- lations comme pour d'autres et le niveau de pouvoir réel d'un
gouvernement responsable des deniers publics peut exercer, finalement,
réaliser des sanctions tout aussi justes face à des
professionnels de la santé qui fraudent le régime, je trouve
qu'il y a une inadéquation. Voyez-vous?
J'ai parfois l'impression d'une énorme imposture dans tout cela,
liée à l'imperfection de nos lois et qui, finalement, joue au
discrédit des professionnels, de tous les professionnels, alors que ce
sont des minorités qui font ces actes frauduleux.
Or, pour ceux de l'intérieur qui, dans leur pratique,
réalisent ces actes frauduleux, il faut... La régie a le devoir
de le faire, parce qu'elle administre des fonds, elle paie des primes en trop
à des gens. Elle a le devoir d'appliquer des sanctions. Il me semble
notamment que l'article 62 n'est absolument pas abusif, il est tout à
fait normal et il est dans l'ordre de commencer à corriger certaines
choses; c'est ce qu'on peut appeler un souci de justice et de juste
réprimande pour que le niveau de fraudes, qui semble s'être
développé de la part de certains, cesse. Je vous remercie.
M. Lazure: M. le Président, j'aimerais seulement ajouter
un dernier commentaire. Je pense que les positions sont bien connues. Il y
aurait peut-être lieu d'en arriver, s'il le faut, à un vote.
Encore une fois, je pense que c'est une responsabilité le
député de Sherbrooke l'a très bien exprimé
particulière, c'est une charge spécifique de la régie de
voir à sanctionner des actes qui sont des fraudes à son
égard. Elle régit. Ce n'est pas du tout une invasion des autres
champs de compétence.
Encore une fois, ce n'est pas un jugement non plus que la régie
porte. Elle ne devient pas un tribunal, mais, suite à un jugement
formulé par le tribunal approprié, la régie sanctionne
l'autre partie qui avait contracté, de bonne foi des deux
côtés et qui a brisé le contrat.
La remarque du député de Saint-Laurent concernant le
bénéficiaire, je suis sensible au fait que, jusqu'à un
certain point, c'est une sanction qui peut incommoder certains
bénéficiaires. D'autre part, le professionnel sera obligé
évidemment d'informer le bénéficiaire de façon
très claire, par affichage dans son bureau et autres moyens, qu'il a
été un fraudeur et qu'il a été suspendu pour
fraude.
Il est important que la population sache, que la population connaisse
parce que, quand il s'agit d'un bénéficiaire de l'aide
sociale ou d'un autre individu peut-être moins privilégié
dans la société, la population, par la voie des journaux ou
autrement, sait que l'individu a fraudé. Le bénéficiaire
qui veut aller voir un professionnel de la santé a droit de savoir si
son professionnel est un fraudeur ou pas. Dans le cas de médecins en
particulier, il y a suffisamment de médecins au Québec; le
bénéficiaire qui se rendrait compte que son médecin est un
fraudeur, libre à lui ou bien d'encourir une certaine
pénalité en payant lui-même, s'il tient absolument à
garder ce médecin
ou encore, ce qui serait peut-être le plus souvent le cas,
à choisir un autre médecin. Encore une fois, ce n'est pas une
mesure temporaire que nous voulons introduire ici jusqu'au jour où les
corporations professionnelles joueront leur rôle, parce que même le
jour où ces deux groupes joueraient mieux leur rôle, je pense que
nous devrions maintenir cette compétence particulière qui est
celle de la régie. Ceci étant dit, nous faisons des
démarches auprès du ministère de la Justice. J'ai
moi-même écrit au ministre de la Justice à quelques
reprises concernant des jugements qui ne nous paraissaient pas tout à
fait adéquats, qui étaient vraiment trop indulgents, si vous
voulez, vis-à-vis du professionnel de la santé.
Indépendamment de ce nouvel article, nous continuons nos
démarches auprès des corporations et auprès du
ministère de la Justice pour qu'il y ait des sanctions plus
adéquates.
Le Président (M. Marcoux): Je vais appeler le
deuxième amendement proposé par le ministre au paragraphe b) qui
vise à remplacer, dans la deuxième ligne de l'article 62 de la
loi édicté par l'article 47 du projet de loi, les mots "est
coupable ou plaide coupable à une infraction ou à un acte
criminel concernant la réclamation de services assurés" par les
mots "plaide coupable à une infraction ou à un acte criminel
ayant trait à une réclamation faite à la régie ou
payée par elle ou est reconnu coupable d'une telle infraction ou d'un
tel acte criminel". Cet amendement sera-t-il adopté? On adopte
l'amendement.
M. Forget: Non, on n'a voté sur rien jusqu'à
maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): "Le suivant" a
été remplacé par "les suivants".
M. Lazure: Le tout premier, on l'a adopté, oui. M.
Forget: Ah oui! Sur les amendements, oui.
Le Président (M. Marcoux): On a voté sur rien, vous
avez raison. J'ai appelé l'amendement du premier alinéa. Avant
d'adopter l'alinéa il faut adopter l'amendement.
M. Forget: Oui, adopté pour les amendements.
Le Président (M. Marcoux): Tous les amendements?
M. Forget: Tous les amendements.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que je pourrais avoir
une formulation écrite du quatrième... C'est remplacer... On y
arrivera. On va les adopter un par un. Le deuxième amendement est
adopté. Le troisième: Ajouter à la fin de l'article 62 de
la loi édicté par l'article 47 du projet de loi suivant: 62a.
Dans une poursuite intentée en vertu de la présente loi, un
relevé d'honoraires ou une demande de paiement signé par un
mandataire autorisé par un professionnel de la santé,
conformément à l'article 57, est présumé avoir
été signé par ce professionnel de la santé.
L'amendement est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le quatrième amendement
qui était proposé, c'était de changer "six mois" par
"trois mois", à la fin du premier alinéa, et "un an" par "six
mois". C'est adopté.
M. Forget: Adopté. M. Grenier: Cela va.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que le premier
alinéa de l'ancien article 62, l'article de la loi actuelle, est
adopté tel qu'amendé?
M. Forget: Vote nominal.
Le Président (M. Marcoux): Quels sont ceux qui sont pour
le premier alinéa de l'article 62 tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: ... suivant toujours.
Le Président (M. Marcoux): C'est "lorsqu'un professionnel
de la santé poursuivi en vertu du Code criminel", jusqu'à "s'il
s'agit d'une infraction subséquente" qui a été
amendé...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Forget: On peut voter l'article globalement.
