Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration se réunit
avec le mandat suivant: Procéder à l'interpellation du
député de Notre-Dame-de-Grâce au ministre des Finances sur
le sujet suivant: l'insuffisance et l'inefficacité du programme de
relance économique du gouvernement péquiste.
M. le secrétaire est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Sirros
(Laurier) remplace M. Caron (Verdun). Merci.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le
secrétaire.
Je rappelle la façon de procéder. Cet ordre des
interventions que je vais vous rappeler a été convenu lors d'une
rencontre des leaders des deux groupes parlementaires.
Dans un premier temps, le député qui a donné l'avis
d'interpellation, soit lé député de
Notre-Dame-de-Grâce va intervenir pendant les dix premières
minutes. Par la suite le ministre des Finances va intervenir pendant dix
minutes également. Ensuite, il y aura alternance dans les interventions
de la façon suivante - ce sont des périodes de cinq minutes. Ce
sera d'abord un député de l'Opposition, le ministre qui lui
répondra. Un député ministériel, un
député de l'Opposition, le ministre, un député
ministériel, un député de l'Opposition et le ministre
ainsi de suite jusqu'à ce qu'il reste finalement vingt minutes pour la
période de deux heures que nous entreprenons. Lorsqu'il restera vingt
minutes, le ministre des Finances pourra prendre la parole pendant dix minutes
et finalement le député de Notre-Dame-de-Grâce pendant les
dix dernières minutes de l'interpellation.
La parole est au député de Notre-Dame-de-Grâce.
Exposé du sujet M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Cela fait un an que le
plan de relance du gouvernement péquiste a été
annoncé; cela fera un an la semaine prochaine. Nous avons trouvé
propice aujourd'hui d'essayer de faire une analyse de la réalisation de
ce plan depuis un an. C'est plus intéressant que jamais parce que
maintenant, on connaît le nom de la personne qui a conçu ce plan
de relance, le ministre des Finances et cela nous fait bien plaisir qu'il soit
ici aujourd'hui pour répondre aux questions sur ce plan.
Je remarque que M. Parizeau est accompagné de dix fonctionnaires
et un seul député de l'autre côté et j'imagine qu'il
sera bien renseigné.
L'objectif du plan de relance était double: la création
d'emplois à court terme et à moyen terme. C'est trop tôt
pour savoir si le deuxième objectif sera réalisé, mais
après douze mois on peut certainement parler du premier.
Je veux mettre l'accent sur l'emploi. Aujourd'hui, ce n'est pas la
journée pour parler du PIB, des investissements et du taux de
chômage, des affaires qui touchent indirectement et à long terme
l'emploi, mais pour parler de l'emploi parce que c'est l'emploi que le premier
ministre lui-même établit comme l'objectif prioritaire à
court et à moyen terme.
Dans les premières dix minutes je veux mentionner deux aspects.
Le premier: Quelle est la situation de l'emploi un an après le plan de
relance? Effectivement, les chiffres démontrent que ce n'est pas fort.
Il n'y a pas un seul nouvel emploi de créé au Québec
depuis le plan de relance. Pas un seul. Nous avons assisté à un
rattrapage de quelque 57 000 emplois perdus pendant la crise. On peut dire ce
matin que c'est 58 000 parce qu'il y a eu effectivement 1000 emplois de
créés au mois d'octobre, ce qui a été
annoncé ce matin. Dans ces 57 000 emplois récupérés
depuis le début du plan de relance, pas moins de 39 000 l'ont
été dans le domaine du commerce en détail, secteur que le
plan de relance n'avait aucunement visé. Il y a eu 14 000 autres emplois
de récupérés, si vous voulez, dans les services de
santé et dans les hôpitaux et 6000 autres emplois dans le secteur
de l'enseignement.
Effectivement, la grande majorité des emplois
récupérés - je répète qu'il n'y a pas eu un
seul emploi nouveau de créé - l'ont été dans des
secteurs qui n'étaient pas du tout visés par le plan de relance.
Dans le domaine de l'agriculture, pas un seul nouvel emploi. Dans le domaine de
la forêt, il y a 7000 personnes de moins au travail qu'il y a un an. Dans
le secteur manufacturier, il y en
a à peine 4000.
Avant de passer maintenant au deuxième aspect, je veux seulement
souligner un autre élément sur le plan de l'emploi. M. le
Président, on se trouve aujourd'hui, un an après le plan de
relance, toujours à un niveau, en ce qui concerne le nombre d'emplois au
Québec, inférieur à celui qu'on avait au début de
la crise économique en 1981. On est presque rendu au chiffre qu'on avait
quand le Parti québécois a été élu en 1981.
Pourquoi? Cela a été très bien dit en résumé
par M. Claude Masson, éditorialiste du Soleil, le 14 novembre, il y a un
an. Il disait que le plan était une opération rattrapage plus
qu'une opération renouveau, une opération vieillissement
davantage qu'une opération rajeunissement, une opération
improvisation davantage qu'une opération planification; une
opération sectorielle plus qu'une opération d'ensemble. Tout ce
qu'il aurait pu dire de plus, c'est que c'était une opération de
publicité plus qu'une activité de fond.
Pendant les dernières minutes de mon discours - il me reste deux
ou trois minutes, j'imagine...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous aviez dix minutes au début, donc il vous
reste encore la moitié de votre temps.
M. Scowen: Je veux parler de cet aspect publicité. Dans ce
plan, nous sommes devant une série de mesures qui sont essentiellement
le ménage, la maintenance, la rénovation, le rattrapage, des
choses qu'on attend de n'importe quel gouvernement dans le cours de son mandat.
Ce n'est pas avec un plan de relance qu'on justifie qu'on plante des arbres
pour remplacer ceux qui ont été coupés. Ce n'est pas par
l'entremise d'un plan de relance qu'on justifie, si vous voulez, de
subventionner les compagnies qui ont besoin d'une aide financière ou de
rénover les logements vétustes dans un centre-ville. Ce sont des
choses qu'on attend de n'importe quel gouvernement dans le cours de son
administration.
Je veux donner au ministre un exemple que je trouve flagrant, qui est
typique ou symbolique, si vous voulez, de cette publicité autour d'une
série d'activités qui, normalement, doivent être faites
même sans communiqué de presse. Vous avez ici une photo de
l'édifice H, qui est à peine à cent mètres d'ici.
C'est un édifice du gouvernement du Québec bien connu, sur la
Grande-Allée. Je le vois ici, c'est beau. Devant cet édifice,
aujourd'hui, vous pouvez trouver ce panneau-réclame qui dit
effectivement qu'ils sont en train, dans cet édifice, de rénover
la fournaise, de rénover le système de chaleur dans le propre
édifice du gouvernement. Ce panneau est érigé avec la
déclaration que le gouvernement a fait une contribution à ce
projet de 200 000 $ et que ce projet avait créé dix emplois.
Et c'est à l'intérieur du plan de relance: Immobilisation
des ministères: 2, 3. C'était dans la liste de M. Lévesque
quand il a annoncé le programme. C'est une contribution du gouvernement
à lui-même. Il décide de rénover la fournaise et il
fait un panneau-réclame pour dire qu'il va investir 200 000 $ pour sa
propre fournaise. Il dit qu'il va créer dix emplois. Est-ce que ce sont
dix emplois permanents pour administrer le nouveau compresseur, le
récupérateur, ou si ce sont dix emplois temporaires qu'on
créera pour quelques semaines, durant la période où on
procède au changement?
Nous avons l'impression que si ce sont dix emplois permanents, des gens
qui vont rester au sous-sol de l'édifice en permanence pour administrer
cette affaire, ce n'est pas très fort comme plan de relance. Si ce sont
seulement dix emplois temporaires, c'est de la publicité
frauduleuse.
On le dit, M. le Président, parce que ces panneaux-réclame
se trouvent partout au Québec. C'est le symbole, quant à nous,
que l'idée du plan de relance Parizeau n'a pour effet que de
créer, dans l'esprit des gens, un espoir qui n'est pas réalisable
et les chiffres le démontrent. Je pose cette seule question très
précise au ministre des Finances ce matin, la suivante: Ces dix emplois
demeureront-ils permanents après que ce projet de rénovation sera
terminé? Sinon, quelle sorte d'emplois seront-ils? Trouve-t-il que ce
genre de projet est vraiment un projet de relance économique solide,
comme la rénovation d'une fournaise, d'un système de chauffage
dans un édifice gouvernemental? Finalement, peut-il justifier
l'utilisation, dans son plan de relance, de panneaux-réclame semblables
à gauche et à droite, partout dans notre Québec? C'est
l'essentiel des premiers commentaires que je voulais faire, M. le
Président.
En terminant, je dois ajouter qu'il existe deux ou trois
éléments intéressants dans le pian. Il nous a promis un
amendement au système des transferts. On l'attend toujours. Il nous a
promis des changements importants dans la réglementation. On les attend
toujours. Il nous a promis des changements dans le régime fiscal. On les
attend toujours. Ce sont trois choses qui auraient vraiment pu changer la
structure industrielle, et aussi économique, et qui n'ont pas
été faites. Tout ce qui a été fait, c'est ce genre
de publicité frauduleuse autour des programmes de ménage
administratif normal.
Quel est le sérieux de cela? En existe-t-il? C'est la question
principale qu'on pose au ministre ce matin. On lui demande -parce que c'est
notre interpellation - de parler de deux choses: l'emploi et le plan de
relance. À un autre moment, on va parler des investissements, du
PIB et du chômage, s'il le veut, cela nous fera plaisir, mais les gens
s'attendent qu'on parle aujourd'hui de l'emploi. C'est la préoccupation
du premier ministre, c'est la nôtre et j'espère que c'est aussi
celle du ministre des Finances.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre des
Finances.
Réponse du ministre M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, si ce n'est vraiment que
d'un panneau dont il doit s'agir ce matin, je vous avouerai que je suis un peu
déçu de la façon dont la discussion s'embraye. Dit le
député de Notre-Dame-de-Grâce: Nous n'allons pas parler du
PIB. Bien sûr, il augmente rapidement. Nous n'allons pas parler des
investissements; bien sûr, ils représentent actuellement, en 1984,
la meilleure année qu'on va connaître depuis très
longtemps. Il ne veut pas parler de chômage non plus, mais il veut parler
de l'emploi.
Or, il revient à la fin en disant: Oui, il y a des choses que
vous aviez annoncées dans le domaine fiscal et qui pouvaient changer la
structure industrielle. Si on veut parler de la structure industrielle, M. le
Président, je conviens que la fiscalité est importante, mais les
investissements le sont probablement aussi. Il y a quelque chose de circuitaire
dans le raisonnement du député de Notre-Dame-de-Grâce que
je ne comprends pas très bien, mais il faut dire un certain nombre de
choses sur l'emploi, évidemment.
La situation de l'emploi est actuellement, en un certain sens, plus
sérieuse au Canada en général et au Québec que la
plupart des gens le réalisent. Je voudrais en donner un exemple à
partir des chiffres suivants: Plutôt que de calculer te nombre d'emplois
perdus pendant la grande récession qu'on a connue, ce qui ne veut pas,
en soi, dire grand-chose quant à sa signification profonde pour
l'économie, utilisons plutôt le nombre d'emplois qu'on a perdus
pendant la grande récession par 1000 personnes en âge de
travailler. Cela va nous donner une base parfaitement comparable d'un endroit
ou d'une province à l'autre au Canada.
Le nombre d'emplois perdus par 1000 personnes en âge de
travailler. Au Québec, entre le sommet de 1981 et le creux de 1982, nous
avons perdu 50 personnes par 1000 en âge de travailler, 50 postes. En
Ontario, 45 et dans le reste du Canada, c'est-à-dire que j'enlève
le Québec et l'Ontario, 49. Qu'est-ce qu'on a
récupéré jusqu'en septembre - je n'ai pas pris les
chiffres d'octobre parce qu'ils sont entrés ce matin à 9 h 15, on
ne peut pas, en l'espace d'une heure, refaire les calculs - 1984? Au
Québec, 28 postes par 1000 personnes en âge de travailler; en
Ontario, 24 postes et dans le reste du Canada, 5 postes. C'est cela la
situation extrêmement dangereuse au Canada, d'une façon. On se
rend compte que pour l'ensemble du Canada, c'est presque rien comme
récupération.
Nous, c'est plus de la moitié. Le Québec, à cet
égard, est en tête des trois blocs que j'ai indiqués, mais
il reste qu'on est loin du compte. Il n'y a pas de doute que la situation de
l'économie canadienne sur le plan de l'emploi, depuis le creux de 1982,
est très sérieuse, tout le monde le note. Ce n'est pas seulement
dans ce Parlement qu'on s'énerve au sujet de cette question. Mais il
faut reconnaître, je pense, deux choses; d'une part, que la
récupération qui s'est faite en Ontario a été
puissamment aidée par le relèvement des ventes d'automobile qui a
eu des conséquences sur l'industrie de l'acier et d'un certain nombre
d'autres industries qui sont, dans l'ensemble, concentrées en Ontario,
si bien qu'il s'est fait un relèvement en Ontario, produit par le
consommateur, au fond, par les changements dans les attitudes des
consommateurs.
Au Québec, nous n'avons pas pu tabler sur un
phénomène comme celui-là. Il faut alors se poser la
question suivante: aussi difficile que soit la situation de l'emploi, pourquoi,
sur la base que je viens d'indiquer, est-ce au Québec que cela a
été le mieux, ou le moins mal? Et là, on est bien
forcé de constater que ce qui a distingué le Québec
à cet égard d'autres endroits au Canada, ce furent deux
programmes de relèvement; celui, d'abord, du mont Sainte-Anne, de mars
1983, et celui de Compton, de l'automne 1983, de novembre 1983. Celui du mont
Sainte-Anne étant le premier à s'enclencher a été
celui qui a fourni le plus de résultats visibles dans les mois qui ont
suivi; celui de Compton, commençant en novembre 1983, a pris maintenant
son rythme de croisière pour à peu près l'ensemble des
programmes qui le constituent.
