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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Lachance): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget siège ce matin avec le mandat suivant:
Interpellation du député de Notre-Dame-de-Grâce au ministre
des Finances et président du Comité ministériel permanent
du développement économique sur le sujet suivant: L'insuffisance
et l'inefficacité des mesures du gouvernement pour résorber le
sous-emploi.
Je fais un rappel des règles qui régissent
l'interpellation, les articles 300, 301 et 302: "300. Le député
qui a donné l'avis d'interpellation intervient le premier à la
séance de la commission, suivi du ministre interpellé. Chacun a
un temps de parole de dix minutes. "301. Les membres de la commission ont
ensuite un temps de parole de cinq minutes par intervention. Il y a alternance
entre les députés de la majorité et ceux de l'Opposition.
Le ministre peut intervenir après chaque intervention d'un
député de l'Opposition. "302. Vingt minutes avant la fin de la
séance, le président accorde un dernier temps de parole de dix
minutes au ministre et un droit de réplique de même durée
à l'interpellant. "
Alors, nous allons suspendre pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 8)
(Reprise à 10 h 9)
Le Président (M. Lachance): La parole est au
député de Notre-Dame-de-Grâce pour un premier bloc de dix
minutes. M. le député.
Exposé du sujet M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président et M. le ministre, bonjour. Le
sujet, ce matin, que nous avons choisi - je pense que tout le monde est
d'accord que c'est le droit de l'Opposition, aujourd'hui, de choisir le sujet
de l'interpellation - c'est la question de l'emploi. Je le rappelle au ministre
parce que j'aimerais qu'il se limite aujourd'hui à nous parler de
l'emploi. Dernièrement, quand mon collègue de Vaudreuil-Soulanges
a posé des questions au ministre en Chambre sur les assurances, il a
répondu avec une déclaration au sujet d'Hydro-Québec ou au
sujet des REA et on aimerait ce matin, si possible, lui demander de limiter ses
commentaires au sujet que nous avons choisi qui est, quant à nous et
quant à lui, le sujet numéro un, prioritaire, pour son
gouvernement.
Cela fait maintenant huit ans, surtout quatre ans, que le premier
ministre, le ministre des Finances et tous les autres ministres disent: Nous
voulons accorder la priorité, dans notre gouvernement, à
l'emploi. C'est le plus important sujet pour les deux côtés de la
Chambre. Je pense donc qu'il n'y a pas de raison de ne pas accorder une petite
période de deux heures à l'étude de cette question.
Deuxièmement, nous proposons, ce matin, de demander au ministre
de faire avec nous une espèce de bilan sur la performance de la
création d'emplois au Québec depuis une certaine période.
Nous avons choisi la période du deuxième mandat du Parti
québécois, donc, d'avril 1981 à avril 1985. Pourquoi?
Parce qu'il arrive que nous sommes aujourd'hui au quatrième
anniversaire, à la fin d'un mandat normal pour le gouvernement. Il nous
semble donc approprié de regarder la création d'emplois pendant
ce mandat. Pendant ces quatre dernières années, on a beaucoup
parlé des moyens. On a parlé des investissements. Le gouvernement
s'est félicité pour des bons jeux, des bonnes passes, des mises
en échec, des changements de ligne qu'il a effectués pour essayer
de réaliser de l'emploi.
Aujourd'hui, on ne va pas parler surtout des moyens, on va parler du
score. On va parler des résultats. Après tous ces efforts
déployés pendant si longtemps, qu'est-ce qui est arrivé en
fin de compte? On ne parlera surtout pas de l'avenir parce que vous en parlerez
quand vous commencerez votre campagne électorale.
M. Duhaime: L'avenir ne vous intéresse pas, n'est-ce
pas?
M. Scowen: Excusez-moi. On va parler de l'avenir quand vous serez
prêts a déclencher une élection, quand vous pourrez
proposer quelque chose à la population pour
un troisième mandat, et on proposera quelque chose nous aussi.
Aujourd'hui, c'est le moment, quant à nous - je le répète,
c'est à nous de choisir le sujet - de parler du passé, de
regarder le bilan de quatre ans de gouvernement péquiste dans le domaine
qui est sa priorité: la création d'emplois.
Je pense qu'on va insister sur quatre ans, parce qu'il y a ceux qui
critiquent sur des périodes plus courtes. Le ministre
délégué à l'Emploi et à la Concertation, il
y a une semaine, a dit: M. Scowen a faussé les chiffres quand il a
parlé de la création d'emplois ou de la perte d'emplois pendant
un seul mois. Je conviens avec lui que c'est un peu court. Le gouvernement se
vante d'avoir réalisé une récupération de quelque
80 000 emplois depuis un an; c'est aussi court, parce qu'il sort d'une
récession pendant laquelle il en a perdu beaucoup. Alors, on va parler
de quatre ans.
Je vais aussi essayer, M. le Président, de minimiser autant que
possible les chiffres. Il faut accepter que, quand vous parlez d'emploi, vous
parlez un peu de chiffres - il faut en utiliser - mais on espère qu'on
ne va pas se perdre dans une bataille de chiffres.
Je propose de vous en présenter trois ou quatre, mais il y en a
un seul qui est pour nous important et sur lequel on veut attirer votre
attention ce matin. Je vais vous le montrer tout de suite à l'aide de
deux tableaux: un tableau qui est un peu explicatif et un autre qui vous donne
le résumé.
Le Président (M. Lachance): En vertu de quel...
M. Duhaime: C'est parce que le député veut se
référer à des documents; est-ce que ce sont des documents
pour être déposés? Si c'est pour être
déposé, cela prend un consentement.
M. Scowen: Je n'ai pas proposé de déposer quoi que
ce soit. Je vais vous montrer un tableau, un graphique.
M. Duhaime: C'est la même chose. (10 h 15)
M. Scowen: Je pense que depuis des années plusieurs
personnes et certains de vos collègues - je peux mentionner M.
Bérubé -ont fait la même chose. Regardez-moi attentivement,
M. le ministre, vous allez peut-être apprendre quelque chose.
Voici un tableau qui montre le nombre d'emplois au Québec. En
avril 1981, le soir de votre élection pour un deuxième mandat, il
y avait au Québec 2 748 000 personnes au travail. Quatre ans
après, au mois d'avril 1985, il y en avait exactement le même
nombre. Effectivement, il y en avait 1000 de moins, soit 2 747 000 personnes au
travail. Autrement dit, pendant cette période de quatre ans, il y a eu
une création d'emplois au Québec précisément de
zéro. Pour tout ce que vous avez fait pendant cette période de
quatre ans de travail, le score c'est zéro. Vous allez me dire,
peut-être, que oui, c'est vrai, mais qu'il y avait une récession,
une crise économique. Oui, c'est vrai. La crise a duré un an
durant ces quatre ans, c'est-à-dire douze mois, mais, pendant le reste
de ces quatre ans, on n'était pas en crise, on était soit en
prospérité, soit en reprise. Juste pour que cela soit clair, dans
le reste du Canada, dans la même période de quatre ans, on a vu la
création de 169 000 emplois. Aux États-Unis, on a vu la
création de 6 000 000 d'emplois.
Je vous montre maintenant le deuxième et dernier tableau. J'ai
l'intention de le laisser ici devant vous pendant les deux heures, parce que je
veux vous rappeler continuellement la question. Pour un mandat de quatre ans,
avril 1981 à avril 1985, création d'emplois: zéro.
J'entends un des députés du gouvernement dire que les
zéros, c'est des "Dunkin' Donuts". Je veux revenir sur cette question.
À chaque année...
M. Duhaime: M. le Président, je m'excuse. Vous pouvez
reprendre votre temps, même de dix minutes, mais cela m'affole de voir
deux zéros en face de moi comme cela. Est-ce qu'on pourrait en enlever
un au moins selon nos règlements?
M. Scowen: M. le Président, je sais que cela fait beaucoup
de mal au ministre de se faire rappeler pendant deux heures que son
gouvernement n'a pas créé un seul emploi ici au Québec
pendant quatre ans mais, malheureusement, il sera obligé de regarder le
tableau pendant deux heures parce que cela est la seule façon de le
porter à l'attention de ce gouvernement. Vous allez le regarder pendant
deux heures, à moins que le président ne me dise le
contraire.
M. Biais: M. le Président, le député va
briser les pupitres de l'Assemblée nationale, il faudrait lui dire de
modérer ses transports, s'il vous plaît!
M. Duhaime: Cela n'a pas de bon sens!
Le Président (M. Lachance): Allez-y, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, continuez.
M. Scowen: Merci.
Donc, quelqu'un a dit que les zéros, c'est des "Dunkin' Donuts".
Cela est la réponse d'un membre du gouvernement. Chaque année,
pendant ces quatre ans, sont sorties de nos écoles secondaires, de nos
cégeps et de nos universités a peu près 150 personnes qui
cherchaient un emploi, soit dans le secteur public, soit dans le secteur
privé, soit dans les manufactures, soit dans les services et
elles n'en ont pas trouvé. Ce n'est pas des "Dunkin' Donuts", messieurs.
C'est sérieux, ces zéros. C'est la première fois, à
ma connaissance, dans l'histoire du Québec qu'un gouvernement a
réussi à passer à travers un mandat complet sans ajouter
une seule personne à la liste des personnes employées dans la
province. C'est un record.
M. Blais: Démagogue!
M. Scowen: Alors, démagogue. Voilà! Cela fait mal,
mais vous allez l'écouter, et vous allez l'écouter longtemps,
parce qu'on veut des explications. La population active pendant cette
période a augmenté de 91 000 personnes; le nombre de
chômeurs a augmenté de 93 000 personnes. C'est à peu
près égal, comme vous pouvez l'imaginer. Pendant cette
période, M. le ministre -j'arrive maintenant à la question
principale -je ne peux pas dire que vous étiez inactif. Il y avait des
programmes à gauche et à droite, la création d'emplois a
été annoncée à maintes reprises. Vous avez
annoncé la création de PECEC, 30 000 nouveaux emplois. Il y a eu
PRIME, le bon d'emploi, Chantier-jeunesse, les programmes de partage de
l'emploi, la retraite anticipée, la politique d'achat. Vous avez fait de
grands énoncés sur la politique du virage technologique, le plan
de relance, l'énoncé de Compton, l'énoncé du
Mont-Sainte-Anne. Vous avez donné des subventions à gauche et
à droite. Il y a eu le plan Biron, la SOI, Bell Helicopter, Pechiney.
Vous avez créé de nouveaux ministres: au Tourisme, au Commerce
international, à la Science et à la Technologie, le ministre
délégué à l'Emploi et à la Concertation.
Vous avez acheté et investi dans les sociétés
d'État, Quebecair, la SNA, SOQUIA. Vous avez tenu je ne sais combien de
conférences socio-économiques, des sommets, des tables de
concertation. Vous avez développé des slogans à gauche et
à droite.
On peut dire, sans risque de se contredire, que, pendant cette
période, l'activité économique de la part de ce
gouvernement a été à un niveau très
élevé. Tout le monde a travaillé. L'activité des
fonctionnaires et des ministres pour essayer de régler le
problème du chômage était réelle, j'en conviens. Je
conviens avec vous que vous avez travaillé, mais le problème,
c'est que vous avez travaillé et que vous avez perdu, c'est un
échec. Votre part des emplois dans le gouvernement du Canada, dans
l'ensemble du Canada, n'a pas diminué...
Le Président (M. Lachance): En terminant, s'il vous
plaît.
M. Scowen: Je termine avec une seule phrase. Pendant cette
période, votre part des emplois dans l'ensemble du Canada n'a pas
diminué, c'est rendu à zéro. On pose deux questions au
ministre pour commencer. J'espère qu'il ne conteste pas les chiffres de
Statistique Canada, parce que, s'il les conteste, on est prêt à
aller jusqu'au bout là-dedans. Devant vous, sur ces tableaux que vous
allez regarder d'ici midi, vous avez la vérité. Commencez donc
à nous expliquer ce qui s'est passé.
Le Président (M. Lachance}: M. le ministre des Finances,
vous avez la parole.
Réponse du ministre M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je dois vous dire, au
départ, que je ne reconnais pas du tout mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce, que j'ai toujours considéré comme un
homme qui faisait de la politique sérieusement. Mais, ce matin, je vous
regarde. Il y a un zéro à ma droite et il y a un zéro
à ma gauche, et cela me fait penser à l'ancien sigle des doubles
beignets du temps d'Unité-Québec. Je pense que vous devriez
garder votre carton à côté de vous continuellement; il vous
va à merveille.
D'autant plus que, à la réflexion, je gagerais davantage
sur votre intelligence que sur votre effervescence politique pour relire ce que
vous venez de nous dire tantôt. Vous allez vous rendre compte que cela
n'a aucun sens. Ce que vous venez de développer est le plus parfait
sophisme, pour la raison suivante: Quand on compare des nombres d'emplois, il
faut tenir compte de la population. Vous n'en avez pas parlé. C'est le
nombre d'emplois pour 1000 de population qui est important et vous venez
essayer de faire croire à la population du Québec, aujourd'hui...
C'est cela qui est votre propos, le Parti libéral du Québec. Vous
dites: On se base sur les chiffres de Statistique Canada et il y a eu
zéro de création d'emplois.
J'ai de petites nouvelles pour vous. Statistique Canada, pour
l'année 1984, dit: 80 000 emplois créés; 80 000. C'est un
chiffre peut-être un peu magique pour vous, parce que cela a
inspiré les travaux de votre dernière... Je pense que vous
appelez cela, vous autres, un congrès ou un colloque national, quand
vous avez fabriqué votre programme politique; je vais vous en parler
tantôt un petit peu.