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Quels sont ceux qui
sont favorables à l'article 47 tel qu'amendé? M. Forget
(Saint-Laurent)?
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Gosselin (Sherbrooke)?
M. Gosselin: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Alfred (Papineau)?
M. Alfred: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Marcoux): M. Lazure (Chambly)?
M. Lazure: Pour.
Le Président (M. Marcoux): M. Marquis (Matapédia)?
M. Mercier (Berthier)?
M. Mercier: Pour.
Le Président (M. Marcoux): Cinq pour, trois contre. Le
nouvel article 47 tel qu'amendé est adopté. Article 48 auquel il
y a des amendements proposés. J'ai appelé l'article 62a et il a
été adopté.
Programme de primes d'encouragement
M. Lazure: L'article 63 est un article qui vise à
permettre au ministre d'établir des primes d'encouragement. On a
actuellement dans la loi, comme vous le savez, des bourses de recherche. Pour
ces bourses de recherche, le montant est déterminé dans la loi.
Il n'y a aucun problème, c'est 0,2% des montants dépensés
au cours de l'exercice financier précédent qui sont
consacrés à la recherche. C'est le conseil de recherches sur la
santé au Québec qui détermine les boursiers. Alors, il n'y
a pas de problème.
Le deuxième genre de primes d'encouragement ce sont les bourses
d'étude. Il y a des bourses d'études, A, B, C et D, selon
l'année à laquelle elles s'appliquent. Il y a cent bourses B,
cent bourses C, cent bourses D et il y a 25 bourses A. Le montant des bourses A
est différent de celui des bourses B, C et D. Le nombre de bourses
accordées est peut-être intéressant. On est actuellement
entre 90 et 95 bourses qui sont accordées. À ce moment-ci,
c'est-à-dire janvier et février, on fait le tour des
facultés de médecine pour atteindre les étudiants de
deuxième, troisième, quatrième année, et on fait le
tour également des hôpitaux d'enseignement, 33 hôpitaux
d'enseignement, pour essayer d'atteindre les internes, leur vendre les bourses.
Comme je vous dis, il y en a à peu près 95 vendues. Cette
année, on pense être capable d'en vendre au moins une
cinquantaine.
L'ennui avec les bourses, il y en a plusieurs! Le premier, c'est que
quand on accorde une bourse à un étudiant en médecine de
deuxième année ou de troisième année, cela veut
dire qu'il faut que ce jeune étudiant, à ce moment, renonce,
à toutes fins utiles, à une spécialité, qu'il
renonce à devenir cardiologue, pédiatre, chirurgien ou n'importe
quoi. Il faut qu'il renonce à cela parce qu'il faut qu'il pratique.
Parfois, il n'est pas encore assez mûr, si on peut dire, pour prendre une
vraie décision, bien réfléchir. (12 heures)
Le deuxième inconvénient, c'est qu'on lui dit: Vous allez
pratiquer dans un endroit désigné par un comité de
répartition géographique qui se trouve dans les ententes. Il nous
demande à quel endroit et on dit: On regrette, mais on ne peut pas le
dire. Cependant, lui aimerait savoir si ce sera à Port-Cartier ou
à Havre-Saint-Pierre. On ne le sait pas. On ne peut pas le lui dire. On
ne peut pas le lui dire trois ans d'avance. Quand même on lui dirait:
À Havre-Saint-Pierre ou à Port-Cartier, il manque trois docteurs,
dans quatre ans, il n'en manquera peut-être pas du tout. Longtemps
d'avance, on ne peut pas le lui dire. Il y a un peu d'inconnu.
Le troisième, c'est que les bourses sont imposables. C'est connu
à l'avance.
On a fait le tour, en fait, de différents endroits. On a
regardé dans d'autres pays et on a regardé très
près de nous, en Ontario, où il y a un système qui a
fonctionné. Et ce sont des "grants" qu'on a traduits par primes
d'installation, aux fins du ministère du Revenu, non imposables, qui
seraient attribuées à n'importe quel professionnel de la
santé, que ce soient des médecins, des dentistes dans une
région, des optométristes ou des pharmaciens. En tout cas, il n'y
a pas de restriction. Deuxièmement, elles pourraient être
appliquées à la fin des études. Un étudiant en
cinquième année de médecine, j'appelle cela de la
main-d'oeuvre disponible à quelques mois d'avis. Cela peut même
être appliqué à un spécialiste. On pourrait prendre
l'exemple d'un psychiatre qui termine ses études ou d'un
anesthésiste et dire: On n'a pas d'anesthésiste à
Gaspé ou à Sept-Îles. Demandez un anesthésiste qui
finit ses études et qui est prêt à y aller. On va lui
donner la prime d'installation.
Cet article crée donc les primes d'installation. On voudrait que
le montant et le nombre de primes soient la responsabilité du
gouvernement. Que ce soit la responsabilité du gouvernement de
décider si on va donner $500 000, $1 million ou $1 500 000. Par contre,
on a modifié l'article 48 en disant qu'une entente peut prévoir
les conditions et les modalités d'octroi des primes d'encouragement.
Déjà, dans deux ententes avec la FMOQ et la FMSQ, il y a des
dispositions qui prévoient un comité de répartition
géographique des effectifs qui, à mon sens, pourrait avoir la
responsabilité de déterminer les conditions et les
modalités d'octroi de ces primes.
Mme Lavoie-Roux: Je veux être brève parce que, comme
le président de la régie, je pense que, si on peut finir avant le
lunch, personne ne va s'y opposer.
M. Grenier: Pauvre docteurl Pauvre docteur qu'on massacre ici!
Une chance que vous avez l'Opposition pour vous protéger.
Le Président (M. Marcoux): Elle ne veut pas que vous
parliez, elle veut que vous écoutiez.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des remarques que je vous transmets pour
ce qu'elles valent. Je ne suis pas sûre que ces remarques soient tout
à fait justifiées. Des étudiants me faisaient remarquer
que, quand ils acceptent une bourse d'étude, ils doivent
s'éloigner immédiatement leurs études
terminées. Ils se demandaient si un délai d'un an ne
pourrait pas être accordé quand, par exemple, la conjointe, la
compagne ou la femme...
M. Lazure: ... lui laisser finir ses études à elle
aussi. D'accord. On est bien conscient du problème. J'en ai parlé
à la régie et la régie n'a pas d'objection à faire
preuve de souplesse dans de tels cas. C'est une mesure administrative. Ce n'est
pas exactement comme le règlement le dit, mais je pense que c'est
oui.