Les sommes impliquées sont très considérables. En
1983-1984, les fonds budgétaires pour le programme du mont Sainte-Anne
axé surtout sur les investissements - on s'en souviendra - pas
exclusivement sur l'investissement, mais surtout sur l'investissement, ont
entraîné des déboursés de 318 000 000 $. En
1984-1985, pour les estimations de la combinaison du mont Sainte-Anne - parce
qu'il y a encore des dépenses d'enclenchées - et de Compton, nous
en arrivons à presque 540 000 000 $. Ce sont des sommes importantes.
Il y a, dans Compton, une préoccupation d'employabilité
que le programme du mont Sainte-Anne n'avait pas. C'est ainsi, par exemple,
qu'en plus des
augmentations d'emplois qui se sont produites dans notre
société depuis le creux de la grande récession - cela fait
quand même au-delà de 184 000 emplois depuis le creux de la
récession, indépendamment de ce que dit le député
de Notre-Oame-de-Grâce - nous avons ajouté une dimension non pas
d'emploi mais d'employabilité, surtout destinée aux jeunes
assistés sociaux aptes au travail. Cela porte sur trois plans qu'on
commence à bien connaître, c'est-à-dire le retour aux
études pour terminer le secondaire V dans les cas où cela n'a pas
été fait, deuxièmement, les stages en entreprise et,
troisièmement, les travaux communautaires. Encore une fois, ce ne sont
pas à proprement parler des emplois, bien sûr, mais ils vont
augmenter l'employabilité d'un certain nombre de jeunes en plus des
emplois qui sont apparus dans notre société depuis la
récession.
Il reste cependant beaucoup de chemin à faire. Je suis le premier
à le reconnaître. Alors que certaines données fondamentales
de l'économie montrent un redressement depuis un an qui est assez
remarquable, je pense au PIB en 1983 qui a marqué, je le rappelle, un
relèvement réel de 4% dans le produit intérieur brut du
Québec, cette année, cela sera probablement un peu
supérieur à cela. J'ai eu l'occasion de parler des
investissements suffisamment souvent en cette Chambre. On sait à quel
point le redressement est spectaculaire au cours de 1984. Le chômage
marquait un recul d'environ 3%, entre le creux et les meilleurs scores de cet
été. On constate, depuis deux ou trois mois, une sorte de
détérioration qui est embêtante. Elle n'est pas encore
tragique mais on sent qu'il y a une sorte d'essoufflement sur ce plan qui
présente encore des difficultés.
Je ne vois pas autrement que des efforts accrus encore pendant un an
dans ces deux programmes que j'ai mentionnés, dans ces deux orientations
que j'ai mentionnées, celle du mont Sainte-Anne et celle de Compton - il
y a encore de très gros travaux à faire pendant un an - pour que
l'on puisse réduire encore le niveau de chômage, tel qu'on a pu le
constater, je ne dirais pas à un niveau raisonnable mais, souhaitons-le,
marqué encore par une diminution, si c'est possible, de 1, 5% ou de 2%,
du taux de chômage. Dans ce sens, je reconnais volontiers que, si on me
dit qu'il reste un problème sérieux d'emploi, au Québec,
je dois dire: En effet. Si on me dit qu'il subsiste des séquelles de la
grande récession de 1982, je dis: Oui, aux États-Unis, il n'y en
a singulièrement, presque plus, sur le plan de l'emploi. Au Canada, les
séquelles restent très importantes. Je dois reconnaître,
cependant, que sur la base des données que je communiquais, tout
à l'heure, de ces trois grands blocs qui constituent, si on peut dire,
l'économie canadienne l'Ontario, le Québec et ce que j'ai
appelé le reste du Canada - c'est encore le Québec qui s'est le
mieux débrouillé. Que l'on dise que cela n'est pas encore
parfait, non seulement on en convient... Qu'on nous dise que ce n'est pas
encore satisfaisant, sûrement. Mais, qu'on dise que le programme de
relance de l'économie du Québec n'a pas donné de
résultats ou a donné des résultats tout à fait
insuffisants, là, je plaiderai dans le sens inverse. Je termine de cette
façon, je pense, les dix minutes de mon intervention.
Le Président (M. Lachance): Vous avez raison, M. le
ministre. La parole est maintenant au député de
Vaudreuil-Soulanges.
Argumentation M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Manifestement, on reprend, en partie, certains des débats qui ont eu
lieu dans le cadre de cette commission, en d'autres lieux et en d'autres
occasions que ceux prévus par le règlement. Lorsque les parties,
de part et d'autre, se parlent d'emplois et d'investissements - le ministre y a
fait allusion, notamment, au chapitre de l'emploi, sur lequel il a
concentré 90% de son intervention... Le ministre nous a indiqué
que les chiffres très récents, de ce matin, étaient sortis
à une heure qui ne lui a pas permis de faire des calculs. Je
présume que le moment viendra où il nous fera part de la
façon dont il utilise les chiffres, pour en arriver aux conclusions
qu'il nous a livrées.
J'aimerais lui dire que, quant à nous, nous nous sommes
levés assez tôt, pour prendre connaissance de ces chiffres qui
étaient disponibles ce matin et que, essentiellement, lorsqu'on regarde
l'évolution de l'emploi au Canada de mois en mois, depuis
l'été 1981, ce qu'on doit remarquer, c'est qu'au mois d'octobre -
je livre les chiffres au ministre - au Québec, il y avait 2 731 000
emplois, soit 1000 de plus que le mois dernier, comme l'a fait remarquer mon
collègue. En Ontario, on est rendu à un niveau de 4 291 000
emplois, dont près de 30 000 ont été créés
le mois dernier. Pour le Canada dans son ensemble, on parle de 11 077 000
emplois créés. (10 h 30)
Ce que cela signifie, lorsqu'on met ces chiffres en regard de ceux du
creux que le Québec, l'Ontario et le Canada dans son ensemble ont
atteint au cours de l'année 1982, la réalité des choses,
c'est que le Québec n'a récupéré que 83% des
emplois qu'il devait recouvrer, pour retrouver le niveau d'emploi que nous
connaissions en 1981. Quant à l'Ontario, la récupération
est de 142%, c'est-à-dire que l'Ontario a repris
311 000 emplois, depuis le creux de sa récession de novembre
1982. On a perdu 219 000 emplois, en Ontario; depuis, on en a
récupéré 311 000, soit 142%. Quant au Canada dans son
ensemble - qui comprend le Québec, avec les 83% qui sont,
évidemment, insuffisants en ce qui a trait à l'opinion qu'ont nos
concitoyens, du plan de relance du gouvernement du Québec - c'est 106%,
c'est-à-dire que le Canada, dans son ensemble, compte maintenant 11 077
000 emplois alors qu'au plus creux de la crise on parlait de 10 485 000. Il y a
donc eu des progressions dans ces pourcentages de récupération
d'emplois dans l'ensemble du Canada très certainement, dont la moyenne
est élevée grâce à la performance de l'Ontario -
c'est comme ça que les chiffres fonctionnent -tout en étant
quelque peu ralentie par le boulet que constitue une récupération
à seulement 83% pour le Québec.
Le libellé de l'interpellation de ce matin fait état de
l'insuffisance des moyens qui seraient en place depuis un an et qui, pour le
mois dernier, ont réussi à créer 1000 emplois. Cela nous
apparaît, de ce côté-ci, nettement insuffisant. On ne peut
pas faire des discours; on ne peut pas faire un discours sur le budget qui se
voulait un reflet d'un plan de relance; on ne peut pas faire des
énoncés de politique, des rencontres au mont Sainte-Anne ou
où que ce soit; prétendre qu'il y a des centaines de millions
dans le portrait, comme l'a fait d'ailleurs le ministre de l'Industrie et du
Commerce à l'endroit de sociétés qui trouvent pour le
moins - je présume qu'elles sont polies dans leurs rapports avec le
gouvernement - ces annonces prématurées. Nous y reviendrons
évidemment, le 23 novembre, quant aux annonces des 70 000 000 $ qui se
matérialiseraient tout d'un coup grâce à la performance
d'une compagnie qui a logé une requête en faillite, comme on l'a
souligné ici en Chambre il y a 24 heures.
Chose certaine, quels sont les éléments - au-delà
d'une discussion sur les chiffres de l'emploi - sur lesquels reposait le plan
de relance? La réglementation devait être allégée,
disait le premier ministre. Nous aurions beaucoup d'annonces sur la
façon dont le cadre réglementaire favoriserait la reprise. On a
eu droit - la somme totale des interventions du gouvernement - à 2 900
000 $ alloués au ministère du Revenu pour améliorer son
système téléphonique. J'invite le ministre - si c'est ce
qu'il appelle de la relance - à se pencher sur le système
téléphonique de la CSST qui fait en sorte que les
bénéficiaires ne peuvent pas communiquer avec les agents
chargés de dossiers. Si la relance, ce sont des appels
téléphoniques, de nouveaux standards et des gens qui
répondent plus poliment au téléphone, je l'invite à
faire un peu la même chose et à lancer cette relance à
force de panneaux publicitaires à la porte des différents bureaux
gouvernementaux qui, apparemment, dans le plan de relance, ont
décidé qu'une contribution à l'emploi, c'était de
demeurer ouverts un peu plus longtemps pour que les citoyens puissent avoir
accès aux services gouvernementaux.
De ce côté-ci, nous ne voyons pas comment ce petit volet du
cadre législatif et réglementaire a créé des
emplois. Nous attendons encore des réponses autres que celles qui nous
parviennent non pas par la voie des journaux ou des discours, mais par la voie
des panneaux-réclame qu'on voit un peu partout au Québec.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, j'aurai l'occasion, lors
d'une autre intervention, puisque nos interventions sont de cinq minutes
à partir de maintenant, de parler du contenu du plan de relance parce
qu'on en fait vraiment une caricature. Ce n'est même pas une caricature
d'ailleurs... Si on pensait imaginer un plan de relance autour de panneaux, de
système téléphonique et d'heures d'ouverture du midi, vous
comprenez qu'on n'aurait pas besoin de dépenser 300 000 000 $ pour
ça cette année. L'argent doit aller quelque part. Bon, je
reviendrai tout à l'heure.
Commençons par les chiffres des emplois utilisés par le
député de Vaudreuil-Soulanges. Oui, effectivement, les chiffres
de ce matin pour le mois d'octobre qui viennent de Statistique Canada indiquent
que dans le mois il y aurait eu, au Québec une création de 1000
emplois et de seulement 29 000 en Ontario. Du coup, ça fait longtemps
que je n'ai pas entendu des chiffres de l'emploi sortir en cette Chambre.
Pourquoi? Par exemple, le mois dernier, c'était exactement l'inverse, il
n'y a pas eu d'intervention là-dessus.
Le score du mois dernier, c'est-à-dire septembre, c'était:
création d'emplois au Québec, 21 000; Ontario, 2000. Vous
comprenez pourquoi on n'a pas entendu parler des chiffres de septembre et
pourquoi on entend parler de ceux d'octobre aujourd'hui. C'est exactement la
situation inversée. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Il est
évident que d'un mois à l'autre ces données changent et,
à certains moments, sont en faveur - si on parle d'image - de ce qui se
fait au Québec et, à d'autres moments, en faveur de ce qui se
fait en Ontario.
Mais le problème, c'est de regarder ça sur une
période de temps un peu plus longue. Sur une période de temps un
peu plus longue, c'est-à-dire mettons depuis le creux de la
récession, c'est-à-dire chez nous, au Québec, en
août 1982, il s'est créé 185 000 emplois et en Ontario, il
s'en est créé 311 000, sauf que - c'est ce que je voulais dire
tout à l'heure dans ma première intervention - ce n'est pas la
même base. Il y a une population active de 4 700 000 habitants en Ontario
et de seulement 3 100 000 au Québec. Forcément, il faut ajuster
pour tenir compte de la taille de la population active. Il ne faut pas
être grand clerc pour comprendre cela.
Si on prend la base utilisée par le député de
Vaudreuil-Soulanges, c'est vrai que cela fait un taux de
récupération au Québec de 83% et, en Ontario, de 142%,
parce qu'ils avaient perdu beaucoup moins d'emplois que nous. Ils n'ont pas
été cognés à cause de leur structure d'entreprise.
J'ai eu l'occasion d'expliquer cela souvent. Ils n'ont jamais été
cognés comme nous. Perdre 219 000 emplois, comme ils l'ont fait en
Ontario, quand nous en perdons 222 000 et que la différence de taille
entre les deux provinces est aussi grande, on voit bien qu'en pourcentage cela
ne peut jamais représenter la même chose. Enfin, si on veut
utiliser cette technique utilisée par le député de
Vaudreuil-Soulanges, allons-y.
Quel est le portrait dans le reste du Canada, sur la base du
député de Vaudreuil-Soulanges, dans le reste du Canada sans
Québec et sans l'Ontario? 142 comme en Ontario? Non. 83 comme au
Québec? Non. 61. On voit encore une fois qu'à cet égard le
Québec n'a pas, sur la base qu'on vient d'indiquer,
récupéré tout. Je le sais, je l'ai dit tout à
l'heure et, à mon sens, les chiffres qu'utilise le député
de Vaudreuil-Soulanges - je les connais aussi - ne rendent pas vraiment la
réalités Le manque de récupération par 1000
personnes en âge de travailler est flagrant dans tout le Canada. Il est
remarquable en Ontario et, à cet égard, la performance du
Québec est meilleure que celle de l'Ontario, si on ajuste cela, encore
une fois, par 1000 personnes et non pas sur des chiffres de plusieurs millions
qui sont différents au Québec et en Ontario, qui sont donc des
bases différentes.
Je voudrais aussi souligner, M. le Président, que si on utilise
la base cumulative de création d'emplois au Québec et alors pour
le Canada tout entier, pour les neuf premiers mois de 1984, jusqu'en octobre
c'est une base que le chef de ces messieurs d'en face affectionne - nous
arrivons à la conclusion suivante. Encore une fois, j'utilise la
même technique de calcul d'augmentation d'emplois que M. Bourassa
traîne dans le portrait.