Vous avez donc choisi de proposer aux Québécois la
création de 80 000 emplois. C'est exact, c'est dans votre discours,
c'est dans vos documents. Au lieu de les promettre, nous, de ce
côté-ci, on les a réalisés. C'est cela qui est la
différence. Quand vous faites des chinoiseries comme cela, avec le
nombre d'emplois, sans tenir compte de la population, c'est-à-dire
du
nombre de personnes qui, chaque mois, arrivent sur le marché du
travail, ce qui est important de considérer, c'est à quel rythme
le Québec a récupéré les emplois perdus depuis la
crise de 1981. Je ne répondrai pas aujourd'hui au député
de Vaudreuil-Soutanges. Hier, j'ai écouté son argumentation
très attentivement et je vais lui répondre. Il ne perd rien pour
attendre.
Pour les niveaux d'investissements sur une base per capita, vous avez eu
l'heureuse idée d'arrêter vos chiffres à 1982, n'est-ce
pas? Oui. J'ai relu la transcription avant d'aller voir le match de hockey -
j'ai eu le temps de faire cela - mes notes également, et ce que vous
faites ce matin, honnêtement je le regrette, j'appelle cela de la
désinformation. J'espère que nos amis de la presse ne s'y
laisseront pas prendre, qu'on va aller plus loin que le petit sophisme que vous
venez de développer et que vous allez faire les comparaisons - j'ai
hôte de vous entendre tantôt - avec le nombre d'emplois par 1000 de
population. Vous allez être obligé de conclure que, durant les
deux dernières années - c'est ce que j'ai dit avant-hier, mardi,
dans mon discours sur le budget - et c'est prouvé aussi, pas seulement
affirmé, prouvé, que depuis deux ans, plus du tiers -j'ai
mentionné le tiers dans mon discours -pour être plus sûr,
mais le chiffre qu'on m'a fourni est 38 % - de tous les emplois
créés au Canada ont été créés ici au
Québec. II y en a 80 000; l'année précédente,
c'était 53 000 ou 59 000, en 1983, et vous autres, vous allez vous
promener dans tout le Québec, sérieusement, avec un
économiste comme chef... Vous n'en avez pas beaucoup parlé hier
de votre chef, ni vous, M. le député de Vaudreuil-Soulanges, ni
vous, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce. Je vous ai
entendu, soyez sans inquiétude, je peux regarder deux écrans de
télévision en même temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous non plus...
M. Duhaime: M. le Président, le Parti libéral s'est
beaucoup amélioré. L'un des grands génies de ce parti, le
député de Laporte, M. Bourbeau, parlait dans le Devoir du 5
décembre 1984 de créer 500 000 emplois en 20 ans.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'a jamais dit cela.
M. Duhaime: Voulez-vous diviser cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est écrit que...
M. Duhaime: Cela fait 25 000 emplois par année. Soit dit
en passant aussi - tiens, un petit commercial - "M. Bourbeau n'a pas
été très explicite pour préciser - en parlant des
dépenses - dans quels genres de dépenses un éventuel
gouvernement libéral devrait sabrer. Il en a cité quand
même quelques-uns. Nos professeurs sont mieux payés qu'en Ontario
- c'est le député de Laporte qui dit cela - nos policiers
aussi... " etc. Franchement! Soyez donc sérieux!
M. Bourassa a parlé à un moment donné de
créer 100 000 emplois. Savez-vous qu'on les a cherchés et qu'on
les cherche encore, ces emplois-là? Mais on ne les cherchait pas
à la bonne place, on pensait qu'ils étaient dans le secteur
privé. Les 100 000 emplois ont été créés
dans l'appareil administratif. Êtes-vous capable de confirmer cela ou de
le nier? Ce sont des faits. Vous avez dit tantôt dans vos remarques: On
fait un débat ce matin, mais je ne voudrais pas, M. le ministre, que
vous nous parliez de l'avenir. Je vous comprends, vous autres, de ne pas
vouloir parler de l'avenir. Vous n'avez rien à dire là-dessus.
Soit dit en passant, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
ce n'est pas vous qui allez choisir les propos que je vais tenir à
partir de cette banquette. Je vais vous parler de l'avenir et je vais vous en
parler tout de suite.
Je m'attendais hier qu'en réplique au discours sur le budget, le
député de Vaudreuil-Soulanges nous explique comment le Parti
libéral allait concrétiser ce projet de 25 000 000 000 $ dont
parle son chef. J'aurais pensé que vous aussi... C'est censé
déboucher sur de l'emploi. Pourquoi n'en parlez-vous pas ni l'un ni
l'autre? J'aimerais vous entendre Là-dessus. C'est parce que vous savez
très bien... L'an passé, j'ai dit que c'était fou raide.
Le premier ministre a dit cette année: C'est fou braque. Mais,
attention! On va s'expliquer là-dessus. Ce que M. Bourassa est en train
de faire aux États-Unis est très dangereux pour le Québec
et très dangereux pour Hydro-Québec également. Il est en
train de se placer sur un marché de vendeurs. Les Américains,
vous les connaissez comme moi je les connais.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est formidable se placer sur
un marché de vendeursl
M. Duhaime: Le jour où les Américains vont accepter
de financer et de payer d'avance un investissement de 25 000 000 000 $, vous
allez me faire croire que ce n'est pas eux qui vont choisir à quel
endroit cela va se faire, peu importe l'environnement et ses impacts, que ce
n'est pas eux qui vont dicter les conditions du financement, les prix d'achat,
la durée des baux, etc. On dirait que vous êtes des enfants
d'école au niveau... je ne sais pas, moi, vraiment primaire. C'est
incroyable! II y en a un qui a compris cela tout de suite, le gouverneur du
Massachusetts, un des grands
États de la Nouvelle-Angleterre, l'honorable gouverneur Dukakis:
"Not interested". Vous direz à M. Bourassa qu'il aille en parler aussi
au gouverneur Sunono du New Hampshire, pour le "fun". Vous lui direz aussi
qu'il aille en parler au gouverneur O'Neil du Connecticut, juste pour le "fun".
M. Bourassa, ce qu'il est en train de faire, c'est de se mêler des
problèmes énergétiques intérieurs des
Américains. Cela fait un peu "faiseux" d'aller aux États-Unis
rencontrer quatre ou cinq sénateurs - il y en a seulement 500,
là, et les membres du Congrès - mais ce qui me frappe, c'est la
ligue du vieux poêle: Manger une toast avec Rockefeller, l'ancien
Secrétaire d'État à l'Énergie, l'ancien premier
ministre de l'Ontario. Soyez donc sérieux! Ne prenez pas le monde au
Québec pour des valises, d'autant plus que vous parlez d'un projet de 12
000 mégawatts et que vous parlez de NBR. M. Bourassa est en retard. Le
projet de NBR, savez-vous à quel moment M. Bourassa l'a annoncé?
Le jour de la Saint-Robert, en avril 1971. Il s'était trompé de
quelques centaines de kilomètres en annonçant ce projet. Je n'en
reviens pas, franchement! (10 h 30)
J'aime pas mal mieux considérer les choses d'une façon
plus sérieuse. Ma position est de dire aux Américains: Vous
voulez de l'énergie? Très bien. On va vous en vendre. On va vous
la livrer à la frontière. Combien de milliards de kilowattheures
voulez-vous? Vous voulez qu'on vous aide à financer au cas où
vous manqueriez d'argent? C'est un peu curieux de dire cela aux
Américains, mais c'est vrai dans ce secteur. Vous voulez qu'on finance
la ligne de transmission de 2000 mégawatts vers le sud? Bien sûr!
On va la payer, à part cela. On va l'ajouter sur le prix au
kilowattheure, mais on va livrer la marchandise à la frontière,
au conditions de prix d'exportation que nous déciderons afin de ne pas
laisser partir vers le sud un des solides avantages concurrentiels que le
Québec peut avoir. C'est là qu'est notre désaccord. Je
félicite le député de Vaudreuil-Soulanges qui s'est tenu
debout devant son propre parti. Le grand malheur du Parti libéral,
à l'heure actuelle, est de s'être trompé de chef, si vous
voulez avoir mon avis. Il y en avait de bons choix, il y en avait un
deuxième, il y avait un troisième.
Et je sens votre embarras. Même si vous paraissez très
amusé ce matin, je vous sens très embarrassé et je vous
mets au défi, d'ici la prochaine demi-heure, de défendre ce
projet ici même, à l'Assemblée nationale. C'est le temps,
jetez-vous à l'eau.
Argumentation
Le Président (M. Lachance): Le temps de parole des
différents intervenants sera par blocs de cinq minutes jusqu'à 11
h 50, alors qu'on aura deux derniers blocs de dix minutes.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, cinq
minutes.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Ce dont la population avait peur est arrivé. On
a proposé un débat sur l'emploi et le ministre a
décidé de parler de la Baie James. M. le ministre, nous vous
proposons d'organiser un débat sur la Baie James et nous serons
là pour vous écouter.
Je reviens et je vais continuer de revenir à la question de
l'emploi. Le ministre dans sa réplique se trompe royalement en disant
que le critère que l'on doit utiliser, c'est par 1000 de population. Je
peux lui dire tout de suite que la croissance de l'emploi par 1000 de
population au Québec, depuis 1981, est de zéro. Qu'on le calcule
par la population totale, par 1000 de population ou par 100 de population,
c'est zéro. Il n'y a pas eu d'augmentation de l'emploi au Québec.
Donc, que vous le divisiez par 1000 ou 2000, cela revient au même.
Ce que le ministre a dit - il faut que je l'explique - c'est que depuis
deux ans, il y a une augmentation des emplois au Québec. Il a raison.
Pourquoi? Parce que pendant les deux premières années de ce
mandat de quatre ans il y avait eu une baisse importante. C'était un peu
comme cela...
Une voix: C'était la crise.
M. Scowen: Oui, c'était la crise. II y a eu la chute et la
reprise. C'est cela. C'est arrivé au Québec, c'est arrivé
au Canada, c'est arrivé aux États-Unis. Le point que nous
soulevons ici ce matin, pour le bénéfice du ministre et pour le
bénéfice de tout le monde, est que la reprise ici, au
Québec, n'est pas terminée. On n'est pas encore rendu où
on était avant la crise tandis que dans le reste du Canada, dans le
reste de l'Amérique du Nord, ils ont terminé leur crise et leur
reprise il y a fort longtemps. Au Canada, dans les autres provinces, on a vu la
réalisation d'au moins 170 000 emplois nouveaux, au-delà de ce
qui existait il y a quatre ans.
Le problème, ici, est que nous n'avons créé aucun
nouvel emploi en quatre ans. On en a perdu, on en a repris, mais on est
retourné, après quatre ans, au point de départ. Donc, M.
le ministre, la croissance de l'emploi, la création d'emplois par 1000
de population ou, si vous préférez, par 1000 de population en
âge de travailler, parce que c'est essentiellement là le truc qui
a été inventé par votre collègue, le ministre de
l'Enseignement supérieur, c'est zéro. Vous m'entendez?
L'augmentation de la création
d'emplois par 1000 de population, en utilisant votre affaire, pendant
ces quatre ans, c'est zéro. Il n'y en a pas eu.
J'aurais aimé, plutôt que de parler de M. Robert Bourassa
et de la Baie James, qui sont des sujets fort intéressants et sur
lesquels on doit certainement avoir un débat, et ceci dans un proche
avenir, que vous acceptiez en ce moment de parler de quelque chose que la
population du Québec considère comme beaucoup plus importants la
création d'emplois au Québec depuis ces quatre ans. Je ne sais
pas combien de fois nous avons entendu des ministres annoncer en
conférence de presse un programme qui créerait 30 000 emplois, 10
000 emplois, 7000 emplois avec chaque investissement. Si on additionne les
chiffres de chacun des communiqués de presse que vous avez émis
depuis quatre ans, on serait porté à croire que vous avez
créé 1 000 000 d'emplois au Québec, mais la
vérité, c'est zéro. Donnez-nous quelques explications.
Le ministre est aussi au courant que moi et mes collègues qu'il
existe une règle ici au Québec qui est de ne pas mentionner,
parmi le nombre des personnes sans emploi, les 125 000 personnes au moins qui
se sont complètement écartées du marché du travail
parce qu'elles sont découragées. Elles ne veulent même pas
se présenter sur le marché du travail. Nous avons perdu de la
population au profit des autres provinces; nous avons perdu des emplois au
profit des autres provinces; nous avons perdu des personnes qui veulent
travailler, qui en sont réduites à l'aide sociale et sont en
proie à une morosité, un découragement dont on a jamais vu
l'égal ici au Québec.
J'aimerais que le ministre profite des prochaines cinq minutes pour
faire un peu de réflexion sur les raisons qui sont au fond de ce
problème. Qu'est-ce qui a mal fonctionné dans tous les projets
développés pendant ces quatre ans? S'il veut parler de l'avenir,
quels sont les correctifs qu'on veut apporter cette année? Je ne parle
pas de l'année prochaine, je parle de cette année, parce que je
pense qu'il peut convenir avec moi que la situation est excessivement
grave.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le
député. En réplique, M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je serais prêt à
laisser mes cinq prochaines minutes au député de
Notre-Dame-de-Grâce pour qu'il nous parle du grand projet de
création d'emplois de 25 000 000 000 $, si les Américains le
veulent. Je suis prêt à donner mon consentement, je suis
prêt à lui donner mes cinq minutes à la condition qu'il
nous en parle.
Le Président (M. Lachance): Vous avez la liberté de
le faire.
M. Scowen: Est-ce possible d'imaginer que le ministre n'a aucune
réponse à donner?
M. Duhaime: D'accord, je prends mes cinq minutes, M. le
Président.
M. Scowen: Cela me fait plaisir.
M. Duhaime: Je dois donc conclure que le député de
Notre-Dame-de-Grâce est en désaccord avec son chef sur ce projet,
de même que le député de Vaudreuil-Soulanges.
Je voudrais un peu plus sérieusement en venir au discours sur le
budget avec les crédits de 1985-1986. Tantôt, je vous ai
parlé de 1983 et de 1984. Le total de la création d'emplois au
Québec pour ces deux années équivaut au tiers, est-ce que
c'est français, ça?... "One third" de tous les emplois
créés au Canada l'ont été au Québec.