Mme Lavoie-Roux: La deuxième observation qui m'a
été faite concerne les choix qui sont offerts. En fait, il n'y a
pas de choix. On dit à une personne: Vous irez à
Havre-Saint-Pierre.
M. Lazure: Non. Il y a des choix.
Mme Lavoie-Roux: II y a des choix qui sont offerts?
M. Lazure: On présente un certain nombre de régions
éloignées où il y a pénurie de médecins.
Oisons Lac-Mégantic, le comté de L'Acadie, etc. Je souligne
l'arrivée du député de Vanier; il fait son
entrée.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il vient de se lever, le
député de Vanier?
M. Grenier: II a fêté son aréna.
M. Lazure: C'est l'éducation des adultes.
M. Bertrand: Si vous m'aviez suivi, après la commission
hier soir, vous vous seriez levés tard aussi.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire que vous ne vous êtes
jamais couché, vous êtes toujours resté debout.
M. Lazure: Pour revenir...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, s'il n'y a pas de
problème...
M. Alfred: II n'y a pas de problème.
M. Lazure: M. le Président, pour revenir à nos
étudiants, les étudiants ont donc le choix d'un certain nombre de
régions éloignées; en gros, c'est habituellement le
Nord-Ouest québécois, la Gaspésie, etc.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème, d'accord, mais
l'endroit lui-même n'est pas spécifié?
M. Lazure: Non. À l'intérieur d'une liste de
régions, il y a des localités et l'étudiant, le futur
médecin, a le choix.
Mme Lavoie-Roux: Mais pas de la localité, de la
région.
M. Lazure: Des deux.
Mme Lavoie-Roux: II a le choix des deux, parfait. Il n'y a pas de
problème à ce moment, cela m'avait été
soulevé et je voulais en connaître le bien-fondé.
Le Président (M. Marcoux): Est-on prêt à
adopter le premier amendement, proposé par le ministre, qui vise
à insérer, à la fin de l'article 63 de la loi,
édicté par l'article 48 de ce projet de loi, l'alinéa
suivant: "Une entente peut prévoir les conditions et les
modalités d'octroi des primes d'encouragement".
M. Alfred: Adopté.
M. Forget: D'autant plus facilement, M. le Président,
qu'on l'avait demandé.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que c'est un nouvel
alinéa ou une phrase supplémentaire?
M. Lazure: L'article avec les amendements? L'article
amendé.
Mme Lavoie-Roux: Cela va. M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 48 amendé
adopté; j'appelle l'article 49.
M. Lazure: Un autre amendement: "Nul n'a droit à une prime
d'encouragement si, de l'avis de la régie..." il faut enlever le mot
"régie" et mettre "jury", parce qu'on ne consulte plus la
régie.
Mme Lavoie-Roux: Cela vous fait de la peine? Oui? 4
M. Grenier: Consolez-vous, vous avez gagné du terrain dans
beaucoup d'autres articles.
M. Alfred: Article 49.
Le Président (M. Marcoux): C'est adopté. On en est
rendu à l'article 49.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne comprenez plus rien? Cela nous arrive
parfois de ne pas comprendre le gouvernement nous aussi.
M. Grenier: Vous n'êtes pas seul, docteur.
M. Alfred: C'est notre transparence.
Mme Lavoie-Roux: Oui, une transparence...
M. Lazure: Fiez-vous à votre ministre, M. Laberge.
Une voix: 49 a été adopté.
M. Lazure: 49 qui ajoute, paragraphe c)...
M. Forget: "... et affilié à une université"
par les mots "organisme reconnu par le ministre et le ministère de
l'Éducation". Quel organisme veut-on favoriser de cette
façon?
M. Lazure: À la page 51, l'article 49, 76i: II ne
poursuit...
M. Forget: Ce ne serait pas l'Institut de recherches cliniques
par hasard?
M. Lazure: Voici, on avait avant: "... il ne le poursuit, dans un
établissement affilié à une université, des travaux
de recherches portant sur une science de la santé". C'était
limité à un établissement affilié à une
université. Je pense que, dans la pratique courante, on s'est rendu
compte, au ministère, qu'il y avait d'autres endroits où la
recherche se faisait.
M. Forget: Lesquels? M. Alfred: Les endroits?
M. Lazure: Effectivement, à l'Institut de recherches
cliniques ou l'Institut Armand-Frappier ou certains organismes où il se
fait du travail...
M. Forget: L'Institut Armand-Frappier est une composante de
l'Université du Québec.
M. Lazure: Ce n'est pas un bon exemple, mais je sais que
l'Institut...
M. Forget: L'Institut de recherches cliniques n'a-t-elle pas un
contrat d'affiliation avec l'Université de Montréal?
Une voix: Oui.
M. Lazure: II a un contrat d'affiliation, mais ce n'est pas un
établissement, c'est un organisme qui est subventionné. Ce n'est
pas un établissement, il n'est pas couvert du tout par le programme 11
des crédits; c'est un organisme.
M. Forget: Alors, on pourrait substituer "organisme" à
"établissement". Il y a...
M. Lazure: Oui, bien sûr.
M. Forget: ... quand même un point assez important, c'est
qu'il y ait une reconnaissance universitaire des centres de recherche;
autrement, vous allez avoir une multiplication de bidules, soi-disant de
recherche, un peu partout. On a eu suffisamment de problèmes avec cela
dans le passé.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Papineau est
d'accord.
M. Forget: Je m'en réjouis.
M. Alfred: ... d'autorité au moins...
M. Forget: Comme il a déjà voté contre le
gouvernement... non, ce n'est pas lui c'est le député de...
Mme Lavoie-Roux: II dormait. M. Alfred: Je peux voter
contre aussi. M. Forget: J'ai hâte de voir cela. M. Alfred:
Cela dépend.
M. Forget: On vous a donné une bonne occasion avant
Noël et vous l'avez ratée. Non, sur l'aide sociale.
M. Alfred: Je vous l'avais dit.
M. Forget: Vous l'avez dit mais vous avez voté avec le
gouvernement.
M. Alfred: C'est parce qu'il n'y avait pas d'issues.
M. Forget: II n'y avait pas d'issues pour vous.
M. Lazure: M. le Président, j'ai fait le point.
Essentiellement, ce qu'on fait, c'est élargir un peu. Selon l'article 76
actuel, pour avoir une bourse de recherche, il faut que l'individu soit
domicilié au Québec, qu'il ait une connaissance d'usage de la
langue officielle et qu'il poursuive, dans un établissement
affilié à une université, des travaux de recherche portant
sur une science de la santé. Le dernier paragraphe est le seul qui
changerait. L'esprit du dernier paragraphe, c'est d'être moins
restrictif. La recherche pourrait être poursuivie dans une science de la
santé, on le maintient, mais elle pourrait être poursuivie dans un
établissement qui ne soit pas affilié à une
université. Cela pourrait être un établissement reconnu par
le ministre des Affaires sociales et le ministre de l'Éducation. En
réalité je n'ai pas d'exemple particulier cela
continuerait d'être les hôpitaux universitaires ou les instituts
affiliés au ministère de l'Éducation, mais cela nous
paraissait intéressant d'ouvrir une porte.