Une voix:...
M. Parizeau: Non.
M. Scowen: Il vous avait persuadé.
M. Parizeau: J'utilise cela parce que j'ai toujours dit
qu'à mon sens, cela soufflait indûment le phénomène.
En 1983, quelle a été la création d'emplois au
Québec par rapport à l'ensemble du Canada? 64%. Quelle a
été la création d'emplois de janvier à octobre 1984
au Québec par rapport à tout le Canada? 32%. Je sais bien que
cela gonfle ce qui s'est fait au Québec, j'ai eu l'occasion de le dire,
mais vous comprendrez qu'en utilisant toute espèce de base de calcul, on
peut démontrer pas mal de choses de nature bien différente. Sur
les chiffres que je viens de mentionner, le Québec a eu quelque chose
d'absolument sensationnel comme performance sur le plan de l'emploi. Sur la
base utilisée par le député de Vaudreuil-Soulanges, nous
venons après l'Ontario, mais devant tout le reste du Canada. Sur la base
que j'ai utilisée ce matin, c'est-à-dire du nombre d'emplois
perdus par 1000 personnes en âge de travailler et d'emplois
récupérés, le Québec arrive en tête. Trois
présentations, M. le Président; trois présentations
distinctes. Une qui indique qu'on est champion toutes catégories, la
seconde qui indique qu'on vient après l'Ontario, mais devant tout le
reste du Canada, et la troisième qui indique qu'on va un peu mieux que
l'Ontario, nettement mieux que le reste du Canada, mais qu'il reste un chemin
considérable à parcourir sur le plan de la création
d'emplois. Je préfère celle-là, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci. Il y a une chose au début de cette
première intervention - on aura l'occasion d'y revenir au cours du
débat - que je voudrais un peu démystifier pour les gens qui nous
écoutent et qui, je pense, est d'intérêt pour
rétablir le débat dans sa juste perspective. Les gens d'en face,
dans le but évident d'essayer de démontrer que les choses se
déroulent moins bien au Québec qu'ailleurs, pour prouver la
mauvaise performance du gouvernement, utilisent un procédé pour
le moins douteux sur le plan intellectuel. Ce procédé consiste
à prendre, à certaines occasions, un certain nombre de chiffres,
de les opposer à d'autres chiffres de même nature dans des
années, dans des périodes, dans des époques ou sans des
gouvernements différents et, par là même, de faire une
démonstration en disant: Voyez, vous n'avez fait que
récupéré X milliers d'emplois. Nous, on avait
créé, pendant trois années de notre mandat, X emplois,
donc, on est meilleurs que vous.
Il y a là un procédé qui est pour le
moins douteux sur le plan même du raisonnement. J'aimerais
utiliser un exemple bien simple pour faire comprendre ce que je veux dire ici.
Je viens d'une région qu'a rendue célèbre la
traversée internationale du lac Saint-Jean. Il s'agit là d'une
compétition de natation qui se déroule chaque année. Il ne
viendrait jamais à l'idée de personne de comparer d'une
année à l'autre, selon les conditions, les résultats
obtenus par les compétiteurs professionnels qui effectuent cette
traversée. Il y a des années où la mer est d'huile,
où la température est idéale et où les cinq
premiers compétiteurs se classent entre sept heures et sept heures
trente de compétition. Il arrive, également, d'autres
années où, la température étant moins
clémente, le premier, le champion, celui qui remporte le marathon, se
classe après huit heures, huit heures qIl1 n'y a personne au lac
Saint-Jean ni au Québec qui aurait l'idée de comparer la
performance du premier de 1984, qui a été de huit heures et
quelques minutes dans des conditions épouvantables, à la
performance du premier de 1983, où les conditions atmosphériques
étaient absolument exceptionnelles.
C'est à peu près ce qui se passe ici lorsqu'on discute de
la performance d'un gouvernement. Les gens d'en face font cette comparaison
odieuse de la performance du compétiteur dans une année ou dans
une période où les conditions étaient excellentes et
idéales, à des performances du compétiteur dans une
année où les conditions étaient absolument
épouvantables. Je pense que pour avoir une juste compréhension
des choses, dans une compétition ou à la traversée du lac
Saint-Jean, quand le premier termine, on le compare au deuxième, au
troisième et au quatrième pour évaluer la qualité
de sa compétition, et non pas à ceux des années
antérieures où les conditions étaient différentes.
Les gens d'en face vont être obligés de comprendre - j'aimerais
bien qu'on ramène à chaque fois les chiffres dans cette
perspective - que dans la période où on se trouve, qui a
été extrêmement difficile pour tous les gouvernements la
meilleure façon de comprendre et d'évaluer l'impact des
décisions et des actions de ce gouvernement sur le plan
économique, c'est de le comparer à d'autres gouvernements,
à d'autres compétiteurs qui évoluent dans le même
contexte. Cela me semble être d'une telle évidence que je n'aurais
jamais cru avoir besoin d'apporter ici un exemple comme celui-là.
Les gens doivent comprendre que lorsqu'on veut parler de performance, on
compare à d'autres gouvernements qui sont dans la même situation
et non pas dans des conditions absolument idéales. Dans un premier
temps, c'est une chose que je comptais rétablir. Dans des interventions
subséquentes on verra comment ce gouvernement, dans des conditions
difficiles, aura obtenu, et de loin, la meilleure performance en comparaison
avec des gouvernements semblables au Canada. (10 h 45)
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: M. le Président, j'ai la mauvaise habitude de
ne jamais cesser d'espérer et j'espérais que, de la part de
l'adjoint parlementaire du ministre des Finances, on entendrait au moins des
choses -un peu plus concrètes. J'aurais dû le savoir, on a
déjà eu ce genre de situation.
Je ne veux pas vous parler de chiffres, je ne veux pas vous parler
d'emplois en termes de pourcentage ou de chiffres, mais je veux vous parler un
peu d'approches, d'approches dans le domaine de la main-d'oeuvre et de la
création directe d'emplois par le gouvernement durant les
dernières années, pour vous démontrer finalement que,
d'une part ce que l'on vit aujourd'hui n'est effectivement qu'un ramassis de
programmes mis ensemble à la dernière minute, à la vapeur
et à la vitesse, et qui n'ont pas leur place aujourd'hui. Ce que vous
avez fait il y a trois ou quatre ans vous n'auriez jamais dû le faire. Ce
que vous faites aujourd'hui vous auriez dû le faire il y a trois ou
quatre ans. Et ce que vous devriez faire aujourd'hui vous ne le faites
aucunement. Et je m'explique.
Il y a trois ou quatre ans, le gouvernement s'en est allé dans
une voie qui était la création des petits programmes, que le
premier ministre lui-même a finalement qualifiés de programmes qui
aboutissaient à des "jobines". C'étaient des programmes, si on
voulait être généreux, qu'on pourrait appeler programmes de
sécurité de revenu peut-être, mais jamais programmes de
création d'emplois. Vous vous rappelez: il s'agissait en grande
majoritié de programmes qui créaient des emplois pendant une
période de 20 semaines, juste assez de temps pour permettre aux
bénéficiaires de l'aide sociale qui bénéficiaient
de ces programmes d'avoir recours aux prestations d'assurance-chômage,
pour ensuite éventuellement retourner sur l'aide sociale. Cela veut dire
que toutes les sommes assez importantes que le gouvernement du Québec a
investies à travers ces programmes pendant les quatre ou cinq ans qu'ils
existaient n'ont laissé aucune création nette d'emplois, et
qu'ils n'ont laissé aucune valeur réelle aux personnes qui en ont
bénéficié. Tout ce que cela leur a permis de faire c'est
d'avoir accès aux prestations d'assurance-chômage. Pour moi cela a
été une perte - et cela l'est toujours - et une mauvaise
utilisation des fonds publics des plus flagrantes. On
pouvait l'expliquer en disant des choses que le gouvernement a
déjà dit.
Ce que vous faites aujourd'hui, les prétendus programmes
d'emploi, s'ils ont une valeur ce n'est sûrement pas par la façon
de les mettre de l'avant de la façon dont cela a été fait,
sans aucun véritable plan, sans aucun véritable objectif par
rapport, par exemple, aux stages en entreprise, où l'on procède
à la pièce finalement à trouver n'importe quoi pour
insérer un jeune dans une entreprise. L'objectif visé par ces
trois programmes n'est pas la formation de la main-d'oeuvre, c'est de pallier
la problématique qui existe dans la Loi sur l'aide sociale: c'est qu'ii
y a une discrimination nette qui aurait été faite par rapport
à leur âge. Donc, on a pensé à mettre sur pied des
programmes qui pourraient avoir un certain bénéfice par rapport
à "l'employabilité". C'est exactement ce genre de programmes
qu'il aurait fallu faire avec le rattrapage scolaire, il y a trois ou quatre
ans, quand les emplois tombaient comme des mouches. On aurait peut-être
pu préparer pour aujourd'hui une jeunesse un peu plus employable si vous
voulez.
On en vient à cela aujourd'hui. Qu'est-ce que le gouvernement
devrait faire aujourd'hui finalement? Aujourd'hui, à l'exception de un
ou deux petits programmes où l'idée est peut-être
intéressante, mais où les chiffres et les nombres n'ont aucune
portée réelle, il n'y a aucun programme de création
d'emplois directs. Il y a quand même des personnes comme les 150 000
jeunes sur l'aide sociale, dont 120 000 à peu près sont aptes au
travail. Il y a combien de chômeurs qui sont jeunes et moins jeunes? Il y
a, en d'autres mots, énormément de personnes qui auraient encore
besoin d'avoir de l'aide directe en termes d'emploi. Ce que le gouvernement
devrait faire aujourd'hui, il ne le fait pas. La seule voie que le gouvernement
devrait mettre de l'avant pour espérer qu'il pourrait y avoir une
incidence sur la création d'emplois serait le genre de programmes de
subventions directes à l'emploi où on ne voit aucunement les
intentions du gouvernement. On nous a annoncé une série de
symposiums qui vont avoir lieu pendant des mois. On nous a annoncé des
projets qui vont être opérationnels à la fin de
l'année 1985, selon le document du gouvernement. Mais pour l'instant on
n'a rien devant nous qui puisse nous permettre de croire qu'à la suite
du plan de relance de l'année passée on ait eu quelque chose de
concret et de réel par rapport aux personnes qui sont, soit sur l'aide
sociale, aptes au travail ou soit sur le chômage. Dans ce sens-là,
le passé on ne peut pas le changer mais on peut le juger, M. le
Président, et le jugement doit être sévère.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, c'est heureux que le
député de Laurier cherche à dégager une sorte de
perspective, peut-être pas historique mais, enfin, une perspective
d'évolution des programmes sur une période de deux ou trois ans,
parce que, effectivement, il y a un certain nombre de leçons à
tirer d'une perspective comme celle-là.
Il y a au fond, je pense, trois grandes étapes dans la mise en
place de programmes d'accélération de l'économie et de
création d'emplois - pas toujours de création directe d'emplois -
simplement parce que tels secteurs s'activent ou parce que la construction
remonte, etc.
D'abord, il y a cette espèce d'étape, été
1982, où on est en pleine récession. Tout dégringole. Un
certain nombre de mesures vont être prises, qui auront sur le plan de
l'emploi des conséquences considérables. C'est de là, je
vous rappelle, du sommet de Québec en avril 1982 que démarre - il
démarrera après les vacances de la construction -
Corvée-habitation. Comprenons-nous bien. En 1982, on était
menacés de tomber en bas de 20 000 mises en chantier par année.
On envisageait à ce moment-là quelque chose comme 18 000. On en a
fait 29 000 cette année-là, clairement à cause de
Corvée-habitation. Cela, c'est 10 000 emplois. L'année suivante,
on est monté à 40 000 mises en chantier. Ce n'est pas
compliqué de calculer l'emploi là-dedans: c'est un emploi par
mise en chantier, un emploi par logement, un homme-année.
Il y a eu ce qu'on a appelé le plan Biron, qui était un
plan d'urgence de financement d'entreprises. Il en a sauvé 300 ou 400,
il a sauvé 30 000 emplois. Vous me direz: Ce n'est pas une
création. Non, mais c'est arrivé juste à temps. Il faut en
parler aux hommes d'affaires et bien se rendre compte à quel point cela
a mis une sorte de filet en-dessous des entreprises dont certaines
étaient excellentes - elles avaient fonctionné pendant dix ou
douze ans - mais qui étaient rendues à cause des taux
d'intérêt complètement étranglées.
Troisièmement, il y a eu un programme d'emplois temporaires. Ce
qu'on a appelé les emplois de 20 semaines, auxquels faisait allusion le
député de Laurier. Je pense qu'il a tout à fait raison. On
ne peut pas s'imaginer, en créant beaucoup de petits emplois de 20
semaines, qu'on va changer profondément des choses sur le marché
du travail, sauf que quand cela va aussi mal et aussi brutalement que cela l'a
été à ce moment-là, il faut comprendre que des
emplois temporaires sont mieux que rien et
qu'on met un filet. On ne s'est jamais imaginé qu'on continuerait
ces programmes d'emplois temporaires indéfiniment. Ils sont
tombés au moment où il fallait les mettre parce que
c'était vraiment trop sérieux comme situation.
Mais apparaissent aussi un certain nombre de choses plus
intéressantes: les bons d'emplois qui auront permis à
passablement de jeunes de trouver des emplois alors permanents, des initiatives
nouvelles comme Chantier-Québec qui sont de la création directe
d'emplois. Je reviendrai tout à l'heure sur cette question de la
création directe d'emplois par opposition ou tout au moins de
façon distincte de la création d'emplois par les moyens plus
habituels.
