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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente du budget et de l'administration se
réunit ce matin avec le mandat de procéder à
l'étude des crédits du ministère du Revenu. Est-ce qu'il y
a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Aucun remplacement, M. le
Président.
Crédits du ministère du Revenu
Le Président (M. Lachance): Alors, selon l'ordre qui a
été donné par le leader, la période de temps
réservée pour l'étude des crédits du
ministère du Revenu a été déterminée
à un maximum de deux heures trente, c'est-à-dire de 10 heures
jusqu'à 12 h 30 et, cet après-midi, après la
période des affaires courantes. Alors, cet après-midi, ce serait
une période d'une heure trente au maximum.
Avant de demander au ministre d'identifier les personnes qui
l'accompagnent, je voudrais dire qu'il y a des remarques préliminaires,
s'il y a lieu. Si le ministre et le porte-parole de l'Opposition veulent s'en
prévaloir, elles sont permises pour tout le monde. Un temps de parole de
20 minutes prévu à l'article 209 s'applique à ces
remarques. En ce qui concerne le temps de parole, j'ai bien compris qu'on
ferait preuve de souplesse et, connaissant l'attitude proverbiale du
député de Saint-Louis, je pense qu'il n'y a pas lieu de penser
qu'on aura des problèmes.
Je demanderais maintenant à M. le ministre du Revenu, qui en est
à sa première défense des crédits, M. le
député de Richelieu, de bien vouloir, pour les fins du Journal
des débats et des participants de cette commission, identifier les
personnes qui l'accompagnent à sa table, s'il vous plaît:
M. Martel: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, nous sommes aujourd'hui réunis pour procéder à
l'adoption des crédits du ministère du Revenu pour l'exercice
1985-1986. Avant de poursuivre cet exposé, j'aimerais vous
présenter - comme vous le voyez, l'équipe est très
importante au ministère du Revenu - M. Alban D'Amours, sous-ministre; M.
Pierre Langevin, président-directeur général de la
Régie des loteries et courses; M. Lawrence Morgan, directeur du cabinet;
M. Jean Laurin, sous-ministre adjoint et directeur général des
services au public et à l'entreprise; M. Bruno Grégoire,
sous-ministre adjoint et directeur général de la planification et
de la budgétisation; M. Jean-Marc Boudreau, sous-ministre adjoint et
directeur général de la vérification; M. Michel
Vaillancourt, directeur général de la Direction
générale des ressources; M. Claude Goyette, directeur du budget;
M. Gabriel Cayer, directeur général de la perception; M.
Paul-Eugène Guay, directeur général par intérim de
la Direction générale des opérations, et M. Denis Rheault,
sous-ministre adjoint à la Direction générale des
systèmes d'information.
Remarques préliminaires M. Maurice
Martel
Il serait peut-être bon, M. le Président, au tout
début, de voir la mission du ministère et de vous
présenter les crédits qui seront à voter. La mission du
ministère du Revenu se définit comme suit: Le ministère du
Revenu du Québec administre les lois qui lui sont confiées dans
une perspective de services à l'État et aux citoyens. Il
conseille le gouvernement en matière de politique fiscale et
sociofiscale. Il perçoit ainsi les montants dus à l'État
et répartit les sommes allouées par le gouvernement aux citoyens
par le biais de programmes fiscaux à caractère social.
L'exécution de cette mission se fait dans le cadre de quatre programmes
qui nécessitent un budget total de 244 035 600 $.
Le premier de ces programmes et le plus important est celui de
l'administration fiscale. Il vise à percevoir les sommes dues par les
mandataires et les contribuables assujettis aux lois fiscales et à
réprimer l'évasion et la fraude fiscales. Un budget total de 214
498 900 $ est alloué à ce programme duquel il faut toutefois
soustraire la somme de 54 450 000 $ représentant le montant des
crédits permanents, à savoir les intérêts
remboursés aux contribuables qui sont de l'ordre de 40 000 000 $, et
également, la valeur des remboursements effectués aux mandataires
du ministère pour leur contribution à la perception de certains
droits et taxes prévus par nos lois fiscales. Il
en résulte donc un solde de crédits à voter
à ce chapitre de 160 356 900 $ comparativement à des
crédits de 162 569 600 $, ce qui inclut les crédits
supplémentaires dépensés pour ce programme au cours du
dernier exercice.
Le second programme, intitulé Supplément au revenu de
travail, fait partie du volet sociofiscal de la mission du ministère. Il
vise à fournir un supplément au revenu des travailleurs à
faible revenu en leur versant des prestations basées sur le revenu du
ménage. Les crédits à voter pour ce programme, pour
l'exercice 1985-1986, sont de 26 025 000 $ comparativement à 25 958 000
$ pour l'exercice précédent. Je vous souligne que ces
crédits représentent en totalité des paiements de
transfert.
Le troisième programme administré par le ministère
et le second du volet sociofiscal de la mission est celui du remboursement
à certains travailleurs autonomes d'une partie de leur contribution au
régime de rentes du Québec. Des crédits de 305 000 $ sont
nécessaires pour administrer ce programme au cours de l'exercice
1985-1986 comparativement à une somme de 442 000 $ pour l'exercice
précédent. Des crédits permanents au montant de 305 000 $
prévus par la Loi sur le paiement d'allocations à certains
travailleurs autonomes feront en sorte qu'il n'y aura aucun crédit
à voter aujourd'hui pour ce programme.
Le quatrième et dernier programme du ministère est celui
du contrôle des jeux de hasard et des courses. Ce programme vise à
protéger le public à l'occasion de l'organisation et de la
conduite de jeux de hasard et de courses sur lesquels le pari mutuel est
permis. Des crédits totalisant 3 206 700 $ sont nécessaires pour
l'exécution de ce programme au cours de l'exercice 1985-1986
comparativement à des crédits de 3 057 200 $ retenus pour
l'exercice précédent. De ce montant, il faut soustraire des
crédits permanents de 3000 $ laissant ainsi un montant de crédits
à voter pour le présent exercice de 3 203 700 $. Ceci
résume brièvement la nature et le montant des crédits que
cette commission aura à adopter à la fin de nos
échanges.
Avant de passer à la période des questions, je voudrais
dresser un bilan rapide des réalisations du ministère du Revenu
et de la Régie des loteries et courses pour l'exercice qui s'est
terminé en mars dernier et signaler quelques-unes des grandes
priorités que le ministère et la régie ont retenues pour
l'exercice 1985-1986.
Passons au bilan des réalisations du ministère du Revenu
et commençons par celui du bilan législatif. Deux projets de loi
à caractère fiscal ont été adoptés au cours
du dernier exercice. Sanctionné le 20 juin 1984, le projet de loi 69
(1984, chapitre 15), intitulé Loi modifiant la Loi sur les impôts
et la Loi concernant l'application de la Loi sur les impôts, donne suite
à la déclaration ministérielle du 17 décembre 1982
du ministre des Finances, ainsi qu'à l'annexe I du discours sur le
budget du 10 mars 1983 prononcé par ce dernier et concernant
l'harmonisation de certains aspects des régimes fiscaux
fédéral et québécois.
En second lieu, le projet de loi 5 (1984, chapitre 35), intitulé
Loi modifiant diverses dispositions législatives d'ordre fiscal, fut
sanctionné le 14 décembre 1984. Ce projet de loi modifiait
plusieurs lois fiscales dans le but, principalement, de donner suite au
discours sur le budget prononcé le 22 mai 1984 par le ministre des
Finances. Plusieurs décrets, au nombre de 28, ont été
préparés par la Direction de la législation du
ministère du Revenu pour approbation du Conseil exécutif dans le
cadre de l'application des diverses lois fiscales dont l'administration a
été confiée au ministère.
Passons maintenant au bilan administratif de Revenu Québec. Sous
le volet administratif de la mission du ministère, plusieurs
réalisations ont été accomplies. J'en citerai
quelques-unes démontrant la détermination du ministère
d'accroître et d'améliorer ses services à la
clientèle au cours du dernier exercice et ce, malgré les mesures
de compression budgétaire auxquelles il était astreint.
Ainsi, une réorganisation administrative importante et une
amélioration significative des équipements ont permis une
augmentation générale de la productivité du personnel du
ministère. Concrètement, ces mesures se sont
réflétées dans une amélioration sensible et
perceptible des services à la clientèle. Signalons, dis-je,
à ce chapitre que le délai moyen de traitement des oppositions a
été ramené, au cours de l'exercice
précédent, de dix-huit à six mois; de même,
l'information concernant les droits du contribuable, les mécanismes de
la Loi sur l'impôt et les différentes lois de taxation a
constitué également un point majeur sur lequel le
ministère a fait porter une grande partie de ses efforts au cours de la
récente année. Cet accent mis sur l'information nous a
menés à aménager des bureaux régionaux où 80
% des problèmes des contribuables qui y sont soumis sont
réglés sur place. Cette performance a été rendue
possible grâce à une informatisation plus poussée des
données contenues dans nos dossiers. Cette opération, qui assure
une information uniforme dans le traitement des dossiers des contribuables,
dans tous les bureaux de Revenu Québec, a favorisé la
création de 30 nouveaux emplois permanents.
À titre d'exemple, les services téléphoniques ont
également subi de profondes transformations. Les préposés
au téléphone ont fourni des renseignements à l'occasion de
près de 2 000 000 d'appels en
1984-1985, dont la moitié avait été reçus au
seul bureau de Montréal durant la période s'étalant du 1er
avril 1984 au 15 février 1985. En dépit de cette croissance
considérable du nombre des appels, le taux de blocage des lignes
téléphoniques a été réduit de 40% à
moins de 5%.
En outre, le réaménagement des locaux d'accueil à
Montréal permet maintenant de recevoir jusqu'à plus de 2000
personnes quotidiennement. L'attente, qui pouvait être d'une ou deux
heures précédemment, a été réduite à
quinze minutes, en moyenne, au printemps de 1984. Ces modifications ont
nécessité la mobilisation de ressources importantes avec, comme
résultat, que durant la période s'échelonnant du 1er avril
1984 au 15 février 1985, 212 840 personnes ont été
accueillies au bureau de Montréal et 39 759 au bureau de
Québec.
Revenu Québec a également publié de nombreux
dépliants sur des sujets extrêmement variés, tels que le
Régime d'épargne-actions du Québec, les allocations aux
enfants de moins de six ans, les recours mis à la disposition du
contribuable, les remboursements d'impôt foncier, les appels à la
Cour des petites créances, la façon de se lancer en affaires,
ainsi que sur plusieurs autres aspects dont je vous épargne
l'énumération. Nous comptons bien en assurer une plus large
diffusion au cours du présent exercice.
De plus, la Direction générale de la législation
publie mensuellement, en collaboration avec le ministère des
Communications, des bulletins d'interprétation qui visent à
atteindre les mandataires, les employeurs, les contribuables et les
professionnels oeuvrant dans le champ de la fiscalité.
Enfin, une brochure destinée principalement aux entreprises a
été publiée en décembre 1984 afin de faire
connaître les politiques et les pratiques du ministère en
matière de vérification. Ce document, qui permet en outre
à la personne qui fait l'objet d'une vérification de
connaître les recours qui sont à sa disposition, est remis par le
vérificateur de Revenu Québec lors d'une première visite
à l'entreprise.
J'ajoute à l'énumération qui précède
l'inauguration d'un réseau téléphonique particulier pour
les spécialistes de la fiscalité, tels les comptables et les
avocats, l'ouverture des bureaux du ministère de 8 h 30 à 16 h 30
sans interruption, le maintien de 36 bureaux provisoires en période de
pointe en plus des bureaux permanents, l'amélioration de la formation
des fonctionnaires destinés à répondre aux demandes de
renseignements des contribuables, la mise sur pied d'un système
d'analyse et de règlement des dossiers et aussi la simplification des
formulaires utilisés par le ministère. Tous ces faits constituent
autant de témoins de notre recherche inlassable de l'efficacité
dans les services que nous dispensons aux citoyens et citoyennes du
Québec.
Des adoucissements en matière de recouvrement ont
également été mis de l'avant au cours du dernier exercice.
Ainsi, afin d'encourager le règlement rapide des dossiers, Revenu
Québec accorde un congé d'intérêt de 30 jours,
à compter de la date de cotisation.
À cette même fin, ceux qui versent des acomptes
provisionnels d'impôt insuffisants seront désormais moins
pénalisés. Cette situation peut, en effet, être
causée par des erreurs de prévision dans l'estimation des revenus
qu'ils ont gagnés durant l'année. Dorénavant, au lieu de
calculer la pénalité additionnelle de 5 % sur la totalité
du montant retenu, cette pénalité sera appliquée
uniquement sur l'écart entre les versements requis et les versements
effectués, et cela, dans l'éventualité où cet
écart dépasse 10 % des versements requis. Cette mesure a
été acceptée par le ministre des Finances et elle devrait
entrer en vigueur prochainement.
J'ajoute au bilan des réalisations du ministère la mise
sur pied d'un projet pilote concernant le nouveau formulaire de
déclaration de revenus sans calcul. Ce projet pilote s'inscrit dans les
grands objectifs que le ministère a la ferme intention d'atteindre, en
matière d'humanisation. Ce nouveau formulaire a comme comme but
d'alléger de beaucoup la tâche que représente pour
certaines catégories de personnes la préparation annuelle d'une
déclaration de revenus en mettant l'ordinateur à leur
service.
Les résultats préliminaires de ce projet pilote
auprès de la clientèle cible de certaines régions nous
permettent d'anticiper un franc succès et l'extension éventuelle
de l'expérience à l'ensemble de la province. Ainsi, sur 1956
formulaires de déclarations de revenus sans calcul qui ont
été expédiés, 803 avaient été
reçus le 9 avril 1985 et, à la même date, 771
déclarations se qualifiaient pour les fins du projet pilote et 699 avis
de cotisation avaient été émis et expédiés,
soit un pourcentage de 91 %.
Je vous signale, finalement, qu'une semaine à peine après
l'envoi des nouveaux formulaires, Revenu Québec postait le premier
chèque de remboursement dans le cadre de cette expérience.
Je souligne encore la création par le gouvernement du
Québec d'un recours à la Cour des petites créances en
matière d'impôt. II s'agit d'un moyen simple, rapide et peu
coûteux d'obtenir un jugement final sur une première
décision rendue par Revenu Québec et qui a été
contestée par le contribuable par voix d'opposition. Ce recours est
entré dans sa phase opérationnelle en octobre 1984.
Encore ici, les résultats préliminaires obtenus au cours
des cinq premiers mois de sa mise en application démontrent que les
objectifs de simplicité et de rapidité ont été
atteints et que les délais dans le traitement de ces dossiers devraient
varier de deux mois à six mois. Ainsi, à Montréal, 181
appels ont été logés du 1er octobre 1984 au 28
février 1985, et nous estimons qu'en moins de six mois toutes ces causes
auront été entendues. Certaines causes auront même
été entendues dans un délai de deux mois. À
Québec, durant cette même période de rodage, environ 50
appels ont été reçus. On prévoit que tous ces
dossiers auront été traités d'ici la fin de mai de cette
année.
Je termine ce bilan en réaffirmant que le respect des droits du
contribuable se traduit à Revenu Québec par un ensemble de
mesures qui se situent dans le cadre de la politique gouvernementale
d'amélioration des relations État-citoyen.
L'accessibilité du personnel, la courtoisie et la rapidité
du service, la qualité de l'information sur ses droits et ses
obligations, la simplification de son travail, l'impartialité des
décisions qui le concerne, une attitude coopérative, humaine et
soucieuse de ses besoins de la part du gouvernement, le secret des
données qu'il transmet à Revenu Québec, le paiement du
montant minimum des impôts qu'il est tenu d'acquitter et le droit
d'être représenté et assisté par une personne de son
choix correspondent à autant d'exigences du contribuable face à
l'impôt.
Ce sont ces exigences qui ont orienté et qui orientent toujours
l'action du ministère afin d'assurer de meilleurs rapports avec sa
clientèle. J'ai personnellement tenu à confirmer et a publiciser
ces attentes des contribuables envers le ministère sous la forme d'un
document intitulé "Le respect des droits du contribuable à Revenu
Québec", document qui a été déposé à
l'Assemblée nationale le 12 mars 1985 et dont vous avez reçu
copie.
Il me fait plaisir de compléter aujourd'hui cette
présentation en vous remettant la plus récente facture de ce
document et, tel que convenu avec l'honorable représentant de
l'Opposition officielle, accompagnée de sa version anglaise.
Passons maintenant au bilan des activités de la Régie des
loteries et courses du Québec. L'objectif principal de la "régie
dans le cadre du mandat qui lui a été confié par le
gouvernement est la protection du public. La réalisation de cet objectif
est particulièrement évidente par la surveillance et le
contrôle qu'elle exerce dans le domaine des courses attelées, des
loteries ainsi que des concours publicitaires. En plus d'assurer l'application,
l'exécution et le respect de la loi, de ses règlements et de ses
règles, elle perçoit les droits qui sont prescrits. (10 h 30)
En 1984-1985, la régie a procédé à un
travail d'analyse en profondeur de ses activités et de ses modes de
fonctionnement en matière de systèmes de loterie afin de
soumettre au ministre du Revenu des propositions visant à modifier le
règlement sur les systèmes de loterie et les règles sur
les systèmes de loterie. Les efforts consentis par la régie
à cet égard ont amené l'adoption le 5 décembre
1984, par le gouvernement d'un nouveau règlement sur les systèmes
de loterie et l'adoption, le 14 décembre 1984, d'une nouvelle
règle sur les systèmes de loteries. Ces mesures sont
entrées en vigueur le 15 mars 1985. L'un des changements importants
contenus dans le règlement adopté a trait aux droits
exigés pour l'obtention d'une licence de bingo.
Désormais, les organismes qui tiennent des séances de
bingo n'auront à verser aucun droit lorsque la valeur totale des prix
offerts lors de ces activités est inférieure à 2500 $.
Dans tous les autres cas, les droits seront établis à raison de
1% de la valeur totale des prix. Il a été estimé que cette
mesure fera épargner annuellement aux organismes qui tiennent des bingos
une somme d'environ 500 000 $.
Le nouveau règlement contient également des modifications
visant à assouplir considérablement la procédure relative
à l'obtention des licences. Ce changement devrait profiter notamment aux
clubs de l'âge d'or et aux autres organismes regroupant des personnes du
troisième âge.
La Régie des loteries et courses a en outre adopté un
ensemble de règles reliées à son rôle de
surveillance et de contrôle du monde des courses.
Un premier ensemble de règles, "Les règles sur les courses
de chevaux de race Standardbred" constituent une refonte des règles sur
les courses attelées et portent principalement sur l'organisation et le
déroulement des courses.
Une deuxième série de règles, "Les règles de
certification" établit les conditions et exigences auxquelles un
requérant doit se soumettre pour obtenir l'émission en sa faveur
de l'une ou l'autre de ces licences émises par la régie dans le
domaine des courses.
Enfin, un troisième ensemble de règles, "Les règles
de procédure et de pratique" déterminent notamment les
délais et les procédures relatifs aux auditions tenues tant par
la régie que par les juges de courses.
Ces trois ensembles de règles constituent l'aboutissement d'un
travail considérable qui visait un triple but: simplifier le contenu des
règles existantes, édicter des règles qui correspondent
à la réalité et au désir du monde des courses,
établir une réglementation qui permette à la
régie d'exercer le mieux et le plus pleinement possible, et dans
l'intérêt du public, son rôle de surveillance et de
contrôle dans le domaine des courses. Ces règles sont
entrées en vigueur le 1° décembre 1984.
Finalement, les efforts consentis par la régie en regard du
développement de ses systèmes de gestion, de l'introduction
graduelle de la bureautique et de la gestion de ses services, a permis de
connaître encore une augmentation notable de la productivité
d'ensemble selon le dernier rapport annuel disponible de l'organisme.
Voyons maintenant les perspectives au ministère du Revenu pour
l'exercice 1985-1986. Au cours de l'exercice qui a débuté le 1er
avril dernier, le ministère du Revenu entend élargir le champ
d'action visant à assurer le respect des droits du contribuable à
Revenu Québec, maintenir et accroître, s'il y a lieu, la
qualité comme appui principal à la productivité et
à l'humanisation.
En plus de consolider ces acquis, le ministère a comme
priorité d'accélérer le processus favorisant
l'accessibilité de ses services et la décentralisation des prises
de décision afin de rapprocher le ministère des
contribuables.
L'augmentation de la productivité et de la qualité de vie
au travail demeurent également une priorité et, à cette
fin, se poursuivra la réfection des systèmes administratifs du
ministère. Ces nouveaux systèmes supporteront en outre
l'accessibilité des services du ministère tout en misant sur une
meilleure qualité de l'information et un accès efficace à
l'information.
Le ministère a réalisé en 1984-1985 un plan
directeur de l'évolution de ses systèmes administratifs pour les
prochaines années. L'application de ce plan repose sur la
stratégie suivante: systématiser les activités du
ministère et privilégier l'informatisation partout où il y
a avantage à le faire; mettre en place graduellement des systèmes
aptes à évoluer et à fournir à l'utilisateur les
données requises en temps opportun; mettre en place un cadre de
traitement déconcentré appuyé par une technologie moderne,
éprouvée et adaptable; favoriser la participation essentielle de
l'utilisateur aux techniques et aux outils modernes en matière de
développement de systèmes.
Une réflexion et des études sont également en cours
afin de décider de l'opportunité et, le cas
échéant, des modalités d'autres mesures intéressant
le contribuable dans l'optique d'une administration fiscale
équitable.
Il en est ainsi d'une disposition, notamment préconisée
par mon homologue de Revenu Canada qui, en substance, vise à ne pas
exiger du contribuable qui s'oppose ou autrement conteste la décision du
ministère, le paiement préalable des impôts en litige tant
qu'une décision finale du tribunal n'a pas été retenue. Le
possible impact d'une telle mesure, encore à l'examen, fait en sorte que
je laisse à mon collègue, le ministre des Finances, le soin de
communiquer en temps opportun la décision du gouvernement sous ce
rapport.
Voyons maintenant les perspectives en 1985-1986 à la Régie
des loteries et courses du Québec. La régie a également
été requise de poursuivre au cours du présent exercice sa
réflexion en matière de contrôle des appareils d'amusement.
C'est ainsi qu'un projet d'amendement au règlement actuel en
matière d'appareils d'amusement devrait m'être
présenté au cours de cette période. Je poursuis
également, pour ma part, l'examen de mesures destinées à
resserrer la surveillance et le contrôle des établissements de jeu
que l'on dénomme arcades. Cette réflexion porte notamment sur la
meilleure façon de réglementer ces endroits, afin d'en diminuer
le potentiel criminogène, convaincu que je suis que les revenus qu'on en
tire doivent servir à éponger les coûts sociaux qu'on ne
saurait écarter complètement.
En effet, vouloir prohiber ce genre d'établissements reviendrait
à en favoriser la prolifération clandestine, comme ce fut le cas
des débits de boisson, au cours des années trente, chez nos
voisins du Sud.
M. le Président, je me déclare maintenant à la
disposition des membres de l'Opposition désireux de me faire part de
leur point de vue en la matière ou encore impatients de formuler les
interrogations auxquelles je m'efforcerai de répondre.
J'avais oublié, lors de la présentation, de vous
présenter l'adjoint parlementaire au ministère du Revenu, M.
Jacques Beauséjour, député d'Iberville.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. Ce sont
nos règles souples qui s'appliquent parce que vous avez
dépassé de quelques minutes les 20 minutes réglementaires,
mais je pense qu'il n'y a pas de problème. Je laisse la parole
maintenant au député de Saint-Louis, porte-parole de
l'Opposition.
M. Harry Blank
M. Blank: Avant que je commence mon petit exposé, je
voudrais soulever le point dont j'ai discuté avec le ministre à
savoir que ce matin, on discutera des crédits en général
et, à la fin de la journée, on votera en bloc ces crédits,
sauf que ce matin, on discuterait de tous les crédits, sauf les
discussions sur le projet de loi 43 sur les pourboires qu'on verra cet
après-midi avec notre porte-parole dans ce domaine, M. le
député de Charlesbourg, immédiatement après la
période des questions. Ce matin, avant 12
h 30, on étudierait tous les autres crédits.
Le Président (M. Lachance): Je suis d'accord, M. le
député de Saint-Louis.
M. Blank: Je voudrais d'abord souligner le fait que nous avons
affaire, cette année, à un nouveau ministre du Revenu. Il est
à prévoir que son règne sera relativement court,
même peut-être une semaine, on ne le sait pas. Mais nous souhaitons
quand même qu'il pourra poursuivre, dans les mois et les semaines qui
viennent, cette entreprise d'humanisation des rapports entre le ministre du
Revenu et les contribuables.
Notons au passage que cette entreprise d'humanisation a
été commencée il y a plusieurs années, non
seulement cette année, comme on voudrait le faire croire aux
contribuables à l'aide de campagnes de publicité qui
coûtent une petite fortune. On constate que les budgets de
publicité, cette année, montent en flèche pour se vanter
des programmes qui sont déjà en place depuis des
années.
En effet, des informations obtenues à notre demande et qui
n'apparaissent dans aucun document officiel, à notre connaissance, nous
apprennent que les crédits affectés aux campagnes de
publicité du ministre vont plus que tripler par rapport à
l'année dernière. Ils vont passer de 108 950 $ pour
l'année 1984-1985 à 360 600 $ pour l'année 1985-1986. Ces
crédits ont donc plus que triplé et, par hasard, c'est une
année d'élections.
Je veux bien que le ministre fasse connaître ses nouveaux services
et ainsi de suite, mais on parle de tripler le budget de publicité. Si
on fait cela avec le budget total pour la publicité gouvernementale,
nous passerons d'un budget de 30 000 000 $ à un budget de 100 000 000 $.
C'est irresponsable, M. le ministre, mais les péquistes s'en foutent
parce que c'est une année électorale.
Si on fait ça dans chacun des ministères avec les
crédits pour la publicité, ce sera beaucoup d'argent qu'on
n'investira pas pour la création d'emplois, par exemple. Le ministre des
Communications ne veut pas nous le dire, mais j'ai l'impression qu'on se
prépare à dépenser beaucoup d'argent des travailleurs pour
faire la publicité du Parti québécois.
Je pense que cela vaut la peine de regarder de plus près cette
affaire de publicité. Les informations obtenues à la demande du
Parti libéral démontrent que vous avez l'intention de lancer deux
campagnes totalement nouvelles: la première pour 60 000 $ et la
deuxième pour 177 000 $. Dans le premier cas, on veut faire des
campagnes sur les programmes socio-fiscaux administrés par le ministre,
tel que le programme de remboursement des impôts fonciers. Or, les quatre
programmes dont il est question ont tous été créés
avant 1981 et on a choisi de faire une campagne de publicité
là-dessus en 1985 qui, soit dit en passant, est une année
électorale.
En plus, il y a le deuxième cas qui est aussi inquiétant.
Le ministre a décidé d'allouer 107 000 $ auxquels il faut ajouter
un mystérieux 70 600 $ transférés du compte
ministériel des Communications, dont un total de 177 600 $
alloués à ce qu'on appelle des campagnes institutionnelles pour
publiciser, dans les médias, les nouveaux services implantés
à la suite de la politique d'humanisation de Revenu Québec.
Encore là, c'est un peu étrange parce que la politique
d'humanisation a été entreprise il y a quelques années et
c'est la première fois qu'on a décidé d'affecter une aussi
importante somme à la publicité. Encore par hasard, c'est une
année électorale.
Passons à autre chose pour le moment. Le ministre, dans sa
déclaration d'ouverture, nous souligne les nombreuses
améliorations apportées depuis quelque temps au ministère
du Revenu. Nous voulons féliciter les fonctionnaires du ministère
du Revenu d'avoir continué l'entreprise d'humanisation des relations
entre Revenu Québec et les contribuables. Il est vrai que les
problèmes de communications sont moins nombreux, que le traitement des
dossiers s'est accéléré et que le processus de
l'Opposition est moins long. Mais il reste de nombreux problèmes que
nous voulons aborder ce matin et qui irritent beaucoup de citoyens, tels que
l'expédition de comptes d'un montant minime de 0, 01 $ ou 0, 02 $ par
exemple, les distinctions de forme de plus en plus aberrantes entre les lois
fédérales et provinciales de l'impôt et d'autres sujets
comme on le constate: les gros salaires du personnel du cabinet du ministre et
de la suite sous-ministérielle qui a tellement de changement radical
depuis le commencement de l'année. Dans les deux cas, le total des
salaires a doublé si, je me fie au document fourni par le ministre
à la demande de l'Opposition.
Nous avons aussi obtenu une liste des contrats de moins de 25 000 $
accordés par le ministre à des firmes ou des professionnels dans
l'année 1984-1985. Il y a quelques contrats qui nous intriguent comme le
contrat de 15 000 $ pour les services de coupures de presse et un autre petit
contrat accordé à Mme Micheline D'Amours, qui n'est pas parente
avec le sous-ministre, pour 4750 $ pour des services professionnels
reliés à l'administration de la Régie des loteries et
courses. Nous demanderons des explications.
Nous voudrions avoir une description plus précise du travail
effectué par ces personnes. Il y a aussi une question beaucoup plus
importante que nous voulons aborder et qui concerne la question de recours
de
citoyens en matière fiscale. C'est là une question
extrêmement importante. Nous pensons que le Québec aura avantage
à suivre ici l'exemple du gouvernement fédéral où
il existe maintenant une véritable déclaration de droits du
contribuable qui, semble-t-il, est véritablement mise en
application.
Au Québec, on a fait beaucoup de battage publicitaire autour du
respect des droits du contribuable, mais on n'a pas encore ouvertement
passé à l'action, et l'exemple du recours du citoyen est
là pour le prouver.
Comme le ministre l'a dit dans sa déclaration, au Québec,
un contribuable qui veut contester un avis de cotisation est obligé de
payer le montant dès qu'il reçoit la cotisation. Même s'il
désire contester les calculs faits par Revenu Québec, il est
obligé de payer le fisc avant que son cas soit jugé par les
juges, ce qui prend entre six mois et deux ans. C'est un peu aberrant,
avouez-le, et nous croyons que le Québec devra faire comme Ottawa,
c'est-à-dire qu'un contribuable ne devra pas être tenu de payer
tant et aussi longtemps qu'un juge n'a pas étudié son cas.
Le ministre prétend que le contribuable jouit de la
présomption d'honnêteté et, en même temps, il exige
que le contribuable paie des montants qu'il ne croit pas devoir au fisc. C'est
une contradiction qu'il faut corriger au plus vite. (10 h 45)
Je veux discuter aussi avec le président de la Régie des
loteries et courses du problème des arcades et des machines à
boules. Je trouve que c'est un problème tellement sérieux et
social auquel on fait face avec ces arcades qu'on en discutera en
détail. Comme je l'ai dit, mon collègue de Charlesbourg, M.
Marc-Yvan Côté, discutera de la question des pourboires cet
après-midi.
M. le ministre, en passant aux questions les plus
pressées,...
M. Martel: M. le député de Saint-Louis.
M. Blank:... vous avez mis de côté tout ce
problème de payer d'avance les cotisations avant l'appel, disant que
c'est un problème du ministre des Finances et que c'est lui qui va le
régler, mais je ne comprends pas qu'à Ottawa ce soit le ministre
du Revenu, sans l'intervention du ministre des Finances, qui ait, dans sa
déclaration des droits des contribuables, à déterminer
qu'au moins, au premier stade de l'opposition qui ne dure pas longtemps
-d'après le ministre lui-même, a cela peut durer entre deux et six
mois - on donne le bénéfice du doute au contribuable.
Ici, vous avez un gros document intitulé "Le respect des droits
des contribuables à Revenu-Québec". Même dedans, vous
dites:
Les contribuables exigent de jouir d'une présomption de bonne foi
et de décision partielle. Mais si le contribuable exige de jouir d'une
présomption de bonne foi, pourquoi le faire payer d'avance s'il y a
cette présomption de bonne foi comme vous le dites dans votre
déclaration? Pourquoi? Est-ce qu'on peut m'expliquer cela?
M. Maurice Martel (réplique)
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, je vous
dirais tout d'abord, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
qu'une décision n'est pas prise en ce qui a trait à
l'harmonisation dans ce domaine avec le gouvernement fédéral. Je
tiens à vous rappeler, cependant, que la déclaration de mon
homologue fédéral fait suite à des notes techniques sur
l'avis de motion qui a été présenté par le ministre
des Finances du gouvernement fédéral à la Chambre des
Communes et qui étaient approuvées par le gouvernement, à
ce moment.
Évidemment, à Revenu Québec, sans rejeter du revers
de la main cette harmonisation possible, nous croyons que, dans
l'intérêt du contribuable, ce qui est important, c'est de
raccourcir les délais. Nous pouvons nous poser différentes
questions à la suite de cette politique du gouvernement
fédéral sans y apporter, dans l'immédiat, des
réponses.
Par exemple, est-ce que cela ne serait pas un moyen pour allonger les
délais? Cela peut être une question à se poser. Nous savons
fort bien qu'en fin de compte, lorsque le contribuable va de délai en
délai comme cela, même s'il ne paie pas, s'il est reconnu comme
devant de l'argent au gouvernement, cela va faire beaucoup plus mal
après tous ces délais pour payer les intérêts qui
vont s'additionner chaque jour.
Donc, c'est une question qu'on peut se poser. À
Revenu-Québec, dans les faits, disons qu'on est assez large, je pense,
dans les ententes qu'on peut avoir avec les contribuables. Par exemple, en ce
qui a trait aux oppositions, on a raccourci les délais. Il y a quelques
années - vous vous en souvenez, M. le député de
Saint-Louis, vous qui avez l'expérience de cette commission et que nous
tous avons, vous savez fort bien que cela prenait au moins quatre ans pour
traiter les avis d'opposition à Revenu Québec. C'était un
délai très long. Nous avons réduit ce délai
d'opposition à six mois. Je pense que c'est déjà une
grosse amélioration.
Par la suite, vous avez constaté qu'aucun intérêt ne
s'applique lorsque le paiement est effectué dans les 30 jours de la
remise à la poste d'un état de compte ou d'un avis de cotisation.
De plus, à Revenu Québec, on accepte des garanties bancaires dans
le cas des créances qui font l'objet d'une opposition ou d'un appel.
À ce
moment, en acceptant des garanties bancaires, je pense qu'on n'oblige
pas le contribuable à payer et, dans les faits, M. le
député de Saint-Louis, cela s'applique chez nous. II y a des
ententes qui se prennent avec le contribuable où on va demander des
dépôts bancaires, des garanties et, à ce moment, le
contribuable n'est pas nécessairement tenu de payer sur-le-champ.
De plus, M. le député de Saint-Louis, le ministère
du Revenu du Québec ne prend aucune mesure formelle de recouvrement dans
les 90 jours qui suivent l'envoi de l'avis de cotisation sauf en cas de risque
ou de perte de la créance. À ce moment, tout en ayant toujours
à l'esprit cette possibilité de s'harmoniser avec le
fédéral sur cette question, c'est pour cette raison que je vous
ai dit tout à l'heure que le ministre des Finances étant celui
qui détermine les politiques fiscales, je lui laissait le soin
d'annoncer cette mesure que nous sommes à étudier
présentement. Je vous ai rappelé que l'important, pour le
contribuable, c'était de raccourcir les délais et que, pendant
cette période où nous avons réduit de quatre ans à
six mois les délais pour régler les cas d'avis d'opposition, nous
permettons à ces contribuables de donner des garanties bancaires, de
prendre des arrangements avec Revenu Québec de façon à
être humain envers eux.