Cela pourrait couvrir, tel qu'amendé, ce qui n'est pas le cas
actuellement, des centres de recherche sur la santé intrauniversitaires.
Cela pourrait être un centre de recherche sur la santé comme celui
qui fait des études sur la croissance à l'Université de
Montréal. C'est un centre de recherche de la santé, ce n'est pas
un établissement. Il peut y avoir un jeune étudiant qui
préfère faire un stage de six mois ou un an dans ce type
d'établissement et on ne pourrait pas actuellement le subventionner.
Ou même l'ancien institut du Dr Selye, l'Institut de recherche
expérimentale. Ce n'est pas un établissement, c'est
intra-universitaire.
Mme Lavoie-Roux: ... université.
M. Forget: Non, ce n'est pas un établissement, mais il y a
l'université qui a un programme, il y a
des fonds pour la recherche aussi. Il ne faut pas mélanger les
poires et les oranges. D'ailleurs, lors de l'établissement de ce
programme, il y avait eu des discussions avec le ministère de
l'Éducation, à savoir qu'on n'envahirait pas les
universités comme telles, mais seulement les hôpitaux
d'enseignement parce qu'ils ont leur fonds de recherche. Ils ont le fameux
programme de recherche, les fonds pour la recherche non commanditée,
l'action concertée.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Le programme d'action
concertée.
M. Forget: Alors, cela devient de leur juridiction. D'ailleurs,
l'institut du Dr Frappier est une bonne illustration, parce que cela a
longtemps été subventionné par le ministère de la
Santé et cela est passé, si ma mémoire est fidèle,
dans les années plus récentes, graduellement, à la
juridiction de l'Éducation, sur le plan financier, comme cela devait
l'être.
M. Lazure: On ne veut pas enlever l'affiliation universitaire, la
connection universitaire. On ne veut pas faire cela.
M. Forget: Non, elle est essentielle.
M. Lazure: On peut réviser le libellé. Si on
disait: II se poursuit dans un organisme ou établissement
universitaire... Ce n'est pas tout à fait cela.
Si on disait: Un établissement affilié à une
université ou à un organisme universitaire.
C'est cela. Parce qu'établissement ne couvrait pas toutes les
éventualités universitaires.
M. Forget: Ce ne sont pas nos affaires, dans le sens
étroit où on s'occupe des affaires sociales à cette
commission-ci, mais je sais qu'il y a un problème du côté
du ministère de l'Éducation quand il voit le ministère des
Affaires sociales intervenir dans le financement des recherches sur la
santé. Cela crée au sein des universités et du
ministère de l'Éducation l'idée que cette discipline
universitaire est favorisée parce qu'elle est la seule parmi toutes les
autres à pouvoir être financée par deux sources. Cela met
en concurrence le ministère des Affaires sociales et le ministère
de l'Éducation quant à l'obtention des subventions et des bourses
de recherche. Cela a toujours été un problème. Avec ces
dispositions, on avait mis fin à la querelle. Si vous insistez pour
rouvrir la querelle, je ne m'oppose pas, mais une fois que la paix est
signée, c'est aussi bien de laisser les choses en état, à
mon avis, à moins que vous n'ayez un problème très
précis que vous vouliez résoudre absolument. (12 h 15)
M. Lazure: Le Conseil de recherche en santé du
Québec nous dit que dans certains cas, le boursier, au lieu de faire sa
recherche dans un hôpital affilié à une université,
veut faire sa recherche dans une université proprement dite, dans un
organisme universitaire, par exemple l'Institut de recherche du Dr Selye. C'est
un bon exemple, c'est pertinent et cela arrive souvent. Cela se fait, pas
derrière le dos du ministère de l'Éducation,
évidemment, ça se fait en collaboration avec le ministère
de l'Éducation. Je pense que si on modifiait pour en arriver à
cette formulation: Dans un établissement affilié à une
université ou un organisme universitaire, ça couvrirait nos
besoins.
M. Forget: D'accord. M. Alfred: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous pouvez
répéter, "dans un établissement...
M. Lazure: "Dans un établissement affilié à
une université ou dans un organisme universitaire."
M. Alfred: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: ... 50.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 49, tel
qu'amendé, est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 50.
M. Forget: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Lazure: À l'article 51, il n'y a rien.
Le Président (M. Marcoux): Article 51.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 52.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 53.
M. Forget: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: M. le président de la régie
s'inquiète.
M. Lazure: II y en a un qui lui tient le bras et l'autre la
langue.
Le Président (M. Marcoux): Article 54. M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 55. M. Forget:
II y a quelques notes.
Mandat
M. Lazure: On a déposé un petit amendement:
Remplacer, dans la douzième ligne du troisième alinéa de
l'article 7 édicté par l'article 55 du projet de loi, les mots
"du monde de la santé" par les mots "des professionnels de la
santé ayant conclu une entente."
M. Forget: Là-dessus, M. le Président, on remarque
un changement dans le libellé de la dernière partie de
l'alinéa qui commence par les mots "deux de ses membres", où on
fait reposer sur une simple consultation la nomination des professionnels de la
santé autorisés en vertu de la loi à exercer leur
profession au Québec. Antérieurement, il y avait une
recommandation. Ici, on prévoit une consultation. La raison qui nous a
été donnée par le ministre, déjà, c'est que
c'était plus harmonieux, étant donné qu'on prévoit
seulement des consultations auprès des organismes patronaux ou syndicaux
de même que les organismes hospitaliers.
C'est fort possible qu'effectivement, il y ait plus de symétrie,
mais le problème n'est pas vraiment là. Dans le fond, de
façon très réelle, la constitution du conseil
d'administration de la régie reflète, bien imparfaitement, mais
malgré tout dans une certaine mesure, une espèce de constitution
paritaire où les organismes avec lesquels le ministre conclut des
ententes sont des partenaires, dans l'administration du régime, par leur
participation au conseil d'administration.