M. Scowen: Depuis 1981?
M. Duhaime: Est-ce que vous allez nier ça? Bon! Vous
parlez de 1981-1982. Étiez-vous sur la planète Mars ou sur la
planète Jupiter en 1981-1982? Il y a eu des chutes dans la croissance de
la production, pas seulement au Québec, mais au Canada, aux
États-Unis, dans tous les pays membres de l'OCDE. C'était une
crise économique. Vous ne viendrez pas nous charrier avec ça ce
matin. Êtes-vous inconscient ou si vous êtes en fusée vers
une direction inconnue aller-retour?
M. Scowen: Je sais qu'il y a deux crises.
M. Duhaime: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député tantôt. Mon Dieu! le vendredi matin, vous
n'êtes pas de bonne humeur. Pour moi, vous avez perdu votre match de
hockey, je ne sais pas. Non? Ce que je veux dire, M. le Président... Je
vais donner le total. Combien d'argent y a-t-il cette année dans les
crédits déposés par notre gouvernement pour la
création d'emplois? 907 893 400 $, et je vais vous donner le
détail. Dans le secteur de la forêt, poursuite du programme de
modernisation, 21 500 000 $; réorganisation du sciage en
Gaspésie, des investissements totaux de 32 000 000 $, dont 11 500 000 $
l'an dernier et 600 000 $ l'année qui vient; expansion de l'industrie du
bois, 3 000 000 $; agriculture, plan triennal, industrie bovine, 5 000 000 $;
éleveurs de vison, 600 000 $; Office du crédit agricole, soutien
à l'économie agricole, 116 500 000 $; crédits pour
l'industrie et le commerce, l'ensemble des crédits pour des
programmes de soutien à l'emploi, 34 852 700 $; la SDI, 68 259
000 $; commerce extérieur 2 200 000 $; science et technologie, 2 000 000
$; Société du Palais des congrès, celui-là, on
l'enlève, c'est de l'immobilisation; aide à la production de
films, 10 000 000 $; aide à la recherche dans les communications,
projets au 24 octobre 1984, 2 000 000 $; politique de ski alpin, 4 000 000 $;
gare intermodale à Québec, 3 750 000 $, pour un total de 386 593
400 $ en 1985-1986 au soutien de l'emploi et de l'économie. Le suivi du
Mont-Sainte-Anne, notre programme de relance du Mont-Sainte-Anne, cette
année encore, on va le continuer, 100 100 000 $. Le suivi du plan de
relance de Compton, dans les crédits de cette année, 421 200 000
$. Plus le chiffre de 386 593 400 $ que je vous ai donné tantôt,
cela fait 907 893 400 $.
Tout à l'heure, vous avez bien dit, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, que vous ne vouliez pas parler de l'avenir. Vous
voulez rester au passé. Je vous comprends, avec le chef que vous avez
là. Il est au passé composé, votre chef. Vous le savez,
cela. Vous ne faites pas de grands discours, ici à l'Assemblée
nationale. Vous, la meilleure chose qui pourrait vous arriver, ce serait de lui
laisser votre siège. Ce serait moins dangereux dans
Notre-Dame-de-Grâce que dans Bertrand aux élections
partielles.
Ce que je veux ajouter, c'est que dans ce budget qui se veut
résolument tourné vers la création d'emplois... Je vais
vous citer un petit texte et vous allez voir... Je ne sais pas si j'ai assez de
temps pour vous parler de cela.
Le Président (M. Lachance): II vous reste 30 secondes, M.
le ministre.
M. Duhaime: II me reste 30 secondes. Il y a un journaliste de la
Presse qui a parlé dans un éditorial de la révolution de
la PME. Si je peux retrouver l'article... Le voilà! La révolution
de la PME. Nous avons modifié le régime d'épargne-actions.
Il y aura bientôt des SPEQ, des sociétés de placement en
entreprises québécoises. Il va y avoir la possibilité
d'avoir des fonds mutuels. Il y aura la possibilité pour ceux qui
oeuvrent dans le secteur coopératif de participer à un
régime d'investissement coopératif et il y aura une formule
d'intéressement des travailleurs dans leurs propres entreprises. C'est
absolument formidable! Cela va créer des dizaines de milliers d'emplois,
je le souhaite, mais je ne peux pas comptabiliser ces chiffres pour
l'année 1985-1986, car je ne sais pas exactement quel va en être
l'impact. Mais il y a des centaines de millions de dollars qui vont être
investis là-dedans. J'aimerais avoir vos commentaires sur ce qu'on
appellerait un petit kit économique que j'ai mis dans le discours sur le
budget, parce que ni l'un ni l'autre de vous deux n'en a parlé hier.
M. Scowen: La saison prochaine.
Le Président (M. Lachance): Bon. À ce moment-ci,
s'il y a un député ministériel qui veut intervenir, c'est
le moment de le faire, c'est possible.
M. Blais: Avec plaisir.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Terrebonne, vous avez la parole pour cinq minutes.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. Je regarde les deux
députés de l'Opposition qui sont devant moi. Avec les propos
qu'ils tiennent depuis quatre ans - cela fait quatre ans que je suis en Chambre
- je me demande comment il se fait que ces gens-là puissent encore
résider au Québec. Depuis quatre ans, toutes leurs interventions
sont des interventions de destruction, des interventions d'éteignoir
pour dire au monde que le Québec est une espèce de gouffre
où la qualité de la vie, la qualité des investissements
est intolérable. Mais, ciel, qu'est-ce que vous faites ici?
Déménagez, déménagezl On parle d'une
création d'emplois, total, zéro. Encore dans le même esprit
de destruction, le même esprit d'éteignoir. On est chanceux que ce
ne soit pas les seuls libéraux encore élus dans une Chambre au
Canada qui puissent avoir le droit de parole comme cela et que Trudeau soit
parti, parce qu'il y avait deux groupes comme cela jusqu'à tout
dernièrement. C'est vrai qu'on vient à peine de rejoindre le
nombre d'emplois qu'il y avait il y a quatre ans. C'est un fait. Personne ne
nie cela. Mais il faut tout de même dire qu'on se relève d'une des
pires crises que le monde industrialisé ait connues. Et ce n'est pas une
chanson de répéter qu'on sort d'une crise. D'ailleurs, votre
discours négatif, destructif, éteignoir, vous le tenez à
cause de cette crise. Le député de Notre-Dame-de-Grâce a
peine à tenir sur son siège à force de vouloir être
encore plus négatif envers ce qui se passe au Québec pour pouvoir
dire: Ciel, cela va aller encore plus mal l'année prochaine! On dirait
que c'est son ardent désir. Est-il un libéral d'abord, ou un
Québécois d'abord? Quand on est un élu du peuple
québécois, c'est l'ensemble de la population
québécoise qu'on doit défendre et non pas s'accrocher
à une couleur politique qui donne comme résultat des discours
négatifs insoutenables intellectuellement et indéfendables
industriellement et commercialement parlant. C'est incroyable de vous entendre
parler. Si la négation n'était pas
née, vous en seriez les auteurs. (10 h 45)
Vous êtes des éteignoirs, de très grands
éteignoirs. Vos complices ont été au pouvoir
jusqu'à tout dernièrement à Ottawa, vos complices qui ne
voulaient participer à aucun plan pour aider le Québec. Or, ces
plans, dans les autres provinces, ils les faisaient. On est en plein programme
d'épuration des eaux actuellement au Québec. Le zéro,
c'est la participation d'Ottawa à notre programme d'épuration.
Ils ont accordé zéro au Québec, pendant qu'ils accordaient
16 2/3 % des investissements à l'Ontario. Cela crée des emplois,
quand le fédéral donne les 16 2/3 % d'un projet de 6 000 000 000
$.
C'est 6 000 000 000 $, notre projet d'épuration qui, lui,
crée des emplois. Mais vu qu'on est obligé d'investir
nous-mêmes, qu'on n'a pas d'aide d'Ottawa, de vos complices, de vos
participants à ce que votre éteignoir soit plus lourd sur le bout
du cierge de l'expansion économique, cela ça aide.
Une autre chose aussi, la péréquation, où nous
sommes les seules victimes du système. Cela créerait des emplois
si on avait eu notre montant. Si des automobiles se construisaient au
Québec plutôt que d'assister à une concentration en
Ontario, sachant pertinemment que le député de
Vaudreuil-Soulanges sait que nous avons au-delà de 42 % de nos emplois
qui sont créés par l'exportation... Enlevez les automobiles de
l'Ontario, donnez-leur les 8 % que l'on a, passez-nous les 92 % qu'ils ont, eh!
ciel! ciell là, on passerait pour des "créatifs".
On est beaucoup plus créatif que les autres provinces et on
fournit un plus grand effort pour soutenir l'emploi, parce qu'il y a un nombre
incalculable de petites compagnies qui, malgré que vous soyez des
éteignoirs et des négatifs, progressent. Avec tous nos plans, au
moins on a obtenu la stabilisation des emplois au Québec. C'est une
motion de felicitation que devrait être votre motion, pour avoir
été capables, malgré une crise comme cela, malgré
le négativisme d'Ottawa et malgré le négativisme du Parti
libéral qui est en face de nous, d'avoir une si belle performance du
côté de la création d'emplois. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lachance): Oui. Maintenant, la parole est
au député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vous remercie, M. le
Président. Manifestement, il y a un gros problème de vocabulaire
ce matin et un gros problème pour permettre à tous les
députés des deux côtés de la Chambre de parler de la
même chose.
Lorsqu'on fait état des résultats nets d'une
période de quatre ans en création d'emplois au Québec,
force est de constater avec des chiffres, qu'il s'agisse de ceux du Bureau de
la statistique du Québec ou de Statistique Canada, qu'il n'y a pas un
Québécois de plus à ce moment-ci qui a un emploi,
comparativement au nombre de Québécois qui en avaient un il y a
quatre ans. Parallèlement à cela, on est obligé de
constater en même temps qu'il y a 170 000 Canadiens dans leur ensemble
qui ont un emploi et qui n'en avaient pas il y a quatre ans.
C'est cette comparaison qui permet de juger de la faculté des
politiques du gouvernement du Québec actuellement de régler le
problème de l'emploi. Ce qu'on dit, c'est que le bilan n'est pas
attrayant, ne démontre pas que le gouvernement a pris les bons moyens,
comparativement à ce qui s'est fait ailleurs, à cause d'une crise
budgétaire qu'il a lui-même créée, en partie
à cause des ponctions fiscales inopportunes qu'il a faites dans le
marché et qui ont empêché une recrudescence de
l'activité économique basée sur la demande que les
consommateurs auraient pu faire. Dans la région de Québec, la
coupure dans la rémunération des employés du secteur
public a retiré du marché une demande pour des produits, des
biens, des services. Cette coupure s'est plutôt appliquée à
réduire un déficit qui commençait à se gonfler de
façon inconsidérée.
De la même façon, le vocabulaire doit donc regarder la
différence entre créer des emplois, c'est-à-dire s'assurer
qu'il y a plus de gens aujourd'hui qui travaillent qu'il n'y en avait il y a
quatre ans, et récupérer de l'emploi. On est encore en phase de
récupération.
Ce qui est plus inquiétant, c'est que si le chiffre de l'emploi
est aujourd'hui le même qu'il y a quatre ans, il est tentant de conclure
qu'au moins le gouvernement n'a pas fait de tort à l'économie du
Québec. C'est presque ce qu'on a entendu. Il tente d'illustrer cela en
disant: Regardez, l'écart de taux de chômage Québec-Canada
est de 12 %, maintenant, c'est-à-dire que notre taux de chômage
est juste un peu plus élevé que la moyenne canadienne par un
facteur de 12 %. C'est se leurrer, c'est poser un mauvais diagnostic, comme
quand un médecin dit à son patient qui se plaint d'un mal de
ventre: Tu as mal au ventre, mets une bouillotte, cela va passer, alors que le
patient souffre d'une appendicite aiguë. Donc, le médecin doit
intervenir de façon beaucoup plus précise sur les causes
profondes du mal. En continuant à masquer la réalité, le
gouvernement s'empêche de prendre de bonnes décisions. Je vais
illustrer cela avec deux chiffres bien simplement. La population active au
Québec, il y a quatre ans: 3 032 000 Québécois. Ce
mois-ci:
3 142 000 Québécois, soit 110 000 Québécois
de plus dénombrés comme étant au travail ou a la recherche
de travail.
Évidemment, mathématiquement, on arrive à un emploi
total qui n'a pas bougé: 2 748 000, 2 747 000. Aucune croissance.
Où sont donc les 110 000 personnes de plus qui sont
dénombrées comme étant dans la population active? Ils sont
chez les chômeurs; il y a 110 000 chômeurs de plus. C'est cela le
bilan net après quatre ans. Les taux de chômage, on peut bien en
parler tant qu'on veut, mais ils sont eux-mêmes incomplets lorsqu'on
examine le sous-emploi. On pourrait s'imaginer, à ce moment, que si
l'augmentation de la population active se traduit finalement en nombre de
chômeurs, que l'aide sociale au moins se serait stabilisée. Les
110 000 de plus sont des chômeurs, donc, l'aide sociale ne devrait pas
augmenter, mais cela a augmenté. Cela a augmenté de 110 000. Le
nombre de ménages bénéficiant d'aide sociale était
de 302 000, il y a quatre ans. Il en a 410 000 à l'heure où on se
parle.
C'est qu'il y a là un phénomène, celui de gens qui
ne sont plus comptés dans les statistiques, qui se sont
découragés, ceux pour qui une période de recherche
d'emploi infructueuse se traduit par un retrait du marché du travail.