En 1983, c'est le plan d'action du mont Sainte-Anne axé, bien
sûr, beaucoup moins sur de la création directe d'emplois que de
faire redémarrer les investissements, pour faire redémarrer les
investissements privés. C'est de là que datent les gros projets
d'aluminerie, par exemple. Les investissements publics. Il est clair que la
baisse des investissements d'Hydro-Québec est en train d'accentuer sur
le plan des investissements publics une situation assez déplorable du
travail dans l'industrie de la construction. Des programmes d'expansion des
exportations. Cela peut paraître un terme abstrait, mais plus les
entreprises exportent, plus elles embauchent du personnel. Il y a un certain
nombre de choses qui seront, en deuxième étape,
concentrées, ' mais probablement d'abord et avant tout sur la relance
des investissements. Cela marche et très bien.
La troisième étape: le plan Compton. J'arrive à son
contenu rapidement. Dans ce plan de relance, il y a 'des éléments
très divers. Il y a au-delà d'une cinquantaine de programmes. 11
y en a qui ont une influence considérable sur l'entreprise et l'embauche
par les entreprises. Par exemple, le programme de financement de garantie de
prêts aux entreprises, soit à des fins d'investissements ou
à des fins de fonds de roulement, le gouvernement a dit: Je suis
prêt à investir 2 000 000 000 $ de garanties là-dessus et
il est bien possible qu'on y arrive. En tout cas, en termes de nombre
d'entreprises qu'on pensait rejoindre, l'objectif va être atteint. Dans
un seul mois l'an dernier, la Société de développement
industriel a accepté pour environ 300 000 000 $ de projets
d'investissements dans une seule de ses réunions de son conseil
d'administration. Il est tout à fait évident que ce programme de
financement que nous avons mis en place a donné et donne, à
l'heure actuelle, des effets tout à fait remarquables.
Élément de politique économique.
On me dit que mes cinq minutes sont écoulées. Je viens,
dans cette espèce d'historique, de me rendre jusqu'au plan de relance -
le plan de Compton. J'ai donné un élément
économique majeur, je m'arrête parce que mes cinq minutes sont
écoulées. Quand je récupérerai mes cinq minutes, je
poursuivrai dans la même voie, dans cette espèce d'historique
intéressant que le député de Laurier esquissait.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. J'ai expliqué
tout à l'heure que, pour être en mesure de porter un jugement
efficace sur les énergies qu'a déployées ce gouvernement
pour améliorer la situation économique du Québec, il
fallait être en mesure de comprendre le contexte et de savoir qu'il
importe de comparer des gouvernements qui sont en quelque sorte - vous me
prêterez l'expression - en compétition dans un contexte difficile,
afin de savoir quel est le meilleur, lequel a su déployer le plus
d'efforts, a su atteindre aux meilleurs résultats compte tenu des
circonstances.
Je parlais tout à l'heure des investissements. Je me permettrai
très brièvement de vous citer les quelques chiffres qui sont
disponibles concernant les investissements privés et publics dans leur
ensemble, au total, quant à leur évolution au cours des trois
dernières années. Dans le contexte extrêmement
pénible qu'on a connu, il faut regarder ce qui s'est fait ailleurs et ce
qui se fait chez nous: par exemple, la proportion qu'occupent les
investissements privés et publics, au total, au Québec, par
rapport aux investissements privés et publics, au total, au Canada
durant une même période. Quand on veut comparer la performance, on
considère la situation et on compare la performance de deux, de trois ou
de cinq compétiteurs.
Au Canada, en 1982, le total des investissements privés et
publics du Québec, la proportion des investissements privés et
publics au Québec par rapport au total des investissements privés
et publics au Canada, c'est 17, 6%. En 1983, il y a des mesures qui sont
entrées dans le décor, dont on discute ce matin, qui ont fait en
sorte que la performance du Québec s'est nettement
améliorée. En 1982, c'était 17, 6%; en 1983, les
investissements totaux au Québec par rapport aux investissements totaux
au Canada sont passés à 18, 47%; en 1984, à 19, 99%,
c'est-à-dire à 20%.
On peut, d'ores et déjà, dire qu'entre 1982 et 1984 il
s'est certainement passé quelque chose au Québec, puisque la
proportion des investissements faits au Québec par rapport à ceux
faits au Canada, dans le même contexte difficile, augmente
constamment. C'est certainement qu'il y a eu des mesures
spécifiques au Québec qui ont fait en sorte que notre performance
est maintenant meilleure.
Si on se compare maintenant à un autre compétiteur, soit
l'Ontario - c'est le barème de comparaison habituel pour ce genre de
choses - on réalise qu'en 1982 les investissements faits au
Québec, par rapport à l'Ontario, étaient de 58, 4%. En
1983, on investissait 60% de ce qui était investi en Ontario et, en
1984, 62, 37%. Que ce soit par rapport au Canada, au contexte canadien dans
lequel nous vivons, ou que ce soit par rapport à la province à
laquelle on se compare habituellement pour ce genre de choses, on
réalise qu'on est en constante progression. Pour que la performance du
Québec se soit améliorée de façon significative en
termes de pourcentage des investissements totaux privés et publics,
qu'on me démontre maintenant que ce gouvernement n'a pas posé des
gestes les plus pertinents et les plus appropriés.
On peut au moins le croire. Les autres gouvernements ont certainement
posé des gestes également pour redresser l'économie, mais
les gestes qu'on a posés étaient tellement appropriés que
notre performance, que ce soit par rapport à l'ensemble canadien ou que
ce soit par rapport à l'Ontario - notre barème de comparaison,
très souvent - est nettement meilleure et s'améliore de 1982
à 1983 et de 1983 à 1984. On verra ce que nous réserve
1985 avec l'ensemble des mesures que ce gouvernement continue d'appliquer avec
le plus grand sérieux et avec l'ensemble des mesures que ce gouvernement
continue de compléter et de perfectionner au fur et à mesure que
les nouvelles données économiques se présentent à
nous. Merci.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, la moitié de ce
débat est déjà écoulée et j'ai l'impression
que si les gens qui nous écoutent ne dorment pas, ils sont
écoeurés par le débat de la part du gouvernement. Nous lui
avons demandé de nous parler d'un plan de relance, le plan Parizeau, qui
est le plan du ministre des Finances pour relancer l'économie. Il a
donné toutes les indications qu'il ne le connaît pas du tout. Il
refuse de parler des détails de ce plan et nous a proposé de
donner un historique de l'évolution de sa pensée
économique, qui n'est d'ailleurs pas très forte, depuis Compton
et mont Sainte-Anne. (11 heures)
Je veux l'amener à des questions précises qui pourraient
être comprises par les gens ordinaires. Il a inventé trois
nouvelles façons de calculer l'emploi ce matin. Il a dit que la SDI a
créé 12 000 emplois, une autre organisation en a
créé 100 000, 15 000, 2000. On lance des chiffres à gauche
et à droite et personne n'est capable de comprendre.
Je veux revenir à ce panneau-réclame. J'ai posé des
questions très précises au ministre et je vais les reposer parce
que c'est dans ce genre d'affaire que les gens ordinaires peuvent comprendre ce
qui se passe. C'est de la publicité pour le plan Parizeau. La
publicité qu'on voit un peu partout. On voit ici: Création de dix
emplois dans un édifice du gouvernement en face, à quelques
centaines de mètres d'ici. Le gouvernement a annoncé son
intention d'investir 200 000 $ pour rénover sa fournaise dans son propre
édifice. Nous prétendons que c'est de la publicité
frauduleuse. Nous demandons au ministre d'arrêter son historique de
l'évolution de l'économie du Québec et de nous donner des
informations précises sur ces dix emplois. Qui sont ces personnes? Selon
le plan Parizeau annoncé sur ce panneau-réclame, est-ce que ces
personnes auront des emplois permanents dans cet édifice? Ces dix
personnes seront-elles embauchées temporairement pour faire les
rénovations? Est-ce que ces personnes ont déjà une carte
de l'Office de la construction du Québec et travaillent-elles quelque
part pour un entrepreneur? Est-ce que ce sont dix emplois hommes-année?
Qui sont ces personnes qui auront ces emplois? C'est cela qu'on veut
savoir.
C'est dans des centaines et des centaines de panneaux-réclame
comme ceux-ci. Ils font partie du plan Parizeau. C'est lui, le ministre des
Finances, qui a inventé cette affaire. On lui demande de nous expliquer
non pas l'histoire de l'économie du Québec mais,
premièrement, quels sont ces dix emplois exactement. Qui sont ces
personnes, est-ce que ce sont des emplois permanents, stables? De quel genre
d'emploi s'agit-il? Comment peut-il justifier de lancer à gauche et
à droite des panneaux publicitaires comme ceux-ci, qu'on voit dans
toutes les rues du Québec, qui sont simplement là, quant à
nous, pour faire croire à la population qu'il y a quelque chose, alors
que les projets de ménage administratif, normaux, qu'on attend de tout
gouvernement, qu'il soit péquiste ou libéral, ne sont que des
ballounes publicitaires?
Si le ministre peut, dans les cinq prochaines minutes, expliquer les dix
emplois de son plan Parizeau, de son panneau-réclame, la population sera
beaucoup plus contente que s'il décide de continuer avec le chapitre III
de l'historique qui n'intéresse que lui seul. Alors, qu'on revienne au
sérieux, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Oui, effectivement, nous allons revenir au
sérieux, après cette intervention de cinq minutes. Quel
mépris pour le public, M. le Président; En somme, ce dont nous
avons discuté jusqu'à maintenant qui a contribué à
augmenter l'emploi depuis le creux de la récession d'environ 185 000,
cela, le public n'est pas apte à comprendre. Décrire le programme
de relance de l'économie du gouvernement, le public n'est pas apte
à comprendre. Quel mépris prodigieux pour la population! Ce qu'il
faut, c'est engager la discussion sur un panneau. Je n'en sais rien, qui sont
ces dix personnes qui sont embauchées là-dessus. Je peux prendre
la commande: veut-il leur nom, leur numéro d'assurance sociale, la
couleur de leurs cheveux? On verra, je n'ai pas la moindre idée et je ne
vais pas m'amuser tout l'avant-midi à déterminer l'état
civil des dix personnes qui sont embauchées par le projet. Si cela
l'intéresse à ce point, je demanderai au ministère des
Communications de faire des recherches ou celui des Travaux publics, je ne sais
pas très bien, mais on verra. Cela étant dit, comme disait le
député de Notre-Dame-de-Grâce, revenons aux choses
sérieuses.
Le programme de relance qui est apparu à Compton et qui roule
maintenant depuis un an, j'ai dit tout à l'heure qu'il était
composé d'un certain nombre d'éléments d'ordre
économique et financier. Je vais continuer d'en donner quelques
exemples. Nous avons décidé aussi, à ce moment,
d'étendre la politique de rabais des tarifs d'électricité
à d'autres entreprises que l'aluminium. Cela avait déjà
été fait à la fin de 1982, au début de 1983, mais
là on a décidé de l'étendre à d'autres
entreprises. Et c'est grâce à cette extension que plusieurs
entreprises dans la chimie ou dans l'électrométallurgie ont
commencé leur expansion au Québec. Il n'y a pas de doute que cela
attire énormément d'investissements. On le sent simplement par
l'intérêt énorme d'entreprises étrangères,
américaines en particulier. Les gens d'Hydro-Québec nous disent
qu'ils sont inondés de demandes de renseignements sur, à la fois,
cette politique de rabais d'électricité et sur la politique plus
récente de stabilisation des tarifs. Il ne me fait pas l'ombre d'un
doute que, d'ici à un an ou un an et demi, on puisse voir une
implantation d'entreprises en nombre assez important au Québec
grâce à ce programme.
En troisième lieu, on y faisait allusion plus tôt, il y a
un certain nombre d'investissements de caractère public ou privé,
enfin mixte. Cette politique, en particulier, de reboisement, très
importante en termes de création d'emplois, cela va embaucher beaucoup
de monde, cette politique de quintupler le reboisement au Québec.
À cet égard, on dira: Vous êtes en retard. Peut-être
qu'à cet égard on est en retard, mais là, en passant
à 300 000 000 $, on ne sera sûrement pas en retard. Cela roule
bien.
Cependant, nous constations que, dans certains secteurs de
l'investissement public, ou bien des retards s'étaient faits ou des
espèces d'écrasement s'étaient produits, écrasement
des investissements d'Hydro-Québec à la baie James, en
particulier, qui a pesé d'un poids très lourd sur
l'économie du Québec, et retard dans le programme
d'assainissement des eaux. Là, il y a une série de dispositions
pour faciliter le financement municipal à cette fin; il y a comme un
coup d'accélération qui a été donné sur ces
milliards de dollars de travaux d'épuration des eaux qui doivent
être faits au Québec. On dira: On est très en retard. Oui,
on est très en retard comme société à cet
égard. Peut-être pas le gouvernement actuel parce que, depuis
quelques années, il pousse, mais à Compton, dans le plan de
relance, on a fait apparaître des incitations très importantes qui
suscitent maintenant une collaboration des municipalités, qui s'est
considérablement activée depuis quelques mois.
Hydro-Québec posait un problème parce que ses
capacités de production, ses investissements dans de la capacité
de production tombaient et que cela avait un impact considérable sur
l'emploi et le marché du travail au Québec. Il ne faut pas
oublier qu'à un moment donné, Hydro-Québec investissait
30% de tous les investissements productifs au Québec. Il fallait, en un
certain sens, essayer de réorienter avec Hydro-Québec ses
investissements. C'est là que sont apparus une série de
programmes d'entretien du réseau, d'enfouissement des câbles; il y
a eu une collaboration remarquable avec la ville de Montréal à
cet égard et c'est en train de déclencher des centaines de
millions de dollars de travaux qui ont des répercussions tout à
fait directes sur l'emploi.
Jusqu'à maintenant, j'ai parlé d'investissements. Parlons
maintenant des ressources humaines, de l'investissement soit dans les cerveaux,
soit d'argent placé dans la création directe d'emplois, le
thème que le député de Laurier affectionnait
particulièrement tout à l'heure. Cette question de la formation,
de l'accentuation des sommes placées à l'entraînement du
personnel et à la création directe d'emplois sera le propos de
mes prochaines cinq minutes, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Merci, M.
le ministre. M. le député de Roberval. M. Michel
Gauthier
M. Gauthier: M. le Président, je m'étonne un peu
que ce matin l'Opposition nous parle de l'insuffisance et de
l'inefficacité du programme de relance. Évidemment, on peut dire
que c'est toujours insuffisant, que ce n'est pas tout à fait assez
efficace parce qu'on sera content lorsqu'on aura atteint, pour nos concitoyens,
le plein emploi.