Discussion générale
M. Blank: M. le ministre, je ne veux pas relever vos
antécédents politiques de l'Union Nationale, mais, ici, je
constate l'ancien système de tolérance. Ce qui veut dire que le
ministre et ses fonctionnaires, quand il y a un montant à imposer, vont
tolérer que les contribuables ne paient pas à l'avance; on va
faire des arrangements, mais il n'y a pas un droit. C'est complètement
différent du fédéral. Au fédéral, le citoyen
a le droit absolu de ne pas payer. Ici, vous les tolérez
peut-être. Toutes les autres choses que vous avez mentionnées, par
exemple, une garantie bancaire. Une garantie bancaire, c'est un paiement parce
que le monsieur ne peut pas avoir à la banque les crédits pour le
montant que le gouvernement a pris comme garantie. Si j'ai une marge de
crédit à la banque de 10 000 $ et si je dois au fisc 8000 $, ma
marge de crédit est réduite à 2000 $ si la banque donne
une lettre de garantie. C'est une grande différence.
Le ministre lui-même dit que c'est une question portant sur le
temps que cela prend pour l'opposition. Si vous êtes efficaces et que
vous réduisez le temps que cela prend pour la première
intervention d'opposition, c'est comme dans la loi fédérale. Dans
la loi fédérale, ce n'est pas pour toujours qu'une personne n'a
pas besoin de payer. C'est seulement quand cette présomption d'innocence
est là, ce qui veut dire jusqu'au premier tribunal, pas le
deuxième ou le troisième appel qui peut durer deux, trois ou
quatre ans. Pour le premier appel devant la Cour fédérale ou la
Cour de l'échiquier - je ne sais pas comment on appelle cela maintenant
- jusqu'à ce point, le contribuable n'a pas besoin de payer. Si c'est
une affaire frivole, comme vous mentionnez, le juge a le droit d'imposer une
pénalité de 10 %. Ce qui veut dire qu'on ne prendrait pas des
oppositions frivoles parce que cela va coûter une pénalité
de plus, outre les intérêts.
Si le temps est raccourci, c'est seulement en première instance
qu'on n'a pas besoin de payer. Au moins, cette présomption d'innocence
va jusqu'à au moins un juge qui va entendre la cause, pas le
deuxième ou le troisième ou le quatrième. À ce
moment, même le fédéral exige un paiement ou une garantie.
Mais au moins pour la première instance qui peut durer, comme vous dites
vous-même, entre deux et six mois. On donne déjà un droit
de ne pas payer des intérêts ou de ne pas payer pour 30 jours.
Quel mal y aurait-il à donner un autre mois ou quatre mois pour ne pas
payer? Combien cela va-t-il coûter au gouvernement? Presque rien.
Je pense que le ministre évite la question en l'imposant au
ministre des Finances, pour qu'on trouve dans le discours sur le budget une
autre promesse électorale. On va l'avoir dans ce budget en prenant cela
pour l'année prochaine, après des élections. C'est cela
qu'on va trouver. C'est une affaire politique gérée par le Parti
québécois. On veut faire un grand "show" politique avec cela. Je
vous garantis, je suis prêt à gager, M. le ministre, une petite
piastre qu'on retrouvera ces dispositions dans le discours sur le budget
à des fins électorales. Pourquoi ne fait-on pas cela maintenant,
rétroactivement, comme le fédéral?
C'est intéressant l'attitude et la façon de
procéder du gouvernement fédéral quand on parle des droits
des citoyens, par rapport à celles du gouvernement du Québec. Au
fédéral, la déclaration des droits des contribuables cela
prend une petite page. Selon de grands principes qu'on trouve dans une charte
des droits, on dit que le contribuable a le droit de... Ici, à
Québec, on a une grosse affaire. Oui, mais il n'y a pas une place
où l'on dit que le citoyen a le droit, on dit que le contribuable exige.
C'est lui qui doit demander quelque chose du gouvernement alors qu'au
fédéral, c'est le gouvernement qui donne le droit absolu au
citoyen. Ici, on dit que le citoyen, le contribuable peut exiger tel et tel...
Et on fait une liste de propagande encore de ce que le gouvernement a fait. Ce
n'est pas une charte, c'est un fouillis politique propagandiste. Une vraie
charte, c'est celle
du fédéral où on a de beaux principes qui prennent
une petite page. On dit: Voici les droits d'un citoyen! Pas ce qu'un citoyen
peut demander du gouvernement et que le gouvernement peut donner. C'est une
grande différence. J'espère que le ministre va faire un petit
virage - ils ont déjà fait un virage vers le système
fédéral au moins un autre virage, cette fois pour le droit des
citoyens.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, est-ce que,
par votre intervention, vous appuyez la politique des conservateurs dans ce
domaine de la loi de l'impôt?
M. Blank: La loi, quelle loi? Quelle partie de la loi?
M. Martel: Lorsque vous avez parlé, tout à l'heure,
de la non-garantie, du non-dépôt d'argent lorsqu'une personne va
en appel au fédéral. Par votre argumentation, vous appuyez la
politique des conservateurs dans ce domaine?
M. Blank: Sur ce point, pas sur toute leur politique.
M. Martel: D'accord.
M. Blank: Je ne suis pas rendu "bleu" encore.
M. Martel: Vous avez remarqué, évidemment, et
j'étais heureux de vous voir montrer, tout à l'heure, la
déclaration des droits des contribuables à Ottawa et celle de
Québec. Vous voyez qu'Ottawa indique ce qu'il a l'intention de faire
alors que Québec marque ce qu'il a déjà fait.
M. Blank:... de 1970 à 1976.
M. Martel: Donc, vous voyez, je pense, que nous sommes à
l'avant-garde dans le domaine du respect des droits des contribuables. M. le
député de Saint-Louis, lorsque vous parlez de charte des droits
des contribuables, vous savez que c'est un bien grand mot que celui de charte.
Charte, c'est supposé être une loi qui supervise, en quelque
sorte, toutes les lois existantes. Nous, à Revenu Québec, nous
n'avons pas cette prétention. Nous avons mentionné simplement le
respect des droits du contribuable et c'est cela qui se pratique dans le moment
et ce n'est pas une intention pieuse que nous jetons à la face des
contribuables.
Vous savez fort bien, M. le député de Saint-Louis, vous
qui êtes un éminent juriste, que les droits des contribuables sont
déjà inscrits dans la loi de l'impôt et, à ce
moment-là, ce n'est pas nécessaire de faire un document et de
l'intituler "la charte des contribuables". Je répète qu'à
Revenu
Québec, nous respectons le droit des contribuables. Nous sommes
à l'avant-garde dans une foule de domaines sur ces
éléments du respect du contribuable et, lorsque nous vous disons
que ce n'est pas depuis janvier 1985, comme le fédéral
l'applique, que cette nouvelle disposition concernant le versement d'argent en
cas d'appel, d'opposition existe, c'est que dans les faits, nous avons
déjà des mesures qui permettent au contribuable de prendre des
arrangements avec Revenu Québec sans être vraiment pris au
dépourvu. Lorsque nous parlons de garanties, c'est normal, je pense,
qu'un gouvernement responsable, qu'un ministère responsable se
prémunisse en quelque sorte contre des pertes d'argent. Lorsque nous
demandons des garanties, cela peut prendre différentes formes sans
nécessairement geler le crédit à la banque d'un
contribuable. C'est normal que le gouvernement protège ses
créances. Cependant, il reste beaucoup de possibilités qu'a le
contribuable de faire des ententes. C'est évident que, dans les faits,
ce qu'Ottawa accomplit depuis janvier 1985, nous le faisons depuis plusieurs
mois à Revenu Québec. Il serait peut-être souhaitable, et
je me pose la question, que ce soit inscrit dans la loi. C'est pour cela que
nous poursuivons nos réflexions sur cette harmonisation possible avec la
politique du fédéral en ce qui a trait à ce que vous avez
énuméré tout à l'heure. (11 heures)
M. Blank: Sauf, comme vous dites, que le but du ministre du
Revenu, c'est de percevoir les impôts.
M. Martel: Et de s'occuper aussi des programmes fiscaux.
M. Blank: Ce qui revient à dire de mettre l'argent dans
les poches des contribuables ou d'en sortir. Ce sont les fonctions du ministre
du Revenu. Tous ces documents que vous envoyez, cela peut se résumer en
une ligne: combien cela va me coûter, se demande le contribuable, et
quand est-ce que je devrai payer? Si vous prenez son argent avant que ce soit
décidé, par au moins un juge, qu'il doit cet argent, je trouve
incroyable l'attitude du ministre.
Ce n'est pas une question de... Toutes ces affaires d'arrangement dont
vous nous parlez qu'on peut faire avec des garanties plus ou moins efficaces,
cela existe dans la loi sur les fonctions du ministre du Revenu depuis la
Confédération, depuis qu'on a une taxe à Québec. Ce
n'est pas nouveau. Je me souviens, quand j'ai été élu en
1960, cela fait 25 ans, le sous-ministre qui se nommait M. Quink avait son
bureau ici à l'Assemblée nationale et, la première
journée que je suis arrivé ici, je suis allé le voir pour
faire un arrangement avec un de mes électeurs qui devait de
l'impôt. Même en 1960, on faisait
les mêmes arrangements. La grande chose qui est différente
maintenant, c'est que le fédéral a adopté le principe
qu'au moins jusqu'à une décision de première instance, on
ne doit pas payer. C'est cela qui est la grande différence.
Ce n'est pas un peu ou peut-être, il ne doit pas, point final.
Vous, ici à Québec, avez le droit d'exiger cet argent même
avant la première instance. C'est cela qui est la grande
différence. Toutes vos chartes, tous vos posters et les envois, etc., ne
changent pas cela. C'est l'argent qui doit sortir de la poche d'un citoyen qui
est présumé innocent; même avant qu'il soit trouvé
coupable, il doit payer. C'est la différence entre le
fédéral et le provincial. Le montant réel que cela
pourrait coûter à la province serait minimal. C'est une question
de principe. Je suis certain que la province va le faire, mais dans le discours
sur le budget à des fins de propagande électorale.
Maintenant, je vais passer à une autre affaire où il y a
une différence...
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, je tiens
à faire remarquer qu'au Québec noua avons, en vigueur depuis
octobre 1984, la possibilité, pour les contribuables qui contestent des
comptes de 1650 $ et moins, d'aller à la Cour des petites
créances à très peu de frais et d'obtenir - dans les
délais que je vous ai mentionnés tout à l'heure -des
décisions très rapides. Cela n'existe pas encore au gouvernement
fédéral.
Il y a aussi lorsque vous parlez de l'opposition, lorsque quelqu'un va
en opposition il ne paie pas, mais lorsqu'il sera rendu en appel, par exemple,
le gouvernement fédéral exige aussi des garanties bancaires.
M. Blank: J'ai dit à la première instance.
M. Martel: D'accord, à la première instance.
M. Blank: Même quand vous parlez de la Cour des petites
créances, au moins jusque-là, jusqu'à une décision
de la Cour des petites créances, la personne ne devrait pas payer. Ce
serait cette première instance. Si une personne est
présumée innocente, elle ne doit pas payer. C'est une
présomption que le citoyen demande, au moins jusqu'à ce qu'il y
ait une décision rendue en première instance, par exemple par la
Cour des petites créances. Après si l'opposition est
portée en appel, je suis d'accord. Au moment où il est
condamné dans ce sens, il n'y a plus de présomption. Le fardeau
est maintenant de l'autre côté. À ce moment, vous avez le
droit d'exiger le paiement ou des garanties. Au moins, jusqu'à la
première instance, il y a une présomption d'innocence dans notre
système.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, vous qui
êtes un éminent juriste, vous savez fort bien que, lorsqu'on va
devant les tribunaux, c'est normalement très long à part la
division des petites créances, au Québec, où cela fait
exception. Est-ce que c'est rendre vraiment service au contribuable - et nous
nous posons la question avant de prendre la décision - que de prolonger
les délais de règlement de son cas parce que, s'il est finalement
obligé de payer et que les procédures ont pris deux ou trois ans,
à ce moment le contribuable ne sera pas tellement content de se voir
imposer les intérêts pour tout ce temps en plus payer sa dette. Ce
sont des questions que nous nous posons présentement avant de prendre la
décision qui sera prise incessamment.
M. Blank: Ce que le ministre dit, c'est une autre marque de
commerce du Parti québécois. Ce sont eux qui vont décider
pour les citoyens. Ce n'est pas à vous de décider pour le citoyen
s'il va contester une cotisation, c'est à lui de décider et c'est
lui qui doit subir les conséquences de payer de l'intérêt.
Ce n'est pas à vous de décider pour lui, qu'il n'a pas assez de
bon sens. C'est ce que vous pensez des Québécois, qu'ils ne
peuvent penser par eux-mêmes. C'est vous autres qui allez décider
que lui, il n'est pas assez "smart" - comme on dit sur la rue - pour
décider pour lui-même. Laissez le citoyen décider pour
lui-même et on aura un meilleur monde.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, je tiens
à vous rappeler que nous avons comme responsabilité d'administrer
et de préserver l'argent des contribuables. Nous ne tenons pas à
perdre des millions de dollars parce que nous n'aurons pas pris les
précautions nécessaires lorsque les contribuables nous doivent de
l'argent. C'est dans l'optique d'être un bon administrateur, de
préserver ce qui est dû au gouvernement et aussi de rendre nos
lois vraiment humaines vis-à-vis des citoyens, c'est dans cette
optique-là qu'une décision sera rendue quant à la
possibilité de s'harmoniser avec la décision que le gouvernement
fédéral vient de prendre concernant la loi de l'impôt sur
le revenu.
Taux d'intérêt
M. Blank: Vous dites que vous avez l'obligation d'administrer
l'argent des citoyens. C'est vrai quand l'argent est dans votre poche mais,
quand l'argent est encore dans la poche du citoyen, c'est à lui de
décider comment administrer son argent. Si lui, il veut aller en appel,
il ne doit pas être
puni parce qu'il va en appel.
J'ai une autre question concernant l'hamonisation avec le
fédéral. Quelle est la différence du taux
d'intérêt qui est imposé maintenant entre le
fédéral et le provincial pour des dettes impayées?
M. Martel: Disons que le fédéral impose 10 % et
Québec 14 %.
M. Blank: 14 % d'intérêt bancaire. Cela va de 14 %
pour arriver à 15 % à 16 %.
M. Martel: 15, 02 %.
M. Blank: C'est pas mal cher. Pourquoi imposez-vous 5 % de plus
de que le fédéral?
M. Martel: Disons que nous avons la possibilité au
ministère de rajuster et de réviser ces taux tous les trois ou
quatre mois. Disons que nous nous basons sur les taux hypothécaires
consentis aux contribuables par les banques en général, qui
voisinent par exemple les prêts que l'on peut obtenir à la banque.
Évidemment, nous voulons éviter que le contribuable se finance
à même l'argent de l'ensemble des contribuables, et c'est pour
cette raison que nous basons ces taux sur ce que ça coûte en
moyenne aux contribuables pour emprunter à la banque. C'est susceptible
d'être révisé tous les trois ou quatre mois par le
ministère.
M. Blank: C'est sujet à changement et chaque fois que vous
changez, le fédéral change aussi et il y a toujours cet
écart de 4 %, 5 % ou 6 % entre le fédéral et le provincial
parce que le fédéral demande aux contribuables ce que ça
coûte au fédéral et non ce que ça coûte aux
contribuables. C'est la grande différence entre votre pensée et
celle du fédéral.
M. Martel: Depuis les 18 derniers mois, le taux
d'intérêt imposé aux contribuables du Québec n'a pas
changé à Revenu Québec.
M. Blank: À Ottawa, c'est changé à la
baisse.
M. Martel: Ottawa rajuste aussi ses taux.
M. Blank: II faut dire qu'il y a un écart de 5, 2 %
M. Martel: Ils ont déjà monté à 12 %
également.
M. Blank: Sur la question des versements tous les trois ou quatre
mois, quel est votre taux?
M. Martel: C'est le même taux.
M. Blank: Ce n'est pas le même taux.
M. Martel: C'est le même taux, plus 5 % dans le cas
d'insuffisance.
M. Blank: C'est ça, c'est maintenant rendu à 20, 2
% et plus.
M. D'Amours (Alban): Comme M. Martel l'a souligné tout
à l'heure, le ministre des Finances, dans sa déclaration
ministérielle de décembre dernier nous permet de modifier cette
mesure et d'imposer ce taux de 5 % pour insuffisance, pénalité de
5 %, à la fin de l'année, et de donner une chance à ceux
dont les impôts versés voisinent, dans une marge d'erreur de 10 %,
les montants dûs, de sorte qu'on va réduire le nombre de ceux qui
seront pénalisés. On va simplifier le calcul.
M. Blank: Nonobstant tout cela, la personne qui ne paie pas
à la fin de l'année est pénalisée de presque 21
%.
M. D'Amours: S'il ne paie pas les impôts qu'il aurait
dû payer, en effet.
M. Blank: Au provincial 21 %, au fédéral c'est 10
%. Il y a tout un écart. Vous trouvez cela logique vous autres ici?
Comme mon collègue a dit, c'est comme des "Shylocks des tavernes". On
ramasse l'argent à un taux d'intérêt, alors que le taux
d'intérêt bancaire de la Banque du Canada est 10, 3 %, on exige 21
% des contribuables parce qu'ils n'ont pas payé. On trouve cela un peu
dur.
M. Martel: Disons que la politique du ministère
là-dessus, c'est une politique incitative. Je pense que quand on doit
quelque chose, on doit le régler le plus vite possible, tant pour
l'intérêt de celui qui doit que pour celui à qui c'est
dû.
M. Blank: Mais, pourquoi ne donnez-vous pas assez de droits
à la banque ou à des compagnies de finance de charger ce taux
pour inciter les gens à payer. Ce n'est pas une réponse valable.
Je trouve que c'est une façon, encore, que le gouvernement qui a besoin
d'argent, d'essayer d'arracher les fonds des poches des citoyens. C'est cela
seulement. C'est la seule réponse qu'on peut donner à une affaire
comme cela, pour inciter des gens à payer, on leur charge le double.
Chargez-leur 100 % d'intérêt, vous avez plus d'"incentive".
M. Martel: M. le député de Saint-Louis.
Une voix: Combien le ministère va-t-il chercher seulement
en intérêts?
M. Martel: Vous savez que le ministère
du Revenu a aussi à se financer et que le ministère du
Revenu paie un taux identique à celui qu'il charge aux contribuables
à cette fin.
M. Blank: Combien? Vous payez vos...
M. Martel: En ce qui concerne les remboursements, par exemple,
lorsque vous allez en appel et que vous gagnez, le ministère du Revenu
rembourse les sommes versées à ce même taux
d'intérêt de 14 %.
M. Blank: D'accord. Combien avez-vous remboursé en
intérêts l'année passée?
M. Martel: 37 000 000 $.
M. Blank: Combien percevez-vous en intérêts?
M. Martel: 200 000 000 $.
M. Blank: 200 000 000 $, cela vaut la peine, votre affaire! C'est
un bon commerce que vous avez. Vous percevez quelque 200 000 000 $ et vous
donnez 37 000 000 $. J'entrerais dans ce commerce n'importe quel jour!
M. Martel: On va vous donner un chiffre exact.
M. Blank: Mais, en chiffres ronds, on parle de 200 000 000 $
à 35 000 000 $. Cela veut dire que vous faites un bénéfice
de plus de 165 000 000 $ sur le taux d'intérêt. Si on prend celui
du fédéral, c'est environ un tiers. Vous percevez 50 000 000 $ de
plus des poches des Québécois, à cause de votre
différence d'intérêt logique et celle d'un
intérêt usuraire, on peut dire.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, si notre
intérêt était beaucoup plus bas, cela inciterait les gens
à se financer à même l'argent du gouvernement et ce n'est
pas le but. À ce moment-là, il y aurait danger aussi de perdre
des créances. Mais, il reste...
M. Blank: M. le ministre, il y a neuf autres provinces au Canada
et le gouvernement fédéral et tous les autres marchent sur le
même taux d'environ 10 % et vous, ici, à Québec, les
Québécois complètement différents... On sait qu'on
a une province un peu différente, mais les gens ont le même bon
sens et le même sens de l'économie que les autres Canadiens. Mais,
vous, ici, il doit y avoir un écart, une différence. Les autres
provinces ne marchent pas. Le fédéral ne marche pas, c'est
Québec qui sait faire. Oui, Québec sait faire dans certains
domaines, mais pas dans celui-là.
J'ai ici une lettre d'un citoyen qui a été envoyée
au ministre le 2 janvier. Pour une question de versements en retard, le
monsieur paie la même taxe à l'Ontario et à Québec.
Le montant qui n'est pas payé était 3600 $; il y a question de
versement. À l'Ontario, il a payé l'intérêt de 663
$. À Québec, c'était 1694 $. Québec a chargé
47 % sur les cotisations.
Le monsieur a fait une contestation. Il a fait une opposition à
cela. Mais, la cotisation était 47 %, un montant de presque 1700 $ et
l'Ontario lui a chargé seulement 600 $ pour la même affaire. Vous
vous demandez pourquoi des gens déménagent du Québec en
Ontario? Voilà un exemple flagrant.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis,
étant donné que c'est un cas particulier...
M. Blank: Mais, vous avez cela en main. Cela vous a
été envoyé par le député de
Jacques-Cartier.
Une voix: M. le Président.
M. Martel: J'aimerais que vous soumettiez ce cas et on apportera
les réponses.
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Iberville, sur une question de règlement.
M. Beauséjour: Je vois que dans la discussion, on ne
laisse pas le temps à l'un et l'autre de répondre.
M. Blank: Je pense que le ministre peut se défendre; pas
besoin de son aide parlementaire!
M. Beauséjour: Oui, mais, le député
continue. La simple politesse voudrait quand même qu'on laisse le temps
de répondre. Moi, je voudrais aussi pouvoir entendre la réponse
du ministre jusqu'au bout et qu'il ne soit pas interrompu continuellement. (11
h 15)
Le Président (M. Lachance): M. le député
d'Iberville, je crois que spécifiquement il ne s'agit pas d'une question
de règlement dans le sens que le ministre pourrait très bien
lui-même évoquer ce problème. Cependant... Ah bon! ce n'est
pas une question de règlement. J'inviterais les participants - vous avez
remarqué que j'ai été très tolérant depuis
le début - à s'adresser à la présidence lorsqu'ils
interviennent parce que cela a été, jusqu'à maintenant, je
ne dirais pas un monologue, mais un dialogue entre deux personnes, et vous
connaissez très bien les règles.
M. Beauséjour: M. le Président, justement, le
député de Saint-Louis passe
d'un sujet à l'autre et les questions qu'on aurait à poser
sur différents sujets...
M. Caron: II veut finir ce matin, alors il est
obligé...
M. Blank: C'est sur le même sujet, on parle encore des
différences fédérales-provinciales. C'est le même
sujet.
M. Beauséjour: Je sais bien, vous avez parlé de
ça, vous avez parlé aussi des réclamations d'impôt
de moins de 1650 $.
M. Blank: C'est la même chose.
M. Beauséjour: Si nous avons des questions à
poser...
M. Blank: Vous n'avez pas compris ce que j'avais dit. Les 1600 $,
c'est le taux d'intérêt qu'on veut imposer, on parlait
d'intérêt. C'est exactement de cela qu'on parlait. C'est un
exemple flagrant de l'abus du Québec envers les citoyens quand vient
l'intérêt. C'est un exemple que je voulais souligner au ministre
exactement dans le même domaine.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, ce que mon collègue
d'Iberville veut dire, tout simplement, c'est que pour la bonne marche de cette
commission, il serait important que le député critique de
l'Opposition dans le domaine du revenu, le député de Saint-Louis,
soit un peu plus consistant dans ses propos, s'attache à un sujet,
permette au ministre de répondre convenablement et cesse de sauter d'un
cas particulier à l'autre, d'une extrémité à
l'autre, de telle sorte qu'on puisse suivre - de même que les gens qui
font la transcription du Journal des débats -quelque chose qui se
tienne. De même, les députés ministériels, auraient
peut-être intérêt ou auraient peut-être le goût
d'intervenir ou de poser des questions. Ce serait peut-être
intéressant que vous préserviez ce droit légitime.
Le Président (M. Lachance): Si quelqu'un me demande la
parole, c'est avec plaisir que je la céderai une fois que le
député de Saint-Louis aura utilisé son droit de
parole.
M. Blank: Je sais que ça fait mal à mes
collègues de l'autre côté qui sont des
socio-démocrates de voir ce qu'on fait à la population du
Québec quand on parle des taux d'intérêt et des taxes.
M. Gauthier: On peut parler des rouges, on peut en parler...
M. Blank: Parlez des rouges, on n'a rien à cacher. Ce sont
les rouges d'Ottawa et les bleus d'Ottawa qui ont maintenu le même
système et à Québec, on le maintient depuis des
années. Si même nous avons fait des choses qui ne sont pas bonnes,
c'est le temps de les changer. Vous prétendez faire des changements pour
le bénéfice des citoyens, mais faites les vrais changements, ne
faites pas seulement de la propagande en disant que vous avez certains droits
alors que vous n'avez aucun droit. Paie à l'avance, on va discuter
après. C'est ce que vous faites.
M. Gauthier: On comprend que vous n'ayez plus rien à
cacher, vos vieux dossiers, on les a sortis des classeurs et on les a
traités comme tous les autres.
M. Blank: Vous les traitez comme tous les autres. Vous avez
harcelé des vieux et des orphelins, c'est ce que vous avez fait, sauf
cette année. On trouve que cette année, on ne porte pas... Est-ce
que c'est vrai, M. le ministre, que vous ne faites pas de demandes de
remboursement de tous les comptes avant l'année 1979?
M. Beauséjour: C'est un autre sujet?
M. Blank: C'est lui qui a commencé l'affaire.
M. Martel: Voulez-vous répéter votre question, M.
le député?
M. Blank: On me dit qu'il y a une directive à savoir qu'on
ne touche pas aux dossiers de cotisations avant l'année 1979.
M. D'Amours: Les dossiers de cotisation?
M. Blank: Oui. On ne fait pas de perception des comptes qui
datent d'avant 1979.
M. D'Amours: Tous les comptes de cet âge ont
été envoyés aux contribuables. C'est au contribuable
à payer son compte. Cependant, il y a des cas, depuis décembre
1983, où nous avons la possibilité de réduire des
intérêts sur un compte si l'on considère que la faute est
due au ministère, qu'il y a eu une négligence de la part du
ministère. Il y a un certain nombre de comptes, ceux qui étaient
plus vieux que 1979 et qui n'ont pas fait l'objet d'une communication entre le
ministère et le contribuable, de 1979 à 1984. Dans ces cas, nous
avons soustrait les intérêts et attribué au
ministère la négligence dans la communication avec les
contribuables. Cela s'est produit pour des petits comptes qui n'avaient pas
retenu l'attention du ministère pour les raisons que
l'on pourrait expliciter mais qui n'avaient pas retenu l'attention. Dans
ce contexte-là, cet amendement à la loi a aidé le ministre
à régler bon nombre de cas humanitaires.
M. Blank: Mais est-ce que pour le montant principal d'avant 1979
on va poursuivre les gens?
M. D'Amours: Le montant principal est toujours dû.
M. Blank: Oui, mais est-ce que vous faites de la perception?
C'est ce que je vous demande.
M. D'Amours: Pour faire de la perception on ne fait pas de
recouvrement. On ne fera pas de saisie. L'individu et le ministère
essaient de s'entendre sur une méthode de remboursement, sur des
arrangements.
M. Blank: Est-ce que cela vient d'une directive du ministre ou du
Conseil des ministres?
M. D'Amours: C'est le ministère qui a pris cette option
et qui a proposé cet amendement à la loi pour donner cette
attitude.
M. Blank: Je trouve très curieux que cette attitude vienne
dans l'année électorale.
M. Dussault: II n'est jamais trop tard pour bien faire.
M. Blank: Les sondages, ce n'est pas nouveau.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, cela fait
déjà un an et quatre mois - depuis janvier 1984 - qu'on a cette
politique à Revenu Québec. Pour apporter des précisions
à ce que vous disiez tout à l'heure, les intérêts
que Revenu Québec perçoit s'établissent à 170 000
000 $...
M. Blank: Combien?
M. Martel: 170 000 000 $ qu'on perçoit en
intérêts des contribuables et on en verse en retour 37 000 000 $.
Je tiens à vous faire remarquer, pour être juste, que si vous
regardez tous les ministères du Revenu, ils ont pour but d'inciter les
citoyens à payer ce qu'ils doivent. Je pense que c'est normal, c'est de
l'équité fiscale. Revenu Québec est le seul
ministère à ne pas charger d'intérêt aux
contribuables pendant 30 jours lorsqu'ils sont avisés qu'ils lui doivent
quelque chose. Le gouvernement fédéral ne fait pas cela. Nous le
faisons depuis tout de même assez longtemps. Il y a des
possibilités d'aller en appel: 90 jours pour aller en appel et
possibilité d'aller à la Cour des petites créances. Je
pense que ce sont des mesures pour humaniser nos relations avec les
contribuables que nous adoptons à Revenu Québec. Cela fait
déjà longtemps qu'on l'applique chez nous.
À Ottawa ce sont des mesures d'intention. Sur le sujet
précis que vous avez soulevé, nous verrons dans les semaines
à venir la politique que nous adopterons et qui sera
énoncée par le ministre des Finances.
M. Blank: Une dernière chose sur la question
fédérale-provinciale. J'ai lu un article dans le Soleil du 18
mars 1985 qui disait qu'à un moment donné on a trouvé que
jusqu'à l'année 1978-1979, notre loi du Québec sur les
impôts et celle du fédéral étaient identiques,
à environ 99, 9%; c'était presque la même. Maintenant c'est
à environ 50% et souvent, les différences sont superficielles,
parfois au seul niveau du vocabulaire. Pourquoi avons-nous cette obsession de
différence? Je comprends qu'il y a certaines choses comme les actions
d'épargne ou les montants des exemptions, mais dans la plupart des cas,
le principe est exactement le même. Pourquoi les mots sont-ils
différents?
M. Martel: Je laisserai le sous-ministre adjoint à la
législation répondre à cette question.
Le Président (M. Lachance): Aux fins du Journal des
débats, voulez-vous vous identifier?
M. Saint-Jean (André): André Saint-Jean,
sous-ministre adjoint à la législation.
Vous savez qu'effectivement on a deux lois de l'impôt pour les
Québébois: la loi fédérale et la loi du
Québec. En 1972, le gouvernement du Québec d'alors a
décidé, consécutivement à la réforme fiscale
fédérale, de modifier la loi du Québec. Le gouvernement du
Québec d'alors a décidé de changer profondément la
structure de la loi. Effectivement, dans le but de faciliter la
compréhension des lois par les contribuables et également par les
spécialistes, il a été décidé alors de ne
pas suivre l'exemple fédéral. Le malheur veut que la loi
fédérale soit structurée de façon complexe. Par
exemple, certains articles ont plusieurs pages. L'article 5 de la loi
fédérale a trois pages; l'article 6 a quatre pages et demie;
l'article 11 a 20 pages; l'article 22 a treize pages, l'article 39 a sept pages
et je pourrais faire toute la loi de la même manière. Au
Québec, un article de loi a rarement plus de quinze lignes. Et un des
articles les plus longs, l'article 41, a quatre alinéas et, au total,
trente et une lignes. À ce titre, le Québec a fait mieux que le
fédéral. Je pense que pour aider les
contribuables, il faudrait inciter le fédéral à
copier Québec et non pas l'inverse.
M. Blank: Pensez-vous que la façon de l'inciter, ce serait
de faire cela à une conférence
fédérale-provinciale, essayer de dire la même chose au lieu
d'avoir deux lois différentes qui sont interprétées par la
cour de façon différente?
M. Saint-Jean: Oui, ce serait une bonne suggestion,
effectivement, d'inciter le fédéral à suivre Québec
- ce que nous avons déjà fait d'ailleurs - pour harmoniser le
vocabulaire de nos déclarations fiscales.
M. Blank: D'accord. Merci.
M. le ministre, maintenant, on va retourner à la
publicité. Avez-vous des questions?
Le Président (M. Lachance): Oui, à ce
moment-ci...
M. Blank: Excusez-moi.
Le Président (M. Lachance):... il y aurait un nouveau bloc
qui pourrait commencer. S'il y a des intervenants du parti ministériel,
ce serait le temps d'y aller.
Recours à la Cour des petites
créances
M. Beauséjour: Concernant le document de renseignements,
qui a été fourni par le ministère, quand il est question
d'un nouveau recours à la Cour des petites créances pour les
réclamations d'impôt de moins de 1650 $, est-ce que vous pourriez
nous indiquer quel est le pourcentage de réclamations qui se situe
à ce niveau?
M. Martel: Oui. Il y a eu, à Montréal, 181 causes
qui ont été entendues depuis octobre 1984; à
Québec, il y a eu 59 causes qui vont être entendues d'ici à
mai 1985, d'ici quelques semaines, ce qui fait à peu près 10 % de
l'ensemble des causes.
M. Beauséjour: Pourquoi le ministère a-t-il choisi
le chiffre de 1650 $ au lieu de, supposons, 2000 $, ce qui est encore quand
même un montant assez bas?
M. Martel: Disons que c'est un début. Cela peut monter
graduellement. Mais cela permet aux gens qui doivent des montants tout de
même restreints d'avoir recours à ce tribunal qui coûte
très peu d'argent. Je pense que cela coûte 20 $ pour aller devant
la Cour des petites créances. C'est même remboursé si le
contribuable gagne sa cause. Nous pourrons, éventuellement, augmenter
ces montants de contestation.
M. D'Amours: Si vous me permettez d'ajouter une explication, le
montant de 1650 $ a été établi à partir d'une
déduction minimale. Ce sont les impôts à payer si un
individu se voyait refuser une exemption personnelle. Alors, il fallait couvrir
au moins l'exemption personnelle. C'est pourquoi le montant de 1650 $
correspond à 5000 $ de gain.
M. Beauséjour: Merci. Sur la question des formulaires
simplifiés, qui ont été mis en application cette
année, quels sont les résultats, en gros? Je sais qu'on a vu
certaines données. Il a même été question, si cela
allait bien, de poursuivre l'expérience pour un nombre plus grand et
même, éventuellement, de l'établir dans tout le
Québec, parce qu'on sait que cela a été fait simplement
dans certaines régions.
M. Martel: Disons que c'est une expérience qui a pour but
de simplifier ces formulaires. Dans un premier temps, nous avons fait
l'expérience auprès de 2000 contribuables choisis dans trois
régions du Québec: Montréal, Trois-Rivières,
Lac-Saint-Jean-Chicoutimi. En outre, dans le même objectif de
simplification, vous savez qu'au ministère, il y a au-delà d'une
centaine de formulaires, nous avons entrepris des études qui sont en
cours qui ont pour but de simplifier ces formulaires.
Pour revenir à cette expérience précise, nous avons
reçu tout près de 900 retours de ces formulaires sans calcul des
1756 qui avaient été remis aux contribuables. Nous avons
répondu par des avis de cotisation mais, la plupart du temps, parce
qu'au ministère du Revenu, on remet des sommes d'argent plutôt
qu'on en perçoit à la fin de l'année financière...
Parce que sur 3 800 000 contribuables qui font des rapports d'impôt, nous
retournons près de 2 700 000, 2 800 000 chèques. Donc, nous avons
retourné près de 700 chèques à ces personnes qui
ont répondu rapidement à cette expérience pilote. Nous en
sommes très heureux, parce que cela fait en quelque sorte une
réponse de 90 %. Nous croyons... (11 h 30)
M. Beauséjour: Dans un délai de combien de
temps?