Il y a donc plusieurs catégories de professionnels qui
correspondent aux catégories avec lesquelles il y a des ententes. Il me
semble qu'étant donné qu'il y a cette notion de parité
dans l'administration, ce serait plus correct de conserver la recommandation
parce que, finalement, ça permet d'être plus sûr que les
préférences de ces organismes seront respectées. Cela n'a
jamais donné lieu à des problèmes, de toute
manière, et c'est un changement qui ne semble pas justifié par
des difficultés réelles de fonctionnement au niveau de ces
recommandations; je pense que les recommandations ont toujours
été éminemment acceptables.
Le fait que d'autres organismes, qui sont beaucoup plus loin du
fonctionnement au jour le jour du régime, soient seulement
consultés, c'est probablement parce qu'au lieu d'avoir seulement des
fonctionnaires pour représenter l'État dans ce régime
paritaire, on a voulu faire appel à des organismes patronaux et
syndicaux, à des organismes représentant les consommateurs, etc.,
les centres hospitaliers. Mais ils sont, dans le fond, l'autre moitité
de ce conseil d'administration, la première moitié étant
constituée de professionnels qui sont personnellement et directement
impliqués dans le fonctionnement du régime et qui trouvent
là, par l'entremise des recommandations faites par leur syndicat
professionnel, une façon de surveiller, dans un certain sens, le
déroulement du régime, son fonctionnement quotidien.
J'irais même jusqu'à présenter un amende- ment
formel pour remplacer "consultation" par "recommandation", à la
onzième ligne.
M. Lazure: M. le Président, quelques remarques. D'abord,
il est loin d'être évident que le conseil d'administration de la
Régie de l'assuran-ce-maladie a été conçu comme une
espèce d'organisme paritaire. Je m'étonne un peu de cette
interprétation de la part du député de Saint-Laurent,
quand on considère qu'il y a la présence de représentants
du monde des affaires, du monde syndical, des consommateurs et qu'il s'agit
d'un fonds public fort important.
Le conseil d'administration est un groupe plutôt
hétérogène, si on pense aux représentations,
à son caractère représentatif. Bien sûr, les deux
les plus concernés sont, d'une part, les dirigeants de la régie
eux-mêmes et les professionnels de la santé qui sont liés
par une entente.
Mais je pense qu'il ne faut pas minimiser le rôle des autres
représentants dans ce conseil d'administration, les représentants
des consommateurs, du monde syndical, du monde des affaires. L'État, par
eux, a voulu que le public soit bien protégé, que le public
surveille la dépense de fonds considérables.
Ceci étant dit, il ne nous paraissait pas normal qu'un certain
nombre de ces membres du conseil d'administration soient nommés sur
recommandation, ce qui est le cas actuellement des médecins en
particulier, et ce qui serait le cas si on acceptait l'amendement du
député de Saint-Laurent; d'une part, certains nommés sur
recommandation de leurs mandataires et, d'autre part, d'autres membres du
conseil qui, eux, ne seraient pas nommés sur recommandation de leurs
mandataires. Ils sont simplement suggérés au ministre par les
groupements en question, c'est-à-dire le monde des affaires, le monde
syndical et le monde de la consommation.
Il me semble que par équité, pour donner un statut
identique aux membres du conseil d'administration, il faut aussi que les
professionnels liés par des ententes soient nommés suite à
une consultation, comme pour les autres.
Deuxièmement, si on acceptait la recommandation du
député de Saint-Laurent, il y aurait danger d'impasse, de
situations où, par hypothèse, le ministre ou le
lieutenant-gouverneur en conseil aurait des raisons valables de ne pas accepter
la ou les recommandations du groupement professionnel en question. À ce
moment-là, une des possibilités, évidemment, c'est de
laisser le siège vacant. Je pense qu'il n'est pas sain, il n'est pas
bon, de façon générale, pour un organisme de laisser un
siège vacant. Chaque siège a été prévu pour
que quelqu'un l'occupe avec une fonction bien précise, avec un mandat
précis.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, on se verrait dans
l'obligation de rejeter l'amendement qui est proposé.
Le Président (M. Marcoux): Comme l'amendement a
été proposé formellement, je dois l'appeler. Est-ce que
l'amendement proposé par le député
de Saint-Laurent visant à remplacer les mots "après
consultation" par "sur recommandation" est adopté?
M. Forget: Adopté. M. Lazure: Rejeté.
Le Président (M. Marcoux): Rejeté sur division.
M. Lazure: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): L'amendement proposé par
le ministre, à l'article 55, visant à remplacer les mots "du
monde de la santé" par "des professionnels de la santé ayant
conclu une entente" sera-t-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): L'article 55, tel
qu'amendé, sera-t-il adopté?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Marcoux): Article 56?
M. Lazure: II a été retiré. Oui, nous
l'avons retiré.
Mme Lavoie-Roux: II a été retiré.
Le Président (M. Marcoux): Le retrait de l'article 56
est-il accepté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Article 57 qui devient
l'article 56.
Contribution payée par l'employeur
M. Lazure: II devient 56a. C'est-à-dire que si on
enlève 56, il devient 56. Dans les amendements distribués par
écrit, M. le Président, il y avait un article, vers la fin qui
s'intitulait article 56a qui deviendrait l'article 56, puisqu'on vient de
supprimer l'article 56. Le nouvel article amendé dit: Insérer
après l'article 55...
Le Président (M. Marcoux): Remplacer l'article 56
par...
M. Lazure: II se lirait: "Ladite loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 28, du suivant: "28a) Lorsqu'un employeur
s'est engagé par une convention collective conclue en vertu du Code du
travail à payer au profit de ses employés la contribution que
ceux-ci devaient payer en vertu de la section II de la Loi pourvoyant au
financement des programmés de santé, telle qu'elle se lisait
avant son remplacement par la section I du chapitre 5 de la présente
loi, il doit lui remettre l'employeur l'équivalent de
cette contribution au fur et à mesure des échéances
jusqu'au terme de son engagement. L'employeur doit en outre indiquer
l'association accréditée en vertu du Code du travail au plus tard
soixante jours après la date de l'entrée en vigueur du
présent article. Le montant qui revient ainsi à chacun de ses
employés est la façon dont ce montant a été
établi. L'employeur est relevé de l'obligation de remettre
à ses employés le montant qui leur revient en vertu du premier
alinéa si l'association accréditée en vertu du Code du
travail accepte que l'employeur accorde à ses employés des
avantages équivalents. Le paiement des montants dus par un employeur
à ses employés en vertu de ces deux premiers alinéas ne
peut être exigé par eux avant l'expiration des soixante jours
visés dans le premier alinéa. Toute difficulté
résultant de l'application du présent article constitue un grief
au sens du Code du travail comme s'il s'agissait de l'interprétation ou
de l'application de la convention collective liant l'employeur et cette
association."