Toutes les mesures que, par exemple, le Conseil économique du Canada a
fait valoir quant au nombre de Québécois qui se retirent du
marché du travail après avoir cherché un emploi indiquent
très clairement que le Québec est premier de classe, encore
champion dans cette catégorie. On n'a pas été capable de
créer des emplois, on a créé des gens
découragés, qui se sont retirés du marché du
travail. Cela est attribuable à un mauvais diagnostic. On ne peut pas se
péter les bretelles et dire: Regardez, le taux de chômage n'est
pas si mal, parce que cela masque la vraie réalité, qui est le
fait que des gens découragés, des jeunes notamment, ne sont plus
sur le marché du travail. Le gouvernement ne semble pas s'en soucier en
quoi que ce soit. Il se pète les bretelles avec de la
récupération, avec de la stabilisation d'emploi, avec une
création nette de zéro emploi depuis quatre ans.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Je n'ai encore eu aucun commentaire de l'Opposition
officielle qui siège ici à l'Assemblée nationale, qui
n'est pas en campagne électorale. Il y a des gens qui sont élus.
L'un occupe le siège de Vaudreuil-Souianges, l'autre occupe le
siège de Notre-Dame-de-Grâce. Mais le grand projet de Bourassa sur
la création d'emplois, les 25 000 000 000 $ avec les Américains,
cela fait quatre fois, depuis dix heures ce matin, que je demande à l'un
ou l'autre de ces deux députés de nous en parler. C'est comme
dans Tintin, bouche cousue, motus et bouche cousue. Je vous comprends. Je vous
y engage aussi, si vous êtes capables de tenir le fort à
l'intérieur de votre propre caucus, à essayer de convaincre M.
Bourassa de changer de projet.
Je voudrais parler un peu plus de ce qu'on a souligné dans la
Presse du jeudi 25 avril, donc, au surlendemain du budget, dans unarticle de M. Frédéric Wagner. Le titre est: "La
révolution de la PME. " Je pense que cela vaut le coût que je vous
le lise, en deux paragraphes: "En donnant un avantage aux PME par rapport aux
grandes entreprises dans le cadre du régime d'épargne-actions, M.
Duhaime modifie un programme fiscal existant de façon à
créer plus d'emplois, peut-on espérer, sans que l'État
n'ait à diminuer ses revenus ou à augmenter ses dépenses.
"On peut aussi voir un souci d'encourager le développement des PME dans
la décision de vendre les magasins de la Société des
alcools au public. Des magasins privés auront vraisemblablement plus
tendance à développer le service à la clientèle que
de simplement faire mousser les ventes. En ouvrant ce secteur, le gouvernement
encourage des hommes et des femmes de talent à devenir chefs
d'entreprise. " "Quand M. Duhaime dit que nous vivons de plain-pied la
révolution technologique, il n'en conclut pas qu'il faut lancer de
grands programmes à caractère scientifique, mais qu'il faut
donner aux Québécois la possibilité de développer
eux-mêmes leur imagination, leurs idées et leurs talents. Donner
sa chance à la PME est sans doute le premier pas dans cette
révolution. "
Je pense, M. le Président, que c'est une analyse qui
m'apparaît assez juste, pour une raison très simple: pourquoi
est-ce que j'ai modifié et que je propose à l'Assemblée
nationale dans ce budget de modifier le Régime d'épargne-actions?
L'an passé, 70 % de tous les avantages fiscaux et les avantages fiscaux
qui en ont découlé, de tout l'argent qui a été
investi grâce au Régime d'épargne-actions l'a
été dans des entreprises dont les actifs dépassent 1 000
000 000 $. Je ne vois personne qui va venir me dire, M. le Président,
que des entreprises de la taille de la Banque Royale du Canada, qui a 87 000
000 000 $ d'actif, et qui a, de mémoire, je crois, un actif global qui
dépasse le total de l'actif de toutes les compagnies d'assurances en
même temps - je nomme celle-là parce que c'est la plus grande,
c'est une de nos grandes institutions a besoin qu'on consente des avantages
fiscaux à des contribuables pour qu'ils
investissent chez elle. La réponse, c'est non, même chose
pour la Banque Nationale, même chose pour la Banque de
Montréal.
On a modifié le REA, qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire
qu'il va y avoir davantage de millions et de centaines de millions pour aider
les PME à se restructurer financièrement, à renforcer
leurs structures. Une PME qui a des assises financières solides augmente
sa capacité d'emprunt, est capable de prendre de l'expansion, est
capable de faire des investissements et, en faisant des investissements, cela
va créer des emplois. Je pense, M. le Président, que c'est une
des bonnes mesures du budget.
Dans le secteur des mines, on a fait des choses - je lisais les
journaux, c'est ce matin ou hier, tout le monde est heureux dans ce secteur -
quand on a prolongé jusqu'en décembre 1987 les 166 2/3. On a une
nouvelle tarification des droits miniers et on a introduit un crédit
minier négatif.
Dans le secteur de la forêt, les propriétaires des
boisés privés, il y en a 110 000 au Québec, j'en suis bien
convaincu, sont heureux qu'on introduise le REA tout de suite. Donc, pour les
taxes payées en 1985, ils vont pouvoir récupérer tout de
suite 85% des impôts fonciers.
Je pourrais continuer, M. le Président. Dans le domaine agricole,
par exemple, il y a la taxe sur le capital-actions des entreprises agricoles
corporatives. Cela empêchait les entreprises agricoles d'améliorer
leur fonds de roulement, d'envisager des investissements, d'augmenter leur
rentabilité, etc. On a exempté la première tranche de 300
000 $. Je pense que ces gens sont contents. Tous ces gestes sont posés
dans le sens de la création d'emplois et espérons qu'on va en
profiter au maximum.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. Je
cède la parole au député de Nicolet.
M. Yves Beaumier
M. Beaumier: Merci, M. le Président. Je note, comme tout
le monde, que le député de Vaudreuil-Soulanges n'a pas
parlé du projet de M. Bourassa parce qu'il est contre. Il l'a dit, il le
redit et je mets au défi le député de Vaudreuil-Soulanges
de nous dire, ce matin, s'il a changé d'idée ou s'il est toujours
d'accord pour dire que le projet de M. Bourassa n'a pas de sens.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce ne veut parler que
du passé. Le ministre a présenté un budget d'avenir. Je
vais vous parler, M. le Président, et du passé et de l'avenir. Je
vais prendre un exemple - on est toujours un peu plus au courant de ce qui se
passe dans nos propres comtés - dans mon comté. En pleine
récession, un des plus grands projets qui est devenu une
réalisation en cours de construction actuellement, c'est l'implantation
de l'aluminerie de Bécancour. En pleine récession, qu'est-ce qui
a permis l'implantation de l'aluminerie de Bécancour? Essentiellement,
deux choses bien importantes: Premièrement, à la suite de la
crise, il y a eu un excès, un surplus d'électricité. Je
pense que cela n'est un secret pour personne. Ce n'est pas la Baie James qui a
fait le surplus parce que jamais je ne croirais qu'un économiste comme
le chef libéral aurait décidé de mettre sur le
marché un produit qui serait en surplus: ce serait irresponsable parce
que cela fait baisser les prix. Qu'est-ce qui a fait qu'il y a un surplus de
l'électricité? Cela a été effectivement la crise
que nous avons connue. En pleine crise, le gouvernement du Québec a
préparé une politique énergétique qui permettait
à ce moment de faciliter l'implantation et l'installation d'entreprises
qu'on appelle "énergivores" dans le secteur de l'aluminium. (11
heures)
Un deuxième élément très important a
été la loi 10. Qu'est-ce que la loi 10? C'est la loi qui
autorisait la Société générale de financement
à oeuvrer dans le secteur de l'aluminium et aussi de pouvoir y injecter
des fonds. En pleine crise, l'aluminerie de Bécancour a pris la
décision de s'installer, a pris la décision de construire entre
autres et beaucoup grâce à la loi 10. Savez-vous ce qu'ils ont
fait Ies libéraux, M. le Président? C'est un peu dramatique: les
libéraux, dont nous avons deux représentants semble-t-il
très économiques, ont voté contre la loi 10. Vous vous le
rappelez. Non, ce n'était pas sérieux de votre part:
effectivement, vous avez voté contre la loi 10 qui facilitait la
décision de l'Aluminerie de Bécancour Inc. de venir s'installer
dans...
Une voix: Scandalel
M. Beaumier:... le comté de Nicolet. C'est vous qui avez
voté contre. Pire que cela, le député de
Vaudreuil-Soulanges est venu dire dans mon coté - vous vous rappelez
quand vous étiez en campagne contre votre chef...
Une voix: Au leadership!
M. Beaumier:... avec qui vous n'êtes pas d'accord de toute
façon...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Êtes-vous d'accord avec
le vôtre?
M. Beaumier: Oui, très certainement. C'est le gouvernement
actuel, c'est le gouvernement de M. Lévesque qui a permis une politique
énergétique, qui a permis
l'adoption de la loi 10 contre laquelle vous avez voté. Je le dis
dans mon comté: le député de Vaudreuil-Soulanges a
voté contre la loi 10, qui aurait pu avoir comme effet... Si vous aviez
été au gouvernement vous ne l'auriez certainement pas
présentée; si vous aviez été majoritaires et s'il y
avait eu trop de députés libéraux cela n'aurait pas
passé. C'est la loi 10, entre autres, qui a permis un des
éléments importants de la décision de l'Aluminerie de
Bécancour Inc. de s'installer. Vous avez voté contre, vous allez
vivre avec.
M. Duhaime: Ah oui, garanti.
M. Beaumier: Dans mon comté tout le monde sait que les
libéraux ont mis en danger - heureusement qu'on était là -
une des plus grandes réalisations actuelles. Savez-vous qu'au moment
où l'on se parle il y a à peu près 1500 à 1600
travailleurs - des gens de chez nous en plus de cela, oui des gens de la
région - on n'est pas chauvin remarquez bien - des gens de toute la
région dont la région du ministre, entre autres...
M. le Président, je conclurai en disant: heureusement qu'en
pleine crise il y avait un gouvernement du Parti québécois, parce
que sans cela il n'y aurait pas actuellement ces travaux. Bientôt, il va
y avoir même 2000 personnes qui vont travailler sur le chantier de
l'aluminerie de Bécancour. Cela est pour le passé; je reviendrai
tantôt pour l'avenir.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, dans le
cas des interventions du député de Nicolet, je trouve cela assez
extraordinaire qu'on nous indique qu'un projet comme celui qu'il mentionne
l'amène à se féliciter, dans la mesure où il faut
se rendre compte que ce projet, à même les fonds publics,
crée pour une longue période une concurrence à l'endroit
des autres alumineries qui sont déjà au Québec.
Il faut regarder cela sous cet aspect aussi: quel est le rôle du
gouvernement dans l'économie? Très nettement quand on voit ce que
souhaiterait par exemple le député de Terrebonne, on se demande
précisément à quelle enseigne loge le gouvernement.
D'abord il reproche aux gens qui ne voteront pas pour le PQ... Si j'ai bien
compris, il souhaite que les gens qui ne voteront pas pour le PQ quittent le
Québec. C'est une façon comme une autre de gagner la prochaine
élection: exhorter les gens qui ne sont pas d'accord avec leur gens qui
ne sont pas d'accord avec vous déménagent de sorte qu'ils ne
pourront pas exercer leur droit de vote aux prochaines élections. J'ai
trouvé cela original. Je dois dire que c'est original comme façon
de gagner des élections, souhaiter que la population diminue notamment
au titre de ceux qui ne sont pas d'accord avec vous.
Les autres déménagements qu'il semble souhaiter, ce sont
ceux des diverses industries qu'on retrouve selon la région au Canada.
Il y a l'automobile en Ontario. Pour rétablir les choses, le
député de Terrebonne aimerait que l'industrie automobile
s'installe au Québec pour qu'on ait notre part. Il faudrait, pour
être logique, envoyer une large part de nos forêts en Ontario parce
que l'industrie de transformation des produits du bois, évidemment,
n'est pas là. Il faudrait probablement envoyer une des trois ou quatre
alumineries qu'on a au Québec en Ontario parce qu'ils n'ont pas assez
d'alumineries, eux, en Ontario. On devrait en considération du
marché de l'automobile leur envoyer de l'aluminerie. Ce serait assez
spécial comme programme économique que de demander une
restructuration globale de l'économie canadienne pour que tout le monde
ait sa part de toutes les industries, compte tenu de sa population. Ce que le
député de Terrebonne n'a pas compris, c'est qu'on peut se
spécialiser. Ce que le député de Terrebonne n'a pas
compris, c'est qu'on peut utiliser nos talents particuliers à
développer de façon plus efficace les ressources qu'on a et c'est
notamment le genre de projets que mettent de l'avant le Parti libéral du
Québec et son chef.
Quant au débat sur la création d'emplois, le
problème de vocabulaire est toujours présent. On n'a pas encore
entendu, de la part du gouvernement, l'énumération des mesures
qui... Une fois, par exemple, on s'en vante, on a appuyé certaines de
ces mesures-là. On nous a même réclamé, avant
même que le rapport Saucier ne soit publié, des mesures pour aider
à la formation des petites et moyennes entreprises qui ont des
problèmes de capitalisation. Ça, c'est beau! Former beaucoup de
monde, c'est bon, on l'a dit ici, on l'a dit avant vous autres. On l'a dit
pendant des années que c'est ce qu'il fallait faire au lieu de
subventionner à tour de bras. Il n'y a aucune espèce de
difficulté avec cela.
Une fois qu'elle est formée cette entreprise-là, quel
traitement vos choix fiscaux, entre autres, lui réservent-ils? Cela lui
réserve une structure de coûts plus dispendieuse qu'ailleurs, cela
lui réserve une capacité concurrentielle moins
élevée qu'autrement, compte tenu des structures fiscales qui
pèsent sur le fonctionnement des petites et moyennes entreprises dans
les autres provinces. C'est à ce titre que l'erreur du gouvernement est
lourde de conséquences. C'est pour cela qu'on arrive à
zéro de création d'emplois pendant qu'ailleurs on trouve le moyen
d'avoir plus de gens au travail qu'il y a quatre ans. C'est à cause de
ces choix-là, et l'explication qu'on attend -c'est pour cela qu'on a un
débat là-dessus -
c'est: Pourquoi est-ce que la méthode de retirer des revenus pour
un gouvernement, les impôts, le genre d'impôt indirect que vous
avez privilégié, d'une part, dont tous les consommateurs font les
frais, qui introduisent des distorsions dans un système
économique très ouvert comme celui dans lequel on vit il y a
beaucoup de distorsions, pas juste aux frontières, mais dans tout le
système - pourquoi est-ce que ça, c'est à l'avantage de la
création d'emplois? J'attends encore une réponse. Pourquoi est-ce
que le modèle de taxation des profits, du capital et de la masse
salariale des petites entreprises est créateur d'emplois? J'attends une
réponse.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre des
Finances.