M. Martel: Cela a été envoyé au mois de
février, à la mi-février, et une semaine après
l'envoi de ces formulaires sans calcul, nous émettions un chèque,
pour la première fois à Revenu Québec. Cette
expérience s'avère très positive. Nous espérons
l'étendre à près de 2 000 000 de contribuables. Disons
qu'on pourra peut-être...
Une voix:...
M. Martel: Oui. Je pense qu'en
simplifiant cette mesure, en s'adressant à une clientèle
particulière, nous pouvons espérer atteindre 2 000 000 de
personnes, l'an prochain, par cette formule simplifiée sans calcul, tout
en poursuivant l'expérience sur une centaine d'autres formulaires que
nous voulons simplifier. Nous voulons améliorer les relations entre
Revenu Québec et les citoyens. C'est le but de cette expérience
pilote qui s'avère véritablement un succès.
M. Beauséjour: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Merci. M. le
député de Saint-Louis.
Coûts de publicité
M. Blank: Maintenant, je vais demander des explications au
ministre sur la hausse dans la publicité.
M. Martel: Bien sûr et avec plaisir, M. le
député de Saint-Louis. Disons que ce n'est pas tout à fait
exact ce que vous avez affirmé tout à l'heure, à savoir
que le budget de publicité a triplé pour l'exercice
1985-1986.
L'an passé, nous avions comme prévision budgétaire
290 000 $; nous en avons dépensé 180 000 $. Cette année,
nous avons effectivement 360 600 $ en publicité. Je vous l'explique de
la façon suivante.
M. Blank: Comment expliquez-vous cela? À la demande de
notre recherchiste, vous lui avez donné un document qui s'appelle "Le
ministère du Revenu, étude des crédits, demande de
renseignements de l'Opposition officielle". Je trouve ici, à la page 8:
"contrats octroyés en 1984-1985, un total de 108 950; prévisions
budgétaires pour 1985-1986, 360 000 $. En ce qui me concerne, cela a
plus que triplé.
M. Martel: Mais le budget initial de 1984-1985 était de
290 000 $.
M. Blank: Oui.
M. Martel: Nous avons dépensé le montant que vous
avez, en ce qui a trait à la campagne de publicité; ce sont les
sommes qui ont été dépensées en 1984-1985. Nous
avions prévu un plus gros budget...
M. Blank: Oui.
M. Martel:... et nous avons dépensé moins
d'argent.
M. Blank: D'accord.
M. Martel: Nous avons dépensé 108 950 $ sur notre
budget de publicité, même si nous avions un budget de 290 000
$.
M. Blank: Pourquoi est-ce que, cette année, vous triplez
vos dépenses?
M. Martel: Pour les raisons suivantes, M. le député
de Saint-Louis. Dans les années passées, le Conseil du
trésor donnait 70 000 $ au ministère des Communications, lequel
recevait notre commande de publicité. Cette année, nous avons
directement ce montant d'argent, qui s'additionne à notre budget de
publicité. C'est nous qui allons, avec le ministère des
Communications, foire cette publicité. Donc, 70 000 $ de plus qui
s'additionnent à la suite d'un transfert d'argent d'un ministère
à l'autre.
La deuxième raison, M. le député de Saint-Louis,
c'est que nous avons deux éléments nouveaux qui s'appliquent dans
la publicité, cette année, c'est-à-dire les
éléments sociofiscaux. Ce sont des programmes qui sont
déjà là, mais je pense que dans une perspective de
rétroaction, il est bon de rappeler aux gens que Logirente existe, ainsi
que le supplément de revenu garanti, le retour d'impôt foncier,
les allocations de disponibilité relativement aux enfants. C'est normal,
à l'intérieur d'un ministère, d'avoir une politique de
rétroaction qui montre aux gens que ces programmes existent et, de plus,
de déterminer les modalités, les dates, parce qu'il y a encore
beaucoup de gens qui sont mêlés. Ils ne savent pas à quelle
date tel programme se termine, de quelle façon ils peuvent se procurer
les formulaires, ainsi de suite. Donc, c'est le premier élément
et le deuxième élément qui ont fait que ce budget est
rendu à 360 600 $. Nous prévoyons que nous allons devoir donner
des renseignements supplémentaires aux contribuables à la suite
de certaines mesures qui seront sans doute connues dans le budget qui sera
présenté mardi prochain en ce qui a trait aux nouvelles mesures
fiscales qui feront suite, en quelque sorte, à ce qu'a
véhiculé le livre blanc sur la fiscalité.
Donc, ce sont les trois raisons qui ont fait que notre budget est rendu,
pour l'exercice 1985-1986, à 360 600 $: un transfert de 70 000 $ qui
nous provient du Conseil du trésor en passant par les Communications,
les deux éléments que je vous ai nommés afin de faire une
rétroaction dans nos programmes sociaux à caractère fiscal
et aussi les prévisions en ce qui a trait à une publicité
possible pour faire connaître aux citoyens, aux contribuables du
Québec, les nouvelles mesures fiscales. Il se pourrait bien, comme l'an
passé, qu'on ne dépasse pas le budget que nous nous fixons.
M. Blank: Je ferais une suggestion aux bibliothèques
nationales: qu'on amende le
Petit Robert en ajoutant le mot "rétroaction" et le
définir "de faire de la politique".
M. Martel: Non, nous avons...
M. Blank: Je trouve très curieux qu'on dépense 50
000 $ de plus, pour vanter les programmes sociofiscaux. On parle du programme
de supplément au revenu de travail administré par le ministre
depuis 1979. On n'en parle pas, mais durant l'année électorale on
dépense l'argent pour faire penser aux gens à ces petits cadeaux
qu'on a déjà donnés.
Le programme de remboursement des impôts fonciers, en 1979 aussi.
On est en 1985, on fait de la publicité en 1985. Pourquoi? Il y a une
élection. L'allocation aux logements ou Logirente, comme on appelle
cela, adoptée en 1980, on dépense l'argent depuis 1980, mais
cette année on fait une campagne de publicité. Pourquoi? On va
avoir des élections. Les allocations de disponibilité
destinées aux familles qui ont des enfants de moins de six ans, qui sont
gérées par vous autres depuis 1981, on a fait cela pour les
élections de 1981 et maintenant on veut parler de cela encore. Pendant
trois ans, on n'en a pas parlé, on en a parlé très peu, on
ne voulait pas dépenser d'argent. Cette année, on va
dépenser l'argent qui sera géré par les libéraux.
C'est nous, d'après les sondages, qui aurons la chance de
dépenser un peu d'argent, mais cette année on parle de cela dans
une campagne de publicité.
Pourquoi fait-on cela? Je ne le comprends pas du côté de
l'administration, mais je le comprends du côté politique. On prend
l'argent des citoyens du Québec qu'on ramasse avec des
intérêts usuraires et on dépense cela pour une campagne de
publicité pour se faire élire, encore comme je le dis, sur le dos
des contribuables.
Tous ces programmes étaient là depuis des années et
des années. On a dépensé l'argent pour les publiciser,
mais cette année on triple l'argent.
M. Martel: M. le Président...
M. Blank: M. le ministre, de 100 000 $ à 300 000 $, c'est
tripler. J'ai déduit les 70 000 $ que vous amenez des communications.
Cela reste encore 300 000 $ à 100 000 $, trois fois plus.
M. Martel: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Louis erre. Ce n'est pas un budget qui a
été triplé lorsqu'on dit que l'an passé, en
1984-1985, le budget était de 290 000 $, que nous en avons
dépensé 180 000 $. Cette année, les prévisions
budgétaires de 1985-1986 sont de 360 000 $ et ont pour but, justement,
de prévoir des montants d'argent qui ne seront peut-être pas
dépensés comme l'an passé. Si les mesures fiscales
annoncées dans le livre blanc ne s'appliquent pas cette année,
nous n'aurons pas à dépenser des dizaines de milliers de
dollars.
Malgré ce que vous disiez tout à l'heure, les budgets de
publicité du ministère du Revenu, depuis les deux ou trois
dernières années, n'ont pas tellement varié. Cependant,
nous avons fait, contrairement à ce que vous affirmiez tout à
l'heure, des annonces dans les journaux concernant certains programmes fiscaux
à caractère social. Nous en avons fait depuis trois ans, au moins
deux années, sauf l'an passé, nous n'en avons pas fait. C'est
pour cela que cette année nous arrivons avec une rétroaction dans
ce domaine. Vous savez comme moi, M. le député de Saint-Louis,
qu'il y a des gens qui viennent nous voir à notre bureau de
député et qui nous demandent - c'est arrivé encore la
semaine dernière: Quand votre programme de Logirente finit-il? Où
peut-on se procurer les formules? Il y a une foule de gens qui ont besoin
d'avoir ces renseignements et je pense que nous devons donner le plus
d'information possible aux contribuables pour qu'ils puissent justement se
prévaloir de ces programmes sociaux mis à leur disposition par
Revenu Québec. Ce sont les raisons, M. le Président, pour
lesquelles...
M. Blank: Ils avaient les mêmes besoins en 1981-1982 et
1983-1984. Mais en 1985, il y a une élection. Cette fois-ci, on donne
droit à leurs besoins et on dépense trois fois plus d'argent. M.
le ministre, vous dites que l'an passé, vous en aviez un budget et que
vous en avez utilisé seulement la moitié et cette année,
vous demandez trois fois plus que ce que vous avez dépensé en
disant, que peut-être vous ne le dépenserez pas. Si j'étais
un bon administrateur, je ne demanderais pas plus que ce que j'ai besoin, parce
qu'il y a toujours moyen, par budget supplémentaire, - c'est normal
qu'on le fasse, - de demander de l'argent. Si vous voulez être logique
avec vous-mêmes, vous avez dit que l'an passé, vous n'avez pas
dépensé, alors pourquoi demandez-vous cet argent si vous n'en
n'avez pas besoin? Vous en avez besoin, monsieur, parce que vous allez avoir
une élection. Vous avez besoin de publicité propagandiste. C'est
pour cela que vous en avez besoin, c'est pour cela que vous demandez cet
argent. Au moins...
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, j'ai
rappelé les trois raisons pour lesquelles le budget est rendu à
360 600 $. Il y a eu un transfert de 70 000 $ qui est un transfert tout
simplement d'un ministère à l'autre, qui était là
l'an passé, qui apparaît dans nos livres cette année. Je
vous ai dit tout à l'heure que nous avions des prévisions
d'environ 107 000 $ pour donner de
l'information à la population si le livre blanc sur la
fiscalité est mis en application. Donc, à ce moment-là, il
y a 107 000 $ qui ne seront pas dépensés si effectivement il n'y
a pas de nouvelles mesures fiscales annoncées. Mais, en gens
prévoyants, nous devons tenir compte de ces sommes d'argent parce que
nous devons informer la population sur les nouvelles mesures fiscales qui
seront... Si elles sont annoncées, il faudra informer la population
là-dessus. Donc, ce sont des mesures que nous prévoyons, des
sommes d'argent que nous prévoyons et s'il n'y a pas de changement, il
n'y a pas d'annonce à faire aux contribuables, nous ne
dépenserons pas ces montants d'argent, comme l'an passé, nous
n'avons pas dépensé la totalité du budget que nous nous
étions fixé.
M. Blank: Parlant des 107 000 $, vous parlez de campagne
institutionnelle, vous dites: S'il n'y a pas de projet du livre blanc, vous ne
dépenserez pas. Le ministre des Finances a dit en Chambre que le livre
blanc n'entre pas en vigueur dans ce budget-ci. Je ne comprends pas pourquoi
vous avez besoin d'argent pour quelque chose qui peut arriver quand le ministre
des Finances a dit lui-même que cela n'arriverait pas,
premièrement.
Deuxièmement, dans ce document que vous nous avez fourni, vous ne
parlez pas du livre blanc. Campagne institutionnelle, votre définition:
"Réalisation d'un programme d'information et de publicité
à caractère institutionnel visant à faire connaître
les nouveaux services implantés suite à la politique
d'humanisation de Revenu Québec. " Vous ne parlez pas du livre blanc,
vous parlez de votre feuille de propagande ici que vous appelez une charte du
citoyen. C'est pour cela que vous demandez les 107 000 $. C'est cela que vous
nous avez dit à moins que nous n'ayez pas dit la vérité
dans ce document que vous avez fourni à l'Opposition.
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, je tiens
à vous rappeler que dans la publicité en ce qui a trait à
la campagne institutionnelle, nous comprenons les transferts du compte
Placements-média qui est de 70 600 $, campagne portant sur les
programmes sociofiscaux que j'ai énumérés tout à
l'heure; 40 000 $, programme sur différents renseignements; 70 000 $,
programme d'humanisation. C'est là que cela arrive à 107 000 $ et
cela comprend justement ces prévisions pour annoncer les nouvelles
mesures fiscales, s'il y en a, et aussi une campagne ponctuelle dans les
médias, 73 000 $. L'an passé, nous avions prévu certaines
sommes parce qu'il est arrivé une loi qui s'appelle la loi 43. Nous
avions besoin d'argent dans le domaine de la publicité pour faire
connaître aux employeurs et aux employés les nouvelles
dispositions de cette loi. Donc, à ce moment ce n'était pas des
sommes que nous avions prévues un an à l'avance. Cette nouvelle
loi est arrivée et il nous fallait de l'argent pour la faire
connaître. Donc, on prévoit... (11 h 45)
M. Blank: M. le ministre, vous avez déjà
dépensé cet argent pour votre fameux sondage sur le projet de loi
43. Ce sont les 108 000 $ que vous avez dépensés l'année
passée. Ne demandez pas encore cela, vous les avez déjà
dépensés.
M. Martel: Les sondages, M. le député de
Saint-Louis, n'ont pas été payés par les 107 000 $ ou sur
le budget de 1984-1985.
M. Blank: Ils ont été payés par qui?
M. Martel: Cela a été payé à partir
des prévisions budgétaires.
M. D'Amours: D'autres provisions budgétaires.
M. Blank: De quoi?
M. D'Amours: D'autres provisions budgétaires.
M. Blank: Lesquelles?
M. D'Amours: Cela a été, comme on m'a dit,
payé à partir d'un virement qu'on a fait des économies
réalisées avec le formulaire. On a réalisé des
économies avec le formulaire et on a pris ces sommes pour faire ce
sondage.
M. Blank: Cette année vous voulez encore dépenser
de l'argent pour faire connaître le projet de loi 43? Je vais laisser
cela à mon confrère, M. Côté.
M. Martel: II y a aussi un nouveau projet de loi qui est
déposé en première lecture en Chambre, qui s'appelle
projet de loi 94.
M. Blank: Oui, mais... M. Martel: On verra.
M. Blank: Mais ce n'est pas encore déposé. Cela a
déjà été retiré et ce n'est pas
redéposé. Il n'y a rien devant la Chambre maintenant sur la
question des pourboires. Je ne veux pas entrer dans ce domaine.
M. Martel: Le projet de loi 94 a été
déposé en décembre et il est toujours là.
M. Blank: Je n'en suis pas certain. M. Martel: En première
lecture.
Le personnel du cabinet du ministre
M. Blank: Je ne veux pas entrer dans cela, je ne suis pas
l'expert dans ce domaine. Je vais laisser cela au député de
Charlesbourg.
Dans le même document que vous avez fourni à l'Opposition
officielle, vous avez donné le nom des membres du cabinet des ministres
et des sous-ministres. Je trouve curieuse la différence des montants.
Pour commencer, la différence du nombre de gens et, deuxièmement,
des salaires des personnes impliquées entre le cabinet de M. Marcoux,
député de Rimouski, quand il était ministre, et votre
cabinet présentement. M. Marcoux avait quatre personnes dans son cabinet
et le nouveau ministre a sept personnes. Le salaire le plus haut chez le
député de Rimouski était de 39 900 $ et le plus haut
salaire pour un des fonctionnaires du cabinet du ministre actuel c'est 68 000
$. Pourquoi cette différence?
M. Martel: M. le député de Saint-Louis, nous avons,
au ministère du Revenu, droit à une masse salariale pour le
cabinet politique, qui est de 500 000 $. Nous n'avons pas dépassé
cette masse salariale.
M. Blank: Pourquoi avez-vous besoin de tellement... Même si
vous avez l'argent, ce n'est pas nécessaire de le dépenser. On
dépense l'argent qu'on a besoin de dépenser. C'est nous qui
jouons avec l'argent des citoyens. M. Marcoux était satisfait avec un
montant total d'environ 120 000 $ par année pour son cabinet et vous
dans votre cabinet vous en avez trois fois plus.
M. Martel: C'est facile à expliquer, M. le
député de Saint-Louis. Présentement, nous avons droit
à une masse salariale de 500 000 $ et nous n'en utilisons que 80 %. Vous
faites la comparaison avec mon prédécesseur, M. Marcoux. Je tiens
à vous rappeler que le ministre du Revenu dans ce temps était
titulaire de deux ministères. Donc, il y avait du personnel politique
à deux endroits. C'est la raison qui explique pourquoi chez nous on a
plus de personnel politique.
M. Blank: Combien le ministre qui était avant M. Marcoux
avait-il de personne dans son cabinet?
M. Martel: Je l'ignore, je n'ai pas les données. Je dois
vous dire, pour rassurer le député de Saint-Louis, que nous
dépensons 80 % de la masse salariale que le Conseil du trésor
nous octroie.
M. Blank: Le montant qu'on a le droit de dépenser, c'est
une chose mais le montant qu'on dépense, on doit le dépenser pour
des raisons valables.
M. Martel: Pour répondre à votre deuxième
question, à savoir le personnel politique de M. Dean, notre personnel
politique actuellement est semblable à celui que M. Dean avait.
M. Blank: Comment se fait-il qu'on ne nous a pas donné
cela dans ce document? On a parlé seulement de M....
M. Martel: Est-ce que vous l'avez demandé, M. le
député de Saint-Louis? Est-ce que vous l'avez demandé?
M. Blank: Oui. Est-ce qu'on peut avoir cette information, la
liste?
M. Martel: Bien sûr, on peut vous donner cette information.
Vous avez demandé dans les renseignements pour l'étude des
crédits 1985-1986 la liste au 1er janvier 1984. Nous vous avons fourni
cette liste, je pense.
M. Blank: D'accord. Maintenant je demande la liste du personnel
politique de M. Dean, et les salaires de ces gens-là.
M. Martel: D'accord. Comme M. Dean était là entre
le mois de mars et le mois de décembre 1984, nous vous fournirons ces
renseignements additionnels.
M. Blank: D'accord. Je constate - je ne veux pas attaquer le
sous-ministre comme fonctionnaire mais seulement traiter de la question des
dépenses - qu'au 1er janvier 1984, selon ses documents, il y avait deux
membres dans le cabinet du sous-ministre: un directeur du bureau et une
secrétaire de ministre. Maintenant au 15 mars 1985, il a quatre
personnes. Quelle est la raison?
M. D'Amours: Enfin, sans nommer les noms, parmi les deux
personnes, il y a eu un conseiller-cadre qui a été adjoint
à mon bureau pour des projets spéciaux. Par exemple, nous avions
reçu comme mandat d'étudier la possibilité d'unifier la
perception de la CSST et du ministère du Revenu. C'est ce cadre qui a
été rattaché à mon bureau et qui avait le mandat de
mener ce dossier. Cette personne a également été
affectée à des tâches de planification, tâches qui se
faisaient d'une façon dispersée dans le ministère et
concentrée sous sa direction, ce qui veut dire qu'en plus d'avoir un
mandat additionnel au ministère, il a fait du travail qui était
fait ailleurs. La deuxième personne a été rapatriée
pour faire du travail au bureau du sous-ministre alors que ce travail-là
était aussi fait ailleurs. C'est une réorganisation
administrative.
M. Blank: Vous voulez dire que ces gens-là étaient
déjà payés par le ministère du Revenu?
M. D'Amours: Exact, ils étaient déjà au
ministère.
Le Président (M. Lachance): Oui. M. le
député de Châteauguay a demandé la parole. M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: Merci, M. le Président, je serai bref. Nous les
membres du parti ministériel, à la suite de la réforme
parlementaire, nous nous sommes retrouvés un peu sur le même pied
que les membres de l'Opposition. C'est intéressant, sauf que c'est
toujours plus délicat pour nous, alors on est un petit peu
obligés de jouer un rôle d'avocat du diable contrairement aux
membres de l'Opposition qui se prennent toujours au sérieux
évidemment quand vient le temps de l'étude des
crédits.
M. Blank: Nous sommes vraiment les diables.
La publicité de la Régie des loteries et
courses
M. Dussault: C'est connu et reconnu. M. le Président, je
voudrais profiter de la présence du président de la Régie
des loteries et courses qui est avec nous. Je n'ai pas souvent suivi les
travaux de cette commission, je ne sais pas si on a pris l'habitude de lui
poser des questions lorsqu'il venait nous visiter à cette occasion.
D'abord on a beaucoup parlé de publicité. Je remarque dans
les documents qui nous ont été fournis qu'il y a des montants de
prévus pour la publicité dans les crédits pour la
Régie des loteries et courses. D'ailleurs, l'an dernier il y avait un
montant assez substantiel qui a été très peu
utilisé, et un montant plus substantiel cette année. J'aimerais
savoir, compte tenu du mandat de la Régie des loteries et courses, quel
est le type de publicité qui se fait par la régie et à
quelle clientèle cela s'adresse?
M. Langevin (Pierre): M. le Président, la publicité
que nous avons faite et que nous prévoyons faire cette année
s'adresse d'abord et avant tout aux gens du domaine des courses, que nous
tentons d'informer le plus rapidement possible des modifications assez
fréquentes qui doivent être rapportées à la
réglementation en matière de courses, réglementation qui
s'applique généralement très rapidement, et à
l'ensemble des intervenants du monde des courses, qui sont environ 10 000, de
sorte que cette publicité se fait dans des publications
spécialisées du domaine des courses.
M. Dussault: Ce n'est donc pas la publicité, parce que
c'est le premier réflexe qu'on pourrait avoir, du genre de l'annonce
qu'on voit à la télévision - qui est excellente,
d'ailleurs - de cette femme qui a gagné à la loterie et qui dit
que ça ne change personne, avec tout l'éclat que cela donne par
la suite. C'est donc une publicité très
spécialisée. On doit mettre de l'argent, donc prévoir de
l'argent pour cela dans un budget, mais c'est vraiment d'une façon
très circonstancielle qu'on peut arriver à dépenser cet
argent.
C'est ce qui explique, par exemple, qu'on a prévu 10 000 $ l'an
dernier, mais qu'on en a dépensé 1666 $. Alors, il ne s'est pas
trouvé de raison, en cours de route, pour dépenser cet argent,
donc, ce n'était pas justifié. C'est de l'argent qui n'a pas
été utilisé.
M. Langevin: C'est cela. Le règlement sur les
bingos
M. Dussault: Puisque je vous ai, M. le président et M.
Langevin, j'aimerais vous poser une question relativement au règlement
sur les bingos. On sait - tous les députés, je pense, pourraient
le dire - la grande satisfaction que nous avons eue à l'occasion de ce
nouveau règlement sur les bingos, cela satisfait
énormément de personnes. Il y avait un petit hic dans ce
règlement, qui concernait la question des autobus. Je m'excuse de vous
l'avoir volée, M. le député de Saint-Louis; l'occasion
était belle. Puisque cette question des autobus est apparue et que cela
crée une certaine satisfaction, mais que nous avons maintenant
vécu quelques semaines avec ce règlement et cette restriction sur
les autobus, j'aimerais savoir maintenant si vous avez pu constater certaines
réalités qui nous permettraient peut-être de mieux
comprendre cette restriction et les résultats que cela donne.
Une voix:...
M. Dussault: Bien, peut-être. Enfin, je pose la question
à M. Langevin. Peut-être qu'il pourra nous donner un
éclaircissement que nous n'avons pas eu jusqu'à maintenant.
M. Langevin: M. le Président, le Code criminel, qui
détermine la possibilité pour une province ou un organisme
désigné par une province d'émettre des licences,
prévoit que, dans le cas d'organismes sans but lucratif, les profits
doivent être faits, d'abord, et être utilisés pour des fins
communautaires, éducatives, religieuses ou, encore, pour le
bien-être, si on veut, général de la communauté.
Or, cette politique de tenir des bingos et des tirages pour faire des
profits existait depuis le premier règlement, qui datait
déjà
d'une douzaine d'années. Lors de l'application de ce
règlement, la régie a constaté que les organismes qui
transportaient à leurs frais des clients pour participer à des
bingos, très fréquemment le faisaient, d'une part, parce que la
concurrence les y forçait et, d'autre part, handicapait fortement la
rentabilité de ces bingos.
La régie, de façon ponctuelle, avait d'ailleurs dû
intervenir à Sherbrooke, il y a quelques années, parce que tous
les organismes de la ville étaient en train de s'asphyxier sur le plan
financier, avec un recours très massif au transport par autobus. Par la
suite, on a réalisé que les profits nets des soirées de
bingo tenues par les organismes de Sherbrooke avaient augmenté de 46
%.
D'autres expériences ont été également
vécues dans d'autres régions du Québec et une analyse a
également été faite de la composition, si on veut, des
dépenses reliées à l'administration des soirées de
bingo. On a très fréquemment remarqué que ces frais
d'administration relatifs au transport étaient très
importants.
On a également eu le son de cloche d'organismes qui nous
disaient: On ne tient pas plus qu'il faut au transport, mais on le fait, parce
que la concurrence elle-même l'instaure et que si on ne fait pas face
à cette concurrence, on va nous-mêmes se retrouver avec des bingos
déficitaires. Alors, c'était l'objectif de rentabiliser le plus
possible ces bingos qui, il faut le rappeler, ont pour objectif de financer des
organismes qui oeuvrent dans une communauté, que ce soit sur le plan
religieux, éducatif, sportif ou purement charitable. On voulait parvenir
à permettre à ces organismes de respecter le plus possible les
objectifs qu'ils se fixent. (12 heures)
L'expérience, effectivement, est relativement courte puisque les
règles sont entrées en vigueur le 15 mars dernier. Les premiers
résultats qu'on a pu obtenir et les premiers commentaires aussi qu'on a
pu obtenir indiquent que l'objectif qu'on s'était fixé semble en
voie de se réaliser. Maintenant, comme c'est le cas de toute
réglementation que nous adoptons à la régie, ces
éléments sont vérifiés de façon
régulière, de façon à nous assurer si l'objectif
est bel et bien atteint ou si, encore, on a raté cet objectif.
Pour l'instant, je pense qu'il est encore trop tôt pour apporter
une réponse définitive.
M. Dussault: M. le Président, si je comprends bien, le
premier organisme qui a pris l'initiative d'organiser un transport par autobus
gratuit pour les personnes qui allaient devoir se déplacer sur de
longues distances pour aller jouer au bingo a un peu condamné les autres
organismes à donner un service analogue, ce qui leur a
créé des frais assez considérables. Les premiers
éléments, les premiers éclairages qu'on a nous permettent
de constater que le recul qu'a créé le règlement
là-dessus non seulement n'a pas eu d'effet négatif, mais on
constate maintenant qu'il y a plus de fonds qui rentrent chez les organismes
qui font des bingos, malgré que ce service n'existe plus, ou en tout cas
que l'incitation est disparue. C'est ça qu'on doit comprendre, au
minimum, pour le moment?
M. Langevin: C'est-à-dire que les recettes brutes peuvent
avoir tendance à diminuer légèrement, les gens pouvant
peut-être moins fréquenter les bingos, le transport n'étant
pas gratuit. Mais les profits nets, ce qui reste dans les poches de l'organisme
une fois le bingo tenu, auraient, eux, semble-t-il, tendance à
augmenter. C'est du moins ce que nos chiffres déjà obtenus
tendent à prouver.
M. Dussault: Alors, le seul inconvénient, ce serait que
des gens qui allaient jouer au bingo à l'extérieur seraient
maintenant un peu condamnés à aller jouer au bingo dans leur
milieu, mais ils joueraient quand même au bingo.
M. Langevin: C'est ce qu'on croit. M. Dussault: Merci.
Le Président (M. Lachance): Merci. M. le
député de Verdun, vous avez demandé la parole?
M. Caron: II y a la question du bingo et la question des arcades
aussi que j'aimerais soulever. C'est tellement récent que
l'expérience ne peut pas nous démontrer réellement si vous
avez raison ou tort, mais je pense que vous allez avoir raison d'avoir
empêché des gens de les transporter, ce sera plus juste pour les
gens des secteurs. Je voudrais savoir si c'est vrai ou si ce ne sont que des
rumeurs qu'on n'émet plus de permis pour des gens qui veulent organiser
des activités dans une paroisse, comme une association de hockey, de
baseball. Est-ce que c'est une rumeur seulement qu'on ne veut plus
émettre de permis pour des gens qui vont organiser des bingos?
M. Langevin: Vous faites sans doute allusion à la licence
d'organisateur professionnel.
M. Caron: Oui, c'est ça. Est-ce que c'est une rumeur ou
non?
M. Langevin: C'est purement une rumeur.
M. Caron: Pour le type qui se conforme
aux normes et qui n'a pas de dossier, il n'y a pas de
problème.
Les arcades
La deuxième question que je voulais poser au ministre concerne la
fameuse question des arcades. Je pense que, pour toutes les
municipalités, tout ça occasionne des dépenses
additionnelles de surveillance. Certaines arcades sont très bien tenues;
d'autres le sont moins. Les municipalités n'en retirent absolument aucun
revenu, le gouvernement en retire peu - je pense que c'est 300 $ par appareil,
quelque chose comme ça. Qu'est-ce que le ministre a l'intention de
faire? Je sais que ce n'est pas un dossier facile, c'est devant la Cour
supérieure, je pense que c'est un dossier que la ville de
Montréal a amené en Cour supérieure ou en Cour
suprême. Quelle est l'intention du ministère pour les
années à venir?
M. Martel: Je répondrai au député-maire de
Verdun que la cause qui est en cour présentement, je pense que ça
concerne l'âge de fréquentation des arcades, et c'est la ville de
Montréal qui est concernée. Dans ce dossier, nous avons
constaté, comme député et comme père de famille,
que ces endroits qui s'appellent les arcades et qui sont des lieux où il
y a une dizaine de machines électroniques ou jeux vidéo et plus,
peuvent être des lieux de délinquance chez les jeunes où
des lieux dont les proxénètes, les pushers ou tous ceux que vous
voulez se servent pour rencontrer les jeunes et les inciter à la
délinquance. Nous avons constaté, comme père de famille et
comme député et aussi depuis que nous sommes responsables de ce
dossier, que quelque chose doit être fait dans ce domaine-là pour
s'assurer que les droits qui sont versés à la Régie des
loteries et courses à la suite de l'exploitation de ces jeux ne soient
pas inférieurs aux coûts sociaux que ces jeux
entraînent.
C'est évident, à prime abord, que la prohibition de tels
lieux ferait qu'il y aurait un commerce clandestin comme cela a
été le cas avec les alcools aux États-Unis dans les
années trente. Ce n'est pas mauvais en soi de se servir des jeux
vidéo et de jouer à la machine à boules, mais ce sont les
lieux qui, à mon sens, doivent être mieux
réglementés. J'ai demandé au président de la
Régie des loteries et courses, à la suite d'une tournée
que nous avons faite ensemble en février, de voir la possibilité
d'amender la Loi sur les loteries et courses de façon que la
Régie des loteries et courses ne soit pas limitée uniquement
à son rôle d'émetteur de permis sur les machines
électroniques, les jeux vidéo. Il faut qu'elle puisse, par cette
modification à la Loi sur la Régie des loteries et courses,
contrôler, comme elle le fait pour les bingos et les tirages, les gens
à qui elle délivre des permis et aussi, par cette modification
à la loi, contrôler aussi les lieux de façon que ce ne
soient pas des lieux qui servent à la délinquance.
C'est ce à quoi le président de la régie s'emploie
présentement, à préparer des amendements à cette
loi de façon que nous ayons un contrôle, dans un premier temps,
pour nous assurer de protéger ces endroits qui ne détiennent
présentement qu'un permis des municipalités. Or, la
municipalité va délivrer un permis pour ces arcades comme elle le
fait pour un magasin de chaussures et pour un magasin de lingerie, sans faire
enquête sur les antécédents des propriétaires de ces
lieux et sans par la suite contrôler ces lieux-là. Nous trouvons
qu'il y a des lacunes dans notre Loi sur les loteries et courses. C'est pour
cela que j'ai demandé au président de me soumettre des
modifications possibles pour que nous puissions contrôler les
détenteurs de ces permis, les qualifications de ces gens-là et
aussi voir à ce que les lieux soient bien tenus. C'est à cela que
la régie travaille présentement.
M. Blank: Seulement sur cette même question, la
façon de réglementer, vous avez peut-être pensé
à avoir une sorte de réglementation comme celle qu'on a eue avec
la Régie des permis d'alcool, où on doit faire une demande et
où on a besoin de certaines qualifications, sur la question des
antécédents criminels, etc., sauf pour y ajouter ce qu'on a
ôté de la Loi sur la Régie des alcools,
l'intérêt public. Je dois dire que la personne qui demande un
permis doit montrer qu'il y a un intérêt public pour avoir cette
place à cet endroit. La municipalité peut réglementer le
zonage. Il n'y a pas de problème à cela; à la Régie
des alcools, si la ville ne donne pas de permis, la régie ne donne pas
de permis, mais si la ville donne un permis, la régie doit avoir un
pouvoir de réglementer où et à qui on donne ces permis.
C'est peut-être une façon d'agir parce que l'intérêt
public est la chose la plus importante ici.
M. Martel: L'intérêt public, c'est cela qui doit
dominer à la Régie des loteries et courses. Ce n'est pas
l'intérêt des exploitants de ces jeux qui doit préoccuper
le président de la régie.
M. Blank: C'est cela. Vérifier si le monsieur a des
antécédents, ce n'est pas assez. La place c'est aussi important.
On ne veut pas avoir une arcade à côté d'une
école.
M. Caron: M. le ministre, justement, j'en ai une...
M. Martel: Et on ne veut pas que ces arcades soient
détenues par des gens qui ont des antécédents...
M. Caron: Cela aussi. M. Martel:... judiciaires.
M. Caron: M. le ministre, j'en ai une qui est juste devant une
école. Alors, les jeunes de dix ou douze ans, le midi, l'argent que les
parents leur donnent...
Une voix: Qui a donné le permis à Verdun?
M. Caron:... pour dîner, ils vont justement à
l'arcade le dépenser et ils se privent de manger. Je pense qu'il faut
penser à l'intérêt public. Dans d'autres places, aussi,
c'est que le propriétaire fait des avances aux jeunes. Oui, cela se
fait.
M. Martel: Oui.
M. Caron: II fait des avances au jeune pour pouvoir jouer, mais
le jeune est obligé de le lui remettre. Cela, c'est un peu comme quand
on parlait de "shylock" tout à l'heure, avec les taux
d'intérêt usuraire. L'emprunteur est obligé de remettre son
prêt à un taux d'intérêt abusif. Cela se fait. Ce
n'est pas moi qui ai inventé cela. Je peux vous dire que cela se fait
à certaines places.
M. Martel: Initialement...
M. Caron: Le jeune est obligé d'aller voler pour pouvoir
remettre cet argent s'il veut être encore client ou être
accepté à certaines arcades. Cela se fait à
Montréal, je tiens à vous dire cela.
Une voix: À Verdun...