M. le Président, je m'étonne que ces gens prennent un
exemple d'investissement et critiquent le plan de relance à partir de
choses aussi particulières, aussi individuelles. Je m'étonne,
parce que la seule recette que les gens d'en face ont trouvée, la seule
d'ailleurs qui existe pour améliorer la situation économique
d'une province comme le Québec, c'est, bien sûr, d'augmenter
sensiblement, et le plus possible, les investissements privés et
publics. C'est tellement la recette principale, M. le Président, que je
vous rappellerai, qu'il n'y a pas si longtemps, avant qu'une firme
américaine importante le rappelle à la réalité, le
chef du Parti libéral n'avait pour toute solution, aux problèmes
économiques du Québec, que d'augmenter massivement les
investissements, en construisant une Baie James phase II, phase III ou je ne
sais trop laquelle. La seule solution que le chef du Parti libéral avait
trouvée, tout économiste qu'il soit, pour améliorer la
situation économique du Québec, c'était de bâtir un
barrage hydroélectrique. Évidemment, cela frappe l'imagination de
gens qui ne sont pas trop avertis, de dire: On va dépenser 15 000 000
000 $ tout d'un coup, pour bâtir un barrage hydroélectrique, mais,
ce faisant, le chef du Parti libéral ne confirmait qu'une chose: pour
que cela aille mieux au Québec, comme dans n'importe quelle
économie du genre de la nôtre, il faut nécessairement que
les investissements soient plus importants. On a vu, tout à l'heure, -
je l'ai démontré avec des chiffres - que notre performance, de ce
côté-là, est absolument inattaquable. Nous avons la
meilleure performance dans les investissements. On est au moins d'accord sur
une chose, avec le chef du Parti libéral: pour que cela aille mieux, il
faut qu'on investisse plus, et nous sommes, actuellement, à la
tête de la performance, à la tête du peloton dans cette
obligation ou dans cette nécessité d'accroître les
investissements privés et publics.
Comme on a ramené M. Bourassa à la réalité
et qu'on lui a dit que bâtir un barrage hydroélectrique, alors
qu'on avait des surplus d'électricité, ce n'était
peut-être pas ce qu'il y avait de plus prudent, sur le plan
économique, et que cela pourrait entraîner des hausses de
coûts considérables pour les citoyens, les entreprises du
Québec et avoir, par le fait même, un effet extrêmement
négatif sur leur développement, M. Bourassa a cessé de
parler de cet investissement majeur, mais il n'a jamais donné de recette
différente de celle qu'il proposait initialement. Il n'en parle plus. Il
parle d'augmenter les investissements, mais jamais il ne donne de recette.
Or, le gouvernement du Québec qui, lui, devait faire face
à la musique - les citoyens n'auraient pas accepté qu'on ne soit
pas à la hauteur de la situation - a préparé un plan qui
nous permettait de croire - cela s'est confirmé et se confirme toujours
- que les investissements augmenteraient considérablement au
Québec, mais dans des domaines où on en avait besoin, des
domaines où cela ne créerait pas de problème particulier,
comme celui de l'hydroélectricité. Le gouvernement a mis sur pied
le plan de relance et a prévu des secteurs d'investissement
extrêmement importants, comme il a prévu aussi de faire
flèche de tout bois et de prévoir des secteurs d'investissement
moins importants, mais, de toute façon, l'ensemble des mesures contenues
dans le plan de relance n'ont qu'un seul but - elles l'ont atteint et elles
continuent de nous garder en tête du peloton - c'est d'augmenter les
investissements privés et publics au Québec. On a la meilleure
performance, comparativement à tous les autres gouvernements au Canada,
depuis les trois dernières années.
M. le Président, il faudra peut-être demander au chef du
Parti libéral de venir en Chambre nous expliquer comment, puisqu'il a
maintenant compris qu'il était impossible d'investir
immédiatement, et aussi massivement, dans une autre Baie James, il
ferait pour augmenter les investissements privés et publics au
Québec, pour nous garder en tête du peloton. Une chose est
certaine: nous, non seulement on l'a dit, mais on l'a fait et on le fait
encore. Merci.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Vaudreuil-Solanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, le
député de Roberval ne semble pas lire les journaux. Je lui
rappelle que certains, des gens qui siègent avec lui, ont
déjà été de son avis, mais cela fait
déjà un bon petit moment. M. Bérubé avait
traité d'aberration mentale, une politique d'un gouvernement du
Québec qui visait à exporter massivement de
l'électricité vers la Nouvelle-Angleterre, mais les journaux sont
publiés tous les jours et les déclarations des ministres restent
noir sur blanc, à certains endroits, à tel point, que si le
député de Roberval s'était donné la peine de
consulter
les journaux, il se serait aperçu que le ministre actuel de
l'Énergie et des Ressources, M. Duhaime, a déjà
déclaré que le gouvernement du Québec était
prêt à accélérer le rythme de construction de ses
projets de centrales hydroélectriques afin d'exporter une
quantité importante d'électricité de base aux
États-Unis. En septembre 1981. Ce n'est pas d'hier qu'on sent qu'il y a
là un marché. (11 h 15)
On ne peut pas simplement, comme vient de le faire le
député de Roberval, comme l'a déjà fait le ministre
Bérubé, traiter de malades mentaux - c'est essentiellement, c'est
textuellement ce qu'il a dit - les gens qui parlent d'exporter de
l'électricité aux États-Unis. Ils sont atteints
d'aberration mentale. Si je comprends bien, le ministre actuel de
l'Énergie et des Ressources, si j'en crois la déclaration de son
collègue qui est maintenant à l'Éducation, serait atteint
également d'aberration mentale et un tas de gens qui commencent à
réaliser qu'il y a un potentiel économique pour le Québec,
de ce côté-là.
Mais ce qui va rester, c'est qu'il y a des gens qui ont
démontré, comme le Parti libéral du Québec, qu'ils
prennent des décisions, qu'ils mettent en place les investissements
qu'il faut, qui expriment la volonté politique de construire des
installations qui permettraient d'exporter de l'énergie. Et il y a ceux
qui ne font effectivement qu'en parler. On peut voir que le
député de Roberval loge très bien à cette
enseigne.
Je n'ai pas l'intention de parler pendant cinq minutes du panneau
publicitaire dont nous entretenait le député de
Notre-Dame-de-Grâce, tout à l'heure. Le ministre a parlé de
ce panneau pendant dix secondes. À deux reprises, dix secondes chaque
fois, il a prétendu que ce n'est pas important. Le gouvernement publie
les chiffres d'emplois. Le gouvernement se targue d'investir. Il nous donne des
additions. Chaque mois, il nous en redonnera et, lorsque le plan de relance,
qui s'appelle le plan Parizeau, sera terminé, si jamais il se termine,
on aura comptabilisé ces dix emplois quelque part. On aura
comptabilisé aussi quelque part les 200 000 $.
La question est assez simple. Si le ministre veut passer une commande,
c'est une chose. Nous sommes prêts à attendre, mais cela se trouve
facilement. Nous voulons savoir de ce côté-ci, si ce sont dix
emplois permanents ou si ce sont dix emplois temporaires? Est-ce que ce sont
dix emplois en termes d'années-hommes? Est-ce que ce sont des gens du
ministère des Travaux publics qui vont installer la fournaise? Est-ce
que ce seront des sous-entrepreneurs? De quoi s'agit-il? Ce chiffre-là
fera partie des divulgations globales lorsque le gouvernement va se
péter les bretelles sur la création d'emplois. Il y aura, dans
les chiffres que le gouvernement nous donnera ou inventera, ces dix emplois.
Dans quelle colonne seront-ils? Dans celle des emplois temporaires? Dans celle
des emplois permanents? Il me semble que la question est simple. Il me semble
qu'elle appelle une réponse.
Le gouvernement a choisi de faire une campagne de publicité. Le
gouvernement, sous les exhortations de l'Opposition, a aboli le péage
à certains postes de péage. Il a commencé à donner
suite aux demandes de l'Opposition. Après avoir lui-même
doublé le péage, il s'est retourné, il a fait volte-face
et il a aboli le péage. Nous étions pour. Aujourd'hui, on n'est
pas pour le critiquer. Cela ne serait absolument pas crédible. Ce qui me
frappe comme étant un peu exagéré de la part du
gouvernement, c'est d'installer, là où il y avait des postes de
péage, d'immenses panneaux de 6 pieds sur 9 - pas en mètres,
quand même, on n'est pas rendu là - qui se lisent mot à mot
ainsi, je les ai vus: "L'abolition du péage pour la relance de notre
région". Souligné, d'une part, et signé, d'autre part
"Gouvernement du Québec".
Combien coûte un panneau de 6 pieds sur 9, installé dans
les deux directions aux approches des postes de péage? Qu'est-ce que
cela crée comme emplois véritables, permanents, durables, pour
reprendre les mots du premier ministre, dans sa déclaration liminaire en
novembre de l'an dernier: "Nous voulons créer des emplois permanents et
durables"? Ces mots-là se retrouvaient dans les notes introductives de
ce que le gouvernement appelait à l'époque: le plan de relance,
ce qui est devenu manifestement le plan Parizeau.
Le Président (M. Lachance): Veuillez conclure, M. le
député.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ces emplois sont-ils permanents
ou durables? C'est ce qui est important. Nous parlons d'insuffisance des
moyens, à la lumière d'une mesure. Où est le
caractère permanent, le caractère durable des interventions du
gouvernement?
Le Président (M. Lachance): M. le ministre des
Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, je vais d'abord me
considérer comme flatté par le fait que l'Opposition tient
absolument à accoler mon nom au plan de relance. C'est me faire beaucoup
d'honneur. Ce plan de relance a été préparé par le
Conseil des ministres, annoncé par le premier ministre et moi, j'ai la
responsabilité d'en assurer le suivi. Si on veut m'attribuer une
paternité
plus active que celle que j'ai, encore une fois, c'est me faire beaucoup
d'honneur parce que c'est effectivement un plan qui roule bien et qui commence
à donner des résultats, à mon sens, remarquables. Mais je
dois quand même rendre à César ce qui est à
César et ne pas chercher, en dépit de l'Opposition, à
m'attribuer un mérite que je n'ai pas.
Cela dit, je continue la description de ce plan de relance. Je prends
bonne note que le député de Vaudreuil-Soulanges veut, au sujet
des panneaux, davantage de renseignements. On va essayer de lui trouver cela.
Combien coûte un panneau le long d'une autoroute? Je ne le sais pas. Il
faudrait, cependant, qu'il me dise exactement ce qu'il veut que j'incorpore
dans le coût: le coût du bois, sans doute, du travail, de la
peinture. Est-ce que la livraison du panneau, l'essence nécessaire dans
le camion pour livrer le panneau au bon endroit doivent entrer dans le
coût? Enfin, nous essaierons d'établir quelque chose d'aussi
précis que cela. J'imagine que nous arriverons à la constatation
que poser un panneau coûte à peu près le même prix,
quel que soit celui qui le pose: un gouvernement, une entreprise ou une
épicerie. Le prix des panneaux est habituellement quelque chose d'assez
standard. Si l'Opposition a ce genre de préoccupation, somme toute assez
frivole, soit!
Je poursuis sur la lancée des questions beaucoup plus
sérieuses que me posait le député de Laurier. Le plan de
relance comporte un certain nombre de dimensions destinées à la
fois à augmenter le personnel technique dont nous disposons au
Québec, à améliorer son entraînement, à faire
en sorte que, dans le monde de, technologie qui change très rapidement,
nous soyons aussi bien préparés que possible. Évidemment,
c'est très structurant pour l'avenir. Ce sont des mesures qui sont
toutes ramassées en peu de temps, mais qui vont avoir très
longtemps un impact sur l'économie du Québec, sur le genre
d'emplois qui sont créés et sur la technicité de ces
emplois.
Je vais vous donner un certain nombre d'exemples. La création du
ministère de la Science et de la Technologie a permis
d'accélérer considérablement les sommes que le
gouvernement pouvait placer dans un certain nombre de programmes, la
définition de ces programmes et a donné - comment dire? - une
relance très importante à l'ensemble des dépenses de
recherche et de développement que le gouvernement du Québec
pouvait aborder.
On l'a vu, par exemple, par un programme de financement d'installations
dites de CAO-FAO. Le gouvernement était, jusqu'à maintenant,
très peu intervenu là-dedans, mais, maintenant, c'est parti. De
la même façon, le programme de relance prévoit sur trois
ans la création de six nouveaux centres de recherche au Québec,
des centres de recherche assez importants qui vont impliquer un investissement
total d'à peu près 80 000 000 $. Nous avons
considérablement augmenté le programme de soutien à
l'emploi scientifique par les entreprises. Le Centre de recherche industrielle
établit de nouveaux laboratoires à Montréal et il a
donné un coup de main considérable aux hommes d'affaires depuis
quelques années pour mettre au point des produits. Il était
normal, concentré comme ce l'était à Québec, que
cela déborde maintenant jusqu'à Montréal. Nous sommes en
train de financer une quarantaine d'équipes de recherche dans les
universités. Il était fondamental que ce genre de choses soient
faites. Sans doute, avons-nous dû tasser, si je peux m'exprimer ainsi, le
financement global des universités au cours des quelques
dernières années, mais il reste qu'il y a des efforts à
faire maintenant sur le plan de la modernisation des laboratoires et de la
création ou de l'augmentation des ressources mises à la
disposition d'un nombre important de centres de recherche.