L'électricité de la Baie James
M. Duhaime: M. le Président, je vais inviter l'Opposition
libérale officielle pour la cinquième fois ce matin à nous
parler du projet de 25 000 000 000 $ de leur chef qui devrait, d'après
lui, d'après le Parti libéral, être un mégaprojet
créateur d'emplois. Puisque nous parlons ici, ce matin, de
création d'emplois, il me semble que cela va ensemble. Je vous offre mon
temps de parole. Je voudrais vous entendre. Je vais m'asseoir ici, je vais
prendre des notes, je vais vous écouter. Puisque vous avez refusé
quatre fois de suite, peut-être qu'au cinquième appel vous allez
répondre. Pour vous mettre en situation, je vais vous citer un extrait
du journal La Presse du 26 août 1983. Ce n'est pas très loin,
cela. On parlait du projet de M. Bourassa. C'est le député de
Vaudreuil-Soulanges qui fait cette déclaration dans la Presse et je vais
le citer au texte.
Je dis au député de Vaudreuil-Soulanges, que si... C'est
la Presse, le journal La Presse qui est la propriété de Power,
non? De qui?
Une voix: Argus.
M. Duhaime: Argus, mais en haut, quelque part, il y a Power.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas Argus, il ne connaît
encore rien là-dedans.
Une voix: Arrêtez donc de dire aux autres qu'ils ne
comprennent pasl Soyez respectueux un peul
M. Duhaime: Je cite: "C'est un rêve irréalisable. "
Ce que j'ai trouvé très amusant - et cela m'a déçu
un peu: "Pierre Fortier était celui de mes collègues de
l'Assemblée nationale qui m'avait fourni le plus d'arguments pour
démontrer que le projet Bourassa, c'est de la foutaise. C'est ici qu'il
faut créer les emplois" disait le député de
Vaudreuil-Soulanges.
Une voix: II avait raison.
M. Duhaime: "Pierre Fortier était celui de mes
collègues qui m'avait fourni le plus d'arguments pour démontrer
que le projet de Bourassa c'est de la foutaise. C'est ici qu'il faut
créer des emplois, en transformant nos richesses chez nous. " Cela
ressemble à ce que j'ai dit dans le discours sur le budget: Ici, chez
nous. "Un mégaprojet, tel que Baie James phase 2, cela ne crée
des emplois chez nous que durant un court laps de temps. Après, c'est
ailleurs qu'on profite de la création d'emplois nouveaux. Un projet
d'une pareille envergure est devenu à peu près impensable de nos
jours, à cause de la fluctuation des taux d'intérêt. "
Vous aviez raison, M. le député de Vaudreuil-Soulanges.
J'ajoute que vous avez encore raison aujourd'hui. Le seul problème que
vous avez c'est que, vu la situation interne dans votre caucus parlementaire et
dans votre formation politique, vous êtes un peu gêné de
répéter ces propos. Mais dites-vous bien dans votre for
intérieur que je partage votre opinion, que vous avez raison et que,
moi, je suis prêt à vous supporter, à part cela.
M. le Président, cette déclaration de M. le
député de Vaudreuil-Soulanges a quand même eu un effet
choc. Il faut se rappeler que c'était dans les semaines qui
précédaient la convention libérale. Moi, cela me fait de
la peine de voir des amis libéraux se faire passer un pareil sapin dans
une convention. M. Bourassa n'avait jamais dit à la convention qu'il
irait signer des contrats avant et qu'il construirait ensuite, n'est-ce pas?
Vous étiez là, vous.
Dans la Tribune du lendemain, 27 août, le lendemain du 26, vos
propos étaient rapportés et, là je mets des guillemets,
c'est la Tribune qui parle, la Tribune qui rapporte les propos du
député de Vaudreuil-Soulanges. "Je m'attaque à des mythes
- pas des mites, de3 bébites - du genre de celui Deux fois la Baie
James, car ce sont des trompe-l'oeil. C'est se servir des muscles des
Québécois, au lieu de leur tête. " Je vois le
député de Vaudreuil-Soulanges qui m'écoute très
attentivement: La paternité de ces propos c'est la vôtre. Je
comprends, par votre attitude et votre discours d'hier, dont plus de la
moitié a porté sur le passé...
Quand M. Bourassa vous dit qu'il est un homme nouveau, vous devriez
aller voir de proche, parce qu'il n'a pas annoncé grand-chose de neuf,
jusqu'à présent. Il promettait, par exemple, M. le
Président, d'abolir les droits de succession, parce que, disait-il, cela
crée un traumatisme et cela fait fuir des capitaux. Savez-vous depuis
combien d'années il y a des droits de succession au Québec?
1892. Vous compterez le nombre de gouvernements libéraux qui se
sont succédé à Québec depuis ce temps-là.
Moi, je n'en ai pas parlé pendant des années. J'ai pris une
décision et c'est ce que le discours du budget propose: on les abolit
tout de suite.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: Merci, M. le Président. Je tiens à
souligner, moi aussi, M. le ministre, que les gens de l'Opposition ne nous ont
pas encore parlé du projet qui est censé être le
mégaprojet de création d'emplois si jamais les libéraux
prenaient le pouvoir. Je comprends que les deux députés qui sont
devant nous, comme plusieurs autres, sont contre ce projet. Je les mets encore
une fois au défi de défendre ce projet, ici, en Chambre. (11 h
15)
Écoutez, c'est rare que l'on peut voir dans une démocratie
des députés démocratiquement élus, siégeant
avec une majorité dans leur comté, représentant la
population de leur comté, faire partie d'un parti politique qui a un
programme et qui a un argument de taille devant la population pour venir
prendre le pouvoir, être assis en Chambre et se faire dire pour la
sixième fois: Votre argument numéro un pour dire aux
Québécois que vous avez la dignité d'être les
membres du gouvernement est un mégaprojet avec les Américains
pour développer un complexe hydroélectrique de 25 000 000 000 $.
Cela serait censé être votre argument de taille pour la
création d'emplois. Pour la sixième fois de ce
cûté-ci, nous vous demandons... Si vous voulez qu'on parle
sérieusement de création d'emplois, c'est votre hache, c'est
votre champ de bataille, c'est votre poignée; elle semble très
illusoire, ce n'est qu'une poignée, il n'y a rien dans la valise. Vous
n'en parlez pas. Encore une fois, je vous demande de parler de ce projet. Je
vous le demande.
Il arrive ceci: Je sais que vous savez que ce projet de 25 000 000 000
$, la première balloune de ce projet de 25 000 000 000 $ était de
55 000 000 000 $. Vous vous souvenez de cela, il y a environ un an et demi ou
deux ans. Tous les États américains devaient se liguer et
développer l'ensemble des forces hydroélectriques du
Québec pour un total de 55 000 000 000 $. De cette façon et
après une planification de cinq ans, une construction de quinze ans, ce
qui nous menait à l'an 2000, les Américains auraient eu
l'exclusivité de l'usage de l'électricité pendant les 25
ou 30 années suivantes. Cela voulait dire qu'avant l'an 2030 - toutes
les nouvelles forces hydroélectriques du Québec n'auraient servi
que pour le développement industriel et la création d'emplois de
la
Nouvelle-Angleterre. C'est de là que cela part. La balloune se
dégonfle, le livre est à peu près à la
moitié: 25 000 000 000 $. Cela part de là. Pourquoi? Parce que
Prudential and Bache, qui est une très grande compagnie que vous
connaissez très bien - cela vaut les actifs de la caisse de
dépôt qui est extraodinaire au Québec, c'est beaucoup plus
fort - dit: Ce ne sont pas les idées souverainistes du Parti
québécois qui sont dangereuses pour le développement
économique, c'est la façon dont M. Bourassa veut traiter
l'énergie du Québec. Cela est dangereux pour le Québec.
Vous vous en souvenez? J'attends le texte, je l'ai fait venir. Je ne croyais
pas que vous seriez assez "mollustiques" ce matin pour ne pas vouloir parler de
votre argument numéro un qui fait que vous fessez sur nous à tour
de bras, que vous voulez nous accrocher comme des - je vais le redire - faucons
d'argent, mais vous y allez plutôt comme de vrais condors. Vous n'y allez
pas comme des oiseaux rapaces qui ont des griffes industrielles bien sises dans
leurs mains, vous y allez dans l"'à-peu-prèisme". C'est pour cela
que, quand vous arrivez pour le défendre à la caméra,
devant les gens qui vous regardent, cela fait des nouilles de plus. Vous n'en
parlez pas. Vous ne pouvez pas en parler, vous savez que c'est stupide. C'est
sûr qu'Hydro-Québec, dans les dix ou quinze prochaines
années, va développer pour 20 000 000 000 $ ou 25 000 000 000 $
de projets, mais à notre façon, pour les besoins du
Québec, et non pas accrochés, les mains et les pieds liés
avec des gens qui en même temps financeraient ces projets-là et
viendraient imposer le rachat d'électricité par la suite.
Je l'ai ici, mais mon temps est terminé. Je vais vous relire la
déclaration de la Prudential and Bache de New York. C'est
épouvantable comme ce chef, ce René... C'est votre René
parce qu'il est déjà venu, il naît de nouveau. Vous n'avez
jamais été capables de remplacer Jean Lesage, c'est cela votre
problème. Le prochain chef du Parti libéral, ce sera M. Ryan.
C'est cela parce que, quand M. Bourassa perd, M. Ryan revient. Cela a
été Lesage, Bourassa, Ryan, Bourassa, Ryan, Lesage, Bourassa,
Ryan. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
La création d'emplois au Québec
M. Scowen: J'aimerais poser une question très simple au
ministre des Finances: A-t-il peur aujourd'hui de défendre la
performance de son gouvernement depuis quatre ans? C'est cela le sujet que nous
avons choisi. Il y a d'autres sujets importants, dont le projet de M.
Bourassa
pour la Baie James, les problèmes dans les salles d'urgence des
hôpitaux, toutes sortes de problèmes. Mais nous avons
proposé aujourd'hui que le ministre, qui est président du
comité ministériel sur l'économie de son gouvernement et
qui a la responsabilité pour, s'il y en a un, un projet global de
développement économique, on a proposé au ministre des
Finances que ce matin il essaie de défendre et d'expliquer la
performance de son gouvernement depuis les dernières élections.
Nous avons constaté, et je vais le lui démontrer encore, parce
que c'est le sujet de la journée, nous avons soulevé le point que
depuis quatre ans il n'y a pas eu un seul emploi de créé au
Québec. On demandait au ministre de faire une réflexion
là-dessus et d'essayer de nous l'expliquer, de l'analyser et de nous
dire pourquoi et, par la suite, de nous dire, s'il le veut, ce qu'il pensait
devoir faire pour l'avenir pour changer ce qui est, semble-t-il, un programme
économique qui ne fonctionne pas. C'est cela le sujet.
Qu'est-ce que nous avons entendu? Premièrement, nous avons
entendu une critique d'un projet de notre chef. C'est un peu comme si ces gens
se voyaient déjà dans l'Opposition et voyaient M. Bourassa comme
premier ministre. C'est eux qui font l'Opposition et c'est nous qui proposons.
Je trouve assez drôle d'avoir cet esprit de défaitisme
déjà dans vos rangs. Arrêtez pour le moment et
défendez ce que vous avez fait juste pendant une heure si vous
êtes capable. Après, on va se lancer en campagne électorale
et vous aurez tout le temps nécessaire de parler du projet de la Baie
James et nous aussi. Mais, ce matin, la population s'attend que vous essayiez
d'expliquer comment il se fait que pendant quatre ans, depuis cette nuit
glorieuse du 13 avril 1981, avec quatre années d'élèves et
de personnes qui viennent sur le marché du travail, vous n'ayez pas
été capables de trouver un seul emploi additionnel.
J'ai entendu deux arguments, peut-être trois. Le premier: C'est
à cause de la crise. Pendant les deux premières années, il
y avait une crise. Oui, je répète au ministre: On a tenu compte
de cela. Vous avez perdu de l'emploi pendant les deux premières
années. Vous avez commencé à en reprendre
dernièrement, et c'est vrai, il y a eu des emplois de
récupérés dernièrement, mais le total est de
zéro. C'est la même crise qui existait dans le reste du Canada
où les mêmes êtres humains que nous ont réussi, non
seulement à récupérer les emplois perdus, mais à en
créer de nouveaux. Nous sommes en retard. Après, nous sommes
moins efficaces dans la création d'emplois que nos voisins canadiens
qui, je l'admets, sont beaucoup moins efficaces que nos concurrents aux
États-Unis. C'est cela le sujet de ce matin. C'est de cela qu'on
demandait que le ministre parle, à moins qu'il ait peur de parler de sa
performance depuis quatre ans. Je ne parle pas de ses activités, parce
qu'on peut avoir toutes sortes d'activités. Il peut
énumérer une liste de toutes sortes de choses qui ont
été faites. Il y en a beaucoup, mais comment cela se fait-il
qu'avec toutes ces activités, toutes les lois que vous avez
adoptées, tous les ministères que vous avez créés,
le score, le résultat final soit un échec total?
C'est le genre de questions que l'on voulait poser au ministre ce matin
et je lui demande, à moins qu'il ait une peur terrible de parler de sa
performance et d'essayer de l'expliquer, qu'il arrête pour le reste de
notre interpellation de parler du projet de la Baie James, qu'il ne parle pas
du problème des urgences dans les hôpitaux ou de toutes sortes
d'autres sujets qui sont très intéressants, mais qui n'ont rien
à voir avec le sujet que nous avons choisi et que nous avons le droit de
choisir ce matin, qui est d'expliquer à la population comment il se fait
qu'après quatre ans de gouvernement péquiste vous n'ayez, non
seulement pas réalisé un seul nouvel emploi, mais qu'en plus vous
ne l'ayez pas fait dans un contexte nord-américain où tous vos
voisins ont réussi à en trouver. C'est cela ta question.