M. Caron: Sur le territoire de Montréal. Je pense que
c'est urgent qu'il y ait une réglementation dans ce domaine. Je dois
vous dire qu'on a énormément de plaintes des parents et on n'a
pas d'outils pour leur donner satisfaction. Je pense que le ministère
devrait se pencher sur la chose dans les plus brefs délais possible. Je
ne suis pas contre une arcade, en principe, qui est bien tenue, qu'il y ait des
gens d'un certain âge qui aillent là. Il n'y a pas plus de mal que
d'aller dans une brasserie, enfin, mais il y a certaines arcades qui sont
très mal tenues, qui sont des lieux de diffusion de drogue et d'autres
choses aussi. Je pense que c'est à votre ministère à voir
à cela et cela devrait être fait dans le plus bref délai
possible.
M. Martel: M. le député-maire, je me posais la
question quand vous parliez d'une arcade située en face d'une
école. Qui a donné le permis à ces gens le permis
municipal?
M. Caron: II y a des droits acquis, vous savez, si on va loin
là-dedans. Nous, on n'en a plus de permis à Verdun, quand on a eu
une permission sur un projet de loi privé, je pense que c'est venu dans
la loi générale après cela. Mais il y a des gens qui ont
des droits acquis, vous savez, dans certains cas. Nous, on n'en donne plus,
mais ceux qui sont là le sont et même le jugement qui est en cours
nous empêche de procéder. Le juge municipal ne peut pas continuer
à procéder tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas une
réponse.
M. Martel: Des droits acquis comme ce droit qui vous permet
d'être maire et député!
M. Caron: Un petit peu comme moi!
M. Martel: Je suis d'accord avec vous. Je suis très
heureux de voir qu'on fait l'unanimité sur le danger que peuvent
représenter certains lieux qu'on appelle les arcades et
l'unanimité sur l'orientation qu'on veut donner à cet amendement
aux règlements des loteries et courses. Je pense, M. le
Président, qu'une telle unanimité devrait accélérer
ce que vous m'avez soumis, qui n'est pas encore complet et que nous pourrons,
dès les mois à venir, soumettre cela au Conseil des ministres de
façon que ces lieux soient contrôlés et que les
dépenses sociales pour lutter contre la délinquance ne soient pas
supérieures à ce que peut rapporter à la Régie des
loteries et courses la délivrance des permis de jeux vidéo que
détiennent ces arcades.
Donc, je suis très heureux de votre position et des actions
concrètes vont être entreprises dans les mois à venir pour
réglementer davantage ces lieux de jeu.
M. Blank: Cela vient de mon comté, de toute la rue
Sainte-Catherine dans l'ouest, cela devient un "honky-tonk" à cause des
arcades. Il peut y avoir des arcades, une ou deux, mais maintenant, c'est
presque rendu à chaque porte. On avait des "strip joints" avant; les
"strip joints" sont partis et on a à présent des arcades. Je
pense que si on décide d'émettre des permis un peu comme des
permis de la Régie des alcools, on peut les contrôler. Comme vous
le dites, ce n'est pas nécessaire de les prohiber, mais il faut les
contrôler.
Contrat à Mme Micheline D'Amours
J'ai une couple de questions, M. Langevin. Je constate ici dans les
contrats de moins de 25 000 $, qu'une Mme
Micheline D'Amours, qui n'est pas apparentée au sous-ministre du
tout a eu un contrat...
M. D'Amours: Je le jure, non.
M. Blank:... de 4750 $ pour des honoraires pour services
professionnels reliés à l'administration. De quoi s'agit-il? Et
pourquoi avons-vous dépensé cet argent?
M. Langevin: Mme D'Amours a été engagée pour
préparer un manuel de procédure administrative applicable aux
employés de soutien administratif qui travaillent sur les pistes de
courses. Ainsi que vous le savez, les cinq pistes de courses avec pari mutuel
au Québec reçoivent les services de la régie, que ce soit
par l'intermédiaire des juges de courses, juges de paddock,
vétérinaires et également des employés de soutien
administratif qui doivent jouer un rôle relativement complexe, soit de
soutien aux juges, soit dans la délivrance des permis ou encore dans
même le suivi des plaintes disciplinaires qui émanent des juges de
courses.
Alors, le rôle de Mme D'Amours a été de
préparer ce manuel applicable aux employés de soutien qui
travaillent sur les pistes et d'en assurer la mise en application en se rendant
sur chaque piste expliquer ce manuel et faire en sorte qu'il soit
respecté.
M. Blank: De quel domaine vient-elle? C'est une professeurs
d'école ou une administratrice?
M. Langevin: Mme D'Amours a une formation universitaire. Je dois
vous avouer que j'ignore la nature exacte de sa formation, mais cette formation
se doublait d'une période de travail sur une piste de courses à
titre d'employée occasionnelle au cours de l'année 1983, si je me
souviens bien, de sorte qu'elle combinait à la fois une connaissance du
quotidien des bureaux et également une formation et des études
qui lui permettaient de préparer un manuel et d'en assurer la mise en
application.
M. Blank: Mais, ce n'est pas vous qui l'avez engagée?
C'est un de vos administrateurs?
M. Langevin: C'est au service des courses qu'on a assuré
l'engagement avec le secrétariat de la régie.
M. Blank: Qui?
M. Langevin: Le secrétariat de la régie et le
service des courses.
M. Blank: Qui est régisseur dans votre... Qui sont les
régisseurs? Combien de régisseurs avez-vous?
M. Langevin: Nous sommes quatre. Le vice-président est Me
Yves Gauthier et les...
M. Blank: M. Yves Gauthier, c'est le notaire Ti-Lou Gauthier
qu'on l'appelle?
M. Langevin: Oui.
M. Blank: Le fameux...
M. Langevin: Et les membres de la régie sont Me Daniel
Côté et M. Gilles Michaud.
M. Blank: M. Gilles Michaud, l'ancien député de
Laprairie?
M. Langevin: Oui.
M. Blank: Au moins deux sur quatre.
M. Martel: II y a de la place pour d'autres commissaires, si vous
voulez postuler un emploi.
M. Blank: Je peux faire la recommandation à mon
collègue ici. Personne ne s'en va. Des 49 qui sont ici, 48
retourneront.
Une voix: Oh! Oh!
M. Caron: Je peux dire personnellement que je suis conscient de
ce qui se passe. Dans l'ensemble, cela va bien de ce côté.
Indirectement, j'ai des commerces moi aussi et je suis cela de près.
Mais je ne suis pas trop achalant, M. le Président, je pense, pour bien
dire que...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Châteauguay.
M. Caron:... je ne me sers pas de mon pouvoir de
député pour appeler chez vous.
M. Martel: J'espère.
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le
député de Châteauguay, vous en avez une petite courte.
Remboursements à certains travailleurs
autonomes
M. Dussault: Une petite courte, oui, M. le Président.
À la page 28-1 des crédits 1985-1986, au programme 3, au chapitre
des remboursements à certains travailleurs autonomes d'une partie de
leur contribution au Régime de rentes du Québec, il y a par
rapport à l'année précédente une diminution de
quelques milliers de dollars. Est-ce que c'est une diminution qui est due
essentiellement au nombre de bénéficiaires ou s'il y aurait
d'autres explications à cela?
M. Martel: Oui, disons que le nombre des
bénéficiaires y est pour quelque chose et également, on
déborde un peu le plancher. Si vous avez remarqué, tout à
l'heure, lors de l'exposé, les crédits sont de 305 000 $ et nous
n'avons pas à les voter, parce que ce sont des crédits
permanents, et cette différence a un rapport direct avec le nombre des
contribuables.
M. Blank: J'aurais pensé que le député de
Châteauguay poserait une question sur les Indiens de Kahnawake qui
demandent une exemption de la taxe sur l'essence. Il semble qu'ils aient droit
à ce moment-ci à une exemption de la taxe de vente mais ils
demandent une exemption de la taxe sur l'essence. Est-ce que c'est à
l'étude, cette affaire?
M. Martel: Disons que c'est un sujet qui fait l'objet de
discussions à l'intérieur du ministère à savoir si
nous devrions exempter de la taxe l'essence vendue sur le territoire des
réserves indiennes. Une décision devrait être prise
incessamment concernant cette question. Ces citoyens sont déjà
exemptés de la taxe de vente sur la réserve évidemment. Je
pense que, d'ici à quelques semaines, nous aurons une décision
à leur communiquer en ce qui a trait à la remise possible de la
taxe sur l'essence qu'ils ont à payer lorsqu'ils achètent
l'essence sur la réserve.
M. Dussault: Est-ce que le député de Saint-Louis
peut me permettre un détail additionnel?
M. Blank: Certainement, c'est dans mon comté, Kahnawake,
je pense.
M. Dussault: Si je comprends bien M. le ministre, il s'agit d'une
exemption de taxes essentiellement pour les résidents de la
réserve de Kahnawake. Cela veut donc dire que les passagers, ceux de
toute la région qui circuleraient dans la réserve et qui auraient
acheté de l'essence, ne seraient pas exemptés de la taxe. Je
suppose que cela pose un gros problème de contrôle?
M. D'Amours: C'est la raison pour laquelle la discussion est
actuellement et tout d'abord très technique. Il y a eu des rencontres
récentes avec les nations. Le SAGMAI, qui pilote ces rencontres, a fait
intervenir le ministère du Revenu pour des problèmes de
contrôle, pour essayer de trouver une formule qui pourrait accorder cette
exemption demandée et enfin réunir très bientôt les
techniciens du Revenu, des Finances et du SAGMAI pour formuler une
recommandation au ministre des Finances.
Les états de compte de 5 $ et moins
M. Blank: J'ai une dernière question qui s'adresse au
ministre avant de fermer la boutique. Le fameux envoi de comptes de 0, 01 $ ou
de 0, 02 $, combien peut vraiment coûter à la province cette
petite erreur que vous avez faite?
M. Martel: Vous avez constaté l'avis que nous avons mis
dans les journaux concernant ces fameux comptes de 0, 01 $. Vous avez raison,
cela coûtait beaucoup plus cher de les envoyer que ce qu'on pouvait
percevoir. Cela coûte environ 1, 15 $ à 1, 25 $ pour envoyer un
état de compte et c'est évident que ce n'était pas
nécessairement un bon calcul. Cependant, c'est corrigé; cette
situation-là ne se répétera plus. Je dirais même
que, pour les comptes de 5 $ et moins, il n'y en a plus non plus. Cependant,
à l'occasion d'une cotisation, l'année suivante, le contribuable
recevra évidemment, s'il doit 4, 99 $, un avis indiquant qu'il doit un
montant de 4, 99 $ en plus de son avis de cotisation, mais il ne sera plus
"bâdré" par ces comptes périodiques inférieur
à 5 $.
M. Blank: Combien de comptes de moins de 1 $ avez-vous
envoyés?
M. D'Amours: Environ 50 000. On disait, sur ces comptes, que nous
n'exigions pas le paiement, ce qui veut dire que cela réduit d'autant le
coût. Seulement l'envoi du bout de papier peut coûter 0, 45 $
environ et, lorsqu'on ajoute l'encaissement, comme M. le ministre vient de le
dire, cela monte à 1, 15 $, 1, 25 $.
M. Blank: D'accord.
M. Caron: J'espère que cela ne surviendra pas à
nouveau, franchement, cela insulte le type en mosus.
M. Martel: Je suis entièrement d'accord, cela a même
insulté le ministre de voir un compte de 0, 01 $ dans le journal.
M. Caron: Moi, j'en ai eu un pour 3000 $, c'est pas mal.
M. Blank: D'accord, on va revenir cet après-midi à
la question des pourboires, après la période des questions.
M. Martel: Avec plaisir, M. le député de
Saint-Louis.
Le Président (M. Lachance): Alors, est-ce qu'on adopte les
crédits immédiatement?
M. Blank: Si vous le voulez, ça ne me dérange pas.
On sera ici cet après-midi, on pourra donc le faire cet
après-midi.
Le Président (M. Lachance): Cela veut dire que la
commission... Oui.
M. Dussault: M. le Président, est-ce qu'on doit comprendre
que, cet après-midi, il n'y aura pas de questions sur les crédits
comme tels, parce que la question des pourboires, c'est plutôt sur une
politique que sur les crédits. À ce moment-là, M. le
Président, je demande qu'on adopte les crédits. Je ne vois pas
pourquoi on ne le ferait pas.
M. Blank: Vouiez-vous que je parle cinq minutes, je parlerai
jusqu'à 12 h 30.
Le Président (M. Lachance): Si j'ai bien compris l'entente
entre le ministre et le porte-parole de l'Opposition...
M. Dussault: Non, mais c'est une question de bonne entente. On
n'a pas à discuter ses crédits.
M. Blank: Oui, cela va bien, cela allait bien, et je vous donne
ma parole qu'ils seront adoptés. Je les adopterai à la fin de
l'étude des crédits de ce ministère.
M. Dussault: Vous voulez dire que vous allez voter pour les
crédits cet après-midi?
M. Blank: Oui, M. le député et le
député de Verdun aussi.
Le Président (M. Lachance): Nous allons clore cette partie
de la séance et la commission du budget et de l'administration suspend
ses travaux jusqu'après la période des affaires courantes cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise à 15 h 41)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration poursuit ses
travaux avec le mandat d'étudier les crédits du ministère
du Revenu.
Comme il avait été convenu entre le porte-parole officiel
de l'Opposition, le député de Saint-Louis, et le ministre du
Revenu, le député de Richelieu, pour la période de temps
d'ici 17 heures, les discussions porteront, avant l'adoption des
crédits, essentiellement sur la question des pourboires. Je laisse la
parole au ministre s'il désire faire une intervention
préliminaire, ou bien si vous préférez attendre...
M. Martel: Mon intervention préliminaire a
été faite ce matin. Je préfère entendre les
questions.
Le Président (M. Lachance): Très bien. M. le
député de Charlesbourg.
Les travailleurs au pourboire
M. Côté: M. le Président, compte tenu de
l'importance du dossier et de la période dans laquelle nous nous
retrouvons cette année, en avril, où tout le monde a à
faire des rapports d'impôt avant la fin d'avril, je pense qu'il importe
de faire un retour sur le fameux dossier du projet de loi 43, qui est devenu le
projet de loi 94, pas adopté, avec l'intention de le faire adopter par
les prédécesseurs du ministre, député de
Richelieu.
On se souviendra que l'Opposition officielle, en troisième
lecture, à l'époque, en décembre 1983, avait voté
contre l'adoption du projet de loi 43. Bien des intervenants ne s'opposent pas
à certains principes contenus dans la loi, mais plusieurs de ceux-ci
l'ont décriée comme étant irréaliste, injuste et
inapplicable. Je pense que le nouveau ministre du Revenu, qui est là
depuis décembre, est peut-être à même, dans ses
rencontres quotidiennes, de constater que, effectivement, la loi 43 pose
d'énormes problèmes d'application.
Des études très sérieuses qui ont été
faites par l'entreprise privée ont démontré que cette loi
43 causait des préjudices énormes et mettait en péril
l'industrie. Je voudrais rappeler au ministre, pour être bien sûr
qu'on se comprend bien, huit conclusions de l'étude de l'Association de
l'industrie touristique du Canada en rapport avec la loi de 8193, étude
qui a été publiée en mai 1984.
Première conclusion: une réduction de 10 % du revenu d'un
des groupes les moins bien rémunérés au Québec. La
deuxième: la discrimination entre les classes de travailleurs au
pourboire, puisque la loi ne vise que certains travailleurs de la restauration
et de l'hôtellerie et qu'elle ignore des groupes comme les chauffeurs de
taxi, les coiffeurs et les chasseurs. Ainsi, deux travailleurs au pourboire qui
travaillent pour le même employeur pourraient être traités
différemment; l'un serait assujetti à la loi 43 alors que l'autre
ne le serait pas. La troisième: l'encouragement de la croissance de
l'économie souterraine, liée au désir des travailleurs
d'être rémunérés principalement au comptant afin de
continuer à déclarer une partie seulement de leurs revenus. La
quatrième: une augmentation de 10 000 000 $ au chapitre du fardeau
inhérent à la déclaration pour les employeurs ainsi que
des augmentations importantes des cotisations à la
sécurité sociale de 46 000 000 $ par année. La
cinquième: un risque important pour la qualité du service
touristique en raison du mécontentement que les travailleurs ressentent
à l'égard de la loi
et des conflits qu'elle crée parmi les travailleurs et entre les
travailleurs et la direction. La sixième: un drainage de quelque 75 000
000 $ de l'économie provinciale pour un rendement net de seulement 600
000 $ à verser dans le trésor provincial. La septième: une
hausse des prix du service de restauration, qui pourrait atteindre
jusqu'à 4, 5 %, en plus d'une inflation normale. La huitième: une
perte possible de 3200 emplois.
Telles étaient, M. le Président, les huit conclusions
auxquelles en arrivait la firme Caron, Bélanger, Dallaire, Gagnon et
Associés de Montréal, à la suite d'une étude
effectuée pour le compte de l'Association de l'industrie touristique du
Canada, une étude qui, jusqu'à maintenant, n'a été
contestée par personne.
L'Opposition, dans ce dossier, a été très active,
le ministre s'en souviendra certainement. Après une tournée de
consultation, nous avons exigé un moratoire sur la loi, mené
plusieurs débats à l'Assemblée nationale,
suggéré un mandat d'initiative à la commission de
l'économie et du travail pour étudier ce problème et
l'ensemble de la problématique de ce secteur, puisque cette loi
représentait la goutte d'eau qui faisait déborder le vase.
Toutes nos demandes ont été évidemment
rejetées. Seul le moratoire sur le mécanisme d'attribution a
été accordé. On se souviendra qu'après avoir
refusé à la commission de l'économie et du travail le
mandat qu'on voulait confier à cette commission le gouvernement, par
l'entremise de son ministre, mandatait un comité indépendant pour
faire exactement la même étude qui avait été
demandée au niveau de la commission.
Le gouvernement a donc, par la suite -on s'en souviendra - en juin 1984,
présenté un projet de loi qui visait à colmater certaines
brèches, vu les manifestations qu'il y avait eu sur la colline
parlementaire et un peu partout à travers la Québec, la fameuse
loi 94.
Le gouvernement a alors décidé d'accélérer
la formation du comité d'étude qui était
déjà promis, soit dit en passant -c'est un rapport qui
était prévu, à l'époque -pour le 17 décembre
1984. Il avait combien de détermination, le député de
Prévost, mais il nous l'avait promis à l'époque. Il s'est
donc retrouvé, encore une fois, dans une situation très
inconfortable, puisque les membres du comité, formé seulement le
29 octobre 1984, lui ont posé un ultimatum. Il est bon de se le
rappeler; il se retirerait si le projet de loi était ramené avant
qu'ils soumettent leur rapport. Celui-ci était prévu pour la
mi-mars. Les amendements n'ont donc pas été ramenés en
Chambre.
À l'heure actuelle, c'est la loi 43 qui s'applique, donc la loi
originale, la loi votée par l'Assemblée, sauf les dispositions
relatives à l'attribution qui font toujours l'objet d'un moratoire. Je
pense qu'il est donc exact de se dire, au moment où on se parle, que le
problème perdure et que le fédéral ne s'est toujours pas
prononcé sur la question de l'assurance-chômage, pièce
maîtresse des revendications du milieu.
Le nouveau ministre, M. le député de Richelieu, a
confirmé, dans ses réponses du 27 mars 1983, que la situation
n'était pas près d'un dénouement, si j'ai bien compris
l'essence des propos que j'ai pu relire par la suite.
Le rapport du comité ne sera pas complété avant
quelques mois et rien n'a avancé avec le fédéral, alors
que le ministre parle encore d'une rencontre possible avec Mme Flora MacDonald.
Je pense que c'est faire un constat de la situation que de se dire, au moment
où les Québécois sont tenus de faire un rapport
d'impôt avant la fin d'avril, que les travailleurs au pourboire sont dans
une situation tout à fait injuste à leur égard.
Bien sûr, le ministre pourra me dire: Tout citoyen ayant des
revenus doit déclarer ses revenus, comme le stipule la Loi sur les
impôts et, là-dessus, il n'y a personne qui contredira le
ministre.
Donc, nous sommes devant la situation où des gens doivent
produire leurs rapports d'impôt qui seront traités,
éventuellement, par votre ministère, sans que plusieurs questions
aient reçu de réponses. Je me souviens, entre autres, d'un
débat que nous avons eu en Chambre en mars 1984 et où le ministre
actuel du Revenu s'est abstenu sur un certain vote, à la suite des
pressions répétées de certains éléments de
sa circonscription qui manifestaient grandement contre le projet de loi et
à la suite de certaines visites à son bureau. J'imagine que le
ministre n'a pas oublié les revendications de ces travailleurs et
travailleuses, principalement de son comté, qui reflétaient
l'idée d'autres travailleurs à travers tout le Québec.
Ma question est fort simple à ce moment-ci et j'en aurai
plusieurs qui suivront pour tenter d'éclairer le problème. Est-ce
que vous avez toujours, M. le ministre, la même opinion concernant la loi
43, aujourd'hui, au moment où on se parle, qu'en mars 1984, alors que
vous vous êtes abstenu de voter sur un amendement déposé en
Chambre?
M. Martel: Vous me permettez de répondre, M. le
député de Charlesbourg. Effectivement, j'ai toujours la
même opinion que celle que j'avais à ce moment-là et je
n'ai pas changé, car cette législation a été
amenée par le gouvernement du Québec à la suite d'avis de
cotisation qui avaient été émis par le gouvernement
fédéral pour une catégorie de travailleurs qui s'appellent
les
travailleurs au pourboire, dans la région de l'Estrie, par
exemple.
À ce moment-là, les travailleurs au pourboire nous avaient
dit: Cela ne nous fait rien de payer des impôts comme tous les
contribuables canadiens et québécois pour autant,
évidemment, que nous ayons l'équité sociale. À
partir de là, le projet de loi 43 est venu, qui a pour principe
d'établir l'équité fiscale; à ce moment-là,
tous doivent leurs payer ses impôts sur la totalité des revenus
qu'ils reçoivent. Dans le cadre de cette équité sociale,
je pense que les travailleurs au pourboire ont eu des gains importants en ce
qui concerne cette couverture dans le domaine social. Par exemple, avant ce
projet de loi, les gens ne pouvaient avoir un régime de rentes complet,
parce que c'était calculé simplement sur une partie du salaire
sans inclure les pourboires; la même chose s'appliquait dans le cas de la
santé et de la sécurité du travail et également
concernant la Commission des normes du travail. Évidemment,
l'assurance-chômage, c'est la lacune, parce que les employés au
pourboire peuvent profiter de cette mesure sociale simplement sur la partie des
salaires déclarés.
Donc, il reste un point majeur à clarifier dans mon esprit,
c'est-à-dire à obtenir du gouvernement fédéral
cette couverture d'assurance-chômage sur la totalité des revenus
déclarés par les employés au pourboire. À partir de
là, je tiendrais à dire, M. le député de
Charlesbourg, que vous avez fait état de commentaires qui ont
été faits par une commission d'étude. Nous,
également, avons fait un sondage en mai 1984, qui a été
rendu public et déposé à l'Assemblée nationale
à l'automne 1984, où il est dit que 70 % des employeurs et
employés s'étaient ajustés et vivaient très bien
avec la loi 43.
À ce moment-là, disons que, de la façon dont les
employés au pourboire interprétaient le projet de loi, on se
rendait compte, évidemment, que la lacune était justement
l'assurance-chômage. À partir de là, nous avons eu des
ententes, nous avons eu des échanges avec le ministère de
l'Emploi et de l'Immigration de façon que les travailleurs au pourboire
soient couverts sur la totalité des salaires et des pourboires qu'ils
déclarent à Revenu Québec. Justement, la semaine
dernière, je demandais une rencontre à Mme Flora MacDonald,
responsable de l'Emploi et de l'Immigration, de façon que ces
travaileurs au pourboire aient cette dernière équité
sociale qui donnera vraiment un sens complet à ce projet de loi qui
s'appelle la loi 43.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, qu'en janvier 1984 il y
a eu une déclaration ministérielle par mon
prédécesseur, M. Dean, lorsqu'il a déposé le projet
de loi 94, et il a également annoncé la formation d'un
comité d'action qui s'appelle depuis le comité Pelletier, qui a
justement pour but de voir les problèmes dans cette industrie importante
et de faire des recommandations.
Ce comité, comme vous le savez, représente des gens des
syndicats, CSN, FTQ, des employés, des associations d'hôtellerie,
de restauration, des représentants des travailleurs au pourboire et ces
mêmes gens, tous ensemble, se sont réunis à plusieurs
reprises et ont fait un genre de moratoire en ce sens que, pendant leur
travail, leur principale préoccupation, évidemment, c'est de voir
ce qu'Ottawa fera pour cette équité sociale qui s'appelle
l'assurance-chômage.
À partir de là, évidemment, les recommandations
viendront de ce comité d'action, de ce comité Pelletier, et nous
procéderons par la suite avec le projet de loi 94, qui est toujours
inscrit au feuilleton en première lecture.
M. Côté: Je suis un petit peu étonné.
Je pensais que le ministre démontrerait beaucoup plus d'ouverture face
aux problèmes vécus par les travailleurs et vous m'étonnez
un peu de vous réfugier derrière le sondage de l'IQOP pour nous
dire que 70 %, ou à peu près, des travailleurs se sont
ajustés à la loi 43.
Réglons les problèmes un à un. D'abord, dans sa
déclaration du 13 mars 1984, votre prédécesseur, le
député de Prévost, nous disait qu'aucune information
obtenue à la suite de l'application de la nouvelle loi 43 ne sera
utilisée pour retourner en arrière et pénaliser les
employés pour les années antérieures. Cela, c'est
cité textuellement du Journal des débats, à la page 5102
du 13 mars 1984.
Le 22 mars 1984, aux pages 5415 et 5416 du Journal des débats, le
député de Richelieu et ministre actuel du Revenu s'abstenait de
voter pour un sous-amendement au projet de loi 43 visant à -et je cite
le sous-amendement qui avait été déposé - garantir
que les déclarations des employés ne soient pas utilisées
pour des fins de cotisation rétroactive. Est-ce que le
député de Richelieu, ministre du Revenu, peut aujourd'hui
garantir aux travailleurs et aux travailleuses au pourboire qu'il est dans les
mêmes dispositions que celles où il était au moment
où il s'est abstenu de voter sur ce sous-amendement?
M. Martel: Je ne me suis jamais abstenu de voter en ce qui a
trait au fait que Revenu Québec ne retournera pas en arrière des
déclarations d'impôt depuis janvier 1984 pour aller cotiser les
travailleurs au pourboire. Je n'ai jamais voté contre cela à
l'Assemblée nationale. Même j'ai dit, le mois passé,
à l'Assemblée nationale, lorsque j'étais questionné
sur cela, que cela avait été une décision du Conseil
des ministres qui avait été annoncée par mon
prédécesseur, M. Dean, et que je la maintenais,
c'est-à-dire que nous n'irions jamais, à Revenu Québec,
sur les rapports d'impôt antérieurs à janvier 1984,
c'est-à-dire au moment de l'application de la loi 43. J'ai dit en
Chambre, M. le député de Charlesbourg - si vous voulez
vérifier dans le Journal des débats - lorsque j'ai
été questionné avant Pâques, ce que je viens
d'affirmer.
M. Côté: Ce que je dis au ministre...
M. Martel: J'affirme encore aujourd'hui que Revenu Québec
n'ira pas en arrière pour cotiser les employés au pourboire
depuis qu'il y a l'application de la loi, c'est-à-dire janvier 1984.
M. Côté: On se comprend bien. Si j'ai voulu, par mes
propos, laisser insinuer que le ministre... Ce n'est pas cela que j'avais
derrière la tête. Ce que je voulais... C'est que la proposition
d'amendement soumise à l'Assemblée nationale, à ce moment,
visait à inclure dans la loi la garantie qu'il n'y aurait pas de retour
en arrière par le ministère du Revenu. On connaît les
tactiques: le ministère fédéral et le ministère du
Revenu provincial, vous vous entendez très bien quand il s'agit de vous
échanger des informations ou que quelqu'un y aille en premier et que
l'autre y vienne automatiquement. C'était cela, le litige qu'il y avait
à l'époque.
M. Martel: Je n'ai jamais voté contre cela.
M. Côté: Non, non. Un instant, je finis, je veux
juste terminer.
M. Martel: D'accord.
M. Côté: Je regarde ici, vous n'avez pas voté
contre, vous vous êtes abstenu de voter. C'est très clair, je l'ai
ici à la page du Journal des débats que je peux transmettre au
ministre. Le secrétaire adjoint, lorsqu'on parle d'abstention: M.
Martel; c'était 35 contre 55 et une abstention.
Ce que je veux savoir du ministre, aujourd'hui... Comme c'était
le cas à l'époque aussi, le député de
Prévost était un bon homme, un gars sympathique, un chic gars qui
était probablement très bien intentionné, comme vous
l'êtes vous aussi, d'ailleurs, mais, pour protéger les
travailleurs et travailleuses au pouboire de cette possibilité que
quelqu'un d'autre, éventuellement, puisse appliquer la loi de
manière différente, on a dit: Mettons-le dans la loi. C'est la
proposition claire et nette qu'on faisait et c'est là-dessus que vous
vous êtes abstenu. Vous n'êtes pas contre le principe, vous vous
êtes abstenu sur le vote quant à inclure dans la loi cette
possibilité.
M. Martel: Non, dans mon esprit, je ne me suis pas abstenu pour
ces raisons. D'ailleurs, je dois rappeler au député de
Charlesbourg que, pour le principe de la loi 43, en deuxième lecture,
l'Opposition libérale a voté en faveur également.
Même si, en troisième lecture, vous avez voté contre, vous
étiez en faveur du principe qu'il devait y avoir une
équité fiscale et aussi une équité sociale.
M. Côté: C'est cela, mais on va y revenir. C'est la
prochaine étape.
M. Martel: Moi aussi, je suis d'accord avec cela, que ces deux
principes de la loi s'appliquent. (16 heures)
M. Côté: C'est la prochaine étape. Ce que je
voulais vérifier, à ce moment-ci, c'est si le ministre
était dans les mêmes dispositions, parce que, sur le retour en
arrière, vous me dites que non, il n'est pas question de revenir en
arrière sur le plan de la cotisation, ni directement, ni
indirectement.
M. Martel: C'est exact.
M. Côté: C'est entendu que, directement, ce sont des
procédures qui pourraient être entreprises par le ministère
du Revenu du Québec et, indirectement, si le gouvernement
fédéral par son ministère du Revenu décidait de le
faire, l'automatisme qu'on dénote dans certains dossiers ne s'applique
pas dans le cas du Québec.
M. Martel: M. le député de Charlesbourg, je ne peux
prendre des décisions au nom du gouvernement fédéral;
cependant, mon sous-ministre a pris des ententes avec le sous-ministre
fédéral, à savoir qu'il ne lui transmettra aucune
information en ce qui a trait aux déclarations des employés au
pourboire qui ont été faites depuis janvier 1984. Donc, de la
part de Revenu Québec, les démarches ont été
entreprises auprès du gouvernement fédéral pour l'aviser
qu'aucun renseignement de cette nature ne sera transmis, de façon que le
gouvernement fédéral ne puisse aller en arrière comme nous
nous sommes engagés à ne pas le faire.
M. Côté: Je comprends. Je prends la parole du
ministre. Je suis en politique et la règle parlementaire fait qu'on
prend la parole du ministre. On verra à l'usure et, s'il y a lieu de
dénoncer à l'époque, on le fera, mais je prends la parole
du ministre qu'il n'y aura pas d'intervention, ni directe ni
indirecte, quant aux déclarations d'impôt des travailleurs
au pourboire. Il n'y aura pas, surtout, de retour en arrière.
Là-dessus cela va, cela me satisfait comme réponse.
Deuxième élément. Effectivement, le ministre avait
raison de dire que l'Opposition libérale, lors du débat de
deuxième lecture, a voté pour le projet de loi 43. Vous vous
souviendrez qu'à l'époque notre porte-parole, le
député de Saint-Louis, avait fort bien explicité sa
position, à savoir que l'équité fiscale était pour
tous les Québécois. Il n'a jamais été question pour
l'Opposition de cautionner l'inéquité fiscale. Chacun au
Québec doit payer son impôt.
Mais, lorsque vous nous parlez d'équité sociale et que
cela fait directement référence à
l'assurance-chômage, il faut se souvenir que l'assurance-chômage
est, bien sûr, de juridiction fédérale. Aujourd'hui, alors
que vous êtes responsable du ministère du Revenu, ne serait-il pas
bon, pour les fins de la discussion et peut-être l'ouverture d'une
éventuelle rencontre avec Mme Flora MacDonald au gouvernement
fédéral, d'admettre que, dans le dossier de la loi 43, on a mis
la charrue devant les boeufs, en ce sens qu'il aurait été
davantage prudent d'aller négocier avec le gouvernement
fédéral l'entente sur l'assurance-chômage avant même
de faire adopter à l'Assemblée nationale le projet de loi 43 et
ainsi faire miroiter aux travailleurs et aux travailleuses au pourboire des
possibilités de chômage? Ceci rendait pour eux acceptable la loi
43.
M. Martel: M. le député de Charlesbourg, je suis
toujours en faveur que l'équité sociale, comprenant les mesures
que j'ai énumérées tantôt, à savoir la
Régie des rentes du Québec, l'assurance-maladie, la Commission
des normes du travail, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, l'assurance-chômage, doit s'appliquer
pour les travailleurs au pourboire comme pour l'ensemble des travailleurs du
Québec et du Canada qui ont à déclarer la totalité
de leurs revenus, c'est-à-dire établir cette équité
fiscale vis-à-vis des gouvernements.
Je n'ai pas changé d'idée là-dessus et c'est pour
cela que j'ai demandé des rencontres avec Mme MacDonald qui est
responsable de l'assurance-chômage, parce qu'il est actuellement question
à Ottawa de modifier la Loi sur l'assurance-chômage. Nous voulons
profiter de cette ouverture d'esprit qu'a amenée ce nouveau gouvernement
depuis le 4 septembre parce que avant ce n'était pas parlable: M. Dean
avait essayé à plusieurs reprises de voir M. Roberts, qui
était le responsable, et il y avait toujours des fins de non-recevoir.
Nous espérons avoir cette oreille attentive qui permettra justement de
compléter cette équité sociale par la pleine compensation
de l'assurance-chômage aux travailleurs qui déclarent l'ensemble
de leurs revenus à l'État.
M. Côté: Reprenons cela du début, M. le
ministre. Je comprends très bien le sens de vos relations fraternelles
et combien cordiales avec le gouvernement conservateur, surtout dans votre cas;
ce qui devrait normalement faciliter le dossier. Ma question est trè3
courte; elle vise d'abord un premier point: Est-ce que vous ne croyez pas qu'il
aurait été plus opportun d'aller négocier d'abord avec le
gouvernement fédéral l'assurance-chômage avant de faire
adopter à l'Assemblée nationale la loi 43?
M. Martel: M. le député de Charlesbourg, je pense
qu'il était important, puisque, comme tous les contribuables
québécois, ils ont à déclarer la totalité de
leurs revenus au fisc, de leur donner le plus d'équité sociale
possible. Nous, au Québec, leur donnons déjà cette
possibilité par les mesures que je vous ai
énumérées tout à l'heure.
Pour l'assurance-chômage, nous y voyons présentement.