Je pense que l'esprit de cela est compris.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Le nouvel article 56 sera-t-il
adopté?
M. Forget: Adopté.
M. Lazure: L'article...
Le Président (M. Marcoux): L'article...
M. Lazure: Après l'article 58.
Le Président (M. Marcoux): L'article 57 d'abord.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Article 58.
M. Lazure: Le prochain article, c'est après l'article 58.
L'article 60: "La Régie rembourse..."
Mme Lavoie-Roux: L'article 58, cela va. M. Lazure: Oui.
M. Forget: Oui.
Le Président (M. Marcoux): L'article 58 est
adopté.
M. Lazure: Après l'article 58, M. le Président,
vous avez un texte chaque membre de la commission en a un qui
dirait: "La Régie rembourse, sur présentation d'un relevé
d'honoraires, à une personne qui réside au Québec et qui a
reçu, à compter du 29 octobre 1978 jusqu'au 6 décembre
1978, des services assurés d'un chirurgien-dentiste qui était non
participant au cours de cette période, le coût de tels services
selon les
tarifs et les règles d'application prévus par l'entente
conclue en vertu de la Loi de l'assurance-maladie entre le ministre des
Affaires sociales et l'Association des chirurgiens-dentistes du Québec
le 14 mars 1974. À cette fin, le chirurgien-dentiste visé dans
cette entente doit, à la demande d'une telle personne
bénéficiaire, compléter, signer et lui remettre un
relevé d'honoraires prescrits, suivant l'article 57 de la Loi de
l'assurance-maladie." (12 h 30)
Je pense que là aussi l'esprit est bien compris.
Le Président (M. Marcoux): Insérer, après
l'article 58, l'article suivant, qui a été numéroté
59... Il y a un nouvel article à insérer, qui serait l'article
60... il a été adopté également. L'article 62 tel
que présenté, qui serait l'article 61, est-il adopté?
M. Lazure: Qui se lirait comme suit, le prochain...
Le Président (M. Marcoux): Oui, l'article 28a de la...
M. Lazure: Celui que je viens de lire ou le prochain? Lequel
voulez-vous que je lise? Le prochain? "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut
fixer, par règlement, un tarif et des règles d'application pour
les services assurés rendus par les chirurgiens-dentistes visés
dans l'entente conclue en vertu de la Loi de l'assurance-maladie entre le
ministre des Affaires sociales et l'Association des chirurgiens-dentistes le 14
mars 1974 et pour lesquels aucun tarif n'est prévu dans l'entente. Ce
règlement tient lieu d'entente au sens de l'article 15 de ladite loi
pour les services assurés qui y sont prévus. Il entre en vigueur
à compter de sa publication dans la Gazette officielle du Québec.
'
Là aussi je pense que c'est bien compris. Il s'agit de services
qui sont assurés, mais pour lesquels il n'y avait pas eu de
prévision, à l'époque en 1974, et cela se comprenait bien
qu'il n'y en ait pas eu, en 1974, il n'y avait pas eu de prévision de
tarifs. Cet article nous permettrait, par règlement, de rendre publics
les tarifs en question. Les tarifs seraient ceux qui ont fait partie de la
dernière offre du gouvernement, du ministère des Affaires
sociales, en cours de négociations, lesquelles négociations
continuent toujours. Elles vont mieux qu'elles n'allaient, comme je le disais
ce matin.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on a
déjà discuté, en grande partie, de l'article 61 au moment
de la discussion de l'article 15. À ce moment, et il y a
déjà une semaine de cela, si je ne m'abuse, le ministre nous
assurait que dans les jours qui suivraient il y aurait un déblocage. Je
vois qu'il y en a qui confirment ce que j'avance.
M. Grenier: II l'a regretté.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais savoir où le ministre en est
dans sa négociation. Cela n'inté- resse pas seulement les membres
de la commission, c'est d'intérêt public.
M. Lazure: Non. J'avais dit, il y a une semaine, que dans
l'intérêt public il valait mieux qu'on n'essaie pas de me forcer
à parler trop des négociations. Cependant, il y avait un point
tournant qui nous laissait espérer pour le mieux. J'avais dit aussi que
si c'était le contraire qui arrivait, que si cela se
détériorait, j'en parlerais immédiatement à la
commission. Or, je n'en ai pas parlé précisément parce que
cela ne s'est pas détérioré. Au contraire, les contrats se
sont intensifiés. Je peux dire qu'au moment où on se parle les
contacts sont même très intensifs et qu'il y a de bonnes raisons
de croire, il y a de bonnes raisons d'espérer...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait plusieurs fois.
M. Lazure: Ils n'ont jamais été aussi intensifs
qu'ils le sont actuellement. Je suis sérieux en disant que les espoirs
d'un règlement dans un avenir très proche n'ont jamais
été si forts qu'ils le sont aujourd'hui. C'est une question de
jours et non une question de semaines.
Ceci dit, je ne veux pas essayer de faire le travail des
négociateurs de part et d'autre. Je répète, encore une
fois, que les contacts sont quasi permanents entre les deux parties et qu'il y
a un déblocage très sérieux, considérable, qui nous
laisse espérer un règlement dans les jours prochains.
J'ajouterais simplement ceci: Si, évidemment, il y avait un
règlement dans les jours prochains, l'article que je viens de lire
concernant les nouveaux actes serait caduc. On retirerait l'article du projet
de loi.
M. Forget: C'est ce que j'allais demander au ministre. Il
s'engage à l'enlever s'il y a une signature avant la troisième
lecture.
M. Lazure: Oui, évidemment, on le retirerait, absolument,
de façon très formelle et j'espère avoir le plaisir de le
retirer.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que l'article 61 sera
adopté?
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): L'article 59
renuméroté 62 sera-t-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): II restait un article en
suspens.
M. Forget: 1d, adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui, 1d, mais il y en a un
autre.
M. Lazure: On va faire une petite vérification. Article
1d, c'est adopté sur division. Est-ce qu'il y en a d'autres à
part l'article 1d? Quel article n'est pas adopté?
Le Président (M. Marcoux): L'article 1db3,
adopté sur division. Une dernière vérification. Est-ce que
le nouvel article, l'article 1 tel qu'amendé, sera adopté?
Des voix: Adopté, sur division.
Le Président (M. Marcoux): J'ai appelé le dernier
article.
Une voix: Quel numéro?