L'AQVIR, l'Agence de valorisation industrielle de la recherche, a
été mise sur pied. On sent - on le voit, d'ailleurs - aidé
en cela par des mesures fiscales du gouvernement, qu'il y a bouillonnement
à l'heure actuelle sur le plan de la recherche et du
développement au Québec comme jamais il n'y en a eu. Pour une
bonne part, c'est dû, encore une fois, aux gestes posés dans le
cadre du programme de relance. Évidemment, il y a, sur le plan de la
création d'emplois et, encore une fois, de la valorisation des emplois
techniques, quelque chose qui est tout à fait fondamental à la
fois pour le présent, parce que cela crée davantage d'emplois, et
pour l'avenir, parce que ce sont des emplois qui, dans le monde contemporain,
sont extrêmement concurrentiels.
À l'occasion de mes cinq prochaines minutes, M. le
Président, j'aborderai le volet de la création directe d'emplois
qui intéressait particulièrement le député de
Laurier.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre.
M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Pour répondre au député de
Vaudreuil-Soulanges, qui nous servait tout à l'heure des citations plus
ou moins sorties de leur contexte, je voudrais rappeler certaines de ses
déclarations lors de la campagne au leadership du Parti libéral,
particulièrement celle qui a été reproduite dans la
Tribune du 27 août où il disait, concernant le
développement encore plus poussé du potentiel
hydroélectrique, qu'il
considérait qu'il s'agissait d'une mauvaise priorité.
"Nous allons devenir des esclaves de ce genre de mythe. Je suis convaincu
qu'à long terme il va nous coûter très cher. " Il parle
toujours de la phobie de son chef de développer le potentiel
hydroélectrique plus vite qu'on ne doit le faire. Cela signifie
l'exportation d'emplois. "L'énergie, c'est quelque chose de tellement
précieux - disait le député de Vaudreuil-Soulanges - qu'il
faut la conserver ici pour justement permettre la transformation de produits au
Québec même. "
Quand on parle d'électricité et
d'hydroélectricité, M. le Président, il arrive parfois que
les citoyens ne comprennent pas la position du chef du Parti libéral,
mais dorénavant on sera obligé de dire qu'on comprend de moins en
moins la position du numéro deux, le critique officiel en matière
de finances du Parti libéral du Québec.
C'est d'ailleurs ce même Parti libéral qui a réussi
le tour de force de nous démontrer en commission parlementaire que le
gouvernement du Québec avait trop rationalisé les
dépenses, avait trop coupé. Il aurait dû moins couper, donc
dépenser plus. Ce sont ces mêmes membres du Parti libéral
qui ont réussi à nous démontrer qu'on taxait trop, qu'il
faudrait baisser les impôts. Si on baisse les impôts et si on ne
coupe pas, normalement, on emprunterait plus. Non, ils nous disent qu'on
emprunte trop!
Ce sont aussi eux qui nous disent que le déficit global est trop
élevé. En réponse à une question que je posais au
député de Vaudreuil-Soulanges, à savoir: Comment peut-on
faire, si on ne coupe pas les dépenses, si on taxe moins, si on emprunte
moins, pour boucler le budget? il me répondait, et c'était
d'ailleurs une réponse un peu générale qui lui permettait
de se sortir de ce mauvais pas: Pour être en mesure d'administrer le
Québec sans couper, sans emprunter, sans augmenter les taxes et en
bouclant le budget, chers amis, augmentons les investissements!
On avait à ce moment-là un plan de relance qui permettait
d'augmenter les investissements. On se retrouve aujourd'hui à
l'Assemblée nationale pour étudier, selon le Parti
libéral, l'insuffisance et l'inefficacité du plan de relance. Je
conclus de l'équation particulièrement difficile que faisait le
député de Vaudreuil-Soulanges, critique officiel en
matière de finances et d'administration, que la réponse
qu'attendent les Québécois, c'est qu'on fasse en sorte
d'augmenter les investissements. Lui, il se ralliait à ça, c'est
la réponse qu'il nous donnait en commission parlementaire.
Aujourd'hui on étudie un plan de relance qui a pour but
d'augmenter les investissements au Québec. On a des chiffres...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sans succès.
M. Gauthier: Le député de Vaudreuil-Soulanges, que
j'aime bien et que j'ai laissé parler tout à l'heure sans
l'interrompe, me dit: "Sans succès". Regardons-les, les succès du
plan de relance du gouvernement du Québec. J'ai parlé
tantôt des investissements publics et privés au total. Notre
performance est nettement supérieure à celle de l'Ontario et,
dans l'ensemble canadien, notre place est de plus en plus grande.
Il nous dit que c'est sans succès. Qu'on regarde les
investissements dans le secteur de la fabrication. C'est important, ça!
Notre position au Canada, c'était 18% en 1982; c'était 23% en
1983; c'est devenu 31% an 1984. Ce sont des investissements nettement plus
importants au Québec.
Si le député de Vaudreuil-Soulanges trouvait que le seul
moyen d'administrer le Québec, c'était d'augmenter les
investissements - c'est lui-même qui nous l'a dit, on pourrait relever
les procès-verbaux de nos réunions - pourquoi ne nous parle-t-il
pas aujourd'hui des investissements? Pourquoi nous parle-t-il de dix emplois
créés par une activité d'investissements publics? Pourquoi
ne pas parler d'investissements? Il nous dit même ici, alors qu'il n'a
pas la parole, que le plan de relance a été sans succès.
Voyez les statistiques, on les donne. Si vous en voulez d'autres, j'aurai
encore des périodes de cinq minutes tout à l'heure et je pourrai
vous donner, dans tous les domaines qui vous intéressent, des chiffres
vérifiés qui vous démontreront que ces mêmes
investissements augmentent au Québec de façon significative.
Merci. (11 h 30)
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le
député de Roberval.
La parole est maintenant au député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'ai le goût de
dire: Voyons donc, M. le Président: Je vais revenir sur ce que je disais
tout à l'heure, quand le ministre des Finances a prétexté
un petit retour dans le passé pour nous faire une grande leçon
historique, un retour historique sur le développement de
l'économie. Je vais reprendre la discussion sur la création
d'emplois directs et poser un certain nombre de questions directes pour essayer
de faire le point sur cet aspect de l'intervention gouvernementale quand il
s'agit de lutte au chômage, si on peut parler ainsi.
J'aimerais savoir, concrètement, combien d'emplois directs,
durables et permanents le gouvernement a créés par ses programmes
des quatre ou cinq dernières années. J'aimerais savoir combien
d'emplois directs, permanents et durables le gouvernement crée
actuellement avec ses
trois mesures contenues dans le plan de relance. J'aimerais savoir, si
ce qu'on nous dit de l'autre côté, c'est-à-dire que cela va
très bien comparativement, s'il n'y a pas là la preuve de ma
thèse: ce que vous avez fait il y a trois ou quatre ans, vous n'auriez
jamais dû le faire, ce que vous faites aujourd'hui, vous auriez dû
le faire il y a trois ou quatre ans et ce que vous devriez faire aujourd'hui,
on est devant un vide.
Durant la crise, alors que les gens les plus fragiles en termes
d'employabilité tombaient comme des mouches, en termes d'emplois, ce
qu'on a mis sur pied c'étaient des choses qui menaient dans un
cul-de-sac en termes d'emplois permanents. Est-ce qu'on n'aurait pas dû,
à ce moment-là, mettre sur pied des programmes
d'employabilité pour qu'aujourd'hui, quand cela va tellement bien, comme
on nous le dit, ces gens-là soient déjà employables, donc
susceptibles d'avoir des emplois permanents et durables? Il me semble
plutôt que vous êtes en décalage de trois ou quatre ans, si
on regarde l'échéancier que nous avons devant nous. Nous avons un
gouvernement qui en est à sa dernière partie de mandat et qui,
maintenant, commence à faire des choses qui auraient dû être
faites il y a trois ou quatre ans pour, finalement, ne laisser aucun espoir aux
jeunes et aux chômeurs non moins jeunes qui sont les moins
employables.
C'était le but de l'intervention que je faisais tout à
l'heure. Ce n'était pas d'ouvrir une porte à une leçon
historique sur le développement de l'économie et des
investissements. C'est sur cela que j'aimerais que le ministre des Finances
revienne, le choix que le gouvernement a fait il y a trois ou quatre ans. Car
il me, semble clair que son choix a été motivé par un
besoin d'apaiser sa conscience, de "s'autogratifier", dans le sens que - je me
rappelle les débats ici, en Chambre - chaque fois qu'on avait un petit
projet de création d'emplois de 20 semaines, on se pétait les
bretelles, on publiait ad nauseam, continuellement, des dépliants pour
annoncer un paquet de choses qui ne menaient nulle part.
La question que je pose directement, c'est: Combien d'emplois durables,
permanents et réels ont été créés par ces
programmes dans lesquels, au cours des quatre dernières années -
selon les chiffres que j'ai - on a investi près de 500 000 000 $ des
fonds publics? Combien d'emplois réels, permanents et durables seront
créés par les programmes de travaux communautaires, de retour aux
études, de stages en industrie, qu'on appelle des programmes
d'employabilité qu'on aurait dû faire il y a trois ou quatre ans
quand ces besoins d'employabilité étaient tellement
évidents? Les gens les moins employables étaient ceux qui, les
premiers, perdaient leur emploi. Et aujourd'hui que cela va un peu mieux, si on
avait fait ce genre d'intervention à ce moment-là, on aurait
été en mesure d'avoir une main-d'oeuvre un peu plus
employable.
L'autre question directe que j'aimerais poser au ministre des Finances,
c'est: Les mesures qui viennent sous le volet main-d'oeuvre annoncées
dans le plan de relance, quelle est leur portée réelle en termes
de formation de la main-'d'oeuvre? Est-ce que vous pouvez affirmer que les 10
000 personnes qui ont été, jusqu'à maintenant,
touchées par les trois mesures ont véritablement eu une formation
en termes de leur employabilité qui va leur permettre d'envisager
l'avenir avec un certain espoir, en termes de participation active sur le
marché du travail, ou n'est-il pas vrai que les programmes mis de
l'avant ne sont pas des véritables programmes de formation de la
main-d'oeuvre, mais plutôt une mesure palliative pour régler le
problème de la discrimination faite à l'égard de l'aide
sociale? N'est-il pas vrai que, finalement, un programme, il faut le juger par
rapport à son objectif? Si l'objectif était effectivement de
pallier la discrimination par rapport à l'aide sociale, est-ce qu'on
peut vraiment dire que 11 000 personnes touchées, sur un total de 150
000 personnes aptes de moins de 30 ans... À peu près, 11 000 sur
120 000, ce n'est pas bien beau.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre des
Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Nous en étions justement, dans le sens de
l'intervention du député de Laurier, dans la description du plan
de relance, à la question de l'emploi direct et des formes, des moyens
qui ont été utilisés pour en faire apparaître.
Il y a ici plusieurs questions qu'il faut sérier. Je vais essayer
de répondre aussi précisément que possible aux questions
que le député de Laurier vient de me poser dans le cadre que je
me propose de suivre dans les minutes qui viennent. D'abord, il faut bien
comprendre, avant d'aller plus loin, que la majeure partie de la
création d'emplois depuis le creux de la récession, contrairement
à ce que bien des gens pensent, a été de nature
permanente. À l'heure actuelle, sur les 185 000 emplois qui sont apparus
depuis le creux de la récession, il y en a un peu plus de 86% qui sont
permanents. Cela est contraire à des impressions que bien des gens
peuvent avoir, mais c'est ce qui s'est produit dans le relèvement de
l'économie. Donc, ce sont surtout des emplois permanents.
Les initiatives du gouvernement ont souvent porté, en 1982, 1983
et 1984 - j'ai eu l'occasion de l'expliquer avant - sur des programmes de
nature temporaire. En fait,
de tous les programmes qu'on pourrait considérer comme de la
création directe d'emplois - là, je comprends qu'il peut y avoir
des problèmes de définition - il y aurait à peu
près 118 000 personnes au Québec qui auraient été
touchées par ces programmes jusqu'à maintenant, sans les mesures
d'employabilité que je garderai pour la fin. Cela touche 118 000
personnes.
Là-dessus, c'est très difficile de savoir ce qu'il y a de
temporaire et ce qu'il y a de permanent. Dans quelle mesure des emplois
sont-ils créés, par exemple, pour 20 semaines et, ensuite,
quelqu'un décroche, retourne à l'assurance-chômage ou bien
si, à partir de ces programmes qui peuvent être de nature
temporaire, l'emploi se prolonge. Par exemple: bon d'emploi. Les bons d'emploi,
il y en a qui s'en sont servis pour obtenir un emploi qui n'a pas duré
chez leur employeur. 11 y en a d'autres qui s'en sont servis et qui,
grâce à ce bon d'emploi, sont toujours chez leur employeur.
Combien des deux catégories? Cela devient très difficile. Il
faudrait quasiment faire un "follow-up" des individus un à un.
Il y a, d'autre part, certains de ces programmes de création
d'emplois du gouvernement qui, de par leur nature, sont plutôt
permanents. Par exemple: PECEC. Il y a 17 000 employés dans le cadre de
PECEC qui ont des emplois surtout de nature permanente. À
côté de cela, il y a le programme PRIME pour les
municipalités. On sait que ce sont surtout des emplois temporaires. Il
reste que plusieurs de ces programmes d'emplois temporaires ont permis à
des gens de recevoir une aide temporaire d'emploi direct et de garder leur
emploi au bout. On se rend bien compte que ces programmes vont directement dans
le sens d'un relèvement de l'emploi même si, encore une fois, dans
un bon nombre de cas, il faut reconnaître qu'il y a eu, surtout en 1982,
quand on a mis une sorte de filet en dessous de l'économie qui
s'effondrait, beaucoup d'emplois temporaires de 20 semaines, je le
reconnais.
L'employabilité maintenant. Il est vrai qu'il y a 120 000
personnes qui pourraient être touchées par ces programmes
d'employabilité, des jeunes assistés sociaux de moins de 30 ans.