M. Côté: Lorsque le projet de loi 43 est
arrivé, cela est à la suite de consultations populaires qui se
sont tenues à travers le Québec, en commission parlementaire ici,
qui ont débouché sur un livre vert pour amener une politique avec
beaucoup de consultations. Lorsque vous êtes arrivés à
camper certaines mesures dans un projet de loi, qui est devenu le projet de loi
43, vous avez dit aux travailleurs et travailleuses au pourboire à
travers le Québec: Tous les contribuables québécois sont
égaux devant le ministère du Revenu. Ils doivent ainsi payer
leurs quotes-parts au gouvernement du Québec. Parfait: Cela, c'est
l'équité fiscale. En échange de quoi il y aurait
équité sociale avec certaines mesures dont vous avez parlé
qui sont secondaires par rapport à la mesure principale qui est
l'assurance-chômage.
Dans toutes les rencontres avec les travailleurs et travailleuses au
pourboire, l'élément central de l'équité sociale
pour eux est assurément l'assurance-chômage. Je pense que l'on ne
se chicanera pas longtemps pour en convenir, même s'il y a d'autres
mesures que vous avez mentionnées tantôt qui sont
d'intérêt, mais qui ne sont pas tout à fait comme vous le
dites. Il y a quand même certaines nuances à apporter.
Dans ce sens, est-ce que vous ne croyez pas qu'il aurait
été davantage opportun, avant de faire adopter la loi 43, de
négocier avec le gouvernement fédéral
l'assurance-chômage, ainsi que c'était fait spécifiquement
pour le Québec, et que la Loi sur l'assurance-chômage s'applique
pour l'ensemble du Canada? Vous me dites
maintenant... Je ne veux pas que cela vous permette de dévier de
ma question car elle est fort simple et précise: Est-ce que, dans ce cas
de la loi 43, on n'aurait pas évité toute une série de
problèmes quant aux travailleurs et travailleuses si on avait d'abord
conclu l'entente avec le gouvernement fédéral sur le
chômage pour justifier l'équité sociale en regard de
l'équité fiscale?
M. Martel: Je pense que, si nous avons réussi à
justifier l'équité sociale avec les mesures qui sont de notrejuridiction au Québec, c'est déjà un pas très
important que nous avons fait à l'égard des travailleurs au
pourboire. Si on pense, par exemple... Vous dites que l'assurance-chômage
est primordiale, c'est évident que c'est un aspect social important,
mais, par contre, à la Régie de l'assurance automobile, M. le
député de Charlesbourg, un travailleur au pourboire qui
déclarait uniquement un salaire et qui avait un accident, il
était payé par la Régie de l'assurance automobile selon ce
salaire de base qu'il déclarait.
Dorénavant, grâce à la loi 43, le travailleur au
pourboire va pouvoir avoir une pleine compensation parce qu'on additionne,
à la Régie de l'assurance automobile, pour établir le
montant qu'on va lui verser, la totalité des sommes qui sont
déclarées au fisc.
M. Côté: Le chômage.
M. Martel: Le chômage, c'est important et on y voit, M. le
député de Charlesbourg, parce que, incessamment, nous allons
compléter ce qui manque dans cette législation,
c'est-à-dire d'avoir la totalité d'assurance-chômage pour
les travailleurs au pourboire. Nous espérons fortement ébranler -
si on peut dire - la ministre de l'Emploi et de l'Immigration responsable de
cette mesure sociale de façon que cette loi 43 puisse avoir toute
l'implication sociale qu'elle doit avoir.
M. Côté: Je comprends que le ministre veut tenter
d'ébranler la ministre fédérale responsable de
l'assurance-chômage, mais ne croit-il pas qu'il aurait été
préférable de tenter d'ébranler le ministre
fédéral responsable de ce domaine avant d'adopter le principe de
la loi 43? Voulez-vous que je répète?
M. Martel: S'il vous plaît, oui.
M. Côté: Le ministre nous dit, dans sa
dernière réponse, qu'il va faire mettre en place tous les moyens
pour tenter d'ébranler la ministre fédérale, Mme
MacDonald. Est-ce que vous ne croyez pas qu'il aurait été plus
utile et plus opportun de tenter d'ébranler le ministre
fédéral du temps, avant même d'adopter le principe de la
loi 43?
M. Martel: M. le député de Charlesbourg admet avec
moi que le seul point qui n'a pas été atteint par la loi 43 est
l'assurance-chômage. Je demande, justement, à l'Opposition
libérale de nous appuyer dans cette démarche auprès du
gouvernement fédéral pour compléter cette loi 43. Est-ce
que vous me donnez votre appui?
M. Côté: M. le ministre, très bientôt,
on pourra répondre aux questions que vous posez, si vous survivez
à ce qui va arriver. Mais, jusqu'à maintenant, c'est vous qui
avez à répondre aux questions. Ma question est très claire
et le chômage, contrairement à ce que vous avez dit, n'est pas la
seule chose qu'il faut maintenant régler, parce que cela ferait
longtemps que votre comité en aurait décidé. Cela n'est
pas la seule chose, puisque c'est un problème pour l'ensemble de
l'industrie touristique, de la restauration et de l'hôtellerie. Ma
question...
M. Martel: Cela fait vingt minutes, M. le député,
que vous insistez juste là-dessus.
M. Côté: Répondez à celle-là et
vous allez en avoir d'autres. Il n'y a pas de problème de ce
côté. On veut très bien éclaircir le décor.
La question est précise. Il y a la loi 43 et il y a des principes
d'équité sociale, d'équité fiscale. Les principes
d'équité fiscale, tout le monde en convient; la pièce
maîtresse des principes d'équité sociales, c'est
l'assurance-chômage. Ne croyez-vous pas qu'il aurait été
plus opportun pour le gouvernement de faire accepter par le gouvernement
fédéral l'assurance-chômage, avant même de
déposer devant l'Assemblée nationale et de faire adopter la loi
43?
L'échec de l'application de la loi 43, vis-à-vis des
travailleuses et des travailleurs au pourboire, réside principalement
dans le fait que ces gens-là n'acceptent pas de payer, d'avoir
l'équité fiscale s'ils n'ont pas l'équité sociale
et, cela, sur l'assurance-chômage. C'est là qu'il est, le
problème.
N'essayez pas de noyer le poisson, parce que je suis un
Gaspésien. Je connais cela, un poisson dans l'eau. Avec la Régie
des rentes, la Régie de l'assurance automobile, la question est fort
spécifique, cela serait plus simple. L'appui du Parti libéral et
de l'Opposition officielle là-dedans, vous l'avez depuis le tout
début, sauf qu'on a mis sur la table certaines choses et on dit: Cela,
c'est le premier pas. Si vous réglez le problème de
l'assurance-chômage, vous allez régler une première partie,
une première partie très importante pour que le dossier
débloque et n'importe quand, si vous ramenez votre loi 94 avec les
amendements qu'il faut
à l'Assemblée, vous allez pouvoir compter sur l'appui de
l'Opposition pour régler le problème. Mais, est-ce que vous
n'admettez pas que, aujourd'hui, il y a un geste qui a été
posé trop rapidement, celui d'adopter le principe, avant même que
le gouvernement fédéral ait accepté de reconnaître
les travailleurs au pourboire comme assurables, comme c'était le cas au
niveau des pêcheurs?
M. Martel: M. le député de Charlesbourg, je pense
que le fait d'avoir déjà, par les moyens que nous
possédons au Québec, couvert ces travailleurs au pourboire de
mesures sociales qui relèvent de notre juridiction, justifie, disons, la
venue de la loi 43.
M. Côté: Sans assurance-chômage.
M. Martel: Bien non. Il va falloir aller chercher cette
dernière mesure sociale, qui est très importante, pour
compléter l'équité sociale.
M. Côté: Mais est-ce que, originalement, dans les
intentions du ministère...
Le Président (M. Lachance): Je vous fais remarquer que
j'ai exercé une certaine tolérance, puisque le premier bloc de
vingt minutes est déjà dépassé de deux ou trois
minutes. Alors, si vous permettez, on pourra y revenir à la suite,
après avoir entendu le député de Terrebonne.
M. Côté: Je vais vous permettre de passer la parole
au député de Terrebonne. Quant à la permission de revenir
sur le dossier du chômage, certainement: lorsque vous me fournirez
I'occasion, je vais y revenir.
Le Président (M. Lachance): La parole est au
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
pour répondre à votre question, doit faire attention un peu,
parce qu'il parle au nom du gouvernement, mais seulement, si vous vous rappelez
- vous n'étiez peut-être pas présent au tout début
de la commission parlementaire sur la loi 43 - il y a quatre intervenants
majeurs dans ce dossier: les gens de la restauration et de l'hôtellerie,
les syndicats, le gouvernement du Québec et Ottawa. On aurait bien voulu
qu'Ottawa entre aussi.
Il est arrivé ceci: cela pourrait être une consultation,
une des plus larges consultations qui n'a jamais été menée
dans le domaine de l'hôtellerie et de la restauration à travers
tout le Québec. Nous avons exactement posé la question que vous
posez depuis le tout début aux intervenants. Il y avait un
représentant, entre autres, de la région de Québec qui
était à l'hôtel Hilton, M. Jacques-Gilles Gagné, qui
représentait toute la section de l'hôtellerie du Québec et
il y avait M. Mario Chabot, représentant toute la section de
l'hôtellerie de Montréal et d'autres représentants
syndicaux dont je ne me souviens pas des noms. Tous ont dit qu'il faudrait que
la loi soit applicable immédiatement pour forcer davantage la main
à Ottawa parce que Ottawa ne voulait pas répondre à la
question. C'est pour cela qu'elle est entrée en vigueur
immédiatement. La réponse est là. Je peux me permettre de
le dire sans inconvénient, mais c'est cela. (16 h 15)
D'autres étaient pour l'école... Il y avait deux options.
Cette loi entrera en vigueur lorsque Ottawa dira oui à
l'assurance-chômage. Vu que, en mettant dans la loi: Cette loi sera
applicable lorsque Ottawa dira oui à l'assurance-chômage, eh bien!
la loi ne serait pas encore applicable aujourd'hui - c'est cela, la raison - il
y avait consensus dans le milieu pour qu'on écrive: La loi doit
s'appliquer immédiatement, et de cette façon on forçait
plus la main d'Ottawa.
Cependant, dans la discussion, il faut se souvenir d'une chose, c'est
que l'odieux du dossier, c'est peut-être Québec qui l'a dans les
mains, mais l'odieux de cette situation des gens de l'hôtellerie nous
vient de votre maison mère - il faut toujours y penser - qui a fait une
sélection, une espèce de persécution seulement au
Québec et c'est de là que remonte la loi 43.
Pourquoi y a-t-il une loi 43? Parce que Revenu Canada a
décidé, mais au Québec seulement, de venir faire des
inquisitions et c'est vrai, archivrai et triplement vrai, de faire une
investigation chez les gens au pourboire au Québec seulement. On
reculait cinq ou six ans. Il y avait des gens qui avaient 14 000 $ ou 15 000 $
d'impôt à payer au gouvernement fédéral et, à
cause de l'automatisme de l'entente entre les deux ministères du Revenu,
vous l'avez dit vous-même tantôt, Québec s'est senti
obligé et devait suivre les gens au pourboire aussi. C'est comme cela
que cela a commencé.
Il ne faut tout de même pas se leurrer là-dessus.
Aujourd'hui, c'est sûr que nous avons la patate chaude entre les mains,
mais cela vient d'une persécution pour les gens au pourboire du
Québec seulement. On a essayé de rayer cela avec la loi 43.
L'équité sociale, c'est très curieux. Vous parlez
d'équité sociale et vous commencez votre intervention en disant:
Est-ce que cette année les gens au pourboire seront encore victimes
d'une injustice en faisant leur rapport d'impôt? Mais, de quelle
injustice
voulez-vous parler?
M. Côté: Je n'ai pas commencé avec cela, j'ai
commencé avant que vous arriviez.
M. Biais: Oui, mais quand je suis arrivé, je vous ai
entendu. Tout de même, je vous ai entendu suffisamment. Vous avez dit:
Les gens au pourboire vont être victimes d'une injustice et ensuite vous
prenez 83 phrases pour dire que vous êtes pour l'équité
fiscale et que tous nos revenus doivent être déclarés. Sur
quel angle doit-on vous prendre? Quand vous dites que ces gens-là sont
traités injustement ou quand vous dites que les gens sont traités
justement?
Je ne suis pas du tout mêlé dans mon dossier. J'ai droit de
parole jusqu'à 16 h 30. J'ai même fait une commission
parlementaire sur la loi 43 dans mon comté où tous les
intervenants étaient là. J'ai encore des permis
d'hôtellerie. Cela fait 30 ans que j'en ai. Je connais l'hôtellerie
sur le bout de mes doigts, même si je n'ai que neuf permis. Je sais de
quoi je parle. Cependant, il est arrivé ceci: Les syndicats se sont
rendu compte que c'était impossible de faire des pressions sur Ottawa
parce qu'il y avait une fin de non-recevoir. À ce moment-là, ils
se sont retirés du dossier et cela leur donnait une chance de
syndicaliser plus de boîtes. Us amènent des gens à se
syndiquer, soit à la CSN ou à la FTQ, surtout à la CSN,
et, au lieu de faire passer par Ottawa, de faire passer dans leur prochaine
convention collective que 15 % de pourboire seront ajoutés sur les
factures, ils veulent le mettre dans leur convention collective et de cette
façon-là, en le mettant sur les factures, Ottawa est
obligé de payer l'assurance-chômage sur ces 15 % de pourboire.
C'est cela, la situation. La personne qui ne la voit pas ne connaît pas
le dossier de l'hôtellerie, des pourboires, de la taxation et de
l'assurance-chômage.
De notre côté, nous avons fait notre bout de chemin, mais
j'ai l'impression que l'odieux ne doit pas être dans nos mains, parce
qu'on essaie de corriger une situation odieuse provoquée par un autre
gouvernement. On poussera toutes les phrases et les questions que l'on veut,
lorsque l'on veut déplacer le vrai responsable d'une situation odieuse,
quelle que soit la tournure des questions, l'odieux restera toujours à
Ottawa.
On a essayé de s'en sortir le mieux possible, malgré
qu'Ottawa ne veut pas payer l'assurance-chômage aux gens. Je trouve cela
curieux que vous ne le disiez pas, mais vous savez pertinemment - et je ne suis
pas mêlé - que l'odieux part de là et que la patate chaude
est dans nos mains, mais des deux côtés de la Chambre, parce que
l'Opposition aussi doit s'occuper des gens au pourboire au Québec. C'est
en nous aidant de façon tangible que la situation se réglerait.
J'aimerais que vous posiez vos questions dans ce sens-là plutôt
que d'essayer d'embêter le gouvernement avec des questions qui ne sont
pas souvent pertinentes et qui prouvent que vous n'avez pas le dossier depuis
le tout début. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il y a des
commentaires de la part du ministre?
M. Martel: Je trouve les remarques de mon collègue, le
député de Terrebonne, très à point. Il a
vécu l'expérience de ce problème des travailleurs au
pourboire et je pense qu'il touche un point majeur lorsqu'il signale, par
exemple, que la première intervention du député de
Charlesbourg était pour dire qu'à l'occasion des rapports
d'impôt les travailleurs au pourboire étaient pour payer plus cher
au fisc québécois depuis la loi 43. M. le député de
Charlesbourg, ce n'est pas l'équité fiscale qui est
appliquée dans la loi 43, parce que l'équité fiscale
s'applique à tous les contribuables du Québec avec ou sans la loi
43.
Donc, c'est un peu démagogique que d'aller faire une intervention
en disant: C'est la période d'impôt, les travailleurs au pourboire
vont payer plus cher parce qu'il y a une loi 43. C'est faire preuve un peu de
démagogie. Je remercie mon collègue d'avoir souligné ce
point important.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Je félicite le député
de Terrebonne d'être venu frapper en relève pour le ministre du
Revenu.
M. Martel: On a une bonne équipe.
M. Côté: Une très bonne équipe,
finalement. Profitez-en, vous n'en avez pas pour longtemps.
M. Blais: Quelle prétention!
M. Côté: D'abord... Est-ce que je vous ai interrompu
quand vous avez parlé?
M. Blais: Vous êtes prétentieux quand
même.
M. Côté: Est-ce que je vous ai interrompu?
Le Président (M. Lachance): Allez-y, M. le
député.
M. Côté: S'il vous plaît, M. le
Président, je vous demanderais de faire respecter mon droit de
parole...
Le Président (M. Lachance): Allez-y.
M. Côté:... de la même manière que vous
avez fait respecter celui de mon collègue de Terrebonne.
Si l'objectif du député de Terrebonne était de
faire dévier le débat, il aura raté son coup. D'abord, il
y a des vérités qui doivent être dites et vous, au premier
titre, comme ministre du Revenu, vous vous devez de les dire. Colporter ce que
vous avez colporté tantôt, je vous ai laissé aller tout
comme le député de Terrebonne, dire que l'expérience du
prélèvement des revenus sur les travailleurs au pourboire
n'était fait qu'au Québec, c'est de la pure fabulation. Le
Québec est, encore une fois, victime de nos supposés grands
frères du fédéral, ce dire, je vais vous le régler
assez vite. Vous êtes un gars qui êtes capable de lire les
sondages. Oui? Vous irez voir dans les sondages si ce ne sont pas les
libéraux du Québec qui ont battu les libéraux du
fédéral. Vous irez voir cela et on s'en reparlera
ultérieurement dans d'autres commissions. Vous parlez de nos grands
frères du fédéral.
Dire que l'expérience n'a été menée que dans
la seule province de Québec est de la pure fabulation, et vous le savez
fort bien. C'est une expérience qui a d'abord débuté en
Colombie britannique. La vérité a quand même ses droits. Et
dire tantôt que j'ai dit personnellement qu'à la veille des
rapports d'impôt les Québécois et les travailleurs et
travailleuses au pourboire paieraient davantage par rapport à la loi 43,
c'est de la fabulation. Je n'ai jamais dit cela. Ils vont faire les rapports
d'impôt et ils ont à appliquer ce que vous avez passé comme
loi, la loi 43, en leur garantissant au départ - un instant, vous aurez
la réponse -que, comme équité sociale, ils auraient droit
au chômage alors que cela n'était même pas de votre
responsabilité. Vous avez menti aux travailleurs et travailleuses au
pourboire dans tout le Québec à propos de l'équité
sociale, en leur faisant miroiter la possibilité que
l'assurance-chômage leur sera attribuée, alors que cela
n'était même pas de votre ressort; pour faire avaler la loi 43 qui
rapportait au gouvernement du Québec 40 000 000 $, vous leur avez
laissé entendre qu'ils auraient l'assurance-chômage.
L'ouverture est là au gouvernement actuel et la question que je
vous ai posée tantôt, quand vous avez abordé le cas de
l'assurance-chômage: Est-ce que vous n'auriez pas dû au
préalable vous entendre avec le gouvernement fédéral afin
d'avoir la certitude que l'assurance-chômage serait appliquée aux
travailleurs et aux travailleuses au pourboire avant même de passer votre
principe, d'aller passer au crible les travailleurs au pourboire? Oui, vous
avez raison de dire que les travailleurs et travailleuses au Québec sont
victimes du gouvernement fédéral au niveau de
l'assurance-chômage. Oui. Est-ce que c'est assez clair? Oui, vous allez
avoir notre appui pour une démarche auprès du gouvernement
fédéral pour obtenir justice à ce niveau. Mais, est-ce
qu'en échange vous ne pouvez pas admettre que vous auriez dû au
préalable aller au gouvernement fédéral et tenter de
négocier avec eux d'abord avant de voter la loi 43 en deuxième
lecture? Il me semble que c'est la logique même. Le député
de Terrebonne qui a l'expérience de la mer, on l'a vu dans d'autres
débats, qui a l'expérience de l'hôtellerie et de la
restauration a aussi l'expérience de la ferme. On ne met pas la charrue
devant les boeufs, cela ne marche pas. Il me semble que c'est la simple
logique, cela. Et c'est le cas de la loi 43.
Dans ce sens-là, vous nous dites, M. le ministre: II y a une
réceptivité au gouvernement fédéral. Effectivement,
il y a, sernble-t-il, un accueil. On verra. On verra si c'était
uniquement l'entêtement des libéraux fédéraux ou si
le gouvernement actuel, qui a les racines que vous connaissez assez bien,
montrera beaucoup plus d'ouverture. Mais connaissez-vous une autre province,
actuellement, qui a fait les mêmes demandes pour l'ouverture de la loi de
l'assurance-chômage? C'est un cas spécifique pour le
Québec. Si j'ai bonne souvenance, la balle avait été
relancée à votre prédécesseur, le
député de Prévost, lui demandant de soumettre le cas
à une éventuelle conférence constitutionnelle, parlant des
problèmes économiques. Est-ce que, lors des dernières
rencontres économiques avec le gouvernement fédéral, votre
gouvernement, par l'entremise du premier ministre ou des ministres qui se sont
présentés, a abordé ce dossier capital de
l'assurance-chômage pour les travailleurs et travailleuses au pourboire?
Si oui, bravo! mais cela ne semble pas le cas, compte tenu de votre
déclaration du 27, et renouvelée tout à l'heure, en ce
sens que vous avez demandé une rencontre avec Mme MacDonald et que cela
se produira la semaine prochaine.
M. Martel: M. le député, disons que chaque ministre
a des dossiers qui le concernent, et le dossier des employés au
pourboire relève du ministre du Revenu. Donc, les démarches,
c'est à moi de les formuler auprès de mes homologues
fédéraux, et c'est ce que je fais.
J'ai relevé tout à l'heure une accusation vraiment
grossière, que je juge antiparlementaire, lorsque vous avez
accusé le gouvernement d'avoir menti aux travailleurs au pourboire en
leur promettant l'assurance-chômage. J'aimerais, M. le Président,
que le député de Charlesbourg retire ses paroles qui, je crois,
ne sont pas fondées.
Le Président (M. Lachance): En ce qui concerne
l'application du règlement, j'ai attendu de voir la réaction.
Personne ne m'avait demandé que le député retire ses
paroles. C'est clair dans notre règlement que les propos que vous avez
utilisés, M. le député, ne sont pas du tout conformes
à l'esprit qui doit régner ici. Je vous demanderais, M. le
député de Charlesbourg, de bien vouloir retirer cette expression
ou ce mot.
M. Côté: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lachance): Oui.
M. Côté: Vous qui êtes bien informé de
la réglementation, ce n'est pas une accusation qui a été
portée contre un individu, c'est une accusation qui a été
portée contre un gouvernement, contre un ministère.
D'après le règlement, vous demandez à un individu de
retirer ses paroles à partir du moment où elles s'appliquent
à un individu et non à un gouvernement et à un
ministère, celui du Revenu. Regardez votre règlement, vous allez
trouver cela assez facilement.
Le Président (M. Lachance): La façon dont vous avez
prononcé cette parole était facilement assimilable à une
personne autant qu'à un organisme qui pourrait être le
gouvernement.
M. Côté: Absolument pas, allez vérifier. Il y
a possibilité, il y a des techniques modernes aujourd'hui. Allez
vérifier et vous viendrez nous le confirmer.
Le Président (M. Lachance): Je suspends les travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 28)
(Reprise à 16 h 36)
Le Président (M. Lachance): À l'ordre! La
commission poursuit ses travaux après cette brève suspension.
D'abord, je voudrais rappeler qu'en vertu de l'article 39 de nos règles
de procédure le ministre et député de Richelieu a
signalé une infraction au règlement. Si je me reporte au
règlement, l'article 35 se lit comme suit: "Le député qui
a la parole ne peut - il y a beaucoup de paragraphes, je lis le numéro 7
- se servir d'un langage violent, injurieux ou blessant à l'adresse de
qui que ce soit. " Je demanderais au député de Charlesbourg de
bien vouloir retirer le terme utilisé.
M. Côté: M. le Président, dois-je comprendre
que vous avez fait la vérification au niveau de la bande des propos que
j'aurais tenus? Si ce n'est pas le cas, et qu'il apparaît à la
transcription du Journal des débats ou à l'écoute de la
bande enregistrée que j'aurais, effectivement, identifié le
ministre dans le terme - on va faire attention pour ne pas être
obligé de le retirer à nouveau - que j'ai prononcé, s'il
est clair dans le texte que je l'ai prononcé è l'endroit du
ministre, je ne voulais certainement pas parler de lui - peut-être de ses
trois prédécesseurs qui ont travaillé au dossier - je le
retire si cela s'adressait clairement à lui. Si cela s'adressait au
ministère, au gouvernement dans son ensemble, M. le Président, je
continue de prétendre que je n'ai pas à le retirer.
Le Président (M. Lachance): M. le député, vu
les circonstances et qu'il y a un doute raisonnable - je n'ai pas pu prendre
connaissance de l'enregistrement de vos paroles textuellement - je
considère que le cas est réglé. Je vous incite à
continuer, mais cependant pas dans le même sens.
M. Martel: II ne faut pas qu'il recommence.
M. Côté: M. le Président, le ministre a
effectivement soulevé une question et l'avenir nous dira, lorsqu'on aura
la transcription, s'il avait raison. Je pense que ce n'est pas de mauvaise foi
qu'il l'a fait, de toute façon. Il l'avait peut-être entendu.
Oublions cela, mais le ministre avait oublié de répondre à
ma question qui était très précise.
Il y a eu une conférence, plusieurs rencontres de nature
économique entre le gouvernement du Canada et le gouvernement du
Québec. M. le député de Saint-Maurice et ministre des
Finances a, lui aussi, rencontré son homologue fédéral et,
je pense que c'est une implication financière importante, il faut en
convenir, au niveau de l'assurance-chômage. Est-ce que, dans ces
rencontres à ces différents niveaux, il a été
question, parce que cela avait déjà été
suggéré auparavant par le prédécesseur de Mme
MacDonald, que ce problème soit abordé à une
conférence sur l'économie? Est-ce que cela a été
fait?
M. Martel: Tout à l'heure, j'ai répondu, M. le
député de Charlesbourg, que chaque ministre est responsable de
ses dossiers et, comme le ministre du Revenu est responsable de l'application
de la loi 43, je fais les démarches présentement auprès de
mes homologues fédéraux pour obtenir la totalité de
l'assurance-chômage pour les employés au pourboire du
Québec.
M. Côté: Est-ce qu'il aurait été
préférable que la Loi sur l'assurance-chômage
soit amendée, que ce principe d'équité sociale ait
été négocié avant même l'adoption du principe
de l'équité sociale dans la loi 43?
M. Martel: Partons du principe que l'équité fiscale
s'applique à tous les contribuables québécois, que tout
contribuable doit déclarer au fisc la totalité de ses revenus,
partons également du fait que, dans la loi 43, il y a
l'équité sociale. Est-ce que le député de
Charlesbourg, représentant de l'Opposition, voudrait qu'on retire
à tous les travailleurs au pourboire les avantages sociaux que nous
avons donnés à ces travailleurs par la loi 43? Je vous pose la
question.
M. Côté: Non, M. le ministre. Il faudrait que cela
soit clair: la responsabilité du gouvernement du Québec que vous
avez accordée aux travailleurs au pourboire, c'est clair, on s'entend,
il n'y a pas de problème. Jamais je ne vous ai demandé de retirer
les pouvoirs que vous avez donnés. Est-ce que vous conviendrez que
l'élément central, l'élément indispensable de
l'équité sociale est l'assurance-chômage? Oui ou non?
M. Martel: M. le député de Charlesbourg,
auparavant, ces gens-là étaient tenus, comme tous les autres
contribuables, de déclarer la totalité de leurs revenus au fisc
québécois. Ils n'avaient aucune mesure sociale, ils en ont
déjà des mesures sociales, il en reste encore une autre à
venir. Elle viendra, nous l'espérons.
M. Côté: Répondez donc à une au moins
de mes questions. Est-ce que l'assurance-chômage est
l'élément clé de l'équité sociale? Oui ou
non?
M. Martel: Est-ce que nous avons toujours besoin, au
Québec, d'avoir la permission d'Ottawa pour donner des mesures sociales
aux Québécois?
M. Côté: Là, le ministre vient d'embarquer,
suivant les conseils d'un de ses fonctionnaires, dans un... Comment?
Une voix: Vous n'êtes pas censé dire cela.
M. Côté: Excusez! Je le retire. Il vient d'embarquer
dans un domaine. Le gouvernement du Québec n'a pas de demande à
faire à qui que ce soit dans ses domaines de juridiction, c'est clair.
C'est très clair. Mais est-ce que l'assurance-chômage - on l'a dit
tantôt, le député de Terrebonne l'a fort bien dit et j'ai
appuyé sa démarche par la suite - est sous la
responsabilité du fédéral? Est-ce que, pour garantir
à des travailleurs et travailleuses au pourboire, dans le but de faire
approuver une politique de la loi 43, le gouvernement du Québec
était autorisé à faire miroiter la possibilité
d'obtention d'assurance-chômage aux travailleurs et travailleuses au
pourboire, alors que cela n'était pas de son ressort?
M. Martel: M. le député de Charlesbourg, est-ce que
mes prédécesseurs ont garanti, lorsqu'ils ont amené la loi
43 en Chambre qu'ils s'engageaient au nom du gouvernement fédéral
à donner l'assurance-chômage? Je pense que cela a
été très clairement établi qu'il s'agissait de
donner des avantages sociaux sous notre juridiction et, par la suite, de faire
les représentations - ce que je fais présentement auprès
du gouvernement fédéral - pour donner la totalité de
l'assurance-chômage aux travailleurs au pourboire.
Je pense que, si on regarde ces travailleurs, ils n'avaient aucune
mesure sociale et ils étaient tenus, avant la loi 43, de payer la
totalité des impôts comme tous les travailleurs. Ils ont, depuis
ce temps-là, des avantages sociaux importants. Il reste encore une
mesure sociale à obtenir du gouvernement fédéral et nous
faisons toutes les représentations nécessaires pour qu'elle
puisse s'appliquer pour les travailleurs au pourboire du Québec.
M. Côté: M. le ministre, vous me lancez un
défi. Est-ce qu'un de vos prédécesseurs ou des
porte-parole officiels du ministère auraient pu prendre un engagement au
niveau de l'assurance-chômage? Évidemment, je ne l'ai pas dans mes
dossiers, mais je prendrai la peine de vous écrire et de vous
expédier tout ce qu'il faut pour vous convaincre qu'effectivement ce
sont des choses qui ont été véhiculées soit par vos
prédécesseurs, ou par un porte-parole officiel du
ministère dans certaines émissions d'affaires publiques. (16 h
45)
Mettons un terme à l'aspect du chômage. À la
question précise: Est-ce que vous auriez dû d'abord faire adopter
par le gouvernement fédéral le principe de
l'assurance-chômage avant même d'adopter la loi 43? Si je tire une
conclusion de vos longues réponses, c'est oui; mais vous ne pouvez pas
vous permettre de le dire, comme membre de la majorité et du
gouvernement.
M. Martel: Ce n'est pas tout à fait exact, M. le
Président, parce que j'ai bien noté que la loi 43 procure des
avantages aux travailleurs au pourboire qui sont tenus de déclarer,
comme tous les Québécois, la totalité de leurs revenus au
fisc. Nous leur donnons des avantages sociaux importants et nous continuons,
comme ministre responsable du Revenu, à faire les
représentations
nécessaires auprès d'Ottawa pour que la dernière
mesure sociale qui doit s'appliquer s'applique, soit
l'assurance-chômage.
M. Côté: D'accord. Oublions maintenant
l'assurance-chômage pour passer à un comité, mais soyez
sûr d'une chose, c'est qu'on va se revoir. Si Dieu prête vie
à ce gouvernement, on va se revoir.
M. Martel: J'attends avec hâte le plaisir de vous lire, M.
le député de Charlesbourg.
Comité d'action sur la restauration et
l'hôtellerie
M. Côté: Pas seulement là-dessus, sur autre
chose aussi. Un comité a été formé sous la
responsabilité - ce qui est assez étonnant - du ministre du
Tourisme pour analyser l'ensemble des problèmes reliés à
l'industrie de l'hôtellerie et de la restauration et dont le
président est M. Jean Pelletier. J'ai ici le compte rendu d'une
rencontre à laquelle avaient assisté le ministre du Tourisme de
même que l'ex-ministre du Revenu, et je suis prêt à prendre
la parole du ministre qu'il est de bonne foi, vu un geste concret qu'il a
posé à l'Assemblée et une abstention sur un vote
concernant la loi 43.
Lorsqu'on nous parle de négociation avec le gouvernement
fédéral, il ne faut pas oublier que le député de
Rimouski, qui est l'initiateur de cette basse manoeuvre, était aussi du
même avis et devait aller négocier avec le gouvernement
fédéral, et que, par la suite, le député de
Prévost, qui est devenu ministre, avait les mêmes intentions, le
député de Richelieu a les mêmes intentions; et j'en oublie
un, il y en avait un autre; il y en a eu quatre qui ont travaillé dans
ce dossier, car le député de Sherbrooke a été
à l'origine de tout ce débat.
C'est donc dire que quatre ministres ont travaillé sur ce
dossier. La bonne foi du ministre, je ne la mets pas en doute du tout, je pense
qu'il est sincère quand il nous parle de sa volonté d'aller
négocier avec le gouvernement fédéral. Ce qui nous a
étonnés, nous de l'Opposition, lorsque ce comité a
été formé, c'est la présence du ministre du
Tourisme et celui du Revenu et le fait que toute la démarche est
maintenant la responsabilité du ministre du Tourisme et que le
comité Pelletier fera d'abord rapport au ministre du Tourisme. Est-ce
que je me trompe ou si c'est la vérité?
M. Martel: C'est exact. La portée de ce comité
d'action qui a été annoncé par mon
prédécesseur, M. Dean, en même temps qu'il déposait
la loi 94, faisait suite à un mémoire conjoint du
ministère du Revenu et du ministère du Tourisme. Ce comité
d'action sur la restauration et l'hôtellerie aborde les problèmes
des employeurs et des employés au pourboire dans un contexte qui
déborde de beaucoup le cadre de la fiscalité. Son mandat, comme
vous le savez, M. le député de Charlesbourg, consiste à
faire des recommandations au gouvernement sur les mesures à prendre
à l'égard du développement économique et de la
reconnaissance du statut des travailleurs et des employeurs de ce secteur.
Effectivement, comme vous l'avez mentionné, il fera rapport au ministre
du Tourisme, parce que c'est un problème d'ordre économique et
qui touche évidemment l'industrie touristique.
M. Côté: Le rapport qui était initialement
prévu pour décembre et mars sera effectivement prêt
à quel moment?
M. Martel: On nous a parlé du mois de juin.
M. Côté: Qu'est-ce qui cause ce délai
additionnel?
M. Martel: Disons qu'il y a eu des réunions jusqu'à
maintenant auxquelles, évidemment, nous ne participions pas comme
ministère du Revenu, parce que c'est un comité, comme vous le
savez, qui est composé de gens du syndicat, d'employés au
pourboire, de représentants de l'hôtellerie, de la restauration.
Je ne saurais vous dire les raisons. On porte à ma connaissance, M. le
député de Charlesbourg, que ce comité consultatif de
l'hôtellerie, de la restauration et du tourisme a des cueillettes, des
traitements, des analyses et des intégrations à faire avant de
soumettre son rapport au ministre du Tourisme.
M. Côté: Ce qui veut dire qu'actuellement...
M. Martel: Ce sont des délais normaux et qu'on retrouve
dans des comités semblables.