Le Président (M. Marcoux): Je l'ai fait au fur et à
mesure en l'indiquant. Le dernier article va s'appeler l'article 62. N'est-ce
pas là qu'il y a eu des changements? On a supprimé 56...
M. Lazure: L'article 56 a été supprimé.
L'article 56a devient l'article 56.
Le Président (M. Marcoux): Non. C'est que, lorsque vous
l'avez présenté, vous n'aviez pas la suppression de l'article 56.
En tout cas, on va vérifier. L'article 56 est supprimé et vous
avez proposé un nouvel article 56a, qui est devenu 56. L'article 57
resterait tel quel. L'article 58 resterait tel quel. Et là, il y a eu
trois nouveaux articles, un que vous appeliez 60 et qui est devenu 59...
Oui?
M. Lazure: C'est l'article 60...
Le Président (M. Marcoux): Sur l'amendement proposé
par le ministre, il a été numéroté...
M. Lazure: Après l'article 60, le suivant était
61.
Le Président (M. Marcoux): Insérer, après
l'article 58 du projet de loi, numéroté 59. Oui, mais c'est parce
qu'on supposait que l'article 56 resterait là dès le point de
départ. L'article 60, tel que proposé par le ministre, est
renuméroté 59. L'article 61 est renuméroté 60;
l'article 62, renuméroté 61 et l'article 59 du projet de loi
original renuméroté 62. Est-ce que tout le monde est unanime sur
la renumérotation?
M. Lazure: Oui.
M. Forget: M. le Président, avant d'ajourner la
séance, j'aurais...
Le Président (M. Marcoux): Avant, je voudrais voir s'il y
a d'autres...
La commission vient de compléter l'étude article par
article du projet de loi no 84, Loi modifiant la Loi de l'assurance-rnaladie et
d'autres dispositions législatives. Le rapporteur des travaux de cette
commission fera rapport à l'Assemblée nationale que la commission
des affaires sociales a complété son mandat. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, j'aimerais d'abord vous
remercier de votre travail comme président et remercier également
tous les collègues membres de la commission des affaires sociales de
leur collaboration, en particulier le ministre, de la façon ouverte avec
laquelle il a accueilli un grand nombre de nos recommandations. J'aimerais
remercier les représentants de la Régie de l'assurance-maladie
des lumières dont ils ont fait bénéficier tous les membres
de la commission parlementaire, de la diligence qu'ils ont mise à
fournir des rédactions nouvelles pour donner suite aux débats de
la commission parlementaire.
J'aimerais, en dernier lieu, souligner que les quatre jours de
commission parlementaire qui, depuis le retour du mois de janvier, ont
été utilisés pour l'étude de ce projet de loi no
84, le nombre des modifications qui ont été apportées lors
des travaux de notre commission cette semaine, démontrent amplement que
ce projet de loi méritait du temps, méritait de recevoir un temps
suffisant en commission parlementaire pour permettre, justement, les
différentes améliorations qui y ont été
apportées.
On a, dans certains milieux, interprété comme étant
de la stratégie le fait que le Parlement doive recommencer, reprendre
ses travaux, plutôt que d'avoir abrogé la session avant Noël.
Je crois que dans cette commission parlementaire, on a fait plus que
nécessaire la preuve qu'il n'était absolument pas possible, toute
considération de stratégie parlementaire mise à part,
d'adopter un tel projet de loi, à moins de disposer du temps dont on
disposait.
Non seulement avons-nous passé quatre jours à le faire,
mais si l'Assemblée nationale avait siégé en même
temps, étant donné les périodes de questions, étant
donné que nous serions tenus aux heures normales de séances, on
n'aurait pas pu se rendre jusqu'à minuit, par exemple, hier soir. C'est
pratiquement l'équivalent de deux semaines de travail de commission
parlementaire qui s'est effectué durant ces quatre jours; trois jours
cette semaine et une journée la semaine dernière.
C'est donc dire qu'il y avait, de ce côté, non pas une
stratégie de la part des partis d'Opposition de refuser au gouvernement
l'adoption du projet de loi 84; si on devait porter une accusation, ce serait
plutôt du côté du leader du gouvernement d'avoir voulu
utiliser la fin de session pour forcer l'adoption rapide d'un projet qui,
normalement, ne pouvait absolument pas être adopté rapidement. Nos
collègues, dans une autre commission parlementaire, celle du travail et
de la main-d'oeuvre, font exactement la même démonstration
relativement au projet de loi 110.
Je ne veux retirer en rien ce que j'ai dit relativement à
l'ouverture d'esprit du ministre quant à l'accueil qu'il a fait à
un très grand nombre de recommandations et de projets d'amendement que
nous avons présentés. Je m'éton-
ne cependant qu'un projet de loi qui est depuis si longtemps sur le
métier, quelque chose comme 30 mois ou davantage maintenant, nous soit
parvenu avec des éléments qui résistaient si mal, dans
certains cas, à une analyse approfondie.
Je comprends qu'on a soulevé, dans certains cas, des orientations
qu'on peut appeler politiques qui, de fait, ont été retenues et
que celles-ci n'affectent pas la qualité de la préparation
technique. Malgré tout, sur le plan technique comme sur le plan des
orientations, il me semble qu'il devrait y avoir une qualité meilleure
dans les projets de loi qui nous sont soumis. De ce côté, je
pense, encore une fois, qu'il faut signaler des faiblesses du côté
du comité de législation du gouvernement actuel; il y a des
erreurs de rédaction, il y a des omissions, il y a des choses qui
semblent échapper à un examen attentif, avant que les projets de
loi ne soient imprimés. Je le déplore, parce que cela ne fait que
prolonger le travail des commissions parlementaires; cela place certainement
les membres du gouvernement, qui ont à défendre des projets de
loi, dans des situations délicates où ils sont forcés de
faire des modifications, parce qu'ils se rendent bien compte, eux-mêmes,
que des modifications sont indispensables. Je pense que c'est malheureux et que
le gouvernement devrait faire des efforts pour se doter de ressources
suffisamment compétentes pour lui permettre de faire des projets sans
bavures, ce qui malheureusement est trop souvent le contraire de ce que l'on
peut constater. C'est tout, M. le Président.