Notre programme, à l'heure actuelle, sur trois volets, est de 50 000. On
commence par 50 000. On pourrait toujours se dire: On pourrait y faire passer
tous les 120 000, mais on commence par 50 000. C'est vraiment à la fin
de l'été que ces programmes ont commencé à
démarrer et c'est vrai qu'à l'heure actuelle ceux qui
reçoivent leurs chèques, parce qu'ils sont inscrits dans chacun
des trois volets... Je répète ce que c'est: retour à
l'enseignement secondaire; stages en entreprise ou travaux communautaires. Il y
en a 12 500 à peu près, 12 000 ou 12 500, qui sont inscrits sur
les listes. Ce nombre augmente rapidement. Je pense qu'on va arriver à
l'objectif de 50 000. Dans la mesure où on arrive à l'objectif de
50 000, là, on pourra ajuster la formule au besoin et essayer de prendre
la totalité de la population visée.
Est-ce que tout cela implique une augmentation de
l'employabilité? Je pense que oui, cela est vrai dans le cas de ceux qui
n'ont pas terminé leur enseignement secondaire. Je pense qu'il est
indiscutable que, dans notre société, quelqu'un qui n'a pas fini
son cours secondaire part avec un handicap terrible. Les stages en entreprise
m'ont l'air d'être très bien faits sur le plan d'initier au
travail et de réinitier au travail et, autant que possible, à un
travail un peu valorisant, des gens qui étaient sur l'aide sociale
depuis assez longtemps. Je pense aussi que cela augmente indiscutablement leur
employabilité.
Pour les travaux communautaires, peut-être pas tant que cela. Cela
me paraît clair que le travail communautaire est un travail, comme son
nom l'indique, qui peut augmenter l'employabilité, mais peut-être
pas nécessairement.
Voilà, M. le Président, comment je conclus mes cinq
minutes. D'abord, l'essentiel de la création d'emplois qui s'est faite
depuis 1982 sur le marché du travail, ce sont des emplois permanents. Le
gouvernement est intervenu pour toucher à peu près 120 000
personnes par des programmes temporaires, mais qui, dans la plupart des cas,
sont devenus permanents, emploi par emploi, et dont certains étaient
permanents de leur vocation propre comme PECEC.
Troisièmement, pour les mesures d'employabilité, je pense
que nous faisons une première expérience avec quand même un
bloc important de 50 000 personnes; l'objectif ultime, c'est que tout le monde
puisse y passer.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre.
Il reste une intervention d'un député ministériel,
une intervention de cinq minutes également d'un député de
l'Opposition et finalement nous en serons aux deux interventions de dix minutes
et du ministre et du député de Notre-Dame-de-Grâce.
La parole est au député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Pour continuer un peu
dans la même veine de discussion, alors qu'on doit étudier
à l'Assemblée nationale, à la demande de l'Opposition,
l'efficacité et la nature même du programme de relance
économique du gouvernement du Québec, on parle de toutes sortes
de choses, mais on parle bien peu du fond de la question. Je dois vous livrer
ma
déception face au manque d'articulation du Parti libéral
en matière économique. C'est la dernière fois que j'ai
l'occasion d'intervenir et je me dois de dire que j'aurais cru et
j'étais - comme mes collègues d'ailleurs -préparé
pour intervenir sur le fond même de la question sur la relance
économique et sur l'efficacité des mesures. Outre quelques
questions sur la nature des emplois créés ou les
catégories d'emplois créés, on a eu bien peu de questions
à caractère économique qui nous auraient permis, comme on
est en droit, je pense, de l'espérer, de recevoir de l'Opposition des
critiques justifiées, mais aussi des idées, des
stratégies, de savoir comment eux auraient fonctionné, comment
eux auraient fait pour créer plus d'emplois. Non pas de savoir si
l'emploi no 14 823 est un emploi temporaire ou un emploi de dix mois, de douze
mois ou un emploi permanent, mais bien de regarder l'ensemble du
développement économique du Québec et de nous dire en quoi
était justifiée une motion qui parle d'insuffisance et
d'inefficacité d'un programme de relance. Mais comment peut-on parler
d'insuffisance et d'inefficacité des programmes quand les
résultats sont extrêmement positifs, toutes proportions
gardées, quand on se compare dans un même contexte à
d'autres gouvernements? Comment peut-on parler d'inefficacité et
d'insuffisance quand les investissements générés par ce
plan de relance sont même plus élevés que ce qui
était prévu initialement? Comment peut-on parler d'insuffisance
et d'inefficacité et de façon crédible quand on parle de
quelque chose comme 10 000 000 000 $ d'investissements directement
reliés aux préoccupations et aux mesures gouvernementales qui ont
été traduites dans le plan de relance?
Ce matin, je m'attendais que l'Opposition, de façon
articulée, précise, claire et évidente nous
démontre que c'est insuffisant ce qu'on a fait et que c'est inefficace.
(11 h 45)
M. le Président, on va être obligé de conclure,
compte tenu de la performance exceptionnelle du Québec, compte tenu des
investissements extrêmement importants qui se font au Québec et
compte tenu aussi du fait qu'on sait très bien, et cela nous a
été confirmé par l'Opposition, que la recette la plus
probable, la plus plausible et la plus acceptable pour améliorer le sort
des Québécois et des Québécoises, c'est d'augmenter
les investissements, on va être obligé de conclure, dis-je, que le
gouvernement, par ce plan de relance, dont on attribue la parternité au
ministre des Finances, a été extrêmement efficace et qu'il
nous a permis de nous sortir de la crise plus rapidement qu'ailleurs, de nous
en sortir mieux, d'avoir au Québec une performance tout à fait
inespérée. C'est par ces résultats absolument
exceptionnels que je comprends maintenant la difficulté pour
l'Opposition de nous présenter quelque chose d'articulé, des
arguments de fond.
Je comprends que, quand on est dans l'Opposition, ce n'est pas facile de
venir parler d'un plan de relance et de constater que le gouvernement a
réussi. Soit, il y a des progrès à faire et la perfection
n'étant pas de ce monde, nous allons la poursuivre tant et aussi
longtemps que nous serons à la gouverne de l'État, mais je peux
vous dire que je comprends sa piètre performance par le fait que ce
n'est pas facile comme Opposition d'être obligée de constater avec
le gouvernement que, dans des circonstances difficiles, nous nous en sommes
drôlement bien sortis. Ce qui est le pire et le plus décourageant
pour eux qui aspirent à former le gouvernement, ces pauves gens du Parti
libéral, c'est qu'on est bien obligé de constater que cela
continue et drôlement bien. C'est inquiétant pour eux et c'est
probablement pour cela qu'ils réclament des élections au plus
tôt. Ils savent bien que, quand les Québécoises et les
Québécois auront véritablement pris conscience de
l'ensemble des résultats et des effets du plan de relance, ils
choisiront ce gouvernement comme étant le plus apte à faire
évoluer l'économie du Québec dans le bon sens et à
leur créer des emplois à tous et à toutes. Merci.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, vous avez cinq minutes.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Le député de Roberval vient de démontrer qu'effectivement
la perfection n'est pas de ce monde. Quant à la façon dont on
peut articuler ses prises de position dans les débats, tout ce que j'ai
vu du député de Roberval, c'est qu'il nous a parlé de la
traversée du lac Saint-Jean, entre autres choses, et qu'il semble faire
très peu de cas d'un aspect fondamental de l'action gouvernementale qui
est de savoir si un gouvernement se comporte de façon à donner
une image de lui-même ou à s'occuper des véritables
problèmes qu'affronte la population.
Quant à nous, l'illustration que nous faisons que c'est un
gouvernement d'image qu'on a devant nous, cela a été l'insistance
relative qu'on a mise à pointer du doigt des panneaux-réclame
à droite et à gauche. Le ministre a voulu d'une façon
extrêmement légère mettre de côté cet aspect
qui a de l'importance pour la population, c'est-à-dire des panneaux, le
décor qui est un peu embelli par la couleur bleue et blanche qui est
celle de l'Assemblée nationale, mais qui, par ailleurs, ne crée
absolument, comme tel, aucun emploi, ce n'est pas l'illustration d'une
volonté politique de faire quelque chose.
Quant aux arguties dont le député de Roberval veut bien
nous abreuver et s'abreuve lui-même, d'ailleurs, je lui rappelle
qu'à l'égard des divergences de vues qui peuvent exister à
l'intérieur d'un parti, il y en a qui portent effectivement sur les
accents plus ou moins aigus, plus ou moins graves qu'on peut mettre sur le
développement des ressources énergétiques, notamment. Le
député l'a souligné tout à l'heure, ça fait
partie du dossier public, il n'y a aucune difficulté là-dessus,
mais vous me permettrez de souligner que ces divergences d'opinions qui
rassemblent, au-delà de tout ça, des gens dans un même
parti, c'est beaucoup moins sérieux pour l'avenir du Québec que
les débats de fond dont les journaux font constamment état entre
les purs et les durs sur des options fondamentales du Parti
québécois et ceux qu'on appelle les révisionnistes, les
défaitistes, qu'on les appelle comme on voudra. Quand on parle de
solidarité entre les gens, quand on parle de regarder vers l'avenir, il
apparaît important de dire que, si les gens se retrouvent au moins sur le
terrain de l'économie et de la création d'emplois comme on le
fait au Parti libéral du Québec, les Québécois
devraient se sentir plus en confiance que d'être entre les mains d'un
parti qui ne sait même pas s'il est encore pour l'option, le
libellé, le programme qui, essentiellement, réunit ces gens,
théoriquement, encore à l'intérieur d'un même
gouvernement.
Quant à parler des suggestions que nous aurions à
l'égard de certains des volets, prenons un volet où,
étrangement, l'action gouvernementale n'a pas donné lieu à
la création d'emplois, tout au contraire. Dans le domaine des
forêts - mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce l'a
mentionné - on a perdu plusieurs milliers d'emplois depuis que le plan
de relance, le plan Parizeau est en vigueur. Pourquoi? Parce que ce n'est pas
pensé. C'est un programme, ce reboisement de la forêt, qui est un
des volets de la politique forestière, qui met la charrue devant les
boeufs. On ne pourra véritablement, au Québec, parler d'un
développement ordonné de nos exploitations forestières
créatrices de dizaines de milliers d'emplois directs et d'au moins le
double en matière d'emplois indirects, s'il n'y a pas de politique
forestière organisée.
Il y a déjà un volet qui, en principe, est accepté
par tout le monde, la révocation des permis pour les limites de coupe,
etc. Cela date, d'ailleurs, de la fin des années de l'occupation du
siège du pouvoir par le Parti libéral du Québec,
1974-1975, alors que les principes ont été admis. Mais il faut -
ça, c'est la responsabilité d'un gouvernement qui doit faire les
choses normales qu'un gouvernement fait - donner lieu à une politique
forestière où, après la révocation, on parle
d'allocation du territoire, on parle du partage des coûts en
matière de reboisement entre le privé et le public, on parle
d'une politique de protection des forêts, notamment.
La protection des forêts au point de vue du feu, au Québec,
ne crée pas de problèmes. On a probablement la meilleure
équipe, si on veut, dans tout le territoire, pour combattre les feux de
forêt; ça tient à notre géographie, à nos
traditions, à la façon dont nous savons quand même
gérer nos forêts. Mais on manque d'une politique de protection
véritable qui s'adresserait aux problèmes criants des ruptures de
stock possibles et il y a 28% du territoire producteur de matières
ligneuses pour les pâtes et papiers, le bois de sciage, qui n'est plus
productif. Le gouvernement a été négligent quant à
la politique de protection. 11 ne fait rien cette année, malgré
tous les discours du plan Parizeau, pour passer à 300 000 000 d'arbres
qui seraient replantés. C'est 65 000 000 le rythme actuel; cette
année, de l'avis de tous ceux qui connaissent cela et gagnent leur vie
là-dedans, on parle de 70 000 000 à 75 000 000. Ce n'est
certainement pas là qu'on voit les grands pas en avant vers une
politique véritable de reboisement de nos forêts, qui comprend,
d'ailleurs, des mécanismes de recherche et de développement de
façon à protéger la forêt. Ces 28% maintenant
démolis, qui ne servent plus à rien, il faut y voir. Le
gouvernement n'y voit pas du tout, il introduit des mesures de
débroussaillement et tout ce que vous voulez qui vont coûter de
neuf à dix fois plus cher que les méthodes traditionnelles, qui
peuvent être améliorées. C'est là qu'un gouvernement
responsable doit intervenir. À l'égard du plan de relance en
matière de reboisement, il y a une faillite à tel point qu'il y a
moins d'emplois qu'il n'y en avait. Le gouvernement doit, de façon
responsable, se diriger vers un programme cohérent dans ce volet du plan
Parizeau.
Le Président (M, Lachance): Nous en sommes maintenant, messieurs
de la commission, à la conclusion de l'interpellation d'aujourd'hui. Il
reste donc une période de dix minutes au ministre des Finances et, par
la suite, dix minutes additionnelles au député de
Notre-Dame-de-Grâce. M. le ministre des Finances.
Conclusions M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais conclure mes
interventions ce matin en essayant de faire le point de la situation
économique telle qu'on peut la voir actuellement au Québec et
pour certains
secteurs plus spécifiques de son économie. Je terminerai
en disant quelques mots des perspectives d'emploi telles qu'elles
m'apparaissent actuellement.
Il n'y a pas l'ombre d'un doute que le pessimisme assez marqué
chez certains de nos dirigeants économiques a fait place depuis un an,
un an et demi peut-être, à un optimisme assez remarquable. J'en
veux pour témoin ce qui se passe à Montréal.
Montréal est quelque chose de considérable pour le Québec,
pour son économie. La région métropolitaine de
Montréal est ainsi faite que 40% ou 45% de la population totale du
Québec vit dans un rayon de 30 à 35 kilomètres de Peel et
Sainte-Catherine. Montréal qui ne va pas affecte tout le Québec.
Montréal qui va bien affecte aussi tout le Québec. Je commence
à parler de Montréal parce que, effectivement, l'économie
montréalaise, sous toute espèce de formes et de plans, est en
train de se redresser de façon assez remarquable.