M. Côté: Sauf qu'il y avait quand même une
première hypothèse en décembre 1984, puis en mars 1985 et,
finalement, on se retrouve en juin 1985. À l'intérieur des
rapports préliminaires ou d'étapes que vous avez, est-ce que vous
êtes en mesure de savoir l'impact de la loi 43 sur l'industrie? Dans ce
sens, bien sûr qu'il n'est pas de votre prérogative d'annoncer des
mesures fiscales - ce que fera le ministre des Finances - mais il appert que
les 4, 4 % additionnels imposés aux restaurateurs et aux hôteliers
sur les boissons achetées à la société
disparaîtraient, répondant ainsi à une demande expresse de
bien des gens du milieu principalement.
Est-ce que vous avez, actuellement, une
idée de l'impact de la loi 43 sur l'industrie ou si cela sera
global dans le rapport Pelletier qu'on aura, semble-t-il, en juin?
M. Martel: Voulez-vous répéter votre question, s'il
vous platt?
M. Côté: J'ai perdu le ministre avec mes 4, 4 %?
M. Martel: Oui, vous avez dit pas mal de choses.
M. Côté: Je peux peut-être vous dire autre
chose aussi.
M. Martel: D'accord.
M. Côté: D'abord, vous aurez un rapport final qui
vous sera soumis, j'imagine. Est-ce que c'est le dernier délai pour
juin?
M. Martel: Vous parlez de ce comité... M.
Côté: Dans un premier temps.
M. Martel:... Pelletier? Le rapport ne sera pas soumis au
ministre du Revenu, il va être soumis au ministre du Tourisme.
M. Côté: Oui, mais comme la formation de ce
comité a été annoncée par le ministre du Revenu,
votre précédesseur... Je ne me trompe pas en disant cela?
M. Martel: Oui, il y a eu un mémoire conjoint des deux
ministères qui ont formé ce comité ad hoc auquel ne
participe aucun fonctionnaire des deux ministères. Ce sont des gens de
l'extérieur venant du monde de la restauration, de l'hôtellerie,
des syndicats des employés au pourboire.
M. Côté: Mais si cette initiative est venue de la
volonté à la fois du ministère du Revenu et du
ministère du Tourisme, c'est qu'il y a des interrelations entre les deux
ministères et j'imagine qu'à ce moment, s'il y a des rapports
intérimaires qui vont être soumis à la fois au
ministère du Tourisme et au ministère du Revenu, s'il l'est
à l'un, il sera certainement soumis pour information à l'autre.
Est-ce qu'à ce moment-ci vous avez un rapport intérimaire qui
nous permette de mesurer l'impact de la loi 43 sur l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration?
M. Martel: Au moment où on se parle, je n'ai pas de
rapport préliminaire.
M. Côté: II nous reste deux ou trois minutes avant
d'adopter les crédits et j'aurais aimé avoir beaucoup de temps,
mais, si la Chambre a la chance de siéger à nouveau, prenez
maintenant avis que nous nous reverrons sur le sujet.
Le 29 mars dernier, une lettre vous était adressée, parce
que, semble-t-il, selon l'IQOP, qui a fait le sondage et qui voyait que 70 %
des gens étaient capables de s'ajuster à la loi 43, à
moins que ce ne soient que les 30 % qui ne sont pas contents et qui se soient
manifestés à l'IQOP, il y a quand même d'autres gens qui ne
sont pas très satisfaits de l'application de la loi 43 et des
répercussions. Dans une lettre du 29 mars 1985 adressée à
vous-même - vous en avez certainement pris connaissance - par le
Regroupement des associations des représentants des employés au
pourboire, il était dit ceci, sous la signature de Marie Poitras: "Nous
savons que, depuis le 31 décembre 1984, le gouvernement du Québec
s'est doté d'un nouveau ministre du Revenu (le quatrième depuis
1982). Vous connaissez sans doute les conditions de travail déplorables
et l'ambiance intenable" - cela, c'est du vécu, ce ne sont pas les
fonctionnaires, ce sont des gens qui vivent la loi" - "qui règne dans
beaucoup trop d'établissements, spécialement depuis le 1er
janvier 1984, premièrement, à cause d'un manque évident
d'information de la loi 43, d'une part; deuxièmement, du
je-m'en-foutisme des restaurateurs qui ne respectent pas en très grand
nombre la loi 43, d'autre part. Résultat: harcèlement, chantage,
congédiements arbitraires, etc. "En plus des conditions de travail, des
poursuites fédérales, de l'insécurité dans laquelle
sont plongés les serveuses et les serveurs, la loi 43 est loin de
respecter les réalités de ce secteur et l'équité
sociale et fiscale que préconisaient vos précédesseurs est
loin d'être atteinte. Comme nous avons été instruits de
votre intention de rencontrer votre homologue fédéral, M. Perrin
Beatty, ainsi que Mme Flora MacDonald, responsable de
l'assurance-chômage, il devient urgent de nous rencontrer, d'abord pour
le plaisir de vous connaître - il y en a d'autres ailleurs que dans la
région de Sorel - ensuite, pour clarifier cet épineux
problème que celui des gens au pourboire de l'hôtellerie et de la
restauration le plus tôt possible puisque, nous, de RAREP,
considérons très important que vous soyez au courant et
familiarisé avec les réalités et les faits dans ce
dossier. Espérant une réponse affirmative, veuillez
agréer, M. le ministre, l'expression de nos sentiments les meilleurs.
"
C'est une lettre qui vous a été adressée le 29
mars. La question est fort simple. Il ne semble pas y avoir tellement de
problèmes dans l'application, si on en croit le sondage de l'IQOP. Quand
on va à la base, vers ceux qui ont à subir l'application de la
loi 43, il y a des problèmes. Il vous a été adressé
une lettre qui est très explicite quant à une demande de
rencontre pour le 29 mars. Vous vous apprêtez à aller rencontrer,
je ne dirais pas vos grands frères
du fédérai, mais vos connaissances de quelque temps au
fédéral, pour tenter de... Le député de Roberval ne
devrait pas parler. On se souvient de la dernière campagne.
Le Président (M. Lachance): Brièvement, s'il vous
plaît, M. le député de Charlesbourg!
M. Côté: Je pose ma question au ministre.
Le Président (M. Lachance): Tempus fugit.
M. Côté: Non, non, je parlais de Bouchard dans votre
coin. Je demande au ministre: Est-ce que, oui ou non, vous allez rencontrer ces
travailleurs avant même d'aller rencontrer les autorités
fédérales?
Le Président (M. Lachance):...
M. Martel: M. le Président, je dirai au
député de Charlesbourg que j'ai l'habitude, depuis que je suis
député, de rencontrer tous les gens qui veulent me rencontrer et
cette personne sera vue dans les plus brefs délais. Je désire
connaître son point de vue sur l'application de la loi 43, mais, tout
à l'heure, vous avez fait allusion au sondage de l'IQOP. Je tiens
à vous dire qu'au comité Pelletier siègent des
représentants des employés au pourboire également, des
représentants des syndicats, des représentants de
l'hôtellerie et de la restauration et eux s'arrangent fort bien avec la
loi 43. C'est une version que vous m'apportez d'autres personnes qui semblent
moins bien s'en tirer et cela me fera plaisir de les rencontrer pour
connaître leur point de vue.
M. Côté: Avant votre rencontre au
fédéral?
M. Martel: Oui. M. Côté: Merci.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lachance): À ce moment-ci, je dois
procéder à l'adoption des crédits si on veut que le
ministère du Revenu puisse fonctionner. Alors, j'appelle programme par
programme, brièvement. Est-ce que les crédits pour le programme
1, Administration fiscale, et les cinq éléments sont
adoptés?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Le programme 2,
Supplément au revenu de travail?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Programme
3?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Programme 4,
Contrôle des jeux de hasard et des courses?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétai-es du ministère du Revenu
pour l'année financière 1985-1986 sont adoptés?
M. Blank: Adopté.
Le Président (M. Lachance): Adopté. Oui, M. le
ministre.
M. Martel: Permettez-moi de remercier les membres de la
commission, de même que les fonctionnaires de Revenu Québec,
d'avoir apporté leur collaboration pour l'étude de ces
crédits.
Le Président (M. Lachance): Alors, la commission du budget
et de l'administration suspend ses travaux jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Lachance): La commission du budget et de
l'administration poursuit ses travaux pour procéder à
l'étude des crédits du ministre délégué aux
Relations avec les citoyens et citoyennes. Nous entreprendrons l'étude
qui se retrouve dans le volume des crédits, à la page 9-6,
Conseil exécutif, programme 4, Relations avec les citoyens, dans un
premier temps.
Pour la dernière partie, nous nous rendrons à la page 22-1
qui concerne l'Office des personnes handicapées du Québec. Selon
une entente qui a été établie, la dernière partie
d'une durée d'environ une demi-heure pourra porter là-dessus, ou
jusqu'à épuisement du sujet. Oui, M. le député de
Verdun.
Crédits du ministre
délégué aux Relations avec les citoyens
M. Caron: M. le Président, vu que cela a été
divisé durant le cours de l'année, je vais en faire une partie,
la partie des relations avec les citoyens, et mon collègue de
Marie-Victorin va s'occuper de la partie
des handicapés. Je pense qu'on va partager le temps ensemble. En
plus, nous aurons le privilège et l'honneur d'avoir le
député de Sainte-Anne, le député du peuple...
M. Polak: Comme adjoint.
M. Caron:... comme adjoint, ce soir. Il aurait pu être au
hockey, mais il a refusé d'être à Montréal ou
à Québec, il avait des billets gratuits. Il a
préféré être avec nous...
M. Polak: Avec le peuple.
M. Caron:... alors, je pense qu'on doit le féliciter.
Le Président (M. Lachance); Oui, M. le
député de Terrebonne.
M. Biais: Je tiens également à dire que
moi-même, le député de Terrebonne, le député
d'Arthabaska, la députée de Johnson ainsi que le
député de Roberval, et même le ministre, nous avions tous
des billets pour aller au hockey. Nous avons eu le sens du devoir et nous
sommes restés ici.
Exposés préliminaires
Le Président (M. Lachance): Ceci dit, nous allons entrer
tout de suite dans le vif du sujet. Dans un premier temps, j'inviterais le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens, qui,
soit dit en passant, en est à sa première défense des
crédits, à nous indiquer s'il veut faire une déclaration
préliminaire. M. le ministre.
M. Élie Fallu
M. Fallu: Oui, M. le Président, mais relativement
brève, si vous me le permettez. À propos des crédits
eux-mêmes, je pense que la tradition est assez ferme à ce sujet,
en ce sens que peu de questions sont posées sur les crédits
eux-mêmes; les variations sont vraiment minimes. Il s'agit donc
simplement d'indexations mécaniques ou encore de deux nouveaux postes au
secrétariat. On peut clore ainsi le débat sur les crédits
eux-mêmes.
Je pense que le véritable sens de notre rencontre, ce soir, porte
essentiellement sur le travail que suscite le secrétariat auprès
de l'ensemble des ministères et organismes -quelque 71 en tout - pour
que les relations entre l'État et les organismes soient plus
chaleureuses, plus efficaces, plus humaines, plus harmonieuses.
Le Président (M. Lachance): Avant de poursuivre, M. le
ministre, je m'excuse, est-ce que vous pourriez, pour les fins du Journal des
débats et des membres de la commission, identifier les deux personnes
qui vous accompagnent?
M. Fallu: Volontiers, M. le Président. Je vous
présente M. Richard Dufour, secrétaire du Secrétariat aux
Relations avec les citoyens et citoyennes, ainsi que M. Bernard Buisson, qui
est mon chef de cabinet. Si vous me le permettez, je me dois de souligner la
présence de Mme la députée de Johnson, mon adjointe
parlementaire.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. Alors,
si vous voulez poursuivre.
M. Fallu: Permettez-moi rapidement d'évoquer plus
qu'autrement les principaux domaines ou les principales activités du
secrétariat depuis un an. Avant, j'aimerais rappeler que le
secrétariat est une petite boîte qui existe, espérons-le,
d'une façon très provisoire, car les relations avec les citoyens
et citoyennes, c'est l'affaire de chaque ministère, de chaque CLSC, de
chaque hôpital, de chaque centre d'accueil, de chaque organisme
gouvernemental, société, office, régie ou autre. Le
secrétariat n'est là que pour inciter l'ensemble de l'appareil
public, parapublic et péripublic à accomplir la tâche qui
doit être sienne constamment. On sait que nous avions collectivement,
comme société, senti le besoin de rafraîchir la
mémoire à tous. C'est ce que le secrétariat se borne
à faire. Il n'a pas à faire les choses, il a à faire
faire.
C'est ainsi que, pour en arriver à cette conscience et à
mettre en train le travail, une première mécanique, devrais-je
dire, s'est imposée, celle des tables des répondants dans chaque
ministère et organisme qui se réunissent environ tous les deux
mois, deux mois et demi. Donc, il s'agit d'un représentant du plus haut
niveau auprès du sous-ministre qui doit voir à l'exécution
de ce qu'on appelle le plan d'amélioration. De la même
façon, région par région, d'une façon
périodique, c'est-à-dire deux, trois, quatre ou cinq fois par
année, selon les régions, se réunit une table
régionale, faite de tous les directeurs de tous les
établissements gouvernementaux et des organismes inscrits dans ces
régions, pour établir, mettre à jour et informer les uns
et les autres sur l'état d'avancement de leur plan d'amélioration
et se passer des trucs.
Les méthodes du secrétariat sont donc essentiellement de
nature incitative. Toutefois, il nous faut vérifier l'avancement des
engagements pris par les ministères et organismes, et il nous faut voir
également, concrètement, si les citoyens et les citoyennes sont
bien reçus, bien accueillis, s'ils ont les bonnes informations, s'ils
reçoivent des services adéquats, et avec rapidité,
auxquels ils sont en droit de s'attendre. C'est ainsi qu'il y a des visites de
la part des membres du secrétariat,
visites impromptues, du ministre également, ainsi que des
enquêtes auprès des citoyens et des citoyennes pour
connaître ainsi le degré de satisfaction de la clientèle
par sondage ou encore par faux clients interposés, c'est-à-dire
les membres eux-mêmes du secrétariat.
Nous avons tenté d'améliorer par la simplification des
formulaires. Actuellement, plus de 94 formulaires ont été
approuvés par le secrétariat, mais il s'agit là d'un geste
provisoire car ce que nous tentons de faire, c'est d'inciter et d'amener les
ministères et organismes à prétester leurs formulaires de
telle sorte qu'ils aillent auprès de clientèles voir si ces
formulaires sont relativement simples, compréhensibles, de langage
adéquat, de longueur plutôt courte, n'exigeant que peu de
recherche, etc. Du côté de la fonction publique, vous connaissez
l'existence des primes à l'amélioration; ces primes sont
données sous forme de concours par le biais du grand responsable des
fonctionnaires, c'est-à-dire le module du Conseil du trésor.
D'une façon particulière, la dernière année
nous a permis de mettre l'emphase sur la signalisation dans les immeubles. De
nombreux contacts avec la Société immobilière du
Québec, de nombreux contacts également avec l'Office des
personnes handicapées nous ont permis d'abord de créer un certain
nombre d'édifices qu'on pourrait appeler modèles - nous pourrons
en déposer la liste, si vous voulez -pour faire en sorte que les
citoyens et les citoyennes se retrouvent au premier coup d'oeil.
L'expérience nous apprend que, par exemple, à Jonquière,
à l'édifice Marguerite-Belley, après avoir revu la
signalisation, non pas de l'oeil de l'organigramme d'un ministère, mais
de l'oeil de la prestation de services exigée par les citoyens, le
nombre d'informations demandées aux kiosques d'accueil a
été réduit de moitié. Donc, nous avons la preuve
évidente que l'amélioration de la signalisation améliore
également le service à la clientèle. Du côté
de l'accueil, rappelons que le secrétariat a, il y a maintenant un an et
demi ou deux ans, créé le premier poste d'accueil à
l'édifice G, en l'occurrence. Les postes d'accueil se sont
répandus à travers les ministères. On en fera tout
à l'heure le bilan, si vous le jugez à propos. (20 h 15)
L'accueil, ce sont surtout les personnes, celles et ceux - je dirai
surtout celles - qui répondent au téléphone, celles et
ceux qui sont au comptoir, celles et ceux qui sont, en somme, en
première ligne. Il s'est établi, soit par région, soit
dans des ministères, quelquefois d'une façon autonome,
quelquefois par le biais de services rendus par le ministère des
Communications, ce que je pourrais appeler, ce qu'on doit, je crois, appeler
des cours de formation à l'accueil, la réponse
téléphonique. Vous connaissez déjà une exigence qui
existe depuis deux ans et demi maintenant que toute personne répondant
au téléphone commence d'abord par s'identifier personnellement,
mais, au-delà de cela, de véritables cours de formation à
l'accueil: comment recevoir, comment mettre les gens en relation rapidement,
comment répondre, comment les guider à travers l'appareil
gouvernemental, peu importe si on s'adresse au bon guichet.
Les heures d'ouverture, voilà, je pense, la plus belle victoire
des six derniers mois, car on peut proclamer ce soir que quelque 70 % de
l'ensemble des bureaux du gouvernement et des régies, des offices sont
ouverts le midi. Pourquoi ces 70 % et crier victoire? C'est que vous savez
qu'il existe de nombreux bureaux où il n'y a qu'une seule personne ou,
très souvent, que deux personnes. Ce que nous exigeons d'elles, c'est
qu'elles aient plutôt un répondeur téléphonique
puisqu'elles ne peuvent pas assurer physiquement une présence dans ces
bureaux le midi. Également, les heures d'ouverture. Comme le
prévoient d'ailleurs les conventions, d'une façon volontaire, un
certain nombre de bureaux commencent à ouvrir le soir. Un effort a
notamment été fait au ministère de la Justice. J'en
parlerai plus longuement dans le rapport annuel.
L'annuaire téléphonique. Un peu comme la signalisation, la
tradition voulait qu'on décrive dans les annuaires
téléphoniques les organigrammes du ministère, alors que ce
que cherche le citoyen, le client, devrais-je dire, c'est plutôt le
service, c'est-à-dire qu'il n'a pas à savoir que c'est la
direction de l'émission des permis, mais bien s'il s'agit de permis de
chasse ou de pêche. Il faut en conséquence que la rubrique
convienne à ses besoins de citoyens, convienne à sa
compréhension de l'appareil public et non à la
compréhension d'un organigramme ministériel. Nous avons donc
incité, en leur fournissant d'ailleurs des modèles, chaque
organisme et dans chaque région, puisqu'il existe un très grand
nombre de bottins téléphoniques qui ne sont pas imprimés
au même moment, à revoir complètement leur signalisation
dans l'annuaire téléphonique.
La diminution des délais. Vous savez que les délais sont,
pour tous les citoyens, je crois, la plaie dans tout appareil public, comme
d'ailleurs dans tout magasin, dans tout commerce. La meilleure façon, on
le sait, on l'a déjà dit à plusieurs reprises et je pense
qu'il y a un consensus dans la société, c'est de faire en sorte
que les responsabilités appartiennent le plus possible à ceux et
celles des fonctionnaires qui ont des contacts avec le public. Si vous me
permettez, je vais donner un exemple qui est un peu de mon cru, en
l'occurrence, de notre cru, décision prise par l'Office des personnes
handicapées du Québec de faire en sorte que, dans les bureaux
régionaux, toute autorisation de
dépenses inférieures à 1000 $ puisse être
prise par le fonctionnaire en région. À partir d'un principe,
à mon avis, qui est très simple - je le dirai d'une façon
peut-être un peu cavalière, mais dans ma bouche nullement
grossière - je conçois que tout fonctionnaire vivant en
région peut avoir autant d'intelligence et de jugement que tout autre
fonctionnaire vivant, par la grâce de Dieu, dans un édifice en
hauteur, dans une capitale nationale.
Les délais, également, sont souvent réduits quand
on se donne, localement, une capacité de rétroaction, lorsque
l'on peut comptabiliser un peu les critiques, les observations, quand on peut
analyser les appels téléphoniques qui arrivent, les lettres
quelquefois, mais rarement, pour pouvoir, par ce système de
rétroaction, d'analyse rétro-actionnelle, changer les
façons de fonctionner. Je voudrais dire que, lorsqu'il y a des
délais, le citoyen continue toujours à s'adresser à sa
personne de première ligne, alors que ce n'est pas elle,
généralement, qui est coupable d'un délai, puisque c'est
quelque part dans l'arrière-boutique, dans une tour quelconque où
le dossier va traîner. Il faut donc, à ce moment-là, que
cette rétroaction ne se fasse pas seulement par la personne qui est en
première ligne, mais vraiment par tout le système;
rétroaction signifie quelquefois remise en cause profonde de l'appareil
de fonctionnement. Ce sera, d'ailleurs, l'un des thèmes majeurs de notre
prochaine année.
Si vous le permettez, je m'arrête là, car l'essentiel de
l'activité de notre dernière année sera bientôt
présenté au Conseil des ministres. C'est attendu, comme vous le
savez, puisque chacun... Au moins, ce document, déposé au Conseil
des ministres, est lu fidèlement par chaque attaché de presse de
chacun des ministres pour voir ce qu'il renferme de glorieux ou de moins
glorieux. Il sera, le plus rapidement possible, c'est-à-dire dans moins
d'un mois maintenant, selon notre échéancier,
déposé à l'Assemblée nationale. J'aimerais
souligner que ce sera, de tous les rapports d'activités de tous les
ministères et organismes, le premier à être
déposé, rendant compte de l'année 1984-1985 se terminant
au mois de mars 1985. Donc, moins de deux mois après la fin de
l'année, le rapport sera déjà déposé, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre.
J'invite maintenant le porte-parole de l'Opposition, M. le député
de Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, mes collègues, M. le
ministre, j'aimerais, tout d'abord, souligner le fait que c'est à un
nouveau ministre délégué aux Relations avec les citoyens
auquel nous avons affaire cette année. Même si je pense, avec
regret, que son règne sera court, j'ose espérer qu'il mettra
autant d'énergie que son prédécesseur pour mener cette
lutte à mort contre la bureaucratie, telle que la qualifiait
l'ex-député de Bertrand. Mais il est bien évident que
cette lutte contre la bureaucratie doit s'accompagner d'une réelle
volonté politique de la part de tous les principaux
intéressés, soit tous les ministres.
Mais, depuis un peu plus de deux ans, en raison de cette absence de
volonté politique, les quelques réalisations du ministre
délégué aux Relations avec les citoyens sont davantage
à l'image d'un demi-succès ou d'un demi-échec. C'est un
peu comme si on avait réussi les objectifs les plus faciles à
atteindre, mais qu'on avait d'avance abandonné la partie en ce qui
concerne les problèmes les plus criants qui résultent d'une
bureaucratie exagérée.
Depuis deux ans, on a espéré que le poste de ministre
délégué aux Relations avec les citoyens, que le
gouvernement a créé à grands moyens publicitaires, aurait
contribué de façon majeure à une plus grande humanisation
des services. J'espère, M. le ministre, que, dans votre cas, vous serez
plus entendu de vos collègues que votre prédécesseur. Des
progrès ont certainement été réalisés. Je
songe particulièrement aux efforts entrepris pour ouvrir, sur l'heure du
dîner - je pense qu'on va être tous d'accord là-dessus - les
bureaux offrant des services directs à la clientèle ou encore
à ceux concernant la signalisation à l'intérieur et
à l'extérieur des édifices gouvernementaux ou à
l'obligation, pour chaque fonctionnaire, de s'identifier, même au
téléphone.
Ces progrès se comparent-ils avec les besoins? Est-ce que c'est
tout le résultat auquel on doit s'attendre du million de dollars et plus
que le ministre a à sa disposition, qui finance chaque année le
cabinet et le secrétariat?
L'excès de bureaucratie a bien d'autres inconvénients que
ceux qu'on vient de citer et les deux années qui viennent de passer en
ont aussi créé d'autres. Je prendrai d'abord l'exemple des
centres Travail-Québec. Le ministre, M. Lazure, votre
ex-collègue, était d'accord pour affirmer avec nous, l'an
dernier, que la population qui faisait affaires avec un centre
Travail-Québec devait faire face à un service d'accueil et de
prise en charge déplorables et aussi à une abondance de
formulaires qui pouvaient en décourager plus d'un. De plus, le
gouvernement actuel n'a pas cessé d'augmenter ni de multiplier les
programmes offerts. C'est ce qui rend la chose encore plus compliquée
pour la personne qui se présente à un centre
Travail-Québec et qui recherche une solution qui l'amènera sur le
marché du travail.
Je ne veux pas faire ici le procès des
programmes de création d'emplois du gouvernement. Je
désire simplement démontrer que le Secrétariat aux
Relations avec les citoyens n'a probablement pas concentré ses efforts
là où les problèmes bureaucratiques étaient les
plus criants. Pourtant, le ministre nous avait dit l'an dernier que les centres
Travail-Québec étaient sur la liste des priorités. Il faut
avouer que les services offerts par ces centres sont aussi médiocres et
que l'empressement du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu à les améliorer n'est pas
très grand.
De tout cela, de notre côté, il se pose de grandes
interrogations sur la capacité réelle du ministère et de
son équipe à réellement influencer les décisions
qui ont tendance à alourdir davantage la fonction publique et
parapublique. Quels ont été, par exemple, les gestes concrets du
ministre pour encourager un recours plus sélectif à la
réglementation? J'oserais dire que cela constitue un réel
problème dans notre fonction publique et décourage plusieurs
personnes qui, pour réaliser un projet, doivent subir la pression des
règlements tatillons imposés par le gouvernement. (20 h 30)
Je reviendrai encore une fois sur la question des centres d'accueil. Le
ministre du temps, M. Lazure, nous avait promis, l'an passé, que chaque
centre d'accueil déposerait un plan d'amélioration de ses
services. Cela a-t-il été fait dans tous les cas? Comment
prévoit-on régler le problème du manque de ressources?
Peut-on croire que le ministre délégué aux Relations avec
les citoyens a réellement les pouvoirs d'influencer le ministre des
Affaires sociales sur cette question, surtout quand' on connaît la
rapidité avec laquelle le ministre s'empresse - et on l'a vu encore
dernièrement, la semaine dernière - de nier les problèmes
que vit le réseau des Affaires sociales? Il y a deux ans, le poste de
ministre délégué aux Relations avec les citoyens
était nouveau. On pouvait tout espérer. L'expérience nous
démontre, au contraire, que notre doute de l'époque était
fondé et que le ministre n'aura pu mener sa lutte à mort contre
la bureaucratie. Il en aura tout juste touché la surface et l'image,
laissant les véritables problèmes de la bureaucratie
québécoise sans solution.
Le Président (M. Lachance): M. le député,
est-ce...
M. Caron: Est-ce que le ministre répond ou...
Le Président (M. Lachance): Oui, M. le ministre.
M. Élie Fallu M. Fallu: Volontiers. Je veux remercier mon
bon collègue de Verdun pour ses paroles toujours aimables. Je sais que,
dans sa bouche, même les critiques ne sont jamais acerbes, elles sont
toujours constructives. On a tellement travaillé ensemble depuis neuf
ans qu'on a appris à se connaître et à se respecter.
M. le Président, non pas le secrétariat, parce que nous ne
sommes qu'un outil, mais l'ensemble de l'activité gouvernementale et
l'ensemble de l'activité des fonctionnaires, l'ensemble de
l'amélioration, devrais-je dire, de l'humanisation des relations avec
les citoyens et les citoyennes qui a été fait souffrent de
quelque chose d'assez terrible. Cela a été d'ailleurs mon premier
constat en arrivant au secrétariat; tout cela était mal connu.
C'est à ce point que le dernier sondage que nous avons
déposé indique que seulement 28 % de la population du
Québec sait que les bureaux du gouvernement et des
sociétés d'État, des offices et des régies sont
ouverts le midi. C'est un peu frustant et je le sens actuellement de la part
d'un grand nombre de fonctionnaires. Nous avons demandé, à de
très nombreuses reprises, aux organismes eux-mêmes, aux
ministères et aux régions de faire connaître les plans
d'amélioration et l'amélioration qu'ils apportaient aux services.
Sauf que c'est sans doute notre plus grand échec et il me semble
maintenant que, grâce à cette commission parlementaire ce soir et
grâce à un certain nombre d'efforts, nous allons tenter dans les
mois à venir de faire connaître l'effort qui a été
fait par les fonctionnaires, de le faire connaître aux citoyens, mais
également de rendre hommage de cet effort aux fonctionnaires. Je
constate notamment, d'après les questions et certaines remarques du
député de Verdun, que justement on a encore l'impression de ce
qui était dans certains domaines, il y a un an.
Si vous me permettez, je réponds maintenant à un certain
nombre de vos questions. En ce qui a trait, par exemple, aux centres
Travail-Québec, ce que vous disiez était très juste, il y
a un an, ce grand nombre de formulaires, mais sachez qu'entre-temps le
secrétariat est passé un peu par là et que les formulaires
ont été révisés, simplifiés ou encore fondus
de telle sorte qu'ils sont beaucoup plus clairs et simples. Vous faisiez la
remarque - et elle était très juste il y a encore un an - que
l'accueil dans les centres Travail-Québec était hautement
déficient. Au dernier rapport qu'on m'a fait, il y a à peine
quelques jours, on a maintenant 65 % des quelque 130 centres
Travail-Québec qui ont un véritable service d'accueil, accueil et
références et, donc, suivi. Je me suis empressé - puisque
cela avait été inscrit par le Dr Lazure comme l'une des
priorités - d'aller visiter un certain nombre de centres
Travail-Québec
pour voir quels changements s'étaient effectués. Je ne
peux pas juger de l'ensemble des CTQ, des centres Travail-Québec.
Néanmoins, je dois témoigner, par exemple, de ce que j'ai vu
à Jonquière, qui m'est apparu absolument extraordinaire, cet
accueil et cette prise en charge absolument complète, de l'aide sociale
à la formation, aux programmes de formation d'entreprises, à des
programmes de formation, même sur place, par le biais d'autres programmes
qui permettent à des jeunes de se doter d'une capacité de
bâtir leur propre curriculum vitae, etc. J'avais parfois l'impression,
dans ce centre Travail-Québec, d'être plus dans une école
que dans un centre Travail-Québec tellement de services personnels
étaient offerts. Je ne veux pas dire que c'est parfait, loin de
là, pas même chez vous à Verdun, M. le
député, mais je dois quand même témoigner qu'il y a
eu une prise de conscience et qu'il y a eu des améliorations
substantielles.
Quant à la réglementation, oui, c'est vrai, elle sera
toujours trop nombreuse, néanmoins un peu nécessaire dans une
société un peu complexe. Permettez-moi, par ailleurs, sans
vouloir faire de plaidoyer pour le gouvernement - parce que j'aurai
moi-même dans le rapport annuel un certain nombre de
méchancetés à dire, avec des flèches plus
aiguës encore que celles que vous nous lancez ce soir - de dire qu'il y a
eu des efforts de faits; pensons, par exemple, entre nous aux Affaires
municipales, à des réglementations qui ont fait passer de 13 000
à 4000 le nombre d'approbations par le ministre ou par la Commission
municipale. Pensons également à l'effort qui a été
fait pour la PME. On pourrait dire que chaque PME a son guichet unique.
D'abord, la Société de développement industriel et le
ministère ont coordonné leurs efforts, ont mis des services plus
nombreux sur le territoire et on peut dire ce soir que chaque industrie au
Québec a son répondant pour l'ensemble des programmes
gouvernementaux, que ce soit un programme expérimental d'emplois
communautaires, que ce soit un formulaire pour la Société de
développement industriel, et vous savez quelle entente de principe est
arrivée avec le gouvernement fédéral, il y a à
peine quelques jours, qui va permettre aux fonctionnaires du ministère
de l'Industrie et du Commerce d'être également le guichet unique
pour les programmes fédéraux. C'est loin d'être complet et
c'est loin d'être le pactole, mais néanmoins tout cela va dans le
sens de l'amélioration.
Rapidement, en ce qui a trait aux centres d'accueil, vous permettrez
qu'on débatte ailleurs et notamment ce soir dans une autre commission ce
qui a trait aux ressources. En ce qui a trait au plan d'amélioration, il
reste du chemin à faire.
Nous avons exigé, par le biais du ministère, de chaque
CRSSS de faire en sorte que chaque centre d'accueil, hôpital, CLSC, etc.,
établisse son plan d'amélioration de prestation de services. Il
s'est avéré en cours de route, il y a quelques mois, qu'il
fallait également une réflexion, notamment en ce qui a trait aux
centres d'accueil et aux centres hospitaliers. La conséquence a
été la suivante: un comité multipartite, formé
notamment du ministère des Affaires sociales et de l'Office des
personnes handicapées du Québec, a travaillé, et de
très près, avec le milieu pour établir d'abord les
problèmes de relations entre administrations, parce que la
clientèle est sur place cette fois, elle n'est pas à
l'extérieur en ce qui a trait aux centres d'accueil; bien
déterminer quels sont les problèmes pour pouvoir bien asseoir ces
plans d'amélioration. D'ailleurs, on m'a signalé récemment
que le rapport a été déposé et que le ministre des
Affaires sociales l'a actuellement en main; j'imagine qu'il le rendra
bientôt public, mais, comme je le verrai demain au Conseil des ministres,
je lui poserai la question. Cette étude de base devrait pouvoir
être l'assise du plan d'amélioration.
M. Caron: M. le Président, je remercie le ministre, mais
j'aimerais encore souligner ce que nous avons mentionné aux
crédits de l'an passé. Naturellement, avec un nouveau ministre en
place, je pense qu'on doit donner la chance au coureur, et c'est tout à
fait normal. Quand on parle de ministre délégué aux
Relations avec les citoyens, pour moi, et je suis certain que je suis le
porte-parole de mon parti, c'est un ministère qu'on doit
considérer comme très important, aussi important, je dirais, que
tous les ministères ensemble parce qu'il est à la portée
de tous les citoyens du Québec.
J'espère que vous allez pouvoir vous faire respecter de vos
collègues, vous faire entendre et qu'on puisse se parler. Je parle de
l'autre ministre qui est parti, qui, j'imagine, a fait son possible, et on ne
lui fait pas de reproche non plus. Cela a l'air que des fois, au Conseil des
ministres, tout le monde n'est pas sur la même longueur d'onde. C'est
normal, j'ai eu l'occasion de vivre aussi dans un gouvernement au pouvoir et on
sentait que des fois il y avait de petites frictions et on sent aussi que, chez
vous, vous avez la même chose.
J'espère et j'ai confiance.
Personnellement, j'ai eu l'occasion de travailler avec vous depuis 1976
et je sais que les dossiers que vous avez pris en main au ministère des
Affaires municipales, vous avez essayé de les mener à bonne fin.
Alors, je suis convaincu que vous allez vouloir le faire, mais vous ne pourrez
pas le faire seul. Vous allez être obligé d'avoir la collaboration
de tous les autres collègues. C'est tellement
important parce que je pense qu'au Québec on vit des heures
difficiles. Je n'ai pas les pourcentages des personnes qui travaillent ou qui
ne travaillent pas, qui vivent de l'aide sociale ou de
l'assurance-chômage, mais votre ministère est là pour
essayer de collaborer.
Tout à l'heure, vous disiez qu'un fonctionnaire peut
débloquer jusqu'à 1000 $. Je ne sais pas si vous êtes
sûr de ces avancés, mais j'ai vécu, récemment, deux
nuits rouges à Verdun - j'en suis un exemple - avec des feux qu'on n'a
pas demandés. Certaines personnes dans la société qui sont
malades, ce qui s'est fait à Verdun comme 3ur le plateau Mont-Royal ou
ailleurs... On est dans des secteurs défavorisés quand on parle
du territoire de l'Ile de Montréal. Alors, vous savez, quand vient le
temps d'aider ces gens, ce n'est pas facile. C'est vrai qu'il faut aussi
être prudent parce qu'il y a toujours certains profiteurs qui essaient de
s'infiltrer dans ces choses au moment où on doit aider les personnes qui
sont démunies, qui ont des problèmes.