Qu'est-ce qu'il y a dans toutes vos activités qui ne marche pas?
Je pense que la population s'intéresse à cette question.
Elle trouve que pendant ces quatre ans vous n'avez pas bien fait votre job et
elle veut qu'aujourd'hui vous expliquiez à la fin de votre mandat, au
quatrième anniversaire, ce qui est arrivé. Alors, je le
répète: À moins que le ministre des Finances et ses
collègues aient peur, qu'ils arrêtent de parler de choses autres
que la performance du gouvernement pendant ces quatre ans.
En terminant, je dirai directement au député de Terrebonne
que ses propos démagogiques concernant nos attaques contre le
gouvernement sont inacceptables. Le dernier recours des démagogues
partout dans le monde au pouvoir est de dire à leurs adversaires que,
quand ils critiquent le gouvernement pour sa performance, ils critiquent la
population. Ce n'est pas du tout ce que nous faisons. Nous sommes très
fiers et très contents de la population du Québec. Le
problème du Québec, ce n'est pas la population du Québec,
c'est le gouvernement. Là est le problème. Dans quelques pays, on
est mis en prison si on critique le gouvernement, parce qu'on est
déloyal. Je pense que c'est un peu niaiseux d'écouter les
mêmes propos du gouvernement disant: Vous êtes déloyaux,
vous ne devez pas nous critiquer. On va continuer de vous critiquer, vous, le
gouvernement et votre performance et on vous demande d'essayer de la
défendre. Comment se fait-il que toutes ces activités
ne nous aient rien donné pendant quatre ans?
Le Président (M. Lachance): M. le député, je
vous signale que j'ai été d'une tolérance un peu plus
grande que d'habitude. S'il vous plaît, vous en tenir au temps! On a
dépassé d'une minute. M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, vous vouiez que je vous parle
de 1981-1984? Je vais vous en parler. Qu'est-ce qui s'est passé au mois
de juillet 1981? Quels étaient les taux d'intérêt? 21, 5 %,
22 %. Pourquoi? Partout au Canada et en pleine crise économique, parce
que le gouvernement fédéral, vos amis, les libéraux, avec
une politique monétaire comme celle que nous avons connue, plutôt
que d'aider non seulement l'économie du Québec, mais celle de nos
principaux partenaires commerciaux, ceux de tout le Canada, sont restés
braqués. Au lieu de mettre leur priorité sur la création
d'emplois, ils ont maintenu l'économie canadienne dans le
désastre. Le 4 septembre 1984, la population de l'ensemble du Canada et
du Québec leur a donné ce qu'on appelle dans le jargon un bleu,
n'est-ce pas? La raison pour laquelle cela nous a pris du temps à sortir
de la crise économique, pas seulement au Québec, mais dans
l'ensemble canadien, c'est parce que ce sont vos amis qui dirigeaient les
affaires canadiennes dans ce temps-là. C'était M. Trudeau et
compagnie. Ensuite, cela a été M. Turner et on connaît le
résultat.
C'est dans un contexte affreux. En 1982, on se rappellera aussi que le
gouvernement de M. Trudeau a décidé de nous "clencher" sur la
péréquation et de nous faire perdre 750 000 000 $ entre 1982 et
1987. Je l'ai évoqué dans le discours sur le budget. Je ne l'ai
pas seulement mis dans les annexes, soit dit en passant. C'est dans le discours
sur le budget. Aujourd'hui, on est pris avec ce genre de problèmes.
C'est un manque à gagner assez énorme. Je vous donne un petit
détail en passant: les 124 000 000 $, par exemple, que je dois affecter
cette année dans le budget pour payer la dette olympique, je ne les ai
pas pour faire du développement économique. Quand je prends 300
000 000 $ et plus et que je suis obligé de renflouer le fonds de pension
parce que durant toutes les années de M. Bourassa et de M. Garneau,
jamais le gouvernement libéral n'a mis cinq cents noirs là-dedans
- vous le savez - cela fait un demi-milliard par année. Si on avait cet
argent pour le mettre dans l'économie... C'est pour cela, M. le
Président. Quand on fait le bilan, on se rend compte que durant les deux
dernières années nous récupérons nos emplois au
sortir de la crise plus vite que partout ailleurs au Canada. C'est ce qu'il est
important de souligner.
Un dernier point, M. le Président. En pleine crise
économique, avec Hydro-Québec - je me souviens que j'étais
alors ministre de l'Énergie et des Ressources - on a
décidé de faire une offensive sur l'international. On s'est dit:
On est capable de battre les Brésiliens. On est capable de battre les
Australiens. On va mettre sur pied une politique tarifaire à long terme,
22 ans et demi. Trouvez-moi un pays dans le monde occidental qui est capable
d'avoir un tarif concurrentiel avec Hydro-Québec pour l'implantation
d'alumineries dans le monde entier! Il n'y en a pas. Cela a donné quoi,
comme résultat? 500 000 000 $ US d'investissements à Baie-Comeau
pour l'agrandissement de l'aluminerie; 1 200 000 000 $ à l'Aluminerie de
Bécancour et on a fait une entente aussi avec Alcan, qui, soit dit en
passant, durant ces années-là, poursuivait ses travaux à
l'aluminerie de La Baie. On a signé une entente pour la
Péribonka, un bail, et Alcan commence ses travaux pour une
troisième aluminerie. Il y a actuellement au Québec trois grandes
alumineries en chantier et le Québec, sur une base per capita, est
devenu le premier producteur mondial d'aluminium per capita. On a au
Québec trois parmi les cinq plus grands producteurs d'aluminium dans le
monde.
(11 h 30)
Quand j'entends le député de Vaudreuil-Soulanges venir
dire que, parce que la SGF a investi, on a nui à d'autres... Vous
n'êtes pas sérieux! Vous rendez-vous compte de
l'énormité de ce que vous dites? Je vais vous poser une question
très simple: Quel est le plus gros actionnaire d'Alcan à l'heure
actuelle? Les Québécois, par le biais de la Caisse de
dépôt et placement du Québec. N'est-ce pas? Le
marché de l'aluminium, c'est quoi? C'est un marché international.
Si on ne prend pas notre part de ces 12 000 000 de tonnes de capacité de
production installées dans le monde aujourd'hui, qui va le faire? Les
Chinois? Les Russes? Les Brésiliens? Les Argentins? Les Australiens? On
a décidé qu'on prendrait notre place. On a travaillé avec
HydroQuébec et on a bâti un tarif.
Je suis inquiet. La firme Prudential and Bache de New York, l'an
passé, quand M. Bourassa a sorti son mégaprojet dont vous ne
voulez pas nous parler, et on vous l'a demandé pour la septième
fois ce matin... "L'élection de Bourassa nuirait à la cote
d'Hydro. " Oui. "La réélection de M. Bourassa - c'est M. Howard,
le vice-président de Prudential and Bache, qui a dit cela -pourrait
avoir des effets désastreux sur la cote des titres
d'Hydro-Québec, surtout si ce dernier va de l'avant avec ses projets de
doubler la capacité de production de la Baie James. " Est-ce assez
clair?
M. Biais: Bon, c'est net, clair et franc.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Nicolet.
M. Beaumier: Nous prenons note que le député de
Vaudreuil-Soulanges ne veut pas se prononcer et dire s'il est toujours d'accord
avec les paroles qu'il a dites ou s'il est d'accord avec son chef. Le
député de Vaudreuil-Soulanges aura l'occasion de s'exprimer
tantôt, mais j'aimerais qu'il commente une partie de l'article de
Jean-Paul L'Allier qui a bien connu M. Bourassa.
M. L'Allier écrivait dans le Devoir du 20 avril 1985, toujours
concernant le projet de M. Bourassa, contre lequel est le député
de Vaudreuil-Soulanges: "Mais le Québec -écoutez bien, M. le
député - est plus, beaucoup plus que le lieu sauvage de
ressources inexploitées. C'est mieux que cette arrière-cour
gigantesque des États-Unis, gérée par des
commerçants - c'est un peu la façon dont il explique l'attitude
de M. Bourassa - qui considèrent que la seule façon de le
développer est d'en vendre - de vendre de l'électricité.
En fait, le projet de M. Bourassa n'est pas nécessairement de vendre de
l'électricité, c'est de vendre le Nord québécois.
Quand Mme Bissonnette parlait du Don Quichotte du Nord, c'est que M. Bourassa
s'apprête à vendre une partie du Québec aux
Américains. C'est ce que cela veut dire. Pas vendre de
l'électricité, vendre le Québec - suivant la conjoncture
du marché - bien sûr - les ressources en vrac comme on l'a fait
pour le fer, le bois et maintenant l'électricité. " Je mets au
défi le député de Vaudreuil-Soulanges de commenter cette
opinion de M. L'Allier qui, lui, a bien connu M. Bourassa.
Je reviendrai tantôt. Je parlais de l'aluminerie de
Bécancour et je n'avais pas terminé. Savez-vous ce que les
libéraux ont dit en ce qui concerne l'implication du gouvernement par
l'intermédiaire de la Société générale de
financement? Savez-vous ce que les libéraux ont dit, M. Ciaccia, entre
autres? Savez-vous ce qu'ils ont dit? Ils ont dit que c'était
dépassé - le député de Vaudreuil-Soulanges aussi,
je crois; il pourra le confirmer quand il aura parlé du projet de M.
Bourassa - ils disent que c'est dépassé que le gouvernement
s'implique dans des projets économiques. En gros, c'était cela.
C'est pour cela que vous avez voté contre la loi 10. Or, cela a
été démenti presque tout de suite après. M. Marcus,
le président d'Alumax, qui est l'un des trois partenaires de la
société Aluminerie de Bécancour Inc., disait que l'avenir
était dans des sociétés mixtes où étaient le
gouvernement et l'entreprise privée.
Pour vous montrer jusqu'à quel point l'argument du Parti
libéral était un argument arriéré, il ne faut pas,
surtout quand c'est bon et quand c'est enrichissant, que le gouvernement aille
dans des choses qui sont enrichissantes. Nous n'avons pas cette perception et
M. Marcus non plus. Ce sont des choses qui se réalisent. Pour l'avenir,
vous êtes certainement au courant que deux autres projets, il y a
à peu près deux ou trois semaines, un mois peut-être,
d'implantation dans le parc industriel de Bécancour ont
été annoncés. L'un va démarrer cet
été, Hydrogénal, avec comme partenaires moitié
Hydro-Québec, moitié Air Liquide. C'est 30 000 000 $
d'investissements, c'est 300 - l'emploi vous intéresse, semble-t-il -
à 400 emplois de plus au niveau de la construction qui va débuter
au milieu de l'été.
Une autre décision d'implantation - pas des projets - qui a
été prise c'est OXYCHEM, toujours au Parc industriel de
Bécancour. C'est du peroxyde d'hydrogène. C'est 50 000 000 $
d'investissements et ceci devrait commencer autour du mois de décembre,
ce qui fait que cela va créer de 400 à 500 emplois dans le
secteur de la construction. Je parle de l'avenir.
Si le député de Vaudreuil-Soulanges ne veut pas parler de
l'avenir parce que cela ne l'intéresse pas, je m'excuse, quant à
nous nous sommes à la fois fiers et du passé et de l'avenir.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lachance): Merci. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
C'est assez étrange, le débat, dans la mesure où, quant
à nous, on n'a pas eu de réponse sur une question à
laquelle on exhorte le gouvernement de répondre, c'est la performance de
création d'emplois. On répète qu'il ne nous répond
pas là-dessus et, quant au gouvernement, il s'imagine que le
règlement de la Chambre lui permet aujourd'hui, à cette heure-ci,
de déterminer qu'on va parler du développement des ressources
hydroélectriques du Québec et nous exhorte à parler de
cela.
Ce que je peux vous dire entre autres choses, c'est que le 3 juin,
normalement, le chef du parti sera député et il va en parler.
Cela va faire un interlocuteur de plus, c'est celui qui connaît cela le
plus, d'ailleurs. Il pourra en parler. Donc, vous ne perdez rien pour attendre,
à ce sujet-là.
Ce que cet échange un peu étrange ou décousu du
fait du choix du gouvernement de ne pas parler de ce qui intéresse les
Québécois, la création d'emplois, a permis de
déceler, c'est que le gouvernement continue à masquer la
réalité en arrière des chiffres qu'il nous cite. J'ai
indiqué tout à l'heure qu'on devait s'inquiéter de la
chute du taux de participation au marché du travail au Québec
comparativement à l'ensemble du Canada.
J'ai fait remarquer que les gens dénombrés comme
étant au travail ou à la
recherche de travail ayant augmenté de 110 000 personnes depuis
quatre ans, cela s'est traduit exactement par 110 000 chômeurs de
plus.
On nous rétorque qu'il y a eu de la création d'emplois
depuis deux ans. Il y a eu création d'emplois partout depuis que le pire
de la crise est passé, c'est bien évident. Ce qu'on soutient,
c'est que le rythme de récupération, même s'il peut
s'accélérer en fin de période quant au Québec,
n'ait pas été tel - et c'est ce qu'il faut regarder -qu'on a
finalement atteint une récupération totale de ce qui avait
été perdu pendant la crise. On est en train de mesurer sur quatre
ans. Il faut concevoir que les pertes d'emplois à l'occasion de la crise
ont été considérables au Québec et que c'est
à partir de cette perte également qu'il faut regarder où
nous en sommes rendus aujourd'hui. Quand on se compare, on n'a pas
récupéré, encore une fois, suffisamment des emplois
perdus.