Je ne veux pas, un instant, imaginer qu'un gouvernement peut tout faire,
et fait tout, et que seul le gouvernement est responsable de ce qui se produit
à Montréal, à l'heure actuelle. Il y a sûrement un
changement de climat. Il y a eu une sorte de regroupement des forces à
Montréal depuis quelque temps. Le gouvernement de Québec a assez
nettement appuyé, je pense, ce relèvement, d'abord au niveau des
investissements publics, mais aussi par la collaboration très
étroite de ses agences, comme la Société de
développement industriel, par exemple, comme la Caisse de
dépôt, à une résurgence des investissements
privés dans la région métropolitaine de Montréal.
Des mesures fiscales ont aidé aussi en parallèle avec le plan' de
relance. Il ne fait pas de doute que la place financière de
Montréal est en train de reprendre du poil de la bête de
façon tout à fait remarquable. Là encore, des mesures
très énergiques, prises par la direction de la Bourse de
Montréal, sont sûrement, d'abord et avant tout, responsables de ce
qui est en train de se produire. Mais, le gouvernement y a été
pour sa part. Il est clair, par exemple, que l'introduction du Régime
d'épargne-actions, au Québec, a encouragé un financement
public d'entreprises, a permis à des entreprises de prendre une
expansion que, jamais, elles n'auraient pu prendre ou n'auraient pu risquer,
sans cela. Tout le monde le reconnaît.
On voit, ce matin, dans le Globe and Mail, une série d'articles
consacrés à Montréal, qui marquent fort bien ce
relèvement. Nous assistons, ailleurs qu'à Montréal,
à des développements intéressants, mais divers. Ce que je
veux dire par là, c'est que, dans les Cantons de l'Est, par exemple, on
assiste à des agrandissements d'usines, à l'implantation de
nouvelles usines, à une augmentation de l'emploi industriel assez
notoire depuis un an et demi. Au contraire, il y a des régions qui,
à l'heure actuelle, éprouvent encore de très fortes
difficultés. Je pense ici, en termes d'emploi ou de chômage,
à l'Abitibi où la fermeture d'une très grande entreprise
et deux grèves importantes doivent mettre en cause environ 2000 ou 2500
employés et, par les effets indirects que cela a, probablement 4000 ou
5000 emplois dans cette seule région, ce qui est énorme pour un
endroit comme l'Abitibi.
Il ne faut pas s'imaginer que tout va pour le mieux dans le meilleur des
mondes. Au contraire, il reste, comme je le dirai en terminant, tout à
l'heure, passablement de chemin à parcourir, mais, enfin, on voit qu'on
est sorti de cette dure récession qui nous avait frappés, et,
qu'en particulier à Montréal et dans quelques régions, la
reprise est très forte, elle est remarquable, elle est constatée
par tout le monde.
Ce qu'il y a d'un peu lunaire dans nos échanges, ici, c'est que
ce que je dis correspond au bon sens, c'est une perception qui est très
généralement répandue. J'imagine que nos amis d'en face
n'ont pas eu l'occasion de regarder le Globe and Mail de ce matin ou le
dernier numéro du même journal, qui a une certaine qualité
dans la connaissance de ce genre de phénomène, le dernier
numéro spécial publié sur le Québec. Tout le monde
reconnaît cela. Dans le milieu des affaires, c'est tout à fait
clair. Dans ce sens, encore une fois, qu'on ne me demande pas, un instant,
d'imaginer que je vais donner au gouvernement de Québec la
paternité de tout ce qui s'est fait. Nous n'avons ni cette
vanité, ni cet aveuglement. Il faut reconnaître - tout le monde le
reconnaît - que plusieurs sources de cette expansion nouvelle viennent de
politiques gouvernementales.
J'ai dit quelques mots tout à l'heure de
Corvée-habitation. Quand on sort des panneaux, Corvée-habitation
a donné à la construction domiciliaire au Québec une sorte
de bond en avant qui n'a aucune espèce d'autre correspondance au Canada.
Évidemment, on s'est dit en 1983, quand on s'est rendu compte qu'on
avait augmenté grâce à Corvée-habitation de 75% les
mises en chantier: Quand même, en 1984, cela va tomber. Pas du tout. 1984
ne connaîtra pas des accroissements pareils, bien sûr, mais va
être un peu meilleure encore que 1983. Ce sont des gestes fondamentaux
comme ceux-là qui ont été posés, et qu'on n'a pas
faits seuls. (12 heures)
Je pense qu'une partie du relèvement de l'économie du
Québec à l'heure actuelle vient dans une bonne mesure ou dans une
certaine mesure - il faut rapporter progrès ici - des formes de
concertation que le présent gouvernement a développées
petit à
petit avec les syndicats et les patrons. Nous avons tenu quelque chose
comme 32 sommets depuis quelques années. On en a tenu tellement
qu'à certains moments certains sourient chaque fois qu'on parle d'un
autre sommet qu'on va organiser; mais regardons bien, M. le Président,
ce que cela donné. Cela a donné à un gouvernement qui ne
s'imagine pas tout savoir un certain nombre de perceptions des exigences de
certains secteurs; on a fait des sommets dans la chaussure, dans le meuble,
dans le textile. Beaucoup des mesures que nous avons prises ont
été dictées, finalement, par la connaissance des dossiers
qui est apparue à ce moment-là.
Certains sommets plus généraux, vraiment, où tous
les intervenants importants dans l'économie se retrouvaient - je pense
au sommet de Québec, par exemple, d'avril 1982 - ont été
absolument déterminants pour lancer certaines des mesures
gouvernementales. Corvée-habitation n'a pas été
inventé par le gouvernement. L'idée est venue de Louis Laberge,
le président de la FTQ, et a été appuyée
immédiatement et solidement par M. Biais, le président du
Mouvement Desjardins. C'est de cette étincelle que ce succès
énorme de Corvée-habitation est venu. Nous avançons dans
cette concertation. Ah! Ce n'est pas facile, je le sais bien. Très
souvent, les intérêts sont assez divergents. Je le sais aussi.
Mais il reste que cette concertation graduelle avec les agents du milieu, je
pense, donne, pour la première fois, à un gouvernement du
Québec une telle connaissance des exigences de ce milieu.
Cela aura eu indiscutablement, à l'occasion de la mise au point
du plan de relance, un effet très profond. Pendant que ce pian de
relance se préparait à Compton, on voyait un défilé
de toute espèce de gens qui venaient rencontrer des ministres parce
qu'on voulait les tester sur certaines choses pour en mesurer
l'efficacité et, évidemment, le bien-fondé. C'était
dans le même sens, dans la même démarche de chercher
à trouver, parmi tous les instruments qui, théoriquement,
s'offrent à un gouvernement, ceux qui sont les plus susceptibles d'avoir
un impact sur les affaires en général, sur, plus
particulièrement, ce qui détermine, finalement, la
prospérité d'une économie, c'est-à-dire ses
investissements, ses exportations, le niveau de consommation, bien sûr,
de ses particuliers, les capacités de sa main-d'oeuvre et son
degré d'entraînement.
C'est là-dessus que nous cherchons surtout à travailler,
avec, cependant, des mesures additionnelles plus temporaires, plus
immédiates de création directe d'emplois, de programmes
temporaires dont il ne faut pas se moquer parce qu'il en faut tant que le
rythme de progression des données de base de l'économie n'est pas
encore suffisamment avancé. Dans ce sens, tout n'est pas parfait, loin
de là. Nous avons encore un bon bout de chemin à parcourir, mais
je suis convaincu que nous sommes sur la bonne voie. Merci.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre des
Finances. Maintenant, la parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce pour le mot de la fin.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Le ministre des Finances a pris récemment la
mauvaise habitude de faire des attaques personnelles contre les membres de
l'Opposition. La semaine dernière, il en a fait contre mon
collègue, le député de Laporte. Ce matin, il m'accuse de
mépris. Ce ne sont pas les deux seuls cas.
J'ai l'intention, en terminant, ce matin, d'être poli, mais quand
même assez direct dans ce que je vais dire. La première chose,
c'est que, si le ministre des Finances aspire un jour à faire un
débat sur l'économie avec M. Robert Bourassa, il doit d'abord
réussir dans ses efforts de devenir chef de son parti et,
deuxièmement, il doit arriver à ce débat beaucoup mieux
préparé qu'il ne l'était aujourd'hui, et de loin.
Il y a deux semaines, nous avons décidé de proposer un
débat sur le plan de relance. On ne savait pas qui était la
personne responsable de ce plan. On pensait que cela pouvait être au
président du Conseil du trésor d'assumer la
responsabilité, mais le leader nous a dit: Non, la personne responsable,
c'est le ministre des Finances. Il est donc venu ici et, ce matin, il a non
seulement nié qu'il l'avait conçu, il a nié sa
responsabilité là-dedans. Je comprends très bien pourquoi.
Personnellement, l'expérience m'a, au moins, donné l'occasion de
savoir qui est véritablement le ministre responsable de ce plan et je
vous dirai quelle est cette personne à la fin de mon intervention.
Le ministre n'a démontré aucune connaissance des
détails, ni des principes de fond - s'il y en a - de ce plan de relance.
À titre de ministre des Finances depuis huit ans, c'est la
première fois qu'il vient ici pour faire un débat exclusivement
sur la question d'un programme économique. À titre de ministre
des Finances, il est connu comme quelqu'un qui a augmenté la dette du
Québec à un niveau sans précédent. Il est le
premier ministre des Finances, depuis des années et des
décennies, à être responsable d'une baisse de notre cote de
crédit. Nous sommes devenus pendant son mandat les plus taxés en
Amérique du Nord. Il a eu le culot de nous présenter deux budgets
en 1981, l'un quelques mois avant l'élection et l'autre, quelques mois
après. Vous vous souvenez de la taxe ascenseur du deuxième
budget. Il a perdu tout contrôle sur le livre blanc qu'il a promis au
moins dix fois. Il a fait des erreurs dans le calcul de transferts
fédéraux
pour lesquelles il a subi les reproches d'à peu près tout
le monde. Il a fait des erreurs dans sa loi sur le Régime
d'épargne-actions au sujet desquelles il s'est attiré les
reproches des milieux d'affaires. Pendant tout ce temps, il prétend que
les hommes d'affaires et le secteur économique de notre province lui
donnent leur appui. Mais j'ai de la difficulté à trouver une
seule personne prête à voter pour lui lors d'une prochaine
élection générale.
Il arrive aujourd'hui pour nous parler de l'économie et c'est
encore pire qu'avant. On a répété et on
répète encore que, quant à nous, ce plan de relance est
une série de mesures d'entretien, de maintenance, d'administration
normale d'un gouvernement, qu'il doit faire tous les jours, sans faire de
bruit, sans publicité.
Finalement, je pense que toute personne qui élit un gouvernement
au Québec s'attend que celui-ci remplace sur son territoire les arbres
qui sont coupés. Il s'attend que le gouvernement accordera une aide au
financement des petites entreprises, comme cela s'est fait depuis des
années par la SDI; il s'attend qu'on rénovera les logements
désuets; il s'attend que les programmes agroalimentaires continueront;
il s'attend qu'on continuera de donner un appui à l'industrie
touristique.
Ce sont là les éléments du plan de relance. Le plan
de relance essentiellement n'est pas un plan du tout. Le ministre
n'était pas capable de décrire ses fondements ni ses principes de
base. Il a démontré un manque de connaissance presque total des
détails, en répondant aux questions qui ont été
posées par mes collègues: le député de Laurier, sur
les programmes de création d'emplois et le député de
Vaudreuil-Soùlanges, dans le domaine des forêts.
Il a surtout démontré un manque total de connaissance des
détails de son programme d'emploi quand on lui a montré ce
tableau et qu'on lui a dit qu'il y en avait partout au Québec, de tels
panneaux-réclame: chaque personne peut sortir de sa maison et en
trouver. J'invite les gens à demander au député de leur
comté, chaque fois qu'ils voient un tel panneau-réclame:
Qu'est-ce que c'est exactement, ces emplois? Est-ce que ce sont les emplois
permanents qui seront créés à cause de cet
événement qui est décrit ici? Est-ce que ces emplois
seront là d'ici à un an ou deux ou est-ce, tout simplement, le
nombre de personnes qui seront mises à l'oeuvre pendant quelques
semaines par un entrepreneur pour effectuer de la rénovation?
On en arrive au point où on peut s'attendre que le ministre des
Finances ou la personne responsable de ce programme annoncera une
création d'emplois quand il accorde un contrat pour laver les vitres
d'un édifice gouvernemental. Sept emplois créés parce que,
pendant une semaine, on lave la vitrine.
Personne de votre côté n'est capable de répondre
à ces questions et c'est normal, mais on aurait pu s'attendre que le
ministre envoyé ici au nom du gouvernement puisse nous dire si ce sont
de vrais emplois ou non. Il n'est même pas capable de répondre. Il
ne sait pas. La personne qui a été envoyée ici pour nous
donner des réponses n'a pas de réponses. Il ne connaît pas
son dossier.
J'arrive à la fin de cette affaire et je veux dire que je sais
maintenant qui est le ministre responsable de ce pseudo plan de relance.
J'avais dit tantôt que ce panneau, reproduit dans tout le Québec,
était le symbole du plan de relance, et je me suis trompé. Je
n'avais pas raison. Ce panneau-réclame n'est pas le symbole du plan de
relance. C'est son essence même, c'est tout ce qu'il y a. Il n'y a que
cela. Effectivement, c'est cela, le plan de relance, les panneaux
publicitaires.
En terminant, M. le Président, je suis obligé de vous dire
que je suis totalement persuadé que la personne qui a conçu et
réalisé le plan de relance, c'est nul autre que M. Bertrand, le
ministre des Communications. Je vous remercie.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le
député.
M. le ministre, messieurs de la commission, merci de votre collaboration
qui m'a facilité la tâche comme président.
La commission du budget et de l'administration, s'étant
acquittée de son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 12)