J'espère que vous allez trouver une solution avec l'aide sociale
dans des cas comme cela, quand on a une lettre d'intention du directeur des
incendies, du propriétaire... Qu'on n'attende pas longuement pour
débloquer un certain montant pour ces gens. Si on n'avait pas eu l'aide
d'organisations bénévoles, surtout pendant la semaine du
bénévolat qu'on doit souligner, et Dieu merci... Quels que soient
les gouvernements, municipal, provincial ou fédéral, si on
n'avait pas le bénévolat, je pense que plusieurs personnes en
souffriraient. On a été chanceux, on a eu des organismes pour
nous aider, mais je pense qu'avec votre collègue, le ministre des
Affaires sociales, il doit y avoir certainement un moyen de trouver une formule
pour des cas précis comme cela, pour pouvoir débloquer un certain
montant d'argent et dépanner ces gens parce que, vous savez, si on
n'avait pas ces organismes, il y a des gens qui n'auraient rien à
manger. (20 h 45)
J'irais même plus loin, je pense que votre ministère, avec
le temps, devrait trouver une solution... On a trouvé une solution pour
l'assurance automobile. Alors, je pense que vous devriez vous pencher
là-dessus et cela urge, cela presse. Il faut trouver une solution pour
qu'il y ait un certain pourcentage de l'aide sociale qui aille... Je pourrais
vous dire, sans avoir de chiffres précis, que 95 % des gens qui sont
bénéficiaires de l'aide sociale ne sont pas assurés. Or,
je pense qu'il y aurait lieu de se pencher là-dessus et de regarder pour
qu'on puisse combiner cela parce que, dans le fond, c'est le gouvernement qui
paie. Le gouvernement paie 4000 $ ou 5000 $, tout dépend du nombre de
personnes dans la famille. Je pense qu'il y aurait une possibilité que
tous les gens qui sont bénéficiaires de l'aide sociale soient
comme vous et moi. Si on a une automobile privée - je pense que, tous
les deux, on est chanceux d'avoir une automobile fournie, mais ce n'est pas
tout le monde qui a ce privilège.
Une voix: Je paie la mienne.
M. Caron: Le ministre et moi, on ne parle pas de nous en
particulier, mais je pense que le gouvernement devrait se pencher
là-dessus et je pense que, "on the long run", comme on le dit en
anglais, le montant que cela coûtera pour dépanner les gens quand
ils sont en panne à cause des feux ou autres situations qui arrivent...
Je pense qu'il y aurait lieu de s'y pencher et d'essayer de trouver une
solution pour que ces gens soient assurés à même leurs
revenus d'aide sociale, qu'il y ait une formule comme l'assurance
automobile.
M. Fallu: M. le Président...
M. Caron: C'est une suggestion que je fais au ministre et ma
suggestion est très logique. Quand on vit ce j'ai vécu depuis une
couple d'années à Verdun, ce que le plateau Mont-Royal ou
d'autres personnes ont vécu; je pense que même mon collègue
de Sainte-Anne qui a aussi une partie de Verdun et une partie de Sainte-Anne...
Je pense que vous avez vu cela dans les journaux à maintes reprises. Il
faut trouver une solution. Dans la société, on a certaines
personnes qui sont malades. C'est le petit nombre, mais même à
cela il faut trouver une solution pour essayer d'y remédier. Alors, M.
le ministre, ce sont des suggestions que je vous fais et si la chance - je vous
taquinais au début de mon intervention - vous sourit et que vous
êtes encore ici l'an prochain...
Une voix: À l'automne.
M. Caron: À l'automne, enfin! Je pense qu'il faut parler
sérieusement parce que, quand on parle de personnes diminuées et
qu'on veut aider dans la société, il faut essayer d'être le
plus sérieux possible. C'est mon intention de l'être ce soir.
J'espère que si, l'an prochain, vous êtes là encore vous
pourrez me donner des réponses aux suggestions que je vous fais ce
soir.
Une voix: Parfait.
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Verdun, je suis obligé d'intervenir à ce moment-ci pour dire
qu'il y a au moins quatre députés des deux côtés qui
ont manifesté le désir d'intervenir. Alors, je
demanderais au ministre d'être inversement proportionnellement
bref...
M. Polak:... avant de répondre.
Le Président (M. Lachance):... à l'exposé du
député de Verdun. Alors, il y aurait d'abord le
député de Robervai, le député de Marie-Victorin,
ensuite, la députée de Johnson et le député de
Sainte-Anne qui m'ont demandé de prendre la parole.
M. Polak: Toujours sur le même sujet.
Le Président (M. Lachance)s Oui, absolument.
M. Fallu: Oui, effectivement, M. le Président, je serai
bref. Je voudrais remercier le député de Verdun de ses
suggestions. Je pense qu'ayant vécu depuis longtemps près de son
monde, comme maire et comme député, il est à même de
saisir les problèmes quotidiens.
Je vais vous dire, M. le Président, que cela se fait quand on
veut. Je vous énonçais tout à l'heure que l'Office des
personnes handicapées le fait. C'est relativement simple. Il s'agit que
le fonctionnaire prenne la décision, qu'il autorise immédiatement
le versement de 30 % de la somme, afin que la personne puisse acheter le billet
en question; le reste des versements sera fait plus tard, sur réception
des factures. C'est-à-dire qu'on aura déposé les 30% comme
garantie, on aura déposé des arrhes, comme on dit, et on versera
le solde au moment de la réception du chèque, de telle sorte que
la personne handicapée peut acheter sa prothèse, donc l'avoir
rapidement.
Ce que vous dites en ce qui a trait, par exemple, aux fournitures en cas
de désastre, ceci pourrait subir un traitement exactement de même
nature, pourvu qu'il y ait une volonté gouvernementale de le faire et
qu'on donne au fonctionnaire de première ligne l'autorisation, la
permission d'utiliser son jugement à bon escient.
M. Caron: Alors, M. le Président, juste une
demi-minute...
Le Président (M. Lachance): Trente secondes.
M. Caron:... je veux penser à mes collègues aussi,
le temps nous est restreint. M. le ministre, vous avez raison, vous avez des
fonctionnaires qui sont maladroits; je ne dis pas que c'est tout le monde, mais
un certain nombre, le petit nombre. Or, c'est déjà trop dans des
cas qui arrivent, comme ceux dont je vous ai parlé cette semaine, des
feux ou ces choses-là. Même si vous me dites 30 %, je ne suis pas
d'accord avec vous, avec tout le respect que j'ai pour vous.
Vous avez des fonctionnaires qui nous arrivent avec un paquet de
formules. Je pense que, lorsqu'un directeur des incendies vous donne une lettre
selon laquelle la maison est une perte totale les 30 % dont vous parlez
devraient être donnés immédiatement, avec une lettre de
créance, avec une lettre d'une personne responsable. Mais vous avez
encore des fonctionnaires qui manquent de jugement et d'intelligence. Je
m'excuse de dire cela.
M. Fallu: Non, mais...
M. Caron: C'est le petit nombre, mais il y en a encore.
M. Fallu: Notez, M. le député, qu'encore faut-il
que le fonctionnaire ait l'autorité pour le faire. Alors, il s'est agi
pour nous, dans notre service, de donner...
M. Caron: Donnez l'autorité.
M. Fallu:... l'autorité au fonctionnaire de le faire. 30 %
comptant et une lettre d'intention, cela vaut 100 % auprès de n'importe
quel fournisseur, en l'occurrence.
M. Caron: Pas 100%, parce que, tant qu'ils ne sont pas
installés, qu'ils n'ont pas une nouvelle adresse... Enfin! M. le
Président, je vous remercie.
Le Président (M. Lachance): Oui...
M. Fallu: M. le député, vous avez tout à
fait raison. Le ministre délégué aux Relations avec les
citoyens et citoyennes ne peut rien faire seul. C'est essentiellement
l'ensemble des organismes et des ministères qui a le mandat
d'établir des relations harmonieuses avec les citoyens et les
citoyennes.
Le Président (M. Lachance): Avant de céder la
parole au député de Roberval, je voudrais souligner la
présence d'un journaliste de la Presse canadienne, M. Norman Delisle. M.
le député de Robervai, vous avez la parole.
M. Polak: Pourquoi soulignez-vous la présence d'un
journaliste, M. le Président? C'est la première fois que
j'entends cela. Je respecte beaucoup les journalistes, mais...
M. Caron: C'est un jeune journaliste, c'est un nouveau, il arrive
ici à l'Assemblée.
Le Président (M. Lachance): C'est pour montrer à
messieurs de la commission que c'est une commission importante et que...
M. Polak: II vient à toutes les commissions, tout le
temps.
Le Président (M. Lachance): II y a des gens qui
s'intéressent à ce qui se dit ici. M. le député de
Roberval, vous avez la parole.
Affichage dans les édifices
gouvernementaux
M. Gauthier: Merci, M. le Président. M. le ministre, c'est
agréable de vous accueillir, pour la première fois, pour la
défense des crédits de votre nouveau ministère ou du
secrétariat que vous dirigez et de l'organisme également, qui est
l'Office des personnes handicapées du Québec.
Cependant, j'aimerais avoir certaines explications de votre part. De
l'interne même, il nous apparaît que le secrétariat du
service aux citoyens a un fonctionnement -j'aimerais que vous clarifiiez cette
chose ou que vous la corrigiez si ce n'est pas exact -qui, en lui-même,
est lourd. Cela m'apparaît extrêmement compliqué d'apporter
ou de demander à des ministères ou de faire en sorte que
s'appliquent dans ces derniers des changements qui sont, de toute
évidence, désirés par tout le monde. Cela ne prend pas non
plus, je pense, une formation bien extraordinaire pour comprendre que certaines
choses pourraient être améliorées de façon rapide,
efficace et dans la bonne direction.
A titre d'exemple, vous avez parlé de l'affichage à
l'édifice Marguerite-Belley. Je voudrais parler de l'affichage en
général dans les édifices gouvernementaux. Je ne sais pas
comment on s'y prend au gouvernement -c'est de tout temps, de toute
façon - on dirait qu'on a trouvé le moyen de complexifier
tellement les explications de nos citoyens qui entrent dans un édifice
public, on a trouvé le meilleur moyen de le faire parce que le
système... Je pense, entre autres, à ce qu'on voit
régulièrement dans les édifices, à Québec,
les plaquettes bleues avec des trucs qui s'insèrent, deuxième
étage et premier étage. On regarde cela avec un oeil critique et
on s'aperçoit que, finalement, on est obligé de s'arrêter,
de bien regarder et de vérifier pour être sûr qu'on est au
bon endroit. Je suis allé dans bien des endroits dans ma vie, dans bien
des entreprises importantes, dans des édifices complexes et, c'est
drôle, tout le monde trouve le moyen facilement d'écrire
clairement que tel service se trouve à tel étage par un autre
système que des plaquettes qu'on insère et qui n'arrivent
même pas vis-à-vis l'une de l'autre aiors qu'on cherche
l'étage, la chambre et la désignation.
Je voudrais savoir de votre part, M. le ministre, si c'est parce que
c'est terriblement compliqué de changer cela dans les ministères
ou bien si c'est parce que personne n'a été capable de trouver un
système clair, précis et qui rendrait service aux citoyens?
Qu'est-ce qui fait que votre secrétariat ou votre service n'a pas encore
réussi, en deux ans, à changer complètement un affichage
qui n'a pas d'allure dans les édifices gouvernementaux, de façon
générale? Peut-être avez-vous un plan à cet effet?
Il ne m'apparaît pas très compliqué de mettre en branle une
chose comme celle-là. Il me semble qu'une seule indication ou directive
du ministre délégué aux Relations avec les citoyens
devrait être susceptible d'apporter un changement dans les quinze jours
ou les trois semaines qui suivent, dans l'ensemble des édifices
gouvernementaux. J'aimerais avoir votre point de vue là-dessus. J'aurai
d'autres questions qui se rattacheront probablement à votre
réponse.
M. Fallu: J'aimerais bien, M. le député, qu'il soit
aussi facile de faire agir 350 000 personnes au Québec. Vous savez, il y
a des lourdeurs. Vous me permettrez une comparaison. C'est à peu
près comme dans la cuisine, chez vous ou chez moi. On a fini par
s'habituer à une certaine disposition des meubles ou à un
affichage ou à quoi que ce soit. Tout à coup, une bonne
journée, en revenant chez soi, une fin de semaine, on découvre
qu'il y a, sur le tableau d'affichage, à côté du
téléphone, un message qui date de trois ou quatre mois. On a
lancé l'appel téléphonique, mais on a toujours
oublié d'enlever le papier et c'est toujours là. C'est chez nous,
avec nos habitudes personnelles.
Il en va, évidemment, de même dans l'appareil
gouvernemental. C'est pour cela qu'on essaie, par nos tables régionales
ou pluriministérielles, nos tables générales de tous les
intervenants des ministères, de faire réfléchir les gens -
c'est presque de l'éducation - pour que des consciences nouvelles se
développent et que les gens regardent les choses avec des yeux neufs.
Comment dire autrement?
Par le biais des visites, nous faisons souvent découvrir aux gens
ce qu'eux-mêmes ne voient plus chez eux. On a découvert, il y a
quelques semaines, dans un édifice, à Montréal, qu'il y
avait sur trois panneaux, l'un à côté de l'autre, la
Régie du logement, la Commission des loyers et la Régie des
loyers. C'est-à-dire qu'il y en a un qui était blanc sur fond
noir, Régie des loyers, la Commission des loyers, blanc sur fond brun,
et on avait le sigle officiel, blanc sur fond bleu, Régie du logement.
Trois appellations distinctes, sur le plan historique, de ce qu'était
cette Régie du logement, mais on avait accolé les nouveaux
panneaux l'un à côté de l'autre à chaque fois qu'on
en posait un neuf. Il ne s'est agit que d'une visite d'un des membres du
secrétariat pour dessiller les yeux de ces gens. Notez que cela a
été une bonne chose parce que le président de la
Régie du logement nous croyait fous et bêtes de lui raconter des
bobards de cette nature. Il a fini lui-même, comme président,
par
faire le tour de ses propres bureaux, partout, pour aller voir comment
cela se passait. Je peux vous dire que cela a changé rapidement.
Je peux vous dire qu'en date du 15 mars 1985, à la Tour de la
bourse, à Montréal, le panneau d'entrée indiquait encore -
dernière vérification faite - que, plus d'un an après sa
démission le bureau de Jacques-Yvan Morin, vice-premier ministre, et
celui de Jacques Parizeau, ministre des Finances, apparaissaient toujours.
C'est un peu comme notre épingle sur le babillard; on a oublié de
l'enlever. Cela prend des yeux neufs, comme ceux du secrétariat,
quelquefois, pour faire bouger les gens. (21 heures)
II y a d'autres méthodes aussi. Par exemple, dans les grands
ensembles, pour que les gens puissent s'y retrouver, il y a la création
des postes d'accueil. Depuis un an, il y a un poste d'accueil à
l'édifice G; il y a un poste d'accueil à l'édifice H; il y
a un poste d'accueil au 20, Chauveau - vous êtes déjà
allés au 20, Chauveau et vous savez quel dédale était
cette ancienne Académie de Québec: personne pour accueillir
personne - au 200, chemin Sainte-Foy - et là il y a plusieurs
ministères il y a un poste d'accueil pour l'ensemble des
ministères; l'édifice Marguerite-Belley à Jonquière
etc. Évidemment, je vous dis: II me faut me battre actuellement pour que
l'endroit à Montréal où il y a le plus de fonctionnaires,
la Place Desjardins, ait lui aussi un bureau de renseignements, un bureau
d'accueil quelque part dans un basilaire 1, 2, 5 ou 4, pour que les gens
puissent s'y retrouver. La seule chose qu'on connaisse ce sont les tours nord,
sud, est et ouest.
Voilà le type d'actions qu'on fait. On a même
créé des vidéo pour sensibiliser les gens à cet
ancien vécu, pour qu'ils regardent d'une façon neuve leur propre
signalisation sur leur porte. Essayez d'imaginer quelqu'un qui arrive dans un
édifice et qui voit: Direction Moyen-Orient. Il a envie de s'acheter un
billet d'avion pour partir. Mais je vous jure que, pour le citoyen, monsieur et
madame Tout-le-Monde, cela ne représente certainement pas un service
gouvernemental. La langue dans laquelle le panneau est écrit ne convient
pas à la compréhension moyenne des gens. C'est essentiellement de
l'affichage d'un organigramme quelconque d'un ministère. C'est par ces
moyens multiples que nous travaillons. M. le député, est-ce que
la signalisation à votre bureau de comté est bien faite?
M. Gauthier: Oh oui!
M. Fallu: Est-ce qu'elle est visible de toutes parts quand on
arrive de gauche ou de droite devant la rue? Est-ce qu'il y a un drapeau du
Québec qui identifie l'immeuble? Est-ce que votre bureau est accessible
aux personnes handicapées?
M. Gauthier: M. le ministre, je vais vous arrêter tout de
suite. Il y a un drapeau du Québec, ma photo, des vitrines tout le tour
et je suis seul dans l'édifice. Alors, ce n'est pas compliqué. Il
y a un bon stationnement en plus.
M. Polak: Le drapeau du Canada? Maintenant qu'il y a le nouveau
fédéralisme il y a une petite feuille d'érable...
M. Fallu: Merci de votre réponse, M. le
député, elle n'était pas piégée
celle-là.
M. Gauthier: Ceci étant dit, M. le ministre, je vous
remercie de votre explication. J'aurais une autre question. Vous avez
parlé tout à l'heure des plans des édifices
gouvernementaux, je suis intéressé à cela et je n'ai pas
tellement saisi ce que vous en avez dit. Il y a une espèce de pratique,
depuis quelques années, c'est depuis l'édifice G ou quelque chose
comme cela: c'est la manie des demi-cloisons. À mon avis, c'est
très mauvais sur le plan de l'esthétique, c'est
désagréable pour les gens qui y travaillent et c'est
désagréable surtout pour le client qui y va. Je pense à
quelqu'un qui va consulter un agent de l'aide sociale ou un agent du centre
Travail-Québec - ce sont maintenant les mêmes agents - et qui a
à discuter de son cas personnel. De savoir que la cloison le
dépasse d'à peine deux pieds s'il est assis et que ses propos
peuvent être entendus par n'importe qui, c'est extrêmement
désagréable. Au secrétariat, est-ce qu'il y a une
préoccupation de faire en sorte qu'on puisse assurer une meilleure
confidentialité des gens qui vont dans ces services, ou est-ce qu'on a
renoncé à tout jamais à cet objectif en laissant aux
architectes le soin de faire des demi-cloisons et aux compagnies qui en
fabriquent la possibilité d'en vendre? Je voudrais savoir ce que vous
avez de prévu par rapport aux édifices gouvernementaux.
M. Fallu: Évidemment, il y a certaines contraintes
architecturales qui sont relatives, par exemple, à la durée des
baux, etc. La Société immobilière en profite non pas
quelquefois, mais maintenant c'est d'une façon systématique, pour
que les nouveaux locaux loués par la société soient
conformes à un certain nombre de normes: que ce soit l'adaptation pour
les personnes handicapées ou que ce soit l'aspect de privatisation des
lieux. Le gouvernement lui-même, dans les édifices qu'il
possède - et, si vous permettez, cela compléterait la
réponse que je donnais tout à l'heure au député de
Verdun en ce qui a trait aux centres Travail-
Québec - dans l'édifice Marguerite-Belley où il n'y
avait que des demi-cloisons, donc aucun lieu privé pour recevoir les
gens qui venaient pour l'aide sociale, pour le travail ou simplement pour
converser avec des fonctionnaires mais en privé, il y en a maintenant,
je crois, cinq ou six lieux privés qui ont été
installés récemment. Maintenant, nous avons un comité
conjoint avec la Société immobilière du Québec et
nous avons une entente avec cette société pour que, d'une
façon systématique, tous les ministères qui ont besoin de
rencontres privées dans les bureaux puissent maintenant avoir des
bureaux fermés.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Marie-Victorin.
M. Pratt: M. le ministre, mes questions seront très
brèves. Comme un des buts de votre ministère est de rapprocher
l'administration des administrés, la question que je me pose est comment
vous vous y prenez pour faire la publicité des mesures que vous
développez. Je prends comme exemple - et c'est très bien
d'ailleurs - le fait d'être ouvert à midi. C'est une politique
nouvelle que vous développez. Comment le public peut-il savoir que cette
politique est maintenant en vigueur? Dans une région comme la mienne,
comment va-t-on l'apprendre? Êtes-vous présents par le biais des
journaux régionaux? De quelle façon pouvez-vous faire
connaître les actions concrètes que vous posez?
Deuxièmement, une question qui se lie à cela aussi: Est-ce qu'il
y a un certain chevauchement de votre action avec celle des bureaux du
ministère des Communications en région? J'ai assisté, il
n'y a pas tellement longtemps - nous y étions - à Place
Longueuil, è un bureau du ministère des Communications... Est-ce
qu'à certains égards vous faites double emploi, est-ce qu'il y a
un chevauchement? Est-ce assez clair?
M. Fallu: En ce qui a trait à la connaissance par le
public des acquis, vous faisiez notamment référence à
l'ouverture des bureaux gouvernementaux le midi. Jusqu'à maintenant,
nous avons demandé aux organismes eux-mêmes ou aux régions
de faire la publicité. Si vous me le permettez, dans la Tribune du 27
janvier 1985, le bureau régional de Communication-Québec faisait
paraître un encart publicitaire informatif annonçant l'ouverture
des bureaux le midi, donc en les divisant en plusieurs groupes, ceux qui sont
ouverts le midi, ceux qui offrent des services 24 heures par jour et ceux qui,
à la limite, ne pouvant pas être ouverts le midi, offrent au moins
le services d'un répondeur automatique. De la même façon,
Hydro-Québec a annoncé - et sans doute avez-vous vu dans les
journaux cette très belle publicité d'ailleurs qui est en date du
22 janvier 1985 qui a paru dans tous les hebdos et dans tous les quotidiens du
Québec - que, dorénavant, les 44 bureaux d'Hydro seraient ouverts
de midi à treize heures. Pour le reste, je vous dirai honnêtement
que nous n'avons pas de crédits pour faire de la publicité, sauf
qu'il y a un certain nombre de communiqués de presse qui sont
émis à l'occasion de bilans ou, d'une façon très
spécifique, j'ai souvenance qu'au mois de novembre dernier le Dr Lazure
avait émis un communiqué de presse faisant le bilan à
cette date de l'ensemble des bureaux ouverts au Québec.
Votre deuxième question à propos du ministère des
Communications, c'était l'ouverture chez vous d'un bureau
régional. Il n'y a pas de chevauchement, nous ne chevauchons personne
puisque nous ne sommes que des incitateurs. Nous ne sommes que des pousseurs de
dossiers. Le ministère des Communications, notamment en région,
est notre allié, je dirais notre bras civil. Je ne veux surtout pas leur
enlever le mérite qu'ils ont; mais c'est effectivement la
charnière, l'outil de réalisation parce que, dans toutes les
régions, les directeurs des bureaux régionaux sont
également les présidents des tables régionales pour
l'amélioration des services. C'est sous leur patronage que se tiennent
les réunions régionales. Ils sont réellement les
animateurs du milieu et donc, bien loin de chevaucher, ils sont la
prolongation, dans les diverses régions, de l'action que nous tentons de
mener conjointement avec eux.
Le Président (M. Lachance): Mme la députée -
j'allais dire Mme Juneau - de Johnson. Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. J'écoutais
attentivement, M. le ministre, votre déclaration ou les quelques mots
que vous avez dits au début de la commission. À un moment
donné, vous avez dit: Des décisions pourraient être prises
en région concernant 1000 $ en descendant, ces décisions à
l'Office des personnes handicapées, si j'ai bien compris, pourraient
être prises en région. J'aimerais que vous parliez un petit peu
là-dessus pour en savoir davantage, pour les membres de la commission,
s'il vous plaît. J'aurai une autre question après.
M. Fallu: C'est la même commission qui siège pour
les deux dossiers. Cela fait plaisir de voir que la théorie qu'on
professe dans l'un, on puisse l'appliquer dans l'autre. Vous savez, une
personne handicapée qui a besoin d'une prothèse quelconque, que
ce soit une paire de souliers, que ce soit un répondeur
spécifique parce qu'elle est malentendante, que ce soit un
téléscripteur
"de quelque façon parce qu'elle a une déficience visuelle,
que ce soit une chaise roulante, etc., voilà un besoin auquel on peut
apporter une réponse immédiate. Il s'agit simplement que le
fonctionnaire en région soit autorisé - je le
répète - à autoriser lui-même, à sa
façon, la dépense qui fait partie d'un plan de services pour la
personne handicapée. Alors, immédiatement, la personne
handicapée est autorisée à faire l'achat s'il s'agit d'un
objet de moins de 1000 $. Il y a une autorisation de versement de 30 % de la
valeur et, sur réception de la facture, l'office, cette fois à
Drummondville, acquittera la différence.
C'est un peu comme si vous aviez une lettre de créance que vous
présentez à la banque. On vous dit: On vous accorde une
subvention. Avec cette seule lettre, votre gérant de caisse va vous
avancer l'argent. Mais là on fait plus: on verse 30 %, de telle sorte
que non seulement avec la lettre qui autorise la dépense totale, mais
avec déjà un premier versement, vous êtes sûr que
votre "marchand" va vous livrer la marchandise et saura attendre les trois
semaines ou un mois qu'il faut pour le reste du paiement.
Mme Juneau: Cela veut dire qu'avant cela ne se faisait pas?
M. Fallu: Cela ne se faisait pas. Et les remarques du
député de Verdun, tout à l'heure, à cet
égard, sont très importantes parce que combien de
décisions pourraient être prises en région.
Déjà, un certain nombre se prennent. Voyez ce qui se fait,
maintenant, dans les bureaux du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu en ce qui a trait au programme
expérimental de création d'emplois. Au niveau régional, on
peut autoriser une subvention - il s'agit d'une subvention, donc d'un don -
à une entreprise allant jusqu'à 75 000 $; dépassé
75 000 $, cela doit venir à Québec à l'OPDQ...
Mme Juneau: L'Office de planification...
M- Fallu:... l'Office de planification et de développement
du Québec. Cela peut être fait dans un très grand nombre de
ministères. Il s'agit simplement qu'on approuve préalablement ce
genre de capacité de dépenses et qu'on exerce un certain
contrôle a posteriori pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de
détournement de fonds.
Mme Juneau: Merci, M. le ministre. Ma deuxième question:
vous avez parlé aussi de rétroaction. Vous avez dit: Une remise
en cause profonde de l'appareil de fonctionnement. Ce serait votre but
visé pour le prochain exercice. J'aimerais que vous nous en disiez un
petit peu là-dessus, s'il vous plaît.
(21 h 15)
M. Fallu: Vous me permettrez plutôt, d'une façon
théorique, de répondre par l'exemple d'un vécu, et de cela
il y en a des quantités, que ce soit au ministère de la Justice
ou ailleurs. Au bureau régional de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, on recevait 13 000 appels téléphoniques
par mois. Cela embête tout le monde. Les gens passent leur temps au
téléphone, on n'a pas le temps de jaser, on n'a le temps de rien
faire, on est au téléphone constamment, à répondre
au téléphone. Le téléphone sonne et les lignes sont
engagées, c'est la presse, etc. On se dépêche à
répondre. On a l'air brusque parce qu'il y a une autre ligne qui est en
attente et... Vous voyez toutes les conditions de travail pour les
fonctionnaires. Et pour 13 000 appels téléphoniques par mois qui
entrent dans un bureau, vous imaginez l'équipement que l'on doit mettre
en place.
Un bon jour, on se dit: Qu'est-ce que c'est, ces appels
téléphoniques? On se met à faire de la rétroaction.
C'est dire non seulement qu'il est entré un appel à 10 h 32 et un
autre à 10 h 37, mais quel est le contenu de ces appels
téléphoniques? Le mois suivant, on ajoute aux chèques,
puisque maintenant la CSST peut émettre les chèques en
région avec la décentralisation, la déconcentration, on
ajoute sur le talon du chèque un petit bulletin sur lequel il y a cinq
éléments. On crochète le premier: votre chèque
couvre la période de telle date à telle date. Votre prochain
chèque sera émis à telle date. Voulez-vous, s'il vous
plaît, remplir le formulaire que nous vous avons posté la semaine
dernière? Savez-vous le résultat? De 13 000 appels
téléphoniques par mois, on est passé à 6000. C'est
de la productivité dans la société. La rétroaction
permet, à ce moment-là, productivité, qualité de
vie au travail pour les fonctionnaires, efficacité plus grande et
humanisation des services.
Mais, à ce propos, je dois vous dire qu'il y a quelques jours
à peine, dans une commission parlementaire, alors que nous avions
prévu d'une façon expresse que le talon de chèque du
travailleur ou de la travailleuse accidentée puisse contenir un certain
nombre d'éléments de cette nature, des informations, nos
collègues du Parti libéral ont vilipendé et ont
obligé la commission à retirer cet article qui, à mon avis
pourtant, était à l'avantage des citoyens et des
citoyennes...
Mme Juneau: Vous n'êtes pas sérieux.
M. Fallu:... accidentés. J'espère qu'en
troisième lecture on pourra revenir sur cette décision...
Mme Juneau: C'est terrible, terrible.
M. Polak: Alors, ne commencez pas à rater l'affaire, cela
va bien en ce moment,
M. Fallu:... qu'on pourra revenir sur cette décision et
inclure ce petit talon qui peut donner des informations et humaniser ainsi nos
services.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Lachance): Je cède maintenant la
parole au député de Sainte-Anne qui attend avec impatience de
pouvoir vous parler, M. le ministre.
M. Polak: Merci, M. le Président. Oui, trois petites
questions et remarques. M. le ministre, j'ai une contribuable que je connais
très bien et qui m'a montré une lettre reçue du
ministère du Revenu réclamant 0, 62 $ pour impôt dû,
avec une menace de poursuite à moins que cela ne soit
réglé tout de suite. Cela doit avoir coûté au moins
0, 32 $ en timbre. J'ai écrit pour cette contribuable parce que cette
même contribuable avait reçu une lettre du ministère quatre
mois avant, disant qu'elle ne devait rien. J'ai reçu une autre lettre du
ministère disant que l'affaire était sous enquête, un autre
timbre 0, 32 $. On en est déjà rendu à 0, 64 $ de timbres
pour 0, 62 $ de réclamation. Je ne mentionne pas le cas du
député de Verdun qui a un cas où on réclame 0, 01
$. J'ai cela ici devant moi, M. le ministre, 0, 01 $. Le mien était
pire, c'était 0, 62 $. Le pire de tout, c'est que la contribuable en
question était ma femme.
Une voix: Paie cela, voyons.
Influence morale du ministre
M. Polak: Donc, j'ai écrit au ministre. Imaginez-vous, M.
le ministre, je ne vous écris pas, évidemment, parce que je n'ai
pas pensé au protecteur de la population, etc. J'ai pensé au
ministre du Revenu. Imaginez-vous les contribuables comment ils sont furieux
quand ils réalisent l'écrasement de l'appareil gouvernemental. Et
c'est la femme d'un député; au moins, j'avais le courage de
répondre. J'ai eu de la correspondance; nous en sommes rendus à
2, 12 $ de timbres et ce n'est pas encore résolu.
Donc, c'est ma première question. Est-ce que vous êtes en
mesure de dire, par exemple, M. le ministre du Revenu... S'il vous plaît,
ces pauvres citoyens et citoyennes, comme la femme du député de
Sainte-Anne, à un moment donné, il faut arrêter de
débourser plus d'argent que ce que cela vaut. Cela devient ridicule.
Deuxièmement, je me demande quelle est votre influence morale. Je
vous connais, parce que j'ai rencontré dernièrement un de vos
anciens étudiants - je n'ai jamais su que vous aviez été
professeur au cégep - et il m'a dit: Bien correct, même s'il perd
son élection, il va réintégrer le cégep avec
plaisir parce qu'on l'aime bien comme professeur.
M. Fallu: C'est hélas faux, parce que je n'ai pas droit de
retour. On m'a dit cela.
M. Polak: Je me demande ce qui arrive, quelle est votre
réaction, quel est votre pouvoir de persuasion auprès des
ministères. Là, vous avez deux policiers auprès de vous,
qui sont bien gentils, je les ai vus ce soir. Ils sont attentifs, ils vous
donnent des notes, il y en a un qui fume et l'autre qui ne fume pas. Donc, vous
avez tout devant vous et avec vous. Mais je me demande... Qu'est-ce que vous
êtes capable de faire contre l'appareil gouvernemental, un grand
ministère, les Affaires sociales, l'Éducation, par exemple?
M. Caron: II y a des ministres qui mènent tout.
M. Polak: II y a des ministres qui, je ne dis pas qu'ils se
prennent pour d'autres, mais qui vont peut-être vous dire:
Écoutez, c'est bien beau votre fonction, on aime cela avoir des
relations avec les citoyens, mais reste donc dans ton coin. Je ne le sais pas,
je parle d'influence morale. Est-ce que, par exemple, vous avez le droit,
à la fin de l'année, de publier une liste des ministres ou des
employés des ministères qui ne vous ont pas écouté?
Vous allez dire: Voici les mauvais ministères, là où cela
ne marche pas du tout. Ce serait très bon. Aux États-Unis, ils
ont cela, par exemple. Ils ont le droit, dans quelques États aux
États-Unis, de publier une liste de ceux qui se prennent pour plus
puissants que notre ministère. C'est ma deuxième question.
Ma troisième question, c'est l'ouverture des bureaux à
l'heure du dîner. Je pense que, dans votre déclaration du
début, je vous ai entendu dire que cela fonctionne très bien. Je
suis d'accord avec cela; même le député de Verdun vous a
complimenté sur ce système. D'ailleurs, on a
félicité, l'année dernière, M. Lazure pour le
même système; donc vous n'êtes pas le premier à
l'inaugurer. Je pense que vous avez dit que cela fonctionne très bien,
sauf dans le bureau où il y a juste deux personnes. Mais, si je n'ai pas
bien compris... J'ai un bureau d'avocats avec deux personnes, une et demie, et
c'est ouvert de 8 h 30 à 18 heures, parce que nous sommes dans
l'industrie privée, il faut servir les clients; autrement, ils ne
restent pas. C'est très facile à comprendre. Nous avons un
système, c'est qu'il y a une
secrétaire qui prend son lunch de midi à 13 heures et
l'autre de 13 heures à 14 heures, il faut que cela s'arrange. Celle qui
est là, elle peut même manger un petit morceau de pomme en
répondant au téléphone, ce n'est pas la fin du monde non
plus. On ne se tue pas, savez-vous. Donc, je me demande quel est le
problème quand il y en a deux, à savoir que cela ne fonctionne
pas. Quelles sont les conditions de travail? S'il y a deux personnes, on ne
peut pas avoir le bureau ouvert le midi, si j'ai bien compris! Peut-être
que je n'ai pas compris. j'aimerais avoir une réponse rapide à
ces trois problèmes, tout en respectant votre fonction. Parce que je
suis tout à fait d'accord que votre ministère en est un
très important, un gros ministère. Vous devriez avoir une
influence plus que morale, vous devriez avoir le droit de critiquer, de publier
une liste de ceux qui n'ont pas obéi à vos commandements. Si
jamais on prend le pouvoir, j'aimerais bien avoir ce ministère.