Ce que cela cache également, c'est évidemment le
phénomène des découragés. Je l'ai
évoqué tout à l'heure, j'ai chiffré, à
l'aide d'une étude, ce que cela représente mais ce qu'on ne voit
pas, c'est ce que cela représente au point de vue de la qualité
de vie dont le député de Terrebonne s'enorgueillit. À bien
des égards au Québec oui, il n'y a pas de problèmes. Les
gens qui habitent ici préfèrent habiter ici, cela ne les
empêche pas de critiquer ce que le gouvernement fait pour
détériorer certains aspects de la qualité de vie. Mais la
marge des découragés au point de vue de la qualité de vie,
au point de vue de la motivation de l'ensemble des Québécois,
c'est un facteur particulièrement important qui, dans ce cas-là,
est négatif. Il faut donc s'attaquer, pas à un mal de ventre qui
est le sous-emploi (le dénombrement statistique), il faut s'attaquer
à l'état de crise que vivent les découragés. Il
faut prendre des mesures particulières. On a demandé à la
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de bien
vouloir nous expliquer ce que ces programmes faisaient de si bien, mais la
réalité des choses, c'est que le nombre des
découragés augmente. Il y a un problème de performance
à l'égard des programmes gouvernementaux.
L'autre chose qui est masquée dans les chiffres d'emploi qu'on
nous sert... Le ministre des Finances le sait parce que ses rentrées
fiscales au titre de l'impôt sur le revenu des particuliers ne sont pas
aussi brillantes qu'il le voudrait. C'est toujours vrai pour le ministre des
Finances, mais cela a atteint un niveau critique depuis deux ans au
Québec. L'autre phénomène masqué, l'autre face
cachée de tous ces beaux chiffres qu'on nous sert de l'autre
côté, c'est qu'il y a un changement entre les gens qui ont du
travail à temps plein et ceux qui travaillent à temps partiel. Le
temps partiel, par définition, ce sont des gens qui sont en train de se
qualifier pour retourner à un programme de recherche d'emploi, un
programme d'aide directe de prestations à l'occasion de la perte d'un
emploi. Ce sont des chômeurs à temps partiel. Je veux bien croire
que ce sont des travailleurs à temps partiel, mais ce sont des
chômeurs à temps partiel. Quand on regarde ce qui s'est
passé d'avril 1981 à avril 1985, on voit très clairement
que notre nombre d'employés à temps plein au Québec a
diminué de 70 000 et que le nombre de travailleurs à temps
partiel a augmenté de 70 000. On a remplacé les gens qui
travaillaient...
Le Président (M. Lachance): En terminant, M. le
député.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):... par des gens qui
chôment à temps partiel pendant qu'en Ontario on
réussissait à créer 113 000 emplois à temps plein,
de plus. Eh oui! 80 000 emplois à temps partiel, mais on voit que c'est
très différent de créer deux catégories
additionnelles d'emplois plutôt que d'échanger du temps plein pour
du temps partiel. C'est ce qui est arrivé au Québec et on
aimerait avoir des explications qu'on attend encore.
Le Président (M. Lachance): M. le ministre.
M. Duhaime: Oui, M. le Président. Lorsque le Parti
libéral décidera d'être sérieux avec les
statistiques au lieu de jouer au fou, je répondrai très
clairement. Je mets au défi le député de
Notre-Dame-de-Grâce de reprendre son argumentation de tout à
l'heure en tenant compte du nombre d'emplois par 1000 de population et de
l'évolution des quatre dernières années quant à
l'emploi au Québec et au Canada et d'en arriver à la même
conclusion avec le gros beignet qu'il avait dans les mains tout à
l'heure.
Je voudrais dire en terminant, M. le Président, que cette
matinée a été décevante. J'aurais cru que,
puisqu'on m'interpellait ici sur la création d'emplois par le Parti
libéral et que le projet moteur du siècle prochain annoncé
par M. Bourassa qui, peut-être, ne survivra pas aux élections
partielles dans Bertrand... Moi, je m'étais préparé
à vous parler de cela. Et on vous a invités, je crois que c'est
à huit occasions consécutives, à partir des tribunes de
l'Assemblée nationale... Vous êtes des députés
libéraux élus. Vous n'avez même pas ouvert la bouche pour
parler et soutenir le projet de M. Bourassa: 12 000 mégawatts, 25 000
000 000 $, si les Américains le veulent, à leur prix, à
leurs conditions. Je vous comprends, mais cela ne m'empêchera pas de vous
agacer un peu.
Pour ce qui est des jeunes, dans les crédits qui sont
déposés pour l'année 1985-1986, on a fait un réel
effort et c'est la première fois que cela se fait au Québec. On
doit avoir, actuellement, dans les différents programmes, 35 000
inscriptions de gars et de filles du Québec. Je voudrais mentionner ici
pour ne pas qu'on l'oublie - parce que les gens d'en face, je le regrette, font
de la désinformation en espérant qu'un journaliste va la prendre
au bond et va l'imprimer à 50 000 ou encore à 850 000 exemplaires
comme on le voit de temps à autre - qu'il y a huit programmes pour les
jeunes: Bon d'emploi plus, 10 000 000 $ en 1985-1986; Stages en milieu de
travail, 57 000 000 $ cette année, 60 000 000 $ l'an passé; les
travaux communautaires, 5 800 000 $ cette année; le rattrapage scolaire,
5 000 000 $; pour le retour aux études postsecondaires pour les chefs de
famille monoparentale, on vise 1000 inscriptions. On n'a pas mis de montant.
C'est un mot de bienvenue quand on ne met pas de montant. Le sixième
programme expérimental de création d'emplois communautaires, 40
000 000 $ cette année; les Jeunes volontaires en 1985-1986, 10 300 000
$. Le huitième programme, les Jeunes promoteurs, 3 000 000 $. (11 h
45)
Ces gens d'en face, M. le Président, disent qu'il n'y a rien dans
le budget pour la création d'emplois. Ce que je viens
d'énumérer, huit programmes, c'est seulement pour les jeunes de
moins de 30 ans. Tantôt, au début, j'ai fait une
énumération complète et l'Opposition qui a l'habitude de
tout vérifier - elle a une excellente équipe de recherchistes, je
l'en félicite d'ailleurs -devrait vérifier si le chiffre que j'ai
avancé tantôt, 908 000 000 $ dans le développement
économique et au soutien de l'emploi cette année, à part
l'ensemble des mesures que j'ai annoncées dans le budget... M. le
Président, cela doit peut-être un peu traduire ce dont la
population a besoin.
Dans la Presse d'hier j'ai lu un commentaire. Je vais vous laisser
deviner son nom. "Je vois beaucoup de points très intéressants
là-dedans. C'est en parlant du budget que j'ai prononcé ici mardi
après-midi - M. Duhaime est un gars qui a les pieds sur terre, qui a su
prendre des mesures difficiles mais importantes qui seront probablement bonnes
pour l'économie du Québec. M. Duhaime est un gars
extrêmement terre à terre - je m'excuse de vous le dire comme cela
mais... - réaliste et compétent à tenir compte de ces
réalités. "
Une voix: Et modeste.
M. Duhaime: Qui est-ce qui a dit cela? C'est M. Mulroney qui est
premier ministre du Canada. Je veux le remercier. J'espère que cette
phrase va être d'une certaine inspiration lorsqu'au niveau
fédéral on va réviser les demandes du Québec pour
ce qui est du dossier de la péréquation. Si j'ai les pieds
à terre dans le budget, peut-être que je pourrai avoir les pieds
à terre aussi dans un règlement honorable, raisonnable et
équitable du dossier de la péréquation. L'argent que
j'irai chercher là, M. le Président, je le remettrai dans le
développement économique du Québec.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Terrebonne, vous êtes le dernier intervenant ministériel. Vous
avez deux minutes.
M. Blais: Deux minutes. Ah! Mon dieu! Seulement le temps de
rappeler pour la neuvième fois aux deux députés de
l'Opposition que le support de création d'emplois élaboré
par leur chef, édité à peu près partout,
lancé aux États-Unis, lancé ici, eux semblent l'avoir
lancé dans la poubelle. Ils n'en parlent pas. Cela veut donc dire qu'ils
sont contre. Leur mutisme devant le projet d'élaboration des forces
hydroélectriques sur 25 000 000 000 $, de la façon que leur chef
le voit... Cela mérite d'être lancé dans la poubelle. C'est
ce qu'ils disent en n'en parlant pas.
Pour la neuvième fois, je leur demande d'en parler parce que
c'est censé être leur point majeur de création d'emplois.
Comme on se souvient des 100 000 emplois du temps: ils en ont
créé 84 000 dans la fonction publique parce qu'ils étaient
inertes. Pour faciliter l'entreprise privée à créer de
l'emploi, ils ont dû hypothéquer l'avenir du Québec en
ajoutant 84 000 emplois dans la fonction publique. C'est pour cela
qu'aujourd'hui on a des problèmes parce qu'on a un peu trop de monde
encore dans la fonction publique même si, depuis qu'on est là,
c'est une croissance zéro dans la fonction publique. Croissance
zéro dans la fonction publique parce que vous avez trop placé de
gens. La réélection de M. Bourassa serait une catastrophe pour
Hydro-Québec, serait une catastrophe pour la création d'emplois
au Québec, serait une catastrophe, point, parce que les gens savent que
Bourassa égale zéro, égale catastrophe. Merci.
Le Président (M. Lachance): Pour les deux derniers blocs
du temps qui est réservé pour cette interpellation, M. le
ministre aura une période de dix minutes et par la suite il y aura le
droit de réplique final du député de
Notre-Dame-de-Grâce. M. le ministre des Finances.
Conclusions
M. Yves Duhaime M. Duhaime: Merci. Je vais
vous dire
tout de suite que je vais prendre seulement cinq minutes et que je vais
laisser les cinq autres minutes qui me reviendraient normalement pour qu'elles
s'ajoutent aux dix minutes du député de
Notre-Dame-de-Grâce. 11 aura donc un bloc de quinze minutes pour
conclure. J'aimerais beaucoup que, pendant cinq minutes, seulement cinq
minutes, il nous parle du projet de M. Bourassa d'aller emprunter aux
États-Unis 25 000 000 000 $ pour investir 12 000 mégawatts. Soit
dit en passant, vous êtes en train de vous mêler passablement parce
que, quand on parle de 12 000 mégawatts, on ne parie plus de la phase 2
de la Baie James. Ce sont toutes les rivières de la COte-Nord. C'est le
complexe KCM, Koksoak, Caniapiscau, Mélèzes, pour 3500
mégawatts dans ce coin. Il y a aussi la puissance additionnelle à
Manic-Outardes et il y a de la puissance additionnelle ajoutée à
LG 2; 12 000 mégawatts, comme on dit à Hydro, c'est du jus, vous
savez cela. Je vous donne cinq minutes pour nous en parler. Je vais vous
écouter très attentivement, je vous promets de ne pas vous
interrompre et je commenterai votre déclaration dans les jours qui
viendront. Je voudrais dire que l'Opposition libérale, ce matin, avec un
tableau zéro qui lui va très bien puisque j'ai cela en face de
moi, et avec la mise en garde du début de ce débat de vouloir
m'interdire de parler de l'avenir... Si vous voulez, vous autres, rester au
passé, restez-y! On n'a pas honte de notre bilan.
Au contraire. On en est très fier, M. le Président. Durant
les deux dernières années, au sortir de la crise
économique et de la récession de 1981-1982, durant les deux
dernières années, le Québec a
récupéré les emplois qu'il a perdus pendant la crise plus
vite que partout ailleurs au Canada. Vous n'avez aucun chiffre. Vous faites des
affirmations. On dirait que vous êtes des enfants d'école. Ce
n'est pas parce que vous avez affirmé une chose qu'elle est vraie. Il
faut le prouver, n'est-ce pas? Cela fait une différence. Deuxième
chose, c'est le tiers de tous les emplois créés au Canada durant
les deux dernières années; c'est au Québec que cela s'est
créé. Vous le savez. Vous pouvez vous bidonner, si vous voulez,
je ne vous reconnais pas toujours parce que vous me paraissez un homme plus
sérieux. C'est vrai que l'Ontario a récupéré des
emplois passablement rapidement, mais pourquoi? 55 % des exportations
ontariennes vers les États-Unis d'Amérique, ce sont les bagnoles,
les pièces et Dieu sait si les rouges les ont subventionnés, les
quêteux dans le secteur de l'automobile, GM, Ford, Chrysler, il y a
quelques années! N'est-ce pas?
Au Québec, on a ici 5 % de la capacité de production
canadienne et les Québécois achètent 25%. C'est
énorme. Il y a des explications à toute chose. Vous ne devriez
pas nier ces faits, vous devriez les admettre, regarder les chiffres d'emploi
en fonction du nombre d'emplois par 1000 de population. À ce moment on
va pouvoir avoir un bon débat. Si vous vous voulez me charrier à
tous les vendredis matin, je vais prendre mon abonnement. Vous voulez qu'on
parle des assurances vendredi matin prochain, je serai ici à 10 heures,
M. le Président. Je voudrais vous faire remarquer qu'à 10 heures
pile, j'étais ici à ma banquette; j'ai attendu l'Opposition
pendant sept minutes.
M. le Président, le dernier point. Le budget qui a
été déposé est un budget résolument
tourné vers la création d'emplois de la manière suivante:
Premièrement, presque 1 000 000 000 $ dans les crédits des
portefeuilles de mes collègues, 908 000 000 $; il y a toujours des
rallonges en cours d'année, je suis pas mal certain que cela va aller
à 1 000 000 000 $.
Je n'ai pas entendu - il me vient une idée, M. le
Président - votre commentaire sur le fonds de développement des
ressources encore? 2 500 000 000 $. On va vendre les succursales de la SAQ, les
actions privilégiées d'Hydro-Québec, vous avez
changé d'idée sur l'histoire des actions d'Hydro-Québec.
Votre chef était contre il y a deux semaines; hier, semble-t-il, il
était contre les actions privilégiées, il a dit que ce
serait mieux des actions ordinaires, je n'en reviens pas. Cet argent, M. le
Président, qui nous vient également des droits de mine, des
droits de coupe, des redevances hydrauliques des entreprises privées au
Québec qui utilisent 3500 mégawatts de puissance sur nos
rivières, cette année cela fait environ 250 000 000 $ au total.