Encore une fois, je suis fort satisfait, cependant je devrais
peut-être le dire après avoir fait ces remarques je suis
fort satisfait, dans l'ensemble, du projet de loi qui, malgré certains
points sur lesquels nous avons exprimé notre dissidence, constitue, je
pense, dans l'ensemble, une amélioration à la Loi de
l'assurance-maladie.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton. (12 h 45)
M. Grenier: M. le Président, je ne répéterai
pas les propos du député de Saint-Laurent. Il m'a tiré les
mots de la bouche en faisant une rétrospective sur l'étude de ce
projet de loi, ce qui paraissait mesquin, peut-être, à la veille
des Fêtes, d'avoir tant argumenté pour remettre ce projet de loi
84, comme on l'a fait pour 116 et 110, et on voit avec 110 comme on le voit
avec 84 qu'on avait raison de le faire. Je pense que c'est un projet de loi qui
est important. Il a subi des modifications majeures à l'étude et
on se rend compte que, si on l'avait fait à la période des
Fêtes, dans le climat d'avant Noël, on n'aurait pas en main cet
instrument qui est maintenant assez correct. Le ministre aurait
été perdant là-dedans, probablement parce qu'il aurait eu
contre lui l'Opposition concertée. L'ouverture d'esprit du ministre, du
président de la régie, du personnel du ministère et de la
régie a fait que l'Opposition a été capable, dans un
climat correct, de faire un bon travail. Je vous remercie, M. le
Président, M. le ministre et M. le président de la
régie.
Le Président (M. Marcoux): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est simplement un regret que je veux formuler,
M. le Président. C'est le fait que les commissions parlementaires ne
soient pas télévisées, parce que je pense que le public a
dû c'est une évaluation que je fais et que je ne peux pas
vérifier observer les travaux de la fin de la session au mois de
décembre en comprenant mal ce qui se passait et peut-être en
interprétant comme étant de l'obstruction ce dont le
gouvernement, pour se défendre, est si enclin à nous accuser
quand il veut défendre ses projets de loi ou procéder avec plus
de célérité. Aujourd'hui, le public serait peut-être
mieux en mesure de voir comment, en fait, un travail sérieux peut se
dérouler. C'est simplement le souhait que je pourrais exprimer, celui
qu'éventuellement, on puisse téléviser les débats
des commissions parlementaires où se fait le travail de
législation et où un projet de loi peut finalement être
adopté avec des modifications qui sont au bénéfice de
l'ensemble des citoyens. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Lazure: Je voudrais d'abord remercier le président
actuel et notre collègue, le député de Laviolette, qui a
présidé les premières séances. Je veux remercier
tous les membres de la commission, mes collègues du Parti
québécois, et je veux remercier spécialement les
représentants des autres formations. Les derniers commentaires du
député de L'Acadie, je les partage entièrement. Je pense
qu'on a donné la démonstration ici, pendant quatre jours,
qu'indépendamment des différences politiques, on pouvait faire un
travail sérieux pour améliorer un projet de loi. Je veux rendre
hommage à la collaboration et à l'esprit constructif qui a
animé les membres des autres partis politiques, en particulier la
contribution du député de Saint-Laurent qui, avec
l'expérience qu'il a accumulée durant ces trois années en
tant que titulaire du ministère des Affaires sociales, est
évidemment en mesure d'apporter un éclairage très
précieux.
Je veux aussi remercier les groupements professionnels, les associations
présentes et absentes pour leur contribution, parfois violente, parfois
désagréable, mais souvent agréable, à ce
débat. Donc, toutes les associations professionnelles ont joué
leur rôle, c'est normal, autant celles qui se sont dites d'accord avec le
projet que celles qui se sont dites en désaccord avec le projet.
Les corporations professionnelles nous ont aussi aidés en
présentant à la commission parlementaire des remarques
judicieuses, dont on a retenu une partie, une bonne partie. Je veux remercier
le président de la régie qui a eu beaucoup de patience non
seulement pendant ces quatre jours, mais pendant les nombreux mois de gestation
du projet de loi. Je veux aussi remercier le président de la
régie et toute son équipe, le
sous-ministre des Affaires sociales et toute l'équipe du
ministère des Affaires sociales.
Quant aux remarques de l'Opposition concernant le report des travaux
après les Fêtes, il y a évidemment une certaine part de
vérité dans ces remarques en ce sens qu'on peut toujours mettre
plus de temps à l'étude de tel ou tel projet et il y a des
chances que ce soit pour l'améliorer. Il reste cependant que, pour le
journal des Débats, il faut souligner que plusieurs amendements que nous
avons adoptés durant ces quatre jours de travail avaient
été déposés pour nous avant les Fêtes, au
mois de décembre, suite à la commission parlementaire. Je pense
qu'il faut rendre à César ce qui est à César.
Il y a eu, bien sûr, de nouveaux amendements d'apportés au
cours de ces quatre jours, mais plusieurs de ceux qu'on a adoptés
avaient été déjà distribués aux membres de
la commission vers le 15 décembre. Je suis convaincu aussi que le projet
a été amélioré, je pense qu'on a maintenant une loi
qui est très valable.
Quant au processus législatif, les commentaires du
député de Saint-Laurent, je les endosse aussi. Je suis le
premier, avec d'autres collègues, à déplorer que tout le
mécanisme de préparation des lois, autant dans les
ministères qu'au gouvernement, au comité de législation...
Il y a place à de l'amélioration, et beaucoup. Mais je peux vous
dire, sans divulguer les secrets du Conseil des ministres, qu'hier on a
justement adopté un document proposé par le président du
comité de législation, qui va nous permettre de planifier
beaucoup mieux les projets de loi, qui va imposer un certain ralentissement,
peut-être que l'Opposition va voir ça d'un bon oeil, à la
présentation des projets de loi, un échéancier beaucoup
plus serré, un délai plus long pour le dépôt et
l'annonce des projets de loi. Cela va contribuer à améliorer le
processus de la construction d'un projet de loi.
Finalement, j'ai bien hâte moi aussi que les commissions
parlementaires soient télédiffusées, parce que,
très souvent, c'est peut-être là que le travail le plus
véritable, le plus valable, le plus permanent, se fait. Je dirais
qu'à l'Assemblée nationale, il y a du théâtre, il y
a des feux d'artifice qui surviennent, qui peuvent être fort
intéressants pour le grand public, mais le travail durable se fait en
grande partie aux commissions parlementaires.
En terminant, M. le Président, je suis très heureux du
climat de travail qui a prévalu durant cette commission et dans un tel
climat, j'ai bien l'impression que nous aurons à adopter bientôt,
après le 6 mars, à l'unanimité, je l'espère, le
projet de loi no 84.
Le Président (M. Marcoux): Je vous remercie
également de la collaboration que vous m'avez offerte durant toute la
durée des travaux de cette commission.
Comme nous avons complété nos travaux, la Commission des
affaires sociales ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 12 h 52