M. Caron: II y en a qui se prennent pour d'autres.
M. Polak: Comme le député de Verdun le dit, il y en
a qui se prennent pour d'autres. Donc, rapidement, vos commentaires
là-dessus.
M. Fallu: En ce qui a trait au ministère du Revenu, vous
connaissez toutefois un certain nombre d'efforts qui ont été
faits. Mais qu'il reste des problèmes semblables, je suis heureux des
les connaître. Heureux de les connaître, oui; pas heureux de la
chose, mais heureux de les connaître. Je m'engage à refaire un
examen. Je sais, par exemple, qu'il y a un certain nombre de compagnies qui ne
font aucune réclamation lorsqu'il s'agit d'un montant minime, parce
qu'il en coûte plus cher de faire une réclamation que d'avoir le
solde du dû réclamé.
Le pouvoir moral du ministre - vous avez bien dit que c'est un pouvoir
moral -s'accompagne de deux dimensions. La première, ce sont des ordres
qu'il va chercher au Conseil des ministres. Vous avez remarqué, dans le
rapport annuel, qu'il y a deux parties. Il y en a une qui est faite de bilans,
l'autre de recommandations. Ces recommandations sont approuvées par le
Conseil des ministres et elles deviennent donc des directives à tout
l'appareil gouvernemental. C'est donc dire que ce sont des recommandations qui,
une fois acceptées par le Conseil des ministres, doivent être
suivies.
Il y a également un pouvoir moral, c'est à travers
l'exercice du rapport annuel, où... Vous savez, sans que jamais il n'en
ait été fait mention de façon expresse dans le rapport,
que la presse s'est néanmoins amusée à distribuer,
à la suite du rapport annuel de mon prédécesseur, des prix
orange et citron. Je ne tiens pas moi-même à les distribuer, mais
je sais fort bien que, lorsque le rapport annuel paraîtra, les
méritants se feront récompenser par la presse et les
déméritants se feront reconnaître également. Les
heures du midi. Lorsque j'ai dit, tout à l'heure, que, lorsqu'il
s'agissait d'une seule personne ou de deux... Il n'y a pas de norme, sachons-le
bien. Il arrive que, dans certains bureaux, c'est le cas, par exemple, dans les
bureaux... régionaux du ministère des Affaires municipales ou
dans certains bureaux de l'Environnement, il n'y ait qu'une seule personne, un
professionnel, par exemple. Il est continuellement mobile. Très souvent
d'ailleurs, il est logé dans le même bureau que d'autres
collègues d'autres ministères qui prennent ses appels lors de ses
sorties. C'est surtout à ce type de bureau que je faisais allusion
plutôt que d'autres bureaux.
M. Polak: Avec cela, pas de problème du tout.
M. Fallu: Voilà.
Le Président (M. Lachance): Alors, pour le mot de la fin
concernant le programme 4, M. le député de Verdun.
M. Caron: Avant le mot de la fin, M. le Président, je vais
faire cela vite... "Le Guide des aînés", le ministère des
Communications a refusé de le traduire en anglais, invoquant l'absence
de rentabilité pour une telle opération. Ma question est la
suivante: Le ministre est-il d'avis que 16 % des personnes âgées
anglophones, au Québec, ont droit à une traduction en anglais du
"Guide des aînés"? Ferait-il les recherches nécessaires
pour qu'il soit effectivement traduit?
Pour épargner du temps, la deuxième: Le secrétariat
a financé un sondage portant sur la satisfaction des citoyens du
Québec quant aux services gouvernementaux, au coût de 24 800 $.
C'est cher, je viens d'en faire faire un et cela ne coûte pas aussi cher.
Ma question est la suivante: Peut-on obtenir copie des questionnaires et des
résultats du sondage? Quelle firme a réalisé le
sondage?
La suivante: la mécanique d'appel. Quels efforts ont
été faits pour améliorer les mécanismes d'appel
d'une décision gouvernementale dans des services où cela posait
des problèmes, tels que le ministère de la Justice, le
ministère du Revenu, la CSST, la Commission de protection du territoire
agricole, etc. ?
Pour compléter, M. le ministre - je ne veux pas reprendre la
parole pour donner une chance à mes collègues - combien y a-t-il
d'agents d'information à votre ministère, s'il
y en a? Il n'y en a pas du tout? Alors, les autres questions
s'éliminent. C'est un ministre simple. Alors, parlez-en à vos
autres 26 collègues pour qu'ils en fassent autant, y compris le premier
ministre.
M. Fallu: "Le Guide des aînés", M. le
député, j'ai déjà fait des représentations
et cela, très récemment. Je m'étais justement fait sortir
les statistiques relatives au "Guide des aînés" et j'y vois, en
termes de représentation. Ce sont des choses auxquelles je suis
personnellement très sensible, surtout en travaillant avec l'Office des
personnes handicapées: vous vous imaginez que là c'est non
seulement en anglais qu'il faut traduire, mais en braille, en signes visuels,
etc.
Les sondages, nous vous avons déjà remis copie des
sondages qui ont été faits par des équipes externes du
secrétariat; quatre sondages, en effet. J'aimerais simplement vous
rappeler que l'une des décisions du...
M. Caron: Pouvez-vous les déposer, si ce n'est pas fait ce
soir?
M. Fallu: C'est déjà fait. Vous les avez
déjà.
M. Polak: On les a distribués à la suite de vos
questions.
M. Fallu: J'aimerais simplement rappeler que ces sondages on
été faits à la suite d'une demande du secrétariat.
Les sondages sont des outils qui nous permettent de voir la perception des
citoyens par rapport aux services et également les attentes des citoyens
par rapport aux services.
Les mécaniques d'appel. Je vous dirai que, entre autres, en ce
qui concerne le Revenu, il y a eu des simplifications administratives dans les
dernières lois. La CSST, vous savez que nous sommes présentement
à l'étude du rapport de la commission parlementaire qui a
siégé concernant le projet de loi 42 et qui prévoit d'une
façon expresse créer une commission d'appel CSST pour
débourrer le terrible dossier d'attentes d'un an et demi actuellement,
à la Commission des affaires sociales, en espérant... D'ailleurs,
la loi a prévu, cette fois, des mécanismes qui fassent que les
appels ne puissent plus durer plus de - si j'ai bonne mémoire - 60
jours, de telle sorte que cela débourre vraiment.
M. Caron: M. le ministre, pour ma part, je vous remercie. Je
laisse mon collègue de Marie-Victorin continuer. (Zl h 30)
Le Président (M. Lachance): Avant de laisser la parole en
ce qui concerne l'Office des personnes handicapées, mon
secrétaire des commissions me signale que nous avons reçu une
copie des sondages dont il était question. Cela nous fera plaisir de
vous en transmettre une copie, M. le député de Verdun.
Je pense qu'on pourrait adopter tout de suite les crédits du
programme 4, Relations avec les citoyens, avec les deux éléments.
Est-ce que c'est adopté?
M. Pratt: Adopté. M. Fallu: Merci.
Office des personnes handicapées du
Québec
Le Président (M. Lachance): Nous passons maintenant au
dernier bloc d'une durée de 30 minutes concernant l'Office des personnes
handicapées du Québec. Est-ce que le ministre a des commentaires
à formuler à ce sujet?
M. Fallu: Permettez-moi, M. le Président, de vous
présenter une personne que vous connaissez déjà bien,
puisqu'elle oeuvre à l'office depuis maintenant plus de six ans, Mme
Robillard et à ma droite l'une de mes adjointes, Mme Judith Doyon.
Le Président (M. Lachance): Bienvenue mesdamesl
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais, à titre de
préambule, en préliminaire, rappeler que l'Office des personnes
handicapées du Québec ne répond pas à l'ensemble de
la vie et des besoins des personnes handicapées. L'office est
essentiellement un outil de coordination de l'ensemble des services dans la
société québécoise, bien au-delà du
gouvernement lui-même. D'autre part, l'office, qui a un certain nombre de
programmes, les a d'une façon provisoire, c'est-à-dire les a
d'une façon supplétive, pour suppléer à un certain
nombre de carences que nous avions constatées dans notre
société, dans l'organisation sociale notamment du gouvernement
et, je le répète, d'une façon provisoire. Ce sera
bientôt au ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur
à assumer les crédits que l'office gère
présentement, comme c'est déjà le cas aux Affaires
sociales de gérer les 2 000 000 $ qui étaient dans les
crédits de l'an dernier en ce qui a trait aux services et soins à
domicile pour les personnes handicapées. L'office est donc, je le
répète avec force, un outil de coordination qui possède,
de façon supplétive, un certain nombre de programmes d'assistance
directe, de transfert. Nous aurons l'occasion de revenir sur les
détails.
Permettez-moi de rappeler quelques grands moments de la création
de l'office et,
au-delà de la création elle-même de l'office, de la
problématique des personnes handicapées au Québec.
C'était en avril 1977 la publication d'un livre blanc, et en juin 1977
se tenait la commission parlementaire sur le projet de loi qui est devenu, en
juin 1978, le projet de loi 9 assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées, et qui créait également l'office.
En décembre 1981, pendant l'Année internationale des
personnes handicapées se tenait un sommet socio-économique qui se
voulait d'abord un exercice collectif, comme un sommet, à la cueillette
de l'ensemble des besoins des personnes handicapées, d'une part, et
d'autre part allant déjà chercher un certain nombre de mandats
pour régler des problèmes urgents. Il y avait surtout un mandat
qui était confié à l'Office des personnes
handicapées à la fin du sommet. C'était celui
d'élaborer une proposition de politique d'ensemble.
Il y a à peine un mois et demi, fin février ou
début mars, se tenait... Pardon! D'abord, en janvier 1984, on assistait
à la publication de ce projet de politique d'ensemble intitulé
"À part... égale". En juin 1984, proclamation de la
décennie des personnes handicapées et, récemment 27, 28
février et 1er mars, à Montréal se tenait la
conférence "À part... égale" qui a permis d'adopter les
orientations de "À part... égale". Je dis bien les orientations,
non pas nécessairement chacune des propositions comme telles, mais
l'orientation générale et cela a été ce que j'ai
appelé à l'époque la signature d'un contrat social pour la
fin de la décennie des personnes handicapées, pour que toute la
société intègre bien les personnes handicapées.
Oui, M. le Président, vous me faites signe et je vois surtout
l'heure avancer. Permettez-moi donc, et puisque sans doute, à la suite
de la conférence, tout le dossier des personnes handicapées est
bien connu de notre société, de passer aux crédits. Une
seule remarque, si vous me le permettez. Au cahier des crédits,
déposé à l'Assemblée nationale ces jours derniers,
nous constatons que les crédits de 1984-1985 s'élevaient à
34 797 000 $. Il faut bien savoir lire que les crédits de 1984-1985, au
moment de leur dépôt, étaient de l'ordre de 26 000 000 $ et
non pas de 34 000 000 $. S'est ajouté en cours d'année un budget
supplémentaire de 8 000 000 $ qui avait donc porté à 34
797 000 $ le budget de l'office.
Cette année, nous assistons non pas simplement à une
croissance de 6, 1 %, comme il semble au livre des crédits, mais bien
à une augmentation considérable sur la base des crédits
récurrents puisque s'est ajouté dans les crédits de cette
année, et cette fois d'une façon récurrente, une somme
totale de 4 500 000 $. On doit donc considérer qu'il s'agit cette
année d'une croissance substantielle des crédits de base. Ces
crédits sont surtout à l'un des postes, dans les budgets de
transfert, particulièrement en ce qui a trait à l'aide
matérielle aux personnes handicapées.
Ces remarques préliminaires étant faites, je suis
disponible à la commission.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre, M. le
député de Marie-Victorin.
M. Pratt: Merci, M. le Président. Je suis très
content d'entreprendre ce soir l'étude des crédits de l'Office
des personnes handicapées du Québec, d'autant plus que le nombre
de handicapés dans mon comté est très important et que
leurs besoins et leurs attentes me sont assez familiers pour qu'ils
représentent à mes yeux des priorités d'action
gouvernementale. Je vous dirai que je suis très sensible à tout
ce travail. J'ai moi-même poussé pendant dix ans un fauteuil
roulant chez moi; j'ai gardé ma mère qui était
handicapée. Quand on vit cela d'une façon si immédiate, on
est drôlement touché par toutes les actions, toutes les
interventions qui peuvent être faites dans ce domaine.
Les personnes handicapées au Québec ont certes vu leur
situation s'améliorer depuis un certain nombre d'années. Je veux
rendre hommage ici à Mme la présidente de l'OPHQ; je suis content
de la voir à vos côtés, M. le ministre. Cependant, il y a
des ombres au tableau qui sont suffisamment grandes pour que nos efforts en
tant que société ne se relâchent pas et qu'on tente, dans
toute la mesure du possible, de dépasser le stade des bonnes intentions.
Elles sont nombreuses, ces bonnes intentions: le ministre nous en formule
encore. Mais nous ne pourrons féliciter le gouvernement que lorsque les
personnes handicapées seront vraiment autonomes et qu'elles pourront
décider de l'orientation de l'ensemble de leur vie au même titre
que les autres citoyens.
Mais comment parler d'autonomie aujourd'hui lorsque les services
à domicile sont encore trop peu répandus et que ce n'est qu'en
entretenant la dépendance face aux proches et à la famille que le
handicapé peut bénéficier des soins personnels et
ménagers de base. Si on parle de logement, le principe
d'admissibilité, d'habitabilité est encore trop peu reconnu.
Peut-on vraiment parler de libre choix dans le logement lorsque seulement 5 % -
vous me corrigerez si ce n'est pas correct - de ceux-ci sont accessibles aux
personnes handicapées? C'est loin d'être uniforme comme
pourcentage à travers toute la province.
Pour ce qui est des édifices publics, nous nous expliquons mal
que le gouvernement n'ait pas encore adopté le règlement qui
permettrait la mise en vigueur de l'article sur l'accessibilité des
édifices
construits avant 1976. La lenteur du gouvernement à adopter un
règlement qui devrait l'avoir été depuis cinq ans, est
fortement reprehensible et n'est pas excusable.
Quant à l'accès au marché du travail et à la
politique de revenus, la situation n'est pas plus reluisante. L'attribution des
HLM et des suppléments au logement étant plutôt
dirigée vers les assistés sociaux, les handicapés ne sont
pas encouragés à travailler. En effet, s'ils étaient, en
tant que handicapés, sur le marché du travail, leur salaire
risquerait, d'une part, d'être beaucoup trop faible pour payer un
logement adéquatement aménagé et leur ferait perdre
d'autre part l'admissibilité aux programmes d'aide.
De toute façon, rares sont les handicapés qui
dénichent un emploi. À cet égard, le programme d'embauche
destiné aux entreprises de plus de 50 employés et instauré
par la loi 9 démontre, par ses résultats, la difficulté
d'atteindre l'autonomie tant désirée des personnes
handicapées sur le marché du travail. Quant aux services d'emploi
et de main-d'oeuvre ainsi qu'aux cours de préparation à l'emploi
pour handicapés, ils ne font qu'entretenir l'illusion d'un
progrès qui tarde à se concrétiser.
Ainsi, handicap et aide sociale ne sont encore malheureusement que trop
liés. Chanceux, d'une certaine façon, sont ceux qui sont devenus
handicapés à la suite d'un accident d'auto ou de travail, car ils
ne seront pas assistés sociaux. Ils bénéficieront de
l'assurance automobile ou de la CSST, qui ont d'ailleurs des prestations
beaucoup plus généreuses que l'aide sociale.
Le transport est finalement une autre grande source d'irritation pour
les personnes handicapées et je le vis chez nous d'une façon
assez quotidienne. Est-il acceptable de devoir parfois réserver une
semaine à l'avance pour obtenir une place dans le seul véhicule
de transport adapté existant dans la région? Et ceci n'est qu'un
des problèmes vécus par les personnes handicapées qui
veulent vivre d'une façon autonome. Il y a tous les autres: le
non-respect des horaires, les critères d'admission trop restrictifs ou
encore la justification gênante qu'il faut faire pour chacun des
déplacements. Le simple goût de changer d'air avant d'être
étouffé par les murs de l'appartement est rarement une raison
justifiable.
Dans ce dossier, un minimum de planification et de concertation serait
le bienvenu.
Il faut bien comprendre que même si les bonnes intentions ne
manquent pas, ce ne sont pas elles qui comptent. Ce qui compte, ce sont les
gestes, les actions que le gouvernement pose dans chacun de ces dossiers.
Maintenant que les structures sont en place, il est urgent que notre conscience
sociale envers les personnes handicapées dépasse les mots, et
nous ne dénoncerons jamais assez la discrimination qu'on pratique
à leur égard, les empêchant ainsi de devenir des citoyens
à part entière.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
Bilan
M. Fallu: M. le Président, j'aimerais remercier le
député de Marie-Victorin de me donner presque l'occasion de faire
le bilan que je n'avais pas fait au début pour économiser un peu
de temps à la commission. Avant, j'aimerais lui dire qu'il a tout
à fait raison, que nous ne serons satisfaits, comme
société, que lorsque les personnes handicapées vivront en
intégration totale dans notre société, c'est-à-dire
à part égale. Au moment de faire une telle affirmation,
j'aimerais également rappeler que cette mission n'incombe pas seulement
au gouvernement, mais à toute la société -le monde du
travail, le monde de l'éducation, le monde du loisir, le monde de la
création, le monde de l'entreprise, le monde du transport, le monde de
la vie corporative. C'est toute une société qui doit se mettre en
mouvement pour terminer l'intégration des personnes handicapées,
intégration qui doit être de tous les niveaux: culturel, social,
économique.
Pour parler maintenant d'un certain nombre de dossiers, peut-être
pas nécessairement dans l'ordre dans lequel vous les avez
énoncés, permettez-moi de dire qu'en ce qui a trait au transport
adapté, il s'agit là d'une responsabilité essentiellement
municipale. Néanmoins, sachant fort bien les capacités
limitées des ressources municipales et voulant bien faire sentir aux
municipalités cette nécessité, d'une part, et voulant
également donner aux municipalités l'incitation
nécessaire, vous n'êtes pas sans ignorer que le gouvernement paie
75 % de la note du transport adapté et qu'il s'agit là de bar
ouvert. (21 h 45)
Bref, depuis 1978, alors qu'il n'y avait aucun transport adapté
public au Québec, il y a maintenant 45 municipalités qui sont
dotées de transport adapté en plus... pardon, 345
municipalités sont dotées de transport adapté. Cela couvre
l'équivalent de 85 % de la population et, dans la plupart des
régions où le transport adapté n'est pas encore en place,
on se presse actuellement à le mettre sur pied, que ce soit dans ma
propre MRC ou dans les MRC voisines, Deux-Montagnes ou
Thérèse-de-Blainville.
Les services d'emploi et de main-d'oeuvre ne sont pas toujours, il est
vrai, le meilleur lieu pour les personnes handicapées pour agir par
rapport au monde du travail.
C'est ainsi que nous avons senti la nécessité de mettre
sur pied un certain nombre de services externes de main-d'oeuvre qui puissent
d'abord sensibiliser l'entreprise, mieux prendre en main les personnes
handicapées elles-mêmes dans leur recherche active d'emploi. Ce
n'est pas sans résultat, parce qu'au-delà de vingt services
externes de main-d'oeuvre, puisqu'il en existe au-delà de 50, se sont
déjà donné comme vocation exclusive ou comme l'une de
leurs vocations l'assistance aux personnes handicapées à la
recherche positive d'emploi. Les programmes d'embauche sont accessibles aux
personnes handicapées comme tout autre programme gouvernemental. De
plus, il y a même toute une série de programmes d'embauche qui
sont réservés aux personnes handicapées. Je vous dirai que
les succès ne sont pas minces puisque, foi de Dieu, les budgets de
l'office, c'est l'office qui en gère quelques-uns, se vident à un
rythme assez invraisemblable. À peine trois mois après le
dépôt du budget, les caisses sont vides. Annuellement, il nous
faut retourner en crédits supplémentaires pour aller chercher des
fonds nouveaux. C'est ainsi que, du 1 700 000 $ qui est actuellement dans les
crédits, on peut presque prendre la gageure qu'en moins de trois mois
Mme la présidente n'aura plus un cent dans ses goussets.
Évidemment, il s'agit des contrats d'intégration au travail, sans
parler des plateaux de travail et sans parler des ateliers, des centres de
travail adapté.
Lorsque vous parlez du logement, il est vrai qu'il y a encore un grand
nombre de problèmes. Par ailleurs - c'est presque une réponse que
je ferais au député de Verdun en ce qui a trait aux relations
avec les citoyens et les citoyennes - nous avons vu à ce que le
ministère de l'Habitation puisse vraiment, pour les personnes
handicapées, regrouper ces programmes, d'une part, et aussi donner
priorité aux personnes handicapées pour que, par le biais des
programmes Loginove, Équerre, LOGIPOP, les coopératives, etc.,
les personnes handicapées puissent avoir priorité. D'autre part,
l'office compense les plans de services en adaptant les domiciles. C'est ainsi
que, l'an dernier, plus de 2 000 000 $ ont été fournis à
des personnes handicapées comme supplément des programmes
réguliers du ministère pour adapter leur domicile. On sait que,
maintenant, tous les HLM construits sont à peu près
convenablement adaptés. Je dis "à peu près convenablement"
parce qu'il reste toujours un certain nombre de handicaps, mais, dans les plans
de l'office, ces obstacles, ces handicaps peuvent être relativement
facilement vaincus.
En ce qui a trait au supplément de loyer, le ministère de
l'Habitation fait un effort de même nature et y a réservé
des montants. Je n'ai plus le chiffre sous les yeux; on y a fait allusion au
moment de la conférence "À part... égale". Par le biais
du
Centre Lucie-Bruneau, à Montréal, ou encore du Centre
François-Charron, à Québec, qui deviennent, en somme, des
centres de distribution, des sommes importantes sont réservées en
priorité aux personnes handicapées.
Quant aux édifices publics, vous avez raison, les articles 69 et
70 ne sont toujours pas en vigueur. J'ai trouvé le dossier dans
l'état où il était et la conférence "À
part... égale" nous a permis, je crois, de trouver une voie pour le
débloquer. Vous savez fort bien qu'il s'agit là, selon des
évaluations modestes, de 140 000 000 $ ou peut-être au-delà
de 200 000 000 $ de devoirs que nous allons imposer à l'entreprise
privée.
La conférence "À part... égale" nous a donné
l'occasion de nous parler, nous, partenaires, propriétaires de
cinéma, propriétaires de restaurant, conseil du patronat,
chambres de commerce, personnes handicapées elles-mêmes, l'office,
le ministère de l'Habitation. Bref, nous avons convenu que le
règlement serait en application en juin. Nous avons décidé
sur place, nous avons même créé sur place cette table de
concertation qui ferait les derniers consensus et qui établirait les
limites d'adaptation à devoir mettre en place à travers le
règlement. Maintenant, on peut dire avec un espoir raisonnable que,
semble-t-il, d'ici à huit ans, l'adaptation des édifices publics
serait à peu près convenablement acquise au Québec.
Les services à domicile. J'aimerais simplement rappeler - vous
êtes nouvellement arrivé en cette Chambre, M. le
député -qu'en 1975 les services et soins à domicile ne
recevaient que des crédits de 16 000 000 $. Nous en sommes cette
année, dans les crédits réguliers du ministère des
Affaires sociales, à 84 000 000 $. Il est vrai toutefois que cela va en
prendre davantage. Le ministre des Affaires sociales a de nouveaux
crédits pour l'implantation de CLSC, il a de nouveaux crédits
pour les services et soins à domicile.
Je rappellerai qu'un effort spécifique a été fait
lors des crédits de l'an dernier pour que nous normalisions, en quelque
sorte, ces services et soins à domicile. Nous y avions inclus 2 000 000
$ qui, maintenant, font partie du budget régulier du ministère
des Affaires sociales qui a absorbé, par le biais des CRSSS, par le
biais des SC, par le biais des CLSC, les personnes handicapées qui
recevaient des services par le biais de l'office tout en conservant à
l'office les crédits que nous avions déjà.
Quand j'ai regardé le bilan du vécu de l'année
1984-1985, avec les derniers chiffres de fin février - il me manque le
dernier mois - nous étions rendus à 565 000 $, je crois. Nous
allons donc vers les 600 000 $ pour l'année dernière et nous
estimons en faire autant l'an prochain. Il faut que je
vous rappelle que les services qu'offre l'office sont un peu un bar
ouvert. Il nous faut répondre à la demande, c'est-à-dire
répondre, en vertu de la loi, à des droits que l'Assemblée
nationale a reconnus formellement aux personnes handicapées. Je m'excuse
d'avoir été un peu long.
M. Pratt: Bon, d'accord. M. le Président, est-ce que nous
devons terminer effectivement à 22 heures pile?
Le Président (M. Lachance): À peu près, M.
le député.
M. Pratt: Si oui, je devrai faire un choix.
Le Président (M. Lachance): Nous avons un ordre du leader
en ce sens, oui.
Crédite périmés
M. Pratt: D'accord. Je pose la question, parce que j'ai plusieurs
questions à poser. Je vais faire un choix, je vais en poser
quelques-unes. J'ai étudié attentivement les crédits qui
nous sont soumis ici. Voici une des questions qui me viennent quand je regarde
ce document. À l'annexe 7, comment se fait-il qu'il y ait eu pour 1 135
000 $ de crédits périmés en 1984-1985 en ce qui concerne
les dépenses de transfert?
M. Fallu: Ce document vous a été transmis d'une
façon, je dirai, prématurée.
M. Pratt: Ah!
M. Fallu: Et très prématurée, parce que, aux
dernières vérifications pour l'exercice financier 1984-1985, sur
un budget de 34 797 000 $, nous n'aurons pas plus, selon nos estimations les
plus conservatrices, de 200 000 $ de crédits périmés au
poste d'aide matérielle, parce que c'était essentiellement
là... Nous avons des crédits périmés ailleurs, mais
parce qu'il y a du personnel qui n'a pas été embauché...
Vous savez ce que c'est, nous avons une provision, mais il faut que l'Office de
recrutement nous trouve le personnel pour que nous puissions le
dépenser. En ce qui a trait à l'aide matérielle, donc, ce
serait moins de 200 000 $ et la raison en est très simple, c'est que,
comme nous n'avions pas pu embaucher tout le personnel, nous n'avons pas pu
dépenser tout l'argent.
M. Pratt: Cela va. Services à domicile, quel est, cette
année, le budget consacré pour l'aide à domicile pour les
personnes handicapées par rapport à l'an passé?
M. Fallu: Je vous reporte à ma dernière remarque de
tout à l'heure en réponse à vos questions
préliminaires. C'est un bar ouvert. Nous n'avons pas de crédits
réservés. Nous répondons à la demande. Nous
estimons que, pour l'année 1984-1985, nous aurons dépensé
environ 600 000 $. Cette année, nous répondrons à la
demande comme nous l'avons fait l'an dernier.
M. Pratt: Une petite question. Combien la région de
Montréal pourrait-elle recevoir à travers cela
proportionnellement...
M. Fallu: C'est part égale, compte tenu, par ailleurs, que
la région de Montréal a certains services que n'ont pas d'autres
régions. Effectivement, la demande est plus forte à
Montréal, parce qu'on sait que les CLSC ne sont pas implantés
partout. En ce qui a trait au budget total de l'office dans les transferts,
à Montréal, c'est 20 000 000 $, gouvernement et Office des
personnes handicapées, pour le maintien à domicile, 20 000 000 $
donc - j'ai donné tout à l'heure le chiffre global du
ministère, 84 000 000 $, auxquels il fallait ajouter 600 000 $ de chez
nous - ont été dépensés à Montréal
l'an dernier.
Transport adapté
M. Pratt: Concernant le transport adapté, quel est le
budget accordé au transport?
M. Fallu: II y a deux budgets. Il y a le budget du
ministère du Transport qui s'élevait, de mémoire, au
moment de la conférence "À part... égale", il
était, pour l'année 1984-1985, inscrit aux livres 11 000 000 $,
mais en rappelant toujours qu'il s'agit d'un bar ouvert, que si une nouvelle
MRC ou une nouvelle régie s'installe, il faut ajouter des crédits
supplémentaires. Quant à l'office lui-même, il y a du
"transport", si on veut, entre guillemets, non pas du transport adapté,
mais du transport pour aller chercher un certain nombre de services. Vous
voyez, l'an dernier, parce que je ne peux pas vous dire ce qui se passera l'an
prochain, car tout dépendra de la demande; l'an dernier, les frais de
déplacement pour fins médicales, pour fins d'adaptation ou de
réadaptation ou pour toute autre fin, ont été d'environ
500 000 $, même un peu plus de 500 000 $, 520 000 $.
M. Pratt: Quant au plan d'embauche...
Le Président (M. Lachance): Est-ce une dernière
question, M. le député de Marie-Victorin?
M. Pratt: Si vous me limitez à une demi-heure, cela va
être celle-là.
M. Fallu: Le plan d'embauche...
M. Pratt: Le plan d'embauche, selon les entreprises, 50
employés et plus, selon la loi 9, sur 10 000 entreprises de
prévues, combien ont maintenant transmis leurs plans? Quelque 8000?
C'est cela?
M. Fallu: Si vous me permettez, je retrouve rapidement mon
tableau. Je pense que cela peut être utile.
M. Pratt: Tableau 7.
M. Fallu: Voilà, vous avez la réponse. Rappelons
qu'il y avait eu signification de 11 650 avis, mais un certain nombre de
corporations n'étaient pas requises, puisqu'elles sont du domaine
fédéral ou encore ont échangé de statut, etc. Bref,
nous visions 9436 employeurs. Il y a eu réception d'environ 2917
formulaires. À toutes fins utiles, il faut multiplier par quatre.
M. Pratt: Est-ce qu'il y a des réticences chez certains,
règle générale?
M. Fallu: Non, au contraire. Vous savez que l'office travaille de
très près avec le Conseil du patronat, avec les chambres de
commerce et nous avions été lents à mettre sur pied le
plan d'embauche parce que c'est avec les partenaires du milieu que la
réglementation a été discutée puis établie,
de telle sorte que la réponse du milieu est très favorable. Vous
savez, il nous reste peut-être quelque chose comme 704 cas qu'on pourrait
appeler litigieux, retardataires là-dedans, ou, bref, des employeurs
qui, entre-temps, ont peut-être fait faillite à partir de notre
première liste, quelques-uns d'entre eux.
Il y a actuellement environ l'équivalent de 3000 plans d'embauche
approuvés par l'office. Si on se reporte au chiffre de 9000,
c'est-à-dire le tiers, il reste à l'office encore quelques mois
pour compléter l'analyse des plans d'embauche, jusqu'au 1er juillet.
Le Président (M. Lachance): Alors, avec le consentement
des membres de la commission, puisque nous avons dépassé l'heure
qui nous avait été indiquée, le député de
Sainte-Anne a manifesté le désir de poser une question. Y a-t-il
consentement?
M. Polak: Regardez en arrière, M. le Président, il
est 21 h 59.
Des voix: Non, non, non.
M. Polak: Ah! Vous me permettez, vous!
Le Président (M. Lachance): Y a-t-il consentement pour
cinq minutes au maximum?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Lachance): D'accord.
M. Caron: Oui, ils sont bien gentils.
M. Polak: Très rapidement, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): D'accord, cinq minutes au
maximum.
Logements adaptés
M. Polak: Merci beaucoup. D'abord, je dois féliciter
l'Office des personnes handicapées de son travail. J'ai vu dans mon
propre comté, depuis quelques années, depuis 1981 que j'y suis,
un énorme progrès. Je n'ai que deux questions. J'ai vu il y a un
an, dans la Petite-Bourgogne, dans la construction de logements
coopératifs, que, sur six logements, on en comptait un pour personnes
handicapées. Tout était préparé pour les recevoir,
l'appartement comprenait des armoires de cuisine à la hauteur d'une
chaise roulante, etc. Je n'ai jamais compris si c'était volontaire ou
s'il y avait moyen de forcer, en offrant une subvention les entrepreneurs
à réserver une unité ou un certain pourcentage de
logements aux personnes handicapées. Ceci m'intéresse
énormément. J'aimerais avoir quelques renseignements
là-dessus.
Deuxièmement, quel est le pourcentage des frais, des salaires et
tout le reste, sur le budget total, en comparaison avec l'argent donné
directement aux services aux handicapés? C'est juste cela.
M. Fallu: C'est 18, et une poussière, contre 81 % qui s'en
vont en transfert direct.
M. Polak: D'accord.
M. Fallu: Et sachons que, dans ces 18 %, il y a aussi beaucoup
d'assistance pour la préparation des plans, visites, et tout. Donc,
c'est de l'encadrement aussi pour les personnes handicapées.
En ce qui a trait aux logements, nous sommes en train de
découvrir qu'il y a infiniment plus de logements adaptés que nous
le croyions dans notre société. Il y a un certain nombre de
propriétaires qui, d'une façon systématique, construisent
par exemple un logement adapté par étage ou un certain nombre de
logements au rez-de-chaussée et ils les offrent sur le marché.
Mais, comme il n'y a personne pour les recevoir dans les petites annonces, cela
tombe, je dirais, chez des gens qui n'auraient pas besoin de ces logements.
Un avancé nous a été fait par la chambre de
commerce, qui pourrait être
intéressant et que nous essayons d'explorer avec elle: la
création d'une sorte de banque. Est-ce que ce serait public ou
privé ou quoi que ce soit? On ne le sait trop. Nous sommes en recherche
avec elle pour savoir au départ où se trouvent ces logements
adaptés, pour qu'une fois qu'un bail sera signé, ils ne restent
pas quasi éternellement dans les mains de gens qui n'ont pas besoin de
tels logements.
Déjà, à Montréal, un inventaire a
été créé, mais on manque de moyens decoordination pour l'ensemble du Québec. Ce fut l'un des sujets de
discussion à la conférence "À part... égale". Quant
à votre logement, vous savez qu'il y a des coopératives
entières qui sont organisées par des personnes
handicapées, qui sont gérées par elles ou encore qui
appartiennent à des gens qui ont chez eux des personnes
handicapées et, en conséquence, qui construisent des logements
adaptés sous forme coopérative.
Le Président (M. Lachance): Est-ce que les crédits
de l'Office des personnes handicapées du Québec sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
M. Fallu: M. le Président, permettez-moi de vous
remercier, vous-même et les collègues de leur sympathie et
également de tous les encouragements que nous avons pu recevoir ici ce
soir.
M. Caron: Je tiens également, au nom de mon parti, M. le
Président, à dire merci à tous ceux qui ont
participé à ces travaux.
M. Polak: On remercie le président pour sa patience.
M. Caron: Merci au président de sa patience.
Le Président (M. Lachance): Avant de terminer, une petite
formalité encore. Est-ce que l'ensemble des crédits
budgétaires pour l'année fiscale 1985-1986 relevant du ministre
délégué aux Relations avec les citoyens sont
adoptés?
M. Caron: Adopté.
M. Tremblay: Je tiendrais simplement à remercier moi
aussi, M. le Président, si vous me le permettez, le ministre, qui a
été d'une éloquence telle qu'à certains moments je
croyais qu'on n'aurait plus besoin de ministre, puisqu'il n'y avait plus de
problème.
Le Président (M. Lachance): Je remercie M. le ministre,
ainsi que madame et messieurs de la commission.
La commission du budget et de l'administration s'étant
acquittée de son mandat, elle ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 5)