Cela va s'en aller dans un fonds pour développer les ressources du
Québec. Pas pour les Américains: pour les Québécois
et leur famille, ici au Québec, comme le disait le député
de Vaudreuil-Soulanges au mois d'août 1983.
Je vous en supplie, M. le député de Vaudreuil-Soulanges,
ne vous laissez pas intimider par les pressions de votre chef. Ne vous laissez
pas intimider par votre caucus, tenez votre bout. Vous avez une occasion en or
de vous en débarrasser. C'est vrai! Allez dans Bertrand aux
élections partielles, allez-y, allez dans Bertrand - M. le
député de Vaudreuil-Soulanges, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous le direz aussi à votre collègue
d'Outremont - répéter, durant le courant des mois de mai et juin,
les propos que vous avez tenus au mois d'août 1983 concernant ce grand
projet. Si vous ne le faites pas, j'irai répéter ce que vous avez
dit le 26 août 1983, tel que rapporté dans la Presse.
Car vous n'êtes pas tellement sérieux. Ce que votre chef a
fait depuis trois mois, de traduire en anglais... "Power from North", cela
ressemble comme un jumeau à "La deuxième Baie James"
publié il y a deux ou
trois ans. Avez-vous vu les deux? Vous les comparerez, c'est assez
extraordinaire. Cela a donné comme résultat de braquer tout le
monde aux États-Unis, et la réponse est venue vite.
L'approche d'Hydro-Québec - qui était aussi la mienne
pendant les trois années et plus où j'étais responsable de
cette société d'État - a été de rencontrer
les gouverneurs, de ne pas faire de tapage. Si vous saviez le nombre de fois
où je suis allé aux États-Unis - et j'étais quand
même ici présent à l'Assemblée nationale; cela ne
prend pas bien des heures aller là et revenir - je les ai tous
rencontrés les gouverneurs, non pas les anciens ministres ou
secrétaires d'État à l'Énergie, non pas les
anciens, la Ligue du vieux poêle, ceux qui sont en poste. Je les connais
tous personnellement. On a négocié des contrats avec eux.
Je pense que je retire mon offre je garde mes cinq minutes. Vous ne m'en
parlerez pas du projet de M. Bourassa. Je les gardes mes cinq minutes, M. le
Président.
On a signé un contrat avec le New York, le PASNY, à
l'époque, et le New York Power Authority d'aujourd'hui, on a
signé un contrat d'énergie avec le New England Power Pool. Le
gouverneur Snelling du Vermont m'apppelle un jour - il ne parle pas beaucoup
français le gouverneur Snelling, mais je le comprends - il voulait
acheter de l'énergie électrique, 150 mégawatts fermes.
Très bien, j'ai pris l'avion et je suis allé avec le
président du conseil d'administration d'Hydro-Québec. On s'est
rencontrés. Cela a pris deux mois et c'était réglé:
150 mégawatts. La ligne de transmission est en chantier. Vous le savez
celai Cela rapporte des centaines de millions de dollars à
Hydro-Québec, avec un contrat solide, d'aplomb.
Mais c'est nous qui fixons notre prix à la frontière. Le
président d'une des grandes compagnies de distribution électrique
dans la Nouvelle-Angleterre que veut-il avoir comme prix? Il dit: "You guys, up
North, you get a fair return on your investment and we make the money on it. "
J'ai dit: "No, Sir. " On va avoir des clauses d'indexation pour nous
protéger, parce que je ne voudrais pas me retrouver un jour dans une
chaise terre-neuvienne et être obligé d'aller négocier
à nouveau avec les Américains. Quand les contrats sont
signés, les contrats sont signésl
M. le Président, j'avoue honnêtement que si les
libéraux promettent dans leur programme - on va oublier le
député de Laporte, ce n'est pas sérieux - 80 000 emplois
par année - c'est cela votre programme - nous, nous l'avons
réalisé en 1984. Si les taux d'intérêt peuvent tenir
et que les investissements se fassent - je l'ai dit dans mon discours sur le
budget - la situation de l'emploi va s'améliorer. Mais il n'y a personne
au gouvernement qui va vous dire qu'on est satisfaits de cette situation, on
travaille d'arrache-pied à monter des programmes. J'ai mentionné
ceux pour les jeunes tantôt, on en a dans les mines, on en a dans les
forêts, on en a dans le secteur agricole. Mon collègue, M. Biron,
hier, a fait état des interventions de la SDI. On a ajouté des
crédits à la SDI pour aider nos entreprises à prendre de
l'expansion. Vous devriez au moins reconnaître cela. Votre discours
porterait plus si vous disiez: Ce gouvernement-là à Québec
est un des meilleurs que le Québec ait eu pour le soutien de
l'économie et de l'emploi. Vous devriez dire cela. Et vous devriez nous
faire des suggestions, mais vous n'en faites pas. Vous noircissez le
Québec à la grandeur, mur à mur, et vous pensez ensuite
que vous allez vous aider. Moi, le tuyau que je vous passe: Vous vous
nuisezl
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le ministre. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Vous avez la parole pour le
dernier bloc de dix minutes.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, je suis persuadé que la
population du Québec va juger très sévèrement le
comportement du ministre des Finances et de ses collègues aujourd'hui.
Nous leur avons demandé de venir ici nous parler d'un des plus graves
problèmes économiques de nos jours. Nous avons indiqué
l'essentiel de ces problèmes sur le tableau ici! nous avons
indiqué au ministre des Finances que durant les quatre ans du mandat de
son gouvernement, il n'y avait pas eu un seul emploi additionnel de
créé au Québec. En dépit de tous les discours comme
celui qu'on vient d'entendre ce matin, en dépit de tous les programmes,
en dépit de toutes les activités dont il a parlé, il n'y a
pas eu au Québec, depuis quatre ans, sous le gouvernement
péquiste, la création d'un seul emploi nouveau. Cela pendant une
crise d'un an et une reprise de trois ans, pendant lesquelles d'autres
régions du Canada et d'autres régions des États-Unis ont
réussi à créer des emplois importants. (12 heures)
Le gouvernement du Québec n'est pas concurrentiel avec les autres
gouvernements. Sa façon d'aborder le développement
économique ne fonctionne pas. Tout le monde est capable de le voir quand
il regarde le score final de ces quatre années de la ligue - je ne sais
pas quoi - la ligue de la concurrence économique des gouvernements
d'Amérique du Nord.
Je vais revenir à la charge une dernière fois, parce que
le ministre est supposément non seulement le ministre des Finances mais
encore le ministre responsable pour la coordination du développement
économique au Québec. Il a démontré ici,
non seulement qu'il n'a pas de connaissances dans ce domaine mais qu'il
ne s'y intéresse pas. Il a passé son temps dans une attaque
à fond de train contre le projet de M. Bourassa.
Je vais mentionner brièvement le projet de M. Bourassa. C'est un
très bon projet. C'est un projet appuyé, entre autres, par le
premier ministre du Canada, M. Brian Mulroney. Il est appuyé par
plusieurs autres personnes. C'est un projet qui vise à essayer de vendre
aux Américains des quantités importantes
d'électricité dont nous n'avons pas besoin et dont nous n'aurons
pas besoin pour les années à venir. Vous êtes contre ce
projet, vous êtes contre l'idée d'essayer de vendre des
quantités additionnelles d'électricité, de créer un
deuxième Baie James, de créer de l'emploi dans le nord du
Québec; vous êtes contre cela.
J'espère que vous allez continuer de défendre cette
position, parce que je suis persuadé que la population du Québec
est de notre côté dans ce projet. C'est un projet positif et
intéressant pour l'avenir du Québec. C'est loin d'être le
seul projet, mais c'est un projet qui est un vrai défi pour les
Québécois. Et ils vont le supporter. J'espère - je le
répète - que le ministre et ses collègues vont continuer
de dire qu'ils sont contre. J'espère que vous allez dire cela, parce que
allez trouver que vous n'avez aucun appui dans la population du
Québec.
Pour revenir au sérieux, si le ministre avait le moindre... Pour
revenir au fond de cette question, aujourd'hui, - les attaques du gouvernement
contre le projet de la Baie James n'étaient pas sérieuses du tout
-laissez-moi juste soulever quelques points qui peuvent intéresser le
ministre et dont il n'est peut-être pas conscient.
Je lui ai fait parvenir un document, il y a quelques minutes, qui essaie
d'analyser la création d'emplois depuis quatre ans par secteurs de
l'économie. Il n'en a pas parlé, parce je pense qu'il ne se rend
même pas compte que ces chiffres existent. Je vais vous donner juste
quelques détails. Nous avons divisé les secteurs de
l'économie en secteurs exposés et en secteurs
protégés. Il y a certains secteurs ici où il est facile de
créer de l'emploi parce qu'on n'a pas de concurrence, entre autres, les
gouvernements. Dans le secteur du commerce, la compétition se fait entre
les commerçants d'une rue ou d'un quartier, mais avec
l'extérieur. Par contre, nous avons des secteurs exposés, comme
le matériel de transport. La compagnie Bombardier fait concurrence non
seulement avec ses voisins au Québec, mais avec des compagnies partout
dans le monde.
Si on analyse la création d'emplois ici au Québec,
laquelle est zéro depuis quatre ans, on voit que du côté
secteurs exposés, où on est obligé de soutenir la
concurrence des compagnies de l'extérieur du Québec, nous avons
perdu 40 000 emplois, compensés par la création d'emplois dans
les domaines qui sont protégés, comme le commerce de
détail.
J'aimerais mentionner juste quelques aspects. Le ministre et ses
collègues ont souvent parlé ce matin de l'aluminerie. Dans le
domaine de la première transformation des métaux, les
sidérurgies et les alumineries, nous avons effectivement une perte nette
de 7000 emplois dans ce secteur de l'économie depuis quatre ans. Dans le
domaine des pâtes et papiers, l'industrie où le gouvernement a mis
beaucoup l'accent, semble-t-il, nous avons une perte nette de 4000 emplois.
Dans tous les domaines des produits métalliques, tous les fabricants des
produits métalliques, nous avons une perte de 11 000. Dans le
matériel de transport, qui comprend Marine Industrie et GM et les
compagnies qui fabriquent des avions, une perte de 5000. Dans toutes les
industries où le ministre a consacré, d'après lui, ses
efforts les plus intenses et le plus de subventions, on voit une perte de
vitesse dans la création d'emplois.
Pour compenser, où avons-nous trouvé de l'emploi au
Québec depuis quatre ans? 18 000 de plus dans le commerce au
détail; 17 000 de plus dans les organisations culturelles; 13 000 de
plus dans les soins et les personnes qui travaillent dans le domaine de soins
de santé et services sociaux. Ce sont tous des domaines
protégés. Le seul secteur de l'industrie où vous avez une
augmentation importante c'est le secteur de l'imprimerie. J'ai une grande
présomption que c'est en grande partie à cause des projets en
communications du gouvernement du Québec.
Pour le reste, dans les secteurs de l'industrie et des richesses
naturelles: perte, compensée par une augmentation à peu
près équivalente dans les secteurs qui non seulement sont
protégés, mais où le gouvernement n'accorde aucune
subvention.
Il semble à première vue que la création d'emplois
au Québec se fasse en proportion inverse de l'intérêt et de
l'appui que le gouvernement accorde à l'industrie. C'est
intéressant. Le ministre n'a même pas donné l'impression
qu'il est conscient de ces faits. Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que cela
veut dire que les investissements nuisent à l'emploi? Est-ce que les
investissements ont pour effet de réduire l'emploi? Qu'est-ce que cela
veut dire pour une politique de création d'emplois? Le ministre n'en a
pas parlé. Il ne s'en rend même pas compte.
Qu'est-ce que cela veut dire que, dans le domaine des services
immobiliers et agences d'assurances, on ait vu la création de 9000
emplois depuis quatre ans? Quel effet le projet de taxe de vente du ministre,
annoncé aujourd'hui, va-t-il avoir sur le nombre d'emplois
créés dans ce domaine en pleine croissance? Est-ce que le
ministre a
une réponse? Pas du tout. Le ministre nous a parlé de
quoi, aujourd'hui? Il a parlé de son opposition - et j'imagine qu'il
parle au nom du gouvernement - à un projet de l'Opposition - il a
parlé en bon chef de l'Opposition - il a parlé de son opposition
à l'idée que les Québécois doivent avoir un
gouvernement voué à développer le nord du Québec,
voué au développement du nord du Québec avec les produits
qu'on peut exporter ailleurs; il a parlé contre l'idée que le
chef de l'Opposition s'occupe de cela activement ici et à
l'extérieur du Québec avant son élection - parce qu'il
tient à cela - contre l'idée que l'Opposition sorte un livre
épais comme cela et plein de détails sur une proposition que la
majorité de la population et les critiques ont déjà
trouvé très intéressante.
Ils ont parlé contre un projet concret, parce qu'ils se trouvent
aujourd'hui avec un triste bilan de quatre ans qui équivaut exactement
à zéro et sans aucun plan, aucun projet, aucun programme pour
l'avenir. Demandez à ces gens ce qu'ils proposent comme programme
économique pour les quatre années à venir. Qu'ils nous
donnent un document, n'importe quel. Ils n'ont même pas tenu un
congrès pour essayer de développer un programme parce qu'ils
savent que chaque fois qu'ils essaient de tenir un congrès, c'est la
confusion et le charriage le plus total entre la gauche et la droite, les
orthodoxes et les fédéralistes. C'est un gouvernement qui n'a
aucun projet pour les semaines qui viennent et aucun projet pour les
années qui viennent» Je pense que le symbole le plus
approprié pour le gouvernement, c'est malheureusement, tout à
fait, le zéro. Merci.
Le Président (M. Lachance): Merci, M. le
député. Je remercie le ministre des Finances et les
députés qui ont participé aux travaux de cette commission.
La commission du budget et de l'administration, s'étant acquittée
de son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 9)